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Vive la Cfinadieiine,
Vole, mou cœur, vole,
Vive la C.«nadie nue,
Et ses jolis yeux doux]
Et ses jolis yeux doux, ;,
Tout doux, ^ . .
Et ses jolis yeux douxî ; ; '
Nous la menons aux noces,
Vole, mon cœur, vole,
^ Nous la menons aux noces,
Dans tous ses beaux atours.
Dans tous, etc.
Jjà, nous jasons sans gêne,
'■' Vole, mon cœur, vole,
Là, nous jasons sans gêne.
Nous nous amusons tous,
PL Nous nous, etc.
.'î*^
Nous faisons bonne chère,
Vole, mon e(«ur, vole,
Nous taison;:! bonne ch(Nre,
Et nous avons bon goût.
Et nous, etc,
On passe le bouteille,
Vole, mon cœur, vole,
On i)aHse la bouteille,
Nous chantons nos amours.
Nous chantons, etc.
Mais notre joie augmente,
Vole, mon cceur, vole,
Mais notre joie augmente,
Quand nous sommes bien soûls.
, , Quand nous, etc.
Alors toute la terre.
Vole» mon cœur, vole,
Alors toute la terre.
Nous appartient en tout.
^ Nous appartient, etc.
Nous nous levons de table,
Vole, mon cœur, vole.
Nous nous levons de table.
Le cœur en amadou.
Le cœur, etc. ^
if
En daiibe avec nos blondes,
Yole, mon cœur, vole,
iin danse avec noB blondes.
Nous sautons en vrais fous.
Nous sautons, etc.
Nous finissons par mettre
Yole, mon cœur, vole,
Nous finissons par mettre,
Tout sens dessus dessous.
Tout, etc.
Ainsi le temps passe.
Vole, mon cœur, vole,
Ainsi le temps passe,
Il est, ma foi, bien doux.
Il est, etc.
LE IIOSIER DE MAL *
CHANT ^E VOYAGEUR CANADIEN.
: Air: — Connu..
Par derrièr' chez ma tante.
Il y a un bois joli;
Le rossignol y chante, -"■
V Et le jour et la nuit.
Gai, Ion, la, gai le rosier
Du joli mois de mai!
fi
^ t
"K
-*
Le rossignol y chante
Et le jour et lu nuit;
Il chante pour ces (lanieH
Qui n'ont [)oint de niari.
• . Gai, Ion la, etc.
Il chante pour ces (ta mes
Qui n'ont point de mari;
Il ne chant' pas pour moi,
Car j'en ai un joli- ' .
Gai, Ion la, etc.
Il ne chant' pas pour moi,
Car j'en ai un joli;
Il n*est pas dans la danse,
Il est bien loin d'ici.
Gai, Ion la, etc.
Il n'est pas dans la danse.
Il est bien loin d'ici;
, Il est dans la Hollande,
Les Hollandais l'ont pris* ■'
t. , Gai, Ion la, etc. .
Il est dans la Hollande,^
Les^Hollandais l'ont pris.
Que donneriez- vous, belle,
Qui l'amèn'rait ici?
Gai, Ion la, etc.
(^ue (ioniiPriez-v()U«, belle,
(^ui l'amèu'rait ici?
Je don nerni."i Québec,
8orel et Saint-Denis:
Gai, Ion la, etc.
Je donnerais Québec, '
Sorel et Saint-Denis,
Et la belle fontaine . /
De mon jardin joli.
Gai, Ion la, etc.
LE POMMIEJLi DOUX.
(mANT DE VOYAGEUB CANADIEN.
Air: — Connu.
Par derrièr' chez mon père,
Vole, mon cœur, Vôle,
Par derrièr' chez mon père!
< Il y a un pommier doux;
Il y a un pommier doux
iii -î. Tout doux
Il y a un pommier doux.
't' -v-i.. -^
A »
La^ feuille en est verte,
Vole,;^mon cœur, vole,
La feuille en est verte,
Et le fruit en est doux.
:^ *
Et le fruit en eut doux,
Tout doux,
Et le fruit en est doux.
Trois filles d'un prince,
Vole, mon cœur, vo4o.
Trois filles d'un prince,
8'sont endormi' dessous.
S'sont endormi' dessous,
Tout doux,
S* sont enciormi' dessous.
La plus jeun' se réveille,
Vole, mon cœur, vole!
La plus jeun' se réveille:
Ma sœur, voilà le jour!
Ma sœur, voilà le jour,
Tout doux,
^Ma sœur, voilà le jour!
>*''C« n'est qu'une étoile,
; a; Vole, mon coeur, vole!
Ce n'est qu'une étoile,
Qu'éclaire nos amours;
Qu'éclaire nos amours,
. , ^ Toux doux,
Qu'éclaire nos amours.
NoB amants sont en guerre.
Vole, mon coeur, vole!
9
Nos amants sont en guerre, ' i
Qui combattent i)our nous;
Qui combattent pour nous, i
Tous doux, l
Qui combattent pour nous. ■
S'ils gagnent la bataille, j
Vole, mon coeur, vole,
S'ils gagnent la bataille, *
Ils auront nos amours; J
Ils auront nos amours.
Tous doux.
Ils auront nos amours.
4
Qu'ils perd'nt ou qu'ils gagnent, ■
Vole, mon coeur, vole !
Qu'ils perd'nt ou (ju'ils gagnent, '
Ils les auront toujours; j
Ils les auront toujours, ; ,<?
Tout doux.
Ils les auront toujoura
4
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LA BELLE FEANÇ0I8K
CHANT DE VOYAQEUK CANADIEN.
;:"' '■''. ']■'"■'':, Air: — Connu. K' '■
C'est la belle Françoise, !^
. Allons gai, * '^ ' ' ;.
C'est la belle Françoise,
Qui veut se marier, ^^ '
Ma luron lurette, '^
Qui veut se marier,
Ma luron, luré.
Son amant va la voir, : ' '
' '^Allons gai, , ^^
Son amant va la voir, '. ;
Le soir, après souper.
Ma luron lurette,
Le soir, après souper.
Ma luron luré.
Il la trouva seulette.
Allons gai,
Il la trouva seulette.
Sur son lit, à pleurer.
Ma luron lurette.
Sur son lit, à pleurer.
Ma luron luré.
.-. ^v:r ,,.-;/itl,.,.> ,;:,■■■.■ ■-'■.
; Oh! qu'avez-vous, la belle, : ;,
Allons gai, ■
Oh! qu'avez-vous, la belle,
Qu'avez-vous à pleurer,
Ma luron lurette,
Qu'avez-vous à pleurer? , -'H'-"
Ma luron luré. ? * ^^ i^.
—On m'a dit hier soir, -rU,::
Allons gai, -,
On m'a dit hier soir, ^
Qu'à la guerre vous alliez,
- Ma luron lurette,
Qu'à la guerre vous alliez,
Ma luron luré.
— Ceux qui vous l'ont dit, belle
Allons gai.
Ceux qui vous l'ont dit, belle,
Ont dit la vérité,
Ma luron lurette.
Ont dit la vérité.
Ma luron luré.
— Viens-t'en me reconduire,
Allons gai,
Viens-t'en me reconduire.
Jusqu'au bord du rocher.
Ma luron lurette.
12 •
Jusqu'au bord du rocher.
Ma luron luré.
Adieu belle Françoise,
Allons gai,
Adieu, belle Françoise,
Moij je te marierai,
Ma luron lurette,
Moi, je te marierai, ■;
Ma luron luré.
Au retour de la guerre,
Allons gai,
Au retour de la guerre,
., Si j'y suis respecté,
, Ma luron lurette,
îJ^M- ■ i Si j'y suis respecté,
^ Ma luron luré.
LES TEOIS CAPITAINES. ^
CHANT POPULAIEE CANADIEN.
Air : — Connu. - - - ^
Nous étions trois capitaines (his.)
De la guerre revenant,
Brave, brave.
De la guerre revenant,
Bravement.
, *
1
13
-^f:J
Nous entrâm'' s dans irno auberge : ( 6is )
— *Miôïesse, as-tu du vin blanc, . ^ r , ^^^
"J3r ave, brave, ? :V '^^1
"Hôtesse, as-tu du vin blanc, , rrwV 3
"Bravement?" jï / 11 •
.1 • -
Oui, vraiment, nous dit l'hôtesse, { his)
J'en ai du rouge et du blanc, . t .»-
"Brave, brave, , . j'
"J'en ai du rouge et du blanc, ;V
"Bravement.", , ^ .;
— Hôtess, tir nous trois chopines ( his )
Chopi nette de vin blanc,
"Brave, brave, ^ ri /
Chopinette de vin blanc, ; m L I :
"Bravement," . -j
' "' , . , '-•?■'■>■'
Quand la chopijip fut bue, (his)
Nous tirâm's trois écus blancs,
, V: Â . Brave, brave.
Nous tirâm's trois écus blancs.
Bravement. ^ '^i*^ -^
Grand merci! nous dit l'hôtesse, (his)
Revenez-y donc souvent.
Brave, brave.
Revenez-y donc souvent.
"Bravement."
■ M
DANS LES PEISONS DE NAIS TES.
Dans les prisons de Nantes (bis)
Il y a-t-un prisonnier, .
Gai, faluron, falurette! • ^
Il y a-t-un prisonnier.
Gai, faluron, dondé!
Personne ne va Tvoir (his)
Que la fille du geôlier,
Gai, faluron, falurette!
Que la fille du geôlier.
Gai, faluron, dondé!
Elle lui porte à boire, (his)
A boire et à manger,
Gai, faluron, falurette!
A boire et à manger, ^^; ^
Gai, faluron, dondé!
Un jour il lui demande : ( bis )
— "Belle, que dit-on de moi, ( -
"Gai, faluron, falurette! v-^*^ '
"Belle, que dit-on de moi? '^ ^
"Gai, faluron, dondé! ,:- ^^i j:^^
— "Le bruit court dans la ville : [hts)
"Que demain vous mourrez,
"Gai, faluron, falurette!
"Que demain vous mourrez,
"Gai, faluron, dondé!
— *'0h! si demain je meurs, (bis)
"Lâchez-moi donc les pieds
"Gai, faluron, falurette! '' * :;
"Lâchez-moi donc les pieds,
* 'Gai, faluron, dondé ! i • f '
La fille encor jeunette (bis) ;
Les pieds lui a lâché!
Gai, faluron falurette !
Les pieds lui a lâché,
Gai, faluron, dondé! -^ '
Le galant fort alerte {bis) .; ;
Vers la mer a filé, . .
Gai, faluron, falurette! " ; ' •
Vers la mer a filé, . ^ :
Gai, faluron, dondé! ; '^ i
De la première plonge (bis)
La mer a traversé.
Gai, faluron, falurette!
La mer a traversé.
Gai, faluron, dondé!
Quand il fut sur la côte, (bis)
Il se prit à chanter.
Gai, faluron, falurette!
Il se prit à chanter,
Gai, faluron, falurette!
"Que Dieu béniss' les filles! (bis)
"Surtout ceir du geôlier!
Gai, faluron, nJureite!
"Surtout ceir du geôlier!
"Gai, f aluron, dowdé !
"Si je retourne à Nantes, (bis)
"Oui, je me marierai,
, Gai, faluron, falurette!
"Oui, je me marierai,
"Gai, faluron, dondé!
. "Je prendrai pour ma femme [fets]
"La fille du geôlier.
Gai, faluron, ralurette!
"La fille du geôlier,
"Gai, faluron, dondé!'*
' MA BOULE ROULANT.
Berrièr' chez nous y a-t-un étang.
En roulant ma boule;
Trois beaux canards s'en vont baignant,
Rouli, roulant,
Ma boule roulant,
En roulant, ma boule roulant.
En roulant ma boule.
Trois beaux canards s'en voiit baignant,
En roulant ma boule;
' Le fils du roi s'en va chassant,
Bouli, roulant, etc.
"*^
■■ ■ ■ ■ 17
Le fils du roi s'en va chassant,
En roulant ma boule:
Avec son grand fusil d'argent,
Ilouli, roulant, etc.
Avec son grand fusil d'argent,
En roulant, ma boule;
" Visa le noir, tua le blanc,
Rouli, roulant, etc.
Visa le noir, tua le blanc, - • .
En roulant, ma boule; -
O fils du roi, tu es méchant! , ':
Bouli, roulant, etc. v; /
O fils du roi, tu es méchant!
^ En roulant, ma boule; -^
D'avoir tué mon canard blanc,
^iouli, roulan*^- etc.
D'avoir tué mon canard blanc,
i En roulant, ma boule;
: Par-dessous l'aile il perd son sang,
V Rouli, roulant, etc.
' Par-dessous l'aile il perd son sang.
En roulant ma boule;
Par les yeux lui sort' des diamant»,
Bouli, roulant.
Par les yeux lui sort' des diamants, ,
18
En roulant ma boule,
Et par le bec l'or et l'argent,
llouli, roulant, etc.
Et par le bec l'or et l'argent,
En roulant ma boule,
Toutes ses plum's s'en vont au vent,
Rouli, roulant, etc.
t \
Toutes ses plum's s'en vont au vent,
En roulant ma boule,
Trois dam's s'en vont les ram assant,
Rouli, roulant, etc:
Trois dam's s'en vont les ramassant.
En roulant ma boule,
C'est pour en faire un lit de camp,
Rouli, roulant, etc.
C'est pour en faire un \\i de camp.
En roulant ma boule,
Pour y coucher tous les passants,
Rouli, roulant, etc.
'm^ ■'.:
À SAINTMALO.
Air- — Connu
A Saint-Malo, beau port de mer,
Trois gros navir's sont arrivés.
Nous irons sur l'eau "'^^
Nous y prom' promener ; ^
Nous irons jouer dans l'ile. *1
" i.
Trois gros navir's sont arrivés, ;'
Chargés d'avoin', chargés de blé. ,•
Chargés d'avoin', chargés de blé:
Trois dam' s s'en vont les marchander.
Trois dam' s s'en vont les marchander.
Marchand, marchand, combien ton blé?
Marchand, marchand, combien ton blé?
Tcois francs l'avoin', six francs le blé.
Trois francs l'avôin' six francs le blé.
C'est bien trop cher d'un' bonn' moitié.
C'est bien trop cher d'un' bonn' moitié.
Montez, mes dam's, vous le verrez.
Montez, mesdam's, vous le verrez.
Marchand, tu n' vendras pas ton blé.
"" Marchand, tu n' vendras pas ton blé.
1 — Si j'ne r vends pas, je le donn'rai.
Si j'ne r vends pasj je le donn'rai.
— A ce prix, on va s'arranger.
,<
20
A LA CLAIRE FONTAINE. '
CHANT NATIONAL.
A la claire foutaiiie,
M'en allant promener,
J'ai trouvé l'eau ai beJle,
Que je me suis b»igné;
Il y a longtemps que je t'aima.
Jamais je ne t oublierai.
J'ai trouvé l'eau si belle,
Que je me suis l)aigné,
Et c'est au pied d'un chêne
Que je m' suis reposé, ^
Il y a longtemps, etc
Et c'est au pied d'un chêne
Que je m'suis reposé,
bur la plus haute branche
Le rossignol chantait;
Il y a longtemps, etc.
V V, Sur la plus haute branche :^
Le rossignol chantait;
Chante, rossignol, chante, r;^ r
Toi qui a le cœur gai:
Il y a longtemps, etc. ..;: - ^^
Chante, rossignol, chante,
Toi qui as le cœur gai.
21
Tu as le cceur à rire,
Moi, je l'ai à pleurer.
11 y il longtemps, etc.
Tu as le cœur à rire,
Moi, je. l'ai à pleurer.
J'ai perdu ma maîtresse!
Sans pouvoir la trouver:
Il y a longtemps, etc.
J'ai perdu ma maîtresse,
Sans pouvoir la trouver;
Pour un bouquet de rose
Que je lui refusai;
Il y a longtemps; etc.
Pour un bouquet de. rose
Que je lui refusai;
Je voudrais que la roee
Fut encore au rosier.
Il y a longtemps, etc.
, Je voudrais que la rose
Fut encore au rosier;
, Et que le rosier môme
Fut dans la mer jeté.
Il y a longtemps, etc.
'f
*>
22
MAIiUOTTON ET BON ANE
UoNDE.
Quand Marfjjotton .s'rend au moulin,
1^'ilant su quenouille ilo lin,
Eir nionto Hur son âne.;
Ahn'ftne! ah! l'âne! ah! Tane!
Eir monte sur hou ûno Martin
Pour aller au mouliji.
Quand le meunier la voit venir, .
De rire il ne peut se tenir:
"Attache-là ton âne,
"Ah! l'àne! ah I l'ane! ah! l'âne!
"Attache-là ton âne Martin
"A la port' du moulin."
Pendant que le moulin moulait
^ Le meunier la belle amusait;
Le loup a mangé l'âne.
Ah! l'âne! ah! Tâne ah! l'âne! /
Le loup a mangé l'âne Martin
A la port' du moulin.
"J'ai douze écus dans raori gousset,
"Prends en cinq et laisse-m'en sept,
"T'achèterai un âne,
"Ah! l'âne! ah! l'âiie! ah! l'âne!
"Tachèteras un âne Martin
*
Îrf3
"Pour venir au lu )ulin.'*
Le iriari la voyant venir,
De gronder ne put se tenir; ^
"Ce n'est pas là mon âne!
"Ah! l'àne! ah! l'une! ah! l'une!
"('e n'est pas là mon due Martin
"Qui t' portait au moulin." ^
"Mon Ane aVfât les quat' pieds blancs,
"Et les oreill's en rabattant:
"On m'a changé mon ftne!
"Ah! l'âne! ah! l'âne ! ah! l'âne!
"On m'a changé mon âne Martin
"A ce maudit moulin." .
"Le bout de sa queue était noir.
"Je suis volé, c'est clair à voir;
"Longtemps j 'pleurai mon âne,
"Ah! l'âne ! ah ! l'âne ! ah î l'âne !
"Longtemps j 'pleurai mon âne MartiiL
"Qui m 'portait au moulin.
'r
"Ne sais-tu pas, pauvre nignaud,
"Que les bêtes changent de peau? -
"C'est ce qu'a fait ton âne,
"Ah I l'âne ! ah ! l'âne ! ah ! l'âne î
"C'est ce qu'a fait ton âne Martin
"En allant au moulin."
QUAND J'ETAIS CHEZ MON PERE
CHANT CANADIEN. ,,.:„;•;-'":.
■,;■•.• -^^ ^ :• Air: — Connu, ■^-^- '
:' ^ Quand j'étais chez mon père, ^^
■ M. Petit gars pastoureau, . ;
;^' J'allais par la bruyère ' " ^ d
, Conduire mon troupeau. f ^i
REFRAIN.
Hiouppe, hiouppe sur la rivière
Vous ne m'entendez guère,
Hiouppe, hiouppe sur la rivière
Vous ne m'entendez pas.
J'allais par la bruyère :::''.S.U-4
Conduire mon troupeau,
Quand un loup, fin compère.
Vint gober un agneau.
Hiouppe, etc.
Quand un loup fin compère.
Vint gober un agneau,
Se disant tant qu'à faire
Choisissons le plus beau.
Hiouppe, etc.
Se disant tant qu'à faire
Choisissons le plus beau
Je prendrais bieif la paire.
• 15
Mais que dirait l'rusteau?
Hioappe, etc.
Je prendrais bien la paire,
Mais que dirait l'rusteau?
C'est bien assez, j'espère,
"^lonsieur du Louveteau,
Hiouppe, etc.
C'est bien assez, j'espère,
Monsieur du Louveteau,
Il fallait, en bon frère, .
Laisser du moins la peau,
Hiouppe, etc
Il fallait en bon frère
Laisser du moins la peau,
Et sa cornett' légère
Pour mettre à mon chapeau
Hiouppe, etc.
Et sa cornette légère
Pour mettre à mon chapeau,
Et l'os que je préfère,
Pour faire un chalumeau.
Hiouppe, etc
Et l'os que je préfère
Pour faire un chalumeau,
Afin de nous distraire
25 •
Chaque printemps nouveau,
Hiouppe, etc.
Mais chut !...il faut vous faire
La morale en un mot:
Bergers, ne laissez guère
Le loup près de l'agneau.
Hiouppe, etc.
SUE LE COIN D'UN PONT.
Mon père a fait bâtir maison
Sur le coin, sur le coin d'un pont.
Sont trois charpentiers qui la font.
Sur le coin d'un coin,
Sur le coin d'un pont,
Ah ! le beau joli petit coin,
Que le coin d'un coin,
Que le coin d'un pontw
Sont trois charpentiers qui la font.
Sur le coin, sur le coin d'un pont;
Dont le j)lus jeune est mon mignon.
Sur le coin, etc.
Dont le plus jeune est mon mignon
Sur le coin, sur le coin d^un pont;
D'un saut, il mon't sur le pignon.
Sur le coin, etc.
27
D'un saut iJ monte sur le j^ignon.
8ur le coin, sur le coin d'un pont;
Il appelle ses compagnons,
8ur le coin, etc.
Il appelle. ses compagnon
Sur le coin, sur le coin d'un pont
"J'ai-t-un pâté du trois pigeons:"
Sur le coin, etc.
•!)
"J'ai-t-un pâté de trois pigeons,
8ur le coin, sur le coin d'un pont
*'Assis-toi là, et le mangeqns."
Sur le coin. etc.
*'Assis-toi là et le mangeons."
Sur le coin, sur le coin d'un pont.
En s'asseyant il fit un bond.
Sur le coin, etc.
En s'asseyant il fit un bond
Sur le coin, sur le coin d'un pont;
Qui fit trembler mer et poissons.
Sur le coin etc.
Qui fit trembler mer et poissons.
Sur le coin, sur le coin d'un pont;
Et les cailloux qui sont au fond.
Sur le coin, etc.
28
MON MOIISE.
Ah î si mon moine voulait dan&er
Un capuchon je lui donnerai.
Danse, mon moin,' danse,
Tu n'entends pas la danse,
Tu n'entends pas, maluré Ion la,
Tu n'entends pas, maluré, danger
Ah ! si mon moine voulait danser
Un ceinturon je lui donnerai.
Danse, etc.
Ah ! si mon moine voulait danser,
Un chapelet je lui donnerai.
Danse, etc.
Ah ' si mon moine voulait danser
Un froc de bur' je lui donnerai.
Danse etc.
Ah ! si mon moine voulait danser
Un beau psautier je lui donnerai.
Danse, etc.
S'il n'avait fait vœu de pauvreté
Bien d'autre chos' je lui donnerai
Danse, etc.
29"*
DEDANS PAKIS
Dedans Paris y a-t-une brune ) , •
Qui est plus belle que le jour. ) ^
Mais elle avait une servante
Qu'aurait (fer) voulu
'Etre aussi belî' que sa maîtresse, ^
Mais elle n'a pu.
Eir s'en va chez l'apothicaire: ) ^
"Combien vendez-vous votre fard? )
— "Nous le vendons par demi-once,
"C'est un (ter) écu."
- ""Pesez moi-z'en un' demi-once
Voilà mon écu."
Quand vous serez pour vous farder ) i •
Prenez ben gard' de vous mirer; )
Vous éteindrez votre chandelle
Barbouil — (bis.) barbouillez- vous.
Le lendemain vous serez belle
Comme le jour.
Dans son chemin elle fit rencontre
De son gentil cavalier.
"Où allez-vous, blanche coquette.
Si barbe (his.) si barbouillée? ^
Vous avez la figur' plus noire
Que la ch' minée."
80
Eir s'en va chez l'apothicaire: f / '•.
Monsieur, que ni'avez-vous vendu; (
*'Je vous ai vendu du cirage
Pour vos (fer) «ouliers:
Pour apprendre à une servante
De se farder.
MORT ET CONVOI DE L'INViN CI-
BLE MALBROUG
Malbrough s'en va-t-en guerre,
MirontoiJ, mironton, mirontaine,
Malbrough s'en va-t en guerre.
Ne sait quand reviendra.
Il reviendra z-à Pâques
^)u à la Trinité.
La Trinité se passe,
Malbrough ne revient pas.
Madame à sa tour monte,
Si haut* qu'eir peut monter.
Elle aperçoit son page.
Tout noir habillé.
Beau page, ah! beau page,
Queir nouvelle apportez.
Q
1
Aux nouveH's que j'apporte,
Vos beaux yeux vont pleurer!
Quittez vos habits roses,
Et vos satins brochés,
Monsieur d'Malbrough est mort
Est mort et enterré.
J'iai vu porter en terre
Par quatre z-officiers.
L'an portait sa cuirasse,
L'autre son bouclier.
L'un portait son grand sabre,
L'autre ne portait rien.
A l'entour de sa tombe,
Romarins l'pn planta.
Sur la plus haute branche,
Le rossignol chanta.
On vit voler son âme,
Au travers des lauriers.
Chacun mit ventre à terre,
Et puis se releva. ,
32 \
Pour chanter les victoires
Que Malbrough remporta.
La cérémonie faite,
Chacun &'en fut coucher.
J^en dis pas davantailje,
Car en voilà z-assez.
IL ETAIT U N' BERGERE
Il était un' bergère,
Ron, ron, ion, petit pafapon
Il était un' bergère
Qui gardait ses moutons,
Ron, ron,
Qui gardait ses moutons.
Elle fit un fromage,
Ron, ron, ron, petit patapon.
Elle fit un fromage
Du lait de ses moutons,
'Ron, ron,
Du lait de ses moutons,
Le chat qui la regarde,
Ron, ron, ron, petit patapon.
Le chat qui la regarde
D'un petit air fripon,
Ron, ron,
38
D'uiJ petit air fripon.
Si tu y mets la patte,
Eoii, ron, roii, petit patapon,
8i tu y mets la patte,
Tu auras du bâton,
Kon, ron,
Tu auras du bâton.
Il n'y mit pas la patte,
lion, ron, ron, petit j)atapon.
Il n'y mit pas la patte,
Il y mit le menton,
Ron, ron,
Il y mit le menton.
La bergère en colère,
Eon, ron, ron, petit patapon,
La bergère en colère
Tua son p'tit chaton,
Ron, ron,
Tua son p'tit chaton.
BRIGADIER, VOUS AVEZ RAISON
Air: — Connu
Deux gendarmes, un beau dimanche,
Chevauchaient le long d'un sentier.
L'un portait la sardine blanche,
34
L'autre le jaune baudrier.
Le premier dit d'un ton Honore:
Le temps est beau pour la saison.
Brigadier, répondit Pandore, | .
Brigadier, vous avez raison. J
Ah! c'est un métier difficile;
Garantir la propriété,
Protéger les champs et la ville
Du vol de l'iniquité.
Pourtant l'épouse que j'adore
Repose seule à la maison.
Brigadier, etc.
La gloire, c'est une couronne
Faite de rose et de laurier;
J'ai servi Vénus et Bellone,
Je suis époux et brigadier;
Mais je poursuis ce météore
Qui, vers Colchos, guida Jasou.
Brigadier, etc.
Phébus au bout de sa carrière^
Put encorles apercevoir;
Le brigadier, de sa voix fière,
Réveillait les échos du soir.
Vois, dit- il, le soleil qui dore
Ces verts coteaux à l'horizon-
Brigadier, etc.
35
Puis ils cheminèrent en silence;
On n'entendit plus que le pas
Des chevaux marchant en cadence.
Le birgadier ne pn riait pes;
Mais quand parut la pftle aurore,
On entendit un vague son:
Brigadier, répondit Pandore, ) x-^
Brigadier, vous avez raison. )
LE CANADIEN EXILE.
Un Canadien errant
Banni de ses foyers.
Parcourait en pleurant
Des pays étrangers.
Un jour, triste et pensif,
Assis au bord des iiots,
Au courant fugitif
Il adressait ces mots:
**Si tu vois mon pays,
**Mon pays malheureux,
"Va dire à mes amis
"Que je me souviens d'eux
"Pour jamais séparé
"Des amis de mon cœur,
"Hélas! oui, je mourrai,
3G
"Je mourrai de doulGur. ;
"Ploiififé dans les inalheuro,
"Loin de mes chers parents,
"Je passe dans les j)leur8 '
"D'infortunés nionjents."
A. Gekim-LajoI^. ;
LES B08SU8.
Depuis louf^tenips je nie suis aperçu
De l'agrénjent qu'on a d'être bossu.
Polichinelle, en tous lieux si connu,
Toujours chéri, partout y-i bien venu,
• Qu'en eût-on dit s'il n'eût été bossu?
Loin qu'une bosse soit un embarras.
De ce paquet on fait un fort grand cas.
Quand un bossu l'est derrière et devant.
Son estomac est à l'abri du vent.
Et ses épaules sont plus chaudement.
Tous les bossus ont ordinairement
Le ton comique et beaucoup d'agrément.
Quand un bossu se montre de côté,
Il règne en lui certaine majesté,
Qu'on ne peut voir sans en être enchanté
Si j'avais eu les iiésois de Crésus,
J'aurais rempli mon palais de Lcttus.
87
On aurait vu prèH de moi, nuit et jour,
Tou» h's hossus s'enii)roHHer tour à tour
De moatrer leur éuiinence à ma cour.
DauH mes jarclinn, sur un beau piédestal
J'aurais fait nif^itie un Esope en métal,
Et, par mon ordre, un de mes substituts
Aurait «jjravé près de ses attributs;
Vive la bosse et vivent Jes bossus I
Concluons donc, pour «lier jusqu'au bout
Qu'avec la bosse on peut i)asser partout;
^^u'un homme soit féintasque ou bourru,
Qu'il soit chassieux, mal])roi)re, mal vêtu:
11 est charmant, pourvu qu'il soit bossu.
-Fait a par un bossu^ neveu de Saideul
COMPLAIMELU JUIF-EEEANT.
Est-il rien sur la terre
Qui soît plus surprenant,
Que la grande misère
: l3u pauvre Juif-Errant?
Que son sort malheureux
Paraît triste et fâcheux I
Un jour, près de la ville
De Bruxelles en Brabant,
38
Des bourgeois foi*t dociles
L'accoster' eu passant.
Jamais ils n'avaient vu
Un homme si barbu.
Son habit, tout difforme
Et très mal arrangé,
Leur fit croir' que cet homm#
Etait fort étranger,
Portant, comme ouvrier,
D'vant lui un tablier.
n lui dit: — Lonjour maître,
e grâce, accordez nous
I^a satisfaction d'être
Un moment avec vous;
Ne nous refuser pas;
Tardez un peu vos pas.
— Messieurs, je vous protest*
Que j'ai bien du malheur:
Jamais je ne m'arrête,
Ni ici, ni ailleurs;
Par beau ou mauvais temps,
Je marche incessamment.
— Entrez dans cette auberge,
Vénérable vieillard,
D'un pot de bière fraîche
Vous prendrez votre part;
39
Nous vous régalerons
Le mieux que nous pourron».
— «T'accepterais de boire
Deux coups avecque vous;
Mais je ne puis m'asseoir,
Je dois rester debout
Je suis en vérité,
Confus de vos bontés.
— Ah! de savoir votre âge
Nous serions bien curieux;
A voir votre visage
Vous paraissez fort vieux;
Vous avez bien cent ans;
Vous montrez bien autant.
— La vieillesse me gène,
J'ai bien dix-huit cents ans.
Chose sûre et certaine,
Je passe encor douze ans;
J'avais douze ans passés,
Quand Jésus-Christ est né.
— N'êtes-vous point cet hommt
De qui l'on parle tant?
Que l'Ecriture nomme
Isaac, le Juif -Errant?
De grâce, dites-nous
Si c'est sûrement vous?
— Isa ne Laquedem
Pour nom me fut donné;
Né à Jérusalem,
Ville bien renommée.
Gui, c'est moi, mes enfants^
Qui suis le Juif -Errant.
Juste ciel! que ma ronde
Est pénible pour moiî
Je fais le tour du monde
Pour la cinquième fois.
Chacun meurt à son tour^
Et moi, je vis toujours.
Je traverse les mers.
Les rivièr's, les ruisseaux.
Les forêts, les déserts,
Les raonta^n's les coteaux.
Les plaines, les vallons,
Tous chemin s me sont bons.
J'ai vu dedans l'Europe,
Ainsi que dans l' Asie,
Dbs bataill's et des chocs
Qui coûtaient bien des vies;
«Te les ai traversés
Sans y être blessé.
J'ai vu dans l'Amérique,
41
(Test une vérité,
Ain^i que dans l'Afrique,
Grande mortalité;
La mort ne me peut rien,
Je m'en aperçois bien.
Je n'ai point de ressource
En maison ni en bien;
J'ai cinq sous dans ma bourse,
Voilà tout mon moyen;
En tous lieux, en tous temps,
J'en ai toujours autant.
Nous pensions comme un songe
Le récit de vos maux;
Nous traitions de mensonge
Tous vos plus grands travaux:
Aujourd'hui nous voyons
Que Qous nous méprenions.
Vous étiez donc coupable
De quelque grand péché
Pour que Dieu tout aimable
Vous ait tant affligé ?
Dites-nous l'occasion
De cette punition.
— C'est ma cruelle audace
Qui causa mon malheur;
Si mon crime s'eflPace,
J'aurai bien du bonheur:
42
J*ai traité mon Sauveur
Avec trop de rigueur.
Sur le mont du Calvaire
Jésus portait sa croix;
Il me dit, débonnaire,
Passant devant chez moi :
"Veux-tu bien, mon ami,
Que je repose ici?"
Moi, brutal et rebelle.
Je lui dis sans raison:
*'Ote4oi, criminel.
De devant ma maison:
Avance et marche donc,
Car tu me fais affront."
Jésus, la bonté même.
Me dit en soupirant:
"Tu marcheras toi-même
Pendant plus de mille ans:
Le dernier jugement
Finira ton tourment.'*
De chez moi à l'heur' même
Je sortis bien chagrin;
Avec douleur extrême
Je me mis en chemin,
De ce jour-là je suis
En marche jour et nuit.
43
Messieurs, le temps me presse,
Adieu, la compagnie;
Grâce «vos politesses,
Je vous en remercie:
Je SUIS trop tourmenté
yuand je ^ais arrêté.
LA GAMELLE PATRIOTIQUE.
fciavez-vous pourquoi, mes amis
^lous sommes tous si réjouis?
C'est qu'un repas #èst bon
Qu'apprêté sans façon.
Mangeons à la gamelle:
\ive le son!
\ ive le son !
Mangeons à la gamelle:
Vive le son!
Du chaudron.
Nous faisons fi des bons repas:
On y veut rire, on ne peut pas.
Le mets le plus friand
Dans un vase brillant,
Ne vaut pas la gamelle:
Y ive le son^ etc.
»
Point de froideur, point de hauteur,
44
L'aménité fait le bonheur;
Non, spns fraternité,
Il n'est point de gaieté.
Mangeons à la gaiftelle:
Vive le son, etc.
Vous qui baillez dans vos palais
OÙ le plaisir n'entra jamais,
Pour vivre sans souci,
II* faut venir ici
Manger à la gamelle,
Vive le son, etc.
On s'affaiblit dans le repos;
Quand on travaille, on est dispos.
Que nous sert un grand cœur,
Sans la mâle vigueur
Qu'on gagne à la gamelle?
Vive le son, etc.
Savez- vous pourquoi les Komains
Ont subjugué tous les humains?
Amis, n'en doutez pas.
C'est que ces fiers soldats
Mangeaient à la gamelle.
Vive le son, etc.
*
Bientôt les brigands couronnés,
Mourant de faim, proscrits, bernés,
Vont envier l'état
/
45
Du plus brav« soldat
Qui mange à la gamelle,
' Vive le son etc.
s
Ces Carthaginois si lurons,
A. Capoue ont fait Us capons;
S'ils ont été vaincus
C'est qu'ils ne daignaient plus
Manger à la gamelle.
Vive le son, etc.
Âhl s'ils avaient le sens commun,
Tous les peuples n'en feraient qu'im
Loin de s'entr li^gorgtir,
' Ils viendraient tous manger
A la même gamella
Vive le son, etc.
Amis, terminons ces couplets
Par le serment des bons Français;
Jurons tous, mes amis,
D'être toujours unis:
Vive la république!
Vive le son! .
Vive le son!
Vive la république!
Vive le son!
Du canon!
4G
LE PxVYS. ,
Aitt: — Lm /oïi/,s d'or.
Pourquoi quitter notre patrie,
Caïuuliens, pour un ciel meilleur?
Pourquoi passer toute la vie
A courir après le l>on]ieur?
Eli! quoi, serait elle j/i nudité
La terre de notre beiceauV
Ne pourrions-nous que par la fuite
Cesser d'y trouver uu tombeau?
L'illusion de l'esjjérance
Nous séduit tous, ô mes nmisi ^
Mais bi^nheur, plaisir, abondance,
Tout cela se trouve au ])ays.
J*ai versé des larmes amères,
En voyant sur tous les chemins
Nos enfants, nos amie, nos frères
Partir en tristes pèlerins.
Et nous, si quelqu'un vient nous dire;
"Le vrai bonheur est aux Etats.'*
Oh! ne nous laissons pas séduire,
Non, le bonheur n'est pas là-bas,
Dans le désert, c'est le mirage
Qui séduit les yeux éblouis:
Fuyons cette menteuse image,
Le vrai bonheur est au pays.
47
J'ai vu sur uu.s belles uioiitignes
Des habitants venus d'ailleurs;
Jai vu nos fertiles campagnes
Enrichir des colon?? meilleurs.
Tandis que notre ca^ur de glace
Va chercher un climat plus doux,
Un autre pay^ prend la pince
Et recueille ses fruits pour nous.
Je suis jaloux quand je c )nteniple
Ses colfres, ses greniers reni[)li8;
Mais il vient nous donner Texenipl*,
Et nous ftiire aimer le pays.
Àniis, mettons-nous à l'ouvrage,
Le travail donne les trésors,
Et qu'un intelligent courage
Vienne soutenir nos efforts.
Quand on la cultive et qu'on l'aime,
La terre de nos Canadas,
Elle est d'une richesse extrême,
Et ses flancs ne s'épuisent pas.
Elle nous rend avec usure
Tous les biens qui lui sont commis,
Mais souvent elle les mesure
A notre amour pour le pays.
Voye^, qu'il est beau le rivage
Auquel on nous fait dire adieu!
Ailleurs, point de plus belle plage,
48
Ailleurs, p^int de ciel aiis4i bleu.
Aimons notre pn,yi4 (renf.iuce,
Restons attachés h son sein.
Le souvenir et l'espérance
Ici se tiennent par la main.
Vivons ou vécurent nos pères,
Comme eux soyon'^ t:)u jours unis^
Et préparons des jours prospères
A nos enfants dans le pays.
Kabbe. F. Mautinkau
LE VIEUX BRACONNIER
Ail»: — Connn
Dans le pays Ton m'appelle
Pierre, le vieux braconnier,
^J'étais, on se le rappelle,
La terreur du beau gibier.
Mais depuis qu'une couronne
De cheveux blancs me coiffa, .
Je bracorine, je braconne, ) 7 -
Un lapin par-ci, par-là. )
J'étais un buveur terrible.
Et le vin blanc, rouge ou noir,
Descendait comme en un crible
Dans mon vaste réservoir.*
Je buvais plus que personne;
Maintenant ce n'est plus ça!
49
Je braconne, je braconne, ) m •
Quelques coups par ci par-là. )
La fortune avec sa roue,
Me fuyait de plus en plus:
Je ne comptais, je l'avoue.
Pas plus d'amis que d'écus.
A présent que ma main sonne
Quelque argent qu'on me légua.
Je braconne, je braconne, ) ^ • ^
Ijn ami par-ci, par-là. )
J'ai pitié de la souflFrance,
Car j'ai souffert bien souvent; .
Le pauvre vit d'espérance,
Mais il faut du pain pourtant
Quelquefois j'ai fait l'aumône,
Béni soit qui m'aidera!
Je braconne, je braconne, ) ».
Quelques sous par-ci, par-là. )
•
Maintenant la chose est claire,
Mon voyage est terminé.
Mais, on dirait que sur terre
Le bon Dieu m'ait oublié.
En attendant qu'il me donne
L'ordre qui trop tôt viendra,
Je braconne, je braconne ) r .
Quelques jours par-ci, par- là )
50
LA PllIEHE DU CHATELAIN.
Air: — Quand je veux chassc^r la irisiesse
Déjà le vent du soir soupire
Dans les vieux débris de la tour;
Déjà le Ilot du lac expire.
En murmurant la fin du jour;
Mais on dirait qu'à la rivière
Jj'écho redit un chant lointain.
Ecoutez bien, c'est la prière '•
Du châtelain.
Te pfttre, sur sa mandoline,
Module ses refrais ^'espoir;
I/airain sacré de la colline
Annonce Fan^relus dn soir;
Tandis qu'on prie à la chflumière,
Au loin résonne un chant lointain.
Ecoutez bien, etc.
Là-bas, il est dans la vallée,
Au bois où souffle le zéphir;
Il prie au pied d'un mausolée,
Tombe chère à son souvénii'.
Sa voix se mCle avec mystère
Aux chansons du hameau voisin.
Ecoutez bien, etc.
51
MON AME A DIEU, MON COEUR
A TOI.
La voile est à la grande hune,
Disait un Breton k genoux,
Je pars pour chercher la fortune,
Qui ne veut pas venir à nous.
Je reviendrai bientôt, j'espère.
Sèche tesyenx, prie, attends moi,
En te quittttnt, ma bonne mère.
Mon Ame à Dieu ( bis, ) mon cœur à toi.
Pour rendre le sort favorable,
Chantaient les marins à loisir,
Il faut vendre son âme au diable,
Et livrer son cœur au plaisir.
Mais lui, songeant à sa chaumière,
Pleine de tendresse et pleine de foi,
Il répétait, ma bonne mère.
Mon âme à Dieu, (bis) mon cœur à toi.
Errant de rivage en rivage.
Enfin il amasse un trésor.
Et puis il retourne au village,
C'est pour sa mèr^ tout son or,
Mais il lit ces mots sur la pierre;
Je pars aussi, mon fils, plains-moi;
Mais dans le ciel comme sur la terre.
Mon âme à Dieu, (bis) mon cœur à toi
62
Oui dans le ciel: comme sur la terre,
Mon âme à Dieu, ( bis. ) mon cœur à toi.
AVE MAKIA.
Ave, Maria!*
Car voici l'heure sainte;
La cloche tinte:
Ave Maria?
Tous les petits anges
Au front radieux
Chantent vos louantes,
O Reine des Cieuxl
Ave, Maria! etc.
Tout dort sous votre aile
L'enfant au berceau,
La pauvre hirondelle.
Dans son nid d'oiseau.
. Ave, Maria! etc.
Vous êtes la voile
Du pauvre marin;
Vous êtes l'étoile
Du bon pèlerin.
Ave, Maria! etc.
-\
r>3
Vous êtes servante
Des pauvres blessés
Vous êtes l'amante
Pes cœurs d<^laiss4a
Av^, Mariai etc.
■^
Votre nom si tendre
Sur un front mortel
Fait toujours descendre
JLa beauté du ciel
Ave, Mariai etc.
Aussi les Maries,
En chœurs gracieux,
A vous réunies.
Montent vers les cieux.
Ave, Maria! etc.
Mais le jour-s'en va;
De la cloche qui tinte
Finit la plainte:
Ave, Maria!
G. Lemoihb.
54
LE SOLDAT ET LE BEEGER
Air: — Connu,
— Vois-tu cette troupe guerrière
Déployer ses nobles drapeaux V
Berger, laisse-là ta chaumière.
Et ta houlette et tes troupeaux.
Parmi les hls de la victoire
Viens briller d*un noblô éclat;
Quitte le repos pour la gloire.
Fais-toi soldat, fais-toi {bis) soldat.
— Soldat, Vois-tu ces eaux dociles
Suivre la pente du coteau? ' '
C'est l'image des jours tranquilles
Qui s'écoulent dans ce hameau.
Tes laurieiH arrcsés de larmes
N'offrent qu'un bonheur passager;
Lé nôtre est pur, quitte tes arnaes,
Fais-toi berger, fais-toi (bis) berger.
— Quoi, moi, déserter la carrière .
Que Mars ouvre à ses favoris,
M'ensevelir dans la poussière
Couvert d'opprobre et de mépris!
Lorsqu'à mon bras le ciel confie
L'intérêt sacré de l'état:
Mon sang est tout à ma patrie,
Je suis soldat, je suis (bis) soldat.
00
— Des vrais amis l'heureux modèle
En tous lieux mon chien suit mes pas;
Guidé par ce gardien fidèle
Mes agjieaux ne s'écartent pas.
Ma cabane échappe au tonnerre
Qui met les trône;* en danger;
Des rois, que me fait le colère?
Je suis berger, je suis (bis) berger.
— Aux fif^rs accents de la trompette
Tressaille mon cœur généreux,
— Aux doux accents de la musette
Palpite i^on. cœur amoureux.
— Adieu, berger, l'honneur m'appelle,
J'entends le signal du combat.
— Voicivenir ma pastourelle.
Adieu, soldat, adieu (bis), soldat.
LE PETIT MOUSSE NOIR.
Air: — Mon enfant, tu voudrais com-
prendre.
Sur le grand mât d'une coi^vette
Un petit mousse noir chantait;
Disant d'une voix inquiète
Ces mots que la brise emportait:
Ah! qui me rendra le sourire
De ma mère m'ouvrant ses bras?
56
Filez, filez, ô mon navire:
Car le bonheur m'attend là-bas.
Quand je partis, ma bonne mère
lue dit: lu va» sous a autres cienx,
De nos savames la chaumière
Va disparaître de tes yeux ;
Pauvre enfant, si tu savais lire.
Je t'écrirais souvent, hélas!
Filez, filez, ô mon navire:
Car le bonheur m'attend là-bas.
On te dira dans le voyage
Que pour l'esclave est le mépris;
On te dira que ton visage
Est aussi sombre que les nuits;
Sans écouter, laisse-les dire;
Ton âme est blanche, eux n'en ont pa».
Filez, filez, ô mon navire:
Car le bonheur m'attend là-bas.
V
Ainsi chantait sur la misaine
Le petit mousse de tribord ;
Quand tout à coup le capitaine
Lui dit, en lui montrant le port:
**Va, mon enfant, loin du corsaire.
Sois libre, et fuis des cœurs ingrats.
Tu vas revoir ta pauvre mère
Et le bonheur est dans ses bras.*'
Marc Constanti».
57
ADIEUX DE MARIE STUART.
Musique de B. Wilhem.
Adieu, charmant pays de France,
Qui je dois tant chérir!
Berceau de mon heureuse enfance,
Adieu! te quitter, c'est mourir!
Toi que j'adoptai pour patrie.
Et d'où je crois me voir bannir.
Entends les adieux de Marie,
France, et garde Je souvenir.
-.i Le vent souffle, on quitte la plage,
Et peu touché de mes sanglots.
Dieu, pour me rendre à ton rivage,
Dieu n'a point soulevé les flots!
Adieu, etc.
Lorsqu'aux yeux du peuple que j'aime
Je ceignis les lys éclatants;
Il applaudit au rang suprême
Moins qu'aux charmes de mon printemps
En vain la grandeur souveraine
M'attend chez le sombre Ecossais;
Je n'ai désiré d'être reine
Que pour régner sur les Français.
Adieu, etc.
^8
L'amour, la gloire, le génie,
Ont trop enivré mes beaux jours.
Dans l'inculte Caléionie
De mon sort va changer le cours.
Mêlas! un présage terrible
Doit livrer mon cœur à l'effroi!
J'ai cru voir dans un songe horrible
Un échafaud dressé pour moil
, Adieu, etc.
France, du milieu des alarmes,
La noble fille des Stuarts,
Comme en ce jour qui voit ses larmes^
Vers toi tournera ses regards.
Mais Dieu! le vaisseau trop rapide
Déjà vogue sous d'autres cieux:
Et la nuit de son voile humide
Dérobe tes bords à mes yeux.
Adieu, etc.
LA VENGEANCE COKSE.
Guidé, la nuit par ma pâle lumière.
Un étranger à ma porte frappa;
Je l'accueillis dans ma pauvre chau-
mière.
Le croirais-tu, mon fils, il me trompa!
Tu sais comt3ien j'aimais ta sœur,
Marie?
69
Ponr elle, liélas! je ne puis que pleurer
De la ravir le lâche eut l'infamie.
Mais tu reviens, enfant, pour la ven-
• ger:
Va droit à lui,
Courage, audace,
Point de merci;
Attaque en face.
Va ne crains rien;
Songe à ta sœur,
^^ * Ajuste bien
Et frappe au cœur!
*
Toi qui servis pendant longtemps la
France,
Tu sais, mon fils, tout le prix de l'hon-
neur;
Oui, j'en suis sûr, de venger cette of-
fense
Impatient, tu sens battre tôu cœur.
Sur le terrain, où la mort vous ras-
semble.
Va, mon enfant, sois ferme et coura-
geux.
Par la pensée, ô fils, soyons ensem-
ble,
Car pour combattre, hélas! je suis trop
vieux. .
Va droit à lui, etc.
(ÎO
Vois ce rocher, c'est là qu'est ea de-
<i , meure;
La nuit, de l'aigle il partage le sort. •
heure ;
C'est là, mon fils, qu'il doit trouver la
mort.
Oh! le beau jour que celui qui tee lève!
Jour de vengeance! enfin, je suis heu-
reux.
Que ce combat soit sans merci, ni
trêve!
Pars mon enfant, pour toi je fais des
vœux.
Va droit à lui, etc.
LE.PETIT AVEUGLE.
J ëtais un p'tit aveugle, et n'avais pas
^,, quinze ans.
Mon vi^iix père était mort, 6 trop tristes
'^m*-^ moments !
Ma mère aussi bientôt me quitta sur la
<ji :\ . terre,
Pour aller, me dit-on, dorniir au cime-
tière.
Un sac, un bftton.
Un chien nourrisson,
C'était là tout mon bien.
Le sac sur le bras,
Je pars an i)'tit pas
8ur le bord du chemin.
Adieu, la chaumière,
Ah! ahî ah!
Tombfum do nui mère,
Ahîah'nh!
Conduis nies pas, mon i)^tit chien,
Mon seul ami, ([uand tout me quitte
Je ne vols pas; toi, tu vois bien:
Petit, regarde et vn moins vite.
J'allais tout chancelant, suivanî mon
p'tit ami,
Et tenant à la main le cordon si chéri:
J'allais clopin-clopan sur la route ti'op
dure;
Mes deux pieds étaient nus, mon front
sans cf)uverture.
Je tendais tremblant
Mes mains au passant,
Pour mendier mon pain.
"Donnez-moi, messieurs;
"Je suis malheureux;^
"Je vais mourir de faim."
Loin d© ma chaumière,
Ah! ah! ah!
Toi, dans ma misère.
Ah! ah! ah!
62
Conduis mes pas, mon petit chien,
Mon seul ami, quand tout me quitte
Je ne vois pas, toi ti: vois bien.
Petit, regarde, et va moins vite,
Je frappai très souvent le seuil 4e^
grands seigneurs; !•■
Mais, en voyant mes maux ils ont ri î^
mes pleurs. f
Que l^urs fcœurs étaient durs ! Ils n'ont
pas eu de mère
Ceux qui du p'tit aveugl' méprisent la
misère.
• Ils disaient furieux: '
Va-t-en, petit gueux;
**Nous n'avons rien pour toi."^ ..
Pairi prenant mon bras.
Me m'naient à grands pas
Sur le chemin du roi.
Loin de ma chaumière.
Ah! ah! ah!
Toi dans ma misère.
Ah! ah! ah!
Conduis mes pas, mon petit chien,
Mon seul ami quand tout me quitte,
Je ne vois pas; toi tu vois bien:
Petit, regarde et va moins vite.
Quand la pauvre bergère, épanchant
dans mon cœur
63
De^paroleH d'esprit, des mots pleins de
douceur,
Et que sa douce nrnin me donnait en si-
lence
Ce qu'un chrélieuréberve à lu pauvre iû-
digence;
J'offrais à mon chien
Moitié de mon bien,
Le reste était pour moi.
Pendant le repas,
Je m'disais tout bas,
Non sans un grand émoi
"Vive la chaumière,
Ah! ah! ah!
"Où vécut ma mère I
Ah ! ah ! ah !
Conduis mes pas, mon petit chien,
Mon seul ami, quand tout me quitte
Je ne vois pas, toi tu vois bien,
Petit, regarde et va moins vite.
Je trottai bien longtemps, toujours ver-
sant des pleurs,
Sur la route inconnue, où tous cueillaient
des fleurs,
Et voilà que soudain la triste maladie
Enlève à mon p'tit chien le reste de sa vie.
Viens à mon secours,
Maître de mes jours I
64
Je suis seul en ce lieu;
En perdant mon chien,
Je perds tout mon bien.
A la grAce de Dieu !
Loin de ma chaumière I
AU i an HU !
Et mourir sans mère !
Ah! ah! ah I
Quoi î tu me laisses, mon petit chien !
Ah, quel malheur, ah, tout me quitte.
Seul ici bas tu m'aimais bien:
Que ne suis-je encor à ta suites.
LA CROIX DE MA MERE.
Air: — Un jour pur ctc.
Celle qui ma donné la vie
Est dans les champs des noirs cyprès,
Sous la froide pierre endormie,
Pour ne se réveiller jamais.
Dans ce lieu sombre et solitaire.
Tous les jours je verse des pleuys;
Au pied de la croix de ma mère
Je prie et je sème des fleurs.
Dans mon pieux pèlerinage,
Je crois entendre autour de moi
65
Sa voix, à travers un nuage,
Qui me dit: -'Je veille sur toi."
Et comme un baume salutaire,
Ces mots apaisant mes douleurs,
A u pied de la croix de ma mère
Je prie et je sème des fleurs.
Sur la terre, pauvre orpheline,
Je ne savais plus <jue pleurer;
Mais vers la croix je m'achemine
Et sa voix me dit d'espérer,
Je m'agenouille, et sur la pierre
Où seront un jour nos deux cœurs!
Au pied de la croix de ma mère,
Je prie et je sème des fleurs.
LA PKIEEE D'UNE OKPHELINE,
Air: — De la pauvre Isabelle,
J'entends dans nos montagnes
Le son du chalumeau,
Et déjà mes compagnes
. S'assemblent sous l'ormeau.
Auprès de ma chaumière,
Seule je vais errer:
Las! qui n'a plus de mère,
Ne songe qu'à pleurer.
Le chagrin, dès l'enfance,
M'environne toujours;
66
Mon père, loin de France
Vit terminer ses jours.
^ Auprès de ma chaumière,
'' •,• Seule je vais errer:
; ■ Car sans lui, sans ma mère
:■ Je n'ai plus qu'à pleurer.
Je ne trouve de guides
Que dans mon souvenir.
Des cieux où tu résides,
Daigne encor me bénir,
Oh tu me vois errer,
Veille sur moi, ma mère,
- . Toi que j'aime à pleurer..
-1 •;
BABCABOLLE DE LA MUETI^E.
Air: — Connu.
Amis, la matinée est belle;
Sur le rivage assemblez-vous,
Montez gaiement votre nacelle,
Et des vents bravez le courroux.
Conduis ta barque avec prudence.
Pêcheur, parle bas,
Jette tes jfilets en silence,
Pêcheur, parle bas;
lie roi des mers ne t'échuppera pas (Ins)
67
L^heure viendra, sachons l'attendre,
Plus tard, nous saurons la saisir.
Le courage fait entreprendre.
Mais l'adresse fait réussir.
Conduis, etc.
Pêcheur, sur la mer orageuse.
Brave la mort, va, ne crains rien;
Pour une action périlleuse.
Vogue sans peur, en vrai marin.
Conduis, etc.
Ne redoute pas la balaine,
Le temps est calme, il faut partir,
Tente une (Conquête incertaine,
Le brave craint-il de mourir;
Conduis, etc.
LES SAPINS.
J'allais cueillir des fleurs dans la vallée.
Insouciant comme un papillon bleu,
A l'âge où l'âme à peine révélée
Le cherche encore et ne rien de Dieu.
Je oora posais avec amour ma gerbe,
Quand, au détour du coteau, l'aspect noir
Des sapins verts couvrant un sol sans
herbe
Me fit prier ainsi sans le savoir:
■^^}^--'-'
'■A
;::/,;/-:v 08 ^v^^, .;■:■■;' ■;::.:;>•■:■••,,,.
"Dieu d'harmonie et de beauté, !" ^ •'■
Par qui le sapin fut planté, ■
Par qui la bruyère est bénie, ^^ '?^ -
^.V J'adore ton génie '^ :
Dans sa simplicité. "" ' - ^ '^ - ^^
î.e sapin brave et l'hiver et^l'orage '
Chaque printemps lui fait un éventail;
Droite est sa flèche et vibrant son feuil-
lage,
L'art grec s'y mêle au gothique travail:
Le» blancs piliers, unsouiïîe les balance
Sans plus d'efforts que les simples ro-
seaux; ' -
Chœur végétal, symphonie, orgue im-
mense
Qui darde au ciel d'innombrables tuyaux
Dieu d'harmonie, etc
Lee bûcherons dont la hache est sonore,
Sapin géant, coupent tes bois légers
Qui porteront du couv^hant à l'aurore
Hommes, bestiaux et produits échangés,
De ta résine on enduira tes planches;
Tu doubleras les caps sombres sans peur,
Tantôt voguant au gré des voiles blan-
ches.
Tantôt poussé par l'ardente vapeur. '
Dieu d'hamonie, etc.
I
L*archet de Dieu règle votre cadence,
Musiciens rythmés par l'aquilon:
Un jour, des bals vous mènerez la danse
De l'orme agreste au splendide salon.
Vous traduirez des accents dont la flam-
me
Cherche des cœurs l'invisible chemin;
Aux violons vous donnerez une âme
Et vibrerez sous un archet humain.
Dieu d'harmonie, etc.
Heureux sapins! vos solives légères
Font les chalets, construisent les ha-
meaux:
Dans vos taillis se couchent les bergères,
Et les buveurs dorment sous vos rameaux-
L'humanité par vos soins est servie.
Bois familiers, dans sa joie et son deuil;
Dans un berceau vous accueillez sa vie.
Et vous clouez ses morts dans le cercueiL
Dieu d'harmonie, etc.
.' *>
■ t
Arbres divins, respectés des tempêtes,
ïVous inspirez le calme et ses douceurs.
Qu'aime la foule aux vers de ses poètes,
^liEt qu'Apollon enseignait aux neufs
sœurs.
Quand, au hasard, la sagesse infinie
Eclaire un front, c'est à l'ombre des bois!
70
Reviens, Orphée, y rêver l'harmonie!
Viens, ô Lycurgue, y méditer des lois!
Dieu d'harmonie, etc. il"'
;^^^ ^^ - Pierre Dupont.
: * :. ,■ 1
V'^ '";) v:. ■•'■-.■'■,;■/■ i-. ,- ■ r .- . '''■■y
L'ANGE DELA PITIE. ^: ■
Sur la cité brille un soleil de fête;
C'est un beau jour que chacun veut
saisir. ;^,..,, -.,;,^,, , ,„ ..„-.,^,
De toutes parts ia foule satisfaite
Court empressée où l'attend Ib plaisir.
Seule une femme, à la fois veuve et m(^re
Les yeux en pleurs, le front humilié,
Demande à tous pitié pour sa misère:
N'est- il, hélas! n'est-il plus de pitié?
^■:1'-\
Sa force enfin s'épuise et l'abanoi ne:
Elle chancelle et se traîne au saint lieu*
Puis, à genoux devant une madone.
Offrant son fils à la mère de Dieu,
Elle s'écrie: Oh! soyez secourable
A ce roseau par l'orage plié;
Vous dont le fils naquit dans une étable
De mon enfant prenez, prenez pitié.
Mais, ô prodige ! il semble que la toile
A pali)ité, que la Vierge a souri.
7)
Et que Jésus, jouant avec son voile,
Jette à la veuve un regard attendri.
Elle se lève, emportant l'espérance:
De tout bonheur n'est-ce pas la moitié?
A sa demeure un ange la devance,
L'ange qu'au ciel on nomme la Pitié.
>.,. Auguste BiŒssiEK.
^■'^X:^ic
SOUVENIKS D'UN VIEUX
MILITAIEE.
Te souviens-tn, disait un capitaine
Au vétéran qui mendiait son pain
Te souviens-tu qu'autrefois dans la
plaine,
Tu détournas un sabre de mon sein?
Sôus les drapeaux d'une mère chérie,
Tous deux nous avons combattu ; ,
Je m'en souviens, car je te dois la vie:
Mais toi, soldat, dis-moi, Ven souviens-tu,
Te souviens-tu, de ces jours trop rapides
Où le Français acquit tant de renom?
Te souviens-tu que sur les Pyramides
Chacun de nous osa graver son nom ?
Malgré les vents, malgré la terre et Ponde
On vit flotter, après l'avoir vaincu,
Notre étendard sur le berceau du monde?
Dis-mois, soldat, dis-moi, t'en souviens-tu
Te souviens tu que les preux cV Italie
Ont vainement combattu contre nous?
Te souviens-tu que les ppeux d'Ibérie
' Devant nos chefs ont plié les genoux?
Te souviens-tu qu'aux champs de l'Al-
lemagne
Nos bataillons, arrivant impromptu,
En quatre jours ont fait une campagne:
Dis-moi, soldat, dis-moi, t'en souviens-tu?
Te souviens- tu de ces plaines glacées
Oi^ le Français, abordant en vainqueur,
Vit sur son front les neiges amassées
Glacer son corps sans refroidir son cœur?
Souvent alors au milieu des alarmes,
Nos pleurs coulaient, mais notre œil
abattu '^ '
Brillait eucor lorsqu'on volait aux armes:
Dis-m )i, soldat, dis-moi, t'en souviens-tu?
Te souviens-tu qu'un jour notre patrie
Vivante encor descendit au cercueil,
Et que l'on vit dans Lutèce flétrie
De-i étrangers marcher avec orgueil?
Grave en ton cœur ce jour pour le mau-
dire,
Ebquiul Dellone un jour aura para,
. Qu'au chef jamais n'ait besoin de te dire
Dl^-moi, soldat, dis-moi, t'on souviens-tu?
73 •
Te souviens- tu... Mais ici ma voix tremble
Car je n'ai plus de noble.souyenir;
Viens-t-en, l'ami, nous pleurerons en-
semble,
En attendant un meilleur avenir.
Mais si la mort, planant sur ma chau-
mière, " • '
Me rappelait au repos qui m'est dû.
Tu fermeras doucement ma paupière
En me disant: "Soldat, t'en souviens-tu?"
• ,.- Emile Debraux.
LES GIRONDINS. :
Par la voix du canon d'alarme,
La France appelle ses enfants!
Allons, dit le soldat: Aux armes!
, * C'est ma mère, je la défends
Mourir pour la patrie, {Ins.)
r/est le sort le plus beau, le plus digne
d'envie, (bis,)
Nous, amis, qui, loin des batailles.
Succombons dans l'obscurité,
V Vouons, du moins, nos funérailles
A la France, à la liberté!
Mourir, etc
Frères, pour une cause sainte,
Quand chacun de nous est martyr,
- ■■:•■'■ 74 : -'-^ :..'■[■ ,
Ne proférons i)as une plainte, '
La France un jour doit nous bénir.
Mourir, etc. i < v ?5 .
Du Créateur de la nature , ,v
Bénissons encor la bonté;
Nous plaindre serait une injure:
Nous mourons i)our la liberté. ,, ,
Mourir, etc. ; -, . ; - , r • '
= A» Dumas et Aug. Maquet.
^J ' LA MARSEILLAISE.
Allons, enfants de la patrie.
Le jour de gloire est arrivé;
Contre nous de la tyrannie ^
L'étendard sanglant est levé (his).
Entendez- vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats?
Ils viennent jusque dans vos bras,
Egorger vos fils et vos compagnes !
Aux armes! citoyens, formez vos batail-
lons ;
Marchons (his.) qu'un sang impur
abreuve nos sillons.
Que veut cette horde d'esclaves,
De traîtres, de roi conjurés?
75
'■\.
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés? (bis)
J^'rançais, pour nous, ah! quel outrage,
Quels transports il doit exciter?
C'est nous qu'on ose méditer
' De rendre à l'antique esclavage!
Aux armes î citoyens, formez vos Jbatail-
. V, Ions; ■•■•■- -',* .^ ■■-.;■" ".■^■'~V;:, \i^::
Marchons ( bis ), qu'un sang impur abreu-
ve no sillons. . ^' ^ -vi. v
Quoi! ces cohortes étrangères
lieraient la loi dans nos foyers!
Quoi! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers? (bis. )
Grand Dieu! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploiraientl
j De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinés !
Aux armes, citoyens, formez vos batail-
lons:
Marchons (bis), qu'un sang impur abreu-
ve nos sillons.
Tremblez, tyrans, et vous, perfides,
L'opprobre de tous les partis!
Tremblez! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leur prix! (bis.)
; Tout est soldat pour vous combattre
S'ils tombent nos jeunes héros.
La France en produit de nouveaux,
Comme vous tout prêts à se battre.
Aux armes! citoyens, formez vos batail-
lons;
Marchcms (bis), qu'un sang impur abreu-
ve nos sillons.
Français, en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups;
Epargnez ces tristes victimes
A regret s'armant contre nous, (bis.)'
Mais ces despotes sanguinaire»,
Mais les complices de Bouille, .;
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchir3nt le sein de leurs mères!
Aux armes! citoyens, formez vos batail-
lons; -
Marchons (bis), qu'un sang impui: abreu-
ve nos sillons. - ^ ' " ' '
Nous entrons dans la carrière
Quand nos aînés ne seront plus;
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus, (bis. )
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
; Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre.
Aux armes! citoyens, formez vos batail-
lons;
Marchons ( bis) y qu'un sang impur abreu-
** ve nos sillons.
'i . ■ ' \ , • ■*"
Amour sacré de la patrie,
(Jonduis, soutiens nos bras vengeurs,
Liberté, liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs! (his)
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents!
/ IT»n> 4-rvf /^-n-ri/Mrvnc" <->-vr\i-*»o-*^4-Çî ■ 'v
w, vcw vv>k3 \^xxliyjLxkxa KjA.\ji.i.ixi.x\.a ■- -
Voient ton triomphe et notre gloire!
Aux armes! citoyens, formez vos batail-
lons; , , V
Marchons (his), qu'un sang impur abreu-
ve nos sillons! ; v; .
* ■ ^ BOUGET DE LiSLE.
SOUVENIR DE NAPOLEON.
A]r: — Delà Marseillaise.
Enfants de la même patrie,
Pour nous enfin luit un beau jour :
A cette terre si chérie
Nous payons un tribut d'amour. [6ts.]
78
Au bord d'une terre étrangère
Quel spectacle frappe rues yeux I
L'auiitié qui desceud den cieux
Embellit ce jour sur la terre I
Napoléon, la France I uuis.sous ces grands
noms ;
Chantons ; sois iniuiortel, héros (jue nous
pleurons I
O toi dont le vaste génie *'
Etonna, vainfjuit tes rivaux, • -
Perinets que ton ombre chérie
Vienne planer sur nos travaux, [his]
Reconnai.s diiîîs celte a^scîlib!ée, . ,
Plus «l'un fidèle serviteur
Dont ton nom fait bnttre le coeur,
Fidèle à l'enseigne sacrée.
Napoléon, la France î unissons ces
grands noms ;
Chantons : sois immortel, héros que nous
pleurons !
'• -■ '■.-- -■'•■ •■..:..■ -, '.■>■■ ■■■^>^'
-■i-'.- '■■"■ " \'.' "■^' *
Douce amitié, fille adorée,
Viens nous embrasser de tes feux,
Fais que sous ton aile sacrée,
Ce jour donne des fruits heureux {bis]
Loin de notre France chérie
Ne formons qu'un peuple d'amis :
Lorsque nous sommes réunis
Nous retrouvons notre patrie
79 •;.-
Napoloon, la France î unissons cen
grands no m h ; .' ' • • <
Chantons : sois imniurtcl, horos que nous
I)leurons I .. :.\
L'homme, l'honneur de notre race,
Chef de hi grande nation,
Dans son grand cœur eut une place
Pour la plus noble passion, [bia.j
Montcbello, dont la frrande âme
Aima sans craindre le héros,
Ah î vifîus animer nos travaux.
Disons, pleins d'un douce flamme :
Napoléon, la (.France î unissons ces
grands noms ; ' ^ -
Chantons : sois immortel, héros que nous
j> " pleurons I
Errants sur un lointain rivage,
Rallions-nous A ce grand nom.
Français, prenons pour patronage
L'égide de Napoléon, [bis]
Ne formons qu'un peuple de frères,
Puisque nous sommes ses enfants;
■ Faisons retentir dans nos chants,
Amis, sur les deux hémisphères :
Napoléon, la France ! unissons ces
grands noms ;
Chantons : sois immortel, héros que nous
} pleurons !
80
._ . ,,.;_ ■■•.■I ,.--■' -■ - ,. .■■ ,
Pour flétrir ton grand caractère,
• L^envie excita st^s serpents: •
Hatzfeld et le fonctionnaire
Te vengeront dans tous les temps, [bis]
Nous sommes loin de ton génie,
Mais pour imiter tes bienfaits . .
Allons au devant des souhaits
Des exilés de la patrie.
Napoléon, la France I unissons ce»
grands noms ;
Chantons : sois immoriel, héros que noua
pleurons !
HYMNE AUX MARTYRS l'E 1837-33.
0 Canada, terre chérie,
Tu penches ton front soucieux !
N'es-tu pas toujours la patrie
Des héros, des nobles aieux I ■;
Peuple intrépide et magnanime,
Qui sus garder ta liberté,
Qu'un doux souvenir te ranime,
Tu fus vaincu, jamais dompté !
Des temps les plus fameux levons les voi-
les sombres.
Vos bourreaux sont flétris d'opprobres
éternels I
Honneur, amour et gloire à vos illustres
ombres.
Fils de la liberté, vous serez immortels.
81
■^^ Soudain s'el(>ve im cri de guerre,
Les fils du peuple des trois jours
. Font treMibler ceu:x-là qui n.iguère
Nous croyaient déchus pour toiijours,
, . Vous êtes morts dans le carnage,
Vaillant Perreault, brave Chénier,
Vous étiez dignes d'un autre âge,
0 Cardinal, O Lorimier,
, . Des temps, etc. : ; "
D'une larme donnons la gloire
, Aux martyrs de la liberté,
Ils ont conquis dans notre histoire
L'amour de la postérité.
De cps héros, dans la détresse,
Gar v)ns un pieux souvenir?
Et quand le lion nous caresse,
Frères, songeons à l'avenir?
-; • Des temps, etc.
Au Canada, notre patrie,
, Jurons amour, lidélité,
Qae d'une voix chacun s'écrie;
''Vive la paix, la liberté !"
• Mais si qu.elqu 'ennemi vorace
i Voulait un jour nous outrager,
Français, sans crainte de sa race,
Ne saurions-nous nous protéger?
Des temps, etc.
82
De ce despote sanguinaire
Qu'un jour lu vomis, Albion l
De Col borne es- lu solidaire? a^
if-t-i! fiétri ta nation?
L'excès de ses vœux sacrilèges
Ebranla ton autorité !
Mais Albion, tu te protèges
En protéfi^eant ia liberté I
Des temps, etc.
Tu n'es point i:é pour l'esclavage
Dieu seul est ton maître ici-bas î
Ta liberté, c'est ton ouvrage
Oh mon pays, ne l'oublie pas !
Descendants de plus d'une race,
Puisque Dieu nous n réunis,
Que la luiine entre nous s'efïace,
Efforçons-nous de vivre unis '
. . .. , Des temps, etc. • • -
'■' •':•..■ ■.-•:- ;^.'' M. FlSSlAUL'
LE DRAPEAU DE CARILLON
O Carillon, je te revois encore !
Non plus, hélas I couwne en ces jours bj
nis,
Oà dans les murs la trompette sonore
Pour te sauver nous avait réunis.
Je viens à toi quand mon âme succombe
Et sent déjà son cournge faiblir.
Oui, près do toi, venant chercher ma
tombe,
Pour mon drapeau JQ viens ici mourir.'
Mes compagnons, d'une vaine espé»'ance,
P)eiçant encor leurs cœurs toujours Fran-
çaii^, ' — ~ - "
Les yeux tournés du côté de la France,
Diront souvent : reviendront-ils jnmais?
L'illusion console^^i leur vie,
Moi, Sînis espoir, quand n es jours vont
hnir, ; .
F^t sîins attendre une parole amie,
Pour mon drapeau je viens ici mourir.
Cet étendard qu'i u grand jour des ba-
tailles,
Noble Montcalm, tu plaças dans ma main,
Cet étendard qu'aux portes de Versailles,
Naguère, hélas ! je déployais en vain,
Je le remeis aux champs où de ta gloire
Vivra toujours l'immortel souvenir.
Et dans ma tombe emportant ta mémoire
Pour mon drapeau je viens ici mourir.
Qu'ils sont heureux ceu5 qui dans la
mêlée
Près de Lévis moururent en soldats I
En expirant, leur âme consolée,
84
■ - r' .
Voyait la gloire adoucir leur trépaj;.
Vous qui dormez dîuis votre froide bière
Vous que j'implore à mon dernier soupir.
Réveillez vous! Apportant ma bannière,
Sur vos tombeaux, je viens ici mourir.
Octave Cremazie.
AVANT TOUT JE SUIS CANADJEN.
Souvefitde lu Grande Bretîi^ine- .,* : .'
On vante et les mœurs et les lois;
Par leurs vins, la France et l'Espagm^;
A de.s f loge s ont des dr'»itH< , ;
Admirez'le ciel d'Italie,
Louez l'Europe, c'est fort bien;
Moi, je préfère ma patrie ; '
Avant lout je suis Canadien. . , ' '..:
Sur nous quel est donc l'avantage
De ces êtres prédestinés ! < v ,
En sciences, art et langage, ^^/ ' >
Je l'avoue, ils sont nos aînés.-; =\;
Mais d'égaler leur industrie
Nous avons chez nous les moyens ;
A tous préférons la patrie :
Avant tout soyons Canadiens.
Vingt ans. ^es Français de l'histoire
Ont seuls occupé le crayon ;
Ils étaient fils de la victoire,
. ■->.■ .'■ 85 :.■;■::.■
Sous l'immortel Napoléon. ; ,
Ils ont une armée aguerrie,
Nous avons des vrais citoyens;
A tous préférons la patrie : ,
Avant toul soyons Canadiens. V
Tous les jours, l'Espagne se vante
Dos chefs-d'œuvre de ses auteurs.
Comme elle, ce pays enfante
Journaux, poètes, orateurs. '^
En vain le préjugé nous crie:
Cédez le pas au monde ancien ;
Moi, je préfère ma patrie : *
Avint tout je suis Canadien. ' ?;
Originaire de la France, . ; -^
Aujourd'hui sujet d'Albion
A qui donner la préférence, :: ''
De l'une ou l'autre nation? / J
Miiis n'avons-nous pas, je vous y^rie,
Encor de plus puissants liens?
A tous préférons la patrie :
Avant tout soyons Canadiens.
-■>■; ■': '■■:■:■■■■. ■ ^^' . '■:"■-' ■ ■ • *;■'-"
0 CANADA, MON PAYS, MES
AMuUlvSl
Aiii; — Je suis Français, mon pays acard
ioui!
Comme le dit un vieil adnge:
liieii Ti'est si beau que sou pays; /
Et de le cliauter, c'est l'usage;
Le mien je chante àmesajnis. {his}
L'étranger Voit avec un œil d'envie
Du Sainj-Ijaurenl le majesiueux cours;
A son aspect le Canadien s'éci'ie: \ ,-
O Canada, mon pays, mes amours! \
Maints ruisseaux et maintes rivières
Arrosent nos fertiles cliamps;
Et de nos montagnes altières
De loin on voit les longs penchants [J)is^
Vallons, coteaux, forêts, chutes, rapides,
De tant d'objets est-il plus beau con-
cours?
Qui n'aimerait tes lacs aux eaux limpi-
des . , \^-^
O Canada, mon pays, mes amours! ( "^
Les quatre saisons de l'année
Offrent tour-à-tour leurs attraits.
Le printemps, l'amante enjouée
Bevoitses fleurs, ses verts bosquets [6/s]
Le moissonneur, l'été, joyeux s'apprête
V. '
A recueillir le fruit de ses labours,
Et tout l'Hutomiie et tout l'hiver on fête.
O Canada, mon pays, mes amours! [ftis.]
Le Canadien, comme ses pères.
Aime à chanter, à s'égayer.
Doux, aisé, vif en ses manières.
Poli, galant, hospitalier! [ft/s.]
A son pays il ne fut jamais traître.
A l'esclavage il résista toujours.
Et sa maxime est la paix, le bien être
Du Canada, son pays, ses amours. [6is.]
Chaque pays vante ses belles;
; Je crois bien que l'on ne ment pas;
Mais nos Canadiennes comme elles
Ont des grâces et des appas, [feis.]
Chez nous la belle est aimable, sincère;
D'une Française elle a tous les atours,
L'air moins coquet, pourtant assez pour
(J Canada, mon pays, mes amours! J
'{ ' ' O mon pays! de la nature
Vraiment tu fus l'enfant chéri:
Mais l'étranger souvent parjure,
En ton sein le trouble a nourri, (bis)
Puissent tous tes enfants enfin se joindre
Et valeureux voler à ton secours!
,. . , 88 \
Car le beau jour déjà comme m ce à poindre
O Canada, mon pays, mes amours! (his.)
G. E. Cartier.
f '
UN SOUVENIR DE 1837
Air : — Combien fai douce souvenance.
Dans le brillant de la jeune?ise
Où toi<t n'ent qu'espoir, allégresse,
* Je vis captif en proie h la tristesse,
En tremblant je vois l'avenir
Venir. -
De lonpjtenips ma douce patrie
Pleurait sous les ff 's asservie; ,.
Et, désireux de la voir affranchie.
Du combat j'attendais l'instant
' . . ■ 1 Gaiement. . - > ■
Mais advint l'heure d'espérance
Où j'entrevoyais délivrance ;
Eh ! mon pays, en surcroit de souffrance,
Mars contraria tes vaillants
Enfants.
Et moi, victime infortunée
Da cette fatale journée,
■'■■■''■ ' ■■-:..■ -89 *./:•..•'■■- .■■.,",.,.;••
lie léop'ini sons sa grifTe irritée
Sans pitio me tient mains et pieJs
Lies.
La reverrai je cette amie
Naguère qui chaniiait ma vie,
Souvent en moi son image ehérie
Fait respirer dan sa douleur .
Mon cœur.
Adieu I ma natale contrée,-
Qu'à jamais je vois enchainée,
Fasse le ciel qu'une autre destinée
T'accorde un fortuné retour ^
Un jour !
G. E. Cartier.
SOL CANADIEN, TERRE CHERIE. '
Air: — Qonnu. . r:
Sol canadien, terre chérie, "^
Par des braves tu fus peuplée;
Ils cherchaient loin de leur patrie,
Une terre de liberté.
Nos pères, sortis de la France,
Etaient l'élite des guerriers, (his)
Et leurs enfants de leur vaillance
N'ont jamais flétri les lauriers, (his)
90
Qu'elles Hont bell'^s nos campagnes !
Eu Canada (lu'on vit content!
8alut, 6 sublimes rnontaj^nes,
Bords (lu suporbo Saint- Laurent !
Habitant de cette contrée,
Que nature veut enibjllir,
Tu peux marcher tête levée,
Ton paya doit t'enorgiieillir.
Respecte la main protectrice
D'Albion, ton digne soutien ;
Mais fais échouer la malice
D'ennemis nourriw dan«=' ton sein.
Ne fiéchin jamais dans l'orage,
Tu n'as pour njaître que tes lois!
Tu n'es point fait pour l'esclavage.
Albion veille sur tes droits.
Si d'Albion la main chérie
Cesse un jour de te protéger,
Soutiens-toi seule, o ma patrie I
Méprise un secours étranger. I
Nos pères, sortis de la France, ^
Etaient l'élit© des guerriers,
Et leurs enfants de leur vaillance
Ne flétriront pas les lauriers.
IbiDORE Bedard
91 ^' . .
SOUVENIR ET ESPOIR
AïK : — Te soavient-il de ce jour ou la
France
Dans ce pays qu'illustra sa vaillance
('luunplain jadis arbora ses drapenux;
Au sein des bois, l'étendard de la Erance
Hous son égide ombragt^a nos berceaux.
O patrie,
Si chérie I
Les tieurs qu'un matin vit éclore
Sur ton front
S'uniront
Aux vertus, à l'honneur 1
Aux doux reflets de ton aurore
Succéderont, plus beaux encore.
Des jours
Toujours
De gloire et de bonheur.
Tel que l'aiglon, à la cime tremblante,
Au haut des monts suspend son air©
altier ;
Tel Québec vit sa ceinture géante
Se déployer au sommet d'un rocher.
0 patrie, etc.
Longtemps rebelle, enfin l'homme sau-
vage
Au joug des lois soumit son front domp-
té;
92
Tel dans nos bois, sous le vent de l'orage
Le noble chêne incline sa fierté.
0 patrie, etc.
Peuple soldvît, quand le bruit des nlar-
mes
Le rappelait loin de ses champs heureux,
Le Canadien mêlnit au choc de armes
Ses chants d'amour et ses refrains ioveuX-
0 patrie, etc.
Trois fois l'Anglnis, dan?; sa rag»^ im-
puissante,
Contre nos rangs arma «es bataillons ;
L'echo bruyant d^ leui chute sanglante
Résonne encore aux chants de Carillon. '
0 patrie, etc.
Plus tard hélas ! sur nos destins pro«i-
pères
S'appesantit un voile de douleur:
Mais la fortune en vain trahit nos pèies ;
La gloire encor fui fidèle au malheur
0 patrie, etc.
Mais si du sort la faveur incertaine
Au léopard soumit son drapeau blanc,
Sur ses débris il tomba dans la plaine
93
Et sa blessure encor saigne à son flanc.
0 patrie, etc.
O mon pays, ô pages de l'histoire,
Tes fils un jour sur leurs destins heureux
Verront briller le soleil de la gloire,
Dont les rayons couvrirent leurs aieux.
O patrie, etc
^ M. A. Plamondon.
L'EAU ET LE VIN
Sans cesse on nous jette au visage
Que plus que nous la brute est sage ;
Car elle boit uniquement
Si la soif l'y pousse vraiment.
Tandis que notre intempérance
Nous porte à boire, soif ou non !
Voulez-vous l'explication
L'e ct^tte énorme différence î
Ce n'est pas bien malin :
La brute boit de l'eau, nous, nous bu-
vons du vin.
Au fond d'un puits, séjour humide,
La vérité, dit-on, r^^^ide.
94
Au rebours, voyez l'emlarrns :
On dit : In vino veritas! . / : * • --'^t
Cœurs droits qui cherchez à l'attein-
<lre, _ V
Du puits elle ne peut sortir. ' / ' ' %
Car le buveur -d'eau sait nientir, ':
Mais l'ivrogne ne sait pas feindre.
Ne chercliez plus en vain
La vérité dans l'eau quand elle est duvn
le vin.
Nous plaignons le sort de Tantale
Atteint d'une S()if ^ans égale,
El qui voit l'eau se retirer
Quand il veut se désaltirer. ;-
C'est un supplice épouvantable, v; ; ;
Et que mérite à tout jamais
L'auteur, du plus grand des forfaits,
^tais il eût eu, le misérable,
Un plus triste destin,
Au lieu d'être de l'eau, si c'eût été*du vin.
- Contre l'averse quf j'essuie.
J'ai l'abri de mon parapluie,
Dont le dôn)e en tissu soyeux
Chasse loin de moi l'eau des cieux.
Du dôme j'aime l'élégance;
Mais le vent flatterait mon goût
En le retournant tout à coup,
Pour en faire une couple immense
Que j'aurais à la main, '
A la place de l'eau, s'il nous pleuvait du
"'-;.;: vin. ^ .. :--:. . : .;;-.■.;.. .-, i.:.'^r:
Dans l'onde, quand le soleil brille,
Je vois le poisson qui frétille;
Et je me dis, en regardant
. Le fond de ce cnstal mouvaiit:
En y mettant de l'échalotte,
Du sel, du beurre, et des oignons,
Nous ferions, gourmands de pois-
sons,
Une fameuse m atelotte,
Des gros et du fretin ;
Au lieu d'être dans l'eau, s'ils étaient
V- dans le vin.
I y Le vin et l'eau dans la balance,
>: Si l'un a notre préférence,
Avouons avec loyauté
Que l'autre a son utilité.
Car elle sait, faveur insigne !
Quand elle tombe en noé sillons,
Faire pousser fruits et moispons,
Surtout faire pousser la vigne....
Aimons la donc enfin
Puisque grâce c'est à l'eau que nous
buvonndu vin.
-n
9^5
' :'-^'''. \l '\^: zozo. ■-\'' .■:,:::,, .'^;•::y
Je suis Zozo, par mes actions comiques.
J'ai fait parler de mo.i pendant z'onze ans,
Je suis le fils de mon seul père unique
Et pour le sûr aussi bcn de mcuman.
Un jour la nuit, cette pauvre VnlAre
Tomba malade, mon pèr' me dit : Zozo, '
Va t'en ch^^rcher du bouillon pour ta mère
Qu'est ben malad', là bas dans un p'tit
pot. " ' .
Vite je m'en fus chez njon tonton Licor-
nes, ^
"Ah ! ça, que j'dis, tonton dépêchez- vous.
Mettez l'chapeau sur vol' tête à trois
cornes, ^ - • ^ ^ e
Et fait's ensuite un saut de plus chez -
nous. ■-,..':■.;• ;::.■■: ■.■,": ./--'v-nv
La pauvr' bonn' femm' que l'on croyait .
perdue
De tous côtés on venait pour la voir; ^
En déjeunant on nuingea d'ia mo''ue
En compagnie, qu'était bouillie du soir.
Mais v'ià t'y pas que par ma maladresse
Je chavirai les assiett's et les plat?.
Je fis un' tache à ma veste de graisse.
Et mes <'ulottes de ma jambe de drap,
Et sur les bas. que mon grand' pèr' de
laine
97
M'avait donnés avant de mourir vio-
let
f.e pauvr' bonhomme est mort d'une
migraine
Tenant un' cuiss' dans sa bouch' de pou-
jet. .
JEANNE D'ARC AU BUCHER
'''"■'^■'^:- '-'''■- '^ MELODIE. "''■■""■'
Jeanne naquU, bergère humble et mo-
deste.
Dans un hameau qu'elle illustra plus
tard,
Quand acceptant sa mission céleste,
Elle brava des combats le hasard.
Dans Orléans, le berceau de sa gloirq
Et le témoin de ses faits valeureux,
Elle fixa sur ses pas la victoire,
Son cri de geurre exprimait tousses vœux
•• Vaincre ou mourir pour la patrie,
Est le désir d'un noble cœur :
P\iisséje, ô ma France chérie.
Te rendre à ce prix le bonheur.
En la voyant si vaillante et si grande,
L'envie alors aida la tra-hison.
Vieille cité de la teric Norm^inde
Jeanne en tes murs a trouvé sa prison.
98 ;■ :"■■•' ' ' ';,.■••
- '■ •
■ ■ . ■ , ' ■* "^ . ■ f ' . '
Mais au trépas cette R-iinteguerriêre,
Victime hélas! de3 plu8 lâcles com-
plots.
Saura marcher hi tête haute et fière
Bravant l'injure et répétant ces mots :
Vaincre ou mourir etc, etr.
Loin de maudire un jugement infâme,
Jeanne pardonne encore à ses bourreaux :
De son bûcher elle affronte la flamme
Au souvenir de ses jours les plus beaux.
Elle revoit chaumière, amis, famille.
Sa voix s'éteint en de touchants adieux...
Elle n'est plus ! mais une étoile brille
Un doux écho semble venir des Cieux :
Vaincre ou mourir etc, etc.
LA FETE-DIEU. :: :-j:'r-rrM
REFR. — Allons, de fleurs jonchons la voie,
Enfants en ce jour de bonheur,
Chantons, livrons nous à la joie,
Car c'est la fête du Seigneur.
pu haut du ciel, Dieu nous contempla
Tout plein d'amour il suit nos chants,
Bientôt il va quitter son temple
Pour mieux bénir cités et champs.
Louons le Dieu de la nature,
Qui daignant vivre parmi nous,
"■' .. ■,.,..- m . .... .
A sa plus chère créature
S'unit par les noeuds les plus doux.
Allons, de fl('nrs,etc,eto^
Tout est azur, tout pst lumière.
Le beau soleil d9 ses rayons
Semble dorer l'humble chaumière;
V L'épi mûrit dans les sillons,
' Tout semble adresser des louanges
Au Dieu qui vient nous visiter,
C'est un concert oii tous les Anges
Auprès de nous viennent chanter.
Allons, de fleurs, etc;etc.
- . •;■> ..■■••■-■■ ■,• '''.'■■
Le soleil fuit , le Dieu da monde
Va remonter ?ur son autel
Pour nous d'amour son cœur abonde
Nous le verrons un jour au ciel.
' Enfants de ce jour d'allégresse,
. Gardons, {gardons ie souvenir
Pour nous il sera sans tristesse,
Sans nul regret dans l'avenir.
Allons, de fleurs etc, etc.
1 v<.
LA PRIERE DU MATIN
■ -, ■ I.', '■■' .'■■ '. : ': ■' -' . - , ■
ROMAN* :E
Toi qui donnes la vie 'v^.
Aux simple? fleurs des champs,
Beau soleil du printemps, ';$
Veille sur mon amie. .. -r -
Sois doux, chaque matin, ,^, . ' , ■'
A celle que j'adore, .^^ • ••^- ; •
Doux depuis Ion aurore .
Jusques à ton déclin. .
Hâte, pour la surprendre,
Le tilleul, U liLas : "^^ . .
Fais pour ses premiers pas . ,.
Croître une herbe plus tendre. ^ :-
Et vous, gentils oiseaux, v> ;_. ' f
Sous Je naissait feuillage, ';»:•:'
Repassez au bocage
Tous vos airs les plus beaux.
Matineuse alouette,.
Au terrestre séjour,
Chante aussi ton amour :
Imite la frtUvette.
Quand tu fuis vers les cieux,
Songe que sur la terre
Tes chants pourraient distraire
Qu«lqu'amant malheureux.
••: ■■ ; ■•-:•■■ 101 'v-^ '■ ; '
LA BONNE MERE ' .
BERCEUSE [ .;
Un soir une jeune m^re
Disait près Je <leux berceaux :
M:iis ohers enfants, sur la terre
Je crains pour vous bien des maux.
Votre cœur, exempt d'envie,
Aux passions de la vie
Un jour, hélas ! s'ouvrira. ...
Mais tandis qu'il les ignore,
Enfants chéris, dormez encore,
Donnez encore jusque là.
En débutant dans le monde.
Tout y charmera vos yeux,
Vous ne verrez A la ronde
Que des gens officieux ;
On nous fait dans la jeunesse
Bon accueil, tendre caresse :
Jadis cela m'aveugla ! . , . .
Mais le charme s'évapore. . . .
Enfants chéris, dormez encore,
Dormez encore jusque là.
Vous verrez que le mérite,
Sait rarement parvenir.
Que l'intrigue va plus vite,
Que l'or fait tout obtenir :
102
Vous verrez la jaloubie
Au talent porter envie ;
Et puis on encensera
Un Hot qu'un titre décore. ...
Enfants chéris, dormez encore.
Dormez encore jusque là.
j
Mais non, j'en ai l'espérance,
Les hommes deviendront bons ;
Dt vertus, de to'érance.
Ils donneront des leçons;
On trouvera sur la terre
Aniitié pure et sincère ;
La justice en chassera
Tous les maux que fit Pandore.
Enfants chéris, dormez encore,
Dormez encore jusque là.
r.v* '■
CHANT DU VIEUX SOLDAT CANA-
DIEN
Pauvre soldat, aux jours de ma jeunesse,
Pour vous. Français, j'ai combattu long-
t^împs; . - . . j
Je viens encor, dans ma triste vieillesse.
Attendre ici vos guerriers triomphants.
Ah ! bien longtemps vous attendrai-je |
encora
103 •
■4 ' ''■ .
•• ■ ■ '.■*-■
Sur ces remparts OÙ je porte mes pas? *
De ce grand jour quand verrai-je l'auro-
- re?
Diamoi, mon (ils. (bis) ne paraissent-ils
pas?
Qui nous rendra cette époque hdroique
Où, sous Montcyilm, nos bras victorieux,
Renouvelaient dans la jeune Amériqut
Les vieux exploits chantés par nos
: . aieux?
Ces paysans qui, laissant leurs chau-
w^, mi ères,
Venaient coubattre et mourir en soldats.
Qui redira leurs charges meurtrières,
Dis moi, mon fils, ne paraissent-ils pas?
Napoléon, rassasié de gloire.
Oublierait-il nos malheurs et nos vœux,
Lui, dont le nom, soleil de la victoire,
Sur l'univers se lève radieux?
Serions-nous seuls privés de la lumière
Qu'il verse à flots aux plus lointains cli-
mats?
0 ciel, qu'entends-j e? une s^eJvc guer-
rière?
Dis-moi, nn»n His, ne paraissent-ils pas?
Quoi ! c'est, dis-tu, l'étendard d'Angle-
terie
104
Qui vient encor, porté par pes: vaisseaux,
Cet étendard que moi même, naguère.
A Carillon j*ai réduit en lambeaux.
Que n'ai-je, hélas! an milieu des batail-
les,
Trouvé })!uiôt un glorieux trépas,
Que de le voir flotter sur nos murailles !
Dis-moi, mon iils, ne pa,raissent ils pas?
Le drapeau blanc, la gloire de nos pères.
Rougi depuis dans le sang de mon roi,
Ne porte plus aux rives étrangères
D«i nom françitis la terreur et la loi.
Dos trois (couleurs l'invincible puissance
T'appellera pour de nouveaux combats ;
Car c'est toujours l'ctendard de la Fran-
ce.
Dis-moi, moi: fils, ne paraissent-ils pas?
Pauvre vieillard, dont la force succombe,
Rêvant encor l'heureux temps d'autre-
fois,
J'aime à chanter sur le bord de ma tom-
be
Le saint espoir qui réveille n:a voix.
Mes yeuy leteints verront-jls dans la nue
Le fier drapeau qui couronne leurs mats?
Oui, pour le voir. Dieu me rendra la vue !
Dis-moi, mon fils, ne'paraissent-ila pas !
105
Un jour pourtant que grondait la tem-
pête,
Sur les remparts on ne le revit plus.
La mort, hélas vint courber cette tête
Qui tant de toi s affronta le:^ obus,
Mais, en mourant, il redisait encore
A son enfant qui pleurait dans ses bras :
De ce grand jour tes yeux verront l'au-
rore,
Ils reviendront, et je n'y s^rai pas!
Octave Cremazie.
LE CORBEAU ET LE RENARD.
Un jour maître Corbeau, sur un arbre
perché
Tenait dedans son bec un fromage glacé
Lorsque maître Renard attiré par l'odeur
L'accoste poliment par ce propos flatteur:
.Sur l'air du tra-la-la-la,
Sur l'air du tra-la-la-la,
Sur l'air du tra-deri-dera, tr a-la-la.
Bonjour maître Corbeau, comment nous
portons-nous?
Merci, maître Renard ça n'va pas mal
et vous?
Tous mes enfants sont bien, nors mon
p'tit nouveau-né
Qui par ces derniers froids, s'est très
frot enrhumé ,7, . »
A l'air du tra-la-la-la, etc. < fi^f
Peste! maître Corbeau, vous êt's joli-
ment mis:
Vous vous faites pour sûr habiller à Paris
Oui, répond le nigaud, à ce propos flat-
teur,
Et lui donne aussitôt l'adresse de son
tailleur, ' ^
Sur l'air du tra-la-la-la, etc,
•
Certes, si vot' ramag' répond à'vot' pal'tot
Vous enfoncez Dupré, Lablache et Mario
Chantez moi donc queuqu' chose, une
ariette, un rien;
Car chez vous d'père en- fils chacun nait|
musicien.
Sur l'air du tra-la- la-la, et<;.
Là-dessus le Corbeau, sans se faire prier,!
Entonne sans façon le grand air du Bar-l
hier;
Mais comme il faut ouvrir la bouch(
pour chanter,
107
Il laiss' tomber par terr' son fromage
glacé,
* , 8ur l'air du tra-la-la-la, etc.
Alors, maître Renard, qui comptait là-
dessus,
Saute sur le fromage, et rit comme un
bossu.
Merci, maître Corbeau, je vous ai fait
poser:
Vous n'êtes pas bien mis, vous n' savez
' pas chanter.
I*a8 mêm' le tra-la-la-la, etc.
Alors maître Corbeau resta tout con-
fondu:
Juste ciel! quel malheur! Tduel est dé-
fendu.
Je suis volé, dupé: maudit soit le destin!
Le doyen des corbeaux passer pour un
serin! '
Sur l'air du tra-la-la-la, etc.
Or donc, de ces couplets la morale voici.
Corbeaux, petits et grands, retenez bien
ceci :
C'est qu'il est maladroit, a dit un vieux
gourmand
Quand on aim' le fromag*, de chanter en
mangeant.
Sur l'air du tra-la-la-îa, etc.
108
LE CORBEAU VENGE
Air : — Du ira la ^a. - . : ; ; ,
Vous qui connaissez tous la fable du
corbemi, • - .
Je viens à ce sujet vous conter du nou-
veau ; w
Hier, en traversant la forêt de Sénart,
Je fus témoin, hélas ! de la mort du re-
nard.
Sur l'air du tra la la la, (61*5)
Sur l'air du tra deri dera, tra la la.
Son papa, sa maman, ses frères, son cou-
sin,
Etaient à ses genoux dans un cruel cha-
grin,
Lorsque le médecin, vieux renard de bon
ton,
Déclara qu'il était mort d'une indiges-
tion.
Sur Tair, etc.
Le père, honteux, confus, disait à ses en-
fants :
Nous allons tous passer pour de fameux
gourmands ;
• ...
109
Partout on nous dira : Messieurs, ce n^est
pas beau
D'avoir pris le fromag' à ce pauvre cor-
: beau. V >'
> ■ Sur l'air, etc. ^^:^. : ,
Quand la famille entière eut fini de pleu-
rer,
Vite «n se disposa pour aller l'enterrer.
Tou/les renards en deuil, au nombre de
cent dix,
Défilaient deux à deux, chantant De pro-
^ ^' fundis. ?70 ■* ?f
, Sur l'air, etc.
Sur la tombe arrivée la foule s'inclina,
Quand le mair' de l'endroit tout en lar-
mes parla;
Je n'sais pa^ c'qu'il a dit, mais un fait
bien certain,
C'est que tous ils avaient le mouchoir à
la main.
î Sur l'air, etc.
,..:5
Lorsque maître Corbesfu, sur un arbre
5 perché,
S'écri' : le voilà mort, je n-en suis pas fâ-
ché;
Il m'a prit* mon fromage, et me l'a tout
mangé ;
110
Le dtstin l'a puni, lo bon Dieu m'a ven-
gé !
Sur l'air, etc. - ' ^V
, : , MORALE
La moral' de ceci, c'est que le bien d'au-
trui,
Lorsqu'il est mal acquis, au lieu d'pro-
fiter, nuit,
Et que si lé renard n'eut pas été fripon,
Il ne serait pas mort d'une indigestion.
Sur l'air, etc.
V. Baron.
"viv
LE LAC -^ o
Ainsi, toujours poussés vers de nou-
veaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans re-
tour ;
Ne pourrions-nous ji mais sur l'océan
des âges
Jeter l'ancre un seul jour?
0 lac î Tannée à peine a fini sa carrière.
Et près des flot chéris qu'elle devait re-
voir,
111
^^'i.
Regarde, je viens seul m 'asseoir sur cet-
-: te pierre v." •■■ . ■-'•.-.'. ',T,';' '„." -■
Où tu la v^f) s'asseoir!
Tu mugissais ainsi sous ces roches, pro
fondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs dé-
chires ; " '- ' '
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
iff Sur ses pieds adorés. ^^
Un soir t'en souvient-il? nous voguions
^ ^ en silence. -
On n'entendait au loin, sur l'onde et
^ ^ sous les cieux, ; ;
Que le bruit des rameurs qui frappaient
y; : :v Tes flots harmonieux.
0 lac ! rochers muets ! grottes ! forêt ob-
scure !
Vous que le temps épargne ou qu'il peut
rajeunir !
Gardez de cette nuit, gardez, belle na-
ture,
Au moins le souvenir.
Que le vent qui gémit, le roseau qui sou-
pire,
Que les parfums légers de ton, air em-
baumé,
Que tout ce qu'en entend, Ton voit ou
l'on respire, . f
" Tout aise : ils ont aimé !
Lamartine.
. '■ '« ^ - ,= ■■■' , . ;.- -^fv.'
'. )
LA PLAINTE DU MOUSSE
Pourquoi m'avoir livré, l'autre jour, 6
jna m<>re, -
A ces hommes méchants, qu'on nomme
matelots, ..,■■■ 7v • ^r . .
Qui toujours aux enfants parlent ave*»
colère.
Et se plaisent à voir leurs cris et leurs
sanglots? ./.... ,-; ,
Toi, mère, tu rendais la douleur moins
pénible,
Ta voix était plus douce à celui qui pâ-
tit;
Si ces gens sont méchants, la mer est
bien terrible !
Ma mère, qu'as-tu fait de ton pauvre pe-
tit î (6is)
Dans ton logis le pain était bien noir
ma mère.
Mais ta main le donnait avec des mots
si doux
113
Que pour moi la f aveiir en était moins
arnère,
Et puis je le mangeais assis sur tes ge-
noux.
Ici point de pitié, personne là qui m'ai-
me,
Et lorsque le repas des matelots finit,
On me jette ma part en lançant un blas-
phème.
Ma mère qu'as tu fait de ton pauvre pe-
tit? (bis)
Mai« qui viefit donc encore troubler ma
rêverie !
Un bruit qui m'épouvante a retenti par-
tout,
J'entends l'aigre sifflet du maître qui
nous crie :
''Quittez votre hamac, alloue, debout,
debout!"
On se parle tout bas, et chacun s'inquiè-
te;
^J'entends les mâts craquer et la mer qui
mugit;
Tout le ciel est en feu,' grand Dieu ! c'est
la tempête !
Ma mère, qu'as- tu fait de ton pauvre pe-
tit? (bis)
: ii4
L'HIRONDELLE ET LE PROSCRIT
Pourquoi me fuir, passagère hirondelle?
Ah! viens fixer ton vol auprès de moi.
Pourquoi me fuir lorsque ma voix t'ap-
pelle? -
Ne suis-je pas étranger comme toi ? ( bis. )
Peut-être, hélas! des lieux>qui t'ont vu
naître
Un sort cruel te chasse ainsi que moi.
Viens déposer ton nid sous ma fenêtre:
Ne suis-je pas voyageur comme toi ?( bis. ) :
Dans ce désert, le destin nous rassemble.
Va, ne crains pas de rester près de moi:
Si tu gémis, nous gémirons ensemble:
Ne suis-je pas exilé comme toi? [&is.]
Quand le prinptemps reviendra te sourire
Tu quitteras et mon asile et moi ;
Tu voleras au pays du Zéphire:
Ne puis-je, hélas! y voler comme toi? bis
m
Tu reverras ta première patrie.
Le premier nid de tes amours... et moi,
Un sort cruel confine ici ma vie;
Ne suis-je pa? plus à plaindre que toi bis
116
JE GARDE MA FOI.
Air: — AhJ que V amour, etc.
Moi t' oublier, est-il en ma puissance?
Effort cruel qu'on exige de moil
Si tu le veux, le lei^os, l'espérance,
Je perdrai tout, mais je garde ma foi.
■.*-',■ ' ' -^ ■ '■ " ;_. V
Je t'oublierai quand on verra l'abeille
Fuir le travail et goûter le loisir;
Je t'oublierai quand la rose vermeille
Eef usera le baiser du zéphir.
Je t'oublierai quand la biche timide
Viendra s'offrir au chien qui la poursuit;
Je t'oublierai quand le courant rapide,
Remontera vers la source qui fuit
Ah! laisse-moi le plaisir de mes larmes;
Est-il un bien qui vaille mes douleurs?
J'aime me peine, elle a pour moi des
charmes
Puisque c'est toi qui fais couler mes
pleurs.
116
BRISE DU SOIE.
Brise du soir qui vient sur ma fenêtre
Bercer mes résédas et mes rosiers en
fleur,
Brise errante du soir, tu passeras peut-
être
Où Vont tous mes .soupirs, les rêves de
mon cœur. , ^ , "
Brise du soir, que ta plus douce haleine
Ton souffle le plus doux et le plus amou-
reux.
S'épuise à soulever et déroule avec peine,
Sur son cou libre et nu, Tor de ses blonds
cheveux.
Brise du soir, murmure à son oreille,
Pour l'endormir, tes bruits, tes concerts j
les plus doux j
Tandis que dans les pleurs, en priant,
moi, je veille,
Et chante dans la nuit, seul, loin d'elle,
à genoux.
117
TOUJOURS SEUL.
Sous ce bnndeau de fer, hélas! prison
infâme,
Nul ne peut m 'approcher., leur frayeur
le défend.
Que je serais ému des accents d'une
femme,
Que je serais h'^ureux de la voix d'un
enfant!
Mais je suis toujours seul avec ma peine
amère,
Et de pas un ami je n'attends le retour!
Moi, je n'ai pas connu les baisers d'uns
mère.
Et pour elle, ô mon Dieu! j'aurais eu
tant d'amour. [6/s.]
Le jour s'enfuit au loin, et l'étoile ray-
onne.
Et la cloche là-bas dans l'air vient de
gémir.
De diamants la nuit parsème sa couronne
Que je serais heureux si je pouvais dor-
mir! •
Mais je suis toujours seul, etc.
Plus de sommeil pour moi, tant mon
âme est flétrie,
118
O mon Dieu! par pitié, daigne me se-
courir.
Toi seul es grand, rends-moi ton ciel,
douce patrie,
Que je serais heureux si je pouvais mou-
rir!
Mais je suis toujours seul, etc.
LES ENFANTS EGARES
el¥:gie
Dans une sombre solitude,
Deux «infants de cinq à six ans,
Portaient avec inquiétude
Leurs regards doux et caressants.
Ils pressaient leur coursé légère,
Au bruit du tonnerre en courroux,
En disant : Cherchons notre père,
I^e ciel aura pitié de nous.
** C'est dans cett*» forêt profonde,
"Que nous avons perdu «es pas.
"Ah ! du moins, s'il passait du monde,
"On nous tirerait d'embarfat- .
"—Mais dans cette forêt, mon frère,
Si nous allions trouver des loups?
"—Nous avons perdu notre père,
"Le ciel aura pitié de nous.
119
*'La nuit vient, je n'entends peraonne ;
"Que diront nos parents ce soir?
^'Comment notre mère si bonne
*'Dorn)ira-t-elle sans nous voir?
" — Marchons toujours, ce soir j'espAre;
"Me retrouver sur leurs genoux.
*'Nous avons perdu notre père,
*'Le ciel aura pitié de nous.
'' — Je suis las, mon frère ; il me semblé
\Qu'il faut nous reposer aussi.
'' — As-tu faim? — Oh! non, mais je trem-
ble.
"Il faudra donc dormir ici?. ...
'' — Ne pleure pas di fort, mon frère,
*'Le bon Dieu là-haut nous voit tous !
"Nous avons perdu notre père,
"Il doit avoir pitié de nous !"
En sanglotant, sous le feuillage
Les deux enfants ne sont assis,
Et malgré le brui t de l'orage,
Ils se «ont pourtant endormis.
Mais en dormant, cette prière
Se mêle à leur souffle si doux :
"Nous avons perdu notre père,
"Bon Dieu, prenez pitié de nous !"
120
LES RAMEAUX
Sur nos chemins les rameaux et les
fleura
Sont, répandus dans ce grand jour de
fête
JévSUP s'avance, il vient sécher nos pleurs,
Déjà hi foule à l'acclamer s'apprête.
Peuples, chantez, chantez en chœur.
Que votre voix à notre voix réponde,
H)^iritii! gr!r)u-e au Seigneur !
Béni celui qui viert sauver le monde!
n a parlé, les peuples à sa voix
Ont reconquis leur liberîé perdue,
L'humanité donne à chacun ses droits,
Et la lumière est à chcun rendue.
Peuples, chantez, chantez en chœur,
Que votre voix a notre voix réponde !
Hosanna! gloire au Sjîgneur!
Béni celui qui vient sauver le monde !
Réjouis-toi, sainte Jérusalem,
De tes enfants chante la délivrance,
Par charité, le dieu de Bethléem
Avec la foi t'apporte l'espérance.
Peuples, chantez, chantez en chœur,
Que votre voix à notre voix réponde !
Hdsanne ! gloire au Seigneur
Bém celui qui vient sauver le monde !
121
AMOUR ET FANATISME
.1-
ROMANCE.
(îhrétienne aux longs yeux bleus, dont
mon âme est éprise.
Il faut donc te quitter, bientôt je dois
partir.
En te disant adieu, mon pauvre cœur 8#
brise,
Dans le premier combat, que je voudrais
mourir î
Pourquoi faut-il que la loi me défende
De m^at tacher à toi pour qui j^ai tout
- quitté !
Je dois partir, Allah me le commande.
Pour conquérir et gloire et liberté !
Enfant, j'aurais voulu te consacrer ma
vie,
Vivre de ton amour, mourir à tes ge-
noux,
J'aurais quitté pour toi mes frères, ma
patrie,
Kohel, mon noir coursier dont l'Emir
est jaloux.
Pourquoi faut -il, etc
Je vois ton doux regard se voiler d'une
larme,
122
Tu souffres comme moi d'un adieu sans
espoir ;
Enfant, cache-le moi : car céder à ce
charme
Ce serait parjurer et trahir mon devoir.
. Pourquoi fait-il, etc.
LES FEUILLES MOkTES
Mes jours sont condamnés, je vais quit-
ter la terre !
Il faut vous dire adieu, san^ espoir de
retour !
Vous qui pleurez, hélas I bel ange tuté-
laire.
Laissez tomber sur moi vos doux re-
gards d'amour
Du céleste séjour entr'ouvrezmoi les
portes
Et du Maître éternel pour adoucir la loi,
Quand vous verrez tomber les feuillcc^
mortes,
Si vous m'avez aimé, vous pri«rez Dieu
pour moi.
Oui, le premier printemps va fleurir sur
ma tombe;
Oui, ce jour qui m'éclaire est mon der-
nier soleil,
123
Er; des arbrȔ8 jaunis chaque feuille qui
tombe
Me montre du trépas le lugubre appa-
reil !
Oui, des oiseaux du ciel les légères co-
hortes
Chanteront dans les airs, sans causer
mon émoi 1
Quand vous verrez tomber, etc.
Sans vous, sane votre amour, je quitte-
rais le vie,
SanB y rien regretter, rien qu'un séjour
de deuil
Aux chagrins, aux reveri ma jeunesse
asservie
Voit la mort comme un phare et non
comme un écueil î
Mai» j'ai, par vos doux soin«i, de» dou-
leurs ks plus fortes
Bravé les traits cruels snns trouble et
sans émoi.
Quand vous verrez tomber, etc.
124
LE VIEUX CHEIK
ROMANCE
Ilf> ont pillé les gourbis de mes pères,
Brûlé mes blés, dévasté mes troupeaux,
Les aigles seuls connaissent leurs repai-
reô,
Ils sont venus y planter leurs drapeaux.
Je leur pardonne et ma maison en flam-
mes,
Et leur drapeau qui flotte triomphant,
Et leurs sérails où vont gémir nos fem-
, mes
Mai» les maudits ont tué mon enfant !
0 Dieu dM ciel qui vois couler mes lar
mes.
Veille sur nous et le sort va changer ;
De tes enfanth, mon Dieu, bénis les ar-
mes.
Nous avons tous une tombe à venger. bi$
Ils ont choisi l'heure de la prière.
Ils ont frappé des hommes à genoux.
Et mon enfant qui défendait son père,
En m 'appelant est tombé sous leurs
coups.
Ainsi parlait le vieux Cheik dont la tète
Avait blanchi dans la guerre et les
camps :
125
Son œil brillait, et jamais la tempête
N'avait lancé d'éclairs plus menaçants.
O Dieu du ciel, qui vois couler sed larmes,
Veille sur lui, son destin va changer ;
De tes enfants, mon Dieu, bénis les at-
; . mes.
Car ils ont tous une tombe à venger, hiê
Voyez passer ce cavalier farouche,
Sur son cheval aussi prompt que le vent :
C'est le vieux Chiek, malheur à qui le
touche.
Il va venger la mort de son enfant.
C'est le lion, c'est le roi de la plaine,
C'est le simoun, le vent qui brûle l'air;
Il tombe enfin, son sang rougit l'arène;^
Mais il sourit, car le champ est désert.
Et vers le ciel, les yeux vides de larmes,
Il dit: Mou Dieu, ton bras m'a dirigé;
Au minaret qu'on sunpende mes armes,
^e meurs content, car mon fils est
vengé. (6w.)
Alex. Dumas.
126
LE DERNIER ADIEU
ROMANCE
Voici l'instant suprême,
L'instant de nos adieux I
O toi I seul bien que j'aime,
Sans moi retourne aux cieux !
La mort est une amie
Qui ren.l la liberté: .
Au ciel reçois la vie,
Et pour l'éternité.
*
Adieu î tu vas m'attendre,
Bientôt tu dois partir ;
Mon cœur fidè'6 et tendre
Te garde un souvenir.
Adieu I jusqu'à l'aurore
Du jour auquel j'ai foi,
Du jour qui doit encore
Me réunir à toi.
NEPENbEQU'A DIEU
BERSEUSE
Petit enfant, repose ;
Qu'un paisible sommeil.
Sur ta paupière rose,
Pèse jusqu'au réveil.
Retse dans ton aurore,
127
Sur la route ici-bap
Il n^est pas temps encore
D'y conduire te» pas :
l'ors et laisse la terre, '
Petit ange à Pœil bleu,
Dors et rêve à tn mère.
Et ne pense qu'à Dieu.
Par l'ange protégée,
DesMous son aile d'or,
Reste toujours cachée,
Ne prends pas ton essor.
Quand sur le sol vulgaire
Ton pied se posera,
Suis sa voix tutélaire,
Qui te dirigera.
Doih et laisse la terre, etc,
La vie a trop d'orages
Pour toi, frêle arbrisseau,
Le ciel trop de nuages.
Reste dans ton berceau.
Petite fleur timide.
Que ton calice d'or,
Ta corolle limpide.
Ne s'ouvrent pa^^ encore.
T)oY6 et laisse la terre, etc.
128
L'ORPHELINE.
MELODIE.
Partout des fleurs sans no:Dbrff,
Remplissent l'air d'odeurs ;
Pourtant mon âme est sombre,
Mes yeux sont pleins d*^ pleurs?
Printemps, que peut me faire
Ton charme séducteur?
Je sens mieux ma misère.
Au sein de la splendeur
Personne qui devin*
L'excès de mon chagrin
Personïie à l'orpheline
Qui tende hélas I la main.
Je corbe vers la terre
Mon pauvre front fiévreux.
La tombe de ma mère
yist là devant mes yeux?
129
LE PAPILLON.
ROMANCE,
Au banquet des fleurs, n'es-tu pas covive,
Anni do. pdntenDps?
Ta course pour nous est trop fugitive
Reste plus longtemps.
A ton frais butin
Lorsque chaque aurore,
Te ramène encore,
Papillon lutin
Mon jardin te donne
D'odorants bouquets,
Et ma voix fredonne
Ses plus beaux couplets.
Au banquet des fleurs, etc, etc.
Parfois en chemin
Si tu te reposés.
Sur mes belles roses
Au brillant carmin,
En vain caressante
Je veux te saisir.
Tu fuis d'épouvante
Au moindre zéphir?
Au banquet des fleurs, etc., etc.
130
Insecte d'un jour
Ta vie est l'image
De notre bel âge
Qui fuit sans retour.
Comme toi s'envole
Notre gai printemps,
Le plaisir frivole
De ne nos jeunes ans.
Au banquet des tl»iurs, etc., etc.
LE CHEF D'ŒUVRE DE DIEU
ROMANCE
Dans sa bonté, quand Dieu fit la nat\ire.
Il a donné les parfums à la fleur î
Au clair ruisseau le timide murmure,
Au papillon la riante couleur î
Il a donné les chansons aux fauvettes.
Au lion la force unie à la fierté,
Il a donné le génie aux poètes,
Mais àli femme il donna la beauté' [6Ï8.]
Au gais oiseaux il a donné des ailes,
L'écaillé d'or aux habitants des mers,
Des pieds légers aux timides gazelles,
Aux blancs moutons le velours des près
verts.
131
A la vieillesse il donna l'indulgence,
A la jeunesse il donna la gaîtë,
Aux malheureux il donna l'eMpérance
Mais à la femme il donna la bouté. [6i«.]
Il a donné, ce Dieu que l'on implore,
L'azur aux cieux, les rayons au soleil,
Au jour 8j lendide il a donné l'aurore,
Au vert coteau le païupre au grain ver-
meil.
Au5 noirs rochers, il a donné le lierre
ïj'herbe au grillon et Pespace au vautour,
A l'ange enfin il donna la prière,
Mais à la femme il a donné l'amour.(6i«.)
LA PIETE.
ROMANCE.
Quelle voix sainte et pure
A retenti soudain?
De toute la nature
C'est le pieux refrain;
Elle dit son histoire,
Elle dit son bonheur;
Elle chante la gloire
Du puissant Créateur.
132
Petit oiseau, tu chantes
Ta douce liberté,
Tes amours innocentes,
Et ta félicité.
Mais on te met eu cage,
Et tu chantes encor,
A Dieu par ton ramage
Tu demandes la mort.
Beau chêne inébranlable,
Qui monte comme un vœu,
Du noir séjour du diable,
Jusqu'au palais de Dieu,
Le vent dans le feuillage
Chante et dit: "A genoux!
A Dieu rendez hommage,
Priez-le comme nous."
DIEU, MON ENFANT, TE LE
EENDKA.
ROMANCE
Pourquoi ravir la tendre mère
Enfant, laisse ce nid d'oiseaux;
N'entends-tu pas la plainte amère
De son petit sur les rameaux?
Dans cette forêt solitaire,
133
S'il reste seul il périra,
Eends-lui la vie à ma prière,
Dieu, mon enfant, te le rendra.
-Dans tes mains vois toute tremblante
8a mère qui se plaint toujours;
Si ton âme n'est pas méchante,
De sa douleur taris le cours.
Chantant la liberté chérie.
Son chant joyeux te ravira.
Va, sois humain, ma voix te prie,
Dieu, mon enfant, te le rendra.
L'oiseau soudain près de sa mère
Voltige en paix sous les rameaux,
Et l'on entend sa voix légère
Charmant les bois et les échos.
Ah! dit l'enfant, la belle fête,
Petit oiseau longtemps vivra.
Et doucement la voix répète:
Dieu, mon enîant, te le rendra.
LA CHAPELLE ABANDONNEE.
BOMANCB.
Salut! ô modeste chapelle, '
De tes vieux murs le triste aspect
Dans mon cœur attendri rappelle
134
De doux pensers, un saint respect.
Aujourd'hui ta voûte entr'ouverte
N'entends plus de pieux accents;
Et dans ton enceinte déserte,
Ne montent plus des flots d'encens.
Ici l'eau sainte du baptême
Sur mon jeune front s'épancha;
Là le prêtre, à celle que j'aime
Au nom du Seigneur m'attacha.
Hélas, sous cette froide pierre
Qu'avec respect foulent mes pas,
Auprès de toi, ma bonne mère
Ton fils ne reposera pas.
Jadis la cloche, aux jours de fête,
Eveillait les échos lointains;
Maintenant ta cloche est muette.
Tes cierges brillants sont éteints.
Chaque jour une pie3?re tombe.
Et bientôt toiH disparaîtra:
Quelques ruines, une tombe.
Diront: La chapelle était là.
135
SILVIO PELLICO AU SPIELBERG
MELODIE
Hélas ! dans ma prison, brise à la fraîche
haleine,
Quand tu viens m'annoncer le doux re-
tour des fleurs,
Quand tu vieng m'apporter les parfums
de la plaine, •
Tu réveilles en moi de nouvelles dou-
leurs.
Je le sais, du printemps ton haleine est
remplie.
Et ton aile a passé sur des gazons fleu-
ris;
Mais pourquoi n'es-tu pas ma brist d'I-
talie?
L'air embaumé de mon pays?
Hélas î dans ma prison, quand d'un ciel
sans nuage
Glispe un rayon plus pur, comme un re-
gard ami ;
Loin de me consoler, je perds bientôt
courage ;
Je sens des pleurs venir, et mon cœur a
gémi :
En voyant ce beau ciel, non jamais j%
n'oublie
136
Qu^il n^est qu'un ciel, un seul pour les
pauvres proscrits.
Ah ! pourquoi n'es-tu pas mon beau cieî
d'Italie?
Le ciel aimé de mon pays?
Hélas! dans ma prison, parfois, lorsque
je rêve,
Uu 8onge/cet ami de mon t^ouimoil lé-
Me dit que je suis libre et que mon mal
s'achève ;
Que j'ai ma liberté sur un sol étranger.
Sur un sol étranger ! oh ! je voua en sup-
plie,
Mon Dieu ! je ne veux pas être libre à ce
' prix.
Qu'on m«^ donne plutôt des fers en Italie !
Je veux mourir dans mon pays.
Emile Barateau
137
LE TASSE
MELODIE
Pour nie punir de mon génie,
lis m'ont ravi ma liberté,
Je suis captif, et l'Italie
Redit mon nom [bis] avec fierté.
Les noUes chants que Dieu m'inspire
Ont confondu mes ennemis,
Et de mon cœur le saint délire j
Par eux ne fut jamais compris. j
Mais dans les fers je t'aime encore,
O toi pour qui je veux souffrir,
Et mon regret sait te bénir, ) j,-.
Eléonorc! f ^**-
Ils tomberont dans la poussière,
Ces fiers palais un jour détruits :
Prince orgueilleux, ta tête altière
8e cachera [bis] sous leurs débrii.
Mais ce cachot, temple de gloire,
Doit vivre autant que mes malheurs.
Il sera plein de ma mémoire ) 7 .
On y viendra verser des pleurs. J
Ton nom si doux que j'implore,
Suivra le mien dans l'avenir,
Ma gloire enfin doit nous unir, ) t •
Eléonore? J °**-
138
Ils pouvent bien m'ôter la vie,
Ne suis-je pas en leur pouvoir?
Qui les retient? La tyrannie
D'un crime aussi \bis] fait un devoir.
Mais cet amour, céleste flamme,
Qu'un Dieu si bon mit dans mon cœur,
Me l'arracher !... outrage infâme ! ) , .
Plus lâche encore que leur fureur ! \
C'est pour jamais qu« je t'adore,
Viens embellir me» derniers jours,
La mort cons^acre nos amours. ) , .
Eléonore ' \^''^-
LV ROSE ET L'ENFANT
BLUETTE
0 reine de la charmille,
Belle rose du bosquet.
Disait une blonde fille,
Vite viens dans mon bouquet.
Enfant, répondit la rose,
Ne ravis pas ma beauté.
Blonde fille fraîche et rose,
Laisse-moi ma liberté.
De mes fleurs tu seras reine,
Dit l'enfant, rose, crois-moi ;
En maîtresse souveraine
139
Tu leur donneras la loi.
Enfant, répondit la ro8'-,
Ne ravis pas ma beauté,
Je ne suis que fraîche éclose,
Grâce ! un jour dfe liberté I
Mais cet^t pour ma bonne mère,
Dit l'enfant d'un ton mutin,
Rose, écoute ma prière,
C'est sa fête ce matin.
Vraiment dit alors la rose,
C'est pour fêter êix bonté,
Cueille-moi vite, et dispose
De ma douce liberté.
PRES D'UN BERCEAU
ROMANCE
Comme un pêcheur, quand l'aube est
près d'éclore.
Court épier le réveil de l'aurore.
Pour lire au ciel l'espoir d'un jour serein.
Ta mère, enfant, rêve à ton beau destin.
Anpe des cieux, que seras tu sur terre?
Homme de paix ou bien homme de guerre,
Prêtre à Fautel, beau cavalier au bal.
140
Brillant poète, orateur, général?
En attendant, sur mes genoux,
Ange aux yeux bleus, endormez-vous
Son œil le dit, il est né p>our la guerre,
De ses lauriers comme je serai fière î
Il est soldat... le voilà générul !...
Il court, il vole, il devient maréchal !...
Le voyez-vous au sein de la bataille,
Le front radieux, traverser la mitraille?
L'ennemi fuit, tout cède à sn valeur,
Sonnez clairons, car mon fils est vain-
queur !
En attendant, sur mes genoux,
Beau général, endormez-vous.
Mais non, mon fils, ta mère en ses alar-
mes
Craindrait pour toi le jeu sanglant des
armes.
Coule plutôt tes jours dans le saint lieu,
Loin des périls, sous le regard de Dieu.
Sois cette Ismpe à l'autel allumée,
De la prière haleine parfumée.
Sois cet encens qu'ofire le séraphin
A l'Eternel, aveel'hyïnne divin.
En attendant, sur mes genoux.
Mon beau lé^^ite, endormez-vous.
141
Panlon, mon Dieu, dans nia folle ten-
dresse,
J'ai de vos lois mëcoimn la sagesse ;
Si j'ai pe'cho n'en punisbez que moi ;
J'ai, seule, an vous, Seigneur, manqué de
foi.
Près d'un berceau le rêve d'une mère
Devrait toujours n'être qu'une prière !
Daignez, mon Dieu, choisir pour mon
enfant.
Vous voyez mieux, et vous l'aimez au-
tant.
Et toi, mon ange aux yeux si doux,
Repose en paix iur mes genoux.
XA CHARITE
Voyez vous cet enfant au teini pâle' et
livide,
Comme il lève vers vous son regard sup-
pliant;
La honte est sur son front et son geste
timide
Ose seul implorer la pitié du passant.
Chrétiens, faites Faumône,
Faites la charité ;
C'est un Dieu qui l'ordonne !
Chrétiens, ayez pitié î
142
Ah ! s'il pouvait purler, il dirait que sa
mère
Ne possède pluH rien pour apaiser sa
faim,
Qu'elle est triste et mourante, en proie à
la misère,
Que ses petits enfanta lui demandent
du pain !
Chrétiens, etc.
Mais on reste insensible à sa plainte
touchante,
Et le riche en passant ne voit pas sa
douleur.
S'il élève en pleurant, une main sup-
pliante,
Il redoute un refus qui briserait son
cœur.
Chrétiens, etc.
Et déjà sur f>a lèvre expire la prière,
Quand un ange d'amour vers lui porte
ses pas,
Cet enfant qui gémit, cet enfant est un
frère, •
Qu'il presse sur son cœur, qu'il arrache
au trépas.
Chrétiens, etc.
143
LES ANGES DU FOYER.
MELODfE.
Veillez sans bruit, pieuses sentinelles,
Pur ces trésors qui vous sont Confiés,
Sur vos enfants, ces beaux anges sans
ailes
Veillez toujours, bonnes mères, veillez;
D'un saint devoir ne quittez pas la rive
Le vrai bonheur est au bout du sentier,
Pour enhardir votre marche craintive
Dieu vous donna les anges du foyer.
Mère, les fleurs, les fragiles dentelles,
Les gais rubans, les merveilleux, satins,
Vous Je savez, ne vous font pas si belles
Que ces enfants attachés à vos seins ;
Leurs jeunes bras mieux que des perles
fines
Vous font alors un gracieux collier !
Pour ajouter à vos grâces divines
Dieu vous donna les anges du foyer.
«
Mères, parfois le bruit du monde en fête
En votre cœur éveille un souvenir :
Mais sur l'enfant votre regard s'arrête
Et le passé fait place à l'avenir.
Vous aimez rant, égides salutaires,
Ces fleurs qu'un souffle hélas ! peut ef-
feuiller;
144
Pour animer vos chasteH sanctuaires
Dieu vous donna les anges du foyer.
Courage donc, et vos cœurs, bonnes mè-
res,
De tant de foins recueilleront les fruits.
Vous le» verrez un jour, ô faibl*?3 lierres,
Avec orgueil se montrer vos appuis ;
Vous les verrez, alors que le génie
Ceindra leur front d'un éclatant laurier I
Pour que vos noms soient chers à la Pa-
trie,
Dieu vous donna les anges du foyer.
UE PAS VERS LES CIEUX
ROMANCE.
Tu vois, mon fils, un pauvre passe. .
Tiens, dit la mère, et sans retard
Cours droit à lui, donne •avec grâce,
Et chapeau bas, c'est un vieillard !
Tête blonde et légère,
Tdole de mes yeux,
Un bienfait sur la terre
Est un pas vers les cieux.
145,
*
Oui, ()e bonne heure ; pprends l'aumône
Sainte vertu qui chaque jonr.
Si peu de chose que Ton donne,
Fait près de nous germer l'amour.
Ton ange tutéiaire
En sera tout joyeux
Un bipnfait sur Literie
Est un pas vcTvS les cieux !
Si Dieu t'appelle à la richesse, ,
Laisse à ton cœur un libre essor!
S'il te réserve la détresse.
Oh ! donne moins, mais donne encore!
Et du chant de ta mère,
Souviens-toi, jeune ou vieux
Un bienfait sur la terre
Est un pas vers les cieux
PRIEZ POUR LUI
Air : — Moi, ^oublier, etc.
Je vais revoir ma patrie adorée.
Ma pauvre sœur, mon père déjà vieux!
Je vais revoir cette France illubtrée
Par nos exploits et ceux de nos aieux.
346
Ah! sans retour fuyez, vaines alarmes,
Seuls revenez, souvenirs glorieux 1
Pour moi la vie a repris tous ses charmes,
J'v cours Biix champs où vivaient mes
aieux.
Ainsi chantait un enfant de la France,
Qu'un dur exil retint sous d'autres cieux,
Il revenait, conduit par l'espérance,
Vers l'humble toit acquis par f^es aieux.
Mais épuisé par sa longue souffrancCt
L'infortuné tombe et ferme les yeux;
Il meurt. Hélas I il avi^it l'innocence
Et la valeur de ses nobles aieux.
Vous dont les cœurs sont fermés à la
haine,
Vous qui pleurez des excès odieux !
Priez pour lui î «;ar son âme erre en peine
Loin de la tombe où dorment ses aieux.
LE PETIT SAVOYARD
ELEGIE
Adieu, mes petits camarades,
Je ne puis partager vos jeux ;
Chez nous mes parents sont malades :
Ici, tout mon temps est pour eux.
147
Pour oublier votre miFc te,
Vous allez vous aiuuter tous;
Moi, je travaille pour mon père^
Jv Suis bien plus heureux que vous.
Le matin, gaiement je ramone,
/ie soir, je montre un sapajou ;
Je méiiage ce qu'on me donne,
Et mets (le côté sou pour sou.
Gens riches que l'on considère,
Votre or satisfait tous vos goûts,
Mais moi, j'amasse pour mon pèr«,
Je suis bien plus heureux que vous.
Dans ks demeures magnifiques
On a besoin du Savoyard ;
J'y vois de nombreux domestiques
Me toiser d'un air goguenard ;
Ils se moquent de ma poussière :
Mais de leur» galons peu jaloiiX,
Je nie dis : Je nourris mon père,
Je suis bien plus heureux que vous.
Toi, Joseph, avec ta sellette,
Tu comptes rester à Paris ; '
Pour te marier à Nanette,
André retoure au pays.
Dans l'avenir chacun espère.
Le mien m'annonce un sort plus doux ;
Dans un an je verrai mon père,
Jç serai bien plus Leureux que vous.
148
LE CHIEN DE LINVALIDE
AiH : —Dans un grenier.
Autour d'un brave une foule pe presse,
Ses nobl<«s yeux ont perdu la clarté;
Du vieux soiaivt qui Jeonoisit pou:
Il sait aussi conserver ia fierté.
Ah ! respectons le chien de l'invalide, his.
Ne pensez pas que jamais il s'oublie,
Il ne veut pns du pain de la pitié ;
Il le prendrai^ d'une main ennemie,
Si le vieillard en voulait la moitié.
Un seul besoin'pourrait le rendre avide:
Oelui qu'éprouve une pure amitié.
Ah! respectons le chien de l'invalide, bis
•
Comneson maître, à tra^'ers la mitraille,
Le bon Médor cent fois s'est élancé,
Et comme lui sur le champ de bataille,
Le même ^our on le trouva blessé.
Son œil de feu devient sombre et timide.
S'il ne voit plus l'ami qui l'a pansé.
Ab ! respectons le chien de l'invalide, bis-
149
OU VAS-TU PETIT OISEAU
MELODIE
Rêve, parfum ou fraiw r;r rmure,
Petit oiseau, qui donc es- tu?
Je suis l'amant de la nature
Créé par Dieu, par lui vêtu ;
Je suis un prince sans royaume I
Je suis heureux, peu m'iniporto où;
Et malgré tout ce qu en dit l'homme,
Je suis le sage, il est fou î
Rêve, parfum ou frafs murmure.
Petit oiseau qui don." es-tu?
Je suis l'amant de la nature.
Crée })ar Dieu, par lui vêtu.
Dans tes chansons toujours joyeuses,
Petit oiseau, que chantes-tu?
Je chante mes plumes soyeuses,
Ma liberté, mon bois touffu '
Je chante l'aslre qui rayonne,
Et ma compagne et mes amours !
Je chante le Dieu qui me donne
Le grain du m.il et les beaux jours !..
Dans tes chansons toujours joyeuses,
Petit oiseau que chantes- tu?
Je chante mes plumes soyeuses,
Ma liberté, mon bois touffu î
150
De nos bosquets, hôte infidèle,
Petit oiseau, dis, ou vas-tu?
Je vais où me porte mon aile,
Vers l'avenir, vers lïnconnu !
Je vais où va l'homme moins sage :
Tous deux même but nous attend,
Nous faisons le même voyage.
L'un en pleurant, l'autre en chantant ;
De nos bosquets, hôte infidèle,
Petit oiseau, dis, où vas-tu?
Je vais où me porte mon aile»
Vers un avenir inconnu.
Mais au terme de ton voyage,
Petit oiseau, qu'espères tu?
J'espère le repos du sag^e.
Si doux au voyageur rendu !..
J'espère au Dieu de la nature
Rendre ce qu'il m'avait prêté;
Ma plume blanche et ma voix pure
Mon innocence et ma gaieté !
Mais au terme de ton voyage.
Petit oiseau qu'espères-tu?
J'espère le repos au sage,
Si doux au voyageur rendu.
151
LE ROI DAGOBERT
Le bon roi Dagobret
Avait sa culotte à l'envers ;
Le grand saint Eloi
Lui dis : O mon roi !
Votre majesté
Est mal culotté.
C'est vrai, lui dit le roi,
Je vais la remettre à l'endroit.
Le bon roi Dagobert
Fut mettre son bel habit vert
Le grand saint Eloi
Lui dit : 0 mon roi !
Votre habit paré
Au coude est percé.
C'est vrai, lui dit le roi,
Le tien est bon, prête-le-moi,
Le bon roi Dagobert
Faisait peu sa barbe en hiver;
Le grand saint Eloi
Lui dit : 0 mon roi I
Il faut du savon
Pour votre menton.
C'est vrai, lui dit le roi,
As-tu deux souh? prête-les-moi.
152
Du bon roi Dagobert
La perruque était de travers ;
Le grand saint Eloi
Lui dit : 0 mon roi I
Votre perruquier
Vouri a mal coifîe.
C'est vrai, lui dit le roi,
Je prends ta tignasse pour moi.
Du bon roi Dagobert
Le chapeau coiffait comme un cerf,
Le grand shint Eloi
Lui dit : O mon roi !
La corne au milieu
Vous siérait bien mieux.
C'est vrai, lui dit le roi,
J'avais pris modèle sur toi.
Le bon roi Dngobert
Chassait dans la plaine d'Anvers
Le grand saint Eloi
Lui dit ; O mon roi 4
Votre majesté
Est bien essoufflée.
C'est vrai, lui dit le roi,
Un lapin courait après moi.
Le bon roi Dagobert
Allait à la chasse au pivert ;
Le grand saint Eloi
155
Lui dit : O mon roi!
La ch?tsse aux coucous
Vaudrait mie^ix pour vous
Eh bien, lui dit le roi,
* Je vais tirer, prends garde à toi.
Le bon roi Dagobert
Se battait à tort, à travers,
Le grand saint Eloi
Lui dit : 0 mon roi !.
Votre mnjesté
Se fera tuer.
C'est vrai, lui dit le roi.
Mets toi bien vite devant moi.
Le bon r«)i Dagol)ert
Voulait s'embarquer sur la mer;
Le grand saint Eloi
Lui dit : O mon roi !
Votre majesté
Se fera noyer
C'est vrai, lui dit le roi,
On pourra crier : Le roi boit.
Quand J'ogobert mourut,
Le diable aussitôt accourut;
Le grand saint Eloi •
Lui dit : O mon roi !
Satan va passer,
154
Faut vous confesser.
Hélas ! dit le bon roi,
Ne pourrais-tu mourir pour moi?
Anonyme.
CADET ROUSSELLE.
Cadet Kousselle a trois maisons bis.
Qui n'ont ni poutres ni chevrons. bis.
C'est pour loger les hirondelles:
Que direz-vous d' Cadet Rousselle?
Ah! ah! ah! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.
Cadet Rousselle a trois habits, bis.
Deux jaunes, l'autre en pajjier gris; bis.
Il met celui-là quand il gèle,
Ou qu3nd il pleut et quand il grêle.
Ah! ah! ah! mais vraiment.
Cadet Rousselle est bon enfant.
Cadet Rousselle a trois chapeaux; bis.
Les deux ronds ne sont pas très-beaux,
Et le troisième est à deux cornes:
De sa tête il a pris la forme.
Ah! ah! ah! mais vraiment,
Cadet Rouselle est bon enfant.
155
Cadet Rousselle a une épée, bis.
Très-longue mais toute rouillée: bis.
On dit qu'eir ne cherche querelle
Qu'aux moineaux et aux hirondelles.
Ah! ah! ah! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.
Cadet Eousselle a trois garçons: bis.
L'un est voleur, l'autre est fripon: bis.
Lie troisième est un peu ficelle;
Il ressemble à Cadet Rousselle
Ah! ah! ah! mais vraiment, «
Cadet liousselle est bon enfant.
Cadet Eousselle a trois gros chiens, bis.
L'un court au lièvr', l'autre au lapin, bis.
L'troisièm' s'enfuit quand on l'appelle,
Comm' le chien de Jean de Nivelle.
Ah! ah! ah! mais vraiment,
Cadet Eousselle est bon enfant.
Cadet Eousselle a trois beaux chats, bis.
Qui n'attrapent jamais les rats; bis.
Le troisièm' n'a pas de prunelle;
Il monte au grenier sans chandelle.
Ah! ah! ah! mais vraiment.
Cadet Eousselle est bon enfant.
156
Cadet Rousselle a marié bis.
Ses trois filles dans trois quartiers; bi8.
Les deux preniièr's ne sont pas belles,
La troisièm' n'a pas de cervelle.
Ah! ah! ah! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.
Cadet Rousselle a trois deniers, bis.
C'est pour i^ayer ses créanciers. bis.
Quand il a montré ses ressources, ^
Il les resserre dans sa bourse.
Ah! ah! ah! mais vraiment,
Cftdet Rousselle est bon enfant.
Cadet Rousseir ne mourra pas bis.
Car, avant de sauter le pas, bis.
On dit qu'il apprend l'orthographe
Pour fair' lui-mêm' son épitaphe.
Ah! ah! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.
Anonyme.
157
J'AI DU BON TABAC DANS MA
TA BATI] IIE.
J'ai du bon taba< dans ma tabatière,
J'ai du bon labac ; tu n'en auras pas.
J'en ai du fin et du râpé,
Ce n'est pas pour ton fichu nez.
J'ai du bon tabac dans nja tabatière.
J'ai du bon tabac ; tu n'en auras pas.
>
Ce refrain connu que chantait mon père.
A ce seul couplet il était borné.
Moi, je me suis déterminé
A le grossir comme mon nez.
J'ai du f>on tabac dans ma tabatière,
J'ai du bon labac ; tu n'en aurat- pas.
Un noble héritier de gentilhommière,
Recueille tout s^ul un fief blasoriné;
Il dit à son frère puîié:
Sois abbé, je suis ton aîné.
. J'ai du bon tabac dans ma tabatière.
J'ai du bon tabac ; tu n'en auras pas.
Un vieil usurier, expert en affaire,
Auquel par besoin on est amené,
A l'emprunteur infortuné,
Dit, après l'avoir ruiné :
J'ai du bon tabac dans ma tabatière,
J'ai du bon tabac ; tu n'en auras pas.
.. 158
Juges, avocats, entr'oiivrant leur serre.
Au pauvre plaideur par eux rançonné,
Après avoir pateline,
Disent, le procès terminé:
J'ai du bon tabac dans nja tabatière, .
J'ai du bon tabac ; tu n'en auras pas.
D'un gros finacier, la coquette flaire
Le beau bijou d'or de diamants orné.
Ce grigou, d'un air renfrogné,
Lui dit: "Malgié ton joli nez...
J'ai du bon taV)ac dnns ma tabatière.
J'ai du bon tabac; tu n'en auras pas."
Tel qui veut nier l'esprit de Voltaire,
Est pour le sentir trop enchifrené.
Cet esprit est trop raffiné,
Et lui passe devant le nez.
Voltaire a l'esprit dans ma tabatière,
Et du bon tabac ; tu n'en auras pas.
Voilà huit couplets, cela ne fait guère.
Pour un tel sujet bien assaisonné
Mai» j'ai peur qu'un priseur mal né :
Ne chante, en me riant au nez :
J'ai du bon tabac dans ma tabatière,
J'ai du bon tabac ; tu n'en auras pas.
159
MA NORMAMDiE
Quand tout renaît à l'espérance,
Etque l'hiver fuit loin de nous,
Sous le beau ciel de notre France,
Quand le soleil revient plus doux,
Quand la nature eut reverdie.
Quand l'hirondelle est de retour.
J'aime à revoir ma Normandie,
('est le pay^' qui m'a donné le jour.
J'ai vu les chamî)S de l'Helvétie,
Et ses chalets et ses glaciers,
J'ai vu le ciel de l'Italie,
Et Venise, et ses gondoliers.
En saluant chaque patrie.
Je me disais : Aucun séjour
N'est plus beau que ma Normandie,
C'est le pays qui m'a donné le jour.
Il est un âge dans la vie
Où chaque rêve doit finir,
Un âge où l'âme recueillie
A besion de se souvenir.
Lorsque ma muse refroidie
Aura fini ses chants d'amour,
J'irai revoir ma Normandie,
C'est le pays qui m'a donné le jour.
160
A LA GRACE DE DIEU.
Tu va,8 quitter notre montagne,
Pour t^en aller bien loin, hélas F
Et raoi ta mère et ta oompagnCy
, Jo ne pourrai guider tes pas.
L'enfant oue le ciel vous envoie,
Vous le gardez, gens de Paris ;
Nous, pauvres mères de Savoie,
Nous le chassons loin du pays,
En lui disant : Adieu ! ) » •
A la grâce ne i^ieu !. .. j
Adieu, à la grâce de Dieu !... (bis)
Ici commence ton voyage I
Si tu n'allais pas revenir !...
Ta pauvre mère est sans courage
Pour te quitter, pour te bénir !
Travaille bien, fais ta prière,
La prière donne du cœur ;
Et quelquefois pense à ta mère,
Cela te portera bonheur î
Va, mon enfant, adieu ') , .
A la grâce de Dieu î ) *
Adieu ! à la grâce de Dieu ! (bis.)
Elle s'en va, douce exilée,
Gagner son pain sous d'autres cieux ;
Longtemps, longtemps, dans la vallée.
Sa mère la suivit des yeux.
161
Mais lorsque sa douleur .nmèrc
N'eut plus sa fîlle pour témoin,
Elle pleura, la pauvre mère !
L'enfant qui lui disait de loin :
Ma bonne mère, adieu, ) t.
A la grâce de Dieu, j '^*^"
Adieu ! à la grâce de Dieu ! (bis)
Gustave Lemoine.
LE SOLEIL DE MA BRETAGNE.
La mer m'attend, je veux partir demain,
Sœur, laisse-moi, j'ai vingt ans, je suis
homme !
Je suis Breton et je suis gentilhomme,
Sur l'Océan je ferai mon chemin.
— Mais SI tu pars, mon frère,
Que ferai-je sur terre?
Toute ma vie à moi,
Tu sais bien que c'est toi !
Oh ! ne va pas loin de notre berceau,
Reste avec moi, ta soeur et ta compagne ;
On vit heureux à la montagne,
Et puis de la Bretagne
Le soleil est si beau I
162
S"T un bnau brick qui portera ton nom,
Je leviendrai dans un an capitaine;
J'achèterai ceo bois, ce beau domaine,
Et nous serons les seigneurs du canton î
— Mais n'as-tu pas, dit elle,
Notre pauvre tourelle,
Pour trésor le bonheur.
Pour t'ai mer tout mon cœur?
Oh ! ne va pas loin de notre berceau ;
Rente avec moi, ta sœur et ta compagne ;
On vit heureux à la montagne.
Et puis de la Bretagne . ' :vai .:^
Le soleil est si beau I
Mais il partit quand la foudre grondait
Dix ans passés, de lui pas de nouv'iUes '
Près du foyer, sa compagne fidèle
Pleurait toujours, et toujours attendait.
Un jour à la tourelle
Un naufragé l'appelle,
Lui demande un abri.
'*C'est lui ! mon Di»iU, c'est lui I
— Oui, sœur, c'est moi î je reviens au ber-
ceau.
J'ai tant souffert loin de toi, ma com-
pagne !
Mais je l'oublie en voyant ma montagne,
O ma Bretagne,
Que ton soleil est beau !"
♦ Gustave Lemond
16B
ROUL^ TA BOSSE.
Roui' tu bosse,
Petit luron,
Et ris toujours, à pied comme en car-
resse ;
Rour ta bosse,
Petit luron,
Sois toujours gai, toujours franc, tou-
jours rond
Petit bosBU, retiens bien c' que ton père
juhantait souvent, en i' berçant dans ses
bras.
Veux tu, mon fils, avoir un sort prospère,
Veux-tu d'venirbien portantet bien gras?
Roui' ta bosse, etc.
Te plaindr' du sort serait une folie,
Ta boss' n'est pas un si triste cadeau ;
Pourquoi t' fâcher? dans cette courte vie
Chacun de nous n'a-t il pas son fardeau?
Roui' ta bosse, etc.
En fait d'esprit, que n'as-tu c'iui d'Esope,
Qu'on admirait à la ville, à la cour !
T'en revendrais sous ta difforme en-
veloppe
A plus d'un nain qui s'rait 1' géant du
jour.
164
Pour ètr' heureux, jamais dans ta car-
rier Ȕ
Ne prêt' Poreille aux cancans des ba-
dauds, i
Ne dis point d' mal des autres par der-
rière,
Tes quolibets t« r'tomberaient sur le do».
De tes amis soulage la détresse,
A les servir en tout temps sois dispos.
Si tu parviens au faîte d'ia richesse
D'vanl les petits ne tais pas le gros dos.
Koul' ta bosse, etc.
S'il s'allumait une nouvelle guerre,
Sois d' ton pays l'appui le plus fervent,.
Qu' jamais l'enn'mi n' t'envisage par
derrière,
Un bon Français s' montr' toujours par
devant.
Roui' ta bosse
Petit luron,
Et ris toujours, A pied comme en car-
rosse ;
Roui' ta bosse,
Petii; luron,
Sois toujours gai, toujours franc, tou-
jours rond.
Casimir Ménétrier
165
LES VOLONTAIRES DE TERREBON-
■;.:-.-.:..-ï- NE.
CHANSONNETTE.
.<t.'H.
Partout le canon gronde,
Sa voix s<>me la terreur, (bis) .
Chez tous les peuples du monde
La guerre se ranime avec fureur.
REFRAIN.
Canadiens, fils de èoldats.
Préparons-nous aux combats.
En avant I En avant!
Chacun à son régiment.
Que notre brave jeunesse
Au champ de l'hoi neur s'empresse.
Irions noua donc r6i«..]ternir le nom
Des vainqueurs [bis.] de Carillon.
Naguère si placides,
Quittant tous leurs ateliers, | bis.]
Dans des luttes fratricides
Les Yankees s'entregorgent par milliers.
Canadiens, etc.
Seuls noue avons peut-être
Joui de cinquante ans de paix, [Bis.]
Ni peut- on pas voir, paraître
Sur notre horizon des jouia plus mauvais.
Canadiens, etc,
166
Jonathan aux longues serres
Voulant réparer l'échec, [i6is.]
Qu'il va subir chez nos frères,
Pourrait tourner ses regards sur Québec.
Canadiens, etc.
Pour éviter Forage
Nous croiserions-nous les bras ; (bis)
Subirions-nous cet outrage
De nous laisser subjuguer sans coiiibats.
Canadiens, etc.
> '. .'A '•'■' ■ *■ ■ ■• 'y ,
Issus de nobles races
De peuples iiers et guerriers (bis.) •
Nous devons suivre leurs traces . ;
Et partager leur amour de«* lauriers.
Canadiens, etc.
Jurons à la patrie,
Vienne l'heure du danger, (Ms.)
Que cette terre chérie
Jamais ne génnira sou? l'étranger.
Canadiens, etc.
167
LE VOLTIGEUR, 1812.
Air: — Le jeune Edmond allait, etc.
Sombre et pensif, debout sur la frontière,
Un voltigeur allait finir son quart;
L'astre du jour achevait sa carrière.
Un rais, au loin, argentait le rempart.
Hélas ! dit-il, quelle est donc ma consigne ?
Un mot anglais que je ne comprends pas!
Mon père était du pays de la vigne:
Mon poste! non! je ne te laisse pas!
Un bruit soudain vient frapper son
oreille:
Qui vive!... point. Mais j'entends le tam-
bour. ^
Au corps-de-garde est-ce que l'on som-
' ' meille?
L'aigle déjà plane aux bois d'alentour.
Hélas! etc.
C'est l'ennemi, je vois une victoire...
Feu! mon fusil: ce coup est bien porté;
Un Canadien défend le territoire.
Comme il saurait venger la liberté.
Hélas ! etc.
Quoi! l'on voudrait assiéger ma guérite!
Mais, quel cordon! ma foi! qu'ils sont
nombreux!
168
Un voltigeur, déjA prendre la fuite!
Il faut encor que j'en tue un ou deux.
Hélas! etc.
Un plomb l'atteint: il pâlit, il chancelle;
Mais son coup part, puis il tombe à
genoux.
Le sol est t«int de son sang qui ruisselle
Pour son pays de mourir qu'il est doux.
Hélas! etc. * : r-
Ses compagnons, courant à la victoire.
Vont jusqu'à lui pour étendre leur rang;
Le jour déjà désertait sa paupière;
Mais il semblait dire encore en mourant:
Hélas ! etc. F. X. Garneau
LE PETIT ROGER BON TEMPS.
Air — Mon mari est bien malede.
Je suis un petit bonhomme
Qui n'ai pas plus de dix ans ;
C'est à bon droit qu'on me nomme
Le petit Roger Bon-Temps,
Car je suis gai,
Gai, gai, gai,
Et pétillant
Gai, gai ment.
169
Pour trioi tout «e change en fête
Et devient amusement;
J'ai le jeu seul dans la tête/
C'est mon plus cher élément.
Mal'gré moi du badinage
Je prends toujours le chemin,
Je fais du bruit, du tapage,
Comme nul autre gamin.
Pour Hauter, chanter et rire,
Je suis toujours sur le ton ;
J'ai mon but, lorsque j'attire
Lf plaisir dans mon canton.
Il n'est pas dans ma nature
j)e forcer trop mes talents ;
Mais jamais je ne murmure,
Quand on rit à mes dépens.
Mop horreur pour le silen«e
Me fait passer pour badin ;
"Honni soit qui mal y pense,*'
J'ose y risquer mon latin.
Aujourd'hui chac\m m'engage,
A n'être plus si bruyant ;
Je le veux, je serai sage,
Je le p'romete! en riant.
Ch Trudellk,
KO
L'HIVER AU CANADA.
Air '.--^Itlrondelle gentille^
Je vui.« de la Nature ,
Se faner la parure t ; - :
Regret amer! : t »r
Des oiseaux le ramage
CeHpe danp le bouag«
H. Voici Phi ver. :,
Le soleil est plus pÀlej : /
On entend la raifale
Siffler dans l'air ;
La tempête de neige
De flocons nous assiège
Voici l'hiver.
Une couche de glace
Sur le âetive s'entasse
Jusqu'à la mer,
Et la traîne est lancée
Sur la neige placée
Voici l'hiver.
On patine tt Pou glisse
Sur le tiot qui se lisse
En cristal clair ;
On pêche sous sa voûte,
En trouant cette croûte.
Pendant t'hiver*
.^■y.'^f.
ni
CVst l'époque oà Ton chasfie
Le caribou qui passe
Comme un éclair)
Le sauvage en raquette
Suit l'orignal oui) guette
Pendant rhivet.
C'est la saison folâtre
D#s bals et du théâtre,
Plaisir for cher.
On fait de la musique.
On joue au whist, on chique^
Pendant l'hiver.
Quand arrive décembre
On embrase sa chambre
D'un feu d'enfer.
Sous sa lourde capote
Le citadin grelotte,
Durant Thivtr*
On prend double semelle;
Une chaude flanelle
Couvre la chair.
De rhum ou de genièvre
On humecte la lèvre,
Durant l'hiver.
CVst alors qu^on s^enrhumé,
Que chez l'habitant fume
Le poele en fer.
I-
, r . hj
172 ^
Là six jours par semaine
On file de la laine,
;. Pendant l'hiver.
Alors aus8i l'on pense
Au parent à distance .
A l'ami cher.
Et près du feu qui brille
On écrit, on babille
- Durant l'hiver, u .<
V < I
Hëlas pour l'indigence
C'est un temps de souffrance;
Nu comme un ver,
L'enfant qui vit d'aumône, J
Souvent jeûne et frisonne, '"
Pendant l'hiver.
H- >;■
Si ma muse légère
N'est pour toi somnifèrt
Comme l'éther,
Ami lecteur, répète
Avec ma chansonnette,
Voilà l'hiver.
A. MARSAfi.
173
LA FRONTIERE.
.•■''^ ':>•■''
!*: CHANT NATIONAL.
Air: — Nouveau,
"8oui votre Reine et notre République,
Il n'eit qu'un peuple, un peuple en Ame-
. ri que; ^ : ;
Lee mêmes chante, enfans, nous ont
bercés,
La même audace, hommes, nous à pous-
sés.
Race Saxonne, en souveraine altifre,
Doit commander à tout le genre humain.
Frères Saxons î qu'on se donne la main,
Car il n'est plus (bis) aujourd'hui) , .
de frontière''^ ^'''
Ainsi parlait aux fils de l'Angleterre,
Ainsi parlait, sur cette noble terre.
Qu'ont illustrée et Montcalm et Cham-
plain,
Un vieux savant, petit fils de Franklin,
Il n'oubliait rien qu'une race entière.
Ce bon savant, ne «avait -il donc pa«.
Qu'à ses aieux, par autant de (combat»,
Les Canadiens (bis) ont tracé la fron-
[tière?
174
Sans le «ecours géuéreiix de la P'raiice
Dont son aieul implora la vaillance, ^
L'Américain, «i jaloux du Français,
Eut pu chanter la gloire des Anglais. -^
Race ^hxonne, à son amour entière, ,.„*^ii
D'un pôle à l'autre aurait pu s'embri»gsër^-^
Et se8 enfants entr'eux se caresser :)
Car ils n'auraient (67^) jamais eu de^ ^**»,
[frontière.]^ J'i
On nous offrit un jour rindé})endHnco ; l
Mais du congrès 8a«hant l'intolérHiice,
Le Canadien, fidèle à ses drapeaux,;^ 9^^
Sut repousser les Grecs et leurs cadeaux ; v
Montgomerie tt sa cohorte entière
Sous nos renjparts trouvèreîit leur tom* '
beau ; .
Le reste fut cha^î.^é oomme un troupeau -
Et peu d'entre eux (bis) revirent la) , •
ffrontière-i ^'*
-t
Dans son payi qu'il sauvait à l'empirt,
Pour récom penne, on Toulut le proscrir© ;
Pauvre colon, le Canadien toujours,
Sous les mépris à prodigué ses jour» ;
Mais quand sonna la trompette guerrière,
Commt tutrefoi», séduit par sa valeur
A la venp:eance il préféra l'honneur ;
Salaberry (bis) sut garder la frontière, bii,
175
Pleins de Forgueil que la richesse inspire
Nos voisins ont, dans leur triste délire,
Mis les vertus au nombre des tyrans :
Ils ont pitié de nous, gens ignorans.
Mai« si tu veux leur faire une barrière,
Peuple, sois bon, pieux, modest<^ et gai,
Oui, sois Français, et, comme à Chà-
[teaugay.
îîs trouveront (bis encort une frontière.
'l? ' "" 7 J. B. Bonhomme.
' *:'--i t
CHANSON PATKIOTIQUE.
Air: — Brû mt d'amour et partant pour
la guerre.
Biches cités, cardez votre opulence :
Mon pays seul a des charmes pour moi :
Dernier asile où règne l'innocence,
Quel pays peut se comparer à toi?
Dans ma douce patrie, .
Je veux finir ma vie;
Si je quittais ces lieux chers à mon cœur,
Je m'écrirais: j'ai perdu le bonheur!
Combien de fois, à l'aspect de nos belles,
L'Européen demeure extasié!
Si par malheur il les trouve cruelles,
176
Leur Bouvenir est bien tard oublié.
Dans ma douce patrie, . , , , ,; . >
Je veux tinir ma vie; , y,. ,j^ ;;fc^j ^Hk
Si je quittais ces lieux cliers à mon cœur, •
Je m'écrirais: j'ai perdu le bonheur!
ii ^ ■*^>\
Si les hivers couvrent nos champs a«
glaceSi,;,^; : ;,.,.^ . ,:::^.r-:^ :...•/:^.^::•;^.^-
L'été les change en limpide» courants, ]
Et nos bosquets fréquentés par les grftces
Servent encor de retraite aux amant».
Dans ma douce patrie, ' , •
Je veux finir ma vie;
Si je quittais ces lieux chers à mon cœur,
Je m'écrirais: j'ai perdu le bonheur!
Oh! mon pays, vois comme l'Angleterre
Fait respecter partout ses léopards ;
Tu peux braver les fureurs de la guerre; ''
La liberté veille sur nos remparts,
Dans ma douce patrie, %
Je veux finir ma vie;
Si je quittais ces lieux chers à mon cœur,
Je m'écrirais: j'ai perdu le bonheur!
A, N, MoRiM,
177
À B AINT JEAN-BAPTISTE. •
Noble patron, dont on chôme la fête
Vois tes enfants devant toi réunis;
Sous ton drapeau qui flotte sur leur tête,
Que par ta main leurs destins soient bésis
Comme un signal auquel il se rallie.
Le Canadien, t' adoptant pour patron,
A • Parmi les peuples prend un nom.
Au ciel un saint, qui pour lui veille et prie
'.' *t *•'.
Par toi conduits au Canada sauvage,
Quelques Français d'abord l'ont cultivé;
Nous tenons d'eux ce brillant héritage
Par eux conquis et par nous conservé.
En rappelant leur mémoire chérie,
Le Canadien, retrouvant son patron,
Parmi les peuples prend un nom,
Au ciel u» saint, qui pour lui veille et prie
Aux jours d'épreuve, où passe toute race,
Dans nos esprits tu conservas l'espoir,
Et, quand de morts la justice fut lasse,
Pour tout calmer tu guidas le pouvoir.
En retrouvant sa première énergie.
Lt Canadien rend grâce à son patron,
Et pour toujours il prend un nom.
Au ciel un saint, qui pour lui veille et prie
F. R. Angers.
178
• CHANT DE LA HURONNE,
Musique pe M, Ebnest Gagnon.
Glisse, mon canot, glisBe, ^ ,.,
Sur le fleuve d*azurT ^ V iî\
Qu'un Manitou propice ' ' *
A la fille des bois donne un ciel toujours
pur!
Le guerrier blanc regagne sa chaumine; ^
Le vent du soir agite le roseau, -
Et mon canot, sur la vague argentine, ;
Bondit léger comme Toiseau. ^
. .-'- . ■ ' " - ■'*'■ ' '■* ■' : V
Glisse, mon canot, glisse
Sur le fleuve d'azur! : i,"^ '
Qu'un Manitou propice ïÎ • "^ :
A la fille des bois donne un ciel toujours
' pur!
De la forêt la brise au frais murmure.
Fait soupirer le feuillage mouvant;
L'écho se tait et de ma chevelure
L'ébène flotte au gré du vent!
Glisse, mon canot, glisse
" Sur le fleuve d'azur!
Qu'un Manitou propice
A la fille des bois donne un ciel toujours
pur!
J'-eu tends lies pa» de la hiche timide...
Silence!.. .rite! un arc et mon earquoii!
Volez! vole«î ô m» flèche rapide!
Abattez la reine de» hoi»!
r ; Gliswe, mon canut, gHsse
' 'Sur le fleuve d'azur î
Qu'un Manitou propice
A la fille des hoin donne un ciel toujours
I . • * •
pur!
: ^.^^-^^fiOrr^i^ J^^ JJ. FliJECHETTl-
CHANT DES CHASSE r ES.
r>l? SAINT-LOUIS,
L'aube luit sur nos arme».
Le drapeau flotte au vent.
Le clairon des alarmes
Nous appelle; En avant!
En avant!
t,'
En avant! narguons la mitraille
Et la morgue de Tétranger.
Voici l'heur^ de la bataille:
(Test le moment de nous venger!
180
L*aube luit sur nos armes!
Le drapeau ilotte au vent!
Le clairon des alarmes -''"'^
Ci--^
.■*■
%''•* ;
Nous appelle: En avant!
":'<:./: • En avant I ^^^.^'^ ■ ■*'■ -• ■ '
■•,. "■:■!',- ■....:.-,. ..-.:■' •■■
■ »*-•■■'■ -< ■'"'/.- A .-'''' ■- "
En avant! que l'ennemi tremble '
Devant nos légers escadrons! '^
Combattons et luttons ensemble!
Ensemble nous triompherons !
. L'aube liât sur nos armes!
Le drapeau flotte au vent!
Le clairon des alarmes
Nous appelle: En avant !
En avant!
,1 ■ . ^ i ' ■ *
Mais si la victoire rebelle
Trompait ses fidèles amis....... '
Est-il fin plus noble et plus belle
Que de mourir pour son pays!
L'aube luit sur nos armes.
Le drapeau flotte au vent.
Le clairon des alarmes
Nous appelle: En avant.
En avant.
L. H. Frechette.
î K «
fc;T
^ LES CANOTIERS.
MUSIQUE DE M. 0. LaVIOUIUK.
Soulève tes rames . j',
Mou gai matelot,
' Et fait sur les lames,
': Bondir ton canot
Vois, là ton amante, ^^^^
Qui te suit des yeux..., |; ^ |
— L'onde était charmante»
Les rameurs joyeux.
Sur la vague molle, ' ' *
Effleurant le flot.
Quand ton canot voU^ f
Hardi matelot, * '.
En cadence chante
Tes refrains si vieux» ' *
— L'onde était charmante»
Les rameurs joyeux.
Bur le flot qui passe»
Passe, canotier.
Voler dani l'espace,
Quel joli métier!
Pourtant ia tourn^enia
Parfois gronde aux cieuxl..^»»
■—L'onde était charmante»
L«s rameurs joyeux.
■>,*--■
.:'V
AlRï — Un Jour pur'éohiliutH mon âme,
Jen« cke^<îhe qile ta gloire
Et ton Ijoïilieuiv 0 iMoii pa^s ;
Que \eti palme» lïe la Yictoiie
Couronnent ïe front île tes fils.
' Jeune guerrier, l'amour m'enHamme/
Mais connaissez-Tous mon amour?
Ahy j'aime, tu te sais, mon ftme, ( r •
Ij9 soi o»\ j'ai reçu îe jour. J *^'
Qtl^uu autre cliante sa folie
Et les attraits de son Iris,
Moi je chantertfi ma patrie^
Elle seule aura mes r3urires;
Je veux lui eonservex ma âamma
Et lui faire à jam^ais ia eonr. •
Oar j'aim« etc. .^
FoUr elle, autrefois^, (laus le» plaine»
Nos aieux ont vei'sé leur sang.
Us ont su rep<7us8er les chaînes;
Moi, je veux soutenir leur rang.
Et si mon pays me réclame,
Je saurais périr à mon tour.
Car j'aime, etc.
A. G. Là JOIE.
•^^^' ►^.., :■;: ■ . 18B -..
NOS J0UR8 DE GLOIRE,
AïR : — Nouvfau^ ^ :^ i
Quand nos aieux partaient pour les com-
bats, * ,:■''.
La iorxie et le courage
Lei précédaient, guidant toujouri leur
Au plus fort de carnage.
Ils ont été les plus braves soldats :
Ils nWt point su s'éloigner de Torage;
Et Carillon, Lacolle et Châteauguay
Ont pour Jamais consacré leur mémoirt,
O souvenirs de sublime beauté 1
Maii où sont-il» les jours de notre gloire?
Il fut un temps où bientôt nous pensiouf
Abattre l'insolence
De cent faquinc que nous entretenions
Oisifs dans l'opulence.
Il fut un homme aux yeux des nationi
Qui le» flétrit de sa mâle éloquence.
Que de lauriers il aurait pu cueillir I
Que tu fus belle alors, ô notre histoire I
Et, devant nous, quel brillant avenir !
Mais où sont-ils les jours de notre gUire?
A nos malheurs en fùt-il de pareils,
Le jour où la démence
Seule régnant partout dans no« conseils,
Brisa notre puissance?
Oh, dites-moi, où sont donc les soleils,
Qui nous donnaient jadis tant d'espé-
rance,
Ceux qui devaient pj^r leurs sages tra-
vaux, ■ "■ ' '■"" '■ '• -■>'■ ' , ' •
Au char du peuple euchaîner la victoire?
Ceux qui disaient : "Oh ! nos jours se-
ront beaux"
Mais oà sont-ih les jours de notre gloire?
Pourtant, courage, enfants de mon pays !
Oh! par votre vaillance, -
Toujours, toujours sovez les dignes fils
De hv Nouvefle- France. ,
Courage, espoir I Retrempons- nous, amis,
Et malgré tout soyons pleins d'assu-
rance^; ^ ti ^st
Ah î pour gémir ÎT suffit du passe I '' * : '
Nt rêvons cas une page plus noire.
Et puis, qui sait si le destin lassé
N'amène point de nouveaux jours dt
gloire? . .,
LES FRANÇAIS EX CANADA.
AïK : — Vieux françan.
FilB éloignés d'une même patrie,
Par le destin, séparés, dispersés.
Noua pleurions tous cette mère chérie,
^a vieille gloire et no« beaux jours pas-
ses t •• • - ■»
Mais dans les cieux un grand nom luit
encore
Sur un drapeau par un aigle emporté ;
Pour nous alors l'étendard tricolore) ^^'^
Est Tarc-en-ciel de la fraternité ! j
A l'exilé sur ses plages lointaines
Qui cherche un baume à de vives dou-
leurs :
"Mêlons nos pleures et partageons nos
peines,"
Lui dirons nous en montrant nos cou-
leurs ;
Des vieux -joldats, des fils du grand em-
pire
Se sont unis sous un nom respecté !
tour leur bannière ils ne veulent écrire
Que Bienfaisance, Amour, Fraternité î...»
Loin du pays qui nous donna la vie,
Nous retrouvons des frères, des amis.
Un noble sang et même sympathie,
186
Des souvenirs par not- aieux traufthiis ! ..
Jetons ensemble un soupir vers la P'ran-
ce !..,
Disons un vœu que l'espoir a tlicté,
Lorsque vers vous tout notre cœur s'élan»
ce,
Serrons nos mains avec fraternité I
Toi dont la main nous jetait tant de glol*
re,
Protège-nous sous l'abri de ton nom!
Le temps n'est plus qui voulait la vic-
toire,
Notr*i seul but est la paix, l'union.
Laissons l'envie i^ttaquer la bannière
Qui nous guida vers l'immortalité; .
Pour le grand homiiie ayons une prière I..i
Et parmi nous de la fraternité I
N. AuBiK.
L'AVENIR.
Canada, terre d'espérance,
Un jour songe à t'émanciper ;
Prépare-toi, dès ton enfance,
Au rang que tu dois occuper;
Grandi sous l'aile maternelle,
Un peuple cesse d'être enfant î
Il rompt le joug de sa tutelle,
187
Puis, il ne fait indépendant,
O terre américaine,
Soin l'égale des rois :
Tout te fait souveraine,
La nature et teiL lois.
Rougi du sang de tant de braves,
Ce sol, jadis peuplé de preux,
Serait-il fait pour des esclaves,
Des lâches ou des malheureux?
Nos pères, vaincus avec gloire,
N'ont point céder leur liberté :
Montcalm a vendu la victoire,
Son ombre dicta le traité.
0 terre américaine,
Sois régale des rois :
Tout te fait souveraine,
La nature et tes lois.
Vieux enfants de la Normandie,
Et vous, jeunes fils d'Albion,
Hennissez votre énergie,
Et formez une nation :
Un jour, notre mère commune
S'applaudira de nos progrès,
Et guide, au char de la fortune,
Sera le garant du succès.
0 terre américaine,
S«is l'égaie des rois :
Tout te fait souveraine,'
La nature et tes lois.
188
Si quelque ligue osait suspendre
Du sort le décret éternel
Jeunes guerriers, sachez défendre
Vos femmes, vos champs et l'auteL
Que l'arme au hras chacun s'écrie :
*' Mort à vous; lâches lenégats;
** Vous immolez vo^ire patrie ;
*' Vos crimes nous ont fait soldats/
O terre américaine.
Sois Pégale des rois :
Tout te fait souveraine,
La nature et tes lois.
Sur cette terre encor sauvage
Les vieux titres sont inconnus ;
La noblesse est dans le courage,
Dans les t-aients, dans les vertus. .
Le service de la patrie
Peut seul ennoblir des héros ;
Plus de noblesse abâtardie,
Repue aux greniers des vassaux !
O terre américaine,
Sois régale des rois :
Tout te fait souveraine,
La nature et t68 lois.
Mais je vois des mains inhumaine*
Agittr un sceptre odieux,
De fureur bouillonne en n«s veines,
L« noble sang de nos aieux ;
Dans les forêts, sur les montagne»
189
Le bataillon s'apprête et sort;
La faulx qui rasait nos campagne»
Soudain se change en faulx de mort.
0 terre américaine.
Sois l'égale des rois;
Tout te fait souveraine,
La nature et tes lois.
F. R. Angers.
LA LIBERTE, LE PATRIE ET
L'HONNEUR.
Air : — Du troubadour.
O Canadien, qu'illustra le courage,
Viens à ma lyre inspirer de doux chanta :
Ton nom toujours a bravé l'esclavage,
Ton bras armé fut l'effroi des tyrans.
Ta voix mâle et sonore
Répéterait encore
Ce* mots sacrés que te redit ton cœur :
La liberté, la patrie et l'honneur !
Aimant la paix, fuis lec? yeux du sicaire
Qu'un fer en main, on lâche contre nous ;
Mais si jamais un pacha téméraire
Vient à braver les lois et ton courroux
Ta voix mâle et sonore,
Soudain répète encore
Ces mots sacrés que te redit ton cœur :
La liberté, la patrie et l'honneur 1
Quoi 1 voudrais tu, «ur le sol de tes pères»
Dans la poussière ensevelir ton front ?...
N'entenas-tu pa» gémir leurs cimeterres,
Et leurs os bruire aux champs de Ca-
rillon ?
Mais non ! ta voix sonore
Soudain répète encore
Ces mots sacrés que te redit ton cœur ;
La liberté, la patrie et Thonneur !
Salaberry conquit par sa vaillance
Ceux qui juraient d'ensanglanter no»
champs ;
Mais Papineau sait par son éloquence
Rompre, au sénat, les projets des me- ^
chants. •
Ta voix mâle et sonore
Va répéter encore
Ces mots sacés que te redit ton cœur :
La liberté, la ])atrie et l'honneur ! *
Ce noble cri i»artout se fait entendre;
Le peuple, enfin, veut reprendre set
droits. -
Un an commence où plus d'un trône en
cendre,
En s'éteignant ^ fera j^Alir les rois.
191
A cet heureux présage
Que promet un autre âge,
Peuples, chantons ces mots chers à mon
cœur :
La liberté, la patrie et l'honneur 1 *
NAPOLEON. .
Il dort ! ce héros dont la gloire
Verra la fin de l'avenir !
Il dort ! on entend la victoire
Le rappeler par un soupir.
, Tous avec moi versez des larmes.
Guerriers que respecta la mort;
Car vous direz, posant vos armeg :
Il dort ! il dort !
Il dort, hélas ! il faut le dire,
Pour ne se réveiller jamais !
rll^dortj^et Clio va redire
Quel fut pour lui le nom français.
Oui,^ce beau nom, vous dira-t-elle,
Pourrait-être terrib.e encor...
Mais le héros que je rappelle,
Il dort ! il dort !
Il dort et sa tête repose
Sur des laurier'6 dus au vainqueur.
Il dort et son ;ipothéose
192
Se grave au temple de l'honneur.
Tous avec moi versez des larmes,
Guerriers que respecta la mort;
Car vous direz, posant vos armes :
11 dort ! il dort I
X. Aubin.
LA CHANSON DU BON PASTEUR.
Bons habitants du village,
Prêtez l'oreille un moment.
Ma morale est douce et sage.
Et toute de sentiment.
Vous saurez bien me comprendre:
C'est mon cœur qui parlera.
Quand vous pourrez, venez m'entendrc,
Et le bon Dieu vous bénira.
Un soldat (|ue le froid glavoe,
Le soir vient-il à pas lents,
Voup demander une place,
Près de vo^ foyers brûlant» ;
Sans connaître la bannière
Sous laquelle il s'illustra,
Vite, ouvrez lui votre chaumière.^
Et le bon Dieu vous bénira.
De vos g<^rb«s si noiubreuics.
Pour moi ne détachez rien.
VoK fumillcp sont licureUMes:
Leur boiheur suffit au mien:
Ménagez votr« abondance
Pour celui qui pâtira •
Parez la dîme à l'indigence.
Et le bon Dieu vous bénira.
Loin des cendre? de ^a mère,
Chez vous un pauvre exilé
Dévorait sa peine amère:
V^ers lui Dieu Ta rappelle.
Qu'importe, si sa prière
Delà vôtre dift'éra ?
Priez pour lui, c'est votre frère,
Et le bon Dieu vous bénira.
JE CHANTER AL
[Que çerait notre vie,
Sans !e charme touchant
ID'une douce harnionia
Et d'un gracieux chant ?
[Voyageur sur la terre.
Fatigué du chemin^
[uand je chante j'espère,
Oubliant le chagrin.
194
Un contretemps m'arrête ;
Faut- il me rebuter ?
A vaincre j« m'apprête,
Et sais encore chanter.
Raniment mon courage,
Le chant est à mon cœur
Ce qu'est au vert l oc âge
Du matin là fraîcheur.
La gentille alouette,
Le rossignol des bois,
La caille et la fauvette
Font ri'sonner leur voix,
l'an s l'air, dans la prairie.
J'aime leurs chants joyeux;
Aussi toute la vie,
Je veux chanter comme eux.
Ch. Lami
LE BAEU DUNOIS.
Air : — Vhymenee nous rassemble.
Partant pour la Syrie,
Le jeune et beau Dunois
Venait prier Marie
De bénir ses exploits.
Faites reine immortelle,
Lui dit- il en partant.
Que j'aime la plu? belle, ) , •
Et sois le plus vaillant. J
Il»:)
Il trace sui hi pierre
Le serment de l'lioni:eur,
Et va suivre à la guerre
Le comte son seigneur.
Aux nobles vœux fidèle,
Il dit en combattant :
''Amour à la plus belle, ) , .
'^Honneur au plujs vaillant, f "*
"Je te dois la victoire,
"Dunois dit son seigneur;
"Puisque tu fais ma gloire,
"Je ferai ton bonheur.
"De ma fille Isabelle
"Sois l'époux à l'instant:
"Car elle est la plus belle,
"Et toi le plus vaillant." (bis.)
A l'autel de Marie
Ils contractent tous deux
Cette union chérie
Qui doit les rendre heureux.
Chacun dans la chapelle
Disait, en le voyant.
"Amour à la plus belle !
T'Honneur au plus vaillant !(6ti)
196 ,
LE RETOUR DE L'HIRONDELLE.
Air : Des Roses aux rosiers^ ou Demande
a la brise.
0 toi ! rneKsagère fidèle,
Qui nous annonce les beaux jours,
Vi«ns-tu, fugitive hirondelle,
Du pays oi\ sont mes amour?
Avec toi, de son long voyage
Mon Julien devait revenir (bis.)
Dis-moi : sur un lointain rivage,
A-t-il gardé mon souvenir?
Seul, éloigné de la patrie,
L'as tu vu rêver à récart?
Son âme s'eit-elle attendrie
Quand il salua ton départ?
T'a-t-il parlé de la colline
Qui de tieurs va se revêtir.
De nos frais sentiers d'aubépin*
A-t-il gardé le souvenir?
As-tu vu, coquette, élancée, .
Sa corvette fendre Us flots?
Sur ses mâtii, t'es-tu reposée
Pour écouter len matelots?
Au milieu des chants d'espéranc«
Qui s'ejçhalent commt un soupir,
Julien, en pensant à la France,
A-t-il gardé mon souvenir?
\^7
Oiseau chéri:v dans ton langage,
Viens-tu m'annoncer le bonheur?
Mais, de mes yeux, est-ce un nairage^
Une illusion de mon cœn •?
Là-bas, à l'horiEon, «î^'avance
Un vaisseau qui semble grandir ;
Il porte avec lui l'espéran<*e.
Que ramène le souvenir.
STANCES A L'OCEAN.
Large horizon, solennelle étendue,
Immensité des ondes sans repos,
Combien de fois, ma pensée éperdue,
S'est élancée au-delà de tes flots î
Combien de fois les nuits où tu te lèves,
Quand jusqu'aux cieux tu portes ta fu-
reur
Je sais venu contempler sur tes grèves
De tes effort l^nrtmense et sombre hor-
reur, [bis.]
Les soirs bénis, noble mer, vaste plaine,
Sur tes flots verts jetant la pourpre et Por,
Tu sai£, ô mer, rester calme et sereine,
Pour recevoir le soleil qui s'endort
Î5t dan» tout temps te retrouvant plus
belle)
19b
Grande en ton calme et grande en ton
courroux,
A mon esprit Dieu pour toi se révèle) ^^.^
Et à tes pieds je tombe à ses genouxf
Combien de fois tu brisas dans Torage
Le lourd vaisseau qui revenait vainqueur
Le lendemain, sous un ciel sans nuage,
Tu caresiais la barque du pécheur.
Ah ! si je perds la foi qui nous anime,
Âh i si du ciel mon cœur avait douté.....
Je reviendrai» sur te& bords, mer su-
blime, [bi8.\
Pour entrevoir encor l'éternité.
Lamartine.
L'ANGE GARDIEN.
MELODIE,
AîK : Viem, belle nuit, on Si les f^leun
parlaient.
Ange gardien, béni sur cette terre,
Vois cet enfant qui t'implore à genoux.
Pour que ta voix élève sa prière
Vera le Très-Haut. Ton seul Maître est
si doux.
199
Que (le l'enfant il voit couler les larmes,
Et que son cœur ne peut refuser rien ;
Pour eet enfant, sur terre plus de charmes
Sèche ses pleurs, oh ! bon ange gardien î
Comme un roseau, lorsque le vent le
brise,
En gémissant il supporte les coups
j)e son destin, qui n'offre pour devise
A Torphelin rie n de tendre ou de doux ;
Le pauvre enfiini, dans sa douleur amère,
S'adresse à Dieu, son unique soutien ;
Mais s'il pleurait, en songeant à sa mère,
Sèche ses pleurs, oh ! bon ange gardien I
L'ange veillait chaque jour sur son âme,
Mais la tristesse ifti jour brisa son cœur,
Et lui ravit tout, ju.squ'à cette flamme
Qu'on nomme espoir, ©t fait croire au
bonheur.
Des chérubins il a rejoint Ja troupe,
Abandonnant son terrestre lien,
Car de la vie il a brisé la coupe,
Entre les bras de son ange gardien.
I
2m
PERTVITS BANS T>A MONTAGNE.
Air :-— de Maure et captive.
Frère^ écoute (lan>< la montagne
La tempête sème le deuil,
Et la neige, sur la cairtpagrie,
Et«nd }mrtt>ut son blanc linceuL
Stuls, égarés, loin du village,
Hélas ! qu'allons-nous devenir
Allons, ma sopur, reprends courage,
Prions Dieu de nous secourir.
Entends notre prière,
Mou Dieu, veille aur nous,
Apaise ton courroux, (tns)
Ta rends-nous notre mère,
Motre mère !.,. ♦
Soui le tieux toit oui notre enfance
Ne connut jamais les douleurs,
Su!r nous, en proie à la souffrance,
Notre mère verse des pleurs.
A ces pensera mon front se penche ;
Mais, quel bruit vient de retentir ?
Prions, ma sœur, c^est l'avalanche
Qui roule et peut nous engloutir,
Entenas notre, etc.
201
Déjà la ïiuit aux soin bien voile»,
Cache à nos yeux l'étroit sentier }
Le ciel est noir et sans étoiles,
Je ne vois plus que le glacier.
J'ai froid, j'ai peur, car de l'orage
La grande voix mugit plus fort ;
Et le vent terrible en &a rage,
Sur noâ pas entraîne la mort.
Entends notre, etc.
Comme toi, l'espoir m'abandonne,
Ma pauvre sœur il faut mourir.
Vois, la neige qui tourbillonne,
Tous deux bientôt va nous couvrir.
Mais non, la main de Dit^u nouH guide,
Ma sœur, vois-tu, vois-tu, là-bas?
C'est le chalet, où, l'œil humide,
Notre mère nous tend lee bras.
Dieu bon et tutélaire,
Que ton nom soit béni :
Ton pouvoir infini
Nous rend à notre mère.
202
LA 8(EUK DE CHAFITK.
AlK ; — Lamez Un roses aux roUers,
Leii vetix incïinés vers la terre.
Lorsque bu pensée est au ciel,
Quel est cet ange tutélaire.
Précieux don de l'Etsrnel?
Sur son front où brille la grâce) * *
Nos regards lisent la bonté, J *^'
Mortel», découvons-nous quand passe
La bonne sœur de charité \his]
^'
Pour ce qui souflire, tendre et bonne,
Quelle sublime mission !
Aux filles du pauvre elle donne
Les bienfaits de l'instruction.
Versant une douce parole
Sur le cœur du déshérité,
De tout chagrin elle console,
La bonne sœur de charité.
De l'affligé humble servante,
Sans se plaindre, on la voit toujours^
Où gémit la clasde indigente,
Prodiguant d'utiles secours.
Lorsqu'au chevet de la souffrance
Elle porte espoir et santé,
Seul, c'est le ciel qui récompense
La bonne sœur de charité.
203
Pour vivre à jamais dans l'histoire,
Pour tous il est fait certain :
QuMci-bae la plus belle gloire
Est de secourir son prochain.
Penseurs, que le monde contemple,
En défendant l'humanité,
Toujours imitez par l'exemple,
La bonne ?œur de clariét.
LA PART A DIEU.
LEGENDE
Air : du Mendiant.
Un soir, un baron d'Aquitaine,
Célébrait la fête des Rois,
Quand au seuil de son beau domaine
Soudain retentit une voix :
Oh î noble seigneur, diftaitelle,
Au pauvre qui demande un peu
Pour apaiser sa faim cruelle,
Donnez, donnez la part à Dieu.
Refrain :
Que me fait ta souffrance,
Que me fait ton chagrin.
Dit le baron plein d'arrogance,
Va, mendiant, suis ton chemin.
204
Le vent est froid, la nuit bien sombre,
Répond la voix en sangb^tant j
Mes pas vont s'égarer dans l'ombre.
Laissez-moi m'assoir un instant.
La neige au loin couvre la terre,
Je suis «ans logis et sans feu,
Pour adoucir ma peine amère
Ah ! donnez moi la part à Dieu.
Que me fait, etc.
Au ciel il n'est pas une étoile,
Le givre frappe les vitraux,
J'ai froid, car un sarreau de toile
Couvre mon corps de ses lambeaux ;
Laissez-moi doUv', je vous en prie;
Prendre une place auprès du feu,
Seigneur, pour soutenir ma vie.
Ah ! donnez-moi la part à Dieu.
Que me fait, etc.
Oh I toi qui refuse l'aumône,
Répond alors le mendiant,
Souviens-toi qu3 celui qui donne
En Dieu se montre confiant.
Mais puisqu'on voyant ma misère
Ton cœur reste sans charité,
Sois donc maudit sur cette terre,
Sois maudit pour l'éternité.
V
205
Pardonnez mon offense ;
Voiri du pain, du feu,
Dit Je baron, plus de «ouflrance,
A vous, frère, la part à Dieu.
LE BAISER DU SOIR.
Air de la Fee aux aiguilles ou de Roses
ou Rosier^
Frère, un jeune cœur qui s'envole
Vers l'aride foI de Paris
Est une fleur que s'étiole
Loin de ses ombrages chéris.
L'absence est un mortel supplice.
Et notre mère au désespoir,
Ne pourrait plus sur ton front liesse
Déposer le baiser du soir.
Là bas, si la vie est moins dure.
Ici, le maternel amour,
Frais comme un tapis de verdure
Tempère l'ardeur d'un long jour.
Quand l'ombre descend sur la plaine ,
Et qu'au foyer tu viens t'asseoir,
Pour te faire oublier ta peine
N'as-tu pas le baiser du soir?
20()
Non, tu n'iras pay, ô niun frère,
Quand tu reviendrais tout joyeux,
Peut-être qu'un glas funéraire
Aurait attristé ces beaux lieux.
Tu reviendrais riche; (qu'importe?
Si tu n'avais pu recevoir
Les adieux qu'un© mère emporte
Dans le dernier baiser du soir.
JE VOUDRAIS NE PLUS ME SOU-
VENIR.
AtR : Viens ^ belle nuit, ou Si les Fleuré
parlaient.
Loin du pays où, frappé par l'orage,
J'ai vu s'enfuir mes rêves d'autrefois,
Triste, exilé. ])leurant sur ce rivage,
Vers vous, mou Dieu, j'ose élever la voix.
Quand à mes yeux le passé se dévoile,
Pour l'oublier et penser à mourir,
Sur ma mémoire étendez un long voile,
Ah I je voudrais ne plus me souvenir I
Dans ces grands bois, quand la brise lé-
gère,
En fte jouant, caresse mes cheveux,
Je l'interroge en peiisant à ma mère,
207
Qui, pour son fils, implore en vain les
cieux.
Mail rien, hélas 1 ne trouble le gilence,
Rien que mîi voix, qui dit dans un sou-
pir :
Vous n'êtes pas les briyef ae la France !
Ah ! je voudrais, etc.
Buissons fleuris, formée de lauriers rosesi.
Où tout le jour chantent les colibris.
Champs diaprés, où mille fleurs colosc»,
Cachent aux yeux de mystérieux nids, ^
En vous voyant mon âme est attendrie ;
Mai^, je le sens, je ne puis vous chérir;
Vous n'êtes pas les fleurs de m« patrie !
Ah ! je voudrai s. etc.
Autour de moi, quand tout chante et s'a-
nime,
Je crois entendre une voix du pays
Me répétant cette chanson intime
Qui me berçait, sous mes pauvres lambris
Maiîs c'est un rêve... et ma douce croyan-
ce
S'évanouit en me laissant souffrir:
Non, rien ne vient me parler^de la Fran-
ce !
Ah ! je voudrais, et<'.
20S
PETITS OISEAUX, CHANTEZ
TOUJOURS
0 MELODIE.
SoUH un berceau garni de vert feuillage
J'aime à rêver, ma lyre a de doux sons ;
Sylphes chanteurs, votre tendre ramage
Vient m'apporter des airs pour mes
chansons.
Dans vos palais faits de fraîche verdure,
La liberté respiie les amours ;
Par vos doux cliants égayez la nature.
Petits oiseaux, chantez, chantez tou-
jours. (6fx.)
Souvenez- vous les soins de votre mère,
Rendez hommage à votre Créateur,
Il éloigna de vous mainte chimère
En vous donnant Tamour, le vrai bon-
heur. -^ •
Laissez, laissez l'injuste créature.
L'âme sensible aime vos gais discours ;
Par vos doux chants égayez la nature.
Petits oiseaux, chantez, chantez tou-
jours. (Z'/à)
Lorsque l'hiver étend sa main glacée,
On n'entend plus les chants mélodieux ;
Vers le néant la nature est poUî?séô
El rhurizon. <eiiible mystérieux.
Mai» au printemi)S tout reprend «a pa-
rure,
Vous revenez dans voh vianty séjours;
Par vo» doux chants égayez la nature.
PetitH oiBcaux, chantez, chantez tou-
jours, (-^td.)
DOUX SOUVENIRS DE MON
VILLAGE.
PASTOKALE.
Air; Laissez les roses aux rosiers.
Combien j'ai douce souvenance
Du beau pays où je suis né !
Alors, de mon espiègle enfanco
Chaque jour était fortuné.
Maintenant que, bri«é par l'âge,
Je pense à tout C( que j'aimais,
Doux souvenir de mon village,
Je ne vous oublierai jamais.
Tout près de l'humble presbytère.
Asile d'un bon vieux ^uré,
Je vois le petit cimetière
Où je devais être enterré ;
Puis le grand chêne au vert feuillage
210
Sur lequel je cherchais des nid».
Doux souvenir» de mon village,
0 ooinbien vous êtes bénis,
Je vois mon chaume au toit champêtre
Se découpant sur un ciel bleu,
Puis la prairie où j'ai vu naître
L«s fleurs que créa le bon DijiU,
Qu^l était beau, ie paysage
Où je guidais mes premiers pas,
Poux souvenirs de mon village,
0 combien vous avejç d'appas.
Près d« la rustique chaumière
Où le sort plaça mon berceau, ,
Je vois 1a petite rivière
Qui serpente au bas d'un coteau ;
Son onde pure, à son passage,
Semblait chanter sur les cailloux :
Doux souvenirs de mon village,
O combien vous me semblez doux,
A la moisson, sous les faucilles,
Je vois tomber nos blés touffus,
Et les pjty saunes gentilles
Dans les sentiers marcher pieds nus,
Puis le petit bois dont l'ombrage
Etait propice aux amoureux.
Doux souvenirs de mon village,
Combien vous me rendez heureux !
211
S Al AIT! .SALTT?
r
*■ KAMANCK.
Je te revois 6 nxni village
Où a'écoulèrtnt les beaux jouri
De mon insouciant jeune âge
Dont je nie souviendrai toujours.
Vieux cloch**r de notre humble églist
Qui s'élève droit vers les oieu^,
Sur ton vieux toit d'ardoise grise
Où chantent les moineaux joyeux 1
r- '
Salut., wilut!! ô n}es vertes campagnei
Je vous revois toujours fleuris,
Ruisseau qui coule au pied de nos mon-
tagnes
Kl) murmurant sous tes charmants abris!
0 mes vertes campagnw,
Salut, salut î
Je vais revoir, ô douces fêtt^s,
Mes grands bœufs au regard si doux
Les beaux nids dressés dans les faîtes
Des hauts chênes et des vieux houx ;
Mon chien Rustaud, ami fidèle,
Qui, veillant sur mes jeunes ans,
Avec moi, dans l'herbe nouvelle
Mêlait ses jeux chaque printemps ?
Salut, saint ! etc.
212
Voici là-bas mon toit de chaume
Que dore un reflet de i-oleil,
Où sous la treille qui l'embaume
Le pinson chante a son réveil.
Mon cœur tressaille d'espérance.
En songeant au bonheur promis
Qu'après une aussi longue absence
Je vais recevoir parents, amis !
Salut, salut ! etc.
L'ORPHELINE DE LA ROCHE.
MELODIE.
Errant un jour sur la moniagne
Une orpheline au front rêveur,
Disait tout bas : rien n'accompagne
L'enfant perdu, dans son malheur I
Oui, j'ai grandi, sans qu'une mère
Vienne un seul jour baiser nûon front,
El mon âme dans sa prière
Ne peut même dire son nom !
Tendres échos, portez lui ma pensée
Et dites bien aux éehos d'alentour,
Que sur la roche où je fus délaissée
Jt l'attendrai, jusqu'à mon dernier
jour ! {bis.)
0
•2U
Sur terre, hélas ! pauvre isolée 1
Tout me rappelle ma douleur,
Et les enfant!* de la vallée
Ne m'appellent jamais leur soeur !
L'oiseau dans son nid de verdure
Qui se balance sous l'ormeau
Semble me dire en son murmure,
Oui je n'ai pas même un berceau !
Tendres échos, etc.
Dites-lui bien que sans caresse
L'enfant se meurt désespéré;
Mon cœur a droit à sa tendresse;
J'ai tant soutîert ! j'ai tant pleuré !
Et si là-haut, ange et njartyre,
Elle est auprès de l'Eternel,
D'ici j 'attende son doux sourire ;
Ne 8uis-je pas plus près du ciel I
Tendres échos, etc.
LE CHIEN DE L'AVEUGLE
' ROMANCE.
*
La neige tombe et la bise est cruelle.
Mon pauvre chi«n, tu dois avoir bien
froid.
J'ai beau racler ma vieille ritournelle,
Chacun s'éloigne ei nul ne songe à toi.
)f •
214
Je vais redir* encor cette romance,
Qui nous valut jadis tant de gros soiïs ;
Peut-être alors aurons-noo» plus de
chance,
Vers les passant» tourne tes yeux si
doux î
(Avec sentiment.)
Tends ta sébille, 6 mon pauvre canicht,
Et sur ce pont restons jusqu'à ce soir ;
Si la recette en rentrant n'est pas riche^
Noua nous partagerons un morceau) ^^^
[pain noir.f
Te fouviens tu de nos jours de bataille,
Où nous avons tous les deux bien eou
vent
Bravé sans peur de» torrents de mitrail
le?
On Rappelait le chien du régiment.
Depuis longtemps mes yeux à la lumière
Se sont fermé», mais je bénis mon sort;
Je n'ai pas vu sur la France ma mère,
S« déployer l'étendard de la mort l
Tenas ta sébille, etc.
Qu'ai-je entendu? dans ma pauvre cas
sette
Vient de tomber une piftce d'argent.
QuHl seit béni celui qui me la jette.
II te carresse... 6 ciel I c'est un enfant I
215
Que le nialhenv ne brise pas sa vie,
Qu'il voie un jour triompher son dra-
peau,
Et revenir dans la mère-patrie.
Chaque Finançais exilé du hp„meali.
Rentrons chez nous, viens mon pauvre
caniche,
Car en pain blanc s'est changé lo, paitt
noir,
Grâce à l'enfant notfe sébille est riche^
Bénissons-le, tout deux nous dine
rons ce soir
"[ hU,
L'ANGE DE LÀ BIENFAISANCE.
Rayon de la douce harmonie
Dont les accents charment le ciel
Et sur les maux de cette vie
Répandent le baume et le miel!
Qui chassant la douleur amère,
Revêt d'un prisme fortuné
La couche de la pauvre mère
Et la crèche du nouveau-nè.
C'est l'ange de la bienfaisance
Qui calme ici-bas les douleurs!
C*est cet ange dont la présence
Cache les larmes sous les âeui^s! (&ts«)
210
Quand sur le sol de la patrie
L'oragB grond© avec fureur,
Que le travail et l'industrie
S'arrêtent glacés de terreur!
Avec ceux que le malheur frappe,
Qui dans cet instant solennel,
Vient dans u le touchante agape
Partager le pain fraternel?
C'est Fange, etc.
Quand l'hiver au pas homicide
Sur la terre sème le deuil,
Du vieillard, indigent, timide,
Qui, sans témoins franchit le seuil?
Qui, sans attendre sa prière,
Lui rend la vie et la chaleur.
Et fait, sur son heure dernière,
Refléter l'éclair du bonheur?
C'est l'ange, etc.
Bel ange à chevelure blonde,
Pour nous tu descendis des cietix;
Bien longtemps encor sur ce monde
Prodigue tes dons précieux;
Grâce à toi l'abondance brille
Grâce à tes présents, les mortels
FBrment une heureuse famille
Dont tous les cœurs sont les autels!
217
Bal ange de la bienfaisance,
Qui viens pour calmer les douleurs!
Reste avec nous, car ta présence
Cache les larmes sons les fleurs! (bis.)
ALSACE ET LOERAINE.
France à bientôt! car la sainte espérance
Emplit nos cœurs en te disant: Adieu!
En attendant l'heure dô délivrance,
Pour l'avenir nous allons prier Dieu.
Nos monuments où flotte leur bannière
Semblent porter le deuil de ton drapeau.
France, entends-tu la dernière prière
De tes enfants couchés dans leur tom-
beau?
Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,
Et, malgré vous nous resterons français.
Vous avez pu germaniser la plaine.
Mais notre cœur vous ne l'aurez jamais.
Eh quoi ! nos fils quitteraient leur chau-
mière
Et s'en iraient grossir vos régiments!
Pour égorger la France, notre mère.
Vous armeriez le bras de ses enfants!
Ah! vous pouvez leur confier des armes,
•218
C'est contre vous qu'elles leul' sarviront,
Le jour où las de voir couler nos larmes,
Pour nous venger leurs bras se lèveront
Vous n'aurez pas, etc.
Ah! jusqu^au jour où, drapeau tricolore,
Tu flotteras sur nos murs exilés,
Frères, étouffons la haine qai dévore
Et fait bondir nos cœurs inconsolés.
Mais le grand jour où la France meurtri©
Reformera ses nouveaux bataillons,
Au cri sauveur jeté par la patrie,
Hommes, enfants, femmes nous répon-
dront:
Vouîn n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,
Et malgré vous nous resterons français*
Vous avez pu germaniser la plaine,
Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais!
LE REVE DU MOUSSE.
L'air était fr©id, ma mère;
Oh! comme il était froid!
La brise était amère
Sur la flotte du roi.
Mais au fond de mon âme,
Dans (les Mots de soleil,
Marseille au yeux de liamm©
Réchauffait mon sommeil;
Lorsqu'une blanche fée,
De vos voiles coiffée,
M'appelle au fond de l'eau:
Bonjour, ma mère; oh! que mon rêve
était beau.
** — Viens, disait votre image,
L'eau seule est entre nous.
Trop vite ton jeune âge, •
A quitté mes genoux,
Viens, que je berce encore
Tes rêves de printemps;
Les flots en font éclore
Qui nous calment longtemps!...."
Et mon âme étonnée
Se réveille entraînée
Par les baisers de l'eau.
Bonjour, etc.
*
La flotte dans les ombres
En silence glisse ;
Avec ses ailes sombres
Mon vaisseau s'effaça...
Sous sa lamp pieuse,
. Sans cesser de courir,
La lune curieuse
Me regardait niourii*.
220
Je n'avais plus de plainte;
Trois fois ma voix éteinte
S*évanonit dans l'eau...
Bonjour, etc.
C'en était fait du mousse,
Mèr«, sans votre voix;
Sa clameur forte et douce
Me réveilla trois fois.
Sous les vagues profondes
Nageait en vain la mort:
Vos deux bras sur les ondes
Me poussaient vers le port,
Et votre âme en prière
Semait une lumière
Entre 1« Ciel et l'eau.
Bonjour, etc.
MON VILLAGE.
Air : — Batelier, dit Lisette^
Combien je te regrette,
Beau ciel de mon pays,
Et toi, douce retraite.
Que toujours je chéris I
Soleil qui fait éclore
• 221
Les trésors de l'été,
Dois-tu me rendre encore
La vie et ma galté?
Une erreur trop commune
Egara ma raison;
Je rêvais la fortune
Et l'éclat d'un vain nom;
Mais aujourd'hui, plus sage,
D'un ragard attendri.
Je cherche mon village
Et mon premier ami.
Vers cette haureuse terre
Qui me ramènera?
La repose ma mère;
Mon ami m'attend là.
O pensers pleins de charmts!
Endormez ma douleur,
Et vous, coulez, mes larmes,
Et soulagez mon cœur.
Une fleur étrangère,
En de tristes climats,
Sur sa tige légère
Cède au poids des frimas.
Jeune, ainsi je succombe,
Faible comme la fleur.
Ici, je vois la tombe;
Là-bas est le bonheur.
222 ,
Je veux, dès nuui aurore,
Surpris d'un froid mortel,
Me réchauffer encore
Au foyer paternel.
Chaque jour ma patrie
Charme mon souvenir.
Là, commença ma vie;
Là, je veux la finir.
LES DEUX ExNFANTS DU PECHEUR
Notre père est parti.
Pour que Dieu nous le rende,
Frère, prions, prions à deux genoux ;
Sa barque est si petite,
Et la mer est si grande î
Seigneur, Seigneur, daigne le accourir.
Contre recueil, contre l'orage,
Seigneur, daigne le secourir ;
S'il ne revient pas au rivage.
Tout deux il nous faudra mourir.
Frère, vois ce point dai.s l'espace,
Ce point que nous montre Peclair...
— Hélas ! c'est un oiseau qui passe,
Qui passe disparait dans l'air.
Notre père est parti, etc ^
</•»
Depuis que notre pauvre mère
Parmi les anges remonta,
Seul près de nous, douleur amèro !
Notre bon père nous resta,
Frère, vois ce p,oint dans l'espace ;
Frère vois- tu à l'hrizon?
— Héla» ! ce n'est qu'un blanc nuage ;
Qui fuit au gré de l'aquilon.
Notre père est parti, etc.
Ses filets, sa barque fragile :
Voilà notre unique trésor;
Sa cabane est le seul aaile
Où toujours nos fèves sont d'or.
Frère qu'apporte cette lame?
Du retour est-ce un précurseur?
— Hélas ! elle apporte une rame
Et les vêtements d'un pêcheur.
Silence
BONSOIR, PETITE ETOILE.
Pendant qu'au pied de ma couchette
J'adresse ma prière à Dieu,
Là-bas, agitant son aigrette,
Mon étoile brile au ciel bleu.
De fî'on disque d\>r un sourire
Se détache et voie vers moi.
224
Son doux rcigard semble me dire :
Dors en paix, je veille pur toi.
Petite étoile,
Que chaque soir
Au ciel sans voile
J'aime A revoir,
Bonsoir, bonsoir,
Petite étoile, petite.
Bonsoir ! '
Après le baiser de n)a mère,
Rien nVst doux à mon (Meur d'enfant
('omme un rflvt)n de ta lumière.
O mon bel astre ét'ncelant!
Par toi, tant de charnuintes chose,
La nuit enchante mon repos
Tant de rêves, d'images roses
Voltigent sous mes blancs rideaux !
Petite étoile, etc,'
Es-tu, dis-moi, fille de l'ombre,
L'étoile chère aux matelots,
Qui dirige dans la nuit sombre
Le navire errant sur le flots?
Est ce toi (jue Dieu fit paraître,
Pour guider les mages pieux
Vers l'étable où venait de naître
Le Sauveur envoyé des cieux?
Petite étoile, etc.
22.i
Ecoute, (lit Hvec mystère
Une voix qui venait d'en haut:
Je suis un nnge solitaire,
Un rayon du divin tianibeau.
C'est moi qui viens prendre ton âme.
Quand le sommeil ferme t«8 yeux.
Et sur mes deux ailes de flamme, •
l>'emporte ;iu séjour des heureux,
retite étoile etc.
LA FKANCE IMMORTELLE.
MELODIE.
Des nations on te vit la première
A l'ignorance arrncher le bandeau ;
En tout pays tu portas la lumière
Et le triotnphe aecueillit ton drapeau.
Sur toi le ciel fixa toutes les gloires,
Ton auréole éblouit l'univers,
Et tu fus grande alors dans tes victoire» ;
Sois aujourd'hui sublime en tes revers.
0 noble France !
Sous lîi «souffrance.
Ne laisse pa-^ ton grand cœur défaillir
Libre d'alarmes,
Sèche tes larmes,
Mon beau pays, tu ne dois pas mourir bit.
226
Il vint une h*îure, heure où la confiance.
Que t'inspirait un légitime orgueil
Voilà te» yeux sur l'horrible vengeance
D'un ennemi qui préparait ton deuil.
De tes enfant» une immense hécatombe
Ensanglanta notre sol dévasté;
Mais CCS héros descendus dans la tombe
Ont pris l'essor vers l'immortalité.
O noble France, etc.
Après ces jours voués aux funérailles,
Jours douloureux couverts d'un voile
épais,
N'évoque pas Finstant des représailes,
Mets à profit les loisirs de la paix.
Donné le calme à ton âme ulcérée,
Aux cœurs français rends l'espoir et l'ar-
deur ;
Par le travail forte et régénéiée.
Tu reverras ta gloire et ta splendeur.
O doble France, etc.
227
LE MONTAGNARD EMIGRE»
HOMANCE.
Conihii^ii j'ai douce souveuaiiee
Du joli lieu de ma naissance:
Ma sœur, qu'ils étaient beaux ces jours
De France !"
O Jiom pays ! sois me* amours.
Toujours.
Te souvient il que notre mère,
Au foyer de notre chaumièro.
Nous pressait sur son cœur joyeux,
Ma chère î
Et nous baisions ses blancs cheveux
Tout deux.
Ma sœur, te souvient- il encore
Du château que baignait la Dort,
Et de cette tat\t vieille tour
Du More,
Où l'airain sonnait le retour
Du jour?
Il te souvient du hic tranquill©
Qu'effleurait l'hirondelle agile,
Du vent qui (M)urbait le roseau
Mobile,
Et du soleil couchant sur l'eau
Si beau.
228
Te souvient-il de cette amie,
Tendre compagne de ma vifc?
Dans les boin en cueillant la fleur
Jolie,
Hélène appuyait sur mon cœur...
Son cœur.
Gh ! qui me rendra mon Hélène,
Et ma montagne et mon vieux chêne ?
Leur souvenir fait tous les jours
Ma peine.
Mon pays sera mes amours
Toujours.
LE PETIT MOUSSE.
Je ne suis qu'un petit mousse
A bord d'un vaisseau royal ;
N'importe où le vent me pousse,
Nord ou sud, tout m'est égal.
Refrain.
Car d'un père ou d'une mère,
Je n'ai point connu l'amour î
Ni personne sur la terre
Ne m'attend à mon retour, (bis.)
229
Quand la voile pousse nti large.
Le vent se met a Honfïler :
On entend grt>nder l'orage,
A terre ils veulent aller;
Refrain.
Car, d'un i)ère ou d'une mère
II» ont tous connu l'amour;
Mais personne sur la terre
Ne m'attend à mon retour, (bis.)
Quand la mer entre en furie,
Je vois les fiers matelots,
A genoux priant Marie
De les préserver des flots ;
Refrain.
Car, d'un père ou d'une mère^
Ils ont tous connu l'amour ;
Mais personne sur la terre
Ne m'attend à mon retour (bia.)
Quand la lune nous éclaire,
Qu'une étoile brille aux cieux.
Je songe à ma bonne mère.
Les pleurs coulent de mes yeux ;
Refrain. ^
Car, c'est au ciel que j'espère
Te trouver, père d'amour,
Là peut-être, ô bonne mère,
Tu m'attends à mon retour [6m.J
230
PI K RUE ET PAUL.
f-'HANT CATHOLIQUE.
Air: — Franee a bientôt.
IIh sont coutl es tous deux sur ta pouss-
ai ère^
Fière cité de la gloire et des arts !
ï^iirs noms gravés sur ton niitrbre et ta
pierre t^
♦>nt éclipsé le» noms de tes César^
Ils ont vaincu ton paganisme immonde.
Et détrôné tes rois» te.-? dieux pervers.
O Pierre, ô- Paul, 6 conquérants, du mon-
de,
Votre triomphe a sauvé l'univers ! [6ia.]
Tous deiïx partis des vieux murs d^e
Solyme
Après la moi't du Sauveur des humaini,
Ils ont porté son étendard sublime
Sur tous les point» et par tous les chemi ns
A Rome eivnn, leur parole féconde
&*unit et tonne, ébranlant les enfers^
0 Pierre, 6 Paul, etc.
Frappez, tyrans ! frappez sur vos victime»
Chacun des coups que vous leur assenei
Multiplîra les croyants inagnanimea^
2:U
Qui lasseront vo8 bouneaux acharnés,
Pour leur soutien, la grâce sur abonde,
Et par torrentf<, pleut des cieu> entre'oU
verts.
0 Pierre, 6 Paul, etc.
L'àbbk leox CHEMIîr.
LA TOMBÉ IGNOREE.
Quelque part, je sais où, près d'une sau-
le qui pousse.
Ignoré du soleil) quand le printemps
sourit,
tin tombeau que quelqu'un a cherché
dans la mousse
Laisse voir sur sa croix que nul nom
n'e«t inscrit.
Personne que je sache, à genoux sur U
pierre,
N'est Venu, Vers le soir, y prier en pleu-
rant ;
Mais Un ange descend, sans doute avec
mystère,
Dans ce lieu, quand le jour s'abat triste
et mourant,
Ijes fl<^urs n y vivent pas et la mort ne *
recueil le.
Pour moisson, que le foin ohblié du fau-
cheur.
C'est à peine, l'cté, si parfois un« feuille,
Tristt larme du saule, y tombe eonune
un pleur !
Je Bui» allé revoir cette ti)niî>e ij^norée ;
Et seul, quand j'ai voulu retrouver le
chemin,
Quelqu'un était debout, en défendant
l'entrée ^
C'était l'oubli, pensif, et le front dans la
main.
Anonyme,
LES CLOCHEB DU SOIR.
Quand les cloches du soir, dans leur leii'
te volée,
Feront descendre l'heure, au fond de la
Tallée î
Quand tu n'auras d'ami ni d'amour pré»
de toi.
Pense à moi. {hia.)
\và
Car les oloclies du soir, avec leur voix
sonore,
A ton cœur «olitaire iront parler encore,
Et Tair fera vibrer ces mots autour de toi,
Aime-moi ! (bis.) ,
Si les cloches du soir réveillent tes alar-
mes, '
Demande a\i temps ému qui passe entre
nos larmes,
Le temps dira toujours qu'il n'a trouré
que toi,
Près de moi ! (bis.)
Quand les cloches du soir, si tristes dans
l'absencs,
Tinteront sur mon cœur ivre de ta pré-
sence,
Ah î c'est le chant du ciel qui sonnera
pour toi.
Et pour moi ! [6**r.]
LK MARIN.
Quand le soir, à bord, ils chantent
Leur mille refrains joyeux,
Ces refrains qui les enchantent
Me font triste et soucieux.
Mais quand IMtoile se lève,
2M
Fleurant, Dieu nren est t^iiioin,
Au lieu de chanter je rêve
A ma mère, elle est si loin ! [his.]
Au signal d'une bataille
Pour moi le fer va briller ;
Au milieu de la mitraille,
Enfant je suis le premier.
Quand même ardeur nous rassemble
Pleurant, Dieu m'en est témoin,
Le cœur me bat et je tremble ^ ^
Pour ma mère, elle est ^i loin î (his.)
Quand en mer près de nous passe
Allant en France un vaisseau,
Pour le suivre dans l'espace
Je porte envie à l'oiseau. ^ ,:
Comme il va dans ma patrie
Pleurant, Dieu m'en est témoin,
Je fui jette un mot et prie
Pour ma mère, elle est si loin ! [bis.]
^ Anonyme.
COMPLAINTE DES VIEILLES
.FILLES.
Quand j'étais jeune et gentille,
Je voyais foule d'amants ;
Mais aujourd'hui, vieille fille,
Fis sont tous indifférents.
2Kb
Ki po\n'tHnt, pour me procliiire,
•le faip tout ce) que jp peux,
J'offre, demande et «oupire,
Me retapant de mon mieux.
Accoudée à la fenêtre,
Tous les dimanches au soir,
Je regarde si peut-t^ iC
Quelqu'un entrera me voir.
Àperçois-je un veuf qui passe,
Un garçon qui vh veiller,
Je dis d'un air plein, de grâce ;
Mais entrez donc babiller.
Pour rien, sans cesse je gronde,
C'est là mon tempérament;
J« critique tout h- monde
Excepté moi seulement.
Je ne parle et ne babille,
Que pour noicir le» absents ;
Ma langue est comme une étrille
Sur le dos des braves geni.
Quand je chante en compagnie,
Installée au piano,
Je ne parle pas, je crie,
Pour rendre mon chant plus beau ;
Je me pâme, je grasseille,
J- embrouille tant mon français,
Qu'on se demande k l'oreille :
*'Mais chante- t-elle en anglais."
23l.
Hélas ! ine-s cheveux grisonnent,
Des sillons rident ma peau,
Dents et couleurs m'abandonnent,
Et mon cloi»t est sans anneau I
Pourquoi m 'être si rebelles?
Manqué -je le mointlre bal.
Une des modes nouvelles,
Un seul soir du carnaval?
J'aime qu'on dise: Madame
Devant les maris, les vieux;
Mais devant qui cherche femme
"Mademoiselle" vaut mieux.
Lorsque à souper l'on m'invite^
Je mange avant le repas,
Et je dis à table ensuite :
*'0h ! je ne prends presque pas !"
Pour réparer le dommage
Que m'ont causé ^^ quarante ans^*
Je me farde le visage,
Et porte ileUrs et rubans.
Si quelque longue vilaine
Cherche quel âge j'ai pris :
'^Mais je n'ai que la vingtaine,
Depuis quinze ans je le dis."
Je fais tantôt la ^^geateuse"^
Quand je vois quelque garçon,
Et tantôt la précieuse
Pour avoir plus de façon.
237
J'affecte une voix gentille,
Des tons et des airs mignons,
Je me dresse et me '^ tortille^'
En murchani sur les talons.
Et puis, s'il faut vous le dirt ,
J'en ai de la piété,
C'est au point que je soupire
Pour être en '^ Communauté.''^
Et celle que je préfère
■ Serait de deux seulement,
OÙ je m'appellerais "7«è?'e"
Et ferais le règlement.
*
Je vais .souvent à la messe,
surtout pour voir marier;
Et deux fois je me confesse
Avant de communier.
Pour marcher encore plus vite
^ Vers mon saint avancement,
Soir et matin je médite
Qu'il me manque un sacrement.
Mais j'ai beau, d'une voix tendre
Inviter et supplier,
Personne ne veut me prendre,
Et je reste à marier.
Ah ! qu'ilt^ ont l'ame inhumaine
De me laisser tant pAtir !
Je vais ilonc rester à ''graine^'
Martyre et vi^rge mourir!....
2:kS
Puisqu'il \ï\'^i pluH d'espérAUeep
J« veux m'en (lécloinmiic:»îr ;
Dt joncs, bagues, alliances.
To«8 mes doigta vont k« chargorN
J'aimerai nui blanche "chatte^'
Et mon cher beau petit chien
C'est chose pas mal ingrate.
Mai» c'est toujours mieux cjue ritn.
CANADA ! BELLE PATRIE \ '
Canadiens, venez vous joindre
A l'ombre de vos drapeaux !
A notre ciel je vois poindr»
L'aube de jours les plus beaux !
Refrain.
('anada ! belle Patrie !
Bi rceau de nos jeunes ans !
En ce jour ta voix chérie • \ , .
Parle au cœur de tes enfants. f
A l'accord qu'on voit paraître,
Tout noble cœur applaudit;
Le vieillard se sent renaître.
Et la jeunesse grandi*..
Re.focain etc •
^f I • '
Le transport qui nous aninie
Doit passer à nos neveux.
C'est un sentiment sublime,
Qui nous vient do nos aieux.
Refrain, etc.
Patrie ! au joiya de l'orage
Quand tu verras le danger.
Tes enfants pleins do courage
S'armeront pour to venger !
Refrain, etc.
Lorsque le canon résonne
Chacun sourit de bonheur,
A sa voix le sang bouillonne
Et réchauffe notre cœur !
Refrain^ etc. '
LE SOLDAT.
Au cri d'appel de la Patrie,
Nous quittonçi tout pour la servir,
Et pour elle il faut qu'on oublie
Tous les rêves de l'avenir.
Ici les combats et h\ gloire
La-bae famille et le repos.
Amis, courons à la victoire ;
C'est le chemin de nuî^ hameaux.
Le tambour but, le cliiiiou sonne;
Vite courons à notre rang.
Le feu commeni'e, l'airain tonne
La voix du chef crie : ''En avant î "
Ici les combats, etc.
Que le pays d'espoir tressaille !
Fidèle à l'honneur du ilrapeau,
L'armée a gagné la bataille ;
Remettons i'épée au fourreau.
Ici les combats, etc.
Liberté, honneur et patrie :
Voilà le prix de tout combat.
De revoir sa mère chérie !
C'est là ce que veut le soldat.
Adieu^es combats et la gloire !
Vivent famille et le repos !
Amis, célébrons la victoire
Qui rend la paix à nos hameaux.
Camille Pkny.
LA JEUNE MOURANTE. .
Regarde ! ainsi que cette rose blanche
Ma joue est pâle et mon regard languit !
Comme elle aussi mon jeune front se
penche :
Fuyons le juur et recherchons la nuit.
Car je ief?se*iL< qu'une ^oulî'raiioe auièr«
Voile mon cœur luahule et «oucieux.
Dans mon exile, je souffre sur la terre !
Adieu ' ma nu'^ve. au revoir dans les ci-
eux ! ^
VoiH de plus près« cette riche parure
Dont étaient fiers et le monde et le bal,
Où Pou vantait ma grâce et ma tournure;
Tout me déplaît ; sourire me fait mal î
Je porte envie au vol de la colombe.
Au lac qui dort pur et silencieux !
Je porte envie à la feuille qui tombe.
Adieu î ma mère, au revoir dans les ci-
eux î
Ah! né crains plus pour ta fille chérie
Cet avenir qui faisait ton effroi.
Je me dérobe aux pièges de la vie.
Où tu tremblais de me laisser eans^toi.
Là haut du nioins jfî niareherai tranquil-
le, - '
Comme éclairée au flambeau de tes yeux.
Dans mon malheur, je souftrc sur la ter-
re,
Adieu ! ma mère, au revoir dans les ci-
9UX !
242
LES ADIEUX DU MARTYR.
Frères; aditu ! la foule impatiente
Dtmandt au cirgue un spectacle nou-
veau.
Je vais tomber sur l'arène sanglante,
Mais en tombant prier pour mon bour-
reau.
Je vous attends où notre zèle aspire, ^
Ivre de gloire et d'immortalité ! '>
Dieu Tout-Puissant, couronne . ) |
mon martyre, >• bia.j
Pour moi du ciel ouvre l'éternité !) ■^-
Ils m'avaient dit, dans leur fureur impie,
II faut briser tes autels au mourir.
Peuple, à ce J'itu j'ai consacré ma vi©,,
Tu peux la prendre et uon pas la flétrir.
Malgré tes cris, en souriant j'expire.
Car le trépas c est la félicita.
Dieu Tout- Puissant couronne, etc.[6i8]
Ft cependant au séjour de la terre,
Me rattachaient plus d'un tendre lien.
J'ai vu tes pleure^, mais pardonne, ô ma
mère,
Le monde est mort dans l'âme d'un chré-
tien.
Ton fils n'est plus, mais au divin Eni-|
pue
24>>
Nous nuus verrou fc- et pour rëteniit<^', *
Car le Seigneur couronna mon iïiart>'r^
Et j'entrevois la i^éleste clairti !
LES PEINES DU PETIT ECOLIER.
Qu'on est heureux d'être à votre âge,
Me dit souvent un bon vieillard ;
D'accord, mais ce bel avantage.
D'où vient qu'on le prône si tard 1
Leçons, devoirs «t par centaines,
Voilà notre pain journalier!
Ah! vraiment on a bien des peines,) , •
Quand on est petit écolier. )
Je voudrais tout faire à ma tête,
Le maître ne veut pas céder :
De là toujours quelque tempête*
Où ma ressource* -est de bouder. i
Quand je voudrais tenir leh rèneg,
Sous la règle il me faut plier.
Ah ! vraiment, etc.
Contre le couroux de mon père,
Parfois trop prompt à corriger,
J'avais les larmes d'une mère
Pour m 'absoudre et me protéger.
244
SÊjji m'échappe ici des fredainos,
Pour moi qui voudra supplier î
Ah I vraiment, etc.
Pourtant, malgré tant dt^ misères,
Je mangft, dors, m'amu&ie bien ;
îît s'il est dcs jours moins prospères,
Le soir, il n'y parait plus rien.
En ce cas, on a moins de peines,) i •
Quand on est petit écolier ! \
W. Mareau.
LA BARQUE DE PIERRE.
Esquif divin,.ne crains pat les naufrages^
Ton nautonnier enchaine les autans
Toujours à flots dix-huit siècles d'orages
T'ont vu braver les plus noirs océans.
Et de nos jours si la vague écum^ante .
Blanchit ton flanc dans sa vaine fureur,
L'œil du Seigneur te sui\ dans la tour-
mente.
Sa main conduit ton aviron vainqueur.
Généiareth, par une nuit profonde,
Vit sur son lac que le vent agitait,
Quflques pécheurs à la merci de l'onde,
245
Dans une bnr(|ue oà J.^sii-'* sommeillait,
n sommeillait^ mais remi>lide tendresM
Son cœur veillait suv leur esquif trem-
blant.
Soudain sa voix, au sein de la dëtree»*,
Dompta les flots du perfide élément»
Etends la voile à la brise légère
Et, de ta quille, efïlfurt^ le rocher,
L'astre des mers te verse sa lumière,
Lance ta nef, intrépide nocher.
Si l'ennemi suscite nne tempête
Le bras de Dieu s'arme d'un trait brûlant.
Déjà la foudre a grondé sur sa tète
Pour écraser son superbe néant.
F. K.
LA SAISON DES FLEURS.
Sitr Vair de : "La Pitiés
Quand la dou^e verdure,
Au réveil d'un beau jour,
Vient fendre à la nature
Des plus riants atours \
Quand brille la prairie
Des plus vives couleurs,
J'entends chanter Marie,
Dans le saison dti fleurs !
246
Quand je passe en eachfttte
Près du rentier fleuri,
Je l'entends qui répète
8on refrain favori
£t par sa voix chérie
Elie endort mes douleurs ^
J'entends chanter Marie
Dans la saison des tleur».
Mais Marie est absente,
Le-: hivers sont venus ;
Et sa voix si touchante
Pour moi ne chante plus,-
ISk seul mon cœur s'écrie
En calmant sa douleur:
Reviendras-tu Marie
Dans la saison des fleurs?
AUX MESSIEURS DE LA VILLE.
Messieurs les gens de* nos villes,
Ne vous estimez pas tant;
Vous nous traitez d'inibéciles,
Parcequ'on est habitant:
Refrain.
Ne vous es-tizis-tizesse.
Ne vous «stimez pas tant
N« vous *s-tizifi-tizesse
Ne vous estimez pas tant.
24: .
Vos dents sont d'un blanc d'ivoirt,
Ne vous estimez pas tant;
Le dentit^te, do mémoire,
bit qu'elles changeur souvent:
Refrain ^ etc.
Vos cheveux sont blancs de poudrOi
Ne vous estimea pas tant ; * ^
Aux moulins au l'on fait moudre,
Nos ânes en ont le crin blanc :
Refrain,eic.
Vous avez de beaux carosses,
Ne vous estimez pas tant ;
On y voit 8»'>uvent des rosses,
En dehors comme en dedans :
Refrain, etc.
Vous avez de belles soies,
Ne voua estimez pas tant ;
Nos "naturaux" et nos oies
En portent depuis longtemps»
L'ORPHELINE.
G Vierge sainte, écoute ma prière,
Délivre-moi de ce destin cruel.
Daigne, patronne auguste et tutélaire,
Jeter sur moi ton regard maternel I
Errante ^u loin, pleurante et solitaire,
248
Dang ma douleur, je nie tourne vers toi ;
D*une orpheline entends la plainte amère,
Reint des cieujr,et prends pit ié de moi !
La nuit est sombre, et l'hiver est bien
rude ;
Le Ytnt gémit le long du grand chemin,
En vain ma voix émeut la solitude.
Pas d'hommt ami qui me teîide la main.
O Vierg* sainte, écoute ma prière;
Dans ma douleur, je me tourne vers toi j
D'une orpheline, etc
J*ai tout perdu sur cette triste terre,
Mais il me*re»te un ccnsolant espoir,
Si je n'ai plus, hélas, ma bonne mère^
Il vient le jour au j'irai la revoir.
O Vierge sainte, etc.
(L'abblk Van T.>en Nebt.)
LES MATELOTS
Le vent mugit, L'orage gronde,
La foudre éclate avec fureur ;
L'écueil perfide attend sous l'onde
La faible barque du pêcheur.
Et tout tiemblant, le pauvre Pierre,
Quand Forage menace ses jours.
24y
Invoque en vain dans sa juière
Notre-Dame du bon Bon Secour* :
Refrain .
Bonne Mère des niatelotn,
Que votre bonté nous garde î
Par pitié, eauvez-nous des flotb.
Notre-Dame de la Garde,
Par pitié, sauvez-nou8 des flots!
Vierge Sainte, que dois je faire?
La tempête augmente toujours.
En me siîuvant, sauvez ma mèr«.
Moi seul je soutiens ses vieux jours.
Le jour s'enfuit la nuit s'avance
Et vient redoubler mon eflroi.
Je dis en ta sainte présence
Vous ne voulez donc plus de moi!
Refrain^
Si vous daignez calmer Porage,
J'irai, fidèle, tous les ans,
Les pieds nus en pèlerinage.
Vous apporter quelques présents.
Le vent s'éteint, l'orage cesse,
Le pêcheur échappe à la mort,
Et dit : je tiendrai ma promesse
Chantons en arrivî»nt au port!
Refrain, ^
LE iH>ETK.
Que fiii«-ti> là, pauvre poète ;
Dans tes quatre murs enfermé?
Ton âme rêveuse, inquiète
N'a donc plus soif d'air parfumé?
Le premier bouigeon va sourire
Au tiède souffle du printemps;
Que fais-tu donc quand tout respire?
*'J'attends, j'att<^nds, j'attends I"
Mais songe que ta vieille mère
Veut te revoir un jour encor,
Avant que son heure dernière
Tinte à l'horloge de la mort.
N'hésite plus ! viens, suis-moi, vite ;
Tu sais qu'elle à quatre- vingts-ans.
Pourquoi rester morne en ton gite?
"J'attends, j'attends, j'attends" 1
J'attends que mon âme recouvre
La vie avec la liberté.
J'attends que cette porte s^ouvre
A Lazare ressuscité;
J'attends les heures solennelles
Qu'un jour m'apportera le temps :
J'attends qu'on me rende des ailes '
J'attends ! j'attends, ! j'attends î
•251
LES VOIX DU (^lEL.
Dans son berceau l'enfant repose,
Ne réveillez pas mon trésor.
Autour de son petit front rose
Rayonne une auréole d'or.
Anges qui veillez sur l'enfance,
Chantez un cantique immortel.
Pour bercer l'innocence
Il faut des chants du ciel !
> bis.
Les fleurs entrouvent leurs corolles
Pour fêter ce jour triomphant.
Est-ce la voix des brises folles
Qui vient caresser mon enfant,
Bruits d^ci-bas, faites silence I
Non, c'est la voix de Gabriel î
Refrain.
Dieu te préserve de nos fange»,
Losque tes yeux seront ouverts !
Enfant, c'est pour toi que les Anges,
Font entendre ces doux concerts,
Un chant d'amour et d'espérance
Descend du séjour éternel I
Refrain
SUUVKNIH8 [)V JEUNE AGE.
Souvenirs du jeune âge
Sont gravés dans mon cœur!
Et je'penf^e an village,
Pour rêver au bonheur.
Ah! ma voix vous pupplit;
D'écouter mon désir.
Rende«-n)oi ma patrie.
Ou laissez moi mourir!
Au revoir, mon village,
L'églis*^ et mon clocher!
L'ombre frais du bocage,
Où j'aimais à rêver.
Ahf voilà mon envie,
Voilà mon seul désir !
Rendez-moi ma patrie,
Ou laissez-moi mourir!
6211.
[
bis, .
De nos bois, le silence,
f<e8 bords d'un clair ruisseau
La paix et l'innocence
Des enfantff du hameau,
Ah! voilà bien ma vie,
Voilà mon souvenir!
Rendez-moi ma patrie,
Ou laissez moi mourir!
Je t« vois, mon village,
Ton lac et son rocher.
J« te vois, paysage ;
btê,
2o3 .
QiiC j'aime a t'aduiirer!
Ah î j«» trouve lu vi«,
Je ne doin plut^ «ouffrir.
Je suis à ma patrie ) . .
Je ne veux plu^ mourir. j
*
Oui je bjAJse ta rive,
Fleuve que j'ai pW'Uré
Je «avoure la brise
Du pays regretté.
Ah ! reçois, je t'en prie,
Les pleurs du repentir I
Oui, pour toi, ma patrie,
Je n'ai phis qu'à mourir!
Je revois la chaumière,
Au toit tout ombragd.
Je te vois, ô ma mère !
Toi qui m'as tant pl«.uré
A genoux, je te prie
De vouloir me Ijéuir ;
('ar je (.ains Tagonie,
Et je me seng faillir.
> biê.
PRIERE
)'Arthur dk Bretagne, dans sa prison,
) mon Dieu ! voib un pauvre enfant
)ans une prison solitaire;
aptif î^ous la main du mérliant.
254
11 vient t'fldresî^er sa priène. J
Ah ! daigne donc me secourir ! ^
Mon cœur d'effroi tremble et palpite :
' ' Refrain, ^ •
Jésus ! Jésu*? ! Jésus I vain je mourir?
Ohl viens à mon secours, viens vile!
Dieu ! quel spectacle à mes regards ' ^.
Vient se dresser au sein de l'ombre? 4
Pour qui ces torches, ce& poignards
Etincelants dans la nuit sombre?
Héla» ! que de maux vont surgir I
Elle peut tout, l'âme hypocrite : ,:^
Refrain. Jésus 1 etc.
Hélas * quel mal ai-je donc fait
Pour me vouer à tant de haines?
Quoi î régner seraH un forfait
Qu'il faille expier dans les chaînes !
Sans doute on me fera périr,
C'est mon trépas que l'on médite;
Refrain. Jésus I etc.
Paroles de l'Abbé J. R. Magnan.
U Juin 1883.
LES DEUX SAVOYARDS.
Refrain.
Mon frère ! mon frère I
Vois-tu là-bas, là-bas là-bas?
Mon frère, mon frère,
C'est le pays, pressons le pas.
Rien qu'en voyant notre campagne,
Je sens déjà battre mon cœur.
Oui tout là-bas, c'est la montagne ) i .
La montiigne, c'est le bonheur ! \ ***
Comme en quittant notre village,
Nous ressentions de la douleur I
Je te disais : prenons courage j
Mais chaque pas brisait mon cœur !
Autant que moi tu souffrais, oui mon
frère ;
Car tu pleurais, va, je te voyais bien.
J'aurais voulu te cacher, mon bon Pierr»,
Tout mon chagrin et prendre tout le ti-
en [his.\
Quel bon soleil, sens-tu mon frère?
C'est un bon temps pour nos moissons.
C'est un bon temps pour notre mèr«,
Notre mère que nous aimons.
Notre départ attristait sa vieillv 3se,
Elle pleurait déjà depuis longtemps.
Mais le bon Dieu qui voyait sa tristesse
A rappelé bien vite ses enfnnts. (bis.)
Et maintenant bien de l'ouvrage
A qui sans nous ramonera.
Et maintenant, un bon voyage
Au savoyard qui partira.
Nous lui dirons ce que notre vieux père,
Tu t'en pouvien», nous 3 dit en mourant :
2Ô0
"Heureux reniant qui rapporte à sa mè-
re,
''Un cœur honnêti* avec un peu d'ar-
gent" (bis.)
^'-^ :'.^''-^' -.'■'''''" ,'''' ^'■'^''^K' ',';•. .Anonyme.,.,,^
• .■ ; :.>-'^- ■■ •.• ■■ •■■ ' ^, -':'■■:
LA TYROLIENNE DES PYRENEES-
'.'e.:iij
Montagnes Pyrénées,
Vous êtes mes aniours! , ' ^v l
Cabanes fortunées <- : xii 1*
Vou8 me plairez toujours !
- *- .--> ■
iolo, :;■:
Rien n'est si beau que ma palrit\
Rien ne plaît tant à mon amie I
0 montagnards, ô montagnards, chantez
en chœur.
De mon pays, de mon pays, la paix et le
bonheur !
Ahî ah! ih! ah! ah: ahî
Q montagnards, 6 montagnard, chantez
en chœur,
De mon pays, de mon pays, la paix et le
bonhour!
Ah! ah! ah ! ah ! ah ! ah !
La!
Laisse là tes montAgnes !
Disait un étranger ;
Suis-ïnoi ilans mes «^anipagn**».
25; •
yieu^<, utî Si>i» plut? btJigrr 1
Jamais! jamais! quelle folie. ,
Je mis heureux de eerte vie, | ^^"^
J'ai ma c«^iulure [bis.] et uion berret,
Des ehants joyeux \bis.], ma mie et mon
.-., chalet. -..■::... . ,,_ v^.:,': ■•.
• - .y^;. Ah! ahî etc.
Sur la cime argentée
De ceH pies orageux.
La nature domoiée
Favorise nos jeux :
Ver» lenghiciers, d'un plomh rapides
J'atteimls souvent Tours inirepide.
Et sur les monts [èi^ |, uJus d'une foig
J'aI devancé [bis.\ la course du chamois.
Ah ! ah ! etc.
HOlo
Déjà dans la vallée
Tout est silencieux,
La montagne voilée
8e dérobe à nos yeux
On n'entend [)lus, dans la nuit sombre.
Que torrent mugir dans l'oinbre .... (solo)
0 montagnards [his\ cli.iniez plus bas,
Thérèse dort [bis] ne In réveillons pas'
Ah ! ah ! ete.
2ô8
L^HIRONDKLLE ET LE MATELOT,
Le front pensif, sur la rive étrangère,
Un matelot rêvait à d'autres cieux :
A son village, il pensait à sa mère...
Une hirondelle apparaît à ses yeux.
— Que me veuy-tu, beau courrier d'espé-
rance?
Viens-tu vers moi de la part des amis?
— Rassure-toi, j'arrive de la France.) » •
Ami, je viens te parler du pays. ) **
Le ciel bénit la gloire de nos armes ;
La paix succède à nos pa.s triomphants.
Plus de. chagrins, de douleurs, plus de
larmes, '
Car la patrie attend tous ses enfants,
Vois-tu, là-bas^ tonSorick qui se balance ;
On va partir, tes tourments sont finis,
Sois donc heureux ! j'arrive de la France,
C'est fête ! enfant, on retourne au pays.
Quoi pas un mot,., d'où vient cette
tristesse?
Pourquoi ces pleurs qui remplissent tes
yeux,
Lorsque, partout, un hymne d'allégresse
Est répété par nos marins joyeux?
— C'ost qu'il me reste encore une souf-
france:
•259 ^
La paix rend-elle une mère à sa filh?
— Rassure-toi, jWrive de la France;
C'est le bonheur qui t'attend au pays,
Assez.,, tîiis-toi... lu me brieerais Tâmef
Oui... je le senH... on succombe au bon*
heur.
Elle vivrait î ma mère, 6 sainte femme I
Je croin dojà la presser sur mon cœur.
Ma pauvre mère, â son foyer m'appelle ;
Sa voix me dit : dans mes bras, ô mon
filsî
Merci, merci, ma gentille hirondelle.
' Partons, partons, ma mère est au pays,
Merci, merci, ma gentille hirondelle,
Je suis heureux, ma mère 'est au payi.
AUX VENGEURS
DES
CHRETIENS DE SYRIE,
(Air ; Partant pour la Syrie.)
Partez pour la Syrie,
Peuples coalisé» !
Contre la barbarie
Marchez, nouveaux croisés?
Vengez, comme naguères,
.2(50
Par le fer et le feu,
Le trépas de vo8*frères,
La croix de votre Diou !
Arrachez le» victimes,' -^
Aux peuples inhumaine ;
Ils ont d'asHez de crimes
Ensanglanté leurs mains...
France! va les convaincre
Qu'empressée à ta voix,
L'Europe saura vaincre
Au signe de la croix !
I i^'«
'fÉ,%.
'■m^'-, -Aj/
Tes fils ont pour exemple
Leurs glorieux aines!... v-^
Priez, prêtres du temple !
Et vous, riches, donnez !^„.
Et que toute puissance
Acclamant ses soutiens,
Chante : Honneur à la France !
Gloire aux vengeurs chrétiens !
ADIEU NOBLE COURSIER
Adieu, noble coursier, mon compagnon,
de guerre.
Tu meurs comme un guerrier, frappé
dans les combats.
Tu meurs et de ton sang, arrosant la
poussière,
Dans uii ^^upvèinc cflort, ami, tu me «au-
, . ,. vas. (l»i^)
: • Adieu, noble couiJ^ifr,
; "' Mon «3r)mi)Hgnon de guerre,
r : Moi rude et tier guerrier,
; "^ <: Dont le cœur est de pierre^
Comme un cerf aux abois,
■■:];xi'"i Je suis faible à cette heure,
' Je pleure, ah t oui je pUure
v«, .^> Pour la première fois;
Je n'ai pu te sauver, profonde est ta bl'ir
• sure,
Ami, tu vas dormir* de l'éternel repo».
pu chacal dévorant tu seras la pâture,
Et le ve-nt du désert dispersera tes os.
Refrain
Adieu, noble coursier, etc,
\
Celle qui caressait ta croupe toute humi*
de,
Qui sons les palmiers verts nous attend
aujourd'hui,
Ma bien-aimée au bruit de ton galop ra-
pide,
Joyeuse du retour, ne dira plus, c'est lui.
Refrain,
Adieu, noble coursier, etc.
Paul HBNitiolt.
i)lîi
LK RETOUR
Refrain
Apaise-toi, vague fatale : • , "-^j
Voici le moment fortuné ; > - "
J^apercois la rive natale,
Le beau pays où je suis né. ^ -
Oui I je le reconnais aux transports que
j ^éprouve,
C'eit lui c'est mon pays qu'on découvre
là-bas j
Semblable à Tami qu'on retrouve,
£t qui de loin nous tend les bras, {bii)
C'est ma ville; voilà ses falaises, se»
grèvesy
Son église, son fort avec ses vieux murs
gris.
Pieul j'entends, comme dans mes rêves «
Ma mère appeler à grands cris^
Je vais donc la revoir, à bonheur soue
mélange \
Voir ma mèrel Une mère, est-il rien de
plus doux?
C'est 1 étoile c'est le bon ange
Que le Seigneur nous donne à tous*
CONNAIS Ti: LK PAYS.
(Jonnais-tu le pays oïl tieurit l'oranger?
Le pays (les puits d'or tît des roses ver-
m'ulles^ ■ -
Où la brise est plus douce et l'oiseau
plus léger, .
Où dans toute saison, butinent les abeil-
les, :^'--ïW^
Où rayonne et sourit comme un bienfait
de Dieu,
Un éternel printemps, sous un ciel tou-
. . jours bleu!
: Refrain.
Hélas! que ne puis je te suivre»
Vers ce rivage heureux, d'où le port le
m'exila?
C'est là que je voudrais vivre^
Aimer et mourir, oui, c'est là!
Conuais-tu la maison où l'on m'attend
là-bart!
La salle aux lambris d'or où des hom-
nies de marbre
M'appellent dans la nuit, en me tendant
les bras ?
Et la cour où l'on danse à l'ombre d^un
grand arbre,
Et le lac tramsparent où gliseent sur les
eaux,
Mille bateaur. légers pareils à des oi-
seaux?
Hélas î que ne puis-je te ^?uivre
Vere ce puyi^ loinlinn. kW)^ le sort., etr.
Ambrgpsk Thomas.
D'OU VIENS TU, BERGERE? ;,v
— D'où vieiiH tu, berbère,
D'où viens-tu?
— Je viens de l'étahle,
De m'y promener :
J'ai vu un miracle
Ge soir arrivé.
Q'uas-tu vu, bergère,
Qu'as- tu vu?
— J'ai vu dans la crèeh*
Un petit enfant
Sur la paille fraîche
Mis bien tendrement.
Rien de plus, berglre,
Rien de plus?
— Y a le bœuf et l'âne*
Qui sont pardevant,
Avec leur haleine
Réchauffent l'Enfant
U.
2ti5
Rien de plus, bergère,
Ilien de plus?
— Ya trois petits anges^
Descendus du ciel
Chantant les louange»
Du Père ét^^rnel. ,.,
AH ! SI MON MOINE, etc.
Ah! si mon moine voulait danser? [bis]
Un capuvdion je lui donneré (rais) (bia)
Danse, mon moin, danse I ,
Tu n'entends pas la danse,
Tu n'entends pas mon moulin, Ion, hi,
Tu n'entends pas mon moulin marcher.
Ah ! si mon moine voulait danser! [bis]
Un ceinturon je lui donnerais ! [6i«. J
Danse, etc.
Ah ! si mon moine voulait danser ! \bia.\
Un chapelet je lui donnerais, (bis.)
Danse, etc.
luK'SKHHK D'KXIL!
Fiîippo iVun arrêt plein d'horretlr;
Meurtri par les flots en fureur;
Bien loin du sol qui m'a vu naître
L'on me bannit ainsi qu'un traître î..
Non, n(m, pour moi plus de beaux
jours,
Plus d'allegrepKe, plus d'amours !
Refrain. . . ^
Grand Dieu, tu vois mes larm«9 i
Entends mes vœux secret»,
Termine mes alarmes î
Pardonne à mes regrets, -- liif
Proscrit, c'est pour jamais. • . ttO
Ouj— pour jamais ! ':; /"■.■•
. . ,• . >•" " .■'(
Jeté sur la terre d'exil,
Mon sort, désormais, quel est-il?
Languir brise par la souffrance,
Pleurer ma noble indépendance l
Et puis, à force de gémir
8ur un rocher tomber, mourir.
Grand Dieu, etc.
J'avais des parents, des amis }
Un jour me les a tous ravin !
Remplace-t-on le cœur d'un pÔre,
Et les caresses d'une mère I
Mânes sacrés de mes aieux,
VeilleTi sur moi du haut des cieux.
Grand Dieu, etc.
• 26;
LA MEU.
Enfant, vois cette piaine immense.
Dont les sillons nombreux sont toujours
tourmentés ;
Son sein ?e déchire et s'élance,
En débris écûmants par les vents empor-
tés.
Crois-moi, ne va jamais sans guide,
Au loin sur l'océan désert.
Jamais, car cette plaine h imide
Mon enfant, c'est la mer ! [hi8.]
Enfant, vois-tu bien c« nuajre?
La-haut, dans le ciel bleu, regarde ce
point noir.
Eh î bien, c'est un signe d'orage.
Et pour les matelots, signal du désespoir.
Vois-tu ce vaisseau disparaître?
Je tremble et frémis sur son sort;
Prions, car des marins peut-être,
Mon enfant, c'est la mort ! [bis.]
*
Enfant, vois tu lâbas sa voile,
Qui semble disparaître et revient sur
les flots?
Regarde, au ciel brille uae étoile,
8ainte et douce lumière, espoir des ma-
telots,
Enfant du vaisseau c'est régicle,
Prions, il vogue avec effort.
Lfl rive oi^ le seigneur le guide.
Mon enfant, c'est le port ! [bis.] ■
L'ANGE ET L'ENFANT 7
Un ange au radieux visage, ^
Penché sur le bord d'un berc«au.
Semblait contempler son visage
Comme dans l'onde d'un ruisseau. .
*'Charmant enfant qui me ressemble, ,
Disait-il, oh ! viens avec moi
Viens, nous serons heureux ensemble i.
La terre est indigne de toi''
.<>iV'
^. *■'
"Là, jamais entière allégresse.
L'âme y souffre de ses plaisirs ; , ^ , J
Les cris d« joie ont leur tristesse, - ,. îj/i-
Et leiL^ Voluptés, leurs soupirs. "^ . ^ ^
Eh! quoi î les chagrins, les alarmes ^
Viendraient flétrir ton front si pur f '^
Et dans l'armertume des larmes
Se terniraient tes yeux d'azur!"
"Non, non, dans les champs de le»"
pace, ^
Avec moi tu vai t 'envoler }
La Providence te fait grâce' '.
Des jours q\ie tu devais couler.
Que personne dans ta demeure
N'obscurcisse tes vêtements ; '
Qu'on accueille ta dernière heure,
Ainsi que tes premier'^ uïome^jts."
'•Que les fronts 3' soieiit sans nuage,
Que rien n'y révèle u)i tcimbeau ;
Qu;*iid on est pur comme à ton âge.
L© dernier jour est le plus beau."
Et secouant ses blanches ailes,
L'ange, à ces mots, a pris l'essor
Vers les demeures éterneiles
pauvre mère ! ton fils est mort.
Reboul.
CHANT CANADIEN
Noble patron, don* un chôme la fête,
Vois tes enfants devant toi réunis;
Sous ton drapeau qui flotte tsur leur tête,
Que par ta main leurs destins soient bé-
nis
Con^me un signal auquel il se rallie,
L« Canaditn, l'adoptant pour patron,
parmi le« peu]) les prend un nom,
Au ciel un saint (|ui pour lui veille et
prieJ^MsJ
Par toi cunduity au Caiiadti î^auvage,
Quelques Français d'abord l'ont cultivé;
Nous tenons d'eux c brillant héritage
Par eux conquis, i?t par nous conservé;
En rappellant leur mémoire chérie,
Le Canadien, retrouvant son patron,
Parmi les peuples j)rpnd un nom,
Au ciel un saint qui pour lui veille et
prie (/)/«.) \ ' , ^ :;
Aux jourv^ d'épreuve où passe toute race,
Dans nos esprits tu conservas l'espoir,
Et quand de nM)rt8 la justice fut lasse,
Pour tout calmer, tu guidas le pouvoir:
En retrouvant sa première énergie,
Le Canadien rend grâce à son patron,
Et pour toujours il prend un nom.
Au ciel un saint qui pour lui veille et
prie (bis) r^ i^:
LA FIANCEE l'U SOLDAT, ^^
Un jour, rien qu'un seul^jour, si j'étais
hirondelle
Je franchirais les murs, je moniraia là-
bas.
Vers un ciel étranger, guidant mon vol
fidèle.
271
Malgré tous les périls, auprès de nos sol-
dats.
Là je retrouverais celui que mou cœur
aime.
Mais je ne puis parler, et j« tremble tou-
jours.
Pitié, mon Dif»u, pitié p(nir ma douleur
extrême.
Fais triompher la France, épargne nies
amours.
Un jour, rien qu'un seul jour, si j'étais
nuage.
Qui passe dans les airs, voilant, l'azur
'des cieux, ' ^
Vers lui, m^n iseul bonhtur, dirigeant
■ mon voyage, ^ - ..
X^omme un doux souvenir, je charmerais
^ -, mes yeux. ' - .^' v ^
Mais je suis, héla.sî qu'une enfant de la
'...-'- ' tefi'e ; --ex-: ■■ ■: '/>.-.
Je ne puis rien pour lui, rien que de pleu-
rer toujours
Mon Dieu je t'en supplie, écoute ma
prière ;
Fais triompher la F'rance, épargne mes
•272
Un jour, rien qu'un seul jour, si j'étais
son bon ange, '
Ver» lui je descendrais, à l'heur^ des
combats; . - f
Je plan«^rais sur lui, dans un mystère ë-
trange. - ■: " ■"^v "■ ■ "'' -^V: -.-.'^-■;
Et bien loin de la mort, je conduirais ses
pas. ;- ; - -,_:"'^"
A la voix de j'honneur, lorsqu'il a pris
les armes,
Mon Dieu ! veille sur lui, veilla! sur lui
toujours !
Pour le défendre, hélas ! je n'*ii rien que
mes larmes
Fais triompher la France, épargne mes
amours.
Etienne Arnaud
^.;-- L'AMERTUMK. :'-■ -'f-'-^'
Tu demandes pourquoi je pleure '
Quand je n'ai rien pour m'aitrister?
Pourquoi je suis sombre à toute heure,
Et pourquoi je suis sans gîiîté?
Ma vue est couverte d'un voilt
Qui m'intercepte le bonheur ;
La nuit est pour moi fjans étoilt
Et Ir soleil est sans chaleur!
Hélas ! dfliiisHe sur la terre,
Jamais le bonheur ne me sourit.
L'inditt't^ren«'e fut ma mèr«,
Et mon père, le triste oubli.
Jamais une âme naïve et tendre
N'a voulu soulager mo'i cœur,
Et jamais je n'ai vu répandra
Une larme sur ma douleur !
4 :
,., .,,.]_ ]-.- *,;;;.
LA CABANE DE MON PERE
Hurible cabane de mori père,
Teiroin île mes premiers plaisirs.
Du fond d'une terre étrungère,
(''est vers toi que vont mes souvonir»,
Le jeuwe tilleuil qui t'oknbray;e,
Et la montagne, et le bameau,
De ton agreste paysage *
Tout me retrace le tableau.
m
J'ai vu devant moi sans envie
S'ouvrir de superbe palais :
C'est toi, ma cabane chérie.
Qui peux remplir tous mes souhaits,
D'où vient cette joie inquiète
Dont ton nom seul saisit mon cœr<r?
Si dans ta paisible retraite
Le ciel n'eût fixé mon bonheur.
LE CLOCHER DE MON VILLAGE.
Chez nous il est un monastère,
Qui s'élève au milieu des bois ;
Souvent sa cloche, avec mystère, ^
Nous jett« de mourantes voix,
îl me souvient qu'en mon jeune âge,
Je l'écoutftis dans le lointain; (his)
Mais du clochf r de mon village ) , -
J'aimais mitux le timbre argentin. f *f
Un jour pour If. terr^ étrangère, ; :^ , ^
Il me fallut quitter ces lieux, ;^i\^; ^|i;
Ces lieux où je quittais ma mère, ^T'^ri
Et qu'en pleurant mes yeux. ,-;^v,, , f
Mais, quand je perdis leur image,
Longtemps encore, dans le lointain, v
Du beau clocher de mon village
J'entendip le tri mbre, argentin.
M«i8 je reviens, etpliirs j'av;im'.p.
Le biiissxHi, la fleur, le ruisseau
M'îipporte un doux parfum d'enfance,
Un doux parfum de mon hameau;
Et comme au jour de jeune âge
J'entends déjà dans le lointain , r
Du beau clocher de mon village ,
Résonner le timbre argentii. « •>
"^ ' GURTAVK LkMOINK.
■■.X ';:^if
ri
NOUS VERRONS APRES!
• (Air: Franct^ à bientôt, etc.
A peine as-tii douze an 8, mon pauvre
Pierre ;
Déjà la guerre, enfant, t'a fait t^ouffrir;
Ton frère est mort 1 en cendre est la chau-
mière.
Mort le foyer où tu devais grandir î
Tu vis passer, par un matin d'automne,
Vaincus, captifs cent n)il]e malheureux.
Lorsqu'apparut la sanglante colonne.
Des pleurs de rage ont inonda' te» yeuji.
Refrain.
Préparons tous l'œuvre de délivrance,
Le? rnort?^la-]ja« dorment sous les.cyprèi,
.■•■' '.• ' ■■• ■•276 . '■:■":■'■'-'- ^
Souvenons- nous ! Travaillonn en silence
Souvenos-nous I Et nous verrons après !
. '.ir., •7.1:;'. ;'..'-'• . :'. . ■ > ■•■'•'/,.;„ : ■]
Travaille, enfant, car c'est notre ignoran-
Qui nous a fait «ucconiber éperdus. ' *
Que le pays soit une ruche immense !
Le dur labeur est la loi des vaincus, - — .
Au travail donc ! Pour servir la Patrie,
Il faut des bras jeunes et vigoureux.
Puisque la France est sanglante, meur-
trie.
Relevons-la ! debout les paresseux 1
.. Refrain
. y,- >■ ^ . '\
Tu trouveras des lâches sur ta route,
Des courtisai i s servile» du succès.
Us te diront : la Patrie est dissoute 1 *"
C'est à rougir d'avoir un nom français.
Ah ! dis-ieur bien à ces faux patriotes :
Aux malheureux, vous quijet^z l'affront,
Allez ailleurs rejoindre les despotes :
Partez ! parlez ! Les Français resteront !
Refrain.
Pour y rester, il faut aimer la France,
Les morts là-bas, etc.
1 ■ ' 1>
Cotiinu' un ii\îirin Mtr les flut.^ en turi«
I)nns U' (langer ^eni sa force grandir^
l)ans no? niallienrs pnisons notre éner-
gie,
Ne laissons pas le Vaîrseau s'engloutir.
La monarchie est la terre Promisel
A l'œuvre doue! Plu» de division!
Et que bientôt le monde entier ae dise :
C'est elle encor la grande nation!
^^ "^^i Refrain ' '
Préparons tous l'œuvre de délivrance,
Les morts là bas dorment sous les cy-
près. ■ * "^ ""'?^''"^"--:- ■
Travaillons tous à refaire la France,
Souvenons-nous! Et noua verrons après!
^ ■■■■■'■/ '-'•'i'''-,'-i^' ,' ■f''^ -■''■• ;■■-?'• .f i; *■>» ; ;•■■
^f-^^^'*^'':-?^':^^-LE MINEUR. '
Pauvre parion Belge, à trois cents pieds
sous terre.
J'extrais le noir charbon qui doit sortir
du puits I
A peine si du jour je connais la lumière,
Ma lampe est mon soleil, tous mes jours
sont des nuits.
Quand l'heure du rtpos vient avec le Di-
manche,
276
ie monte at^pirer Tair «*t 8i>ui'ire an eieJ
bleu,
En baisers imtonrelM iimn trif*te cœurp'é'
C'est ma manière A moi trhouorer le-
bon Dieu ' {bis. )
Qu'» mon labeur pénible amène son t<tt-
laire , > r '.
Que Tamour de mes fil» me désire sou-
^ vent. ,
Que je passe tifr seul jour près de Uur
iendre mère,
Et je ne maudis pas mon sépulcre vivant,
La richessse jamais n'excita mon envie ;
Frugal et résigné, je suis content de peu,
JVspère en l'avenir d'une meilleure vie....v
Refrain^
Mairt quels cHs tout à coup fTa|r]:>ent ce»
voûtes sombres I
Au s«corur8 I un mineur vient d'être en-
seveli }
La muraille, s'écraule et nul saus les de
•• i
combres
N'ose affronter la mort pour sauver un
ami.
Hériter est honteux^ et fuir est miséra-
ble !
i'».\(
-r . , ' . • , - -
A Ta^iUTo! <^t uuudit soit <iui dt^serle ce
lieu ! V ....,-
Devoir doux à tt^ïnplir, J'ai fauve un
semblable,
: . Refrain. / ,,. ,
.',' .'» •:,'•■•;
CHANT D^ADIKUI (1877)
Adieu ! dcuce et charmante plage^
Où nous pansâmes de beaux jouis 1
De notre cœur reçois Phommage,
Adieu! noun t'aimerons toujours,
'i-^^y^^y '■■•■■'■•'>■ Chœur :
Sous tes drapeaux, bonne Marie,
Nous marcherons avec amour.
Et dans la céleste Patrie^
A toi reunis-nous un jour, (bù.)
•\v
Salut !ô bienaimés Confrères
Recevez ce dernier adieu !
Pensez à nous dans vos prières.
Nous Vous aimerons en tout lieu.
«F
Vous qui sut la t«rre étrangère»
Dirigez nos pas Vers le ciel.
Dignes flambeaux du Sanctuaire
Recevez un hymne éternel.
280 . ^ '
La fille du PECHEUR, •
Ayant quitté la plage verdoyante,
La blonde Emma jouait dans un bateau
La douce voix de la jeune imprudente
Mêlait son charme nu murmure de Peau,
Loin d«e plaisirs (|ue respire le monde.
Elle chantait courant au gré de l'onde î
Hefrarn . ''
Dieu de bonté soyez mon protecteur,
Sauvez, sauvez la fille du pêcheur!
Sous un Clé] 1 oir qui présageait l'orage»
La pauvre enfant étouffait en sanglots.
Trop faible, hélas f pour gagner le rivage
Sa barque nombre et coule sous les flots.
On l'entendait sous la vague écumante
Chanter encor, mais d'une voix mourante
; i, c i Refrain : etr. etc. ' "' '' ' -^
.y^j.. ro;W.
f-j^i v'^'i. "'■•:' '•' f ■■
Son père alors courbé par la vîeilî»;S»e
Voit le danger menacer son enfani ;
Et, n'çcoutant que sa vive tendresse,
Au sein des flot» il s'élance à Tinstant.
En ramenant sa fille inanimée,
îl répétait sa chanson bien-aiméo :
Refrain \ etc.' etc
' 2:n
Lh lendemain au sein de îa clianniiére
On vit Enmia qui ye parait de fieurs ;
Car du village elle était la rosière, /
Titre sacré gagné par sa douceur.
Quand sur son front oia posa la couronne
Elle ctantaint disant à lu Madone :
Refi ain :
Au Dieu du ciel je consacre mon cœur,
Il a sauvé la fille du Pêcheur !
LE RETOUR DANS LA PATRIE.
^ Qu'il va lentement le navire l
A qui j'ai confié mon sort!
Au rivage où mon cœur aspire,
Qu'il est lent à trouver un port!
France adorée!
Douce contrée!
Mes yeux cent fois ont cru te découvrir.
Qu'un vent rapide
'* Soudain nous guide
Aux bords sacrés où je reviens mourir.
Mais enfin le matelot crie:
Terre! terre! là-bas, voyez
Ah! tous mes maux sont oubliés
Salut à ma patrie ! ( bis, )
Oui, voilà les rives de France; .
Oui, roi là le port vaste et sûr,
Voisin des oliaraps où mon enfance
S'écoula sous un chaume obscur.
France adorée!
- :, ; r Douce contrée!
Après vingt ans, enfin je te revois*
De mon village
Je vois la plage.
Je vois fumer la cime de nos toit^
Combien mon âme est attendrie I
Là furent mes premiers amours j
Là, ma mère m'attend toujours.
Salut à ma patrie! rj
Loin de mon bsrceau, jeune encore,
L'inconstance emporta mes pas,
Jusqu'au sein des mers o^ Faurore
Sourit aus plus riches climats.
France adorée! - , ,,
Douce contrée ! ^ ^
Dieu te devait leurs fécondes chaleurs^
Toute l'année
Là, brille ornée
De fleurs, de fruits, et de fruits et de
fleurs.
Mais là, ma jeunesse flétrie
Il . •
Kévuit à des climats i)liis cherri:
Là je regrettais nos hivers.
Salut à ma patrie! • ,
Poussé chez des peuples sauvages,
Qui m'offraient de régner sur eux.
J'ai su défejidre leurs rivages
Contre des ennemis nombreux.
Erance adorée!
Douce contrée!
Tes champs alors gémissaient enrahia.
Puissance et gloire
Cris de victoire
Rien n'étouffa la voix de mon pays.
De tout quitter mon cœur me prie:
Je reviens pauvre, mais constant
Une bêche est là qui m'attend
Salut à ma patrie!
\- ■ • ■ .,■ " / ■. . '■
Au bruit des transports d'allégresse
Enfin le navire entre au port,
Dans cette barqu* où l'on se presse,
Hatons-nous d'atteindre le bord.
France adorée !
Douce contrée!
[uissent tes fils te revoir ainsi tous !
Enfin j'arrive,
Et sur la rive
284
Je rends au ciel, je rends grâce à genoux,
Je t'embrasse, ô terre chérie !
Dieu! qu'un exilé doit souffrir!
Moi, désormais je puis mourir,
Sftlut à ma patrie!
Bbrangeb.
RAPPELLE-TOI!
Rappelle-toi, quand l'âm* de ta mère
8'envolera d'ici-bas vers le oi#l,
Rappelle-toi sa constante prière,
Son doux regard, son baiser matBrnel.
De plaisirs et de jeux lorsque ton cœur
s'enivre,'
A des rôvês pieux quand ton âme se
livre, '
V, Refrain.
Enfant, rappelle-toi, qui t*aima plus que
moi?
Rappelle-toi! Rappelle-toi!
Rappelle-toi qu'au chemin de l'enfance
Par mon amour tu n'as vu que des fleura;
Rappellî5-toi plus tard quand la souf-
france,
-.».■
285
■ il- ■ ' w • : :- - .
L« désespoir fera couler tes pleurs.
Rien n'est si doux au cœur que le nom
d'un© mère. h
Son souvenir console et fait que l'on
espère.
Enfant, rapi^èlle-toi, etc.
«
Rappelle- toi quand au yieux cimetière
J'irai dormir à l'ombre de la croix ;
Ne laisse pas ma tombe solitaire,
Viens m'y parler comme autrefois.
Dans les bois on passe, écoute un doux
murmure.
C'est la voix de la mère, aussi tendre,
aussi pure.
Enfant, rappelle-toi, etc. ''
Ct. Rupes.
■-• - ^i •i'i>»'
LE CHANT DU MATELOT.
Lorsque la brise est assoupie,
Lorsque la vague est endormie,
Et que mes yeux suivent l'oiseau
Qui laisse au loin notre vaisseau,
Ahî comme lui, mon cœur s'élance
Là-bas, là-bts, vers le pays
On déplorant ma lougue fibseiice,
Mon pauvre [)(>re, holaw! tti dis:
Il tarde bien! et je vieillis, (bis. )
Quand des beaux jours la douce aurore
Là, sur les flots, me trouve encore;
Quand mon regard au loin se perd, ;
Et n'aperçoit qu'un long désert;
Ahî comme alors je me rappelle
Le beau printemps de mon pays,
Où me devance l'hirondelle.
Et puis, mon père, hélas! tu dis: '
Il tarde bien! et je vieillis! , -
Eveille-toi, vague endormie;
Eveille-toi, brise assoupie, V
Et chasse au loin notre vaisseau.
Plus vite en cor qu* cet uia^au;
llamène-moi vers notre France,
Où toi, mon père, heureux, surprix-
Te rappelant ma longue absence,
Tu me diras; reste mon fils;
Ne t'en va plus, car je vieillis.
■ ■'- ■ • ■ -■ , 287
MON PAUVRE PIERRE.
A.dieu! ma bonne mère!
Je pars le tambour bat
Puisque j'suiB militaire, ** :
Faut que j'fasse mon état. ;
Ne crains rien: à la guerre, * '
J'aurai bien soin de moi,
Et le ciel, je l'espère, ^ ■
Me conserv'ra pour toi. ,: ^.^
Refrain. ' ■
Rampamplan, rampamplan,
Ramphamplan, tambour battant
Oh! rampamplan. .
M '
S;!r-i I
M'sieur l'curé, j' viens vous faire
En partant mes adieux.
Si quelque militaire
Vnait vous dire en ces lieux
Qu'il a vu mourir Pierre
Pour la France et son roi,
N 'dites rien à ma mère,
Et priez Dieu pour moi
Eefrmn.
■•288
L'sac sur Tdos, vers la plaine,
Amis, dirigeons-nous
J'sais ben, qu'ça fait d' la peine;
Mais il faut liler doux.
Dans un moment d'alarme,
Pour chasser Ib chagrin,
Kenfonyons une larme.
Et chantons ce refrain;
Refrain,
Le cœur gros, l'œil humide,
L'habitant du hameau
Le voit d'un pas rapide
Descendre \% coteau;
Bientôt, sur l'autre rive.
Ils se perdent enfin.
Et l'oreille attentive
•
Peut seule entendre au loin:
■.■^. • Refrain.
''''■'■: LE ROSIER.
Je l'ai planté, j« l'ai vu naître,
Ce beau rosier où les oiseaux
Viennent chanter, sous ma fenêtre,
Perchég sur sep jeunes rameaux.
PetitH oiseaux. tnMipe joyeuse.
Ah! par piiit^, ne ehiintez |)}>e:
Mon fils, qui n)e renduit heureuse.
Est parti jK)ur d'aulrio climats.
Pour les périls du Nouveîm-Mon(io,
W nous fuit, il Urjive la mort !
Hélas î pour chercher sur l'onde
Le bonheUi* <ju'il trouvait au pert?
Vous passagères hirondelles, ^
Qui revenez chaque printen]f)s;
OisHîiux voyageurs, mais rtdèles,
llanienez-le-in^)i toui? les nus.
t. ^ . ' > ])k Lkyrk.
VAINE ATTENTE ^
8ur ce rivage où t'attendait ma njère.
Ami, pourquoi plus tôt ne pas revenir?
8cul en ces lieujj j'ai fermé sa paupière,
Oui, seul, hélas ! j'eus son dèrni«u- soupir.
A l'horizon losqu'apparut (j« vmIc,
La pauvre mère était bien près des cieux ;
D»i l'espérance avait pâli l'étoile,
Pourtant encor je lisais dans ses yeux:
Refrain
Bons matelots redoublez de courage,
Fendez les flots, soyez vite au rivage :
Une mère qui va mourir
Attead son fils pour le bénir \his\
Lorsque le soir d'une belle journée,
La pauvre mère interrogeait les cieux,
Par la douleur son âme était navrée ;
Oh î que de pUurs j'ai vu baigner ses
yeuir I
Pourtant eiicoïc elle avait l>spéranc«!,
Du malheureux seul et dernier soutien ;
Elle disait, regardant vers la France :
Pour m 'embrasser, demain, mon filx re-
viens.
• • Hefrain,
J'ai vu souvent son front braver l'orage,
Quand un vaisseau demandait du se
cours ;
Elle était là, priant sur le rivage ;
(>royapt te voir, elle exposait ses jours.
Quand le canon annonçait la détresse,
Quand son silence était signe de mort,
Je l'entendais, dans sa vive tendresse.
Je l'entendaîf^. longtemps redire encor :
Refrain
•
8()TTP1U8 VERS DIEU.
D'ini étenifl <»ni)\ii mon ûtne eîl^c'ouBiî-
niée, .' r-
Ello s'apito (Ml vain |K)Ut trouver le bon-
Ail sein 4o r«î)<>n(iance, ^lU- f»flt triste, af-
fjiniép.
O mon Dieu ! viens combler I'abîn)e[ftt> j
de mon cœur.
Ce désir infini, c»;tte éternelle; ttnmme.
C'est loi qui ralluma*? dans tuon sein
frérnissunt.
Descendt», O Difîii du ciel, oh î descends
en mon âme
A t aimer nea ordres, le n^onde est [bi8\
iiupuiiïsaut.
■,,.,. ."'■■' -, .■ •,,; »-..;■,. ■ :• '.'. , . ,_i; .'
. ' .. '-''',■■■■'.'
' ,, 1 i :' ..,■''.■'.'•
Pourquoi dotic plus longtemps mV-n-
chaîner à la terre?
- ï^a terre et ses fiiux bien» ne |)ehvent rien
pour moi,
■] En toi seul mon espoir, mon amour[6î«J
' et ma foi î
î>e navir, ballotté sur roeé:ni immense
Jette Tancre, et tranquiliH .itt^'ud de m«ilr
leurs jours :
Ainsi qui veut du tem|>s donnner l'in-
constance
Jett« son anrre au ciel, fijfe là (bis.) son
amour !
• 292 ' . *
Que le cœur est content î que la vie est
heureuse,
Loin des clameurs du monde et dts plai-
Iprs trompeurs !
Qu'il est btau le calice où l'âme radieuse
De l'amour à longs traits savoure (bis.)
les douceurs !
Que ce soit là toujours le charme qui
m'enivre,
Et qu'un soupir d'amour soit mon der-
nier soupir.
Mourir en aimant Dieu c'est commencer
à vivre !
Je v«ux vivre Seigneur, je veux vivre
pour ne (6î8.) plus mourir I
CHARLES QUINT.
Du haut du trône oii l'homme solitaire
Je^tte un regard qui n'éblouit qu'un jour;
Je vois pâlir les grandeurs de la terre ,..
Et dois à l'or la puissance et l'amour.
Mon sceptre, hélas ! est un sujet d'envie
Le monde entier m'aime parce qu'il craint.
Je fais à Dieu l'hommage de ma vie) , .
Et sans rougir je fléchis sous sa main, j
iH
t*n roi n'ent rien — si grand roi qu'il puis-
se être,
Qu'un instrument dr.ns la main du Très-
Haut.
Plus il se courbe au joug du Divin maî-
tre, '
Plus pour son peuple il tend au but qu'il
faut.
L*orgueil qui rêve à son indépendance
Au diadème aspire autant ^u'il peut.
Jai vu des rois adorer ma puissance
Et j*ai besoin de me soumettrt à Dieu.
t)e l'amertume il reste au fond de lame
Quand on a vu de près l'humanité.
Faibles mortels que la tombe réclame
Où cherchez-vous votre immortalité?
J'ai comme un dieu gouverné le tonner-
re, "'-'■- '.■-^'^..,:';^:
Et de l'Espagne exalté les hauts faits ;
Je porte au iront la palme de la gloire,
Et j'ai besoin de conquérir la paix.
'•■»vf
L\ CHÉVKi:.
r
Ah ! c'était ntie chèvre.
Qui n'avait que deux denf*^^
Lîi rît rail-
Elle a passé ht miit^
Dans le jardin des grandy,
Pj«ntraR. .N
Refrain. ^
Taut de Irm de îou-. '
Luîitra don- lire,
ïoa-de Ion de-lou, , ^'
Lantran lon-Ià.
£lle a passé la nuit
Dans le jardin des graDd#
Lantran,
Elle « mang¥ un chou
Qui valait bien cent franc»
Lantran,
Elle a mangé un chou
Qui^ valait bien cent francs^.
Lantran.
Une queue de poireau
Qui valait bien autant
_ Lantran.
Hefravn.
ki
f):
— vu
. .'/ — '- *»
t: . ,
La (îlièvre t\it traduite.
DevMLt le parlement
, , > Lantran.
La chèvre, non point béte,
' Entra cornes devant
, ., Lantran.
;' - Refrain. ;,
La chèvre, non point bête,
Entja cornes devant,
^ Lantran, . .
Leva sa grande queue^ '
• Pour s'asseoir sur un banc
-^; ■,,;;v;',;., Lantran» "'-r-'-,;-V
"^ ^ Refrain. . ;
i , ' '.fi ■ . -' •-♦ - ..- . . /,■'■ '' -^ '» ■' •■■■.y'--
' - - ■ Elle aperçut un livre,
' Se mit à lire dedans, ,
• -'^^ Lantran.
" ' Le juge lui demande
Ce qu'il y a dedans
'^P:^ Lantran.
Refrain
;- La chèvre répondit . ^-
Que du noir et du blanc,
Lantran,
Et fit un '^peV^ au juge
Autant aux asisistants,
Lantran.
Refrain
>t'i' ï"'
'■*">v>,
296 -
DESILLUSION,
■ut ■ '. ■
• T«.nUe espérance, eiifant, est un roseau,
Dieu, diin^ sa main, tient nos joui>>, ma
colombe ^ '
Il les dévide à son fatal fuseau.
Puis le fil casse et notre joie en tombe ;
Car dans tout l)er*'ejiu germe une tombe.
-^ Jadis, vois-tu, l'avenir, pur rayon
Apparaissait à mon âme éblouie
Ciel avec l'astre, onde avec l'alcion.
Fleur lumuieuse à l'ombre épanouie
Cette vision s'est évanouie (his.)
b i près de toi quelqu'un pleure en rêvant
Laisfce pleurer sans en chercher la cause ;
Pleurer est doux, pleurer est bon souvent,
Pour l'homme, hélas ! sur qui le sort se
pose.
Toute larme, enfant, lave quelque chose.
VniTOR Hugo.
t/ENVERS DES CIEUX.
Pourquoi, dit un enfant, ne voi«-je pas
reluire
Au ciel les ailes d'or des anges radieuxt
8a mère répondit, avec un doux sourire :
*
Mon fils, ce que tu vois n'ebt que l'èn-
vers des cieux.
Et l'enfant s'écria, levant son œil candide
Vers les dirins lambris du palais éternel :
"Puisqu<» l'envers des cieux,— 56 mère, —
est si limpide,
Comme il doit eut beau l'autre côté du
ciel!" . .
Sur le vaste horizon quand la nuit fut
venue
A rheuro où tout chagrin, dans un rêve
s'endort.
Le regard de l'enfant s'élança vers la nue,
Et conjtempla l'azur semé d« perles d'or ;
Les étoiles, au ciel, formaient une cou-
ronne . ■^^•"
Et l'enfant murmurait près du sein ma-
"^ ternel : ' -
''Puisque l'envers des cieux si doucement
rayonne,
Oh! que je voudrais voir l'autre côté du
ciel !"
L'angélique désjir de cette âme enfantine
Monta comme ïîn encen«< au céleste sé-
jour. -
Et, lorsque le soleil vint dorer la colline
L*enfant n'était plus là pour admirer le
jour.
F*rè« d'un berceau pleurait une mère en
prière,
Et l'enfant avait fui vers le monde im-
mortel ;
Et, de l'envers des cieux franchissant la
barrière,
Il était allé voir l'autre côté du ciel.
\'
LA CITADELLE DE QUEBEC.
De Lé vis à Beauport,
De sang baignant nos plaines, ■.. -i
Fier Anglais,tu promènes „
L'incendie et la mort. ; > ,
Suspends, — suspends ten pas, :
Car Québec te regarde > /^'
Montcalra monte la garde: ^»j *
Anglais^ n'avance pas 1
Refrain.
N'avance pas, n'avance pas,
La Citadelle te regarde,
Montcalm ici a;onte la garde,
Anglais, n'avance pas !
Sous ce rouge drapeau,
Bientôt chaque village
Parlerait un language
Barbare et tout nouveau*
' » ■■■.*■
On entendrait biontôt ' ,
Le jargon britannique ' ,
Véritable musique ^ ^
D'un peuple Wisigoth ! , ",
Refrain.
N'avanee pas, non, non,
Anglais, tu sais d'avance w
Qu'un enfant de la France,;
Sait jouer du canon. ;,
Couchés sur nos remparts
' Vois ces fiers chiens de bronze
' Ils sont huitj dix ou onze,
Et jappent bien, les gara î
V VIVE LA FRANCE.
Jadis la France sur nos bord»
Jeta sa semence immortelle.
Et nous, secondant ses efforts,
Avons fait la France nouvelle.
Refrain,
0 Canadiens, rallions-nous,
Et près du vieux drapeau, symbole d'es-
pérance,
Ensemble crions : à genoux, [ce!
Ensemble crions : à genoux, vive la Fran-
Plus tard un pouvoir étranger /
Courba nos fronts, un jour d'orage !
Mais même au moment du danger
Dut compter sur notre courage !
Refrain.
Aujourd'hui fort» de l'avenir, ' ' .
Sans faire un seul pas en arrière,
Fidèles aux vieux souvenirs,
Nous poursuivons notre carrière. "^^
Refrain.
Paroles de Louis Frechetti.
ru
JE SUIS ZOUAVE-
Franc-Cœur, Caporal des ZouarcH
A la guerre eiait un démon ;
Franc-Cœur était comme les bravf •/
Avait un cœur sensible et bon.
Il racontait ainsi l'histoire
D'un jeune Prussien qu'il tua ;
Ah! mes amis de celui-là
J'en garderai longtemps mémoire :
Refrain,
J« suis Zouave et je sais bien
Que tout n'est pas rose à la guerre/
J'attends hélas î mon tour demain
Ma foi ! tant iiis, encore un verre,
Au souvenir a'un Prussien (his.)
aoi
C'était un jeune voloiitaire, , ;
Fine moustache aux grand8 yeux bleus.
Brave comme tout militaire,
Portant un coup, en parant deux.
Bien malgré moi ma bayounette
Frappe au cœur le vaillant gardon
Il trébuche et murmure un mot
Et je compris : ''adieu Tointtte !"
' : V ; Refrain. ^ , ... i
A son côte je m'agenouille,
Afin de lui porttr secours.
Je prends mon mouchoir et le mouille
D'un vin <\w je n'ai pas toujours
Ce pauvr« mourant, me devine.
Et me dit : "merci Caporal."
Ce merci me fit plus de mal
Qu'un coup de fer dans la poitrine !
- Refrain.
Lorsque j'entr'ouvresa tunique,
Je VOIS sur «on cœur tout sanglant
Des cheveux noirs, tendre relique
D'une maîtresse qui l'attend.
Si j'avais su, pauvre petite,
J'aurais sauvé ton fiancé.
Si j'avais un instant pensé
Qu'au pays m'attend Marguerite.
Refrain.
Lorsque «a têtt^ tombe a terre, y ,. î- '
Je vois à 8on (X>u suspendu ; ,, ,^vj
Un médaillon, — c'était «a mère, ' . . Vi
De pitié mon cœur s'ent ému. ,1 ^1
J'ai vainement porté les armes,
Mais à cette heure où i'ai tremblé, r ;'' ,
Ah! mes aniis, il îu'a semblé : > .j*
Quf ce portrait versait des larmes ;
Refrr;i)\. s
i
-. . , .-..■--.• • ''f..
• '^1*^ * ' , * ■ ^^ ' ■ ' . ' '
.'■^:' ■:-■*:■:. y-, <:.---r-^:,A:'y'H-f.
LE REVEIL DE LA POLOGNE. ';
Elle se lève, elle appelle à la vie, ;'>* '-'
La nation qu'on veut anéantir; v '■'-;-
De son tombeau sort le peuple martyr,
Et l'aigle blanc plane sur Cracovie.
Ref) ain.
De la Pologne invincible génie
O liberté! soutiens tes défenseurs
Que devant toi tombe la tyrannie;
Gloire aux martyrs, et mort aux oppres»
seurs (bis.)
Après quinze ans ressuscite plus brave,
Sublime élan ! ce grand corps mutilé ;
Les rois bourieaux, qui le tenait esclave,
Sous son regard intr*>pide ont tremblé.
Refrain.
. ,. 303
..-^ . . ■ .4' -■ ^,:-..-: '■■ .
Les rois tombaient, mais leur cœur se
<- rassure.
Nont-ils pas vu, vautours unis entre eux,
Depuis un siècle élargir la blessure
. Toujours saignante à ce flanc généreux?
Refrain.
De l'héroisme impérissable exemple!
Duel à mort et toujours renaissant I
Un contre trois !... l'Europe les contemple
Sans mettr'* !in à ce drame de sang.
: Refrain.
V : r-ES MONTAGNARDS.
i)>J-: ■■:■■ [--^ ■■:.:- ,..:'■■.. . Refrain.
Les Montagnards (6 fois) sont là î
Halte!— Halte!— Halte!
Les montagards, \bi8.]
Halte!— Halte!— Halte!
Les montagnards sont là !
Les .Tiontagnards, [bis.] sont-làî
Montagnes Pyrénées,
Vous êtes mes amours!
Cabanes fortunées,
Vous nip plairez ton jour? !
Refrain .
.'.Ht-
A-
"Laisse-là tes nn)ntiigiie8," .,; ; .v-.,.
Disait un étr»ng«r, --
''Suis-moi dima luer» campagne», /
Vi«ns. i\e «oin plus iK^rger" ; ; ,
,/;>■> • .;,„. >n •4^ liefrain. ' '» -^ ' ''^'
>,f ■
Sur la t'îmc argen*<^e ■
De ces pics orageux, v ?
La n«tiire domptée - i :- • ' ' i
Favorint nos inux. s ■ ;.'• ■ l
1» - • ^ - _
---■N ;-':. Refrain, r ,,■•• ^ ^
fi
Déjà dan» la vallée
Tout ewt silencieux,
I>a montagn»- voilée
Se dérobe i\ nos yeux !
Hefrain»"'
LES TRENTE ECUS.
Parô, mon petit, de ton enfance
L(^ bon Dieu sera ton soutien ;
A Paris règne l'opulence,
Deux ici, nous mourrions de faim ;
Mais quand l'heure de la prière
Le soir sonnera lentement,
Mon lils, songe à ta pauvre mère,
Qui bénit son petit enftint!
X\\\ favoris df lu tortunc,
Deiuiiiide im sou <t\iii air rinnt*,
La plainte Aouvfitt itiip(»rtuhe,
Quoi^Uf! Irinte, paniis content :
Mai» (juand Thcure <!• \i\ prière
Le soir 8<>nnrra Jeiiteinent,
Non filî- sonj^e à in pauvre mère
Qui bénit «on petit entant!
Aprèi* trois anf«, auelle richesse,
Ma mère, trente ecus pour toi;
Ouvre vite, plus détresse !
Ton p^tit est riche, ouvre moi;
("était riipuro de la prière,
La pauvre mère en ce inomeiit
Priait, à genoux sur la pierre
Et liéniHsait ^on. jeune entant !
LA PETITE MENDIANTE,
C'est la petit* nitndiânte
Qui vous demande un peu do pain '.
Donnez à la pauvre innocente !
Donnez vitt, car elle a f«ini :
Ne rejetez p«8 ma prière:
Votre oœur vous dira pourquoi [bisf
J'ai six aiKs, je n'ai plu» de mère.
J'ai faim î ayez pitié de moi î
Hier, c'était fête au village
A moi persorm»i n'a songé,
Chacun dangait sous le feuillage, ,; .
Hélas! et je n'ai pas mangé ! -?
Pardonnez- moi si je demande ;
Je ne demande que du pain {bis.)
Du pain ! je ne suis pas gourmande ;
Ah î no me grondez pas, j'ai faim !
N'allez pas croire que j'ignore •'
Que dans ce monde il faut souffrir.
Mais je suis si petite encore!
Oh ! ne me laissez pas mourir !
Donnez à la pauvre petite ;
Vous verrez comme elle priera 1 [bis. ]
Elle a faim : donnez, donnez vite ;
Donnez, quelqu'un vous le rendra !
Si ma palinte vous importune. " j
Eh bien ! je vais rire et chanter #-^
De l'aspect de mon infortune ' ''
Je ne dois pas vous attrister. -
l^uand je pleure, l'on me rejette ;
Chacun me dit : "Eloigne-toi î"
Ecoutez donc ma chansonnette: ^
Je chante, ayez pi té de moi I
BoUCHEKDE PERTHKi,
PRE8 DE TO^ iXEUR
Près de ioH <'(jeur, ô Père doux et tendre^
-Te viens che relier la paix et le bonh<^ur.
A quel trésor ne puis-j^ pas pr^tendr*
- Près de ioa cœur? (hh.) j. ;
•C'est mon abri, wia demeure chérie,
Dans me? ennui, naon doux i^onsola-
tenr ;
Ah! dans Texil, je trouve hi pairi-t
' ' : Près de ton coeur! (hifi.)
Près de ton cœur j'accepte avec délice
De cet exil, lef? combats et les pleurs-
Xe dois-je pas a vif si boire au calice
De UiB douleurs? [bis]
P'è» de ton coeur, je reviens, je respire
Le doux repos à mon ârne est rendu ;
Car sur mes sens je retrouve Tempire
Près de ton cœur! (5/.s.)
Près de ton cœur, mon cœur reprend la
vie.
('omiîîe au soleil de languissantes fleurie.
V'erse tes feux sur mon âme fiétrit*
Soleil des cœur»! [bis.]
■ i LE CASQUE DE MON PERE
Voici le casque de mon Père,
Noble débris qu'il m'a laissé ;:v"^^
Je le conserverai, j'espère,
Car c'est pour moi tout un passé.
Quand vint son heure dernière
11 nous en parlait bien «ou vent : ^ ' \
. / . > ^;. Refrain.
:.r':
i. :■.
Voioi le casque, — le canque, — It casque,
Voici le caKque, — le casque de mon pèrt ;
Voici It caïqut, — le ca«que, — It casqUt —
Lo calque d« mon père, àl'éprtuve du vent.
= i-,r.'*
Ct fut le jour dt son mariage
Qu'il l'étrenna, — certes lans tort ;
C'était prudent, car en ménage, ^f
Le vent parfois souffle bieii fort, i
Mais, s'il faut «n croire ma mère.
Il fut toujturs tendre et charmant:
Refrain,
Lorsque je mets cette coiffure
J'entre souc le toit paternel.
N'ai -je point une nobk allure,
L'air imposant et «olennel?
Avec cela j'irais en guerre.
Braver Je Czar et le Sultan :
Refrain.
•:r,\- . i''-
';r*
ii ■:■ r ^ ;
Vous (lirai-jo eiifm (\\\e les mites >
l)nt respecté ce poil soyeux ;
Quoiqu'ayant Pair un peu marmite,
Ces casques-là sont précieux.
On peut st passer de chaumière
Et ne point craindre l'ouragan.
-j.^;--:;:.;,: .• ,''^~.'tC Refrain.
. LEÇON D'ASTRONOMIE.
Que tout chacun qui n'ett pas myope
S'approche donc ; c'est le moment
D# venir voir au télescope
Chaque beauté du firmament.
Un sou seulement !
Pour voir Jupiter et Saturne,
Mars, Vénus, -Mercure et la lune
C'est le vrai moment i {bis]
Qui veut voir la lUne?
Pour un sou inexpliqué au public
Le .système de Prométhée,
Le système de Galaté,
Le système de Copernic.
L'ordre et la marcne des Comètes,
Des étoiles et des Planètes,
310
.' "■■.■"■ ■'^- ^,.':... "■■ .■.. V ^ -. * ' -;.,.
Èi pùiis la lune en finissnnt, :;
Pour q,ue ^intérêt soit e» croissaiif
MefraiiK
liT^4.i'^''^éU'i}
---/'..> ;^:'''K''' ■;■' ■ ' '1 "-' ' 'i' "■ ■■
I>aii*8 îa IxjÉne c'est vraiment fee»u"
Vous distingiverex lie» imnitagnes
Des mai»onsr de» boi», d**s eanipagntfi*
Dea groseilliers à maquereau. /;
L'astre qui bnlle sur nos têtes
A, — dit — ou,— comme nous ses bêteÉ?
Ses lois ses priH<3e8y son drapeau^
Des sujets qui mangent du veau.
■ jRefrain, ^§-'.tu^^\ ■'-.■•
ïhi soleiîie puis totft autant • ^
Vous parler comme de la lune ,
J'3xphque Téelipse de l'une
Et de l'autre pareillement.
Je TOUS démontrerai qu'il pa8»«^
Des globes de feu dans l'espace-
Traînant des comètes à queues
On sans queue au moins pour nom jêMt.
Refrain^
M
y yii
y;:i U^^LE ROI DU vallon;'
..^/i/'/^v;-. '•--•<'']• Refrain, ''•""^■p"'- '
Ah!
La-la-la- ra- [^(> fois.J
^ Je possède un réduit obscur
Au fond d'un vert bocage
Sur mes fleurs coule à flots d'atur
Le ruisseau le plus pur. — (bis.)
D^un chêne 1»^ feuillage
Me prête non ombrage
Me garantit des feux du jour,
Non de ceux de l^amour.
Refrain.
Dès le matin j'entends chanter
La fauvette si tendre
Et le passant de s'arrêter
Chercnart à l'imiter. — [bis.]
Je ne puis me défendre
Du doux charme d'entendie
Marier le chant du hameau
A celui de l'oiseau
Refrain,
s
U2
L'HUMBLK TOIT \)K MON PERP:
Oïl vante c^si palitJs. ce« teinplen, ces tro-
phée.*»
Que la belle Italie élève jusqu^aux oieiix.
Et qu'on prendiiit pliuôt pour Ftjuvrage
des féei=».
Tant lewr grandeur magique éblouit
toi; a les veux.
lif'fr
mu
Moi pourtant je préfère
A ce brillant séjour
L'humble toit de mon père
Où je reçuw le jour.
On vante lea jardins de l'heureuse Idu-
mée,
Où le soleil répand 8ea plus* riches cou-
leur»,
Où d'éternels printemps à la terre em-
baumée
Ne refusent jamais ni les fruits, ni lef
âeurs.
Refrain
813
Non. ce* n'est })as à nioi qu'iU puurroat
faire envie,
Ccti jardins, ces palais, dont l'oeil est en-
chanté:
Dans les climats du nord, où j'ai reçu la
vie,
Avec même bonheur j'ai plus de liberté
Refrain
VIENS BELLE NUIT.
Viens belle nuit, m« couvrir d«^ ton voile !
Viens ramener le calme dans mon cœur.
Oh! j'aime à voir, au ciel briller l'étoile
Qui charme l'âme en rêvant le bonheur
Quand le soleil fait place à la nuit som-
bre
Bien doucement murmure le zéphir:
Refrain.
Si je l'entends qui .soupire dans
Tombre ' ..
C'est un beau rêvo, ahl laissez,
moi dormir I-
3)4
Un exilé sur hi terre étrangère
Rêve souvent nu pays do8 amours ;
Moi comme lui, pour (;elle qui n'est chè-
re,
En soupirant, je murmur* toujours :
Viens, belle nuit, dissiper mes alarmes,
Rappelle-moi son tendre souvenir :
Refrain.
Mais, ô bonheur ! elle sèche mes
larmes ,.
C'est un beau rêve : ah ! laissez. *
moi dormir.
L'EGLISE SUR LA MER DU MONDE,
D'un regard tranquille et serein,
Jésus^ voyait venir l'orage,
Va, dit-il au pêcheur, va braver le nau-
frage ;
Le pêcheur aussitôt entonna son refrain î
Dieu ! guand il s'agit de ta gloire.
Nous voguerons contre les flots.
La croix assure la victoire,
Courage ! en avant matelots.
Jësup a dit : il monte aux cieux,
S'élançant sur la mer du monde.
;^15
La barquf du ])êcheur tirt>ei)ient briejft
l'onde ;
La plage au loin redit ce chant victori-
eux :
T'ieu!
Mais de Tenfer j'entends la voix :
La tempête à ce cri s'avance,
Mugit, enfle -ses fllots et sur Pierre s'élan-
ce;
Pierre meurt et s'écrie en embrassant la
croix :
Dieu!
Satan ftvmit ; va î désormais,
Du monde je reprends l'empire.
Mais non : le frêle esquif se transforme
en navire,
Il s'avance plus fier, plus hardi que ja-
mais.
Dieul
Aux ans succéderont les ans.
Mais tour à tour un nouveau Pierre.
De sa voix dominant le fracas du ton-
nerre.
Gouverne sans faillir à travers les bri-
sants.
Dieu !
316
ADIEU.
France, je mf»urp; je meurs; tout tue
l'annonce.
Mère adorée, adieu. Que ton saint nom
Soit le dernier que ma bouche prononce
Aucun Français, t'aima-t il plus? Oh! non
Je t'ai chantée avant de savoir lire ;
Et quand la mort me tient sous son épi-
eu,
En te chantant mon dernier souffle ex-
pire.
A tant d'amour donne une larme. Adieu.
Lorsque dix roin, dans leur triomphe
impie,
Poussaient leur char sur ton corps muti-
lé, _
De leurs bandeaux j'ai fait de la charpie
Pour ta blessure, ou mon baume a cou-
lé.
Le ciel rendit ta ruine féconde ;
De te bénir les siî^cles auront lieuj
Car la pensée ensemence le monde.
L'Egalité fera sa gerbe. Adieu.
Demi-couche, je m« vois dans la tombe
Ah! viens en aide à tous ceux que j'ai-
mais.
Te le dois, France, à la pauvre colomb«
Ml
Qui dans ton champ ne butina jamais.
Pour qu'à tes fils arrive ma prière,
Lorsque déjà j'entends la voix de Dieu,
De mon tombeiiu j'ai soutenu la pierre.
Mçn bras se lasse; elle retombe. Adieu.
Beraxoer.
D'OU VIENS TU, BEAU NUAGE?
Quel oiseau te dépasse,
Vapeur que rien ne lasse?
Quand tu fuis dans l'espace,
Mon front devient rêveur.
Où l'aurore se lève
Je cherche dans mon rêve
Le village et la grève.
Oîi m'attend le bonheur.
D'où viens-tu, beau nuage,
Emporté par le vent?
Viens-tu de cette plage ) • •
Que je pleure souvent? (
As tu vu ma compagne
As-tu vu la montagne,
Notre tiel de Bretagne,
Notre ciel étoile?
As tu vu le calvaire,
81JS
QÛ, chaque Foir, ina mère
Va dire une prière
Pour le pauvre exilé?
D'où viens tu, beau nuage, etc;
Là bas, jjrès de Téglise,
Dis- moi hi ma Louise
Dont la main m'est promise
Me garde encor sa foi?
Oui, Louise est fidèle!
Là -bas sa voix m'appelle
Comme j'entends loin d'elle,
Elle entend loin de moi" I
Par pitié, beau nuage
Sur les ailes du vent,
Porte-moi sur la plage | . .
Que je pleure souvent ! j *'^'
BAL CHEi: BOULE.
Dimanche après les vêpres,
Y aura bal chez Boulé ;
Mais il n'y vn personne
Que ceux qui savent danser.
Vogue, beau marinier, vogue, ^
Vogue, beau marinier.
319
Mais il n'y va j)er8orjne
Que ceux qui savent danser.
Loieon Blé, coinnri' Icb autr'e,
Voulut itou V aller. /
Louison Blé, cornm' les autr's,
Voulut itou y aller. '
Non, li dit sa nuiîtresse,
T'iras quand l'train s'ra fait*
Non, li dit pa nuiîtresse,
T'iras quand l'train s'ra fait.
I s'en fut à l'étable
Ses animaux soigner.
I s'en fut à l'étable
Ses animaux soigner;
Prit Barett' par la patte,
Et Caillett' par le pied.
Prit Barett' par 1 a patte,
Et Caillett' par le pied.
Quand tout son train fut fait,
I s'en fut s'habiller.
Quand tout son train fut fait,
I s'en fut s'habiller.
Mit son gilet barré
Et ses souliers francés.
320
Mit son gilet barré
Et ses souliers tV^ncés.
Quand i fut habillé
I s'en fut chez Boulé.
Quand i fut habillé.
I s'en fut chez Boulé.
Quand i fut chez Boulé, ,
1 se mit à danser.
Quand i fut clioz Boulé,
T se mit à danser.
Quand il eut bien dansé,
I s'en alla s'coucher.
CHANSON DES VIEUX GARÇONS
PAR UNE VIEILLE FILLE .
Depuis longtemps je pleurniche,
J'attends comme un vieux bouquet
Qui languit sur la corniche.
Et tu n'e.-^ pas encor prêt!
Tu ris même, âme triajaude,
Du mal qui me fait sécher'
Ah ! tu vas l'avoir la chaude,
Tu vas te faire éplucher î
321 •
Méclmnt, tu fuis r«au bénite,
<!)u n'eu prends qu'avei^ tes gantai
]^[ai8 \Hy\\r -iîi liqu-eur iiiaudite,
Tu ne craches pas tledartn.
Tu jures, vitîille -bai^iciic,
Coi» me im cln»eii <le<îoni'Uiu«i#ux,
Kt puis, tu fais la <îatiche,
Avf»c un air ciitinetix !
Tu ne vas ^uère à la me^sf ,
Ou n'iu rives que fort tard ;
Si tu te reiids à ccni fesse
(''est aux pàque^fs de renard,,
\a soir, peiulant la prier»*,
Tu t'étends ou dors aijsis;
Te rouvres tu la paupière.
C'est \Ht\\r voir par le châssis,.
Ah ! x'onibien tu laous agaces,
Vieux traître, depuis dix ansl
Ca faii dix fois que tu casse»
Et mets Tarrôt «u» len baos.
L;» pauvre Claire en est morte
A force, hélas, de broillerl
Et Rose qui n'est pas forte
Menace de se tr(jubler!
Tu sens tinijours la nuiaise,
Cancre, à force de croupir ;
I^e jour tu dors sur ta chaise
Et le soir tu vafi courir
C'est toi qui fiis ta marmite,
Qui prépares tes fricots ;
Ta soupe n'est jamais cuite,
Et tu brûles tes gigots.
An-tu vidé ton. assiette,
Vite tu cours allumer ;
Ou tu mords dans la torquette,
Lorsque tu ne peux fumer.
Ton gousset porte un bagage,
Un vrai drigail infernal,
L'acre odeur qui s'en dégage
Peut nous faire trouver mal.
Ta chétive maisonnette
Est bien loin d'être un palais,
Pour tenir la place nette
Tu n'as jamais de balais.
Partout ta chemise fine
Traîne avec ton vieux butin ;
Tu ne brosses ta bougrine
Que le dimanche au matin.
Tes culottes par î'ueure
Vieni.ent-elhs apercer,
Tu n'as pas de créature
Pour les faire rapiécer.
C'esl toi qui fais la reprise,
Mais, avenir désastreux !
Tu traverses ta chemise,
Et couds ensemble les deux !
•Vil
Paien, jamaiis du carême
Tu n'omets un seul repas,
Tu fais ta g.and'faceblême
Pour manger toujours du gf'as.
Ah! qu^lk^ fourmilière
De crimes et <îe défauts î
Ton âme est la fondrière
Des sept péchés capitaux.
Insensé, sois donc plus sage,
Tâche enfin de t' attendrir,
Mais, hélas ! plus je t'engage,
Plus tu semblés t'en durcir!
Aussi dans l'i m pénitence
Tu finiras tristement,
Tu vas par ta résistence
Mourir sans le sacrement î
LES ADIEUX DE BERTRAND.
AvHut de quitter le riva<£e
Où dort pour jamais le Tîéros,
Bertrand, près du rocher sauvage,
A sa tombe adresse ces mots:
C'est donc là que le Roi du monde
A vu ces beaux jours se flétrir!
Sur un roc, an milieu de l'onde,
F^e destin le force à périr !
324
Ah I donnons-lui, compagnons de sa gloire
Seulement une larme, un regret par vic-
toire,
Et plus que lui jamais Français
N'aura coûté de pleurs et de regrete.
Lorsque sonna la dernière heure,
Un nuage obscurcit mes yeux,
Et dans la céletjte demeure
J'aperçus tous nos demi-dieux.
Ces preux que la France regrette
Tendaient les mains à ce Héros,
Et la mort, plinant sur sa tête,
Pleurait «ur le coup de sa faux.
Ah! donnons lui,
Celui qui du haut des colonntjs
Forçait les rois à se cacher.
Celui qui donnait des couronnes,
Pour tombe a le creux d'un rocher I
Celui que protégeait Dieu môme,
Hélas 1 le vainqueur des vainqueurs.
Tombé loin de son diadème,
N'a plus d'autels que dans no» cœurs.
Ah ! donnong lui,
Du grand homme que je regrette.
Refusant tout bienfait nouveau,
Je ne veux qu'une violette.
Qui croisse au pied de, son tombeau.
Avec moi j'emporte ses armes.
325
Nul mortel ne les toueiiera ,
fîncor coiivertets de 8es larme»,
Son fils un jour les portera.
Ah! donnons-lui.
Adi'îu, dernier espoir des braves !
Le destin me dicte la loi
D'aller vivre au sein des esclaves
Qui jadis tremblaient devant toi;
Et quand viendra ma dernière heure
Que l'on «'accorde dans ce lieu,
Près de ta tombe, un peu de terre,
C'est là mon seul et dernitr vœu.
Ah ! donuons-lui.
ELOGE DE L'EAU.
Il pleut, 11 pleut enfin I
Et la vigne altérée
Va se voir restaurée
Par ce bienfait divin!
De l'eau chantons la gloire :
On la méprise en vain.
C'est l'eau qui nous fait boirt
Du vin, du vin, du rin.
320'
C^esl par l'eau, j'en convieniK,
Que Dieu fit le déluge ;
Mais ce souverjiin juge
Mit les niatix près des biens.
Du déluge l'histoire
Fait naître le rnisin :
C'est l'eciu qui nous fait boire
Du vin, du vin, du vin.
Du bonheur je joièis
Quand 1k rivièr»3 apporte,
Presque devant ma porte,
Des vins de tous pays. ^
Ma cave et mon armoire,
Dans l'instant tout est plein f
C'est l'eau qui me fait boire
Du vin, du vin, du vin.
Par un temps sec et beau^
Le meunier du village
Se morfond sans ouvrage
Et ne boit que de l'eau.
II rentre dans sa gloire,
Quand l'eau vient au moulin :
C'est l'eau qui lai fait boire
Du vin, du vin, du vin.
n27
S'il fiiiit un trait nouveau,
Mes amis, je le guette : ^
Voyez à la guinguette
Entrer mon porteur d'eau.
Il y perd la mémoire
Des travaux du matin :
C'est Teau qui lui fait boire
Du vin, du vin, du vin.
Mais à vous chanter Peau
Je sens que je m'altère ;
Passez-moi vite un verre
Plein du jus du tonneau.
Si tout mon auditoire
Répète mon refrain :
C'est l'eau qui lui fait boire
Du vin, du vin, du vin.
Armand Gouppe.
LE 25 DE MAf
Vl VAX C H A XT (; A N A l) ! K N',
Afii: — Connu. ^
J'ai vu le 25 de mai ^ . -
►Sur la glace un gros bélier, jf
Qui fricassMJt de« oignons
Avec des p^lott's de neige,
Dans l'oreille, d'un pigeo'i
Dessus le dos d'un lièvre.
Un cHi'osse bien agréyé ; > , .
Quat' crapaud» bien attelén.f *'
Vn wawaron poudré, frisé.
Assis danp ce carcrstse
Un''Trémille à ses côté*;
Je crois qu'ils vont aux noces.
bia.
Il avait pour son laquais
Un gros taon qui jabotait.
11 avait pour son cocher
Un maringouin d'automne,
Qui sacrait comme un charretier,
•Encor' faisait-il l'hommel
bis
Un' sautereir mal avisée
S'»n va pour les voir danstr
Elle est tombée (iu haut en bas,
S'est cassé la cervelle j
Elle est mort' depuis v^e temps- là
J^en ai su la nouvelle.
32y
ADIKU, FRANCE CHERIE.
A'Iien, moments d'ivresse,
Rêves (le maJMiinesse:
Lu mort déjà m'oppresse
- Kt vient glacer mon cœur.
Proscrit dans ma ir '>ère,
Pleurant toujours mon père,
En vain mon âme espère
Un terme à sa douleur.
Refrain.
Adieu, France chérie
Qn« n'ai-je pu t'ofFrir mon bras.
O ma belle patrie !
Je pleure n on trépas.
Dans une affreuse solitude,
J'ai vu s'éteindre mon printemps,
Et la plus sombre incertitude
A nais le comble à mes tourments, (bis.)
Berc-iau de mon enfance,
Heureuse et belle France,
J'admire la vaillant e
De tes jeunes héros :
Ils ont quitté la terr« ;
Mais leur noble poussière
SoulèviB encor la "pierre.
Qui couvre leurs tombeaux.
\ Befiain.
330
Au moins, dans sa haute infortune,
Mon père eut un vaste renonn ;
Mais hélas» ! nia vie importune
S'enfuit en me laissant qu'un nom.
— O ma belle patrie !
Que n'ai-je pu l'offrir mon bras 1
Adieu ! France chérie,
Le ciel veut mon trépas.
0 gloire redoutable
D'un génie indomptable !
Vingt ans infatip;able.
Tu fis trembler les rois.
C'est mon seul héritage ;
La gloire est mon partage ;
Qu'il reste comme un fjage
Des plus brillants exploits.
Hefrian.
Longtemps une douce chimère
Berça mon cœur d'un tendre espoir.
On me parla d'une autre;
Je ne devais jamais la voir.
0 ma ]>elle patrie î
Que n'ai-je pu t'offrir mon braa I
Adieu ! France chérie.
Le ciel veut mon trépas.
Crevbl de Chablemagn*.
TABLES DES MATIERES.
Li Canarlienne page 8
Le Rosier d« Mai 5
Le Poinm er doux 7
La Belle Krançoise 10
Les Trois Capitaines 13
IMns les Prisons de Nantes 14
Ma boule loulant 16
A Saint Malo 18
A la claire fontaine 20
Margotton et son âne 23
Quand j'étais chez mon père 24
Mon Moine 28
Dedans Paris 29
Mort de Malbrongh 80
Il était un' Bergère 32
Brigadier, vous avez raison 88
Le Canadien exilé 85
Les Bossus 86
Complainte du Juif errant 87
La Gamelle patriotique 43
Le Pays 46
Le Vieux Braconnier 48
La Prière du châtelain 50
Mon âme à Dieu, mon cœur à toi 51
Ave Maria 52
Le Soldat et le Berger .54
Le peth Mousse noir ; 55
332
Adieux de Marie Stuart .* 67
La Vengeance Corse 5B
Le petit Aveugle (50
La Croix de ma Mère 04
La Prière d'une Orplieline 65
Barcarole de la Muette 60
Les Sapins . .' 67
L'Ange de la PitiC' 70
Souvenir d'un vieux Militairo 71
Les Girondins 73
La Marseillaise 74
Souvenir de Napoléon 77
Hymne aux Martyrs de 1837-38 80
Le Drapeau de Cari Ion 82
Avant tout jn suis Canadien 84
O Canada, mon Pays, mes Amours 86
Un Souvenir de 1837 88
Sol Canadien, terre chérie 89
Souvenir et Espoir 91
L'Eau et le Vin 93
Zozo 96
Jeanne d'Arc au Bûcher 97
La Fête-Dieu 98
Lh Prière du matin 100
La Bonne Mère 101
Chant du vieux Soldat Canadien 102
Le Corbeau et le Renard 105
Le Corheau vengé 108
Le Lac 110
333
La Plainte du Mousse 112
L'Hiroudelle et le Proscrit 114
.Je garde ma Foi ' 115
Brise du Soir 116
Toujours Seul 117
Les Enfants CgarCB Il8
Les Rameaux 120
Amour et Fanatisme 121
Les Feuilles mortes 123
Le Vieux Cheik 124
Le Dernier Adieu 126
Ne pense qu'à Dieu 126
L'Orpheline 128
Le Papillon ; 129
Le Chef-d'œuvre de Dieu 130
La Piété 131
Dit'U, mon f nfjint. te le rendra 182
La Chapelle abandonnée 133
Silvio Pellico au Spielberg .«vr . . 135
Le Tasse 137
La Rose et l'Enfant 138
Près d'un Berceau 139
La Charité 141
Les Anges du Foyer 143
Un Pas vers les deux 144
Priez pour lui 145
Le Petit Savoyard 146
Le Chien de l'Invalide 148
334
Où vas tu petit oiseau 149
Le Roi Dagobert 151
Cadet Roussellè 154
J'ai du bon tabac dans ma tnbîitière 157
M'a Normandie ^ 159
A la grâce de Dieu rV. 160
Le Soleil de ma Bretagne 161
Roui' ta bosse 163
Les Volontaires de Terrebonne 165
Les Voltigeurs, 1812 167
Le Petit Roger Bon Temps 168
L'Hiver au Canada 170
La Frontière 173
(;haiïî»on patriotique .* 175
A Saint Jean Baptiste 177
Chant de la Huronne 178
Cliant des Chasseurs 179
Le© Canotiers 181
Je ne cherche que ta gloire 182
Nos jours de gloire 183
Les Français en Canada 185
L'Avenir 186
La Liberté, la Patrie et l'Horaieur 189
Napoléon 191
La chanson du bon Pasteur 192
Je chanterai 193
Le Beau Dunois 194
Le Retour de l'Hirondelle 196
3.^>5
«
Si ui ^'s à l'Océan 197
L' Aiiure Gitruien 198
P.-i lu." clans la moiitague 200
La Sœur d.- tJhaîiÉ'^ 202
La Part à Dieu 203
Le Baiser du soir 205
Je voudrais ne plus me souvenir 206
Petits Oiseaux chantez toujours 208
Doux 8ouveiiirs de mon Village 209
Salut! Salut! 211
L'Ori)heline de la Koche 212
Le Ciiien de l'Aveugle * 213
L'Ange de la Bienfaisance 215
Alsace et Lorraine 217
Le R3ve du Mousse 218
Mon Village ". . . .220
Les Deux enfants du Pêcheur. ... .222
Bonsoir petite Etoile 233
La France immortelle 225
Le Montagnard (?migré •. . .227
Le Petit Mousse 228
Pierre ePPaul .230
La Tombe ignorée 231
Les Cloches du soir 232
Le Marin 233
La complainte des vieilles Filles 234
Canada! Belle Patrie 238
Le Soldat 239
La jeune mourante 240
336
Les Adieux du Martyr 242
Les Peines (!u petit Efolier 243
L i Barqi'e de Pierre 244
L i Saison des Fleurs 245
Aux Messieurs de la V lie 246
O Vierg' sainte 247
Les Matelots 248
Le Poète 250
Les Voix du ciel 251
Souvenirs du jeune Aijçe 252
Pri^re d'Arthur de Bretagne dans sa prison. .253
Les deux S ivoyards 254
Îj'\ Tyrolienne des Pyr(?nées 256
L'Hirondelle et le Matelot 258
Aux \ ena:eurs des Chrétiens de Syrie .259
Adieu noble Courcier 260
L^ Retour 262
Connais tu le Pays 263
D'oti viens-tu Bergère 264
Ah ! si mon Moine 265
La Terre d'Exil T. ... .266
La Mer 267
L'Ange et l'Enfant 268
Chant Canadien 269
La Fiancée du Soldat 270
L'Amertume 272
La Cabane de mon Père 278
Le Cloj-her de mm Village 274
Nous verrons après 276
3:i7
Le Mineur 277
Chant d'Adieu ! 1877 279
La Fille du Pécheur 280
Le Retour dans la Patrie 281
Rai)pelk^ toi 284
Le Chant du Matelot 285
Mon Pauvre Pierre 287
LeRosif-r 288
Vaine Attente 289
Soupirs Yt'rs Dieu 291
Charles Quint 292
La Chèvre ..,..: 294
Désillusion 296
L'Envers des Cieux 296
La Citadelle de Québec 298
Vive la France. 299
Je suis Zouave 300
Le Réveil de la Pologne 303
Les Montagnards 308
Les Trente E«us 804
La Petite Mendiante 805
Près de ton Cœur 307
Le Casque de mon Père 308
Leçon d'Astronomie 309
Le Roi du Vallon 311
L'Humble toit de mon Père 312
Viens belle nuit 818
L'Eglise sur la mer du monde. 314
8S8'
France, je meurs, je mem s 316
D'où viens-tu beau Nuage 317
Bal cJiez Boulé 318
Chanson des vieux Garçons pnr une
vieille Fille. . . . .' ^ ....... 320
Les Adieux de Bertrand 323
Eloge de l'Enu 825
Le 25 de Mai 828
Adieu France Chérie 329