/.'■
M^ MEMORIAL
DES FAMILLES
GASGRAliN.BABYEÏ PERRAULT
I) I'
CANADA
I' A I{
piiiLirri:-BABY as(;!tAi,\.
AV(ir\l-(()NSi:il, DK I.A liKINi:,
ANTIKX liKlTTl'; liK l.'iSI.KI' AI' TA lil.KM KNT IH' ('ANAUA,
IM{l';sll>KNI' l>l". I.A snclllK MI'IKl! A lUK Kl' Il IS'I'OI! K;!' 1! |i|'. i,M l'iliKC, K'I'C
'l'iiiili IviidiU'iiii'^ ijiiti.'< 'liihi'i lin.
St. r.ur,.
I'. I) I T lO N I N T I M K
^
t;. I>AI{\ KAI', IMI'KIMIMIl I ',T l'li(i|u-f;l!A\ |;lll
ISilN
\sAPr:
O-
Mm
MEMORIAL
DES FAMILLES
CASGRAIN.BABYETPERRADLÎ
DU
CANADA
PAR
PHILIPPE-BABY CASGflAIN,
AVOCAT-CONSEIL DE LA REINE,
ANCIEN DÉPUTÉ DE L'ISLET AU PARLEMENT DU CANADA.
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE ET HISTORIQUE DE QUÉHEC, ETC.
Tende (raditiones quaa dedicetin.
Ht. Vavi..
ÉDITION I N T I M K
QUÉBEC
C. DARVEAU, IMPRIMEUR ET l'HOTO-ORAVEUR
1898
4{^/ô
..-. tj
Ca^'Cn > "^^' ^' '
\<
267816
MADAME HLIZABETH-ANNE BABY,
MA CHÈRE ET VÉNÉRÉE MÈRE,
ÂGÉE CE JOUR d'hUI DE QUATRE-VINGT-CINQ ANS,
JE DÉDIE,
AVEC UN PROFOND RESPECT,
CE MVUE, FRUIT D'UN TRAVAIL DONT ELLE MA DONNÉ L'EXEMI'LE.
ELLE l'a lu avec MOI ET L'A APPROUVÉ.
Commencé et ccrit sous ses auspices, cet ouvrage, qui con-
tient bien des souvenirs recueillis de sa bouche, est destiné à
compléter et continuer les " Mémoires de famille " qu'elle a
rédigés pour l'instruction et l'édification de ses enfants.
^Puisse mon œuvre atteindre le même but !
Québec, ce lô' novembre i88S, anniversaire de sa naissance.
P. - B. Casgrain.
Depuis que les lignos qui précèdent ont été écrite», Dieu a appelé ù lui cette bonne
inère et nous l'u enlevée le 1er février 1890. Je tiens cependant à consacrer de nouveau
ce livre, en le publiant, au culte de sa douce et sainte mémoire, que Je dois et veux
honorer de toute ma piété filiale.
AVANT-PROPOS
Ces mémoires ne sont destinés qu'à ma famille et à mes parents et alliés
les plus proches.
En retraçant ici le passé de nos ancêtres, mon but n'est pas seulement
de conserver quelques notes biographiques et historiques et de sauver de l'oubli
des souvenirs de famille ; non.
Je vise plus haut et plus loin.
Je veux être utile à mes enfants, à mes petits-enfants, et à tous ceux de
ma lignée et de mon nom qui liront ces pages.
Je désire surtout leur inculquer profondément, en leur racontant ce que
fuiont leurs aïeux, ces principes de religion et de probité, ces sentiments d'hon-
neur et de désintéressement (jui font le véritable homme de bien et le digue
citoy«.-n.
Cela, je l'ospèie, les engagera à conserver l'esprit de famille et à entre-
tenir le culte des ancêtres.
En écrivant ces pages pour le piblic, j'aurais pu peut-être m'étendre
longuement sur ces pointa ; mais j'ai préféré, pour l'utilité des miens, m'en tenir
à évoquer la mémoire de peux des nôt es (|ui ne sont plus.
C'es't du reste un ninyen que je crois propre à réhabiliter l'autorité
paternelle qui est en train de se reh'ieher singulièrement sur le sol d'Américjue.
Aux Etats-Unis surtout, cette autorité *end à s'effacer de plus en plus
sous un système politicpie égalitairc; elle est devenue presque nulle en présence
de l'esprit général d'indépendance que développe naturellement un individua-
lisme trop précoce chez les enfants. (1)
(1) J'ai tronvô, plus turd, après avoir ^crit ces lignes, dans un livre publié «»n 1S93, par
le vicomte tle Moaux, et intitulé ; " L'Kglise Catholique et la liberté aux Etats-Unis ", tme
rouiurque semblable A la mienne, à la page 179 du voluu v ..—"En général, dit M. lo Muaux,
l'autorité domestique fuit défaut aux familles américaines.... les enfants sortent de la
maison paternelle sans règle et sans frein." Et page 4l)l. — ''Il ne faut pas le dissiuiuler :
aux Etats Unis, les liens de famille sont étrangement relâchés ; l'autorité domestique ne
B'exerce guère ; du côté du père, la sollicitude, et du côté des enfants, la déférence man-
quent pareillement. C'est peut-être le plus grand vice do la société américaine ... ce qui
lui manque le plus, c'est le respeot."
— 6 —
Même chez nous, la famille ne se forme plus à l'rtncienne école du res-
pect, de l'affection et du dévouement.
Mtiis une dissertation sur ce point m'entraînerait trop loin.
Jo laisse aux familles intéressées le soin de rechercher dans les ouvrages
de Leplay et de De Ribbes ce qui pourrait leur être utile à cet égard.
Je me contente de rappeler aux miens le précepte du déculogue: Honora
patrem tauni et matrem tuani ut sis longœvua in terra.
Et j'ajoute, comme conclusion piatique, que je veux qu'ils apprennent de
plus en plus à observer ce commandement dans toute son étendue, pour qu'en
honorant ainsi leurs parents ils se sentent portés à marcher droit sur les
traces des vertus de leurs ancêtres, à respecter leur nom et à le porter avec
honneur dans la voie du bien.
Et si, par malheur, quelques uns d'entre eux venaient à succomber, en-
traînés par le courant de la fragilité inhérente à la nature humaine, qu'il:^ ne
perdent i^as courage, mais qu'ils se relèvent; et, Dieu aidant, l'image (juc nous
ont hiissôe nos ancêtres, les traditions qui nous appartiennent, les le(;onï. que
nous avons reçues au foyer domestique, les souvenirs d'enfance et los bons
exemples qu'ils auront devant les yeux, les inciteront puissamment à rentrer
en eux-mêmes et les ramèneront dans la bonne voie dont ils se seront momenta-
némcnl écartés.
Pour mieux exprimer les sentinientsqui m'animent et que je désire faire
naître, conserver et propager par la lecture de ce livre, je no puis mieux dire
que do rappeler ici à mes enfants la pensée qui a dicté les ' Mémoires de
famille " de ma mère.
" Mes chers enfants, dit-elle, en connnençant les pages qu'elle nons a
laissées, c'est à vous que sont adressées ces lignes. La pensée d'écrire ce (|Ui
va suivre ne s'était jamais offerte à nion esprit, lorsqu'un a:ni, (l) revêtu d'un
caractè e sacré, me suggéra l'idée de ne rien laisser ignorer de ce (pii se lat-
tachait à la mémoire de votre père. Alors je résolus d écrire c.^s pages pour
votre instruction et votre agrément. Elles serviront à faire revivre dans ceux
d'entre vous qui ont eu le bonheur de connaître votre bon père, le souvenir de
ses vertus, et dans ceux qui étaient trop jeunes pour l'apprécier, elie.s le leur
montreront comme un modèle digne d'être étudié et imité. "
Je ne reproduirai pas ici la monographie de mon père, ma digne mère
l'ayant fait mieux que je ne pourrais le faire; mais j'ajouterai aux " Méinoires "
Je cette dernière des notices biographiques sur plusieurs des plus miin)uants
de nos ancêtres paternels et maternels.
Je retracerai leur lignée depuis leur départ de France jusqu'à nos jours,
en établissant la généalogie complète de chaque branche, atin que dorénavant
on puLsse s'en servir d'une manière fixe et certaine.
Comme plusieurs d'entre ceux dont nous sommes fiers de descendre ont
(1) Feu M. l'abbé Primeau, curé de Varennes.
donné de belles preuves, soit de bravoure guerrière ou de courage civique, soit
de noble désintéressement et de dévouemant patriotique, soit de vertus chré-
tiennes et domestiques, il est juste de sau.er leurs noms de l'oubli, afin de les
proposer plus particulièrement à l'imitation.
C'est pourquoi j'ai voulu mettre par écrit ce qu'il y a de plus mémorable
dans la vie de ces aïeux.
Mwlta rcnaacentur quœ jam cecidere cadentque.
Ce que j'écris durera après moi, pour quoique temps du moins, i t servira
aux miens à former notre histoire intime.
Les traditions orales s'envolent bien vite avec les années ou se |i. ient à
la longue, petit à petit, pour s'éteindre complètement après deux > ■■< trois
générations.
Bien souvent aussi elles se faussent et deviennent à peine recoiiti •- ; iblos.
Nous en verrons des exemples dans le cours de ce récit où i •. i > • suis
attaché à ratnener à la vérité des faits vrais au fond, mais nltérés |i,i;' des
détails devenus incorrects pour avoir passé de bouche en bouche
Voici comment j'ai commencé à écrins ces notes, et comment j l-s ai
continuées et complétées.
En 18417, après avoir terminé mon cours d'études au collège Saiiii Vnne,
j'appiis pour la première fois l'origine des Casgrain du Cana<la.
J'étais alors étudiant en droit et je demeurais chez iiKin . i, par
alliance, feu le jugo Panet, à sa belle résidence de campagne, lo " Bocfim- Bor-
ronunée '', près de Quéiiec. (1)
Mon grand oncle Louis-Jean-Biptisto Casgrain y vint a! > s pa>- 'piel-
que temps pendant la belle saison.
Un jour que nous nous piomenions tous deux dans la <x ■miit i l'i' ilu
parc, à l'ombre des grands pins qui semblaient appartenir à la ïm-vt \ itivei
j'engigeai le premier la conversation sur nos ancêtres
Ce que mon oncle me raconta ce jour-là était pour mo» i ikvin.mu et
si intéressant (jue je le priai de m'acjmpagner ju.s(iu'à machimne o.i j'; me
hâtai de recueillir de sa bouche et sous sa dictée sa narration an !• tnijiKt.
J'ai conservé depijis les feuillets de ce manuscrit avec grau soin. ('2) et
j'ai pu constater dans la suite, à l'aide de documents authi'iitiij ; - et <'•' l'his-
toire de I époque, l'exactitude des événements qui sont mainten i': consignés
par moi.
Du reste, j'aurais pu me fier sans crainte à la mémoire di' mon oiiii'; qui
était proiligeuso quoiqu'il fut âgé de 78 an^.
(1) Cotte résidence vient d'être cléiuolii) (18'J()) pour l'agranditiseiiiont du einotière
Saint-Cliarles.
(2) C'est d'après ce manuscrit que ma mère a raconté l'origine de la fumillo Cusgrain
dans ses " Mémoires. >>
— 8 —
Il me récitait couramment des pages entières de Virgile et de Cicéron.
J'en dirai quelque chose plus loin.
Ce premier germe gt^néalogique que j'avais ainsi recueilli s'est développé
chez moi, peu à peu, avec les années.
Ce qui fait que J'ai consacré depuis, de temps en temps, mes heures de
loisir à faire des recherches sur l'origine de ma famille et sur celles qui nie
touclient de plus près par alliance. Je veux parler de la famille des Baliy et
de celle des Perrault.
Pour cela, j'ai dû m'iinposer parfois un travail opiniâtre et souvent
infructueux, afin de vérifier une date, un extrait de registre, un nom, un fait ,'
pour retrouver un personnage et en constater l'identité.
On verra cela par la nomenclature des principaux ouvrages qu'il m'u
fallu consulter pour y puiser les renseignements nécessaires.
J'ai donc lieu d'espérer que mes arrières-neveur. me sauront gré de leur
avoir conservé et mis en ordre leurs archives primitives et de les leur avoir
transmises avec le cachet de la vérité.
Après avoir ainsi planté et développé les divers arbres généalogiques
qui sont le complément de mon labeur et terminent ce livre, je pourrai dire,
avant de fermer les yeux à jamais, comme le bon vieillard de Lafontaine :
" Afefi arrières-neveux me devront cet ombrage."
Je suis loin de vouloir blâmer mes dovauci rs d'avoir néffliffé rie tenir
des livres de raison et d'écrire ('es mémoires do leurs temps.
T)ans un pays nouveau, imnu'iise, hor.s de la civilisation, à une époque où
tout était à Cl écr, et nu îniliou de besoins incossnnts, ils avaient bien autres
choses à faire (ju'à s'écouter vivre et à tenir la plume.
C'étaient d'ailleurs la hache et le fusil que l'on avait en mains, à cette
époque de défrichement du sol, où il fallait abattre la foict et défendre en
même temps son pied-à-tcrre contre les sauvages.
Kn compilant ces mémoires, je me suis efforcé de leur donner, autant que
pn'ssiblo, en les appuyant sur dos preuves onvaincîwites, une exiictiUide incon-
testable.
On verra que j'ai même pris le soin d imliquer les sources où j'ai pui.>-é.
J'étaVdis clairement, comme il est facile de s'en convaincre, le point do
départ de France des Cnsgraindu Canada et des ruiNciPALKS FAMIM.E.S(|ui leur
Sont alliées dans ce pays.
Pour ]p1u9 (le clarté, j'ai fait des tableaux généalogi(|Ues qui permettent
d'embrasser d'un coup d'rvil la croissance et les greffes de chicun des troncs
principaux de notre lignée paternelle et nuitonieile.
Do sorte qu'on peut facilement suivre chaque tige .sortie do Franco dans
ion développement on Améritjui , et trouver I'oKIoink DtH almancem par les-
quelles les Casgrain, les Baby et les Perrault ao sont propagés jusqu'aujouri'hui.
— 9 —
On trouvera ces tableaux dans l'appemlice.
Je dois ici, en justice pour M. l'abbé Tunguay, (maintenant Monsignor
Tanguay) déclarer (jue je me suis beaucoup servi et aidé de son Dictionvaire
di's familles Canaihennes.
Cependant j'ai dû quelquefois corriger des erreurs qui se sont glissées
dans ses volumes, surtout dans les derniers.
Les principaux documents particuliers concernant nos ancêtres directs
sont consignés dans un volume de manus^crits solidement relié et sont aujour-
d'hui sous la surveillance de mon frère, l'abbé Raymond Casgrain, qui, pour
leur conservation future, doit les léguer aux Messieurs du Séminaire de
Québec, afin qu'ils demeurent, comme ils le sont actuellement, parmi leurs
archives, dans leurs voûtes à l'épreuve de l'incendie.
On pourra en tout temps les consulter et en obtenir des copies.
C'est dans les registres publics, dans les actes notariés et dans les cor-
respondances et papiers de famille, dont j'ai un bon nombre en ma possession,
que j'ai puisé mes autres renseignements.
Je dois aussi à l'obligeance de mon honorable cousin et ami, M. le Juge
Biiby, des notes précieuses que j'ai cueillies dans son immense collection de
pièces historiques.
Je tiens à lui en renouveler ici mes remercîments.
Mais s'il m'a fallu glaner bien souvent dans le champ des historiens de
chaque époque, je dois dire que je me suis appliqué particulièrement à recueillir
les traditions anciennes et orales.
Ma bonne et vieille mère qui, au moment où j'écris ces lignes, est dans
sa quatre-vingt-cinquième année d'existence et en pleine jouissance de sa par-
fuite méirioiro et île sa belle intelligence, était bien et est bien encore aujour-
d'hui une des personnes les plus aptes à recueillir avec certitude et relater avec
précisi(jn les souvenirs légués. par les ancien.s.
Je me suis donc servi d'un grand nombre de renseignements que je
tiens d'elle
Du reste, elle a vécu deux ans (1811-12-13) avec sa grand'tnère, Suzanne
Lacroix-Uhéaniiie, veuve Duperron-Haby, qui natpiit en 1740 et mourut à
Québec en septenilire 1813.
De plus, elle a été élevée par sa titnte, Archange Baby, Dame Ro.ss-
Lewin, dont la naissance remonte à l'année 1 774 et qui vécut jusqu'en février
1850.
Madame Ross-Lewin était la fille de Suzanne Lucroix-Rliéaume, dont
j'ai pirlé pins haut.
Ma mère a con.scrvé aussi d'anciennes traditions sur la famille Casgrain.
Lors de son mariage, en 1824, elle connut sa belK» grand'mère, madame
Juan-Fran(,'ois Casgrain, née Marguerite Cazeau, Agée, à cette épocjue, de 91 ans.
— 10 —
Cette vénérable vieille était alors aveugle, mais elle conservait encore
toutes ses autres facultés physiques et mentales.
Elle avait vécu pas moins de 25 ans sous la domination française.
On voit donc par ce qui précède que ma mère aurait pu, à l'aide de ces
deux ou trois personnes, écrire les mémoires de leur temps.
En y joignant ses propres souvenirs elle aurait pu embrasser une période
d'au delà un siècle et demi.
Cependant, personne n'a songé, dans le passé, à écrire les événements qui
intéressent les nôtres.
Ce n'est qu'en 1869 que ma mère a cru devoir écrire la vie de mon père.
Mais elle s'est bornée à une œuvre spéciale et récente, c'est-à-dire à tra-
cer sa monographie pour l'instruction et l'éditication de ses treize enfants.
Ses " Mémoires " ne renferment, pour aussi dire, que les événements qui
se rattac' nt à la vie de son mari.
Je viens donc aujourd'hui suppléer à cette lacune c^ écrivant niu' œuvre
plus complète.
Puis.se ce livre resserrer davantage les liens qui unissent pur un même
sang les branches déjà nombreu.ses des familles Casgrain, Biïby, l\'rrault,
Panet et autres ! Puisse-t-il aussi raviver en elles le culte des uncôtros, en
décernant à leur mémoire un hommage mérité, quelque humble qu'il suit !
Du haut du ciel, ces aïeux regardent leurs enfants et prient pour eux
a6n que la bénédiction qu'ils leur ont donnée eu quittant cette terre .s'oti'inle
de génération en génération.
Senedidio patris confirmât domos /iliorum.
Ecclésiastique, ch. III, v. II.
Qu'il en soit ainsi pour nous tous !
INTRODUCTION
Comme ces notes sont plus particulièrement destinées à mes enfants et
les intéressent plus immédiatement, je diviserai cet ouvrage en trois purties
principales que je partagerai entre les trois familles qui les touchent do plus
près, savoir : celle des Casgrain, d'abord ; ensuite, celle de ma mère, les Bâby ;
puis celle de ma femme, les Perrault.
Ce n'est pas sans raison que je réunis ces trois familles dans mon gi-
vrage, car à diverses époques, anciennes et récentes, elles furent alliées.
En référant à l'arbre généalogique (D) des Côté, à l'appendice du volume,
on verra que les Casgrain et les Perrault remontent à une ancêtre maternelle
commune dans la personne de Suzanne Pagé(l(i54.) aïeule des Casgrain, et que
Guillaume Page, son frère, (^1657) est aïeul au.ssi,du ciÙé maternel, des Perrault.
La grand'mère du docteur Jean-Charles Frémont fut Françoise-Char-
lotte Perrault, (1751) épouse du colonel Voyer. Le même docteur Frémont
s'allia en 1845 à Cécile, fille du juge Philippe Panet et de demoiselle Luce
Casgrain.
Olivier-Eugène Casgrain, .seigneur de l'Llet, en épousant, en 1S32, Hor-
tense Dionne, fille «le l'honorable Amable Dionne et de Catherine Perrault,
cimenta l'alliance des deux familles.
Cotte alliance fut de nouveau contractée par mon mariago, en 1854., avec
mademoiselle Mathilde Perrault.
Les Baby et les Perrault se sont aussi alliés deux fois, en 1750 et en
1783.
Ainsi le sang de ces deux familles s'est doubloment mêlé par les femmes.
Je me trouve donc, du côté de ma mère, hs Bâby, doublouient parent
avec mon épouse, Mathilde Perrault.
En effet, feu Joseph-François Perrault, le grand père de ma femme,
épousa on 1783, la fille do -sa cousine g-Minaine, née Ursule McCarthy, sa nièce,
dont il étoit oncle à la mode de Bretngne.
J'ajouterai encore, pour être plus explicite, quo Louis Perrault, père de
Joseph-François, épousa, on 1750, Marie-Josoph Baby, tille de Raymond Bâby,
— 12 —
et qu'nne autre fille, Marie-Thérèse BaVy, ép )usa Claude Benoît qui eut pour
fille Ursule Benoit, épouse de Richard McCarthy, qui lui-même eut pour fille la
dite Ursule McCarthy.
Cette parenté (') entre ma femme et moi, quoique vaguement soupçonnée,
paraissait si éloignée que personne n'y songea lors de notre mariage en 1854.
Cependant, peu de temps après, lors de notre tour de noces à la Rivière-
Ouelle, nous en fûmes inquiétés par la réception d'une lettre de mademoiselle
Taricu de Lanaudière, s(eur de Madame François Baby, grand *" tante de ma
mère.
Mademoiselle Tariuu de Lanaudière, qui était une amie de la famille, in-
diquait à ma mère la filiation qui établissait notre parenté.
Il fallut, en conséquence, faire valider au plus tôt notre mariage devant
l'Eglise, après avoir obtenu la dispense de consanguinité au quatrième degré.
La bonne foi des nouveaux époux ne suffisait pas pour surmonter les
scrupules de ma bonne mère qui se hâta de faire expédier les dispenses reiiuL-^es.
Pour me servir de l'expression du bailli de la paroisse, qui se croyait un
fort en droit canon, nous étions, ma femme et moi, suivant son dire, à vingt-
cinq piastres de distance.
C'était le coût ordinaire de la dispense en pareil cas.
Cet incident sert à démontrer l'utilité de conserver des renseignements
exacts et précis sur sa généalogie, et doit, sur ce point, contribuer à faire appré-
cier l'importance de mon travail.
Je dois aussi appeler l'atteiit on de mes enfants sur le fait qu'il n'y a pas
Uni(|ueiiient du sang fiançais dans leurs veines, mais *{u'il y a en moi un (|uart
de sang anglais pur ma mère, mélangé chez, elle de sang hollandais par ."«a
grand'nière ; et qu'il y a de plus dans mes enfants, par leur mère, une teinte de
sang irlandais, provenant des McCarthy que je viens de nommer.
Ma mère, Eli/.abeth-Anne Baliy, était moitié française et moitié anglaise,
étant née d'Elizabeth Abbott, fille du James Abbott, Anglais établi au Détroit
pprè^ la conquête. Celui-ci avait épousé une hollandaise, baronne VonBrocklowe,
d'Albany; de là le sang hoiiarilais.
Ce mélange des races est indiciué ici intentionnellement afin d'inciter
mes enfants à faire ressortir, chucun en droit soi, les qiialités particulières à
chiicune dVllos et à corriger tels défauts de nationalité ou de race, s'il s'en
tionve cluz oux, (pii paraîtraient évidennnont en découler, C.vr l'expérience
de tous les jimis, l'histoire de tous les peuples et les en.seigneinents de la science,
démontrent Ifs consé(juences, sinon inéluctables, du moins ordinaire* de l'atr-
vianio. Nu.s pères, avec leur gros bon sens, comprenaient bien ce (|U*ils renmr-
tjuaient m nientionn.tnt telle et tlie famille : " V'cat une bonne mce," disaient-
ils, lia en ont fait le proverbe : Bon aang ne peut mentir.
(I) Voir l'arbre généalogique B. doi> Bàhy.
— 13 —
Je conseille donc fortement à mes enfants et mes descendants, aussi à
mes proches, de bien réfléchir, d'y aller avec prudence, sagesse et religion
dans les allif,nces qu'ils auront à contracter, afin que do leur union sortent des
sujets enclins naturellement au bien et non portés au mal par tempérament.
Ensuite qu'ils tâchent d'élever des enfants qui puissent attirer la bénédiction
de Dieu et qui soient la gloire de leurs parents et l'honneur de leurs cheveux
blancs.
Fortes creaiitur fortibm, et bonis. (Horace, Ode, IV, 4,29.) C'est ainsi
que de père en fils pourra s'appliquer la parole toujours vraie du livre sacré :
Dieu bénira l'homme juste jusque dans la septième génération.
-^^^i^W^^/^/i/^
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE PREMIER
ORIGINE DES CASQBAIN DU CANADA.
Jusqu'à présent il n'y a eu et il n'y a qu'une seule famille connue sous
ce nom en Canada. Elle sort rie France et le premier qui vint de là s'établir
en ce pays fut Jean-François Cassegrain. Il était natif de la paroisse Saint-
Pierre d'Airvault (auretta vallis), dans le diocèse dé la Rochelle d'autrefois.
Airvault est une petite ville du haut Poitou, dans le territoire Appelé la
Oâtine, (1) inclus aujourd'hui dans le département des Deux-Sèvrea. Le re-
gistre ancien déposé à la mairie (2) constate la naissance de Jean-François par
l'acte d'entrée de son baptême en date 31 décembre 1716, comme issu du ma-
riage de François Cassegrain, sergent (3), fils de François, avec Catherine
Leconte, fille de Jean Leconte et de Marie Poullet, de la paroisse (voisine) de
Saint-Jouin, mariage contracté le 20 avril 1712.
De cette union naquirent à Airvault, tel qu'il appert aux registres do
l'ancienne paroisse, les enfants suivants, par ordre de date ci :
1. Jean-François, susnommé le 31 décembre 1716.
2. Jean " 17 février 1719,
3. Claude " 19 août 1721.
4. Marie-Catherine, " 2 novembre 1 724
a. René " 20 juillet 1726.
6. Jeanne " 30 mars 1 731.
7. Marie-Catherino, " 16 juillet 1739. (4)
(1) La OAtine (Ouastinn) a été vérital)Ioin*nt le berceau do la guerre vondfienno.
C'ost dans le Bocage qu'elle a ou aussi ses centres do résistance.
(2) Mairie d'Airvault, «-xtrait du 9 août 1807. Loinairo, seort^t.
(3) D'Avenel dit dans " Richelieu et la MonnrcM» nbaolue," p. 33, que le grade <!•
sorgont-uin.jor du régiment correspondait A l'adjudant-niajor actuel Lo grade d'au-
niAnior et de chirurgien oorres|>ondait à celui de sergent, p. 64, note au baa de la page.
Kègleuient du 2i juillet 163K.
(4) Mon vi«il oncle Jean CuHgrain, cité plus haut, m'a dit qu'un autre fils, nommé
Philippe, était disparu en uier. Il semble y avoir une lacune dans les naissanoeg pendant
les trois proiiii>^res nnnôea du mariage ou bien le* baptd nos auriiicnt uu lieu ailleurs, peut-
être à Saint.Iautu.
— 16 —
Il est à noter ici que Jean-François portait habituellement lô nom do
Jean, quoiqu'il soit désigné quelquefois sous l'autre de ses noms, François
Ainsi, par exemple, dans un acte d'achat passé à Québec devant Mtre Panet,
notaire, le 23 juillet 1750, il est nommé François. Dans d'autres actes notariés
il est nommé Jean : Donation à son fils du 24 juillet 1791 ; acte de vent«, Pierre
Casgrain à Pierre Page, 1 août 1791, Voyer, N. P. — Testament du 2 septembre
1797. Dionne, N. P. A l'acte de sa sépulture, 3 octobre 1802, registre de la
Rivière-Ouelle, il est nommé Jean-B. Casgrain et dit âgé d'environ 84 ans.
Comme on le voit le nom et l'âge no sont pas entrés tout à fait correctement,
car il était âgé de tout près de 86 ans.
Ces données étant connues, je ne puis m'expliquer et je dois rectifier
l'erreur commise par mon frère l'abbé Raymond qui a fait graver le nom Jean-
Bte sur le marbre funéraire des Casgrain, <lans l'église de la Rivière-Ouelle.
D'où vient le nom de notre famille ?
Il faut remarquer que sa prononciation populaire et la plus facile a dû
être et est aujourd'hui Côz'i-rain, Castrain, en élidant le g, et non pas Casse-
grain, comme l'écrivait notre ancêtre et comme on l'écrit encore en France.
Dans mes recherches sur ce sujet j'ai trouvé le même nom Castrain. II
appartenait à l'auteur d'un livre imprimé à Paris, in 8°, intitulé. De stirpe et
origine domus de Courlenay, et de deux mémoires et discours démontrant que
les Courtenay descendent do Louis Legros par mâles et sont de sang royal de
France. (1)
Ce nom Castrain, ou Câzerain, dérive probablement du bas latin, comme
un grand nombre des anciens noms aujourd'hui francisés. Il pourroit être
dérivé de distrum agrinum ou mieux C<istinetum agrinuvu Le château
d'Agrin, dans le Velay, est ainsi énuméré parmi les châteaux forts appartenant
en propre au haut seigneur du pays, sou-t le règne <Io Saint-Louis ; ainsi qu'on
pont le voir à l'appendice et à la carte qui accompngiic la récente édition de
Joinviile, qui se trouve â la bibliothèque du Parlement à Ottawa.
Une autre étymologie, a.ssez proche de celle-ci, serait Casn grani, ou
maison du blé. Elle ne serait pas improbable si on la rapproche de la gerbe
de blé qui accompagne les armes du u>êiiH) nom Ca.sgrain. Cette appellation dé-
rive naturellement de la vie des champs et a dvi naître avec elle. On la retrouve
sous une autre forme dès la plus haute antiquité, par exemple dans Beth-léem,
qui signifie la même chose, maùson du pain. La première partie de la devise
des Casgrain, Au champ labeur, au camp valeur, parait fort appropriée à une
.semblable origine du nom de la fanullc.
(1) Ménioires pour iervir à l'histoire <le Franco, tome XIV, registre. Journal Henri
tV, publié sur le uianuiorit de Pierre L'Etoile, socomle partie du tome le-, p. 42ft, 2èmo
colonne, ot page 457, 2ème colonne.
Il pout se faire ({ue ce même écrivain soit aussii l'auteur de l'oraison : De itnmenmî
tiiriœ romnHw. potenliâ moc'erandiî, p. 42(V, id.
— 17 —
Il est fait mention d'une terre appelée Casagran (ij dans un arrêt rap-
porté par Ricard dans son Traité des substitution».
Le norn tel qu'on l'épelle en Franco figure dans la Nouvelle Biographie,
où est mentionné Cassegrain, N., physicien et professeur au collège de Chartres,
(1680) distingué par un télescope perfectionné (jui porte son nom à cause du
réHecteur ou miroir particulier qu'il a inventé. Il a laissé aussi une lettre sur
les proportions des trompettes et des porte-voix.
Un autre Cassegrain, Jacques, mé lecin de Chartres, s'est fait connaître
comme observateur en 1G91, loi s de la démolition de la flèche de la cathédrale
de cette ville. Il fit sur les anciennes ferrures scellées dans la pierre des expé-
riences qui démontraient que plusieurs de ces pierres avaient le poids et la
propriété magnétique de l'aimant. C-^)
Ce même nom ne parait guère commun en France dans ces derniers
temps, en autant que j'ai pu le constater et notamment dans un voyage que j'y
fis en 1867 en compugnie de mon frère M. l'abbé Rnymond Casgrain, où nous
nous occupâmes d'en faire la i-eclierche. L'abbé rencontra à Paris un homo-
nyme avec lequel il s'était donné rendez- vous par correspondance. Ce Français,
•lont l'adresse était Joseph Cassegrain, père, Parthenay, Deux-Sèvres, demeu-
rait à cinq lieues d'Airvault. Il paraissait un homme bien posé, instruit et
très comme il faut. Suivant lui ses ancêtres n'avaient jamais quitté le pays
de la PUiine qui borde la Gâtine, et la génération (|ui l'avait précédé avait
pour berceau Saulnaye, à six ou ^mpi lieues d'Airvault. Il réclamait une
parenté avec nous du Canada par tradition. Son dire semble assez probable
à cause du pays commun d'origine. Mais ce <|ui pour moi enlève tout doute,
c'est une marque prononcée d'atavisme chez lui, reproduisant le type parfait
des Casgrain du Cinada. Il avait une ressemblance frappante avec notre oncle,
Pierre II, ancien seigneur de la Rivière Quelle ou Bouteillerie, (3) tellement
qu'en l'apercevant l'abbé reconnut son homme sur le champ et ne put s'empêcher
d'en faire l'exclamation.
L'abbé se rendit peu après à Airvault où il fit connaissance avec le curé
du lieu. Celui-ci avait eu pour ménagère une Casgrain, qui venait de laisser
son service.
Dans cette même aimée 1867, en traversant les Alpes par Chamounix, je
fis la rencontre dans la diligence d'un capucin, le père Laurent, supérieur d'une
maison do religieux à Paris, homme fort instruit, très spirituel, et de bonne
compagnie (4)- Il connaissait tout, à la ville et à la cour. En causant, il me
(1) Est-ce l'endroit, Casaegrani, appelé Les chaises en France T
(2) Journal des savants do 1672 à 1691 ; Doliron, Hibliothique Chartraine, m. ■. a.
(3) C'est de son tenipr, IH54, qu'a eu lieu l'abolition des iiefs et de la tenure sei-
gneuriale dans la province de Québeo, ainsi que des droiiis honorifiques qui en découlaient.
(4) J'avais pris un cigare en lui «leuiandant s'il avait objection à me laisser fumer*
" Pas du tout," répondit-il, " c'est seulement à la manière de le demander. Vous connais-
— 18 —
mentionna un ancien prêtre de notre nom, curé vers ïe milieu du dernier siècle
«l'une petite paroisse près de Paris, aux environs do Versailles, qu'il me nomma^
mais dont j'ai ou1)lié le nom. C était, me dit-ii, un saint à canoniser et dont
on se rappelle encore les vertus. Le Cardinal Fleury l'avait choisi pour son
confesseur.
Mgr. Pie, alors évêque de Poitiers, depuis cardinal, avec lequel j'eus
l'honneur de m'entretenir longuement en route sur le vapeur, d'Ostie à Marseille,
à mon retour de Rome, un mois après, me confirma ce que je lui dis tenir du
père Laurent. Il eut occasion d'en causer ensuite avec mon frère l'abbé k
Poitiersetl'I, forma qu'une vie (imprimée?) du digne curé avait été écrite, et dft
être publ ée Ci, '".ance. J'ai chargé l'alibé dans son voyage annuel à Paris,
1887-<S, d'en faire la recherche, mais i! n'a pu trouver cette biographie (•).
Une actrice du même nom Cassegruin acquit une certaine vogue à Paris
vers 1848.
M. l'abbé Berthiaume, curé de Siint-Palin, à quatre lieues de Bourges,
Cher, par une lettre du 10 mai 1858, imforina mon frère l'abbé qu'il y avait
alors à Orléans un homonyme, marchand de blé, dont il ne pouvait indiquer
l'adresse, mais qui était connu de tout le mo;ide en sa ville; do plus qu'il y en
avait un autre à Antony, commuie ou canton de Longjumeau, près de Paris.
Dans le catalogue de l'e.'iposition américaine, à Phil.idelphie, en 187(5, j'ai
trouvé un armurier du nom, demeurant au Caire, en Egypte ; et un autre, aussi
armurier et fabricant, établi à Ajaccio, en Corse,
Il s'est trouvé dans le diocèse «le Chartres, du temps de notre aïeul, plu-
sieurs prêtres lie .son nom, ainsi cju du le voit dans la "Chronologie des tVMiw'^^
" des curés, des vicaires et f/ew autres prêtres de ce diocèse depuis les temps les
" phis recules jusqu'à nos jours," par l'al.bé Joseph Beauhaire, curé de Moriers,
(1892).
1660, Ca.ssegrain, dessert, à Theuville — (Tlieuvilla).
1684, Cassegrnin, Laurent, curé do ChixU' \o\\, (Ckardum) décédé 1693 ii
(î5 ans, iiduimé dans le cimetière de la paroisse.
sez lu réponse d'une dnnie ti un coniini» voyageur qui s'était borné à lui demander si la
fu'iiée du tabac l'incoinuioduit. Je no sais pas, dit elle, car jiniiais personne n'a eu l'imper-
tinence de i'uiuer devant moi. " — " Fumez, fuino/,, ajouta le capucin, Jo no voulais que
vous raconter la bonne réponse. "
(1) Cassegrain, (Guillaume) sculpteur l'rançais du XVII siècle, a été au nombre des
statuaires qui ont pr's |>ai't aux travaux de Versailles ; il était surtout chargé des moulages
d (pHvres importantes. On le voit en ItKiti faire le uioule du 'ouste du roi, anivre du cuv4ilier
Bernin. Ce tra\aillui fut payé 1200 Ibs. d'après les comptoi des bâtiments. [1 moula ensuite
V Ihrciih: FamPse, plusieurs anti(|ues venant do Ro.ne et le groupe do Niobén. Il a exécuté
un grand nombre d'ouvrages du même geni-o pour les palais royaux ; il a encore moulé en
plâtre ot en cire la Flore et le La'ieonii. Cet artiste laborieux, sur lequel on trouve peu de
renseignements, est sans doute l'auteur d'un certain no.ni>re <le moula'j!4s exécutés d'aprèS'
les statues qui sont placées dans les jardins do Versailles ou du Louvre.
BiiiLi : Jai., Dictionnaire, (jitikkkkv, Les comptes des bâtiiiients du Itoi.
La Grande Encyclopédie, vol. ",t, vo., Cassegrain.
— 19 —
1717, Cassegmin, Paul, né à Angerville, 1()93, vicaire à Dangeau (Domi-
cilium); — en 1718, chapelain de Notre-Dame-de-Lorette, au château d Arb")u-
ville et vicaire de Rouvray St-Denis, {Riverium), appelé de 1790 à 1T94,
Rouvray-les-Chaumes ; — en 1722, chapelain de Sainville et vicaire de Sainville ;
— 1729, chapelain de Louville ; — 1729, chapelain du Maïquis d'AlIonville ; —
1732, curé de Boug'ainviil ; — llSi, fondateur et directeur de la Comniunauté
des Sœurs de Saint-Réiny-d'Auneau, aujourd'hui connue sous le nom de Bon-
Secours de Chartres ; — 1734, chapelain du Prieuré de St-Nicolas d'Auneau
(fondé en 1100); 1745, vicaire d'Auneau.
Ce prêtre pieu:; refusa l'évêché de Québec que voulait lui faire accepter
le cardinal de Fleui-y, lequel l'avait choisi en 1742 pour chapelain et pour con-
fesseur. P. Ca«iseg ain devint chan liue de Chartres en 1749, puis résigna son
canonicat en faveur do son neveu, Paul-Antoine, ci-après mentionné II mou-
rut à Anneau en 1771, âgé de 78 ans. Par testaimint il légua cent pistoles à sa
con.munauté pour célébrer chaque année la fête du Sacré-Cœur et disposa
d'une somme do deux inillo livres en faveur des pauvres. Sa vie a été écrite
par .son neveu, Paul-Antoine, ci-après nommé, mais non imprimée.
Ce personnago doit être le même «jue celui ci-dessus mentionné par le
père Laurent et le cardinal Pie. Après plusieurs tent itives pour obtenir une
co)ie du manuscrit, (jui ne paraît pas avoir été publié, je n'ai pu avoir de
ré|)onses.
1723, Ca.ssegrain, Jean-Jacques, vicaire à Magney (Maigniuni).
1700, Ca.ssegrain, Paul-Antoine, né à Chartres, neveu de Paul ci-dessus ;
1765, chanoine à Chartres ; — 1774, curé à Moiitier; est l'auteur de la vie ma-
nuscrite de Paul Cassegrain, le fondateur des Steurs de Bon-Secours. Il fut
déporté durant la Révolution, mais la confiscation de ses biens ne produisit rien.
1773, Cassegrain, vicaire à Lolcu.
1774, Cassegrain, Toussaint, curé h, Oahirlon, (Walardo) maitre-ès-arts
(le l'Université do Paris, chapelain de la chapelle de Saint-Djnis, en la cathé-
drale de Chartres, non sujette à résidence. Il prêta serment, se rétracta et fut
nommé en 1803 curé de Plessis-Boach inl (Soine-ot-Oiso) où il mourut en 1808,
Un autre Cassegrain, Franc/ois-Clément, né et domicilié à Pithiviers, ex-
curé, âgé de 76 ans, fut c:>ndamné à mort, le 27 germinal an II, par le tribunal
révolutionnaire de Paris, comme convaincu de manoeuvres contre-révolution-
naires. {Hititoire (jévémlc et impartiale des erreurs, des fautes et des crimes
commis par la Révolution française, par L Prudhomme, T. I. va. Cassegrain,
p. 188.)
M. Le Comte d'FIaussonville, qui est venu au Canada avec le Comte de
Paris, en 1891, appartient à la famille de Madame de Staël, qui a fondé l'Hô-
pital Necker. Il a informé alors l'abbé R Casgrain que la première directrice
(le l'Hf'ipital fut une sœur Casgrain.
L'éptxjue la plus reculée où j'ai rencontré le n:)m de notre famille re-
— 20 —
iDonte à 1564, oh il apparaît au rôle d'une revue militaire, monstre, faite à
Paris le 23 juin de cette année, par Pierre Taverny, lieutenant-général pour la
Connestablie et Maréchaussée de France. Dans le rapport de l'état de service
on lit ce qui suit :
" Jehan Cassegrain, lieutenant" (d'une compagnie d'archers) " pourvu
" par le Roy du dit office le 26 mai dernier passé. " Michel Brosset, écuier,
seigneur d'Aujanville, y est dit Prévost de cette compagnie et des Messieurs les
Connestables et Maréchaux de France. " Tous lesquels Prévost, Lieutenant,
" greffier et arche-s (1) ont été trouvés armés et montés, et en bon ot suffisant
" équippnge pour le service du Roy et ont prêté le serment requis et accoutumé."
Le document original en parchemin de cette monstre est déposé aux ar-
chives du Collège Héraldique et Archéologique de France et copie certitiée
m'en a été expédiée le 15 septembre 1862, p»ir M. le comte de Givaudan, direc-
twir, et par l'entremise de M. Gauldrée Boileau, consul de France à Québec.
Le dossier Cassegrain dans ces archives se compose de six feuilles en
parchemin en asse;; mauvais état et de la pièce ou monstre ci-dessus.
M. Gustave Bossange, de Paris, en réponse à ma demande de l'envoi des
pièces, m'a certifié de leur état par lettre du 4 septembre 1862.
Le même envoi contenait un dessin colorié des armes Cassegrain qui
lisent: D'azur à une gerbe de blé or, accompagnée en chef d'une épéedumeme.
Dans le Répertoire Nobiliaire ou Livre d'or de la Noblesse, dont un
exemplaire se trouve à la bibliothèqn» do Parlement à Ottawa, le même nom
figure au vol. II, p. LV.
Depuis son départ de France le premier Casgrain venu en Canada ne
parait pas avoir laissé de correspondance pour établir la continuité de ses rela-
tions avec ses parents d'outre-mer. Toutefois les souvenirs n'étaient pas effacés.
Car la similitude des noms propres se ret*"ouve dans .sen enfants et descendants :
Jean, François, Piaire, René, Philippe, sont tous des noms conservés dans sa
génération.
Nous allons maintenant retracer la carrière de notre premier ancêtre
canadien et faire le dénombrement de tes desceudnnts jusqu'à nos jours. Nous
verrons que sa race est devenue forte, vivace et nombreuse par l'extension de
ses rameaux, et que plusieurs de ses rejetons ont pris une place utile et hono-
rable sur le sol d'Amérique où ils ont été implantés.
(1) Un archer avait sous lui six Innces. Cf. Arthur de Bretagne, par E. Conneau,
Paria, 1886. Voyez aussi le costume des archers dans les documents de Tainille ci-devant
mentionnés, vol. 8.
— 21 —
CHAPITRE DEUXIÈME
LIGNÉE DES CASORAIN EN CANADA.
Jean-François, né le 31 décembre 1716, comme on vient de le voir, est la
souche unique de toutes les familles qui portent le nom de Casgrain en Canada.
Elles descendent toutes directement do lui. Aucune autre personne du même
nom n'est connue pour y avoir existé comme colon depuis l'origine de la colonie
de la Nouvelle-France jusqu'à aujourd'hui. Le seul homonyme connu a été
trouvé à l'Isle Saint-Jean, mais il n'a pu faire souche, car on découvre sa mort
prématurée.
Dans le registre do la paroisse de Port-Lajoie, aujourd'hui Charlottetown,
(Isle Saint-Jean), Isle du Prince-Edouard, tenu en ce havre par le père Lagrée,
récollet do la province de Bretagne, faisant les fonctions curiale-« à l'Isle Saint-
Jean, 1752-3-4-5-6 et 7, on voit que le 22 mai 1754 ont été inhumés dans le
cimetière de cette parojsse Paul-Quy Cassegrain dit Ladérive, soldat de la
compagnie de M. Dorfontaine (Rousseau, Sr Dorfontaine), en garnison dans
cette île, natif de Chartres, en Beauce, paroisse N.-D., âgé d'environ 19 ans ; et
Jacques Beau, de la même compagnie. Tous deux s'étaient noyés. Cet acte
est signé par le frère Ambroise Aubre, R. M.
Voici ce que la tradition nous apprend dos premières années de «/ean-
François, c'est-à-dire Jean, avant de laisser son pays. Nous tenons de son fils,
Jean-Bte, ce qu'il nous en a conservé et nous donnons sa relation Verbatim.
Jean laissa fort jeune le toit paternel. Son père chargé de plusieurs
enfants, dont le nombre augmentait chaque année, et assujetti à son service
militaire comme sergent, <luvait naturellement se trouver en face de ressources
assez restreintes pour élever sa famille. Probablement que ce fut là le motif
qui engagea Jean, l'aîné, à se mettre si tôt en apprentissage. Il entra tout
jeune chez un traiteur dans une petite ville voisine et passa maître pâtissier.
Mais il abandonna bientôt ce métier pour suivre, comme non père, la carrière
des armes et s'enrôla dans les Brigades Irlandaises, alors au service de la
France. Il prit rang comme grena lier de la première division. Il servit pen-
dant quatre ans sous le capitaine Fitzgibbon (I) et fit plusieurs campagnes
sous lui. La France était alors engagée dans la longue guerre de la succession
d'Autriche.
Comme ce jeune grenadier était bel homme, bon cavalier, soldat résolu
(1) Ce pourrait bien être pliitdt Fitz-James, du régiment à cheval, dont le nom
revient souvent dans l'histoire de ce corps. Voir Histnry of Ihe Irish llrigade par I. C.
O'Callaghain, London, 1870, p. p. 36, 45, 47, 155 et 196.
__ 22 —
et courageux, il fut passé en présent au marquis de Tessé, (•) colonel en pied
des carabiniers, dont le corps était compos-â de dix escadrons, et il y fut promu
sergent-major. (2) Ce colonel, allié h, la famille anglaise de Grenville, (3) aurait,
parait-il, entrepris de lever, de concert avec elle et à frais communs, un bataillon
pour aller combattre les Tu; es dans le Levant afin de porter secours aux che-
valiers de Malte. Jean fut le trentième de ceux qui furent choisis parmi les
carabiniers pour relever ceux des chevaliers qui avaient péri dans les combats.
Du nombre de ces recrues dans son régitaent, qui prirent part à l'expédition^
quatre seulement, à part Jean, en revinrent, encore étaient-ils réduits presque
hors de service par leurs blessures. Ces carabiniers servant ainsi étaient sou-
mis à la même discipline que les chevaliers de Malte. Elle les obligeait à ne
jamais se rendre. Dans un combat très vif près d'Ascalon (?) Jean eût le nez
fendu d'un coup de cimeterre ; vingt-deux chevaliers et treize carabiniers y
périrent. Peu ds temps après étant tombé dans une ambuscade il fut pris et
emmené avec d'autres prisonniers chrétiens à Aboiikir (?) Parmi eux se trou-
vait un nommé Sabran, chef de brigaile. C'était un homme pieux qui avait
même étudié pour entrer dans les ordres sacrés. Pendant leur captivité un
prêtre renégat, que Sabran avait connu pendant ses études de séminaire, entre-
prit de les convertir à l'islamisme. En entendant répéter cha(|ue jour ses
affreuses propositions le chef de brigade en fut à la fin révolté. " Ah", s'écria-
t-il dans son indignation, en s'adrcssant à Jean, "est-il possil)Ie de laisser outra-
ger Dieu d'une pareille façon ?" A ces mots Jean se précipita sur le renégat et
l'aurait étranglé sur le champ, si le janissaire, qui était à la suite de ce'ui-ci,
ne fut venu à sa rescous.se on se ruant sur Jean pour le tuer avec s m cimeterrn
Sans perdre un moment le brave caral>iiiior saisit une chaîne à sa portée,
qu'il arracha pour se défendre, et en frappa à mort le janissaire.
Pour le coup Jean et Sabran furent jetés dans un noir cachot et subi-
rent chacun cinquante-neuf coii[»s de neif-de-bœuf. Le pauvre Sabran en
mourut. Jean essuya ensuite vingt-ciiM| coups de bâton-<ie-calabre sur la plante
des pieds, un des supplices les plus horrilties. Peu après un chevalier qui avait
été fait prisonnier avec eux dans la même rencontre, ut à ({ui on avait infiigé lo
même châtiment ()u'à Jean, succomba à ce supplice.
Sabran, avant de mourir, avait prédit à .son coinpngnon de captivité
qu'il vienilrait à être ilélivré et lui riîcoiiinanda particulièrement <le ne pas ra-
cheter sa liberté en se battant avec ui's chrétiens, ses frères, captifs comme eux.
Car c'était la coutume chez les Turcs <lt délivrer le vainqueur de ses fors. Jean
(1) Le chevalier (le TeHHé avait un rôgiiiient en ortn nom en mai 1707, lt>qiiel fut
donné |>ar LoiiIh XIV à François de Hiicktdey (viiioount Buckolpy nf (.'anlud) *'t prit le non»
de eu (lurniur, Moiinlcashfl. Id, p. iit'i. Lo coaito du TcsHé, pian maréchal de ce nom, était
l'ainé du Clievaliur el commandait on l'iodmont pendant la guurre do la «ucceeiion d' Es-
pagne. Id. p. l'.(t').
(2) Correaprindant i ailjudant-majoi aiijourd'liiil.
(.'<) MiiiiHtrc ('es attairet étrangère* «otu Walpole. Cf. Marie Tkérè$f-, par le duc de
Broghlio, T, l,p. Illi.
— 28 —
le lui avait promis ; mais en revanche il offrit le combat aux plus braves des
janissaires. Ceux-ci refusèrent, tant il passait pour un redoutable champion.
Ce ne fut qu'après environ trois ans de dure captivité et de cruels traite-
ments qu'il recouvra enfin sa liberté, en même temps qu'un chevalier de Malte,
fait prisonnier comme lui, et qui avait reçu les mêmes coups de fouet, mais non
ceux de rotin ou bâton-de-calabre.
De retour en sa patrie Jean, fidèle au devoir du soldat, alla rejoindre
son régiment à Arras en Picanlie C était un corps d'élite que les carabiniers.
Ils étaient surnommés " Les inv inciblen " : on était fier de leur appartenir.
Au lieu d'être accueilli avec joie dans leurs rangs, comme il s'y attendait,
Jean fut mis aux arrêts en arrivant, car les carabiniers, enrôlés au même ser-
vice que les chevaliers de Malte, combattaient, cotnme on l'a dit, sous la même
discipline et ne pouvaient se rendre. Ils devaient mourir les armes à la main.
Traduit devant un conseil de guerre l'accusé présenta pour toute dé-
fense une lettre qu'il tenait cachée, cousue dans .son bonnet, et dont il ne con-
naissait pas trop le contiinu, sachmit à peine lire. C était une déposition
(|u'uM chevalier, nommé de Launay, lui avait remi.se en prison, par laipielle il
lui reniUiit pleine justice et attestait de sa bravoure. Il fut absous et réintégré
avec hoimeur dans son poste de sergont-mnjor.
Pendant les guerres sanglantes (|ui dé.solèrent l'Europe sous le règne do
Louis XV, il fit les campagnes de Hongrie, do Bohême, de Westphalio et des
Pnys-Bas. Il assista à la prise de Prague et formait partie de la garnison en-
serrée dans ses murs, quand les carabiniers, au nombre de 800, formant partie
du corps d'armée et commandés par le lieutenant-général Chevert, se frayèrent
un chemin à travers l'ennemi, en novembre 1741. C)
De là, continuant la campagne, il fît la célèbre retraite de Prague sous le
Maréchal de Belle-Isle, dans la(iuelle tant d'hommes périrent de faim, de froid
et de misères.
Nous voycm^ parmi les guerriers qui combattaient alors soua les mêmes
drapeaux français des noms (pii devaient s'illustrer plus tard en Canada, tels
(lue ceux de Montcalm, Lévis, Hourlain:u(uo et autres.
Revenu en Franco, et après avoir pri-t part à un engagement très vif
p^ès de Nancy, on retnnive notre sergent-major à la fameuse bataille de Fon-
tcnoy, (Il niiii IT-ir)) dont la journée, pres(|ue perdue au début, fut recouvrée
par I élan df la ISrigailu [ilaii iai^e et par la mai -ou du H >i, supporté.; p^ir dix
e.«-cadron.s en ré.^erve de caraliiniers, (pii repoussèrent les Anglais et rompirent
leur carré (|ui avait pénétré en dedans des lignes françaises. (î^)
(1) La traître yutrrifrf, par d'Horii^aiilt et MoUnd, p. 433 ot p. 437, chap. Ciiivbrt.
(2) <<« fut la iimison <lu Uni, iiipportéft pur Ich iMirabiniori, (jui eiifonoèrent le cftrri
(to8 AnKliii», en front, au oeniro, cl <|ui déoidèroiit de la viotoiio. '• La France guerrière ",
p. 4H3.
M. U< iiiiiréclial do Saxe a dit liauteiiient que lo Koi devait i-utto viotoire au comte de
— 24 —
Deux ans après, 16 septembre 1747, Lowendahl, par un coup de main
aussi habile qu'inattendu, emportait d'assaut Bérg-op-zoom, forteresse réputée
imprenable, où. les Français entrèrent, racontait notre aïeul qui en était, en mar-
chant dans le sang jusqu'à la cheville du pied. (1>
L'année suivante, vers septembre 1748, en interceptant et enlevant un
convoi dirigé sur Maïstricht par le Prince de Lorraine, il fut atteint d'un coup
d'escopette qui lui brisa la cheville du pied et le rendit boiteux pour le reste de
ses jours. (2)
La campagne des Flandres tirait à sa du et la paix fut signée à Aix-la-
Chapelle le 18 octobre.
Si dans ces nombreux engagements, combats et batailles, notre carabinier
s'en était retiré la vie sauve, en revanche il n'avait pas été épargné pur les bles-
suies. Son adresse, sa force et son sang-froid l'avaient tiré de bien des mauvais
pas en jouant de l'arme blanclie, n>ais son étoile ne le garantit pas toujours
des balles. Une entre autres lui était pissée de la joue à l'oreille droite en fai-
.sant une largo trouée, laquelle ajoutée à un récent coup do sabre qui lui avait
fendu le visage du front à la joue gauche, le rendait singulièrement défiguré.
Il y avait alors au delà d'une (juinxaino d'années que Jean Casgrain oiii-
battnit à cheval et pour ainsi dire sans relâche. Quoique estropié il était
encore dans toute la vigueur de l'âge, n'ayant (|ue 32 ans, et il n'entendait pas
rester oisif.
Sur ces entrefaites le Canada attira son attention Lu Roi venait d-j
donner des ordres au gouverneur de favoriser l'étal ilissement de familles fliin*
la colonie pour défricher les terres et la peupler. Notre aïeul avait-il obtenu
.son congé pour profiter des intentions encourageantes du Koi, ou vint-il avec
l'envoi des troujK^s à Québec, c'est ce quejo n'ui pu découvrir. Une tradition
le fait traverser la mer en comiuignie <lo Sr. Jean-Hte. Bonnenfnnt, notre aïeul
maternel, et !e désignerait comme maître canonnier du bord. Toujours e.st-il
qu'arrivé à Québec il ré.solut «le .s'y fixer et épousa, le 15 juin 1750, demoiselle
(îeneviève Duchesne, tille de feu André Duchesne et de Marie-Anne Cîroinier
(m Grenier. L'épou.se et ses deux stiMirs signent à l'acte do niariagc, ce qui
dénote un certain degré d'éducation as.sex diflicile à se procurer dans le pays
à cette épotiue. Le 2'i juillet suivant l'époiix fit l'acquisition, {Mir contrat de-
vant Mtre Fanet, d'une maison en lierre à deux étages, située daiis la Ba.sse-
Lowendalil ot A la hri^taile iriandaiKO: oe HOtit «es pmproa teriiiei _ Itarie Thêrfit, par le
tbie (le Broglie, vol. 1, p. 44.'t — Cf. Dumortouii. Hisdiire îles comjiiêtei de Loiiin A'V, et
plan (le la bataille de Fontoiioy.
(1) l.a (^annonado avait été incessante depiii» le litige c(Mnnt«nci apri^i la lanKlant*
victoire do LnAult (12 juillet 1747) remportée par lo luaréclial de .'^axo contre le» alliés. I.e
carnagn et le »ue Curent horrililoH ; les vieillards on racontuiont longtemps apn^s les luas-
sacre» avt>o un frisson d'horreur. Misinoudi, Itiiloire dt» Frauçnii, vol. 2»), p. 1 1\>.
(2) On peut voir les dètikils de ccitte miu-clui dans Hittory of Ikt Iri»h liriyade dcjA
eitée.
— 25 —
Ville, rue Dcmcules, (aujourd'hui Petite rue Chnmplnin) nu picil du Cap, droit
nu-<Iessous de la plate-forme du château St-Louis. (!) L'édilice subsiste encore
avec ses vieux inurs tels que bâtis du temps des Fran(,'ai3 et fuit face au petit
escalier qui deS'Cend au Cul-de-sac Pour rindi(p:er topogra))hi(|uement, c'est le
lot désigné sous le No. 22+8 au cadastre et plan ofliciels du quartier Chumplain.
A ces renseignements concernant notre premier aïenl canadien jo puis
ajouter ceux que Je tiens île la boïiclie de feu le colonel Franc/ois-Xavier Knu-
eh' r, de la Rivière Quelle, qui l'a très bien connu là pendimt les années écoulées
depuis 1791 à 1802. Le colonel demeurait près de lui, dans les Grands-coteaux,
à l'endroit où habite maintenant son petit tils, M. Atlélard Boueher, notaire.
La maison occupée par notre aïeul était située un peu à l'oue.st, là où demeure
actuellement son arrière-petit-lils, M. Charles Letellier de Saint-Just. Le
colonel Bouiher n vi'cu jiis(|u'Hn 9 septind)ie IHGii, aymit atteint l'âge avancé
de 93 ans. J'ai rencontré plu.^ieurs fois ce vieillard vénérable, un des descen-
dants du (j)'an<l-j)èrc Boucher, le gouverneur des Trois Rivières, et je suis
allé chez lui une fois exprès pour noter les souvenirs que je ilésirais obtenir
sur nii II aïeul. Voici ce que je tiens de .sa bouche. "Ce fut en 1791," me
dit-il, "que Je fis la connaissance de votre ancêtre, (|uand il vint demeurer à la
" Rivière Ouelle aupiès de son tils Pierre. C'était alors un vieillard à che-
" veux blancs, très âgé ; son teint était encore frais mais basané. 11 était très
" défiguré par ses Imliifrcs. Il avnit pris de l'eiiibijupoint et était devenu fort
" replet. Sa veideur birii conservée i;niioMi;ait un homme né avec un tenipé-
" rament vigoureux et, à en juger par sa taille bien prise, il avait dû être foit
" et robuste. 11 maiehait app\iyé sur une canne, car il était boiteux. lime
" semble le voir encore assis sur son perron, dans une gi'ande chaise berceuse,
" <|uaiid je passais devant sa porte pour aller à l'église le dimanche. Il a vécu
" là neuf ou dix ans et jusquà sa moit. "
Ciie autre pii.-oune bien âgée, notre ancienne voisine à la Rivière-Ouelle,
Veuve Clément Déehène, née Lebel, et notre i)arente, m'a dit aussi l'avoir bien
connu, et aussi coiniu sa fille (|U'oii appelait innDt'ui'lIc .Marguerite. J'étais
bien ji une alois et l'ii m'en revenant de l'école elle m'ariétuit quelquefois pour
me doimi r i( (If /*M(r»vr (/(' (•r'''/iM', comme on dit |>ar chez nous. Mais je n'ai
gardé aucune sousenance particulièie dt;détiils, sinon (]u'elle m'a dit avoir
bien connu le père ut sa lille. Jetais alors encore trop enfant pour m intéresser
à ces souvenirs.
Il est assez facile de suivre la carrière de notre aïeul depuis son établisse-
ment en Cnnada. Nous le voyons au siège de Québi c en l7r)9, s.rvant sou
canon à la Imlterie de la basse-ville contre la Hotte anglai.se, tout écioppé ipi'll
était.
Après la cession du pays il se trouva laissé à l'abandon comme tant d'au-
tre». Otiiciers reformés, soldats lici-nciés, miliciens, se voyaient ruinés et dans
un ilésarroi couqilet, avec peu ou point d" perspective d'avenir en retournant
(I) Miiintcnnnt appelé i>n/?«in Teirace.
— 26 —
en Franco. Le plus grand nonilire d'entre enx, n'envi-^nj^oant d'autres nioilleures
existt'iicos, se décideront à rester an pays. Jean Casgraiii, adoptant ce parti,
résolut de denienror à Québec et d'y tenter fortune. Il retourna sans hésiter à
son premier métier de maître pâtissier et ti'aiteur, et afficha sur sa maison l'en-
seigne do " Lt cloche hlciu'.". C'est là qu'il tint un restaurant et un commerce
de vins, jusqu'en 171H. Il y fit as.sez bonne fortune et put y élever .sa famille
convenablement.
Il avait perdu sa première femme, (pii ne lui avait pas donné d'enfants,
et il épousa en secondes noces, 10 juillet 17()4, demoiselle Marguerite Cazcau,
âgé' d'environ 30 ans, fille de Jean Cazeau (') et de Magdeleine Voyer, mariés
à Saint- Vulier, le 12 aoil^, 1721. (Contrat de mariage, Dubreuil, N. P., 10 aoftt
1721)
De ce second mariage sont nés 14 enfants, ainsi qu'appert par les regis-
tres de la paroisse N. D. de Québec, savoir:
1. Jose[)hte, née vers sejit. au 10 oct. 17(iC, .s. 10 anût 1768,
âtrée do 22 mois en\ iroii.
2. MurgutTite, née vers la tin de mai 17C7, s. 17 aia'lt lîS.I-i.
3. Jean, né 1 avril 17(58," 14 " 17(;.S.
4. Lonis-Jean-Baptiste, né 12 mai 17» !), " 15 sept. 1858.
5. Joui, né 10 " 1770,
C. Pi. ne, né Ui juin 1771," 17iiov. 1828.
7. Marguerite, née 1 juillet 1772, " 27 " 1773.
s. à St- Augustin, à 17 mois.
8. .Marie- Anne, née 1 février 1774, .s. 1790.
nioito à la Ri\ ière-Ouelle, à 22 ans.
9. FraïK/ois, né 1 mars 1775, s. 18 fév. 1770.
s. à Sainte-Foyo.
10. Nicolas, né 24 juin 1 770, s.
11. Catherine, née 15 fév. 1778, " |5 janv. I7S0.
12. Marie-Julie, née 28 mars 177!>, "
13. Ignace, né 1!) juillet 1780, "
11 Franvois-Frédéric, né 22 avril 1783,"
On ne peut manijuer de remarquer par ce taldeau la vitalité et la fécondité
(1c ce Couple et le fait (pie la mère avait cinquante ans (-) à la naissance île .son
dernier enfant, et de plus que les (juatorze naissances se sont succédées pres-
que ttius les ans dans l'espace de 19 ans seulement. — Est-ce dû à une intiuence
(1) Fil» de Jean Caïeau, chirurgien, 1). lft'.Ut, et (le Mario du nii»i|tio, di- St.Tean-du-
bourgd'Uor, dioo-^no d'Oléron ; i. à (Juôhoo, \'l iioiH ITtil. Il eut l'aioiil de IVvi ^f<rr. <';iHiiiilt,
prélat romain, lequel m'appelait toujourii •' mon cotiHin ", couinie l'tant C(niglii gennalu de
mon grand père. Suivant les régiiitroH do la Prévosté, 21 iiiarM 173U, Joan i'hhiiuII liabilait
«lort Ijuéljao.
(2) Kalm, Voi/aye en Amériqut, vol. III, p. 207, rapporte avoir vu aux Klioiilemonti
une femme enceinte Agée do 5'J aiii. Elle n'avait pas ou de catainenia dei>uis |S biih.
— 27 —
climatf riquo ou nutre qu'on ne connaît pas ? Toujours est-il que lu fécondité
des ffiiiiilU's camidiL'nnes dépas-;e lie beaucoup la moyenne de celle des autres
pays.
J'ai rapporté ci-ilovant (juc ma mère avait connu cette arrière-grand'
mère Cnzeau, alors âgée de 91 ans. C'était en 1(S24 lors de sa visite de noces
à lu RivièreOuelle, dans la famille de son mari. Elle alla faire la connaissance
de Cette vieille dame <jui demeurait en face <lu manoir, du côté sud de la rivière,
dans inie maisonnette entourée d'aibrcs, huiuelle est aujourd'hui remplacée par
la )é>idence de I honorable C.-A.-E. Gagnon, shérif du district de Quéliec.
Tout it'spirait le bien-être et une propreté exquise dans cette petite demeure,
sim .le, mo leste, où le lu.Ke n'avait pas pénétré. Depuis longtemps Madame
Casgrain. mère, était devenue veuve et son Kls prenait .soin de sa vieillesse avec
touti; la tendresse et la sollicitude d'un b )n fils.
Elle l'cçut la mariée assise dans son fauteuil, cir elle avait perdu la vue
à la suiti' de son gran 1 âge. Elle était toujours mise en blanc, en baziii de
Marseille, et en manteiet ; toujours très soigneuse de sa personne. Sa li'.ie
Marguerite, dame veuve Johnston, ilemour.iit avec elle et l'entourait d'ég.rds,
de prévenances et de tous les petits soins que la piété filiale peut ofirir ei, se
plaire à rendre A part sa vue cette vieil'e dame avait conservé la plénitude
de toutes ses fac iltés mentales et corporelles et jouissait d'une excellent'! santé,
même était très rep'ète. Elle avait c )user\'é s )U ancienne gaieté et ^ou aini-
bilité. L'accueil (pi'elle fit h, ma mère fut trè-s cordial et elle lui téiiiiigna la
joie et la satisfaction (| ne lui causait sou m u-iig;. Durant leur couv'.i - ition
elle pria ma mère de voulo r bien lui pei'inettre di' connaître ses traits .-ii pas-
sant sa main sin' son visage, ce qui i\ii fut accordé avec plaisir. " Vuii- ivez "
dit-e le, " un petit nez retroussé,'' faisant allusion à un adage alors coiiMiiui en
Fiance : " 11 est co nu ((u'un nez retrous.sé a changé les lois il'un Eiiij ire. "
l'our témoigiu-r à ma mère s<m contentement et lui être agréab ■ ,|it' lui
chanta de- chansons, comme si elle eût assisté aux noces, commen n par
celle-ci :
" PotitApotit"
" L'oi«enn luit ion niil,"
to., ifcc.
l'uis ayant commencé cette autre;
" J'ai hioiitôt quatre-vingt ans —
" lionsoir la conipugniu, " Ac.
elle .s'iirrêta. " Oelle-ci n'est pas pour moi, " dit-elle, " j'en ai 90 pi- Je
m'en vais vous en ciianter une autre."
Elle avaif une bonne mémoire et annon<;aifc une belle intidlig-in;.' tJu
pouviiit dire iTelle avec vérité, en la voyant j)arvenue à cette longui; vieiil. -»se,
menu Hiiun in s ma cor pitre, car il était visible que la vi;|uour meutalr' et. la
vigueur corporelle avaient marché do pair,
Son mari et elle ont endu'assé dans leur course une période de pin • i'un
— 28 —
siècle, c'est-à-dire, do 1716 à l.S2'>. En sorte que cotte grand'inère savait notre
histoire do cotte époque, ayant connu nos principaux personnages du temps,
ayant vécu 25 ans avant le siège de Québec. Elle et son mari auraient pu nous
transmette cent ans de souvenirs personnels, pour servir aux niénioiros de
famille.
Ma mère, à l'heure pré.sonte (IH89), est pour nous le dernier chaînon
vivant qui nous relie à la génération de Marguerite Cazoau, lainiullo apparte-
nait à l'ancien régime. Cette génération était restée tout à fait frany liso ajjiès
la conquête, et si elle n'avait pas l'avantage d'une grande instruction, elle avait
celui d'une bonne éducation. Il est regrettable qu en disparaissant elle ait em-
porté avec elle plusieurs de ses bons usiiges et vieilles coutumes, comme aussi
un peu de sa belle urbanité et botme grâce. On peut dire (jue la forme et l'art
de la conversation .sont aujourd hui laissés de cAté, comme enseignement spécial,
dans nos collèges et nos maisons tl'éilucation C'était alors, cjinnio cela ilevrait
être à présent, le charme de la société, et tel que je l'ai vu chez madeiioiselle
de Lanaudière dont j'ai parlé et (pii a tenu, pour ainsi dire, le dernier
salon français à Québec qui rappelât l'ancien régime.
Marguerite Ca/.oau avait conservé ce charme de la bonne compagnie
jusque dans son extrême vieillesse, qui se prolongea jusqu'à 91 années. Elle
mourut le 6 novembre 1825, et le môme jour naquit sa petite tille, Flavio Cas-
grain, devenue plus tanl Mme. Martineau.
So^ talents et vertus ilomestique.^ n'avaient pas peu coiitril)ué à amener
un liii'U T'tre solide en sa maison, fruit d'une éc>)n(jmie stricte, mais bion en-
tendue. (I)
Les époux Casgraiiî avaient continué leur ré^iloice et négoce à Québec
depuis leur mariiige. Mais on 1791 l'ancien militaire se sentit usé pir les ans
et les suites îles fatigues des guerres de .son jeune temps, et il se retira avoe son
épouse à la Rivière-Ouelle pour toi-miner ses jours près do son (i^s Pierre, (|ui
était établi là. Il lui fit donation ilo ses biens, et, entre autres, de sa maison à la
Basse-ville, par acte du 2 1 juillet «le cette aiuiée et il la confirma p.ir son testa-
ment devant .Vitre. Dionne, à la Rivière-Ouelle, en date du 2 septembre 1797.
En abaiidonnanl, ia ville, Jean Ca.sgrain emportait avec lui l'esti ne et le
respect ilc ses concitoyens. Il s'étuit remlu utile en [irenant part avec eux au.K
f|) l'aniii les 9oiivenir.î qui me reviennent, nvpnortait ma inAro à eo |)roi)ns, il (!»t
un truit irprnnoiiiio diiii» inie île oos niii'ioiiiies iiiiiiille.s à Q lolioc, les JIôtivioiH, dont le
chef était fort Agé et respecté. Ils étaient ses voisina peu huit iprolie y a iloiiioaré ilepui»
IHll 11 ISJT. Le» iluux fille» lie Iii maison étaient ses ftuiiea d'eafance et cette a:iiitié a
toiijoiir.s siil):<isté entre eMe.i tant qu'elle» ont vécu. li'uiie d'elle:» eut devenue la t'oti'la-
trioe de rifospiee do la Maternité à Québec et u [)assé sa vie en faiiant lo tiien. Un usn;.e
dnn» cette famille rangée, économe et de l'ai.oienne école, ipii avait Irappc ma mère, était
leur manière do porter le deuil. Au lieu do se votir d'iiabilleuients noir» confectionné!
pour la circonslani.'o, l'on portait ses plus vieille» Lardoi. Cotto coutuiuo rappelle oelle
de» ilébreux, en pareil cas.
— 29 —
nffiiires iminicipftles et politiques du temps, qui étiicnt tout^-fois limitées à un
CL'icle lissez restreint. On trouve son nom parmi les promotetirs et signataires
de la pétition demandant une constitution coloniale, <jui devint celle accordée
par l'Angleterre en 1791.
Après HVuir coulé ses derniers jours en paix auprès de son fils, il mourut
dans ses bras le 3 octobre 1802, âgé de 85 ans 9 mois et 20 jouis, et non pas de
1013 ans, 8 mois et 20 jours, comme me l'avait rapporté son fils Jean, avec une
preci.sion telle ([Uc je l'ai cru jus(ju'àce (jue j'i'ie pu relever l'acte de baptême ci-
dessus cité. Puis j'ai adopté comme vrai en ce cis l'usag.,', alors général en France,
do faire baptiser les enfants aussitôt après leur naissance. Son fils a été induit
en crri'ur. Il est remanjuable, comme l'observe Mgr ïanguay, combien facile-
ment on fait des centenaires quand les vieillards ont atteint un giaii!! âge.
Notre premier ancêtre canu'lien se montre à nous comme un e.xci'lîent
type ])()ur fon<ler une race. Vigueur ]'hysique, courage gui.'rrier, <',n'iir plein
d'énergie, bonne tète, talent iTindustrie ; — (pie dem.nKler de ])bis |)i)ur venir
lutter contre le rude climat du C inada et les difficultés à vaincic p<mr -«.• créer
par .soi-même, dans un pays nijuveau, une e.si.stence honnête et onfortab'e.
CHAPITRE TK( )ISIËME
DlilXlKMl-: (iK.\l':U.\TI()X C.\S(Jlt.\lX — 1. .JK.VX. — 2 MAUtîUKIÏITK, — 3. l'IEltUE.
Des nombreux ei\fauts <|Ue nous avons énumérés, issus du mariage de
JeanFraii(;<)is Casgr in et de Marguerite Cazeau, trois seulement ont survécu
pour fournil" leur pleine carrière. Ce sont les trois nommés en tête de ce cha-
pitre; les autres sont morts en lias âge. Marie-Anne n'a vécu que 22 ans et
est moite à la Rivière-Otielle en ITLXJ.
1. LouisJean-Iîiiptiste, l'aîué survivant, appelé Jean, fit .ses étmles au
petit séminaire de (^)llébec, sous la régence de l'abbé Bouclier jusqu'en belles-
lettres et continua les premières classes .sous celle de l'alibé Robert. Parmi ses
conijingiidiis «le ci'llège (''talent Jacques Hâby, mon grand-père maternel et
Fi aii(;ois, .siin frère ; tJi>.-iepli 1! iissonnea;ilt, ( 1 ) liouis Hilodeau, Alexis Lefran-
çois, (cillé de Saint- Augustin, que j'ai connu là en 1835-36,(2) un vrai .saint
liomiiie) ; L<iuis Bounlages, Pierre Hédard, entre autres, (jui tous ont fait leur
maripie dans la suite.
(1; .Viitrefois curé lie .Suint Je!\nl'oi t Joli où ji> l'ai eoiimi. Il fréquentait .■souvent
ion nnii le curé l'uincliituil, tbniliiteur du oollèjus .'Suinte-.Aiine où j'étiKiiais, M'étaiit un
Jour arrêté oliez hii,!--!! luissinit, (lour lui reuiettro une lettre il lue retint à iliner et il dinait
fort bien. Son énoriiio corpulence le déaioiitrait. Il m'entretint de mon griiiid-père
Bttl'j', ot me oontinna ce que j'iivai» liiipris do ma mèro, qu'il était sourd d'une oreilla, ce
qu'il nttritiuait à un Koiitilet donné par un des régontH.
(2) .Mors que j'étais à l'école anglaisa de M. Oale, pnVi du Calvaire.
— 30 —
La vie monotone et routinière du collège fut troul)lée, pou avant son
entrée, par un événement qui y causa un gran l émoi et laissa «le profonils sou-
vtiiiig I nniii les élèves. Les Américains, conunamlés par Mon gouieiy, étaient
Vi'iius assiéger Qiié1)ee en «lécon\hre 177.3. Un appel auK armes fat fait aux
élèves et ils s'enrôlèrent pour la défense de la ville Voici ce qu'on lit à ce sujet
dans l'histoire ni.innscrite du Séminaire par le professeur M. l'abbé ïaschereau,
depuis Cardinal ■Archcvê(ine de Quél>ec: —
"Durant la téméraire et pourtant formidable entreprise de Montgo-
" mery, command.mt des troupes américaines, sur la ville de Québec, le sénii-
" naire déploya envers le gouvernement anglais la même loyauté qu'il avait
" montré envers la France durant les sièges de 1690 et de 1709. Les élèves
" furent e.\horté.« à s'enrôler dans la milice ; la maison fut offerte pour loger
" un certain nombre de défenseurs de la place ; les greniers furent ouverte avec
"libéralité; toutes les provisions furent livrées sans réserve. Api es la mort
" de Montgomeiy et la retraite d'Arnold, ble.ssé au genou, dans l'attariue du
" Sault-au-Matelot, une trentaine de leurs otîiciers faits prisonniers durant la
" célèbre nuit du 31 décembre fureit renfermés <lans le séminaire et traités
" avec tiius les égards possibles. C'est là qu'ils pleurèrent (piand on leur montra
" l'épée de leur général dont on leur aniu)ii(;a la mort. "
Ce mouvement tnilitaire av..it créé une impression durable chez l'écolier
Jean et nous vn verrons l'eH'et lors <le la rébidlion en 1837. Il avait servi à
alimenter le goût des armes (pi'il avait h'-ritt' île s m père. Jean tit et ternrna
avec succès le cours d'études alors suivi. Sa facilité à apprendre était remar-
quable, car il était doué d'une mémoire quasi prodigieuse, comme j'en ai eu la
preuve m(ji-Mième et connue me l'a attesté ilepuis un de ses petits-fils, M.
.T(jseph-0 Ca.'^grain, profes.ieur à l'école noria i!e de Montréal. Il maiiait la
langue de Cicéron avi'C une facilité pour ainsi dire égale à .sa langue mater-
nelle, et étiut bien versé dans les auteurs classiques. Souvt'iit il se plaiait à
réciter de longs pa.ssages de Virgile, .son auteur favori, qu'il savait eu p-.rtie
par cœur. Je me rappelle ([u'ii m' sortie 'lu collège, il m'inturrogi;a sur les au-
teurs latins, (ju'il n'avait pas revus depuis au moins cinipiante an.s, et commença
à me réciter la catilinaire Quouaijne tamlem, avec une inflexion et une volul)i-
lité (pli me mirent <lans l'embarras et la confusion Je ne crus pouvoir mieux
me tirer d'afiaire (pi'en passant a Iroitementà un autre sujet de conversation.
Au lii'U d'embrasser une profession liliérale à la(]uelle ses talents sem-
blaient l'appeler, Jeun s'adonna à l'agriculture et alla sé;al)lir à Siint-Atlianase,
sur les liords de la rivière Chambly. Aux travaux des champs il joignit ceux
de charpenterie et de menuiserie qu'il enten but assez bien, vu son adresse na-
turelle à travailler le bois Lors de la construction des casernes de (.'hainbly
(1812-15; les autorités militaires lui confièrent la direction do ces travaux.
Pendant les troul)le9 de 1837, (pli s'étendirent dans ses environs, et ame-
nèrent là unfi rél)elli')n ouverte, il embrassa ivec une ardeur plus enthousiaste
rpK! rt'fléchie, la cause des patriotes et se joignit aux insurgé.s. Ayant été pris
les armeâ à lu muin il fut jeté en prison et aurait subi le même sort que leb da
— 31 -
Lorimifr et Ions les autres (jni montèrent sur l'échafauil, sans l'intervention
eflic'.iec lie son neveu l'hononiblc Chirles-E. C»".srjrnin, de la Rivière-Ouelle, au-
quel il (lut son salut. Urâce au créilit et à l'intluence dont celui-ci jouissait
aup es des aut(H-ités civiles et militaires; grilco aussi à ses eff )rts et ses ser-
vices l'rticaces pour appniser la rébellion dans son district, il parvint à faire
relâcher secrètement le prisonnier à condition qu'il s'etfaçât de la scène et qu'il
deiiuiuât caché sous sa surveillance, à charge de répondre de sa personne et de
sn ((induite. C'est dans ces circonstances que Jean Casgrain fut retiré à la
Rivière-Ouelle, chez son autre neveu, le seigneur du lieu, où il demeura plu-
seurs années, c'est-à-diie juscju'à l'amnistie, en 1845.
Dans cette retraite il s'occupa comme précepteur de l'éducation des en-
fants des deux familles de ses neveu.v, parnd los(|U(ds étaient Raymond, plus
tard homme de lettres et connu dans le monde littéraire sous le nom de ral)l)é
Casgrain, et Al])honse, curé à Fall-River, aux Etats-Unis.
Au physique Jean était un homine de bonne taille, fièrement planté,
largement développé des épaules et d'une force mu.sculaire lierculéenne. Il se
vantait (levant moi ipie, dans la vig leur de l'âjje, il tenait sa sii'ur Marguerite
ns>ise dans sa main au bout de son bras. Je l'ai vu sorti:- en plein hiver, la
poitrine à l'iiir, sa redingote ouverte, sans bas dans ses chaussures, et vejiir à
pied dans laneige jusque chez nous, à une bonne distance, sans ressentir, disait-
il, aucun froid. Quand je l'ai contin (>ii pivtnior lieu (1S3.S) il était âgé de ()iS
ans et avait les cheveux t(,.ut liiancs, mais .son teint ('tait frais et haut en cou-
leiu', indi(piant un liomine blond. Son regard était vif (pioiqu'il loucliât légère-
ment d'un (eil. Ses traits fortement accentués .semblaient taillés à la hache et
sa prestance hardie lui donnait un air tout à fait martial.
Marié en piemières noces à une demoiselle Ashby. il en eut (]eux filles,
Marie et Honoriette. Devenu veuf peu d'années ajirès, il épousa (.iemoi.selle
Marie Svnssouey (pii lui doinia !) enfants: Edouard, le père du professeur que
je vi(M;s (h- mentionner; Pierre, Isaac, Juditli, Emilie, Joseph, (. esarie, Monique
et Timolliée. Vers 182") ou 2'), il devint xcuf une scco;ide fois et éjiousa en
troisièmes noces d'Uioiselle Joseplite Valiières, de la([nelle il n'eut point d'enfants.
Il teradna ses jours à Saint-Mathias, le 15 septembre 1858, âgé de 88 ans
quatre mois et cinq jours.
Sa lignée s'est fort étendue dans le district de Saint-Hyacinthe, h Saint-
Cé.saire, Sanite-Rosalie et dans les environs.
Feu l'honorable J.-J -C. A'il)ott (Sir depuis) réclamait une parenté avec
nous par les femmes de son C(Mé avec quehpi'nn de cette descendance et il
m'appelluit familièrement .son c; usin. Je n'ai pas en la curiosité de vérifier par
hii sur quoi il appuyait son dire.
En ce cas un Casgrain aurait é[)(msé >inc demoiselle Bradford, sanw do
la nièro d(! M. Alibott, et c'est ce (pie le Col. Panet me demamlait par sa lettre
du 17 .septembre 1889. Je n'ai pu le ctmstate'-. Je crois i\\\'\\ y a Ici confusion.
Une demoiselle Bradford, tille d'un nunistru protestant et .sœur de la mèro de
— 32 —
M. Alihotfc, s'étnnf faite catholique, ses parents et amis lui tourneront le dos.
Elle fut recueillie «lans la fatni lie J ; mon grand-père Casgrain à la Itivière-
Ouelle, et c'est d'elle dont parle nui mère dans ses mémoires, p. 28.
Il peut se faiio «jue M. Abbott réclamait cette parenté par les Abbott
du Détroit, dont ma mère est issue.
• *
2. Marguerite Casgrain, auprès de bupielte remontent mes premiers
souvenirs d'enfance, avait 19 ans (puiud elle épousa Sieur Laurent Costille,
ninitre tailleur, de Québec, lils de Hiiaire et de Louise Viendroit, de la paroisse
Sainte-Mngdeleine, dans la ville de iiesajiçon, Franche-Comté. Kilo donna
nais.sunce à deux filles, dont l'aînée, Marguerite, fut nuiriée à Sieur Isaac Hudon
dit Beaulieu, agriculteur, de la paroisse do la Rivière-Ouelle ; et l'autre, Lucie,
s'unit à un mon.^ieur (Jauv reau (1). Une fille nii(|uit de cette <lernière union,
hunu'lle épousa un des tils de M. Louis-Marie Morin, de Saint lloch-des-
Au Inaies.
Autant Marguerite était hiido, autant sa sieur Lucie était belle, et ce
n'est pas peu dire de l'une et de l'autre.
Devenue veuve madame Costille convola en secondes noces avec M.
Johnston, instituteur, <]ui tenait l'école de la parois.se, à la Rivière-Ouelle. Ayant
perdu son second mari en 1817 et n'ayant pas d'enf mts de ce mariagi;, olk' alla
demeurer avec sa vieille mère, comme nous l'avons dit ci-devant, daii.s la maison
en fa<e du maimir. Son dévouement |)our elle et les soins assidus dont elle
l'entoura furent admirables et ne se démentirent jamais jus(|u'au jour où elle
lui ferma les yeux. Alors elli; se retira chez sa fille madame Bi'aulicu jus(|u'en
1828, année où elle eut le malheur <le la perdre. Cette? mort lui enlevait son
dernier enfant. Laissée seule et isolée dans le momie mon {)ère l'invita à venir
demeurer dans sa famille à la Kivière-Uuelle et eut toujours pour elle Us égards
les plus attentifs. Il est vrai qu'elle se les attirait d'elle-même par l'aménité
de son caractère. Klle s'était faite, écrit ma mère, l'amie de tous les enfanls ;
«lie les rassemblait autour d'elle et dans les longues soirées d'hiver elle les
amusait en leur racontant des contes et des histoires. Elle narrait si bien qu'à
l'entendre, sans la voir, on aurait dit qu'elle lisait dans un livre, t «nt .sa diction
était correcte, nette et déliée. Son geste et son accent étaient d'un naturel si par-
fait et avaient tant de charme et d'entrain qu'ils captivaient l'attention au point
que les grandc-î personnes venaient une à une agrandir le cercle pour l'entendre
tout comme les petits enfants. C'était elle qui souvent faisait les frais de la
veillée. Sans être beaucoup instruite elle avait néanmoins lu av.;c profit, étant
douée d'une mémoire très bonne et d'un giand sens. Elle savait par cœur tous
(1) Frère de M. François Gauvreau, de .Sainte-Anne-la-Pocatièro. Il est probable
.qu'elle demeurait là aussi, près de l'ancienne église, dans le haut de la paroisse, dont
l'eaiplaceuient est indiqué par dos rester do foudo.uents.
— 33 —
les contes de Perrault et une foule d'autres encore. Les aînés d'entre mes frères
n'ont pas, plus <|ue moi, oulilié sa bonté de cieur, et se rappellent encore les
heures agréables (ju't'lle nous a fait passer autour de ses trenoux. Je lui «lois un
souvenir plein de reconnaissance et d'aft'ection, resté vivace, et je suis bien aise
de trouver ici l'occasion de le perpétuer et de rendre un juste tribut d'hommages
à sa mémoire.
Le choléra qui sévissait en 1834, pour la seconde fois en Canada, nous
l'enleva durant l'été (17 août). Elle était âgée d'environ 67 an.s. Je n'ai pu
trouver à Québec l'acte qui pourrait constater la date précise de sa naissance.
Je ne puis m'enipêcher de raconter un incident drolaticiue survenu à ses
derniers moments, qui m'a été raconté bien des fois et m'a toujours fait rire.
Le curé lui avait administré les derniers sacrements et continuait à la pré-
parer à la mort en l'exhortant à se soumettre au déc et de Uieu, lui rappelant
la brièveté de la vie qui n'est qu'un passage, etc. Pendant qu'il appuyait sur
ce motif que tout passe en ce monde, il crut que la mourante se joignait à lui
d'esprit et de cn;ur en répétant les mêmes paroles : tc.it passe, tout passe, et il
enchérissait dans le même sens, jusqu'à ce que l'assistance s'a|)erçut d'un quid
pro quo à l'odeur résultant de l'effet de la maladie. Chacun essaya de contenir
une hilarité involontaire, qui finit par éclater d'autant plus qu'elle était plus
forcément comprimée.
• •
3. Pierre Casgrain, né le 16 juin 1771, était fort jeune cjuand il partit
de la maison paternelle, comme son père l'avait fait. Il n'avait que 12 à 13
ans. L'école et la vie du collège auxquelles ses parents voulaient l'astreindre
ne lui allaient point, quoique certes il ne manquait pas de l'aptitude néces-
saire pour s'instruire. Esprit vif, caractère entrepren int, résolu et aventureux,
il s'engagea uu service de M. de Roch.jblave qui fai.-jait la traite des pelleteries
dans les pays d'en haut, c'est-à-dire que ses voyages s'éten<]aient jusqu'aux postes
de Micbillimakinac en descendant tle là jus(|u'aux Illinois et jusqu'à la Ndu-
velle-Orlcatis. Les traiteurs, ainsi qu'on les nommait, tentaient une aventare.
Elle c(msistait à faire parvenir à un endroit ou poste indi(jué une certaine (juan-
tité de marchandises et objets les plus propres à tro(|uer avec les sauvages,
pour tirer ou échanger leurs pelleteries. Les engagés, voyageurs ou coureuis-
des-bois, formaient l'écjuippage des battelées qui, après la dél)âcle du printemps
partaient chargées de Lachine pour les divers postes di.sséminés dans l'immense
territoire ([ui s'étendait de là vers l'ouest ju.squ'au bord des grands lacs et des
rives du Mississippi. Cette classe d'hommes, particulière pour ces régions,
avait le monopole du transport dans ces entreprises. Hardis, vigoureux, intré-
pide.*, résistant à la fatigue mieux que les sauvage.s, ils en avaient acquis la
sagacité et l'in.stinct pour la vie des bois Adroits et propres à tout, ils n'étaient
jamais en peine de rien, à terre ou sur l'eau ; ils s'accommodaient ai.sément par
tout et de tout, vivant au besoin au bout du fusil, ou d'uu hameçon (haim, dans
leur vieux langage).
— 34 —
Ce fut dans une do ces lointaines expéditions, (|ui ne in.in(|uaifc pis d'at-
tiviits pour le jeune l'ierrc, qu'il s'enil)an|Uii avec M. de Hocheblave. (1) C'est
ainsi qu'il s'ouvrit la carrière du coninierce où ses tendances le poussaient^
Revenu avec sis épargnes, il rcheta une petite pacotille de niarcliandises et
endossa la cdHHede {2) do colporteur (jui la contenait. Il déliuta de la sorte
comme petit niarchaml ambulant le long de la côte sud du Saint-Laurent.
Dans une do ses pi ornières tournées il ont le malheur do faire naufrage
et fut jeté sur l'IsIe-aux-Coudres. Un habitant de l'endroit le trouva .seid, assis
sur le rivage, grelottant, pleurant, i xténué de faim et découragé. 11 l'amena
chez lui où il fut charitablement traité. Jamais notre grand-père n'oublia la
compas.sion qu'on lui témoigna et la bonne hospitalité (ju'il rci.'iit alor.s. Au.>isi
dans la suite (inand /r.-^' r/t'«.s' (/r /'('.s/(! traversaient hilsikI et entraient tlans la
ri\ière Quelle ils trouvaient en tout temps chez lui à couvert et table miso.
Comme il était né avec des aptitudes et un talent particulier pour le
commerce il ne tarda pas à doubler et tripler son petit fond, si bien (pi'il l'aug-
menta assez jjour ouvrir bientôt un magasin de détail à la liivière-Ouolio oi\ il
avait résolu de se fixer. Confiant dans sou avenir et à peine âgé de 19 ans, il
y épousa (27 juillet 179)), demoiselle Marie-Marguerite Bonenfant qui n'en
avait (pic quatorze et demi. Son choix ne pouvait mieux tomber comme la
suite l'a bien démontré.
Les Bonenfants étaient de bonne rnce, originaires de la Bretagne, où le
nom est fort répandu et très ancien parmi les Bretons bretoniiants. Jean-Bte-
Bonenfant, le beau-père, était négociant à la llivièi'o-Ouelle. Suivant la tradi-
tion déjà citée, il serait passé de France au Cana la en même temps (jue le
premier Casgruin. Toutefois ce ne fut qu'à sou troisième voynge ([u'il amena
avec lui sa fennne, Elizabeth Basse ('{) (Jîarso ou Bardo), (pi'il avait épousé en
France. Elle était Jiéo eu 1722 et mourut à hi Rivière-Ouelle le 0 septembre
1774, laissant cinq enfants.
En secondes noces Jean-lU.e. Bonenfant épou.sa à Québec, le 14 février
1775 (4), demoiselle -Marie Côté (.j), tille de feu Pierre Côté et de dame Mar-
(1) C'est lo iiiêiiie Philippe (le lîophclihu'o avec lo(piol Josepîi-François Permult re-
nionta le Missisjil)pi en 177iî, tel qu'il l'a riiooiité dans su bio;,'i'apliio éorito par lui mémo.
En 177S ce mémo de Rocheblavo commandait au poste do Kaskakiua quaml il Fut attaqué
par lo col. Clarko et fait prisonnier. Corre.yinnJaiice du i/oiivenieiir llaldiniaïul, Archives
d'Ottawa, Doc. .'<os3., 'le vol. 121, No. .'i, Duiant l'hiver I7So (lU avril) il était à (Québec et
obtint du gouverneur HaMiuiand un franc pas,soport pour le iiétroil et une rocommendu-
tion aux couunandants des postes ; aussi la permission d'envoyer un exprès à Madame de
Rocheblave. Idem, pp. 242,-24J-6. Ce dût être à ce printemi)s, 17S3, que Pierre Cas"rain
partit pour suivre l'expéilition. M. de lioclieblave mourut à Jloiitréal en ISOU.
(2) Il la conserva toute sa vie connue un souvenir dont il était Her. Elle ilisparut
après sa mort. Ma mère se rappelait l'avoir vue.
(3) Voir partage avec les enfants de celle-ci du 30 janvier 1775, St-Aubin, notaire, et
voir appendice E, lignôe des Bonenfants.
(4) Contrat de mariage devant Mtre Panet.
(5) Le portrait de cette Dame est conservé dans la famille Têtu, ses descendants à
Montmagny. Elle est déoédêa il la Rivière-Ouelle, 5 janvier 1820, âgée de 84 ans.
— 35 —
gncrito Delàgo. Do cette union naquit, un an ap es, 11 février, Marie- Margiicrite>
qu'on vient de vo'r s'allier à Pierre Ca-grain.
Du cliof (le sa mère Marguerite Bunonfant tenait à l'un des premiers et
des plus notables colons de la Nouvelie-Fi-ance, Abraham Martin, le même (jui
a donné son nom à la plaine d'Abraham, en dehors des murs de Québec, (l)
Les jeunes époux Casgrain étaient industrieux, économes et rangés. Ils
prospérèrent rapiflemont. Une occasion favorable s'étnnt présentée ils firent
l'acipiisition (17!)G) d'une belle propriété et haliitation vendue par décret sur un
nommé McCallum, marchand de l'endroit. Le poste était avantageux, central
pour les affaires commirciaies (2) et à proxinnté de la rivière (pii offrait xni
port de mer commode. En peu d'aini"''es Pierre Casgrain se trouva à la tête
d'un commercé étendu et fort luci'atif, (pii le mit à même d'asseoir une partie
de .sa fortune sur des biens fonds et entre autres d'aciiuérir la seigneurie de la
Bouteillerie (Rivière-Ouelle) et celle de l'islet, dan.s le but de les substituer
dan.s sa famille.
Il n'y avait point de pont alors sur la rivière Quelle et on la passait en
bac. Pour ob\ ier aux inconvénients de cette traverse, il s'adressa à la Législa-
ture en 1818 et obtint pour 50 ans le privilège d'y bâtir un pont de péage.
Cette amélioration était devenue nécessaire, et, tout en étant utile au public, lui
rapporta un revenu suffisant pour le rembourser en peu d'années du coût de la
construction et assurer un bon revenu dans la suite.
L'expk)itation des pêcheries dans le Heuve vis-à-vis sa seigneurie était
à cette éiJoipie une industrie pi-aticpiéc sur un grand pied à cause de l'abondance
du poisson de plusieurs sortes, tels ipie le marsouin, l'esturgeon, le saumon, le
bar, l'alosi, le hareng, la sardine, l'anguille, etc. La pêche était un aliment
considérable pour son négoce et donnait aussi un rendement lucratif de ses
droits seigneuriaux. Avec la per.-pieacité et le coup-d'œil qu'il avait il ne
manquait pas de sai.sir aux chcviu.î l'occasion de faire une bonne spéculation
quand elle se pré.sentait à sa portée. LTn printemps que la marée de la pêche aux
nuarsouins avait donné énormément, (il y en avait nu delà de 500 de pris) il fit
aussitôt acheter sous main et sans dire mot toute l'huile qu'on allait en tirer,
sachant bien (ju'uue telle abondance la mettrait à bas prix. En même temps il
partait à poste de cheval pour Québec, oîi il arrivait tout d'une traite, après
avoir remlu trois relais do. chev.nux, vendait toute son huile, achetait et frétait
les futailles nécessaires et revenait du même train, .sans (pic personne eût pu
soupçonner son voyage. La chance l'avait suivi. La goélette chargée de ses
futailles, pou.ssée par un vent favorable, entra dans la Ilivière-Ouelle comme lui-
même y arrivait. Cette transaction, ainsi hâtivement expédiée, lui valut dans
ses quarante-huit heures un bénéfice d'au delà £800.
La grande quantité de carcasses de ces marsouins qui pourrissaient sur
(!) Voir l'appeiulice D pour cette gônéalogie.
(2) C'est l'endroit où résicliiit M. Alphonse Letellier de Saint-Just, médecin, son
petit tils. Un incendie en 1891 a détruit la maison neuve qu'il y avait construiie.
— 36 —
la grève à la pointe de la Rivière-Ouolle empestait l'air à la ronde, suivant que
le vent portait. Quand les rafales apportaient l'oïk-ur nau-éalionde vers la
demeure de M. Casijrain, la compagnie ([u'il avait l'hahitude d'entretenir chez;
lui en était incommodée. En se tenant le nez chacun s'écriait : "quelle peste!
quelle puanteur ! comme ça sent mauvais! " — Lui, content du résultat, s'en
moquait : " Je trouve que ça pue bon ", disait-il d'un air narquois.
Dans ces temps-là, il continuait à mener une vie fort active, tout en la
rendant agréable en entretenant ses amis sous son toit hospitalier.
Il était un bel homme, grand, assez replet, au visage souriant, frai-s et
vermeil, comme on peut en jugr par son portrait peint par Dulongpré. Sa pres-
tance gracieuse, son air aimable, son accueil avenant, prévenaient en sa faveur.
D'un c'Jînmerce doux et d'une sensibilité exquise on s'attachait à lui, et il comp-
tait un grand nombre d'amis.
Il aimait la bonne chère et recherchait surtout la belle et bonne compa-
gnie qu'il se plaisait à attirer chez lui. On m'a souvent rapporté qu'il envoyait
ses voitures à Québec (25 lieues) quérir ses amis de la ville pour jouir de leur
société ; et il les renvoyait mener après les avoir entretenus et régalés avec
une joyeuse et libérale hospitalité. Le souper d'alors était le dîner d'aujour-
d'hui. On le prenait long et bon, et (juand les invités étaient plus nombreux
qu'à l'ordinaire, et que le btm vin avait porté la joie au cœur, la gaieté se ma-
nifestait par des chansons, alternées par les dames et les messieurs, ce (pii dé-
loppait envers elles une galanterie toute française, en y mettant toutefois une
réserve de bon ton et le respect qu'inspirait la dignité de caractère do l'hôtesse
qui prési<iait. Les amuseuïents, les distractions, les plaisirs, dans une campngne
monotone, étaient comparativement peu nombreux et peu diversifiés : on cher-
cliait alors à y .suppléer de son mieux. La convivialité offrait une bonne res-
source autour d'une excellente table ; aussi notre a'"'jul tenait-il à avoir la
sicime bien garnie et bien .servie. En sus d'un m litre d'hôtel en titre, le chef
Rémi, il avait un aide-cuisinier nègre et une pâtissière, la vieille M(iraiu(',t\ont
le nom est resté légendaire dans la famille pour ses pâtés et conH.serie-t. Il est
naturel de supposer que les cimuaissancea pratiques dans l'art culinaire appor-
tées de France par le vieux père n'ont pas été négligées par le fils, mais plutôt
bien mises à profit.
Il faut MJouter que la maîtresse de la maison avait im talent exceptionnel
comme femme de ménage. Ma mère ijui l'a vue à l'œuvre et a été à même d'en
juger, la trouvait accomplie sous ce rapport, comme d'ailleurs sur tout le reste de
sa conduite. EIK- en a fait un portrait fiilèle (|ui la montre sous .son vrai jour,
et qu'on no peut lire dans ses " Mémoires" sans l'admirer. Elle nous la peint
comme une femme hors ligne pour faire les honneurs de sa maison et la tenir
dans un ordre parfait, toujoui s avec une aisance naturelle et, comme on <lit
communément, sans avoir l'air d'y toucher. On s'attachait en ce temps-là moins
à l'apparat et plus à la .substance. On ainuiit à avoir du beau lin^^e et en
abondance et des argenteries solides et massives pour l'usage journalier et pas
plus. C'était, si on doit l'appeler ainsi, le seul luxe <lo la maison. L'ameublo-
iiient était très simple, uni, se bornant aux besoins et au confort.
— 37 —
Madame Casgrain savait recevoir avec une dignité pleine de grâces et un
air aisé plein de charmes dans son abandon naturel. Belle de figure et de taille,
comme son portrait nous la montre, elle avait une mine superbe qui frappait
quand elle entrait dans un salon. Dans le menuet, qui se dansait alors comme
à la cour, feu l'honorable M. Quesnel me disait qu'elle avait le port d'une reine
et l'élégance d'une princesse.
Sa conversation était plutôt sérieuse qu'enjouée, car elle était sage et
mesurée dans ses paroles. On s'accordait à lui reconnaître un esprit pénétrant
et supérieur. Pourtant son instruction avait été limitée à deux années de
couvent à Suint-François de la Rivière-du-Sud. Elle s'était ensuite formée
elle-même par de bonnes lecturas. A en juger par sa correspondance elle avait
dû mettre le temps d'étude à profit. La diction en est simple, facile et coule de
source. Le fonds e.st admirable de bonté et de solidité, et fut passer de bon
gré pur-dessus quek[ues fautes d'orthographe. C'est dans ses lettres (|u'oa
s'apor<;oit que les qualités do l'esprit et du cteur surpassaient en elle les dons
extérieurs.
On y voit combien sa piété était éclairée et son jugement sain. La
religion était l'âme de toutes ses actio:is et elle remplissait tous les devoirs de
la femme chrétienne avec simplicité et ponctualité oo mue une chose ordinaire
et réglée. Elle s'appliquait particulièrement à ceux de .son état et par-de.ssus
tout à bien élever ses enfants. Quels trésors de tendresse et d'afi'ection elle
verse sur eux dans ses lettres ! et (piels botis et sages conseils elle sait leur
donner et insinuer doucement dans leur c<eur pour k'S faire gt>ûter !
Le bonheur régnait autour de son foyer où la vie s'écoulait douce et
tranquille Mais au retour de son Age sa santé dépérit. Une maladie de
poitrine s'en suivit, qui la mina lentement et mit fin à .ses jours le 24' avril 1825.
Elle n'était âgée que de 4î) ans (|uand elle fut enlevée à ses chers enfants et à sou
bon époux, aufjuel elle était unie depuis près de 85 ans.
Son mariage avait été f cond : elle avait ilonné le jour à 13 enfants, nés
dans l'ordre suivant, comme on le voit par un écrit de sa miin, dont voici la
copie.
1. Marie-Marguerite 7 nov. 17!t8.
2 Pierre-Jean 18 juin 1 7!».).
3. Pierre-Franvois 12 août 17!Mi.
4. Pierre-Thomas 18 sept. 171)7.
5. Sophie 80 avril 1799.
U. C'harles-Eusèbo 28 déc. iNC'vi.
7. Luce 5 août 1 M()2.
8. Justine 19 avril 1804.
9. Léocadie 1 7 août 1 805.
10. Olivier-Théodore 29 juin 18 i7,
11. Catherine Joséphine 12 fév. 1809.
12. Olivier-Eugène 8 mars 1812.
13. Marie-Adélino 2 oct. 1815.
— 38 —
Six seulement d'entre ces enfants survécurent à leur mère, dont 3 gar-
çons et 3 filles, savoir : Pierre-Thomas, Charles-Eusèbe et Olivier-Eugène ;
Sophie, épouse Je François Letellier du Suint-Just (l), Luce, épouse de l'hono-
rable Philippe Panet, juge de la Cour du Banc de la Reine et d'Appel ; et Jus-
tine, ép(}use de Charles Butler Maguire, chirurgien-médecin, dans la marine
royale anglaise, et en s xondes noces, de M. Pierre Beaubien, n>éducin et profes-
seur, à Montréal. Je reviendrai ci-après sur ces alliances.
Luce et Justine étaient toutes deux d'une grande beauté, quoique de
types dirt'érents. Luce avait un teint clair, rose, éclatant, relevé par ses chevaux
noirs-jais, qui descendaient bas sur le front ; un regard vif et sémillant, un sourire
fin et un rire d'un timbre argentin ravissant ; une belle taille, svelte et souple,
et un port de tête d'oiseau. Justine était belle de figure par la régularité de
ses traits et son teint coloré. La majesté de sa taille et la dignité de son
maintien lui donnaient un air de haute distinction. Elle annon(,-ait ce qu'elle
était, une intelligence d'élite, une femme d'esprit enfin. Ses lettres sont là pour
le démontrer et plusieurs d'entre elles ne dépareraient point la correspondance
de madame de Sévigné.
Le père était fier de ses deux filles, et, à leur début dans le monde, quand
elles vinrent à la ville, ce n'était pas snus un air de complaisance visible (|u'il
les conduisait h la promenade et qu'il jouissait au fond du c»i?ur de l'attention,
des hommages et des salutations (jue l'éclat de leur beauté attirait de tous côtés.
Ce bon père avait pourvu du vivant de son épouse h rétablissement do
tons ses enfants. Ses filles bien datées firent comme on voit des mariages
avantageux et bien assortis, S »n fils aîné eut en partage la seigneurie <le la
Bouteillerie et la omtinuation {(joodiviU) de la maison de connnerco ; le second,
Charles, eut la propriété en ville et îles terres et rentes ; Eugène, encore mineur,
et Agé seulement de 13 ans à la mort de sa mère, avait eu son établissement
assuré par l'ucciuisition, pour lui, de la seigneurie de ITslet-Bonsecours.
Les époux Ca>'giain avaient dès 1819 faii leur» dispositions testamen-
taires par des testaments identiijiu's, contenant des substitutions et des parta"os
si bien conçus (ju'ils n'eurent pas à y revenir. Ils eurent l'avantage de trouver
alors dans l'évéïiue Panet, en même temps curé et résident de la Ilivière-
Ouelle, un excellent ami et un bon conseiller. Le neveu de l'évèque était entré
comme gendre dans leur famille et cette alliance avait resserré les rapports
d'amitié déjà existants.
L'évè(|ue était devenu un luibitué intime <le la maison. Un voisinage
imméliat facilitait la fréijuence des rapports et l'échange îles visites.
Le iioiii lie l'évèque Panet est resté vivace dans la parois.so pour la
.sainteté de sa vie et l'abcmi lance de sa charité.
(I) Pèro du ci (levant lietitenant-gnttvornour île la proviiico do l^ii('-l)0(<, dont j'ai
<>crlt la l)iogrft|>liio en 1SS9. .Sa more 6i)0\i»n oi« ipoondes luwei M. Edouard Hôlaiigcr, jK-ro
de M. Horai'e Rélanger, chieffaclor de la Compagnie de la Baie d'Ituduoii, qui vient du »o
noyer (oct. 18VI2) dan* le lac Winnipog.
— 39 —
*
• «
Tout en vivant larjjfement M. Casgraiii était hienfaisant et charitable
Li)rs(ju'il s'agit de fontler un couvent à la Rivière-Ouelle (1808) il y contribua
par ses largesses et continua <le l'aider pour le maintenir.
On m'a rapporté à ce propos une anecdote, un peu gaillarde peut-être,
mais qui peut être racontée ici. La bonhomie tlans ce temps-là n'était pas
hérissée de pruderies, ni la vertu ertarouchéc pour des riens. On laissait les
pudibonds, hélas! h !a congrégation du scrupule La supérieure du couvent était
une de ces bonnes figures réjouies, d'un certain âge et toute dévouée à sa voca-
tion,ce (|ui ne l'empêchait pas d'être fort replète — KWe venait, de temps à autre,
suivant ijue les besoins de sa nouvelle fondation l'e.xigeaient, demander des se-
cours en provisions ou autres clioses nu magasin de M. Casgrain, étant toujours
sûre de ne pas être rebutée. Celui-ci la taquinait souvent sur son obésité et
prétendait qu'elle devait l'emporter en p)i<ls sur lui. Elle soutenait (jue non.
" Que si, ma révérende mère ", reprit-il un Jour. " Rien comme d'essayer.
" Montez dans la l)alance. M'y voici de mon côté." Il se trouva (jue rhoiiiine
l'emporta d'une livre, seulement. Tout de mêiDo il soutint (pie le poids était
égal, " pour la rai.son, dit-il, que l'usage est toujours d'allouer une livre pour la
pt)che. "
Je di-ais ci-devant (|ue M Casgrain était d'une sensibilité exquise. Voici
un trait t|ui va l'établir et (pie je tiens tie son petit-fils, Luc Letellier de Saiiit-
Just, l'ancien lieutenant-gouverneur. Celui-ci était devenu orphelin à làge
• le H ans et son grand-père lui portait un intérêt tout particulier pour cette rai-
.son et aus.si à cause de son intelligence. L'enfant fré(pieiitait l'école et était
un des plus espièj;ies de sa classe. Le maître, par indulgence pour l'orpht'lin,
n'aimait pas à faire la correction lui-même, et fai.sait demnnder le grand-jM're
pour le faire corriger par lui. M. Letellier racontait plus tard la grande peur ipiil
eut la première fois (piand il vit le grave vieillard k cheveux blancs, arriver
lentement, avec sa canne à pommeau d'or, pour siéger en jugement sur ses mé-
faits. Mais il fut bien vite rassuré. " Cv fut lui, dit-il, (|ui pleura en voulant
me faire la lei,'un. Il n'avait pas le cn'ur de me gronder."
Après la mort de son épouse M. Ca.sgrain .se trouvant seul pour tonir
maison y renon(,'a. Il divisa h' reste do ses bieus entre ses enfants et p trta-
gca .son temps en allant demeurer tantôt chez l'un tantôt chez l'autre, le plus
souvent chez Charles, i\ Québec, où ma mère a |)U apprécier son mérite et la
bonté de s(m caractère, Les petits pré.sents oitretienneiit l'amitié et il n'uu-
bliait pas l'effet du proverbe. Souvent il arrivait avec un présent, ou un ca-
deau d'utilité pour le ménage, cpTil offrait k wa mère avec une bonne grâce (pii
en rehau.ssait le prix.
Ainsi .s'écoulèrent on repos les trois dernières années do sn vie.
Dans l'été do 1828 il fut atteint tl'une maladie à l'estomac <pii alla eu
— 40 —
s'aggravant. Retenu à la maison, à Qnébe-;, chez son gendre, M. Panet, il re-
marquait que les Anglais, ses amis, ne manqu licnt pivs de le visiter et (pie les
Canadiens l'oubliaient. Il languit et ne pouvant plus soutenir aucune nourriture,
il expira le 17 novembre, âgé de 57 ans et 5 mois.
Ses obsèques eurent lieu à la Rivière-Oaelle où il fut inhumé dans
l'église, .sous son banc seigneurial, à côté de son épouse. Le marbra funèbre
qu'on y voit du côté de l'épître en indicpie l'endroit préci-^, dans la nouvelle église,
où le banc seigneurial a disparu, à la suite de l'abolition de la tenure sei-
gneuriale.
Je renvoie aux " Mémoires " de ma mère pour compléter la notice bio-
graphique de cet ancêtre. On y trouvera l'appréciation, juste et flatteuse pour
nous, de ses qualités, de son caractère et de sa personne.
Pour moi, comme l'un tles descendants do ces grands parents, c'est un
plaisir et un devoir de reconnaissance de rendre hommage à leur mémoire. Ils
ont été les fondateurs d'une branche de la famille Casgrain, hu|uclle, sans l'élan
qu'ils lui ont donné, n'aurait pas atteint le même degré de prospérité et la posi-
tion sociale où elle est parvenue aujourd'hui en Cana la. C'est grâce à son
énergie, à son travail, à son industrie et à ses talents que Pierre Cisgrain, par
hii-même et seul, a pu se créer une existence heureuse et a-^sur ■ uuu honnête
oisunce à ses enfants. C'est grâce à l'aide de l'épouse de son choix qu'il a pu
bien élever ses enfants, faire de se4 fils des citoyens de mérite, et allier ses
tilles aux familles honorablej dans lesquelles elles sont entrées.
CHAPITRE SIXIEME.
TUOI;iIKME (JÉXfUJATION' CASOUAIN'. — 1. IMKUUE-TIIOMAS ; .SES EXKANTS. —
2. CHAlU-ES-EL'SKbE ; SES EXFAST.S. — OhlVlEll-EU(JKNE ; SES ENFANTS.
La troisième génération de la souche primitive Casgrain a été continuée
■et est perpétuée de nom par ces trois qu'on vient de nommer, le.squels ont pro-
duit chacun divers rameaux, ainsi qu'on peut le voir par un coup d'tt'il sur
l'arbre généal()gi(|Ue A, à l'appendice. Les trois lilles de la même génération
ont aussi leur descendance.
Comme chacun do ceux qui en descendent peut, aujourd'luii, facilement
suppléer lui-même à tracer sa propre lignée etrenumter, soit par les mâles, soit
par les femmes, k cette troisième génération, je me bornerai à tracer la descen-
dance qui se rattache plus particulièrement à cotte dernière.
1. Pierre-Thomas, l'aîné survivant, hérita de la seigneurie ilo la Bouteille-
rie, continua à y demeurer, conunercer et cultiver ses terres. Ses parents avaient
e.s.sayé en vain de lui inculquer le goût de l'étude et lui donner une éducation
classique, mais il u'aimuit pas les livres. Cepeudaut il était uuturullument bien
— 41 —
doué, plein d'esprit naturel et avait la répartie vive, fine et toujours prête. La
niéciini(|ue et les constructions étaient son fort ; mais il n'y avait alors aucune
école d'enseijçneinent de ce gi'nre pour s'y perfec ionner. Ce qu'il en apprit il
le dut à lui-niêiae et devint son propre architecte pour la construction de ses
ponts, moulins, chaussées, maisons, etc.
J'ai remarqué que, tant en France qu'au Canala, il existe dans la famille
des Casgrain une aptitude spéciale pour les arts mécaniques et les inventions,
témoins, entre autres, le Dr E hnond Casgrain, de Québec, et deux de ses neveux
aux Etats-Unis.
Pierre-Thomas se maria jeune, à l'âge de 20 ans. Il épousa demoi.selle
Emilie Lacombc, de Saint-Hyucintlie, en 1.S17. Cette jeune personne avait été
élevée, connue parente, dans la famille Dessaules, et dans l'intimité de la fa-
mille l'apineau. Elle était née avec un esprit fin et délicat et avait re(;u une
éducation du meilleur genre. Tout présageait une union heureuse. Mais (jui
peut répondre de la santé du corps et des suites d'une att'ectiondu .système ner-
veux ? — Le malheur voulut qu'à la suite d'une de ses premières couches une
fièvre puerpérale lui tomba sur le cerveau et l'afFecta par intervalles, plus ou
moins, le reste de ses jours. Une monomanie s'empara du son intellect, en se
manifestant par une aversion contre la cause primordiale <le son mal, ([ui lui
lais.sait assez île lucidité pour la reconnaître. En dehors de ce .sujet elle cau-
sait admirablement bien, avec beaucoup d'agrément et de sel ; montrant la cul-
ture bien soignée de .son esprit et de son cieur. Elle chantait avec goût et
donnait une grâce particulière et une tournure piquante à ses chansons. Elle
savait les choi-ir et amenei' à propos, avec un tact exijuis ou une finesse ca\is-
tique, suivant l'occasion. Elle n'était pas jolie de figure et de teint, étant très
br\ine, mais elle avait ce (jue l'on convient d'appeler une laideur agréable, que
son bon ton et ses manières de dame faisaient oublier.
Iaiis de son mariage son beau pore, qui no l'avait pas encore vue, no
pouvait en revenir en voyant le contraste entre elle et ses filles si belles et si
frt îches. Il n'en dormit pas de la nuit, disait mon père Cependant il ne tarda
pus à la ]iiendr(' en gramle aH'ection, gagné par son amabilité, son esprit et sa
pai faite éducation.
De cette union naipiirent H) enfants : Flavie, Pran(,'ois, Charles, Lucc,
Marie, Alphonse, Xazaire, Viigiide, Flore tt Ennna. L'arbre géuéaIogi(jue A
indii|Ue quelques détails sur eux.
Di' tons ces l'iifants il ne reste plus de mâles survivants rpie Charles, k
la Hivièio-Ouelle, marié à demoiselle Miville Dechène, lesipiels ont une famille
nombreuse ; et Alphonse, prêtre, curé à Fall-Iliver, Mas.s. E -U.
Pierre-Thomas Ca.sgrain, nnnirutàla llivière-Uuelle, le 20 avril 1>SG3, et
sa veuve le 28 avril IS74; tous deux sont iidnimés là,
• *
— 42 —
2. Charles-Eusèbe, mon père, le second fils de Pierre, a continué, comme
second rameau, la branche cadette, dans l'ancien manoir de la Boutcillerie. (l)
Il ne m'appartient pas, par respect pour ma mère, de reprendre en sous-
œuvre, ou retoucher, la vie de mon digne père, après la biographie qu'elle eu a
écrite et fait imprimer en 1869.
A l'exemple de Moïse, qui avait recommandé aux Hébreux de lire le livre
de la Loi une fois par année, je prie mes enfants et petits-enfants de lire et
relire ce livre attentivement.
Ils apprendront par cette vie pure à être vertueux et ils vivront sans
peur et sans reproche, s'ils veulent l'imiter.
On verra, par l'arbre généalogique A, que tous les huit enfants mâles de
Charles E. Casgrain et de Elizabeth-Anne Baby étaient encore tous vivants ea
août 1893. (2) D'où l'on peut conclure que la vigueur de tempérament se
montre visible dans notre branche de famille, quoique notre père soit mort à
l'âge de 47 ans. Ce qui doit être attribué à une cause accidentelle et non pas
aune faiblesse de constitution 1 siéditaire.
«
* «
3. Olivier-Eugène, le dernier fils de Pierre, fit son cours classitjue au
collège de Nicolet et entra en cléricature dans l'étude de feu l'honorable Louis
Panet, notaire, à Québec. A l'âge de 20 ans il épousa (mai 1832) demoiselle
Hortense Dionne, âgée de 15 ans, fille de l'honorable Amable Dionne, Conseiller
Législatif et de dame Catherine Perrault, proche parente do ma fennno. Elle
lui apporta avec le bonheur dans son foyer une brlle dot ; et, avec les revenus
de la seigiieuiie de l'Islet et .son domaine, le jeune couple put former un établis-
sement bien assis En attendant la construction d'une mais in qu'ils faisaient
bâtir pour leur manoir à l'Islet, (3) les jeunes époux passèrent une année à la
Rivière-Ouelle, sous le toit hospitalier de leur frère Charles, et là naquit leur
premier né, Eugène.
L'année suivante ils purent entrer dans leur nouvelle résidence et s'y
fixèrent permaneinment et confortalilement. Le jeune seigneur de l'Islet se
trouvait en état de vivre avec une ai.sance suffisante pour un guntilhoumie k la
campagne. La surveillance de ses terres et de ses moulins, les améliorations
dans la culture du sol et des instruments agricoles, faisaient son occupation
habituelle. Il prenait un intérêt actif à l'avancement de l'agriculture et fut
nommé membre de la Chambre d'Agriculture. Il menait ainsi une vie tranijuillc,
agréable et utile, mais sans faste ni luxe. 8a table était abondante, mais simple ;
(1) Dans le Ilarper' s Mui/azine, février IHM, on trouve une vignette «lu manoir, lequel
existe encore, uioin« les pavillons à chaque bout et le vi<le-houteille au eentro.
(2) Herniénégilde, le plus jeune, est uiort à 5U ans, le jeudi, 24 août 1H93, par
accident, d'une inflanwnatlon do poumons.
(3) Un incendie l'a détruit en 1882.
— 43 —
était bien servie et toujours prête à recevoir ; son hospitalité était constante
et ne se démentait jamais.
Voici ce qui peut en donner une idée.
De son temps, et jusqu'en 1854, il n'y avait pas de chemin de fer le long de
la rive sud du Saint-Laurent, et la errande voie de communication était le chemin
du roi qui longeait le fleuve. Les voyageurs qui avaient à se rendre à Quélx'c
par terre depuis Rimou-iki en montant suivaient cette route. Les pannts, les
omis, les connaissances étaient nombreux et descendaient en passant au manoir
de rislet, qui était une étape commode pour de là continuer et terminer la route
du lendemain. Ces voyageurs étaient reçus armes et bagages clomestiques et
chevunx, avec bon feu, bonne mine. J'ai souvent entendu fuire la remrtKpie
que si le seigneur de l'Ialet eût voulu tenir une hôtellerie il y aurait fait
fortiine. J'en parle et en connaissance de cause pour m'y être arrêté bien
souvent. Entre autres, peu de jours après mon mariage, en descemiant dans
ma famille, j'y arrêtai avec ma femme, »t mon oncle nous accueillit fo't cordia-
lement comme toujours. Le souper fut gai et les convives étaient noudireux
et pres(nie tous étrangers à ma femme. Le lendemain, au déjeuner, elle resta
toute surpri.se de rencontrer des figures aiitres que celles du .soir précéilent.
C'étaitde nouveaux venus qui avaient remplacé les voyageurs de la veille, lesquels
s'étaient déjà mis en rout*.
Les beaux jours de cette bonne et franche hospitalité canadienne, (|ui
était pratiquée généralement, .sont ])assés. Les bat''au.\-à-vapear et les chemins
de fer ont contribué largement à ne pus y avoir recours. Elle est cepen-
dant continuée encore <lans ilsle-aux-Coudresot l'Isle-aux-Grues, comme dans le
bon vieux temps, où toutes les portes vous >ont ouvertes.
Je me rappelle et manière m'en a nipporté nés cas, le temps où dt-s
voyngeurs arrivaient de nuit chez no\is, allaient dételer leurs chevaux à l'écurie et
montaient à leur chambre accoutumée sans faire de bruit, pour ne pas éveiller
les gens de la maison Aujourd hui on a soin de barrer ses portes; antre
temps, autres mteura.
Eugène Casgrain était bon père, bon ép(mx, bon maître, de plus bon
chrétien, c'est-à-dire, pratitpmnt et sincère ("était un honniie de six pieds,
droit, bien fait, beau de ligure et de taille; ses manières étaient gracieu.ses et
distinguées. Son abord était facile, avenant et .son urbanité toute fran-
çaise. Son caractère doux, bienveillant et aimable faisait rechercher sa com-
pagnie. Ma mère se plaisait à le dire et le trouvait un ludieH man, tant il
avait l'air gentilhonnne et savait plaire aux daines.
Il mourut lui aussi avant d'atteindre la vieillesse, à 1 âtre de 52 ans, en
décembre lN(i4. Ses cendres rt!po.sent dans régli.se de l'Islet, .sous son banc
seigneurial. Sa veuve lui survécut longtemps, (l)
L'arbre généalogique continué pour sa lignée me dispense d'en parler
plus longuement.
(I) Elle est morte k l'Islet le 17 janvier 1H'J4 ot a été inhumée à côté de son époux.
_ 44 --
»
» *
J'ai (lit ci-devant que les trois filles de M. Pierre Casgrain furent pour-
vues avantaffeusement par mariage. Elles fuient dotées chacune d^ Sl2,000 et
firent de telles alliances.
L'aînée, Sophie, épousa François Letellier de Saint-Just, notaire, à la
Rivière-Ouelle, et devint la mère de feu le lieutenant-gouverneur de Québec,
l'honorable Luc Letellier de Saint-Just, celui dont j'ai écrit la biographie; de
feu Charles Letellier de Saint-Just, (jui sut secréer une be.le fortune, et de plu-
sieurs autres enfants, parmi lesquels est Justine, veuve de feu Jean-Bte Dupuis^
qui fut député du comté de l'Islet à l'Assemblée Législative, et mère de M Au-
guste Dupuis, horticulteur et pépiniériste de l'enom.et de l'abbé Fernand
Dupuis, curé de Berthier, comté de Bel léchasse.
La seconde des filles s'allia à Philippe Panet, avocat, de Québec, dune
famille de roi Ils de feu l'iionorable Jean-Antoine Panet, qui, le premier, fut
élu Président de l'Asseniblée Législative tlu B.is-Canadaàsa session d'ouverture
en 1792, et fut continué dans sa présidence pendant 22 ans.
iMgr Bernard Panet, conune oncle de l'époux, bénit le mariage.
}Ln 1832 Lord Aylmer, gouverneur-général, reposant pleine confiance
dans le mérite et le caractère de M. Philip|)e Panet, le choi.sit pour le nommer
juge de la Cour ilu Banc du Roi. (1 ) QueUpies années plus tard celui-ci fut promu
à la Cour d'Appel où il siégea jusqu'à son décès en janvier 18.55.
Son nom est entré dans le ilomaine de l'histoire pour l'indépendance ju-
diciaire qu'il montra dînant les troubles de I.s37-!i8, à l'occasion «le la suspen-
sion de l'acte d'Iitibcas cvriiux par le Conseil Spécial ; sa mémoire est restée en
vénération chez le peuple pour ses veitus chrétieimes et civi(|ues.
Son fils, l'honoralile Charhs-Kugèiie P'inet, est devenu sénatiuir, colonel,
et député-ministre de la Milice et de la Défense, à Ottawa. Ses cin(i fils font
honneur à leur nom.
(I) LorKime ^^. l'imet rof'ul lu lotln- du gouvtTiieui' lui uiinonçaiit su ])rouiotion au
Bnnc, ce. fut une suipi'isu [lour lui, d'autiint pluH ()u'il n'avftit fait et ne coutuiissait aucunu
iléinnrclio pour lui ilan» i-e son». .Apii's mûre rôflexion, il réiiondit à Son Excellence lui
expiinuint couibien il i'Init flattô de In conlianoi' qu'HIle voulait bien lui témoigner ot l'on
reuipi'i'iant tri'« ifi-iii'i'tuiMisoinont. En môme tumps il priait Son E.xiH'lleiico île vouloii
agroi'r le motif ipii l'ompoidiait de pouvoir, pour lors, hu rendre au désir ((u'Ello muiiifestiiit ;
<juo M. X., un do 80S confrères au Imrroju, était son doyk.v, ot avait, en ce cas, la prcsôanco
sur lui ; ((u'en lionneiu' poiu' lui im-'iuo il dfviiit lui céder le jtas, et par respect pour lu
dignité do sa profession, (ju'il ne pouvait monter sur lo Banc avant que M. X, en eût
décliné l'ofFro.
.Sur cet ex(i(i,--é le gouverneur ne vit qu'une raixon de plus pour se confirmer dans son
< lioix do M. Panet, lui tiiisant savoir ([ue, "tout bien considéré, il bo trouverait obligé île
nommer un autre (pie M. X., et (pie eut autre serait aon Junior.
Dans ces circonstances M. Punet, voyant son objection (lissi)iée, accepta, (.'e trait
peint le caractère élevé du juge l'anet, dont l'évêiiue de Québec, Mgr Turgeon, lit un bel
éloge lors(pril présida à ses lunérailles en janvier ibùH,
— 45 —
Au moment où ces lignes sont sous presse, j'apprends la mort, presque
subite, de mon bon cousin et ami, le Colonel, ce mardi, 22 novembre 189S, Il était
âgé de 69 ans. Le Temps, d'Ottawa, du même jour, contient une belle notice
sur le défunt, due à la plume de M. Alfred Garneau.son voisin. Les funérailles
accompagnées des honneurs militaires, et du concours de toute la ville, ont été
imposantes. Elles démontraient l'estime et le respect dont jouissait celui qui
en était l'objet. Son Excellence y était représentée ; les ministres fédéraux et
les membres des familles distinguées, parents et alliés, rehaussait l'éclat du
deuil.
Bon époux, bon père, bon chrétien, officier et employé assidu et effectif,
gentilhomme toujours, honorable comme son père, le Colonel Panet a bien
rempli sa carrière.
Cécile, fille ahiée du juge Panet, s'allia au Dr Jenn-Charles Frémont,
connne je l'ai déjà dit dans " La vie de Joseph-François Perrault," à laquelle je
réfère.
Rosalie, seconde fille, épousa Charles Baby, avocat à Sandwich, frère de
ma mère et mourut dans l'an de son mariage.
La dernière des filles de Pierre Casgrain, Justine, épousa en premières
noces le Dr Charles-Butler Maguire, de la marine royale, qui eurent pour unique
fils le Dr Annibaî Maguire, médecin et chirurgien di.stingiié, (jui habite la
Nouvelle-Orléans. Devenue veuve fort jeune Madame Maguire convola en se-
condes noces avec le Dr Pierre Beaubien, de Montréal, professeur à l'Université
de cette ville, et ancien député de Ch^mbly à l'Assemblée Législative.
De cette seconde union .sont nés, entre autres, l'honorable Louis Beaubien,
député plusieurs fois à lAssenibl e Législative, puis élu son président, devenu
ensuite mitiistre de l'Agriculture, et M. l'abbé Charles Beaubien, curé du
Sault-au-RécoUet, et auteur du livre que porte ce nom, " Le 8 vult- lu-ltécollet."
L'honorable Louis Beaub'en a épousé demoi.selle Launi Stuart, fille de
feu 8ir Andrew Stuart, juge en chef, et de demoiselle Eliiiire île (Jaspé, fille de
Philippe-Aubert de (iaspé, marié à la fille du Capitaine Allison, issue de .=;on
mariage avec Thérèse Baby, sœur de l'honorable Jacques Baby, père de ma
mère. — Lady Stuart actuellement vivante, était nièce de nia mère à la mode de
Bretagne, paicecjue Madame de Gaspé, sa inère était cous ne sri'rniaine de la
mienne.
Ce qui forme une autre alliance entre les descendants Baby et Casgrain.
Joseph, fils aîné de l'honorable Louis Beaubien, ayant épousé deinoi.selli)
Joséphine Larue, petite fille <le dame Luce-Casgrain Panet, a formé ainsi mu
autre alliance entre ces (juatre familles
Li's tils de l'honorable Louis Beaubien sont des jeunes gens de pronies-i
et d'avenir, à Montréal.
« «
— 46 —
Je m'arrête ici étant parvenu à la génération présente. Je laisse à
d'autres qui viendront après moi le soin de continuera rédiger et conserver les
archives de la famille.
Il me semble plus convenable, comme parent, de ne pas me permettre de
passer en revue les personnages vivants qui occupent, de nos jours une
position sociale distinguée. En référant aux notices biographiques modernes de
Morgan et autres, ça et là, on trouvera la mention, entre autres, de l'honorable
Charles-Eusèbe Casgrain, sénateur; de son fils l'honorable Thomas-Chase
Casgrain, M, P. ; de l'abbé Raymond Casgrain, de l'abbé René Casgrain, de Sœur
Baby, de Sœur Ste-Justine, du Juge Baby, de William Baby, etc.
J'engage mes enfants à faire collection des écrits et des diverses notices
qui attirent l'attention sur des membres de la famille, et les invite à conserver
l'usage des anciens, en tenant dans leur famille un livre de raison.
Optimum eat aequi majores, rectè ai proceaserint. Syrus, sentences. Ce
qu'il y a de mieux est de suivre l'exemple des ancêtres, quand ils ont bien agi.
8ancti88im,um eat meminisae ctd te debeas. Id. Tu n'as pas de devoir
plus saint que de te rappeler à qui tu te dois.
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE PREMIER
LES BABY, LEUn LIGNÉE EN CANADA. — FILIATION DE LA HUANCHE ALLIÉE A
CHARLES-EUSfiBE CASGUAIN VAU ELIZABETH-ANNE BABY,
MES PKBE ET MKUK.
De même qu'il n'y a qu'une seule famille du nom de Casgrain en Canada,
de même il n'y a qu'une seule famille du nom de Biby.
L'orthographe de ce dernier nom a varié. La plus ancienne et la plus vraie
est Babie, dérivé de Babies, ancienne localité tenue en fief, dans le midi de la
France, dont le seigneur était appelé Dominua de Bahielis. On sait qu'autrefois
la terminaison ic s'éciivait indifféremment avec un y. Aujourd'hui dans la
prononciation l'a bref a fuit place à l'a grave, Bâby, et eu France, pour l'accen-
tuer ainsi, on l'écrit Batbie, comme le professeur Batbie l'a fait. Les Anglais
pour arriver à la même prononciation écrivent Baubee, tel que Lewis W. Baubee,
du Détroit. (1)
L'origine de cette famille depuis son établissement dans la Nouvelle-
France est facilement retracée aujourd'hui, grâces aux recherches qui ont été
faites dans ces derniers tcn)p.s. Mais pour démontrer combien les traditions
s'oublient vite et se faussent, comme je l'ai ob.servé ci-devant, je dirai que ma
mère à qui je m'adressai dans ma première jeunesse pour savoir d'où venaient
ses ancêtres, ne put alors m'en apprendre rien de certain, ne sachant pas d'où
ils étaient originaire». Elle avait entendu dire (jue le noiii était Espagnol, et
que les premiers Bâby arrivés en Canada étaient partis de Baltimore, où, au
nombre de trois, ils avaient été élevés chez les jésuites — tradition tout à fait
erronnée, comme nous Talions voir.
Ma mère avait laissé la maison paternelle à Sandwich à l'âge de huit
(1) L'ancienne manière de prononcer prêta l'occasion à un jeu de mots dont l'incon-
venance valut à son auteur une riposte sur le même ton et bien méritée. L'anecdote
Vaut la peine d'être racontée à cause de la causticité.
M. X...., personnage haut placé à Québec, rencontrant un jour feu l'honorable
François Bàby, Conseiller exécutif et législatif, se permit en l'abordant de le saluer d'un
ton badin en lui disant :— Bonjour, M. Babebi-bobu. Votre serviteur, M. Ca-ke-ki-co-cu,
riposta M. Bàby, en rendant gravement son salut. Comme toute la ville savait que le
tricorne du personnage n'en comptait qu'une de plus que celles qu'il portait réputément,
on conçoit que le jeu de mota vola de bouche et finit, comme on le voit, par rester.
— 48 —
ans pour être éduqnée à Québec et n'y était plus retournée (ju'en passant ; de
sorte qu'elle n'a pu amasser beaucoup de souvenirs personnels de ce côté. Ce
n'est que parvenue à un certain âge qu'elle s'est occupée, à la demande de ses
enfants, de recueillir tous ses souvenirs depuis son enfance et de rédiger ses
Mémoires.
C'est ainsi que nous avons été induits ensemble à retracer sa généalogie,
et que je complète ses Mémoires.
La souche primitive des Baby du Canada est Jacques B ibie, né en Franco
en 1C33. Il passa en ce pays en lG(i5, dans le réginimt de Cariginin-Salières^
étant sergent '1) dans la compagnie du capitaine de Saint-Ours, (2) dans la-
quelle M. Thomas de Lanaudière était enseigne. C'était un renfort envoyé <à
M. de Tracy pour réduire les Iroquois. Il arriva à Québec en trois détache-
ments: le premier, composé de quatre compagnies, débanpui le 1 juin KJGô ; le
second et le troisième, chacun de huit compagnies, en août et septembre suivant.
M. de Tracy, sans attendre la seconde arrivée, envoya le premier contingent
s'eniparer au plus tôt des postes les plus avantageux alin d'avoir un passage
libre dans le pays des Iroijuois pour la guerre du printemps suivant, que le
retard des troupes avait empêché pour l'aimée. C'est alors que furent construits
les foits de Richelieu, Chambly et Saint-Jean, où l'on avait dé;jà érigé quehjues
travaux de défense. Il est probable que la compagnie de M. de Saint-Ours Ht
paitie de cette avant-garde, car on le voit donner son nom à !a seigneurie que lui
fut concédée dans ces environs, et Messieurs de Sorel et do Chambly en tirent
de même pour leurs seigneuries et les deux premiers forts.
Les trois expéditions de la campagne de IGGft, dont il fut beaucoup parlé
dans le temps, coûtèrent beaucoup d'hommes qui périrent pir le froid et la
faim, sans amener d'autre résultat que la destruction de (|ue'ques cahutes
abaudoiuiées par les Irotiuois. (8)
C'étaient pourtant de belles et bonnes troupes (|ue ces soldats européens
défilant pour la première fois à travers les forêts du Nouvcau-Momle. Organisé
d'abord dans la Savoie, le régiment de Carignan passa ensuite au service du
Roi de France. Il s'était distingué dans la Hongrie et sur les frouLières dus
Turcs. Ses officiers sortaient des familles de la noblesse italienne et fran(,'aise
On lui adjoignit le régiment Salières pour en former un seul corps sous les
deux noms réunis.
Cette guerre en Amérique était bien différente de celles que le réginjent
avaient faites ci-devant. Il s'agissait de poursuivre et d'atteindre des ennemis
(1) C'est ainsi qu'il est qualifié dans un acte autlien^.ique où il signe coinine témoin,
à Chaniplain, devant de la Rue, notaire, îe liOjuin 1688. Voir note ci-dessus sur l'équivalent
du grade de sergent à cette époque, page 15.
(2) Contrat de mariage de M. de Saint-Ours avec demoiselle Marie Mulois, 8 janvier
1668.
(3) Journal de M. de Tracy. Relations des Jésuites, pp. 4 et 7, de 166.0, et p. 3. de
1668.
— 49 —
cnchés.dispersés et insaisissables, mais toujours alerte*, harcelants et guerroyants-
Le résultat de cette expédition n'est donc pas surprenant.
Après la campagne terminée contre les Cinq Nations, principalement
contre les Agniurs, la paix fut conclue à la fin de 1G66.
Suivant les Relations des Jénuiteaun bon nombre de ces officiers et plus
de 400 soldats licencié-^ grossirent alors la colonie en profitant de la permission
du Roi qui voulait favoriser la colonisation du pays en leur offrant des condi-
tions avantageuses. Chaque soldat, en s'habituant, recevait 100 francs ou 50
francs et des vivres pour un an ; le sergent 60 écus ou 100 francs et des vivres
pour un an, à leur choix ; 6000 livres étaient destinées aux officiers. Fort peu
de l'effectif du régiment retourna en France, avec M. de Salières, son colonel,
quand le rappel en fut ordonné. La force en avait été considérable, composée
qu'elle était de 20 compagnies de 75 hommes, qui devait former environ 1500
soldats. (I)
Jacques Babie obtint son congé, suivant les intentions du Roi, et dans
le but arrêté de s'établir au pays. Il abandonna la vie des camps pour celle des
champs, et se livra en même temps au commerce, dont l'exercice dans ces vastes
régions re(|uérait un esprit de hardiesse et d'aventure auquel il était déjà fait.
Une légitime ambition de faire fortune et de fonder une forte race, en l'implan-
tant sur le nouveau sol d'Amérique, devint sa préoccupation. Il y a assez bien
réussi, du moins sur ce dernier chef, comme nous Talions voir, quoiqu'il ne lui
aie pas été donné de le constater de son vivant.
Il était alors âgé de 33 ans, actif et vigoureux. Né dans le midi de la
France, il avait la chaleur de tempérament du terroir. Issu de race noble, il
était né du mariage de honorable homme, (2) Jehan Babie, seigneur de Ranville,
avec demoiselle Isabeau Robin, (:{) de Montreton (j?iO?i<e rotondo) (4) de l'évêehé
d'Agen, d'alors, dans l'Agenois de la Gu'enne. Ranville n'est qu'à quelques
lieues d'Agen. Montreton, ou Montelon, est aujourd'hui un village de 900
âmes, paroisse et arrondissement, département de Lot-et-Garonne, à trois lieues
de Marmande, canton de Seiches. Son bureau de poste est Miramont. Ce petit
village n'offre lien de ren^arquable que ses coteaux de vignobles.
La vie de ce nouveau colon et sa nombreuse lignée sont assez faciles à
(1) L'historien Garneau, dit 24 compagnies. La compagnie de M. do la Motte,
stationnée au fort Sainte-Anne, à l'Isle-aux-Noix, était la seule rostée sur pied en Canada,
en 1G69.
(2) Cette qualification, suivant l'expression du temps, indicjuait noblesse. Cf. Arihur
de Bretagne, par Cosneau.
(3) Les Robin avaient de grands intérêts dans la Nouvelle-France. Charles Robin,
Sieur de Coursny, Messire Charles Robin,- Sieur de Vau, Conseiller du Roy et Grand-Maître
des Eaux et Forêts de Touraine, et René Robin, Sieur de la Rochefaron, se trouvent (17
mai 1629), parmi les noms des associés en la Compagnie de la Nouvelle France. V. Collection
des manuscrita, etc., Québec, 1883, vol. L p. 83.
(4) VoirDiotionnaire des uojis latins à la fia des Edita et Ordonnancé».
— 60 —
suivre en Canada, au nioj'en des registres publics, tels que ceux du Conseil
Souverain, de 1 et it civil, des actes des notaires et des archives du pays. Nulle
part, niii'ux qu'en Canada, où l'Ordonnance de l(i(î7 a été bien observée, quant
aux prescriptions relatives aux registres de l'état civil, trouve-t-on des données
plus t-ûres pour retracer l'origine et la filiation des familles françaises qui sont
venues s'y établir. Les titres, documents, lettres, correspondance, écrits privés
de la famille Bâbj* et autres, apportent aussi beaucoup de renseignements sur
elle et sur les premiers temps do la colonie. Ils présentent souvent dts détails
biographiques intéressants à consigner.
Dès le mois de juin 1GG8 on voit Jacques Babie rendu à Cliamplain,
endroit fertile sur le bord du Saint-Laurent, où les défricheuients étaient dé, à
commencés. Le 27 mars de l'année suivante il y acquiert deux terres à la cote
Chaniplain, sur le fleuve, chacune de deux arpents de front sur (]uaranto de
profondeur ; la première d'un habitant nommé Jacques Gnitiot, bornée au sud-
Ouest à Pierrot Jeanneaux et au nord-est à Sr Louis Pinard, maitre-chirurgitMi,
avec maison et grange ; la seconde, voisine, venant du nommé Pierre Juncau
(Jeanneaux), bornée au sud-ouest à Masse (bossued) liégui (ce nom est iilisililc),
(l) au nord-e.st au susdit Jaciiues Oratiot, avec aussi nue m lison sus-const,ruite.
Il en acheta ensuite deux autres au même endroit et une autre de l'autre côté
du tleuve, vis-à-vi.s, à Gentilly.
A cette époque la Nouvelle-France ne contenait que 3,918 âmes d'origine
européenne. On voit par le recensement fait en ItiîSl, (pie Jac(|ues H ibie axait
alors (|Uarante arpents de terre défrichés et huit be.stiaux, tout autant (pie M.
de Varennes, gouverneur des Trois-Uivière.s. Il était muni d'un fusil et d'un
pistolet et avait à son service diMiK ilo uestiques doiit les noun de biptêiu) nous
«ont conservés : Maxiinin, né en 1()!{I, et Magdideine, née eu U) Jô. (.\'h détails
inontrent le soin qu'on apportait à la confection du recensement, par le(juel on
pouvait constater le nombn^ et la ipuilité des aru»es dans chaque m lison, aussi
bien ijue les liommes en état de s'en servir.
Les terres de Babie dans Chimplain, Qentilly c^t la B lie-du-Fèvre sont
indi(|uées sur le plan et carte du gouvernement de (Québec, levés depuis 1 année
l(i8ô à 170!), par ordre de M. de Pontehartrain, .secrétaire d'Ktat, faits par M.
de Catalogne, lieutenant des troupes, et dressés pir J.-lito. de Coiiague, (2) ai -
penteur juré. Cette carte a été copiée vers 1.S54 pur feu mon ami P.-L. Morin,
urpenteur juré en ce pays et géomètre du gouvernement «lu Canada, .sur
l'original au dépôt «les carten et plans dt> la Marine à Paris. J'ai une copie delà
partie <lu plan de la seigneurie de Cliamplain, «i'aprèa le relevé ci-dessu.s, com-
portant les noms dos habitants et l'iiulicution de.s terres de Babie, enclavées
(1) liosqai est un nom do faiiiillo. V. Arcli. N. 1) île Quôbpc, 6 juin 1HI2. TuiiguRy, II.
p. 'MO, iii^nie nom,
V2) Louis Pa)>y, petitfllt (le Jehan, époiisait, 24 Juillet I7.''>H, une fillo de .Teun-IUo.
do Couaftne, cnpitikine (rinfanteri(«, et ingi-^nieiir, do^ct^ndante du même de ('oua.itao
par «on uiariage avec Dullc. Marguorll(j.Vlannei do Falaiso.
— 51 —
dans la seigneurie. Colle-ci avait été concédée à Etienne Pezard, sieur la Touche
de Chnniplain, capitaine do la garnison des Trois-Rivières, et fut constituée en
prévôté. M. (le Chaniplain y avait fait des concessions par anticipation, (1)
comptant .sur la ratification par le Roi de son titre qui datait du S noAt 1(H)4 et
était adiré, lequel ne fut ratifié que le 24 mai IGSD.
Jac(|ues Babie se voyant convenablement établi sur ses terres et ayant
la perspective d'augmenter .sa prospérité par le négoce, songea à se marier et
prit pour femme demoiselle Jehanne Dandonneau, tille de Pierre Dandonneau,
sieur du Sablé, seigneur de l'Isle-du-Pada, et de Françoise Jobin, <lu même lieu
de Cliamplain. La jeune épouse, née aux Trois-Rivières, le 2!) juillet 1(505,
n'était pas encore tout à fait âgée de quinze ans. Elle sortait à peine du couvent
des Ursulines de Québec, où elle avait reçu son éducation. (2)
Leur contrat de mariage fut passé devant Mtre. de la Rue, notaire, et
ju^'e du lieu, le 1 juin 1070, à (.'hamplain. On y constate les noms et (pialités
(lu père et d<- la mère de l'épou.K, le prédécès du père, l'ab.sence de la mère,
demeurée probablement en France ; les noms et qualités des père et mère de
l'épuust^ et la piéscnce des notables d(! l'endroit (|U; y assistaient comm'^ parents,
amis et témoins, tels (pie le seigneur Ptizard et dmie Muliois, sa femme ; {'^)
Michel-Antoine Desroziers et Pierre Artant (dit Latour, 11. C. S. 14. juin I()7S,
p. 20-2.), jug<!8 du lieu ; Louis Pinard, chirurgien, et Dame Marie Hertel, sa
femme ; Pierre Dizy dit M(jntplaisir, capitaine de la ciUe, Morin, curé, etc.
\a' mariage a dû >t:e célébré aux Trois-Rivières, sinon au Cap do la
Madeleine, car la parois.^e de Cliamplain, ou N(jtre-I)ame de la Visitation,
n'était pas alors érigtH'. Ses registres, tels qu'ils existent, ne remontent (|u'à
1(579, et ne contiennent pas d'actes do naissance avant le quatre mars do cette
année.
La famille à la(|uelle iTaC(iu«»s Babie .s'alliait était bien posée et de bonne
lign(<e. Pieire Dandonneau (dit Lajeun(\sse, son nom degiierre), s our du Sablé,
était né en 162(5, du mariage de Jacipies, sieur du Sablé, avec Délie Isabelle
Faube, du Bourg de ,en Aulnis, et décédé avant 1702.
Pierre épousa, le Ifi janvier 165.'i, Knin(;oisi' Jobin, née en 1(53+, fille de
Jaccjues et de Marguerite Roy, paroisse d'Amfrose, s\ir les Murchi's, ii trois
lieues du Poiit-de-Cé, en Normandie. Elle est décéd<*e k (Cliamplain, le G
juillet 1702.
Pierre Dandonneau a été un do* proinitUN à former un ét;ib!is-!jmonf. (ito
on Canada. ])('s 1(552 il avait nniison et résidence aux Trois-Rivières — faveu
(\) ('oncesiinn par aieur (i« la Touche <la (Uiainplain à Pierre Damioimeuii, 17 uiuim
1C05, giollo (io Séverin Auieau, TroiR-Riviores.
(!•) Lei rriuliiie» Je Québec, T. I, p. 329 et T. 2, p. 1U5.
(;i) Beau fi(^re (le M. de îSaiiit-Ouri, ooinino iiiarii'^ iV Polio >ri»rie Miillois, H jiinvier
IfifiH, et auHNl l)t'iiufi'(''io (Io Pe Laiiaiicliére, (|iii avait c|)nus() une autre Délie Mulloi», toiiH
duux coiuiingnoiiM (l'uniii^i do Babie.
— 52 —
et dénombrement du 8 juillet ICGS, reg. 1. p. 146, pour Trois-Rivièrea, et con-
cession du 21 avril 1G52.) Il avait pris ensuit-, le 17 mars 1665, une concession
de terre dans la seigneurie de Chainpiain, (Greffe d'Ameau, et R. C. S., 14 juin
1678, p. 200.) C'est j)robal)lement la terre indiquée au plan de de Couagne sous
le nom de Lajeunesse et voisine de celle de Babie.
Ses terres en culture, dans sa seigneurie de l'Isle-du-Pads, sont aussi in-
diquées sur le plan du même do Couagne de 1700. he fief du Sablé, dans le
district de Trois-Rivières, a retenu son nom, ce semble
Pierre Dandonneau s'étant fixé en premier lieu aux Trois-Rivières se
maria là peu après, c'est-à-dire, le 16 janvier 1653. (Greffe du même Ameau).
Son fils, Ijouis Dandonneau, sieur du Sablé, épousa Demoiselle Jeanne
Lenoir, d'où naquit, entre autres, Louis-Adrien, otlicicr dans les troupes du dé-
tachement de la marine, lequel rendit foi et houunage le 22 juillet 1723, comme
propriétaire des deux tiers tlans la moitié du fief de l'Isle-du-Pads, du Chicot,
ensemble des îles adjacentes, tant pour lui-même que pour Joseph Dandonneau
dit Lenoir, son frère. Jactjues Brissot, son oncle, comme ayant épousé Mar-
guerite Dandonneau, était propriétaire de l'autre moitié. Le célèbre décou-
vreur La Vérendrye (Gautier de Varennes, né aux Trois-Rivières en 1685)
épousa aussi une Dandonneau du Sablé, S(f ur de Louis- Adrien, père. Plus tard
en 1746, on retrouve Louis- Adrien, fils, en garnison au fort Saint- Frédéric. (1)
Il avait obtenu en 1739, dans les environs, une concession du fief DuSablé (dit
la Nouvelle- York) (|u'il vendit à Jacques Cuthbert. — /iA/. des foi et hommage
vol.III,p.U6deI7Hl.
On trouve dans un an et du Conseil Souverain, en date du 4 avril 1707,
(voi. 5, p. 571) que la aucce.Hsion de Pierre Dandonneau est alors représentée
pur huit enfants, et dans un aiitre arrêt du 21 ma.*s 1707, (v(»l 5, p. 771) il est
fait mention d'un fief aux Trois-Rivières, sous une désignation inusitée au pays,
appelé vulgairement le Miirquin<i( du Sidilé. Ce fief de 10 arpents environ, proche
la commune des Troi.s-Rivières, fut concédé en 1679. Mais par le cahier do
L'intendnnce, vol. p. 335, vo., il n'appert pas qu'il ait été concédé ou ait appar-
teini à Du Sablé. Comment y a-t-on attaché ce nom ? Je ne le puis découvrir
jusciu'aujuurd'hui. (Voir documents de la session, Ottawa, vol. XIX, No 8, de
1886, p. 52 )
Dans un acte notarié passé à Montréal le 16 octobre 1767, devant
Mtre (?), la lignée do la famille de Louis- Adrien Dandonneau du
Sablé en Canada se trouvent niar(|uée au complet, savoir : de Louis-Adrien
(I) Regittre du Fort, dam Mémoirti dt la Société lioyale du Canada, 1888, vol. 5,
p. 101.
DAndonnpnu <lii S«l)Ié, cadet, officier, est blessé et fait prlNonnier ku fort Néoesslto
par Wuihington, lors de l'assassinat de Juaionvillo — <.'olleotioii des M. M. S. de Québec
1833. Vol. III, p. p. S'Ji, aoa.
DuSablé, officier tui soui le baron Dieskati, esloe U uiiuie?
— 63 —
Dundoniieau du Sablé, (1764) vivant, lieutenant de Sa Majesté Très-Chrétienne,
par son mnringe avec Marie-Joseph de Royette de Riciuirville, étaient issus .
(a) Marie-Louise, veuve de Pierre Bécancourt de Portneuf, vivant, che-
valier de St-Louis.
(b) Marie Catherine, épouse de Antoine-Claude Ranibault de Burolon,
officier, en France.
(c) Marie-Joseph.
(d) Marie-Geneviève.
(e) Michel-Ignnce.
(f) Joseph- Auiable.
Je crois cette famille éteinte au Canada.
Les Du Sablé portent : De ttabl* à l'alijle éployé or. Ceux du Maine,
LozaïKjé de gueulen et or.
Cent ans après cette première alliance des Babie et des du Sablé, les re-
lations de famille se continuaient entre leurs descendants. Du Sablé, ofhcier
retiré à Loches, (1) en Touraine, après la conquête, mande à son cousin et aiui
M. Mngnaii, (2) (jui écrivait de là, le 20 août 17(51, à son cousin M. François
Baby, alors pas.sé à la Rochelle, de féliciter Jacques du Perron Baby, du Pitroit,
de sou mariage récent avec demoiselle Susanne Réaume, dont il a appris, dit-il
beaucoup de bien. Il fait en même temps ses compliments à M. Saint-Ange
(Charly) (3) et à M. Sabrevois de Bleury, au Canada.
Une dame DiiSablé, devenue veuve, demeurait à Québec, avec ses filles,
en juillet 1755, et elles .sont été portées ensemblt> alors par M. le Marquis Du-
qiii'siie sur la liste de distribution des giAces du Roi, la mère pour 100 livres
et les filles de même. (4)
Nous avons donc par ce mariage Baby ot Dandonneau du Sablé, un premier
point de dépnrt fixe et connu pour suivrts avec certitude la lignée (|ui en est
(lécoulée. Mais il n'i'st pas aussi fucile, en remontant à plus d'une gi^nération
en arrière, de retracer les ancêtres de la famille lialiy en France, et le petit
nombre de ceux <|ui y portent ce nom aujourd'hui en connais-sent peu de choses;
du moins ils n'ont fourni aucuns renseignements à leurs homonymes du Canada.
La plus ancienne mention du nom que j'ai pu rencontrer date de 1375,
é|>ii(|ue désastreuse, où les Anglais avaient con<{iiis plus de la moitié du sol de la
France, l^e reste était épuisé d'hommes et d'argent. Plusieurs .soutiens de la
couroinie lui tirent alors des dons gratuits pour lui venir en aide. Ott voit dans
" l.fx KiUtx et OnloiDKDiefs dis lioin de Fruncf, " tome VI, p I6ti, édition de
l'imprimerie royale «le Paris, 1741, les " Lcttntt de Charles V, au bois de Vin-
Ci) Archiva» il' Ottawa, llrymntr, IHSS, p. 47.
(2) Vt lieriiier élail cuuiin ijeimuiii itv .V. Frs. Ilaliy, inn pfre ayant épouté une Dtmoi-
tellt Le Vtimi>leJ>u}ir<'. tV. i'icôlf tic llilltulre m avait éfiousé une autre.
(3) Il riiinmandiiit au ponte de Vincenuet en I7(>0.
(4) Extrait* (i«a Archivu» publié* par l'ubbé U. Cuigiaiu, p. 23.
— 54 —
cennes, en octobre 1375, " qui portent que les Nobles des Baiiiages du Velay
" du Vivarais et du Valentinoia, qui sont nommes dans ces lettres et leurs
" hoiiunes et sujets sont exempts et sont conservés dans leur droit de ne pas
" payer les impôts (jui se lèvent pour les ^nierres, moyennant un don gratuit de
" 10,000 francs d'or qu'ils ont fuit au Roi."
Parmi ces nobles est nommé le seigneur de Babie, domiims de Babietis,
du diocèse de Mende, oïl l'on retrouve plus tard le même nom.
Il existe un autre village du môino nom Babie en France, dans le dépar-
tement de la Seine-et-Marne, à vingt kilomètres de Provins, «anton et poste de
Bray-sur-Seine.
Le même nom de famille se rencontre ensuite en 15")5. ï>ixns son" Histoire
des Chevaliers de Midte " l'abbé de Vertot donne la liste des chevaliers de
St-Jean de Jérnsalem, communément appelés Hospitaliers, et, entre autres, il
marque les noms de ceux de la langue de F'rance ou Urand-Prieuré de France,
en suivant l'ordre chronologique do réception dans cet ordre célèbre. Cet
historien oVjserve que pour y être re(,'U en (jualité de chevalier, suivant les
règlements, il fallait être issu dans un mariage légitime, de maisons nobles do
nom et d'armes, tant du côté paternel que du côté maternel. Ces règlements
portaient huit (juartiers de noble.s,se dans les deux lignes.
D'après la liste do France cinq Baby, dont les noms sont cités, ont été
aihnis et faits chevaliers aux années suivantes, savoir :
René de Véelu Baby, en 1555, vol. 7, p. 213.
Mathieu de Véelu Baby, en 15()9 " " " 217.
Jeun de Véelu Baby, en Hi07 " " "234.
Hector de Véelu Baby, en 1G37 " " " 260.
Ce dernier est dit du diocèse de Sens.
Leurs armes, qui sont les mêmes pour tous, lisent : De si no idr à trois
nierions or.
(iuillaume do Véelu de Passy, reçu le 18 mai 1645, est de la même fa-
mille, car il porte aussi les mêmes armes.
Les armes des Baby du Canada sont différentes. Klles portent ; Jh
gnerdi'H à trulfi liuiici-idijc nniijxints or, 2 rt 1, telles ([u'apportées avec eux de
France, et (|u'elle8 se trouvent consignées dans d'Hozier, suivant (|u'elles ont
été enregistrées a la maîtrise particulière de Cognac, d'où ressortissnit la fu-
niille. C'et enregistrement fut fait pour .se conformer aux Kdits du Roi, et
notannnent à celui de KitMi, concernant l'usurpation des titres de nobli'sse. ( I )
11 y avait une autre branche do la même famille, ou du même nom, en
France, vers la Hn du seizième siècle, les Bal (y de Païenne. Kilo se rencontre
(1) Le Livre d'Or de !a Nobhiee, ou Képcrtnire Noliiliairo, {>ilitioii à lu bililintlio>|ua
irottiiwi», indiiiuo U-h Haby, T. li>r, p. XVI. M. Lo oomto île (iivuuiliin, daiiii Ha li<ttro ci-
t6i' «lu 4 8«'|>t. lSt')2, a ilit H M. HnxsniiKn avoir trouvé le» nrinos i\«% Hahy dans d'IIogier,
uiuis de n'avoir rien trouvé dun» ces archives du dotiiiipr de la t'umille Baliy.
— 55 —
depuis 1590 à 1010, époque de la fomlation du " Grand Couvent des Ursulines "
du faubourg Saint-Jac(iues de Paris, destiné à la haute noblesse. Cette maison
d'éducation fut dès son origine favorisée par les familles les plus illustres de
France et même de l'étranger. On y voit figurer les noms les plus niarciuants,
tels que les demoiselles de Béthune, de Trieste, deCastiile, d'Harcourt, du Ciiâ-
telet, Laurens de Frémont, de Retz, de Montmorency, d'Arundel, McCarthy, etc.i
et mademoiselle Baby de Païenne ; — ainsi (ju'on peut le v^ir par les archives
du couvent, (jui ont été transférées à celui des Ursulines de Québec pendant la
tourmente révolutioinmire de 1789. (1)
La même révolution fit périr le général Jean-Fran(,'ois Bibie, (2) à
laq\ielle il avait pris une part active. Il était né a Turascon, près de Foix,
département de l'Arriège, le 9 oct. 1759, propriétaiie, et domicilié à Paris ;
devint victime de la réaction du 9 thermidor, fut conilamné à mort et fusillé le
l>i vendémiaire, an V, (9 oct. 17!>7). Il n'avait (pie ;i7 ins Comme on voulait
lui mettre un bamleau sur les yeux, il refusa en disant: " Non : la vie est assez
" laide pour <|u'on la r< garde bien en i'ace une dernière fui.s."
Baby, Jean-Ftienne, né à Monpertiiis, Seine-et-Marne, y résidant, garde
des bois nationaux, âgé de (ÎO ans, fut également vietime de l.i R'''v lution. Il
fut condairiné à mort par la commission militaire, séant au Temple, le 12 ventôse,
nn II, comme convaincu d'être complice d'un complot dans la nuit du 2.'} au 24
fructidor, dans le camp de Crénelle, <|ui a existé dans les c immunes du district
de Ilosay, pour allumer la guene civile, et temlant à égoiger la troupe, par
suite le Directoire et le Corps Législatif. Pruilhommf, iil T. 2.
liécennnent vient de mourir à Paris un écrivain remarquable, M. Batbie,
(ii) (Anselme-Polycarpe) né à Seissan, («ers, en 1828. Il était avocat, professeur
de droit administratif et <i économie politique à l'école de droit de Paris, et
puliliciste. Il devint ndnistrede l'Instrucrion publique, des Cultes et d<!S Beaux-
arts, en mai 1871^, dans le premier ndnistère du président MaeMidion ; erisnite
fut fait sénateur. Il a occupé un rang distingué comm»^ écrivain et homme
pn!iti(|Ue M. le juge hâliy l'a coiniu à Paris, et ce personnigi' croj'ait à une
paienté avec .son homonyme, parce ipie, disait-il, il y avait une tradition (|u'un
niendin? de la famille était passé au Canada.
Il y a encore en France des Bàby (pli ont continué d'Iniliiter le lieu
d"oii<;ine de ceux du (Canada et les environs
Mon fri're, M. l'abbé Hayniond, et moi, dans un voyage que nous y Hm(>s
ensendile en l.'S(i7, nous n(ais occupâmes d'i-n faire lu recherche. L'abbé ,se
dirigea vers le midi, à Agen, pour voir et visiter le pays d(! no> ancêtres mater-
nels et découvrir des traces de leurs descendants. Il alla vnir à Seiches, (pii
n'est qu'à (piel(pies lieues de Moiiteton, un M. Bàby, médecin de l'endroit, et
( 1 ) /.<.« rrsiiliiiin de Qiiélne, vol. III, p. 275.
(L*) liirli"nniiirf ilm l'unlimiKiniinn, Viiiiereaii, V. Haliio, et l'ruilhonime, ///*/. lier,
frun., p. iiOi. (Iriuuie Kiécirln/iMir, V. Babi.
(3) Dictionnaire de* CmUmporains, Vuiioreuu, Vo. Biibio.
— 56 —
ancien élève de l'Université de Paris. Il habitait un château sans prétention,
entouré d'un petit parc, et était estimé et respecta pour ses principes et sa
conduite. Il ne possédait que peu de renseignements sur sa famille. L'aV)l)é
néanmoins put constater, encore une fois, un cas d'atavisme bien marqué, comme
celui qu'il avait si bien constaté pour nos ancêtres paternels du Poitou. Ce
médecin avait une ressemblance frappante avec feu M. Charles Bâby, avocat,
de Sandwich, frère de notre mère : — même visage, même teint, même expression
de physionomie, même taille, et la bouche bridée, type distinctif des Bâby du
Canada. C'était à s'y Tiiéprendre.
Lors de son passage en Canada dans l'été de 1888, Mgr Soulé, primacier
du Chapitre de Snint-Denis, ayant fait la connaissance de M. le juge Bâby, de
Montréal, ne put s'empêcher de remarquer une ressemblance prononcée entre
lui et un autre juge Bâby, en retraite, ami intime de l'évêciue, et qui vivait
retiré dans un château près d'Agen. Mgr devait envoyer au juge Bâby des
renseignements sur cette famille de magistrats français, dont le fils avait succédé
au père dans la magistrature.
Il doit se trouver à Alger une autre famille, les Bâby de la Chapelle,
qui y était établie en 1875, rue de la Marine, et (pii serait venue là tiès la con-
quête de l'Algérie. Elle était une des mieux considérées de la ville et on la
voyait à toutes les réceptions chez le goiverneur et à l'amirauté. Le général
Clianzy devait être le gouverneur et l'amiral llos, commandant naval dans le
temps. Le père, en autant que j'ai pu le savoir, était un ancien officier de ma-
rine en retraite. Je tiens ces renseignements d'un prêtre fiançais, M. l'abbé
Crispin, émigré au Canada, et curé à Andierstburg, Ontario, que j'ai eu plai-
sir do rencontrer dans un voyage par là en 1887. Il avait été professeur au
collège de Saint-Charles, à Blidah, distant d'envinin 50 kilomètres d'Alger.
M. Bâ'iy avait deux fils, Eugène et VhurUa (?) L'aîné, d'un caractère bouil-
lant, caijsait des désagrément» à ses parents. C'est à cette occasion que l'abbé
avait fait CDunaissance avec M. et Madame lîaliy de la Chapolle, en s'intéres-
sant à eux pour leurs enfants à ce collège. Il les a perdus de vue depui.s.
Dans le comté d Essex, à Burdoan, Loytoiistone, près de Londres, en
Angleterre, demeure (IHflJ') M. Daniel- Antnine Bâliy, colonel en ri-traite do
l'armée anglaise, lîls de Fou le Major-général Daniel Bâliy, de la jnème armée,
et mort à Londres en 1858. W est issu d»; la famille du Canada par .son père,
(pli est né au Détroit le 2!) décembre 1778. Il m'écrit (pi'il est le seul et le
dernier de son n(m» en Angleterre dep\iis la mort tle son fils unique, (ieorge- E.-
Antoine, décédé le 9 mai 18^5), à Langrisli, dans le comté de Hampsliire ('o
jeune homme était aussi officier dans l'armée. Le colonel Bâliy aeu l'obligeance
de ni'envoyer sa photographie, ainsi que celle de son HIs, en échange do la
mienne et de celle do ma mère (|u'il m'avait demandées.
Parmi les tribus des Hurons ou VVyandottes des environs du Détroit,
lors de la rtdilition du fort en 1700, il existait un chef sauvage du nom de
Bâby, qui connnandait une ban<lu de cette nation établie à la mission dea je-
— 57 —
suites, nu village (alors appelé) la Pointe-de-Montréal, et dont l'é^Iiso était
appelée la chapelle des Hurons. C'est aujourd hui S;inil\vich ou la paroisse
Notre-Dauie de l'Assomption, sur la rivo sud de la rivière du Détroit. Ce cht-f
huron apparaît de nouveau au siège du fort par Pontiac en 17(53, allant y re-
mettre un prisonnier panis (1) qu'il avait adopté dans sa famille, chose tout à
fait inusitée parmi les sauvages de remettre ainsi un prisonnier après l'avoir
adopté. Ce guerrier, de mtMiic que ïhéata, (2) chef de la Bonne-Bande, et un
autre chef probablement " Doctor.s' son" (le fils de la médecine), ne voulurent
point .«le joindre aux autres hurons qui entonnèrent le cri de guerre pour porter
du renfort k Poutine contre l'Anglais durant le siège. Ce chef Bâby paraît
avoir exercé une influence assez considérable dans sa niition, (3) car on le voit
comme un des signatairesnu traité de paix conclue à Niagara le 18 juillet 17(54.
Son nom indien est Odingq uanooron. Il avait pris certaines mnnières et
adopté certains usages français. Ainsi il allait rendre visite au commiin<lant
de la pince, à Détroit, et lui faire les compliments de la nouvelle année, toute-
fois en gardant son costume indien. Ce mélange de civilisation chez lui était-
il une simple conséquence de son commerce avec les nlanc-;, où était-il dû plutôt
à une origine de famille que .son nom semblfrait imliquer ? Je ne le pense pas,
quoique d'ailleurs les relations avec les fennnes sauvages fussent as.sez fré-
quentes dans ces régions parcourues par les traiteurs. Je suis plutôt porté à
croire que le nom de ce chef lui vint de son parrain au Itaptême, Rayniond
Bâby, et qu'il doit être un des deux enfants qu'il tint sur les fonds baptisn\anx
en octobre 171(5, à la mission de Sainte-Anne du Détroit.
Le père Pothier, missionnaire jésuite, mentionne plusieurs fois dans ses
lettres ce chef Théntn, compagnon de Bàby et ne paraît pas avoir con(,'U une
idée bien favorable de ce chef sauvage et de ce Bâby.
Voilà tout ce (|Ue j'ai pu recueillir jufi(|u'à pré.sent sur l'origine de la fa-
mille Bâby du Canada. Je laisse à d'autres membres de celle-ci de pou.sser plus
loin leurs recherches sur leurs ancêtres fie France, (ijuant à moi je n'ai pu
encore trouver aucun documents ou écrits, dans les temps modernes, qui pour-
raient relier aujourd'hui les familles du même nom dans l'ancien continent avec
celle qui s'est propagée «lans le Nouveau-Monde depuis 1(570.
Je vais procéder maintenant k donner en toute sftrcté la lignée complète
des Bâby du Cnnida, c'e.-t-à-dire la doeondanee de ibieqiies Babie, 1er. Je
l'accompugnerai de notices biographitpii- stn* ceux de .«es membres (|ui méritent
le plus d'attirer l'attention. L'arbre généalogi(|Ue Bâby, à l'nppundice, sutHra
pour les autres.
(1) l'unliar'» sifffenf DttroH, hy F. B. Ifoui/h, |>. 45.
(2) Le influe qui Bù/na (a cuncestùin de terre pour l'é<jUae de Sandwiehf en faveur du
grand-vicaire Hubert, le A mars ITH'J.
(.'!) Sir Willinin .lohiiBoii (11 sept. l"f')l) donna un iirfsont ù la ttUe de ce Bâby
parcoqu'il le reconnut couuiio un des SacheniN iuqiortiints do» Iliuons,
— 58 —
• *
Nous avons vu Jacques Bubie à Chainplain, occupé à défricher le sol en
pionnier hardi et courageux, ce à quoi il réussit tout en exer^-ant un négoce qui
proniottait d'être lucratif et le devint en effet. Il ne tarda pas à agrandir le
champ de ses opérations commerciales en faisant la traite des pelleteries jusque
chez les Ottawais (|ui s'étendaient au loin dans les régions de l'ouest, sur les
bords du lac Michigan et dans les environs de la baie des Puants (Oreen Bvy),
où les missionnaires jésuites avaient établi une mission dès 1GG9.
Dans les premiers temps de la colonie les missionnaires, les gouverneurs
et couimanilants trouvèrent de ])récieux auxiliaires parmi un certain nombre
de colons français. Plusieurs étaient des cadets de famille ou appartenaient à
la petite noblesse, d'autres étaient des oHiciers réformés, qui avaient quitté la
France de leur bon gré, ou avec un modeste brevet dans les troupes. Ils
venaient tenter fortune au Canada. Pauvres, ou avec un salaire insutHsant,
quand ils avaient la chance d être employés par le gouvernement, ils étaient
sans cesse en (juête d'aventures pour tenter quelque opération lucrative, souvent
à leurs ris(|ues et périls. Le commerce des fourrures, en contrebande avec les
sauvages, ouvrait une voie (jui paraissait la plus avantageuse à leui* esprit
d'entreprise. Aussi les voyons nous s'y livrer sans relâche, malgré les défenses, ■
prohibitions et peines .sévères des autorités. C'est ainsi (juese forma cette classe
d'iiomme.s, particulière au Nord de l'Auiérifiue, appelée couri'iirs-des-hois, (l)
dont ils étaii'ut les chefs, ou plutôt, pour ainsi dire les compagnons, et avec
h'S(iuels ils ont parcouru cet inunense pays en tous sens, par eau et par terre,
partageant ensemble les misères, les fatigues et les dangers, aussi b'en que les
profits de leur commerce clande.stin, si on peut l'opiifler ninsi. Tous étaient
aussi connus sous le nom de rci/in/rurtf, et, vis-à-vis, des clu'fs ils prenaient le
n »iii (/'f»r/rf(/r'x, et quel(|Ues fois l'engagement était mis par éciit. Le eélèiire
déco\ivrenr Daniel (îra.selon du IHut (2) était ini gentilhomme lytauiais, frère
de la Porte de Touiigny et cousin desT-nti, cep' mlant l'intendant DuchesneaU
H'; le '|ualifi(> (|ue de simple c<nireur-des-b(iis. Ces v()yfig''ni's étaient noiiibreu.i
et r nonnaés pour leur harilie.«se, leur vigueur, leur intelligence' et leur adresse
à surmonter les obstacles, n travers les éléments, dans la ruile vie des bois, à
sauter les rapides et naviguer sur les grands lac«.
C'était l'époqne nh Marc|Uette, Jolliet et «le la Sal'e allaient aussi à la
di'couv erte> du Mississipi et de la route vers la nier du sud, et où les ,'é>uites
(l)Kt non pan e.'ii(r(i/r.«-(/c-6o/.<, (ninlgré noseluTille) qui n'applique, coiiiiiu' l'c.v
pii'.ssion r'cKiiniir.t-ilf iiier.i, à opm.x (jui vont raiiiiihsiiiit lo tiui.i, vague et (lottiint en dérive.
('iuin3Mr-(loliois do lune, eut une o.\|)ies8ii)n populaire (|ui dési^no le.s VDleiirs do nuit i|ui
pillent les <l''itures ou le premier bol» venu ipti l.ur loml»' sou» lu uiain pour se eliiiuller.
(12; < '(> nom u été ôpolé de iliver^es maiiliri'-*, ilro-x'lon, liri'.^elou, ilu I,ut, ilu l.iilli,
du I/udo. Si l'orijjine du nom est ilalionne du I/ith serait la tradition do Delietto, dont
les historien» l'ont mention. La parenté avoe les 'l'onty conlinuorait une proveiiaueo
«l'Italie. Le nom do Duludo est bien eonnu en {''ranee et en Catuvdu.
— 59 —
avaient poussé leurs travaux apostoliques bien au delà de leur mission du fond
du lac Supérieur.
Ce qui frappe aujourd'hui dans ces excursions lointaines accomplies
si lestement alors, c'est de voir le peu de cas qu'on faisait des distances. Un
partait pour un voj^age de 100, 200,500 lieues sans plus de préoccupation qu'on
en met maintenant à monter en chemin de fer pour faire le même trajet. Avec
des raquettes, un fusil et une hache, un voyageur suivi do chien pour com-
pagnon, se dirigeait de Québec vers la baie d'Hudson et allait frapper juste
l'endroit; et il ne faut pas oublier qu'il lui fallait trouver sa nourriture en
route au bout du fusil, d'une ligne. De n(js jours, on rencontre très peu
d'honmies de cette trempe.
Au milieu de cette vie active qui semblait devoir amener une prospérité
solide et durable pour Jacques Babie, la mort vint l'enlever prématurément à
l'âge de 55 ans seulement. Elle vint couper court à toutes ses entreprises et
ses projets.
Il mourut en sa demeure vers minuit, le 28 juillet 1688, muni des sacre-
ments do l'Kglise. Cotte mort soudaine fut-elle la suite d'un accident ou d'une
épidémie ? On n'en sait rien, sinon qu'il fut inhumé le même jour, sur les cinq
à six heures du soir, sous son banc, dans l'église de la paroisse, en présence de
M. do Saint-Claude, curé de Batiscan, et du seigneur de Champlain. Le père
Amltroisc Pollorin, récollet, qui faisait alors les fonctions curiales, enregistra
après la cérémonie l'acte do sépulture.
Los affaires de Jacques Babie paraissent avoir roulé sur un assez grai\d
pio<l, si on peut on juger par les iinpoi'tations qu'il faisait de France et les ré-
clamations assez, élevées (ju'il ont à j)()ursuivre devant le Conseil Souverain et
(jui furent continuées par sa veuve. (!)
Parmi <Io vieux papiers déposés aux archives provinciales à Québec.
piMvi'i\aut du grt'tl'e do Suiiit-Murtin, (AdlitMiiar, Sr do St. Martin,) notaire roy il
à .Montréal, il se trouve dos lettres à lui adressées j)ar Jacques Baliio et par
Joaiuio Daniluinu'au, sa femme. (îos lettres ont été reoueillios en môme teiiqts
que les minutes de ce not.iiro et c'est uirisi (ju'olles sont parvenues au Bureau des
archives. Elles n'ont trait (|u'aux affaires privées de M. et .Mme Babie et ii'otfrout
auL'Uii intiTÔt public et ilovraient être remises à leur famille. L,' texte ile la
correspoiiilaneo do .M. Miibie iiidii|ne nu hniimio K'ttré et i)Oi>séiIant cette urbanité
toute franeaisi; qui distinguait l'époque «ni il vivait.
L(>s lettres di? sa femme nenitretit une (irthogrniihe peu grammaticale,
mais aiUKiMoent un esprit lucide, un lion sens forino et un caractère déeivlé.
M. le juge li.iby a fait une demande pt.ur obtenir la restitution do ces
lettres, cnnuiie i;])piirtenant à sa l'nmilli', ni.iis elle n'a pas été écoutée.
Le cachot qui scelle ces lettres poito un écusson surmonté d'un heainno
(l) Jii;/i'mfi)l.t et ih'lihéralinii!^ tfit C'in^eil l-l'tiirrrniii, vol. Ifl, p. p. I -t, 21, 2',t, 45, .54,
80, S.i, l;iU, 24.1, 4:r, 527, 517, ('>•*!, 701, 7IS, 7.ts, 742, 745, 757, 773, 777, 1017, et 106H.
— 60 —
et orné de lambrequins. Le champ lisse de l'écu est difficile à diwtinjifner et
sans hachures. Ou y voit deux mains qui se serrent, et au-dessous, un ft)n(l onde
et ce que dessus semble trois tourteaux alignés et tlottauts. Sont-cc les armes
des du Sablé ?
La mort imprévue de M. Babio fut un événement funeste pour sa veuve,
qui restait chargée d'une nombreuse famille et d'une succession end)arrassée de
procès. Elle même n'était âgée que de 33 ans. La plupart de ses enfants
étaient en bas âge ; de plus elle était enceinte du douzième et au milieu du sa
grossesse.
Les affaires de la succession l'appelèrent bientiU à Québec et elle dut s'y
trouver le 2 août suivant, où elle fut nonnnée tutrice de ses enfants. Elle fut
obligée d'y retourner plusieurs fois à cause des poursuites devant le Conseil
Souverain Son nom apparaît en diverses fois aux registres du Conseil juscju'à
1703 (1)
Il ne lui fut pas donné non plus d'atteindre la vieillesse : elle mourut à
l'âse de 58 ans et fut inhumée à Québec, le 20 juillet 1703, n'ayant survécu
connue on voit, que 15 ans à son mari. Le 4jiinvier de la même mince elle
avait eu à pleurer la perte de sa fille aînée, Marie- Jeanne, veuve de Lusignan,
et épouse, en secondes noces, de M. Claude Pauperet, négociant <le Qiiél)t'C.
Voici la liste des enfants issus du premier mariage Btibie en Canada,
suivant l'ordre de leur naissance, avec les dates précises que j'ai pu constater.
1. Marie-Jeanne née
2. Jacques né
3. Louis "
4. Marie née ,
5. Pierre né
6. Antoine "
7. Françoise née 16 mars
8. Jean-François né 22 nov.
9. Marie-Magdeleine née 20 nov.
10. Marie-Anne " 9 juillet
11. François-Etienne né 5 août
12. RaynKmd, posthume. . . " 16 déc.
Il importe de suivre exactement la lignée de chacun do ces enfants, car
nous verrons, dans la suite, qu'elle a totalement disparu dans les mâles, sauf
celle de l'enfant posthume Raymond, la seule qui existe aujourd'liui. Los détails
qui nous restent sur chacun d'eux sont assez maigres et peu nombreux.
i» «
1. Marie-Jeanne, l'aînée, née en 1671, épousa, en prennères nocos, à
Champlain, le 5 février 1689, Paul Louis Da/niard de Lusignan, capitaine
(1) Jugements et délibérationn du Conseil Suuverain, T. 4, p. 817-S19.
1671
déc.
4 janv. 1703.
1673
ti
11 juin 1724.
1674
«
1675
u
1676
■1
1679
«
15 août 1683.
1681
f(
10 févr. 1684.
1682
((
1683
((
1686
((
1687
i(
1 sept 1767.
1688
tt
14 mors 1737,
— 61 —
réformé d'une compagnie du détachement de la Marine. l)a')S 1 été de 1692,
raconte La Potherie, M. de Lusignan fut attaqué et tué de la première décharge
par un parti d'Iroquois, dans les isles du lae Saint-Pierre, pendant qu'il
descendait, à son retour de Montréal, un co ivoi de bitoaux aux T.-ois-Rivières.
Il laissa un fils portant les mêmes noms, né 1689-90, auquel Michel
Pelletier de la Prade fut élu tuteur. (1) Celui-ci fut ensuite remplacé par
Jacques Babie, oncle n)aternel. La veuve, encore mineure, eut pour tuteur
Jacques Brissot, son oncle maternel. Paul Louis de Lusignan, à l'âge de 21 ans, (2)
s'adressa (1711) au Conseil Souverain et obtint des lettres d'émancipation d'âge.
Il dirigea une poursuite contre son tuteur Jaccpies Babie II, son oncle, qui était
débiteur de la somme île 14.,799 livres, seize sols et six deniers envers les
cohéritiers par bénéfice d'inventaire de feu Jeanne Dandonneau du Sablé, leur
mère, suivant une cédule notariée devant Mtre Normandin, aux ïrois-llivières,
en date du 22 juin 1699. Le même Jacques Babie, aussi tuteur de ses frères et
sœurs, continua à avoir des démêlés en justice avec eux, car ils se plaignirent,
par requête du 23 mai 1712, qu'il les amusait sans leur rendre compte. lia
obtinrent même un arrêt pour saisir ses biens. (Rég. du C. S., 17 décembre
1703 et 23 novembre 1711).
Plus tard, en 1742, sa belle-sœur, Marguerite Véron de Grandmesnil,
veuve de Pierre Petit, seigneuresse de Yamaska, intenta contre la famille Babie
une poursuite au sujet de cette môme succession et mit en cause Pierre
Babie du Perron, François Babie-Chenesville, Charlotte Lemaître et d'autres.
C'est la seconde fois, depuis 1709, (pie je rencontre le nom Daparron. Il apparaît
une autre fois aux registres de la paroisse des Trois-Rivières le 2 août 1721 ;
Pierre Babie, sieur Duperron, y est ainsi nonnné, lorsqu'il est parrain de Pierre,
fils de Jaccjues II.
Pour revenir à de Lusignan, fiis je le retrouve au poste ou fort de St-
Joseph, aux Illinois, près du fonds du lac Michigan, où son nom apparaît aux
registres, le 21 janvier 173S, comme suit : Louis (Paul) d'Azmanl, seigneur de
Lusignan, dans la baie de Missisquoi (Mychiscouy), sur le lac Champlain, et
comm uidant alors au dit poste, comme parrain de Louis-François Ménard,
baptisé par le ))ère du Jaunay, S. J. En 1757, son fils, Louis-Antoine Dazmard
de Lusignan, épousa à Québec Louise-Gilles Renaud D'Avennes Demeloises, par
contrat do mariage du 22 septembre 17ô+, Saillant, Nre, auquel toutes le^
sommités civiles et ecclésiastiques assistèrent, et Dame Veuve B iby, sa grand'-
nière maternelle, et Angélique Perrault, sa cousine, y sont aussi témoins.
Paul de Lusignan, qui doit être le fils do Louis-Paul II, était commandant
à Carillon, et en 1758 il commandait au fort Saint-Frédéric et s'y distingua.
Etant passé en France après la prise de Québec, il habitait Brest en 1770, d'ofi
il écrit à mndame de St. Luc, à Terrebonne. En mars 1773, Louis-Antuiue
(1) Greffe de Daniel N'ormandin, Tro in- Rivières, 22 juin 1699.
(2) Jiujemi'nla et délibérations du Conseil Souverain, 7 décembre 1711, p. 43. L'âge de
majorité alors était de 25 ans.
— 62 —
ci-dessus écrit aussi de là à madame Demeloises, sa belle-inère, restée en Canada,
qu'il avait le titre de capitaine des vaisseaux du roi et major du régiment de
St-Malo au corps royal de la marine ; qu'il n'a qu'un fils, âgé de trois ans et trois
filles. Il n'est resté aucun de Lusignan en Canada. J'ignore si cette lignée a
été continuée en France.
En secondes noces la veuve de Lusignan épousa à Champlain, le
M. Claude Pauporet, marchand à Québec, et mourut en cette ville en 1703,
comme nous l'avons dit. Elle fut inhumée dans l'église pai'oi.ssiale.
Il existe au pays plusieurs familles qui portent le même nom de Lusignan,
mais elles ne dérivent pas de cette souche. Une d'entre elles est italienne,
Lusignani, de Montréal.
*
* *
2. Jacques II, né aux Ïrois-Rivières le lG7t3, épousa I.-i, le 4
février 1709, demoiselle Maardeleine Véron de Grnndmesnil, née le 21 décembre
10S4, et décédée là, le 9 décembre 17G0. Son mari l'avait précédé dans la tombe
depuis longtemps, étant mort le 10 juin 172-t. Il périt de mort violente. Les
archives tle la justice criminelle des Ïrois-Rivières. du 14 juillet 1724, consta-
tent que le Juge Godfroy de Tonnancour a acquitté des personnes (non dési-
gnées/ accusées d'avoir assassiné Jac(ines Babie.
Les regi-stres de la paroisse font voir qu'il était inarguillier à Cham[)Iain
en 1709. Le ceasier de la Compagnie des Indes Occidentales, juridict on des
Tioi.-i-Rivières, le porte comme censitaire les 22 avril et 11 juillet 1718, rie deux
emplacements sur la rue St- Antoine, dans la ville.
Ce doit être de lui dont parlait madame Ross-Lewin (Archange Baby, sa
petite-nièce) en rapportant le fait suivant.
Il demeurait alors aux Trois-Rivières. Une nuit, peu de temps après la
mort d'un de ses amis de l'endroit, connue il venait de se mettre au lit, il vit
à la fenêtre le fantôme de cet ami, qui se dessinait en blanc, éclairé par uu beau
clair de lune, et qui lui faisait signe de la main. Saisi de fniyeur il se lève,
regarde épouvanté, et entend distinctement une voix qui lui dit : " Babic, je suis
" ton ami N . . . Vas à tel endroit, tu y trouveras une somme d'argent que tu
" remettras à telle personne. Prépares-toi à me suivre bientôt."
La somme fut trouvée et remise et Baby mourut peu après.
Que cette vision ou apparition fut réelle, ou une simple hallucina-
tion de Babie, toujours est-il que la ville des Trois-Rivières put voir le lendemain
que ses cheveux avaient complètement blanchi durant la nuit.
Les enfants qu'il eut de son mariage furent :
(a) Joseph, b. 18 nov. 1709 ; s. 4 déc. 1709, à Champlain.
(b) Marie-Anne, b. là 2G oct. 1710; mariée aux Ïrois-Rivières, 13 janvier
1733, à Louis Lefebvre dit Belle-Isle, et morte en couches le 22 oct. suivant.
— 63 —
(c) Jacques-Josepli, b. 13 mai 1713 ; s. Trois-Rivières, 24 déc. 1733.
(d) Véronique, b. là, 17 sept. 171G ; mariée là, le 8 janvier 1748, à André
Corbin. Elle avait été élevée aux Ursulines des Trois-Rivières avec ses deux
sœurs. (Hist. Urs. 3, R. T. 1. p. 188-9).
(e) Marie-Jeanne, b. là, 18 mai 1719, élève aux Ursulines de Québec et
aussi de Trois-Rivières.
(f) Jo«cphte, née , élève aux Ursulines des Trois-Rivières
avec Véronique et Jeanne, ses soeurs.
(g) Pierre, b. Trois-Rivières, 2 août 1721, filleul de Pierre Duperron ; (1)
marié là, le 22 avril 1748, à Thérèse Véron de Grandmesnil.
C'est le même que celui mentionné dans le " Journal de Badeau." Il a
joué un rôle politique. II sympathisait avec les révolutionnaires américains en
1775, lors de l'invasion. Il devint ensuite un bon royaliste, écrit la Mère
Thérèse-de-Jésus, sa cousine, 7 déc. 1781. C'est h nous, dit-elle, qu'il doit sa
conversion. Il fut un dos premiers à demander une constitution pour le Bas-
Cimada. (" Le Canadien" du 19 août 1809). En 1786, il occupait un banc du
côté de l'épître, après le banc d'honneur. Il ne paraît pas avoir laissé d'enfants
survivants de son mariage précité, le.squels étaient :
(a) Pierre-Ovide, b. 3 avril 1749, aux Trois-Rivières ; s. 3 oct. 1750 à la
Pointe-du-Lac.
(b) Jean-Etienne, (2) b. 26 sept. 1750 et s. 1755 en ce dernier endroit.
Ainsi se termine la lignée mâle de Jacques Babie II.
* «
3. Louis, né 1674, n'a pas laissé d'autres trace.'3 connues de sa
vie que je sache, si ce n'est la mention de son nom qui apparaît à la requête
pour lettres de bénéfice d'inventaire présentée par son frère aîné, au sujet de la
succession de leur mère, devant le Conseil Souverain, en décembre 1703. Serait-
ce lui qui serait mentionné au recensement du Détroit de 1709, qui se trouve à
Paris?
*
« *
4. Marie, née 1675. Rien de connu d'elle.
«' «
5. Pierre Duperron, né 1676, épousa le 13 février 1708, à
Saint-Fran^'ois-du-Lrtc, demoiselle Marie-Anne Crevier, b. n Sorel, 25 juillet
1686, fille de Jean-Bte. Crevier, premier seigneur du lieu, et de Marguerite
(1) Le 18 février 17.54, il assiste avec son oncle, Pierre Duperron, à rassemblée de
parents pour élire un tuteur aux deux enfants mineurs de Marguerite-Anne Bâby, Vve
J.-Bte Couturier dit Labonté. (Greffe de Pillard, Trois-Rivières).
(2) Le nom même de celui mort en France en 1703, ci-dessus no;nmé.
— 64 —
Hertel, Leur contrat de mariage est cité en entier par Suite, Hist. de St-
François, p. 8^. Duperron mourut à Chainplain le 8 mai 1758. Les terres
qu'il possédait à la Baie-du-Febvre sont indiquées au plan de De Couague déjà
cité.
Sa postérité a été :
(a) Marie-Anne Antoinette, b. à Saint-François-du-Lac, 12 décembre
1708. Ce doit être elle qui est décédée à Montréal le 22 juin 1790, à l'âge dit
de 85 ans au lieu de 81 ans 6 mois et 10 jours, et la même aussi que celle
mentionnée par Suite, p. 115, sous le nom de Ms'elle-Manette.
(b) Jeanne-Elizrtbeth, b. 30 mar.s 1711, élève aux Ursulines de Québec
vers 1722 (T. IL p. 195) ; mariée 1° à Louis Cartier, le 28 octobre 1748 ; et 2° à
Jean Chevalier, 19 février 1759.
(c) Pierre, b , 1711, sépulture aux Trois-Rivières en 1733,
à l'âge de 22 ans.
(d) Joseph, b. 4 décembre 1713.
(e) Marie-Geneviève, b. 30 juin 1715, s. 14 juillet 1715.
(f) Anonyme, b. et s. 1716.
(g) Joseph, b. 10 mars 1719 ; niaiié à Marguerite-Angélique Adhéniar,
21 sept. 1745.
(h) Marguerite- Anne, b ; mariée :
1" à Jean-Baptiste Couturier dit Lalionté, 27 juin 1743 ; lui s. 22 oct.
1751, à Kaholcia. Satille Marguerite-Anne épousa Fraii(;ois Uill, ancêtre du
juge Gill actuel, et une noiubrouse post '-rite eu a découlé, Suite, p. 1)1.
2° à Alexis Langlois, 25 février 1754 ;
3° à Michel Laforêt, Ki oct. 1757. Je crois que' c'est elle qui est
Marguerite Duperron, marraine, à Montréal, de Jaccjues Duperron Babie, le
4 janvier 1731, et .sa cousine.
Il n'existe plus aucun descendants mâles de toute cette brandie Pierre
Duperron.
* *
6. Antoine, né 11 mars 1079, mourut en bas âge, avant son père, lo
15 août 1083, à Champlain.
7. Fran<;()ise, née le 14 mars lOSI, mourut do mèuie, le 10 février 1084.
8. Jenn-Fran(;ois, li 22 nov. 1082, et non 1092 tel que dit dans lo
dictionnaire do l'abbé Tanguay.
9. Mario-Madeleine, b 20 nov. 1083 ; mariée, 30 avril 1703, (\ Jean-Ute
Crevier, sieur Desclienoaux, frère do la femuie du Pierre Duperron susdit.
10. Marie-Anne, 1). 9 juillet 1080. C'est l'épouso (1711) de Pierre
Martin, mentionnée par l'abbé Tanguay, vol. 1, p, 93, et dont un de leurs enfants
fut baptisé à Ilopeiitigiiy sous lo nom de Denis-François, le 23 janvier 1713.
— 65 —
11. Fmnçois-Etienne Babie Cheneville, b. 5 août 1687, épousa à Saint-
Fninçois-du-Lîic, en 1712, Marguerite Crevier, b. à Sorel 18 septembre 1683,
aussi fille du (.lit Jean-Bte Crevier et aœur do daiaj Pierre Duperron, et elle e-st
décédée avant 1742.
Cheneville devint seigneur de Saint-François-du-Lac, résida à Montréal,
dont il fut un des citoyens marquants, et mourut là âgé de 80 ans. Il fut
inhumé dane la chapelle Saint-Amable de l'église paroissiale, le 1er sept. 1767.
Voici sa postérité, aujourd'hui éteinte.
(a) Franf;ois-Xavier, b. 19 nov. 1713; s. 1er juin 1715.
(b) Joseph-Augustin Baliy Chenneville, b. 13 sept. 1715, garde-magasin
du Roi au Fort Saint-Louis de Niagara ; épousa là, le 10 mai 1742, Marguerite-
Aîigélii|ue Rocbcrt Watsen, fille de Louis- Joseph Rocbert Watsen {].) et
d'Angéli(iue Bénard, bourgeois do Montréal, et mourut à Montréal, le 26 février
1768. Il fut aussi inhumé dans la dite chapelle Saint-Amable, à l'âge (dit) de
50 ans.
(c.) Jean-Baptiste Queiieville, qui assiste au mariage de Raymond Baby
le 9 juin 1721, (jui ost-il ? N, B. Le premier ué de F.-E. Baby, aurait eu 8 ans au
plus.
Les enfants issus du mariage Chenevil!e-Watsen, furent: —
(«.) Marie-Angélique, née à Montréal, 21 septembre 1745.
(b.) Catherine, née 1747, mariée à Montréal, 14 février
176^1, à Chrystophe Sanguinet, notaire. (2).
(c.) Jean-Marie Chedville, (3) né 4 septembre 1749.
((/.) Claude-Joseph, né 18 juillet 1750.
(e.) Simon-Clicneville, né 2 mai 1751 ; s, 4 mai 1751.
(/.) Marie-Anne, née 17 avril 1752; s. 16 juillet 1752.
((/.) Marit'-Chiirlotte, née 30 mars 175S; s. 20 novembre 1753.
(/(.) Marguerite, née 18 juillet 1754.
(('.) Jac<iues-Joseph, né 9 septembre 175(1 ; s. 19 septembre 1756.
(j.) Mnrie-Jdsophte Baby-Chencvillo, épouse (15 avril 1771) de Louis-
Oordian D'Ailleliotit, sienr de Cuisj', veuf de Madeltine do Joncaire, lequel
mourut en 1772. (Hist. des fam. fian., Daniel, p. 207.)
De tonte cette première et deuxième génération (pie l'on vient de par-
courir l't (pli s'est propagée dans Trois-Uivière.s, Champlain, La Pointe-du-Lao,
(1) Hooiiiitoclion, un rof^islre, 18 juillot i7.')(), do Montiôul.
(2) heu ni'iiix ilin rni'.i l^'aiii/Hini't el Cheiini l'il/r n'eniiriit d'eux,
(3) Co nom est ('>('rit <lo ilivorNOi manli^ri'H ; Clitifdovillo, nom d'un Sulpioien, parent
(lo ('iivwlicr il(! la Sulh' et nicntioinit'' pur ('liiillovoix, toinc 1 1, p. .'i ; .laoïpio» ('li^'uloville dit
LnniU'tMnie, I". à 'iiKi'lii'c, s out, 1VJ4; ( lio»novillt', (.'jiciiovilli', ('liui|i'vil!<> est lo nom ila
fninilto (In plnsiiMU'R pvi'trosi du diou>^iie do Churtreg uieutioiuiôa pur ]'id)liû Donuliaire,
ouvnigo cit6 plan Imnt,
— 66 —
Yamaska et les environs, il ne reste plus aucuns vestiges qui en portent le nom.
Leur rnce entière s'est trouvée éteinte dès le commencement du siècle. Néan-
moins la descendance a été continuée par les femmes.
• «
12. Raymond Bâby, l'enfant posthume, né à Champlain, le 16 décembre
1688, (1) est le seul et véritable continuateur de la famille Hâby en Canada,
comme nous Talions voir. En effet il est l'unique et commun ancêtre de tous
les Bâby aujourd'hui dispersés dans l'Amériijue du Nord et dont le plus grand
nombre habite la province d'Ontario. Il n'y en a (1880) qu'un seul du nom à
Québec et quatre à Montréal, sans compter là les jeunes enfants de M. Horace
Bâby.
La dernière branche du tronc piincipal a porté des rameaux nombreux
et des fruits abondants. Par le mélange du meilleur sang de la colonie avant
la ciinquêto, et du pur sang anglais depuis, qui lui ont été infusés pur de bonnes
alliances, cette race s'est maintenue forte et vig mreuse. (2) Mais l'élément
saxon prédoinuie chez elle dei)uis un demi-siècle tant par la langue que par les
habituiles et ilécs sociales.
La postérité de Raymond s'e.st divisée en deux parties distinctes en
s'habitunnt .séparément, l'une dans le Bas et l'autre dans le Haut-Canada. Son
fils, Jac(iues Duperron Bi\by, s'étaiit établi au Détroit, a répandu beaucoup de
de.-cendiints dans les environs et princiiialement sur le territoire canadien, vis-
à-vi.s. Franrois, l'avant-dernier fils, est demeuré à Québec et n'a pas formé
une aussi nombreu.se lignée. Ce sont là les deux seules branches subsistantes
aujourd'hui en Canada.
La tradition ne nous a pas appris où Kayintmd a rei,'U .son éducation.
Orphelin de pèie, puis de mère, il fut mis sous la tutelle de Jacques, .son frère
niné. Il est à présumer (|U il pas.sa ses premières iiiniées à Québec avec sa
mère, où il la perdit, alors qu' 1 n'avait (|Ue (|uatorze ans. Il avait pujus()u'à
cet Age avoir étudié nu petit séminaire de Québec. Il e.st à croire i|u'ensuite les
ressoiu'ces de son tuteur pour subvenir à son éducation ont <lû être as.5ez
rétrécies, attemlu (pie la succession de la mère n'avait été accej)téi.! (pie sous
bénéfice d'inventaire. On peut en induire (]ue dès lors le jeune homme
s'appliqua à conq)ter plus sur lui-même (pie sur autrui pour faire aou chemin
dans le num le. Il adopta la carrière rlu négoce. A cetto tin il parcourut les
pnifH tVi'ti Ixiiit fort à bonne heure et jai lieu de croire que c'est lui qui est l.s
Babie mentionné connue habitant le Détroit en 1708, d'après le recensement do
(1) 11 y a une urreur iy|>ogra|>liii|ii(> dana le Dict. de l'ubbé Tangtiay r|ui donne
l'année 1C,3S.
{'!) bea alliances iraiiçiilHea (Ion liubiu ooiiiptont Iph de noIloNtre, .luclioreau (io .^aint-
DeniH, de laiaignan, de Coiianne, Bouolier de Niverville, de la Naii<licre, D'Autetiil, Urand-
nienil, Le Comte Duiiri-, d<i Saint-(Jeorgi'ii, etc.
— 67 —
1709 Eli octobre 1716 il y était, de passage du moins, car il assiste là coiiurie
parmiii, le 3 et le 16 de ce mois, au baptôm.^ ilo deux enfants sauvages, conimo
l'atteste sa signature, Raymond Babie, officier, aux registres de la paroise
Sainte-Anne. Son établissement fut ensuite fixé définitivement à Montréal, où
il épousa le 9 juin 1721, demoiselle Thérèse le Comte «lu P. é, née là, le 15
octobre 1099, fille de Louis le Comte du Pré, seigneur de Teriebonne, négociant
de l.i ville, et de Catherine de Saint-(«eorges. L'époux est «lit âgé de 'Ai ans et
l'épouse de 18 ans. Elle s'est un peu rajeunie, c »mme on voit, suivant 1 usage
de son sexe. Raymond devint bientôt un des per.so!inages les plus notaidfs <le
sa ville, 11 avait un banc patronal dans l'église vt les registres inili<|U('nt «|U il
était margiiillier en cliarge en 1729. Ses affaires devaient l'appeler à continuer
ses voyages dans les pays d'en fiaut, probablement pour la traite des pelleteries,
car il serait passé au fort de Chartres en 1732, où se trouve sa sigimttire imK
legistres ou anciens documents du fort, ainsi que me l'a attesté M. Psu Ihomme,
«le Sandwich, qui l'a vue II n'était pas d'ailleurs le seul de sa fainulr qui ait
parcouru ces régions lointaines «-t ac«|uis une infli:' nce méritée parmi !<'s sau-
vages. M. le mai(piis «le V'atidreuil atteste " «|ue (b'puis l'étalilisseiiu it île la
" Belle-Ri\ière, il y a toujours eu quel«|ues-uns des Hàtiie anjuès di's ntions do
" cette contrée et «pie, dans plusieurs circonstanct^s crititpies, il a re.->' iiti avec
" avantage le crédit et l'autorité «pi'ils avaient parmi ces peuples."
Lu carrière «le Raymond fut interrom]>ue au milieu de sa course ■ t de sa
pro."«péiité. La mort vint l'enlever âgé .seulement de 48 ans et 3 mois 11 ne
lui fut pas donné d'att'îimlre la vieilles.se, pas plus «pi'à son père et à .sou aïeid.
Il mourut le 14 mars 1737 et fut iidiumé à Montiéal.
il laissait npiî.^ lui une veuve diaigée de n«>ndireux enfants, «Ifiit neuf
survivaient sur douze issus de s«)n mariage.
Madame veuve Raymonil Hâby survéc\it bien longtemps à son lu.iri et
atteignit une extrême vifillesse, au delà «le ipiatre-vingt-onze ans. Kiie avait
été élevée aux Ursulines «le Quélec(l) et avait t'aij«)nrs consi rvé biiucoup
d'attachement pour ces religieuses. IClle choisit b'.ïr maison «les 'Vois-Kiv ières
pour s'y retiier vers 17(i3. Sa tille, la mère Ste-Thérèse-de-Jésus, était entré»)
religieuse dans cette c«)mmunauté, comme nous le verrons plus en détail < i-aprt'S.
Madame Mby après y être demeurée pemlant un certain t('m;is ret-Mirna à
Montréal et p«'nsioniia chez les sieurs grises, pour se rapprocher «le Miii"-. Mt iniît,
sa fille. Puis elle revii\t au couvent de Trois-Hivièr<!s. Après y av i. été
pendant «juatre ans, comme pensionnaire, elle obtint la faveur, avec la ))ermissi<(U
de l'évi «|r.e, de demeurer à l'intérieur du cloîtr»', et c'e.st là <|u'elle termina ses
jours vers la fin de l'année 1790. (2) Les archives «hi couvent ayant été I r'il 'es
(I) l.in rmulhien de Québec, vol, II, p. 173. Lfi rmiiliiirii </(■ Tmig-ltiriirr.i, vol, 1,
n, 4'M), noniuio Alnie. Mi>liy «nmnio iitio do» pongionnuiro» vor* l'époimo prôcé luat 17V5.
Mail nn dùcnavre ()uc Ma ftUucoRiion étuit ouvorto on iniii-i< IT'.M. I>(tii<-li(Mii>aii.\. N', 1*.
(\i) C'est là «iiie fou lo colonel F,-X. l'orruult, le |>(''re df ma roiuiiio, ôtiint onriiiit,
yen l'Ago de Hopt ans, put voir ho« troit grand'-niérot conHÔcutivog, ainsi qu'il lo racontait.
— 68 —
à deux reprises par les incendies du 22 mai 1752 et du 7 octobre 1806, les
données précises concernant le séjour là de cette dnnie ne peuvent être consultées.
Ce que l'on snit c'est (|a'ellc éditia par sa piété les religieuses du monastère, y
étant entrée et y ayant vécu pour se préparer au grand passage de l'éternité.
Les enfants qu'elle eut de son mariage nacjuirent dans l'ordre suivant :
1. Marie-Théièse 18 n.ars 1722, s. 27 déc. 1792.
2 Marie-Louise 6 oct. 1 723, " 4 mars 1733.
3. Raymond 3 mars 1725, " 11 mars 1756.
4. Jean-Hiipti.ste 31 aoîlt 1726, décédé jeune.
5. Louis 22 sept. 1 727, " vers 1 787.
6. Mnnt<-Jo,seph 22 oct. 1728, " 24 avril 1762.
7. Mari.-Annp 8 déc. 1720, "
8. Jac(|ues-Duperron 4 janvier 1731, " 2 uoftt 1789,
O.Ursule lOfév. 1732, " 14 nov. 1S06.
10, Frnn(;ois 4 oct. 1733, " â oct. 1820.
11. Antoine 15 février 1735, " 16 déc 1764.
Les documents relatifs à la succession de Thérèse le Comte Dupré, dont
Fran(;ois Bâliy, .son 61s, eiifc la gestion, étaMis.scnt qu'elle a laissé six héritiers et
une légataii'e, la révérende mère Ste-Thérèse-de-Jésus.
Voici les notes (pie j'ai pu recueillir sur chacun de ces enfants.
«
* •
1. Marit'-'i'liéiè.se, h. le 18 mars 1722, épousa à Montréal, le 15 janvier
1742, Claude lienoit, né le 12 avril 1712, cliirurgieu-major des troupes en
garnison à Alontiéal, et décédé là, !i- 27 clécemhre 1792.(1) Il était HIs de Joseph
lîiiioit, médecin poiu' le roi dans les mêmes troupes, (ils de J()sf|)li Benoit, natif
(l(l72) di' Founières, dans le (îastinois. diocèse de Sens, décédé à Montréal en
1742, et de Anne l'iii^tifU dit iii'ithi.r (née l"2ii-9), ( 'f : Tanguay, V( II, p. 215,
de même ijue j'our li s alliances avec les de LoOinojs, de la Harre, de Selle, etc.
Madame Benoît est celle (pu; mentionne Jos -Frant,oiH IVrnuilt dans sa
hiographie, comme sa tante avec laipielle il avait ouvert un magasin de détail h
Il HViiit f t/< uioné on i(ioi)ipnn<Io im.x Trnis-Hivii^ros pur (lenKiiaolio lieiiu( l'ermult, eollo
qu'on i(|>|i('liiit " F-a coubIih'," ot il vit nti couvent, lA, 'l'iiôrofio lo Comte Dupré, su trlHaiouie ;
(Inuie Cluudi" lSeiinit,8a lillo, sa ttisaioulc ; et dauie I'ihuIo lîonoit, voiivo Mol'aitliy, hh lillo,
iou MiCule, loiitoN trois réunie» cnneinl)lo. Les iineioiiM ciuiailieiH o.xpriuiaioiit à loiu' ln(;oii,
ot (.l'\nio nKUiiero tiion ;'laire ooh dofjré» ilo filiation. 'l'Iiôrèso lu (-'oinptp l)upré aurait pu
diro do non urrierearrièro-potit-lilu, ni n'eût été iiiio iillu : Ma (ilio, vu dire à tu lillo quo U\
tillu de nu lillo pleure.
(I) Mnntoaliit écrit à DnurlaiiuKpio, 18 nium ITAO, que lo <.'apt. Biuioit rst un doa
rnrct ofllciori» linnnétp» du C'aiiada. " Lnn ilra vnlvrir» '' il faisait jm^Hor les inilioioiiH par
H'H voi«e!<. < 'est très liion, dit-il, il en a lu droit. Si je l'ous-so lait, on eût écrit contre
moi et (louinudé luoa rnppol."
— 69 —
Montréal, près de la porte des Récoliets, en 1782, et c'est là qu'il épousa la tille
de la maison, Ursule McCarthy.
Comme les membres de cette famille Benoît se rattachent de plus près à
la famille Perrault, je réserverai à dire ci-après ce (jui ma reste à ajouter sur
eux quanil j'en viendrai à cette famille.
« «
2. Marie-Louise, b. 6 oct. 1723, s. 4 mars 1733.
» •
3. Raymond II, né le 3 mars 1725, épousa, le 13 février 1750, Angélique
Crevier, et mourut à Saint-Franf;ois-du-Lac, le 11 mats 175(3. En janvier 17-t2,
il apparaît conmie témoin au mariage de sa sunir Thérèse avec M. Benoît.
Les enfants issus du mariage de Raymond II, furent :
(a) Jacques, né 23 décembre 1750 ; s. 13 mars 1751.
(b) Joseph-Augustin, né le 2 mars 1752.
(c) Antoine, né 3 août 1753; s. 22 juillet 1753.
(d) Marie- Angélique, née 25 avril I7ôj.; s. 27 juillet 175-1.
(e) Josephte-Claire, née 12 août 1755.
(f) Charles, né 17 août 1756; s. 6 déc. 1756. Tous à Saint-François-du-
Lj\c.
Sa veuve épousa en secondes noces Joseph Pinard, le 16 »" .i 1758,
« *
4. Jean-Bapti.ste. Rien à ajouter.
* *
5. Louis, né 22 .sept. 1727, épousa, le 21 juillet 175S, Louise Do Couagno,
dite âgée de 2S ans, (ce serait 22 i) tille de Joan-Bapt. De Coimgne, ca])itaine
d'infanterie, et rie dame Marguerite de Cannes de Falaise, de la paroisse de
Louisbourg, (élève des Ursulines, T. II, p 172).
Louis était surnommé if luti/iii/i'ti r et faisait, tant avant (lu'aprè^ In
guerre de laconipiote, la traite des pelleteries dans les puys d'en haut. Un voit
(ju'il prenait soin de nu'ttre par écrit les engagements <Ie ses honnnes, si on en
juge par celui, entre autres, contracté avec J.-liapt. Vézina, de Batisean, le H
mai 1765. Documenta <fujaijit liah//.
L(Hiis était un des (piatre frères (pli avec Dupcrron, François et Antoine
se distinguèrent tous par leur valeur et Imir liardiessrt dans les nombreuses
expéditions durant la guerre <Ie 1755 à 1760. Leurs services et leurs succès
furent sign liés par le manpiis de Vaudreuil i\ la cour du Franco) mais dand la
— 70 —
déltâcle générale, qu'entraîna la perte tin Canatla, ils furent laissés complètement
dans l'oubli. Leur seule récompense fut la gloire qu'ils attachèrent à leur nom.
C'est pourquoi il n'est ([u'à propos de citer ici les témoignngesqui honorent leur
mémoire et qui sont consignés dans les archives du juge Bàby comme docu-
ments originaux. Ma mère les a cités dans ses ' Mémoires/' p. 2;iO, connue
suit : —
"Louis, Jacques-Duperron, Antoine et Frnnc;ois, prirent part à
toutes les guerres sanglantes de l'époque et s'y tirent une réputation de bra-
voure des plus digne d'envie. En 1755, coiniaissant la sir.gulière inHuence
qu'ils s'étaient ac(|uise sur les sauvages par leur conduite à la fois douce et
ferme, M. de Contreciuur, qui commandait au fort Du(iuosne, leur confiait une
des plus périlleuses expéditions, celle de repousser les Anglais avec quelques
guerriers de la nation des Loups. "Aussitôt le présent ordre reçu',' est- il dit
" dans le document qui en fait foi, ils partiront avec un parti Chaouénons et
" de Loups pour aller à la rencontre des Anglais. Si l'eimemi n'a pas dépassé
" la hauteur des terres, ils s'en reviendront sans fr.ipper, et empêcheront, autant
" qu'il leur sera possible, les Sauvages de le faire. Si, au contraire, ils les trou-
" vent en armes sur les terres du Roi, ils les repousseront par la force, mais
" feront attention pour que les Sauvages i»'exercent aucune cruauté envers les
" prisonniers. Fait au fort Duquesne, le 18 juin 1755." (Signé) " Coutrecceur."
" L'année suivante, M. Dumas qui, après la mort de M. de Beaujeu, avait
été chargé de commander à sa place au for^ Duquesne, également confiai; ins
l'habileté et la valeur des jeunes Bâby, doimait à l'un d'eux l'ordre sui» at :
" Il est ordonné au Sieur Bâby (Louis) de partir avec un détachement de
" troupes pour se rendre en Fensyivanie. Il s'attachera à observer les mouve-
" ments de l'ennemi, s'effor(;ant <le saisir les convois et de faire des prisonniers,
" afin de ])énétrerses desseins. Il marchera avec toutes les précautions possibles,
" atin d'éviter toute surprise, ayant toujours des éclaireurs en avant et sur ses
" ailes. Il en^ploiera son talent et le crédit (|u'il a sur les Sauvages pour
" empêcher toute cruauté à l'égard des [)risonniers. Fait au fort Duquesne, le
" 20 juin 175G." (Signé) " Dumas."
Les Anglais persistant à s'emparer «le la vallée de l'Ohio, M. de Ligiicris,
qui avait succédé à M. Dunnis dans le commandement du fort Duquesne, envoya
encore M. Bâby à leur poursuite, fêtait au mois d'aoïU 1757. L'ordre est
ainsi con<;u : " 11 est ordonné au Sieur Bàby, officier dans les troupes, de partir
" incessamment de ce fort,avec le parti dont nous lui avons donné le c mnnande-
" meut, atiu de reconnaître l'ennemi et de ratta(|uer, s'il trouve jour à le faire.
" Il prendra le plus grand soin pour savoir ses intentions et nous en doiniera
" avis le plus promptement (ju'il lui sera possible. S'il fait des pri.sonniors, il
" veillera à ce que les Sauvages no se permettent aucune cruauté à leur égard
" et fera tous ses efforts pour les en empêcher " (Signé) " De Ligtieris."
" L'année suivante, au mois d'avril, le uiême officier chargeait les MM.
" Bâby d'une nouvelle expédition en Virginie '' Il est ordonné au Sieur Bâby,
— 71 —
" officier Je milice,'' est-il dit dans cet autre document " de partir incess imment
" de ce fort avec le Sieur Duperon (Jac(iues) sou frère, et de lever un puti de
" guerre (ju'ils comnianderout conjointement. Il se mettront en cainp:ii,'ae !e
" plus promptement possible et iront frapper dans la province do la Virginie "
" Les deux intrépides officiers étaient à peine de retour, ramenant avi c
eux vingt-neuf prisonniers, qu'ils étaient priés par M. de Vaudreuil de prêt a*
main-forte à M. Duplessis, major des troupes à Montréal."
" En 17G0, lorsqu'il fut question d'airêter l'ennemi dans sa marche sur
Montréal, ce fut encore les frèies Biîhy qui furent envoyés à l'Iie-Ste-Hélène,
où contmandait M. D'Ailleboust.
" Comment les MM. Biîby s'acquittèrent-ils des différentes opérations qui
leur furent confiées? C'est ce que nous apprend M do Vaudreuil dans l'att 'station
qu'on va lire :
" Pierre Rigaud, marquis de Vaudreuil, Grand' Croix de l'ordre r )yal et
" militaire de Saint-Loui-, gouverneur et LieuttMiant-général pour le R )y, en
" toute la Nouvelle-France, certifinns que les Sieurs BàUy, frères, ont ilonné
" dans toutes les occasions les plus graniies preuves de leur zèle et de leur désin-
" téressetncnt pour le servitedu Roy; qu'ils se sont distingués par leur l)ravoure
" et leurs talents, dans toutes les occasions qui se sont données contre l'Anglais ;
'' que depuis l'établissement de la Belle-Rivière, il y a toujours eu (|uel(|ues-un3
" d'entre eux employé,s auprès îles nations de cette contrée, et que, <\ ms plusieurs
" circonstances trè!" critiques, nous avons ressenti, avec avantage, le cré lit .t
" l'autorité <ju'ils ont sur ces peuples; (|u'en dix occasions on leur a confié des
" détachements (ju'ils commandaient en chef pour aller frapper sur les provinces
" de l'ennemi, et toujours avec succès, entre autres, avec 30 hommes, ayant fait
" dans la Virginie et amené au fort Dnquesne vingt-neuf prisonnier,s. L'hiver
" dernier (17(J0) le commandant «lu Détroit, étant dans le cas d'envoyer des
" présents aux nations de ces contrées, et n'en ayant [)oint dans les magasins,
" ces Me.ssieurs, (pii étaient destinés pour cette affaire, les ont faits eux-mêmes.
*• Enfin, (piils ont saisi, sans intérêt et avec empressement, tous les moyens de
" se rendre utiles. En- un mot que leurs set vices nous ont été si agréaldes que
" nous ne pouvons rien faire de mieux (juo de leur accorder le présent certificat.
" Fait à Montréal, le 15 juillet 17«iO."
" Vaudreuil."
On ne peut rien ajoutera un éloge aussi flatteur pour les (juatre frères
«nSemlile
Au retour do son expédition, si bien réussie dans la Virginie, dans le
printemps de llôH, Louis épousa, comme nous l'avons dit plus haut, made-
mnisell" De Couagne. Son mariage ne l'empêcha pas de continuer de tenir la
campagne comme do plus belle et il la fit jusqu'au bout. Il était d'une nature
extrêmement foi te et vigoureuse, tout de nerfs, qui ne craignait ni ne ressentait
les fatigU'S et la misère >le la viii des b:)is. Il s'ae ;o ii n ) liifc aussi bie.id.iui
une (yibane d'écorce, ou enveloppé ilans sa cuuv<:rtr et blotti sous la n -ige, i|iio
— 72 —
s'il filt nT)iité sous son toit auprès d'un lion feu. Il reprit nprès lu cession du
pnys SCS courses aventureuses pnrnii les nations sauvages pour aller en traite
parmi elles.
Louis BâUy avait établi sa résidence à Montréal.
En 1778, le 25 juillet, il était de pas.soge à Michilliniakinac, car on y
trouve sa signature parmi celles des marchands et tiaiteurs du lieu, sur une
liste de souscripteurs dans le but de prélever " les deniers nécessaires pour sub-
venir à l'entn tien du mi.ssionnaire qui viendra au poste. " C. H., B. 97. 1, p-
30. On trouve aussi, id, p. 24!2, un j)lan du fort.
Cette vie active et mouvementée avait vieilli Louis avant le temps. M.
Guy, de Montréal, écrivait à M. Frs. Bâl)y, à Québec, le 25 oct. de cette même
année 1778 : " Le vieux Bâby est revenu autant maigre qu'il est possilile de
" l'être. Il a ramené son tils pour le moins aussi grand (pie M. Duperron, son
•' oncle." {Doc. du juge Bâby). Le père n'avait pourtant que 51 ans alors. Il
vivait encore le 3 sept. 178(5, puis(ju'on trouve à cette date une cédule de lui en
faveur de Angus Mclntosli, marchand du Détroit, pour £1079.95, cours de la
Nouvelle-York. (ArcInL-cti d'Ottaivn, vol. lll, ^. des registres des notaires à
l'index). Mais il était mort avant avril 1791.
Son fils Louis était rendu au poste de Saiute-Oc-neviève, aux Illinois, en
avril 1791, et de là il envoie une procuration à sa mère, à Montréal, au sujet do
la succession de son aïeule Thérèse le Comte Dupré, alors en partage devant
Mtre. De.^cheneaux, notaire, à Montréal, 1er avril et 12 mars de la même année.
Ce qui établit lu prédécès du père, dont j'ignore la date et le lieu.
Le tils ne parait pas être revenu s'établir au pays. A-t-il fait souche à
la Martinique où il a résidé avec l'intention de revenir .^ Il aurait été de
passage à Montréal vers 1802, dit-on.
Des cinq enfants issus du mariage de Louis, Louis, fiU, est le seul qui
ait survécu à son père ; les autres sont morts en bas âge.
«
« «
6. Marie-Joseph épousa, le 3 août 1750, Louis Perrault, marchand, de
Québec, l'arrière-grand-pèrc de ma fenune. Elle mourut aux Trois-Rivières, le
24 avril 1702, à la suite de ses couches; son mari était allé se réfugier là avec
sa famille pendant le siège de Québec. Durant moins de douze années de uui-
riage el'o avait donné naissance à douze enfants, dont cinq garçons et trois
filles lui .survécurent. La biographie du i/rand-pèrc Perrault, l'un d'eux, (pje
j'ai déjà publiée, contient les notices qui les font tous connaître.
Je ferai observer de nouveau que c'est de cette grand-granil-mère Bi\by
que découle une première parenté entre ma fentme et moi par les Bi\by ; et (pio
la seconde parenté découle de sa trisaïeule maternelle Marie-Thérèse Bi'tby,
épouac Benoît, d'où dosceudaitaa potite-HlIe Ursule McCarthy, devenu l'épousa
— 73 —
(lu grunfl-père Perrault. Ceci appert par un coup d'œil jeté sur l'arbre généalo-
gique des Perrault à l'appendice C.
» «
7. Marie-Anne épousa, le 23 avril 1755, Jean-Baptiste Boucher de Niver-
ville, fils du (jravd-pèrv Boucher, gouverneur des Trois-Rivières. Le portrait de
cette dame existe et se trouve maintenant chez M. le Dr Jean-Louis Leprohon,
vice-consul d'Espagne à Montréal, qui descend d'elle. Ce portrait a été un de
ceux exposés par la Société Historitiue et Numismatique de cette ville, en
décemlire liS87, lors de la belle exposition qu'elle a tenue à Montréal, qui a été
honorée du patronage et de la visite spéciale du gouverneur-général, et dont mon
honorable ami et cousin, M. le juge Bâby, était le présiileiit et le promoteur.
Il existait ci-devant plusieurs de Nivervil'e aux Trois-Rivièrei. Il n'y
en a plus un seul aujourd'hui ni ailleurs, que je sache.
« •
iS. Duperron (Jacques Duperron Bâby III) mérite une mention plus éten-
due. Il est la tige de tous les iiâby de la province d'Ontario et de tous ceux
(|ui exi-tent dans l'ouest ou qui sont passé«en France et en Angleterre.
Né à Montréal, le 4 janvier 1731, il eut pour parrain Jacques Charly
St-Ange et pour marraine Délie Marguerite Duperron Bâby, sa cousine, fille
de Pierre Duperron. Il était dans la pleine vigueur de la jeunesse quand il fut
appelé sous les armes par le marquis de Vaudreuil, comme ses trois frères, et
prit part avec eux aux diverses expéditions dirigées contre l'Anglais, tel que
relaté ci-haut. On ne peut que difficilement se faire aujourd'hui une idée
complète des difficultés, des fatigues, des iuisères et des dangers sans nombre de
ces niaiches puur se frayer un chemin à travers l'épaisseur des inuiienses forêts,
et contourner les savanes et les fondrières. Il fallait franchir les montagnes,
passer les livières à gué, à !a nage ou sur des radeaux faits, à la hâte, avec
quel(|Ues troncs il ai-bres à abattre. Les soldats, chargés de leurs armes,
portaient de plus leurs provisions et leurs outils de campagne indispensables.
Ils marchaient sans être arrêtés ni par la pluie, ni par le froid ou la chaleur ;
sans autre abri le s(jir (ju'une simple ' couverte " ; (1) obligés sinivent de camper
s ms feu pour ne pus donner l'éveil ou être surpris par l'ennemi ; car il fallait
être constaunnent sur l'alerte avec les sauvages. Puis, après une journée de
marche, connnencée au point du jour et continuée de longue haleine jusqu'au
coucher du soleil, la finir eu apaisant sa faim avec une ration comptée et pesée
juste, (ju'on mangeait sur le pouce. Et il ne faut pas oublier que ces corps
volants partaient ainsi, non pour des semaines seulement, mais pour des mois.
Ils n'avaient pas à choisir la saison. On lus a vus se mettre eu route eu plein
(I) N'ouï donné 011 Canada à une épaissa couverture en laine, dont ue servent les
voyayeura pour «'abriter In nuit.
— 74 —
hiver et à la fonte des neiges, sans chemins pour le pied ou les raiiuettcs, et
sans attendre la débâcle des rivières. Il est à croire que la force du tempéra-
ment et la vigueur physi()ue de ces homiuos devaient dépasser celles de nos
contemporains. C'est en comparant les partis de simples explorations dans les
terres inhabitées, qui se font de nos jours au loin, munis de tous les seciwrs
requis et en pleine paix, que l'on peut constater la supériorité de iioi am-êtres
par leui' étonnante vigueur, leur force inépuisable de résistance et leur courage
indomptable et à toute épieuve.
Il n'était pas nouveau pour Duperron, à 24 an<, d'aller s'eul'oncm- dans
les bois et d'entreprendre de longs voyages. Il avait déjà fait plusieurs fois le
trajet de La Chine aux grands lacs avec Louis et Antoine, se-i frères, et pouvait
être considéré comme voyiifjL'ur,to\it aussi bien qu'eux, (jui en portaient le n )m.
Grand, souple, actif, adroit de corps et des mains, il était fait pour le méiier des
armes particulier au pays, et pour s'habituer à la vie des bois et à coucher à la
belle étoile. On voit par le résultat des expéditions qui lui furent conKées,
conjointement avec ses frères, par le gouverneur du Canada, et leur succès
éclatant, qu'il devait joindre aux aptitudes des guérillas, celles particuliènjs aux
indiens dans leurs courses sur l'ennemi, en les combinant avec le génie <lu mili-
taire en rase campagne. Il avait appris à manier au besoin, avec la même
habilité, la hache ec le fusil, le sabre et l'aviron. Plein de ressources il n'était
jamais en peine de savoir conunent trouver à vivre en plein bois, où et com-
ment il fallait chasser, pêcher, canoter et camper, pour toujours être prêt et sur
pied le lendemain. Doué de courage et d'énergie, d'un caractère ferme pour
comman<ler, bon et juste pour se faire obéir volontiers, il sut ac(iuérir une
légitime influence et un ascendant considérable parmi les diverses tribus sau-
vages, et sut commander le respect aussi bien chez eux que parjui les blancs.
Ces qualités lui valurent le succès et la prospérité qu'il accjuit dans la suite en
prenant la détermination de s'établir permanernuient à Détroit.
Ce poste était alors environné de tribus indigènes fixes et fréquenté
par plusieurs autres. Duperron avait appris à comiininiquer facilement avec
elles sans l'aide d'interprètes.
Une autre cause de son .succès fut la culture intellectuelle à laquelle il
s'était appliqué avec autant de travail ((u'il en mit pour s'endurcir le corps.
Son intelligence vive lui avait facilité l'acquisition des connaissances les plus
utiles pour son épocjue et le milieu où il s'était fixé. La correspondance (|ui
nous reste de lui indique une éducation .«oignée et l'usage coi-rtct de la langue
française. Je n'ai pu vérifier où et comment il s'était instruit. Vraisemblable-
ment il a dû recevoir son éducation chez les Messieurs de Saint-Sulpice à
Montréal, là où il a été élevé, et je ne vois pas qu'il ait eu l'occasion de la
recevoir à Québec ou ailleurs.
Nous avons vu qu'aussitôt la guerre déclarée avec l'Angleterre, Duperron
fut appelé en service actif dans les milices canadiennes, et tut dirigé avec ses
frères vers les postes avancés, sur les bords de l'Oliio. Comme il coutmandait
— 75 —
un parti de Chaouéiions et. de Loups, liabitant les régions oii fut livréî la
bataille de Monoiigahéla le 9 juillet 1755, (la Miilenfjn,eidée, comme ilisaient les
anciens) il n'est pris douteux qu'il y ait pris part, comme d'ailleurs l'atteste
M. de (iaspé dans ses Mémoires. Deux de ses parents y perdirent la vii', mes-
sieurs du Subie et Crevier. Au reste Duperron était déjà rendu sur les Houx
dès le 18 juin précédent et paitait du fort Duquesne avec ses frères, sur l'ordie
du commandant M. de Contrecœur, pour aller au devant des Anglais et les
empêcher de passer la hauteur des terres.
L'année suivante, le 20 juin 175(5, le commandant Dumas expé lia Du-
perron avec un détachement <Ie troupes sons ses ordres pour pousser lan- la
Pen-ylvanie afin d'observer L-s mouvenuMits de l'ennemi. Kn août 1757, H.
de Lignei'is, qui avait succédé à M. Dumas, lui donna l'ordre de partir inces-
samment avec un parti dont il lui donna le commamlement avec Lo\rs, sni
f ère, afin d'aller reconnaître l'ennemi et l'attaquer. Au cominenceiiient de la
campagne .suivante, dès h; mois d'avril, le même enjoint aux si(-urs Bâby, L Mtis
et Duperron, de lever un parti de guerre et d'aller frapper le plus promptem.Mit
possible dans la Virginie. Partis avec trente hoinmas les deux frères revinrent
amenant vingt-neuf pri.soiniiers. Au mois de juin (14) de la inêin ; aiin>! l75iS,
Duperron était revenu au fort Du(|uesne, comme le constate un billet payable
en ordonna'iices à Montréal, (pie lui fit là un nonnné Delisle. {Rerfintre d'Otlii-
wn, Série des vofaireu, vol. 1, p. G.) Sa présence là et celle de Montizimbert,
Rigaudville, Corbière, Darveau, Delisle, Couleroy, Comte, etc , est aussi con-
firmée par Daniel Chabiîft île Jonquières, conune on le voit par un rapport de
lui, en manuscrit, qui .se trouve à la bibliobhè (ue de la Htciété Litléi'dire et Hi-t-
torique de Québec. (A(f((i.res du Ctmadii, vol. 4, p. 280). C'était après la dé-
fuite des Eco.ssuis au fort Ducpiesne : Chabert allait conduire les offijiers pri-
sonniers à Montiéal, conune sau\egarde contre les Sauvages.
On ne doit pas oublier de dire que les frères Bâby réussirent, en autant
que possible, à faire observer, pendant ces expéditions, l'injonction constante
des commandants d'empêcher les sauvages d'exercer leurs cruautés accoutumées
envers les prisonniers.
Jus(iu'à la fin de la campagne les cpiatre frères demeurèrent sur pied,
et liir,s(|u'il fallut faire un derliier effort contre l'ennemi, pour arrêter sa marche
sin Montréal en 17G0, ils vinrent à la demande de M. de Vaudreuil p êter miin-
forte à M. Duplessis, major des troupes à Montréal, et furent postés à l'Ile
Suinte-Hélène où commandait M. D'aillebout. Duperron dans l'intervalle fi:t
diiigé vers le Détroif, au soutien du commandant M. de Bellestre, et le registre
de Sainte-Anne atteste sa présence là le 5 juillet 1700.
Ce fut à Montréal, le 15 du même «nois, que M. de Vaudreuil voulut bien
reconnaître la valeur et rendre témoignage des services signalés rendus par les
Messieurs Bâtty jiour la défense de la colonie et le soutien des urmos de la
France, en leur remettant le certificat cité plus haut.
Je n'ai pu découvrir k première époque à laquelle Duperron Bîby vint
— 7G —
au Détroit. Il est certain que dès avant la jijuerre de la conquête il y avait là
un étnblissement et un conijjtoir considérable et qu'il était chargé de faire la
distribution pour le Roi des présents accoutumés aux sauvages de ces endroits.
C'est ce qui ressort évidennnent de la déclaration du marquis de Vaudreuil
quand il dit que les messieurs Bâby, pour suppléer au vide des magas'i»s du
Roi, ont fait d'eux-mêmes les présents accoutumés dans l'hiver de 1759-60,
comme ils éttiïcnt charyéi de le faire par le jmemé. Les trois frères, Duperron,
Fiançois et Antoine, semblent avoir été liés ensemble pour les fins de leur
commerce. Dans tous les cas Duperron et François paraissent par leur corres-
pondance avoir été associés tant pour leur commerce à Québec que pour celui
au Détroit. La guerre de la conciuête vint arrêter le cours de leurs affaires et
les fît soBger> après les capitulations, à retourner en France plutôt que de subir
une domination étrangère. François passa à La RocheUo, dès le printemps de
1760, où l'appelaient l'incertitufle de son sort pour l'avenir, ses cré.inces en
mo.'.naie de carte sur le trésor français, et en général les affaires de son
coniuierce que la guerre avait entravées gravement.
Dupe)"ron, qui communiquait avec lui, partageait les mêmes vues de
retourner en France, et défendait, en attendant, le poste du Détroit, le plus
important de l'ouest.
Comme cet endroit est celui où a été implanté la tige des nombreux
Bâby issus de lui et étalilis dans l'ouest et en dekorsi de la province de Québec,
il n'est pas .«ans intérêt de se reporter eu arrière atin de se faire une idée de son
commencement et de ce qu'il était alors.
Los décimvreurs français qui ont pénétré, dès avant la fin du dix-septième
siècle, dans presque toutes les piineipales parties de rAméri((ue du Nord, et qui
ont montré tant de sagacité pour tomber avec un coup d'ceil si juste sur les
divers endroits où ils ont échelor.né des postes comme points il'appui, ne pou-
vaient nmiKiuer de choisir le poste du Détroit. Situé sur la rivière Erié, main-
tenant dite du Détroit, ce lieu offrait un abri sûr et commode pour les embarca-
tions, et une étape de j'epos et de ravitaillement tout à fait favoral)Ie. Ce port
était par sa position le point central de la navigation des g -ands lacs et tout le
trafic, soit en montant ou en descendant, pa.ssait devant sa rive. Li voie par
eau ('tait, à cette épof|ue, la seule possible pour les transports au loin, soit du
matéii'l de guerre, soit des marehanli.ses. L'usage du canot d'écorce avait été
emprunté dos indigènes. Cette emîiarcation, si frèJo et si légère d'apparence,
était unique pour combiner la légèreté, la force et la capacité, en môme temps
que la rapidité et la facilité à manœuvrer, et c'était la seule propre à faire les
pnrfaf/es. On en voj-ait constamment passer et abm'der sur la rive, laquelle
devint, dès les premiers temps «le la colonie, un point d'arrêt important pour les
traiteurs, qui rencontraient là diverses peuplades fixes et d'autres, venant de
Ion, (jui s'y rendaient pour lo trafic.
Lamothe de Cadillac passe pour être le fondateur du Détroit, comme s'y
étant établi sous les ordres du roi de France en 1701, et avoir bâti le premier
— 77 —
fort. TI y on nvait pourtnnt un (h liûti liion avant. Cluunplain (liin.sscs voyiicr-s
(lan.s l'ouest, de ItJll et 1015, a dû passer par cet endroit et le faire connaître.
Le.s missionnaires jésuites D lilouez, Dalilon, Car]ieil,Rafeix et antres, qui avaient
dès 1G47 étendu leurs missions bien au delà, no pouvaient laisser cet endroit
ignoré et ne pas porter l'Evangile à des peuples fixés et étalili-* ilans les environs.
Joliet, Lasalie, Du Luth, les pères Ilennepin et Marcjnetto ont suivi cette
route en 107!), où, pour le moins, il y avait un poste pour se ravitailler, lequel
fut ensuite fortifié en palissade.s. M. de Tonty, allant en guerre avec un parti
de -WO hommes contre les Irocpiois, est dit être arrivé le 1!) mai 1GS7 au fort
du Détroit; et M. de Longueuil y tint tine conférence avec les sauvages en Juin
1700, comme commandant.
Cadillac trouva là trois trihus fixes (pii y .séjournaient et cultivaient le
sol f|vec a.s.sez de .soin. Un mémoire, transmis au ministre en France en 1707,
contrent une description des peuplailes autour du fort l'ontehartrain (jui viMiaic
d'étn' érii'é, et désigne le village des Potowattauiites joignant le fort ; celui des
Hurcns à un huitième de lieue vers l'est, et celui des Ottawas sur la rive opposée.
Le mode de culture annon(;ait par lui-même un étalilissement p'jrn"?.nent et de
quelque durée dans le passé. Ce gioupement d'indiens invitait naturellement
les tri'.iteurs (,'t voyageurs à s'y ariéter. Il n'est pas improb'ihle que Jac(juos
Bàhic 1er s'y soit rendu du temps de M. de Tonty, même s'il eût. pris la route
pai' la Rivière des Français, (pli pouvait lui paraître i)lus avantageuse et était
plus ui>itée dans les premiers temps.
Aujourd'hui, avec le .système de connuunications rapides par eau et par
terre, Déti'oit ( st devenu par .sa iiosition un des points les plus im))ortants de
l'ouest, du commerce et du mouvement maritime des grands lacs, ainsi que la
nature l'avait destiné.
Au l'esté les Fi-anf;ais connaissaient les grands avantages d'un piedrà-terro
en cet endri)it, non seulement comme base de défense sur les lacs et île protec-
tion pour la traite, mais aussi comme sûreté pour les colons, (pie la faveur du
climat, la fertilité du sol, la richesse des produits, l'abondance de la pêche et de
la chasse attiraient, en outre du grand échange de pelleteries (pii s'y faisait.
Pour ces motifs le Roi, a^'ant pi'is à co-ur l'établissement de la colonie du
Détroit, commencé par Cadillac, ilonna des oi-dres (1748-!)) à M. le inanpiis do
la (jlalissonnièi'e, giniverneur-g/'néial et à M. Bigot, intendant, d'y envoyer des
familles défrichtM' les terres et augmenter le nombre des luibitants. En coiisé-
quence M. Habrevois, c.qiitaini». fut nonnné commandant dn lieu et chargé d'y
conduire des familles de Montréal et de leur donner des terres, des vivres pour
dix-huit mois et tous les .secours pour leur prompt établissement.
Conformément à ces ordies l'intendant envoya des instructions à M
Navarre, (pi'il avait appointé son sub-délégué et garde-des-magasins du Roi, lui
ordonnant do concourir avec M. de Sabrevois à l'entière exécution des ordres de
Sa Majesté.
En 174!J, environ 46 per.«onnei .s'y tran.sportèrent et 57 l'année suivante.
— 78 —
ce qui porta la population du poste à 483 âmes, sans compter la ])(>]inliition
Hottante des traiteurs, classe nombreuse alors, car il n'y avait presque pas ilo
famille i\a\ n'eût Cjuehiu'un des siens employé à faire la traite. (1)
Les conniiunications entre Montréal et Détroit et le triinsp^jrt ili-s mnr-
chandises se faisaient exclusivement par eau. A part les canots d'écorct- ou
employait des bateaux à rames, ])hits, ouverts, et lonj^s d'une trentaine lif i>ieds.
Les /*((/('/<^('.s, ainsi (ju'on les nommaient, (|Uand elles étaient é(|uipées et clii!r<;<''es
partaient de La (!hiiie (2) jwur remonter le tleuve en faisant les portayr's aux
r.ipides et à Niagara. On côtoyiit les lac-i, eaïup.mt le soir sur leurs bords. L i.
montée était lonj^iie et pénible et ]irenait au moins six semaines. Elle était
coûteuse;: une Ixitch-i' coûtnit de ,C7!) à ,C80, du Cv)urs d'Hiilifax, et il ralliiit uu
équipage spécial C(jniposé de voyMgeiirs. La partance .se fjiisaic aussitôt (pie
possible après l'ouverture de la navigation et l'arrivée des marchandises d'Eurtjpe.
La de-iCi'iite s't)pérait en trois scm.iines.
Je n'iii pu, connue Je l'-'i dit, tnujver une ilntc certaine du jMemier
établissement ih; Daperroii-Bâ''y au Détroit. Il (!st probable qu'il y arri\'a vers
17") 1 ou pt'U de teiii])s après, c'est-à-dire vers le temps où une émigration notiil)lo
se lit vers cet endroit.
Cette colonie s'étendait de cinupie côté du Fort, sit\)é sur la rive droite,
et en face sur la rive opjiosée. Ia's terres furent arpenti'cs et divisées a\ej
soin, suivant le .système pratiipié ilans le gouvernenuMit de Quéliec, leur donnant
une contenance de deux ou trois arpents dt; front sur la lu'ifondeur ord nairo
d • 12 arpents Elles aboutissaient en trait-carré à la rivière et couraient E N.!).
et i). S. U , approxinnitivement, ce qui paraît conforme à l'onLinnance à ce s\ijet
et i>('ur les cunci'ssions de terres dans la Nouvelle-France.
Les familles s'y établirent .sous le régime féoilal, connue censitaires du
d<aiiaiiie du Uni, et elles étaient, en 17(ii). pour ainsi di-re pre-(pi(; tîntes demeu-
rées sur leurs concessions respectives. Neainnoins les titres aeeordi's n'uvaieut
pas été tous p'.rtus aux registi-es >lu een>iierdans ii.-s Arcliir'-s n (.Jim-be". Ce tains
cojuns n'en axaient pas d'antres (pie des ipiittatu'es dt; cens et rentes et une
posse^,.sion actuelle .M. Na\arre, receveur du domaine, einoynit u.^actement
(1) T)'n|)iAs le r. ceiisoiiiftit ilo 17()"< le posto n'uviiit ipio (iH li.ilatiints dont .'it et liont
traiiL-iU'H. .!<> vmiiliais vi'i'iliiT si un lifiliy y est iiioiitioniir', jciaol ne iioaviiiit. éiro jm
Bityiiioiiil. I^n IT'-'l: on ioi!i|itait eiivirtui L'OO liul>itinits uu ]iétfoit. Kii I73i(, Huivunt
Fmiucr, )i. .'!'J2, il n'y en Haiiiit en (jup 1 i'. Kn 17 2 le .siioai de llDNIiéliert, sei^'near <lo lit,
Rou ciUi'i'ie, «illii'ior des tri>a|n'K do la aia''iiie, avait lu cojaumndo noncdu l>i''t!Mit. (M' : Di't
Tiiii'iiiiiij. viil. III, |i. ,i(lti. En 1751 lioancoui-. d'éinip'rant», lu plupart jtnmes, u'y iiorteieni ;
oo i)iii oliii>.'eH (l'afiiHudil' lu l''iii't eu 17.14.
(2) .M. Ivhviu .laucs, du (Juidioc, me dit qu'étant à l'ooole à I.aoliiuu un ls.l3, i-'ôtait
\iie.' IV'te )iour le» élève.s d'aller voir le dtqiart des canota. Il» étaient trc» (znnulg pour de»
eannts d'éeoroe, et trè.^ liant», ctpables d« jKiiter une ni()s.>te cliar^je. Les voyaiteiim
jiiU'tuii'Mt en cliantimt sur l'aviron des aii'n «MUiadious. I,a prtMinére étape était à l'ilo
Dorval. ("était uioinn fiMn pour It?» élevés il'allor voir leur arrivée avec le« balles do
pelleterie-!.
— 79 —
cliai|ue iimiéo, nu oonunissuire dis la marino, à Montrerai, avec la rocettL", le
tel lier îioiivenu in<li(|uanfc les mutations, les auj^iiK-utatious et les ddius 'les
censitaires. Le derniercoinpte fut poité par lui-même, au terme de sou (^^ercice,
en 17(j], et remis h M. Landriève, commissaire de la marine à Moiitréiil (1).
Ces renseignements apparaissent par un certiticit de M. Xavarre dimné
par lui au Détroit le 17 <léceml)i-o 1770 dans le liut de protéger divers h^ihitants
tuix<iuels M. de Céloron, commandant en 1750, avait octroyé des couc'ssiinis
j^uns titres réguliers. Les autorités anglaises voulurent se ]jrévaloir dans la
suite du défaut d'enregistrement de leurs titres pour les exproprier. Ou e.ti
coiniitnit 1() sur la rive sud suivant la lisie de M. Xavarre, et 42 antres
n'îiyniit d'autres titres (pie leurs ipiittances de cens et rentes et Itjur p issc -lioii
en eonsé(|Ui'nce, Le gouvorneur anglais du Détroit John (Jehu) Hay ])rit une
coiiie do ce ceitificat dntis le temi>s, et M. Duperron en fit une copie sur e(•tt^^
dernière poiu' venir eu aille à ceux des ha'iitants do la rive sud auxi|Uels M.
de d'ioron avait fait dt; ces concessions. Ses démarches réussirent, car il n'ap-
pert jiii^ <|u'iin seul de c(s censitaires ait été évincé.
Lélan donné ])ar le Roi à la colonisati )n de cet étahlissemi'nt fut liien
prohalileiiK'nt un des motifs (|ui engagèrent Duperron à aller s'y tixer perma-
neiiiiiient. 11 pouvait, en même temps, mettre à profit les relations de lionne
amitié <|U0 son i>ère avait eues avec Ii's sauvngi's pour contitnier avec eux la
traite des pelleteries avec axantuge. Mais après la prise de Qnéduc, la capitu-
lation de Montiéal et la r<'il.lit ion du Fort du Détroit, tout fut changé pour lui ;
car nous allons voir (|u'il n'entendait pas demeurer sous un joug étranger C^e
n'était p.is sinis iuévi-.ion de l'avt nir ipie les frères Hâliy avaient re<;u du
gouverneur fran(,'ais M de Vaudreuil, une attestation de leurs services. Eu
retiairniint en France ils avaient l'espoir d'olitenir (pudipies ré('<)mp(>nses hien
gagnées, et (pielipies compensations pour leurs avances et li-urs sacrifices faits au
Koi. Miiis toute espérance de ce côti'' ne tarda pas à s'évanouir. FraïK/ois
étant passé à Larocln'lle ne put rt'aliser >|u'une minime partie du papier
moiniaie et tle la nioniude de carte forcé'e émise jiar le ^'ouverneinent, dont il
était porteur pour iin fort montant.
Entre temps et aussitêit après la capifulatioii de Monfo-al, en septc inhre
17<iO, le généial Amlersl 'lonna ordre au major Hogi.'rs d'envoyei- un di't.'che-
uunt de légidiers prendre po-> ession du Déti'oit et des pnstes <pii en di'pendaient.
(Monolon à l'ompiet, Fort l'itt, !!S oct. 17fiO)
Le ciipitain" Campliell fut eiivoyt'^ de Niagara dans le mênie hut avec
lUO l'onimes, et le major Hogeis |iaiti de .Moiitri>iil avec les rii iii/its, le suivit
de près, empoit.int avec hii une copie de la capitu'ation de Montré'id et des
lettre'! lie M. di' Vaudreuil aux divers commandants des postes d'en haut de s'y
(I) M, I.lltlclliève (les nonle» os( ii» iiiôiiie qiio celui |i<)lté en l'état jç^niTul ilw U
nnlileiKe caninlieiuu" dan» le piiy», on novembre ITiU, <hvs!«(> par !»< fÇotiveriiBiir ('iirlofoie
Livinlriève 'k'» l'inrilett iivait i''|ic)iiHi'' une DeîliMlo |rt>ry et iltMiiiMUMil :ilor.H iiio Iliu'tielte, à
l'iiri», où li; l'hevaliei- «le 'iérv y (lomie «on ailruiiie.
80
conformer. Le frénôiiil Moncton avait remis ses instnictious h Roffers et notniu-
iiu'iit une {'■'rimile de serment (l'allégeance ([ii'il devait exigtn- des liai itants
(|u'ii allait soumettre à la ct)uronne d'Angleterre.
En face de cette perspective «lésastreuse, plutôt «pie de .s'y so\nnt'ttre,
Du|)erron se décida à abandonner iepiys, et d'uiiuiner avec lui sa liancée, l'u
l'épousant aussitôt, et avant l'arrivée di's vaimpieurs, dont la so'datesipie était
toujours à craindre. Le père Simple Boipiet, missionnaire récollet résident,
était un honune d'ex|u'rienee et (|ui s'y connaissait dans ce milieu éluigné. Il
avait conseillé à la mère de la jeune iille de liâti-r le mariage, "car," doiniait-il
pour rai.son,"elle est lielle et les Anglais vtmt vcais l'enlever." CVtte jeune
per.sonne était .Susanne-Hulicrt-l..acr()ix Ré-iume, alors âgée tie '20 ans et née le
l'{ septendire IT-tO: (liaptisée par le père l^nuaventure, II. — Parrain, Louis
Canipeau, commandant du poste; marraine, Loui-^e Lotliman de IJaro s, épouse
de Pierre-Clit'sne St-Ang.' dit Labutt<'. Camja'au et Lahutte étaient tous deux
interpiètes auprès des sau\ages.) Elle était Iille tl" l'ierre lléaume, enseigne
(Ifs milices et négociant du lieu, et de Susanne-Hnliert Lacroix. Les l{(''aume
étaient une des meilleures fannlles de l'endroit et avaient de lioiuies alliane( s
comme nous le diidiis ci-ajirès.
Le 2'.] novendire les fianei's céh'lirèrent leurs éjxaisailles aux(|UelIes assis-
tèrent le connuandant M. de lîellestre, di.'venant oncle de la mariée comme ayant
épotisé mademoiselle le Comte-DujU'é' ; M dt> Muy, ipii venait d'épouser l'har-
lotte, sd'ur di." la mariée ; .NF. de la .Motte et nutres not.ililes : Antnnie IVdiy, signe
nu )'t\gistre, en ajoutant à son seing V. U ( I ) l>e.s eo;ijoints ne s'étaient })as
préoccupés de passer un eonti'at <le mari igi,-.
Six jours ajirès, le coiumandant de IJellesti-e, sui' ri'C 'jition dei lettres du
numpiis de Vau Ireuil, rendit la |)lace aux lieuteu uits McO )rn>ielv et Leslie,
dépêchés en avant par Hogei's Li garni>on ne eonsi-,t lit i|U'eii 'A ollicii'rs et
35 soldats. (2) Elle liétenait 17 prisonniers angluis.
Le même .soir {2'J uov.) les Anglais s'jtalilirent dans le lV)rt ((.!. H. A. lô.
p. 278), et le capitaine 1) .nald Camjiliell ayant été nommé connuandant en jn-it
le gouverui'irent \ù 'A di'CiMnl.re, ( è/. p :}|0), connue eominandant t int civil ipie
ndiitaire. Tous les halàt ints avaient été coiitrain's (K- rendre leurs arauM i-t
furent consd(pii''s pour prêter le serment d'al'égeane • suivant la forniuli' im|)osée
par .Moncton et durent s'y soumettre. (IJ) 'l'outiifois Duperron .s'y relusa.(4)
(1) rV(t(( nlirrviiitioii, ainsi .|ati celle V. H. lî. indii|ao an cniiilui un coiniito du Uol.
C P. «i;iiii(ier(iit rai>ne des I'o,'<teH ; L \\ lieutuaimt clcs innto.'i, \, 1'. aido île., l'oaton ; ot
r. U. un aalio oiniilui uMidogne.
(•_') DiOM le iiiDH do juillet IT.V.» >r. lie Tiellestie at'ait détfin-ni lo fort <le HM ho unies
1 our alloi' Il lu dôl'eiiio du lorl Ni^guni ; ils y jn'-iil'oiii |ii'('si|u'eii entier uvee. I jll .siiuv.ige»,
(.3) 11 siMublo qu'on fit do» priMOtniiiMv» <le iruerie. MetikiDu iciit II r.ou(|uetd») N'ow-
York le "J'ijinnior ITllI The firncli jiriacinri inr ii"! i/vl an-icnl un l/mt I liiive iio
lilliiK /'»•"»! liiiijtn. Ils lurent eondiiit^ hc.u.h e»(;orto l'i «iuiiliec. (/./. \\. »'.t7).
(I) <\ B. A. H. p. 2',o, noui|uet à Miaïkfoii, :i4 l'ev. 1701. ilo wdl nul taku tUu oiitl»
nf allegiunuo and will ji;i!n to l'riinuc.
— 81 —
Dans le désarroi général qu'eiifcniînait la coïKjuête et dans le délal>rement
des affaires et, des fortunes, il était difficile de prendre nne résolution suhite
avant de se soumettre aux v iin(|ueurs. Les esprits denieiiriiient en sus])imis, la
cessi(jn de la colonie n'étant pas encore résolue. Tous I -s militaires -t les
officiels furent transportés en France, mais la masse du peup!.' ne pouvait y
émigrcr, malgré son attachement à la laère-patrie. Elle était part.» it eio\iée au
sol, (lu'elle avait conpiis et défriché, et ([u'elle avait défendu avec un courage
égal à celui des temps liéroïipies, après des souffrances longtemps eiidur/'e^ "t 'es
sacrilices iniaiis pendant cin(| années de glorieuse ré-^istaufe. ('e ne fut .pi en
apprenant la conclusion du Traité de Paris du 10 février 1 7i):{ (pii' les ('uiiinlii'ns
purent envisager l'étcndui! de leur dé-iastre par l'aiiindon i*'Hii|)let où U Krinee
les laissait. Il fallut dès lors se résiginr à suliir le joug du Naimpieur, piiis.ni'il
ne pouvait être (piestion de repreniire le chemin vers le pay-i de no- an élriis, ù
d'ailleurs on n'entrevoyait aucune perspective tli,' s'y créev une nuiivi'li'' txistenci!.
11 ne vint à l'idée de personne ipie l'avi'uir, alors si désespéré, pi)U\ ait tourner à
bien, connue nous le voyons aujourirhui.
Duperron ayant ainsi refusé de prètei" serment dut ;. irtii' du D-troit,
résolu de s'embanpier pour la '/rance. Il amena sa femm-' et laissa derrière
lui ses intérêca de commerce, ses marchandises, et crédits au loia (pi'il ne p >uv,iii
régler à si court intervalle.
En février suivant (H) il était rendu au fort l'itt, et de là il a lii-ssa une
reiiuête au général Andier.st pour avoir la pei-mission de se n n Ire an Di'troit,
à Michillinnikinac et Montréal pour clore .sesatf tires Le général Bonpiet tr ms-
nut cette denniude au giMiéral Monctim (24. fév.) à Fhila. lelphi', ni mandant
qu'd détenait M. Bàhy parce qu'il voulait retourner au Détroit et a Miehillima-
kinac pour ses affaires, et parce (pi'il appartenait à \nie famiile Mi-n comme par
l'inffuence qu'elle exer(,'ait auprès des sauvages: il atte il.iir i orlres liu
général on chef avant de le laiss.-r partir, (limi'jtvl. roU. A (S, p •! (>).
Dans l'intervalle Dupi'rron ayant oliteini un p.'iims p mr fréter un hateaii
et transporti;r desi>elK.'teries au villagi; de ('Iriwanei-si.towii.a un lition toite t'ois
de n'y pas mettre de marchandises, essaya d'écoulei- ct^lles «pi'il .ivail précédem-
ment achetées au fort l*itt des nom niVs Thomson et Hiiine. KU. s toi . iit s.usies
par hiMUinet t't hangarrées ilans les magasins du Koy. (/(/.)'. -■">'î|. Mlles loi
furent rendues peu après à la suite d une oiiqui"'te dont Hoi jU'i lir nipii n , a
Monctiin le l.S mars suivant.
Quant à sa ileinandepour aller régler st.'.s affaires, le^ouNei leur eoiiseiii it
». lui permettre d'aller II Montréal seulement, pour «h' là se lendria l'inla lelphie
et passer en I"' rance ; " et vu, dit-il, son refus île prêter .serment, il ii ■ lui p i-
tnettait pas de faire la tcairnée dans l'ouest (pi'il projetait, "t, .itt.'mln q i il
avait l'ait commerce s.ins permis, il ne im-rilait aie i i > f.iv 'Ui-
Du|)erron séjourna au fort Pitt Jusipi'à la lin de mai (I' A s p L'>:l) et,
apparemment, il y fut retenu par malaln-, eir il est rai'iini' an rcito
correspondance (jue le médecin pense (|u'il pourra dosceinlre liieniôt.
— 82 —
Devenu libre de partir pour Montréal, il s'y tliriffoii en prenant la roiite
par Prcsqu'Islo. Il était acconipn^né de sa femme et faisait hi de.-ccnte in
canot en côtoyant le bord des lacs et campant le soir sur la rive. Le 10 juillet
ils arrivèrent à la baie de Niouaré (1) (Sackcts' Harbour). C'était après une
journée de forte chaleur; les eaux claires et limpides du lac invitaient à s'y
rafraîchir. Madame Bûliy se baigna et mal lui en advint, elle accoucha préma-
turément.
Prise de douleurs hâtées par les fatigues du vojage, elle donna nai.s.sanco
à des bessons, que le père se vit obligé d'ondoyer lui-même. L'un tl'eux mourut
en venant au monde et eut pour berceau une tombe sous un arbi'e du livage.
L'autre fut baptisé à Montréal, le 1 S juillet, sous le nom de Jacipies et eut pour
parrain Jean-Iiipt. Le Compte J)upré, son oncle, et pour marraine iJanu; veuve
IJ'Auteuil, sa tante, aussi veuve de Simon Réaume. L'enfant ne survécut pas
longtemps, et son nom, <]'ic<|Ues, fut donné k celui (jui nacjuit ensuite.
Ces baptêmes ])ar l'ndoicintiît furent cause, qu'en arrivant à Montréal, !e
père dut se faire relever, suivant les règles canonioues, d'un empêchement
d'affinité, cpii entraîne, dit-on, \m éloignement de oo-luibitation entre les époux,
qui dura trois mois. Ceci semblerait cori'ob iré par la date de la nai.ssance de
l'enfant .suivant, Susanne, née le 12 juillet 17G2, tandis que les autres nom-
breuses naissances (pii se suivtMit furent toutes de plus près.
Pendant ce même été ITtil Duperrou s'était trouvé inopinément .sous le
coup d'une fau-se arrestatinn. Voici à quel sujet, l^es Sauvages de l'ouest, se
voyant libres du enté des Franeais, avaient ))réparé un soulèvement général
contre les Anglais ; letir but était d'expulser les étrangers du sol ; cette idt'e était
ti ai jiiurs demeurée tixeeliez eux. Au momincoù leur complot avait été découvert
on a\ait fait circuler eertaiiis rapiiorts au sujet il'une ciauersiitioii (|iie Duperi'nn
aurait eue avec des Mtn'oiis à SaudusUy, (//. F. A. Il), p. 277), et il n'en fallut pas
davantage pour se saisir de sa jtersonne. Mais il fut libéré peu après sur une
«,Tj<.|uête (pli démontrait sa complète iiuiocenco. (Lillre id- JiiHKjii'l à MoHrttni,
du Fort-Pitt, 11 août I7(il, /</. p|), !)!■, .'{12). lîouquet remarque ipie sdii intelli-
gence et sa ciinnaissance des sauvages, etc., le rendi'aient très utile.
A cette même date ])iiperr\)n, revenu au Fort-Pitt, demanda de nouveau
la ))ermission de retoiniier à Montréal. Il avait dû faire le voyage promptement,
car il était enenre à Montréal le 1er août.
Depuis ce tenqis, jiis(|u'à son retnur au Détroit l'année suivaide, noiis
perdons sa trace.
Pourquoi ot comment il retourna <létinitivem( lit demeurer au Détroit, et
quand et pouniuoi il se ré.sulut à prêter lu serment d'alléyeauce, c'est co tjuc
je n'ai pu découvrir.
Il y «tait revenu tlepuis une année k peine que la guerre recoin un.'n(,'a ;
(I) Ecrit Xiuouonrê au rcgintre.
— 83 —
mais cette fois c'était entre les Sauvages et les Anglais. Le fort fut assiégé au
printemps de l7(i.S par le fameux Pontiac, le grand chef «les Ottawais. Ce
guerrier, aussi haliile que Vjrave, avait fait entrer secrètement dans ses vues les
8i.\ Nations et tuutvs les autres aocessiblcs, afin «le chasser et d'exterminer les
Anglais. ^>'. yant pas réussi à s'emparer jiar ruse du fort, eu massacrant à
l'in proviste la garnison, suivant son projet qui fut déjoué à tomp't, il leva
ou\ ei tenient la hache de guerre et investit la place avec ses uombreu.x guerriers
Li- fort, tel (|ue repaie, consistait en un carré long, entouré dsî palissades
en i)ieux de viiigt-cin(i pieds de hauteur, et d'environ un mille de tour. Un des
côtés atteignait le bord de la rivière et aux quatre angles et au-dessus des portes
s'élevaient des bastions armés en tout de deux pièces de canon et de trois vieux
mortiers. La gai-nison, commandée par le majcu' Glad'.vin, ne comptait (pie
120 .soldats et iS ofliciers, plus une (Hia)'antaine de gens de traite, y compris leurs
engngé.s. L'enceinte contenait à peine une centaine de petites maisons en bois,
qui s(! touchaierit, et ne laissaient (|u'un étioit chemin de l'oiide en dedans des
palissades. L'église, la salle du conseil et la caserne étaient les seuls édiiices de
(juel(|ues ilimensions. La plujjart dus colons cultivateurs étaient h!i.l)itués en
dchoi's du fort. Les deux Bàby, Duperron et Antoine, lîéaume, boau-père de
Diiperron, Labutte et Siiint-Martiii, interprètes, et lient bâtis à portée du fort.
Tous ces Fran(;ais, en attendant qu'un ti'aité de [)aix fut tlétinitivement
Cimelu, n'étaient giièi'e [)ortés k ])rêter m.iin-foi te à leurs con(|Ui''rants, surtout
contie des nations sau\iiges, amies juscpTalors, et sur lesquelles on pouvait
conqiter par la suite, en cas de besoin. On connaissait de plus combien les
Anglais étaient détestés des S luvages, en sus de leur motif nutitmal de reviiu li-
cation de leur sol ; car les Sau\'ages avaient été trop souvi'iit tromjiés et frau lé-!
par les comme) (.'luits et traiteurs (1) venus de la Xuuvelle-Aiigleterre, pour no
pas les haïr. Il n'en pouvait être autrement ; car iiour (piiconque conuait le
caru'tère ilu sauvage, il sait (pi'il ne ii.irdiiune jamais une injui'e, de même qu'il
n'onbli(î pas \\v. bienfait. l.ia ciaaparaison entre la morgue e't l'arrogance du
Sa.\(pn et les ju'océdés honnêtes et loyaux des Frani/ais, n'avait pas échappé à
l'oiïst rvation de ci-s enfants de la natiu'e, et, en général, ils aimaient les Franeais,
et se sentaient froissés par les Anglais.
Dès lors il est fiu'ile de eonceNnir (|Ue b'.s habitants du Di'tnjit aient
cherclii' à ileme\irer neutres entre les coiiibattunts, et h; soient demeurés en appa-
rence. Ils d( \ iiuenl comme tels siispeets aux défenseurs de la place Aussi lo
commandant Oladwin, en ('crixant, le ÎS juillet MM, au géni'ial Amherst, ui' s(î
gêne plis di' dire: " La moitié des colons d'it'i nii'iite la corde et l'autre moitié
" devrait être dispersi'e." Néanmoins il ajoute: " Il y a quelques lioimète-i gens
'■ paimi eux, M. .Navnrre. les deux iîaiiie, Siiinl-.Martin et Labutte." Dans ces
circonstances le plus giund nombie des Fran(;.iis abandonna peu à peu l'endroit;
tellement que sur tu-e popidation de '2.''A)0 Ames ipie l'on comptait lors de la
reddition du Fort à Ibigers, il n'y en restnit ))lus, ii ITtU, que Hli h la suite du
(1) Sir W'iu. Johnson, litixirl t» thc lloani of l'raile.
— 84 —
siège. Le reste s'était dispersé, ou était allé se réfugier aux Illinois et sur
la rive droite cl n Mississippi. L'organisation d'une cour martiale, préparéo par
le général Bradstrcet, pour traduire tous ceux qui avaient favorisé Pontiac ou
adhéré à son parti, avait liàté le départ de plusieurs, li faut dire ()uela posit on
des habitants en dehors du fort était devenue ti es critique dès le début du siège.
Il leur fallait opter entre les assiégeants et les assiégés. P(jntiac s'étant emparé
de M. Robert Navarre, (1) le personnage le plus important de l'endroit, l'obligi'a
d'aller, au nom des Fran(,'ais, .sommer pour une dernière fois, le connu indinfc
Gladwin de se rendre, sinon (pi'ils seraient tous forcés de prendra les armes
contre lui. La garnison était si faible, les secours si éloignés, et les guerriers
lie Pontifie en si grand nombre, que la défense paraissait inutile, et ne tii'udrait
pas longtemp.s. D'un artrecôté J)uperron Bâbj' et Théata, le chef de la Bonne-
Bande, furent députés, le 2o mai, vers Pontiac pour l'engager à lever le siège.
Ces démarches furent sans résultat de part et d'autre. Pontiac, malgié ses
tentatives, ne put gagner les Français à se joindre à lui. Il espérait toujours
que des secours lui arriveraient du côté du fort de Chartres et des po-ites sur le
Jrli-sissippi, l't il entretenait ses guerriers dans l'espoir (pie le Roi de France
allait se réveiller.
Cependant la position de Bâby, comme celle de plusieurs auir.'s tui
dehors du fort, devenait de jour en jour moins tenable. Li!S sauvages s.inlnis-
quaient derrière sa nwiison et ses dépendances pour faire feu sur 1 ennemi et sur
ses deux corvettes qui étaient en rade. Ils lui avaient eideve (7 mai) deu.x
prisoiuiiers (pi'il avait raclietés, et avaient érigé une palissade dovau:. >.i m li^ou
pour se mettre à l'abii des balles. Le 21 juin Duperron vint avertir le com-
mandant Gladwin à deux heures du matin que l'a-ssaut allait être donné au point
du jour. Ainsi prévenu celui-ci se tint prêt et le repoussa. Sur ces entrefaites
arriva (2 juillet) la nouvelle du traité de Paris qui cédait déKnitivem''nt la
colonie a l'Angleterre. Dans la nuit suivante Duperron et liéauiiie })i ireiit sur
ce, le parti d'aller se mettre à l'abri dans le fort avec leurs fumilles. Ils ;iIkiii-
donnèrent tout ce (pi'ils possédaient, sauf le peu (pi'ils purerit emporter .-ui' I sir
dus. Le lendemain, le traité de paix, <(ui était parvenu au couimandaiit, fut hi
drvant l'a.'^sendilée des habitants convo(jués dans le fort. Ils fuient organises
Cnmme miliciens pour la iléfen.se de la place et ou envoya (piérir la pondre <'l. i(>s
nuinitions (pie Bâby avait laissées dans .son magasin. Ou tît prêtei- de nouvrau
le >ernuMit d'allégeance a tous les Canailiens-français
Pontiac poussait le siège avec vigueur, à .sa fac/on, mais sans aucmi'j
tiKtii|Ue de guérie. Les assiégeants ne s'approchaient du Fort i|Ue df loin, ..u
bien se traînaient à terre, sans être vus, pour tirer au plus près sur rs senti-
nelles. Ils n expo.-aient leurs personnes (jui.' le moins possible, non pa- lunii' de
Ciauage ou de bravoure, mais pour conserver un guerrier à la triliU el, vendie
chèrement sa vie apiès a\oir enlevé le plus possible de eheveliue.s.
(I) r..o iii "iiio ()U(>. ooliii ili'j.V iTitiitionnô. Il était ivmi de l>n|)erroii ot fut l'un dos
t^ii oins À 80II te.stiiiiient. Son pcro avait ('iKiust', lo IV-viioi' liot, .Miiiia l'amii*, d'où
naquit (ITii'.l) Hohert, ie(iiiol époiiau Louis* de Marsao.
— 85 —
En dedans les assiénjé.s se, défendaient bravement malgré leur petit
nombre, auquel ils suppléèrent par une bonne tactique, et tout en ménageant
avec prévoyance leurs munitions. On veillait avec grand soin à éteindre le feu
que les traits enflammés, lancés sur les palissades et les maisons, menaçaient
d'incendier. On était ainsi toujours sur l'alerte et on rapporte que l'on fut
ainsi deux mois sans se déshabiller. La fatigue, faute de sommeil, devint telle
que Madame Bâby, bien qu'enceinte de huit mois, et sa mère, «lurent relever le
temps à autres leurs maris en montant la garde à leur place et faire le coup de
feu au besoin. Notre grand' mère Bâby ne nian(|uait ni de courage, ni de sang-
froid, comme on peut en juger par le trait suivant.
Avant de se retirer dans le fort elle avait fait s'esquiver chez elle deux
Anglais qui se sauvaient de vitesse poursuivis par des Ottawais. Klle les avait
fait se cacher dans son grenier sous un amas de cassais (l) d'écorce, si bien que
les sauvages après avoir fait leur ronde et fureté partout ne purent les découvrir.
Les deux fugitifs les sachant descendus et n'entendant plus de liruit crurent la
moment propice de sortir de leuf cachette et de s'évader en sautant par une
lucarne dans le jardin en arrière. Mais les sauvages, avec leur instiiict de loup,
les avaient flairés et d'un bond les avaient atteints et massaciés à C')ups de
tomahawk. S'emparant aussitôt d'une chaudière ils les saignèrent et burent
leur sang. Puis, rentrant à la maison, ils voulurent forcer ma lame Bâby h, cti
boire en lui disant: "Toi les aime, toi en boire." Comme elle s'en défendait
réisoluement, ils lui en barbouillèrent le visage et décampèrent sans lui faire plus
de mal. Il est certain qu'elle dut la vie en cette occasion en payant d'audaca,
et grâce à l'ascendant qu'elle et son mari avaient sur les Sauvagos à cause des
bons procédés dont ils usaient envers ces enfants des bois. Pontiac était
d'ailleurs l'ami de Bâby, ce que les Sauvages n'ignoraient point.
On lit dans le " Jotirnal ila Sièjfc" que dana l'après-midi du 26 août le
feu fut mis à la mai.son de Bâby par les S iuvag>is. Parkinan prétend qu'il fut
mis par les assiégés, comme mesure défensive, parce que les Sauvages venaient
s'y embusquer pour guetter les sorties.
Ce fut dans cette môuie maison que Pontiac, brisé de fatigue, vint un
.soir, dès le commencement du siège, prendre asile pour la nuit, et no i, connue
l'a écrit Parkman, dans celle de François Bâby, Hls do Duperruu, bàMo sur la
rive opposée, et dont une vignette e4 insérée dans " Tke Pictorùd F'udd Boolc
ofthc Warof ISI.?," h,j Bcmoi» J. Lossbuj, Hnrper Bros., 1.S6!), N. F. Cette
résilence n'a été bâtie (jne longtemps après le siège. Je l'ai vue, telle qu'elle
existait encore, en \H')l ; elle a été rasée depuis.
Au reste voici counnent Parkinan raconte le trait, (2) toi qu'il se passa
et (jui est vrai au fonds, sauf la variante ci-dessus
(1) Vivie d'éoofRS de bouleau qui sert à contenir l'oau do réral)]e à sucre quand il
est enliiillé ]iour couler.
(2) /'oji/iac, Pli. 2iy, 220.
— 86 —
Pontiac était un ancien ami de Bâhy. Un soir, au commencement du
siège, il entra dans la maistm et s'assit sans dire mot devant la cheminée. Il
demeura longtemps pensif, les yeux vaguement fixés sur les tisons qui s'amor-
tissaient peu à peu dans l'fttre. Après un long silence il releva lentement la
tête et se tournant vers Bâby il lui dit : " J'ai appris que l'Anglais a offert un
" minot d'argent pour la tête de ton ami." Celui-ci lui assura qu'un tel bruit
était faux et que, de plus, il devait hien savoir qu'il n'avait rien à craindre de sa
part et que, lui, jamais il ne le trahirait. Pontiac l'envi.sageaà plomli, plongeant
son regard scrutateur pour lire dans .sa physionomie et pénétrer jusqu'au fond.s
de sa pensée. Au bout de qucl(|ue temps, se voj'ant rassuré, il dit doucement :
' Mon frère a parlé vrai : je \ais lui montrer que je le crois." Il veilla tran-
quillement le l'esté de la soirée avec la famille et, à l'heure du coucher, il déposa
.son fusil, s'enveloppa de sa couverte, et, s'étemlant de tout son long sur le
plancher, il s'endormit profondément. Il ne s'éveilla qu'au point du jour, et
s'esquiva sans bruit.
Un autre trait que raconte Parknian fait voir l'ascendant que Pontiac
avait acquis sur les diverses nations, en même temps qu'il témoigne de son
amitié pour Bâby. Celui-ci avait une terre de l'autre cêté de la rivière, tout
vis-à-vis le fort, celle qu'on appelait "la terre des six arpents," à cause de cette
étendue de front sur le bord de l'eau. Les Hurons de la mission voisine à la
Pointe de Montréal, (Sandwich), venaient faire la maraude et enlever les porcs
et le bétail. Bâby s'en plaignit à Pontiac pour y porter remède. Le même soir,
à la biunante, le chef sauvage traversa la rivière et alla se blottir, inaperça,
dans l'enclos de l'habitiition. Au milieu de l'oliscurité de la nuit il put entrevoir
la furn)e indécise des pillards qui se glissaient, sans bruit, par-dessus la clôture
pour pénétrer dans l'enceinte. Il leur lâcha un cri en les menaçant : " Allez-
vous-en à votre village, chiens de Wyandottes ; si vous remettez le pied ici je
vous tue." Ils n'attendirent pas une secorule semonce pour déguerpir et reprendre
leurs pistes à l'envers. " Onques les revîmes depuis," disait Duperron.
Le siège traînait eu longueur et Pontiac finit par s'apercevoir de l'illusion
dont il s'était bercé de voir arriver du renfort de l'ouest. Il essaya de réduire
les assiégés par la f:iinino en leur coupant les vivres et menaça de \iu)vt le-»
Français (jui tenteraient tle leur en fournir. Quoiiju'en bons termes avec les
habitants cela no l'empêchait pas de les réquisitionner à merci. Un d'eux ayant
refu.sé de lai.sser pn-n Ire un coq par un sauvage celui-ci lui log.>a une bal!e dans
le corps Tous avaient à se soumettre, tant bien ((ue mal, à ces réquisitions,
pour lesquelles Ponïiac leur doiniait des bons ^ son chirt're sur des écorces. Les
bal)itants n'osaient prendre parti pi/ur les Sauvages à cause de la capitulation
et lu traité de ])aix. De plus, ils étaient convaincus (ju'ils seraient n<.is à mort
sanH merci s'ils étaient pris les armes à la main et tombaient entre les mains
des Anglais. Néannioira on ne peut douter (jue plusieurs, à la sourdine et hors
de la portée du fort, n'aient prêté secours et main-forte aux assiégeants. Les
brûlots dirigés sur Ita deux goélettes eu rade, qui défendaiont le fort et servaient
— 87 —
à l'approvisionner, n'étaient pas, par leurs préparatifs et leurs dispositions, une
invention uniquement duo au génie militaire des indigènes.
Pendant que les vivres devenaient rares pour la garnison, M. de Navarre
et les deux MM. BAby rendirent des services signalés et efficaces pour lui en
procurer. Il est raconté dans " Pontiac's Siège of Détroit," pp. 10 et 39, que
M. Bâl)y, un homme à l'aise, montra beaucoup de bon vouloir aiix assiégés et
leur fournit secrètement des vivres dans le moment où ils en avaient le plus
besoin. Parkman rapporte {Op. ci. p. 219) que la place était si à court de vivres
qu'elle aurait été forcée de se rendre ou d'être abandonnée, (l) sans le secours
opportun de quelques Canadiens, entre autres de M. Bâhy et son frère, qui
procurèrent à la garnison des vivres et des denrées provenant de leuri terres, et
ce, en piofitant de la nuit pour faire les transports avec les canots du Fort.
Les Sauv.igos ayant soupçuii des secours ainsi obtenus, mirent le fe'i à la
grangf de Pierre Réaume, le beau-père de BAl)y, dans la nuit du 9 septembre.
Elle se trouvait en face sur la rive opposée et contenait 1,000 minots de blé, une
quantité de pois et de fourrage, etc. {Pontiac's Siège of Détroit, p. C9).
La suite et les incidents de ce siège mémorab'e, tels que le meurtre du
capitaine Campbell, l'arrivée des secours, le massacre de Dalziel et de sa trourie
à Bloodybridge, l'abandon du siège pvr les Sauvages à la fin d'octobre, etc., sont
assez connus pour ne pas les répéter ici.
Les traités île paix faits avec les diverses nations par les Anglais le 16
Juillet et le 7 septembre de l'année suivante mirent fin à la guerre ; mais des
incursions de bandes isolées continuèrent de ravager la contrée de temps à autres.
Comme il restait aux Français des postes à l'ouest du Mississipi, l'on n'était
pas sûr de part et <rautre d'une tranquillité absolue et d'une paix durable. Le
24 août, même année, tous les habitants au-dessus de 15 ans, dans les environs
de Détroit, reçurent ordre de comparaître au Fort et de renouveler leur serment
d'allégeance. Le général Sir Williatn Johnson conservait toujours des appré-
hensions contre les Français, plus ou moins fondées. Ecrivant au général Oage^
de Johnson Hall, le 15 janvier 1707, il dit avoir découvert, par correspondance
avec l(^ commi.ssaire Hay, à Détroit, de nouveaux indices pour entrevoir des
troubles que les Français cherchaient à fomenter parmi les Indiens; (ju'il a
ap|)i is ([Ue de Kocheblave, connnandant à Misore, vis-à-vis K iskakias, avait
envoyé aux Sauvages du Détroit un collier en porcelaine allant à dire que d'un
cAté il était content de les voir en paix et de I autre " de ne pas oulilierijue les
" Français avait été leur père et (|ue dans peu ils se querelleraient avec les
" Anglais ; " (pie les Chaouénons avaient reçu un autre collier qui en disait plus,
et (|ue Bâby devait recevoir et transmettre tous les colliers et les messages (jui
pas^e^aient entre Rocheblave et les Sauvages. {Doo. Hid, of N. York, \o\. 2,
p. 4S4).
(1) La garnison vivait avec le peu de provisions qu'avait Bâby. {,Arch, C. 1889, p. 250) ,
Price à Bouquet, 26 juin 17C3.
— 88 -.
Ces soupçons orées par Hay contre M. Bâby n'avaient aucuns fon<leinents,
ainsi qu'il put s'en convaincre, et il n'enre&ta nulles traces entre eux dans leurs
rapports subséquents, qui furent toujours francs et auiicauK.
Il est bon de constater ici que M. Bâby, au milieu des difficultés inévi-
tables de la nouvelle situation, avait su se concilier, par sa droiture, son tact et
son habilité, l'estime des vainqueurs, en même temps conserver colle de ses
compatriotes, et garder aussi son ancienne amitié avec les Sauvages. Quaml la
cession du pays fut devenue un fait accompli, et (|uand tout espoir fut p'inlu de
revoir le drapeau français, il avait accepté le sort inévitable du olon coti(|'ii^ ut
prêté sincèrement le serment d'allégeance à la couronne d'Angleterre. Il dcviub
d^a lors, et demeura toujours depuis, un vrai, loyal et fidèle sujet de cettj
Couronne,
Sous le nouveau régime il n'y eut alors pour gouverner le Détroit et ses
environs qu'une seule autorité, dont le commandant cumulait tous les pouvoirs,
tant militaires que civils, Duperron s'employa pour améliorer le sort de set)
compatriotes.
De concert avec M. Chapoton, citoyen marquant, il obtint en 17G5, du
commandant Campbell, que les taxes pour l'entretien du fort ne fussent pas
plus élevées que celles prélevées du temps des Franc lis.
Un ère de paix allait donner de l'essor à une ville naissante, en déve-
loppant les ressources abondantes dont elle était environnée, et Duperron en
devint le citi^>yen le plus proénn'nent et le plus e.stimé. En même temps il sut
gagner la confiance entière des représentants du nouveau gouvernement. Elle
se manifesta en lui contiant un emploi fort important alors. On lui donna la
charge d'agent auprès des Sauvages et de garde-magasin du R )i, avec des
appointements de deux piastres et demie par jour. Cet emploi, auquel il était
plus apte que tout autre, et qu'il avait rempli ci-devant pour le Roi de Franco,
■consistait à maintenir des rapports d'amitié et de piix avec les diverses tril^ju^
indigènes pour assurer la tranquillité de ce côté, c'est-à-dire en leur lang-igj
" tenir luisante la chaîne d'amitié, et les assurer que le feu du consjil ne
" serait jamais éteint." Une autre pirtie de ses fonctions et lit la distril)utioti
à leur faire des présents annuels du lioi, en vivres, vôfceinjats, mutiitions de
chasse, etc.
Ses relations avec les Sauvages facilitèrent l'extension do son commcrjj
du pelleteries, et «n peu d'années il se vit en possession d'un c )mptoi!* qui 'ui
assurait une assez belle fortune pour l'époque, et lui permettai^< de maintenu*
une position sociale des premières paraii ses concitoyens des doux origiuis,
lesquels l'honoraient de toutes parts de leur estime et de leur respect.
Cependant il se rcncoiitre partout d^is g<)n.s Jaloux, remuants et envieux.
Un employé du bureau de l'intemlant des Siuvages au Détroit, du noiudj
Schieflin, (1) d'extraction juive, devint envieux du crédit dont Duperron jouia-
(1) C'est. le mètne Sclitetiiu (Jonathan) qui avait été fait priaounier à 1a prise de
— 89 —
sait auprès du gouvernoment ot porta ontre lui (1781) une fausse accusation
sur la comptabilité du inncfasin du Roi. Sa plainte était formulée dans nue
lettre adressée à Sir Wm. Johnson, lotîls du général de môme nom, lequel avait
succédé à son père comme surintendant des Sauvages. (Ctjmmission Royale,
14 mars 1782).
Le fils n'était peut être pas mécontent de voir une plainte portée contre
un de ceux (lu'il savait avoir le plus contribué à contrecarrer les desseins de
so!i père et déconcerté ses plans, dans les cauipagnes ou les Bâ'iy avaient cotn-
mandés les Cliaouénons ot les Loups avec tant de succès. Ce n'était pas sans
raison que Sir Wm. Jolin>on, les avaient désignés comme les plus dangereux
ennemis des colonies anglaises. (Doc. Hlst. of N. York, vuL. 3, M.M.S. of Sir
Wtii Johanon, ISir Wni. Johnson to Gen. Gwje, Janimry 15th, 17G7, p. 4^4.)
Heureusement que la réputation de Duperron était au-dessus do toute
atteinte. Aussi en était-il moins inquiet qu'imligné. Il y avait longtemps
qu'il n'était pas descendu à Montréal, ni à Québec. Cet incident lui fournit
une occasion favorable pour aller revoir ses parents et ses ami>. Le comman-
dant De Peyster lui favorisa hi descente. Ecrivant au Gouverneur Haldimand,
5 juin 178+, il dit : " M. Bdbtj lias (dm been (dlowed a pnsntige to ijo to Québec ;
" /lis services deserve eue ri/ iadid(jen.:e that can be shouni liiin,." H. 0. B. 10.3,
p 246.)
Pas n'est besoin de «lire qu'il fut accueilli par ses paretits à bras ouverts,
avec une succession Je fêtes et de réjouissances.
Li lettre (|u'il ailressa de Montréal à son frère Franc^ois, i\ Québec,
e.spiique mieux pir cile-mêine le but principal de son voyage. La voici :
De Montréal, le 18ème juin 1784.
'■ Mon cher frère,
" Arrivé ici hier je t'écris pour t'iiiformn' du su;et de mon voyage.
"Diverses raisons m'ont o')lig'! de l'entrepren Ire : pre:n;è •iu Mit poui' lUi
"justifier des malicieuses imputations écrites ontre moi pu- un fou, non mi
" ChieHin, à Sir John Johnson, que j'ai rencontré, et qui m..! dit avoir transmis
" copie de la lettre ilu dit ChieHin à son E.\eelleiice le généri! Hil liinand, sans
" cependant y ajouter foi ; mais comme je n'entemls pas laisser de soup(,'on sur
" ma conduite, je partirai sous peu de jours pour Québec, où je crois détruii'e
" toutes les malicieuses calomnies ou idées formées contre m )i. Si le temps nn
" lo permettait je t'enverrais copie de la lettre du sieur C'iifrtin et ma piè^;e
"justificative. Si les lettres du Détroit sont ronlu3S à Québej, une lettre da
Vinconnes (24 fév. 1779) avec le gouverneur Haïuilton. Parvenu au Détroit, il était un
dos fonctionnaires du bureau d'intendance dos Sauvages. Il en avait profité pour obtenir
d'eux, en \en enivrant, des terres à l'oMsboach'.ire do la rivière Dùti'oit. Il y avait d<(s
plaintes portées contre lui à ce sujet et il était menacé d'être cou .;é lié. {CiUictimi
Haltlimaïul, n, 191, pp. 37.)'), 15, 1 1'), p. 104). Delà »a colère contre Bib}-. Il finit [)ar
p.issor du côté des Aniéi'ioains pendant la révolution.
— 90 —
" colonel Depeyster (1) lui appremîra en peu de mots la manière dont je me
" suis comporté ; il n'entre nullement dans l'affairu présente, la regardant
" comme trop viîe et trop basse pour y répondre, d'nutant plus qu'il ignorait
" dans le temps, ainsi ijue moi, que l'impudence eût été poussée si loin que
" d'interrompre Sir John, ainsi que son Excellenv.e, par un faux zèle de service
" ov. d'attachement pour le gouvernement. Je ne doute pas que l'aftaire ne soit
" parvenue jusqu'à lui, ou no lui soit communiquée. Je no t'en dis pas davan-
" tage ; notre première entrevue t'instruira plus amplement"
Nous n'avons pas oublié que madame Bàby, sa mère, <lemeurait alors au
monastère d^s Ursulines de Trois-llivières, auprès de sa tille la Mère Thérèse-
de-Jésus Cette vieille dame était rendue à un âge fort avancé (H4 uns) ; elle
croyait bien n'avoir plus jamais le bonheur de presser son tils ilans ses bras;
aussi i'ut-ello au comble do ses viuux eu apprenant qu'il était rendu à Montréa',
De là il l'avait prévenue du jour où il arriverait à ïrois-ltivières ; mais diverses
circonstances l'ayasit retardé, Mme Bâby craignit que quelque accident ne lui fût
arrivé et elle lui lit écrire par la Mère Tlièrèse-tle-Jésus pour s'assurer dos
causes de sou retard. Il lui tit réponse par les quelciues ligues suivai.'tes.
" A Montréal, 24ème juin 1784..
" Ma très chère mère,
" La lettre de notre suMir Thérèso-de-Jésus m'est parvenue hier, par
" la(iuelle j'appris avec douleur votre in(juiétu<lc à mon sujet. La raison de
" mon retanlement a été en partie les in.stances de la famille de Mme. Benoît et
" les rcinè les de précaution. Je crois partir après demain et sans doute avoir
" le bonheur de vos pré-<ontor mes tendres et re.>*pectueux devoirs, ainsi (jue de
" jouir de la vue do ma chère so-ur. Je Unis en vous pré.sentant les respects de
" la famille ; car M Curatoau m'envoie chercher pour diner. Je suis avec la
" soumission et les plus humbles sentiments d'un tils "
Quelques jours après l'envoi de cette lettre, il en écrivait une autre en
réponse à la Mère Ste-'i"hérèse-<io-Jésus. Klle est toute courte, mais c'est un
modèle du genre.
" De Montréal, 28èmo juin, 1784.
" Ma chère so'ur,
" En réponse à la vôtre, j'écrivis dornièromcnt à notre bonne mère pour
" la tranquilliser au sujet de «on inquiétude ; je lui anuoM(;aia ujon dé|)art pour
" samedi dernier, mais notre 8(wur, .sa famille, et M. Bender, me retiennent pour
" m'engraisser, afin, distmt-ils, de mieux supporter le voynge. Je leur ai promi<i
" encore la semaine ; ainsi ce ne ptnirra être que la prochaine que j'aurai le
" plai-sir de vous voir: pour loi-s vous mo verre*^ dans la moitié ou le quart de
" ma graisse, car ils me demandent un mois pour me mettre en embtmpoint, ce
(1) .Viori ooiuuiaiulutit au DétroK.
— 91 —
" qui est trop lonor pour mon impatience à vous assurer de bo icha «le mon atfec-
" tion sincère."
Dans une autre lettre M. Bâby explique plus au longà son frère l'atf lire
Schietiin. Nous la donnons ici parce qu'elle démontre sa complète justiHcation.
" De Montréal, le 28ème jour de juin, 1784.
" Mon cher frère.
" Tu seras sans doute surpris de mon retardement à me rendre à Québec :
" la veille de mon départ, j'ai voulu essayer de me purger, ce que j'ai été forcé
" de réitérer diverses fois pour me dégager (l'une 8urab<mdance d'humeurs. M.
" Bcnder m'a toujours retenu et me retient actuellement, afin de me m -ttre en
" état de soutenir de nouveaux assauts : ainsi je suis obligé de suivre son
" ordonnance, de laquelle je voudrais me soustraire promptement.
" Mon accusateur C-ieHin est parti. J'ai liien regret de n'être point à
"Québec avec lui, cependant puisque la chose est impossible, je t'adrtsse la
" copie de sa lettre au Capt. McKee, (1) ma requête au lieutenant-colonel de
" Peyster, et la copie du compte que j^^ lui ai rendu, de ce dont Chiefiin veut me
" faire un crime. Tu verras par les certificats (pii sont au bas, la maligii'té
" seule d'un misérable <(ui a cru mériter par là quelques faveurs du gouverne-
" ment. Le Colonel de Pey.ster, .sur ma retpiête, le manda chez lui et lui reprocha
" sa conduite ; il répondit (pie c'était le Capt. McKee qui l'avait forcé à prendre
" donner ces inform.itions; ce que le Capt. McKee a entièrement nié et j)our-
" (|Ui)i il a écrit au (,^)lonel Johnson. Tu sauras (|u'il avait commencé h déchirer
" le gouverneur Hay et qu'il a dit de lui plus cpie de moi à nombre de personnes,
" qui lui o'.it .sijuteiiu l'avoir entendu ; ce à quoi il a répomlu qu'il n'avait p is
" son esprit à lui lor.s<iu'il avait dit de pareilles choses. C'est pourquoi le
" Colonel '..e dit (jue c'étiit un fou, plus k mépriser (pi'à poursuivre. C; qu'il y a
" d'extraordinaire c'est qu'il a écrit les choses les plus noires contre le même
" Capt. McKee. Plusieurs disent (|ue la plume de sa femme lui a tourné \u
" cervelle, si jamais il en a eu. Il e.st de parents juifs, a été élevé domosti(|uo
" dans une taverne, de là commis, et ensuite protégé par le C )uver leur
" llamilton. C'est trop m'amuser d'un fou, car j'ai honte J'en avoir tant dit."
" Je ne te pre.scrirai point la manière dont tu te comporteras dans cette
" aU'airo ; les circonstances te dirigeront suivant riin|>ressinn de la dêpodtion
" sur l'esprit ili! Son ICxcellence : la «lélicatesso seule m'a fait prendre des
" précautions pour oter tout soup<;on sur ma c )n luite. Je joins nu autre petit
" conq)te (pie m'a rendu dans le temps le sieur SpirUman, condiiet'ur do
" l'artillerie, qui prouve (pie la p(judre mentionnée a été prêtée par M A lli 'mar.
" Si tu es dans le cas do te déimntir des papiers inclus, aies soin de tirer copie
(1) C'ont lo luônio faiit. McKoe qui avilit |)nit('> contre .^chiollin l'iiocusiition d'avoir
enivra U'H Suuviigi'S pour lour arracher une conouHHion de luurs terres. Currcapinuluitee
Baldimand.
— 92 —
" du tout, car je n'ai pu le faire moi-même. Je me flatte de te voir la semaine
" prochaine "
M. Duperron sortit aux yeux du jifouverneur Haldlmand parfaitoment
dégagé de toute imputation malvt'illante, et on peut ajouter que le résultat ne
fit que le rohaussor dans l'estime générale, comuie nous Talions voir.
La loyauté de M. Duperron ne s était jamais démentie di^puis qu'il l'avait
jurée à l'Angleterre. Au milieu de la guerre d'indépendance il était demeuré
feruie et loyal. Le commandant Lernoult t'ait rapport le 20 juin 177!) au
gouverneur Haldimand, qu'il a toute raison d'être satisfait de la conduite et du
bon renom de M. Bàlty, «le son attachement au gouvei'neiiient et de sa manière
de conduire les affaires des Sauvages. (I<1. B. 122, p. 303).
De même que son frère François, à Quéhec. Duperron, au Détroit, occupa
durant la guerre d'indépendance un grade important dans les milices cana-
diennes et put ren<ire aussi des services importants et efficaces.
Si bien que peu de temps après, en 17<S8, lor.sfju'il fallut établir ih'.a
tribunaux réguliers dans le Haut-Canuda, le gouvernement prit occisioii de le
récompenser. La province du Haut-Canada fut alors divisée tn quatin <listricts
judiciaires, dont celui de Ht;sse comprenait dans sa grande étendue la ville lu
Détroit. Lord Dorchester, le gouverneur, appelé à nommer les ju;j;e><, crut ne
pouvoir mieux faire que d'élever à cette dignité M. Duperron Bâiiy, en le
le nommant l'un des juges de ce nouveau district, et il lui transmit sa cominissio:i
à cet effet. Son but toutefois était moins de récompenser les servie es de .M.
Bàby que de nonuner à cette charge un personnige jouissant de la conKane(! et
l'estime générale. Ce tén)oignag(! rendu à son mérite, (|Uel(|ue flatteur et hono-
rable qu'il fût, ne put l'engager à accéiler au désir de Son E.xcellence, tout eu
r«)>préciant à .sa haute valeur.
Il semi)!e y avoir autant de gloire k décliner par modestiiî la charge de
juge qu'il y a d'honneur à race<'[)tor. C'est ce (pie M. Hàliy fit, en déclinant
cette commission pour des motifs louables et bien fondés. II les exposa av<c
respect et reconnais.sance à Son Excellenci*, cjmme on le voit par la lettre
suivante, adressée à .son frère, meml)re ilu conseil exécutif et du c nneil législ itif,
à (.^uébic. C'était, auprès de lord Durchestei", la persi^nne le plus à même de
faire agréer la suffisance et vali lité de ses mutif.s.
"Détroit, le G septembre 17.SH,
" Mon cher frère,
" L'honneur de la nouvelle conimi.ssion de Juge, dont S(m Excellence à
" bien voulu me favoriser, mérite do ma part tonte reconnaissance do la bonne
" opiniim (|u'i'!h' s'fst formée de moi : mais nmlhcureusement les circonstanci-s
" et nus faibles talents ne lépondent point à ses boinies intentions. M. Wm
" Holiertson et moi avons dé;à donné les raisons comnumes que nous avons
" pour nous empêcher d'accepter une jiareille ehaige; en outre inie nond)reuse
" famille à .soutenir par moi, beaucoup d'intérêts dans co pays, peu versé dans
— 93 —
'■ l'étuile (les lois et dft la judicature, avec une santé presque continuellemont
" dérangée, ce sont là dos motifs suffisants pour ne p-^s me permettre d'accepter
" un t< 1 emploi. J'ose me flatter que tu feras guûter la force et la validité de
" mes raisons auprès de lord Dorchester, en faisant sentir à So:i Excellence
" combien je suis sensible à ses bonnes intentions ; et que ce n'est que pour des
" motifs bien fondés c|ue je n'ose accepter telle charge. J'espère que tu ne
" négligeras rien pour faire bien agréer me-i excuses. Toiis les papiers coniîer-
" nnnt cette affaire restent entre mes mains, jusqu'à ce qu'il plaise à Son E.KCel-
" lence d'en disposer. Nous avons cep'ndant délivré le< trois commissions
" suivant l'ordre à nous adressé, c'est-à-dire, vielle de Shérif, de Coroner et de Olerk.
" Le Capt. McKee, up des juges n(jiumés, ( si absent ; ainsi nous ignorons ses
" intentions. Une adres.se directe à Sa Seigneurie à ce sujet m'aurait paru plus
" convenable, mais la considération des gramles occupations ilu gouvern Mueut
" m'a retenu et m'engage à m'applinu"r à toi ; c'est ce (jue j'attends de ta bien-
" veillance, en te priant de me croii avec toute l'amitié d'un affectionné fière."
" D. B.vBv."
Lord Dorchester voulut bien agréer les motifs ainsi exposés et noinm i à
sa pince l'honorable William Dinum'^r Powell, (pli entra en fonction en 1791.
Oatlines of (he Polificid Hixt. of Miclii(^aii, by Campbell, p. 161,
Les nfiaires de M. Duperron avaient été prospères. Il s'était bâti une belle
ré^idence, à côté de elle de M. do liellestre, avec un grand magasin y attoiuvnt.
Elle faisait face sur la rue Sainte-Ainie, dans l'enceinte agrandie du Foit, ainsi
tjue rindii|ue le titre de la propriété. (1) Il est probable ([ue l'emplacement
donnait sur deux rues, car le registre de 'a paroi.sse le dit demeurant rue Saint-
Louis, dans la cihidelle. Il demeurait auparavant au faul)ourg Rosalie dont le
nom piovenait de celui de Madanu; de Pontcliartrain. Cette maison nouvelle
doit être celle (pli a été vendue à M. Bertholet (pian'i la fnmille alian lonna le
Détroit, en I7i)(), alors (ju'ii fut remis aux Américains. (Voir tifcunl, 10 mai
INdO, entre Dame Vve IJàby et son fils Jacques, l'apinean, \ot.) Elle e-b
disparue par l'incendie (pli détruisit la ville en 180'), et lors de la nouvelle
subilivision des terrains sur un plan nouveau, la grande avenue Jefferson fut
peiW'e en cet endroit.
Par l'aisince (|Ue M. Hàby .s'était acqui-ie, elle lui permettait de vivre sur
un bon pied et d'entretenir une franche et largiï hospitalité. Sa table était
iiH>iit(''e d'un .service complet on vaisselle plate, {pficrl p ilt'on). Il avait «lonné
la commande de ces argenteries à Londres, solides, et épaisses, exprès pour y
graver facilement son chiffre et ses armes. C^ne des factures trinsuiisi^s, et ipii
existe en.'ore, dépasse Jtl.HOO .sterling. Il avait iini)()rté les plus belles toiles
d'Irlande et des nappes de dix guiiu'es la pièce. Il en reste encore une (pli et lit
(I) 'IVriiilii nclictt' le 1.') ocl. ITi'p"», »iu' la l'iiioo irAniifs. lUijinIn' (?c« Xnlalrai,
Oftaica, vol. !, p. ii. Il l'avait ugraiiili [tM uoliat dei liérlUors l'orliur, l'> avril 177.'. ( fVui/in
Record», l>. 203).
_ 94 —
échue à m i mère et qu'elle réservait pour les grandes occasions. L'ouvrage,
tissé à la main, est remarriuable par sa finesse et la beauté «lu dessin. Elle avait
aussi conservé une montre émaillée sur or, un véritable bijou, représentant les
trois GrA.ccs. Mme. Bàby, et chiicnne de ses quatre filles en avaient eu de
send)lables. Les cinq coûtaient 50 guinées la pièce. En sus des recherohes et
des délicatesses de table qu'on se procurait d'Europe, on avait, pour suppléer aux
besoins journaliers, l'abondance de la chasse, du giltier et de la pèche, et de plus
tous les produits d'un sol vierge et fertile, favori-é par un climat doux et
bienfaisant. Aussi, on en proKtait p:)ur prt>n ire la vie gaiement, suivant
l'heureux caractère des Canadiens. Des négoci ints forts riches, tols que les
Macintosh, les Macomb, les Angus, les Abbott, y menaient aussi la vie en grand,
et ou peut même dire sur un pied extravagant pour la colonie.
Pourtant cette petite société, à 40') lieues dans l'intérieur des terres, se
trouvait bien éloignée du centre de la civilisation européenne, et placée bien au
milieu de nations sauvages dont la barbarie, (jui les entourait de toutes parts,
était toujours à craindre. En voici un exemple entre plusieurs autres.
Madame AUi.son, tante de ma mère, lui racontait, qu'étant âgée alors
d'une quinzaine d'années, vers ITS'J à peu près, une jeune fille arriva chez sou
père dans le Fort. Elle était prisonnière des Sauvages, et elle fut mise à coucher
dans la même chambre que Mme. Allison et ses sivurs. Elle leur raconta
comment elle était tombée entre les mains de ces barbares. Elle habitait près
d'un fort, sur les bor Is du lac .Miishigan, où elle demeurait avec sa sniur qui était
mariéi\ Les Sauvages étaiit venus à la maison demandèrent à sasceur où était
son mari. Elle ne voulut pis le dire, mais ils le trouvèrent dans son champ et
le tuèrent, puis le dé,)ouillè -eut de ses habits ilont l'un d'eux se revêtit. Etant
revenus à la maison ils tuèrent la femme et enlevèrent la jeune fille. M.
Duperron Bâby ne put ni la délivrer, ni la racheter. Maxv Allison disait
qu'elle n'avait jamais pu oublier la scèni de d Violation et do désespoir de la
jcnne fille quand ces barbares, échiutfJ's de boisson, l'emmenèrent le londeuiain.
Cependant le Détroit était un endroit gai. Les otfi.'i(!rs de la garnison,
dont quatre épousèrent les «juitre filles île M. Hal>y, apportaient leur contingent
à l'agrémi'ut de la société, p mi no:a')r(Mn' il est vrai, mais de l)on aloi, qui se
réunissait .'ious le t lit h xpitalim' de M. BUiy. Sa spacieuse demeure, entourée
do galeries, donnait sur des jardins terminés en terrasses. De cha((ue côté
s'élevaient des pavillons ferm'^s de p^rsiennes d'où la vue s'étendait sur la
place d'armes. Ljsjoune-t <lem)isolles Blhy venaient s'y reposer à l'ondiro,
s'amuser à voir les parades et rencontrer les jeunes officiers.
Il fallait pour le maintien de l'établissement île M. Bâby et de sa nom-
breuse famille un nomlrenx domesti(|ue. Ce personnel était composé do
((Uelques serviteurs blancs et d'une vingtaine d'e.sdaves nègres, mulâtres et
paniw. Connue demie'" vestige de ces temps d'esclavage, et ancien souvenir de
cette époque, j'ai con.stnté i|u'en ISOO, onze ans après la mort de M. Bàby, il
restait encore dix de ces esclaves, ('ont les noms, l'Age et la valeur .sont poités à
— 95 —
l'inveutnire fuit nu Détroit par le père Marchanil, procureur de la famille,
dovuiit Roe, notaire. Au inariiige de ch icuue de ses filles Mino. Bàby leur avait
donné une de ces esclaves. C'est ainsi (,ue ma mère a ou les services de
la vil illf Thérèi-e et de Rose Lontin sa tille, et de Catherine, panis, veuve
Giroux. J'ai bien coniui Rose et Catherine. La bonne Rose m'a bien souvent
bercé dans ses bra-i et m'atiectionnait singulièrement. Chose extraordinaire,
elle ne m'avait pas revu depuis mon enfancp, (|aan<l j'allai, en 1851, devenu
homme fait, frapper à sa porte à Amherstburg. En m'ouvrant elle me reconnut
et me sauta au cou en n.«'embrassant et manifestant sa surprise et sa joie. Elle
avait succé lé à sa mère, Thérèse, conune bonne de ma mère et était demeurée,
après l'émancipation (lfs03), dans la famille, comme du reste tous les antres
e.sclaves. Rose et Catherine, après la mort de leur ancienne miîtresse, Archange
Bâby, demeurèrent ensemble à Andier-tburg, dans une maison réservée p mr leur
logement et vivant d'une rente viagère que leur tnaîtresse huir avait assurée, et
que ma mère leur continuait. Thérèje était échue en partage à Franyois B il)y,
mais il avait con.senti à la passer à mon grand'père, son frère, m lyennant ZM,
et elle mourut chez lui, à York, en lvS2G. Elle était excellunte cuisinière, mais
sa fille Rose n'en cédait pas à sa mère dans l'art culinaire. Elle excellait ilans
les pâtisseries et confiseries. On parle encore de ses cochons de lait cuits au
four et de ses bécassines rôties à la tournelle. Il faut ajouter qu'elle était
propre, capable et entendue dans le ménage, et toujours bonne et soumise. Avec
une naïveté d'enfant de sa race, elle no se gênait pas <le venir écouter la conver-
sation de ses maîtres et venait s'accroupir sur s;s talons, dans la porte de la
salle à dîner, et jouissait de leur présence, et du plaisir de les entendre causer.
M. Duperron prit un soin spécial de bien élever ses nondireux enfants en
leur donnant la meilbaire éducation «|ue l'on pouvait se procurer alors dans le
pays. 8es fils furent placés dans les meilleures institutions de Montréal et de
Quél)t>c, et ses filles élevées dans les couvents de Québec et de Trois-Rivières.
Nous verrons qu'il n'épargna rien pour former l'aîné, Jaccjues, i-n tous points.
Lui-même, nj'ant rt<;u »nie boime instruction jiour l'cpoiiue et ime
éducation convenable, en ap|>r(>ci..it les ^j,vantag "s. Sa correspondance démontre
qu'il avait su en profiter. De plus, il avait acquis pour les besoins de so i négoce
une connai^since suffisante de la langue anglaise et du langage des Sauvages
pour n'avoir aucun besoin de truchements avec eux. Ils et lient fort nombreux
alors ; on n'en comptait pas ujoius de ll,4l):i dans son district en 17^2.
M. Bàby avait donné pour un des motifs de ne pouvoir remplir les
fonctions de juge, le faible état tie sa santé. Il ne disait ipie trop vrai ;
riiyilropisie se déclara dans .son système et il languit. Une complieation d(!
maladies vint hâter .ses jours. Il coutra'ta laciliquedes p'>iiiti'.M p)ur avoir
fait peinturer sa maison à neuf et expira le '2 aoAt, 17S1). Sa mort fut calme
et édiliante, comme celle d'un bon chrétien. De même qu'à sou père et à sou
nïeul il nt) lui fut pas donné d'atteindre la vieillesse, n'ayant vécu (pie 5S ans et
8 mois.
— 96 —
Attendu que j'écris ces notes pour servir à mes descendants, non seulement
à un point de vue moral, muis aussi pour leur utilité matérielle et pr^Mque, je
ferai observer ([u'ils ne doivent pas conclure de là que la longévité n'existe pas
dans la lignée des Bâliy. Ils verront le contraire ci- 1 près La vie dans ces
trois aïeux successifs paraît avoir été abrégée par des causes plutôt accidente'les
que par faiblesse do tempérament.
M. Duperron Bâby fut regretté universellement par tous les habitants
du Détroit, qui per lirent eu lui un modèle de citoyen intègre, probe et utile ;
un homme d'un caractère digne et élevé. 8a cm luite conimo chrétien et bon
père de famille était exemplaire. D'un commerce doux, il'une humeur agréable
et d'une politesse parfaite, il était du nombre de ceux qui savent se faire aimer
nu contact de la vie de chaque jour. Avec ces heureuse-* dispositions, un ' ict
délicat et son savoir-faire, il n'est pas étonnant qu'il ait réussi, pendant u lo
carrière conq)arativi,'ment courte, à se créer une pusition honorable et aisée, et
qu'il ait eu une influence légitime auprès de ses compatriotes et en haut-lieu ;
comme aussi il sut exercer un vrai crédit et un grand ascendant sur les diverses
nations sauvages.
C'était un honnne de haute taille, d'un tempérament sec ec nerveux,
niais que les fatigues de la guerre et des vi>yages, nécessités par son négoce, avaient
ébranlé. Néanmoins ses noird)reux enfants naquirent avec des constitut ons
saines et fortes, et développèrent des statures élevées. Quelques-uns dépassaient
six pieils eu plusieurs vécurent très vioux. D'après son portrait, (pli le repré-
sente sous un costume militaire après la coiiijuête, il est facile de voir que le
type do sa figure s'est conservé dans sa descen lance par notre mère. Notre
frère Herménégilde, mort depuis peu, avait absolument la même taille et le
même profil (pie lui, après trois génération.s.
De son ninringe, }>\. Duperron n'eut pas moins de 22 enfants, dont onze
lui survécurent et fournirent leur pleine carrière.
Le 23 juin IT.SO, il avait fait s-on testament au Détroit, devant Monforton,
notaire, et cin(| témoins, par lequel il institmi son épouse, comuiune en biens, .sa
légataire en usufruit, et ses enfants légataires en propriété, en leur recomman-
dant paix et union. Charitable envers les pauvres pendant sa vie, il ne les
oublia pas à sa mort. Il nomma pour ses exécuteurs testamentaires rhonoral)le
François Bâby, ,sun frère, et M. Jo.seph-Franc;ois Perrault, son neveu, tous deux
de Québec, tjui udjuittèrent le legs de X200 aux pauvres.
Madame veuve Bâby n'avait que 49 ans à la mort de son mari et plu-
sieurs de ses enfants étaient mineurs. Mais elle avait une assez belle fortune
pour subvenir à leur éducation et h leur établissement. Elle continua à demeurer
au Détroit tant que ce pays demeura sous ia domination de l'Angleterre. Mais
lors<iu'en iTDtJ, Détruit et le territoire qui en dépendait furent remis aux Amé-
ricains, après la netification des frontières à 'a suite du traité île " Jay," conclu
en novembre 1794, Mme. Bâl»y l'abandonna, lorsipio Ceux-ci on prirent po4sos-
— 97 —
8ion (1), et elle vinL habiter Québec. Par cette démarche elle voulut se conformer
aux vues et aux intentions ds son mari, résolue d'abandonner son endroit natal
et tout ce qui pouvait l'y retenir plutôt que de renoncer, elle et ses enfants, à
l'allégeance jurée à l'Angleterre. Elle laissa derrière elle son fils aîné pour
liquider les affaires de commerce, gérer les biens et administrer les terr.îs et les
moulins ; gestion dont il lui rendit compte le 10 mai 1800,, devant Mtre. Têtu,
notaire, à Québec.
En arrivant à la ville elle descendit chez son gendre, M. Ralph-Ross
Lewin, major-de- ville, et put s'installer peu après dans une maison appartenant
à M. Germain dit DeBlois, rue de la Fabrique, aujourd'hui rebtUie et formant
les magasins occupés par MM. Glover & Oie. En septembre (12) 1797 elle fut
nommée tutrice à ses enfants encore mineurs, savoir, à Daniel, âgé de Is ans,
Antoine-Duperron, âgé de K? ans, et Louis, âgé de 15 ans. Toutes ses filles
étaient pourvues par mariage. En novembre 1800, elle procéda à faire un
inventaire des biens de la communauté avec .son mari devant Mtre. Planté,
notaire. Elle avait donné une procuratioti à M. Marchm 1, curé du Détroit, de
faire l'inventaire des biens (|u'elle posséilait là et dans les environs. Lî notiire
Roe y procéda et la vente du mobilier produisit £1.502, cours d'Halifax, satiS
compter ce qui fut partagé en iiaturo, entre autres les dix esclaves
Suivant l'état de compte tl'alors fourni par Alexander Ellice, son banquier
à Lcmdrcs, il avait en dépôt pour placements pour elle £2').408-7-7 sterling.
Les terre* au Détroit étaient d'une étendue considérable et leur valeur aujour-
d'hui est devenue immense, en particulier celle dite île la Rivière -Rouge, k
proximité de la ville, qui contenait originairement douze arpents de front sur
cent-vingt île profondeur. Ce domaine provenait d'une concession faite à
Duperron pur les chefs des Ottawvis, de l'avis et du consentement de cette
nation, par contrat du 2G juillet 1780, signé par Pontiac et les autres chefs. On
y remaniue le seing particulier et emblématique apposé par chacun d'eux. Le
titre conqiorte un don, connue gage d'estiuie et d'amitié de leur part envers
Bâhy. " Nous lui , .lumons," dusent-ils, " un feu de pais et de tranquillité."
Lecommmdant de Peyster confirma ce contrat et Thomas Williams, juge de
paix du lieu, attesta la vérification des signatures, ainsi qu'on le voit par l'entréiî
à cet effet ([ui se trouve dans les archives de la ville du Détroit. SpringwolLs
couvre aujourd'hui ce terrain et la ville s'étend vers là. L'étendue de cette
terre qui touche à l'est au fort Wayne vaut aujourd'hui plusieurs millions et ne
peut qu'augmenter en valeur. Le gouvernement américain ne voulut pis
reconnaître le titre des Sauvages quant à toute son étenlue, miis seulement
pour la partie cultivée et mise en valeur, et celle occupée par les moulins à
farine sur la Rivière- Rouge. Si la famille n eilt pas émigré, pout-ôt e auraitullo
pu conserver cette propriété en entier, c'est-à-dire, 1,41 ) arpjnts en suparrtiie.
Même en ne conserv.int dius la famille ipie la pvrtie nr.x enlevée, et en suivant
le conseil donné à ses enfants pnv le vieux J. Jacob Astor, dans un cis seml)lab !e,
(I) 11 juillet 17%.
_ 98 —
en leur disant : " Boy-i, don't sell the fann," los liôritiei'.s de D.iporron auraient
aujourd'hui en mnins une immense fortune. Mais dos revers successifs joints
à l'émigration sur le sol canidien, les fon;èi'ent à une vente à vil prix.
Le ^gouvernement aniéricuin ne voulut pas non jilus reconnaître une
autre conce-ssion de l'Islo-aux-Cerfs, du 12 septembre 1780, par les mèim's chefs
H Bâby, (1) ni nne autre concession, obtenue des Olijipois pour l'exploitatiou du
bois de commerce sur la Rivière-aux-Hurons (Clinton), nu nord du lac Sainte-
Claire. Elle comprenait cinq lieues de profomleur de chaipie coté «le la ri-
vière. (2) Cette étendue formait un domaine plus vaste que celui de plusieurs
principautés en Europe. (3)
A part les terrains dans la ville du Détroit, la succession comprenait des
terres en culture de l'autre côté de la rivière. Celle dite des " .si.c ((ry)'»Ys"
longeant la rivière contenait 120 arpents de profon<leur. Auprès était la terre
dite " terre-à-Bourron," contenant IGO erpents; la terre " Lofortune," ne 1(30
arpents, et trois autres terres de 4 arpents sur 50 de prof ondeur cluviue, formant
600 antres arpcnis, ou nn total de terres arables de 1640 arpents. Une partie
était en bon état de culture et d'explotation puisiju'on y comptait 208 têtes
de bétail. Si on ajoute les autres concussions de terres dans divers cinb(jiis du
Haut-Canada, de la contenance de 200 acres chaque, obtenues du goiiverneinent,
on voit que les biens fonciers de M Dup -rron Bâby avaient une étendue et
une valeur considérables, et étaient situées dans une contrée belle et fertile,
comme il n'y en a pas de moiliei;re en Canada.
De plus, si l'on considère qu'il a commencé sa carrière sans ai le connue,
et qu'il n'a dû qu'à lui-même la fortune (lu'il a su amasser pendant les vingt-
huit années de son ménage, et (jn'il n'a laissé aucune dettes passives, on con-
viendra qu'il avait un talent lemarquable pour le négoce, (pi'il sut conduire
avec une stricte proltité et une honnêteté à toute épreuve. Iji réputation
attachée à son nom, sous ce double rapport, m 'rite l'a bnir.itiou di ses d;-iCi'n-
dants et un respect particulier pour .sa mémoire. Qu'ils songent (|ue cet aiVul
n'avait ipie six ans à la moit de son père et (lUe ce n'est <|ue p.'ir son travail ec
son énergie qu'il fit son chemin dans le uionde ; et (pie dans son avancement il
dut passer à travers de diHicultés sérieuses et que, en tout temps, il sut maintenir
dignement une position sociale honorable.
Ajoutons <ju'il avait vécu sur un pied dispendieux, vu sa nombreuse
famille, et même on peut <lire avec un certain luxe, si on en juge par les ciiui
montres en or à ôO guinées la pièce, pour sa femme et ses filles, et des toilettes
d Europe à l'avenant. Si bien que quand les demoiselles Babie, à leur début,
(1) U'ai/ne records, vo\. C, p. 'J.
(2) /,/., vol. C, p. 160.
(3) Plusieurs de ces titres provenant des Sauvages avaient été roini» à Jacqups
(James) Buby pour les faire valoir; voir procuration du 17 mai 17'J7 «l'.Vllnn Bolliiii^liaiu ot
iij-., Cliaboiiley, N. 1'., Montréal. M. Frank IJàby, do Toronto, urrièropetit-lils, en i)0»âédo
encore queUpies-uns.
— 99 —
descendirent à Montréal, la chronique rapporte que les dames de \a ville s'em-
pressèrent, avec cette curiosité si naturelle à leur sexe, d'aller voir les beaux
atours des petites " sauvaçiosses," ainsi qu'elles les appelaient, non sans une petite
pointe de malignité féminine Le l'ait est ([u'elles étaient bien bruaes, néiUMioins
elles étaient belles de figure et de taille, spécialement Snsanne (1) et Thérèse-
Les gens de l'équipage (de la hatdéé) qui les descon laient, re:id:iient tout
bonnement la même idée de leur teint dans un langage naïf et imagé. " Elles
ne sont pas salissantes," disaient-ils.
Nous avons dit que les époux Duperron Bâby avaient eu une nombreuse
famille. Ma mère m'a souvent répétée qu'ils avaient ou 22 enfants. J'en noinaie
20, à l'arbre généalogique. Il n'est pas sans intérêt de dornier ici, en outre <le
l'appendice, la li.ste des noms et les dates de naissance de chacun d'eux telles
qu'elles apparaissent aux registres de la paroisse de Sainte- Anne, du D''troit.
1 et 2. Jacques et un autre, les bessons nés le 10 juillet I7G1, à la l)aie de
Niaouaré; Jacques, baptisé à Montréal, le 18 juillet, même mois, et mort
peu après. Iv nnirraine. Dame Dauteuil, était Thérèse Catin, Vve. de
Simon lléaui.ie, et tante de l'enfant.
(1) Susanne, (<levenne ensuite Mme. Allison) ôtait belle à attirer l'attention. Un
dimanche qu'elle vint à l'ofti-auile, le Pèi'e Simple Boquet, curé du Détroit, qui était fort
naïf et plein de boiihoauuio, se mit à la regarder et dit à son bedeau, as.soz haut pour êtro
entendu dans l'éjilise : " Elle est bien gentille." Celle-ci racontait combien elle avait rougi
du compliment devant l'assistance.
Pendant ses dernières années, le Père Simple, parvenu à un Age avancé, perdait
souvent la tramontane et il lui arrivait, par fois, do parler tout haut clans l'église. Un jour
qu'il faisait la procession de la Ste-Vierge, il était ai faible que deux marguilliers étaient
obligés de lui soutenir les bras qui pouvaient à peine porter la statue. Voyant qu'elle
trébuchait à cha<jue pas : " (Ju'ost ce qu'elle a," dit-il assez haut, " elle frétille comme une
anguille.''
Une autre fois, penclant la messe de la Sainte-Trinité, oîi l'on faisait le renouvello-
miMit des vœux du baptême, il s'apei-çut que son sacristain, noiumé Persil, dormait. Il lui
donna un coup <lo cierge sur la tête pour le réveiller. " Quand je vous le disais (pi'il me
tuerait,'' dit Persil tout haut en se réveillant et se frottant la tête. A la fin le Père
Siiiii)le radotait tant qu'on fut obligé do le renvoyer tV Québec, chez les Récollets, où les
Pères avaient le permis de continuer à subsister jusqu'au décès du dernier siu'vivant île
l'or.îre en Canada, ainsi ipio l'avait décrété le gouvernement anglais. On embarqua donc
le Père à bord d'un vaisseau. Au l)out do quelque temps le Père entendant sur sa tête le
bruit des facs qu'on chargeait à l)ord ; " qu'est-ce donc," tlit-il à Persil '.' " Co n'est rien, ce
n'est rien," <lit celui-ci, " ce sont les gens (jui apportent la diaie." " Tant mieux, tant
mieux, reprit le Père, elle rond bien cettii année."
François Leduc dit Persil, tel était le nom du sacristain, bedeau et domestique du
Père Hoquet, dont il devint le légataire par son testament du 4 mars 1777. Jii't/inln' du
Déiroil, p. l'.tl). Le Père Simple IJocpiet est le môme qui fut curé missionnaire aux Trois-
Rivières, en I7")4. (llinl. 'In M'inimHirp, Ur., Troi.i-Ric, p. l!30).
Madame Lafrandioise racontait que le Père Simple, en allant rendre ses devoirs A,
il. et Mme. Ttiiby, demandait invariablement sa tasao do café à oelle-ci, en disant (^u'il n'y
en avait pas de meilleiu' au monde.
— 100 —
3. /S'wsawîe, née au Détroit, 12 juillet 1762, s. 26 mai 1765.
4 Jacques, " " 25 août 1763, parrain, Antoine Bàby, oncle; mar-
raine, Angélique Desrivières ; décédé à York, (Toronto). 19 février 1833.
5. Alexis, né 24 septembre 1764. mort jeune.
6. Thomas, né 22 décembre 1765, " "
7. Sasannc, née 24 novembre 1706, décédée à Amherstburg en février 1813,
épouse du Capt. Wm. Caldwel!.
8. Thérèse, née 1767, épouse du Capt. Thomas Allison, décédée à Québec, 27
mars 1839.
9. François, né le 7 décembre 1768, décédé à Windsor, 24 novembre 1836.
10. Jean-Baptiste, né le 10 janvier 1770, décédé à Sandwich, vers 1854,
11. Théotiste, née le 24 janvier 1771, décédée élève au Couvent des Trois-
Rivières, vers l'âge de douze ans.
12. Catherine, née le 10 février 1772, décédée en bas âge.
13. Pierre, né le 4 mars 1773, décédé 11 juillet 1773.
14. Archange, née le 25 mai 1774, décédée à Amherstburg le 23 février 1850.
1.5. Antoine, né le 19 juin 1775, décédé le 2 septembre 1775.
16. Pierre, né le 19 août 1776, décédé à Sandwich en 1811.
17. Moniqite, née 1777, ép)U.^e do Allun Beliinghaui, décédée en Angleterre,
après 1833.
18. Daniel, né le 28 décembre 1778, décédé ù Londre.s, major-général, en 1858.
19. Antoine-Ditperron, né 1779, décédé à Tours, en France, vers 1850.
20. Louis, né 1781, tué en duel à l'Islu Bourbon, vers la tin de 1812 (1).
Pour compléter le nombre de Î2, que ma mère a toujours affirmé être le
véritable, il en serait survenu deux autres probablement depuis, qui n'auraient
pas vécu.
Lors du décès du père il en survivait onze ainsi que le constate la partage
de sa succession.
Suivant ce que m'a rapporté mi mère, pour l'avoir entendu dire,
Duperron aurait eu une fille naturelle, métis indienne, qui aurait épousé " Blue
Jacket," chef sauvage renommé de la tribu des Hurons. Elle était venue avec
son ïuari à Malden (Amherstburg), recevoir les présents accoutumés du Roi. (2)
De là elle s'était rendue à Sandwich chez M. Jacques B.iby, portant son p ipoone
emmaillotté à la façon des indigènes ; c'est ce qui frappa ma mère, qui était
(1) .\près la naissance de Louis, Madame Biiby avait dû descendre il Montréal on
promenade, ainsi que Mme Benoît l'écrit de cet endroit, le 5 juillet 1782, disant que Mme,
Bàby s'était rendue assez promptement au Détroit,
(2) Los sauvages y venaient en grand nombre. " On July 27 th (1810) large bodie»
" of Indianr continue to visit the British post and are supplied with ammunitions,
" orms and provisions." (Far mer, p. 272).
— 101 —
tonte jenno alo 's. Mili'a> Blhy, s-i pr)prc iu^l'c, étiit on inTMiio tein;)^
ticcoiicliée d'un nouveiin-iié, efc elle cmit S'> iMp:)i!ler ([a' 'lie n'était pas encore
relovée (le ses couches. Ce devait être à la aiissance d 12 l )',iir l, en déce ii'ii'o
1809, où elle avait (i ans. Cest là un des premiers souvenirs d'enfance qui lui
rappelaient sa mère, laquelle portait, dans les eirconstmc "s, un visible intérôjà
Tcnfant do l'indienne. Ce Blue-Jaeket oiamaudait lo3 Cliaouénons de la tri'iu
<les Murons, alliée aux Anglais, et contribua pour sa bonne pirt à la défaite de
St. Clair à la Rivière des Miainis, en 17D1, et à cell.' du gjnéral Winchester à
Mns(|Ui gon, en 1813. Son campement était établi sur le bord ouest de la rivière
Détroit et un peu au nord de la Uivière-aux-llaisins (|ui s'y décharge Ci! fut
là le théâtre du terrible massacre îles troupts aniéi'icaiues le 23 janvier 1813
par les Sauvages. Blue-Jacket avait oi»t-nu en 1SJ8, du gouverne ne;ib de
^\ ii.'-hington, la reconnaissance de son titre à 80 ar])ents de terre en ce lieu,
lequel a conservé son nom ancien (le M ).ig lagon. Ce giiiriier d)it éLre ie
nu^Mne ([ui, le 10 octobre 1774, .se trouvait à la oatailie du '■ l'olnt-Ploa-;ant " (buis
la Virginie, où périi-ent les colonels Lewis et Field et plusieiir; ollicicrs. B;uo
Jacket paraît avoii" toujours été attaché à la cause des Anglais contre les
Américains. Dans sa réponse à l'envoyé du général St. Clair en 1791, il lui dit :
" Nous sommes .«ensibles à votre discour.-- et. il r.ous pliît liien, mais nous no
'■ i)ou\ons vous l'épondre avant (.l'en entendie de la part àa notre pè.'o du
" Détroit." (Losnihfi )
Madame Duperron Bàby ayant pourvu à s s tilles par mariage, pourvut
également à l'établi.s.-ement de .ses (piatre derniers tils. Pierre fut envoyé à
Edindiurg pour y terminer, à l'Université, son cours d'études médicales. Daniel,
Antoine-Duj)erion,et L(aiis, préféiant la carrière des armes, entrèrent tous trois
dims l'aiinée angli.ise. Leur mère leur acheta, chacun, le grade de lieutenant.
La commission de Daniel date du 9 novembre 1797, les autres de peu de temps
après.
Madame D. lîâby, ayant réglé toutes ses affiiires temporelles et partagé
entre ses enfants leurs jiarts d'héritage paternel, résolut de se retirer du monde,
p(au' mieux faire de son salut son uni(|Ui' occupation, lille entra (1 1 mai 18)2),
comme pensionnaire, au couvent, de l'FL'ipital-Gé'iéral, près Québec, pour y
tei'mnier le reste de ses jours dans la prière et les exercices de piété. L;3 data .s
religieuses convinrent d'une somme ainuielle de 1500 livres pour cllj et .sa
servante F-lizabeth. Les annales (Uï la connnunaut'' font mention de l'entrée
de C(.'tt(-' Dame connue prusiouiiaire, et occuiiant la eh iml)rc vis-à-vis C'ii' di;
ré\(M|iie et ajoutent "([u'elle était très charitable et pieuse." Elle é lilia
[lar une vie sainte les uoiuies religieuses pi'udant les on/iî aimées ([u'elle pas-^a
dau'^ leurcouvent. C'est là (|ue ma mère l'a conniie, en 1811, lorsqu'elle fut
envoyée à Québec pour y recevoir son éducation, qu'elle connuença à l'Hôpital-
Cîénéral, sous la tutelle de sa grand'mere. Elle passa cet hiver avec elle et fut
à niêine de l'observer : elle remarquait son (ixtréme pi'Cfjreté. C^)mme in lice,
elle fiisait nettoyer ses robes de soie avec de la mie de pain par sa servante.
— 102 —
Durant l'été de 1813, la santé de madame Bâby s'altéra visiblement.
D ins l'espoir de se rétablir elle voulut profiter de la belle saison en allant
chercher le bon air à la campagne. Son gendre, le Major Ross-Lewin, occupait^
comme résidence d'été, l'ancienne ferme des Jésuites, donnant sur le fleuve à
Beauport, (1) et fut bien aise de l'accueillir chez lui. ("ependant, malgré tons les
bons soins et les services les plus attentifs de sa tille, de son gendre et de ma
mère, et tous les secours de l'art, rien ne put arrêter le progrès de la maladie. On
fut obligé de ramener la malade à la mai.son di ville, (2) où peu de t-mps après
elle trépassa. Elle fut inhumée le 1er octobre 1813, dans la cathédrale, sous la
chapel'e Sainte-Anr.e, du côté de l'évangile, au milieu d'un grand concours de
citoyens et de tous les notables de la ville. Elle était âgée de 73 ans et avait
jurvécu 24 ans à son miri.
C'était une personne assez petite de taille, mais bien prise et d'une ex-
cellente constitution, que sa nombreuse famille n'avait pas altérée. Ses
traits étaient réguliers, son visage et son air agréables et imposants à la fois ;
son expression indiquait une intelligence hors du commun et un caractère éner-
gi(iue et plein d'activité. Epouse aftoctueuse, mère dévouée à ses enfants,
((u'ellf éleva avec douceur et fermeté, elle remplit dignement tous les devoirs
de son état. Son instruction n'ava t pn (|u'être bien limitée, car, à l'origine de
la petite colonie, conniiencée au fort Pontchartrain, il n'y avait pas d'écoles pour
ain.si diie. Mais madame Kâby était parvenue à y suppléer de son mieux par
de bonnes lectures, des livres bien choisis, et elle avait pu acquérir îles conniis-
snr.ces utiles et suffisantes pour le nnlieuoù elle était appelée à vivre. Un juge-
ment sain, appuyé sur des principes de religion solides et écliiirés, lui traçait
sa ligne de conduite, qui fut toujours invariable. Sa mémoire est restée en
vénéiution parmi ses enfants, tjui l'aimaient, la craignaient et lui témoignèrent
^1) Le séjour à cette villa étnit des plus ajii'éaliles par la beauté du site, l'air pur do
la brise du fleuve, et très confortable par la spucieu.so dimension de l'édilice et de ses
dépendances.
Quelques amis du voisinage, entre autres les do Salaberry, qui domeuraient auprès,
étaient des habitués do la maison. Ma mère nie racontait qu'elle faisait la partie d'échecs
avec le colonel de Salaberry, le héros do Chàtcauguay, ()ui aimait ce jeu.
Puis elle so mettait au clavecin et jouait pour lui. Il lui arriva un soir de toml)or
•ur l'air, (Vj ira, fa ira, les arislns lï la lanterne. Le colonel poussa un cri en se bouchant
jes oreilles : " Quoi 1 tme Bâby jouer un pareil air?" Ma mère ignorait et apprit alors
qu'un Salaberry, parfaitement innocent, cousin du colonel, avait été guillotiné par les sans-
culottes pendant la Révolution.
Les de Salaberry avaient un portrait en pied du duc de Lesdiguèro, le héros do la
prise de Mantoue. J'ai lieu <le croire que ce tableau provenait du juge de Bonne, du
iiiênie nom et de la uiême famille que celle du duc, et qui résidait à Bcaujjort non loin des
de Salaberry.
.l'ai vu moi-même ce portrait chez Melle. Kuiilie de Salaberry, en IS4fi, en na demeure,
»ur sa propriété, tenue en lief, relevant du domaine de Beauport.
(2) Pevenue le presbytère irlandais actuel, tel que rebuti, et maintenant occupé par
les Pérès Kédemptoristes.
— 103 —
toujours un grand respect. Jaimiis ils ne lui écrivaient sln^ sa sjuscriro, avec la
plus paiftiite tendresse, ses très humbles serviteurs et fils. Elle renvoya, un jour,
à l'un d'eux une lettre qu'il n'avait pas formulée avec une terminaison an ilogiie
de respect et de soumission filiale.
Il est doux de rappeler le souvenir d'une seinMable aïeule et do pouvoir
citer l'exemple d'une femme dont la carrière a été si bien remplie. Comnij la
femme forte des Livres saints elle a mérité d'être couronnée d'honneur ici-bas et
de gloire dans le ciel.
On se demandera peut-être comment il se fait que madame Bâby ait
con.'^enti au mariage de ses tilles avec des protestants. Il faut coin neucer par
faire la part du temps et du lieu. Il n'y avait guère de partis sortables dans
l'endroit, et les jeunes tilles se .sentirent peu disposées à épouser des traiteurs à
cause de leurs relations bien connues avec les femmes imlionnes. Et, au bout
d'un certain temps, après la conquête, il y avait moins de préventions contre les
Anglais et les protestants ; car un contact immédiat avec eux, imposé par la
néce.ssité, avait amené des relations sociales (jui naturellement se terminaient
par des alliances. Cep.-ndant il faut dire que madame Bâby refusa d'assister
à ces mariages, qui furent contractés soit devant des ministres anglicans, soit
peut-être devant des magistrats, suivant l'usage du lieu alors.
Par son testament olographe, daté du 17 avril 1S13, madame Bâlty
tonmiença par donner .£:î25 aux curés de Québec et de Samlvvich pour Ijs
p^iuvres et une rente viagère à sa .servante Elizabeth. Elle fit remise à
l'Hôpital-Oénéral d'une certaine somme (|u'elle avait prêtée à cette communauté,
et un legs particulier de £5 )0 à son tils aîné Jac(iue8, pour l'inleinuisjr un peu
des pertes (pie les Américains lui avaient fait subir en coutisquant les terres
qu'il avait eues de .son père et (pli provenaient îles Sauvages. Ls reste iil.S,570-
6-5A fut partigé entre ses dix enfants survivants, pir p irts égales.
Comme elle n'avait pas disposé spécialement des biens fonciers situés
dans le Haut-Canada ils échurent a l'aîné, suivant la loi du lieu.
• «
Jetons tn.'iiiitenant un coup d'<pil .sur la famille de Susanne Hubert de la
Lacroix Kéaume. Quehpies rensi>ignemeuts sur elle trouvent naturellement
leur place ici. Cette famille date, dans le pays, des premiers temps de la
colon e, comme on peut le voir par l'arbre généalogi(|ue, appendice F. Elle
était bien posée et avait de bonnes alliances.
A l'époque dont nous parlons, c'est-à-dire avant le mariage de Susanne,
sa sœur venait d épouser (4 novembre 1070) " Charles Danou, (1) sieur de Muy
" (Mou}'), enseigne en pied du détachement des trimpes de la marine, en garnison
" au Détroit, fils de Jacques Danou, Ecuier, seigneur do Muy, chjvalier de
" l'ordre royal et militaire do St- Louis, capitaine et commandant pour le Roi
(I) Dont on fait Daniau, Daneau, D'agneau, Daignean, eto.
— lOi —
"en cette ville, et do tléfiinte Loiiise-Cieiieviève Ruette iTAiiteuil, (1) venant
" 'Je Montréal." (2) A ce niîiringe iissistineut .TaeiiUts-DiipiTrim Bûliy, ^[ l'ieoté
(le Bellestre, iiouveiui coninwiii<lant, et (|ui devenait oncle de lu ni,ii'ii''e, ayant
épousé Mai'ie-Amvj Mi,'nui; A;j,Mtho do Si'lo), C)ti>iiis et aiti'o-:. Au'um!
P)âl>y signe nu^si nu iiijistre n\ic les lettres P. K. ajovitées à sa signatui'e, <jni
signifient, je crois, l'oste du Roi.
Pierre Réaiinie. le | ère de la niarit'e, t'tait riég<iciaut, im (1<'.~, notaMes de
l'endroit et a continué d'être un descit«yens maniuauts. ( )n le retrace jus(|u'eu
1777, époijue où il di-parait, sans <ine je puisse trouver aueaui: trace iudiipi.uit
son décès. Oii a vu (ju'il était propriétaire d'une l>el'e terr'- du cùlé sud de la
rivière, (|ue Pontiae dé\a>ta dans la nuit du 1) siptenihre 17(io.
Son frère, le Colonel Jeun-Papt. Réaume, coinniandait les luilioes do
Miinti'éal et périt glorieusfnient ù la bataille de Sainte-Foye. C'e.>t le uièuie
qui était aussi ii-terpi'ète auprès de {ilu>ieurs tribus s.nua^i's. Li l:{ ni.ii 17.')7,
étant int^Tiirè • à la lîii.', il \iiit à la uii-^siiui de .Mieliilliniakinae l'aire liapti,>cr
coninu' f]iiu\ de Marii-J.ixpli, Kur eid'ant, Josciili, né' le 7 mai 1 7.'3''), dans
riiivernenient du Mississippi.
Un autre Rénunu', Charles, négociant de Montréal, était de la nit'nie
fauiiilc ain>i ipi'ou le voit dans inie transaction entre lui et euusoit-* avec le
niéuii' Cliarli's Kaiiuu.au sujet de la suecossiou d.* Cliaii.'s IJucLCe d'Aiileud
piaii- la seigiiriirii' de !.i (iraude-Anse (la Pocatière) et celle de •faeipiesO irtier.
Parmi les intiTi'ssés à celte transaction étaient les Ir'u'itiers île Dame JucUereaii
savoir: Ddlf 'l'Ie'iè^i' Polet df la Poeatièi'c, iss'ie d'un premi v m ii-iag- et é-p )use
du .'•lante de I! 'thuiie ; Miîdrlei u' d'Auti'uil, épiius.' du c'ie'valii'i- d.' ("ourey
Ignace d'Aut iiil, fte. {drc/h' ilr P.iiu't, iiotiirc, ;i M uitr'al, \<;;-s I7s) )
C'iiarles Réaume, fils de P erre, (ÎJ) devint capitaine ilaiis l'ariuée an<»'lai.se
et occupait un poste (pii relevait du surintendant des Siuv.iges. Il alla ensuite
s'é'taMir à la Pi.iii.'-Verte v<;rs l"l)l>, où il mourut entre ISfN et l)^2i, ( First
Ainiiiiil Iv i>. nf SItiff, Illff. tij ir/s, p. (il,) ayant rempli les fouetious de jui'o
du lieu. Ses décisimrs élaieiit sommaires. I^-' .luge Cam]iliell ( Oui' i)h i ,if fin'
Ili-it. nf Mli-liii/'i II, \<\>. |;")lMt)()) lacontt' la manière pi indtive dont ci- li^'-aume
f.xer(,'ait ses pouvoiis judieiaiies. (^uoi^pie, dit il, il sévi^siit s mvi-iit à l,i t'ae,)n
orientale, néanmi.)ins, il aj lUte, ciaume pailialif, (pi'il n'alla p s ju-ipi à condam-
(1) Jt-u/islre lie SlfAnne <lu Délmll.
Ci) liuello est iH-tto miîre n.iaio lliiette .l'Aiiteiiil, tiiUo ot ni UTiiii.' ilo ,Tii',|u..i(
]!al>y, né i» lu biiio ilo Nirtouufé, lo 8 et bajitiHé li Montréal le IH juillot 1701 ? Elle doit être
Tliéroso Catui, veuve de .'^imoii Id-niuno, \hm ciaiuo D'Auteuil,
(.'5) M. l'iilthé Hliéaunie, du Sômiiiaiiu do liuôlit'o, m'ôiTlt ce qui suit :
D'iipres me» note.-, le yige C'iitirle» Uéainno ôuiit liis de CliarlosAuL'iinte et .le
>rargu<>rito Lilielte. Il oi>oti»e, le 15 »t>iitcailiic 17>3, Marie Louitie Kainhaiilt t\ Montréal,
pl Lou'iK, son (ii'\i\ avait éiions-o, I.' lor fév. 17"iii, Gli.u'l.itto Barllu- ilu DiHioit.
Quanta .Tulii, née en 174S, ot ayant tjiousé l'ierre llay, ou 1704; «lin est lille do
Hyaelntho i-t Agalli" !>.' Ii <", H...
— 105 —
iit-r ;i In iiriiu' Ciijiitnlf. 11 cite île eiuinix nij^^'iiionts, pioiioncés pnr ce jnijo,
(lîuis le ofiii-e lie ceux de Sandio dans .^on islo, iiinis loin d'iivoir le même lum
sens.
Un autre fils du même Pitrre, Loiiiw, devint ottii-ier dans les mêmes
tnuiies iinj^'laisis, épou-a Marie-Cliiirlotte iiartiie, et l'ut tué (juin/e jouis après
son mai'iîii^'i'.
■lulie Kc'nrme, m'e en 174S, s'allia à Jolm (Jeliu) Hay, devenu lieutenant-
couveineur ilu l)cti()it, et mourut en I7'.)4. Leurs de-cendauts ont pa->sf l'u
France et exi^tmt -.ujourd liui ; ce sont les Hay de Montigty, dont l'un était
garde ihi coip.-^ Je l'ini'oituné I^ouis XVi.
*
* *
Kt'\(ni'n-;à la cniiiiiiuation de l.i ii-'n. r de Kivmond Hàl.y, dans 1 ordre
lie n(ii.->anee.
i». /'/.-('/»'. ni'e lelOféviirr 17M2, entivi en ri'li;:-ion aux l/rsulines do
Tiois-Ki\ ièrcs, et liixint la i, ère '1 lierè-e-dc-,T('sus, si liien conmir. <'ette temuie
n inHrijuaMe mu ite \ine nu ntion >p<'eiale. 'l'oute ji'une elle l'ut placi'e au coU\t'!it
lii s rr.-uiims df (^tui'liic, ('1.'. II, p. •_'.')4-) et ayant terminé là si)n éiluciition, elle
entia comnn' novice au monastère du même ordit.' aux Trois-Kivièn's, le :2Ô
janvier 17-M. IJle tit pP l'.ssidii reliuii'Use, le 1 :{ amU \7'y-\ Sa dot lui avait
éié constituée le 21 j\iillit ]irécéMlfnt, suivant ipiappert à l'acte devant liadeau,
notai) e, i|iii reeut aussi son testament, le 2 septembre 171M5.
(In tiouvna d'uiupl' s détails sur la vie de cette religieuse d ms r///>Vo(/v
ilii Mi'iiiii^l' ir i/'> U rsiil i iKS ili.s Triii-i-lii rirrin, ])uliliée en INN'^. Les <l''Ux
ineendii -. du '2-2 mai ]7'yl et du 7 octnlutî isOi) ont «létruit, à deux reprises, le
moi.a^tèie et ses arcldses. ("elleri-ci ont été ré'talilies du mieux po-sihle an
moyen des i;r( fies des notaires et autres documents, aussi en partie par la
tiadition. N'iici mi aliit''e;é' de ce ipie j'axais recueilli ava\it la pulilication île
l'histoire déjà cit(''e. I^.i iuèr«' Sie-'riiéTè^e-de-,le>us fut admise au .noni'ire des
(li^cièles en lîti^ et continiia de former paitie du corps adininistrntii' de la
cohiii.unanté jusii" à .-a mnrt. Llle l'ut é' lue SiipiTii-nre en l 7^:!, aviiut |ia s.''
jar le.» liiv' ises ciiarges de la lu.u^on, cnuiine maitres>e de-^ novices, depositairi-,
et assivtiiide s>ipi'riiure en I7<i'> )u>i|\i à !7iiN. KHe |.'it cél>'lirer ses noces d'ir,
«yiiiit \ ccu en 11 ii^^ion 02 ans et !• luois. Ses deiiiières aiMn''es fuient pistées à
1 .ntirmeiie, et, Kirs du dernier incendie, in I.SOti, les citoyens de la vide la
soitiient du milieu des 11 immes. l'ii mois fi|)rès elle ••einlait sa lielle àine ii
l)ieu, aux lisuliiii's de- tj)ué'liee. i|ui avaient ddiine un refu;;e à leurs -leers dea
'l'iois Ivivières.
La n èie 'riiéiè»e-de-.lé'-ns était une femme di-fiiiiîuét», d'une jrrandc
sin.|> i( ilé, d'un excellent jn^'cmt nt. I )<.uée .rmie lionne iiist i uetion et éMiucation,
l'Ile se n 1 dit fi it utile à sa commumiiité, ilont elle lit " l'Iioimeur et le l.tmli'itr, "
dit I liistoi ien de la niaisun. Il exi.te plusieurs lettics de la iiièie 'l'iiérèsc-du-
— 106 —
Jésus. On y remarque ce style concis, simple et sans apprêts qii'aiiimit
Montaigne, " parler simple et naïf, tel à la bouclie que sur le papier . . . ."
En voici un oxenipltî (|ui ^e trouve dans la correspondance du gouverneur
Haldimand :
" AU Ot'xÉUAL HALDIMAND, ETC , (lOUVEHXEUU, ETC.
" Mon général,
" La protection que vous avez l)ion voulu accorder à notre communauté
me fait espérer (pie vous voudrez liien continuer à lui faire ressentir les effets
de votre lionté dans la triste occurrence où nous nous trouvons, chargéi's de
plus de cent-vingt personnes, dont le plus gran<l nombre sont des piiuv.-cs et
des estroiiiés. Nous prenons tionc la liberté de réclamer à votre charité
Connue du jière conunun.
Voici, mon général, de ipioi il s'ngit : nous voyons ipie nous touchons au
moment de nianiiuer de pain ; ma conHance s'est ranimée loi's(pie j'ai pensé à
l'ecourir à votre Excellence.
Nous avons, comme tout le monde, lU le unillieur de ne recueillir (pie de
très mauvais blé, et en petite (|uuntité ; les menus grains, ainsi que toutes
esjièces de légumes, ont entièrement manqué ; ces derniers nous étant d'une
grnn<ie resstairce, tant ]iour notre communauté (pie p<jur nos pauvres, et pour
stirci oit, notre moulin n'a pu marcher pendant près de deux mois, ;e qui a
ditdurné les moutures.
Si Voire Excellence est touchée de notre triste situation présente, efc
qu'elle veuille secourir les memlavs de Jésus-Christ, elle peut être assurée tpie,
par devoir et par inclination, nous redoublerons nos vn'ux pour (jue Dieu
Viénisse les généreuses et sages dispositions (pie \'ous faites pour la con.servation
de ci'tte province, «pie notre '. îraeienx Souverain a contiée à vos soins ; ce tpii
redouble envers lui notre rec()nnais.sance. Ce sont les .sentiments unanimes de
toutes celles (pli comi)osent cette ct)mm,inauté, et tiès particiilièiviuetit île celle
qui a Ihoiuieur d'être, avec le respect le plus profond,
Mon général,
De Votre Excellence,
Iti très liumblc et très obéissante servante.
STE-THÉKfc.SE-DE-JÉS[JS,
Supérieure."
I décembre I
17«3, Trois-Rivières."
A l'HApital-Oénéral, ce 0 décembre"!
M. le juge IViby possède plusieurs autres lettres de la Mère Thérèse-de-
J(5sU8, (pli sont charmantes de grâce et d'amabilité.
107 —
* *
10. Fi'diii^')).'^ Jii'n/, ^'t■,u\t nn (liM pi'rsoriti igiM qui oit jot.é le pin-* île
lustre sur Iii fiiuiille, mérite une uieiitiou hononilile plus ilétaiiiée.
Il est à propos de reinari|iier (|ue c'est lui ipii est le clmf «le la tuMiioh i
de ceux du nom, et des seuls counne tels, qui hiU.itent li province de Québec ;
les rameaux partent tous de sa demeure familiale e,i la ville de Québec
Né le 4 octobre ]7^'.\, h Montré d, il entra jeune au collèiçe clt-s .lesuiie-i,
à Québec, où il fit s(in cours d'études L'impression favorable qu'il i-eut di-s
Révérends Pères, comme iîistituteurs pour former la jeunesse, dura toute sa vji',
et maljrre l'abolition «le leur ("ompa<,'nie, il n'en con-erva ))as moins xin souvenir
lidèle et iH'imanent. Si bien (|Ue, depuis le rétablissement df leur ordre, il lit
promettre n son HIs aîné, Franyois, île faire instruire ses enfants dans leurs
collèjres. C'est ainsi que Michi'l-Fran*;ois Bâby, de Québec, son. petit-tils, fut
confié aux jésuites de Georgetown, E. U.
Nous avons vu que durant la guerre de la conquête les quatre frères
Jiàliy prirent une part active à la défens(> de la colonie. Fi'anyois, alors dans
toute la vigueur de la ji'unesse, se distingua diins U's iliverses expéditiims,
f-er\it sous M. de Beaujeii à la bataille de la Monongahéla, et tint la campagne
ju-(|u'à la reddition de Q lé'iec.
An printemps de 17(i(), il passa à Li Roclii'lle, avec l'intention protnlile-
nient de <iemeurer en France, car ses vues devaient naturellement coïncider
avec celles de son frère et associé Uup.'rron, du Détroit, qui, comme on l'a vu,
n'avait pas voulu prêter serment d'allég<'an?e au roi d'Augletc-rri.'. Frani,- lis
séj(airna ])lus de deux ans en France, où il avait des intérêts considê-rables pour
son commerce et pour le recouvi':.'im'nt d'un foi*t montant de valeurs en papier-
monnaie, (|u'il eom|itut retirer du gouvernement du Uoi ipii l'avait émis forcé-
ment au (,'aiiada. Ses e-pérane-s, comme celles de bien (i'iutres porteurs,
furent réduites en réalité à ]ire.-ique rien pour sou papier, l't la Cour ouMia ses
services.
11 revint à Québec, et, la jmix étant conclue, il y reprit .son conmierce eu
société avec M. Cliartier de Lotbinière. Il était h Montréal le (i août 17(î3, où
il est parrain de L'aiist- lîaby, sa nièce, lille de liouis. lui 17()!t, il demeurait
h la Hasse-\ill(, rue Launière, longeant la ("oiigrégation N.-D , et en 17MÎ, rue
Sous-le-Fort. ((ircHe «le l'anet, N. 1'. lô avril IT'Sti,. Connue la ooloide n'atteii-
<lait plus rien du côté de la France et était détinitivement céilée à l'Angleterre
par les traiti'S, il prêta le sernu^nt d'allégéanci! au nouveaii lîoi et di-v int, en s'y
soumettant, un sujet anglais loyal et fidèle, connue .s(m frère Duperron, au
Détroit. De même (pie celui-ci, ipii fut a]ipelé à rendre dans le Haut-Cana<la
lie» sei'vic's imi)>U'tantN au nouveau g<aivernement,de même Fiiuieois en rendit
de 8eiiil)lables dans le Bas-Canada. Tous deux s'avancèrent d'un (tas égal et
f'rme dans leur province respective et y occupèrent les premières charges.
Après la pa.ssation di' " l'Acte de Québec," en 177-1. qui créait un Conseil
— 108 —
L'''gisliitif pour la colouio, lu <^ouvornL'Ur npiiolii M. FriUKj'ois lîâliy à m r.iirc
partie. En octoliro de l'iuiiu't' snivniite, h l'cciiision ilo riiisuntetion iIcs Amé-
ricains, il fut idiniiu' L'iinitiiini' de lu ilcuxit'iiic (■(iiii[)nj;Mi<' des miliciens de la
\ille do Quéliff , et Ccuune tel il Fut un de -es déi'enseurs lors de l'assaut )):ii'
Montgomery. l'eu après il l'ut nrcimu miijor de toutes les milices de la ville
et du district de Quélae ; et en ] 77iS, lieut.-colunel, en remplacement de son
cousin, le colniicl Le (.'ouite du l'ré. lui jun\ ier 1771>, il élait nommé commis-
saire canadien des tran-i[iorts militaires, et, en ITWl, on lui conliait le po-te
d'adjudant-gtMiéral des milices, succédant à M. Cramahé
Durant tout le tem]is de l'invMsion américaine; il rendit les plusgiands
services à la Couronne d'Angleterre.
J)ès l(irs, il joiiiss.iit d un uraiid cri''dii îiiiprès d\i gou\erneui' lialdiiinind
Il devint fin n\i.-eur cuntidentiei et un (ipjH;i .sur leipu^i A enmiitait l'our
s'ns.surer de la Iciy. uté des C'iinadicns-iViniedi'- et reeiieicle r cinx'pii syiiip.ulii-
saieiit asec les reliclies. C'est iiinsi (|Ue M. U.'iliy dut l'nire une en(piéte sur li'S
iigissenK.Mits de M. (U- Saiio-Laterrièie, (|ui i'iiL arji té, puis éloigné du p'i.ys
just|U à ce (p;e la paix l'ùL i ''tiiLlie.
Quoi(|ue tout dévoué à rAnglet(nTo, il n'en rendit pas moins d'ino-stimi-
Mes services à ceux de ses compatriotes (pii, cédant aux sellicitati )ns des éuiis-
stnres des colonii'-;, étaient exjiosés à tomlier aux mains des autorités. La
c.irre>[> indanee i|u'il a laissé'e en t'ait foi L' l'aiiirux ilu t'al\et, lui-ménu,', le
reconnaît dan- une lettre la'i il lui demande toute -a pidtection, et dit tout le
ciiutraire de ei' (ju'il avanc._' élans son livre [).Kir tl.itter, c<)mme sujet apparem-
ment dévoué', les autorités iui[)ériales et ilénigreren mèuiis temps li-s (.Jauadieus-
l'r.'Uieais. M l>'i'iyuade son crédit pour l'aire l'elâiher ou laisser en lilierté
ceux, parmi lo.s compromis. i|u'il sa\ait de\ oir rentrer dans le devo.r. l'iusirurs
lui durent leui lilierti'. ( )ii >''t.ait .sur, e'U s'ndre-isant à lui, de n'ein.' pas r<'poussé
et d'olitenir son appui (juand lintéiét [)uldic n'en soutirait pas dans ces temps
orageux.
Lors (il' la n"u\i'!le eniistitution ei'éée en I7'>ii, ipn' divis.iit la colonie en
di'UX pnjNiuces, .\L ijâby fut encore choisi comme un 'les memlires du ('onscil
Législatif et fut aussi nouuu'' nu'inlir.' du Conseil Ivsécutif du l>as-(.'anaila.
('ouiuie tel il ]irit une part <'l!'ecti\e dans le giaivernemeiit et la h'-gislature do
sa piu\inei' pen ant piès d'un ileud-siècle,
Kn fiMinant paifii- dn Conseil Kxé'cntif, i{ui i't:iit alor- eoiisiiiué en Cour
d'Appel, .M. 15,'i'iy se, trouvait o.r ()in''in un des juges de cette Cour Son giviml
sens, sa droiture et son impartialit;'', joint.s aux liniiières professionnelles du
.Tu'."' en (.'Il f et du procureur du Roi, ses eoliè^-ues, supoléèren'. chez. lui i\ uin>
otud'j spéciale l!: approfondie 'les lois, ipi'ii n'avait pas été à m.' ne de faire.
Les notes (pi'il a transcrites pour piuvenir à ses décisions judiciai: es mouti'eiit
nu travail coiist'ii'ucietix et intelligent ; on y voit un disce'rnenii'iit 'pii mène à
l'eipiité et raiijii'lle l'esprit jiiste de nos pru l'Iionnues d'autrefois lifrtnii
vnim eut tftii Jit'lu.f. Ces notes sont conservées avec respect par son petit-fils,
— 109 —
l'honorable juge Eâby, de Montréal, un des mômbres, lui au^si, de la présente
Cour d'Appel.
M. François Bâby était parvenu déjà à un certain â;^î quand il se décida
à se marier. Il épousa à Québec, le 27 février 1786, demoiselle Mario-Anne
Tarieu de Lanaudièro, fille de feu l'honorable Charles-François Tarieu de
Lanau<lière, chevalier de l'ordre royal et militaire de St -Louis, capitaine d'in-
fanterie, (t conseiller au Con.seil Législatif du Bis-Canada, seigneur de Sainte-
Anne de Lapérade, Saint- Vallier,Saint-Pierre-les-Beciiuets et autres lieux, et de
dame Catherine LeMoyne de Longueuil. Cette fenmie accomplie était aussi
petite-tille de la célèbre " Madelon " Jarret de Verchères, l'hén.ïne canadienne*
De ce mariage naquirent douze enfants ainsi (ju'on le voit à l'arbie géné-
alogique, appendice B. Ceux qui lui survécurent sont :
(a) Margmrite-Olivier, (Toto), b. 8 mai 1791, qui épousa le Dr. Selby.
(6) Marie- Anne- Josppidi'- Agathe, b. 20 mai 1793, non mariée.
(c) Charles-Fravçuia-Xavivr, né 19 Juin 1794, marié à demoiselle Marie-
Clotilde Pinsonnault ; élu Conseiller Législatif pour la division Stadacona,
décédé à Québec le 8 août 18G4, laissant un fils, Michel Guillaume, idms Wil-
liam-Francls Bâhjf, b. 15 .st^ptembre 183-1, (pli a épousé, 29 sept(.'mbie 1868,
demoiselle Marie-Hélène-Wilhelmine Renaud ; et une fille, Alice, née en 1837,
épouse de l'honoralile Sir A.-P. Caron, K. C. M. O., Conseiller privé et ci-'levant
ministre fédéral.
{d) Josepfde-Thérkse, b. 81 mai 1799, et décédéo à Québec, le 11 janvier
1864.
(c) M(miqiie-lTrsule,h. 25 avril 1801, qui épousa Thomas- Ainslio Young.
(r) JoHcph- Louis, b. 16 juin 1805, qui épousa, le 22 août 18 11, demoiselle
Caroline Guy, fille de M. Louis Guy, colonel des Milices, et de fou darne Joseph
Curot, de Montréal ; ducpiel mariage sont nés treize oiifants, et, entre autres,
riumoralilo Lonis-Gcoiycs Bâby, né le 26 août 18J2, membre du C msisil Exécutif
du Dominion, et ensuite juge de la Cour du Bine do la lliiui', k .\I>) itréal.
A l'époque de son mariage M. BAby demeurait à la basse-ville, rue Sous-
le fort, où il faisait son négoce. Il acquit subséquemment (lOoct. 1788) une
mai.son spacieuse, pignon sur ruo, au haut de la Côte de la Montagne, où il
demeuia jusqu'à sa mort. C'est là que ma, mère, encore enfant, descindit en
arrivant «lu Détroit, en 1811, et qu'elle connut son grand-oncle, alors âgé de
78 ans. Cette mai.son a été vendue après le décès de Madame Vve. Bâby, en
1844, à révtMjue de Québec pour y bâtir l'évêché qui est devenu le palais actuel
du cardinal. Une vignette de cette demeure et un plan des lieux enviroimants,
dressé par J.-Bte. Dubcrger, arpenteur-géiiéral, se trouve à l'Archevêché.
La vie de M. Bâliy a été longue, laborieuse et trèi active. Le gouverne-
ment lui confia plu>i('urs charges et commissions, et entr' autres, en 1801, celle
de Connnissaire |)()ur ailministrer les Biens des Jésuites.
Sous le régime ipii précéda la constitution do 1791, il fut nommé cou-
— 110 —
jointement avec MM. Williaiiis et Tuschon'aii, conimissaire pour s'in former tie
l'état des esprits, dans nos caiiipji<,nif.s, à l'c^iiid du irouviTiieiiiciit ; mission fort
délicate assurément, mais dont, avec i'nide tlo ses collèirues, il s'ac(|uitta nv 'C
prudence, discrétion et grand discernciniiit. Lonl Dorehcster l'avait en haute
estime et ne cessait de lui en donner des ténioitriiairi's des i)lus flatteurs. Il
s'inspirait volontiers auprès de M. Bâliy de ce (|ui intéressait le i)ien public,
reconnaissant en lui beaucoup de perspicacité, de droiture et une intégrité à
toute épreuve. Ces excellent-» rapports dmèrcnt loiigteinjjs après le retour du
noble lord en Angleterre et juscpi'à sa mort. Sa correspondance témoigne
d'une sincère et durable amitié entre lui et la funiille liàby.
Le gouverneur Huldiniand continua aussi à corresiiondre avec M. Bàiiy
et à s'intéresser à sa faniiili'. C'e-t aiii>i ([u'il aida à ravaiicriiiciit de ses ne-
veux, les trois Bûby, que n^'us a\'oiis vih entr'".- hni-, A lU- 1 irni '■• an^'i i s'.
Sir Robert Sliore Milnes ayant conviniué nu ciiâteiu Saint-Louis, le G
février 1(S02, les commandants des iidiiecs cic la pioviiiee, afin d'apporter par
une nouvelle législation, plus d'efficacité dans \r sers iee de la milice, m sachant
'.'intérêt que M. Bàby portait à ce corps, le pioposa eounin! i)résident du comité
et il fut porté unanimement à la pré>idence.
Lady Milnes entretenait des rapports d'amitié avec les dames Bâby et de
La Naudièrc, ainsi qu'on le voit par ses lettres.
A diverses reprises M. Bâliy fut appelé, par Lettres-patentes, à présider
le Conseil Législatif: une première fois par Lord Dorch"ster, une autre par Sir
Robert Milnes, et une troisième fois par l'administrateur Dunn. Ou lui proposa
même la charge d'adndnistrateur en l'absence du gouverneur-génér.d, mais ne
voulant pour aucune considération prêter le serment du ^t'.'i^ il déclinai honneur
de cette fonction.
Il n'est pas sans intérêt de mentionner que dès 1700 l'on s'occupait de
l'abolition de la Tcnuve st:i(jncuri<de. Connue membre du Conseil Exécutif et
du comité chargé de s'enquérir de la question, M. Bâby prit une ample part
aux travaux du comité, qui Ht rapport en faveur de l'abolition. M. Bàby par-
tageait à ce sujet les opinions de son beau-frère M. de la Naudière, dont les
intérêts étaient en jeu connue propriétaire, lui aussi, de plusieurs .seigneuries,
mais chez lesquels l'intérêt public l'emportait sur tout.
En 1811, la guerre étant devenue imminente du côté des Etats-Unis, il
fallait absolument des officiers valides et actifs dans ces temps criti(iue.s. M.
Bâby, vu son grand ftge et sa faible santé, se démit de .ses fonctions d'adjudant-
général des milices et fut remplacé par M. Charles-Gaspard de Lanaudière, son
beau-frère. Après le décès, en juillet même année, de M. Charles de Lanauilière,
frère du précé<lentet membre «lu Ctmseil Législatif, lequel reinplis.sait la charge
de grand-voyer, M. Bâby fut nommé à ce dernier emploi en septeinlire suivant.
Durant sa longue carrière, sous le régime anglais, M B.'iby ne dévia
jamais de su liguo de conduite tracée par son seraient et son devoir. Il la
aaivit jusqu'à la fin avec zèle, fermeté et constance. Tous les gouverneur:*
— ni —
di^jtuis la ct)iii|uôt(' tromèffut on lui un conseiller sage et prudent, et furent
liiin aise d'utiliser ses se. vices, en particulier dans les circonstances difficiles.
La continuité du en; lit et de la faveur dont il a joui pendant un demi sièsîe
auprès d'eux suffit, à elle seule, pour montrer qu'il en était digne et qu'il ne
pouvait manquer de les maintenir par les qualités réelles et reconnues du vrai
mérite.
Mais, malgré ses excellentes (pialités, et peut-être à cause de cela même,
M. Bnliy rencontra des envieux, comme Duperron en rencontra aussi. En
desenant sujets anglais dans t(jute l'acception du mot, tous deux en avaient
accepté les devoiiset Us iiiiijilis.-nitntavec une loyauté à toute épreuve. Cette
fidélité de ^1 François IJâliy à la Couronne et à son gouvernement dans sa
pro\ ince ne niai (pia pas d'èti'e critiquée par ct-rtains de ses compatriotes français
de Quéljec. tSuiviiut eux il s'était ln)[) n iiijl iji^, et ils cherchaient à le rendre
impopuliire en le décriant à cet égard.
Toutefois sa réjUitation ét.dt solidement établie. Son intégrité comme
homme pulilic, sa prohité en affaires, la dignité de son caractèi'e et de sa
conduite, lui valuient de conserver l'estime et le respect de la grande masse de
SJ- concitoyens.
Il s'éteignit doucement de vieilles.se, à l'âge de 87 ans, entouré de ses
enfants, le !) octobre 1820.
Catholiiiue sincère et pratiquant, il s'était, sans ostentation, appliqué à
en remplir les devoirs exactement. Le clergé le comptait comme un de ses appuis
fidèles; nos connnunautés religieuses lui doivent aussi beaucoup.
Les Me.«sieurs du Séminaire de Québec, dont il était le voisin, pour
témoigner de l'estime et de la considération qu'ils avaient pour le défunt, récla-
mèrent, connue une faveur, de déposer ses restes près de ceu.'C des bienfaiteurs do
1 iir maison, dans le caveau de leur chapelle. (W Lettre de M. Deniers, V. G.,
ddiia ' L' Histoire des familles Têtu, etc ," par Mgr. Te'ta )
Sa veuve lui survécut jusqu'en IS-l-i et put maintenir, dans une honnôto
aisance, la po.sition sociale de la famille.
La postérité de François Bâby est très peu nombreuse comparée à celle
de son frère Duperron. Comme on peut le voir à l'arbre généalogique elle >e
borne à présent (1896), quant aux enfants mâle.s, à cinq petits-lils et (juatre
arrière-petit-fils.
C'était un honnne de taille un peu au-dessous de la moyenne, toujours
mis à la française, connue le montre son portrait, et soigneux de .sa personne ;
d'un aspect vénérable et d'un accueil courtois et digne. Son affal)ilité était
constante et habituelle, et, chose rare, il savait plaire à tout le monih' ; î'est dire
qu'il comptait beaucoui) d'ands. Son genre de vie sobre et laborieux entretenait
sa santé. Ce (jue je rapporte de .«a personne je le tiens de ma mère, (jui a vécu
de son temps, et qui remanpiait souvent ce beau vieillard quand il faisait sa
promenade quotidienne au bras de sa tille Marianne» (|ui l'accompagnait toujours
dans ses dernières années.
— 112 —
L'honorable Louis-François-George Bâby, petit-fils, né le 26 août 1832,
époux de dame Marie- Hélènt-Adélaïde Berthelet, demeure à Montréal, où il
occupe un rang dos plus distingués et représente au parfait les traditions dt; sa
famille. Il est parvenu par ses talents, son travail et sa réputation aux plus
hautes dignités en ce pays. Admis au barreau en 1857, il reçut la coitiinission
d'avocat-conseil de la Reine en 1873 Elu quatre fois député de Joliette
aux Communes, il fut nommé membre du Conseil Privé du Cana la et
ministre du revenu de l'intérieur en 1878 Peu après, il monta sur le Banc de
la Cour d'Appel où il siégea jusqu'à récemment qu'il prit sa retraite La
dignité de son ."Caractère est à la hauteur de sa position. Homme d'étude, il ne
s'est pas borné à acquérir la connaissance approfondie des lois et de la juiis-
prudence, il a trouvé le temps de s'occuper de travaux littéraires, scieiititiqMes
et numismatiques. Sa collection de documents historiques, gravures, médailles,
etc., est nombreuse, très intéressante et précieuse pour l'histoire du Canada-
Il est un des fondateurs de la Société Historique de Montréal et membre de la
Société Historique et Numismatique de Montréal, laquelle, grâce à son initiative
et à sa direction comme président, a pu faire l'exposition de décembre 1887, qui
fut couronnée d'un si beau succès.
Le .salon du château de R mezay, à Montréal, est son œuvre en grande
partie.
Avec un esprit ainsi orné, M. le juge Bâby est un charmant causeur, et
il sait faire part, en compagnie, de ses connaissances variées, avec une m idestie
et une bonne grâce qui préviennent en sa faveur. Simple et délicat dans ses
goûts, il aime la campagne et les fleurs. A sa maison de campagne, Ranville,
à Joliette, il cultive son jardin avec un soin tout journalier et en amateur qui
s'y entend. C'est là qu'il va, dans la belle saison, se délas^^erdes travaux intel-
lectuels qui absorbent son temps. Son mérite a traversé les mers S i Sainteté
Léon XIII, l'a honoré tout particulièrement en lui conférant, à son passage à
Rome en 1890, le titre de Chevalier-Grand-Croix de l'ordre de St-Grégoire-le-
Grand.
Il est uni à une aimable compagne, qui partage .ses goûts, fait la joie du
foyer et le bonheur de la maison. Elle en dispense les honneurs avec une
«harmante hospitalité.
• •
11. Antoine,\e dernier fils de Raymond, né le 15 février 1735, suivit,
comme on l'a vu, la même carrière militaire que ses trois frères. Il accompagna
Duperron au Détroit et soutint là le siège par Pontiac. Vers la fin de l'année
guivnnte, il était à la Nouvelle-York ut, après avoir passé par le Fort-Pitt, il
vint à Montréal où la mort l'enleva, dans la force de l'âge, le 16 décembre 1764
H n'était pas marié. Par une lettre de lui au général Bou(|uet, au Fort Pitt, du
14 novembre 1764 {Collection Bouquet A, 18, 2, p. 495), pour le remercier de
— 113 —
sa bienveillance pendant son séjour là et des bonnes reconmiandiitions (jii'il lui
a données, il parait avoir possédé une bonne éducation.
Avec lui se terminent les notices sur les onze enfants survivant- de
Raymond Bâby I, formant la troisième génération des Bàby «lu Cinalv, i*
deuxième de ceux qui y sont nés.
CHAPITRE II.
LES FILS ET FILLES DE JACQUES DUI'EKRON-UAHY.
Avant de passer à Jacques Bâby IV, l'aîné ot le plus importiuit 1 ■&
enfants de Diiperron, il convient de lonner auparavant une brève noiiee du »f3
dix frères et sœurs, survivants leur père et mère : ce que je ferai par ordre de
naissance.
•
« *
2. Susnnve, l'aînée des filles, née le 24 novembre 17(56, épousa à Détroit
vers 1790, William Caldwoll, capitaine dans l'année anglaise, et mourut à
Amherstburg, en novembre 1812. Il était protestant.
Voici les renseignements (jue m'a donnés sa petite fille, madame Carrie
F. Parke, de Amherstburg, de vive voix et par lettre du 24 mars 1889, et ceux
que j ai puisés ailleurs sur les Caidwell.
Wm. Caidwell was born at Caidwell Castle, in the county of Fermanagh,
Ireland, (about 1708). He came to America with his brother, who settled in
Virginia. Whilst at Détroit with his régiment, the 24th, (Kings), in which he
was then a lieutenant, he formed purt of a council held on June the 14th, 1778,
with divers tribes of Indians and Governor Hamilton, Lieutenant-Governor
Abbott, Duperron-Bâby and others. {Mich. Pioneer Coll., Vol. IX, p.p. 442,
444). During the war of Indépendance Capt. Caidwell received his commission
as .such in the Butler's Rangers, decembu-r 24th 1781, (H. Coll. B. S4, p 83.)
In the summer of 1782, De Peyster, Commandant at Détroit, sent Capt
Caidwell to the lielp of the Wyandotts against the Americans. On the 4th of
June he signally defeated Colonel Crawford at "Battle-Island," Upper Handusky,
who hnd been sent on an expédition to Sandusky by General Irvine. Though
wounded at the Ijeginning of the action, Caldwell's préparations were such as
to .sicure a victory. His report to De Peyster, from Sandusky, June llth,
shows of the enemy killed and w.>unded, on the 4th and 5th, to be 250. Among
the prisoners were Col. Crawford ami some of the officers. Among the killed
was Major McClennan. But for liis vvounds Caidwell believes that none of the
enemy would hâve left the place. (Ll. B, 102, p. 165, B. 123.)
Caidwell gives (13th June) Girty's account of the torturing deathof Col.
Crawford and two Captains at Pipes-Town, near the Falla.
— 114 —
The barbarous treatiiient of Crawford by the Delawares must hâve beon
in retaliation of the massacres of the Mornviaus {Id. p. 103)
Capt. McKee (28th Âugust to De Peyster, iiK p. 154) says the reports of
the cruelties by the Indimis are correct. It was done in his ab.euce to avenge
the massacre of Indian vvomen and children; some of the prisoners being
recognized ns perpetrators. His and every other white man's abhorr^nce of the
conduct of the Indians was made known to them.
On the 18th of Aiigust Caidweil advunced to Bryant's Station and at
the Licks, were he defeated the enemy, killing and taking 146, anumber being
oificers.
Oii the 19th August Caidweil repelled Colonel John Toiid who was
pursuing him, the resuit being disastrous to the Kentuckians : 70 were killed, a
number badly wounded and 7 were made prisoners. Caidweil is reported as a
vigilant and efficient commander. (See Butterjield, History of the Girty's. See
CaUlwell in the index, for détails.
Buttnrfield says CalJwell settled in Pensylvania and afterwards became
one of the loyal ists refugees. His grand-daughter above ment oned relûtes,
through family traditions, that he settled in Virginia. This point may be true
as to his brother or some incmbers of his family, but not likely as to William,
since the latter was in active service as lieutenant in the English Army, in the
24th régiment, then in coinmand of Col. Richard England and stationed at
Détroit in 1778. There lieutenant Caidweil was married to Susanne Bâby in
1796.
The Rangers weredisbanded, June28th, 1783,andDe Peyster introduced
Capt. Caidweil to Governor General Haldimand, recommending his proposai to
form, with other disbanded rangers, a seltlement among the Hurons, that is to
say, at An)herstburg. (Id. pp. 439, 453).
This may account for the résidence of Capt Caidweil at this place wher-e
he deiinitëly settled.
Caidweil, duringthe Indian war (1793-5) with the Americans, joined the
Indians.
During the war of 1812 Caidweil became Colonel in the militia with his
three sons under him. My mother knew ail thèse threc at Québec. Billy, one
of them, was a natural son by a squaw, and was an Indian Chief. He became
useful to the English from 1810 and occupied an important office in the Indian
Department. He was made Captain of militia in 1812.
C'est de lui dont parle M. DeGaspé, dans Les Anciens Canadiens, appen-
dice, p. 199. Il avait reçu une blessure à la gorge qui l'empêchait d'articuler
distinctement. Voici en quelle occasion.
Dans un engagement il avait sauvé la vie k un officier américain sur le
point d'être massacré et scalpé par les Sauvages alliés. L'Américain fait prison-
nier marchait à la file et s'étant trouvé derrière Caidweil en profita pour lui
— 115 —
donner un coup de couteau dana le col. Les Sauvages massacrèrent le traître
sur le champ et lui enlevèrent la chevelure (1).
William Caldwell fut nommé, en mai 1814, député surintendant-générdl
du Département des Sauvages. Il est mort à Amherdtburg vers 1820, laissant
do son mariage 8 enfants : 5 garçons et 3 filles.
Susanne, l'aînée, épousa le capitaine Theobold Hunt, du TOième de ligne,
à Amherstburg, le 1er févriei* 1818.
Thérèse, née vers 1803, est morte fille à 73 ans.
Elizabeth, née vers 1806, épousa à Amherstburg, vers 1820, James
Kevill, natif d'Irlande, dont ma mère m'a bien souvent parlé. Elle est morte
en 1878, âgée de 72 ans.
Durant la guerre de 1812 Elizabeth fut envoyée à Québec, chez ma-
dame Ross- Lewin, sa tante, et Thé lèse, chez madame Allison, aussi sa tante.
C'est là que ma mère les a bien souvent rencontrées.
Madame Kevill eut trois enfants, deux fils et une fille. La fille est la mère
de Délie Carrie F. Parke, qui m'a fourni une partie de ces notes.
Ma mère a également connu alors les jeunes Caldvreli à Québec après la
guerre, comme nous l'avons vu. Elle me racontait aussi qu'un Caidwell avait
eu le crâne défoncé par les Sauvages, et qu'il portait une plaque d'argent sur
cet endroit comme protection du cerveau qu'on voyait battre.
» «
Les mariages des quatre filles de Duperron avec des protestants, comme
nous le verrons, peuvent s'expliquer par le manque de partis sortables dans
l'endroit et l'état social sous un nouveau régime de gouvernement.
Mais comment ces mariages ont-ils été célébrés ? C'est ce que l'on ignore.
Ils ne le furent pas devant l'Eglise catholique d'après les registres du Détroit.
La première église protestante dans le territoire du Michigan n'a été bâtie qu'en
l'année 1818, sur la rivière Rouge; la seconde, au Détroit, en 1820, et dédiée la
même année.
Il faut donc remonter aux aumôniers ou chapelains des régiments et
aux ministres protestants. En 1765 les 8ème, 58ème et 80^ine de ligne y furent
en garnison, sous le général Bradstreet, par détachements formant sept com-
pagnies.
Le premier mariage fait ])ar un ministre protestant est celui du Dr.
Anthon et Marie- Anne Navarre par le ministre Turring, aumônier, le 13 août
1770.
On ne trouve aucune trace de ministres desservants avant l'arrivée des
Frèr&s Moraves, 3 novembre 1791.
(I) Report ofthe Loyal and Patriotic Society of U. C. 30 January 1815, by John
Strachan, D. D. Appendice I. — LoBsing, Pictorial Field Book, p. 311, note I. Coffin, War, 1812.
— 116 —
En 1795, le révérend M. Burke apparnît comme aumônier des " Queens'
Rangers" {Simcoe papers, Ottawa).
Vient ensuite, 25 août 1796, le révértnd David Jones, aumônier dans
l'armée du général américain Wnyne.
Les commandants du Fort à l'époque des mariages qui nous occupent,
sont :
En 1791, le Colonel Engiand (1) du 24ëme ; le major Smith du 5ènio
qui lui a succédé la même année, et en 1792 ; puis le Capt. \Vm. Doyle en 1793.
De mars 1793 à 1796, année de la remise du Détroit, le Colonel Engiand est
redevenu commandant.
Faut-il en conclure que les mariages ont été contractés devant les aumô-
niers ? Mais où trouver les retris^tres de cesauinûniors si toutefois ils en tenaient ?
Le temps était passé on le coniiiiisndnnt ou le juge du lieu faisaii'Ut les mariages
et les baptêmes, comme le rapporte le juge CatupUeU. {Orl : du Mich., p. 179.)
De Peyster remplit quelquefois les fonctions de chapelain et maria, le
7 mai 1781, Thomas Williams à Délie Cécile Campeau.
Quand le Père Richard arriva au Détroit, en 1798, il régularisa devant
l'Eglise catholique plusieurs de ces mariages civils.
La législature du Haut-Canadn, dès son origine, passa un statut pour
légaliser les mariages contractés soit devant les magistrats, commandants des
postes, ou autres officiers, ayant rcn^pli l'office de chapelain en ces cas.
• *
3. Tliêrem wèe 1767-8, épousa (1795), à Détroit, l' capitaine Thon>a9
Allison, du 5ème de ligne. (2) Celui-ci abandonna le .service militaire, le 28
février 1798, vendant sa commission pour se fixer à Quéiiec. L'abbé De Gaspé,
son petit-Hls, n'a pu découvrir l'acte civil de ce mariage, dont il avait besoin
pour recueillir la succession de son aïeul, ouverte en Angleterre. Ma mère a pu
y suppléer en donnant sa déposition du mariage reconini et de la possession
d'état des époux. L'abbé a pu rentrer ainsi en possession de son héritage,
une vingtaine de milles livres .stg. Il n'en a pas joui plus do 3 ou 4 ans, étant
décédé en mars 1889. Le capitaine Allison est mort à Québec, le 15 novembre
(1) Ce Colonel Engliuul était d'une taillo et <l'ini(> corpiiloiico énormes. Un jonr
Sliei'idtm iixliquitit du nom un prince de OiiIIoh, i|in n'étuit pas nn niitncliot, li> (^oloni'l (|iil
descendait de clieviil — "Colonel Enghind ! In-y Yyou gliould hiivo .saiil tirealllritain, by
Jove I" Devenu Major Oénérnl, 11 Tut promu, 25 HOÛt,Colonitl Coinnnvndunt du 5ùnie régiment.
(2) Elle étiiit vnuvi^ i\ -'0 uns do ^^. John Ciissity ou (^nssidy, flU d'un négociant du
Détroit. Il mourut en 17!^7 pou uprôs «on niaria.ae, d'une pleurésie dont il l'ut atteint apr^a
avoir trop ramé. Elle était iiu-onsolulilo, ]>roii.'ettant )>ien de ne plun jamais «c reuuiricr.
Sa mère pour la consoler lui dNnit qu'elle était onoore bien jeune et qu'elle no nuwxpiorait
pas de trouver un autre mari, "Jamais I janniisl" ilisait elle on sanglotant." Ai>portei-moi
" un Evangile, je n'en épouserai jauiaii un autre." Toujours la ni^me histoire do la Matrone
d'Ephèse.
— 117 —
1822, laissant une fille uniiiue, qui avait épousé, le 25 septeuibro ISll, Philippe-
Aubert de Gaspé, l'auteur des Ancirnn CdtuuVuns. Elle est décédée à
Québec, le G août 18-17, et a été inhumée ii Sdint-Jean-l'ort-Joii
Les époux Allisou avaient eu un fils, enfant doué de talents et pro-
mettant bien, qui mourut à l'âge <le 13 ans, le 25 novembre 1809, et se Ht
catlioliqne avant de mourir. Sun père, zélé protestant et anglais de vieille
roche, tenta tout ce qu'il put pour tlissuader sou enfant, et l'empêcher de renoncer
à la religion de ses pères. Madame Lemaitre, (|ui était auprès du lit du malade,
intercéda vivement auprès de M. Ailison pour le faire céder au désir de son tils.
'' Rendez-vous," lui disait-elle, en lui prenant les nuiins et rinq)lorant, " vous
" voyez bien (pic c'est la .seule et dernière prière de votre tils." L» père y
coiLsentit en pleurant et l'i'ufant reyut les sacrements de l'Eglise.
Tliéièse, .sa mère, mourut à Québec et l'ut iidiumée danslacathédialc lo
27 mais hs:}!).
Le 17 mars ISIO, Sir James Craitr, «ïouverneur général du Canada,
envoya saisir le matériel de l'imprimerie du " Cdviiilh'ii " dans la maison de
M IJailIargé, rue St-Fran(,'ois (maintenant rue Ferlant!) Ce fut le capitaine
AUison (|ui, eu sa (jualité déjuge et de magistrat, connnanda le piquet de soldats
(pli effectua la .«aisie (Voir liraclnii'e L.-G. B<iill(ir(fé, Cunitc Romain, 1895). Et,
en même temps, MM. IV'dard, hlaiichet et Ta.-thereau, ainsi que l'imprimeur,
furent ariêtés sous accusation de trahison.
John Ailison, le père du capitaine, était agriculteur (fariner), de l'emlroit
appelé Foicett Fark, dans la division-nord (north riding) du comté do York, à
environ 10 milles de distance de Darlington. Il avait épou.sé, le 12 mai 1750,
M'iignret Spenceley, en la paroisse do Stanwick, à l'égli.se St-John. Thomas
fut baptisé II l'église de Forcett, le 20 juin 1757, et fut probal)leinent élevé dans
cet endroit où résidait son père.
La famille Ailison est éteinte en Canada, et a dû l'être en Angleterre,
puisque l'abbé De (!as[)é a été appelé comme mâle du cAté maternel k la
succession de la famille.
Du mariage de 'l'homns Ailison et de Thérèse IHâliy, naquit une lillo
unique, Susamie, qui, comme dit ci-dessus, épou-a à Québec en 1811, M. l'hilippe-
Aul l'it (If (laspé, l'auteur des A)ic'u'iii< CaiKoUrtia, ceMe (|u'il y désigne comme
la belle des belle.s. Et c'était bien le civs, car ma mère, en descendant h .son
arriver à (^)iirb, c, pou après, chez son (aide Ailison, se trouva à rencontrer en
entrant, M. et Mme di.' ( iiispé qui tii sortaient. Elle fut si vi\ement frap|ti''o
de la lieauté de ce couple que cette impression resta toujours gravée dans sa
mémoire
Elmire, une des filles i.ssuo.i de ce mariage, maintenant Lady Stiiart,
é|iousa M. Andrew Stuart, avocat, «l'une famille remai(|Uab|e au barreau do
Québec, le(piel devint juge-en-chof de la Cour Supérieure et fut créé chevalier
de St. Michel et St. tîeorge. Sir Andrew Stuart a laissé une réputation do
légiste distingué, par 8es connais.sanceH, sa droiture et son impartialité. Il y
— 118 —
joignait des qualités sociales qn\ rehaussaieiit IVi-tiine générale tlont il Jonissnit*
Il est mort le 9 juin 1!S91, âgé de 79 ans. Quelques mois aupnmvnnt il s'était
fait catholicjue. J'avais bi'auc()U[i liestiiue et d'amitié pour lui, et étant allé
lui rendre visite, il me fit part du C(>nteuteiuent (|uil en ressentiiit depuis.
Une de ses filles, Laurt'tfe, et devenue l'épouse de l'honoralile Louis
Beaubien, ci-devant mi.iisire provincial <lu «lépartcment do l'agriculture, fils
de Justine Casgrain, époune du Dr. l'iii re Beaubien.
Cette alliance a encore réuni les familles desCa-sgrain, Bâby et Perrault
par une communauté d'origine eu ligiu maternelle. Madame Allison et Joseph-
François Perrault étaient cousins-germains, et ce dernier était oncle de M. de
G ispé, à la mode de Bretagne.
Ma mère, Elizabeth-Anne Bâby, était cousine-germaine de Mme de Gaspé.
«
» «
4. FraMcoiV, né le 7 décond)ie l7(iS, fit ses études à Québec comme on
l'a vu ci-de.ssus. Il s'établit vis-à-vis le Détroit, sur la rive oppo.sée, où il était
propiiétaire delà terre dite des " six arpevu" Il s'y contrui^t une grande
maison à diiix étages en pierre. C'est là que j «Uni lui rendre visite en 1H5I,
et je vis la chambre ((u'oeciipa le général Hull en 1812, (pinnd il établit là ses
quartiers généraux. Quoique âgé île M ans, quand je le vis, M, François Bâliy
était droit comme une fièche, dans sa haute taille de six pieds, actif et alerte
aussi leste d'esprit que de corps. Clia<|Ue jour il montait dans sa calèche, tra-
vt»rsait au Détroit dans .«es baleanx-pa.s.seurs, et transigeait ses affaires conune
«n homme de 50 ans Trois années après ma mt're le revit là. Il venait d ap-
prendre (|u'elle était arrivée et ([u'elle traversait au Détroit. Il descendit
aussitôt la côte du pa.ssage en courant p<tur la rejoindre à bord et l'acconqiagna
de l'autre côté. Il était encore plein de verdeur et se montra tiès poli pour
ma mère J'ai encore dans loreille son verbe sonore et sa mâchoire pe.sante,
aecentuant lentement chaque syllabe et les désinences. Homme instruit, comme
Son frère aîné, possi'dant les deux langues, il devint un des citoyens marquants
de son temps. Dès l'origine du sy.stème représentatif dans le Haut-Canada, il
fut élu député du comté de Kent et le fut à diverses reprisi-s ensuite ; il l'était
de nouveau en 182.'1. Colonel des milices depuis 1798, il fut appelé en service
actif en 1S12, où il devint adjudant-général des troupes dans son endroit.
I/historien I..o.ssing, dans son livi-e sur la guerre de 1812, a donné une Vignette
de la maisim de M. François Bâby, en parlant du pillage fait par le général
Hull durant cette guerre, notamment dans cette habitation.
François Bâby épousa à Sandwich, le 9 septembre 1795, Frances (Fanny)
Abbott, Rn>urainée de celle ipii fut depuis l'épouse de Jacques, son frère, et drmt
la généalogie est donnée à l'appendice (1. Kilt- ilevint catho'ique lors ou peu do
temps après son mariage, et fut la marraine de ma mère en novendtre I8()H.
Elle mourut en 1838 et repose à côté de son mari duna le nouvouu cimetière du
- 119 —
Siindwicli. Leur union a produit une nonihrfuse ilescendance, ninsi qu'on peut
11» voir à rarl)rt! }^t''iii'aIoj^i(|ue des hn\ y Leur tils aîné, Fraiiçoia, se noya au
printemps 1828, sur le Imrd du lac Erié.en vouli nt franchir à cheval un ruissiau
" Cédai C'reeic," dont l'eiidjoiichiire était reii ue marécageuse par le limon (jUi
s'y charriait. Son cheval perdit fond et tous deux enfoncèrent par dessus tête;
et ce n«> fut (pie longtemps après que l'on retrouva le corps, dont le pied était
pris dans iétrier, ce qui indi(pia conunent il avait péri. Il laissa deux jeunes
enfants (|ui furent élevés à Sandwich L'aîné, Fr/ink, comnjen(;a fort jeune à
gagiier > vie. A 13 ans il était marin sur les lacs. De mousse il devint
Ijouisicr {i>urm'r}, si-ccind, puis capitaine de steamer ; ensuite propriétaire de
feteamers sur la rivière du J)étroit. D»i là i! passa au service du " Pacific Mail
Steain.s/iip Vomfianjf," et devint fort connu sous le nom de Commodore BâWy,
ainsi qu'on l'appelait quand ii commandait le Golilen Gâte, sur le Pucitique,
Il fit fortune et se retira à New-Vork, (pies. 24, State) où il mourut d'apoplexie
à sa rési<lence, 203, west, 14th St., le 1 Dinars 1888, âgé de 64 an.s, et sans laisser
d'enfants. (2'Ae Détruit Free J'resti, iiO mars JSiid).
Quelque temp< avant sa mort il s'était démis de l'agence de sa compagnie
à New-York, qu'il dirigeait avec succès depuis ISCO. Celle-ci, reconnaissant son
habileté, l'avait envoyé en Eurojje pour étudier, dans les meilleurs chantiers, la
construction navale, et ce fut d'après son rapport et ses plans <|ue furent
construits, sous sa directi n, les magnifi(|ues steamers de la compagnie.
Sa femme, <|u'il avait épousé veuve, mourut en 1882. Elle avait une fille
de son j)remier mariag.- (jui a épousé M. Augustus F. Butler, de Mobile, Ala.
Il y n, 14 à 15 ans, ve:s 1884, M. le juge BAby reçut leur visite à Montréal et les
invita chez lui.
On m'a appris que le commodore était un catholique fervent et que dans
ses dernières années on le voyait chaque matin, à bonne heure, aller entendre
la messe.
Son fi-ère Albert, qui habite Saint-Louis, du Missouri, est un homme de
G pieds et 2 pouces.
François Hiiby est déeédé à Sandwich, le 24 novembre 185ii, et ses restes
reposent à côté <le ceux de son épouse dans le nouveau cimetière de la ville.
Il y a une nombreuse descendance de François Bàby et Fanny Abbott.
(Voir l'appendice B.).
• •
5. Jlii)lisfe,né le 10 janvier 1770, épou.sa le 5 mai 1817, Ann, fille du
Shérif William Ilands et <le Mary Abbott, belle-8«L>ur de Jacipies et François
Bâby. Elle se fit catholique lors de .son mariage. Deux fils naquiriMit de cette
union : William, avocat et shérif ilu comté d'Essex, décédé vers 1860, et James,
(|ui alla .s'établir en Australie où il est mort. William a laissé «piatre fils, et
une fille, mariée à M. Davis, do Windsor, inspecteur du revenu.
— 120 —
Le grand-oncle Baptiste est mort à Siiiilwii;li xci's tS.j'i -le l'ni Mcn
connu. Caractère doux, bon, parl:int peu ; c'i't.iit un iiicii Iniivi- linniiiu' ft un
bon citoyen. Il a été député du Kent vcix IMO.
6. .4rr'(rnî(/^, née II' 25 mai 177 I-, l'-pdusii à H! ans (171)1'), le lieutenant
Ralph-Ross Lewin, du 24ème de li^in', et miuniii à Aiiil.ei^tliurfr, le 2',i féviier
1850, âgée de 7G ans. Lui, était déci' li'- à <^)uéliec le '> dt''0('iid)re 1822 II
occupait depuis une quinzaine d'antK'ivs !.■ j)i>ste de uHijoi'-de- ville à (.^(uelice,
qu'il devait en jiaitie à la protection du giuéial Brock. Ses restes lepusnif à
côté de eux de sou lieuu frère et ami, ]<• cMjiitaiue Allison, dans le cimetière
nncflais du faid)<)ur>r Saint- Jean. Ma inè;e a été éii-vée .--ous .-on toit " t'etaii,"
me réi)éfait-eile .-(anciit, " Ir UH'illcur des lidiuuirs ; don s, .-.friol,.' rt o .ii»
'• eoiiimt.Tce agréable. Aucuiu-iiu'iit t'.iuatii|iu', il s'accunmiodait des jours
" nuiigres ]V)n\' ir.» p li-iir ;'i -i f^'iuii'. (Juan i il ;irii\ait à eellr-ei d'être ot)
" mauvaise liumeur ou de groud<'r, il lui di-ait avec douceur: " Archange, \a h,
" confesse, tu en revii'us toujours meilleure."
La famille lîoss-Li'win, était irlandaise, Ralph était un «les iils puo.es
de Harris-Ross Lewin, de Fortfergus, dans h; comté de Clarc. Il fut ai)pelé
vers 1(S02 en Irl; mie pour |)aitager a\-ec ses cini] autres frères un leg-. de
£r-iOOO sterling et un autre <le X 1000 sterling, 'i s eu vertu d'un acte ilu 22
septembre 1718 et ilu testament de son aïeule maternelle, t'ette créance était
était appuyée par hypotluM|ne sur " The (.'astle Tt)\vn and laixls of Carrowtohy
" and Carrowkelly, Ballignagler a, Xorth Liskilloge, the two soutli Liskilloges,
" Dangan, alias B dl^ynacalliagh, C'iendouske, alias Illna])page, in the Barony of
" Clouderlaw aud county of Clare, together with the Towu and Lamla of
" Inisdca and the tythcs thereof, and the Town and lands of Cahircanavano
" in tlie .said Barony anil t'oinity, bidonging to Ralph We.st opi., of Caruelly,
" in the CVainty of Clare. " La mère de Ral|)h était une Westropp. Le do-
maine de famille dis Ross-Lewiu passa à (iet^rge-Ross Lewin, (ils aine de ilolin
Ross Lewin, l'ainé de Ralph (^Vt>ir lettre </c ISir Fniiiri» liurtou du ;,'?' m/ira
1SJ6 ài\Mtlinnf R-R. Liœm). Ce douiaine était voisin de celui de la famille
de Sir Frnncis Lui Ion, it Ralph-Ross Lcwin et lui ont toujours été amis depuia
leur enfiuici. Ci tte amitié ne prit tiu qu'à la mort île ce tleri>ier
Madame Ross Ltwin passa en Irlande eu 1802 avec son mari et fut pré-,
sentée à sa famille <pii lui Ht bon accueil. Après avoir voyagé pendant uno
couple d'aunées les époux revinrent .se fixer à Québec, et haltitèrent une maison
4U ils avaient aci]uise et (|ui depuis a fait place au presbytère irlandais actuel.
J'ai reuiannu'' que la pierre tumulaire du capitaine Ross Lewin da le
cimetière anglais de la rue St-«lean, a ilisparu depuis les travaux de restauration
qu'on y a fait il y a 2 ou 3 ans. Je suis entré en correspondance avec Ica
gardiens k ce sujet, mais sans résultat.
Il reste un souvenir de famille, (hcirloom) de M, Uoss Lewin, qui est
— 121 —
nriHintonniit entre les mains fie mon frère uîné, Chailes, le sénateur, à Windsor.
Ce sont deux coupes, lovivff-cups, de forme ancienne et d'un beau travail, ea
argent re|K!Ussé. Klles ont les deux anses pour les passer d'un convive à l'autie-
coiimie c'était l'usage. L ecusson porte : d'azur à un paon éployé or. — Devise :
Virtute et honeste.
Ma mère a toiijoui's conservé une vive atiection et nu sentiment plein
de reconnaissance pour la mémoire de son oncle et de sa tante Ross-Lewin.laiiuelie
a été pour elle une seconde mère. Je renvoie à ses " Miinioires " p. 115, où elle
exprime ses sentiments toujours vivaces envers sa mère adoptive.
J'ai liien connu cette grand'tante, qui é ait ma marraine, et j'étais bii'U
jeune alors, et, cumuie Lafoutaini; le i\\t, ci-t (i'/c est stinii pitié. J'ai l)ien fouetté
ses chiens, ses eluits, ses pi'rro'iuets, e' enttirré tragiquement liivu des p()ul"ts.
(Jetait à sa résidence, à Saint-Thomas, où elle était venU'! demeurer en [H'Mi,
pour fuir 1 s troubles de la rebi'llion à Aiiiherstburg, où elle s'était fixée. Klle
n'avait pas d'enfants, mais en revariche (jn peut dire <|u'elle entretenait une
ménagerie; c'était son passe-temps. Elle avait des habitudes de pro))rrté ex-
traordinaires Comme son frère Jacques, elle ne numquait jamais d essuyer
son a.«siette en se iik ttant à table et ne buvait que de l'eau bouillie dans une
bombe il'argent, (|ui la suivait partout. Klle se consolait de ne pas avoir d'en-
fants en disant <|ue, après le Christ, on ne pouvait attendre tjuo l'Antéchrist.
«
• •
7. J'irrri', né le 1!) août 177<>, descenilit à Québec avec sa mère en 17î)(),
fit ses études en partie n\i Séminaire de cette ville et embrassa la carrière
médicale 11 alla suivre les cours de médecine à I université d'lvliud)ourg eu
17n7. Son compte <le di'iienses pour cet oV)jet est porté, à l'inventaire fait en
ISOO, (1 la s. nnne île .CI .41 4. Avant .son départ il avait a.ssi.sté au conseil de
fiimille, tenu le 12 septembre I7!t7, pour la tutelle de .ses fières mineurs, l'eu-
daiit .son séjour en Keosse, il y éjiousa une écossaise et son mariage parait avoir
déplu aux deux fiunille.s De rettair au pays, il s'étalilit à Sandwich .sur la
" tfrre à l'ounni," (jui lui était écliue en partage et était voisine de celle do
M. Duniouchel. J'ai rencontré là, en IH.'il, le tils de ce dernier, David, ipii y a
sïiccédé à son père, lequel, m'a-t-il dit, avait bien comm le Dr. Pierre Bâliy (pli
avait la réputation d'être bon médecin et avait un coup-d'(eil très sûr pour la
diagnostique. Le l'ère Dunwaichel en citait m» exemjile qui l'avait fortement
iinitressionné. Le Dr. lui dit un jour en le voyant: " l'ère Duniouchel, vous
" allez être bien malade demain." Celui-ci en plai.santa, ne se .sentant dans le
moment aucune indisposition, mais le lendemain la prédicti(ai .s'étaut vérifiée à
1,1 lettre, le l'ère Dumouchel prit une hante opinion du savoir du docteur.
Pierre Hàby mmnut à Sandwich en IMl et ma mère se rappelait avoir
porté sou deuil. Il laissa deux tils, dont 1 un, Peter-James, entra connue cL>rc
iM greffe du protonotaire M. Perrault, t\ t^uébec, et mourut là du choléra eu
— 122 —
1832 (1). Ma mère, qui l'a bien connu, en a gardé un bon souvenir. L'antre
fila, Franij'ois, habita Kingston avec sa mère, mariée en socomles noces à M.
Pringle. Le juge Bâby lésa connus là en 1848. Depuis on n'a jilus entendu
parler de Francis. Il doit être mort et la lignée dans cette branche ti^t éteinte.
Pierre Bâby était moins grand de taille que ses frères, (^t avait une
épaule plus liante que l'antre. Sa mère disait de lui: " C'est le plus i.iid do
mes enfants, mais c'est celui que je dois aimer le mieu.K " Cela uti reinpêcliuit
pas d'être fort, vigoureux, et bon cavalier. Au lieu d'attendre le liac du i)iis-
sage à risle-Marguerite (maintenant Belle-Isle, je crois), il lam/ait si>ii elivval
à l'eau et traversait à la nage. La rivière a bien là uik; dizaine d arpents <Ie
largeur. Le père Dumoucliel l'a vu faire, et malgré le courant, «jui ;,st do ileu.t
nulles à l'heure environ.
»
• •
8. Moniqw, la plus jeune des filles, née en 1777, é[)iiusa vers l'àgo de 16
ans, au Détroit, Allan Bellingham, lieutenant dans le 24'ènie de ligne, tils «le Sir
AUan Bellingham, de Castle Bellingham, dans le comté de Loulh, en Irlun le.
En mai 1789 les époux demeuraient à Montréal, rue St-Fran^'ois, (!t en décem-
bre 1800, ils habitaient <^nébec, rue des Pauvres (du l'alais). Ce jeune liumme,
pu- sa dissipation et son humeur, causa des chagrins à sa famille. Ma lamo
K ss-Lewin disait de lui (pi'il était comme bien ties maris, ipii accrochent leur
violon derrière la porte en entrant.
Bellingham passa en Angleterre en 1801 pour ven<lre sa commission.
Comme il était longtemps à revenir et sans écrire, Moni(|ue était devenue
iiKluiète à son sujet. Elle consult i sa mère sur ce qu'elle devait faire. Celle-ci
lui con.seilla d'aller rejoimb-e son mari et de .se faire reconnaître par si famille.
En même temps elle retiouverait un volage, (|u'on avait raison de soupi/onnur
tel. Avant d'eiitri'preiid.e le vo^-age Monique alla faire un pèlerinage à la
bianii- Sainte-.Vii'ic >! • iieaupiv pour le succès de son voy.ige. Puis (dit; s'em-
bar (lia avec si-^ ' niants uborddn Noilicr " L'Active" aux di-rnières navi^atii;ns
de I antonme. .\1. et .Mme llos-; Lewin étaient aussi passagers à Ijord. Au milieu
d' I océan, par un cdme plut, le capitaine fit hèler un vaisseau, qui comme le
h ur, était en panne. Ajtrès les premiers échanges de signaux on s'informa des
n MHS des pa.ssaL''eis. La réponse du navire signala le capitaine Bellingham en
d' -lination de '^iW^e. Sur ce le capitaine de Y Actlvd aiinon(;i Madame
B Imgham id ant ivj( inire son mari en Angleterre. Lestîpoux se reconnurent
et lii llinghaui fut transbordé dans l'autre vaisseau. lia atteignirent Londres
d'.iant rhi\ er. Monique y séjourna, car .ses frères Antoine et Louis, alors en
(I) L<'.« i iiirniiux iIh r.\s«eail)lo« LôgiHJ. tivo île Québec, iippeiullce C. de 18UI, oon-
taiiiioiit un i'u|<|'<)i't, tMi iltitoilii l2l' mura IS.'ti), par li*:) enniiuiiisiiii'es nomiuÔH pour rexploni-
ti'M ilu payn lioriu'- pur les rivii'ro.s .Snfiçuenay) Suint-Maurice ot Saint-Laurent, Joliii .\ilaiiisi
arp'Miieur, l't II ae- l'uU'i- IJiiiy
— 123 —
Angleterre, allèrent l'y voir en mars 1802 Kllu ileviiii partir liiciicôt [lour nlior
ik'iiieurer au cliàteau Bellinghaiii, où son mari allait li iliiler npiès a\oii- \ iii lU
sa coniiiiission dans l'arinéo Le château avait ô i^ laissé entro les nuiiii^ !•• .-.••a
oncle William Bellinyliani. Moni(|Ui' fut charniée de cotte rés.dence, surtout à
cause de ses enfants. Mais dès LSO.S les dettes de H.'IliiiiïluvMi l'ohlijfèrcnt do
louer le château à son oncle et les époux se vinsnt teiupnra.reuiiMit sans rési-
dence Hxe, ain>i (jue Monicjue l'écrit de llothherry, près d'Alnwick, dans le
nord-est de l'Angleterre. Au comuiencenient de ci'tto année (2-5 jaiivier) la
mère de Bellinghiun mourut h Londres à la suite il'un accident, i't udaiit
qu'elle lisait près de la grille le feu prit à ses vèteunnti et elle suceoinl>a ti ses
brûlures au bout de trois heures. " Aucun ile sa famille," écrit Moni(jue en son
français, " ne l'a vue depuis son mariage. Mon mari seulement (pli n'a pu se
" réconcilier avec elle avant sa mort, et la manière de sa moit était si iMriblo
" (|Uo ^-a lui cause plus de chagrin. Par cet accident nous y gagnons douze cents
"' louis par an."
Les époux reprirent le château, mais le bonheur n'y entra pas avec eux.
Bellingham abandonna bientôt son épouse, en convenant de lui faire une i)ensi<)n
pour elle et ses enfants suivant convt jitions j)ar artirlex of ,s(lll<'))ifHt. Son tils
uni(jue, William, né à Québec en jnnvicr 1<S01, devint un grand jeune hoimno
de six pieds et entra dans le (Jèine de ligne. Envoyé au Cap tle Bonne-Espérance
Evcc son régiment, il y mourut des fièvres, peu après son arrivée, en avril 1822.
Il était appelé à recueillir les biens de famille, ihe t'iitail. La mort de son père,
survenue la même année, fit passer l'héritage à son oncie Sir William Belling-
lium. Depuis 1815 le capitaine Bellingham avait vécu complètement séparé de
sa femme et vivait on ne savait où. On le supi)o^ait dans les environs de
Londres. Antoine Hâby, son beau-frère, écrit qu'il ne l'a jamais rencontré
depuis (|u'il l'a vu en Camida.
La mort de son mari perndt à Monique de retirer su part d'héritage de
ses parents, pliicé en fonds du gouvernement d'Angleterre, et déposés entre les
mains des I)am|uiers de la famille, Inglis, Ellice & Co., au montant, pour elle, de
£,l!)'-\'2, 14, S\. 1j{} suicide d'un des associés de cette maison indiipiait nnnniuvais
état d'artaires et un danger de penlie cette sonnne. {Littre <h' Aiitlrni'ë à Rons-
Lcwin, liée. 1822.)
Monicjue eut des démêlés en justice avec Sir William Hi'Ilingham au
sujet de la succession de sou mari, et le procès durait encore en ISlG, sans
appareneed'en voir prochainement la tin. E.Ie continua de demiMirer au château
«t elle y était en 1818 <piand elle re(,'ut la visite de Sir William et Lady
Bellingham, (pii, suivant ce qu'elle écrit, étaient très polis pour elle, mais no lui
fournissaient point d'argent. En cette année, février 1818, elle maria une de
ses lîlles, Eli/a, à M. Stein, homme très bien, très riche, et d'un excellent carac-
• tère, <|ui fut toujours bon et serviablo pour sa belle-mère.
Dorothée, une autre de ses filles, épousa (avant le .5 octobre 1829) M.
Farnell, troisième fils de madame Farnell, de Clifton.près Bristol, où demeurait
_ 124 —
nlors nimlnnie Bellingham. Une autre, Moiii(jiie, ilovint l'épouse, vers ISî^l, de
M McLtan, riche banquier de Cliaid, Suniuiersetshire. Comme après le inariave
de Dorothée, il ne restait plus à marier (|ne la troisième, nommée Alicia, j ai
conclu que c'est la niêm ; aussi nommée Moni»|ue.
Après la mort de son mari madame Bellingham se retira à Bath (1824)
et delà à Ciifton ; puis elle vint se fixer à Lynn-Regis, dans le Dorset. Etant
fervente catholi<pie elle s'oecupa activement de l'érection d'une église lians
cette ville, à latiuelle elle Ht donner le nom de Saint-Michel et Saint-Georges.
Les malheurs survenus à Moni(jue par ses troubles domestiques étaient
éteints. Elle avait à regretter la mort de son <iU unique et la perte de l'héritage
attaché à l'aîné de la famille, mais elle jouissait de la paix et d'une aisance
suffisante pour assurer son bien-être et l'avenir de ses enfants. Elle avait
diins M. Stein un gendre, do it Aiitoine-Du[ierro i Bàliy, son oncle, retiré à
Tours, dit qu'il n'a januiis connu do meilleur homme. Les jeunes époux Farnell
après leur nuiriage allèrent voyager en Fiance ^liS.;9-:iO)avec madame Farnell
qui était invalide. Ils s'arrêtèrent chez Antoine et de là allèrent pa.sser l'hiver
à Toulouse. Ils revinrent de là chez Antoine, en juillet, puis allèrent séjourner
un an au Mans.
Dorothée correspomlait assez fréquemment avec son oncle James Bàby,
du Détroit. Après liS;}) cette corresp(jndance, ainsi que celle de sa niè.e,
semble avoir cessé.
Le juge en chef à Québec, sir William CoUis Mercdith, allié par son
épouse aux Bellingham de Louth, m'écrit (18 janvier 1888) (ju'il y a encore un
Sir Allan Bellingham, très vieux qui habite le château et (jui avait deux fières,
l'un, Sydney Bellingham, longtemps député à la législature du Canada, et l'autre,
William, capitaine dan.5 le îî'ième do ligne — le(iuel a séjourné plusieurs années
en Canada. Il ne connaît les autres Bellingham que pour en avoir entendu
parler. Lady Brooke actuelle est une Bellingham, de Louth. Elle est la se-
conde fille, Alix-S )pliia, de sir Allan-E hvard Bellingham, Baronet, de Ca.stie
Bellingham, et avait éiiousé, en juillet 1804, Sir Victor Alexander Brooke, quj
est décédé en décembre 1891. ( Voir " Grapliic " da 5 déc. p. 527.).
Dorothée écrit, le 1er mai 1827, à son oncle Jacques qu'elle est allée
pa«.ser (piehiues semaines au château Bdliiigham et qu'elle y a rencontré John
Woolsey, son cousin, (1) de Québec. Celui-ci est le même que l'ami intime de
mon père, dont ma mère m'a .souvent parlé, (pie j'ai connu, ainsi que son vieux
père, alors très avancé en âge.
En 1830, un jeune Bellingham, de Québec, parent du feu Allan Belling-
ham, que je suppose être Sydney, ci-haut nommé, se présenta chez Monique
porteur d'une lettre d'introduction, et demanda en mariage l'aînée de ses tilles
pour l'amener en Canada, où il avait un emploi. Sa démarche ne réussit pas^
(1 ) Par les Lecoiute-Dupré. Sa fille est l'épouse de l'honorable Thomas McQreevy, de
Québec.
— 125 —
Voilà à peu près tout ce que j'ai pu retracer concernant Monique Bâby
et sa famille.
Son frère Jacques prit soin de ses affaires pour lui sauvegarder contre
son mari la part d'héritage qu'elle avait dans les fonds en Angleterre et par-
vint à y réussir. Il y a de lui plusieurs correspondances à ce sujet.
«
* •
9. Daniel, né le 29 décembre 1778, fut pourvu par sa mère d'une licuto-
nance dans le 24è. ne de ligne ; sa commission date du 9 novemltre 1797 [l
était à Québec en juin 1800, étant sur son départ, car il donna, le 'A île ce rniis,
une procuration (Voyer, N. P.) à son beau-frère le capitaine Allison pour it'gl.r
sa part dans la succession de son père, et il appert alors qu'il avait déjà n'(;u
£1017 6.93. On le suit en Egypte en 180? à la bataille d'Alexandria, puis hii
Espagne, dans la guerre de la Péninsule, à Ciudad-llodrigo, Fuontos-D C)nor,
Busaco et Talavora. Il fut décoré des médailles de 1798 à 1814, et .l'Fjgypte.
Après la paix, en 1815, il revint à Québec, où ma mère se rappelait l'avoir vu,
ayant remarqué les attentions qu'il portait à sa cousine Thérèse Caldwell. Il
était l'hôte de son beau-frère Alli.son, où demeurait Thérèse alors, comme nou.s
l'avons vu ci-devant. On le trouve présent au partage de la succession de sa
mère qui eut lieu le 26 octobre de cette année.
En 181(), Daniel étuit rendu aux Indes avec son régiment et stationné
dons le Bengal et il ne revint en Angleterre qu'en 1825. Il put dans le cours
de l'été de cette même année aller visiter son frère Antoine à Tours et fit con-
naissance de sa belle-sœur (ju'il trouva charmante. Il pas>a tieux mois avec
eux.
Dans l'été suivant en 1826, il avait suivi .son régiment à Kilkenny, en
Irlande. A la suite des nouveaux règlements et de la réduction des cadres île
l'armée, il fut nus à la retraite à demi-solde avec le graile de major.
Dfiniel étnit alors âgé de 48 ans et n'était pas marié. Sa nièce Dorothée
Beilinghani écrit (ju'il vomirait bii-n .«e marier, mais ([u'il ne .sait pas CDmment
s'y prendre. Elle craint bien, dit-elle, qu'il ne re.-te vieux gar<,'on. Lui, paraît
s'ennuyer, et, dans st-s lettres à. son fière Jacques, il ressent le mal du pays.
On raconte de Daniel u!i stratagème, sinon bien légal, du moins très
efiicace, aucpud il eut recours pour sauver la part d'héritage qui lui rev«!nait
du chff do son père, £1720, 11,1, déposés entre les mains des banquiers de la
famille, MM. Inglis, Ellice et Co., ainsi que des épargnes pour autant qu'il leur
avait confiées. Cette maison de bampie (dont Ellice, un des membres, s'était
suicidé (1816) était tombée en faillite et passée à des syndics, sans (|u'il eût pu
rien étirer ni de-; uns ni des autres. Il paraîtrait aussi qu'il avait fait un
marché avec l'un de ces banijuiers avant de s'embarquer pour les Indes en lui
laissani >on dénot à forfait, c'est-à-dire de lui abandonner le tout sil venait à
mourir au.\ Inde.s, ou de ravoir le double sil en revenait après 7 ans. Or, le
— 126 —
clinint «le ce pays était considéré mortel pour les européens ; témoins les deux
deSaiaberry, ses compagnons (1) d'armes, et tant d'autres qui n'en revinrent
jamais.
Après un laps de sept ans, Daniel se présenta chez son banquier et
réclama l'exécution de leur convention. Celui-ci fut fort surpris de revoir son
client qu'il avait oublié, n'en ayant pas entendu parler depuis si longtemps et
ayant compté qu'il ne devait plus revenir. Pris à l'improviste il se mit à
chercher des fiiux-fuyants et des atermoiements et finit en lui disant de repasser
le lendemain. Daniel lui dit qu'en effet il repasserait à dix heures précises. Il
tint parole, et, à l'heure dite, il entra au bureau de son homme (pii .se trouvait
seul. Aussitôt entré il donna un tour de clef à la porte et vint s'asseoir grave-
ment à la table, en face de son débiteur. Pronnut froidement la parole il lui
dit <]u'il venait dans l'intention d'être payé ; (|uc tonte sa fortune ci)nsi.>tait
dans les dépôts qu'il lui avait confiés, (|u'il n'entendait pas en être frustré, et
que la vie ne lui tenait à rien à moins de la pouvoir nmintcnir honorablement.
En même temps il déposa sur la table une paire de pi.stolets, en intimant à .«on
adversaire de faire son choix, qu'il y en avait un de chargé et que le sort allait
décider lequel des deux resterait sur le carreau. Le banquier, effrayé, lui compta
sa somme.
Antoine qui avait oppris ce résultat, écrivait à, Jacques le 20 mai 1828:
" Daniel a été plus heureux que moi ; il a reçu tout son argent et moi je n'ai pu
" obtenir que la moitié du mien. "
Daniel se fixa à Londres et entretint une correspondance avec Jacques.
Il allait nssi z souvent visiter Antoine et pas.ser une partie de In belle saison
avec lui à Tours. Il répète souvent dans ses lettres son désir de revenir au
Canada s'il pouvait y trouver quelque emploi, et combien il aimerait à revoir
ses parents et ses anciens amis. Il voyageait «le temps a autre. Fn mars 1833
il était à Dunkerque Do là il se rendit ii l'aris rencontrer Antoine et alla
passer une couple de mois chez lui. Il y revint encore en décembre de la
même année.
Il mourut à Londres en l'été 18ô8, âgé de 80 ans, ayant atteint le grade
de major-général.
Daniel avait oVttenu, comme ses frères, des terres <lans le Haut-Canada.
Ils avaient chacun 1200 acres. Ses lots étaient les Nos. 13-14-15-16-18 et 20,
dans le canton de Yarmouth, dans le comté d'Elgin, près du lac Erié. Il lui en
est resté trois, savoir : 13-15 et IG, qui appartiennent maintenant h son fils, le
colonel Bâby, et rapportent environ SlOOO de rente ; les autres ayant été perdus
par vente forcée, pour taxes municipales, sur propriétaires absents.
Daniel a laissé un fils naturel, né vers 1826, et nommé Daniel-Antoine
(1) Le lieutenant Maurice-Rocli de Snlaberry, du 1er régiment des grenadiers, mort
aux Indes, H l'âge de '2ù ans. Son frère était aussi dans le même régiment, (.Quebei Gazelle
10 oct 1810).
— 127 —
Bâby. li habite (lS9-i) Li^ytoiistonc, à Bonleun, près do Londres. Co fils
entra dans l'armée, le 98èine de ligne, en 18t5, servit en Chine, dans les Indes
et fit la campagne du Piinjaub. Il retourna en Angleterre en 1853 et fut promu
Capitaine dans le 2Sème en 1857, et servit dans co corps aux Indes durant la
révolte jusqu'en 18(50. Pour raison de santé il revint en Angleterre et fut
transféré au Militari/ Corps. Il se retira à demi-paie en 1870 et abandonna
finalemeht l'armée en 187J, avec le grade de colonel. Il est marié et n'a eu
qu'un fils, lieutenant dans l'armée, qui est mort le 9 mai 1889, à L'ingri.sh, en
Angkterre, à l'âge de 27 ans. Il ne reste plus pir conséquent qu'un seul Bàby
de la famille en Angleterre. J'ai les photographies du père et du fils que J'ai
échangées avec le colonel. Mon fils, Philippe, capitaine dans les Ingénieurs
Royaux, étant allé à Bordenn (2 avril 1893) sur invitatioi». du colonel, a vu là,
dans la .«aile à dîner, les ph(jtographies échangées de ma mère, de mon oncle
William Uâb}' et de moi.
Le mnjor-général Bâby a été inhumé dans le cimetière catholique à
Brompton Son fil.s, (|ni était alors stationné à iMalte, fut mandé pour assister
à ses derniers moments, mais arriva trop tard pour recueillir son dernier soupir.
C'est le major Kitson, beau-frère du colonel, (pii prit soin des funérailles et qui
pourrait donner des détails de sa mort.
J'ai appris que le vieux général avait fait une mort très chrétienne et
s'était rendu à ses devoirs de catholique quelque temps avant de mourir. Et
voici comment.
Vers 1857-1808, son cousin-germain, feu l'honorable François Bâby,
conseiller législatif, de Québec, étant passé à Londres par affaires, profita d'un
moment de loisir pour aller rendre visite au vieux général qu'il ne connaissait
pas. Il le trouva enfoncé dans un graml fauteuil, les mains et les pieds enve-
loppés de flanelles chaudes et .souffrant horriblement de la goutte. Son humeur
était à l'avtmant et il maugréait contre son mal, jurant comme un soldat de
corps-ile-garde. Cependant peu h peu la glace fut rompue entre eux deux; ils
se firent part des nouvelles concernant les divers membres épars de la faujille.
Daniel prit beaucoup d'intérêt à apprendre ce (piétaient devenus ses fi ores et
su'Uis du Canada, (juils n'avaient jamais revus depuis son départ de Québec en
1815. Dans réi)anchement amical qui se fit à la suite, Krant/ois crut le moment
favorable pour s'enquérir de son cousin s'il était toujours catholique, étant né
et ayant été élevé connue tel, et il lui suggéra que les consolations de la religion
pourraient contribuer à adoucir son mal en lui faisant mieux supporter ses
souffrances. Daniel lui fit réponse (piétant entré dans l'armée fort jeune, il
avait plus songé à se battre qu'à prier ; ([u'il ne se rappelait pas d'être entré
dans une église depuis (ju'il avait laissé le Canada, et qu'il n'avait jamais pris le
temps de s'occuper de ces choses-là; qu'au reste c'était son affaire et que c'était
uiuî grande présomption de la part de n'importe qui de l'abor 1er sur un pareil
sujet. Ceci mit fin à la conversation. Cependant Daniel avant de laisser partir
son cousin le pria instamment de renouveler sa visite, en témoignant qu'il le
— 128 —
recevrait toujours avec plaisir. Quelques jours après François revint, et tout
en causant, lui laissa à entendre que puiscju'il avait ainsi négligé sus aft'uires
spirituelles on pouvait croire qu'il en avait fait de même de ses aHairus tempo-
relles ; que lui, Daniel, avait des propriétés de quelque valeur en Canada et des
biens en Angleterre, et (|ue ses héritiers en apprenant qu'il no s'était jamais
marié, ne manqueraient pas de réclamer son héritage. Pour couper au plus
court il lui demanda s'il avait fait un testament, et lui manifesta le désir de lui
être utile à ce sujet, en lui donnant à enten Ire que sa démarche ne couvrait
aucun motif d'intérêt personnel. Le ton de franchise de François, qui annonçait
un désintéressement complet et qui, d'ailleurs, était riche par lui-même, engigea
Daniel à lui communiquer son testament. Il se le fit apporter par son avoiiat,
M. Pepper. Lecture faite, François s'aperçut d'une erreur qui lui paraissait
fatale, provenant d'une fausse désignation du légataire universel, le fils naturel
étant indiqué simplement connne fils. Cette remarque, allant à dire que la loi
ne reconnaissait pas un tel fils, causa une surprise qui fut suivie d'une rectifi-
cation immédiate.
Daniel ne savait comment témoigner à François sa reconnaissance pour
Son désintéressement et le service ainsi rendu, et il ajouta que s'il pouvait faire
aucune chose qui pût lui être agréable il le ferait de tout son cœur. C'est là
que François l'attendait et où il voulait en venir. " Mon cousin, " lui dit-il,
" vous voulez bien reconnaîtie le léger service que j'ai pu vous rendre. Je vai.s
" vous en rendre un bien plus grand en vous demandant une faveur que vous
" êtes tenu nmintenant de m'accorder. Il faut à présent régler voi affaires
" spirituelles et accomplir vos devoirs de religion ; — il faut aller à confesse." —
Daniel était pris de court et .sa parole était engagée Emu par l'intérêt et
l'amitié que lui portait son parent il donna son consen'ement. Lo lendemain
un mngniiique équipage s'arrêtait à la porte chez Daniel, et François en sortit
accompagné d'un haut dignitaire ecclésiastique. Dès qu'ils furent en présence
de Daniel, François en s'adressant à lui lui dit : " Mon cousin, je viens
" vous rappeler votre promesse d'hier. Permettez-moi de vous pré^ont'îr à Son
" Eminence le Cardinal Wiseman qui se fait un plaisir de venir dégager votre
" parole. Adieu, je vous laisse ensemble."
Le cardinal fut accueilli avec respect et put prépirer son pénitent, et
entendre sa confession Peu de temps après il apprit à François l'heureux
résultat de la conversion qu'il avait opérée par son entremi.se. Le cardinal
Continua avec bonté à visiter le vieux général et lui fit cadeau d'un beau cru-
cifix, dans le but de le guérir de l'habitude de sacrer, avec la recommandation
de jeter les yeux dessus chaque fois qu'il lui écliapperait un juron, habitude
qu'il parvint ainsi à corriger.
François apprit par la voie du cardinal que Daniel fit une ni'H-t édifiante
et un legs pie aux pauvres. Ces détails proviennent de feu François Bàby, tel
que relatés à son cousin Wm. Bâby.
— 129 —
• «
10. Antoine-Duperron, né en 1779, étudia au Séminuire de Quél)t»c en
tnêine temps que Daniel son frère. Il adopta aussi la carrière uiilitaire et fut
de niênie pourvu d'une conmiission de lieutenant dans le 6èn>e de ligne. Il passa
en Angleterre en 1801 et était stationné en mars 1802 dans l'Isie de Wight.
Lui et son frère, Louison, du même régiment, allèrent ensemble alors voir leur
sœur Monique, nouvellement arrivée à Londres. Le Sème régiment, qui était
attendu en Angleterre, fut réduit dans ses cadres à son arrivée et les deux
frères furent transférés dans le 69ènie, où ils entrèrent, sans nouvel achat, grâce
à la recommandation de l'honorable François Bâby au Colonel Mathews, que
M. Bâby adjudant-général, en Canada, avait beaucoup connu à Québec, comme
secrétaire militaire du gouverneur Haldimand, tous deux ses amis. Antoine
fut envoyé aux Indes et servit pendant cinq ans dans la province de Madras et
diins la conquête du Travencore. De là son régiment fut embarqué pour l'Isle-
Bourbon et l'IsIe-de-France, dont les Anglais s'emparèrent au commencement
de 1810. Antoine était alors aide-de-camp du général Sir Alexander Campliell,
commandant de l'Isle-Maurice. Là les deux frères furent rt^commandés chacun
pour une compagnie, et levèrent dans ces isles le régiment " Bourbon," composé
de noirs, dont plusieurs avaient déjà servis sous le général français DeCaen,
commandant dans l'Isle-de- France. Le 21 mai 1815, ce régiment fut envoyé
aux Barbades, pour là être débandé et dispersé dans divers corps de service aux
Indes Occidentales, et les officiers être misa la retraite à demi-solde. Le passajje
dura cinq mois et se prolongea jusqu'au 7 octobre. Le vaisseau avait fait
escale au Cap pendant deux mois pour attendre un convoi qui devait les pnjtéger
contre les croiseurs américains dans les Antilles. Là on fut surpris d'apprendre
que la paix était faite avec les Américains, mais que la guerre était recommencée
avec Bonaparte, qui venait de s'échapper de l'isle d'Elbe. On attendit alors
l'arrivée d'une frégate pour prendre la mer, dans la crainte des coisiiurs fran-
çais. Le convoi fit port à l'isle Sainte-Hélène en passant, et Antoine écrit que,
jp'il eût pu y rester quelques jours de plus, il aurait pu voir Napoléon, ce qu'il
regrette beaucoup, vu qu'il n'en aura jamais une autre occasion.
Arrivé aux Barbades Antoine reçut ordre de se rendre en Angleterre et
prit son congé en juin 1816. Il se plaint que jusqu'alors il n'avait pu recevoir
une seule ligne de sa famille depuis son départ du Cana la, quoiqu'il eût appi-id
qu'elle lui avait écrit. Antoine s'était déterminé à aller demeurer en France
comme pouvant y vivre à meilleur marché. Mais arrivé à Londres, sa sœur.
Madame Bellingham, le manda d'Irlande de venir lui porter secours contre son
niari, qui voulait lui enlever quelques-uns de ses enfants. Il la rejoignit au
château Bellingham et elle réussit à garder tous ses enfants auprès d'elle Elle
venait de marier sa fille, Eliza, avec M. Stein. Antoine demeura quelque t'imps
chez sa sœur, qui reçut alors la visite de sir William et Lady Bellingham, ci-
dessus mentionnés Quant au malheureux mari, Antoine ne l'avait pas ren-
contré ; personne ne savait où il était.
— 130 —
Cepend. nt Antoine n'était pas marié ; il avait atteint sa 37ème année. Il
regrettait son Ijeau pays et Détroit surtout. Dans ses lettres ils s'informait
de tous ses parents et ses amis.
En 1819 il partit de Londres pour retourner à l'Isle-Bourbon. Là il
épousa une demoiselle Giraud, dont le père était disparu en mer, en allant à
Miidognscar. Sa veuve était restée avec trois filles et trois garçons, établis
dans risle-Bourbon, dont deux étaient morts depuis. Antoine revint en 1821,
dans un vaisseau français, et débarqua au Havre. Il alla s'établir à Tours oïl
il passa le reste de ses jours. Il aurait bien aimé vivre au Canada plutôt
qu'ailleurs, mais il craignait pour lui et sa femme les hivers rigoureux. Lo
climat des Indes avait altéré sa .santé et il s'accommodait bien de celui de la
France.
Il se plaint dans ses lettres de n'avoir eu que des revers de fortune
depuis son retour en Europe. Outre sa part il'héritiige entre les mains d'Inglis,
Ellice & Cie, (£17()1.13.5^) il y avait ajouté £000 d'épargnes qu'il avait faites
dans risle-de-France. Do plus il leur avait adre.ssé des denrées de cette colonie,
ne pouvant se procurer de l'argent qu'à de très grandes pertes, et sur lesquelles
il avait perdu plus d'un tiers. Il n'a pu, ajoute-t-il, être payé en entier du prix
d'une maison de .sa femme à l'Isle-Bjurbon, etc " Daniel," continue-t-il, " a été
" plus heureux que moi avec Ellice, il a reçu tout .son argent et moi, après de
" grands frais, je n'ai obtenu que la moitié du mien par les machinations de ci^s
" banquiers : les scélérats ! " C'est pounjuoi il veut tirer le meilleur parti
possible de ses 1,200 acres de terre dont il peut disposer en Canada.
Il vivait à Tours avec néanmoins assez d'aisance, malgré ses pertes,
pensant toujours au Canada et n'ayant aucune intention de se faire naturaliser
en France, jouissant, dit-il, d'une assez bonne réputation sans cela. Les lettres
du Canada lui font toujours un vif plaisir et il conserve toujours un ardent
désir de revoir son pays. Le 5 octobre 1829, il écrit à Jac(jues pour lui exprimer
son grand plaisir d'avoir reçu sa lettre, étan'/ séparé do lui depuis si longtemps.
'■ Je puis t'assurer que si je ne craignais pas la rigueur du climat et les frais de
" voyage je me trouverais fort heureux de revoir encore une fois tous mes
" parents et mes amis, et le cher pays de mon enfance, que je n'ai jamais oublié,
" et auquel je pense toujours avec regret. Je ne puis t'exprimer les sensations
" que j'éprouverais si jamais j'étais assez heureux de mettre le pied sur lo sol
" (jui me vit naitre. Dans mes .songea, je m'y trouve souvent, mais hélus ! au
" réveil tout a fui, et il ne me reste que l'illusion."
Il dit qu'il passe l'été à la campogne près <le Tours, et l'automne il fait la
chasse; le gibier est rare, mais il y a une grande quantité de cailles.
" Je suis allé h Paiis," écrit-il, " le 23 mars 1833, pour les noces d'une sduir
de ma femme. J'y étais le jour de l'ouverture des Chandues, et sur le pont-
royal, lorsque lo coup de pistolet fut tiré au passage du Roi allant à la chambre
des députés, , , . " La duches-se de Berri," continue-t-il, " (|ui était dans la Vendée
depuis le mois de mai dernier, a été arrêtée h Nantes et conduite au chftteau-
— 181 —
fort de Blay, près Bordeaux, où elle est prisonnière et paraît, d'après la plus
part des journaux, être enceinte. Dans ce cas je pense que son parti sera nul."
Ce passage rappelle une autre arrestation à ce sujet faîte peu avant.
Mme. Veuve Selby, née Marguerite-Olivier Bâby (Toto), était allée
voyager en Europe. Elle avait été bien accueillie par ses parents et présentée
à la conr d'Angleterre. Lorsqu'elle débarqua en France, ia police crut, en
voyant une grande dame vêtue de deuil, avoir découvert la duchesse de Berry,
Malgré, et même à cause de ses protestations, elle fut arrêtée et conduite à Paris.
Heuieusi'mcnt qu'elle avait des lettres de recomman<laHons à l'ambassadeur
anglais qui la lit remettre immédiatement en liberté. O.i fit des excn.ws à Madame
.St'lby tt Louis-Philippe voulut pallier l'erreur commise en l'invitant à la Cour,
où elle parut avec avantage, avec sa fille Jessie, qui toute jeune, chantiut,il;in-ait,
et piii^ait de la harpe à la perfection ; si bien que la reine Amélie la compii-
nianta en voyant tant d'agréments dans cette j)dite char)tiavte sauvnycuse ihi,
CaïKitld, dit-elle, en souriant.
Antoine continua de correspondre avec la famille de Jacqijes, après la
mort de celui-ci en 18;}8. Je remarque que dans plusieurs de ses lettres il
demande (|Uolles :^ont les armes de la famille. " Ayant fait toutes les recherches
" possibles je n'ai pu rien apprendre de positif à ce sujet, dit-il. Je les ai
" cherché à Londres et à Paris et je n'ai rien trouvé."
On voit par la correspondance d'Antoine qu'il possédait l'usage des deux
langues; celle anglaise lui était plus familière.
J'ignore s'il est né des enfants de son mariage. Suivant ce que m'a appris
son neveu, le Col. Bâby, il est mort à Tours en 1850.
Les terres éclnies à Antoine ilans le Haut-Canada étaient les lots 1, .'), -t,
5, 7 et 8 dans le (ième rang du canton Yarmouth, de 200 acres chacun. Ils ont
été vendus imrlui ou bien l'ont été pour taxes municipales.
•
• •
11. Lmiis (Louison), né vers 17S1, était le dernier des enfants vivants
de Duperron. Il entra aussi dans l'armée, dans le 5èine do ligne. Dans l'automne
de 1800 jus(|u'à janvier 1801, je constate (|u'il était ii Sandwich, et occupé do
chasse plutôt que d'auti'e chose. Dans !e cours de l'été 18)1 il partit pour
rejoindre sim régiment et fit naufrage sur l'Isle-de-VVight. Nous avons vu (|u'il
fut transféré dans le (îDèmo de ligue, et suivit son frère Antoine aux Inilos et à
risie- Bourbon, où il dt^vint capitaine dans le régiment do co Ujui. Il fut tué là,
en duel, vers 1812-1:1(1)
Il étoit un terrible duelliste et dépêchait .son antagoni.ste avec une
(I) ...After poor Tx)iiiR, deatii (in duel) I sent n wliolo iincount of it to Bollinghani in
England, whioli I hnpo was forwardoil to tlie fatuily. It !i too distretsing to ropoat (Lettre
d« Ant, 1). Uàby à Jao(iu««, 2 fév. llilO.)
— 132 —
précision telle qu'il était redouté de ses compagnons d'armes, do it quelques-uns
abandonnèrent, dit-on, sou régiment
La triste tin de Louis causa une grande ntfliction à sa vieille mère, et
un deuil profond dans la famille.
Les lots de terres qui lui appartenaient étaient les nunéros 21,22,2:),
2), 27 et 28 dmsle même canton de Yarmoatli, ausii perdus pir venUs pjur
taxea municipales.
CHAPITRE III
JACQUES BABY IIIl
Nous connaissons maintenant tant par la tradition que par des docu-
mants écrits et authentiques n is ancêtres maternels jusqu'à Jac(iues Duperroa
Bâby et ses enfants inclusivement. Le travail pour suivre la continuation de
sa lignée est désormais plus facile, car nous avons en aide le témoignage
vivant et parlant de notre vénérée mère, tille de Jacques, l'aîné des enfants
de Duperron, et celui d'autres témoins vivants. L'amour profond qu'elle a
toujours témoigné à l'auteur de ses jours, ses sentiments de tenilresse, de
soumission et de respect pour lui, (pii ne t'étaient jamais démentis pendant sa
vie, ont continué après sa mort avec la même piété tiliale. Combien aussi
en retour aimait-il sa tille unique ! Avec quelle compinisance il admirait .ses
belles qualités, son caractère a<mal>le, son esprit sage et délié, son bon cœur
et ce bon .sens simple et naturel i|ui dérigait avec une droiture habituelle toutes
ses actions. Il est vrai île dire que la base chez elle de sa conduite était fondée
sur un .sentiment profond de religion, dont elle avait été imbue dès son enfance.
Les rapports entre le père et la fille ont été constants, et, chose rema-quable,
dans toute leur corresponda ice échangée depuis 181 1 à I8.'i;}, où la mort ter-
mina, le père n'a jamais eu occasion <le faire un .seul petit reproche à a sa tille.
Avec un semblable témoin, c'est une tâche douce et agréable que de
laisser courir la plume, et se sentir animée d'une pareille inspiration.
Jacques Bùby, naquit sujet anglais, au Détroit, le 25 août 1703, durant
le siège par Pontiac, et on lui donna le nom du frère aîné prédécéilé. Sou
parrain fut Autoine UAby, son oncle, et sa luarraine dame Angéli(|ue Dusrivières.
A l'époque où l'eufiatt fut en Age d'être mis à l'étude, il n'y avait pas
alors daus le liautCauada d'iustitutioas scolaires, ou du moins siiffisautes, pour
répondre aux vues de son père. En consé(|Uunce Jac(|Ues fut envoyé à Québec,
pour faire stm éducation au petit sémin^iirc <le cotte ville. C'étiit la meilleure
et la seule institution pour un cours cla9si(|ao on Canada. Elle avait remplacé
le collège des Jésuites, dont le gouvernement anglais s'était emparé, l'ayant
converti en casernes pour ses troupes après la cou(|uête. E;i é'oign mt ainsi du
(ott |>aternel sou fils et son frère braut; jis, qui le suivit peu aprèii, leur pùrt) les
avait mis sous la protection et les soins de leur oncle l'honorablo François BVty,
— 133 —
qui demeurait à Québec, en sorte que le? deux enfants ne se trouvèrent pas
tuut-à-fait isolés de la famille.
Nous avons vu dans la biographie de Jean-Bpte. Casgrain, que parmi ses
condisciples au même séminaire, se trouvaient de son temps les élèves Bâby,
PiCrre Béd ird, efcc , aussi M. Boissonault, plus tard curé de Saint-Joan-Port-Joly.
Le sj'stèmî de régenter les écoliers, en vogue alors, était le plus primitif et
celui indiqué par Salomon, c'est-à-dire de ne pas épargner la verge. La férule
jouait le premier rôle, le pinswm venait bien après. Jacques s'en ressenti, et
devint sourd d'une oreille ; ce qu'il attribua toute .sa vie à un .soufîi^t appliqué
un peu trop rudement par un des régrjnts. Je me rappelle que le curé
Boissonnault m'a dit la même chose, et sur ce, ma mère me l'a répété depuis.
Quoii|u'il en .soit une autre raison engagea .son père à le retirer de là, c'était
pour le mettre entre les mains de son ami, le vénérable Jean-Bpte. Curateau,
sulpicien.curé à la Longiie-P«jinte,et fon lateur du collège Saint-Riphaël, devenu
plus t ird le collège de Montréal. Jacques continua là ses étu les pour venir
ensuite les terminer à Québec po;ir les deu.'c elassjs do p'iilosophie.
Au .sortir du collège son père, (pli voulait le former en tout point,
écrivit à M. Fran(,'()is Jiaby, de lui donner des maîtres d' serimo et de drtnse.
C'est ainsi que le jeune homme aequit cette aisance déport et de maintien
gracieux et distingué (|ui, accompagn » îles manières ilégagées de l'homme du
monde et joints à sa belle prestance, le firent admirer et tant rechercher par
la belle compagnie.
Afin de compléter .son é lucution et lui donner un dernier poli, avant
d'entrer la carrière de la vie prati<pie, son père qui l'aimait beaucoup et était
fier de son fils, lui procura l'avantage d'aller voyager en Europe (I7t<()) et le
dirigea sur Londres, où il le présenta à ses anus et correspondants.
D.)ué d'un extérieur qui plaisait de prime-abord, et avec un gousset
assez. i; garni, il n'est pas ét'mnant (^ue la fougue de la jeunesse dans un
tempérament vif et bouillant, l'ait entraîné bientôt dans <lcs folies si fré-
quentes à son âge. Pour son malheur il tomba dans les filets d'une actrice, (pli
les dressa .si adn)itement, qu'elle reus.sit à s'en faire épouser .secrètement. Cet
irrémédiable faux pns fut la source pour lui et sa fnmille de longs déboires,
Les lettres de son père o.<halent son indignation et sa colère en apprenunt une
si pitoyable mésaventure. Il craignait do ne recueillir (pie d'am rs chagrins
des fruits de sa constante sollicitude et de son inépuisable libéralité pour cet
enfant prodigue. Il le rappela a»issit(*it au pays «t réussit à débariasser son
fils de cette feiinne moyennant uuo pen^^ion assez élevée, (pii dura longtemps
(l)(i.*s02). Le châti nient qu'il infiigea au jeune honnne fut long et sévère,
()) Miulanio H()ii8-Lewin (.VrcliniiKo-nàby), (|ui élevnit ma m^re comme inn enfnnf,
qunii|iie linnno un l'oïKi et d'ini excellent c(Uiir, AVikit parfois lo mot mnrrlant. Elle aiiimit
lieancotip ma iiiérc, co i{<it ne l'empiVhait pan de décocher devant elle de» traita pi(|(iantl
dont ma mère, tiopitMiiio, ne voynit piii alorit toute lu portée, main qu'elle n'avait puaoïihliés*
" Il a coûté atiet cher à la famille, celiii-lfc, " disait «Ile en parlant de ton frère Jaequet.
— 134 —
mais le fit rentrer en lui-même, et depuis lors il ne donna que des sujets de
satisfaction à sa famille par une conduite régulière.
A son retour d'Europe Jacques Biiby s'initia aux affaires commerciales
de son père, lesnueiles étaient considérables, comme nous l'avons d?t, et s'éten»
daient au loin parmi les tribus sauvages. En même temps il était chargé de la
surveillance des diverses fermes et des moulins de la rivière Rouge, d'sl ainsi
qu'après la mort de son mari Madame Bàby put lui confier la gestion des biena,
qu'il liquida à la satisfaction de la famille aprè^i que colle-ci eût été obligée
d'abandonner le Détroit, cédé aux Américains.
Jacques Bâby était appelé fréquemment à Québec pour les besoins du
commerce de la maison. Riche, bel homme, d'une éducation et d'une élégance
parfaite, il y fit du bruit et eut du succès dans le monda. Durant son séjour il
y menait bel équipage; les anciens m'ont parlé d'une nuigiiitique pair.) de
chevaux blancs, aux oreilles coupées, dont l'originalité attirait l'attention et
contrastait avec son grand laiiuais, uu noir, galonné de blanc
On s'étonnait, dans la société, que M. BA'iy fréquentait, de voir qu'il ne
paraissait pas songer à contracter une alliance eu rapport ivoc sa position, car
on ignorait celle que son imprudence lui faisait forcéinont .suliir. Il était fort
recherché dans la compagnie des Dames et Mademoiselle Marguerite Tarieu de
Laiiaudière, qui a tenu, pour ainsi dire, le dernier s don (1848) de l'ancien
régime à Québec, m'en a souvent parlé. " C'était un fort 1)l'1 houiine que votre
" graml-père, m'a-t-elle .souvent dit, et comme il était aimable et digne d'être
" respecté comme il était" (1) Le souvenir qu'elle en cimservait datait de loin
et se reportait avec affection sur ma mère à laiiueile elle témoignait beaucoup
d'nmitié. Mon frère aîné Charles et moi en ressentions les effets dans se8
réceptions, auxquelles nous étions toujours invité.s.
M. Jacques Bàby était né et avait été élevé à l'ombre du ilrapeau liritan-
ni<iue et demeura toujours ferme dans .«a loyauté à la Couronne. La guerre de
l'indéjH'ndance ne fit qu'affermir sa fidélité, à l'exemple de «i»n père, dont il
suivit les traces. L'e.stime et la confiance qu'il sut inspir» v aux autoiil"> .:ou-
Vei ti. iiientAles firent apprécier -on caractère, sa valeur el 1 -s servie^-s ((n'il vtait
a| !')'''■ à rendre. Il ac(|uit, à la suite, auprès d'elles une infiucnue méritée et un
crédit imposant.
Le colonel .Simcoe, premier lieuteniantgouverneur du Haut-Canaila, en
fit son ami aussitôt qu'ils se coimurent, (17l>2) le nom un Lieuttuiiut du U )i,
pour U) comté <le Kent, et peu après coiinnandant des milices du couiié avec e
gru i' do colonel. En mêuie temps il le mit en rapport avec le colonel Eii;^lau I,
Commandant des troupes régulières du Ditr lit, pour organiser d'une miu.ere
cH<'(tive les ndliceu du comté. Cotiforniément à ses instructions le colonel
(1) Tuui loi gouverneurs allaient tialuor Mello. do L.inauilit^re. Quand rnidndo oainp,
Yii'i 1h prévenir de la viiite de Lord Elgin, (IH4f>) elle lui Ht réponse do vouloir l>i«Mi pré-
atiit'-i' lies hninniagoK i\ Son Excellence, et de lui dire, en luèaio teaipt, <|u'en lui ntiidaut
oe: Il uiDour Elle no liiisiiit <|ue suivre l'exemple de sus augustes prédécesseurs.
— 135 —
Bâby drossa un rôle complet de tous les miliciens, officiers et soMats du comté
de Kent, en les divisant par districts, suivant les localités indi<(uées par les
noms fran^-ais qu'elles pu nient. Il est remarquable que les mêmes noms
frnn^-ais, quoique la fjrandc masse de la population soit devenue anglaise, aient
été conservés pour la plupart jusqu'à aujourd'hui, tels que Détroit, la Côtf.
des-Ottawais, la Grosse- Pointe, la Côte-du-nord-e4, la CôtQ-dn-sorntii'st, li
rivière Rouge, la Rivière-aux-Raisins, la rivière Sainte-Claire, la Rivière-aiiv-
Ecores, Grosse-Isle, l'Isle-au-bois-blunc, etc.
Ce rôle des milices, dont j'ai une copie de la main de sou auteur, monti'u
un effectif de (i7iS hommes, presque tous canadiens-français. Il parait fait avec
soin et forme une buse sûre pour étudier et vériKer le mouvement de la popu-
lation à cette époque.
Ces miliciens furent mis sur pied en HSl. On craignait des hostilités
du côté des Etats-Unis.
La rétention du Détroit et des postes de l'ouest par l'Angleterre, depuis
le traité de paix de 1783 fait avec eux, était une cause constante d'irritati m.
On ne s'entendait pas sur la Hxation «les bornes dans ces endroits. La prétention
des Américains allait à réclamer tous ces postes. L'Angleterre mainten lit uim
forte garnison au Détroit et comptait sur l'appui des sauv.iges comme une aide
puissante pour conserver sa pos.session, car les Américains étaie it alor>* en
guerre avec les sauvages des environs et soupçonnaient fortement les Angl ils
de les inciter à les repousser. (1) Le général Wayne, connnandant des forces
américaines s'avança du Fort Washington vers la Miamis, où le gouverneur
Simcoe avait fait construire un fort et établi une garnison.
Les troupes de Wayne ayant commis dos déprédations et incendié des
propriétés appartenant à îles sujets anglais, Simcoe donna ordre au Colou'^l
Bâby de s'assurer des pertes • t de les vériiier. Il fallait beaucoup de discré-
tion et de prudence dans la c'i-.' suixenue, d'autant plus (|ue le gouverneur
Simcoe n'était pas siir des dispositions des habitants français ilu Détroit, chez
h'Sipiels il fallait maintenir, sans les froisser, la neutralité entre les américains
et les sauvages ; les uns penchaient d'un côté, les antres «le l'autie.
Wayne arrivé à la Miami atta<jua les sauvages le 2') aoftt Ceux-ci se
voyant «léfaits vinrent se mettre à l'abri sous le cunon «lu fort. L'. coinm in-
dant ne prit aucune part à l'engagement i|U«>ii|'.io Wiyiie Ht tout ce «[u'il put
pour le provo(|ner. Chacun «l'eux avait orilro de ne pas attaipier l'autre sans l'être
le premier. Dans son histoire «lu Michigm (p. IDô,) le juge Campi>ell rapporte
que lu colonel Hàby vint [U'êter main-forte aux sauvages «lans cette occ ision
avec un corps «le milices canadiennes. Il est «liffieile «le le croire, puisipie lo
gtaivcrneur Simcoe ne lui eu avait pas donné l'onlro et «jue dau< uuo lettre,
(I) Cei aoupçouH parai«iient foiulés, car le gotivorni^ur .'Si.ucoe no «lissiuiula pas sa
■yinpathie pour l«i SaiiviiKo». l>ans uno lettre «le lui au cnlnaol niil)y, «lu '21 iio&t IT'Jl, il
éctrit : " H'IiP (Wiiyiio) advoiifOg I hope ilie linliuns will bout, hiui aiid take tho canna»
" wbich I tupp«Me ho uiust bu «Irawiiig at'ter hiiu fro:u Watliington."
— 136 —
datée deux jours après il l]approuve complètemiMit : Vous avez agi, écrit-il,
" d'une manière admirable, autant que je puis en juger par ce qui a été f lit, et
" j'espère aller sous peu vous en témoigner en personne mon entière satisfac-
" tion. "
Le traité de " Jay ", conclu en novembre 1795, mit fin aux hostilités qui
paraissaient devoir sui-gir entre les Anglais et les Américains. Il fut ratifié la
même année. Il stipulait l'établissement de nouvelles bornes et (\ne Détroit
serait remis aux Etats-Unis, en juin 1796, avec d'autres postes. Cet événement
obligea la famille Bàby, qui tenait à son .scnncnt d'allégeuncc, d'abandonn r la
ville et Siicrifier les propriétés qu'elle possédait sur le sol devenu du domaine de
la république améiicaine.
Le dévouement du Col. Btil>y, son aetivitt' et son zèle pour le service du
gouvernement avaient déjà été !?ij,'nalés parle Lieutenant-U aiverneur .Snneie
au Gouvernrur-Général et aux ministres en Angleterre. Depuis (ju'il avait
pris le gouvernement du Haut-Cana la, Simcie était entré en coiiniuinication
constante avec le Col. Bâl)y et sa correspondance démontre l'estime (ju'ii avait
conçue de sa personne et de la solidité «le son ingénient. En organisant le
régime nouveau qu'il venait inaugurer dans le Haut-Canada, il avait jeté les
yeux sur lui comme sur un des peisonnages les plus capables de l'aider ilans
son administration, et il écrivit au ministre des colonies le 2!} noveMd)re 1792,
qu'il avait U)is son nom dans les commissit>ns reçues en blanc pour la création
d'un conseil exécutif et d un conseil législatif dans la province, en le nommant
pour le district du Détroit, " M. Bâtiy étant," dit-il, de beaucoup le principal
" colon français de la circonscription." Sa Majesté agréa ce choix en confirmant
par un brevet signé île sa main et scellé du grand sceau du Royaume-Uni, la
Dommination à vie de l'honorable Jacciues Bâby à la charge de Conseiller
Législatif, et l'adjoignit en même temps à son conseil connue conseiller-exécutif
dans sa province. En entrant en fonctions dans ces deux charges le titulaire
n'était âgé que de trente ans.
Il nous est agréable de pouvoir assurer d'avajice que dans l'exercice des
devoirs importants «pii lui furent ainsi confiés, et qu'il remplit pendant l'espace
de quarante ans, il se maintint dans une cou luite no i .seulement sans reproche,
mais même à l'abri de tout soupçon. Il devint l'homme de confiance et l'ami
personnel des divers gouverneurs qui se succédèrent dans le Haut-Canada, et
entre autres de Sir Francis Oore et de Sir Perigrine Maitland.
Après la rectifications des frontières et la remise de Détroit, les rapports
entre les deux pays n'en continuèrent pas moins à être tendus, et étaient guidés
p:ir l'oppréhen-sion que les hostilités pouvaient bientAt recommencer. De chaque
cfttéon se tenait sur l'éveil, au cas de cette éventualité, en organisant les milices.
Mais le point important (jne chaipie gouvernement s'efforçait d'emporter dans
cette localité du Détroit, était l'appui, au besoin, des nations indiennes, alors
nombreuses dans les environs.
Le gouverneur, pour mieux réussir à se les concilier et les ranger de son
— 137 —
cûtt', choisit à cette fin M. Bàl>y et lui confia l'emploi de député-surintemlunt-
génôral <lu bureau des Snuvugea. Il lui associa l'honorable Alexander Grant,
dé à son collèjçue comme conseiller législatif, et le colonel Thomas McKoe,
h )nnno d'expérit?nce, qui avait une grande infiuence parmi les diverses tribus
pour les avoir beaucoup fréiiuentées, les avoir conduites en guerre, et conniître
leurs langues.
Les principaux devoirs des surintendants consistaient à maintenir avec
elles les anciens traités, ou les renouveler, à écouter leurs plaintes et redresser
leurs griefs, vrais ou imaginaires, les traiter avec égards et conserver leurs
coutumes, en un mot, dans leur langage " tenir luisante la chaîne d'amitié et
" leur assurer que le feu de leurs conseils serait entretenu." M. Bâby et seg
coiiègues étaient aussi chargés de leur distribuer chaque année les présenta
af.'cuiitiiiiiés, en armes, iinniitions, \ivres, vêtements, etc. Un autre point
important consistait à surveiller au loin les agissements des nations rivales sur
le iMi.s>5issipi et dans le Wisconsin et particulièrement les Renards et les Folles-
avoin s. M. Bâliy s'acfpiitta, grâce à l'a-ssistance de .ses collègues, d'une manière
efiicMce de ces devoirs multiples et sut conserver l'amitié de toutes ces tribus qui
demeuièrcnt fidèles aux Anglais.
*
» *
Durant un voyage ()ue M Bâby fit à Québec en l'hiver 1801, il apprit la
moit de celle à (|ui il avait imprudemment lié son sort. Ainsi délivré de cette
entrave il songea à former une alliance convenable à sa position et épousa
l'iinnée .suivante Délie Elizabeth Altbott, fille de feu l'honorable James Abbott,
jug«' à Détroit, et de la baronne V^on-Brocklowe, native d'Albany et d'origine
liullundaiso. Le juge Abbott, décédé en 1800, avait été très lié d'amitié avec
M. Hàby, et il l'avuit nommé exécuteur de ses dernières volontés conjointement
avec James Abbott, son fils aîné. Cette famille était une îles premières de
l'endroit et à la tête d'un établissement de commerce riche et prospère. Je
renvoie à l'appendice G pour la généalogie de cette famille de notre aïeule
maternelle.
Après la li(piidation des affaires de la succession de son père M. Bàiiy
était pa.ssé à Sandwich «lu côté du territoire britanniipie, (l) mais il lui restait
la grande propriété et les moulins de la rivière Rouge du côté américain (jui lui
étiiient échus en partage.
Lors de .son niaiiage il avait déjà à Sandwich un établissement de com-
merce considérable en société avec son frère Jean-B'ite. — et il ac(|uit là de plus
le 11 juillet ISOj de (luiliaunio Monfort<m, notaire, et de Marie-Louise Sur-
mande, son épou.se, une terre et habitation de un arpent de front .sur (piarante
(I) .îe n'ai pu trouver \me date précise de rétatilissoiuent de Jacques Bilby il Sand»
wich. Toutcslbis giiivttiit un pnoncé dans un eortitiont A lui, doiuié par le Ju^^e Powcll le
2 juin 181", au sujet de» pertes subies sures domaine pendant la guerre de 1812, il aurait
laitiié le Détroit peu après IT'JO.
— 138 —
de profondeur, sur laquelle il bâtit ou paracheva une grande résidence et ma-
gasin. C'est la maison qui existe encore aujourd'hui sur le bord de la rivière.
Ses solides fondations, de plus de trois pieds d'épaisseur, ses lambourdes en
chêne, ses menuiseries en noyer noir ont été construites pour la durée, ainsi
qu'on bâtissait alors. L'ancien usage d'avoir pignon sur rue, cour intérieure,
et dépendances encloses, a été observé. Son jardin s'étendait ju-fju'à la rivière
et un grand verger à l'est. Vis-à-vis, un quai donnait accès à la navigation.
(Voir la vignette et la description de cette maison " Suiivenirs of the Faut"
by W.-L. Bâby, p. 117.) C'est là que ma mère et ses cinq frères sont nés. Cette
maison paternelle était tombée dans son lot, lors du partage de la succession de
son père, mais elle consentit L en faire échange en faveur de son frère Charles,
qui l'a toujours habitée de son vivant. Elle a passé en mains étrangères depuis
une dizaine d'années. Bien des souvenirs s'y rattachent, mais s'en vont dispa-
raissant dans le gouffre du temps. M. Jacques Bâby y vivait heureu.x, tran-
quille, dans l'aisance, dirigeant son négoce, cultivant ses fleurs, soignant ses
oiseaux, plantant et greffant son verger, jusqu'à ce qu'elle fut saccagée et
pillée par le général Hull en 1812.
Entre tenips survint en 1807, l'engagement naval entre le " Cheasupeak"
et le " Léopard," qui fit surgir une recrudescence d'animo.sité entre les Etats-
Unis et l'Angleterre. L'on s'attemlait d'un jour à l'autre à une déclaration
de guerre par les Américains. Ils dirigèrent en même temps des troupes sur
Détroit pour renforcer la garnison. Le général Hull qui y commandait s'y
fortifia en faisant agrandir et réparer les palissades par les milices, «{ui furent
mises sur pied, et il approvi.sionna la place.
Les Américains étaient profondément alarmés par la crainte que les
Sauvages ne prissent le parti des Anglais et ils étaient sous l'impression que le
gouvernement du Canada les incitait à commencer les hostilités Lu. situation
particulière des Canadiens-français qui habitaient le Détroit et ses environs,
ne rassurait pas le général Hull sur leur fiilélité, à cause de leurs liens de
parenté et rapports d'amitié avec leurs nationaux sur la rive opposée. H
redoutait aussi les Anglais (jui étaient restés dans la ville après sa remise, car
il était survenu une entente entre les citoyens des deux origines de ne rien
entreprendre l'un contre l'autre, mais d'attendre les événements et le résultat
final de la guerre.
Sur ces entrefaites les habitants de la rive sud, qui ne voyaient pas sans
inquiétude ces préparatifs, appréhendaient une descente chez eux. Des tètes
chaudes firent répandre le bruit, qu'avant même une déclaration de guerre, un
parti de pillards devait traverser la rivière, s'emparer des magasins et îles
demeures des particuliers et saccager les environs. Sur ce, une vingtaine de
personnes, marchan<ls anglais pour la plupart, s'alarmèrent. S'étant réunis ils
vinrent exposer par écrit leurs représentations au colonel Bâby, se plaignant de
l'insuffisance des milices pour les protéger. Celui-ci, qui avait eu l'œil vigilant
sur toutes les démarchos de l'ennemi et vu également au bon ordre de ses
— 139 —
milices, reçut la députntion avec courtoisie, mais avec fermeté, de manière à
apaiser les craintes de ces députés et en même temps leur faire comprendre que
la prudence refluerait de ne pas alimenter eux-mêmes la cause de leurs alarmes.
Le gouverneur Gore, mis au courant de ce qui se passait, écrivit au col. Bàby :
(le 26 novembre) " I liave great pleasure in conveying to you my entire appro-
" bation for your vvise c<mduct be assured of the favorable opinion I
" entertain of yourself ami your brother."
Heureusement qu'une rupture entre les deux peuples n'eut pas lieu
cette fois, car Détroit contenait 7 à 800 hommes de troupes qu'il aurait été
difficile d'arrêter dans une invasion subite le l<mg de la rivière.
L'été suivant le g(juverneur Gore vint à Amherstburg et ne pouvant se
rendre à Sandwich, comme il se l'était proposé, il invita le col. Bâby et son
frère François, à venir le rencontrer là, atin de se consulter ensemble sur les
affaires de ce district.
Le col. Bâby profila de cette occasion pour rappeler au gouverneur les
états de services du col. Caldwell, son beau-frère, et les affreux traitements
que les Sauvages lui avaient fait subir (1) durant la guerre de 1775. Le gou-
verneur manifesta son intention de récompenser ce brave militaire; ce qu'il
fit peu de temps après.
La guerre, qui menaçait d'éclater depuis longtemps, fut enfin déclarée.
Nous allons voir les Bâby, tant dans le Haut que le Bas-Canada, s'armer de
nouveau pour la défense du pays et témoigner de leur attachement et fidélité à
la Couronne. Les hostilités conunencèrent à Amherstburg, le 2 juillet 1812,
par la prise, à son passage, de la goélette Cai/ahoga, qui portait le pavillon
américain et des dépêches au général Hull. Ces dépêches contenaient ses
instructions et l'état de ses forces. Di.K jours après Hull traversa avec ses
troupes vis-à-vis de Détroit, à trois milles au-dessus de Sandwich, et vint s'em-
parer du village là II établit son quartier général dans la maison du colonel
François Bâby, en face de Détroit et, contrairou\ent au droit desgjiis, il envoya
piller la demeure et les magasins du colonel Jacques Bâby par un ordre écrit
de sa main. Les deux frères étaient alors à leur po^tu avec les troupes an-
glaises cantonnées à Andiersburg, cinq lieues plus bas.
Madame Jacques Bâby avait été forcée île s'enfuir île sa njuison quand les
batteiics avaient ouvert le feu de la rive opposée. Elle alla se mettre h >rs de
portée dans les concessions en arrière, emmenant avec elle ses cinq enfant-», «lont
le dernier, William, n'avait que deux mois. Il n'y avait aucun endroit fortifié
pour trouver ailleurs un refuge. "Combien de fois," écrivait-elle à madame
Ross-Lewin, à Québec, " n'ai-jo pas remercié Dieu que ma chère petite Eliza
" n'était pas là pour être témoin de notre détresse." (2) Vers la fin de novembre
elle était revenue à sa demeure, mais ses alarmes, comme celles des autres,
étaient continuelles par des rapports fréquents, annonç mt que les ennemis arri-
(1) Le» Anciens Canadiens, De Oaspé, p. 199 «t 235.
(2) Lettre du 26 novembre 1812.
— 140 —
vaioiit à leur porte. " Dieu nous en préserve," continua-elle, " car nos forces
" sont bien inférieures luix leurs dans nos endroits, ce qui est d'autant plus
" alarmant pour nous, situés coninie nous le sommes à l'égard des Sauvages, qui
" redoutent leur grand nom><re."
Pour coud)'!' de niallieur une maladie épidénuque s'était répandue et
sévissait cruellement dans les environs. Elle-même allait en être une des vic-
times, et comme si elle en avait eu un pressentiment, elle avait ajouté à sa lettre
ci-de.ssus, (juelques mots pour sa tille et qui devaient être ses derniers ailieux.
Elle terminait en bénissant sa chère enfant: — " God bless you, iny dear
" Eliza, is tlie prnyer of your atfectionate mother, E. Bâby."
Revenons maintenant aux mouvements du général Hull. Aussitôt qu il
eut mis pied à terre sur le sol du Canada, il lan(;a une proclamation invitant
tous les Canadiens à se joindre aux Américains, mais elle n'eut pas d'etfet ap-
préciai le. Le 17 juillet le col. Cass avec 2<S0 hommes pous.sa une pointe
jus(|u'à la Rivière-aux-Canards et s'empara du pont, mais il dut rebrousser
chemin aussitôt. Le i-l, le général McArthur tenta de repousser les Sauvages
de la Uivière-aux-Dimles, mais fut forcé de battre en retraite avec une perte
de six hommes. Ce fut le premier sang versé. Le fameux chef sauvage Te-
cumsfh avilit pris le parti des Anglais et déploya toute sa valeur. Suivi de ses
guerriers et accompagé d'un renfort que lui dépêcha le général Brock, il alla
(•4 août) intercepter à Br.>\vnstown, le major Van-Horn, (jui allai au-devant
du capitaine Brush pour lui servir d'escorte, lequel arrivait avec un convoi de
vivres et de nouvelles milices. L'attacjue fut si soudaine et si bien dirigée que
les troupes américaines se replièrent et qu'il s'en suivit une déroute complète
vers la ville. Hull à la vue de ce désastre tint an conseil de guerre où il fut
décidé d'attaquer immédiatement le fort Malden (Amherstburg). Mais dans la
nuit du même jour il émana un ordre contraire, et dans la nuit suivante, du 7
au 8 août, il évacua Sandwich en toute hâte et repas.sa la rivière. Le 9 il fit
une tentative en envoyant le colonel Miller avec 600 hommes pour déloger
Tecumseh campé près du village de Monguagon. Celui-ci tint ferme, parvint à
repousser l'attaque et p<»ursuivit l'ennemi jusque sous le Fort.
Le 13 août le général Brock sortit de Amhersburg et vint poser ses
batteries en face de Détroit. Il fit sommer Hull de se remlre, sinon qu'il com-
n\encer(iit le bombardement. Le 10, il avait ouvert le feu dès l'aube du jour et
fait en même temps traverser ses troupes, qui débarquèrent à l'embouchure de la
Rivière-aux-Raisins, ayant réussi à opérer leur passage et rejoindre Tecumseh
dès les huit heures du matin. Brock se mit de suite en marche vers la ville. En
voyant ces troupes s'avancer si pn)mptement, le général Hul', .soit lâcheté, soit
qu'il eût perdu la tête, arliora .sans coup férir le pavillon blanc, et envoya un
aide-de-camp, .son fils, pour capituler. A midi le général Brock entrait dans la
ville par un côté, tandis que de l'autre la garnison, forte de 2000 hommes,
évacuait la place, abandonnant 43 pièces de canon, 24,000 fusils et une quantité
du munitions et de vivres.
— 141 —
Le drapeau anglais fut aihoré do nouveau sur le fort et le colonel
Proctor y fut laissé coniniaïuiant h\ «c une garnison de 250 hommes.
La honteuse capitulation de Hull et le pillage des maisons des deux
colonels Bâliy sont restés comme de^ taches ineffa^-ables imprimée» à sa mémoire.
Sa condamnation devant une ciir martiale pour lâcheté a mis le .sceau du
déshonneur à son nom.
Le succès continua à .seconder les armes britanni(|Ues. Le 22 janvier
.suivant, Pioctor alla à la rencontre du général Winchester arrivé à la Rivière-
aux-ltaisins avec de nouvelles troupes. Il l'attaqua avec l'aide des Sauvages et
le tailla en pièces, ("eux-ci exercèrent les cruautés les plus barbares sur les
vaincus, (|ui furent massac 'es ou brûlés. Le jietit nombre de prisonniers qu'ils
filent furent amenés à la ville et ils les colportèrent en vente par les rues. Les
colonels Jiiccmes et Fran<;ois Bâby et Elliott raclietèrent plusieurs de ces
malheureux cnptifs. {C'iniiphdt, p. 3V).)
Cette victoire eut un grand retentissement, et l'Assemblée Législative de
Québec, aussitiU qu'elle l'apprit (12 février) votji des remerciements au général
Proctor et à ses officiers et .soldats ; mais son triomphe peniit beaucoup de .'oa
lustre (jtmnd on apprit les affreux massacres «ju'il eut dû ou pu empêcher, du
moins en partie.
Pendant ce temps la ville de Détroit et les environs étaient inondés de
Sauvag'-s, hommes, femmes et enfants, formant au delà de 1200 bouches affamées
qu'il fallait nourrir et entretenir ; ce qui fai.sait craindre la famine. Les
Canaliens pour éviter d'être molestés et réfjuisitiounés par eux avaient marqué
en rouge leurs demeures et leur bétail. On voit par là combien ils étaient
aimés en comparaison des Anglais.
Au printemps suivant, Proctor tenta d'enlever le fort Meigs, dans la
vallée de la Miamis, où les Américains s'étaient retiré.s. Il fît voile de Malden
le f) mai, suivi de Tecum.seh qui commandait 1500 guerriers; mais il abandonna
soudainement l'entreprise. Il congédia les miliciens, gens tirés en grande partie
de la campagne et (|ui avaient besoin d'aller ensemencer leurs terres. C s
miliciens rentraient mécontents dans leurs foyers. Ils avaient été enrôlés l'été
précédent diu'ant la saison des récoltes et ils n'avaient pu les recueillir. Leurs
femmes et leurs enfants étaient restés dans la pénurie depuis leur départ. Et
quoiqu'on eût pronds de les indemniser de leurs pertes on n'en fit rien. Le
colonel Bâby .s'était adressé, dès le commencement de l'année, aux autorités
pour faire remplir cette promesse, mais sa supplique ne fut pas écoutée. II est
vrai qu'on nomma une commission pour régler les réquisitions de vivres,
transports, etc., mais les pertes de moissims furent mises de côté.
M. Bâby fut nommé un des membres de cette commission, (1) mais il ne
put obtenir, malgré ses efforts, aucune indemnité à ce sujet pour ses braves
(1) Le 2 février 1813, lo Col. Henry Proctor, oomuiandant, noinrua Jaiues Bâby, Wm.
Uands et Jauiea Wood, pour examiner les réolainations pour pertes durant la guerre.
— 142 —
miliciens. Lui-même, comme membre <le cette commission, ne voulut pas alors
faire de réclamation pour les pertes qu'il avait suMus par le pillage ordonné
par le général Hull. Ce ne fut qu'en Juin 1817 qu'il présenta un état de ses pertes,
assermenté devant le j"ge en chef Powell, et accompagné de l'ordre même de
Hull. Au bas mot elles se montaient, pour le pillage de sa demeure seule, à la
somme de £597-16-8. Il en éprouva une autre sur ses propriétés situées sur le
côté américain, par suite de la même guerre, dans le cours de l'été. Le général
Proctor ayant été obligé de battre en retraite, pour, finalement, aller se rendre à
l'ennemi sur la ïamisf, et ses Sauvages se voyant laissés seuls aux prises avec
l'ennemi, incendièrent dans lu nuit du 26 septembre les moulins à farine sur la
Rivière-Rouge. Les Outtawais avaient pris ce voisinage pour leur campement
ordinaire, et lorsqu'il fallut l'évacuer, le sort des armes étant changé, ils
détruisirent tout, non pas dans la vue de faire tort au col. Bàby, qui était leur
ami, mais dans le but de couper les vivres à l'ennemi en l'empêchant de se
servir des moulins. De même ils allèrent incendier, le 3 octobre, les moulins
sur la Tamise. Ceux de M. Bâby avaient une valeur considérable par leur
rendement ; l'un était un édifice en pierre de quarante-cinq pieds de front sur
trente pieds de profondeur, avec deux paires de moulanges et un service complet.
Il avait coûté pour le moins un millier de louis. Il on avait refusé un prix de
£1,800. Le tout fut perdu sans ressource. Cette seconde perte devint un
désastre pour lui par ses conséquences. Le commerce de fourrures avait été
mauvais depuis quelque temps, et la guerre était venue l'entraver davantage.
Les prix avaient tellement baissé sur le marché de Londres que la vente des
pelleteries expédiées ne put faire face aux paiements dus. Pour faire honneur
à ses engagements, M Bâby avait passé spontanément en garantie, à ses
correspon<lants de Montréal, ses terres et autres biens, pour assurer leurs
créances contre la maison sociale de Bâl)y & Frère. Cette cession comprenait
les terres et les moulins de la Rivière-Rouge. Mais .ses créanciers reposaient
une telle confiance dans sa probité qu'ils lui avaient lai.ssé l'entière disposition
de ces biens pour en tirer le meilleur parti dans leur intérêt commun. Ce (jiie
M. Bâby fit par la vente à sacrifice de cette propriété, qui a pris aujourd'hui
une si grande valeur, comme nous l'avons vu plus h lut.
Il n'avait pas voulu, par délicatesse, mettre devant la commission dont
il était membre, une demande d'indenniité. Plus tard, en 1817, il transmit cette
demande à l'Angleterre, en l'appuyant des certificats les plus formels du juge
eu chef Powell et <les juges Campbell et Scott, mais il n'en obtint rien. Il fit
une nouvelle tentative devant une autre commission nommée en 18 23, mais les
documents, à l'appui, qui avaient été ci -devant envoyés en Angleterre à son ami
l'ancien lieutenant-gouverneur Gore avec sa première demande, ne purent être
retrouvés et l'affaire en demeura là.
Au milieu des calamités de la guerre et du délabrement île sa fortune
un plus grand malheur vint le frapper. La Providence lui envoya une épreuve
terrible et inattendue en lui enlevant sa plus chère aflfection. Son épouse fut
— 143 —
emportée par les fièvres qui sévirent dans Détroit et ses environs durant l'hiver
1812-13 ; la ville et les environs en furent ravagés et la garni''.on décimée.
On peut concevoir la douleur de cette cruelle séparation par l'élofr,) quo
l'évéque Straclmn a fait de cette excellente fennne. L'union des époux était
cimentée par un amour fondé sur une grande estime uiutuelle et le don «le
savoir se faire aimer. Leur demeure était embellie par la naissance de six
enfants, qui faisaient leur joie et leur bonheur. Bonne épouse et bonne mère, le
courage et l'abnégation qu'elle avait montrés en consentant à éloigner sa fille,
pour son éducation catholique, à Québec, témoignent d'une belle âme et a tou-
jours impressionné ma mère.
Lft défaite de Proctor .sur la Tamise, sans combattre pour ainsi dire, et
malgré la résistance et la bravoure de ses officiers, qui brisèrent leur épée de
rage, fut. une nouvelle calamité pour le col. Bâby, qui vit périr Tecumseh à
deux pas de lui, fut pris et fait prisonnier par le général Harrison. Ce'ui-ci
vint établir ses quartiers à la maison de Sandwich, où, renfermé dans su propre
mai.son, le col. se vit traiter par le général Harrison avec toutes ssortes d'égaiils.
Il fut relâché quelque temps après.
Le chagrin, les revers de fortune et les fatigues de la guerre minèrent
la santé du col. Bâby, et par ordonnance du médecin il dut se livrer au repos
complet. Aussitôt que la paix fut rétablie il descendit à Québec (1815), où il
comptait un grand nombre de parents et d'amis, tels que son oncle l'honorable
François Bâby, le greflSer Perrault, St-Georges Dupré, Ross-Lewin, Allison,
MM. De daspé, De Léry, de Salaberry et l'évêque Plessis, avec lequel il cor-
respondait. Sa fille unique y était depuis 1811 pour son éducution et ses fils
aînés devaient au.ssi y être placés ensuite dans le mêins^ but. Arrivé à Québec
il se mit jusqu'en 181(5, sous les soins du Dr. Fargues, médecin en renom, chez
sa sœur qui avait épousé M. Ross-Lewin, le major de ville (^;tte année
s'écoula à suivre le traitement du médecir , qui le maintint tou|ours en renos à
caiise d'une plaie invétérée à la jambe. Mais li '^tait difficile «1*^ le teiir en place
et il enfreignait de temps en temps l'ordonnance du mé locin pour visiter S(>a
ami-i. Il se distrayait dans la compagnie de sa fille, la vie en famille it le
commerce de quelipies amis intimes. Madame <lc Li^'y écrivait (ju'cl'e le
préférait à tout autre pour la partie de ivhist, tant elle le trouvait in)ii et
agréable joueur.
Sur ces entrefaites la charge d'inspecteur-général dans s.i proviiie- étnnt
devenue vacante on jeta les yeux sur lui pour la lui offrir. Ses états de -■ r-
vices en temps de pai.x et durant la guerre, les pertes qu'il avait subies pour
la défense du territoire et pour rester fidèle au drapeau britannique, lui donnaient
un titre à la reconnaissance du gouvernement, joints à son désintéressement et
à son mérite reconnus. Ces motifs engaofèrcnt le lieutenant-gouverneur à lui
offrir cet emploi. Il l'accepta et en remplit les fonctions jusqu'à sa mo. t, c'est-
à-dire pendant 17 ans, et, on peut ajouter, à la satisfaction gi'uérale. Car il est
digne de remarque, et agréable de pouvoir constater, que pas une plainte ne
— 144 —
s'éleva contre sa conduite, quoiqu'il eût à surveiller toutes les diverses branches
de l'administration et à se prononcer sur un bon nombre de points difficiles à
régler, où les intéressés étaient noujbteux et les intérêts en jeu souvent très
élevés. Néanmoins telle était la confiance qu'on reposait en lui et l'ascendant
que son caractère de probité et de justice lui avait actjuis, qu'on n'entendit pas
même un murmure contre lui.
Peu de temps après il fut appelé à la présidence du Conseil Législatif
de sa Province, qui était le poste le plus honorable auijuel on pouvait aspirer.
Jouissant ainsi de l'estime et de la confiance générale, il était naturel
qu'il fut choisi pour le règlement des affaires publiques les plus importantes.
En 1824 il fut nommé arbitre pour déterminer les limites entre les provinces du
Haut et du Bas-Canada, afin de mettre à effet l'acte impérial (8èine Geo. IV, ch.
119.) passé à ce sujet, 11 termina, avec la coopération de son collègue pour le
Bas-Canada, (l) l'honorable James Irvine, un litige qui datait de 1794.
Comme cette affaire exigeait sa présence à Québec, il y prolongea son
séjour jusqu'à la fin de la saison, afin d'assister au mariage de sa tille avec M.
Chnrles-Eusèlte Ca.sgrain, avocat, à Québec, qui eut lieu de 26 octobre 1824, et
fut béni par Mgr Plessis, évêque de Québec.
Dans l'été de 182G, les jeunes époux allèrent rendre visite à M. Bâby, qui
demeurait à York (Toronto), car les devoirs de sa charge l'avaient obligé d'aban-
donner sa belle ré.si(lence à Sandwich. Le plaisir de revoir ses enfants fut
doublé par un témoignage flatteur de l'estime qu'on lui portait et qui le toucha
sensiblement. Tous les citoyens marquants et toutes les dames de la ville a'em-
pres.sèrent de venir .saluer le jeune couple et de leur faire un accueil des plus
bienveillants. Ma mère a toujours conservé un souvenir agréable de son séjour
à York, comme au.s.si de sa visite, dans la même occasion, aux chutes de Niagiira,
chez M, Thomas Clarke, un ami de Cd'ur de son père, le(]uel les avait tous
invités et les accueillit avec une aimable hospitalité.
Lady Maitland, l'éponso du lieutenant-gouverneur, et fille du duc de
Richmond, résidait alors à Niagara, où était le siège du gouvernement du Haut-
Canada. Elle avait bien connu nuv mère à Québec pendant que ie duc de
Richmond y était gouverneur, Elle lui témoigna, avec une amabilité char-
mante, .son plaisir de la revoir.
En rejiassant h. Niagarn, »\ son retour des Etats-I'nis, ma mère, qui on
avait déjà jmrlé, obtint, par l'entremise de madame Clarki', le consentement de
«on père de lai.sser prendre .son portrait, en profitant du pa.s.sage d'un artiste
nommé Stephen (jui se trouvait sur les lieux. C'est le portrait (2) (jue l'on
(1) Lettre de Jiunes Irvine, 31 juillet 1824, adressée à l'iion. James BAby aux ohutei
de Niagara.
(2) Il fut terminé en mars lfi27, voir lettre de ,1. Bùhy. _ Le peintre Théophile
Hainel en a fait une copie pour la galerie iIps présidents des Cliuiubres, et elle se trouve
«u parlement d'Ottawa. Une lithographie en a été faite à l'a-is, ohei Frick, aîné et flls,
mais ello cU peu ressomblniito.
— 145 —
voit au salon du manoir de la Rivière-Ouelle, et le plus ressemblant des quatre
qui existent de lui. Il y en a un chez M. Frank Btil>y, son petit-tils, à Toronto,
et un autre chez W. T. Casgrain, aussi son petit-tils, à Milwaukie. Un quatrième,
peint en miniature, à l'huile, par madame Pringle, sa belle-steur, a été retrouvé
il y a peu d'années et remis au sénateur C.-E. Casgrain, de Windsor. C'est
celui dont M. Bàliy disait que c'était une bonne caricature.
Le genre de vie que M. Bâby menait à York lors do la visite de ma mère
était simple, aisé et confortable. Ses cinq tils demeuraient avec lui et les aines
avaient l'mtendance de la maison à tour de rôle, cha(|Ue semaine. La vieille
Tliéièse, l'ancienne esclave, (1^ continuait d'être la cuisinière ; une servante, et
un seul autre domestique remplissaient le reste <lu .service. Invariablement il y
evttit un couvert ou deux mis pour les survenants. Car, lorsque dans le coiir.s
de la journée M. Bâby avait l'occasion de rencontrer ({uelqiie ami particulier, il
l'invitait, sans plus de cérémonie, à venir partager son diner. Il recherchait
volontiers pour lors les agriculteurs intelligeikts, ut aimait causer avec eux
d'agronomie ; luiinême était un herboriste et un horticulteur entendu. Le
verger <|u'il avait planté à Sandwich avait très bien réu.ssi et donnait des
fruits inngni(i(|Uc's de plu.siours uspi-ces. (jii<'l(iiios-uns des poiriers plantés de
sa main existent encore, et la belle pomme " Baurassa," si répandue aujourd'hui,
provient d'un sauvageon qu'il avait apporté de la Pointe Lévy, de chez un
cultivateur île ce nom
Ses délassements habituels consistaient dans la culture de scm jardin, le
so n de .ses oiseaux, «lotit il avait formé une belle volière, ei dans la pêche, aoa
plaisir favori. Pour se procurer cet amu.senient, il avait acquis sur les bords
de l'Humber, à quelques milles de Toronto, une terre d'une bonne étendue, la-
quelle est devenue la propriété de M. Frank Bâby, son petit-tils. C'est dans cet
endroit champêtre (ju'il allait se reposer des labeurs du jour, en compagnie de
ses enfants, ut accompagné d'un ami ou deux. Son tils William, qui vit eu-
•îore (ItHOr)), me racontait il n'y a pas longtenqis, (pie les pas.sants s'arrêtaient
pour voir déliler leur parti «le i)èch<«, le père en tète, h's tils à la tile, suivant
l'âge, portant, rpii, le panier aux provisions, (pii, les perches do lignes, cpù, le
fusil, etc., et William, le plus petit, fennant la marche avec la boite aux vers et
les mouches.
C'est au milieu de ces plaisirs tranipiilles, pur les()uels seuls il aimait k
se délasser de son assiduité constante i\ .ses devoirs otticiels. (pie s'écoulaient
doucement les jours de M. Bâby. 11 y ajoutait le commerce intime et journa-
lier de (piel(|nos amis, entre autres du révérend M. Strachan, devenu évoque
anglais de Toronto. Cependant rien ne put lu consoler de la p-rte de sa bonne
(I) Fllo 6tait iiiiilt\ transe et avait 6t^ ucliotôo, lo 2 jiiillot ITS'i, K l'àgo de 2( aniaveo
801) enfant Lt'on, Agé de '2\ aim, pur .liiri|iio«.|>niii'rmii Hàhy, ilo Juo(|Ues <'aiii|ieati, exécu-
teur de la xucouMion <iu t^oiiii* Vivint, pour In prix de 1S(N) Ibs. fltUl). (.lrrAiit«t «f 0((ava,
lîéij.ilei niiliiirri^vith 111, i>.(û). l^llo qst morte à York, le mardi, 1er décembre 18^0|
âgée do G5 uni*.
— 146 —
épouse Cette séparation avait brisé tonte son existence et pesait sans cesse
sur son cœur. Il ne rechercliait d'autres consolations que dans la relijjfion. t't
ses pensées s'étaient tournées davant tge de ce côté pour en pniti(|uer plus assi-
duenient les devoirs, et aider les autres dans la même voie.
A cette épcque il n'y avait pas d'éj^flise catholitpie dans la ville nais-sante
dt! York, et les titièles n'étnient jias nombreux et pas riches II se mit à l'u^iivre
pour bâtir une chapelle et se montra à la tète pour lonner l'exemple II Ht
une coll«'cte (iionHcription) parmi .ses amis, tant catholiciues que protestants, et
put, en 1822, conunencer les fondations d'un petit édirice qu'il put voir suffisam-
ment terminé en février IS'i-t pour y célébrer les offices divins. Le cure -lo
King-toii, l'abbé Fraser, vint alors l'inaugurer, et l'abbé Browley, jeune prêtre
récemment venu d'Irlande, fut chargé dei fonctions curiales. Auparavant le
service se faisait dan.s la maison de M Hàl»y(l) par l'évêque MeDoniiell, qui
avait .sa retirnnco \\ quand il venait à la ville. Une belle et vaste égli.se rem-
place aujourd'hui la modeste chapelle.
M. BAby continua jusipi'à sa mort de prélever la collecte néces^-aire ponv
l'entretien du culte et du «lesservant, et parvint à terminer l'intérieur de la
chapelle. Cathoiiipie sincère et fervent, il était grave et digne dans l'accom-
plissement <les devoirs extérieurs de religion. Quand, il voyait (piebprun
faire sur soi précipitamment It* signe de la croix et trop à la légère, connue on le
voit assez- souvent, il lui échappait de denuinder si cette personne chassait les
mouches. Ma mère me racontait comme elle était éditîée de le voir suivre la
procession du Saint-Sacrement par le resjx'ct profond (pi'il y apportait : " j'ai
vu alors," ujontait-t-elle, " «le gros.xes larmes lui couler sur les joues."
Ma mère, éloignée jeune de la maison paternelle, regrettait d'avoir peu
connu son père dans son enfance, en se rappelant combien il était bon et affec-
tueux pt»ur ses enfants et surtout pour elle. Parmi >es ju'emiers .«ouvt'uirs elle
rappelait «pi'il les faisait glisser l'hiver dans un grand traîneau sur la déclivité
qui de.scend à la rivière en face de la maison de Sandwich, et (pie, dans l'été
il allait tous les nnitins Imigiier »\ la rivière son petit frère K loiiard, malade
en langueur, jiour lui donner îles forces. Klle allait alors à l'école anglaise, bâtie
sur la lisière ilu chemin, au bis du villagi', et soutenue par le gouverneinent, où
enseignait un monsieur l'ringle. L'école était fréquentée par les enf^mts de
son Age, gan/ons et tilles, protestants et catholiipies. Lîs Klliott, Akin,
Abbott, en étaient. Klle avait été récennnent construite, car ma mère disait
avoir joué en courant sur les lambomdes pendant la coiistruetioti. Klle n'avait
appris et ne parlait que l'anglais jusipie là, et C(»mme cette école ét.vit in.-iuffi4iute,
ses parents durent l'envoyer »i Québec, où elle descendit en .se])teinbre |.S| 1, non
encore Agé- de huit ans. Klle ne revit son père ensuite (|u'eu INJ,'). " [| m'en
souvient bien," me disait-elle, " e't'-tait le 7 mai, le jour de ma première commu-
niim aux Ur,sulines. Thérèse V .nuilt, devoinie madame H.'uder, vint me dire
que mon pèro était arrivé du Maut-t'anada. Kn ettet il vint le lendentain avec
(I) Cette niaiion a ditixiru i>our fnlre plauo à réUrgiiienient de U rue.
— 147 —
mon oncle Ross-Lt-win, et qnnnil je le vis an parloir il était tourné ilans l'em-
brasure fie lu t'enètri' et pleurait alujinlainiiuMit en cachant ses larmes. Le sou-
venir <!e mu mère, im'il venait tie penlre, ma première communion, cette pre-
mière entrevue depuis quatre ans, l'avaient surmonté. Après ses premiers
eminassements il me ilemaiida si je pouvais sortir le lemleuiain. Là-'lessus je
lui (lis que j'allais aller .liMiiander lu permission à ma maîtresse, la mère Saint-
Jac(|Ues. Celle-ci me refusa par un non sec Je revins dire a imm père " que
" la mère Saint-Jacques nt- voulait p.is me laisser sortir." — " Vas lui dire que le
" père Jiic<pies veut <|Ue tu soites," reprit-il. Et en ettet le lendemain je sortis et
" laissai ainsi le couvent." On peut facilement croire i|u'un père (pli avait fait
300 lieues pour voir sa tille, ce qui n'était pas un petit vt)ya<je dans ce temps
là, fut blessé de la riifueur de la rèijle do la maison, et eût pu compter sur un
peu d'in<lul<ïence dans une telle occasion, comme on le fait maintenant. Mais
autre temps, autres nneurs ; les hommes et les feuunes avaient un caractère
niieu.K trempé dans le bon vieux temps.
Depuis (|ue son enq)Ioi avait obligé M. Bâby de ilemeurer à York ma
mère n'eut l'i ceasion de revoir son père (jue «le temp.s à autre, (pmnd il lui
arrivait de de.scendie à Qu'lice par affaire, ou en promenade. La dernière fois
«pi'il y vint fut en août I-S2') il la naissance de Charles, son petit-fils, premier
né, dont il fut le p irr.iin. .Mais t-Je entretenait une correspondance suivie avec
lui. Dans une de ses ilernières lettres en 1S;{2 elli^ l'invite instamment à venir
à la Rivière-Ouelle, .se repost-r et adoucir ses s ucis et embarras domestiques
dont il se plaint. Il y a dans cette échange île correspondances des trésors
d'affection et un parfum d'amour paternel et d'auKmr filial qui émanent d'un
sentiment de vraie vert<i.
Par la régularité de .sa vie eh retienne M. Bàby se préparait à la mort.
Néanmoins elle vint le surpremlre .soudainement, comme le prédit l'Evanj^ile.
Un épanchement de sang sur le cerveau survint inopinément, qui le frappa de
paralysie et lui erdeva la parole, sans toutefois le priver île sa coiniaissaiice ; et
il put, en recevant les sacrements de l'Eglise, y participer de co' ir. Il m 'Uiut
le 19 février \KV.\. On peut dire que sa mort fut un deuil gén -rai et fît voir
combii'ii il était universellement connu et estimé pour ses vraies et solides
«pnilités.
M. Hâby portait \u\ cachet de distinctio:! iV lui seul et était tonjonm
digne. Sa mise était invariablement la même : haliit noir, cravate blanche et
jaliut, bas de .soie noirs et souliers forts. Toute sa personim annon(,'ait une
extrême propreté, barl)e rase, cheveux courts, taillés en bro-*se, mise simple et
sans aucune afl'i'terie, ou apparence de recherche. Haut ih' taille, bii'u propitr-
tionné', c'était un liel honnne. Sa prestance noble, son air dégainé, ses manières
jjracieuses et naturelles, annon<,'aient le gentilhomme fran(,'ixis du mcilliMjr monde.
Ma mère m'a souvent répété qu'elle n'avait jamais connu personne pour se
piésenver dans un salon avec meilleure grâce que son père. Elle ne se trompait
pas, car il étiit très recherché dans la meilleure compagnie et en premier lieu
— 148 —
par les dntnes. Celui qui en appnwhait le plus <ie ce côté, Jisait ma iiièro, était
feu le colonel François Têtu, de Quélie« Ce n'était pas peu dire, car le colonel,
que j'ai connu sur ses vieux jours, était un lioniine reniar(|ual>le entre tous ;
grand, bien fuit, élégant, il avait la mine d'un grand soigneur ; vous l'auriez pris
pour l'honnne de cour le plus policé et du meilleur ton.
Il est regrettable que le type parfait de cette bonne éilucation, de cette
belle urbanité fran(,'aise, s'en aille disparaissant parmi nous, (Qu'est devenue
la culture des manières et des bons usages ? et l'art donc de la conver-
sation, autrefois enseigné avec tant de soin ! C'est chose oul>liée, luême dans les
meilleurs collèges. M. Jacques Bàby parlait et écrivait avec une égale facilité
les langues anglai.se et française. Et, cho.se à rem,ir(juer et rare, les «leu.i
idiomes ne sont pas mélangés ou confondus. L'anglais est pur et saxon : le
français classique, exempt d'anglicisnies.
Ces avantages extérieurs ne sont pas la vertu, mais en sont ou moins
l'image, et tendent à y j>arvenir. De plus, (|uand ils reHètent la candeur et la
sérénité de ITune, avi-c la bouté du cunir, connue on le voyait chez M. Bâby,
on ne pouvait s'empêcher de le rechercher et de l'aimer pour ses qualités
morales (|ui se manifestaient visiblement au dehors.
Je vais laisser à la plume de son bon ami, le lord évêtpie Strachan, de
Toronto, «l'exprimer, telle rju'il l'a ressentie, l'appréciation si juste «ju'il a faite
de la carrière et du caractère de celui avec leipiel il a vécu intimement pen-
dant de longues années et dont il a tant regretté de .se voir séparé.
L'article nécrologi(|Ue qui suit a été publié par lui dans la gazette " The
Corretipondaut," de Toronto, du 2',i février It-};!. Nous donnons le texte
même, tel qu'il a paru.
" Ja .lEH Baux. — It is witli extrême cimoern tliat we announce to thc
public the lo.ss of so valuable and respected a member of tins society, as the
Hon. James Baby, who, after a very shmt but .severe illness, breatlieil his la.st,
on the afternoon of tuesday, the l'Jth instant, in the 7l,st year of his âge. As
Very few persons hid heard of his illness, the report of his death produced a
great .«.ensation, for he was much beloveil by ail who kiiew him. His disea.se
Was at Hrst attendod with excessive pain und repeatecl convulsions, an<i wheu
thcy abated, hc was reduced to a stato of great debility, ami had lost the powt-r
of articulation, he was neverthele.ss (piite sensible, knew what was said to
him and recognized his friends wheu thcy ajiproaeh him. He seemod fiilly
aware of his approaching dissolution, and boaring his illne.ss with groot
fortitude and cumposure, ho touked forward to tho awl'ul ovent with trauquil
résignation.
Those oninmting hopes with which he had alway» re.steil in Innnblo
confidence on tho nicrcies of his (Jod, enable<l him to C(mtenq)late death
without dismay ; and his last moments were marked with that elovated
Herenity and pious mibmission, which well becamo the conclusion of a lifo iu
— 149 —
which the great duties of inan and a Christian had been conscicntiously
discliargcd.
In cverything that relates to the lif« of and character of a person so
extensively known through both Provinces aiul deserve<lly beloved, the public
wiil naturally feci a lively curiosity ; and wo laiiient that \vu are unable to
ineet thia laudable désire, with any other than a liasty and iinperfcct sketch of
both. Yet short as our notice niust of necessity be, there will be found
soinething to stiinu!ate to moral iuiprovenient, soinething to recoinniend and
inspire the love of virtue and to exeinplify the rewards of rectitude and the
consolation of religion.
Jnines Bâby was born at Détroit in 1768. His faniiiy was one of the
inost a!icient in tlie colony an<l it wns noble, His father had renioved frora
Lowcr-Cnnada to the neighliourhood of Détroit before the contjuest of Québec,
V, hère, in addition to the cultivation of lan<ls, he was connected with the fur
tiade at the tinie, an«l for niany years after, the great staple of the country.
James was educated at the Roman Catholic Seniinary at Québec and returned
<o the paternal rool soon after the peace of 1783. ïhe family had ever been
di.stingui>lu'd (and indeed ail the higlier French faniilies) for their adhérence
to the British Crown ; and to this more tlian to any other cause, are we to
«ttribute the conduct of the Province of Québec during the American war,
Being a great favorite with hi.^ father, James was pennitte I to make an
excursion to Kurope, before engaging steadily in business, and after spending
sonie time, principally in Kiigland, he rejoined his fainiiy.
Unfortunately the liinits assigned by treaty to the Uniteil States,
embraccil within it the larger portion of his father's priperty, and the fun)ily
attachment to the ijritish (tovernnient being well known, they were lookc.i
upon With little favour \>y tbe American population, and they found it necessary,
after much l<>,ss iriid di.sappointments to reuiove to the south-side of the River
Détroit, which constituteçi the Itoundary of IJpper-Cana la. When the Province
of Québec wa.s divided intotwo distinct govcruiuents, IJppcr and Lower-Canada,
the Hubject of this notice becaïue an Kxecutive and Législative Councillor of
the former, and continued in the ragularand ef}ici<>nt di.scharge of thehigh and
important duties of thèse eminent stations, to the day of his death.
Soon after his return from Engbind he became extensive!y concerned in
the fur trade, ami «tthor connncrcial pursuits; but war with the United States
hiviiig broken ont, ail business was suddenly and completely stopped by a
hostile invasion. Previous to this he had expérience*! very serions losses in his
Commercial dcalings and aiso in erecting mills on the pri)pi>rty still retaiiied
within tht» territories of the United State-s, and was endeavouring to make
such arrangements as would ruiieve hini, to attend to lus farm and orchard, and
his proiiii>ing family. The auddun war and the calamities which it occtisioned
liiin were not the only eviln which liefell hini. About the saine time he loit an
atltilionate wife, leaving tive sons and a daughtcr ail very young.
— 150 —
To tliis LîiJy, a woinan of excellent iiiiinc, unblemis'ied worth, und
attentive to every conjugal and douiestic duty, he ha<l lieon iiiarried several
years, and in lier society liad enjoyed the greati'st luippiness. Her de ith gave
liiiii a grcat shock ; nor did lie perhaps ever wliully recuver froin the hlow ; for
there were ninments when lie t'elt the loss, even to the last, niost doeply, and
he never niarried agaiii. Tlie death of Mrs. Bàl>y appeared to l)hist his hopcs,
and dérange lus purpo>e.s and to tlirow hiin, as it wero, aHrift on the océan of
life.
The coinnieiicenieiit of the war was perhaps fortunate for hini uiider liis
heav}' liereavenii'nt, for he was iinuiediately called to active service. Ifii
coniinanded the Militia of the Western District and perfornied nian^^ sei'vices
highiy essential to the préservation of the Province. The people wtMV anxious
to win his favour ; they had the most unliuiited contiilence in his judginent, antl
at his reipiest their provisions, tlieir cattle, and jn'rsonai services were ever reaily
to support the King's forces in niakin^' liea<l against the enemy. Wlieii it was
in contemplation to with Iraw the tro(,>ps froin the Western part (^f th«- province,
he sent his cliildren to Québec ; au'l when tliis event took place, he fouiid his
liealth so inueli iinpaired by fatigue and privation, and the grief which stHl
consume 1 hini, that In found it necessary t» a lopt the advice of his physicians,
and to retire to Lower-Canada There he remained with liis chil Iren, but not
in the eiijnynient of heaith, nor was it till after he hail been some tin» ■ at
Sandwich that his streiigth and energy returned.
His merits had been conspieuous during tlio war, his services so dis-
interestel, his lusses an! pi'ivatiuns .-ogreat, that the goveriinieiit wasanxious to
confer upon him so ne mark of approbation, and knowing that his nu.'ans ha l
been very mu2li impaire 1 by the sacriKces he had niade, it was determinel to
cuiifer ii[i')n him tli" tirst otfioe that becaine vacant, if w irthy i>f his ac-e i-
tance. As if to meet thèse vii>ws, the otiiee of Inspeetor (Jein-ral, a place of
great responsibiiity, w,is in a short time at tlu! dis|)osal of governmcnt an<l
was iiniiiediately bestowed upon M. Bâby. The last seventeen years cif his
life were spent at Yoi'k, in tlie discharge of the dnties nf tins office, and never
lias there been the sligh'est shadow of complaint, a fact, the more i-emark d)'e,
as he had to check wey other otHce in the Province, nnd to pron<aince in a
variety of questions, in whieli nnnibers were deeply inteiested ;but suoh was the
public cnnfidence in his integrity an<l honor, tlmt iiot a murmur was ever heard.
As a member of both Councds he displayed the most nncompromising
probity, ami no iniluence coiild induce him to giv»; way to an opinion, whieh,
after mature ex imiiiition, h- concluded to be right. Owing to his hiving
cultivated both languages, frencli an 1 english, ani soinetimes spi>'king in the
oiie, and somet'nns in the nther, lie seemed at times slow > f apprehens On. and
after liaving niaile up his miiid somewhat pertinacions ; but it was th- resuit
of higli principle. There was nothingof levity or seltishness ailowed in forniing
his conclusions.
— 151 —
Thoro Nviis a primitive siniplicity in Mr. fîâJiy's cliiiracter, wliicli addcd
to his poli>hoil uianners ami benignity <»f disp )siti<)ii, threw a moral beiuity
aïoiiml hiin wliich is veiy seldom beheld. His favorite inmisemr'iits partook
largely of tliis siniplicity. He was fond of fishing. Tho solitude with which
it Avas attrndod was congenial to liis niind ; it gave him exercise, fresh air and
ai)petite. For this amu.^ement he had always a strong prédilection. It retpHred
liojp and much )>ntiencc, and indeed few can sit rpiietly on tlie flowery bank of
a calni river, sepnrated frorn the cares and business of tlie worM, without falling
into sucli conten.plations as shall bonetit tlieir soûls
He had, peihaps. .still as nnich pleasnre in atteiiding to his g.irden : to
prune, to bud anil graft, to sow ami plant, were ainong his most agreaiile einploy-
luent-. He delightcd iti watehing the progress o( his labors, and was anxious
to diseover new meth(jds of iinproving fruits and plants, and ascertnim'ng the
niost apj)!o\ed methods of cultivation. We wouKl fre(]uently tind liini hasten-
iiig in the morning to enjoj' his gfirden, au'l i o man eau be fon<l of fruits and
flowers, Hiid the deliglitful enjoyment which tin y yield buth to the eye and ear
by their peifnmisand colours, wilhout lii)\ing his heart touehed with gratitude
to Giîd their Cieator, and ncknowledge tluit His Pro\ idence was évident in
e\cry thing around him.
He had a muiiber of canary birds which he teiided with great care and
rejoicc'l as much in theii' increase as if lie liad roceived some great reward ; and
when the room rtsonnded with their song<, expressive of their joys.tlu-ir loves
an<l thiir happine.ss, he appeared to participate in their innocent delights. We
might proeeed to mention the intere-t which he took in the conifort and h ip-
pincss of iiU the clomestic animais which he keptabout hira.butwe must hfist/n
to a elo-e
lli-i external accomplisments an.I manners wi«re highiy adnpteil to wia
ati'iciions nnd esteem. To an addnss pecidiarly eng^i^iing from its digniiy,
urbanity an 1 ease, was united a cordiality and kindiie.ss of deportment which
in iueed one to désire a more intimate acipniintance.
In his .social intercour.se he was n\\ universal favorite, for tlie sweetne-s
of his teiiiper, and innocence of his heart op^in-l the iiH'ctioii of ail in his favor.
It w.is not that he was distinguishi'd l'or his colloi|uial |>uwers, for he was i>y
no iiicans the leader in conversation, but there was tlu' polish of the iiiost .
retined manners, ripened by iiinate b-iievoleuce, whi.li ma le liiinso acc'ptii'ij
in ail companies, tluit thost\ only wlio hâve had the huppini'ssuf meetinghiin
often in >oeiety,ciin form a just conception of tlu; ]>!tasure of his prest-nce.
But highiy as this exci'llent man was to lie a<l nired and loved for lus
engaging manners and virtucais sentiment s the eKalti'd (pialities vviiich diguith-d
liis moi'al nature are still more worthy of ai>probiition. The.su were tlie gems
which shed arouml his charncter timt lustre whieh made hiui so <rreat a favor. te.
A strict probity and invinlalile love of truth w. le perh;ips the most prominent
of his moral virtues. From thèse his comluct derivod sucli a purity and
— 152 —
élévation as could only spring from a niiml in which the finost sensibilitios of
virtue had ever reiniviued uncuntaniinnted by the consciousn-ss of dishoaour.
To transmit this precious iiiheritance to his cliildron by pcocept an 1 exaiuple
was the principal study of liis life, and to seciire to theni tlie permanent
enjoynient of tliis valuable deposit, he laboureil unceasingly to inculcate that
which he truly deemed the foundation of every virtue, the principle of religion.
His was nofc u religion of spéculation, but a ruie ot life which governed
al! his actions, and not only extended its purifying powers to his intercourse
with the world, but it penetrated the retireinent of the closet and the secret
recess of the heart. Of Christian charity his breast was peculiarly susceptible ;
he was the friend of the widow, the orphan and tho^e who hive no helpers;
and his regard was powerfully exciled by every reseniblance to divine gooJness,
so that to the man possessed of moral worth ho was irresistably drawn as to
a brother. But while his benevolcnce thus extended to ail surrounding ob-
jects, it-i flame became more warn» and biight to those who were inost near ;
and in relations of husband, paient and friend, ail the kindlyer attections of
his nature were kiniilod to their highest fervour.
It was, indeed, his lot to expérience many affiictingdispensations in that
quai ter where his tenderest affections wliere engaged ; but hère the consola-
tions of Christian hope and the unshaken assurance of divine gooiJness were
his refuge and support ; and while he bowed in resigned subinission to that
searching discipline with which it was the good pleasure of his Goil to exerci e
his faith, lie turned with gratefui contentment to those blessiiigs which he was
still perniitted to enjoy, and which be continiied with pious thankfiiliiess and
and quic-ken sensibdity to cherish and iniprove to the last moment of his eirthly
existence. Thus the severity of his trials proved the stability of liis virtue and
his piobtttionary sorrows, by softening his dévotion and relining his best
disposition, servetl only to render him better piepire I for the felicities of
anotiier world. He was a Christian without giiile, affable and polished in his
luanners, courtcous in his conversation, «lignitied in his ilepoitment, wana iu
his affections, steady in his friendship and nnshaken in his priiiciple.s. Tho
great object of his life was u.sefulne.>«s, and the spring of ail his actions was
religion. With scarcely a failing to cast a shade ovor tho collective splendor
of the estimable etidowinents which weru unité I in his character an i conduct,
who, that knew him, can avoid dwelling on his memory with a .sorrowful joy,
and feeling that a great blank hiis been made in our social circle, and that one
of the most worthy of our elder has been gathered to liis fathers.
The funeral took place at 11 o'clock yosterday morning. It proceeded
with ail the solemnities of tiie Catholic ritual, from his late resi lence to thu
cemetery attached to the Catholic church of this town. It Wiis preceedeil by
aliout tifty boys in .surplice. Then the othciating clergyman, the very llev. W.
J. OOrady, B. D. V. O., accompanied by the vénérable Arcluliacro of York ;
Dext the family phy^icians and then the cotiin supported by the inumbers of
— 153 —
the Executive Council ns pall-bearers. It wastho lurgcst and iiiost respectable
fuiKial ever witnessed in this country. It was attended by ail the virtue, lank
and intellijîence of the town and its vicinity ; ami the countenance.of every
individual whom we had the opportun ity of oltserviiig in that vast assemblage,
demonstrated the high respect in which M. Bâby was lield. Al! business was
suspondcfl, every shop and office was closed. Thure was no nianisfestiition
of scctarian feeling : tlie whole coinmunity appeaied as one common famiiy
united togotiier in Lewailing this nielancholy bereavenient. What an évidence
doi's not tiiis aftbnl, that however nien niay hâve ami look fiiriously at each
other on the niinor (luestions of politics, ail can yet agivu in pnying tlie tribute
of their uiiiteil respect to incorrnptil)le virtue and integrity. Cutholies, Pro-
testants, Presbytériens and Methodists were anialganiated together on this
lamentable occasion, and with their respective niinisters atten<led his last
obsequies with the greatest décorum and attention.
During the funeral sermon which was pnached by the very R. the
Vicar-Oeneral, his auditory appeaied powerfully atfected. We never before
witnessed the cérémonies of the Catholic Church on sucli occasion perfonned
with greater solemnity ; and we sincerely hope that the harmony and union
which appeared to pervade ail classes of the coinuiunity, inay long continue
amongst us to heal tlie divisions of party, to promote Christian Charity, to
ciment us into the nature of one heart."
Cet éloge est beau et il n'est pas exagéré, étant vrai dans son entier et
donné par un témoin oculaire. La forme et l'occasion du panégyrique ne doivent
pas lui enlever rien de son lustre.
Les restes de cet homme de bien furent déposés temporairement à York
et furent ensuite transportés h Sandwich. Lors de l'érection du nouveau cime-
tièrt', vers I.SliO, ils furent relevés et déposés dans la tombe de la famille Chs,
Bâby, son fils. Le modeste marbre, replacé au-dessus, en indique l'endroit précis.
Qu'il me soit permis, en terminant cette monographie, de dire à tous ses
descendants : lî'ac secundum excmplar.
«
• «
Comme le but principal de ces Mémoires, ainsi que je l'ai dit en com-
nien(,'ant, est d'élever ceux qui liront ces pages à «les sentiments de vertu, de
dignité de carnctère et de noble désintéres.sement, je ne veux pas, avant de clore
ce clia|)itre, passer sous silence un trait remarquable qui res.sort des rapports
entre feu Sir John Keverley Kobinson, baronnet, devenu juge en chef dans le
Haut-Canada, et M. Jacques Bâby. C'e trait leur fait un égal honneur.
L'estime générale que Sir Robinson, alors simple citoyen, s'était acquise,
tant connue honnne politi(|Uo et juriste distingué, «jue comme personnage émi-,
nent par ses vertus et ses qualités sociales, engagea un certain nombre de ses
uuiia et uiluiirateurs à lui témoigner, d'une manière tangible et durable,
— 154 —
leur haute oppréciution de ses services publics et de ses vertus civiques, aussi
bien que de son tiiérite personnel.
M. Bàby et (|uol(|ues-uns des notables de sa ville, furent chargés de coin-
muni(iner à vSir Robinson le dessein ainsi manifesté et se rendirent auprès de
lui pour lui en faire part.
La correspondance qui s'en suivit montre d'un côté la reconnaissance
justement nciiuise par Sir Robinson et ainsi témoignée par ses concitoyens, de
l'uutre la modestie du vrai mérite qui s'efface par un noble désintéres-
sement.
" York, October llth, 1823.
" MY DKAU SIR,
" I must enti-eat you to sny to the gentlemen who, in company with you.,
did me the honor to call upou m- yestoi'day, that I hâve not beeu able to
ove-coiuc my tirst inipi-'ssion u|ii.)ii the .subjeci of their visit.
" I hâve no other reosim for declining so gratifying a proof of the good
opinion of my frienls than that which I atteinpted to assign verbal ly, and I
mii't rely upoi: your good judgiueut for adinitting it to be sufticient. 1 hâve,
intleud, never objected to becoming a public ch iracter, on our small stage, so
fnr as it became necessary in the discharge of auy public duty, but I hâve
private feelings of répugnance to being piaced in conspicuous situations, however
fliiitering the occasion, which I will venture to beg of my friends to indulge
when they interfère with no public service.
" Let me, however, beg of you to accept and convey my as.surance thati
next to the approbation of the Government and the public expression of
satisfaction by the two Houses of the Exchequer at the resuit of my en leavors
to be useful to the Province, I must value most thls testimony which the
proffered compliment conveys to me froin gentlemen whom, independentiy of
every association of friend>hip, I cannot but respect the most higliiy froni
their rank and character, and who are exempt, by their situatioti>, fiom the
influence of those feelings which in public matters, atbest.often insensiljjy bias
the judgment.
" You will do me the justice to believe that, next to the grateful sensé I
entertain of the honor intended me, is my anxiety to learn that I shull uot be
thought ungrateful in begging to décline it.
" I am dear sir,
" Yours most faithfully and respectfully,
" JOHN B. UOBINSON."
" The Honorable James BA,by."
— 155 —
" York, 14th October, 1823.
" MY DEAU SIR,
" I nin ici|iiested by the gentlemen who Imd the honour of waiting upon
you on Fridiiy last, to acknowledge your favor of the llth, and toaddi-ess their
actiuitsceiice in your détermination to décline tlie small proof of private
attachment and public respect which they intended. But while they do justice
to the delicacy of your motive, they cannot but hope that some other mann^r
of nianifesting the high sensé they entertain of your services, more congenial t »
your feelings, may soon be afforded them — services which hâve prove 1 so
beneticial to the Province and so honorable to its natives.
" I remain, dear sir,
" Most truly yours,
" J. BABT."
" John B. Riibinson, Esquire."
On trouve peu d'exemples semblables de nos jours. Au contraire on
entend battre la grosse caisse, quand un dignitaire polificii'ii aiiiioiice s.>'.
arrivée dans quelque endroit. On l'exalte à son de trompe, il reçoit dt-s
adresses quémandées et convenues d'avance.
Quand la vogue a disparu, et que le héros du jour est tomiié, soit (lan>
l'oubli, soit dans le mépris, on reste dégoftté du servilisme bas et >{'•■ loiiséciiiiDsité
fade qui s'étalent sottement dans ces sortes de compliments, qu'on ne lit pins
ensuite que comme curiosités, ou étude de mœurs locales.
Pendant que cet ouvrage se termine la mort vient do moissonner mon
oncle William-Louis Bâby, le dernier survivant des enfants An .bicques B/llty, à
l'âge avancé de 85 ans et 7 mois. Quel bon et brave huninie !
J'extrais la notice suivante du " Détroit Eveiùiuf iW<'.s'," 9 déo' mbre
1897, et une autre partie tirée du " Evening Record, Winduitr, ()., 14 déceutbie
1897.
"A VETERAN OF 37."
" Mr. William L. Bâby, a descendant of one of theoldost French families
in America, and for twenty-two years an officer in the Canadian custo^ns, .lied
shortly after two o'clock thisafternoon.at the British-American HotcI, Windsor,
where he was residing. A week ago he had a paralytic stroke, luit wns appar-
ent ly recovering until this morning, when he took a turn for thi? worse and
sank rapidly.
William L. Bâby wasborn ut Sandwich in 1812. His family was founded
in the sevei-.teenth century by Jacques Bâlty de Ranville, son of tiio seigneur
— 156 —
<le ïlanville. Jacques was nn oflBcer in the fainous Cmij^naii Rt'j^iincnt, hii 1
cnine with it to America. Nearly a ccntury luter, in 1700, two of liis «lese-n I-
ants, Jacques Duperron Bâhy and M. Antoine Bâhy, settleil in Deti'oit ml
dui'ing the siège of Pontiac the two brothera rcndeieJ invaluahlu assistance to
the garrison.
After the révolution the Bâlys returncd with tho other United Empire
Loyalists, and on tho taking of Dotroit in 1812 one of iheni, Francis, was
appointed uiurshall for the territory of Michigan, wlùch position he held till
1814.
Mr. Bâby wns educated in Toronto, and spent his boyhood there. On
coinin^ to nian's estate he bought a farni ut Chathani, Kent county, and livuJ
there for a number of yeara.
DurJng the rébellion of 1837-8 he was a lieutenant, connnanding a
Company of the Kent ounty niiiitiu. He was not called eut till Jun 8, I8:i8,
when the " patriots " froin Détroit niade an attack on Ainlierstburg. They had
seized the scliooner " Aiin, " loaded lier with aiins and aailed her lowu to
Gibraltar, twenty miles below Détroit, on the American 8i<Ie. ïhe Canadian
troops were posted behind trees and kept up a hot tire on the schoon^r. ïhe
nian at the helm was shot down, many of the crew were wonnded, and the
haliards were eut, letting the niainsail drop. ïhe schooner drifted down the
stream till she ran ashore at Elliott's Point, and there she was boarded by
Lieut. Bâby and his company. The patriots surrendered, and Dr. ïheller l)eing
wounded, Lieut. Bâby carried him on his shoublers to the shore.
Mr. Bâby wns niarried three times. His first wife waa a cousin. Misa
Bâby, daughter of the late Francis Bâby, of Windsor. After lier death he
married Miss Jacobs, daughter of Mr. George Jacobs, township of Raleigh, Kent
county. His third wife was Miss Eliza C. Chipman, daughter of Judge Chip-
nian, of Détroit, and sister of Congressman J. L. Chipman. By lier he had one
Bon, Mr. W. E. Bâby, the well-known Détroit lawyer." Dotroit " Evening
News." Dec, 9.
" Windsor, Ont., Dec, 11. — The large crowd thatgathered in St. Alphonsus
Church this niorning in attendance oh the funeral of the late William L. Bâby,
ex-collector of customs, furnished an irapressive testimonial as to the estecm in
whicli the deceased was held by the citizens of Wind>or and Détroit. The seating
capacity of the church was completely exhausted. ïlie Casket containing the
rcinains was Jiterally covered witii floral offerings from many friends. The
pall-bearers were Judge Horne, Liiut-Colonel Beattie, William McQregor, M.P.,
Miles Cowan, J. E. Davignon and James Scully. ïhe services at the church
were brief. The Rev. Father Bayard officiated, and w^as ossisted by the Rev.
Father Vandyke, of Détroit. Lieut. -Governor Patterson, of Manitoba, waa
présent. The internient took place at L'Assomption cemetery. Sandwich.
His lifc was not a very eventful one of late years, but, when a young
- Iô7 —
mai), he took an active part in what was called the " Piitriot " war. The Bâbys
hâve always boen tiuly loyal to the country of thoir a loption ami noue more
so than the one recently taken from us. When tlie so-cal ed Patriots inva<lud
this part of Canada in 1837-38, Mr. B&by, beiiig a lieutenant in the Kent
militia, served under Col. Prince, who was then in couiimiud of the militia ia
the western district. As lie tells us in his book, " Souvenirs of the P.ist," he
was at the taking of the celebrated schooner .4 nu, and it was to hiin that
" General Theller," who coinnianded the Patriots, delivered up his sword. The
latter being severely wounded. Lieutenant Bâby, with his usual tendtirness of
heart, carried hiin on his back to the shore, and thence to the hoadquarters of
Col. Prince, not far from the scène of action.
Mr. Bâby's life, in many respects, was a refle.x. of his father's.
In ail his dealing with the pu))1icas an oiBcer in the Customs service ho
was always courteous and obliging, always the true gentleman, kiud and
considernte to ail witlà whom he came in contact. He was a kind husband aud
father ; with one of tlie sweetest of dispositions he endeared himself to ail who
knew hira. In adversity he was ever patient and uncoraplaining ; no one ever
heard liiu\ .«ay an unkiu 1 Word of any one. He was always the true, Christian
gentleman.
To those who know Mr. Bâby intiinately, this obîtuary notice will bring
home to them how perfectiy the noble qualities of the father were transmitted
to the son. Mr. Bâby is the last of a past génération of truly noble men.
Nobie by birth, noble in his purity of life, he will never be forgotten."
William L. Bâby, était un homme d'une stature superbe ; grand, bien
fait, beau de prestance et de figure. Avec un c isque militaire sur la tête, il
ressemblait à Guillaume de Prusse, le vieil empereur d'Allemagne, et d'une
manière fnippante.
Causeur charmant, plume facile et élégante, comme on le voit par sea
opuscules, il plaisait en compagnie, et la douceur de son caractère, comme la
bonté de .son cœtir, le faisait aimer de tous. A table, il n'y avait pas de convive
plus agréable. Gentilhomme de vieille roche, d'une urbanité parfaite, de senti-
ments élevés, il était le digne fils de son père.
«
* *
L'Honorable François Bâby, fils de Raymond I, de son mariage avec
madomoiselle de La Naudière, avait laissé trois fils, pour continuer sa lignée.
(Voir l'appendice B.)
François, le plus âgé, était né avec un esprit d'entreprise remarquable,
comme la suite l'a définitivement prouvé, et se lança jeune dans les affaires.
Voulant faire grand, il se livra à l'exploitation du commerce de bois sur une
trop grande échelle pour ses ressources financières. La suite amena une faillite
dans laquelle ses créanciers, vu l'aisance de la famille Bâby, se montrèrent fort
— 158 —
hostiles à leur débiteur. La loi permettuit alors la contrainte par corps pour
dette ; la consé(]uence fut que François Bâby traversa la fiontière et habita
Albany, dans l'état de New-York. Au bout d'un certain nombre d'années il
revint au pays et parvint à satisfaire ses créanciers.
On raconte qu'après avoir réglé tout coniptu avec un de ceux qui l'avaient
le plus malmené, et avoir pris une quittance finale en bonne forme, il lui
demanda s'il était parfaitement satisfait et content. L'autre, qui croyait sa
créance perdue à jamais, ne pouvait se taire en remerciements. François tira
une autre soiiune assez ronde do son portefeuille. " Voilà, dit-il, pour vous
" payer les injures que vous avez dites de moi, et pour vous clore le Liée à
" l'avenir."
François Bàby avait repris activement les affaires, et exécuta de grands
travaux pour le gouvernement du Canada, tels entre autres (jue la construction
des quais et des phares sur le littoral du Saint-Laurent, en bas de Québec. Il
devint très populaire, car il payait largement ses employés, et continuait la paie
de ceux qui, par accident ou maladie, étaient incapables de t'availler. Sa popu-
larité éclata quand il fit élire son Hls, to\it jeuni' homme, député du comté de
Rimouski, et ensuite député du comté de ïémiscouata.
Les ministres sentaient son influence et recherchaient son appui. liui>
les aidait; et il est à croire (pie de part et d'autre chacun y trouvait son compte.
Il sut en piofiter et amasser une belle fortune, dont il usait libéralement.
Il mourut subitement le G aoilt au soir, en 1804.
Ceux qui ont la su]ierstition de croiie à la fatalité du nombre 13 à table,
trouvei'ont, dans cttte mort soudaine, une confirmation de leur créiiulité.
Il y avait ce jour-là dîner chez lui d'une dizaine d'invités Au moment
de se mettre à table, Madame Juge Duval se mit à comptir les cnnvises et, on
en voyant l.'i, elle ne voulut paspnndre place laant d'i-nvoyer quérir mi autre
convive. Celui-ci nnindé ne put venir. M. Bàby insistfi. auprès de Mme. Duval
et finit par la gagner en lui disant : " Emilie," c'était son nom, " assieds toi, je
prends tout .sur moi."
Vers les onze heures il prit sa bougie pour so retirer et, en ouvrant la
porte, il tomba mort.
Essayez maintenant de persuader à Mme Duval, ou à liien d'autres
comme elle, ipie ce nombre 13 n'est pas fatal !
Cependant, aux yeux delà rai. son et par le cilcul sur la vitalité, on arrive
à la conclusion (pie c'est une loi de la nature; .sur 13 lululte.s la probabilité
t'ht que un doit, dans le cours ordinaire, disparaître durant l'année.
J'extrais do " The Qachec Omette," august 8, 18(54, abridged from tho
" Daily iVe».'"," la notice suivante :
" X(» public inan in this Province has been more proininently
before the public for the last tweiity years ; ho was the object of vitupération,
oi' scandai, and onvy in ono section, and belovudaml respcctcd in au othor, were
— 159 —
liis excellent qunlities were better kiiown and appieciutecl. So important
influence did he exercice at no late pciiod in the pnttlic conncils of the country
that ho was not injustly snpposed to be the lever by whicli niinistries weie
held tojrether, ami by whicli the legislatiun of the country wiis in part directrd.
Ho vvas connected with ail the great public eut r:iii.ses of the day, aiid the
histoiy of tlie latterpart of his life is the history of the rise, groth and progrès»
of tlie country.
Mr. Bâby was a descon lant of the old freiich /(oWcss-, which einigrated
nftcr Chanip!ain liad Itiiil the f(jundation of a Noi tli Aniuiican empire. Branches
of tlic fauùly are scattered over botli sections of Canada, vvhere they are
recogiiized for their enterprise, industry and skill.
On the conqnest of Canada by the English, tlie Bâbysat once, after the
treaty, transferred their loyalty t> tîreat Britain and liave evcr since been
consistent supporters of the British Crown.
Few mcn, after the terni of life, nfter tlny pass three score and ten.are
possessed of energy sufticient to comnience again life's battlo : but so indoinit-
ab!e was his persevfnince, «o zealouslj- did lie iabor, so mueli inipresse 1 was he
of the importance and value of iinproving the lower St. Lawrence navigation,
that he conceiveil ail thi' great pio ects which hive since b'en carried ont, viz :
the bnil ling of wharves, an improvtMl systcm of light-houses, and fhe intro-
duction of steam tugs for tlit^ lnMieiit of the commerce of thi-< port. What he
di 1, \\i' ilid well : the wharves are tln' best of ilieir kind on tln' continent ; the
liglit-liMuses are ecjual to atiy on th«' eoa>ts of Kngland or Franco , and tlio only
oh'netion that can be uiged ngainst the steam-tngs is that they are tio
co^tly fur our j'et limited trade.
The spirit of eiitef]iii^" wli Cil Mr. B.'i'.y incnlcateil among his country-
nicn tlii' Franco-Caiiadians is wortliy of ail )iraisc Nature is not prol fie of
geniiis like that possessed by the ded-as d, and it may be many years before
we hâve anotlur suoh eiiterprising public spirit in (air mid>t. Mr. Bâby had
bi en in poor heaith for tlie last tw( Ive months. His poweiful frame liad brokeii
down under inces.sant toi! and fatigue ; and although his death, eauacd by
disia-e of the heart, was unexpectei and snddeii, yet there is no doubt that lus
dajs would not hive been prolonged for aiiy leiigtlieiied period.
He was eiccted to the Législative CdUiicil fur tlii' Stad icniia ilivision, in
liStil, nt the tinie when Mr. Huot was unseated, beating Mr. Fournier, liia
opponent, by a niajority of thii teeti iiundied. As a politician ho was n con-
Histeiit and constitutional conservalive "
On lit dans le " Joiirtnil de Qm'lirr," du 10 août iNliJ., une notice nécro-
logi(jue, d'où je tire le passage suivant :
Aujourd'liui ont été conduits à leur deiiiière demeure, les restes mortels
de l'honorable F^an(,'oi9 liAby, si souilainenient enlevé t\ sa famille, au milieu
d'une vie toute pleine d'activité,
Lu cun\'ui funèbre est parti du la doineuru du vénéralde défunt à 10
— 160 —
houres ce inniin, pour se rendre à la cathédrale où il a été inhumé. Lo concours
des citoyens qui assistaient aux funérailles était considérable. Les cordons «lu
poèie étrtii-nt portés par Sir E.-P. Taché, l'hon. G -E Cartier, l'hon. N. Bossé^
les hons. jngi-s Caron, Taschereau et 1 hon. Geo. Peniberton
Le sujet de cette courte notice était un homme d'une incroyable énergie
et d'une activité surhumaine. Faible, en apparence, de constitution, jamais il ne
succomba à la fatigue ou au travail. Déjà, àl'âgu de 19 ans, il faillit des entru-
piises consiil érables. S'il succombait aujourd'hui, c'était pour se relever demain,
avec un redoublement d'énergie, d. ns des entreprises plus considérables, et
lorsque la mort vint si soudainement le frapper, il rêvait des entreprises plus
grandioses que toutes celles qu'il avait accomplies jusque là D.iU'* sa course
ardenti.^ accidentée par des naufrages, il a, tout naturellement, lai.-*sé sur son
passage des amis et des ennemis ; mais personne ne lui a jamais contesté les
rares quMiités qui l'ont rendu si remarquabb-, surtout dans les (|uin/.e dernières
années de sa vie, c'est-à-dire, une sûreté de coup-d'œil extraordinaire, uno
connaissance profonile du cci'ur humain, une volonté agissante et rapid»; comme
l'éc air dans sa marche, et une générosité sans limites. Des milliers de personnes
peuvent attester la bonté de son cœur et l'on peut dire que personne nest allé
frapper en vain à sa p^rte. Nulle infortune n'a jamais trouvé son ccvur fermé."
M. François Bâby épousa demoiselle Clotilde Pinsonnaiilt, sœur de
l'évêque Mgr. Pinsonnault, de London, Ont., et laissa un fils et uno fille.
Le fils, Michel-Guillaume, surnommé Fr.uicis, a épousé demoisolle Marie-
E. Wilhelmino Renaud, et n'a pas d'enfant >.
C'est lui qui a représenté successivement, à l'Assemblée Législative du
Canada, les comtés de Rinionski, Témiscouata et Saguenay.
Il a sa demeure à Québec, mais il passe une grande partie de sou tentpa
à l'étronger et l'hiver à Paris.
Sa sceur, Alice, maintenant La ly Caron, d'Ottawa, a épousé le 25 juin
18(57, Sir Joseph-Philippe-Adolphc-llené Caron, K. C. M G., avocat-conseil de
la Reine en mai 1K79, memltre du Conseil Privé du Cana<la, ministre de la
milice, 9 nov. 1880, et f .it chevalier le 25 août 1885.
De ce mariage sont nés un fils et une fille.
.%
Jacques- Raymond, ca«U'tde Frun«,'ois, épousa demoiselle Mouct de Moraa,
et ne parait pns avoir laissé de lignée.
Joseph-Louis, le dernier fils, vit UDÎtre de son mariage, 22 août 1831,
avec demoiselle Caroline Guy, pas moins do 14 enfanta, ainsi qu'on le voit au
tableau généalogique B.
L'aîué est l'honorable Juge BAby, de Montréal.
— 161 —
Si la lignée Bâby à Québec semble devoir s'éteindre, elle promet, à
Montréal, de voir croître de nombreux rameaux.
CHAPITRE IV.
Diverses alliances des Bâliy. — De Lusii,'nan. — Du Sablé. — La Verandrye. —
Drouot de Ricliarville. — Le Comte Dui)ré. — Picoté de Belestre. —
Mngmin. — Coiirault-La Côte — D'Estimauville. — Crevier. — Veron do
Grandmusnil. — llocbert île La Morandière. — l'orlier-Lamarre.
Avant do clore riiistoriiiue <Ie la iii^uée Bâby, il convient do mentionner
les diverses alliances (jui ont uni cette famille avec celles des mieux considérées
du pays.
Je diiis à l'oblii^eance continue do M. le ju<j;e Bâby la très grande partie
doH no'es suivantes sur les allianci's (|Uo je vais mentionner. Elles ont un
intérêt (|ui se rattnclie de trop près à la fiimille Bâby et lui font tiop d'honneur,
pour ne pus trouver place ici. Le lecteur pardonnera volontiers quelques
répétitions inévitables (pii jjeuvent se rencontrer avec ce que j'en ai dit ci-devant.
La première fille, née Bàliy au pays, s'allin, comme on l'a vu, à M. de
Lvisignan.qui appurtenaità une des plus notaliles, sinon la plus illustre, familles
de la Nouvelle-lMauci', tant par son or'>riiie que par .ses faits d'armes.
A son contrat de iiiariai^f, eu date du ") février 1GS9, il est dit : Paul-
Louis d'Asmard de Lusignan, commandant du détachement de la marine, tils de
Mi'ssire Piorre-Al xandrc d'Asmaiil de Lusijjnan, écuyer, et do dame Anne
Thibault de St. Barthélémy, do La Rochelle.
Parnd les parties à l'acte sont présents :
Fi'an(,'ois Lefevre, Sieur J)u Plessis,
Raymonil Biaise, Sieur des Berj;ères,
Christophe de Krost, Sieur de la (Jemmorais, et
Léon Levreau, Siour de Lanj^is.
Ce sont des otficiers, ses compaj^nons d'armes, sans tloute.
De ce mariage, il eut un tils également nommé Paul-Lotni, né au pays
en U»!M,(|ui fut nuiné à Moiitn'al le l.s janvier I7"22, à Maileleine-Marguerite
Bouat, tille de l''ran(,ois- Marie Bouat, lieutinant-général de .Montréal et Made-
leine Landicrt-Duniiint. .Mlle Bouat était la soiir de Mesdames l"'ran(,-< pis Daine,
Louis-.lean-Pcnilain de Cnurval, .ban-Baptiste De Cannes de Falaise, et belle*
so.'Ur «le Marie-Anne Cauthier île N'areiines.
Son père époiisa en secondes noces Agathe lit (iardeur de Repentigny.
Jeainie Babiu étant «ievenue veuve par le décès, en 1(!1I2, <le son nmri
alors parvenu au lang de capitaine réforme, né dans une eudaiscade préparée
par les Iroquois d.uis une dos Iles du Uicheii<.u, encoru très jeune, .se remaria à
— 162 —
Chainp'ain, le 13 février 1700, à Claude Pnuperet, riche négociant, de Québec.
Elle ne fut que trois ans à peu près avec lui, M. Pauperet niouraat on janvier 1703.
Il n'y eut pas d'enfants île ce dernier mariage.
De son union avec Délie. Madeleine-Marguerite Bouat, Paul-Louis de
Lusignan eut plusieurs enfants dont plusieurs moururent en bas âge. Parmi
les autres, on compte Louis-Antoine, baptisé 21 septembre I72(i, à Québec ;
marié 23 septembre 1754 à Louise Renaud Davesue des Méloisos ; et Marie-Autie
mariée, 18 juin 17C4, à François-Xavier Tiottier Desauniers.
Louis-Antiiine eut avec Louise Renaud Davesne deux enfants, nés
respectivement en 1755 et 1757 : Louis- Antoine et Marie-tiilette.
Le fils de Jeanne Babie, conmie son père, entra au service du Roi et s'y
distingua considérablenunt. En 1722, il était enseigne de la marine. Devenu
seigneur de la baie de Mis-siscpioi en 1733, il fut envoyé, en 1735, au Fort
St-JoM ph des Illinois en <|ualité de commandant, poste (|u'il ociMipa ju>s(ju'en
1 73y, Un Mpiil revint. 11 commanda à Carillon et, «ub.sé(|Uemment, à St-Frédéric,
où il e4uit lor.«-(|Ue le savant suédois Kalm le visita. Sur la fin du régime
ffançiis, on le voit, en cette même (pialité, à I Ile-aux-Noix, en 1759, où il
combat vigoureusement l'ennemi ; à St-.leau et à Cliamb y, en 17(i0. Chevalier de
St-Louis, ce digne oHicier avait cinquante-trois années de service lorsqu'il
mourut en 17()4, eu ce pays, car il n'avait pas cru devoir tse retirer eu France
couaue tant d'autres. Privé de son père à uu âge où il lui aurait été du plus
grand secours, son oncle, Jacques Babie, lui fut donné comme tuteur.
On voit un M. Louis- Antoine de Lusignan parmi les ofticieisqui donnent
leur opinion dans le conseil de guerre qui précéiia la reddition de Québec ;c était
le petit-tiU de Mlle, Baby. Arrivé au grade de capitaiae, on lui conféra la
croix de Saint-Louis, tel que son père l'avait eue aussi. Il passa en France où
la lignée .semble .s'être contitiuée. Car, eu 1770-71, un " Lusiguau " écrit <le
Brest à l'hon. Frs. Bâby divui'ses lettres] il se souscrit " Ctipitaine Je V^iisseau
du Roi.
«
# f
Jacques DANixtNXEAU, Sieuk du Saiu.é et Isaljelle Faube, du Bourg,
évêché d'Aubuis, donnèrent le jour en 1(526, à Pierre, ijui, en 1651, passa en la
Nouvelle-France, où il fit bénir bientAt son union avec Françoise Jobin, d'Am-
froae-Mir-les-Marciies, en Nonuaudie.
Ils eurent quatorze enfants, entr'autres :
Louin, (jui fut marié à Jeaune-Margucrito Lenoir;
Jfdvve, à Jnc<|Ues Babie de Banville ;
Manjnerite, k Jacques Brisset, Sr. de Courchêne ;
St^iphaiiif, à Pierre Desmart^, Sr, Lepellé;
FruHi^oVM-FélroniUe, mariée, 1'^ : à Jean Desrosiers, Sr. du Tremblé;
2'' ; k Jttauri Boliide-Laïuarre, uiédeciu-ohirurgier. ;
iMuiue, à Jusepli Aubuohuu ;
— 163 —
Jacques, à Catherine Dutaut de Grandpré ;
Renée, à Pierre Dumoulin.
Peu de temps après son arrivée au pays, Jacques Dandoiincau obtint la
concession de douze perches de terrain, plus tard, parait-il, érigées en marquisat
en faveur dos Dandonneau du Sablé. (Bibaïul et Suite).
Madame Dandonneau fut inhumée à Champiaiu, le 6 juiliot 1702, mais
l'inhumation de sou mari quoique non connue, devait être antérieur; à la
sienne.
Louis Dandonneau du Sablé décéda à Montréal, en septembre 1709.
De son mariage avec Jeanne-Marguerite Lenoir, le 8 octobre 1684,
Da()uirent plusieurs enfants, entr'autres :
A tifféli(iue, i^ui épousa le Sr. Charles Ch iboilloz, de Mimtrénl ; ce (pli
expli(iue la parenté des Bâby avec les LaRoque, les McKenzie, etc., etc.
Louitt-Adru'tt, né en 1(191, qui épousa Mario-Joseplite Dro'.iet île Richar-
vill<;, tille de Claude Drouet de Richarville, officier dans les troupes du R )i ;
Marie- Anve, h. 5 août 1684, mariée, 29 octobre 1712, à Québ-c, à Pierre
Gauthier de La Vérandrye, seigneur de Varennes, du Tremblay, «te, fils de
René Gauthier de La V^érandrye et de Marie Boucher de Boucherville.
Celui-ci fut le célèbre découvreur qui pénétra au loin dans les
limites occidi-ntales <le l'Amérique du Nord, à la richerche de la Mer
de l'Ouest. Fort jeune, il < 'it du service actif dans l'armée, dès 1704 co itre la
Nouvelle- Angleterre, et, en 1706, à Terreneuve. De là il fut appelé en Flandres,
où il fut blessé neuf fois au cours de la campagne. Revenu au Canada, il
continua de se signaler dans maints combats. Eu 1731 il commença ses
explorations et en 1743 il avait atteint les Montagnes Richeuses Faute d'aide
dt( la part du gouvernement il fut contraint d'abandonner .sa route au delà et
revint à C^uébec. Avec de nouveaux secours, dus à la générosité d»; ses amis, il
se préparait à repartir quand la mort vint le frapper, le 5 décembre 1749.
Sou nom peut être accolé à ceux de La Salle, Jolliet et Ma'(|uette.
Ces enfauts étaient neveux et nièces de Madame Raymond Bâby, tel
qu'on le voit.
De l'union de T.A)uis-Adrien Dandonneau du Sablé avec Marie-Josephte
Drouet de Richarville, on compte treize enfants, parmi lesquels :
Marie-Louise, (jui épousa, le 22 avril 1748, Pierre Robineau de Bécao-
court ;
Limin-Adrieu, fila, qui épousa, le 7 janvier J754, Marguerite Sabrevoia
de Bleury ;
Marie-Catherine, qui épou.sa, le 2 mai 1757, Antoine-Claude Raimbault
de Barollon, officier dans les troupes françaises, et »|ui, à la cession du pays, s'ea
alla avec elles pour ne plus revenir habiter le Canada.
Kn outre des époux Barollon, Joseph- Amable Dandonneau du Sablé, qui,
— 164 —
lui aussi, était attaché, comme sou boau-f lère, à l'armée française, passa alors en
France. Pendant la Révolution, il fut forcé d'émigrer et se retira en Wostphalie,
d'où il se rendit à Londres dans l'espoir d'anjéliorer son sort, mais sans grand
succès. Il avait atteint le grade de uiaréchal-de-camp, d'après une de ses
lettres. Deux de ses tils étaient capitaines. Vieu.v, infirme, il regrettait
infiniment tie n'être pas revenu au Canada et cola, dos le début de ces temps
orageux, où il aurait rencontré " de bons et sympathiques cousins comme les
" Babie, Drouet de Richarville, etc, de charmants amis, comme de Lauaudière,
" de La Valtrie, etc."
Il y avait de plus un autre frère, du nom de Michel-Ignace, établi à
Berthier, qui ne quitta pas le Canada. En mourant, il laissa une fille encore
ossez jeune, qui alla, à son tour, rejoindre ses parents d'outre-mer après avoir
reçu, grâce aux bons soins de M. Pouget, curé de Berthier, une éducation soignée
pour l'époque. Elle y épousa, si je ne fais pas erreur, un membre de la famille
de Curzon II y a quelques années seulement, deux jeunes gens, fils du publi-
ciste distingué. Mous, de Cuizon, vinrent pour se fi.xer dans le pays, à Notre-
Dame du Rosaire, comté de Montmagny, et y séjournèrent quelipie temps. Ils
retournèrent cependant en France, l'un pour y mourir bientôt, et l'autre pour
occuper une position dans l'administration des chemins do fer. Iks étaient
porteurs de papiers et tlocuments ((ui attestaient indul)itablement (ju'ils étaient
de la famille des Drouet do Richarville, actuellement éteinte au Canada, quant
au nom du moins.
On a déjà vu qu'à la défaite de Diesk lu, au Lac St-Sacrement, un
Dandonneau du Siibié, lieut-nant, qui fut mortellement blessé, en même temps
que M. LeGardeur de St-Pierre.
• *
Voici la lignée des Drouet de Richarville et alliés aux Dan lonneau du
Sablé.
Claude Drouet, Sr. de Richarville, .vncien officier, vit le jour à Chartres,
France, en 1057. Il était fils de Claude Drouet de Richarville, avocat, et
d'Appoline Soisson.
Il épousa au Canada, le 18 mars ItlS?, Miirir-Jran Di'svosicrs, de la
famille dos do LaPotherie |)ar sa mère Aune Lu Neuf du Hérisson Sou père
était Antoine Dtsrosù'rs, juge, (pli naquit en Itil!) i.-t fut enterré, à Champiain,
le 9 août 1C91. Il avait épousé, en KJK), Anne Le Neuf du Hérisson, fille de
Mathieu-Michel Le Neuf, 8r. du Héris.son, lieuten.iit g/'iiéral, frère aîné de
Jacques de La Potherio, 1er Seigr. de Portneuf, et tige des Le .Veuf de la Vallièro
et de Beaubassin. Plusieurs enfants nacjuiL-eiit de ce mariage. Signalons :
Marie, qui, Agée de 14 an.s seulement, épousa le 11) fév. l(Jt)4, Alexandre
Raoul.
Michel, marié en 1680, à Mario Artault de La Tour.
— 165 —
Jfajî, iiiuiié le 20 janv. 1682, à Chaiwplain, à Marie-Françoise Daiidon-
tieau du Sablé.
Marie-Jeanne, mariée le 18 mars 1687^ à Claude Drout^t de Richarville.
Marie-Françoise susdite, était la propre sœur de Madame Bâby dâ
Banville.
Du niivriniçe Drouet-Desrosiers naquirent entre autres:
Marie-Joti>'ph,h. 23 janvier 1691, mariée, le 7 décembre 1713, à Louis
Dandonneau du Sablé ;
Armand, b. 25 mars 1695, marié à Catherine Lamy, sœur de Madame
René LeGardeur de Croisilles ;
Michel-Ignace, h. 14 octobre 1696, Sieur de Baudicour, officier des
troupes (1);
Antoine, b. 6 avril 1699, marié : 1° à Marie Lamy (2) ; 2" à Frarçoise
Houtelas (3) ;
Claude, Sr. de Carqueville, b. 1718, marié, 8 mai 1747, à Marguerite
de Couagne.
En 1711, un Drouet de Riclmrville, lient, des troupes de France, en
Canada, était au Poste des Miamis depuis plusieurs années. Il ne pouvait
appartenir à la famille ci-dessus, à moins d'être Denis-Diilier, baptisé à Chani-
plain, 10 nmi 1693, et encore devait-il être un fort jeune lieutenant.
Dans 'e rapport île 1732 parle gouverneur-général de Beauharnois et
l'intendant Hociiuart, parmi les officiers de la colonie on y mentionne Drouet
de R:cluuville, â;^é de 67 nn.s. Il ne pouvait être de la famille ci-haut, l'âge
donné ne le permettant point. En 1755, à la bataille de la Monongahela, le
lieutenant Drouet de Cnnjueviile tomba sur le champ d'honneur mortellement
blessé, en même temps (jue l'en.^eigne LalVrathi «le Lanaudière. Il fut inhumé
avec lui et de Beaujeu dans le cimetière du Fort Duiiue.sne (Pittsbarg), sur la
Belle-Rivière, endroit si souvent témoin des exploits des frères Bâby. C'était
la même année <|ue son cousin du Sablé perdait la vie dans lu défaite de
Dieskau, au lue St-Sacrement.
A la cession, Drf)Uet de la Couloiniière et Drouet de Mareuil passèrent
en France. Ils étaient l'un et l'autre enseignes dans les troupes.
En 1762, le 1er janvier, arrivait au Havre, par le " Molineux " venant de
Québec, l'enf^i'igne de Richarville envoyé incnntincnt à Rochefort. L'année
suivante, un M. Drouet de Richarville, le môme probablement, obtient un
(1) Il était à risledii-rns en soptemlire 1738. Dnns le ropport de 1716, il est dit :
" Il a servi douze ana duns les gardes." Dan.<i celui de 173'J, on i\joute : '■ c'est un otiîaierdo
mérite et dont la conduite ne laisse rien A doNirer.''
Ci) La sœur de la précédente.
(3) Sa mère était Marie Anne Bouclier, fille do M. Boucher de Muntbrun. Son père
convola à de secondes noces avec une Délie Catherine LoGardeur d« Croisilles,
— 166 —
passeport pour retourner au Canada. S'en servit-il ? On est porté à le croire,
et c'est ce qui expliquerait les paroles de son vieux cousin du Sablé, citées
aiduurs, lorsqu'il se repentait amèrement de n'être pas repassé au Canada dès
les débuts de la Révolution française, où il aurait trouvé de bons cousins et
amis.
Comme les du Sablé, les de Richarville, aussi bien que les do Carquevillo'
paraissent éteints au Canada.
«
* «
Lignée de Marie-Thérèse Le Comte Dupré.
Elle remonte à Louis Le Comte Diipré, hls de Charles et d'Aime De-
fessé. Il naquit en 1654, et épousa, à Montréal, eu 1683, Marie-Catherine de
St -Georges.
Ils eurent un grand nombre d'enfants, dont plusieurs njoururent céliba-
taires.
Une d'elles, Morie-Oharlotte, aurait épousé J.-Bte Charly St.-Ange, mais
nous n'en voyons aucune trace dans les papiers de famille. Elle serait morte
en 1705.
Parmi les autres enfants qui nous intéressent sont :
1. Jean ou J.-Bte Lecovite Dupré, h. 1er juillet 1786, marié le 20 janvier
1727 à Marie-Anne Hervieux, fille de Léonard. Ils eurent une nombreuse
postérité, ainsi que nous le verrons.
2. Marie-Thérhe, baptisée le 15 octobre 1699, et mariée à Raymond
Bàby, à Montréal, lu 9 juin 1721, comme on l'a vu ci-devant.
3. Marif-Louwe, baptisée le 29 mai 1697, et mariée, le 19 mars 1718, à
Jean-Antoine Magnan.
Le fils, Jean ou J -Bte Le Comte Dupré, ci-dessus, continua la lignée
comme suit :
Marie-Louise, baptisée 14 avril 1729, mariée à Pierre Courault de La
CAte, le 24 novembre 1745. Elle se remaria, en 1782, avec Messire Jean-Bte
Chs. d'Estimauville, écuj'er. Baron de Beaumouchelle, fils de Messire Philippe,
et de Marie-Charlotte D'Ailleboust.
Jean-Baptiste, qui épousa, le 13 juillet, 1758, Catherine Martel de
Brounge, à Québec. Il était seigneur de St-François et d'Argentenay, Conseiller
Législatif, Colonel des milices de Québec, etc. Une de ses filles épousa le
célèbre jurisconsulte canadien Cagnet, et une autre, Antoine Juchereau
Duchesnay, seigneur de Beauport.
Il signait " Le Cte Dupré."
Oeorgcs-Hyppolite, baptisé le 24 utars 17S8, et marié, le 9 janvier 1764, à
Maric-Charlutte Liénard de Beaujeu, fille de Daniel Liénard de Beaujeu. Sa
— 1G7 —
signature était " St.-Georges Dupré " Il était Inspecteur Je Police, Lient -Col.
de milice, et Commissaire des Transports, etc.
Marie-Anne, bapti.sée 14 déc. 1740, qui épousa Hyppolite de Hertel de
St.-Fran^'ois, capitaine, attaclié du Bureau des Sauvages, frère de Madame
Ignace d'Irumlierry de Salaberry.
Marie- Joseph, baptisée 17 août 1744, qui fut mariée à Louis de La
Marre-Porlier, morte sans postérité.
Antoine- AmbroÎM né en septembre 1747, qui épousa une demoiselle Le-
bjond et se fixa à La Prairie-de-la-Madeleine, près Montréal, et dont, seule, la
descendance continue encore parmi nous. M. Dupré, le président de la Chambre
de Commerce de Québec, en descend, ainsi que Madame Legendre, etc
Du mariage do Georges-Hyppolite Lo Comte Dupré avec Melle. de
Bcaujeu, il y eut deux fils seulement, savoir : Daniel Dupré, Lieutenant au 1er
Bataillon du Royal Canaiien Volontaire; et Hyp-^ulite St-'t orifis Dupré.
Ce dernier épousa une Délie. Curaux (Gouraalt), Hlle le Michel Curaux
et Marie-Joseph Hervieux, sœur de Mesdames Adhétnar .le Lnntagnac et Louis
Guy, dont le mari était Conseiller Législatif et notaire du ft »i.
De ce mariage, naquit un fils : Daniel- Hyppolite St. -Georges Diiprd,
avocat fort instruit, qui épousa, à Québec, Mlle. Sophie Lindsay, sceir de feu
Wm. B. Lindsay, notaire bien connu à Québec. Il mourut du fléau ([Ui sévissait
en 1834, laissant sa veuve sans enfants.
Dans un procès consiilérable, jugé l'année même de son décès, il fut
déclaré seul héritier de Dama Marie-Louise Liénard de Beaujeu, sa grand*
tante, veuve de feu Jean-Baptiste-François-Charly St.-Ange, chevalier de
St- Louis, décédé gouverneur de Gorée, en Afrique.
Madame de Hertel n'eut qu'un seul fils, Hyppolite-Louis Hertel, de
Montréal, lieutenant au 2d Bataillon Canadien Royal Volontaire, qui épousa
à Moïitréal, en 1794, Délie Elizabeth Robertsm, fille de Duniel Robertson, major
au 1er Bat. du GOème Régiment d'Infanterie de S. M., et de Dame Louise
Réaume. Cette lignée se fit protestante et oxiste encore. Il y a un avocat du
nom à Argenteuil.
Le premier de la famille Le Comte Dupré venu en ce pays, fit le com-
merce des pelleteries et fourrures sur une haute échelle, d'après les états de
compte restés. Il fut propriétaire de la seigneurie de Terrcbonne durant de
longues années. Elle ne sortit de la famille qu'après sa mort. C'est en 1716,
que la veuve en disposa «n faveur de François-Marie Bouat, conseiller du Roi
et lieutenant-général au siège de Montréal, moyennant 14,000 livres en monnaie
de carte. En 1713, il fit un arrangement avec Messire Louia-Ango DeMaizerets
8upéri< ur du Séminaire de Québec, au sujet des iles et îlots entre leurs deux
seigneuries respectives.
En 1749, cet arrangement est invoqué par Louis de Chapt, écuyer, Sieur
de LaCorne, Capt. d Infanterie, alors soigneur de Terrebonne.
— 168 —
Il signait d'une fort lelle main " Dupré Le Comte."
En 1693, il comparait à un acte de vente, comme subrogé tuteur de»
enfants de feu Messire Jacques LeMoyne, Sieur de Ste.-Hélène, et Dame Jeanne
du Frénoir de Carrion, alors remariée et épouse de Joseph de Monic, écuyer,
capitaine et major des troupes, etc.
Cette famille a toujours compté, à Montréal, comme l'une des plus consi-
dérables et des plus considérées.
*
» «
LE» PICOTÉ 1>E BELESTRE.
La famille Picoté de Belestre compte aussi parmi les plus anciennes et
les plus distinguées du vieux Montréal. Elle était d'origine noble et reconnue
telle ; aussi î'un des premiers marguilliers d'honneur, choisis pour repré.senter
la noblesse dans l'Œuvre et Fabrique de Notre-Dame de Ville-Marie, fut-il
Pierre-François Picoté de Belestre, en janvier 1671.
On a trouvé, en 1830, les 5 pierres de fondation de l'ancienne église
paroissiale de N.-D. de Montréal, posées en 1672. Chacune portait une plaque
de plomb sur laquelle étaient gravés le nom, les titres, etc., de celui qui
l'avait posée, ainsi que l'année, la date, etc., et, en plus, les noms des marguil-
liers. Sur chacune était le nom de " Noble Homme, Pierre Picoté, écuyer, Sieur
de Belcïtre, murguillier d'honneur."
Fravçois-Pierre Picoté de Belestre, fut fait chevalier de St-Louis. II
avait épousé Marie Pars, décédée, 3 nov. 1684.
Voici les noms de quelques-uns de leurs enfants :
Périvve, baptisée 1643 et mariée, 2 septembre 1664, à Michel Godfroy
de Tonnancour, inhumée aux Trois-Rivières le 19 déc. 1723.
Hélène, née en 1656, mariée d'abord, le 23 août 1676, à Antoine de La
Fraynaye, et en second lieu à Jean-Baptiste Céloron de Blainville, et décédée le-
23 nov. 1701 ;
Françoise, née en 1659, et mariée l Jacques Maleray, le 7 janvier 1687 ;
Marie-Anne, baptisée 9 fév. 1673, et mariée à Sieur Alphonse de Tonty,.
le 17 fév. 1689;
François-Marie, baptisé le 5 février 1677 et marié : 1" à Marie-Anne
Bouthier, inhumée au Détroit, le 9 octobre 1729; et 2" à Mur's-Catheiin»
Trottier, veuve Jean Cuillerier.
" Après M, du Puis," dit l'abbé Faillou, ' l'homme de la colonie le plu»
propre au métier des armes était, sans doute, M. Picoté de Belestre. Trois
mois après la mort du Major Closse (1662), M. de Belestre se mit à la tête d'uQ
parti qui défit complètement les Iroquois, et il leur infligea une seconde défaite
subséquemment."
— I(î9 —
M. do Cnsson s'i'Xpriirie ftirisi, en 1059, parlant ilii même : "Outre les
" personnos (Jôjà inentiomuns qui viiuciit de France par ce vaisseau, à Ville-
" Marie, je dois noiunier M. Picoté de Belestre, qui orne bien celte colonie, tant
" dans les temps de lu sjfuerre que dans celui de la paix, à cause des qualités
" avantageuses qu'il p )ssèdo pour l'uiio et ])our l'autre. Je donne ce mot
" d'éloge à sa naissance ('t à son mérite "
Mndoinoiscllc Mmikt avait amené avec elle, dans ce même vaisseau,
Miidemoiselle Perinne Picoté de Jielcstre.
Le frère de celli -ei, Fraii(;ois-Marie, ayant toute l'ardeur militaire
qu'avait son père, alla en ITOti, avec MM. de KeMUcourt et de Linctôt, à la tête
de cent Canadiens, comliattre pour la France en l'Isle de Terreneuve, où il se
distingua grandement, d'iiprès une lettre de M. de Costebelle, contenue dans les
Documents de Pa7-is. Il marcha en tout sur les traces de son père. Comme
lui, il fut décoré de la Croi.K de l'Ordre Roj'al et Militaire de St-Louis.
Etant passé au Détroit, aprè^ s'être signalé dans ses courses contre les
Anglais et les «Sauvages, il y mourut le 9 octobre 1729, laissant son unique fils
François-Marie II, pour continuer les glorieuses traditions de sa famille.
Ce fils, né en 1719, de Catherine Trottier, se maria deux fois : 1» à Marie-
Anne Nivard-St-Dizior, et 2", 29 janvier 175:}, k Marie-Anne Magnan, nièce de
Madame Raymond Hàby.
II n'eut des enfants que de la première femme, parmi lesquels, François-
Louis, baptisé le 11 avril I7M!>, et marié à Délie Joachime Coulon de Viliicrs.
Celui-ci eut une assez grande famille, mais ses enfants ne paraissent point avoir
fait souche au pays.
François-Marie II, lui aussi chevalier do St-Louis, commandait au
Détroit, à la tin du régime français en Canada, et fut forcé de remettre ce
poste aux mains de ceux ijue ses ancêtres et lui avaient si souvent et vailla.u-
ment combattus ; ce qu'il no tit qu'avec la plus grande répugnance. Revenu à
Montréal, il se retira à l'écart, mais plus tard, ayant prêté le serment d'allé-
geance à la couronne d'Angleterre, celle-ci trouva en lui un sujet des iilus
fidèles. Il fut appelé au Conseil Législatif. (1)
En 1775, lors de l'invasion américaine, à la tête de la noblesse canadienne
et du haut commerce, il alla repreu^lro le fort St-Jean sur l'ennemi, et reçut,
pour cette prouesse, les remerciements publics du général Carleton. Ayant
remis biplace aux mains du major Preston, de l'armée régulière, il n'en continua
pas moins ses services jusqu'à la paix. On le retrouve a la pose de la première
pierre de N.-D. de Bonsecours, avec deux autres cliovaliers de St-Louis, en 177 ',
Parvenu à un âge très avancé, il décéda à Montréal, le 30 mars 179), où
on lui lit de pompeusas funéraille.<î.
(1) Tout 1g inonde connaît l'incklent entre lui et le jeune Frank.^, de Montréal, à
l'occtvsion de l'insulte nuitamnient faite au buste du Roi, sur lu place du innrché en 1775,
L'esprit d'indépendance commençait à se manifester en cette ville au sein de l'élément
anglais.
— 170 —
M ir'e-Anne Magnan, son épouse, l'jilla rejoindre bientôt dans la tombe,
quelques mois après seulement.
Il laissa une unique fille de son premier mariage, Mario-Anne-Angélique,
Viuve de Angiis McUonnell Sahidaig. Bibaud, dans sa " Bibliothèque Cana-
dienne," en dit beaucoup do bien.
Hautement distinguée par sa bravoure, son intrépidité, ses vertu t, il est
malheureux, pour le Canada, que cette illustre famillo se soit ainsi éteinte.
» *
LES MAGNAN.
Les père et mère de Jean-Antoine Magnan étaient originaires de Paris.
Lui, naquit ià en 1G82.
Il é|iousa, à Montréal, le 19 mars 1718, Louise Le Comte Dupré, et
mourut, )e 21 janvier IT-VA, laissant plusieurs enfants, savoir :
Marie-Anne, baptisée 1er mai 1721, et mariée, le 29 janvier 1753, à
François Marie Picoté de Belestre, chevalier de St-Louis, commandant au
tétroit ;
Jean -Baptiste- Pascal, baptisé, 17 février 1726, marié, 18 déc. 1V80, à
Marie-Loiiis'! de Charn.iy ;
Ambroiie, baptisé en 1732, et marié, 18 août 17C6, à Marie- Michelle
Pothicr. Il acheta la seigneurie de Lachenaie du général Chiistie ; mais sa
succes-iion dut en disposer peu de temps après son décès. Il ne laissa qu'un
enfant qui moui nt en bas âge. Son oncle de Belestre lui avait servi de tuteur,
conjointement avec sa mère.
Jean- Baptiste-Pascal était aide-major de Québec, et député grun l-voyer-
* »
LES DE COUAGNE.
Charles de Couagne, le premier du nom venu en Canada, était de Clioii,
é'.êché de Bourges, France. Il était fils de Charles de Couagne et de Rynée
Grelfière, et naquit en 1651.
Etabli au Canada, il épousa d'abord Anne Mars, et puis Marie Qodé, le
30 juillet 1685.
Jean-Baptiste de Couagne, capitaine d'infanterie à Louisbourg, le père
de Madame Louis Bâby, était le fils aîné du second mariage. Il était né en
mars 1687, et fut marié le à Délie Marguerite de Gannes de Falaise, (1) de
laquelle, outre Madame Bâby, il eut plusieurs garçons et filles ;
(1) Tanguay, Dictionnaire Généalogique, Vol. 3, page 269, dit "de Gannea de Falaise,"
mais le registre paroissial de N.-D. de Montréal, pour l'année 1758, dit " Leneufdo Falaise,"
aiiisi que je le dis à l'arbre généalogique, appendice B. " Leneuf de la Vallière," étaH lo
nom de sa mère.
— m —
Marie-Françoise, qui épousa à Montréal, le 24- mai 1751, Georges do
Giinncs, Sieur de Chornesay, aide-major des Trois-Rivièrea, un parent uj'|ia-
reninient (1) ;
Marguerite, mariée en premières noces, à Claude de Ricliarviiie, Sieur ti'i
Carqneville, fauiille alliée aux Dandonneau du Sablé; et, en secondes noces à
Jean-Bapt ste Ocdefroy, éciiyer, de la famille des de Tonnancour (2) ;
Marie-Anne, qui épousa le Sieur de l'Eschelles, de Montréal.
Le mariage de Louise, la plus jeune de la famille, avec Louis Bilby, ont
lieu à Montréal, le 24 juillet 1758. Ils étaient âgés respectivement, la première
de 28 uns et le second, de 30 ans.
De cette union ne naquit qu'un seul enfant, je crois, un garçon, qui a iur-
vécu à ses père et mère. Il doit être mort aux Antilles françaises, ilaprès Ct; que
je vois.
Madame Bâby, devenue veuve, décéda à 1 Hôtel-Dieu de Montrt'Hi, en
mai 1802.
Les de Gannes de Falaise étaient alliés aux premières familles liu
Canada.
Marguerite de Couagne, fille de René de Couagno, frère de J.-Bf ■. \>'-
Couagne, épousa à Montréal, le 11 janvier 1757, Marcel-Luui-. le Parfourr i, (î)
capitaine, fils de Jacques de Parfourru, seigneur de Jouveau, diocèse de Lisiei^;.
Elle se trouvait être la cousine germaine de Madame Louis Bàby.
En fév. 1748, un Sieur de Couagne, sous-ingénieur, fut envoyé de Frunce
à M. de Léry par M. de Maurepas. Daniel, " La famille de L^ry," p. 20.
Après le décès de Jacques-Charles de Couagne, frère consanguin de
Jian-Bte., sa veuve, Marie- Anne Hubert de La Croix, (4) contracta un nouveau
mariage avec Louis de Chapt, sieur de La Corne, qui la prédi-ci'da.
A la ces.'-ion du pay.s, le capitaine de Gannes de Falaise passa en France
à bord du vaisseau du Roi " La Jeanne."
Entre 1748 et 1755, on rencontre souvent le nom d'un' Délie de (Juuagne
Budemon.
Un M. Louis de Couagne signe à l'acte de mariage entii; M. de Beau jeu
et Délie. Couillard, le 3 nov. 1803. " La faviÀlle de Léry," pj). 77, 78.
(1) En 1777, alors âgée de 54 ans, elle résidait à Tours, France.
(2) Elle eut un enfant de chaque mariage, ainsi que l'attestent les actes de tut-'llei,
(3) Il est mentionné dans l'état-iiiajor français, en 1761, (.drc/i/fê* Canadiennes, 1886,
p. clxxi) sous le nom de Parfour. Le copiste ou le prote onc estropié ].|usieurs autres
noms, et des nome bien connus, ainsi : Lanandisc, pour lianaudiôre ; Coudât d, pour
Couillard, Baunninville, pour Bonneville, Daud'aji, pour D'Andilly, etc.
D'un autre côté le rôle étant fait par les Anglais, on peut croire qu'ils épeiaient en
suivant leur propre prononciation.
(4) Celle-ci doit être de la même famille que Suzanne de La Croix Réauuie, du
Détroit, femme de Duperron Bâby.
— 172 "-
«
« «
LES COURAULT DE LA C(JTE ET 1>'e.STIMAUVILLE.
Pierre Couraidt de La Côte, le premier dont il soit fait mention
dans les registres de ce pays, était le tila d'Elio et de Catlierino Coulant de St.-
André, diocèse d'Angoulèine. Il fut marié deux fois; tMi premier lieu avec
Délie Marie-Anne Macé, et, eu second lieu, à Dllc. Marguerite Auljiichon.
De cette dernière union il eut plusieurs enfants, entre autres :
Pierre, baptisé le 21 Décembre 172;{, nuirié le 2-li Novemltre 17i5, à
Louise LeComte-Dupré, tille de Jean-Baptiste et Marie-Anne Hervieux, ofc
nièce de Madame Raymond Bâby.
Marguerite-Joseph, baptisée le 27 Janvier 17£7, mariée le 22 août 1775,
à Ignace-René D'Ailleboust de Cuisy.
Du mariage de Pierre Courault de La Côte avec Louise Le Comte-
Dupré, on rencontre entrant '•es enfants :
XottîSf, baptisée le 14 Janvier I74f>, mariée le 28 Aviil 17(i7, à Loui^i-
Toussaint Pcthier, négociant, do L'Assomption, père de l'honorable Toussaint
Pothier, l'un dt-s Associés de la Compairnie du Nord-Ouest, et, durant bien des
années, à la tête de la socié é de Montréal.
Et Murie-Jvseph, baptisée le 24 Avril 1750, mariée le 13 Mai 17.S2,
comme dit ci-après. Nous voyons, par l'entrée au registre de l'acte de ce ma-
riage, la réunion de presque tous les noms représentant les familles alliées que
je cite, et les personnage- présents à la cérémonie nuptiale, savoir, textuel ;
" Messire Jean-Haptiste-Cliarles D'Kstimauville, écuyer, lieutenant il'ane
Ci'iupngnie canadifime en cette colnnie, lé.'-ident dans cette ville (Montréil)
âj^é (le tfiitf deux ans, tils de Messire Joan li.iptiste-Philiiipe D l'jstimauviile,
écuyer, baron de Bcaumouclul, chevalier de Tordre royal et militaire de St.-
Louis, et de défunte dame Marie-Charlotte D'Ailleboat, de la paroisse St-
Martin-de-Palaizeau, diocèse de Paris, d'une part ; et demoiselle Marie-Joseph
Couraut de La CAte, Agée de trente deux ans, tille de feu M. Pierre Couiaut de
La Côte, négociant île cette ville, et de Dame Marie-Louise le Compte Dupré,
en présence de Me.i.sire Paul-Alexandre D'Aillebout, Sr. de Cuisy ; de Messire
Roch Dechaillons, écuyei, Sr. de St -Ours, père ; de M Charles Dechaillons,
écuyer, Sr. de St.-Oius, tils; de Messiie Joseph-Dominitjue-Emmauuel Le-
moine, écuier, Sr. de Longueuil ; de Messiie Jean-Baptiste Hertel, écuier, Sr.
de Rduviile, parents et amis ; de M. l'ierie Courant île la Côte, f rèie ; de demoi-
selle Couraut de la Côte, sii.nir ; de M Ceorge Le Comte Dupré. oncle; de M.
Louis Porlicr de Limiard, Irnu-fièiede l'épouse; de MM. Lucorne do St.-Luc,
Picoté lie Bulestre, Fran(,'ois Bitby, veuve Sanguinet (Catherine Bàby-Cheneville),
Gui, (grand-père du ju^^e Bilby); Courault-Lacjste Pothier, Dupré-Porlier,
Joannès et Pothier. "
A Cette époque on teuait encore, coiiunu autrefois en France, h rocheroiiur
— 173 —
dans les mirii^jei, -Lm alliance? propres h iniinfcenir le nom de la famille, et les
parents et alliés s'y intéressaient par une espèce de solidarité. En commun
on craignait de déroger.
Les D'E'timauviile ont, de tout temp^, réclamé leur parenté avec les Bâby
et les Perrault, du chef des Le Comte Dupré. Au mariage de Ursule Perrault
avec le Dr. Buchanan, le l-l février 1809, Jean-B iptiste D Estiianuville signe à
l'acte et ajoute cousin. Il signe aussi à l'acte do sa sépulture, 28 déc. même
année, assistant comme parent.
Le 2 oct. 1812, le même J.-Bte. D'Estimauvillo et le chevalier R;)bert A.
D'Estiinauville signent tous deux l'acte de sépulture do Dame Ursule Benoît,
veuve de Richard McCarthy.
Le fief Lugauchetière, en la ville de Montréal, appartenait à la famille
Courault (le La Côte, avant de passer, par achat, aux mains de l'hon. Toussaint
Pothier.
Par son testament solennel. Ma 'ame veuve Courault di; La Côte légua
tous .ses biens à son fils Pierre, ainsi qu'à ses nièces, Délies. Louise et Angelinue
Pothier, et Délies. Josephte et Marguerite d'Estin\auville do B ! uimouchel.
Plus tard, une de ces dernières demoiselles ép jusa l'hon. Jiig) R )lland,
de Montréal, et l'autre Antoine-Ovide-Tarieu de La Naudière. Ces deux Délies.
d'Estimauvillo avaient un frère du nom de Jean-Baptiste-Pliilippe, marié, le 2>
février 1805, à Marie-Joseph Drapeau. Il fut greffier do la Cour d'Amirauté
et major des Cliasseurs Canadiens
Lfs d'Estimauvillo ont servi avec grande distinction dans l'Acadie, l'Isle
Royale, ete. Dans le ra[i|iort des familles restées au Cana'la en 17(51, on m 'u-
tionno la famille de d'Estimauvillo composée de huit enfants, M. d'Estim luville
étant capitaine.
Ceux qui ont étudié quelque peu l'histoire politicjue du Canada avant
l'Union, connaissent, assurément, la brochure de Roliort d'KstimauvilIe, laipielle,
dans le temp.s, eut un graml retenti.ssement, »i cause de S(m franc pirler.
Un Courault de La Côto(l) fut fait prisonnier à lut!. lire du 1 lo St-
Sacrement ; il est donné comme capitaine de milice.
Cette famille est uctuellemenc presque éteinte au Canada.
Le linUeiin des RfclierclifH Ifintoriques, do cette année, IHDS, vol 4, p|).
72 à 77, donne une notice <le M. Robert D>.'sty, (abréviatif d.' d'hl-^Liin 1 1-
ville) juriste distingué, qui vient do mourir aux Etats-Unis.
11 était tils de Frédéric d'E.slimauville et petit-rils du chevalier R.iiiert
d'Estimauvillo.
Né au Canada, le 17 février 1827, passé aux E.-U , il s'y était ri.\e (jt
(I) Il nvitit «C'jouriié quelqupi tnnéeii en Angleterre, où il it'étuit livré quel(|i)e pnii à
]'étude et à l'ohKervntion. Sni contnin|>orniiiB disaient qu» celii l'avait reniiu prétentieux
•t ihenaçait <le lui faire [x^rUrede lajiutosao dans l'esprit.
— 174 —
avnit adopté, de son nom abrégé, celui do" Desty," luijourd'liui célèbre et destiné
à ne pas s'éteiniU'e dans les tril»uiiau\ américains. Son nom véritable est
Robert d'Ailltbout d'Estimauville de lieaumouchel.
Il ne reste que très peu de cette famille pouf en continuer la iifçnée. Un
habite Montréal, \ni autre Winnipeg et un troisième est dans l'Orégon.
M. Oscar Evanturel, de Qaébi.'c, frère de M Emlore Evanturel, (mon
gendre comme marié à ma lille, Estlior) a épousé le i:5 juillet 1893, à Munt-
niagny, demoisol le Marguerite d'Estimauville tlo Beaumouchol, lille du chevalier
Robert D'Estimauville, avocat, et de demoiselle Adèle-Zoé Couillard de l'Epinay.
Sa s(L'ur, demoiselle I^éda D'Estimauville, était l'épouse, en premières
noces, de M. le Dr. Venner, de Québec.
Une autre, Catherine, est mariée à M. Hudelet, un Français, qui réside à
Mexico.
« «
LES CllEVIKR.
Cette famille, <]ui était au.\ Trois-Rivières dès 1G.39, se divise en plusieurs
branches : Crevier do St. -François, Crevier-Duvernay, Crevier de Bellerivc,
Crevier Deschenaux.
Christophe Crevier, Sieur de la Meslée, était natif deSt-Jean, évêclié de
La Rochelle. Il épousa Jeanne Enard avec laquelle il eut une nombreuse
famille, dans la()U<'lle on voit :
Jeanne, baptisée en J(Î.*U), mariée 9 juillet ir)52, à Pierre Boucher,
gouverneur des Trois-Rivières ;
J»''//(, baptisé 3 avril 1042, marié 20 novembre 1063, à Marguerite Hertel
de Lafrenière ;
MdrfiuerHe, baptisée en 1045, et mariée en quatrièmes noces h Robert
Groston dit St.- Ange, le 7 juin 1707 ;
Mitrie, baptisée en lOôO, mariée à Nicolas OAtinoan, sieur du Plcssis ;
Va Jei(n-li((i)iinte, né en 1052,01 marié à Anne Chorel D'Orvilliers do
St.-Romain, a Champlain, le 20 janvier 10S2.
Du mariage de Jean avec Marguerite Hertel, la fille mémo de celui
surnonnné le " Héros " et ennobli par Louis XIV, est né en 107î>, Jeun- lin ptintC'
lîeiiè, (|ui épousa : \'\ Mneie-Mnileleine liiihi/, à ('liamplain, tille de Jehanno
Dandonneau du Sablé ; et, 2", Marie-Thérè.se de Miray ;
Mtirijuceile, baptisée IW septembre 1()83, mariée en 1712, à Françoia
Bahie ;
Afarie-An ne, h(i[)t\sée 25 juillet IGSfl, et mariée, le 13 février 1708, h
Pierre linhie ;
Connue nous le voyons, pas moins de trois membres de cette famille
— 175 —
époHsèrtnt 'les " Haliie." D'antres Crevier aussi s'unirent à des Babie. Ainsi
nous v()3ons Jnc(|ues Babio épouser Marie-Angéli(|Uo, fille de Joseph Crevier,
sieur de St.-Fninyois, et Marie-Charlotte LeMaître LaMorille, en 1750.
On connaît l'expédition de Frontenac de 1(589 contre les colonies
anglnises Ayant séparé la petite armée en trois corps, il donna le coinniande-
du contingent des Trois-Rivières à Hertel de Lafrenière. Hoixante-quinze
Ijoninies en tout, tant l.'anadiens (|ue .Sau\ages, formaient l'eli't'Ctif de ce corps.
Moins nombreux que les deux autres, il fut cependant le plus iieureux en ob-
tenant la plus granile part de succès.
Hertel était acc<jinp;igiié do ses trois fils et do ses deux neveux Oatineau
et Crevier de St.-Fraïu/ois. Ce dernier perdit la vie dans cette c impagne, et
le fils aîné de Hertel fut grièvement blessé.
Dans le rapport des troupes de la Nouvelle-France de 109G, on men-
tionne le sous-enseigne Crevier comme "excellent oflicier. "
Après le décès de Jean Cievier de St.-Fr.in<;ois, sa veuve donna un
terrain, aux Trois-Rivières, aux RR. PP. Récollets, le 4 Juillet 1692, "en ré-
miuiéiation d'un service célébré et de messes dites pour le repos de l'âme de
son nmii."
Ce fut aussi Madnme Jean Crevier, Marguerite Hertel de Lafrenière
qui, en 1700, donna aux Abéîinqui^ de St.-Fraii(^ois les terres qu'ils possèdent en-
core aujourd'hui. Le R. P. de Charlevoix visita cette place en 1721, et voici ce
qu'il en dit : " Les Abénaipiis sont présentement sur le bord de la Rivière de
" St.-Frniirois, à deux lieut>s do son embouchure, dans le lac St.-Pierre. L'en-
" droit est fort ngréable et c'est dommage, car ces peuples ne goûtent pas les
" tigiénu'uts d'une licllo situation, et des cabanes sauvage-!, surtout d'Abéna<iui3,
" n'emliellissent point un pays. Le village est nombreux et n'est habité que
" par des chrétiens." Notre excellent historien semble regretter que les Sau-
vages aient été favorisés d'un tel <ltai de la part de Mme. Crevier.
Une Rucbert de LaMorandière, fille d'Aboi Ktienne, lieutenant des
troupes, s'allia à Joseph-Marie Crevier, en 17CG. à Varennes.
Il ne faut pas oublier que Pierre Boucher de Boucherville, le gouverneur
des Trois-Rivières, avait épousé, en -socondos noces, Jeanne Cievior de la
Mesléo.
Un M. de Bellerive est mentionné avec éloge par Charl.'voix. Il sa
distingua dans le Nord-Ouest et commanda au pays des IlliuoH. Apre* la
cession, il passa à la Louisiane et prit du service chez les K-<pignols. Il
ilevint commandnnt k St-Louis. On assure (|ue c'est lui qui donna une sépul-
ture au célèbre chef sauvage Pontiac.
En 104:1, un médecin du non» d'André Crevier existait aux Troia-
Rivières.
M. le Vicaire-Général Crevier, curé do Ste. Marie de M<mnoir, et fonda-
tcu".' du collège en cette paroisse, descendait do Crevier do Bellerive.
La famille compte encore de nombreux rejeton.?.
-176-
« •
ES VERON DE GUAXDMENIL.
Les Veroii de Graiiilmenil étaient do Normandie.
Ëtii'iine, capitaine de milice et notaire, épousa aux Trois-Rivières, le 30
mai 1G77, Marie Moral. Il mourut de la main des Iro(|Uois, en mai 1721, lais-
sant plusieurs entants de son mariage avec ceti,e dernière, entre autres :
Marguerite, (jui épousa, le "l novembre l(if)2, Pierre Petit Devilliers
notaire et greffier de la juridiction des Trois-Rivières;
Etienne, marié à Madeleine Hertel de Lafrenière ;
Madeleine, baptisée 21 déc. 1674, mariée, 4 février 1709, à Jacques^
Bdhy ;
Jeanne, mariée, 3 nov. 1716, à Jean-Baptiste Godfroy dci Tonnancour.
Louine-Friinçoise, baptisée 9 mai 1697, mariée, 6 janvier 1719, à Jacques
Godt'rov de Vieux-Pont.
De son mariage avec Délie. Hertoi, qui ne dura (jue quelques mois seule-
ment, Etienne n'eut point d'enfant, mais, par un socoml mariage, avec Marie-
Catherine Picard, le 28 mai 1713, il en eut plusieurs, parmi lesquels on compte
Marie-Gtiflurinc, baptisée le II Juin 17l.î, mariée, l!> Janvier 1738, à Joseph
De Fleury Deschambault, et Tliérèsc, mariée, le 22 Avril 1748, à Pierre Bàby,
aux Ïrois-Rivières.
Par son mariage avec Madeleine Veron de Qrandmenil, Jac(tues Bàby
eut plusieurs enfants, tel que mentionnés à l'appendice B.
Pierre Petit Le Villiers était propriétaire du Hef et seigneurie d'Yamaska
et d'une petite portion de la seigneurie de St.-Frun(;ois "dans la Baye <lii dit
lieu, les Islets et le Chenail du Moine réservés. "
En 1743, en voit Marguerite Veron de (îrandmenil, sa veuve, en procès
devant le Con.scil Supérieur saisi de son appel, avec Charlotte LeMaitre La-
Morille, veuve de feu Joseph Crevier de St.-François, Joan-Baptiste Creviir-
De.schenaux, Pierre Bâby Duperon, Fnini;ois Bâby Chpiineville et Jein-Bip-
tiste-Jutras Desrosiers, tous propriétaires de la dite seigneurie de St.-Fi'aii(;ois.
Il s'agissait évidemment de certains droits de propriétés, réclainis d'un côté, t.t
contestés de l'autre.
En 1748, il y eut une seccmde alliance entre les deux faniillt.'s Bâby et
Veron de (Jrandmenil ; Pierre Bâl)y, fils de Jacques II, épousa Thérèse Veiun
de Urandmenil, sa cousine.
Comme tant d'autres, qui ont passé, cette famille n'existe plus.
— 177 —
«
* «
LES nOCRERT DE LA MORANDIÈKE
Etienne Rochert de la Morandière, conseiller du Roi, stcivtaiiv de M.
le commissaire, et puis garde-nuij^asin du Roi, à Montréal, né en Iti'iH, était le
fils d'Abel, notaire roval, et de Marie Pothier, de St-Etienne d'Est recliv, évéché
de Sens, en Champagne.
Le 25 septembre 1095, il épousa, à Montréal, Elizahoth Duvorgor d i
St. Blin.
De cette alliance on compte plusieurs enfants :
Marie- El izaheth ou Isabelle, baptisée 28 juillet 10f)G, mariée 1 i> décembre
1718, à Charles-Miche! Régon ;
Lotiis- Joseph, baptisé G août 1697, marié le 1er octobre 17:U, à Margue-
rite Petit LeVilliers, décédée deux ans plus tard ;
Etienne, baptisé 22 février 1701, marié, 15 janvier 17;V), à Marguerite
Puygibault ;
Anne-Genrviève, baptisée 23 avril 1704, mariée, 8 juin 172(î, à Jean-
Baptiste Le Gardeur de Repentigny.
Le Charles-Michel Bé^on ci-dessus était le frère de l'Intendant du mémo
nom, le protecteur, avec de Beauharnois, de Gaultier de La Verandrye, «lans ses
recherches de la Mer de l'Ouest et ses découvertes jusqu'aux Montagnes
Eocheuses.
Le chevalier Charles-Michel Bégon servait depuis trente ans dans la
colonie, iorscju'il fut nonniié, en 174!}, gouverneur des Trois-Rivières. Il avait
^té major à Québec en 1782, puis liei.tenant du roi k Montréal, avant d'arriver
à gouverner la troisième ville de la Nouvelle-France. Ce haut pijste ne fut
pas longtem[)s son partage, car il mourut, à Montréal, lo 80 avril 1748, âgé do
61 ans. Il laissa plusiiiurs enfants de son mariage avec .Mlle. Roobert, parmi
lesquels : MarieCatherino-Eiizabeth, qui épousa, en 1787, Honoré de V'ille'oois,
sieur de la Rouvillière, conseiller du Roi, etc
Etienne Rocbert de la Morandière, fils, capitaine des troupes et ingénieur,
■«ut par sa femme, Marguerite Puygibault, une assez no iibruuse posti'rité :
Mai'd»! i'Ue-ElizaheJh-l'vi*ide, baptisée lo 2G noveml)re 178 ), fut mariée,
le 19 janvier 1751, à Daniel Joncaire do Chabert, le célèbre interprète; oild
décéda au Détroit, en 1773 ;
Ahel-Etii-nne, baptisé le 17 oct. 1735, fut marié, le 2) m li 17GG, à L )uise-
Charlotte Bailly de Messein, à Varennes. C'est le\ir fille qui épousa un Crevier.
Décédé le 25 novembre 17G0, sa veuve, Marguerite Puygibault, épousa,
en secoude.»! noces, huit f.ns après, Claude-Piern! Pécaudy, éeuyor, sieur de
Contrecœur, chevalier de St-Louis, j'ofiicier bien connu |»our son intrépiilité.
Louis-Joseph, son frère, garde-magasin du Rai, qui avait ép lusé Marguo-
— 178 —
rite Potit LeVilliors, eut six vnfants. A l'exoiiiple de sa liolie-scvur, celle-ci convola
en seconiles noces avec Aiit jine de Cluipt de La Conie, à Montréal, le 1(3 nov,
174.4, mais un an .seulement aprè.i le décès de son mari, arrivé le 19 octobre H-iî^.
En 1704, on trouve à Montréal Jactiues-Urbain Rocbert de la Moran-
dière, écrivain du Roi et i-ecréf,aire de i'Inteiidai t Raudot, Né en KJOS, il fut
inhumé, 1>S mus 1710, à .Montréal.
En 1747, Joseph- Au jfustin Bâby-Chenueville, lils de Fran(;ois-Etienno
Bâby-Ciicnnevile, et petit-fils de Jeanne Dandonneau du Sablé, épausaAngéli(iue
Rocbert de iu Muiniidièie (iSuatsen), à Montréal, et de ce mariage naquit, en
1747, Catherine, (jui, le 14 février 17U.";, épousa Christophe Sanguinet. De là
le nom de " Chenneville " donné à une rue de Montréal, qui longeait sa propriété
" Près-de-Ville," la demeure d'un de Longueuil, autrefois.
En 1739, parmi les commandants des pays d'en Haut, on trouve un De
La Morandière aux Miamis.
»
« *
POULlWt-LAMAUKE.
Cette famille a fait de nombreuses alliances avec les Gamelin Maugraa^
Hubert- Lacroix, du Frost de la Gemmerais.
Glduile-Porlier Lamarre, négociant, notaire royal et greffier à Montréal,
né en 1652, était le fils de Claude et Marie Filerin, do .St.-Sévoriii, de Paris.
Il épuusa au pays, à Québec, Marie Bissot de IjuRivière, le 5 déce.'ubre
1G82.
Il.s eurent plu.sieurs enfants :
Claude-Cjn^rlin Jarquen, baptisé le 7 octobre lOSÎ;
,fi''iii-B(ii>fiitt', baptisé le 23 octobre KiMô;
Hcnri-Françoio, liapti.sé le 13 janvier 1687, etc.
Après sept années de mariage, le 31 juin 1()87, il mourut. Sa veuve,
trois ans après, se remaria, le 20 f.'vrier 1091, à Jacques Gourdeau, sieur do
Beauliou, à Québec.
L'aillé de la famille, Claude-Cyprien-JaC(|ues, épousa, à Lachine, le 20
août 1719, Angélique Cuillorier. Sa mère, Marie-Catherine Trottier, s'était re-
mariée en .secoiules noces, en 1712, à François-Marie Picoté, écuyer, Sr. de
Belestre.
De son m.iriage est descendue une nombreuse postérité, seize enfants, et
c'est l'un de cl-ux-cî : Lo a in- José pli Portier, né en octobre 1732, qui épousa, le
5 octobre 17o7, Marie- Josephte Le Comte Dupré, sœur de mesdames de H rtel
et Courault de La Cote, et nièce de m idaine Raymond Bàby.
Madame Porlier ne lais.<sa pas d'enfants.
Un M. Porlier de la mémo famille, étant greffier de la juiidiction do
Montréal lors do la cessation do l'ancien régime, fut nonnné aux mêmes fonc-
tions sous le goiiverneineut anglais, et continua do les remplir jusqu'à su mort.
— 179
*
* *
La plupart des noms de famille que je viens de mentionner se retrou-
vent dans les cadres de l'armée française de 1 époque.
Dans le Cartel de 1' " Auguste," (Cf : Archives Canadiennes. Ottawa,
188G.) péri sur l'Isle du Cap-Breton en nov. 1761, signalons, entre autres :
Le chevalier de La Corne, capitaine ; De Bécancour, capitaine ; Le Che-
valier de la Verandrye, lieutenant ; Gautier de Varenues, lieutenant ; De
Godef roy, lieutenant ; Boucher de Laperrière, enseigne ; De la Corne Dubreuil,
cadet ; De la Corne St-Luc, cadet ; De la Corne de Chapt, cadet.
Parmi les officiers Canadiens, servant, au Mississipi, dans les troupes, et
qui ont été brûlés dans la guerre des Sauvages Thicachats, il y a De Richirville
Surville, enseigne, et Beaudecour de Richerville, cadet, qui ont subi alors le
même sort.
Richer do Carqiteville (épelé Kirkeville, évidemment par un Anglais)
fut tué en 1755 dans l'action contre Bradoek.
De Richerville, enseigne, fut tué à Niagara en 1759.
Beaudecourt de Richarville, comme officier réformé, faisait le service en
1759, et commandait à St-Jean.
Robert de Lamoran Hère, ingénieur ordinaire, était capitaine do l'état-
major, servait depuis 1719, et a toujours été employé au gouvernement de
Montréal et des envi -ons.
Un autre du nom était enseigne en pied.
D'Argeiiteuil D'Aillebout, lient colonel, était lieutenant du Roi à Mont-
réal
Eriez.
Bienville Celoron, était major commandant du Détroit, einployé à
De Joanne (Joannè-*), capitaine aide-major, passé en France avec la gar-
nison de Québec, faisait les fonctions de major dans la place.
Le chevalier de Giiniies, capitaine, était aidtj-major à Trois-Rivières.
D'Azemard de Lusignan, était capitaine de la 2èmj coini)aguio d'ar-
tillerie.
Chabert, lieutenant, fut blessé à l'art liro du 13 sept.
De Parfuurru, (écrit Pdrfour) capitaine, servait depuis 1745, repassa en
France avec la garnison de Québec. Bon officier, reco lunandé par Lévis, il
reçut la croix de Saint-Louis et une gratification de \')d livres.
De Meslay (de la Meslée) était lieutenant ; fut blessé à Ste-Foye, 28 avril
17G0, passa à une compagnie.
Do Méluèze (des Meloises),()ffieier de distinct. m,majov des deu.K bataillons
de la marine à l'urtairo du 2S avril ; blessé très dangoreusuinont au siège de
Québec, a reçu eu récompense la croix de Saint-Louis.
— 180 —
Lcnoir de Rouvray, Ijlessé, prisonDier des Anglais à l'hôpital de Québec,
fut fait lieutenant 1er sept. 1760.
Roch de Saint-Ours de Chaillons, fuit enseigne à la même date.
On pourrait signaler plusieurs autres noms des défenseurs do la colonie.
Ceux que la conquête a fait passer sous la domination de Sa Majesté
britannique, ont conservé la valeur guerrière de leurs aînés, et ont combattu
avec le même courage et le même dévouement pour elle, après serment d'allé-
geance jurée à la couronne d'Angleterre.
TROISIEME PARTIE
CHAPITRE I
L I V. N Û E 1' K R 1! A V h T .
Jo ne répét(.M-aî pas ici, ce (jne je vii-ns ilo pul)lier (18TS) dans : " La Vîo
de Josepli-Franc/ois Perrault," sur cette faniillo en Canada, son origine, sa
lignée jusqu'à la présente génération, et sur ce iiilmuc Joseph- Fran(,^ois Perrault.
Cott(! vie, ayant été puMiée pour être coiuiue du puhlic, et elle méritait de
l'être, devait nécessnireuient être hornée à ce (|ui pourrait intéresser le lecteur
étranger: et j'ai dû éliminer les détails plus intimes ou plus étendus qui con-
viennent plus spécialement h ses descmidants et à ses proches. Je me bornerai
donc à compléter ces mémoires en ajoutint les données qui se rattachent à
l'histoire abrégée des principaux membres de la famille Perrault à ce jour et
que j'ai dil ainsi omettre.
Le lecteur voudra donc bien référer au volume déjà publié, en s'en
servant comme d'annexé à cdiii-ci, et suivre le tableau généalogicpiu C, à
raji]iiiiilice-ci, atin de mieux saisir les détails additi<jnnels qui vont suivi'e.
*
* #
Jo.^^eph-Franf/ois Perrault, dont les ancêtres sont énumérés dans sa Vie
ainsi publiée, a continué sa lignée par son mariage, le 7 janvier 17S3, avec
Ursule-Catherine McCarthy comme suit:
Jos('p]i-Fran(,'ois- Xavier, né à Montréal, 10 février 17S4, capitaine dans
les Voltigeurs Cana(Uens, 1812-181Ô; comme tel était à la bataille de Chàteau-
giiay : colond du régiment d'Artillerie d(^ Qiiéliec et «les Voltigeurs Canadiens ;
gritiicr de la Paix : — marié, ô janvit;r 182.S, à DrnKjiselle .\buie-10sther Lussior,
tillt! <le Pdul, écuier, seigneur de Vartnnes, et de Dame. Appoline Huet du
I^udr (I), née 0 janvier 1N()4, décédi'e et inhnmi'e à Qn^'lne, dans la cathédrale
' (I) Cotte Dame, thi Lnde se réclaiimit do son nom ot de ooliii c|o ('iirignan. Dans
In siii>on (Ion iiluioH lo.s chomins dovioinioiit tollomeiit (léfi)iic('.-i diins N'arennoa, ((ue l'on
ost nliligc (le veooin'irà la chiiretto à loin, dont on .so .sort, eu ce eus, pour se rendre à
l'égliso lo dimanche.
^riidiiiiio Lussifir ne voulait jinnais ooiisentir à so soi'vir do li ..liiiretio. •' Une
Cariiinan ne va pas en clairette," disuit-ello à son mari. Kt oUo uoannandiiit la voiture de
famille.
— 182 —
chapelle Sainte-Anne. Le colonel est mort le 2G ilécembre 1854 et a été inhumé
à côté (le son épouse.
Il habitait la mai.son coin des rues Mont-Canniil et des Carrières, donnant
sur le jardin ilu Fort et .sur le fleuve. C'est un des plus beaux .--ite.s de la ville
de Québec Après sa mort elle fut vendue .sur lic'itation entre .'<es héiitiers.
Elle est maintenant occupée par son propriétaire actuel, M. Louis. Ma lemmo,
ses sœurs et son frère y sont nés et ont été élevés dans cette maison.
Le colonel Perrault a continué après 181. j à commander " Les Voltigeurs
Canadievs" et c'était lui qui entretenait l'U «grande partie leur corps de umsi(iuc.
Un fait, qui se rattache à son goût pour la vie militaire, mérite d être
mentionné : c'est qu'il avait recueilli et conservé en sa possession le drapeau de
Carillon. Il en fit présent à feu Monsieur L. de Gonzague Baillairgé. avocat, do
Québec, afin qu'il fut conservé en mains sûres, et fut porté dans les démon-
strations nationales des descendants des Français qui l'ont noblement défendu.
Le colonel avait aussi une autre relique il'.; l'ancien régime. C'était un
fusil monté en argent, d'un beau traviiil en tiligiaue et ayant appartenu à
Montcahn. Je ne sais ce qui en est advenu.
Le col. Perrault était bon musicien, connaissait et chantait une foule de
chansons de l'ancien temps.
Le père Daulé avait entrepris de composer un recueil do cantiques pour
les offices religieux. Or il était loin d'avoir l'oreille musicale et encore plus
loin de posséder le feu sacré du poète. Dans cette double indigence il songea à
utiliser le savoir faire du Col Perrault qui se prêta, avec plus ou moins do
sérieux, à l'-iider, en lui fournissant des chansons que le père Daulé travestissait
en cantiques, et leur donnant l'air (|u'il convenait d'adopter.
Parmi ces canticjues, heureusement tombés en désuétude, il s'en trouve où
l'amour humain se trahit au détriment de l'amour divin, tel que celui-ci, par
exemple, qu'on chante encore :
" Allez ô mon bon ange 1
" Dire à, mon bien aiaié
" Que ma peine est étrange
" Depuis qu'il m'a charmé."
Ou cet autre :
" Vos charmants attraits
■" Comblent mes .KOuhaits,
" Tout en vous, tout me plaît,
" Tout m'enchante."
Le Col. Perrault, était gai, conii(|ue, spirituel, un peu original ; bon
viveur dans son temps, et grand ami de M. de Gaspé, l'auteur des " Anciena
Canadiens." Il chantait toutes les " dmnsons du Pont Neuf" à mesure
qu'elles se présentaient à sa mémoire et tenait ses convives à pouffer de rire
par sa manière fine, comique, un peu délurée, de les rendre.
Du mariage Perrault- Lussier sont nés les enfants suivants :
— 183 —
a. Appoline-^s^Aer, b. 3 févrior 1(S29, mariée lo 23 septemlire 18)0,
à Louis-Huet Massile, sei<;ii(!ur <le la Trinité et autres liou\ ; député de
Richelieu nu Parlemoiit du ('auiuiii, ttc, décédé le 13 juin 1891 ; un parfait
gontillionimo ; bon époux, bon pèro, (t lo ineilleui' dos fils pour son vieux pèro.
Il a laissé trois fils et cinc) Hlles, dont deux mariées; l'une, Marie, à M. lo
notaire Simard, et l'autre, Aiméi", à M. Belleau, son cousin, pi'tit-fils d Olynipo
Perrault, le(|uel vient de mourir à Montréal, au moment où je co-rigu I épie.i\ e
de ce passage.
b. Josfj)hi(!-\Jrsu\o, h. 19 mars 1830, mariée lo 23 septembre 1850, à
Jean-Antoine Panet, petit-tils du président Panet, et eoronor du district de
Québec; veuve en mai 18G0, sans enfants; ensuite entrée en religion, -iOMir-
grise de la Charité dite Sainte Monifjue; décé lée à Québec, en oleur de
sainteté, le 1 février 1884, et inhumée au couvenl des Steiirs, à Québ'c.
c. Charlotte-il/«<i?<^', b. 28 décembre 1831, mariée 2 aoitt IHH. à moi,
Pliilippe-Bâby Casgrain, b. 30 déc 182() ; avocit-cons'iil do la Rjino, liéputé du
c<'n.té de l'Islet aux Coninuines du Canada à cinq parlements cotisécutifs, de-
pui'^ août 1872 à janvier 181)1 ; Greffier de la Cour Supérieure en révision et
de la Cour de Circuit du ilistrict de Québec.
Ma lignée appert à l'arbre généalogicpie, appendice A.
d. Reine-^o,si)îfi-Louise, b. 25 août 1834 et morte enfant.
e. Joxcpli-Xavic.r, b. 28 mai t83G, élève de l'école d'agriculture de
Grignon, France, et de celle de Cirencester, Angleterre; ancien-député <!e
Richelieu; chevalier de la Légion d'Honneur; officier de l'Instruction publique
et du Mérite ugricole, de France ; a épousé, IG janvier 1868, demoiselle Ca-
therine-Flore Couillard de l'Epinay; lesquels n'ont eu qu'une fille, Cfitherine-
Marguerite, née 28 nov. 18GG ; mariée 2() janvier 1887 à Wilfri l-Joseph Masson,
lequel est décédé en sept. 1896, à Montréal, sans laisser d'enfants.
Jos.-X. Perrault vient d'être nommé, par le gouvernement du Canada,
Commissaire à l'Exposition de Paris pour 1900.
f. FitioWa-Philomèno, b. 29 juin 1838, morte en bas âge.
• *
2. "Marie- Ursule Perrault, née 4 août 1785, épouse du Dr. John Bucha-
nnn, mariée 14 février 1809, à l'église anglicane, à Québec, et morte de pul-
tnonie la même année, 26 déc. 1809.
Le Dr. Buchanan était chirurgien de l'état-major de la garnison à Québec,
pratiquait en même temps en ville, et demeurait ancienne rue du Parloir, dans
une mais' n à lui appartenant, dont l'emplacement forme la partie nord-ouest
de l'archevêché. Ce même Dr. Buchanan est porté pour soins médicaux donnes
à Jacques-Nicola.s-Perrault, seigneur do la Bouteil'erie, à l'inventaire de sa
succession (1812), pour la somme de £42.17 2. Le Dr. Buchanan tomba malnde
et fut interdit pour démence le 29 avril 1815. Le protonotaire, Mr. Per-
— 184 —
rnult, 8on benu-pèie, fut nommé son euratour. Après les formalités reiiuises,
la maison fut vendue pour le prix de £:î,500 à John Wliite, le 9 mai 1815.
(Têtu, N. P.) Peu de jours après le Dr. Buchauan fut trouvé mort, baignant
dans son f-aiig, dans .sa chambre à l'Asyle-Ciiunipêtro. Il s'était coupé le col
avec un razoir dans une crise de sa démence.
Feu Madame Eugène Taché et ma femme racontaient combien, elles et
les autres enfants, avaient peur d'entrer dans cette chambre, croyant toujours y
voir des traces de .sang sur le plancher.
D'un premier mariage avec Lucy Richardson, en Angleterre, le Dr.
Buchanan avait eu deux Hls et une tîlle nommée Jane, laciuello fut élevée chez
le grand-père Perrault connue ses autres petits-enfants. Celle-ci épousa, 3 nov.
1820, William Hall, capitaine du steamer " Québec" demeura à Sorel, puis à
Montréal. En 1852, sa fille, Georgiana, vint rendre visite à Québec à la famille
du col. Perrault et particulièrement à " la Cousine." Depuis on les a perdues
de vue. Jane est morte à Hamilton, Ontario, le 30 mars 1872, laissant 2 filles,
Agnès, dame Clarkc, et Georgiana, dame Daniel Busteed.
Un des fils, Alexandre, fut admis uu barreau et pratiqua à Montréal
avec succès, et son fils devint juge de la Cour Supérieure à Bedford en 1881.
»
« «
3. Thérèse Perrault, née 10 mai 1788. et décédée à Québec, 13 oct. 18-16,
épousa 23 janvit r 18] fi, Louis- Albert Bender, médecin et chirurgien, né le
9 sept. I78S, déiédé en oct. 1849 : fils de .Marie-Marguerite lienolf, épouse du
Dr. Frs.-X. Bendor, née 12 février 1700, mariée 4 avril 178), et inhumée 28 mai
1796.
Beniurquons, en passant, un autre lien de parenté avec les Bâby,
remontant à Maiic-Thérèse liâby, dont Marie-Marguerite Benoit était lide.
C'est ainsi que les Bendei- sont parents îles Bàby et des Perrault, tant par C'tte
dernière que par leur autre bisaïeule, Marie-Joseph Bàby, t'pouse de Louis
Perrault, leur ancêtre coniîuune.
Suivant une note éciite de la main du Dr. Benoit, le jour de la uiissanee
de .sa fille, Marie-Marguerite, il est dit i\nelle ed née coijf't'C. D'où vient ((u'on
attache un lu urdix jueMigc a une chose (|ui est naturelle, (pioiiiue non fri'(|ueMtc' ?
Ce pré.'snge ccpemant ni' paraît pas avoir porté bonheur plus (jue d'oidin lire à
l'enfant, du moins ([unnt h la longévité, car on vient do voir (ju'elle mourut lo
27 mai 1 796, âgée seuh'ment de 40 ans. Elle fut inhumée le leiidenniiii dans
In chapelle St-B<'Cli, de Saint-Sulpice, à Montréal. Son mari lui survécut
jusiju'au 14 juillet J8ô0 et mourut là à luge de 81 ans.
Du mariage du Dr. Bender et de Thérèse Perrault, naquirent :
a. Albert, b. 25 fév. 1817, avocat, protortotairo à Montmagny, marié, 10
sept. 18-1-4-, k Mai ir-Snphif-Muthilde Taché, fille de Sir Eticnne-Pasehal Taehé,
née 20 juin 11)21, et déuédée 20 février 1879 ; d'uîi sont issus et vivants : Albert,
— 185 —
Eugène et Mûrie, épouse de M. P.-A. Choquette, avocat, de Montmagny, député
aux Communes du Canada, et maintenant juge de la Cour Supérieure à
Arthabtiska.
M. Albert Bender, père, a un fac aimile de la commission de chirurgien-
major son nïcul, Bfn(nt, signée de la main de Louis XIV, à Marly, le 24 août
1709, sur piirclit'Uiiii, dont l'original était en la possession de feu M le Chevalier
Muir, aussi descendant des Benoît.
b. Louis-Prusper Bender, h. 3 oct. 1820, s 5 cet. 1872, marié nov. 1811,
à Dame M.-A.-Jnne McMillan, b. 1 mais 1826, dont sont issus:
1. M. -A -Jane b. 20 nov. 184i;, Dame. Ve. Jules Taché.
2. Louis-Prosper b. 30 juil. 1844, m. 12 oct. 1868.
3. Eléonore b. 30 juin 1846, s. 18 déc. 1854.
4. Albert b. 20 fév. 1848.
5. Henry b. 20 " 1849.
6. Aurèle b. 29 sept. 1851, s. 10 wt. 1866.
7. Sophie-ïhéri^-c b. 24 août 1854, s. 4 juil. 1877, Dme. Pacaud.
8. Eléonore-Eugénie b. 4 fév. 1856, s. i& fév. 1856.
9. Alfred-H.-Frédéric b. 3 janv. 1857, m. 27 août 1895.
10. Eugène-Ed.-Nupoléon. . . b. 3 oct. 1858.
11. Philippe-Ernest-Cnsgrain.b. 30 oct. 1860.
12. Jules-Aithur-AlcMilian. . b. 20 avril 1862, s. 26 juil. 1862.
13. Mary -Thérèse b. 5 mars 1864, s. 23 fév. 1865.
c. Eleotiore, née 1822, mariée à M. Eugène Taché, assistant-commissaire
des Terres de la Couronne, Hls de Sir Etienne-P. Taché, et décédée à Québec le
15 mai 1878, sans postérité.
d. Thérède, morte fille, à Montmagny.
Nov.s devons lenmrquer encore une fois le renouvellement du lieu de
parenté des Perrault-Bender et des Bàby.
Dans cette lignée lo major Franr;ois-Xavier Bender, d'mt nous avons vu
le mariage avec Marie-Marguerite Benoît en avril 1780, et son fils Louis-Albert,
par son mariage avec Thérèse Perrault, sont la souche de tous les Bender dans
lés districts de Québec et Montmagny.
* •
4. JoanBiiptiste-/îic/u(»'ci Perrault, b. 2 sept 1789, mort en bas âge.
5. ^iliuAti-Ekionore Perrault, née 8 décembre 1791, épousa en première
noces (25 août 1816) Jacques Lemoiue de Martigny, d'où sont issus :
— 186 —
a. Eléonore, épouse du Dr. Benjamin Globenski.
b. Jacques, époux de Dlle. Rodier.
c. Dr. Charles, époux de Dlle. Laviolettc.
d. Adhélard, marié, 1° à Marie-Louise Perrault, sa cousine.
2° à Délie. Globenski.
3" à D.lle. Malvina de Montigny.
6. Hugues.
f. Marie-Louise, épouse du Dr. Adelstan do Martigny,
En secondes noces, Dame Ve. de Martigny épousa M. Aimé Massile, de
Varennes, seigneur de la Trinité, etc., et décéda là, le 9 décembre 185S, sans
issue de ce mariage. M. Aimé Massue était le père de Louis Massile, époux
d'Esther Perrault, ci-dessus mentionnée.
»
6. C/i«?'?t'8-Norbert Perrault, né le 7 avril 1793, baptisé à Saint-Lau-
rent de Montréal, dont le curé, Clis-Frs. Perrault, son cousin, fut son parrain,
reçu médecin et chirurgien, fut admis membre (1819) de la Société Royale
et Médicale d'Edimbourg ; marié à Ch irlotte Desbarats ; mort du choléra, à
Québec, le 16 juin 1832.
Il laissa trois filles orphelines qui furent élevées chez leur grand-père
Jos.-Frs. Perrault. Elles .sont toutes trois décédées ; la dernière survivante
était Dame Veuve Charlotte de Martigny, qui est morte à Varennes, en sep-
tendtre 189(). Jacqueline, sa .sœur, est morte fille, et Louise, une autre .sœur,
était la première fenune de M. Adhélard de Martigny, banquier, de Montréal.
« «
7. Ursule-Charlotte Perriult, b. 7 mars 1791, morte en bas âge.
8. AnftéWqne-Olympe Perrault, née 14 juillet 1795, mariée, en premières
noces en 181 s, à Frédéric-ttodlif Oliva, fils du Dr. Oliva, major des troupes, de
St-Thoinas, veuve, 1819, et mariée en secondes noces, à feu M. François Fortinr,
médecin, de St-Michel de Bcdlechasse, et décédée là, 28 mars 18t5. Elle laissa
trois filles : Olympe, devenue Dame Vve. Dr. Belleau ; Hermine, épouse et veuve
d'Achille Portier, décédé nov. 1898, et Caroline, fille.
•%
9. François Perrault, né 1797, décédé 7 avril 1798.
10. Louis-Richard Perrault, né 10 avril 1800, mort enfant.
— 1S7
Suivant le dire 1I3 Dame Charlotte fie Martigny, (1) il y aurait eu deux
filles de plus, dont les noms étaient Horten e et Amélie, lesquelles auraient
atteint l'adolescence. Je n'ai pas trouvé leurs actes de naissance, ni de sépulture ;
ce qui n'est pas important vu Ijurs décès en bas âjje.
•
• «
A la suite de cette esquisse généalogique des premiers Perrault jusqu'à
ma femme. Je crois devoir signaler de nouveau, malgré les redites, 1 1 formation
des liens de parenté primitive i|ui unissent les trois familles dont j'ai tracé la
descendance.
En mettant en regard cette ilernière lignée, à l'appendice C, avec celKs
des Casgrain, A, et celle des Bonenfant, E, au même appen lice, on voit qu'elles
se rejoignent en remontant en ligne maternelle à Riymond Page fie Carey.
Susanne, petite-fille de ce Raymond, se trouve être aïeule Miaternelle îles Pîàly-
Perrault, issus du mariage de Louis en 1750 ; et Mûrie Côté, arrière-petite-.ille
du même Raymond, est aïeule-maternelle des Casgrain actuels.
De plus, en parcourant l'arbre généalogi((ue des Bàby, appendice B, on y
rencontre, ecjmme je l'ai déjà observé, une autre parenté avec les Perrault, n''-
sultant, chez ceux-ci, d'une double infusion du sang Bàby par les femmes, savoir,
par Marie-Thérèse et Marie-Joseph Bàby, laquelle infusion s'est réunie et con-
fondue dans les enfants de Josepli-Frs. Perrault.
C'est de là (lue découle ma parenté avec ma femme, du chef d'Elizabeth-
Anne Bàby, ma mère.
« «
Frnnvoise Charlotte Perrault, fille de Jacques, l'aînée, b. 29 juin 17)1,
fut mariée, à Québec, à Charles Voyer, notaire, et mourut le 11 mai 1815. Leuis
enfants fiire 1 :
(a) Reine Voyer, dite " Tante-Reine," morte fille et âgée.
(b) Catherine, devenue l'épou.se de Edward Burroughs, protonotaie
conjoint de M. Perrault, en 182-t.
(c) Charlotte Voyer, épouse de Jean-Charles Frémont, père du T)'-.
Charlcs-Jac(|ues Frémont. Celui-ci, né le 17 oct. 1806, épousa Cécile Paui'i,
fille du juge Pliilippe Panet et de Luce Casgrain, sœur de mon père.
On retrouve donc encore ici une alliance additionnelle entre les desc n-
dants Perrault et Casgrain.
Puisque notre alliance avec la famille Panet et que le nom du juiro
Panet surviennent encore ici, c'est l'occasion de rappeler l'éloge funèbre cpii lui
(I) Ci-desrus mentionnée, qui était h uiéme de le savoir, comme enfant élevée i\ la
maison.
— 188 —
a été décerné par la Cour d'Appel et le Barreau. Voici on quels termes le juge
en chef do la Cour d'Appel, Sir L.-H. Lafonia-ne, annonça à l'audience, la mort
de son collègue :
" Nous venons d'apprendre avec «ne l)ien vive douleur la mort de l'un
des membres de cette Cour, riionorablo rhilii)pe Panet, et nous sommes per-
suadés que le barreau partagera nos regrets en cette occasion. Nous ne croyons
pouvoir mieux exprimer ici nos sentiments et notie respect pour la mémoire
de notre honorable collègue, qu'en ajournant immédiatement l'audience. Dans
le juge Pu net, les membres du barreau perdent un de leurs plus estimables
confrères ; le banc, un de ses membres les plus di.stingués; le pub'ic, un de ses
meilleurs et plus utiles citoyens. Dans la vie privée le juge Panet se faisait
remarquer par toutes les qualités momies, et, la société, privée désormais des
services (|u'elle était habituée à en recevoir, sapercevra bientôt pleinement de
la perte qu'elle vient d'essuyer."
Le chef de la famille Frémont dont il s'agit, est Jean-Louis Frémont,
lils de Charles Frémont et de Geneviève Vilet, de St. Germaiu-en-Laye, de
Paris. Il servait dans l'armée et comme tel pa.ssa à Québec, où il s'établit en-
suite comme marchand à la basse-ville, au détour nord de la rue du Cul-de-
Sac, Sa mai.son et hangar donnaient sur leport, et, à marée haute, les vaissaux
y accostaient. Moi même j'j- ai vu les beauprés des navires projetant jusqu'au
dessus de la rue. Tout ce littoral est maintenant comblé et forme le marché
Champlain.
Jcnn-Lonifi Frémont, .son fils, veuf et sans enfants, épou.sa en secondes
noces, le 17 mai 17C4, à Québec, Catherine, tille de Pierre Boucher de Boucher-
ville, sœur de Madame Jacques Perrault, l'aîné. Il perdit la vie, a,ssa.ssiné à
Paris, l'ai) V, dix-neuf ventôse (9 mars 1797).
Do son mariage .sont nés entre autres:
houis-Rcvé, ]e S décembre 17G8, devenu le chef de la famille du nom
aux Etats-Unis.
Louis-i?c«ff, était le (juatrième iils. Il laissa le Canada au conunence-
nicnt du siècle pour s'établir dans la Virginie. Il épeasa là, en 1810, Anne
Beverly Whiting ; et mourut en 1818, laissant, issus de .son mariage quatre
enfants.
Un seul Johii-C/iiirles, né à Savannah, le 21 janvier 1813, survécut aux
autres et devint le fameux général Frémont, qui Ht lacomiuètode la Californie,
et fut deux fois candidat à la présidence des Ktats-Unis,
Il épousa à Washington, en 1841, Jessie Benton, .sœur de Madame la
baronne Cauldrée Boileau, dont le mari a été longtemps consul général de
France à Québec. Le général Frémont e^t mort il y a une dizaine d'années.
Un de ses fils John-Churles Frémont, né 28 décembre 1853, est lieute-
nant de marine et a servi dans l'escadre de l'amiral Sampson pendant laréonte
guerre hispanu-américaiuc.
— 189 —
Un autre Hl.«, Francis- Pridon Frôiuont est un officier d'artillerie, dis-
iinjTué connue inventeur (i'un canon perfectionné,
«
• *
Charlcs-Pierrp, le sixième fils de Jeiiu-Louis Fréiuont, né le 17 sep-
tembre 1771, fut néfi;ociiint à Quéliec, au Cul-de-Suc ; comme son père. Il est le
continuateur de la lif,'ii.''e ou Ciiuiida. Il épousa, com;ne ou vient de le voir,
Charlotte Voyer, Hlle de Ch irlotti Perrault, cousine germaine du gran 1-père
Perrault.
De ce nuuidge est né, entre autres, Ch(irliis-3iiC(\na^ Frémont, la
17 octobre l.S()(î, méilccin et cliii'nriLri"M. l'un des fondateurs de l'Ecole de Méde-
cine de Québec, «le l'Université Lival et dt; l'Asile <les Aliénés de Beauport ;
marié, le 8 janvier 184.5, à Cécile, susnommée, tille «le 1 honorable Juge Philippe
Panet et de dame Luce Ca-<grain, comme déjà dit.
Le Dr. Frémont était doyen de la faculté médicale de l'Université Laval,
habile chiriwgien, ciiurmaiit causeur et sporttininn émérito ; brave liomme, et,
qui mieu.K est, bon chrétie:i A3'ant été délégué par ses concitoyens de Québec
pour présentei une adresse à H, i Sainteté Pie IX, !e Saint Père l'honora du titre
de Chevalier de l'ordie de St-Grégoire-le-Urnnd. Le chevalier commandeur
Frémont mourut en mer le 20 décemlire lSi)2, au retour d'un autre voyage en
Europe, entrepris pour sa santé.
Mme. Cécile B^'émont est décédée à Québec, le 8 septembre 1895, —
après une vie remplie de bonnes (iMivres el d'abondantes charités.
Leur seul fils survivant, ïié le 20 déc. 1855, est Joseph-Jules-Taschereau
Frémont, avocat, professeur à l'Univerté Laval ; maire de Québec de 1890
à 1 894; député au.x Comn\unes du Canada, aux élections générales de 1891 ;
et marié, 1er juin 1881, à Demoiselle Mario-Alice Beaubieu, tille de feu l'hono-
rable Joseph-Octave Heaubien, ancien ministre des Terres de la Couronne, à
Québec, et de Dame Aglaé Ch^nest.
Les époux Frémont ont cinq enfants vivants de leur mariage.
Les B'' rémont portent: D'azur à (hur tfitrs de léopard or, -i d' 1, tel
que ces armes sont indicpiées dans " L'art fiêraldif]nc" et qu'on peut les voir
dans cet ouvrage à la bibliothèque de la Société Littéraire et Historique de
Québec. Le Dr. Charles Frémont les [ortuient ainsi sur une bague, laquelle
lui servait de cachet. Elle provenait, m'a-t-il dit, de .son père.
Dans la liste de l'état major des troupes détachées de la Marine, (Ar-
chives Canadieinics, 188(), p. clxxiii) on rencontre le nom de Frcdmoiit, capi-
taine de la 1ère compagnie d'artillerie ; et parmi les officiers civils celui de
Frémont de Salvailles, capitaine des postes, emploj'é à Montréal.
Dans la liste de l'état général de la noblesse de 17(57 se trouve aussi le
même nom de Frémont, capitaine envoyé à la Martinique ? Serait-ce le même î
— 190 —
En lisant le rapport de Ramesay sur la cipitulation de Québoc, on volt
le nom de Fiedinont («uivant Daniel) ou Piedinont. {suivant Garneau, qui mo
semble être celui de Frémont. Car, dans la liste complète des officiers pris,
blessés ou tués, dans celle de l'état-major et des officiers civils, ou réformés, je
ne découvre pas tel nom. Je pense que ce capitaine, qui seul opina coitre la
capitulation sur les 14 officiers du conseil de guerre, était Fréraont. Ce qui reste
à vérifier sur l'original à Paris.
Cartier, dans son second voyage en 1535, commandait en personne " La
Grande Hermine " et avait pour commandant en second Thomas Founnoiit,
nom écrit, vraisemblablement, comme les matelots le prononçaient en langue
vulgaire. Dans le rapport de la nouvelle de la mort de celui-ci. décé lé durant
le 3ème voyage, il est nommé Thomas Froment dit la Bouille. Je suis porté à
croire, par la prononciation de ce nom, qu'il n'est autre que celui de Frémont
d'aujourd'hui, et que l'étymologie f^anxit fri(ji(lw9 monn, fredraout, (\m serait la
véritabk épellation, tel que l'écrivait le capitaine Fredmond, l'officier d'artil-
lerie, de 1759, et qu'on a mal lu, Daniel entre autres, la signature Jacm de
Piedviont. D'ailleurs Jacan est un nom propre inconnu jusqu'à présent dans
notre langue, et suivant moi on devrait lire Jacques. Quant au de nous avons
vu ci-devant Laurens de Frémont.
Le premier Frémont, mentionné ensuite comme arrivé au pays, accom-
pagnait Mr. Dollier, et MM. le Cavelier et Perrot, vers 1G()G. J'ignore s'il
appartenait à la même famille (jue celle existant aujourd'hui.
CHAPITRE II
AUTRES ALLIANCES AVEC LES PERllAULT.
Il ne reste plus qu'à faire quelques additions aux notices sur la famille
Perrault, et énumérer d'autres alliances qui ont établi d'autres parentés entre
cette famille et colle des Casgrain, comme aussi d'autres alliances avec des
familles marquantes du pays.
Je mentionnerai ei premier lieu une branche Perrault, qui remonte à
Jacques, frère aîné de François, notre aïeul. Il naquit en France, en 1697, fut
maître-chirurgien comme son père, et s'établit à LaChenaie ; se maria le 10
janvier 1724 et mourut le 20 avril 1754, ayant fai*^ souche là. Il signait (1730)
Péreavb. La distance et le temps écoulé depuis deux siècles on fait oublier
cette parenté.
« •
Demoiselle Reine Perrault, celle que j'ai mentionnée dans " La vie de
Joseph-Fi-ançois Perrault," et connue sous le nom de " La Coasine," a vécu
un an sous mon toit après le décès du Col. Perrault, chez qui elle s'était retirée.
Ce fut après mon mariage, en 1854, que ma femme lui offrit de venir demeurer
~ 191 —
avec nous. Elle ■'.v'ait reçu une bonne éducation, ayant été élevée aux TJi'su-
lines de Québec, où son oncle, le chanoine, payait sa pension. Suis être riche,
celui-ci avait (|ui!(iues revenus et il avait pu même ac((uérir la seigneurie do la
Giosse-Isle. Il employait son surplus en bonnes œuvres. (1)
La Cou,siiie est morte en 1856, très âgée, mais ayant toujours conservé
son bon jugement.
(J'était plutôt une têie d'homme, si on en juge par ses goûts et ses apti-
tudes. Au lieu de coudre, elle faisait des écritures et se livrait aux occupa-
tions du dehor.s. Ella était douée d'un sens commun rare, et d'une tournure
d'esprit fine, narquoise en apparence, mais sans malice et vraiement bonne au
fond.
Cotte demoiselle réclamait une parenté avec l'impératrice Joséphine
Tascher de la Pagerie. On aurait pu croire, tant elle y tenait, que c'était sa
marotte. Point du tout. Je suis porté à dire qu'elle possédait des renseigne-
ments suffisants pour prouver son avancé. J'aurais dû, dans le temps, en
prendre note, pour ne pas oublier le fil par lequel elle remontait à cette parenté.
C'était par les Page Carcy, si je ne me trompe.
Le portrait de Reine Perrault, par Dulongpré, est chez son petit-neveu,
M. Albert Bendcr, père, à Montinagny.
Lors de .son trépas, Melle. B;nder (ensuite Dme. Taché) et ma femme y
a-sistaient. Toutes deux étaient jeunes et d'un gai caractère ; il fallait peu de
chose pour les porter à rire. Survint un léger incident qui les fit ricaner
en.semble. Elles ne pensaient guère que la mourante pouvait les entendre.
Mais elles se trompaient. " Dans la peau mourra le renard, " leur dit-elle; et
elle expira. Son frère, Jean-Baptiste Perrault, celui dont Schoolcraft a tra-
duit les voyages, était établi à Mi' hillimakinac, marié à une sauvagesse, fille
d'un chef du haut Mississipi, et avait une nombreuse famille.
Madame Eugène Taché, née Eléonore Bender, me disait se rappeler
qu'en été toute cet'e famille était descendue à Québec, et qu'elle passa l'hiver
à l'Asyle-Chainpôcre, chez le grand-père Perrault. Comme frère et nev(!ux de
la Cousine ils ne purent manquer d'être bien reçus. En voici une preuve.
Pour les installer on mit la serre à leur disposition, faute de meilleur espace
pour les accommoder Ce souvenir de Madame Taché, qui était alors enfant à
la maison, était resté vivace dans sa mémoire, à cause du mode étrange de vie
à l'indienne (lu'elle avait sous les yeux et que cette famille continuait à garder.
»
• *
L'appendice C montre la postérité de Jacques Perrault, l'aîné, mais non
pas l'extinction de cette même lignée.
(1) J'ai remarqué le cachet du chanoine Perrault sur ses lettres. Il est armorié
comme suit : D'azur, à chevron d'anjent sur cœur du même ; en chef, de gueules, avec crois-
sant entre deux étoiles du même, aliynés.
— 192 —
Ils étaient onze enfants vivants, sur treize issus <le son mariage, et la
majeure partie mineurs lorsiju'il mourut lo 18 mars 1775.
Vingt ans après ils étaient tous les onze encore vivants et apparaissent
ainsi comme les héritiers naturels de leur père et mère, à un acte devant
Planté, N. P., du 3 oct. 179.3, et à un acte subsétiuent, devant le même notaire,
en date du 14 mars 1795. Ce dernier acte était une vente à John Woolsey, de
l'emplacement à la Basse-Ville, me Sault-au-Matelot, originairement possédé
par Fran(;ois, le premier Perrault établi à Québec, et que Jac(iues, son tils, avait
acquis sur licitation entre ses co-héritiers le 2 mars 1751. C'étuib là le siège
principal des affaires de la famille depuis leur venue en la Nouvel la- France.
Cependant cette nombreuse lignée s'est éteinte pres(|ue toute dans les
mâles il y a un denu-siècle. Il reste peut-être encore aux Etats-Unis tleux
dc-cendants de Narcisse Perrault, petit-tils de Jactiues, 1 aîné, Henri et Louis-
Eugène, mais pas un en Canada.
Je reviens à celui d'où nous vient le manoir de la Riviè e-OiioUo, berceau
de mon enfance.
Jacques-Nicolas, b. 6 août 1750, marié :
lo. à Québec, le 21 nov. 1771), h Marie-Anne Amiot, b. 10 mars 1755,
décédée 20 avril 1782 ; contrat de mariage clcvant HerthcloL d'Artigu}-, Ntr. Li
future étant pupille et demeuiant à rHApitai-Général a dil être mariée là. Mais
le registre de cette communauté ne remonte qu'à 1783.
2o. marié, le 5 janvier M',^^,k Marie-E-ther Haussman (dit Ménager),
fille de Jean et de Marie Létourneau, de Québec, et veuve de Pierre Florence, (1)
marchand, à la Rivière-Ouelle. Du premier mariage étaient nés deux fils.
Jacques et Pierre; celui-ci était décédé avant le second mariage, et l'aîué (2)
s'éteignit avant son père, qui, n'ayant pas eu d'enfants du second lit, mourut
sans laisser d'iioirs de son corps et sans testament. La seigneurie, coiume bien
noble, passa alors à ses trois frères, et d'eux à mon grand-père Casgrain.
Jacques-Nicolas, demeura d'abord à Québec où il était négociant efc juge
de paix. Etant devenu propriétaire de la seigneurie de la Ilivière-Ouelle,
par le te.stament de son oncle Michel, et après l'usufruit de .sa mère lequel finit
le 6 août 1792, il alla s'y établir, et six mois après, épousa la veuve Florence^
Michel Perrault, étant passé aux Isles, avait acquis cette seigneurie des héri-
(1) Florence était un Français, de la paroisse d'Arudy, évèclié d'Oléron, dans le
Béarn ; fils de Pierre, marchand en Espagne, et de Dame. Anne de Mivillc ou Miègeville,
Il réussit à faire une .jolie fortune à la RivicTcOuclle, acquit une grande partie do la
seigneurie de l'Isle- Verte, et un château de faniillc, Cliaronte, à Charente, en France, qui
avait appartenu à l'aïeule des Morel de la Diirantaye du C'anad.a, ses vendeurs. Il se
maria à Québec, le 9 nov. 1788 et mourut là, un an après, lo 17 nov., âgé de CS ans. Il
as<*ista comme ami au mariage do mon grand-père Pierre Casgrain, et il était tenu en grande
estime par le curé Panet, ensuite évêque de Québec.
(2) Se noya au Sault-de-la-Chaudière, le 25 juin 1797 à 17 ans.
— iu;i —
tiers de Boishéhert en 1774', pur l't utiiiiiisi.' île son frère aîné, son procureur
k Québec. (Rej,'. F. et H., vol. 11,.}). 70).
Jacques-Nicolas, vint cieiiunivr ilans la maison de sa nouvelle épouse,
que celle-ci avait ac(juise «Iti la succession (ic h >ii piemier ninri. Il l'eiiibeilit
et y fit des impenses «l'utilité et .le luxf, en sorte qu'elle prit l'aspect d'un ma-
noir seigneurial, avec un Iwilcon à coupole mauresque à chaque extrémité, un
portique en style correspomluiit, surmonté <1 un vide-houteilles, avec un quai
spacieux sur la rivière, plateforme t;t gurde-fou élégant on face. Les planta-
tions darbres «ju'on y voit aujour l'hui, et qui en font l'ornement, sont dues
à lui ( 1 )
Le vieux Pierrot Dulié m'a dit avoir planté les ormes.
Ces détails peuvent intéresser mes enfants, car ce manoir est devenu
notre maison paternelle, par l'acquisition que mon père en tit en 182(3, peu
apiès son mariage, et c'est là que toute notre famille passa ses plus beaux et ses
plus heureux jours.
Je reviens sur ce sujet.
* «
Autrefois, il y a 50 ans, la Rivière-Ouelle était un centre d'affaires et de
commerce considérable pour une campagne. C'était un port de mer pour le
cabotage, et, à une certaine époque, en sus de plus petites embarcations, on y a
vu pas moins de 22 goélettes à la fois, au débarcadère près de l'église. Il s'y
faisait une exportation de provisions, grains, foin, bétail, etc., à Québec, et, de
plus, au Saguenay, pour les chantiers de bois de commerce de la maison Price,
L'endroit devint prospère.
Les réunions des trois familles Casgrain, Têtu et Letellier, qui y de-
meuraient, formaient dans la société une compagnie d'hommes et de femmes
distingués par leur éducation et leurs manières.
Les rapports de bon voisinage entretenaient un échange de visites
amicales où, sans cérémonie, on s'invitait réciproquement à prendre le repas de
la famille, quand on s'y rencontrait à l'heure ordinaire.
Dans la belle saison la compagnie s'augmentait par l'hospitalité aux amis
et parents plus éloignés, soit de Québec, soit de Montréal, qui venaient y
séjourner, jouir du bon air de la campagne et des bains de mer. Les vacances
scolaires ramenaient au foyer les écoliers pour une couple de mois. Les prome-
nades dans les environs, ou sur l'eau, les exercices à pied ou à chîval, parties de
pêches, de chasse, etc., agrémentaient les loisirs ; chacun suivant son goût.
Le vieux manoir était le principal endroit de réunion. On y jouissait
du plaisir de la conversation de personnes aimables, instruites, qui avaient lu
La glacière dans le jardin abritée par l'ombre des grands arbres, et couverte, de
gazon, s'est conservée jusqu'aujourd'hui dans le mémo bon état qu'elle était en 1793. et
conserve la glace d'une année à l'autre.
— 194 —
et voyagé, et suivaient le mouvement littéraire dans les deux langne«i anglaise
et franyaisc, même un peu lo progrè.s scientifique moderne.
Luc Letellier de Saint-Jnst était considéré comme le doyen de notre
cercle littéraire ; le Dr. L. Têtu et le Dr. Annibal Maguire avaient été compa-
gnons d'études à Paris ; tous deux étaient causcuis intéressants. Ce dernier
est doué d'une belle intelligence et d'une mémoire prodigieuse, qui en font
un conteur émérite, toujours a^ec une diction pure et éléginto. L'al)l)! R.
Casgrain, l'abbé René Casgrain, M. le juge Bâby, durant la vacance, Eugène
Panet, et quelques autres vis<iteur8 de passage, composaient un ensemble
joyeux, intellectuel, sympathique Parmi eux tous Ovide Martineau, ii .ail-
lant d'esprit, répandait la joie et la gaieté. Buies l'a bien goûté ot 1 u bitin dit.
La dame de céan.s, notre vénérée mère, prési-tnit avec aniabilit»^ à ces
réunions en famille et inspirait un air de biensé.ince, d- hoi» f-».i o'i d'aisii e
si naturel, qu'elle plaisait à tout le monde. Etant elle-mêinj roiniir<|Uiitl>Mn it
bien instruite dans les deux langu-^s et les parlant avec une égale facilité, t-iie
n'ajoutait pas peu à l'agrément de notre société.
Mais si les grandes personnes se trouvaient bien dans ce milieu, com-
bien plus les enfants nonibreu.\, qui s'y rendaient pour les vacances, jouis-
aaient-ils des amusements propres à leur âge ! Qui ne se rappelle p irmi nous
les excureions en yacht, dans celui que notre père nous avait acheté, et dans
lequel notre groom, John Bowthorp, ancien matelot {able-seaman), nous mon-
trait la manœuvre ; ce que nous avons appris bien plus vite que nos thèmes et
nos versions.
Puis les tours à cheval, exercice journalier de notre père, et qu'il tenait
à nous apprendre et à nous savoir bien monter ; la pêche au saumon, au Petit-
8ault, à deux lieues seulement de notre demeure, la pêche au bar dans la
rivière en face.
La chasse aux tourtes dans les hauteurs en arrière ; la chasse aux
outardes, bernaches, canards, sarcelles, corbigeaux, alouettes, à la Pointe de la
Rivière-Ouelle, et dans la Orand'Anse de Sainte-Anne.
Et quels bons repas au retour de ces chasses ! Chacun racontant ses
exploits ou SCS malchances, ou étalant sa gibecière bien remolie.
Puis les promenades aux bains du fleuve ; les dames et les enfants en
grande charrette, les hommes suivant à pied, contant chacun son histoire, ou
semant un bon mot. C'était le cas de dire : plus on est de fols plus on rit.
Et après un bon bain et un exercice de natation, oh. tous les enfants de-
vaient apprendre et apprenaient à nager, on revenait plus frais et plus gais
que jamais.
Ensuite, chaque été, il fallait monter notre théâtre de salon pour la
jeunesse ; commencer les répétitions et quelles scènes I Quels plaisirs dans ces
préparatifs I Enfin jouer sur nos tréteaux !
Quand l'assistance était trop nombreuse, la pièce était jouée dans le
— 196 —
jardin, à la lamière de lanternes chinoises, suspendues de tous cdtés aux branches
des arbres. Quelques-unes des représentations étaient bien réussies. Ma
famme est sotte, — La congrégation du scrupule, eurent un vrai succès.
Les jeunes gens des deux sexes trouvaient \k une bonne école d'élocu-
tion, et l'occasion de vaincre une timidité naturelle à leur âge.
Plus j'y songe sérieusement, et plus je m'aperçois que pour le développe-
ment physique, la culture intellectuelle, et la formation du caractère moral, on
ne pouvait guère créer un milieu plus favorable pour bien élever la jeunesse, et
sans, pour ainsi dire, qu'elle s'en aperçut.
Et disons, sans vanité, que ce milieu a éti^ grandement utile à la jeune
génération qui s'est renouvelée durant une trentaine d'années, dans ce milieu
bienfaisant, et qu'i' a produit d'heureux fruits, chez plusieurs qu'on peut si-
gnaler comme en vue aujourd'hui, et auxquels j'en appelle.
Aussi quelles bonnes causeries instructives et amusantes, l'après-diner,
sous les ormes du jardin, ou, dans les veillera, par un beau soir d'été, sous la
tente du perron, en fumant doucement la pipe !
Hélas quels changements depuis une décade ! La mort a presque tout
fauché. Quand il m'arrive d'aller à la Rivière-Ouellc, ma pi'emière visite est ùe
me rendre au cimetière pour y prier sur la tombe de ceux qui ne sont plus, en
attendant que mes cendres viennent se mêler aux leurs. Je me sens comme une
épave laissée en ariière de quelques jours sur le torrent rapide du Temps.
L'endroit si prospère et si actif que j'ai connu, est aujourd'hui morne et
languissant. Le chemin de fer a enlevé le commerce local, le port est stagnant,
l'endroit mort.
Le vieux manoir, comme ses anciens habitants, a vieilli et pris un air de
vétusté. Il n'a plus pour moi le même aspect, à travers les nuages qui assom-
brissent mes souvenirs et les beaux jours envolés.
Mais revenons à notre sujet dont la folle du logis m'a écarté.
Au décès de Jacques-Nicolas, la seigneurie, comme bien noble, échut à
ses trois frères Pierre, Michel et Olivier ; et ses autres biens furent partagés
entre tous ses héritiers, par sixièmes. Ceci appert par l'inventaire fait en mars
1818, et le partage du 17 février 1819, devant le notaire Planté.
Le contrat de mariage Perrault-Haussman donna lieu à de longs procès
avec sa veuve. La Cour d'Appel l'annuUa, attendu qu'il n'était pas contre-
signé par un second notaire, ou des témoins. La conséquence tourna au profit
de la veuve en ce qu'elle put réclamer un douaire coutumier sur la seigneurie.
Par compromis avec notre grand-père, Pierre Casgrain, qui en avait f tit l'acqui-
sition, il convint de lui payer une rente annuelle et viagère de £225, qui
s'éteignit avec elle eu 1819. Elle mourut le 5 avril de cette année à la Pointe-
aux-Trembles et fut inhumée dans l'église.
Le portrait de Jacques-Nicolas et celui de Murie-Esther Haussman, et
autres portraits de famille mentionnés à l'inventaire de 1812 et à celui de 1818,
— 196 —
sont passés entre les mains de feu madame Brassard, de Nicolet, lour nièce.
Ses représentants me disent ne les plus posséder. (1898),
• «
François-iliic/tci Perrault, un des fils du même Jacquo^^, rfiîiié, b. 16 ocb,
1758, se muria : lo. 9 mai 1785, à Délie. Marie-Angéliqun D iiiiour^, dt^cédée 11
juillet 1801, fille de Michel Damoura Deplaine, écuier, aïK'ieu officier, et de
Marie-Ânne Joncas, de la paroisse de St-Thonms ; s'établit là comme marchand,
puis en (1802) au Cap-Safnt-Ignace, comme instituteur. De ce mariage est née:
Catherine Perrault, qu'il faut remarquer, baptisée à Saint-Thomas, 21
oct. 1787, mariée le 10 juin 181], à la Rivière-Ouelle, (l)à l'honoralile Amable
Dionne, seigneur de La Pocatière et de St-Roch-des-Au!iiets, Conseiller Légis-
latif, né à Kamouraska, 33 nov. 1781, et décédé en son rain)ir do Siiatî-Aiiu.',
le 2 mai 1852 ; elle, est morte et a été inhumée à l'Islet, le 15 janvier 1875. E lo
était, comme on le voit, proche cousine de ma femme, et [adressait taujouis
comme telle.
Ces époux Perrault-Dionne étaient les père et mère de Hortense Dionne,
celle, comme on l'a vu ci-devant, qui fut mariée, en mai 1832, à mon o.icle,
Olivier-Eugène Casgrain, ce qui a formé un autre lien de parenté entre les
Casgrain et les Perrault. {Cf. ALjr. Têtu, : Histoire des Famille'^, etc.)
»
» »
c. Françoise-Luce Perrault, b. 25 janvier 1797, mariée à Qajbec à l'églie
anglicane, 27 mai 1820, à M. David-Thomas-Allen Jones, né, 17 août 1790, dans
le Pembrokeshire, pays de Galles, Angleterre. Il vint en ce pays en 1816. En
arrivant dans l'automne, le vaisseau qui le transportait fit naufrage à l'Isle-aux-
Grue.s, et la .saison étant fort avancée il fut reçu par M. McPhirson, seigneur de
l'endroit, où il passa l'hiver. De là il traversa, au printemps, à Saint-Thom is, vis-
à-vis, où il se fixa comme instituteur, puis ensuite à Lachine, enfin à Saint-Roch-
des-Aulnaie.s. M. Jones mourut à Saint-Roch-des-Aulnaies, le 10 marsl85H;
son épouse, à Québec, le 3 juin 1850.
Ce sont les père et mère de M. Elwin Jones, cit )yen marquait, bien
connu à Québec, président de l'Assurance de Québec, né et baptisé à Saint-
Thomas le 12 mars 1821, et marié le 29 mars 1854, à Délie. Mary Ann Poole,
décédée le 1er janv. 1894, dont les enfants sont : William-Alfred, Angelina Luce-
Amélie, Georgea-Stephen et Flora-Agnes.
Le même François-Michel Perrault, épousa en secondes noces, le 4 mai
1802, Marie Gaudier dit Baland, et mourut au Cap-Saint-Ignace le 23 mars 1840.
Je renvoie à l'ouvrage cité de Mgr. Têtu, pour lo complément de cette
lignée, p. 602.
(1) Elle deiuourait chez son oacle Nicolas Perrault, le seigneur du lieu.
— 197 -
»
* «
Marie-Joneph, une autre fille de Jacrjues Perniult, l'aîné, b. 19 oct. 1759,
ù Trois-Ilivières, fut mariée, 11 avril 17fs7, à l'honorable Louis Brassard Desche-
neaux, et décéda à Montréal, 3 nov. IHIO. Son mari, né 13 février 1759, était
veuf de Dnnie Marie-Geneviève Dumont. Il habitait Québec en 1794, où il
pratiquait comme notaire et avocat distinj^ué. Il occupait une grande résidence,
rue du Palais, bâtie par son père, laquelle subsiste encore. Il vivait sur un assez
grand pied, était seigneur do Livaudière, de Bellechasse, et de Neufville.
Vers 1795 il fut nommé juge à Trois-Rivières où il mourut (1) à la fin de l'année
1802, sans laisser d'enfants de ses deux luariagiis.
Louise-Kose Scholastique, une autre Hlle de Jacques Perrault, l'aîné
fut mariée au colonel Franc/ois Vassal de Mi)ntviel, adju lint-géaéral des
milices, fils du Capt. Vassal, «lu régiment de Béarn, mort à la suite de ses
blessures à l'afl^aire du 28 avril 1760. Elle, décéda avant le 28 mars 1796.
Le Col. Vassal était d'un tempérament vif, impétueux et impatient. Aux
enterrements il y a toujours plus ou moins de retard, et il y en avait pour lors
avant le départ de la nuuson de sa défunte. En lançant un juron contre le
convoi funèbre, il laissa échapper ces mots : " Ils ne remporteront donc point ! "
»
Catherine, h épousa en 1795, René de Labruère, de Boucherville,
et décéda avant 1819.
Celui-ci, par un second mariage, est le grand-père de l'honorable M. de la
Eruère, actuellement Surintendant de Tlnstruction publique.
• *
Pour rendre ces mémoires plus intéressants j'aurais dû les accompa-
gner, comme j'en avais l'intention, des photogravures des nombreux portraits
(le famille (une oinquantainu), dont j'ai pu faire la collection au tnoyon de copies
photographiées.
Mais, en sus du coût de cette collection, celui des plaques et de l'impres-
sion se montait à une dépense qui dépassait mes moyens, en tenant compte do
mes déboursés déjà faits pour mettre au jnur le présent " Mémorial."
Toutefois il sera facile de sup|)!éer à cette lacune, aussitôt que tels des
membres des familles qui s'y intéresseront voudront en commander l'exécution.
(1) D'hyilrophobie, par la morsure d'un desohiens dont il gardait un grand nombre.
On a dit qu'il fut étoutfé entre deux matelas pendant une crise.
— 198 —
Il n'y aura alors qu'à intercaler les portraits dans le volume à l'entlroit
qui se rapporte à chaque personnngo
Quant à leur authenticité les fiimilles actuelles qui les possèlent peuvent
en répondre.
Le plus ancien est celui du premier Perrault, à l'appen lice C, et l'on
pourra juger du soin que j'ai apporté à le véritier.
Ce portrait est venu en la possession do Diine Virginie Pitt, veuve
Brassard, de Nicolet, (St-Cyprien do Wendover) de qui jo l'ai eu. En 1875
elle a demeuré à Québec avec son t}U, employé publie, et c'est chez elle que
j'ai vu ce portrait, dont elle me dit la provenance, ainsi que de ceux de feu
l'honorable Jacques-Nicolas Perran t, .siMijrnenr de la Rivière-Ouello, et de
Thérèse Haussman, son épouse, sœur <le sa mère, lesqieis ornuient sa salle à
('îner. Virginie Pitt était Klle du Notaire Pitt, de la Rivière-Ouolle, qui avait
épousé une demoîielle Haussmun, soîur de la précédente, et devint l'épouse du
Dr. Pantaléon Lrassard, médecin, étihli à la Itivière-Ouelle. —Or, ce Dr Bras-
sard était aussi allié à Jacques-Nicola- Perrault, à cause du mariage de Marie-
Joseph Perrault, sa sœur, avec Pierre-Louis Brassard Deschene.iux, mort juge
aux Trois-Rivières.
A la mort de Thérèse Haussman, Vvc. Perrault, sans enfants, en 1819,
ces portraits furent donnés par son héritière. Ruse Hauwsman, son autre sceur
restée fille, à sa nièce Virginie Pitt, comme étant des portraits de famille des
Perrault, C'est à ma sollicitation que cette dernière consentit à se départir de
l'un d'eux par vente en ma faveur, en lhS5, etelle nutpar écrit ce que ci-dessus,
disant ce portrait être celui de l'ancêtre Perrault.
L'authenticité deces portraits, qui se trouvaient en la possession Jacques-
Nicolas Perrault à sa mort (5 août 1812), comme l'aîné de l'aîné, est constatée, en
dehors de cette preuve orale et écrite de Mme. Brassard, en forme authentique,
comme suit :
lo. Par l'inventaire fait par la veuve Perrault, le 1G nov. 1812, Boisseau,
N. P., où il est mentionné :
" 16 cadres, petits et grands, d(mt l'un est le portrait du dit Honorable
Perrault, l'autre de sa dite Dame; trois autres portraits de la fainillo, et diffé-
rents autres cadres. Mémoire."
2o. La veuve a gardé ces portraits, son mari n'ayant pas laissé d'enfants,
et elle les avait encore G ans après, car, par un subséquent inventaire, (pour
remplacer celui-là déclaré nul), devant Planté, N. P., 2 mars 1818, ils y appa-
raissent encore : " Cinq tableaux de famille entrés et portés seulement coiuine
" mémoire."
Rose Haussman devait naturellement conserver le portrait do sa sieur
dans sa famille pour sa seule nièce, Virginie Pitt. Le portrait du mari et les
autres n'en ont pas été séparés, sauf celui qui m'est parvenu de la sorte, ec. qui
est chez moi avec mes autres portraits de famille. ,
•M Fv
juice
jr
MARIE-GATirKRINE, 16
juillet I73'J.
PHILIPPE, disparu
en mer.
1;
2.
3.
I
4.
s.
0.
7.
8.
9.
10.
jl^^ Charles ; - Luoe, S. - Mario ; _ Alphonse ; _
is!
14.
mse i-Th.i;iiiis Chase, m. Marie-L.iui.we LeMoine •_
X ',:/, '"."'■'•' ''\f>«>l<*. •Sti-et, Vvo. Dougali.
•Il, m. hiU C(,.)k ; Khza, S. |S(i;j ; EsUior, Dame E
^..tu.no, U. E. ; Alf.e.l, „.. D.,lk.. A.lole Bisson, «.
Hiiyiiioiicl, Eliza, D.ue. Bemichamp, S. I.S'.t7 ; Odile
- ! ' '
HMiatour, et décédée, mai H ;_>: issu : Oscar, lieut.-
IS'.tS.
lyke .-Mariori, S. lOdéo. I.ss;t ; Oeorge et Victoire.
î.'d ù Ottawi, -21 août \mi laissant 2 fils et 0 filles.
fe'atio;i d.! N. D. M.jntr.'al, 1874.
!0t ; - (Jeorg.M. PrtHio. S. ; _ .Iules, .S. ; ,,1. Délie.
igiMiie, .S. ; _ Edin )iid, m irié, Dello. (Jodreau ; _
CASGRAIN,
François Cassegiahi, J
FRANÇOIS, son lils, marié là, lO avril 1712, à'CATIlERINK LEO
i
JEAN-FRANÇOIS, 31 iléc. l"l('), passé an Canada 174cH, marié à Québec : l' à Gene-
viève Duchcsne, 15 juin 1750 ; fias iTonfants. '2- à Mar^uorito Gazoau,
née 1733, tlont issus :
JKAN, 17 févrior
I71<.».
CLAUDE, I!
1721.
1. JOSEPFITE, h. oct. 17t'.l). S. lOaoùt 17tJS.
2. MARQUE UITP:, "été 17f.7. " 17 •' 1S34, à la l{. U.
3. JEAN, " 1 avril 17HS, " 14 " 170S.
4. LOUIS J.-BAPTISTE 1). It) mai 17C.'.(, S. 15 sept, l.'<,JS ; marié à. ..
5. JEAN,
0. riERRE.
7. MARGUERITE,
8. MARIE-ANNE,
9. FRANÇOIS,
10. NICOLAS,
11, CATHERINE,
12. MARIE JULIE,
13, IGNACE,
14! FrVnÇ-i'rÉDÉRIC," 2im)û't 17S;;,
b. 10 juin 1770, S. jpune.
" lO' " 1771, " 17 nov. IS2S ; maiié
•' juil. 1772, " 2.*< nov. 1773, à St-Aiigustin.
" 1 t'év. 1774, "à 22 ans.
" 1 mars 177.5," IS février I77(i.
" 24 Juin I77t'), " jeune.
" 15fév. 177.S, " 15 janvier I7st',.
» 2,'< Il ars 1779" jeune.
" l'.Ijui'- l'^O,' "
l- Délie ASIIRY : issues : Marie et lloiioriette.
2° " MARIE-SANSSOUCY ; issus : Kdo lanl, Pierre
a" " JOSEPIITE VALLIÈRËS : pas. l'entants.
à MARIF;-MARGUER1TE R(»NENFAXT, issus :
1. MARIE-MARGUERITE, b. 7 nov, I7',)3 : S. jour
2. PIEUREJEAN, "13,juin 17'.t5 ; " "
3. PIERRE-FRANÇOIS, " 12 aoiU 17%;" "
" If sept. 17'J7, " 26 av
4. PIERRE-THOMAS,
5. .SOPHIE,
« 30 avril 1700 ; Dame ]
6. CHARLES EUSftHE, b. 2S déc. lSO(t ; marié à Elizi
Anne Bâby
7. LUGE, b, 5 oct, 1802; Dame J
H. JU.STINE, " !".' avril 1S04 ; Dame <
y." LÉOCADIE, "17 août 1S05, S. jeun
10. OLlVIER-TllftoDORE. " 2'.i juin 1.S07, " "
11. CATHERINE JOSÉPHINE, b. I2f.v. 180'.).
12. OLIVIER-EUGENE, b. 8 mars 1812
Us. MARIE-ADELINK, " 2 oct. ISI,"), .S. jeune.
, LIGNÉE EN CANADA.
JG50, d'Airvaiilt, Poitou^ France
CONTE, fille de Jean et de Marie Poulet, de bt-Jouin, dont sont issus en France
19 août
MARIE CATHERINE, 2 nov.
1724.
RENft, 20 juillet
172(1.
JEANNE, 30 mars
1731.
MARIECATIIERINE, 16
juillet 1739.
PHILIPPE, disparu
en iiior.
ro, Isaac, Jii>litli, E.iiilio, Joseï)!), CésiU'ie, Monique et Tiuiotliéc.
avril lHf)3 ; marié à.... ( Délie Emilie Lacoiube, S. 2S avril 1S74 ; issus : Flavie ; — François, S. _ Cluirlos : - Luoe, S.
l Virginie, S ; - Nazaire, S ; — Flore, S ; - Emma.
o Lctellier de Saint-.Iust, 5 juillet 1814 ; — puis Dme. Bélanger.
1. CIIARliESEUSÈBE, sénateur.
Marie ; — Alph<)ti8e ; —
3. EMZABETII-MAlilE, b. 24 août 1828, Sr. Ste Justine. T^ d i . <i«n7 n,iiu
4. AU(}USTE-EU(il';.\'E, " (> avril 1830, ninrié à Délie. Odile Biais, S : - Louis, Hiiymon.l, Lliza, D.ne. Beauchatup, .s. 1897 , UUUe,
.. . ,, 1 Daaie E. Boiviii ; Augustine, Daine Wai. 'l'i^eiublay.
lizahoui- j II KN' H Y- RAY MO NI), b. lil déc '831, Piétre.llistorien. ..j, • ,, r .
<^ Z SU.'^ANNE-AKCIIANtiE, " 8 sept. 1833, mariée à L'iion. Sir C.-A.-P. Pelletier, «énatour, et deoedee. mai H >: issu : Oscar, lieut.
\ ' Col. : C. D. M ; marié à Dolle. Alioe Archer. ....
'- ...r.^ b. 31 juil. 1835, Sœur Bâby, (S<eHr 6'jv>) S 3 février 189>. .,,. ,„> .. . -ir- . •
'• a avril 18:57, marié, 17 nov. 1804, à Délie. Mary Vandyke :-Marion, S. K) dec. 1889 ; George et \ ictoire.
" 4 t'év. 1839. Prêtre.
" 27 avril -1842 : m. à Dolle Catherine Maclonnell, dé.; -d à Ottaw.i, 2» août 1893, laissant 2 KIs et G filles.
" 21 juil. 1844, Daine Prime LeMoine ilo M uti^uy.
\ix MARÎË-LOITISHADÎ'.LE,' " 27 mai 184(1. S. 21 mars 1847. ,..,.,,,. ,. , v n u,nn..ul 1874
m4 .MAUlEAMftLlE " 29 oct. 1847, Sr. Ste-Marguerite, ilco d-'o a la Con^'r gatio:i île >. l>. .Monti 'ai, ism.
a .T lige Philippe Panet, 14. juillet 1818.
rt Ch's.Butler Maguiro, puis Dme. Pierre Boaubien.
une.
.. .IULIE VIK(ÎIX1E.
8. WILLIAM TIlfiollALD,
9. HENÉEDOl'AHl),
'l(l. .lOSEl'IIALFRED,
11. IIEUMKNÉOILDE,
12. MAKIEANNEIWSALIE,
22 mai 1832. .1 Délie. Ilortense Dionno ; issus : Eugène, S. , m. Délie ro'li.t ; - (î.wg.M Prêtre S. ; - .Iiil^es S ; „^^^^
Miehaùd ;-Arthur, S. ;_IIormiue, S. ; -lo.éphine, .S. Dame Dr. L.voie ; _ E .géme, S. : - Wm.ml, mine, Délie, f.odreau , _
Adolphe, S. : - Adolphe-Marie, S, ; — Marie, S. ; _ (tuitave, S. ; - L;(>iu;e, S
21. Il
22. virt
1. AdÎ
2. OaI
•S. Fk,
4. Ma
■«>. Ma
fi. On
illes mortes en bas âge.
7. Ja(
8. Ch
9. Jos
10. Mo
11. Ma
12. Joa
^aWMHOBHB
mil IIWI llllllilPIl
wmmm
it«fisaiBMii»i3»ai,iaE5i»aa!a55g. '.
ARBRE GÉNÉALOGIQUE
Chef: JEHAN BABIE, seigneur de Ranmlle^ né vers 1590, de Montrelc
son épouse^ d'où :
JACQUES (1er) Bahie de Banville^ né en France^ 163'^ ; passé au Canadc
1670, à Délie, JE H ANNE DANDONNEAU du SABLÉ ; b, là, 29
MARIE-.IEANNE, b. ItiTl.i JACQUES H, b. 1673,! LOUIS, b. 1674,:
m. lo. à Paul-Louis Diizuiaril à TroisKivièies ; m. là,| i
de Lusignan, 5 lévrier J(j8'.l, r 4 février 170'.', à Maile- vivait décembre
Champlaiii ; leine Véron de Grand-j
2'' à Claude Pauperet, négt. iiiesnil, b. 21 déc. 1684,1703.
lafév. 17(J0: S. à CJucbec, 4 et s là, '.t déc. 176();luii
janvier 1703. :S. là, 10 juin 1724. 1
MARIE, PIERRE, Sivlu PERRON,! ANTOINE, b. 14
;l). I()7l5, m. à Mniie-Anne uiars 1679, S. à
1675. 'Crevier -de .'^t rruuçois, Chaniplain, 1,5 août
I à St • François - du • Lac, 1683.
13 lévrier 17(»S. et .S. à,
Chaniplaiii,S mai 174>';elle,|
b. A Sorel, 2.') juillet 1686. i
Le dernier des Lusignan est
passé en France après la
conquête.
1. .losRi'ii, b. 18 nov. 17(»9, S. 4 di'c. 1709, à CUamplain.
2. Marik-Ansk, h. là, 20 oct 1710 ; mariée à TroisRivières, 13 janvier 1733, à
I/ïuis Lefebvre dit Belleisle, chirurgien, S. 22 oct. 1733.
3. Jacquks-.Ioskph, b. 13 mai 1713, S. là, 24 déc. 1733
VÉKONKiUE, b. là, 7 sept. 1716 ; m. là, ((Jhauiplain), 8 janvier 174'*, à An.lré 3
("orbin.
Marik-.Ikansk, b. lA, 18 mai 1719
.losKPHTK, b , élève imx '^iiiijgg Trois Rivières, avec Véronique.
Ir'; 'in. là, 22 avril I74-(, à Thérèse Véron de
7. l'iKUKK, 1). 3Riv., 2 août
(iniiidijitssnil. H vjjjft en 1777. Inventaire, rerraull,ramé,ae\n. Ull.
8. Jacijuks I"»'*-- ,,i„ 5 février 1750, à Angélique Crevier-DesChenaux, , 8
àSt-Franço=,j[j',''^^. ç^ là, 11 mar.^ 17ôt) : 6 enfants. .Sa veuve épouse,
16mai 17^^ ,^^ Joseph Pinard, chirurgien.
Toute cette lignée mâle est éteinte.
. Marik-Asnb Antoinette, b. St François du-Lac, 12 déc. 17
Montréal, 23 juin 17'JU (Mau'.-ielle Manette).
. Jkamnk-Ei.izabetii, b 3|p9irs 1711 ; m. 1° à Louis Cartie
2° à Jean^iîetii.'','., in février 1759.
•.rjftRK, b S. iljix 3 Riv., dit à 22 ans, en 1733.
,10^iBPH, b. 4 <léc. 1713 jj
Marie-Gkskvièvk, b. 30j4vi 1715 ; S. 14 juillet 1715.
Anonymk, b. et S. 13 juinSl! .'16.
JosKi'H, b. 6 mars 1719 ; ^ 21 sept. 174.'), à Marguerite
Montréal, 30 oct. 173tV
MaroubritkAnnb, b 1 , m : 1° 27 juin 1743, à .leai
dit Labonté, décédé à Kahokia, 22 oct. 1711 ; 2 ' à Aie
février 1754 ; 3° à Miclel Laforêt, 16 oct. 1755.
Toute cette lignée mile éteinte.
MARIE - THÉRÈSE, b. 18 MARIE-LOUIhE,
mars 1722; m. 15 janvier 1742,;b. 6 octobre 1723,
à Claude Benoît, b. 2 avril sépulture, 4 mars
1712, S. 21 juin 17.5'J, chirur- 1733.
Bien nmjor des troupes ; fils de
Joseph, uiédecin pour le Roy,
dans les mêuies troupes, en
famisonà Montré»l,né H)72,de
^ourière», (lâtinois, diocèse de
Sens; S 17 nov. 1742, à Mont-
réal, et do Anne Bastion dit
Berthier. Marie-Thérèse, S. la,
27 déc. 1792.
RAYMOND II, b. 3 mars 1725.
Pas d'is.«ue.
JEAN - BAPTIS-
TE, b. 31 août 1726.
Pas d'issue.
LOUI.S, baptisé 22 septembre; M
1727 : nmrié 24 juillet 1758, à 22 o
Louise DcCouagne, b. 1736, fille|l75C
de JeanlUe, cap. d'infanterie, et arrit
de Dame Marguerite I.«neufdeMat
Falaise, de LouisLourg. Louise, se d
S. à l'IIdpital Qén. Montréal, 19
mai 1802.
(a) Louise-Thérèse, b. 1 juillet
1760 ; S. I2a(.ût ilo.
ib) Ijouis, b. 23 nov. 1761, reve-
nu à Montréal 1803, mort aux
Isles.
(c) Uuise, b. 6 août 1763,8.
: DES BÂBY DU CANADA.
/on, évêché dAgen, dam la Guienne, en France^ et ISABEAU ROBIN,
da, 1665 ; S. à Champlain, 28 juillet 1688; marié à Trois-Rimeres, Ijuin
19 juillet 1655 ; S. à Québec, 20 juillet 1703, d'où :
10
11
12
. 14
. à
oût
FRANÇOISE, bJ MARIE -MADE-
14 mars 1681, S. à LEINE, b. 20 nov.
Chaniplain, 10 fév. 16H3, m. 30 avril
1684. 11708, à J.-Baptiste
iRoné Crevier • De?-
jChenaux, b. 13 sop-
Iteiubre 1679.
MARIE • ANNE,
b. 9 juillet, 1686,111.
17 1 l,à Jean-Martin,
dont Denis-Frs., b.
23 janvier 1713,
Repentigny.
JEAN-FRANÇOIS,
b. 22 nov. 1682.
FRANÇOIS-ETIEN-
NE, Sr.Chenneville, b.
5 août 1687 ; marié à
Marguerite Crevier-j
de la Meslé, St-Frau-
çois-du-Lac, 1712, b.
1683 et S. avant 1742;
lui S. à Montréal, 1er
septembre 1767.
RAYMOND, posthume, b.
16 décembre 1688 ; m. 9 juin
1721, à Thérèse le Comte
Dupré et S. à Montréal, 14
mars 1737 ; elle S. à Trois-
Rivières, à 91 ans, vers mai
1790.
Le seul dont la lignée
du nom exiflte maintenant.
"•^r
1708, sépulture à
•tier, 28 oct. 1748 ;
J3.
rite Adhémar, b. à
ean-Bte Couturier
Alexis Langlois, 25
FRANçoiâ-XAViBR, b. 19 nov. 1713 ; S. 1 juin 1715.
.rosEPH-AL'ousTiN Baby-Chknneville, b. 13 sept. 1715 , marié au fort St-Louis de
Niagara, 10 mai 1742, à Marjfuerite Ang-jlique Rocbert do IjaMorandière (§uat8en),
et S. à Montréal, 26 février 176S.
Jëax-Maroubrcti;, b. 13 mars 1717. Lignée, après lesdécèsdes onfant.s suivants de
.Io»ei)h, coiiipièteiiient éteinte dans les mâles.
MARiK-AKOÉLKiUK, 1). 21 Sept. 1745, m. 7 janvier 1766, à Louis Chaboiller, négociant,
do Montréal.
Catukrink, b 1747, m. là, 14 février 1763,à Chrystophe .Sanguinot.
JraN-MaRIR CHKNN'bVILI.E b. 4 sopt. 1749.
Ci.AUDK-JosEPH, b. 18 juillet 17.50, .S. 16 août 1750.
KiMON-CiiRNNKViu.K, b 2 mai 1751, S. 4.
Marik-Annk, b. 17 avril 1752, S. 16 juillet 1752.
Marie CiiARi.oTTK, b. 30 mars 1753, S. 26 nov. 1743.
Marguerite, b. 18 juillet 1754.
Jaccjues-Joskph, b. 9 sept. 1756, S. 19.
Marie-.Jo3Epht8 Baby Chennbviixb, b.. épouse de Louis Oordian D'Ail-
lebout, >Sr. de Cuisy, veuf de Madeleine de Joncaire et décédé 1772.
10
11
MARIE • JOSEPH, b.' MARIE - ANNE,
ri oct. 1728, m. 3 août b. 8 déc. 1729; m.
750, à Ijouis Perrault,'23 avril 1755,àJean-
.rrière-grand'mère de Baptiste Boucher
ilatilde Perrault, épou-
e de P. B. Casgrain.
de Niverville.
JACQUES IV du
PERRON, b. à Mont-
réal, 4 janvier 1731 ; m.
à Détroit, 23 novembre
I760,à Susanne Hubert-
Lacroix Réaume, & S.
là, 2 août 1789.
I I ANTOINE, b. 15
URSULE, b. 10 FRANÇOIS, b. 4 déo.'février 1735, sépultu-
févrierl732; Ursu- 1733; marié 27 février 1786 re à Montréal, 16 déc.
Une, Sto - Thérèse- à Marie- Anne Tarieu de
de-Jésus, S. à Qué-
bec, 14rov. 1806.
Lanaudière ; S. 9 octobre
1820; conseiller législatif
et exécutif, adjudant gé
néral des milices, àc.
1764 : non marié.
t'dM ri e r ffB I^JWITH (IS
Sens ; S 1" nov. ITI-'.A Mont-,
réai, («t tie Anne Bastion dit
Berthier. Mario Thérèie, S. In,
27 Uéc. IT«2.
(u) l,oiii»e l'IiriVHe, 11. 1 jiiillot
ITCil) ; S. Ili :iMiiI .In. j
(6) liOiiis, I). 2A nov. 17l)l, rove-
nu à Montifiil IS03, mort aux
IslflB.
(e) Louiiie, l>. 6 uoût 1763, S.I
19 do. '
(d) Marie- IjonivA, Itaptiaéo 31
août 1705.
(e) rrançoioXnvii'r, 1). 17 juin
1771, S. 30 liée. do.
Lignée éteinte i-n Canada.
BeiBons, né» i la baie de Niaouenré, 10 juillet 1761,
et un mort.
Jacques, b. Montréal, 18 juil. 1761, S. 10 août 1761.
3. ScsANNB, b. I2juil. 1762, 8. 26 mai 1765.
4. Jac<juk8, " 25 août 1763, " 19 fév. 1833.
:i
5.
Albxis,
" 24 sept.
1764, " mort jeune.
6.
Thomas,
<« 22 déc.
1765, "
7.
SUSANNB,
" 24 nov.
1766, " nov. 1HI2.
8.
TaÉKÈSR,
" do "
1767, " 27 mars 1839.
1. ElizabbthAnnb, b. 18 nov. 1803, S. 1 février 1890, mariée Chi.E. Caigrain, 26 oct. 1824
( Eiiza-Mar
2. Jahis, b. 13 février 1805, S. marié 25 nov. 1834, il C. E. Maonauiiira ; issus : i William,
1 fils,
( 1° .Iniia HandD, S. 19 sept. 1843.
3. Charles, b. 21 déc. 1806, S. 13 nov. 1871, m.i 2» Kosalie Panot, .S. avril 1847.
( 3° Mury McOuekin, 30 juin 1848, issus : 1
4. Raymond, b. 26 mai 1808, noyé 1843, non marié.
5. Edward, b. 24 décembre 1809, S. 8 août 1892, non marié.
6. WiLLiAH Lbwis, b. 30 avril 1812, S. 9 nov. 1897, m (3èuiea nocos) à Eliza Chapman, issu
9. François,
7 déc. 1768, " 24 nov. 1856.
,11. Eliza, madame liacroiz.
10. J.-Baptistb, " 10 janv. 1770, " vers 1856, marié à Ann Hands, 5 mai 1817, issus :
marié à France» Abbott, 9 septembre 1795, sépulture 1838 ; issus :
, „ i • loiiQ ( Francis (Coumiotlorej Bâby.S. 19 mars 1888, à New York,
1. François, noyé, mat 1828. [ Edmund,_WiIliau>, .le Chatlia.n.
2. Edmcnd,
3. Jambs, Henry, Chicago.
4. Thaddéb,
5. Raymond, Raymond, Sarnia.
6. Henry,
7. A i.prrd, George.
8. Sdsannb, m. James Dougall.
9. Annr, 1ère femme de William L. B&by.
10. Emily, m. Dame Dewson.
William, shérif, m. Deilt>. Christina Wilson, issus
James, mort en Australie, non marié.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
21.
Théotistb, " 24 "
Catiierinb, " 10 fév.
Pirrrb, " 4 mars
Archange, *' 25 mai
1771, " vers 1782.
1772, " jeuno.
1773, " 11 juillet 1773.
1774, " 23 février 1850.
J.Bte. .IJ
marié
Hamilt
Peter- Tame!>, mort du choléra, à Québec, 1832.
Franc •, S. sans enfants.
Antoine, b. 19 juin 1775, S. 2 sept. 1775.
Pierre, b. 19 août 1776, S. vers 1811, marié en Ecosse à Délie. Pringle, issus éteinte.
MoNiQVK, b. 1777, S. en Angleterre.
Panifl, b. 2i» déc. 1778, S do, août 1858. DanjblAntoinb, b. 1826 ; Colonel en retraite, : Bordean, Leytonstone, Sussex, Anglet(
Antoine DU Perron, b. 1779, S. à Tours 1850, major » » ©
en retraite.
Ix>uis, h. 1782, S. I8le Bourbon, tué en duel, 1812.
Il en serait nés deux autres pour faire les
vingt-deux, nombre total.
1. Adéi.aiuk-Jeanne- Françoise,
2. Catiikuink-Antoine,
3. Fkançols Loi'is-Charles,
4. Mak<!i:kritk-<)i.iviku (Toto)
5. Mari u-Annk-Josephtk- Agathe,
6. Chaki.k.s-FkançoisXavier,
7. Jacqies Raymond,
8. Chari.ks,
9. Joseputk-Thérèse,
10. Mosi<jikUr.sule,
11. Marie-Charlotte
12. JOSEPH-Loi'l^,
b. 2 oct. 1787, S. 29 août 1810.
" 22 sept. 1788, " 17 avril 1841, morte fille.
" 23 août 1789, « 7 sept. 1789 à Ste Foy,
" 8 mai 1791. " 3 marsàMontréal, d. à N.-Y. 27 fév. 1861, DmeSelby.
" 20 " 1793, morte fille, 1854. ' '
" 19 juin 1794, S. 6 août 1864, marié à. Délie. Clotilde Pinsonnault,
sœur de l'évêque de London, Ont., conseiller législatif.
" 17 déc. 1795, .«. marié à Délie Mouet de Moras, le
" 25 janv. 1798, mort ecclésiastique.
"31 " 1799, S. 14janv. 1864, morte fille.
" 25 avril 1801, " 19 sept. 1838, Dme. AinsUe Young.
" 25 juin 1802.
" 16 " 1805, " 28 janv. 1870, marié 22 août 1831, à Dlle Caroline Quy.
Michel-Guillaume (Francis), b. 15 sep
Ai.iOB, Lady Caron (Adolphe-Philippe)
1. Louis-François-Georjb-, 1
2. Marib-Anne-JohbphtkCarolinb, '
3. Marib-Jessé-Emma,
4. Jo.seph-Henri,
5. HOBAOB,
6. Marie-Cordélia,
7. Viotoria-Charlottp,
8. MARIB-IiOUiaE,
9. Charlbs-Alfrbo, '
10. Marib-âdixb,
11. Mabib-Viboinir,
12. MARIB-GiolLS, •
13. Pibrrb-Alprbd,
. 14. Jaoquis-Josbph, '
i.^i' 1 licicse, II, 1 juillet
lli .l'ait .1(1.
is, \).2.i nov. 1761, rêve-
iilri'ul |S(JJ, mort aux
lUe, b. t) iv>ût 1763, S.
riefiOiiiso, haptiiéo 31
içois-X.iTicr, I). 17 juin
) liée. (lo.
éteiiiie i-ii Cutiada.
mmmmmmfnm
mm
iriée Chi.E. Caigrain, 26 oct. 1H24.
S. Maoiia:uiira ; issus
a Hands, S. 19iept. 1843.
alio Panot, S. avril 1847.
y Mca.eki„, 30 juin 184H, U.us : Mary, Da.e McKee. Eli., Da.ne A,ki„, et Charles, .«arié à Dlle. Madeleine Wat.on.
rié.
..«« noces) à Eliw Chapu.an, issu : William, Détroit, u.arié à Délie. Julia Beatty : b. une fille.
4 ; iiisiia :
imtâr """■' ^^^^' * ^'*''»' York, E..U. , et Albert, St-Louis, Mi...
l/'hristina Wilson, issus :
non luarié.
■^«Irié?ï^^;;ïi;^'\>îïî^'1;i^^'^;;;:;:':' -- de rr„té..ieur , à laissé enfants, dont un
Haaùlton , w'/.lie, Winniregj'^^lnieTte'D^Qua;;;!^^^^^^^ plusieurs enfants, à
choléra, à Québec, 1832.
ts.
lean, Uytonstone, Sussex, Angleterre : Un fils unique, George, E. A., S. 9,nai
1889, à 27 ans.
h. 26 août 1832, Juge Baby. m. à Délie. Berthelet.
7nov. IS.'53, S. 2(»août 1834.
" 8déc. 1S31,
2 tilles mortes en bas âge.
Louis- Frakçois-Gïor JE-,
MARIB-ANNB-JoilBPHTK-CAROUNB,
Marib-Jbssé-Emha,
JoSBPH-IJEyRI,
HORAOR,
Vf ARIB CORDÉLIA,
V^iotoria-Charlottp,
^ARIB-LoUiaG,
^aARLBS-ÀLFRIO,
tfARIB-ÂDIXB,
Kakib-Viboinib,
liARIB-CioibB,
ftBRRB-ALrRBD,
UOQUBS-JOSBPH,
6fév. 1846.
' 26 fév. 1836, '< 23 juil. 1836.
" U juiL iSV îî'-- ^^"'.'? »*'>-«'•' 5 fil»-
" 21 mai 1840,
" 7 sept. 1841,
" 9janv. 1843, .S. 15 fév. 1841."
" 20 juil. 1844, " 9déc. 184).
" 15 mars 1846, " 27 juil. 1846.
" 24 " 1847.
« 29 août 1848.
" 5 juin 1851.
Ste-Carohne, Congrégation N.-D. Montréal.
nte-Marguerite-Marie " «
Dme. Vve de Salaberrv.
\
V
■dk»'.'
\
Chef, 16 v^irH 1650, et tl«3cédé en France avant 1715 ;
do Carcy, dont :
1. KHANÇ
2. ,}.\aiv
;5. josEP
4. SUSAN
5. LOUIS-
6. MARIE
7. MARIE,
8. OUILL
issiie,
ite-Monique, b. 19 mars,
8. 1 février,
'.B, Casgrain, b. 28 tlécembre, 1831.
9. JE A NI
10. MARIE
11. JEANI
12. MARGl
b. (j janvier,
8. 7 février,
b. 5 février.
1804.
1852, dont :
1829.
1830.
1892.
b. 25 août,
s. 18 avril,
b. 28 mai,
b. 29 juin,
8. on bas âge.
i«;u.
1835.
1836.
1838.
IStif).
1877, Dame Chs. Pacnud.
1850.
i-Albert Bonder, d'où :
I, marié I0 8ept. 1S44, à Marie-Sophie-Matilde Taché, d'oii :
larie.
1820, S. 5 octobre 1872, marié nov. 1841, à Dame M.- A. Jane
b. 20 nov. 1842, Dame Vve. Jules Taché.
" 30 juillet 1844, marié, 12 oct. 1868.
,30 juin 1846, S. 18 déc. 1854.
184H.
1H49.
1851, S. 10 oct.
1854, S. 4 juil.
18.56, S. 18 fév.
1857, m. 27 août 1895.
1758.
1860.
1862, S. 26 iui!. 1862.
1863, S. 23 fôv. 1865.
5 mai 1878 ; Dame Eugène Taché, 8ans enfant."
ontmagiiy.
le Martigny, d'où :
; Dr Bonjaiiiin (îlobensky.
lier.
etto.
•liOuise Perrault, cousine. 2'' à Délie Qlobensky. S*^ à Delle
" 20 fév.
" 2(» fév.
" 29 sept.
" 24 août
" 4 fév.
" 3 janv.
" 3 oct.
KAiv, •' 30 oct.
,AX, " 20 avril
" 5 mars
?*.
Istati do Martigny.
d'où : Charlotte, S. Vve. de Pritno Leinoino de Martigny.
le, et .MarioLouiso, 1ère feiune d'Adhélard do Martigny.
lodlif Olivn. m. 2^ au Dr François Portier, d'où : Olympe, Vve.
8, Vve. d'Achille Fortior, et Caroline, fille.
Lignée cil Caiiailii des aiioôtie» et descendants de JoSK
Chef, 1650, JACQUKS-FRANÇOIP, maître cliinirgien, de la paroisse Saint-Jacques, en la ville de Cosne-snr-Lo
marié il Margneriie Caché, dont : FRANÇOIS, marchand fdrain, né en France ; marié à Ç
I. FUANÇOISANTOINE,
•>. JACQUES, l'aîné,
3. JCSEPII-FIlANÇOIS,
4. SUSANNEJOSEPIT,
5. LOUIS-FRANÇOIS,
6. MA RIE-SUS AN NE,
7. MARIE-ANGÉLIQUE,
8. OUILLAUME-MICIIEL,
9. JEAN-BAPTISTE,
10. MARIE-AGATHE,
II. JEAN-BAPTISTE,
b. 23ontiibro 1710.
B. OU l>:ilàge.
b. 2 juin 171S.
a. 21 umra 1775.
b 18 septembre 1710.
8. I niin'â 1774.
b. 30 septembre 1720.
h. Ifl novembre 1721. -
8. 1782. ]
h. 25 janvier 1723.
8. 18 février 1723.
inurié il Murie-Joseplt Biibie, 3 août 1750, dont :
1. MARIE. TOSEPIl-LOUISE, b. 24 .juillet, 1751.
t. aux Illinoin.
iimrié à Montréal, 7 Janvier 1783, A Ui
1. JOSEPH FRANÇOIS-XAVIER,
2. NICOLAS-LOUIS,
3. JOSEPH-FRANÇOIS,
4. THÉRÈSE,
.5. JOSEPlIMICHEf.,
b. 14 uiiii
B. après
172J.
1795.
b. 23 février 1720.
F. 12 juin 17W.
b. 3 juillet 1727.
8. avant 1730.
b. 0 avril
s. 3 mai
1729.
1733.
b. 2 .juillet 17.30.
8. après 1798.
1). f) juillet, 1752,
g. au.\ IllinoiM.
b. 2 juin, 1753. J
N. 4 avril, 1S44. S
b. 25 8optoinlire 1754.
i>. 12 oi'tolire, 17')4.
b. 19 août, 1755.
8. en bas âge.
2. Makie Uk.sci.e, Dme. BirouANAN,
6. FRANÇOI.SESUSANNE, b. 14 mai, 175r..
s. aux Illinois, I7yil.
7. MARIE-ANTOINETTE,
8. LOUISE,
9. MICHEL-NICOLAS,
10. FRANÇOIS,
b. 14 mai, I75('(.
s. 26 juillet, I75t).
•i 10 mai, 1757.
s. 28 mai, 1757.
b. 18 mai, 1758.
b 8 mai, 1759.
s. avant 1772.
12. MARGUERITESU.SANNE, b. 31 octobre 1731.
8. 4 février 1805.
11. FRANÇOISE CHARLOTTE b. 18. juin, 17()0.
8. aux Illinoix.
12. JEANBAPTI.STE,
b. 25 décembre, I7()l.
s. aux Iles.
3. THÉRÈSE,
4. JEAN-BAPTISTE-RICHARD,
5. MARIEELÉONORE,
6. CHARLES NORBERT,
7. URSULE-CHARLOTTE,
8. ANGÉLIQUE-OLYMPE,
9. FRANÇOIS,
10. LOUIS-RICHARD,
p«N»xcx e.
R A U L T .
1 et descendants de Joseph-Fkançois Pkfhault.
ville de Cosne-8ur-Loire, diocèse d'Auxerre, en Bourgogne ; né vers 1650, et décédé en France avant 1716 ;
lé en France ; marié à Qnébiic, 22 noveinlire 1715, à Suaanne Page de Carcy, dont :
A Montréal, TJanvior 1783, A Ursule MoCiirthy, dont :
SEP» FRANÇOIS-XAVIEU, b. I(» fôvrior, 1784.
H. 20 déooaibre, ISfji.
iitiK Uiwci,E, Dme. Bithanan, b. 4 août, 1785.
s. 28 iléooiiibi'o, 18011.
I
uiarlé à Marie-Esther Lussier,
1. Appoline Enthev, Daino Massiie,
b. 0 janvier,
8. 7 février,
b. 5 février,
1804.
18.52, dont :
1829.
2. Josephte-Ursulo, Sœur.Sainte-JIonique, b. 19 mars, 1830.
8. 1 février, 1892.
3 Charlotte Matilde, Duiue P. B. Casgrain, b. 28 décembre, 1831.
4. Reine-RosineLouise,
!} Joseph-Xavier,
6. Victoria-Philoinène,
b. 25 août,
s. 18 avril.
18.(4.
1835.
b. 28 mai.
1830.
b. 29 juin,
8. en bas âge.
1838.
ÉRftSE,
ANBAPTI.STERICIIARD,
RIEELÉONORE,
ARLES NORBERT,
SUr.ECIlARLOTTE,
OÉLIQUEOLY.MPE,
ANÇ(.»IS,
IJIS-RICHARD,
b.! Ornai, 1788.
8. l.J octobre, 1840.
mariée, 23 janvier 1816, à Louis-Albert Bender, d'où ;
(a). Albert, b. 25 février 1817, marié 10 sept. 1844, à Marie-Sophie-Matilde Taché, d'où î
Albert, Eugène et Marie.
(6). Louis-Prosper, b. 3 oct. 1H20, S. 5 octobre 1872, marié nov. 1841, à Dame M.-A. Jano
McMillnn, d'où :
b. 2 septembre, 1780.
s. en bas âge.
b. 8 (léoonibre, 1791 .
8. y décembre, 1858.
1.
2.
3.
4.
5.
M.-A.-.Iane,
LouisProsfkr,
Eléon'oiib,
At.llERT,
Hkniu,
6. AuitÊLK,
7. Soi'UIE-TlIÉKiîSK,
8. ELÉOyORE-ElJGKNIK,
9. Alfred- H.-FRÉnÉRio,
10. Euoêxe-Ed.-Xapoi.éo.v,
11. Phimim'e-Erne.st Casiiuaix, •' 30 oct.
12. .riiLEs-AKTnuivMcMii.i.AX, " 2'1 avril
13. Mary-Thkrèse, " 5 mars
b. 20 nov. 1842, Dame Vve. Jules Taché.
" 30 juillet 1844, marié, 12 oct. 1808.
"■30 juin 1840, S. 18 déo. 1854.
1848.
1849.
1851, S. 10 oct.
1854, S. 4 juil.
1850,8. 18'fév.
1857, m. 27 août 1895.
1758.
1860.
1862, S. "Ofuil. 1862.
1863, S. 23 fév. 1805.
«' 20 fév.
" 20 fév.
" 29 sept.
" 24 août
" 4 fév.
'< 3 janv.
" 3 oct.
1806.
1877, DameChs. Paoaud.
18.56.
2° à Délie Qlobensky. 3^ à, Délie
b.
s.
17 avril,
10 juin,
1793
1832
b.
s.
7 mars,
en bas âge.
1791
b.
s.
14 juillet,
8 mars.
1795
1845
b.
s.
7 avril.
1799.
b
s.
10 .'ivril,
en bas âge.
1800
(c). Eléonore, née 1822 ; S. là mai 1878 ; Damo Eugène Taché, sons enfants,
(d). Thérèse, morte fille, à Montmagny.
n:ariée 1° à Jacques Lelloine de Martigny, d'où :
(a). Marie-Eléonore. .S. m. ai Dr Bonjauiin Globensky.
(6). .Tacques, S. m. Délie Rolier.
(c) Charles, m. Délie. Laviolette.
(d). A'.Uiélard, m. 1" à Marie-Louise Perrault, cousine.
Malvina <le Martigny.
(e). Hugues.
if). Marie-Louise, m. Dr Adelstan do Martigny.
mariée 2 ' à Aimé Massiie.
marié à Charlotte Desbarats, d'où: Charlotte, S. Vve. de Prime Lemoine de Martigny.
Jacqueline, morte fille, et Marie-Louiso, 1ère femme d'Adhélard de Martigny.
mariée 1° on 1818, à Frédéric-Godlif Oliva. m. 2"^ au Dr François Portier, d'où : Olympe, Vve.
Dr Bolleau j Hennins, Vvo. d'Achille Portier, et Caroline, fille.
APPENDICE D.
LIGNÉE DES CÔTÉS.
Jean Côtiî, né en France, s. 28 mars 16G1, clans l'église, à Québec ;
marié. 17 nov. 1535, à Québec, à
Anne Martin, s. 4 déc. 168-1 ; fille d'Abraham Martin, dit L'écossais,
pilote-royal, et de Marguerite Langlais. — Ore^e de Le-
coustre, 27 déc. 164-7.
Mautin Côté, b. 12 juillet 1639, à Québec ;
marié, 25 juillet 1667, au Château-Richer, à
Si'SANNE Page, b. 3 mai 1654 ; fille de Raymond Page, sieur de Carcy
ou Quercy, b. 1604; s. à Québec, 20 nov, 1683; marié à l'Ange-Gardien,
1642, à Madeleine Bergeronne, b. 1616; s. à Québec 23 mars 1687. — Susanno
avait pour frère Guillaume, b. 22 juillet 1657, lequel épousa, 30 janvier 1679,
Elizabeth Letarte, père et mère de SusANNE Page, aïeule du protonotaire
Joseph- François Perrault, gran(l-]ière do Matilde Perrault, ma femme. Bio^
graphie di'. J.-Fts. Pei'raalt pur hù-mèni'i, p. 4. — D'où la consanguinité des
Côtés et des Perrault.
Jean Côté, dit le Frisé, b. 25 avril 1670, à la Sainte-Famille, Isle-
d Orléans,
marié, 8 fév. 1694, à Beauport, à
Makie-Anne Langlois.
Pierre Côté, b. 26 avril 1703,
marié, 18 fév. 1726, à Saint-Laurent, Isle-d'Orléans, à
Marguerite Delage.
Marie-Marguerite Côté, b. 20 août 1745, à St.-Pierre, Isle-d'Orléans,
fille de Pierre Côté, décédé, et de Marguerite Delâge,
mariée, 14 fév. 1775, à Québec, par contrat devant Mtre J.-A. Panet, à
Jean-Baptiste Boneniant, d'où ; —
Marie-Marguerite, b. à Québec, 11 février 1776, et mariée 23 juillet
1790, à Pierre Casgrain ;— d'où la consanguinité des Côté et des Casgrain.
JEAN-BAPTISTE ]
Macauc
Marié : 1°, en
Brifieai
1. JEAN-BAPTIST
2. FRANÇOIS, juH
3. PIERRE, '
4. JOSEPH-AMAB
5. MARIE-ELIZAI
naire ai
à Louis
jouri.
sept. 1!
Marié : 2°, en
C. MARIE-MARGI
27 juin.
7. JEAN-BAPTIST
8. MARIEtîFIARL'
Juillet J
9. LOUISECATII]
(I) L'origine tli
de
.31
%lée
•éal,
.8, à
: et
lUES
très
La
AFPKNDIOI-: K.
LIGNÉE DES BON ENFANTS.'"
JEAN-BAPTISTE BONENFANT, 1er., breton, né en France 1713, négociant à la Rivière Quelle ; S. là dans l'église, 1 1 août 1797, ûgé de 84 ans ; —fils de Louis et de Ililairette
Macaud, de 1» paroiise de Fraignaud, ù une lieue de Fontenay, en Poitou.
Marié : 1°, en France, 12 mai 1745, à Marie-Elizabeth Bals, (Bnlse ou Barde), née 1722 ; S. à la Hiriore-Oiielle, 0 sept. 1774, à 52 ans ; fille de Jean et do Dame Brisseau (ou
Brifieau), du bourg de La Flotte, islo de Klié, diocèse de La Rochelle : — Contrat de mariaj.'e devant Thilouor, notaire royal. Issus :
1. JEAN-BAPTISTE II, né en France, 174G ; S. à la R. Ô. 30 avril 1790, à 45 ans. Marié à 17 ans, 1^,20 mai 1763, à
2. FRANÇOIS, jumeau, h. 24 oct. 1752, à la R.-O. ; S. 27 nov. 1752.
3. PIERRE, " " " " " " " " 24 déc. 1752.
4. JOSEPII-AMABLE, b. à Kamouraska, 5 juin 1757, S. là, 1757,
5. MARIE-ELIZABETU, née à St-Nicolas, b, à St-Antoine-de-Tilly, 28 sept. 1759, pension-
naire aux Ursulines de Québec, 1770-72 ; mariée à 15 ans, 20 septembre 1774,
à Louis Gaonon, maitre-chantre, S. 29 janvier 1838, âgé de 86 uns, 5 mois, 10
joun. Elle S. 16 août 1815. Issus : 5 garçons et 2 iilles. Louis, l'aîné, m. 16
sept. 1816, à Catherine Ouellet, Vve. François liérubé.
Marié ; 2°, en Canada, à Québec, 14 février 1775, à Mauie-MariujekiteCôté, d'où : —
0. MARIE-MARGUERITE, b. II février 1770 ; m. à 14 ans et 5 mois à Pieuuk Casouais,
27 juillet 1790.
7. JEAN-BAPTISTE, b. 17 juillet 1777, S. en bas âge.
8. MARIE CHARLOTTE, b. 19 août 1778, m. à 15 ans moins 13 jour», à Fuançois Têtu, 2
juillet 1793.
9. LoUlSE-CATIIEHINE-XAVIER,b. 6 avril 1781.
(1) L'origine du nom dérive de bomim ilf'ans, bien parlant.
Véuoniqik Miii.i,oi.s dit Lei'age, à Rimouski, fille de Paul et de Catherine Rioux, et S. à
la RivièreOuelle, 22 oct. 1781 ; d'où : ,
a. JEAN' BAPTISTE, lU, b. 1704, S.
marié, 7 janvier 1783, à Marie-Dorothée Tludon, d'où
1. JEAN-BAPTISTE, IV, b. 17 oct. 1783, huissier; m. 25 noveinbro
1818, .i Marie-Félicité GagnonditBelzislo,ù Kamouraska ;
S. 20 décembre 1867, à la RivièreOuellc.
2. CHARLOTTE, b. Il avril 1785, morte fille, à Ste Fiavie.
3. LOUIS, b. 22 mai 1786, garçon, engagé de Chs. Têtu, S.
4. VINCENT, b. 10 août 1787, m. à Québec, 0 juin 1811, à Marie
Moreau ; d'où Kév. Joseph Bonenfuut, curé do Berthier,
Montmagny.
5. PAUL, b. 18 avril 1789, m. 1809, à Judith Ouellet, d'où : -Thomas,
Jean, Pierre, Eilouard, Vincent.
0. PIERRE, b. 26 août 1781, m. Victoire Courcy.
7. BASILE, b. 28 mai 1793, passé aux Etats-Unis.
8. EDOUARD, b. 2 mai 1797, garçon, S. 1832.
9. JULIE (la Pée), b. 12 juin 1801, m. à Louis Dastous.
b. JOSEi'ir, b. 6 juin 1706, m. à MaricMiville Déchesne, 19 février 1787, d'où : Louise-
Sophie, b. 18('(, m. 19 juin 1820, à Romain Lebel ; d'où: Félicite,
m. à Mathieu Bouchard ; d'où : Rév. Pierre Boiichanl, missionnaire apos-
tolique, à Kartoiun, décédé à Port-d'Espagne, 12 sept. 1896.
c. VÉRONTIQUE, b. 5 août 1768, m. à Chs. (^agnon.
d. ELI/AIiKTII, b. 23 iioût 1771, (îs.-vbclle,) m. à Isidore Gagnon, 27 nov. 1786.
e. REINK, b. 18 juillet 1773.
/. PlKliUKJEAN, h. 20 juin 1775, célibataire; S. 15 mars 1856, à Cacouna, dans l'église.
g. MARGUKRITE, b. 5 juillet 1777, m. à Louis Carrier de St Régi», 17 janvier 1803.
JKAXIi.ll'TlSrK, II.
Marié 2'> 13 janvier 1783, à Marie-Anne Lcbel, fille de Jean-Biiptiste et de Marie-
Anne-Joseph V,\\e> «lit Breton : d'où : —
I h. MARIE-ANNE, b. 20 février 1784, m. 1 juillet 1805, à Clément Dechcne.
l i. NICOLAS, b. 9 oct. 1785, m. 11 oct. 1811, à Victoire Martin.
APPENDICE F.
LIGNÉE DKS EÉAUME, ALLIÉS BABV.
1665. oct. 29, mariage, à Québec, de René Réaume, b. 1643, fils de
Jean et de Marie Chevalier, de N.-D. de Cogne, évêché de La Rochelle ; s. 31
oct. 1722 ; avec Marie Chevreau, b. 1652, fille de François et d'Antoinette Jalée
de Saint-Valérieu, évêché de Chartres. Issus, 14 enfants :—
Robert, le second fils, b. à Québec, 26 janvier 1668, épouse à Montréal,
Elizabeth Brunet, 22 sept. 1696, d'où :—
Pierre, b. à La Chine, 6 oct. 1709, marié à Détroit, 20 janvier 1738, à
SusANNE Hubert dit Lacroix, fille de Louis-Joseph Hubert dit Lacroix et
de Madeleine Trottier, d'où :—
SusANNE, b. à Détroit, 13 sept. 1740, et mariée là 24 nov. 1760, à Jacques
DUPERRON BaBY.
René, frère de Robert, et Marie Guyon, son épouse, sont les ancêtres
de M. l'abbé A. Rhéaume, prêtre, du Séminaire de Québec.
Hyacinthe, fils de Robert, eut de son mariage avec Agathe De La
Celle, Julie, épouse de Pierre Hay, d'où les Hay de Moutigny, en France.
APPENDICE G.
LES A B U O T T DE DÉTROIT.
D'après les renseignements que j'ai obtenus de l'honorable Jatnes-V,
Campbell, jujje à Détroit, et l'auteur de " Owtlines of tlie Political Hidory of
Mickùjan," comme aussi de M Sicotte, ex-shérif, et gendre de Robert Abbott,
cette famille serait anglaise d'origine. James Abbott, la souche, serait n>''>iii-
moins né à Dublin vers 1725. Il servit dans l'armée anglaise en Amérique, et
on le retrace à Albany, dans l'état de New-York, vers 1742 et ensuite jusqu'à
1763. Il avait un frère, sinon un homonyme, le lieutenant Edward Abliott,
dans l'armée, dont le général Amherst avait alors le commandement. Il est
présumable que c'est le même Edward Abbott qui fut plus tard commandant
dans les postes do l'Ouest, notamment à Vincetines, et dont la correspondance
appiiraît en partie dans les " Huldiviand Papers." Les descendants de ce frère
existeraient aujourd'hui dans les environs de Chatham, Ont.
James Abbott aurait profité de la paix qui avait terminé la guerre de
Pontiac, pour aller s'étabi r à Détroit, dans le but d'étendre son eoinmerce de
pelleteries. Il était alors pourvu de moyens assez amples, ayant divers comp-
toirs dans l'Ouest, entre autres à Vincoiines, Fort-Wayne, à la Prairie-du-Chien,
à la Buie-Verte, à Mikinaw et dans l'Inliani, dont Détroit devint le quartier
général. Il n'était pas marié alors et peu de t imps aprè>' il retourna à Albaiiy
pour épouser une dame hollandaise, baronne Van Brocklowe, de la tribu des
" Mohawk Du,tch:"
Ma mère, étant montée à Détroit en 185+, alla rendre visite à son vieil
oncle M. James Abbott II, tils de James ci-dessus et alors Agé de 82 ans. Il
était assez bien pour venir la reconduire jusqu'au bateau de la traverse.
Je reproduis ici une notice sur cette famille (jui a été publiée dans le
" IMroit Frce Pras du 9 décembre 1883, sous le titre suivant :
OLDEN DETROIT
^ketches of Her Pionneer Merchanta.
THE ABBOTTS
Tbis family of merchf nts consisted of James, Sr., Robert and James, Jr,
It is not at ail probable that the cbaracter of our avernge pionneer mer-
chant will ever be overestimated. A nob'y enterprising and fearless class of
naen were those early adventurers, mainly French, Irish, Scotch and"Sci>ch-
Irish," who so early sought homes and fortunes in tins frontier settlcinoiit.
Even three-quarters of a century later, when the unparallele I ressources (tf
Michigan drew hither that multitudinous army of immigrants comprising fhe
— II —
most enterprising of tlic New Yorkers and New Enyliuidcrs, the Imulsliips of
pionneei' lit'oconstitntoil for tlie local historinn aliiiostaiicvei-preseiit in.spiiiitioii.
Oncp t>stiil)lishoii Iiero, with c.H)ital, iiorvo and bus'mosi talent, tho is.suu was fuUy
assuiod tliroiij^h tlio liiitdsouie profit-; in vogiio froni tlu' sale of goods, bnt iiioro
especially froin the still liirger profits accruing froni the tiade in furs. Yet.
after ail, so far as concorns tho opérations of sonie of the more proniinent of
oiir cariy tra lors, snch as the Macond)s, the Godfroys, the Ahbotts and others,
the retiirns yieided by tliat very important tra le, large as tliey were, were
overshadowod by tho immense profits accruing from tirst to last from their
invostments in roal estate. In the ordinary rnn of business the accumnlation of
great wealth is often attained, at least in part, by rigid penurionsness, but
tins was far froni being che raie with the chiss now under considération. Thoy
w fre in a situation to give free scope to lofty ains and generous instincts, and
still accumuiate an amount of wealth consonant with reasonable ambitions. 80
far from being, as a class, liège sul)jects of Mammon, many of them.
" scoi'iieil lus dii'ty uiine,
And would not wornhip at his shrino."
The personality of the late Hon. James Abbott was a familiarono to the
citizens of Détroit previous to liis death in 1858. He was well known to hâve
beeii an old uierchant, but ail of our citizens were not aware of the fact that
his father bL.'fore him was in the same line, and that as such lie was ono of the
earliest. Tlie elder James Abbott was born in the city of Dublin, whence ho
fouud his way to Albiuy, N. Y,, and nuist hâve corne to Détroit in iTlîîîor
soon afterwards. The only data hearing upon the tjuestion of the perioi of his
arrivai consi.st of the faets tliat nfter he came he establishetl no fewer than fiv©
bu>iness posts at other points in the West — his lii'aili|uarters, of course, being
still Iiere — that aftcr this was accoinplished he weut to Albaiiy upon a matri-
monial mission: that his oldest child, Mrs. William Hands, was born in 1770,
and Robert, liis next oldest, in 1772. The only fact that seems to bc known
bearing upou the earl^^ liistory of his wife is Ih.it slie belonged to the tril;i: of
" MohawU Datch," but this is not eutiroîy déduite as showing her origin, iuas-
much as both Duteh au 1 (Sermui citi^eua hâve Ikvmi iucluded in th-it category.
The posts ref 'rred t> were at Vinccnnes, Fort Wayne (then Miaud), Prairie-du-
Cliien " Michiliiuiakinac, " and on the Wabasli uear the uu)uth of the Tippe-
canct'. Altliouçrh the head of the family was of Iri>h birth, it is bidieved tliat
lie was of Eiiglish liueago, a theory tiiat would secm tj be sustaiue 1 by lus
pntronymic.
Jamos Abbott, Jr , as is well-known to our oM citizens, was married to
Sara.i, <hiu^;]iter of Miij. Wliist]<>r, of the ai'uiy, and sisti.r of the late Cnl,
Whistler. The first fort at Chicigo was built by Major Whistler, and the above
marriage was celebrateil at that post. The wefaliug party came t(i Détroit on
horaeback, following au Indian trail.
Robert Abbott was married to a daughter of Mr. Audrain, the tirst
— III —
Rcffiatmv of Doods of Wayiio CDUiity. " Tiio wil'o of tlmfc woll-kn )\vn cibiZ'Mi,
ox-Shoriff E'iwar 1 V. Sicotte, is a (Uiiglitcr of Kah^rt Aliltott. Ci)nsitl.nMl>le
reftl listiito w'.is li'l't hy iho uMcr Alihott. P.ift of tlii-i coiisi.st<! 1 of tl» » so itli-
en'^t corner of Woxlwaril an 1 Ji'Hersot» avorim-s, so lo )<? oecupio l hy Joa itli in
L. Kiii^. Tho eorn(M' was jnncli isoil l.y Mr. King, wlio t'ri'cted tl\o Itrick storo
iiow standing. A;lhongli tlus .-^toro, wlien lirst luiiU, was not S) liig!» l>y <» o
story as ni présent, it was tlif yrandust structnre in ail liu! North\ve.>,t, and a.s
such attracted universal attention.
V\»m llolii-rt coniing of agi; in 170.'1, lie was taki'n into parliier^liip, llie
lîrin naine lieing James Aliliott & .Son ; and upon Jame>, the ^'oung^^r, attaiaiiig
his niajority a .siniilar forinality was goiie thnjiigh, with tho plural 1) dng atlixed
to tlie nanie. A fe\v yearssnliseqnent to the death of the fathcr, which oecin-re l
in ISOO, Roliort and James entered into a hnsiness " underst.in liag " of soine
kind (the précise nature of which it wouid now he diitieiilt to deter.aiii,') witli
the fainous Col. John F. lianitramck, whose gallantry h ul been pre-eniinently
conspieiious in tho revolntionary war. This eopartnership continued until tUe
death of Col. îianitranick in liS03. Thi.s arrangement must h ive lieen one nofc
interforing with Col. H.'s duties as an army otHcer. In a 1 litiou t,;> tlieir mor-
cantile opérations they carried on a distille-j' togethor with a flouringmiil rnii
by horse power. After the death of the lamented Ilamtramck, the broth-rs
formel! asociations with other jiartners at varions periods wlio^e n.iines
respecUvely were RJanine, Fentland an 1 Finehley.
The last will ami testament of James Abbott, Sr., is in a good stnte of
préservation among the tiies of our Probate otHce. Oae of the luniinaries of
tli(.' jui'sent IJetroit bar wouM bi- abli' to suggest oiio or two slight improve-
nii lits as reg.irds gnanmatical or rhetorical eonsti'uction, but in terse e.xpre.s-
aiveiiess it mnst havo been ail that could be aski^d for. The foilowing îm the
text.
In tho name of God. Amen. I, James Abbott, of Détroit, County of
Wayiie, merchant, being woak in body but of perfect min 1 au 1 meinory, do
this twenty-eighth ilay of M ly, in the year one thousaiid seven humlred and
ninety-niue, make and piiMish this my last will au 1 testaiu 'Ut in mauuer
folio A'ing, that is to say : After piyuientof my fuuîral exp'îuso4 an 1 jusb debhs
my will is, that tho wholo of my per.sonal estato whoresoover tha same inav be
•sitnate or be fourni, shall be realizod an I formed into a mass which shall be
divi led as follows: I give anl beqneath unto my wifo -M uy Aijbott one third
of the aforesaid mass to whatever sum the sauio m ly a:n )uut, au 1 the rouriin-
ing Lwo-thirds I give and boqueath unto my soin, Rilitsit, Jim.M anl Sunuel
anl my (liugh'yr .^[lry, wife to William Hau U, E^|;^u^;, Fraiice-i, wife to
Francis Bàby, Es(|uire, anil Fli/iabeth Abbott, to be eijually divided botween
them shire and share aliko. And whereas I, tho said testator, aui possessed of
divers houses, tracts or parcels of land iu my owii riglit, my will and intention
is tint tho whole theieof shall be dividol botween my said wife and childrea
— IV —
aforeaaid us oqually us circiiinstancus will a<liiut uf ; and in case niy son Samuel
or iny dniigliter ElizaUith shoiild happen to lie uninarriel prior to tlieir obtain-
inij tiie devises an l legacios heroinbeforo bo(|ueathe l tliem, then iiiy will u that
tiie part ur sliare acci'uin<; tu t!ie decea^eJ .sliall be e(|iially dividoJ uiiiung tho
survivor or survivors of uiy aforesaid heirs. Aiid I niako, constitute aud
or.Iuiii iiiy wife, Mary Abbott, oxecvitrix, iny s m James Abl)ott and iny friend,
James Bail}', Esqiiire, executor and execiitors of this, my last will and testa-
ment. (Tin n follows a clause revokinij fornier wilis) — Witnesaod by James
Henry and Frederick Bâtes and acknowledged befure Peter Audrain, Judge of
Probttte, on the fifth day of July, one thousand eight hundred.
Bonds in the suni of ^10,000 by Mary Abbott, James Abbott, Robert
Abbott and J. Bâliy were executed and HIed July 2(5, 1801).
ïho elder Abliott had lost an arm early in life and was called by the
Indians Kish-ke-ne-kah.
The «'istillery and niill refoi'red to u.s coiinected with tho business opéra-
tions of the Abbott Brothers and Co., were iocated iminediately below tho
niouth of Piltier's Creek, Hnally denominated May's Creek, between Eleventh
and Twelfth streets. Upon tliis site, in the early days of the colony, nobody
knows how long ago (ccrtaiiily prior lo 17.i()), was Iocated a water luill ori;,'in-
ally known as Campeau'smiil, aftervvar l Cabacier's. Tho dain, it is bulieved,
was locatetl a short distance north of Fort street. Tho be l or liollow of this
old stream is a fainiliar featnre with the denizens of tho lower part of tho
city, and some years sinee was utilizod for the rather unromantic purposes of
a sewer. The Abbott mill an<l distillery property, as alreudy intimated, was
im.nediately .below the l.ed of the above name I stream, at its mouth. Tlie
property was ttfterward usod as a lumlier yard, and the site finaliy fell itito
the possession of the Michigan Central Raiiroa 1 Company. For real estate in
the same part of tlie city, expropriated fer tho use of the Détroit, Lan ling &
Northern Rail road Company, 8 iO.OOO were awarded by a spécial jury to the
estttte of the late Judge James Abbott. Mr. Guy F. Hinchman, Judgo Abbott/s
executor, has in lus possession a warranty deed, dated of 1832, from Richard
Smyth and Prudence, his wife, to James Abbott, considération §50, for a
fraction over five acres of land on Woodward avenue in what is known as the
10,000 acre tract. This $50 lot would now be cheap at §50.000. Mr. H lias
aiso a land patent bearing the signature of James Madison for 577 and 94-lUO
acres " on the border of River Hurons."
Abbott & Finchley had a dwelling connected with their store or
" magazine," as was almost invariably the case with our early traders.
Robberies were not then such an cveryday occurrence as in thèse piping tiîiies,
neverthless they transpired occasionally. A man named Contencineau was
charged with the commission of a theft of property from the store of Abbott
& Finchley, acting in concert with a woman named Ann Wylie, who was or
had been a slave. They were also charged with setting fire to the building.
For thoso offonces Ihoy W(iro trietl lioFoi-o Justice Philipe do Juin, and were
couvick'd of the thoft, but tho othor ci-iiuo wns not proven. Tln'y niiglit jusfc
as wfll, howuver, huve beun convictod ot" botli oflonces, for Justice de Juan
senfcunccd th 'in botli to bo liangiid, wliich suntonco was promptly oxccutud.
Oui- vvortliy juJicial di;^nitary was evidently not addicted fco " haii* splittin'j;,"
80 far as rciated to tho puwors of ininor ju lieial ofiicers. It is a bles-e;! thing
for cortnin parties that Détroit justices of the présent day aro not duly vc^stetl
with the power of drawing iipon Kentucky hemp in the saine way. If such
Were tlie case it wouhl be fourni in due tiine thnt if thcy had " no friemls to
reward " tliey liad at least " encniios to puni^li." Tiie inost salient point
connccted with tho affair was that in this case the punishni nt iiannonized
with English criminai practici!, and that was the end of it It was ccrtainly
the end of M. Contencineau and Miss Wylie.
The younger James Abbott derived his judicial titie froin his appoint-
mcnt as one of the " iay " judges techiiically so called. In the opnion of some
of our most emincnt judicial experts, one of tlie very best Suprême Court
Judges that Michigan ever had upon her bcnch, graduated as one of thèse Iay
ju<lgos.
Judge Abbott had, at one time, considérable intere-t in tho hike marine
and ownod a warehouse on the présent site of tliat of Brady & Co. Ho was
the first postmaster of Détroit, nnd was in office wiien tho Jackson adminis-
tration came to tho front, when ho was reinoved to make way for tlie Hon. John
Norvell, subsequently United States Seniitor. Tlie coUoquy botweon the
outgoing and incoming Kuights of the Mail was both laconic and ciassic.
exemplifying tho good humor and bonhomie of both gentlemen. Mr. Norvoll,
upoii entering the office to make known his mission, said :
" My name is Norvoll."
To this the Judge instantly replied :
" I regret that you did not remaiu on the Grampian Hills."
The Post Office was then located upon the présent site of the store of H
P. Baldwin & Co.
Robert Abbott was the first Auditor-Gonoral of tlie State of Michigan,
which office he held from 1836 to 1839. The fact is not uni versai ly known
that the State government of Michigan really dates from Novcmbr, 1835
although not formally recognized by Congress until 1837. This proposition is
based upon the original compact, which Congress did not possess the power to
override in case of thenecessary steps beingtakento form a State government.
In this connection may be appropriately given one of the most interesting
examples, in a légal or constitutiona) point of view, ever known in our history
aa to the complex nature of our government, so far as concerns the relation to
each other of the powers of the State and Fédéral authorities. The State Légis-
lature of Michigan, in March, 1836, incorporated the Datroit Young Muu's
— VI —
Society. The Judges of the Territory of Michigan, on July 1, 1836, granted a
lot of luiiil to tliut corporation which hivl thus been chartered by the State. A
question us to iho validity of the title having arisen, the gordian knot was
sceretl in u w ij' th.ifc niight hâve ciiused a decided sensation if powerful cun-
flicting clonionts had been at issue. ïhe grant was lield vaiid on the ground
tbat Michigan was a Territory de jure so long as any " part or parcel " of the
Territoiinl >tatiis continued, which it did until the Territory of Wisconsin was
set îipart, which was on July 4, 1836, just three diiys after the niaking of the
grant. Thus the anonialy was presented of a State and Territory exiiting--
in law — at one and tho sanie tiine.
Roi ert Abbott died in 1852. Samuel, the third of the brothers, resided
in Mackinac, and was for a tiine collector of that district.
Judge James Abbott was happy in ail the relations of life and notably
80 in the enjoyment of the respect and coiitîdence of the community in which
he so long had moved. He passetl quietly away, as above stated, in 1858 at
the good old âge of 83. Aithough his corp )real part had becoiue too weak to
contend with the Pale Gonius to whoni ail must yield, he was well equipped
for the voyage to the l.'nknown Siiore.
" So fades the summer clond away,
So sinks the gale when storius are o'er,
So geiitly shuts the eye of day,
So dies tho wave along the shore."
Référence has been made, at loast inferentially, to the Abbf>tts as the
po-,sessors of good (jualities. Tried by tlie old principle of Judgiiig men by tho
Company they keep, th ir staniling wouid seein to he very high Wi.h the
single exception of the immortal Washington, there were no worthier naines
in our history than those of some i)f the men who hâve had business coinicc-
tions with the Abbotts, especially Cols. Hauitramck ami Francis Vigo, in coii-
junction with whom the famous Burnet family, of Ohio, may appnipiiately be
placed. The elder Abbott was in partnership with Messrs. Vigo atid Burnet
in a nuinber of important enterpriscs. For the informatinn of those who miy
not hâve been close students of our frontier annils, it miy be .stated th>i( a
was Col. Vigo who planned the capture of Vinceunos in the revolutionary wai-,
an achievement that was oxecuted by the famous George Rugcrs Clark, and
that it was the same Col. Vigo who also furnishe 1 Gen. Clark with th.! luoney
and supplies necessary to keep h s araiy togithcr. There is a reverse, and
hardly so bright tt aide, to the picture. Col. Vig /s heirs petitioued for reiiu-
bursement of tho money thus paid ont by their iniiuortai auc \stor, and it was
just niuety-nine years from the date of the capture referred to when the}'
received their award, the resuit being tinally reached through th) actiou of the
Suprême Court. It is such performances as thèse that keep the aphorism of
the ingratitude of ropublics from dying out.
Mr. E. V. Sicotte saw Col. Vigo in Vincennos as lata as 1839.
— VII —
A fur-trading company called the " Miami Company " was for a time in
existence managed by James Abbott, Col. Vigo, a Mr. Park, and Mr. Meldrum,
of Détroit.
A libéral share of the material of wliich this brief sketch is framed has
been kindly supplied by the Hon. James V. Campbell. It seems somewhat
strange that with so inviting a tield as that otFered by Détroit for the présent-
ation of historical réminiscences, up to this time so little has been uiatured
beyond the rich stores supplied by Judge C. and one or two other ^minent
citizens during their brief respites from judicial or professional labors. The
traditions that hâve corne down to us from the dim past ; the stirring events,
the périls aud triumphs of grim-visaged war ; the supremest péril of thu Pontiac
era ; the surrender of 1812, a disgrâce only to him who disgraced hiiii.self ; the
squadrons of Harrison, Shelby and Johnson forining in hot hnstc to seck the
flying foe and wipe out the stain ; the Détroit meiiiories of ail thèse ttn4
hundreds of other things, ou;^ht, ère this, to hâve been properly en-hrin«d under
the patronage of tho Historié Muse. But, most happily, thu neglect will early
be atoned for. It is known that in a few days there wili be issue 1 ficjia the
Détroit press, from the peu of a Détroit lady and embellished by a Détroit
artist, a collection of beaiitiful legends niolded, as it weie, by Roowuice's weird
incantations, yet ail glowing and fresh as dripping with Castalia's cliaste>t
devvs. lu a short time anot'i.ur work will be brought out coiiipi i^ing a coniplele
history of the City of the Straits, the work of one whose uutniug iiidu-itry au l
conscientious appréciation of the nature of his ahnost lien; liean task woiild
richly deserve récognition, even if his attectionato enthusiasu» for his thèmes
did not. ïruly, betweon the.se two works Doti'oiters h ivo mueli in store for
them
Ci-suit le tibleau généaloginie do cette f uiiillo.
Ja-MES I, born about 172.5, at Dublin, Ininivl ; setticd at Détroit 17G4 ; married
l7<)9-70, Baroness Van BrucklMWi', of Dntel» liesceut ^Mohawk Dutch),
diod 1800, issue:—
1. Mauv, boni, dec. 1770; married, Dec lOth, 178!), to \V;ii. Huiidji, born at
Rethnal-Ureon, near London, liiiurluml, Augiist lOih, 170(5; Sheriff and
Ke;,nstrarot' Kssex, Kent aiil L iiii!ir,on, who died at Saiidwicli, B'ebruary
2'), IH'Mi; Sho died there, DecMiibr 22nd, 18(i0.— A n, their daughter,
born May 2ith, 17!).'1, inarri.d .lean-Bte. Bâby, May ,5th, 1817.— Frances^
born, April 18tb, I7!)ô, nmiii -il Lient. John Alexander Wilkiuson, May
fith, 1815, and <lie.l, .May lOth 1.S48 ■ Juiia, born, D.ceniber Uth, 1805,
married Cliarles Bâby, ha ri-iti r, and die 1, Septenild-,' lf)th, !8l.:{.
2. Jamks II (Judge Abbott) Ixjin 1772, married Sur.di VVliistler, froui Fort-
Wiiyne, Indiaiia, and died 18.')8, aged 8().
3 RonKur, born 177.'t, married .Mis; A'idrain, of Détroit, an I died 18')i. One
of their daugliters ujarried lu Iward V. Sieotbe, ox-Sli 'ijif Détroit.
— VIII —
4. Samuel, born 1775, married Miss. Ste-Croix, of St. Louis, and settleil at
Mackinaw, she still living, 1SS8, at Green Bay, Wis.
5. FliANCES, born 1776, married François Bftby, of Windsor.
6. Elizabeth, born 1777, married Hon. James Bâby, of Sandwicli, and dicd,
1812.
The issue of James Abbott II.
1. James III, married to Miss. Ermatinger, of Windsor, still living at Windsor,
1888.
2. Madîson, died of Choiera when young.
3. William, married Miss. Macomb ; he died and she married General Broad-
head, of Gross-Isle.
4. Caroline, died at 18.
6. Sarah, died at 10.
APPENDICE H.
Dans "La Vie de Joneph- François Perrault, appendice A,']'a.i établi
suffisaiiunent (jtie la légitimité du mariage Mc(/aity-3onoît ne peut plus soutfric
de doute raisonnable.
Mais comment expliquer, vu la position sociale des parties, l'alisence d'un
contrat de mariage en bonjie forme, et la non-existi-nce <J'un acte du l'état civil
dans les registres publics constatant le fait du mariage ?
Peut-on supposer qu'iU auraient Hé nmriés deVfint un m nistre protes-
tant, qui n'en aurait pas dressé ou conservé acte, fiiute de tenue de registres de
son église alors ? Car li'S premiers registres de l'église protestante à Montréal
ne commencent à dater que du 5 oct. I7(i(i, c'est-à-dire, près <le deax ans après
la cohabitation des époux. S'il y a eu 'les registres antérieurs, ttMius p ir lea
aumrtniers des régiments anglais, ils n'ont pas été remis ou déposés aux Archives
en Canada. Toutefois les buptèmes des enfants ni^-; do ce mariage ont tous été
faits à l'église catholique, et l'extraction du père étant irlandaise, sans qu'on
puisse trouver aucun indice qu il fut protestant, ces raisons s'opposent à
admettre (pi'il fut né ou marié connne tel.
Néanmoins la sœur d'Ursule, Thérè.se-Louise Benoît, b. 15 déc 1749,
s'est mariée devant l'église protestante. L'acte en est consigné dans le premier
registre anglican tenu à Montréal par le Révérend D.-C. Delisle, en oct. 1771.
(Cf. Doc. Si'ss. Oit. 1880, Vol. 19, p. LXXXI.) Il constate son mariage avec I9
lieutenant Thomas Eeeves, de l'armée unglai.se (1). Thérèse était alors âgée de
22 ans.
Peut être que l'absence <racte de mariage, qu'on ne peut s'expliquer.serait
due aux incendies (]ui ont détruit les archives du couvent des Trois-Rivières ;
car il e'^t assez proltable (ju'Ursule a dft y être élevée et confiée là à sa tinte, la
nièro Ste-Thérèse-de-.Tésus (2). Elle aurait pu très bien avoir été mariée là,
connue élève île la mai.son, vu son ilgo de dix-sept ans et demi a ors.
(I) Le» portraits c|e M. et Maiiauie Roevea se trouvent chez leur petit-neveu, M.
Albert BtiKlor, |irotfiiiotairo, A Montmagny. Ils sont faits au pastel, aux trois-ipiart» de
griDxleur iiiiturell)>, et peints par un bon arti.ste. Celui do Mme. lieevos est adiairableuient
beau. Klle a dû être d'une grande beauté ; régularité de traits, port de têtu d'oiseau, teint
rosé, gorge et épaules superbe», tout e.-'t parlait do tbrnio, de grâce et d'élégance, comme
aurtsi d'expression. i'!lle avait plus de cliarmcs qu'il n'en faut pour être admirée. Aussi
l'a-t elle été beaucoup, dit lu tradition.
i'I) Il est fuit mention, dans une lettre de Mme. Benoit, du 5 Juillet 1782, de son
petit-lils Hich^ird McCarthy, alors Agé de onze ftUB et demi, alluut à Trois- Uivièros, voir son
uiriére-graiid' méro, 'riiéréso lu ('ointe Dupré, pensionnaire au couvent. C'est celui men-
tionné au testament do son père sous le nom de liichurd-MuCurty-Benoist McCarty.
— II —
Cependant conuuent expliquer qu'on ne trouve pas de contrat de mariage ?
Les parents n'auraient pas négligé ces piécaution et formalité ordinaires.
Aurait-ce été ce qu'on appelle un r-un away match ? Laissons là les
conjectures.
Madame McCarty, devenue veuve, continua de demeurer à Montréal
avec sa mère Mme. Benoît, la(iuelle mourut le 25 décembre 17i)2. Alors elle se
retira cluz son gen<lre, M. Perrault, et le suivit à Québec en 1795, quand celui-ci
fut nommé protonutaire pour le district de ce nom. Elle y vécut jusqu'à son
décès, le 30 sept. 1812, à l'âge de 65 ans et non pas de 6<S, tel qu'énoncé dans
l'acte de sépulture.
Cette grand'mère McC'arty, suivant la tradition, n'était pas la douceur
même., Elle était devenue infirme et marchait appuyée sur une bé(iuiile. La
maladie l'avait rendue irritable. Comme les entants étaient noiidjreu.K à la
maison, et naturellement tapageurs et espiègles, ils l'agayiiient et elle s'impa-
tientait contre eux, Xe pouvant les rejoindre elle tachait de les attirer à elle
par des paroles mielleuses; quand elle ne pouvait les faire approcher à portée
de sa bé(|uille elle la lan^'ait sur eux. On comprend que les enfants n'oublient
pas ces incidents.
Quiind elle allait à l'églLse elle se faisait devancer par sa servante pour
enlever la poussière du banc.
Sa vue s'était ntl'aiblie avec l'âge et elle voulait faire alhuiier la chan-
delle à tiois heures do 1 après-midi, Là-dessus elle se plaigmiit un jour de son
gendre à M Jacques Hàby : " Il me refuse la lumière", disait-elle.
Sa lillo iladame IVrrault était morte douze ans avant elle, et la surin-
tendance de la maison étiit passée à " hi CouaiiU' " depuis lors, sans (ju'il
paraisse que Mme. McCarty y ait pris part.
«
» «
Cette Dame avnit l'esprit délié, vif et particulier aux enfants de la Verte
Erin, (lie Irich «rit, comme on l'nppidle.
Moi (pli crois tant à l'atavisme, je m'aper(,'ois journellement que mes
enfants, nies filles encore jilns (pie mes gar(;ons, ont du sang McCarty dans les
Veines et nue teinte prononcée et typi(|Ue de ce genre d'esprit (jui est l'apanage
de 1 Llandais.
Lnagination vive, langage inuigé, rapiile, gi'aphi<|Ue, saisissant, (|ui, pour
suivre la vélocité de la jpcnsée, va par sauts et par bonds, se j(mant des ellip.«es.
Chez certains d'eux, caractère impulsif, irréfléchi, sans .souci du lendemain,
prenant le temps comme il vient, au jour le jour, avec le laisser-aller de l'insou-
ciince, admis et conscient, mais préférant \iidcfil-)iL<',-care aux blue-dcvUs et a
l'ennui do .s'étudier à mûrir son jugement.
Défauts qu'il me fallait corriger.
ArrENDICE I.
A PIONEER GONE.
DEATH ANO BURfAL OF CATHElUN'E-CAIlOr.INE-ADEr.AinE BAILLY DE MESSEIV.
A direct descendant of the French XiMeasa uf thc l'ïtli. Gentiiry.
{Détroit Free Press, 4 August 18S3.)
At the cliuich uf SS. Peter and Paul yestorduy tlie fiinenil of Catlieriiie-
Carolinc-Ailélaïde Jîailly de Messein, rolict of tlie lato Tlioinas Chase, took
pliipe. Her death occuri'tMl Jul^' .'JOtli at the resideucD of lier d ui;>-liter au I o'ily
child, Mrs. Dr. C.-E. Ca.=graii), in Wind.^or, Ont. "^J'he decea»ed lady was in li-r
IHlh year, and more than tifty year.s of h^r life wcre .spi'iit in D.-tnii'. For t.he
very intere.stinff narration of hi-r cart>i>r, wliich follow.s, T/ie Fn'P. Pi-rs-i is
iudebted to Mr. R-R. Elliott, who knew the venera!)le lady well.
Rarely ha.s the cliurch been called upon to chant tlio re(|uiein, and to off t
the lio'y .«acrilici» for the eternul welfare of the sonl of more ilistinij;ui.shed dead,
than upon this occasion.
Mrs. Chase was of tho ari.^tocracy of Lower Canala, wli^-re ilireckdesceiifc
fioni tlu^ French n(jlilesso of tlie sevcnteenth iind tiifhtei'nlh ctMitiiiii'S still
con.stitute.s a di.stinctive elass of reHned and enitivated society
llei' death, so clc-ely follo\vin<j; thut of tlie l.ite C. C. ïrowln itige, si'vers
nnother liiik in the historié cliain wliieh eonnects tho pre-ent with a period in
this eity's evenlful hi.^tory traversini; hîick more than half a cent iry.
As the liride of Thomas Chasi', then a pronùnent nu-rchant, she came
with the attracti<ins ol' heryoïith tuiil heanty, softened and toned liy herconvcnt
éducation, ami polislu-d in the French salons of Qn bec to make her liome in
tlie City of Détroit while Michifijan was yet a Territury. At that early day
Détroit was aiready iioted for the rotinenient and culture of its social circle^ in
wliich the young wife soon attaiued acelel)rity ci)rrespondinLj to Ivr wnrth.
Amongtlie prominent familii.'S native liercshe found aconorenial elenvut,
an iilfinity in the reljeion, language and life in wliich sh ! liad been reared.aml
with whieh was sooii forme 1 an ae()uaintance th it ultiiiiately ripened into a
close social relatimiship lasting throiigh life. When the R<)aian Dr. Frédéric
Rézé becaine tirst Hidiop ol' Détroit, among his as-tistasits were Rev. Francis
Vincent Badin, of France, Martin Kundig, of Geraiany, and Bernard O'Cavanagh,
of Ireland. Under the auspicis of such men, eacli in lus way celebrate I for
piety, learning and elonuence, the Calliolic Cliurch liere began its tirst progres-
sive movemeiit in religion, dlucation an 1 benevolence. In foiinding institutions
of learning and charity the Cliurch was nobly assisted by the city, but by no
one individnal more than by Mrs. Cliaso. She was one of the many wann
Personal f riends of Father Kundig, the apostic of charity iu Détroit and founder
— ÎI —
of the first orphan iisyliuii hère. 8he shareil in his labors ami aiilcd hiin vvith
iinjney in lus hcroic cHbits to provide a rofiigo for the orphiins cast iipoii the
W'orld liy tlio choiera which had liccii p uticularly scvere in Détroit. Only th(jso
\\\i() are faniiliar witli tlie history of the.se events can forni an idea of tho
niiiiiy diftîcultiesencounteredand overcoine Ity E'ather Kundij^ in his benetieent
efforts. Prelate and prie.sts alike, «»d noariy ail the laity of th it tiuie liavo
passed fron» this life, but their Works wliich forined th(; foundation of the
structure of tho |»iesent day hâve not boeu forgvftten.
Thomas Chase was a proniinent nian in the political ciicles of the tinie,
tlmugh never an office seeker. He was oa torins of iatiniate friendship with
C' y. Mason, and his Démocratie snccessors and supporters.
ïiie Législature held annual .sessions in the Capitol, now tho lî'i<r\\
Scliool ; the tirms of the Suprême Court were held liere, and each winter
brought from ail tiie settleil portions of tlie youM!( State the most talented of
her citizeiis Tlie ' National, " whieb occupied the site of the Ru-i.sell House,
Av is thi.' hôtel wliere tho pioneer statosman and Jiuists congiegated. Tliis waa
the lioine of Thomas Chase. A few <>iil citiziMis, and porhaps fewer ladies,
survive who were faniiliar with thi-; historié resqrt at the time reforred to,
U)K)n festi*e occasions wlimi the spacious parlors were opoiied, waiinod by
broiui heartlis in wlucli a pile of liickor}' logs blaze l and sparkied, the scène
was peculiar to tho pi iCo. Hère were gatlurod at sueh tiines tho nianhood and
be.iuty of the State. Not unfrequently miglit bo seen the blue iiniforuï of the
American, side by .side wiil» the bright scarlct of the British offîcer. Right
noli y and (pieen-like did Mrs. Chaso graco thèse gatherings, a Imired and
courted among tlu^ many beautiful wouion moving in the .society of thit day.
Summer does not always lingor in the sea.son of life, and it was -o with
tliat of Mrs. Chase. A malady, unaccountable in its origin, overtook lier
husband. He becanie untitted for business and was subse(|uently a bedridden
iuvalitl. Reverses toc, were e.xperienced. It was thon that the wife became
the affectionate nurse in that long ami uncertain illness. Years of assiduous
care saved liim, and with his recovery followe 1 his conversion to the wife's
own faith and crowned her happiness in the double resuit. So in mature years
tliis liappy couple livel and leared au accomplishe 1 daugliter, whoso happy
and fruitful ujarriago addod to the happiness of their own declining years.
Death came at last, and Thomas Chase passed from this life. His widow
survived hiin many years, living ([uietly now with her daugliter and grand-
children, and again with the few surviving frieu Is of her youth. In her old
âge she was as lovely of character as when, bright and beautiful, she charmed
her many friends. Her piety was without ostentation, and her charitable dee Is
were circumscribed only by lier means. Peacefully aiid gentlyshe passed away,
and with her ended the life of a lovely Christi m woman, one of the brightest
and most iuteresting of the pioneer woinon of Djtroit. Those of her own faith
will join in the prayer " Requiescat in pace."
APPENDICE J.
THE LATE MR, CASQRAIN.
Death of a Leading Officiai of the Patent Office.
The friends of Mr. H.-R. Casgrain, second officer of tho Patents branch
in the Department of Agriculture, were greatly shoeked yesterday on hearing
of that gentleinan's death. Few knew of his illness, as he was at work last
week and on Saturday appeared to be in excellent spirits. His death occurred
about tive o 'dock yesterday evening at his résidence on Théodore street, the
cause being intlainmation of the longs. Mr. Casgrain was fifty-one years old
and had been over thirty years in the service of the government of Cnuada and
was highiy respected as an industrious, broad-minded gentleman, kind and
courteous to everybody and faithful to duty. He was a hrother of Senator
Casgrain, of Mr. P. B Casgrain, for many years M. P. for T/Isleb, and of Rev.
Abbé Casgrain, ex-president of the Royal Society, and an uncle of Hon T.-C
Casgrain, attorney-gcneral of Québec. The funeral takes place to uiorrow
morning at nine o'clock. — (Ottawa Free Press, 25th August, 1893.)
IN MEMORIAM.
Mardi matin, a été célébré, à l'église du Sacré-Cœur, une messe pour le
repos de l'âme de M. Herménégilde Casgrain. Assistance nombreuse, comp '-«e
d'anciens avnis intimes, fidèles au souvenir de l'amitié.
On n'a pas oublié l'éloge (\ne le R. P. Harnois, le Jour des obsèques, fit de
M. Casgrain, (ju'il appela " ce véritable homme de charité." Que de familles
pauvres notre ami avait visitées les jours et aussi les nuits d'hiver! Il avait le
don, le talent, l'art de consoler, de rassurer, de faire sourire, à force de discours
affectueux et de paroles très douces et réconfortantes, La société de S lint-
Vincent de Paul l'avait nommé son président. C'était justice. Mais aussi il
n'est point, auprès des gens de bien, un meilleur témoignage d estime publi(|ue.
M. Casgrain a laissé à sa femme et à ses enfants l'héritage infiniment
précieux d'un nom honoré. Inutile d'ajouter, après cela, qu'il est toujours
vivement regretté de tous ceux qui l'ont connu. — (Le Canada, 29 septcmltre,
1893.)
PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTÉS.
1. LegeiuU of Le Détroit, Madame W. Y. Hamelin.
2. Histoire de St-François du Lac, Suite.
3. Dictionnuire den Familles Canadiennes, l'abbé Tanguay-(Mrrr)
4. Histoire des Ursidines des Trois- Rivières.
5. Ora,idesfanùlles du Canada, Daniel, pp. 579, 587-9. 598, 583-4, 586, 594.
6 Les Ursulines de Québec, II, pp. 173, 195. /// p 403
7. ^<'^e»sement de 1081 dan. " l Histoire des Ganadiens-Français," V. p 62
8. Celebrated Canadians, Uorgm, pp. 277, 279.
9. Invasion de 1775, pp. 303,-0,-8, 314, 153.
10. Mémoires de Laterrière, pp. 98, 111.
11. Annuaire de Ville-Marie, H^^gaet-L^ltonr, pp. 225,-8,-9 273-6
ii- Bict'onnaire de Bibaud, p 21.
13. Famille de Léry, Daniel, p. 99.
14. Journal de l'Instruction Publique, 1864. p. 119, 1871, p. 158
15. Les Canadiens de l'Ouest, Tassé.
16 ^tisfory of Détroit and Michigan, hy Sihs Farmer 188i
17. Citij of the Straits, R.-E. R,.be. ts.
18 Les Anciens Canadiens, de Gaspé.
19. Registres du Conseil Souverain et du Conseil Supérieur.
20. La Colonie du Détroit, Rameau.
21. Relations des Jésuites.
22. Tke Pictorial Field Book of War of 1812, Benson J Lossinc
23. 1812, ne IIW, Coffin. °'
24. Archives d'Ottawa, par Douglas Brymner. rapport pour l'année 1887
Documents de la Sessio7i, Vol. XXI, No. 5, 4a, de 1888
2.5. OuHines of the Polit ical History of Michigan, Janies V. Campbell
26. A rrh'ives du. Détroit.
27. Ht.toryoftheIrish Brigade in the service of France,!. C. O'Callacrhan
28. Marie-Thérèse,~Vnog\\ti.
2i). H isforical N/,-etrhe.sof Kentuch/, Lew-hCoUin, lSi7.
3 >. Hi>itory of the Girtys, C. W. Buttorfield, 1890,'p. 110.
SL Les Boiirgeois du Nord-Ouest, Masson.
32. Patrick Henni, \\v VV VV^irfc Hi>nrv TM V r<i.= a., m .
•^' ^ ■ ""•' "l'iry, i.\. X. ciig. bcnbners sons, 1891
33. Uarksaccountjouvd in his Mcmoir, in Dillon's History of Indiana
p. 581 ; and m a letter to (J.orge Mason, which, xvith Mayor Boroman's
Journal, was publishc.l by Robert Clark & Co.. in 1869, under the title
ot Archives du Détroit.
34. Edi'8 et Ordonnances des Rois de France.
35 Bur/ce's Peeragc, \88-2.
TABLE DES CHAFITRKS i:r APPENDICKS.
Paok.
Dédicace „
Avant-propos e
Introduction ,^
PREMIÈRE PARTIE.
CHAPITRE PREMIEB.
Origine des Casgrain du Canada 14,
CIIAriTllE DEUXIÈME.
Lignée des Casgrain en Canada 21
CHAPITRE THOISlfeME.
Deuxième génération Casgrain.— Jean. -Marguerite.— Pierre 29
CHAPITRE QUATRIÈME.
Troisième génération Casgrain. — 1. Pierre-Tlionias ; ses enfants. _
2. Charles-Eusèbe ; ses enfants. — 3. Olivier-Eugène ; ses enfants. . 40
DEUXIÈME PARTIE.
CHAPITRE PREMIER.
Les Bâby, leur lignée en Canada.— Filiation de la branche alliée à Charles-
Eusèbe Casgrain par Elizabeth-Anne Bâby, mes père et mère 47
CHAPITRE DEUXIÈME.
Les fils et filles de Jacques Duperron-Bâby n^
CHAPITRE TROISIÈME.
Jacques Bâby IIIJ jg2
CHAPITRE QUATRIEME.
Diverses alliances des Bâby. — De Lusignan. — Du Sablé. — La Verandrye.
— Drouet de Richarville. — Le Comte Dupré. — Picoté de Belestre.
— Magnan. — Courault-La Côte. — D'Estimauville. — Crevier. —
Veron de Grandmesnil. — Rocbert de La Morandière. — Porlier-
Lamarre ^ jg.
Il —
TROISIÈME PARTIE.
CHAPITRE PREMIER.
Lignée Perrault
CHAPITRE DEUXIÈME.
Autres iillianccs avec les Perrault
181
190
Appent]
lice A,
généalogie
Casgrain.
fi
B,
II
Bâby.
tt
c,
II
Perrault.
II
D,
u
Côté.
II
E,
(1
Boaenfant.
II
F.
tt
Réaurae, alliés Bâby.
II
G,
(1
Abbott, de Détroit.
II
H.
notice
sur
Ursule MeCarty.
I, nécrologie de Dame Charlotte Chase.
J, " de Herménégilde Casgrain.
Liste des ouvrages consultés.
CORRIGENDA ET ADDENDA.
Pogea. Lignes.
24 6 lisez : Maestvicht.
'^•^ 2+ " estnr(,'('on.
42 fi ttjoutoz : laqualle iv été réimprimée en 1891, avec la bio^n-aphio de
Daine Elizaheth-Anne Bâby, son épouse.
45 4 lisez : voisin.
^^ 1 1 " primicier.
■'58 2 Note (2) lisez: trailucfciun.
59 7 lisez : de son chien.
''l 10 à 18 inclusivement à retrancher.
<>4 9 lisez : Mums'elie.
^^ " de Numismatique et d'Archéoloo'ie
109 25 " l'honorable Louis Guy.
112 16 " 'le Numi.smatique et d'Archéoloine
121 40 " prit une.
122 19 " 1789.
132 27 " la mort la
127 32 " 181,^.
13^ 17 ^' Cheasnpoake.
1^^ ^2 " T^eur tille, Marie- Joseph, se maria avec.
VII 40 Robert born 1 772, doit venir avant Jame.^ IF, boni 1 774.
JOSEPH- KRANrOIS PERRAULT