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Full text of "Le Chansonnier canadien du Michigan [microforme]"

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OifANSONNlKR  (JANADIKN 


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MIOHIGAK 


LidANADlENNK 

'  0 

Vive  la  Cfinadieiine, 

Vole,  mou  cœur, vole, 
Vive  la  C.«nadie nue, 
Et  ses  jolis  yeux  doux] 
Et  ses  jolis  yeux  doux,    ;, 

Tout  doux,  ^   .  . 
Et  ses  jolis  yeux  douxî      ;  ;  ' 

Nous  la  menons  aux  noces, 
Vole,  mon  cœur,  vole, 
^  Nous  la  menons  aux  noces, 
Dans  tous  ses  beaux  atours. 
Dans  tous,  etc. 

Jjà,  nous  jasons  sans  gêne, 
'■'        Vole,  mon  cœur,  vole, 
Là,  nous  jasons  sans  gêne. 
Nous  nous  amusons  tous, 
PL         Nous  nous,   etc. 


.'î*^ 


Nous  faisons  bonne  chère, 
Vole,  mon  e(«ur,  vole, 
Nous  taison;:!  bonne  ch(Nre, 
Et  nous  avons  bon  goût. 
Et  nous,  etc, 

On  passe  le  bouteille, 

Vole,  mon  cœur,  vole, 
On  i)aHse  la  bouteille, 
Nous  chantons  nos  amours. 
Nous  chantons,  etc. 

Mais  notre  joie  augmente, 
Vole,  mon  cceur,  vole, 
Mais  notre  joie  augmente, 
Quand  nous  sommes  bien  soûls. 
,  ,  Quand  nous,  etc. 

Alors  toute  la  terre. 

Vole»  mon  cœur,  vole, 
Alors  toute  la  terre. 
Nous  appartient  en  tout. 
^     Nous  appartient,   etc. 

Nous  nous  levons  de  table, 
Vole,  mon  cœur,  vole. 
Nous  nous  levons  de  table. 
Le  cœur  en  amadou. 

Le  cœur,  etc.     ^ 


if 

En  daiibe  avec  nos  blondes, 
Yole,  mon  cœur,  vole, 
iin  danse  avec  noB  blondes. 
Nous  sautons  en  vrais  fous. 
Nous  sautons,  etc. 

Nous  finissons  par  mettre 

Yole,  mon  cœur,  vole, 

Nous  finissons  par  mettre, 

Tout  sens  dessus  dessous. 

Tout,  etc. 

Ainsi  le  temps  passe. 

Vole,  mon  cœur,  vole, 
Ainsi  le  temps  passe, 
Il  est,  ma  foi,  bien  doux. 
Il  est,   etc. 


LE  IIOSIER  DE  MAL     * 

CHANT  ^E  VOYAGEUR  CANADIEN. 

:  Air: — Connu.. 

Par  derrièr'  chez  ma  tante. 
Il  y  a  un  bois  joli; 
Le  rossignol  y  chante,         -"■ 
V      Et  le  jour  et  la  nuit. 

Gai,    Ion,  la,  gai  le  rosier 
Du  joli  mois  de  mai! 


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-* 


Le  rossignol  y  chante 
Et  le  jour  et  lu  nuit; 
Il  chante  pour  ces   (lanieH 
Qui  n'ont  [)oint  de  niari. 
•    .     Gai,  Ion  la,  etc. 

Il  chante  pour  ces  (ta mes 
Qui  n'ont  point  de  mari; 
Il  ne  chant'  pas  pour  moi, 
Car  j'en  ai  un  joli-    ' . 
Gai,  Ion  la,  etc. 

Il  ne   chant'  pas   pour  moi, 
Car  j'en  ai  un  joli; 
Il  n*est  pas  dans  la  danse, 
Il  est  bien  loin  d'ici. 

Gai,  Ion  la,  etc. 

Il  n'est  pas  dans  la  danse. 

Il  est  bien  loin  d'ici; 
,  Il  est  dans  la  Hollande, 

Les  Hollandais  l'ont  pris*   ■' 
t.      ,  Gai,  Ion  la,  etc.   . 

Il  est  dans  la  Hollande,^ 
Les^Hollandais  l'ont  pris. 
Que  donneriez- vous,  belle, 
Qui  l'amèn'rait  ici? 

Gai,  Ion  la,  etc. 


(^ue  (ioniiPriez-v()U«,  belle, 
(^ui  l'amèu'rait  ici? 

Je  don  nerni."i  Québec, 
8orel  et  Saint-Denis: 
Gai,   Ion  la,  etc. 

Je  donnerais  Québec,    ' 
Sorel  et  Saint-Denis, 
Et  la  belle  fontaine  .  / 
De  mon  jardin  joli. 

Gai,  Ion  la,  etc. 


LE   POMMIEJLi  DOUX. 

(mANT  DE    VOYAGEUB  CANADIEN. 

Air: — Connu. 

Par  derrièr'  chez  mon  père, 

Vole,  mon  cœur,  Vôle, 
Par  derrièr'  chez  mon  père! 
<    Il  y  a  un  pommier  doux; 
Il  y  a  un  pommier  doux 

iii    -î.     Tout  doux 
Il  y  a  un  pommier  doux. 


't'  -v-i..    -^ 


A      » 


La^ feuille  en  est  verte, 

Vole,;^mon  cœur,  vole, 
La  feuille  en  est  verte, 
Et  le  fruit  en  est  doux. 


:^  * 


Et  le  fruit  en  eut  doux, 
Tout  doux, 
Et  le  fruit  en  est  doux. 

Trois  filles  d'un  prince, 

Vole,  mon   cœur,  vo4o. 
Trois  filles  d'un  prince, 
8'sont  endormi'  dessous. 
S'sont  endormi'  dessous, 

Tout  doux, 
S* sont  enciormi'  dessous. 

La  plus  jeun'  se  réveille, 

Vole,  mon  cœur,  vole! 
La  plus  jeun'  se  réveille: 
Ma  sœur,  voilà  le  jour! 
Ma  sœur,  voilà  le  jour, 

Tout  doux, 
^Ma  sœur,  voilà  le  jour! 

>*''C«  n'est  qu'une  étoile, 
;  a;    Vole,  mon  coeur,  vole! 
Ce  n'est  qu'une  étoile, 
Qu'éclaire  nos  amours; 
Qu'éclaire  nos  amours, 

.      ,         ^  Toux  doux, 
Qu'éclaire  nos  amours. 

NoB  amants  sont  en  guerre. 
Vole,  mon  coeur,  vole! 


9 


Nos  amants  sont  en  guerre,  '  i 
Qui  combattent  i)our  nous; 

Qui  combattent  pour  nous,  i 

Tous  doux,  l 

Qui  combattent  pour  nous.  ■ 

S'ils  gagnent  la  bataille,  j 

Vole,  mon  coeur,  vole, 
S'ils  gagnent  la  bataille,      * 
Ils  auront  nos  amours;  J 

Ils  auront  nos  amours. 
Tous  doux. 
Ils  auront  nos  amours. 


4 


Qu'ils  perd'nt  ou  qu'ils  gagnent,  ■ 

Vole,  mon  coeur,  vole  ! 
Qu'ils  perd'nt  ou  (ju'ils  gagnent,  ' 
Ils  les  auront  toujours;  j 

Ils  les  auront  toujours,  ;  ,<? 

Tout  doux. 
Ils  les  auront  toujoura 


4 


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LA  BELLE  FEANÇ0I8K 

CHANT   DE  VOYAQEUK    CANADIEN. 

;:"'  '■''.  ']■'"■'':,  Air: — Connu.  K'  '■ 

C'est  la  belle  Françoise,    !^ 

.   Allons  gai,       *  '^  '  '         ;. 
C'est  la  belle  Françoise, 
Qui  veut  se  marier,  ^^  ' 

Ma  luron  lurette,        '^ 
Qui  veut  se  marier, 

Ma  luron,  luré. 

Son  amant  va  la  voir,   :    '  ' 
'  '^Allons gai,  ,    ^^ 

Son  amant  va  la  voir,  '.    ; 
Le  soir,  après  souper. 

Ma  luron  lurette, 
Le  soir,  après  souper. 

Ma  luron  luré. 

Il  la  trouva  seulette. 

Allons  gai, 
Il  la  trouva  seulette. 
Sur  son  lit,  à  pleurer. 

Ma  luron  lurette. 
Sur  son  lit,  à  pleurer. 

Ma  luron  luré. 


.-.  ^v:r  ,,.-;/itl,.,.>    ,;:,■■■.■     ■-'■. 

;  Oh!  qu'avez-vous,  la  belle,      :  ;, 
Allons  gai,  ■ 

Oh!  qu'avez-vous,  la  belle, 

Qu'avez-vous  à  pleurer, 
Ma  luron  lurette, 

Qu'avez-vous  à  pleurer?    ,     -'H'-" 
Ma  luron  luré.       ?  *  ^^         i^. 

—On  m'a  dit  hier  soir,  -rU,:: 
Allons  gai,  -, 

On  m'a  dit  hier  soir,  ^ 

Qu'à  la  guerre  vous  alliez, 
-      Ma  luron  lurette, 
Qu'à  la  guerre  vous  alliez, 
Ma  luron  luré. 

— Ceux  qui  vous  l'ont  dit,  belle 

Allons  gai. 
Ceux  qui  vous  l'ont  dit,  belle, 
Ont  dit  la  vérité, 

Ma  luron  lurette. 
Ont  dit  la  vérité. 

Ma  luron  luré. 

— Viens-t'en  me  reconduire, 

Allons  gai, 
Viens-t'en  me  reconduire. 
Jusqu'au  bord  du  rocher. 

Ma  luron  lurette. 


12  • 

Jusqu'au  bord  du  rocher. 
Ma  luron  luré. 

Adieu  belle  Françoise, 

Allons  gai, 
Adieu,  belle  Françoise, 
Moij  je  te  marierai, 

Ma  luron  lurette, 
Moi,  je  te  marierai,         ■; 

Ma  luron  luré. 

Au  retour  de  la  guerre, 
Allons  gai, 

Au  retour  de  la  guerre, 
.,  Si  j'y  suis  respecté, 

,  Ma  luron  lurette, 

îJ^M- ■  i    Si  j'y  suis  respecté, 
^  Ma  luron  luré. 

LES  TEOIS  CAPITAINES.  ^ 

CHANT  POPULAIEE  CANADIEN. 

Air  : — Connu.      -  -  -  ^ 
Nous  étions  trois  capitaines  (his.) 
De  la  guerre  revenant, 
Brave,  brave. 
De  la  guerre  revenant, 
Bravement. 


,     * 


1 


13 


-^f:J 


Nous  entrâm''  s  dans  irno  auberge  :  (  6is  ) 

— *Miôïesse,  as-tu  du  vin  blanc,    .  ^  r ,    ^^^ 

"J3r ave,  brave,     ?  :V    '^^1 

"Hôtesse,  as-tu  du  vin  blanc,        ,    rrwV  3 

"Bravement?"        jï  /  11   • 

.1  •  - 
Oui,  vraiment,  nous  dit  l'hôtesse,  { his) 
J'en  ai  du  rouge  et  du  blanc,       .  t  .»- 

"Brave,  brave,         ,      . j' 
"J'en  ai  du  rouge  et  du  blanc,        ;V 

"Bravement.",     ,  ^    .; 

— Hôtess,  tir  nous  trois  chopines  (  his  ) 
Chopi  nette  de  vin  blanc, 

"Brave,  brave,        ^    ri  / 
Chopinette  de  vin  blanc,        ;  m  L  I  : 

"Bravement,"     .    -j 

'     "'       ,  .  ,  '-•?■'■>■' 

Quand  la  chopijip  fut  bue,  (his) 
Nous  tirâm's  trois  écus  blancs, 
,    V:  Â        .     Brave,  brave. 

Nous  tirâm's  trois  écus  blancs. 
Bravement.  ^ '^i*^  -^ 

Grand  merci!  nous  dit  l'hôtesse,  (his) 
Revenez-y  donc  souvent. 
Brave,  brave. 
Revenez-y  donc  souvent. 
"Bravement." 


■      M 

DANS  LES  PEISONS  DE  NAIS  TES. 

Dans  les  prisons  de  Nantes  (bis) 
Il  y  a-t-un  prisonnier,     . 
Gai,  faluron,  falurette!  •  ^ 

Il  y  a-t-un  prisonnier. 
Gai,  faluron,  dondé! 

Personne  ne  va  Tvoir  (his) 
Que  la  fille  du  geôlier, 
Gai,  faluron,  falurette! 
Que  la  fille  du  geôlier. 
Gai,  faluron,  dondé! 

Elle  lui  porte  à  boire,  (his) 
A  boire  et  à  manger, 
Gai,  faluron,  falurette! 
A  boire  et  à  manger,  ^^;  ^ 
Gai,  faluron,  dondé! 

Un  jour  il  lui  demande  :  (  bis  ) 
— "Belle,  que  dit-on  de  moi,      (  - 
"Gai,  faluron,  falurette!  v-^*^  ' 

"Belle,  que  dit-on  de  moi?      '^  ^ 

"Gai,  faluron,  dondé!  ,:- ^^i  j:^^ 

— "Le  bruit  court  dans  la  ville  :  [hts) 
"Que  demain  vous  mourrez, 
"Gai,  faluron,  falurette! 
"Que  demain  vous  mourrez, 
"Gai,  faluron,  dondé! 


— *'0h!  si  demain  je  meurs,  (bis) 
"Lâchez-moi  donc  les  pieds 
"Gai,  faluron,   falurette!       ''  *      :; 
"Lâchez-moi  donc  les  pieds, 
*  'Gai,  faluron,  dondé  !      i  •     f  ' 

La  fille  encor  jeunette  (bis)    ; 
Les  pieds  lui  a  lâché! 
Gai,  faluron  falurette  ! 
Les  pieds  lui  a  lâché, 
Gai,  faluron,  dondé!  -^  ' 

Le  galant  fort  alerte  {bis)  .;  ; 
Vers  la  mer  a  filé,  .        . 

Gai,  faluron,  falurette!  "       ;    '  • 
Vers  la  mer  a  filé,  .       ^  : 

Gai,  faluron,  dondé!     ;    '^       i 

De  la  première  plonge  (bis) 
La  mer  a  traversé. 
Gai,  faluron,  falurette! 
La  mer  a  traversé. 
Gai,  faluron,  dondé! 

Quand  il  fut  sur  la  côte,  (bis) 
Il  se  prit  à  chanter. 
Gai,  faluron,  falurette! 
Il  se  prit  à  chanter, 
Gai,  faluron,  falurette! 


"Que  Dieu  béniss'  les  filles!  (bis) 
"Surtout  ceir  du  geôlier! 
Gai,  faluron,  nJureite! 
"Surtout  ceir  du  geôlier! 
"Gai,  f aluron,  dowdé ! 

"Si  je  retourne  à  Nantes,  (bis) 
"Oui,  je  me  marierai, 
,  Gai,  faluron,  falurette! 
"Oui,  je  me  marierai, 
"Gai,  faluron,   dondé! 

.  "Je  prendrai  pour  ma  femme  [fets] 

"La  fille  du  geôlier. 
Gai,  faluron,  ralurette! 

"La  fille  du  geôlier, 

"Gai,  faluron,  dondé!'* 

'        MA  BOULE  ROULANT. 

Berrièr'  chez  nous  y  a-t-un  étang. 
En  roulant  ma  boule; 
Trois  beaux  canards  s'en  vont  baignant, 

Rouli,  roulant, 
Ma  boule  roulant, 
En  roulant,  ma  boule  roulant. 
En  roulant  ma  boule. 

Trois  beaux  canards  s'en  voiit  baignant, 

En  roulant  ma  boule; 
'  Le  fils  du  roi  s'en  va  chassant, 
Bouli,  roulant,  etc. 


"*^ 


■■    ■         ■        ■    17 

Le  fils  du  roi  s'en  va  chassant, 
En  roulant  ma  boule: 
Avec  son  grand  fusil  d'argent, 
Ilouli,  roulant,  etc. 

Avec  son  grand  fusil  d'argent, 
En  roulant,  ma  boule; 
"  Visa  le  noir,  tua  le  blanc, 

Rouli,  roulant,  etc. 

Visa  le  noir,  tua  le  blanc,  -     •  . 

En  roulant,  ma  boule;  - 
O  fils  du  roi,  tu  es  méchant!     ,         ': 
Bouli,   roulant,  etc.     v;    / 

O  fils  du  roi,  tu  es  méchant! 
^  En  roulant,  ma  boule;       -^ 

D'avoir  tué  mon  canard  blanc, 
^iouli,  roulan*^-  etc. 

D'avoir  tué  mon  canard  blanc, 
i  En  roulant,  ma  boule; 

:    Par-dessous  l'aile  il  perd  son  sang, 
V  Rouli,  roulant,  etc. 

'    Par-dessous  l'aile  il  perd  son  sang. 
En  roulant  ma  boule; 
Par  les  yeux  lui  sort'   des   diamant», 
Bouli,   roulant. 

Par  les  yeux  lui  sort'  des  diamants,    , 


18 

En  roulant  ma  boule, 
Et  par  le  bec  l'or  et  l'argent, 
llouli,  roulant,  etc. 

Et  par  le  bec  l'or  et  l'argent, 

En  roulant  ma   boule, 
Toutes  ses  plum's  s'en  vont  au  vent, 
Rouli,  roulant,  etc. 


t  \ 


Toutes  ses  plum's  s'en  vont  au  vent, 

En  roulant   ma  boule, 
Trois  dam's  s'en  vont  les  ram  assant, 
Rouli,  roulant,  etc: 

Trois  dam's  s'en  vont  les  ramassant. 

En  roulant  ma   boule, 
C'est  pour  en  faire  un  lit  de  camp, 
Rouli,  roulant,   etc. 

C'est  pour  en  faire  un  \\i  de  camp. 

En   roulant  ma  boule, 
Pour  y  coucher  tous  les  passants, 
Rouli,  roulant,   etc. 


'm^  ■'.: 


À  SAINTMALO. 

Air- — Connu 

A  Saint-Malo,  beau  port  de  mer, 
Trois  gros  navir's  sont  arrivés. 


Nous  irons  sur  l'eau  "'^^ 

Nous  y  prom'  promener  ;  ^ 

Nous  irons  jouer  dans  l'ile.  *1 

"    i. 

Trois  gros  navir's  sont  arrivés,  ;' 

Chargés  d'avoin',  chargés  de  blé.  ,• 


Chargés  d'avoin',  chargés  de  blé: 
Trois  dam' s  s'en  vont  les  marchander. 


Trois  dam' s  s'en  vont  les  marchander. 
Marchand,  marchand,  combien  ton  blé? 


Marchand,  marchand,  combien  ton  blé? 
Tcois  francs  l'avoin',  six  francs  le  blé. 


Trois  francs  l'avôin'  six  francs  le  blé. 
C'est  bien  trop  cher  d'un'  bonn'  moitié. 

C'est  bien  trop  cher  d'un'  bonn'  moitié. 
Montez,  mes  dam's,  vous  le  verrez. 

Montez,  mesdam's,  vous  le  verrez. 
Marchand,  tu  n' vendras  pas  ton   blé. 

""  Marchand,  tu  n' vendras  pas  ton  blé. 
1   — Si  j'ne  r vends  pas,  je  le  donn'rai. 

Si  j'ne  r  vends  pasj  je  le  donn'rai. 
— A  ce  prix,  on  va  s'arranger. 


,< 


20 
A  LA   CLAIRE  FONTAINE.       ' 

CHANT  NATIONAL. 

A  la  claire  foutaiiie, 
M'en  allant  promener, 
J'ai  trouvé  l'eau  ai  beJle, 
Que  je  me  suis  b»igné; 

Il  y  a  longtemps  que  je  t'aima. 

Jamais  je  ne  t  oublierai. 

J'ai  trouvé  l'eau  si  belle, 
Que  je  me  suis  l)aigné, 
Et  c'est  au  pied  d'un  chêne 
Que  je  m' suis  reposé,  ^ 

Il  y  a  longtemps,  etc 

Et  c'est  au  pied  d'un  chêne 
Que  je  m'suis  reposé, 
bur  la  plus  haute  branche 
Le  rossignol  chantait; 
Il  y  a  longtemps,  etc. 

V  V,  Sur  la  plus  haute  branche    :^ 
Le  rossignol  chantait; 
Chante,  rossignol,  chante,   r;^  r 
Toi  qui  a  le  cœur  gai: 

Il  y  a  longtemps,  etc.     ..;:     -  ^^ 

Chante,  rossignol,  chante, 
Toi  qui  as  le  cœur  gai. 


21 

Tu  as  le  cceur  à  rire, 
Moi,  je  l'ai  à  pleurer. 
11  y  il  longtemps,  etc. 

Tu  as  le  cœur  à  rire, 
Moi,  je. l'ai  à  pleurer. 
J'ai  perdu  ma  maîtresse! 
Sans  pouvoir  la  trouver: 
Il  y  a  longtemps,  etc. 

J'ai  perdu  ma  maîtresse, 
Sans  pouvoir  la  trouver; 
Pour  un  bouquet  de  rose 
Que  je  lui  refusai; 
Il  y  a  longtemps;  etc. 

Pour  un  bouquet  de.  rose 
Que  je  lui  refusai; 
Je  voudrais  que  la  roee 
Fut  encore  au  rosier. 
Il  y  a  longtemps,  etc. 

,  Je  voudrais  que  la  rose 
Fut  encore  au  rosier; 

,  Et  que  le  rosier  môme 
Fut  dans  la  mer  jeté. 
Il  y  a  longtemps,  etc. 


'f 


*> 


22 
MAIiUOTTON  ET  BON  ANE 

UoNDE. 

Quand  Marfjjotton  .s'rend  au  moulin, 
1^'ilant  su  quenouille  ilo  lin, 

Eir  nionto  Hur  son  âne.; 
Ahn'ftne!  ah!  l'âne!  ah!  Tane! 
Eir  monte  sur  hou  ûno  Martin 

Pour  aller  au  mouliji. 

Quand  le  meunier  la  voit  venir,     . 
De  rire  il  ne  peut  se  tenir: 

"Attache-là  ton  âne, 
"Ah!  l'àne!  ah  I  l'ane!  ah!  l'âne! 
"Attache-là  ton  âne  Martin 

"A  la  port'  du  moulin." 

Pendant  que  le  moulin  moulait 
^  Le  meunier  la  belle  amusait; 
Le  loup  a  mangé  l'âne. 
Ah!  l'âne!  ah!  Tâne  ah!  l'âne!  / 
Le  loup  a  mangé  l'âne  Martin 
A  la  port'  du  moulin. 

"J'ai  douze  écus  dans  raori  gousset, 
"Prends  en  cinq  et  laisse-m'en  sept, 
"T'achèterai  un  âne, 

"Ah!  l'âne!  ah!  l'âiie!  ah!  l'âne! 
"Tachèteras  un  âne  Martin 


* 


Îrf3 

"Pour  venir  au  lu  )ulin.'* 

Le  iriari  la  voyant  venir, 

De  gronder  ne  put  se  tenir;  ^ 

"Ce  n'est  pas  là  mon  âne! 
"Ah!  l'àne!  ah!  l'une!  ah!  l'une! 
"('e  n'est  pas  là  mon  due  Martin 

"Qui  t' portait  au  moulin."  ^ 

"Mon  Ane  aVfât  les  quat'  pieds  blancs, 
"Et  les  oreill's  en  rabattant: 

"On  m'a  changé  mon  ftne! 
"Ah!  l'âne!  ah!  l'âne  !  ah!  l'âne! 
"On  m'a  changé  mon  âne  Martin 

"A  ce  maudit  moulin."  . 

"Le  bout  de  sa  queue  était  noir. 
"Je  suis  volé,  c'est  clair  à  voir; 

"Longtemps  j 'pleurai  mon  âne, 
"Ah!  l'âne  !  ah  !  l'âne  !  ah  î  l'âne  ! 
"Longtemps  j 'pleurai  mon  âne  MartiiL 

"Qui  m 'portait  au  moulin. 

'r 

"Ne  sais-tu  pas,  pauvre  nignaud, 
"Que  les  bêtes  changent  de  peau?  - 

"C'est  ce  qu'a  fait  ton  âne, 
"Ah  I  l'âne  !  ah  !  l'âne  !  ah  !  l'âne  î 
"C'est  ce  qu'a  fait  ton  âne  Martin 

"En  allant  au  moulin." 


QUAND  J'ETAIS  CHEZ  MON  PERE 

CHANT  CANADIEN.        ,,.:„;•;-'":. 

■,;■•.•  -^^  ^  :•      Air: — Connu,  ■^-^-        ' 

:'       ^  Quand  j'étais  chez  mon  père,       ^^ 

■       M.  Petit  gars  pastoureau,  .  ; 

;^'  J'allais  par  la  bruyère      '      "  ^  d 

,  Conduire  mon  troupeau.        f  ^i 


REFRAIN. 


Hiouppe,  hiouppe  sur  la  rivière 
Vous  ne  m'entendez  guère, 
Hiouppe,  hiouppe  sur  la  rivière 
Vous  ne  m'entendez  pas. 

J'allais  par  la  bruyère     :::''.S.U-4 
Conduire  mon  troupeau, 
Quand  un  loup,  fin  compère. 
Vint    gober  un   agneau. 
Hiouppe,  etc. 

Quand  un  loup  fin  compère. 
Vint  gober  un  agneau, 
Se  disant  tant  qu'à  faire 
Choisissons   le  plus  beau. 
Hiouppe,  etc. 

Se  disant  tant  qu'à  faire 
Choisissons   le  plus  beau 
Je  prendrais  bieif  la  paire. 


•    15 

Mais  que  dirait  l'rusteau? 
Hioappe,  etc. 

Je  prendrais  bien  la  paire, 
Mais  que  dirait  l'rusteau? 
C'est  bien  assez,  j'espère, 
"^lonsieur  du  Louveteau, 
Hiouppe,  etc. 

C'est  bien  assez,  j'espère, 
Monsieur  du  Louveteau, 
Il  fallait,  en  bon  frère, . 
Laisser  du  moins  la  peau, 
Hiouppe,  etc 

Il  fallait  en  bon  frère 
Laisser  du  moins  la  peau, 
Et  sa  cornett'  légère 
Pour  mettre  à  mon  chapeau 
Hiouppe,  etc. 

Et  sa  cornette   légère 
Pour  mettre  à  mon  chapeau, 
Et  l'os  que  je  préfère, 
Pour  faire  un  chalumeau. 
Hiouppe,  etc 

Et  l'os  que  je  préfère 
Pour  faire  un  chalumeau, 
Afin  de  nous  distraire 


25    • 

Chaque  printemps  nouveau, 
Hiouppe,  etc. 

Mais  chut  !...il  faut  vous  faire 
La  morale  en  un  mot: 
Bergers,  ne  laissez  guère 
Le  loup  près  de   l'agneau. 
Hiouppe,  etc. 


SUE  LE  COIN  D'UN  PONT. 

Mon  père  a  fait  bâtir   maison 
Sur  le  coin,  sur  le  coin  d'un  pont. 
Sont  trois  charpentiers  qui  la  font. 

Sur  le  coin  d'un  coin, 

Sur  le  coin  d'un  pont, 
Ah  !  le  beau  joli  petit  coin, 

Que  le  coin  d'un  coin, 

Que  le  coin  d'un  pontw 

Sont  trois  charpentiers  qui  la  font. 
Sur  le  coin,  sur  le  coin  d'un  pont; 
Dont  le  j)lus  jeune  est  mon  mignon. 
Sur  le  coin,  etc. 

Dont  le  plus  jeune  est  mon  mignon 
Sur  le  coin,  sur  le  coin  d^un  pont; 
D'un  saut,  il  mon't  sur  le  pignon. 
Sur  le  coin,  etc. 


27 

D'un  saut  iJ  monte  sur  le  j^ignon. 
8ur  le  coin,  sur  le  coin   d'un  pont; 
Il  appelle  ses  compagnons, 
8ur  le  coin,  etc. 

Il  appelle. ses  compagnon 
Sur  le  coin,  sur  le  coin  d'un  pont 
"J'ai-t-un  pâté  du  trois  pigeons:" 
Sur  le  coin,   etc. 


•!) 


"J'ai-t-un  pâté   de  trois  pigeons, 
8ur  le  coin,  sur  le  coin  d'un  pont 
*'Assis-toi  là,  et  le   mangeqns." 
Sur  le  coin.  etc. 

*'Assis-toi  là  et  le  mangeons." 
Sur  le  coin,  sur  le  coin  d'un   pont. 
En  s'asseyant  il  fit  un  bond. 
Sur  le  coin,  etc. 

En  s'asseyant  il  fit  un  bond 
Sur  le  coin,  sur  le  coin  d'un  pont; 
Qui  fit  trembler  mer  et  poissons. 
Sur  le  coin    etc. 

Qui  fit  trembler  mer  et  poissons. 
Sur  le  coin,  sur  le  coin  d'un  pont; 
Et  les  cailloux  qui  sont  au  fond. 
Sur  le  coin,   etc. 


28 
MON  MOIISE. 

Ah  î  si  mon  moine  voulait  dan&er 
Un  capuchon  je  lui  donnerai. 
Danse,  mon  moin,'   danse, 
Tu  n'entends  pas  la  danse, 
Tu  n'entends  pas,  maluré  Ion  la, 
Tu  n'entends  pas,  maluré,  danger 

Ah  !  si  mon  moine  voulait  danser 
Un  ceinturon  je  lui  donnerai. 
Danse,   etc. 

Ah  !  si  mon  moine  voulait  danser, 
Un  chapelet  je  lui  donnerai. 
Danse,  etc. 

Ah  '  si  mon  moine  voulait  danser 
Un  froc  de  bur'  je  lui  donnerai. 
Danse  etc. 

Ah  !  si  mon  moine  voulait  danser 
Un  beau  psautier  je  lui  donnerai. 
Danse,  etc. 

S'il  n'avait  fait  vœu  de  pauvreté 
Bien  d'autre  chos'  je  lui  donnerai 
Danse,  etc. 


29"* 

DEDANS  PAKIS 

Dedans  Paris  y  a-t-une  brune    )  ,  • 
Qui  est  plus  belle  que  le  jour.   )    ^ 
Mais  elle  avait  une  servante 
Qu'aurait  (fer)  voulu 
'Etre  aussi  belî'  que  sa  maîtresse,     ^ 
Mais  elle   n'a  pu. 

Eir  s'en  va  chez  l'apothicaire:  )  ^ 

"Combien  vendez-vous  votre  fard?  ) 
— "Nous  le  vendons  par  demi-once, 

"C'est  un  (ter)  écu." 
-  ""Pesez  moi-z'en  un'  demi-once 
Voilà  mon  écu." 

Quand  vous  serez  pour  vous  farder  )  i  • 
Prenez  ben  gard'  de  vous  mirer;       ) 
Vous  éteindrez  votre  chandelle 
Barbouil — (bis.)  barbouillez- vous. 
Le  lendemain  vous  serez  belle 
Comme  le  jour. 

Dans  son  chemin  elle  fit  rencontre 
De  son  gentil  cavalier. 
"Où  allez-vous,  blanche  coquette. 
Si  barbe  (his.)  si  barbouillée?  ^ 
Vous  avez  la  figur'  plus  noire 
Que  la  ch' minée." 


80 

Eir  s'en  va  chez  l'apothicaire:  f  /  '•. 

Monsieur,  que  ni'avez-vous  vendu;  ( 
*'Je  vous  ai  vendu  du  cirage 
Pour  vos  (fer)  «ouliers: 
Pour  apprendre  à  une  servante 
De  se  farder. 


MORT  ET  CONVOI  DE  L'INViN CI- 
BLE MALBROUG 

Malbrough  s'en  va-t-en  guerre, 
MirontoiJ,  mironton,  mirontaine, 
Malbrough  s'en  va-t  en  guerre. 
Ne  sait  quand  reviendra. 

Il  reviendra  z-à  Pâques 
^)u  à  la  Trinité. 

La  Trinité  se  passe, 
Malbrough  ne  revient  pas. 

Madame  à  sa  tour  monte, 
Si  haut*  qu'eir  peut  monter. 

Elle  aperçoit  son  page. 
Tout  noir  habillé. 

Beau  page,  ah!  beau  page, 
Queir  nouvelle  apportez. 


Q 


1 


Aux  nouveH's  que  j'apporte, 
Vos  beaux  yeux  vont  pleurer! 

Quittez  vos  habits  roses, 
Et  vos  satins  brochés, 

Monsieur  d'Malbrough  est  mort 
Est  mort  et  enterré. 

J'iai  vu  porter  en  terre 
Par  quatre  z-officiers. 

L'an  portait  sa  cuirasse, 
L'autre  son  bouclier. 

L'un  portait  son  grand  sabre, 
L'autre  ne  portait  rien. 

A  l'entour  de  sa  tombe, 
Romarins  l'pn  planta. 

Sur  la  plus  haute  branche, 
Le  rossignol  chanta. 

On  vit  voler  son  âme, 
Au  travers  des  lauriers. 

Chacun  mit  ventre  à  terre, 
Et  puis  se  releva.       , 


32  \ 


Pour  chanter  les  victoires 
Que  Malbrough  remporta. 

La  cérémonie  faite, 
Chacun  &'en  fut  coucher. 

J^en  dis  pas  davantailje, 
Car  en  voilà  z-assez. 


IL  ETAIT  U  N'  BERGERE 

Il  était  un'  bergère, 

Ron,  ron,  ion,  petit  pafapon 

Il  était  un'  bergère 

Qui  gardait   ses  moutons, 

Ron,  ron, 
Qui  gardait  ses  moutons. 

Elle  fit  un   fromage, 

Ron,  ron,  ron,  petit  patapon. 

Elle  fit  un  fromage 

Du  lait  de  ses  moutons, 

'Ron,  ron, 
Du  lait  de  ses  moutons, 

Le  chat  qui  la  regarde, 
Ron,  ron,  ron,  petit  patapon. 
Le  chat  qui   la  regarde 
D'un  petit  air  fripon, 
Ron,  ron, 


38 
D'uiJ  petit  air  fripon. 

Si  tu  y  mets  la  patte, 

Eoii,  ron,  roii,   petit   patapon, 

8i  tu  y  mets   la  patte, 

Tu  auras  du  bâton, 

Kon,  ron, 
Tu  auras  du  bâton. 

Il  n'y  mit  pas  la  patte, 
lion,  ron,  ron,   petit  j)atapon. 
Il  n'y  mit   pas  la   patte, 
Il  y  mit  le   menton, 

Ron,  ron, 
Il  y  mit  le   menton. 

La  bergère  en  colère, 
Eon,  ron,  ron,  petit  patapon, 
La  bergère  en  colère 
Tua  son  p'tit  chaton, 
Ron,  ron, 
Tua  son  p'tit  chaton. 


BRIGADIER,  VOUS  AVEZ  RAISON 

Air: — Connu 

Deux  gendarmes,  un  beau  dimanche, 
Chevauchaient  le  long  d'un  sentier. 
L'un  portait  la  sardine  blanche, 


34 

L'autre  le  jaune  baudrier. 
Le  premier  dit  d'un  ton  Honore: 
Le  temps  est  beau  pour  la  saison. 
Brigadier,  répondit  Pandore,    |  . 
Brigadier,  vous  avez  raison.      J 

Ah!  c'est  un  métier  difficile; 
Garantir  la  propriété, 
Protéger  les  champs  et  la  ville 
Du  vol  de  l'iniquité. 
Pourtant  l'épouse  que  j'adore 
Repose  seule  à  la  maison. 
Brigadier,  etc. 

La  gloire,  c'est  une  couronne 
Faite  de  rose  et  de  laurier; 
J'ai  servi  Vénus  et  Bellone, 
Je  suis  époux  et  brigadier; 
Mais  je  poursuis  ce  météore 
Qui,  vers  Colchos,  guida  Jasou. 
Brigadier,  etc. 

Phébus  au  bout  de  sa  carrière^ 
Put  encorles  apercevoir; 
Le  brigadier,  de  sa  voix  fière, 
Réveillait  les  échos  du  soir. 
Vois,  dit-  il,  le  soleil  qui  dore 
Ces  verts  coteaux  à  l'horizon- 
Brigadier,  etc. 


35 

Puis  ils  cheminèrent  en  silence; 
On  n'entendit  plus  que  le  pas 
Des  chevaux  marchant  en  cadence. 
Le  birgadier  ne  pn riait  pes; 
Mais  quand  parut  la  pftle  aurore, 
On  entendit  un  vague  son: 
Brigadier,  répondit  Pandore,    )  x-^ 
Brigadier,  vous  avez  raison.       ) 


LE  CANADIEN  EXILE. 

Un  Canadien  errant 
Banni  de  ses  foyers. 
Parcourait  en  pleurant 
Des  pays  étrangers. 

Un  jour,  triste  et  pensif, 
Assis  au  bord  des  iiots, 
Au  courant  fugitif 
Il  adressait  ces  mots: 

**Si  tu  vois  mon  pays, 
**Mon  pays  malheureux, 
"Va  dire  à  mes  amis 
"Que  je  me  souviens  d'eux 

"Pour  jamais  séparé 
"Des  amis  de  mon  cœur, 
"Hélas!  oui,  je  mourrai, 


3G 

"Je  mourrai  de  doulGur.  ; 

"Ploiififé  dans  les  inalheuro, 
"Loin  de  mes  chers  parents, 
"Je  passe  dans  les  j)leur8  ' 

"D'infortunés  nionjents." 

A.    Gekim-LajoI^.  ; 


LES    B08SU8. 

Depuis  louf^tenips  je  nie  suis   aperçu 
De  l'agrénjent  qu'on  a  d'être  bossu. 
Polichinelle,  en  tous  lieux  si  connu, 
Toujours  chéri,  partout  y-i  bien  venu, 
•     Qu'en  eût-on  dit  s'il  n'eût  été  bossu? 

Loin  qu'une  bosse  soit  un  embarras. 
De  ce  paquet  on  fait  un  fort  grand  cas. 
Quand  un  bossu  l'est  derrière  et  devant. 
Son  estomac  est  à  l'abri  du  vent. 
Et  ses  épaules  sont  plus  chaudement. 

Tous  les  bossus  ont  ordinairement 

Le  ton  comique  et  beaucoup  d'agrément. 

Quand  un  bossu  se  montre  de  côté, 

Il  règne  en  lui  certaine  majesté, 

Qu'on  ne  peut  voir  sans  en  être  enchanté 

Si  j'avais  eu  les  iiésois  de  Crésus, 
J'aurais  rempli  mon  palais  de  Lcttus. 


87 

On  aurait  vu  prèH  de  moi,  nuit  et  jour, 

Tou»  h's  hossus  s'enii)roHHer  tour  à  tour 

De  moatrer  leur  éuiinence  à  ma  cour. 

DauH  mes  jarclinn,  sur  un  beau  piédestal 
J'aurais  fait  nif^itie  un  Esope  en  métal, 
Et,  par  mon  ordre,  un  de  mes  substituts 
Aurait  «jjravé  près  de  ses  attributs; 
Vive  la  bosse  et  vivent  Jes  bossus I 

Concluons  donc,  pour  «lier  jusqu'au  bout 
Qu'avec  la  bosse  on  peut  i)asser  partout; 
^^u'un  homme  soit  féintasque  ou  bourru, 
Qu'il  soit  chassieux,  mal])roi)re,  mal  vêtu: 
11  est  charmant,  pourvu  qu'il  soit  bossu. 

-Fait a  par  un  bossu^  neveu  de  Saideul 


COMPLAIMELU  JUIF-EEEANT. 

Est-il  rien  sur  la  terre 
Qui  soît  plus  surprenant, 
Que  la  grande  misère 
:  l3u  pauvre  Juif-Errant? 

Que  son  sort  malheureux 
Paraît  triste  et  fâcheux  I 

Un  jour,  près  de  la  ville 
De  Bruxelles  en  Brabant, 


38 

Des  bourgeois  foi*t  dociles 
L'accoster'  eu  passant. 
Jamais  ils  n'avaient  vu 
Un  homme  si  barbu. 

Son  habit,  tout  difforme 
Et  très  mal  arrangé, 
Leur  fit  croir'  que  cet  homm# 
Etait  fort  étranger, 
Portant,  comme  ouvrier, 
D'vant  lui  un  tablier. 

n  lui  dit: — Lonjour  maître, 
e  grâce,  accordez  nous 

I^a  satisfaction  d'être 

Un  moment  avec  vous; 

Ne  nous  refuser  pas; 

Tardez  un  peu  vos  pas. 

— Messieurs,  je  vous  protest* 

Que  j'ai  bien  du  malheur: 

Jamais  je  ne  m'arrête, 

Ni  ici,  ni  ailleurs; 

Par  beau  ou  mauvais  temps, 

Je  marche  incessamment. 

— Entrez  dans  cette  auberge, 
Vénérable  vieillard, 
D'un  pot  de  bière  fraîche 
Vous  prendrez  votre  part; 


39 

Nous  vous  régalerons 

Le  mieux  que  nous  pourron». 

— «T'accepterais  de  boire 
Deux  coups  avecque  vous; 
Mais  je  ne  puis  m'asseoir, 
Je  dois  rester  debout 
Je  suis  en  vérité, 
Confus  de  vos  bontés. 

— Ah!  de  savoir  votre  âge 
Nous  serions  bien  curieux; 
A  voir  votre  visage 
Vous  paraissez  fort  vieux; 
Vous  avez  bien  cent  ans; 
Vous  montrez  bien  autant. 

— La  vieillesse  me  gène, 
J'ai  bien  dix-huit  cents  ans. 
Chose  sûre  et  certaine, 
Je  passe  encor  douze  ans; 
J'avais  douze  ans  passés, 
Quand  Jésus-Christ  est  né. 

— N'êtes-vous  point  cet  hommt 
De  qui  l'on  parle  tant? 
Que  l'Ecriture  nomme 
Isaac,  le  Juif -Errant? 
De  grâce,  dites-nous 
Si  c'est  sûrement  vous? 


— Isa  ne  Laquedem 

Pour  nom  me  fut  donné; 

Né  à  Jérusalem, 

Ville  bien  renommée. 

Gui,  c'est  moi,  mes  enfants^ 

Qui  suis  le  Juif -Errant. 

Juste  ciel!  que  ma  ronde 
Est  pénible  pour  moiî 
Je  fais  le  tour  du  monde 
Pour  la  cinquième  fois. 
Chacun  meurt  à  son  tour^ 
Et  moi,  je  vis  toujours. 

Je  traverse  les  mers. 
Les  rivièr's,  les  ruisseaux. 
Les  forêts,  les  déserts, 
Les  raonta^n's  les  coteaux. 
Les  plaines,  les  vallons, 
Tous  chemin  s  me  sont  bons. 

J'ai  vu  dedans  l'Europe, 
Ainsi  que  dans  l' Asie, 
Dbs  bataill's  et  des  chocs 
Qui  coûtaient  bien  des  vies; 
«Te  les  ai  traversés 
Sans  y  être  blessé. 

J'ai  vu  dans  l'Amérique, 


41 

(Test  une  vérité, 

Ain^i  que  dans  l'Afrique, 

Grande  mortalité; 

La  mort  ne  me  peut  rien, 

Je  m'en  aperçois  bien. 

Je  n'ai  point  de  ressource 

En  maison  ni  en   bien; 

J'ai  cinq  sous  dans  ma  bourse, 

Voilà  tout  mon  moyen; 

En  tous  lieux,  en  tous  temps, 

J'en  ai  toujours  autant. 

Nous  pensions  comme  un  songe 
Le  récit  de  vos  maux; 
Nous  traitions  de  mensonge 
Tous  vos  plus  grands  travaux: 
Aujourd'hui  nous  voyons 
Que  Qous  nous  méprenions. 

Vous  étiez  donc  coupable 
De  quelque  grand  péché 
Pour  que  Dieu  tout  aimable 
Vous  ait  tant  affligé  ? 
Dites-nous  l'occasion 
De  cette  punition. 

— C'est  ma  cruelle  audace 
Qui  causa  mon  malheur; 
Si  mon  crime  s'eflPace, 
J'aurai  bien  du  bonheur: 


42 

J*ai  traité  mon  Sauveur 
Avec  trop  de  rigueur. 

Sur  le  mont  du  Calvaire 
Jésus  portait  sa  croix; 
Il  me  dit,  débonnaire, 
Passant  devant  chez  moi  : 
"Veux-tu  bien,  mon  ami, 
Que  je  repose  ici?" 

Moi,  brutal  et  rebelle. 
Je  lui  dis  sans  raison: 
*'Ote4oi,  criminel. 
De  devant  ma  maison: 
Avance  et  marche  donc, 
Car  tu  me  fais   affront." 

Jésus,  la  bonté  même. 
Me  dit  en  soupirant: 
"Tu  marcheras  toi-même 
Pendant  plus  de  mille  ans: 
Le  dernier  jugement 
Finira  ton  tourment.'* 

De  chez  moi  à  l'heur'  même 
Je  sortis  bien  chagrin; 
Avec  douleur  extrême 
Je  me  mis  en  chemin, 
De  ce  jour-là  je  suis 
En  marche  jour  et  nuit. 


43 

Messieurs,  le  temps  me  presse, 
Adieu,  la  compagnie; 
Grâce  «vos  politesses, 
Je  vous  en  remercie: 
Je  SUIS  trop  tourmenté 
yuand  je  ^ais   arrêté. 


LA  GAMELLE  PATRIOTIQUE. 

fciavez-vous  pourquoi,  mes  amis 
^lous  sommes  tous  si  réjouis? 
C'est  qu'un  repas  #èst  bon 
Qu'apprêté  sans  façon. 
Mangeons  à  la  gamelle: 
\ive  le  son! 
\  ive  le  son  ! 
Mangeons  à  la  gamelle: 
Vive  le  son! 
Du  chaudron. 

Nous  faisons  fi  des  bons  repas: 
On  y  veut  rire,  on  ne  peut  pas. 

Le  mets  le  plus  friand 

Dans  un  vase  brillant, 

Ne  vaut  pas  la  gamelle: 

Y  ive  le  son^  etc. 

» 

Point  de  froideur,  point  de  hauteur, 


44 

L'aménité  fait  le  bonheur; 
Non,  spns  fraternité, 
Il  n'est  point  de  gaieté. 
Mangeons  à  la  gaiftelle: 
Vive  le  son,  etc. 

Vous  qui  baillez  dans  vos  palais 
OÙ  le  plaisir  n'entra  jamais, 

Pour  vivre  sans  souci, 

II*  faut  venir  ici 

Manger  à  la  gamelle, 
Vive  le  son,  etc. 

On  s'affaiblit  dans  le  repos; 

Quand  on  travaille,  on  est  dispos. 
Que  nous  sert  un  grand  cœur, 
Sans  la  mâle  vigueur 
Qu'on  gagne  à  la  gamelle? 
Vive  le  son,  etc. 

Savez- vous  pourquoi  les  Komains 
Ont  subjugué  tous  les  humains? 

Amis,  n'en  doutez  pas. 
C'est  que  ces  fiers  soldats 
Mangeaient  à  la  gamelle. 
Vive  le  son,  etc. 

* 

Bientôt  les  brigands  couronnés, 
Mourant  de  faim,  proscrits,  bernés, 
Vont  envier  l'état 


/ 


45 

Du  plus  brav«  soldat 
Qui  mange  à  la  gamelle, 
'  Vive  le  son  etc. 

s 

Ces  Carthaginois  si  lurons, 
A.  Capoue  ont  fait  Us  capons; 

S'ils  ont  été  vaincus 

C'est  qu'ils  ne  daignaient  plus 

Manger  à  la  gamelle. 

Vive  le  son,  etc. 

Âhl  s'ils  avaient  le  sens  commun, 
Tous  les  peuples  n'en  feraient  qu'im 

Loin  de  s'entr  li^gorgtir, 
'  Ils  viendraient  tous  manger 
A  la  même  gamella 

Vive  le  son,  etc. 

Amis,  terminons  ces  couplets 
Par  le  serment  des  bons  Français; 
Jurons  tous,  mes  amis, 
D'être  toujours  unis: 
Vive  la  république! 

Vive  le  son!  . 

Vive  le  son! 
Vive  la  république! 

Vive  le  son! 

Du  canon! 


4G 

LE  PxVYS.  , 

Aitt: — Lm  /oïi/,s  d'or. 

Pourquoi  quitter  notre  patrie, 
Caïuuliens,  pour  un  ciel   meilleur? 
Pourquoi  passer  toute  la  vie 
A  courir  après  le  l>on]ieur? 
Eli!  quoi,  serait  elle  j/i nudité 
La  terre  de  notre  beiceauV 
Ne  pourrions-nous  que  par  la  fuite 
Cesser  d'y  trouver  uu  tombeau? 
L'illusion  de  l'esjjérance 
Nous  séduit  tous,  ô  mes  nmisi  ^ 
Mais  bi^nheur,  plaisir,  abondance, 
Tout  cela  se  trouve  au  ])ays. 

J*ai  versé  des  larmes  amères, 
En  voyant  sur  tous  les  chemins 
Nos  enfants,  nos  amie,  nos  frères 
Partir  en  tristes  pèlerins. 
Et  nous,  si  quelqu'un  vient  nous  dire; 
"Le  vrai  bonheur  est  aux  Etats.'* 
Oh!  ne  nous  laissons  pas  séduire, 
Non,  le  bonheur  n'est  pas  là-bas, 
Dans  le  désert,  c'est  le  mirage 
Qui  séduit  les  yeux  éblouis: 
Fuyons  cette  menteuse  image, 
Le  vrai  bonheur  est  au  pays. 


47 

J'ai  vu  sur  uu.s  belles  uioiitignes 
Des  habitants  venus  d'ailleurs; 
Jai  vu  nos  fertiles  campagnes 
Enrichir  des  colon??  meilleurs. 
Tandis  que  notre  ca^ur  de  glace 
Va  chercher  un  climat  plus  doux, 
Un  autre  pay^  prend  la  pince 
Et  recueille  ses  fruits  pour  nous. 
Je  suis  jaloux  quand  je  c  )nteniple 
Ses  colfres,  ses  greniers  reni[)li8; 
Mais  il  vient  nous  donner   Texenipl*, 
Et  nous  ftiire  aimer  le  pays. 

Àniis,  mettons-nous  à  l'ouvrage, 

Le  travail  donne  les  trésors, 

Et  qu'un  intelligent  courage 

Vienne  soutenir  nos  efforts. 

Quand  on  la  cultive  et  qu'on  l'aime, 

La  terre  de  nos  Canadas, 

Elle  est  d'une  richesse  extrême, 

Et  ses  flancs  ne  s'épuisent  pas. 

Elle  nous  rend  avec  usure 

Tous  les  biens  qui  lui  sont  commis, 

Mais  souvent  elle  les  mesure 

A  notre  amour  pour  le  pays. 

Voye^,  qu'il  est  beau  le  rivage 
Auquel  on  nous  fait  dire  adieu! 
Ailleurs,  point  de  plus  belle  plage, 


48 

Ailleurs,  p^int  de  ciel  aiis4i  bleu. 
Aimons  notre  pn,yi4  (renf.iuce, 
Restons  attachés  h  son  sein. 
Le  souvenir  et  l'espérance 
Ici  se  tiennent  par  la  main. 
Vivons  ou  vécurent  nos  pères, 
Comme  eux  soyon'^  t:)u jours  unis^ 
Et  préparons  des  jours  prospères 
A  nos  enfants  dans  le  pays. 

Kabbe.  F.  Mautinkau 


LE  VIEUX  BRACONNIER 

Ail»: — Connn 

Dans  le  pays  Ton  m'appelle 
Pierre,  le  vieux  braconnier, 
^J'étais,  on  se  le  rappelle, 
La  terreur  du  beau  gibier. 
Mais  depuis  qu'une  couronne 
De  cheveux  blancs  me  coiffa,    . 
Je  bracorine,  je  braconne,    )  7  - 
Un  lapin  par-ci,  par-là.        ) 

J'étais  un  buveur  terrible. 
Et  le  vin  blanc,  rouge  ou  noir, 
Descendait  comme  en  un  crible 
Dans  mon  vaste  réservoir.* 
Je  buvais  plus  que  personne; 
Maintenant  ce  n'est  plus  ça! 


49 

Je  braconne,  je  braconne,  )  m  • 

Quelques  coups  par  ci  par-là.    ) 

La  fortune  avec  sa  roue, 
Me  fuyait  de  plus  en  plus: 
Je  ne  comptais,  je  l'avoue. 
Pas  plus  d'amis  que  d'écus. 
A  présent  que  ma  main  sonne 
Quelque  argent  qu'on  me  légua. 
Je  braconne,  je  braconne,   )  ^  •   ^ 
Ijn  ami  par-ci,  par-là.  ) 

J'ai  pitié  de  la  souflFrance, 

Car  j'ai  souffert  bien  souvent;    . 

Le  pauvre  vit  d'espérance, 

Mais  il  faut  du  pain  pourtant 

Quelquefois  j'ai  fait  l'aumône, 

Béni  soit  qui  m'aidera! 

Je  braconne,  je  braconne,  )  ». 

Quelques  sous  par-ci,  par-là.     ) 

• 

Maintenant  la  chose  est  claire, 
Mon  voyage  est  terminé. 
Mais,  on  dirait  que  sur  terre 
Le  bon  Dieu  m'ait  oublié. 
En  attendant  qu'il  me  donne 
L'ordre  qui  trop  tôt  viendra, 
Je  braconne,  je  braconne        )  r . 
Quelques  jours  par-ci,  par- là  ) 


50 
LA  PllIEHE  DU  CHATELAIN. 

Air: — Quand  je  veux  chassc^r  la  irisiesse 

Déjà  le  vent  du  soir  soupire 
Dans  les  vieux  débris  de  la  tour; 
Déjà  le  Ilot  du  lac  expire. 
En  murmurant  la  fin  du  jour; 
Mais  on  dirait  qu'à  la  rivière 
Jj'écho  redit  un  chant  lointain. 
Ecoutez  bien,  c'est  la  prière  '• 

Du    châtelain. 

Te  pfttre,  sur  sa  mandoline, 
Module  ses  refrais  ^'espoir; 
I/airain  sacré  de  la  colline 
Annonce  Fan^relus  dn  soir; 
Tandis  qu'on  prie  à  la  chflumière, 
Au  loin  résonne  un  chant  lointain. 
Ecoutez  bien,  etc. 

Là-bas,  il  est  dans  la  vallée, 
Au  bois  où  souffle  le  zéphir; 
Il  prie  au  pied  d'un  mausolée, 
Tombe  chère  à  son  souvénii'. 
Sa  voix  se  mCle  avec  mystère 
Aux  chansons  du  hameau  voisin. 
Ecoutez  bien,  etc. 


51 

MON  AME  A  DIEU,  MON  COEUR 

A  TOI. 

La  voile  est  à  la  grande  hune, 
Disait  un  Breton  k  genoux, 
Je  pars  pour  chercher  la  fortune, 
Qui  ne  veut  pas  venir  à  nous. 
Je  reviendrai  bientôt,  j'espère. 
Sèche  tesyenx,  prie,  attends  moi, 
En  te   quittttnt,  ma  bonne  mère. 
Mon  Ame  à   Dieu  (  bis,  )  mon  cœur  à  toi. 

Pour  rendre  le  sort  favorable, 
Chantaient  les  marins  à  loisir, 
Il  faut  vendre  son  âme  au  diable, 
Et  livrer  son  cœur  au  plaisir. 
Mais  lui,  songeant  à  sa  chaumière, 
Pleine  de  tendresse  et  pleine  de  foi, 
Il  répétait,  ma  bonne  mère. 
Mon  âme  à  Dieu,  (bis)  mon  cœur  à  toi. 

Errant  de  rivage  en  rivage. 
Enfin  il  amasse  un  trésor. 
Et  puis  il  retourne  au  village, 
C'est  pour  sa  mèr^  tout  son  or, 
Mais  il  lit  ces  mots  sur  la  pierre; 
Je  pars  aussi,  mon  fils,  plains-moi; 
Mais  dans  le  ciel  comme  sur  la  terre. 
Mon  âme  à  Dieu,  (bis)  mon  cœur  à  toi 


62 

Oui  dans  le  ciel:  comme  sur  la  terre, 
Mon  âme  à  Dieu,  (  bis.  )  mon  cœur  à  toi. 


AVE  MAKIA. 

Ave,  Maria!* 
Car  voici  l'heure  sainte; 
La  cloche  tinte: 
Ave  Maria? 

Tous  les  petits  anges 
Au  front  radieux 
Chantent  vos  louantes, 
O  Reine  des  Cieuxl 
Ave,  Maria!  etc. 

Tout  dort  sous  votre  aile 
L'enfant  au  berceau, 
La  pauvre  hirondelle. 
Dans  son  nid  d'oiseau. 
.  Ave,  Maria!  etc. 

Vous  êtes  la  voile 
Du  pauvre  marin; 
Vous  êtes  l'étoile 
Du  bon  pèlerin. 
Ave,  Maria!  etc. 


-\ 


r>3 

Vous  êtes  servante 
Des  pauvres  blessés 
Vous  êtes  l'amante 
Pes  cœurs  d<^laiss4a 
Av^,  Mariai  etc. 


■^ 


Votre  nom  si  tendre 
Sur  un  front  mortel 
Fait  toujours  descendre 
JLa  beauté  du  ciel 
Ave,  Mariai  etc. 

Aussi  les  Maries, 
En  chœurs  gracieux, 
A  vous  réunies. 
Montent  vers  les  cieux. 
Ave,  Maria!    etc. 

Mais  le  jour-s'en  va; 
De  la  cloche  qui  tinte 
Finit   la  plainte: 
Ave,  Maria! 

G.  Lemoihb. 


54 

LE  SOLDAT  ET  LE  BEEGER 
Air: — Connu, 

— Vois-tu  cette  troupe  guerrière 
Déployer  ses  nobles  drapeaux  V 
Berger,  laisse-là  ta  chaumière. 
Et  ta  houlette  et  tes  troupeaux. 
Parmi  les  hls  de  la  victoire 
Viens  briller  d*un  noblô  éclat; 
Quitte  le  repos  pour  la  gloire. 
Fais-toi  soldat,  fais-toi  {bis)   soldat. 

— Soldat,  Vois-tu  ces  eaux  dociles 
Suivre  la  pente  du  coteau?  '     ' 
C'est  l'image  des  jours  tranquilles 
Qui  s'écoulent  dans  ce  hameau. 
Tes  laurieiH  arrcsés  de  larmes 
N'offrent  qu'un  bonheur  passager; 
Lé  nôtre  est  pur,  quitte  tes  arnaes, 
Fais-toi  berger,  fais-toi  (bis)  berger. 

— Quoi,  moi,  déserter  la  carrière  . 
Que  Mars  ouvre  à  ses  favoris, 
M'ensevelir  dans  la  poussière 
Couvert  d'opprobre  et  de  mépris! 
Lorsqu'à  mon  bras  le  ciel  confie 
L'intérêt  sacré  de  l'état: 
Mon  sang  est  tout  à  ma  patrie, 
Je  suis  soldat,  je  suis  (bis)  soldat. 


00 

— Des  vrais  amis  l'heureux  modèle 
En  tous  lieux  mon  chien  suit  mes  pas; 
Guidé  par  ce  gardien  fidèle 
Mes  agjieaux  ne  s'écartent  pas. 
Ma  cabane  échappe  au  tonnerre 
Qui  met  les  trône;*  en  danger; 
Des  rois,  que  me  fait  le  colère? 
Je  suis  berger,  je  suis  (bis)  berger. 

— Aux  fif^rs  accents  de  la  trompette 
Tressaille  mon  cœur  généreux, 
— Aux  doux  accents  de  la  musette 
Palpite  i^on.  cœur  amoureux. 
— Adieu,  berger,  l'honneur  m'appelle, 
J'entends  le  signal  du  combat. 
— Voicivenir  ma  pastourelle. 
Adieu,  soldat,  adieu  (bis),  soldat. 


LE  PETIT  MOUSSE  NOIR. 

Air: — Mon  enfant,  tu  voudrais  com- 
prendre. 

Sur  le  grand  mât  d'une  coi^vette 
Un  petit  mousse  noir  chantait; 
Disant  d'une  voix  inquiète 
Ces  mots  que  la  brise  emportait: 
Ah!  qui  me  rendra  le  sourire 
De  ma  mère  m'ouvrant  ses  bras? 


56 

Filez,  filez,  ô  mon  navire: 
Car  le  bonheur  m'attend  là-bas. 

Quand  je  partis,  ma  bonne  mère 
lue  dit:    lu  va»  sous  a  autres  cienx, 
De  nos  savames  la  chaumière 
Va  disparaître  de  tes  yeux  ; 
Pauvre  enfant,  si  tu  savais  lire. 
Je  t'écrirais  souvent,  hélas! 
Filez,  filez,  ô  mon  navire: 
Car  le  bonheur  m'attend  là-bas. 

On  te  dira  dans  le  voyage 

Que  pour  l'esclave  est  le  mépris; 

On  te  dira  que  ton  visage 

Est  aussi  sombre  que  les  nuits; 

Sans  écouter,  laisse-les  dire; 

Ton  âme  est  blanche,  eux  n'en  ont  pa». 

Filez,  filez,  ô  mon  navire: 

Car  le  bonheur  m'attend  là-bas. 

V 

Ainsi  chantait  sur  la  misaine 
Le  petit  mousse  de  tribord  ; 
Quand  tout  à  coup  le  capitaine 
Lui  dit,  en  lui  montrant  le  port: 
**Va,  mon  enfant,  loin  du  corsaire. 
Sois  libre,  et  fuis  des  cœurs  ingrats. 
Tu  vas  revoir  ta  pauvre  mère 
Et  le  bonheur  est  dans  ses  bras.*' 

Marc    Constanti». 


57 

ADIEUX  DE  MARIE  STUART. 

Musique  de  B.  Wilhem. 

Adieu,  charmant  pays  de  France, 

Qui  je  dois  tant  chérir! 
Berceau  de  mon  heureuse  enfance, 
Adieu!  te  quitter,  c'est  mourir! 

Toi  que  j'adoptai  pour  patrie. 
Et  d'où  je  crois  me  voir  bannir. 
Entends  les  adieux  de  Marie, 
France,  et  garde  Je  souvenir. 
-.i   Le  vent  souffle,  on  quitte  la  plage, 
Et  peu  touché  de  mes  sanglots. 
Dieu,  pour  me  rendre  à  ton  rivage, 
Dieu  n'a  point  soulevé  les  flots! 
Adieu,  etc. 

Lorsqu'aux  yeux  du  peuple  que  j'aime 
Je  ceignis  les  lys  éclatants; 
Il  applaudit  au  rang  suprême 
Moins  qu'aux  charmes  de  mon  printemps 
En  vain  la  grandeur  souveraine 
M'attend  chez  le  sombre  Ecossais; 
Je  n'ai  désiré  d'être  reine 
Que  pour  régner  sur  les  Français. 
Adieu,  etc. 


^8 

L'amour,  la  gloire,  le  génie, 
Ont  trop  enivré  mes  beaux  jours. 
Dans  l'inculte  Caléionie 
De  mon  sort  va  changer  le  cours. 
Mêlas!  un  présage  terrible 
Doit  livrer  mon  cœur  à  l'effroi! 
J'ai  cru  voir  dans  un  songe  horrible 
Un  échafaud  dressé  pour  moil 
,   Adieu,  etc. 

France,  du  milieu  des  alarmes, 
La  noble  fille  des  Stuarts, 
Comme  en  ce  jour  qui  voit  ses  larmes^ 
Vers  toi  tournera  ses  regards. 
Mais  Dieu!  le  vaisseau  trop  rapide 
Déjà  vogue  sous  d'autres  cieux: 
Et  la  nuit  de  son  voile  humide 
Dérobe  tes  bords  à  mes  yeux. 
Adieu,  etc. 


LA  VENGEANCE  COKSE. 

Guidé,  la  nuit  par  ma  pâle  lumière. 

Un  étranger  à  ma  porte  frappa; 

Je  l'accueillis  dans  ma  pauvre  chau- 
mière. 

Le  croirais-tu,  mon  fils,  il  me  trompa! 

Tu  sais  comt3ien  j'aimais  ta  sœur, 
Marie? 


69 

Ponr  elle,  liélas!  je  ne  puis  que  pleurer 
De  la  ravir  le  lâche  eut  l'infamie. 
Mais  tu  reviens,  enfant,  pour  la  ven- 
•  ger: 

Va  droit  à  lui, 

Courage,  audace, 

Point  de  merci; 

Attaque  en  face. 

Va  ne  crains  rien; 

Songe  à  ta  sœur, 
^^  *  Ajuste  bien 

Et  frappe  au  cœur! 

* 

Toi  qui  servis  pendant  longtemps  la 
France, 

Tu  sais,  mon  fils,  tout  le  prix  de  l'hon- 
neur; 

Oui,  j'en  suis  sûr,  de  venger  cette  of- 
fense 

Impatient,  tu  sens  battre  tôu  cœur. 

Sur  le  terrain,  où  la  mort  vous  ras- 
semble. 

Va,  mon  enfant,  sois  ferme  et  coura- 
geux. 

Par  la  pensée,  ô  fils,  soyons  ensem- 
ble, 

Car  pour  combattre,  hélas!  je  suis  trop 

vieux.  . 

Va  droit  à  lui,  etc. 


(ÎO 

Vois  ce  rocher,  c'est  là  qu'est  ea  de- 

<i  ,        meure; 

La  nuit,  de  l'aigle  il  partage  le  sort.  • 

heure  ; 

C'est  là,  mon  fils,  qu'il  doit  trouver  la 
mort. 

Oh!  le  beau  jour  que  celui  qui  tee  lève! 

Jour  de  vengeance!  enfin,  je  suis  heu- 
reux. 

Que   ce  combat    soit  sans  merci,  ni 
trêve! 

Pars  mon  enfant,  pour  toi  je  fais  des 
vœux. 

Va  droit  à  lui,  etc. 


LE.PETIT  AVEUGLE. 

J  ëtais  un  p'tit  aveugle,  et  n'avais  pas 

^,,      quinze  ans. 

Mon  vi^iix  père  était  mort,  6  trop  tristes 
'^m*-^     moments  ! 

Ma  mère  aussi  bientôt  me  quitta  sur  la 

<ji  :\  .  terre, 

Pour  aller,  me  dit-on,  dorniir  au  cime- 
tière. 

Un  sac,  un  bftton. 
Un  chien  nourrisson, 


C'était  là  tout  mon  bien. 
Le  sac  sur  le  bras, 
Je  pars  an  i)'tit  pas 
8ur  le  bord  du  chemin. 
Adieu,  la  chaumière, 

Ah!    ahî  ah! 
Tombfum  do  nui  mère, 
Ahîah'nh! 
Conduis  nies  pas,  mon  i)^tit  chien, 
Mon  seul  ami,  ([uand  tout  me  quitte 
Je  ne  vols  pas;  toi,  tu  vois  bien: 
Petit,  regarde  et  vn  moins  vite. 

J'allais    tout    chancelant,  suivanî  mon 

p'tit  ami, 
Et  tenant  à  la  main  le  cordon  si  chéri: 
J'allais  clopin-clopan  sur  la  route  ti'op 

dure; 
Mes  deux  pieds  étaient  nus,   mon  front 
sans  cf)uverture. 

Je  tendais  tremblant 
Mes  mains  au  passant, 
Pour  mendier  mon  pain. 
"Donnez-moi,  messieurs; 
"Je  suis  malheureux;^ 
"Je  vais  mourir  de  faim." 
Loin  d©  ma  chaumière, 

Ah!  ah!  ah! 
Toi,  dans  ma  misère. 
Ah!  ah!  ah! 


62 

Conduis  mes  pas,  mon  petit  chien, 
Mon  seul  ami,  quand  tout  me  quitte 
Je  ne  vois  pas,  toi   ti:  vois  bien. 
Petit,  regarde,  et  va  moins  vite, 

Je    frappai  très    souvent    le  seuil  4e^ 

grands  seigneurs;  !•■ 

Mais,  en  voyant  mes  maux  ils  ont  ri  î^ 

mes  pleurs.  f 

Que  l^urs  fcœurs  étaient  durs  !  Ils  n'ont 

pas  eu  de  mère 
Ceux  qui  du  p'tit  aveugl'   méprisent  la 
misère. 

•        Ils  disaient  furieux:  ' 

Va-t-en,  petit  gueux; 
**Nous  n'avons  rien  pour  toi."^  .. 
Pairi  prenant  mon  bras. 
Me  m'naient  à  grands  pas 
Sur  le  chemin  du  roi. 
Loin  de  ma  chaumière. 

Ah! ah! ah! 
Toi  dans  ma  misère. 
Ah!  ah! ah! 
Conduis  mes  pas,  mon  petit  chien, 
Mon  seul  ami  quand  tout  me  quitte, 
Je  ne  vois  pas;  toi  tu  vois  bien: 
Petit,  regarde  et  va  moins  vite. 

Quand  la    pauvre    bergère,   épanchant 
dans  mon  cœur 


63 

De^paroleH  d'esprit,  des  mots  pleins  de 

douceur, 
Et  que  sa  douce  nrnin  me  donnait  en  si- 

lence 

Ce  qu'un  chrélieuréberve  à  lu  pauvre  iû- 
digence; 

J'offrais  à  mon  chien 
Moitié  de  mon  bien, 
Le  reste  était  pour  moi. 
Pendant  le  repas, 
Je  m'disais  tout  bas, 
Non  sans  un  grand  émoi 
"Vive  la  chaumière, 

Ah! ah! ah! 
"Où  vécut  ma  mère  I 
Ah  !  ah  !  ah  ! 

Conduis  mes  pas,  mon  petit  chien, 
Mon  seul  ami,  quand  tout  me  quitte 
Je  ne  vois  pas,  toi  tu  vois  bien, 
Petit,  regarde  et  va  moins  vite. 

Je  trottai  bien  longtemps,  toujours  ver- 
sant des  pleurs, 
Sur  la  route  inconnue,  où  tous  cueillaient 

des  fleurs, 
Et  voilà  que  soudain  la  triste  maladie 
Enlève  à  mon  p'tit  chien  le  reste  de  sa  vie. 
Viens  à  mon  secours, 
Maître  de  mes  jours  I 


64 

Je  suis  seul  en  ce  lieu; 
En  perdant  mon  chien, 
Je  perds  tout  mon  bien. 
A  la  grAce  de  Dieu  ! 
Loin  de  ma  chaumière  I 

AU  i  an    HU  ! 
Et  mourir  sans  mère  ! 
Ah!  ah!  ah  I 
Quoi  î  tu  me  laisses,  mon  petit  chien  ! 
Ah,  quel  malheur,  ah,  tout  me  quitte. 
Seul  ici  bas  tu  m'aimais  bien: 
Que  ne  suis-je  encor  à  ta  suites. 


LA  CROIX  DE  MA  MERE. 
Air: — Un  jour  pur  ctc. 

Celle  qui  ma  donné  la  vie 
Est  dans  les  champs  des  noirs  cyprès, 
Sous  la  froide  pierre  endormie, 
Pour  ne  se  réveiller  jamais. 
Dans  ce  lieu  sombre  et  solitaire. 
Tous  les  jours  je  verse  des  pleuys; 
Au  pied  de  la  croix  de  ma  mère 
Je  prie  et  je  sème  des  fleurs. 

Dans  mon  pieux  pèlerinage, 
Je  crois  entendre  autour  de  moi 


65 

Sa  voix,  à  travers  un  nuage, 
Qui  me  dit:  -'Je  veille  sur  toi." 
Et  comme  un  baume  salutaire, 
Ces  mots    apaisant  mes  douleurs, 
A  u  pied  de  la  croix  de  ma  mère 
Je  prie  et  je  sème  des  fleurs. 

Sur  la  terre,  pauvre  orpheline, 
Je  ne  savais  plus  <jue  pleurer; 
Mais  vers  la  croix  je  m'achemine 
Et  sa  voix  me  dit  d'espérer, 
Je  m'agenouille,  et  sur  la  pierre 
Où  seront  un  jour  nos  deux  cœurs! 
Au  pied  de  la  croix  de  ma  mère, 
Je  prie  et  je  sème  des  fleurs. 


LA  PKIEEE  D'UNE  OKPHELINE, 

Air: — De  la  pauvre  Isabelle, 

J'entends  dans  nos  montagnes 
Le  son  du  chalumeau, 
Et  déjà  mes  compagnes 
.  S'assemblent  sous  l'ormeau. 
Auprès  de  ma  chaumière, 
Seule  je  vais  errer: 
Las!  qui  n'a  plus  de  mère, 
Ne  songe  qu'à  pleurer. 

Le  chagrin,  dès  l'enfance, 
M'environne  toujours; 


66 

Mon  père,  loin  de  France 
Vit  terminer  ses  jours. 
^  Auprès  de  ma  chaumière, 
''    •,•  Seule  je  vais  errer: 
;   ■    Car  sans  lui,  sans  ma  mère 
:■    Je  n'ai  plus  qu'à  pleurer. 

Je  ne  trouve  de  guides 
Que  dans  mon  souvenir. 
Des  cieux  où  tu  résides, 
Daigne  encor  me  bénir, 

Oh  tu  me  vois  errer, 
Veille  sur  moi,  ma  mère, 
-    .  Toi  que  j'aime  à  pleurer.. 


-1   •; 


BABCABOLLE   DE  LA  MUETI^E. 

Air: — Connu. 

Amis,  la  matinée  est  belle; 
Sur  le  rivage   assemblez-vous, 
Montez  gaiement  votre  nacelle, 
Et  des  vents  bravez  le  courroux. 
Conduis  ta  barque  avec  prudence. 

Pêcheur,  parle    bas, 
Jette  tes  jfilets  en  silence, 

Pêcheur,  parle  bas; 
lie  roi  des  mers  ne  t'échuppera  pas  (Ins) 


67 

L^heure  viendra,  sachons  l'attendre, 
Plus  tard,  nous  saurons  la  saisir. 
Le  courage  fait  entreprendre. 
Mais  l'adresse  fait  réussir. 
Conduis,  etc. 

Pêcheur,  sur  la  mer  orageuse. 
Brave  la  mort,  va,  ne  crains  rien; 
Pour  une  action  périlleuse. 
Vogue  sans  peur,  en  vrai  marin. 
Conduis,  etc. 

Ne  redoute  pas  la  balaine, 
Le  temps  est  calme,  il  faut  partir, 
Tente  une  (Conquête  incertaine, 
Le  brave  craint-il  de  mourir; 
Conduis,  etc. 


LES    SAPINS. 

J'allais  cueillir  des  fleurs  dans  la  vallée. 
Insouciant  comme  un  papillon  bleu, 
A  l'âge  où  l'âme  à  peine  révélée 
Le  cherche   encore  et  ne  rien  de  Dieu. 
Je  oora posais  avec  amour  ma  gerbe, 
Quand,  au  détour  du  coteau,  l'aspect  noir 
Des  sapins  verts  couvrant  un  sol   sans 

herbe 
Me  fit  prier  ainsi  sans  le  savoir: 


■^^}^--'-' 


'■A 

;::/,;/-:v  08  ^v^^, .;■:■■;' ■;::.:;>•■:■••,,,. 

"Dieu  d'harmonie  et  de  beauté,    !"  ^  •'■ 
Par  qui  le  sapin  fut  planté,  ■ 

Par  qui  la  bruyère  est  bénie,  ^^  '?^  - 
^.V       J'adore  ton  génie  '^  : 

Dans  sa  simplicité.  ""    '   -  ^ '^    -  ^^ 

î.e  sapin  brave  et  l'hiver  et^l'orage      ' 
Chaque  printemps  lui  fait  un  éventail; 
Droite  est  sa  flèche  et  vibrant  son  feuil- 
lage, 
L'art  grec  s'y  mêle  au  gothique    travail: 
Le»  blancs  piliers,  unsouiïîe  les  balance 
Sans  plus  d'efforts  que  les  simples  ro- 
seaux;        '  - 
Chœur  végétal,   symphonie,   orgue  im- 
mense 

Qui  darde  au  ciel  d'innombrables  tuyaux 
Dieu  d'harmonie,  etc 

Lee  bûcherons  dont  la  hache  est  sonore, 
Sapin  géant,  coupent  tes  bois  légers 
Qui  porteront  du  couv^hant  à  l'aurore 
Hommes,  bestiaux  et  produits  échangés, 
De  ta  résine  on  enduira  tes  planches; 
Tu  doubleras  les  caps  sombres  sans  peur, 
Tantôt  voguant  au  gré  des  voiles  blan- 
ches. 
Tantôt  poussé  par  l'ardente  vapeur.  ' 
Dieu  d'hamonie,  etc. 


I 


L*archet  de  Dieu  règle  votre  cadence, 
Musiciens  rythmés  par  l'aquilon: 
Un  jour,  des  bals  vous  mènerez  la  danse 
De  l'orme  agreste  au  splendide  salon. 
Vous  traduirez  des  accents  dont  la  flam- 
me 
Cherche  des  cœurs  l'invisible  chemin; 
Aux  violons  vous  donnerez  une  âme 
Et  vibrerez  sous  un  archet  humain. 
Dieu  d'harmonie,  etc. 

Heureux  sapins!  vos  solives  légères 
Font  les  chalets,  construisent  les    ha- 
meaux: 
Dans  vos  taillis  se  couchent  les  bergères, 
Et  les  buveurs  dorment  sous  vos  rameaux- 
L'humanité  par  vos  soins  est  servie. 
Bois  familiers,  dans  sa  joie  et  son  deuil; 
Dans  un  berceau  vous  accueillez  sa  vie. 
Et  vous  clouez  ses  morts  dans  le  cercueiL 
Dieu  d'harmonie,  etc. 

.'  *> 
■  t 

Arbres  divins,  respectés  des  tempêtes, 
ïVous  inspirez  le  calme  et  ses  douceurs. 

Qu'aime  la  foule  aux  vers  de  ses  poètes, 
^liEt    qu'Apollon    enseignait  aux    neufs 
sœurs. 

Quand,  au  hasard,  la  sagesse  infinie 

Eclaire  un  front,  c'est  à  l'ombre  des  bois! 


70 

Reviens,  Orphée,  y  rêver  l'harmonie! 
Viens,  ô  Lycurgue,  y  méditer  des  lois! 
Dieu  d'harmonie,   etc.        il"' 

;^^^  ^^  -      Pierre  Dupont. 


:     *  :.    ,■  1 


V'^  '";)  v:.  ■•'■-.■'■,;■/■  i-.  ,- ■  r        .-     .       '''■■y 

L'ANGE  DELA  PITIE.   ^:      ■ 

Sur  la  cité  brille  un  soleil  de  fête; 
C'est    un    beau  jour  que  chacun    veut 
saisir.  ;^,..,,  -.,;,^,, ,  ,„  ..„-.,^, 

De  toutes  parts  ia  foule  satisfaite 
Court  empressée  où  l'attend  Ib  plaisir. 
Seule  une  femme,  à  la  fois  veuve  et  m(^re 
Les  yeux  en  pleurs,  le  front  humilié, 
Demande  à  tous  pitié  pour  sa  misère: 
N'est- il,  hélas!  n'est-il  plus  de  pitié? 


^■:1'-\ 


Sa  force  enfin  s'épuise  et  l'abanoi  ne: 
Elle  chancelle  et  se  traîne  au  saint  lieu* 
Puis,  à  genoux  devant  une  madone. 
Offrant  son  fils  à  la  mère  de  Dieu, 
Elle  s'écrie:  Oh!  soyez  secourable 
A  ce  roseau  par  l'orage  plié; 
Vous  dont  le  fils  naquit  dans  une  étable 
De  mon  enfant  prenez,  prenez  pitié. 

Mais,  ô  prodige  !  il  semble  que  la  toile 
A  pali)ité,  que  la  Vierge  a  souri. 


7) 

Et  que  Jésus,  jouant  avec  son  voile, 
Jette  à  la  veuve  un  regard  attendri. 
Elle  se  lève,  emportant  l'espérance: 
De  tout  bonheur  n'est-ce  pas  la  moitié? 
A  sa  demeure  un  ange  la  devance, 
L'ange  qu'au  ciel  on  nomme  la  Pitié. 

>.,.  Auguste  BiŒssiEK. 


^■'^X:^ic 


SOUVENIKS    D'UN   VIEUX 
MILITAIEE. 

Te  souviens-tn,  disait  un  capitaine 
Au  vétéran  qui  mendiait  son  pain 
Te    souviens-tu    qu'autrefois    dans     la 

plaine, 
Tu  détournas  un  sabre  de  mon  sein? 
Sôus  les  drapeaux  d'une  mère   chérie, 
Tous  deux  nous  avons  combattu  ;       , 
Je  m'en  souviens,  car  je  te  dois  la  vie: 
Mais  toi,  soldat,  dis-moi,  Ven  souviens-tu, 

Te  souviens-tu,  de  ces  jours  trop  rapides 
Où  le  Français  acquit  tant  de  renom? 
Te  souviens-tu  que  sur  les  Pyramides 
Chacun  de  nous  osa  graver  son  nom  ? 
Malgré  les  vents,  malgré  la  terre  et  Ponde 
On  vit  flotter,  après  l'avoir  vaincu, 
Notre  étendard  sur  le  berceau  du  monde? 
Dis-mois,  soldat,  dis-moi,  t'en  souviens-tu 


Te  souviens  tu  que  les  preux  cV Italie 
Ont  vainement  combattu  contre  nous? 
Te  souviens-tu  que  les  ppeux  d'Ibérie 
'  Devant  nos  chefs  ont  plié  les  genoux? 
Te  souviens-tu  qu'aux  champs  de   l'Al- 
lemagne 
Nos  bataillons,  arrivant  impromptu, 
En  quatre  jours  ont  fait  une  campagne: 
Dis-moi,  soldat,  dis-moi,  t'en  souviens-tu? 

Te  souviens- tu  de  ces  plaines  glacées 
Oi^  le  Français,  abordant  en   vainqueur, 
Vit  sur  son  front  les  neiges  amassées 
Glacer  son  corps  sans  refroidir  son  cœur? 
Souvent  alors  au  milieu  des  alarmes, 
Nos   pleurs    coulaient,  mais  notre  œil 

abattu       '^  ' 

Brillait  eucor  lorsqu'on  volait  aux  armes: 
Dis-m  )i,  soldat,  dis-moi,  t'en  souviens-tu? 

Te  souviens-tu  qu'un  jour  notre  patrie 
Vivante  encor  descendit  au   cercueil, 
Et  que  l'on  vit  dans  Lutèce   flétrie 
De-i  étrangers  marcher  avec   orgueil? 
Grave  en  ton  cœur  ce  jour  pour  le  mau- 
dire, 
Ebquiul  Dellone  un  jour  aura  para, 
.  Qu'au  chef  jamais  n'ait  besoin  de  te  dire 
Dl^-moi,  soldat,  dis-moi, t'on  souviens-tu? 


73        • 

Te  souviens- tu...  Mais  ici  ma  voix  tremble 
Car  je  n'ai  plus  de  noble.souyenir; 
Viens-t-en,  l'ami,   nous  pleurerons  en- 
semble, 
En  attendant  un  meilleur  avenir. 
Mais  si  la  mort,  planant  sur  ma  chau- 
mière, "  •  ' 
Me  rappelait  au  repos  qui  m'est  dû. 
Tu  fermeras  doucement  ma  paupière 
En  me  disant:  "Soldat,  t'en  souviens-tu?" 

•  ,.-     Emile  Debraux. 


LES  GIRONDINS.  : 


Par  la  voix  du  canon  d'alarme, 
La  France  appelle  ses  enfants! 
Allons,  dit  le  soldat:  Aux  armes! 
,    *   C'est  ma  mère,  je  la  défends 

Mourir  pour  la  patrie,  {Ins.) 
r/est  le  sort  le  plus  beau,  le  plus  digne 
d'envie,  (bis,) 

Nous,  amis,  qui,  loin  des  batailles. 
Succombons  dans  l'obscurité, 
V       Vouons,  du  moins,  nos  funérailles 
A  la  France,  à  la  liberté! 
Mourir,  etc 

Frères,  pour  une  cause  sainte, 
Quand  chacun  de  nous  est  martyr, 


-  ■■:•■'■  74  :   -'-^ :..'■[■    , 

Ne  proférons  i)as  une  plainte,  ' 

La  France  un  jour  doit  nous  bénir. 
Mourir,  etc.  i  <  v  ?5    . 

Du  Créateur  de  la  nature      ,  ,v 

Bénissons  encor   la  bonté; 
Nous  plaindre  serait  une  injure: 
Nous  mourons  i)our  la  liberté.     ,,  , 

Mourir,  etc.    ;  -,  .  ;  -   ,    r  •   ' 

=  A»  Dumas  et  Aug.  Maquet. 


^J  '    LA  MARSEILLAISE. 

Allons,  enfants  de  la  patrie. 
Le  jour  de  gloire  est  arrivé; 
Contre  nous  de  la  tyrannie     ^ 
L'étendard  sanglant  est  levé  (his). 
Entendez- vous  dans  nos  campagnes 
Mugir  ces  féroces  soldats? 
Ils  viennent  jusque  dans  vos  bras, 
Egorger  vos  fils  et  vos  compagnes  ! 

Aux  armes!  citoyens,  formez  vos  batail- 
lons ; 

Marchons    (his.)    qu'un     sang    impur 
abreuve  nos  sillons. 

Que  veut  cette  horde  d'esclaves, 
De  traîtres,  de  roi  conjurés? 


75 


'■\. 


Pour  qui  ces  ignobles  entraves, 
Ces  fers  dès  longtemps  préparés?  (bis) 
J^'rançais,  pour  nous,  ah!  quel  outrage, 
Quels  transports  il  doit  exciter? 
C'est  nous  qu'on  ose  méditer 
'  De  rendre  à  l'antique  esclavage! 
Aux  armes  î  citoyens,  formez  vos  Jbatail- 

.     V,     Ions;    ■•■•■-      -',*  .^  ■■-.;■"  ".■^■'~V;:,  \i^:: 

Marchons  (  bis  ),  qu'un  sang  impur  abreu- 
ve no  sillons.       .  ^'  ^    -vi.  v 

Quoi!  ces  cohortes  étrangères 
lieraient  la  loi  dans  nos  foyers! 
Quoi!  ces  phalanges  mercenaires 
Terrasseraient  nos  fiers  guerriers?  (bis.  ) 
Grand  Dieu!  par  des  mains  enchaînées 
Nos  fronts  sous  le  joug  se  ploiraientl 
j    De  vils  despotes  deviendraient 
Les  maîtres  de  nos  destinés  ! 
Aux  armes,  citoyens,  formez  vos  batail- 
lons: 
Marchons  (bis),  qu'un  sang  impur  abreu- 
ve nos   sillons. 

Tremblez,  tyrans,  et  vous,  perfides, 
L'opprobre  de  tous  les  partis! 
Tremblez!  vos  projets  parricides 
Vont  enfin  recevoir  leur  prix!  (bis.) 
;       Tout  est  soldat  pour  vous  combattre 
S'ils  tombent  nos  jeunes  héros. 


La  France  en  produit  de  nouveaux, 
Comme  vous  tout  prêts  à  se  battre. 
Aux  armes!  citoyens,  formez  vos  batail- 
lons; 
Marchcms  (bis),  qu'un  sang  impur  abreu- 
ve nos  sillons. 

Français,  en  guerriers  magnanimes, 
Portez  ou  retenez  vos  coups; 
Epargnez  ces  tristes  victimes 
A  regret  s'armant  contre  nous,  (bis.)' 
Mais  ces  despotes  sanguinaire», 
Mais  les  complices  de  Bouille,         .; 
Tous  ces  tigres  qui,  sans  pitié, 
Déchir3nt  le  sein  de  leurs  mères! 
Aux  armes!  citoyens,  formez  vos  batail- 
lons; - 
Marchons  (bis),  qu'un  sang  impui:  abreu- 
ve nos  sillons.  -  ^    '   "  '  ' 

Nous  entrons  dans  la  carrière 
Quand  nos  aînés  ne  seront  plus; 
Nous  y  trouverons  leur  poussière 
Et  la  trace  de  leurs  vertus,  (bis.  ) 
Bien  moins  jaloux  de  leur  survivre 
Que  de  partager  leur  cercueil 
;  Nous  aurons  le  sublime  orgueil 
De  les  venger  ou  de  les  suivre. 


Aux  armes!  citoyens,  formez  vos  batail- 
lons; 
Marchons  (  bis) y  qu'un  sang  impur  abreu- 
**       ve  nos  sillons. 

'i  .  ■        '      \  ,  •  ■*" 

Amour  sacré  de  la  patrie, 
(Jonduis,  soutiens  nos  bras  vengeurs, 
Liberté,  liberté  chérie, 
Combats  avec  tes  défenseurs!  (his) 
Sous  nos  drapeaux  que  la  victoire 
Accoure  à  tes  mâles   accents! 

/  IT»n>    4-rvf    /^-n-ri/Mrvnc"    <->-vr\i-*»o-*^4-Çî  ■  'v 

w,  vcw    vv>k3    \^xxliyjLxkxa   KjA.\ji.i.ixi.x\.a  ■- - 

Voient  ton  triomphe  et  notre  gloire! 
Aux  armes!  citoyens,  formez  vos  batail- 
lons; ,     ,        V 
Marchons  (his),  qu'un  sang  impur  abreu- 
ve nos  sillons!  ;  v;  . 

*  ■  ^  BOUGET  DE  LiSLE. 


SOUVENIR  DE  NAPOLEON. 

A]r: — Delà  Marseillaise. 

Enfants    de  la  même  patrie, 
Pour  nous  enfin  luit  un  beau  jour  : 
A  cette  terre  si  chérie 
Nous  payons  un  tribut  d'amour.  [6ts.] 


78 

Au  bord  d'une  terre  étrangère 
Quel  spectacle  frappe  rues  yeux  I 
L'auiitié  qui  desceud  den  cieux 
Embellit  ce  jour  sur  la  terre  I 
Napoléon,  la  France  I  uuis.sous  ces  grands 

noms  ; 
Chantons  ;  sois  iniuiortel,  héros  (jue  nous 
pleurons  I 


O  toi  dont  le  vaste  génie     *' 
Etonna,  vainfjuit    tes  rivaux,         •     - 
Perinets  que  ton  ombre  chérie 
Vienne  planer  sur  nos  travaux,  [his] 
Reconnai.s  diiîîs  celte  a^scîlib!ée,     .    , 
Plus  «l'un  fidèle  serviteur 
Dont  ton  nom  fait  bnttre  le  coeur, 
Fidèle  à  l'enseigne  sacrée. 

Napoléon,    la      France  î      unissons    ces 
grands  noms  ; 

Chantons  :  sois  immortel,  héros  que  nous 

pleurons  ! 

'•  -■  '■.--  -■'•■  •■..:..■  -,    '.■>■■  ■■■^>^' 

-■i-'.-    '■■"■  "  \'.'  "■^'  * 

Douce  amitié,  fille  adorée, 
Viens  nous  embrasser  de  tes  feux, 
Fais  que  sous  ton  aile  sacrée, 
Ce  jour  donne  des  fruits  heureux  {bis] 
Loin  de  notre  France  chérie 
Ne  formons  qu'un  peuple  d'amis  : 
Lorsque  nous  sommes  réunis 
Nous  retrouvons  notre  patrie 


79    •;.- 

Napoloon,     la     France  î     unissons     cen 

grands  no  m  h  ;     .'  '  •    •  < 
Chantons  :  sois  imniurtcl,  horos  que  nous 

I)leurons  I      ..  :.\ 

L'homme,  l'honneur  de  notre  race, 
Chef  de  hi  grande  nation, 
Dans  son  grand  cœur  eut  une    place 
Pour  la  plus  noble  passion,  [bia.j 
Montcbello,  dont  la  frrande  âme 
Aima  sans  craindre  le  héros, 
Ah  î  vifîus  animer  nos  travaux. 
Disons,  pleins  d'un  douce  flamme  : 

Napoléon,    la     (.France  î     unissons     ces 
grands   noms  ;         '     ^    - 

Chantons  :  sois  immortel,  héros  que  nous 
j>    "  pleurons  I 

Errants  sur  un  lointain  rivage, 
Rallions-nous  A  ce  grand  nom. 
Français,  prenons  pour  patronage 
L'égide  de  Napoléon,  [bis] 
Ne  formons  qu'un  peuple  de  frères, 
Puisque  nous  sommes  ses  enfants; 

■         Faisons  retentir  dans  nos  chants, 
Amis,  sur  les  deux  hémisphères  : 

Napoléon,     la   France  !      unissons     ces 
grands  noms  ; 

Chantons  :  sois  immortel,  héros  que  nous 

}  pleurons  ! 


80 

._  .  ,,.;_    ■■•.■I  ,.--■'     -■  -  ,.  .■■  , 

Pour  flétrir  ton  grand  caractère, 
•         L^envie  excita  st^s  serpents:  • 

Hatzfeld  et  le  fonctionnaire 
Te  vengeront  dans  tous  les  temps,  [bis] 
Nous  sommes  loin  de  ton  génie, 
Mais  pour  imiter  tes  bienfaits    .   . 
Allons  au  devant  des  souhaits 
Des  exilés  de  la  patrie. 
Napoléon,     la    France  I     unissons     ce» 

grands  noms  ; 
Chantons  :  sois  immoriel,  héros  que  noua 
pleurons  ! 


HYMNE  AUX  MARTYRS  l'E  1837-33. 

0  Canada,  terre  chérie, 
Tu  penches  ton  front  soucieux  ! 
N'es-tu   pas  toujours  la  patrie 
Des  héros,  des  nobles  aieux  I  ■; 

Peuple  intrépide  et  magnanime, 
Qui  sus  garder  ta  liberté, 
Qu'un  doux    souvenir  te  ranime, 
Tu  fus  vaincu,  jamais  dompté  ! 

Des  temps  les  plus  fameux  levons  les  voi- 
les sombres. 

Vos  bourreaux  sont   flétris  d'opprobres 
éternels  I 

Honneur,  amour  et  gloire  à  vos  illustres 
ombres. 

Fils  de  la  liberté,  vous  serez  immortels. 


81 

■^^  Soudain  s'el(>ve  im  cri  de  guerre, 
Les  fils  du  peuple  des  trois  jours 
.  Font  treMibler  ceu:x-là  qui  n.iguère 
Nous  croyaient  déchus  pour  toiijours, 
, .   Vous  êtes  morts  dans  le  carnage, 
Vaillant  Perreault,  brave  Chénier, 
Vous  étiez  dignes  d'un  autre  âge, 
0  Cardinal,  O  Lorimier, 
,     .         Des  temps,  etc.     :  ;  " 

D'une  larme  donnons  la  gloire 
,    Aux  martyrs  de  la  liberté, 
Ils  ont  conquis  dans  notre  histoire 
L'amour  de  la  postérité. 
De  cps  héros,  dans  la  détresse, 
Gar   v)ns  un  pieux  souvenir? 
Et  quand  le  lion  nous  caresse, 
Frères,  songeons  à  l'avenir? 
-; •  Des  temps,  etc. 

Au  Canada,  notre  patrie, 
,   Jurons  amour,  lidélité, 

Qae  d'une  voix  chacun  s'écrie; 

''Vive  la  paix,   la  liberté  !" 
•  Mais  si  qu.elqu 'ennemi  vorace 
i  Voulait  un  jour  nous  outrager, 

Français,  sans  crainte  de  sa  race, 

Ne  saurions-nous  nous  protéger? 
Des  temps,  etc. 


82 


De  ce  despote  sanguinaire 
Qu'un  jour  lu  vomis,  Albion  l 
De  Col  borne  es- lu  solidaire?     a^ 
if-t-i!  fiétri  ta  nation? 
L'excès  de  ses  vœux  sacrilèges 
Ebranla  ton  autorité  ! 
Mais  Albion,  tu  te  protèges 
En  protéfi^eant  ia  liberté  I 
Des  temps,  etc. 

Tu  n'es  point  i:é  pour  l'esclavage 
Dieu  seul  est  ton  maître  ici-bas  î 
Ta  liberté,  c'est  ton  ouvrage 
Oh  mon  pays,  ne  l'oublie  pas  ! 
Descendants  de  plus  d'une  race, 
Puisque  Dieu  nous  n  réunis, 
Que  la  luiine  entre  nous  s'efïace, 
Efforçons-nous  de  vivre  unis  ' 
. .  ..    ,      Des  temps,  etc.    •       •   - 

'■'    •':•..■  ■.-•:-   ;^.''  M.  FlSSlAUL' 


LE  DRAPEAU  DE   CARILLON 


O  Carillon,  je  te  revois  encore  ! 

Non  plus,  hélas  I  couwne  en  ces  jours  bj 

nis, 
Oà  dans  les  murs  la  trompette  sonore 
Pour  te  sauver  nous  avait  réunis. 


Je  viens  à  toi  quand  mon  âme  succombe 

Et  sent  déjà  son  cournge  faiblir. 

Oui,  près    do    toi,    venant   chercher   ma 

tombe, 
Pour  mon  drapeau  JQ  viens  ici  mourir.' 

Mes  compagnons,  d'une  vaine  espé»'ance, 
P)eiçant  encor  leurs  cœurs  toujours  Fran- 

çaii^,  '        —  ~  -   " 

Les  yeux  tournés  du  côté  de  la  France, 
Diront  souvent  :  reviendront-ils  jnmais? 
L'illusion  console^^i  leur  vie, 
Moi,  Sînis  espoir,  quand  n  es  jours    vont 

hnir,  ;      . 

F^t  sîins  attendre  une  parole  amie, 
Pour  mon  drapeau  je  viens  ici  mourir. 

Cet  étendard  qu'i  u  grand   jour   des    ba- 
tailles, 
Noble  Montcalm,  tu  plaças  dans  ma  main, 
Cet  étendard  qu'aux  portes  de  Versailles, 
Naguère,  hélas  !  je  déployais  en  vain, 
Je  le  remeis  aux  champs  où  de  ta  gloire 
Vivra  toujours  l'immortel  souvenir. 
Et  dans  ma  tombe  emportant  ta  mémoire 
Pour  mon  drapeau  je  viens  ici  mourir. 

Qu'ils  sont   heureux   ceu5    qui   dans   la 

mêlée 
Près  de  Lévis  moururent  en  soldats  I 
En  expirant,  leur  âme  consolée, 


84 


■  -  r' . 


Voyait  la  gloire  adoucir  leur  trépaj;. 
Vous  qui  dormez  dîuis  votre  froide  bière 
Vous  que  j'implore  à  mon  dernier  soupir. 
Réveillez  vous!  Apportant  ma  bannière, 
Sur  vos  tombeaux,  je  viens  ici  mourir. 

Octave  Cremazie. 


AVANT  TOUT  JE   SUIS   CANADJEN. 

Souvefitde  lu  Grande  Bretîi^ine-      .,*    :  .' 

On  vante  et  les  mœurs  et  les  lois; 

Par  leurs  vins,  la  France  et  l'Espagm^; 

A  de.s  f  loge  s  ont  des  dr'»itH<  ,  ; 

Admirez'le  ciel  d'Italie, 

Louez  l'Europe,  c'est  fort  bien; 

Moi,  je  préfère  ma  patrie  ;  ' 

Avant  lout  je  suis  Canadien.  .  ,  '         '..: 

Sur  nous  quel  est  donc  l'avantage 
De  ces  êtres  prédestinés  !       <      v  , 
En  sciences,  art  et  langage,     ^^/ '   > 
Je  l'avoue,  ils  sont  nos  aînés.-;    =\; 
Mais  d'égaler  leur  industrie 
Nous  avons  chez  nous  les  moyens  ; 
A  tous  préférons  la  patrie  : 
Avant  tout  soyons  Canadiens. 

Vingt  ans.  ^es  Français  de  l'histoire 
Ont  seuls  occupé  le  crayon  ; 
Ils  étaient  fils  de  la  victoire, 


.    ■->.■    .'■     85  :.■;■::.■ 

Sous  l'immortel  Napoléon.       ;     , 
Ils  ont  une  armée  aguerrie, 
Nous  avons  des  vrais  citoyens; 
A  tous  préférons  la  patrie  :   , 
Avant  toul  soyons  Canadiens.        V 

Tous  les  jours,  l'Espagne  se  vante 
Dos  chefs-d'œuvre  de  ses  auteurs. 
Comme  elle,  ce  pays  enfante 
Journaux,  poètes,  orateurs.         '^ 
En  vain  le  préjugé  nous  crie: 
Cédez  le  pas  au  monde  ancien  ; 
Moi,  je  préfère  ma  patrie  :  * 

Avint  tout  je  suis  Canadien.  '  ?; 

Originaire  de  la  France,        .      ;      -^ 
Aujourd'hui  sujet  d'Albion 
A  qui  donner  la  préférence,    ::   '' 
De  l'une  ou  l'autre  nation?     /   J 
Miiis  n'avons-nous  pas,  je  vous  y^rie, 
Encor  de  plus  puissants  liens? 
A  tous  préférons  la  patrie  : 
Avant  tout  soyons  Canadiens. 


-■>■;   ■':  '■■:■:■■■■.  ■     ^^'    .  '■:"■-'      ■  ■  •   *;■'-" 

0  CANADA,  MON  PAYS,  MES 
AMuUlvSl 

Aiii; — Je  suis  Français,  mon  pays  acard 

ioui! 

Comme  le  dit  un  vieil  adnge: 
liieii  Ti'est  si  beau  que  sou  pays;     / 
Et  de  le  cliauter,  c'est  l'usage; 
Le  mien  je  chante  àmesajnis.  {his} 
L'étranger  Voit  avec  un  œil  d'envie 
Du  Sainj-Ijaurenl  le  majesiueux   cours; 
A  son  aspect  le  Canadien  s'éci'ie:      \  ,- 
O  Canada,  mon  pays,  mes  amours!   \ 

Maints  ruisseaux  et  maintes  rivières 
Arrosent  nos  fertiles  cliamps; 
Et  de  nos  montagnes  altières 
De  loin  on  voit  les  longs  penchants  [J)is^ 
Vallons,  coteaux,  forêts,  chutes,  rapides, 
De  tant  d'objets    est-il   plus  beau  con- 
cours? 
Qui  n'aimerait  tes  lacs  aux  eaux   limpi- 
des .  ,  \^-^ 
O  Canada,  mon  pays,  mes  amours!  (     "^ 

Les  quatre  saisons  de  l'année 
Offrent  tour-à-tour  leurs  attraits. 
Le  printemps,  l'amante  enjouée 
Bevoitses  fleurs,  ses  verts  bosquets  [6/s] 
Le  moissonneur,  l'été,  joyeux  s'apprête 


V.  ' 


A  recueillir  le  fruit  de  ses  labours, 

Et  tout  l'Hutomiie  et  tout  l'hiver  on  fête. 

O  Canada,  mon  pays,  mes  amours!  [ftis.] 

Le  Canadien,  comme  ses  pères. 
Aime  à  chanter,  à  s'égayer. 
Doux,  aisé,  vif  en  ses  manières. 
Poli,  galant,  hospitalier!  [ft/s.] 
A  son  pays  il  ne  fut  jamais  traître. 
A  l'esclavage  il  résista  toujours. 
Et  sa  maxime  est  la  paix,  le  bien  être 
Du  Canada,  son  pays,  ses  amours.  [6is.] 

Chaque  pays  vante  ses  belles; 

;  Je  crois  bien  que  l'on  ne  ment  pas; 
Mais  nos  Canadiennes  comme  elles 
Ont  des  grâces  et  des  appas,  [feis.] 

Chez  nous  la  belle  est  aimable,    sincère; 

D'une  Française  elle  a  tous  les  atours, 

L'air  moins  coquet,  pourtant  assez  pour 

(J  Canada,  mon  pays,  mes  amours!   J 

'{ '  '     O  mon  pays!  de  la  nature 

Vraiment  tu  fus  l'enfant  chéri: 
Mais  l'étranger  souvent  parjure, 
En  ton  sein  le  trouble  a  nourri,  (bis) 
Puissent  tous  tes  enfants  enfin  se  joindre 
Et  valeureux  voler  à  ton  secours! 


,.     .    ,        88  \ 

Car  le  beau  jour  déjà  comme  m  ce  à  poindre 
O  Canada,  mon  pays,  mes  amours!  (his.) 

G.  E.  Cartier. 


f  ' 


UN  SOUVENIR  DE  1837 

Air  : — Combien  fai  douce  souvenance. 

Dans  le  brillant  de  la  jeune?ise 
Où  toi<t  n'ent  qu'espoir,  allégresse, 
*  Je  vis  captif  en  proie  h  la  tristesse, 
En  tremblant  je  vois  l'avenir 

Venir.  - 

De  lonpjtenips  ma  douce  patrie 
Pleurait  sous  les  ff  's  asservie;    ,. 
Et,  désireux  de  la  voir  affranchie. 
Du  combat  j'attendais  l'instant 
' .  .  ■  1      Gaiement.        .  -  >  ■ 


Mais  advint  l'heure  d'espérance 
Où  j'entrevoyais  délivrance  ; 
Eh  !  mon  pays,  en  surcroit  de  souffrance, 
Mars  contraria  tes  vaillants 
Enfants. 

Et  moi,  victime  infortunée 
Da  cette  fatale  journée, 


■'■■■''■  '     ■■-:..■      -89       *./:•..•'■■-  .■■.,",.,.;•• 

lie  léop'ini  sons  sa  grifTe  irritée 

Sans  pitio  me  tient  mains  et  pieJs 

Lies. 

La  reverrai  je  cette  amie 
Naguère  qui  chaniiait  ma  vie, 
Souvent  en  moi  son  image  ehérie 
Fait  respirer  dan  sa  douleur       . 
Mon  cœur. 

Adieu  I  ma  natale  contrée,- 
Qu'à  jamais  je  vois  enchainée, 
Fasse  le  ciel  qu'une  autre  destinée 

T'accorde  un  fortuné  retour  ^ 

Un  jour  ! 

G.  E.  Cartier. 


SOL  CANADIEN,  TERRE  CHERIE.  ' 

Air: — Qonnu.  .  r: 

Sol  canadien,  terre  chérie,        "^ 
Par  des  braves  tu  fus  peuplée; 
Ils  cherchaient  loin  de  leur  patrie, 
Une  terre  de  liberté. 
Nos  pères,  sortis  de  la  France, 
Etaient  l'élite  des  guerriers,     (his) 
Et  leurs  enfants  de  leur  vaillance 
N'ont  jamais  flétri  les  lauriers,  (his) 


90 

Qu'elles  Hont  bell'^s  nos  campagnes  ! 
Eu  Canada  (lu'on  vit  content! 
8alut,  6  sublimes  rnontaj^nes, 
Bords  (lu  suporbo  Saint- Laurent  ! 
Habitant  de  cette  contrée, 
Que  nature  veut  enibjllir, 
Tu  peux  marcher  tête  levée, 
Ton  paya  doit  t'enorgiieillir. 

Respecte  la  main  protectrice 
D'Albion,  ton  digne  soutien  ; 
Mais  fais  échouer  la  malice 
D'ennemis  nourriw  dan«='  ton  sein. 
Ne  fiéchin  jamais  dans  l'orage, 
Tu  n'as  pour  njaître  que  tes  lois! 
Tu  n'es  point  fait  pour  l'esclavage. 
Albion  veille  sur  tes  droits. 

Si  d'Albion  la  main  chérie 
Cesse  un  jour  de  te  protéger, 
Soutiens-toi  seule,  o  ma  patrie I 
Méprise  un  secours  étranger.  I 

Nos  pères,  sortis  de  la  France,  ^ 

Etaient  l'élit©  des  guerriers, 
Et  leurs  enfants  de  leur  vaillance 
Ne  flétriront  pas  les  lauriers. 

IbiDORE  Bedard 


91      ^'  .  . 

SOUVENIR  ET  ESPOIR 

AïK  : — Te  soavient-il  de  ce  jour  ou   la 

France 

Dans  ce  pays  qu'illustra  sa  vaillance 
('luunplain  jadis  arbora  ses  drapenux; 
Au  sein  des  bois,  l'étendard  de  la  Erance 
Hous  son  égide  ombragt^a  nos   berceaux. 

O   patrie, 
Si   chérie  I 
Les  tieurs  qu'un  matin  vit  éclore 
Sur  ton  front 
S'uniront 
Aux  vertus,  à  l'honneur  1 
Aux  doux  reflets  de  ton  aurore 
Succéderont,  plus  beaux  encore. 
Des  jours 
Toujours 
De  gloire  et  de  bonheur. 

Tel  que  l'aiglon,  à  la  cime  tremblante, 
Au  haut  des   monts   suspend   son   air© 

altier  ; 
Tel  Québec  vit  sa  ceinture  géante 
Se  déployer  au  sommet  d'un  rocher. 

0  patrie,  etc. 

Longtemps  rebelle,  enfin  l'homme  sau- 
vage 

Au  joug  des  lois  soumit  son  front  domp- 
té; 


92 

Tel  dans  nos  bois,  sous  le  vent  de  l'orage 
Le  noble  chêne  incline  sa  fierté. 

0  patrie,  etc. 

Peuple  soldvît,  quand  le   bruit   des    nlar- 

mes 
Le  rappelait  loin  de  ses  champs  heureux, 
Le  Canadien  mêlnit  au  choc  de  armes 
Ses  chants  d'amour  et  ses  refrains  ioveuX- 
0  patrie,  etc. 

Trois  fois   l'Anglnis,   dan?;    sa   rag»^   im- 
puissante, 
Contre  nos  rangs  arma  «es  bataillons  ; 
L'echo  bruyant  d^  leui    chute   sanglante 
Résonne  encore  aux  chants  de    Carillon.  ' 
0  patrie,  etc. 

Plus  tard  hélas  !    sur  nos   destins   pro«i- 

pères 
S'appesantit  un  voile  de  douleur: 
Mais  la  fortune  en  vain  trahit  nos  pèies  ; 
La  gloire  encor  fui  fidèle  au  malheur 
0  patrie,  etc. 

Mais  si  du  sort  la  faveur  incertaine 
Au  léopard  soumit  son  drapeau  blanc, 
Sur  ses  débris  il  tomba    dans    la   plaine 


93 

Et  sa  blessure  encor  saigne  à  son   flanc. 
0  patrie,  etc. 

O  mon  pays,  ô  pages  de  l'histoire, 
Tes  fils  un  jour  sur  leurs  destins  heureux 
Verront  briller  le  soleil  de  la  gloire, 
Dont  les  rayons  couvrirent  leurs   aieux. 

O  patrie,  etc 

^  M.  A.  Plamondon. 


L'EAU  ET  LE  VIN 

Sans  cesse  on  nous  jette  au  visage 
Que  plus  que  nous  la  brute  est  sage  ; 
Car  elle  boit  uniquement 
Si  la  soif  l'y  pousse  vraiment. 
Tandis  que  notre  intempérance 
Nous  porte  à  boire,  soif  ou  non  ! 
Voulez-vous  l'explication 
L'e  ct^tte  énorme  différence  î 
Ce  n'est  pas  bien  malin  : 
La  brute  boit  de    l'eau,   nous,   nous  bu- 
vons du  vin. 


Au  fond  d'un  puits,  séjour  humide, 
La  vérité,  dit-on,  r^^^ide. 


94 

Au  rebours,  voyez   l'emlarrns  : 

On  dit  :  In  vino  veritas!    .    /      :  *  •  --'^t 

Cœurs  droits  qui  cherchez  à  l'attein- 

<lre,  _   V 

Du  puits  elle  ne  peut  sortir.   '   /  '  '    % 
Car  le  buveur -d'eau  sait  nientir,      ': 
Mais  l'ivrogne  ne    sait  pas  feindre. 
Ne  chercliez  plus  en  vain 
La  vérité  dans  l'eau  quand    elle  est  duvn 
le  vin. 

Nous  plaignons  le  sort  de  Tantale 
Atteint  d'une  S()if  ^ans  égale, 
El  qui  voit  l'eau  se  retirer 
Quand  il  veut  se  désaltirer.  ;- 

C'est  un  supplice  épouvantable,  v;  ;  ; 
Et  que  mérite  à  tout  jamais 
L'auteur,  du  plus  grand  des  forfaits, 
^tais  il  eût  eu,  le  misérable, 
Un  plus  triste  destin, 
Au  lieu  d'être  de  l'eau,  si  c'eût  été*du  vin. 

-    Contre  l'averse  quf  j'essuie. 
J'ai  l'abri  de  mon  parapluie, 
Dont  le  dôn)e  en  tissu  soyeux 
Chasse  loin  de  moi  l'eau  des  cieux. 
Du  dôme  j'aime  l'élégance; 
Mais  le  vent  flatterait  mon  goût 
En  le  retournant  tout  à  coup, 
Pour  en  faire  une  couple  immense 


Que  j'aurais  à  la  main,    ' 
A  la  place  de  l'eau,  s'il  nous  pleuvait  du 
"'-;.;:  vin.    ^  ..  :--:. .  :  .;;-.■.;..  .-,  i.:.'^r: 

Dans  l'onde,  quand  le  soleil  brille, 
Je  vois  le  poisson  qui  frétille; 
Et  je  me  dis,  en  regardant 
.    Le  fond  de  ce  cnstal  mouvaiit: 
En  y  mettant  de  l'échalotte, 
Du  sel,  du  beurre,  et  des  oignons, 
Nous    ferions,   gourmands  de   pois- 
sons, 
Une  fameuse  m atelotte, 
Des  gros  et  du  fretin  ; 

Au  lieu  d'être   dans  l'eau,   s'ils  étaient 

V-        dans  le  vin. 

I   y  Le  vin  et  l'eau  dans  la  balance, 
>:        Si  l'un  a  notre  préférence, 

Avouons  avec  loyauté 

Que  l'autre  a  son  utilité. 

Car  elle  sait,  faveur  insigne  ! 

Quand  elle  tombe  en  noé  sillons, 

Faire  pousser  fruits  et  moispons, 

Surtout  faire  pousser  la  vigne.... 

Aimons  la  donc  enfin 
Puisque   grâce  c'est  à  l'eau    que    nous 
buvonndu  vin. 


-n 


9^5 

'  :'-^'''.   \l  '\^:      zozo.     ■-\''  .■:,:::,,    .'^;•::y 

Je  suis  Zozo,  par  mes  actions    comiques. 
J'ai  fait  parler  de  mo.i  pendant  z'onze  ans, 
Je  suis  le  fils  de  mon  seul  père  unique 
Et  pour  le  sûr  aussi  bcn  de  mcuman. 
Un  jour  la  nuit,  cette  pauvre  VnlAre 
Tomba  malade,  mon  pèr'  me  dit  :  Zozo,  ' 
Va  t'en  ch^^rcher  du  bouillon  pour  ta  mère 
Qu'est  ben  malad',  là  bas   dans   un    p'tit 
pot.  "  '  . 

Vite  je  m'en  fus  chez  njon  tonton    Licor- 
nes, ^ 
"Ah  !  ça,  que  j'dis,  tonton  dépêchez- vous. 
Mettez    l'chapeau   sur   vol'  tête   à    trois 

cornes,    ^     -  •  ^  ^  e 

Et  fait's  ensuite    un  saut   de    plus    chez  - 

nous.  ■-,..':■.;•  ;::.■■: ■.■,":  ./--'v-nv 

La  pauvr'  bonn'  femm'  que    l'on    croyait  . 

perdue 
De  tous  côtés  on  venait  pour  la  voir;         ^ 
En  déjeunant  on  nuingea  d'ia  mo''ue 
En  compagnie,  qu'était    bouillie  du  soir. 

Mais  v'ià  t'y  pas  que  par  ma  maladresse 
Je  chavirai  les  assiett's  et  les    plat?. 
Je  fis  un'  tache  à  ma  veste  de  graisse. 
Et  mes  <'ulottes   de  ma  jambe  de  drap, 
Et  sur  les  bas.  que  mon    grand'  pèr'  de 
laine 


97 

M'avait  donnés  avant  de  mourir  vio- 
let 

f.e  pauvr'  bonhomme  est  mort  d'une 
migraine 

Tenant  un'  cuiss'  dans  sa  bouch'  de  pou- 
jet.  . 


JEANNE  D'ARC  AU  BUCHER 

'''"■'^■'^:-  '-'''■-  '^       MELODIE.     "''■■""■' 

Jeanne  naquU,  bergère    humble   et  mo- 
deste. 
Dans    un   hameau   qu'elle   illustra   plus 

tard, 
Quand  acceptant  sa  mission   céleste, 
Elle  brava  des  combats  le  hasard. 
Dans  Orléans,  le  berceau  de  sa  gloirq 
Et  le  témoin  de  ses  faits  valeureux, 
Elle  fixa  sur  ses  pas  la  victoire, 
Son  cri  de  geurre  exprimait  tousses  vœux 

••      Vaincre  ou  mourir  pour  la  patrie, 
Est  le  désir  d'un  noble  cœur  : 
P\iisséje,  ô  ma  France  chérie. 
Te  rendre  à  ce  prix  le  bonheur. 

En  la  voyant  si  vaillante  et  si   grande, 
L'envie  alors  aida  la  tra-hison. 
Vieille  cité  de  la  teric  Norm^inde 
Jeanne  en  tes  murs  a  trouvé  sa  prison. 


98  ;■  :"■■•'  '  '  ';,.■•• 

-     '■  • 

■  ■ .    ■  ,  '  ■*  "^ .  ■  f    ' .  ' 

Mais  au  trépas  cette  R-iinteguerriêre, 
Victime   hélas!   de3   plu8     lâcles   com- 
plots. 
Saura  marcher  hi  tête  haute  et  fière 
Bravant  l'injure  et  répétant  ces  mots  : 
Vaincre  ou  mourir  etc,  etr. 

Loin  de  maudire  un  jugement  infâme, 
Jeanne  pardonne  encore  à  ses  bourreaux  : 
De  son  bûcher  elle  affronte  la  flamme 
Au  souvenir  de  ses  jours  les  plus    beaux. 
Elle  revoit  chaumière,  amis,  famille. 
Sa  voix  s'éteint  en  de  touchants  adieux... 
Elle  n'est  plus  !  mais  une  étoile  brille 
Un  doux  écho  semble  venir  des  Cieux  : 
Vaincre  ou  mourir  etc,  etc. 


LA  FETE-DIEU.  ::  :-j:'r-rrM 

REFR. — Allons,  de  fleurs  jonchons  la  voie, 
Enfants  en  ce  jour  de  bonheur, 
Chantons,  livrons  nous  à  la  joie, 
Car  c'est  la  fête  du  Seigneur. 
pu  haut  du  ciel,  Dieu  nous  contempla 
Tout  plein  d'amour  il  suit  nos  chants, 
Bientôt  il  va  quitter  son  temple 
Pour  mieux  bénir  cités  et  champs. 
Louons  le  Dieu  de  la  nature, 
Qui  daignant  vivre  parmi  nous, 


"■'  ..    ■,.,..-  m    .      ....  . 

A  sa  plus  chère  créature 
S'unit  par  les  noeuds  les  plus  doux. 
Allons,  de  fl('nrs,etc,eto^ 


Tout  est  azur,  tout  pst  lumière. 
Le  beau  soleil  d9  ses  rayons 
Semble  dorer  l'humble  chaumière; 
V  L'épi  mûrit  dans  les  sillons, 
'  Tout  semble  adresser  des  louanges 
Au  Dieu  qui  vient  nous  visiter, 
C'est  un  concert  oii  tous    les  Anges 
Auprès  de  nous  viennent    chanter. 
Allons,  de  fleurs,  etc;etc. 

-       .     •;■>      ..■■••■-■■        ■,•    '''.'■■ 

Le  soleil  fuit  ,  le  Dieu  da  monde 
Va  remonter  ?ur  son  autel 
Pour  nous  d'amour  son  cœur  abonde 

Nous  le  verrons  un  jour  au  ciel. 
'  Enfants  de  ce  jour  d'allégresse, 
.     Gardons,  {gardons  ie  souvenir 
Pour  nous  il  sera  sans  tristesse, 
Sans  nul  regret  dans  l'avenir. 
Allons,  de  fleurs  etc,  etc. 


1        v<. 


LA  PRIERE  DU  MATIN 

■    -,  ■  I.',      '■■'  .'■■     '.       :    ':  ■'  -'     .  -      ,  ■ 

ROMAN*  :E 

Toi  qui  donnes  la  vie  'v^. 

Aux  simple?  fleurs  des  champs, 
Beau  soleil  du  printemps,  ';$ 

Veille  sur  mon  amie.  ..     -r    - 

Sois  doux,  chaque  matin,  ,^,  . '  ,        ■' 
A  celle  que  j'adore,  .^^    •  ••^-  ; • 

Doux  depuis  Ion  aurore . 
Jusques  à  ton  déclin.   . 

Hâte,  pour  la  surprendre, 

Le  tilleul,  U  liLas  :      "^^  .  . 

Fais  pour  ses  premiers  pas  .      ,. 

Croître  une  herbe  plus  tendre.    ^      :- 

Et  vous,  gentils  oiseaux,        v>  ;_.  '  f 

Sous  Je  naissait  feuillage,      ';»:•:' 

Repassez  au  bocage 

Tous  vos  airs  les  plus  beaux. 

Matineuse  alouette,. 

Au  terrestre  séjour, 

Chante  aussi  ton  amour  : 

Imite  la  frtUvette. 

Quand  tu  fuis  vers  les  cieux, 

Songe  que  sur  la  terre 

Tes  chants  pourraient  distraire 

Qu«lqu'amant   malheureux. 


••:    ■■  ;  ■•-:•■■  101  'v-^  '■      ;  ' 

LA  BONNE  MERE      '     . 

BERCEUSE  [       .; 

Un  soir  une  jeune  m^re 

Disait  près  Je  <leux  berceaux  : 

M:iis  ohers  enfants,  sur  la  terre 

Je  crains  pour  vous  bien  des  maux. 

Votre  cœur,  exempt  d'envie, 

Aux  passions  de  la  vie 

Un  jour,  hélas  !  s'ouvrira.  ... 

Mais  tandis  qu'il  les  ignore, 

Enfants  chéris,  dormez  encore, 

Donnez  encore  jusque  là. 

En  débutant  dans  le  monde. 
Tout  y  charmera  vos  yeux, 
Vous  ne  verrez  A  la  ronde 
Que  des  gens  officieux  ; 
On  nous  fait  dans  la  jeunesse 
Bon  accueil,  tendre  caresse  : 
Jadis  cela  m'aveugla  ! . , . . 
Mais  le  charme  s'évapore. . . . 
Enfants  chéris,  dormez  encore, 
Dormez  encore  jusque  là. 

Vous  verrez  que  le  mérite, 
Sait  rarement  parvenir. 
Que  l'intrigue  va  plus  vite, 
Que  l'or  fait  tout  obtenir  : 


102 

Vous  verrez  la  jaloubie 

Au  talent  porter  envie  ; 

Et  puis  on  encensera 

Un  Hot  qu'un  titre  décore. ... 

Enfants  chéris,  dormez  encore. 

Dormez  encore  jusque  là. 

j 

Mais  non,  j'en  ai  l'espérance, 
Les  hommes  deviendront  bons  ; 
Dt  vertus,  de  to'érance. 
Ils  donneront  des  leçons; 
On  trouvera  sur  la  terre 
Aniitié  pure  et  sincère  ; 
La  justice  en  chassera 
Tous  les  maux  que  fit  Pandore. 
Enfants  chéris,  dormez  encore, 
Dormez  encore  jusque  là. 


r.v*  '■ 


CHANT  DU  VIEUX  SOLDAT  CANA- 
DIEN 

Pauvre  soldat,  aux  jours  de  ma  jeunesse, 
Pour  vous.  Français,  j'ai  combattu  long- 

t^împs;  .      -    .  .  j 

Je  viens  encor,  dans  ma  triste  vieillesse. 
Attendre  ici  vos  guerriers  triomphants. 
Ah  !  bien  longtemps  vous  attendrai-je  | 

encora 


103     • 

■4  '  ''■  . 

••    ■   ■  '.■*-■ 

Sur  ces  remparts  OÙ  je  porte   mes    pas?    * 
De  ce  grand  jour  quand  verrai-je   l'auro- 

-       re? 
Diamoi,  mon  (ils.  (bis)  ne  paraissent-ils 
pas? 

Qui  nous  rendra  cette  époque  hdroique 
Où,  sous  Montcyilm,  nos  bras  victorieux, 
Renouvelaient  dans  la  jeune  Amériqut 
Les     vieux    exploits    chantés   par     nos 

:  .   aieux? 
Ces  paysans   qui,   laissant   leurs    chau- 

w^,  mi  ères, 
Venaient  coubattre  et  mourir  en  soldats. 
Qui  redira  leurs  charges  meurtrières, 
Dis  moi,  mon  fils,   ne  paraissent-ils  pas? 

Napoléon,  rassasié  de  gloire. 

Oublierait-il  nos  malheurs  et  nos  vœux, 

Lui,  dont  le  nom,   soleil  de  la  victoire, 

Sur  l'univers  se  lève  radieux? 

Serions-nous  seuls  privés   de  la  lumière 

Qu'il  verse  à  flots  aux  plus  lointains  cli- 
mats? 

0  ciel,  qu'entends-j  e?  une  s^eJvc  guer- 
rière? 

Dis-moi,  nn»n  His,  ne  paraissent-ils  pas? 

Quoi  !  c'est,  dis-tu,  l'étendard  d'Angle- 
terie 


104 

Qui  vient  encor,  porté  par  pes:  vaisseaux, 
Cet  étendard    que   moi  même,   naguère. 
A  Carillon  j*ai  réduit  en  lambeaux. 
Que  n'ai-je,  hélas!  an  milieu  des   batail- 
les, 
Trouvé  })!uiôt  un  glorieux   trépas, 
Que  de  le  voir  flotter  sur  nos  murailles  ! 
Dis-moi,  mon  iils,  ne  pa,raissent  ils   pas? 

Le  drapeau  blanc,  la  gloire  de  nos  pères. 
Rougi  depuis  dans  le  sang   de    mon    roi, 
Ne  porte  plus  aux  rives  étrangères 
D«i  nom  françitis  la  terreur  et  la  loi. 
Dos  trois  (couleurs  l'invincible  puissance 
T'appellera  pour  de  nouveaux  combats  ; 
Car  c'est  toujours  l'ctendard  de  la  Fran- 
ce. 
Dis-moi,  moi:  fils,  ne  paraissent-ils    pas? 

Pauvre  vieillard,  dont  la  force  succombe, 

Rêvant  encor  l'heureux  temps  d'autre- 
fois, 

J'aime  à  chanter  sur  le  bord  de  ma  tom- 
be 

Le  saint  espoir  qui  réveille  n:a  voix. 

Mes  yeuy  leteints  verront-jls  dans  la  nue 

Le  fier  drapeau  qui  couronne  leurs  mats? 

Oui,  pour  le  voir.  Dieu  me  rendra  la  vue  ! 

Dis-moi,  mon  fils,  ne'paraissent-ila   pas  ! 


105 

Un  jour  pourtant  que   grondait  la  tem- 
pête, 
Sur  les  remparts  on  ne  le  revit  plus. 
La  mort,  hélas    vint  courber   cette   tête 
Qui  tant  de  toi  s  affronta  le:^  obus, 
Mais,  en  mourant,  il  redisait  encore 
A  son  enfant  qui  pleurait  dans  ses  bras  : 
De  ce  grand  jour  tes  yeux    verront   l'au- 
rore, 
Ils  reviendront,  et  je  n'y  s^rai  pas! 

Octave  Cremazie. 


LE  CORBEAU  ET  LE  RENARD. 

Un  jour  maître  Corbeau,   sur  un  arbre 

perché 

Tenait  dedans  son  bec  un  fromage  glacé 
Lorsque  maître  Renard  attiré  par  l'odeur 
L'accoste  poliment  par  ce  propos  flatteur: 
.Sur  l'air  du  tra-la-la-la, 
Sur  l'air  du  tra-la-la-la, 
Sur  l'air  du  tra-deri-dera,  tr a-la-la. 


Bonjour  maître  Corbeau,  comment  nous 
portons-nous? 
Merci,  maître  Renard  ça  n'va  pas  mal 
et  vous? 


Tous  mes  enfants  sont  bien,   nors  mon 

p'tit  nouveau-né 
Qui  par  ces  derniers  froids,  s'est  très 

frot  enrhumé  ,7,     .  » 

A  l'air  du  tra-la-la-la,  etc.     <    fi^f 

Peste!  maître  Corbeau,   vous   êt's  joli- 
ment mis: 
Vous  vous  faites  pour  sûr  habiller  à  Paris 
Oui,  répond  le  nigaud,  à  ce  propos  flat- 
teur, 
Et  lui  donne  aussitôt  l'adresse  de    son 
tailleur,  '  ^ 

Sur  l'air  du  tra-la-la-la,   etc, 

• 

Certes,  si  vot'  ramag'  répond  à'vot'  pal'tot 
Vous  enfoncez  Dupré,  Lablache  et  Mario 
Chantez   moi  donc    queuqu' chose,   une 

ariette,  un  rien; 
Car  chez  vous  d'père  en- fils  chacun  nait| 

musicien. 

Sur  l'air  du  tra-la-  la-la,  et<;. 

Là-dessus  le  Corbeau,  sans  se  faire  prier,! 
Entonne  sans  façon  le  grand  air  du  Bar-l 

hier; 
Mais  comme   il  faut  ouvrir  la  bouch( 

pour  chanter, 


107 

Il  laiss'  tomber  par  terr'  son  fromage 
glacé, 
*  ,    8ur  l'air  du  tra-la-la-la,  etc. 

Alors,  maître  Renard,  qui  comptait  là- 
dessus, 

Saute  sur  le  fromage,  et  rit  comme  un 
bossu. 

Merci,  maître  Corbeau,  je  vous  ai  fait 
poser: 

Vous  n'êtes  pas  bien  mis,  vous  n' savez 

'  pas  chanter. 

I*a8  mêm'  le  tra-la-la-la,  etc. 

Alors    maître   Corbeau  resta  tout  con- 
fondu: 

Juste  ciel!  quel  malheur!  Tduel  est  dé- 
fendu. 

Je  suis  volé,  dupé:  maudit  soit  le  destin! 

Le  doyen  des  corbeaux  passer  pour  un 
serin!  ' 

Sur  l'air  du  tra-la-la-la,  etc. 

Or  donc,  de  ces  couplets  la  morale  voici. 
Corbeaux,  petits  et  grands,  retenez  bien 

ceci  : 
C'est  qu'il  est  maladroit,  a  dit  un  vieux 

gourmand 
Quand  on  aim'  le  fromag*,  de  chanter  en 

mangeant. 

Sur  l'air  du  tra-la-la-îa,  etc. 


108 

LE  CORBEAU  VENGE 

Air  : — Du  ira  la  ^a.     - .  :     ;  ;  , 

Vous  qui  connaissez  tous  la  fable  du 
corbemi,  •  -         . 

Je  viens  à  ce  sujet  vous  conter  du  nou- 
veau ;  w 

Hier,  en  traversant   la   forêt   de   Sénart, 

Je  fus  témoin,  hélas  !  de  la  mort  du  re- 
nard. 

Sur  l'air  du  tra  la  la  la,  (61*5) 

Sur  l'air  du  tra  deri  dera,  tra  la  la. 

Son  papa,  sa  maman,  ses  frères,  son  cou- 
sin, 

Etaient  à  ses  genoux  dans  un  cruel  cha- 
grin, 

Lorsque  le  médecin,  vieux  renard  de  bon 
ton, 

Déclara  qu'il  était  mort  d'une  indiges- 
tion. 
Sur  Tair,  etc. 

Le  père,  honteux,  confus,  disait  à  ses  en- 
fants : 

Nous  allons  tous  passer  pour  de  fameux 
gourmands  ; 


•  ... 


109 

Partout  on  nous  dira  :  Messieurs,  ce  n^est 

pas  beau 
D'avoir  pris  le  fromag'   à  ce  pauvre  cor- 
:      beau.       V  >' 

>  ■     Sur  l'air,  etc.    ^^:^.     :  , 

Quand  la  famille  entière  eut  fini  de  pleu- 
rer, 

Vite  «n  se  disposa   pour  aller  l'enterrer. 

Tou/les  renards  en  deuil,  au  nombre  de 
cent  dix, 

Défilaient  deux  à  deux,  chantant  De  pro- 

^  ^'       fundis.  ?70  ■*  ?f 

,  Sur  l'air,  etc. 

Sur  la  tombe  arrivée  la  foule  s'inclina, 

Quand  le  mair'  de  l'endroit  tout  en  lar- 
mes parla; 

Je  n'sais  pa^  c'qu'il  a  dit,  mais  un  fait 
bien   certain, 

C'est  que  tous  ils  avaient  le  mouchoir  à 
la  main. 

î  Sur  l'air,  etc. 

,..:5 

Lorsque  maître  Corbesfu,  sur  un   arbre 

5  perché, 

S'écri'  :  le  voilà  mort,  je  n-en  suis  pas  fâ- 
ché; 

Il  m'a  prit*  mon  fromage,  et  me  l'a  tout 
mangé  ; 


110 

Le  dtstin  l'a  puni,  lo  bon  Dieu  m'a  ven- 
gé ! 
Sur  l'air,  etc.    -  '  ^V 

,  :       ,        MORALE 

La  moral'  de  ceci,  c'est  que  le  bien  d'au- 

trui, 
Lorsqu'il  est  mal  acquis,  au  lieu   d'pro- 

fiter,  nuit, 
Et  que  si  lé  renard  n'eut  pas  été    fripon, 
Il  ne  serait  pas  mort  d'une   indigestion. 

Sur  l'air,  etc. 

V.   Baron. 


"viv 


LE  LAC  -^  o 

Ainsi,    toujours    poussés  vers  de   nou- 
veaux rivages, 

Dans  la  nuit  éternelle  emportés  sans    re- 
tour  ; 

Ne    pourrions-nous  ji  mais  sur   l'océan 
des  âges 
Jeter  l'ancre  un  seul  jour? 

0  lac  î  Tannée  à  peine  a  fini  sa  carrière. 
Et  près  des  flot  chéris  qu'elle  devait   re- 
voir, 


111 


^^'i. 


Regarde,  je  viens  seul  m 'asseoir  sur  cet- 
-:  te  pierre    v."  •■■   .      ■-'•.-.'.  ',T,';'  '„."  -■ 
Où  tu  la  v^f)  s'asseoir! 

Tu  mugissais  ainsi  sous  ces  roches,  pro 
fondes, 

Ainsi  tu  te  brisais  sur  leurs  flancs  dé- 
chires ;  "      '-  '  ' 

Ainsi  le  vent  jetait  l'écume  de  tes  ondes 
iff  Sur  ses  pieds  adorés.  ^^ 

Un  soir  t'en  souvient-il?  nous  voguions 

^    ^    en  silence.  - 

On   n'entendait   au  loin,   sur   l'onde   et 

^   ^  sous  les  cieux,  ;  ; 

Que  le  bruit  des  rameurs  qui   frappaient 

y;  :    :v    Tes  flots  harmonieux. 

0  lac  !  rochers  muets  !  grottes  !  forêt  ob- 
scure ! 

Vous  que  le  temps  épargne  ou  qu'il  peut 
rajeunir  ! 

Gardez  de  cette  nuit,  gardez,  belle  na- 
ture, 

Au  moins  le  souvenir. 

Que  le  vent  qui  gémit,  le  roseau  qui  sou- 
pire, 

Que  les  parfums  légers  de  ton,  air  em- 
baumé, 


Que  tout  ce  qu'en  entend,   Ton  voit   ou 
l'on  respire,  .        f 

"  Tout  aise  :  ils  ont  aimé  ! 

Lamartine. 

.    '■  '«  ^  -  ,=    ■■■'  ,  .  ;.-  -^fv.' 


'.  ) 


LA  PLAINTE  DU  MOUSSE 

Pourquoi  m'avoir  livré,   l'autre  jour,   6 

jna  m<>re,  - 

A  ces  hommes  méchants,  qu'on     nomme 

matelots,  ..,■■■  7v   •  ^r  .    . 

Qui  toujours  aux    enfants   parlent   ave*» 

colère. 
Et  se  plaisent  à  voir  leurs   cris   et   leurs 

sanglots?    ./....  ,-;  , 

Toi,  mère,  tu  rendais  la  douleur  moins 
pénible, 

Ta  voix  était  plus  douce  à  celui  qui  pâ- 
tit; 

Si  ces  gens  sont  méchants,  la  mer  est 
bien  terrible  ! 

Ma  mère,  qu'as-tu  fait  de  ton  pauvre  pe- 
tit î  (6is) 

Dans  ton  logis  le  pain  était   bien    noir 

ma  mère. 
Mais  ta  main  le  donnait  avec    des   mots 

si  doux 


113 

Que  pour  moi  la  f  aveiir  en  était  moins 
arnère, 

Et  puis  je  le  mangeais  assis  sur  tes  ge- 
noux. 

Ici  point  de  pitié,  personne  là  qui  m'ai- 
me, 

Et  lorsque  le  repas  des  matelots  finit, 

On  me  jette  ma  part  en  lançant  un  blas- 
phème. 

Ma  mère  qu'as  tu  fait  de  ton  pauvre  pe- 
tit? (bis) 

Mai«  qui  viefit  donc  encore  troubler  ma 
rêverie  ! 

Un  bruit  qui  m'épouvante  a  retenti  par- 
tout, 

J'entends  l'aigre  sifflet  du  maître  qui 
nous  crie  : 

''Quittez  votre  hamac,  alloue,  debout, 
debout!" 

On  se  parle  tout  bas,  et  chacun  s'inquiè- 
te; 
^J'entends  les  mâts  craquer  et  la  mer  qui 
mugit; 

Tout  le  ciel  est  en  feu,'  grand  Dieu  !  c'est 
la  tempête  ! 

Ma  mère,  qu'as- tu  fait  de  ton  pauvre  pe- 
tit? (bis) 


:       ii4 

L'HIRONDELLE  ET  LE  PROSCRIT 

Pourquoi  me  fuir,  passagère  hirondelle? 
Ah!  viens  fixer  ton  vol  auprès  de  moi. 
Pourquoi  me  fuir  lorsque  ma  voix  t'ap- 
pelle? - 
Ne  suis-je  pas  étranger  comme  toi  ?  (  bis.  ) 

Peut-être,  hélas!  des  lieux>qui  t'ont  vu 

naître 
Un  sort  cruel  te  chasse  ainsi  que  moi. 
Viens  déposer  ton  nid  sous  ma   fenêtre: 
Ne  suis-je  pas  voyageur  comme  toi  ?(  bis.  )  : 

Dans  ce  désert,  le  destin  nous  rassemble. 
Va,  ne  crains  pas  de  rester  près  de  moi: 
Si  tu  gémis,  nous  gémirons  ensemble: 
Ne  suis-je  pas  exilé  comme  toi?  [&is.] 

Quand  le  prinptemps  reviendra  te  sourire 

Tu  quitteras  et  mon  asile  et  moi  ; 

Tu  voleras  au  pays  du  Zéphire: 

Ne  puis-je,  hélas!  y  voler  comme  toi?  bis 

m 

Tu  reverras  ta  première  patrie. 

Le  premier  nid  de  tes  amours... et  moi, 

Un  sort  cruel  confine  ici  ma  vie; 

Ne  suis-je  pa?  plus  à  plaindre  que  toi  bis 


116 

JE  GARDE  MA   FOI. 

Air: — AhJ  que  V amour,  etc. 

Moi  t' oublier,  est-il  en  ma  puissance? 
Effort  cruel  qu'on  exige  de  moil 
Si  tu  le  veux,  le  lei^os,  l'espérance, 
Je  perdrai  tout,  mais  je  garde  ma  foi. 

■.*-',■  '    '        -^  ■  '■    "  ;_.     V 

Je  t'oublierai  quand  on  verra  l'abeille 
Fuir  le  travail  et  goûter  le  loisir; 
Je  t'oublierai  quand  la  rose  vermeille 
Eef  usera  le  baiser  du  zéphir. 

Je  t'oublierai  quand  la  biche  timide 
Viendra  s'offrir  au  chien  qui  la  poursuit; 
Je  t'oublierai  quand  le  courant  rapide, 
Remontera  vers  la  source  qui  fuit 

Ah!  laisse-moi  le  plaisir  de  mes  larmes; 
Est-il  un  bien  qui  vaille  mes  douleurs? 
J'aime  me  peine,  elle  a  pour  moi  des 

charmes 
Puisque  c'est  toi  qui  fais  couler  mes 

pleurs. 


116 
BRISE  DU  SOIE. 

Brise  du  soir  qui  vient  sur  ma  fenêtre 
Bercer  mes  résédas  et  mes  rosiers  en 

fleur, 
Brise  errante  du  soir,  tu  passeras  peut- 
être 
Où  Vont  tous  mes  .soupirs,  les   rêves  de 
mon  cœur.  ,   ^    ,   " 

Brise  du  soir,  que  ta  plus  douce  haleine 
Ton  souffle  le  plus  doux  et  le  plus  amou- 
reux. 

S'épuise  à  soulever  et  déroule  avec  peine, 

Sur  son  cou  libre  et  nu,  Tor  de  ses  blonds 

cheveux. 

Brise  du  soir,  murmure  à  son  oreille, 
Pour  l'endormir,  tes  bruits,  tes  concerts  j 

les  plus  doux  j 

Tandis  que  dans  les  pleurs,  en  priant, 

moi,  je  veille, 
Et  chante  dans  la  nuit,  seul,  loin  d'elle, 

à  genoux. 


117 
TOUJOURS  SEUL. 

Sous  ce  bnndeau  de   fer,   hélas!   prison 

infâme, 
Nul  ne  peut  m 'approcher.,    leur  frayeur 

le  défend. 
Que  je  serais  ému  des   accents  d'une 

femme, 
Que  je  serais  h'^ureux  de  la  voix  d'un 

enfant! 
Mais  je  suis  toujours  seul  avec  ma  peine 

amère, 
Et  de  pas  un  ami  je  n'attends  le  retour! 
Moi,  je  n'ai  pas  connu  les  baisers   d'uns 

mère. 
Et  pour  elle,  ô   mon    Dieu!  j'aurais  eu 

tant  d'amour.  [6/s.] 

Le  jour  s'enfuit  au  loin,  et  l'étoile  ray- 
onne. 

Et  la  cloche  là-bas  dans  l'air  vient  de 
gémir. 

De  diamants  la  nuit  parsème  sa  couronne 

Que  je  serais  heureux  si  je  pouvais  dor- 
mir!   • 
Mais  je  suis  toujours  seul,  etc. 

Plus  de  sommeil   pour  moi,   tant  mon 
âme  est  flétrie, 


118 

O  mon  Dieu!  par  pitié,  daigne  me  se- 
courir. 

Toi  seul  es  grand,  rends-moi  ton  ciel, 
douce  patrie, 

Que  je  serais  heureux  si  je  pouvais  mou- 
rir! 
Mais  je  suis  toujours  seul,  etc. 


LES  ENFANTS  EGARES 

el¥:gie 

Dans  une  sombre  solitude, 
Deux  «infants  de  cinq  à  six  ans, 
Portaient  avec  inquiétude 
Leurs  regards  doux  et  caressants. 
Ils  pressaient  leur  coursé  légère, 
Au  bruit  du  tonnerre  en  courroux, 
En  disant  :  Cherchons  notre  père, 
I^e  ciel  aura  pitié  de  nous. 

**  C'est  dans  cett*»  forêt  profonde, 
"Que  nous  avons  perdu  «es  pas. 
"Ah  !  du  moins,  s'il  passait  du   monde, 
"On  nous  tirerait  d'embarfat- . 
"—Mais  dans  cette  forêt,  mon  frère, 
Si  nous  allions  trouver  des  loups? 
"—Nous  avons  perdu  notre  père, 
"Le  ciel  aura  pitié  de  nous. 


119 

*'La  nuit  vient,  je  n'entends  peraonne  ; 
"Que  diront  nos  parents  ce  soir? 
^'Comment  notre  mère  si  bonne 
*'Dorn)ira-t-elle  sans  nous  voir? 
" — Marchons  toujours,  ce   soir  j'espAre; 
"Me  retrouver  sur  leurs  genoux. 
*'Nous  avons  perdu  notre  père, 
*'Le  ciel  aura  pitié  de  nous. 

'' — Je  suis  las,  mon  frère  ;  il    me   semblé 
\Qu'il  faut  nous  reposer  aussi. 
'' — As-tu  faim? — Oh!  non,  mais  je   trem- 
ble. 
"Il  faudra  donc  dormir  ici?.  ... 
'' — Ne  pleure  pas  di  fort,  mon  frère, 
*'Le  bon  Dieu  là-haut  nous  voit  tous  ! 
"Nous  avons  perdu  notre  père, 
"Il  doit  avoir  pitié  de  nous  !" 

En  sanglotant,  sous  le  feuillage 
Les  deux  enfants  ne  sont  assis, 
Et  malgré  le  brui  t  de  l'orage, 
Ils  se  «ont  pourtant  endormis. 
Mais  en  dormant,  cette  prière 
Se  mêle  à  leur  souffle  si  doux  : 
"Nous  avons  perdu  notre  père, 
"Bon  Dieu,  prenez  pitié  de  nous  !" 


120 
LES  RAMEAUX 

Sur     nos   chemins    les   rameaux   et  les 

fleura 
Sont,  répandus   dans   ce   grand  jour   de 

fête 
JévSUP  s'avance,  il  vient  sécher  nos  pleurs, 
Déjà  hi  foule  à  l'acclamer  s'apprête. 
Peuples,  chantez,  chantez  en  chœur. 
Que  votre   voix   à   notre   voix    réponde, 
H)^iritii!  gr!r)u-e    au  Seigneur  ! 
Béni  celui  qui  viert    sauver   le   monde! 

n  a  parlé,  les  peuples  à  sa  voix 
Ont  reconquis  leur  liberîé  perdue, 
L'humanité  donne  à  chacun    ses   droits, 
Et  la  lumière  est  à  chcun  rendue. 
Peuples,  chantez,  chantez  en  chœur, 
Que  votre  voix  a  notre  voix  réponde  ! 
Hosanna!  gloire  au  Sjîgneur! 
Béni  celui  qui  vient  sauver  le  monde  ! 

Réjouis-toi,  sainte  Jérusalem, 

De  tes  enfants  chante  la  délivrance, 

Par  charité,  le  dieu  de  Bethléem 

Avec  la  foi  t'apporte  l'espérance. 

Peuples,  chantez,  chantez  en  chœur, 

Que  votre  voix    à   notre   voix  réponde  ! 

Hdsanne  !  gloire  au   Seigneur 

Bém  celui  qui  vient  sauver    le    monde  ! 


121 

AMOUR  ET  FANATISME 

.1- 

ROMANCE. 

(îhrétienne  aux  longs  yeux   bleus,   dont 

mon  âme  est  éprise. 
Il  faut  donc  te   quitter,   bientôt  je   dois 

partir. 
En  te  disant  adieu,  mon  pauvre  cœur  8# 

brise, 
Dans  le  premier  combat,  que  je  voudrais 

mourir  î 
Pourquoi  faut-il  que  la    loi   me   défende 
De  m^at tacher  à  toi   pour  qui  j^ai   tout 

-     quitté  ! 
Je  dois  partir,  Allah   me   le  commande. 
Pour  conquérir  et  gloire  et  liberté  ! 

Enfant,  j'aurais  voulu   te   consacrer   ma 
vie, 

Vivre  de  ton  amour,   mourir  à  tes  ge- 
noux, 

J'aurais  quitté  pour  toi  mes  frères,   ma 
patrie, 

Kohel,  mon   noir  coursier  dont  l'Emir 
est  jaloux. 

Pourquoi  faut -il,  etc 

Je  vois  ton  doux  regard  se   voiler  d'une 
larme, 


122 

Tu  souffres  comme  moi  d'un  adieu  sans 

espoir  ; 
Enfant,   cache-le   moi  :    car  céder   à  ce 

charme 
Ce  serait  parjurer  et  trahir  mon   devoir. 
.  Pourquoi  fait-il,  etc. 


LES  FEUILLES  MOkTES 

Mes  jours  sont  condamnés,  je  vais  quit- 
ter la  terre  ! 

Il  faut  vous  dire  adieu,  san^  espoir  de 
retour  ! 

Vous  qui  pleurez,  hélas  I  bel  ange  tuté- 
laire. 

Laissez  tomber  sur  moi  vos  doux  re- 
gards d'amour 

Du  céleste  séjour  entr'ouvrezmoi  les 
portes 

Et  du  Maître  éternel  pour  adoucir  la  loi, 

Quand  vous  verrez  tomber  les  feuillcc^ 
mortes, 

Si  vous  m'avez  aimé,  vous  pri«rez  Dieu 
pour  moi. 

Oui,  le  premier  printemps  va  fleurir  sur 
ma  tombe; 

Oui,  ce  jour  qui  m'éclaire  est  mon  der- 
nier soleil, 


123 

Er;  des  arbrȔ8  jaunis  chaque   feuille   qui 
tombe 

Me  montre  du   trépas    le   lugubre   appa- 
reil ! 

Oui,  des  oiseaux  du  ciel  les   légères   co- 
hortes 

Chanteront   dans   les    airs,    sans   causer 
mon  émoi  1 
Quand  vous  verrez  tomber,   etc. 

Sans  vous,  sane   votre   amour,  je  quitte- 
rais le  vie, 

SanB  y  rien  regretter,  rien   qu'un   séjour 
de  deuil 

Aux  chagrins,  aux   reveri    ma  jeunesse 
asservie 

Voit  la  mort   comme   un   phare   et   non 
comme  un  écueil  î 

Mai»  j'ai,  par  vos  doux  soin«i,    de»   dou- 
leurs ks  plus  fortes 

Bravé  les  traits    cruels   snns  trouble   et 
sans  émoi. 
Quand  vous  verrez  tomber,  etc. 


124 
LE  VIEUX  CHEIK 

ROMANCE 

Ilf>  ont  pillé  les  gourbis  de  mes  pères, 

Brûlé  mes  blés,  dévasté  mes    troupeaux, 

Les  aigles  seuls  connaissent  leurs  repai- 
reô, 

Ils  sont  venus  y  planter  leurs  drapeaux. 

Je  leur  pardonne  et  ma  maison  en  flam- 
mes, 

Et  leur  drapeau    qui    flotte   triomphant, 

Et  leurs  sérails  où  vont  gémir  nos   fem- 

,  mes 

Mai»  les  maudits  ont  tué  mon  enfant  ! 

0  Dieu  dM  ciel  qui  vois  couler   mes   lar 
mes. 

Veille  sur  nous  et  le  sort  va  changer  ; 

De  tes  enfanth,  mon  Dieu,  bénis  les   ar- 
mes. 

Nous  avons  tous  une  tombe  à  venger.  bi$ 


Ils  ont  choisi  l'heure  de  la  prière. 
Ils  ont  frappé  des  hommes  à  genoux. 
Et  mon  enfant  qui  défendait  son  père, 
En    m 'appelant    est  tombé  sous    leurs 

coups. 
Ainsi  parlait  le  vieux  Cheik  dont  la  tète 
Avait     blanchi     dans  la  guerre  et  les 

camps  : 


125 

Son  œil  brillait,  et  jamais  la  tempête 
N'avait  lancé  d'éclairs  plus  menaçants. 
O  Dieu  du  ciel,  qui  vois  couler  sed  larmes, 
Veille  sur  lui,  son  destin  va  changer  ; 
De  tes  enfants,  mon  Dieu,  bénis   les  at- 
;    .      mes. 
Car  ils  ont  tous  une  tombe  à  venger,  hiê 


Voyez  passer  ce  cavalier  farouche, 

Sur  son  cheval  aussi  prompt  que  le  vent  : 

C'est  le  vieux  Chiek,  malheur  à  qui  le 

touche. 
Il  va  venger  la  mort  de  son  enfant. 
C'est  le  lion,  c'est  le  roi  de  la  plaine, 
C'est  le  simoun,  le  vent  qui   brûle   l'air; 
Il  tombe  enfin,  son  sang  rougit  l'arène;^ 
Mais  il  sourit,  car  le  champ    est   désert. 
Et  vers  le  ciel,  les  yeux  vides  de  larmes, 
Il  dit:  Mou  Dieu,  ton  bras  m'a  dirigé; 
Au  minaret  qu'on  sunpende  mes  armes, 
^e     meurs    content,     car   mon   fils  est 

vengé.  (6w.) 

Alex.  Dumas. 


126 
LE  DERNIER  ADIEU 

ROMANCE 

Voici  l'instant  suprême, 
L'instant  de  nos  adieux  I 
O  toi  I  seul  bien  que  j'aime, 
Sans  moi  retourne  aux  cieux  ! 
La  mort  est  une  amie 
Qui  ren.l  la  liberté: . 
Au  ciel  reçois  la  vie, 
Et  pour  l'éternité. 

* 

Adieu  î  tu  vas  m'attendre, 
Bientôt  tu  dois  partir  ; 
Mon  cœur  fidè'6  et  tendre 
Te  garde  un  souvenir. 
Adieu  I  jusqu'à  l'aurore 
Du  jour  auquel  j'ai   foi, 
Du  jour  qui  doit  encore 
Me  réunir  à  toi. 


NEPENbEQU'A  DIEU 

BERSEUSE 

Petit  enfant,  repose  ; 
Qu'un  paisible  sommeil. 
Sur  ta  paupière  rose, 
Pèse  jusqu'au  réveil. 
Retse  dans  ton  aurore, 


127 

Sur  la  route  ici-bap 
Il  n^est  pas  temps  encore 
D'y  conduire  te»  pas  : 
l'ors  et  laisse  la  terre,     ' 
Petit  ange  à  Pœil  bleu, 
Dors  et  rêve  à  tn  mère. 
Et  ne  pense  qu'à  Dieu. 

Par  l'ange  protégée, 
DesMous  son  aile  d'or, 
Reste   toujours   cachée, 
Ne  prends  pas  ton  essor. 
Quand  sur  le  sol  vulgaire 
Ton  pied  se  posera, 
Suis  sa  voix  tutélaire, 
Qui  te  dirigera. 
Doih  et  laisse  la  terre,  etc, 

La  vie  a  trop  d'orages 
Pour  toi,  frêle  arbrisseau, 
Le  ciel  trop  de  nuages. 
Reste  dans  ton  berceau. 
Petite  fleur  timide. 
Que  ton  calice  d'or, 
Ta  corolle  limpide. 
Ne  s'ouvrent  pa^^  encore. 
T)oY6  et  laisse  la  terre,  etc. 


128 
L'ORPHELINE. 

MELODIE. 

Partout  des  fleurs  sans  no:Dbrff, 
Remplissent  l'air  d'odeurs  ; 
Pourtant  mon  âme  est  sombre, 
Mes  yeux  sont  pleins  d*^  pleurs? 

Printemps,  que  peut  me  faire 
Ton  charme  séducteur? 
Je  sens  mieux  ma  misère. 
Au  sein  de  la  splendeur 

Personne  qui  devin* 
L'excès  de  mon  chagrin 
Personïie  à  l'orpheline 
Qui  tende  hélas  I  la  main. 

Je  corbe  vers  la  terre 
Mon  pauvre  front  fiévreux. 
La  tombe  de  ma  mère 
yist  là  devant    mes  yeux? 


129 
LE  PAPILLON. 

ROMANCE, 

Au  banquet  des  fleurs,  n'es-tu  pas  covive, 

Anni  do.  pdntenDps? 
Ta  course  pour  nous  est  trop  fugitive 

Reste  plus  longtemps. 

A  ton  frais  butin 
Lorsque  chaque  aurore, 
Te  ramène  encore, 
Papillon  lutin 
Mon  jardin  te  donne 
D'odorants  bouquets, 
Et  ma  voix  fredonne 
Ses  plus  beaux  couplets. 
Au  banquet  des  fleurs,  etc,  etc. 

Parfois  en  chemin 
Si  tu  te  reposés. 
Sur  mes  belles  roses 
Au  brillant  carmin, 
En  vain  caressante 
Je  veux  te  saisir. 
Tu  fuis  d'épouvante 
Au  moindre  zéphir? 
Au  banquet  des  fleurs,  etc.,  etc. 


130 

Insecte  d'un  jour 
Ta  vie  est  l'image 
De  notre  bel  âge 
Qui  fuit  sans  retour. 
Comme  toi  s'envole 
Notre  gai  printemps, 
Le  plaisir  frivole 
De  ne  nos  jeunes  ans. 
Au  banquet  des  tl»iurs,  etc.,  etc. 


LE  CHEF  D'ŒUVRE  DE  DIEU 

ROMANCE 

Dans  sa  bonté,  quand    Dieu  fit  la  nat\ire. 

Il  a  donné  les  parfums  à  la  fleur  î 

Au  clair  ruisseau  le  timide  murmure, 

Au  papillon  la  riante  couleur  î 

Il  a  donné  les  chansons  aux  fauvettes. 

Au  lion  la  force  unie  à  la  fierté, 

Il  a  donné  le  génie  aux  poètes, 

Mais  àli  femme  il  donna  la  beauté'  [6Ï8.] 

Au  gais  oiseaux  il  a  donné  des  ailes, 
L'écaillé  d'or  aux  habitants  des  mers, 
Des  pieds  légers  aux  timides  gazelles, 
Aux  blancs  moutons  le  velours  des  près 
verts. 


131 

A  la  vieillesse  il  donna  l'indulgence, 
A  la  jeunesse  il  donna  la  gaîtë, 
Aux  malheureux  il  donna  l'eMpérance 
Mais  à  la  femme  il  donna  la  bouté.  [6i«.] 

Il  a  donné,  ce  Dieu  que  l'on  implore, 
L'azur  aux  cieux,  les  rayons  au  soleil, 
Au  jour  8j  lendide  il  a  donné  l'aurore, 
Au  vert  coteau  le  païupre    au  grain  ver- 
meil. 
Au5  noirs  rochers,  il  a  donné  le  lierre 
ïj'herbe  au  grillon  et  Pespace  au  vautour, 
A  l'ange  enfin  il  donna  la  prière, 
Mais  à  la  femme  il  a  donné  l'amour.(6i«.) 


LA  PIETE. 

ROMANCE. 

Quelle  voix  sainte  et  pure 
A  retenti  soudain? 
De  toute  la  nature 
C'est  le  pieux  refrain; 
Elle  dit  son  histoire, 
Elle  dit  son  bonheur; 
Elle  chante  la  gloire 
Du  puissant  Créateur. 


132 

Petit  oiseau,  tu  chantes 
Ta  douce  liberté, 
Tes  amours  innocentes, 
Et  ta  félicité. 
Mais  on  te  met  eu  cage, 
Et  tu  chantes  encor, 
A  Dieu  par  ton  ramage 
Tu  demandes  la  mort. 

Beau  chêne  inébranlable, 
Qui  monte  comme  un  vœu, 
Du  noir  séjour  du  diable, 
Jusqu'au  palais  de  Dieu, 
Le  vent  dans  le  feuillage 
Chante  et  dit:  "A  genoux! 
A  Dieu  rendez  hommage, 
Priez-le  comme  nous." 


DIEU,  MON  ENFANT,  TE  LE 
EENDKA. 


ROMANCE 


Pourquoi  ravir  la  tendre  mère 
Enfant,  laisse  ce  nid  d'oiseaux; 
N'entends-tu  pas  la  plainte  amère 
De  son  petit  sur  les  rameaux? 
Dans  cette  forêt  solitaire, 


133 

S'il  reste  seul  il  périra, 
Eends-lui  la  vie  à  ma  prière, 
Dieu,  mon  enfant,  te  le  rendra. 

-Dans  tes  mains  vois  toute  tremblante 
8a  mère  qui  se  plaint  toujours; 
Si  ton  âme  n'est  pas  méchante, 
De  sa  douleur  taris  le  cours. 
Chantant  la  liberté  chérie. 
Son  chant  joyeux  te  ravira. 
Va,  sois  humain,  ma  voix  te  prie, 
Dieu,  mon  enfant,  te  le  rendra. 

L'oiseau  soudain  près  de  sa  mère 
Voltige  en  paix  sous  les  rameaux, 
Et  l'on  entend  sa  voix  légère 
Charmant  les  bois  et  les  échos. 
Ah!  dit  l'enfant,  la  belle  fête, 
Petit  oiseau  longtemps  vivra. 
Et  doucement  la  voix  répète: 
Dieu,  mon  enîant,  te  le  rendra. 


LA  CHAPELLE  ABANDONNEE. 

BOMANCB. 

Salut!  ô  modeste  chapelle,  ' 

De  tes  vieux  murs  le  triste  aspect 

Dans  mon  cœur  attendri  rappelle 


134 

De  doux  pensers,  un  saint  respect. 
Aujourd'hui  ta  voûte  entr'ouverte 
N'entends  plus  de  pieux  accents; 
Et  dans  ton  enceinte  déserte, 
Ne  montent  plus  des  flots  d'encens. 

Ici  l'eau  sainte  du  baptême 
Sur  mon  jeune  front  s'épancha; 
Là  le  prêtre,  à  celle  que  j'aime 
Au  nom  du  Seigneur  m'attacha. 
Hélas,  sous  cette  froide  pierre 
Qu'avec  respect  foulent  mes  pas, 
Auprès  de  toi,  ma  bonne  mère 
Ton  fils  ne  reposera  pas. 

Jadis  la  cloche,  aux  jours  de  fête, 
Eveillait  les  échos  lointains; 
Maintenant  ta  cloche  est  muette. 
Tes  cierges  brillants  sont  éteints. 
Chaque  jour  une  pie3?re  tombe. 
Et  bientôt  toiH  disparaîtra: 
Quelques  ruines,  une  tombe. 
Diront:  La  chapelle  était  là. 


135 
SILVIO  PELLICO  AU  SPIELBERG 

MELODIE 

Hélas  !  dans  ma  prison,  brise  à  la  fraîche 
haleine, 

Quand  tu  viens  m'annoncer  le  doux  re- 
tour des  fleurs, 

Quand  tu  vieng  m'apporter  les  parfums 
de  la  plaine,  • 

Tu  réveilles  en  moi  de  nouvelles  dou- 
leurs. 

Je  le  sais,  du  printemps  ton  haleine  est 
remplie. 

Et  ton  aile  a  passé  sur  des  gazons  fleu- 
ris; 

Mais  pourquoi    n'es-tu  pas  ma  brist  d'I- 
talie? 
L'air  embaumé  de  mon  pays? 

Hélas  î  dans  ma  prison,  quand  d'un  ciel 
sans  nuage 

Glispe  un  rayon  plus  pur,  comme  un  re- 
gard ami  ; 

Loin  de  me  consoler,  je  perds  bientôt 
courage  ; 

Je  sens  des  pleurs  venir,  et  mon  cœur  a 
gémi  : 

En  voyant  ce  beau  ciel,  non  jamais  j% 
n'oublie 


136 

Qu^il  n^est  qu'un  ciel,  un   seul    pour   les 

pauvres  proscrits. 
Ah  !  pourquoi    n'es-tu  pas  mon  beau  cieî 

d'Italie? 

Le  ciel  aimé  de  mon  pays? 

Hélas!  dans  ma  prison,  parfois,    lorsque 

je  rêve, 
Uu  8onge/cet  ami  de    mon   t^ouimoil    lé- 

Me  dit  que  je  suis  libre  et  que  mon    mal 

s'achève  ; 
Que  j'ai  ma  liberté  sur  un  sol  étranger. 
Sur  un  sol  étranger  !  oh  !  je  voua  en  sup- 
plie, 
Mon  Dieu  !  je  ne  veux  pas  être  libre  à  ce 
'  prix. 

Qu'on  m«^  donne  plutôt  des  fers  en  Italie  ! 

Je  veux  mourir  dans  mon  pays. 

Emile  Barateau 


137 
LE  TASSE 

MELODIE 

Pour  nie   punir   de  mon  génie, 
lis  m'ont  ravi  ma  liberté, 
Je  suis  captif,  et  l'Italie 
Redit  mon  nom  [bis]  avec  fierté. 
Les  noUes  chants  que  Dieu  m'inspire 
Ont  confondu  mes  ennemis, 
Et  de  mon  cœur  le  saint  délire        j 
Par  eux  ne  fut  jamais  compris.       j 
Mais  dans  les  fers  je  t'aime  encore, 
O  toi  pour  qui  je  veux  souffrir, 
Et  mon  regret  sait  te  bénir,        )   j,-. 
Eléonorc!  f  ^**- 

Ils  tomberont  dans  la  poussière, 
Ces  fiers  palais  un  jour  détruits  : 
Prince  orgueilleux,  ta  tête  altière 
8e  cachera  [bis]  sous  leurs  débrii. 
Mais  ce  cachot,  temple  de  gloire, 
Doit  vivre  autant  que  mes  malheurs. 
Il  sera  plein  de  ma  mémoire  )   7 . 

On  y  viendra  verser  des  pleurs.      J 
Ton  nom  si  doux  que  j'implore, 
Suivra  le  mien  dans  l'avenir, 
Ma  gloire  enfin  doit  nous  unir,  )   t  • 
Eléonore?  J  °**- 


138 

Ils  pouvent  bien  m'ôter  la  vie, 
Ne  suis-je  pas  en  leur    pouvoir? 
Qui  les  retient?  La  tyrannie 
D'un  crime  aussi  \bis]  fait  un  devoir. 
Mais  cet  amour,  céleste  flamme, 
Qu'un  Dieu  si  bon  mit  dans  mon  cœur, 
Me  l'arracher  !...  outrage  infâme  !      )  , . 
Plus  lâche  encore  que  leur  fureur  !  \ 
C'est  pour  jamais  qu«  je  t'adore, 
Viens  embellir  me»  derniers  jours, 
La  mort  cons^acre  nos  amours.     )  ,  . 
Eléonore  '     \^''^- 


LV  ROSE  ET  L'ENFANT 

BLUETTE 

0  reine  de  la  charmille, 
Belle  rose  du  bosquet. 
Disait  une  blonde  fille, 
Vite  viens  dans  mon  bouquet. 
Enfant,  répondit  la  rose, 
Ne  ravis  pas  ma  beauté. 
Blonde  fille   fraîche  et  rose, 
Laisse-moi  ma  liberté. 

De  mes  fleurs  tu  seras  reine, 
Dit  l'enfant,  rose,  crois-moi  ; 
En  maîtresse  souveraine 


139 

Tu  leur  donneras  la  loi. 
Enfant,  répondit  la  ro8'-, 
Ne  ravis  pas  ma  beauté, 
Je  ne  suis  que  fraîche  éclose, 
Grâce  !  un  jour  dfe  liberté  I 

Mais  cet^t  pour  ma  bonne  mère, 
Dit  l'enfant  d'un  ton  mutin, 
Rose,  écoute  ma  prière, 
C'est  sa  fête  ce  matin. 
Vraiment  dit  alors  la  rose, 
C'est  pour  fêter  êix  bonté, 
Cueille-moi  vite,  et  dispose 
De  ma  douce  liberté. 


PRES  D'UN  BERCEAU 

ROMANCE 

Comme   un  pêcheur,   quand   l'aube  est 

près  d'éclore. 
Court  épier  le  réveil  de  l'aurore. 
Pour  lire  au  ciel  l'espoir  d'un  jour  serein. 
Ta  mère,  enfant,  rêve  à  ton  beau   destin. 
Anpe  des  cieux,  que  seras  tu  sur  terre? 
Homme  de  paix  ou  bien  homme  de  guerre, 
Prêtre  à  Fautel,  beau  cavalier  au  bal. 


140 

Brillant  poète,  orateur,  général? 
En  attendant,  sur  mes  genoux, 
Ange  aux  yeux  bleus,  endormez-vous 

Son  œil  le  dit,  il  est  né   p>our  la  guerre, 
De  ses  lauriers  comme  je  serai  fière  î 
Il  est  soldat...  le  voilà  générul  !... 
Il  court,  il  vole,  il  devient  maréchal  !... 
Le  voyez-vous  au  sein  de  la  bataille, 
Le  front  radieux,  traverser  la  mitraille? 
L'ennemi  fuit,  tout  cède  à  sn  valeur, 
Sonnez  clairons,   car  mon   fils   est   vain- 
queur ! 

En  attendant,  sur  mes  genoux, 
Beau  général,  endormez-vous. 

Mais  non,  mon  fils,  ta  mère  en    ses   alar- 
mes 
Craindrait  pour  toi  le  jeu   sanglant  des 

armes. 
Coule  plutôt  tes  jours  dans  le  saint  lieu, 
Loin  des  périls,  sous  le  regard  de  Dieu. 
Sois  cette  Ismpe  à  l'autel  allumée, 
De  la  prière  haleine  parfumée. 
Sois  cet  encens  qu'ofire  le  séraphin 
A  l'Eternel,  aveel'hyïnne  divin. 
En  attendant,  sur  mes  genoux. 
Mon  beau  lé^^ite,  endormez-vous. 


141 

Panlon,  mon  Dieu,    dans   nia   folle   ten- 
dresse, 

J'ai  de  vos  lois  mëcoimn  la  sagesse  ; 

Si  j'ai  pe'cho  n'en  punisbez  que  moi  ; 

J'ai,  seule,  an  vous,  Seigneur,  manqué  de 
foi. 

Près  d'un  berceau  le  rêve  d'une  mère 

Devrait  toujours  n'être  qu'une  prière  ! 

Daignez,  mon   Dieu,   choisir   pour   mon 
enfant. 

Vous  voyez  mieux,  et   vous   l'aimez   au- 
tant. 
Et  toi,  mon  ange  aux  yeux  si  doux, 
Repose  en  paix  iur  mes  genoux. 


XA  CHARITE 

Voyez  vous  cet  enfant  au    teini   pâle' et 

livide, 
Comme  il  lève  vers  vous  son  regard  sup- 
pliant; 
La  honte  est  sur  son  front   et  son   geste 

timide 
Ose  seul  implorer  la  pitié  du  passant. 
Chrétiens,  faites  Faumône, 
Faites  la  charité  ; 
C'est  un  Dieu  qui  l'ordonne  ! 
Chrétiens,  ayez  pitié  î 


142 

Ah  !  s'il  pouvait  purler,  il   dirait  que  sa 

mère 
Ne  possède    pluH   rien   pour   apaiser  sa 

faim, 
Qu'elle  est  triste  et  mourante,  en  proie  à 

la  misère, 
Que  ses    petits   enfanta   lui   demandent 

du  pain  ! 

Chrétiens,  etc. 

Mais   on   reste  insensible   à   sa  plainte 
touchante, 

Et  le  riche   en   passant  ne  voit  pas   sa 
douleur. 

S'il  élève  en    pleurant,  une   main   sup- 
pliante, 

Il  redoute  un    refus   qui   briserait   son 
cœur. 

Chrétiens,  etc. 

Et  déjà  sur  f>a  lèvre  expire  la  prière, 
Quand  un  ange  d'amour    vers   lui  porte 

ses  pas, 
Cet  enfant  qui  gémit,  cet  enfant    est  un 

frère,  • 

Qu'il  presse  sur  son  cœur,  qu'il   arrache 

au  trépas. 

Chrétiens,  etc. 


143 
LES  ANGES  DU  FOYER. 

MELODfE. 

Veillez  sans  bruit,  pieuses  sentinelles, 
Pur  ces  trésors  qui  vous  sont  Confiés, 
Sur  vos  enfants,  ces   beaux   anges   sans 

ailes 
Veillez  toujours,  bonnes  mères,  veillez; 
D'un  saint  devoir  ne  quittez  pas  la  rive 
Le  vrai  bonheur  est  au  bout  du  sentier, 
Pour  enhardir  votre  marche  craintive 
Dieu   vous  donna  les  anges  du  foyer. 

Mère,  les  fleurs,  les  fragiles  dentelles, 
Les  gais  rubans,  les  merveilleux,  satins, 
Vous  Je  savez,  ne  vous  font  pas  si  belles 
Que  ces  enfants  attachés  à  vos  seins  ; 
Leurs  jeunes  bras  mieux  que  des    perles 

fines 
Vous  font  alors  un  gracieux  collier  ! 
Pour  ajouter  à  vos  grâces  divines 
Dieu  vous  donna  les  anges  du  foyer. 

« 

Mères,  parfois  le  bruit  du  monde  en  fête 
En  votre  cœur  éveille  un  souvenir  : 
Mais  sur  l'enfant  votre  regard  s'arrête 
Et  le  passé  fait  place  à  l'avenir. 
Vous  aimez  rant,  égides  salutaires, 
Ces  fleurs  qu'un  souffle  hélas  !   peut  ef- 
feuiller; 


144 

Pour  animer  vos  chasteH  sanctuaires 
Dieu  vous  donna  les  anges  du  foyer. 

Courage  donc,  et  vos  cœurs,  bonnes   mè- 
res, 
De  tant  de  foins  recueilleront  les   fruits. 
Vous  le»  verrez  un  jour,  ô  faibl*?3  lierres, 
Avec  orgueil  se  montrer  vos  appuis  ; 
Vous  les  verrez,  alors  que  le  génie 
Ceindra  leur  front  d'un  éclatant  laurier  I 
Pour  que  vos  noms  soient  chers  à  la  Pa- 
trie, 
Dieu  vous  donna  les  anges  du  foyer. 


UE  PAS  VERS  LES  CIEUX 

ROMANCE. 

Tu  vois,  mon  fils,  un  pauvre  passe. . 
Tiens,  dit  la  mère,  et  sans  retard 
Cours  droit  à  lui,  donne  •avec  grâce, 
Et  chapeau  bas,  c'est  un  vieillard  ! 
Tête  blonde  et  légère, 
Tdole  de  mes  yeux, 
Un  bienfait  sur  la  terre 
Est  un  pas  vers  les  cieux. 


145, 

* 

Oui,  ()e  bonne  heure  ;  pprends  l'aumône 
Sainte  vertu  qui  chaque  jonr. 
Si  peu  de  chose  que  Ton  donne, 
Fait  près  de  nous  germer  l'amour. 

Ton  ange  tutéiaire 

En  sera  tout  joyeux 

Un  bipnfait  sur  Literie 

Est  un  pas  vcTvS  les  cieux  ! 

Si  Dieu  t'appelle  à  la  richesse,  , 

Laisse  à  ton  cœur  un  libre  essor! 
S'il  te  réserve  la  détresse. 
Oh  !  donne  moins,  mais  donne   encore! 

Et  du  chant  de  ta  mère, 

Souviens-toi,  jeune  ou  vieux 

Un  bienfait  sur  la  terre 

Est  un  pas  vers  les  cieux 


PRIEZ  POUR  LUI 
Air  : — Moi,  ^oublier,  etc. 

Je  vais  revoir  ma  patrie  adorée. 
Ma  pauvre  sœur,  mon  père   déjà  vieux! 
Je  vais  revoir  cette  France  illubtrée 
Par  nos  exploits  et  ceux  de  nos  aieux. 


346 

Ah!  sans  retour  fuyez,  vaines  alarmes, 
Seuls  revenez,  souvenirs  glorieux  1 
Pour  moi  la  vie  a  repris  tous  ses  charmes, 
J'v  cours  Biix  champs   où   vivaient   mes 
aieux. 

Ainsi  chantait  un  enfant   de   la   France, 
Qu'un  dur  exil  retint  sous  d'autres  cieux, 
Il  revenait,  conduit  par  l'espérance, 
Vers  l'humble  toit  acquis  par  f^es   aieux. 

Mais  épuisé  par  sa  longue  souffrancCt 
L'infortuné  tombe  et  ferme  les  yeux; 
Il  meurt.  Hélas  I  il  avi^it  l'innocence 
Et  la  valeur  de  ses  nobles  aieux. 

Vous  dont  les   cœurs   sont   fermés   à   la 

haine, 
Vous  qui  pleurez  des  excès  odieux  ! 
Priez  pour  lui  î  «;ar  son  âme  erre  en  peine 
Loin  de  la  tombe  où  dorment  ses   aieux. 


LE  PETIT  SAVOYARD 

ELEGIE 

Adieu,  mes  petits  camarades, 

Je  ne  puis  partager  vos  jeux  ; 

Chez  nous  mes  parents   sont   malades  : 

Ici,  tout  mon  temps  est  pour  eux. 


147 

Pour  oublier  votre  miFc  te, 
Vous  allez  vous  aiuuter  tous; 
Moi,  je  travaille  pour  mon  père^ 
Jv  Suis  bien  plus  heureux  que  vous. 

Le  matin,  gaiement  je  ramone, 
/ie  soir,  je  montre  un  sapajou  ; 
Je  méiiage  ce  qu'on  me  donne, 
Et  mets  (le  côté  sou  pour  sou. 
Gens  riches  que  l'on  considère, 
Votre  or  satisfait  tous  vos  goûts, 
Mais  moi,  j'amasse  pour  mon  pèr«, 
Je  suis  bien  plus  heureux  que  vous. 

Dans  ks  demeures  magnifiques 
On  a  besoin  du  Savoyard  ; 
J'y  vois  de  nombreux  domestiques 
Me  toiser  d'un  air  goguenard  ; 
Ils  se  moquent  de  ma  poussière  : 
Mais  de  leur»  galons  peu  jaloiiX, 
Je  nie  dis  :  Je  nourris  mon  père, 
Je  suis  bien  plus  heureux  que  vous. 

Toi,  Joseph,  avec  ta  sellette, 

Tu  comptes  rester  à  Paris  ;  ' 

Pour  te  marier  à  Nanette, 

André  retoure    au  pays. 

Dans  l'avenir  chacun  espère. 

Le  mien  m'annonce  un  sort  plus   doux  ; 

Dans  un  an  je  verrai  mon  père, 

Jç  serai  bien  plus  Leureux  que  vous. 


148 
LE  CHIEN  DE  LINVALIDE 


AiH  :  —Dans  un  grenier. 

Autour  d'un  brave  une  foule   pe   presse, 
Ses  nobl<«s  yeux  ont  perdu  la  clarté; 


Du  vieux  soiaivt  qui  Jeonoisit  pou: 

Il  sait  aussi  conserver  ia  fierté. 

Ah  !  respectons  le  chien  de  l'invalide,  his. 


Ne  pensez  pas  que  jamais  il  s'oublie, 

Il  ne  veut  pns  du  pain  de  la  pitié  ; 

Il  le  prendrai^  d'une  main  ennemie, 

Si  le  vieillard  en  voulait  la  moitié. 

Un  seul  besoin'pourrait  le  rendre  avide: 

Oelui  qu'éprouve  une  pure  amitié. 

Ah!  respectons  le  chien  de  l'invalide,  bis 

• 

Comneson  maître,  à  tra^'ers  la  mitraille, 

Le  bon  Médor  cent  fois  s'est  élancé, 

Et  comme  lui  sur  le  champ   de   bataille, 

Le  même  ^our  on  le  trouva  blessé. 

Son  œil  de  feu  devient  sombre  et  timide. 

S'il  ne  voit  plus  l'ami  qui  l'a  pansé. 

Ab  !  respectons  le  chien  de  l'invalide,  bis- 


149 
OU  VAS-TU  PETIT  OISEAU 

MELODIE 

Rêve,  parfum  ou  fraiw  r;r  rmure, 

Petit  oiseau,  qui  donc  es- tu? 

Je  suis  l'amant  de  la  nature 

Créé  par  Dieu,  par  lui  vêtu  ; 

Je  suis  un  prince  sans  royaume  I 

Je  suis  heureux,  peu  m'iniporto  où; 

Et  malgré  tout  ce  qu  en  dit  l'homme, 

Je  suis  le  sage,  il  est    fou  î 

Rêve,  parfum  ou  frafs  murmure. 

Petit  oiseau  qui  don."  es-tu? 

Je  suis  l'amant  de  la  nature. 

Crée  })ar  Dieu,  par  lui  vêtu. 

Dans  tes  chansons  toujours  joyeuses, 
Petit  oiseau,  que  chantes-tu? 
Je  chante  mes  plumes  soyeuses, 
Ma  liberté,  mon  bois  touffu  ' 
Je  chante  l'aslre  qui  rayonne, 
Et  ma  compagne  et  mes  amours  ! 
Je  chante  le  Dieu  qui  me  donne 
Le  grain  du  m.il  et  les  beaux  jours  !.. 
Dans  tes  chansons  toujours  joyeuses, 
Petit  oiseau  que  chantes- tu? 
Je  chante  mes  plumes  soyeuses, 
Ma  liberté,  mon  bois  touffu  î 


150 

De  nos  bosquets,  hôte  infidèle, 

Petit  oiseau,  dis,  ou  vas-tu? 

Je  vais  où  me  porte  mon  aile, 

Vers  l'avenir,  vers  lïnconnu  ! 

Je  vais  où  va   l'homme   moins  sage  : 

Tous  deux  même  but  nous  attend, 

Nous  faisons  le  même  voyage. 

L'un  en  pleurant,    l'autre   en    chantant  ; 

De  nos  bosquets,  hôte  infidèle, 

Petit  oiseau,  dis,  où  vas-tu? 

Je  vais  où  me  porte  mon  aile» 

Vers  un  avenir  inconnu. 

Mais  au  terme  de  ton  voyage, 
Petit  oiseau,  qu'espères  tu? 
J'espère  le  repos  du  sag^e. 
Si  doux  au  voyageur  rendu  !.. 
J'espère  au  Dieu  de  la  nature 
Rendre  ce  qu'il  m'avait  prêté; 
Ma  plume  blanche  et  ma  voix  pure 
Mon  innocence  et  ma  gaieté  ! 
Mais  au  terme  de  ton  voyage. 
Petit  oiseau  qu'espères-tu? 
J'espère  le  repos  au  sage, 
Si  doux  au  voyageur  rendu. 


151 
LE  ROI  DAGOBERT 

Le  bon  roi  Dagobret 
Avait  sa  culotte  à  l'envers  ; 
Le  grand  saint  Eloi 
Lui  dis  :  O  mon  roi  ! 
Votre  majesté 
Est  mal  culotté. 
C'est  vrai,  lui  dit  le  roi, 
Je  vais  la  remettre  à  l'endroit. 

Le  bon  roi  Dagobert 
Fut  mettre  son  bel  habit  vert 
Le  grand  saint  Eloi 
Lui  dit  :  0  mon  roi  ! 
Votre  habit  paré 
Au   coude  est  percé. 
C'est   vrai,  lui  dit  le  roi, 
Le  tien  est  bon,  prête-le-moi, 

Le  bon  roi  Dagobert 
Faisait  peu  sa  barbe  en  hiver; 
Le  grand  saint  Eloi 
Lui  dit  :  0  mon  roi  I 
Il  faut  du  savon 
Pour  votre  menton. 
C'est  vrai,  lui  dit  le  roi, 
As-tu  deux  souh?  prête-les-moi. 


152 

Du  bon  roi  Dagobert 
La  perruque  était  de  travers  ; 
Le  grand  saint  Eloi 
Lui  dit  :  0  mon  roi  I 

Votre  perruquier 
Vouri  a  mal  coifîe. 
C'est  vrai,  lui  dit  le  roi, 
Je  prends  ta  tignasse  pour  moi. 

Du  bon  roi  Dagobert 
Le  chapeau  coiffait  comme  un  cerf, 

Le  grand  shint  Eloi 

Lui  dit  :  O  mon  roi  ! 

La  corne  au  milieu 

Vous  siérait  bien  mieux. 

C'est  vrai,  lui  dit  le  roi, 
J'avais  pris  modèle  sur  toi. 

Le  bon  roi  Dngobert 
Chassait  dans  la  plaine  d'Anvers 
Le  grand  saint  Eloi 
Lui  dit  ;  O  mon  roi  4 
Votre  majesté 
Est  bien  essoufflée. 
C'est  vrai,  lui  dit  le  roi, 
Un  lapin  courait  après  moi. 

Le  bon  roi  Dagobert 
Allait  à  la  chasse  au  pivert  ; 
Le  grand  saint  Eloi 


155 

Lui  dit  :  O  mon  roi! 
La  ch?tsse  aux  coucous 
Vaudrait  mie^ix  pour  vous 

Eh  bien,  lui  dit  le  roi, 
*  Je  vais  tirer,  prends  garde   à  toi. 

Le  bon  roi  Dagobert 
Se  battait  à  tort,  à  travers, 
Le  grand  saint  Eloi 
Lui  dit  :  0  mon  roi  !. 
Votre  mnjesté 
Se  fera  tuer. 
C'est  vrai,  lui  dit  le  roi. 
Mets  toi  bien  vite  devant  moi. 

Le  bon  r«)i  Dagol)ert 
Voulait  s'embarquer  sur  la  mer; 
Le  grand  saint  Eloi 
Lui  dit  :  O  mon  roi  ! 
Votre  majesté 
Se  fera  noyer 
C'est  vrai,  lui  dit  le  roi, 
On  pourra  crier  :  Le  roi  boit. 

Quand  J'ogobert  mourut, 
Le  diable  aussitôt  accourut; 
Le  grand  saint  Eloi  • 

Lui  dit  :  O  mon  roi  ! 
Satan  va  passer, 


154 

Faut  vous  confesser. 
Hélas  !  dit  le  bon  roi, 
Ne  pourrais-tu  mourir  pour  moi? 

Anonyme. 


CADET  ROUSSELLE. 

Cadet  Kousselle  a  trois  maisons  bis. 

Qui  n'ont  ni  poutres  ni  chevrons.        bis. 
C'est  pour  loger  les  hirondelles: 
Que  direz-vous  d' Cadet  Rousselle? 

Ah!  ah!  ah!  mais  vraiment, 
Cadet  Rousselle  est  bon  enfant. 

Cadet  Rousselle  a  trois  habits,  bis. 

Deux  jaunes,  l'autre  en  pajjier  gris;  bis. 
Il  met  celui-là  quand  il  gèle, 
Ou  qu3nd  il  pleut  et  quand  il  grêle. 

Ah!  ah!  ah!  mais  vraiment. 
Cadet  Rousselle  est  bon  enfant. 

Cadet  Rousselle  a  trois  chapeaux;      bis. 
Les  deux  ronds  ne  sont  pas  très-beaux, 
Et  le  troisième  est  à  deux  cornes: 
De  sa  tête  il  a  pris  la  forme. 
Ah!  ah!  ah!  mais  vraiment, 
Cadet  Rouselle  est  bon  enfant. 


155 

Cadet  Rousselle  a  une  épée,  bis. 

Très-longue  mais  toute  rouillée:         bis. 
On  dit  qu'eir  ne  cherche  querelle 
Qu'aux  moineaux  et  aux  hirondelles. 

Ah!  ah!  ah!  mais  vraiment, 
Cadet  Rousselle  est  bon  enfant. 

Cadet  Eousselle  a  trois  garçons:        bis. 
L'un  est  voleur,  l'autre  est  fripon:     bis. 
Lie  troisième  est  un  peu  ficelle; 
Il  ressemble  à  Cadet  Rousselle 

Ah!  ah!  ah!  mais  vraiment,  « 

Cadet  liousselle  est  bon  enfant. 

Cadet  Eousselle  a  trois  gros  chiens,  bis. 
L'un  court  au  lièvr',  l'autre  au  lapin,  bis. 
L'troisièm'  s'enfuit  quand  on  l'appelle, 
Comm'  le  chien  de  Jean  de  Nivelle. 

Ah!  ah!  ah!  mais  vraiment, 
Cadet  Eousselle  est  bon  enfant. 

Cadet  Eousselle  a  trois  beaux  chats,  bis. 
Qui  n'attrapent  jamais  les  rats;  bis. 

Le  troisièm'  n'a  pas  de  prunelle; 
Il  monte  au  grenier  sans  chandelle. 

Ah!  ah!  ah!  mais  vraiment. 
Cadet  Eousselle  est  bon  enfant. 


156 

Cadet  Rousselle  a  marié  bis. 

Ses  trois  filles  dans  trois  quartiers;   bi8. 
Les  deux  preniièr's  ne  sont  pas  belles, 
La  troisièm'  n'a  pas  de  cervelle. 

Ah!  ah!  ah!  mais  vraiment, 
Cadet  Rousselle  est  bon  enfant. 

Cadet  Rousselle  a  trois  deniers,  bis. 

C'est  pour  i^ayer  ses  créanciers.  bis. 

Quand  il  a  montré  ses  ressources,  ^ 
Il  les  resserre  dans  sa  bourse. 
Ah!  ah!  ah!  mais  vraiment, 
Cftdet  Rousselle  est  bon  enfant. 

Cadet  Rousseir  ne  mourra  pas  bis. 

Car,  avant  de  sauter  le  pas,  bis. 

On  dit  qu'il  apprend  l'orthographe 
Pour  fair'  lui-mêm'  son  épitaphe. 

Ah!  ah!  ah  !  mais  vraiment, 
Cadet  Rousselle  est  bon  enfant. 

Anonyme. 


157 

J'AI  DU  BON  TABAC  DANS  MA 
TA  BATI]  IIE. 

J'ai  du  bon  taba<  dans  ma  tabatière, 

J'ai  du  bon  labac  ;  tu  n'en  auras  pas. 
J'en  ai  du  fin  et  du  râpé, 
Ce  n'est  pas  pour  ton  fichu  nez. 

J'ai  du  bon  tabac  dans  nja  tabatière. 

J'ai  du  bon  tabac  ;  tu  n'en  auras  pas. 

> 

Ce  refrain  connu  que  chantait  mon  père. 

A  ce  seul  couplet  il  était  borné. 
Moi,  je  me  suis  déterminé 
A  le  grossir  comme  mon  nez. 

J'ai  du  f>on  tabac   dans  ma  tabatière, 

J'ai  du  bon  labac  ;  tu  n'en  aurat-  pas. 

Un  noble  héritier  de  gentilhommière, 
Recueille  tout  s^ul  un  fief  blasoriné; 
Il  dit  à  son  frère  puîié: 
Sois  abbé,  je  suis  ton  aîné. 
.  J'ai  du  bon  tabac  dans  ma  tabatière. 
J'ai  du  bon  tabac  ;  tu  n'en  auras  pas. 

Un  vieil  usurier,  expert  en  affaire, 
Auquel  par  besoin  on  est  amené, 

A  l'emprunteur   infortuné, 

Dit,  après  l'avoir  ruiné  : 
J'ai  du  bon  tabac  dans  ma  tabatière, 
J'ai  du  bon  tabac  ;  tu  n'en  auras  pas. 


..       158 

Juges,  avocats,  entr'oiivrant  leur  serre. 
Au  pauvre  plaideur  par  eux  rançonné, 

Après  avoir  pateline, 

Disent,  le  procès  terminé: 
J'ai  du  bon  tabac  dans  nja  tabatière,  . 
J'ai  du  bon  tabac  ;  tu  n'en  auras  pas. 

D'un  gros  finacier,  la  coquette  flaire 
Le  beau  bijou  d'or  de  diamants  orné. 
Ce  grigou,  d'un  air  renfrogné, 
Lui  dit:  "Malgié  ton  joli  nez... 
J'ai  du  bon  taV)ac  dnns  ma  tabatière. 
J'ai  du  bon  tabac;  tu  n'en  auras  pas." 

Tel  qui  veut  nier  l'esprit  de   Voltaire, 
Est  pour  le  sentir  trop  enchifrené. 

Cet  esprit  est  trop  raffiné, 

Et  lui  passe  devant  le  nez. 
Voltaire  a  l'esprit  dans  ma    tabatière, 
Et  du  bon  tabac  ;  tu  n'en  auras  pas. 

Voilà  huit  couplets,  cela  ne  fait  guère. 
Pour  un  tel  sujet  bien  assaisonné 
Mai»  j'ai  peur  qu'un  priseur  mal  né  : 
Ne  chante,  en  me  riant  au  nez  : 
J'ai  du  bon  tabac   dans  ma  tabatière, 
J'ai  du  bon  tabac  ;  tu  n'en  auras  pas. 


159 
MA  NORMAMDiE 

Quand  tout  renaît  à  l'espérance, 
Etque  l'hiver  fuit  loin  de  nous, 
Sous  le  beau  ciel  de  notre  France, 
Quand  le  soleil  revient  plus  doux, 
Quand  la  nature  eut  reverdie. 
Quand  l'hirondelle  est  de  retour. 
J'aime  à  revoir  ma  Normandie, 
('est  le  pay^'  qui  m'a  donné  le  jour. 

J'ai  vu  les  chamî)S  de  l'Helvétie, 

Et  ses  chalets  et  ses  glaciers, 

J'ai  vu  le  ciel  de  l'Italie, 

Et  Venise,  et  ses  gondoliers. 

En  saluant  chaque  patrie. 

Je  me  disais  :  Aucun  séjour 

N'est  plus  beau  que  ma  Normandie, 

C'est  le  pays  qui  m'a  donné  le  jour. 

Il  est  un  âge  dans  la  vie 

Où  chaque  rêve  doit  finir, 

Un  âge  où  l'âme  recueillie 

A  besion  de  se  souvenir. 

Lorsque  ma  muse  refroidie 

Aura  fini  ses  chants  d'amour, 

J'irai  revoir  ma  Normandie, 

C'est  le  pays  qui  m'a  donné  le  jour. 


160 
A  LA  GRACE  DE  DIEU. 

Tu  va,8  quitter  notre  montagne, 
Pour  t^en  aller  bien  loin,  hélas  F 
Et  raoi  ta  mère  et  ta  oompagnCy 
,  Jo  ne  pourrai  guider  tes  pas. 
L'enfant  oue  le  ciel  vous  envoie, 
Vous  le  gardez,  gens  de  Paris  ; 
Nous,  pauvres  mères  de  Savoie, 
Nous  le  chassons  loin  du  pays, 

En  lui  disant  :  Adieu  !  )    »  • 

A  la  grâce  ne  i^ieu  !. ..    j 
Adieu,  à  la  grâce  de  Dieu  !...   (bis) 

Ici  commence  ton  voyage  I 

Si  tu  n'allais  pas  revenir  !... 

Ta  pauvre  mère  est  sans  courage 

Pour  te  quitter,  pour  te  bénir  ! 

Travaille  bien,  fais  ta  prière, 

La  prière  donne  du  cœur  ; 

Et  quelquefois  pense  à  ta  mère, 

Cela  te  portera  bonheur  î 

Va,  mon  enfant,  adieu  ')     ,  . 

A  la  grâce  de  Dieu  î        )       * 
Adieu  !  à  la  grâce  de  Dieu  !  (bis.) 

Elle  s'en  va,  douce  exilée, 
Gagner  son  pain  sous  d'autres  cieux  ; 
Longtemps,  longtemps,  dans  la  vallée. 
Sa  mère  la  suivit  des  yeux. 


161 

Mais  lorsque  sa  douleur  .nmèrc 
N'eut  plus  sa  fîlle  pour  témoin, 
Elle  pleura,  la  pauvre  mère  ! 
L'enfant  qui  lui  disait  de  loin  : 

Ma  bonne  mère,  adieu,  )     t. 

A  la  grâce  de  Dieu,        j     '^*^" 
Adieu  !  à  la  grâce  de  Dieu  !  (bis) 

Gustave  Lemoine. 


LE  SOLEIL  DE  MA   BRETAGNE. 

La  mer  m'attend,  je  veux  partir  demain, 
Sœur,  laisse-moi,  j'ai  vingt   ans,  je   suis 

homme  ! 
Je  suis  Breton  et  je  suis  gentilhomme, 
Sur  l'Océan  je  ferai  mon  chemin. 

— Mais  SI  tu  pars,  mon  frère, 

Que  ferai-je  sur  terre? 

Toute  ma  vie  à  moi, 

Tu  sais  bien  que  c'est  toi  ! 
Oh  !  ne  va  pas  loin  de  notre  berceau, 
Reste  avec  moi,  ta  soeur  et  ta  compagne  ; 
On  vit  heureux  à  la  montagne, 

Et  puis  de  la  Bretagne 

Le  soleil  est  si  beau  I 


162 

S"T  un  bnau  brick  qui  portera  ton   nom, 
Je  leviendrai  dans  un  an  capitaine; 
J'achèterai  ceo  bois,  ce   beau     domaine, 
Et  nous  serons  les  seigneurs  du  canton  î 

— Mais  n'as-tu  pas,  dit  elle, 

Notre  pauvre  tourelle, 

Pour  trésor  le  bonheur. 

Pour  t'ai  mer  tout  mon  cœur? 
Oh  !  ne  va  pas  loin  de  notre  berceau  ; 
Rente  avec  moi,  ta  sœur  et  ta  compagne  ; 
On  vit  heureux  à  la  montagne. 

Et  puis  de  la  Bretagne  .  '  :vai  .:^ 

Le  soleil  est  si  beau  I 

Mais  il  partit  quand  la  foudre    grondait 
Dix  ans  passés,  de  lui  pas  de  nouv'iUes  ' 
Près  du  foyer,  sa  compagne  fidèle 
Pleurait  toujours,   et  toujours  attendait. 

Un  jour  à  la  tourelle 

Un  naufragé  l'appelle, 

Lui  demande  un  abri. 

'*C'est  lui  !  mon  Di»iU,  c'est  lui  I 
— Oui,  sœur,  c'est  moi  î  je  reviens  au  ber- 
ceau. 

J'ai  tant  souffert  loin   de  toi,   ma   com- 
pagne ! 

Mais  je  l'oublie  en  voyant  ma  montagne, 
O  ma  Bretagne, 
Que  ton  soleil  est  beau  !" 

♦  Gustave  Lemond 


16B 
ROUL^  TA  BOSSE. 

Roui'  tu  bosse, 
Petit  luron, 
Et  ris  toujours,  à  pied    comme  en   car- 
resse  ; 

Rour  ta  bosse, 
Petit  luron, 
Sois  toujours   gai,   toujours   franc,  tou- 
jours rond 

Petit  bosBU,  retiens  bien  c'  que  ton   père 
juhantait  souvent,  en  i'  berçant  dans  ses 

bras. 
Veux  tu,  mon  fils,  avoir  un  sort  prospère, 
Veux-tu  d'venirbien  portantet  bien  gras? 
Roui'  ta  bosse,  etc. 

Te  plaindr'  du  sort  serait  une  folie, 
Ta  boss'  n'est  pas  un  si  triste  cadeau  ; 
Pourquoi  t'  fâcher?  dans  cette  courte  vie 
Chacun  de  nous  n'a-t  il  pas  son  fardeau? 
Roui'  ta  bosse,  etc. 

En  fait  d'esprit,  que  n'as-tu  c'iui  d'Esope, 

Qu'on  admirait  à  la  ville,  à  la  cour  ! 

T'en  revendrais  sous  ta  difforme  en- 
veloppe 

A  plus  d'un  nain  qui  s'rait  1'  géant  du 
jour. 


164 

Pour  ètr'  heureux,  jamais  dans  ta  car- 
rier Ȕ 

Ne  prêt'  Poreille  aux  cancans  des  ba- 
dauds, i 

Ne  dis  point  d'  mal  des  autres  par  der- 
rière, 

Tes  quolibets  t«  r'tomberaient  sur  le  do». 

De  tes  amis  soulage  la  détresse, 
A  les  servir  en  tout  temps  sois  dispos. 
Si  tu  parviens  au  faîte  d'ia  richesse 
D'vanl  les  petits  ne  tais  pas  le  gros  dos. 
Koul'  ta  bosse,  etc. 

S'il  s'allumait  une  nouvelle  guerre, 
Sois  d' ton  pays  l'appui  le  plus   fervent,. 
Qu'  jamais   l'enn'mi     n'  t'envisage   par 

derrière, 
Un  bon  Français  s'  montr'  toujours  par 

devant. 

Roui'  ta  bosse 
Petit  luron, 
Et  ris  toujours,  A  pied   comme   en  car- 
rosse ; 

Roui'  ta  bosse, 
Petii;  luron, 
Sois  toujours   gai,  toujours   franc,   tou- 
jours rond. 

Casimir  Ménétrier 


165 

LES  VOLONTAIRES  DE  TERREBON- 

■;.:-.-.:..-ï-  NE. 


CHANSONNETTE. 


.<t.'H. 


Partout  le  canon  gronde, 
Sa  voix  s<>me  la  terreur,  (bis)   . 
Chez  tous  les  peuples  du  monde 
La  guerre  se  ranime  avec  fureur. 

REFRAIN. 

Canadiens,  fils  de  èoldats. 
Préparons-nous  aux  combats. 
En  avant  I  En  avant! 
Chacun  à  son  régiment. 
Que  notre  brave  jeunesse 
Au  champ  de  l'hoi  neur  s'empresse. 
Irions  noua  donc  r6i«..]ternir  le  nom 
Des  vainqueurs  [bis.]  de  Carillon. 

Naguère  si  placides, 
Quittant  tous  leurs  ateliers,  |  bis.] 
Dans  des  luttes  fratricides 
Les  Yankees  s'entregorgent  par  milliers. 
Canadiens,  etc. 

Seuls  noue  avons  peut-être 
Joui  de  cinquante  ans  de  paix,  [Bis.] 
Ni  peut- on  pas  voir,  paraître 
Sur  notre  horizon  des  jouia  plus  mauvais. 
Canadiens,  etc, 


166 

Jonathan  aux  longues  serres 
Voulant  réparer  l'échec, [i6is.] 
Qu'il  va  subir  chez  nos  frères, 
Pourrait  tourner  ses  regards  sur  Québec. 
Canadiens,  etc. 

Pour  éviter  Forage 
Nous  croiserions-nous  les  bras  ;  (bis) 
Subirions-nous  cet  outrage 
De  nous  laisser  subjuguer  sans  coiiibats. 
Canadiens,  etc. 

>    '.  .'A  '•'■'     ■  *■  ■  ■•  'y , 

Issus  de  nobles  races 
De  peuples  iiers  et  guerriers  (bis.)    • 
Nous  devons  suivre   leurs  traces    .  ; 
Et  partager  leur  amour  de«*  lauriers. 
Canadiens,  etc. 

Jurons  à  la  patrie, 
Vienne  l'heure  du  danger,  (Ms.) 
Que  cette  terre  chérie 
Jamais  ne  génnira  sou?  l'étranger. 
Canadiens,  etc. 


167 
LE  VOLTIGEUR,  1812. 

Air: — Le  jeune  Edmond  allait,  etc. 

Sombre  et  pensif,  debout  sur  la  frontière, 
Un  voltigeur  allait  finir  son  quart; 
L'astre  du  jour  achevait  sa  carrière. 
Un  rais,  au  loin,  argentait  le  rempart. 
Hélas  !  dit-il,  quelle  est  donc  ma  consigne  ? 
Un  mot  anglais  que  je  ne  comprends  pas! 
Mon  père  était  du  pays  de  la  vigne: 
Mon  poste!  non!  je  ne  te  laisse  pas! 

Un   bruit    soudain   vient  frapper    son 
oreille: 

Qui  vive!... point.  Mais  j'entends   le  tam- 
bour. ^ 

Au  corps-de-garde  est-ce  que  l'on  som- 

'  '  meille? 

L'aigle  déjà  plane  aux  bois  d'alentour. 
Hélas!  etc. 

C'est  l'ennemi,  je  vois  une  victoire... 
Feu!  mon  fusil:  ce  coup  est  bien  porté; 
Un  Canadien  défend  le  territoire. 
Comme  il  saurait  venger  la  liberté. 
Hélas  !  etc. 

Quoi!  l'on  voudrait  assiéger  ma  guérite! 
Mais,  quel  cordon!  ma  foi!   qu'ils  sont 
nombreux! 


168 

Un  voltigeur,  déjA  prendre  la  fuite! 
Il  faut  encor  que  j'en  tue  un  ou  deux. 
Hélas!  etc. 

Un  plomb  l'atteint:  il  pâlit,  il  chancelle; 
Mais  son  coup  part,    puis  il  tombe  à 

genoux. 
Le  sol  est  t«int  de  son  sang  qui  ruisselle 
Pour  son  pays  de  mourir  qu'il  est  doux. 

Hélas!  etc.  *  :     r- 

Ses  compagnons,  courant  à  la  victoire. 

Vont  jusqu'à  lui  pour  étendre  leur  rang; 
Le  jour  déjà  désertait  sa  paupière; 
Mais  il  semblait  dire  encore  en  mourant: 
Hélas  !  etc.  F.  X.  Garneau 


LE  PETIT  ROGER  BON  TEMPS. 
Air — Mon  mari  est  bien  malede. 

Je  suis  un  petit  bonhomme 
Qui  n'ai  pas  plus  de  dix  ans  ; 
C'est  à  bon  droit  qu'on   me   nomme 
Le  petit  Roger   Bon-Temps, 

Car  je  suis  gai, 

Gai,  gai,  gai, 

Et  pétillant 

Gai,  gai  ment. 


169 

Pour  trioi  tout  «e  change  en  fête 
Et  devient  amusement; 
J'ai  le  jeu  seul  dans  la  tête/ 
C'est  mon  plus  cher  élément. 

Mal'gré  moi  du  badinage 
Je  prends  toujours  le  chemin, 
Je  fais  du  bruit,  du  tapage, 
Comme  nul  autre  gamin. 

Pour  Hauter,  chanter  et  rire, 
Je  suis  toujours  sur  le  ton  ; 
J'ai  mon  but,  lorsque  j'attire 
Lf  plaisir  dans  mon  canton. 

Il  n'est  pas  dans  ma  nature 
j)e  forcer  trop  mes  talents  ; 
Mais  jamais  je  ne  murmure, 
Quand  on  rit  à  mes  dépens. 

Mop  horreur  pour  le  silen«e 
Me  fait  passer  pour  badin  ; 
"Honni  soit  qui  mal  y  pense,*' 
J'ose  y  risquer  mon  latin. 

Aujourd'hui  chac\m  m'engage, 
A  n'être  plus  si  bruyant  ; 
Je  le  veux,  je  serai  sage, 
Je  le  p'romete!  en  riant. 

Ch  Trudellk, 


KO 

L'HIVER  AU  CANADA. 

Air  '.--^Itlrondelle  gentille^ 

Je  vui.«  de  la  Nature  , 

Se  faner  la  parure  t     ;  -    : 
Regret  amer!  :       t  »r 
Des  oiseaux  le  ramage 
CeHpe  danp  le  bouag« 
H.    Voici  Phi  ver.         :, 

Le  soleil  est  plus  pÀlej  :  / 
On  entend  la  raifale 

Siffler  dans  l'air  ; 
La  tempête  de  neige 
De  flocons  nous  assiège 

Voici  l'hiver. 

Une  couche  de  glace 
Sur  le  âetive  s'entasse 

Jusqu'à  la  mer, 
Et  la  traîne  est  lancée 
Sur  la  neige  placée 

Voici  l'hiver. 

On  patine  tt  Pou  glisse 
Sur  le  tiot  qui  se  lisse 

En  cristal  clair  ; 
On  pêche  sous  sa  voûte, 
En  trouant  cette  croûte. 

Pendant  t'hiver* 


.^■y.'^f. 


ni 

CVst  l'époque  oà  Ton  chasfie 
Le  caribou  qui  passe 

Comme  un  éclair) 
Le  sauvage  en  raquette 
Suit  l'orignal  oui)  guette 

Pendant  rhivet. 

C'est  la  saison  folâtre 
D#s  bals  et  du  théâtre, 

Plaisir  for  cher. 
On  fait  de  la  musique. 
On  joue  au  whist,  on  chique^ 

Pendant  l'hiver. 

Quand  arrive  décembre 
On  embrase  sa  chambre 

D'un  feu  d'enfer. 
Sous  sa  lourde  capote 
Le  citadin  grelotte, 

Durant  Thivtr* 

On  prend   double  semelle; 
Une  chaude  flanelle 

Couvre  la  chair. 
De  rhum  ou  de  genièvre 
On  humecte  la  lèvre, 

Durant  l'hiver. 

CVst  alors  qu^on  s^enrhumé, 
Que  chez  l'habitant  fume 
Le  poele   en  fer. 


I- 


,  r  .  hj 


172  ^ 

Là  six  jours  par  semaine 
On  file  de  la  laine, 
;.    Pendant  l'hiver. 

Alors  aus8i  l'on  pense 
Au  parent  à  distance     . 

A  l'ami  cher. 
Et  près  du  feu  qui  brille 
On  écrit,  on  babille 

-  Durant  l'hiver,      u  .< 


V  <     I 


Hëlas  pour  l'indigence 
C'est  un  temps  de  souffrance; 

Nu  comme  un  ver, 
L'enfant  qui  vit  d'aumône,     J 
Souvent  jeûne  et  frisonne,  '" 

Pendant  l'hiver. 


H-  >;■ 


Si  ma  muse  légère 
N'est  pour  toi  somnifèrt 

Comme  l'éther, 
Ami  lecteur,  répète 
Avec  ma  chansonnette, 

Voilà  l'hiver. 

A.  MARSAfi. 


173 
LA  FRONTIERE. 


.•■''^ ':>•■'' 


!*:     CHANT    NATIONAL. 

Air: — Nouveau, 


"8oui  votre  Reine   et  notre   République, 
Il  n'eit  qu'un  peuple,  un  peuple  en  Ame- 

.     ri  que;  ^  :   ; 

Lee  mêmes    chante,  enfans,    nous  ont 

bercés, 
La  même  audace,  hommes,  nous  à  pous- 
sés. 
Race  Saxonne,  en  souveraine  altifre, 
Doit  commander  à  tout  le  genre  humain. 
Frères  Saxons  î  qu'on  se  donne  la  main, 
Car  il  n'est  plus  (bis)  aujourd'hui)   , . 

de  frontière''^  ^''' 

Ainsi  parlait  aux  fils  de  l'Angleterre, 
Ainsi  parlait,  sur  cette  noble  terre. 
Qu'ont  illustrée  et  Montcalm   et  Cham- 

plain, 
Un  vieux  savant,  petit  fils  de   Franklin, 
Il  n'oubliait  rien  qu'une  race  entière. 
Ce  bon  savant,  ne  «avait -il  donc  pa«. 
Qu'à  ses  aieux,  par  autant  de  (combat», 
Les  Canadiens  (bis)  ont  tracé  la  fron- 

[tière? 


174 

Sans  le  «ecours  géuéreiix  de  la  P'raiice 
Dont  son  aieul  implora  la  vaillance,  ^ 

L'Américain,  «i  jaloux  du  Français, 
Eut  pu  chanter  la  gloire  des  Anglais.        -^ 
Race  ^hxonne,  à  son  amour  entière,    ,.„*^ii 
D'un  pôle  à  l'autre  aurait  pu  s'embri»gsër^-^ 
Et  se8  enfants  entr'eux  se  caresser  :) 
Car  ils  n'auraient  (67^)  jamais  eu  de^  ^**», 

[frontière.]^      J'i 

On  nous  offrit  un  jour  rindé})endHnco  ;    l 
Mais  du  congrès  8a«hant  l'intolérHiice, 
Le  Canadien,  fidèle  à  ses  drapeaux,;^  9^^ 
Sut  repousser  les  Grecs  et  leurs  cadeaux  ;   v 
Montgomerie  tt  sa  cohorte  entière 
Sous  nos  renjparts  trouvèreîit   leur   tom*    ' 

beau  ;  . 

Le  reste  fut  cha^î.^é  oomme  un   troupeau   - 
Et  peu  d'entre  eux  (bis)  revirent  la)     ,  • 

ffrontière-i     ^'* 


-t 


Dans  son  payi  qu'il   sauvait   à  l'empirt, 
Pour  récom penne,  on  Toulut  le  proscrir©  ; 
Pauvre  colon,  le  Canadien  toujours, 
Sous  les  mépris  à  prodigué  ses  jour»  ; 
Mais  quand  sonna  la  trompette  guerrière, 
Commt  tutrefoi»,  séduit  par  sa  valeur 
A  la  venp:eance  il  préféra  l'honneur  ; 
Salaberry  (bis)  sut  garder  la  frontière,  bii, 


175 

Pleins  de  Forgueil  que  la  richesse  inspire 
Nos  voisins  ont,  dans  leur  triste  délire, 
Mis  les  vertus  au  nombre  des  tyrans  : 
Ils  ont  pitié  de  nous,  gens  ignorans. 
Mai«  si  tu  veux  leur   faire   une  barrière, 
Peuple,  sois  bon,  pieux,  modest<^  et   gai, 
Oui,  sois  Français,   et,  comme   à    Chà- 

[teaugay. 
îîs  trouveront  (bis  encort  une  frontière. 

'l?      '  ""  7      J.  B.  Bonhomme. 


'  *:'--i  t 


CHANSON  PATKIOTIQUE. 

Air: — Brû  mt  d'amour  et  partant  pour 

la  guerre. 

Biches  cités,  cardez  votre  opulence  : 
Mon  pays  seul  a  des  charmes  pour  moi  : 
Dernier  asile  où  règne  l'innocence, 
Quel  pays  peut  se  comparer  à  toi? 

Dans  ma  douce  patrie, . 

Je  veux  finir  ma  vie; 
Si  je  quittais  ces  lieux  chers  à  mon  cœur, 
Je  m'écrirais:  j'ai  perdu  le  bonheur! 

Combien  de  fois,  à  l'aspect  de  nos  belles, 

L'Européen  demeure  extasié! 

Si  par  malheur  il  les  trouve  cruelles, 


176 

Leur  Bouvenir  est  bien  tard  oublié. 

Dans  ma  douce  patrie,     .    , , , ,;  .    > 

Je  veux  tinir  ma  vie;  ,  y,.  ,j^  ;;fc^j  ^Hk 
Si  je  quittais  ces  lieux  cliers  à  mon  cœur,  • 
Je  m'écrirais:  j'ai  perdu  le  bonheur! 


ii  ^  ■*^>\ 


Si  les  hivers  couvrent  nos  champs   a« 

glaceSi,;,^;  :  ;,.,.^  .  ,:::^.r-:^  :...•/:^.^::•;^.^- 
L'été  les  change  en  limpide»  courants,     ] 
Et  nos  bosquets  fréquentés  par  les  grftces 
Servent  encor  de  retraite  aux  amant». 

Dans  ma  douce  patrie,  ' ,     • 

Je  veux  finir  ma  vie; 
Si  je  quittais  ces  lieux  chers  à  mon  cœur, 
Je  m'écrirais:  j'ai  perdu  le  bonheur! 

Oh!  mon  pays,  vois  comme  l'Angleterre 
Fait  respecter  partout  ses  léopards  ; 
Tu  peux  braver  les  fureurs  de  la  guerre;  '' 
La  liberté  veille  sur  nos  remparts, 

Dans  ma  douce  patrie,  % 

Je  veux  finir  ma  vie; 
Si  je  quittais  ces  lieux  chers  à  mon  cœur, 
Je  m'écrirais:  j'ai  perdu  le  bonheur! 

A,  N,  MoRiM, 


177 
À  B AINT  JEAN-BAPTISTE.      • 

Noble  patron,  dont  on  chôme  la  fête 
Vois  tes  enfants  devant  toi  réunis; 
Sous  ton  drapeau  qui  flotte  sur  leur  tête, 
Que  par  ta  main  leurs  destins  soient  bésis 
Comme  un  signal  auquel  il  se  rallie. 
Le  Canadien,  t' adoptant  pour  patron, 

A  •      Parmi  les  peuples  prend  un  nom. 
Au  ciel  un  saint,  qui  pour  lui  veille  et  prie 


'.'    *t  *•'. 


Par  toi  conduits  au  Canada  sauvage, 
Quelques  Français  d'abord  l'ont  cultivé; 
Nous  tenons  d'eux  ce  brillant  héritage 
Par  eux  conquis  et  par  nous  conservé. 
En  rappelant  leur  mémoire  chérie, 
Le  Canadien,  retrouvant  son  patron, 

Parmi  les  peuples  prend  un  nom, 
Au  ciel  u»  saint,  qui  pour  lui  veille  et  prie 

Aux  jours  d'épreuve,  où  passe  toute  race, 
Dans  nos  esprits  tu  conservas  l'espoir, 
Et,  quand  de  morts  la  justice  fut  lasse, 
Pour  tout  calmer  tu  guidas  le  pouvoir. 
En  retrouvant  sa  première  énergie. 
Lt  Canadien  rend  grâce  à  son  patron, 

Et  pour  toujours  il  prend  un  nom. 
Au  ciel  un  saint,  qui  pour  lui  veille  et  prie 

F.  R.  Angers. 


178 
•  CHANT  DE  LA  HURONNE, 

Musique  pe  M,  Ebnest  Gagnon. 

Glisse,  mon  canot,  glisBe,  ^  ,., 
Sur  le  fleuve  d*azurT  ^  V  iî\ 
Qu'un  Manitou  propice  '    '  * 

A  la  fille  des  bois  donne  un  ciel  toujours 
pur! 

Le  guerrier  blanc  regagne  sa  chaumine;  ^ 
Le  vent  du  soir  agite  le  roseau,        - 
Et  mon  canot,  sur  la  vague  argentine,    ; 
Bondit  léger  comme  Toiseau.  ^ 

.  .-'-      .  ■  '  "     -     ■'*'■  '  '■*  ■'  :  V 

Glisse,  mon  canot,  glisse 
Sur  le  fleuve  d'azur!  :    i,"^  ' 

Qu'un  Manitou  propice       ïÎ  •  "^    : 
A  la  fille  des  bois  donne  un  ciel  toujours 
'     pur! 

De  la  forêt  la  brise  au  frais  murmure. 
Fait  soupirer  le  feuillage  mouvant; 
L'écho  se  tait  et  de  ma  chevelure 
L'ébène  flotte  au  gré  du  vent! 

Glisse,  mon  canot,  glisse 
"    Sur  le  fleuve  d'azur! 
Qu'un  Manitou  propice 
A  la  fille  des  bois  donne  un  ciel  toujours 
pur! 


J'-eu tends  lies  pa»  de  la  hiche  timide... 
Silence!.. .rite!  un  arc  et  mon  earquoii! 
Volez!  vole«î  ô  m»  flèche  rapide! 
Abattez  la  reine  de»  hoi»! 

r  ;    Gliswe,  mon  canut,  gHsse 

'     'Sur  le  fleuve  d'azur  î 

Qu'un  Manitou  propice 

A  la  fille  des  hoin  donne  un  ciel  toujours 
I         .  •    *    • 


pur! 


:  ^.^^-^^fiOrr^i^     J^^  JJ.  FliJECHETTl- 


CHANT  DES  CHASSE  r  ES. 


r>l?    SAINT-LOUIS, 

L'aube  luit  sur  nos  arme». 
Le  drapeau  flotte  au  vent. 
Le  clairon  des  alarmes 
Nous  appelle;  En  avant! 
En  avant! 


t,' 


En  avant!  narguons  la  mitraille 
Et  la  morgue  de  Tétranger. 
Voici  l'heur^  de  la  bataille: 
(Test  le  moment  de  nous  venger! 


180 

L*aube  luit  sur  nos  armes! 
Le  drapeau  ilotte  au  vent! 
Le  clairon  des  alarmes  -''"'^ 


Ci--^ 


.■*■ 


%''•*  ; 


Nous  appelle:  En  avant! 

":'<:./:        •   En  avant I    ^^^.^'^  ■  ■*'■  -•  ■  ' 

■•,.  "■:■!',-  ■....:.-,.  ..-.:■'      •■■ 

■  »*-•■■'■  -<  ■'"'/.-         A  .-''''  ■-  " 

En  avant!  que  l'ennemi  tremble  ' 
Devant  nos  légers  escadrons!  '^ 
Combattons  et  luttons  ensemble! 
Ensemble  nous  triompherons  ! 

.  L'aube  liât  sur  nos  armes! 
Le  drapeau  flotte  au  vent! 
Le  clairon  des  alarmes 
Nous  appelle:  En  avant  ! 

En  avant! 

,1  ■ .   ^  i '  ■  * 

Mais  si  la  victoire  rebelle 
Trompait  ses  fidèles  amis.......     ' 

Est-il  fin  plus  noble  et  plus  belle 
Que  de  mourir  pour  son  pays! 

L'aube  luit  sur  nos  armes. 
Le  drapeau  flotte  au  vent. 
Le  clairon  des  alarmes 
Nous  appelle:  En  avant. 
En  avant. 

L.  H.  Frechette. 


î  K  « 


fc;T 


^       LES  CANOTIERS. 

MUSIQUE  DE  M.  0.  LaVIOUIUK. 

Soulève  tes  rames    .  j', 

Mou  gai  matelot, 
'     Et  fait  sur  les  lames, 
':    Bondir  ton  canot 

Vois,  là  ton  amante,  ^^^^ 

Qui  te  suit  des  yeux...,  |;    ^  | 
— L'onde  était  charmante» 

Les  rameurs  joyeux. 

Sur  la  vague  molle,        '  '  * 
Effleurant  le  flot. 
Quand  ton  canot  voU^         f 
Hardi  matelot,  * '. 

En  cadence  chante 
Tes  refrains  si  vieux»  '   * 
— L'onde  était  charmante» 
Les  rameurs  joyeux. 

Bur  le  flot  qui  passe» 
Passe,  canotier. 
Voler  dani  l'espace, 
Quel  joli  métier! 
Pourtant  ia  tourn^enia 
Parfois  gronde  aux  cieuxl..^»» 
■—L'onde  était  charmante» 
L«s  rameurs  joyeux. 


■>,*--■ 


.:'V 


AlRï — Un  Jour  pur'éohiliutH  mon  âme, 

Jen«  cke^<îhe  qile  ta  gloire 
Et  ton  Ijoïilieuiv  0  iMoii  pa^s  ; 
Que  \eti  palme»  lïe  la  Yictoiie 
Couronnent  ïe  front  île  tes  fils. 
'   Jeune  guerrier,  l'amour  m'enHamme/ 

Mais  connaissez-Tous  mon  amour? 
Ahy  j'aime,  tu  te  sais,  mon  ftme,  (  r  • 
Ij9  soi  o»\  j'ai  reçu  îe  jour.  J    *^' 

Qtl^uu  autre  cliante  sa  folie 
Et  les  attraits  de  son  Iris, 
Moi  je  chantertfi  ma  patrie^ 
Elle  seule  aura  mes  r3urires; 
Je  veux  lui  eonservex  ma  âamma 
Et  lui  faire  à  jam^ais  ia  eonr.       • 
Oar  j'aim«  etc.  .^ 

FoUr  elle,  autrefois^,  (laus  le»  plaine» 
Nos  aieux  ont  vei'sé  leur  sang. 
Us  ont  su  rep<7us8er  les  chaînes; 
Moi,  je  veux  soutenir  leur  rang. 
Et  si  mon  pays  me  réclame, 
Je  saurais  périr  à  mon  tour. 
Car  j'aime,  etc. 

A.  G.  Là  JOIE. 


•^^^'  ►^..,  :■;:  ■ .  18B  -.. 


NOS  J0UR8  DE  GLOIRE, 

AïR  : — Nouvfau^    ^  :^  i 

Quand  nos  aieux  partaient  pour  les  com- 
bats, *  ,:■''. 
La  iorxie  et  le  courage 
Lei  précédaient,  guidant    toujouri   leur 

Au  plus  fort  de  carnage. 
Ils  ont  été  les  plus  braves  soldats  : 
Ils  nWt  point  su  s'éloigner  de  Torage; 
Et  Carillon,  Lacolle  et  Châteauguay 
Ont  pour  Jamais  consacré  leur  mémoirt, 
O  souvenirs  de  sublime  beauté  1 
Maii  où  sont-il»  les  jours  de  notre  gloire? 

Il  fut  un  temps  où  bientôt  nous  pensiouf 

Abattre  l'insolence 
De  cent  faquinc   que   nous   entretenions 

Oisifs  dans  l'opulence. 
Il  fut  un  homme  aux  yeux  des  nationi 
Qui  le»  flétrit  de  sa  mâle  éloquence. 
Que  de  lauriers  il  aurait  pu  cueillir  I 
Que  tu  fus  belle  alors,  ô  notre  histoire  I 
Et,  devant  nous,  quel  brillant  avenir  ! 
Mais  où  sont-ils  les  jours  de  notre  gUire? 

A  nos  malheurs  en  fùt-il  de  pareils, 
Le  jour  où  la  démence 


Seule  régnant  partout  dans  no«  conseils, 
Brisa  notre   puissance? 

Oh,   dites-moi,  où  sont  donc   les   soleils, 

Qui  nous  donnaient  jadis  tant  d'espé- 
rance, 

Ceux  qui  devaient  pj^r  leurs  sages  tra- 
vaux, ■  "■  '     '■""      '■  '•    -■>'■  '     ,  '  • 

Au  char  du  peuple  euchaîner  la  victoire? 

Ceux  qui  disaient  :  "Oh  !  nos  jours  se- 
ront beaux" 

Mais  oà  sont-ih  les  jours  de  notre  gloire? 

Pourtant,  courage,  enfants  de  mon  pays  ! 

Oh!  par  votre  vaillance,         - 
Toujours,  toujours  sovez  les    dignes   fils 

De  hv  Nouvefle- France.  , 
Courage,  espoir  I  Retrempons- nous,  amis, 
Et    malgré  tout   soyons   pleins   d'assu- 
rance^; ^  ti  ^st 
Ah  î  pour  gémir  ÎT  suffit  du  passe  I  ''  *     :  ' 
Nt  rêvons  cas  une  page  plus  noire. 
Et  puis,  qui  sait  si  le  destin  lassé 
N'amène    point  de   nouveaux  jours  dt 
gloire?  .   ., 


LES  FRANÇAIS  EX  CANADA. 

AïK  : — Vieux  françan. 

FilB  éloignés  d'une  même  patrie, 
Par  le  destin,  séparés,  dispersés. 
Noua  pleurions  tous  cette  mère  chérie, 
^a  vieille  gloire  et  no«  beaux  jours   pas- 

ses  t  ••  •  -  ■» 

Mais  dans  les  cieux   un   grand  nom  luit 

encore 
Sur  un  drapeau  par  un  aigle  emporté  ; 
Pour  nous  alors  l'étendard  tricolore)    ^^'^ 
Est  Tarc-en-ciel  de  la  fraternité  !     j 

A  l'exilé  sur  ses  plages  lointaines 

Qui  cherche  un  baume  à  de  vives  dou- 
leurs : 

"Mêlons  nos  pleures  et  partageons  nos 
peines," 

Lui  dirons  nous  en  montrant  nos  cou- 
leurs ; 

Des  vieux  -joldats,  des  fils  du  grand  em- 
pire 

Se  sont  unis  sous  un  nom  respecté  ! 

tour  leur  bannière  ils  ne  veulent  écrire 

Que  Bienfaisance,  Amour,  Fraternité  î...» 

Loin  du  pays  qui  nous  donna  la  vie, 
Nous  retrouvons  des  frères,  des  amis. 
Un  noble  sang  et  même  sympathie, 


186 

Des  souvenirs  par  not-  aieux  traufthiis  !  .. 
Jetons  ensemble  un  soupir  vers  la   P'ran- 

ce  !.., 
Disons  un  vœu  que  l'espoir  a  tlicté, 
Lorsque  vers  vous  tout  notre  cœur  s'élan» 

ce, 
Serrons  nos  mains  avec  fraternité  I 

Toi  dont  la  main  nous  jetait  tant  de  glol* 
re, 

Protège-nous  sous  l'abri  de  ton  nom! 

Le  temps  n'est  plus  qui  voulait  la  vic- 
toire, 

Notr*i  seul  but  est  la  paix,  l'union. 

Laissons  l'envie  i^ttaquer  la  bannière 

Qui  nous  guida  vers  l'immortalité;  . 

Pour  le  grand  homiiie  ayons  une  prière  I..i 

Et  parmi  nous  de  la  fraternité  I 

N.  AuBiK. 


L'AVENIR. 

Canada,  terre  d'espérance, 
Un  jour  songe  à  t'émanciper  ; 
Prépare-toi,  dès  ton  enfance, 
Au  rang  que  tu  dois  occuper; 
Grandi  sous  l'aile  maternelle, 
Un  peuple  cesse  d'être  enfant  î 
Il  rompt  le  joug  de  sa  tutelle, 


187 

Puis,  il  ne  fait  indépendant, 
O  terre  américaine, 
Soin  l'égale  des  rois  : 
Tout  te  fait  souveraine, 
La  nature  et  teiL  lois. 

Rougi  du  sang  de  tant  de  braves, 
Ce  sol,  jadis  peuplé  de  preux, 
Serait-il  fait  pour  des  esclaves, 
Des  lâches  ou  des  malheureux? 
Nos  pères,  vaincus  avec  gloire, 
N'ont  point  céder  leur  liberté  : 
Montcalm  a  vendu  la  victoire, 
Son  ombre  dicta  le  traité. 

0  terre  américaine, 

Sois  régale  des  rois  : 

Tout  te  fait  souveraine, 

La  nature  et  tes  lois. 

Vieux  enfants  de  la  Normandie, 
Et  vous,  jeunes  fils  d'Albion, 
Hennissez  votre  énergie, 
Et  formez  une  nation  : 
Un  jour,  notre  mère  commune 
S'applaudira  de  nos  progrès, 
Et  guide,  au  char  de  la  fortune, 
Sera  le  garant  du  succès. 
0  terre  américaine, 
S«is  l'égaie  des  rois  : 
Tout  te  fait  souveraine,' 
La  nature  et  tes  lois. 


188 

Si  quelque  ligue  osait  suspendre 
Du  sort  le  décret  éternel 
Jeunes  guerriers,  sachez  défendre 
Vos  femmes,  vos  champs  et  l'auteL 
Que  l'arme  au  hras  chacun  s'écrie  : 
*'  Mort  à  vous;  lâches  lenégats; 
**  Vous  immolez  vo^ire  patrie  ; 
*'  Vos  crimes  nous  ont  fait  soldats/ 

O  terre  américaine. 

Sois  Pégale  des  rois  : 

Tout  te  fait  souveraine, 

La  nature  et  tes  lois. 

Sur  cette  terre  encor  sauvage 
Les  vieux  titres  sont  inconnus  ; 
La  noblesse  est  dans  le  courage, 
Dans  les  t-aients,  dans  les  vertus.    . 
Le  service  de  la  patrie 
Peut  seul  ennoblir  des  héros  ; 
Plus  de  noblesse  abâtardie, 
Repue  aux  greniers  des  vassaux  ! 

O  terre  américaine, 

Sois  régale  des  rois  : 

Tout  te  fait  souveraine, 

La  nature  et  t68  lois. 

Mais  je  vois  des  mains  inhumaine* 
Agittr  un  sceptre  odieux, 
De  fureur  bouillonne  en  n«s  veines, 
L«  noble  sang  de  nos  aieux  ; 
Dans  les  forêts,  sur  les  montagne» 


189 

Le  bataillon  s'apprête  et  sort; 
La  faulx  qui  rasait  nos  campagne» 
Soudain  se  change  en  faulx  de  mort. 

0  terre  américaine. 

Sois  l'égale  des  rois; 

Tout  te  fait  souveraine, 

La  nature  et  tes  lois. 

F.  R.  Angers. 


LA  LIBERTE,  LE  PATRIE  ET 
L'HONNEUR. 

Air  : — Du  troubadour. 

O  Canadien,  qu'illustra  le  courage, 
Viens  à  ma  lyre  inspirer  de  doux  chanta  : 
Ton  nom  toujours  a  bravé  l'esclavage, 
Ton  bras  armé  fut  l'effroi  des  tyrans. 

Ta  voix  mâle  et  sonore 

Répéterait  encore 
Ce*  mots  sacrés  que  te  redit  ton  cœur  : 
La  liberté,  la  patrie  et  l'honneur  ! 

Aimant  la  paix,  fuis  lec?  yeux  du  sicaire 
Qu'un  fer  en  main,  on  lâche  contre  nous  ; 
Mais  si  jamais  un  pacha  téméraire 
Vient  à  braver  les  lois  et  ton  courroux 

Ta  voix  mâle  et  sonore, 

Soudain  répète  encore 


Ces  mots  sacrés  que  te  redit  ton  cœur  : 
La  liberté,  la  patrie  et  l'honneur  1 

Quoi  1  voudrais  tu,  «ur  le  sol  de  tes  pères» 
Dans  la  poussière  ensevelir  ton  front  ?... 
N'entenas-tu  pa»  gémir  leurs  cimeterres, 
Et  leurs  os  bruire  aux  champs  de  Ca- 
rillon ? 

Mais  non  !  ta  voix  sonore 

Soudain  répète  encore 
Ces  mots  sacrés  que  te  redit  ton  cœur  ; 
La  liberté,  la  patrie  et  Thonneur  ! 

Salaberry    conquit  par  sa  vaillance 
Ceux   qui   juraient  d'ensanglanter    no» 

champs  ; 
Mais  Papineau  sait  par  son  éloquence 
Rompre,  au  sénat,   les   projets   des   me-  ^ 

chants.    • 

Ta  voix  mâle  et  sonore 
Va  répéter  encore 
Ces  mots  sacés  que  te  redit  ton  cœur  : 
La  liberté,  la  ])atrie  et  l'honneur  !  * 

Ce  noble  cri  i»artout  se  fait  entendre; 
Le  peuple,    enfin,    veut    reprendre    set 

droits.  - 
Un  an  commence  où  plus  d'un  trône   en 

cendre, 
En  s'éteignant  ^  fera  j^Alir  les  rois. 


191 

A  cet  heureux  présage 
Que  promet  un  autre  âge, 

Peuples,  chantons  ces  mots  chers  à  mon 
cœur  : 

La  liberté,  la  patrie  et  l'honneur  1     * 


NAPOLEON.      . 

Il  dort  !  ce  héros  dont  la  gloire 
Verra  la  fin  de  l'avenir  ! 
Il  dort  !  on  entend  la  victoire 
Le  rappeler  par  un  soupir. 
,  Tous  avec  moi  versez  des  larmes. 
Guerriers  que  respecta  la  mort; 
Car  vous  direz,  posant  vos  armeg  : 
Il  dort  !  il  dort  ! 

Il  dort,  hélas  !  il  faut  le  dire, 
Pour  ne  se  réveiller  jamais  ! 
rll^dortj^et  Clio  va  redire 
Quel  fut  pour  lui  le  nom  français. 
Oui,^ce  beau  nom,  vous  dira-t-elle, 
Pourrait-être  terrib.e  encor... 
Mais  le  héros  que  je  rappelle, 
Il  dort  !  il  dort  ! 

Il  dort  et  sa  tête  repose 

Sur  des  laurier'6  dus  au  vainqueur. 

Il  dort  et  son  ;ipothéose 


192 

Se  grave  au  temple  de  l'honneur. 
Tous  avec  moi  versez  des  larmes, 
Guerriers  que  respecta  la  mort; 
Car  vous  direz,  posant  vos  armes  : 
11  dort  !  il  dort  I 

X.  Aubin. 


LA  CHANSON  DU   BON  PASTEUR. 

Bons  habitants  du  village, 

Prêtez  l'oreille  un  moment. 

Ma  morale  est  douce  et  sage. 

Et  toute  de  sentiment. 

Vous  saurez  bien  me  comprendre: 

C'est  mon  cœur  qui  parlera. 

Quand  vous  pourrez,  venez  m'entendrc, 

Et  le  bon  Dieu  vous  bénira. 

Un  soldat  (|ue  le  froid  glavoe, 
Le  soir  vient-il  à  pas  lents, 
Voup  demander  une  place, 
Près  de  vo^  foyers  brûlant»  ; 
Sans  connaître  la  bannière 
Sous  laquelle  il  s'illustra, 

Vite,  ouvrez  lui  votre  chaumière.^ 

Et  le  bon  Dieu  vous  bénira. 


De  vos  g<^rb«s  si  noiubreuics. 
Pour  moi  ne  détachez  rien. 
VoK  fumillcp  sont  licureUMes: 
Leur  boiheur  suffit  au  mien: 
Ménagez  votr«  abondance 
Pour  celui  qui  pâtira  • 
Parez  la  dîme  à  l'indigence. 
Et  le  bon  Dieu  vous  bénira. 

Loin  des  cendre?  de  ^a  mère, 
Chez  vous  un  pauvre  exilé 
Dévorait  sa  peine  amère: 
V^ers  lui  Dieu  Ta  rappelle. 
Qu'importe,  si  sa  prière 
Delà  vôtre  dift'éra  ? 
Priez  pour  lui,  c'est  votre  frère, 
Et  le  bon  Dieu  vous  bénira. 


JE  CHANTER AL 

[Que  çerait  notre  vie, 

Sans  !e  charme  touchant 
ID'une  douce  harnionia 

Et  d'un  gracieux  chant  ? 
[Voyageur  sur  la  terre. 

Fatigué  du  chemin^ 
[uand  je  chante  j'espère, 

Oubliant  le  chagrin. 


194 

Un  contretemps  m'arrête  ; 

Faut- il  me  rebuter  ? 
A  vaincre  j«  m'apprête, 

Et  sais  encore  chanter. 
Raniment  mon  courage, 

Le  chant  est  à  mon  cœur 
Ce  qu'est  au  vert  l  oc  âge 

Du  matin  là  fraîcheur. 

La  gentille  alouette, 

Le  rossignol  des  bois, 
La  caille  et  la  fauvette 

Font  ri'sonner  leur  voix, 
l'an  s  l'air,  dans  la  prairie. 

J'aime  leurs  chants  joyeux; 
Aussi  toute  la  vie, 

Je  veux  chanter  comme  eux. 

Ch.  Lami 


LE  BAEU  DUNOIS. 

Air  : — Vhymenee  nous  rassemble. 

Partant  pour  la  Syrie, 
Le  jeune  et  beau  Dunois 
Venait  prier  Marie 
De  bénir  ses  exploits. 
Faites  reine  immortelle, 
Lui  dit- il  en  partant. 
Que  j'aime  la  plu?  belle,      )  ,  • 
Et  sois  le  plus  vaillant.       J 


Il»:) 


Il  trace  sui  hi  pierre 

Le  serment  de  l'lioni:eur, 

Et  va  suivre  à  la  guerre 

Le  comte  son  seigneur. 

Aux  nobles  vœux  fidèle, 

Il  dit  en  combattant  : 

''Amour  à  la  plus  belle,         )  , . 

'^Honneur  au  plujs  vaillant,   f    "* 

"Je  te  dois  la  victoire, 
"Dunois  dit  son  seigneur; 
"Puisque  tu  fais  ma  gloire, 
"Je  ferai  ton  bonheur. 
"De  ma  fille  Isabelle 
"Sois  l'époux  à  l'instant: 
"Car  elle  est  la  plus  belle, 
"Et  toi  le  plus  vaillant."  (bis.) 

A  l'autel  de  Marie 
Ils  contractent  tous  deux 
Cette  union  chérie 
Qui  doit  les  rendre  heureux. 
Chacun  dans  la  chapelle 
Disait,  en  le  voyant. 
"Amour  à  la  plus  belle  ! 
T'Honneur  au  plus  vaillant  !(6ti) 


196   , 

LE  RETOUR  DE  L'HIRONDELLE. 

Air  :  Des  Roses  aux  rosiers^  ou   Demande 

a  la  brise. 

0  toi  !  rneKsagère  fidèle, 
Qui  nous  annonce  les  beaux  jours, 
Vi«ns-tu,  fugitive  hirondelle, 
Du  pays  oi\  sont  mes  amour? 
Avec  toi,  de  son  long  voyage 
Mon  Julien  devait  revenir  (bis.) 
Dis-moi  :  sur  un  lointain  rivage, 
A-t-il  gardé  mon  souvenir? 

Seul,  éloigné  de  la  patrie, 
L'as  tu  vu  rêver  à  récart? 
Son  âme  s'eit-elle  attendrie 
Quand  il  salua  ton  départ? 
T'a-t-il  parlé  de  la  colline 
Qui  de  tieurs  va  se  revêtir. 
De  nos  frais  sentiers  d'aubépin* 
A-t-il  gardé  le  souvenir? 

As-tu  vu,  coquette,  élancée,    . 
Sa  corvette  fendre  Us  flots? 
Sur  ses  mâtii,  t'es-tu  reposée 
Pour  écouter  len  matelots? 
Au  milieu  des  chants  d'espéranc« 
Qui  s'ejçhalent  commt  un  soupir, 
Julien,  en  pensant  à  la  France, 
A-t-il  gardé  mon  souvenir? 


\^7 

Oiseau  chéri:v  dans  ton  langage, 
Viens-tu  m'annoncer  le  bonheur? 
Mais,  de  mes  yeux,  est-ce  un  nairage^ 
Une  illusion  de  mon  cœn  •? 
Là-bas,  à  l'horiEon,  «î^'avance 
Un  vaisseau  qui  semble  grandir  ; 
Il  porte  avec  lui  l'espéran<*e. 
Que  ramène  le  souvenir. 


STANCES   A  L'OCEAN. 

Large  horizon,  solennelle  étendue, 
Immensité  des  ondes  sans  repos, 
Combien  de  fois,  ma  pensée  éperdue, 
S'est  élancée  au-delà  de  tes  flots  î 
Combien  de  fois  les  nuits  où  tu  te  lèves, 
Quand  jusqu'aux  cieux  tu  portes  ta  fu- 
reur  

Je  sais  venu  contempler  sur  tes  grèves 
De  tes  effort  l^nrtmense   et  sombre  hor- 
reur, [bis.] 

Les  soirs  bénis,  noble  mer,  vaste   plaine, 
Sur  tes  flots  verts  jetant  la  pourpre  et  Por, 
Tu  sai£,  ô  mer,  rester  calme  et  sereine, 
Pour  recevoir  le  soleil  qui  s'endort 
Î5t  dan»  tout  temps   te   retrouvant   plus 
belle) 


19b 

Grande  en  ton  calme  et  grande   en    ton 

courroux, 
A  mon  esprit  Dieu  pour  toi  se  révèle)  ^^.^ 
Et  à  tes  pieds  je  tombe  à  ses  genouxf 

Combien  de  fois  tu  brisas  dans  Torage 
Le  lourd  vaisseau  qui  revenait  vainqueur 
Le  lendemain,  sous  un  ciel  sans  nuage, 
Tu  caresiais  la  barque  du  pécheur. 
Ah  !  si  je  perds  la  foi  qui  nous  anime, 
Âh  i  si  du  ciel  mon  cœur  avait  douté..... 
Je  reviendrai»  sur   te&    bords,     mer  su- 
blime, [bi8.\ 
Pour  entrevoir  encor  l'éternité. 

Lamartine. 


L'ANGE  GARDIEN. 

MELODIE, 

AîK  :  Viem,  belle   nuit,  on   Si   les  f^leun 

parlaient. 

Ange  gardien,  béni  sur  cette  terre, 
Vois  cet  enfant  qui  t'implore  à  genoux. 
Pour  que  ta  voix  élève  sa  prière 
Vera  le  Très-Haut.  Ton  seul   Maître  est 
si  doux. 


199 

Que  (le  l'enfant  il  voit  couler  les  larmes, 
Et  que  son  cœur  ne  peut  refuser  rien  ; 
Pour  eet  enfant,  sur  terre  plus  de  charmes 
Sèche  ses  pleurs,  oh  !  bon  ange  gardien  î 

Comme   un   roseau,  lorsque  le  vent  le 

brise, 
En  gémissant  il  supporte  les  coups 
j)e  son  destin,  qui  n'offre  pour  devise 
A  Torphelin  rie  n  de  tendre  ou  de  doux  ; 
Le  pauvre  enfiini,  dans  sa  douleur  amère, 
S'adresse  à  Dieu,  son  unique    soutien  ; 
Mais  s'il  pleurait,  en  songeant  à  sa  mère, 
Sèche  ses  pleurs,  oh  !  bon  ange  gardien  I 

L'ange  veillait  chaque  jour  sur  son  âme, 
Mais  la  tristesse  ifti  jour  brisa  son  cœur, 
Et  lui  ravit  tout,  ju.squ'à  cette  flamme 
Qu'on  nomme  espoir,  ©t   fait   croire   au 

bonheur. 
Des  chérubins  il  a  rejoint  Ja  troupe, 
Abandonnant  son  terrestre  lien, 
Car  de  la  vie  il  a  brisé  la  coupe, 
Entre  les  bras  de  son  ange  gardien. 


I 


2m 
PERTVITS  BANS  T>A    MONTAGNE. 

Air  :-—  de  Maure  et  captive. 

Frère^  écoute  (lan><  la  montagne 
La  tempête  sème  le  deuil, 
Et  la  neige,  sur  la  cairtpagrie, 
Et«nd  }mrtt>ut  son  blanc  linceuL 
Stuls,  égarés,  loin  du  village, 
Hélas  !  qu'allons-nous  devenir 

Allons,  ma  sopur,  reprends  courage, 
Prions  Dieu  de  nous  secourir. 

Entends  notre  prière, 
Mou  Dieu,  veille  aur  nous, 

Apaise  ton  courroux,  (tns) 
Ta  rends-nous  notre  mère, 

Motre  mère  !.,.    ♦ 

Soui  le  tieux  toit  oui  notre  enfance 
Ne  connut  jamais  les  douleurs, 
Su!r  nous,  en  proie  à  la  souffrance, 
Notre  mère  verse  des  pleurs. 
A  ces  pensera  mon  front  se  penche  ; 
Mais,  quel  bruit  vient  de  retentir  ? 
Prions,  ma  sœur,  c^est  l'avalanche 
Qui  roule  et  peut  nous  engloutir, 
Entenas  notre,  etc. 


201 

Déjà  la  ïiuit  aux  soin  bien  voile», 
Cache  à  nos  yeux  l'étroit  sentier } 
Le  ciel  est  noir  et  sans  étoiles, 
Je  ne  vois  plus  que  le  glacier. 
J'ai  froid,  j'ai  peur,  car  de  l'orage 
La  grande  voix  mugit  plus  fort  ; 
Et  le  vent  terrible  en  &a  rage, 
Sur  noâ  pas  entraîne  la  mort. 
Entends  notre,  etc. 

Comme  toi,  l'espoir  m'abandonne, 
Ma  pauvre  sœur  il  faut  mourir. 
Vois,  la  neige  qui  tourbillonne, 
Tous  deux  bientôt  va  nous  couvrir. 
Mais  non,  la  main  de  Dit^u  nouH  guide, 
Ma  sœur,  vois-tu,  vois-tu,  là-bas? 
C'est  le  chalet,  où,  l'œil  humide, 
Notre  mère  nous  tend  lee  bras. 

Dieu  bon  et  tutélaire, 
Que  ton  nom  soit  béni  : 
Ton  pouvoir  infini 
Nous  rend  à  notre  mère. 


202 
LA  8(EUK  DE  CHAFITK. 

AlK  ; — Lamez  Un   roses  aux  roUers, 

Leii  vetix  incïinés  vers  la  terre. 
Lorsque  bu  pensée  est  au  ciel, 
Quel  est  cet  ange  tutélaire. 
Précieux  don  de  l'Etsrnel? 
Sur  son  front  où  brille  la  grâce)   *  * 
Nos  regards  lisent  la  bonté,     J     *^' 
Mortel»,  découvons-nous  quand  passe 
La  bonne  sœur  de  charité  \his] 

^' 
Pour  ce  qui  souflire,  tendre  et  bonne, 
Quelle  sublime  mission  ! 
Aux  filles  du  pauvre  elle  donne 
Les  bienfaits  de  l'instruction. 
Versant  une  douce  parole 
Sur  le  cœur  du  déshérité, 
De  tout  chagrin  elle  console, 
La  bonne  sœur  de  charité. 

De  l'affligé  humble  servante, 
Sans  se  plaindre,  on  la  voit  toujours^ 
Où  gémit  la  clasde  indigente, 
Prodiguant  d'utiles  secours. 
Lorsqu'au  chevet  de  la  souffrance 
Elle  porte  espoir  et  santé, 
Seul,  c'est  le  ciel  qui  récompense 
La  bonne  sœur  de  charité. 


203 

Pour  vivre  à  jamais  dans  l'histoire, 
Pour  tous  il  est  fait  certain  : 
QuMci-bae  la  plus  belle  gloire 
Est  de  secourir  son  prochain. 
Penseurs,  que  le  monde  contemple, 
En  défendant  l'humanité, 
Toujours  imitez  par  l'exemple, 
La  bonne  ?œur  de  clariét. 


LA  PART  A  DIEU. 

LEGENDE 

Air  :  du  Mendiant. 

Un  soir,  un  baron  d'Aquitaine, 
Célébrait  la  fête  des  Rois, 
Quand  au  seuil  de  son  beau  domaine 
Soudain  retentit  une  voix  : 
Oh  î  noble  seigneur,  diftaitelle, 
Au  pauvre  qui  demande  un  peu 
Pour  apaiser  sa  faim  cruelle, 
Donnez,  donnez  la  part  à  Dieu. 

Refrain  : 

Que  me  fait  ta  souffrance, 
Que  me  fait  ton  chagrin. 
Dit  le  baron  plein  d'arrogance, 
Va,  mendiant,  suis  ton  chemin. 


204 

Le  vent  est  froid,  la  nuit  bien  sombre, 
Répond  la  voix  en  sangb^tant  j 
Mes  pas  vont  s'égarer  dans  l'ombre. 
Laissez-moi  m'assoir  un  instant. 
La  neige  au  loin  couvre  la  terre, 
Je  suis  «ans  logis  et  sans  feu, 
Pour  adoucir  ma  peine  amère 
Ah  !  donnez  moi  la  part  à  Dieu. 
Que  me  fait,  etc. 

Au  ciel  il  n'est  pas  une  étoile, 
Le  givre  frappe  les  vitraux, 
J'ai  froid,  car  un  sarreau  de  toile 
Couvre  mon  corps  de  ses  lambeaux  ; 
Laissez-moi  doUv',  je  vous  en  prie; 
Prendre  une  place  auprès  du  feu, 
Seigneur,  pour   soutenir  ma  vie. 
Ah  !  donnez-moi  la  part  à  Dieu. 
Que  me  fait,  etc. 

Oh  I  toi  qui  refuse  l'aumône, 
Répond  alors  le  mendiant, 
Souviens-toi  qu3  celui  qui  donne 
En  Dieu  se  montre  confiant. 
Mais  puisqu'on  voyant  ma  misère 
Ton  cœur  reste  sans  charité, 
Sois  donc  maudit  sur  cette  terre, 
Sois  maudit  pour  l'éternité. 


V 


205 

Pardonnez  mon  offense  ; 
Voiri  du  pain,  du  feu, 
Dit  Je  baron,  plus  de  «ouflrance, 
A  vous,  frère,  la  part  à  Dieu. 


LE  BAISER  DU  SOIR. 

Air  de  la  Fee  aux  aiguilles  ou  de  Roses 

ou  Rosier^ 

Frère,  un  jeune  cœur  qui  s'envole 
Vers  l'aride  foI  de  Paris 
Est  une  fleur  que  s'étiole 
Loin  de  ses  ombrages  chéris. 
L'absence  est  un  mortel  supplice. 
Et  notre  mère  au  désespoir, 
Ne  pourrait  plus  sur  ton  front  liesse 
Déposer  le  baiser  du  soir. 

Là  bas,  si  la  vie  est  moins  dure. 
Ici,  le  maternel  amour, 
Frais  comme  un  tapis  de  verdure 
Tempère  l'ardeur  d'un  long  jour. 
Quand  l'ombre  descend  sur  la  plaine    , 
Et  qu'au  foyer  tu  viens  t'asseoir, 
Pour  te  faire  oublier  ta  peine 
N'as-tu  pas  le  baiser  du  soir? 


20() 

Non,  tu  n'iras  pay,  ô  niun  frère, 
Quand  tu  reviendrais  tout  joyeux, 
Peut-être  qu'un  glas  funéraire 
Aurait  attristé  ces  beaux  lieux. 
Tu  reviendrais  riche;  (qu'importe? 
Si  tu  n'avais  pu  recevoir 
Les  adieux  qu'un©  mère  emporte 
Dans  le  dernier  baiser  du  soir. 


JE  VOUDRAIS   NE   PLUS    ME   SOU- 
VENIR. 

AtR  :  Viens ^   belle   nuit,  ou  Si  les  Fleuré 

parlaient. 

Loin  du  pays  où,  frappé  par  l'orage, 
J'ai  vu  s'enfuir  mes  rêves  d'autrefois, 
Triste,  exilé.  ])leurant  sur  ce  rivage, 
Vers  vous,  mou  Dieu,  j'ose  élever  la  voix. 
Quand  à  mes  yeux  le  passé  se  dévoile, 
Pour  l'oublier  et  penser  à  mourir, 
Sur  ma  mémoire  étendez  un  long  voile, 
Ah  I  je  voudrais  ne  plus  me  souvenir  I 

Dans  ces  grands  bois,  quand  la  brise   lé- 
gère, 
En  fte  jouant,  caresse  mes  cheveux, 
Je  l'interroge  en  peiisant  à  ma  mère, 


207 

Qui,  pour  son  fils,  implore  en  vain  les 
cieux. 

Mail  rien,  hélas  1  ne  trouble  le  gilence, 

Rien  que  mîi  voix,  qui  dit  dans  un  sou- 
pir : 

Vous  n'êtes  pas  les  briyef  ae  la  France  ! 
Ah  !  je  voudrais,  etc. 

Buissons  fleuris,  formée  de  lauriers  rosesi. 
Où  tout  le  jour  chantent  les  colibris. 
Champs  diaprés,  où  mille  fleurs  colosc», 
Cachent  aux  yeux  de  mystérieux  nids,  ^ 
En  vous  voyant  mon  âme  est   attendrie  ; 
Mai^,  je  le  sens,  je  ne  puis  vous  chérir; 
Vous  n'êtes  pas  les  fleurs  de  m«  patrie  ! 
Ah  !  je  voudrai  s.  etc. 

Autour  de  moi,  quand  tout  chante  et  s'a- 
nime, 
Je  crois  entendre  une  voix  du  pays 
Me  répétant  cette  chanson  intime 
Qui  me  berçait,  sous  mes  pauvres  lambris 
Maiîs  c'est  un  rêve...  et  ma  douce  croyan- 
ce 
S'évanouit    en  me  laissant  souffrir: 
Non,  rien  ne  vient  me  parler^de  la  Fran- 
ce ! 
Ah  !  je  voudrais,  et<'. 


20S 

PETITS  OISEAUX,  CHANTEZ 
TOUJOURS 

0  MELODIE. 

SoUH  un  berceau  garni  de  vert  feuillage 

J'aime  à  rêver,  ma  lyre  a  de  doux   sons  ; 

Sylphes  chanteurs,  votre  tendre  ramage 

Vient  m'apporter  des  airs  pour  mes 
chansons. 

Dans  vos  palais  faits  de  fraîche  verdure, 

La  liberté  respiie  les  amours  ; 

Par  vos  doux  cliants  égayez  la  nature. 

Petits  oiseaux,  chantez,  chantez  tou- 
jours. (6fx.) 

Souvenez- vous  les  soins  de  votre  mère, 
Rendez  hommage  à  votre  Créateur, 
Il  éloigna  de  vous  mainte  chimère 
En  vous  donnant  Tamour,   le   vrai  bon- 
heur. -^  • 
Laissez,  laissez  l'injuste  créature. 
L'âme  sensible  aime  vos  gais  discours  ; 
Par  vos  doux  chants  égayez  la  nature. 
Petits     oiseaux,   chantez,    chantez   tou- 
jours. (Z'/à) 

Lorsque  l'hiver  étend  sa  main  glacée, 
On  n'entend  plus  les  chants   mélodieux  ; 
Vers  le  néant  la  nature  est  poUî?séô 


El  rhurizon.  <eiiible  mystérieux. 

Mai»  au  printemi)S  tout  reprend  «a  pa- 
rure, 

Vous  revenez  dans  voh  vianty  séjours; 

Par  vo»  doux  chants  égayez  la  nature. 

PetitH  oiBcaux,  chantez,  chantez  tou- 
jours, (-^td.) 


DOUX  SOUVENIRS  DE  MON 
VILLAGE. 

PASTOKALE. 

Air;  Laissez  les  roses  aux  rosiers. 

Combien  j'ai  douce  souvenance 
Du  beau  pays  où  je  suis  né  ! 
Alors,  de  mon  espiègle  enfanco 
Chaque  jour  était  fortuné. 
Maintenant  que,  bri«é  par  l'âge, 
Je  pense  à  tout  C(  que  j'aimais, 
Doux  souvenir  de  mon  village, 
Je  ne  vous  oublierai  jamais. 

Tout  près  de  l'humble  presbytère. 

Asile  d'un  bon  vieux  ^uré, 

Je  vois  le  petit  cimetière 

Où  je  devais  être  enterré  ; 

Puis  le  grand  chêne  au  vert  feuillage 


210 

Sur  lequel  je  cherchais  des  nid». 
Doux  souvenir»  de  mon  village, 
0  ooinbien  vous  êtes  bénis, 

Je  vois  mon  chaume  au  toit  champêtre 
Se  découpant  sur  un  ciel  bleu, 
Puis  la  prairie  où  j'ai  vu  naître 
L«s  fleurs  que  créa  le  bon  DijiU, 
Qu^l  était  beau,  ie  paysage 
Où  je  guidais  mes  premiers  pas, 
Poux  souvenirs  de  mon  village, 
0  combien  vous  avejç  d'appas. 

Près  d«  la  rustique  chaumière 
Où  le  sort  plaça  mon  berceau,  , 
Je  vois  1a  petite  rivière 
Qui  serpente  au  bas  d'un  coteau  ; 
Son  onde  pure,  à  son  passage, 
Semblait  chanter  sur  les  cailloux  : 
Doux  souvenirs  de  mon  village, 
O  combien  vous  me  semblez  doux, 

A  la  moisson,  sous  les  faucilles, 
Je  vois  tomber  nos  blés  touffus, 
Et  les  pjty saunes  gentilles 
Dans  les  sentiers  marcher  pieds  nus, 
Puis  le  petit  bois  dont  l'ombrage 
Etait  propice  aux  amoureux. 
Doux  souvenirs  de  mon  village, 
Combien  vous  me  rendez  heureux  ! 


211 
S  Al  AIT!  .SALTT? 

r 

*■  KAMANCK. 

Je  te  revois  6  nxni  village 
Où  a'écoulèrtnt  les  beaux  jouri 
De  mon  insouciant  jeune  âge 
Dont  je  nie  souviendrai  toujours. 
Vieux  cloch**r  de  notre  humble  églist 
Qui  s'élève  droit  vers  les  oieu^, 
Sur  ton  vieux  toit  d'ardoise  grise 
Où  chantent  les  moineaux  joyeux  1 

r-  ' 

Salut.,  wilut!!  ô  n}es  vertes  campagnei 
Je  vous  revois  toujours  fleuris, 
Ruisseau  qui  coule  au  pied  de  nos   mon- 
tagnes 

Kl)  murmurant  sous  tes  charmants  abris! 
0  mes  vertes  campagnw, 
Salut,  salut  î 

Je  vais  revoir,  ô  douces  fêtt^s, 
Mes  grands  bœufs  au  regard  si  doux 
Les  beaux  nids  dressés  dans  les  faîtes 
Des  hauts  chênes  et  des  vieux  houx  ; 
Mon  chien  Rustaud,  ami  fidèle, 
Qui,  veillant  sur  mes  jeunes  ans, 
Avec  moi,  dans  l'herbe  nouvelle 
Mêlait  ses  jeux  chaque  printemps  ? 
Salut,  saint  !  etc. 


212 

Voici  là-bas  mon  toit  de  chaume 
Que  dore  un  reflet  de  i-oleil, 
Où  sous  la  treille  qui  l'embaume 
Le  pinson  chante  a  son  réveil. 
Mon  cœur  tressaille  d'espérance. 
En  songeant  au  bonheur  promis 
Qu'après  une  aussi  longue  absence 
Je  vais  recevoir  parents,  amis  ! 
Salut,  salut  !  etc. 


L'ORPHELINE  DE  LA  ROCHE. 

MELODIE. 

Errant  un  jour  sur  la  moniagne 
Une  orpheline  au  front  rêveur, 
Disait  tout  bas  :  rien  n'accompagne 
L'enfant  perdu,  dans  son  malheur  I 
Oui,  j'ai  grandi,  sans  qu'une  mère 
Vienne  un  seul  jour  baiser  nûon  front, 
El  mon  âme  dans  sa  prière 
Ne  peut  même  dire  son   nom  ! 

Tendres  échos,  portez  lui  ma  pensée 
Et  dites  bien  aux  éehos  d'alentour, 
Que  sur  la  roche  où  je  fus  délaissée 
Jt    l'attendrai,     jusqu'à    mon    dernier 
jour  !  {bis.) 


0 


•2U 

Sur  terre,  hélas  !  pauvre  isolée  1 
Tout  me  rappelle  ma  douleur, 
Et  les  enfant!*  de  la  vallée 
Ne  m'appellent  jamais  leur  soeur  ! 
L'oiseau  dans  son  nid  de  verdure 
Qui  se  balance  sous  l'ormeau 
Semble  me  dire  en  son  murmure, 
Oui  je  n'ai  pas  même  un  berceau  ! 
Tendres  échos,  etc. 

Dites-lui  bien  que  sans  caresse 
L'enfant  se  meurt  désespéré; 
Mon  cœur  a  droit  à  sa  tendresse; 
J'ai  tant  soutîert  !  j'ai  tant  pleuré  ! 
Et  si  là-haut,  ange  et  njartyre, 
Elle  est  auprès  de  l'Eternel, 
D'ici  j 'attende  son  doux  sourire  ; 
Ne  8uis-je  pas  plus  près  du   ciel  I 
Tendres  échos,  etc. 


LE  CHIEN  DE  L'AVEUGLE 

'  ROMANCE. 

* 

La  neige  tombe  et  la  bise  est  cruelle. 
Mon  pauvre   chi«n,  tu  dois   avoir  bien 

froid. 
J'ai  beau  racler  ma  vieille  ritournelle, 
Chacun  s'éloigne  ei  nul  ne  songe  à  toi. 


)f  • 


214 

Je  vais  redir*  encor  cette  romance, 
Qui  nous  valut  jadis  tant  de  gros  soiïs  ; 
Peut-être   alors     aurons-noo»     plus     de 

chance, 
Vers   les    passant»    tourne   tes   yeux   si 

doux  î 

(Avec  sentiment.) 

Tends  ta  sébille,  6  mon  pauvre  canicht, 
Et  sur  ce  pont  restons  jusqu'à  ce  soir  ; 
Si  la  recette  en  rentrant  n'est  pas  riche^ 
Noua  nous  partagerons  un  morceau)   ^^^ 

[pain  noir.f 

Te  fouviens  tu  de  nos  jours  de  bataille, 
Où  nous    avons  tous  les  deux  bien   eou 

vent 
Bravé  sans  peur  de»  torrents  de  mitrail 

le? 
On  Rappelait  le  chien  du  régiment. 
Depuis  longtemps  mes  yeux  à  la  lumière 
Se  sont  fermé»,  mais  je  bénis  mon  sort; 
Je  n'ai  pas  vu  sur  la  France  ma  mère, 
S«  déployer  l'étendard  de  la  mort  l 
Tenas  ta  sébille,  etc. 

Qu'ai-je  entendu?  dans  ma   pauvre  cas 

sette 
Vient  de  tomber  une  piftce  d'argent. 
QuHl  seit  béni  celui  qui  me  la  jette. 
II  te  carresse...  6  ciel  I  c'est  un  enfant  I 


215 

Que  le  nialhenv  ne  brise    pas  sa  vie, 

Qu'il  voie  un  jour  triompher  son  dra- 
peau, 

Et  revenir  dans  la  mère-patrie. 

Chaque  Finançais  exilé  du  hp„meali. 

Rentrons  chez  nous,  viens  mon  pauvre 
caniche, 

Car  en  pain  blanc  s'est  changé  lo,  paitt 
noir, 

Grâce  à  l'enfant  notfe  sébille  est  riche^ 

Bénissons-le,  tout  deux  nous  dine 


rons  ce   soir 


"[  hU, 


L'ANGE  DE  LÀ  BIENFAISANCE. 

Rayon  de  la  douce  harmonie 
Dont  les  accents  charment  le  ciel 
Et  sur  les  maux  de  cette  vie 
Répandent  le  baume  et  le  miel! 
Qui  chassant  la  douleur  amère, 
Revêt  d'un  prisme  fortuné 
La  couche  de  la  pauvre  mère 
Et  la  crèche  du  nouveau-nè. 
C'est  l'ange  de  la  bienfaisance 
Qui  calme  ici-bas  les  douleurs! 
C*est  cet  ange  dont  la  présence 
Cache  les  larmes  sous  les  âeui^s!    (&ts«) 


210 

Quand  sur  le  sol  de  la  patrie 
L'oragB  grond©  avec  fureur, 
Que  le  travail  et  l'industrie 
S'arrêtent  glacés  de  terreur! 
Avec  ceux  que  le  malheur  frappe, 
Qui  dans  cet  instant  solennel, 
Vient  dans  u  le  touchante  agape 
Partager  le  pain  fraternel? 
C'est  Fange,  etc. 

Quand  l'hiver  au  pas  homicide 
Sur  la  terre  sème  le  deuil, 
Du  vieillard,  indigent,  timide, 
Qui,  sans  témoins  franchit  le  seuil? 
Qui,  sans  attendre  sa  prière, 
Lui  rend  la  vie  et  la  chaleur. 
Et  fait,  sur  son  heure  dernière, 
Refléter  l'éclair  du  bonheur? 
C'est  l'ange,  etc. 

Bel  ange  à  chevelure  blonde, 
Pour  nous  tu  descendis  des  cietix; 
Bien  longtemps  encor  sur  ce  monde 
Prodigue  tes  dons  précieux; 
Grâce  à  toi  l'abondance  brille 
Grâce  à  tes  présents,  les  mortels 
FBrment  une  heureuse  famille 
Dont  tous  les  cœurs  sont  les  autels! 


217 

Bal  ange  de  la  bienfaisance, 
Qui  viens  pour  calmer  les  douleurs! 
Reste  avec  nous,  car  ta  présence 
Cache  les  larmes  sons  les  fleurs!    (bis.) 


ALSACE  ET  LOERAINE. 

France  à  bientôt!  car  la  sainte  espérance 
Emplit  nos  cœurs  en  te  disant:  Adieu! 
En  attendant  l'heure  dô  délivrance, 
Pour  l'avenir  nous  allons  prier  Dieu. 
Nos  monuments  où  flotte  leur  bannière 
Semblent  porter  le  deuil  de  ton  drapeau. 
France,  entends-tu  la  dernière  prière 
De  tes  enfants  couchés  dans   leur  tom- 
beau? 
Vous  n'aurez  pas  l'Alsace  et  la  Lorraine, 
Et,  malgré  vous  nous  resterons  français. 
Vous  avez  pu  germaniser  la  plaine. 
Mais  notre  cœur  vous  ne  l'aurez  jamais. 

Eh  quoi  !  nos  fils  quitteraient  leur  chau- 
mière 
Et  s'en  iraient  grossir  vos  régiments! 
Pour  égorger  la  France,  notre  mère. 
Vous  armeriez  le  bras  de  ses  enfants! 
Ah!  vous  pouvez  leur  confier  des  armes, 


•218 

C'est  contre  vous  qu'elles  leul'  sarviront, 
Le  jour  où  las  de  voir  couler  nos  larmes, 
Pour  nous  venger  leurs  bras  se  lèveront 
Vous  n'aurez  pas,  etc. 

Ah!  jusqu^au  jour  où,  drapeau  tricolore, 
Tu  flotteras  sur  nos  murs  exilés, 
Frères,  étouffons  la  haine  qai  dévore 
Et  fait  bondir  nos  cœurs  inconsolés. 
Mais  le  grand  jour  où  la  France  meurtri© 
Reformera  ses  nouveaux  bataillons, 
Au  cri  sauveur  jeté  par  la  patrie, 
Hommes,  enfants,  femmes  nous  répon- 
dront: 

Vouîn  n'aurez  pas  l'Alsace  et  la  Lorraine, 
Et  malgré  vous  nous  resterons  français* 
Vous  avez  pu  germaniser  la  plaine, 
Mais  notre  cœur,  vous  ne  l'aurez  jamais! 


LE  REVE  DU  MOUSSE. 

L'air  était  fr©id,  ma  mère; 
Oh!  comme  il  était  froid! 
La  brise  était  amère 
Sur  la  flotte  du  roi. 
Mais  au  fond  de  mon  âme, 


Dans  (les  Mots  de  soleil, 
Marseille  au  yeux  de  liamm© 
Réchauffait  mon  sommeil; 
Lorsqu'une  blanche  fée, 
De  vos  voiles  coiffée, 
M'appelle  au  fond  de  l'eau: 

Bonjour,  ma  mère;  oh!   que   mon  rêve 
était  beau. 

** — Viens,  disait  votre  image, 

L'eau  seule  est  entre  nous. 

Trop  vite  ton  jeune  âge,   • 

A  quitté  mes  genoux, 

Viens,  que  je  berce  encore 

Tes  rêves  de  printemps; 

Les  flots  en  font  éclore 

Qui  nous  calment  longtemps!...." 

Et  mon  âme  étonnée 

Se  réveille  entraînée 

Par  les  baisers  de  l'eau. 

Bonjour,  etc. 

* 

La  flotte  dans  les  ombres 
En  silence  glisse  ; 
Avec  ses  ailes  sombres 
Mon  vaisseau  s'effaça... 
Sous  sa  lamp  pieuse, 
.    Sans  cesser  de  courir, 
La  lune  curieuse 
Me  regardait  niourii*. 


220 

Je  n'avais  plus  de  plainte; 
Trois  fois  ma  voix  éteinte 
S*évanonit  dans  l'eau... 
Bonjour,  etc. 

C'en  était  fait  du  mousse, 
Mèr«,  sans  votre  voix; 
Sa  clameur  forte  et  douce 
Me  réveilla  trois  fois. 
Sous  les  vagues  profondes 
Nageait  en  vain  la  mort: 
Vos  deux  bras  sur  les  ondes 
Me  poussaient  vers  le  port, 
Et  votre  âme  en  prière 
Semait  une  lumière 
Entre  1«  Ciel  et  l'eau. 
Bonjour,  etc. 


MON  VILLAGE. 

Air  :  — Batelier,  dit  Lisette^ 

Combien  je  te  regrette, 
Beau  ciel  de  mon  pays, 
Et  toi,  douce  retraite. 
Que  toujours  je  chéris I 
Soleil  qui  fait  éclore 


•       221 

Les  trésors  de  l'été, 
Dois-tu  me  rendre  encore 
La  vie  et  ma  galté? 

Une  erreur  trop  commune 
Egara  ma  raison; 
Je  rêvais  la  fortune 
Et  l'éclat  d'un  vain  nom; 
Mais  aujourd'hui,  plus  sage, 
D'un  ragard  attendri. 
Je  cherche  mon  village 
Et  mon  premier  ami. 

Vers  cette  haureuse  terre 

Qui  me  ramènera? 

La  repose  ma  mère; 

Mon  ami  m'attend  là. 

O  pensers  pleins  de  charmts! 

Endormez  ma  douleur, 

Et  vous,  coulez,  mes  larmes, 

Et  soulagez  mon  cœur. 

Une  fleur  étrangère, 
En  de  tristes  climats, 
Sur  sa  tige  légère 
Cède  au  poids  des  frimas. 
Jeune,  ainsi  je  succombe, 
Faible  comme  la  fleur. 
Ici,  je  vois  la  tombe; 
Là-bas  est  le  bonheur. 


222      , 

Je  veux,  dès  nuui  aurore, 
Surpris  d'un  froid  mortel, 
Me  réchauffer  encore 
Au  foyer  paternel. 
Chaque  jour  ma  patrie 
Charme  mon  souvenir. 
Là,  commença  ma  vie; 
Là,  je  veux  la  finir. 


LES  DEUX  ExNFANTS  DU  PECHEUR 

Notre  père  est  parti. 

Pour  que  Dieu  nous  le  rende, 
Frère,  prions,  prions  à  deux  genoux  ; 

Sa  barque  est  si  petite, 

Et  la  mer  est  si  grande  î 
Seigneur,  Seigneur,  daigne  le  accourir. 

Contre  recueil,  contre  l'orage, 
Seigneur,  daigne  le  secourir  ; 
S'il  ne  revient  pas  au  rivage. 
Tout  deux  il  nous  faudra  mourir. 
Frère,  vois  ce  point  dai.s  l'espace, 
Ce  point  que  nous  montre    Peclair... 

— Hélas  !  c'est  un  oiseau  qui  passe, 

Qui  passe  disparait  dans  l'air. 
Notre  père  est  parti,  etc  ^ 


</•» 


Depuis  que  notre  pauvre  mère 
Parmi  les  anges  remonta, 
Seul  près  de  nous,  douleur  amèro  ! 
Notre  bon  père  nous  resta, 
Frère,  vois  ce  p,oint  dans  l'espace  ; 
Frère  vois- tu  à  l'hrizon? 
— Héla»  !  ce  n'est  qu'un  blanc  nuage  ; 
Qui  fuit  au  gré  de  l'aquilon. 
Notre  père  est  parti,  etc. 

Ses  filets,  sa  barque  fragile  : 
Voilà  notre  unique  trésor; 
Sa  cabane  est  le  seul  aaile 
Où  toujours  nos  fèves  sont  d'or. 
Frère  qu'apporte  cette  lame? 
Du  retour  est-ce  un  précurseur? 
— Hélas  !  elle  apporte  une  rame 
Et  les  vêtements  d'un  pêcheur. 
Silence 


BONSOIR,  PETITE  ETOILE. 

Pendant  qu'au  pied  de  ma  couchette 
J'adresse  ma  prière  à  Dieu, 
Là-bas,  agitant  son  aigrette, 
Mon  étoile  brile  au  ciel  bleu. 
De  fî'on  disque  d\>r  un  sourire 
Se  détache  et  voie  vers  moi. 


224 

Son  doux  rcigard  semble  me  dire  : 
Dors  en  paix,  je  veille  pur  toi. 

Petite  étoile, 

Que  chaque  soir 

Au  ciel  sans  voile 

J'aime  A  revoir, 

Bonsoir,  bonsoir, 
Petite  étoile,  petite. 

Bonsoir  !  ' 

Après  le  baiser  de  n)a  mère, 
Rien  nVst  doux  à  mon  (Meur  d'enfant 
('omme  un  rflvt)n  de  ta  lumière. 
O  mon  bel  astre  ét'ncelant! 
Par  toi,  tant  de  charnuintes  chose, 
La  nuit  enchante  mon  repos 
Tant  de  rêves,  d'images  roses 
Voltigent  sous  mes  blancs  rideaux  ! 
Petite  étoile,  etc,' 

Es-tu,  dis-moi,  fille  de  l'ombre, 
L'étoile  chère  aux  matelots, 
Qui  dirige  dans  la  nuit  sombre 
Le  navire  errant  sur  le  flots? 
Est  ce  toi  (jue  Dieu  fit  paraître, 
Pour  guider  les  mages  pieux 
Vers  l'étable  où  venait  de  naître 
Le  Sauveur  envoyé  des  cieux? 
Petite  étoile,  etc. 


22.i 

Ecoute,  (lit  Hvec  mystère 
Une  voix  qui  venait  d'en  haut: 
Je  suis  un  nnge  solitaire, 
Un  rayon  du  divin  tianibeau. 
C'est  moi  qui  viens  prendre  ton  âme. 
Quand  le  sommeil  ferme    t«8  yeux. 
Et  sur  mes  deux  ailes  de  flamme,      • 
l>'emporte  ;iu  séjour  des  heureux, 
retite  étoile   etc. 


LA  FKANCE  IMMORTELLE. 

MELODIE. 

Des  nations  on  te  vit  la  première 

A  l'ignorance  arrncher  le  bandeau  ; 

En  tout  pays  tu  portas  la  lumière 

Et  le  triotnphe  aecueillit  ton  drapeau. 

Sur  toi  le  ciel  fixa  toutes  les  gloires, 

Ton  auréole  éblouit  l'univers, 

Et  tu  fus  grande  alors  dans  tes  victoire»  ; 

Sois  aujourd'hui  sublime  en  tes  revers. 

0  noble  France  ! 

Sous  lîi  «souffrance. 
Ne  laisse  pa-^  ton  grand  cœur  défaillir 

Libre  d'alarmes, 

Sèche  tes  larmes, 
Mon  beau  pays,  tu  ne  dois  pas  mourir  bit. 


226 

Il  vint  une  h*îure,  heure  où  la  confiance. 
Que  t'inspirait  un  légitime  orgueil 
Voilà  te»  yeux  sur  l'horrible  vengeance 
D'un  ennemi  qui  préparait  ton  deuil. 
De  tes  enfant»  une  immense  hécatombe 
Ensanglanta  notre  sol  dévasté; 
Mais  CCS  héros  descendus  dans  la  tombe 
Ont  pris  l'essor  vers  l'immortalité. 
O  noble  France,  etc. 


Après  ces  jours  voués  aux  funérailles, 
Jours    douloureux  couverts   d'un  voile 

épais, 
N'évoque  pas  Finstant  des  représailes, 
Mets  à  profit  les  loisirs  de  la  paix. 
Donné  le  calme  à  ton  âme  ulcérée, 
Aux  cœurs  français  rends  l'espoir  et  l'ar- 
deur ; 
Par  le  travail  forte  et  régénéiée. 
Tu  reverras  ta  gloire  et  ta  splendeur. 
O  doble  France,  etc. 


227 
LE  MONTAGNARD  EMIGRE» 

HOMANCE. 

Conihii^ii  j'ai  douce  souveuaiiee 

Du  joli  lieu  de  ma  naissance: 

Ma  sœur,  qu'ils  étaient  beaux  ces  jours 

De  France  !" 
O  Jiom  pays  !  sois  me*  amours. 

Toujours. 

Te  souvient  il  que  notre  mère, 
Au  foyer  de  notre  chaumièro. 
Nous  pressait  sur  son  cœur  joyeux, 

Ma  chère  î 
Et  nous  baisions  ses  blancs  cheveux 

Tout  deux. 

Ma  sœur,  te  souvient- il  encore 
Du  château  que  baignait  la  Dort, 
Et  de  cette  tat\t  vieille  tour 

Du  More, 
Où  l'airain  sonnait  le  retour 

Du  jour? 

Il  te  souvient  du  hic  tranquill© 
Qu'effleurait  l'hirondelle  agile, 
Du  vent  qui  (M)urbait  le  roseau 

Mobile, 
Et  du  soleil  couchant  sur  l'eau 

Si  beau. 


228 

Te  souvient-il  de  cette  amie, 
Tendre  compagne  de  ma  vifc? 
Dans  les  boin  en  cueillant  la  fleur 

Jolie, 
Hélène  appuyait  sur  mon  cœur... 

Son  cœur. 

Gh  !  qui  me  rendra  mon  Hélène, 

Et  ma  montagne  et  mon  vieux  chêne  ? 

Leur  souvenir  fait  tous  les  jours 

Ma  peine. 
Mon  pays  sera  mes  amours 

Toujours. 


LE  PETIT  MOUSSE. 

Je  ne  suis  qu'un  petit  mousse 
A  bord  d'un  vaisseau  royal  ; 
N'importe  où  le  vent  me  pousse, 
Nord  ou  sud,  tout  m'est  égal. 

Refrain. 

Car  d'un  père  ou  d'une  mère, 
Je  n'ai  point  connu  l'amour  î 
Ni  personne  sur  la  terre 
Ne  m'attend  à  mon  retour,  (bis.) 


229 

Quand  la  voile  pousse  nti  large. 
Le  vent  se  met  a  Honfïler  : 
On  entend  grt>nder  l'orage, 
A  terre  ils  veulent  aller; 

Refrain. 

Car,  d'un  i)ère  ou  d'une  mère 
II»  ont  tous  connu  l'amour; 
Mais  personne  sur  la  terre 
Ne  m'attend  à  mon  retour,    (bis.) 

Quand  la  mer  entre  en  furie, 
Je  vois  les  fiers  matelots, 
A  genoux  priant  Marie 
De  les  préserver  des  flots  ; 

Refrain. 

Car,  d'un  père  ou  d'une  mère^ 
Ils  ont  tous  connu  l'amour  ; 
Mais  personne  sur  la  terre 
Ne  m'attend  à  mon  retour     (bia.) 

Quand  la  lune  nous  éclaire, 
Qu'une  étoile  brille  aux  cieux. 
Je  songe  à  ma  bonne  mère. 
Les  pleurs  coulent  de  mes  yeux  ; 

Refrain.  ^ 

Car,  c'est  au  ciel  que  j'espère 
Te  trouver,  père  d'amour, 
Là  peut-être,  ô  bonne  mère, 
Tu  m'attends  à  mon  retour  [6m.J 


230 
PI  K RUE  ET  PAUL. 

f-'HANT  CATHOLIQUE. 

Air: — Franee  a  bientôt. 

IIh  sont  coutl  es  tous  deux  sur  ta  pouss- 
ai ère^ 

Fière  cité  de  la  gloire  et  des  arts  ! 

ï^iirs  noms  gravés  sur  ton  niitrbre  et  ta 
pierre  t^ 

♦>nt  éclipsé  le»  noms  de  tes  César^ 

Ils  ont  vaincu  ton  paganisme  immonde. 

Et  détrôné  tes  rois»  te.-?  dieux  pervers. 

O  Pierre,  ô-  Paul,  6  conquérants,  du  mon- 
de, 

Votre  triomphe  a  sauvé  l'univers  !    [6ia.] 

Tous   deiïx    partis  des    vieux   murs    d^e 

Solyme 
Après  la  moi't  du  Sauveur  des  humaini, 
Ils  ont  porté  son  étendard  sublime 
Sur  tous  les  point»  et  par  tous  les  chemi  ns 
A  Rome  eivnn,  leur  parole  féconde 
&*unit  et  tonne,  ébranlant  les  enfers^ 

0  Pierre,  6  Paul,  etc. 

Frappez,  tyrans  !  frappez  sur  vos  victime» 
Chacun  des  coups  que  vous  leur  assenei 
Multiplîra  les  croyants  inagnanimea^ 


2:U 

Qui  lasseront  vo8  bouneaux  acharnés, 
Pour  leur  soutien,  la  grâce  sur  abonde, 
Et  par  torrentf<,  pleut  des  cieu>    entre'oU 

verts. 

0  Pierre,  6  Paul,  etc. 

L'àbbk  leox  CHEMIîr. 


LA  TOMBÉ  IGNOREE. 

Quelque  part,  je  sais  où,  près  d'une  sau- 
le qui  pousse. 

Ignoré  du  soleil)  quand  le  printemps 
sourit, 

tin  tombeau  que  quelqu'un  a  cherché 
dans  la  mousse 

Laisse  voir  sur  sa  croix  que  nul  nom 
n'e«t  inscrit. 

Personne  que  je  sache,  à  genoux  sur  U 
pierre, 

N'est  Venu,  Vers  le  soir,  y  prier  en  pleu- 
rant ; 

Mais  Un  ange  descend,  sans  doute  avec 
mystère, 

Dans  ce  lieu,  quand  le  jour  s'abat  triste 
et  mourant, 


Ijes  fl<^urs  n  y    vivent  pas  et    la  mort    ne  * 
recueil  le. 

Pour  moisson,  que  le  foin   ohblié  du  fau- 
cheur. 

C'est  à  peine,  l'cté,  si  parfois  un«  feuille, 

Tristt  larme  du   saule,  y   tombe   eonune 
un  pleur  ! 

Je  Bui»  allé  revoir  cette  ti)niî>e  ij^norée  ; 
Et  seul,  quand  j'ai  voulu   retrouver   le 

chemin, 
Quelqu'un  était    debout,  en   défendant 

l'entrée  ^ 
C'était  l'oubli,  pensif,  et  le  front  dans  la 

main. 

Anonyme, 


LES  CLOCHEB  DU  SOIR. 

Quand  les  cloches  du  soir,  dans  leur  leii' 

te  volée, 
Feront  descendre  l'heure,  au  fond   de   la 

Tallée  î 
Quand  tu  n'auras  d'ami  ni  d'amour  pré» 

de  toi. 

Pense  à  moi.  {hia.) 


\và 


Car  les  oloclies  du  soir,    avec   leur   voix 

sonore, 
A  ton  cœur  «olitaire  iront  parler  encore, 
Et  Tair  fera  vibrer  ces  mots  autour  de  toi, 
Aime-moi  !  (bis.) , 

Si  les  cloches  du  soir  réveillent  tes  alar- 
mes, ' 

Demande  a\i  temps  ému  qui  passe  entre 
nos  larmes, 

Le  temps  dira  toujours   qu'il  n'a    trouré 
que  toi, 

Près  de  moi  !  (bis.) 

Quand  les  cloches  du  soir,  si  tristes  dans 
l'absencs, 

Tinteront  sur  mon  cœur  ivre   de  ta   pré- 
sence, 

Ah  î  c'est  le  chant   du  ciel   qui  sonnera 
pour  toi. 

Et  pour  moi  !  [6**r.] 


LK  MARIN. 

Quand  le  soir,  à  bord,  ils  chantent 
Leur  mille  refrains  joyeux, 
Ces  refrains  qui  les  enchantent 
Me  font  triste  et  soucieux. 
Mais  quand  IMtoile  se  lève, 


2M 

Fleurant,  Dieu  nren  est  t^iiioin, 

Au  lieu  de  chanter  je  rêve 

A  ma  mère,  elle  est  si  loin  !    [his.] 

Au  signal  d'une  bataille 
Pour  moi  le  fer  va  briller  ; 
Au  milieu  de  la  mitraille, 
Enfant  je  suis  le  premier. 
Quand  même  ardeur  nous  rassemble 
Pleurant,  Dieu  m'en  est  témoin, 
Le  cœur  me  bat  et  je  tremble         ^   ^ 
Pour  ma  mère,  elle  est  ^i  loin  î  (his.) 

Quand  en  mer  près  de  nous  passe 
Allant  en  France  un  vaisseau, 
Pour  le  suivre  dans  l'espace 
Je  porte  envie  à  l'oiseau.    ^  ,: 

Comme  il  va  dans  ma  patrie 
Pleurant,  Dieu  m'en  est  témoin, 
Je  fui  jette   un    mot  et  prie 
Pour  ma  mère,  elle  est  si  loin  !  [bis.] 
^  Anonyme. 


COMPLAINTE  DES  VIEILLES 
.FILLES. 

Quand  j'étais  jeune  et  gentille, 
Je  voyais  foule  d'amants  ; 
Mais  aujourd'hui,  vieille  fille, 
Fis  sont  tous  indifférents. 


2Kb 

Ki  po\n'tHnt,  pour  me  procliiire, 
•le  faip  tout  ce)  que  jp  peux, 
J'offre,  demande  et  «oupire, 
Me  retapant  de  mon  mieux. 

Accoudée  à  la  fenêtre, 
Tous  les  dimanches  au  soir, 
Je  regarde  si  peut-t^  iC 
Quelqu'un  entrera  me  voir. 
Àperçois-je  un  veuf  qui  passe, 
Un  garçon  qui  vh  veiller, 
Je  dis  d'un  air  plein,  de  grâce  ; 
Mais  entrez  donc  babiller. 

Pour  rien,  sans  cesse  je  gronde, 
C'est  là  mon  tempérament; 
J«  critique  tout  h-  monde 
Excepté  moi  seulement. 
Je  ne  parle  et  ne  babille, 
Que  pour  noicir  le»  absents  ; 
Ma  langue  est  comme  une  étrille 
Sur  le  dos  des  braves  geni. 

Quand  je  chante  en  compagnie, 

Installée  au  piano, 

Je  ne  parle  pas,  je  crie, 

Pour  rendre  mon  chant  plus  beau  ; 

Je  me  pâme,  je  grasseille, 

J- embrouille  tant  mon  français, 

Qu'on  se  demande  k  l'oreille  : 

*'Mais  chante- t-elle  en  anglais." 


23l. 

Hélas  !  ine-s  cheveux  grisonnent, 
Des  sillons  rident  ma  peau, 
Dents  et  couleurs  m'abandonnent, 
Et  mon  cloi»t  est  sans  anneau  I 
Pourquoi  m 'être  si  rebelles? 
Manqué -je  le  mointlre  bal. 
Une  des  modes  nouvelles, 
Un  seul  soir  du  carnaval? 

J'aime  qu'on  dise:  Madame 
Devant  les  maris,  les  vieux; 
Mais  devant  qui  cherche  femme 
"Mademoiselle"  vaut  mieux. 
Lorsque  à  souper  l'on  m'invite^ 
Je  mange  avant  le  repas, 
Et  je  dis  à  table  ensuite  : 
*'0h  !  je  ne  prends  presque  pas  !" 

Pour  réparer  le  dommage 
Que  m'ont  causé  ^^ quarante  ans^* 
Je  me  farde  le  visage, 
Et  porte  ileUrs  et  rubans. 
Si  quelque  longue  vilaine 
Cherche  quel  âge  j'ai  pris  : 
'^Mais  je  n'ai  que  la  vingtaine, 
Depuis  quinze  ans  je  le  dis." 

Je  fais  tantôt  la  ^^geateuse"^ 
Quand  je  vois  quelque  garçon, 
Et  tantôt  la  précieuse 
Pour  avoir  plus  de  façon. 


237 

J'affecte  une  voix  gentille, 
Des  tons  et  des  airs  mignons, 
Je  me  dresse  et  me  '^ tortille^' 
En  murchani  sur  les  talons. 

Et  puis,  s'il  faut  vous  le  dirt , 
J'en  ai  de  la  piété, 
C'est  au  point  que  je  soupire 
Pour  être  en  '^ Communauté.''^ 
Et  celle  que  je  préfère 
■   Serait  de  deux  seulement, 
OÙ  je  m'appellerais  "7«è?'e" 
Et  ferais  le  règlement. 

* 
Je  vais  .souvent  à  la  messe, 

surtout  pour  voir  marier; 

Et  deux  fois  je  me  confesse 

Avant  de  communier. 

Pour  marcher  encore  plus  vite 

^  Vers  mon  saint  avancement, 

Soir  et  matin  je  médite 

Qu'il  me  manque  un  sacrement. 

Mais  j'ai  beau,  d'une  voix  tendre 

Inviter  et  supplier, 

Personne  ne  veut  me  prendre, 

Et  je  reste  à  marier. 

Ah  !  qu'ilt^  ont  l'ame  inhumaine 

De  me  laisser  tant  pAtir  ! 

Je  vais  ilonc  rester  à  ''graine^' 

Martyre  et  vi^rge  mourir!.... 


2:kS 

Puisqu'il  \ï\'^i  pluH  d'espérAUeep 
J«  veux  m'en  (lécloinmiic:»îr  ; 
Dt  joncs,  bagues,  alliances. 
To«8  mes  doigta  vont  k«  chargorN 
J'aimerai  nui  blanche  "chatte^' 
Et  mon  cher  beau  petit  chien 
C'est  chose  pas  mal  ingrate. 
Mai»  c'est  toujours  mieux  cjue  ritn. 


CANADA  !  BELLE  PATRIE  \     ' 

Canadiens,  venez  vous  joindre 
A  l'ombre  de  vos  drapeaux  ! 
A  notre  ciel  je  vois  poindr» 
L'aube  de  jours  les  plus  beaux  ! 

Refrain. 

('anada  !  belle  Patrie  ! 

Bi  rceau  de  nos  jeunes  ans  ! 

En  ce  jour  ta  voix  chérie  •     \  , . 

Parle  au  cœur  de  tes  enfants. f 

A  l'accord  qu'on  voit  paraître, 
Tout  noble  cœur  applaudit; 
Le  vieillard  se  sent  renaître. 
Et  la  jeunesse  grandi*.. 
Re.focain  etc  • 


^f  I  •  ' 

Le  transport  qui  nous  aninie 
Doit  passer  à  nos  neveux. 
C'est  un  sentiment  sublime, 
Qui  nous  vient  do  nos  aieux. 
Refrain,  etc. 

Patrie  !  au  joiya  de  l'orage 
Quand  tu  verras  le  danger. 
Tes  enfants  pleins  do  courage 
S'armeront  pour  to  venger  ! 
Refrain,  etc. 

Lorsque  le  canon  résonne 
Chacun  sourit  de  bonheur, 
A  sa  voix  le  sang  bouillonne 
Et  réchauffe  notre  cœur  ! 

Refrain^   etc.  ' 


LE  SOLDAT. 

Au  cri  d'appel  de  la  Patrie, 
Nous  quittonçi  tout  pour  la  servir, 
Et  pour  elle  il  faut  qu'on  oublie 
Tous  les  rêves  de  l'avenir. 
Ici  les  combats  et  h\  gloire 
La-bae  famille  et  le  repos. 
Amis,  courons  à  la  victoire  ; 
C'est  le  chemin  de  nuî^  hameaux. 


Le  tambour  but,  le  cliiiiou  sonne; 
Vite  courons  à  notre  rang. 
Le  feu  commeni'e,  l'airain  tonne 
La  voix  du  chef  crie  :  ''En  avant  î  " 
Ici  les  combats,  etc. 

Que  le  pays  d'espoir  tressaille  ! 
Fidèle  à  l'honneur  du  ilrapeau, 
L'armée  a  gagné  la  bataille  ; 
Remettons  i'épée  au  fourreau. 
Ici  les  combats,  etc. 

Liberté,  honneur  et  patrie  : 
Voilà  le  prix  de  tout  combat. 
De  revoir  sa  mère  chérie  ! 
C'est  là  ce  que  veut  le  soldat. 
Adieu^es  combats  et  la  gloire  ! 
Vivent  famille  et  le  repos  ! 
Amis,  célébrons  la  victoire 
Qui  rend  la  paix  à  nos  hameaux. 

Camille  Pkny. 


LA  JEUNE  MOURANTE.       . 

Regarde  !  ainsi  que  cette  rose  blanche 
Ma  joue  est  pâle  et  mon  regard  languit  ! 
Comme  elle   aussi    mon  jeune  front   se 

penche  : 
Fuyons  le  juur  et  recherchons  la  nuit. 


Car  je  ief?se*iL<  qu'une  ^oulî'raiioe  auièr« 
Voile  mon  cœur  luahule  et  «oucieux. 
Dans  mon  exile,  je  souffre  sur  la  terre  ! 
Adieu  '  ma  nu'^ve.  au  revoir   dans   les   ci- 

eux  !  ^ 

VoiH  de  plus  près«  cette  riche  parure 
Dont  étaient  fiers  et  le  monde  et  le  bal, 
Où  Pou  vantait  ma  grâce  et  ma  tournure; 
Tout  me  déplaît  ;  sourire  me  fait  mal  î 
Je  porte  envie  au  vol  de  la  colombe. 
Au  lac  qui  dort  pur  et  silencieux  ! 
Je  porte  envie  à  la  feuille  qui  tombe. 
Adieu  î  ma   mère,  au  revoir  dans  les    ci- 
eux  î 

Ah!  né  crains  plus  pour  ta  fille  chérie 

Cet  avenir  qui  faisait  ton  effroi. 

Je  me  dérobe  aux  pièges  de  la  vie. 

Où  tu  tremblais  de  me    laisser  eans^toi. 

Là  haut  du  nioins  jfî  niareherai  tranquil- 
le,       -  ' 

Comme  éclairée  au  flambeau  de  tes  yeux. 

Dans  mon  malheur,  je  souftrc  sur  la  ter- 
re, 

Adieu  !  ma  mère,  au  revoir  dans  les  ci- 
9UX  ! 


242 
LES  ADIEUX  DU  MARTYR. 

Frères;  aditu  !  la  foule  impatiente 
Dtmandt  au   cirgue   un   spectacle   nou- 
veau. 
Je  vais  tomber  sur  l'arène  sanglante, 
Mais  en  tombant  prier  pour  mon   bour- 
reau. 
Je  vous  attends  où  notre  zèle  aspire,      ^ 
Ivre  de  gloire  et  d'immortalité  !  '> 

Dieu  Tout-Puissant,  couronne     .  )  | 

mon  martyre,  >•  bia.j 

Pour  moi  du  ciel  ouvre  l'éternité  !)         ■^- 

Ils  m'avaient  dit,  dans  leur  fureur  impie, 
II  faut  briser  tes  autels  au  mourir. 
Peuple,  à  ce  J'itu  j'ai  consacré  ma  vi©,, 
Tu  peux    la  prendre  et  uon  pas  la  flétrir. 
Malgré  tes  cris,  en  souriant  j'expire. 
Car  le  trépas  c  est  la  félicita. 
Dieu  Tout- Puissant  couronne,  etc.[6i8] 

Ft  cependant  au  séjour  de  la  terre, 

Me  rattachaient  plus  d'un  tendre  lien. 

J'ai  vu  tes  pleure^,  mais   pardonne,   ô  ma 
mère, 

Le  monde  est  mort  dans  l'âme  d'un  chré- 
tien. 

Ton  fils  n'est  plus,  mais   au    divin    Eni-| 
pue 


24>> 

Nous  nuus  verrou fc- et  pour  rëteniit<^',     * 
Car  le  Seigneur  couronna  mon  iïiart>'r^ 
Et  j'entrevois  la  i^éleste  clairti  ! 


LES  PEINES  DU  PETIT  ECOLIER. 

Qu'on  est  heureux  d'être  à  votre  âge, 
Me  dit  souvent  un  bon  vieillard  ; 
D'accord,  mais  ce  bel  avantage. 
D'où  vient  qu'on  le  prône  si  tard  1 
Leçons,  devoirs  «t  par  centaines, 
Voilà  notre  pain  journalier! 
Ah!  vraiment  on  a  bien  des  peines,)   ,  • 
Quand  on  est  petit  écolier.  ) 

Je  voudrais  tout  faire  à  ma  tête, 
Le  maître  ne  veut  pas  céder  : 
De  là  toujours  quelque  tempête* 
Où  ma  ressource* -est  de  bouder.  i 

Quand  je  voudrais  tenir  leh  rèneg, 
Sous  la  règle  il  me  faut  plier. 
Ah  !  vraiment,  etc. 

Contre  le  couroux  de  mon  père, 
Parfois  trop  prompt  à  corriger, 
J'avais  les  larmes    d'une  mère 
Pour  m 'absoudre  et  me  protéger. 


244 

SÊjji  m'échappe  ici   des  fredainos, 
Pour  moi  qui  voudra  supplier  î 
Ah  I  vraiment,  etc. 

Pourtant,  malgré  tant  dt^  misères, 

Je  mangft,  dors,  m'amu&ie  bien  ; 

îît  s'il  est  dcs  jours  moins  prospères, 

Le  soir,  il  n'y  parait  plus  rien. 

En  ce  cas,  on  a  moins  de  peines,)   i  • 

Quand  on  est  petit  écolier  !  \ 

W.  Mareau. 


LA  BARQUE   DE  PIERRE. 

Esquif  divin,.ne  crains  pat  les  naufrages^ 

Ton  nautonnier  enchaine  les  autans 

Toujours  à  flots  dix-huit  siècles  d'orages 
T'ont  vu  braver  les  plus  noirs  océans. 
Et  de  nos  jours  si  la  vague  écum^ante    . 
Blanchit  ton  flanc  dans  sa  vaine   fureur, 
L'œil  du  Seigneur  te  sui\  dans   la  tour- 
mente. 
Sa  main  conduit  ton  aviron  vainqueur. 

Généiareth,  par  une  nuit  profonde, 
Vit  sur  son  lac  que  le  vent  agitait, 
Quflques  pécheurs  à  la  merci  de  l'onde, 


245 

Dans  une  bnr(|ue  oà  J.^sii-'*  sommeillait, 
n  sommeillait^  mais  remi>lide  tendresM 
Son  cœur  veillait  suv  leur   esquif  trem- 
blant. 
Soudain  sa  voix,  au  sein  de  la  dëtree»*, 
Dompta  les  flots  du  perfide  élément» 

Etends  la  voile  à  la  brise  légère 
Et,  de  ta  quille,  efïlfurt^  le  rocher, 
L'astre  des  mers  te  verse  sa  lumière, 
Lance  ta  nef,  intrépide  nocher. 
Si  l'ennemi  suscite  nne  tempête 
Le  bras  de  Dieu  s'arme  d'un  trait  brûlant. 
Déjà  la  foudre  a  grondé  sur  sa  tète 
Pour  écraser  son  superbe  néant. 

F.  K. 


LA  SAISON  DES  FLEURS. 
Sitr  Vair  de  :  "La  Pitiés 

Quand  la  dou^e  verdure, 
Au  réveil  d'un  beau  jour, 
Vient  fendre  à  la  nature 
Des  plus  riants  atours  \ 
Quand  brille  la  prairie 
Des  plus  vives  couleurs, 
J'entends  chanter  Marie, 
Dans  le  saison  dti  fleurs  ! 


246 

Quand  je  passe  en  eachfttte 
Près  du  rentier  fleuri, 
Je  l'entends  qui  répète 
8on  refrain  favori 
£t  par  sa  voix  chérie 
Elie  endort  mes  douleurs  ^ 
J'entends  chanter  Marie 
Dans  la  saison  des  tleur». 

Mais  Marie  est  absente, 
Le-:  hivers  sont  venus  ; 
Et  sa  voix  si  touchante 
Pour  moi  ne  chante  plus,- 
ISk  seul  mon  cœur  s'écrie 
En  calmant  sa  douleur: 
Reviendras-tu  Marie 
Dans  la  saison  des  fleurs? 


AUX  MESSIEURS  DE  LA  VILLE. 

Messieurs  les  gens  de*  nos  villes, 
Ne  vous  estimez  pas  tant; 
Vous  nous  traitez  d'inibéciles, 
Parcequ'on  est  habitant: 

Refrain. 

Ne  vous  es-tizis-tizesse. 
Ne  vous  «stimez  pas  tant 
N«  vous  *s-tizifi-tizesse 
Ne  vous  estimez  pas  tant. 


24:  . 

Vos  dents  sont  d'un  blanc  d'ivoirt, 
Ne  vous  estimez  pas  tant; 
Le  dentit^te,  do  mémoire, 
bit  qu'elles  changeur  souvent: 
Refrain ^  etc. 

Vos  cheveux  sont  blancs  de  poudrOi 
Ne  vous  estimea  pas  tant  ;      *    ^ 
Aux  moulins  au  l'on  fait  moudre, 
Nos  ânes  en  ont  le  crin  blanc  : 
Refrain,eic. 

Vous  avez  de  beaux  carosses, 
Ne  vous  estimez  pas  tant  ; 
On  y  voit  8»'>uvent  des  rosses, 
En  dehors  comme  en  dedans  : 
Refrain,  etc. 

Vous  avez  de  belles  soies, 
Ne  voua  estimez  pas  tant  ; 
Nos  "naturaux"  et  nos  oies 
En  portent  depuis  longtemps» 


L'ORPHELINE. 

G  Vierge  sainte,  écoute  ma  prière, 
Délivre-moi  de  ce  destin  cruel. 
Daigne,  patronne  auguste  et  tutélaire, 
Jeter  sur  moi  ton  regard  maternel  I 
Errante  ^u  loin,  pleurante  et  solitaire, 


248 

Dang  ma  douleur,  je  nie  tourne  vers  toi  ; 
D*une  orpheline  entends  la  plainte  amère, 
Reint  des  cieujr,et  prends  pit  ié  de  moi  ! 

La  nuit  est  sombre,  et  l'hiver    est   bien 

rude  ; 
Le  Ytnt  gémit  le  long  du  grand  chemin, 
En  vain  ma  voix  émeut  la  solitude. 
Pas  d'hommt  ami  qui  me  teîide  la  main. 
O  Vierg*  sainte,  écoute  ma  prière; 
Dans  ma  douleur,  je  me  tourne  vers  toi  j 

D'une  orpheline,  etc 

J*ai  tout  perdu  sur  cette  triste  terre, 
Mais  il  me*re»te  un  ccnsolant  espoir, 
Si  je  n'ai  plus,  hélas,  ma  bonne  mère^ 
Il  vient  le  jour  au  j'irai  la  revoir. 
O  Vierge  sainte,  etc. 

(L'abblk  Van  T.>en  Nebt.) 


LES  MATELOTS 

Le  vent  mugit,  L'orage  gronde, 
La  foudre  éclate  avec  fureur  ; 
L'écueil  perfide  attend  sous  l'onde 
La  faible  barque  du  pêcheur. 
Et  tout  tiemblant,  le  pauvre  Pierre, 
Quand  Forage  menace  ses  jours. 


24y 

Invoque  en  vain  dans  sa  juière 
Notre-Dame  du  bon  Bon  Secour*  : 

Refrain . 

Bonne  Mère  des  niatelotn, 
Que  votre  bonté  nous  garde  î 
Par  pitié,  eauvez-nous  des  flotb. 
Notre-Dame  de  la  Garde, 
Par  pitié,  sauvez-nou8  des  flots! 

Vierge  Sainte,  que  dois  je  faire? 
La  tempête  augmente  toujours. 
En  me  siîuvant,  sauvez  ma  mèr«. 
Moi  seul  je  soutiens  ses  vieux  jours. 
Le  jour  s'enfuit  la  nuit  s'avance 
Et  vient  redoubler  mon  eflroi. 
Je  dis  en  ta  sainte  présence 
Vous  ne  voulez  donc  plus  de  moi! 
Refrain^ 

Si  vous  daignez  calmer  Porage, 
J'irai,  fidèle,  tous  les  ans, 
Les  pieds  nus  en  pèlerinage. 
Vous  apporter  quelques  présents. 
Le  vent  s'éteint,  l'orage  cesse, 
Le  pêcheur  échappe  à  la  mort, 
Et  dit  :  je  tiendrai  ma  promesse 
Chantons  en  arrivî»nt  au  port! 
Refrain,  ^ 


LE  iH>ETK. 

Que  fiii«-ti>  là,  pauvre  poète  ; 
Dans  tes  quatre  murs  enfermé? 
Ton  âme  rêveuse,  inquiète 
N'a  donc  plus  soif  d'air  parfumé? 
Le  premier  bouigeon  va  sourire 
Au  tiède  souffle  du  printemps; 
Que  fais-tu  donc  quand  tout  respire? 
*'J'attends,  j'att<^nds,  j'attends  I" 

Mais  songe  que  ta  vieille  mère 
Veut  te  revoir  un  jour  encor, 
Avant  que  son  heure  dernière 
Tinte  à  l'horloge  de  la  mort. 
N'hésite  plus  !  viens,  suis-moi,  vite  ; 
Tu  sais  qu'elle  à  quatre- vingts-ans. 
Pourquoi   rester  morne  en  ton  gite? 
"J'attends,  j'attends,  j'attends"  1 

J'attends  que  mon  âme  recouvre 
La  vie  avec  la  liberté. 
J'attends  que  cette  porte  s^ouvre 
A  Lazare  ressuscité; 
J'attends  les  heures  solennelles 
Qu'un  jour  m'apportera  le  temps  : 
J'attends  qu'on  me  rende  des  ailes  ' 
J'attends  !  j'attends,  !  j'attends  î 


•251 
LES  VOIX  DU    (^lEL. 

Dans  son  berceau  l'enfant  repose, 
Ne  réveillez  pas  mon  trésor. 
Autour  de  son  petit  front  rose 
Rayonne  une  auréole  d'or. 
Anges  qui  veillez  sur  l'enfance, 
Chantez  un  cantique  immortel. 
Pour  bercer  l'innocence 
Il  faut  des  chants  du  ciel  ! 


>  bis. 


Les  fleurs  entrouvent  leurs  corolles 
Pour  fêter  ce  jour  triomphant. 
Est-ce  la  voix  des  brises  folles 
Qui  vient  caresser  mon  enfant, 
Bruits  d^ci-bas,  faites  silence  I 
Non,  c'est  la  voix  de  Gabriel  î 
Refrain. 

Dieu  te  préserve  de  nos  fange», 
Losque  tes  yeux  seront  ouverts  ! 
Enfant,  c'est  pour  toi  que  les  Anges, 
Font  entendre  ces  doux  concerts, 
Un  chant  d'amour  et  d'espérance 
Descend  du  séjour  éternel  I 
Refrain 


SUUVKNIH8  [)V  JEUNE  AGE. 


Souvenirs  du  jeune  âge 
Sont  gravés  dans  mon  cœur! 
Et  je'penf^e  an  village, 
Pour  rêver  au  bonheur. 
Ah!  ma  voix  vous  pupplit; 
D'écouter  mon  désir. 
Rende«-n)oi  ma  patrie. 
Ou  laissez  moi  mourir! 

Au  revoir,  mon  village, 
L'églis*^  et  mon  clocher! 
L'ombre  frais  du  bocage, 
Où  j'aimais  à  rêver. 
Ahf  voilà  mon  envie, 
Voilà  mon  seul  désir  ! 
Rendez-moi  ma  patrie, 
Ou  laissez-moi  mourir! 


6211. 


[ 


bis,  . 


De  nos  bois,  le  silence, 
f<e8  bords  d'un  clair  ruisseau 
La  paix  et  l'innocence 
Des  enfantff  du  hameau, 
Ah!  voilà  bien  ma  vie, 
Voilà  mon  souvenir! 
Rendez-moi  ma  patrie, 
Ou  laissez  moi  mourir! 

Je  t«  vois,  mon  village, 
Ton  lac  et  son  rocher. 
J«  te  vois,  paysage  ; 


btê, 


2o3  . 

QiiC  j'aime  a  t'aduiirer! 

Ah  î  j«»  trouve  lu  vi«, 

Je  ne  doin  plut^  «ouffrir. 

Je  suis  à  ma  patrie  )    .  . 

Je  ne  veux  plu^  mourir.  j 

* 

Oui  je  bjAJse  ta  rive, 
Fleuve  que  j'ai  pW'Uré 
Je  «avoure  la  brise 
Du  pays  regretté. 
Ah  !  reçois,  je  t'en  prie, 
Les  pleurs  du  repentir  I 
Oui,  pour  toi,  ma  patrie, 
Je  n'ai  phis  qu'à  mourir! 

Je  revois  la  chaumière, 
Au  toit  tout  ombragd. 
Je  te  vois,  ô  ma  mère  ! 
Toi  qui  m'as  tant  pl«.uré 
A  genoux,  je  te  prie 
De  vouloir  me  Ijéuir  ; 
('ar  je  (.ains  Tagonie, 
Et  je  me   seng  faillir. 


>  biê. 


PRIERE 
)'Arthur  dk  Bretagne,  dans  sa  prison, 

)  mon  Dieu  !  voib  un  pauvre  enfant 
)ans  une  prison  solitaire; 
aptif  î^ous  la  main  du  mérliant. 


254 

11  vient  t'fldresî^er  sa  priène.  J 

Ah  !  daigne  donc  me  secourir  !  ^ 

Mon  cœur  d'effroi  tremble  et  palpite  : 

'  '  Refrain,   ^  • 

Jésus  !  Jésu*?  !  Jésus  I  vain  je  mourir? 
Ohl  viens  à  mon  secours,  viens  vile! 

Dieu  !  quel  spectacle  à  mes  regards    '   ^. 
Vient  se  dresser  au  sein  de  l'ombre?     4 
Pour  qui  ces  torches,  ce&  poignards 
Etincelants  dans  la  nuit  sombre? 
Héla»  !  que  de  maux  vont  surgir  I 
Elle  peut  tout,  l'âme  hypocrite  :         ,:^ 
Refrain.  Jésus  1  etc. 

Hélas  *  quel  mal  ai-je  donc  fait 
Pour  me  vouer  à  tant  de  haines? 
Quoi  î  régner  seraH  un  forfait 
Qu'il  faille  expier  dans  les  chaînes  ! 
Sans  doute  on  me  fera  périr, 
C'est  mon  trépas  que  l'on  médite; 
Refrain.  Jésus  I  etc. 

Paroles  de  l'Abbé  J.  R.  Magnan. 
U  Juin  1883. 


LES  DEUX  SAVOYARDS. 
Refrain. 
Mon  frère  !  mon   frère  I 
Vois-tu  là-bas,  là-bas  là-bas? 
Mon  frère,  mon  frère, 


C'est  le  pays,  pressons  le  pas. 

Rien  qu'en  voyant  notre  campagne, 

Je  sens  déjà  battre  mon  cœur. 

Oui  tout  là-bas,  c'est  la  montagne  )    i  . 

La  montiigne,  c'est  le  bonheur  !       \     *** 

Comme  en  quittant  notre  village, 
Nous  ressentions  de  la  douleur  I 
Je  te  disais  :  prenons  courage  j 
Mais  chaque  pas  brisait  mon  cœur  ! 
Autant  que   moi   tu   souffrais,  oui   mon 

frère  ; 
Car  tu  pleurais,  va,  je  te  voyais  bien. 
J'aurais  voulu  te  cacher,  mon  bon  Pierr», 
Tout  mon  chagrin  et  prendre  tout   le   ti- 
en [his.\ 

Quel  bon  soleil,  sens-tu  mon  frère? 
C'est  un  bon  temps  pour  nos  moissons. 
C'est  un  bon  temps  pour  notre  mèr«, 
Notre  mère  que  nous  aimons. 
Notre  départ  attristait  sa  vieillv  3se, 
Elle  pleurait  déjà  depuis  longtemps. 
Mais  le  bon  Dieu  qui  voyait  sa  tristesse 
A  rappelé  bien  vite  ses  enfnnts.  (bis.) 

Et  maintenant  bien  de  l'ouvrage 

A  qui  sans  nous  ramonera. 

Et  maintenant,  un  bon  voyage 

Au  savoyard  qui  partira. 

Nous  lui  dirons  ce  que  notre  vieux  père, 

Tu  t'en  pouvien»,  nous  3  dit  en  mourant  : 


2Ô0 

"Heureux  reniant  qui  rapporte  à  sa  mè- 
re, 
''Un    cœur  honnêti*    avec    un   peu    d'ar- 
gent" (bis.) 

^'-^  :'.^''-^' -.'■'''''" ,''''  ^'■'^''^K' ',';•.  .Anonyme.,.,,^ 

•  .■  ;  :.>-'^-  ■■    •.•      ■■  •■■       '  ^,  -':'■■: 

LA  TYROLIENNE  DES    PYRENEES- 


'.'e.:iij 


Montagnes  Pyrénées, 
Vous  êtes  mes  aniours!  ,    '    ^v  l 

Cabanes  fortunées  <-  :   xii    1* 

Vou8  me  plairez  toujours  ! 


-  *-  .-->  ■ 


iolo,  :;■: 


Rien  n'est  si  beau  que  ma  palrit\ 

Rien  ne  plaît  tant  à  mon  amie  I 

0  montagnards,  ô  montagnards,  chantez 

en  chœur. 
De  mon  pays,  de  mon  pays,  la  paix  et  le 
bonheur  ! 
Ahî  ah!  ih!  ah!  ah:  ahî 
Q  montagnards,  6  montagnard,    chantez 

en  chœur, 
De  mon  pays,  de  mon  pays,  la  paix    et  le 
bonhour! 
Ah!  ah!  ah  !  ah  !  ah  !  ah  ! 
La! 

Laisse  là  tes  montAgnes  ! 

Disait  un  étranger  ; 

Suis-ïnoi  ilans  mes  «^anipagn**». 


25;  • 


yieu^<,  utî  Si>i»  plut?  btJigrr  1 
Jamais!  jamais!  quelle  folie.  , 

Je  mis  heureux  de  eerte  vie,  |  ^^"^ 

J'ai  ma  c«^iulure  [bis.]  et  uion  berret, 
Des  ehants  joyeux  \bis.],  ma  mie  et   mon 
.-.,   chalet.    -..■::...  .  ,,_  v^.:,':  ■•. 
•    -  .y^;.  Ah!  ahî  etc. 


Sur  la  cime  argentée 

De  ceH  pies  orageux. 

La  nature  domoiée 

Favorise  nos  jeux  : 
Ver»  lenghiciers,  d'un  plomh  rapides 
J'atteimls  souvent  Tours  inirepide. 
Et  sur  les  monts  [èi^  |,  uJus  d'une  foig 
J'aI  devancé  [bis.\  la  course  du  chamois. 
Ah  !  ah  !  etc. 


HOlo 


Déjà  dans  la  vallée 

Tout  est  silencieux, 

La  montagne  voilée 

8e  dérobe  à  nos  yeux 
On  n'entend  [)lus,  dans  la  nuit  sombre. 
Que  torrent  mugir  dans  l'oinbre  ....  (solo) 
0  montagnards  [his\  cli.iniez  plus  bas, 
Thérèse  dort  [bis]  ne  In  réveillons  pas' 
Ah  !  ah  !  ete. 


2ô8 

L^HIRONDKLLE  ET  LE  MATELOT, 

Le  front  pensif,  sur  la  rive  étrangère, 
Un  matelot  rêvait  à  d'autres  cieux  : 
A  son  village,  il  pensait  à  sa  mère... 
Une  hirondelle  apparaît  à  ses  yeux. 
— Que  me  veuy-tu,  beau  courrier  d'espé- 
rance? 
Viens-tu  vers  moi  de  la  part  des  amis? 
— Rassure-toi,  j'arrive  de  la  France.)   »  • 
Ami,  je  viens  te  parler  du  pays.         )     ** 

Le  ciel  bénit  la  gloire  de  nos  armes  ; 
La  paix  succède  à  nos  pa.s  triomphants. 
Plus  de. chagrins,  de  douleurs,   plus   de 

larmes,  ' 
Car  la  patrie  attend  tous  ses  enfants, 
Vois-tu,  là-bas^  tonSorick  qui  se  balance  ; 
On  va  partir,  tes  tourments  sont  finis, 
Sois  donc  heureux  !  j'arrive  de  la  France, 
C'est  fête  !  enfant,  on  retourne  au  pays. 

Quoi  pas  un  mot,.,  d'où  vient  cette 
tristesse? 

Pourquoi  ces  pleurs  qui  remplissent  tes 
yeux, 

Lorsque,  partout,  un  hymne  d'allégresse 

Est  répété  par  nos  marins  joyeux? 

— C'ost  qu'il  me  reste  encore  une  souf- 
france: 


•259     ^ 

La  paix  rend-elle  une  mère  à  sa  filh? 
— Rassure-toi,  jWrive  de  la  France; 
C'est  le  bonheur  qui  t'attend  au  pays, 

Assez.,,  tîiis-toi...  lu  me  brieerais  Tâmef 
Oui...  je  le  senH...  on   succombe   au   bon* 

heur. 
Elle  vivrait  î  ma  mère,  6  sainte  femme  I 
Je  croin  dojà  la  presser  sur  mon  cœur. 
Ma  pauvre  mère,  â  son  foyer  m'appelle  ; 
Sa  voix  me  dit  :  dans    mes   bras,  ô   mon 

filsî 
Merci,  merci,  ma  gentille  hirondelle. 
'  Partons,  partons,  ma  mère  est  au  pays, 
Merci,  merci,  ma  gentille  hirondelle, 
Je  suis  heureux,  ma  mère 'est  au  payi. 


AUX  VENGEURS 

DES 

CHRETIENS  DE  SYRIE, 

(Air  ;  Partant  pour  la  Syrie.) 

Partez  pour  la  Syrie, 
Peuples  coalisé»  ! 
Contre  la  barbarie 
Marchez,  nouveaux  croisés? 
Vengez,  comme  naguères, 


.2(50 

Par  le  fer  et  le  feu, 

Le  trépas  de  vo8*frères, 

La  croix  de  votre  Diou  ! 

Arrachez  le»  victimes,'     -^ 
Aux  peuples  inhumaine  ; 
Ils  ont  d'asHez  de  crimes 
Ensanglanté  leurs  mains... 
France!  va   les   convaincre 
Qu'empressée  à  ta  voix, 
L'Europe  saura  vaincre 
Au  signe  de  la  croix  ! 


I  i^'« 


'fÉ,%. 


'■m^'-,  -Aj/ 


Tes  fils  ont  pour  exemple 
Leurs  glorieux  aines!...  v-^ 

Priez,  prêtres  du  temple  ! 
Et  vous,  riches,  donnez  !^„. 
Et  que  toute  puissance 
Acclamant  ses  soutiens, 
Chante  :  Honneur  à  la  France  ! 
Gloire  aux  vengeurs  chrétiens  ! 


ADIEU  NOBLE  COURSIER 

Adieu,  noble  coursier,  mon    compagnon, 

de  guerre. 
Tu    meurs   comme   un    guerrier,   frappé 

dans  les  combats. 
Tu  meurs  et   de    ton   sang,    arrosant   la 

poussière, 


Dans  uii  ^^upvèinc  cflort,  ami,  tu  me  «au- 
,  . ,.     vas.  (l»i^) 

:      •  Adieu,  noble  couiJ^ifr, 
;    "'      Mon  «3r)mi)Hgnon  de  guerre, 
r       :  Moi  rude  et  tier  guerrier, 
;   "^  <:    Dont  le  cœur  est  de  pierre^ 
Comme  un  cerf  aux  abois, 
■■:];xi'"i  Je  suis  faible  à  cette  heure, 
'  Je  pleure,  ah  t  oui  je  pUure 

v«,  .^>      Pour  la  première  fois; 


Je  n'ai  pu  te  sauver,  profonde  est  ta  bl'ir 

•       sure, 
Ami,  tu  vas  dormir*  de  l'éternel  repo». 
pu  chacal  dévorant  tu  seras  la  pâture, 
Et  le  ve-nt  du  désert  dispersera  tes  os. 

Refrain 
Adieu,  noble  coursier,  etc, 


\ 


Celle  qui  caressait  ta  croupe  toute  humi* 
de, 

Qui  sons  les  palmiers  verts  nous   attend 
aujourd'hui, 

Ma  bien-aimée  au  bruit  de  ton  galop  ra- 
pide, 

Joyeuse  du  retour,  ne  dira  plus,  c'est  lui. 

Refrain, 
Adieu,  noble  coursier,  etc. 

Paul  HBNitiolt. 


i)lîi 


LK  RETOUR 

Refrain 

Apaise-toi,  vague  fatale  :  •     ,  "-^j 

Voici  le  moment  fortuné  ;     >  -     " 
J^apercois  la  rive  natale, 
Le  beau  pays  où  je  suis  né.    ^  - 

Oui  I  je  le  reconnais  aux  transports  que 

j  ^éprouve, 
C'eit  lui  c'est  mon  pays  qu'on    découvre 

là-bas  j 
Semblable  à  Tami  qu'on  retrouve, 
£t  qui  de  loin  nous  tend  les  bras,  {bii) 

C'est  ma  ville;    voilà  ses  falaises,  se» 

grèvesy 
Son  église,  son  fort  avec  ses  vieux   murs 

gris. 
Pieul  j'entends,  comme  dans  mes    rêves  « 
Ma  mère  appeler  à  grands  cris^ 

Je  vais  donc  la  revoir,  à  bonheur  soue 

mélange  \ 
Voir  ma  mèrel  Une  mère,  est-il  rien  de 

plus  doux? 
C'est  1  étoile  c'est  le  bon  ange 
Que  le  Seigneur  nous  donne  à  tous* 


CONNAIS  Ti:    LK  PAYS. 

(Jonnais-tu  le  pays  oïl  tieurit  l'oranger? 

Le  pays  (les  puits  d'or  tît  des  roses  ver- 
m'ulles^       ■  - 

Où  la  brise  est  plus  douce  et  l'oiseau 
plus  léger,  . 

Où  dans  toute  saison,  butinent  les  abeil- 
les, :^'--ïW^ 

Où  rayonne  et  sourit  comme  un  bienfait 
de  Dieu, 

Un  éternel  printemps,  sous  un  ciel  tou- 
.    .    jours  bleu! 

:    Refrain. 

Hélas!  que  ne  puis  je  te  suivre» 

Vers  ce  rivage  heureux,  d'où  le  port    le 

m'exila? 
C'est  là  que  je  voudrais  vivre^ 
Aimer  et  mourir,  oui,  c'est  là! 

Conuais-tu  la  maison   où  l'on  m'attend 

là-bart! 
La  salle  aux  lambris  d'or   où   des  hom- 

nies  de  marbre 
M'appellent  dans  la  nuit,  en  me  tendant 

les  bras  ? 
Et  la  cour  où  l'on  danse  à  l'ombre  d^un 

grand  arbre, 
Et  le  lac  tramsparent  où  gliseent  sur  les 

eaux, 


Mille  bateaur.    légers    pareils    à   des   oi- 
seaux? 

Hélas  î  que  ne  puis-je  te  ^?uivre 

Vere  ce  puyi^  loinlinn.  kW)^  le  sort.,  etr. 

Ambrgpsk  Thomas. 


D'OU  VIENS  TU,  BERGERE?    ;,v 


— D'où  vieiiH  tu,  berbère, 
D'où  viens-tu? 
— Je  viens  de  l'étahle, 
De  m'y  promener  : 
J'ai  vu  un  miracle 
Ge  soir  arrivé. 

Q'uas-tu  vu,  bergère, 

Qu'as- tu  vu? 

— J'ai  vu  dans  la  crèeh* 

Un  petit  enfant 

Sur  la  paille  fraîche 

Mis  bien  tendrement. 

Rien  de  plus,  berglre, 
Rien  de  plus? 
— Y  a  le  bœuf  et  l'âne* 
Qui  sont  pardevant, 
Avec  leur  haleine 
Réchauffent  l'Enfant 


U. 


2ti5 

Rien  de  plus,  bergère, 
Ilien  de  plus? 
— Ya  trois  petits  anges^ 
Descendus  du  ciel 
Chantant  les  louange» 
Du  Père  ét^^rnel.  ,., 


AH  !  SI  MON  MOINE,  etc. 

Ah!  si  mon  moine  voulait    danser?  [bis] 
Un  capuvdion  je  lui  donneré  (rais)  (bia) 
Danse,  mon  moin,  danse  I    , 
Tu  n'entends  pas  la  danse, 
Tu  n'entends  pas  mon  moulin,  Ion,  hi, 
Tu  n'entends  pas  mon  moulin  marcher. 

Ah  !  si  mon  moine  voulait  danser!  [bis] 
Un  ceinturon  je  lui  donnerais  !  [6i«.  J 

Danse,  etc. 


Ah  !  si  mon  moine  voulait  danser  !  \bia.\ 
Un  chapelet  je  lui  donnerais,  (bis.) 

Danse,  etc. 


luK'SKHHK  D'KXIL! 

Fiîippo  iVun  arrêt  plein  d'horretlr; 
Meurtri    par  les  flots  en  fureur; 
Bien  loin  du  sol  qui  m'a  vu    naître 
L'on  me  bannit  ainsi  qu'un  traître  î.. 
Non,  n(m,  pour  moi    plus    de    beaux 

jours, 
Plus  d'allegrepKe,  plus  d'amours  ! 

Refrain.   .  .  ^ 

Grand  Dieu,  tu  vois  mes  larm«9  i 
Entends  mes  vœux  secret», 
Termine  mes  alarmes  î 
Pardonne  à  mes  regrets,         --  liif 
Proscrit,  c'est  pour  jamais.     •  .  ttO 

Ouj— pour  jamais  !     ':;  /"■.■• 

. .       ,•    .  >•"  "      .■'( 

Jeté  sur  la  terre  d'exil, 
Mon  sort,  désormais,  quel  est-il? 
Languir  brise  par  la  souffrance, 
Pleurer  ma  noble  indépendance  l 
Et  puis,  à  force  de  gémir 
8ur  un  rocher  tomber,  mourir. 
Grand  Dieu,  etc. 

J'avais  des  parents,  des  amis  } 
Un  jour  me  les  a  tous  ravin  ! 
Remplace-t-on  le  cœur  d'un  pÔre, 
Et  les  caresses  d'une  mère  I 
Mânes  sacrés  de  mes  aieux, 
VeilleTi  sur  moi  du  haut  des  cieux. 
Grand  Dieu,  etc. 


•  26; 

LA  MEU. 

Enfant,  vois  cette  piaine  immense. 
Dont  les  sillons  nombreux  sont  toujours 

tourmentés  ; 
Son  sein  ?e  déchire  et  s'élance, 
En  débris  écûmants  par  les  vents  empor- 
tés. 
Crois-moi,  ne  va  jamais  sans  guide, 
Au  loin  sur  l'océan  désert. 
Jamais,  car  cette  plaine  h  imide 
Mon  enfant,  c'est  la  mer  !  [hi8.] 

Enfant,  vois-tu  bien  c«  nuajre? 

La-haut,  dans    le   ciel    bleu,    regarde   ce 

point  noir. 
Eh  î  bien,  c'est  un  signe  d'orage. 
Et  pour  les  matelots,  signal  du  désespoir. 
Vois-tu  ce  vaisseau  disparaître? 
Je  tremble  et  frémis  sur  son  sort; 
Prions,  car  des  marins  peut-être, 
Mon  enfant,  c'est  la  mort  !  [bis.] 

* 

Enfant,  vois  tu  lâbas  sa  voile, 

Qui  semble  disparaître  et  revient  sur 
les  flots? 

Regarde,  au  ciel  brille  uae  étoile, 

8ainte  et  douce  lumière,  espoir  des  ma- 
telots, 


Enfant  du  vaisseau  c'est  régicle, 
Prions,  il  vogue  avec  effort. 
Lfl  rive  oi^  le  seigneur  le  guide. 
Mon  enfant,  c'est  le  port  !  [bis.]  ■ 


L'ANGE  ET  L'ENFANT     7 

Un  ange  au  radieux   visage,  ^ 

Penché  sur  le  bord  d'un  berc«au. 
Semblait  contempler  son  visage 
Comme  dans  l'onde    d'un  ruisseau.    . 
*'Charmant  enfant  qui  me  ressemble,  , 
Disait-il,  oh  !  viens  avec  moi 
Viens,  nous  serons  heureux  ensemble  i. 
La  terre  est  indigne  de  toi'' 


.<>iV' 


^.  *■' 


"Là,  jamais  entière  allégresse. 
L'âme  y  souffre  de  ses  plaisirs  ;  ,  ^ ,  J 
Les  cris  d«  joie  ont  leur  tristesse,  -  ,.  îj/i- 
Et  leiL^  Voluptés,  leurs  soupirs.  "^  .  ^  ^ 
Eh!  quoi  î  les  chagrins,  les  alarmes  ^ 
Viendraient  flétrir  ton  front  si  pur  f  '^ 
Et  dans  l'armertume  des  larmes 
Se  terniraient  tes  yeux  d'azur!" 

"Non,   non,    dans     les     champs  de  le»" 

pace,         ^ 
Avec  moi  tu  vai  t 'envoler } 


La  Providence  te  fait  grâce'         '. 
Des  jours  q\ie  tu  devais    couler. 
Que  personne  dans  ta  demeure 
N'obscurcisse  tes  vêtements  ;        ' 
Qu'on  accueille  ta  dernière  heure, 
Ainsi  que  tes  premier'^  uïome^jts." 

'•Que  les  fronts  3'  soieiit  sans   nuage, 
Que  rien  n'y  révèle  u)i  tcimbeau  ; 
Qu;*iid  on  est  pur  comme  à  ton  âge. 
L©  dernier  jour  est  le  plus  beau." 
Et  secouant  ses  blanches  ailes, 
L'ange,  à  ces  mots,  a  pris  l'essor 

Vers  les  demeures  éterneiles 

pauvre  mère  !  ton  fils  est  mort. 

Reboul. 


CHANT  CANADIEN 

Noble  patron,  don*  un  chôme  la  fête, 
Vois  tes  enfants  devant  toi  réunis; 
Sous  ton  drapeau  qui  flotte  tsur  leur  tête, 
Que  par  ta  main  leurs  destins  soient   bé- 
nis 
Con^me  un  signal  auquel  il  se  rallie, 
L«  Canaditn,  l'adoptant  pour  patron, 
parmi  le«  peu]) les  prend  un  nom, 
Au  ciel  un  saint  (|ui    pour    lui    veille   et 
prieJ^MsJ 


Par  toi  cunduity  au  Caiiadti  î^auvage, 
Quelques  Français  d'abord  l'ont  cultivé; 
Nous  tenons  d'eux  c    brillant  héritage 
Par  eux  conquis,  i?t  par  nous  conservé; 
En  rappellant  leur  mémoire  chérie, 
Le  Canadien,  retrouvant  son  patron, 
Parmi  les  peuples  j)rpnd  un  nom, 
Au  ciel  un  saint  qui    pour   lui    veille   et 
prie  (/)/«.)  \  '  ,     ^  :; 

Aux  jourv^  d'épreuve  où  passe  toute  race, 
Dans  nos  esprits  tu  conservas  l'espoir, 
Et  quand  de  nM)rt8  la  justice  fut  lasse, 
Pour  tout  calmer,  tu  guidas  le  pouvoir: 
En  retrouvant  sa  première  énergie, 
Le  Canadien  rend  grâce  à  son  patron, 
Et  pour  toujours  il  prend  un  nom. 
Au  ciel  un  saint  qui    pour   lui    veille   et 
prie  (bis)  r^  i^: 


LA  FIANCEE  l'U  SOLDAT,  ^^ 

Un  jour,  rien  qu'un  seul^jour,  si  j'étais 
hirondelle 

Je  franchirais  les  murs,  je  moniraia  là- 
bas. 

Vers  un  ciel  étranger,  guidant  mon  vol 
fidèle. 


271 


Malgré  tous  les  périls,  auprès  de  nos  sol- 
dats. 

Là  je  retrouverais  celui  que  mou  cœur 
aime. 

Mais  je  ne  puis  parler,  et  j«  tremble  tou- 
jours. 

Pitié,  mon  Dif»u,  pitié  p(nir  ma  douleur 
extrême. 

Fais  triompher  la  France,  épargne  nies 
amours. 


Un  jour,  rien  qu'un  seul  jour,    si  j'étais 

nuage. 
Qui  passe  dans   les   airs,   voilant,   l'azur 

'des  cieux,   '  ^ 

Vers  lui,    m^n    iseul   bonhtur,   dirigeant 
■  mon  voyage,  ^  -  .. 

X^omme  un  doux  souvenir,  je  charmerais 

^    -,    mes  yeux.         '       -  .^'  v  ^ 
Mais  je  suis,  héla.sî  qu'une  enfant   de  la 

'...-'-  '  tefi'e  ;    --ex-:  ■■  ■: '/>.-. 
Je  ne  puis  rien  pour  lui,  rien  que  de  pleu- 
rer toujours 
Mon    Dieu  je  t'en    supplie,   écoute    ma 

prière  ; 
Fais  triompher  la  F'rance,   épargne    mes 


•272 


Un  jour,  rien    qu'un  seul  jour,  si  j'étais 

son  bon  ange,  ' 

Ver»   lui  je   descendrais,   à   l'heur^   des 

combats;  .         -  f 

Je  plan«^rais  sur  lui,  dans  un    mystère  ë- 

trange.     -  ■:    "   ■"^v "■  ■  "''  -^V:  -.-.'^-■; 

Et  bien  loin  de  la  mort,  je  conduirais  ses 

pas.  ;-  ;    -  -,_:"'^" 

A  la  voix  de   j'honneur,   lorsqu'il    a    pris 

les  armes, 
Mon  Dieu  !  veille  sur  lui,    veilla!   sur   lui 

toujours  ! 
Pour  le  défendre,  hélas  !  je  n'*ii    rien  que 

mes  larmes 
Fais  triompher  la  France,    épargne   mes 

amours. 

Etienne  Arnaud 


^.;--     L'AMERTUMK.  :'-■ -'f-'-^' 

Tu  demandes  pourquoi  je  pleure  ' 

Quand  je  n'ai  rien  pour  m'aitrister? 
Pourquoi  je  suis  sombre  à  toute  heure, 
Et  pourquoi  je  suis  sans  gîiîté? 
Ma  vue  est  couverte  d'un  voilt 
Qui  m'intercepte  le  bonheur  ; 
La  nuit  est  pour  moi  fjans  étoilt 
Et  Ir  soleil  est  sans  chaleur! 


Hélas  !  dfliiisHe  sur  la  terre, 
Jamais  le  bonheur  ne  me  sourit. 
L'inditt't^ren«'e  fut  ma  mèr«, 
Et  mon  père,  le  triste  oubli. 
Jamais  une  âme  naïve  et  tendre 
N'a  voulu  soulager  mo'i  cœur, 
Et  jamais  je  n'ai  vu  répandra 
Une  larme  sur  ma  douleur  ! 


4  : 


,.,  .,,.]_  ]-.-    *,;;;. 


LA  CABANE  DE  MON   PERE 

Hurible  cabane  de  mori  père, 
Teiroin  île  mes  premiers  plaisirs. 
Du  fond  d'une  terre  étrungère, 
(''est  vers  toi  que  vont  mes  souvonir», 

Le  jeuwe  tilleuil  qui  t'oknbray;e, 
Et  la  montagne,  et  le  bameau, 
De  ton  agreste  paysage  * 

Tout  me  retrace  le  tableau. 


m 

J'ai  vu  devant  moi  sans  envie 

S'ouvrir  de  superbe  palais  : 

C'est  toi,  ma  cabane  chérie. 

Qui  peux  remplir  tous  mes  souhaits, 


D'où  vient  cette  joie  inquiète 

Dont  ton  nom  seul  saisit  mon  cœr<r? 

Si  dans  ta  paisible  retraite 

Le  ciel  n'eût  fixé  mon  bonheur. 


LE  CLOCHER  DE  MON  VILLAGE. 

Chez  nous  il  est  un  monastère, 
Qui  s'élève  au  milieu  des  bois  ; 
Souvent  sa  cloche,  avec  mystère,    ^ 
Nous  jett«  de  mourantes  voix, 
îl  me  souvient  qu'en  mon  jeune  âge, 
Je  l'écoutftis  dans  le  lointain;  (his) 
Mais  du  clochf  r  de  mon  village         )   ,  - 
J'aimais  mitux   le  timbre  argentin. f     *f 

Un  jour  pour  If.  terr^  étrangère,  ;  :^  ,  ^ 
Il  me  fallut  quitter  ces  lieux,  ;^i\^;  ^|i; 
Ces  lieux  où  je  quittais  ma  mère,  ^T'^ri 
Et  qu'en  pleurant  mes  yeux.  ,-;^v,,  ,  f 
Mais,  quand  je  perdis  leur  image, 
Longtemps  encore,  dans  le  lointain,  v 
Du  beau  clocher  de  mon  village 
J'entendip  le  tri mbre, argentin. 


M«i8  je  reviens,  etpliirs  j'av;im'.p. 
Le  biiissxHi,  la  fleur,  le  ruisseau 
M'îipporte  un  doux  parfum  d'enfance, 
Un  doux  parfum  de  mon  hameau; 
Et  comme  au  jour  de  jeune  âge 
J'entends  déjà  dans  le  lointain        ,  r 
Du  beau  clocher  de  mon  village        , 
Résonner  le  timbre  argentii.  «  •> 

"^  '  GURTAVK  LkMOINK. 


■■.X    ';:^if 


ri 


NOUS  VERRONS  APRES! 

•  (Air:  Franct^  à  bientôt,  etc. 

A  peine  as-tii  douze  an 8,  mon  pauvre 
Pierre  ; 

Déjà  la  guerre,  enfant,  t'a  fait  t^ouffrir; 

Ton  frère  est  mort  1  en  cendre  est  la  chau- 
mière. 

Mort  le  foyer  où  tu    devais  grandir  î 

Tu  vis  passer,  par  un  matin  d'automne, 

Vaincus,  captifs  cent  n)il]e  malheureux. 

Lorsqu'apparut  la  sanglante  colonne. 

Des  pleurs  de  rage  ont  inonda'  te»  yeuji. 

Refrain. 

Préparons  tous  l'œuvre  de  délivrance, 
Le?  rnort?^la-]ja«  dorment  sous  les.cyprèi, 


.■•■'      '.•    '    ■■•  ■•276  .  '■:■":■'■'-'- ^ 

Souvenons- nous  !  Travaillonn  en  silence 
Souvenos-nous  I  Et  nous  verrons  après  ! 

.   '.ir.,    •7.1:;'.     ;'..'-'•         .  :'.    .  ■         >   ■•■'•'/,.;„     :  ■] 

Travaille,  enfant,  car  c'est  notre  ignoran- 

Qui  nous  a  fait  «ucconiber  éperdus.   '    * 
Que  le  pays  soit  une  ruche  immense  ! 
Le  dur  labeur  est  la  loi  des  vaincus,  -  —  . 
Au  travail  donc  !  Pour  servir  la  Patrie, 
Il  faut  des  bras  jeunes  et  vigoureux. 
Puisque  la  France  est   sanglante,  meur- 
trie. 
Relevons-la  !  debout  les  paresseux  1 
..  Refrain 

.  y,-  >■    ^         .    '\ 

Tu  trouveras  des  lâches  sur  ta  route, 
Des  courtisai  i s  servile»  du  succès. 
Us  te  diront  :  la  Patrie  est  dissoute  1      *" 
C'est  à  rougir  d'avoir  un  nom  français. 
Ah  !  dis-ieur  bien  à  ces  faux  patriotes  : 
Aux  malheureux,  vous  quijet^z  l'affront, 
Allez  ailleurs  rejoindre  les  despotes  : 
Partez  !  parlez  !  Les  Français  resteront  ! 

Refrain. 

Pour  y  rester,  il  faut  aimer  la  France, 
Les  morts  là-bas,  etc. 


1  ■  '     1> 


Cotiinu'  un  ii\îirin  Mtr  les  flut.^  en  turi« 
I)nns  U'  (langer  ^eni  sa  force  grandir^ 
l)ans  no?  niallienrs  pnisons   notre   éner- 
gie, 
Ne  laissons  pas  le  Vaîrseau  s'engloutir. 
La  monarchie  est  la  terre    Promisel 
A  l'œuvre  doue!  Plu»  de  division! 
Et  que  bientôt  le  monde  entier  ae  dise  : 
C'est  elle  encor  la  grande  nation! 

^^         "^^i     Refrain     '  ' 

Préparons  tous  l'œuvre  de  délivrance, 
Les   morts  là  bas  dorment  sous  les  cy- 
près. ■    *    "^  ""'?^''"^"--:-     ■ 

Travaillons  tous  à  refaire  la  France, 
Souvenons-nous!  Et  noua  verrons  après! 

^    ■■■■■'■/ '-'•'i'''-,'-i^' ,' ■f''^  -■''■•   ;■■-?'•  .f  i;  *■>»  ;    ;•■■ 


^f-^^^'*^'':-?^':^^-LE  MINEUR.   ' 

Pauvre  parion  Belge,  à  trois  cents  pieds 
sous  terre. 

J'extrais  le  noir  charbon  qui  doit  sortir 
du  puits  I 

A  peine  si  du  jour  je  connais  la  lumière, 

Ma  lampe  est  mon  soleil,  tous  mes  jours 
sont  des  nuits. 

Quand  l'heure  du  rtpos  vient  avec  le  Di- 
manche, 


276 

ie  monte  at^pirer  Tair  «*t  8i>ui'ire    an    eieJ 

bleu, 
En  baisers  imtonrelM  iimn  trif*te  cœurp'é' 

C'est  ma  manière  A  moi  trhouorer  le- 
bon  Dieu  '  {bis.  ) 

Qu'»  mon  labeur  pénible  amène  son  t<tt- 
laire  ,         >      r      '. 

Que  Tamour  de  mes  fil»  me  désire  sou- 
^  vent.         , 

Que  je  passe  tifr  seul  jour  près  de  Uur 
iendre  mère, 

Et  je  ne  maudis  pas  mon  sépulcre  vivant, 

La  richessse  jamais  n'excita  mon  envie  ; 

Frugal  et  résigné,  je  suis  content  de  peu, 

JVspère  en  l'avenir  d'une  meilleure  vie....v 

Refrain^ 


Mairt  quels  cHs  tout  à  coup  fTa|r]:>ent  ce» 
voûtes  sombres  I 

Au  s«corur8  I  un  mineur  vient  d'être  en- 
seveli } 

La  muraille,  s'écraule  et  nul  saus  les  de 


••  i 


combres 


N'ose  affronter  la  mort  pour  sauver  un 
ami. 

Hériter  est  honteux^  et  fuir  est  miséra- 
ble ! 


i'».\( 


-r  .  ,     '     .  •      , - - 

A  Ta^iUTo!  <^t  uuudit  soit  <iui  dt^serle   ce 
lieu  !  V   ....,- 

Devoir  doux    à   tt^ïnplir,  J'ai    fauve    un 
semblable, 

:  .      Refrain.   /  ,,.     , 


.','  .'»    •:,'•■•; 


CHANT  D^ADIKUI  (1877) 

Adieu  !  dcuce  et  charmante  plage^ 
Où  nous  pansâmes  de  beaux  jouis  1 
De  notre  cœur  reçois  Phommage, 
Adieu!  noun  t'aimerons  toujours, 

'i-^^y^^y  '■■•■■'■•'>■      Chœur  : 

Sous  tes  drapeaux,  bonne  Marie, 
Nous  marcherons  avec  amour. 
Et  dans  la  céleste  Patrie^ 
A  toi  reunis-nous  un  jour,  (bù.) 


•\v 


Salut  !ô  bienaimés  Confrères 
Recevez  ce  dernier  adieu  ! 
Pensez  à  nous  dans  vos  prières. 
Nous  Vous  aimerons  en  tout  lieu. 

«F 
Vous  qui  sut  la  t«rre  étrangère» 
Dirigez  nos  pas  Vers  le  ciel. 
Dignes  flambeaux  du  Sanctuaire 
Recevez  un  hymne  éternel. 


280     .  ^     ' 

La  fille   du    PECHEUR,  • 

Ayant  quitté  la  plage  verdoyante, 
La  blonde  Emma  jouait  dans  un    bateau 
La  douce  voix  de  la  jeune  imprudente 
Mêlait  son  charme  nu  murmure  de  Peau, 
Loin  d«e  plaisirs  (|ue  respire  le  monde. 
Elle  chantait  courant  au  gré  de  l'onde  î 

Hefrarn .  '' 

Dieu  de  bonté  soyez  mon  protecteur, 
Sauvez,  sauvez  la  fille  du  pêcheur! 

Sous  un  Clé]  1  oir  qui  présageait  l'orage» 
La  pauvre  enfant  étouffait  en  sanglots. 
Trop  faible,  hélas  f  pour  gagner  le  rivage 
Sa  barque  nombre  et  coule  sous  les  flots. 
On  l'entendait  sous  la  vague  écumante 
Chanter  encor,  mais  d'une  voix  mourante 
;  i,    c  i  Refrain  :  etr.  etc.     '  "'    ''    '  -^ 


.y^j..   ro;W. 


f-j^i  v'^'i.  "'■•:'  '•'  f  ■■ 


Son  père  alors  courbé  par  la  vîeilî»;S»e 
Voit  le  danger  menacer  son  enfani  ; 
Et,  n'çcoutant  que  sa  vive  tendresse, 
Au  sein  des  flot»  il  s'élance  à  Tinstant. 
En  ramenant  sa  fille  inanimée, 
îl  répétait  sa  chanson  bien-aiméo  : 
Refrain  \  etc.'  etc 


'  2:n 

Lh  lendemain  au  sein  de  îa  clianniiére 
On  vit  Enmia  qui  ye  parait  de  fieurs  ; 
Car  du  village  elle  était  la  rosière,  / 

Titre  sacré  gagné  par  sa  douceur. 
Quand  sur  son  front  oia  posa  la  couronne 
Elle  ctantaint  disant  à  lu  Madone  : 

Refi  ain  : 

Au  Dieu  du  ciel  je  consacre  mon    cœur, 
Il  a  sauvé  la  fille  du  Pêcheur  ! 


LE  RETOUR  DANS  LA  PATRIE. 

^    Qu'il  va  lentement  le  navire       l 
A  qui  j'ai  confié  mon  sort! 
Au  rivage  où  mon  cœur  aspire, 
Qu'il  est  lent  à  trouver  un  port! 
France  adorée! 
Douce  contrée! 
Mes  yeux  cent  fois  ont  cru  te  découvrir. 
Qu'un  vent  rapide 
'*        Soudain  nous  guide 
Aux  bords  sacrés  où  je  reviens  mourir. 
Mais  enfin  le  matelot  crie: 
Terre!  terre!  là-bas,  voyez 
Ah!  tous  mes  maux  sont  oubliés 
Salut  à  ma  patrie  !  (  bis,  ) 


Oui,  voilà  les  rives  de  France;    . 
Oui,  roi  là  le  port  vaste  et  sûr, 
Voisin  des  oliaraps  où  mon   enfance 
S'écoula  sous  un  chaume  obscur. 
France  adorée! 
-  :,  ;  r       Douce  contrée! 

Après  vingt  ans,  enfin  je  te  revois* 
De  mon  village 
Je  vois  la  plage. 
Je  vois  fumer  la  cime  de  nos  toit^ 
Combien  mon  âme  est  attendrie  I 
Là  furent  mes  premiers  amours  j 
Là,  ma  mère  m'attend  toujours. 
Salut  à  ma  patrie!  rj 

Loin  de  mon  bsrceau,  jeune  encore, 
L'inconstance  emporta  mes  pas, 
Jusqu'au  sein  des  mers  o^   Faurore 
Sourit  aus  plus  riches  climats. 

France  adorée!       -  ,    ,, 

Douce  contrée  !      ^  ^ 

Dieu  te  devait  leurs  fécondes   chaleurs^ 
Toute  l'année 
Là,  brille  ornée 
De  fleurs,  de  fruits,   et  de  fruits  et  de 
fleurs. 
Mais  là,  ma  jeunesse  flétrie 


Il  .     • 

Kévuit  à  des  climats  i)liis  cherri: 
Là  je  regrettais  nos  hivers. 
Salut  à  ma  patrie!      •      , 

Poussé  chez  des  peuples   sauvages, 
Qui  m'offraient  de  régner  sur  eux. 
J'ai  su  défejidre  leurs  rivages 
Contre  des  ennemis  nombreux. 

Erance  adorée! 

Douce  contrée! 
Tes  champs  alors  gémissaient  enrahia. 

Puissance  et  gloire 

Cris  de  victoire 
Rien  n'étouffa  la  voix  de  mon  pays. 
De  tout  quitter  mon  cœur  me  prie: 
Je  reviens  pauvre,  mais  constant 
Une  bêche  est  là  qui  m'attend 

Salut  à  ma  patrie! 

\-  ■  •     ■     .,■  "  /    ■.  .  '■ 

Au  bruit  des  transports  d'allégresse 
Enfin  le  navire  entre  au  port, 
Dans  cette  barqu*  où  l'on  se  presse, 
Hatons-nous  d'atteindre  le  bord. 

France  adorée  ! 

Douce  contrée! 
[uissent  tes  fils  te  revoir  ainsi  tous  ! 

Enfin  j'arrive, 

Et  sur  la  rive 


284 

Je  rends  au  ciel,  je  rends  grâce  à  genoux, 
Je  t'embrasse,  ô  terre  chérie  ! 
Dieu!  qu'un  exilé  doit  souffrir! 
Moi,  désormais  je  puis  mourir, 
Sftlut  à  ma  patrie! 

Bbrangeb. 


RAPPELLE-TOI! 

Rappelle-toi,  quand  l'âm*  de  ta  mère 
8'envolera  d'ici-bas  vers  le  oi#l, 
Rappelle-toi  sa  constante  prière, 
Son  doux  regard,    son  baiser  matBrnel. 
De  plaisirs  et  de  jeux  lorsque  ton  cœur 

s'enivre,' 
A  des  rôvês  pieux  quand  ton  âme  se 

livre,  ' 

V,  Refrain. 

Enfant,  rappelle-toi,  qui  t*aima  plus  que 
moi? 
Rappelle-toi!   Rappelle-toi! 

Rappelle-toi  qu'au  chemin  de  l'enfance 
Par  mon  amour  tu  n'as  vu  que  des  fleura; 
Rappellî5-toi   plus  tard   quand  la  souf- 
france, 


-.».■ 


285 

■    il-   ■  '  w        •  :      :-       -  . 

L«  désespoir  fera  couler  tes  pleurs. 
Rien  n'est  si  doux  au  cœur  que  le  nom 

d'un©  mère.  h 

Son  souvenir  console   et  fait  que  l'on 

espère. 

Enfant,  rapi^èlle-toi,  etc. 

« 

Rappelle- toi  quand  au  yieux  cimetière 
J'irai  dormir  à  l'ombre  de  la  croix  ; 
Ne  laisse  pas  ma  tombe  solitaire, 
Viens  m'y  parler  comme  autrefois. 
Dans  les  bois  on  passe,  écoute   un  doux 

murmure. 
C'est  la  voix  de  la  mère,   aussi  tendre, 

aussi  pure. 
Enfant,  rappelle-toi,  etc.         '' 

Ct.  Rupes. 


■-•  -  ^i  •i'i>»' 


LE  CHANT  DU  MATELOT. 

Lorsque  la  brise  est  assoupie, 
Lorsque  la  vague  est  endormie, 
Et  que  mes  yeux  suivent  l'oiseau 
Qui  laisse  au  loin  notre  vaisseau, 
Ahî  comme  lui,  mon  cœur  s'élance 
Là-bas,  là-bts,  vers  le  pays 


On  déplorant  ma  lougue  fibseiice, 
Mon  pauvre  [)(>re,  holaw!  tti  dis: 
Il  tarde  bien!  et  je  vieillis,   (bis.  ) 


Quand  des  beaux  jours  la  douce   aurore 
Là,  sur  les  flots,  me  trouve  encore; 
Quand  mon  regard  au  loin  se  perd,  ; 
Et  n'aperçoit  qu'un  long  désert; 
Ahî  comme  alors  je  me  rappelle 
Le  beau  printemps  de  mon  pays, 
Où  me  devance  l'hirondelle. 
Et  puis,  mon  père,  hélas!  tu  dis:    ' 
Il  tarde  bien!  et  je  vieillis!        ,    - 


Eveille-toi,  vague  endormie; 
Eveille-toi,  brise  assoupie,  V 

Et  chasse  au  loin  notre  vaisseau. 
Plus  vite  en  cor  qu*  cet  uia^au; 
llamène-moi  vers  notre  France, 
Où  toi,  mon  père,  heureux,  surprix- 
Te  rappelant  ma  longue  absence, 
Tu  me  diras;  reste  mon  fils; 
Ne  t'en  va  plus,  car  je  vieillis. 


■  ■'- ■  •  ■    -■  ,      287 

MON  PAUVRE  PIERRE. 

A.dieu!  ma  bonne  mère! 
Je  pars  le  tambour  bat 
Puisque  j'suiB  militaire,       **     : 
Faut  que  j'fasse  mon  état.         ; 
Ne  crains  rien:  à  la  guerre,       *    ' 
J'aurai  bien  soin  de  moi, 
Et  le  ciel,  je  l'espère,         ^    ■ 
Me  conserv'ra  pour  toi.       ,:   ^.^ 

Refrain.  '   ■ 

Rampamplan,  rampamplan, 
Ramphamplan,  tambour  battant 
Oh!  rampamplan.  . 


M       ' 


S;!r-i  I 


M'sieur  l'curé,  j' viens  vous  faire 
En  partant  mes  adieux. 
Si  quelque  militaire 
Vnait  vous  dire  en  ces  lieux 
Qu'il  a  vu  mourir  Pierre 
Pour  la  France  et  son  roi, 
N 'dites  rien  à  ma  mère, 
Et  priez  Dieu  pour  moi 
Eefrmn. 


■•288 

L'sac  sur  Tdos,  vers  la  plaine, 
Amis,  dirigeons-nous 
J'sais  ben,  qu'ça  fait  d' la  peine; 
Mais  il  faut  liler  doux. 
Dans  un  moment  d'alarme, 
Pour  chasser  Ib  chagrin, 
Kenfonyons  une  larme. 
Et  chantons  ce  refrain; 
Refrain, 

Le  cœur  gros,  l'œil  humide, 
L'habitant  du  hameau 
Le  voit  d'un  pas  rapide 
Descendre  \%  coteau; 
Bientôt,  sur  l'autre  rive. 
Ils  se  perdent  enfin. 
Et  l'oreille  attentive 

• 

Peut  seule  entendre  au  loin: 
■.■^.   •  Refrain. 


''''■'■:  LE  ROSIER. 


Je  l'ai  planté,  j«  l'ai  vu  naître, 
Ce  beau  rosier  où  les  oiseaux 
Viennent  chanter,  sous  ma  fenêtre, 
Perchég  sur  sep  jeunes  rameaux. 


PetitH  oiseaux.  tnMipe  joyeuse. 
Ah!  par  piiit^,  ne  ehiintez  |)}>e: 
Mon  fils,  qui  n)e  renduit  heureuse. 
Est  parti  jK)ur  d'aulrio  climats. 

Pour  les  périls  du  Nouveîm-Mon(io, 
W  nous  fuit,  il  Urjive  la  mort  ! 
Hélas  î  pour  chercher  sur  l'onde 
Le  bonheUi*  <ju'il  trouvait  au  pert? 

Vous  passagères  hirondelles,  ^ 

Qui  revenez  chaque  printen]f)s; 
OisHîiux  voyageurs,  mais  rtdèles, 
llanienez-le-in^)i  toui?  les  nus. 

t.       ^  .     '  >  ])k  Lkyrk. 


VAINE  ATTENTE       ^ 

8ur  ce  rivage  où  t'attendait  ma  njère. 
Ami,  pourquoi  plus  tôt  ne  pas   revenir? 
8cul  en  ces  lieujj  j'ai  fermé  sa  paupière, 
Oui,  seul,  hélas  !  j'eus  son  dèrni«u-  soupir. 
A  l'horizon  losqu'apparut  (j«  vmIc, 
La  pauvre  mère  était  bien  près  des  cieux  ; 
D»i  l'espérance  avait  pâli  l'étoile, 
Pourtant  encor  je  lisais  dans  ses  yeux: 


Refrain 

Bons  matelots  redoublez  de  courage, 
Fendez  les  flots,  soyez  vite  au  rivage  : 
Une  mère  qui  va  mourir 
Attead  son  fils  pour  le  bénir  \his\ 

Lorsque  le  soir  d'une  belle  journée, 
La  pauvre  mère  interrogeait  les  cieux, 
Par  la  douleur  son  âme  était  navrée  ; 
Oh  î  que  de  pUurs  j'ai    vu   baigner   ses 

yeuir  I 
Pourtant  eiicoïc  elle  avait  l>spéranc«!, 
Du  malheureux  seul  et  dernier  soutien  ; 
Elle  disait,  regardant  vers  la  France  : 
Pour  m 'embrasser,  demain,  mon  filx   re- 
viens. 
•         •  Hefrain, 


J'ai  vu  souvent  son  front  braver  l'orage, 
Quand   un    vaisseau   demandait   du   se 

cours  ; 
Elle  était  là,  priant  sur  le  rivage  ; 
(>royapt  te  voir,  elle  exposait  ses  jours. 
Quand  le  canon  annonçait  la  détresse, 
Quand  son  silence  était  signe  de  mort, 
Je  l'entendais,  dans  sa  vive  tendresse. 
Je  l'entendaîf^.  longtemps  redire  encor  : 

Refrain 


• 


8()TTP1U8  VERS  DIEU. 

D'ini  étenifl  <»ni)\ii  mon  ûtne    eîl^c'ouBiî- 

niée,  .'  r- 

Ello  s'apito  (Ml  vain  |K)Ut  trouver  le  bon- 

Ail  sein  4o  r«î)<>n(iance,  ^lU-  f»flt  triste,  af- 

fjiniép. 
O  mon  Dieu  !  viens  combler  I'abîn)e[ftt>  j 

de  mon  cœur. 
Ce  désir  infini,  c»;tte  éternelle;  ttnmme. 
C'est  loi   qui    ralluma*?   dans   tuon    sein 

frérnissunt. 
Descendt»,  O  Difîii    du  ciel,  oh  î  descends 

en  mon  âme 
A  t aimer  nea  ordres,  le  n^onde    est    [bi8\ 

iiupuiiïsaut. 

■,,.,.  ."'■■'         -,      .■      •,,;    »-..;■,.  ■         :•  '.'.   ,  .   ,_i;  .' 

.  ' ..  '-''',■■■■'.' 

'  ,,  1    i  :'  ..,■''.■'.'• 

Pourquoi    dotic    plus     longtemps    mV-n- 
chaîner  à  la  terre? 
-    ï^a  terre  et  ses  fiiux  bien»  ne  |)ehvent  rien 

pour  moi, 
■]   En  toi  seul  mon   espoir,  mon  amour[6î«J 
'  et  ma  foi  î 

î>e  navir,  ballotté  sur  roeé:ni    immense 
Jette  Tancre,  et  tranquiliH  .itt^'ud  de  m«ilr 

leurs  jours  : 
Ainsi  qui  veut  du    tem|>s    donnner    l'in- 
constance 
Jett«  son  anrre  au  ciel,  fijfe  là    (bis.)  son 
amour  ! 


•     292  '       .     * 

Que  le  cœur  est   content  î  que  la   vie  est 

heureuse, 
Loin  des  clameurs  du  monde  et  dts  plai- 

Iprs  trompeurs  ! 
Qu'il  est  btau  le  calice  où  l'âme  radieuse 
De  l'amour  à  longs  traits  savoure    (bis.) 

les  douceurs  ! 
Que  ce  soit   là   toujours   le   charme   qui 

m'enivre, 
Et  qu'un  soupir  d'amour  soit    mon   der- 
nier soupir. 
Mourir  en  aimant  Dieu  c'est  commencer 

à  vivre  ! 
Je  v«ux   vivre    Seigneur,  je   veux   vivre 

pour  ne  (6î8.)  plus  mourir  I 


CHARLES  QUINT. 

Du  haut  du  trône  oii  l'homme  solitaire 
Je^tte  un  regard  qui  n'éblouit  qu'un  jour; 
Je  vois  pâlir  les  grandeurs  de  la  terre     ,.. 
Et  dois  à  l'or  la  puissance  et  l'amour. 
Mon  sceptre,  hélas  !  est  un  sujet  d'envie 
Le  monde  entier  m'aime  parce  qu'il  craint. 
Je  fais  à  Dieu  l'hommage  de  ma  vie)   ,  . 
Et  sans  rougir  je  fléchis  sous  sa  main,  j 


iH 


t*n  roi  n'ent  rien — si  grand  roi  qu'il  puis- 
se être, 

Qu'un  instrument  dr.ns  la  main  du  Très- 
Haut. 

Plus  il  se  courbe  au  joug  du  Divin  maî- 
tre, ' 

Plus  pour  son  peuple  il  tend  au  but  qu'il 
faut. 

L*orgueil  qui  rêve  à  son  indépendance 

Au  diadème  aspire  autant  ^u'il  peut. 

Jai  vu  des  rois  adorer  ma  puissance 

Et  j*ai  besoin  de  me  soumettrt  à  Dieu. 


t)e  l'amertume  il  reste  au  fond  de  lame 
Quand  on  a  vu  de  près  l'humanité. 
Faibles  mortels  que  la  tombe  réclame 
Où  cherchez-vous  votre  immortalité? 
J'ai  comme  un  dieu  gouverné  le  tonner- 
re,   "'-'■-  '.■-^'^..,:';^: 

Et  de  l'Espagne  exalté  les  hauts  faits  ; 
Je  porte  au  iront  la  palme  de  la  gloire, 
Et  j'ai  besoin  de  conquérir  la  paix. 


'•■»vf 


L\  CHÉVKi:. 

r 

Ah  !  c'était  ntie  chèvre. 
Qui  n'avait  que  deux  denf*^^ 

Lîi  rît  rail- 
Elle  a  passé  ht  miit^ 
Dans  le  jardin  des  grandy, 

Pj«ntraR.  .N 

Refrain.    ^ 

Taut  de   Irm  de  îou-.     ' 
Luîitra  don- lire, 
ïoa-de  Ion  de-lou,         ,      ^' 
Lantran  lon-Ià. 


£lle  a  passé  la  nuit 
Dans  le  jardin  des  graDd# 

Lantran, 
Elle  «  mang¥  un  chou 
Qui  valait  bien  cent  franc» 

Lantran, 

Elle  a  mangé  un  chou 
Qui^ valait  bien  cent  francs^. 

Lantran. 
Une  queue  de  poireau 
Qui  valait  bien  autant 
_  Lantran. 
Hefravn. 


ki 


f): 


—  vu 


. .'/      — '- *» 


t:    .  , 


La  (îlièvre  t\it  traduite. 
DevMLt  le  parlement 
,  ,  >  Lantran. 

La  chèvre,  non  point  béte, 
'  Entra  cornes  devant 
,  .,  Lantran. 
;'  -  Refrain.        ;, 

La  chèvre,  non  point  bête, 
Entja  cornes  devant, 

^  Lantran,       .    . 

Leva  sa  grande  queue^    ' 
•  Pour  s'asseoir  sur  un  banc 

-^;  ■,,;;v;',;.,    Lantran»  "'-r-'-,;-V 
"^  ^  Refrain.     .     ; 

i ,  '    '.fi  ■         .  -'  •-♦  - ..-    .  .  /,■'■  ''  -^  '»  ■'   •■■■.y'-- 

'  -  -  ■    Elle  aperçut  un  livre, 

'       Se  mit  à  lire  dedans,        , 
•    -'^^  Lantran. 

"    '     Le  juge  lui  demande 

Ce  qu'il  y  a  dedans 
'^P:^  Lantran. 

Refrain 

;-      La  chèvre  répondit  .  ^- 

Que  du  noir  et  du  blanc, 

Lantran, 
Et  fit  un  '^peV^  au  juge 
Autant  aux  asisistants, 

Lantran. 

Refrain 


>t'i'  ï"' 


'■*">v>, 


296  - 

DESILLUSION, 

■ut  ■    '.  ■ 

•  T«.nUe  espérance,  eiifant,  est  un  roseau, 
Dieu,  diin^  sa  main,  tient  nos  joui>>,   ma 

colombe  ^  ' 

Il  les  dévide  à  son  fatal  fuseau. 
Puis  le  fil  casse  et  notre  joie  en  tombe  ; 
Car  dans  tout  l)er*'ejiu  germe  une  tombe. 

-^  Jadis,  vois-tu,  l'avenir,  pur  rayon 
Apparaissait  à  mon  âme  éblouie 
Ciel  avec  l'astre,  onde  avec  l'alcion. 
Fleur  lumuieuse  à  l'ombre  épanouie 
Cette  vision  s'est  évanouie  (his.) 

b  i  près  de  toi  quelqu'un  pleure  en  rêvant 
Laisfce  pleurer  sans  en  chercher  la  cause  ; 
Pleurer  est  doux,  pleurer  est  bon  souvent, 
Pour  l'homme,  hélas  !  sur  qui  le   sort  se 

pose. 
Toute  larme,  enfant,  lave  quelque  chose. 

VniTOR  Hugo. 


t/ENVERS  DES  CIEUX. 

Pourquoi,  dit  un  enfant,  ne   voi«-je   pas 

reluire 
Au  ciel  les  ailes  d'or  des  anges  radieuxt 
8a  mère  répondit,  avec  un  doux  sourire  : 


* 

Mon  fils,  ce  que  tu  vois   n'ebt   que    l'èn- 

vers  des  cieux. 
Et  l'enfant  s'écria,  levant  son  œil  candide 
Vers  les  dirins  lambris  du  palais  éternel  : 
"Puisqu<»  l'envers  des  cieux,— 56  mère, — 

est  si  limpide, 
Comme  il  doit  eut  beau   l'autre  côté  du 

ciel!"    .  . 


Sur  le  vaste  horizon  quand  la  nuit  fut 
venue 

A  rheuro  où  tout  chagrin,  dans  un  rêve 
s'endort. 

Le  regard  de  l'enfant  s'élança  vers  la  nue, 

Et  conjtempla  l'azur  semé  d«  perles  d'or  ; 

Les  étoiles,  au  ciel,  formaient  une  cou- 
ronne       .        ■^^•" 

Et  l'enfant  murmurait  près  du  sein  ma- 
"^       ternel : '  - 

''Puisque  l'envers  des  cieux  si  doucement 
rayonne, 

Oh!  que  je  voudrais  voir  l'autre  côté  du 
ciel  !" 

L'angélique  désjir  de  cette  âme  enfantine 
Monta  comme  ïîn  encen«<  au  céleste  sé- 
jour. - 
Et,  lorsque  le  soleil  vint  dorer  la  colline 
L*enfant  n'était  plus  là  pour  admirer  le 
jour. 


F*rè«  d'un  berceau  pleurait  une  mère  en 
prière, 

Et  l'enfant  avait  fui  vers  le  monde  im- 
mortel ; 

Et,  de  l'envers  des  cieux  franchissant  la 
barrière, 

Il  était  allé  voir  l'autre  côté  du  ciel. 


\' 


LA   CITADELLE  DE  QUEBEC. 

De  Lé  vis  à  Beauport, 
De  sang  baignant  nos  plaines,     ■..  -i 
Fier  Anglais,tu  promènes     „ 
L'incendie  et  la  mort.  ;  >  , 

Suspends, — suspends  ten  pas,       : 
Car  Québec  te  regarde  >  /^' 

Montcalra  monte  la  garde:     ^»j    * 
Anglais^  n'avance  pas  1 

Refrain. 

N'avance  pas,  n'avance  pas, 
La  Citadelle  te  regarde, 
Montcalm  ici  a;onte  la  garde, 
Anglais,  n'avance  pas  ! 

Sous  ce  rouge  drapeau, 
Bientôt  chaque  village 
Parlerait  un  language 
Barbare  et  tout  nouveau* 


'  »  ■■■.*■ 


On  entendrait  biontôt  '    , 
Le  jargon  britannique         '   , 

Véritable  musique  ^  ^ 

D'un  peuple  Wisigoth  !  ,  ", 

Refrain. 

N'avanee  pas,  non,  non, 
Anglais,  tu  sais  d'avance     w 
Qu'un  enfant  de  la  France,; 
Sait  jouer  du   canon.  ;, 

Couchés  sur  nos  remparts 
'  Vois  ces  fiers  chiens  de  bronze 
'  Ils  sont  huitj  dix  ou  onze, 
Et  jappent  bien,  les  gara  î 


V  VIVE  LA  FRANCE. 

Jadis  la  France  sur  nos  bord» 
Jeta  sa  semence  immortelle. 
Et  nous,  secondant  ses  efforts, 
Avons  fait  la  France  nouvelle. 

Refrain, 

0  Canadiens,  rallions-nous, 
Et  près  du  vieux  drapeau,  symbole  d'es- 
pérance, 
Ensemble  crions  :  à  genoux,  [ce! 

Ensemble  crions  :  à  genoux,  vive  la  Fran- 


Plus  tard  un  pouvoir  étranger  / 

Courba  nos  fronts,  un  jour  d'orage  ! 
Mais  même  au  moment  du  danger 
Dut  compter  sur  notre  courage  ! 

Refrain. 

Aujourd'hui  fort»  de  l'avenir,         '     '    . 
Sans  faire  un  seul  pas  en  arrière, 
Fidèles  aux  vieux  souvenirs, 
Nous  poursuivons  notre  carrière.      "^^ 

Refrain. 

Paroles  de  Louis  Frechetti. 


ru 


JE  SUIS  ZOUAVE- 

Franc-Cœur,  Caporal  des  ZouarcH 
A  la  guerre  eiait  un  démon  ; 
Franc-Cœur  était  comme  les  bravf  •/ 
Avait  un  cœur  sensible  et  bon. 
Il  racontait  ainsi  l'histoire 
D'un  jeune  Prussien  qu'il  tua  ; 
Ah!  mes  amis  de  celui-là 
J'en  garderai  longtemps   mémoire  : 

Refrain, 

J«  suis  Zouave  et  je  sais  bien 
Que  tout  n'est  pas  rose  à  la  guerre/ 
J'attends  hélas  î  mon  tour  demain 
Ma  foi  !  tant  iiis,  encore  un  verre, 
Au  souvenir  a'un  Prussien  (his.) 


aoi 

C'était  un  jeune  voloiitaire,  ,  ; 

Fine  moustache  aux  grand8  yeux  bleus. 

Brave  comme  tout  militaire, 

Portant  un  coup,  en  parant  deux. 

Bien  malgré  moi  ma  bayounette 

Frappe  au  cœur  le  vaillant  gardon 

Il  trébuche  et  murmure  un  mot 

Et  je  compris  :  ''adieu  Tointtte  !" 

'      :  V  ;  Refrain.       ^   , ...  i 

A  son  côte  je  m'agenouille, 
Afin  de  lui  porttr  secours. 
Je  prends  mon  mouchoir  et  le  mouille 
D'un  vin  <\w  je  n'ai  pas  toujours 
Ce  pauvr«  mourant,  me  devine. 
Et  me  dit  :  "merci  Caporal." 
Ce  merci  me  fit  plus  de  mal 
Qu'un  coup  de  fer  dans  la  poitrine  ! 
-  Refrain. 


Lorsque  j'entr'ouvresa  tunique, 
Je  VOIS  sur  «on  cœur  tout  sanglant 
Des  cheveux  noirs,  tendre  relique 
D'une  maîtresse  qui   l'attend. 
Si  j'avais  su,  pauvre  petite, 
J'aurais  sauvé  ton  fiancé. 
Si  j'avais  un  instant  pensé 
Qu'au  pays  m'attend  Marguerite. 

Refrain. 


Lorsque  «a  têtt^  tombe  a  terre,      y     ,.     î- ' 
Je  vois  à  8on  (X>u  suspendu  ;  ,,  ,^vj 

Un  médaillon, — c'était  «a  mère,   '     .  .    Vi 
De  pitié  mon  cœur  s'ent  ému.  ,1  ^1 

J'ai  vainement  porté  les  armes, 
Mais  à  cette  heure  où  i'ai  tremblé,  r  ;''  , 
Ah!    mes  aniis,  il  îu'a  semblé  :  >  .j* 

Quf  ce  portrait  versait  des  larmes  ; 


Refrr;i)\.  s 


i 


-.   . ,  .-..■--.•  •  ''f.. 

•  '^1*^     *       '  ,     *  ■ ^^         '         ■  '  .    '  ' 

.'■^:'  ■:-■*:■:. y-,  <:.---r-^:,A:'y'H-f. 

LE  REVEIL  DE  LA  POLOGNE.      '; 

Elle  se  lève,  elle  appelle  à  la  vie,     ;'>*   '-' 
La  nation  qu'on  veut  anéantir;     v  '■'-;- 
De  son  tombeau  sort  le  peuple  martyr, 
Et  l'aigle  blanc  plane  sur  Cracovie. 

Ref)  ain. 

De  la  Pologne  invincible  génie 
O  liberté!  soutiens  tes  défenseurs 
Que  devant  toi  tombe  la  tyrannie; 
Gloire  aux  martyrs,  et  mort  aux  oppres» 
seurs  (bis.) 

Après  quinze  ans  ressuscite  plus  brave, 
Sublime  élan  !  ce  grand  corps  mutilé  ; 
Les  rois  bourieaux,  qui  le  tenait  esclave, 
Sous  son  regard  intr*>pide  ont  tremblé. 

Refrain. 


.  ,.      303 

..-^  .         .        ■   .4'    -■  ^,:-..-:      '■■  . 

Les  rois  tombaient,   mais   leur   cœur    se 
<-         rassure. 

Nont-ils  pas  vu,  vautours  unis  entre  eux, 
Depuis  un  siècle  élargir  la  blessure 
.  Toujours  saignante  à  ce  flanc  généreux? 

Refrain. 

De  l'héroisme    impérissable  exemple! 
Duel  à  mort  et  toujours  renaissant  I 
Un  contre  trois  !...  l'Europe  les  contemple 
Sans  mettr'*  !in  à  ce  drame  de  sang. 

:      Refrain. 


V    :   r-ES  MONTAGNARDS. 

i)>J-:  ■■:■■  [--^ ■■:.:-  ,..:'■■.. .     Refrain. 

Les  Montagnards  (6  fois)  sont  là  î 
Halte!— Halte!— Halte! 
Les  montagards,  \bi8.] 
Halte!— Halte!— Halte! 
Les  montagnards  sont  là  ! 
Les  .Tiontagnards,  [bis.]  sont-làî 

Montagnes  Pyrénées, 
Vous  êtes  mes  amours! 
Cabanes  fortunées, 
Vous  nip  plairez  ton  jour?  ! 

Refrain . 


.'.Ht- 
A- 


"Laisse-là  tes  nn)ntiigiie8,"    .,;    ;  .v-.,. 
Disait  un  étr»ng«r,  -- 

''Suis-moi  dima  luer»  campagne»,      / 
Vi«ns.  i\e  «oin  plus  iK^rger"         ;   ;     , 

,/;>■>  •  .;,„.  >n  •4^  liefrain.    '  '»  -^  '     ''^' 


>,f  ■ 


Sur  la  t'îmc  argen*<^e  ■ 

De  ces  pics  orageux,  v  ? 

La  n«tiire  domptée  -  i  :-      •   '  '       i 

Favorint    nos    inux.  s      ■       ;.'•    ■  l 

1»          -  •    ^                -  _ 

---■N  ;-':.     Refrain,  r  ,,■••          ^  ^ 


fi 


Déjà  dan»  la  vallée 
Tout  ewt  silencieux, 
I>a  montagn»-  voilée 
Se  dérobe  i\  nos  yeux  ! 
Hefrain»"' 


LES  TRENTE   ECUS. 

Parô,  mon  petit,  de  ton  enfance 
L(^  bon  Dieu  sera  ton  soutien  ; 
A  Paris  règne  l'opulence, 
Deux  ici,  nous  mourrions  de  faim  ; 
Mais  quand  l'heure  de  la  prière 
Le  soir  sonnera  lentement, 
Mon  lils,  songe  à  ta  pauvre  mère, 
Qui  bénit  son  petit  enftint! 


X\\\  favoris  df  lu  tortunc, 
Deiuiiiide  im  sou  <t\iii  air  rinnt*, 
La  plainte  Aouvfitt    itiip(»rtuhe, 
Quoi^Uf!  Irinte,  paniis  content  : 
Mai»  (juand  Thcure  <!•  \i\  prière 
Le  soir  8<>nnrra  Jeiiteinent, 
Non  filî-  sonj^e  à  in  pauvre  mère 
Qui  bénit  «on  petit  entant! 

Aprèi*  trois  anf«,  auelle  richesse, 
Ma  mère,  trente  ecus  pour  toi; 
Ouvre  vite,  plus  détresse  ! 
Ton  p^tit  est  riche,  ouvre  moi; 
("était  riipuro  de  la  prière, 
La  pauvre  mère  en  ce  inomeiit 
Priait,  à  genoux  sur  la  pierre 
Et  liéniHsait  ^on. jeune  entant  ! 


LA  PETITE  MENDIANTE, 

C'est  la  petit*  nitndiânte 

Qui  vous  demande  un  peu  do  pain  '. 

Donnez  à  la  pauvre  innocente  ! 

Donnez  vitt,  car  elle  a  f«ini  : 

Ne  rejetez  p«8  ma  prière: 

Votre  oœur  vous  dira  pourquoi    [bisf 

J'ai  six  aiKs,  je  n'ai  plu»  de  mère. 

J'ai  faim  î  ayez  pitié  de  moi  î 


Hier,  c'était  fête  au  village 
A  moi  persorm»i  n'a  songé, 
Chacun  dangait  sous  le  feuillage,   ,;  . 
Hélas!  et  je  n'ai  pas  mangé  !  -? 

Pardonnez- moi  si  je  demande  ; 
Je  ne  demande  que  du  pain  {bis.) 
Du  pain  !  je  ne  suis  pas  gourmande  ; 
Ah  î  no  me  grondez  pas,  j'ai  faim  ! 

N'allez  pas  croire  que  j'ignore  •' 

Que  dans  ce  monde  il  faut  souffrir. 
Mais  je  suis  si  petite  encore! 
Oh  !  ne  me  laissez  pas  mourir  ! 
Donnez  à  la  pauvre  petite  ; 
Vous  verrez  comme  elle  priera  1  [bis.  ] 
Elle  a  faim  :  donnez,  donnez  vite  ; 
Donnez,  quelqu'un  vous  le  rendra  ! 


Si  ma  palinte  vous  importune.      "         j 
Eh  bien  !  je  vais  rire  et  chanter  #-^ 

De  l'aspect  de  mon  infortune       '   '' 
Je  ne  dois  pas  vous  attrister.     - 
l^uand  je  pleure,  l'on  me  rejette  ; 
Chacun  me  dit  :  "Eloigne-toi  î" 
Ecoutez  donc  ma  chansonnette:         ^ 
Je  chante,  ayez  pi  té  de  moi  I 

BoUCHEKDE  PERTHKi, 


PRE8  DE  TO^  iXEUR 

Près  de  ioH  <'(jeur,  ô  Père  doux  et  tendre^ 
-Te  viens  che relier  la  paix  et  le  bonh<^ur. 
A  quel  trésor  ne  puis-j^  pas  pr^tendr* 
-      Près  de  ioa  cœur?  (hh.)   j.  ; 

•C'est  mon  abri,  wia  demeure  chérie, 
Dans    me?   ennui,    naon     doux  i^onsola- 

tenr  ; 
Ah!  dans  Texil,  je  trouve  hi  pairi-t 
'  '    :  Près  de  ton  coeur!   (hifi.) 

Près  de  ton  cœur  j'accepte  avec   délice 
De  cet  exil,  lef?  combats  et  les  pleurs- 
Xe  dois-je  pas  a  vif  si  boire  au  calice 
De  UiB  douleurs?  [bis] 

P'è»  de  ton  coeur,  je  reviens,  je  respire 
Le  doux  repos  à  mon  ârne  est  rendu  ; 
Car  sur  mes  sens  je  retrouve  Tempire 
Près  de  ton  cœur!  (5/.s.) 

Près  de  ton  cœur,  mon  cœur  reprend    la 

vie. 
('omiîîe  au  soleil  de  languissantes  fleurie. 
V'erse  tes  feux  sur  mon  âme  fiétrit* 

Soleil  des  cœur»!  [bis.] 


■  i  LE  CASQUE  DE  MON  PERE 

Voici  le  casque  de  mon  Père, 

Noble  débris  qu'il  m'a  laissé ;:v"^^ 

Je  le  conserverai,  j'espère, 

Car  c'est  pour  moi  tout  un  passé. 

Quand  vint  son  heure  dernière 

11  nous  en  parlait  bien  «ou vent  :  ^  '    \ 

.   /  .  >    ^;.         Refrain. 


:.r': 


i.  :■. 


Voioi  le  casque, — le  canque, — It  casque, 
Voici  le  caKque, — le  casque  de  mon  pèrt  ; 
Voici  It  caïqut, — le  ca«que, — It  casqUt — 
Lo  calque  d«  mon  père,  àl'éprtuve  du  vent. 


=  i-,r.'* 


Ct  fut  le  jour  dt  son  mariage 
Qu'il  l'étrenna, — certes  lans  tort  ; 
C'était  prudent,  car  en  ménage,    ^f 
Le  vent  parfois  souffle  bieii  fort,  i 
Mais,  s'il  faut  «n  croire  ma  mère. 
Il  fut  toujturs  tendre  et  charmant: 

Refrain, 

Lorsque  je  mets  cette  coiffure 
J'entre  souc  le  toit  paternel. 
N'ai -je  point  une  nobk  allure, 
L'air  imposant  et  «olennel? 
Avec  cela  j'irais  en  guerre. 
Braver  Je  Czar  et  le  Sultan  : 

Refrain. 


•:r,\- .  i''- 


';r* 


ii  ■:■  r  ^  ; 


Vous  (lirai-jo  eiifm  (\\\e  les  mites      > 
l)nt  respecté  ce  poil  soyeux  ; 
Quoiqu'ayant  Pair  un  peu  marmite, 
Ces  casques-là  sont  précieux. 
On  peut  st  passer  de  chaumière 
Et  ne  point  craindre  l'ouragan. 
-j.^;--:;:.;,:  .•  ,''^~.'tC      Refrain. 


.     LEÇON  D'ASTRONOMIE. 

Que  tout  chacun  qui  n'ett  pas  myope 
S'approche  donc  ;  c'est  le  moment 
D#  venir  voir  au  télescope 
Chaque  beauté  du  firmament. 

Un  sou  seulement  ! 
Pour  voir  Jupiter  et  Saturne, 
Mars,  Vénus,  -Mercure  et  la  lune 

C'est  le  vrai  moment  i  {bis] 
Qui  veut  voir  la  lUne? 

Pour  un  sou  inexpliqué  au  public 

Le  .système  de  Prométhée, 

Le  système  de  Galaté, 

Le  système  de  Copernic. 

L'ordre  et  la  marcne  des  Comètes, 

Des  étoiles  et  des  Planètes, 


310 

.'  "■■.■"■  ■'^-    ^,.':...  "■■  .■.. V  ^  -.  *  '  -;.,. 

Èi  pùiis  la  lune  en  finissnnt,  :; 

Pour  q,ue  ^intérêt  soit  e»  croissaiif 


MefraiiK 


liT^4.i'^''^éU'i} 


---/'..>  ;^:'''K'''  ■;■'      ■  '  '1  "-'  '   'i'  "■  ■■ 


I>aii*8  îa  IxjÉne  c'est  vraiment  fee»u" 
Vous  distingiverex  lie»  imnitagnes 
Des  mai»onsr  de»  boi»,  d**s  eanipagntfi* 
Dea  groseilliers  à  maquereau.  /; 

L'astre  qui  bnlle  sur  nos  têtes 
A, — dit — ou,— comme  nous  ses  bêteÉ? 
Ses  lois  ses  priH<3e8y  son  drapeau^ 
Des  sujets  qui  mangent  du  veau. 

■  jRefrain,  ^§-'.tu^^\  ■'-.■• 

ïhi  soleiîie  puis  totft  autant    •      ^ 

Vous  parler  comme  de  la  lune , 

J'3xphque  Téelipse  de  l'une 

Et  de  l'autre  pareillement. 

Je  TOUS  démontrerai  qu'il  pa8»«^ 

Des  globes  de  feu  dans  l'espace- 

Traînant  des  comètes  à  queues 

On  sans  queue  au  moins  pour  nom  jêMt. 

Refrain^ 


M 


y     yii 

y;:i U^^LE  ROI  DU  vallon;' 

..^/i/'/^v;-. '•--•<'']•    Refrain,  ''•""^■p"'- ' 

Ah! 
La-la-la-  ra-  [^(>  fois.J 
^    Je  possède  un  réduit  obscur 
Au  fond  d'un  vert  bocage 
Sur  mes  fleurs  coule  à  flots  d'atur 
Le  ruisseau  le  plus  pur. — (bis.) 
D^un  chêne  1»^  feuillage 
Me  prête  non  ombrage 
Me  garantit  des  feux  du  jour, 
Non  de  ceux  de  l^amour. 

Refrain. 


Dès  le  matin  j'entends  chanter 
La  fauvette  si  tendre 
Et  le  passant  de  s'arrêter 
Chercnart  à  l'imiter. — [bis.] 
Je  ne  puis  me  défendre 
Du  doux  charme  d'entendie 
Marier  le  chant  du  hameau 
A  celui  de  l'oiseau 

Refrain, 


s 


U2 
L'HUMBLK  TOIT  \)K  MON  PERP: 

Oïl  vante  c^si  palitJs.  ce«  teinplen,  ces  tro- 
phée.*» 

Que  la  belle  Italie  élève  jusqu^aux   oieiix. 

Et  qu'on  prendiiit  pliuôt  pour  Ftjuvrage 
des  féei=». 

Tant  lewr  grandeur  magique  éblouit 
toi; a  les  veux. 


lif'fr 


mu 


Moi  pourtant  je  préfère 
A  ce  brillant  séjour 
L'humble  toit  de  mon  père 
Où  je  reçuw  le  jour. 


On  vante  lea  jardins  de  l'heureuse  Idu- 
mée, 

Où  le  soleil  répand  8ea  plus*  riches   cou- 
leur», 

Où  d'éternels  printemps  à  la  terre  em- 
baumée 

Ne  refusent  jamais  ni  les  fruits,  ni  lef 
âeurs. 

Refrain 


813 

Non.  ce*  n'est  })as  à  nioi  qu'iU  puurroat 
faire  envie, 

Ccti  jardins,  ces  palais,  dont  l'oeil  est  en- 
chanté: 

Dans  les  climats  du  nord,  où  j'ai  reçu  la 
vie, 

Avec  même  bonheur  j'ai  plus  de  liberté 

Refrain 


VIENS  BELLE  NUIT. 

Viens  belle  nuit,  m«  couvrir  d«^  ton  voile  ! 
Viens  ramener  le  calme  dans  mon  cœur. 
Oh!  j'aime  à  voir,  au  ciel  briller  l'étoile 
Qui  charme  l'âme  en  rêvant  le  bonheur 
Quand  le  soleil  fait  place  à  la  nuit  som- 
bre 
Bien  doucement  murmure  le  zéphir: 

Refrain. 

Si  je  l'entends  qui  .soupire  dans 

Tombre        '  .. 

C'est  un  beau  rêvo,  ahl  laissez, 
moi  dormir  I- 


3)4 

Un  exilé  sur  hi  terre  étrangère 
Rêve  souvent  nu  pays  do8  amours  ; 
Moi  comme  lui,  pour  (;elle  qui  n'est  chè- 
re, 
En  soupirant,  je  murmur*  toujours  : 
Viens,  belle  nuit,  dissiper  mes  alarmes, 
Rappelle-moi  son  tendre  souvenir  : 

Refrain. 

Mais,  ô  bonheur  !  elle  sèche  mes 

larmes  ,. 

C'est  un  beau  rêve  :  ah  !  laissez.       * 
moi  dormir. 


L'EGLISE  SUR  LA  MER  DU  MONDE, 

D'un  regard  tranquille  et  serein, 

Jésus^  voyait  venir  l'orage, 

Va,  dit-il  au  pêcheur,  va   braver  le   nau- 
frage ; 

Le  pêcheur  aussitôt  entonna  son  refrain  î 
Dieu  !  guand  il  s'agit  de  ta  gloire. 
Nous  voguerons  contre  les  flots. 
La  croix  assure  la  victoire, 
Courage  !  en  avant  matelots. 

Jësup  a  dit  :  il  monte  aux  cieux, 
S'élançant  sur  la  mer  du  monde. 


;^15 

La  barquf  du    ])êcheur    tirt>ei)ient   briejft 
l'onde  ; 

La  plage  au  loin  redit  ce   chant    victori- 
eux : 

T'ieu! 


Mais  de  Tenfer  j'entends  la  voix  : 

La  tempête   à  ce  cri  s'avance, 

Mugit,  enfle  -ses  fllots  et  sur  Pierre  s'élan- 
ce; 

Pierre  meurt  et  s'écrie  en  embrassant   la 
croix  : 

Dieu! 

Satan   ftvmit  ;  va  î  désormais, 

Du  monde  je  reprends  l'empire. 

Mais  non  :  le   frêle  esquif  se   transforme 
en  navire, 

Il  s'avance  plus  fier,  plus  hardi    que  ja- 
mais. 

Dieul 

Aux  ans  succéderont  les  ans. 

Mais  tour  à  tour  un  nouveau  Pierre. 

De  sa  voix  dominant  le   fracas   du    ton- 
nerre. 

Gouverne  sans  faillir  à    travers   les  bri- 
sants. 

Dieu  ! 


316 
ADIEU. 

France,  je   mf»urp;  je   meurs;    tout    tue 

l'annonce. 
Mère  adorée,  adieu.  Que  ton  saint   nom 
Soit  le  dernier  que  ma  bouche  prononce 
Aucun  Français,  t'aima-t  il  plus?  Oh!  non 
Je  t'ai  chantée  avant  de  savoir  lire  ; 
Et  quand  la  mort  me  tient  sous  son  épi- 

eu, 
En  te  chantant  mon  dernier  souffle   ex- 
pire. 
A  tant  d'amour  donne  une  larme.  Adieu. 

Lorsque  dix   roin,   dans   leur     triomphe 

impie, 
Poussaient  leur  char  sur  ton  corps  muti- 

lé,  _ 

De  leurs  bandeaux  j'ai  fait  de  la  charpie 
Pour  ta  blessure,  ou  mon  baume  a   cou- 
lé. 
Le  ciel  rendit  ta  ruine  féconde  ; 
De  te  bénir  les  siî^cles  auront  lieuj 
Car  la  pensée  ensemence  le  monde. 
L'Egalité  fera  sa  gerbe.  Adieu. 

Demi-couche,  je  m«  vois  dans  la  tombe 
Ah!  viens  en  aide  à  tous   ceux   que  j'ai- 
mais. 
Te  le  dois,  France,  à  la  pauvre  colomb« 


Ml 

Qui  dans  ton  champ  ne  butina  jamais. 
Pour  qu'à  tes  fils  arrive  ma  prière, 
Lorsque  déjà  j'entends  la  voix  de  Dieu, 
De  mon  tombeiiu  j'ai  soutenu  la  pierre. 
Mçn  bras  se  lasse;  elle  retombe.  Adieu. 

Beraxoer. 


D'OU  VIENS  TU,  BEAU  NUAGE? 

Quel  oiseau  te  dépasse, 
Vapeur  que  rien  ne  lasse? 
Quand  tu  fuis  dans  l'espace, 
Mon  front  devient  rêveur. 
Où  l'aurore  se  lève 
Je  cherche  dans  mon  rêve 
Le  village  et  la  grève. 
Oîi  m'attend  le  bonheur. 
D'où  viens-tu,  beau  nuage, 
Emporté  par  le  vent? 
Viens-tu  de  cette  plage         )   •  • 
Que  je  pleure  souvent?  ( 

As  tu  vu  ma  compagne 
As-tu  vu  la  montagne, 
Notre  tiel  de  Bretagne, 
Notre  ciel  étoile? 
As  tu  vu  le  calvaire, 


81JS 

QÛ,  chaque  Foir,  ina  mère 
Va  dire  une  prière 
Pour  le  pauvre  exilé? 

D'où  viens  tu,  beau  nuage,  etc; 

Là  bas,  jjrès  de  Téglise, 

Dis- moi  hi  ma  Louise 

Dont  la  main  m'est  promise 

Me  garde  encor  sa  foi? 

Oui,  Louise  est  fidèle! 

Là -bas  sa  voix   m'appelle 

Comme  j'entends  loin  d'elle, 

Elle  entend  loin  de  moi"  I 

Par  pitié,  beau  nuage 

Sur  les  ailes  du  vent, 

Porte-moi  sur  la  plage  |    .  . 

Que  je  pleure  souvent  !  j     *'^' 


BAL  CHEi:  BOULE. 

Dimanche  après  les  vêpres, 
Y  aura  bal  chez  Boulé  ; 
Mais  il  n'y  vn  personne 
Que  ceux  qui  savent   danser. 

Vogue,  beau  marinier,  vogue, ^ 
Vogue,  beau  marinier. 


319 

Mais  il  n'y  va  j)er8orjne 
Que  ceux  qui  savent  danser. 
Loieon  Blé,  coinnri'  Icb  autr'e, 
Voulut  itou  V  aller.  / 

Louison  Blé,  cornm'  les  autr's, 
Voulut  itou  y  aller.     ' 
Non,  li  dit  sa  nuiîtresse, 
T'iras  quand  l'train  s'ra  fait* 

Non,  li  dit  pa  nuiîtresse, 
T'iras  quand  l'train  s'ra  fait. 
I  s'en  fut  à  l'étable 
Ses  animaux  soigner. 

I  s'en  fut  à  l'étable 
Ses  animaux  soigner; 
Prit  Barett'  par  la  patte, 
Et  Caillett'  par  le  pied. 

Prit  Barett'  par  1  a  patte, 
Et  Caillett'  par  le  pied. 
Quand  tout  son  train  fut   fait, 
I  s'en  fut  s'habiller. 

Quand  tout  son  train  fut  fait, 
I  s'en  fut  s'habiller. 
Mit  son  gilet  barré 
Et  ses  souliers  francés. 


320 

Mit  son  gilet  barré 
Et  ses  souliers  tV^ncés. 
Quand  i  fut  habillé 
I  s'en  fut  chez  Boulé. 


Quand  i  fut  habillé. 
I  s'en  fut  chez  Boulé. 
Quand  i  fut  chez  Boulé,   , 
1  se  mit  à  danser. 

Quand  i  fut  clioz  Boulé, 
T  se  mit  à  danser. 
Quand  il  eut  bien  dansé, 
I  s'en  alla  s'coucher. 


CHANSON  DES  VIEUX  GARÇONS 
PAR  UNE  VIEILLE  FILLE  . 

Depuis  longtemps  je  pleurniche, 
J'attends  comme  un  vieux  bouquet 
Qui  languit  sur  la  corniche. 
Et  tu  n'e.-^  pas  encor  prêt! 
Tu  ris  même,  âme  triajaude, 
Du  mal  qui  me  fait  sécher' 
Ah  !  tu  vas  l'avoir  la  chaude, 
Tu  vas  te  faire  éplucher  î 


321  • 

Méclmnt,  tu  fuis  r«au  bénite, 
<!)u  n'eu  prends  qu'avei^  tes  gantai 
]^[ai8  \Hy\\r  -iîi  liqu-eur  iiiaudite, 
Tu  ne  craches  pas  tledartn. 
Tu  jures,  vitîille  -bai^iciic, 
Coi» me  im  cln»eii  <le<îoni'Uiu«i#ux, 
Kt  puis,  tu  fais  la  <îatiche, 
Avf»c  un  air  ciitinetix  ! 

Tu  ne  vas  ^uère  à  la  me^sf , 
Ou  n'iu rives  que  fort  tard  ; 
Si  tu  te  reiids  à  ccni fesse 
(''est  aux  pàque^fs  de  renard,, 
\a  soir,  peiulant  la  prier»*, 
Tu  t'étends  ou  dors  aijsis; 
Te  rouvres  tu  la  paupière. 
C'est  \Ht\\r  voir  par  le  châssis,. 

Ah  !  x'onibien  tu  laous  agaces, 
Vieux  traître,  depuis  dix  ansl 
Ca  faii  dix  fois  que  tu  casse» 
Et  mets  Tarrôt  «u»  len  baos. 
L;»  pauvre  Claire  en  est  morte 
A  force,  hélas,  de  broillerl 
Et  Rose  qui  n'est  pas  forte 
Menace  de  se  tr(jubler! 

Tu  sens  tinijours  la  nuiaise, 
Cancre,  à  force  de  croupir  ; 
I^e  jour  tu  dors  sur  ta  chaise 
Et  le  soir  tu  vafi  courir 


C'est  toi  qui  fiis  ta  marmite, 
Qui  prépares  tes  fricots  ; 
Ta  soupe  n'est  jamais  cuite, 
Et  tu  brûles  tes  gigots. 

An-tu  vidé   ton. assiette, 
Vite  tu  cours  allumer  ; 
Ou  tu  mords  dans  la  torquette, 
Lorsque  tu  ne  peux  fumer. 
Ton  gousset  porte  un  bagage, 
Un  vrai  drigail  infernal, 
L'acre  odeur  qui  s'en  dégage 
Peut  nous  faire  trouver  mal. 

Ta  chétive  maisonnette 
Est  bien  loin  d'être  un  palais, 
Pour  tenir  la  place  nette 
Tu  n'as  jamais  de  balais. 
Partout  ta  chemise  fine 
Traîne  avec  ton  vieux  butin  ; 
Tu  ne  brosses  ta  bougrine 
Que  le  dimanche  au  matin. 

Tes  culottes  par  î'ueure 
Vieni.ent-elhs  apercer, 
Tu  n'as  pas  de  créature 
Pour  les  faire  rapiécer. 
C'esl  toi  qui  fais  la  reprise, 
Mais,  avenir  désastreux  ! 
Tu  traverses  ta  chemise, 
Et  couds  ensemble  les  deux  ! 


•Vil 

Paien,  jamaiis  du  carême 
Tu  n'omets  un  seul  repas, 
Tu  fais  ta  g.and'faceblême 
Pour  manger  toujours  du  gf'as. 
Ah!  qu^lk^  fourmilière 
De  crimes  et  <îe  défauts  î 
Ton  âme  est  la  fondrière 
Des  sept  péchés  capitaux. 

Insensé,  sois  donc  plus  sage, 
Tâche  enfin  de  t' attendrir, 
Mais,  hélas  !  plus  je  t'engage, 
Plus  tu  semblés  t'en  durcir! 
Aussi  dans  l'i  m  pénitence 
Tu  finiras  tristement, 
Tu  vas  par  ta  résistence 
Mourir  sans  le  sacrement  î 


LES  ADIEUX   DE  BERTRAND. 

AvHut  de  quitter  le  riva<£e 
Où  dort  pour  jamais  le  Tîéros, 
Bertrand,  près  du  rocher  sauvage, 
A  sa  tombe  adresse  ces  mots: 
C'est  donc  là  que  le  Roi  du  monde 
A  vu  ces  beaux  jours  se  flétrir! 
Sur  un  roc,  an  milieu  de  l'onde, 
F^e  destin  le  force  à  périr  ! 


324 

Ah  I  donnons-lui,  compagnons  de  sa  gloire 
Seulement  une  larme,  un  regret  par  vic- 
toire, 
Et  plus  que  lui  jamais  Français 
N'aura  coûté  de  pleurs  et  de  regrete. 

Lorsque  sonna  la  dernière  heure, 
Un  nuage  obscurcit  mes  yeux, 
Et  dans  la  céletjte  demeure 
J'aperçus  tous  nos  demi-dieux. 
Ces  preux  que  la  France  regrette 
Tendaient  les  mains  à  ce  Héros, 
Et  la  mort,  plinant  sur  sa  tête, 
Pleurait  «ur  le  coup  de  sa  faux. 
Ah!  donnons  lui, 

Celui  qui  du  haut  des  colonntjs 
Forçait  les  rois  à  se  cacher. 
Celui  qui  donnait  des  couronnes, 
Pour  tombe  a  le  creux  d'un   rocher  I 
Celui  que  protégeait  Dieu  môme, 
Hélas  1  le  vainqueur  des  vainqueurs. 
Tombé  loin  de  son  diadème, 
N'a  plus  d'autels  que  dans  no»  cœurs. 
Ah  !  donnong  lui, 

Du  grand  homme  que  je  regrette. 
Refusant  tout  bienfait  nouveau, 
Je  ne  veux  qu'une  violette. 
Qui  croisse  au  pied  de, son  tombeau. 
Avec  moi  j'emporte  ses  armes. 


325 


Nul  mortel  ne  les  toueiiera , 
fîncor  coiivertets  de  8es  larme», 
Son  fils  un  jour  les  portera. 
Ah!  donnons-lui. 


Adi'îu,  dernier  espoir  des  braves  ! 
Le  destin  me  dicte  la  loi 
D'aller  vivre  au  sein  des  esclaves 
Qui  jadis  tremblaient  devant  toi; 
Et  quand  viendra  ma  dernière  heure 
Que  l'on  «'accorde  dans  ce  lieu, 
Près  de  ta  tombe,  un  peu  de  terre, 
C'est  là  mon  seul  et  dernitr  vœu. 
Ah  !  donuons-lui. 


ELOGE  DE  L'EAU. 

Il  pleut,  11  pleut  enfin  I 

Et  la  vigne  altérée 

Va  se  voir  restaurée 

Par  ce  bienfait  divin! 

De  l'eau  chantons  la  gloire  : 

On  la  méprise  en  vain. 

C'est  l'eau  qui  nous  fait  boirt 

Du  vin,  du  vin,  du  rin. 


320' 

C^esl  par  l'eau,  j'en  convieniK, 
Que  Dieu  fit  le  déluge  ; 
Mais  ce  souverjiin  juge 
Mit  les  niatix  près  des  biens. 
Du  déluge  l'histoire 
Fait  naître  le  rnisin  : 
C'est  l'eciu  qui  nous  fait  boire 
Du  vin,  du  vin,  du  vin. 


Du  bonheur  je  joièis 
Quand  1k  rivièr»3  apporte, 
Presque  devant  ma  porte, 
Des  vins  de  tous  pays.  ^ 

Ma  cave  et  mon  armoire, 
Dans  l'instant  tout  est  plein f 
C'est  l'eau  qui  me  fait  boire 
Du  vin,  du  vin,  du  vin. 

Par  un  temps  sec  et  beau^ 
Le  meunier  du  village 
Se  morfond  sans   ouvrage 
Et  ne  boit  que  de  l'eau. 
II  rentre  dans  sa  gloire, 
Quand  l'eau  vient  au  moulin  : 
C'est  l'eau  qui  lai  fait  boire 
Du  vin,  du  vin,  du  vin. 


n27 

S'il  fiiiit  un  trait  nouveau, 
Mes  amis,  je  le  guette  :    ^ 
Voyez  à  la  guinguette 
Entrer  mon  porteur  d'eau. 
Il  y  perd  la  mémoire 
Des  travaux  du  matin  : 
C'est  Teau  qui  lui  fait  boire 
Du  vin,  du  vin,  du  vin. 

Mais  à  vous  chanter  Peau 
Je  sens  que  je  m'altère  ; 
Passez-moi  vite  un  verre 
Plein  du  jus  du  tonneau. 
Si  tout  mon  auditoire 
Répète  mon  refrain  : 
C'est  l'eau  qui  lui  fait  boire 
Du  vin,  du  vin,  du  vin. 

Armand  Gouppe. 


LE  25  DE  MAf 

Vl  VAX  C  H  A  XT  (;  A  N  A  l)  !  K  N', 

Afii: — Connu.  ^ 

J'ai  vu  le  25  de  mai  ^   . - 

►Sur  la  glace  un  gros  bélier, jf 
Qui  fricassMJt  de«  oignons 
Avec  des  p^lott's  de  neige, 
Dans  l'oreille,  d'un  pigeo'i 
Dessus  le  dos  d'un  lièvre. 

Un  cHi'osse  bien  agréyé  ;       >   , . 
Quat'  crapaud»  bien  attelén.f      *' 
Vn  wawaron  poudré,  frisé. 
Assis  danp  ce  carcrstse 
Un''Trémille  à  ses  côté*; 
Je  crois  qu'ils  vont  aux  noces. 


bia. 


Il  avait  pour  son  laquais 

Un  gros  taon  qui  jabotait. 

11  avait  pour  son  cocher 

Un  maringouin  d'automne, 

Qui  sacrait  comme  un  charretier, 

•Encor'  faisait-il  l'hommel 


bis 


Un'  sautereir  mal  avisée 
S'»n  va  pour  les  voir  danstr 
Elle  est  tombée  (iu  haut  en  bas, 
S'est  cassé  la  cervelle  j 
Elle  est  mort'  depuis  v^e  temps- là 
J^en  ai  su  la  nouvelle. 


32y 

ADIKU,  FRANCE  CHERIE. 

A'Iien,  moments  d'ivresse, 
Rêves  (le  maJMiinesse: 
Lu  mort  déjà  m'oppresse 
-    Kt  vient  glacer  mon  cœur. 
Proscrit  dans  ma  ir  '>ère, 
Pleurant  toujours  mon  père, 
En  vain  mon  âme  espère 
Un  terme  à  sa  douleur. 

Refrain. 

Adieu,  France  chérie 

Qn«  n'ai-je  pu  t'ofFrir  mon  bras. 

O  ma  belle  patrie  ! 

Je  pleure    n  on  trépas. 

Dans  une  affreuse  solitude, 
J'ai  vu  s'éteindre  mon  printemps, 
Et  la  plus  sombre  incertitude 
A  nais  le  comble  à  mes  tourments,  (bis.) 

Berc-iau  de  mon  enfance, 
Heureuse  et  belle  France, 
J'admire  la  vaillant  e 
De  tes  jeunes  héros  : 
Ils  ont  quitté  la  terr«  ; 
Mais  leur  noble  poussière 
SoulèviB  encor  la  "pierre. 
Qui  couvre  leurs  tombeaux. 
\  Befiain. 


330 

Au  moins,  dans  sa  haute  infortune, 
Mon  père  eut  un  vaste  renonn  ; 
Mais  hélas»  !  nia  vie  importune 
S'enfuit  en  me  laissant  qu'un  nom. 
— O  ma  belle  patrie  ! 
Que  n'ai-je  pu  l'offrir  mon  bras  1 
Adieu  !  France  chérie, 
Le  ciel  veut  mon  trépas. 


0  gloire  redoutable 
D'un  génie  indomptable  ! 
Vingt  ans  infatip;able. 
Tu  fis  trembler  les  rois. 
C'est  mon  seul  héritage  ; 
La  gloire  est  mon  partage  ; 
Qu'il  reste  comme  un  fjage 
Des  plus  brillants  exploits. 

Hefrian. 

Longtemps  une  douce  chimère 
Berça  mon  cœur  d'un  tendre  espoir. 
On  me  parla  d'une  autre; 
Je  ne  devais  jamais  la  voir. 


0  ma  ]>elle  patrie  î 

Que  n'ai-je  pu  t'offrir  mon  braa  I 

Adieu  !  France  chérie. 

Le  ciel  veut  mon  trépas. 

Crevbl  de  Chablemagn*. 


TABLES  DES  MATIERES. 

Li  Canarlienne page  8 

Le  Rosier  d«  Mai 5 

Le  Poinm  er  doux 7 

La  Belle    Krançoise 10 

Les  Trois  Capitaines 13 

IMns  les  Prisons  de  Nantes 14 

Ma  boule  loulant 16 

A  Saint  Malo 18 

A  la  claire  fontaine 20 

Margotton  et  son  âne 23 

Quand  j'étais  chez  mon  père 24 

Mon   Moine 28 

Dedans  Paris 29 

Mort  de  Malbrongh 80 

Il  était  un'  Bergère 32 

Brigadier,  vous  avez  raison 88 

Le  Canadien  exilé 85 

Les  Bossus 86 

Complainte  du  Juif  errant 87 

La  Gamelle  patriotique 43 

Le  Pays 46 

Le  Vieux  Braconnier 48 

La  Prière  du  châtelain 50 

Mon  âme  à  Dieu,  mon  cœur  à  toi 51 

Ave  Maria 52 

Le  Soldat  et  le  Berger .54 

Le  peth  Mousse  noir ; 55 


332 

Adieux  de  Marie  Stuart .* 67 

La  Vengeance  Corse 5B 

Le  petit  Aveugle (50 

La  Croix  de  ma  Mère 04 

La  Prière  d'une   Orplieline 65 

Barcarole  de  la  Muette 60 

Les  Sapins . .' 67 

L'Ange  de  la  PitiC' 70 

Souvenir  d'un  vieux  Militairo 71 

Les  Girondins 73 

La  Marseillaise 74 

Souvenir  de   Napoléon 77 

Hymne  aux  Martyrs  de  1837-38 80 

Le  Drapeau  de  Cari  Ion 82 

Avant  tout  jn  suis  Canadien 84 

O  Canada,  mon  Pays,  mes  Amours 86 

Un  Souvenir  de  1837 88 

Sol  Canadien,  terre  chérie 89 

Souvenir  et  Espoir 91 

L'Eau  et  le  Vin 93 

Zozo 96 

Jeanne  d'Arc  au  Bûcher 97 

La  Fête-Dieu 98 

Lh  Prière  du  matin 100 

La  Bonne  Mère 101 

Chant  du  vieux  Soldat  Canadien 102 

Le  Corbeau  et  le  Renard 105 

Le  Corheau  vengé 108 

Le  Lac 110 


333 

La  Plainte  du  Mousse 112 

L'Hiroudelle   et  le  Proscrit 114 

.Je  garde  ma  Foi ' 115 

Brise  du  Soir 116 

Toujours  Seul 117 

Les  Enfants  CgarCB Il8 

Les   Rameaux 120 

Amour  et  Fanatisme 121 

Les  Feuilles  mortes 123 

Le  Vieux  Cheik 124 

Le  Dernier    Adieu 126 

Ne  pense  qu'à  Dieu 126 

L'Orpheline 128 

Le  Papillon  ; 129 

Le  Chef-d'œuvre  de  Dieu 130 

La  Piété 131 

Dit'U,  mon  f nfjint.  te  le  rendra 182 

La  Chapelle   abandonnée 133 

Silvio  Pellico  au  Spielberg .«vr . .  135 

Le  Tasse 137 

La  Rose  et  l'Enfant 138 

Près  d'un  Berceau 139 

La  Charité 141 

Les  Anges  du  Foyer 143 

Un  Pas  vers  les  deux 144 

Priez  pour  lui 145 

Le  Petit  Savoyard 146 

Le  Chien  de  l'Invalide 148 


334 

Où  vas  tu  petit  oiseau 149 

Le  Roi   Dagobert 151 

Cadet  Roussellè 154 

J'ai  du  bon  tabac  dans  ma  tnbîitière 157 

M'a  Normandie ^ 159 

A  la  grâce  de   Dieu rV. 160 

Le  Soleil  de  ma  Bretagne 161 

Roui'  ta  bosse 163 

Les  Volontaires  de  Terrebonne 165 

Les  Voltigeurs,  1812 167 

Le  Petit  Roger  Bon  Temps 168 

L'Hiver  au  Canada 170 

La  Frontière 173 

(;haiïî»on  patriotique .* 175 

A  Saint  Jean  Baptiste 177 

Chant  de  la  Huronne 178 

Cliant  des  Chasseurs 179 

Le©  Canotiers 181 

Je  ne  cherche  que  ta  gloire 182 

Nos  jours  de  gloire 183 

Les  Français  en  Canada 185 

L'Avenir 186 

La  Liberté,  la  Patrie  et  l'Horaieur 189 

Napoléon 191 

La  chanson  du  bon  Pasteur 192 

Je  chanterai 193 

Le  Beau  Dunois 194 

Le  Retour  de  l'Hirondelle 196 


3.^>5 


« 


Si  ui  ^'s  à  l'Océan 197 

L' Aiiure  Gitruien 198 

P.-i  lu."  clans  la  moiitague 200 

La  Sœur  d.-  tJhaîiÉ'^ 202 

La  Part  à   Dieu 203 

Le  Baiser  du  soir 205 

Je  voudrais  ne  plus  me  souvenir 206 

Petits  Oiseaux  chantez  toujours 208 

Doux  8ouveiiirs  de  mon  Village 209 

Salut!  Salut! 211 

L'Ori)heline  de  la  Koche 212 

Le  Ciiien  de  l'Aveugle * 213 

L'Ange  de  la  Bienfaisance 215 

Alsace  et  Lorraine 217 

Le  R3ve  du  Mousse 218 

Mon   Village ". . .  .220 

Les  Deux  enfants  du  Pêcheur. ...  .222 

Bonsoir  petite  Etoile 233 

La  France  immortelle 225 

Le  Montagnard  (?migré •. .  .227 

Le  Petit  Mousse 228 

Pierre  ePPaul .230 

La  Tombe  ignorée 231 

Les  Cloches  du  soir 232 

Le  Marin 233 

La  complainte  des  vieilles  Filles 234 

Canada!  Belle  Patrie 238 

Le  Soldat 239 

La  jeune  mourante 240 


336 


Les  Adieux  du  Martyr 242 

Les  Peines  (!u  petit  Efolier 243 

L  i  Barqi'e  de  Pierre 244 

L  i  Saison  des  Fleurs 245 

Aux  Messieurs  de  la  V  lie 246 

O  Vierg'  sainte 247 

Les  Matelots 248 

Le  Poète 250 

Les  Voix  du  ciel 251 

Souvenirs  du  jeune  Aijçe 252 

Pri^re  d'Arthur  de  Bretagne  dans  sa  prison.  .253 

Les  deux  S  ivoyards 254 

Îj'\  Tyrolienne  des  Pyr(?nées 256 

L'Hirondelle  et  le  Matelot 258 

Aux  \  ena:eurs  des  Chrétiens  de  Syrie .259 

Adieu  noble  Courcier 260 

L^  Retour 262 

Connais  tu  le  Pays 263 

D'oti  viens-tu  Bergère 264 

Ah  !  si  mon  Moine 265 

La  Terre  d'Exil T. ...  .266 

La  Mer 267 

L'Ange  et  l'Enfant 268 

Chant  Canadien 269 

La  Fiancée  du  Soldat 270 

L'Amertume 272 

La  Cabane  de  mon  Père 278 

Le  Cloj-her  de  mm  Village 274 

Nous  verrons  après 276 


3:i7 

Le  Mineur 277 

Chant  d'Adieu  !  1877 279 

La  Fille  du  Pécheur 280 

Le  Retour  dans  la  Patrie 281 

Rai)pelk^  toi 284 

Le  Chant  du  Matelot 285 

Mon  Pauvre  Pierre 287 

LeRosif-r 288 

Vaine  Attente 289 

Soupirs  Yt'rs  Dieu 291 

Charles  Quint 292 

La  Chèvre ..,..: 294 

Désillusion 296 

L'Envers  des  Cieux 296 

La  Citadelle  de  Québec 298 

Vive  la  France. 299 

Je  suis  Zouave 300 

Le  Réveil  de  la  Pologne 303 

Les  Montagnards 308 

Les  Trente  E«us 804 

La  Petite  Mendiante 805 

Près  de  ton  Cœur 307 

Le  Casque  de  mon  Père 308 

Leçon  d'Astronomie 309 

Le  Roi  du  Vallon 311 

L'Humble  toit  de  mon  Père 312 

Viens  belle  nuit 818 

L'Eglise  sur  la  mer  du  monde. 314 


8S8' 

France,  je  meurs,  je  mem  s 316 

D'où  viens-tu  beau  Nuage 317 

Bal  cJiez  Boulé 318 

Chanson  des  vieux  Garçons  pnr  une 

vieille  Fille. . . . .' ^ .......  320 

Les  Adieux  de  Bertrand 323 

Eloge  de  l'Enu 825 

Le  25  de  Mai 828 

Adieu  France  Chérie 329