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Full text of "Mémorial des familles Casgrain, Baby et Perrault du Canada [microforme]"

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M^     MEMORIAL 

DES  FAMILLES 


GASGRAliN.BABYEÏ  PERRAULT 


I)  I' 


CANADA 

I'  A  I{ 

piiiLirri:-BABY  as(;!tAi,\. 

AV(ir\l-(()NSi:il,  DK  I.A  liKINi:, 

ANTIKX   liKlTTl';  liK  l.'iSI.KI'  AI'   TA  lil.KM  KNT  IH'  ('ANAUA, 

IM{l';sll>KNI'  l>l".   I.A  snclllK   MI'IKl!  A  lUK   Kl'   Il  IS'I'OI!  K;!' 1!   |i|'.  i,M    l'iliKC,  K'I'C 


'l'iiiili   IviidiU'iiii'^  ijiiti.'<  'liihi'i  lin. 
St.   r.ur,. 


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ISilN 


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MEMORIAL 


DES  FAMILLES 


CASGRAIN.BABYETPERRADLÎ 


DU 


CANADA 

PAR 

PHILIPPE-BABY  CASGflAIN, 

AVOCAT-CONSEIL  DE  LA  REINE, 

ANCIEN  DÉPUTÉ  DE  L'ISLET  AU  PARLEMENT  DU  CANADA. 

PRÉSIDENT  DE  LA  SOCIÉTÉ  LITTÉRAIRE  ET  HISTORIQUE  DE  QUÉHEC,  ETC. 


Tende  (raditiones  quaa  dedicetin. 
Ht.  Vavi.. 


ÉDITION     I  N  T  I  M  K 


QUÉBEC 

C.  DARVEAU,  IMPRIMEUR  ET  l'HOTO-ORAVEUR 

1898 


4{^/ô 


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Ca^'Cn  >  "^^'    ^'  ' 


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267816 


MADAME    HLIZABETH-ANNE    BABY, 

MA  CHÈRE  ET  VÉNÉRÉE  MÈRE, 

ÂGÉE   CE   JOUR   d'hUI   DE   QUATRE-VINGT-CINQ   ANS, 

JE    DÉDIE, 

AVEC  UN  PROFOND  RESPECT, 

CE    MVUE,    FRUIT    D'UN   TRAVAIL    DONT    ELLE    MA    DONNÉ    L'EXEMI'LE. 
ELLE    l'a    lu    avec   MOI    ET   L'A    APPROUVÉ. 

Commencé  et  ccrit  sous  ses  auspices,  cet  ouvrage,  qui  con- 
tient bien  des  souvenirs  recueillis  de  sa  bouche,  est  destiné  à 
compléter  et  continuer  les  "  Mémoires  de  famille  "  qu'elle  a 
rédigés  pour  l'instruction  et  l'édification  de  ses  enfants. 

^Puisse  mon  œuvre  atteindre  le  même  but  ! 

Québec,  ce  lô'  novembre  i88S,  anniversaire  de  sa  naissance. 

P.  -  B.  Casgrain. 


Depuis  que  les  lignos  qui  précèdent  ont  été  écrite»,  Dieu  a  appelé  ù  lui  cette  bonne 
inère  et  nous  l'u  enlevée  le  1er  février  1890.  Je  tiens  cependant  à  consacrer  de  nouveau 
ce  livre,  en  le  publiant,  au  culte  de  sa  douce  et  sainte  mémoire,  que  Je  dois  et  veux 
honorer  de  toute  ma  piété  filiale. 


AVANT-PROPOS 


Ces  mémoires  ne  sont  destinés  qu'à  ma  famille  et  à  mes  parents  et  alliés 
les  plus  proches. 

En  retraçant  ici  le  passé  de  nos  ancêtres,  mon  but  n'est  pas  seulement 
de  conserver  quelques  notes  biographiques  et  historiques  et  de  sauver  de  l'oubli 
des  souvenirs  de  famille  ;   non. 

Je  vise  plus  haut  et  plus  loin. 

Je  veux  être  utile  à  mes  enfants,  à  mes  petits-enfants,  et  à  tous  ceux  de 
ma  lignée  et  de  mon  nom  qui  liront  ces  pages. 

Je  désire  surtout  leur  inculquer  profondément,  en  leur  racontant  ce  que 
fuiont  leurs  aïeux,  ces  principes  de  religion  et  de  probité,  ces  sentiments  d'hon- 
neur et  de  désintéressement  (jui  font  le  véritable  homme  de  bien  et  le  digue 
citoy«.-n. 

Cela,  je  l'ospèie,  les  engagera  à  conserver  l'esprit  de  famille  et  à  entre- 
tenir le  culte  des  ancêtres. 

En  écrivant  ces  pages  pour  le  piblic,  j'aurais  pu  peut-être  m'étendre 
longuement  sur  ces  pointa  ;  mais  j'ai  préféré,  pour  l'utilité  des  miens,  m'en  tenir 
à  évoquer  la  mémoire  de  peux  des  nôt  es  (|ui  ne  sont  plus. 

C'es't  du  reste  un  ninyen  que  je  crois  propre  à  réhabiliter  l'autorité 
paternelle  qui  est  en  train  de  se  reh'ieher  singulièrement  sur  le  sol  d'Américjue. 

Aux  Etats-Unis  surtout,  cette  autorité  *end  à  s'effacer  de  plus  en  plus 
sous  un  système  politicpie  égalitairc;  elle  est  devenue  presque  nulle  en  présence 
de  l'esprit  général  d'indépendance  que  développe  naturellement  un  individua- 
lisme trop  précoce  chez  les  enfants.  (1) 


(1)  J'ai  tronvô,  plus  turd,  après  avoir  ^crit  ces  lignes,  dans  un  livre  publié  «»n  1S93,  par 
le  vicomte  tle  Moaux,  et  intitulé  ;  "  L'Kglise  Catholique  et  la  liberté  aux  Etats-Unis  ",  tme 
rouiurque  semblable  A  la  mienne,  à  la  page  179  du  voluu  v  ..—"En  général,  dit  M.  lo  Muaux, 
l'autorité  domestique  fuit  défaut  aux  familles  américaines....  les  enfants  sortent  de  la 
maison  paternelle  sans  règle  et  sans  frein."  Et  page  4l)l. — ''Il  ne  faut  pas  le  dissiuiuler  : 
aux  Etats  Unis,  les  liens  de  famille  sont  étrangement  relâchés  ;  l'autorité  domestique  ne 
B'exerce  guère  ;  du  côté  du  père,  la  sollicitude,  et  du  côté  des  enfants,  la  déférence  man- 
quent pareillement.  C'est  peut-être  le  plus  grand  vice  do  la  société  américaine  ...  ce  qui 
lui  manque  le  plus,  c'est  le  respeot." 


—  6  — 

Même  chez  nous,  la  famille  ne  se  forme  plus  à  l'rtncienne  école  du  res- 
pect, de  l'affection  et  du  dévouement. 

Mtiis  une  dissertation  sur  ce  point  m'entraînerait  trop  loin. 
Jo  laisse  aux  familles  intéressées  le  soin  de  rechercher  dans  les  ouvrages 
de  Leplay  et  de  De  Ribbes  ce  qui  pourrait  leur  être  utile  à  cet  égard. 

Je  me  contente  de  rappeler  aux  miens  le  précepte  du  déculogue:  Honora 
patrem  tauni  et  matrem  tuani  ut  sis  longœvua  in  terra. 

Et  j'ajoute,  comme  conclusion  piatique,  que  je  veux  qu'ils  apprennent  de 
plus  en  plus  à  observer  ce  commandement  dans  toute  son  étendue,  pour  qu'en 
honorant  ainsi  leurs  parents  ils  se  sentent  portés  à  marcher  droit  sur  les 
traces  des  vertus  de  leurs  ancêtres,  à  respecter  leur  nom  et  à  le  porter  avec 
honneur  dans  la  voie  du  bien. 

Et  si,  par  malheur,  quelques  uns  d'entre  eux  venaient  à  succomber,  en- 
traînés par  le  courant  de  la  fragilité  inhérente  à  la  nature  humaine,  qu'il:^  ne 
perdent  i^as  courage,  mais  qu'ils  se  relèvent;  et,  Dieu  aidant,  l'image  (juc  nous 
ont  hiissôe  nos  ancêtres,  les  traditions  qui  nous  appartiennent,  les  le(;onï.  que 
nous  avons  reçues  au  foyer  domestique,  les  souvenirs  d'enfance  et  los  bons 
exemples  qu'ils  auront  devant  les  yeux,  les  inciteront  puissamment  à  rentrer 
en  eux-mêmes  et  les  ramèneront  dans  la  bonne  voie  dont  ils  se  seront  momenta- 
némcnl  écartés. 

Pour  mieux  exprimer  les  sentinientsqui  m'animent  et  que  je  désire  faire 
naître,  conserver  et  propager  par  la  lecture  de  ce  livre,  je  no  puis  mieux  dire 
que  do  rappeler  ici  à  mes  enfants  la  pensée  qui  a  dicté  les  '  Mémoires  de 
famille  "  de  ma  mère. 

"  Mes  chers  enfants,  dit-elle,  en  connnençant  les  pages  qu'elle  nons  a 
laissées,  c'est  à  vous  que  sont  adressées  ces  lignes.  La  pensée  d'écrire  ce  (|Ui 
va  suivre  ne  s'était  jamais  offerte  à  nion  esprit,  lorsqu'un  a:ni,  (l)  revêtu  d'un 
caractè  e  sacré,  me  suggéra  l'idée  de  ne  rien  laisser  ignorer  de  ce  (pii  se  lat- 
tachait  à  la  mémoire  de  votre  père.  Alors  je  résolus  d  écrire  c.^s  pages  pour 
votre  instruction  et  votre  agrément.  Elles  serviront  à  faire  revivre  dans  ceux 
d'entre  vous  qui  ont  eu  le  bonheur  de  connaître  votre  bon  père,  le  souvenir  de 
ses  vertus,  et  dans  ceux  qui  étaient  trop  jeunes  pour  l'apprécier,  elie.s  le  leur 
montreront  comme  un  modèle  digne  d'être  étudié  et  imité.  " 

Je  ne  reproduirai  pas  ici  la  monographie  de  mon  père,  ma  digne  mère 
l'ayant  fait  mieux  que  je  ne  pourrais  le  faire;  mais  j'ajouterai  aux  "  Méinoires  " 
Je  cette  dernière  des  notices  biographiques  sur  plusieurs  des  plus  miin)uants 
de  nos  ancêtres  paternels  et  maternels. 

Je  retracerai  leur  lignée  depuis  leur  départ  de  France  jusqu'à  nos  jours, 
en  établissant  la  généalogie  complète  de  chaque  branche,  atin  que  dorénavant 
on  puLsse  s'en  servir  d'une  manière  fixe  et  certaine. 

Comme  plusieurs  d'entre  ceux  dont  nous  sommes  fiers  de  descendre  ont 


(1)  Feu  M.  l'abbé  Primeau,  curé  de  Varennes. 


donné  de  belles  preuves,  soit  de  bravoure  guerrière  ou  de  courage  civique,  soit 
de  noble  désintéressement  et  de  dévouemant  patriotique,  soit  de  vertus  chré- 
tiennes et  domestiques,  il  est  juste  de  sau.er  leurs  noms  de  l'oubli,  afin  de  les 
proposer  plus  particulièrement  à  l'imitation. 

C'est  pourquoi  j'ai  voulu  mettre  par  écrit  ce  qu'il  y  a  de  plus  mémorable 
dans  la  vie  de  ces  aïeux. 

Mwlta  rcnaacentur  quœ  jam  cecidere  cadentque. 

Ce  que  j'écris  durera  après  moi,  pour  quoique  temps  du  moins,  i  t  servira 
aux  miens  à  former  notre  histoire  intime. 

Les  traditions  orales  s'envolent  bien  vite  avec  les  années  ou  se  |i.  ient  à 
la  longue,  petit  à  petit,  pour  s'éteindre  complètement  après  deux  >  ■■<  trois 
générations. 

Bien  souvent  aussi  elles  se  faussent  et  deviennent  à  peine  recoiiti  •-  ;     iblos. 

Nous  en  verrons  des  exemples  dans  le  cours  de  ce  récit  où  i  •.  i  >  •  suis 
attaché  à  ratnener  à  la  vérité  des  faits  vrais  au  fond,  mais  nltérés  |i,i;'  des 
détails  devenus  incorrects  pour  avoir  passé  de  bouche  en  bouche 

Voici  comment  j'ai  commencé  à  écrins  ces  notes,  et  comment  j  l-s  ai 
continuées  et  complétées. 

En  18417,  après  avoir  terminé  mon  cours  d'études  au  collège  Saiiii  Vnne, 
j'appiis  pour  la  première  fois  l'origine  des  Casgrain  du  Cana<la. 

J'étais  alors  étudiant  en  droit  et  je  demeurais  chez  iiKin  .  i,  par 
alliance,  feu  le  jugo  Panet,  à  sa  belle  résidence  de  campagne,  lo  "  Bocfim-  Bor- 
ronunée  '',  près  de  Quéiiec.  (1) 

Mon  grand  oncle  Louis-Jean-Biptisto  Casgrain  y  vint  a!  >  s  pa>-  'piel- 
que  temps  pendant  la  belle  saison. 

Un  jour  que  nous  nous  piomenions  tous  deux  dans  la  <x  ■miit    i  l'i' ilu 

parc,  à  l'ombre  des  grands  pins  qui  semblaient  appartenir  à  la  ïm-vt  \ itivei 

j'engigeai  le  premier  la  conversation  sur  nos  ancêtres 

Ce  que  mon  oncle  me  raconta  ce  jour-là  était  pour  mo»  i  ikvin.mu  et 
si  intéressant  (jue  je  le  priai  de  m'acjmpagner  ju.s(iu'à  machimne  o.i  j';  me 
hâtai  de  recueillir  de  sa  bouche  et  sous  sa  dictée  sa  narration  an  !•  tnijiKt. 

J'ai  conservé  depijis  les  feuillets  de  ce  manuscrit  avec  grau  soin.  ('2)  et 
j'ai  pu  constater  dans  la  suite,  à  l'aide  de  documents  authi'iitiij  ;  -  et  <'•'  l'his- 
toire de  I  époque,  l'exactitude  des  événements  qui  sont  mainten  i':  consignés 
par  moi. 

Du  reste,  j'aurais  pu  me  fier  sans  crainte  à  la  mémoire  di'  mon  oiiii';  qui 
était  proiligeuso  quoiqu'il  fut  âgé  de  78  an^. 


(1)  Cotte  résidence  vient  d'être  cléiuolii)  (18'J())  pour  l'agranditiseiiiont  du  einotière 
Saint-Cliarles. 

(2)  C'est  d'après  ce  manuscrit  que  ma  mère  a  raconté  l'origine  de  la  fumillo  Cusgrain 
dans  ses  "  Mémoires.  >> 


—  8  — 

Il  me  récitait  couramment  des  pages  entières  de  Virgile  et  de  Cicéron. 
J'en  dirai  quelque  chose  plus  loin. 

Ce  premier  germe  gt^néalogique  que  j'avais  ainsi  recueilli  s'est  développé 
chez  moi,  peu  à  peu,  avec  les  années. 

Ce  qui  fait  que  J'ai  consacré  depuis,  de  temps  en  temps,  mes  heures  de 
loisir  à  faire  des  recherches  sur  l'origine  de  ma  famille  et  sur  celles  qui  nie 
touclient  de  plus  près  par  alliance.  Je  veux  parler  de  la  famille  des  Baliy  et 
de  celle  des  Perrault. 

Pour  cela,  j'ai  dû  m'iinposer  parfois  un  travail  opiniâtre  et  souvent 
infructueux,  afin  de  vérifier  une  date,  un  extrait  de  registre,  un  nom,  un  fait  ,' 
pour  retrouver  un  personnage  et  en  constater  l'identité. 

On  verra  cela  par  la  nomenclature  des  principaux  ouvrages  qu'il  m'u 
fallu  consulter  pour  y  puiser  les  renseignements  nécessaires. 

J'ai  donc  lieu  d'espérer  que  mes  arrières-neveur.  me  sauront  gré  de  leur 
avoir  conservé  et  mis  en  ordre  leurs  archives  primitives  et  de  les  leur  avoir 
transmises  avec  le  cachet  de  la  vérité. 

Après  avoir  ainsi  planté  et  développé  les  divers  arbres  généalogiques 
qui  sont  le  complément  de  mon  labeur  et  terminent  ce  livre,  je  pourrai  dire, 
avant  de  fermer  les  yeux  à  jamais,  comme  le  bon  vieillard  de  Lafontaine  : 

"  Afefi  arrières-neveux  me  devront  cet  ombrage." 

Je  suis  loin  de  vouloir  blâmer  mes  dovauci  rs  d'avoir  néffliffé  rie  tenir 
des  livres  de  raison  et  d'écrire  ('es  mémoires  do  leurs  temps. 

T)ans  un  pays  nouveau,  imnu'iise,  hor.s  de  la  civilisation,  à  une  époque  où 
tout  était  à  Cl écr,  et  nu  îniliou  de  besoins  incossnnts,  ils  avaient  bien  autres 
choses  à  faire  (ju'à  s'écouter  vivre  et  à  tenir  la  plume. 

C'étaient  d'ailleurs  la  hache  et  le  fusil  que  l'on  avait  en  mains,  à  cette 
époque  de  défrichement  du  sol,  où  il  fallait  abattre  la  foict  et  défendre  en 
même  temps  son  pied-à-tcrre  contre  les  sauvages. 

Kn  compilant  ces  mémoires,  je  me  suis  efforcé  de  leur  donner,  autant  que 
pn'ssiblo,  en  les  appuyant  sur  dos  preuves  onvaincîwites,  une  exiictiUide  incon- 
testable. 

On  verra  que  j'ai  même  pris  le  soin  d  imliquer  les  sources  où  j'ai  pui.>-é. 

J'étaVdis  clairement,  comme  il  est  facile  de  s'en  convaincre,  le  point  do 
départ  de  France  des  Cnsgraindu  Canada  et  des  ruiNciPALKS  FAMIM.E.S(|ui  leur 
Sont  alliées  dans  ce  pays. 

Pour  ]p1u9  (le  clarté,  j'ai  fait  des  tableaux  généalogi(|Ues  qui  permettent 
d'embrasser  d'un  coup  d'rvil  la  croissance  et  les  greffes  de  chicun  des  troncs 
principaux  de  notre  lignée  paternelle  et  nuitonieile. 

Do  sorte  qu'on  peut  facilement  suivre  chaque  tige  .sortie  do  Franco  dans 
ion  développement  on  Améritjui ,  et  trouver  I'oKIoink  DtH  almancem  par  les- 
quelles les  Casgrain,  les  Baby  et  les  Perrault  ao  sont  propagés  jusqu'aujouri'hui. 


—  9  — 

On  trouvera  ces  tableaux  dans  l'appemlice. 

Je  dois  ici,  en  justice  pour  M.  l'abbé  Tunguay,  (maintenant  Monsignor 
Tanguay)  déclarer  (jue  je  me  suis   beaucoup  servi  et  aidé  de  son  Dictionvaire 

di's  familles  Canaihennes. 

Cependant  j'ai  dû  quelquefois  corriger  des  erreurs  qui  se  sont  glissées 
dans  ses  volumes,  surtout  dans  les  derniers. 

Les  principaux  documents  particuliers  concernant  nos  ancêtres  directs 
sont  consignés  dans  un  volume  de  manus^crits  solidement  relié  et  sont  aujour- 
d'hui sous  la  surveillance  de  mon  frère,  l'abbé  Raymond  Casgrain,  qui,  pour 
leur  conservation  future,  doit  les  léguer  aux  Messieurs  du  Séminaire  de 
Québec,  afin  qu'ils  demeurent,  comme  ils  le  sont  actuellement,  parmi  leurs 
archives,  dans  leurs  voûtes  à  l'épreuve  de  l'incendie. 

On  pourra  en  tout  temps  les  consulter  et  en  obtenir  des  copies. 

C'est  dans  les  registres  publics,  dans  les  actes  notariés  et  dans  les  cor- 
respondances et  papiers  de  famille,  dont  j'ai  un  bon  nombre  en  ma  possession, 
que  j'ai  puisé  mes  autres  renseignements. 

Je  dois  aussi  à  l'obligeance  de  mon  honorable  cousin  et  ami,  M.  le  Juge 
Biiby,  des  notes  précieuses  que  j'ai  cueillies  dans  son  immense  collection  de 
pièces  historiques. 

Je  tiens  à  lui  en  renouveler  ici  mes  remercîments. 

Mais  s'il  m'a  fallu  glaner  bien  souvent  dans  le  champ  des  historiens  de 
chaque  époque,  je  dois  dire  que  je  me  suis  appliqué  particulièrement  à  recueillir 

les  traditions  anciennes  et  orales. 

Ma  bonne  et  vieille  mère  qui,  au  moment  où  j'écris  ces  lignes,  est  dans 
sa  quatre-vingt-cinquième  année  d'existence  et  en  pleine  jouissance  de  sa  par- 
fuite  méirioiro  et  île  sa  belle  intelligence,  était  bien  et  est  bien  encore  aujour- 
d'hui une  des  personnes  les  plus  aptes  à  recueillir  avec  certitude  et  relater  avec 
précisi(jn  les  souvenirs  légués. par  les  ancien.s. 

Je  me  suis  donc  servi  d'un  grand  nombre  de  renseignements  que  je 
tiens  d'elle 

Du  reste,  elle  a  vécu  deux  ans  (1811-12-13)  avec  sa  grand'tnère,  Suzanne 
Lacroix-Uhéaniiie,  veuve  Duperron-Haby,  qui  natpiit  en  1740  et  mourut  à 
Québec  en  septenilire  1813. 

De  plus,  elle  a  été  élevée  par  sa  titnte,  Archange  Baby,  Dame  Ro.ss- 
Lewin,  dont  la  naissance  remonte  à  l'année  1 774  et  qui  vécut  jusqu'en  février 
1850. 

Madame  Ross-Lewin  était  la  fille  de  Suzanne  Lucroix-Rliéaume,  dont 
j'ai  pirlé  pins  haut. 

Ma  mère  a  con.scrvé  aussi  d'anciennes  traditions  sur  la  famille  Casgrain. 

Lors  de  son  mariage,  en  1824,  elle  connut  sa  belK»  grand'mère,  madame 
Juan-Fran(,'ois  Casgrain,  née  Marguerite  Cazeau,  Agée,  à  cette  épocjue,  de  91  ans. 


—  10  — 

Cette  vénérable  vieille  était  alors  aveugle,  mais  elle  conservait  encore 
toutes  ses  autres  facultés  physiques  et  mentales. 

Elle  avait  vécu  pas  moins  de  25  ans  sous  la  domination  française. 

On  voit  donc  par  ce  qui  précède  que  ma  mère  aurait  pu,  à  l'aide  de  ces 
deux  ou  trois  personnes,  écrire  les  mémoires  de  leur  temps. 

En  y  joignant  ses  propres  souvenirs  elle  aurait  pu  embrasser  une  période 
d'au  delà  un  siècle  et  demi. 

Cependant,  personne  n'a  songé,  dans  le  passé,  à  écrire  les  événements  qui 
intéressent  les  nôtres. 

Ce  n'est  qu'en  1869  que  ma  mère  a  cru  devoir  écrire  la  vie  de  mon  père. 

Mais  elle  s'est  bornée  à  une  œuvre  spéciale  et  récente,  c'est-à-dire  à  tra- 
cer sa  monographie  pour  l'instruction  et  l'éditication  de  ses  treize  enfants. 

Ses  "  Mémoires  "  ne  renferment,  pour  aussi  dire,  que  les  événements  qui 
se  rattac'    nt  à  la  vie  de  son  mari. 

Je  viens  donc  aujourd'hui  suppléer  à  cette  lacune  c^  écrivant  niu'  œuvre 
plus  complète. 

Puis.se  ce  livre  resserrer  davantage  les  liens  qui  unissent  pur  un  même 
sang  les  branches  déjà  nombreu.ses  des  familles  Casgrain,  Biïby,  l\'rrault, 
Panet  et  autres  !  Puisse-t-il  aussi  raviver  en  elles  le  culte  des  uncôtros,  en 
décernant  à  leur  mémoire  un  hommage  mérité,  quelque  humble  qu'il  suit  ! 

Du  haut  du  ciel,  ces  aïeux  regardent  leurs  enfants  et  prient  pour  eux 
a6n  que  la  bénédiction  qu'ils  leur  ont  donnée  eu  quittant  cette  terre  .s'oti'inle 
de  génération  en  génération. 

Senedidio  patris  confirmât  domos  /iliorum. 

Ecclésiastique,  ch.  III,  v.  II. 

Qu'il  en  soit  ainsi  pour  nous  tous  ! 


INTRODUCTION 


Comme  ces  notes  sont  plus  particulièrement  destinées  à  mes  enfants  et 
les  intéressent  plus  immédiatement,  je  diviserai  cet  ouvrage  en  trois  purties 
principales  que  je  partagerai  entre  les  trois  familles  qui  les  touchent  do  plus 
près,  savoir  :  celle  des  Casgrain,  d'abord  ;  ensuite,  celle  de  ma  mère,  les  Bâby  ; 
puis  celle  de  ma  femme,  les  Perrault. 

Ce  n'est  pas  sans  raison  que  je  réunis  ces  trois  familles  dans  mon  gi- 
vrage, car  à  diverses  époques,  anciennes  et  récentes,  elles  furent  alliées. 

En  référant  à  l'arbre  généalogique  (D)  des  Côté,  à  l'appendice  du  volume, 
on  verra  que  les  Casgrain  et  les  Perrault  remontent  à  une  ancêtre  maternelle 
commune  dans  la  personne  de  Suzanne  Pagé(l(i54.)  aïeule  des  Casgrain,  et  que 
Guillaume  Page,  son  frère,  (^1657)  est  aïeul  au.ssi,du  ciÙé  maternel,  des  Perrault. 

La  grand'mère  du  docteur  Jean-Charles  Frémont  fut  Françoise-Char- 
lotte Perrault,  (1751)  épouse  du  colonel  Voyer.  Le  même  docteur  Frémont 
s'allia  en  1845  à  Cécile,  fille  du  juge  Philippe  Panet  et  de  demoiselle  Luce 
Casgrain. 

Olivier-Eugène  Casgrain,  .seigneur  de  l'Llet,  en  épousant,  en  1S32,  Hor- 
tense  Dionne,  fille  «le  l'honorable  Amable  Dionne  et  de  Catherine  Perrault, 
cimenta  l'alliance  des  deux  familles. 

Cotte  alliance  fut  de  nouveau  contractée  par  mon  mariago,  en  1854.,  avec 
mademoiselle  Mathilde  Perrault. 

Les  Baby  et  les  Perrault  se  sont  aussi  alliés  deux  fois,  en  1750  et  en 
1783. 

Ainsi  le  sang  de  ces  deux  familles  s'est  doubloment  mêlé  par  les  femmes. 

Je  me  trouve  donc,  du  côté  de  ma  mère,  hs  Bâby,  doublouient  parent 
avec  mon  épouse,  Mathilde  Perrault. 

En  effet,  feu  Joseph-François  Perrault,  le  grand  père  de  ma  femme, 
épousa  on  1783,  la  fille  do  -sa  cousine  g-Minaine,  née  Ursule  McCarthy,  sa  nièce, 
dont  il  étoit  oncle  à  la  mode  de  Bretngne. 

J'ajouterai  encore,  pour  être  plus  explicite,  quo  Louis  Perrault,  père  de 
Joseph-François,  épousa,  on  1750,  Marie-Josoph  Baby,  tille  de   Raymond  Bâby, 


—  12  — 

et  qu'nne  autre  fille,  Marie-Thérèse  BaVy,  ép  )usa  Claude  Benoît  qui  eut  pour 
fille  Ursule  Benoit,  épouse  de  Richard  McCarthy,  qui  lui-même  eut  pour  fille  la 
dite  Ursule  McCarthy. 

Cette  parenté  (')  entre  ma  femme  et  moi, quoique  vaguement  soupçonnée, 
paraissait  si  éloignée  que  personne  n'y  songea  lors  de  notre  mariage  en  1854. 

Cependant,  peu  de  temps  après,  lors  de  notre  tour  de  noces  à  la  Rivière- 
Ouelle,  nous  en  fûmes  inquiétés  par  la  réception  d'une  lettre  de  mademoiselle 
Taricu  de  Lanaudière,  s(eur  de  Madame  François  Baby,  grand  *"  tante  de  ma 
mère. 

Mademoiselle  Tariuu  de  Lanaudière,  qui  était  une  amie  de  la  famille,  in- 
diquait à  ma  mère  la  filiation  qui  établissait  notre  parenté. 

Il  fallut,  en  conséquence,  faire  valider  au  plus  tôt  notre  mariage  devant 
l'Eglise,  après  avoir  obtenu  la  dispense  de  consanguinité  au  quatrième  degré. 

La  bonne  foi  des  nouveaux  époux  ne  suffisait  pas  pour  surmonter  les 
scrupules  de  ma  bonne  mère  qui  se  hâta  de  faire  expédier  les  dispenses  reiiuL-^es. 

Pour  me  servir  de  l'expression  du  bailli  de  la  paroisse,  qui  se  croyait  un 
fort  en  droit  canon,  nous  étions,  ma  femme  et  moi,  suivant  son  dire,  à  vingt- 
cinq  piastres  de  distance. 

C'était  le  coût  ordinaire  de  la  dispense  en  pareil  cas. 

Cet  incident  sert  à  démontrer  l'utilité  de  conserver  des  renseignements 
exacts  et  précis  sur  sa  généalogie,  et  doit,  sur  ce  point,  contribuer  à  faire  appré- 
cier l'importance  de  mon  travail. 

Je  dois  aussi  appeler  l'atteiit  on  de  mes  enfants  sur  le  fait  qu'il  n'y  a  pas 
Uni(|ueiiient  du  sang  fiançais  dans  leurs  veines,  mais  *{u'il  y  a  en  moi  un  (|uart 
de  sang  anglais  pur  ma  mère,  mélangé  chez,  elle  de  sang  hollandais  par  ."«a 
grand'nière  ;  et  qu'il  y  a  de  plus  dans  mes  enfants,  par  leur  mère,  une  teinte  de 
sang  irlandais,  provenant  des  McCarthy  que  je  viens  de  nommer. 

Ma  mère,  Eli/.abeth-Anne  Baliy,  était  moitié  française  et  moitié  anglaise, 
étant  née  d'Elizabeth  Abbott,  fille  du  James  Abbott,  Anglais  établi  au  Détroit 
pprè^  la  conquête.  Celui-ci  avait  épousé  une  hollandaise,  baronne  VonBrocklowe, 
d'Albany;  de  là  le  sang  hoiiarilais. 

Ce  mélange  des  races  est  indiciué  ici  intentionnellement  afin  d'inciter 
mes  enfants  à  faire  ressortir,  chucun  en  droit  soi,  les  qiialités  particulières  à 
chiicune  dVllos  et  à  corriger  tels  défauts  de  nationalité  ou  de  race,  s'il  s'en 
tionve  cluz  oux,  (pii  paraîtraient  évidennnont  en  découler,  C.vr  l'expérience 
de  tous  les  jimis,  l'histoire  de  tous  les  peuples  et  les  en.seigneinents  de  la  science, 
démontrent  Ifs  consé(juences,  sinon  inéluctables,  du  moins  ordinaire*  de  l'atr- 
vianio.  Nu.s  pères,  avec  leur  gros  bon  sens,  comprenaient  bien  ce  (|U*ils  renmr- 
tjuaient  m  nientionn.tnt  telle  et  tlie  famille  :  "  V'cat  une  bonne  mce,"  disaient- 
ils,     lia  en  ont  fait  le  proverbe  :  Bon  aang  ne  peut  mentir. 


(I)  Voir  l'arbre  généalogique  B.  doi>  Bàhy. 


—  13  — 

Je  conseille  donc  fortement  à  mes  enfants  et  mes  descendants,  aussi  à 
mes  proches,  de  bien  réfléchir,  d'y  aller  avec  prudence,  sagesse  et  religion 
dans  les  allif,nces  qu'ils  auront  à  contracter,  afin  que  do  leur  union  sortent  des 
sujets  enclins  naturellement  au  bien  et  non  portés  au  mal  par  tempérament. 
Ensuite  qu'ils  tâchent  d'élever  des  enfants  qui  puissent  attirer  la  bénédiction 
de  Dieu  et  qui  soient  la  gloire  de  leurs  parents  et  l'honneur  de  leurs  cheveux 
blancs. 

Fortes  creaiitur  fortibm,  et  bonis.  (Horace,  Ode,  IV,  4,29.)  C'est  ainsi 
que  de  père  en  fils  pourra  s'appliquer  la  parole  toujours  vraie  du  livre  sacré  : 
Dieu  bénira  l'homme  juste  jusque  dans  la  septième  génération. 


-^^^i^W^^/^/i/^ 


PREMIERE     PARTIE 
CHAPITRE  PREMIER 


ORIGINE   DES    CASQBAIN   DU   CANADA. 

Jusqu'à  présent  il  n'y  a  eu  et  il  n'y  a  qu'une  seule  famille  connue  sous 
ce  nom  en  Canada.  Elle  sort  rie  France  et  le  premier  qui  vint  de  là  s'établir 
en  ce  pays  fut  Jean-François  Cassegrain.  Il  était  natif  de  la  paroisse  Saint- 
Pierre  d'Airvault  (auretta  vallis),  dans  le  diocèse  dé  la  Rochelle  d'autrefois. 
Airvault  est  une  petite  ville  du  haut  Poitou,  dans  le  territoire  Appelé  la 
Oâtine,  (1)  inclus  aujourd'hui  dans  le  département  des  Deux-Sèvrea.  Le  re- 
gistre ancien  déposé  à  la  mairie  (2)  constate  la  naissance  de  Jean-François  par 
l'acte  d'entrée  de  son  baptême  en  date  31  décembre  1716,  comme  issu  du  ma- 
riage de  François  Cassegrain,  sergent  (3),  fils  de  François,  avec  Catherine 
Leconte,  fille  de  Jean  Leconte  et  de  Marie  Poullet,  de  la  paroisse  (voisine)  de 
Saint-Jouin,  mariage  contracté  le  20  avril  1712. 

De  cette  union  naquirent  à  Airvault,  tel  qu'il  appert  aux  registres  do 
l'ancienne  paroisse,  les  enfants  suivants,  par  ordre  de  date  ci  : 

1.  Jean-François,  susnommé le  31  décembre  1716. 

2.  Jean "  17  février  1719, 

3.  Claude "  19  août  1721. 

4.  Marie-Catherine, "     2  novembre  1 724 

a.  René "  20  juillet  1726. 

6.  Jeanne "  30  mars  1 731. 

7.  Marie-Catherino, "  16  juillet  1739.     (4) 

(1)  La  OAtine  (Ouastinn)  a  été  vérital)Ioin*nt  le  berceau  do  la  guerre  vondfienno. 
C'ost  dans  le  Bocage  qu'elle  a  ou  aussi  ses  centres  do  résistance. 

(2)  Mairie  d'Airvault,  «-xtrait  du  9  août  1807.     Loinairo,  seort^t. 

(3)  D'Avenel  dit  dans  "  Richelieu  et  la  MonnrcM»  nbaolue,"  p.  33,  que  le  grade  <!• 

sorgont-uin.jor  du  régiment  correspondait  A  l'adjudant-niajor  actuel Lo  grade  d'au- 

niAnior  et  de  chirurgien  oorres|>ondait  à  celui  de  sergent,  p.  64,  note  au  baa  de  la  page. 
Kègleuient  du  2i  juillet  163K. 

(4)  Mon  vi«il  oncle  Jean  CuHgrain,  cité  plus  haut,  m'a  dit  qu'un  autre  fils,  nommé 
Philippe,  était  disparu  en  uier.  Il  semble  y  avoir  une  lacune  dans  les  naissanoeg  pendant 
les  trois  proiiii>^res  nnnôea  du  mariage  ou  bien  le*  baptd  nos  auriiicnt  uu  lieu  ailleurs,  peut- 
être  à  Saint.Iautu. 


—  16  — 

Il  est  à  noter  ici  que  Jean-François  portait  habituellement  lô  nom  do 
Jean,  quoiqu'il  soit  désigné  quelquefois  sous  l'autre  de  ses  noms,  François 
Ainsi,  par  exemple,  dans  un  acte  d'achat  passé  à  Québec  devant  Mtre  Panet, 
notaire,  le  23  juillet  1750,  il  est  nommé  François.  Dans  d'autres  actes  notariés 
il  est  nommé  Jean  :  Donation  à  son  fils  du  24  juillet  1791  ;  acte  de  vent«,  Pierre 
Casgrain  à  Pierre  Page,  1  août  1791,  Voyer,  N.  P. —  Testament  du  2  septembre 
1797.  Dionne,  N.  P.  A  l'acte  de  sa  sépulture,  3  octobre  1802,  registre  de  la 
Rivière-Ouelle,  il  est  nommé  Jean-B.  Casgrain  et  dit  âgé  d'environ  84  ans. 
Comme  on  le  voit  le  nom  et  l'âge  no  sont  pas  entrés  tout  à  fait  correctement, 
car  il  était  âgé  de  tout  près  de  86  ans. 

Ces  données  étant  connues,  je  ne  puis  m'expliquer  et  je  dois  rectifier 
l'erreur  commise  par  mon  frère  l'abbé  Raymond  qui  a  fait  graver  le  nom  Jean- 
Bte  sur  le  marbre  funéraire  des  Casgrain,  <lans  l'église  de  la  Rivière-Ouelle. 

D'où  vient  le  nom  de  notre  famille  ? 

Il  faut  remarquer  que  sa  prononciation  populaire  et  la  plus  facile  a  dû 
être  et  est  aujourd'hui  Côz'i-rain,  Castrain,  en  élidant  le  g,  et  non  pas  Casse- 
grain,  comme  l'écrivait  notre  ancêtre  et  comme  on  l'écrit  encore  en  France. 

Dans  mes  recherches  sur  ce  sujet  j'ai  trouvé  le  même  nom  Castrain.  II 
appartenait  à  l'auteur  d'un  livre  imprimé  à  Paris,  in  8°,  intitulé.  De  stirpe  et 
origine  domus  de  Courlenay,  et  de  deux  mémoires  et  discours  démontrant  que 
les  Courtenay  descendent  do  Louis  Legros  par  mâles  et  sont  de  sang  royal  de 
France.  (1) 

Ce  nom  Castrain,  ou  Câzerain,  dérive  probablement  du  bas  latin,  comme 
un  grand  nombre  des  anciens  noms  aujourd'hui  francisés.  Il  pourroit  être 
dérivé  de  distrum  agrinum  ou  mieux  C<istinetum  agrinuvu  Le  château 
d'Agrin,  dans  le  Velay,  est  ainsi  énuméré  parmi  les  châteaux  forts  appartenant 
en  propre  au  haut  seigneur  du  pays,  sou-t  le  règne  <Io  Saint-Louis  ;  ainsi  qu'on 
pont  le  voir  à  l'appendice  et  à  la  carte  qui  accompngiic  la  récente  édition  de 
Joinviile,  qui  se  trouve  â  la  bibliothèque  du  Parlement  à  Ottawa. 

Une  autre  étymologie,  a.ssez  proche  de  celle-ci,  serait  Casn  grani,  ou 
maison  du  blé.  Elle  ne  serait  pas  improbable  si  on  la  rapproche  de  la  gerbe 
de  blé  qui  accompagne  les  armes  du  u>êiiH)  nom  Ca.sgrain.  Cette  appellation  dé- 
rive naturellement  de  la  vie  des  champs  et  a  dvi  naître  avec  elle.  On  la  retrouve 
sous  une  autre  forme  dès  la  plus  haute  antiquité,  par  exemple  dans  Beth-léem, 
qui  signifie  la  même  chose,  maùson  du  pain.  La  première  partie  de  la  devise 
des  Casgrain,  Au  champ  labeur,  au  camp  valeur,  parait  fort  appropriée  à  une 
.semblable  origine  du  nom  de  la  fanullc. 


(1)  Ménioires  pour  iervir  à  l'histoire  <le  Franco,  tome  XIV,  registre.  Journal  Henri 
tV,  publié  sur  le  uianuiorit  de  Pierre  L'Etoile,  socomle  partie  du  tome  le-,  p.  42ft,  2èmo 
colonne,  ot  page  457,  2ème  colonne. 

Il  pout  se  faire  ({ue  ce  même  écrivain  soit  aussii  l'auteur  de  l'oraison  :  De  itnmenmî 
tiiriœ  romnHw.  potenliâ  moc'erandiî,  p.  42(V,  id. 


—  17  — 

Il  est  fait  mention  d'une  terre  appelée  Casagran  (ij  dans  un  arrêt  rap- 
porté par  Ricard  dans  son  Traité  des  substitution». 

Le  norn  tel  qu'on  l'épelle  en  Franco  figure  dans  la  Nouvelle  Biographie, 
où  est  mentionné  Cassegrain,  N.,  physicien  et  professeur  au  collège  de  Chartres, 
(1680)  distingué  par  un  télescope  perfectionné  (jui  porte  son  nom  à  cause  du 
réHecteur  ou  miroir  particulier  qu'il  a  inventé.  Il  a  laissé  aussi  une  lettre  sur 
les  proportions  des  trompettes  et  des  porte-voix. 

Un  autre  Cassegrain,  Jacques,  mé  lecin  de  Chartres,  s'est  fait  connaître 
comme  observateur  en  1G91,  loi  s  de  la  démolition  de  la  flèche  de  la  cathédrale 
de  cette  ville.  Il  fit  sur  les  anciennes  ferrures  scellées  dans  la  pierre  des  expé- 
riences qui  démontraient  que  plusieurs  de  ces  pierres  avaient  le  poids  et  la 
propriété  magnétique  de  l'aimant.  C-^) 

Ce  même  nom  ne  parait  guère  commun  en  France  dans  ces  derniers 
temps,  en  autant  que  j'ai  pu  le  constater  et  notamment  dans  un  voyage  que  j'y 
fis  en  1867  en  compugnie  de  mon  frère  M.  l'abbé  Rnymond  Casgrain,  où  nous 
nous  occupâmes  d'en  faire  la  i-eclierche.  L'abbé  rencontra  à  Paris  un  homo- 
nyme avec  lequel  il  s'était  donné  rendez- vous  par  correspondance.  Ce  Français, 
•lont  l'adresse  était  Joseph  Cassegrain,  père,  Parthenay,  Deux-Sèvres,  demeu- 
rait à  cinq  lieues  d'Airvault.  Il  paraissait  un  homme  bien  posé,  instruit  et 
très  comme  il  faut.  Suivant  lui  ses  ancêtres  n'avaient  jamais  quitté  le  pays 
de  la  PUiine  qui  borde  la  Gâtine,  et  la  génération  (|ui  l'avait  précédé  avait 
pour  berceau  Saulnaye,  à  six  ou  ^mpi  lieues  d'Airvault.  Il  réclamait  une 
parenté  avec  nous  du  Canada  par  tradition.  Son  dire  semble  assez  probable 
à  cause  du  pays  commun  d'origine.  Mais  ce  <|ui  pour  moi  enlève  tout  doute, 
c'est  une  marque  prononcée  d'atavisme  chez  lui,  reproduisant  le  type  parfait 
des  Casgrain  du  Cinada.  Il  avait  une  ressemblance  frappante  avec  notre  oncle, 
Pierre  II,  ancien  seigneur  de  la  Rivière  Quelle  ou  Bouteillerie,  (3)  tellement 
qu'en  l'apercevant  l'abbé  reconnut  son  homme  sur  le  champ  et  ne  put  s'empêcher 
d'en  faire  l'exclamation. 

L'abbé  se  rendit  peu  après  à  Airvault  où  il  fit  connaissance  avec  le  curé 
du  lieu.  Celui-ci  avait  eu  pour  ménagère  une  Casgrain,  qui  venait  de  laisser 
son  service. 

Dans  cette  même  aimée  1867,  en  traversant  les  Alpes  par  Chamounix,  je 
fis  la  rencontre  dans  la  diligence  d'un  capucin,  le  père  Laurent,  supérieur  d'une 
maison  do  religieux  à  Paris,  homme  fort  instruit,  très  spirituel,  et  de  bonne 
compagnie  (4)-     Il  connaissait  tout,  à  la  ville  et  à  la  cour.     En  causant,  il  me 

(1)  Est-ce  l'endroit,  Casaegrani,  appelé  Les  chaises  en  France  T 

(2)  Journal  des  savants  do  1672  à  1691  ;  Doliron,  Hibliothique  Chartraine,  m.  ■.  a. 

(3)  C'est  de  son  tenipr,  IH54,  qu'a  eu  lieu  l'abolition  des  iiefs  et  de  la  tenure  sei- 
gneuriale dans  la  province  de  Québeo,  ainsi  que  des  droiiis  honorifiques  qui  en  découlaient. 

(4)  J'avais  pris  un  cigare  en  lui  «leuiandant  s'il  avait  objection  à  me  laisser  fumer* 
"  Pas  du  tout,"  répondit-il,  "  c'est  seulement  à  la  manière  de  le  demander.    Vous  connais- 


—  18  — 

mentionna  un  ancien  prêtre  de  notre  nom,  curé  vers  ïe  milieu  du  dernier  siècle 
«l'une  petite  paroisse  près  de  Paris,  aux  environs  do  Versailles,  qu'il  me  nomma^ 
mais  dont  j'ai  ou1)lié  le  nom.  C  était,  me  dit-ii,  un  saint  à  canoniser  et  dont 
on  se  rappelle  encore  les  vertus.  Le  Cardinal  Fleury  l'avait  choisi  pour  son 
confesseur. 

Mgr.  Pie,  alors  évêque  de  Poitiers,  depuis  cardinal,  avec  lequel  j'eus 
l'honneur  de  m'entretenir  longuement  en  route  sur  le  vapeur,  d'Ostie  à  Marseille, 
à  mon  retour  de  Rome,  un  mois  après,  me  confirma  ce  que  je  lui  dis  tenir  du 
père  Laurent.  Il  eut  occasion  d'en  causer  ensuite  avec  mon  frère  l'abbé  k 
Poitiersetl'I,  forma  qu'une  vie  (imprimée?)  du  digne  curé  avait  été  écrite,  et  dft 
être  publ  ée  Ci,  '".ance.  J'ai  chargé  l'alibé  dans  son  voyage  annuel  à  Paris, 
1887-<S,  d'en  faire  la  recherche,  mais  i!  n'a  pu  trouver  cette  biographie  (•). 

Une  actrice  du  même  nom  Cassegruin  acquit  une  certaine  vogue  à  Paris 
vers  1848. 

M.  l'abbé  Berthiaume,  curé  de  Siint-Palin,  à  quatre  lieues  de  Bourges, 
Cher,  par  une  lettre  du  10  mai  1858,  imforina  mon  frère  l'abbé  qu'il  y  avait 
alors  à  Orléans  un  homonyme,  marchand  de  blé,  dont  il  ne  pouvait  indiquer 
l'adresse,  mais  qui  était  connu  de  tout  le  mo;ide  en  sa  ville;  do  plus  qu'il  y  en 
avait  un  autre  à  Antony,  commuie  ou  canton  de   Longjumeau,  près    de  Paris. 

Dans  le  catalogue  de  l'e.'iposition  américaine,  à  Phil.idelphie,  en  187(5,  j'ai 
trouvé  un  armurier  du  nom,  demeurant  au  Caire,  en  Egypte  ;  et  un  autre,  aussi 
armurier  et  fabricant,  établi  à  Ajaccio,  en  Corse, 

Il  s'est  trouvé  dans  le  diocèse  «le  Chartres,  du  temps  de  notre  aïeul,  plu- 
sieurs prêtres  lie  .son  nom,  ainsi  cju  du  le  voit  dans  la  "Chronologie  des  tVMiw'^^ 
"  des  curés,  des  vicaires  et  f/ew  autres  prêtres  de  ce  diocèse  depuis  les  temps  les 
"  phis  recules  jusqu'à  nos  jours,"  par  l'al.bé  Joseph  Beauhaire,  curé  de  Moriers, 
(1892). 

1660,  Ca.ssegrain,  dessert,  à  Theuville  — (Tlieuvilla). 

1684,  Cassegrnin,  Laurent,  curé  do  ChixU' \o\\,  (Ckardum)  décédé  1693  ii 
(î5  ans,  iiduimé  dans  le  cimetière  de  la  paroisse. 

sez  lu  réponse  d'une  dnnie  ti  un  coniini»  voyageur  qui  s'était  borné  à  lui  demander  si  la 
fu'iiée  du  tabac  l'incoinuioduit.     Je  no  sais  pas,  dit  elle,  car  jiniiais  personne  n'a  eu  l'imper- 
tinence de  i'uiuer  devant  moi.  " —  "  Fumez,  fuino/,,  ajouta  le  capucin,  Jo  no  voulais  que 
vous  raconter  la  bonne  réponse.  " 

(1)  Cassegrain,  (Guillaume)  sculpteur  l'rançais  du  XVII  siècle,  a  été  au  nombre  des 
statuaires  qui  ont  pr's  |>ai't  aux  travaux  de  Versailles  ;  il  était  surtout  chargé  des  moulages 
d  (pHvres  importantes.  On  le  voit  en  ItKiti  faire  le  uioule  du  'ouste  du  roi,  anivre  du  cuv4ilier 
Bernin.  Ce  tra\aillui  fut  payé  1200  Ibs.  d'après  les  comptoi  des  bâtiments.  [1  moula  ensuite 
V Ihrciih:  FamPse,  plusieurs  anti(|ues  venant  do  Ro.ne  et  le  groupe  do  Niobén.  Il  a  exécuté 
un  grand  nombre  d'ouvrages  du  même  geni-o  pour  les  palais  royaux  ;  il  a  encore  moulé  en 
plâtre  ot  en  cire  la  Flore  et  le  La'ieonii.  Cet  artiste  laborieux,  sur  lequel  on  trouve  peu  de 
renseignements,  est  sans  doute  l'auteur  d'un  certain  no.ni>re  <le  moula'j!4s  exécutés  d'aprèS' 
les  statues  qui  sont  placées  dans  les  jardins  do  Versailles  ou  du  Louvre. 

BiiiLi  :  Jai.,  Dictionnaire,  (jitikkkkv,  Les  comptes  des  bâtiiiients  du  Itoi. 

La  Grande  Encyclopédie,  vol.  ",t,  vo.,  Cassegrain. 


—  19  — 

1717,  Cassegmin,  Paul,  né  à  Angerville,  1()93,  vicaire  à  Dangeau  (Domi- 
cilium);  —  en  1718,  chapelain  de  Notre-Dame-de-Lorette,  au  château  d  Arb")u- 
ville  et  vicaire  de  Rouvray  St-Denis,  {Riverium),  appelé  de  1790  à  1T94, 
Rouvray-les-Chaumes  ;  —  en  1722,  chapelain  de  Sainville  et  vicaire  de  Sainville  ; 
—  1729,  chapelain  de  Louville  ;  —  1729,  chapelain  du  Maïquis  d'AlIonville  ; — 
1732,  curé  de  Boug'ainviil  ;  —  llSi,  fondateur  et  directeur  de  la  Comniunauté 
des  Sœurs  de  Saint-Réiny-d'Auneau,  aujourd'hui  connue  sous  le  nom  de  Bon- 
Secours  de  Chartres  ;  — 1734,  chapelain  du  Prieuré  de  St-Nicolas  d'Auneau 
(fondé  en  1100);  1745,  vicaire  d'Auneau. 

Ce  prêtre  pieu:;  refusa  l'évêché  de  Québec  que  voulait  lui  faire  accepter 
le  cardinal  de  Fleui-y,  lequel  l'avait  choisi  en  1742  pour  chapelain  et  pour  con- 
fesseur. P.  Ca«iseg  ain  devint  chan  liue  de  Chartres  en  1749,  puis  résigna  son 
canonicat  en  faveur  do  son  neveu,  Paul-Antoine,  ci-après  mentionné  II  mou- 
rut à  Anneau  en  1771,  âgé  de  78  ans.  Par  testaimint  il  légua  cent  pistoles  à  sa 
con.munauté  pour  célébrer  chaque  année  la  fête  du  Sacré-Cœur  et  disposa 
d'une  somme  do  deux  inillo  livres  en  faveur  des  pauvres.  Sa  vie  a  été  écrite 
par  .son  neveu,  Paul-Antoine,  ci-après  nommé,  mais  non  imprimée. 

Ce  personnago  doit  être  le  même  «jue  celui  ci-dessus  mentionné  par  le 
père  Laurent  et  le  cardinal  Pie.  Après  plusieurs  tent  itives  pour  obtenir  une 
co)ie  du  manuscrit,  (jui  ne  paraît  pas  avoir  été  publié,  je  n'ai  pu  avoir  de 
ré|)onses. 

1723,  Ca.ssegrain,  Jean-Jacques,  vicaire  à  Magney  (Maigniuni). 

1700,  Ca.ssegrain,  Paul-Antoine,  né  à  Chartres,  neveu  de  Paul  ci-dessus  ; 
1765,  chanoine  à  Chartres  ;  —  1774,  curé  à  Moiitier;  est  l'auteur  de  la  vie  ma- 
nuscrite de  Paul  Cassegrain,  le  fondateur  des  Steurs  de  Bon-Secours.  Il  fut 
déporté  durant  la  Révolution,  mais  la  confiscation  de  ses  biens  ne  produisit  rien. 

1773,  Cassegrain,  vicaire  à  Lolcu. 

1774,  Cassegrain,  Toussaint,  curé  h,  Oahirlon,  (Walardo)  maitre-ès-arts 
(le  l'Université  do  Paris,  chapelain  de  la  chapelle  de  Saint-Djnis,  en  la  cathé- 
drale de  Chartres,  non  sujette  à  résidence.  Il  prêta  serment,  se  rétracta  et  fut 
nommé  en  1803  curé  de  Plessis-Boach  inl  (Soine-ot-Oiso)  où  il  mourut  en  1808, 

Un  autre  Cassegrain,  Franc/ois-Clément,  né  et  domicilié  à  Pithiviers,  ex- 
curé, âgé  de  76  ans,  fut  c:>ndamné  à  mort,  le  27  germinal  an  II,  par  le  tribunal 
révolutionnaire  de  Paris,  comme  convaincu  de  manoeuvres  contre-révolution- 
naires. {Hititoire  (jévémlc  et  impartiale  des  erreurs,  des  fautes  et  des  crimes 
commis  par  la  Révolution  française,  par  L  Prudhomme,  T.  I.  va.  Cassegrain, 
p.  188.) 

M.  Le  Comte  d'FIaussonville,  qui  est  venu  au  Canada  avec  le  Comte  de 
Paris,  en  1891,  appartient  à  la  famille  de  Madame  de  Staël,  qui  a  fondé  l'Hô- 
pital Necker.  Il  a  informé  alors  l'abbé  R  Casgrain  que  la  première  directrice 
(le  l'Hf'ipital  fut  une  sœur  Casgrain. 

L'éptxjue  la  plus  reculée  où  j'ai   rencontré  le  n:)m  de   notre  famille  re- 


—  20  — 

iDonte  à  1564,  oh  il  apparaît  au  rôle  d'une  revue  militaire,  monstre,  faite  à 
Paris  le  23  juin  de  cette  année,  par  Pierre  Taverny,  lieutenant-général  pour  la 
Connestablie  et  Maréchaussée  de  France.  Dans  le  rapport  de  l'état  de  service 
on  lit  ce  qui  suit  : 

"  Jehan  Cassegrain,  lieutenant"  (d'une  compagnie  d'archers)  "  pourvu 
"  par  le  Roy  du  dit  office  le  26  mai  dernier  passé.  "  Michel  Brosset,  écuier, 
seigneur  d'Aujanville,  y  est  dit  Prévost  de  cette  compagnie  et  des  Messieurs  les 
Connestables  et  Maréchaux  de  France.  "  Tous  lesquels  Prévost,  Lieutenant, 
"  greffier  et  arche-s  (1)  ont  été  trouvés  armés  et  montés,  et  en  bon  ot  suffisant 
"  équippnge  pour  le  service  du  Roy  et  ont  prêté  le  serment  requis  et  accoutumé." 

Le  document  original  en  parchemin  de  cette  monstre  est  déposé  aux  ar- 
chives du  Collège  Héraldique  et  Archéologique  de  France  et  copie  certitiée 
m'en  a  été  expédiée  le  15  septembre  1862,  p»ir  M.  le  comte  de  Givaudan,  direc- 
twir,  et  par  l'entremise  de  M.  Gauldrée  Boileau,  consul  de  France  à  Québec. 

Le  dossier  Cassegrain  dans  ces  archives  se  compose  de  six  feuilles  en 
parchemin  en  asse;;  mauvais  état  et  de  la  pièce  ou  monstre  ci-dessus. 

M.  Gustave  Bossange,  de  Paris,  en  réponse  à  ma  demande  de  l'envoi  des 
pièces,  m'a  certifié  de  leur  état  par  lettre  du  4  septembre  1862. 

Le  même  envoi  contenait  un  dessin  colorié  des  armes  Cassegrain  qui 
lisent:  D'azur  à  une  gerbe  de  blé  or,  accompagnée  en  chef  d'une  épéedumeme. 

Dans  le  Répertoire  Nobiliaire  ou  Livre  d'or  de  la  Noblesse,  dont  un 
exemplaire  se  trouve  à  la  bibliothèqn»  do  Parlement  à  Ottawa,  le  même  nom 
figure  au  vol.  II,  p.  LV. 

Depuis  son  départ  de  France  le  premier  Casgrain  venu  en  Canada  ne 
parait  pas  avoir  laissé  de  correspondance  pour  établir  la  continuité  de  ses  rela- 
tions avec  ses  parents  d'outre-mer.  Toutefois  les  souvenirs  n'étaient  pas  effacés. 
Car  la  similitude  des  noms  propres  se  ret*"ouve  dans  .sen  enfants  et  descendants  : 
Jean,  François,  Piaire,  René,  Philippe,  sont  tous  des  noms  conservés  dans  sa 
génération. 

Nous  allons  maintenant  retracer  la  carrière  de  notre  premier  ancêtre 
canadien  et  faire  le  dénombrement  de  tes  desceudnnts  jusqu'à  nos  jours.  Nous 
verrons  que  sa  race  est  devenue  forte,  vivace  et  nombreuse  par  l'extension  de 
ses  rameaux,  et  que  plusieurs  de  ses  rejetons  ont  pris  une  place  utile  et  hono- 
rable sur  le  sol  d'Amérique  où  ils  ont  été  implantés. 


(1)  Un  archer  avait  sous  lui  six  Innces.  Cf.  Arthur  de  Bretagne,  par  E.  Conneau, 
Paria,  1886.  Voyez  aussi  le  costume  des  archers  dans  les  documents  de  Tainille  ci-devant 
mentionnés,  vol.  8. 


—  21  — 
CHAPITRE  DEUXIÈME 

LIGNÉE   DES  CASORAIN   EN   CANADA. 

Jean-François,  né  le  31  décembre  1716,  comme  on  vient  de  le  voir,  est  la 
souche  unique  de  toutes  les  familles  qui  portent  le  nom  de  Casgrain  en  Canada. 
Elles  descendent  toutes  directement  do  lui.  Aucune  autre  personne  du  même 
nom  n'est  connue  pour  y  avoir  existé  comme  colon  depuis  l'origine  de  la  colonie 
de  la  Nouvelle-France  jusqu'à  aujourd'hui.  Le  seul  homonyme  connu  a  été 
trouvé  à  l'Isle  Saint-Jean,  mais  il  n'a  pu  faire  souche,  car  on  découvre  sa  mort 
prématurée. 

Dans  le  registre  do  la  paroisse  de  Port-Lajoie,  aujourd'hui  Charlottetown, 
(Isle  Saint-Jean),  Isle  du  Prince-Edouard,  tenu  en  ce  havre  par  le  père  Lagrée, 
récollet  do  la  province  de  Bretagne,  faisant  les  fonctions  curiale-«  à  l'Isle  Saint- 
Jean,  1752-3-4-5-6  et  7,  on  voit  que  le  22  mai  1754  ont  été  inhumés  dans  le 
cimetière  de  cette  parojsse  Paul-Quy  Cassegrain  dit  Ladérive,  soldat  de  la 
compagnie  de  M.  Dorfontaine  (Rousseau,  Sr  Dorfontaine),  en  garnison  dans 
cette  île,  natif  de  Chartres,  en  Beauce,  paroisse  N.-D.,  âgé  d'environ  19  ans  ;  et 
Jacques  Beau,  de  la  même  compagnie.  Tous  deux  s'étaient  noyés.  Cet  acte 
est  signé  par  le  frère  Ambroise  Aubre,  R.  M. 

Voici  ce  que  la  tradition  nous  apprend  dos  premières  années  de  «/ean- 
François,  c'est-à-dire  Jean,  avant  de  laisser  son  pays.  Nous  tenons  de  son  fils, 
Jean-Bte,  ce  qu'il  nous  en  a  conservé  et  nous  donnons  sa  relation  Verbatim. 

Jean  laissa  fort  jeune  le  toit  paternel.  Son  père  chargé  de  plusieurs 
enfants,  dont  le  nombre  augmentait  chaque  année,  et  assujetti  à  son  service 
militaire  comme  sergent,  <luvait  naturellement  se  trouver  en  face  de  ressources 
assez  restreintes  pour  élever  sa  famille.  Probablement  que  ce  fut  là  le  motif 
qui  engagea  Jean,  l'aîné,  à  se  mettre  si  tôt  en  apprentissage.  Il  entra  tout 
jeune  chez  un  traiteur  dans  une  petite  ville  voisine  et  passa  maître  pâtissier. 
Mais  il  abandonna  bientôt  ce  métier  pour  suivre,  comme  non  père,  la  carrière 
des  armes  et  s'enrôla  dans  les  Brigades  Irlandaises,  alors  au  service  de  la 
France.  Il  prit  rang  comme  grena  lier  de  la  première  division.  Il  servit  pen- 
dant quatre  ans  sous  le  capitaine  Fitzgibbon  (I)  et  fit  plusieurs  campagnes 
sous  lui.  La  France  était  alors  engagée  dans  la  longue  guerre  de  la  succession 
d'Autriche. 

Comme  ce  jeune  grenadier  était  bel  homme,  bon  cavalier,  soldat  résolu 


(1)  Ce  pourrait  bien  être  pliitdt  Fitz-James,  du  régiment  à  cheval,  dont  le  nom 
revient  souvent  dans  l'histoire  de  ce  corps.  Voir  Histnry  of  Ihe  Irish  llrigade  par  I.  C. 
O'Callaghain,  London,  1870,  p.  p.  36,  45,  47,  155  et  196. 


__  22  — 

et  courageux,  il  fut  passé  en  présent  au  marquis  de  Tessé,  (•)  colonel  en  pied 
des  carabiniers,  dont  le  corps  était  compos-â  de  dix  escadrons,  et  il  y  fut  promu 
sergent-major.  (2)  Ce  colonel,  allié  h,  la  famille  anglaise  de  Grenville,  (3)  aurait, 
parait-il,  entrepris  de  lever,  de  concert  avec  elle  et  à  frais  communs,  un  bataillon 
pour  aller  combattre  les  Tu; es  dans  le  Levant  afin  de  porter  secours  aux   che- 
valiers de  Malte.     Jean  fut  le  trentième  de  ceux  qui  furent  choisis   parmi   les 
carabiniers  pour  relever  ceux  des  chevaliers  qui  avaient  péri  dans  les  combats. 
Du  nombre  de  ces  recrues  dans  son  régitaent,  qui  prirent  part  à  l'expédition^ 
quatre  seulement,  à  part  Jean,  en  revinrent,  encore  étaient-ils  réduits  presque 
hors  de  service  par  leurs  blessures.     Ces  carabiniers  servant   ainsi  étaient  sou- 
mis à  la  même  discipline  que  les  chevaliers  de  Malte.     Elle  les  obligeait  à  ne 
jamais  se  rendre.     Dans  un  combat  très  vif  près  d'Ascalon  (?)     Jean  eût  le  nez 
fendu  d'un  coup  de  cimeterre  ;    vingt-deux  chevaliers  et  treize  carabiniers  y 
périrent.     Peu  ds  temps  après  étant  tombé  dans  une  ambuscade  il   fut  pris  et 
emmené  avec  d'autres  prisonniers  chrétiens  à  Aboiikir  (?)     Parmi  eux  se  trou- 
vait un  nommé  Sabran,  chef  de  brigaile.     C'était  un  homme  pieux  qui  avait 
même  étudié  pour  entrer  dans   les  ordres  sacrés.     Pendant  leur  captivité   un 
prêtre  renégat,  que  Sabran  avait  connu  pendant  ses  études  de  séminaire,  entre- 
prit de   les  convertir  à  l'islamisme.     En  entendant  répéter  cha(|ue  jour  ses 
affreuses  propositions  le  chef  de  brigade  en  fut  à  la  fin  révolté.     "  Ah",  s'écria- 
t-il  dans  son  indignation,  en  s'adrcssant  à  Jean,  "est-il  possil)Ie  de  laisser  outra- 
ger Dieu  d'une  pareille  façon  ?"  A  ces  mots  Jean  se  précipita  sur  le  renégat  et 
l'aurait  étranglé  sur  le  champ,  si  le  janissaire,  qui  était  à  la  suite  de  ce'ui-ci, 
ne  fut  venu  à  sa  rescous.se  on  se  ruant  sur  Jean  pour  le  tuer  avec  s  m  cimeterrn 
Sans  perdre    un    moment   le  brave  caral>iiiior  saisit  une  chaîne  à    sa   portée, 
qu'il  arracha  pour  se  défendre,  et  en  frappa  à  mort  le  janissaire. 

Pour  le  coup  Jean  et  Sabran  furent  jetés  dans  un  noir  cachot  et  subi- 
rent chacun  cinquante-neuf  coii[»s  de  neif-de-bœuf.  Le  pauvre  Sabran  en 
mourut.  Jean  essuya  ensuite  vingt-ciiM|  coups  de  bâton-<ie-calabre  sur  la  plante 
des  pieds,  un  des  supplices  les  plus  horrilties.  Peu  après  un  chevalier  qui  avait 
été  fait  prisonnier  avec  eux  dans  la  même  rencontre,  ut  à  ({ui  on  avait  infiigé  lo 
même  châtiment  ()u'à  Jean,  succomba  à  ce  supplice. 

Sabran,  avant  de  mourir,  avait  prédit  à  .son  coinpngnon  de  captivité 
qu'il  vienilrait  à  être  ilélivré  et  lui  riîcoiiinanda  particulièrement  <le  ne  pas  ra- 
cheter sa  liberté  en  se  battant  avec  ui's  chrétiens,  ses  frères,  captifs  comme  eux. 
Car  c'était  la  coutume  chez  les  Turcs  <lt  délivrer  le  vainqueur  de  ses  fors.   Jean 


(1)  Le  chevalier  (le  TeHHé  avait  un  rôgiiiient  en  ortn  nom  en  mai  1707,  lt>qiiel  fut 
donné  |>ar  LoiiIh  XIV  à  François  de  Hiicktdey  (viiioount  Buckolpy  nf  (.'anlud)  *'t  prit  le  non» 
de  eu  (lurniur,  Moiinlcashfl.  Id,  p.  iit'i.  Lo  coaito  du  TcsHé,  pian  maréchal  de  ce  nom,  était 
l'ainé  du  Clievaliur  el  commandait  on  l'iodmont  pendant  la  guurre  do  la  «ucceeiion  d' Es- 
pagne.  Id.  p.  l'.(t'). 

(2)  Correaprindant  i  ailjudant-majoi  aiijourd'liiil. 

(.'<)  MiiiiHtrc  ('es  attairet  étrangère*  «otu  Walpole.  Cf.  Marie  Tkérè$f-,  par  le  duc  de 
Broghlio,  T,  l,p.  Illi. 


—  28  — 

le  lui  avait  promis  ;  mais  en  revanche  il  offrit  le  combat  aux  plus  braves  des 
janissaires.     Ceux-ci  refusèrent,  tant  il  passait  pour  un  redoutable  champion. 

Ce  ne  fut  qu'après  environ  trois  ans  de  dure  captivité  et  de  cruels  traite- 
ments qu'il  recouvra  enfin  sa  liberté,  en  même  temps  qu'un  chevalier  de  Malte, 
fait  prisonnier  comme  lui,  et  qui  avait  reçu  les  mêmes  coups  de  fouet,  mais  non 
ceux  de  rotin  ou  bâton-de-calabre. 

De  retour  en  sa  patrie  Jean,  fidèle  au  devoir  du  soldat,  alla  rejoindre 
son  régiment  à  Arras  en  Picanlie  C  était  un  corps  d'élite  que  les  carabiniers. 
Ils  étaient  surnommés  "  Les  inv inciblen  "  :  on  était  fier  de  leur  appartenir. 

Au  lieu  d'être  accueilli  avec  joie  dans  leurs  rangs,  comme  il  s'y  attendait, 
Jean  fut  mis  aux  arrêts  en  arrivant,  car  les  carabiniers,  enrôlés  au  même  ser- 
vice que  les  chevaliers  de  Malte,  combattaient,  cotnme  on  l'a  dit,  sous  la  même 
discipline  et  ne  pouvaient  se  rendre.     Ils  devaient  mourir  les  armes  à  la  main. 

Traduit  devant  un  conseil  de  guerre  l'accusé  présenta  pour  toute  dé- 
fense une  lettre  qu'il  tenait  cachée,  cousue  dans  .son  bonnet,  et  dont  il  ne  con- 
naissait pas  trop  le  contiinu,  sachmit  à  peine  lire.  C  était  une  déposition 
(|u'uM  chevalier,  nommé  de  Launay,  lui  avait  remi.se  en  prison,  par  laipielle  il 
lui  reniUiit  pleine  justice  et  attestait  de  sa  bravoure.  Il  fut  absous  et  réintégré 
avec  hoimeur  dans  son  poste  de  sergont-mnjor. 

Pendant  les  guerres  sanglantes  (|ui  dé.solèrent  l'Europe  sous  le  règne  do 
Louis  XV,  il  fit  les  campagnes  de  Hongrie,  do  Bohême,  de  Westphalio  et  des 
Pnys-Bas.  Il  assista  à  la  prise  de  Prague  et  formait  partie  de  la  garnison  en- 
serrée dans  ses  murs,  quand  les  carabiniers,  au  nombre  de  800,  formant  partie 
du  corps  d'armée  et  commandés  par  le  lieutenant-général  Chevert,  se  frayèrent 
un  chemin  à  travers  l'ennemi,  en  novembre  1741.  C) 

De  là,  continuant  la  campagne,  il  fît  la  célèbre  retraite  de  Prague  sous  le 
Maréchal  de  Belle-Isle,  dans  la(iuelle  tant  d'hommes  périrent  de  faim,  de  froid 
et  de  misères. 

Nous  voycm^  parmi  les  guerriers  qui  combattaient  alors  soua  les  mêmes 
drapeaux  français  des  noms  (pii  devaient  s'illustrer  plus  tard  en  Canada,  tels 
(lue  ceux  de  Montcalm,  Lévis,  Hourlain:u(uo  et  autres. 

Revenu  en  Franco,  et  après  avoir  pri-t  part  à  un  engagement  très  vif 
p^ès  de  Nancy,  on  retnnive  notre  sergent-major  à  la  fameuse  bataille  de  Fon- 
tcnoy,  (Il  niiii  IT-ir))  dont  la  journée,  pres(|ue  perdue  au  début,  fut  recouvrée 
par  I  élan  df  la  ISrigailu  [ilaii  iai^e  et  par  la  mai -ou  du  H  >i,  supporté.;  p^ir  dix 
e.«-cadron.s  en  ré.^erve  de  caraliiniers,  (pii  repoussèrent  les  Anglais  et  rompirent 
leur  carré  (|ui  avait  pénétré  en  dedans  des  lignes  françaises.  (î^) 


(1)  La  traître  yutrrifrf,  par  d'Horii^aiilt  et  MoUnd,  p.  433  ot  p.  437,  chap.  Ciiivbrt. 

(2)  <<«  fut  la  iimison  <lu  Uni,  iiipportéft  pur  Ich  iMirabiniori,  (jui  eiifonoèrent  le  cftrri 
(to8  AnKliii»,  en  front,  au  oeniro,  cl  <|ui  déoidèroiit  de  la  viotoiio.  '•  La  France  guerrière  ", 
p.  4H3. 

M.  U<  iiiiiréclial  do  Saxe  a  dit  liauteiiient  que  lo  Koi  devait  i-utto  viotoire  au  comte  de 


—  24  — 

Deux  ans  après,  16  septembre  1747,  Lowendahl,  par  un  coup  de  main 
aussi  habile  qu'inattendu,  emportait  d'assaut  Bérg-op-zoom,  forteresse  réputée 
imprenable,  où.  les  Français  entrèrent,  racontait  notre  aïeul  qui  en  était,  en  mar- 
chant dans  le  sang  jusqu'à  la  cheville  du  pied.  (1> 

L'année  suivante,  vers  septembre  1748,  en  interceptant  et  enlevant  un 
convoi  dirigé  sur  Maïstricht  par  le  Prince  de  Lorraine,  il  fut  atteint  d'un  coup 
d'escopette  qui  lui  brisa  la  cheville  du  pied  et  le  rendit  boiteux  pour  le  reste  de 
ses  jours.  (2) 

La  campagne  des  Flandres  tirait  à  sa  du  et  la  paix  fut  signée  à  Aix-la- 
Chapelle  le  18  octobre. 

Si  dans  ces  nombreux  engagements,  combats  et  batailles,  notre  carabinier 
s'en  était  retiré  la  vie  sauve,  en  revanche  il  n'avait  pas  été  épargné  pur  les  bles- 
suies.  Son  adresse,  sa  force  et  son  sang-froid  l'avaient  tiré  de  bien  des  mauvais 
pas  en  jouant  de  l'arme  blanclie,  n>ais  son  étoile  ne  le  garantit  pas  toujours 
des  balles.  Une  entre  autres  lui  était  pissée  de  la  joue  à  l'oreille  droite  en  fai- 
.sant  une  largo  trouée,  laquelle  ajoutée  à  un  récent  coup  do  sabre  qui  lui  avait 
fendu  le  visage  du  front  à  la  joue  gauche,  le  rendait  singulièrement  défiguré. 

Il  y  avait  alors  au  delà  d'une  (juinxaino  d'années  que  Jean  Casgrain  oiii- 
battnit  à  cheval  et  pour  ainsi  dire  sans  relâche.  Quoique  estropié  il  était 
encore  dans  toute  la  vigueur  de  l'âge,  n'ayant  (|ue  32  ans,  et  il  n'entendait  pas 
rester  oisif. 

Sur  ces  entrefaites  le  Canada  attira  son  attention  Lu  Roi  venait  d-j 
donner  des  ordres  au  gouverneur  de  favoriser  l'étal ilissement  de  familles  fliin* 
la  colonie  pour  défricher  les  terres  et  la  peupler.  Notre  aïeul  avait-il  obtenu 
.son  congé  pour  profiter  des  intentions  encourageantes  du  Koi,  ou  vint-il  avec 
l'envoi  des  troujK^s  à  Québec,  c'est  ce  quejo  n'ui  pu  découvrir.  Une  tradition 
le  fait  traverser  la  mer  en  comiuignie  <lo  Sr.  Jean-Hte.  Bonnenfnnt,  notre  aïeul 
maternel,  et  !e  désignerait  comme  maître  canonnier  du  bord.  Toujours  e.st-il 
qu'arrivé  à  Québec  il  ré.solut  «le  .s'y  fixer  et  épousa,  le  15  juin  1750,  demoiselle 
(îeneviève  Duchesne,  tille  de  feu  André  Duchesne  et  de  Marie-Anne  Cîroinier 
(m  Grenier.  L'épou.se  et  ses  deux  stiMirs  signent  à  l'acte  do  niariagc,  ce  qui 
dénote  un  certain  degré  d'éducation  as.sex  diflicile  à  se  procurer  dans  le  pays 
à  cette  épotiue.  Le  2'i  juillet  suivant  l'époiix  fit  l'acquisition,  {Mir  contrat  de- 
vant Mtre  Fanet,  d'une  maison  en  lierre  à  deux  étages,  située   daiis  la  Ba.sse- 


Lowendalil  ot  A  la  hri^taile  iriandaiKO:  oe  HOtit  «es  pmproa  teriiiei  _  Itarie  Thêrfit,  par  le 
tbie  (le  Broglie,  vol.  1,  p.  44.'t  —  Cf.  Dumortouii.  Hisdiire  îles  comjiiêtei  de  Loiiin  A'V,  et 
plan  (le  la  bataille  de  Fontoiioy. 

(1)  l.a  (^annonado  avait  été  incessante  depiii»  le  litige  c(Mnnt«nci  apri^i  la  lanKlant* 
victoire  do  LnAult  (12  juillet  1747)  remportée  par  lo  luaréclial  de  .'^axo  contre  le»  alliés.  I.e 
carnagn  et  le  »ue  Curent  horrililoH  ;  les  vieillards  on  racontuiont  longtemps  apn^s  les  luas- 
sacre»  avt>o  un  frisson  d'horreur.     Misinoudi,  Itiiloire  dt»  Frauçnii,  vol.  2»),  p.  1 1\>. 

(2)  On  peut  voir  les  dètikils  de  ccitte  miu-clui  dans  Hittory  of  Ikt  Iri»h  liriyade  dcjA 
eitée. 


—  25  — 

Ville,  rue  Dcmcules,  (aujourd'hui  Petite  rue  Chnmplnin)  nu  picil  du  Cap,  droit 
nu-<Iessous  de  la  plate-forme  du  château  St-Louis.  (!)  L'édilice  subsiste  encore 
avec  ses  vieux  inurs  tels  que  bâtis  du  temps  des  Fran(,'ai3  et  fuit  face  au  petit 
escalier  qui  deS'Cend  au  Cul-de-sac  Pour  rindi(p:er  topogra))hi(|uement,  c'est  le 
lot  désigné  sous  le  No.  22+8  au  cadastre  et  plan  ofliciels  du  quartier  Chumplain. 

A  ces  renseignements  concernant  notre  premier  aïenl  canadien  jo  puis 
ajouter  ceux  que  Je  tiens  île  la  boïiclie  de  feu  le  colonel  Franc/ois-Xavier  Knu- 
eh'  r,  de  la  Rivière  Quelle,  qui  l'a  très  bien  connu  là  pendimt  les  années  écoulées 
depuis  1791  à  1802.  Le  colonel  demeurait  près  de  lui,  dans  les  Grands-coteaux, 
à  l'endroit  où  habite  maintenant  son  petit  tils,  M.  Atlélard  Boueher,  notaire. 
La  maison  occupée  par  notre  aïeul  était  située  un  peu  à  l'oue.st,  là  où  demeure 
actuellement  son  arrière-petit-lils,  M.  Charles  Letellier  de  Saint-Just.  Le 
colonel  Bouiher  n  vi'cu  jiis(|u'Hn  9  septind)ie  IHGii,  aymit  atteint  l'âge  avancé 
de  93  ans.  J'ai  rencontré  plu.^ieurs  fois  ce  vieillard  vénérable,  un  des  descen- 
dants du  (j)'an<l-j)èrc  Boucher,  le  gouverneur  des  Trois  Rivières,  et  je  suis 
allé  chez  lui  une  fois  exprès  pour  noter  les  souvenirs  que  je  ilésirais  obtenir 
sur  nii  II  aïeul.  Voici  ce  que  je  tiens  de  .sa  bouche.  "Ce  fut  en  1791,"  me 
dit-il,  "que  Je  fis  la  connaissance  de  votre  ancêtre,  (|uand  il  vint  demeurer  à  la 
"  Rivière Ouelle  aupiès  de  son  tils  Pierre.  C'était  alors  un  vieillard  à  che- 
"  veux  blancs,  très  âgé  ;  son  teint  était  encore  frais  mais  basané.  11  était  très 
"  défiguré  par  ses  Imliifrcs.  Il  avnit  pris  de  l'eiiibijupoint  et  était  devenu  fort 
"  replet.  Sa  veideur  birii  conservée  i;niioMi;ait  un  homme  né  avec  un  tenipé- 
"  rament  vigoureux  et,  à  en  juger  par  sa  taille  bien  prise,  il  avait  dû  être  foit 
"  et  robuste.  11  maiehait  app\iyé  sur  une  canne,  car  il  était  boiteux.  lime 
"  semble  le  voir  encore  assis  sur  son  perron,  dans  une  gi'ande  chaise  berceuse, 
"  <|uaiid  je  passais  devant  sa  porte  pour  aller  à  l'église  le  dimanche.  Il  a  vécu 
"  là  neuf  ou  dix  ans  et  jusquà  sa  moit.  " 

Ciie  autre  pii.-oune  bien  âgée,  notre  ancienne  voisine  à  la  Rivière-Ouelle, 
Veuve  Clément  Déehène,  née  Lebel,  et  notre  i)arente,  m'a  dit  aussi  l'avoir  bien 
connu,  et  aussi  coiniu  sa  fille  (|U'oii  appelait  innDt'ui'lIc  .Marguerite.  J'étais 
bien  ji  une  alois  et  l'ii  m'en  revenant  de  l'école  elle  m'ariétuit  quelquefois  pour 
me  doimi  r  i( (If /*M(r»vr  (/(' (•r'''/iM',  comme  on  dit  |>ar  chez  nous.  Mais  je  n'ai 
gardé  aucune  sousenance  particulièie  dt;détiils,  sinon  (]u'elle  m'a  dit  avoir 
bien  connu  le  père  ut  sa  lille.  Jetais  alors  encore  trop  enfant  pour  m  intéresser 
à  ces  souvenirs. 

Il  est  assez  facile  de  suivre  la  carrière  de  notre  aïeul  depuis  son  établisse- 
ment en  Cnnada.  Nous  le  voyons  au  siège  de  Québi  c  en  l7r)9,  s.rvant  sou 
canon  à  la  Imlterie  de  la  basse-ville  contre  la  Hotte  anglai.se,  tout  écioppé  ipi'll 
était. 

Après  la  cession  du  pays  il  se  trouva  laissé  à  l'abandon  comme  tant  d'au- 
tre». Otiiciers  reformés,  soldats  lici-nciés,  miliciens,  se  voyaient  ruinés  et  dans 
un  ilésarroi  couqilet,  avec  peu  ou  point  d"  perspective  d'avenir  en   retournant 

(I)  Miiintcnnnt  appelé  i>n/?«in  Teirace. 


—  26  — 

en  Franco.  Le  plus  grand  nonilire  d'entre  enx,  n'envi-^nj^oant  d'autres  nioilleures 
existt'iicos,  se  décideront  à  rester  an  pays.  Jean  Casgraiii,  adoptant  ce  parti, 
résolut  de  denienror  à  Québec  et  d'y  tenter  fortune.  Il  retourna  sans  hésiter  à 
son  premier  métier  de  maître  pâtissier  et  ti'aiteur,  et  afficha  sur  sa  maison  l'en- 
seigne do  "  Lt  cloche  hlciu'.".  C'est  là  qu'il  tint  un  restaurant  et  un  commerce 
de  vins,  jusqu'en  171H.  Il  y  fit  as.sez  bonne  fortune  et  put  y  élever  .sa  famille 
convenablement. 

Il  avait  perdu  sa  première  femme,  (pii  ne  lui  avait  pas  donné  d'enfants, 
et  il  épousa  en  secondes  noces,  10  juillet  17()4,  demoiselle  Marguerite  Cazcau, 
âgé'  d'environ  30  ans,  fille  de  Jean  Cazeau  (')  et  de  Magdeleine  Voyer,  mariés 
à  Saint- Vulier,  le  12  aoil^,  1721.  (Contrat  de  mariage,  Dubreuil,  N.  P.,  10  aoftt 
1721) 

De  ce  second  mariage  sont  nés  14  enfants,  ainsi  qu'appert  par  les  regis- 
tres de  la  paroisse  N.  D.  de  Québec,  savoir: 

1.  Jose[)hte,  née  vers  sejit.  au 10     oct.      17(iC,  .s.   10  anût   1768, 

âtrée  do  22  mois  en\  iroii. 

2.  MurgutTite,  née  vers  la  tin  de mai  17C7,  s.   17  aia'lt   lîS.I-i. 

3.  Jean,  né 1  avril  17(58,"    14      "       17(;.S. 

4.  Lonis-Jean-Baptiste,  né 12  mai  17»  !),  "    15  sept.  1858. 

5.  Joui,  né 10       "  1770, 

C.  Pi. ne,  né Ui    juin     1771,"    17iiov.   1828. 

7.  Marguerite,  née 1    juillet  1772,  "    27      "      1773. 

s.  à  St- Augustin,  à  17  mois. 

8.  .Marie- Anne,  née 1  février  1774,  .s.  1790. 

nioito  à  la  Ri\  ière-Ouelle,  à  22  ans. 

9.  FraïK/ois,  né 1     mars    1775,  s.  18    fév.    1770. 

s.  à  Sainte-Foyo. 

10.  Nicolas,  né 24    juin     1 770,  s. 

11.  Catherine,  née 15     fév.      1778,  "    |5  janv.  I7S0. 

12.  Marie-Julie,  née 28    mars    177!>,  " 

13.  Ignace,  né 1!)  juillet  1780,  " 

11  Franvois-Frédéric,  né 22   avril     1783," 

On  ne  peut  manijuer  de  remarquer  par  ce  taldeau  la  vitalité  et  la  fécondité 
(1c  ce  Couple  et  le  fait  (pie  la  mère  avait  cinquante  ans  (-)  à  la  naissance  île  .son 
dernier  enfant,  et  de  plus  que  les  (juatorze  naissances  se  sont  succédées  pres- 
que ttius  les  ans  dans  l'espace  de  19  ans  seulement. —  Est-ce  dû  à  une  intiuence 


(1)  Fil»  de  Jean  Caïeau,  chirurgien,  1).  lft'.Ut,  et  (le  Mario  du  nii»i|tio,  di-  St.Tean-du- 
bourgd'Uor,  dioo-^no  d'Oléron  ;  i.  à  (Juôhoo,  \'l  iioiH  ITtil.  Il  eut  l'aioiil  de  IVvi  ^f<rr.  <';iHiiiilt, 
prélat  romain,  lequel  m'appelait  toujourii  •'  mon  cotiHin  ",  couinie  l'tant  C(niglii  gennalu  de 
mon  grand  père.  Suivant  les  régiiitroH  do  la  Prévosté,  21  iiiarM  173U,  Joan  i'hhiiuII  liabilait 
«lort  Ijuéljao. 

(2)  Kalm,  Voi/aye  en  Amériqut,  vol.  III,  p.  207,  rapporte  avoir  vu  aux  Klioiilemonti 
une  femme  enceinte  Agée  do  5'J  aiii.    Elle  n'avait  pas  ou  de  catainenia  dei>uis  |S  biih. 


—  27  — 

climatf  riquo  ou  nutre  qu'on  ne  connaît  pas  ?  Toujours  est-il  que  lu  fécondité 
des  ffiiiiilU's  camidiL'nnes  dépas-;e  lie  beaucoup  la  moyenne  de  celle  des  autres 
pays. 

J'ai  rapporté  ci-ilovant  (juc  ma  mère  avait  connu  cette  arrière-grand' 
mère  Cnzeau,  alors  âgée  de  91  ans.  C'était  en  1(S24  lors  de  sa  visite  de  noces 
à  lu  RivièreOuelle,  dans  la  famille  de  son  mari.  Elle  alla  faire  la  connaissance 
de  Cette  vieille  dame  <jui  demeurait  en  face  <lu  manoir,  du  côté  sud  de  la  rivière, 
dans  inie  maisonnette  entourée  d'aibrcs,  huiuelle  est  aujourd'hui  remplacée  par 
la  )é>idence  de  I  honorable  C.-A.-E.  Gagnon,  shérif  du  district  de  Quéliec. 
Tout  it'spirait  le  bien-être  et  une  propreté  exquise  dans  cette  petite  demeure, 
sim  .le,  mo  leste,  où  le  lu.Ke  n'avait  pas  pénétré.  Depuis  longtemps  Madame 
Casgrain.  mère,  était  devenue  veuve  et  son  Kls  prenait  .soin  de  sa  vieillesse  avec 
touti;  la  tendresse  et  la  sollicitude  d'un  b  )n  fils. 

Elle  l'cçut  la  mariée  assise  dans  son  fauteuil,  cir  elle  avait  perdu  la  vue 
à  la  suiti'  de  son  gran  1  âge.  Elle  était  toujours  mise  en  blanc,  en  baziii  de 
Marseille,  et  en  manteiet  ;  toujours  très  soigneuse  de  sa  personne.  Sa  li'.ie 
Marguerite,  dame  veuve  Johnston,  ilemour.iit  avec  elle  et  l'entourait  d'ég.rds, 
de  prévenances  et  de  tous  les  petits  soins  que  la  piété  filiale  peut  ofirir  ei,  se 
plaire  à  rendre  A  part  sa  vue  cette  vieil'e  dame  avait  conservé  la  plénitude 
de  toutes  ses  fac  iltés  mentales  et  corporelles  et  jouissait  d'une  excellent'!  santé, 
même  était  très  rep'ète.  Elle  avait  c  )user\'é  s  )U  ancienne  gaieté  et  ^ou  aini- 
bilité.  L'accueil  (pi'elle  fit  h,  ma  mère  fut  trè-s  cordial  et  elle  lui  téiiiiigna  la 
joie  et  la  satisfaction  (| ne  lui  causait  sou  m  u-iig;.  Durant  leur  couv'.i  -  ition 
elle  pria  ma  mère  de  voulo  r  bien  lui  pei'inettre  di'  connaître  ses  traits  .-ii  pas- 
sant sa  main  sin'  son  visage,  ce  qui  i\ii  fut  accordé  avec  plaisir.  "  Vuii-  ivez  " 
dit-e  le,  "  un  petit  nez  retroussé,''  faisant  allusion  à  un  adage  alors  coiiMiiui  en 
Fiance  :  "  11  est  co  nu  ((u'un  nez  retrous.sé  a  changé  les  lois  il'un  Eiiij  ire.  " 

l'our  témoigiu-r  à  ma  mère  s<m  contentement  et  lui  être  agréab  ■  ,|it'  lui 
chanta  de-  chansons,  comme  si  elle  eût  assisté  aux  noces,  commen n  par 
celle-ci  : 

"  PotitApotit" 
"  L'oi«enn  luit  ion  niil," 
to.,  ifcc. 

l'uis  ayant  commencé  cette  autre; 

"   J'ai  hioiitôt  quatre-vingt  ans  — 
"   lionsoir  la  conipugniu,  "  Ac. 

elle  .s'iirrêta.  "  Oelle-ci  n'est  pas  pour  moi,  "  dit-elle,  "  j'en  ai  90  pi-  Je 

m'en  vais  vous  en  ciianter  une  autre." 

Elle  avaif  une  bonne  mémoire  et  annon<;aifc  une  belle  intidlig-in;.'  tJu 
pouviiit  dire  iTelle  avec  vérité,  en  la  voyant  j)arvenue  à  cette  longui;  vieiil.  -»se, 
menu  Hiiun  in  s  ma  cor  pitre,  car  il  était  visible  que  la  vi;|uour  meutalr' et.  la 
vigueur  corporelle  avaient  marché  do  pair, 

Son  mari  et  elle  ont  endu'assé  dans  leur  course  une  période  de  pin  •   i'un 


—  28  — 

siècle,  c'est-à-dire,  do  1716  à  l.S2'>.  En  sorte  que  cotte  grand'inère  savait  notre 
histoire  do  cotte  époque,  ayant  connu  nos  principaux  personnages  du  temps, 
ayant  vécu  25  ans  avant  le  siège  de  Québec.  Elle  et  son  mari  auraient  pu  nous 
transmette  cent  ans  de  souvenirs  personnels,  pour  servir  aux  niénioiros  de 
famille. 

Ma  mère,  à  l'heure  pré.sonte  (IH89),  est  pour  nous  le  dernier  chaînon 
vivant  qui  nous  relie  à  la  génération  de  Marguerite  Cazoau,  lainiullo  apparte- 
nait à  l'ancien  régime.  Cette  génération  était  restée  tout  à  fait  frany  liso  ajjiès 
la  conquête,  et  si  elle  n'avait  pas  l'avantage  d'une  grande  instruction,  elle  avait 
celui  d'une  bonne  éducation.  Il  est  regrettable  qu  en  disparaissant  elle  ait  em- 
porté avec  elle  plusieurs  de  ses  bons  usiiges  et  vieilles  coutumes,  comme  aussi 
un  peu  de  sa  belle  urbanité  et  botme  grâce.  On  peut  dire  (jue  la  forme  et  l'art 
de  la  conversation  .sont  aujourd  hui  laissés  de  cAté,  comme  enseignement  spécial, 
dans  nos  collèges  et  nos  maisons  tl'éilucation  C'était  alors,  cjinnio  cela  ilevrait 
être  à  présent,  le  charme  de  la  société,  et  tel  que  je  l'ai  vu  chez  madeiioiselle 
de  Lanaudière  dont  j'ai  parlé  et  (pii  a  tenu,  pour  ainsi  dire,  le  dernier 
salon  français  à  Québec  qui  rappelât  l'ancien  régime. 

Marguerite  Ca/.oau  avait  conservé  ce  charme  de  la  bonne  compagnie 
jusque  dans  son  extrême  vieillesse,  qui  se  prolongea  jusqu'à  91  années.  Elle 
mourut  le  6  novembre  1825,  et  le  môme  jour  naquit  sa  petite  tille,  Flavio  Cas- 
grain,  devenue  plus  tanl  Mme.  Martineau. 

So^  talents  et  vertus  ilomestique.^  n'avaient  pas  peu  coiitril)ué  à  amener 
un  liii'U  T'tre  solide  en  sa  maison,  fruit  d'une  éc>)n(jmie  stricte,  mais  bion  en- 
tendue. (I) 

Les  époux  Casgraiiî  avaient  continué  leur  ré^iloice  et  négoce  à  Québec 
depuis  leur  mariiige.  Mais  on  1791  l'ancien  militaire  se  sentit  usé  pir  les  ans 
et  les  suites  îles  fatigues  des  guerres  de  .son  jeune  temps,  et  il  se  retira  avoe  son 
épouse  à  la  Rivière-Ouelle  pour  toi-miner  ses  jours  près  do  son  (i^s  Pierre,  (|ui 
était  établi  là.  Il  lui  fit  donation  ilo  ses  biens,  et,  entre  autres,  de  sa  maison  à  la 
Basse-ville,  par  acte  du  2 1  juillet  «le  cette  aiuiée  et  il  la  confirma  p.ir  son  testa- 
ment devant  .Vitre.  Dionne,  à  la  Rivière-Ouelle,  en  date  du  2  septembre  1797. 

En  abaiidonnanl,  ia  ville,  Jean  Ca.sgrain  emportait  avec  lui  l'esti  ne  et  le 
respect  ilc  ses  concitoyens.     Il  s'étuit  remlu  utile  en  [irenant  part  avec  eux  au.K 


f|)  l'aniii  les  9oiivenir.î  qui  me  reviennent,  nvpnortait  ma  inAro  à  eo  |)roi)ns,  il  (!»t 
un  truit  irprnnoiiiio  diiii»  inie  île  oos  niii'ioiiiies  iiiiiiille.s  à  Q  lolioc,  les  JIôtivioiH,  dont  le 
chef  était  fort  Agé  et  respecté.  Ils  étaient  ses  voisina  peu  huit  iprolie  y  a  iloiiioaré  ilepui» 
IHll  11  ISJT.  Le»  iluux  fille»  lie  Iii  maison  étaient  ses  ftuiiea  d'eafance  et  cette  a:iiitié  a 
toiijoiir.s  siil):<isté  entre  eMe.i  tant  qu'elle»  ont  vécu.  li'uiie  d'elle:»  eut  devenue  la  t'oti'la- 
trioe  de  rifospiee  do  la  Maternité  à  Québec  et  u  [)assé  sa  vie  en  faiiant  lo  tiien.  Un  usn;.e 
dnn»  cette  famille  rangée,  économe  et  de  l'ai.oienne  école,  ipii  avait  Irappc  ma  mère,  était 
leur  manière  do  porter  le  deuil.  Au  lieu  do  se  votir  d'iiabilleuients  noir»  confectionné! 
pour  la  circonslani.'o,  l'on  portait  ses  plus  vieille»  Lardoi.  Cotto  coutuiuo  rappelle  oelle 
de»  ilébreux,  en  pareil  cas. 


—  29  — 

nffiiires  iminicipftles  et  politiques  du  temps,  qui  étiicnt  tout^-fois  limitées  à  un 
CL'icle  lissez  restreint.  On  trouve  son  nom  parmi  les  promotetirs  et  signataires 
de  la  pétition  demandant  une  constitution  coloniale,  <jui  devint  celle  accordée 
par  l'Angleterre  en  1791. 

Après  HVuir  coulé  ses  derniers  jours  en  paix  auprès  de  son  fils,  il  mourut 
dans  ses  bras  le  3  octobre  1802,  âgé  de  85  ans  9  mois  et  20  jouis,  et  non  pas  de 
1013  ans,  8  mois  et  20  jours,  comme  me  l'avait  rapporté  son  fils  Jean,  avec  une 
preci.sion  telle  ([Uc  je  l'ai  cru  jus(ju'àce  (jue  j'i'ie  pu  relever  l'acte  de  baptême  ci- 
dessus  cité.  Puis  j'ai  adopté  comme  vrai  en  ce  cis  l'usag.,',  alors  général  en  France, 
do  faire  baptiser  les  enfants  aussitôt  après  leur  naissance.  Son  fils  a  été  induit 
en  crri'ur.  Il  est  remanjuable,  comme  l'observe  Mgr  ïanguay,  combien  facile- 
ment on  fait  des  centenaires  quand  les  vieillards  ont  atteint  un  giaii!!  âge. 

Notre  premier  ancêtre  canu'lien  se  montre  à  nous  comme  un  e.xci'lîent 
type  ])()ur  fon<ler  une  race.  Vigueur  ]'hysique,  courage  gui.'rrier,  <',n'iir  plein 
d'énergie,  bonne  tète,  talent  iTindustrie  ;  —  (pie  dem.nKler  de  ])bis  |)i)ur  venir 
lutter  contre  le  rude  climat  du  C  inada  et  les  difficultés  à  vaincic  p<mr  -«.•  créer 
par  .soi-même,  dans  un  pays  nijuveau,  une  e.si.stence  honnête  et  onfortab'e. 


CHAPITRE  TK( )ISIËME 


DlilXlKMl-:   (iK.\l':U.\TI()X    C.\S(Jlt.\lX   — 1.  .JK.VX.  —  2    MAUtîUKIÏITK,  — 3.  l'IEltUE. 

Des  nombreux  ei\fauts  <|Ue  nous  avons  énumérés,  issus  du  mariage  de 
JeanFraii(;<)is  Casgr  in  et  de  Marguerite  Cazeau,  trois  seulement  ont  survécu 
pour  fournil"  leur  pleine  carrière.  Ce  sont  les  trois  nommés  en  tête  de  ce  cha- 
pitre; les  autres  sont  morts  en  lias  âge.  Marie-Anne  n'a  vécu  que  22  ans  et 
est  moite  à  la  Rivière-Otielle  en  ITLXJ. 

1.  LouisJean-Iîiiptiste,  l'aîué  survivant,  appelé  Jean,  fit  .ses  étmles  au 
petit  séminaire  de  (^)llébec,  sous  la  régence  de  l'abbé  Bouclier  jusqu'en  belles- 
lettres  et  continua  les  premières  classes  .sous  celle  de  l'alibé  Robert.  Parmi  ses 
conijingiidiis  «le  ci'llège  (''talent  Jacques  Hâby,  mon  grand-père  maternel  et 
Fi aii(;ois,  .siin  frère  ;  tJi>.-iepli  1!  iissonnea;ilt,  (  1  )  liouis  Hilodeau,  Alexis  Lefran- 
çois,  (cillé  de  Saint- Augustin,  que  j'ai  connu  là  en  1835-36,(2)  un  vrai  .saint 
liomiiie)  ;  L<iuis  Bounlages,  Pierre  Hédard,  entre  autres,  (jui  tous  ont  fait  leur 
maripie  dans  la  suite. 


(1;  .Viitrefois  curé  lie  .Suint  Je!\nl'oi  t  Joli  où  ji>  l'ai  eoiimi.  Il  fréquentait  .■souvent 
ion  nnii  le  curé  l'uincliituil,  tbniliiteur  du  oollèjus  .'Suinte-.Aiine  où  j'étiKiiais,  M'étaiit  un 
Jour  arrêté  oliez  hii,!--!!  luissinit,  (lour  lui  reuiettro  une  lettre  il  lue  retint  à  iliner  et  il  dinait 
fort  bien.  Son  énoriiio  corpulence  le  déaioiitrait.  Il  m'entretint  de  mon  griiiid-père 
Bttl'j',  ot  me  oontinna  ce  que  j'iivai»  liiipris  do  ma  mèro,  qu'il  était  sourd  d'une  oreilla,  ce 
qu'il  nttritiuait  à  un  Koiitilet  donné  par  un  des  régontH. 

(2)  .Mors  que  j'étais  à  l'école  anglaisa  de  M.  Oale,  pnVi  du  Calvaire. 


—  30  — 

La  vie  monotone  et  routinière  du  collège  fut  troul)lée,  pou  avant  son 
entrée,  par  un  événement  qui  y  causa  un  gran  l  émoi  et  laissa  «le  profonils  sou- 
vtiiiig  I  nniii  les  élèves.  Les  Américains,  conunamlés  par  Mon  gouieiy,  étaient 
Vi'iius  assiéger  Qiié1)ee  en  «lécon\hre  177.3.  Un  appel  auK  armes  fat  fait  aux 
élèves  et  ils  s'enrôlèrent  pour  la  défense  de  la  ville  Voici  ce  qu'on  lit  à  ce  sujet 
dans  l'histoire  ni.innscrite  du  Séminaire  par  le  professeur  M.  l'abbé  ïaschereau, 
depuis  Cardinal  ■Archcvê(ine  de  Quél>ec:  — 

"Durant  la  téméraire  et  pourtant  formidable  entreprise  de  Montgo- 
"  mery,  command.mt  des  troupes  américaines,  sur  la  ville  de  Québec,  le  sénii- 
"  naire  déploya  envers  le  gouvernement  anglais  la  même  loyauté  qu'il  avait 
"  montré  envers  la  France  durant  les  sièges  de  1690  et  de  1709.  Les  élèves 
"  furent  e.\horté.«  à  s'enrôler  dans  la  milice  ;  la  maison  fut  offerte  pour  loger 
"  un  certain  nombre  de  défenseurs  de  la  place  ;  les  greniers  furent  ouverte  avec 
"libéralité;  toutes  les  provisions  furent  livrées  sans  réserve.  Api  es  la  mort 
"  de  Montgomeiy  et  la  retraite  d'Arnold,  ble.ssé  au  genou,  dans  l'attariue  du 
"  Sault-au-Matelot,  une  trentaine  de  leurs  otîiciers  faits  prisonniers  durant  la 
"  célèbre  nuit  du  31  décembre  fureit  renfermés  <lans  le  séminaire  et  traités 
"  avec  tiius  les  égards  possibles.  C'est  là  qu'ils  pleurèrent  (piand  on  leur  montra 
"  l'épée  de  leur  général  dont  on  leur  aniu)ii(;a  la  mort.  " 

Ce  mouvement  tnilitaire  av..it  créé  une  impression  durable  chez  l'écolier 
Jean  et  nous  vn  verrons  l'eH'et  lors  <le  la  rébidlion  en  1837.  Il  avait  servi  à 
alimenter  le  goût  des  armes  (pi'il  avait  h'-ritt'  île  s  m  père.  Jean  tit  et  ternrna 
avec  succès  le  cours  d'études  alors  suivi.  Sa  facilité  à  apprendre  était  remar- 
quable, car  il  était  doué  d'une  mémoire  quasi  prodigieuse,  comme  j'en  ai  eu  la 
preuve  m(ji-Mième  et  connue  me  l'a  attesté  ilepuis  un  de  ses  petits-fils,  M. 
.T(jseph-0  Ca.'^grain,  profes.ieur  à  l'école  noria  i!e  de  Montréal.  Il  maiiait  la 
langue  de  Cicéron  avi'C  une  facilité  pour  ainsi  dire  égale  à  .sa  langue  mater- 
nelle, et  étiut  bien  versé  dans  les  auteurs  classiques.  Souvt'iit  il  se  plaiait  à 
réciter  de  longs  pa.ssages  de  Virgile,  .son  auteur  favori,  qu'il  savait  eu  p-.rtie 
par  cœur.  Je  me  rappelle  ([u'ii  m'  sortie  'lu  collège,  il  m'inturrogi;a  sur  les  au- 
teurs latins,  (ju'il  n'avait  pas  revus  depuis  au  moins  cinipiante  an.s,  et  commença 
à  me  réciter  la  catilinaire  Quouaijne  tamlem,  avec  une  inflexion  et  une  volul)i- 
lité  (pli  me  mirent  <lans  l'embarras  et  la  confusion  Je  ne  crus  pouvoir  mieux 
me  tirer  d'afiaire  (pi'en  passant  a  Iroitementà  un  autre  sujet  de  conversation. 

Au  lii'U  d'embrasser  une  profession  liliérale  à  la(]uelle  ses  talents  sem- 
blaient l'appeler,  Jeun  s'adonna  à  l'agriculture  et  alla  sé;al)lir  à  Siint-Atlianase, 
sur  les  liords  de  la  rivière  Chambly.  Aux  travaux  des  champs  il  joignit  ceux 
de  charpenterie  et  de  menuiserie  qu'il  enten  but  assez  bien,  vu  son  adresse  na- 
turelle à  travailler  le  bois  Lors  de  la  construction  des  casernes  de  (.'hainbly 
(1812-15;  les  autorités  militaires  lui  confièrent  la  direction  do  ces  travaux. 

Pendant  les  troul)le9  de  1837,  (pli  s'étendirent  dans  ses  environs,  et  ame- 
nèrent là  unfi  rél)elli')n  ouverte,  il  embrassa  ivec  une  ardeur  plus  enthousiaste 
rpK!  rt'fléchie,  la  cause  des  patriotes  et  se  joignit  aux  insurgé.s.  Ayant  été  pris 
les  armeâ  à  lu  muin  il  fut  jeté  en  prison  et  aurait  subi  le  même  sort  que  leb  da 


—  31    - 

Lorimifr  et  Ions  les  autres  (jni  montèrent  sur  l'échafauil,  sans  l'intervention 
eflic'.iec  lie  son  neveu  l'hononiblc  Chirles-E.  C»".srjrnin,  de  la  Rivière-Ouelle,  au- 
quel il  (lut  son  salut.  Urâce  au  créilit  et  à  l'intluence  dont  celui-ci  jouissait 
aup  es  des  aut(H-ités  civiles  et  militaires;  grilco  aussi  à  ses  eff  )rts  et  ses  ser- 
vices l'rticaces  pour  appniser  la  rébellion  dans  son  district,  il  parvint  à  faire 
relâcher  secrètement  le  prisonnier  à  condition  qu'il  s'etfaçât  de  la  scène  et  qu'il 
deiiuiuât  caché  sous  sa  surveillance, à  charge  de  répondre  de  sa  personne  et  de 
sn  ((induite.  C'est  dans  ces  circonstances  que  Jean  Casgrain  fut  retiré  à  la 
Rivière-Ouelle,  chez  son  autre  neveu,  le  seigneur  du  lieu,  où  il  demeura  plu- 
seurs  années,  c'est-à-diie  juscju'à  l'amnistie,  en  1845. 

Dans  cette  retraite  il  s'occupa  comme  précepteur  de  l'éducation  des  en- 
fants des  deux  familles  de  ses  neveu.v,  parnd  los(|U(ds  étaient  Raymond,  plus 
tard  homme  de  lettres  et  connu  dans  le  monde  littéraire  sous  le  nom  de  ral)l)é 
Casgrain,  et  Al])honse,  curé  à  Fall-River,  aux  Etats-Unis. 

Au  physique  Jean  était  un  homine  de  bonne  taille,  fièrement  planté, 
largement  développé  des  épaules  et  d'une  force  mu.sculaire  lierculéenne.  Il  se 
vantait  (levant  moi  ipie,  dans  la  vig  leur  de  l'âjje,  il  tenait  sa  sii'ur  Marguerite 
ns>ise  dans  sa  main  au  bout  de  son  bras.  Je  l'ai  vu  sorti:-  en  plein  hiver,  la 
poitrine  à  l'iiir,  sa  redingote  ouverte,  sans  bas  dans  ses  chaussures,  et  vejiir  à 
pied  dans  laneige  jusque  chez  nous,  à  une  bonne  distance,  sans  ressentir,  disait- 
il,  aucun  froid.  Quand  je  l'ai  contin  (>ii  pivtnior  lieu  (1S3.S)  il  était  âgé  de  ()iS 
ans  et  avait  les  cheveux  t(,.ut  liiancs,  mais  .son  teint  ('tait  frais  et  haut  en  cou- 
leiu',  indi(piant  un  liomine  blond.  Son  regard  était  vif  (pioiqu'il  loucliât  légère- 
ment d'un  (eil.  Ses  traits  fortement  accentués  .semblaient  taillés  à  la  hache  et 
sa  prestance  hardie  lui  donnait  un  air  tout  à  fait  martial. 

Marié  en  piemières  noces  à  une  demoiselle  Ashby.  il  en  eut  (]eux  filles, 
Marie  et  Honoriette.  Devenu  veuf  peu  d'années  ajirès,  il  épousa  (.iemoi.selle 
Marie  Svnssouey  (pii  lui  doinia  !)  enfants:  Edouard,  le  père  du  professeur  que 
je  vi(M;s  (h-  mentionner;  Pierre,  Isaac,  Juditli,  Emilie,  Joseph,  (.  esarie,  Monique 
et  Timolliée.  Vers  182")  ou  2'),  il  devint  xcuf  une  scco;ide  fois  et  éjiousa  en 
troisièmes  noces  d'Uioiselle  Joseplite  Valiières,  de  la([nelle  il  n'eut  point  d'enfants. 
Il  teradna  ses  jours  à  Saint-Mathias,  le  15  septembre  1858,  âgé  de  88  ans 
quatre  mois  et  cinq  jours. 

Sa  lignée  s'est  fort  étendue  dans  le  district  de  Saint-Hyacinthe,  h  Saint- 
Cé.saire,  Sanite-Rosalie  et  dans  les  environs. 

Feu  l'honorable  J.-J -C.  A'il)ott  (Sir  depuis)  réclamait  une  parenté  avec 
nous  par  les  femmes  de  son  C(Mé  avec  quehpi'nn  de  cette  descendance  et  il 
m'appelluit  familièrement  .son  c;  usin.  Je  n'ai  pas  en  la  curiosité  de  vérifier  par 
hii  sur  quoi  il  appuyait  son  dire. 

En  ce  cas  un  Casgrain  aurait  é[)(msé  >inc  demoiselle  Bradford,  sanw  do 
la  nièro  d(!  M.  Alibott,  et  c'est  ce  (pie  le  Col.  Panet  me  demamlait  par  sa  lettre 
du  17  .septembre  1889.  Je  n'ai  pu  le  ctmstate'-.  Je  crois  i\\\'\\  y  a  Ici  confusion. 
Une  demoiselle  Bradford,  tille  d'un   nunistru   protestant  et  .sœur  de  la  mèro  de 


—  32  — 


M.  Alihotfc,  s'étnnf  faite  catholique,  ses  parents  et  amis  lui  tourneront  le  dos. 
Elle  fut  recueillie  «lans  la  fatni lie  J  ;  mon  grand-père  Casgrain  à  la  Itivière- 
Ouelle,  et  c'est  d'elle  dont  parle  nui  mère  dans  ses  mémoires,  p.  28. 

Il  peut  se  faiio  «jue  M.  Abbott   réclamait  cette  parenté  par  les  Abbott 
du  Détroit,  dont  ma  mère  est  issue. 


•  * 


2.  Marguerite  Casgrain,  auprès  de  bupielte  remontent  mes  premiers 
souvenirs  d'enfance,  avait  19  ans  (puiud  elle  épousa  Sieur  Laurent  Costille, 
ninitre  tailleur,  de  Québec,  lils  de  Hiiaire  et  de  Louise  Viendroit,  de  la  paroisse 
Sainte-Mngdeleine,  dans  la  ville  de  iiesajiçon,  Franche-Comté.  Kilo  donna 
nais.sunce  à  deux  filles,  dont  l'aînée,  Marguerite,  fut  nuiriée  à  Sieur  Isaac  Hudon 
dit  Beaulieu,  agriculteur,  de  la  paroisse  do  la  Rivière-Ouelle  ;  et  l'autre,  Lucie, 
s'unit  à  un  mon.^ieur  (Jauv  reau  (1).  Une  fille  nii(|uit  de  cette  <lernière  union, 
hunu'lle  épousa  un  des  tils  de  M.  Louis-Marie  Morin,  de  Saint  lloch-des- 
Au  Inaies. 

Autant  Marguerite  était  hiido,  autant  sa  sieur  Lucie  était  belle,  et  ce 
n'est  pas  peu  dire  de  l'une  et  de  l'autre. 

Devenue  veuve  madame  Costille  convola  en  secondes  noces  avec  M. 
Johnston,  instituteur,  <]ui  tenait  l'école  de  la  parois.se,  à  la  Rivière-Ouelle.  Ayant 
perdu  son  second  mari  en  1817  et  n'ayant  pas  d'enf mts  de  ce  mariagi;,  olk'  alla 
demeurer  avec  sa  vieille  mère,  comme  nous  l'avons  dit  ci-devant,  daii.s  la  maison 
en  fa<e  du  maimir.  Son  dévouement  |)our  elle  et  les  soins  assidus  dont  elle 
l'entoura  furent  admirables  et  ne  se  démentirent  jamais  jus(|u'au  jour  où  elle 
lui  ferma  les  yeux.  Alors  elli;  se  retira  chez  sa  fille  madame  Bi'aulicu  jus(|u'en 
1828,  année  où  elle  eut  le  malheur  <le  la  perdre.  Cette?  mort  lui  enlevait  son 
dernier  enfant.  Laissée  seule  et  isolée  dans  le  momie  mon  {)ère  l'invita  à  venir 
demeurer  dans  sa  famille  à  la  Kivière-Uuelle  et  eut  toujours  pour  elle  Us  égards 
les  plus  attentifs.  Il  est  vrai  qu'elle  se  les  attirait  d'elle-même  par  l'aménité 
de  son  caractère.  Klle  s'était  faite,  écrit  ma  mère,  l'amie  de  tous  les  enfanls  ; 
«lie  les  rassemblait  autour  d'elle  et  dans  les  longues  soirées  d'hiver  elle  les 
amusait  en  leur  racontant  des  contes  et  des  histoires.  Elle  narrait  si  bien  qu'à 
l'entendre,  sans  la  voir,  on  aurait  dit  qu'elle  lisait  dans  un  livre,  t  «nt  .sa  diction 
était  correcte,  nette  et  déliée.  Son  geste  et  son  accent  étaient  d'un  naturel  si  par- 
fait et  avaient  tant  de  charme  et  d'entrain  qu'ils  captivaient  l'attention  au  point 
que  les  grandc-î  personnes  venaient  une  à  une  agrandir  le  cercle  pour  l'entendre 
tout  comme  les  petits  enfants.  C'était  elle  qui  souvent  faisait  les  frais  de  la 
veillée.  Sans  être  beaucoup  instruite  elle  avait  néanmoins  lu  av.;c  profit,  étant 
douée  d'une  mémoire  très  bonne  et  d'un  giand  sens.     Elle  savait  par  cœur  tous 


(1)  Frère  de  M.  François  Gauvreau,  de  .Sainte-Anne-la-Pocatièro.  Il  est  probable 
.qu'elle  demeurait  là  aussi,  près  de  l'ancienne  église,  dans  le  haut  de  la  paroisse,  dont 
l'eaiplaceuient  est  indiqué  par  dos  rester  do  foudo.uents. 


—  33  — 

les  contes  de  Perrault  et  une  foule  d'autres  encore.  Les  aînés  d'entre  mes  frères 
n'ont  pas,  plus  <|ue  moi,  oulilié  sa  bonté  de  cieur,  et  se  rappellent  encore  les 
heures  agréables  (ju't'lle  nous  a  fait  passer  autour  de  ses  trenoux.  Je  lui  «lois  un 
souvenir  plein  de  reconnaissance  et  d'aft'ection,  resté  vivace,  et  je  suis  bien  aise 
de  trouver  ici  l'occasion  de  le  perpétuer  et  de  rendre  un  juste  tribut  d'hommages 
à  sa  mémoire. 

Le  choléra  qui  sévissait  en  1834,  pour  la  seconde  fois  en  Canada,  nous 
l'enleva  durant  l'été  (17  août).  Elle  était  âgée  d'environ  67  an.s.  Je  n'ai  pu 
trouver  à  Québec  l'acte  qui  pourrait  constater  la  date  précise  de  sa  naissance. 

Je  ne  puis  m'enipêcher  de  raconter  un  incident  drolaticiue  survenu  à  ses 
derniers  moments,  qui  m'a  été  raconté  bien  des  fois  et  m'a  toujours  fait  rire. 

Le  curé  lui  avait  administré  les  derniers  sacrements  et  continuait  à  la  pré- 
parer à  la  mort  en  l'exhortant  à  se  soumettre  au  déc  et  de  Uieu,  lui  rappelant 
la  brièveté  de  la  vie  qui  n'est  qu'un  passage,  etc.  Pendant  qu'il  appuyait  sur 
ce  motif  que  tout  passe  en  ce  monde,  il  crut  que  la  mourante  se  joignait  à  lui 
d'esprit  et  de  cn;ur  en  répétant  les  mêmes  paroles  :  tc.it  passe,  tout  passe,  et  il 
enchérissait  dans  le  même  sens,  jusqu'à  ce  que  l'assistance  s'a|)erçut  d'un  quid 
pro  quo  à  l'odeur  résultant  de  l'effet  de  la  maladie.  Chacun  essaya  de  contenir 
une  hilarité  involontaire,  qui  finit  par  éclater  d'autant  plus  qu'elle  était  plus 
forcément  comprimée. 

•  • 

3.  Pierre  Casgrain,  né  le  16  juin  1771,  était  fort  jeune  cjuand  il  partit 
de  la  maison  paternelle,  comme  son  père  l'avait  fait.  Il  n'avait  que  12  à  13 
ans.  L'école  et  la  vie  du  collège  auxquelles  ses  parents  voulaient  l'astreindre 
ne  lui  allaient  point,  quoique  certes  il  ne  manquait  pas  de  l'aptitude  néces- 
saire pour  s'instruire.  Esprit  vif,  caractère  entrepren  int,  résolu  et  aventureux, 
il  s'engagea  uu  service  de  M.  de  Roch.jblave  qui  fai.-jait  la  traite  des  pelleteries 
dans  les  pays  d'en  haut,  c'est-à-dire  que  ses  voyages  s'éten<]aient  jusqu'aux  postes 
de  Micbillimakinac  en  descendant  tle  là  jus(|u'aux  Illinois  et  jusqu'à  la  Ndu- 
velle-Orlcatis.  Les  traiteurs,  ainsi  qu'on  les  nommait,  tentaient  une  aventare. 
Elle  c(msistait  à  faire  parvenir  à  un  endroit  ou  poste  indi(jué  une  certaine  (juan- 
tité  de  marchandises  et  objets  les  plus  propres  à  tro(|uer  avec  les  sauvages, 
pour  tirer  ou  échanger  leurs  pelleteries.  Les  engagés,  voyageurs  ou  coureuis- 
des-bois,  formaient  l'écjuippage  des  battelées  qui,  après  la  dél)âcle  du  printemps 
partaient  chargées  de  Lachine  pour  les  divers  postes  di.sséminés  dans  l'immense 
territoire  ([ui  s'étendait  de  là  vers  l'ouest  ju.squ'au  bord  des  grands  lacs  et  des 
rives  du  Mississippi.  Cette  classe  d'hommes,  particulière  pour  ces  régions, 
avait  le  monopole  du  transport  dans  ces  entreprises.  Hardis,  vigoureux,  intré- 
pide.*, résistant  à  la  fatigue  mieux  que  les  sauvage.s,  ils  en  avaient  acquis  la 
sagacité  et  l'in.stinct  pour  la  vie  des  bois  Adroits  et  propres  à  tout,  ils  n'étaient 
jamais  en  peine  de  rien,  à  terre  ou  sur  l'eau  ;  ils  s'accommodaient  ai.sément  par 
tout  et  de  tout,  vivant  au  besoin  au  bout  du  fusil,  ou  d'uu  hameçon  (haim,  dans 
leur  vieux  langage). 


—  34  — 

Ce  fut  dans  une  do  ces  lointaines  expéditions,  (|ui  ne  in.in(|uaifc  pis  d'at- 
tiviits  pour  le  jeune  l'ierrc,  qu'il  s'enil)an|Uii  avec  M.  de  Hocheblave.  (1)  C'est 
ainsi  qu'il  s'ouvrit  la  carrière  du  coninierce  où  ses  tendances  le  poussaient^ 
Revenu  avec  sis  épargnes,  il  rcheta  une  petite  pacotille  de  niarcliandises  et 
endossa  la  cdHHede  {2)  do  colporteur  (jui  la  contenait.  Il  déliuta  de  la  sorte 
comme  petit  niarchaml  ambulant  le  long  de  la  côte  sud  du  Saint-Laurent. 

Dans  une  do  ses  pi  ornières  tournées  il  ont  le  malheur  do  faire  naufrage 
et  fut  jeté  sur  l'IsIe-aux-Coudres.  Un  habitant  de  l'endroit  le  trouva  .seid,  assis 
sur  le  rivage,  grelottant,  pleurant,  i  xténué  de  faim  et  découragé.  11  l'amena 
chez  lui  où  il  fut  charitablement  traité.  Jamais  notre  grand-père  n'oublia  la 
compas.sion  qu'on  lui  témoigna  et  la  bonne  hospitalité  (ju'il  rci.'iit  alor.s.  Au.>isi 
dans  la  suite  (inand /r.-^' r/t'«.s' (/r /'('.s/(!  traversaient  hilsikI  et  entraient  tlans  la 
ri\ière  Quelle  ils  trouvaient  en  tout  temps  chez  lui  à  couvert  et  table  miso. 

Comme  il  était  né  avec  des  aptitudes  et  un  talent  particulier  pour  le 
commerce  il  ne  tarda  pas  à  doubler  et  tripler  son  petit  fond,  si  bien  (pi'il  l'aug- 
menta assez  jjour  ouvrir  bientôt  un  magasin  de  détail  à  la  liivière-Ouolio  oi\  il 
avait  résolu  de  se  fixer.  Confiant  dans  sou  avenir  et  à  peine  âgé  de  19  ans,  il 
y  épousa  (27  juillet  179)),  demoiselle  Marie-Marguerite  Bonenfant  qui  n'en 
avait  (pic  quatorze  et  demi.  Son  choix  ne  pouvait  mieux  tomber  comme  la 
suite  l'a  bien  démontré. 

Les  Bonenfants  étaient  de  bonne  rnce,  originaires  de  la  Bretagne,  où  le 
nom  est  fort  répandu  et  très  ancien  parmi  les  Bretons  bretoniiants.  Jean-Bte- 
Bonenfant,  le  beau-père,  était  négociant  à  la  llivièi'o-Ouelle.  Suivant  la  tradi- 
tion déjà  citée,  il  serait  passé  de  France  au  Cana  la  en  même  temps  (jue  le 
premier  Casgruin.  Toutefois  ce  ne  fut  qu'à  sou  troisième  voynge  ([u'il  amena 
avec  lui  sa  fennne,  Elizabeth  Basse  ('{)  (Jîarso  ou  Bardo),  (pi'il  avait  épousé  en 
France.  Elle  était  Jiéo  eu  1722  et  mourut  à  hi  Rivière-Ouelle  le  0  septembre 
1774,  laissant  cinq  enfants. 

En  secondes  noces  Jean-lU.e.  Bonenfant  épou.sa  à  Québec,  le  14  février 
1775  (4),  demoiselle  -Marie  Côté  (.j),  tille  de  feu   Pierre  Côté  et  de   dame    Mar- 

(1)  C'est  lo  iiiêiiie  Philippe  (le  lîophclihu'o  avec  lo(piol  Josepîi-François  Permult  re- 
nionta  le  Missisjil)pi  en  177iî,  tel  qu'il  l'a  riiooiité  dans  su  bio;,'i'apliio  éorito  par  lui  mémo. 
En  177S  ce  mémo  de  Rocheblavo  commandait  au  poste  do  Kaskakiua  quaml  il  Fut  attaqué 
par  lo  col.  Clarko  et  fait  prisonnier.  Corre.yinnJaiice  du  i/oiivenieiir  llaldiniaïul,  Archives 
d'Ottawa,  Doc.  .'<os3.,  'le  vol.  121,  No.  .'i,  Duiant  l'hiver  I7So  (lU  avril)  il  était  à  (Québec  et 
obtint  du  gouverneur  HaMiuiand  un  franc  pas,soport  pour  le  iiétroil  et  une  rocommendu- 
tion  aux  couunandants  des  postes  ;  aussi  la  permission  d'envoyer  un  exprès  à  Madame  de 
Rocheblave.  Idem,  pp.  242,-24J-6.  Ce  dût  être  à  ce  printemi)s,  17S3,  que  Pierre  Cas"rain 
partit  pour  suivre  l'expéilition.  M.  de  lioclieblave  mourut  à  Jloiitréal  en  ISOU. 

(2)  Il  la  conserva  toute  sa  vie  connue  un  souvenir  dont  il  était  Her.  Elle  ilisparut 
après  sa  mort.    Ma  mère  se  rappelait  l'avoir  vue. 

(3)  Voir  partage  avec  les  enfants  de  celle-ci  du  30  janvier  1775,  St-Aubin,  notaire,  et 
voir  appendice  E,  lignôe  des  Bonenfants. 

(4)  Contrat  de  mariage  devant  Mtre  Panet. 

(5)  Le  portrait  de  cette  Dame  est  conservé  dans  la  famille  Têtu,  ses  descendants  à 
Montmagny.    Elle  est  déoédêa  il  la  Rivière-Ouelle,  5  janvier  1820,  âgée  de  84  ans. 


—  35  — 

gncrito  Delàgo.  Do  cette  union  naquit,  un  an  ap  es,  11  février,  Marie- Margiicrite> 
qu'on  vient  de  vo'r  s'allier  à  Pierre  Ca-grain. 

Du  cliof  (le  sa  mère  Marguerite  Bunonfant  tenait  à  l'un  des  premiers  et 
des  plus  notables  colons  de  la  Nouvelie-Fi-ance,  Abraham  Martin,  le  même  (jui 
a  donné  son  nom  à  la  plaine  d'Abraham,  en  dehors  des  murs  de  Québec,  (l) 

Les  jeunes  époux  Casgrain  étaient  industrieux,  économes  et  rangés.  Ils 
prospérèrent  rapiflemont.  Une  occasion  favorable  s'étnnt  présentée  ils  firent 
l'acipiisition  (17!)G)  d'une  belle  propriété  et  haliitation  vendue  par  décret  sur  un 
nommé  McCallum,  marchand  de  l'endroit.  Le  poste  était  avantageux,  central 
pour  les  affaires  commirciaies  (2)  et  à  proxinnté  de  la  rivière  (pii  offrait  xni 
port  de  mer  commode.  En  peu  d'aini"''es  Pierre  Casgrain  se  trouva  à  la  tête 
d'un  commercé  étendu  et  fort  luci'atif,  (pii  le  mit  à  même  d'asseoir  une  partie 
de  .sa  fortune  sur  des  biens  fonds  et  entre  autres  d'aciiuérir  la  seigneurie  de  la 
Bouteillerie  (Rivière-Ouelle)  et  celle  de  l'islet,  dan.s  le  but  de  les  substituer 
dan.s  sa  famille. 

Il  n'y  avait  point  de  pont  alors  sur  la  rivière  Quelle  et  on  la  passait  en 
bac.  Pour  ob\  ier  aux  inconvénients  de  cette  traverse,  il  s'adressa  à  la  Législa- 
ture en  1818  et  obtint  pour  50  ans  le  privilège  d'y  bâtir  un  pont  de  péage. 
Cette  amélioration  était  devenue  nécessaire,  et,  tout  en  étant  utile  au  public,  lui 
rapporta  un  revenu  suffisant  pour  le  rembourser  en  peu  d'années  du  coût  de  la 
construction  et  assurer  un  bon  revenu  dans  la  suite. 

L'expk)itation  des  pêcheries  dans  le  Heuve  vis-à-vis  sa  seigneurie  était 
à  cette  éiJoipie  une  industrie  pi-aticpiéc  sur  un  grand  pied  à  cause  de  l'abondance 
du  poisson  de  plusieurs  sortes,  tels  ipie  le  marsouin,  l'esturgeon,  le  saumon,  le 
bar,  l'alosi,  le  hareng,  la  sardine,  l'anguille,  etc.  La  pêche  était  un  aliment 
considérable  pour  son  négoce  et  donnait  aussi  un  rendement  lucratif  de  ses 
droits  seigneuriaux.  Avec  la  per.-pieacité  et  le  coup-d'œil  qu'il  avait  il  ne 
manquait  pas  de  sai.sir  aux  chcviu.î  l'occasion  de  faire  une  bonne  spéculation 
quand  elle  se  pré.sentait  à  sa  portée.  LTn  printemps  que  la  marée  de  la  pêche  aux 
nuarsouins  avait  donné  énormément,  (il  y  en  avait  nu  delà  de  500  de  pris)  il  fit 
aussitôt  acheter  sous  main  et  sans  dire  mot  toute  l'huile  qu'on  allait  en  tirer, 
sachant  bien  (ju'uue  telle  abondance  la  mettrait  à  bas  prix.  En  même  temps  il 
partait  à  poste  de  cheval  pour  Québec,  oîi  il  arrivait  tout  d'une  traite,  après 
avoir  remlu  trois  relais  do.  chev.nux,  vendait  toute  son  huile,  achetait  et  frétait 
les  futailles  nécessaires  et  revenait  du  même  train,  .sans  (pic  personne  eût  pu 
soupçonner  son  voyage.  La  chance  l'avait  suivi.  La  goélette  chargée  de  ses 
futailles,  pou.ssée  par  un  vent  favorable,  entra  dans  la  Ilivière-Ouelle  comme  lui- 
même  y  arrivait.  Cette  transaction,  ainsi  hâtivement  expédiée,  lui  valut  dans 
ses  quarante-huit  heures  un  bénéfice  d'au  delà  £800. 

La  grande  quantité  de  carcasses  de  ces  marsouins  qui  pourrissaient  sur 

(!)  Voir  l'appeiulice  D  pour  cette  gônéalogie. 

(2)  C'est  l'endroit  où  résicliiit  M.   Alphonse  Letellier  de  Saint-Just,  médecin,  son 
petit  tils.    Un  incendie  en  1891  a  détruit  la  maison  neuve  qu'il  y  avait  construiie. 


—  36  — 

la  grève  à  la  pointe  de  la  Rivière-Ouolle  empestait  l'air  à  la  ronde,  suivant  que 
le  vent  portait.  Quand  les  rafales  apportaient  l'oïk-ur  nau-éalionde  vers  la 
demeure  de  M.  Casijrain,  la  compagnie  ([u'il  avait  l'hahitude  d'entretenir  chez; 
lui  en  était  incommodée.  En  se  tenant  le  nez  chacun  s'écriait  :  "quelle  peste! 
quelle  puanteur  !  comme  ça  sent  mauvais!  "  —  Lui,  content  du  résultat,  s'en 
moquait  :  "  Je  trouve  que  ça  pue  bon  ",  disait-il  d'un  air  narquois. 

Dans  ces  temps-là,  il  continuait  à  mener  une  vie  fort  active,  tout  en  la 
rendant  agréable  en  entretenant  ses  amis  sous  son  toit  hospitalier. 

Il  était  un  bel  homme,  grand,  assez  replet,  au  visage  souriant,  frai-s  et 
vermeil,  comme  on  peut  en  jugr  par  son  portrait  peint  par  Dulongpré.  Sa  pres- 
tance gracieuse,  son  air  aimable,  son  accueil  avenant,  prévenaient  en  sa  faveur. 
D'un  c'Jînmerce  doux  et  d'une  sensibilité  exquise  on  s'attachait  à  lui,  et  il  comp- 
tait un  grand  nombre  d'amis. 

Il  aimait  la  bonne  chère  et  recherchait  surtout  la  belle  et  bonne  compa- 
gnie qu'il  se  plaisait  à  attirer  chez  lui.  On  m'a  souvent  rapporté  qu'il  envoyait 
ses  voitures  à  Québec  (25  lieues)  quérir  ses  amis  de  la  ville  pour  jouir  de  leur 
société  ;  et  il  les  renvoyait  mener  après  les  avoir  entretenus  et  régalés  avec 
une  joyeuse  et  libérale  hospitalité.  Le  souper  d'alors  était  le  dîner  d'aujour- 
d'hui. On  le  prenait  long  et  bon,  et  (juand  les  invités  étaient  plus  nombreux 
qu'à  l'ordinaire,  et  que  le  btm  vin  avait  porté  la  joie  au  cœur,  la  gaieté  se  ma- 
nifestait par  des  chansons,  alternées  par  les  dames  et  les  messieurs,  ce  (pii  dé- 
loppait  envers  elles  une  galanterie  toute  française,  en  y  mettant  toutefois  une 
réserve  de  bon  ton  et  le  respect  qu'inspirait  la  dignité  de  caractère  do  l'hôtesse 
qui  prési<iait.  Les  amuseuïents,  les  distractions,  les  plaisirs,  dans  une  campngne 
monotone,  étaient  comparativement  peu  nombreux  et  peu  diversifiés  :  on  cher- 
cliait  alors  à  y  .suppléer  de  son  mieux.  La  convivialité  offrait  une  bonne  res- 
source autour  d'une  excellente  table  ;  aussi  notre  a'"'jul  tenait-il  à  avoir  la 
sicime  bien  garnie  et  bien  .servie.  En  sus  d'un  m  litre  d'hôtel  en  titre,  le  chef 
Rémi,  il  avait  un  aide-cuisinier  nègre  et  une  pâtissière,  la  vieille  M(iraiu(',t\ont 
le  nom  est  resté  légendaire  dans  la  famille  pour  ses  pâtés  et  conH.serie-t.  Il  est 
naturel  de  supposer  que  les  cimuaissancea  pratiques  dans  l'art  culinaire  appor- 
tées de  France  par  le  vieux  père  n'ont  pas  été  négligées  par  le  fils,  mais  plutôt 
bien  mises  à  profit. 

Il  faut  MJouter  que  la  maîtresse  de  la  maison  avait  im  talent  exceptionnel 
comme  femme  de  ménage.  Ma  mère  ijui  l'a  vue  à  l'œuvre  et  a  été  à  même  d'en 
juger,  la  trouvait  accomplie  sous  ce  rapport,  comme  d'ailleurs  sur  tout  le  reste  de 
sa  conduite.  EIK-  en  a  fait  un  portrait  fiilèle  (|ui  la  montre  sous  .son  vrai  jour, 
et  qu'on  no  peut  lire  dans  ses  "  Mémoires"  sans  l'admirer.  Elle  nous  la  peint 
comme  une  femme  hors  ligne  pour  faire  les  honneurs  de  sa  maison  et  la  tenir 
dans  un  ordre  parfait,  toujoui s  avec  une  aisance  naturelle  et,  comme  on  <lit 
communément,  sans  avoir  l'air  d'y  toucher.  On  s'attachait  en  ce  temps-là  moins 
à  l'apparat  et  plus  à  la  .substance.  On  ainuiit  à  avoir  du  beau  lin^^e  et  en 
abondance  et  des  argenteries  solides  et  massives  pour  l'usage  journalier  et  pas 
plus.  C'était,  si  on  doit  l'appeler  ainsi,  le  seul  luxe  <lo  la  maison.  L'ameublo- 
iiient  était  très  simple,  uni,  se  bornant  aux  besoins  et  au  confort. 


—  37  — 

Madame  Casgrain  savait  recevoir  avec  une  dignité  pleine  de  grâces  et  un 
air  aisé  plein  de  charmes  dans  son  abandon  naturel.  Belle  de  figure  et  de  taille, 
comme  son  portrait  nous  la  montre,  elle  avait  une  mine  superbe  qui  frappait 
quand  elle  entrait  dans  un  salon.  Dans  le  menuet,  qui  se  dansait  alors  comme 
à  la  cour,  feu  l'honorable  M.  Quesnel  me  disait  qu'elle  avait  le  port  d'une  reine 
et  l'élégance  d'une  princesse. 

Sa  conversation  était  plutôt  sérieuse  qu'enjouée,  car  elle  était  sage  et 
mesurée  dans  ses  paroles.  On  s'accordait  à  lui  reconnaître  un  esprit  pénétrant 
et  supérieur.  Pourtant  son  instruction  avait  été  limitée  à  deux  années  de 
couvent  à  Suint-François  de  la  Rivière-du-Sud.  Elle  s'était  ensuite  formée 
elle-même  par  de  bonnes  lecturas.  A  en  juger  par  sa  correspondance  elle  avait 
dû  mettre  le  temps  d'étude  à  profit.  La  diction  en  est  simple,  facile  et  coule  de 
source.  Le  fonds  e.st  admirable  de  bonté  et  de  solidité,  et  fut  passer  de  bon 
gré  pur-dessus  quek[ues  fautes  d'orthographe.  C'est  dans  ses  lettres  (|u'oa 
s'apor<;oit  que  les  qualités  do  l'esprit  et  du  cteur  surpassaient  en  elle  les  dons 
extérieurs. 

On  y  voit  combien  sa  piété  était  éclairée  et  son  jugement  sain.  La 
religion  était  l'âme  de  toutes  ses  actio:is  et  elle  remplissait  tous  les  devoirs  de 
la  femme  chrétienne  avec  simplicité  et  ponctualité  oo  mue  une  chose  ordinaire 
et  réglée.  Elle  s'appliquait  particulièrement  à  ceux  de  .son  état  et  par-de.ssus 
tout  à  bien  élever  ses  enfants.  Quels  trésors  de  tendresse  et  d'afi'ection  elle 
verse  sur  eux  dans  ses  lettres  !  et  (piels  botis  et  sages  conseils  elle  sait  leur 
donner  et  insinuer  doucement  dans  leur  c<eur  pour  k'S  faire  gt>ûter  ! 

Le  bonheur  régnait  autour  de  son  foyer  où  la  vie  s'écoulait  douce  et 
tranquille  Mais  au  retour  de  son  Age  sa  santé  dépérit.  Une  maladie  de 
poitrine  s'en  suivit,  qui  la  mina  lentement  et  mit  fin  à  .ses  jours  le  24'  avril  1825. 
Elle  n'était  âgée  que  de  4î)  ans  (|uand  elle  fut  enlevée  à  ses  chers  enfants  et  à  sou 
bon  époux,  aufjuel  elle  était  unie  depuis  près  de  85  ans. 

Son  mariage  avait  été  f  cond  :  elle  avait  ilonné  le  jour  à  13  enfants,  nés 
dans  l'ordre  suivant,  comme  on  le  voit  par  un  écrit  de  sa  miin,  dont  voici  la 
copie. 

1.  Marie-Marguerite 7  nov.    17!t8. 

2    Pierre-Jean 18  juin     1 7!».). 

3.  Pierre-Franvois 12  août    17!Mi. 

4.  Pierre-Thomas 18  sept.   171)7. 

5.  Sophie 80  avril   1799. 

U.  C'harles-Eusèbo 28  déc.     iNC'vi. 

7.  Luce 5  août    1  M()2. 

8.  Justine 19  avril    1804. 

9.  Léocadie 1 7  août    1 805. 

10.  Olivier-Théodore 29  juin  18  i7, 

11.  Catherine  Joséphine 12  fév.  1809. 

12.  Olivier-Eugène 8  mars  1812. 

13.  Marie-Adélino 2  oct.  1815. 


—  38  — 

Six  seulement  d'entre  ces  enfants  survécurent  à  leur  mère,  dont  3  gar- 
çons et  3  filles,  savoir  :  Pierre-Thomas,  Charles-Eusèbe  et  Olivier-Eugène  ; 
Sophie,  épouse  Je  François  Letellier  du  Suint-Just  (l),  Luce,  épouse  de  l'hono- 
rable Philippe  Panet,  juge  de  la  Cour  du  Banc  de  la  Reine  et  d'Appel  ;  et  Jus- 
tine, ép(}use  de  Charles  Butler  Maguire,  chirurgien-médecin,  dans  la  marine 
royale  anglaise,  et  en  s  xondes  noces,  de  M.  Pierre  Beaubien,  n>éducin  et  profes- 
seur, à  Montréal.     Je  reviendrai  ci-après  sur  ces  alliances. 

Luce  et  Justine  étaient  toutes  deux  d'une  grande  beauté,  quoique  de 
types  dirt'érents.  Luce  avait  un  teint  clair,  rose,  éclatant,  relevé  par  ses  chevaux 
noirs-jais,  qui  descendaient  bas  sur  le  front  ;  un  regard  vif  et  sémillant,  un  sourire 
fin  et  un  rire  d'un  timbre  argentin  ravissant  ;  une  belle  taille,  svelte  et  souple, 
et  un  port  de  tête  d'oiseau.  Justine  était  belle  de  figure  par  la  régularité  de 
ses  traits  et  son  teint  coloré.  La  majesté  de  sa  taille  et  la  dignité  de  son 
maintien  lui  donnaient  un  air  de  haute  distinction.  Elle  annon(,-ait  ce  qu'elle 
était,  une  intelligence  d'élite,  une  femme  d'esprit  enfin.  Ses  lettres  sont  là  pour 
le  démontrer  et  plusieurs  d'entre  elles  ne  dépareraient  point  la  correspondance 
de  madame  de  Sévigné. 

Le  père  était  fier  de  ses  deux  filles,  et,  à  leur  début  dans  le  monde,  quand 
elles  vinrent  à  la  ville,  ce  n'était  pas  snus  un  air  de  complaisance  visible  (|u'il 
les  conduisait  h  la  promenade  et  qu'il  jouissait  au  fond  du  c»i?ur  de  l'attention, 
des  hommages  et  des  salutations  (jue  l'éclat  de  leur  beauté  attirait  de  tous  côtés. 

Ce  bon  père  avait  pourvu  du  vivant  de  son  épouse  h  rétablissement  do 
tons  ses  enfants.  Ses  filles  bien  datées  firent  comme  on  voit  des  mariages 
avantageux  et  bien  assortis,  S  »n  fils  aîné  eut  en  partage  la  seigneurie  <le  la 
Bouteillerie  et  la  omtinuation  {(joodiviU)  de  la  maison  de  connnerco  ;  le  second, 
Charles,  eut  la  propriété  en  ville  et  îles  terres  et  rentes  ;  Eugène,  encore  mineur, 
et  Agé  seulement  de  13  ans  à  la  mort  de  sa  mère,  avait  eu  son  établissement 
assuré  par  l'ucciuisition,  pour  lui,  de  la  seigneurie  de  ITslet-Bonsecours. 

Les  époux  Ca>'giain  avaient  dès  1819  faii  leur»  dispositions  testamen- 
taires par  des  testaments  identiijiu's,  contenant  des  substitutions  et  des  parta"os 
si  bien  conçus  (ju'ils  n'eurent  pas  à  y  revenir.  Ils  eurent  l'avantage  de  trouver 
alors  dans  l'évéïiue  Panet,  en  même  temps  curé  et  résident  de  la  Ilivière- 
Ouelle,  un  excellent  ami  et  un  bon  conseiller.  Le  neveu  de  l'évèque  était  entré 
comme  gendre  dans  leur  famille  et  cette  alliance  avait  resserré  les  rapports 
d'amitié  déjà  existants. 

L'évè(|ue  était  devenu  un  luibitué  intime  <le  la  maison.  Un  voisinage 
imméliat  facilitait  la  fréijuence  des  rapports  et  l'échange  îles  visites. 

Le  iioiii  lie  l'évèque  Panet  est  resté  vivace  dans  la  parois.so  pour  la 
.sainteté  de  sa  vie  et  l'abcmi lance  de  sa  charité. 

(I)  Pèro  du  ci  (levant  lietitenant-gnttvornour  île  la  proviiico  do  l^ii('-l)0(<,  dont  j'ai 
<>crlt  la  l)iogrft|>liio  en  1SS9.  .Sa  more  6i)0\i»n  oi«  ipoondes  luwei  M.  Edouard  Hôlaiigcr,  jK-ro 
de  M.  Horai'e  Rélanger,  chieffaclor  de  la  Compagnie  de  la  Baie  d'Ituduoii,  qui  vient  du  »o 
noyer  (oct.  18VI2)  dan*  le  lac  Winnipog. 


—  39  — 


* 
•  « 


Tout  en  vivant  larjjfement  M.   Casgraiii  était  hienfaisant  et  charitable 
Li)rs(ju'il  s'agit  de  fontler  un  couvent  à  la  Rivière-Ouelle  (1808)  il  y  contribua 
par  ses  largesses  et  continua  <le  l'aider  pour  le  maintenir. 

On  m'a  rapporté  à  ce  propos  une  anecdote,  un  peu  gaillarde  peut-être, 
mais  qui  peut  être  racontée  ici.  La  bonhomie  tlans  ce  temps-là  n'était  pas 
hérissée  de  pruderies,  ni  la  vertu  ertarouchéc  pour  des  riens.  On  laissait  les 
pudibonds,  hélas!  h  !a  congrégation  du  scrupule  La  supérieure  du  couvent  était 
une  de  ces  bonnes  figures  réjouies,  d'un  certain  âge  et  toute  dévouée  à  sa  voca- 
tion,ce  (|ui  ne  l'empêchait  pas  d'être  fort  replète — KWe  venait,  de  temps  à  autre, 
suivant  ijue  les  besoins  de  sa  nouvelle  fondation  l'e.xigeaient,  demander  des  se- 
cours en  provisions  ou  autres clioses  nu  magasin  de  M.  Casgrain,  étant  toujours 
sûre  de  ne  pas  être  rebutée.  Celui-ci  la  taquinait  souvent  sur  son  obésité  et 
prétendait  qu'elle  devait  l'emporter  en  p)i<ls  sur  lui.  Elle  soutenait  (jue  non. 
"  Que  si,  ma  révérende  mère  ",  reprit-il  un  Jour.  "  Rien  comme  d'essayer. 
"  Montez  dans  la  l)alance.  M'y  voici  de  mon  côté."  Il  se  trouva  (jue  rhoiiiine 
l'emporta  d'une  livre,  seulement.  Tout  de  mêiDo  il  soutint  (pie  le  poids  était 
égal,  "  pour  la  rai.son,  dit-il,  que  l'usage  est  toujours  d'allouer  une  livre  pour  la 
pt)che.  " 

Je  di-ais  ci-devant  (|ue  M  Casgrain  était  d'une  sensibilité  exquise.  Voici 
un  trait  t|ui  va  l'établir  et  (pie  je  tiens  tie  son  petit-fils,  Luc  Letellier  de  Saiiit- 
Just,  l'ancien  lieutenant-gouverneur.  Celui-ci  était  devenu  orphelin  à  làge 
•  le  H  ans  et  son  grand-père  lui  portait  un  intérêt  tout  particulier  pour  cette  rai- 
.son et  aus.si  à  cause  de  son  intelligence.  L'enfant  fré(pieiitait  l'école  et  était 
un  des  plus  espièj;ies  de  sa  classe.  Le  maître,  par  indulgence  pour  l'orpht'lin, 
n'aimait  pas  à  faire  la  correction  lui-même,  et  fai.sait  demnnder  le  grand-jM're 
pour  le  faire  corriger  par  lui.  M.  Letellier  racontait  plus  tard  la  grande  peur  ipiil 
eut  la  première  fois  (piand  il  vit  le  grave  vieillard  k  cheveux  blancs,  arriver 
lentement,  avec  sa  canne  à  pommeau  d'or,  pour  siéger  en  jugement  sur  ses  mé- 
faits. Mais  il  fut  bien  vite  rassuré.  "  Cv  fut  lui,  dit-il,  (|ui  pleura  en  voulant 
me  faire  la  lei,'un.     Il  n'avait  pas  le  cn'ur  de  me  gronder." 

Après  la  mort  de  son  épouse  M.  Ca.sgrain  .se  trouvant  seul  pour  tonir 
maison  y  renon(,'a.  Il  divisa  h'  reste  do  ses  bieus  entre  ses  enfants  et  p  trta- 
gca  .son  temps  en  allant  demeurer  tantôt  chez  l'un  tantôt  chez  l'autre,  le  plus 
souvent  chez  Charles,  i\  Québec,  où  ma  mère  a  |)U  apprécier  son  mérite  et  la 
bonté  de  s(m  caractère,  Les  petits  pré.sents  oitretienneiit  l'amitié  et  il  n'uu- 
bliait  pas  l'effet  du  proverbe.  Souvent  il  arrivait  avec  un  présent,  ou  un  ca- 
deau d'utilité  pour  le  ménage,  cpTil  offrait  k  wa  mère  avec  une  bonne  grâce  (pii 
en  rehau.ssait  le  prix. 

Ainsi  .s'écoulèrent  on  repos  les  trois  dernières  années  do  sn  vie. 

Dans  l'été  do  1828  il  fut  atteint   tl'une    maladie   à   l'estomac  <pii  alla  eu 


—  40  — 

s'aggravant.  Retenu  à  la  maison,  à  Qnébe-;,  chez  son  gendre,  M.  Panet,  il  re- 
marquait que  les  Anglais,  ses  amis,  ne  manqu  licnt  pivs  de  le  visiter  et  (pie  les 
Canadiens  l'oubliaient.  Il  languit  et  ne  pouvant  plus  soutenir  aucune  nourriture, 
il  expira  le  17  novembre,  âgé  de  57  ans  et  5  mois. 

Ses  obsèques  eurent  lieu  à  la  Rivière-Oaelle  où  il  fut  inhumé  dans 
l'église,  .sous  son  banc  seigneurial,  à  côté  de  son  épouse.  Le  marbra  funèbre 
qu'on  y  voit  du  côté  de  l'épître  en  indicpie  l'endroit  préci-^,  dans  la  nouvelle  église, 
où  le  banc  seigneurial  a  disparu,  à  la  suite  de  l'abolition  de  la  tenure  sei- 
gneuriale. 

Je  renvoie  aux  "  Mémoires  "  de  ma  mère  pour  compléter  la  notice  bio- 
graphique de  cet  ancêtre.  On  y  trouvera  l'appréciation,  juste  et  flatteuse  pour 
nous,  de  ses  qualités,  de  son  caractère  et  de  sa  personne. 

Pour  moi,  comme  l'un  tles  descendants  do  ces  grands  parents,  c'est  un 
plaisir  et  un  devoir  de  reconnaissance  de  rendre  hommage  à  leur  mémoire.  Ils 
ont  été  les  fondateurs  d'une  branche  de  la  famille  Casgrain,  hu|uclle,  sans  l'élan 
qu'ils  lui  ont  donné,  n'aurait  pas  atteint  le  même  degré  de  prospérité  et  la  posi- 
tion sociale  où  elle  est  parvenue  aujourd'hui  en  Cana  la.  C'est  grâce  à  son 
énergie,  à  son  travail,  à  son  industrie  et  à  ses  talents  que  Pierre  Cisgrain,  par 
hii-même  et  seul,  a  pu  se  créer  une  existence  heureuse  et  a-^sur  ■  uuu  honnête 
oisunce  à  ses  enfants.  C'est  grâce  à  l'aide  de  l'épouse  de  son  choix  qu'il  a  pu 
bien  élever  ses  enfants,  faire  de  se4  fils  des  citoyens  de  mérite,  et  allier  ses 
tilles  aux  familles  honorablej  dans  lesquelles  elles  sont  entrées. 


CHAPITRE  SIXIEME. 


TUOI;iIKME  (JÉXfUJATION'   CASOUAIN'. —  1.    IMKUUE-TIIOMAS  ;  .SES    EXKANTS. — 
2.   CHAlU-ES-EL'SKbE  ;  SES  EXFAST.S.  —  OhlVlEll-EU(JKNE  ;  SES  ENFANTS. 

La  troisième  génération  de  la  souche  primitive  Casgrain  a  été  continuée 
■et  est  perpétuée  de  nom  par  ces  trois  qu'on  vient  de  nommer,  le.squels  ont  pro- 
duit chacun  divers  rameaux,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  un  coup  d'tt'il  sur 
l'arbre  généal()gi(|Ue  A,  à  l'appendice.  Les  trois  lilles  de  la  même  génération 
ont  aussi  leur  descendance. 

Comme  chacun  do  ceux  qui  en  descendent  peut,  aujourd'luii,  facilement 
suppléer  lui-même  à  tracer  sa  propre  lignée  etrenumter,  soit  par  les  mâles,  soit 
par  les  femmes,  k  cette  troisième  génération,  je  me  bornerai  à  tracer  la  descen- 
dance qui  se  rattache  plus  particulièrement  à  cotte  dernière. 

1.  Pierre-Thomas,  l'aîné  survivant,  hérita  de  la  seigneurie  ilo  la  Bouteille- 
rie,  continua  à  y  demeurer,  conunercer  et  cultiver  ses  terres.  Ses  parents  avaient 
e.s.sayé  en  vain  de  lui  inculquer  le  goût  de  l'étude  et  lui  donner  une  éducation 
classique,  mais  il  u'aimuit  pas  les  livres.     Cepeudaut  il  était  uuturullument  bien 


—  41  — 

doué,  plein  d'esprit  naturel  et  avait  la  répartie  vive,  fine  et  toujours  prête.  La 
niéciini(|ue  et  les  constructions  étaient  son  fort  ;  mais  il  n'y  avait  alors  aucune 
école  d'enseijçneinent  de  ce  gi'nre  pour  s'y  perfec  ionner.  Ce  qu'il  en  apprit  il 
le  dut  à  lui-niêiae  et  devint  son  propre  architecte  pour  la  construction  de  ses 
ponts,  moulins,  chaussées,  maisons,  etc. 

J'ai  remarqué  que,  tant  en  France  qu'au  Canala,  il  existe  dans  la  famille 
des  Casgrain  une  aptitude  spéciale  pour  les  arts  mécaniques  et  les  inventions, 
témoins,  entre  autres,  le  Dr  E  hnond  Casgrain,  de  Québec,  et  deux  de  ses  neveux 
aux  Etats-Unis. 

Pierre-Thomas  se  maria  jeune,  à  l'âge  de  20  ans.  Il  épousa  demoi.selle 
Emilie  Lacombc,  de  Saint-Hyucintlie,  en  1.S17.  Cette  jeune  personne  avait  été 
élevée,  connue  parente,  dans  la  famille  Dessaules,  et  dans  l'intimité  de  la  fa- 
mille l'apineau.  Elle  était  née  avec  un  esprit  fin  et  délicat  et  avait  re(;u  une 
éducation  du  meilleur  genre.  Tout  présageait  une  union  heureuse.  Mais  (jui 
peut  répondre  de  la  santé  du  corps  et  des  suites  d'une  att'ectiondu  .système  ner- 
veux ? —  Le  malheur  voulut  qu'à  la  suite  d'une  de  ses  premières  couches  une 
fièvre  puerpérale  lui  tomba  sur  le  cerveau  et  l'afFecta  par  intervalles,  plus  ou 
moins,  le  reste  de  ses  jours.  Une  monomanie  s'empara  du  son  intellect,  en  se 
manifestant  par  une  aversion  contre  la  cause  primordiale  <le  son  mal,  ([ui  lui 
lais.sait  assez  île  lucidité  pour  la  reconnaître.  En  dehors  de  ce  .sujet  elle  cau- 
sait admirablement  bien,  avec  beaucoup  d'agrément  et  de  sel  ;  montrant  la  cul- 
ture bien  soignée  de  .son  esprit  et  de  son  cieur.  Elle  chantait  avec  goût  et 
donnait  une  grâce  particulière  et  une  tournure  piquante  à  ses  chansons.  Elle 
savait  les  choi-ir  et  amenei'  à  propos,  avec  un  tact  exijuis  ou  une  finesse  ca\is- 
tique,  suivant  l'occasion.  Elle  n'était  pas  jolie  de  figure  et  de  teint,  étant  très 
br\ine,  mais  elle  avait  ce  (jue  l'on  convient  d'appeler  une  laideur  agréable,  que 
son  bon  ton  et  ses  manières  de  dame  faisaient  oublier. 

Iaiis  de  son  mariage  son  beau  pore,  qui  no  l'avait  pas  encore  vue,  no 
pouvait  en  revenir  en  voyant  le  contraste  entre  elle  et  ses  filles  si  belles  et  si 
frt  îches.  Il  n'en  dormit  pas  de  la  nuit,  disait  mon  père  Cependant  il  ne  tarda 
pus  à  la  ]iiendr('  en  gramle  aH'ection,  gagné  par  son  amabilité,  son  esprit  et  sa 
pai  faite  éducation. 

De  cette  union  naipiirent  H)  enfants  :  Flavie,  Pran(,'ois,  Charles,  Lucc, 
Marie,  Alphonse,  Xazaire,  Viigiide,  Flore  tt  Ennna.  L'arbre  géuéaIogi(jue  A 
indii|Ue  quelques  détails  sur  eux. 

Di'  tons  ces  l'iifants  il  ne  reste  plus  de  mâles  survivants  rpie  Charles,  k 
la  Hivièio-Ouelle,  marié  à  demoiselle  Miville  Dechène,  lesipiels  ont  une  famille 
nombreuse  ;  et  Alphonse,  prêtre,  curé  à  Fall-Iliver,  Mas.s.  E -U. 

Pierre-Thomas  Ca.sgrain,  nnnirutàla  llivière-Uuelle,  le  20  avril  1>SG3,  et 
sa  veuve  le  28  avril  IS74;  tous  deux  sont  iidnimés  là, 

•  * 


—  42  — 

2.  Charles-Eusèbe,  mon  père,  le  second  fils  de  Pierre,  a  continué,  comme 
second  rameau,  la  branche  cadette,  dans  l'ancien  manoir  de  la  Boutcillerie.    (l) 

Il  ne  m'appartient  pas,  par  respect  pour  ma  mère,  de  reprendre  en  sous- 
œuvre,  ou  retoucher,  la  vie  de  mon  digne  père,  après  la  biographie  qu'elle  eu  a 
écrite  et  fait  imprimer  en  1869. 

A  l'exemple  de  Moïse,  qui  avait  recommandé  aux  Hébreux  de  lire  le  livre 
de  la  Loi  une  fois  par  année,  je  prie  mes  enfants  et  petits-enfants  de  lire  et 
relire  ce  livre  attentivement. 

Ils  apprendront  par  cette  vie  pure  à  être  vertueux  et  ils  vivront  sans 
peur  et  sans  reproche,  s'ils  veulent  l'imiter. 

On  verra,  par  l'arbre  généalogique  A,  que  tous  les  huit  enfants  mâles  de 
Charles  E.  Casgrain  et  de  Elizabeth-Anne  Baby  étaient  encore  tous  vivants  ea 
août  1893.  (2)  D'où  l'on  peut  conclure  que  la  vigueur  de  tempérament  se 
montre  visible  dans  notre  branche  de  famille,  quoique  notre  père  soit  mort  à 
l'âge  de  47  ans.  Ce  qui  doit  être  attribué  à  une  cause  accidentelle  et  non  pas 
aune  faiblesse  de  constitution  1  siéditaire. 

« 
*  « 

3.  Olivier-Eugène,  le  dernier  fils  de  Pierre,  fit  son  cours  classitjue  au 
collège  de  Nicolet  et  entra  en  cléricature  dans  l'étude  de  feu  l'honorable  Louis 
Panet,  notaire,  à  Québec.  A  l'âge  de  20  ans  il  épousa  (mai  1832)  demoiselle 
Hortense  Dionne,  âgée  de  15  ans,  fille  de  l'honorable  Amable  Dionne,  Conseiller 
Législatif  et  de  dame  Catherine  Perrault,  proche  parente  do  ma  fennno.  Elle 
lui  apporta  avec  le  bonheur  dans  son  foyer  une  brlle  dot  ;  et,  avec  les  revenus 
de  la  seigiieuiie  de  l'Islet  et  .son  domaine,  le  jeune  couple  put  former  un  établis- 
sement bien  assis  En  attendant  la  construction  d'une  mais  in  qu'ils  faisaient 
bâtir  pour  leur  manoir  à  l'Islet,  (3)  les  jeunes  époux  passèrent  une  année  à  la 
Rivière-Ouelle,  sous  le  toit  hospitalier  de  leur  frère  Charles,  et  là  naquit  leur 
premier  né,  Eugène. 

L'année  suivante  ils  purent  entrer  dans  leur  nouvelle  résidence  et  s'y 
fixèrent  permaneinment  et  confortalilement.  Le  jeune  seigneur  de  l'Islet  se 
trouvait  en  état  de  vivre  avec  une  ai.sance  suffisante  pour  un  guntilhoumie  k  la 
campagne.  La  surveillance  de  ses  terres  et  de  ses  moulins,  les  améliorations 
dans  la  culture  du  sol  et  des  instruments  agricoles,  faisaient  son  occupation 
habituelle.  Il  prenait  un  intérêt  actif  à  l'avancement  de  l'agriculture  et  fut 
nommé  membre  de  la  Chambre  d'Agriculture.  Il  menait  ainsi  une  vie  tranijuillc, 
agréable  et  utile,  mais  sans  faste  ni  luxe.  8a  table  était  abondante,  mais  simple  ; 


(1)  Dans  le  Ilarper' s  Mui/azine,  février  IHM,  on  trouve  une  vignette  «lu  manoir,  lequel 
existe  encore,  uioin«  les  pavillons  à  chaque  bout  et  le  vi<le-houteille  au  eentro. 

(2)  Herniénégilde,   le  plus   jeune,  est  uiort  à  5U  ans,  le  jeudi,  24  août  1H93,  par 
accident,  d'une  inflanwnatlon  do  poumons. 

(3)  Un  incendie  l'a  détruit  en  1882. 


—  43  — 

était  bien  servie  et  toujours  prête  à   recevoir  ;  son  hospitalité  était   constante 
et  ne  se  démentait  jamais. 

Voici  ce  qui  peut  en  donner  une  idée. 

De  son  temps,  et  jusqu'en  1854,  il  n'y  avait  pas  de  chemin  de  fer  le  long  de 
la  rive  sud  du  Saint-Laurent,  et  la  errande  voie  de  communication  était  le  chemin 
du  roi  qui  longeait  le  fleuve.  Les  voyageurs  qui  avaient  à  se  rendre  à  Quélx'c 
par  terre  depuis  Rimou-iki  en  montant  suivaient  cette  route.  Les  pannts,  les 
omis,  les  connaissances  étaient  nombreux  et  descendaient  en  passant  au  manoir 
de  rislet,  qui  était  une  étape  commode  pour  de  là  continuer  et  terminer  la  route 
du  lendemain.  Ces  voyageurs  étaient  reçus  armes  et  bagages  clomestiques  et 
chevunx,  avec  bon  feu,  bonne  mine.  J'ai  souvent  entendu  fuire  la  remrtKpie 
que  si  le  seigneur  de  l'Ialet  eût  voulu  tenir  une  hôtellerie  il  y  aurait  fait 
fortiine.  J'en  parle  et  en  connaissance  de  cause  pour  m'y  être  arrêté  bien 
souvent.  Entre  autres,  peu  de  jours  après  mon  mariage,  en  descemiant  dans 
ma  famille,  j'y  arrêtai  avec  ma  femme,  »t  mon  oncle  nous  accueillit  fo't  cordia- 
lement comme  toujours.  Le  souper  fut  gai  et  les  convives  étaient  noudireux 
et  pres(nie  tous  étrangers  à  ma  femme.  Le  lendemain,  au  déjeuner,  elle  resta 
toute  surpri.se  de  rencontrer  des  figures  aiitres  que  celles  du  .soir  précéilent. 
C'étaitde nouveaux  venus  qui  avaient  remplacé  les  voyageurs  de  la  veille, lesquels 
s'étaient  déjà  mis  en  rout*. 

Les  beaux  jours  de  cette  bonne  et  franche  hospitalité  canadienne,  (|ui 
était  pratiquée  généralement,  .sont  ])assés.  Les  bat''au.\-à-vapear  et  les  chemins 
de  fer  ont  contribué  largement  à  ne  pus  y  avoir  recours.  Elle  est  cepen- 
dant continuée  encore  <lans  ilsle-aux-Coudresot  l'Isle-aux-Grues,  comme  dans  le 
bon  vieux  temps,  où  toutes  les  portes  vous  >ont  ouvertes. 

Je  me  rappelle  et  manière  m'en  a  nipporté  nés  cas,  le  temps  où  dt-s 
voyngeurs  arrivaient  de  nuit  chez  no\is,  allaient  dételer  leurs  chevaux  à  l'écurie  et 
montaient  à  leur  chambre  accoutumée  sans  faire  de  bruit,  pour  ne  pas  éveiller 
les  gens  de  la  maison  Aujourd  hui  on  a  soin  de  barrer  ses  portes;  antre 
temps,  autres  mteura. 

Eugène  Casgrain  était  bon  père,  bon  ép(mx,  bon  maître,  de  plus  bon 
chrétien,  c'est-à-dire,  pratitpmnt  et  sincère  ("était  un  honniie  de  six  pieds, 
droit,  bien  fait,  beau  de  ligure  et  de  taille;  ses  manières  étaient  gracieu.ses  et 
distinguées.  Son  abord  était  facile,  avenant  et  .son  urbanité  toute  fran- 
çaise. Son  caractère  doux,  bienveillant  et  aimable  faisait  rechercher  sa  com- 
pagnie. Ma  mère  se  plaisait  à  le  dire  et  le  trouvait  un  ludieH  man,  tant  il 
avait  l'air  gentilhonnne  et  savait  plaire  aux  daines. 

Il  mourut  lui  aussi  avant  d'atteindre  la  vieillesse,  à  1  âtre  de  52  ans,  en 
décembre  lN(i4.  Ses  cendres  rt!po.sent  dans  régli.se  de  l'Islet,  .sous  son  banc 
seigneurial.     Sa  veuve  lui  survécut  longtemps,  (l) 

L'arbre  généalogique  continué  pour  sa  lignée  me  dispense  d'en  parler 
plus  longuement. 

(I)  Elle  est  morte  k  l'Islet  le  17  janvier  1H'J4  ot  a  été  inhumée  à  côté  de  son  époux. 


_  44  -- 


» 
»  * 


J'ai  (lit  ci-devant  que  les  trois  filles  de  M.  Pierre  Casgrain  furent  pour- 
vues avantaffeusement  par  mariage.  Elles  fuient  dotées  chacune  d^  Sl2,000  et 
firent  de  telles  alliances. 

L'aînée,  Sophie,  épousa  François  Letellier  de  Saint-Just,  notaire,  à  la 
Rivière-Ouelle,  et  devint  la  mère  de  feu  le  lieutenant-gouverneur  de  Québec, 
l'honorable  Luc  Letellier  de  Saint-Just,  celui  dont  j'ai  écrit  la  biographie;  de 
feu  Charles  Letellier  de  Saint-Just,  (jui  sut  secréer  une  be.le  fortune,  et  de  plu- 
sieurs autres  enfants,  parmi  lesquels  est  Justine,  veuve  de  feu  Jean-Bte  Dupuis^ 
qui  fut  député  du  comté  de  l'Islet  à  l'Assemblée  Législative,  et  mère  de  M  Au- 
guste Dupuis,  horticulteur  et  pépiniériste  de  l'enom.et  de  l'abbé  Fernand 
Dupuis,  curé  de  Berthier,  comté  de  Bel  léchasse. 

La  seconde  des  filles  s'allia  à  Philippe  Panet,  avocat,  de  Québec,  dune 
famille  de  roi  Ils  de  feu  l'iionorable  Jean-Antoine  Panet,  qui,  le  premier,  fut 
élu  Président  de  l'Asseniblée  Législative  tlu  B.is-Canadaàsa  session  d'ouverture 
en  1792,  et  fut  continué  dans  sa  présidence  pendant  22  ans. 

iMgr  Bernard  Panet,  conune  oncle  de  l'époux,  bénit  le  mariage. 

}Ln  1832  Lord  Aylmer,  gouverneur-général,  reposant  pleine  confiance 
dans  le  mérite  et  le  caractère  de  M.  Philip|)e  Panet,  le  choi.sit  pour  le  nommer 
juge  de  la  Cour  ilu  Banc  du  Roi.  (1  )  QueUpies  années  plus  tard  celui-ci  fut  promu 
à  la  Cour  d'Appel  où  il  siégea  jusqu'à  son  décès  en  janvier  18.55. 

Son  nom  est  entré  dans  le  ilomaine  de  l'histoire  pour  l'indépendance  ju- 
diciaire qu'il  montra  dînant  les  troubles  de  I.s37-!i8,  à  l'occasion  «le  la  suspen- 
sion de  l'acte  d'Iitibcas  cvriiux  par  le  Conseil  Spécial  ;  sa  mémoire  est  restée  en 
vénération  chez  le  peuple  pour  ses  veitus  chrétieimes  et  civi(|ues. 

Son  fils,  l'honoralile  Charhs-Kugèiie  P'inet,  est  devenu  sénatiuir,  colonel, 
et  député-ministre  de  la  Milice  et  de  la  Défense,  à  Ottawa.  Ses  cin(i  fils  font 
honneur  à  leur  nom. 


(I)  LorKime  ^^.  l'imet  rof'ul  lu  lotln-  du  gouvtTiieui'  lui  uiinonçaiit  su  ])rouiotion  au 
Bnnc,  ce.  fut  une  suipi'isu  [lour  lui,  d'autiint  pluH  ()u'il  n'avftit  fait  et  ne  coutuiissait  aucunu 
iléinnrclio  pour  lui  ilan»  i-e  son».  .Apii's  mûre  rôflexion,  il  réiiondit  à  Son  Excellence  lui 
expiinuint  couibien  il  i'Init  flattô  de  In  conlianoi'  qu'HIle  voulait  bien  lui  témoigner  ot  l'on 
reuipi'i'iant  tri'«  ifi-iii'i'tuiMisoinont.  En  môme  tumps  il  priait  Son  E.xiH'lleiico  île  vouloii 
agroi'r  le  motif  ipii  l'ompoidiait  de  pouvoir,  pour  lors,  hu  rendre  au  désir  ((u'Ello  muiiifestiiit  ; 
<juo  M.  X.,  un  do  80S  confrères  au  Imrroju,  était  son  doyk.v,  ot  avait,  en  ce  cas,  la  prcsôanco 
sur  lui  ;  ((u'en  lionneiu'  poiu'  lui  im-'iuo  il  dfviiit  lui  céder  le  jtas,  et  par  respect  pour  lu 
dignité  do  sa  profession,  (ju'il  ne  pouvait  monter  sur  lo  Banc  avant  que  M.  X,  en  eût 
décliné  l'ofFro. 

.Sur  cet  ex(i(i,--é  le  gouverneur  ne  vit  qu'une  raixon  de  plus  pour  se  confirmer  dans  son 
<  lioix  do  M.  Panet,  lui  tiiisant  savoir  ([ue,  "tout  bien  considéré,  il  bo  trouverait  obligé  île 
nommer  un  autre  (pie  M.  X.,  et  (pie  eut  autre  serait  aon  Junior. 

Dans  ces  circonstances  M.  Punet,  voyant  son  objection  (lissi)iée,  accepta,  (.'e  trait 
peint  le  caractère  élevé  du  juge  l'anet,  dont  l'évêiiue  de  Québec,  Mgr  Turgeon,  lit  un  bel 
éloge  lors(pril  présida  à  ses  lunérailles  en  janvier  ibùH, 


—  45  — 

Au  moment  où  ces  lignes  sont  sous  presse,  j'apprends  la  mort,  presque 
subite,  de  mon  bon  cousin  et  ami,  le  Colonel,  ce  mardi,  22  novembre  189S,  Il  était 
âgé  de  69  ans.  Le  Temps,  d'Ottawa,  du  même  jour,  contient  une  belle  notice 
sur  le  défunt,  due  à  la  plume  de  M.  Alfred  Garneau.son  voisin.  Les  funérailles 
accompagnées  des  honneurs  militaires,  et  du  concours  de  toute  la  ville,  ont  été 
imposantes.  Elles  démontraient  l'estime  et  le  respect  dont  jouissait  celui  qui 
en  était  l'objet.  Son  Excellence  y  était  représentée  ;  les  ministres  fédéraux  et 
les  membres  des  familles  distinguées,  parents  et  alliés,  rehaussait  l'éclat  du 
deuil. 

Bon  époux,  bon  père,  bon  chrétien,  officier  et  employé  assidu  et  effectif, 
gentilhomme  toujours,  honorable  comme  son  père,  le  Colonel  Panet  a  bien 
rempli  sa  carrière. 

Cécile,  fille  ahiée  du  juge  Panet,  s'allia  au  Dr  Jenn-Charles  Frémont, 
connne  je  l'ai  déjà  dit  dans  "  La  vie  de  Joseph-François  Perrault,"  à  laquelle  je 
réfère. 

Rosalie,  seconde  fille,  épousa  Charles  Baby,  avocat  à  Sandwich,  frère  de 
ma  mère  et  mourut  dans  l'an  de  son  mariage. 

La  dernière  des  filles  de  Pierre  Casgrain,  Justine,  épousa  en  premières 
noces  le  Dr  Charles-Butler  Maguire,  de  la  marine  royale,  qui  eurent  pour  unique 
fils  le  Dr  Annibaî  Maguire,  médecin  et  chirurgien  di.stingiié,  (jui  habite  la 
Nouvelle-Orléans.  Devenue  veuve  fort  jeune  Madame  Maguire  convola  en  se- 
condes noces  avec  le  Dr  Pierre  Beaubien,  de  Montréal,  professeur  à  l'Université 
de  cette  ville,  et  ancien  député  de  Ch^mbly  à  l'Assemblée  Législative. 

De  cette  seconde  union  .sont  nés,  entre  autres,  l'honorable  Louis  Beaubien, 
député  plusieurs  fois  à  lAssenibl  e  Législative,  puis  élu  son  président,  devenu 
ensuite  mitiistre  de  l'Agriculture,  et  M.  l'abbé  Charles  Beaubien,  curé  du 
Sault-au-RécoUet,  et  auteur  du  livre  que  porte  ce  nom,  "  Le  8  vult-  lu-ltécollet." 

L'honorable  Louis  Beaub'en  a  épousé  demoi.selle  Launi  Stuart,  fille  de 
feu  8ir  Andrew  Stuart,  juge  en  chef,  et  de  demoiselle  Eliiiire  île  (Jaspé,  fille  de 
Philippe-Aubert  de  (iaspé,  marié  à  la  fille  du  Capitaine  Allison,  issue  de  .=;on 
mariage  avec  Thérèse  Baby,  sœur  de  l'honorable  Jacques  Baby,  père  de  ma 
mère.  —  Lady  Stuart  actuellement  vivante,  était  nièce  de  nia  mère  à  la  mode  de 
Bretagne,  paicecjue  Madame  de  Gaspé,  sa  inère  était  cous  ne  sri'rniaine  de  la 
mienne. 

Ce  qui  forme  une  autre  alliance  entre  les  descendants  Baby  et  Casgrain. 

Joseph,  fils  aîné  de  l'honorable  Louis  Beaubien,  ayant  épousé  deinoi.selli) 
Joséphine  Larue,  petite  fille  <le  dame  Luce-Casgrain  Panet,  a  formé  ainsi  mu 
autre  alliance  entre  ces  (juatre  familles 

Li's  tils  de  l'honorable  Louis  Beaubien  sont  des  jeunes  gens  de  pronies-i 
et  d'avenir,  à  Montréal. 

«  « 


—  46  — 

Je  m'arrête  ici  étant  parvenu  à  la  génération  présente.  Je  laisse  à 
d'autres  qui  viendront  après  moi  le  soin  de  continuera  rédiger  et  conserver  les 
archives  de  la  famille. 

Il  me  semble  plus  convenable,  comme  parent,  de  ne  pas  me  permettre  de 
passer  en  revue  les  personnages  vivants  qui  occupent,  de  nos  jours  une 
position  sociale  distinguée.  En  référant  aux  notices  biographiques  modernes  de 
Morgan  et  autres,  ça  et  là,  on  trouvera  la  mention,  entre  autres,  de  l'honorable 
Charles-Eusèbe  Casgrain,  sénateur;  de  son  fils  l'honorable  Thomas-Chase 
Casgrain,  M,  P.  ;  de  l'abbé  Raymond  Casgrain,  de  l'abbé  René  Casgrain,  de  Sœur 
Baby,  de  Sœur  Ste-Justine,  du  Juge  Baby,  de  William  Baby,  etc. 

J'engage  mes  enfants  à  faire  collection  des  écrits  et  des  diverses  notices 
qui  attirent  l'attention  sur  des  membres  de  la  famille,  et  les  invite  à  conserver 
l'usage  des  anciens,  en  tenant  dans  leur  famille  un  livre  de  raison. 

Optimum  eat  aequi  majores,  rectè  ai  proceaserint.  Syrus,  sentences.  Ce 
qu'il  y  a  de  mieux  est  de  suivre  l'exemple  des  ancêtres,  quand  ils  ont  bien  agi. 

8ancti88im,um  eat  meminisae  ctd  te  debeas.  Id.  Tu  n'as  pas  de  devoir 
plus  saint  que  de  te  rappeler  à  qui  tu  te  dois. 


DEUXIEME    PARTIE 


CHAPITRE  PREMIER 

LES  BABY,  LEUn  LIGNÉE  EN  CANADA.  —  FILIATION  DE  LA  HUANCHE  ALLIÉE  A 

CHARLES-EUSfiBE  CASGUAIN  VAU  ELIZABETH-ANNE  BABY, 

MES  PKBE  ET  MKUK. 

De  même  qu'il  n'y  a  qu'une  seule  famille  du  nom  de  Casgrain  en  Canada, 
de  même  il  n'y  a  qu'une  seule  famille  du  nom  de  Biby. 

L'orthographe  de  ce  dernier  nom  a  varié.  La  plus  ancienne  et  la  plus  vraie 
est  Babie,  dérivé  de  Babies,  ancienne  localité  tenue  en  fief,  dans  le  midi  de  la 
France,  dont  le  seigneur  était  appelé  Dominua  de  Bahielis.  On  sait  qu'autrefois 
la  terminaison  ic  s'éciivait  indifféremment  avec  un  y.  Aujourd'hui  dans  la 
prononciation  l'a  bref  a  fuit  place  à  l'a  grave,  Bâby,  et  eu  France,  pour  l'accen- 
tuer ainsi,  on  l'écrit  Batbie,  comme  le  professeur  Batbie  l'a  fait.  Les  Anglais 
pour  arriver  à  la  même  prononciation  écrivent  Baubee,  tel  que  Lewis  W.  Baubee, 
du  Détroit.  (1) 

L'origine  de  cette  famille  depuis  son  établissement  dans  la  Nouvelle- 
France  est  facilement  retracée  aujourd'hui,  grâces  aux  recherches  qui  ont  été 
faites  dans  ces  derniers  tcn)p.s.  Mais  pour  démontrer  combien  les  traditions 
s'oublient  vite  et  se  faussent,  comme  je  l'ai  ob.servé  ci-devant,  je  dirai  que  ma 
mère  à  qui  je  m'adressai  dans  ma  première  jeunesse  pour  savoir  d'où  venaient 
ses  ancêtres,  ne  put  alors  m'en  apprendre  rien  de  certain,  ne  sachant  pas  d'où 
ils  étaient  originaire».  Elle  avait  entendu  dire  (jue  le  noiii  était  Espagnol,  et 
que  les  premiers  Bâby  arrivés  en  Canada  étaient  partis  de  Baltimore,  où,  au 
nombre  de  trois,  ils  avaient  été  élevés  chez  les  jésuites  —  tradition  tout  à  fait 
erronnée,  comme  nous  Talions  voir. 

Ma  mère  avait  laissé  la  maison  paternelle  à  Sandwich   à  l'âge  de  huit 

(1)  L'ancienne  manière  de  prononcer  prêta  l'occasion  à  un  jeu  de  mots  dont  l'incon- 
venance valut  à  son  auteur  une  riposte  sur  le  même  ton  et  bien  méritée.  L'anecdote 
Vaut  la  peine  d'être  racontée  à  cause  de  la  causticité. 

M.  X....,  personnage  haut  placé  à  Québec,  rencontrant  un  jour  feu  l'honorable 
François  Bàby,  Conseiller  exécutif  et  législatif,  se  permit  en  l'abordant  de  le  saluer  d'un 
ton  badin  en  lui  disant  :—  Bonjour,  M.  Babebi-bobu.  Votre  serviteur, M.  Ca-ke-ki-co-cu, 
riposta  M.  Bàby,  en  rendant  gravement  son  salut.  Comme  toute  la  ville  savait  que  le 
tricorne  du  personnage  n'en  comptait  qu'une  de  plus  que  celles  qu'il  portait  réputément, 
on  conçoit  que  le  jeu  de  mota  vola  de  bouche  et  finit,  comme  on  le  voit,  par  rester. 


—  48  — 

ans  pour  être  éduqnée  à  Québec  et  n'y  était  plus  retournée  (ju'en  passant  ;  de 
sorte  qu'elle  n'a  pu  amasser  beaucoup  de  souvenirs  personnels  de  ce  côté.  Ce 
n'est  que  parvenue  à  un  certain  âge  qu'elle  s'est  occupée,  à  la  demande  de  ses 
enfants,  de  recueillir  tous  ses  souvenirs  depuis  son  enfance  et  de  rédiger  ses 
Mémoires. 

C'est  ainsi  que  nous  avons  été  induits  ensemble  à  retracer  sa  généalogie, 
et  que  je  complète  ses  Mémoires. 

La  souche  primitive  des  Baby  du  Canada  est  Jacques  B  ibie,  né  en  Franco 
en  1C33.  Il  passa  en  ce  pays  en  lG(i5,  dans  le  réginimt  de  Cariginin-Salières^ 
étant  sergent  '1)  dans  la  compagnie  du  capitaine  de  Saint-Ours,  (2)  dans  la- 
quelle M.  Thomas  de  Lanaudière  était  enseigne.  C'était  un  renfort  envoyé  <à 
M.  de  Tracy  pour  réduire  les  Iroquois.  Il  arriva  à  Québec  en  trois  détache- 
ments: le  premier,  composé  de  quatre  compagnies,  débanpui  le  1  juin  KJGô  ;  le 
second  et  le  troisième,  chacun  de  huit  compagnies,  en  août  et  septembre  suivant. 
M.  de  Tracy,  sans  attendre  la  seconde  arrivée,  envoya  le  premier  contingent 
s'eniparer  au  plus  tôt  des  postes  les  plus  avantageux  alin  d'avoir  un  passage 
libre  dans  le  pays  des  Iroijuois  pour  la  guerre  du  printemps  suivant,  que  le 
retard  des  troupes  avait  empêché  pour  l'aimée.  C'est  alors  que  furent  construits 
les  foits  de  Richelieu,  Chambly  et  Saint-Jean,  où  l'on  avait  dé;jà  érigé  quehjues 
travaux  de  défense.  Il  est  probable  que  la  compagnie  de  M.  de  Saint-Ours  Ht 
paitie  de  cette  avant-garde,  car  on  le  voit  donner  son  nom  à  !a  seigneurie  que  lui 
fut  concédée  dans  ces  environs,  et  Messieurs  de  Sorel  et  do  Chambly  en  tirent 
de  même  pour  leurs  seigneuries  et  les  deux  premiers  forts. 

Les  trois  expéditions  de  la  campagne  de  IGGft,  dont  il  fut  beaucoup  parlé 
dans  le  temps,  coûtèrent  beaucoup  d'hommes  qui  périrent  pir  le  froid  et  la 
faim,  sans  amener  d'autre  résultat  que  la  destruction  de  (|ue'ques  cahutes 
abaudoiuiées  par  les  Irotiuois.  (8) 

C'étaient  pourtant  de  belles  et  bonnes  troupes  (|ue  ces  soldats  européens 
défilant  pour  la  première  fois  à  travers  les  forêts  du  Nouvcau-Momle.  Organisé 
d'abord  dans  la  Savoie,  le  régiment  de  Carignan  passa  ensuite  au  service  du 
Roi  de  France.  Il  s'était  distingué  dans  la  Hongrie  et  sur  les  frouLières  dus 
Turcs.  Ses  officiers  sortaient  des  familles  de  la  noblesse  italienne  et  fran(,'aise 
On  lui  adjoignit  le  régiment  Salières  pour  en  former  un  seul  corps  sous  les 
deux  noms  réunis. 

Cette  guerre  en  Amérique  était  bien  différente  de  celles  que  le  réginjent 
avaient  faites  ci-devant.     Il  s'agissait  de  poursuivre  et  d'atteindre  des  ennemis 


(1)  C'est  ainsi  qu'il  est  qualifié  dans  un  acte  autlien^.ique  où  il  signe  coinine  témoin, 
à  Chaniplain,  devant  de  la  Rue,  notaire,  îe  liOjuin  1688.  Voir  note  ci-dessus  sur  l'équivalent 
du  grade  de  sergent  à  cette  époque,  page  15. 

(2)  Contrat  de  mariage  de  M.  de  Saint-Ours  avec  demoiselle  Marie  Mulois,  8  janvier 
1668. 

(3)  Journal  de  M.  de  Tracy.    Relations  des  Jésuites,  pp.  4  et  7,  de  166.0,  et  p.  3.  de 

1668. 


—  49  — 

cnchés.dispersés  et  insaisissables,  mais  toujours  alerte*,  harcelants  et  guerroyants- 
Le  résultat  de  cette  expédition  n'est  donc  pas  surprenant. 

Après  la  campagne  terminée  contre  les  Cinq  Nations,  principalement 
contre  les  Agniurs,  la  paix  fut  conclue  à  la  fin  de  1G66. 

Suivant  les  Relations  des  Jénuiteaun  bon  nombre  de  ces  officiers  et  plus 
de  400  soldats  licencié-^  grossirent  alors  la  colonie  en  profitant  de  la  permission 
du  Roi  qui  voulait  favoriser  la  colonisation  du  pays  en  leur  offrant  des  condi- 
tions avantageuses.  Chaque  soldat,  en  s'habituant,  recevait  100  francs  ou  50 
francs  et  des  vivres  pour  un  an  ;  le  sergent  60  écus  ou  100  francs  et  des  vivres 
pour  un  an,  à  leur  choix  ;  6000  livres  étaient  destinées  aux  officiers.  Fort  peu 
de  l'effectif  du  régiment  retourna  en  France,  avec  M.  de  Salières,  son  colonel, 
quand  le  rappel  en  fut  ordonné.  La  force  en  avait  été  considérable,  composée 
qu'elle  était  de  20  compagnies  de  75  hommes,  qui  devait  former  environ  1500 
soldats.  (I) 

Jacques  Babie  obtint  son  congé,  suivant  les  intentions  du  Roi,  et  dans 
le  but  arrêté  de  s'établir  au  pays.  Il  abandonna  la  vie  des  camps  pour  celle  des 
champs,  et  se  livra  en  même  temps  au  commerce,  dont  l'exercice  dans  ces  vastes 
régions  re(|uérait  un  esprit  de  hardiesse  et  d'aventure  auquel  il  était  déjà  fait. 
Une  légitime  ambition  de  faire  fortune  et  de  fonder  une  forte  race,  en  l'implan- 
tant sur  le  nouveau  sol  d'Amérique,  devint  sa  préoccupation.  Il  y  a  assez  bien 
réussi,  du  moins  sur  ce  dernier  chef,  comme  nous  Talions  voir,  quoiqu'il  ne  lui 
aie  pas  été  donné  de  le  constater  de  son  vivant. 

Il  était  alors  âgé  de  33  ans,  actif  et  vigoureux.  Né  dans  le  midi  de  la 
France,  il  avait  la  chaleur  de  tempérament  du  terroir.  Issu  de  race  noble,  il 
était  né  du  mariage  de  honorable  homme,  (2)  Jehan  Babie,  seigneur  de  Ranville, 
avec  demoiselle  Isabeau  Robin,  (:{)  de  Montreton  (j?iO?i<e  rotondo)  (4)  de  l'évêehé 
d'Agen,  d'alors,  dans  l'Agenois  de  la  Gu'enne.  Ranville  n'est  qu'à  quelques 
lieues  d'Agen.  Montreton,  ou  Montelon,  est  aujourd'hui  un  village  de  900 
âmes,  paroisse  et  arrondissement,  département  de  Lot-et-Garonne,  à  trois  lieues 
de  Marmande,  canton  de  Seiches.  Son  bureau  de  poste  est  Miramont.  Ce  petit 
village  n'offre  lien  de  ren^arquable  que  ses  coteaux  de  vignobles. 

La  vie  de  ce  nouveau  colon  et  sa  nombreuse  lignée  sont  assez  faciles  à 


(1)  L'historien  Garneau,  dit  24  compagnies.  La  compagnie  de  M.  do  la  Motte, 
stationnée  au  fort  Sainte-Anne,  à  l'Isle-aux-Noix,  était  la  seule  rostée  sur  pied  en  Canada, 
en  1G69. 

(2)  Cette  qualification,  suivant  l'expression  du  temps,  indicjuait  noblesse.  Cf.  Arihur 
de  Bretagne,  par  Cosneau. 

(3)  Les  Robin  avaient  de  grands  intérêts  dans  la  Nouvelle-France.  Charles  Robin, 
Sieur  de  Coursny,  Messire  Charles  Robin,- Sieur  de  Vau,  Conseiller  du  Roy  et  Grand-Maître 
des  Eaux  et  Forêts  de  Touraine,  et  René  Robin,  Sieur  de  la  Rochefaron,  se  trouvent  (17 
mai  1629),  parmi  les  noms  des  associés  en  la  Compagnie  de  la  Nouvelle  France.  V.  Collection 
des  manuscrita,  etc.,  Québec,  1883,  vol.  L  p.  83. 

(4)  VoirDiotionnaire  des  uojis  latins  à  la  fia  des  Edita  et  Ordonnancé». 


—  60  — 

suivre  en  Canada,  au  nioj'en  des  registres  publics,  tels  que  ceux  du  Conseil 
Souverain,  de  1  et  it  civil,  des  actes  des  notaires  et  des  archives  du  pays.  Nulle 
part,  niii'ux  qu'en  Canada,  où  l'Ordonnance  de  l(i(î7  a  été  bien  observée,  quant 
aux  prescriptions  relatives  aux  registres  de  l'état  civil,  trouve-t-on  des  données 
plus  t-ûres  pour  retracer  l'origine  et  la  filiation  des  familles  françaises  qui  sont 
venues  s'y  établir.  Les  titres,  documents,  lettres,  correspondance,  écrits  privés 
de  la  famille  Bâbj*  et  autres,  apportent  aussi  beaucoup  de  renseignements  sur 
elle  et  sur  les  premiers  temps  do  la  colonie.  Ils  présentent  souvent  dts  détails 
biographiques  intéressants  à  consigner. 

Dès  le  mois  de  juin  1GG8  on  voit  Jacques  Babie  rendu  à  Cliamplain, 
endroit  fertile  sur  le  bord  du  Saint-Laurent,  où  les  défricheuients  étaient  dé, à 
commencés.  Le  27  mars  de  l'année  suivante  il  y  acquiert  deux  terres  à  la  cote 
Chaniplain,  sur  le  fleuve,  chacune  de  deux  arpents  de  front  sur  (]uaranto  de 
profondeur  ;  la  première  d'un  habitant  nommé  Jacques  Gnitiot,  bornée  au  sud- 
Ouest  à  Pierrot  Jeanneaux  et  au  nord-est  à  Sr  Louis  Pinard,  maitre-chirurgitMi, 
avec  maison  et  grange  ;  la  seconde,  voisine,  venant  du  nommé  Pierre  Juncau 
(Jeanneaux),  bornée  au  sud-ouest  à  Masse  (bossued)  liégui  (ce  nom  est  iilisililc), 
(l)  au  nord-e.st  au  susdit  Jaciiues  Oratiot,  avec  aussi  nue  m  lison  sus-const,ruite. 
Il  en  acheta  ensuite  deux  autres  au  même  endroit  et  une  autre  de  l'autre  côté 
du  tleuve,  vis-à-vi.s,  à  Gentilly. 

A  cette  époque  la  Nouvelle-France  ne  contenait  que  3,918  âmes  d'origine 
européenne.  On  voit  par  le  recensement  fait  en  ItiîSl,  (pie  Jac(|ues  H  ibie  axait 
alors  (|Uarante  arpents  de  terre  défrichés  et  huit  be.stiaux,  tout  autant  (pie  M. 
de  Varennes,  gouverneur  des  Trois-Uivière.s.  Il  était  muni  d'un  fusil  et  d'un 
pistolet  et  avait  à  son  service  diMiK  ilo  uestiques  doiit  les  noun  de  biptêiu)  nous 
«ont  conservés  :  Maxiinin,  né  en  1()!{I,  et  Magdideine,  née  eu  U)  Jô.  (.\'h  détails 
inontrent  le  soin  qu'on  apportait  à  la  confection  du  recensement,  par  le(juel  on 
pouvait  constater  le  nombn^  et  la  ipuilité  des  aru»es  dans  chaque  m  lison,  aussi 
bien  ijue  les  liommes  en  état  de  s'en  servir. 

Les  terres  de  Babie  dans  Chimplain,  Qentilly  c^t  la  B  lie-du-Fèvre  sont 
indi(|uées  sur  le  plan  et  carte  du  gouvernement  de  (Québec,  levés  depuis  1  année 
l(i8ô  à  170!),  par  ordre  de  M.  de  Pontehartrain,  .secrétaire  d'Ktat,  faits  par  M. 
de  Catalogne,  lieutenant  des  troupes,  et  dressés  pir  J.-lito.  de  Coiiague,  (2)  ai - 
penteur  juré.  Cette  carte  a  été  copiée  vers  1.S54  pur  feu  mon  ami  P.-L.  Morin, 
urpenteur  juré  en  ce  pays  et  géomètre  du  gouvernement  «lu  Canada,  .sur 
l'original  au  dépôt  «les  carten  et  plans  dt>  la  Marine  à  Paris.  J'ai  une  copie  delà 
partie  <lu  plan  de  la  seigneurie  de  Cliamplain,  «i'aprèa  le  relevé  ci-dessu.s,  com- 
portant les  noms  dos  habitants  et    l'iiulicution    de.s  terres  de  Babie,  enclavées 


(1)  liosqai  est  un  nom  do  faiiiillo.  V.  Arcli.  N.  1)  île  Quôbpc,  6  juin  1HI2.  TuiiguRy,  II. 
p.  'MO,  iii^nie  nom, 

V2)  Louis  Pa)>y,  petitfllt  (le  Jehan,  époiisait,  24  Juillet  I7.''>H,  une  fillo  de  .Teun-IUo. 
do  Couaftne,  cnpitikine  (rinfanteri(«,  et  ingi-^nieiir,  do^ct^ndante  du  même  de  ('oua.itao 
par  «on  uiariage  avec  Dullc.  Marguorll(j.Vlannei  do  Falaiso. 


—  51  — 

dans  la  seigneurie.  Colle-ci  avait  été  concédée  à  Etienne  Pezard,  sieur  la  Touche 
de  Chnniplain,  capitaine  do  la  garnison  des  Trois-Rivières,  et  fut  constituée  en 
prévôté.  M.  (le  Chaniplain  y  avait  fait  des  concessions  par  anticipation,  (1) 
comptant  .sur  la  ratification  par  le  Roi  de  son  titre  qui  datait  du  S  noAt  1(H)4  et 
était  adiré,  lequel  ne  fut  ratifié  que  le  24  mai  IGSD. 

Jac(|ues  Babie  se  voyant  convenablement  établi  sur  ses  terres  et  ayant 
la  perspective  d'augmenter  .sa  prospérité  par  le  négoce,  songea  à  se  marier  et 
prit  pour  femme  demoiselle  Jehanne  Dandonneau,  tille  de  Pierre  Dandonneau, 
sieur  du  Sablé,  seigneur  de  l'Isle-du-Pada,  et  de  Françoise  Jobin,  <lu  même  lieu 
de  Cliamplain.  La  jeune  épouse,  née  aux  Trois-Rivières,  le  2!)  juillet  1(505, 
n'était  pas  encore  tout  à  fait  âgée  de  quinze  ans.  Elle  sortait  à  peine  du  couvent 
des  Ursulines  de  Québec,  où  elle  avait  reçu  son  éducation.  (2) 

Leur  contrat  de  mariage  fut  passé  devant  Mtre.  de  la  Rue,  notaire,  et 
ju^'e  du  lieu,  le  1  juin  1070,  à  (.'hamplain.  On  y  constate  les  noms  et  (pialités 
(lu  père  et  d<-  la  mère  de  l'épou.K,  le  prédécès  du  père,  l'ab.sence  de  la  mère, 
demeurée  probablement  en  France  ;  les  noms  et  qualités  des  père  et  mère  de 
l'épuust^  et  la  piéscnce  des  notables  d(!  l'endroit  (|U;  y  assistaient  comm'^  parents, 
amis  et  témoins,  tels  (pie  le  seigneur  Ptizard  et  dmie  Muliois,  sa  femme  ;  {'^) 
Michel-Antoine  Desroziers  et  Pierre  Artant  (dit  Latour,  11.  C.  S.  14.  juin  I()7S, 
p.  20-2.),  jug<!8  du  lieu  ;  Louis  Pinard,  chirurgien,  et  Dame  Marie  Hertel,  sa 
femme  ;  Pierre  Dizy  dit  M(jntplaisir,  capitaine  de  la  ciUe,  Morin,  curé,  etc. 

\a'  mariage  a  dû  >t:e  célébré  aux  Trois-Rivières,  sinon  au  Cap  do  la 
Madeleine,  car  la  parois.^e  de  Cliamplain,  ou  N(jtre-I)ame  de  la  Visitation, 
n'était  pas  alors  érigtH'.  Ses  registres,  tels  qu'ils  existent,  ne  remontent  (|u'à 
1(579,  et  ne  contiennent  pas  d'actes  do  naissance  avant  le  quatre  mars  do  cette 
année. 

La  famille  à  la(|uelle  iTaC(iu«»s  Babie  .s'alliait  était  bien  posée  et  de  bonne 
lign(<e.  Pieire  Dandonneau  (dit  Lajeun(\sse,  son  nom  degiierre),  s our  du  Sablé, 
était  né  en  162(5,  du  mariage  de  Jacipies,  sieur  du  Sablé,  avec  Délie  Isabelle 
Faube,  du  Bourg  de ,en  Aulnis,  et  décédé  avant  1702. 

Pierre  épousa,  le  Ifi  janvier  165.'i,  Knin(;oisi'  Jobin,  née  en  1(53+,  fille  de 
Jaccjues  et  de  Marguerite  Roy,  paroisse  d'Amfrose,  s\ir  les  Murchi's,  ii  trois 
lieues  du  Poiit-de-Cé,  en  Normandie.  Elle  est  décéd<*e  k  (Cliamplain,  le  G 
juillet  1702. 

Pierre  Dandonneau  a  été  un  do*  proinitUN  à  former  un  ét;ib!is-!jmonf.  (ito 
on  Canada.     ])('s  1(552  il  avait  nniison  et  résidence  aux  Trois-Rivières  —  faveu 


(\)  ('oncesiinn  par  aieur  (i«  la  Touche  <la  (Uiainplain  à  Pierre  Damioimeuii,  17  uiuim 
1C05,  giollo  (io  Séverin  Auieau,  TroiR-Riviores. 

(!•)  Lei  rriuliiie»  Je  Québec,  T.  I,  p.  329  et  T.  2,  p.  1U5. 

(;i)  Beau  fi(^re  (le  M.  de  îSaiiit-Ouri,  ooinino  iiiarii'^  iV  Polio  >ri»rie  Miillois,  H  jiinvier 
IfifiH,  et  auHNl  l)t'iiufi'(''io  (Io  Pe  Laiiaiicliére,  (|iii  avait  c|)nus()  une  autre  Délie  Mulloi»,  toiiH 
duux  coiuiingnoiiM  (l'uniii^i  do  Babie. 


—  52  — 

et  dénombrement  du  8  juillet  ICGS,  reg.  1.  p.  146,  pour  Trois-Rivièrea,  et  con- 
cession du  21  avril  1G52.)  Il  avait  pris  ensuit-,  le  17  mars  1665,  une  concession 
de  terre  dans  la  seigneurie  de  Chainpiain,  (Greffe  d'Ameau,  et  R.  C.  S.,  14  juin 
1678,  p.  200.)  C'est  j)robal)lement  la  terre  indiquée  au  plan  de  de  Couagne  sous 
le  nom  de  Lajeunesse  et  voisine  de  celle  de  Babie. 

Ses  terres  en  culture,  dans  sa  seigneurie  de  l'Isle-du-Pads,  sont  aussi  in- 
diquées sur  le  plan  du  même  do  Couagne  de  1700.  he  fief  du  Sablé,  dans  le 
district  de  Trois-Rivières,  a  retenu  son  nom,  ce  semble 

Pierre  Dandonneau  s'étant  fixé  en  premier  lieu  aux  Trois-Rivières  se 
maria  là  peu  après,  c'est-à-dire,  le  16  janvier  1653.  (Greffe  du  même  Ameau). 

Son  fils,  Ijouis  Dandonneau,  sieur  du  Sablé,  épousa  Demoiselle  Jeanne 
Lenoir,  d'où  naquit,  entre  autres,  Louis-Adrien,  otlicicr  dans  les  troupes  du  dé- 
tachement de  la  marine,  lequel  rendit  foi  et  houunage  le  22  juillet  1723,  comme 
propriétaire  des  deux  tiers  tlans  la  moitié  du  fief  de  l'Isle-du-Pads,  du  Chicot, 
ensemble  des  îles  adjacentes,  tant  pour  lui-même  que  pour  Joseph  Dandonneau 
dit  Lenoir,  son  frère.  Jactjues  Brissot,  son  oncle,  comme  ayant  épousé  Mar- 
guerite Dandonneau,  était  propriétaire  de  l'autre  moitié.  Le  célèbre  décou- 
vreur La  Vérendrye  (Gautier  de  Varennes,  né  aux  Trois-Rivières  en  1685) 
épousa  aussi  une  Dandonneau  du  Sablé,  S(f  ur  de  Louis- Adrien,  père.  Plus  tard 
en  1746,  on  retrouve  Louis- Adrien,  fils,  en  garnison  au  fort  Saint- Frédéric.  (1) 
Il  avait  obtenu  en  1739,  dans  les  environs,  une  concession  du  fief  DuSablé  (dit 
la  Nouvelle- York)  (|u'il  vendit  à  Jacques  Cuthbert. — /iA/.  des  foi  et  hommage 
vol.III,p.U6deI7Hl. 

On  trouve  dans  un  an  et  du  Conseil  Souverain,  en  date  du  4  avril  1707, 
(voi.  5,  p.  571)  que  la  aucce.Hsion  de  Pierre  Dandonneau  est  alors  représentée 
pur  huit  enfants,  et  dans  un  aiitre  arrêt  du  21  ma.*s  1707,  (v(»l  5,  p.  771)  il  est 
fait  mention  d'un  fief  aux  Trois-Rivières,  sous  une  désignation  inusitée  au  pays, 
appelé  vulgairement  le  Miirquin<i(  du  Sidilé.  Ce  fief  de  10  arpents  environ,  proche 
la  commune  des  Troi.s-Rivières,  fut  concédé  en  1679.  Mais  par  le  cahier  do 
L'intendnnce,  vol.  p.  335,  vo.,  il  n'appert  pas  qu'il  ait  été  concédé  ou  ait  appar- 
teini  à  Du  Sablé.  Comment  y  a-t-on  attaché  ce  nom  ?  Je  ne  le  puis  découvrir 
jusciu'aujuurd'hui.  (Voir  documents  de  la  session,  Ottawa,  vol.  XIX,  No  8,  de 
1886,  p.  52  ) 

Dans   un   acte  notarié   passé   à  Montréal  le    16   octobre    1767,   devant 

Mtre (?),  la  lignée  do   la  famille  de    Louis- Adrien   Dandonneau  du 

Sablé  en  Canada  se  trouvent  niar(|uée   au  complet,  savoir  :  de    Louis-Adrien 

(I)  Regittre  du  Fort,  dam  Mémoirti  dt  la  Société  lioyale  du  Canada,  1888,  vol.  5, 
p.  101. 

DAndonnpnu  <lii  S«l)Ié,  cadet,  officier,  est  blessé  et  fait  prlNonnier  ku  fort  Néoesslto 
par  Wuihington,  lors  de  l'assassinat  de  Juaionvillo — <.'olleotioii  des  M.  M.  S.  de  Québec 

1833.  Vol.  III,  p.  p.  S'Ji,  aoa. 

DuSablé,  officier  tui  soui  le  baron  Dieskati,  esloe  U  uiiuie? 


—  63  — 

Dundoniieau  du  Sablé,  (1764)  vivant,  lieutenant  de  Sa  Majesté  Très-Chrétienne, 
par  son  mnringe  avec  Marie-Joseph  de  Royette  de  Riciuirville,  étaient  issus . 

(a)  Marie-Louise,  veuve  de  Pierre  Bécancourt  de  Portneuf,  vivant,  che- 
valier de  St-Louis. 

(b)  Marie  Catherine,  épouse  de  Antoine-Claude  Ranibault  de  Burolon, 
officier,  en  France. 

(c)  Marie-Joseph. 

(d)  Marie-Geneviève. 

(e)  Michel-Ignnce. 

(f)  Joseph- Auiable. 

Je  crois  cette  famille  éteinte  au  Canada. 

Les  Du  Sablé  portent  :  De  ttabl*  à  l'alijle  éployé  or.  Ceux  du  Maine, 
LozaïKjé  de  gueulen  et  or. 

Cent  ans  après  cette  première  alliance  des  Babie  et  des  du  Sablé,  les  re- 
lations de  famille  se  continuaient  entre  leurs  descendants.  Du  Sablé,  ofhcier 
retiré  à  Loches,  (1)  en  Touraine,  après  la  conquête,  mande  à  son  cousin  et  aiui 
M.  Mngnaii,  (2)  (jui  écrivait  de  là,  le  20  août  17(51,  à  son  cousin  M.  François 
Baby,  alors  pas.sé  à  la  Rochelle,  de  féliciter  Jacques  du  Perron  Baby,  du  Pitroit, 
de  sou  mariage  récent  avec  demoiselle  Susanne  Réaume,  dont  il  a  appris,  dit-il 
beaucoup  de  bien.  Il  fait  en  même  temps  ses  compliments  à  M.  Saint-Ange 
(Charly)  (3)  et  à  M.  Sabrevois  de  Bleury,  au  Canada. 

Une  dame  DiiSablé,  devenue  veuve,  demeurait  à  Québec,  avec  ses  filles, 
en  juillet  1755,  et  elles  .sont  été  portées  ensemblt>  alors  par  M.  le  Marquis  Du- 
qiii'siie  sur  la  liste  de  distribution  des  giAces  du  Roi,  la  mère  pour  100  livres 
et  les  filles  de  même.  (4) 

Nous  avons  donc  par  ce  mariage  Baby  ot  Dandonneau  du  Sablé,  un  premier 
point  de  dépnrt  fixe  et  connu  pour  suivrts  avec  certitude  la  lignée  (|ui  en  est 
(lécoulée.  Mais  il  n'i'st  pas  aussi  fucile,  en  remontant  à  plus  d'une  gi^nération 
en  arrière,  de  retracer  les  ancêtres  de  la  famille  lialiy  en  France,  et  le  petit 
nombre  de  ceux  <|ui  y  portent  ce  nom  aujourd'hui  en  connais-sent  peu  de  choses; 
du  moins  ils  n'ont  fourni  aucuns  renseignements  à  leurs  homonymes  du  Canada. 

La  plus  ancienne  mention  du  nom  que  j'ai  pu  rencontrer  date  de  1375, 
é|>ii(|ue  désastreuse,  où  les  Anglais  avaient  con<{iiis  plus  de  la  moitié  du  sol  de  la 
France,  l^e  reste  était  épuisé  d'hommes  et  d'argent.  Plusieurs  .soutiens  de  la 
couroinie  lui  tirent  alors  des  dons  gratuits  pour  lui  venir  en  aide.  Ott  voit  dans 
"  l.fx  KiUtx  et  OnloiDKDiefs  dis  lioin  de  Fruncf,  "  tome  VI,  p  I6ti,  édition  de 
l'imprimerie  royale  «le  Paris,  1741,  les  "  Lcttntt  de  Charles  V,  au  bois  de  Vin- 
Ci)  Archiva»  il' Ottawa,  llrymntr,  IHSS,  p.  47. 

(2)  Vt  lieriiier  élail  cuuiin  ijeimuiii  itv  .V.  Frs.  Ilaliy,  inn  pfre  ayant  épouté une Dtmoi- 
tellt  Le  Vtimi>leJ>u}ir<'.     tV.  i'icôlf  tic  llilltulre  m  avait  éfiousé  une  autre. 

(3)  Il  riiinmandiiit  au  ponte  de  Vincenuet  en  I7(>0. 

(4)  Extrait*  (i«a  Archivu»  publié*  par  l'ubbé  U.  Cuigiaiu,  p.  23. 


—  54  — 

cennes,  en  octobre  1375,  "  qui  portent  que   les  Nobles  des  Baiiiages  du  Velay 
"  du  Vivarais  et  du   Valentinoia,   qui  sont  nommes   dans  ces  lettres  et  leurs 
"  hoiiunes  et  sujets  sont  exempts  et  sont  conservés  dans  leur  droit  de  ne  pas 
"  payer  les  impôts  (jui  se  lèvent  pour  les  ^nierres,  moyennant  un  don  gratuit  de 
"  10,000  francs  d'or  qu'ils  ont  fuit  au  Roi." 

Parmi  ces  nobles  est  nommé  le  seigneur  de  Babie,  domiims  de  Babietis, 
du  diocèse  de  Mende,  oïl  l'on  retrouve  plus  tard  le  même  nom. 

Il  existe  un  autre  village  du  môino  nom  Babie  en  France,  dans  le  dépar- 
tement de  la  Seine-et-Marne,  à  vingt  kilomètres  de  Provins,  «anton  et  poste  de 
Bray-sur-Seine. 

Le  même  nom  de  famille  se  rencontre  ensuite  en  15")5.  ï>ixns  son"  Histoire 
des  Chevaliers  de  Midte  "  l'abbé  de  Vertot  donne  la  liste  des  chevaliers  de 
St-Jean  de  Jérnsalem,  communément  appelés  Hospitaliers,  et,  entre  autres,  il 
marque  les  noms  de  ceux  de  la  langue  de  F'rance  ou  Urand-Prieuré  de  France, 
en  suivant  l'ordre  chronologique  do  réception  dans  cet  ordre  célèbre.  Cet 
historien  oVjserve  que  pour  y  être  re(,'U  en  (jualité  de  chevalier,  suivant  les 
règlements,  il  fallait  être  issu  dans  un  mariage  légitime,  de  maisons  nobles  do 
nom  et  d'armes,  tant  du  côté  paternel  que  du  côté  maternel.  Ces  règlements 
portaient  huit  (juartiers  de  noble.s,se  dans  les  deux  lignes. 

D'après  la  liste  do  France  cinq   Baby,  dont  les  noms  sont  cités,  ont  été 
aihnis  et  faits  chevaliers  aux  années  suivantes,  savoir  : 

René  de  Véelu  Baby,  en  1555,  vol.  7,  p.  213. 

Mathieu  de  Véelu  Baby,  en  15()9  "  "  "  217. 

Jeun  de  Véelu  Baby,  en  Hi07  "  "  "234. 

Hector  de  Véelu  Baby,  en  1G37  "  "  "  260. 

Ce  dernier  est  dit  du  diocèse  de  Sens. 

Leurs  armes,  qui  sont  les  mêmes  pour  tous,  lisent  :  De  si  no  idr  à  trois 
nierions  or. 

(iuillaume  do  Véelu  de  Passy,  reçu  le  18  mai  1645,  est  de  la  même  fa- 
mille, car  il  porte  aussi  les  mêmes  armes. 

Les  armes  des  Baby  du  Canada  sont  différentes.  Klles  portent  ;  Jh 
gnerdi'H  à  trulfi  liuiici-idijc  nniijxints  or,  2  rt  1,  telles  ([u'apportées  avec  eux  de 
France,  et  (|u'elle8  se  trouvent  consignées  dans  d'Hozier,  suivant  (|u'elles  ont 
été  enregistrées  a  la  maîtrise  particulière  de  Cognac,  d'où  ressortissnit  la  fu- 
niille.  C'et  enregistrement  fut  fait  pour  .se  conformer  aux  Kdits  du  Roi,  et 
notannnent  à  celui  de  KitMi,  concernant  l'usurpation  des  titres  de  nobli'sse.  (  I  ) 

11  y  avait  une  autre  branche  do  la  même  famille,  ou  du  même  nom,  en 
France,  vers  la  Hn  du  seizième  siècle,    les   Bal  (y  de  Païenne.     Kilo  se  rencontre 

(1)  Le  Livre  d'Or  de  !a  Nobhiee,  ou  Képcrtnire  Noliiliairo,  {>ilitioii  à  lu  bililintlio>|ua 
irottiiwi»,  indiiiuo  U-h  Haby,  T.  li>r,  p.  XVI.  M.  Lo  oomto  île  (iivuuiliin,  daiiii  Ha  li<ttro  ci- 
t6i' «lu  4  8«'|>t.  lSt')2,  a  ilit  H  M.  HnxsniiKn  avoir  trouvé  le»  nrinos  i\«%  Hahy  dans  d'IIogier, 
uiuis  de  n'avoir  rien  trouvé  dun»  ces  archives  du  dotiiiipr  de  la  t'umille  Baliy. 


—  55  — 

depuis  1590  à  1010,  époque  de  la  fomlation  du  "  Grand  Couvent  des  Ursulines  " 
du  faubourg  Saint-Jac(iues  de  Paris,  destiné  à  la  haute  noblesse.  Cette  maison 
d'éducation  fut  dès  son  origine  favorisée  par  les  familles  les  plus  illustres  de 
France  et  même  de  l'étranger.  On  y  voit  figurer  les  noms  les  plus  niarciuants, 
tels  que  les  demoiselles  de  Béthune,  de  Trieste,  deCastiile,  d'Harcourt,  du  Ciiâ- 
telet,  Laurens  de  Frémont,  de  Retz,  de  Montmorency,  d'Arundel,  McCarthy,  etc.i 
et  mademoiselle  Baby  de  Païenne  ;  —  ainsi  (ju'on  peut  le  v^ir  par  les  archives 
du  couvent,  (jui  ont  été  transférées  à  celui  des  Ursulines  de  Québec  pendant  la 
tourmente  révolutioinmire  de  1789.  (1) 

La  même  révolution  fit  périr  le  général  Jean-Fran(,'ois  Bibie,  (2)  à 
laq\ielle  il  avait  pris  une  part  active.  Il  était  né  a  Turascon,  près  de  Foix, 
département  de  l'Arriège,  le  9  oct.  1759,  propriétaiie,  et  domicilié  à  Paris  ; 
devint  victime  de  la  réaction  du  9  thermidor,  fut  conilamné  à  mort  et  fusillé  le 
l>i  vendémiaire,  an  V,  (9  oct.  17!>7).  Il  n'avait  (pie  ;i7  ins  Comme  on  voulait 
lui  mettre  un  bamleau  sur  les  yeux,  il  refusa  en  disant:  "  Non  :  la  vie  est  assez 
"  laide  pour  <|u'on  la  r<  garde  bien  en  i'ace  une  dernière  fui.s." 

Baby,  Jean-Ftienne,  né  à  Monpertiiis,  Seine-et-Marne,  y  résidant,  garde 
des  bois  nationaux,  âgé  de  (ÎO  ans,  fut  également  vietime  de  l.i  R'''v  lution.  Il 
fut  condairiné  à  mort  par  la  commission  militaire,  séant  au  Temple,  le  12  ventôse, 
nn  II,  comme  convaincu  d'être  complice  d'un  complot  dans  la  nuit  du  2.'}  au  24 
fructidor,  dans  le  camp  de  Crénelle,  <|ui  a  existé  dans  les  c  immunes  du  district 
de  Ilosay,  pour  allumer  la  guene  civile,  et  temlant  à  égoiger  la  troupe,  par 
suite  le  Directoire  et  le  Corps  Législatif.     Pruilhommf,  iil   T.  2. 

liécennnent  vient  de  mourir  à  Paris  un  écrivain  remarquable,  M.  Batbie, 
(ii)  (Anselme-Polycarpe)  né  à  Seissan,  («ers,  en  1828.  Il  était  avocat,  professeur 
de  droit  administratif  et  <i  économie  politique  à  l'école  de  droit  de  Paris,  et 
puliliciste.  Il  devint  ndnistrede  l'Instrucrion  publique,  des  Cultes  et  d<!S  Beaux- 
arts,  en  mai  1871^,  dans  le  premier  ndnistère  du  président  MaeMidion  ;  erisnite 
fut  fait  sénateur.  Il  a  occupé  un  rang  distingué  comm»^  écrivain  et  homme 
pn!iti(|Ue  M.  le  juge  hâliy  l'a  coiniu  à  Paris,  et  ce  personnigi' croj'ait  à  une 
paienté  avec  .son  homonyme,  parce  ipie,  disait-il,  il  y  avait  une  tradition  (|u'un 
niendin?  de  la  famille  était  passé  au  Canada. 

Il  y  a  encore  en  France  des  Bàby  (pli  ont  continué  d'Iniliiter  le  lieu 
d"oii<;ine  de  ceux  du  (Canada  et  les  environs 

Mon  fri're,  M.  l'abbé  Hayniond,  et  moi,  dans  un  voyage  que  nous  y  Hm(>s 
ensendile  en  l.'S(i7,  nous  n(ais  occupâmes  d'i-n  faire  lu  recherche.  L'abbé  ,se 
dirigea  vers  le  midi,  à  Agen,  pour  voir  et  visiter  le  pays  d(!  no>  ancêtres  mater- 
nels et  découvrir  des  traces  de  leurs  descendants.  Il  alla  vnir  à  Seiches,  (pii 
n'est  qu'à  (piel(pies   lieues  de    Moiiteton,  un    M.  Bàby,    médecin  de  l'endroit,  et 


(  1  )   /.<.«  rrsiiliiiin  de  Qiiélne,  vol.  III,  p.  275. 

(L*)  liirli"nniiirf  ilm  l'unlimiKiniinn,  Viiiiereaii,  V.  Haliio,  et  l'ruilhonime,  ///*/.  lier, 
frun.,  p.  iiOi.      (Iriuuie  Kiécirln/iMir,  V.  Babi. 

(3)  Dictionnaire  de*  CmUmporains,  Vuiioreuu,  Vo.  Biibio. 


—  56  — 

ancien  élève  de  l'Université  de  Paris.  Il  habitait  un  château  sans  prétention, 
entouré  d'un  petit  parc,  et  était  estimé  et  respecta  pour  ses  principes  et  sa 
conduite.  Il  ne  possédait  que  peu  de  renseignements  sur  sa  famille.  L'aV)l)é 
néanmoins  put  constater,  encore  une  fois,  un  cas  d'atavisme  bien  marqué,  comme 
celui  qu'il  avait  si  bien  constaté  pour  nos  ancêtres  paternels  du  Poitou.  Ce 
médecin  avait  une  ressemblance  frappante  avec  feu  M.  Charles  Bâby,  avocat, 
de  Sandwich,  frère  de  notre  mère  : — même  visage,  même  teint,  même  expression 
de  physionomie,  même  taille,  et  la  bouche  bridée,  type  distinctif  des  Bâby  du 
Canada.     C'était  à  s'y  Tiiéprendre. 

Lors  de  son  passage  en  Canada  dans  l'été  de  1888,  Mgr  Soulé,  primacier 
du  Chapitre  de  Snint-Denis,  ayant  fait  la  connaissance  de  M.  le  juge  Bâby,  de 
Montréal,  ne  put  s'empêcher  de  remarquer  une  ressemblance  prononcée  entre 
lui  et  un  autre  juge  Bâby,  en  retraite,  ami  intime  de  l'évêciue,  et  qui  vivait 
retiré  dans  un  château  près  d'Agen.  Mgr  devait  envoyer  au  juge  Bâby  des 
renseignements  sur  cette  famille  de  magistrats  français,  dont  le  fils  avait  succédé 
au  père  dans  la  magistrature. 

Il  doit  se  trouver  à  Alger  une  autre  famille,  les  Bâby  de  la  Chapelle, 
qui  y  était  établie  en  1875,  rue  de  la  Marine,  et  (pii  serait  venue  là  tiès  la  con- 
quête de  l'Algérie.  Elle  était  une  des  mieux  considérées  de  la  ville  et  on  la 
voyait  à  toutes  les  réceptions  chez  le  goiverneur  et  à  l'amirauté.  Le  général 
Clianzy  devait  être  le  gouverneur  et  l'amiral  llos,  commandant  naval  dans  le 
temps.  Le  père,  en  autant  que  j'ai  pu  le  savoir,  était  un  ancien  officier  de  ma- 
rine en  retraite.  Je  tiens  ces  renseignements  d'un  prêtre  fiançais,  M.  l'abbé 
Crispin,  émigré  au  Canada,  et  curé  à  Andierstburg,  Ontario,  que  j'ai  eu  plai- 
sir do  rencontrer  dans  un  voyage  par  là  en  1887.  Il  avait  été  professeur  au 
collège  de  Saint-Charles,  à  Blidah,  distant  d'envinin  50  kilomètres  d'Alger. 
M.  Bâ'iy  avait  deux  fils,  Eugène  et  VhurUa  (?)  L'aîné,  d'un  caractère  bouil- 
lant, caijsait  des  désagrément»  à  ses  parents.  C'est  à  cette  occasion  que  l'abbé 
avait  fait  CDunaissance  avec  M.  et  Madame  lîaliy  de  la  Chapolle,  en  s'intéres- 
sant  à  eux  pour  leurs  enfants  à  ce  collège.     Il   les  a  perdus  de  vue  depui.s. 

Dans  le  comté  d  Essex,  à  Burdoan,  Loytoiistone,  près  de  Londres,  en 
Angleterre,  demeure  (IHflJ')  M.  Daniel- Antnine  Bâliy,  colonel  en  ri-traite  do 
l'armée  anglaise,  lîls  de  Fou  le  Major-général  Daniel  Bâliy,  de  la  jnème  armée, 
et  mort  à  Londres  en  1858.  W  est  issu  d»;  la  famille  du  Canada  par  .son  père, 
(pli  est  né  au  Détroit  le  2!)  décembre  1778.  Il  m'écrit  (pi'il  est  le  seul  et  le 
dernier  de  son  n(m»  en  Angleterre  dep\iis  la  mort  tle  son  fils  unique,  (ieorge- E.- 
Antoine, décédé  le  9  mai  18^5),  à  Langrisli,  dans  le  comté  de  Hampsliire  ('o 
jeune  homme  était  aussi  officier  dans  l'armée.  Le  colonel  Bâliy  aeu  l'obligeance 
de  ni'envoyer  sa  photographie,  ainsi  que  celle  de  son  HIs,  en  échange  do  la 
mienne  et  de  celle  do  ma  mère  (|u'il  m'avait  demandées. 

Parmi  les  tribus  des  Hurons  ou  VVyandottes  des  environs  du  Détroit, 
lors  de  la  rtdilition  du  fort  en  1700,  il  existait  un  chef  sauvage  du  nom  de 
Bâby,  qui  connnandait  une  ban<lu  de  cette  nation  établie  à  la  mission  dea  je- 


—  57  — 

suites,  nu  village  (alors  appelé)  la  Pointe-de-Montréal,  et  dont  l'é^Iiso  était 
appelée  la  chapelle  des  Hurons.  C'est  aujourd  hui  S;inil\vich  ou  la  paroisse 
Notre-Dauie  de  l'Assomption,  sur  la  rivo  sud  de  la  rivière  du  Détroit.  Ce  cht-f 
huron  apparaît  de  nouveau  au  siège  du  fort  par  Pontiac  en  17(53,  allant  y  re- 
mettre un  prisonnier  panis  (1)  qu'il  avait  adopté  dans  sa  famille,  chose  tout  à 
fait  inusitée  parmi  les  sauvages  de  remettre  ainsi  un  prisonnier  après  l'avoir 
adopté.  Ce  guerrier,  de  mtMiic  que  ïhéata,  (2)  chef  de  la  Bonne-Bande,  et  un 
autre  chef  probablement  "  Doctor.s'  son"  (le  fils  de  la  médecine),  ne  voulurent 
point  .«le  joindre  aux  autres  hurons  qui  entonnèrent  le  cri  de  guerre  pour  porter 
du  renfort  k  Poutine  contre  l'Anglais  durant  le  siège.  Ce  chef  Bâby  paraît 
avoir  exercé  une  influence  assez  considérable  dans  sa  niition,  (3)  car  on  le  voit 
comme  un  des  signatairesnu  traité  de  paix  conclue  à  Niagara  le  18  juillet  17(54. 
Son  nom  indien  est  Odingq uanooron.  Il  avait  pris  certaines  mnnières  et 
adopté  certains  usages  français.  Ainsi  il  allait  rendre  visite  au  commiin<lant 
de  la  pince,  à  Détroit,  et  lui  faire  les  compliments  de  la  nouvelle  année,  toute- 
fois en  gardant  son  costume  indien.  Ce  mélange  de  civilisation  chez  lui  était- 
il  une  simple  conséquence  de  son  commerce  avec  les  nlanc-;,  où  était-il  dû  plutôt 
à  une  origine  de  famille  que  .son  nom  semblfrait  imliquer  ?  Je  ne  le  pense  pas, 
quoique  d'ailleurs  les  relations  avec  les  fennnes  sauvages  fussent  as.sez  fré- 
quentes dans  ces  régions  parcourues  par  les  traiteurs.  Je  suis  plutôt  porté  à 
croire  que  le  nom  de  ce  chef  lui  vint  de  son  parrain  au  Itaptême,  Rayniond 
Bâby,  et  qu'il  doit  être  un  des  deux  enfants  qu'il  tint  sur  les  fonds  baptisn\anx 
en  octobre  171(5,  à  la  mission  de  Sainte-Anne  du  Détroit. 

Le  père  Pothier,  missionnaire  jésuite,  mentionne  plusieurs  fois  dans  ses 
lettres  ce  chef  Théntn,  compagnon  de  Bàby  et  ne  paraît  pas  avoir  con(,'U  une 
idée  bien  favorable  de  ce  chef  sauvage  et  de  ce  Bâby. 

Voilà  tout  ce  (|Ue  j'ai  pu  recueillir  jufi(|u'à  pré.sent  sur  l'origine  de  la  fa- 
mille Bâby  du  Canada.  Je  laisse  à  d'autres  membres  de  celle-ci  de  pou.sser  plus 
loin  leurs  recherches  sur  leurs  ancêtres  fie  France,  (ijuant  à  moi  je  n'ai  pu 
encore  trouver  aucun  documents  ou  écrits,  dans  les  temps  modernes,  qui  pour- 
raient relier  aujourd'hui  les  familles  du  même  nom  dans  l'ancien  continent  avec 
celle  qui  s'est  propagée  «lans  le  Nouveau-Monde  depuis  1(570. 

Je  vais  procéder  maintenant  k  donner  en  toute  sftrcté  la  lignée  complète 
des  Bâby  du  Cnnida,  c'e.-t-à-dire  la  doeondanee  de  ibieqiies  Babie,  1er.  Je 
l'accompugnerai  de  notices  biographitpii-  stn*  ceux  de  .«es  membres  (|ui  méritent 
le  plus  d'attirer  l'attention.  L'arbre  généalogi(|Ue  Bâby,  à  l'nppundice,  sutHra 
pour  les  autres. 


(1)  l'unliar'»  sifffenf  DttroH,  hy  F.  B.  Ifoui/h,  |>.  45. 

(2)  Le  influe  qui  Bù/na  (a  cuncestùin  de  terre  pour  l'é<jUae  de  Sandwiehf  en  faveur  du 
grand-vicaire  Hubert,  le  A  mars  ITH'J. 

(.'!)  Sir  Willinin  .lohiiBoii  (11   sept.  l"f')l)   donna  un  iirfsont  ù   la  ttUe  de  ce  Bâby 
parcoqu'il  le  reconnut  couuiio  un  des  SacheniN  iuqiortiints  do»  Iliuons, 


—  58  — 


•  * 


Nous  avons  vu  Jacques  Bubie  à  Chainplain,  occupé  à  défricher  le  sol  en 
pionnier  hardi  et  courageux,  ce  à  quoi  il  réussit  tout  en  exer^-ant  un  négoce  qui 
proniottait  d'être  lucratif  et  le  devint  en  effet.  Il  ne  tarda  pas  à  agrandir  le 
champ  de  ses  opérations  commerciales  en  faisant  la  traite  des  pelleteries  jusque 
chez  les  Ottawais  (|ui  s'étendaient  au  loin  dans  les  régions  de  l'ouest,  sur  les 
bords  du  lac  Michigan  et  dans  les  environs  de  la  baie  des  Puants  (Oreen  Bvy), 
où  les  missionnaires  jésuites  avaient  établi  une  mission  dès  1GG9. 

Dans  les  premiers  temps  de  la  colonie  les  missionnaires,  les  gouverneurs 
et  couimanilants  trouvèrent  de  ])récieux  auxiliaires  parmi  un  certain  nombre 
de  colons  français.     Plusieurs  étaient  des  cadets  de  famille  ou  appartenaient  à 
la  petite  noblesse,  d'autres  étaient  des  oHiciers  réformés,  qui  avaient  quitté  la 
France  de  leur  bon  gré,  ou    avec  un  modeste   brevet  dans  les  troupes.     Ils 
venaient  tenter  fortune  au  Canada.     Pauvres,  ou   avec  un  salaire  insutHsant, 
quand  ils  avaient  la  chance  d  être  employés  par   le  gouvernement,    ils  étaient 
sans  cesse  en  (juête  d'aventures  pour  tenter  quelque  opération  lucrative,  souvent 
à  leurs  ris(|ues  et  périls.     Le  commerce  des  fourrures,  en  contrebande  avec   les 
sauvages,    ouvrait    une  voie   (jui   paraissait  la  plus   avantageuse  à  leui*  esprit 
d'entreprise.  Aussi  les  voyons  nous  s'y  livrer  sans  relâche,  malgré  les  défenses,    ■ 
prohibitions  et  peines  .sévères  des  autorités.  C'est  ainsi  (juese  forma  cette  classe 
d'iiomme.s,  particulière  au   Nord  de   l'Auiérifiue,  appelée  couri'iirs-des-hois,  (l) 
dont  ils    étaii'ut    les    chefs,  ou  plutôt,  pour  ainsi  dire  les  compagnons,    et  avec 
h'S(iuels  ils  ont  parcouru  cet  inunense  pays  en  tous  sens,  par  eau  et  par  terre, 
partageant  ensemble  les  misères,  les  fatigues  et  les  dangers,  aussi  b'en  que  les 
profits  de  leur  commerce  clande.stin,  si   on  peut    l'opiifler  ninsi.     Tous  étaient 
aussi  connus  sous  le  nom  de  rci/in/rurtf,  et,    vis-à-vis,  des  clu'fs  ils  prenaient  le 
n  »iii  (/'f»r/rf(/r'x,  et  quel(|Ues   fois  l'engagement   était   mis  par  éciit.     Le  eélèiire 
déco\ivrenr  Daniel  (îra.selon  du  IHut  (2)  était  ini  gentilhomme  lytauiais,  frère 
de  la  Porte  de  Touiigny  et  cousin  desT-nti,   cep'  mlant  l'intendant  DuchesneaU 
H';  le  '|ualifi(>  (|ue  de  simple  c<nireur-des-b(iis.   Ces  v()yfig''ni's  étaient  noiiibreu.i 
et  r  nonnaés  pour  leur  harilie.«se,  leur  vigueur,  leur  intelligence'  et  leur  adresse 
à  surmonter  les  obstacles,  n  travers   les  éléments,  dans  la  ruile  vie  des  bois,  à 
sauter  les  rapides  et  naviguer  sur  les  grands  lac«. 

C'était  l'époqne  nh   Marc|Uette,  Jolliet  et  «le  la  Sal'e  allaient  aussi  à  la 
di'couv  erte>  du  Mississipi  et  de  la   route  vers    la  nier  du  sud,  et  où  les  ,'é>uites 

(l)Kt  non  pan  e.'ii(r(i/r.«-(/c-6o/.<,  (ninlgré  noseluTille)  qui  n'applique,  coiiiiiu' l'c.v 
pii'.ssion  r'cKiiniir.t-ilf  iiier.i,  à  opm.x  (jui  vont  raiiiiihsiiiit  lo  tiui.i,  vague  et  (lottiint  en  dérive. 
('iuin3Mr-(loliois  do  lune,  eut  une  o.\|)ies8ii)n  populaire  (|ui  dési^no  le.s  VDleiirs  do  nuit  i|ui 
pillent  les  <l''itures  ou  le  premier  bol»  venu  ipti  l.ur  loml»'  sou»  lu  uiain  pour  se  eliiiuller. 

(12;  < '(>  nom  u  été  ôpolé  de  iliver^es  maiiliri'-*,  ilro-x'lon,  liri'.^elou,  ilu  I,ut,  ilu  l.iilli, 
du  I/udo.  Si  l'orijjine  du  nom  est  ilalionne  du  I/ith  serait  la  tradition  do  Delietto,  dont 
les  historien»  l'ont  mention.  La  parenté  avoe  les  'l'onty  conlinuorait  une  proveiiaueo 
«l'Italie.     Le  nom  do  Duludo  est  bien  eonnu  en  {''ranee  et  en  Catuvdu. 


—  59  — 

avaient  poussé  leurs  travaux  apostoliques  bien  au  delà  de  leur  mission  du  fond 
du  lac  Supérieur. 

Ce  qui  frappe  aujourd'hui  dans  ces  excursions  lointaines  accomplies 
si  lestement  alors,  c'est  de  voir  le  peu  de  cas  qu'on  faisait  des  distances.  Un 
partait  pour  un  voj^age  de  100,  200,500  lieues  sans  plus  de  préoccupation  qu'on 
en  met  maintenant  à  monter  en  chemin  de  fer  pour  faire  le  même  trajet.  Avec 
des  raquettes,  un  fusil  et  une  hache,  un  voyageur  suivi  do  chien  pour  com- 
pagnon, se  dirigeait  de  Québec  vers  la  baie  d'Hudson  et  allait  frapper  juste 
l'endroit;  et  il  ne  faut  pas  oublier  qu'il  lui  fallait  trouver  sa  nourriture  en 
route  au  bout  du  fusil,  d'une  ligne.  De  n(js  jours,  on  rencontre  très  peu 
d'honmies  de  cette  trempe. 

Au  milieu  de  cette  vie  active  qui  semblait  devoir  amener  une  prospérité 
solide  et  durable  pour  Jacques  Babie,  la  mort  vint  l'enlever  prématurément  à 
l'âge  de  55  ans  seulement.  Elle  vint  couper  court  à  toutes  ses  entreprises  et 
ses  projets. 

Il  mourut  en  sa  demeure  vers  minuit,  le  28  juillet  1688,  muni  des  sacre- 
ments do  l'Kglise.  Cotte  mort  soudaine  fut-elle  la  suite  d'un  accident  ou  d'une 
épidémie  ?  On  n'en  sait  rien,  sinon  qu'il  fut  inhumé  le  même  jour,  sur  les  cinq 
à  six  heures  du  soir,  sous  son  banc,  dans  l'église  de  la  paroisse,  en  présence  de 
M.  do  Saint-Claude,  curé  de  Batiscan,  et  du  seigneur  de  Champlain.  Le  père 
Amltroisc  Pollorin,  récollet,  qui  faisait  alors  les  fonctions  curiales,  enregistra 
après  la  cérémonie  l'acte  do  sépulture. 

Los  affaires  de  Jacques  Babie  paraissent  avoir  roulé  sur  un  assez  grai\d 
pio<l,  si  on  peut  on  juger  par  les  iinpoi'tations  qu'il  faisait  de  France  et  les  ré- 
clamations assez,  élevées  (ju'il  ont  à  j)()ursuivre  devant  le  Conseil  Souverain  et 
(jui  furent  continuées  par  sa  veuve.  (!) 

Parmi  <Io  vieux  papiers  déposés  aux  archives  provinciales  à  Québec. 
piMvi'i\aut  du  grt'tl'e  do  Suiiit-Murtin,  (AdlitMiiar,  Sr  do  St.  Martin,)  notaire  roy  il 
à  .Montréal,  il  se  trouve  dos  lettres  à  lui  adressées  j)ar  Jacques  Baliio  et  par 
Joaiuio  Daniluinu'au,  sa  femme.  (îos  lettres  ont  été  reoueillios  en  môme  teiiqts 
que  les  minutes  de  ce  not.iiro  et  c'est  uirisi  (ju'olles  sont  parvenues  au  Bureau  des 
archives.  Elles  n'ont  trait  (|u'aux  affaires  privées  de  M.  et  .Mme  Babie  et  ii'otfrout 
auL'Uii  intiTÔt  public  et  ilovraient  être  remises  à  leur  famille.  L,'  texte  ile  la 
correspoiiilaneo  do  .M.  Miibie  iiidii|ne  nu  hniimio  K'ttré  et  i)Oi>séiIant  cette  urbanité 
toute  franeaisi;  qui  distinguait  l'époque  «ni  il  vivait. 

L(>s  lettres  di?  sa  femme  nenitretit  une  (irthogrniihe  peu  grammaticale, 
mais  aiUKiMoent  un  esprit  lucide,  un  lion  sens  forino  et  un  caractère  déeivlé. 

M.  le  juge  li.iby  a  fait  une  demande  pt.ur  obtenir  la  restitution  do  ces 
lettres,  cnnuiie  i;])piirtenant  à  sa  l'nmilli',  ni.iis  elle  n'a  pas  été  écoutée. 

Le  cachot  qui  scelle  ces  lettres  poito  un  écusson  surmonté  d'un  heainno 


(l)  Jii;/i'mfi)l.t  et  ih'lihéralinii!^  tfit  C'in^eil  l-l'tiirrrniii,  vol.  Ifl,  p.  p.  I -t,  21,  2',t,  45,  .54, 
80,  S.i,  l;iU,  24.1,  4:r,  527,  517,  ('>•*!,  701,  7IS,  7.ts,  742,  745,  757,  773,  777,  1017,  et  106H. 


—  60  — 

et  orné  de  lambrequins.  Le  champ  lisse  de  l'écu  est  difficile  à  diwtinjifner  et 
sans  hachures.  Ou  y  voit  deux  mains  qui  se  serrent,  et  au-dessous,  un  ft)n(l  onde 
et  ce  que  dessus  semble  trois  tourteaux  alignés  et  tlottauts.  Sont-cc  les  armes 
des  du  Sablé  ? 

La  mort  imprévue  de  M.  Babio  fut  un  événement  funeste  pour  sa  veuve, 
qui  restait  chargée  d'une  nombreuse  famille  et  d'une  succession  end)arrassée  de 
procès.  Elle  même  n'était  âgée  que  de  33  ans.  La  plupart  de  ses  enfants 
étaient  en  bas  âge  ;  de  plus  elle  était  enceinte  du  douzième  et  au  milieu  du  sa 
grossesse. 

Les  affaires  de  la  succession  l'appelèrent  bientiU  à  Québec  et  elle  dut  s'y 
trouver  le  2  août  suivant,  où  elle  fut  nonnnée  tutrice  de  ses  enfants.  Elle  fut 
obligée  d'y  retourner  plusieurs  fois  à  cause  des  poursuites  devant  le  Conseil 
Souverain  Son  nom  apparaît  en  diverses  fois  aux  registres  du  Conseil  juscju'à 
1703  (1) 

Il  ne  lui  fut  pas  donné  non  plus  d'atteindre  la  vieillesse  :  elle  mourut  à 
l'âse  de  58  ans  et  fut  inhumée  à  Québec,  le  20  juillet  1703,  n'ayant  survécu 
connue  on  voit,  que  15  ans  à  son  mari.  Le  4jiinvier  de  la  même  mince  elle 
avait  eu  à  pleurer  la  perte  de  sa  fille  aînée,  Marie- Jeanne,  veuve  de  Lusignan, 
et  épouse,  en  secondes  noces,  de  M.  Claude  Pauperet,  négociant  <le  Qiiél)t'C. 

Voici  la  liste  des  enfants  issus  du  premier  mariage  Btibie  en  Canada, 
suivant  l'ordre  de  leur  naissance,  avec  les  dates  précises  que  j'ai  pu  constater. 

1.  Marie-Jeanne née   

2.  Jacques né     

3.  Louis "      

4.  Marie née   , 

5.  Pierre né     

6.  Antoine "     

7.  Françoise née  16  mars 

8.  Jean-François né     22  nov. 

9.  Marie-Magdeleine née  20  nov. 

10.  Marie-Anne "       9  juillet 

11.  François-Etienne né       5  août 

12.  RaynKmd,  posthume.  .  .     "     16  déc. 
Il  importe  de  suivre  exactement  la  lignée  de  chacun  do  ces  enfants,  car 

nous  verrons,  dans  la  suite,  qu'elle  a  totalement  disparu  dans  les  mâles,  sauf 
celle  de  l'enfant  posthume  Raymond,  la  seule  qui  existe  aujourd'liui.  Los  détails 
qui  nous  restent  sur  chacun  d'eux  sont  assez  maigres  et  peu  nombreux. 

i»  « 

1.  Marie-Jeanne,  l'aînée,  née  en   1671,  épousa,  en   prennères   nocos,  à 
Champlain,  le  5   février  1689,  Paul   Louis  Da/niard  de   Lusignan,  capitaine 

(1)  Jugements  et  délibérationn  du  Conseil  Suuverain,  T.  4,  p.  817-S19. 


1671 

déc. 

4  janv.  1703. 

1673 

ti 

11  juin  1724. 

1674 

« 

1675 

u 

1676 

■1 

1679 

« 

15  août  1683. 

1681 

f( 

10  févr.  1684. 

1682 

(( 

1683 

(( 

1686 

(( 

1687 

i( 

1  sept  1767. 

1688 

tt 

14  mors  1737, 

—  61  — 

réformé  d'une  compagnie  du  détachement  de  la  Marine.  l)a')S  1  été  de  1692, 
raconte  La  Potherie,  M.  de  Lusignan  fut  attaqué  et  tué  de  la  première  décharge 
par  un  parti  d'Iroquois,  dans  les  isles  du  lae  Saint-Pierre,  pendant  qu'il 
descendait,  à  son  retour  de  Montréal,  un  co  ivoi  de  bitoaux  aux  T.-ois-Rivières. 

Il  laissa  un  fils  portant  les  mêmes  noms,  né 1689-90,  auquel  Michel 

Pelletier  de  la  Prade  fut  élu  tuteur.  (1)  Celui-ci  fut  ensuite  remplacé  par 
Jacques  Babie,  oncle  n)aternel.  La  veuve,  encore  mineure,  eut  pour  tuteur 
Jacques  Brissot,  son  oncle  maternel.  Paul  Louis  de  Lusignan,  à  l'âge  de  21  ans,  (2) 
s'adressa  (1711)  au  Conseil  Souverain  et  obtint  des  lettres  d'émancipation  d'âge. 
Il  dirigea  une  poursuite  contre  son  tuteur  Jaccpies  Babie  II,  son  oncle,  qui  était 
débiteur  de  la  somme  île  14.,799  livres,  seize  sols  et  six  deniers  envers  les 
cohéritiers  par  bénéfice  d'inventaire  de  feu  Jeanne  Dandonneau  du  Sablé,  leur 
mère,  suivant  une  cédule  notariée  devant  Mtre  Normandin,  aux  ïrois-llivières, 
en  date  du  22  juin  1699.  Le  même  Jacques  Babie,  aussi  tuteur  de  ses  frères  et 
sœurs,  continua  à  avoir  des  démêlés  en  justice  avec  eux,  car  ils  se  plaignirent, 
par  requête  du  23  mai  1712,  qu'il  les  amusait  sans  leur  rendre  compte.  lia 
obtinrent  même  un  arrêt  pour  saisir  ses  biens.  (Rég.  du  C.  S.,  17  décembre 
1703  et  23  novembre  1711). 

Plus  tard,  en  1742,  sa  belle-sœur,  Marguerite  Véron  de  Grandmesnil, 
veuve  de  Pierre  Petit,  seigneuresse  de  Yamaska,  intenta  contre  la  famille  Babie 
une  poursuite  au  sujet  de  cette  môme  succession  et  mit  en  cause  Pierre 
Babie  du  Perron,  François  Babie-Chenesville,  Charlotte  Lemaître  et  d'autres. 
C'est  la  seconde  fois,  depuis  1709,  (pie  je  rencontre  le  nom  Daparron.  Il  apparaît 
une  autre  fois  aux  registres  de  la  paroisse  des  Trois-Rivières  le  2  août  1721  ; 
Pierre  Babie,  sieur  Duperron,  y  est  ainsi  nonnné,  lorsqu'il  est  parrain  de  Pierre, 
fils  de  Jaccjues  II. 

Pour  revenir  à  de  Lusignan,  fiis  je  le  retrouve  au  poste  ou  fort  de  St- 
Joseph,  aux  Illinois,  près  du  fonds  du  lac  Michigan,  où  son  nom  apparaît  aux 
registres,  le  21  janvier  173S,  comme  suit  :  Louis  (Paul)  d'Azmanl,  seigneur  de 
Lusignan,  dans  la  baie  de  Missisquoi  (Mychiscouy),  sur  le  lac  Champlain,  et 
comm  uidant  alors  au  dit  poste,  comme  parrain  de  Louis-François  Ménard, 
baptisé  par  le  ))ère  du  Jaunay,  S.  J.  En  1757,  son  fils,  Louis-Antoine  Dazmard 
de  Lusignan,  épousa  à  Québec  Louise-Gilles  Renaud  D'Avennes  Demeloises,  par 
contrat  do  mariage  du  22  septembre  17ô+,  Saillant,  Nre,  auquel  toutes  le^ 
sommités  civiles  et  ecclésiastiques  assistèrent,  et  Dame  Veuve  B  iby,  sa  grand'- 
nière  maternelle,  et  Angélique  Perrault,  sa  cousine,  y  sont  aussi  témoins. 

Paul  de  Lusignan,  qui  doit  être  le  fils  do  Louis-Paul  II,  était  commandant 
à  Carillon,  et  en  1758  il  commandait  au  fort  Saint-Frédéric  et  s'y  distingua. 
Etant  passé  en  France  après  la  prise  de  Québec,  il  habitait  Brest  en  1770,  d'ofi 
il  écrit  à  mndame  de  St.  Luc,  à  Terrebonne.     En  mars  1773,  Louis-Antuiue 


(1)  Greffe  de  Daniel  N'ormandin,  Tro in- Rivières,  22  juin  1699. 

(2)  Jiujemi'nla  et  délibérations  du  Conseil  Souverain,  7  décembre  1711,  p.  43.  L'âge  de 
majorité  alors  était  de  25  ans. 


—  62  — 

ci-dessus  écrit  aussi  de  là  à  madame  Demeloises,  sa  belle-inère,  restée  en  Canada, 
qu'il  avait  le  titre  de  capitaine  des  vaisseaux  du  roi  et  major  du  régiment  de 
St-Malo  au  corps  royal  de  la  marine  ;  qu'il  n'a  qu'un  fils,  âgé  de  trois  ans  et  trois 
filles.  Il  n'est  resté  aucun  de  Lusignan  en  Canada.  J'ignore  si  cette  lignée  a 
été  continuée  en  France. 

En  secondes  noces  la  veuve  de  Lusignan  épousa  à  Champlain,  le 

M.  Claude  Pauporet,  marchand  à  Québec,  et  mourut  en  cette  ville  en  1703, 
comme  nous  l'avons  dit.     Elle  fut  inhumée  dans  l'église  pai'oi.ssiale. 

Il  existe  au  pays  plusieurs  familles  qui  portent  le  même  nom  de  Lusignan, 
mais  elles  ne  dérivent  pas  de  cette  souche.  Une  d'entre  elles  est  italienne, 
Lusignani,  de  Montréal. 

* 
*  * 

2.  Jacques  II,  né  aux  Ïrois-Rivières  le lG7t3,  épousa  I.-i,  le  4 

février  1709,  demoiselle  Maardeleine  Véron  de  Grnndmesnil,  née  le  21  décembre 
10S4,  et  décédée  là,  le  9  décembre  17G0.  Son  mari  l'avait  précédé  dans  la  tombe 
depuis  longtemps,  étant  mort  le  10  juin  172-t.  Il  périt  de  mort  violente.  Les 
archives  tle  la  justice  criminelle  des  Ïrois-Rivières.  du  14  juillet  1724,  consta- 
tent que  le  Juge  Godfroy  de  Tonnancour  a  acquitté  des  personnes  (non  dési- 
gnées/  accusées  d'avoir  assassiné  Jac(ines  Babie. 

Les  regi-stres  de  la  paroisse  font  voir  qu'il  était  inarguillier  à  Cham[)Iain 
en  1709.  Le  ceasier  de  la  Compagnie  des  Indes  Occidentales,  juridict  on  des 
Tioi.-i-Rivières,  le  porte  comme  censitaire  les  22  avril  et  11  juillet  1718,  rie  deux 
emplacements  sur  la  rue  St- Antoine,  dans  la  ville. 

Ce  doit  être  de  lui  dont  parlait  madame  Ross-Lewin  (Archange  Baby,  sa 
petite-nièce)  en  rapportant  le  fait  suivant. 

Il  demeurait  alors  aux  Trois-Rivières.  Une  nuit,  peu  de  temps  après  la 
mort  d'un  de  ses  amis  de  l'endroit,  connue  il  venait  de  se  mettre  au  lit,  il  vit 
à  la  fenêtre  le  fantôme  de  cet  ami,  qui  se  dessinait  en  blanc,  éclairé  par  uu  beau 
clair  de  lune,  et  qui  lui  faisait  signe  de  la  main.  Saisi  de  fniyeur  il  se  lève, 
regarde  épouvanté,  et  entend  distinctement  une  voix  qui  lui  dit  :  "  Babic,  je  suis 
"  ton  ami  N .  .  .  Vas  à  tel  endroit,  tu  y  trouveras  une  somme  d'argent  que  tu 
"  remettras  à  telle  personne.     Prépares-toi  à  me  suivre  bientôt." 

La  somme  fut  trouvée  et  remise  et  Baby  mourut  peu  après. 

Que  cette  vision  ou  apparition  fut  réelle,  ou  une  simple  hallucina- 
tion de  Babie,  toujours  est-il  que  la  ville  des  Trois-Rivières  put  voir  le  lendemain 
que  ses  cheveux  avaient  complètement  blanchi  durant  la  nuit. 

Les  enfants  qu'il  eut  de  son  mariage  furent  : 

(a)  Joseph,  b.  18  nov.  1709  ;  s.  4  déc.  1709,  à  Champlain. 

(b)  Marie-Anne,  b.  là  2G  oct.  1710;  mariée  aux  Ïrois-Rivières,  13  janvier 
1733,  à  Louis  Lefebvre  dit  Belle-Isle,  et  morte  en  couches  le  22  oct.  suivant. 


—  63  — 

(c)  Jacques-Josepli,  b.  13  mai  1713  ;  s.  Trois-Rivières,  24  déc.  1733. 

(d)  Véronique,  b.  là,  17  sept.  171G  ;  mariée  là,  le  8  janvier  1748,  à  André 
Corbin.  Elle  avait  été  élevée  aux  Ursulines  des  Trois-Rivières  avec  ses  deux 
sœurs.     (Hist.  Urs.  3,  R.  T.  1.  p.  188-9). 

(e)  Marie-Jeanne,  b.  là,  18  mai  1719,  élève  aux  Ursulines  de  Québec  et 
aussi  de  Trois-Rivières. 

(f)  Jo«cphte,  née ,  élève  aux  Ursulines  des  Trois-Rivières 

avec  Véronique  et  Jeanne,  ses  soeurs. 

(g)  Pierre,  b.  Trois-Rivières,  2  août  1721,  filleul  de  Pierre  Duperron  ;  (1) 
marié  là,  le  22  avril  1748,  à  Thérèse  Véron  de  Grandmesnil. 

C'est  le  même  que  celui  mentionné  dans  le  "  Journal  de  Badeau."  Il  a 
joué  un  rôle  politique.  II  sympathisait  avec  les  révolutionnaires  américains  en 
1775,  lors  de  l'invasion.  Il  devint  ensuite  un  bon  royaliste,  écrit  la  Mère 
Thérèse-de-Jésus,  sa  cousine,  7  déc.  1781.  C'est  h  nous,  dit-elle,  qu'il  doit  sa 
conversion.  Il  fut  un  dos  premiers  à  demander  une  constitution  pour  le  Bas- 
Cimada.  ("  Le  Canadien"  du  19  août  1809).  En  1786,  il  occupait  un  banc  du 
côté  de  l'épître,  après  le  banc  d'honneur.  Il  ne  paraît  pas  avoir  laissé  d'enfants 
survivants  de  son  mariage  précité,  le.squels  étaient  : 

(a)  Pierre-Ovide,  b.  3  avril  1749,  aux  Trois-Rivières  ;  s.  3  oct.  1750  à  la 
Pointe-du-Lac. 

(b)  Jean-Etienne,  (2)  b.  26  sept.  1750  et  s.  1755  en  ce  dernier  endroit. 
Ainsi  se  termine  la  lignée  mâle  de  Jacques  Babie  II. 

*  « 

3.  Louis,  né 1674,  n'a  pas  laissé  d'autres  trace.'3  connues  de  sa 

vie  que  je  sache,  si  ce  n'est  la  mention  de  son  nom  qui  apparaît  à  la  requête 
pour  lettres  de  bénéfice  d'inventaire  présentée  par  son  frère  aîné,  au  sujet  de  la 
succession  de  leur  mère,  devant  le  Conseil  Souverain,  en  décembre  1703.  Serait- 
ce  lui  qui  serait  mentionné  au  recensement  du  Détroit  de  1709,  qui  se  trouve  à 

Paris? 

* 
«  * 

4.  Marie,  née 1675.     Rien  de  connu  d'elle. 

«'  « 

5.  Pierre  Duperron,  né 1676,  épousa  le  13  février  1708,  à 

Saint-Fran^'ois-du-Lrtc,  demoiselle  Marie-Anne  Crevier,  b.  n  Sorel,  25  juillet 
1686,  fille  de  Jean-Bte.  Crevier,  premier  seigneur  du  lieu,  et  de   Marguerite 

(1)  Le  18  février  17.54,  il  assiste  avec  son  oncle,  Pierre  Duperron,  à  rassemblée  de 
parents  pour  élire  un  tuteur  aux  deux  enfants  mineurs  de  Marguerite-Anne  Bâby,  Vve 
J.-Bte  Couturier  dit  Labonté.    (Greffe  de  Pillard,  Trois-Rivières). 

(2)  Le  nom  même  de  celui  mort  en  France  en  1703,  ci-dessus  no;nmé. 


—  64  — 

Hertel,  Leur  contrat  de  mariage  est  cité  en  entier  par  Suite,  Hist.  de  St- 
François,  p.  8^.  Duperron  mourut  à  Chainplain  le  8  mai  1758.  Les  terres 
qu'il  possédait  à  la  Baie-du-Febvre  sont  indiquées  au  plan  de  De  Couague  déjà 
cité. 

Sa  postérité  a  été  : 

(a)  Marie-Anne  Antoinette,  b.  à  Saint-François-du-Lac,  12  décembre 
1708.  Ce  doit  être  elle  qui  est  décédée  à  Montréal  le  22  juin  1790,  à  l'âge  dit 
de  85  ans  au  lieu  de  81  ans  6  mois  et  10  jours,  et  la  même  aussi  que  celle 
mentionnée  par  Suite,  p.  115,  sous  le  nom  de  Ms'elle-Manette. 

(b)  Jeanne-Elizrtbeth,  b.  30  mar.s  1711,  élève  aux  Ursulines  de  Québec 
vers  1722  (T.  IL  p.  195)  ;  mariée  1°  à  Louis  Cartier,  le  28  octobre  1748  ;  et  2°  à 
Jean  Chevalier,  19  février  1759. 

(c)  Pierre,  b ,  1711,  sépulture  aux  Trois-Rivières  en   1733, 

à  l'âge  de  22  ans. 

(d)  Joseph,  b.  4  décembre  1713. 

(e)  Marie-Geneviève,  b.  30  juin  1715,  s.  14  juillet  1715. 

(f)  Anonyme,  b.  et  s.  1716. 

(g)  Joseph,  b.  10  mars  1719  ;  niaiié  à  Marguerite-Angélique  Adhéniar, 
21  sept.  1745. 

(h)  Marguerite- Anne,  b ;    mariée  : 

1"  à  Jean-Baptiste  Couturier  dit  Lalionté,  27  juin  1743  ;  lui  s.  22  oct. 
1751,  à  Kaholcia.  Satille  Marguerite-Anne  épousa  Fraii(;ois  Uill,  ancêtre  du 
juge  Gill  actuel,  et  une  noiubrouse  post '-rite  eu  a  découlé,    Suite,  p.  1)1. 

2°  à  Alexis  Langlois,  25  février  1754  ; 

3°  à  Michel  Laforêt,  Ki  oct.  1757.  Je  crois  que'  c'est  elle  qui  est 
Marguerite  Duperron,  marraine,  à  Montréal,  de  Jaccjues  Duperron  Babie,  le 
4  janvier  1731,  et  .sa  cousine. 

Il  n'existe  plus  aucun  descendants  mâles  de  toute  cette  brandie  Pierre 
Duperron. 

*  * 

6.  Antoine,  né  11  mars  1079,  mourut  en  bas  âge,  avant  son  père,  lo 
15  août  1083,  à  Champlain. 

7.  Fran<;()ise,  née  le    14  mars  lOSI,  mourut  do  mèuie,  le  10  février  1084. 

8.  Jenn-Fran(;ois,  li  22  nov.  1082,  et  non  1092  tel  que  dit  dans  lo 
dictionnaire  do  l'abbé  Tanguay. 

9.  Mario-Madeleine,  b  20  nov.  1083  ;  mariée,  30  avril  1703,  (\  Jean-Ute 
Crevier,  sieur  Desclienoaux,  frère  do  la  femuie  du  Pierre  Duperron  susdit. 

10.  Marie-Anne,  1).  9  juillet  1080.  C'est  l'épouso  (1711)  de  Pierre 
Martin,  mentionnée  par  l'abbé  Tanguay,  vol.  1,  p,  93,  et  dont  un  de  leurs  enfants 
fut  baptisé  à  Ilopeiitigiiy  sous  lo  nom  de  Denis-François,  le  23  janvier  1713. 


—  65  — 

11.  Fmnçois-Etienne  Babie  Cheneville,  b.  5  août  1687,  épousa  à  Saint- 
Fninçois-du-Lîic,  en  1712,  Marguerite  Crevier,  b.  à  Sorel  18  septembre  1683, 
aussi  fille  du  (.lit  Jean-Bte  Crevier  et  aœur  do  daiaj  Pierre  Duperron,  et  elle  e-st 
décédée  avant  1742. 

Cheneville  devint  seigneur  de  Saint-François-du-Lac,  résida  à  Montréal, 
dont  il  fut  un  des  citoyens  marquants,  et  mourut  là  âgé  de  80  ans.  Il  fut 
inhumé  dane  la  chapelle  Saint-Amable  de  l'église  paroissiale,  le  1er  sept.  1767. 

Voici  sa  postérité,  aujourd'hui  éteinte. 

(a)  Franf;ois-Xavier,  b.  19  nov.  1713;  s.  1er  juin  1715. 

(b)  Joseph-Augustin  Baliy  Chenneville,  b.  13  sept.  1715,  garde-magasin 
du  Roi  au  Fort  Saint-Louis  de  Niagara  ;  épousa  là,  le  10  mai  1742,  Marguerite- 
Aîigélii|ue  Rocbcrt  Watsen,  fille  de  Louis- Joseph  Rocbert  Watsen  {].)  et 
d'Angéli(iue  Bénard,  bourgeois  do  Montréal,  et  mourut  à  Montréal,  le  26  février 
1768.  Il  fut  aussi  inhumé  dans  la  dite  chapelle  Saint-Amable,  à  l'âge  (dit)  de 
50  ans. 

(c.)  Jean-Baptiste  Queiieville,  qui  assiste  au  mariage  de  Raymond  Baby 
le  9  juin  1721,  (jui  ost-il  ?  N,  B.  Le  premier  ué  de  F.-E.  Baby,  aurait  eu  8  ans  au 
plus. 

Les  enfants  issus  du  mariage  Chenevil!e-Watsen,  furent: — 

(«.)  Marie-Angélique,  née  à  Montréal,  21  septembre  1745. 

(b.)  Catherine,  née  1747,  mariée  à  Montréal,  14  février 

176^1,  à  Chrystophe  Sanguinet,  notaire.  (2). 

(c.)  Jean-Marie  Chedville,  (3)  né  4  septembre  1749. 

((/.)  Claude-Joseph,  né  18  juillet  1750. 

(e.)  Simon-Clicneville,  né  2  mai  1751  ;  s,  4  mai  1751. 

(/.)  Marie-Anne,  née  17  avril  1752;  s.  16  juillet  1752. 

((/.)  Marit'-Chiirlotte,  née  30  mars  175S;  s.  20  novembre  1753. 

(/(.)  Marguerite,  née  18  juillet  1754. 

(('.)  Jac<iues-Joseph,  né  9  septembre  175(1  ;  s.  19  septembre  1756. 

(j.)  Mnrie-Jdsophte  Baby-Chencvillo,  épouse  (15  avril  1771)  de  Louis- 
Oordian  D'Ailleliotit,  sienr  de  Cuisj',  veuf  de  Madeltine  do  Joncaire,  lequel 
mourut  en  1772.     (Hist.  des  fam.  fian.,  Daniel,  p.  207.) 

De  tonte  cette  première  et  deuxième  génération  (pie  l'on  vient  de  par- 
courir l't  (pli  s'est  propagée  dans  Trois-Uivière.s,  Champlain,  La  Pointe-du-Lao, 


(1)  Hooiiiitoclion,  un  rof^islre,  18  juillot  i7.')(),  do  Montiôul. 

(2)  heu  ni'iiix  ilin  rni'.i  l^'aiii/Hini't  el  Cheiini  l'il/r  n'eniiriit  d'eux, 

(3)  Co  nom  est  ('>('rit  <lo  ilivorNOi  manli^ri'H  ;  Clitifdovillo,  nom  d'un  Sulpioien,  parent 
(lo  ('iivwlicr  il(!  la  Sulh'  et  nicntioinit''  pur  ('liiillovoix,  toinc  1 1,  p.  .'i  ;  .laoïpio»  ('li^'uloville  dit 
LnniU'tMnie,  I".  à  'iiKi'lii'c,  s  out,  1VJ4;  (  lio»novillt',  (.'jiciiovilli',  ('liui|i'vil!<>  est  lo  nom  ila 
fninilto  (In  plnsiiMU'R  pvi'trosi  du  diou>^iie  do  Churtreg  uieutioiuiôa  pur  ]'id)liû  Donuliaire, 
ouvnigo  cit6  plan  Imnt, 


—  66  — 

Yamaska  et  les  environs,  il  ne  reste  plus  aucuns  vestiges  qui  en  portent  le  nom. 
Leur  rnce  entière  s'est  trouvée  éteinte  dès  le  commencement  du  siècle.  Néan- 
moins la  descendance  a  été  continuée  par  les  femmes. 

•  « 

12.  Raymond  Bâby,  l'enfant  posthume,  né  à  Champlain,  le  16  décembre 
1688,  (1)  est  le  seul  et  véritable  continuateur  de  la  famille  Hâby  en  Canada, 
comme  nous  Talions  voir.  En  effet  il  est  l'unique  et  commun  ancêtre  de  tous 
les  Bâby  aujourd'hui  dispersés  dans  l'Amériijue  du  Nord  et  dont  le  plus  grand 
nombre  habite  la  province  d'Ontario.  Il  n'y  en  a  (1880)  qu'un  seul  du  nom  à 
Québec  et  quatre  à  Montréal,  sans  compter  là  les  jeunes  enfants  de  M.  Horace 
Bâby. 

La  dernière  branche  du  tronc  piincipal  a  porté  des  rameaux  nombreux 
et  des  fruits  abondants.  Par  le  mélange  du  meilleur  sang  de  la  colonie  avant 
la  ciinquêto,  et  du  pur  sang  anglais  depuis,  qui  lui  ont  été  infusés  pur  de  bonnes 
alliances,  cette  race  s'est  maintenue  forte  et  vig  mreuse.  (2)  Mais  l'élément 
saxon  prédoinuie  chez  elle  dei)uis  un  demi-siècle  tant  par  la  langue  que  par  les 
habituiles  et  ilécs  sociales. 

La  postérité  de  Raymond  s'e.st  divisée  en  deux  parties  distinctes  en 
s'habitunnt  .séparément,  l'une  dans  le  Bas  et  l'autre  dans  le  Haut-Canada.  Son 
fils,  Jac(iues  Duperron  Bi\by,  s'étaiit  établi  au  Détroit,  a  répandu  beaucoup  de 
de.-cendiints  dans  les  environs  et  princiiialement  sur  le  territoire  canadien,  vis- 
à-vi.s.  Franrois,  l'avant-dernier  fils,  est  demeuré  à  Québec  et  n'a  pas  formé 
une  aussi  nombreu.se  lignée.  Ce  sont  là  les  deux  seules  branches  subsistantes 
aujourd'hui  en  Canada. 

La  tradition  ne  nous  a  pas  appris  où  Kayintmd  a  rei,'U  .son  éducation. 
Orphelin  de  pèie,  puis  de  mère,  il  fut  mis  sous  la  tutelle  de  Jacques,  .son  frère 
niné.  Il  est  à  présumer  (|U  il  pas.sa  ses  premières  iiiniées  à  Québec  avec  sa 
mère,  où  il  la  perdit,  alors  qu'  1  n'avait  (|Ue  (|uatorze  ans.  Il  avait  pujus()u'à 
cet  Age  avoir  étudié  nu  petit  séminaire  de  Québec.  Il  e.st  à  croire  i|u'ensuite  les 
ressoiu'ces  de  son  tuteur  pour  subvenir  à  son  éducation  ont  <lû  être  as.5ez 
rétrécies,  attemlu  (pie  la  succession  de  la  mère  n'avait  été  accej)téi.!  (pie  sous 
bénéfice  d'inventaire.  On  peut  en  induire  (]ue  dès  lors  le  jeune  homme 
s'appliqua  à  conq)ter  plus  sur  lui-même  (pie  sur  autrui  pour  faire  aou  chemin 
dans  le  num  le.  Il  adopta  la  carrière  rlu  négoce.  A  cetto  tin  il  parcourut  les 
pnifH  tVi'ti  Ixiiit  fort  à  bonne  heure  et  jai  lieu  de  croire  que  c'est  lui  qui  est  l.s 
Babie  mentionné  connue  habitant  le  Détroit  en  1708,  d'après  le  recensement  do 

(1)  11  y  a  une  urreur  iy|>ogra|>liii|ii(>  dana  le  Dict.  de  l'ubbé  Tangtiay  r|ui  donne 
l'année  1C,3S. 

{'!)  bea  alliances  iraiiçiilHea  (Ion  liubiu  ooiiiptont  Iph  de  noIloNtre,  .luclioreau  (io  .^aint- 
DeniH,  de  laiaignan,  de  Coiianne,  Bouolier  de  Niverville,  de  la  Naii<licre,  D'Autetiil,  Urand- 
nienil,  Le  Comte  Duiiri-,  d<i  Saint-(Jeorgi'ii,  etc. 


—  67  — 

1709  Eli  octobre  1716  il  y  était,  de  passage  du  moins,  car  il  assiste  là  coiiurie 
parmiii,  le  3  et  le  16  de  ce  mois,  au  baptôm.^  ilo  deux  enfants  sauvages,  conimo 
l'atteste  sa  signature,  Raymond  Babie,  officier,  aux  registres  de  la  paroise 
Sainte-Anne.  Son  établissement  fut  ensuite  fixé  définitivement  à  Montréal,  où 
il  épousa  le  9  juin  1721,  demoiselle  Thérèse  le  Comte  «lu  P.  é,  née  là,  le  15 
octobre  1099,  fille  de  Louis  le  Comte  du  Pré,  seigneur  de  Teriebonne,  négociant 
de  l.i  ville,  et  de  Catherine  de  Saint-(«eorges.  L'époux  est  «lit  âgé  de  'Ai  ans  et 
l'épouse  de  18  ans.  Elle  s'est  un  peu  rajeunie,  c  »mme  on  voit,  suivant  1  usage 
de  son  sexe.  Raymond  devint  bientôt  un  des  per.so!inages  les  plus  notaidfs  <le 
sa  ville,  11  avait  un  banc  patronal  dans  l'église  vt  les  registres  inili<|U('nt  «|U  il 
était  margiiillier  en  cliarge  en  1729.  Ses  affaires  devaient  l'appeler  à  continuer 
ses  voyages  dans  les  pays  d'en  fiaut,  probablement  pour  la  traite  des  pelleteries, 
car  il  serait  passé  au  fort  de  Chartres  en  1732,  où  se  trouve  sa  sigimttire  imK 
legistres  ou  anciens  documents  du  fort,  ainsi  que  me  l'a  attesté  M.  Psu  Ihomme, 
«le  Sandwich,  qui  l'a  vue  II  n'était  pas  d'ailleurs  le  seul  de  sa  fainulr  qui  ait 
parcouru  ces  régions  lointaines  «-t  ac«|uis  une  infli:'  nce  méritée  parmi  !<'s  sau- 
vages. M.  le  mai(piis  «le  V'atidreuil  atteste  "  «|ue  (b'puis  l'étalilisseiiu  it  île  la 
"  Belle-Ri\ière,  il  y  a  toujours  eu  quel«|ues-uns  des  Hàtiie  anjuès  di's  ntions  do 
"  cette  contrée  et  «pie,  dans  plusieurs  circonstanct^s  crititpies,  il  a  re.->'  iiti  avec 
"  avantage  le  crédit  et  l'autorité  «pi'ils  avaient  parmi  ces  peuples." 

Lu  carrière  «le  Raymond  fut  interrom]>ue  au  milieu  de  sa  course  ■  t  de  sa 
pro."«péiité.  La  mort  vint  l'enlever  âgé  .seulement  de  48  ans  et  3  mois  11  ne 
lui  fut  pas  donné  d'att'îimlre  la  vieilles.se,  pas  plus  «pi'à  son  père  et  à  .sou  aïeid. 
Il  mourut  le  14  mars  1737  et  fut  iidiumé  à  Montiéal. 

il  laissait  npiî.^  lui  une  veuve  diaigée  de  n«>ndireux  enfants,  «Ifiit  neuf 
survivaient  sur  douze  issus  de  s«)n  mariage. 

Madame  veuve  Raymonil  Hâby  survéc\it  bien  longtemps  à  son  lu.iri  et 
atteignit  une  extrême  vifillesse,  au  delà  «le  ipiatre-vingt-onze  ans.  Kiie  avait 
été  élevée  aux  Ursulines  «le  Quélec(l)  et  avait  t'aij«)nrs  consi  rvé  biiucoup 
d'attachement  pour  ces  religieuses.  IClle  choisit  b'.ïr  maison  «les  'Vois-Kiv  ières 
pour  s'y  retiier  vers  17(i3.  Sa  tille,  la  mère  Ste-Thérèse-de-Jésus,  était  entré») 
religieuse  dans  cette  c«)mmunauté,  comme  nous  le  verrons  plus  en  détail  <  i-aprt'S. 
Madame  Mby  après  y  être  demeurée  pemlant  un  certain  t('m;is  ret-Mirna  à 
Montréal  et  p«'nsioniia  chez  les  sieurs  grises,  pour  se  rapprocher  «le  Miii"-.  Mt  iniît, 
sa  fille.  Puis  elle  revii\t  au  couvent  de  Trois-Hivièr<!s.  Après  y  av  i.  été 
pendant  «juatre  ans,  comme  pensionnaire,  elle  obtint  la  faveur,  avec  la  ))ermissi<(U 
de  l'évi  «|r.e,  de  demeurer  à  l'intérieur  du  cloîtr»',  et  c'e.st  là  <|u'elle  termina  ses 
jours  vers  la  fin  de  l'année  1790.  (2)     Les  archives  «hi  couvent  ayant  été  I  r'il  'es 

(I)  l.in  rmulhien  de  Québec,  vol,  II,  p.  173.  Lfi  rmiiliiirii  </(■  Tmig-ltiriirr.i,  vol,  1, 
n,  4'M),  noniuio  Alnie.  Mi>liy  «nmnio  iitio  do»  pongionnuiro»  vor*  l'époimo  prôcé  luat  17V5. 
Mail  nn  dùcnavre  ()uc  Ma  ftUucoRiion  étuit  ouvorto  on  iniii-i<  IT'.M.     I>(tii<-li(Mii>aii.\.  N',  1*. 

(\i)  C'est  là  «iiie  fou  lo  colonel  F,-X.  l'orruult,  le  |>(''re  df  ma  roiuiiio,  ôtiint  onriiiit, 
yen  l'Ago  de  Hopt  ans,  put  voir  ho«  troit  grand'-niérot  conHÔcutivog,  ainsi  qu'il  lo  racontait. 


—  68  — 

à  deux  reprises  par  les  incendies  du  22  mai  1752  et  du  7  octobre  1806,  les 
données  précises  concernant  le  séjour  là  de  cette  dnnie  ne  peuvent  être  consultées. 
Ce  que  l'on  snit  c'est  (|a'ellc  éditia  par  sa  piété  les  religieuses  du  monastère,  y 
étant  entrée  et  y  ayant  vécu  pour  se  préparer  au  grand  passage  de  l'éternité. 
Les  enfants  qu'elle  eut  de  son  mariage  nacjuirent  dans  l'ordre  suivant  : 

1.  Marie-Théièse 18  n.ars  1722,  s.  27  déc.  1792. 

2    Marie-Louise 6  oct.  1 723,  "        4  mars  1733. 

3.  Raymond 3  mars  1725,  "  11  mars  1756. 

4.  Jean-Hiipti.ste 31  aoîlt  1726,  décédé  jeune. 

5.  Louis 22  sept.  1 727,  "  vers  1 787. 

6.  Mnnt<-Jo,seph 22  oct.  1728,  "  24  avril  1762. 

7.  Mari.-Annp 8  déc.  1720,  " 

8.  Jac(|ues-Duperron 4  janvier  1731,  "        2  uoftt  1789, 

O.Ursule lOfév.  1732,  "  14  nov.   1S06. 

10,  Frnn(;ois 4  oct.  1733,     "        â  oct.  1820. 

11.  Antoine 15  février    1735,     "      16  déc    1764. 

Les  documents  relatifs  à  la  succession  de  Thérèse  le  Comte  Dupré,  dont 
Fran(;ois  Bâliy,  .son  61s,  eiifc  la  gestion,  étaMis.scnt  qu'elle  a  laissé  six  héritiers  et 
une  légataii'e,  la  révérende  mère  Ste-Thérèse-de-Jésus. 

Voici  les  notes  (pie  j'ai  pu  recueillir  sur  chacun  de  ces  enfants. 

« 
*  • 

1.  Marit'-'i'liéiè.se,  h.  le  18  mars  1722,  épousa  à  Montréal,  le  15  janvier 
1742,  Claude  lienoit,  né  le  12  avril  1712,  cliirurgieu-major  des  troupes  en 
garnison  à  Alontiéal,  et  décédé  là,  !i- 27  clécemhre  1792.(1)  Il  était  HIs de  Joseph 
lîiiioit,  médecin  poiu'  le  roi  dans  les  mêmes  troupes,  (ils  de  J()sf|)li  Benoit,  natif 
(l(l72)  di'  Founières,  dans  le  (îastinois.  diocèse  de  Sens,  décédé  à  Montréal  en 
1742,  et  de  Anne  l'iii^tifU  dit  iii'ithi.r  (née  l"2ii-9),  ( 'f  :  Tanguay,  V(  II,  p.  215, 
de  même  ijue  j'our  li  s  alliances  avec  les  de  LoOinojs,  de  la  Harre,  de  Selle,  etc. 

Madame  Benoît  est  celle  (pu;  mentionne  Jos -Frant,oiH  IVrnuilt  dans  sa 
hiographie,  comme  sa  tante  avec  laipielle  il  avait  ouvert  un  magasin  de  détail  h 

Il  HViiit  f  t/<  uioné  on  i(ioi)ipnn<Io  im.x  Trnis-Hivii^ros  pur  (lenKiiaolio  lieiiu(  l'ermult,  eollo 
qu'on  i(|>|i('liiit  "  F-a  coubIih',"  ot  il  vit  nti  couvent,  lA,  'l'iiôrofio  lo  Comte  Dupré,  su  trlHaiouie  ; 
(Inuie  Cluudi"  lSeiinit,8a  lillo,  sa  ttisaioulc  ;  et  dauie  I'ihuIo  lîonoit,  voiivo  Mol'aitliy,  hh  lillo, 
iou  MiCule,  loiitoN  trois  réunie»  cnneinl)lo.  Les  iineioiiM  ciuiailieiH  o.xpriuiaioiit  à  loiu'  ln(;oii, 
ot  (.l'\nio  nKUiiero  tiion  ;'laire  ooh  dofjré»  ilo  filiation.  'l'Iiôrèso  lu  (-'oinptp  l)upré  aurait  pu 
diro  do  non  urrierearrièro-potit-lilu,  ni  n'eût  été  iiiio  iillu  :  Ma  (ilio,  vu  dire  à  tu  lillo  quo  U\ 
tillu  de  nu  lillo  pleure. 

(I)  Mnntoaliit  écrit  à  DnurlaiiuKpio,  18  nium  ITAO,  que  lo  <.'apt.  Biuioit  rst  un  doa 
rnrct  ofllciori»  linnnétp»  du  C'aiiada.  "  Lnn  ilra  vnlvrir»  ''  il  faisait  jm^Hor  les  inilioioiiH  par 
H'H  voi«e!<.  <  'est  très  liion,  dit-il,  il  en  a  lu  droit.  Si  je  l'ous-so  lait,  on  eût  écrit  contre 
moi  et  (louinudé  luoa  rnppol." 


—  69  — 

Montréal,  près  de  la  porte  des  Récoliets,  en  1782,  et  c'est  là  qu'il  épousa  la  tille 
de  la  maison,  Ursule  McCarthy. 

Comme  les  membres  de  cette  famille  Benoît  se  rattachent  de  plus  près  à 
la  famille  Perrault,  je  réserverai  à  dire  ci-après  ce  (jui  ma  reste  à  ajouter  sur 
eux  quanil  j'en  viendrai  à  cette  famille. 

«  « 

2.  Marie-Louise,  b.  6  oct.  1723,  s.  4  mars  1733. 

»  • 

3.  Raymond  II,  né  le  3  mars  1725,  épousa,  le  13  février  1750,  Angélique 
Crevier,  et  mourut  à  Saint-Franf;ois-du-Lac,  le  11  mats  175(3.  En  janvier  17-t2, 
il  apparaît  conmie  témoin  au  mariage  de  sa  sunir  Thérèse  avec  M.  Benoît. 

Les  enfants  issus  du  mariage  de  Raymond  II,  furent  : 

(a)  Jacques,  né  23  décembre  1750  ;  s.  13  mars  1751. 

(b)  Joseph-Augustin,  né  le  2  mars  1752. 

(c)  Antoine,  né  3  août  1753;  s.  22  juillet  1753. 

(d)  Marie- Angélique,  née  25  avril  I7ôj.;  s.  27  juillet  175-1. 

(e)  Josephte-Claire,  née  12  août  1755. 

(f)  Charles,  né  17  août  1756;  s.  6  déc.  1756.     Tous  à  Saint-François-du- 


Lj\c. 


Sa  veuve  épousa  en  secondes  noces  Joseph  Pinard,  le  16  »"  .i  1758, 


«  * 


4.  Jean-Bapti.ste.     Rien  à  ajouter. 


*  * 


5.  Louis,  né  22  .sept.  1727,  épousa,  le  21  juillet  175S,  Louise  Do  Couagno, 
dite  âgée  de  2S  ans,  (ce  serait  22  i)  tille  de  Joan-Bapt.  De  Coimgne,  ca])itaine 
d'infanterie,  et  rie  dame  Marguerite  de  Cannes  de  Falaise,  de  la  paroisse  de 
Louisbourg,  (élève  des  Ursulines,  T.  II,  p    172). 

Louis  était  surnommé  if  luti/iii/i'ti  r  et  faisait,  tant  avant  (lu'aprè^  In 
guerre  de  laconipiote,  la  traite  des  pelleteries  dans  les  puys  d'en  haut.  Un  voit 
(ju'il  prenait  soin  de  nu'ttre  par  écrit  les  engagements  <Ie  ses  honnnes,  si  on  en 
juge  par  celui,  entre  autres,  contracté  avec  J.-liapt.  Vézina,  de  Batisean,  le  H 
mai  1765.     Documenta  <fujaijit  liah//. 

L(Hiis  était  un  des  (piatre  frères  (pli  avec  Dupcrron,  François  et  Antoine 
se  distinguèrent  tous  par  leur  valeur  et  Imir  liardiessrt  dans  les  nombreuses 
expéditions  durant  la  guerre  <Ie  1755  à  1760.  Leurs  services  et  leurs  succès 
furent  sign liés  par  le  manpiis  de  Vaudreuil  i\  la  cour  du  Franco)  mais  dand  la 


—  70  — 

déltâcle  générale,  qu'entraîna  la  perte  tin  Canatla,  ils  furent  laissés  complètement 
dans  l'oubli.  Leur  seule  récompense  fut  la  gloire  qu'ils  attachèrent  à  leur  nom. 
C'est  pourquoi  il  n'est  ([u'à  propos  de  citer  ici  les  témoignngesqui  honorent  leur 
mémoire  et  qui  sont  consignés  dans  les  archives  du  juge  Bàby  comme  docu- 
ments originaux.  Ma  mère  les  a  cités  dans  ses  '  Mémoires/'  p.  2;iO,  connue 
suit  : — 

"Louis,  Jacques-Duperron,   Antoine  et  Frnnc;ois,  prirent  part  à 

toutes  les  guerres  sanglantes  de  l'époque  et  s'y  tirent  une  réputation  de  bra- 
voure des  plus  digne  d'envie.  En  1755,  coiniaissant  la  sir.gulière  inHuence 
qu'ils  s'étaient  ac(|uise  sur  les  sauvages  par  leur  conduite  à  la  fois  douce  et 
ferme,  M.  de  Contreciuur,  qui  commandait  au  fort  Du(iuosne,  leur  confiait  une 
des  plus  périlleuses  expéditions,  celle  de  repousser  les  Anglais  avec  quelques 
guerriers  de  la  nation  des  Loups.  "Aussitôt  le  présent  ordre  reçu',' est- il  dit 
"  dans  le  document  qui  en  fait  foi,  ils  partiront  avec  un  parti  Chaouénons  et 
"  de  Loups  pour  aller  à  la  rencontre  des  Anglais.  Si  l'eimemi  n'a  pas  dépassé 
"  la  hauteur  des  terres,  ils  s'en  reviendront  sans  fr.ipper,  et  empêcheront,  autant 
"  qu'il  leur  sera  possible,  les  Sauvages  de  le  faire.  Si,  au  contraire,  ils  les  trou- 
"  vent  en  armes  sur  les  terres  du  Roi,  ils  les  repousseront  par  la  force,  mais 
"  feront  attention  pour  que  les  Sauvages  i»'exercent  aucune  cruauté  envers  les 
"  prisonniers.  Fait  au  fort  Duquesne,  le  18  juin  1755."  (Signé)  "  Coutrecceur." 

"  L'année  suivante,  M.  Dumas  qui,  après  la  mort  de  M.  de  Beaujeu,  avait 
été  chargé  de  commander  à  sa  place  au  for^  Duquesne,  également  confiai;  ins 
l'habileté  et  la  valeur  des  jeunes  Bâby,  doimait  à  l'un  d'eux  l'ordre  sui»  at  : 
"  Il  est  ordonné  au  Sieur  Bâby  (Louis)  de  partir  avec  un  détachement  de 
"  troupes  pour  se  rendre  en  Fensyivanie.  Il  s'attachera  à  observer  les  mouve- 
"  ments  de  l'ennemi,  s'effor(;ant  <le  saisir  les  convois  et  de  faire  des  prisonniers, 
"  afin  de  ])énétrerses  desseins.  Il  marchera  avec  toutes  les  précautions  possibles, 
"  atin  d'éviter  toute  surprise,  ayant  toujours  des  éclaireurs  en  avant  et  sur  ses 
"  ailes.  Il  en^ploiera  son  talent  et  le  crédit  (|u'il  a  sur  les  Sauvages  pour 
"  empêcher  toute  cruauté  à  l'égard  des  [)risonniers.  Fait  au  fort  Duquesne,  le 
"  20  juin  175G."     (Signé)  "  Dumas." 

Les  Anglais  persistant  à  s'emparer  «le  la  vallée  de  l'Ohio,  M.  de  Ligiicris, 
qui  avait  succédé  à  M.  Dunnis  dans  le  commandement  du  fort  Duquesne,  envoya 
encore  M.  Bâby  à  leur  poursuite,  fêtait  au  mois  d'aoïU  1757.  L'ordre  est 
ainsi  con<;u  :  "  11  est  ordonné  au  Sieur  Bàby,  officier  dans  les  troupes,  de  partir 
"  incessamment  de  ce  fort,avec  le  parti  dont  nous  lui  avons  donné  le  c  mnnande- 
"  meut,  atiu  de  reconnaître  l'ennemi  et  de  ratta(|uer,  s'il  trouve  jour  à  le  faire. 
"  Il  prendra  le  plus  grand  soin  pour  savoir  ses  intentions  et  nous  en  doiniera 
"  avis  le  plus  promptement  (ju'il  lui  sera  possible.  S'il  fait  des  pri.sonniors,  il 
"  veillera  à  ce  que  les  Sauvages  no  se  permettent  aucune  cruauté  à  leur  égard 
"  et  fera  tous  ses  efforts  pour  les  en  empêcher  "     (Signé)  "  De  Ligtieris." 

"  L'année  suivante,  au  mois  d'avril,  le  uiême  officier  chargeait  les  MM. 
"  Bâby  d'une  nouvelle  expédition  en  Virginie      ''  Il  est  ordonné  au  Sieur  Bâby, 


—  71  — 

"  officier  Je  milice,''  est-il  dit  dans  cet  autre  document  "  de  partir  incess  imment 
"  de  ce  fort  avec  le  Sieur  Duperon  (Jac(iues)  sou  frère,  et  de  lever  un  puti  de 
"  guerre  (ju'ils  comnianderout  conjointement.  Il  se  mettront  en  cainp:ii,'ae  !e 
"  plus  promptement  possible  et  iront  frapper  dans  la  province  do  la  Virginie  " 

"  Les  deux  intrépides  officiers  étaient  à  peine  de  retour,  ramenant  avi  c 
eux  vingt-neuf  prisonniers,  qu'ils  étaient  priés  par  M.  de  Vaudreuil  de  prêt  a* 
main-forte  à  M.  Duplessis,  major  des  troupes  à  Montréal." 

"  En  17G0,  lorsqu'il  fut  question  d'airêter  l'ennemi  dans  sa  marche  sur 
Montréal,  ce  fut  encore  les  frèies  Biîhy  qui  furent  envoyés  à  l'Iie-Ste-Hélène, 
où  contmandait  M.  D'Ailleboust. 

"  Comment  les  MM.  Biîby  s'acquittèrent-ils  des  différentes  opérations  qui 
leur  furent  confiées?  C'est  ce  que  nous  apprend  M  do  Vaudreuil  dans  l'att  'station 
qu'on  va  lire  : 

"  Pierre  Rigaud,  marquis  de  Vaudreuil,  Grand'  Croix  de  l'ordre  r  )yal  et 
"  militaire  de  Saint-Loui-,  gouverneur  et  LieuttMiant-général  pour  le  R  )y,  en 
"  toute  la  Nouvelle-France,  certifinns  que  les  Sieurs  BàUy,  frères,  ont  ilonné 
"  dans  toutes  les  occasions  les  plus  graniies  preuves  de  leur  zèle  et  de  leur  désin- 
"  téressetncnt  pour  le  servitedu  Roy;  qu'ils  se  sont  distingués  par  leur  l)ravoure 
"  et  leurs  talents,  dans  toutes  les  occasions  qui  se  sont  données  contre  l'Anglais  ; 
''  que  depuis  l'établissement  de  la  Belle-Rivière,  il  y  a  toujours  eu  (|uel(|ues-un3 
"  d'entre  eux  employé,s auprès  îles  nations  de  cette  contrée,  et  que,  <\  ms  plusieurs 
"  circonstances  trè!"  critiques,  nous  avons  ressenti,  avec  avantage,  le  cré  lit  .t 
"  l'autorité  <ju'ils  ont  sur  ces  peuples;  (|u'en  dix  occasions  on  leur  a  confié  des 
"  détachements  (ju'ils  commandaient  en  chef  pour  aller  frapper  sur  les  provinces 
"  de  l'ennemi,  et  toujours  avec  succès,  entre  autres,  avec  30  hommes,  ayant  fait 
"  dans  la  Virginie  et  amené  au  fort  Dnquesne  vingt-neuf  prisonnier,s.  L'hiver 
"  dernier  (17(J0)  le  commandant  «lu  Détroit,  étant  dans  le  cas  d'envoyer  des 
"  présents  aux  nations  de  ces  contrées,  et  n'en  ayant  [)oint  dans  les  magasins, 
"  ces  Me.ssieurs,  (pii  étaient  destinés  pour  cette  affaire,  les  ont  faits  eux-mêmes. 
*•  Enfin,  (piils  ont  saisi,  sans  intérêt  et  avec  empressement,  tous  les  moyens  de 
"  se  rendre  utiles.  En- un  mot  que  leurs  set  vices  nous  ont  été  si  agréaldes  que 
"  nous  ne  pouvons  rien  faire  de  mieux  (juo  de  leur  accorder  le  présent  certificat. 

"  Fait  à  Montréal,  le  15  juillet  17«iO." 

"  Vaudreuil." 

On  ne  peut  rien  ajoutera  un  éloge  aussi  flatteur  pour  les  (juatre  frères 
«nSemlile 

Au  retour  do  son  expédition,  si  bien  réussie  dans  la  Virginie,  dans  le 
printemps  de  llôH,  Louis  épousa,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  made- 
mnisell"  De  Couagne.  Son  mariage  ne  l'empêcha  pas  de  continuer  de  tenir  la 
campagne  comme  do  plus  belle  et  il  la  fit  jusqu'au  bout.  Il  était  d'une  nature 
extrêmement  foi  te  et  vigoureuse,  tout  de  nerfs,  qui  ne  craignait  ni  ne  ressentait 
les  fatigU'S  et  la  misère  >le  la  viii  des  b:)is.  Il  s'ae  ;o  ii  n  )  liifc  aussi  bie.id.iui 
une  (yibane  d'écorce,  ou  enveloppé  ilans  sa  cuuv<:rtr  et   blotti  sous  la  n  -ige,  i|iio 


—  72  — 

s'il  filt  nT)iité  sous  son  toit  auprès  d'un  lion  feu.  Il  reprit  nprès  lu  cession  du 
pnys  SCS  courses  aventureuses  pnrnii  les  nations  sauvages  pour  aller  en  traite 
parmi  elles. 

Louis  BâUy  avait  établi  sa  résidence  à  Montréal. 

En  1778,  le  25  juillet,  il  était  de  pas.soge  à  Michilliniakinac,  car  on  y 
trouve  sa  signature  parmi  celles  des  marchands  et  tiaiteurs  du  lieu,  sur  une 
liste  de  souscripteurs  dans  le  but  de  prélever  "  les  deniers  nécessaires  pour  sub- 
venir à  l'entn  tien  du  mi.ssionnaire  qui  viendra  au  poste.  "  C.  H.,  B.  97.  1,  p- 
30.     On  trouve  aussi,  id,  p.  24!2,  un  j)lan  du  fort. 

Cette  vie  active  et  mouvementée  avait  vieilli  Louis  avant  le  temps.  M. 
Guy,  de  Montréal,  écrivait  à  M.  Frs.  Bâl)y,  à  Québec,  le  25  oct.  de  cette  même 
année  1778  :  "  Le  vieux  Bâby  est  revenu  autant  maigre  qu'il  est  possilile  de 
"  l'être.  Il  a  ramené  son  tils  pour  le  moins  aussi  grand  (pie  M.  Duperron,  son 
•'  oncle."  {Doc.  du  juge  Bâby).  Le  père  n'avait  pourtant  que  51  ans  alors.  Il 
vivait  encore  le  3  sept.  178(5,  puis(ju'on  trouve  à  cette  date  une  cédule  de  lui  en 
faveur  de  Angus  Mclntosli,  marchand  du  Détroit,  pour  £1079.95,  cours  de  la 
Nouvelle-York.  (ArcInL-cti  d'Ottaivn,  vol.  lll,  ^.  des  registres  des  notaires  à 
l'index).     Mais  il  était  mort  avant  avril  1791. 

Son  fils  Louis  était  rendu  au  poste  de  Saiute-Oc-neviève,  aux  Illinois,  en 
avril  1791,  et  de  là  il  envoie  une  procuration  à  sa  mère,  à  Montréal,  au  sujet  do 
la  succession  de  son  aïeule  Thérèse  le  Comte  Dupré,  alors  en  partage  devant 
Mtre.  De.^cheneaux,  notaire,  à  Montréal,  1er  avril  et  12  mars  de  la  même  année. 
Ce  qui  établit  lu  prédécès  du  père,  dont  j'ignore  la  date  et  le  lieu. 

Le  tils  ne  parait  pas  être  revenu  s'établir  au  pays.  A-t-il  fait  souche  à 
la  Martinique  où  il  a  résidé  avec  l'intention  de  revenir  .^  Il  aurait  été  de 
passage  à  Montréal  vers  1802,  dit-on. 

Des  cinq  enfants  issus  du  mariage  de  Louis,  Louis,  fiU,  est  le  seul  qui 
ait  survécu  à  son  père  ;  les  autres  sont  morts  en  bas  âge. 

« 
«  « 

6.  Marie-Joseph  épousa,  le  3  août  1750,  Louis  Perrault,  marchand,  de 
Québec,  l'arrière-grand-pèrc  de  ma  fenune.  Elle  mourut  aux  Trois-Rivières,  le 
24  avril  1702,  à  la  suite  de  ses  couches;  son  mari  était  allé  se  réfugier  là  avec 
sa  famille  pendant  le  siège  de  Québec.  Durant  moins  de  douze  années  de  uui- 
riage  el'o  avait  donné  naissance  à  douze  enfants,  dont  cinq  garçons  et  trois 
filles  lui  .survécurent.  La  biographie  du  i/rand-pèrc  Perrault,  l'un  d'eux,  (pje 
j'ai  déjà  publiée,  contient  les  notices  qui  les  font  tous  connaître. 

Je  ferai  observer  de  nouveau  que  c'est  de  cette  grand-granil-mère  Bi\by 
que  découle  une  première  parenté  entre  ma  fentme  et  moi  par  les  Bi\by  ;  et  (pio 
la  seconde  parenté  découle  de  sa  trisaïeule  maternelle  Marie-Thérèse  Bi'tby, 
épouac  Benoît,  d'où  dosceudaitaa  potite-HlIe  Ursule  McCarthy,  devenu  l'épousa 


—  73  — 

(lu  grunfl-père  Perrault.     Ceci  appert  par  un  coup  d'œil  jeté  sur  l'arbre  généalo- 
gique des  Perrault  à  l'appendice  C. 

»  « 

7.  Marie-Anne  épousa,  le  23  avril  1755,  Jean-Baptiste  Boucher  de  Niver- 
ville,  fils  du  (jravd-pèrv  Boucher,  gouverneur  des  Trois-Rivières.  Le  portrait  de 
cette  dame  existe  et  se  trouve  maintenant  chez  M.  le  Dr  Jean-Louis  Leprohon, 
vice-consul  d'Espagne  à  Montréal,  qui  descend  d'elle.  Ce  portrait  a  été  un  de 
ceux  exposés  par  la  Société  Historitiue  et  Numismatique  de  cette  ville,  en 
décemlire  liS87,  lors  de  la  belle  exposition  qu'elle  a  tenue  à  Montréal,  qui  a  été 
honorée  du  patronage  et  de  la  visite  spéciale  du  gouverneur-général,  et  dont  mon 
honorable  ami  et  cousin,  M.  le  juge  Bâby,  était  le  présiileiit  et  le  promoteur. 

Il  existait  ci-devant  plusieurs  de  Nivervil'e  aux  Trois-Rivièrei.  Il  n'y 
en  a  plus  un  seul  aujourd'hui  ni  ailleurs,  que  je  sache. 

«  • 

iS.  Duperron  (Jacques  Duperron  Bâby  III)  mérite  une  mention  plus  éten- 
due. Il  est  la  tige  de  tous  les  iiâby  de  la  province  d'Ontario  et  de  tous  ceux 
(|ui  exi-tent  dans  l'ouest  ou  qui  sont  passé«en  France  et  en  Angleterre. 

Né  à  Montréal,  le  4  janvier  1731,  il  eut  pour  parrain  Jacques  Charly 
St-Ange  et  pour  marraine  Délie  Marguerite  Duperron  Bâby,  sa  cousine,  fille 
de  Pierre  Duperron.  Il  était  dans  la  pleine  vigueur  de  la  jeunesse  quand  il  fut 
appelé  sous  les  armes  par  le  marquis  de  Vaudreuil,  comme  ses  trois  frères,  et 
prit  part  avec  eux  aux  diverses  expéditions  dirigées  contre  l'Anglais,  tel  que 
relaté  ci-haut.  On  ne  peut  que  difficilement  se  faire  aujourd'hui  une  idée 
complète  des  difficultés,  des  fatigues,  des  iuisères  et  des  dangers  sans  nombre  de 
ces  niaiches  puur  se  frayer  un  chemin  à  travers  l'épaisseur  des  inuiienses  forêts, 
et  contourner  les  savanes  et  les  fondrières.  Il  fallait  franchir  les  montagnes, 
passer  les  livières  à  gué,  à  !a  nage  ou  sur  des  radeaux  faits,  à  la  hâte,  avec 
quel(|Ues  troncs  il  ai-bres  à  abattre.  Les  soldats,  chargés  de  leurs  armes, 
portaient  de  plus  leurs  provisions  et  leurs  outils  de  campagne  indispensables. 
Ils  marchaient  sans  être  arrêtés  ni  par  la  pluie,  ni  par  le  froid  ou  la  chaleur  ; 
sans  autre  abri  le  s(jir  (ju'une  simple  '  couverte  "  ;  (1)  obligés  sinivent  de  camper 
s ms  feu  pour  ne  pus  donner  l'éveil  ou  être  surpris  par  l'ennemi  ;  car  il  fallait 
être  constaunnent  sur  l'alerte  avec  les  sauvages.  Puis,  après  une  journée  de 
marche,  connnencée  au  point  du  jour  et  continuée  de  longue  haleine  jusqu'au 
coucher  du  soleil,  la  finir  eu  apaisant  sa  faim  avec  une  ration  comptée  et  pesée 
juste,  (ju'on  mangeait  sur  le  pouce.  Et  il  ne  faut  pas  oublier  que  ces  corps 
volants  partaient  ainsi,  non  pour  des  semaines  seulement,  mais  pour  des  mois. 
Ils  n'avaient  pas  à  choisir  la  saison.     On  lus  a  vus  se  mettre  eu  route  eu  plein 


(I)  N'ouï  donné  011  Canada  à  une  épaissa  couverture  en  laine,  dont  ue  servent  les 
voyayeura  pour  «'abriter  In  nuit. 


—  74  — 

hiver  et  à  la  fonte  des  neiges,  sans  chemins  pour  le  pied  ou  les  raiiuettcs,  et 
sans  attendre  la  débâcle  des  rivières.  Il  est  à  croire  que  la  force  du  tempéra- 
ment et  la  vigueur  physi()ue  de  ces  homiuos  devaient  dépasser  celles  de  nos 
contemporains.  C'est  en  comparant  les  partis  de  simples  explorations  dans  les 
terres  inhabitées,  qui  se  font  de  nos  jours  au  loin,  munis  de  tous  les  seciwrs 
requis  et  en  pleine  paix,  que  l'on  peut  constater  la  supériorité  de  iioi  am-êtres 
par  leui'  étonnante  vigueur,  leur  force  inépuisable  de  résistance  et  leur  courage 
indomptable  et  à  toute  épieuve. 

Il  n'était  pas  nouveau  pour  Duperron,  à  24  an<,  d'aller  s'eul'oncm-  dans 
les  bois  et  d'entreprendre  de  longs  voyages.  Il  avait  déjà  fait  plusieurs  fois  le 
trajet  de  La  Chine  aux  grands  lacs  avec  Louis  et  Antoine,  se-i  frères,  et  pouvait 
être  considéré  comme  voyiifjL'ur,to\it  aussi  bien  qu'eux, (jui  en  portaient  le  n  )m. 
Grand,  souple,  actif,  adroit  de  corps  et  des  mains,  il  était  fait  pour  le  méiier  des 
armes  particulier  au  pays,  et  pour  s'habituer  à  la  vie  des  bois  et  à  coucher  à  la 
belle  étoile.  On  voit  par  le  résultat  des  expéditions  qui  lui  furent  conKées, 
conjointement  avec  ses  frères,  par  le  gouverneur  du  Canada,  et  leur  succès 
éclatant,  qu'il  devait  joindre  aux  aptitudes  des  guérillas,  celles  particuliènjs  aux 
indiens  dans  leurs  courses  sur  l'ennemi,  en  les  combinant  avec  le  génie  <lu  mili- 
taire en  rase  campagne.  Il  avait  appris  à  manier  au  besoin,  avec  la  même 
habilité,  la  hache  ec  le  fusil,  le  sabre  et  l'aviron.  Plein  de  ressources  il  n'était 
jamais  en  peine  de  savoir  conunent  trouver  à  vivre  en  plein  bois,  où  et  com- 
ment il  fallait  chasser,  pêcher,  canoter  et  camper,  pour  toujours  être  prêt  et  sur 
pied  le  lendemain.  Doué  de  courage  et  d'énergie,  d'un  caractère  ferme  pour 
comman<ler,  bon  et  juste  pour  se  faire  obéir  volontiers,  il  sut  ac(iuérir  une 
légitime  influence  et  un  ascendant  considérable  parmi  les  diverses  tribus  sau- 
vages, et  sut  commander  le  respect  aussi  bien  chez  eux  que  parjui  les  blancs. 
Ces  qualités  lui  valurent  le  succès  et  la  prospérité  qu'il  accjuit  dans  la  suite  en 
prenant  la  détermination  de  s'établir  permanernuient  à  Détroit. 

Ce  poste  était  alors  environné  de  tribus  indigènes  fixes  et  fréquenté 
par  plusieurs  autres.  Duperron  avait  appris  à  comiininiquer  facilement  avec 
elles  sans  l'aide  d'interprètes. 

Une  autre  cause  de  son  .succès  fut  la  culture  intellectuelle  à  laquelle  il 
s'était  appliqué  avec  autant  de  travail  ((u'il  en  mit  pour  s'endurcir  le  corps. 
Son  intelligence  vive  lui  avait  facilité  l'acquisition  des  connaissances  les  plus 
utiles  pour  son  épocjue  et  le  milieu  où  il  s'était  fixé.  La  correspondance  (|ui 
nous  reste  de  lui  indique  une  éducation  .«oignée  et  l'usage  coi-rtct  de  la  langue 
française.  Je  n'ai  pu  vérifier  où  et  comment  il  s'était  instruit.  Vraisemblable- 
ment il  a  dû  recevoir  son  éducation  chez  les  Messieurs  de  Saint-Sulpice  à 
Montréal,  là  où  il  a  été  élevé,  et  je  ne  vois  pas  qu'il  ait  eu  l'occasion  de  la 
recevoir  à  Québec  ou  ailleurs. 

Nous  avons  vu  qu'aussitôt  la  guerre  déclarée  avec  l'Angleterre,  Duperron 
fut  appelé  en  service  actif  dans  les  milices  canadiennes,  et  tut  dirigé  avec  ses 
frères  vers  les  postes  avancés,  sur  les  bords  de  l'Oliio.     Comme  il  coutmandait 


—  75  — 

un  parti  de  Chaouéiions  et.  de  Loups,  liabitant  les  régions  oii  fut  livréî  la 
bataille  de  Monoiigahéla  le  9  juillet  1755,  (la  Miilenfjn,eidée,  comme  ilisaient  les 
anciens)  il  n'est  pris  douteux  qu'il  y  ait  pris  part,  comme  d'ailleurs  l'atteste 
M.  de  (iaspé  dans  ses  Mémoires.  Deux  de  ses  parents  y  perdirent  la  vii',  mes- 
sieurs du  Subie  et  Crevier.  Au  reste  Duperron  était  déjà  rendu  sur  les  Houx 
dès  le  18  juin  précédent  et  paitait  du  fort  Duquesne  avec  ses  frères,  sur  l'ordie 
du  commandant  M.  de  Contrecœur,  pour  aller  au  devant  des  Anglais  et  les 
empêcher  de  passer  la  hauteur  des  terres. 

L'année  suivante,  le  20  juin  175(5,  le  commandant  Dumas  expé  lia  Du- 
perron avec  un  détachement  <Ie  troupes  sons  ses  ordres  pour  pousser  lan-  la 
Pen-ylvanie  afin  d'observer  L-s  mouvenuMits  de  l'ennemi.  Kn  août  1757,  H. 
de  Lignei'is,  qui  avait  succédé  à  M.  Dumas,  lui  donna  l'ordre  de  partir  inces- 
samment avec  un  parti  dont  il  lui  donna  le  commamlement  avec  Lo\rs,  sni 
f  ère,  afin  d'aller  reconnaître  l'ennemi  et  l'attaquer.  Au  cominenceiiient  de  la 
campagne  .suivante,  dès  h;  mois  d'avril,  le  même  enjoint  aux  si(-urs  Bâby,  L  Mtis 
et  Duperron,  de  lever  un  parti  de  guerre  et  d'aller  frapper  le  plus  promptem.Mit 
possible  dans  la  Virginie.  Partis  avec  trente  hoinmas  les  deux  frères  revinrent 
amenant  vingt-neuf  pri.soiniiers.  Au  mois  de  juin  (14)  de  la  inêin  ;  aiin>!  l75iS, 
Duperron  était  revenu  au  fort  Du(|uesne,  comme  le  constate  un  billet  payable 
en  ordonna'iices  à  Montréal,  (pie  lui  fit  là  un  nonnné  Delisle.  {Rerfintre  d'Otlii- 
wn,  Série  des  vofaireu,  vol.  1,  p.  G.)  Sa  présence  là  et  celle  de  Montizimbert, 
Rigaudville,  Corbière,  Darveau,  Delisle,  Couleroy,  Comte,  etc ,  est  aussi  con- 
firmée par  Daniel  Chabiîft  île  Jonquières,  conune  on  le  voit  par  un  rapport  de 
lui,  en  manuscrit,  qui  .se  trouve  à  la  bibliobhè  (ue  de  la  Htciété  Litléi'dire  et  Hi-t- 
torique  de  Québec.  (A(f((i.res  du  Ctmadii,  vol.  4,  p.  280).  C'était  après  la  dé- 
fuite des  Eco.ssuis  au  fort  Ducpiesne  :  Chabert  allait  conduire  les  offijiers  pri- 
sonniers à  Montiéal,  conune  sau\egarde  contre  les  Sauvages. 

On  ne  doit  pas  oublier  de  dire  que  les  frères  Bâby  réussirent,  en  autant 
que  possible,  à  faire  observer,  pendant  ces  expéditions,  l'injonction  constante 
des  commandants  d'empêcher  les  sauvages  d'exercer  leurs  cruautés  accoutumées 
envers  les  prisonniers. 

Jus(iu'à  la  fin  de  la  campagne  les  cpiatre  frères  demeurèrent  sur  pied, 
et  liir,s(|u'il  fallut  faire  un  derliier  effort  contre  l'ennemi,  pour  arrêter  sa  marche 
sin  Montréal  en  17G0,  ils  vinrent  à  la  demande  de  M.  de  Vaudreuil  p  êter  miin- 
forte  à  M.  Duplessis,  major  des  troupes  à  Montréal,  et  furent  postés  à  l'Ile 
Suinte-Hélène  où  commandait  M.  D'aillebout.  Duperron  dans  l'intervalle  fi:t 
diiigé  vers  le  Détroif,  au  soutien  du  commandant  M.  de  Bellestre,  et  le  registre 
de  Sainte-Anne  atteste  sa  présence  là  le  5  juillet  1700. 

Ce  fut  à  Montréal,  le  15  du  même  «nois,  que  M.  de  Vaudreuil  voulut  bien 
reconnaître  la  valeur  et  rendre  témoignage  des  services  signalés  rendus  par  les 
Messieurs  Bâtty  jiour  la  défense  de  la  colonie  et  le  soutien  des  urmos  de  la 
France,  en  leur  remettant  le  certificat  cité  plus  haut. 

Je  n'ai  pu  découvrir  k  première  époque  à  laquelle  Duperron  Bîby  vint 


—  7G  — 

au  Détroit.  Il  est  certain  que  dès  avant  la  jijuerre  de  la  conquête  il  y  avait  là 
un  étnblissement  et  un  conijjtoir  considérable  et  qu'il  était  chargé  de  faire  la 
distribution  pour  le  Roi  des  présents  accoutumés  aux  sauvages  de  ces  endroits. 
C'est  ce  qui  ressort  évidennnent  de  la  déclaration  du  marquis  de  Vaudreuil 
quand  il  dit  que  les  messieurs  Bâby,  pour  suppléer  au  vide  des  magas'i»s  du 
Roi,  ont  fait  d'eux-mêmes  les  présents  accoutumés  dans  l'hiver  de  1759-60, 
comme  ils  éttiïcnt  charyéi  de  le  faire  par  le  jmemé.  Les  trois  frères,  Duperron, 
Fiançois  et  Antoine,  semblent  avoir  été  liés  ensemble  pour  les  fins  de  leur 
commerce.  Dans  tous  les  cas  Duperron  et  François  paraissent  par  leur  corres- 
pondance avoir  été  associés  tant  pour  leur  commerce  à  Québec  que  pour  celui 
au  Détroit.  La  guerre  de  la  conciuête  vint  arrêter  le  cours  de  leurs  affaires  et 
les  fît  soBger>  après  les  capitulations,  à  retourner  en  France  plutôt  que  de  subir 
une  domination  étrangère.  François  passa  à  La  RocheUo,  dès  le  printemps  de 
1760,  où  l'appelaient  l'incertitufle  de  son  sort  pour  l'avenir,  ses  cré.inces  en 
mo.'.naie  de  carte  sur  le  trésor  français,  et  en  général  les  affaires  de  son 
coniuierce  que  la  guerre  avait  entravées  gravement. 

Dupe)"ron,  qui  communiquait  avec  lui,  partageait  les  mêmes  vues  de 
retourner  en  France,  et  défendait,  en  attendant,  le  poste  du  Détroit,  le  plus 
important  de  l'ouest. 

Comme  cet  endroit  est  celui  où  a  été  implanté  la  tige  des  nombreux 
Bâby  issus  de  lui  et  étalilis  dans  l'ouest  et  en  dekorsi  de  la  province  de  Québec, 
il  n'est  pas  .«ans  intérêt  de  se  reporter  eu  arrière  atin  de  se  faire  une  idée  de  son 
commencement  et  de  ce  qu'il  était  alors. 

Los  décimvreurs  français  qui  ont  pénétré,  dès  avant  la  fin  du  dix-septième 
siècle,  dans  presque  toutes  les  piineipales  parties  de  rAméri((ue  du  Nord,  et  qui 
ont  montré  tant  de  sagacité  pour  tomber  avec  un  coup  d'ceil  si  juste  sur  les 
divers  endroits  où  ils  ont  échelor.né  des  postes  comme  points  il'appui,  ne  pou- 
vaient nmiKiuer  de  choisir  le  poste  du  Détroit.  Situé  sur  la  rivière  Erié,  main- 
tenant dite  du  Détroit,  ce  lieu  offrait  un  abri  sûr  et  commode  pour  les  embarca- 
tions, et  une  étape  de  j'epos  et  de  ravitaillement  tout  à  fait  favoral)Ie.  Ce  port 
était  par  sa  position  le  point  central  de  la  navigation  des  g  -ands  lacs  et  tout  le 
trafic,  soit  en  montant  ou  en  descendant,  pa.ssait  devant  sa  rive.  Li  voie  par 
eau  ('tait,  à  cette  épof|ue,  la  seule  possible  pour  les  transports  au  loin,  soit  du 
matéii'l  de  guerre,  soit  des  marehanli.ses.  L'usage  du  canot  d'écorce  avait  été 
emprunté  dos  indigènes.  Cette  emîiarcation,  si  frèJo  et  si  légère  d'apparence, 
était  unique  pour  combiner  la  légèreté,  la  force  et  la  capacité,  en  môme  temps 
que  la  rapidité  et  la  facilité  à  manœuvrer,  et  c'était  la  seule  propre  à  faire  les 
pnrfaf/es.  On  en  voj-ait  constamment  passer  et  abm'der  sur  la  rive,  laquelle 
devint,  dès  les  premiers  temps  «le  la  colonie,  un  point  d'arrêt  important  pour  les 
traiteurs,  qui  rencontraient  là  diverses  peuplades  fixes  et  d'autres,  venant  de 
Ion,  (jui  s'y  rendaient  pour  lo  trafic. 

Lamothe  de  Cadillac  passe  pour  être  le  fondateur  du  Détroit,  comme  s'y 
étant  établi   sous  les  ordres  du  roi  de  France  en  1701,  et  avoir  bâti  le  premier 


—  77  — 

fort.  TI  y  on  nvait  pourtnnt  un  (h  liûti  liion  avant.  Cluunplain  (liin.sscs  voyiicr-s 
(lan.s  l'ouest,  de  ItJll  et  1015,  a  dû  passer  par  cet  endroit  et  le  faire  connaître. 
Le.s  missionnaires  jésuites  D  lilouez,  Dalilon,  Car]ieil,Rafeix  et  antres,  qui  avaient 
dès  1G47  étendu  leurs  missions  bien  au  delà,  no  pouvaient  laisser  cet  endroit 
ignoré  et  ne  pas  porter  l'Evangile  à  des  peuples  fixés  et  étalili-*  ilans  les  environs. 
Joliet,  Lasalie,  Du  Luth,  les  pères  Ilennepin  et  Marcjnetto  ont  suivi  cette 
route  en  107!),  où,  pour  le  moins,  il  y  avait  un  poste  pour  se  ravitailler,  lequel 
fut  ensuite  fortifié  en  palissade.s.  M.  de  Tonty,  allant  en  guerre  avec  un  parti 
de  -WO  hommes  contre  les  Irocpiois,  est  dit  être  arrivé  le  1!)  mai  1GS7  au  fort 
du  Détroit;  et  M.  de  Longueuil  y  tint  tine  conférence  avec  les  sauvages  en  Juin 
1700,  comme  commandant. 

Cadillac  trouva  là  trois  trihus  fixes  (pii  y  .séjournaient  et  cultivaient  le 
sol  f|vec  a.s.sez  de  .soin.  Un  mémoire,  transmis  au  ministre  en  France  en  1707, 
contrent  une  description  des  peuplailes  autour  du  fort  l'ontehartrain  (jui  viMiaic 
d'étn'  érii'é,  et  désigne  le  village  des  Potowattauiites  joignant  le  fort  ;  celui  des 
Hurcns  à  un  huitième  de  lieue  vers  l'est,  et  celui  des  Ottawas  sur  la  rive  opposée. 
Le  mode  de  culture  annon(;ait  par  lui-même  un  étalilissement  p'jrn"?.nent  et  de 
quelque  durée  dans  le  passé.  Ce  gioupement  d'indiens  invitait  naturellement 
les  tri'.iteurs  (,'t  voyageurs  à  s'y  ariéter.  Il  n'est  pas  improb'ihle  que  Jac(juos 
Bàhic  1er  s'y  soit  rendu  du  temps  de  M.  de  Tonty,  même  s'il  eût.  pris  la  route 
pai'  la  Rivière  des  Français,  (pli  pouvait  lui  paraître  i)lus  avantageuse  et  était 
plus  ui>itée  dans  les  premiers  temps. 

Aujourd'hui,  avec  le  .système  de  connuunications  rapides  par  eau  et  par 
terre,  Déti'oit  (  st  devenu  par  .sa  iiosition  un  des  points  les  plus  im))ortants  de 
l'ouest,  du  commerce  et  du  mouvement  maritime  des  grands  lacs,  ainsi  que  la 
nature  l'avait  destiné. 

Au  l'esté  les  Fi-anf;ais  connaissaient  les  grands  avantages  d'un  piedrà-terro 
en  cet  endri)it,  non  seulement  comme  base  de  défense  sur  les  lacs  et  île  protec- 
tion pour  la  traite,  mais  aussi  comme  sûreté  pour  les  colons,  (pie  la  faveur  du 
climat,  la  fertilité  du  sol,  la  richesse  des  produits,  l'abondance  de  la  pêche  et  de 
la  chasse  attiraient,  en  outre  du  grand  échange  de  pelleteries  (pii  s'y  faisait. 

Pour  ces  motifs  le  Roi,  a^'ant  pi'is  à  co-ur  l'établissement  de  la  colonie  du 
Détroit,  commencé  par  Cadillac,  ilonna  des  oi-dres  (1748-!))  à  M.  le  inanpiis  do 
la  (jlalissonnièi'e,  giniverneur-g/'néial  et  à  M.  Bigot,  intendant,  d'y  envoyer  des 
familles  défrichtM'  les  terres  et  augmenter  le  nombre  des  luibitants.  En  coiisé- 
quence  M.  Habrevois,  c.qiitaini».  fut  nonnné  commandant  dn  lieu  et  chargé  d'y 
conduire  des  familles  de  Montréal  et  de  leur  donner  des  terres,  des  vivres  pour 
dix-huit  mois  et  tous  les  .secours  pour  leur  prompt  établissement. 

Conformément  à  ces  ordies  l'intendant  envoya  des  instructions  à  M 
Navarre,  (pi'il  avait  appointé  son  sub-délégué  et  garde-des-magasins  du  Roi,  lui 
ordonnant  do  concourir  avec  M.  de  Sabrevois  à  l'entière  exécution  des  ordres  de 
Sa  Majesté. 

En  174!J,  environ  46  per.«onnei  .s'y  tran.sportèrent  et  57  l'année  suivante. 


—  78  — 

ce  qui  porta  la  population  du  poste  à  483  âmes,  sans  compter  la  ])(>]inliition 
Hottante  des  traiteurs,  classe  nombreuse  alors,  car  il  n'y  avait  presque  pas  ilo 
famille  i\a\  n'eût  Cjuehiu'un  des  siens  employé  à  faire  la  traite.  (1) 

Les  conniiunications  entre  Montréal  et  Détroit  et  le  triinsp^jrt  ili-s  mnr- 
chandises  se  faisaient  exclusivement  par  eau.  A  part  les  canots  d'écorct-  ou 
employait  des  bateaux  à  rames,  ])hits,  ouverts,  et  lonj^s  d'une  trentaine  lif  i>ieds. 
Les /*((/('/<^('.s,  ainsi  (ju'on  les  nommaient,  (|Uand  elles  étaient  é(|uipées  et  clii!r<;<''es 
partaient  de  La  (!hiiie  (2)  jwur  remonter  le  tleuve  en  faisant  les  portayr's  aux 
r.ipides  et  à  Niagara.  On  côtoyiit  les  lac-i,  eaïup.mt  le  soir  sur  leurs  bords.  L  i. 
montée  était  lonj^iie  et  pénible  et  ]irenait  au  moins  six  semaines.  Elle  était 
coûteuse;:  une  Ixitch-i'  coûtnit  de  ,C7!)  à  ,C80,  du  Cv)urs  d'Hiilifax,  et  il  ralliiit  uu 
équipage  spécial  C(jniposé  de  voyMgeiirs.  La  partance  .se  fjiisaic  aussitôt  (pie 
possible  après  l'ouverture  de  la  navigation  et  l'arrivée  des  marchandises  d'Eurtjpe. 
La  de-iCi'iite  s't)pérait  en  trois  scm.iines. 

Je  n'iii  pu,  connue  Je  l'-'i  dit,  tnujver  une  ilntc  certaine  du  jMemier 
établissement  ih;  Daperroii-Bâ''y  au  Détroit.  Il  (!st  probable  qu'il  y  arri\'a  vers 
17")  1  ou  pt'U  de  teiii])s  après,  c'est-à-dire  vers  le  temps  où  une  émigration  notiil)lo 
se  lit  vers  cet  endroit. 

Cette  colonie  s'étendait  de  cinupie  côté  du  Fort,  sit\)é  sur  la  rive  droite, 
et  en  face  sur  la  rive  opjiosée.  Ia's  terres  furent  arpenti'cs  et  divisées  a\ej 
soin,  suivant  le  .système  pratiipié  ilans  le  gouvernenuMit  de  Quéliec,  leur  donnant 
une  contenance  de  deux  ou  trois  arpents  dt;  front  sur  la  lu'ifondeur  ord  nairo 
d  •  12  arpents  Elles  aboutissaient  en  trait-carré  à  la  rivière  et  couraient  E  N.!). 
et  i).  S.  U  ,  approxinnitivement,  ce  qui  paraît  conforme  à  l'onLinnance  à  ce  s\ijet 
et  i>('ur  les  cunci'ssions  de  terres  dans  la  Nouvelle-France. 

Les  familles  s'y  établirent  .sous  le  régime  féoilal,  connue  censitaires  du 
d<aiiaiiie  du  Uni,  et  elles  étaient,  en  17(ii).  pour  ainsi  di-re  pre-(pi(;  tîntes  demeu- 
rées sur  leurs  concessions  respectives.  Neainnoins  les  titres  aeeordi's  n'uvaieut 
pas  été  tous  p'.rtus  aux  registi-es  >lu  een>iierdans  ii.-s  Arcliir'-s  n  (.Jim-be".  Ce  tains 
cojuns  n'en  axaient  pas  d'antres  (pie  des  ipiittatu'es  dt;  cens  et  rentes  et  une 
posse^,.sion   actuelle      .M.  Na\arre,  receveur  du   domaine,  einoynit   u.^actement 


(1)  T)'n|)iAs  le  r.  ceiisoiiiftit  ilo  17()"<  le  posto  n'uviiit  ipio  (iH  li.ilatiints  dont  .'it  et  liont 
traiiL-iU'H.  .!<>  vmiiliais  vi'i'iliiT  si  un  lifiliy  y  est  iiioiitioniir',  jciaol  ne  iioaviiiit.  éiro  jm 
Bityiiioiiil.  I^n  IT'-'l:  on  ioi!i|itait  eiivirtui  L'OO  liul>itinits  uu  ]iétfoit.  Kii  I73i(,  Huivunt 
Fmiucr,  )i.  .'!'J2,  il  n'y  en  Haiiiit  en  (jup  1  i'.  Kn  17  2  le  .siioai  de  llDNIiéliert,  sei^'near  <lo  lit, 
Rou  ciUi'i'ie,  «illii'ior  des  tri>a|n'K  do  la  aia''iiie,  avait  lu  cojaumndo  noncdu  l>i''t!Mit.  (M'  :  Di't 
Tiiii'iiiiiij.  viil.  III,  |i.  ,i(lti.  En  1751  lioancoui-.  d'éinip'rant»,  lu  plupart  jtnmes,  u'y  iiorteieni  ; 
oo  i)iii  oliii>.'eH  (l'afiiHudil'  lu  l''iii't  eu  17.14. 

(2)  .M.  Ivhviu  .laucs,  du  (Juidioc,  me  dit  qu'étant  à  l'ooole  à  I.aoliiuu  un  ls.l3,  i-'ôtait 
\iie.'  IV'te  )iour  le»  élève.s  d'aller  voir  le  dtqiart  des  canota.  Il»  étaient  trc»  (znnulg  pour  de» 
eannts  d'éeoroe,  et  trè.^  liant»,  ctpables  d«  jKiiter  une  ni()s.>te  cliar^je.  Les  voyaiteiim 
jiiU'tuii'Mt  en  cliantimt  sur  l'aviron  des  aii'n  «MUiadious.  I,a  prtMinére  étape  était  à  l'ilo 
Dorval.  ("était  uioinn  fiMn  pour  It?»  élevés  il'allor  voir  leur  arrivée  avec  le«  balles  do 
pelleterie-!. 


—  79  — 

cliai|ue  iimiéo,  nu  oonunissuire  dis  la  marino,  à  Montrerai,  avec  la  rocettL",  le 
tel  lier  îioiivenu  in<li(|uanfc  les  mutations,  les  auj^iiK-utatious  et  les  ddius  'les 
censitaires.  Le  derniercoinpte  fut  poité  par  lui-même,  au  terme  de  sou  (^^ercice, 
en  17(j],  et  remis  h  M.  Landriève,  commissaire  de  la  marine  à  Moiitréiil  (1). 

Ces  renseignements  apparaissent  par  un  certiticit  de  M.  Xavarre  dimné 
par  lui  au  Détroit  le  17  <léceml)i-o  1770  dans  le  liut  de  protéger  divers  h^ihitants 
tuix<iuels  M.  de  Céloron,  commandant  en  1750,  avait  octroyé  des  couc'ssiinis 
j^uns  titres  réguliers.  Les  autorités  anglaises  voulurent  se  ]jrévaloir  dans  la 
suite  du  défaut  d'enregistrement  de  leurs  titres  pour  les  exproprier.  Ou  e.ti 
coiniitnit  1()  sur  la  rive  sud  suivant  la  lisie  de  M.  Xavarre,  et  42  antres 
n'îiyniit  d'autres  titres  (pie  leurs  ipiittances  de  cens  et  rentes  et  Itjur  p  issc  -lioii 
en  eonsé(|Ui'nce,  Le  gouvorneur  anglais  du  Détroit  John  (Jehu)  Hay  ])rit  une 
coiiie  do  ce  ceitificat  dntis  le  temi>s,  et  M.  Duperron  en  fit  une  copie  sur  e(•tt^^ 
dernière  poiu' venir  eu  aille  à  ceux  des  ha'iitants  do  la  rive  sud  auxi|Uels  M. 
de  d'ioron  avait  fait  dt;  ces  concessions.  Ses  démarches  réussirent,  car  il  n'ap- 
pert jiii^  <|u'iin  seul  de  c(s  censitaires  ait  été  évincé. 

Lélan  donné  ])ar  le  Roi  à  la  colonisati  )n  de  cet  étahlissemi'nt  fut  liien 
prohalileiiK'nt  un  des  motifs  (|ui  engagèrent  Duperron  à  aller  s'y  tixer  perma- 
neiiiiiient.  11  pouvait,  en  même  temps,  mettre  à  profit  les  relations  de  lionne 
amitié  <|U0  son  i>ère  avait  eues  avec  Ii's  sauvngi's  pour  contitnier  avec  eux  la 
traite  des  pelleteries  avec  axantuge.  Mais  après  la  prise  de  Qnéduc,  la  capitu- 
lation de  Montiéal  et  la  r<'il.lit  ion  du  Fort  du  Détroit,  tout  fut  changé  pour  lui  ; 
car  nous  allons  voir  (|u'il  n'entendait  pas  demeurer  sous  un  joug  étranger  C^e 
n'était  p.is  sinis  iuévi-.ion  de  l'avt  nir  ipie  les  frères  Hâliy  avaient  re<;u  du 
gouverneur  fran(,'ais  M  de  Vaudreuil,  une  attestation  de  leurs  services.  Eu 
retiairniint  en  France  ils  avaient  l'espoir  d'olitenir  (pudipies  ré('<)mp(>nses  hien 
gagnées,  et  (pielipies  compensations  pour  leurs  avances  et  li-urs  sacrifices  faits  au 
Koi.  Miiis  toute  espérance  de  ce  côti''  ne  tarda  pas  à  s'évanouir.  FraïK/ois 
étant  passé  à  Larocln'lle  ne  put  rt'aliser  >|u'une  minime  partie  du  papier 
moiniaie  et  tle  la  nioniude  de  carte  forcé'e  émise  jiar  le  ^'ouverneinent,  dont  il 
était  porteur  pour  iin  fort  montant. 

Entre  temps  et  aussitêit  après  la  capifulatioii  de  Monfo-al,  en  septc  inhre 
17<iO,  le  généial  Amlersl  'lonna  ordre  au  major  Hogi.'rs  d'envoyei-  un  di't.'che- 
uunt  de  légidiers  prendre  po->  ession  du  Déti'oit  et  des  pnstes  <pii  en  di'pendaient. 
(Monolon  à  l'ompiet,  Fort  l'itt,  !!S  oct.  17fiO) 

Le  ciipitain"  Campliell  fut  eiivoyt'^  de  Niagara  dans  le  mênie  hut  avec 
lUO  l'onimes,  et  le  major  Hogeis  |iaiti  de  .Moiitri>iil  avec  les  rii iii/its,  le  suivit 
de  près,  empoit.int  avec  hii  une  copie  de  la  capitu'ation  de  Montré'id  et  des 
lettre'!  lie  M.  di'  Vaudreuil  aux  divers  commandants  des  postes  d'en  haut  de  s'y 

(I)  M,  I.lltlclliève  (les  nonle»  os(  ii»  iiiôiiie  qiio  celui  |i<)lté  en  l'état  jç^niTul  ilw  U 
nnlileiKe  caninlieiuu"  dan»  le  piiy»,  on  novembre  ITiU,  <hvs!«(>  par  !»<  fÇotiveriiBiir  ('iirlofoie 
Livinlriève 'k'»  l'inrilett  iivait  i''|ic)iiHi''  une  DeîliMlo  |rt>ry  et  iltMiiiMUMil  :ilor.H  iiio  Iliu'tielte,  à 
l'iiri»,  où  li;  l'hevaliei-  «le  'iérv  y  (lomie  «on  ailruiiie. 


80 


conformer.  Le  frénôiiil  Moncton  avait  remis  ses  instnictious  h  Roffers  et  notniu- 
iiu'iit  une  {'■'rimile  de  serment  (l'allégeance  ([ii'il  devait  exigtn-  des  liai  itants 
(|u'ii  allait  soumettre  à  la  ct)uronne  d'Angleterre. 

En  face  de  cette  perspective  «lésastreuse,  plutôt  «pie  de  .s'y  so\nnt'ttre, 
Du|)erron  se  décida  à  abandonner  iepiys,  et  d'uiiuiner  avec  lui  sa  liancée,  l'u 
l'épousant  aussitôt,  et  avant  l'arrivée  di's  vaimpieurs,  dont  la  so'datesipie  était 
toujours  à  craindre.  Le  père  Simple  Boipiet,  missionnaire  récollet  résident, 
était  un  honune  d'ex|u'rienee  et  (|ui  s'y  connaissait  dans  ce  milieu  éluigné.  Il 
avait  conseillé  à  la  mère  de  la  jeune  iille  de  liâti-r  le  mariage,  "car,"  doiniait-il 
pour  rai.son,"elle  est  lielle  et  les  Anglais  vtmt  vcais  l'enlever."  CVtte  jeune 
per.sonne  était  .Susanne-Hulicrt-l..acr()ix  Ré-iume,  alors  âgée  tie  '20  ans  et  née  le 
l'{  septendire  IT-tO:  (liaptisée  par  le  père  l^nuaventure,  II.  —  Parrain,  Louis 
Canipeau,  commandant  du  poste;  marraine,  Loui-^e  Lotliman  de  IJaro  s,  épouse 
de  Pierre-Clit'sne  St-Ang.'  dit  Labutt<'.  Camja'au  et  Lahutte  étaient  tous  deux 
interpiètes  auprès  des  sau\ages.)  Elle  était  Iille  tl"  l'ierre  lléaume,  enseigne 
(Ifs  milices  et  négociant  du  lieu,  et  de  Susanne-Hnliert  Lacroix.  Les  l{(''aume 
étaient  une  des  meilleures  fannlles  de  l'endroit  et  avaient  de  lioiuies  alliane(  s 
comme  nous  le  diidiis  ci-ajirès. 

Le  2'.]  novendire  les  fianei's  céh'lirèrent  leurs  éjxaisailles  aux(|UelIes  assis- 
tèrent le  connuandant  M.  de  lîellestre,  di.'venant  oncle  de  la  mariée  comme  ayant 
épotisé  mademoiselle  le  Comte-DujU'é'  ;  M  dt>  Muy,  ipii  venait  d'épouser  l'har- 
lotte,  sd'ur  di."  la  mariée  ;  .NF.  de  la  .Motte  et  nutres  not.ililes  :  Antnnie  IVdiy,  signe 
nu  )'t\gistre,  en  ajoutant  à  son  seing  V.  U  (  I  )  l>e.s  eo;ijoints  ne  s'étaient  })as 
préoccupés  de  passer  un  eonti'at  <le  mari  igi,-. 

Six  jours  ajirès,  le  coiumandant  de  IJellesti-e,  sui'  ri'C  'jition  dei  lettres  du 
numpiis  de  Vau  Ireuil,  rendit  la  |)lace  aux  lieuteu  uits  McO  )rn>ielv  et  Leslie, 
dépêchés  en  avant  par  Hogei's  Li  garni>on  ne  eonsi-,t  lit  i|U'eii  'A  ollicii'rs  et 
35  soldats.  (2)     Elle  liétenait  17  prisonniers  angluis. 

Le  même  .soir  {2'J  uov.)  les  Anglais  s'jtalilirent  dans  le  lV)rt  ((.!.  H.  A.  lô. 
p.  278),  et  le  capitaine  1)  .nald  Camjiliell  ayant  été  nommé  connuandant  en  jn-it 
le  gouverui'irent  \ù  'A  di'CiMnl.re,  (  è/.  p  :}|0),  connue  eominandant  t  int  civil  ipie 
ndiitaire.  Tous  les  halàt  ints  avaient  été  coiitrain's  (K-  rendre  leurs  arauM  i-t 
furent  consd(pii''s  pour  prêter  le  serment  d'al'égeane  •  suivant  la  forniuli'  im|)osée 
par  .Moncton  et  durent  s'y  soumettre.  (IJ)     'l'outiifois  Duperron  .s'y  relusa.(4) 

(1)  rV(t((  nlirrviiitioii,  ainsi  .|ati  celle  V.  H.  lî.  indii|ao  an  cniiilui  un  coiniito  du  Uol. 
C  P.  «i;iiii(ier(iit  rai>ne  des  I'o,'<teH  ;  L  \\  lieutuaimt  clcs  innto.'i,  \,  1'.  aido  île.,  l'oaton  ;  ot 
r.  U.  un  aalio  oiniilui  uMidogne. 

(•_')  DiOM  le  iiiDH  do  juillet  IT.V.»  >r.  lie  Tiellestie  at'ait  détfin-ni  lo  fort  <le  HM  ho  unies 
1  our  alloi'  Il  lu  dôl'eiiio  du  lorl  Ni^guni  ;   ils  y  jn'-iil'oiii    |ii'('si|u'eii  entier  uvee.  I  jll  .siiuv.ige», 

(.3)  11  siMublo  qu'on  fit  do»  priMOtniiiMv»  <le  iruerie.     MetikiDu  iciit  II  r.ou(|uetd»)  N'ow- 

York  le  "J'ijinnior  ITllI The   firncli  jiriacinri  inr  ii"!  i/vl  an-icnl  un  l/mt  I  liiive  iio 

lilliiK  /'»•"»!  liiiijtn.     Ils  lurent  eondiiit^  hc.u.h  e»(;orto  l'i  «iuiiliec.     (/./.  \\.  »'.t7). 

(I)  <\  B.  A.  H.  p.  2',o,  noui|uet  à  Miaïkfoii,  :i4  l'ev.  1701.  ilo  wdl  nul  taku  tUu  oiitl» 
nf  allegiunuo and  will  ji;i!n  to  l'riinuc. 


—  81  — 

Dans  le  désarroi  général  qu'eiifcniînait  la  coïKjuête  et  dans  le  délal>rement 
des  affaires  et,  des  fortunes,  il  était  difficile  de  prendre  nne  résolution  suhite 
avant  de  se  soumettre  aux  v  iin(|ueurs.  Les  esprits  denieiiriiient  en  sus])imis,  la 
cessi(jn  de  la  colonie  n'étant  pas  encore  résolue.  Tous  I -s  militaires  -t  les 
officiels  furent  transportés  en  France,  mais  la  masse  du  peup!.'  ne  pouvait  y 
émigrcr,  malgré  son  attachement  à  la  laère-patrie.  Elle  était  part.»  it  eio\iée  au 
sol,  (lu'elle  avait  conpiis  et  défriché,  et  ([u'elle  avait  défendu  avec  un  courage 
égal  à  celui  des  temps  liéroïipies,  après  des  souffrances  longtemps  eiidur/'e^  "t  'es 
sacrilices  iniaiis  pendant  cin(|  années  de  glorieuse  ré-^istaufe.  ('e  ne  fut  .pi  en 
apprenant  la  conclusion  du  Traité  de  Paris  du  10  février  1 7i):{  (pii'  les  ('uiiinlii'ns 
purent  envisager  l'étcndui!  de  leur  dé-iastre  par  l'aiiindon  i*'Hii|)let  où  U  Krinee 
les  laissait.  Il  fallut  dès  lors  se  résiginr  à  suliir  le  joug  du  Naimpieur,  piiis.ni'il 
ne  pouvait  être  (piestion  de  repreniire  le  chemin  vers  le  pay-i  de  no-  an  élriis,  ù 
d'ailleurs  on  n'entrevoyait  aucune  perspective  tli,'  s'y  créev  une  nuiivi'li''  txistenci!. 
11  ne  vint  à  l'idée  de  personne  ipie  l'avi'uir,  alors  si  désespéré,  pi)U\  ait  tourner  à 
bien,  connue  nous  le  voyons  aujourirhui. 

Duperron  ayant  ainsi  refusé  de  prètei"  serment  dut  ;.  irtii' du  D-troit, 
résolu  de  s'embanpier  pour  la  '/rance.  Il  amena  sa  femm-'  et  laissa  derrière 
lui  ses  intérêca  de  commerce,  ses  marchandises,  et  crédits  au  loia  (pi'il  ne  p  >uv,iii 
régler  à  si  court  intervalle. 

En  février  suivant  (H)  il  était  rendu  au  fort  l'itt,  et  de  là  il  a  lii-ssa  une 
reiiuête  au  général  Andier.st  pour  avoir  la  pei-mission  de  se  n  n  Ire  an  Di'troit, 
à  Michillinnikinac  et  Montréal  pour  clore  .sesatf  tires  Le  général  Bonpiet  tr  ms- 
nut  cette  denniude  au  giMiéral  Monctim  (24.  fév.)  à  Fhila.  lelphi',  ni  mandant 
qu'd  détenait  M.  Bàhy  parce  qu'il  voulait  retourner  au  Détroit  et  a  Miehillima- 
kinac  pour  ses  affaires,  et  parce  (pi'il  appartenait  à  \nie  famiile  Mi-n  comme  par 
l'inffuence  qu'elle  exer(,'ait  auprès  des  sauvages:  il  atte  il.iir  i  orlres  liu 
général  on  chef  avant  de  le  laiss.-r  partir,     (limi'jtvl.  roU.  A   (S,  p   •!  (>). 

Dans  l'intervalle  Dupi'rron  ayant  oliteini  un  p.'iims  p  mr  fréter  un  hateaii 
et  transporti;r  desi>elK.'teries  au  villagi;  de  ('Iriwanei-si.towii.a  un  lition  toite  t'ois 
de  n'y  pas  mettre  de  marchandises,  essaya  d'écoulei-  ct^lles  «pi'il  .ivail  précédem- 
ment achetées  au  fort  l*itt  des  nom  niVs  Thomson  et  Hiiine.  KU.  s  toi .  iit  s.usies 
par  hiMUinet  t't  hangarrées  ilans  les  magasins  du  Koy.  (/(/.)'.  -■">'î|.  Mlles  loi 
furent  rendues  peu  après  à  la  suite  d  une  oiiqui"'te  dont  Hoi  jU'i  lir  nipii  n  ,  a 
Monctiin  le  l.S  mars  suivant. 

Quant  à  sa  ileinandepour  aller  régler  st.'.s  affaires,  le^ouNei  leur  eoiiseiii  it 
».  lui  permettre  d'aller  II  Montréal  seulement,  pour  «h' là  se  lendria  l'inla  lelphie 
et  passer  en  I"' rance  ;  "  et  vu,  dit-il,  son  refus  île  prêter  .serment,  il  ii  ■  lui  p  i- 
tnettait  pas  de  faire  la  tcairnée  dans  l'ouest  (pi'il  projetait,  "t,  .itt.'mln  q  i  il 
avait  l'ait  commerce  s.ins  permis,  il  ne  im-rilait  aie  i  i  >  f.iv  'Ui- 

Du|)erron  séjourna  au  fort  Pitt  Jusipi'à  la  lin  de  mai  (I'  A  s  p  L'>:l)  et, 
apparemment,  il  y  fut  retenu  par  malaln-,  eir  il  est  rai'iini'  an  rcito 
correspondance  (jue  le  médecin  pense  (|u'il  pourra  dosceinlre  liieniôt. 


—  82  — 

Devenu  libre  de  partir  pour  Montréal,  il  s'y  tliriffoii  en  prenant  la  roiite 
par  Prcsqu'Islo.  Il  était  acconipn^né  de  sa  femme  et  faisait  hi  de.-ccnte  in 
canot  en  côtoyant  le  bord  des  lacs  et  campant  le  soir  sur  la  rive.  Le  10  juillet 
ils  arrivèrent  à  la  baie  de  Niouaré  (1)  (Sackcts'  Harbour).  C'était  après  une 
journée  de  forte  chaleur;  les  eaux  claires  et  limpides  du  lac  invitaient  à  s'y 
rafraîchir.  Madame  Bûliy  se  baigna  et  mal  lui  en  advint,  elle  accoucha  préma- 
turément. 

Prise  de  douleurs  hâtées  par  les  fatigues  du  vojage, elle  donna  nai.s.sanco 
à  des  bessons,  que  le  père  se  vit  obligé  d'ondoyer  lui-même.  L'un  tl'eux  mourut 
en  venant  au  monde  et  eut  pour  berceau  une  tombe  sous  un  arbi'e  du  livage. 
L'autre  fut  baptisé  à  Montréal,  le  1 S  juillet,  sous  le  nom  de  Jacipies  et  eut  pour 
parrain  Jean-Iiipt.  Le  Compte  J)upré,  son  oncle,  et  pour  marraine  iJanu;  veuve 
IJ'Auteuil,  sa  tante,  aussi  veuve  de  Simon  Réaume.  L'enfant  ne  survécut  pas 
longtemps,  et  son  nom,  <]'ic<|Ues,  fut  donné  k  celui  (jui  nacjuit  ensuite. 

Ces  baptêmes  ])ar  l'ndoicintiît  furent  cause,  qu'en  arrivant  à  Montréal,  !e 
père  dut  se  faire  relever,  suivant  les  règles  canonioues,  d'un  empêchement 
d'affinité,  cpii  entraîne,  dit-on,  \m  éloignement  de  oo-luibitation  entre  les  époux, 
qui  dura  trois  mois.  Ceci  semblerait  cori'ob  iré  par  la  date  de  la  nai.ssance  de 
l'enfant  .suivant,  Susanne,  née  le  12  juillet  17G2,  tandis  que  les  autres  nom- 
breuses naissances  (pii  se  suivtMit  furent  toutes  de  plus  près. 

Pendant  ce  même  été  ITtil  Duperrou  s'était  trouvé  inopinément  .sous  le 
coup  d'une  fau-se  arrestatinn.  Voici  à  quel  sujet,  l^es  Sauvages  de  l'ouest,  se 
voyant  libres  du  enté  des  Franeais,  avaient  ))réparé  un  soulèvement  général 
contre  les  Anglais  ;  letir  but  était  d'expulser  les  étrangers  du  sol  ;  cette  idt'e  était 
ti  ai  jiiurs  demeurée  tixeeliez  eux.  Au  momincoù  leur  complot  avait  été  découvert 
on  a\ait  fait  circuler  eertaiiis  rapiiorts  au  sujet  il'une  ciauersiitioii  (|iie  Duperi'nn 
aurait  eue  avec  des  Mtn'oiis  à  SaudusUy,  (//.  F.  A.  Il),  p.  277),  et  il  n'en  fallut  pas 
davantage  pour  se  saisir  de  sa  jtersonne.  Mais  il  fut  libéré  peu  après  sur  une 
«,Tj<.|uête  (pli  démontrait  sa  complète  iiuiocenco.  (Lillre  id-  JiiHKjii'l  à  MoHrttni, 
du  Fort-Pitt,  11  août  I7(il,  /</.  p|),  !)!■,  .'{12).  lîouquet  remarque  ipie  sdii  intelli- 
gence et  sa  ciinnaissance  des  sauvages,  etc.,  le  rendi'aient  très  utile. 

A  cette  même  date  ])iiperr\)n,  revenu  au  Fort-Pitt,  demanda  de  nouveau 
la  ))ermission  de  retoiniier  à  Montréal.  Il  avait  dû  faire  le  voyage  promptement, 
car  il  était  enenre  à  Montréal  le  1er  août. 

Depuis  ce  tenqis,  jiis(|u'à  son  retnur  au  Détroit  l'année  suivaide,  noiis 
perdons  sa  trace. 

Pourquoi  ot  comment  il  retourna  <létinitivem(  lit  demeurer  au  Détroit,  et 
quand  et  pouniuoi  il  se  ré.sulut  à  prêter  lu  serment  d'alléyeauce,  c'est  co  tjuc 
je  n'ai  pu  découvrir. 

Il  y  «tait  revenu  tlepuis  une  année  k  peine  que  la  guerre  recoin un.'n(,'a  ; 
(I)  Ecrit  Xiuouonrê  au  rcgintre. 


—  83  — 

mais  cette  fois  c'était  entre  les  Sauvages  et  les  Anglais.  Le  fort  fut  assiégé  au 
printemps  de  l7(i.S  par  le  fameux  Pontiac,  le  grand  chef  «les  Ottawais.  Ce 
guerrier,  aussi  haliile  que  Vjrave,  avait  fait  entrer  secrètement  dans  ses  vues  les 
8i.\  Nations  et  tuutvs  les  autres  aocessiblcs,  afin  «le  chasser  et  d'exterminer  les 
Anglais.  ^>'.  yant  pas  réussi  à  s'emparer  jiar  ruse  du  fort,  eu  massacrant  à 
l'in  proviste  la  garnison,  suivant  son  projet  qui  fut  déjoué  à  tomp't,  il  leva 
ou\  ei  tenient  la  hache  de  guerre  et  investit  la  place  avec  ses  uombreu.x  guerriers 
Li-  fort,  tel  (|ue  repaie,  consistait  en  un  carré  long,  entouré  dsî  palissades 
en  i)ieux  de  viiigt-cin(i  pieds  de  hauteur,  et  d'environ  un  mille  de  tour.  Un  des 
côtés  atteignait  le  bord  de  la  rivière  et  aux  quatre  angles  et  au-dessus  des  portes 
s'élevaient  des  bastions  armés  en  tout  de  deux  pièces  de  canon  et  de  trois  vieux 
mortiers.  La  gai-nison,  commandée  par  le  majcu'  Glad'.vin,  ne  comptait  (pie 
120  .soldats  et  iS  ofliciers,  plus  une  (Hia)'antaine  de  gens  de  traite,  y  compris  leurs 
engngé.s.  L'enceinte  contenait  à  peine  une  centaine  de  petites  maisons  en  bois, 
qui  s(!  touchaierit,  et  ne  laissaient  (|u'un  étioit  chemin  de  l'oiide  en  dedans  des 
palissades.  L'église,  la  salle  du  conseil  et  la  caserne  étaient  les  seuls  édiiices  de 
(juel(|ues  ilimensions.  La  plujjart  dus  colons  cultivateurs  étaient  h!i.l)itués  en 
dchoi's  du  fort.  Les  deux  Bàby,  Duperron  et  Antoine,  lîéaume,  boau-père  de 
Diiperron,  Labutte  et  Siiint-Martiii,  interprètes,  et  lient  bâtis  à  portée  du  fort. 

Tous  ces  Fran(;ais,  en  attendant  qu'un  ti'aité  de  [)aix  fut  tlétinitivement 
Cimelu,  n'étaient  giièi'e  [)ortés  k  ])rêter  m.iin-foi  te  à  leurs  con(|Ui''rants,  surtout 
contie  des  nations  sau\iiges,  amies  juscpTalors,  et  sur  lesquelles  on  pouvait 
conqiter  par  la  suite,  en  cas  de  besoin.  On  connaissait  de  plus  combien  les 
Anglais  étaient  détestés  des  S  luvages,  en  sus  de  leur  motif  nutitmal  de  reviiu  li- 
cation  de  leur  sol  ;  car  les  Sau\'ages  avaient  été  trop  souvi'iit  tromjiés  et  frau  lé-! 
par  les  comme) (.'luits  et  traiteurs  (1)  venus  de  la  Xuuvelle-Aiigleterre,  pour  no 
pas  les  haïr.  Il  n'en  pouvait  être  autrement  ;  car  iiour  (piiconque  conuait  le 
caru'tère  ilu  sauvage,  il  sait  (pi'il  ne  ii.irdiiune  jamais  une  injui'e,  de  même  qu'il 
n'onbli(î  pas  \\v.  bienfait.  l.ia  ciaaparaison  entre  la  morgue  e't  l'arrogance  du 
Sa.\(pn  et  les  ju'océdés  honnêtes  et  loyaux  des  Frani/ais,  n'avait  pas  échappé  à 
l'oiïst  rvation  de  ci-s  enfants  de  la  natiu'e,  et,  en  général,  ils  aimaient  les  Franeais, 
et  se  sentaient  froissés  par  les  Anglais. 

Dès  lors  il  est  fiu'ile  de  eonceNnir  (|Ue  b'.s  habitants  du  Di'tnjit  aient 
cherclii'  à  ileme\irer  neutres  entre  les  coiiibattunts, et  h;  soient  demeurés  en  appa- 
rence. Ils  d(  \  iiuenl  comme  tels  siispeets  aux  défenseurs  de  la  place  Aussi  lo 
commandant  Oladwin,  en  ('crixant,  le  ÎS  juillet  MM,  au  géni'ial  Amherst,  ui'  s(î 
gêne  plis  di'  dire:  "  La  moitié  des  colons  d'it'i  nii'iite  la  corde  et  l'autre  moitié 
"  devrait  être  dispersi'e."  Néanmoins  il  ajoute:  "  Il  y  a  quelques  lioimète-i  gens 
'■  paimi  eux,  M.  .Navnrre.  les  deux  iîaiiie,  Siiinl-.Martin  et  Labutte."  Dans  ces 
circonstances  le  plus  giund  nombie  des  Fran(;.iis  abandonna  peu  à  peu  l'endroit; 
tellement  que  sur  tu-e  popidation  de  '2.''A)0  Ames  ipie  l'on  comptait  lors  de  la 
reddition  du  Fort  à  Ibigers,  il  n'y  en  restnit  ))lus,    ii  ITtU,  que  Hli  h  la  suite  du 


(1)  Sir  W'iu.  Johnson,  litixirl  t»  thc  lloani  of  l'raile. 


—  84  — 

siège.  Le  reste  s'était  dispersé,  ou  était  allé  se  réfugier  aux  Illinois  et  sur 
la  rive  droite  cl  n  Mississippi.  L'organisation  d'une  cour  martiale,  préparéo  par 
le  général  Bradstrcet,  pour  traduire  tous  ceux  qui  avaient  favorisé  Pontiac  ou 
adhéré  à  son  parti,  avait  liàté  le  départ  de  plusieurs,  li  faut  dire  ()uela  posit  on 
des  habitants  en  dehors  du  fort  était  devenue  ti  es  critique  dès  le  début  du  siège. 
Il  leur  fallait  opter  entre  les  assiégeants  et  les  assiégés.  P(jntiac  s'étant  emparé 
de  M.  Robert  Navarre,  (1)  le  personnage  le  plus  important  de  l'endroit,  l'obligi'a 
d'aller,  au  nom  des  Fran(,'ais,  .sommer  pour  une  dernière  fois,  le  connu  indinfc 
Gladwin  de  se  rendre,  sinon  (pi'ils  seraient  tous  forcés  de  prendra  les  armes 
contre  lui.  La  garnison  était  si  faible,  les  secours  si  éloignés,  et  les  guerriers 
lie  Pontifie  en  si  grand  nombre,  que  la  défense  paraissait  inutile,  et  ne  tii'udrait 
pas  longtemp.s.  D'un  artrecôté  J)uperron  Bâbj'  et  Théata,  le  chef  de  la  Bonne- 
Bande,  furent  députés,  le  2o  mai,  vers  Pontiac  pour  l'engager  à  lever  le  siège. 
Ces  démarches  furent  sans  résultat  de  part  et  d'autre.  Pontiac,  malgié  ses 
tentatives,  ne  put  gagner  les  Français  à  se  joindre  à  lui.  Il  espérait  toujours 
que  des  secours  lui  arriveraient  du  côté  du  fort  de  Chartres  et  des  po-ites  sur  le 
Jrli-sissippi,  l't  il  entretenait  ses  guerriers  dans  l'espoir  (pie  le  Roi  de  France 
allait  se  réveiller. 

Cependant  la  position  de  Bâby,  comme  celle  de  plusieurs  auir.'s  tui 
dehors  du  fort,  devenait  de  jour  en  jour  moins  tenable.  Li!S  sauvages  s.inlnis- 
quaient  derrière  sa  nwiison  et  ses  dépendances  pour  faire  feu  sur  1  ennemi  et  sur 
ses  deux  corvettes  qui  étaient  en  rade.  Ils  lui  avaient  eideve  (7  mai)  deu.x 
prisoiuiiers  (pi'il  avait  raclietés,  et  avaient  érigé  une  palissade  dovau:.  >.i  m  li^ou 
pour  se  mettre  à  l'abii  des  balles.  Le  21  juin  Duperron  vint  avertir  le  com- 
mandant Gladwin  à  deux  heures  du  matin  que  l'a-ssaut  allait  être  donné  au  point 
du  jour.  Ainsi  prévenu  celui-ci  se  tint  prêt  et  le  repoussa.  Sur  ces  entrefaites 
arriva  (2  juillet)  la  nouvelle  du  traité  de  Paris  qui  cédait  déKnitivem''nt  la 
colonie  a  l'Angleterre.  Dans  la  nuit  suivante  Duperron  et  liéauiiie  })i  ireiit  sur 
ce,  le  parti  d'aller  se  mettre  à  l'abri  dans  le  fort  avec  leurs  fumilles.  Ils  ;iIkiii- 
donnèrent  tout  ce  (pi'ils  possédaient,  sauf  le  peu  (pi'ils  purerit  emporter  .-ui'  I  sir 
dus.  Le  lendemain,  le  traité  de  paix,  <(ui  était  parvenu  au  couimandaiit,  fut  hi 
drvant  l'a.'^sendilée  des  habitants  convo(jués  dans  le  fort.  Ils  fuient  organises 
Cnmme  miliciens  pour  la  iléfen.se  de  la  place  et  ou  envoya  (piérir  la  pondre  <'l.  i(>s 
nuinitions  (pie  Bâby  avait  laissées  dans  .son  magasin.  Ou  tît  prêtei-  de  nouvrau 
le  >ernuMit  d'allégeance  a  tous  les  Canailiens-français 

Pontiac  poussait  le  siège  avec  vigueur,  à  .sa  fac/on,  mais  sans  aucmi'j 
tiKtii|Ue  de  guérie.  Les  assiégeants  ne  s'approchaient  du  Fort  i|Ue  df  loin,  ..u 
bien  se  traînaient  à  terre,  sans  être  vus,  pour  tirer  au  plus  près  sur  rs  senti- 
nelles. Ils  n  expo.-aient  leurs  personnes  (jui.'  le  moins  possible,  non  pa-  lunii'  de 
Ciauage  ou  de  bravoure,  mais  pour  conserver  un  guerrier  à  la  triliU  el,  vendie 
chèrement  sa  vie  apiès  a\oir  enlevé  le  plus  possible  de  eheveliue.s. 


(I)  r..o  iii  "iiio  ()U(>.  ooliii  ili'j.V  iTitiitionnô.  Il  était  ivmi  de  l>n|)erroii  ot  fut  l'un  dos 
t^ii  oins  À  80II  te.stiiiiient.  Son  pcro  avait  ('iKiust',  lo  IV-viioi'  liot,  .Miiiia  l'amii*,  d'où 
naquit  (ITii'.l)  Hohert,  ie(iiiol  époiiau  Louis*  de  Marsao. 


—  85  — 

En  dedans  les  assiénjé.s  se,  défendaient  bravement  malgré  leur  petit 
nombre,  auquel  ils  suppléèrent  par  une  bonne  tactique,  et  tout  en  ménageant 
avec  prévoyance  leurs  munitions.  On  veillait  avec  grand  soin  à  éteindre  le  feu 
que  les  traits  enflammés,  lancés  sur  les  palissades  et  les  maisons,  menaçaient 
d'incendier.  On  était  ainsi  toujours  sur  l'alerte  et  on  rapporte  que  l'on  fut 
ainsi  deux  mois  sans  se  déshabiller.  La  fatigue,  faute  de  sommeil,  devint  telle 
que  Madame  Bâby,  bien  qu'enceinte  de  huit  mois,  et  sa  mère,  «lurent  relever  le 
temps  à  autres  leurs  maris  en  montant  la  garde  à  leur  place  et  faire  le  coup  de 
feu  au  besoin.  Notre  grand'  mère  Bâby  ne  nian(|uait  ni  de  courage,  ni  de  sang- 
froid,  comme  on  peut  en  juger  par  le  trait  suivant. 

Avant  de  se  retirer  dans  le  fort  elle  avait  fait  s'esquiver  chez  elle  deux 
Anglais  qui  se  sauvaient  de  vitesse  poursuivis  par  des  Ottawais.  Klle  les  avait 
fait  se  cacher  dans  son  grenier  sous  un  amas  de  cassais  (l)  d'écorce,  si  bien  que 
les  sauvages  après  avoir  fait  leur  ronde  et  fureté  partout  ne  purent  les  découvrir. 
Les  deux  fugitifs  les  sachant  descendus  et  n'entendant  plus  de  liruit  crurent  la 
moment  propice  de  sortir  de  leuf  cachette  et  de  s'évader  en  sautant  par  une 
lucarne  dans  le  jardin  en  arrière.  Mais  les  sauvages,  avec  leur  instiiict  de  loup, 
les  avaient  flairés  et  d'un  bond  les  avaient  atteints  et  massaciés  à  C')ups  de 
tomahawk.  S'emparant  aussitôt  d'une  chaudière  ils  les  saignèrent  et  burent 
leur  sang.  Puis,  rentrant  à  la  maison,  ils  voulurent  forcer  ma  lame  Bâby  h,  cti 
boire  en  lui  disant:  "Toi  les  aime,  toi  en  boire."  Comme  elle  s'en  défendait 
réisoluement,  ils  lui  en  barbouillèrent  le  visage  et  décampèrent  sans  lui  faire  plus 
de  mal.  Il  est  certain  qu'elle  dut  la  vie  en  cette  occasion  en  payant  d'audaca, 
et  grâce  à  l'ascendant  qu'elle  et  son  mari  avaient  sur  les  Sauvagos  à  cause  des 
bons  procédés  dont  ils  usaient  envers  ces  enfants  des  bois.  Pontiac  était 
d'ailleurs  l'ami  de  Bâby,  ce  que  les  Sauvages  n'ignoraient  point. 

On  lit  dans  le  "  Jotirnal  ila  Sièjfc"  que  dana  l'après-midi  du  26  août  le 
feu  fut  mis  à  la  mai.son  de  Bâby  par  les  S  iuvag>is.  Parkinan  prétend  qu'il  fut 
mis  par  les  assiégés,  comme  mesure  défensive,  parce  que  les  Sauvages  venaient 
s'y  embusquer  pour  guetter  les  sorties. 

Ce  fut  dans  cette  môuie  maison  que  Pontiac,  brisé  de  fatigue,  vint  un 
.soir,  dès  le  commencement  du  siège,  prendre  asile  pour  la  nuit,  et  no  i,  connue 
l'a  écrit  Parkman,  dans  celle  de  François  Bâby,  Hls  do  Duperruu,  bàMo  sur  la 
rive  opposée,  et  dont  une  vignette  e4  insérée  dans  "  Tke  Pictorùd  F'udd  Boolc 
ofthc  Warof  ISI.?,"  h,j  Bcmoi»  J.  Lossbuj,  Hnrper  Bros.,  1.S6!),  N.  F.  Cette 
résilence  n'a  été  bâtie  (jne  longtemps  après  le  siège.  Je  l'ai  vue,  telle  qu'elle 
existait  encore,  en  \H')l  ;  elle  a  été  rasée  depuis. 

Au  reste  voici  counnent  Parkinan  raconte  le  trait,  (2)  toi  qu'il  se  passa 
et  (jui  est  vrai  au  fonds,  sauf  la  variante  ci-dessus 


(1)  Vivie  d'éoofRS  de  bouleau  qui  sert  à  contenir  l'oau  do  réral)]e  à  sucre  quand  il 
est  enliiillé  ]iour  couler. 

(2)  /'oji/iac,  Pli.  2iy,  220. 


—  86  — 

Pontiac  était  un  ancien  ami  de  Bâhy.  Un  soir,  au  commencement  du 
siège,  il  entra  dans  la  maistm  et  s'assit  sans  dire  mot  devant  la  cheminée.  Il 
demeura  longtemps  pensif,  les  yeux  vaguement  fixés  sur  les  tisons  qui  s'amor- 
tissaient peu  à  peu  dans  l'fttre.  Après  un  long  silence  il  releva  lentement  la 
tête  et  se  tournant  vers  Bâby  il  lui  dit  :  "  J'ai  appris  que  l'Anglais  a  offert  un 
"  minot  d'argent  pour  la  tête  de  ton  ami."  Celui-ci  lui  assura  qu'un  tel  bruit 
était  faux  et  que,  de  plus,  il  devait  hien  savoir  qu'il  n'avait  rien  à  craindre  de  sa 
part  et  que,  lui,  jamais  il  ne  le  trahirait.  Pontiac  l'envi.sageaà  plomli,  plongeant 
son  regard  scrutateur  pour  lire  dans  .sa  physionomie  et  pénétrer  jusqu'au  fond.s 
de  sa  pensée.  Au  bout  de  qucl(|ue  temps,  se  voj'ant  rassuré,  il  dit  doucement  : 
'  Mon  frère  a  parlé  vrai  :  je  \ais  lui  montrer  que  je  le  crois."  Il  veilla  tran- 
quillement le  l'esté  de  la  soirée  avec  la  famille  et,  à  l'heure  du  coucher,  il  déposa 
.son  fusil,  s'enveloppa  de  sa  couverte,  et,  s'étemlant  de  tout  son  long  sur  le 
plancher,  il  s'endormit  profondément.  Il  ne  s'éveilla  qu'au  point  du  jour,  et 
s'esquiva  sans  bruit. 

Un  autre  trait  que  raconte  Parknian  fait  voir  l'ascendant  que  Pontiac 
avait  acquis  sur  les  diverses  nations,  en  même  temps  qu'il  témoigne  de  son 
amitié  pour  Bâby.  Celui-ci  avait  une  terre  de  l'autre  cêté  de  la  rivière,  tout 
vis-à-vis  le  fort,  celle  qu'on  appelait  "la  terre  des  six  arpents,"  à  cause  de  cette 
étendue  de  front  sur  le  bord  de  l'eau.  Les  Hurons  de  la  mission  voisine  à  la 
Pointe  de  Montréal,  (Sandwich),  venaient  faire  la  maraude  et  enlever  les  porcs 
et  le  bétail.  Bâby  s'en  plaignit  à  Pontiac  pour  y  porter  remède.  Le  même  soir, 
à  la  biunante,  le  chef  sauvage  traversa  la  rivière  et  alla  se  blottir,  inaperça, 
dans  l'enclos  de  l'habitiition.  Au  milieu  de  l'oliscurité  de  la  nuit  il  put  entrevoir 
la  furn)e  indécise  des  pillards  qui  se  glissaient,  sans  bruit,  par-dessus  la  clôture 
pour  pénétrer  dans  l'enceinte.  Il  leur  lâcha  un  cri  en  les  menaçant  :  "  Allez- 
vous-en  à  votre  village,  chiens  de  Wyandottes  ;  si  vous  remettez  le  pied  ici  je 
vous  tue."  Ils  n'attendirent  pas  une  secorule  semonce  pour  déguerpir  et  reprendre 
leurs  pistes  à  l'envers.     "  Onques  les  revîmes  depuis,"  disait  Duperron. 

Le  siège  traînait  eu  longueur  et  Pontiac  finit  par  s'apercevoir  de  l'illusion 
dont  il  s'était  bercé  de  voir  arriver  du  renfort  de  l'ouest.  Il  essaya  de  réduire 
les  assiégés  par  la  f:iinino  en  leur  coupant  les  vivres  et  menaça  de  \iu)vt  le-» 
Français  (jui  tenteraient  tle  leur  en  fournir.  Quoiiju'en  bons  termes  avec  les 
habitants  cela  no  l'empêchait  pas  de  les  réquisitionner  à  merci.  Un  d'eux  ayant 
refu.sé  de  lai.sser  pn-n  Ire  un  coq  par  un  sauvage  celui-ci  lui  log.>a  une  bal!e  dans 
le  corps  Tous  avaient  à  se  soumettre,  tant  bien  ((ue  mal,  à  ces  réquisitions, 
pour  lesquelles  Ponïiac  leur  doiniait  des  bons  ^  son  chirt're  sur  des  écorces.  Les 
bal)itants  n'osaient  prendre  parti  pi/ur  les  Sauvages  à  cause  de  la  capitulation 
et  lu  traité  de  ])aix.  De  plus,  ils  étaient  convaincus  (ju'ils  seraient  n<.is  à  mort 
sanH  merci  s'ils  étaient  pris  les  armes  à  la  main  et  tombaient  entre  les  mains 
des  Anglais.  Néannioira  on  ne  peut  douter  (jue  plusieurs,  à  la  sourdine  et  hors 
de  la  portée  du  fort,  n'aient  prêté  secours  et  main-forte  aux  assiégeants.  Les 
brûlots  dirigés  sur  Ita  deux  goélettes  eu  rade,  qui  défendaiont  le  fort  et  servaient 


—  87  — 

à  l'approvisionner,  n'étaient  pas,  par  leurs  préparatifs  et  leurs  dispositions,  une 
invention  uniquement  duo  au  génie  militaire  des  indigènes. 

Pendant  que  les  vivres  devenaient  rares  pour  la  garnison,  M.  de  Navarre 
et  les  deux  MM.  BAby  rendirent  des  services  signalés  et  efficaces  pour  lui  en 
procurer.  Il  est  raconté  dans  "  Pontiac's  Siège  of  Détroit,"  pp.  10  et  39,  que 
M.  Bâl)y,  un  homme  à  l'aise,  montra  beaucoup  de  bon  vouloir  aiix  assiégés  et 
leur  fournit  secrètement  des  vivres  dans  le  moment  où  ils  en  avaient  le  plus 
besoin.  Parkman  rapporte  {Op.  ci.  p.  219)  que  la  place  était  si  à  court  de  vivres 
qu'elle  aurait  été  forcée  de  se  rendre  ou  d'être  abandonnée,  (l)  sans  le  secours 
opportun  de  quelques  Canadiens,  entre  autres  de  M.  Bâhy  et  son  frère,  qui 
procurèrent  à  la  garnison  des  vivres  et  des  denrées  provenant  de  leuri  terres,  et 
ce,  en  piofitant  de  la  nuit  pour  faire  les  transports  avec  les  canots  du  Fort. 

Les  Sauv.igos  ayant  soupçuii  des  secours  ainsi  obtenus,  mirent  le  fe'i  à  la 
grangf  de  Pierre  Réaume,  le  beau-père  de  BAl)y,  dans  la  nuit  du  9  septembre. 
Elle  se  trouvait  en  face  sur  la  rive  opposée  et  contenait  1,000  minots  de  blé,  une 
quantité  de  pois  et  de  fourrage,  etc.     {Pontiac's  Siège  of  Détroit,  p.  C9). 

La  suite  et  les  incidents  de  ce  siège  mémorab'e,  tels  que  le  meurtre  du 
capitaine  Campbell,  l'arrivée  des  secours,  le  massacre  de  Dalziel  et  de  sa  trourie 
à  Bloodybridge,  l'abandon  du  siège  pvr  les  Sauvages  à  la  fin  d'octobre,  etc.,  sont 
assez  connus  pour  ne  pas  les  répéter  ici. 

Les  traités  île  paix  faits  avec  les  diverses  nations  par  les  Anglais  le  16 
Juillet  et  le  7  septembre  de  l'année  suivante  mirent  fin  à  la  guerre  ;  mais  des 
incursions  de  bandes  isolées  continuèrent  de  ravager  la  contrée  de  temps  à  autres. 

Comme  il  restait  aux  Français  des  postes  à  l'ouest  du  Mississipi,  l'on  n'était 
pas  sûr  de  part  et  <rautre  d'une  tranquillité  absolue  et  d'une  paix  durable.  Le 
24  août,  même  année,  tous  les  habitants  au-dessus  de  15  ans,  dans  les  environs 
de  Détroit,  reçurent  ordre  de  comparaître  au  Fort  et  de  renouveler  leur  serment 
d'allégeance.  Le  général  Sir  Williatn  Johnson  conservait  toujours  des  appré- 
hensions contre  les  Français,  plus  ou  moins  fondées.  Ecrivant  au  général  Oage^ 
de  Johnson  Hall,  le  15  janvier  1707,  il  dit  avoir  découvert,  par  correspondance 
avec  l(^  commi.ssaire  Hay,  à  Détroit,  de  nouveaux  indices  pour  entrevoir  des 
troubles  que  les  Français  cherchaient  à  fomenter  parmi  les  Indiens;  (ju'il  a 
ap|)i  is  ([Ue  de  Kocheblave,  connnandant  à  Misore,  vis-à-vis  K  iskakias,  avait 
envoyé  aux  Sauvages  du  Détroit  un  collier  en  porcelaine  allant  à  dire  que  d'un 
cAté  il  était  content  de  les  voir  en  paix  et  de  I  autre  "  de  ne  pas  oulilierijue  les 
"  Français  avait  été  leur  père  et  (|ue  dans  peu  ils  se  querelleraient  avec  les 
"  Anglais  ;  "  (pie  les  Chaouénons  avaient  reçu  un  autre  collier  qui  en  disait  plus, 
et  (|ue  Bâby  devait  recevoir  et  transmettre  tous  les  colliers  et  les  messages  (jui 
pas^e^aient  entre  Rocheblave  et  les  Sauvages.  {Doo.  Hid,  of  N.  York,  \o\.  2, 
p.  4S4). 


(1)  La  garnison  vivait  avec  le  peu  de  provisions  qu'avait  Bâby.  {,Arch,  C.  1889,  p.  250) , 
Price  à  Bouquet,  26  juin  17C3. 


—  88  -. 

Ces  soupçons  orées  par  Hay  contre  M.  Bâby  n'avaient  aucuns  fon<leinents, 
ainsi  qu'il  put  s'en  convaincre,  et  il  n'enre&ta  nulles  traces  entre  eux  dans  leurs 
rapports  subséquents,  qui  furent  toujours  francs  et  auiicauK. 

Il  est  bon  de  constater  ici  que  M.  Bâby,  au  milieu  des  difficultés  inévi- 
tables de  la  nouvelle  situation,  avait  su  se  concilier,  par  sa  droiture,  son  tact  et 
son  habilité,  l'estime  des  vainqueurs,  en  même  temps  conserver  colle  de  ses 
compatriotes,  et  garder  aussi  son  ancienne  amitié  avec  les  Sauvages.  Quaml  la 
cession  du  pays  fut  devenue  un  fait  accompli,  et  (|uand  tout  espoir  fut  p'inlu  de 
revoir  le  drapeau  français,  il  avait  accepté  le  sort  inévitable  du  olon  coti(|'ii^  ut 
prêté  sincèrement  le  serment  d'allégeance  à  la  couronne  d'Angleterre.  Il  dcviub 
d^a  lors,  et  demeura  toujours  depuis,  un  vrai,  loyal  et  fidèle  sujet  de  cettj 
Couronne, 

Sous  le  nouveau  régime  il  n'y  eut  alors  pour  gouverner  le  Détroit  et  ses 
environs  qu'une  seule  autorité,  dont  le  commandant  cumulait  tous  les  pouvoirs, 
tant  militaires  que  civils,  Duperron  s'employa  pour  améliorer  le  sort  de  set) 
compatriotes. 

De  concert  avec  M.  Chapoton,  citoyen  marquant,  il  obtint  en  17G5,  du 
commandant  Campbell,  que  les  taxes  pour  l'entretien  du  fort  ne  fussent  pas 
plus  élevées  que  celles  prélevées  du  temps  des  Franc  lis. 

Un  ère  de  paix  allait  donner  de  l'essor  à  une  ville  naissante,  en  déve- 
loppant les  ressources  abondantes  dont  elle  était  environnée,  et  Duperron  en 
devint  le  citi^>yen  le  plus  proénn'nent  et  le  plus  e.stimé.  En  même  temps  il  sut 
gagner  la  confiance  entière  des  représentants  du  nouveau  gouvernement.  Elle 
se  manifesta  en  lui  contiant  un  emploi  fort  important  alors.  On  lui  donna  la 
charge  d'agent  auprès  des  Sauvages  et  de  garde-magasin  du  R  )i,  avec  des 
appointements  de  deux  piastres  et  demie  par  jour.  Cet  emploi,  auquel  il  était 
plus  apte  que  tout  autre,  et  qu'il  avait  rempli  ci-devant  pour  le  Roi  de  Franco, 
■consistait  à  maintenir  des  rapports  d'amitié  et  de  piix  avec  les  diverses  tril^ju^ 
indigènes  pour  assurer  la  tranquillité  de  ce  côté,  c'est-à-dire  en  leur  lang-igj 
"  tenir  luisante  la  chaîne  d'amitié,  et  les  assurer  que  le  feu  du  consjil  ne 
"  serait  jamais  éteint."  Une  autre  pirtie  de  ses  fonctions  et  lit  la  distril)utioti 
à  leur  faire  des  présents  annuels  du  lioi,  en  vivres,  vôfceinjats,  mutiitions  de 
chasse,  etc. 

Ses  relations  avec  les  Sauvages  facilitèrent  l'extension  do  son  commcrjj 
du  pelleteries,  et  «n  peu  d'années  il  se  vit  en  possession  d'un  c  )mptoi!*  qui  'ui 
assurait  une  assez  belle  fortune  pour  l'époque,  et  lui  permettai^<  de  maintenu* 
une  position  sociale  des  premières  paraii  ses  concitoyens  des  doux  origiuis, 
lesquels  l'honoraient  de  toutes  parts  de  leur  estime  et  de  leur  respect. 

Cependant  il  se  rcncoiitre  partout  d^is  g<)n.s  Jaloux,  remuants  et  envieux. 
Un  employé  du  bureau  de  l'intemlant  des  Siuvages  au  Détroit,  du  noiudj 
Schieflin,  (1)  d'extraction  juive,  devint  envieux  du  crédit  dont  Duperron  jouia- 


(1)  C'est.  le  mètne  Sclitetiiu  (Jonathan)  qui  avait  été  fait  priaounier  à  1a  prise  de 


—  89  — 

sait  auprès  du  gouvernoment  ot  porta  ontre  lui  (1781)  une  fausse  accusation 
sur  la  comptabilité  du  inncfasin  du  Roi.  Sa  plainte  était  formulée  dans  nue 
lettre  adressée  à  Sir  Wm.  Johnson,  lotîls  du  général  de  môme  nom,  lequel  avait 
succédé  à  son  père  comme  surintendant  des  Sauvages.  (Ctjmmission  Royale, 
14  mars  1782). 

Le  fils  n'était  peut  être  pas  mécontent  de  voir  une  plainte  portée  contre 
un  de  ceux  (lu'il  savait  avoir  le  plus  contribué  à  contrecarrer  les  desseins  de 
so!i  père  et  déconcerté  ses  plans,  dans  les  cauipagnes  ou  les  Bâ'iy  avaient  cotn- 
mandés  les  Cliaouénons  ot  les  Loups  avec  tant  de  succès.  Ce  n'était  pas  sans 
raison  que  Sir  Wm.  Jolin>on,  les  avaient  désignés  comme  les  plus  dangereux 
ennemis  des  colonies  anglaises.  (Doc.  Hlst.  of  N.  York,  vuL.  3,  M.M.S.  of  Sir 
Wtii  Johanon,  ISir  Wni.  Johnson  to  Gen.  Gwje,  Janimry  15th,  17G7,  p.  4^4.) 

Heureusement  que  la  réputation  de  Duperron  était  au-dessus  do  toute 
atteinte.  Aussi  en  était-il  moins  inquiet  qu'imligné.  Il  y  avait  longtemps 
qu'il  n'était  pas  descendu  à  Montréal,  ni  à  Québec.  Cet  incident  lui  fournit 
une  occasion  favorable  pour  aller  revoir  ses  parents  et  ses  ami>.  Le  comman- 
dant De  Peyster  lui  favorisa  hi  descente.  Ecrivant  au  Gouverneur  Haldimand, 
5  juin  178+,  il  dit  :  "  M.  Bdbtj  lias  (dm  been  (dlowed  a  pnsntige  to  ijo  to  Québec  ; 
"  /lis  services  deserve  eue  ri/  iadid(jen.:e  that  can  be  shouni  liiin,."  H.  0.  B.  10.3, 
p  246.) 

Pas  n'est  besoin  de  «lire  qu'il  fut  accueilli  par  ses  paretits  à  bras  ouverts, 
avec  une  succession  Je  fêtes  et  de  réjouissances. 

Li  lettre  (|u'il  ailressa  de  Montréal  à  son  frère  Franc^ois,  i\  Québec, 
e.spiique  mieux  pir  cile-mêine  le  but  principal  de  son  voyage.      La  voici  : 

De  Montréal,  le  18ème  juin  1784. 
'■  Mon  cher  frère, 

"  Arrivé  ici  hier  je  t'écris  pour  t'iiiformn'  du  su;et  de  mon  voyage. 
"Diverses  raisons  m'ont  o')lig'!  de  l'entrepren  Ire  :  pre:n;è  •iu  Mit  poui'  lUi 
"justifier  des  malicieuses  imputations  écrites  ontre  moi  pu-  un  fou,  non  mi 
"  ChieHin,  à  Sir  John  Johnson,  que  j'ai  rencontré,  et  qui  m..!  dit  avoir  transmis 
"  copie  de  la  lettre  ilu  dit  ChieHin  à  son  E.\eelleiice  le  généri!  Hil  liinand,  sans 
"  cependant  y  ajouter  foi  ;  mais  comme  je  n'entemls  pas  laisser  de  soup(,'on  sur 
"  ma  conduite,  je  partirai  sous  peu  de  jours  pour  Québec,  où  je  crois  détruii'e 
"  toutes  les  malicieuses  calomnies  ou  idées  formées  contre  m  )i.  Si  le  temps  nn 
"  lo  permettait  je  t'enverrais  copie  de  la  lettre  du  sieur  C'iifrtin  et  ma  piè^;e 
"justificative.     Si  les  lettres  du  Détroit  sont  ronlu3S  à  Québej,  une  lettre  da 


Vinconnes  (24  fév.  1779)  avec  le  gouverneur  Haïuilton.  Parvenu  au  Détroit,  il  était  un 
dos  fonctionnaires  du  bureau  d'intendance  dos  Sauvages.  Il  en  avait  profité  pour  obtenir 
d'eux,  en  \en  enivrant,  des  terres  à  l'oMsboach'.ire  do  la  rivière  Dùti'oit.  Il  y  avait  d<(s 
plaintes  portées  contre  lui  à  ce  sujet  et  il  était  menacé  d'être  cou .;é  lié.  {CiUictimi 
Haltlimaïul,  n,  191,  pp.  37.)'),  15,  1 1'),  p.  104).  Delà  »a  colère  contre  Bib}-.  Il  finit  [)ar 
p.issor  du  côté  des  Aniéi'ioains  pendant  la  révolution. 


—  90  — 

"  colonel  Depeyster  (1)  lui  appremîra  en  peu  de  mots  la  manière  dont  je  me 
"  suis  comporté  ;  il  n'entre  nullement  dans  l'affairu  présente,  la  regardant 
"  comme  trop  viîe  et  trop  basse  pour  y  répondre,  d'nutant  plus  qu'il  ignorait 
"  dans  le  temps,  ainsi  ijue  moi,  que  l'impudence  eût  été  poussée  si  loin  que 
"  d'interrompre  Sir  John,  ainsi  que  son  Excellenv.e,  par  un  faux  zèle  de  service 
"  ov.  d'attachement  pour  le  gouvernement.  Je  ne  doute  pas  que  l'aftaire  ne  soit 
"  parvenue  jusqu'à  lui,  ou  no  lui  soit  communiquée.  Je  no  t'en  dis  pas  davan- 
"  tage  ;  notre  première  entrevue  t'instruira  plus  amplement" 

Nous  n'avons  pas  oublié  que  madame  Bàby,  sa  mère,  <lemeurait  alors  au 
monastère  d^s  Ursulines  de  Trois-llivières,  auprès  de  sa  tille  la  Mère  Thérèse- 
de-Jésus  Cette  vieille  dame  était  rendue  à  un  âge  fort  avancé  (H4  uns)  ;  elle 
croyait  bien  n'avoir  plus  jamais  le  bonheur  de  presser  son  tils  ilans  ses  bras; 
aussi  i'ut-ello  au  comble  do  ses  viuux  eu  apprenant  qu'il  était  rendu  à  Montréa', 
De  là  il  l'avait  prévenue  du  jour  où  il  arriverait  à  ïrois-ltivières  ;  mais  diverses 
circonstances  l'ayasit  retardé,  Mme  Bâby  craignit  que  quelque  accident  ne  lui  fût 
arrivé  et  elle  lui  lit  écrire  par  la  Mère  Tlièrèse-tle-Jésus  pour  s'assurer  dos 
causes  de  sou  retard.     Il  lui  tit  réponse  par  les  quelciues  ligues  suivai.'tes. 

"  A  Montréal,  24ème  juin  1784.. 
"  Ma  très  chère  mère, 

"  La  lettre  de  notre  suMir  Thérèso-de-Jésus  m'est  parvenue  hier,  par 
"  la(iuelle  j'appris  avec  douleur  votre  in(juiétu<lc  à  mon  sujet.  La  raison  de 
"  mon  retanlement  a  été  en  partie  les  in.stances  de  la  famille  de  Mme.  Benoît  et 
"  les  rcinè  les  de  précaution.  Je  crois  partir  après  demain  et  sans  doute  avoir 
"  le  bonheur  de  vos  pré-<ontor  mes  tendres  et  re.>*pectueux  devoirs,  ainsi  (jue  de 
"  jouir  de  la  vue  do  ma  chère  so-ur.  Je  Unis  en  vous  pré.sentant  les  respects  de 
"  la  famille  ;  car  M  Curatoau  m'envoie  chercher  pour  diner.  Je  suis  avec  la 
"  soumission  et  les  plus  humbles  sentiments  d'un  tils  " 

Quelques  jours  après  l'envoi  de  cette  lettre,  il  en  écrivait  une  autre  en 
réponse  à  la  Mère  Ste-'i"hérèse-<io-Jésus.  Klle  est  toute  courte,  mais  c'est  un 
modèle  du  genre. 

"  De  Montréal,  28èmo  juin,  1784. 

"  Ma  chère  so'ur, 

"  En  réponse  à  la  vôtre,  j'écrivis  dornièromcnt  à  notre  bonne  mère  pour 
"  la  tranquilliser  au  sujet  de  «on  inquiétude  ;  je  lui  anuoM(;aia  ujon  dé|)art  pour 
"  samedi  dernier,  mais  notre  8(wur,  .sa  famille,  et  M.  Bender, me  retiennent  pour 
"  m'engraisser,  afin,  distmt-ils,  de  mieux  supporter  le  voynge.  Je  leur  ai  promi<i 
"  encore  la  semaine  ;  ainsi  ce  ne  ptnirra  être  que  la  prochaine  que  j'aurai  le 
"  plai-sir  de  vous  voir:  pour  loi-s  vous  mo  verre*^  dans  la  moitié  ou  le  quart  de 
"  ma  graisse,  car  ils  me  demandent  un  mois  pour  me   mettre  en  embtmpoint,  ce 


(1)  .Viori  ooiuuiaiulutit  au  DétroK. 


—  91  — 

"  qui  est  trop  lonor  pour  mon  impatience  à  vous  assurer  de  bo  icha  «le  mon  atfec- 
"  tion  sincère." 

Dans  une  autre  lettre  M.  Bâby  explique  plus  au  longà  son  frère  l'atf  lire 
Schietiin.    Nous  la  donnons  ici  parce  qu'elle  démontre  sa  complète  justiHcation. 

"  De  Montréal,  le  28ème  jour  de  juin,  1784. 
"  Mon  cher  frère. 

"  Tu  seras  sans  doute  surpris  de  mon  retardement  à  me  rendre  à  Québec  : 
"  la  veille  de  mon  départ,  j'ai  voulu  essayer  de  me  purger,  ce  que  j'ai  été  forcé 
"  de  réitérer  diverses  fois  pour  me  dégager  (l'une  8urab<mdance  d'humeurs.  M. 
"  Bcnder  m'a  toujours  retenu  et  me  retient  actuellement,  afin  de  me  m -ttre  en 
"  état  de  soutenir  de  nouveaux  assauts  :  ainsi  je  suis  obligé  de  suivre  son 
"  ordonnance,  de  laquelle  je  voudrais  me  soustraire  promptement. 

"  Mon  accusateur  C-ieHin  est  parti.  J'ai  liien  regret  de  n'être  point  à 
"Québec  avec  lui,  cependant  puisque  la  chose  est  impossible,  je  t'adrtsse  la 
"  copie  de  sa  lettre  au  Capt.  McKee,  (1)  ma  requête  au  lieutenant-colonel  de 
"  Peyster,  et  la  copie  du  compte  que  j^^  lui  ai  rendu,  de  ce  dont  Chiefiin  veut  me 
"  faire  un  crime.  Tu  verras  par  les  certificats  (pii  sont  au  bas,  la  maligii'té 
"  seule  d'un  misérable  <(ui  a  cru  mériter  par  là  quelques  faveurs  du  gouverne- 
"  ment.  Le  Colonel  de  Pey.ster,  .sur  ma  retpiête,  le  manda  chez  lui  et  lui  reprocha 
"  sa  conduite  ;  il  répondit  (pie  c'était  le  Capt.  McKee  qui  l'avait  forcé  à  prendre 
"  donner  ces  inform.itions;  ce  que  le  Capt.  McKee  a  entièrement  nié  et  j)our- 
"  (|Ui)i  il  a  écrit  au  (,^)lonel  Johnson.  Tu  sauras  (|u'il  avait  commencé  h  déchirer 
"  le  gouverneur  Hay  et  qu'il  a  dit  de  lui  plus  cpie  de  moi  à  nombre  de  personnes, 
"  qui  lui  o'.it  .sijuteiiu  l'avoir  entendu  ;  ce  à  quoi  il  a  répomlu  qu'il  n'avait  p  is 
"  son  esprit  à  lui  lor.s<iu'il  avait  dit  de  pareilles  choses.  C'est  pourquoi  le 
"  Colonel  '..e  dit  (jue  c'étiit  un  fou,  plus  k  mépriser  (pi'à  poursuivre.  C;  qu'il  y  a 
"  d'extraordinaire  c'est  qu'il  a  écrit  les  choses  les  plus  noires  contre  le  même 
"  Capt.  McKee.  Plusieurs  disent  (|ue  la  plume  de  sa  femme  lui  a  tourné  \u 
"  cervelle,  si  jamais  il  en  a  eu.  Il  e.st  de  parents  juifs,  a  été  élevé  domosti(|uo 
"  dans  une  taverne,  de  là  commis,  et  ensuite  protégé  par  le  C  )uver  leur 
"  llamilton.  C'est  trop  m'amuser  d'un  fou,  car  j'ai  honte  J'en  avoir  tant  dit." 

"  Je  ne  te  pre.scrirai  point  la  manière  dont  tu  te  comporteras  dans  cette 
"  aU'airo  ;  les  circonstances  te  dirigeront  suivant  riin|>ressinn  de  la  dêpodtion 
"  sur  l'esprit  ili!  Son  ICxcellence  :  la  «lélicatesso  seule  m'a  fait  prendre  des 
"  précautions  pour  oter  tout  soup<;on  sur  ma  c  )n  luite.  Je  joins  nu  autre  petit 
"  conq)te  (pie  m'a  rendu  dans  le  temps  le  sieur  SpirUman,  condiiet'ur  do 
"  l'artillerie,  qui  prouve  (pie  la  p(judre  mentionnée  a  été  prêtée  par  M  A  lli  'mar. 
"  Si  tu  es  dans  le  cas  do  te  déimntir  des  papiers  inclus,  aies  soin  de  tirer  copie 

(1)  C'ont  lo  luônio  faiit.  McKoe  qui  avilit  |)nit('>  contre  .^chiollin  l'iiocusiition  d'avoir 
enivra  U'H  Suuviigi'S  pour  lour  arracher  une  conouHHion  de  luurs  terres.  Currcapinuluitee 
Baldimand. 


—  92  — 

"  du  tout,  car  je  n'ai  pu  le  faire  moi-même.     Je  me  flatte  de  te  voir  la  semaine 
"  prochaine  " 

M.  Duperron  sortit  aux  yeux  du  jifouverneur  Haldlmand  parfaitoment 
dégagé  de  toute  imputation  malvt'illante,  et  on  peut  ajouter  que  le  résultat  ne 
fit  que  le  rohaussor  dans  l'estime  générale,  comuie  nous  Talions  voir. 

La  loyauté  de  M.  Duperron  ne  s  était  jamais  démentie  di^puis  qu'il  l'avait 
jurée  à  l'Angleterre.  Au  milieu  de  la  guerre  d'indépendance  il  était  demeuré 
feruie  et  loyal.  Le  commandant  Lernoult  t'ait  rapport  le  20  juin  177!)  au 
gouverneur  Haldimand,  qu'il  a  toute  raison  d'être  satisfait  de  la  conduite  et  du 
bon  renom  de  M.  Bàlty,  «le  son  attachement  au  gouvei'neiiient  et  de  sa  manière 
de  conduire  les  affaires  des  Sauvages.     (I<1.  B.  122,  p.  303). 

De  même  que  son  frère  François,  à  Quéhec.  Duperron,  au  Détroit,  occupa 
durant  la  guerre  d'indépendance  un  grade  important  dans  les  milices  cana- 
diennes et  put  ren<ire  aussi  des  services  importants  et  efficaces. 

Si  bien  que  peu  de  temps  après,  en  17<S8,  lor.sfju'il  fallut  établir  ih'.a 
tribunaux  réguliers  dans  le  Haut-Canuda,  le  gouvernement  prit  occisioii  de  le 
récompenser.  La  province  du  Haut-Canada  fut  alors  divisée  tn  quatin  <listricts 
judiciaires,  dont  celui  de  Ht;sse  comprenait  dans  sa  grande  étendue  la  ville  lu 
Détroit.  Lord  Dorchester,  le  gouverneur,  appelé  à  nommer  les  ju;j;e><,  crut  ne 
pouvoir  mieux  faire  que  d'élever  à  cette  dignité  M.  Duperron  Bâiiy,  en  le 
le  nommant  l'un  des  juges  de  ce  nouveau  district,  et  il  lui  transmit  sa  cominissio:i 
à  cet  effet.  Son  but  toutefois  était  moins  de  récompenser  les  servie  es  de  .M. 
Bàby  que  de  nonuner  à  cette  charge  un  personnige  jouissant  de  la  conKane(!  et 
l'estime  générale.  Ce  tén)oignag(!  rendu  à  son  mérite,  (|Uel(|ue  flatteur  et  hono- 
rable qu'il  fût,  ne  put  l'engager  à  accéiler  au  désir  de  Son  E.xcellence,  tout  eu 
r«)>préciant  à  .sa  haute  valeur. 

Il  semi)!e  y  avoir  autant  de  gloire  k  décliner  par  modestiiî  la  charge  de 
juge  qu'il  y  a  d'honneur  à  race<'[)tor.  C'est  ce  (pie  M.  Hàliy  fit,  en  déclinant 
cette  commission  pour  des  motifs  louables  et  bien  fondés.  II  les  exposa  av<c 
respect  et  reconnais.sance  à  Son  Excellenci*,  cjmme  on  le  voit  par  la  lettre 
suivante,  adressée  à  .son  frère,  meml)re  ilu  conseil  exécutif  et  du  c nneil  législ  itif, 
à  (.^uébic.  C'était,  auprès  de  lord  Durchestei",  la  persi^nne  le  plus  à  même  de 
faire  agréer  la  suffisance  et  vali  lité  de  ses  mutif.s. 

"Détroit,  le  G  septembre  17.SH, 
"  Mon  cher  frère, 

"  L'honneur  de  la  nouvelle  conimi.ssion  de  Juge,  dont  S(m  Excellence  à 
"  bien  voulu  me  favoriser,  mérite  do  ma  part  tonte  reconnaissance  do  la  bonne 
"  opiniim  (|u'i'!h'  s'fst  formée  de  moi  :  mais  nmlhcureusement  les  circonstanci-s 
"  et  nus  faibles  talents  ne  lépondent  point  à  ses  boinies  intentions.  M.  Wm 
"  Holiertson  et  moi  avons  dé;à  donné  les  raisons  comnumes  que  nous  avons 
"  pour  nous  empêcher  d'accepter  une  jiareille  ehaige;  en  outre  inie  nond)reuse 
"  famille  à  .soutenir  par  moi,  beaucoup  d'intérêts  dans  co  pays,  peu   versé  dans 


—  93  — 

'■  l'étuile  (les  lois  et  dft  la  judicature,  avec  une  santé  presque  continuellemont 
"  dérangée,  ce  sont  là  dos  motifs  suffisants  pour  ne  p-^s  me  permettre  d'accepter 
"  un  t<  1  emploi.  J'ose  me  flatter  que  tu  feras  guûter  la  force  et  la  validité  de 
"  mes  raisons  auprès  de  lord  Dorchester,  en  faisant  sentir  à  So:i  Excellence 
"  combien  je  suis  sensible  à  ses  bonnes  intentions  ;  et  que  ce  n'est  que  pour  des 
"  motifs  bien  fondés  c|ue  je  n'ose  accepter  telle  charge.  J'espère  que  tu  ne 
"  négligeras  rien  pour  faire  bien  agréer  me-i  excuses.  Toiis  les  papiers  coniîer- 
"  nnnt  cette  affaire  restent  entre  mes  mains,  jusqu'à  ce  qu'il  plaise  à  Son  E.KCel- 
"  lence  d'en  disposer.  Nous  avons  cep'ndant  délivré  le<  trois  commissions 
"  suivant  l'ordre  à  nous  adressé,  c'est-à-dire,  vielle  de  Shérif,  de  Coroner  et  de  Olerk. 
"  Le  Capt.  McKee,  up  des  juges  n(jiumés,  (  si  absent  ;  ainsi  nous  ignorons  ses 
"  intentions.  Une  adres.se  directe  à  Sa  Seigneurie  à  ce  sujet  m'aurait  paru  plus 
"  convenable,  mais  la  considération  des  gramles  occupations  ilu  gouvern  Mueut 
"  m'a  retenu  et  m'engage  à  m'applinu"r  à  toi  ;  c'est  ce  (jue  j'attends  de  ta  bien- 
"  veillance,  en  te  priant  de  me  croii     avec  toute  l'amitié  d'un  affectionné  fière." 

"  D.  B.vBv." 

Lord  Dorchester  voulut  bien  agréer  les  motifs  ainsi  exposés  et  noinm  i  à 
sa  pince  l'honorable  William  Dinum'^r  Powell,  (pli  entra  en  fonction  en  1791. 
Oatlines  of  (he  Polificid  Hixt.  of  Miclii(^aii,  by  Campbell,  p.  161, 

Les  nfiaires  de  M.  Duperron  avaient  été  prospères.  Il  s'était  bâti  une  belle 
ré^idence,  à  côté  de  elle  de  M.  do  liellestre,  avec  un  grand  magasin  y  attoiuvnt. 
Elle  faisait  face  sur  la  rue  Sainte-Ainie,  dans  l'enceinte  agrandie  du  Foit,  ainsi 
tjue  rindii|ue  le  titre  de  la  propriété.  (1)  Il  est  probable  ([ue  l'emplacement 
donnait  sur  deux  rues,  car  le  registre  de  'a  paroi.sse  le  dit  demeurant  rue  Saint- 
Louis,  dans  la  cihidelle.  Il  demeurait  auparavant  au  faul)ourg  Rosalie  dont  le 
nom  piovenait  de  celui  de  Madanu;  de  Pontcliartrain.  Cette  maison  nouvelle 
doit  être  celle  (pli  a  été  vendue  à  M.  Bertholet  (pian'i  la  fnmille  alian  lonna  le 
Détroit,  en  I7i)(),  alors  (ju'ii  fut  remis  aux  Américains.  (Voir  tifcunl,  10  mai 
INdO,  entre  Dame  Vve  IJàby  et  son  fils  Jacques,  l'apinean,  \ot.)  Elle  e-b 
disparue  par  l'incendie  (pli  détruisit  la  ville  en  180'),  et  lors  de  la  nouvelle 
subilivision  des  terrains  sur  un  plan  nouveau,  la  grande  avenue  Jefferson  fut 
peiW'e  en  cet  endroit. 

Par  l'aisince  (|Ue  M.  Hàby  .s'était  acqui-ie,  elle  lui  permettait  de  vivre  sur 
un  bon  pied  et  d'entretenir  une  franche  et  largiï  hospitalité.  Sa  table  était 
iiH>iit(''e  d'un  .service  complet  on  vaisselle  plate,  {pficrl  p  ilt'on).  Il  avait  «lonné 
la  commande  de  ces  argenteries  à  Londres,  solides,  et  épaisses,  exprès  pour  y 
graver  facilement  son  chiffre  et  ses  armes.  C^ne  des  factures  trinsuiisi^s,  et  ipii 
existe  en.'ore,  dépasse  Jtl.HOO  .sterling.  Il  avait  iini)()rté  les  plus  belles  toiles 
d'Irlande  et  des  nappes  de  dix  guiiu'es  la  pièce.     Il  en  reste  encore  une  (pli  et  lit 


(I)  'IVriiilii  nclictt'  le  1.')  ocl.  ITi'p"»,  »iu'  la  l'iiioo  irAniifs.  lUijinIn'  (?c«  Xnlalrai, 
Oftaica,  vol.  !,  p.  ii.  Il  l'avait  ugraiiili  [tM  uoliat  dei  liérlUors  l'orliur,  l'>  avril  177.'.  (  fVui/in 
Record»,  l>.  203). 


_  94  — 

échue  à  m  i  mère  et  qu'elle  réservait  pour  les  grandes  occasions.  L'ouvrage, 
tissé  à  la  main,  est  remarriuable  par  sa  finesse  et  la  beauté  «lu  dessin.  Elle  avait 
aussi  conservé  une  montre  émaillée  sur  or,  un  véritable  bijou,  représentant  les 
trois  GrA.ccs.  Mme.  Bàby,  et  chiicnne  de  ses  quatre  filles  en  avaient  eu  de 
send)lables.  Les  cinq  coûtaient  50  guinées  la  pièce.  En  sus  des  recherohes  et 
des  délicatesses  de  table  qu'on  se  procurait  d'Europe,  on  avait,  pour  suppléer  aux 
besoins  journaliers,  l'abondance  de  la  chasse,  du  giltier  et  de  la  pèche,  et  de  plus 
tous  les  produits  d'un  sol  vierge  et  fertile,  favori-é  par  un  climat  doux  et 
bienfaisant.  Aussi,  on  en  proKtait  p:)ur  prt>n  ire  la  vie  gaiement,  suivant 
l'heureux  caractère  des  Canadiens.  Des  négoci  ints  forts  riches,  tols  que  les 
Macintosh,  les  Macomb,  les  Angus,  les  Abbott,  y  menaient  aussi  la  vie  en  grand, 
et  ou  peut  même  dire  sur  un  pied  extravagant  pour  la  colonie. 

Pourtant  cette  petite  société,  à  40')  lieues  dans  l'intérieur  des  terres,  se 
trouvait  bien  éloignée  du  centre  de  la  civilisation  européenne,  et  placée  bien  au 
milieu  de  nations  sauvages  dont  la  barbarie,  (jui  les  entourait  de  toutes  parts, 
était  toujours  à  craindre.     En  voici  un  exemple  entre  plusieurs  autres. 

Madame  AUi.son,  tante  de  ma  mère,  lui  racontait,  qu'étant  âgée  alors 
d'une  quinzaine  d'années,  vers  ITS'J  à  peu  près,  une  jeune  fille  arriva  chez  sou 
père  dans  le  Fort.  Elle  était  prisonnière  des  Sauvages,  et  elle  fut  mise  à  coucher 
dans  la  même  chambre  que  Mme.  Allison  et  ses  sivurs.  Elle  leur  raconta 
comment  elle  était  tombée  entre  les  mains  de  ces  barbares.  Elle  habitait  près 
d'un  fort,  sur  les  bor  Is  du  lac  .Miishigan,  où  elle  demeurait  avec  sa  sniur  qui  était 
mariéi\  Les  Sauvages  étaiit  venus  à  la  maison  demandèrent  à  sasceur  où  était 
son  mari.  Elle  ne  voulut  pis  le  dire,  mais  ils  le  trouvèrent  dans  son  champ  et 
le  tuèrent,  puis  le  dé,)ouillè  -eut  de  ses  habits  ilont  l'un  d'eux  se  revêtit.  Etant 
revenus  à  la  maison  ils  tuèrent  la  femme  et  enlevèrent  la  jeune  fille.  M. 
Duperron  Bâby  ne  put  ni  la  délivrer,  ni  la  racheter.  Maxv  Allison  disait 
qu'elle  n'avait  jamais  pu  oublier  la  scèni  de  d  Violation  et  do  désespoir  de  la 
jcnne  fille  quand  ces  barbares,  échiutfJ's  de  boisson,  l'emmenèrent  le  londeuiain. 

Cependant  le  Détroit  était  un  endroit  gai.  Les  otfi.'i(!rs  de  la  garnison, 
dont  quatre  épousèrent  les  «juitre  filles  île  M.  Hal>y,  apportaient  leur  contingent 
à  l'agrémi'ut  de  la  société,  p  mi  no:a')r(Mn'  il  est  vrai,  mais  de  l)on  aloi,  qui  se 
réunissait  .'ious  le  t  lit  h  xpitalim'  de  M.  BUiy.  Sa  spacieuse  demeure,  entourée 
do  galeries,  donnait  sur  des  jardins  terminés  en  terrasses.  De  cha((ue  côté 
s'élevaient  des  pavillons  ferm'^s  de  p^rsiennes  d'où  la  vue  s'étendait  sur  la 
place  d'armes.  Ljsjoune-t  <lem)isolles  Blhy  venaient  s'y  reposer  à  l'ondiro, 
s'amuser  à  voir  les  parades  et  rencontrer  les  jeunes  officiers. 

Il  fallait  pour  le  maintien  de  l'établissement  île  M.  Bâby  et  de  sa  nom- 
breuse famille  un  nomlrenx  domesti(|ue.  Ce  personnel  était  composé  do 
((Uelques  serviteurs  blancs  et  d'une  vingtaine  d'e.sdaves  nègres,  mulâtres  et 
paniw.  Connue  demie'"  vestige  de  ces  temps  d'esclavage,  et  ancien  souvenir  de 
cette  époque,  j'ai  con.stnté  i|u'en  ISOO,  onze  ans  après  la  mort  de  M.  Bàby,  il 
restait  encore  dix  de  ces  esclaves,  ('ont  les  noms,  l'Age  et  la  valeur  .sont  poités  à 


—  95  — 

l'inveutnire  fuit  nu  Détroit  par  le  père  Marchanil,  procureur  de  la  famille, 
dovuiit  Roe,  notaire.  Au  inariiige  de  ch  icuue  de  ses  filles  Mino.  Bàby  leur  avait 
donné  une  de  ces  esclaves.  C'est  ainsi  (,ue  ma  mère  a  ou  les  services  de 
la  vil  illf  Thérèi-e  et  de  Rose  Lontin  sa  tille,  et  de  Catherine,  panis,  veuve 
Giroux.  J'ai  bien  coniui  Rose  et  Catherine.  La  bonne  Rose  m'a  bien  souvent 
bercé  dans  ses  bra-i  et  m'atiectionnait  singulièrement.  Chose  extraordinaire, 
elle  ne  m'avait  pas  revu  depuis  mon  enfancp,  (|aan<l  j'allai,  en  1851,  devenu 
homme  fait,  frapper  à  sa  porte  à  Amherstburg.  En  m'ouvrant  elle  me  reconnut 
et  me  sauta  au  cou  en  n.«'embrassant  et  manifestant  sa  surprise  et  sa  joie.  Elle 
avait  succé  lé  à  sa  mère,  Thérèse,  conune  bonne  de  ma  mère  et  était  demeurée, 
après  l'émancipation  (lfs03),  dans  la  famille,  comme  du  reste  tous  les  antres 
e.sclaves.  Rose  et  Catherine,  après  la  mort  de  leur  ancienne  miîtresse,  Archange 
Bâby,  demeurèrent  ensemble  à  Andier-tburg,  dans  une  maison  réservée  p mr  leur 
logement  et  vivant  d'une  rente  viagère  que  leur  tnaîtresse  huir  avait  assurée,  et 
que  ma  mère  leur  continuait.  Thérèje  était  échue  en  partage  à  Franyois  B  il)y, 
mais  il  avait  con.senti  à  la  passer  à  mon  grand'père,  son  frère,  m  lyennant  ZM, 
et  elle  mourut  chez  lui,  à  York,  en  lvS2G.  Elle  était  excellunte  cuisinière,  mais 
sa  fille  Rose  n'en  cédait  pas  à  sa  mère  dans  l'art  culinaire.  Elle  excellait  ilans 
les  pâtisseries  et  confiseries.  On  parle  encore  de  ses  cochons  de  lait  cuits  au 
four  et  de  ses  bécassines  rôties  à  la  tournelle.  Il  faut  ajouter  qu'elle  était 
propre,  capable  et  entendue  dans  le  ménage,  et  toujours  bonne  et  soumise.  Avec 
une  naïveté  d'enfant  de  sa  race,  elle  no  se  gênait  pas  <le  venir  écouter  la  conver- 
sation de  ses  maîtres  et  venait  s'accroupir  sur  s;s  talons,  dans  la  porte  de  la 
salle  à  dîner,  et  jouissait  de  leur  présence,  et  du  plaisir  de   les  entendre  causer. 

M.  Duperron  prit  un  soin  spécial  de  bien  élever  ses  nondireux  enfants  en 
leur  donnant  la  meilbaire  éducation  «|ue  l'on  pouvait  se  procurer  alors  dans  le 
pays.  8es  fils  furent  placés  dans  les  meilleures  institutions  de  Montréal  et  de 
Quél)t>c,  et  ses  filles  élevées  dans  les  couvents  de  Québec  et  de  Trois-Rivières. 
Nous  verrons  qu'il  n'épargna  rien  pour  former  l'aîné,  Jaccjues,  i-n  tous  points. 

Lui-même,  nj'ant  rt<;u  »nie  boime  instruction  jiour  l'cpoiiue  et  ime 
éducation  convenable,  en  ap|>r(>ci..it  les  ^j,vantag  "s.  Sa  correspondance  démontre 
qu'il  avait  su  en  profiter.  De  plus,  il  avait  acquis  pour  les  besoins  de  so  i  négoce 
une  connai^since  suffisante  de  la  langue  anglaise  et  du  langage  des  Sauvages 
pour  n'avoir  aucun  besoin  de  truchements  avec  eux.  Ils  et  lient  fort  nombreux 
alors  ;  on  n'en  comptait  pas  ujoius  de  ll,4l):i  dans  son  district  en  17^2. 

M.  Bàby  avait  donné  pour  un  des  motifs  de  ne  pouvoir  remplir  les 
fonctions  de  juge,  le  faible  état  tie  sa  santé.  Il  ne  disait  ipie  trop  vrai  ; 
riiyilropisie  se  déclara  dans  .son  système  et  il  languit.  Une  complieation  d(! 
maladies  vint  hâter  .ses  jours.  Il  coutra'ta  laciliquedes  p'>iiiti'.M  p)ur  avoir 
fait  peinturer  sa  maison  à  neuf  et  expira  le  '2  aoAt,  17S1).  Sa  mort  fut  calme 
et  édiliante,  comme  celle  d'un  bon  chrétien.  De  même  qu'à  sou  père  et  à  sou 
nïeul  il  nt)  lui  fut  pas  donné  d'atteindre  la  vieillesse,  n'ayant  vécu  (pie  5S  ans  et 
8  mois. 


—  96  — 

Attendu  que  j'écris  ces  notes  pour  servir  à  mes  descendants,  non  seulement 
à  un  point  de  vue  moral,  muis  aussi  pour  leur  utilité  matérielle  et  pr^Mque,  je 
ferai  observer  ([u'ils  ne  doivent  pas  conclure  de  là  que  la  longévité  n'existe  pas 
dans  la  lignée  des  Bâliy.  Ils  verront  le  contraire  ci- 1 près  La  vie  dans  ces 
trois  aïeux  successifs  paraît  avoir  été  abrégée  par  des  causes  plutôt  accidente'les 
que  par  faiblesse  do  tempérament. 

M.  Duperron  Bâby  fut  regretté  universellement  par  tous  les  habitants 
du  Détroit,  qui  per  lirent  eu  lui  un  modèle  de  citoyen  intègre,  probe  et  utile  ; 
un  homme  d'un  caractère  digne  et  élevé.  8a  cm  luite  conimo  chrétien  et  bon 
père  de  famille  était  exemplaire.  D'un  commerce  doux,  il'une  humeur  agréable 
et  d'une  politesse  parfaite,  il  était  du  nombre  de  ceux  qui  savent  se  faire  aimer 
nu  contact  de  la  vie  de  chaque  jour.  Avec  ces  heureuse-*  dispositions,  un  '  ict 
délicat  et  son  savoir-faire,  il  n'est  pas  étonnant  qu'il  ait  réussi,  pendant  u  lo 
carrière  conq)arativi,'ment  courte,  à  se  créer  une  pusition  honorable  et  aisée,  et 
qu'il  ait  eu  une  influence  légitime  auprès  de  ses  compatriotes  et  en  haut-lieu  ; 
comme  aussi  il  sut  exercer  un  vrai  crédit  et  un  grand  ascendant  sur  les  diverses 
nations  sauvages. 

C'était  un  honnne  de  haute  taille,  d'un  tempérament  sec  ec  nerveux, 
niais  que  les  fatigues  de  la  guerre  et  des  vi>yages,  nécessités  par  son  négoce, avaient 
ébranlé.  Néanmoins  ses  noird)reux  enfants  naquirent  avec  des  constitut  ons 
saines  et  fortes,  et  développèrent  des  statures  élevées.  Quelques-uns  dépassaient 
six  pieils  eu  plusieurs  vécurent  très  vioux.  D'après  son  portrait,  (pli  le  repré- 
sente sous  un  costume  militaire  après  la  coiiijuête,  il  est  facile  de  voir  que  le 
type  do  sa  figure  s'est  conservé  dans  sa  descen  lance  par  notre  mère.  Notre 
frère  Herménégilde,  mort  depuis  peu,  avait  absolument  la  même  taille  et  le 
même  profil  (pie  lui,  après  trois  génération.s. 

De  son  ninringe,  }>\.  Duperron  n'eut  pas  moins  de  22  enfants,  dont  onze 
lui  survécurent  et  fournirent  leur  pleine  carrière. 

Le  23  juin  IT.SO,  il  avait  fait  s-on  testament  au  Détroit,  devant  Monforton, 
notaire,  et  cin(|  témoins,  par  lequel  il  institmi  son  épouse,  comuiune  en  biens,  .sa 
légataire  en  usufruit,  et  ses  enfants  légataires  en  propriété,  en  leur  recomman- 
dant paix  et  union.  Charitable  envers  les  pauvres  pendant  sa  vie,  il  ne  les 
oublia  pas  à  sa  mort.  Il  nomma  pour  ses  exécuteurs  testamentaires  rhonoral)le 
François  Bâby,  ,sun  frère,  et  M.  Jo.seph-Franc;ois  Perrault,  son  neveu,  tous  deux 
de  Québec,  tjui  udjuittèrent  le  legs  de  X200  aux  pauvres. 

Madame  veuve  Bâby  n'avait  que  49  ans  à  la  mort  de  son  mari  et  plu- 
sieurs de  ses  enfants  étaient  mineurs.  Mais  elle  avait  une  assez  belle  fortune 
pour  subvenir  à  leur  éducation  et  h  leur  établissement.  Elle  continua  à  demeurer 
au  Détroit  tant  que  ce  pays  demeura  sous  ia  domination  de  l'Angleterre.  Mais 
lors<iu'en  iTDtJ,  Détruit  et  le  territoire  qui  en  dépendait  furent  remis  aux  Amé- 
ricains, après  la  netification  des  frontières  à  'a  suite  du  traité  île  "  Jay,"  conclu 
en  novembre  1794,  Mme.  Bâl»y  l'abandonna,  lorsipio  Ceux-ci  on  prirent  po4sos- 


—  97  — 

8ion  (1),  et  elle  vinL  habiter  Québec.  Par  cette  démarche  elle  voulut  se  conformer 
aux  vues  et  aux  intentions  ds  son  mari,  résolue  d'abandonner  son  endroit  natal 
et  tout  ce  qui  pouvait  l'y  retenir  plutôt  que  de  renoncer,  elle  et  ses  enfants,  à 
l'allégeance  jurée  à  l'Angleterre.  Elle  laissa  derrière  elle  son  fils  aîné  pour 
liquider  les  affaires  de  commerce,  gérer  les  biens  et  administrer  les  terr.îs  et  les 
moulins  ;  gestion  dont  il  lui  rendit  compte  le  10  mai  1800,,  devant  Mtre.  Têtu, 
notaire,  à  Québec. 

En  arrivant  à  la  ville  elle  descendit  chez  son  gendre,  M.  Ralph-Ross 
Lewin,  major-de- ville,  et  put  s'installer  peu  après  dans  une  maison  appartenant 
à  M.  Germain  dit  DeBlois,  rue  de  la  Fabrique,  aujourd'hui  rebtUie  et  formant 
les  magasins  occupés  par  MM.  Glover  &  Oie.  En  septembre  (12)  1797  elle  fut 
nommée  tutrice  à  ses  enfants  encore  mineurs,  savoir,  à  Daniel,  âgé  de  Is  ans, 
Antoine-Duperron,  âgé  de  K?  ans,  et  Louis,  âgé  de  15  ans.  Toutes  ses  filles 
étaient  pourvues  par  mariage.  En  novembre  1800,  elle  procéda  à  faire  un 
inventaire  des  biens  de  la  communauté  avec  .son  mari  devant  Mtre.  Planté, 
notaire.  Elle  avait  donné  une  procuratioti  à  M.  Marchm  1,  curé  du  Détroit,  de 
faire  l'inventaire  des  biens  (|u'elle  posséilait  là  et  dans  les  environs.  Lî  notiire 
Roe  y  procéda  et  la  vente  du  mobilier  produisit  £1.502,  cours  d'Halifax,  satiS 
compter  ce  qui  fut  partagé  en  iiaturo,  entre  autres  les  dix  esclaves 

Suivant  l'état  de  compte  tl'alors  fourni  par  Alexander  Ellice,  son  banquier 
à  Lcmdrcs,  il  avait  en  dépôt  pour  placements  pour  elle  £2').408-7-7  sterling. 
Les  terre*  au  Détroit  étaient  d'une  étendue  considérable  et  leur  valeur  aujour- 
d'hui est  devenue  immense,  en  particulier  celle  dite  île  la  Rivière -Rouge,  k 
proximité  de  la  ville,  qui  contenait  originairement  douze  arpents  de  front  sur 
cent-vingt  île  profondeur.  Ce  domaine  provenait  d'une  concession  faite  à 
Duperron  pur  les  chefs  des  Ottawvis,  de  l'avis  et  du  consentement  de  cette 
nation,  par  contrat  du  2G  juillet  1780,  signé  par  Pontiac  et  les  autres  chefs.  On 
y  remaniue  le  seing  particulier  et  emblématique  apposé  par  chacun  d'eux.  Le 
titre  conqiorte  un  don,  connue  gage  d'estiuie  et  d'amitié  de  leur  part  envers 
Bâhy.  "  Nous  lui  ,  .lumons,"  dusent-ils,  "  un  feu  de  pais  et  de  tranquillité." 
Lecommmdant  de  Peyster  confirma  ce  contrat  et  Thomas  Williams,  juge  de 
paix  du  lieu,  attesta  la  vérification  des  signatures,  ainsi  qu'on  le  voit  par  l'entréiî 
à  cet  effet  ([ui  se  trouve  dans  les  archives  de  la  ville  du  Détroit.  SpringwolLs 
couvre  aujourd'hui  ce  terrain  et  la  ville  s'étend  vers  là.  L'étendue  de  cette 
terre  qui  touche  à  l'est  au  fort  Wayne  vaut  aujourd'hui  plusieurs  millions  et  ne 
peut  qu'augmenter  en  valeur.  Le  gouvernement  américain  ne  voulut  pis 
reconnaître  le  titre  des  Sauvages  quant  à  toute  son  étenlue,  miis  seulement 
pour  la  partie  cultivée  et  mise  en  valeur,  et  celle  occupée  par  les  moulins  à 
farine  sur  la  Rivière- Rouge.  Si  la  famille  n  eilt  pas  émigré,  pout-ôt  e  auraitullo 
pu  conserver  cette  propriété  en  entier,  c'est-à-dire,  1,41  )  arpjnts  en  suparrtiie. 
Même  en  ne  conserv.int  dius  la  famille  ipie  la  pvrtie  nr.x  enlevée,  et  en  suivant 
le  conseil  donné  à  ses  enfants  pnv  le  vieux  J.  Jacob  Astor,  dans  un  cis  seml)lab !e, 

(I)  11  juillet  17%. 


_  98  — 

en  leur  disant  :  "  Boy-i,  don't  sell  the  fann,"  los  liôritiei'.s  de  D.iporron  auraient 
aujourd'hui  en  mnins  une  immense  fortune.  Mais  dos  revers  successifs  joints 
à  l'émigration  sur  le  sol  canidien,  les  fon;èi'ent  à  une  vente  à  vil  prix. 

Le  ^gouvernement  aniéricuin  ne  voulut  pas  non  jilus  reconnaître  une 
autre  conce-ssion  de  l'Islo-aux-Cerfs,  du  12  septembre  1780,  par  les  mèim's  chefs 
H  Bâby,  (1)  ni  nne  autre  concession,  obtenue  des  Olijipois  pour  l'exploitatiou  du 
bois  de  commerce  sur  la  Rivière-aux-Hurons  (Clinton),  nu  nord  du  lac  Sainte- 
Claire.  Elle  comprenait  cinq  lieues  de  profomleur  de  chaipie  coté  «le  la  ri- 
vière. (2)  Cette  étendue  formait  un  domaine  plus  vaste  que  celui  de  plusieurs 
principautés  en  Europe.  (3) 

A  part  les  terrains  dans  la  ville  du  Détroit,  la  succession  comprenait  des 
terres  en  culture  de  l'autre  côté  de  la  rivière.  Celle  dite  des  "  .si.c  ((ry)'»Ys" 
longeant  la  rivière  contenait  120  arpents  de  profon<leur.  Auprès  était  la  terre 
dite  "  terre-à-Bourron,"  contenant  IGO  erpents;  la  terre  "  Lofortune,"  ne  1(30 
arpents,  et  trois  autres  terres  de  4  arpents  sur  50  de  prof ondeur  cluviue,  formant 
600  antres  arpcnis,  ou  nn  total  de  terres  arables  de  1640  arpents.  Une  partie 
était  en  bon  état  de  culture  et  d'explotation  puisiju'on  y  comptait  208  têtes 
de  bétail.  Si  on  ajoute  les  autres  concussions  de  terres  dans  divers  cinb(jiis  du 
Haut-Canada,  de  la  contenance  de  200  acres  chaque,  obtenues  du  goiiverneinent, 
on  voit  que  les  biens  fonciers  de  M  Dup  -rron  Bâby  avaient  une  étendue  et 
une  valeur  considérables,  et  étaient  situées  dans  une  contrée  belle  et  fertile, 
comme  il  n'y  en  a  pas  de  moiliei;re  en  Canada. 

De  plus,  si  l'on  considère  qu'il  a  commencé  sa  carrière  sans  ai  le  connue, 
et  qu'il  n'a  dû  qu'à  lui-même  la  fortune  (lu'il  a  su  amasser  pendant  les  vingt- 
huit  années  de  son  ménage,  et  (jn'il  n'a  laissé  aucune  dettes  passives,  on  con- 
viendra qu'il  avait  un  talent  lemarquable  pour  le  négoce,  (pi'il  sut  conduire 
avec  une  stricte  proltité  et  une  honnêteté  à  toute  épreuve.  Iji  réputation 
attachée  à  son  nom,  sous  ce  double  rapport,  m 'rite  l'a  bnir.itiou  di  ses  d;-iCi'n- 
dants  et  un  respect  particulier  pour  .sa  mémoire.  Qu'ils  songent  (|ue  cet  aiVul 
n'avait  ipie  six  ans  à  la  moit  de  son  père  et  (lUe  ce  n'est  <|ue  p.'ir  son  travail  ec 
son  énergie  qu'il  fit  son  chemin  dans  le  uionde  ;  et  (pie  dans  son  avancement  il 
dut  passer  à  travers  de  diHicultés  sérieuses  et  que,  en  tout  temps,  il  sut  maintenir 
dignement  une  position  sociale  honorable. 

Ajoutons  <ju'il  avait  vécu  sur  un  pied  dispendieux,  vu  sa  nombreuse 
famille,  et  même  on  peut  <lire  avec  un  certain  luxe,  si  on  en  juge  par  les  ciiui 
montres  en  or  à  ôO  guinées  la  pièce,  pour  sa  femme  et  ses  filles,  et  des  toilettes 
d  Europe  à  l'avenant.     Si  bien   que  quand  les  demoiselles  Babie,  à  leur  début, 


(1)  U'ai/ne  records,  vo\.  C,  p. 'J. 

(2)  /,/.,  vol.  C,  p.  160. 

(3)  Plusieurs  de  ces  titres  provenant  des  Sauvages  avaient  été  roini»  à  Jacqups 
(James)  Buby  pour  les  faire  valoir;  voir  procuration  du  17  mai  17'J7  «l'.Vllnn  Bolliiii^liaiu  ot 
iij-.,  Cliaboiiley,  N.  1'.,  Montréal.  M.  Frank  IJàby,  do  Toronto,  urrièropetit-lils,  en  i)0»âédo 
encore  queUpies-uns. 


—  99  — 

descendirent  à  Montréal,  la  chronique  rapporte  que  les  dames  de  \a  ville  s'em- 
pressèrent, avec  cette  curiosité  si  naturelle  à  leur  sexe,  d'aller  voir  les  beaux 
atours  des  petites  "  sauvaçiosses,"  ainsi  qu'elles  les  appelaient,  non  sans  une  petite 
pointe  de  malignité  féminine  Le  l'ait  est  ([u'elles  étaient  bien  bruaes,  néiUMioins 
elles  étaient  belles  de  figure  et  de  taille,  spécialement  Snsanne  (1)  et  Thérèse- 
Les  gens  de  l'équipage  (de  la  hatdéé)  qui  les  descon  laient,  re:id:iient  tout 
bonnement  la  même  idée  de  leur  teint  dans  un  langage  naïf  et  imagé.  "  Elles 
ne  sont  pas  salissantes,"  disaient-ils. 

Nous  avons  dit  que  les  époux  Duperron  Bâby  avaient  eu  une  nombreuse 
famille.  Ma  mère  m'a  souvent  répétée  qu'ils  avaient  ou  22  enfants.  J'en  noinaie 
20,  à  l'arbre  généalogique.  Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  dornier  ici,  en  outre  <le 
l'appendice,  la  li.ste  des  noms  et  les  dates  de  naissance  de  chacun  d'eux  telles 
qu'elles  apparaissent  aux  registres  de  la  paroisse  de  Sainte- Anne,  du  D''troit. 
1  et  2.  Jacques  et   un  autre,  les  bessons  nés   le  10  juillet  I7G1,  à   la  l)aie  de 

Niaouaré;  Jacques,  baptisé  à  Montréal,  le  18  juillet,  même  mois,  et  mort 

peu  après.     Iv   nnirraine.  Dame  Dauteuil,  était  Thérèse  Catin,  Vve.  de 

Simon  lléaui.ie,  et  tante  de  l'enfant. 


(1)  Susanne,  (<levenne  ensuite  Mme.  Allison)  ôtait  belle  à  attirer  l'attention.  Un 
dimanche  qu'elle  vint  à  l'ofti-auile,  le  Pèi'e  Simple  Boquet,  curé  du  Détroit,  qui  était  fort 
naïf  et  plein  de  boiihoauuio,  se  mit  à  la  regarder  et  dit  à  son  bedeau,  as.soz  haut  pour  êtro 
entendu  dans  l'éjilise  :  "  Elle  est  bien  gentille."  Celle-ci  racontait  combien  elle  avait  rougi 
du  compliment  devant  l'assistance. 

Pendant  ses  dernières  années,  le  Père  Simple,  parvenu  à  un  Age  avancé,  perdait 
souvent  la  tramontane  et  il  lui  arrivait,  par  fois,  do  parler  tout  haut  clans  l'église.  Un  jour 
qu'il  faisait  la  procession  de  la  Ste-Vierge,  il  était  ai  faible  que  deux  marguilliers  étaient 
obligés  de  lui  soutenir  les  bras  qui  pouvaient  à  peine  porter  la  statue.  Voyant  qu'elle 
trébuchait  à  cha<jue  pas  :  "  (Ju'ost  ce  qu'elle  a,"  dit-il  assez  haut,  "  elle  frétille  comme  une 
anguille.'' 

Une  autre  fois,  penclant  la  messe  de  la  Sainte-Trinité,  oîi  l'on  faisait  le  renouvello- 
miMit  des  vœux  du  baptême,  il  s'apei-çut  que  son  sacristain,  noiumé  Persil,  dormait.  Il  lui 
donna  un  coup  <lo  cierge  sur  la  tête  pour  le  réveiller.  "  Quand  je  vous  le  disais  (pi'il  me 
tuerait,''  dit  Persil  tout  haut  en  se  réveillant  et  se  frottant  la  tête.  A  la  fin  le  Père 
Siiiii)le  radotait  tant  qu'on  fut  obligé  do  le  renvoyer  tV  Québec,  chez  les  Récollets,  où  les 
Pères  avaient  le  permis  de  continuer  à  subsister  jusqu'au  décès  du  dernier  siu'vivant  île 
l'or.îre  en  Canada,  ainsi  ipio  l'avait  décrété  le  gouvernement  anglais.  On  embarqua  donc 
le  Père  à  bord  d'un  vaisseau.  Au  l)out  do  quelque  temps  le  Père  entendant  sur  sa  tête  le 
bruit  des  facs  qu'on  chargeait  à  l)ord  ;  "  qu'est-ce  donc,"  tlit-il  à  Persil  '.'  "  Co  n'est  rien,  ce 
n'est  rien,"  <lit  celui-ci,  "  ce  sont  les  gens  (jui  apportent  la  diaie."  "  Tant  mieux,  tant 
mieux,  reprit  le  Père,  elle  rond  bien  cettii  année." 

François  Leduc  dit  Persil,  tel  était  le  nom  du  sacristain,  bedeau  et  domestique  du 
Père  Hoquet,  dont  il  devint  le  légataire  par  son  testament  du  4  mars  1777.  Jii't/inln'  du 
Déiroil,  p.  l'.tl).  Le  Père  Simple  IJocpiet  est  le  môme  qui  fut  curé  missionnaire  aux  Trois- 
Rivières,  en  I7")4.     (llinl.  'In  M'inimHirp,  Ur.,  Troi.i-Ric,  p.  l!30). 

Madame  Lafrandioise  racontait  que  le  Père  Simple,  en  allant  rendre  ses  devoirs  A, 
il.  et  Mme.  Ttiiby,  demandait  invariablement  sa  tasao  do  café  à  oelle-ci,  en  disant  (^u'il  n'y 
en  avait  pas  de  meilleiu'  au  monde. 


—  100  — 

3.  /S'wsawîe,  née  au  Détroit,  12  juillet  1762,  s.  26  mai  1765. 
4   Jacques,       "  "  25  août  1763,  parrain,  Antoine  Bàby,  oncle;  mar- 

raine, Angélique  Desrivières  ;  décédé  à  York,  (Toronto).  19  février  1833. 

5.  Alexis,  né  24  septembre  1764.  mort  jeune. 

6.  Thomas,  né  22  décembre  1765,     "        " 

7.  Sasannc,  née  24  novembre  1706,   décédée  à  Amherstburg  en  février  1813, 

épouse  du  Capt.  Wm.  Caldwel!. 

8.  Thérèse,  née  1767,  épouse  du  Capt.  Thomas  Allison,  décédée  à  Québec,  27 

mars  1839. 

9.  François,  né  le  7  décembre  1768,  décédé  à  Windsor,  24  novembre  1836. 

10.  Jean-Baptiste,  né  le  10  janvier  1770,  décédé  à  Sandwich,  vers  1854, 

11.  Théotiste,  née  le  24  janvier  1771,  décédée  élève   au  Couvent   des  Trois- 

Rivières,  vers  l'âge  de  douze  ans. 

12.  Catherine,  née  le  10  février  1772,  décédée  en  bas  âge. 

13.  Pierre,  né  le  4  mars  1773,  décédé  11  juillet  1773. 

14.  Archange,  née  le  25  mai  1774,  décédée  à  Amherstburg  le  23  février  1850. 
1.5.  Antoine,  né  le  19  juin  1775,  décédé  le  2  septembre  1775. 

16.  Pierre,  né  le  19  août  1776,  décédé  à  Sandwich  en  1811. 

17.  Moniqite,  née  1777,  ép)U.^e  do  Allun  Beliinghaui,  décédée  en  Angleterre, 

après  1833. 

18.  Daniel,  né  le  28  décembre  1778,  décédé  ù  Londre.s,  major-général,  en  1858. 

19.  Antoine-Ditperron,  né  1779,  décédé  à  Tours,  en  France,  vers  1850. 

20.  Louis,  né  1781,  tué  en  duel  à  l'Islu  Bourbon,  vers  la  tin  de  1812  (1). 

Pour  compléter  le  nombre  de  Î2,  que  ma  mère  a  toujours  affirmé  être  le 
véritable,  il  en  serait  survenu  deux  autres  probablement  depuis,  qui  n'auraient 
pas  vécu. 

Lors  du  décès  du  père  il  en  survivait  onze  ainsi  que  le  constate  la  partage 
de  sa  succession. 

Suivant  ce  que  m'a  rapporté  mi  mère,  pour  l'avoir  entendu  dire, 
Duperron  aurait  eu  une  fille  naturelle,  métis  indienne,  qui  aurait  épousé  "  Blue 
Jacket,"  chef  sauvage  renommé  de  la  tribu  des  Hurons.  Elle  était  venue  avec 
son  ïuari  à  Malden  (Amherstburg),  recevoir  les  présents  accoutumés  du  Roi.  (2) 
De  là  elle  s'était  rendue  à  Sandwich  chez  M.  Jacques  B.iby,  portant  son  p  ipoone 
emmaillotté  à  la  façon  des  indigènes  ;  c'est  ce  qui  frappa  ma  mère,  qui  était 


(1)  .\près  la  naissance  de  Louis,  Madame  Biiby  avait  dû  descendre  il  Montréal  on 
promenade,  ainsi  que  Mme  Benoît  l'écrit  de  cet  endroit,  le  5  juillet  1782,  disant  que  Mme, 
Bàby  s'était  rendue  assez  promptement  au  Détroit, 

(2)  Los  sauvages  y  venaient  en  grand  nombre.    "  On  July  27 th  (1810)  large  bodie» 

"  of  Indianr continue  to  visit  the  British  post  and  are  supplied  with  ammunitions, 

"  orms  and  provisions."     (Far mer,  p.  272). 


—  101  — 

tonte  jenno  alo 's.  Mili'a>  Blhy,  s-i  pr)prc  iu^l'c,  étiit  on  inTMiio  tein;)^ 
ticcoiicliée  d'un  nouveiin-iié,  efc  elle  cmit  S'>  iMp:)i!ler  ([a' 'lie  n'était  pas  encore 
relovée  (le  ses  couches.  Ce  devait  être  à  la  aiissance  d  12  l  )',iir  l,  en  déce  ii'ii'o 
1809,  où  elle  avait  (i  ans.  Cest  là  un  des  premiers  souvenirs  d'enfance  qui  lui 
rappelaient  sa  mère,  laquelle  portait,  dans  les  eirconstmc  "s,  un  visible  intérôjà 
Tcnfant  do  l'indienne.  Ce  Blue-Jaeket  oiamaudait  lo3  Cliaouénons  de  la  tri'iu 
<les  Murons,  alliée  aux  Anglais,  et  contribua  pour  sa  bonne  pirt  à  la  défaite  de 
St.  Clair  à  la  Rivière  des  Miainis,  en  17D1,  et  à  cell.'  du  gjnéral  Winchester  à 
Mns(|Ui  gon,  en  1813.  Son  campement  était  établi  sur  le  bord  ouest  de  la  rivière 
Détroit  et  un  peu  au  nord  de  la  Uivière-aux-llaisins  (|ui  s'y  décharge  Ci!  fut 
là  le  théâtre  du  terrible  massacre  îles  troupts  aniéi'icaiues  le  23  janvier  1813 
par  les  Sauvages.  Blue-Jacket  avait  oi»t-nu  en  1SJ8,  du  gouverne  ne;ib  de 
^\  ii.'-hington,  la  reconnaissance  de  son  titre  à  80  ar])ents  de  terre  en  ce  lieu, 
lequel  a  conservé  son  nom  ancien  (le  M  ).ig  lagon.  Ce  giiiriier  d)it  éLre  ie 
nu^Mne  ([ui,  le  10  octobre  1774,  .se  trouvait  à  la  oatailie  du  '■  l'olnt-Ploa-;ant  "  (buis 
la  Virginie,  où  périi-ent  les  colonels  Lewis  et  Field  et  plusieiir;  ollicicrs.  B;uo 
Jacket  paraît  avoii"  toujours  été  attaché  à  la  cause  des  Anglais  contre  les 
Américains.  Dans  sa  réponse  à  l'envoyé  du  général  St.  Clair  en  1791,  il  lui  dit  : 
"  Nous  sommes  .«ensibles  à  votre  discour.--  et.  il  r.ous  pliît  liien,  mais  nous  no 
'■  i)ou\ons  vous  l'épondre  avant  (.l'en  entendie  de  la  part  àa  notre  pè.'o  du 
"  Détroit."     (Losnihfi ) 

Madame  Duperron  Bàby  ayant  pourvu  à  s  s  tilles  par  mariage, pourvut 
également  à  l'établi.s.-ement  de  .ses  (piatre  derniers  tils.  Pierre  fut  envoyé  à 
Edindiurg  pour  y  terminer,  à  l'Université,  son  cours  d'études  médicales.  Daniel, 
Antoine-Duj)erion,et  L(aiis,  préféiant  la  carrière  des  armes, entrèrent  tous  trois 
dims  l'aiinée  angli.ise.  Leur  mère  leur  acheta,  chacun,  le  grade  de  lieutenant. 
La  commission  de  Daniel  date  du  9  novembre  1797,  les  autres  de  peu  de  temps 
après. 

Madame  D.  lîâby,  ayant  réglé  toutes  ses  affiiires  temporelles  et  partagé 
entre  ses  enfants  leurs  jiarts  d'héritage  paternel,  résolut  de  se  retirer  du  monde, 
p(au'  mieux  faire  de  son  salut  son  uni(|Ui'  occupation,  lille  entra (1 1  mai  18)2), 
comme  pensionnaire,  au  couvent,  de  l'FL'ipital-Gé'iéral,  près  Québec,  pour  y 
tei'mnier  le  reste  de  ses  jours  dans  la  prière  et  les  exercices  de  piété.  L;3  data  .s 
religieuses  convinrent  d'une  somme  ainuielle  de  1500  livres  pour  cllj  et  .sa 
servante  F-lizabeth.  Les  annales  (Uï  la  connnunaut''  font  mention  de  l'entrée 
de  C(.'tt(-'  Dame  connue  prusiouiiaire,  et  occuiiant    la  eh  iml)rc   vis-à-vis  C'ii' di; 

ré\(M|iie et   ajoutent  "([u'elle  était  très  charitable  et  pieuse."     Elle  é  lilia 

[lar  une  vie  sainte  les  uoiuies  religieuses  pi'udant  les  on/iî  aimées  ([u'elle  pas-^a 
dau'^  leurcouvent.  C'est  là  (|ue  ma  mère  l'a  conniie,  en  1811,  lorsqu'elle  fut 
envoyée  à  Québec  pour  y  recevoir  son  éducation,  qu'elle  connuença  à  l'Hôpital- 
Cîénéral,  sous  la  tutelle  de  sa  grand'mere.  Elle  passa  cet  hiver  avec  elle  et  fut 
à  niêine  de  l'observer  :  elle  remarquait  son  (ixtréme  pi'Cfjreté.  C^)mme  in  lice, 
elle  fiisait  nettoyer  ses  robes  de  soie  avec  de  la  mie  de  pain  par  sa  servante. 


—  102  — 

Durant  l'été  de  1813,  la  santé  de  madame  Bâby  s'altéra  visiblement. 
D  ins  l'espoir  de  se  rétablir  elle  voulut  profiter  de  la  belle  saison  en  allant 
chercher  le  bon  air  à  la  campagne.  Son  gendre,  le  Major  Ross-Lewin,  occupait^ 
comme  résidence  d'été,  l'ancienne  ferme  des  Jésuites,  donnant  sur  le  fleuve  à 
Beauport,  (1)  et  fut  bien  aise  de  l'accueillir  chez  lui.  ("ependant,  malgré  tons  les 
bons  soins  et  les  services  les  plus  attentifs  de  sa  tille,  de  son  gendre  et  de  ma 
mère,  et  tous  les  secours  de  l'art,  rien  ne  put  arrêter  le  progrès  de  la  maladie.  On 
fut  obligé  de  ramener  la  malade  à  la  mai.son  di  ville,  (2)  où  peu  de  t-mps  après 
elle  trépassa.  Elle  fut  inhumée  le  1er  octobre  1813,  dans  la  cathédrale,  sous  la 
chapel'e  Sainte-Anr.e,  du  côté  de  l'évangile,  au  milieu  d'un  grand  concours  de 
citoyens  et  de  tous  les  notables  de  la  ville.  Elle  était  âgée  de  73  ans  et  avait 
jurvécu  24  ans  à  son  miri. 

C'était  une  personne  assez  petite  de  taille,  mais  bien  prise  et  d'une  ex- 
cellente constitution,  que  sa  nombreuse  famille  n'avait  pas  altérée.  Ses 
traits  étaient  réguliers,  son  visage  et  son  air  agréables  et  imposants  à  la  fois  ; 
son  expression  indiquait  une  intelligence  hors  du  commun  et  un  caractère  éner- 
gi(iue  et  plein  d'activité.  Epouse  aftoctueuse,  mère  dévouée  à  ses  enfants, 
((u'ellf  éleva  avec  douceur  et  fermeté,  elle  remplit  dignement  tous  les  devoirs 
de  son  état.  Son  instruction  n'ava  t  pn  (|u'être  bien  limitée,  car,  à  l'origine  de 
la  petite  colonie,  conniiencée  au  fort  Pontchartrain,  il  n'y  avait  pas  d'écoles  pour 
ain.si  diie.  Mais  madame  Kâby  était  parvenue  à  y  suppléer  de  son  mieux  par 
de  bonnes  lectures,  des  livres  bien  choisis,  et  elle  avait  pu  acquérir  îles  conniis- 
snr.ces  utiles  et  suffisantes  pour  le  nnlieuoù  elle  était  appelée  à  vivre.  Un  juge- 
ment sain,  appuyé  sur  des  principes  de  religion  solides  et  écliiirés,  lui  traçait 
sa  ligne  de  conduite,  qui  fut  toujours  invariable.  Sa  mémoire  est  restée  en 
vénéiution  parmi  ses  enfants,  tjui  l'aimaient,  la  craignaient  et  lui  témoignèrent 


^1)  Le  séjour  à  cette  villa  étnit  des  plus  ajii'éaliles  par  la  beauté  du  site,  l'air  pur  do 
la  brise  du  fleuve,  et  très  confortable  par  la  spucieu.so  dimension  de  l'édilice  et  de  ses 
dépendances. 

Quelques  amis  du  voisinage,  entre  autres  les  do  Salaberry,  qui  domeuraient  auprès, 
étaient  des  habitués  do  la  maison.  Ma  mère  nie  racontait  qu'elle  faisait  la  partie  d'échecs 
avec  le  colonel  de  Salaberry,  le  héros  do  Chàtcauguay,  ()ui  aimait  ce  jeu. 

Puis  elle  so  mettait  au  clavecin  et  jouait  pour  lui.  Il  lui  arriva  un  soir  de  toml)or 
•ur  l'air,  (Vj  ira,  fa  ira,  les  arislns  lï  la  lanterne.  Le  colonel  poussa  un  cri  en  se  bouchant 
jes  oreilles  :  "  Quoi  1  tme  Bâby  jouer  un  pareil  air?"  Ma  mère  ignorait  et  apprit  alors 
qu'un  Salaberry,  parfaitement  innocent,  cousin  du  colonel,  avait  été  guillotiné  par  les  sans- 
culottes  pendant  la  Révolution. 

Les  de  Salaberry  avaient  un  portrait  en  pied  du  duc  de  Lesdiguèro,  le  héros  do  la 
prise  de  Mantoue.  J'ai  lieu  <le  croire  que  ce  tableau  provenait  du  juge  de  Bonne,  du 
iiiênie  nom  et  de  la  uiême  famille  que  celle  du  duc,  et  qui  résidait  à  Bcaujjort  non  loin  des 
de  Salaberry. 

.l'ai  vu  moi-même  ce  portrait  chez  Melle.  Kuiilie  de  Salaberry,  en  IS4fi,  en  na  demeure, 
»ur  sa  propriété,  tenue  en  lief,  relevant  du  domaine  de  Beauport. 

(2)  Pevenue  le  presbytère  irlandais  actuel,  tel  que  rebuti,  et  maintenant  occupé  par 
les  Pérès  Kédemptoristes. 


—  103  — 

toujours  un  grand  respect.  Jaimiis  ils  ne  lui  écrivaient  sln^  sa  sjuscriro,  avec  la 
plus  paiftiite  tendresse,  ses  très  humbles  serviteurs  et  fils.  Elle  renvoya,  un  jour, 
à  l'un  d'eux  une  lettre  qu'il  n'avait  pas  formulée  avec  une  terminaison  an  ilogiie 
de  respect  et  de  soumission  filiale. 

Il  est  doux  de  rappeler  le  souvenir  d'une  seinMable  aïeule  et  do  pouvoir 
citer  l'exemple  d'une  femme  dont  la  carrière  a  été  si  bien  remplie.  Comnij  la 
femme  forte  des  Livres  saints  elle  a  mérité  d'être  couronnée  d'honneur  ici-bas  et 
de  gloire  dans  le  ciel. 

On  se  demandera  peut-être  comment  il  se  fait  que  madame  Bâby  ait 
con.'^enti  au  mariage  de  ses  tilles  avec  des  protestants.  Il  faut  coin  neucer  par 
faire  la  part  du  temps  et  du  lieu.  Il  n'y  avait  guère  de  partis  sortables  dans 
l'endroit,  et  les  jeunes  tilles  se  .sentirent  peu  disposées  à  épouser  des  traiteurs  à 
cause  de  leurs  relations  bien  connues  avec  les  femmes  imlionnes.  Et,  au  bout 
d'un  certain  temps,  après  la  conquête,  il  y  avait  moins  de  préventions  contre  les 
Anglais  et  les  protestants  ;  car  un  contact  immédiat  avec  eux,  imposé  par  la 
néce.ssité,  avait  amené  des  relations  sociales  (jui  naturellement  se  terminaient 
par  des  alliances.  Cep.-ndant  il  faut  dire  que  madame  Bâby  refusa  d'assister 
à  ces  mariages,  qui  furent  contractés  soit  devant  des  ministres  anglicans,  soit 
peut-être  devant  des  magistrats,  suivant  l'usage  du  lieu  alors. 

Par  son  testament  olographe,  daté  du  17  avril  1S13,  madame  Bâlty 
tonmiença  par  donner  .£:î25  aux  curés  de  Québec  et  de  Samlvvich  pour  Ijs 
p^iuvres  et  une  rente  viagère  à  sa  .servante  Elizabeth.  Elle  fit  remise  à 
l'Hôpital-Oénéral  d'une  certaine  somme  (|u'elle  avait  prêtée  à  cette  communauté, 
et  un  legs  particulier  de  £5  )0  à  son  tils  aîné  Jac(iue8,  pour  l'inleinuisjr  un  peu 
des  pertes  (pie  les  Américains  lui  avaient  fait  subir  en  coutisquant  les  terres 
qu'il  avait  eues  de  .son  père  et  (pli  provenaient  îles  Sauvages.  Ls  reste  iil.S,570- 
6-5A  fut  partigé  entre  ses  dix  enfants  survivants,  pir  p  irts  égales. 

Comme  elle  n'avait  pas  disposé  spécialement  des  biens  fonciers  situés 
dans  le  Haut-Canada  ils  échurent  a  l'aîné,  suivant  la  loi  du  lieu. 

•  « 

Jetons  tn.'iiiitenant  un  coup  d'<pil  .sur  la  famille  de  Susanne  Hubert  de  la 
Lacroix  Kéaume.  Quehpies  rensi>ignemeuts  sur  elle  trouvent  naturellement 
leur  place  ici.  Cette  famille  date,  dans  le  pays,  des  premiers  temps  de  la 
colon  e,  comme  on  peut  le  voir  par  l'arbre  généalogi(|ue,  appendice  F.  Elle 
était  bien  posée  et  avait  de  bonnes  alliances. 

A  l'époque  dont  nous  parlons,  c'est-à-dire  avant  le  mariage  de  Susanne, 
sa  sœur  venait  d  épouser  (4  novembre  1070)  "  Charles  Danou,  (1)  sieur  de  Muy 
"  (Mou}'),  enseigne  en  pied  du  détachement  des  trimpes  de  la  marine,  en  garnison 
"  au  Détroit,  fils  de  Jacques  Danou,  Ecuier,  seigneur  do  Muy,  chjvalier  de 
"  l'ordre  royal  et  militaire  do  St- Louis,  capitaine  et  commandant  pour  le  Roi 


(I)  Dont  on  fait  Daniau,  Daneau,  D'agneau,  Daignean,  eto. 


—  lOi  — 

"en  cette  ville,  et  do  tléfiinte  Loiiise-Cieiieviève  Ruette  iTAiiteuil,  (1)  venant 
"  'Je  Montréal."  (2)  A  ce  niîiringe  iissistineut  .TaeiiUts-DiipiTrim  Bûliy,  ^[  l'ieoté 
(le  Bellestre,  iiouveiui  coninwiii<lant,  et  (|ui  devenait  oncle  de  lu  ni,ii'ii''e,  ayant 
épousé  Mai'ie-Amvj  Mi,'nui;  A;j,Mtho  do  Si'lo),  C)ti>iiis  et  aiti'o-:.  Au'um! 
P)âl>y  signe  nu^si  nu  iiijistre  n\ic  les  lettres  P.  K.  ajovitées  à  sa  signatui'e,  <jni 
signifient,  je  crois,  l'oste  du  Roi. 

Pierre  Réaiinie.  le  |  ère  de  la  niarit'e,  t'tait  riég<iciaut,  im  (1<'.~,  notaMes  de 
l'endroit  et  a  continué  d'être  un  descit«yens  maniuauts.  (  )n  le  retrace  jus(|u'eu 
1777,  époijue  où  il  di-parait,  sans  <ine  je  puisse  trouver  aueaui:  trace  iudiipi.uit 
son  décès.  Oii  a  vu  (ju'il  était  propriétaire  d'une  l>el'e  terr'-  du  cùlé  sud  de  la 
rivière,  (|ue  Pontiae  dé\a>ta  dans  la  nuit  du  1)  siptenihre  17(io. 

Son  frère,  le  Colonel  Jeun-Papt.  Réaume,  coinniandait  les  luilioes  do 
Miinti'éal  et  périt  glorieusfnient  ù  la  bataille  de  Sainte-Foye.  C'e.>t  le  uièuie 
qui  était  aussi  ii-terpi'ète  auprès  de  {ilu>ieurs  tribus  s.nua^i's.  Li  l:{  ni.ii  17.')7, 
étant  int^Tiirè  •  à  la  lîii.',  il  \iiit  à  la  uii-^siiui  de  .Mieliilliniakinae  l'aire  liapti,>cr 
coninu'  f]iiu\  de  Marii-J.ixpli,  Kur  eid'ant,  Josciili,  né'  le  7  mai  1 7.'3''),  dans 
riiivernenient  du  Mississippi. 

Un  autre  Rénunu',  Charles,  négociant  de  Montréal,  était  de  la  nit'nie 
fauiiilc  ain>i  ipi'ou  le  voit  dans  inie  transaction  entre  lui  et  euusoit-*  avec  le 
niéuii'  Cliarli's  Kaiiuu.au  sujet  de  la  suecossiou  d.*  Cliaii.'s  IJucLCe  d'Aiileud 
piaii-  la  seigiiriirii'  de  !.i  (iraude-Anse  (la  Pocatière)  et  celle  de  •faeipiesO  irtier. 
Parmi  les  intiTi'ssés  à  celte  transaction  étaient  les  Ir'u'itiers  île  Dame  JucUereaii 
savoir:  Ddlf  'l'Ie'iè^i'  Polet  df  la  Poeatièi'c,  iss'ie  d'un  premi  v  m  ii-iag-  et  é-p  )use 
du  .'•lante  de  I! 'thuiie  ;  Miîdrlei  u'  d'Auti'uil,  épiius.'  du  c'ie'valii'i-  d.'  ("ourey 
Ignace  d'Aut  iiil,  fte.     {drc/h'  ilr  P.iiu't,  iiotiirc,  ;i  M  uitr'al,  \<;;-s  I7s)  ) 

C'iiarles  Réaume,  fils  de  P  erre,  (ÎJ)  devint  capitaine  ilaiis  l'ariuée  an<»'lai.se 
et  occupait  un  poste  (pii  relevait  du  surintendant  des  Siuv.iges.  Il  alla  ensuite 
s'é'taMir  à  la  Pi.iii.'-Verte  v<;rs  l"l)l>,  où  il  mourut  entre  ISfN  et  l)^2i,  ( First 
Ainiiiiil  Iv  i>.  nf  SItiff,  Illff.  tij  ir/s,  p.  (il,)  ayant  rempli  les  fouetious  de  jui'o 
du  lieu.  Ses  décisimrs  élaieiit  sommaires.  I^-'  .luge  Cam]iliell  (  Oui' i)h  i  ,if  fin' 
Ili-it.  nf  Mli-liii/'i  II,  \<\>.  |;")lMt)())  lacontt'  la  manière  pi  indtive  dont  ci-  li^'-aume 
f.xer(,'ait  ses  pouvoiis  judieiaiies.  (^uoi^pie,  dit  il,  il  sévi^siit  s mvi-iit  à  l,i  t'ae,)n 
orientale,  néanmi.)ins,  il  aj  lUte,  ciaume  pailialif,  (pi'il  n'alla  p  s  ju-ipi  à  condam- 


(1)  Jt-u/islre  lie  SlfAnne  <lu  Délmll. 

Ci)  liuello  est  iH-tto  miîre  n.iaio  lliiette  .l'Aiiteiiil,  tiiUo  ot  ni  UTiiii.'  ilo  ,Tii',|u..i( 
]!al>y,  né  i»  lu  biiio  ilo  Nirtouufé,  lo  8  et  bajitiHé  li  Montréal  le  IH  juillot  1701  ?  Elle  doit  être 
Tliéroso  Catui,  veuve  de  .'^imoii  Id-niuno,  \hm  ciaiuo  D'Auteuil, 

(.'5)  M.  l'iilthé  Hliéaunie,  du  Sômiiiaiiu  do  liuôlit'o,  m'ôiTlt  ce  qui  suit  : 

D'iipres  me»  note.-,  le  yige  C'iitirle»  Uéainno  ôuiit  liis  de  CliarlosAuL'iinte  et  .le 
>rargu<>rito  Lilielte.  Il  oi>oti»e,  le  15  »t>iitcailiic  17>3,  Marie  Louitie  Kainhaiilt  t\  Montréal, 
pl  Lou'iK,  son  (ii'\i\  avait  éiions-o,  I.'  lor  fév.  17"iii,  Gli.u'l.itto  Barllu-  ilu  DiHioit. 

Quanta  .Tulii,  née  en  174S,  ot  ayant  tjiousé  l'ierre  llay,  ou  1704;  «lin  est  lille  do 
Hyaelntho  i-t  Agalli"  !>.'  Ii  <",  H... 


—   105  — 

iit-r  ;i  In  iiriiu'  Ciijiitnlf.  11  cite  île  eiuinix  nij^^'iiionts,  pioiioncés  pnr  ce  jnijo, 
(lîuis  le  ofiii-e  lie  ceux  de  Sandio  dans  .^on  islo,  iiinis  loin  d'iivoir  le  même  lum 
sens. 

Un  autre  fils  du  même  Pitrre,  Loiiiw,  devint  ottii-ier  dans  les  mêmes 
tnuiies  iinj^'laisis,  épou-a  Marie-Cliiirlotte  iiartiie,  et  l'ut  tué  (juin/e  jouis  après 
son  mai'iîii^'i'. 

■lulie  Kc'nrme,  m'e  en  174S,  s'allia  à  Jolm  (Jeliu)  Hay,  devenu  lieutenant- 
couveineur  ilu  l)cti()it,  et  mourut  en  I7'.)4.  Leurs  de-cendauts  ont  pa->sf  l'u 
France  et  exi^tmt  -.ujourd  liui  ;  ce  sont  les  Hay  de  Montigty,  dont  l'un  était 
garde  ihi  coip.-^  Je  l'ini'oituné  I^ouis  XVi. 

* 
*  * 

Kt'\(ni'n-;à  la  cniiiiiiuation  de  l.i  ii-'n.  r  de  Kivmond  Hàl.y,  dans  1  ordre 
lie  n(ii.->anee. 

i».  /'/.-('/»'.  ni'e  lelOféviirr  17M2,  entivi  en  ri'li;:-ion  aux  l/rsulines  do 
Tiois-Ki\  ièrcs,  et  liixint  la  i,  ère  '1  lierè-e-dc-,T('sus,  si  liien  conmir.  <'ette  temuie 
n  inHrijuaMe  mu  ite  \ine  nu  ntion  >p<'eiale.  'l'oute  ji'une  elle  l'ut  placi'e  au  coU\t'!it 
lii  s  rr.-uiims  df  (^tui'liic,  ('1.'.  II,  p.  •_'.')4-)  et  ayant  terminé  là  si)n  éiluciition,  elle 
entia  comnn'  novice  au  monastère  du  même  ordit.'  aux  Trois-Kivièn's,  le  :2Ô 
janvier  17-M.  IJle  tit  pP  l'.ssidii  reliuii'Use,  le  1  :{  amU  \7'y-\  Sa  dot  lui  avait 
éié  constituée  le  21  j\iillit  ]irécéMlfnt,  suivant  ipiappert  à  l'acte  devant  liadeau, 
notai) e,  i|iii  reeut  aussi  son  testament,  le  2  septembre  171M5. 

(In  tiouvna  d'uiupl' s  détails  sur  la  vie  de  cette  religieuse  d  ms  r///>Vo(/v 
ilii  Mi'iiiii^l'  ir  i/'>  U rsiil i iKS  ili.s  Triii-i-lii rirrin,  ])uliliée  en  INN'^.  Les  <l''Ux 
ineendii  -.  du  '2-2  mai  ]7'yl  et  du  7  octnlutî  isOi)  ont  «létruit,  à  deux  reprises,  le 
moi.a^tèie  et  ses  arcldses.  ("elleri-ci  ont  été  ré'talilies  du  mieux  po-sihle  an 
moyen  des  i;r(  fies  des  notaires  et  autres  documents,  aussi  en  partie  par  la 
tiadition.  N'iici  mi  aliit''e;é' de  ce  ipie  j'axais  recueilli  ava\it  la  pulilication  île 
l'histoire  déjà  cit(''e.  I^.i  iuèr«'  Sie-'riiéTè^e-de-,le>us  fut  admise  au  .noni'ire  des 
(li^cièles  en  lîti^  et  continiia  de  former  paitie  du  corps  adininistrntii' de  la 
cohiii.unanté  jusii"  à  .-a  mnrt.  Llle  l'ut  é' lue  SiipiTii-nre  en  l  7^:!,  aviiut  |ia  s.'' 
jar  le.»  liiv'  ises  ciiarges  de  la  lu.u^on,  cnuiine  maitres>e  de-^  novices,  depositairi-, 
et  assivtiiide  s>ipi'riiure  en  I7<i'>  )u>i|\i  à  !7iiN.  KHe  |.'it  cél>'lirer  ses  noces  d'ir, 
«yiiiit  \  ccu  en  11  ii^^ion  02  ans  et  !•  luois.  Ses  deiiiières  aiMn''es  fuient  pistées  à 
1  .ntirmeiie,  et,  Kirs  du  dernier  incendie,  in  I.SOti,  les  citoyens  de  la  vide  la 
soitiient  du  milieu  des  11  immes.  l'ii  mois  fi|)rès  elle  ••einlait  sa  lielle  àine  ii 
l)ieu,  aux  lisuliiii's  de-  tj)ué'liee.  i|ui  avaient  ddiine  un  refu;;e  à  leurs  -leers  dea 
'l'iois  Ivivières. 

La  n  èie  'riiéiè»e-de-.lé'-ns  était  une  femme  di-fiiiiîuét»,  d'une  jrrandc 
sin.|>  i(  ilé,  d'un  excellent  jn^'cmt  nt.  I  )<.uée  .rmie  lionne  iiist  i  uetion  et  éMiucation, 
l'Ile  se  n  1  dit  fi  it  utile  à  sa  commumiiité,  ilont  elle  lit  "  l'Iioimeur  et  le  l.tmli'itr,  " 
dit  I  liistoi  ien  de  la  niaisun.      Il  exi.te   plusieurs  lettics  de   la  iiièie 'l'iiérèsc-du- 


—  106  — 

Jésus.     On   y   remarque  ce  style  concis,    simple   et  sans    apprêts    qii'aiiimit 
Montaigne,  "  parler  simple  et  naïf,  tel  à  la  bouclie  que  sur  le  papier . .  . ." 

En  voici  un  oxenipltî  (|ui  ^e  trouve  dans  la  correspondance  du  gouverneur 
Haldimand  : 

"  AU    Ot'xÉUAL   HALDIMAND,  ETC  ,  (lOUVEHXEUU,  ETC. 

"  Mon  général, 

"  La  protection  que  vous  avez  l)ion  voulu  accorder  à  notre  communauté 
me  fait  espérer  (pie  vous  voudrez  liien  continuer  à  lui  faire  ressentir  les  effets 
de  votre  lionté  dans  la  triste  occurrence  où  nous  nous  trouvons,  chargéi's  de 
plus  de  cent-vingt  personnes,  dont  le  plus  gran<l  nombre  sont  des  piiuv.-cs  et 
des  estroiiiés.  Nous  prenons  tionc  la  liberté  de  réclamer  à  votre  charité 
Connue  du  jière  conunun. 

Voici,  mon  général,  de  ipioi  il  s'ngit  :  nous  voyons  ipie  nous  touchons  au 
moment  de  nianiiuer  de  pain  ;  ma  conHance  s'est  ranimée  loi's(pie  j'ai  pensé  à 
l'ecourir  à  votre  Excellence. 

Nous  avons,  comme  tout  le  monde,  lU  le  unillieur  de  ne  recueillir  (pie  de 
très  mauvais  blé,  et  en  petite  (|uuntité  ;  les  menus  grains,  ainsi  que  toutes 
esjièces  de  légumes,  ont  entièrement  manqué  ;  ces  derniers  nous  étant  d'une 
grnn<ie  resstairce,  tant  ]iour  notre  communauté  (pie  p<jur  nos  pauvres,  et  pour 
stirci oit,  notre  moulin  n'a  pu  marcher  pendant  près  de  deux  mois,  ;e  qui  a 
ditdurné  les  moutures. 

Si  Voire  Excellence  est  touchée  de  notre  triste  situation  présente,  efc 
qu'elle  veuille  secourir  les  memlavs  de  Jésus-Christ,  elle  peut  être  assurée  tpie, 
par  devoir  et  par  inclination,  nous  redoublerons  nos  vn'ux  pour  (jue  Dieu 
Viénisse  les  généreuses  et  sages  dispositions  (pie  \'ous  faites  pour  la  con.servation 
de  ci'tte  province,  «pie  notre  '. îraeienx  Souverain  a  contiée  à  vos  soins  ;  ce  tpii 
redouble  envers  lui  notre  rec()nnais.sance.  Ce  sont  les  .sentiments  unanimes  de 
toutes  celles  (pli  comi)osent  cette  ct)mm,inauté,  et  tiès  particiilièiviuetit  île  celle 
qui  a  Ihoiuieur  d'être,  avec  le  respect  le  plus  profond, 

Mon  général, 

De  Votre  Excellence, 
Iti  très  liumblc  et  très  obéissante  servante. 


STE-THÉKfc.SE-DE-JÉS[JS, 

Supérieure." 
I  décembre  I 
17«3,  Trois-Rivières." 


A  l'HApital-Oénéral,  ce  0  décembre"! 


M.  le  juge  IViby  possède  plusieurs  autres  lettres  de  la  Mère  Thérèse-de- 
J(5sU8,  (pli  sont  charmantes  de  grâce  et  d'amabilité. 


107  — 


*  * 


10.  Fi'diii^')).'^  Jii'n/,  ^'t■,u\t  nn  (liM  pi'rsoriti  igiM  qui  oit  jot.é  le  pin-*  île 
lustre  sur  Iii  fiiuiille,  mérite  une  uieiitiou  hononilile  plus  ilétaiiiée. 

Il  est  à  propos  de  reinari|iier  (|ue  c'est  lui  ipii  est  le  clmf  «le  la  tuMiioh  i 
de  ceux  du  nom,  et  des  seuls  counne  tels,  qui  hiU.itent  li  province  de  Québec  ; 
les  rameaux  partent  tous  de  sa  demeure  familiale  e,i  la  ville  de  Québec 

Né  le  4  octobre  ]7^'.\,  h  Montré  d,  il  entra  jeune  au  collèiçe  clt-s  .lesuiie-i, 
à  Québec,  où  il  fit  s(in  cours  d'études  L'impression  favorable  qu'il  i-eut  di-s 
Révérends  Pères,  comme  iîistituteurs  pour  former  la  jeunesse,  dura  toute  sa  vji', 
et  maljrre  l'abolition  «le  leur  ("ompa<,'nie,  il  n'en  con-erva  ))as  moins  xin  souvenir 
lidèle  et  iH'imanent.  Si  bien  (|Ue,  depuis  le  rétablissement  df  leur  ordre,  il  lit 
promettre  n  son  HIs  aîné,  Franyois,  île  faire  instruire  ses  enfants  dans  leurs 
collèjres.  C'est  ainsi  que  Michi'l-Fran*;ois  Bâby,  de  Québec,  son.  petit-tils,  fut 
confié  aux  jésuites  de  Georgetown,  E.  U. 

Nous  avons  vu  que  durant  la  guerre  de  la  conquête  les  quatre  frères 
Jiàliy  prirent  une  part  active  à  la  défens(>  de  la  colonie.  Fi'anyois,  alors  dans 
toute  la  vigueur  de  la  ji'unesse,  se  distingua  diins  U's  iliverses  expéditiims, 
f-er\it  sous  M.  de  Beaujeii  à  la  bataille  de  la  Monongahéla,  et  tint  la  campagne 
ju-(|u'à  la  reddition  de  Q  lé'iec. 

An  printemps  de  17(i(),  il  passa  à  Li  Roclii'lle,  avec  l'intention  protnlile- 
nient  de  <iemeurer  en  France,  car  ses  vues  devaient  naturellement  coïncider 
avec  celles  de  son  frère  et  associé  Uup.'rron,  du  Détroit,  qui,  comme  on  l'a  vu, 
n'avait  pas  voulu  prêter  serment  d'allég<'an?e  au  roi  d'Augletc-rri.'.  Frani,-  lis 
séj(airna  ])lus  de  deux  ans  en  France,  où  il  avait  des  intérêts  considê-rables  pour 
son  commerce  et  pour  le  recouvi':.'im'nt  d'un  foi*t  montant  de  valeurs  en  papier- 
monnaie,  (|u'il  eom|itut  retirer  du  gouvernement  du  Uoi  ipii  l'avait  émis  forcé- 
ment au  (,'aiiada.  Ses  e-pérane-s,  comme  celles  de  bien  (i'iutres  porteurs, 
furent  réduites  en  réalité  à  ]ire.-ique  rien  pour  sou  papier,  l't  la  Cour  ouMia  ses 
services. 

11  revint  à  Québec,  et,  la  jmix  étant  conclue,  il  y  reprit  .son  conmierce  eu 
société  avec  M.  Cliartier  de  Lotbinière.  Il  était  h  Montréal  le  (i  août  17(î3,  où 
il  est  parrain  de  L'aiist-  lîaby,  sa  nièce,  lille  de  liouis.  lui  17()!t,  il  demeurait 
h  la  Hasse-\ill(,  rue  Launière,  longeant  la  ("oiigrégation  N.-D  ,  et  en  17MÎ,  rue 
Sous-le-Fort.  ((ircHe  «le  l'anet,  N.  1'.  lô  avril  IT'Sti,.  Connue  la  ooloide  n'atteii- 
<lait  plus  rien  du  côté  de  la  France  et  était  détinitivement  céilée  à  l'Angleterre 
par  les  traiti'S,  il  prêta  le  sernu^nt  d'allégéanci!  au  nouveaii  lîoi  et  di-v  int,  en  s'y 
soumettant,  un  sujet  anglais  loyal  et  fidèle,  connue  .s(m  frère  Duperron,  au 
Détroit.  De  même  (pie  celui-ci,  ipii  fut  a]ipelé  à  rendre  dans  le  Haut-Cana<la 
lie»  sei'vic's  imi)>U'tantN  au  nouveau  g<aivernement,de  même  Fiiuieois  en  rendit 
de  8eiiil)lables  dans  le  Bas-Canada.  Tous  deux  s'avancèrent  d'un  (tas  égal  et 
f'rme  dans  leur  province  respective  et  y  occupèrent  les  premières  charges. 

Après  la  pa.ssation  di'  "  l'Acte  de  Québec,"  en   177-1.  qui  créait  un  Conseil 


—  108  — 

L'''gisliitif  pour  la  colouio,  lu  <^ouvornL'Ur  npiiolii  M.  FriUKj'ois  lîâliy  à  m  r.iirc 
partie.  En  octoliro  de  l'iuiiu't'  snivniite,  h  l'cciiision  ilo  riiisuntetion  iIcs  Amé- 
ricains, il  fut  idiniiu'  L'iinitiiini'  de  lu  ilcuxit'iiic  (■(iiii[)nj;Mi<'  des  miliciens  de  la 
\ille  do  Quéliff ,  et  Ccuune  tel  il  Fut  un  de  -es  déi'enseurs  lors  de  l'assaut  )):ii' 
Montgomery.  l'eu  après  il  l'ut  nrcimu  miijor  de  toutes  les  milices  de  la  ville 
et  du  district  de  Quélae  ;  et  en  ] 77iS,  lieut.-colunel,  en  remplacement  de  son 
cousin,  le  colniicl  Le  (.'ouite  du  l'ré.  lui  jun\  ier  1771>,  il  élait  nommé  commis- 
saire canadien  des  tran-i[iorts  militaires,  et,  en  ITWl,  on  lui  conliait  le  po-te 
d'adjudant-gtMiéral  des  milices,  succédant  à  M.   Cramahé 

Durant  tout  le  tem]is  de  l'invMsion  américaine;  il  rendit  les  plusgiands 
services  à  la  Couronne  d'Angleterre. 

J)ès  l(irs,  il  joiiiss.iit  d  un  uraiid  cri''dii  îiiiprès  d\i  gou\erneui'  lialdiiinind 
Il  devint  fin  n\i.-eur  cuntidentiei  et  un  (ipjH;i  .sur  leipu^i  A  enmiitait  l'our 
s'ns.surer  de  la  Iciy.  uté  des  C'iinadicns-iViniedi'-  et  reeiieicle  r  cinx'pii  syiiip.ulii- 
saieiit  asec  les  reliclies.  C'est  iiinsi  (|Ue  M.  U.'iliy  dut  l'nire  une  en(piéte  sur  li'S 
iigissenK.Mits  de  M.  (U-  Saiio-Laterrièie,  (|ui  i'iiL  arji  té,  puis  éloigné  du  p'i.ys 
just|U  à  ce  (p;e  la  paix  l'ùL  i ''tiiLlie. 

Quoi(|ue  tout  dévoué  à  rAnglet(nTo,  il  n'en  rendit  pas  moins  d'ino-stimi- 
Mes  services  à  ceux  de  ses  compatriotes  (pii,  cédant  aux  sellicitati  )ns  des  éuiis- 
stnres  des  colonii'-;,  étaient  exjiosés  à  tomlier  aux  mains  des  autorités.  La 
c.irre>[>  indanee  i|u'il  a  laissé'e  en  t'ait  foi  L'  l'aiiirux  ilu  t'al\et,  lui-ménu,',  le 
reconnaît  dan-  une  lettre  la'i  il  lui  demande  toute  -a  pidtection,  et  dit  tout  le 
ciiutraire  de  ei' (ju'il  avanc._'  élans  son  livre  [).Kir  tl.itter,  c<)mme  sujet  apparem- 
ment dévoué',  les  autorités  iui[)ériales  et  ilénigreren  mèuiis  temps  li-s  (.Jauadieus- 
l'r.'Uieais.  M  l>'i'iyuade  son  crédit  pour  l'aire  l'elâiher  ou  laisser  en  lilierté 
ceux,  parmi  lo.s  compromis.  i|u'il  sa\ait  de\  oir  rentrer  dans  le  devo.r.  l'iusirurs 
lui  durent  leui  lilierti'.  (  )ii  >''t.ait  .sur,  e'U  s'ndre-isant  à  lui,  de  n'ein.'  pas  r<'poussé 
et  d'olitenir  son  appui  (juand  lintéiét  [)uldic  n'en  soutirait  pas  dans  ces  temps 
orageux. 

Lors  (il'  la  n"u\i'!le  eniistitution  ei'éée  en  I7'>ii,  ipn'  divis.iit  la  colonie  en 
di'UX  pnjNiuces,  .\L  ijâby  fut  encore  choisi  comme  un  'les  memlires  du  ('onscil 
Législatif  et  fut  aussi  nouuu''  nu'inlir.'  du  Conseil  Ivsécutif  du  l>as-(.'anaila. 
('ouiuie  tel  il  ]irit  une  part  <'l!'ecti\e  dans  le  giaivernemeiit  et  la  h'-gislature  do 
sa  piu\inei'  pen    ant  piès  d'un  ileud-siècle, 

Kn  fiMinant  paifii-  dn  Conseil  Kxé'cntif,  i{ui  i't:iit  alor- eoiisiiiué  en  Cour 
d'Appel,  .M.  15,'i'iy  se,  trouvait  o.r  ()in''in  un  des  juges  de  cette  Cour  Son  giviml 
sens,  sa  droiture  et  son  impartialit;'',  joint.s  aux  liniiières  professionnelles  du 
.Tu'."'  en  (.'Il  f  et  du  procureur  du  Roi,  ses  eoliè^-ues,  supoléèren'.  chez.  lui  i\  uin> 
otud'j  spéciale  l!:  approfondie  'les  lois,  ipi'ii  n'avait  pas  été  à  m.'  ne  de  faire. 
Les  notes  (pi'il  a  transcrites  pour  piuvenir  à  ses  décisions  judiciai: es  mouti'eiit 
nu  travail  coiist'ii'ucietix  et  intelligent  ;  on  y  voit  un  disce'rnenii'iit 'pii  mène  à 
l'eipiité  et  raiijii'lle  l'esprit  jiiste  de  nos  pru  l'Iionnues  d'autrefois  lifrtnii 
vnim  eut  tftii  Jit'lu.f.     Ces  notes  sont  conservées  avec   respect  par   son  petit-fils, 


—  109  — 

l'honorable  juge  Eâby,  de  Montréal,  un  des  mômbres,  lui  au^si,  de  la  présente 
Cour  d'Appel. 

M.  François  Bâby  était  parvenu  déjà  à  un  certain  â;^î  quand  il  se  décida 
à  se  marier.  Il  épousa  à  Québec,  le  27  février  1786,  demoiselle  Mario-Anne 
Tarieu  de  Lanaudièro,  fille  de  feu  l'honorable  Charles-François  Tarieu  de 
Lanau<lière,  chevalier  de  l'ordre  royal  et  militaire  de  St -Louis,  capitaine  d'in- 
fanterie, (t  conseiller  au  Con.seil  Législatif  du  Bis-Canada,  seigneur  de  Sainte- 
Anne  de  Lapérade,  Saint- Vallier,Saint-Pierre-les-Beciiuets  et  autres  lieux,  et  de 
dame  Catherine  LeMoyne  de  Longueuil.  Cette  fenmie  accomplie  était  aussi 
petite-tille  de  la  célèbre  "  Madelon  "  Jarret  de  Verchères,  l'hén.ïne  canadienne* 

De  ce  mariage  naquirent  douze  enfants  ainsi  (ju'on  le  voit  à  l'arbie  géné- 
alogique, appendice  B.     Ceux  qui  lui  survécurent  sont  : 

(a)  Margmrite-Olivier,  (Toto),  b.  8  mai  1791,  qui  épousa  le  Dr.  Selby. 

(6)  Marie- Anne- Josppidi'- Agathe,  b.  20  mai  1793,  non  mariée. 

(c)  Charles-Fravçuia-Xavivr,  né  19  Juin  1794,  marié  à  demoiselle  Marie- 
Clotilde  Pinsonnault  ;  élu  Conseiller  Législatif  pour  la  division  Stadacona, 
décédé  à  Québec  le  8  août  18G4,  laissant  un  fils,  Michel  Guillaume,  idms  Wil- 
liam-Francls  Bâhjf,  b.  15  .st^ptembre  183-1,  (pli  a  épousé,  29  sept(.'mbie  1868, 
demoiselle  Marie-Hélène-Wilhelmine  Renaud  ;  et  une  fille,  Alice,  née  en  1837, 
épouse  de  l'honoralile  Sir  A.-P.  Caron,  K.  C.  M.  O.,  Conseiller  privé  et  ci-'levant 
ministre  fédéral. 

{d)  Josepfde-Thérkse,  b.  81  mai  1799,  et  décédéo  à  Québec,  le  11  janvier 
1864. 

(c)  M(miqiie-lTrsule,h.  25  avril  1801,  qui  épousa  Thomas- Ainslio  Young. 

(r)  JoHcph- Louis,  b.  16  juin  1805,  qui  épousa,  le  22  août  18  11,  demoiselle 
Caroline  Guy,  fille  de  M.  Louis  Guy,  colonel  des  Milices,  et  de  fou  darne  Joseph 
Curot,  de  Montréal  ;  ducpiel  mariage  sont  nés  treize  oiifants,  et, entre  autres, 
riumoralilo  Lonis-Gcoiycs  Bâby,  né  le  26  août  18J2,  membre  du  C  msisil  Exécutif 
du  Dominion,  et  ensuite  juge  de  la  Cour  du  Bine  do  la  lliiui',  k  .\I>)  itréal. 

A  l'époque  de  son  mariage  M.  BAby  demeurait  à  la  basse-ville,  rue  Sous- 
le  fort,  où  il  faisait  son  négoce.  Il  acquit  subséquemment  (lOoct.  1788)  une 
mai.son  spacieuse,  pignon  sur  ruo,  au  haut  de  la  Côte  de  la  Montagne,  où  il 
demeuia  jusqu'à  sa  mort.  C'est  là  que  ma,  mère,  encore  enfant,  descindit  en 
arrivant  «lu  Détroit,  en  1811,  et  qu'elle  connut  son  grand-oncle,  alors  âgé  de 
78  ans.  Cette  mai.son  a  été  vendue  après  le  décès  de  Madame  Vve.  Bâby,  en 
1844,  à  révtMjue  de  Québec  pour  y  bâtir  l'évêché  qui  est  devenu  le  palais  actuel 
du  cardinal.  Une  vignette  de  cette  demeure  et  un  plan  des  lieux  enviroimants, 
dressé  par  J.-Bte.  Dubcrger,  arpenteur-géiiéral,  se  trouve  à  l'Archevêché. 

La  vie  de  M.  Bâliy  a  été  longue,  laborieuse  et  trèi  active.  Le  gouverne- 
ment lui  confia  plu>i('urs  charges  et  commissions,  et  entr'  autres,  en  1801,  celle 
de  Connnissaire  |)()ur  ailministrer  les  Biens  des  Jésuites. 

Sous  le  régime  ipii  précéda  la  constitution  do  1791,  il  fut  nommé  cou- 


—  110  — 

jointement  avec  MM.  Williaiiis  et  Tuschon'aii,  conimissaire  pour  s'in former  tie 
l'état  des  esprits,  dans  nos  caiiipji<,nif.s,  à  l'c^iiid  du  irouviTiieiiiciit  ;  mission  fort 
délicate  assurément,  mais  dont,  avec  i'nide  tlo  ses  collèirues,  il  s'ac(|uitta  nv  'C 
prudence,  discrétion  et  grand  discernciniiit.  Lonl  Dorehcster  l'avait  en  haute 
estime  et  ne  cessait  de  lui  en  donner  des  ténioitriiairi's  des  i)lus  flatteurs.  Il 
s'inspirait  volontiers  auprès  de  M.  Bâliy  de  ce  (|ui  intéressait  le  i)ien  public, 
reconnaissant  en  lui  beaucoup  de  perspicacité,  de  droiture  et  une  intégrité  à 
toute  épreuve.  Ces  excellent-»  rapports  dmèrcnt  loiigteinjjs  après  le  retour  du 
noble  lord  en  Angleterre  et  juscpi'à  sa  mort.  Sa  correspondance  témoigne 
d'une  sincère  et  durable  amitié  entre  lui  et  la  funiille  liàby. 

Le  gouverneur  Huldiniand  continua  aussi  à  corresiiondre  avec  M.  Bàiiy 
et  à  s'intéresser  à  sa  faniiili'.  C'e-t  aiii>i  ([u'il  aida  à  ravaiicriiiciit  de  ses  ne- 
veux, les  trois  Bûby,  que  n^'us  a\'oiis  vih  entr'".-  hni-,  A  lU-  1  irni  '■•  an^'i  i  s'. 

Sir  Robert  Sliore  Milnes  ayant  conviniué  nu  ciiâteiu  Saint-Louis,  le  G 
février  1(S02,  les  commandants  des  iidiiecs  cic  la  pioviiiee,  afin  d'apporter  par 
une  nouvelle  législation,  plus  d'efficacité  dans  \r  sers  iee  de  la  milice,  m  sachant 
'.'intérêt  que  M.  Bàby  portait  à  ce  corps,  le  pioposa  eounin!  i)résident  du  comité 
et  il  fut  porté  unanimement  à  la  pré>idence. 

Lady  Milnes  entretenait  des  rapports  d'amitié  avec  les  dames  Bâby  et  de 
La  Naudièrc,  ainsi  qu'on  le  voit  par  ses  lettres. 

A  diverses  reprises  M.  Bâliy  fut  appelé,  par  Lettres-patentes,  à  présider 
le  Conseil  Législatif:  une  première  fois  par  Lord  Dorch"ster,  une  autre  par  Sir 
Robert  Milnes,  et  une  troisième  fois  par  l'administrateur  Dunn.  Ou  lui  proposa 
même  la  charge  d'adndnistrateur  en  l'absence  du  gouverneur-génér.d,  mais  ne 
voulant  pour  aucune  considération  prêter  le  serment  du  ^t'.'i^  il  déclinai  honneur 
de  cette  fonction. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  mentionner  que  dès  1700  l'on  s'occupait  de 
l'abolition  de  la  Tcnuve  st:i(jncuri<de.  Connue  membre  du  Conseil  Exécutif  et 
du  comité  chargé  de  s'enquérir  de  la  question,  M.  Bâby  prit  une  ample  part 
aux  travaux  du  comité,  qui  Ht  rapport  en  faveur  de  l'abolition.  M.  Bàby  par- 
tageait à  ce  sujet  les  opinions  de  son  beau-frère  M.  de  la  Naudière,  dont  les 
intérêts  étaient  en  jeu  connue  propriétaire,  lui  aussi,  de  plusieurs  .seigneuries, 
mais  chez  lesquels  l'intérêt  public  l'emportait  sur  tout. 

En  1811,  la  guerre  étant  devenue  imminente  du  côté  des  Etats-Unis,  il 
fallait  absolument  des  officiers  valides  et  actifs  dans  ces  temps  criti(iue.s.  M. 
Bâby,  vu  son  grand  ftge  et  sa  faible  santé,  se  démit  de  .ses  fonctions  d'adjudant- 
général  des  milices  et  fut  remplacé  par  M.  Charles-Gaspard  de  Lanaudière,  son 
beau-frère.  Après  le  décès,  en  juillet  même  année,  de  M.  Charles  de  Lanauilière, 
frère  du  précé<lentet  membre  «lu  Ctmseil  Législatif,  lequel  reinplis.sait  la  charge 
de  grand-voyer,  M.  Bâby  fut  nommé  à  ce  dernier  emploi  en  septeinlire  suivant. 

Durant  sa  longue  carrière,  sous  le  régime  anglais,  M  B.'iby  ne  dévia 
jamais  de  su  liguo  de  conduite  tracée  par  son  seraient  et  son  devoir.  Il  la 
aaivit  jusqu'à  la  fin  avec  zèle,  fermeté  et  constance.     Tous   les  gouverneur:* 


—  ni  — 

di^jtuis  la  ct)iii|uôt('  tromèffut  on  lui  un  conseiller  sage  et  prudent,  et  furent 
liiin  aise  d'utiliser  ses  se.  vices,  en  particulier  dans  les  circonstances  difficiles. 
La  continuité  du  en;  lit  et  de  la  faveur  dont  il  a  joui  pendant  un  demi  sièsîe 
auprès  d'eux  suffit,  à  elle  seule,  pour  montrer  qu'il  en  était  digne  et  qu'il  ne 
pouvait  manquer  de  les  maintenir  par  les  qualités  réelles  et  reconnues  du  vrai 
mérite. 

Mais,  malgré  ses  excellentes  (pialités,  et  peut-être  à  cause  de  cela  même, 
M.  Bnliy  rencontra  des  envieux,  comme  Duperron  en  rencontra  aussi.  En 
desenant  sujets  anglais  dans  t(jute  l'acception  du  mot,  tous  deux  en  avaient 
accepté  les  devoiiset  Us  iiiiijilis.-nitntavec  une  loyauté  à  toute  épreuve.  Cette 
fidélité  de  ^1  François  IJâliy  à  la  Couronne  et  à  son  gouvernement  dans  sa 
pro\  ince  ne  niai  (pia  pas  d'èti'e  critiquée  par  ct-rtains  de  ses  compatriotes  français 
de  Quéljec.  tSuiviiut  eux  il  s'était  ln)[) n iiijl iji^,  et  ils  cherchaient  à  le  rendre 
impopuliire  en  le  décriant  à  cet  égard. 

Toutefois  sa  réjUitation  ét.dt  solidement  établie.  Son  intégrité  comme 
homme  pulilic,  sa  prohité  en  affaires,  la  dignité  de  son  caractèi'e  et  de  sa 
conduite,  lui  valuient  de  conserver  l'estime  et  le  respect  de  la  grande  masse  de 
SJ-  concitoyens. 

Il  s'éteignit  doucement  de  vieilles.se,  à  l'âge  de  87  ans,  entouré  de  ses 
enfants,  le  !)  octobre  1820. 

Catholiiiue  sincère  et  pratiquant,  il  s'était,  sans  ostentation,  appliqué  à 
en  remplir  les  devoirs  exactement.  Le  clergé  le  comptait  comme  un  de  ses  appuis 
fidèles;  nos  connnunautés  religieuses  lui  doivent  aussi  beaucoup. 

Les  Me.«sieurs  du  Séminaire  de  Québec,  dont  il  était  le  voisin,  pour 
témoigner  de  l'estime  et  de  la  considération  qu'ils  avaient  pour  le  défunt,  récla- 
mèrent, connue  une  faveur,  de  déposer  ses  restes  près  de  ceu.'C  des  bienfaiteurs  do 
1  iir  maison,  dans  le  caveau  de  leur  chapelle.  (W  Lettre  de  M.  Deniers,  V.  G., 
ddiia  '  L' Histoire  des  familles  Têtu,  etc ,"  par  Mgr.  Te'ta  ) 

Sa  veuve  lui  survécut  jusqu'en  IS-l-i  et  put  maintenir,  dans  une  honnôto 
aisance,  la  po.sition  sociale  de  la  famille. 

La  postérité  de  François  Bâby  est  très  peu  nombreuse  comparée  à  celle 
de  son  frère  Duperron.  Comme  on  peut  le  voir  à  l'arbre  généalogique  elle  >e 
borne  à  présent  (1896),  quant  aux  enfants  mâle.s,  à  cinq  petits-lils  et  (juatre 
arrière-petit-fils. 

C'était  un  honnne  de  taille  un  peu  au-dessous  de  la  moyenne,  toujours 
mis  à  la  française,  connue  le  montre  son  portrait,  et  soigneux  de  .sa  personne  ; 
d'un  aspect  vénérable  et  d'un  accueil  courtois  et  digne.  Son  affal)ilité  était 
constante  et  habituelle,  et,  chose  rare,  il  savait  plaire  à  tout  le  monih'  ;  î'est  dire 
qu'il  comptait  beaucoui)  d'ands.  Son  genre  de  vie  sobre  et  laborieux  entretenait 
sa  santé.  Ce  (jue  je  rapporte  de  .«a  personne  je  le  tiens  de  ma  mère,  (jui  a  vécu 
de  son  temps,  et  qui  remanpiait  souvent  ce  beau  vieillard  quand  il  faisait  sa 
promenade  quotidienne  au  bras  de  sa  tille  Marianne»  (|ui  l'accompagnait  toujours 
dans  ses  dernières  années. 


—  112  — 

L'honorable  Louis-François-George  Bâby,  petit-fils,  né  le  26  août  1832, 
époux  de  dame  Marie- Hélènt-Adélaïde  Berthelet,  demeure  à  Montréal,  où  il 
occupe  un  rang  dos  plus  distingués  et  représente  au  parfait  les  traditions  dt;  sa 
famille.  Il  est  parvenu  par  ses  talents,  son  travail  et  sa  réputation  aux  plus 
hautes  dignités  en  ce  pays.  Admis  au  barreau  en  1857,  il  reçut  la  coitiinission 
d'avocat-conseil  de  la  Reine  en  1873  Elu  quatre  fois  député  de  Joliette 
aux  Communes,  il  fut  nommé  membre  du  Conseil  Privé  du  Cana  la  et 
ministre  du  revenu  de  l'intérieur  en  1878  Peu  après,  il  monta  sur  le  Banc  de 
la  Cour  d'Appel  où  il  siégea  jusqu'à  récemment  qu'il  prit  sa  retraite  La 
dignité  de  son  ."Caractère  est  à  la  hauteur  de  sa  position.  Homme  d'étude,  il  ne 
s'est  pas  borné  à  acquérir  la  connaissance  approfondie  des  lois  et  de  la  juiis- 
prudence,  il  a  trouvé  le  temps  de  s'occuper  de  travaux  littéraires,  scieiititiqMes 
et  numismatiques.  Sa  collection  de  documents  historiques,  gravures,  médailles, 
etc.,  est  nombreuse,  très  intéressante  et  précieuse  pour  l'histoire  du  Canada- 
Il  est  un  des  fondateurs  de  la  Société  Historique  de  Montréal  et  membre  de  la 
Société  Historique  et  Numismatique  de  Montréal,  laquelle,  grâce  à  son  initiative 
et  à  sa  direction  comme  président,  a  pu  faire  l'exposition  de  décembre  1887,  qui 
fut  couronnée  d'un  si  beau  succès. 

Le  .salon  du  château  de  R  mezay,  à  Montréal,  est  son  œuvre  en  grande 
partie. 

Avec  un  esprit  ainsi  orné,  M.  le  juge  Bâby  est  un  charmant  causeur,  et 
il  sait  faire  part,  en  compagnie,  de  ses  connaissances  variées,  avec  une  m  idestie 
et  une  bonne  grâce  qui  préviennent  en  sa  faveur.  Simple  et  délicat  dans  ses 
goûts,  il  aime  la  campagne  et  les  fleurs.  A  sa  maison  de  campagne,  Ranville, 
à  Joliette,  il  cultive  son  jardin  avec  un  soin  tout  journalier  et  en  amateur  qui 
s'y  entend.  C'est  là  qu'il  va,  dans  la  belle  saison,  se  délas^^erdes  travaux  intel- 
lectuels qui  absorbent  son  temps.  Son  mérite  a  traversé  les  mers  S  i  Sainteté 
Léon  XIII,  l'a  honoré  tout  particulièrement  en  lui  conférant,  à  son  passage  à 
Rome  en  1890,  le  titre  de  Chevalier-Grand-Croix  de  l'ordre  de  St-Grégoire-le- 
Grand. 

Il  est  uni  à  une  aimable  compagne,  qui  partage  .ses  goûts,  fait  la  joie  du 
foyer  et  le  bonheur  de  la  maison.  Elle  en  dispense  les  honneurs  avec  une 
«harmante  hospitalité. 

•  • 

11.  Antoine,\e  dernier  fils  de  Raymond,  né  le  15  février  1735,  suivit, 
comme  on  l'a  vu,  la  même  carrière  militaire  que  ses  trois  frères.  Il  accompagna 
Duperron  au  Détroit  et  soutint  là  le  siège  par  Pontiac.  Vers  la  fin  de  l'année 
guivnnte,  il  était  à  la  Nouvelle-York  ut,  après  avoir  passé  par  le  Fort-Pitt,  il 
vint  à  Montréal  où  la  mort  l'enleva,  dans  la  force  de  l'âge,  le  16  décembre  1764 
H  n'était  pas  marié.  Par  une  lettre  de  lui  au  général  Bou(|uet,  au  Fort  Pitt,  du 
14  novembre  1764  {Collection  Bouquet  A,  18,  2,  p.  495),  pour  le  remercier  de 


—  113  — 

sa  bienveillance  pendant  son  séjour  là  et  des  bonnes  reconmiandiitions  (jii'il  lui 
a  données,  il  parait  avoir  possédé  une  bonne  éducation. 

Avec  lui  se  terminent  les  notices  sur  les  onze  enfants  survivant-  de 
Raymond  Bâby  I,  formant  la  troisième  génération  des  Bàby  «lu  Cinalv,  i* 
deuxième  de  ceux  qui  y  sont  nés. 


CHAPITRE  II. 

LES   FILS   ET   FILLES   DE  JACQUES   DUI'EKRON-UAHY. 

Avant  de  passer  à   Jacques  Bâby  IV,  l'aîné  ot  le  plus   importiuit    1  ■& 

enfants  de  Diiperron,  il  convient  de   lonner  auparavant  une  brève  noiiee  du  »f3 

dix  frères  et  sœurs,  survivants  leur  père  et  mère  :  ce  que  je  ferai  par  ordre  de 

naissance. 

• 
«  * 

2.  Susnnve,  l'aînée  des  filles,  née  le  24  novembre  17(56,  épousa  à  Détroit 
vers  1790,  William  Caldwoll,  capitaine  dans  l'année  anglaise,  et  mourut  à 
Amherstburg,  en  novembre  1812.     Il  était  protestant. 

Voici  les  renseignements  (jue  m'a  donnés  sa  petite  fille,  madame  Carrie 
F.  Parke,  de  Amherstburg,  de  vive  voix  et  par  lettre  du  24  mars  1889,  et  ceux 
que  j  ai  puisés  ailleurs  sur  les  Caidwell. 

Wm.  Caidwell  was  born  at  Caidwell  Castle,  in  the  county  of  Fermanagh, 
Ireland,  (about  1708).  He  came  to  America  with  his  brother,  who  settled  in 
Virginia.  Whilst  at  Détroit  with  his  régiment,  the  24th,  (Kings),  in  which  he 
was  then  a  lieutenant,  he  formed  purt  of  a  council  held  on  June  the  14th,  1778, 
with  divers  tribes  of  Indians  and  Governor  Hamilton,  Lieutenant-Governor 
Abbott,  Duperron-Bâby  and  others.  {Mich.  Pioneer  Coll.,  Vol.  IX,  p.p.  442, 
444).  During  the  war  of  Indépendance  Capt.  Caidwell  received  his  commission 
as  .such  in  the  Butler's  Rangers,  decembu-r  24th  1781,  (H.  Coll.  B.  S4,  p  83.) 
In  the  summer  of  1782,  De  Peyster,  Commandant  at  Détroit,  sent  Capt 
Caidwell  to  the  lielp  of  the  Wyandotts  against  the  Americans.  On  the  4th  of 
June  he  signally  defeated  Colonel  Crawford  at  "Battle-Island,"  Upper  Handusky, 
who  hnd  been  sent  on  an  expédition  to  Sandusky  by  General  Irvine.  Though 
wounded  at  the  Ijeginning  of  the  action,  Caldwell's  préparations  were  such  as 
to  .sicure  a  victory.  His  report  to  De  Peyster,  from  Sandusky,  June  llth, 
shows  of  the  enemy  killed  and  w.>unded,  on  the  4th  and  5th,  to  be  250.  Among 
the  prisoners  were  Col.  Crawford  ami  some  of  the  officers.  Among  the  killed 
was  Major  McClennan.  But  for  liis  vvounds  Caidwell  believes  that  none  of  the 
enemy  would  hâve  left  the  place.     (Ll.  B,  102,  p.  165,  B.  123.) 

Caidwell  gives  (13th  June)  Girty's  account  of  the  torturing  deathof  Col. 
Crawford  and  two  Captains  at  Pipes-Town,  near  the  Falla. 


—  114  — 

The  barbarous  treatiiient  of  Crawford  by  the  Delawares  must  hâve  beon 
in  retaliation  of  the  massacres  of  the  Mornviaus     {Id.  p.  103) 

Capt.  McKee  (28th  Âugust  to  De  Peyster,  iiK  p.  154)  says  the  reports  of 
the  cruelties  by  the  Indimis  are  correct.  It  was  done  in  his  ab.euce  to  avenge 
the  massacre  of  Indian  vvomen  and  children;  some  of  the  prisoners  being 
recognized  ns  perpetrators.  His  and  every  other  white  man's  abhorr^nce  of  the 
conduct  of  the  Indians  was  made  known  to  them. 

On  the  18th  of  Aiigust  Caidweil  advunced  to  Bryant's  Station  and  at 
the  Licks,  were  he  defeated  the  enemy,  killing  and  taking  146,  anumber  being 
oificers. 

Oii  the  19th  August  Caidweil  repelled  Colonel  John  Toiid  who  was 
pursuing  him,  the  resuit  being  disastrous  to  the  Kentuckians  :  70  were  killed,  a 
number  badly  wounded  and  7  were  made  prisoners.  Caidweil  is  reported  as  a 
vigilant  and  efficient  commander.  (See  Butterjield,  History  of  the  Girty's.  See 
CaUlwell  in  the  index,  for  détails. 

Buttnrfield  says  CalJwell  settled  in  Pensylvania  and  afterwards  became 
one  of  the  loyal  ists  refugees.  His  grand-daughter  above  ment  oned  relûtes, 
through  family  traditions,  that  he  settled  in  Virginia.  This  point  may  be  true 
as  to  his  brother  or  some  incmbers  of  his  family,  but  not  likely  as  to  William, 
since  the  latter  was  in  active  service  as  lieutenant  in  the  English  Army,  in  the 
24th  régiment,  then  in  coinmand  of  Col.  Richard  England  and  stationed  at 
Détroit  in  1778.  There  lieutenant  Caidweil  was  married  to  Susanne  Bâby  in 
1796. 

The  Rangers  weredisbanded,  June28th,  1783,andDe  Peyster  introduced 
Capt.  Caidweil  to  Governor  General  Haldimand,  recommending  his  proposai  to 
form,  with  other  disbanded  rangers,  a  seltlement  among  the  Hurons,  that  is  to 
say,  at  An)herstburg.     (Id.  pp.  439,  453). 

This  may  account  for  the  résidence  of  Capt  Caidweil  at  this  place  wher-e 
he  deiinitëly  settled. 

Caidweil,  duringthe  Indian  war  (1793-5)  with  the  Americans,  joined  the 
Indians. 

During  the  war  of  1812  Caidweil  became  Colonel  in  the  militia  with  his 
three  sons  under  him.  My  mother  knew  ail  thèse  threc  at  Québec.  Billy,  one 
of  them,  was  a  natural  son  by  a  squaw,  and  was  an  Indian  Chief.  He  became 
useful  to  the  English  from  1810  and  occupied  an  important  office  in  the  Indian 
Department.     He  was  made  Captain  of  militia  in  1812. 

C'est  de  lui  dont  parle  M.  DeGaspé,  dans  Les  Anciens  Canadiens,  appen- 
dice, p.  199.  Il  avait  reçu  une  blessure  à  la  gorge  qui  l'empêchait  d'articuler 
distinctement.     Voici  en  quelle  occasion. 

Dans  un  engagement  il  avait  sauvé  la  vie  k  un  officier  américain  sur  le 
point  d'être  massacré  et  scalpé  par  les  Sauvages  alliés.  L'Américain  fait  prison- 
nier marchait  à  la  file  et  s'étant  trouvé  derrière  Caidweil  en  profita  pour  lui 


—  115  — 

donner  un  coup  de  couteau  dana  le  col.  Les  Sauvages  massacrèrent  le  traître 
sur  le  champ  et  lui  enlevèrent  la  chevelure  (1). 

William  Caldwell  fut  nommé,  en  mai  1814,  député  surintendant-générdl 
du  Département  des  Sauvages.  Il  est  mort  à  Amherdtburg  vers  1820,  laissant 
do  son  mariage  8  enfants  :  5  garçons  et  3  filles. 

Susanne,  l'aînée,  épousa  le  capitaine  Theobold  Hunt,  du  TOième  de  ligne, 
à  Amherstburg,  le  1er  févriei*  1818. 

Thérèse,  née  vers  1803,  est  morte  fille  à  73  ans. 

Elizabeth,  née  vers  1806,  épousa  à  Amherstburg,  vers  1820,  James 
Kevill,  natif  d'Irlande,  dont  ma  mère  m'a  bien  souvent  parlé.  Elle  est  morte 
en  1878,  âgée  de  72  ans. 

Durant  la  guerre  de  1812  Elizabeth  fut  envoyée  à  Québec,  chez  ma- 
dame Ross- Lewin,  sa  tante,  et  Thé  lèse,  chez  madame  Allison,  aussi  sa  tante. 
C'est  là  que  ma  mère  les  a  bien  souvent  rencontrées. 

Madame  Kevill  eut  trois  enfants,  deux  fils  et  une  fille.  La  fille  est  la  mère 
de  Délie  Carrie  F.  Parke,  qui  m'a  fourni  une  partie  de  ces  notes. 

Ma  mère  a  également  connu  alors  les  jeunes  Caldvreli  à  Québec  après  la 
guerre,  comme  nous  l'avons  vu.  Elle  me  racontait  aussi  qu'un  Caidwell  avait 
eu  le  crâne  défoncé  par  les  Sauvages,  et  qu'il  portait  une  plaque  d'argent  sur 
cet  endroit  comme  protection  du  cerveau  qu'on  voyait  battre. 

»  « 

Les  mariages  des  quatre  filles  de  Duperron  avec  des  protestants,  comme 
nous  le  verrons,  peuvent  s'expliquer  par  le  manque  de  partis  sortables  dans 
l'endroit  et  l'état  social  sous  un  nouveau  régime  de  gouvernement. 

Mais  comment  ces  mariages  ont-ils  été  célébrés  ?  C'est  ce  que  l'on  ignore. 
Ils  ne  le  furent  pas  devant  l'Eglise  catholique  d'après  les  registres  du  Détroit. 
La  première  église  protestante  dans  le  territoire  du  Michigan  n'a  été  bâtie  qu'en 
l'année  1818,  sur  la  rivière  Rouge;  la  seconde,  au  Détroit,  en  1820,  et  dédiée  la 
même  année. 

Il  faut  donc  remonter  aux  aumôniers  ou  chapelains  des  régiments  et 
aux  ministres  protestants.  En  1765  les  8ème,  58ème  et  80^ine  de  ligne  y  furent 
en  garnison,  sous  le  général  Bradstreet,  par  détachements  formant  sept  com- 
pagnies. 

Le  premier  mariage  fait  ])ar  un  ministre  protestant  est  celui  du  Dr. 
Anthon  et  Marie- Anne  Navarre  par  le  ministre  Turring,  aumônier,  le  13  août 
1770. 

On  ne  trouve  aucune  trace  de  ministres  desservants  avant  l'arrivée  des 
Frèr&s  Moraves,  3  novembre  1791. 


(I)  Report  ofthe  Loyal  and  Patriotic  Society  of  U.  C.  30  January  1815,  by  John 
Strachan,  D.  D.  Appendice  I. — LoBsing,  Pictorial  Field  Book,  p.  311,  note  I.  Coffin,  War,  1812. 


—  116  — 

En  1795,  le  révérend  M.  Burke  apparnît  comme  aumônier  des  "  Queens' 
Rangers"  {Simcoe  papers,  Ottawa). 

Vient  ensuite,  25  août  1796,  le  révértnd  David  Jones,  aumônier  dans 
l'armée  du  général  américain  Wnyne. 

Les  commandants  du  Fort  à  l'époque  des  mariages  qui  nous  occupent, 
sont  : 

En  1791,  le  Colonel  Engiand  (1)  du  24ëme  ;  le  major  Smith  du  5ènio 
qui  lui  a  succédé  la  même  année,  et  en  1792  ;  puis  le  Capt.  \Vm.  Doyle  en  1793. 
De  mars  1793  à  1796,  année  de  la  remise  du  Détroit,  le  Colonel  Engiand  est 
redevenu  commandant. 

Faut-il  en  conclure  que  les  mariages  ont  été  contractés  devant  les  aumô- 
niers ?  Mais  où  trouver  les  retris^tres  de  cesauinûniors  si  toutefois  ils  en  tenaient  ? 
Le  temps  était  passé  on  le  coniiiiisndnnt  ou  le  juge  du  lieu  faisaii'Ut  les  mariages 
et  les  baptêmes,  comme  le  rapporte  le  juge  CatupUeU.     {Orl  :  du  Mich.,  p.  179.) 

De  Peyster  remplit  quelquefois  les  fonctions  de  chapelain  et  maria,  le 
7  mai  1781,  Thomas  Williams  à  Délie  Cécile  Campeau. 

Quand  le  Père  Richard  arriva  au  Détroit,  en  1798,  il  régularisa  devant 
l'Eglise  catholique  plusieurs  de  ces  mariages  civils. 

La  législature  du  Haut-Canadn,  dès  son  origine,  passa  un  statut  pour 
légaliser  les  mariages  contractés  soit  devant  les  magistrats,  commandants  des 
postes,  ou  autres  officiers,  ayant  rcn^pli  l'office  de  chapelain  en  ces  cas. 

•  * 

3.  Tliêrem  wèe  1767-8,  épousa  (1795),  à  Détroit,  l'  capitaine  Thon>a9 
Allison,  du  5ème  de  ligne.  (2)  Celui-ci  abandonna  le  .service  militaire,  le  28 
février  1798,  vendant  sa  commission  pour  se  fixer  à  Quéiiec.  L'abbé  De  Gaspé, 
son  petit-Hls,  n'a  pu  découvrir  l'acte  civil  de  ce  mariage,  dont  il  avait  besoin 
pour  recueillir  la  succession  de  son  aïeul,  ouverte  en  Angleterre.  Ma  mère  a  pu 
y  suppléer  en  donnant  sa  déposition  du  mariage  reconini  et  de  la  possession 
d'état  des  époux.  L'abbé  a  pu  rentrer  ainsi  en  possession  de  son  héritage, 
une  vingtaine  de  milles  livres  .stg.  Il  n'en  a  pas  joui  plus  do  3  ou  4  ans,  étant 
décédé  en  mars  1889.     Le  capitaine  Allison  est  mort  à  Québec,  le  15  novembre 

(1)  Ce  Colonel  Engliuul  était  d'une  taillo  et  <l'ini(>  corpiiloiico  énormes.  Un  jonr 
Sliei'idtm  iixliquitit  du  nom  un  prince  de  OiiIIoh,  i|in  n'étuit  pas  nn  niitncliot,  li>  (^oloni'l  (|iil 
descendait  de  clieviil — "Colonel  Enghind  !  In-y  Yyou  gliould  hiivo  .saiil  tirealllritain,  by 
Jove  I"  Devenu  Major  Oénérnl,  11  Tut  promu,  25  HOÛt,Colonitl  Coinnnvndunt  du  5ùnie  régiment. 

(2)  Elle  étiiit  vnuvi^  i\  -'0  uns  do  ^^.  John  Ciissity  ou  (^nssidy,  flU  d'un  négociant  du 
Détroit.  Il  mourut  en  17!^7  pou  uprôs  «on  niaria.ae,  d'une  pleurésie  dont  il  l'ut  atteint  apr^a 
avoir  trop  ramé.  Elle  était  iiu-onsolulilo,  ]>roii.'ettant  )>ien  de  ne  plun  jamais  «c  reuuiricr. 
Sa  mère  pour  la  consoler  lui  dNnit  qu'elle  était  onoore  bien  jeune  et  qu'elle  no  nuwxpiorait 
pas  de  trouver  un  autre  mari,  "Jamais  I  janniisl"  ilisait  elle  on  sanglotant."  Ai>portei-moi 
"  un  Evangile,  je  n'en  épouserai  jauiaii  un  autre."  Toujours  la  ni^me  histoire  do  la  Matrone 
d'Ephèse. 


—    117   — 

1822,  laissant  une  fille  uniiiue,  qui  avait  épousé,  le  25  septeuibro  ISll,  Philippe- 
Aubert  de  Gaspé,  l'auteur  des  Ancirnn  CdtuuVuns.  Elle  est  décédée  à 
Québec,  le  G  août  18-17,  et  a  été  inhumée  ii  Sdint-Jean-l'ort-Joii 

Les  époux  Allisou  avaient  eu  un  fils,  enfant  doué  de  talents  et  pro- 
mettant bien,  qui  mourut  à  l'âge  <le  13  ans,  le  25  novembre  1809,  et  se  Ht 
catlioliqne  avant  de  mourir.  Sun  père,  zélé  protestant  et  anglais  de  vieille 
roche,  tenta  tout  ce  qu'il  put  pour  tlissuader  sou  enfant,  et  l'empêcher  de  renoncer 
à  la  religion  de  ses  pères.  Madame  Lemaitre,  (|ui  était  auprès  du  lit  du  malade, 
intercéda  vivement  auprès  de  M.  Ailison  pour  le  faire  céder  au  désir  de  son  tils. 
''  Rendez-vous,"  lui  disait-elle,  en  lui  prenant  les  nuiins  et  rinq)lorant,  "  vous 
"  voyez  bien  (pic  c'est  la  .seule  et  dernière  prière  de  votre  tils."  L»  père  y 
coiLsentit  en  pleurant  et  l'i'ufant  reyut  les  sacrements  de  l'Eglise. 

Tliéièse,  .sa  mère,  mourut  à  Québec  et  l'ut  iidiumée  danslacathédialc  lo 
27  mais  hs:}!). 

Le  17  mars  ISIO,  Sir  James  Craitr,  «ïouverneur  général  du  Canada, 
envoya  saisir  le  matériel  de  l'imprimerie  du  "  Cdviiilh'ii  "  dans  la  maison  de 
M  IJailIargé,  rue  St-Fran(,'ois  (maintenant  rue  Ferlant!)  Ce  fut  le  capitaine 
AUison  (|ui,  eu  sa  (jualité  déjuge  et  de  magistrat,  connnanda  le  piquet  de  soldats 
(pli  effectua  la  .«aisie  (Voir  liraclnii'e  L.-G.  B<iill(ir(fé,  Cunitc  Romain,  1895).  Et, 
en  même  temps,  MM.  IV'dard,  hlaiichet  et  Ta.-thereau,  ainsi  que  l'imprimeur, 
furent  ariêtés  sous  accusation  de  trahison. 

John  Ailison,  le  père  du  capitaine,  était  agriculteur  (fariner),  de  l'emlroit 
appelé  Foicett  Fark,  dans  la  division-nord  (north  riding)  du  comté  do  York,  à 
environ  10  milles  de  distance  de  Darlington.  Il  avait  épou.sé,  le  12  mai  1750, 
M'iignret  Spenceley,  en  la  paroisse  do  Stanwick,  à  l'égli.se  St-John.  Thomas 
fut  baptisé  II  l'église  de  Forcett,  le  20  juin  1757,  et  fut  probal)leinent  élevé  dans 
cet  endroit  où  résidait  son  père. 

La  famille  Ailison  est  éteinte  en  Canada,  et  a  dû  l'être  en  Angleterre, 
puisque  l'abbé  De  (!as[)é  a  été  appelé  comme  mâle  du  cAté  maternel  k  la 
succession  de  la  famille. 

Du  mariage  de  'l'homns  Ailison  et  de  Thérèse  IHâliy,  naquit  une  lillo 
unique,  Susamie,  qui,  comme  dit  ci-dessus,  épou-a  à  Québec  en  1811,  M.  l'hilippe- 
Aul  l'it  (If  (laspé,  l'auteur  des  A)ic'u'iii<  CaiKoUrtia,  ceMe  (|u'il  y  désigne  comme 
la  belle  des  belle.s.  Et  c'était  bien  le  civs,  car  ma  mère,  en  descendant  h  .son 
arriver  à  (^)iirb,  c,  pou  après,  chez  son  (aide  Ailison,  se  trouva  à  rencontrer  en 
entrant,  M.  et  Mme  di.' (  iiispé  qui  tii  sortaient.  Elle  fut  si  vi\ement  frap|ti''o 
de  la  lieauté  de  ce  couple  que  cette  impression  resta  toujours  gravée  dans  sa 
mémoire 

Elmire,  une  des  filles  i.ssuo.i  de  ce  mariage,  maintenant  Lady  Stiiart, 
é|iousa  M.  Andrew  Stuart,  avocat,  «l'une  famille  remai(|Uab|e  au  barreau  do 
Québec,  le(piel  devint  juge-en-chof  de  la  Cour  Supérieure  et  fut  créé  chevalier 
de  St.  Michel  et  St.  tîeorge.  Sir  Andrew  Stuart  a  laissé  une  réputation  do 
légiste  distingué,  par  8es  connais.sanceH,  sa  droiture  et  son  impartialité.     Il  y 


—  118  — 

joignait  des  qualités  sociales  qn\  rehaussaieiit  IVi-tiine  générale  tlont  il  Jonissnit* 
Il  est  mort  le  9  juin  1!S91,  âgé  de  79  ans.  Quelques  mois  aupnmvnnt  il  s'était 
fait  catholicjue.  J'avais  bi'auc()U[i  liestiiue  et  d'amitié  pour  lui,  et  étant  allé 
lui  rendre  visite,  il  me  fit  part  du  C(>nteuteiuent  (|uil  en  ressentiiit  depuis. 

Une  de  ses  filles,  Laurt'tfe,  et  devenue  l'épouse  de  l'honoralile  Louis 
Beaubien,  ci-devant  mi.iisire  provincial  <lu  «lépartcment  do  l'agriculture,  fils 
de  Justine  Casgrain,  époune  du  Dr.  l'iii  re  Beaubien. 

Cette  alliance  a  encore  réuni  les  familles  desCa-sgrain,  Bâby  et  Perrault 
par  une  communauté  d'origine  eu  ligiu  maternelle.  Madame  Allison  et  Joseph- 
François  Perrault  étaient  cousins-germains,  et  ce  dernier  était  oncle  de  M.  de 
G  ispé,  à  la  mode  de  Bretagne. 

Ma  mère,  Elizabeth-Anne  Bâby,  était  cousine-germaine  de  Mme  de  Gaspé. 

« 
»  « 

4.  FraMcoiV,  né  le  7  décond)ie  l7(iS,  fit  ses  études  à  Québec  comme  on 
l'a  vu  ci-de.ssus.  Il  s'établit  vis-à-vis  le  Détroit,  sur  la  rive  oppo.sée,  où  il  était 
propiiétaire  delà  terre  dite  des  "  six  arpevu"  Il  s'y  contrui^t  une  grande 
maison  à  diiix  étages  en  pierre.  C'est  là  que  j  «Uni  lui  rendre  visite  en  1H5I, 
et  je  vis  la  chambre  ((u'oeciipa  le  général  Hull  en  1812,  (pinnd  il  établit  là  ses 
quartiers  généraux.  Quoique  âgé  île  M  ans,  quand  je  le  vis,  M,  François  Bâliy 
était  droit  comme  une  fièche,  dans  sa  haute  taille  de  six  pieds,  actif  et  alerte 
aussi  leste  d'esprit  que  de  corps.  Clia<|Ue  jour  il  montait  dans  sa  calèche,  tra- 
vt»rsait  au  Détroit  dans  .«es  baleanx-pa.s.seurs,  et  transigeait  ses  affaires  conune 
«n  homme  de  50  ans  Trois  années  après  ma  mt're  le  revit  là.  Il  venait  d  ap- 
prendre (|u'elle  était  arrivée  et  ([u'elle  traversait  au  Détroit.  Il  descendit 
aussitôt  la  côte  du  pa.ssage  en  courant  p<tur  la  rejoindre  à  bord  et  l'acconqiagna 
de  l'autre  côté.  Il  était  encore  plein  de  verdeur  et  se  montra  tiès  poli  pour 
ma  mère  J'ai  encore  dans  loreille  son  verbe  sonore  et  sa  mâchoire  pe.sante, 
aecentuant  lentement  chaque  syllabe  et  les  désinences.  Homme  instruit,  comme 
Son  frère  aîné,  possi'dant  les  deux  langues,  il  devint  un  des  citoyens  marquants 
de  son  temps.  Dès  l'origine  du  sy.stème  représentatif  dans  le  Haut-Canada,  il 
fut  élu  député  du  comté  de  Kent  et  le  fut  à  diverses  reprisi-s  ensuite  ;  il  l'était 
de  nouveau  en  182.'1.  Colonel  des  milices  depuis  1798,  il  fut  appelé  en  service 
actif  en  1S12,  où  il  devint  adjudant-général  des  troupes  dans  son  endroit. 
I/historien  I..o.ssing,  dans  son  livi-e  sur  la  guerre  de  1812,  a  donné  une  Vignette 
de  la  maisim  de  M.  François  Bâby,  en  parlant  du  pillage  fait  par  le  général 
Hull  durant  cette  guerre,  notamment  dans  cette  habitation. 

François  Bâby  épousa  à  Sandwich,  le  9  septembre  1795,  Frances  (Fanny) 
Abbott,  Rn>urainée  de  celle ipii  fut  depuis  l'épouse  de  Jacques,  son  frère, et  drmt 
la  généalogie  est  donnée  à  l'appendice  (1.  Kilt-  ilevint  catho'ique  lors  ou  peu  do 
temps  après  son  mariage,  et  fut  la  marraine  de  ma  mère  en  novendtre  I8()H. 
Elle  mourut  en  1838  et  repose  à  côté  de  son  mari  duna  le  nouvouu  cimetière  du 


-    119  — 

Siindwicli.  Leur  union  a  produit  une  nonihrfuse  ilescendance,  ninsi  qu'on  peut 
11»  voir  à  rarl)rt!  }^t''iii'aIoj^i(|ue  des  hn\  y  Leur  tils  aîné,  Fraiiçoia,  se  noya  au 
printemps  1828,  sur  le  Imrd  du  lac  Erié.en  vouli  nt  franchir  à  cheval  un  ruissiau 
"  Cédai  C'reeic,"  dont  l'eiidjoiichiire  était  reii  ue  marécageuse  par  le  limon  (jUi 
s'y  charriait.  Son  cheval  perdit  fond  et  tous  deux  enfoncèrent  par  dessus  tête; 
et  ce  n«>  fut  (pie  longtemps  après  que  l'on  retrouva  le  corps,  dont  le  pied  était 
pris  dans  iétrier,  ce  qui  indi(pia  conunent  il  avait  péri.  Il  laissa  deux  jeunes 
enfants  (|ui  furent  élevés  à  Sandwich  L'aîné,  Fr/ink,  comnjen(;a  fort  jeune  à 
gagiier  >  vie.  A  13  ans  il  était  marin  sur  les  lacs.  De  mousse  il  devint 
Ijouisicr  {i>urm'r},  si-ccind,  puis  capitaine  de  steamer  ;  ensuite  propriétaire  de 
feteamers  sur  la  rivière  du  J)étroit.  D»i  là  i!  passa  au  service  du  "  Pacific  Mail 
Steain.s/iip  Vomfianjf,"  et  devint  fort  connu  sous  le  nom  de  Commodore  BâWy, 
ainsi  qu'on  l'appelait  quand  ii  commandait  le  Golilen  Gâte,  sur  le  Pucitique, 
Il  fit  fortune  et  se  retira  à  New-Vork,  (pies.  24,  State)  où  il  mourut  d'apoplexie 
à  sa  rési<lence,  203,  west,  14th  St.,  le  1  Dinars  1888,  âgé  de  64  an.s,  et  sans  laisser 
d'enfants.     (2'Ae  Détruit  Free  J'resti,  iiO  mars  JSiid). 

Quelque  temp<  avant  sa  mort  il  s'était  démis  de  l'agence  de  sa  compagnie 
à  New-York,  qu'il  dirigeait  avec  succès  depuis  ISCO.  Celle-ci,  reconnaissant  son 
habileté,  l'avait  envoyé  en  Eurojje  pour  étudier,  dans  les  meilleurs  chantiers,  la 
construction  navale,  et  ce  fut  d'après  son  rapport  et  ses  plans  <|ue  furent 
construits,  sous  sa  directi  n,  les  magnifi(|ues  steamers  de  la  compagnie. 

Sa  femme,  <|u'il  avait  épousé  veuve,  mourut  en  1882.  Elle  avait  une  fille 
de  son  j)remier  mariag.-  (jui  a  épousé  M.  Augustus  F.  Butler,  de  Mobile,  Ala. 
Il  y  n,  14  à  15  ans,  ve:s  1884,  M.  le  juge  BAby  reçut  leur  visite  à  Montréal  et  les 
invita  chez  lui. 

On  m'a  appris  que  le  commodore  était  un  catholique  fervent  et  que  dans 
ses  dernières  années  on  le  voyait  chaque  matin,  à  bonne  heure,  aller  entendre 
la  messe. 

Son  fi-ère  Albert,  qui  habite  Saint-Louis,  du  Missouri,  est  un  homme  de 
G  pieds  et  2  pouces. 

François  Hiiby  est  déeédé  à  Sandwich,  le  24  novembre  185ii,  et  ses  restes 
reposent  à  côté  <le  ceux  de  son  épouse  dans  le  nouveau  cimetière  de  la  ville. 

Il  y  a  une  nombreuse  descendance  de  François  Bàby  et  Fanny  Abbott. 
(Voir  l'appendice  B.). 

•  • 

5.  Jlii)lisfe,né  le  10  janvier  1770,  épou.sa  le  5  mai  1817,  Ann,  fille  du 
Shérif  William  Ilands  et  <le  Mary  Abbott,  belle-8«L>ur  de  Jacipies  et  François 
Bâby.  Elle  se  fit  catholique  lors  de  .son  mariage.  Deux  fils  naquiriMit  de  cette 
union  :  William,  avocat  et  shérif  ilu  comté  d'Essex,  décédé  vers  1860,  et  James, 
(|ui  alla  .s'établir  en  Australie  où  il  est  mort.  William  a  laissé  «piatre  fils,  et 
une  fille,  mariée  à  M.  Davis,  do  Windsor,  inspecteur  du  revenu. 


—  120  — 

Le  grand-oncle  Baptiste  est  mort  à  Siiiilwii;li  xci's  tS.j'i  -le  l'ni  Mcn 
connu.  Caractère  doux,  bon,  parl:int  peu  ;  c'i't.iit  un  iiicii  Iniivi-  linniiiu'  ft  un 
bon  citoyen.     Il  a  été  député  du  Kent  vcix  IMO. 


6.  .4rr'(rnî(/^,  née  II' 25  mai  177  I-,  l'-pdusii  à  H!  ans  (171)1'),  le  lieutenant 
Ralph-Ross  Lewin,  du  24ème  de  li^in',  et  miuniii  à  Aiiil.ei^tliurfr,  le  2',i  féviier 
1850,  âgée  de  7G  ans.  Lui,  était  déci' li'-  à  <^)uéliec  le  '>  dt''0('iid)re  1822  II 
occupait  depuis  une  quinzaine  d'antK'ivs  !.■  j)i>ste  de  uHijoi'-de- ville  à  (.^(uelice, 
qu'il  devait  en  jiaitie  à  la  protection  du  giuéial  Brock.  Ses  restes  lepusnif  à 
côté  de  eux  de  sou  lieuu  frère  et  ami,  ]<•  cMjiitaiue  Allison,  dans  le  cimetière 
nncflais  du  faid)<)ur>r  Saint- Jean.  Ma  inè;e  a  été  éii-vée  .--ous  .-on  toit  "  t'etaii," 
me  réi)éfait-eile  .-(anciit,  "  Ir  UH'illcur  des  lidiuuirs  ;  don  s,  .-.friol,.'  rt  o  .ii» 
'•  eoiiimt.Tce  agréable.  Aucuiu-iiu'iit  t'.iuatii|iu',  il  s'accunmiodait  des  jours 
"  nuiigres  ]V)n\'  ir.»  p  li-iir  ;'i  -i  f^'iuii'.  (Juan  i  il  ;irii\ait  à  eellr-ei  d'être  ot) 
"  mauvaise  liumeur  ou  de  groud<'r,  il  lui  di-ait  avec  douceur:  "  Archange,  \a  h, 
"  confesse,  tu  en  revii'us  toujours  meilleure." 

La  famille  lîoss-Li'win,  était  irlandaise,  Ralph  était  un  «les  iils  puo.es 
de  Harris-Ross  Lewin,  de  Fortfergus,  dans  h;  comté  de  Clarc.  Il  fut  ai)pelé 
vers  1(S02  en  Irl;  mie  pour  |)aitager  a\-ec  ses  cini]  autres  frères  un  leg-.  de 
£r-iOOO  sterling  et  un  autre  <le  X 1000  sterling,  'i  s  eu  vertu  d'un  acte  ilu  22 
septembre  1718  et  ilu  testament  de  son  aïeule  maternelle,  t'ette  créance  était 
était  appuyée  par  hypotluM|ne  sur  "  The  (.'astle  Tt)\vn  and  laixls  of  Carrowtohy 
"  and  Carrowkelly,  Ballignagler a,  Xorth  Liskilloge,  the  two  soutli  Liskilloges, 
"  Dangan,  alias  B  dl^ynacalliagh,  C'iendouske,  alias  Illna])page,  in  the  Barony  of 
"  Clouderlaw  aud  county  of  Clare,  together  with  the  Towu  and  Lamla  of 
"  Inisdca  and  the  tythcs  thereof,  and  the  Town  and  lands  of  Cahircanavano 
"  in  tlie  .said  Barony  anil  t'oinity,  bidonging  to  Ralph  We.st  opi.,  of  Caruelly, 
"  in  the  CVainty  of  Clare.  "  La  mère  de  Ral|)h  était  une  Westropp.  Le  do- 
maine de  famille  dis  Ross-Lewiu  passa  à  (iet^rge-Ross  Lewin,  (ils  aine  de  ilolin 
Ross  Lewin,  l'ainé  de  Ralph  (^Vt>ir  lettre  </c  ISir  Fniiiri»  liurtou  du  ;,'?'  m/ira 
1SJ6  ài\Mtlinnf  R-R.  Liœm).  Ce  douiaine  était  voisin  de  celui  de  la  famille 
de  Sir  Frnncis  Lui  Ion,  it  Ralph-Ross  Lcwin  et  lui  ont  toujours  été  amis  depuia 
leur  enfiuici.     Ci  tte  amitié  ne  prit  tiu  qu'à  la  mort  île  ce  tleri>ier 

Madame  Ross  Ltwin  passa  en  Irlande  eu  1802  avec  son  mari  et  fut  pré-, 
sentée  à  sa  famille  <pii    lui  Ht  bon  accueil.     Après   avoir  voyagé  pendant   uno 
couple  d'aunées  les  époux  revinrent  .se  fixer  à  Québec,  et  haltitèrent  une  maison 
4U  ils  avaient  aci]uise  et  (|ui  depuis  a  fait  place  au  presbytère  irlandais  actuel. 

J'ai  reuiannu''  que  la  pierre  tumulaire  du  capitaine  Ross  Lewin  da  le 
cimetière  anglais  de  la  rue  St-«lean,  a  ilisparu  depuis  les  travaux  de  restauration 
qu'on  y  a  fait  il  y  a  2  ou  3  ans.  Je  suis  entré  en  correspondance  avec  Ica 
gardiens  k  ce  sujet,  mais  sans  résultat. 

Il  reste  un  souvenir  de  famille,  (hcirloom)  de  M,  Uoss  Lewin,  qui  est 


—  121  — 

nriHintonniit  entre  les  mains  fie  mon  frère  uîné,  Chailes,  le  sénateur,  à  Windsor. 
Ce  sont  deux  coupes,  lovivff-cups,  de  forme  ancienne  et  d'un  beau  travail,  ea 
argent  re|K!Ussé.  Klles  ont  les  deux  anses  pour  les  passer  d'un  convive  à  l'autie- 
coiimie  c'était  l'usage.  L  ecusson  porte  :  d'azur  à  un  paon  éployé  or. — Devise  : 
Virtute  et  honeste. 

Ma  mère  a  toiijoui's  conservé  une  vive  atiection  et  nu  sentiment  plein 
de  reconnaissance  pour  la  mémoire  de  son  oncle  et  de  sa  tante  Ross-Lewin.laiiuelie 
a  été  pour  elle  une  seconde  mère.  Je  renvoie  à  ses  "  Miinioires  "  p.  115,  où  elle 
exprime  ses  sentiments  toujours  vivaces  envers  sa  mère  adoptive. 

J'ai  liien  connu  cette  grand'tante,  qui  é  ait  ma  marraine,  et  j'étais  bii'U 
jeune  alors,  et,  cumuie  Lafoutaini;  le  i\\t,  ci-t  (i'/c  est  stinii  pitié.  J'ai  l)ien  fouetté 
ses  chiens,  ses  eluits,  ses  pi'rro'iuets,  e'  enttirré  tragiquement  liivu  des  p()ul"ts. 
(Jetait  à  sa  résidence,  à  Saint-Thomas,  où  elle  était  venU'!  demeurer  en  [H'Mi, 
pour  fuir  1  s  troubles  de  la  rebi'llion  à  Aiiiherstburg,  où  elle  s'était  fixée.  Klle 
n'avait  pas  d'enfants,  mais  en  revariche  (jn  peut  dire  <|u'elle  entretenait  une 
ménagerie;  c'était  son  passe-temps.  Elle  avait  des  habitudes  de  pro))rrté  ex- 
traordinaires Comme  son  frère  Jacques,  elle  ne  numquait  jamais  d  essuyer 
son  a.«siette  en  se  iik  ttant  à  table  et  ne  buvait  que  de  l'eau  bouillie  dans  une 
bombe  il'argent,  (|ui  la  suivait  partout.  Klle  se  consolait  de  ne  pas  avoir  d'en- 
fants en  disant  <|ue,  après  le  Christ,  on  ne  pouvait  attendre  tjuo  l'Antéchrist. 

« 
•  • 

7.  J'irrri',  né  le  1!)  août  177<>,  descenilit  à  Québec  avec  sa  mère  en  17î)(), 
fit  ses  études  en  partie  n\i  Séminaire  de  cette  ville  et  embrassa  la  carrière 
médicale  11  alla  suivre  les  cours  de  médecine  à  I  université  d'lvliud)ourg  eu 
17n7.  Son  compte  <le  di'iienses  pour  cet  oV)jet  est  porté,  à  l'inventaire  fait  en 
ISOO,  (1  la  s.  nnne  île  .CI .41  4.  Avant  .son  départ  il  avait  a.ssi.sté  au  conseil  de 
fiimille,  tenu  le  12  septembre  I7!t7,  pour  la  tutelle  de  .ses  fières  mineurs,  l'eu- 
daiit  .son  séjour  en  Keosse,  il  y  éjiousa  une  écossaise  et  son  mariage  parait  avoir 
déplu  aux  deux  fiunille.s  De  rettair  au  pays,  il  s'étalilit  à  Sandwich  .sur  la 
"  tfrre  à  l'ounni,"  (jui  lui  était  écliue  en  partage  et  était  voisine  de  celle  do 
M.  Duniouchel.  J'ai  rencontré  là,  en  IH.'il,  le  tils  de  ce  dernier,  David,  ipii  y  a 
sïiccédé  à  son  père,  lequel,  m'a-t-il  dit,  avait  bien  comm  le  Dr.  Pierre  Bâliy  (pli 
avait  la  réputation  d'être  bon  médecin  et  avait  un  coup-d'(eil  très  sûr  pour  la 
diagnostique.  Le  l'ère  Dunwaichel  en  citait  m»  exemjile  qui  l'avait  fortement 
iinitressionné.  Le  Dr.  lui  dit  un  jour  en  le  voyant:  "  l'ère  Duniouchel,  vous 
"  allez  être  bien  malade  demain."  Celui-ci  en  plai.santa,  ne  se  .sentant  dans  le 
moment  aucune  indisposition,  mais  le  lendemain  la  prédicti(ai  .s'étaut  vérifiée  à 
1,1  lettre,  le  l'ère  Dumouchel  prit  une  hante  opinion  du  savoir  du  docteur. 

Pierre  Hàby  mmnut  à  Sandwich  en  IMl  et  ma  mère  se  rappelait  avoir 
porté  sou  deuil.  Il  laissa  deux  tils,  dont  1  un,  Peter-James,  entra  connue  cL>rc 
iM  greffe  du   protonotaire   M.  Perrault,  t\  t^uébec,  et  mourut  là  du  choléra  eu 


—  122  — 

1832  (1).  Ma  mère,  qui  l'a  bien  connu,  en  a  gardé  un  bon  souvenir.  L'antre 
fila,  Franij'ois,  habita  Kingston  avec  sa  mère,  mariée  en  socomles  noces  à  M. 
Pringle.  Le  juge  Bâby  lésa  connus  là  en  1848.  Depuis  on  n'a  jilus  entendu 
parler  de  Francis.     Il  doit  être  mort  et  la  lignée  dans  cette  branche  ti^t  éteinte. 

Pierre  Bâby  était  moins  grand  de  taille  que  ses  frères,  (^t  avait  une 
épaule  plus  liante  que  l'antre.  Sa  mère  disait  de  lui:  "  C'est  le  plus  i.iid  do 
mes  enfants,  mais  c'est  celui  que  je  dois  aimer  le  mieu.K  "  Cela  uti  reinpêcliuit 
pas  d'être  fort,  vigoureux,  et  bon  cavalier.  Au  lieu  d'attendre  le  liac  du  i)iis- 
sage  à  risle-Marguerite  (maintenant  Belle-Isle,  je  crois),  il  lam/ait  si>ii  elivval 
à  l'eau  et  traversait  à  la  nage.  La  rivière  a  bien  là  uik;  dizaine  d  arpents  <Ie 
largeur.  Le  père  Dumoucliel  l'a  vu  faire,  et  malgré  le  courant,  «jui  ;,st  do  ileu.t 
nulles  à  l'heure  environ. 

» 
•  • 

8.  Moniqw,  la  plus  jeune  des  filles,  née  en  1777,  é[)iiusa  vers  l'àgo  de  16 
ans,  au  Détroit,  Allan  Bellingham,  lieutenant  dans  le  24'ènie  de  ligne,  tils  «le  Sir 
AUan  Bellingham,  de  Castle  Bellingham,  dans  le  comté  de  Loulh,  en  Irlun  le. 
En  mai  1789  les  époux  demeuraient  à  Montréal,  rue  St-Fran^'ois,  (!t  en  décem- 
bre 1800,  ils  habitaient  <^nébec,  rue  des  Pauvres  (du  l'alais).  Ce  jeune  liumme, 
pu-  sa  dissipation  et  son  humeur,  causa  des  chagrins  à  sa  famille.  Ma  lamo 
K  ss-Lewin  disait  de  lui  (pi'il  était  comme  bien  ties  maris,  ipii  accrochent  leur 
violon  derrière  la  porte  en  entrant. 

Bellingham  passa  en  Angleterre  en  1801  pour  ven<lre  sa  commission. 
Comme  il  était  longtemps  à  revenir  et  sans  écrire,  Moni(|ue  était  devenue 
iiKluiète  à  son  sujet.  Elle  consult  i  sa  mère  sur  ce  qu'elle  devait  faire.  Celle-ci 
lui  con.seilla  d'aller  rejoimb-e  son  mari  et  de  .se  faire  reconnaître  par  si  famille. 
En  même  temps  elle  retiouverait  un  volage,  (|u'on  avait  raison  de  soupi/onnur 
tel.  Avant  d'eiitri'preiid.e  le  vo^-age  Monique  alla  faire  un  pèlerinage  à  la 
bianii-  Sainte-.Vii'ic  >!  •  iieaupiv  pour  le  succès  de  son  voy.ige.  Puis  (dit;  s'em- 
bar  (lia  avec  si-^  '  niants  uborddn  Noilicr  "  L'Active"  aux  di-rnières  navi^atii;ns 
de  I  antonme.  .\1.  et  .Mme  llos-;  Lewin  étaient  aussi  passagers  à  Ijord.  Au  milieu 
d'  I  océan,  par  un  cdme  plut,  le  capitaine  fit  hèler  un  vaisseau,  qui  comme  le 
h  ur,  était  en  panne.  Ajtrès  les  premiers  échanges  de  signaux  on  s'informa  des 
n  MHS  des  pa.ssaL''eis.  La  réponse  du  navire  signala  le  capitaine  Bellingham  en 
d' -lination  de  '^iW^e.  Sur  ce  le  capitaine  de  Y Actlvd  aiinon(;i  Madame 
B  Imgham  id  ant  ivj(  inire  son  mari  en  Angleterre.  Lestîpoux  se  reconnurent 
et  lii  llinghaui  fut  transbordé  dans  l'autre  vaisseau.  lia  atteignirent  Londres 
d'.iant  rhi\  er.      Monique  y  séjourna,  car  .ses  frères  Antoine  et  Louis,  alors  en 


(I)  L<'.«  i  iiirniiux  iIh  r.\s«eail)lo«  LôgiHJ.  tivo  île  Québec,  iippeiullce  C.  de  18UI,  oon- 
taiiiioiit  un  i'u|<|'<)i't,  tMi  iltitoilii  l2l' mura  IS.'ti),  par  li*:)  enniiuiiisiiii'es  nomiuÔH  pour  rexploni- 
ti'M  ilu  payn  lioriu'-  pur  les  rivii'ro.s  .Snfiçuenay)  Suint-Maurice  ot  Saint-Laurent,  Joliii  .\ilaiiisi 
arp'Miieur,  l't  II  ae-  l'uU'i-  IJiiiy 


—  123  — 

Angleterre,  allèrent  l'y  voir  en  mars  1802  Kllu  ileviiii  partir  liiciicôt  [lour  nlior 
ik'iiieurer  au  cliàteau  Bellinghaiii,  où  son  mari  allait  li  iliiler  npiès  a\oii-  \  iii  lU 
sa  coniiiiission  dans  l'arinéo  Le  château  avait  ô  i^  laissé  entro  les  nuiiii^  !••  .-.••a 
oncle  William  Bellinyliani.  Moni(|Ui'  fut  charniée  de  cotte  rés.dence,  surtout  à 
cause  de  ses  enfants.  Mais  dès  LSO.S  les  dettes  de  H.'IliiiiïluvMi  l'ohlijfèrcnt  do 
louer  le  château  à  son  oncle  et  les  époux  se  vinsnt  teiupnra.reuiiMit  sans  rési- 
dence Hxe,  ain>i  (jue  Monicjue  l'écrit  de  llothherry,  près  d'Alnwick,  dans  le 
nord-est  de  l'Angleterre.  Au  comuiencenient  de  ci'tto  année  (2-5  jaiivier)  la 
mère  de  Bellinghiun  mourut  h  Londres  à  la  suite  il'un  accident,  i't  udaiit 
qu'elle  lisait  près  de  la  grille  le  feu  prit  à  ses  vèteunnti  et  elle  suceoinl>a  ti  ses 
brûlures  au  bout  de  trois  heures.  "  Aucun  ile  sa  famille,"  écrit  Moni(jue  en  son 
français,  "  ne  l'a  vue  depuis  son  mariage.  Mon  mari  seulement  (pli  n'a  pu  se 
"  réconcilier  avec  elle  avant  sa  mort,  et  la  manière  de  sa  moit  était  si  iMriblo 
"  (|Uo  ^-a  lui  cause  plus  de  chagrin.  Par  cet  accident  nous  y  gagnons  douze  cents 
"'  louis  par  an." 

Les  époux  reprirent  le  château,  mais  le  bonheur  n'y  entra  pas  avec  eux. 
Bellingham  abandonna  bientôt  son  épouse,  en  convenant  de  lui  faire  une  i)ensi<)n 
pour  elle  et  ses  enfants  suivant  convt  jitions  j)ar  artirlex  of  ,s(lll<'))ifHt.  Son  tils 
uni(jue,  William,  né  à  Québec  en  jnnvicr  1<S01,  devint  un  grand  jeune  hoimno 
de  six  pieds  et  entra  dans  le  (Jèine  de  ligne.  Envoyé  au  Cap  tle  Bonne-Espérance 
Evcc  son  régiment,  il  y  mourut  des  fièvres,  peu  après  son  arrivée,  en  avril  1822. 
Il  était  appelé  à  recueillir  les  biens  de  famille,  ihe  t'iitail.  La  mort  de  son  père, 
survenue  la  même  année,  fit  passer  l'héritage  à  son  oncie  Sir  William  Belling- 
lium.  Depuis  1815  le  capitaine  Bellingham  avait  vécu  complètement  séparé  de 
sa  femme  et  vivait  on  ne  savait  où.  On  le  supi)o^ait  dans  les  environs  de 
Londres.  Antoine  Hâby,  son  beau-frère,  écrit  qu'il  ne  l'a  jamais  rencontré 
depuis  (|u'il  l'a  vu  en  Camida. 

La  mort  de  son  mari  perndt  à  Monique  de  retirer  su  part  d'héritage  de 
ses  parents,  pliicé  en  fonds  du  gouvernement  d'Angleterre,  et  déposés  entre  les 
mains  des  I)am|uiers  de  la  famille,  Inglis,  Ellice  &  Co.,  au  montant,  pour  elle,  de 
£,l!)'-\'2,  14,  S\.  1j{}  suicide  d'un  des  associés  de  cette  maison  indiipiait  nnnniuvais 
état  d'artaires  et  un  danger  de  penlie  cette  sonnne.  {Littre  <h'  Aiitlrni'ë  à  Rons- 
Lcwin,  liée.  1822.) 

Monicjue  eut  des  démêlés  en  justice  avec  Sir  William  Hi'Ilingham  au 
sujet  de  la  succession  de  sou  mari,  et  le  procès  durait  encore  en  ISlG,  sans 
appareneed'en  voir  prochainement  la  tin.  E.Ie  continua  de  demiMirer  au  château 
«t  elle  y  était  en  1818  <piand  elle  re(,'ut  la  visite  de  Sir  William  et  Lady 
Bellingham,  (pii,  suivant  ce  qu'elle  écrit,  étaient  très  polis  pour  elle,  mais  no  lui 
fournissaient  point  d'argent.  En  cette  année,  février  1818,  elle  maria  une  de 
ses  lîlles,  Eli/a,  à  M.  Stein,  homme  très  bien,  très  riche,  et  d'un  excellent  carac- 
•  tère,  <|ui  fut  toujours  bon  et  serviablo  pour  sa  belle-mère. 

Dorothée,  une  autre  de  ses  filles,  épousa  (avant  le  .5  octobre  1829)  M. 
Farnell,  troisième  fils  de  madame  Farnell,  de  Clifton.près  Bristol,  où  demeurait 


_  124  — 

nlors  nimlnnie  Bellingham.  Une  autre,  Moiii(jiie,  ilovint  l'épouse,  vers  ISî^l,  de 
M  McLtan,  riche  banquier  de  Cliaid,  Suniuiersetshire.  Comme  après  le  inariave 
de  Dorothée,  il  ne  restait  plus  à  marier  (|ne  la  troisième,  nommée  Alicia,  j  ai 
conclu  que  c'est  la  niêm  ;  aussi  nommée  Moni»|ue. 

Après  la  mort  de  son  mari  madame  Bellingham  se  retira  à  Bath  (1824) 
et  delà  à  Ciifton  ;  puis  elle  vint  se  fixer  à  Lynn-Regis,  dans  le  Dorset.  Etant 
fervente  catholi<pie  elle  s'oecupa  activement  de  l'érection  d'une  église  lians 
cette  ville,  à  latiuelle  elle  Ht  donner  le  nom  de  Saint-Michel  et  Saint-Georges. 

Les  malheurs  survenus  à  Moni(jue  par  ses  troubles  domestiques  étaient 
éteints.  Elle  avait  à  regretter  la  mort  de  son  <iU  unique  et  la  perte  de  l'héritage 
attaché  à  l'aîné  de  la  famille,  mais  elle  jouissait  de  la  paix  et  d'une  aisance 
suffisante  pour  assurer  son  bien-être  et  l'avenir  de  ses  enfants.  Elle  avait 
diins  M.  Stein  un  gendre,  do  it  Aiitoine-Du[ierro  i  Bàliy,  son  oncle,  retiré  à 
Tours,  dit  qu'il  n'a  januiis  connu  do  meilleur  homme.  Les  jeunes  époux  Farnell 
après  leur  nuiriage  allèrent  voyager  en  Fiance  ^liS.;9-:iO)avec  madame  Farnell 
qui  était  invalide.  Ils  s'arrêtèrent  chez  Antoine  et  de  là  allèrent  pa.sser  l'hiver 
à  Toulouse.  Ils  revinrent  de  là  chez  Antoine,  en  juillet,  puis  allèrent  séjourner 
un  an  au  Mans. 

Dorothée  correspomlait  assez  fréquemment  avec  son  oncle  James  Bàby, 
du  Détroit.  Après  liS;})  cette  corresp(jndance,  ainsi  que  celle  de  sa  niè.e, 
semble  avoir  cessé. 

Le  juge  en  chef  à  Québec,  sir  William  CoUis  Mercdith,  allié  par  son 
épouse  aux  Bellingham  de  Louth,  m'écrit  (18  janvier  1888)  (ju'il  y  a  encore  un 
Sir  Allan  Bellingham,  très  vieux  qui  habite  le  château  et  (jui  avait  deux  fières, 
l'un,  Sydney  Bellingham,  longtemps  député  à  la  législature  du  Canada,  et  l'autre, 
William,  capitaine  dan.5  le  îî'ième  do  ligne  —  le(iuel  a  séjourné  plusieurs  années 
en  Canada.  Il  ne  connaît  les  autres  Bellingham  que  pour  en  avoir  entendu 
parler.  Lady  Brooke  actuelle  est  une  Bellingham,  de  Louth.  Elle  est  la  se- 
conde fille,  Alix-S  )pliia,  de  sir  Allan-E  hvard  Bellingham,  Baronet,  de  Ca.stie 
Bellingham,  et  avait  éiiousé,  en  juillet  1804,  Sir  Victor  Alexander  Brooke,  quj 
est  décédé  en  décembre  1891.  (  Voir  "  Grapliic  "  da  5  déc.  p.  527.). 

Dorothée  écrit,  le  1er  mai  1827,  à  son  oncle  Jacques  qu'elle  est  allée 
pa«.ser  (piehiues  semaines  au  château  Bdliiigham  et  qu'elle  y  a  rencontré  John 
Woolsey,  son  cousin,  (1)  de  Québec.  Celui-ci  est  le  même  que  l'ami  intime  de 
mon  père,  dont  ma  mère  m'a  .souvent  parlé,  (pie  j'ai  connu,  ainsi  que  son  vieux 
père,  alors  très  avancé  en  âge. 

En  1830,  un  jeune  Bellingham,  de  Québec,  parent  du  feu  Allan  Belling- 
ham, que  je  suppose  être  Sydney,  ci-haut  nommé,  se  présenta  chez  Monique 
porteur  d'une  lettre  d'introduction,  et  demanda  en  mariage  l'aînée  de  ses  tilles 
pour  l'amener  en  Canada,  où  il  avait  un  emploi.     Sa  démarche  ne  réussit  pas^ 


(1  )  Par  les  Lecoiute-Dupré.  Sa  fille  est  l'épouse  de  l'honorable  Thomas  McQreevy,  de 
Québec. 


—  125  — 

Voilà  à  peu  près  tout  ce  que  j'ai  pu  retracer  concernant  Monique  Bâby 
et  sa  famille. 

Son  frère  Jacques  prit  soin  de  ses  affaires  pour  lui  sauvegarder  contre 
son  mari  la  part  d'héritage  qu'elle  avait  dans  les  fonds  en  Angleterre  et  par- 
vint à  y  réussir.     Il  y  a  de  lui  plusieurs  correspondances  à  ce  sujet. 

« 
*  • 

9.  Daniel,  né  le  29  décembre  1778,  fut  pourvu  par  sa  mère  d'une  licuto- 
nance  dans  le  24è. ne  de  ligne  ;  sa  commission  date  du  9  novemltre  1797  [l 
était  à  Québec  en  juin  1800,  étant  sur  son  départ,  car  il  donna,  le  'A  île  ce  rniis, 
une  procuration  (Voyer,  N.  P.)  à  son  beau-frère  le  capitaine  Allison  pour  it'gl.r 
sa  part  dans  la  succession  de  son  père,  et  il  appert  alors  qu'il  avait  déjà  n'(;u 
£1017  6.93.  On  le  suit  en  Egypte  en  180?  à  la  bataille  d'Alexandria,  puis  hii 
Espagne,  dans  la  guerre  de  la  Péninsule,  à  Ciudad-llodrigo,  Fuontos-D  C)nor, 
Busaco  et  Talavora.  Il  fut  décoré  des  médailles  de  1798  à  1814,  et  .l'Fjgypte. 
Après  la  paix,  en  1815,  il  revint  à  Québec,  où  ma  mère  se  rappelait  l'avoir  vu, 
ayant  remarqué  les  attentions  qu'il  portait  à  sa  cousine  Thérèse  Caldwell.  Il 
était  l'hôte  de  son  beau-frère  Alli.son,  où  demeurait  Thérèse  alors,  comme  nou.s 
l'avons  vu  ci-devant.  On  le  trouve  présent  au  partage  de  la  succession  de  sa 
mère  qui  eut  lieu  le  26  octobre  de  cette  année. 

En  181(),  Daniel  étuit  rendu  aux  Indes  avec  son  régiment  et  stationné 
dons  le  Bengal  et  il  ne  revint  en  Angleterre  qu'en  1825.  Il  put  dans  le  cours 
de  l'été  de  cette  même  année  aller  visiter  son  frère  Antoine  à  Tours  et  fit  con- 
naissance de  sa  belle-sœur  (ju'il  trouva  charmante.  Il  pas>a  tieux  mois  avec 
eux. 

Dans  l'été  suivant  en  1826,  il  avait  suivi  .son  régiment  à  Kilkenny,  en 
Irlande.  A  la  suite  des  nouveaux  règlements  et  de  la  réduction  des  cadres  île 
l'armée,  il  fut  nus  à  la  retraite  à  demi-solde  avec  le  graile  de  major. 

Dfiniel  étnit  alors  âgé  de  48  ans  et  n'était  pas  marié.  Sa  nièce  Dorothée 
Beilinghani  écrit  (ju'il  vomirait  bii-n  .«e  marier,  mais  ([u'il  ne  .sait  pas  CDmment 
s'y  prendre.  Elle  craint  bien,  dit-elle,  qu'il  ne  re.-te  vieux  gar<,'on.  Lui,  paraît 
s'ennuyer, et,  dans  st-s  lettres  à. son  fière  Jacques,  il  ressent  le  mal  du  pays. 

On  raconte  de  Daniel  u!i  stratagème,  sinon  bien  légal,  du  moins  très 
efiicace,  aucpud  il  eut  recours  pour  sauver  la  part  d'héritage  qui  lui  rev«!nait 
du  chff  do  son  père,  £1720,  11,1,  déposés  entre  les  mains  des  banquiers  de  la 
famille,  MM.  Inglis,  Ellice  et  Co.,  ainsi  que  des  épargnes  pour  autant  qu'il  leur 
avait  confiées.  Cette  maison  de  bampie  (dont  Ellice,  un  des  membres,  s'était 
suicidé  (1816)  était  tombée  en  faillite  et  passée  à  des  syndics,  sans  (|u'il  eût  pu 
rien  étirer  ni  de-;  uns  ni  des  autres.  Il  paraîtrait  aussi  qu'il  avait  fait  un 
marché  avec  l'un  de  ces  banijuiers  avant  de  s'embarquer  pour  les  Indes  en  lui 
laissani  >on  dénot  à  forfait,  c'est-à-dire  de  lui  abandonner  le  tout  sil  venait  à 
mourir  au.\   Inde.s,  ou  de  ravoir  le  double  sil    en  revenait  après  7  ans.     Or,  le 


—  126  — 

clinint  «le  ce  pays  était  considéré  mortel  pour  les  européens  ;  témoins  les  deux 
deSaiaberry,  ses  compagnons  (1)  d'armes,  et  tant  d'autres  qui  n'en  revinrent 
jamais. 

Après  un  laps  de  sept  ans,  Daniel  se  présenta  chez  son  banquier  et 
réclama  l'exécution  de  leur  convention.  Celui-ci  fut  fort  surpris  de  revoir  son 
client  qu'il  avait  oublié,  n'en  ayant  pas  entendu  parler  depuis  si  longtemps  et 
ayant  compté  qu'il  ne  devait  plus  revenir.  Pris  à  l'improviste  il  se  mit  à 
chercher  des  fiiux-fuyants  et  des  atermoiements  et  finit  en  lui  disant  de  repasser 
le  lendemain.  Daniel  lui  dit  qu'en  effet  il  repasserait  à  dix  heures  précises.  Il 
tint  parole,  et,  à  l'heure  dite,  il  entra  au  bureau  de  son  homme  (pii  .se  trouvait 
seul.  Aussitôt  entré  il  donna  un  tour  de  clef  à  la  porte  et  vint  s'asseoir  grave- 
ment à  la  table,  en  face  de  son  débiteur.  Pronnut  froidement  la  parole  il  lui 
dit  <]u'il  venait  dans  l'intention  d'être  payé  ;  (|uc  tonte  sa  fortune  ci)nsi.>tait 
dans  les  dépôts  qu'il  lui  avait  confiés,  (|u'il  n'entendait  pas  en  être  frustré,  et 
que  la  vie  ne  lui  tenait  à  rien  à  moins  de  la  pouvoir  nmintcnir  honorablement. 
En  même  temps  il  déposa  sur  la  table  une  paire  de  pi.stolets,  en  intimant  à  .«on 
adversaire  de  faire  son  choix,  qu'il  y  en  avait  un  de  chargé  et  que  le  sort  allait 
décider  lequel  des  deux  resterait  sur  le  carreau.  Le  banquier,  effrayé,  lui  compta 
sa  somme. 

Antoine  qui  avait  oppris  ce  résultat,  écrivait  à, Jacques  le  20  mai  1828: 
"  Daniel  a  été  plus  heureux  que  moi  ;  il  a  reçu  tout  son  argent  et  moi  je  n'ai  pu 
"  obtenir  que  la  moitié  du  mien.  " 

Daniel  se  fixa  à  Londres  et  entretint  une  correspondance  avec  Jacques. 
Il  allait  nssi  z  souvent  visiter  Antoine  et  pas.ser  une  partie  de  In  belle  saison 
avec  lui  à  Tours.  Il  répète  souvent  dans  ses  lettres  son  désir  de  revenir  au 
Canada  s'il  pouvait  y  trouver  quelque  emploi,  et  combien  il  aimerait  à  revoir 
ses  parents  et  ses  anciens  amis.  Il  voyageait  «le  temps  a  autre.  Fn  mars  1833 
il  était  à  Dunkerque  Do  là  il  se  rendit  ii  l'aris  rencontrer  Antoine  et  alla 
passer  une  couple  de  mois  chez  lui.  Il  y  revint  encore  en  décembre  de  la 
même  année. 

Il  mourut  à  Londres  en  l'été  18ô8,  âgé  de  80  ans,  ayant  atteint  le  grade 
de  major-général. 

Daniel  avait  oVttenu,  comme  ses  frères,  des  terres  <lans  le  Haut-Canada. 
Ils  avaient  chacun  1200  acres.  Ses  lots  étaient  les  Nos.  13-14-15-16-18  et  20, 
dans  le  canton  de  Yarmouth,  dans  le  comté  d'Elgin,  près  du  lac  Erié.  Il  lui  en 
est  resté  trois,  savoir  :  13-15  et  IG,  qui  appartiennent  maintenant  h  son  fils,  le 
colonel  Bâby,  et  rapportent  environ  SlOOO  de  rente  ;  les  autres  ayant  été  perdus 
par  vente  forcée,  pour  taxes  municipales,  sur  propriétaires  absents. 

Daniel  a  laissé  un  fils  naturel,  né  vers  1826,  et  nommé   Daniel-Antoine 


(1)  Le  lieutenant  Maurice-Rocli  de  Snlaberry,  du  1er  régiment  des  grenadiers,  mort 
aux  Indes,  H  l'âge  de  '2ù  ans.  Son  frère  était  aussi  dans  le  même  régiment,  (.Quebei  Gazelle 
10  oct  1810). 


—  127  — 

Bâby.  li  habite  (lS9-i)  Li^ytoiistonc,  à  Bonleun,  près  do  Londres.  Co  fils 
entra  dans  l'armée,  le  98èine  de  ligne,  en  18t5,  servit  en  Chine,  dans  les  Indes 
et  fit  la  campagne  du  Piinjaub.  Il  retourna  en  Angleterre  en  1853  et  fut  promu 
Capitaine  dans  le  2Sème  en  1857,  et  servit  dans  co  corps  aux  Indes  durant  la 
révolte  jusqu'en  18(50.  Pour  raison  de  santé  il  revint  en  Angleterre  et  fut 
transféré  au  Militari/  Corps.  Il  se  retira  à  demi-paie  en  1870  et  abandonna 
finalemeht  l'armée  en  187J,  avec  le  grade  de  colonel.  Il  est  marié  et  n'a  eu 
qu'un  fils,  lieutenant  dans  l'armée,  qui  est  mort  le  9  mai  1889,  à  L'ingri.sh,  en 
Angkterre,  à  l'âge  de  27  ans.  Il  ne  reste  plus  pir  conséquent  qu'un  seul  Bàby 
de  la  famille  en  Angleterre.  J'ai  les  photographies  du  père  et  du  fils  que  J'ai 
échangées  avec  le  colonel.  Mon  fils,  Philippe,  capitaine  dans  les  Ingénieurs 
Royaux,  étant  allé  à  Bordenn  (2  avril  1893)  sur  invitatioi».  du  colonel,  a  vu  là, 
dans  la  .«aile  à  dîner,  les  ph(jtographies  échangées  de  ma  mère,  de  mon  oncle 
William  Uâb}'  et  de  moi. 

Le  mnjor-général  Bâby  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  catholique  à 
Brompton  Son  fil.s,  (|ni  était  alors  stationné  à  iMalte,  fut  mandé  pour  assister 
à  ses  derniers  moments,  mais  arriva  trop  tard  pour  recueillir  son  dernier  soupir. 
C'est  le  major  Kitson,  beau-frère  du  colonel,  (pii  prit  soin  des  funérailles  et  qui 
pourrait  donner  des  détails  de  sa  mort. 

J'ai  appris  que  le  vieux  général  avait  fait  une  mort  très  chrétienne  et 
s'était  rendu  à  ses  devoirs  de  catholique  quelque  temps  avant  de  mourir.  Et 
voici  comment. 

Vers  1857-1808,  son  cousin-germain,  feu  l'honorable  François  Bâby, 
conseiller  législatif,  de  Québec,  étant  passé  à  Londres  par  affaires,  profita  d'un 
moment  de  loisir  pour  aller  rendre  visite  au  vieux  général  qu'il  ne  connaissait 
pas.  Il  le  trouva  enfoncé  dans  un  graml  fauteuil,  les  mains  et  les  pieds  enve- 
loppés de  flanelles  chaudes  et  .souffrant  horriblement  de  la  goutte.  Son  humeur 
était  à  l'avtmant  et  il  maugréait  contre  son  mal,  jurant  comme  un  soldat  de 
corps-ile-garde.  Cependant  peu  h  peu  la  glace  fut  rompue  entre  eux  deux;  ils 
se  firent  part  des  nouvelles  concernant  les  divers  membres  épars  de  la  faujille. 
Daniel  prit  beaucoup  d'intérêt  à  apprendre  ce  (piétaient  devenus  ses  fi  ores  et 
su'Uis  du  Canada,  (juils  n'avaient  jamais  revus  depuis  son  départ  de  Québec  en 
1815.  Dans  réi)anchement  amical  qui  se  fit  à  la  suite,  Krant/ois  crut  le  moment 
favorable  pour  s'enquérir  de  son  cousin  s'il  était  toujours  catholique,  étant  né 
et  ayant  été  élevé  connue  tel,  et  il  lui  suggéra  que  les  consolations  de  la  religion 
pourraient  contribuer  à  adoucir  son  mal  en  lui  faisant  mieux  supporter  ses 
souffrances.  Daniel  lui  fit  réponse  (piétant  entré  dans  l'armée  fort  jeune,  il 
avait  plus  songé  à  se  battre  qu'à  prier  ;  ([u'il  ne  se  rappelait  pas  d'être  entré 
dans  une  église  depuis  (ju'il  avait  laissé  le  Canada,  et  qu'il  n'avait  jamais  pris  le 
temps  de  s'occuper  de  ces  choses-là;  qu'au  reste  c'était  son  affaire  et  que  c'était 
uiuî  grande  présomption  de  la  part  de  n'importe  qui  de  l'abor  1er  sur  un  pareil 
sujet.  Ceci  mit  fin  à  la  conversation.  Cependant  Daniel  avant  de  laisser  partir 
son  cousin  le  pria  instamment  de  renouveler  sa  visite,  en  témoignant  qu'il  le 


—  128  — 

recevrait  toujours  avec  plaisir.  Quelques  jours  après  François  revint,  et  tout 
en  causant,  lui  laissa  à  entendre  que  puiscju'il  avait  ainsi  négligé  sus  aft'uires 
spirituelles  on  pouvait  croire  qu'il  en  avait  fait  de  même  de  ses  aHairus  tempo- 
relles ;  que  lui,  Daniel,  avait  des  propriétés  de  quelque  valeur  en  Canada  et  des 
biens  en  Angleterre,  et  (|ue  ses  héritiers  en  apprenant  qu'il  no  s'était  jamais 
marié,  ne  manqueraient  pas  de  réclamer  son  héritage.  Pour  couper  au  plus 
court  il  lui  demanda  s'il  avait  fait  un  testament,  et  lui  manifesta  le  désir  de  lui 
être  utile  à  ce  sujet,  en  lui  donnant  à  enten  Ire  que  sa  démarche  ne  couvrait 
aucun  motif  d'intérêt  personnel.  Le  ton  de  franchise  de  François,  qui  annonçait 
un  désintéressement  complet  et  qui,  d'ailleurs,  était  riche  par  lui-même,  engigea 
Daniel  à  lui  communiquer  son  testament.  Il  se  le  fit  apporter  par  son  avoiiat, 
M.  Pepper.  Lecture  faite,  François  s'aperçut  d'une  erreur  qui  lui  paraissait 
fatale,  provenant  d'une  fausse  désignation  du  légataire  universel,  le  fils  naturel 
étant  indiqué  simplement  connne  fils.  Cette  remarque,  allant  à  dire  que  la  loi 
ne  reconnaissait  pas  un  tel  fils,  causa  une  surprise  qui  fut  suivie  d'une  rectifi- 
cation immédiate. 

Daniel  ne  savait  comment  témoigner  à  François  sa  reconnaissance  pour 
Son  désintéressement  et  le  service  ainsi  rendu,  et  il  ajouta  que  s'il  pouvait  faire 
aucune  chose  qui  pût  lui  être  agréable  il  le  ferait  de  tout  son  cœur.  C'est  là 
que  François  l'attendait  et  où  il  voulait  en  venir.  "  Mon  cousin,  "  lui  dit-il, 
"  vous  voulez  bien  reconnaîtie  le  léger  service  que  j'ai  pu  vous  rendre.  Je  vai.s 
"  vous  en  rendre  un  bien  plus  grand  en  vous  demandant  une  faveur  que  vous 
"  êtes  tenu  nmintenant  de  m'accorder.  Il  faut  à  présent  régler  voi  affaires 
"  spirituelles  et  accomplir  vos  devoirs  de  religion  ; — il  faut  aller  à  confesse."  — 
Daniel  était  pris  de  court  et  .sa  parole  était  engagée  Emu  par  l'intérêt  et 
l'amitié  que  lui  portait  son  parent  il  donna  son  consen'ement.  Lo  lendemain 
un  mngniiique  équipage  s'arrêtait  à  la  porte  chez  Daniel,  et  François  en  sortit 
accompagné  d'un  haut  dignitaire  ecclésiastique.  Dès  qu'ils  furent  en  présence 
de  Daniel,  François  en  s'adressant  à  lui  lui  dit  :  "  Mon  cousin,  je  viens 
"  vous  rappeler  votre  promesse  d'hier.  Permettez-moi  de  vous  pré^ont'îr  à  Son 
"  Eminence  le  Cardinal  Wiseman  qui  se  fait  un  plaisir  de  venir  dégager  votre 
"  parole.     Adieu,  je  vous  laisse  ensemble." 

Le  cardinal  fut  accueilli  avec  respect  et  put  prépirer  son  pénitent,  et 
entendre  sa  confession  Peu  de  temps  après  il  apprit  à  François  l'heureux 
résultat  de  la  conversion  qu'il  avait  opérée  par  son  entremi.se.  Le  cardinal 
Continua  avec  bonté  à  visiter  le  vieux  général  et  lui  fit  cadeau  d'un  beau  cru- 
cifix, dans  le  but  de  le  guérir  de  l'habitude  de  sacrer,  avec  la  recommandation 
de  jeter  les  yeux  dessus  chaque  fois  qu'il  lui  écliapperait  un  juron,  habitude 
qu'il  parvint  ainsi  à  corriger. 

François  apprit  par  la  voie  du  cardinal  que  Daniel  fit  une  ni'H-t  édifiante 
et  un  legs  pie  aux  pauvres.  Ces  détails  proviennent  de  feu  François  Bàby,  tel 
que  relatés  à  son  cousin  Wm.  Bâby. 


—  129  — 


•  « 


10.  Antoine-Duperron,  né  en  1779,  étudia  au  Séminuire  de  Quél)t»c  en 
tnêine  temps  que  Daniel  son  frère.  Il  adopta  aussi  la  carrière  uiilitaire  et  fut 
de  niênie  pourvu  d'une  conmiission  de  lieutenant  dans  le  6èn>e  de  ligne.  Il  passa 
en  Angleterre  en  1801  et  était  stationné  en  mars  1802  dans  l'Isie  de  Wight. 
Lui  et  son  frère,  Louison,  du  même  régiment,  allèrent  ensemble  alors  voir  leur 
sœur  Monique,  nouvellement  arrivée  à  Londres.  Le  Sème  régiment,  qui  était 
attendu  en  Angleterre,  fut  réduit  dans  ses  cadres  à  son  arrivée  et  les  deux 
frères  furent  transférés  dans  le  69ènie,  où  ils  entrèrent,  sans  nouvel  achat,  grâce 
à  la  recommandation  de  l'honorable  François  Bâby  au  Colonel  Mathews,  que 
M.  Bâby  adjudant-général,  en  Canada,  avait  beaucoup  connu  à  Québec,  comme 
secrétaire  militaire  du  gouverneur  Haldimand,  tous  deux  ses  amis.  Antoine 
fut  envoyé  aux  Indes  et  servit  pendant  cinq  ans  dans  la  province  de  Madras  et 
diins  la  conquête  du  Travencore.  De  là  son  régiment  fut  embarqué  pour  l'Isle- 
Bourbon  et  l'IsIe-de-France,  dont  les  Anglais  s'emparèrent  au  commencement 
de  1810.  Antoine  était  alors  aide-de-camp  du  général  Sir  Alexander  Campliell, 
commandant  de  l'Isle-Maurice.  Là  les  deux  frères  furent  rt^commandés  chacun 
pour  une  compagnie,  et  levèrent  dans  ces  isles  le  régiment  "  Bourbon,"  composé 
de  noirs,  dont  plusieurs  avaient  déjà  servis  sous  le  général  français  DeCaen, 
commandant  dans  l'Isle-de- France.  Le  21  mai  1815,  ce  régiment  fut  envoyé 
aux  Barbades,  pour  là  être  débandé  et  dispersé  dans  divers  corps  de  service  aux 
Indes  Occidentales, et  les  officiers  être  misa  la  retraite  à  demi-solde.  Le  passajje 
dura  cinq  mois  et  se  prolongea  jusqu'au  7  octobre.  Le  vaisseau  avait  fait 
escale  au  Cap  pendant  deux  mois  pour  attendre  un  convoi  qui  devait  les  pnjtéger 
contre  les  croiseurs  américains  dans  les  Antilles.  Là  on  fut  surpris  d'apprendre 
que  la  paix  était  faite  avec  les  Américains,  mais  que  la  guerre  était  recommencée 
avec  Bonaparte,  qui  venait  de  s'échapper  de  l'isle  d'Elbe.  On  attendit  alors 
l'arrivée  d'une  frégate  pour  prendre  la  mer,  dans  la  crainte  des  coisiiurs  fran- 
çais. Le  convoi  fit  port  à  l'isle  Sainte-Hélène  en  passant,  et  Antoine  écrit  que, 
jp'il  eût  pu  y  rester  quelques  jours  de  plus,  il  aurait  pu  voir  Napoléon,  ce  qu'il 
regrette  beaucoup,  vu  qu'il  n'en  aura  jamais  une  autre  occasion. 

Arrivé  aux  Barbades  Antoine  reçut  ordre  de  se  rendre  en  Angleterre  et 
prit  son  congé  en  juin  1816.  Il  se  plaint  que  jusqu'alors  il  n'avait  pu  recevoir 
une  seule  ligne  de  sa  famille  depuis  son  départ  du  Cana  la,  quoiqu'il  eût  appi-id 
qu'elle  lui  avait  écrit.  Antoine  s'était  déterminé  à  aller  demeurer  en  France 
comme  pouvant  y  vivre  à  meilleur  marché.  Mais  arrivé  à  Londres,  sa  sœur. 
Madame  Bellingham,  le  manda  d'Irlande  de  venir  lui  porter  secours  contre  son 
niari,  qui  voulait  lui  enlever  quelques-uns  de  ses  enfants.  Il  la  rejoignit  au 
château  Bellingham  et  elle  réussit  à  garder  tous  ses  enfants  auprès  d'elle  Elle 
venait  de  marier  sa  fille,  Eliza,  avec  M.  Stein.  Antoine  demeura  quelque  t'imps 
chez  sa  sœur,  qui  reçut  alors  la  visite  de  sir  William  et  Lady  Bellingham,  ci- 
dessus  mentionnés  Quant  au  malheureux  mari,  Antoine  ne  l'avait  pas  ren- 
contré ;  personne  ne  savait  où  il  était. 


—  130  — 

Cepend.  nt  Antoine  n'était  pas  marié  ;  il  avait  atteint  sa  37ème  année.  Il 
regrettait  son  Ijeau  pays  et  Détroit  surtout.  Dans  ses  lettres  ils  s'informait 
de  tous  ses  parents  et  ses  amis. 

En  1819  il  partit  de  Londres  pour  retourner  à  l'Isle-Bourbon.  Là  il 
épousa  une  demoiselle  Giraud,  dont  le  père  était  disparu  en  mer,  en  allant  à 
Miidognscar.  Sa  veuve  était  restée  avec  trois  filles  et  trois  garçons,  établis 
dans  risle-Bourbon,  dont  deux  étaient  morts  depuis.  Antoine  revint  en  1821, 
dans  un  vaisseau  français,  et  débarqua  au  Havre.  Il  alla  s'établir  à  Tours  oïl 
il  passa  le  reste  de  ses  jours.  Il  aurait  bien  aimé  vivre  au  Canada  plutôt 
qu'ailleurs,  mais  il  craignait  pour  lui  et  sa  femme  les  hivers  rigoureux.  Lo 
climat  des  Indes  avait  altéré  sa  .santé  et  il  s'accommodait  bien  de  celui  de  la 
France. 

Il  se  plaint  dans  ses  lettres  de  n'avoir  eu  que  des  revers  de  fortune 
depuis  son  retour  en  Europe.  Outre  sa  part  il'héritiige  entre  les  mains  d'Inglis, 
Ellice  &  Cie,  (£17()1.13.5^)  il  y  avait  ajouté  £000  d'épargnes  qu'il  avait  faites 
dans  risle-de-France.  Do  plus  il  leur  avait  adre.ssé  des  denrées  de  cette  colonie, 
ne  pouvant  se  procurer  de  l'argent  qu'à  de  très  grandes  pertes,  et  sur  lesquelles 
il  avait  perdu  plus  d'un  tiers.  Il  n'a  pu,  ajoute-t-il,  être  payé  en  entier  du  prix 
d'une  maison  de  .sa  femme  à  l'Isle-Bjurbon,  etc  "  Daniel,"  continue-t-il,  "  a  été 
"  plus  heureux  que  moi  avec  Ellice,  il  a  reçu  tout  .son  argent  et  moi,  après  de 
"  grands  frais,  je  n'ai  obtenu  que  la  moitié  du  mien  par  les  machinations  de  ci^s 
"  banquiers  :  les  scélérats  !  "  C'est  pounjuoi  il  veut  tirer  le  meilleur  parti 
possible  de  ses  1,200  acres  de  terre  dont  il  peut  disposer  en  Canada. 

Il  vivait  à  Tours  avec  néanmoins  assez  d'aisance,  malgré  ses  pertes, 
pensant  toujours  au  Canada  et  n'ayant  aucune  intention  de  se  faire  naturaliser 
en  France,  jouissant,  dit-il,  d'une  assez  bonne  réputation  sans  cela.  Les  lettres 
du  Canada  lui  font  toujours  un  vif  plaisir  et  il  conserve  toujours  un  ardent 
désir  de  revoir  son  pays.  Le  5  octobre  1829,  il  écrit  à  Jac(jues  pour  lui  exprimer 
son  grand  plaisir  d'avoir  reçu  sa  lettre,  étan'/  séparé  do  lui  depuis  si  longtemps. 
'■  Je  puis  t'assurer  que  si  je  ne  craignais  pas  la  rigueur  du  climat  et  les  frais  de 
"  voyage  je  me  trouverais  fort  heureux  de  revoir  encore  une  fois  tous  mes 
"  parents  et  mes  amis,  et  le  cher  pays  de  mon  enfance,  que  je  n'ai  jamais  oublié, 
"  et  auquel  je  pense  toujours  avec  regret.  Je  ne  puis  t'exprimer  les  sensations 
"  que  j'éprouverais  si  jamais  j'étais  assez  heureux  de  mettre  le  pied  sur  lo  sol 
"  (jui  me  vit  naitre.  Dans  mes  .songea,  je  m'y  trouve  souvent,  mais  hélus  !  au 
"  réveil  tout  a  fui,  et  il  ne  me  reste  que  l'illusion." 

Il  dit  qu'il  passe  l'été  à  la  campogne  près  <le  Tours,  et  l'automne  il  fait  la 
chasse;  le  gibier  est  rare,  mais  il  y  a  une  grande  quantité  de  cailles. 

"  Je  suis  allé  h  Paiis,"  écrit-il,  "  le  23  mars  1833,  pour  les  noces  d'une  sduir 
de  ma  femme.  J'y  étais  le  jour  de  l'ouverture  des  Chandues,  et  sur  le  pont- 
royal,  lorsque  lo  coup  de  pistolet  fut  tiré  au  passage  du  Roi  allant  à  la  chambre 
des  députés, , , .  "  La  duches-se  de  Berri,"  continue-t-il,  "  (|ui  était  dans  la  Vendée 
depuis  le  mois  de  mai  dernier,  a  été  arrêtée  h  Nantes  et  conduite  au  chftteau- 


—  181  — 

fort  de  Blay,  près  Bordeaux,  où  elle  est  prisonnière  et  paraît,  d'après  la  plus 
part  des  journaux,  être  enceinte.  Dans  ce  cas  je  pense  que  son  parti  sera  nul." 

Ce  passage  rappelle  une  autre  arrestation  à  ce  sujet  faîte  peu  avant. 

Mme.  Veuve  Selby,  née  Marguerite-Olivier  Bâby  (Toto),  était  allée 
voyager  en  Europe.  Elle  avait  été  bien  accueillie  par  ses  parents  et  présentée 
à  la  conr  d'Angleterre.  Lorsqu'elle  débarqua  en  France,  ia  police  crut,  en 
voyant  une  grande  dame  vêtue  de  deuil,  avoir  découvert  la  duchesse  de  Berry, 
Malgré,  et  même  à  cause  de  ses  protestations,  elle  fut  arrêtée  et  conduite  à  Paris. 
Heuieusi'mcnt  qu'elle  avait  des  lettres  de  recomman<laHons  à  l'ambassadeur 
anglais  qui  la  lit  remettre  immédiatement  en  liberté.  O.i  fit  des  excn.ws  à  Madame 
.St'lby  tt  Louis-Philippe  voulut  pallier  l'erreur  commise  en  l'invitant  à  la  Cour, 
où  elle  parut  avec  avantage,  avec  sa  fille  Jessie,  qui  toute  jeune,  chantiut,il;in-ait, 
et  piii^ait  de  la  harpe  à  la  perfection  ;  si  bien  que  la  reine  Amélie  la  compii- 
nianta  en  voyant  tant  d'agréments  dans  cette  j)dite  char)tiavte  sauvnycuse  ihi, 
CaïKitld,  dit-elle,  en  souriant. 

Antoine  continua  de  correspondre  avec  la  famille  de  Jacqijes,  après  la 
mort  de  celui-ci  en  18;}8.  Je  remarque  que  dans  plusieurs  de  ses  lettres  il 
demande  (|Uolles  :^ont  les  armes  de  la  famille.  "  Ayant  fait  toutes  les  recherches 
"  possibles  je  n'ai  pu  rien  apprendre  de  positif  à  ce  sujet,  dit-il.  Je  les  ai 
"  cherché  à  Londres  et  à  Paris  et  je  n'ai  rien  trouvé." 

On  voit  par  la  correspondance  d'Antoine  qu'il  possédait  l'usage  des  deux 
langues;  celle  anglaise  lui  était  plus  familière. 

J'ignore  s'il  est  né  des  enfants  de  son  mariage.  Suivant  ce  que  m'a  appris 
son  neveu,  le  Col.  Bâby,  il  est  mort  à  Tours  en  1850. 

Les  terres  éclnies  à  Antoine  ilans  le  Haut-Canada  étaient  les  lots  1, .'),  -t, 
5,  7  et  8  dans  le  (ième  rang  du  canton  Yarmouth,  de  200  acres  chacun.  Ils  ont 
été  vendus  imrlui  ou  bien  l'ont  été  pour  taxes  municipales. 

• 
•  • 

11.  Lmiis  (Louison),  né  vers  17S1,  était  le  dernier  des  enfants  vivants 
de  Duperron.  Il  entra  aussi  dans  l'armée,  dans  le  5èine  do  ligne.  Dans  l'automne 
de  1800  jus(|u'à  janvier  1801,  je  constate  (|u'il  était  ii  Sandwich,  et  occupé  do 
chasse  plutôt  que  d'auti'e  chose.  Dans  !e  cours  de  l'été  18)1  il  partit  pour 
rejoindre  sim  régiment  et  fit  naufrage  sur  l'Isle-de-VVight.  Nous  avons  vu  (|u'il 
fut  transféré  dans  le  (îDèmo  de  ligue,  et  suivit  son  frère  Antoine  aux  Inilos  et  à 
risie- Bourbon,  où  il  dt^vint  capitaine  dans  le  régiment  do  co  Ujui.  Il  fut  tué  là, 
en  duel,  vers  1812-1:1(1) 

Il   étoit  un  terrible  duelliste  et  dépêchait   .son   antagoni.ste  avec   une 

(I)  ...After  poor  Tx)iiiR,  deatii  (in  duel)  I  sent  n  wliolo  iincount  of  it  to  Bollinghani  in 
England,  whioli  I  hnpo  was  forwardoil  to  tlie  fatuily.  It  !i  too  distretsing  to  ropoat  (Lettre 
d«  Ant,  1).  Uàby  à  Jao(iu««,  2  fév.  llilO.) 


—  132  — 

précision  telle  qu'il  était  redouté  de  ses  compagnons  d'armes,  do  it  quelques-uns 
abandonnèrent,  dit-on,  sou  régiment 

La  triste  tin  de  Louis  causa  une  grande  ntfliction  à  sa  vieille  mère,  et 
un  deuil  profond  dans  la  famille. 

Les  lots  de  terres  qui  lui  appartenaient  étaient  les  nunéros  21,22,2:), 
2),  27  et  28  dmsle  même  canton  de  Yarmoatli,  ausii  perdus  pir  venUs  pjur 
taxea  municipales. 


CHAPITRE  III 

JACQUES    BABY     IIIl 

Nous  connaissons  maintenant  tant  par  la  tradition  que  par  des  docu- 
mants  écrits  et  authentiques  n  is  ancêtres  maternels  jusqu'à  Jac(iues  Duperroa 
Bâby  et  ses  enfants  inclusivement.  Le  travail  pour  suivre  la  continuation  de 
sa  lignée  est  désormais  plus  facile,  car  nous  avons  en  aide  le  témoignage 
vivant  et  parlant  de  notre  vénérée  mère,  tille  de  Jacques,  l'aîné  des  enfants 
de  Duperron,  et  celui  d'autres  témoins  vivants.  L'amour  profond  qu'elle  a 
toujours  témoigné  à  l'auteur  de  ses  jours,  ses  sentiments  de  tenilresse,  de 
soumission  et  de  respect  pour  lui,  (pii  ne  t'étaient  jamais  démentis  pendant  sa 
vie,  ont  continué  après  sa  mort  avec  la  même  piété  tiliale.  Combien  aussi 
en  retour  aimait-il  sa  tille  unique  !  Avec  quelle  compinisance  il  admirait  .ses 
belles  qualités,  son  caractère  a<mal>le,  son  esprit  sage  et  délié,  son  bon  cœur 
et  ce  bon  .sens  simple  et  naturel  i|ui  dérigait  avec  une  droiture  habituelle  toutes 
ses  actions.  Il  est  vrai  île  dire  que  la  base  chez  elle  de  sa  conduite  était  fondée 
sur  un  .sentiment  profond  de  religion,  dont  elle  avait  été  imbue  dès  son  enfance. 
Les  rapports  entre  le  père  et  la  fille  ont  été  constants,  et,  chose  rema-quable, 
dans  toute  leur  corresponda  ice  échangée  depuis  181 1  à  I8.'i;},  où  la  mort  ter- 
mina, le  père  n'a  jamais  eu  occasion  <le  faire  un  .seul  petit  reproche  à  a  sa  tille. 

Avec  un  semblable  témoin,  c'est  une  tâche  douce  et  agréable  que  de 
laisser  courir  la  plume,  et  se  sentir  animée  d'une  pareille  inspiration. 

Jacques  Bùby,  naquit  sujet  anglais,  au  Détroit,  le  25  août  1703,  durant 
le  siège  par  Pontiac,  et  on  lui  donna  le  nom  du  frère  aîné  prédécéilé.  Sou 
parrain  fut  Autoine  UAby,  son  oncle,  et  sa  luarraine  dame  Angéli(|ue  Dusrivières. 

A  l'époque  où  l'eufiatt  fut  en  Age  d'être  mis  à  l'étude,  il  n'y  avait  pas 
alors  daus  le  liautCauada  d'iustitutioas  scolaires,  ou  du  moins  siiffisautes,  pour 
répondre  aux  vues  de  son  père.  En  consé(|Uunce  Jac(|Ues  fut  envoyé  à  Québec, 
pour  faire  stm  éducation  au  petit  sémin^iirc  <le  cotte  ville.  C'étiit  la  meilleure 
et  la  seule  institution  pour  un  cours  cla9si(|ao  on  Canada.  Elle  avait  remplacé 
le  collège  des  Jésuites,  dont  le  gouvernement  anglais  s'était  emparé,  l'ayant 
converti  en  casernes  pour  ses  troupes  après  la  cou(|uête.  E;i  é'oign  mt  ainsi  du 
(ott  |>aternel  sou  fils  et  son  frère  braut;  jis,  qui  le  suivit  peu  aprèii,  leur  pùrt)  les 
avait  mis  sous  la  protection  et  les  soins  de  leur  oncle  l'honorablo  François  BVty, 


—  133  — 

qui  demeurait  à  Québec,  en  sorte  que  le?  deux  enfants  ne  se  trouvèrent  pas 
tuut-à-fait  isolés  de  la  famille. 

Nous  avons  vu  dans  la  biographie  de  Jean-Bpte.  Casgrain,  que  parmi  ses 
condisciples  au  même  séminaire,  se  trouvaient  de  son  temps  les  élèves  Bâby, 
PiCrre  Béd  ird,  efcc ,  aussi  M.  Boissonault,  plus  tard  curé  de  Saint-Joan-Port-Joly. 
Le  sj'stèmî  de  régenter  les  écoliers,  en  vogue  alors,  était  le  plus  primitif  et 
celui  indiqué  par  Salomon,  c'est-à-dire  de  ne  pas  épargner  la  verge.  La  férule 
jouait  le  premier  rôle,  le  pinswm  venait  bien  après.  Jacques  s'en  ressenti,  et 
devint  sourd  d'une  oreille  ;  ce  qu'il  attribua  toute  .sa  vie  à  un  .soufîi^t  appliqué 
un  peu  trop  rudement  par  un  des  régrjnts.  Je  me  rappelle  que  le  curé 
Boissonnault  m'a  dit  la  même  chose,  et  sur  ce,  ma  mère  me  l'a  répété  depuis. 
Quoii|u'il  en  .soit  une  autre  raison  engagea  .son  père  à  le  retirer  de  là,  c'était 
pour  le  mettre  entre  les  mains  de  son  ami,  le  vénérable  Jean-Bpte.  Curateau, 
sulpicien.curé  à  la  Longiie-P«jinte,et  fon  lateur  du  collège  Saint-Riphaël,  devenu 
plus  t  ird  le  collège  de  Montréal.  Jacques  continua  là  ses  étu  les  pour  venir 
ensuite  les  terminer  à  Québec  po;ir  les  deu.'c  elassjs  do  p'iilosophie. 

Au  .sortir  du  collège  son  père,  (pli  voulait  le  former  en  tout  point, 
écrivit  à  M.  Fran(,'()is  Jiaby,  de  lui  donner  des  maîtres  d'  serimo  et  de  drtnse. 
C'est  ainsi  que  le  jeune  homme  aequit  cette  aisance  déport  et  de  maintien 
gracieux  et  distingué  (|ui,  accompagn  »  îles  manières  ilégagées  de  l'homme  du 
monde  et  joints  à  sa  belle  prestance,  le  firent  admirer  et  tant  rechercher  par 
la  belle  compagnie. 

Afin  de  compléter  .son  é  lucution  et  lui  donner  un  dernier  poli,  avant 
d'entrer  la  carrière  de  la  vie  prati<pie,  son  père  qui  l'aimait  beaucoup  et  était 
fier  de  son  fils,  lui  procura  l'avantage  d'aller  voyager  en  Europe  (I7t<())  et  le 
dirigea  sur  Londres,  où  il  le  présenta  à  ses  anus  et  correspondants. 

D.)ué  d'un  extérieur  qui  plaisait  de  prime-abord,  et  avec  un  gousset 
assez.  i;  garni,  il  n'est  pas  ét'mnant  (^ue  la  fougue  de  la  jeunesse  dans  un 
tempérament  vif  et  bouillant,  l'ait  entraîné  bientôt  dans  <lcs  folies  si  fré- 
quentes à  son  âge.  Pour  son  malheur  il  tomba  dans  les  filets  d'une  actrice,  (pli 
les  dressa  .si  adn)itement,  qu'elle  reus.sit  à  s'en  faire  épouser  .secrètement.  Cet 
irrémédiable  faux  pns  fut  la  source  pour  lui  et  sa  fnmille  de  longs  déboires, 
Les  lettres  de  son  père  o.<halent  son  indignation  et  sa  colère  en  apprenunt  une 
si  pitoyable  mésaventure.  Il  craignait  do  ne  recueillir  (pie  d'am  rs  chagrins 
des  fruits  de  sa  constante  sollicitude  et  de  son  inépuisable  libéralité  pour  cet 
enfant  prodigue.  Il  le  rappela  a»issit(*it  au  pays  «t  réussit  à  débariasser  son 
fils  de  cette  feiinne  moyennant  uuo  pen^^ion  assez  élevée,  (pii  dura  longtemps 
(l)(i.*s02).     Le  châti nient  qu'il  infiigea  au  jeune    honnne  fut  long   et  sévère, 


())  Miulanio  H()ii8-Lewin  (.VrcliniiKo-nàby),  (|ui  élevnit  ma  m^re  comme  inn  enfnnf, 
qunii|iie  linnno  un  l'oïKi  et  d'ini  excellent  c(Uiir,  AVikit  parfois  lo  mot  mnrrlant.  Elle  aiiimit 
lieancotip  ma  iiiérc,  co  i{<it  ne  l'empiVhait  pan  de  décocher  devant  elle  de»  traita  pi(|(iantl 
dont  ma  mère,  tiopitMiiio,  ne  voynit  piii  alorit  toute  lu  portée, main  qu'elle  n'avait  puaoïihliés* 
"  Il  a  coûté  atiet  cher  à  la  famille,  celiii-lfc,  "  disait  «Ile  en  parlant  de  ton  frère  Jaequet. 


—  134  — 

mais  le  fit  rentrer  en  lui-même,  et  depuis  lors  il  ne  donna  que  des  sujets  de 
satisfaction  à  sa  famille  par  une  conduite  régulière. 

A  son  retour  d'Europe  Jacques  Biiby  s'initia  aux  affaires  commerciales 
de  son  père,  lesnueiles  étaient  considérables,  comme  nous  l'avons  d?t,  et  s'éten» 
daient  au  loin  parmi  les  tribus  sauvages.  En  même  temps  il  était  chargé  de  la 
surveillance  des  diverses  fermes  et  des  moulins  de  la  rivière  Rouge,  d'sl  ainsi 
qu'après  la  mort  de  son  mari  Madame  Bàby  put  lui  confier  la  gestion  des  biena, 
qu'il  liquida  à  la  satisfaction  de  la  famille  aprè^i  que  colle-ci  eût  été  obligée 
d'abandonner  le  Détroit,  cédé  aux  Américains. 

Jacques  Bâby  était  appelé  fréquemment  à  Québec  pour  les  besoins  du 
commerce  de  la  maison.  Riche,  bel  homme,  d'une  éducation  et  d'une  élégance 
parfaite,  il  y  fit  du  bruit  et  eut  du  succès  dans  le  monda.  Durant  son  séjour  il 
y  menait  bel  équipage;  les  anciens  m'ont  parlé  d'une  nuigiiitique  pair.)  de 
chevaux  blancs,  aux  oreilles  coupées,  dont  l'originalité  attirait  l'attention  et 
contrastait  avec  son  grand  laiiuais,  uu  noir,  galonné  de  blanc 

On  s'étonnait,  dans  la  société,  que  M.  BA'iy  fréquentait,  de  voir  qu'il  ne 
paraissait  pas  songer  à  contracter  une  alliance  eu  rapport  ivoc  sa  position,  car 
on  ignorait  celle  que  son  imprudence  lui  faisait  forcéinont  .suliir.  Il  était  fort 
recherché  dans  la  compagnie  des  Dames  et  Mademoiselle  Marguerite  Tarieu  de 
Laiiaudière,  qui  a  tenu,  pour  ainsi  dire,  le  dernier  s  don  (1848)  de  l'ancien 
régime  à  Québec,  m'en  a  souvent  parlé.  "  C'était  un  fort  1)l'1  houiine  que  votre 
"  graml-père,  m'a-t-elle  .souvent  dit,  et  comme  il  était  aimable  et  digne  d'être 
"  respecté  comme  il  était"  (1)  Le  souvenir  qu'elle  en  cimservait  datait  de  loin 
et  se  reportait  avec  affection  sur  ma  mère  à  laiiueile  elle  témoignait  beaucoup 
d'nmitié.  Mon  frère  aîné  Charles  et  moi  en  ressentions  les  effets  dans  se8 
réceptions,  auxquelles  nous  étions  toujours  invité.s. 

M.  Jacques  Bàby  était  né  et  avait  été  élevé  à  l'ombre  du  ilrapeau  liritan- 
ni<iue  et  demeura  toujours  ferme  dans  .«a  loyauté  à  la  Couronne.  La  guerre  de 
l'indéjH'ndance  ne  fit  qu'affermir  sa  fidélité,  à  l'exemple  de  «i»n  père,  dont  il 
suivit  les  traces.  L'e.stime  et  la  confiance  qu'il  sut  inspir»  v  aux  autoiil">  .:ou- 
Vei  ti.  iiientAles  firent  apprécier  -on  caractère,  sa  valeur  el  1  -s  servie^-s  ((n'il  vtait 
a|  !')'''■  à  rendre.  Il  ac(|uit,  à  la  suite,  auprès  d'elles  une  infiucnue  méritée  et  un 
crédit  imposant. 

Le  colonel  .Simcoe,  premier  lieuteniantgouverneur  du  Haut-Canaila,  en 
fit  son  ami  aussitôt  qu'ils  se  coimurent,  (17l>2)  le  nom  un  Lieuttuiiut  du  U  )i, 
pour  U)  comté  <le  Kent,  et  peu  après  coiinnandant  des  milices  du  couiié  avec  e 
gru  i'  do  colonel.  En  mêuie  temps  il  le  mit  en  rapport  avec  le  colonel  Eii;^lau  I, 
Commandant  des  troupes  régulières  du  Ditr lit,  pour  organiser  d'une  miu.ere 
cH<'(tive  les  ndliceu  du  comté.     Cotiforniément  à   ses  instructions  le  colonel 

(1)  Tuui  loi  gouverneurs  allaient  tialuor  Mello.  do  L.inauilit^re.  Quand  rnidndo  oainp, 
Yii'i  1h  prévenir  de  la  viiite  de  Lord  Elgin,  (IH4f>)  elle  lui  Ht  réponse  do  vouloir  l>i«Mi  pré- 
atiit'-i'  lies  hninniagoK  i\  Son  Excellence,  et  de  lui  dire,  en  luèaio  teaipt,  <|u'en  lui  ntiidaut 
oe:  Il  uiDour  Elle  no  liiisiiit  <|ue  suivre  l'exemple  de  sus  augustes  prédécesseurs. 


—  135  — 

Bâby  drossa  un  rôle  complet  de  tous  les  miliciens,  officiers  et  soMats  du  comté 
de  Kent,  en  les  divisant  par  districts,  suivant  les  localités  indi<(uées  par  les 
noms  fran^-ais  qu'elles  pu  nient.  Il  est  remarquable  que  les  mêmes  noms 
frnn^-ais,  quoique  la  fjrandc  masse  de  la  population  soit  devenue  anglaise,  aient 
été  conservés  pour  la  plupart  jusqu'à  aujourd'hui,  tels  que  Détroit,  la  Côtf. 
des-Ottawais,  la  Grosse- Pointe,  la  Côte-du-nord-e4,  la  CôtQ-dn-sorntii'st,  li 
rivière  Rouge,  la  Rivière-aux-Raisins,  la  rivière  Sainte-Claire,  la  Rivière-aiiv- 
Ecores,  Grosse-Isle,  l'Isle-au-bois-blunc,  etc. 

Ce  rôle  des  milices,  dont  j'ai  une  copie  de  la  main  de  sou  auteur,  monti'u 
un  effectif  de  (i7iS  hommes,  presque  tous  canadiens-français.  Il  parait  fait  avec 
soin  et  forme  une  buse  sûre  pour  étudier  et  vériKer  le  mouvement  de  la  popu- 
lation à  cette  époque. 

Ces  miliciens  furent  mis  sur  pied  en  HSl.  On  craignait  des  hostilités 
du  côté  des  Etats-Unis. 

La  rétention  du  Détroit  et  des  postes  de  l'ouest  par  l'Angleterre,  depuis 
le  traité  de  paix  de  1783  fait  avec  eux,  était  une  cause  constante  d'irritati  m. 
On  ne  s'entendait  pas  sur  la  Hxation  «les  bornes  dans  ces  endroits.  La  prétention 
des  Américains  allait  à  réclamer  tous  ces  postes.  L'Angleterre  mainten  lit  uim 
forte  garnison  au  Détroit  et  comptait  sur  l'appui  des  sauv.iges  comme  une  aide 
puissante  pour  conserver  sa  pos.session,  car  les  Américains  étaie  it  alor>*  en 
guerre  avec  les  sauvages  des  environs  et  soupçonnaient  fortement  les  Angl  ils 
de  les  inciter  à  les  repousser.  (1)  Le  général  Wayne,  connnandant  des  forces 
américaines  s'avança  du  Fort  Washington  vers  la  Miamis,  où  le  gouverneur 
Simcoe  avait  fait  construire  un  fort  et  établi  une  garnison. 

Les  troupes  de  Wayne  ayant  commis  dos  déprédations  et  incendié  des 
propriétés  appartenant  à  îles  sujets  anglais,  Simcoe  donna  ordre  au  Colou'^l 
Bâby  de  s'assurer  des  pertes  •  t  de  les  vériiier.  Il  fallait  beaucoup  de  discré- 
tion et  de  prudence  dans  la  c'i-.'  suixenue,  d'autant  plus  (|ue  le  gouverneur 
Simcoe  n'était  pas  siir  des  dispositions  des  habitants  français  ilu  Détroit,  chez 
h'Sipiels  il  fallait  maintenir,  sans  les  froisser,  la  neutralité  entre  les  américains 
et  les  sauvages  ;  les  uns  penchaient  d'un  côté,  les  antres  «le  l'autie. 

Wayne  arrivé  à  la  Miami  atta<jua  les  sauvages  le  2')  aoftt  Ceux-ci  se 
voyant  «léfaits  vinrent  se  mettre  à  l'abri  sous  le  cunon  «lu  fort.  L'.  coinm  in- 
dant  ne  prit  aucune  part  à  l'engagement  i|U«>ii|'.io  Wiyiie  Ht  tout  ce  «[u'il  put 
pour  le  provo(|ner.  Chacun  «l'eux  avait  orilro  de  ne  pas  attaipier  l'autre  sans  l'être 
le  premier.  Dans  son  histoire  «lu  Michigm  (p.  IDô,)  le  juge  Campi>ell  rapporte 
que  lu  colonel  Hàby  vint  [U'êter  main-forte  aux  sauvages  «lans  cette  occ  ision 
avec  un  corps  «le  milices  canadiennes.  Il  est  «liffieile  «le  le  croire,  puisipie  lo 
gtaivcrneur  Simcoe  ne  lui  eu  avait  pas  donné   l'onlro  et  «jue  dau<  uuo  lettre, 

(I)  Cei  aoupçouH  parai«iient  foiulés,  car  le  gotivorni^ur  .'Si.ucoe  no  «lissiuiula  pas  sa 
■yinpathie  pour  l«i  SaiiviiKo».  l>ans  uno  lettre  «le  lui  au  cnlnaol  niil)y,  «lu  '21  iio&t  IT'Jl,  il 
éctrit  :  "  H'IiP  (Wiiyiio)  advoiifOg  I  hope  ilie  linliuns  will  bout,  hiui  aiid  take  tho  canna» 
"  wbich  I  tupp«Me  ho  uiust  bu  «Irawiiig  at'ter  hiiu  fro:u  Watliington." 


—  136  — 

datée  deux  jours  après  il  l]approuve  complètemiMit  :  Vous  avez  agi,  écrit-il, 
"  d'une  manière  admirable,  autant  que  je  puis  en  juger  par  ce  qui  a  été  f  lit,  et 
"  j'espère  aller  sous  peu  vous  en  témoigner  en  personne  mon  entière  satisfac- 
"  tion.  " 

Le  traité  de  "  Jay  ",  conclu  en  novembre  1795,  mit  fin  aux  hostilités  qui 
paraissaient  devoir  sui-gir  entre  les  Anglais  et  les  Américains.  Il  fut  ratifié  la 
même  année.  Il  stipulait  l'établissement  de  nouvelles  bornes  et  (\ne  Détroit 
serait  remis  aux  Etats-Unis,  en  juin  1796,  avec  d'autres  postes.  Cet  événement 
obligea  la  famille  Bàby,  qui  tenait  à  son  .scnncnt  d'allégeuncc,  d'abandonn  r  la 
ville  et  Siicrifier  les  propriétés  qu'elle  possédait  sur  le  sol  devenu  du  domaine  de 
la  république  améiicaine. 

Le  dévouement  du  Col.  Btil>y,  son  aetivitt'  et  son  zèle  pour  le  service  du 
gouvernement  avaient  déjà  été  !?ij,'nalés  parle  Lieutenant-U  aiverneur  .Snneie 
au  Gouvernrur-Général  et  aux  ministres  en  Angleterre.  Depuis  (ju'il  avait 
pris  le  gouvernement  du  Haut-Cana  la,  Simcie  était  entré  en  coiiniuinication 
constante  avec  le  Col.  Bâl)y  et  sa  correspondance  démontre  l'estime  (ju'ii  avait 
conçue  de  sa  personne  et  de  la  solidité  «le  son  ingénient.  En  organisant  le 
régime  nouveau  qu'il  venait  inaugurer  dans  le  Haut-Canada,  il  avait  jeté  les 
yeux  sur  lui  comme  sur  un  des  peisonnages  les  plus  capables  de  l'aider  ilans 
son  administration,  et  il  écrivit  au  ministre  des  colonies  le  2!}  noveMd)re  1792, 
qu'il  avait  U)is  son  nom  dans  les  commissit>ns  reçues  en  blanc  pour  la  création 
d'un  conseil  exécutif  et  d  un  conseil  législatif  dans  la  province,  en  le  nommant 
pour  le  district  du  Détroit,  "  M.  Bâtiy  étant,"  dit-il,  de  beaucoup  le  principal 
"  colon  français  de  la  circonscription."  Sa  Majesté  agréa  ce  choix  en  confirmant 
par  un  brevet  signé  île  sa  main  et  scellé  du  grand  sceau  du  Royaume-Uni,  la 
Dommination  à  vie  de  l'honorable  Jacciues  Bâby  à  la  charge  de  Conseiller 
Législatif,  et  l'adjoignit  en  même  temps  à  son  conseil  connue  conseiller-exécutif 
dans  sa  province.  En  entrant  en  fonctions  dans  ces  deux  charges  le  titulaire 
n'était  âgé  que  de  trente  ans. 

Il  nous  est  agréable  de  pouvoir  assurer  d'avajice  que  dans  l'exercice  des 
devoirs  importants  «pii  lui  furent  ainsi  confiés,  et  qu'il  remplit  pendant  l'espace 
de  quarante  ans,  il  se  maintint  dans  une  cou  luite  no  i  .seulement  sans  reproche, 
mais  même  à  l'abri  de  tout  soupçon.  Il  devint  l'homme  de  confiance  et  l'ami 
personnel  des  divers  gouverneurs  qui  se  succédèrent  dans  le  Haut-Canada,  et 
entre  autres  de  Sir  Francis  Oore  et  de  Sir  Perigrine  Maitland. 

Après  la  rectifications  des  frontières  et  la  remise  de  Détroit,  les  rapports 
entre  les  deux  pays  n'en  continuèrent  pas  moins  à  être  tendus,  et  étaient  guidés 
p:ir  l'oppréhen-sion  que  les  hostilités  pouvaient  bientAt  recommencer.  De  chaque 
cfttéon  se  tenait  sur  l'éveil,  au  cas  de  cette  éventualité,  en  organisant  les  milices. 
Mais  le  point  important  (jne  chaipie  gouvernement  s'efforçait  d'emporter  dans 
cette  localité  du  Détroit,  était  l'appui,  au  besoin,  des  nations  indiennes,  alors 
nombreuses  dans  les  environs. 

Le  gouverneur,  pour  mieux  réussir  à  se  les  concilier  et  les  ranger  de  son 


—  137  — 

cûtt',  choisit  à  cette  fin  M.  Bàl>y  et  lui  confia  l'emploi  de  député-surintemlunt- 
génôral  <lu  bureau  des  Snuvugea.  Il  lui  associa  l'honorable  Alexander  Grant, 
dé  à  son  collèjçue  comme  conseiller  législatif,  et  le  colonel  Thomas  McKoe, 
h  )nnno  d'expérit?nce,  qui  avait  une  grande  infiuence  parmi  les  diverses  tribus 
pour  les  avoir  beaucoup  fréiiuentées,  les  avoir  conduites  en  guerre,  et  conniître 
leurs  langues. 

Les  principaux  devoirs  des  surintendants  consistaient  à  maintenir  avec 
elles  les  anciens  traités,  ou  les  renouveler,  à  écouter  leurs  plaintes  et  redresser 
leurs  griefs,  vrais  ou  imaginaires,  les  traiter  avec  égards  et  conserver  leurs 
coutumes,  en  un  mot,  dans  leur  langage  "  tenir  luisante  la  chaîne  d'amitié  et 
"  leur  assurer  que  le  feu  de  leurs  conseils  serait  entretenu."  M.  Bâby  et  seg 
coiiègues  étaient  aussi  chargés  de  leur  distribuer  chaque  année  les  présenta 
af.'cuiitiiiiiés,  en  armes,  iinniitions,  \ivres,  vêtements,  etc.  Un  autre  point 
important  consistait  à  surveiller  au  loin  les  agissements  des  nations  rivales  sur 
le  iMi.s>5issipi  et  dans  le  Wisconsin  et  particulièrement  les  Renards  et  les  Folles- 
avoin  s.  M.  Bâliy  s'acfpiitta,  grâce  à  l'a-ssistance  de  .ses  collègues,  d'une  manière 
efiicMce  de  ces  devoirs  multiples  et  sut  conserver  l'amitié  de  toutes  ces  tribus  qui 
demeuièrcnt  fidèles  aux  Anglais. 


* 
»   * 


Durant  un  voyage  ()ue  M  Bâby  fit  à  Québec  en  l'hiver  1801,  il  apprit  la 
moit  de  celle  à  (|ui  il  avait  imprudemment  lié  son  sort.  Ainsi  délivré  de  cette 
entrave  il  songea  à  former  une  alliance  convenable  à  sa  position  et  épousa 
l'iinnée  .suivante  Délie  Elizabeth  Altbott,  fille  de  feu  l'honorable  James  Abbott, 
jug«'  à  Détroit,  et  de  la  baronne  V^on-Brocklowe,  native  d'Albany  et  d'origine 
liullundaiso.  Le  juge  Abbott,  décédé  en  1800,  avait  été  très  lié  d'amitié  avec 
M.  Hàby,  et  il  l'avuit  nommé  exécuteur  de  ses  dernières  volontés  conjointement 
avec  James  Abbott,  son  fils  aîné.  Cette  famille  était  une  îles  premières  de 
l'endroit  et  à  la  tête  d'un  établissement  de  commerce  riche  et  prospère.  Je 
renvoie  à  l'appendice  G  pour  la  généalogie  de  cette  famille  de  notre  aïeule 
maternelle. 

Après  la  li(piidation  des  affaires  de  la  succession  de  son  père  M.  Bàiiy 
était  pa.ssé  à  Sandwich  «lu  côté  du  territoire  britanniipie,  (l)  mais  il  lui  restait 
la  grande  propriété  et  les  moulins  de  la  rivière  Rouge  du  côté  américain  (jui  lui 
étiiient  échus  en  partage. 

Lors  de  .son  niaiiage  il  avait  déjà  à  Sandwich  un  établissement  de  com- 
merce considérable  en  société  avec  son  frère  Jean-B'ite.  — et  il  ac(|uit  là  de  plus 
le  11  juillet  ISOj  de  (luiliaunio  Monfort<m,  notaire,  et  de  Marie-Louise  Sur- 
mande, son  épou.se,  une  terre  et  habitation  de  un  arpent  de  front  .sur  (piarante 


(I)  .îe  n'ai  pu  trouver  \me  date  précise  de  rétatilissoiuent  de  Jacques  Bilby  il  Sand» 
wich.  Toutcslbis  giiivttiit  un  pnoncé  dans  un  eortitiont  A  lui,  doiuié  par  le  Ju^^e  Powcll  le 
2  juin  181",  au  sujet  de»  pertes  subies  sures  domaine  pendant  la  guerre  de  1812,  il  aurait 
laitiié  le  Détroit  peu  après  IT'JO. 


—  138  — 

de  profondeur,  sur  laquelle  il  bâtit  ou  paracheva  une  grande  résidence  et  ma- 
gasin. C'est  la  maison  qui  existe  encore  aujourd'hui  sur  le  bord  de  la  rivière. 
Ses  solides  fondations,  de  plus  de  trois  pieds  d'épaisseur,  ses  lambourdes  en 
chêne,  ses  menuiseries  en  noyer  noir  ont  été  construites  pour  la  durée,  ainsi 
qu'on  bâtissait  alors.  L'ancien  usage  d'avoir  pignon  sur  rue,  cour  intérieure, 
et  dépendances  encloses,  a  été  observé.  Son  jardin  s'étendait  ju-fju'à  la  rivière 
et  un  grand  verger  à  l'est.  Vis-à-vis,  un  quai  donnait  accès  à  la  navigation. 
(Voir  la  vignette  et  la  description  de  cette  maison  "  Suiivenirs  of  the  Faut" 
by  W.-L.  Bâby,  p.  117.)  C'est  là  que  ma  mère  et  ses  cinq  frères  sont  nés.  Cette 
maison  paternelle  était  tombée  dans  son  lot,  lors  du  partage  de  la  succession  de 
son  père,  mais  elle  consentit  L  en  faire  échange  en  faveur  de  son  frère  Charles, 
qui  l'a  toujours  habitée  de  son  vivant.  Elle  a  passé  en  mains  étrangères  depuis 
une  dizaine  d'années.  Bien  des  souvenirs  s'y  rattachent,  mais  s'en  vont  dispa- 
raissant dans  le  gouffre  du  temps.  M.  Jacques  Bâby  y  vivait  heureu.x,  tran- 
quille, dans  l'aisance,  dirigeant  son  négoce,  cultivant  ses  fleurs,  soignant  ses 
oiseaux,  plantant  et  greffant  son  verger,  jusqu'à  ce  qu'elle  fut  saccagée  et 
pillée  par  le  général  Hull  en  1812. 

Entre  tenips  survint  en  1807,  l'engagement  naval  entre  le  "  Cheasupeak" 
et  le  "  Léopard,"  qui  fit  surgir  une  recrudescence  d'animo.sité  entre  les  Etats- 
Unis  et  l'Angleterre.  L'on  s'attemlait  d'un  jour  à  l'autre  à  une  déclaration 
de  guerre  par  les  Américains.  Ils  dirigèrent  en  même  temps  des  troupes  sur 
Détroit  pour  renforcer  la  garnison.  Le  général  Hull  qui  y  commandait  s'y 
fortifia  en  faisant  agrandir  et  réparer  les  palissades  par  les  milices,  «{ui  furent 
mises  sur  pied,  et  il  approvi.sionna  la  place. 

Les  Américains  étaient  profondément  alarmés  par  la  crainte  que  les 
Sauvages  ne  prissent  le  parti  des  Anglais  et  ils  étaient  sous  l'impression  que  le 
gouvernement  du  Canada  les  incitait  à  commencer  les  hostilités  Lu.  situation 
particulière  des  Canadiens-français  qui  habitaient  le  Détroit  et  ses  environs, 
ne  rassurait  pas  le  général  Hull  sur  leur  fiilélité,  à  cause  de  leurs  liens  de 
parenté  et  rapports  d'amitié  avec  leurs  nationaux  sur  la  rive  opposée.  H 
redoutait  aussi  les  Anglais  (jui  étaient  restés  dans  la  ville  après  sa  remise,  car 
il  était  survenu  une  entente  entre  les  citoyens  des  deux  origines  de  ne  rien 
entreprendre  l'un  contre  l'autre,  mais  d'attendre  les  événements  et  le  résultat 
final  de  la  guerre. 

Sur  ces  entrefaites  les  habitants  de  la  rive  sud,  qui  ne  voyaient  pas  sans 
inquiétude  ces  préparatifs,  appréhendaient  une  descente  chez  eux.  Des  tètes 
chaudes  firent  répandre  le  bruit,  qu'avant  même  une  déclaration  de  guerre,  un 
parti  de  pillards  devait  traverser  la  rivière,  s'emparer  des  magasins  et  îles 
demeures  des  particuliers  et  saccager  les  environs.  Sur  ce,  une  vingtaine  de 
personnes,  marchan<ls  anglais  pour  la  plupart,  s'alarmèrent.  S'étant  réunis  ils 
vinrent  exposer  par  écrit  leurs  représentations  au  colonel  Bâby,  se  plaignant  de 
l'insuffisance  des  milices  pour  les  protéger.  Celui-ci,  qui  avait  eu  l'œil  vigilant 
sur  toutes  les  démarchos  de  l'ennemi  et  vu  également  au  bon  ordre  de  ses 


—  139  — 

milices,  reçut  la  députntion  avec  courtoisie,  mais  avec  fermeté,  de  manière  à 
apaiser  les  craintes  de  ces  députés  et  en  même  temps  leur  faire  comprendre  que 
la  prudence  refluerait  de  ne  pas  alimenter  eux-mêmes  la  cause  de  leurs  alarmes. 
Le  gouverneur  Gore,  mis  au  courant  de  ce  qui  se  passait,  écrivit  au  col.  Bàby  : 
(le  26  novembre)  "  I  liave  great  pleasure  in  conveying  to  you  my  entire  appro- 

"  bation  for  your  vvise   c<mduct be  assured  of  the  favorable  opinion  I 

"  entertain  of  yourself  ami  your  brother." 

Heureusement  qu'une  rupture  entre  les  deux  peuples  n'eut  pas  lieu 
cette  fois,  car  Détroit  contenait  7  à  800  hommes  de  troupes  qu'il  aurait  été 
difficile  d'arrêter  dans  une  invasion  subite  le  l<mg  de  la  rivière. 

L'été  suivant  le  g(juverneur  Gore  vint  à  Amherstburg  et  ne  pouvant  se 
rendre  à  Sandwich,  comme  il  se  l'était  proposé,  il  invita  le  col.  Bâby  et  son 
frère  François,  à  venir  le  rencontrer  là,  atin  de  se  consulter  ensemble  sur  les 
affaires  de  ce  district. 

Le  col.  Bâby  profila  de  cette  occasion  pour  rappeler  au  gouverneur  les 
états  de  services  du  col.  Caldwell,  son  beau-frère,  et  les  affreux  traitements 
que  les  Sauvages  lui  avaient  fait  subir  (1)  durant  la  guerre  de  1775.  Le  gou- 
verneur manifesta  son  intention  de  récompenser  ce  brave  militaire;  ce  qu'il 
fit  peu  de  temps  après. 

La  guerre,  qui  menaçait  d'éclater  depuis  longtemps,  fut  enfin  déclarée. 
Nous  allons  voir  les  Bâby,  tant  dans  le  Haut  que  le  Bas-Canada,  s'armer  de 
nouveau  pour  la  défense  du  pays  et  témoigner  de  leur  attachement  et  fidélité  à 
la  Couronne.  Les  hostilités  conunencèrent  à  Amherstburg,  le  2  juillet  1812, 
par  la  prise,  à  son  passage,  de  la  goélette  Cai/ahoga,  qui  portait  le  pavillon 
américain  et  des  dépêches  au  général  Hull.  Ces  dépêches  contenaient  ses 
instructions  et  l'état  de  ses  forces.  Di.K  jours  après  Hull  traversa  avec  ses 
troupes  vis-à-vis  de  Détroit,  à  trois  milles  au-dessus  de  Sandwich,  et  vint  s'em- 
parer du  village  là  II  établit  son  quartier  général  dans  la  maison  du  colonel 
François  Bâby, en  face  de  Détroit  et, contrairou\ent  au  droit  desgjiis,  il  envoya 
piller  la  demeure  et  les  magasins  du  colonel  Jacques  Bâby  par  un  ordre  écrit 
de  sa  main.  Les  deux  frères  étaient  alors  à  leur  po^tu  avec  les  troupes  an- 
glaises cantonnées  à  Andiersburg,  cinq  lieues  plus  bas. 

Madame  Jacques  Bâby  avait  été  forcée  île  s'enfuir  île  sa  njuison  quand  les 
batteiics  avaient  ouvert  le  feu  de  la  rive  opposée.  Elle  alla  se  mettre  h  >rs  de 
portée  dans  les  concessions  en  arrière,  emmenant  avec  elle  ses  cinq  enfant-»,  «lont 
le  dernier,  William,  n'avait  que  deux  mois.  Il  n'y  avait  aucun  endroit  fortifié 
pour  trouver  ailleurs  un  refuge.  "Combien  de  fois,"  écrivait-elle  à  madame 
Ross-Lewin,  à  Québec,  "  n'ai-jo  pas  remercié  Dieu  que  ma  chère  petite  Eliza 
"  n'était  pas  là  pour  être  témoin  de  notre  détresse."  (2)  Vers  la  fin  de  novembre 
elle  était  revenue  à  sa  demeure,  mais  ses  alarmes,  comme  celles  des  autres, 
étaient  continuelles  par  des  rapports  fréquents,  annonç mt  que  les  ennemis  arri- 


(1)  Le»  Anciens  Canadiens,  De  Oaspé,  p.  199  «t  235. 

(2)  Lettre  du  26  novembre  1812. 


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vaioiit  à  leur  porte.  "  Dieu  nous  en  préserve,"  continua-elle,  "  car  nos  forces 
"  sont  bien  inférieures  luix  leurs  dans  nos  endroits,  ce  qui  est  d'autant  plus 
"  alarmant  pour  nous,  situés  coninie  nous  le  sommes  à  l'égard  des  Sauvages,  qui 
"  redoutent  leur  grand  nom><re." 

Pour  coud)'!'  de  niallieur  une  maladie  épidénuque  s'était  répandue  et 
sévissait  cruellement  dans  les  environs.  Elle-même  allait  en  être  une  des  vic- 
times, et  comme  si  elle  en  avait  eu  un  pressentiment,  elle  avait  ajouté  à  sa  lettre 
ci-de.ssus,  (juelques  mots  pour  sa  tille  et  qui  devaient  être  ses  derniers  ailieux. 
Elle  terminait  en  bénissant  sa  chère  enfant:  —  "  God  bless  you,  iny  dear 
"  Eliza,  is  tlie  prnyer  of  your  atfectionate  mother,  E.  Bâby." 

Revenons  maintenant  aux  mouvements  du  général  Hull.  Aussitôt  qu  il 
eut  mis  pied  à  terre  sur  le  sol  du  Canada,  il  lan(;a  une  proclamation  invitant 
tous  les  Canadiens  à  se  joindre  aux  Américains,  mais  elle  n'eut  pas  d'etfet  ap- 
préciai le.  Le  17  juillet  le  col.  Cass  avec  2<S0  hommes  pous.sa  une  pointe 
jus(|u'à  la  Rivière-aux-Canards  et  s'empara  du  pont,  mais  il  dut  rebrousser 
chemin  aussitôt.  Le  i-l,  le  général  McArthur  tenta  de  repousser  les  Sauvages 
de  la  Uivière-aux-Dimles,  mais  fut  forcé  de  battre  en  retraite  avec  une  perte 
de  six  hommes.  Ce  fut  le  premier  sang  versé.  Le  fameux  chef  sauvage  Te- 
cumsfh  avilit  pris  le  parti  des  Anglais  et  déploya  toute  sa  valeur.  Suivi  de  ses 
guerriers  et  accompagé  d'un  renfort  que  lui  dépêcha  le  général  Brock,  il  alla 
(•4  août)  intercepter  à  Br.>\vnstown,  le  major  Van-Horn,  (jui  allai  au-devant 
du  capitaine  Brush  pour  lui  servir  d'escorte,  lequel  arrivait  avec  un  convoi  de 
vivres  et  de  nouvelles  milices.  L'attacjue  fut  si  soudaine  et  si  bien  dirigée  que 
les  troupes  américaines  se  replièrent  et  qu'il  s'en  suivit  une  déroute  complète 
vers  la  ville.  Hull  à  la  vue  de  ce  désastre  tint  an  conseil  de  guerre  où  il  fut 
décidé  d'attaquer  immédiatement  le  fort  Malden  (Amherstburg).  Mais  dans  la 
nuit  du  même  jour  il  émana  un  ordre  contraire,  et  dans  la  nuit  suivante,  du  7 
au  8  août,  il  évacua  Sandwich  en  toute  hâte  et  repas.sa  la  rivière.  Le  9  il  fit 
une  tentative  en  envoyant  le  colonel  Miller  avec  600  hommes  pour  déloger 
Tecumseh  campé  près  du  village  de  Monguagon.  Celui-ci  tint  ferme,  parvint  à 
repousser  l'attaque  et  p<»ursuivit  l'ennemi  jusque  sous  le  Fort. 

Le  13  août  le  général  Brock  sortit  de  Amhersburg  et  vint  poser  ses 
batteries  en  face  de  Détroit.  Il  fit  sommer  Hull  de  se  remlre,  sinon  qu'il  com- 
n\encer(iit  le  bombardement.  Le  10,  il  avait  ouvert  le  feu  dès  l'aube  du  jour  et 
fait  en  même  temps  traverser  ses  troupes,  qui  débarquèrent  à  l'embouchure  de  la 
Rivière-aux-Raisins,  ayant  réussi  à  opérer  leur  passage  et  rejoindre  Tecumseh 
dès  les  huit  heures  du  matin.  Brock  se  mit  de  suite  en  marche  vers  la  ville.  En 
voyant  ces  troupes  s'avancer  si  pn)mptement,  le  général  Hul',  .soit  lâcheté,  soit 
qu'il  eût  perdu  la  tête,  arliora  .sans  coup  férir  le  pavillon  blanc,  et  envoya  un 
aide-de-camp,  .son  fils,  pour  capituler.  A  midi  le  général  Brock  entrait  dans  la 
ville  par  un  côté,  tandis  que  de  l'autre  la  garnison,  forte  de  2000  hommes, 
évacuait  la  place,  abandonnant  43  pièces  de  canon,  24,000  fusils  et  une  quantité 
du  munitions  et  de  vivres. 


—  141  — 

Le  drapeau  anglais  fut  aihoré  do  nouveau  sur  le  fort  et  le  colonel 
Proctor  y  fut  laissé  coniniaïuiant  h\ «c  une  garnison  de  250  hommes. 

La  honteuse  capitulation  de  Hull  et  le  pillage  des  maisons  des  deux 
colonels  Bâliy  sont  restés  comme  de^  taches  ineffa^-ables  imprimée»  à  sa  mémoire. 
Sa  condamnation  devant  une  ciir  martiale  pour  lâcheté  a  mis  le  .sceau  du 
déshonneur  à  son  nom. 

Le  succès  continua  à  .seconder  les  armes  britanni(|Ues.  Le  22  janvier 
.suivant,  Pioctor  alla  à  la  rencontre  du  général  Winchester  arrivé  à  la  Rivière- 
aux-ltaisins  avec  de  nouvelles  troupes.  Il  l'attaqua  avec  l'aide  des  Sauvages  et 
le  tailla  en  pièces,  ("eux-ci  exercèrent  les  cruautés  les  plus  barbares  sur  les 
vaincus,  (|ui  furent  massac 'es  ou  brûlés.  Le  jietit  nombre  de  prisonniers  qu'ils 
filent  furent  amenés  à  la  ville  et  ils  les  colportèrent  en  vente  par  les  rues.  Les 
colonels  Jiiccmes  et  Fran<;ois  Bâby  et  Elliott  raclietèrent  plusieurs  de  ces 
malheureux  cnptifs.     {C'iniiphdt,  p.  3V).) 

Cette  victoire  eut  un  grand  retentissement,  et  l'Assemblée  Législative  de 
Québec,  aussitiU  qu'elle  l'apprit  (12  février)  votji  des  remerciements  au  général 
Proctor  et  à  ses  officiers  et  .soldats  ;  mais  son  triomphe  peniit  beaucoup  de  .'oa 
lustre  (jtmnd  on  apprit  les  affreux  massacres  «ju'il  eut  dû  ou  pu  empêcher,  du 
moins  en  partie. 

Pendant  ce  temps  la  ville  de  Détroit  et  les  environs  étaient  inondés  de 
Sauvag'-s,  hommes,  femmes  et  enfants,  formant  au  delà  de  1200  bouches  affamées 
qu'il  fallait  nourrir  et  entretenir  ;  ce  qui  fai.sait  craindre  la  famine.  Les 
Canaliens  pour  éviter  d'être  molestés  et  réfjuisitiounés  par  eux  avaient  marqué 
en  rouge  leurs  demeures  et  leur  bétail.  On  voit  par  là  combien  ils  étaient 
aimés  en  comparaison  des  Anglais. 

Au  printemps  suivant,  Proctor  tenta  d'enlever  le  fort  Meigs,  dans  la 
vallée  de  la  Miamis,  où  les  Américains  s'étaient  retiré.s.  Il  fît  voile  de  Malden 
le  f)  mai,  suivi  de  Tecum.seh  qui  commandait  1500  guerriers;  mais  il  abandonna 
soudainement  l'entreprise.  Il  congédia  les  miliciens,  gens  tirés  en  grande  partie 
de  la  campagne  et  (|ui  avaient  besoin  d'aller  ensemencer  leurs  terres.  C  s 
miliciens  rentraient  mécontents  dans  leurs  foyers.  Ils  avaient  été  enrôlés  l'été 
précédent  diu'ant  la  saison  des  récoltes  et  ils  n'avaient  pu  les  recueillir.  Leurs 
femmes  et  leurs  enfants  étaient  restés  dans  la  pénurie  depuis  leur  départ.  Et 
quoiqu'on  eût  pronds  de  les  indemniser  de  leurs  pertes  on  n'en  fit  rien.  Le 
colonel  Bâby  .s'était  adressé,  dès  le  commencement  de  l'année,  aux  autorités 
pour  faire  remplir  cette  promesse,  mais  sa  supplique  ne  fut  pas  écoutée.  II  est 
vrai  qu'on  nomma  une  commission  pour  régler  les  réquisitions  de  vivres, 
transports,  etc.,  mais  les  pertes  de  moissims  furent  mises  de  côté. 

M.  Bâby  fut  nommé  un  des  membres  de  cette  commission,  (1)  mais  il  ne 
put  obtenir,  malgré  ses  efforts,  aucune  indemnité  à  ce  sujet  pour  ses  braves 

(1)  Le  2  février  1813,  lo  Col.  Henry  Proctor,  oomuiandant,  noinrua  Jaiues  Bâby,  Wm. 
Uands  et  Jauiea  Wood,  pour  examiner  les  réolainations  pour  pertes  durant  la  guerre. 


—  142  — 

miliciens.  Lui-même,  comme  membre  <le  cette  commission,  ne  voulut  pas  alors 
faire  de  réclamation  pour  les  pertes  qu'il  avait  suMus  par  le  pillage  ordonné 
par  le  général  Hull.  Ce  ne  fut  qu'en  Juin  1817  qu'il  présenta  un  état  de  ses  pertes, 
assermenté  devant  le  j"ge  en  chef  Powell,  et  accompagné  de  l'ordre  même  de 
Hull.  Au  bas  mot  elles  se  montaient,  pour  le  pillage  de  sa  demeure  seule,  à  la 
somme  de  £597-16-8.  Il  en  éprouva  une  autre  sur  ses  propriétés  situées  sur  le 
côté  américain,  par  suite  de  la  même  guerre,  dans  le  cours  de  l'été.  Le  général 
Proctor  ayant  été  obligé  de  battre  en  retraite,  pour,  finalement,  aller  se  rendre  à 
l'ennemi  sur  la  ïamisf,  et  ses  Sauvages  se  voyant  laissés  seuls  aux  prises  avec 
l'ennemi,  incendièrent  dans  lu  nuit  du  26  septembre  les  moulins  à  farine  sur  la 
Rivière-Rouge.  Les  Outtawais  avaient  pris  ce  voisinage  pour  leur  campement 
ordinaire,  et  lorsqu'il  fallut  l'évacuer,  le  sort  des  armes  étant  changé,  ils 
détruisirent  tout,  non  pas  dans  la  vue  de  faire  tort  au  col.  Bàby,  qui  était  leur 
ami,  mais  dans  le  but  de  couper  les  vivres  à  l'ennemi  en  l'empêchant  de  se 
servir  des  moulins.  De  même  ils  allèrent  incendier,  le  3  octobre,  les  moulins 
sur  la  Tamise.  Ceux  de  M.  Bâby  avaient  une  valeur  considérable  par  leur 
rendement  ;  l'un  était  un  édifice  en  pierre  de  quarante-cinq  pieds  de  front  sur 
trente  pieds  de  profondeur,  avec  deux  paires  de  moulanges  et  un  service  complet. 
Il  avait  coûté  pour  le  moins  un  millier  de  louis.  Il  on  avait  refusé  un  prix  de 
£1,800.  Le  tout  fut  perdu  sans  ressource.  Cette  seconde  perte  devint  un 
désastre  pour  lui  par  ses  conséquences.  Le  commerce  de  fourrures  avait  été 
mauvais  depuis  quelque  temps,  et  la  guerre  était  venue  l'entraver  davantage. 
Les  prix  avaient  tellement  baissé  sur  le  marché  de  Londres  que  la  vente  des 
pelleteries  expédiées  ne  put  faire  face  aux  paiements  dus.  Pour  faire  honneur 
à  ses  engagements,  M  Bâby  avait  passé  spontanément  en  garantie,  à  ses 
correspon<lants  de  Montréal,  ses  terres  et  autres  biens,  pour  assurer  leurs 
créances  contre  la  maison  sociale  de  Bâl)y  &  Frère.  Cette  cession  comprenait 
les  terres  et  les  moulins  de  la  Rivière-Rouge.  Mais  .ses  créanciers  reposaient 
une  telle  confiance  dans  sa  probité  qu'ils  lui  avaient  lai.ssé  l'entière  disposition 
de  ces  biens  pour  en  tirer  le  meilleur  parti  dans  leur  intérêt  commun.  Ce  (jiie 
M.  Bâby  fit  par  la  vente  à  sacrifice  de  cette  propriété,  qui  a  pris  aujourd'hui 
une  si  grande  valeur,  comme  nous  l'avons  vu  plus  h  lut. 

Il  n'avait  pas  voulu,  par  délicatesse,  mettre  devant  la  commission  dont 
il  était  membre,  une  demande  d'indenniité.  Plus  tard,  en  1817,  il  transmit  cette 
demande  à  l'Angleterre,  en  l'appuyant  des  certificats  les  plus  formels  du  juge 
eu  chef  Powell  et  <les  juges  Campbell  et  Scott,  mais  il  n'en  obtint  rien.  Il  fit 
une  nouvelle  tentative  devant  une  autre  commission  nommée  en  18  23,  mais  les 
documents,  à  l'appui,  qui  avaient  été  ci -devant  envoyés  en  Angleterre  à  son  ami 
l'ancien  lieutenant-gouverneur  Gore  avec  sa  première  demande,  ne  purent  être 
retrouvés  et  l'affaire  en  demeura  là. 

Au  milieu  des  calamités  de  la  guerre  et  du  délabrement  île  sa  fortune 
un  plus  grand  malheur  vint  le  frapper.  La  Providence  lui  envoya  une  épreuve 
terrible  et  inattendue  en  lui  enlevant  sa  plus  chère  aflfection.     Son  épouse  fut 


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emportée  par  les  fièvres  qui  sévirent  dans  Détroit  et  ses  environs  durant  l'hiver 
1812-13  ;  la  ville  et  les  environs  en  furent  ravagés  et  la  garni''.on  décimée. 

On  peut  concevoir  la  douleur  de  cette  cruelle  séparation  par  l'élofr,)  quo 
l'évéque  Straclmn  a  fait  de  cette  excellente  fennne.  L'union  des  époux  était 
cimentée  par  un  amour  fondé  sur  une  grande  estime  uiutuelle  et  le  don  «le 
savoir  se  faire  aimer.  Leur  demeure  était  embellie  par  la  naissance  de  six 
enfants,  qui  faisaient  leur  joie  et  leur  bonheur.  Bonne  épouse  et  bonne  mère,  le 
courage  et  l'abnégation  qu'elle  avait  montrés  en  consentant  à  éloigner  sa  fille, 
pour  son  éducation  catholique,  à  Québec,  témoignent  d'une  belle  âme  et  a  tou- 
jours impressionné  ma  mère. 

Lft  défaite  de  Proctor  .sur  la  Tamise,  sans  combattre  pour  ainsi  dire,  et 
malgré  la  résistance  et  la  bravoure  de  ses  officiers,  qui  brisèrent  leur  épée  de 
rage,  fut.  une  nouvelle  calamité  pour  le  col.  Bâby,  qui  vit  périr  Tecumseh  à 
deux  pas  de  lui,  fut  pris  et  fait  prisonnier  par  le  général  Harrison.  Ce'ui-ci 
vint  établir  ses  quartiers  à  la  maison  de  Sandwich,  où,  renfermé  dans  su  propre 
mai.son,  le  col.  se  vit  traiter  par  le  général  Harrison  avec  toutes  ssortes  d'égaiils. 

Il  fut  relâché  quelque  temps  après. 

Le  chagrin,  les  revers  de  fortune  et  les  fatigues  de  la  guerre  minèrent 
la  santé  du  col.  Bâby,  et  par  ordonnance  du  médecin  il  dut  se  livrer  au  repos 
complet.  Aussitôt  que  la  paix  fut  rétablie  il  descendit  à  Québec  (1815),  où  il 
comptait  un  grand  nombre  de  parents  et  d'amis,  tels  que  son  oncle  l'honorable 
François  Bâby,  le  greflSer  Perrault,  St-Georges  Dupré,  Ross-Lewin,  Allison, 
MM.  De  daspé,  De  Léry,  de  Salaberry  et  l'évêque  Plessis,  avec  lequel  il  cor- 
respondait. Sa  fille  unique  y  était  depuis  1811  pour  son  éducution  et  ses  fils 
aînés  devaient  au.ssi  y  être  placés  ensuite  dans  le  mêins^  but.  Arrivé  à  Québec 
il  se  mit  jusqu'en  181(5,  sous  les  soins  du  Dr.  Fargues,  médecin  en  renom,  chez 
sa  sœur  qui  avait  épousé  M.  Ross-Lewin,  le  major  de  ville  (^;tte  année 
s'écoula  à  suivre  le  traitement  du  médecir ,  qui  le  maintint  tou|ours  en  renos  à 
caiise  d'une  plaie  invétérée  à  la  jambe.  Mais  li  '^tait  difficile  «1*^  le  teiir  en  place 
et  il  enfreignait  de  temps  en  temps  l'ordonnance  du  mé  locin  pour  visiter  S(>a 
ami-i.  Il  se  distrayait  dans  la  compagnie  de  sa  fille,  la  vie  en  famille  it  le 
commerce  de  quelipies  amis  intimes.  Madame  <lc  Li^'y  écrivait  (ju'cl'e  le 
préférait  à  tout  autre  pour  la  partie  de  ivhist,  tant  elle  le  trouvait  in)ii  et 
agréable  joueur. 

Sur  ces  entrefaites  la  charge  d'inspecteur-général  dans  s.i  proviiie-  étnnt 
devenue  vacante  on  jeta  les  yeux  sur  lui  pour  la  lui  offrir.  Ses  états  de  -■  r- 
vices  en  temps  de  pai.x  et  durant  la  guerre,  les  pertes  qu'il  avait  subies  pour 
la  défense  du  territoire  et  pour  rester  fidèle  au  drapeau  britannique,  lui  donnaient 
un  titre  à  la  reconnaissance  du  gouvernement,  joints  à  son  désintéressement  et 
à  son  mérite  reconnus.  Ces  motifs  engaofèrcnt  le  lieutenant-gouverneur  à  lui 
offrir  cet  emploi.  Il  l'accepta  et  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à  sa  mo.  t,  c'est- 
à-dire  pendant  17  ans,  et,  on  peut  ajouter,  à  la  satisfaction  gi'uérale.  Car  il  est 
digne  de  remarque,  et  agréable  de  pouvoir  constater,   que  pas  une  plainte  ne 


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s'éleva  contre  sa  conduite,  quoiqu'il  eût  à  surveiller  toutes  les  diverses  branches 
de  l'administration  et  à  se  prononcer  sur  un  bon  nombre  de  points  difficiles  à 
régler,  où  les  intéressés  étaient  noujbteux  et  les  intérêts  en  jeu  souvent  très 
élevés.  Néanmoins  telle  était  la  confiance  qu'on  reposait  en  lui  et  l'ascendant 
que  son  caractère  de  probité  et  de  justice  lui  avait  actjuis,  qu'on  n'entendit  pas 
même  un  murmure  contre  lui. 

Peu  de  temps  après  il  fut  appelé  à  la  présidence  du  Conseil  Législatif 
de  sa  Province,  qui  était  le  poste  le  plus  honorable  auijuel  on  pouvait  aspirer. 

Jouissant  ainsi  de  l'estime  et  de  la  confiance  générale,  il  était  naturel 
qu'il  fut  choisi  pour  le  règlement  des  affaires  publiques  les  plus  importantes. 
En  1824  il  fut  nommé  arbitre  pour  déterminer  les  limites  entre  les  provinces  du 
Haut  et  du  Bas-Canada,  afin  de  mettre  à  effet  l'acte  impérial  (8èine  Geo.  IV,  ch. 
119.)  passé  à  ce  sujet,  11  termina,  avec  la  coopération  de  son  collègue  pour  le 
Bas-Canada,  (l)  l'honorable  James  Irvine,  un  litige  qui  datait  de  1794. 

Comme  cette  affaire  exigeait  sa  présence  à  Québec,  il  y  prolongea  son 
séjour  jusqu'à  la  fin  de  la  saison,  afin  d'assister  au  mariage  de  sa  tille  avec  M. 
Chnrles-Eusèlte  Ca.sgrain,  avocat,  à  Québec,  qui  eut  lieu  de  26  octobre  1824,  et 
fut  béni  par  Mgr  Plessis,  évêque  de  Québec. 

Dans  l'été  de  182G,  les  jeunes  époux  allèrent  rendre  visite  à  M.  Bâby,  qui 
demeurait  à  York  (Toronto),  car  les  devoirs  de  sa  charge  l'avaient  obligé  d'aban- 
donner sa  belle  ré.si(lence  à  Sandwich.  Le  plaisir  de  revoir  ses  enfants  fut 
doublé  par  un  témoignage  flatteur  de  l'estime  qu'on  lui  portait  et  qui  le  toucha 
sensiblement.  Tous  les  citoyens  marquants  et  toutes  les  dames  de  la  ville  a'em- 
pres.sèrent  de  venir  .saluer  le  jeune  couple  et  de  leur  faire  un  accueil  des  plus 
bienveillants.  Ma  mère  a  toujours  conservé  un  souvenir  agréable  de  son  séjour 
à  York,  comme  au.s.si  de  sa  visite,  dans  la  même  occasion,  aux  chutes  de  Niagiira, 
chez  M,  Thomas  Clarke,  un  ami  de  Cd'ur  de  son  père,  le(]uel  les  avait  tous 
invités  et  les  accueillit  avec  une  aimable  hospitalité. 

Lady  Maitland,  l'éponso  du  lieutenant-gouverneur,  et  fille  du  duc  de 
Richmond,  résidait  alors  à  Niagara,  où  était  le  siège  du  gouvernement  du  Haut- 
Canada.  Elle  avait  bien  connu  nuv  mère  à  Québec  pendant  que  ie  duc  de 
Richmond  y  était  gouverneur,  Elle  lui  témoigna,  avec  une  amabilité  char- 
mante, .son  plaisir  de  la  revoir. 

En  rejiassant  h.  Niagarn,  »\  son  retour  des  Etats-I'nis,  ma  mère,  qui  on 
avait  déjà  jmrlé,  obtint,  par  l'entremise  de  madame  Clarki',  le  consentement  de 
«on  père  de  lai.sser  prendre  .son  portrait,  en  profitant  du  pa.s.sage  d'un  artiste 
nommé  Stephen  (jui  se  trouvait  sur  les  lieux.     C'est   le   portrait  (2)  (jue  l'on 

(1)  Lettre  de  Jiunes  Irvine,  31  juillet  1824, adressée  à  l'iion.  James BAby  aux  ohutei 
de  Niagara. 

(2)  Il  fut  terminé  en  mars  lfi27,  voir  lettre  de  ,1.  Bùhy.  _  Le  peintre  Théophile 
Hainel  en  a  fait  une  copie  pour  la  galerie  iIps  présidents  des  Cliuiubres,  et  elle  se  trouve 
«u  parlement  d'Ottawa.  Une  lithographie  en  a  été  faite  à  l'a-is,  ohei  Frick,  aîné  et  flls, 
mais  ello  cU  peu  ressomblniito. 


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voit  au  salon  du  manoir  de  la  Rivière-Ouelle,  et  le  plus  ressemblant  des  quatre 
qui  existent  de  lui.  Il  y  en  a  un  chez  M.  Frank  Btil>y,  son  petit-tils,  à  Toronto, 
et  un  autre  chez  W.  T.  Casgrain,  aussi  son  petit-tils,  à  Milwaukie.  Un  quatrième, 
peint  en  miniature,  à  l'huile,  par  madame  Pringle,  sa  belle-steur,  a  été  retrouvé 
il  y  a  peu  d'années  et  remis  au  sénateur  C.-E.  Casgrain,  de  Windsor.  C'est 
celui  dont  M.  Bàliy  disait  que  c'était  une  bonne  caricature. 

Le  genre  de  vie  que  M.  Bâby  menait  à  York  lors  do  la  visite  de  ma  mère 
était  simple,  aisé  et  confortable.  Ses  cinq  tils  demeuraient  avec  lui  et  les  aines 
avaient  l'mtendance  de  la  maison  à  tour  de  rôle,  cha(|Ue  semaine.  La  vieille 
Tliéièse,  l'ancienne  esclave,  (1^  continuait  d'être  la  cuisinière  ;  une  servante,  et 
un  seul  autre  domestique  remplissaient  le  reste  <lu  .service.  Invariablement  il  y 
evttit  un  couvert  ou  deux  mis  pour  les  survenants.  Car,  lorsque  dans  le  coiir.s 
de  la  journée  M.  Bâby  avait  l'occasion  de  rencontrer  ({uelqiie  ami  particulier,  il 
l'invitait,  sans  plus  de  cérémonie,  à  venir  partager  son  diner.  Il  recherchait 
volontiers  pour  lors  les  agriculteurs  intelligeikts,  ut  aimait  causer  avec  eux 
d'agronomie  ;  luiinême  était  un  herboriste  et  un  horticulteur  entendu.  Le 
verger  <|u'il  avait  planté  à  Sandwich  avait  très  bien  réu.ssi  et  donnait  des 
fruits  inngni(i(|Uc's  de  plu.siours  uspi-ces.  (jii<'l(iiios-uns  des  poiriers  plantés  de 
sa  main  existent  encore,  et  la  belle  pomme  "  Baurassa,"  si  répandue  aujourd'hui, 
provient  d'un  sauvageon  qu'il  avait  apporté  de  la  Pointe  Lévy,  de  chez  un 
cultivateur  île  ce  nom 

Ses  délassements  habituels  consistaient  dans  la  culture  de  scm  jardin,  le 
so  n  de  .ses  oiseaux,  «lotit  il  avait  formé  une  belle  volière,  ei  dans  la  pêche,  aoa 
plaisir  favori.  Pour  se  procurer  cet  amu.senient,  il  avait  acquis  sur  les  bords 
de  l'Humber,  à  quelques  milles  de  Toronto,  une  terre  d'une  bonne  étendue,  la- 
quelle est  devenue  la  propriété  de  M.  Frank  Bâby, son  petit-tils.  C'est  dans  cet 
endroit  champêtre  (ju'il  allait  se  reposer  des  labeurs  du  jour,  en  compagnie  de 
ses  enfants,  ut  accompagné  d'un  ami  ou  deux.  Son  tils  William,  qui  vit  eu- 
•îore  (ItHOr)),  me  racontait  il  n'y  a  pas  longtenqis,  (pie  les  pas.sants  s'arrêtaient 
pour  voir  déliler  leur  parti  «le  i)èch<«,  le  père  en  tète,  h's  tils  à  la  tile,  suivant 
l'âge,  portant,  rpii,  le  panier  aux  provisions,  (pii,  les  perches  do  lignes,  cpù,  le 
fusil,  etc.,  et  William,  le  plus  petit,  fennant  la  marche  avec  la  boite  aux  vers  et 
les  mouches. 

C'est  au  milieu  de  ces  plaisirs  tranipiilles,  pur  les()uels  seuls  il  aimait  k 
se  délasser  de  son  assiduité  constante  i\  .ses  devoirs  otticiels.  (pie  s'écoulaient 
doucement  les  jours  de  M.  Bâby.  11  y  ajoutait  le  commerce  intime  et  journa- 
lier de  (piel(|nos  amis,  entre  autres  du  révérend  M.  Strachan,  devenu  évoque 
anglais  de  Toronto.     Cependant  rien  ne  put  lu  consoler  de  la  p-rte  de  sa  bonne 

(I)  Fllo  6tait  iiiiilt\ transe  et  avait  6t^  ucliotôo,  lo  2  jiiillot  ITS'i,  K  l'àgo  de  2(  aniaveo 
801)  enfant  Lt'on,  Agé  de  '2\  aim,  pur  .liiri|iio«.|>niii'rmii  Hàhy,  ilo  Juo(|Ues  <'aiii|ieati,  exécu- 
teur de  la  xucouMion  <iu  t^oiiii*  Vivint,  pour  In  prix  de  1S(N)  Ibs.  fltUl).  (.lrrAiit«t  «f  0((ava, 
lîéij.ilei  niiliiirri^vith  111,  i>.(û).  l^llo  qst  morte  à  York,  le  mardi,  1er  décembre  18^0| 
âgée  do  G5  uni*. 


—  146  — 

épouse  Cette  séparation  avait  brisé  tonte  son  existence  et  pesait  sans  cesse 
sur  son  cœur.  Il  ne  rechercliait  d'autres  consolations  que  dans  la  relijjfion.  t't 
ses  pensées  s'étaient  tournées  davant  tge  de  ce  côté  pour  en  pniti(|uer  plus  assi- 
duenient  les  devoirs,  et  aider  les  autres  dans  la  même  voie. 

A  cette  épcque  il  n'y  avait  pas  d'éj^flise  catholitpie  dans  la  ville  nais-sante 
dt!  York,  et  les  titièles  n'étnient  jias  nombreux  et  pas  riches  II  se  mit  à  l'u^iivre 
pour  bâtir  une  chapelle  et  se  montra  à  la  tète  pour  lonner  l'exemple  II  Ht 
une  coll«'cte  (iionHcription)  parmi  .ses  amis,  tant  catholiciues  que  protestants,  et 
put,  en  1822,  conunencer  les  fondations  d'un  petit  édirice  qu'il  put  voir  suffisam- 
ment terminé  en  février  IS'i-t  pour  y  célébrer  les  offices  divins.  Le  cure  -lo 
King-toii,  l'abbé  Fraser,  vint  alors  l'inaugurer,  et  l'abbé  Browley,  jeune  prêtre 
récemment  venu  d'Irlande,  fut  chargé  dei  fonctions  curiales.  Auparavant  le 
service  se  faisait  dan.s  la  maison  de  M  Hàl»y(l)  par  l'évêque  MeDoniiell,  qui 
avait  .sa  retirnnco  \\  quand  il  venait  à  la  ville.  Une  belle  et  vaste  égli.se  rem- 
place aujourd'hui  la  modeste  chapelle. 

M.  BAby  continua  jusipi'à  sa  mort  de  prélever  la  collecte  néces^-aire  ponv 
l'entretien  du  culte  et  du  «lesservant,  et  parvint  à  terminer  l'intérieur  de  la 
chapelle.  Cathoiiipie  sincère  et  fervent,  il  était  grave  et  digne  dans  l'accom- 
plissement <les  devoirs  extérieurs  de  religion.  Quand,  il  voyait  (piebprun 
faire  sur  soi  précipitamment  It*  signe  de  la  croix  et  trop  à  la  légère,  connue  on  le 
voit  assez-  souvent,  il  lui  échappait  de  denuinder  si  cette  personne  chassait  les 
mouches.  Ma  mère  me  racontait  comme  elle  était  éditîée  de  le  voir  suivre  la 
procession  du  Saint-Sacrement  par  le  resjx'ct  profond  (pi'il  y  apportait  :  "  j'ai 
vu  alors,"  ujontait-t-elle,  "  «le  gros.xes  larmes  lui  couler  sur  les  joues." 

Ma  mère,  éloignée  jeune  de  la  maison  paternelle,  regrettait  d'avoir  peu 
connu  son  père  dans  son  enfance,  en  se  rappelant  combien  il  était  bon  et  affec- 
tueux pt»ur  ses  enfants  et  surtout  pour  elle.  Parmi  >es  ju'emiers  .«ouvt'uirs  elle 
rappelait  «pi'il  les  faisait  glisser  l'hiver  dans  un  grand  traîneau  sur  la  déclivité 
qui  de.scend  à  la  rivière  en  face  de  la  maison  de  Sandwich,  et  (pie,  dans  l'été 
il  allait  tous  les  nnitins  Imigiier  »\  la  rivière  son  petit  frère  K  loiiard,  malade 
en  langueur,  jiour  lui  donner  îles  forces.  Klle  allait  alors  à  l'école  anglaise,  bâtie 
sur  la  lisière  ilu  chemin,  au  bis  du  villagi',  et  soutenue  par  le  gouverneinent,  où 
enseignait  un  monsieur  l'ringle.  L'école  était  fréquentée  par  les  enf^mts  de 
son  Age,  gan/ons  et  tilles,  protestants  et  catholiipies.  Lîs  Klliott,  Akin, 
Abbott,  en  étaient.  Klle  avait  été  récennnent  construite,  car  ma  mère  disait 
avoir  joué  en  courant  sur  les  lambomdes  pendant  la  coiistruetioti.  Klle  n'avait 
appris  et  ne  parlait  que  l'anglais  jusipie  là,  et  C(»mme  cette  école  ét.vit  in.-iuffi4iute, 
ses  parents  durent  l'envoyer  »i  Québec,  où  elle  descendit  en  .se])teinbre  |.S|  1,  non 
encore  Agé-  de  huit  ans.  Klle  ne  revit  son  père  ensuite  (|u'eu  INJ,').  "  [|  m'en 
souvient  bien,"  me  disait-elle,  "  e't'-tait  le  7  mai,  le  jour  de  ma  première  commu- 
niim  aux  Ur,sulines.  Thérèse  V  .nuilt,  devoinie  madame  H.'uder,  vint  me  dire 
que  mon  pèro  était  arrivé  du  Maut-t'anada.     Kn  ettet  il  vint  le  lendentain  avec 


(I)  Cette  niaiion  a  ditixiru  i>our  fnlre  plauo  à  réUrgiiienient  de  U  rue. 


—  147  — 

mon  oncle  Ross-Lt-win,  et  qnnnil  je  le  vis  an  parloir  il  était  tourné  ilans  l'em- 
brasure fie  lu  t'enètri'  et  pleurait  alujinlainiiuMit  en  cachant  ses  larmes.  Le  sou- 
venir <!e  mu  mère,  im'il  venait  tie  penlre,  ma  première  communion,  cette  pre- 
mière entrevue  depuis  quatre  ans,  l'avaient  surmonté.  Après  ses  premiers 
eminassements  il  me  ilemaiida  si  je  pouvais  sortir  le  lemleuiain.  Là-'lessus  je 
lui  (lis  que  j'allais  aller  .liMiiander  lu  permission  à  ma  maîtresse,  la  mère  Saint- 
Jac(|Ues.  Celle-ci  me  refusa  par  un  non  sec  Je  revins  dire  a  imm  père  "  que 
"  la  mère  Saint-Jacques  nt-  voulait  p.is  me  laisser  sortir." — "  Vas  lui  dire  que  le 
"  père  Jiic<pies  veut  <|Ue  tu  soites,"  reprit-il.  Et  en  ettet  le  lendemain  je  sortis  et 
"  laissai  ainsi  le  couvent."  On  peut  facilement  croire  i|u'un  père  (pli  avait  fait 
300  lieues  pour  voir  sa  tille,  ce  qui  n'était  pas  un  petit  vt)ya<je  dans  ce  temps 
là,  fut  blessé  de  la  riifueur  de  la  rèijle  do  la  maison,  et  eût  pu  compter  sur  un 
peu  d'in<lul<ïence  dans  une  telle  occasion,  comme  on  le  fait  maintenant.  Mais 
autre  temps,  autres  nneurs  ;  les  hommes  et  les  feuunes  avaient  un  caractère 
niieu.K  trempé  dans  le  bon  vieux  temps. 

Depuis  (|ue  son  enq)Ioi  avait  obligé  M.  Bâby  de  ilemeurer  à  York  ma 
mère  n'eut  l'i  ceasion  de  revoir  son  père  (jue  «le  temp.s  à  autre,  (pmnd  il  lui 
arrivait  de  de.scendie  à  Qu'lice  par  affaire,  ou  en  promenade.  La  dernière  fois 
«pi'il  y  vint  fut  en  août  I-S2')  il  la  naissance  de  Charles,  son  petit-fils,  premier 
né,  dont  il  fut  le  p  irr.iin.  .Mais  t-Je  entretenait  une  correspondance  suivie  avec 
lui.  Dans  une  de  ses  ilernières  lettres  en  1S;{2  elli^  l'invite  instamment  à  venir 
à  la  Rivière-Ouelle,  .se  repost-r  et  adoucir  ses  s  ucis  et  embarras  domestiques 
dont  il  se  plaint.  Il  y  a  dans  cette  échange  île  correspondances  des  trésors 
d'affection  et  un  parfum  d'amour  paternel  et  d'auKmr  filial  qui  émanent  d'un 
sentiment  de  vraie  vert<i. 

Par  la  régularité  de  .sa  vie  eh  retienne  M.  Bàby  se  préparait  à  la  mort. 
Néanmoins  elle  vint  le  surpremlre  .soudainement,  comme  le  prédit  l'Evanj^ile. 
Un  épanchement  de  sang  sur  le  cerveau  survint  inopinément,  qui  le  frappa  de 
paralysie  et  lui  erdeva  la  parole,  sans  toutefois  le  priver  île  sa  coiniaissaiice  ;  et 
il  put,  en  recevant  les  sacrements  de  l'Eglise,  y  participer  de  co'  ir.  Il  m  'Uiut 
le  19  février  \KV.\.  On  peut  dire  que  sa  mort  fut  un  deuil  gén -rai  et  fît  voir 
combii'ii  il  était  universellement  connu  et  estimé  pour  ses  vraies  et  solides 
«pnilités. 

M.  Hâby  portait  \u\  cachet  de  distinctio:!  iV  lui  seul  et  était  tonjonm 
digne.  Sa  mise  était  invariablement  la  même  :  haliit  noir,  cravate  blanche  et 
jaliut,  bas  de  .soie  noirs  et  souliers  forts.  Toute  sa  personim  annon(,'ait  une 
extrême  propreté,  barl)e  rase,  cheveux  courts,  taillés  en  bro-*se,  mise  simple  et 
sans  aucune  afl'i'terie,  ou  apparence  de  recherche.  Haut  ih'  taille,  bii'u  propitr- 
tionné',  c'était  un  liel  honnne.  Sa  prestance  noble,  son  air  dégainé,  ses  manières 
jjracieuses  et  naturelles,  annon<,'aient  le  gentilhomme  fran(,'ixis  du  mcilliMjr  monde. 
Ma  mère  m'a  souvent  répété  qu'elle  n'avait  jamais  connu  personne  pour  se 
piésenver  dans  un  salon  avec  meilleure  grâce  que  son  père.  Elle  ne  se  trompait 
pas,  car  il  étiit  très  recherché  dans  la  meilleure  compagnie  et  en  premier  lieu 


—  148  — 

par  les  dntnes.  Celui  qui  en  appnwhait  le  plus  <ie  ce  côté,  Jisait  ma  iiièro,  était 
feu  le  colonel  François  Têtu,  de  Quélie«  Ce  n'était  pas  peu  dire,  car  le  colonel, 
que  j'ai  connu  sur  ses  vieux  jours,  était  un  lioniine  reniar(|ual>le  entre  tous  ; 
grand,  bien  fuit,  élégant,  il  avait  la  mine  d'un  grand  soigneur  ;  vous  l'auriez  pris 
pour  l'honnne  de  cour  le  plus  policé  et  du  meilleur  ton. 

Il  est  regrettable  que  le  type  parfait  de  cette  bonne  éilucation,  de  cette 
belle  urbanité  fran(,'aise,  s'en  aille  disparaissant  parmi  nous,  (Qu'est  devenue 
la  culture  des  manières  et  des  bons  usages  ?  et  l'art  donc  de  la  conver- 
sation, autrefois  enseigné  avec  tant  de  soin  !  C'est  chose  oul>liée,  luême  dans  les 
meilleurs  collèges.  M.  Jacques  Bàby  parlait  et  écrivait  avec  une  égale  facilité 
les  langues  anglai.se  et  française.  Et,  cho.se  à  rem,ir(juer  et  rare,  les  «leu.i 
idiomes  ne  sont  pas  mélangés  ou  confondus.  L'anglais  est  pur  et  saxon  :  le 
français  classique,  exempt  d'anglicisnies. 

Ces  avantages  extérieurs  ne  sont  pas  la  vertu,  mais  en  sont  ou  moins 
l'image,  et  tendent  à  y  j>arvenir.  De  plus,  (|uand  ils  reHètent  la  candeur  et  la 
sérénité  de  ITune,  avi-c  la  bouté  du  cunir,  connue  on  le  voyait  chez  M.  Bâby, 
on  ne  pouvait  s'empêcher  de  le  rechercher  et  de  l'aimer  pour  ses  qualités 
morales  (|ui  se  manifestaient  visiblement  au  dehors. 

Je  vais  laisser  à  la  plume  de  son  bon  ami,  le  lord  évêtpie  Strachan,  de 
Toronto,  «l'exprimer,  telle  rju'il  l'a  ressentie,  l'appréciation  si  juste  «ju'il  a  faite 
de  la  carrière  et  du  caractère  de  celui  avec  leipiel  il  a  vécu  intimement  pen- 
dant de  longues  années  et  dont  il  a  tant  regretté  de  .se  voir  séparé. 

L'article  nécrologi(|Ue  qui  suit  a  été  publié  par  lui  dans  la  gazette  "  The 
Corretipondaut,"  de  Toronto,  du  2',i  février  It-};!.  Nous  donnons  le  texte 
même,  tel  qu'il  a  paru. 

"  Ja  .lEH  Baux. — It  is  witli  extrême  cimoern  tliat  we  announce  to  thc 
public  the  lo.ss  of  so  valuable  and  respected  a  member  of  tins  society,  as  the 
Hon.  James  Baby,  who,  after  a  very  shmt  but  .severe  illness,  breatlieil  his  la.st, 
on  the  afternoon  of  tuesday,  the  l'Jth  instant,  in  the  7l,st  year  of  his  âge.  As 
Very  few  persons  hid  heard  of  his  illness,  the  report  of  his  death  produced  a 
great  .«.ensation,  for  he  was  much  beloveil  by  ail  who  kiiew  him.  His  disea.se 
Was  at  Hrst  attendod  with  excessive  pain  und  repeatecl  convulsions,  an<i  wheu 
thcy  abated,  hc  was  reduced  to  a  stato  of  great  debility,  ami  had  lost  the  powt-r 
of  articulation,  he  was  neverthele.ss  (piite  sensible,  knew  what  was  said  to 
him  and  recognized  his  friends  wheu  thcy  ajiproaeh  him.  He  seemod  fiilly 
aware  of  his  approaching  dissolution,  and  boaring  his  illne.ss  with  groot 
fortitude  and  cumposure,  ho  touked  forward  to  tho  awl'ul  ovent  with  trauquil 
résignation. 

Those  oninmting  hopes  with  which  he  had  alway»  re.steil  in  Innnblo 
confidence  on  tho  nicrcies  of  his  (Jod,  enable<l  him  to  C(mtenq)late  death 
without  dismay  ;  and  his  last  moments  were  marked  with  that  elovated 
Herenity  and  pious  mibmission,  which  well  becamo  the  conclusion  of  a  lifo  iu 


—  149  — 

which  the  great  duties  of  inan   and   a  Christian   had   been   conscicntiously 
discliargcd. 

In  cverything  that  relates  to  the  lif«  of  and  character  of  a  person  so 
extensively  known  through  both  Provinces  aiul  deserve<lly  beloved,  the  public 
wiil  naturally  feci  a  lively  curiosity  ;  and  wo  laiiient  that  \vu  are  unable  to 
ineet  thia  laudable  désire,  with  any  other  than  a  liasty  and  iinperfcct  sketch  of 
both.  Yet  short  as  our  notice  niust  of  necessity  be,  there  will  be  found 
soinething  to  stiinu!ate  to  moral  iuiprovenient,  soinething  to  recoinniend  and 
inspire  the  love  of  virtue  and  to  exeinplify  the  rewards  of  rectitude  and  the 
consolation  of  religion. 

Jnines  Bâby  was  born  at  Détroit  in  1768.  His  faniiiy  was  one  of  the 
inost  a!icient  in  tlie  colony  an<l  it  wns  noble,  His  father  had  renioved  frora 
Lowcr-Cnnada  to  the  neighliourhood  of  Détroit  before  the  contjuest  of  Québec, 
V,  hère,  in  addition  to  the  cultivation  of  lan<ls,  he  was  connected  with  the  fur 
tiade  at  the  tinie,  an«l  for  niany  years  after,  the  great  staple  of  the  country. 
James  was  educated  at  the  Roman  Catholic  Seniinary  at  Québec  and  returned 
<o  the  paternal  rool  soon  after  the  peace  of  1783.  ïhe  family  had  ever  been 
di.stingui>lu'd  (and  indeed  ail  the  higlier  French  faniilies)  for  their  adhérence 
to  the  British  Crown  ;  and  to  this  more  tlian  to  any  other  cause,  are  we  to 
«ttribute  the  conduct  of  the  Province  of  Québec  during  the  American  war, 
Being  a  great  favorite  with  hi.^  father,  James  was  pennitte  I  to  make  an 
excursion  to  Kurope,  before  engaging  steadily  in  business,  and  after  spending 
sonie  time,  principally  in  Kiigland,  he  rejoined  his  fainiiy. 

Unfortunately  the  liinits  assigned  by  treaty  to  the  Uniteil  States, 
embraccil  within  it  the  larger  portion  of  his  father's  priperty,  and  the  fun)ily 
attachment  to  the  ijritish  (tovernnient  being  well  known,  they  were  lookc.i 
upon  With  little  favour  \>y  tbe  American  population,  and  they  found  it  necessary, 
after  much  l<>,ss  iriid  di.sappointments  to  reuiove  to  the  south-side  of  the  River 
Détroit,  which  constituteçi  the  Itoundary  of  IJpper-Cana  la.  When  the  Province 
of  Québec  wa.s  divided  intotwo  distinct govcruiuents,  IJppcr  and  Lower-Canada, 
the  Hubject  of  this  notice  becaïue  an  Kxecutive  and  Législative  Councillor  of 
the  former,  and  continued  in  the  ragularand  ef}ici<>nt  di.scharge  of  thehigh  and 
important  duties  of  thèse  eminent  stations,  to  the  day  of  his  death. 

Soon  after  his  return  from  Engbind  he  became  extensive!y  concerned  in 
the  fur  trade,  ami  «tthor  connncrcial  pursuits;  but  war  with  the  United  States 
hiviiig  broken  ont,  ail  business  was  suddenly  and  completely  stopped  by  a 
hostile  invasion.  Previous  to  this  he  had  expérience*!  very  serions  losses  in  his 
Commercial  dcalings  and  aiso  in  erecting  mills  on  the  pri)pi>rty  still  retaiiied 
within  tht»  territories  of  the  United  State-s,  and  was  endeavouring  to  make 
such  arrangements  as  would  ruiieve  hini,  to  attend  to  lus  farm  and  orchard,  and 
his  proiiii>ing  family.  The  auddun  war  and  the  calamities  which  it  occtisioned 
liiin  were  not  the  only  eviln  which  liefell  hini.  About  the  saine  time  he  loit  an 
atltilionate  wife,  leaving  tive  sons  and  a  daughtcr  ail  very  young. 


—  150  — 

To  tliis  LîiJy,  a  woinan  of  excellent  iiiiinc,  unblemis'ied  worth,  und 
attentive  to  every  conjugal  and  douiestic  duty,  he  ha<l  lieon  iiiarried  several 
years,  and  in  lier  society  liad  enjoyed  the  greati'st  luippiness.  Her  de  ith  gave 
liiiii  a  grcat  shock  ;  nor  did  lie  perhaps  ever  wliully  recuver  froin  the  hlow  ;  for 
there  were  ninments  when  lie  t'elt  the  loss,  even  to  the  last,  niost  doeply,  and 
he  never  niarried  agaiii.  Tlie  death  of  Mrs.  Bàl>y  appeared  to  l)hist  his  hopcs, 
and  dérange  lus  purpo>e.s  and  to  tlirow  hiin,  as  it  wero,  aHrift  on  the  océan  of 
life. 

The  coinnieiicenieiit  of  the  war  was  perhaps  fortunate  for  hini  uiider  liis 
heav}'  liereavenii'nt,  for  he  was  iinuiediately  called  to  active  service.  Ifii 
coniinanded  the  Militia  of  the  Western  District  and  perfornied  nian^^  sei'vices 
highiy  essential  to  the  préservation  of  the  Province.  The  people  wtMV  anxious 
to  win  his  favour  ;  they  had  the  most  unliuiited  contiilence  in  his  judginent,  antl 
at  his  reipiest  their  provisions,  tlieir  cattle,  and  jn'rsonai  services  were  ever  reaily 
to  support  the  King's  forces  in  niakin^'  liea<l  against  the  enemy.  Wlieii  it  was 
in  contemplation  to  with  Iraw  the  tro(,>ps  froin  the  Western  part  (^f  th«-  province, 
he  sent  his  cliildren  to  Québec  ;  au'l  when  tliis  event  took  place,  he  fouiid  his 
liealth  so  inueli  iinpaired  by  fatigue  and  privation,  and  the  grief  which  stHl 
consume  1  hini,  that  In  found  it  necessary  t»  a  lopt  the  advice  of  his  physicians, 
and  to  retire  to  Lower-Canada  There  he  remained  with  liis  chil  Iren,  but  not 
in  the  eiijnynient  of  heaith,  nor  was  it  till  after  he  hail  been  some  tin»  ■  at 
Sandwich  that  his  streiigth  and  energy  returned. 

His  merits  had  been  conspieuous  during  tlio  war,  his  services  so  dis- 
interestel,  his  lusses  an!  pi'ivatiuns  .-ogreat,  that  the  goveriinieiit  wasanxious  to 
confer  upon  him  so  ne  mark  of  approbation,  and  knowing  that  his  nu.'ans  ha  l 
been  very  mu2li  impaire  1  by  the  sacriKces  he  had  niade,  it  was  determinel  to 
cuiifer  ii[i')n  him  tli"  tirst  otfioe  that  becaine  vacant,  if  w  irthy  i>f  his  ac-e  i- 
tance.  As  if  to  meet  thèse  vii>ws,  the  otiiee  of  Inspeetor  (Jein-ral,  a  place  of 
great  responsibiiity,  w,is  in  a  short  time  at  tlu!  dis|)osal  of  governmcnt  an<l 
was  iiniiiediately  bestowed  upon  M.  Bâby.  The  last  seventeen  years  cif  his 
life  were  spent  at  Yoi'k,  in  tlie  discharge  of  the  dnties  nf  tins  office,  and  never 
lias  there  been  the  sligh'est  shadow  of  complaint,  a  fact,  the  more  i-emark  d)'e, 
as  he  had  to  check  wey  other  otHce  in  the  Province,  nnd  to  pron<aince  in  a 
variety  of  questions,  in  whieli  nnnibers  were  deeply  inteiested  ;but  suoh  was  the 
public  cnnfidence  in  his  integrity  an<l  honor,  tlmt  iiot  a  murmur  was  ever  heard. 

As  a  member  of  both  Councds  he  displayed  the  most  nncompromising 
probity,  ami  no  iniluence  coiild  induce  him  to  giv»;  way  to  an  opinion,  whieh, 
after  mature  ex  imiiiition,  h-  concluded  to  be  right.  Owing  to  his  hiving 
cultivated  both  languages,  frencli  an  1  english,  ani  soinetimes  spi>'king  in  the 
oiie,  and  somet'nns  in  the  nther,  lie  seemed  at  times  slow  >  f  apprehens On.  and 
after  liaving  niaile  up  his  miiid  somewhat  pertinacions  ;  but  it  was  th- resuit 
of  higli  principle.  There  was  nothingof  levity  or  seltishness  ailowed  in  forniing 
his  conclusions. 


—  151  — 

Thoro  Nviis  a  primitive  siniplicity  in  Mr.  fîâJiy's  cliiiracter,  wliicli  addcd 
to  his  poli>hoil  uianners  ami  benignity  <»f  disp  )siti<)ii,  threw  a  moral  beiuity 
aïoiiml  hiin  wliich  is  veiy  seldom  beheld.  His  favorite  inmisemr'iits  partook 
largely  of  tliis  siniplicity.  He  was  fond  of  fishing.  Tho  solitude  with  which 
it  Avas  attrndod  was  congenial  to  liis  niind  ;  it  gave  him  exercise,  fresh  air  and 
ai)petite.  For  this  amu.^ement  he  had  always  a  strong  prédilection.  It  retpHred 
liojp  and  much  )>ntiencc,  and  indeed  few  can  sit  rpiietly  on  tlie  flowery  bank  of 
a  calni  river,  sepnrated  frorn  the  cares  and  business  of  tlie  worM,  without  falling 
into  sucli  conten.plations  as  shall  bonetit  tlieir  soûls 

He  had,  peihaps.  .still  as  nnich  pleasnre  in  atteiiding  to  his  g.irden  :  to 
prune,  to  bud  anil  graft,  to  sow  ami  plant,  were  ainong  his  most  agreaiile  einploy- 
luent-.  He  delightcd  iti  watehing  the  progress  o(  his  labors,  and  was  anxious 
to  diseover  new  meth(jds  of  iinproving  fruits  and  plants,  and  ascertnim'ng  the 
niost  apj)!o\ed  methods  of  cultivation.  We  wouKl  fre(]uently  tind  liini  hasten- 
iiig  in  the  morning  to  enjoj'  his  gfirden,  au'l  i o  man  eau  be  fon<l  of  fruits  and 
flowers,  Hiid  the  deliglitful  enjoyment  which  tin  y  yield  buth  to  the  eye  and  ear 
by  their  peifnmisand  colours,  wilhout  lii)\ing  his  heart  touehed  with  gratitude 
to  Giîd  their  Cieator,  and  ncknowledge  tluit  His  Pro\  idence  was  évident  in 
e\cry  thing  around  him. 

He  had  a  muiiber  of  canary  birds  which  he  teiided  with  great  care  and 
rejoicc'l  as  much  in  theii'  increase  as  if  lie  liad  roceived  some  great  reward  ;  and 
when  the  room  rtsonnded  with  their  song<, expressive  of  their  joys.tlu-ir  loves 
an<l  thiir  happine.ss,  he  appeared  to  participate  in  their  innocent  delights.  We 
might  proeeed  to  mention  the  intere-t  which  he  took  in  the  conifort  and  h  ip- 
pincss  of  iiU  the  clomestic  animais  which  he  keptabout  hira.butwe  must  hfist/n 
to  a  elo-e 

lli-i  external  accomplisments  an.I  manners  wi«re  highiy  adnpteil  to  wia 
ati'iciions  nnd  esteem.  To  an  addnss  pecidiarly  eng^i^iing  from  its  digniiy, 
urbanity  an  1  ease,  was  united  a  cordiality  and  kindiie.ss  of  deportment  which 
in  iueed  one  to  désire  a  more  intimate  acipniintance. 

In  his  .social  intercour.se  he  was  n\\  universal  favorite,  for  tlie  sweetne-s 
of  his  teiiiper,  and  innocence  of  his  heart  op^in-l  the  iiH'ctioii  of  ail  in  his  favor. 
It  w.is  not  that  he  was  distinguishi'd  l'or  his  colloi|uial  |>uwers,  for  he  was  i>y 
no  iiicans  the  leader  in  conversation,  but  there  was  tlu'  polish  of  the  iiiost  . 
retined  manners,  ripened  by  iiinate  b-iievoleuce,  whi.li  ma  le  liiinso  acc'ptii'ij 
in  ail  companies,  tluit  thost\  only  wlio  hâve  had  the  huppini'ssuf  meetinghiin 
often  in  >oeiety,ciin  form  a  just  conception  of  tlu;  ]>!tasure  of  his  prest-nce. 

But  highiy  as  this  exci'llent  man  was  to  lie  a<l  nired  and  loved  for  lus 
engaging  manners  and  virtucais  sentiment  s  the  eKalti'd  (pialities  vviiich  diguith-d 
liis  moi'al  nature  are  still  more  worthy  of  ai>probiition.  The.su  were  tlie  gems 
which  shed  arouml  his  charncter  timt  lustre  whieh  made  hiui  so  <rreat  a  favor. te. 
A  strict  probity  and  invinlalile  love  of  truth  w.  le  perh;ips  the  most  prominent 
of   his    moral    virtues.     From  thèse  his  comluct  derivod  sucli   a  purity  and 


—  152  — 

élévation  as  could  only  spring  from  a  niiml  in  which  the  finost  sensibilitios  of 
virtue  had  ever  reiniviued  uncuntaniinnted  by  the  consciousn-ss  of  dishoaour. 
To  transmit  this  precious  iiiheritance  to  his  cliildron  by  pcocept  an  1  exaiuple 
was  the  principal  study  of  liis  life,  and  to  seciire  to  theni  tlie  permanent 
enjoynient  of  tliis  valuable  deposit,  he  laboureil  unceasingly  to  inculcate  that 
which  he  truly  deemed  the  foundation  of  every  virtue,  the  principle  of  religion. 

His  was  nofc  u  religion  of  spéculation,  but  a  ruie  ot  life  which  governed 
al!  his  actions,  and  not  only  extended  its  purifying  powers  to  his  intercourse 
with  the  world,  but  it  penetrated  the  retireinent  of  the  closet  and  the  secret 
recess  of  the  heart.  Of  Christian  charity  his  breast  was  peculiarly  susceptible  ; 
he  was  the  friend  of  the  widow,  the  orphan  and  tho^e  who  hive  no  helpers; 
and  his  regard  was  powerfully  exciled  by  every  reseniblance  to  divine  gooJness, 
so  that  to  the  man  possessed  of  moral  worth  ho  was  irresistably  drawn  as  to 
a  brother.  But  while  his  benevolcnce  thus  extended  to  ail  surrounding  ob- 
jects,  it-i  flame  became  more  warn»  and  biight  to  those  who  were  inost  near ; 
and  in  relations  of  husband,  paient  and  friend,  ail  the  kindlyer  attections  of 
his  nature  were  kiniilod  to  their  highest  fervour. 

It  was,  indeed,  his  lot  to  expérience  many  affiictingdispensations  in  that 
quai  ter  where  his  tenderest  affections  wliere  engaged  ;  but  hère  the  consola- 
tions of  Christian  hope  and  the  unshaken  assurance  of  divine  gooiJness  were 
his  refuge  and  support  ;  and  while  he  bowed  in  resigned  subinission  to  that 
searching  discipline  with  which  it  was  the  good  pleasure  of  his  Goil  to  exerci  e 
his  faith,  lie  turned  with  gratefui  contentment  to  those  blessiiigs  which  he  was 
still  perniitted  to  enjoy,  and  which  be  continiied  with  pious  thankfiiliiess  and 
and  quic-ken  sensibdity  to  cherish  and  iniprove  to  the  last  moment  of  his  eirthly 
existence.  Thus  the  severity  of  his  trials  proved  the  stability  of  liis  virtue  and 
his  piobtttionary  sorrows,  by  softening  his  dévotion  and  relining  his  best 
disposition,  servetl  only  to  render  him  better  piepire  I  for  the  felicities  of 
anotiier  world.  He  was  a  Christian  without  giiile,  affable  and  polished  in  his 
luanners,  courtcous  in  his  conversation,  «lignitied  in  his  ilepoitment,  wana  iu 
his  affections,  steady  in  his  friendship  and  nnshaken  in  his  priiiciple.s.  Tho 
great  object  of  his  life  was  u.sefulne.>«s,  and  the  spring  of  ail  his  actions  was 
religion.  With  scarcely  a  failing  to  cast  a  shade  ovor  tho  collective  splendor 
of  the  estimable  etidowinents  which  weru  unité  I  in  his  character  an  i  conduct, 
who,  that  knew  him,  can  avoid  dwelling  on  his  memory  with  a  .sorrowful  joy, 
and  feeling  that  a  great  blank  hiis  been  made  in  our  social  circle,  and  that  one 
of  the  most  worthy  of  our  elder  has  been  gathered  to  liis  fathers. 

The  funeral  took  place  at  11  o'clock  yosterday  morning.  It  proceeded 
with  ail  the  solemnities  of  tiie  Catholic  ritual,  from  his  late  resi  lence  to  thu 
cemetery  attached  to  the  Catholic  church  of  this  town.  It  Wiis  preceedeil  by 
aliout  tifty  boys  in  .surplice.  Then  the  othciating  clergyman,  the  very  llev.  W. 
J.  OOrady,  B.  D.  V.  O.,  accompanied  by  the  vénérable  Arcluliacro  of  York  ; 
Dext  the  family  phy^icians  and  then   the  cotiin  supported   by  the  inumbers  of 


—  153  — 

the  Executive  Council  ns  pall-bearers.  It  wastho  lurgcst  and  iiiost  respectable 
fuiKial  ever  witnessed  in  this  country.  It  was  attended  by  ail  the  virtue,  lank 
and  intellijîence  of  the  town  and  its  vicinity  ;  ami  the  countenance.of  every 
individual  whom  we  had  the  opportun ity  of  oltserviiig  in  that  vast  assemblage, 
demonstrated  the  high  respect  in  which  M.  Bâby  was  lield.  Al!  business  was 
suspondcfl,  every  shop  and  office  was  closed.  Thure  was  no  nianisfestiition 
of  scctarian  feeling  :  tlie  whole  coinmunity  appeaied  as  one  common  famiiy 
united  togotiier  in  Lewailing  this  nielancholy  bereavenient.  What  an  évidence 
doi's  not  tiiis  aftbnl,  that  however  nien  niay  hâve  ami  look  fiiriously  at  each 
other  on  the  niinor  (luestions  of  politics,  ail  can  yet  agivu  in  pnying  tlie  tribute 
of  their  uiiiteil  respect  to  incorrnptil)le  virtue  and  integrity.  Cutholies,  Pro- 
testants, Presbytériens  and  Methodists  were  anialganiated  together  on  this 
lamentable  occasion,  and  with  their  respective  niinisters  atten<led  his  last 
obsequies  with  the  greatest  décorum  and  attention. 

During  the  funeral  sermon  which  was  pnached  by  the  very  R.  the 
Vicar-Oeneral,  his  auditory  appeaied  powerfully  atfected.  We  never  before 
witnessed  the  cérémonies  of  the  Catholic  Church  on  sucli  occasion  perfonned 
with  greater  solemnity  ;  and  we  sincerely  hope  that  the  harmony  and  union 
which  appeared  to  pervade  ail  classes  of  the  coinuiunity,  inay  long  continue 
amongst  us  to  heal  tlie  divisions  of  party,  to  promote  Christian  Charity,  to 
ciment  us  into  the  nature  of  one  heart." 

Cet  éloge  est  beau  et  il  n'est  pas  exagéré,  étant  vrai  dans  son  entier  et 
donné  par  un  témoin  oculaire.  La  forme  et  l'occasion  du  panégyrique  ne  doivent 
pas  lui  enlever  rien  de  son  lustre. 

Les  restes  de  cet  homme  de  bien  furent  déposés  temporairement  à  York 
et  furent  ensuite  transportés  h  Sandwich.  Lors  de  l'érection  du  nouveau  cime- 
tièrt',  vers  I.SliO,  ils  furent  relevés  et  déposés  dans  la  tombe  de  la  famille  Chs, 
Bâby,  son  fils.  Le  modeste  marbre,  replacé  au-dessus,  en  indique  l'endroit  précis. 

Qu'il  me  soit  permis,  en  terminant  cette  monographie,  de  dire  à  tous  ses 
descendants  :  lî'ac  secundum  excmplar. 

« 
•  « 

Comme  le  but  principal  de  ces  Mémoires,  ainsi  que  je  l'ai  dit  en  com- 
nien(,'ant,  est  d'élever  ceux  qui  liront  ces  pages  à  «les  sentiments  de  vertu,  de 
dignité  de  carnctère  et  de  noble  désintéres.sement,  je  ne  veux  pas,  avant  de  clore 
ce  clia|)itre,  passer  sous  silence  un  trait  remarquable  qui  res.sort  des  rapports 
entre  feu  Sir  John  Keverley  Kobinson,  baronnet,  devenu  juge  en  chef  dans  le 
Haut-Canada,  et  M.  Jacques  Bâby.    C'e  trait  leur  fait  un  égal  honneur. 

L'estime  générale  que  Sir  Robinson,  alors  simple  citoyen,  s'était  acquise, 
tant  connue  honnne  politi(|Uo  et  juriste  distingué,  «jue  comme  personnage  émi-, 
nent  par  ses  vertus  et  ses  qualités  sociales,  engagea  un   certain  nombre  de  ses 
uuiia  et   uiluiirateurs  à  lui  témoigner,  d'une    manière    tangible  et  durable, 


—  154  — 

leur  haute  oppréciution  de  ses  services  publics  et  de  ses  vertus  civiques,  aussi 
bien  que  de  son  tiiérite  personnel. 

M.  Bàby  et  (|uol(|ues-uns  des  notables  de  sa  ville,  furent  chargés  de  coin- 
muni(iner  à  vSir  Robinson  le  dessein  ainsi  manifesté  et  se  rendirent  auprès  de 
lui  pour  lui  en  faire  part. 

La  correspondance  qui  s'en  suivit  montre  d'un  côté  la  reconnaissance 
justement  nciiuise  par  Sir  Robinson  et  ainsi  témoignée  par  ses  concitoyens,  de 
l'uutre  la  modestie  du  vrai  mérite  qui  s'efface  par  un  noble  désintéres- 
sement. 

"  York,  October  llth,  1823. 

"  MY   DKAU  SIR, 

"  I  must  enti-eat  you  to  sny  to  the  gentlemen  who,  in  company  with  you., 
did  me  the  honor  to  call  upou  m-  yestoi'day,  that  I  hâve  not  beeu  able  to 
ove-coiuc  my  tirst  inipi-'ssion  u|ii.)ii  the  .subjeci  of  their  visit. 

"  I  hâve  no  other  reosim  for  declining  so  gratifying  a  proof  of  the  good 
opinion  of  my  frienls  than  that  which  I  atteinpted  to  assign  verbal ly,  and  I 
mii't  rely  upoi:  your  good  judgiueut  for  adinitting  it  to  be  sufticient.  1  hâve, 
intleud,  never  objected  to  becoming  a  public  ch  iracter,  on  our  small  stage,  so 
fnr  as  it  became  necessary  in  the  discharge  of  auy  public  duty,  but  I  hâve 
private  feelings  of  répugnance  to  being  piaced  in  conspicuous  situations,  however 
fliiitering  the  occasion,  which  I  will  venture  to  beg  of  my  friends  to  indulge 
when  they  interfère  with  no  public  service. 

"  Let  me,  however,  beg  of  you  to  accept  and  convey  my  as.surance  thati 
next  to  the  approbation  of  the  Government  and  the  public  expression  of 
satisfaction  by  the  two  Houses  of  the  Exchequer  at  the  resuit  of  my  en  leavors 
to  be  useful  to  the  Province,  I  must  value  most  thls  testimony  which  the 
proffered  compliment  conveys  to  me  froin  gentlemen  whom,  independentiy  of 
every  association  of  friend>hip,  I  cannot  but  respect  the  most  higliiy  froni 
their  rank  and  character,  and  who  are  exempt,  by  their  situatioti>,  fiom  the 
influence  of  those  feelings  which  in  public  matters,  atbest.often  insensiljjy  bias 
the  judgment. 

"  You  will  do  me  the  justice  to  believe  that,  next  to  the  grateful  sensé  I 
entertain  of  the  honor  intended  me,  is  my  anxiety  to  learn  that  I  shull  uot  be 
thought  ungrateful  in  begging  to  décline  it. 

"  I  am  dear  sir, 
"  Yours  most  faithfully  and  respectfully, 

"  JOHN   B.   UOBINSON." 

"  The  Honorable  James  BA,by." 


—  155  — 

"  York,  14th  October,  1823. 

"  MY   DEAU  SIR, 

"  I  nin  ici|iiested  by  the  gentlemen  who  Imd  the  honour  of  waiting  upon 
you  on  Fridiiy  last,  to  acknowledge  your  favor  of  the  llth,  and  toaddi-ess  their 
actiuitsceiice  in  your  détermination  to  décline  tlie  small  proof  of  private 
attachment  and  public  respect  which  they  intended.  But  while  they  do  justice 
to  the  delicacy  of  your  motive,  they  cannot  but  hope  that  some  other  mann^r 
of  nianifesting  the  high  sensé  they  entertain  of  your  services,  more  congenial  t  » 
your  feelings,  may  soon  be  afforded  them  —  services  which  hâve  prove  1  so 
beneticial  to  the  Province  and  so  honorable  to  its  natives. 

"  I  remain,  dear  sir, 

"  Most  truly  yours, 

"  J.   BABT." 

"  John  B.  Riibinson,  Esquire." 


On  trouve  peu  d'exemples  semblables  de  nos  jours.  Au  contraire  on 
entend  battre  la  grosse  caisse,  quand  un  dignitaire  polificii'ii  aiiiioiice  s.>'. 
arrivée  dans  quelque  endroit.  On  l'exalte  à  son  de  trompe,  il  reçoit  dt-s 
adresses  quémandées  et  convenues  d'avance. 

Quand  la  vogue  a  disparu,  et  que  le  héros  du  jour  est  tomiié,  soit  (lan> 
l'oubli,  soit  dans  le  mépris,  on  reste  dégoftté  du  servilisme  bas  et  >{'•■  loiiséciiiiDsité 
fade  qui  s'étalent  sottement  dans  ces  sortes  de  compliments,  qu'on  ne  lit  pins 
ensuite  que  comme  curiosités,  ou  étude  de  mœurs  locales. 

Pendant  que  cet  ouvrage  se  termine  la  mort  vient  do  moissonner  mon 
oncle  William-Louis  Bâby,  le  dernier  survivant  des  enfants  An  .bicques  B/llty,  à 
l'âge  avancé  de  85  ans  et  7  mois.     Quel  bon  et  brave  huninie  ! 

J'extrais  la  notice  suivante  du  "  Détroit  Eveiùiuf  iW<'.s',"  9  déo'  mbre 
1897,  et  une  autre  partie  tirée  du  "  Evening  Record,  Winduitr,  ().,  14  déceutbie 
1897. 

"A   VETERAN   OF   37." 

"  Mr.  William  L.  Bâby,  a  descendant  of  one  of  theoldost  French  families 
in  America,  and  for  twenty-two  years  an  officer  in  the  Canadian  custo^ns,  .lied 
shortly  after  two  o'clock  thisafternoon.at  the  British-American  HotcI,  Windsor, 
where  he  was  residing.  A  week  ago  he  had  a  paralytic  stroke,  luit  wns  appar- 
ent ly  recovering  until  this  morning,  when  he  took  a  turn  for  thi?  worse  and 
sank  rapidly. 

William  L.  Bâby  wasborn  ut  Sandwich  in  1812.  His  family  was  founded 
in  the  sevei-.teenth  century  by  Jacques  Bâlty  de  Ranville,  son  of  tiio  seigneur 


—  156  — 

<le  ïlanville.  Jacques  was  nn  oflBcer  in  the  fainous  Cmij^naii  Rt'j^iincnt,  hii  1 
cnine  with  it  to  America.  Nearly  a  ccntury  luter,  in  1700,  two  of  liis  «lese-n  I- 
ants,  Jacques  Duperron  Bâhy  and  M.  Antoine  Bâhy,  settleil  in  Deti'oit  ml 
dui'ing  the  siège  of  Pontiac  the  two  brothera  rcndeieJ  invaluahlu  assistance  to 
the  garrison. 

After  the  révolution  the  Bâlys  returncd  with  tho  other  United  Empire 
Loyalists,  and  on  tho  taking  of  Dotroit  in  1812  one  of  iheni,  Francis,  was 
appointed  uiurshall  for  the  territory  of  Michigan,  wlùch  position  he  held  till 
1814. 

Mr.  Bâby  wns  educated  in  Toronto,  and  spent  his  boyhood  there.  On 
coinin^  to  nian's  estate  he  bought  a  farni  ut  Chathani,  Kent  county,  and  livuJ 
there  for  a  number  of  yeara. 

DurJng  the  rébellion  of  1837-8  he  was  a  lieutenant,  connnanding  a 
Company  of  the  Kent  ounty  niiiitiu.  He  was  not  called  eut  till  Jun  8,  I8:i8, 
when  the  "  patriots  "  froin  Détroit  niade  an  attack  on  Ainlierstburg.  They  had 
seized  the  scliooner  "  Aiin,  "  loaded  lier  with  aiins  and  aailed  her  lowu  to 
Gibraltar,  twenty  miles  below  Détroit,  on  the  American  8i<Ie.  ïhe  Canadian 
troops  were  posted  behind  trees  and  kept  up  a  hot  tire  on  the  schoon^r.  ïhe 
nian  at  the  helm  was  shot  down,  many  of  the  crew  were  wonnded,  and  the 
haliards  were  eut,  letting  the  niainsail  drop.  ïhe  schooner  drifted  down  the 
stream  till  she  ran  ashore  at  Elliott's  Point,  and  there  she  was  boarded  by 
Lieut.  Bâby  and  his  company.  The  patriots  surrendered,  and  Dr.  ïheller  l)eing 
wounded,  Lieut.  Bâby  carried  him  on  his  shoublers  to  the  shore. 

Mr.  Bâby  wns  niarried  three  times.  His  first  wife  waa  a  cousin.  Misa 
Bâby,  daughter  of  the  late  Francis  Bâby,  of  Windsor.  After  lier  death  he 
married  Miss  Jacobs,  daughter  of  Mr.  George  Jacobs,  township  of  Raleigh,  Kent 
county.  His  third  wife  was  Miss  Eliza  C.  Chipman,  daughter  of  Judge  Chip- 
nian,  of  Détroit,  and  sister  of  Congressman  J.  L.  Chipman.  By  lier  he  had  one 
Bon,  Mr.  W.  E.  Bâby,  the  well-known  Détroit  lawyer."  Dotroit  "  Evening 
News."  Dec,  9. 

"  Windsor,  Ont.,  Dec,  11. — The  large  crowd  thatgathered  in  St.  Alphonsus 
Church  this  niorning  in  attendance  oh  the  funeral  of  the  late  William  L.  Bâby, 
ex-collector  of  customs,  furnished  an  irapressive  testimonial  as  to  the  estecm  in 
whicli  the  deceased  was  held  by  the  citizens  of  Wind>or  and  Détroit.  The  seating 
capacity  of  the  church  was  completely  exhausted.  ïlie  Casket  containing  the 
rcinains  was  Jiterally  covered  witii  floral  offerings  from  many  friends.  The 
pall-bearers  were  Judge  Horne,  Liiut-Colonel  Beattie,  William  McQregor,  M.P., 
Miles  Cowan,  J.  E.  Davignon  and  James  Scully.  ïhe  services  at  the  church 
were  brief.  The  Rev.  Father  Bayard  officiated,  and  w^as  ossisted  by  the  Rev. 
Father  Vandyke,  of  Détroit.  Lieut. -Governor  Patterson,  of  Manitoba,  waa 
présent.    The  internient  took  place  at  L'Assomption  cemetery.  Sandwich. 

His  lifc  was  not  a  very  eventful  one  of  late  years,  but,  when  a  young 


-  Iô7  — 

mai),  he  took  an  active  part  in  what  was  called  the  "  Piitriot  "  war.  The  Bâbys 
hâve  always  boen  tiuly  loyal  to  the  country  of  thoir  a  loption  ami  noue  more 
so  than  the  one  recently  taken  from  us.  When  tlie  so-cal  ed  Patriots  inva<lud 
this  part  of  Canada  in  1837-38,  Mr.  B&by,  beiiig  a  lieutenant  in  the  Kent 
militia,  served  under  Col.  Prince,  who  was  then  in  couiimiud  of  the  militia  ia 
the  western  district.  As  lie  tells  us  in  his  book,  "  Souvenirs  of  the  P.ist,"  he 
was  at  the  taking  of  the  celebrated  schooner  .4  nu,  and  it  was  to  hiin  that 
"  General  Theller,"  who  coinnianded  the  Patriots,  delivered  up  his  sword.  The 
latter  being  severely  wounded.  Lieutenant  Bâby,  with  his  usual  tendtirness  of 
heart,  carried  hiin  on  his  back  to  the  shore,  and  thence  to  the  hoadquarters  of 
Col.  Prince,  not  far  from  the  scène  of  action. 

Mr.  Bâby's  life,  in  many  respects,  was  a  refle.x.  of  his  father's. 

In  ail  his  dealing  with  the  pu))1icas  an  oiBcer  in  the  Customs  service  ho 
was  always  courteous  and  obliging,  always  the  true  gentleman,  kiud  and 
considernte  to  ail  witlà  whom  he  came  in  contact.  He  was  a  kind  husband  aud 
father  ;  with  one  of  tlie  sweetest  of  dispositions  he  endeared  himself  to  ail  who 
knew  hira.  In  adversity  he  was  ever  patient  and  uncoraplaining  ;  no  one  ever 
heard  liiu\  .«ay  an  unkiu  1  Word  of  any  one.  He  was  always  the  true,  Christian 
gentleman. 

To  those  who  know  Mr.  Bâby  intiinately,  this  obîtuary  notice  will  bring 
home  to  them  how  perfectiy  the  noble  qualities  of  the  father  were  transmitted 
to  the  son.  Mr.  Bâby  is  the  last  of  a  past  génération  of  truly  noble  men. 
Nobie  by  birth,  noble  in  his  purity  of  life,  he  will  never  be  forgotten." 

William  L.  Bâby,  était  un  homme  d'une  stature  superbe  ;  grand,  bien 
fait,  beau  de  prestance  et  de  figure.  Avec  un  c  isque  militaire  sur  la  tête,  il 
ressemblait  à  Guillaume  de  Prusse,  le  vieil  empereur  d'Allemagne,  et  d'une 
manière  fnippante. 

Causeur  charmant,  plume  facile  et  élégante,  comme  on  le  voit  par  sea 
opuscules,  il  plaisait  en  compagnie,  et  la  douceur  de  son  caractère,  comme  la 
bonté  de  .son  cœtir,  le  faisait  aimer  de  tous.  A  table,  il  n'y  avait  pas  de  convive 
plus  agréable.  Gentilhomme  de  vieille  roche,  d'une  urbanité  parfaite,  de  senti- 
ments élevés,  il  était  le  digne  fils  de  son  père. 

« 
*  * 

L'Honorable  François  Bâby,  fils  de  Raymond  I,  de  son  mariage  avec 
madomoiselle  de  La  Naudière,  avait  laissé  trois  fils,  pour  continuer  sa  lignée. 
(Voir  l'appendice  B.) 

François,  le  plus  âgé,  était  né  avec  un  esprit  d'entreprise  remarquable, 
comme  la  suite  l'a  définitivement  prouvé,  et  se  lança  jeune  dans  les  affaires. 
Voulant  faire  grand,  il  se  livra  à  l'exploitation  du  commerce  de  bois  sur  une 
trop  grande  échelle  pour  ses  ressources  financières.  La  suite  amena  une  faillite 
dans  laquelle  ses  créanciers,  vu  l'aisance  de  la  famille  Bâby,  se  montrèrent  fort 


—  158  — 

hostiles  à  leur  débiteur.  La  loi  permettuit  alors  la  contrainte  par  corps  pour 
dette  ;  la  consé(]uence  fut  que  François  Bâby  traversa  la  fiontière  et  habita 
Albany,  dans  l'état  de  New-York.  Au  bout  d'un  certain  nombre  d'années  il 
revint  au  pays  et  parvint  à  satisfaire  ses  créanciers. 

On  raconte  qu'après  avoir  réglé  tout  coniptu  avec  un  de  ceux  qui  l'avaient 
le  plus  malmené,  et  avoir  pris  une  quittance  finale  en  bonne  forme,  il  lui 
demanda  s'il  était  parfaitement  satisfait  et  content.  L'autre,  qui  croyait  sa 
créance  perdue  à  jamais,  ne  pouvait  se  taire  en  remerciements.  François  tira 
une  autre  soiiune  assez  ronde  do  son  portefeuille.  "  Voilà,  dit-il,  pour  vous 
"  payer  les  injures  que  vous  avez  dites  de  moi,  et  pour  vous  clore  le  Liée  à 
"  l'avenir." 

François  Bàby  avait  repris  activement  les  affaires,  et  exécuta  de  grands 
travaux  pour  le  gouvernement  du  Canada,  tels  entre  autres  (jue  la  construction 
des  quais  et  des  phares  sur  le  littoral  du  Saint-Laurent,  en  bas  de  Québec.  Il 
devint  très  populaire,  car  il  payait  largement  ses  employés,  et  continuait  la  paie 
de  ceux  qui,  par  accident  ou  maladie,  étaient  incapables  de  t'availler.  Sa  popu- 
larité éclata  quand  il  fit  élire  son  Hls,  to\it  jeuni'  homme,  député  du  comté  de 
Rimouski,  et  ensuite  député  du  comté  de  ïémiscouata. 

Les  ministres  sentaient  son  influence  et  recherchaient  son  appui.  liui> 
les  aidait;  et  il  est  à  croire  (pie  de  part  et  d'autre  chacun  y  trouvait  son  compte. 
Il  sut  en  piofiter  et  amasser  une  belle  fortune,  dont  il  usait  libéralement. 

Il  mourut  subitement  le  G  aoilt  au  soir,  en  1804. 

Ceux  qui  ont  la  su]ierstition  de  croiie  à  la  fatalité  du  nombre  13  à  table, 
trouvei'ont,  dans  cttte  mort  soudaine,  une  confirmation  de  leur  créiiulité. 

Il  y  avait  ce  jour-là  dîner  chez  lui  d'une  dizaine  d'invités  Au  moment 
de  se  mettre  à  table,  Madame  Juge  Duval  se  mit  à  comptir  les  cnnvises  et,  on 
en  voyant  l.'i,  elle  ne  voulut  paspnndre  place  laant  d'i-nvoyer  quérir  mi  autre 
convive.  Celui-ci  nnindé  ne  put  venir.  M.  Bàby  insistfi.  auprès  de  Mme.  Duval 
et  finit  par  la  gagner  en  lui  disant  :  "  Emilie,"  c'était  son  nom,  "  assieds  toi,  je 
prends  tout  .sur  moi." 

Vers  les  onze  heures  il  prit  sa  bougie  pour  so  retirer  et,  en  ouvrant  la 
porte,  il  tomba  mort. 

Essayez  maintenant  de  persuader  à  Mme  Duval,  ou  à  liien  d'autres 
comme  elle,  ipie  ce  nombre  13  n'est  pas  fatal  ! 

Cependant,  aux  yeux  delà  rai. son  et  par  le  cilcul  sur  la  vitalité,  on  arrive 
à  la  conclusion  (pie  c'est  une  loi  de  la  nature;  .sur  13  lululte.s  la  probabilité 
t'ht  que  un  doit,  dans  le  cours  ordinaire,  disparaître  durant  l'année. 

J'extrais  do  "  The  Qachec  Omette,"  august  8,  18(54,  abridged  from  tho 
"  Daily  iVe».'","  la  notice  suivante  : 

"  X(»  public  inan   in   this   Province  has  been   more   proininently 

before  the  public  for  the  last  tweiity  years  ;  ho  was  the  object  of  vitupération, 
oi'  scandai,  and  onvy  in  ono  section,  and  belovudaml  respcctcd  in  au  othor,  were 


—  159  — 

liis  excellent  qunlities  were  better  kiiown  and  appieciutecl.  So  important 
influence  did  he  exercice  at  no  late  pciiod  in  the  pnttlic  conncils  of  the  country 
that  ho  was  not  injustly  snpposed  to  be  the  lever  by  whicli  niinistries  weie 
held  tojrether,  ami  by  whicli  the  legislatiun  of  the  country  wiis  in  part  directrd. 
Ho  vvas  connected  with  ail  the  great  public  eut  r:iii.ses  of  the  day,  aiid  the 
histoiy  of  tlie  latterpart  of  his  life  is  the  history  of  the  rise,  groth  and  progrès» 
of  tlie  country. 

Mr.  Bâby  was  a  descon  lant  of  the  old  freiich  /(oWcss-,  which  einigrated 
nftcr  Chanip!ain  liad  Itiiil  the  f(jundation  of  a  Noi  tli  Aniuiican  empire.  Branches 
of  tlic  fauùly  are  scattered  over  botli  sections  of  Canada,  vvhere  they  are 
recogiiized  for  their  enterprise,  industry  and  skill. 

On  the  conqnest  of  Canada  by  the  English,  tlie  Bâbysat  once,  after  the 
treaty,  transferred  their  loyalty  t>  tîreat  Britain  and  liave  evcr  since  been 
consistent  supporters  of  the  British  Crown. 

Few  mcn,  after  the  terni  of  life,  nfter  tlny  pass  three  score  and  ten.are 
possessed  of  energy  sufticient  to  comnience  again  life's  battlo  :  but  so  indoinit- 
ab!e  was  his  persevfnince,  «o  zealouslj-  did  lie  iabor,  so  mueli  inipresse  1  was  he 
of  the  importance  and  value  of  iinproving  the  lower  St.  Lawrence  navigation, 
that  he  conceiveil  ail  thi'  great  pio  ects  which  hive  since  b'en  carried  ont,  viz  : 
the  bnil  ling  of  wharves,  an  improvtMl  systcm  of  light-houses,  and  fhe  intro- 
duction of  steam  tugs  for  tlit^  lnMieiit  of  the  commerce  of  thi-<  port.  What  he 
di  1,  \\i'  ilid  well  :  the  wharves  are  tln'  best  of  ilieir  kind  on  tln'  continent  ;  the 
liglit-liMuses  are  ecjual  to  atiy  on  th«'  eoa>ts  of  Kngland  or  Franco  ,  and  tlio  only 
oh'netion  that  can  be  uiged  ngainst  the  steam-tngs  is  that  they  are  tio 
co^tly  fur  our  j'et  limited  trade. 

The  spirit  of  eiitef]iii^"  wli Cil  Mr.  B.'i'.y  incnlcateil  among  his  country- 
nicn  tlii'  Franco-Caiiadians  is  wortliy  of  ail  )iraisc  Nature  is  not  prol  fie  of 
geniiis  like  that  possessed  by  the  ded-as  d,  and  it  may  be  many  years  before 
we  hâve  anotlur  suoh  eiiterprising  public  spirit  in  (air  mid>t.  Mr.  Bâby  had 
bi  en  in  poor  heaith  for  tlie  last  tw(  Ive  months.  His  poweiful  frame  liad  brokeii 
down  under  inces.sant  toi!  and  fatigue  ;  and  although  his  death,  eauacd  by 
disia-e  of  the  heart,  was  unexpectei  and  snddeii,  yet  there  is  no  doubt  that  lus 
dajs  would  not  hive  been  prolonged  for  aiiy  leiigtlieiied  period. 

He  was  eiccted  to  the  Législative  CdUiicil  fur  tlii'  Stad  icniia  ilivision,  in 
liStil,  nt  the  tinie  when  Mr.  Huot  was  unseated,  beating  Mr.  Fournier,  liia 
opponent,  by  a  niajority  of  thii  teeti  iiundied.  As  a  politician  ho  was  n  con- 
Histeiit  and  constitutional  conservalive  " 

On  lit  dans  le  "  Joiirtnil  de  Qm'lirr,"  du  10  août  iNliJ.,  une  notice  nécro- 
logi(jue,  d'où  je  tire  le  passage  suivant  : 

Aujourd'liui  ont  été  conduits  à  leur  deiiiière  demeure,  les  restes  mortels 
de  l'honorable  F^an(,'oi9  liAby,  si  souilainenient  enlevé  t\  sa  famille,  au  milieu 
d'une  vie  toute  pleine  d'activité, 

Lu  cun\'ui  funèbre  est  parti  du  la  doineuru  du  vénéralde  défunt  à  10 


—  160  — 

houres  ce  inniin,  pour  se  rendre  à  la  cathédrale  où  il  a  été  inhumé.  Lo  concours 
des  citoyens  qui  assistaient  aux  funérailles  était  considérable.  Les  cordons  «lu 
poèie  étrtii-nt  portés  par  Sir  E.-P.  Taché,  l'hon.  G  -E  Cartier,  l'hon.  N.  Bossé^ 

les  hons.  jngi-s  Caron,  Taschereau  et  1  hon.  Geo.  Peniberton 

Le  sujet  de  cette  courte  notice  était  un  homme  d'une  incroyable  énergie 
et  d'une  activité  surhumaine.  Faible,  en  apparence,  de  constitution,  jamais  il  ne 
succomba  à  la  fatigue  ou  au  travail.  Déjà,  àl'âgu  de  19  ans,  il  faillit  des  entru- 
piises  consiil érables.  S'il  succombait  aujourd'hui,  c'était  pour  se  relever  demain, 
avec  un  redoublement  d'énergie,  d.  ns  des  entreprises  plus  considérables,  et 
lorsque  la  mort  vint  si  soudainement  le  frapper,  il  rêvait  des  entreprises  plus 
grandioses  que  toutes  celles  qu'il  avait  accomplies  jusque  là  D.iU'*  sa  course 
ardenti.^  accidentée  par  des  naufrages,  il  a,  tout  naturellement,  lai.-*sé  sur  son 
passage  des  amis  et  des  ennemis  ;  mais  personne  ne  lui  a  jamais  contesté  les 
rares  quMiités  qui  l'ont  rendu  si  remarquabb-,  surtout  dans  les  (|uin/.e  dernières 
années  de  sa  vie,  c'est-à-dire,  une  sûreté  de  coup-d'œil  extraordinaire,  uno 
connaissance  profonile  du  cci'ur  humain,  une  volonté  agissante  et  rapid»;  comme 
l'éc  air  dans  sa  marche,  et  une  générosité  sans  limites.  Des  milliers  de  personnes 
peuvent  attester  la  bonté  de  son  cœur  et  l'on  peut  dire  que  personne  nest  allé 
frapper  en  vain  à  sa  p^rte.  Nulle  infortune  n'a  jamais  trouvé  son  ccvur  fermé." 

M.  François  Bâby  épousa  demoiselle  Clotilde  Pinsonnaiilt,  sœur  de 
l'évêque  Mgr.  Pinsonnault,  de  London,  Ont.,  et  laissa  un  fils  et  uno  fille. 

Le  fils,  Michel-Guillaume,  surnommé  Fr.uicis,  a  épousé  demoisolle  Marie- 
E.  Wilhelmino  Renaud,  et  n'a  pas  d'enfant >. 

C'est  lui  qui  a  représenté  successivement,  à  l'Assemblée  Législative  du 
Canada,  les  comtés  de  Rinionski,  Témiscouata  et  Saguenay. 

Il  a  sa  demeure  à  Québec,  mais  il  passe  une  grande  partie  de  sou  tentpa 
à  l'étronger  et  l'hiver  à  Paris. 

Sa  sceur,  Alice,  maintenant  La  ly  Caron,  d'Ottawa,  a  épousé  le  25  juin 
18(57,  Sir  Joseph-Philippe-Adolphc-llené  Caron,  K.  C.  M  G.,  avocat-conseil  de 
la  Reine  en  mai  1K79,  memltre  du  Conseil  Privé  du  Cana<la,  ministre  de  la 
milice,  9  nov.  1880,  et  f  .it  chevalier  le  25  août  1885. 

De  ce  mariage  sont  nés  un  fils  et  une  fille. 

.% 

Jacques- Raymond,  ca«U'tde  Frun«,'ois,  épousa  demoiselle  Mouct  de  Moraa, 
et  ne  parait  pns  avoir  laissé  de  lignée. 

Joseph-Louis,  le  dernier  fils,  vit  UDÎtre  de  son  mariage,  22  août  1831, 
avec  demoiselle  Caroline  Guy,  pas  moins  do  14  enfanta,  ainsi  qu'on  le  voit  au 
tableau  généalogique  B. 

L'aîué  est  l'honorable  Juge  BAby,  de  Montréal. 


—  161  — 

Si  la   lignée   Bâby  à  Québec  semble  devoir  s'éteindre,  elle   promet,   à 
Montréal,  de  voir  croître  de  nombreux  rameaux. 


CHAPITRE  IV. 

Diverses  alliances  des  Bâliy.  —  De  Lusii,'nan.  —  Du  Sablé.  —  La  Verandrye.  — 
Drouot  de  Ricliarville.  —  Le  Comte  Dui)ré.  —  Picoté  de  Belestre.  — 
Mngmin.  —  Coiirault-La  Côte  —  D'Estimauville.  —  Crevier.  —  Veron  do 
Grandmusnil.  —  llocbert  île  La  Morandière.  —  l'orlier-Lamarre. 

Avant  do  clore  riiistoriiiue  <Ie  la  iii^uée  Bâby,  il  convient  do  mentionner 
les  diverses  alliances  (jui  ont  uni  cette  famille  avec  celles  des  mieux  considérées 
du  pays. 

Je  diiis  à  l'oblii^eance  continue  do  M.  le  ju<j;e  Bâby  la  très  grande  partie 
doH  no'es  suivantes  sur  les  allianci's  (|Uo  je  vais  mentionner.  Elles  ont  un 
intérêt  (|ui  se  rattnclie  de  trop  près  à  la  fiimille  Bâby  et  lui  font  tiop  d'honneur, 
pour  ne  pus  trouver  place  ici.  Le  lecteur  pardonnera  volontiers  quelques 
répétitions  inévitables  (pii  jjeuvent  se  rencontrer  avec  ce  que  j'en  ai  dit  ci-devant. 

La  première  fille,  née  Bàliy  au  pays,  s'allin,  comme  on  l'a  vu,  à  M.  de 
Lvisignan.qui  appurtenaità  une  des  plus  notaliles,  sinon  la  plus  illustre,  familles 
de  la  Nouvelle-lMauci',  tant  par  son  or'>riiie  que  par  .ses  faits  d'armes. 

A  son  contrat  de  iiiariai^f,  eu  date  du  ")  février  1GS9,  il  est  dit  :  Paul- 
Louis  d'Asmard  de  Lusignan,  commandant  du  détachement  de  la  marine,  tils  de 
Mi'ssire  Piorre-Al  xandrc  d'Asmaiil  de  Lusijjnan,  écuyer,  et  do  dame  Anne 
Thibault  de  St.  Barthélémy,  do  La  Rochelle. 

Parnd  les  parties  à  l'acte  sont  présents  : 

Fi'an(,'ois  Lefevre,  Sieur  J)u  Plessis, 
Raymonil  Biaise,  Sieur  des  Berj;ères, 
Christophe  de  Krost,  Sieur  de  la  (Jemmorais,  et 
Léon  Levreau,  Siour  de  Lanj^is. 

Ce  sont  des  otficiers,  ses  compaj^nons  d'armes,  sans  tloute. 

De  ce  mariage,  il  eut  un  tils  également  nommé  Paul-Lotni,  né  au  pays 
en  U»!M,(|ui  fut  nuiné  à  Moiitn'al  le  l.s  janvier  I7"22,  à  Maileleine-Marguerite 
Bouat,  tille  de  l''ran(,ois- Marie  Bouat,  lieutinant-général  de  .Montréal  et  Made- 
leine Landicrt-Duniiint.  .Mlle  Bouat  était  la  soiir  de  Mesdames  l"'ran(,-<  pis  Daine, 
Louis-.lean-Pcnilain  de  Cnurval,  .ban-Baptiste  De  Cannes  de  Falaise,  et  belle* 
so.'Ur  «le  Marie-Anne  Cauthier  île  N'areiines. 

Son  père  époiisa  en  secondes  noces  Agathe  lit  (iardeur  de  Repentigny. 

Jeainie  Babiu  étant  «ievenue  veuve  par  le  décès,  en  1(!1I2,  <le  son  nmri 
alors  parvenu  au  lang  de  capitaine  réforme,  né  dans  une  eudaiscade  préparée 
par  les  Iroquois  d.uis  une  dos  Iles  du    Uicheii<.u,  encoru  très  jeune,  .se  remaria  à 


—  162  — 

Chainp'ain,  le  13  février  1700,  à  Claude  Pnuperet,  riche  négociant,  de  Québec. 
Elle  ne  fut  que  trois  ans  à  peu  près  avec  lui,  M.  Pauperet  niouraat  on  janvier  1703. 
Il  n'y  eut  pas  d'enfants  île  ce  dernier  mariage. 

De  son  union  avec  Délie.  Madeleine-Marguerite  Bouat,  Paul-Louis  de 
Lusignan  eut  plusieurs  enfants  dont  plusieurs  moururent  en  bas  âge.  Parmi 
les  autres,  on  compte  Louis-Antoine,  baptisé  21  septembre  I72(i,  à  Québec  ; 
marié  23  septembre  1754  à  Louise  Renaud  Davesue  des  Méloisos  ;  et  Marie-Autie 
mariée,  18  juin  17C4,  à  François-Xavier  Tiottier  Desauniers. 

Louis-Antiiine  eut  avec  Louise  Renaud  Davesne  deux  enfants,  nés 
respectivement  en  1755  et  1757  :  Louis- Antoine  et  Marie-tiilette. 

Le  fils  de  Jeanne  Babie,  conmie  son  père,  entra  au  service  du  Roi  et  s'y 
distingua  considérablenunt.  En  1722,  il  était  enseigne  de  la  marine.  Devenu 
seigneur  de  la  baie  de  Mis-siscpioi  en  1733,  il  fut  envoyé,  en  1735,  au  Fort 
St-JoM  ph  des  Illinois  en  <|ualité  de  commandant,  poste  (|u'il  ociMipa  ju>s(ju'en 
1 73y,  Un  Mpiil  revint.  11  commanda  à  Carillon  et,  «ub.sé(|Uemment,  à  St-Frédéric, 
où  il  e4uit  lor.«-(|Ue  le  savant  suédois  Kalm  le  visita.  Sur  la  fin  du  régime 
ffançiis,  on  le  voit,  en  cette  même  (pialité,  à  I  Ile-aux-Noix,  en  1759,  où  il 
combat  vigoureusement  l'ennemi  ;  à  St-.leau  et  à  Cliamb  y,  en  17(i0.  Chevalier  de 
St-Louis,  ce  digne  oHicier  avait  cinquante-trois  années  de  service  lorsqu'il 
mourut  en  17()4,  eu  ce  pays,  car  il  n'avait  pas  cru  devoir  tse  retirer  eu  France 
couaue  tant  d'autres.  Privé  de  son  père  à  uu  âge  où  il  lui  aurait  été  du  plus 
grand  secours,  son  oncle,  Jacques  Babie,  lui  fut  donné  comme  tuteur. 

On  voit  un  M.  Louis- Antoine  de  Lusignan  parmi  les  ofticieisqui  donnent 

leur  opinion  dans  le  conseil  de  guerre  qui  précéiia  la  reddition  de  Québec  ;c  était 

le  petit-tiU  de  Mlle,  Baby.     Arrivé  au  grade  de  capitaiae,  on   lui  conféra  la 

croix  de  Saint-Louis,  tel  que  son  père  l'avait  eue  aussi.     Il  passa  en  France  où 

la  lignée  .semble  .s'être  contitiuée.     Car,  eu   1770-71,  un  "  Lusiguau  "  écrit  <le 

Brest  à  l'hon.  Frs.  Bâby  divui'ses  lettres]  il  se  souscrit  "  Ctipitaine  Je  V^iisseau 

du  Roi. 

« 
#  f 

Jacques  DANixtNXEAU,  Sieuk  du  Saiu.é  et  Isaljelle  Faube,  du  Bourg, 
évêché  d'Aubuis,  donnèrent  le  jour  en  1(526,  à  Pierre,  ijui,  en  1651,  passa  en  la 
Nouvelle-France,  où  il  fit  bénir  bientAt  son  union  avec  Françoise  Jobin,  d'Am- 
froae-Mir-les-Marciies,  en  Nonuaudie. 

Ils  eurent  quatorze  enfants,  entr'autres  : 

Louin,  (jui  fut  marié  à  Jeaune-Margucrito  Lenoir; 

Jfdvve,  à  Jnc<|Ues  Babie  de  Banville  ; 

Manjnerite,  k  Jacques  Brisset,  Sr.  de  Courchêne  ; 

St^iphaiiif,  à  Pierre  Desmart^,  Sr,  Lepellé; 

FruHi^oVM-FélroniUe,  mariée,  1'^  :  à  Jean  Desrosiers,  Sr.  du  Tremblé; 
2''  ;  k  Jttauri  Boliide-Laïuarre,  uiédeciu-ohirurgier.  ; 

iMuiue,  à  Jusepli  Aubuohuu  ; 


—  163  — 

Jacques,  à  Catherine  Dutaut  de  Grandpré  ; 
Renée,  à  Pierre  Dumoulin. 

Peu  de  temps  après  son  arrivée  au  pays,  Jacques  Dandoiincau  obtint  la 
concession  de  douze  perches  de  terrain,  plus  tard,  parait-il,  érigées  en  marquisat 
en  faveur  dos  Dandonneau  du  Sablé.     (Bibaïul  et  Suite). 

Madame  Dandonneau  fut  inhumée  à  Champiaiu,  le  6  juiliot  1702,  mais 
l'inhumation  de  sou  mari  quoique  non  connue,  devait  être  antérieur;  à  la 
sienne. 

Louis  Dandonneau  du  Sablé  décéda  à  Montréal,  en  septembre  1709. 

De  son  mariage  avec  Jeanne-Marguerite  Lenoir,  le  8  octobre  1684, 
Da()uirent  plusieurs  enfants,  entr'autres  : 

A  tifféli(iue,  i^ui  épousa  le  Sr.  Charles  Ch  iboilloz,  de  Mimtrénl  ;  ce  (pli 
expli(iue  la  parenté  des  Bâby  avec  les  LaRoque,  les  McKenzie,  etc.,  etc. 

Louitt-Adru'tt,  né  en  1(191,  qui  épousa  Mario-Joseplite  Dro'.iet  île  Richar- 
vill<;,  tille  de  Claude  Drouet  de  Richarville,  officier  dans  les  troupes  du  R  )i  ; 

Marie- Anve,  h.  5  août  1684,  mariée,  29  octobre  1712,  à  Québ-c,  à  Pierre 
Gauthier  de  La  Vérandrye,  seigneur  de  Varennes,  du  Tremblay,  «te,  fils  de 
René  Gauthier  de  La  V^érandrye  et  de  Marie  Boucher  de  Boucherville. 

Celui-ci  fut  le  célèbre  découvreur  qui  pénétra  au  loin  dans  les 
limites  occidi-ntales  <le  l'Amérique  du  Nord,  à  la  richerche  de  la  Mer 
de  l'Ouest.  Fort  jeune,  il  <  'it  du  service  actif  dans  l'armée,  dès  1704  co  itre  la 
Nouvelle- Angleterre,  et,  en  1706,  à  Terreneuve.  De  là  il  fut  appelé  en  Flandres, 
où  il  fut  blessé  neuf  fois  au  cours  de  la  campagne.  Revenu  au  Canada,  il 
continua  de  se  signaler  dans  maints  combats.  Eu  1731  il  commença  ses 
explorations  et  en  1743  il  avait  atteint  les  Montagnes  Richeuses  Faute  d'aide 
dt(  la  part  du  gouvernement  il  fut  contraint  d'abandonner  .sa  route  au  delà  et 
revint  à  C^uébec.  Avec  de  nouveaux  secours,  dus  à  la  générosité  d»;  ses  amis,  il 
se  préparait  à  repartir  quand  la  mort  vint  le  frapper,  le  5  décembre  1749. 

Sou  nom  peut  être  accolé  à  ceux  de  La  Salle,  Jolliet  et  Ma'(|uette. 

Ces  enfauts  étaient  neveux  et  nièces  de  Madame  Raymond  Bâby,  tel 
qu'on  le  voit. 

De  l'union  de  T.A)uis-Adrien  Dandonneau  du  Sablé  avec  Marie-Josephte 
Drouet  de  Richarville,  on  compte  treize  enfants,  parmi  lesquels  : 

Marie-Louise,  (jui  épousa,  le  22  avril  1748,  Pierre  Robineau  de  Bécao- 
court ; 

Limin-Adrieu,  fila,  qui  épousa,  le  7  janvier  J754,  Marguerite  Sabrevoia 
de  Bleury  ; 

Marie-Catherine,  qui  épou.sa,  le  2  mai  1757,  Antoine-Claude  Raimbault 
de  Barollon,  officier  dans  les  troupes  françaises,  et  »|ui,  à  la  cession  du  pays,  s'ea 
alla  avec  elles  pour  ne  plus  revenir  habiter  le  Canada. 

Kn  outre  des  époux  Barollon,  Joseph- Amable  Dandonneau  du  Sablé,  qui, 


—  164  — 

lui  aussi, était  attaché,  comme  sou  boau-f lère,  à  l'armée  française,  passa  alors  en 
France.  Pendant  la  Révolution,  il  fut  forcé  d'émigrer  et  se  retira  en  Wostphalie, 
d'où  il  se  rendit  à  Londres  dans  l'espoir  d'anjéliorer  son  sort,  mais  sans  grand 
succès.  Il  avait  atteint  le  grade  de  uiaréchal-de-camp,  d'après  une  de  ses 
lettres.  Deux  de  ses  tils  étaient  capitaines.  Vieu.v,  infirme,  il  regrettait 
infiniment  tie  n'être  pas  revenu  au  Canada  et  cola,  dos  le  début  de  ces  temps 
orageux,  où  il  aurait  rencontré  "  de  bons  et  sympathiques  cousins  comme  les 
"  Babie,  Drouet  de  Richarville,  etc,  de  charmants  amis,  comme  de  Lauaudière, 
"  de  La  Valtrie,  etc." 

Il  y  avait  de  plus  un  autre  frère,  du  nom  de  Michel-Ignace,  établi  à 
Berthier,  qui  ne  quitta  pas  le  Canada.  En  mourant,  il  laissa  une  fille  encore 
ossez  jeune,  qui  alla,  à  son  tour,  rejoindre  ses  parents  d'outre-mer  après  avoir 
reçu,  grâce  aux  bons  soins  de  M.  Pouget,  curé  de  Berthier,  une  éducation  soignée 
pour  l'époque.  Elle  y  épousa,  si  je  ne  fais  pas  erreur,  un  membre  de  la  famille 
de  Curzon  II  y  a  quelques  années  seulement,  deux  jeunes  gens,  fils  du  publi- 
ciste  distingué.  Mous,  de  Cuizon,  vinrent  pour  se  fi.xer  dans  le  pays,  à  Notre- 
Dame  du  Rosaire,  comté  de  Montmagny,  et  y  séjournèrent  quelipie  temps.  Ils 
retournèrent  cependant  en  France,  l'un  pour  y  mourir  bientôt,  et  l'autre  pour 
occuper  une  position  dans  l'administration  des  chemins  do  fer.  Iks  étaient 
porteurs  de  papiers  et  tlocuments  ((ui  attestaient  indul)itablement  (ju'ils  étaient 
de  la  famille  des  Drouet  do  Richarville,  actuellement  éteinte  au  Canada,  quant 
au  nom  du  moins. 

On  a  déjà  vu  qu'à  la  défaite  de  Diesk  lu,  au  Lac  St-Sacrement,  un 
Dandonneau  du  Siibié,  lieut-nant,  qui  fut  mortellement  blessé,  en  même  temps 
que  M.  LeGardeur  de  St-Pierre. 

•   * 

Voici  la  lignée  des  Drouet  de  Richarville  et  alliés  aux  Dan  lonneau  du 
Sablé. 

Claude  Drouet,  Sr.  de  Richarville,  .vncien  officier,  vit  le  jour  à  Chartres, 
France,  en  1057.  Il  était  fils  de  Claude  Drouet  de  Richarville,  avocat,  et 
d'Appoline  Soisson. 

Il  épousa  au  Canada,  le  18  mars  ItlS?,  Miirir-Jran  Di'svosicrs,  de  la 
famille  dos  do  LaPotherie  |)ar  sa  mère  Aune  Lu  Neuf  du  Hérisson  Sou  père 
était  Antoine  Dtsrosù'rs,  juge,  (pli  naquit  en  Itil!)  i.-t  fut  enterré,  à  Champiain, 
le  9  août  1C91.  Il  avait  épousé,  en  KJK),  Anne  Le  Neuf  du  Hérisson,  fille  de 
Mathieu-Michel  Le  Neuf,  8r.  du  Héris.son,  lieuten.iit  g/'iiéral,  frère  aîné  de 
Jacques  de  La  Potherio,  1er  Seigr.  de  Portneuf,  et  tige  des  Le  .Veuf  de  la  Vallièro 
et  de  Beaubassin.     Plusieurs  enfants  nacjuiL-eiit  de  ce  mariage.     Signalons  : 

Marie,  qui,  Agée  de  14  an.s  seulement,  épousa  le  11)  fév.  l(Jt)4,  Alexandre 
Raoul. 

Michel,  marié  en  1680,  à  Mario  Artault  de  La  Tour. 


—  165  — 

Jfajî,  iiiuiié  le  20  janv.  1682,  à  Chaiwplain,  à  Marie-Françoise  Daiidon- 
tieau  du  Sablé. 

Marie-Jeanne,  mariée  le  18  mars  1687^  à  Claude  Drout^t  de  Richarville. 

Marie-Françoise  susdite,  était  la  propre  sœur  de  Madame  Bâby  dâ 
Banville. 

Du  niivriniçe  Drouet-Desrosiers  naquirent  entre  autres: 

Marie-Joti>'ph,h.  23  janvier  1691,  mariée,  le  7  décembre  1713,  à  Louis 
Dandonneau  du  Sablé  ; 

Armand,  b.  25  mars  1695,  marié  à  Catherine  Lamy,  sœur  de  Madame 
René  LeGardeur  de  Croisilles  ; 

Michel-Ignace,  h.  14  octobre  1696,  Sieur  de  Baudicour,  officier  des 
troupes  (1); 

Antoine,  b.  6  avril  1699,  marié  :  1°  à  Marie  Lamy  (2)  ;  2"  à  Frarçoise 
Houtelas  (3)  ; 

Claude,  Sr.  de  Carqueville,  b.  1718,  marié,  8  mai  1747,  à  Marguerite 
de  Couagne. 

En  1711,  un  Drouet  de  Riclmrville,  lient,  des  troupes  de  France,  en 
Canada,  était  au  Poste  des  Miamis  depuis  plusieurs  années.  Il  ne  pouvait 
appartenir  à  la  famille  ci-dessus,  à  moins  d'être  Denis-Diilier,  baptisé  à  Chani- 
plain,  10  nmi  1693,  et  encore  devait-il  être  un  fort  jeune  lieutenant. 

Dans 'e  rapport  île  1732  parle  gouverneur-général  de  Beauharnois  et 
l'intendant  Hociiuart,  parmi  les  officiers  de  la  colonie  on  y  mentionne  Drouet 
de  R:cluuville,  â;^é  de  67  nn.s.  Il  ne  pouvait  être  de  la  famille  ci-haut,  l'âge 
donné  ne  le  permettant  point.  En  1755,  à  la  bataille  de  la  Monongahela,  le 
lieutenant  Drouet  de  Cnnjueviile  tomba  sur  le  champ  d'honneur  mortellement 
blessé,  en  même  temps  (jue  l'en.^eigne  LalVrathi  «le  Lanaudière.  Il  fut  inhumé 
avec  lui  et  de  Beaujeu  dans  le  cimetière  du  Fort  Duiiue.sne  (Pittsbarg),  sur  la 
Belle-Rivière,  endroit  si  souvent  témoin  des  exploits  des  frères  Bâby.  C'était 
la  même  année  <|ue  son  cousin  du  Sablé  perdait  la  vie  dans  lu  défaite  de 
Dieskau,  au  lue  St-Sacrement. 

A  la  cession,  Drf)Uet  de  la  Couloiniière  et  Drouet  de  Mareuil  passèrent 
en  France.     Ils  étaient  l'un  et  l'autre  enseignes  dans  les  troupes. 

En  1762,  le  1er  janvier,  arrivait  au  Havre,  par  le  "  Molineux  "  venant  de 
Québec,  l'enf^i'igne  de  Richarville  envoyé  incnntincnt  à  Rochefort.  L'année 
suivante,   un    M.  Drouet  de  Richarville,   le   môme    probablement,  obtient   un 


(1)  Il  était  à  risledii-rns  en  soptemlire  1738.  Dnns  le  ropport  de  1716,  il  est  dit  : 
"  Il  a  servi  douze  ana  duns  les  gardes."  Dan.<i  celui  de  173'J,  on  i\joute  :  '■  c'est  un  otiîaierdo 
mérite  et  dont  la  conduite  ne  laisse  rien  A  doNirer.'' 

Ci)  La  sœur  de  la  précédente. 

(3)  Sa  mère  était  Marie  Anne  Bouclier,  fille  do  M.  Boucher  de  Muntbrun.  Son  père 
convola  à  de  secondes  noces  avec  une  Délie  Catherine  LoGardeur  d«  Croisilles, 


—  166  — 

passeport  pour  retourner  au  Canada.  S'en  servit-il  ?  On  est  porté  à  le  croire, 
et  c'est  ce  qui  expliquerait  les  paroles  de  son  vieux  cousin  du  Sablé,  citées 
aiduurs,  lorsqu'il  se  repentait  amèrement  de  n'être  pas  repassé  au  Canada  dès 
les  débuts  de  la  Révolution  française,  où  il  aurait  trouvé  de  bons  cousins  et 
amis. 

Comme  les  du  Sablé,  les  de  Richarville,  aussi  bien  que  les  do  Carquevillo' 
paraissent  éteints  au  Canada. 

« 
*  « 

Lignée  de  Marie-Thérèse  Le  Comte  Dupré. 

Elle  remonte  à  Louis  Le  Comte  Diipré,  hls  de  Charles  et  d'Aime  De- 
fessé.  Il  naquit  en  1654,  et  épousa,  à  Montréal,  eu  1683,  Marie-Catherine  de 
St  -Georges. 

Ils  eurent  un  grand  nombre  d'enfants,  dont  plusieurs  njoururent  céliba- 
taires. 

Une  d'elles,  Morie-Oharlotte,  aurait  épousé  J.-Bte  Charly  St.-Ange,  mais 
nous  n'en  voyons  aucune  trace  dans  les  papiers  de  famille.  Elle  serait  morte 
en  1705. 

Parmi  les  autres  enfants  qui  nous  intéressent  sont  : 

1.  Jean  ou  J.-Bte  Lecovite  Dupré,  h.  1er  juillet  1786,  marié  le  20  janvier 
1727  à  Marie-Anne  Hervieux,  fille  de  Léonard.  Ils  eurent  une  nombreuse 
postérité,  ainsi  que  nous  le  verrons. 

2.  Marie-Thérhe,  baptisée  le  15  octobre  1699,  et  mariée  à  Raymond 
Bàby,  à  Montréal,  lu  9  juin  1721,  comme  on  l'a  vu  ci-devant. 

3.  Marif-Louwe,  baptisée  le  29  mai  1697,  et  mariée,  le  19  mars  1718,  à 
Jean-Antoine  Magnan. 

Le  fils,  Jean  ou  J  -Bte  Le  Comte  Dupré,  ci-dessus,  continua  la  lignée 
comme  suit  : 

Marie-Louise,  baptisée  14  avril  1729,  mariée  à  Pierre  Courault  de  La 
CAte,  le  24  novembre  1745.  Elle  se  remaria,  en  1782,  avec  Messire  Jean-Bte 
Chs.  d'Estimauville,  écuj'er.  Baron  de  Beaumouchelle,  fils  de  Messire  Philippe, 
et  de  Marie-Charlotte  D'Ailleboust. 

Jean-Baptiste,  qui  épousa,  le  13  juillet,  1758,  Catherine  Martel  de 
Brounge,  à  Québec.  Il  était  seigneur  de  St-François  et  d'Argentenay,  Conseiller 
Législatif,  Colonel  des  milices  de  Québec,  etc.  Une  de  ses  filles  épousa  le 
célèbre  jurisconsulte  canadien  Cagnet,  et  une  autre,  Antoine  Juchereau 
Duchesnay,  seigneur  de  Beauport. 

Il  signait  "  Le  Cte  Dupré." 

Oeorgcs-Hyppolite,  baptisé  le  24  utars  17S8,  et  marié,  le  9  janvier  1764,  à 
Maric-Charlutte  Liénard  de  Beaujeu,  fille  de  Daniel  Liénard  de  Beaujeu.     Sa 


—  1G7  — 

signature  était  "  St.-Georges  Dupré  "     Il  était  Inspecteur  Je  Police,  Lient  -Col. 
de  milice,  et  Commissaire  des  Transports,  etc. 

Marie-Anne,  bapti.sée  14  déc.  1740,  qui  épousa  Hyppolite  de  Hertel  de 
St.-Fran^'ois,  capitaine,  attaclié  du  Bureau  des  Sauvages,  frère  de  Madame 
Ignace  d'Irumlierry  de  Salaberry. 

Marie- Joseph,  baptisée  17  août  1744,  qui  fut  mariée  à  Louis  de  La 
Marre-Porlier,  morte  sans  postérité. 

Antoine- AmbroÎM  né  en  septembre  1747, qui  épousa  une  demoiselle  Le- 
bjond  et  se  fixa  à  La  Prairie-de-la-Madeleine,  près  Montréal,  et  dont,  seule,  la 
descendance  continue  encore  parmi  nous.  M.  Dupré,  le  président  de  la  Chambre 
de  Commerce  de  Québec,  en  descend,  ainsi  que  Madame  Legendre,  etc 

Du  mariage  do  Georges-Hyppolite  Lo  Comte  Dupré  avec  Melle.  de 
Bcaujeu,  il  y  eut  deux  fils  seulement,  savoir  :  Daniel  Dupré,  Lieutenant  au  1er 
Bataillon  du  Royal  Canaiien  Volontaire;  et  Hyp-^ulite  St-'t  orifis  Dupré. 

Ce  dernier  épousa  une  Délie.  Curaux  (Gouraalt),  Hlle  le  Michel  Curaux 
et  Marie-Joseph  Hervieux,  sœur  de  Mesdames  Adhétnar  .le  Lnntagnac  et  Louis 
Guy,  dont  le  mari  était  Conseiller  Législatif  et  notaire  du  ft  »i. 

De  ce  mariage,  naquit  un  fils  :  Daniel- Hyppolite  St. -Georges  Diiprd, 
avocat  fort  instruit,  qui  épousa,  à  Québec,  Mlle.  Sophie  Lindsay,  sceir  de  feu 
Wm.  B.  Lindsay,  notaire  bien  connu  à  Québec.  Il  mourut  du  fléau  ([Ui  sévissait 
en  1834,  laissant  sa  veuve  sans  enfants. 

Dans  un  procès  consiilérable,  jugé  l'année  même  de  son  décès,  il  fut 
déclaré  seul  héritier  de  Dama  Marie-Louise  Liénard  de  Beaujeu,  sa  grand* 
tante,  veuve  de  feu  Jean-Baptiste-François-Charly  St.-Ange,  chevalier  de 
St- Louis,  décédé  gouverneur  de  Gorée,  en  Afrique. 

Madame  de  Hertel  n'eut  qu'un  seul  fils,  Hyppolite-Louis  Hertel,  de 
Montréal,  lieutenant  au  2d  Bataillon  Canadien  Royal  Volontaire,  qui  épousa 
à  Moïitréal,  en  1794,  Délie  Elizabeth  Robertsm,  fille  de  Duniel  Robertson,  major 
au  1er  Bat.  du  GOème  Régiment  d'Infanterie  de  S.  M.,  et  de  Dame  Louise 
Réaume.  Cette  lignée  se  fit  protestante  et  oxiste  encore.  Il  y  a  un  avocat  du 
nom  à  Argenteuil. 

Le  premier  de  la  famille  Le  Comte  Dupré  venu  en  ce  pays,  fit  le  com- 
merce des  pelleteries  et  fourrures  sur  une  haute  échelle,  d'après  les  états  de 
compte  restés.  Il  fut  propriétaire  de  la  seigneurie  de  Terrcbonne  durant  de 
longues  années.  Elle  ne  sortit  de  la  famille  qu'après  sa  mort.  C'est  en  1716, 
que  la  veuve  en  disposa  «n  faveur  de  François-Marie  Bouat,  conseiller  du  Roi 
et  lieutenant-général  au  siège  de  Montréal,  moyennant  14,000  livres  en  monnaie 
de  carte.  En  1713,  il  fit  un  arrangement  avec  Messire  Louia-Ango  DeMaizerets 
8upéri<  ur  du  Séminaire  de  Québec,  au  sujet  des  iles  et  îlots  entre  leurs  deux 
seigneuries  respectives. 

En  1749,  cet  arrangement  est  invoqué  par  Louis  de  Chapt,  écuyer,  Sieur 
de  LaCorne,  Capt.  d  Infanterie,  alors  soigneur  de  Terrebonne. 


—  168  — 

Il  signait  d'une  fort  lelle  main  "  Dupré  Le  Comte." 

En  1693,  il  comparait  à  un  acte  de  vente,  comme  subrogé  tuteur  de» 
enfants  de  feu  Messire  Jacques  LeMoyne,  Sieur  de  Ste.-Hélène,  et  Dame  Jeanne 
du  Frénoir  de  Carrion,  alors  remariée  et  épouse  de  Joseph  de  Monic,  écuyer, 
capitaine  et  major  des  troupes,  etc. 

Cette  famille  a  toujours  compté,  à  Montréal,  comme  l'une  des  plus  consi- 
dérables et  des  plus  considérées. 

* 
»  « 

LE»  PICOTÉ  1>E  BELESTRE. 

La  famille  Picoté  de  Belestre  compte  aussi  parmi  les  plus  anciennes  et 
les  plus  distinguées  du  vieux  Montréal.  Elle  était  d'origine  noble  et  reconnue 
telle  ;  aussi  î'un  des  premiers  marguilliers  d'honneur,  choisis  pour  repré.senter 
la  noblesse  dans  l'Œuvre  et  Fabrique  de  Notre-Dame  de  Ville-Marie,  fut-il 
Pierre-François  Picoté  de  Belestre,  en  janvier  1671. 

On  a  trouvé,  en  1830,  les  5  pierres  de  fondation  de  l'ancienne  église 
paroissiale  de  N.-D.  de  Montréal,  posées  en  1672.  Chacune  portait  une  plaque 
de  plomb  sur  laquelle  étaient  gravés  le  nom,  les  titres,  etc.,  de  celui  qui 
l'avait  posée,  ainsi  que  l'année,  la  date,  etc.,  et,  en  plus,  les  noms  des  marguil- 
liers. Sur  chacune  était  le  nom  de  "  Noble  Homme,  Pierre  Picoté,  écuyer,  Sieur 
de  Belcïtre,  murguillier  d'honneur." 

Fravçois-Pierre  Picoté  de  Belestre,  fut  fait  chevalier  de  St-Louis.  II 
avait  épousé  Marie  Pars,  décédée,  3  nov.  1684. 

Voici  les  noms  de  quelques-uns  de  leurs  enfants  : 

Périvve,  baptisée  1643  et  mariée,  2  septembre  1664,  à  Michel  Godfroy 
de  Tonnancour,  inhumée  aux  Trois-Rivières  le  19  déc.  1723. 

Hélène,  née  en  1656,  mariée  d'abord,  le  23  août  1676,  à  Antoine  de  La 
Fraynaye,  et  en  second  lieu  à  Jean-Baptiste  Céloron  de  Blainville,  et  décédée  le- 
23  nov.  1701  ; 

Françoise,  née  en  1659,  et  mariée  l  Jacques  Maleray,  le  7  janvier  1687  ; 

Marie-Anne,  baptisée  9  fév.  1673,  et  mariée  à  Sieur  Alphonse  de  Tonty,. 
le  17  fév.  1689; 

François-Marie,  baptisé  le  5  février  1677  et  marié  :  1"  à  Marie-Anne 
Bouthier,  inhumée  au  Détroit,  le  9  octobre  1729;  et  2"  à  Mur's-Catheiin» 
Trottier,  veuve  Jean  Cuillerier. 

"  Après  M,  du  Puis,"  dit  l'abbé  Faillou,  '  l'homme  de  la  colonie  le  plu» 
propre  au  métier  des  armes  était,  sans  doute,  M.  Picoté  de  Belestre.  Trois 
mois  après  la  mort  du  Major  Closse  (1662),  M.  de  Belestre  se  mit  à  la  tête  d'uQ 
parti  qui  défit  complètement  les  Iroquois,  et  il  leur  infligea  une  seconde  défaite 
subséquemment." 


—  I(î9  — 

M.  do  Cnsson  s'i'Xpriirie  ftirisi,  en  1059,  parlant  ilii  même  :  "Outre  les 
"  personnos  (Jôjà  inentiomuns  qui  viiuciit  de  France  par  ce  vaisseau,  à  Ville- 
"  Marie,  je  dois  noiunier  M.  Picoté  de  Belestre,  qui  orne  bien  celte  colonie,  tant 
"  dans  les  temps  de  lu  sjfuerre  que  dans  celui  de  la  paix,  à  cause  des  qualités 
"  avantageuses  qu'il  p  )ssèdo  pour  l'uiio  et  ])our  l'autre.  Je  donne  ce  mot 
"  d'éloge  à  sa  naissance  ('t  à  son  mérite " 

Mndoinoiscllc  Mmikt  avait  amené  avec  elle,  dans  ce  même  vaisseau, 
Miidemoiselle  Perinne  Picoté  de  Jielcstre. 

Le  frère  de  celli -ei,  Fraii(;ois-Marie,  ayant  toute  l'ardeur  militaire 
qu'avait  son  père,  alla  en  ITOti,  avec  MM.  de  KeMUcourt  et  de  Linctôt,  à  la  tête 
de  cent  Canadiens,  comliattre  pour  la  France  en  l'Isle  de  Terreneuve,  où  il  se 
distingua  grandement,  d'iiprès  une  lettre  de  M.  de  Costebelle,  contenue  dans  les 
Documents  de  Pa7-is.  Il  marcha  en  tout  sur  les  traces  de  son  père.  Comme 
lui,  il  fut  décoré  de  la  Croi.K  de  l'Ordre  Roj'al  et  Militaire  de  St-Louis. 

Etant  passé  au  Détroit,  aprè^  s'être  signalé  dans  ses  courses  contre  les 
Anglais  et  les  «Sauvages,  il  y  mourut  le  9  octobre  1729,  laissant  son  unique  fils 
François-Marie  II,  pour  continuer  les  glorieuses  traditions  de  sa  famille. 

Ce  fils,  né  en  1719,  de  Catherine  Trottier,  se  maria  deux  fois  :  1»  à  Marie- 
Anne  Nivard-St-Dizior,  et  2",  29  janvier  175:},  k  Marie-Anne  Magnan,  nièce  de 
Madame  Raymond  Hàby. 

II  n'eut  des  enfants  que  de  la  première  femme,  parmi  lesquels,  François- 
Louis,  baptisé  le  11  avril  I7M!>,  et  marié  à  Délie  Joachime  Coulon  de  Viliicrs. 
Celui-ci  eut  une  assez  grande  famille,  mais  ses  enfants  ne  paraissent  point  avoir 
fait  souche  au  pays. 

François-Marie  II,  lui  aussi  chevalier  do  St-Louis,  commandait  au 
Détroit,  à  la  tin  du  régime  français  en  Canada,  et  fut  forcé  de  remettre  ce 
poste  aux  mains  de  ceux  ijue  ses  ancêtres  et  lui  avaient  si  souvent  et  vailla.u- 
ment  combattus  ;  ce  qu'il  no  tit  qu'avec  la  plus  grande  répugnance.  Revenu  à 
Montréal,  il  se  retira  à  l'écart,  mais  plus  tard,  ayant  prêté  le  serment  d'allé- 
geance à  la  couronne  d'Angleterre,  celle-ci  trouva  en  lui  un  sujet  des  iilus 
fidèles.     Il  fut  appelé  au  Conseil  Législatif.  (1) 

En  1775,  lors  de  l'invasion  américaine,  à  la  tête  de  la  noblesse  canadienne 
et  du  haut  commerce,  il  alla  repreu^lro  le  fort  St-Jean  sur  l'ennemi,  et  reçut, 
pour  cette  prouesse,  les  remerciements  publics  du  général  Carleton.  Ayant 
remis  biplace  aux  mains  du  major  Preston,  de  l'armée  régulière,  il  n'en  continua 
pas  moins  ses  services  jusqu'à  la  paix.  On  le  retrouve  a  la  pose  de  la  première 
pierre  de  N.-D.  de  Bonsecours,  avec  deux  autres  cliovaliers  de  St-Louis,  en  177  ', 

Parvenu  à  un  âge  très  avancé,  il  décéda  à  Montréal,  le  30  mars  179),  où 
on  lui  lit  de  pompeusas  funéraille.<î. 


(1)  Tout  1g  inonde  connaît  l'incklent  entre  lui  et  le  jeune  Frank.^,  de  Montréal,  à 
l'occtvsion  de  l'insulte  nuitamnient  faite  au  buste  du  Roi,  sur  lu  place  du  innrché  en  1775, 
L'esprit  d'indépendance  commençait  à  se  manifester  en  cette  ville  au  sein  de  l'élément 
anglais. 


—  170  — 

M  ir'e-Anne  Magnan,  son  épouse,  l'jilla  rejoindre  bientôt  dans  la  tombe, 
quelques  mois  après  seulement. 

Il  laissa  une  unique  fille  de  son  premier  mariage,  Mario-Anne-Angélique, 
Viuve  de  Angiis  McUonnell  Sahidaig.  Bibaud,  dans  sa  "  Bibliothèque  Cana- 
dienne," en  dit  beaucoup  do  bien. 

Hautement  distinguée  par  sa  bravoure,  son  intrépidité,  ses  vertu  t,  il  est 
malheureux,  pour  le  Canada,  que  cette  illustre  famillo  se  soit  ainsi  éteinte. 

»  * 

LES   MAGNAN. 

Les  père  et  mère  de  Jean-Antoine  Magnan  étaient  originaires  de  Paris. 
Lui,  naquit  ià  en  1G82. 

Il  é|iousa,  à  Montréal,  le  19  mars  1718,  Louise  Le  Comte  Dupré,  et 
mourut,  )e  21  janvier  IT-VA,  laissant  plusieurs  enfants,  savoir  : 

Marie-Anne,  baptisée  1er  mai  1721,  et  mariée,  le  29  janvier  1753,  à 
François  Marie  Picoté  de  Belestre,  chevalier  de  St-Louis,  commandant  au 
tétroit  ; 

Jean -Baptiste- Pascal,  baptisé,  17  février  1726,  marié,  18  déc.  1V80,  à 
Marie-Loiiis'!  de  Charn.iy  ; 

Ambroiie,  baptisé  en  1732,  et  marié,  18  août  17C6,  à  Marie- Michelle 
Pothicr.  Il  acheta  la  seigneurie  de  Lachenaie  du  général  Chiistie  ;  mais  sa 
succes-iion  dut  en  disposer  peu  de  temps  après  son  décès.  Il  ne  laissa  qu'un 
enfant  qui  moui  nt  en  bas  âge.  Son  oncle  de  Belestre  lui  avait  servi  de  tuteur, 
conjointement  avec  sa  mère. 

Jean- Baptiste-Pascal  était  aide-major  de  Québec,  et  député  grun  l-voyer- 

*  » 
LES   DE   COUAGNE. 

Charles  de  Couagne,  le  premier  du  nom  venu  en  Canada,  était  de  Clioii, 
é'.êché  de  Bourges,  France.  Il  était  fils  de  Charles  de  Couagne  et  de  Rynée 
Grelfière,  et  naquit  en  1651. 

Etabli  au  Canada,  il  épousa  d'abord  Anne  Mars,  et  puis  Marie  Qodé,  le 
30  juillet  1685. 

Jean-Baptiste  de  Couagne,  capitaine  d'infanterie  à  Louisbourg,  le  père 
de  Madame  Louis  Bâby,  était  le  fils  aîné  du  second  mariage.  Il  était  né  en 
mars  1687,  et  fut  marié  le  à  Délie  Marguerite  de  Gannes  de  Falaise,  (1)  de 
laquelle,  outre  Madame  Bâby,  il  eut  plusieurs  garçons  et  filles  ; 

(1)  Tanguay,  Dictionnaire  Généalogique,  Vol.  3,  page  269,  dit  "de  Gannea  de  Falaise," 
mais  le  registre  paroissial  de  N.-D.  de  Montréal,  pour  l'année  1758,  dit  "  Leneufdo  Falaise," 
aiiisi  que  je  le  dis  à  l'arbre  généalogique,  appendice  B.  "  Leneuf  de  la  Vallière,"  étaH  lo 
nom  de  sa  mère. 


—  m  — 

Marie-Françoise,  qui  épousa  à  Montréal,  le  24-  mai  1751,  Georges  do 
Giinncs,  Sieur  de  Chornesay,  aide-major  des  Trois-Rivièrea,  un  parent  uj'|ia- 
reninient  (1)  ; 

Marguerite,  mariée  en  premières  noces,  à  Claude  de  Ricliarviiie,  Sieur  ti'i 
Carqneville,  fauiille  alliée  aux  Dandonneau  du  Sablé;  et,  en  secondes  noces  à 
Jean-Bapt  ste  Ocdefroy,  éciiyer,  de  la  famille  des  de  Tonnancour  (2)  ; 

Marie-Anne,  qui  épousa  le  Sieur  de  l'Eschelles,  de  Montréal. 

Le  mariage  de  Louise,  la  plus  jeune  de  la  famille,  avec  Louis  Bilby,  ont 
lieu  à  Montréal,  le  24  juillet  1758.  Ils  étaient  âgés  respectivement,  la  première 
de  28  uns  et  le  second,  de  30  ans. 

De  cette  union  ne  naquit  qu'un  seul  enfant,  je  crois,  un  garçon,  qui  a  iur- 
vécu  à  ses  père  et  mère.  Il  doit  être  mort  aux  Antilles  françaises,  ilaprès  Ct;  que 
je  vois. 

Madame  Bâby,  devenue  veuve,  décéda  à  1  Hôtel-Dieu  de  Montrt'Hi,  en 
mai  1802. 

Les  de  Gannes  de  Falaise  étaient  alliés  aux  premières  familles  liu 
Canada. 

Marguerite  de  Couagne,  fille  de  René  de  Couagno,  frère  de  J.-Bf  ■.  \>'- 
Couagne,  épousa  à  Montréal,  le  11  janvier  1757,  Marcel-Luui-.  le  Parfourr  i,  (î) 
capitaine,  fils  de  Jacques  de  Parfourru,  seigneur  de  Jouveau,  diocèse  de  Lisiei^;. 
Elle  se  trouvait  être  la  cousine  germaine  de  Madame  Louis  Bàby. 

En  fév.  1748,  un  Sieur  de  Couagne,  sous-ingénieur,  fut  envoyé  de  Frunce 
à  M.  de  Léry  par  M.  de  Maurepas.     Daniel,  "  La  famille  de  L^ry,"  p.  20. 

Après  le  décès  de  Jacques-Charles  de  Couagne,  frère  consanguin  de 
Jian-Bte.,  sa  veuve,  Marie- Anne  Hubert  de  La  Croix,  (4)  contracta  un  nouveau 
mariage  avec  Louis  de  Chapt,  sieur  de  La  Corne,  qui  la  prédi-ci'da. 

A  la  ces.'-ion  du  pay.s,  le  capitaine  de  Gannes  de  Falaise  passa  en  France 
à  bord  du  vaisseau  du  Roi  "  La  Jeanne." 

Entre  1748  et  1755,  on  rencontre  souvent  le  nom  d'un'  Délie  de  (Juuagne 
Budemon. 

Un  M.  Louis  de  Couagne  signe  à  l'acte  de  mariage  entii;  M.  de  Beau  jeu 
et  Délie.  Couillard,  le  3  nov.  1803.     "  La  faviÀlle  de  Léry,"  pj).  77,  78. 


(1)  En  1777,  alors  âgée  de  54  ans,  elle  résidait  à  Tours,  France. 

(2)  Elle  eut  un  enfant  de  chaque  mariage,  ainsi  que  l'attestent  les  actes  de  tut-'llei, 

(3)  Il  est  mentionné  dans  l'état-iiiajor  français,  en  1761,  (.drc/i/fê*  Canadiennes,  1886, 
p.  clxxi)  sous  le  nom  de  Parfour.  Le  copiste  ou  le  prote  onc  estropié  ].|usieurs  autres 
noms,  et  des  nome  bien  connus,  ainsi  :  Lanandisc,  pour  lianaudiôre  ;  Coudât d,  pour 
Couillard,  Baunninville,  pour  Bonneville,  Daud'aji,  pour  D'Andilly,  etc. 

D'un  autre  côté  le  rôle  étant  fait  par  les  Anglais,  on  peut  croire  qu'ils  épeiaient  en 
suivant  leur  propre  prononciation. 

(4)  Celle-ci  doit  être  de  la  même  famille  que  Suzanne  de  La  Croix  Réauuie,  du 
Détroit,  femme  de  Duperron  Bâby. 


—  172  "- 


« 
«  « 


LES  COURAULT   DE   LA   C(JTE    ET   1>'e.STIMAUVILLE. 

Pierre  Couraidt  de  La  Côte,  le  premier  dont  il  soit  fait  mention 
dans  les  registres  de  ce  pays,  était  le  tila  d'Elio  et  de  Catlierino  Coulant  de  St.- 
André,  diocèse  d'Angoulèine.  Il  fut  marié  deux  fois;  tMi  premier  lieu  avec 
Délie  Marie-Anne  Macé,  et,  eu  second  lieu,  à  Dllc.  Marguerite  Auljiichon. 

De  cette  dernière  union  il  eut  plusieurs  enfants,  entre  autres  : 

Pierre,  baptisé  le  21   Décembre   172;{,  nuirié   le   2-li  Novemltre    17i5,  à 

Louise   LeComte-Dupré,  tille  de    Jean-Baptiste    et    Marie-Anne   Hervieux,  ofc 

nièce  de  Madame  Raymond  Bâby. 

Marguerite-Joseph,  baptisée  le  27  Janvier  17£7,  mariée  le  22  août  1775, 
à  Ignace-René  D'Ailleboust  de  Cuisy. 

Du  mariage  de  Pierre  Courault  de  La  Côte  avec  Louise  Le  Comte- 
Dupré,  on  rencontre  entrant '•es  enfants  : 

XottîSf,  baptisée  le  14  Janvier  I74f>,  mariée  le  28  Aviil  17(i7,  à  Loui^i- 
Toussaint  Pcthier,  négociant,  do  L'Assomption,  père  de  l'honorable  Toussaint 
Pothier,  l'un  dt-s  Associés  de  la  Compairnie  du  Nord-Ouest,  et,  durant  bien  des 
années,  à  la  tête  de  la  socié  é  de  Montréal. 

Et  Murie-Jvseph,  baptisée  le  24  Avril  1750,  mariée  le  13  Mai  17.S2, 
comme  dit  ci-après.  Nous  voyons,  par  l'entrée  au  registre  de  l'acte  de  ce  ma- 
riage, la  réunion  de  presque  tous  les  noms  représentant  les  familles  alliées  que 
je  cite,  et  les  personnage-  présents  à  la  cérémonie  nuptiale,  savoir,  textuel  ; 

"  Messire  Jean-Haptiste-Cliarles  D'Kstimauville,  écuyer,  lieutenant  il'ane 
Ci'iupngnie  canadifime  en  cette  colnnie,  lé.'-ident  dans  cette  ville  (Montréil) 
âj^é  (le  tfiitf  deux  ans,  tils  de  Messire  Joan  li.iptiste-Philiiipe  D  l'jstimauviile, 
écuyer,  baron  de  Bcaumouclul,  chevalier  de  Tordre  royal  et  militaire  de  St.- 
Louis,  et  de  défunte  dame  Marie-Charlotte  D'Ailleboat,  de  la  paroisse  St- 
Martin-de-Palaizeau,  diocèse  de  Paris,  d'une  part  ;  et  demoiselle  Marie-Joseph 
Couraut  de  La  CAte,  Agée  de  trente  deux  ans,  tille  de  feu  M.  Pierre  Couiaut  de 
La  Côte,  négociant  île  cette  ville,  et  de  Dame  Marie-Louise  le  Compte  Dupré, 
en  présence  de  Me.i.sire  Paul-Alexandre  D'Aillebout,  Sr.  de  Cuisy  ;  de  Messire 
Roch  Dechaillons,  écuyei,  Sr.  de  St -Ours,  père  ;  de  M  Charles  Dechaillons, 
écuyer,  Sr.  de  St.-Oius,  tils;  de  Messiie  Joseph-Dominitjue-Emmauuel  Le- 
moine,  écuier,  Sr.  de  Longueuil  ;  de  Messiie  Jean-Baptiste  Hertel,  écuier,  Sr. 
de  Rduviile,  parents  et  amis  ;  de  M.  l'ierie  Courant  île  la  Côte,  f rèie  ;  de  demoi- 
selle Couraut  de  la  Côte,  sii.nir  ;  de  M  Ceorge  Le  Comte  Dupré.  oncle;  de  M. 
Louis  Porlicr  de  Limiard,  Irnu-fièiede  l'épouse;  de  MM.  Lucorne  do  St.-Luc, 
Picoté  lie  Bulestre,  Fran(,'ois  Bitby, veuve  Sanguinet  (Catherine  Bàby-Cheneville), 
Gui,  (grand-père  du  ju^^e  Bilby);  Courault-Lacjste  Pothier,  Dupré-Porlier, 
Joannès  et  Pothier.  " 

A  Cette  époque  on  teuait  encore,  coiiunu  autrefois  en  France,  h  rocheroiiur 


—  173  — 

dans  les  mirii^jei,  -Lm  alliance?  propres  h  iniinfcenir  le  nom  de  la  famille,  et  les 
parents  et  alliés  s'y  intéressaient  par  une  espèce  de  solidarité.  En  commun 
on  craignait  de  déroger. 

Les  D'E'timauviile  ont,  de  tout  temp^,  réclamé  leur  parenté  avec  les  Bâby 
et  les  Perrault,  du  chef  des  Le  Comte  Dupré.  Au  mariage  de  Ursule  Perrault 
avec  le  Dr.  Buchanan,  le  l-l  février  1809,  Jean-B iptiste  D  Estiianuville  signe  à 
l'acte  et  ajoute  cousin.  Il  signe  aussi  à  l'acte  do  sa  sépulture,  28  déc.  même 
année,  assistant  comme  parent. 

Le  2  oct.  1812,  le  même  J.-Bte.  D'Estimauvillo  et  le  chevalier  R;)bert  A. 
D'Estiinauville  signent  tous  deux  l'acte  de  sépulture  do  Dame  Ursule  Benoît, 
veuve  de  Richard  McCarthy. 

Le  fief  Lugauchetière,  en  la  ville  de  Montréal,  appartenait  à  la  famille 
Courault  (le  La  Côte,  avant  de  passer,  par  achat,  aux  mains  de  l'hon.  Toussaint 
Pothier. 

Par  son  testament  solennel.  Ma 'ame  veuve  Courault  di;  La  Côte  légua 
tous  .ses  biens  à  son  fils  Pierre,  ainsi  qu'à  ses  nièces,  Délies.  Louise  et  Angelinue 
Pothier,  et  Délies.  Josephte  et  Marguerite  d'Estin\auville  do  B  !  uimouchel. 

Plus  tard,  une  de  ces  dernières  demoiselles  ép  jusa  l'hon.  Jiig)  R  )lland, 
de  Montréal,  et  l'autre  Antoine-Ovide-Tarieu  de  La  Naudière.  Ces  deux  Délies. 
d'Estimauvillo  avaient  un  frère  du  nom  de  Jean-Baptiste-Pliilippe,  marié,  le  2> 
février  1805,  à  Marie-Joseph  Drapeau.  Il  fut  greffier  do  la  Cour  d'Amirauté 
et  major  des  Cliasseurs  Canadiens 

Lfs  d'Estimauvillo  ont  servi  avec  grande  distinction  dans  l'Acadie,  l'Isle 
Royale,  ete.  Dans  le  ra[i|iort  des  familles  restées  au  Cana'la  en  17(51,  on  m 'u- 
tionno  la  famille  de  d'Estimauvillo  composée  de  huit  enfants,  M.  d'Estim  luville 
étant  capitaine. 

Ceux  qui  ont  étudié  quelque  peu  l'histoire  politicjue  du  Canada  avant 
l'Union,  connaissent,  assurément,  la  brochure  de  Roliort  d'KstimauvilIe,  laipielle, 
dans  le  temp.s,  eut  un  graml  retenti.ssement,  »i  cause  de  S(m  franc  pirler. 

Un  Courault  de  La  Côto(l)  fut  fait  prisonnier  à  lut!. lire  du  1  lo  St- 
Sacrement  ;  il  est  donné  comme  capitaine  de  milice. 

Cette  famille  est  uctuellemenc  presque  éteinte  au  Canada. 

Le  linUeiin  des  RfclierclifH  Ifintoriques,  do  cette  année,  IHDS,  vol  4,  p|). 
72  à  77,  donne  une  notice  <le  M.  Robert  D>.'sty,  (abréviatif  d.'  d'hl-^Liin  1 1- 
ville)  juriste  distingué,  qui  vient  do  mourir  aux  Etats-Unis. 

11  était  tils  de  Frédéric  d'E.slimauville  et  petit-rils  du  chevalier  R.iiiert 
d'Estimauvillo. 

Né  au  Canada,  le   17  février   1827,  passé  aux  E.-U  ,  il  s'y  était   ri.\e  (jt 


(I)  Il  nvitit  «C'jouriié  quelqupi  tnnéeii  en  Angleterre,  où  il  it'étuit  livré  quel(|i)e  pnii  à 
]'étude  et  à  l'ohKervntion.  Sni  contnin|>orniiiB  disaient  qu»  celii  l'avait  reniiu  prétentieux 
•t  ihenaçait  <le  lui  faire  [x^rUrede  lajiutosao  dans  l'esprit. 


—  174  — 

avnit  adopté,  de  son  nom  abrégé, celui  do"  Desty,"  luijourd'liui  célèbre  et  destiné 
à  ne  pas  s'éteiniU'e  dans  les  tril»uiiau\  américains.  Son  nom  véritable  est 
Robert  d'Ailltbout  d'Estimauville  de  lieaumouchel. 

Il  ne  reste  que  très  peu  de  cette  famille  pouf  en  continuer  la  iifçnée.  Un 
habite  Montréal,  \ni  autre  Winnipeg  et  un  troisième  est  dans  l'Orégon. 

M.  Oscar  Evanturel,  de  Qaébi.'c,  frère  de  M  Emlore  Evanturel,  (mon 
gendre  comme  marié  à  ma  lille,  Estlior)  a  épousé  le  i:5  juillet  1893,  à  Munt- 
niagny,  demoisol le  Marguerite  d'Estimauville  tlo  Beaumouchol,  lille  du  chevalier 
Robert  D'Estimauville,  avocat,  et  de  demoiselle  Adèle-Zoé  Couillard  de  l'Epinay. 

Sa  s(L'ur,  demoiselle  I^éda  D'Estimauville,  était  l'épouse,  en  premières 
noces,  de  M.  le  Dr.  Venner,  de  Québec. 

Une  autre,  Catherine,  est  mariée  à  M.  Hudelet,  un  Français,  qui  réside  à 
Mexico. 

«  « 

LES  CllEVIKR. 

Cette  famille,  <]ui  était  au.\  Trois-Rivières  dès  1G.39,  se  divise  en  plusieurs 
branches  :  Crevier  do  St. -François,  Crevier-Duvernay,  Crevier  de  Bellerivc, 
Crevier  Deschenaux. 

Christophe  Crevier,  Sieur  de  la  Meslée,  était  natif  deSt-Jean,  évêclié  de 
La  Rochelle.  Il  épousa  Jeanne  Enard  avec  laquelle  il  eut  une  nombreuse 
famille,  dans  la()U<'lle  on  voit  : 

Jeanne,  baptisée  en  J(Î.*U),  mariée  9  juillet  ir)52,  à  Pierre  Boucher, 
gouverneur  des  Trois-Rivières  ; 

J»''//(,  baptisé  3  avril  1042,  marié  20  novembre  1063,  à  Marguerite  Hertel 
de  Lafrenière  ; 

MdrfiuerHe,  baptisée  en  1045,  et  mariée  en  quatrièmes  noces  h  Robert 
Groston  dit  St.- Ange,  le  7  juin  1707  ; 

Mitrie,  baptisée  en  lOôO,  mariée  à  Nicolas  OAtinoan,  sieur  du  Plcssis  ; 

Va  Jei(n-li((i)iinte,  né  en  1052,01  marié  à  Anne  Chorel  D'Orvilliers  do 
St.-Romain,  a  Champlain,  le  20  janvier  10S2. 

Du  mariage  de  Jean  avec  Marguerite  Hertel,  la  fille  mémo  de  celui 
surnonnné  le  "  Héros  "  et  ennobli  par  Louis  XIV,  est  né  en  107î>,  Jeun- lin ptintC' 
lîeiiè,  (|ui  épousa  :  \'\  Mneie-Mnileleine  liiihi/,  à  ('liamplain,  tille  de  Jehanno 
Dandonneau  du  Sablé  ;  et,  2",  Marie-Thérè.se  de  Miray  ; 

Mtirijuceile,  baptisée  IW  septembre  1()83,  mariée  en  1712,  à  Françoia 
Bahie  ; 

Afarie-An  ne,  h(i[)t\sée  25  juillet  IGSfl,  et  mariée,  le  13  février  1708,  h 
Pierre  linhie  ; 

Connue  nous  le  voyons,  pas  moins  de  trois  membres  de  cette  famille 


—  175  — 

époHsèrtnt  'les  "  Haliie."  D'antres  Crevier  aussi  s'unirent  à  des  Babie.  Ainsi 
nous  v()3ons  Jnc(|ues  Babio  épouser  Marie-Angéli(|Uo,  fille  de  Joseph  Crevier, 
sieur  de  St.-Fninyois,  et  Marie-Charlotte  LeMaître  LaMorille,  en  1750. 

On  connaît  l'expédition  de  Frontenac  de  1(589  contre  les  colonies 
anglnises  Ayant  séparé  la  petite  armée  en  trois  corps,  il  donna  le  coinniande- 
du  contingent  des  Trois-Rivières  à  Hertel  de  Lafrenière.  Hoixante-quinze 
Ijoninies  en  tout,  tant  l.'anadiens  (|ue  .Sau\ages,  formaient  l'eli't'Ctif  de  ce  corps. 
Moins  nombreux  que  les  deux  autres,  il  fut  cependant  le  plus  iieureux  en  ob- 
tenant la  plus  granile  part  de  succès. 

Hertel  était  acc<jinp;igiié  do  ses  trois  fils  et  do  ses  deux  neveux  Oatineau 
et  Crevier  de  St.-Fraïu/ois.  Ce  dernier  perdit  la  vie  dans  cette  c  impagne,  et 
le  fils  aîné  de  Hertel  fut  grièvement  blessé. 

Dans  le  rapport  des  troupes  de  la  Nouvelle-France  de  109G,  on  men- 
tionne le  sous-enseigne  Crevier  comme  "excellent  oflicier.  " 

Après  le  décès  de  Jean  Cievier  de  St.-Fr.in<;ois,  sa  veuve  donna  un 
terrain,  aux  Trois-Rivières,  aux  RR.  PP.  Récollets,  le  4  Juillet  1692,  "en  ré- 
miuiéiation  d'un  service  célébré  et  de  messes  dites  pour  le  repos  de  l'âme  de 
son  nmii." 

Ce  fut  aussi  Madnme  Jean  Crevier,  Marguerite  Hertel  de  Lafrenière 
qui,  en  1700,  donna  aux  Abéîinqui^  de  St.-Fraii(^ois  les  terres  qu'ils  possèdent  en- 
core aujourd'hui.  Le  R.  P.  de  Charlevoix  visita  cette  place  en  1721,  et  voici  ce 
qu'il  en  dit  :  "  Les  Abénaipiis  sont  présentement  sur  le  bord  de  la  Rivière  de 
"  St.-Frniirois,  à  deux  lieut>s  do  son  embouchure,  dans  le  lac  St.-Pierre.  L'en- 
"  droit  est  fort  ngréable  et  c'est  dommage,  car  ces  peuples  ne  goûtent  pas  les 
"  tigiénu'uts  d'une  licllo  situation,  et  des  cabanes  sauvage-!,  surtout  d'Abéna<iui3, 
"  n'emliellissent  point  un  pays.  Le  village  est  nombreux  et  n'est  habité  que 
"  par  des  chrétiens."  Notre  excellent  historien  semble  regretter  que  les  Sau- 
vages aient  été  favorisés  d'un  tel  <ltai  de  la  part  de  Mme.  Crevier. 

Une  Rucbert  de  LaMorandière,  fille  d'Aboi  Ktienne,  lieutenant  des 
troupes,  s'allia  à  Joseph-Marie  Crevier,  en  17CG.  à  Varennes. 

Il  ne  faut  pas  oublier  que  Pierre  Boucher  de  Boucherville,  le  gouverneur 
des  Trois-Rivières,  avait  épousé,  en  -socondos  noces,  Jeanne  Cievior  de  la 
Mesléo. 

Un  M.  de  Bellerive  est  mentionné  avec  éloge  par  Charl.'voix.  Il  sa 
distingua  dans  le  Nord-Ouest  et  commanda  au  pays  des  IlliuoH.  Apre*  la 
cession,  il  passa  à  la  Louisiane  et  prit  du  service  chez  les  K-<pignols.  Il 
ilevint  commandnnt  k  St-Louis.  On  assure  (|ue  c'est  lui  qui  donna  une  sépul- 
ture au  célèbre  chef  sauvage  Pontiac. 

En  104:1,  un  médecin  du  non»  d'André  Crevier  existait  aux  Troia- 
Rivières. 

M.  le  Vicaire-Général  Crevier,  curé  do  Ste.  Marie  de  M<mnoir,  et  fonda- 
tcu".'  du  collège  en  cette  paroisse,  descendait  do  Crevier  do  Bellerive. 

La  famille  compte  encore  de  nombreux  rejeton.?. 


-176- 


«  • 


ES   VERON   DE   GUAXDMENIL. 


Les  Veroii  de  Graiiilmenil  étaient  do  Normandie. 

Ëtii'iine,  capitaine  de  milice  et  notaire,  épousa  aux  Trois-Rivières,  le  30 
mai  1G77,  Marie  Moral.  Il  mourut  de  la  main  des  Iro(|Uois,  en  mai  1721,  lais- 
sant plusieurs  entants  de  son  mariage  avec  ceti,e  dernière,  entre  autres  : 

Marguerite,  (jui  épousa,  le  "l  novembre  l(if)2,  Pierre  Petit  Devilliers 
notaire  et  greffier  de  la  juridiction  des  Trois-Rivières; 

Etienne,  marié  à  Madeleine  Hertel  de  Lafrenière  ; 

Madeleine,  baptisée  21  déc.  1674,  mariée,  4  février  1709,  à  Jacques^ 
Bdhy  ; 

Jeanne,  mariée,  3  nov.    1716,  à  Jean-Baptiste  Godfroy  dci  Tonnancour. 

Louine-Friinçoise,  baptisée  9  mai  1697,  mariée,  6  janvier  1719,  à  Jacques 
Godt'rov  de  Vieux-Pont. 

De  son  mariage  avec  Délie.  Hertoi,  qui  ne  dura  (jue  quelques  mois  seule- 
ment, Etienne  n'eut  point  d'enfant,  mais,  par  un  socoml  mariage,  avec  Marie- 
Catherine  Picard,  le  28  mai  1713,  il  en  eut  plusieurs,  parmi  lesquels  on  compte 
Marie-Gtiflurinc,  baptisée  le  II  Juin  17l.î,  mariée,  l!>  Janvier  1738,  à  Joseph 
De  Fleury  Deschambault,  et  Tliérèsc,  mariée,  le  22  Avril  1748,  à  Pierre  Bàby, 
aux  Ïrois-Rivières. 

Par  son  mariage  avec  Madeleine  Veron  de  Qrandmenil,  Jac(tues  Bàby 
eut  plusieurs  enfants,  tel  que  mentionnés  à  l'appendice   B. 

Pierre  Petit  Le  Villiers  était  propriétaire  du  Hef  et  seigneurie  d'Yamaska 
et  d'une  petite  portion  de  la  seigneurie  de  St.-Frun(;ois  "dans  la  Baye  <lii  dit 
lieu,  les  Islets  et  le  Chenail  du  Moine  réservés.  " 

En  1743,  en  voit  Marguerite  Veron  de  (îrandmenil,  sa  veuve,  en  procès 
devant  le  Con.scil  Supérieur  saisi  de  son  appel,  avec  Charlotte  LeMaitre  La- 
Morille,  veuve  de  feu  Joseph  Crevier  de  St.-François,  Joan-Baptiste  Creviir- 
De.schenaux,  Pierre  Bâby  Duperon,  Fnini;ois  Bâby  Chpiineville  et  Jein-Bip- 
tiste-Jutras  Desrosiers,  tous  propriétaires  de  la  dite  seigneurie  de  St.-Fi'aii(;ois. 
Il  s'agissait  évidemment  de  certains  droits  de  propriétés,  réclainis  d'un  côté,  t.t 
contestés  de  l'autre. 

En  1748,  il  y  eut  une  seccmde  alliance  entre  les  deux  faniillt.'s  Bâby  et 
Veron  de  (Jrandmenil  ;  Pierre  Bâl)y,  fils  de  Jacques  II,  épousa  Thérèse  Veiun 
de  Urandmenil,  sa  cousine. 

Comme  tant  d'autres,  qui  ont  passé,  cette  famille  n'existe  plus. 


—  177  — 


« 
*  « 


LES   nOCRERT   DE   LA   MORANDIÈKE 


Etienne  Rochert  de  la  Morandière,  conseiller  du  Roi,  stcivtaiiv  de  M. 
le  commissaire,  et  puis  garde-nuij^asin  du  Roi,  à  Montréal,  né  en  Iti'iH,  était  le 
fils  d'Abel,  notaire  roval,  et  de  Marie  Pothier,  de  St-Etienne  d'Est  recliv,  évéché 
de  Sens,  en  Champagne. 

Le  25  septembre  1095,  il  épousa,  à  Montréal,  Elizahoth  Duvorgor  d  i 
St.  Blin. 

De  cette  alliance  on  compte  plusieurs  enfants  : 

Marie- El izaheth  ou  Isabelle,  baptisée  28  juillet  10f)G,  mariée  1  i>  décembre 
1718,  à  Charles-Miche!  Régon  ; 

Lotiis- Joseph,  baptisé  G  août  1697,  marié  le  1er  octobre  17:U,  à  Margue- 
rite Petit  LeVilliers,  décédée  deux  ans  plus  tard  ; 

Etienne,  baptisé  22  février  1701,  marié,  15  janvier  17;V),  à  Marguerite 
Puygibault  ; 

Anne-Genrviève,  baptisée  23  avril  1704,  mariée,  8  juin  172(î,  à  Jean- 
Baptiste  Le  Gardeur  de  Repentigny. 

Le  Charles-Michel  Bé^on  ci-dessus  était  le  frère  de  l'Intendant  du  mémo 
nom,  le  protecteur,  avec  de  Beauharnois,  de  Gaultier  de  La  Verandrye,  «lans  ses 
recherches  de  la  Mer  de  l'Ouest  et  ses  découvertes  jusqu'aux  Montagnes 
Eocheuses. 

Le  chevalier  Charles-Michel  Bégon  servait  depuis  trente  ans  dans  la 
colonie,  iorscju'il  fut  nonniié,  en  174!},  gouverneur  des  Trois-Rivières.  Il  avait 
^té  major  à  Québec  en  1782,  puis  liei.tenant  du  roi  k  Montréal,  avant  d'arriver 
à  gouverner  la  troisième  ville  de  la  Nouvelle-France.  Ce  haut  pijste  ne  fut 
pas  longtem[)s  son  partage,  car  il  mourut,  à  Montréal,  lo  80  avril  1748,  âgé  do 
61  ans.  Il  laissa  plusiiiurs  enfants  de  son  mariage  avec  .Mlle.  Roobert,  parmi 
lesquels  :  MarieCatherino-Eiizabeth,  qui  épousa,  en  1787,  Honoré  de  V'ille'oois, 
sieur  de  la  Rouvillière,  conseiller  du  Roi,  etc 

Etienne  Rocbert  de  la  Morandière,  fils,  capitaine  des  troupes  et  ingénieur, 
■«ut  par  sa  femme,  Marguerite  Puygibault,  une  assez  no  iibruuse  posti'rité  : 

Mai'd»!  i'Ue-ElizaheJh-l'vi*ide,  baptisée  lo  2G  noveml)re  178  ),  fut  mariée, 
le  19  janvier  1751,  à  Daniel  Joncaire  do  Chabert,  le  célèbre  interprète;  oild 
décéda  au  Détroit,  en  1773  ; 

Ahel-Etii-nne,  baptisé  le  17  oct.  1735,  fut  marié,  le  2)  m  li  17GG,  à  L  )uise- 
Charlotte  Bailly  de  Messein,  à  Varennes.     C'est  le\ir  fille  qui  épousa  un  Crevier. 

Décédé  le  25  novembre  17G0,  sa  veuve,  Marguerite  Puygibault,  épousa, 
en  secoude.»!  noces,  huit  f.ns  après,  Claude-Piern!  Pécaudy,  éeuyor,  sieur  de 
Contrecœur,  chevalier  de  St-Louis,  j'ofiicier  bien  connu   |»our  son   intrépiilité. 

Louis-Joseph,  son  frère,  garde-magasin  du  Rai,  qui  avait  ép  lusé   Marguo- 


—  178  — 

rite  Potit  LeVilliors,  eut  six  vnfants.  A  l'exoiiiple  de  sa  liolie-scvur,  celle-ci  convola 
en  seconiles  noces  avec  Aiit  jine  de  Cluipt  de  La  Conie,  à  Montréal,  le  1(3  nov, 
174.4,  mais  un  an  .seulement  aprè.i  le  décès  de  son  mari,  arrivé  le  19  octobre  H-iî^. 

En  1704,  on  trouve  à  Montréal  Jactiues-Urbain  Rocbert  de  la  Moran- 
dière,  écrivain  du  Roi  et  i-ecréf,aire  de  i'Inteiidai  t  Raudot,  Né  en  KJOS,  il  fut 
inhumé,  1>S  mus  1710,  à  .Montréal. 

En  1747,  Joseph- Au jfustin  Bâby-Chenueville,  lils  de  Fran(;ois-Etienno 
Bâby-Ciicnnevile,  et  petit-fils  de  Jeanne  Dandonneau  du  Sablé,  épausaAngéli(iue 
Rocbert  de  iu  Muiniidièie  (iSuatsen),  à  Montréal,  et  de  ce  mariage  naquit,  en 
1747,  Catherine,  (jui,  le  14  février  17U.";,  épousa  Christophe  Sanguinet.  De  là 
le  nom  de  "  Chenneville  "  donné  à  une  rue  de  Montréal,  qui  longeait  sa  propriété 
"  Près-de-Ville,"  la  demeure  d'un  de  Longueuil,  autrefois. 

En  1739,  parmi  les  commandants  des  pays  d'en  Haut,  on  trouve  un  De 

La  Morandière  aux  Miamis. 

» 
«  * 

POULlWt-LAMAUKE. 

Cette  famille  a  fait  de  nombreuses  alliances  avec  les  Gamelin  Maugraa^ 
Hubert- Lacroix,  du  Frost  de  la  Gemmerais. 

Glduile-Porlier  Lamarre,  négociant,  notaire  royal  et  greffier  à  Montréal, 
né  en  1652,  était  le  fils  de  Claude  et  Marie  Filerin,  do  .St.-Sévoriii,  de  Paris. 

Il  épuusa  au  pays,  à  Québec,  Marie  Bissot  de  IjuRivière,  le  5  déce.'ubre 
1G82. 

Il.s  eurent  plu.sieurs  enfants  : 

Claude-Cjn^rlin  Jarquen,  baptisé  le  7  octobre  lOSÎ; 

,fi''iii-B(ii>fiitt',  baptisé  le  23  octobre  KiMô; 

Hcnri-Françoio,  liapti.sé  le  13  janvier  1687,  etc. 

Après  sept  années  de  mariage,  le  31  juin  1()87,  il  mourut.  Sa  veuve, 
trois  ans  après,  se  remaria,  le  20  f.'vrier  1091,  à  Jacques  Gourdeau,  sieur  do 
Beauliou,  à  Québec. 

L'aillé  de  la  famille,  Claude-Cyprien-JaC(|ues,  épousa,  à  Lachine,  le  20 
août  1719,  Angélique  Cuillorier.  Sa  mère,  Marie-Catherine  Trottier,  s'était  re- 
mariée en  .secoiules  noces,  en  1712,  à  François-Marie  Picoté,  écuyer,  Sr.  de 
Belestre. 

De  son  m.iriage  est  descendue  une  nombreuse  postérité,  seize  enfants,  et 
c'est  l'un  de  cl-ux-cî  :  Lo  a  in- José  pli  Portier,  né  en  octobre  1732,  qui  épousa,  le 
5  octobre  17o7,  Marie- Josephte  Le  Comte  Dupré,  sœur  de  mesdames  de  H  rtel 
et  Courault  de  La  Cote,  et  nièce  de  m  idaine  Raymond  Bàby. 

Madame  Porlier  ne  lais.<sa  pas  d'enfants. 

Un  M.  Porlier  de  la  mémo  famille,  étant  greffier  de  la  juiidiction  do 
Montréal  lors  do  la  cessation  do  l'ancien  régime,  fut  nonnné  aux  mêmes  fonc- 
tions sous  le  goiiverneineut  anglais,   et  continua  do  les  remplir  jusqu'à  su  mort. 


—  179 


* 
*  * 


La  plupart  des  noms  de  famille  que  je  viens  de  mentionner  se  retrou- 
vent dans  les  cadres  de  l'armée  française  de  1  époque. 

Dans  le  Cartel  de  1' "  Auguste,"  (Cf  :  Archives  Canadiennes.  Ottawa, 
188G.)  péri  sur  l'Isle  du  Cap-Breton  en  nov.  1761,  signalons,  entre  autres  : 

Le  chevalier  de  La  Corne,  capitaine  ;  De  Bécancour,  capitaine  ;  Le  Che- 
valier de  la  Verandrye,  lieutenant  ;  Gautier  de  Varenues,  lieutenant  ;  De 
Godef  roy,  lieutenant  ;  Boucher  de  Laperrière,  enseigne  ;  De  la  Corne  Dubreuil, 
cadet  ;  De  la  Corne  St-Luc,  cadet  ;  De  la  Corne  de  Chapt,  cadet. 

Parmi  les  officiers  Canadiens,  servant,  au  Mississipi,  dans  les  troupes,  et 
qui  ont  été  brûlés  dans  la  guerre  des  Sauvages  Thicachats,  il  y  a  De  Richirville 
Surville,  enseigne,  et  Beaudecour  de  Richerville,  cadet,  qui  ont  subi  alors  le 
même  sort. 

Richer  do  Carqiteville  (épelé  Kirkeville,  évidemment  par  un  Anglais) 
fut  tué  en  1755  dans  l'action  contre  Bradoek. 

De  Richerville,  enseigne,  fut  tué  à  Niagara  en  1759. 

Beaudecourt  de  Richarville,  comme  officier  réformé,  faisait  le  service  en 
1759,  et  commandait  à  St-Jean. 

Robert  de  Lamoran  Hère,  ingénieur  ordinaire,  était  capitaine  do  l'état- 
major,  servait  depuis  1719,  et  a  toujours  été  employé  au  gouvernement  de 
Montréal  et  des  envi -ons. 

Un  autre  du  nom  était  enseigne  en  pied. 

D'Argeiiteuil   D'Aillebout,  lient  colonel,  était  lieutenant  du  Roi  à  Mont- 


réal 


Eriez. 


Bienville   Celoron,  était   major    commandant   du    Détroit,   einployé    à 


De  Joanne  (Joannè-*),  capitaine  aide-major,  passé  en  France  avec  la  gar- 
nison de  Québec,  faisait  les  fonctions  de  major  dans  la  place. 

Le  chevalier  de  Giiniies,  capitaine,  était  aidtj-major  à  Trois-Rivières. 

D'Azemard  de  Lusignan,  était  capitaine  de  la  2èmj  coini)aguio  d'ar- 
tillerie. 

Chabert,  lieutenant,  fut  blessé  à  l'art  liro  du  13  sept. 

De  Parfuurru,  (écrit  Pdrfour)  capitaine,  servait  depuis  1745,  repassa  en 
France  avec  la  garnison  de  Québec.  Bon  officier,  reco  lunandé  par  Lévis,  il 
reçut  la  croix  de  Saint-Louis  et  une  gratification  de  \')d  livres. 

De  Meslay  (de  la  Meslée)  était  lieutenant  ;  fut  blessé  à  Ste-Foye,  28  avril 
17G0,  passa  à  une  compagnie. 

Do  Méluèze  (des  Meloises),()ffieier  de  distinct.  m,majov  des  deu.K  bataillons 
de  la  marine  à  l'urtairo  du  2S  avril  ;  blessé  très  dangoreusuinont  au  siège  de 
Québec,  a  reçu  eu  récompense  la  croix  de  Saint-Louis. 


—  180  — 

Lcnoir  de  Rouvray,  Ijlessé,  prisonDier  des  Anglais  à  l'hôpital  de  Québec, 
fut  fait  lieutenant  1er  sept.  1760. 

Roch  de  Saint-Ours  de  Chaillons,  fuit  enseigne  à  la  même  date. 

On  pourrait  signaler  plusieurs  autres  noms  des  défenseurs  do  la  colonie. 

Ceux  que  la  conquête  a  fait  passer  sous  la  domination  de  Sa  Majesté 
britannique,  ont  conservé  la  valeur  guerrière  de  leurs  aînés,  et  ont  combattu 
avec  le  même  courage  et  le  même  dévouement  pour  elle,  après  serment  d'allé- 
geance jurée  à  la  couronne  d'Angleterre. 


TROISIEME    PARTIE 


CHAPITRE  I 

L  I  V.  N  Û  E     1'  K  R  1!  A  V  h  T . 


Jo  ne  répét(.M-aî  pas  ici,  ce  (jne  je  vii-ns  ilo  pul)lier  (18TS)  dans  :  "  La  Vîo 
de  Josepli-Franc/ois  Perrault,"  sur  cette  faniillo  en  Canada,  son  origine,  sa 
lignée  jusqu'à  la  présente  génération,  et  sur  ce  iiilmuc  Joseph- Fran(,^ois  Perrault. 
Cott(!  vie,  ayant  été  puMiée  pour  être  coiuiue  du  puhlic,  et  elle  méritait  de 
l'être,  devait  nécessnireuient  être  hornée  à  ce  (|ui  pourrait  intéresser  le  lecteur 
étranger:  et  j'ai  dû  éliminer  les  détails  plus  intimes  ou  plus  étendus  qui  con- 
viennent plus  spécialement  h  ses  descmidants  et  à  ses  proches.  Je  me  bornerai 
donc  à  compléter  ces  mémoires  en  ajoutint  les  données  qui  se  rattachent  à 
l'histoire  abrégée  des  principaux  membres  de  la  famille  Perrault  à  ce  jour  et 
que  j'ai  dil  ainsi  omettre. 

Le  lecteur  voudra  donc  bien  référer  au  volume  déjà  publié,  en  s'en 
servant  comme  d'annexé  à  cdiii-ci,  et  suivre  le  tableau  généalogicpiu  C,  à 
raji]iiiiilice-ci,  atin  de  mieux  saisir  les  détails  additi<jnnels  qui  vont  suivi'e. 


* 
*   # 


Jo.^^eph-Franf/ois  Perrault,  dont  les  ancêtres  sont  énumérés  dans  sa  Vie 
ainsi  publiée,  a  continué  sa  lignée  par  son  mariage,  le  7  janvier  17S3,  avec 
Ursule-Catherine  McCarthy  comme  suit: 

Jos('p]i-Fran(,'ois- Xavier,  né  à  Montréal,  10  février  17S4,  capitaine  dans 
les  Voltigeurs  Cana(Uens,  1812-181Ô;  comme  tel  était  à  la  bataille  de  Chàteau- 
giiay  :  colond  du  régiment  d'Artillerie  d(^  Qiiéliec  et  «les  Voltigeurs  Canadiens  ; 
gritiicr  de  la  Paix  : — marié,  ô  janvit;r  182.S,  à  DrnKjiselle  .\buie-10sther  Lussior, 
tillt!  <le  Pdul,  écuier,  seigneur  de  Vartnnes,  et  de  Dame.  Appoline  Huet  du 
I^udr  (I),  née  0  janvier  1N()4,  décédi'e  et  inhnmi'e  à  Qn^'lne,  dans  la  cathédrale 

'  (I)  Cotte  Dame,  thi  Lnde  se  réclaiimit  do  son  nom  ot  de  ooliii  c|o  ('iirignan.  Dans 
In  siii>on  (Ion  iiluioH  lo.s  chomins  dovioinioiit  tollomeiit  (léfi)iic('.-i  diins  N'arennoa,  ((ue  l'on 
ost  nliligc  (le  veooin'irà  la  chiiretto  à  loin,  dont  on  .so  .sort,  eu  ce  eus,  pour  se  rendre  à 
l'égliso  lo  dimanche. 

^riidiiiiio  Lussifir  ne  voulait  jinnais  ooiisentir  à  so  soi'vir  do  li  ..liiiretio.  •'  Une 
Cariiinan  ne  va  pas  en  clairette,"  disuit-ello  à  son  mari.  Kt  oUo  uoannandiiit  la  voiture  de 
famille. 


—  182  — 

chapelle  Sainte-Anne.  Le  colonel  est  mort  le  2G  ilécembre  1854  et  a  été  inhumé 
à  côté  (le  son  épouse. 

Il  habitait  la  mai.son  coin  des  rues  Mont-Canniil  et  des  Carrières,  donnant 
sur  le  jardin  ilu  Fort  et  .sur  le  fleuve.  C'est  un  des  plus  beaux  .--ite.s  de  la  ville 
de  Québec  Après  sa  mort  elle  fut  vendue  .sur  lic'itation  entre  .'<es  héiitiers. 
Elle  est  maintenant  occupée  par  son  propriétaire  actuel,  M.  Louis.  Ma  lemmo, 
ses  sœurs  et  son  frère  y  sont  nés  et  ont  été  élevés  dans  cette  maison. 

Le  colonel  Perrault  a  continué  après  181. j  à  commander  "  Les  Voltigeurs 
Canadievs"  et  c'était  lui  qui  entretenait  l'U  «grande  partie  leur  corps  de  umsi(iuc. 

Un  fait,  qui  se  rattache  à  son  goût  pour  la  vie  militaire,  mérite  d  être 
mentionné  :  c'est  qu'il  avait  recueilli  et  conservé  en  sa  possession  le  drapeau  de 
Carillon.  Il  en  fit  présent  à  feu  Monsieur  L.  de  Gonzague  Baillairgé.  avocat,  do 
Québec,  afin  qu'il  fut  conservé  en  mains  sûres,  et  fut  porté  dans  les  démon- 
strations nationales  des  descendants  des  Français  qui  l'ont  noblement  défendu. 

Le  colonel  avait  aussi  une  autre  relique  il'.;  l'ancien  régime.  C'était  un 
fusil  monté  en  argent,  d'un  beau  traviiil  en  tiligiaue  et  ayant  appartenu  à 
Montcahn.     Je  ne  sais  ce  qui  en  est  advenu. 

Le  col.  Perrault  était  bon  musicien,  connaissait  et  chantait  une  foule  de 
chansons  de  l'ancien  temps. 

Le  père  Daulé  avait  entrepris  de  composer  un  recueil  do  cantiques  pour 
les  offices  religieux.  Or  il  était  loin  d'avoir  l'oreille  musicale  et  encore  plus 
loin  de  posséder  le  feu  sacré  du  poète.  Dans  cette  double  indigence  il  songea  à 
utiliser  le  savoir  faire  du  Col  Perrault  qui  se  prêta,  avec  plus  ou  moins  do 
sérieux,  à  l'-iider,  en  lui  fournissant  des  chansons  que  le  père  Daulé  travestissait 
en  cantiques,  et  leur  donnant  l'air  (|u'il  convenait  d'adopter. 

Parmi  ces  canticjues,  heureusement  tombés  en  désuétude,  il  s'en  trouve  où 
l'amour  humain  se  trahit  au  détriment  de  l'amour  divin,  tel  que  celui-ci,  par 
exemple,  qu'on  chante  encore  : 

"  Allez  ô  mon  bon  ange  1 

"  Dire  à,  mon  bien  aiaié 

"  Que  ma  peine  est  étrange 

"  Depuis  qu'il  m'a  charmé." 
Ou  cet  autre  : 

"  Vos  charmants  attraits 

■"  Comblent  mes  .KOuhaits, 

"  Tout  en  vous,  tout  me  plaît, 

"  Tout  m'enchante." 

Le  Col.  Perrault,  était  gai,  conii(|ue,  spirituel,  un  peu  original  ;  bon 
viveur  dans  son  temps,  et  grand  ami  de  M.  de  Gaspé,  l'auteur  des  "  Anciena 
Canadiens."  Il  chantait  toutes  les  "  dmnsons  du  Pont  Neuf"  à  mesure 
qu'elles  se  présentaient  à  sa  mémoire  et  tenait  ses  convives  à  pouffer  de  rire 
par  sa  manière  fine,  comique,  un  peu  délurée,  de  les  rendre. 

Du  mariage  Perrault- Lussier  sont  nés  les  enfants  suivants  : 


—  183  — 

a.  Appoline-^s^Aer,  b.  3  févrior  1(S29,  mariée  lo  23  septemlire  18)0, 
à  Louis-Huet  Massile,  sei<;ii(!ur  <le  la  Trinité  et  autres  liou\  ;  député  de 
Richelieu  nu  Parlemoiit  du  ('auiuiii,  ttc,  décédé  le  13  juin  1891  ;  un  parfait 
gontillionimo  ;  bon  époux,  bon  pèro,  (t  lo  ineilleui' dos  fils  pour  son  vieux  pèro. 
Il  a  laissé  trois  fils  et  cinc)  Hlles,  dont  deux  mariées;  l'une,  Marie,  à  M.  lo 
notaire  Simard,  et  l'autre,  Aiméi",  à  M.  Belleau,  son  cousin,  pi'tit-fils  d  Olynipo 
Perrault,  le(|uel  vient  de  mourir  à  Montréal,  au  moment  où  je  co-rigu  I  épie.i\  e 
de  ce  passage. 

b.  Josfj)hi(!-\Jrsu\o,  h.  19  mars  1830,  mariée  lo  23  septembre  1850,  à 
Jean-Antoine  Panet,  petit-tils  du  président  Panet,  et  eoronor  du  district  de 
Québec;  veuve  en  mai  18G0,  sans  enfants;  ensuite  entrée  en  religion,  -iOMir- 
grise  de  la  Charité  dite  Sainte  Monifjue;  décé  lée  à  Québec,  en  oleur  de 
sainteté,  le  1  février  1884,  et  inhumée  au  couvenl  des  Steiirs,  à  Québ'c. 

c.  Charlotte-il/«<i?<^',  b.  28  décembre  1831,  mariée  2  aoitt  IHH.  à  moi, 
Pliilippe-Bâby  Casgrain,  b.  30  déc  182()  ;  avocit-cons'iil  do  la  Rjino,  liéputé  du 
c<'n.té  de  l'Islet  aux  Coninuines  du  Canada  à  cinq  parlements  cotisécutifs,  de- 
pui'^  août  1872  à  janvier  181)1  ;  Greffier  de  la  Cour  Supérieure  en  révision  et 
de  la  Cour  de  Circuit  du  ilistrict  de  Québec. 

Ma  lignée  appert  à  l'arbre  généalogicpie,  appendice  A. 

d.  Reine-^o,si)îfi-Louise,  b.  25  août  1834  et  morte  enfant. 

e.  Joxcpli-Xavic.r,  b.  28  mai  t83G,  élève  de  l'école  d'agriculture  de 
Grignon,  France,  et  de  celle  de  Cirencester,  Angleterre;  ancien-député  <!e 
Richelieu;  chevalier  de  la  Légion  d'Honneur;  officier  de  l'Instruction  publique 
et  du  Mérite  ugricole,  de  France  ;  a  épousé,  IG  janvier  1868,  demoiselle  Ca- 
therine-Flore Couillard  de  l'Epinay;  lesquels  n'ont  eu  qu'une  fille,  Cfitherine- 
Marguerite,  née  28  nov.  18GG  ;  mariée  2()  janvier  1887  à  Wilfri  l-Joseph  Masson, 
lequel  est  décédé  en  sept.  1896,  à  Montréal,  sans   laisser  d'enfants. 

Jos.-X.  Perrault  vient  d'être  nommé,  par  le  gouvernement  du  Canada, 
Commissaire  à  l'Exposition  de  Paris  pour  1900. 

f.  FitioWa-Philomèno,  b.  29  juin  1838,  morte  en  bas  âge. 

•  * 

2.  "Marie- Ursule  Perrault,  née  4  août  1785,  épouse  du  Dr.  John  Bucha- 
nnn,  mariée  14  février  1809,  à  l'église  anglicane,  à  Québec,  et  morte  de  pul- 
tnonie  la  même  année,  26  déc.  1809. 

Le  Dr.  Buchanan  était  chirurgien  de  l'état-major  de  la  garnison  à  Québec, 
pratiquait  en  même  temps  en  ville,  et  demeurait  ancienne  rue  du  Parloir,  dans 
une  mais'  n  à  lui  appartenant,  dont  l'emplacement  forme  la  partie  nord-ouest 
de  l'archevêché.  Ce  même  Dr.  Buchanan  est  porté  pour  soins  médicaux  donnes 
à  Jacques-Nicola.s-Perrault,  seigneur  do  la  Bouteil'erie,  à  l'inventaire  de  sa 
succession  (1812),  pour  la  somme  de  £42.17  2.  Le  Dr.  Buchanan  tomba  malnde 
et  fut  interdit  pour  démence  le  29    avril   1815.     Le  protonotaire,  Mr.    Per- 


—  184  — 

rnult,  8on  benu-pèie,  fut  nommé  son  euratour.  Après  les  formalités  reiiuises, 
la  maison  fut  vendue  pour  le  prix  de  £:î,500  à  John  Wliite,  le  9  mai  1815. 
(Têtu,  N.  P.)  Peu  de  jours  après  le  Dr.  Buchauan  fut  trouvé  mort,  baignant 
dans  son  f-aiig,  dans  .sa  chambre  à  l'Asyle-Ciiunipêtro.  Il  s'était  coupé  le  col 
avec  un  razoir  dans  une  crise  de  sa  démence. 

Feu  Madame  Eugène  Taché  et  ma  femme  racontaient  combien,  elles  et 
les  autres  enfants,  avaient  peur  d'entrer  dans  cette  chambre,  croyant  toujours  y 
voir  des  traces  de  .sang  sur  le  plancher. 

D'un  premier  mariage  avec  Lucy  Richardson,  en  Angleterre,  le  Dr. 
Buchanan  avait  eu  deux  Hls  et  une  tîlle  nommée  Jane,  laciuello  fut  élevée  chez 
le  grand-père  Perrault  connue  ses  autres  petits-enfants.  Celle-ci  épousa,  3  nov. 
1820,  William  Hall,  capitaine  du  steamer  "  Québec"  demeura  à  Sorel,  puis  à 
Montréal.  En  1852,  sa  fille,  Georgiana,  vint  rendre  visite  à  Québec  à  la  famille 
du  col.  Perrault  et  particulièrement  à  "  la  Cousine."  Depuis  on  les  a  perdues 
de  vue.  Jane  est  morte  à  Hamilton,  Ontario,  le  30  mars  1872,  laissant  2  filles, 
Agnès,  dame  Clarkc,  et  Georgiana,  dame  Daniel  Busteed. 

Un  des  fils,  Alexandre,  fut  admis  uu  barreau  et  pratiqua  à  Montréal 
avec  succès,  et  son  fils  devint  juge  de  la  Cour  Supérieure  à  Bedford  en  1881. 

» 
«  « 

3.  Thérèse  Perrault,  née  10  mai  1788.  et  décédée  à  Québec,  13  oct.  18-16, 
épousa  23  janvit  r  18]  fi,  Louis- Albert  Bender,  médecin  et  chirurgien,  né  le 
9  sept.  I78S,  déiédé  en  oct.  1849  :  fils  de  .Marie-Marguerite  lienolf,  épouse  du 
Dr.  Frs.-X.  Bendor,  née  12  février  1700,  mariée  4  avril  178),  et  inhumée  28  mai 
1796. 

Beniurquons,  en  passant,  un  autre  lien  de  parenté  avec  les  Bâby, 
remontant  à  Maiic-Thérèse  liâby,  dont  Marie-Marguerite  Benoit  était  lide. 
C'est  ainsi  que  les  Bendei-  sont  parents  îles  Bàby  et  des  Perrault,  tant  par  C'tte 
dernière  que  par  leur  autre  bisaïeule,  Marie-Joseph  Bàby,  t'pouse  de  Louis 
Perrault,  leur  ancêtre  coniîuune. 

Suivant  une  note  éciite  de  la  main  du  Dr.  Benoit,  le  jour  de  la  uiissanee 
de  .sa  fille,  Marie-Marguerite,  il  est  dit  i\nelle  ed  née  coijf't'C.  D'où  vient  ((u'on 
attache  un  lu  urdix  jueMigc  a  une  chose  (|ui  est  naturelle,  (pioiiiue  non  fri'(|ueMtc'  ? 
Ce  pré.'snge  ccpemant  ni'  paraît  pas  avoir  porté  bonheur  plus  (jue  d'oidin  lire  à 
l'enfant,  du  moins  ([unnt  h  la  longévité,  car  on  vient  do  voir  (ju'elle  mourut  lo 
27  mai  1 796,  âgée  seuh'ment  de  40  ans.  Elle  fut  inhumée  le  leiidenniiii  dans 
In  chapelle  St-B<'Cli,  de  Saint-Sulpice,  à  Montréal.  Son  mari  lui  survécut 
jusiju'au  14  juillet  J8ô0  et  mourut  là  à  luge  de  81  ans. 

Du  mariage  du  Dr.  Bender  et  de  Thérèse  Perrault,  naquirent  : 
a.   Albert,  b.  25  fév.  1817,  avocat,  protortotairo  à  Montmagny,  marié,  10 
sept.  18-1-4-,  k  Mai  ir-Snphif-Muthilde  Taché,  fille  de  Sir  Eticnne-Pasehal   Taehé, 
née  20  juin  11)21,  et  déuédée  20  février  1879  ;  d'uîi  sont  issus  et  vivants  :  Albert, 


—  185  — 

Eugène  et  Mûrie,  épouse  de  M.  P.-A.  Choquette,  avocat,  de  Montmagny,  député 
aux  Communes  du  Canada,  et  maintenant  juge  de  la  Cour  Supérieure  à 
Arthabtiska. 

M.  Albert  Bender,  père,  a  un  fac  aimile  de  la  commission  de  chirurgien- 
major  son  nïcul,  Bfn(nt,  signée  de  la  main  de  Louis  XIV,  à  Marly,  le  24  août 
1709,  sur  piirclit'Uiiii,  dont  l'original  était  en  la  possession  de  feu  M  le  Chevalier 
Muir,  aussi  descendant  des  Benoît. 

b.  Louis-Prusper  Bender,  h.  3  oct.  1820,  s  5  cet.  1872,  marié  nov.  1811, 
à  Dame  M.-A.-Jnne  McMillan,  b.  1  mais  1826,  dont  sont  issus: 

1.  M. -A  -Jane b.  20  nov.  184i;,  Dame.  Ve.  Jules  Taché. 

2.  Louis-Prosper b.  30  juil.  1844,  m.  12  oct.  1868. 

3.  Eléonore b.  30  juin  1846,  s.  18  déc.  1854. 

4.  Albert b.  20  fév.  1848. 

5.  Henry b.  20     "  1849. 

6.  Aurèle b.  29  sept.  1851,  s.  10  wt.  1866. 

7.  Sophie-ïhéri^-c b.  24  août  1854,  s.  4  juil.  1877,  Dme.  Pacaud. 

8.  Eléonore-Eugénie b.    4  fév.  1856,  s.  i&  fév.  1856. 

9.  Alfred-H.-Frédéric b.    3  janv.  1857,  m.  27  août  1895. 

10.  Eugène-Ed.-Nupoléon. . .  b.    3  oct.     1858. 

11.  Philippe-Ernest-Cnsgrain.b.  30  oct.     1860. 

12.  Jules-Aithur-AlcMilian.  .  b.  20  avril  1862,  s.  26  juil.  1862. 

13.  Mary -Thérèse b.    5  mars  1864,  s.  23  fév.  1865. 

c.  Eleotiore,  née  1822,  mariée  à  M.  Eugène  Taché,  assistant-commissaire 
des  Terres  de  la  Couronne,  Hls  de  Sir  Etienne-P.  Taché,  et  décédée  à  Québec  le 
15  mai  1878,  sans  postérité. 

d.  Thérède,  morte  fille,  à  Montmagny. 

Nov.s  devons  lenmrquer  encore  une  fois  le  renouvellement  du  lieu  de 
parenté  des  Perrault-Bender  et  des  Bàby. 

Dans  cette  lignée  lo  major  Franr;ois-Xavier  Bender,  d'mt  nous  avons  vu 
le  mariage  avec  Marie-Marguerite  Benoît  en  avril  1780,  et  son  fils  Louis-Albert, 
par  son  mariage  avec  Thérèse  Perrault,  sont  la  souche  de  tous  les  Bender  dans 
lés  districts  de  Québec  et  Montmagny. 

*  • 

4.  JoanBiiptiste-/îic/u(»'ci  Perrault,  b.  2  sept  1789,  mort  en  bas  âge. 

5.  ^iliuAti-Ekionore  Perrault,  née  8  décembre  1791,  épousa  en  première 
noces  (25  août  1816)  Jacques  Lemoiue  de  Martigny,  d'où  sont  issus  : 


—  186  — 

a.  Eléonore,  épouse  du  Dr.  Benjamin  Globenski. 

b.  Jacques,  époux  de  Dlle.  Rodier. 

c.  Dr.  Charles,  époux  de  Dlle.  Laviolettc. 

d.  Adhélard,  marié,  1°  à  Marie-Louise  Perrault,  sa  cousine. 

2°  à  Délie.  Globenski. 

3"  à  D.lle.  Malvina  de  Montigny. 
6.  Hugues. 

f.  Marie-Louise,  épouse  du  Dr.  Adelstan  do  Martigny, 

En  secondes  noces,  Dame  Ve.  de  Martigny  épousa  M.  Aimé  Massile,  de 
Varennes,  seigneur  de  la  Trinité,  etc.,  et  décéda  là,  le  9  décembre  185S,  sans 
issue  de  ce  mariage.  M.  Aimé  Massue  était  le  père  de  Louis  Massile,  époux 
d'Esther  Perrault,  ci-dessus  mentionnée. 

» 

6.  C/i«?'?t'8-Norbert  Perrault,  né  le  7  avril  1793,  baptisé  à  Saint-Lau- 
rent de  Montréal,  dont  le  curé,  Clis-Frs.  Perrault,  son  cousin,  fut  son  parrain, 
reçu  médecin  et  chirurgien,  fut  admis  membre  (1819)  de  la  Société  Royale 
et  Médicale  d'Edimbourg  ;  marié  à  Ch  irlotte  Desbarats  ;  mort  du  choléra,  à 
Québec,  le  16  juin  1832. 

Il  laissa  trois  filles  orphelines  qui  furent  élevées  chez  leur  grand-père 
Jos.-Frs.  Perrault.  Elles  .sont  toutes  trois  décédées  ;  la  dernière  survivante 
était  Dame  Veuve  Charlotte  de  Martigny,  qui  est  morte  à  Varennes,  en  sep- 
tendtre  189().  Jacqueline,  sa  .sœur,  est  morte  fille,  et  Louise,  une  autre  .sœur, 
était  la  première  fenune  de  M.  Adhélard  de  Martigny,  banquier,  de  Montréal. 

«  « 

7.  Ursule-Charlotte  Perriult,  b.  7  mars  1791,  morte  en  bas  âge. 

8.  AnftéWqne-Olympe  Perrault,  née  14  juillet  1795,  mariée,  en  premières 
noces  en  181  s,  à  Frédéric-ttodlif  Oliva,  fils  du  Dr.  Oliva,  major  des  troupes,  de 
St-Thoinas,  veuve,  1819,  et  mariée  en  secondes  noces,  à  feu  M.  François  Fortinr, 
médecin,  de  St-Michel  de  Bcdlechasse,  et  décédée  là,  28  mars  18t5.  Elle  laissa 
trois  filles  :  Olympe,  devenue  Dame  Vve.  Dr.  Belleau  ;  Hermine,  épouse  et  veuve 
d'Achille  Portier,  décédé  nov.  1898,  et  Caroline,  fille. 

•% 

9.  François  Perrault,  né 1797,  décédé  7  avril  1798. 

10.  Louis-Richard  Perrault,  né  10  avril  1800,  mort  enfant. 


—  1S7 


Suivant  le  dire  1I3  Dame  Charlotte  fie  Martigny,  (1)  il  y  aurait  eu  deux 
filles  de  plus,  dont  les  noms  étaient  Horten  e  et  Amélie,  lesquelles  auraient 
atteint  l'adolescence.  Je  n'ai  pas  trouvé  leurs  actes  de  naissance,  ni  de  sépulture  ; 
ce  qui  n'est  pas  important  vu  Ijurs  décès  en  bas  âjje. 

• 
•  « 

A  la  suite  de  cette  esquisse  généalogique  des  premiers  Perrault  jusqu'à 
ma  femme.  Je  crois  devoir  signaler  de  nouveau,  malgré  les  redites,  1 1  formation 
des  liens  de  parenté  primitive  i|ui  unissent  les  trois  familles  dont  j'ai  tracé  la 
descendance. 

En  mettant  en  regard  cette  ilernière  lignée,  à  l'appendice  C,  avec  celKs 
des  Casgrain,  A,  et  celle  des  Bonenfant,  E,  au  même  appen  lice,  on  voit  qu'elles 
se  rejoignent  en  remontant  en  ligne  maternelle  à  Riymond  Page  fie  Carey. 
Susanne,  petite-fille  de  ce  Raymond,  se  trouve  être  aïeule  Miaternelle  îles  Pîàly- 
Perrault,  issus  du  mariage  de  Louis  en  1750  ;  et  Mûrie  Côté,  arrière-petite-.ille 
du  même  Raymond,  est  aïeule-maternelle  des  Casgrain  actuels. 

De  plus,  en  parcourant  l'arbre  généalogi((ue  des  Bàby,  appendice  B,  on  y 
rencontre,  ecjmme  je  l'ai  déjà  observé,  une  autre  parenté  avec  les  Perrault,  n''- 
sultant,  chez  ceux-ci,  d'une  double  infusion  du  sang  Bàby  par  les  femmes,  savoir, 
par  Marie-Thérèse  et  Marie-Joseph  Bàby,  laquelle  infusion  s'est  réunie  et  con- 
fondue dans  les  enfants  de  Josepli-Frs.  Perrault. 

C'est  de  là  (lue  découle  ma  parenté  avec  ma  femme,  du  chef  d'Elizabeth- 
Anne  Bàby,  ma  mère. 

«  « 

Frnnvoise  Charlotte  Perrault,  fille  de  Jacques,  l'aînée,  b.  29  juin  17)1, 
fut  mariée,  à  Québec,  à  Charles  Voyer,  notaire,  et  mourut  le  11  mai  1815.  Leuis 
enfants  fiire  1    : 

(a)  Reine  Voyer,  dite  "  Tante-Reine,"  morte  fille  et  âgée. 

(b)  Catherine,  devenue   l'épou.se   de    Edward    Burroughs,   protonotaie 

conjoint  de  M.  Perrault,  en  182-t. 

(c)  Charlotte  Voyer,  épouse  de  Jean-Charles  Frémont,  père  du  T)'-. 
Charlcs-Jac(|ues  Frémont.  Celui-ci,  né  le  17  oct.  1806,  épousa  Cécile  Paui'i, 
fille  du  juge  Pliilippe  Panet  et  de  Luce  Casgrain,  sœur  de  mon  père. 

On  retrouve  donc  encore  ici  une  alliance  additionnelle  entre  les  desc  n- 
dants  Perrault  et  Casgrain. 

Puisque  notre  alliance  avec  la  famille  Panet  et  que  le  nom  du  juiro 
Panet  surviennent  encore  ici,  c'est  l'occasion  de  rappeler  l'éloge  funèbre  cpii  lui 

(I)  Ci-desrus  mentionnée,  qui  était  h  uiéme  de  le  savoir,  comme  enfant  élevée  i\  la 
maison. 


—  188  — 

a  été  décerné  par  la  Cour  d'Appel  et  le  Barreau.  Voici  on  quels  termes  le  juge 
en  chef  do  la  Cour  d'Appel,  Sir  L.-H.  Lafonia-ne,  annonça  à  l'audience,  la  mort 
de  son  collègue  : 

"  Nous  venons  d'apprendre  avec  «ne  l)ien  vive  douleur  la  mort  de  l'un 
des  membres  de  cette  Cour,  riionorablo  rhilii)pe  Panet,  et  nous  sommes  per- 
suadés que  le  barreau  partagera  nos  regrets  en  cette  occasion.  Nous  ne  croyons 
pouvoir  mieux  exprimer  ici  nos  sentiments  et  notie  respect  pour  la  mémoire 
de  notre  honorable  collègue,  qu'en  ajournant  immédiatement  l'audience.  Dans 
le  juge  Pu  net,  les  membres  du  barreau  perdent  un  de  leurs  plus  estimables 
confrères  ;  le  banc,  un  de  ses  membres  les  plus  di.stingués;  le  pub'ic,  un  de  ses 
meilleurs  et  plus  utiles  citoyens.  Dans  la  vie  privée  le  juge  Panet  se  faisait 
remarquer  par  toutes  les  qualités  momies,  et,  la  société,  privée  désormais  des 
services  (|u'elle  était  habituée  à  en  recevoir,  sapercevra  bientôt  pleinement  de 
la  perte  qu'elle  vient  d'essuyer." 

Le  chef  de  la  famille  Frémont  dont  il  s'agit,  est  Jean-Louis  Frémont, 
lils  de  Charles  Frémont  et  de  Geneviève  Vilet,  de  St.  Germaiu-en-Laye,  de 
Paris.  Il  servait  dans  l'armée  et  comme  tel  pa.ssa  à  Québec,  où  il  s'établit  en- 
suite comme  marchand  à  la  basse-ville,  au  détour  nord  de  la  rue  du  Cul-de- 
Sac,  Sa  mai.son  et  hangar  donnaient  sur  leport,  et,  à  marée  haute,  les  vaissaux 
y  accostaient.  Moi  même  j'j-  ai  vu  les  beauprés  des  navires  projetant  jusqu'au 
dessus  de  la  rue.  Tout  ce  littoral  est  maintenant  comblé  et  forme  le  marché 
Champlain. 

Jcnn-Lonifi  Frémont,  .son  fils,  veuf  et  sans  enfants,  épou.sa  en  secondes 
noces,  le  17  mai  17C4,  à  Québec,  Catherine,  tille  de  Pierre  Boucher  de  Boucher- 
ville,  sœur  de  Madame  Jacques  Perrault,  l'aîné.  Il  perdit  la  vie,  a,ssa.ssiné  à 
Paris,  l'ai)  V,  dix-neuf  ventôse  (9  mars  1797). 

Do  son  mariage  .sont  nés  entre  autres: 

houis-Rcvé,  ]e  S  décembre  17G8,  devenu  le  chef  de  la  famille  du  nom 
aux  Etats-Unis. 

Louis-i?c«ff,  était  le  (juatrième  iils.  Il  laissa  le  Canada  au  conunence- 
nicnt  du  siècle  pour  s'établir  dans  la  Virginie.  Il  épeasa  là,  en  1810,  Anne 
Beverly  Whiting  ;  et  mourut  en  1818,  laissant,  issus  de  .son  mariage  quatre 
enfants. 

Un  seul  Johii-C/iiirles,  né  à  Savannah,  le  21  janvier  1813,  survécut  aux 
autres  et  devint  le  fameux  général  Frémont,  qui  Ht  lacomiuètode  la  Californie, 
et  fut  deux  fois  candidat  à  la  présidence  des  Ktats-Unis, 

Il  épousa  à  Washington,  en  1841,  Jessie  Benton,  .sœur  de  Madame  la 
baronne  Cauldrée  Boileau,  dont  le  mari  a  été  longtemps  consul  général  de 
France  à  Québec.     Le  général  Frémont  e^t  mort  il  y  a  une  dizaine  d'années. 

Un  de  ses  fils  John-Churles  Frémont,  né  28  décembre  1853,  est  lieute- 
nant de  marine  et  a  servi  dans  l'escadre  de  l'amiral  Sampson  pendant  laréonte 
guerre  hispanu-américaiuc. 


—  189  — 

Un  autre  Hl.«,  Francis- Pridon  Frôiuont  est  un  officier  d'artillerie,  dis- 
iinjTué  connue  inventeur  (i'un  canon  perfectionné, 

« 
•  * 

Charlcs-Pierrp,  le  sixième  fils  de  Jeiiu-Louis  Fréiuont,  né  le  17  sep- 
tembre 1771,  fut  néfi;ociiint  à  Quéliec,  au  Cul-de-Suc  ;  comme  son  père.  Il  est  le 
continuateur  de  la  lif,'ii.''e  ou  Ciiuiida.  Il  épousa,  com;ne  ou  vient  de  le  voir, 
Charlotte  Voyer,  Hlle  de  Ch  irlotti  Perrault,  cousine  germaine  du  gran  1-père 
Perrault. 

De  ce  nuuidge  est  né,  entre  autres,  Ch(irliis-3iiC(\na^  Frémont,  la 
17  octobre  l.S()(î,  méilccin  et  cliii'nriLri"M.  l'un  des  fondateurs  de  l'Ecole  de  Méde- 
cine de  Québec,  «le  l'Université  Lival  et  dt;  l'Asile  <les  Aliénés  de  Beauport  ; 
marié,  le  8  janvier  184.5,  à  Cécile,  susnommée,  tille  «le  1  honorable  Juge  Philippe 
Panet  et  de  dame  Luce  Ca-<grain,  comme  déjà  dit. 

Le  Dr.  Frémont  était  doyen  de  la  faculté  médicale  de  l'Université  Laval, 
habile  chiriwgien,  ciiurmaiit  causeur  et  sporttininn  émérito  ;  brave  liomme,  et, 
qui  mieu.K  est,  bon  chrétie:i  A3'ant  été  délégué  par  ses  concitoyens  de  Québec 
pour  présentei  une  adresse  à  H,  i  Sainteté  Pie  IX,  !e  Saint  Père  l'honora  du  titre 
de  Chevalier  de  l'ordie  de  St-Grégoire-le-Urnnd.  Le  chevalier  commandeur 
Frémont  mourut  en  mer  le  20  décemlire  lSi)2,  au  retour  d'un  autre  voyage  en 
Europe,  entrepris  pour  sa  santé. 

Mme.  Cécile  B^'émont  est  décédée  à  Québec,  le  8  septembre  1895, — 
après  une  vie  remplie  de  bonnes  (iMivres  el  d'abondantes  charités. 

Leur  seul  fils  survivant,  ïié  le  20  déc.  1855,  est  Joseph-Jules-Taschereau 
Frémont,  avocat,  professeur  à  l'Univerté  Laval  ;  maire  de  Québec  de  1890 
à  1 894;  député  au.x  Comn\unes  du  Canada,  aux  élections  générales  de  1891  ; 
et  marié,  1er  juin  1881,  à  Demoiselle  Mario-Alice  Beaubieu,  tille  de  feu  l'hono- 
rable Joseph-Octave  Heaubien,  ancien  ministre  des  Terres  de  la  Couronne,  à 
Québec,  et  de  Dame  Aglaé  Ch^nest. 

Les  époux  Frémont  ont  cinq  enfants  vivants  de  leur  mariage. 

Les  B'' rémont  portent:  D'azur  à  (hur  tfitrs  de  léopard  or, -i  d'  1,  tel 
que  ces  armes  sont  indicpiées  dans  "  L'art  fiêraldif]nc"  et  qu'on  peut  les  voir 
dans  cet  ouvrage  à  la  bibliothèque  de  la  Société  Littéraire  et  Historique  de 
Québec.  Le  Dr.  Charles  Frémont  les  [ortuient  ainsi  sur  une  bague,  laquelle 
lui  servait  de  cachet.     Elle  provenait,  m'a-t-il  dit,  de  .son  père. 

Dans  la  liste  de  l'état  major  des  troupes  détachées  de  la  Marine,  (Ar- 
chives Canadieinics,  188(),  p.  clxxiii)  on  rencontre  le  nom  de  Frcdmoiit,  capi- 
taine de  la  1ère  compagnie  d'artillerie  ;  et  parmi  les  officiers  civils  celui  de 
Frémont  de  Salvailles,  capitaine  des  postes,  emploj'é  à  Montréal. 

Dans  la  liste  de  l'état  général  de  la  noblesse  de  17(57  se  trouve  aussi  le 
même  nom  de  Frémont,  capitaine  envoyé  à  la  Martinique  ?  Serait-ce  le  même  î 


—  190  — 

En  lisant  le  rapport  de  Ramesay  sur  la  cipitulation  de  Québoc,  on  volt 
le  nom  de  Fiedinont  («uivant  Daniel)  ou  Piedinont.  {suivant  Garneau,  qui  mo 
semble  être  celui  de  Frémont.  Car,  dans  la  liste  complète  des  officiers  pris, 
blessés  ou  tués,  dans  celle  de  l'état-major  et  des  officiers  civils,  ou  réformés,  je 
ne  découvre  pas  tel  nom.  Je  pense  que  ce  capitaine,  qui  seul  opina  coitre  la 
capitulation  sur  les  14  officiers  du  conseil  de  guerre,  était  Fréraont.  Ce  qui  reste 
à  vérifier  sur  l'original  à  Paris. 

Cartier,  dans  son  second  voyage  en  1535,  commandait  en  personne  "  La 
Grande  Hermine  "  et  avait  pour  commandant  en  second  Thomas  Founnoiit, 
nom  écrit,  vraisemblablement,  comme  les  matelots  le  prononçaient  en  langue 
vulgaire.  Dans  le  rapport  de  la  nouvelle  de  la  mort  de  celui-ci.  décé  lé  durant 
le  3ème  voyage,  il  est  nommé  Thomas  Froment  dit  la  Bouille.  Je  suis  porté  à 
croire,  par  la  prononciation  de  ce  nom,  qu'il  n'est  autre  que  celui  de  Frémont 
d'aujourd'hui,  et  que  l'étymologie  f^anxit  fri(ji(lw9  monn,  fredraout,  (\m  serait  la 
véritabk  épellation,  tel  que  l'écrivait  le  capitaine  Fredmond,  l'officier  d'artil- 
lerie, de  1759,  et  qu'on  a  mal  lu,  Daniel  entre  autres,  la  signature  Jacm  de 
Piedviont.  D'ailleurs  Jacan  est  un  nom  propre  inconnu  jusqu'à  présent  dans 
notre  langue,  et  suivant  moi  on  devrait  lire  Jacques.  Quant  au  de  nous  avons 
vu  ci-devant  Laurens  de  Frémont. 

Le  premier  Frémont,  mentionné  ensuite  comme  arrivé  au  pays,  accom- 
pagnait Mr.  Dollier,  et  MM.  le  Cavelier  et  Perrot,  vers  1G()G.  J'ignore  s'il 
appartenait  à  la  même  famille  (jue  celle  existant  aujourd'hui. 


CHAPITRE  II 

AUTRES  ALLIANCES  AVEC  LES  PERllAULT. 

Il  ne  reste  plus  qu'à  faire  quelques  additions  aux  notices  sur  la  famille 
Perrault,  et  énumérer  d'autres  alliances  qui  ont  établi  d'autres  parentés  entre 
cette  famille  et  colle  des  Casgrain,  comme  aussi  d'autres  alliances  avec  des 
familles  marquantes  du  pays. 

Je  mentionnerai  ei  premier  lieu  une  branche  Perrault,  qui  remonte  à 
Jacques,  frère  aîné  de  François,  notre  aïeul.  Il  naquit  en  France,  en  1697,  fut 
maître-chirurgien  comme  son  père,  et  s'établit  à  LaChenaie  ;  se  maria  le  10 
janvier  1724  et  mourut  le  20  avril  1754,  ayant  fai*^  souche  là.  Il  signait  (1730) 
Péreavb.  La  distance  et  le  temps  écoulé  depuis  deux  siècles  on  fait  oublier 
cette  parenté. 

«  • 

Demoiselle  Reine  Perrault,  celle  que  j'ai  mentionnée  dans  "  La  vie  de 
Joseph-Fi-ançois  Perrault,"  et  connue  sous  le  nom  de  "  La  Coasine,"  a  vécu 
un  an  sous  mon  toit  après  le  décès  du  Col.  Perrault,  chez  qui  elle  s'était  retirée. 
Ce  fut  après  mon  mariage,  en  1854,  que  ma  femme  lui  offrit  de  venir  demeurer 


~  191  — 

avec  nous.  Elle  ■'.v'ait  reçu  une  bonne  éducation,  ayant  été  élevée  aux  TJi'su- 
lines  de  Québec,  où  son  oncle,  le  chanoine,  payait  sa  pension.  Suis  être  riche, 
celui-ci  avait  (|ui!(iues  revenus  et  il  avait  pu  même  ac((uérir  la  seigneurie  do  la 
Giosse-Isle.     Il  employait  son  surplus  en  bonnes  œuvres.   (1) 

La  Cou,siiie  est  morte  en  1856,  très  âgée,  mais  ayant  toujours  conservé 
son  bon  jugement. 

(J'était  plutôt  une  têie  d'homme,  si  on  en  juge  par  ses  goûts  et  ses  apti- 
tudes. Au  lieu  de  coudre,  elle  faisait  des  écritures  et  se  livrait  aux  occupa- 
tions du  dehor.s.  Ella  était  douée  d'un  sens  commun  rare,  et  d'une  tournure 
d'esprit  fine,  narquoise  en  apparence,  mais  sans  malice  et  vraiement  bonne  au 
fond. 

Cotte  demoiselle  réclamait  une  parenté  avec  l'impératrice  Joséphine 
Tascher  de  la  Pagerie.  On  aurait  pu  croire,  tant  elle  y  tenait,  que  c'était  sa 
marotte.  Point  du  tout.  Je  suis  porté  à  dire  qu'elle  possédait  des  renseigne- 
ments suffisants  pour  prouver  son  avancé.  J'aurais  dû,  dans  le  temps,  en 
prendre  note,  pour  ne  pas  oublier  le  fil  par  lequel  elle  remontait  à  cette  parenté. 
C'était  par  les  Page  Carcy,  si  je  ne  me  trompe. 

Le  portrait  de  Reine  Perrault,  par  Dulongpré,  est  chez  son  petit-neveu, 
M.  Albert  Bendcr,  père,  à  Montinagny. 

Lors  de  .son  trépas,  Melle.  B;nder  (ensuite  Dme.  Taché)  et  ma  femme  y 
a-sistaient.  Toutes  deux  étaient  jeunes  et  d'un  gai  caractère  ;  il  fallait  peu  de 
chose  pour  les  porter  à  rire.  Survint  un  léger  incident  qui  les  fit  ricaner 
en.semble.  Elles  ne  pensaient  guère  que  la  mourante  pouvait  les  entendre. 
Mais  elles  se  trompaient.  "  Dans  la  peau  mourra  le  renard,  "  leur  dit-elle;  et 
elle  expira.  Son  frère,  Jean-Baptiste  Perrault,  celui  dont  Schoolcraft  a  tra- 
duit les  voyages,  était  établi  à  Mi'  hillimakinac,  marié  à  une  sauvagesse,  fille 
d'un  chef  du  haut  Mississipi,  et  avait  une  nombreuse  famille. 

Madame  Eugène  Taché,  née  Eléonore  Bender,  me  disait  se  rappeler 
qu'en  été  toute  cet'e  famille  était  descendue  à  Québec,  et  qu'elle  passa  l'hiver 
à  l'Asyle-Chainpôcre,  chez  le  grand-père  Perrault.  Comme  frère  et  nev(!ux  de 
la  Cousine  ils  ne  purent  manquer  d'être  bien  reçus.  En  voici  une  preuve. 
Pour  les  installer  on  mit  la  serre  à  leur  disposition,  faute  de  meilleur  espace 
pour  les  accommoder  Ce  souvenir  de  Madame  Taché,  qui  était  alors  enfant  à 
la  maison,  était  resté  vivace  dans  sa  mémoire,  à  cause  du  mode  étrange  de  vie 
à  l'indienne  (lu'elle  avait  sous  les  yeux  et  que  cette  famille  continuait  à  garder. 

» 
•  * 

L'appendice  C  montre  la  postérité  de  Jacques  Perrault,  l'aîné,  mais  non 
pas  l'extinction  de  cette  même  lignée. 

(1)  J'ai  remarqué  le  cachet  du  chanoine  Perrault  sur  ses  lettres.  Il  est  armorié 
comme  suit  :  D'azur,  à  chevron  d'anjent  sur  cœur  du  même  ;  en  chef,  de  gueules,  avec  crois- 
sant entre  deux  étoiles  du  même,  aliynés. 


—  192  — 

Ils  étaient  onze  enfants  vivants,  sur  treize  issus  <le  son  mariage,  et  la 
majeure  partie  mineurs  lorsiju'il  mourut  lo  18  mars  1775. 

Vingt  ans  après  ils  étaient  tous  les  onze  encore  vivants  et  apparaissent 
ainsi  comme  les  héritiers  naturels  de  leur  père  et  mère,  à  un  acte  devant 
Planté,  N.  P.,  du  3  oct.  179.3,  et  à  un  acte  subsétiuent,  devant  le  même  notaire, 
en  date  du  14  mars  1795.  Ce  dernier  acte  était  une  vente  à  John  Woolsey,  de 
l'emplacement  à  la  Basse-Ville,  me  Sault-au-Matelot,  originairement  possédé 
par  Fran(;ois,  le  premier  Perrault  établi  à  Québec,  et  que  Jac(iues,  son  tils,  avait 
acquis  sur  licitation  entre  ses  co-héritiers  le  2  mars  1751.  C'étuib  là  le  siège 
principal  des  affaires  de  la  famille  depuis  leur  venue  en  la  Nouvel  la- France. 

Cependant  cette  nombreuse  lignée  s'est  éteinte  pres(|ue  toute  dans  les 
mâles  il  y  a  un  denu-siècle.  Il  reste  peut-être  encore  aux  Etats-Unis  tleux 
dc-cendants  de  Narcisse  Perrault,  petit-tils  de  Jactiues,  1  aîné,  Henri  et  Louis- 
Eugène,  mais  pas  un  en  Canada. 

Je  reviens  à  celui  d'où  nous  vient  le  manoir  de  la  Riviè  e-OiioUo,  berceau 
de  mon  enfance. 

Jacques-Nicolas,  b.  6  août  1750,  marié  : 

lo.  à  Québec,  le  21  nov.  1771),  h  Marie-Anne  Amiot,  b.  10  mars  1755, 
décédée  20  avril  1782  ;  contrat  de  mariage  clcvant  HerthcloL  d'Artigu}-,  Ntr.  Li 
future  étant  pupille  et  demeuiant  à  rHApitai-Général  a  dil  être  mariée  là.  Mais 
le  registre  de  cette  communauté  ne  remonte  qu'à  1783. 

2o.  marié,  le  5  janvier  M',^^,k  Marie-E-ther  Haussman  (dit  Ménager), 
fille  de  Jean  et  de  Marie  Létourneau,  de  Québec,  et  veuve  de  Pierre  Florence,  (1) 
marchand,  à  la  Rivière-Ouelle.  Du  premier  mariage  étaient  nés  deux  fils. 
Jacques  et  Pierre;  celui-ci  était  décédé  avant  le  second  mariage,  et  l'aîué  (2) 
s'éteignit  avant  son  père,  qui,  n'ayant  pas  eu  d'enfants  du  second  lit,  mourut 
sans  laisser  d'iioirs  de  son  corps  et  sans  testament.  La  seigneurie,  coiume  bien 
noble,  passa  alors  à  ses  trois  frères,  et  d'eux  à  mon  grand-père  Casgrain. 

Jacques-Nicolas,  demeura  d'abord  à  Québec  où  il  était  négociant  efc  juge 
de  paix.  Etant  devenu  propriétaire  de  la  seigneurie  de  la  Ilivière-Ouelle, 
par  le  te.stament  de  son  oncle  Michel,  et  après  l'usufruit  de  .sa  mère  lequel  finit 
le  6  août  1792,  il  alla  s'y  établir,  et  six  mois  après,  épousa  la  veuve  Florence^ 
Michel  Perrault,  étant  passé  aux  Isles,  avait  acquis  cette  seigneurie  des  héri- 


(1)  Florence  était  un  Français,  de  la  paroisse  d'Arudy,  évèclié  d'Oléron,  dans  le 
Béarn  ;  fils  de  Pierre,  marchand  en  Espagne,  et  de  Dame.  Anne  de  Mivillc  ou  Miègeville, 
Il  réussit  à  faire  une  .jolie  fortune  à  la  RivicTcOuclle,  acquit  une  grande  partie  do  la 
seigneurie  de  l'Isle- Verte,  et  un  château  de  faniillc,  Cliaronte,  à  Charente,  en  France,  qui 
avait  appartenu  à  l'aïeule  des  Morel  de  la  Diirantaye  du  C'anad.a,  ses  vendeurs.  Il  se 
maria  à  Québec,  le  9  nov.  1788  et  mourut  là,  un  an  après,  lo  17  nov.,  âgé  de  CS  ans.  Il 
as<*ista  comme  ami  au  mariage  do  mon  grand-père  Pierre  Casgrain,  et  il  était  tenu  en  grande 
estime  par  le  curé  Panet,  ensuite  évêque  de  Québec. 

(2)  Se  noya  au  Sault-de-la-Chaudière,  le  25  juin  1797  à  17  ans. 


—  iu;i  — 

tiers  de  Boishéhert  en  1774',  pur  l't  utiiiiiisi.'  île  son  frère  aîné,  son  procureur 
k  Québec.     (Rej,'.  F.  et  H.,  vol.  11,.}).  70). 

Jacques-Nicolas,  vint  cieiiunivr  ilans  la  maison  de  sa  nouvelle  épouse, 
que  celle-ci  avait  ac(juise  «Iti  la  succession  (ic  h  >ii  piemier  ninri.  Il  l'eiiibeilit 
et  y  fit  des  impenses  «l'utilité  et  .le  luxf,  en  sorte  qu'elle  prit  l'aspect  d'un  ma- 
noir seigneurial,  avec  un  Iwilcon  à  coupole  mauresque  à  chaque  extrémité,  un 
portique  en  style  correspomluiit,  surmonté  <1  un  vide-houteilles,  avec  un  quai 
spacieux  sur  la  rivière,  plateforme  t;t  gurde-fou  élégant  on  face.  Les  planta- 
tions darbres  «ju'on  y  voit  aujour  l'hui,  et  qui  en  font  l'ornement,  sont  dues 
à  lui    (  1  ) 

Le  vieux  Pierrot  Dulié  m'a  dit  avoir  planté  les  ormes. 

Ces  détails  peuvent  intéresser  mes  enfants,  car  ce  manoir  est  devenu 
notre  maison  paternelle,  par  l'acquisition  que  mon  père  en  tit  en  182(3,  peu 
apiès  son  mariage,  et  c'est  là  que  toute  notre  famille  passa  ses  plus  beaux  et  ses 
plus  heureux  jours. 

Je  reviens  sur  ce  sujet. 

*  « 

Autrefois,  il  y  a  50  ans,  la  Rivière-Ouelle  était  un  centre  d'affaires  et  de 
commerce  considérable  pour  une  campagne.  C'était  un  port  de  mer  pour  le 
cabotage,  et,  à  une  certaine  époque,  en  sus  de  plus  petites  embarcations,  on  y  a 
vu  pas  moins  de  22  goélettes  à  la  fois,  au  débarcadère  près  de  l'église.  Il  s'y 
faisait  une  exportation  de  provisions,  grains,  foin,  bétail,  etc.,  à  Québec,  et,  de 
plus,  au  Saguenay,  pour  les  chantiers  de  bois  de  commerce  de  la  maison  Price, 
L'endroit  devint  prospère. 

Les  réunions  des  trois  familles  Casgrain,  Têtu  et  Letellier,  qui  y  de- 
meuraient, formaient  dans  la  société  une  compagnie  d'hommes  et  de  femmes 
distingués  par  leur  éducation  et  leurs  manières. 

Les  rapports  de  bon  voisinage  entretenaient  un  échange  de  visites 
amicales  où,  sans  cérémonie,  on  s'invitait  réciproquement  à  prendre  le  repas  de 
la  famille,  quand  on  s'y  rencontrait  à  l'heure  ordinaire. 

Dans  la  belle  saison  la  compagnie  s'augmentait  par  l'hospitalité  aux  amis 
et  parents  plus  éloignés,  soit  de  Québec,  soit  de  Montréal,  qui  venaient  y 
séjourner,  jouir  du  bon  air  de  la  campagne  et  des  bains  de  mer.  Les  vacances 
scolaires  ramenaient  au  foyer  les  écoliers  pour  une  couple  de  mois.  Les  prome- 
nades dans  les  environs,  ou  sur  l'eau,  les  exercices  à  pied  ou  à  chîval,  parties  de 
pêches,  de  chasse,  etc.,  agrémentaient  les  loisirs  ;  chacun  suivant  son  goût. 

Le  vieux  manoir  était  le  principal  endroit  de  réunion.  On  y  jouissait 
du  plaisir  de  la  conversation  de  personnes  aimables,  instruites,  qui  avaient  lu 


La  glacière  dans  le  jardin  abritée  par  l'ombre  des  grands  arbres,  et  couverte, de 
gazon,  s'est  conservée  jusqu'aujourd'hui  dans  le  mémo  bon  état  qu'elle  était  en  1793.  et 
conserve  la  glace  d'une  année  à  l'autre. 


—  194  — 

et  voyagé,  et  suivaient  le  mouvement  littéraire  dans  les  deux  langne«i  anglaise 
et  franyaisc,  même  un  peu  lo  progrè.s  scientifique  moderne. 

Luc  Letellier  de  Saint-Jnst  était  considéré  comme  le  doyen  de  notre 
cercle  littéraire  ;  le  Dr.  L.  Têtu  et  le  Dr.  Annibal  Maguire  avaient  été  compa- 
gnons d'études  à  Paris  ;  tous  deux  étaient  causcuis  intéressants.  Ce  dernier 
est  doué  d'une  belle  intelligence  et  d'une  mémoire  prodigieuse,  qui  en  font 
un  conteur  émérite,  toujours  a^ec  une  diction  pure  et  éléginto.  L'al)l)!  R. 
Casgrain,  l'abbé  René  Casgrain,  M.  le  juge  Bâby,  durant  la  vacance,  Eugène 
Panet,  et  quelques  autres  vis<iteur8  de  passage,  composaient  un  ensemble 
joyeux,  intellectuel,  sympathique  Parmi  eux  tous  Ovide  Martineau,  ii  .ail- 
lant d'esprit,  répandait  la  joie  et  la  gaieté.     Buies  l'a  bien  goûté  ot  1  u  bitin  dit. 

La  dame  de  céan.s,  notre  vénérée  mère,  prési-tnit  avec  aniabilit»^  à  ces 
réunions  en  famille  et  inspirait  un  air  de  biensé.ince,  d-  hoi»  f-».i  o'i  d'aisii  e 
si  naturel,  qu'elle  plaisait  à  tout  le  monde.  Etant  elle-mêinj  roiniir<|Uiitl>Mn  it 
bien  instruite  dans  les  deux  langu-^s  et  les  parlant  avec  une  égale  facilité,  t-iie 
n'ajoutait  pas  peu  à  l'agrément  de  notre  société. 

Mais  si  les  grandes  personnes  se  trouvaient  bien  dans  ce  milieu,  com- 
bien plus  les  enfants  nonibreu.\,  qui  s'y  rendaient  pour  les  vacances,  jouis- 
aaient-ils  des  amusements  propres  à  leur  âge  !  Qui  ne  se  rappelle  p  irmi  nous 
les  excureions  en  yacht,  dans  celui  que  notre  père  nous  avait  acheté,  et  dans 
lequel  notre  groom,  John  Bowthorp,  ancien  matelot  {able-seaman),  nous  mon- 
trait la  manœuvre  ;  ce  que  nous  avons  appris  bien  plus  vite  que  nos  thèmes  et 
nos  versions. 

Puis  les  tours  à  cheval,  exercice  journalier  de  notre  père,  et  qu'il  tenait 
à  nous  apprendre  et  à  nous  savoir  bien  monter  ;  la  pêche  au  saumon,  au  Petit- 
8ault,  à  deux  lieues  seulement  de  notre  demeure,  la  pêche  au  bar  dans  la 
rivière  en  face. 

La  chasse  aux  tourtes  dans  les  hauteurs  en  arrière  ;  la  chasse  aux 
outardes,  bernaches,  canards,  sarcelles,  corbigeaux,  alouettes,  à  la  Pointe  de  la 
Rivière-Ouelle,  et  dans  la  Orand'Anse  de  Sainte-Anne. 

Et  quels  bons  repas  au  retour  de  ces  chasses  !  Chacun  racontant  ses 
exploits  ou  SCS  malchances,  ou  étalant  sa  gibecière  bien  remolie. 

Puis  les  promenades  aux  bains  du  fleuve  ;  les  dames  et  les  enfants  en 
grande  charrette,  les  hommes  suivant  à  pied,  contant  chacun  son  histoire,  ou 
semant  un  bon  mot.     C'était  le  cas  de  dire  :  plus  on  est  de  fols  plus  on  rit. 

Et  après  un  bon  bain  et  un  exercice  de  natation,  oh.  tous  les  enfants  de- 
vaient apprendre  et  apprenaient  à  nager,  on  revenait  plus  frais  et  plus  gais 
que  jamais. 

Ensuite,  chaque  été,  il  fallait  monter  notre  théâtre  de  salon  pour  la 
jeunesse  ;  commencer  les  répétitions  et  quelles  scènes  I  Quels  plaisirs  dans  ces 
préparatifs  I  Enfin  jouer  sur  nos  tréteaux  ! 

Quand  l'assistance  était  trop  nombreuse,  la  pièce  était  jouée  dans  le 


—  196  — 

jardin,  à  la  lamière  de  lanternes  chinoises,  suspendues  de  tous  cdtés  aux  branches 
des  arbres.  Quelques-unes  des  représentations  étaient  bien  réussies.  Ma 
famme  est  sotte, — La  congrégation  du  scrupule,  eurent  un  vrai  succès. 

Les  jeunes  gens  des  deux  sexes  trouvaient  \k  une  bonne  école  d'élocu- 
tion,  et  l'occasion  de  vaincre  une  timidité  naturelle  à  leur  âge. 

Plus  j'y  songe  sérieusement,  et  plus  je  m'aperçois  que  pour  le  développe- 
ment physique,  la  culture  intellectuelle,  et  la  formation  du  caractère  moral,  on 
ne  pouvait  guère  créer  un  milieu  plus  favorable  pour  bien  élever  la  jeunesse,  et 
sans,  pour  ainsi  dire,  qu'elle  s'en  aperçut. 

Et  disons,  sans  vanité,  que  ce  milieu  a  éti^  grandement  utile  à  la  jeune 
génération  qui  s'est  renouvelée  durant  une  trentaine  d'années,  dans  ce  milieu 
bienfaisant,  et  qu'i'  a  produit  d'heureux  fruits,  chez  plusieurs  qu'on  peut  si- 
gnaler comme  en  vue  aujourd'hui,  et  auxquels  j'en  appelle. 

Aussi  quelles  bonnes  causeries  instructives  et  amusantes,  l'après-diner, 
sous  les  ormes  du  jardin,  ou,  dans  les  veillera,  par  un  beau  soir  d'été,  sous  la 
tente  du  perron,  en  fumant  doucement  la  pipe  ! 

Hélas  quels  changements  depuis  une  décade  !  La  mort  a  presque  tout 
fauché.  Quand  il  m'arrive  d'aller  à  la  Rivière-Ouellc,  ma  pi'emière  visite  est  ùe 
me  rendre  au  cimetière  pour  y  prier  sur  la  tombe  de  ceux  qui  ne  sont  plus,  en 
attendant  que  mes  cendres  viennent  se  mêler  aux  leurs.  Je  me  sens  comme  une 
épave  laissée  en  ariière  de  quelques  jours  sur  le  torrent  rapide  du  Temps. 

L'endroit  si  prospère  et  si  actif  que  j'ai  connu,  est  aujourd'hui  morne  et 
languissant.  Le  chemin  de  fer  a  enlevé  le  commerce  local,  le  port  est  stagnant, 
l'endroit  mort. 

Le  vieux  manoir,  comme  ses  anciens  habitants,  a  vieilli  et  pris  un  air  de 
vétusté.  Il  n'a  plus  pour  moi  le  même  aspect,  à  travers  les  nuages  qui  assom- 
brissent mes  souvenirs  et  les  beaux  jours  envolés. 

Mais  revenons  à  notre  sujet  dont  la  folle  du  logis  m'a  écarté. 

Au  décès  de  Jacques-Nicolas,  la  seigneurie,  comme  bien  noble,  échut  à 
ses  trois  frères  Pierre,  Michel  et  Olivier  ;  et  ses  autres  biens  furent  partagés 
entre  tous  ses  héritiers,  par  sixièmes.  Ceci  appert  par  l'inventaire  fait  en  mars 
1818,  et  le  partage  du  17  février  1819,  devant  le  notaire  Planté. 

Le  contrat  de  mariage  Perrault-Haussman  donna  lieu  à  de  longs  procès 
avec  sa  veuve.  La  Cour  d'Appel  l'annuUa,  attendu  qu'il  n'était  pas  contre- 
signé par  un  second  notaire,  ou  des  témoins.  La  conséquence  tourna  au  profit 
de  la  veuve  en  ce  qu'elle  put  réclamer  un  douaire  coutumier  sur  la  seigneurie. 
Par  compromis  avec  notre  grand-père,  Pierre  Casgrain,  qui  en  avait  f  tit  l'acqui- 
sition, il  convint  de  lui  payer  une  rente  annuelle  et  viagère  de  £225,  qui 
s'éteignit  avec  elle  eu  1819.  Elle  mourut  le  5  avril  de  cette  année  à  la  Pointe- 
aux-Trembles et  fut  inhumée  dans  l'église. 

Le  portrait  de  Jacques-Nicolas  et  celui  de  Murie-Esther  Haussman,  et 
autres  portraits  de  famille  mentionnés  à  l'inventaire  de  1812  et  à  celui  de  1818, 


—  196  — 

sont  passés  entre  les  mains  de  feu  madame  Brassard,  de  Nicolet,  lour  nièce. 
Ses  représentants  me  disent  ne  les  plus  posséder.  (1898), 

•  « 

François-iliic/tci  Perrault,  un  des  fils  du  même  Jacquo^^,  rfiîiié,  b.  16  ocb, 
1758,  se  muria  :  lo.  9  mai  1785,  à  Délie.  Marie-Angéliqun  D iiiiour^,  dt^cédée  11 
juillet  1801,  fille  de  Michel  Damoura  Deplaine,  écuier,  aïK'ieu  officier,  et  de 
Marie-Ânne  Joncas,  de  la  paroisse  de  St-Thonms  ;  s'établit  là  comme  marchand, 
puis  en  (1802)  au  Cap-Safnt-Ignace,  comme  instituteur.  De  ce  mariage  est  née: 

Catherine  Perrault,  qu'il  faut  remarquer,  baptisée  à  Saint-Thomas,  21 
oct.  1787,  mariée  le  10  juin  181],  à  la  Rivière-Ouelle,  (l)à  l'honoralile  Amable 
Dionne,  seigneur  de  La  Pocatière  et  de  St-Roch-des-Au!iiets,  Conseiller  Légis- 
latif, né  à  Kamouraska,  33  nov.  1781,  et  décédé  en  son  rain)ir  do  Siiatî-Aiiu.', 
le  2  mai  1852  ;  elle,  est  morte  et  a  été  inhumée  à  l'Islet,  le  15  janvier  1875.  E  lo 
était,  comme  on  le  voit,  proche  cousine  de  ma  femme,  et  [adressait  taujouis 
comme  telle. 

Ces  époux  Perrault-Dionne  étaient  les  père  et  mère  de  Hortense  Dionne, 
celle,  comme  on  l'a  vu  ci-devant,  qui  fut  mariée,  en  mai  1832,  à  mon  o.icle, 
Olivier-Eugène  Casgrain,  ce  qui  a  formé  un  autre  lien  de  parenté  entre  les 
Casgrain  et  les  Perrault.     {Cf.  ALjr.  Têtu,  :  Histoire  des  Famille'^,  etc.) 

» 
»  » 

c.  Françoise-Luce  Perrault,  b.  25  janvier  1797,  mariée  à  Qajbec  à  l'églie 
anglicane,  27  mai  1820,  à  M.  David-Thomas-Allen  Jones,  né,  17  août  1790,  dans 
le  Pembrokeshire,  pays  de  Galles,  Angleterre.  Il  vint  en  ce  pays  en  1816.  En 
arrivant  dans  l'automne,  le  vaisseau  qui  le  transportait  fit  naufrage  à  l'Isle-aux- 
Grue.s,  et  la  .saison  étant  fort  avancée  il  fut  reçu  par  M.  McPhirson,  seigneur  de 
l'endroit,  où  il  passa  l'hiver.  De  là  il  traversa,  au  printemps,  à  Saint-Thom  is,  vis- 
à-vis,  où  il  se  fixa  comme  instituteur,  puis  ensuite  à  Lachine,  enfin  à  Saint-Roch- 
des-Aulnaie.s.  M.  Jones  mourut  à  Saint-Roch-des-Aulnaies,  le  10  marsl85H; 
son  épouse,  à  Québec,  le  3  juin  1850. 

Ce  sont  les  père  et  mère  de  M.  Elwin  Jones,  cit )yen  marquait,  bien 
connu  à  Québec,  président  de  l'Assurance  de  Québec,  né  et  baptisé  à  Saint- 
Thomas  le  12  mars  1821,  et  marié  le  29  mars  1854,  à  Délie.  Mary  Ann  Poole, 
décédée  le  1er  janv.  1894,  dont  les  enfants  sont  :  William-Alfred,  Angelina  Luce- 
Amélie,  Georgea-Stephen  et  Flora-Agnes. 

Le  même  François-Michel  Perrault,  épousa  en  secondes  noces,  le  4  mai 
1802,  Marie  Gaudier  dit  Baland,  et  mourut  au  Cap-Saint-Ignace  le  23  mars  1840. 

Je  renvoie  à  l'ouvrage  cité  de  Mgr.  Têtu,  pour  lo  complément  de  cette 
lignée,  p.  602. 


(1)  Elle  deiuourait  chez  son  oacle  Nicolas  Perrault,  le  seigneur  du  lieu. 


—  197  - 


» 
*  « 


Marie-Joneph,  une  autre  fille  de  Jacrjues  Perniult,  l'aîné,  b.  19  oct.  1759, 
ù  Trois-Ilivières,  fut  mariée,  11  avril  17fs7,  à  l'honorable  Louis  Brassard  Desche- 
neaux,  et  décéda  à  Montréal,  3  nov.  IHIO.  Son  mari,  né  13  février  1759,  était 
veuf  de  Dnnie  Marie-Geneviève  Dumont.  Il  habitait  Québec  en  1794,  où  il 
pratiquait  comme  notaire  et  avocat  distinj^ué.  Il  occupait  une  grande  résidence, 
rue  du  Palais,  bâtie  par  son  père,  laquelle  subsiste  encore.  Il  vivait  sur  un  assez 
grand  pied,  était  seigneur  do  Livaudière,  de  Bellechasse,  et  de  Neufville. 
Vers  1795  il  fut  nommé  juge  à  Trois-Rivières  où  il  mourut  (1)  à  la  fin  de  l'année 
1802,  sans  laisser  d'enfants  de  ses  deux  luariagiis. 


Louise-Kose  Scholastique,  une  autre  Hlle  de  Jacques  Perrault,  l'aîné 
fut  mariée  au  colonel  Franc/ois  Vassal  de  Mi)ntviel,  adju  lint-géaéral  des 
milices,  fils  du  Capt.  Vassal,  «lu  régiment  de  Béarn,  mort  à  la  suite  de  ses 
blessures  à  l'afl^aire  du  28  avril  1760.    Elle,  décéda  avant  le  28  mars  1796. 

Le  Col.  Vassal  était  d'un  tempérament  vif,  impétueux  et  impatient.  Aux 
enterrements  il  y  a  toujours  plus  ou  moins  de  retard,  et  il  y  en  avait  pour  lors 
avant  le  départ  de  la  nuuson  de  sa  défunte.  En  lançant  un  juron  contre  le 
convoi  funèbre,  il  laissa  échapper  ces  mots  :  "  Ils  ne  remporteront  donc  point  !  " 


» 


Catherine,  h épousa  en  1795,  René  de  Labruère,  de  Boucherville, 

et  décéda  avant  1819. 

Celui-ci,  par  un  second  mariage,  est  le  grand-père  de  l'honorable  M.  de  la 
Eruère,  actuellement  Surintendant  de  Tlnstruction  publique. 

•  * 

Pour  rendre  ces  mémoires  plus  intéressants  j'aurais  dû  les  accompa- 
gner, comme  j'en  avais  l'intention,  des  photogravures  des  nombreux  portraits 
(le  famille  (une  oinquantainu),  dont  j'ai  pu  faire  la  collection  au  tnoyon  de  copies 
photographiées. 

Mais,  en  sus  du  coût  de  cette  collection,  celui  des  plaques  et  de  l'impres- 
sion se  montait  à  une  dépense  qui  dépassait  mes  moyens,  en  tenant  compte  do 
mes  déboursés  déjà  faits  pour  mettre  au  jnur  le  présent  "  Mémorial." 

Toutefois  il  sera  facile  de  sup|)!éer  à  cette  lacune,  aussitôt  que  tels  des 
membres  des  familles  qui  s'y  intéresseront  voudront  en  commander  l'exécution. 

(1)  D'hyilrophobie,  par  la  morsure  d'un  desohiens  dont  il  gardait  un  grand  nombre. 
On  a  dit  qu'il  fut  étoutfé  entre  deux  matelas  pendant  une  crise. 


—  198  — 

Il  n'y  aura  alors  qu'à  intercaler  les  portraits  dans  le  volume  à  l'entlroit 
qui  se  rapporte  à  chaque  personnngo 

Quant  à  leur  authenticité  les  fiimilles  actuelles  qui  les  possèlent  peuvent 
en  répondre. 

Le  plus  ancien  est  celui  du  premier  Perrault,  à  l'appen  lice  C,  et  l'on 
pourra  juger  du  soin  que  j'ai  apporté  à  le  véritier. 

Ce  portrait  est  venu  en  la  possession  do  Diine  Virginie  Pitt,  veuve 
Brassard,  de  Nicolet,  (St-Cyprien  do  Wendover)  de  qui  jo  l'ai  eu.  En  1875 
elle  a  demeuré  à  Québec  avec  son  t}U,  employé  publie,  et  c'est  chez  elle  que 
j'ai  vu  ce  portrait,  dont  elle  me  dit  la  provenance,  ainsi  que  de  ceux  de  feu 
l'honorable  Jacques-Nicolas  Perran  t,  .siMijrnenr  de  la  Rivière-Ouello,  et  de 
Thérèse  Haussman,  son  épouse,  sœur  <le  sa  mère,  lesqieis  ornuient  sa  salle  à 
('îner.  Virginie  Pitt  était  Klle  du  Notaire  Pitt,  de  la  Rivière-Ouolle,  qui  avait 
épousé  une  demoîielle  Haussmun,  soîur  de  la  précédente,  et  devint  l'épouse  du 
Dr.  Pantaléon  Lrassard,  médecin,  étihli  à  la  Itivière-Ouelle.  —Or,  ce  Dr  Bras- 
sard était  aussi  allié  à  Jacques-Nicola-  Perrault,  à  cause  du  mariage  de  Marie- 
Joseph  Perrault,  sa  sœur,  avec  Pierre-Louis  Brassard  Deschene.iux,  mort  juge 
aux  Trois-Rivières. 

A  la  mort  de  Thérèse  Haussman,  Vvc.  Perrault,  sans  enfants,  en  1819, 
ces  portraits  furent  donnés  par  son  héritière.  Ruse  Hauwsman,  son  autre  sceur 
restée  fille,  à  sa  nièce  Virginie  Pitt,  comme  étant  des  portraits  de  famille  des 
Perrault,  C'est  à  ma  sollicitation  que  cette  dernière  consentit  à  se  départir  de 
l'un  d'eux  par  vente  en  ma  faveur,  en  lhS5,  etelle  nutpar  écrit  ce  que  ci-dessus, 
disant  ce  portrait  être  celui  de  l'ancêtre  Perrault. 

L'authenticité  deces  portraits,  qui  se  trouvaient  en  la  possession  Jacques- 
Nicolas  Perrault  à  sa  mort  (5  août  1812),  comme  l'aîné  de  l'aîné,  est  constatée,  en 
dehors  de  cette  preuve  orale  et  écrite  de  Mme.  Brassard,  en  forme  authentique, 
comme  suit  : 

lo.  Par  l'inventaire  fait  par  la  veuve  Perrault,  le  1G  nov.  1812,  Boisseau, 
N.  P.,  où  il  est  mentionné  : 

"  16  cadres,  petits  et  grands,  d(mt  l'un  est  le  portrait  du  dit  Honorable 
Perrault,  l'autre  de  sa  dite  Dame;  trois  autres  portraits  de  la  fainillo,  et  diffé- 
rents autres  cadres.     Mémoire." 

2o.  La  veuve  a  gardé  ces  portraits,  son  mari  n'ayant  pas  laissé  d'enfants, 
et  elle  les  avait  encore  G  ans  après,  car,  par  un  subséquent  inventaire,  (pour 
remplacer  celui-là  déclaré  nul),  devant  Planté,  N.  P.,  2  mars  1818,  ils  y  appa- 
raissent encore  :  "  Cinq  tableaux  de  famille  entrés  et  portés  seulement  coiuine 
"  mémoire." 

Rose  Haussman  devait  naturellement  conserver  le  portrait  do  sa  sieur 
dans  sa  famille  pour  sa  seule  nièce,  Virginie  Pitt.  Le  portrait  du  mari  et  les 
autres  n'en  ont  pas  été  séparés,  sauf  celui  qui  m'est  parvenu  de  la  sorte,  ec.  qui 
est  chez  moi  avec  mes  autres  portraits  de  famille.  , 


•M  Fv 


juice 


jr 


MARIE-GATirKRINE,  16 
juillet  I73'J. 


PHILIPPE,  disparu 
en  mer. 


1; 

2. 
3. 

I 

4. 


s. 

0. 
7. 
8. 
9. 
10. 


jl^^  Charles  ;  -  Luoe,  S.  -  Mario  ;  _  Alphonse  ;  _ 

is! 

14. 

mse  i-Th.i;iiiis  Chase,  m.  Marie-L.iui.we  LeMoine  •_ 
X  ',:/,    '"."'■'•'  ''\f>«>l<*.  •Sti-et,  Vvo.  Dougali. 

•Il,  m.  hiU  C(,.)k  ;  Khza,  S.  |S(i;j  ;  EsUior,   Dame  E 
^..tu.no,  U.  E.  ;    Alf.e.l,  „..  D.,lk..  A.lole  Bisson,  «. 

Hiiyiiioiicl,  Eliza,  D.ue.  Bemichamp,  S.  I.S'.t7  ;  Odile 

-  !  '  ' 

HMiatour,  et  décédée,  mai  H  ;_>:  issu  :  Oscar,  lieut.- 

IS'.tS. 

lyke  .-Mariori,  S.  lOdéo.  I.ss;t  ;  Oeorge  et  Victoire. 

î.'d   ù  Ottawi,  -21  août  \mi  laissant  2  fils  et  0  filles. 

fe'atio;i  d.!  N.  D.  M.jntr.'al,  1874. 


!0t  ;  -  (Jeorg.M.  PrtHio.  S.  ;  _  .Iules,  .S.  ;  ,,1.  Délie. 
igiMiie,  .S.  ;  _  Edin  )iid,  m  irié,  Dello.  (Jodreau  ;  _ 


CASGRAIN, 


François  Cassegiahi,  J 

FRANÇOIS,  son  lils,  marié  là,  lO  avril  1712,  à'CATIlERINK  LEO 


i 


JEAN-FRANÇOIS,  31  iléc.  l"l('),  passé  an  Canada  174cH,  marié  à  Québec  :  l'  à  Gene- 
viève Duchcsne,  15  juin  1750  ;  fias  iTonfants.     '2-  à  Mar^uorito  Gazoau, 
née  1733,  tlont  issus  : 


JKAN,  17  févrior 
I71<.». 


CLAUDE,  I! 
1721. 


1.  JOSEPFITE,  h.  oct.     17t'.l).  S.  lOaoùt  17tJS. 

2.  MARQUE  UITP:,         "été      17f.7.  "  17     •'     1S34,  à  la  l{.  U. 

3.  JEAN,  "  1  avril  17HS,  "  14     "     170S. 


4.  LOUIS  J.-BAPTISTE  1).  It)  mai  17C.'.(,  S.  15  sept,  l.'<,JS  ;  marié  à.  .. 


5.  JEAN, 
0.  riERRE. 

7.  MARGUERITE, 

8.  MARIE-ANNE, 

9.  FRANÇOIS, 

10.  NICOLAS, 

11,  CATHERINE, 

12.  MARIE  JULIE, 

13,  IGNACE, 


14!  FrVnÇ-i'rÉDÉRIC,"  2im)û't  17S;;, 


b.  10  juin  1770,  S.  jpune. 

"    lO'  "    1771,   "  17  nov.  IS2S  ;  maiié 

•'      juil.  1772,   "  2.*<  nov.  1773,  à  St-Aiigustin. 

"    1  t'év.  1774,   "à  22  ans. 

"     1  mars  177.5,"    IS  février  I77(i. 

"  24  Juin  I77t'),  "  jeune. 

"  15fév.  177.S,   "  15  janvier  I7st',. 

»  2,'<  Il  ars  1779"  jeune. 

"  l'.Ijui'-     l'^O,'      " 


l-   Délie  ASIIRY  :  issues  :  Marie  et  lloiioriette. 

2°       "      MARIE-SANSSOUCY  ;  issus  :  Kdo  lanl,  Pierre 

a"       "      JOSEPIITE  VALLIÈRËS  :  pas. l'entants. 


à  MARIF;-MARGUER1TE  R(»NENFAXT,  issus  : 

1.  MARIE-MARGUERITE,    b.   7  nov,     I7',)3  :  S.  jour 

2.  PIEUREJEAN,  "13,juin     17'.t5  ;  "      " 

3.  PIERRE-FRANÇOIS,  "  12  aoiU    17%;"      " 

"  If  sept.    17'J7,  "  26  av 


4.  PIERRE-THOMAS, 


5.  .SOPHIE, 


«  30  avril    1700  ;  Dame  ] 


6.  CHARLES  EUSftHE,  b.  2S  déc.  lSO(t  ;  marié  à  Elizi 
Anne  Bâby 


7.  LUGE,  b,    5  oct,    1802;  Dame  J 

H.  JU.STINE,  "  !".' avril    1S04  ;  Dame  < 

y."  LÉOCADIE,  "17  août    1S05,   S.  jeun 

10.  OLlVIER-TllftoDORE.  "  2'.i  juin  1.S07,       "      " 

11.  CATHERINE  JOSÉPHINE,  b.  I2f.v.  180'.). 

12.  OLIVIER-EUGENE,  b.    8  mars  1812 

Us.  MARIE-ADELINK,  "    2  oct.  ISI,"),  .S.  jeune. 


,  LIGNÉE  EN  CANADA. 

JG50,  d'Airvaiilt,  Poitou^  France 

CONTE,   fille  de  Jean  et  de  Marie  Poulet,  de  bt-Jouin,  dont  sont  issus  en  France 


19  août 


MARIE  CATHERINE, 2  nov. 
1724. 


RENft,  20  juillet 
172(1. 


JEANNE,  30  mars 
1731. 


MARIECATIIERINE,  16 
juillet  1739. 


PHILIPPE,  disparu 
en  iiior. 


ro,  Isaac,  Jii>litli,  E.iiilio,  Joseï)!),  CésiU'ie,  Monique  et  Tiuiotliéc. 


avril  lHf)3  ;  marié  à....  (  Délie  Emilie  Lacoiube,  S.  2S  avril  1S74  ;  issus  :    Flavie  ;  —  François,  S.  _  Cluirlos  :  -  Luoe,  S. 
l  Virginie,  S  ;    -  Nazaire,  S  ;  —  Flore,  S  ;    -  Emma. 

o  Lctellier  de  Saint-.Iust,  5  juillet  1814  ;  —  puis  Dme.  Bélanger. 

1.  CIIARliESEUSÈBE,  sénateur. 


Marie  ;  —  Alph<)ti8e  ;  — 


3.  EMZABETII-MAlilE,  b.  24  août  1828,  Sr.  Ste  Justine.  T^        d         i        .     <i«n7     n,iiu 

4.  AU(}USTE-EU(il';.\'E,  "     (>  avril  1830,  ninrié  à  Délie.  Odile  Biais,  S  :  -  Louis,  Hiiymon.l,  Lliza,  D.ne.  Beauchatup,  .s.  1897  ,  UUUe, 
..     .    ,,      1            Daaie  E.  Boiviii  ;  Augustine,  Daine  Wai.  'l'i^eiublay. 

lizahoui-   j        II KN' H  Y- RAY  MO  NI),  b.  lil  déc   '831,  Piétre.llistorien.  ..j,    •  ,,  r     . 

<^   Z  SU.'^ANNE-AKCIIANtiE,        "    8  sept.  1833,  mariée  à  L'iion.  Sir  C.-A.-P.  Pelletier,  «énatour,  et  deoedee.  mai  H    >:  issu  :  Oscar,  lieut. 

\     '       Col.  :  C.  D.  M  ;  marié  à  Dolle.  Alioe  Archer.  .... 

'-     ...r.^  b.  31  juil.  1835,  Sœur  Bâby,  (S<eHr  6'jv>)  S   3  février  189>.  .,,.        ,„>    ..  . -ir-  .  • 

'•    a  avril  18:57,  marié,  17  nov.  1804,  à  Délie.  Mary  Vandyke  :-Marion,  S.  K)  dec.  1889  ;  George  et  \  ictoire. 
"    4  t'év.  1839.  Prêtre. 

"  27  avril -1842  :  m.  à  Dolle  Catherine  Maclonnell,  dé.;  -d   à  Ottaw.i,  2»  août  1893,  laissant  2  KIs  et  G  filles. 
"  21  juil.  1844,  Daine  Prime  LeMoine  ilo  M  uti^uy. 
\ix  MARÎË-LOITISHADÎ'.LE,'       "  27  mai  184(1.  S.  21  mars  1847.        ,..,.,,,.  ,.       ,     v    n   u,nn..ul   1874 

m4    .MAUlEAMftLlE  "  29  oct.  1847,  Sr.  Ste-Marguerite,  ilco  d-'o  a  la  Con^'r  gatio:i  île  >.  l>.  .Monti  'ai,  ism. 

a  .T lige  Philippe  Panet,  14. juillet  1818. 

rt  Ch's.Butler  Maguiro,  puis  Dme.  Pierre  Boaubien. 

une. 


..  .IULIE  VIK(ÎIX1E. 

8.  WILLIAM  TIlfiollALD, 

9.  HENÉEDOl'AHl), 
'l(l.  .lOSEl'IIALFRED, 

11.  IIEUMKNÉOILDE, 

12.  MAKIEANNEIWSALIE, 


22  mai  1832.  .1    Délie.    Ilortense   Dionno  ;  issus  :    Eugène,  S.  ,   m.  Délie   ro'li.t  ;  -  (î.wg.M   Prêtre  S.  ;  -  .Iiil^es    S  ;  „^^^^ 
Miehaùd  ;-Arthur,  S.  ;_IIormiue,  S.  ; -lo.éphine,  .S.  Dame  Dr.  L.voie  ;  _  E  .géme,  S.  :  -  Wm.ml,  mine,  Délie,  f.odreau  ,  _ 
Adolphe,  S.  :  -  Adolphe-Marie,  S,  ;  —  Marie,  S.  ;  _  (tuitave,  S.  ;  -  L;(>iu;e,  S 


21.  Il 

22.  virt 


1.  AdÎ 

2.  OaI 
•S.  Fk, 
4.  Ma 
■«>.  Ma 
fi.  On 


illes  mortes  en  bas  âge. 


7.  Ja( 

8.  Ch 

9.  Jos 

10.  Mo 

11.  Ma 

12.  Joa 


^aWMHOBHB 


mil    IIWI  llllllilPIl 


wmmm 


it«fisaiBMii»i3»ai,iaE5i»aa!a55g.  '. 


ARBRE  GÉNÉALOGIQUE 

Chef:  JEHAN  BABIE,  seigneur  de  Ranmlle^  né  vers  1590,  de  Montrelc 
son  épouse^  d'où  : 

JACQUES  (1er)  Bahie  de  Banville^  né  en  France^  163'^  ;  passé  au  Canadc 

1670,  à  Délie,  JE  H  ANNE  DANDONNEAU  du  SABLÉ  ;  b,  là,  29 


MARIE-.IEANNE,  b.    ItiTl.i     JACQUES  H,  b.  1673,!     LOUIS,   b.    1674,: 
m.  lo.  à  Paul-Louis  Diizuiaril  à  TroisKivièies  ;  m.  là,|  i 

de    Lusignan,  5  lévrier  J(j8'.l,  r  4  février  170'.',  à   Maile-  vivait  décembre 
Champlaiii  ;  leine   Véron  de  Grand-j 

2'' à  Claude  Pauperet,   négt.  iiiesnil,  b.  21  déc.    1684,1703. 
lafév.  17(J0:   S.    à  CJucbec,   4  et  s   là, '.t  déc.  176();luii 
janvier  1703.  :S.  là,  10  juin  1724.  1 


MARIE,  PIERRE, Sivlu  PERRON,!     ANTOINE,  b.  14 

;l).  I()7l5,  m.  à   Mniie-Anne  uiars    1679,  S.    à 
1675.    'Crevier -de  .'^t     rruuçois,  Chaniplain,  1,5  août 
I  à  St  •  François  -  du  •  Lac,  1683. 
13    lévrier   17(»S.    et    .S.  à, 
Chaniplaiii,S  mai  174>';elle,| 
b.  A  Sorel,  2.') juillet  1686.  i 


Le  dernier  des  Lusignan  est 
passé  en  France  après  la 
conquête. 


1.  .losRi'ii,  b.  18  nov.  17(»9,  S.  4  di'c.  1709,  à  CUamplain. 

2.  Marik-Ansk,  h.  là,  20  oct   1710  ;   mariée  à  TroisRivières,  13  janvier  1733,  à 

I/ïuis  Lefebvre  dit  Belleisle,  chirurgien,  S.  22  oct.  1733. 

3.  Jacquks-.Ioskph,  b.  13  mai  1713,  S.  là,  24  déc.  1733 


VÉKONKiUE,    b.  là,  7  sept.  1716  ;    m.  là,  ((Jhauiplain),  8  janvier  174'*,  à  An.lré     3 

("orbin. 
Marik-.Ikansk,  b.  lA,  18  mai  1719 
.losKPHTK,  b ,  élève  imx  '^iiiijgg  Trois  Rivières,  avec  Véronique. 


Ir';  'in.  là,  22  avril  I74-(,  à  Thérèse   Véron  de 


7.  l'iKUKK,  1).  3Riv.,   2  août 

(iniiidijitssnil.     H  vjjjft  en  1777.   Inventaire,   rerraull,ramé,ae\n.  Ull. 

8.  Jacijuks   I"»'*--   ,,i„    5  février  1750,  à   Angélique  Crevier-DesChenaux, ,  8 

àSt-Franço=,j[j',''^^.  ç^  là,  11  mar.^  17ôt)  :   6  enfants.    .Sa  veuve  épouse, 
16mai  17^^  ,^^  Joseph  Pinard,  chirurgien. 
Toute  cette  lignée  mâle  est  éteinte. 


.  Marik-Asnb  Antoinette,  b.  St  François du-Lac,  12  déc.  17 

Montréal,  23  juin  17'JU  (Mau'.-ielle  Manette). 
.  Jkamnk-Ei.izabetii,  b  3|p9irs  1711  ;  m.  1°  à  Louis  Cartie 
2°  à  Jean^iîetii.'','.,  in  février  1759. 

•.rjftRK,  b S.  iljix  3  Riv.,  dit  à  22  ans,  en  1733. 

,10^iBPH,  b.  4  <léc.  1713        jj 

Marie-Gkskvièvk,  b.  30j4vi  1715  ;  S.  14  juillet  1715. 
Anonymk,  b.  et  S.  13  juinSl!  .'16. 

JosKi'H,  b.  6  mars  1719  ;  ^     21   sept.   174.'),  à  Marguerite 
Montréal,  30  oct.  173tV 

MaroubritkAnnb,  b 1 ,  m  :  1°  27  juin  1743,  à  .leai 

dit  Labonté,  décédé  à  Kahokia,  22  oct.  1711  ;  2  '  à  Aie 
février  1754  ;  3°  à  Miclel  Laforêt,  16  oct.  1755. 
Toute  cette  lignée  mile  éteinte. 


MARIE  -  THÉRÈSE,   b.    18     MARIE-LOUIhE, 
mars  1722;  m.  15  janvier  1742,;b.  6   octobre    1723, 
à   Claude    Benoît,  b.  2  avril  sépulture,  4  mars 
1712,  S.  21  juin   17.5'J,  chirur-  1733. 
Bien  nmjor  des  troupes  ;  fils  de 
Joseph,  uiédecin  pour  le  Roy, 
dans   les   mêuies   troupes,  en 

famisonà  Montré»l,né  H)72,de 
^ourière»,  (lâtinois,  diocèse  de 
Sens;  S  17  nov.  1742,  à  Mont- 
réal, et  do  Anne  Bastion  dit 
Berthier.  Marie-Thérèse,  S.  la, 
27  déc.  1792. 


RAYMOND  II,  b.  3  mars  1725. 
Pas  d'is.«ue. 


JEAN  -  BAPTIS- 
TE, b.  31  août  1726. 
Pas  d'issue. 


LOUI.S,  baptisé  22  septembre;  M 
1727  :  nmrié  24  juillet  1758,  à  22  o 
Louise  DcCouagne,  b.  1736,  fille|l75C 
de  JeanlUe,  cap.  d'infanterie,  et  arrit 
de  Dame  Marguerite  I.«neufdeMat 
Falaise,  de  LouisLourg.  Louise,  se  d 
S.  à  l'IIdpital  Qén.  Montréal,  19 
mai  1802. 

(a)  Louise-Thérèse,  b.  1  juillet 
1760  ;  S.  I2a(.ût  ilo. 

ib)  Ijouis,  b.  23  nov.  1761,  reve- 
nu à  Montréal  1803,  mort  aux 
Isles. 

(c)   Uuise,   b.  6  août  1763,8. 


:  DES  BÂBY  DU  CANADA. 

/on,  évêché  dAgen,  dam  la  Guienne,  en  France^  et  ISABEAU  ROBIN, 

da,  1665  ;  S.  à  Champlain,  28  juillet  1688;  marié  à  Trois-Rimeres,  Ijuin 
19  juillet  1655  ;  S.  à  Québec,  20  juillet  1703,  d'où  : 


10 


11 


12 


.  14 
.  à 
oût 


FRANÇOISE,  bJ  MARIE -MADE- 
14  mars  1681,  S.  à  LEINE,  b.  20  nov. 
Chaniplain,  10  fév.  16H3,  m.  30  avril 
1684.  11708,  à  J.-Baptiste 

iRoné  Crevier  •  De?- 
jChenaux,  b.  13  sop- 
Iteiubre  1679. 


MARIE  •  ANNE, 
b.  9  juillet,  1686,111. 
17 1  l,à  Jean-Martin, 
dont  Denis-Frs.,  b. 
23  janvier  1713, 
Repentigny. 


JEAN-FRANÇOIS, 
b.  22  nov.  1682. 


FRANÇOIS-ETIEN- 
NE, Sr.Chenneville,  b. 
5  août  1687  ;  marié  à 
Marguerite  Crevier-j 
de  la  Meslé,  St-Frau- 
çois-du-Lac,  1712,  b. 
1683  et  S.  avant  1742; 
lui  S.  à  Montréal,  1er 
septembre  1767. 


RAYMOND,  posthume,  b. 
16  décembre  1688  ;  m.  9  juin 
1721,  à  Thérèse  le  Comte 
Dupré  et  S.  à  Montréal,  14 
mars  1737  ;  elle  S.  à  Trois- 
Rivières,  à  91  ans,  vers  mai 
1790. 

Le  seul  dont  la  lignée 
du  nom  exiflte  maintenant. 


"•^r 


1708,  sépulture  à 
•tier,  28  oct.  1748  ; 
J3. 

rite  Adhémar,  b.  à 

ean-Bte  Couturier 
Alexis  Langlois,  25 


FRANçoiâ-XAViBR,  b.  19  nov.  1713  ;  S.  1  juin  1715. 

.rosEPH-AL'ousTiN  Baby-Chknneville,  b.  13  sept.   1715  ,  marié    au   fort  St-Louis  de 

Niagara,  10  mai  1742,  à  Marjfuerite  Ang-jlique  Rocbert  do  IjaMorandière  (§uat8en), 

et  S.  à  Montréal,  26  février  176S. 
Jëax-Maroubrcti;,  b.  13  mars  1717.  Lignée, après  lesdécèsdes  onfant.s  suivants  de 

.Io»ei)h,  coiiipièteiiient  éteinte  dans  les  mâles. 
MARiK-AKOÉLKiUK,  1).  21  Sept.  1745,  m.  7  janvier  1766,  à  Louis  Chaboiller,  négociant, 

do  Montréal. 
Catukrink,  b 1747,  m.  là,  14  février  1763,à  Chrystophe  .Sanguinot. 

JraN-MaRIR  CHKNN'bVILI.E   b.  4  sopt.  1749. 

Ci.AUDK-JosEPH,  b.  18  juillet  17.50,  .S.  16  août  1750. 
KiMON-CiiRNNKViu.K,  b   2  mai  1751,  S.  4. 
Marik-Annk,  b.  17  avril  1752,  S.  16  juillet  1752. 
Marie  CiiARi.oTTK,  b.  30  mars  1753,  S.  26  nov.  1743. 
Marguerite,  b.  18  juillet  1754. 
Jaccjues-Joskph,  b.  9  sept.  1756,  S.  19. 

Marie-.Jo3Epht8  Baby  Chennbviixb,  b.. épouse  de  Louis  Oordian  D'Ail- 

lebout,  >Sr.  de  Cuisy,  veuf  de  Madeleine  de  Joncaire  et  décédé  1772. 


10 


11 


MARIE  •  JOSEPH,  b.'  MARIE  -  ANNE, 
ri  oct.  1728,  m.  3  août  b.  8  déc.  1729;  m. 
750,  à  Ijouis  Perrault,'23  avril  1755,àJean- 
.rrière-grand'mère     de  Baptiste    Boucher 


ilatilde  Perrault,  épou- 
e  de  P.  B.  Casgrain. 


de  Niverville. 


JACQUES  IV  du 
PERRON,  b.  à  Mont- 
réal, 4  janvier  1731  ;  m. 
à  Détroit,  23  novembre 
I760,à  Susanne  Hubert- 
Lacroix  Réaume,  &  S. 
là,  2  août  1789. 


I  I      ANTOINE,     b.    15 

URSULE,  b.  10  FRANÇOIS,  b.  4  déo.'février  1735,  sépultu- 
févrierl732;  Ursu- 1733;  marié 27  février  1786  re  à  Montréal,  16  déc. 
Une,  Sto  -  Thérèse-  à   Marie- Anne  Tarieu  de 


de-Jésus,  S.  à  Qué- 
bec, 14rov.  1806. 


Lanaudière  ;  S.  9  octobre 
1820;  conseiller  législatif 
et  exécutif,  adjudant  gé 
néral  des  milices,  àc. 


1764  :  non  marié. 


t'dM  ri  e  r  ffB  I^JWITH  (IS 
Sens  ;  S  1"  nov.  ITI-'.A  Mont-, 
réai,  («t  tie  Anne  Bastion  dit 
Berthier.  Mario  Thérèie,  S.  In, 
27  Uéc.  IT«2. 


(u)  l,oiii»e  l'IiriVHe,  11.  1  jiiillot 

ITCil)  ;  S.   Ili  :iMiiI  .In.  j 

(6)  liOiiis,  I).  2A  nov.  17l)l,  rove- 
nu  à  Montifiil   IS03,  mort  aux 

IslflB. 

(e)   Louiiie,  l>.  6  uoût  1763,  S.I 
19  do.  ' 

(d)  Marie- IjonivA,  Itaptiaéo  31 
août  1705. 

(e)  rrançoioXnvii'r,  1).  17  juin 
1771,  S.  30  liée.  do. 

Lignée  éteinte  i-n  Canada. 


BeiBons,  né»  i  la  baie  de  Niaouenré,  10  juillet  1761, 

et  un  mort. 
Jacques,  b.  Montréal,  18  juil.  1761,  S.  10  août  1761. 

3.  ScsANNB,       b.  I2juil.      1762, 8.  26  mai      1765. 

4.  Jac<juk8,        "  25  août      1763,  "  19  fév.      1833. 


:i 


5. 

Albxis, 

"  24  sept. 

1764,  "  mort  jeune. 

6. 

Thomas, 

<«  22  déc. 

1765,  " 

7. 

SUSANNB, 

"  24  nov. 

1766,  "  nov.  1HI2. 

8. 

TaÉKÈSR, 

"  do  " 

1767,  "  27  mars  1839. 

1.  ElizabbthAnnb,  b.  18  nov.  1803,  S.  1  février  1890,  mariée  Chi.E.  Caigrain,  26  oct.  1824 

(  Eiiza-Mar 

2.  Jahis,  b.  13  février  1805,  S.  marié  25  nov.  1834,  il  C.  E.  Maonauiiira  ;  issus  :  i  William, 

1  fils, 

(  1°  .Iniia  HandD,  S.  19  sept.  1843. 

3.  Charles,  b.  21  déc.  1806,  S.  13  nov.  1871,  m.i  2»  Kosalie  Panot,  .S.  avril  1847. 

(  3°  Mury  McOuekin,  30  juin  1848,  issus  :  1 

4.  Raymond,  b.  26  mai  1808,  noyé  1843,  non  marié. 

5.  Edward,  b.  24  décembre  1809,  S.  8  août  1892,  non  marié. 

6.  WiLLiAH  Lbwis,  b.  30  avril  1812,  S.  9  nov.  1897,  m  (3èuiea  nocos)  à  Eliza  Chapman,  issu 


9.  François, 


7  déc.      1768,  "  24  nov.  1856. 


,11.  Eliza,  madame  liacroiz. 
10.  J.-Baptistb,  "  10  janv.    1770,  "  vers  1856,  marié  à  Ann  Hands,  5  mai  1817,  issus  : 


marié  à  France»  Abbott,  9  septembre  1795,  sépulture  1838  ;  issus  : 
,     „  i         •  loiiQ     (  Francis  (Coumiotlorej  Bâby.S.  19  mars  1888,  à  New  York, 

1.  François,  noyé,  mat  1828.  [  Edmund,_WiIliau>,  .le  Chatlia.n. 

2.  Edmcnd, 

3.  Jambs, Henry,  Chicago. 

4.  Thaddéb, 

5.  Raymond, Raymond,  Sarnia. 

6.  Henry, 

7.  A  i.prrd, George. 

8.  Sdsannb,  m.  James  Dougall. 

9.  Annr,  1ère  femme  de  William  L.  B&by. 
10.  Emily,  m.  Dame  Dewson. 


William,  shérif,  m.  Deilt>.  Christina  Wilson,  issus 
James,  mort  en  Australie,  non  marié. 


11. 
12. 
13. 
14. 

15. 
16. 

17. 
18. 
19. 

20. 
21. 


Théotistb,  "  24    " 

Catiierinb,  "  10  fév. 

Pirrrb,  "    4  mars 

Archange,  *'  25  mai 


1771,  "  vers  1782. 

1772,  "  jeuno. 

1773,  "  11  juillet  1773. 

1774,  "  23  février  1850. 


J.Bte.  .IJ 
marié 
Hamilt 


Peter- Tame!>,  mort  du  choléra,  à  Québec,  1832. 
Franc  •,  S.  sans  enfants. 


Antoine,  b.  19  juin  1775,  S.  2  sept.  1775. 

Pierre,  b.  19  août  1776,  S.  vers  1811,  marié  en  Ecosse  à  Délie.  Pringle,  issus  éteinte. 
MoNiQVK,  b.  1777,  S.  en  Angleterre. 

Panifl,  b.  2i»  déc.     1778,  S  do,  août  1858.  DanjblAntoinb,  b.  1826  ;  Colonel  en  retraite,  :  Bordean,  Leytonstone,  Sussex,  Anglet( 

Antoine  DU  Perron,  b.  1779,  S.  à  Tours  1850,  major  »  »       © 

en  retraite. 

Ix>uis,  h.  1782,  S.  I8le  Bourbon,  tué  en  duel,  1812. 
Il  en  serait  nés  deux  autres  pour  faire  les 
vingt-deux,  nombre  total. 


1.  Adéi.aiuk-Jeanne- Françoise, 

2.  Catiikuink-Antoine, 

3.  Fkançols  Loi'is-Charles, 

4.  Mak<!i:kritk-<)i.iviku  (Toto) 

5.  Mari u-Annk-Josephtk- Agathe, 

6.  Chaki.k.s-FkançoisXavier, 


7.  Jacqies  Raymond, 

8.  Chari.ks, 

9.  Joseputk-Thérèse, 

10.  Mosi<jikUr.sule, 

11.  Marie-Charlotte 

12.  JOSEPH-Loi'l^, 


b.    2  oct.  1787,    S.  29  août  1810. 
"  22  sept.  1788,    "  17  avril  1841,  morte  fille. 
"  23  août  1789,     «    7  sept.  1789  à  Ste  Foy, 

"    8  mai    1791.      "    3  marsàMontréal,  d.  à  N.-Y.  27  fév.  1861,  DmeSelby. 
"  20    "     1793,  morte  fille,  1854.  '  ' 

"  19  juin    1794,    S.    6  août  1864,  marié  à.  Délie.  Clotilde   Pinsonnault, 
sœur  de  l'évêque  de  London,  Ont.,  conseiller  législatif. 


"  17  déc.  1795, .«.  marié  à  Délie  Mouet  de  Moras,  le 

"  25  janv.  1798,  mort  ecclésiastique. 

"31     "     1799,    S.  14janv.  1864,  morte  fille. 

"  25  avril  1801,    "  19  sept.  1838,  Dme.  AinsUe  Young. 

"  25  juin    1802. 

"  16    "      1805,    "  28  janv.  1870,  marié  22  août  1831,  à  Dlle  Caroline  Quy. 


Michel-Guillaume  (Francis),  b.  15  sep 
Ai.iOB,  Lady  Caron  (Adolphe-Philippe) 

1.  Louis-François-Georjb-,  1 

2.  Marib-Anne-JohbphtkCarolinb,    ' 

3.  Marib-Jessé-Emma, 

4.  Jo.seph-Henri, 

5.  HOBAOB, 

6.  Marie-Cordélia, 

7.  Viotoria-Charlottp, 

8.  MARIB-IiOUiaE, 

9.  Charlbs-Alfrbo,  ' 

10.  Marib-âdixb, 

11.  Mabib-Viboinir, 

12.  MARIB-GiolLS,  • 

13.  Pibrrb-Alprbd, 

.  14.  Jaoquis-Josbph,  ' 


i.^i'  1  licicse,  II,  1  juillet 
lli  .l'ait  .1(1. 

is,  \).2.i  nov.  1761,  rêve- 
iilri'ul   |S(JJ,  mort  aux 

lUe,  b.  t)  iv>ût  1763,  S. 

riefiOiiiso,  haptiiéo  31 

içois-X.iTicr,  I).  17  juin 

)  liée.  (lo. 

éteiiiie  i-ii  Cutiada. 


mmmmmmfnm 


mm 


iriée  Chi.E.  Caigrain,  26  oct.  1H24. 
S.  Maoiia:uiira  ;  issus 


a  Hands,  S.  19iept.  1843. 

alio  Panot,  S.  avril  1847. 

y  Mca.eki„,  30  juin  184H,  U.us  :  Mary,  Da.e  McKee.  Eli.,  Da.ne  A,ki„,  et  Charles,  .«arié  à  Dlle.  Madeleine  Wat.on. 

rié. 

..««  noces)  à  Eliw  Chapu.an,  issu  :  William,  Détroit,  u.arié  à  Délie.  Julia  Beatty  :  b.  une  fille. 


4  ;  iiisiia  : 

imtâr  """■'  ^^^^'  *  ^'*''»'  York,  E..U.  ,  et  Albert,  St-Louis,  Mi... 


l/'hristina  Wilson,  issus  : 
non  luarié. 


■^«Irié?ï^^;;ïi;^'\>îïî^'1;i^^'^;;;:;:':' --      de  rr„té..ieur  ,  à  laissé  enfants,  dont  un 
Haaùlton  ,  w'/.lie,  Winniregj'^^lnieTte'D^Qua;;;!^^^^^^^  plusieurs  enfants,  à 


choléra,  à  Québec,  1832. 

ts. 


lean,  Uytonstone,  Sussex,  Angleterre  :   Un  fils  unique,  George,  E.  A.,  S.  9,nai 


1889,  à  27  ans. 


h.  26  août  1832,  Juge  Baby.  m.  à  Délie.  Berthelet. 

7nov.  IS.'53,  S.  2(»août  1834. 
"    8déc.  1S31, 


2  tilles  mortes  en  bas  âge. 


Louis- Frakçois-Gïor  JE-, 

MARIB-ANNB-JoilBPHTK-CAROUNB, 

Marib-Jbssé-Emha, 

JoSBPH-IJEyRI, 

HORAOR, 

Vf  ARIB  CORDÉLIA, 

V^iotoria-Charlottp, 

^ARIB-LoUiaG, 

^aARLBS-ÀLFRIO, 

tfARIB-ÂDIXB, 

Kakib-Viboinib, 

liARIB-CioibB, 

ftBRRB-ALrRBD, 

UOQUBS-JOSBPH, 


6fév.    1846. 
'  26  fév.    1836,   '<  23  juil.  1836. 

"  U  juiL   iSV       îî'--  ^^"'.'?  »*'>-«'•'  5  fil»- 

"  21  mai   1840, 

"    7  sept.  1841, 

"    9janv.  1843,  .S.  15  fév.  1841." 

"  20  juil.   1844,  "    9déc.  184). 

"  15  mars  1846,  "  27  juil.  1846. 

"  24    "      1847. 

«  29  août  1848. 

"    5  juin  1851. 


Ste-Carohne,  Congrégation  N.-D.  Montréal. 
nte-Marguerite-Marie     "  « 

Dme.  Vve  de  Salaberrv. 


\ 


V 


■dk»'.' 


\ 


Chef,  16  v^irH  1650,  et  tl«3cédé  en  France  avant  1715  ; 
do  Carcy,  dont  : 


1.  KHANÇ 

2.  ,}.\aiv 
;5.  josEP 

4.  SUSAN 

5.  LOUIS- 

6.  MARIE 

7.  MARIE, 

8.  OUILL 


issiie, 


ite-Monique,      b.  19  mars, 
8.    1  février, 

'.B,  Casgrain,    b.  28  tlécembre,    1831. 


9.  JE  A  NI 

10.  MARIE 

11.  JEANI 

12.  MARGl 


b.  (j  janvier, 
8.  7  février, 
b.  5    février. 


1804. 

1852,  dont  : 
1829. 

1830. 
1892. 


b.  25  août, 
s.  18  avril, 

b.  28  mai, 

b.  29  juin, 
8.  on  bas  âge. 


i«;u. 

1835. 
1836. 
1838. 


IStif). 

1877,  Dame  Chs.  Pacnud. 

1850. 


i-Albert  Bonder,  d'où  : 

I,  marié  I0  8ept.  1S44,  à  Marie-Sophie-Matilde  Taché,  d'oii  : 

larie. 

1820,  S.  5  octobre  1872,  marié  nov.  1841,  à  Dame  M.- A.  Jane 

b.  20  nov.     1842,  Dame  Vve.  Jules  Taché. 
"  30  juillet  1844,  marié,  12  oct.     1868. 
,30  juin      1846,  S.  18  déc.     1854. 

184H. 

1H49. 

1851,  S.  10  oct. 

1854,  S.  4    juil. 

18.56,  S.  18  fév. 

1857,  m.  27  août  1895. 

1758. 

1860. 

1862,  S.  26  iui!.     1862. 

1863,  S.  23  fôv.     1865. 

5  mai  1878  ;  Dame  Eugène  Taché,  8ans  enfant." 
ontmagiiy. 


le  Martigny,  d'où  : 

;  Dr  Bonjaiiiin  (îlobensky. 

lier. 

etto. 

•liOuise  Perrault,  cousine.  2''  à  Délie  Qlobensky.  S*^  à  Delle 


"  20  fév. 

"  2(»  fév. 

"  29  sept. 

"  24  août 

"     4  fév. 

"    3  janv. 

"  3  oct. 
KAiv,  •'  30  oct. 
,AX,    "  20  avril 

"    5  mars 


?*. 


Istati  do  Martigny. 


d'où  :  Charlotte,  S.  Vve.  de  Pritno  Leinoino  de  Martigny. 
le,  et  .MarioLouiso,  1ère  feiune  d'Adhélard  do  Martigny. 


lodlif  Olivn.  m.  2^  au  Dr  François  Portier,  d'où  :  Olympe,  Vve. 
8,  Vve.  d'Achille  Fortior,  et  Caroline,  fille. 


Lignée  cil  Caiiailii  des  aiioôtie»  et  descendants  de  JoSK 

Chef,  1650,         JACQUKS-FRANÇOIP,  maître  cliinirgien,  de  la  paroisse  Saint-Jacques,  en  la   ville   de  Cosne-snr-Lo 

marié  il  Margneriie  Caché,  dont  :  FRANÇOIS,  marchand  fdrain,  né  en  France  ;  marié  à  Ç 


I.  FUANÇOISANTOINE, 
•>.  JACQUES,  l'aîné, 

3.  JCSEPII-FIlANÇOIS, 

4.  SUSANNEJOSEPIT, 

5.  LOUIS-FRANÇOIS, 

6.  MA  RIE-SUS  AN  NE, 

7.  MARIE-ANGÉLIQUE, 

8.  OUILLAUME-MICIIEL, 

9.  JEAN-BAPTISTE, 
10.  MARIE-AGATHE, 

II.  JEAN-BAPTISTE, 


b.  23ontiibro       1710. 
B.  OU  l>:ilàge. 

b.    2  juin  171S. 

a.  21  umra  1775. 

b   18  septembre  1710. 
8.  I  niin'â  1774. 

b.  30  septembre  1720. 


h.  Ifl  novembre  1721.   - 
8.  1782.  ] 

h.  25  janvier       1723. 
8.  18  février         1723. 


inurié  il  Murie-Joseplt  Biibie,  3  août  1750,  dont  : 

1.  MARIE. TOSEPIl-LOUISE,      b.  24 .juillet,        1751. 

t.  aux  Illinoin. 


iimrié  à  Montréal,  7  Janvier  1783,  A  Ui 
1.  JOSEPH  FRANÇOIS-XAVIER, 


2.  NICOLAS-LOUIS, 

3.  JOSEPH-FRANÇOIS, 

4.  THÉRÈSE, 

.5.  JOSEPlIMICHEf., 


b.  14  uiiii 
B.  après 


172J. 
1795. 


b.  23  février  1720. 

F.  12  juin  17W. 

b.  3  juillet  1727. 

8.  avant  1730. 


b.  0    avril 

s.  3    mai 


1729. 
1733. 


b.  2   .juillet         17.30. 
8.  après  1798. 


1).  f)    juillet,  1752, 
g.  au.\  IllinoiM. 

b.  2    juin,  1753.   J 

N.  4    avril,  1S44.  S 

b.  25  8optoinlire  1754. 

i>.  12  oi'tolire,  17')4. 

b.  19  août,  1755. 
8.  en  bas  âge. 


2.  Makie  Uk.sci.e,  Dme.  BirouANAN, 


6.  FRANÇOI.SESUSANNE,         b.  14  mai,  175r.. 

s.  aux  Illinois,     I7yil. 


7.  MARIE-ANTOINETTE, 

8.  LOUISE, 

9.  MICHEL-NICOLAS, 
10.  FRANÇOIS, 


b.  14  mai,  I75('(. 

s.  26  juillet,  I75t). 

•i   10  mai,  1757. 

s.  28  mai,  1757. 

b.  18  mai,  1758. 


b   8    mai,  1759. 

s.  avant  1772. 


12.  MARGUERITESU.SANNE,     b.  31  octobre       1731. 

8.  4  février  1805. 


11.  FRANÇOISE  CHARLOTTE     b.  18. juin,  17()0. 

8.  aux  Illinoix. 


12.  JEANBAPTI.STE, 


b.  25 décembre,  I7()l. 
s.  aux  Iles. 


3.  THÉRÈSE, 


4.  JEAN-BAPTISTE-RICHARD, 


5.  MARIEELÉONORE, 


6.  CHARLES  NORBERT, 

7.  URSULE-CHARLOTTE, 

8.  ANGÉLIQUE-OLYMPE, 

9.  FRANÇOIS, 

10.  LOUIS-RICHARD, 


p«N»xcx  e. 
R  A  U  L  T . 

1  et  descendants  de  Joseph-Fkançois  Pkfhault. 

ville   de  Cosne-8ur-Loire,  diocèse  d'Auxerre,  en  Bourgogne  ;  né  vers  1650,  et  décédé  en  France  avant  1716  ; 
lé  en  France  ;  marié  à  Qnébiic,  22  noveinlire  1715,  à  Suaanne  Page  de  Carcy,  dont  : 


A  Montréal,  TJanvior  1783,  A  Ursule  MoCiirthy,  dont  : 

SEP»  FRANÇOIS-XAVIEU,      b.  I(»  fôvrior,         1784. 

H.  20  déooaibre,    ISfji. 

iitiK  Uiwci,E,  Dme.  Bithanan,      b.  4    août,  1785. 

s.  28  iléooiiibi'o,     18011. 


I 


uiarlé  à  Marie-Esther  Lussier, 
1.  Appoline  Enthev,  Daino  Massiie, 


b.  0  janvier, 
8.  7  février, 
b.  5    février, 


1804. 

18.52,  dont  : 
1829. 


2.  Josephte-Ursulo,  Sœur.Sainte-JIonique,      b.  19  mars,  1830. 

8.    1  février,  1892. 

3    Charlotte  Matilde,  Duiue  P.  B.  Casgrain,    b.  28  décembre,    1831. 
4.  Reine-RosineLouise, 

!}   Joseph-Xavier, 

6.  Victoria-Philoinène, 


b.  25  août, 
s.  18  avril. 

18.(4. 
1835. 

b.  28  mai. 

1830. 

b.  29  juin, 
8.  en  bas  âge. 

1838. 

ÉRftSE, 


ANBAPTI.STERICIIARD, 


RIEELÉONORE, 


ARLES  NORBERT, 

SUr.ECIlARLOTTE, 

OÉLIQUEOLY.MPE, 

ANÇ(.»IS, 

IJIS-RICHARD, 


b.!  Ornai,  1788. 

8.  l.J  octobre,        1840. 


mariée,  23  janvier  1816,  à  Louis-Albert  Bender,  d'où  ; 

(a).  Albert,  b.  25  février  1817,  marié  10  sept.  1844,  à  Marie-Sophie-Matilde  Taché,  d'où  î 

Albert,  Eugène  et  Marie. 
(6).  Louis-Prosper,  b.  3  oct.  1H20,  S.  5  octobre  1872,  marié  nov.  1841,  à  Dame  M.-A.  Jano 

McMillnn,  d'où  : 


b.    2  septembre,   1780. 
s.  en  bas  âge. 


b.    8  (léoonibre,    1791 . 
8.    y  décembre,     1858. 


1. 
2. 

3. 
4. 
5. 


M.-A.-.Iane, 

LouisProsfkr, 

Eléon'oiib, 

At.llERT, 

Hkniu, 

6.  AuitÊLK, 

7.  Soi'UIE-TlIÉKiîSK, 

8.  ELÉOyORE-ElJGKNIK, 

9.  Alfred- H.-FRÉnÉRio, 

10.  Euoêxe-Ed.-Xapoi.éo.v, 

11.  Phimim'e-Erne.st  Casiiuaix,  •'  30  oct. 

12.  .riiLEs-AKTnuivMcMii.i.AX,    "  2'1  avril 

13.  Mary-Thkrèse,  "    5  mars 


b.  20  nov.     1842,  Dame  Vve.  Jules  Taché. 
"  30  juillet  1844,  marié,  12  oct.     1808. 
"■30  juin      1840,  S.  18  déo.    1854. 

1848. 

1849. 

1851,  S.  10  oct. 
1854,  S.  4    juil. 

1850,8.  18'fév. 

1857,  m.  27  août  1895. 

1758. 

1860. 

1862,  S.  "Ofuil.  1862. 

1863,  S.  23  fév.  1805. 


«'  20  fév. 
"  20  fév. 
"  29  sept. 
"  24  août 
"  4  fév. 
'<  3  janv. 
"  3  oct. 


1806. 

1877,  DameChs.  Paoaud. 

18.56. 


2°  à  Délie  Qlobensky.  3^  à,  Délie 


b. 

s. 

17  avril, 
10  juin, 

1793 
1832 

b. 

s. 

7  mars, 
en  bas  âge. 

1791 

b. 

s. 

14  juillet, 
8  mars. 

1795 
1845 

b. 

s. 

7  avril. 

1799. 

b 

s. 

10  .'ivril, 
en  bas  âge. 

1800 

(c).  Eléonore,  née  1822  ;  S.  là  mai  1878  ;  Damo  Eugène  Taché,  sons  enfants, 
(d).  Thérèse,  morte  fille,  à  Montmagny. 

n:ariée  1°  à  Jacques  Lelloine  de  Martigny,  d'où  : 

(a).  Marie-Eléonore.  .S.  m.  ai  Dr  Bonjauiin  Globensky. 

(6).  .Tacques,  S.  m.  Délie  Rolier. 

(c)    Charles,  m.  Délie.  Laviolette. 

(d).  A'.Uiélard,  m.  1"  à  Marie-Louise  Perrault,  cousine. 

Malvina  <le  Martigny. 
(e).  Hugues. 
if).  Marie-Louise,  m.  Dr  Adelstan  do  Martigny. 

mariée  2  '  à  Aimé  Massiie. 

marié  à  Charlotte  Desbarats,  d'où:  Charlotte,  S.  Vve.  de  Prime  Lemoine  de  Martigny. 
Jacqueline,  morte  fille,  et  Marie-Louiso,  1ère  femme  d'Adhélard  de  Martigny. 


mariée  1°  on  1818,  à  Frédéric-Godlif  Oliva.  m.  2"^  au  Dr  François  Portier,  d'où  :  Olympe,  Vve. 
Dr  Bolleau  j  Hennins,  Vvo.  d'Achille  Portier,  et  Caroline,  fille. 


APPENDICE    D. 

LIGNÉE     DES     CÔTÉS. 

Jean  Côtiî,  né  en   France,  s.  28  mars  16G1,  clans  l'église,  à  Québec  ; 
marié.  17  nov.  1535,  à  Québec,  à 

Anne  Martin,  s.  4  déc.  168-1  ;  fille  d'Abraham  Martin,  dit  L'écossais, 
pilote-royal,  et  de  Marguerite  Langlais.  —  Ore^e  de  Le- 
coustre,  27  déc.  164-7. 

Mautin  Côté,  b.  12  juillet  1639,  à  Québec  ; 
marié,  25  juillet  1667,  au  Château-Richer,  à 

Si'SANNE  Page,  b.  3  mai  1654  ;  fille  de  Raymond  Page,  sieur  de  Carcy 

ou  Quercy,  b.  1604;  s.  à  Québec,  20  nov,  1683;  marié  à   l'Ange-Gardien, 

1642,  à  Madeleine  Bergeronne,  b.  1616;  s.  à  Québec  23  mars  1687.  — Susanno 
avait  pour  frère  Guillaume,  b.  22  juillet  1657,  lequel  épousa,  30  janvier  1679, 
Elizabeth  Letarte,  père  et  mère  de  SusANNE  Page,  aïeule  du  protonotaire 
Joseph- François  Perrault,  gran(l-]ière  do  Matilde  Perrault,  ma  femme.  Bio^ 
graphie  di'.  J.-Fts.  Pei'raalt  pur  hù-mèni'i,  p.  4.  —  D'où  la  consanguinité  des 
Côtés  et  des  Perrault. 

Jean  Côté,  dit  le  Frisé,  b.  25  avril  1670,  à  la   Sainte-Famille,  Isle- 
d  Orléans, 

marié,  8  fév.  1694,  à  Beauport,  à 
Makie-Anne  Langlois. 

Pierre  Côté,  b.  26  avril  1703, 
marié,  18  fév.  1726,  à  Saint-Laurent,  Isle-d'Orléans,  à 
Marguerite  Delage. 

Marie-Marguerite  Côté,  b.  20  août  1745,  à  St.-Pierre,  Isle-d'Orléans, 
fille  de  Pierre  Côté,  décédé,  et  de  Marguerite  Delâge, 
mariée,  14  fév.  1775,  à  Québec,  par  contrat  devant  Mtre  J.-A.  Panet,  à 

Jean-Baptiste  Boneniant,  d'où  ;  — 

Marie-Marguerite,  b.  à  Québec,  11  février  1776,  et  mariée  23  juillet 
1790,  à  Pierre  Casgrain  ;— d'où  la  consanguinité  des  Côté  et  des  Casgrain. 


JEAN-BAPTISTE   ] 
Macauc 

Marié  :  1°,  en 
Brifieai 

1.  JEAN-BAPTIST 

2.  FRANÇOIS,  juH 

3.  PIERRE,  ' 

4.  JOSEPH-AMAB 

5.  MARIE-ELIZAI 

naire  ai 
à  Louis 
jouri. 
sept.  1! 


Marié  :  2°,  en 

C.  MARIE-MARGI 
27  juin. 

7.  JEAN-BAPTIST 

8.  MARIEtîFIARL' 

Juillet  J 

9.  LOUISECATII] 


(I)  L'origine  tli 


de 
.31 

%lée 

•éal, 

.8,  à 
:  et 


lUES 

très 

La 


AFPKNDIOI-:    K. 


LIGNÉE    DES   BON  ENFANTS.'" 


JEAN-BAPTISTE   BONENFANT,  1er.,  breton,  né  en  France  1713,  négociant  à  la  Rivière  Quelle  ;  S.  là  dans  l'église,  1 1  août  1797,  ûgé  de  84  ans  ;  —fils  de  Louis  et  de  Ililairette 
Macaud,  de  1»  paroiise  de  Fraignaud,  ù  une  lieue  de  Fontenay,  en  Poitou. 

Marié  :  1°,  en  France,  12  mai    1745,  à   Marie-Elizabeth  Bals,  (Bnlse  ou  Barde),  née  1722  ;  S.  à  la  Hiriore-Oiielle,  0  sept.  1774,  à  52  ans  ;  fille  de  Jean  et  do   Dame  Brisseau  (ou 
Brifieau),  du  bourg  de  La  Flotte,  islo  de  Klié,  diocèse  de  La  Rochelle  : — Contrat  de  mariaj.'e  devant  Thilouor,  notaire  royal.    Issus  : 
1.  JEAN-BAPTISTE  II, né  en  France,  174G  ;  S.  à  la  R.  Ô.  30  avril  1790,  à  45  ans.   Marié  à  17  ans,  1^,20  mai  1763,  à 


2.  FRANÇOIS,  jumeau,  h.  24  oct.  1752,  à  la  R.-O.  ;  S.  27  nov.  1752. 

3.  PIERRE,  "         "    "    "      "        "      "         "  24  déc.  1752. 

4.  JOSEPII-AMABLE,  b.  à  Kamouraska,  5  juin  1757,  S.  là,  1757, 

5.  MARIE-ELIZABETU,  née  à  St-Nicolas,  b,  à  St-Antoine-de-Tilly,  28  sept.  1759,  pension- 

naire aux  Ursulines  de  Québec,  1770-72  ;  mariée  à  15  ans,  20  septembre  1774, 
à  Louis  Gaonon,  maitre-chantre,  S.  29  janvier  1838,  âgé  de  86  uns,  5  mois,  10 
joun.  Elle  S.  16  août  1815.  Issus  :  5  garçons  et  2  iilles.  Louis,  l'aîné,  m.  16 
sept.  1816,  à  Catherine  Ouellet,  Vve.  François  liérubé. 


Marié  ;  2°,  en  Canada,  à  Québec,  14  février  1775,  à  Mauie-MariujekiteCôté,  d'où  :  — 
0.  MARIE-MARGUERITE,  b.  II  février  1770  ;  m.  à  14  ans  et  5  mois  à  Pieuuk  Casouais, 
27  juillet  1790. 

7.  JEAN-BAPTISTE,  b.  17  juillet  1777,  S.  en  bas  âge. 

8.  MARIE  CHARLOTTE,  b.  19  août  1778,  m.  à  15  ans  moins   13  jour»,  à  Fuançois  Têtu,  2 

juillet  1793. 

9.  LoUlSE-CATIIEHINE-XAVIER,b.  6  avril  1781. 


(1)  L'origine  du  nom  dérive  de  bomim  ilf'ans,  bien  parlant. 


Véuoniqik  Miii.i,oi.s  dit  Lei'age,  à  Rimouski,  fille  de  Paul  et  de  Catherine  Rioux,  et  S.  à 
la  RivièreOuelle,  22  oct.  1781  ;  d'où  : , 


a.  JEAN'  BAPTISTE,  lU,  b.  1704,  S. 

marié,  7  janvier  1783,  à  Marie-Dorothée  Tludon,  d'où 


1.  JEAN-BAPTISTE,  IV,  b.  17  oct.  1783,  huissier;  m.  25  noveinbro 
1818,  .i  Marie-Félicité  GagnonditBelzislo,ù  Kamouraska  ; 
S.  20  décembre  1867,  à  la  RivièreOuellc. 

2.  CHARLOTTE,  b.  Il  avril  1785,  morte  fille,  à  Ste  Fiavie. 

3.  LOUIS,  b.  22  mai  1786,  garçon,  engagé  de  Chs.  Têtu,  S. 

4.  VINCENT,  b.  10  août  1787,  m.  à  Québec,  0  juin  1811,  à  Marie 
Moreau  ;  d'où  Kév.  Joseph  Bonenfuut,  curé  do  Berthier, 
Montmagny. 

5.  PAUL,  b.  18  avril  1789,  m.  1809,  à  Judith  Ouellet,  d'où  : -Thomas, 
Jean,  Pierre,  Eilouard,  Vincent. 

0.  PIERRE,  b.  26  août  1781,  m.  Victoire  Courcy. 

7.  BASILE,  b.  28  mai  1793,  passé  aux  Etats-Unis. 

8.  EDOUARD,  b.  2  mai  1797,  garçon,  S.  1832. 

9.  JULIE  (la  Pée),  b.  12  juin  1801,  m.  à  Louis  Dastous. 

b.  JOSEi'ir,  b.  6  juin  1706,  m.  à  MaricMiville  Déchesne,  19  février  1787,  d'où  :  Louise- 

Sophie,  b.  18('(,  m.  19  juin  1820,  à  Romain  Lebel  ;  d'où:  Félicite, 

m.  à  Mathieu  Bouchard  ;  d'où  :  Rév.  Pierre  Boiichanl,  missionnaire  apos- 
tolique, à  Kartoiun,  décédé  à  Port-d'Espagne,  12  sept.  1896. 

c.  VÉRONTIQUE,  b.  5  août  1768,  m.  à  Chs.  (^agnon. 

d.  ELI/AIiKTII,  b.  23  iioût  1771,  (îs.-vbclle,)  m.  à  Isidore  Gagnon,  27  nov.  1786. 

e.  REINK,  b.  18  juillet  1773. 

/.  PlKliUKJEAN,  h.  20  juin  1775,  célibataire;  S.  15  mars  1856,  à  Cacouna,  dans  l'église. 
g.  MARGUKRITE,  b.  5  juillet  1777,  m.  à  Louis  Carrier  de  St  Régi»,  17  janvier  1803. 


JKAXIi.ll'TlSrK,  II. 

Marié  2'>  13  janvier  1783,  à  Marie-Anne  Lcbel,  fille  de  Jean-Biiptiste  et  de  Marie- 
Anne-Joseph  V,\\e>  «lit  Breton  :  d'où  :  — 
I     h.  MARIE-ANNE,  b.  20  février  1784,  m.  1  juillet  1805,  à  Clément  Dechcne. 
l    i.  NICOLAS,  b.  9  oct.  1785,  m.  11  oct.  1811,  à  Victoire  Martin. 


APPENDICE  F. 

LIGNÉE   DKS  EÉAUME,  ALLIÉS   BABV. 


1665.  oct.  29,  mariage,  à  Québec,  de  René  Réaume,  b.  1643,  fils  de 
Jean  et  de  Marie  Chevalier,  de  N.-D.  de  Cogne,  évêché  de  La  Rochelle  ;  s.  31 
oct.  1722  ;  avec  Marie  Chevreau,  b.  1652,  fille  de  François  et  d'Antoinette  Jalée 
de  Saint-Valérieu,  évêché  de  Chartres.     Issus,  14  enfants  :— 

Robert,  le  second  fils,  b.  à  Québec,  26  janvier  1668,  épouse  à  Montréal, 
Elizabeth  Brunet,  22  sept.  1696,  d'où  :— 

Pierre,  b.  à  La  Chine,  6  oct.  1709,  marié  à  Détroit,  20  janvier  1738,  à 
SusANNE  Hubert  dit  Lacroix,  fille  de  Louis-Joseph  Hubert  dit  Lacroix  et 
de  Madeleine  Trottier,  d'où  :— 

SusANNE,  b.  à  Détroit,  13  sept.  1740,  et  mariée  là  24  nov.  1760,  à  Jacques 

DUPERRON   BaBY. 

René,  frère  de  Robert,  et  Marie  Guyon,  son  épouse,  sont  les  ancêtres 
de  M.  l'abbé  A.  Rhéaume,  prêtre,  du  Séminaire  de  Québec. 

Hyacinthe,  fils  de  Robert,  eut  de  son  mariage  avec  Agathe  De  La 
Celle,  Julie,  épouse  de  Pierre  Hay,  d'où  les  Hay  de  Moutigny,  en  France. 


APPENDICE  G. 

LES    A  B  U  O  T  T    DE    DÉTROIT. 


D'après  les  renseignements  que  j'ai  obtenus  de  l'honorable  Jatnes-V, 
Campbell,  jujje  à  Détroit,  et  l'auteur  de  "  Owtlines  of  tlie  Political  Hidory  of 
Mickùjan,"  comme  aussi  de  M  Sicotte,  ex-shérif,  et  gendre  de  Robert  Abbott, 
cette  famille  serait  anglaise  d'origine.  James  Abbott,  la  souche,  serait  n>''>iii- 
moins  né  à  Dublin  vers  1725.  Il  servit  dans  l'armée  anglaise  en  Amérique,  et 
on  le  retrace  à  Albany,  dans  l'état  de  New-York,  vers  1742  et  ensuite  jusqu'à 
1763.  Il  avait  un  frère,  sinon  un  homonyme,  le  lieutenant  Edward  Abliott, 
dans  l'armée,  dont  le  général  Amherst  avait  alors  le  commandement.  Il  est 
présumable  que  c'est  le  même  Edward  Abbott  qui  fut  plus  tard  commandant 
dans  les  postes  do  l'Ouest,  notamment  à  Vincetines,  et  dont  la  correspondance 
appiiraît  en  partie  dans  les  "  Huldiviand  Papers."  Les  descendants  de  ce  frère 
existeraient  aujourd'hui  dans  les  environs  de  Chatham,  Ont. 

James  Abbott  aurait  profité  de  la  paix  qui  avait  terminé  la  guerre  de 
Pontiac,  pour  aller  s'étabi  r  à  Détroit,  dans  le  but  d'étendre  son  eoinmerce  de 
pelleteries.  Il  était  alors  pourvu  de  moyens  assez  amples,  ayant  divers  comp- 
toirs dans  l'Ouest,  entre  autres  à  Vincoiines,  Fort-Wayne,  à  la  Prairie-du-Chien, 
à  la  Buie-Verte,  à  Mikinaw  et  dans  l'Inliani,  dont  Détroit  devint  le  quartier 
général.  Il  n'était  pas  marié  alors  et  peu  de  t  imps  aprè>'  il  retourna  à  Albaiiy 
pour  épouser  une  dame  hollandaise,  baronne  Van  Brocklowe,  de  la  tribu  des 
"  Mohawk  Du,tch:" 

Ma  mère,  étant  montée  à  Détroit  en  185+,  alla  rendre  visite  à  son  vieil 
oncle  M.  James  Abbott  II,  tils  de  James  ci-dessus  et  alors  Agé  de  82  ans.  Il 
était  assez  bien  pour  venir  la  reconduire  jusqu'au  bateau  de  la  traverse. 

Je  reproduis  ici  une  notice  sur  cette  famille  (jui  a  été  publiée  dans  le 
"  IMroit  Frce  Pras  du  9  décembre  1883,  sous  le  titre  suivant  : 

OLDEN  DETROIT 

^ketches  of  Her  Pionneer  Merchanta. 


THE    ABBOTTS 

Tbis  family  of  merchf  nts  consisted  of  James,  Sr.,  Robert  and  James,  Jr, 
It  is  not  at  ail  probable  that  the  cbaracter  of  our  avernge  pionneer  mer- 
chant  will  ever  be  overestimated.  A  nob'y  enterprising  and  fearless  class  of 
naen  were  those  early  adventurers,  mainly  French,  Irish,  Scotch  and"Sci>ch- 
Irish,"  who  so  early  sought  homes  and  fortunes  in  tins  frontier  settlcinoiit. 
Even  three-quarters  of  a  century  later,  when  the  unparallele  I  ressources  (tf 
Michigan  drew  hither  that  multitudinous  army  of  immigrants  comprising  fhe 


—  II  — 

most  enterprising  of  tlic  New  Yorkers  and  New  Enyliuidcrs,  the  Imulsliips  of 
pionneei'  lit'oconstitntoil  for  tlie  local  historinn  aliiiostaiicvei-preseiit  in.spiiiitioii. 
Oncp  t>stiil)lishoii  Iiero,  with  c.H)ital,  iiorvo  and  bus'mosi  talent,  tho  is.suu  was  fuUy 
assuiod  tliroiij^h  tlio  liiitdsouie  profit-;  in  vogiio  froni  tlu'  sale  of  goods,  bnt  iiioro 
especially  froin  the  still  liirger  profits  accruing  froni  the  tiade  in  furs.  Yet. 
after  ail,  so  far  as  concorns  tho  opérations  of  sonie  of  the  more  proniinent  of 
oiir  cariy  tra  lors,  snch  as  the  Macond)s,  the  Godfroys,  the  Ahbotts  and  others, 
the  retiirns  yieided  by  tliat  very  important  tra  le,  large  as  tliey  were,  were 
overshadowod  by  tho  immense  profits  accruing  from  tirst  to  last  from  their 
invostments  in  roal  estate.  In  the  ordinary  rnn  of  business  the  accumnlation  of 
great  wealth  is  often  attained,  at  least  in  part,  by  rigid  penurionsness,  but 
tins  was  far  froni  being  che  raie  with  the  chiss  now  under  considération.  Thoy 
w  fre  in  a  situation  to  give  free  scope  to  lofty  ains  and  generous  instincts,  and 
still  accumuiate  an  amount  of  wealth  consonant  with  reasonable  ambitions.  80 
far  from  being,  as  a  class,  liège  sul)jects  of  Mammon,  many  of  them. 

"  scoi'iieil  lus  dii'ty  uiine, 
And  would  not  wornhip  at  his  shrino." 

The  personality  of  the  late  Hon.  James  Abbott  was  a  familiarono  to  the 
citizens  of  Détroit  previous  to  liis  death  in  1858.  He  was  well  known  to  hâve 
beeii  an  old  uierchant,  but  ail  of  our  citizens  were  not  aware  of  the  fact  that 
his  father  bL.'fore  him  was  in  the  same  line,  and  that  as  such  lie  was  ono  of  the 
earliest.  Tlie  elder  James  Abbott  was  born  in  the  city  of  Dublin,  whence  ho 
fouud  his  way  to  Albiuy,  N.  Y,,  and  nuist  hâve  corne  to  Détroit  in  iTlîîîor 
soon  afterwards.  The  only  data  hearing  upon  the  tjuestion  of  the  perioi  of  his 
arrivai  consi.st  of  the  faets  tliat  nfter  he  came  he  establishetl  no  fewer  than  fiv© 
bu>iness  posts  at  other  points  in  the  West  — his  lii'aili|uarters,  of  course,  being 
still  Iiere  — that  aftcr  this  was  accoinplished  he  weut  to  Albaiiy  upon  a  matri- 
monial mission:  that  his  oldest  child,  Mrs.  William  Hands,  was  born  in  1770, 
and  Robert,  liis  next  oldest,  in  1772.  The  only  fact  that  seems  to  bc  known 
bearing  upou  the  earl^^  liistory  of  his  wife  is  Ih.it  slie  belonged  to  the  tril;i:  of 
"  MohawU  Datch,"  but  this  is  not  eutiroîy  déduite  as  showing  her  origin,  iuas- 
much  as  both  Duteh  au  1  (Sermui  citi^eua  hâve  Ikvmi  iucluded  in  th-it  category. 
The  posts  ref 'rred  t>  were  at  Vinccnnes,  Fort  Wayne  (then  Miaud),  Prairie-du- 
Cliien  "  Michiliiuiakinac,  "  and  on  the  Wabasli  uear  the  uu)uth  of  the  Tippe- 
canct'.  Altliouçrh  the  head  of  the  family  was  of  Iri>h  birth,  it  is  bidieved  tliat 
lie  was  of  Eiiglish  liueago,  a  theory  tiiat  would  secm  tj  be  sustaiue  1  by  lus 
pntronymic. 

Jamos  Abbott,  Jr ,  as  is  well-known  to  our  oM  citizens,  was  married  to 
Sara.i,  <hiu^;]iter  of  Miij.  Wliist]<>r,  of  the  ai'uiy,  and  sisti.r  of  the  late  Cnl, 
Whistler.  The  first  fort  at  Chicigo  was  built  by  Major  Whistler,  and  the  above 
marriage  was  celebrateil  at  that  post.  The  wefaliug  party  came  t(i  Détroit  on 
horaeback,  following  au  Indian  trail. 

Robert  Abbott  was  married  to  a   daughter  of  Mr.  Audrain,  the  tirst 


—  III  — 

Rcffiatmv  of  Doods  of  Wayiio  CDUiity.  "  Tiio  wil'o  of  tlmfc  woll-kn  )\vn  cibiZ'Mi, 
ox-Shoriff  E'iwar  1  V.  Sicotte,  is  a  (Uiiglitcr  of  Kah^rt  Aliltott.  Ci)nsitl.nMl>le 
reftl  listiito  w'.is  li'l't  hy  iho  uMcr  Alihott.  P.ift  of  tlii-i  coiisi.st<!  1  of  tl»  »  so  itli- 
en'^t  corner  of  Woxlwaril  an  1  Ji'Hersot»  avorim-s,  so  lo  )<?  oecupio  l  hy  Joa  itli  in 
L.  Kiii^.  Tho  eorn(M'  was  jnncli  isoil  l.y  Mr.  King,  wlio  t'ri'cted  tl\o  Itrick  storo 
iiow  standing.  A;lhongli  tlus  .-^toro,  wlien  lirst  luiiU,  was  not  S)  liig!»  l>y  <»  o 
story  as  ni  présent,  it  was  tlif  yrandust  structnre  in  ail  liu!  North\ve.>,t,  and  a.s 
such  attracted  universal  attention. 

V\»m  llolii-rt  coniing  of  agi;  in  170.'1,  lie  was  taki'n  into  parliier^liip,  llie 
lîrin  naine  lieing  James  Aliliott  &  .Son  ;  and  upon  Jame>,  the  ^'oung^^r,  attaiaiiig 
his  niajority  a  .siniilar  forinality  was  goiie  thnjiigh,  with  tho  plural  1)  dng  atlixed 
to  tlie  nanie.  A  fe\v  yearssnliseqnent  to  the  death  of  the  fathcr,  which  oecin-re  l 
in  ISOO,  Roliort  and  James  entered  into  a  hnsiness  "  underst.in  liag  "  of  soine 
kind  (the  précise  nature  of  which  it  wouid  now  he  diitieiilt  to  deter.aiii,')  witli 
the  fainous  Col.  John  F.  lianitramck,  whose  gallantry  h  ul  been  pre-eniinently 
conspieiious  in  tho  revolntionary  war.  This  eopartnership  continued  until  tUe 
death  of  Col.  îianitranick  in  liS03.  Thi.s  arrangement  must  h  ive  lieen  one  nofc 
interforing  with  Col.  H.'s  duties  as  an  army  otHcer.  In  a  1  litiou  t,;>  tlieir  mor- 
cantile  opérations  they  carried  on  a  distille-j'  togethor  with  a  flouringmiil  rnii 
by  horse  power.  After  the  death  of  the  lamented  Ilamtramck,  the  broth-rs 
formel!  asociations  with  other  jiartners  at  varions  periods  wlio^e  n.iines 
respecUvely  were  RJanine,  Fentland  an  1  Finehley. 

The  last  will  ami  testament  of  James  Abbott,  Sr.,  is  in  a  good  stnte  of 
préservation  among  the  tiies  of  our  Probate  otHce.  Oae  of  the  luniinaries  of 
tli(.'  jui'sent  IJetroit  bar  wouM  bi-  abli'  to  suggest  oiio  or  two  slight  improve- 
nii  lits  as  reg.irds  gnanmatical  or  rhetorical  eonsti'uction,  but  in  terse  e.xpre.s- 
aiveiiess  it  mnst  havo  been  ail  that  could  be  aski^d  for.  The  foilowing  îm  the 
text. 

In  tho  name  of  God.  Amen.  I,  James  Abbott,  of  Détroit,  County  of 
Wayiie,  merchant,  being  woak  in  body  but  of  perfect  min  1  au  1  meinory,  do 
this  twenty-eighth  ilay  of  M  ly,  in  the  year  one  thousaiid  seven  humlred  and 
ninety-niue,  make  and  piiMish  this  my  last  will  au  1  testaiu 'Ut  in  mauuer 
folio A'ing,  that  is  to  say  :  After  piyuientof  my  fuuîral  exp'îuso4  an  1  jusb  debhs 
my  will  is,  that  tho  wholo  of  my  per.sonal  estato  whoresoover  tha  same  inav  be 
•sitnate  or  be  fourni,  shall  be  realizod  an  I  formed  into  a  mass  which  shall  be 
divi  led  as  follows:  I  give  anl  beqneath  unto  my  wifo  -M  uy  Aijbott  one  third 
of  the  aforesaid  mass  to  whatever  sum  the  sauio  m  ly  a:n  )uut,  au  1  the  rouriin- 
ing  Lwo-thirds  I  give  and  boqueath  unto  my  soin,  Rilitsit,  Jim.M  anl  Sunuel 
anl  my  (liugh'yr  .^[lry,  wife  to  William  Hau  U,  E^|;^u^;,  Fraiice-i,  wife  to 
Francis  Bàby,  Es(|uire,  anil  Fli/iabeth  Abbott,  to  be  eijually  divided  botween 
them  shire  and  share  aliko.  And  whereas  I,  tho  said  testator,  aui  possessed  of 
divers  houses,  tracts  or  parcels  of  land  iu  my  owii  riglit,  my  will  and  intention 
is  tint  tho  whole  theieof  shall  be  dividol  botween  my  said  wife  and  childrea 


—  IV  — 

aforeaaid  us  oqually  us  circiiinstancus  will  a<liiut  uf  ;  and  in  case  niy  son  Samuel 
or  iny  dniigliter  ElizaUith  shoiild  happen  to  lie  uninarriel  prior  to  tlieir  obtain- 
inij  tiie  devises  an  l  legacios  heroinbeforo  bo(|ueathe  l  tliem,  then  iiiy  will  u  that 
tiie  part  ur  sliare  acci'uin<;  tu  t!ie  decea^eJ  .sliall  be  e(|iially  dividoJ  uiiiung  tho 
survivor  or  survivors  of  uiy  aforesaid  heirs.  Aiid  I  niako,  constitute  aud 
or.Iuiii  iiiy  wife,  Mary  Abbott,  oxecvitrix,  iny  s  m  James  Abl)ott  and  iny  friend, 
James  Bail}',  Esqiiire,  executor  and  execiitors  of  this,  my  last  will  and  testa- 
ment. (Tin  n  follows  a  clause  revokinij  fornier  wilis) — Witnesaod  by  James 
Henry  and  Frederick  Bâtes  and  acknowledged  befure  Peter  Audrain,  Judge  of 
Probttte,  on  the  fifth  day  of  July,  one  thousand  eight  hundred. 

Bonds  in  the  suni  of  ^10,000  by  Mary  Abbott,  James  Abbott,  Robert 
Abbott  and  J.  Bâliy  were  executed  and  HIed  July  2(5,  1801). 

ïho  elder  Abliott  had  lost  an  arm  early  in  life  and  was  called  by  the 
Indians  Kish-ke-ne-kah. 

The  «'istillery  and  niill  refoi'red  to  u.s  coiinected  with  tho  business  opéra- 
tions of  the  Abbott  Brothers  and  Co.,  were  iocated  iminediately  below  tho 
niouth  of  Piltier's  Creek,  Hnally  denominated  May's  Creek,  between  Eleventh 
and  Twelfth  streets.  Upon  tliis  site,  in  the  early  days  of  the  colony,  nobody 
knows  how  long  ago  (ccrtaiiily  prior  lo  17.i()),  was  Iocated  a  water  luill  ori;,'in- 
ally  known  as  Campeau'smiil,  aftervvar  l  Cabacier's.  Tho  dain,  it  is  bulieved, 
was  locatetl  a  short  distance  north  of  Fort  street.  Tho  be  l  or  liollow  of  this 
old  stream  is  a  fainiliar  featnre  with  the  denizens  of  tho  lower  part  of  tho 
city,  and  some  years  sinee  was  utilizod  for  the  rather  unromantic  purposes  of 
a  sewer.  The  Abbott  mill  an<l  distillery  property,  as  alreudy  intimated,  was 
im.nediately  .below  the  l.ed  of  the  above  name  I  stream,  at  its  mouth.  Tlie 
property  was  ttfterward  usod  as  a  lumlier  yard,  and  the  site  finaliy  fell  itito 
the  possession  of  the  Michigan  Central  Raiiroa  1  Company.  For  real  estate  in 
the  same  part  of  tlie  city,  expropriated  fer  tho  use  of  the  Détroit,  Lan  ling  & 
Northern  Rail road  Company,  8  iO.OOO  were  awarded  by  a  spécial  jury  to  the 
estttte  of  the  late  Judge  James  Abbott.  Mr.  Guy  F.  Hinchman,  Judgo  Abbott/s 
executor,  has  in  lus  possession  a  warranty  deed,  dated  of  1832,  from  Richard 
Smyth  and  Prudence,  his  wife,  to  James  Abbott,  considération  §50,  for  a 
fraction  over  five  acres  of  land  on  Woodward  avenue  in  what  is  known  as  the 
10,000  acre  tract.  This  $50  lot  would  now  be  cheap  at  §50.000.  Mr.  H  lias 
aiso  a  land  patent  bearing  the  signature  of  James  Madison  for  577  and  94-lUO 
acres  "  on  the  border  of  River  Hurons." 

Abbott  &  Finchley  had  a  dwelling  connected  with  their  store  or 
"  magazine,"  as  was  almost  invariably  the  case  with  our  early  traders. 
Robberies  were  not  then  such  an  cveryday  occurrence  as  in  thèse  piping  tiîiies, 
neverthless  they  transpired  occasionally.  A  man  named  Contencineau  was 
charged  with  the  commission  of  a  theft  of  property  from  the  store  of  Abbott 
&  Finchley,  acting  in  concert  with  a  woman  named  Ann  Wylie,  who  was  or 
had  been  a  slave.     They  were  also  charged  with  setting  fire  to  the  building. 


For  thoso  offonces  Ihoy  W(iro  trietl  lioFoi-o  Justice  Philipe  do  Juin,  and  were 
couvick'd  of  the  thoft,  but  tho  othor  ci-iiuo  wns  not  proven.  Tln'y  niiglit  jusfc 
as  wfll,  howuver,  huve  beun  convictod  ot"  botli  oflonces,  for  Justice  de  Juan 
senfcunccd  th  'in  botli  to  bo  liangiid,  wliich  suntonco  was  promptly  oxccutud. 
Oui-  vvortliy  juJicial  di;^nitary  was  evidently  not  addicted  fco  "  haii*  splittin'j;," 
80  far  as  rciated  to  tho  puwors  of  ininor  ju  lieial  ofiicers.  It  is  a  bles-e;!  thing 
for  cortnin  parties  that  Détroit  justices  of  the  présent  day  aro  not  duly  vc^stetl 
with  the  power  of  drawing  iipon  Kentucky  hemp  in  the  saine  way.  If  such 
Were  tlie  case  it  wouhl  be  fourni  in  due  tiine  thnt  if  thcy  had  "  no  friemls  to 
reward  "  tliey  liad  at  least  "  encniios  to  puni^li."  Tiie  inost  salient  point 
connccted  with  tho  affair  was  that  in  this  case  the  punishni  nt  iiannonized 
with  English  criminai  practici!,  and  that  was  the  end  of  it  It  was  ccrtainly 
the  end  of  M.  Contencineau  and  Miss  Wylie. 

The  younger  James  Abbott  derived  his  judicial  titie  froin  his  appoint- 
mcnt  as  one  of  the  "  iay  "  judges  techiiically  so  called.  In  the  opnion  of  some 
of  our  most  emincnt  judicial  experts,  one  of  tlie  very  best  Suprême  Court 
Judges  that  Michigan  ever  had  upon  her  bcnch,  graduated  as  one  of  thèse  Iay 
ju<lgos. 

Judge  Abbott  had,  at  one  time,  considérable  intere-t  in  tho  hike  marine 
and  ownod  a  warehouse  on  the  présent  site  of  tliat  of  Brady  &  Co.  Ho  was 
the  first  postmaster  of  Détroit,  nnd  was  in  office  wiien  tho  Jackson  adminis- 
tration came  to  tho  front,  when  ho  was  reinoved  to  make  way  for  tlie  Hon.  John 
Norvell,  subsequently  United  States  Seniitor.  Tlie  coUoquy  botweon  the 
outgoing  and  incoming  Kuights  of  the  Mail  was  both  laconic  and  ciassic. 
exemplifying  tho  good  humor  and  bonhomie  of  both  gentlemen. Mr.  Norvoll, 
upoii  entering  the  office  to  make  known  his  mission,  said  : 

"  My  name  is  Norvoll." 

To  this  the  Judge  instantly  replied  : 

"  I  regret  that  you  did  not  remaiu  on  the  Grampian  Hills." 

The  Post  Office  was  then  located  upon  the  présent  site  of  the  store  of  H 
P.  Baldwin  &  Co. 

Robert  Abbott  was  the  first  Auditor-Gonoral  of  tlie  State  of  Michigan, 
which  office  he  held  from  1836  to  1839.  The  fact  is  not  uni  versai  ly  known 
that  the  State  government  of  Michigan  really  dates  from  Novcmbr,  1835 
although  not  formally  recognized  by  Congress  until  1837.  This  proposition  is 
based  upon  the  original  compact,  which  Congress  did  not  possess  the  power  to 
override  in  case  of  thenecessary  steps  beingtakento  form  a  State  government. 
In  this  connection  may  be  appropriately  given  one  of  the  most  interesting 
examples,  in  a  légal  or  constitutiona)  point  of  view,  ever  known  in  our  history 
aa  to  the  complex  nature  of  our  government,  so  far  as  concerns  the  relation  to 
each  other  of  the  powers  of  the  State  and  Fédéral  authorities.  The  State  Légis- 
lature of  Michigan,  in  March,  1836,  incorporated  the  Datroit  Young  Muu's 


—  VI  — 

Society.  The  Judges  of  the  Territory  of  Michigan,  on  July  1,  1836,  granted  a 
lot  of  luiiil  to  tliut  corporation  which  hivl  thus  been  chartered  by  the  State.  A 
question  us  to  iho  validity  of  the  title  having  arisen,  the  gordian  knot  was 
sceretl  in  u  w  ij'  th.ifc  niight  hâve  ciiused  a  decided  sensation  if  powerful  cun- 
flicting  clonionts  had  been  at  issue.  ïhe  grant  was  lield  vaiid  on  the  ground 
tbat  Michigan  was  a  Territory  de  jure  so  long  as  any  "  part  or  parcel  "  of  the 
Territoiinl  >tatiis  continued,  which  it  did  until  the  Territory  of  Wisconsin  was 
set  îipart,  which  was  on  July  4,  1836,  just  three  diiys  after  the  niaking  of  the 
grant.  Thus  the  anonialy  was  presented  of  a  State  and  Territory  exiiting-- 
in  law — at  one  and  tho  sanie  tiine. 

Roi  ert  Abbott  died  in  1852.  Samuel,  the  third  of  the  brothers,  resided 
in  Mackinac,  and  was  for  a  tiine  collector  of  that  district. 

Judge  James  Abbott  was  happy  in  ail  the  relations  of  life  and  notably 
80  in  the  enjoyment  of  the  respect  and  coiitîdence  of  the  community  in  which 
he  so  long  had  moved.  He  passetl  quietly  away,  as  above  stated,  in  1858  at 
the  good  old  âge  of  83.  Aithough  his  corp  )real  part  had  becoiue  too  weak  to 
contend  with  the  Pale  Gonius  to  whoni  ail  must  yield,  he  was  well  equipped 
for  the  voyage  to  the  l.'nknown  Siiore. 

"  So  fades  the  summer  clond  away, 

So  sinks  the  gale  when  storius  are  o'er, 
So  geiitly  shuts  the  eye  of  day, 
So  dies  tho  wave  along  the  shore." 

Référence  has  been  made,  at  loast  inferentially,  to  the  Abbf>tts  as  the 
po-,sessors  of  good  (jualities.  Tried  by  tlie  old  principle  of  Judgiiig  men  by  tho 
Company  they  keep,  th  ir  staniling  wouid  seein  to  he  very  high  Wi.h  the 
single  exception  of  the  immortal  Washington,  there  were  no  worthier  naines 
in  our  history  than  those  of  some  i)f  the  men  who  hâve  had  business  coinicc- 
tions  with  the  Abbotts,  especially  Cols.  Hauitramck  ami  Francis  Vigo,  in  coii- 
junction  with  whom  the  famous  Burnet  family,  of  Ohio,  may  appnipiiately  be 
placed.  The  elder  Abbott  was  in  partnership  with  Messrs.  Vigo  atid  Burnet 
in  a  nuinber  of  important  enterpriscs.  For  the  informatinn  of  those  who  miy 
not  hâve  been  close  students  of  our  frontier  annils,  it  miy  be  .stated  th>i(  a 
was  Col.  Vigo  who  planned  the  capture  of  Vinceunos  in  the  revolutionary  wai-, 
an  achievement  that  was  oxecuted  by  the  famous  George  Rugcrs  Clark,  and 
that  it  was  the  same  Col.  Vigo  who  also  furnishe  1  Gen.  Clark  with  th.!  luoney 
and  supplies  necessary  to  keep  h  s  araiy  togithcr.  There  is  a  reverse,  and 
hardly  so  bright  tt  aide,  to  the  picture.  Col.  Vig /s  heirs  petitioued  for  reiiu- 
bursement  of  tho  money  thus  paid  ont  by  their  iniiuortai  auc  \stor,  and  it  was 
just  niuety-nine  years  from  the  date  of  the  capture  referred  to  when  the}' 
received  their  award,  the  resuit  being  tinally  reached  through  th)  actiou  of  the 
Suprême  Court.  It  is  such  performances  as  thèse  that  keep  the  aphorism  of 
the  ingratitude  of  ropublics  from  dying  out. 

Mr.  E.  V.  Sicotte  saw  Col.  Vigo  in  Vincennos  as  lata  as  1839. 


—  VII  — 

A  fur-trading  company  called  the  "  Miami  Company  "  was  for  a  time  in 
existence  managed  by  James  Abbott,  Col.  Vigo,  a  Mr.  Park,  and  Mr.  Meldrum, 
of  Détroit. 

A  libéral  share  of  the  material  of  wliich  this  brief  sketch  is  framed  has 
been  kindly  supplied  by  the  Hon.  James  V.  Campbell.  It  seems  somewhat 
strange  that  with  so  inviting  a  tield  as  that  otFered  by  Détroit  for  the  présent- 
ation of  historical  réminiscences,  up  to  this  time  so  little  has  been  uiatured 
beyond  the  rich  stores  supplied  by  Judge  C.  and  one  or  two  other  ^minent 
citizens  during  their  brief  respites  from  judicial  or  professional  labors.  The 
traditions  that  hâve  corne  down  to  us  from  the  dim  past  ;  the  stirring  events, 
the  périls  aud  triumphs  of  grim-visaged  war  ;  the  supremest  péril  of  thu  Pontiac 
era  ;  the  surrender  of  1812,  a  disgrâce  only  to  him  who  disgraced  hiiii.self  ;  the 
squadrons  of  Harrison,  Shelby  and  Johnson  forining  in  hot  hnstc  to  seck  the 
flying  foe  and  wipe  out  the  stain  ;  the  Détroit  meiiiories  of  ail  thèse  ttn4 
hundreds  of  other  things,  ou;^ht,  ère  this,  to  hâve  been  properly  en-hrin«d  under 
the  patronage  of  tho  Historié  Muse.  But,  most  happily,  thu  neglect  will  early 
be  atoned  for.  It  is  known  that  in  a  few  days  there  wili  be  issue  1  ficjia  the 
Détroit  press,  from  the  peu  of  a  Détroit  lady  and  embellished  by  a  Détroit 
artist,  a  collection  of  beaiitiful  legends  niolded,  as  it  weie,  by  Roowuice's  weird 
incantations,  yet  ail  glowing  and  fresh  as  dripping  with  Castalia's  cliaste>t 
devvs.  lu  a  short  time  anot'i.ur  work  will  be  brought  out  coiiipi  i^ing  a  coniplele 
history  of  the  City  of  the  Straits,  the  work  of  one  whose  uutniug  iiidu-itry  au  l 
conscientious  appréciation  of  the  nature  of  his  ahnost  lien;  liean  task  woiild 
richly  deserve  récognition,  even  if  his  attectionato  enthusiasu»  for  his  thèmes 
did  not.  ïruly,  betweon  the.se  two  works  Doti'oiters  h  ivo  mueli  in  store  for 
them 


Ci-suit  le  tibleau  généaloginie  do  cette  f  uiiillo. 

Ja-MES  I,  born  about  172.5,  at  Dublin,  Ininivl  ;  setticd  at  Détroit  17G4  ;  married 
l7<)9-70,  Baroness  Van  BrucklMWi',  of  Dntel»  liesceut  ^Mohawk  Dutch), 
diod  1800,  issue:— 

1.  Mauv,  boni,  dec.   1770;   married,  Dec  lOth,  178!),  to   \V;ii.  Huiidji,  born   at 

Rethnal-Ureon,  near  London,  liiiurluml,  Augiist  lOih,  170(5;  Sheriff  and 
Ke;,nstrarot'  Kssex,  Kent  aiil  L  iiii!ir,on,  who  died  at  Saiidwicli,  B'ebruary 
2'),  IH'Mi;  Sho  died  there,  DecMiibr  22nd,  18(i0.— A  n,  their  daughter, 
born  May  2ith,  17!).'1,  inarri.d  .lean-Bte.  Bâby,  May  ,5th,  1817.— Frances^ 
born,  April  18tb,  I7!)ô,  nmiii -il  Lient.  John  Alexander  Wilkiuson,  May 
fith,  1815,  and  <lie.l,  .May  lOth  1.S48  ■  Juiia,  born,  D.ceniber  Uth,  1805, 
married  Cliarles  Bâby,  ha  ri-iti  r,  and  die  1,  Septenild-,'  lf)th,  !8l.:{. 

2.  Jamks  II  (Judge  Abbott)  Ixjin    1772,  married   Sur.di    VVliistler,  froui   Fort- 

Wiiyne,  Indiaiia,  and  died  18.')8,  aged  8(). 

3  RonKur,  born  177.'t,  married  .Mis;  A'idrain,  of  Détroit,  an  I  died  18')i.  One 
of  their  daugliters  ujarried  lu  Iward  V.  Sieotbe,  ox-Sli  'ijif  Détroit. 


—  VIII  — 

4.  Samuel,  born   1775,  married  Miss.  Ste-Croix,  of  St.  Louis,  and  settleil  at 

Mackinaw,  she  still  living,  1SS8,  at  Green  Bay,  Wis. 

5.  FliANCES,  born  1776,  married  François  Bftby,  of  Windsor. 

6.  Elizabeth,  born  1777,  married   Hon.   James  Bâby,  of  Sandwicli,  and  dicd, 

1812. 

The  issue  of  James  Abbott  II. 

1.  James  III,  married  to  Miss.  Ermatinger,  of  Windsor,  still  living  at  Windsor, 

1888. 

2.  Madîson,  died  of  Choiera  when  young. 

3.  William,  married  Miss.  Macomb  ;  he  died  and  she  married  General  Broad- 

head,  of  Gross-Isle. 

4.  Caroline,  died  at  18. 
6.  Sarah,  died  at  10. 


APPENDICE  H. 


Dans  "La  Vie  de  Joneph- François  Perrault,  appendice  A,']'a.i  établi 
suffisaiiunent  (jtie  la  légitimité  du  mariage  Mc(/aity-3onoît  ne  peut  plus  soutfric 
de  doute  raisonnable. 

Mais  comment  expliquer,  vu  la  position  sociale  des  parties,  l'alisence  d'un 
contrat  de  mariage  en  bonjie  forme,  et  la  non-existi-nce  <J'un  acte  du  l'état  civil 
dans  les  registres  publics  constatant  le  fait  du  mariage  ? 

Peut-on  supposer  qu'iU  auraient  Hé  nmriés  deVfint  un  m  nistre  protes- 
tant, qui  n'en  aurait  pas  dressé  ou  conservé  acte,  fiiute  de  tenue  de  registres  de 
son  église  alors  ?  Car  li'S  premiers  registres  de  l'église  protestante  à  Montréal 
ne  commencent  à  dater  que  du  5  oct.  I7(i(i,  c'est-à-dire,  près  <le  deax  ans  après 
la  cohabitation  des  époux.  S'il  y  a  eu  'les  registres  antérieurs,  ttMius  p  ir  lea 
aumrtniers  des  régiments  anglais,  ils  n'ont  pas  été  remis  ou  déposés  aux  Archives 
en  Canada.  Toutefois  les  buptèmes  des  enfants  ni^-;  do  ce  mariage  ont  tous  été 
faits  à  l'église  catholique,  et  l'extraction  du  père  étant  irlandaise,  sans  qu'on 
puisse  trouver  aucun  indice  qu  il  fut  protestant,  ces  raisons  s'opposent  à 
admettre  (pi'il  fut  né  ou  marié  connne  tel. 

Néanmoins  la  sœur  d'Ursule,  Thérè.se-Louise  Benoît,  b.  15  déc  1749, 
s'est  mariée  devant  l'église  protestante.  L'acte  en  est  consigné  dans  le  premier 
registre  anglican  tenu  à  Montréal  par  le  Révérend  D.-C.  Delisle,  en  oct.  1771. 
(Cf.  Doc.  Si'ss.  Oit.  1880,  Vol.  19,  p.  LXXXI.)  Il  constate  son  mariage  avec  I9 
lieutenant  Thomas  Eeeves,  de  l'armée  unglai.se  (1).  Thérèse  était  alors  âgée  de 
22  ans. 

Peut  être  que  l'absence  <racte  de  mariage, qu'on  ne  peut  s'expliquer.serait 
due  aux  incendies  (]ui  ont  détruit  les  archives  du  couvent  des  Trois-Rivières  ; 
car  il  e'^t  assez  proltable  (ju'Ursule  a  dft  y  être  élevée  et  confiée  là  à  sa  tinte,  la 
nièro  Ste-Thérèse-de-.Tésus  (2).  Elle  aurait  pu  très  bien  avoir  été  mariée  là, 
connue  élève  île  la  mai.son,  vu  son  ilgo  de  dix-sept  ans  et  demi  a  ors. 


(I)  Le»  portraits  c|e  M.  et  Maiiauie  Roevea  se  trouvent  chez  leur  petit-neveu,  M. 
Albert  BtiKlor,  |irotfiiiotairo,  A  Montmagny.  Ils  sont  faits  au  pastel,  aux  trois-ipiart»  de 
griDxleur  iiiiturell)>,  et  peints  par  un  bon  arti.ste.  Celui  do  Mme.  lieevos  est  adiairableuient 
beau.  Klle  a  dû  être  d'une  grande  beauté  ;  régularité  de  traits,  port  de  têtu  d'oiseau,  teint 
rosé,  gorge  et  épaules  superbe»,  tout  e.-'t  parlait  do  tbrnio,  de  grâce  et  d'élégance,  comme 
aurtsi  d'expression.  i'!lle  avait  plus  de  cliarmcs  qu'il  n'en  faut  pour  être  admirée.  Aussi 
l'a-t  elle  été  beaucoup,  dit  lu  tradition. 

i'I)  Il  est  fuit  mention,  dans  une  lettre  de  Mme.  Benoit,  du  5  Juillet  1782,  de  son 
petit-lils  Hich^ird  McCarthy,  alors  Agé  de  onze  ftUB  et  demi,  alluut  à  Trois- Uivièros,  voir  son 
uiriére-graiid'  méro,  'riiéréso  lu  ('ointe  Dupré,  pensionnaire  au  couvent.  C'est  celui  men- 
tionné au  testament  do  son  père  sous  le  nom  de  liichurd-MuCurty-Benoist  McCarty. 


—  II  — 

Cependant  conuuent  expliquer  qu'on  ne  trouve  pas  de  contrat  de  mariage  ? 
Les  parents  n'auraient  pas  négligé  ces  piécaution  et  formalité  ordinaires. 

Aurait-ce  été  ce  qu'on  appelle  un  r-un  away  match  ?  Laissons  là  les 
conjectures. 

Madame  McCarty,  devenue  veuve,  continua  de  demeurer  à  Montréal 
avec  sa  mère  Mme.  Benoît,  la(iuelle  mourut  le  25  décembre  17i)2.  Alors  elle  se 
retira  cluz  son  gen<lre,  M.  Perrault,  et  le  suivit  à  Québec  en  1795,  quand  celui-ci 
fut  nommé  protonutaire  pour  le  district  de  ce  nom.  Elle  y  vécut  jusqu'à  son 
décès,  le  30  sept.  1812,  à  l'âge  de  65  ans  et  non  pas  de  6<S,  tel  qu'énoncé  dans 
l'acte  de  sépulture. 

Cette  grand'mère  McC'arty,  suivant  la  tradition,  n'était  pas  la  douceur 
même.,  Elle  était  devenue  infirme  et  marchait  appuyée  sur  une  bé(iuiile.  La 
maladie  l'avait  rendue  irritable.  Comme  les  entants  étaient  noiidjreu.K  à  la 
maison,  et  naturellement  tapageurs  et  espiègles,  ils  l'agayiiient  et  elle  s'impa- 
tientait contre  eux,  Xe  pouvant  les  rejoindre  elle  tachait  de  les  attirer  à  elle 
par  des  paroles  mielleuses;  quand  elle  ne  pouvait  les  faire  approcher  à  portée 
de  sa  bé(|uille  elle  la  lan^'ait  sur  eux.  On  comprend  que  les  enfants  n'oublient 
pas  ces  incidents. 

Quiind  elle  allait  à  l'églLse  elle  se  faisait  devancer  par  sa  servante  pour 
enlever  la  poussière  du  banc. 

Sa  vue  s'était  ntl'aiblie  avec  l'âge  et  elle  voulait  faire  alhuiier  la  chan- 
delle à  tiois  heures  do  1  après-midi,  Là-dessus  elle  se  plaigmiit  un  jour  de  son 
gendre  à  M  Jacques  Hàby  :  "  Il  me  refuse  la  lumière",  disait-elle. 

Sa  lillo  iladame  IVrrault  était  morte  douze  ans  avant  elle,  et  la  surin- 
tendance de  la  maison  étiit  passée  à  "  hi  CouaiiU' "  depuis  lors,  sans  (ju'il 
paraisse  que  Mme.  McCarty  y  ait  pris  part. 

« 
»  « 

Cette  Dame  avnit  l'esprit  délié,  vif  et  particulier  aux  enfants  de  la  Verte 
Erin,  (lie  Irich  «rit,  comme  on  l'nppidle. 

Moi  (pli  crois  tant  à  l'atavisme,  je  m'aper(,'ois  journellement  que  mes 
enfants,  nies  filles  encore  jilns  (pie  mes  gar(;ons,  ont  du  sang  McCarty  dans  les 
Veines  et  nue  teinte  prononcée  et  typi(|Ue  de  ce  genre  d'esprit  (jui  est  l'apanage 
de  1  Llandais. 

Lnagination  vive,  langage  inuigé,  rapiile,  gi'aphi<|Ue,  saisissant,  (|ui,  pour 
suivre  la  vélocité  de  la  jpcnsée,  va  par  sauts  et  par  bonds,  se  j(mant  des  ellip.«es. 
Chez  certains  d'eux,  caractère  impulsif,  irréfléchi,  sans  .souci  du  lendemain, 
prenant  le  temps  comme  il  vient,  au  jour  le  jour,  avec  le  laisser-aller  de  l'insou- 
ciince, admis  et  conscient,  mais  préférant  \iidcfil-)iL<',-care  aux  blue-dcvUs  et  a 
l'ennui  do  .s'étudier  à  mûrir  son  jugement. 

Défauts  qu'il  me  fallait  corriger. 


ArrENDICE  I. 
A    PIONEER    GONE. 


DEATH  ANO  BURfAL  OF  CATHElUN'E-CAIlOr.INE-ADEr.AinE  BAILLY  DE  MESSEIV. 


A  direct  descendant  of  the  French  XiMeasa  uf  thc  l'ïtli.  Gentiiry. 


{Détroit  Free  Press,  4  August  18S3.) 

At  the  cliuich  uf  SS.  Peter  and  Paul  yestorduy  tlie  fiinenil  of  Catlieriiie- 
Carolinc-Ailélaïde  Jîailly  de  Messein,  rolict  of  tlie  lato  Tlioinas  Chase,  took 
pliipe.  Her  death  occuri'tMl  Jul^'  .'JOtli  at  the  resideucD  of  lier  d  ui;>-liter  au  I  o'ily 
child,  Mrs.  Dr.  C.-E.  Ca.=graii),  in  Wind.^or,  Ont.  "^J'he  decea»ed  lady  was  in  li-r 
IHlh  year,  and  more  than  tifty  year.s  of  h^r  life  wcre  .spi'iit  in  D.-tnii'.  For  t.he 
very  intere.stinff  narration  of  hi-r  cart>i>r,  wliich  follow.s,  T/ie  Fn'P.  Pi-rs-i  is 
iudebted  to  Mr.  R-R.  Elliott,  who  knew  the  venera!)le  lady  well. 

Rarely  ha.s  the  cliurch  been  called  upon  to  chant  tlio  re(|uiein,  and  to  off  t 
the  lio'y  .«acrilici»  for  the  eternul  welfare  of  the  sonl  of  more  ilistinij;ui.shed  dead, 
than  upon  this  occasion. 

Mrs.  Chase  was  of  tho  ari.^tocracy  of  Lower  Canala,  wli^-re  ilireckdesceiifc 
fioni  tlu^  French  n(jlilesso  of  tlie  sevcnteenth  iind  tiifhtei'nlh  ctMitiiiii'S  still 
con.stitute.s  a  di.stinctive  elass  of  reHned  and  enitivated  society 

llei'  death,  so  clc-ely  follo\vin<j;  thut  of  tlie  l.ite  C.  C.  ïrowln  itige,  si'vers 
nnother  liiik  in  the  historié  cliain  wliieh  eonnects  tho  pre-ent  with  a  period  in 
this  eity's  evenlful  hi.^tory  traversini;  hîick  more  than  half  a  cent  iry. 

As  the  liride  of  Thomas  Chasi',  then  a  pronùnent  nu-rchant,  she  came 
with  the  attracti<ins  ol'  heryoïith  tuiil  heanty,  softened  and  toned  liy  herconvcnt 
éducation,  ami  polislu-d  in  the  French  salons  of  Qn  bec  to  make  her  liome  in 
tlie  City  of  Détroit  while  Michifijan  was  yet  a  Territury.  At  that  early  day 
Détroit  was  aiready  iioted  for  the  rotinenient  and  culture  of  its  social  circle^  in 
wliich  the  young  wife  soon  attaiued  acelel)rity  ci)rrespondinLj  to  Ivr  wnrth. 

Amongtlie  prominent  familii.'S  native  liercshe  found  aconorenial  elenvut, 
an  iilfinity  in  the  reljeion,  language  and  life  in  wliich  sh  !  liad  been  reared.aml 
with  whieh  was  sooii  forme  1  an  ae()uaintance  th  it  ultiiiiately  ripened  into  a 
close  social  relatimiship  lasting  throiigh  life.  When  the  R<)aian  Dr.  Frédéric 
Rézé  becaine  tirst  Hidiop  ol'  Détroit,  among  his  as-tistasits  were  Rev.  Francis 
Vincent  Badin,  of  France,  Martin  Kundig,  of  Geraiany,  and  Bernard  O'Cavanagh, 
of  Ireland.  Under  the  auspicis  of  such  men,  eacli  in  lus  way  celebrate  I  for 
piety,  learning  and  elonuence,  the  Calliolic  Cliurch  liere  began  its  tirst  progres- 
sive movemeiit  in  religion,  dlucation  an  1  benevolence.  In  foiinding  institutions 
of  learning  and  charity  the  Cliurch  was  nobly  assisted  by  the  city,  but  by  no 
one  individnal  more  than  by  Mrs.  Cliaso.  She  was  one  of  the  many  wann 
Personal  f riends  of  Father  Kundig,  the  apostic  of  charity  iu  Détroit  and  founder 


—  ÎI  — 

of  the  first  orphan  iisyliuii  hère.  8he  shareil  in  his  labors  ami  aiilcd  hiin  vvith 
iinjney  in  lus  hcroic  cHbits  to  provide  a  rofiigo  for  the  orphiins  cast  iipoii  the 
W'orld  liy  tlio  choiera  which  had  liccii  p  uticularly  scvere  in  Détroit.  Only  th(jso 
\\\i()  are  faniiliar  witli  tlie  history  of  the.se  events  can  forni  an  idea  of  tho 
niiiiiy  diftîcultiesencounteredand  overcoine  Ity  E'ather  Kundij^  in  his  benetieent 
efforts.  Prelate  and  prie.sts  alike,  «»d  noariy  ail  the  laity  of  th  it  tiuie  liavo 
passed  fron»  this  life,  but  their  Works  wliich  forined  th(;  foundation  of  the 
structure  of  tho  |»iesent  day  hâve  not  boeu  forgvftten. 

Thomas  Chase  was  a  proniinent  nian  in  the  political  ciicles  of  the  tinie, 
tlmugh  never  an  office  seeker.  He  was  oa  torins  of  iatiniate  friendship  with 
C'  y.  Mason,  and  his  Démocratie  snccessors  and  supporters. 

ïiie  Législature  held  annual  .sessions  in  the  Capitol,  now  tho  lî'i<r\\ 
Scliool  ;  the  tirms  of  the  Suprême  Court  were  held  liere,  and  each  winter 
brought  from  ail  tiie  settleil  portions  of  tlie  youM!(  State  the  most  talented  of 
her  citizeiis  Tlie  '  National,  "  whieb  occupied  the  site  of  the  Ru-i.sell  House, 
Av  is  thi.'  hôtel  wliere  tho  pioneer  statosman  and  Jiuists  congiegated.  Tliis  waa 
the  lioine  of  Thomas  Chase.  A  few  <>iil  citiziMis,  and  porhaps  fewer  ladies, 
survive  who  were  faniiliar  with  thi-;  historié  resqrt  at  the  time  reforred  to, 
U)K)n  festi*e  occasions  wlimi  the  spacious  parlors  were  opoiied,  waiinod  by 
broiui  heartlis  in  wlucli  a  pile  of  liickor}'  logs  blaze  l  and  sparkied,  the  scène 
was  peculiar  to  tho  pi  iCo.  Hère  were  gatlurod  at  sueh  tiines  tho  nianhood  and 
be.iuty  of  the  State.  Not  unfrequently  miglit  bo  seen  the  blue  iiniforuï  of  the 
American,  side  by  .side  wiil»  the  bright  scarlct  of  the  British  offîcer.  Right 
noli  y  and  (pieen-like  did  Mrs.  Chaso  graco  thèse  gatherings,  a  Imired  and 
courted  among  tlu^  many  beautiful  wouion   moving  in  the  .society  of  thit  day. 

Summer  does  not  always  lingor  in  the  sea.son  of  life,  and  it  was  -o  with 
tliat  of  Mrs.  Chase.  A  malady,  unaccountable  in  its  origin,  overtook  lier 
husband.  He  becanie  untitted  for  business  and  was  subse(|uently  a  bedridden 
iuvalitl.  Reverses  toc,  were  e.xperienced.  It  was  thon  that  the  wife  became 
the  affectionate  nurse  in  that  long  ami  uncertain  illness.  Years  of  assiduous 
care  saved  liim,  and  with  his  recovery  followe  1  his  conversion  to  the  wife's 
own  faith  and  crowned  her  happiness  in  the  double  resuit.  So  in  mature  years 
tliis  liappy  couple  livel  and  leared  au  accomplishe  1  daugliter,  whoso  happy 
and  fruitful  ujarriago  addod  to  the  happiness  of  their  own  declining  years. 
Death  came  at  last,  and  Thomas  Chase  passed  from  this  life.  His  widow 
survived  hiin  many  years,  living  ([uietly  now  with  her  daugliter  and  grand- 
children,  and  again  with  the  few  surviving  frieu  Is  of  her  youth.  In  her  old 
âge  she  was  as  lovely  of  character  as  when,  bright  and  beautiful,  she  charmed 
her  many  friends.  Her  piety  was  without  ostentation,  and  her  charitable  dee  Is 
were  circumscribed  only  by  lier  means.  Peacefully  aiid  gentlyshe  passed  away, 
and  with  her  ended  the  life  of  a  lovely  Christi  m  woman,  one  of  the  brightest 
and  most  iuteresting  of  the  pioneer  woinon  of  Djtroit.  Those  of  her  own  faith 
will  join  in  the  prayer  "  Requiescat  in  pace." 


APPENDICE  J. 

THE  LATE   MR,   CASQRAIN. 

Death  of  a  Leading  Officiai  of  the  Patent  Office. 

The  friends  of  Mr.  H.-R.  Casgrain,  second  officer  of  tho  Patents  branch 
in  the  Department  of  Agriculture,  were  greatly  shoeked  yesterday  on  hearing 
of  that  gentleinan's  death.  Few  knew  of  his  illness,  as  he  was  at  work  last 
week  and  on  Saturday  appeared  to  be  in  excellent  spirits.  His  death  occurred 
about  tive  o 'dock  yesterday  evening  at  his  résidence  on  Théodore  street,  the 
cause  being  intlainmation  of  the  longs.  Mr.  Casgrain  was  fifty-one  years  old 
and  had  been  over  thirty  years  in  the  service  of  the  government  of  Cnuada  and 
was  highiy  respected  as  an  industrious,  broad-minded  gentleman,  kind  and 
courteous  to  everybody  and  faithful  to  duty.  He  was  a  hrother  of  Senator 
Casgrain,  of  Mr.  P.  B  Casgrain,  for  many  years  M.  P.  for  T/Isleb,  and  of  Rev. 
Abbé  Casgrain,  ex-president  of  the  Royal  Society,  and  an  uncle  of  Hon  T.-C 
Casgrain,  attorney-gcneral  of  Québec.  The  funeral  takes  place  to  uiorrow 
morning  at  nine  o'clock.  —  (Ottawa  Free  Press,  25th  August,  1893.) 


IN  MEMORIAM. 

Mardi  matin,  a  été  célébré,  à  l'église  du  Sacré-Cœur,  une  messe  pour  le 
repos  de  l'âme  de  M.  Herménégilde  Casgrain.  Assistance  nombreuse,  comp  '-«e 
d'anciens  avnis  intimes,  fidèles  au  souvenir  de  l'amitié. 

On  n'a  pas  oublié  l'éloge  (\ne  le  R.  P.  Harnois,  le  Jour  des  obsèques,  fit  de 
M.  Casgrain,  (ju'il  appela  "  ce  véritable  homme  de  charité."  Que  de  familles 
pauvres  notre  ami  avait  visitées  les  jours  et  aussi  les  nuits  d'hiver!  Il  avait  le 
don,  le  talent,  l'art  de  consoler,  de  rassurer,  de  faire  sourire,  à  force  de  discours 
affectueux  et  de  paroles  très  douces  et  réconfortantes,  La  société  de  S  lint- 
Vincent  de  Paul  l'avait  nommé  son  président.  C'était  justice.  Mais  aussi  il 
n'est  point,  auprès  des  gens  de  bien,  un  meilleur  témoignage  d  estime  publi(|ue. 

M.  Casgrain  a  laissé  à  sa  femme  et  à  ses  enfants  l'héritage  infiniment 
précieux  d'un  nom  honoré.  Inutile  d'ajouter,  après  cela,  qu'il  est  toujours 
vivement  regretté  de  tous  ceux  qui  l'ont  connu.  —  (Le  Canada,  29  septcmltre, 
1893.) 


PRINCIPAUX  OUVRAGES  CONSULTÉS. 


1.  LegeiuU  of  Le  Détroit,  Madame  W.  Y.  Hamelin. 

2.  Histoire  de  St-François  du  Lac,  Suite. 

3.  Dictionnuire  den  Familles  Canadiennes,  l'abbé  Tanguay-(Mrrr) 

4.  Histoire  des  Ursidines  des  Trois- Rivières. 

5.  Ora,idesfanùlles  du  Canada,  Daniel,  pp.  579,  587-9.  598, 583-4, 586, 594. 

6   Les  Ursulines  de  Québec,  II,  pp.  173,  195.     ///  p  403 

7.  ^<'^e»sement  de  1081  dan.  "  l  Histoire  des  Ganadiens-Français,"  V.  p  62 

8.  Celebrated  Canadians,  Uorgm,  pp.  277,  279. 

9.  Invasion  de  1775,  pp.  303,-0,-8,  314,  153. 

10.  Mémoires  de  Laterrière,  pp.  98,  111. 

11.  Annuaire  de  Ville-Marie,  H^^gaet-L^ltonr,  pp.  225,-8,-9  273-6 
ii-  Bict'onnaire  de  Bibaud,  p  21. 

13.  Famille  de  Léry,  Daniel,  p.  99. 

14.  Journal  de  l'Instruction  Publique,  1864.  p.  119,  1871,  p.  158 

15.  Les  Canadiens  de  l'Ouest,  Tassé. 

16   ^tisfory  of  Détroit  and  Michigan,  hy  Sihs  Farmer  188i 
17.  Citij  of  the  Straits,  R.-E.  R,.be.  ts. 

18  Les  Anciens  Canadiens,  de  Gaspé. 

19.  Registres  du  Conseil  Souverain  et  du  Conseil  Supérieur. 

20.  La  Colonie  du  Détroit,  Rameau. 

21.  Relations  des  Jésuites. 

22.  Tke  Pictorial  Field  Book  of  War  of  1812,  Benson  J  Lossinc 

23.  1812,  ne  IIW,  Coffin.  °' 

24.  Archives  d'Ottawa,  par  Douglas  Brymner.  rapport  pour  l'année  1887 

Documents  de  la  Sessio7i,  Vol.  XXI,  No.  5,  4a,  de  1888 
2.5.  OuHines  of  the  Polit  ical  History  of  Michigan,  Janies  V.  Campbell 

26.  A rrh'ives  du.  Détroit. 

27.  Ht.toryoftheIrish  Brigade  in  the  service  of  France,!.  C.  O'Callacrhan 

28.  Marie-Thérèse,~Vnog\\ti. 

2i).  H isforical  N/,-etrhe.sof  Kentuch/,  Lew-hCoUin,  lSi7. 
3  >.  Hi>itory  of  the  Girtys,  C.  W.  Buttorfield,  1890,'p.  110. 
SL  Les  Boiirgeois  du  Nord-Ouest,  Masson. 

32.  Patrick  Henni,  \\v  VV   VV^irfc  Hi>nrv  TM  V      r<i.=    a.,  m       . 

•^'    ^      ■  ""•' "l'iry,  i.\.  X.     ciig.  bcnbners  sons,  1891 

33.  Uarksaccountjouvd  in  his  Mcmoir,  in  Dillon's  History  of  Indiana 

p.  581  ;  and  m  a  letter  to  (J.orge  Mason,  which,  xvith  Mayor  Boroman's 
Journal,  was  publishc.l  by  Robert  Clark  &  Co..  in  1869,  under  the  title 
ot  Archives  du  Détroit. 

34.  Edi'8  et  Ordonnances  des  Rois  de  France. 
35   Bur/ce's  Peeragc,  \88-2. 


TABLE  DES  CHAFITRKS  i:r  APPENDICKS. 

Paok. 
Dédicace „ 

Avant-propos e 

Introduction ,^ 

PREMIÈRE    PARTIE. 

CHAPITRE  PREMIEB. 

Origine  des  Casgrain  du  Canada 14, 

CIIAriTllE   DEUXIÈME. 

Lignée  des  Casgrain  en  Canada 21 

CHAPITRE  THOISlfeME. 

Deuxième  génération  Casgrain.— Jean.  -Marguerite.— Pierre 29 

CHAPITRE   QUATRIÈME. 

Troisième   génération   Casgrain.  —   1.    Pierre-Tlionias  ;  ses    enfants.  _ 

2.  Charles-Eusèbe  ;  ses  enfants.  —  3.  Olivier-Eugène  ;  ses  enfants. .     40 

DEUXIÈME    PARTIE. 

CHAPITRE   PREMIER. 

Les  Bâby,  leur  lignée  en  Canada.— Filiation  de  la  branche  alliée  à  Charles- 
Eusèbe  Casgrain  par  Elizabeth-Anne  Bâby,  mes  père  et  mère 47 

CHAPITRE   DEUXIÈME. 

Les  fils  et  filles  de  Jacques  Duperron-Bâby n^ 

CHAPITRE  TROISIÈME. 

Jacques  Bâby  IIIJ jg2 

CHAPITRE  QUATRIEME. 

Diverses  alliances  des  Bâby.  —  De  Lusignan.  —  Du  Sablé.  —  La  Verandrye. 

—  Drouet  de  Richarville.  —  Le  Comte  Dupré.  —  Picoté  de  Belestre. 

—  Magnan.  —  Courault-La  Côte.  —  D'Estimauville.  —  Crevier.  — 
Veron  de  Grandmesnil.  —  Rocbert  de  La  Morandière.  —  Porlier- 
Lamarre ^ jg. 


Il  — 


TROISIÈME    PARTIE. 

CHAPITRE    PREMIER. 

Lignée  Perrault 

CHAPITRE  DEUXIÈME. 

Autres  iillianccs  avec  les  Perrault 


181 


190 


Appent] 

lice  A, 

généalogie 

Casgrain. 

fi 

B, 

II 

Bâby. 

tt 

c, 

II 

Perrault. 

II 

D, 

u 

Côté. 

II 

E, 

(1 

Boaenfant. 

II 

F. 

tt 

Réaurae,  alliés  Bâby. 

II 

G, 

(1 

Abbott,  de  Détroit. 

II 

H. 

notice 

sur 

Ursule  MeCarty. 

I,  nécrologie  de  Dame  Charlotte  Chase. 
J,  "         de  Herménégilde  Casgrain. 


Liste  des  ouvrages  consultés. 


CORRIGENDA  ET  ADDENDA. 


Pogea.  Lignes. 

24  6     lisez  :       Maestvicht. 

'^•^  2+       "  estnr(,'('on. 

42  fi     ttjoutoz  :  laqualle  iv  été  réimprimée  en  1891,  avec  la  bio^n-aphio  de 

Daine  Elizaheth-Anne  Bâby,  son  épouse. 
45  4     lisez  :       voisin. 

^^  1 1       "  primicier. 

■'58  2     Note  (2)  lisez:  trailucfciun. 

59  7     lisez  :       de  son  chien. 

''l  10  à  18  inclusivement  à  retrancher. 

<>4  9     lisez  :        Mums'elie. 

^^  "  de  Numismatique  et  d'Archéoloo'ie 

109  25       "  l'honorable  Louis  Guy. 

112  16       "  'le  Numi.smatique  et  d'Archéoloine 

121  40       "  prit  une. 

122  19       "  1789. 

132  27       "  la  mort  la 

127  32       "  181,^. 

13^  17       ^'  Cheasnpoake. 

1^^  ^2       "  T^eur  tille,  Marie- Joseph,  se  maria  avec. 

VII  40     Robert  born  1 772,  doit  venir  avant  Jame.^  IF,  boni  1  774. 


JOSEPH- KRANrOIS  PERRAULT