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Full text of "Neuvaine à st. François-Xavier (enrichie de prières) [microforme]"

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Q-c  ac3^Q.c  aa  Q^cacaG^Q^caozaQoaoi 


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APPROBATION.     ^ 

»,  -  • 

iVoM5  avons  vu  et  ap^yrouvé  la  préseiiie  Neu- 
vaine  à  Saint  François- Xavier,  et  nous  en  re- 
commandons V  usage 'à  tous  les  JiâÈles  de  ce 
Diocèse  qui  suivent  ces  pieux  Exercices  y  ainsi 
qu^  aux  personnes  qui  font  la  retraite  annuelle, 

JEvêché  de  Montréal  2Q  Févner  IS69, 

#    A.  T.  Truteatj,  v.g.,  Administrateur 


NEUYAINE 


9 


(enrichie  de  prières.) 


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SE   TROUVE  *   . 

CHEZ   Lies   libr^iiî,b:s 


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ET  AU  PARLOIR  DU   SEMINAIRE 


À  MONTRÉAL 


1869, 


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HEITBES  DES  EXEBCICES. 


LE  MATIN. 

A  8h.  la  Sainte  Messe. 

A  8^h.  le  Sermon,  précédé  de  Cantiques. 

A  9^h.  Eecommandations  et  Prières. 

A  lOh.  Confession,  ou  Chemin  de  la  Croix.. 


LE  SOIR. 


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*  i  !A5lî/'S)frm0n  on  Q)nti^ncc#* 


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•  •  •    X  8fi.  "Recommandations  et^Prièj'^s.  ,      ,  ,^ 
. .  •  ,  •  A-Bih." Sal^î  diî  tre§  St.  Sacrêqiî^.  *  "•   ',  ' • 

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"^)  OBSERVATIONS. 


La  réunion  du  soir  est  particulièrement  pour  le& 
hommes. —La  communion  peut  se  faire  tous  les  jours  à^ 
la  messe  delaNeuvaine.— La  quête  est  pour  les  pauvres 
et  l'Eglise.— Le  temps  qui  suit  ou  précède  les  iinstruc- 
tions,  doit  être  consacré  à  la  confession.— Pour  gagner 
les  Indulgences,  il  faut  assister  au  moins  à  cinq  exer- 
cices, à  moins  qu'on  n'en  soit  dispensé  pour  quelque- 
honne  cause,  et  alors  les  faire  en  son  particulier. 


Al 


PREFACE. 


Saint  François-Xavier  ayant  déclare 
au  P.  Mastrilli,  dans  une  apparition 
dont  il  l'avait  favorisé,  quHl 8^ emploierait 
avec  zèle^  auprès  de  Dieu,  pour  tous  ceux 
qui  imploreraient  son  assistance  pendant 
neuf  jours^  l'usage  des  Neuvaines  en 
l'honneur  de  ce  grand  Saint  se  répandit 
rapidement  dans  toute  l'Italie,  et  de  là 
passa  en  Espagne,  en  Portugal,  puis 
bientôt  après,  en  Allemagne  et  en 
France,  d'où  il  s'est  propagé  jusqu'en. 
Canada. 

Les  effets  merveilleux  qui,  partout, 
ont  accompagné  ces  pieux  exercices,, 
montrent  assez  que  Dieu,  qui  se  plaît  à 
exaucer  ses  Saints,  les  a  pour  agréables, 
et  que,  pour  obtenir  ses  grâces,  on  ne 
saurait  mieux  faire  que  de  s'adresser  à 
celui  qui,  de  son  vivant,  avait  le  pouvoir 
de  ressusciter  les  morts,  de  guérir  les» 


PREFACE. 


malades  et  de  triompher  des  cœurs  les 
plus  endurcis. 

En  faisant  la  Neuvaine  à  Saint  Fran- 
çois-Xavier, on  peut  se  proposer  une  des^ 
intentions  suivantes  : 

1°  Solliciter  le  pardon  de  ses  fautes» 

2°  Se  corriger  de  quelques  défauts. 

3^  Demander  la  conversion  d'une 
personne  chère. 

*   4^  Implorer  du  secours  pour  des  en- 
treprises difficiles. 

5^  Obtenir  la  guérison  d'une  per- 
sonne malade. 

6"^  Connaître  sa  vocation,  etc. 

Quelque  soit  le  but  qu'on  se  propose, 
l'important,  si  on  veut  obtenir  la  faveur 
qu'on  'désire,  c'est  de  se  mettre  en  grâce 
avec  Dieu,  si  déjà  on  n'y  est,  en  recou- 
rant au  sacrement  de  pénitence,  et  de 
remplir  avec  soin  les  conditions  prescri- 
tes pour  gagner  les  Indulgences  atta- 
chées à  cette  Neuvaine.  On  verra  plus 
loin  quelles  sont  ces  Indulgences  et  ce 
qu'il  faut  faire  pour  les  gagner.       '  14  i 


.     MISSION  A  REMPLIR 

AVANT  ET   PENDANT   LA  NEUVAINE. 


Trop  de  personnes  se  bornent  à  bien  faire 
la  Neuvaine  pour  elles-mêmes.  Oubliant 
que  Notre  Seigneur  est  venu  sur  la  terre 
plus  encore  pour  les  pécheurs  que  pour  les 
justes,  elles  croient  avoir  tout  fait  quand 
elles  ont  bien  suivi  les  exercices  de  la  Neu- 
vaine et  fait  dévotement  la  sainte  commu- 
nion. Agir  ainsi,  c'est  mal  comprendre 
l'amour  de  Dieu  et  l'amour  du  prochain,  car 
c'est  laisser  dans  le  chemin  de  la  perdition, 
comme  il  n'arrive  que  trop  souvent,  des  âmes 
que  l'on  pouvait  facilement  en  ftiire  sortir. 
Il  y  a  donc  quelque  chose  de  plus  à  faire. 

C'est  1°,  quelques  jours  avant  la  Neu- 
vaine et  pendant  toute  cette  Neuvaine,  de 
visiter  ses  amis,  particulièrement  ceux  qui 
sont  éloignés  des  sacrements,  et  de  les  enga- 
ger avenir  aux  exercices  et  à  en  profiter  pour 
se  réconcilier  avec  Dieu. 


Jf}  MISSION  À  REMPLIR. 

C'est  2°,  de  leur  donner  soi-même  l'exem- 
ple en  se  présentant,  dès  les  premiers  jours, 
au  saint  tribunal  de  la  pénitencQ,  et  de  les 
inviter  charitablement  à  en  faire  autant,  sans 
se  laisser  vaincre  par  leurs  vaines  objections. 

C'est  3°,  d'oflfrir  tous  les  jours  de  la  Neu- 
vaine,  pour  leur  retour  à  la  pratique  du  bien, 
de  ferventes  prières  et  de  bonnes  actions, 
avec  l'assurance  que  Dieu  se  laissera  toucher 
et  accordera  des  grâces  de  conversion. 

C'est  par  ce  que  les  âmes  pieuses  n'ont 
pas  toujours  pris  ces  moyens  que  plusieurs 
personnes  sont  demeure^ js  dans  le  péché  et 
gont  mortes  dans  cet  état  pendant  le  cours 
de  l'année. 

OBSERVATION. 

S'il  est  quelques  personnes  que  l'on  ne 
puisse  visiter,  parce  qu'elles  sont  trop  éloi- 
gnées, leur  envoyer  au  moins  un  exemplaire 
•de  cette  Neuvaine,  où  elles  trouveront  des 
.réflexions  propres  à  les  faire  rentrer  en  elles- 
-mêmes. ;  - 

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DISPOSITIONS 

POTTR   BIEN   PAIRE   LA   NEUVAINE. 

lo.  Assister  tous  les  jours,  autant  que 
faire  se  peut,  aux  instructions  de  la  Neu- 
vaine. 

IIo.  Approcher  des  Sacrements  dès  les 
premiers  jours  de  la  Neuvaine. 

IIIo.  Se  proposer  un  défaut  à  corriger, 
un  péché  à  éviter. 

IVo.  Contribuer  généreusement  à  la  quête 
qui  se  fait  pendant  la  Neuvaine. 

Vo.  Prier  avec  ferveur  pour  les  personnes 
qui  sont  recommandées. 

Vlo.  Faire  cette  Neuvaine  comme  si  elle 
devait  être  la  dernière  de  la  vie. 

VIIo.  Ne  rien  négliger  pour  se  mettre 
en  état  de  gagner  les  Indulgences. 
•  VIIIo.  Réciter  le  Chapelet,  ou  faire  le 
Chemin  de  la   Croix,  pendant  les  temps 
libres. 

;.v   .=       DÉFAUTS    A   ÉVITER: 

lo.  Ne  venir  à  la  Neuvaine  que  pour 
avoir  le  plaisir  d'entendre  de  belles  ins- 
tructions. 

IIo.  Se  borner  à  recevoir  l'absolution  de 
ses  péchés,  sans  prendre  de  résolutions  pour 
s'amender.  . 


INDULGENCES 

(^UE  l'on  peut  gagnsr  pendant  la  neutaine. 

l^  Indulgence  de  40  jours  à  chaque  exercice. 
2?  Indulgence  plénière  à  la  fin  de  la  Neu- 
vaine. 

AUTRES  INDULGENCES 
qu'il  ne  faut  pas  oublier. 

1^  Indulgences  du  Chemin  de  la  Croix.    . 

2^  Indulgences  du  Chapelet. 

3^  Indulgences  attachées  aux  Actes  de  foi, 
etc., — à  la  prière  :  0  bon  Jésus, — au  Souvenez- 
vous,  etc. 

DE  plus, 

Les  Associés  des  Confréries  suivantes  doi- 
vent se  rappeler  qu'ils  peuvent  gagner  égale- 
ment les  Indulgences  qui  y  sont  attachées  : 

Adoration  perpétuelle. — Sacré  Cœur  de  Jésus. 

Cong.  de  la  Sainte  Vierge. — Sainte-Famille. 

Rosaire. — Scapulaire. — Bonne  mort. 

N.  D.  Auxiliatrice. — Œuvre  des  Bons  Livres. 

Propagation  de  la  Foi. — Sainte-Enfance. 

Union  de  prières. — Confrérie  de  St.  Joseph, 
etc. 

OBSERVATION. 

Pour  qui  connaît  la  rigueur  des  pénitences  de 
l'autre  vie,  il  n'y  a.  rien  de  si  difficile  sur  la  terre 
que  Von  ne  doive  entreprendre  pour  en  abréger  la 
durée» 


\  * 


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PREMIERE  PARTIE. 

CONSIDÉRATIONS 

POUR    CHAQUE    JOUR    DE    LA   NEUVAINE. 


1er  Jour. 

LES  VÉRITÉS  ÉTERNELLES. 

Souvenez-vous  de  vos  fins  dernières,  et 
jamais  vous  ne  pécherez,  nous  dit  l'Esprit 
saint:  3Iemorare  novissima  tua^  et  in  œlernum 
non  peccabis  (1). 

Il  faut  que  la  considération  dés  vérités  éter- 
nelles soit  bien  puissante  et  bien  efficace,  puis- 
que, si  nous  les  méditons  sérieusement,  elles 
nous  empêcheront  de  jamais  pécher.  Mais 
quelles  sont  donc  ces  grandes  vérités  capables 
de  faire  sur  nous  ces  impressions  salutaires  ? 
Les  voici  :  méditons-les,  gravons-les  à  jamais 
dans  nos  cœurs. 

C'est  une  vérité  que  nous  ne  sommes  en  ce 
monde  que  pour  nous  sauver,  et  que,  si  nous  ne 
sauvons  pas  notre  âme,  tout  est  perdu  pour 
nous  sans  ressource. 

1.  (1) Ecoles.,  7.  -.yi.^r.       ■ ...  ^         _  ,.^,  :,  ,,;. 'i^r^". 


10  CONSIDÉRATIONS. 

C'est  une  vérité  qu'un  seul  péché  raortel  peut 
nous  damner  à  jamais  ;  que  le  péché  est  le  seul 
malheur  que  nous  ayons  à  craindre  en  ce  monde, 
parce  que  c'est  le  seul  qui  puisse  aussi  nous 
rendre  malheureux  dans  l'autre. 

C'est  une  vérité  que  nous  mourrons  un  jour, 
€t  que  nous  pouvons  mourir  à  tous  les  instants, 
sans  en  avoir  jamais  un  seul  d'assuré  :  chaque 
moment  peut  être  pour  nous  le  dernier. 

C'est  une  vérité  qu'à  l'instant  même  que  nous 
mourrons,  nous  serons  jugés,  et  que  Dieu  nous 
demandera  un  compte  exact  de  toutes  nos  pen- 
sées, de  toutes  nos  paroles  et  de  toutes  nos  ac- 
tions, qui  seules  nous  suivront  après  notre  vie. 

C'est  une  vérité  qu'après  le  temps  qui  finira 
bientôt,  viendra  une  éternité  qui  ne  finira 
jamais  :  ou  éternité  bienheureuse  qui  renfermera 
toutes  les  délices  en  faveur  des  élus  ;  ou  éter- 
.nité  malheureuse  qui  réunira  tous  les  tourments 
sur  la  tête  des  réprouvés,  sans  espoir,  sans  con- 
solation, à  jamais,  sans  fin. 

Vérités  saintes,  vérités  solides,  vérités  aussi 
immuables  que  l'éternité  même  de  Dieu  ! 

Ah  !  si  ces  grandes  vérités  étaient  profondé- 
ment méditées,  quelles  impressions  ne  feraient- 
elles  pas  sur  nous  I 

Qui  est-ce  qui,  venant  à  penser  qu'il  n'est  sur 
la  terre  que  pour  servir  Dieu  et  sauver  son  âme 
passerait  sa  vie  dans  les  inutilités,  les  amuse- 
ments de  ce  monde,  en  perdant  de  vue  l'unique 
affaire  qui  doit  décider  à  jamais  de  son  sort  ? 

Qui  est-ce  qui,  pensant  qu'un  seul  péché  peut 
le  damner,  pourrait  ja'  ais  consentir  à  le  com- 


1 


4.  • 


CONSIDÉRATIONS.  11 

'mettre  ?  Kt  s'il  l'a  commis,  pourrait-il  demeurer 
un  seul  instant  dans  ce  triste  état,  où  la  main 
de  Dieu  peut  venir  le  frapper  ? 

Qui   est-ce  qui,    en    considérant    qu'il   peut 
mpurir  à  tous  les  moments,  ne  vivrait  pas  tou- 
jours en  tremblant  sur  les  bords  de  l'abîme? 

Qui  est-ce  qui  s'attacherait  aujourd'hui  si 
éperdument  et  si  criminellement  à  la  vie  et  aux 
biens  de  la  vie,  qui  peut-être  lui  seront  enlevés 
i  demain? 

Qui  est-ce  qui,  étant  assuré  qu'au  moment  de 
la  mort  il  ira  paraître  devant  le  souverain  juge, 
le  se  jugerait  pas  sévèrement  lui-même,  ne  se 
lettrait  pas  au:dessus  des  vains  jugements  des 
lommes,  ne  se   tiendrait  pas  toujours  prêt  à 
lubir  ce  jugement  redoutable  de  Dieu  ? 

Qui  est-ce  qui,  étant  persuadé  qu'une  éter- 

[ité  de  bonheur  ou  de  malheur  l'attend  après 

jette  vie  périssable,  ne  donnerait  pas  tous  ses 

Jsoins  pour  éviter  les  horreurs  de  cette  éternité 

malheureuse,  et  pour  se  rendre  digne  des  délices 

ineffables  de  cette  éternité  de  bonheur? 

Qui  est-ce  enfin  qui,  méditant  ces  vérités 
[saintes,  ne  vivrait  pas,  ne  mourrait  pas  en 
rSaint? 

0  hommes  aveugles  et  insensés,  que  faisons- 
[nous  en  ce  monde,  si  nous  n'y  pensons,  si  nous 
le  nous  occupons  de  ces  grands  objets  ?  Ames 
Immortelles  et  créées  à  l'image  de  Dieu,  sou  - 
enez-vous  des  premières  et  dernières  vérités  j 
iomprenez  bien,  par  de  sérieuses  réflexions, 
*d'où  vous  venez  et  où  vous  allez  ;  de  qui  vous 
savez  reçu  l'être,  et  à  qui  vous  devez  votre  cœur  ; 


12  CONSIDÉRATIONS. 

s 

ce  que  vous  avez  apporté  en  venant  au  monde, 
et  ce  que  vous  en  emporterez  en  sortant  de  ce 
lieu  d'exil. 

Y  avez-voiis  pensé?  Comment  y  avez-vous  I 
pensé  ?  Qu'attendez-vous  pour  y  penser  (1)  ?      I 

0  vérités  saintes,  vérités  divines,  à  la  lueur 
de  votre  céleste  flambeau,  dissipez  les  ténèbres 
qui  nous  aveuglent,  présentez-nous  A  tous  les  ; 
instants  ce  que  nous  avons  été,  pur  néant  ;  ce  ( 
que  nous  sommes,  pécheurs  et  coupables  ;  ce  ( 
que  nous  serons  un  jour,  (kernellement  heureux  { 
ou  éternellement  malheureux.  Hélas  I  pour  nous  j 
préparer  à  ce  dernier  terme,  peut-être  n'avons-  < 
nous  qu'up  instant  :  allons  dans  le  silence  de  la  ] 
retraite  nous  remplir  de  ces  grands  objets,  t 
seuls  dignes  de  nous  occuper,  seuls  capables  de  i 
nous  convertir.  Laissons  passer  ce  qui  passe  ;  s 
attachons-nous  à  ce  qui  est  éternel  ;  disons  de  i 
tout  le  reste  :  vous  ne  m'êtes  rien,  parce  que^ 
demain  peut-être  ou  vous  ou  moi  nous  ne  serons  g 
plus.  Laissez-moi  les  moments  qui  me  restent, n 
puisque  Dieu  veut  bien  encore  me  les  accorder,  p 
Je  vous  les  consacre,  ô  mon  Dieu,  pour  ne  plus 
penser  qu'à  vous,  ne  m'occuper  plus  que  de  vous.pi 
Le  ciel  et  la  terre  passeront,  vos  paroles  subsis-(j; 
teront  à  jamais  ;  gravez-les  dans  mon  cœur,  etl^ 
qu'elles  y  demeurent  gravées  jusqu'au  dernières 
soupir  de  ma  vie  :  Cœlum  et  terra  transïbunt^ 
(2).  Je  n'y  ai  pas  pensé  ;  j'y  penserai  tant  quepj 
je  vivrai.  3I 

(1)  Eccles ,  12.  '       (2)Matth.,13.  '^^ 


considerations.  13 

IIe  Jour. 
LE  SALUT.  ( 

Je  veux  me  sauver.  Tout  le  monde  le  dit, 
tout  le  monde  le  pense.  On  a  bien  raison  de  le 
dire,  et  plus  encore  de  le  penser  :  qu'avons- 
tious  à  faire  en  ce  monde,  que  de  nous  sauver? 
Qu'est-ce  qui  nous  intéresse  plus  en  cette  vie 
que  le  salut  de  notre  âme  ?  Pensons-y  ;  ne  pen- 
sons qu'à  cela  :  disons-nous  sans  cesse  :  Je  veux 
me  sauver.  Le  salut  de  notre  âme  est  la  seule 
chose  pour  laquelle  Dieu  nous  a  mis  au  monde. 
Non,  Dieu,  ne  nous  a  point  mis  sur  la  terre 
pour  être  grands,  pour  être  riches,  pour  être 
heureux  ;  mais  pour  être  saints,  et  pour  nous 
sauver.  Si  nous  ne  nous  sauvons  pas,  il  aurait 
mieux  valu  pour  nous  n'être  jamais  nés.  Si 
nous  n'étions  pas  nés,  il  y  aurait  eu  une  per- 
sonne de  moins  dans  le  monde  ;  et  si  nous  ne 
nous  sauvons  pas,  il  y  aura  un  réprouvé  de 
plus  dans  l'enfer. 

'     Le  salut  de  notre  âme  est  la  seule  chose  qui 

■peut  nous  donner  quelque  solide  contentement 

dans  la  vie  ;  les  amusements,les  divertissements, 

tlfs   plaisirs,   ne   satisfont   pas    toujours   notre 

'CDeur;  souvent  ils  y  répandent  l'amertume  des 

^rfgrets  et  le  poison  des  remords  ;  un  moment 

-pfissé  avec  Dieu  et  donné  au  salut  de  notre  âme 

3j|t  préférable  à  des  années  passées  dans  les 

iûutilités  de  la  vie  et  dans  l'excès  des  passions. 

Le  salut  de  notre  âme  est  la  seule  pensée  qui 
afurra  nous  rassurer  au  moment  de  la  mort. 


14  CONSIDÉRATIONS. 

Je  vais  en  esprit  auprès  d'un  homme  mourant  ; 
il  aura  vécu  dans  l'abondance  des  trésors,  dans 
l'éclat  des  honneurs,  dans  le  sein  des  plaisirs  : 
de  tout  cela,  que  lui  reste-t-il  à  la  mort  ?  Et  tout 
cela,  s'il  en  a  abusé,  que  peut-il  être  pour  lui, 
qu'une  source  de  regrets  et  un  sujet  de  condam- 
nation ?  Malheureux  qui  n'avait  qu'une  chose 
à  faire  dans  ce  monde,  et  c'est  la  seule  qu'il  a 
négligée  ! 

Le  salut  de  notre  âme  est  la  seule  chose  dont 
Dieu  nous   demandera   compte   au    jugement. 
Vous  êtes-vous  sauvé  ?    Ce  n'est  que  sur  cela 
que  Dieu  nous  interrogera  ;  et  sur  cela  que  nous 
aurons   à  répondre.     Vous   êtes-vous   sauvé? 
Sans  cela,  en  vain  auriez-vous  acquis  des  riches- 
ses immenses,  vous  n'avez  amassé  que  des  tré-  ; 
sors  de  colère  :   en  vain  auriez-vous  tenu  un 
rang    distingué  dans  le  monde,    vous    n'êtes  i 
plus  qu'au  rang  des  réprouvés.     Quels  seront  < 
donc  la  surprise,  la  consternation  et  le  déses-  ] 
poir    d'oiie  âme   qui  ira  paraître  devant  son  < 
Dieu,  n'ayant  à  lui  présenter  que  des  crimes! 
et  des  remords?  Etait-ce  pour  cela  qu'elle  était  i 
venue  au  monde,  et  avec  cela  qu'elle  devait  i 
paraître  devant  son  Juge  ?  c 

Enfin,  le  soin  du  salut  de  notre  âme  est  lai 
seule  chose  qui  décidera  de  notre  éternité.  Sifl 
nous  avons  travaillé  au  salut  de  notre  âme,  let 
ciel  nous  est  assuré  ;  si  nous  l'avons  négligera 
nous  n'aurons  à  jamais  que  l'enfer  pour  partages 

Ce  n'est  pas  même  assez  de  penser  au  salut» 
de  notre  âme,  il  faut  y  travailler.  Dieu  vous  al 
créés  sans  vous,  mais  il  ne  vous  sauvera  pasp 


i 


I  CONSIDERATIONS.  15 

1 

ans  vous.  Or,  qui  est-ce  qui  travaille  à  son 
alnt  ?  Qui  est-ce  qui  s'en  occupe  ?  Ou  si  l'on  j 
ravaill,  y  travaille- t-on  ardemment,  y  travaille- 
-on  efficacement?  Et  au  lieu  de  s'en  tenir 
cette  maxime  générale,  je  veux  me  sauver, 
escend-on  dans  le  détail,  et  se  dit-on  en  parti- 
culier :  je  veux  me  sauver  ;  donc  il  faut  (quitter 
cette  occasion  dangereuse  ;  donc  il  faut  m'é- 
loigner  de  cette  personne  suspecte  ;  donc  il  faut 
restituer  ce  bien  mal  acquis  ;  donc  il  faut  me  ré- 
concilier avec  cet  ennemi  ;  donc  il  faut  mettre 
ordre  aux  affaires  de  ma  conscience  ?  On  dit 
tous  les  jours  :  Je  veux  me  sauver,  et  chaque 
jour  on  travaille  à  se  perdre. 

0  aveuglement  déplorable   des  hommes  !  Je 
me  transporte  sur  une  place  publique  ;   j'y  vois 
une  foule  de  personnes  qui  vont,  qui  viennent, 
qui  courent,  qui  s'empressent  ;  je  leur  demande  : 
où  allez- vous  ?  Où  courez-vous  avec  cet  em- 
pressement ?  L'un  dira  :  je  vais  travailler  à  un 
établissement  ;  l'autre  :  je  vais  visiter  un  ami  ; 
l'autre  :  je  vais  solliciter  un  procès  ;  l'autre  :  une 
;  affaire  importante  m'appelle.    Et  votre  salut,  et 
votre  salut  ?..    C'est  ainsi  que  parmi  cette  foule 
de  gens  agités,  empressés,  à  peine  s'en  trouve-t- 
til  quelqu'un  qui  s'empresse  pour  le  salut  de  son 
ifime.     Tout  le  reste,  absorbé  dans  les  affaires 
}  temporelles,  refuse  jusqu'au  moindre  de  ses  soins 
,à  la  seule  affaire  qui  les  mérite  tous  sans  ré- 
. serve.    Non,  Dieu  ne  condamne  pas  le  soin  rai- 
tsOnnable  des  choses  de  ce  monde;   mais  ce  que 
iDieu  condamne,  c'est  la  né2;ligence  criminelle 
sÉ>uï'  ^e  salut.    Pour  les  affaires  du  monde,  on'- 


15  CONSIDÈFAÏIONS. 

est  tout  ardeur  et  tout  feu  ;  pour  celle  du  ciel, 
on  n'est  qu'indiiférence  e^  que  glace.  On  agit 
ainsi,  on  vit  ainsi,  on  mourra  ainsi.  Voilà 
l'homme  ;  où  est  le  Chrétien  !  Voilà  le  temps  ; 
quelle  sera  l'éternité  ?  On  a  travaillé  pour  le 
monde,  pour  sa  fortune,  pour  sa  famille  ;  qu'a-t- 
on  fait  pour  Dieu,  pour  son  salut?  Quand  on 
sera  au  bout  de  sa  course,  et  qu'on  jettera  les 
yeux  sur  le  chemin  qu'on  a  fait  durant  sa  vie, 
quel  étcnnement  1  Quels  regrets  !  peut-être,  quel 
désespoir  I    II  fallait  y  penser  et  le  prévenir. 

Pensez  à  votre  salut.  De  quoi  sert  à  l'homme 
de  posséder  l'univers,  s'il  vient  à  perdre  son 
âme  ?  Quid  prodest  hominij  si  mundum   univer^ 
suin  lucretur,  animœ  vero  suœ  detrimentum  pa^  | 
tiatur.  (1)  ?  I 


IIIe  Jour.  , 

LE  PÊCHE.  j 

Il  faudrait  des  torrents  de  larmes  pour  déplo-  ^ 
rer  toutes  les  pertes  que  le  péché  cause  à  l'âme  | 
et  tous  les  malheurs  qu'il  attire  sur  elle.  ^ 

Le  péché  lui  ôte  toute  sa  gloire.  Par  la  grâce  j 
l'âme  était  la  fille  bien-aimée  du  Père  céleste,  j 
la  digne  épouse  du  Fils,  le  temple  vivant  dej^ 
l'Esprit-Saint.  Par  le  péché,  elle  perd  tous  ses  j 
précieux  avantages,  et  devient  l'esclave  du  dé-^ 
mon  et  de  ses  passions.  1( 

(l)Jkrarc8.  P 


considêratioxs.  17 

Le  péché  la  dépouille  de  toute  sa  beauté.  La 
[grâce  la  rendait  un  objet  de  complaisance  aux 
yeux  de  Dieu  ;  il  la  regardait  comme  son  temple, 
son  sanctuaire  ;  le  péché  en  fait  un  objet  d'hor- 
-^eur  à  ses  yeux,  et  d'exécration  pour  son  cœur. 

Le  péché  lui  ôte  tous  ses  mérites.  Représen- 
,ez-vous  un  vaisseau  richement  chargé  de  tout 
ce  qu'il  y  a  de  plus  précieux  ;  il  échoue,  il  fait 
un  triste  naufrage,  tout  est  perdu  et  enseveli 
dans  les  flots;  voilà  la  triste  image  de  l'âme 
dans  le  péché  ;  il  lui  ôte  tous  les  mérites  qu'elle 
avait  acquis  devant  Dieu,  et  ne  lui  laisse  qu'une 
affreuse  indigence.         -  ' 

Le  péché  lui  ôte  sa  ^ paix  ;  elle  en  jouissait 
tant  qu'elle  était  avec  Dieu.  Le  péché,  entrant 
<îçins  elle,  y  introduit  le  trouble,  l'agitation,  les 
remords,  les  craintes,  les  alarmes  :  elle  devient 
pour  elle-même  une  espèce  d'enfer. 

Le  péché  l'expose  à  tous  les  malheurs  de  la 
vie,  à  toutes  les  horreurs  de  la  mort,  à  tous  les 
tourments  d'une  éternité  malheureuse  :  v  oen- 
se-t-on  ?  ^  ^ 

Il  faudrait  des  larmes  de  sang  pour  pleurer 

■  «ur  les  affreux  caractères   du  péché   dans  une 

âme,  et  sur  l'opposition  monstrueuse  qu'il  lui 

donne  avec  Dieu.     Caractère  de  révolte  et  de 

^bellion;  Dieu  commande,  le  pécheur  répond  : 

de  n'obéirai  point.     Si  la  bouche  ne  le  dit  pas 

;l€|  cœur,  la  conduite,  les  actions  le  disent.    Ca- 

'ractère  de  témérité  et  de  présomption;  un  ver 

"de  terre,  une  vile  créature  ose  s'élever  contre 

le  Tout-Puissant,    contre   l'Etre  suprême,   qui 

Reut  l'anéantir  à  tous  les  instaas.     Caractère 

:  B 


18  CONSIDERATIONS.   . 

d'ingratitude  ;  comblée  des  bienfaits  de  Dieu 
elle  en  abuse  et  les  tourne  contre  son  bienfai 
teur.  Caractère  de  perfidie  ;  mille  fois  elle  avai 
promis  une  fidélité  inviolable  à  son  Dieu  ;  peut 
être  l'avait-elle  rendue  plus  solennelle  dans  li 
grâce  des  sacrements  ;  elle  trahit  son  Dieu,  e 
viole  toutes  ses  promesses.  Enfin,  pourrai-je  1 
dire  sans  horreur?  Caractère  de  parricide  et  d 
déicide;  tout  pécheur,  comme  dit  saint  Paul 
crucifie  de  nouveau  Jésus- Christ,  et  fait  de  so 
cœur  un  autel  sacrilège,  où  il  immole  son  Die 
en  immolant  son  âme  au  démon. 

Hélas  l  ô  mon  Dieu,  sont-ce  des  discours,  c 
des  soupirs  et  des  sanglots  qu'il  faut  ici  faii 
entendre  ?  Disons  donc  en  gémissant,  en  treii 
blant  :  Le  péché  est  un  si  grand  mal,  que,  quaii 
vous  réuniriez  tous  les  autres  maux  à  la  fois, 
guerre,  la  peste,  la  famine,  les  chagrins,  les  m 
ladies,  la  mort  même,  tout  cela  ne  serait  rif  j 
en  comparaison  d'un  péché.     Le  péché  est  i;  , 
si  grand  mal,  que,  quand,  pour  ne  pas  le  coi  ^ 
mettre,  il  faudrait  perdre  vos  biens,  votre  libe  ] 
té,  votre  santé,  votre  vie,  sans  balancer  un  in  4 
tant,    il   faudrait   verser    jusqu'à    la    dernié  ] 
goutte  de  votre  sang,  présenter  votre  cœur,  j 
y  laisser  enfoncer  le  poignard,  plutôt  que    ] 
jamais  consentir  au  péché.     Le  péché  est  un 
grand  mal,  que,  quand  par  un  péché  on  poi 
rait  retirer  tous  les    damnés  de  l'enfer,  et  1 
placer  dans  le  ciel,  il  vaudrait  mieux  laisser  1 
réprouvés  dans  les  feux,  les  tourments  et  le  d 
sespoir,  que  de  les  en  délivrer,  si  pour  cela 
fallait  commettre,  je  ne  dis  pas  un  péché  iii( 


i 


CONSIDERATIONS.  19 

tel,  mais  le  moindre  péché  véniel.  Enfin  le 
Ipéché  est  un  si  grand  mal,  un  mal  si  affreux,  si 
[détestable,  que  le  ciel  n'a  pas  assez  de  foudres 
pour  l'écraser,  la  terre  assez  d'abîmes  pour  l'en- 
Igloutir,  l'enfer  assez  de  flammes  pour  l'expier. 
Ah  I  disons  de  tout  notre  cœur  :  Maudit 
éché,  qui  attire  sur  nous  toutes  les  malôdic- 
ions  1  Maudit  de  Dieu  le  Père,  dont  il  efface 
'image  ;  maudit  du  Fils,  dont  il  profane  le 
sang  ;  maudit  de  l'Esprit-saint,  dont  il  méprise 
les  grâces  ;  maudit  dans  le  ciel  qui  lance  sur 
lui  tous  ses  anathémes;  maudit  sur  la  terre, 
qu'il  couvre  d'iniquités  ;  maudit  dans  l'enfer  où 
il  précipite  tous  les  damnés  :  maudit  durant  la 
▼le  ;  maudit  à  la  mort  ;  maudit  dans  le  temps; 
maudit  dans  l'éternité  !  Je  vois  les  Saints  qui 
tremblent  à  la  seule  vue  du  péché,  les  solitaires 
qui  s'enfoncent  dans  les  déserts  pour  s'en  éloi- 
gner, les  pénitents  qui  poussent  des  soupirs  et 
des  sanglots  pour  le  déplorer,  les  martyrs  qui 
llagent  dans  leur  sang  pour  l'éviter  ;  qu'avons- 
ittous  fait,  que  faisons-nous  pour  pleurer,  pour 
«xpier,  pour  effacer  nos  pochés  ?  Mourir,  ô  mon 
Dieu  I  mourir  mille  fois  plutôt  que  d'en  com- 
ijnettre  jamais  aucun:  je  vous  le  demande,  je 
l'espère  avec  votre  grâce. 


:20  CONSIDERATIONS.  .       i 

IVe.  Jour.     •  i 

LA  MOBT.  i 

1°.  Nous  mourrons  tous;  et  un  jour  viendra 
•qui  sera  pour  nous  le  dernier  des  jours.  I 

2®.  Le  moment  de  la  mort  nous  est  inconnJ 
•et  il  arrivera  plus  tôt  que  nous  ne  pensons.      ^ 

30.  Du  moment  de  la  mort  dépend  notre  éteX 

nité.  î 

40.  Après  la  mort,  il  n'y  aura  plus  pour  noij 

de  ressource.  ^ 

50.  Pour  faire  une  bonne  mort,  il  faut  mer"^ 

une  sainte  vie.  ^ 

s 

Rien  de  si  commun  que  la  mort;    tous  Ici 

jours  on  entend  dire  :  un  tel  est  mort  ;  une  tee 

vient  d'expirer;  tel  a  été  frappé  d'un  accidec 

imprévu;  telle  a  été  enlevée  après  une  lonst 

maladie  ;    un  tel  vient  d'être    assassiné  ;     à 

autre  s'est  noyé  ;  celui-ci  a  fait  une  chute,  cw 

est  resté  sur  le  coup  ;  celui-là  a  été  écrasé  sca 

les  ruines  d'un   bâtiment.     Chaque  jour  ncr 

fournit  des  exemples.     Nous  en  donnerons  a 

quelque  jour  aux  autres.  Y  pensons-nous?     » 

•      Tous  les  hommes,  sans  exception,  sont  sujfei 

-à  .la  mort  ;  elle  domine  sur  toutes  les  conditioj 

Le  jeune  homme  n'est  pas  à  couvert  de  ses  coiij 

un  enfant  meurt  quelquefois  au  moment  où  I 

<îommencé  â.  vivre  ;  elle  assiège  la  porte  du  rie 

da  puissance,  les  richesses,  les  couronnes,  t^i 

sceptres,  tout  cède  à  la  mort  ;  elle  pénètrent 

ipalkis   des    grands,    comme     la    cabane  É 


I 


I 


CONSIDERATIONS.  2r 

fauvres.  Elle  étend  dans  la  bière  le  grand 
Smme  le  petit.  Tous  les  jours  quelque  victime 
It  immolée  ;  vous  pouvez  être  la  première.  Y 
însez-vous  ?  - 

Comment  les  hommes  peuvent-ils  s'aveugler 
malheureusement  sur  la  mort  qui  les  menace 
tous  les  moments  ?  On  sait  qu'on  peut  mourir 
tout  instant  et  on  vit  comme  si  jamais  on  ne 
>  devait  mourir  ;  on  regarde  toujours  la  mort  dans 
un  grand  éloignement,  comme  si  elle  ne  devait 
jamais  arriver  ;  on  entend  dire  :  un  tel  est  mort 
subitement,  et  on  se  flatte  toujours  d'une,  longue 
ivie.  A  la  mort  des  autres,  oh  trouve  toujours 
des  raisons  de  se  rassurer  roi-même  :  cette  per- 
sonne est  morte,  dit-on,  mais  elle  n'avait  point 
\^  santé  ;  elle  languissait  depuis  longtemps, 
elle  ne  se  ménageait  point  :  elle  faisait  des  ex- 
^cèfc,  on  l'avait  avertie;  elle  était  menacée  de 
rtels  accidents,  on  ne  l'a  pas  secourue  à  temps  et 
à  propos.  Ainsi  trouve-t-on  des  raisons  pour 
«ef  rassurer,  au  lieu  de  se  dire  :  un  tel  est  mort 
»jjourd'hui ;  qui  ma  dit  que  demain  je  serai  en 
?  Un  tel  a  été  enlevé  subitement  de  ce 
nde  ;  peut-être  que  demain  les  cloches  fu- 
bres  annonceront  ma  mort.  Tel  croit  être 
3n  éloigné  de  sa  dernière  heure,  qui  porte  le 
)tj|it  de  la  mort  dans  son  sein  ;  il  pense  aujour-^ 
id^ui  a  une  partie  de  plaisir,  et  demain  il  sera 
dfvant  Dieu.  Y  a-t-il  bien  pensé  ? 
:  j'Ce  qu'il  y  a  de  plus  terrible  en  ce  point,  c'est 
^|e  les  suites  de  la  mort  sont  éternelles  et  irré- 
^rables  La  mort  n'est  .qu'un  moment  ;  et  ce 
Bornent  décide  de  tout  pour  toujours.  Tel  qu'oa 


22  CONSIDÉRATIONS. 

aura  été  au  moment  de  lu,  mort,  tel  on  sera  du-  a 
rant  une  éternité  toute  entière.  Si  on  meurt  en  ^ 
^tat  de  grâce,  on  est  heureux  pour  toujours  ;  si  ï 
on    meurt  en   état  de   péché  mortel,    on   est  ^ 
malheureux,  maudit,  réprouvé  à  jamais.  L'arbre^ 
tombera  un  jour,  dit  TEsprit-Saint  ;  s'il  tombe  à  ' 
droite,  il  est  réservé  pour  l'édifice  de  la  céleste  ^ 
Jérusalem  ;   s'il  tombe  à  gauche,  il  est  destint'  ^ 
au  feu  :     Ubi  ceciderit  arbor^  ibi  erit.     Non,  dès  , 
le  moment  de  la  mort,  il  n'y  a  plus  de  ressource. 
Ni  regrets,  ni  soupirs,  ni  sanglots,  ni  larmes,  ni^ 
résolutions,  ni  promesses,  rien  ne  changera  le., 
sort  ;  il  est  fixé  pour  toujours  :  l'arrêt  est  porté^^j 
et  l'éternité  toute  entière  en  sera  l'exécution. 
Il  fallait  y  avoir  pensé  ;  il  ne  sera  plus  temps  de  ^ 
le  faire.   Toute  la  vie  devait  être  employée  à  se^ 
préparer  à  la  mort;  si  on  ne  l'a  pas  fait,  toute^ 
l'éternité  sera  employée  à  déplorer  son  malheur^ 
et  à  gémir  dans  son  désespoir.     Le  Sauveur  dn^ 
monde  nous  en  avertit  :    Quâ  horâ  non  putatu 
Filius  hominis  veniet  (1);    le   Fiïs    de  l'homme 
viendra  à  l'heure   'ue  vous  y  penserez  le  moins 
Je  vais  y  penser,  j'y  penserai  toute  ma  vie  ;  je^^ 
me  tiendrai  toujours  prêt,  et  dès  ce  jour,  je  me^ 
regarderai  comme  pouvant  mourir  tous  les  jours, 

V 

—  é 

Ve.  Jour.  e 

LE  JUGEMENT.  ^ 

1*^.  Le  monde  passe  comme  une  figure  (^ui  esl< 
à  présent,  et  qui  bientôt  ne  sera  plus.     La  vi(f3 

(1)  Luc  22.  ^ 


ï.,:-..- 


CONSIDERATIONS.  23 

évanouit  comme  un  songe,  en  attendant  le  ré- 
îl  qui  finira  Fassoupissemont.  Les  hommes, 
pour  la  plupart,  coulent  leurs  jours  dans  la  dis- 
àpation,  l'agitation,  l'oubli  d'eux-mêmes  et  de 
Dieu  ;  ils  vivent  presque  comme  s'ils  n'avaient 
lien  à  espérer  ou  à  craindre  après  cette  vie,  en 
abusant  sans  cesse  de  la  miséricorde  qui  les  in- 
yite  à  la  pénitence. 

La  justice  aura  son  temps,  et  reprendra  sei3 
'  droits  avec  d'autant  plus  de  rigueur,  que  le  sou- 
I  verain  Juge  aura  usé  de  plus  de  bonté. 

Oui,  il  viendra,  ce  grand  jour,  ce  jour  terrible; 
il  paraîtra  ce  Juge  irrité,   ce  Juge  outragé,  ce 
'Juge  alors  inflexible;   il  se  montrera  aux  pé- 
cheurs avec  cette  majesté  qu'ils  auront  mécon- 
piiue,  qu'ils  auront  méprisée  :  des  prodiges  frap- 
pants de  puissance  et  de  terreur  annonceront  sa 
venue,  et  seront  les  avant-coureurs  de  son  juge- 
i^ment  et  de  ses  vengeances. 
y    On  verra  avec  surprise  et  avec  frayeur,  à  la 
>Oîx  du  souverain  Juge,  le  soleil  s'éclipser  et 
^ refuser  sa  lumière  aux  yeux  étonnés;  la  lune 
'st  couvrir   d'une  lueur   sanglante  ;   les  étoiles 
fumantes  se  détacher  du  firmament,uneobscurité 
^a|freuse  se  répandre    sur  tout   l'univers  et  le 
'couvrir  de  sombres   ténèbres  :  la  terre  entière 
ébranlée  jusque  dans  ses  fondements,  trembler 
et  porter  dans  tous  les  cœurs  le  tremblement 
(il^nt  elle  sera  elle-même  agitée  ;  la  mer  en  fu- 
reur sortir  de  ses  bornes  ;  toute  la  nature  dans 
glt  trouble,  la  confusion,  la  consternation  et  Tef- 
ifroi,  tendre  à  une  destruction  générale.     Alo*s 
uû  feu  vengeur,  allumé  par  le  souffle  et  la  colère 


24  CONSIDÉRATIONS. 

de  Dieu,  s'élèvera  du  sein  de  la  terre,  et  con-  j 
sumera  enfin  ce  vaste  univers  :  le  genre  humain  j 
est  détruit,  et  le  monde  fini.  ( 

Le  voilà  donc  anéanti,  ce  monde  entier  ;  ce  < 
n'est  plus  qu'un  tas  de  cendres  inanimées  et  cou-  ] 
vertes  d'épaisses  fumées.  Hélas  !  était-ce  donc 
pour  (3  monde  périssable  qu'il  fallait  former  ] 
tant  de  désirs,  faire  tant  de  projets,  livrer  tant  i 
de  combats,  commettre  tant  de  crimes  et  de  dé-  { 
sordres  ?  Que  sont  devenus  ces  richesses,  ces  < 
plaisirs,  ces  honneurs,  et  tous  ceux  qui  les  pos* 
sédaient  ?  Ne  savait-on  pas  que  tout  périrait  1 
et  qu'il  faudrait  un  jour  tout  quitter  et  allei  " 
rendre  compte  de  tout  au  Juge  suprême? 

2^.  Au  premier  son  de  la  trompette  fatale  qu(  < 
les  Anges  feront  entendre,  tous  les  morts  sor 
tant  du  tombeau,  se  rendront  dans  cette  célèbrt 
vallée  où  sera  l'assemblée  générale  de  tous  les 
hommes  qui  ont  été,  qui  sont  et  qui  seron 
à  jamais.  Oui,  tous  tant  que  nous  sommes,  non; 
serons  cités  à  ce  tribunal  redoutable,  où  le  sou 
verain  Juge  nous  interrogera,  nous  examinera  e 
nous  jugera  sur  tout,  et  dans  toute  la  rigueur  d 
ses  jugemens. 

Il  jugera  nos  pensées  ;  tant  de  pensées  mar. 
valses,  de  pensées  honteuses,  de  pensées  cri 
minelles;  tant  de  jugements  téméraires  :  quell 
matière  de  jugements. 

Il  jugera  nos  paroles,  il  les  pèsera  ;  parole 
oiseuses  et  inutiles,  paroles  libres  et  indécentes 
paroles  impies  et  scandaleuses;  ah  !  que  n'avions 
nous  mis  un  frein  à  notre  langue!  Il  jrgera  no 
ajBfections,  nos  sentiments  ;  et  sondant  le  fond  d 


.    ^  CONSIDERATIONS.  25 

^os  cœurs,  il  dévoilera  ces  affections  basses  et 
ftidignes,  ces  affections  coupables  et  déréglées, 
ées  affections  injustes  et  si  souvent  funestes.  De- 
quoi  nos  cœurs   dépravés  n'étaient-ils  pas  ca- 
pables, quand  la  passion  les  dominait  1 
i  II  jugera  nos  actions,  et  tous  les  motifs  qui 
les     auront    animées  ;    vanité,    complaisance, 
amour-propre,  respect-humain,  intérêt,   et  tant 
d'autres  vers  rongeurs  qui  infectaient  toutes  nos; 
œuvres  de  leur  funeste  poison. 

Il  jugera  même  nos  justices  et  nos  prétendues^ 
bonnes  œuvres,  si  souvent  défectueuses  et  im- 
parfaites, par  les  tiédeurs,  les  néglijçences,  les 
infidélités  qui  se  glissaient  presque  dans    tout, 
et  qui  altéraient  tout  dans  nous. 

Oh  !  que  de  péchés  inconnus,  que  de  mons- 
tres cachés  paraîtront  alors  !  Que  d'hypocrisies, 
de  dissimulations,  de  déguisements,  de  perfidies, 
de  désordres  secrets  !  Ces  crimes  qu'on  avait 
soustraits  aux  yeux  des  autres,  qu'on  aurait 
Toulu  se  déguiser  à  soi-même,  et  auxquels  on  ne 
pouvait  penser  sans  rougir,  tout  cela  paraîtra 
du  grand  jour,  sera  dévoilé  aux  yeux  de  tout 
^univers.  Quelle  honte,  quelle  confusion  pour- 
|es  coupables  !  0  montagnes,  tombez  sur  nous; 
iollines,  écrasez-nous,  s'écrieront-ils  étonnés, 
^larmes,  confondus,  sans  espoir,  sans  ressource» 
ians  la  vue  formidable  de  ce  qui  doit  arriver. 

3°.  Que  restera-t-il  donc?  que  de  porter  en« 
fin  la  dernière  sentence,  et  l'arrêt  éternel  qui 
doit  décider  de  tout  pour  toujours,  et  fixer  à 
jamais  le  sort  des  élus  et  des  réprouvés.  Venez^, 
(|  vous,  les  biens-aimés  de  mpn  père,  dira  aux. 


26 


CONSIDERATIONS. 


justes  le  Juge  suprême,  venez,  entrez  en  pos^ 
session  du  royaume  céleste,  qui  vous  a  été  pré- 
paré de  toute  éternité  ;  vous  avez  gémi,  voua 
avez  pleuré,  vous  avez  souffert,  venez  recevoir 
la  juste  récompense  de  vos  soupirs,  venite,  bene- 
dicti  Patris  meij  etc.  Et  vous  pécheurs,  vous 
coupables,  vous  obstinés,  retirez-vous  de  moi 
pour  toujours  ;  je  vous  maudis  à  jamais,  allez  et  ' 
soyez  précipités  dans  les  feux  éternels  qui  ont  * 
été  allumés  pour  les  démons  et  les  Anges  re-  ' 
belles  :  Discedite  d  me^  maledictij  in  ignem 
œternum,  A  ce  moment  même,  d'une  part,  le 
Ciel  s'ouvre,  le  Juge  suprême  y  monte  en 
triomphe  avec  ses  Elus  ;  mais  de  l'autre,  l'enfer 
ouvre  ses  abîmes,  et  engloutit  à  jamais  les  ré- 
prouvés  dans  ses  feux  vengeurs,  où  il  n'y  aura 
plus  pour  eux  que  pleurs  et  que  grincements 
de  dents,  qu'amertume  et  que  fiel,  que  rage  et 
que  désespoir  pour  partage.  Tout  est  fini  dans 
le  temps,  tout  sera  immuable  dans  l'éternité. 
Pensons-y f  et  ne  cessons  jamais  d'y  penser. 

Heureux,  si  en  y  pensant  toute  notre  vie, 
nous  pouvons  enfin  trouver  un  Juge  propice,  et 
obtenir  un  jugement  favorable. 


V''t-::.v,t 


^   V 


^  considerations.  2t 

VIe  Jour. 

i  L'ENFER. 

Trois  pensées  occuperoiit  éternellement  le 
damné,  le  déchireront  et  le  tourmenteront  à 
jamais j  sans  quil  puisse  les  éloigner.  Les 
voici;  méditons-les  : 

1^  J'ai  perdu  Dieu,  mon  créateur,  mon  sau- 
Teur,  l'auteur  de  mon  être,  mon  premier  prin- 
cipe, ma  fin  dernière,  la  source  de  mon  bonheur. 
JVi  perdu  Dieu  :  j'étais  fait  pour  le  posséder^ 
il  m'avait  créé  pour  lui,  il  me  destinait  à  sa 
gloire  ;  c'est  pour  cela  qu'il  m'avait  mis  sur  la 
terre  ;  actuellement  je  devrais  régner  avec  lui 
dans  le  ciel.  J'ai  perdu  Dieu,  hélas!  on  me  l'a- 
vait annoncé,  je  m'y  exposais  de  plein  gré.  In- 
sensé, que  je  connaissais  peu  la  grandeur  de 
cette  perte  et  l'abîme  de  ce  malheur!  J'ai  perdu 
Dieu  ;  et  en  le  perdant  j'ai  tout  perdu  ;  biens,, 
honneurs,  plaisirs,  liberté,  consolation,  espé- 
rance :  et  que  peut-il  rester  à  celui  qui  a  perdu 
^B  souverain  bien  ?  J'ai  tout  perdu,  hélas  !  il 
"il'en  fallait  pas  tant  pour  exciter  des  regrets  du- 
i^ant  la  vie.  A  la  moindre  perte  on  est  si  sen- 
sible, on  se  livre  à  des  retours  si  amers  :  on  peut 
cependant  se  consoler  d'une  chose  qu'on  perd 
par  une  autre  ;  mais  en  perdant  Dieu  j'ai  tout 
perdu  sans  réserve.  J'ai  perdu  une  bonté  dont 
les  douceurs  sont  ineffables  j  une  beauté  dont 
les  charmes  sont  ravissants  ;  une  libéralité  dont 


•m 


CONSIDERATIONS. 


les  trésors  sont  immenses  :  toutes  ces  perfections 
adorables  devaient  faire  ma  f«^licité,  et  elles  com- 
bleront à  jamais  mon  malheur. 

2^  J'ai  perdu  Dieu,  et  je  l'ai  perdu  par  ma 
faute.  Je  suis  damné,  et  je  pouvais  me  sauver  : 
tant  que  l'homme  est  en  cette  vie,  il  est  fasciné 
par  les   objets  créés,  aveuglé,  entraîné  par  les 
sens.    Esaû,  pour  un  mets  ordinaire,  vendit  son 
droit  d'aînesse  :   il  ne  connut  pas  d'abord  son 
malheur  ;   mais   quand  il  vit  les  bénédictions 
dont  il  s'était  privé,  quand  il  fit  réflexion  sur  sa 
perte,  et  sur  le  prix  auquel  il  l'avait  livré,  il  jeta 
des  cris,  il  fit  des  gémissement?,  il  poussa  des 
hurlements  lamentables  :    Irrugiit  clamore  ma- 
gno  (1).  Triste,  mais  naturelle  figure  du  réprou- 
vé qui  sacrifie  son  Dieu,  qui  immole  son  salut  et 
son  âme.     Il  la  sacrifie,  il  l'immole,  et  à  quoi  ? 
à  une  légère  satisfaction,  à  des  objets  péris- 
sables, à  un  plaisir  d'un  moment.  Durant  la  vie^ 
séduit  par  ses  passions,  il  fait  le  sacrifice  comme 
sans  peine,  il  est  aveuglé  sur  sa  perte  ;  mais  lors- 
que ses  yeux  dessillés  par  la  mort  lui  feront 
apercevoir  la  grandeur  du  bien  perdu,  l'indignité 
du  bien  préféré,  le  néant  de  tout  bien  auprès  de 
ce  bien  suprême,  ah  I  quels  seront  alors  son  éton- 
nement,  son  regret  et  son  désespoir  1  Quoi,  pour 
des  biens  périssables,  des  biens  d'un  moment, 
des  plaisirs  trompeurs,  et  toujours  mêlés  d'a- 
mertume, m'être  privé  des  biens  véritables,  des 
biens  immortels  I   Avoir  pu  me  sauver,  et  m'être 
damné,  et  damné  pour  des  riens!  :    '  < 

J'ai  perdu  Dieu  et  je  l'ai  perdu  par  ma  faute 

(1)^671.27.       ;  '  ^ 


CONSIDÉRATIONS.  20 

[  n'est-ce  que  Dieu  n'a  pas  fait  pour  me  sau- 
Iver  I  Manquais-je  de  secours  et  de  moyens  de 
[ealut  ?  Que  de  grâces  I  que  de  lumières  !  que  de 
[saintes  inspirations  !  que  de  bons  désirs  1  que  de 
[remords  touchants  !  Parents  chreHiens,  éducation 
[saiate,  horreur  naturelle  du  péché,  crainte  salu- 

:aire  de  Dieu  imprimée  dans  mon  cœur,  j'ai 
abusé  de  tous  ces  moyens  ;  j'ai  franchi  toutes  ces 
bornes,  j'ai  étoufifé  tous  ces  saints  désirs  et  cea 
vifs  remords  ;  je  pouvais  me  sauver,  et  je  me 
suis  perdu.  J'avais  devant  les  yeux  tant  de  bons 
exemples,  j'en  étais  touché,  édifié  ;  le  monde 
même  me  faisait  des  leçons  capables  de  me  dé- 
sabuser ;  il  m'ennuyait,  il  me  dégoûtait,  il  me 
présentait  mille  raisons  de  le  détester;  je  ne 
•«essais  de  me  plaindre  de  la  rigueur  et  de  la  pe- 
fianteur  de  son  joug  ;  je  faisais  de  temps  en 
iemps  des  réflexions  sur  le  danger  qui  me  me- 
naçait ;  la  mort  d'un  parent,  la  conversion  d'un 
^ami  me  troublaient,  m'effrayaient;  je  pensais  à 
revenir  à  Dieu;  je  différais,  je  me  rassurais  sur 
ia  résolution  de  faire  un  jour  pénitence  ;  je  n'en 
ni  pas  eu  le  temps,  ou  j'en  ai  abusé,  et  je  suis 
iidamné  ! 

'Que  fallait-il  pour  me  sauver  ?  Hélas  !  souvent 

)ôaucoup  moins  que  je  n'en  ai  fait  pour  me  per- 

Ire.  Ah  i  si  tel  jour,  dans  telle  occasion,  j'avais 
^uivi  la  lumière  qui  m'éclairait  ;  si  j'avais  pro- 
pté  du  bon  moment  qui  me  pénétrait  ;  si  j'avais 

Î)rofité  de  cette  retraite  où  l'on  m'invitait  ;  si,  ca 
our  de  solennité,  j'avais  approché  des  sacre- 
mens  comme  j'y  étais  porté;  si  j'avais  fait  à  Dieu 
le  sacrifice  qu'il  me  demandait,  actuellement  je 


30  CONSIDÉRATIONS. 

serais  avec  les  élus  dans  le  ciel,  et  je  suis  réprou 
vé  à  jamais. 

Durant  un  temps  j'avais  si  bien  commencé"? 
j'étais  à  Dieu,  et  j'étais  si  content!  Encore  quel| 
ques  années  de  persévérance,  quelques  jours  de  1 
combat,  j'étais  sauvé  et  je  suis  damné  ! 

3*^  J'ai  perdu  Dieu,  et  je  l'ai  perdu  pour  tou-  - 
jours.     C'en  est  donc  fait ,  mon  arrêt  est  portf 
mon  sort  est  décidé,  mon  malheur  est  à  jamai 
sans  ressource  :    il  y  a  un  Dieu,  et  jamais  je  m 
le  verrai  I  II  y  a  une  région  des  élus,  et  jamais  jt 
n'y  entrerai  !  Il  y  a  un  bonheur,  et  jamais  je  ik 
le  posséderai  !  Terrible  pensée,  jamais  et  ton 
jours  {jamais  de  consolation,  jamais  de  fin,  jamai 
de  miséricorde,  jamais  de  lueur  d'espérance 
toujours  dans  les  larmes,  toujours  dans  les  n 
grets,  toujours   dans  les   souffrances,  toujoui 
dans  l'amertume  et  le  désespoir  !    Les  année 
auront  passé,  les  siècles  se  seront  écoulés  ;  1    * 
soleil  aura  mille  fois  commencé  et  fini  sa  car  1 
rière  ;  les  royaumes  auront  changé  mille  foi   \ 
de  face  ;  et  le  damné  ne  fera  encore  que  com   ^ 
mencer  sa  c  rriére.     Mais  quoi  !  mon  Dieu,  n  ^ 
vous  laisserez-vous  jamais  toucher,  jamais  apai  ^ 
ser?  Vous,  autrefois  si  bon,  si  miséricordieux  .^ 
si    compatissant,    ne   vous   laissez-vous    poir.  ^ 
attendrir  par  les  cris,  les  gémissements,  les  lai  j 
mes,  les  soupirs  de  feu  que  pousseront  des  créa  ^ 
tures  formées  à  votre  image,  et  rachetées  dî| 
votre  sang?    Quoi  après  des  millions  d'année  | 
et  de  siècles  révolus,  votre  justice  ne  sera-t-ell  ^ 
ipoint  satisfaite,  et  quelques  lueurs  de  miser    ; 
<5orde  ne  vieedront-elles  point  paraître  à  mel 


'  CONSIDÉRATIONS.  31 

reux  ?  Non  ce  Dieu  vengeur  sera  à  jamais  sourd 
ma  voix,  et  implacable  dans  ses  vengeances. 

^n  mûr  de  division  s'élèvera  à  jamais  entre  lui 
jt  moi  ;  un  nuage  sombre  et  affreux  le  dérobera 
fans  cesse  à  mes  yeux  ;  un  chaos  immense  nous 
Réparera,  nous  divisera  à  jamais.  Je  lèverai  les 
yeux,  et  je  ne  le  verrai  point;  je  pousserai  des 
«ris  et  il  ne  les  entendra  point  ;  j'appellerai  un 
père,  et  je  ne  trouverai  qu'un  vengeur. 


VIIb  Jour. 

L'ÉTERNITÉ. 

L'homme  entrera  un  jour  dans  la  maison  de 
aon  éternité,  dit  l'Esprit-saint  :  Ibit  homo  in  do- 
ftium  œternitatis  suœ  (1).  Il  est  donc  vrai,  ô 
iiomme  mortel,  que,  si  vous  êtes  en  ce  monde, 
<3e  n'est  pas  pour  toujours  ;  qu'après  cette  vie 
Courte  et  de  quelques  jours,  il  en  succédera  une 
autre  qui  n'aura  point  de  fin?  Il  est  donc  vrai, 
homme  pécheur  et  impénitent,  que  tes  crimes, 
s  excès,  tes  désordres  ne  seront  pas  impunis 
que  les  abîmes  des  vengeances  s'ouvriront  un 
ur  pour  t'engloutira  jamais  ?  Il  est  donc  vrai, 
âmes  justes,  que  vos  vertus,  vos  afflictions  ne 
ront  pas  sans  récompense,  et  qu'une  couronne 
mortelle  leur  est  préparée  dans  le  sein  des 
us,  dans  la  région  des  vivants  ? 

il)  Ecoles.,  12. 


*^2  CONSIDÉRATIONS. 

Eternité  1  après  quelques  années  passées  dan| 
les  amusements,  la  joie,  les  plaisirs,  labon  , 
dance,  une  éternité  toute  entière  dans  les  re  ] 
crets,  les  remords  et  le  désespoir  :  toujours  (  i 
%mais;  ces  deux  mots  feront  la  méditatio:  i 
éternelle  du  réprouvé  ;  toujours  dans  les  tour  y 
ments,  toujours  dans  les  flammes,  toujours  dai  ] 
le  sein  des  horreurs  ;  jamais  la  moindre  lueu  j 

d'espérance.  '  i      jt     ^ 

Eternité  1  après  quelques  années  passées  dar 

les  croix,  les  peinent,  les  exercices  pénibles  de  1  i 

vertu  une  éternité  toute  entière  de  joie,  de  cor  a 

solations,  de  bonheur,  d'ineffables  délices  :  toi  J 

jours  et  jamais  ;  ce  sera  la  contemplation  étei  1 

nelle  du  prédestiné.     Toujours  dans  Dieu,  avt  v 

Dieu  heureux  du  bonheur  même  de  Dieu.     Jai 

mais' de  crainte,  de    chagrins,  de  vicissitude  w 

de  changements  :  toujours  et  jamais  ;  jamais  a 

toujours.    Malheur  à  qui  n'y  pense  pas,  ma  J 

malheur  plus  grand  encore  à  qui  y  pense,  0 

qui  ne  vit  pas  en  chrétien  et  en  saint  I  ▼ 

Hélas!  insensés  que  nous  sommes!  que  faQ 

sons-nous  le  peu  de  jours  que  nous  passons  s» 

la  teire  ?  On  ne  pense  qu'au  temps,  on  ne  s'opi 

cupe  que  du  temps,  on  ne  travaille  que  pour«: 

temps,  on  ne  vit  que  pour  le  temps;  etrét| 

nité  nous  attend,  et  l'éternité  avance  à  chaq* 

moment,  et  l'éternité  va  nous  recevoir  ;  demaP| 

pent-être  nous  entrerons  dans  son  sein.  AujoiK^ 

d'hui  dans  la  joie,  les  festins,  les  parties  de  pP 

sir  ;  et  demain  dans  les  larmes,  les  soupirs,  - 

sanglots.     Quel  aveuglement  î  —  ^ 

Il  y  a  une  éternité  1  y  avons-nous  pensé  f« 


m 


CONSIDERATIONS.  33 

nsons-nous  sérieusement,  efficacement  ?  Est- 
ce  tendre  enfant,  qui,  à  la  honte  de  ceux  qui 
i  ont  donné  la  vio,  sait  à  peine  qu'il  y  en  a 
l^no  autre?  Est-ce  cette  jeune  personne,  livrée 
iiux    amusements,  aux   enchantements  de    ce 
monde  et  aux  désirs  déréglés  de  son  cœur? 
lÎBt-ce  cette  personne  avancée  en  âge,  qui  ne 
pense  qu'à   prolonger  une  vie  qu'elle  devrait 
consacrer  à  la  pénitence  ? 
Si  l'on  pensait  à  l'éternité,  quel  changement 
i  térrait-on  dans  les  cœurs  I  Cet  ennemi  ne  pen- 
serait-il pas  à  se  réconcilier,  et  voudrait-il  aller 
paraître  devant  Dieu,  le  fiel  dans  la  bouche  et 
!  r«nertume  dans  Turae  ?     Celui-ci  garderait-il 
un  bien  qu'il  sait  ne  posséder  qu'à  titre  d'injus- 
tice? Celui-là  porterait-il  dans  la  conscience 
Utt  doute    qui  l'inquiète,  et  attendrait-il    d'en 
aroir  l'éclaircissement  au  tribunal  du  souverain 
Juge  ?  Si  l'on  y  pensait,  se  conduirait-on  comme 
on  se  conduit?  Agirait-on  comme  on    git?  Vi- 
Trait-on  comme  on  vit  ?  Qui  est-ce  qui  pensant 
qw^après  cette  vie  périssable  et  mortelle,  il  y  en 
a  Une  immortelle  et  durable,  ne  lui  consacrerait 
PM  tous  ses  soins  ?    Qui  est-ce  qui,  voyant  un 
^er^  ouvert  sous  ses  pieds,  comme  un  abîme 
t  à  l'engloutir  à  jamais,  ne  se  résoudrait  pas 
)ut  entreprendre,  à  tout  souffrir,  à  tout  perdre    . 
|r  1  éviter?     Qui  est-ce  qui,  envisageant  la 
Ire,  les  délices  d'une  éternité  bienheureuse, 
MJoupirerait  pas  sans  cesse  après  elle  ? 
!   Ah  !^  si  l'on  pensait  sérieusement  à  l'éternité 
etplaisirs  auraient-ils  des  sectateurs?  Le  mondé 
«U?ait-il  des  partisans  ?  Le  péché  aurait-il  des 

0 


34  CONSIDÉRATIONS. 

esclaves?  Non,  je  ne  crains  pas  de  le  dire,  dès 
lors  les  assemblées  mondaines  seraient  désertes,  ^ 
•   les  parties  de  plaisirs    seraient   rompues,  les  ^ 
snectacles  profanes  abandonnés  :  il  n'y  aurait    j 
de  foule  que  dans  les  temples  ;  les  autels  seraient    i 
environnés,  les  tribunaux  de  la  pénitence  assi-    i 
éffés  ;  chacun  de  nous,  comme  absorbé  dans   , 
cette  grande  pensée,  se  dirait  dans  cesse  a  lui-   i 
même  :  Il  y  a  une  éternité,  je  la  crois,  je  la  < 
crains,  je  l'attends  ;  elle  peut  me  surprendre  a  < 
tous  les  moments  ;  du  soir  au  matin  je  puis  y  ( 
être  appelé,  et,  si  cela  arrivait,  serais-je  en  état  « 
d'y  rentrer?  Ah!  puisque  je  ne  dois  un  jour  i 
terminer  ma  course  en  ce  monde  que  pour  en  c 
commencer  une  nouvelle  dans  l'autre,  n  est-il  r 
pas  de  la  sagesse  d'y  penser  sans  délai,  de  my  < 
préparer  sans   relâche?     Et  quel  serait  mon  1 
malheur,  si,  après  des  réflexions  si  solides,  je  î 
vivais  comme  j'ai  vécu,  comme  ceux  qui  sem- 
blent n'avoir  rien  à  espérer  ou  à  craindre  après  fc 

cette  vie. 

0  pensée  de  l'éternité,  que  vous  êtes  grande,? 
que  vous  seriez  salutaire  1  mais,  hélas  1  que  vous» 
êtes  peu  méditée  1  P 

P 
YIIIe.  Jour.  ^ 

'  LE  DÉLAI  DE  LA  CONVERSION,      v 

Ne  différez  pas  de  jour  en  jour  de  vous  cou-j] 
vertir.  (1)  Tous  les  jours  on  voit  dans  le  mondej. 

(X)  Ecd.  5.—  (* 


I 


}  t 


CONSIDÉRATIONS.  3^., 

18  pécheurs  qui  vivent  dans  le  péché,  qui  crou- 
Bsent   dans   le   péché,  en   disant  sans    cesse 
'ils  se  convertiront,  en   se  flattant  qu'ils  au- 
Dt  toujours  le  temps  de  se  convertir.     C'est   . 
le  illusion,  c'est  un  aveuglement  qui  a  perdu 
qui  perdra  une  infinité  d'âmes  :  pécheurs,  ne 
lus  flattez  pas  ;  si  vous  différez  de  vous  conver- 
tir, vous  risquez  de  ne  vous  convertir  jamais,  et 
di  mourir  en  réprouvé  ;  du  moins,  dans  les  prin- 
cipes de  la  foi,  tout  doit  vous  alarmer,  et  rien 
qui  puisse  vous  rassurer  dans  votre  criminelle 
espérance.     Oui,  dans  la  foi,  tout  doit  alarmer 
un  pécheur   qui  diffère  de   se   convertir.     Les 
oracles,  les  menaces,  les  comparaisons,  les  figu- 
roB,  les  paraboles,  les  exemples,tout  devient  pour 
ce^pécheur  indifférent  un  sujet  d'alarmes.  Tout 
lui  dit,  au  nom  du  Dieu  même  :  Ne  différas  ! 
iVe.différez  pas. 

Alarmes  dans  les  oracles  :  rien  de  si  redouta- 
DU,que  les  textes  de  l'Ecriture  sur  ce  sujet. 
U»<«rchez  le  Seigneur  tandis  qu'on  peut  le  trou- 
rei^i  Quœrite  Dominum,  dum  inviniri  pot  est  (2). 
Marchez  tandis  que  vous  avez  la  lumière,  de 
P^jr  que  les  ténèbres  ne  vous  surprennent; 
lOulate,  dum  luceur  habetis  (3).  Veillez  et 
%  parce  que  vous  ne  savez  ni  le  jour  ni- 
re,  et  qu'à  l'heure  que  tous  y  penserez  le 
s,  le  Fils  de  l'homme  viendra  :  Quâ  horâ. 
mtatis  (4). 

armes  dans  les  menaces  :  Vous  me  cher- 
j  ,  ez,  dit  le  Seigneur,  et  vous  ne  me  trouverez 
îag  :  Quœretis  me,  et  non  invenietis  (5).  Vous. 
(t)-Isa.,36.    {3)Joan.,12.    (4)Xucvl2.    (5)  Jean.,  T^ 


i 


36  CONSIDÉRATIONS. 

m'avez  abandonné,  outragé  durant  votre  vie  ; 
j'aurai  mon  temps  :  à  la  mort,  je  vous  livrerai 
à  votre  sort,  et  j'insulterai  à  votre  malheur:  In 
interitu  vestro  ridebo.  Vous  vivez,  vous  persé- 
vérez dans  le  péché  ;  vous  mourrez,  vous  pé- 
rirez dans  votre  péché  :  In  peccato  vestro  mori- 
emini  (1). 

Alarmes  dans  les  comparaisons  :  Comme  un 
voleur  vient  surprendre  dans  la  nuit  et  atta- 
quer dans  la  profondeur  du  sommeil,  ainsi  la 
mort  viendra  vous  surprendre  dans  le  sommeil 
et  la  nuit  du  péché  :  Sicut  fur  (2).  Comme  la 
proie  tombe  dans  les  filets  de  celui  qui  les  tend, 
ainsi  le  péc^ieur  tombera  sous  le  coup  de  la 
mort  :  Sicut  piscis  capietur  hanio  (3). 

Alarmes  dans  les  figures  :  voilà  l'éclair  qui 
brille  un  instant,  et  au  même  instant  il  dispa- 
raît et  s'éclipse  ;  c'est  l'image  de  votre  vie  : 
aujourd'hui  vivants  en  ce  monde,  demain  trans- 
portés dans  l'éternité  :  Sicut  fulgur  (4).  Déjà 
la  cognée  est  attachée  à  la  racine  de  l'arbre, 
elle  va  frapper,  et  l'arbre  sera  coupé  et  livré 
au  feu  :  Jam>  sccuris  ad  radicem  posita  est  (5). 

Alarpaes    dans    les    paraboles  :  les    Vierges 

folles  s'endorment  en  attendant   la  venue   de 

l'Epoux;  au  milieu  de   la  nuit  l'Epoux  vient, 

elles  se  présentent  et  elles  sont  rejetées  :  Nescio 

vos.     Le  serviteur  est  surpris  à  l'arrivée  de  son 

maître  ;  il  est  saisi,  lié,  précipité  dans  les  ténè-   a 

bres  extérieures  ;  EJicite  eum  in  tenebras  exte-   j 

riores  (6). 

(1)  Joan.,  27.  (4).  Matth.,  24.  ^ 

;   (2)  Thess.,  5.  (5)  Luc,  3. 

(8;  Ecoles,  &.  (b)  Matth.,  25. 


J  CONSIDÉRATIONS.  37 

i     Alarmes  dans  les  exemples  :  Esaû  vend  son 
^'droit  d'aînesse  :  il  veut  en  revenir,  mais  il  n'est 
Iplus  temps  ;  la  bénédiction  «st  perdue  pour  tou- 
jours.    Antiochus  mourant  crie,  gémit  et  sou- 
pire i  malheureux!  l'Ecriture  dit  que  son  cœur 
n'était  pas  droit;  il  demande  un  pardon  qu'il 
ne  devait  pas  obtenir  :  Orabat  scelestus  veniam, 
qaam  non    erat  impetraturus  (1).      Pécheurs 
aveugles,  tous    ces    anathèmes    foudroyants, 
qu'annoncent-ils  à  ceux  qui  différent  de  se  con- 
vertir à  la  mort?  Selon  ces  oracles,  que  peuvent 
Attendre  ces  malheureux  qui  durant  leur  vie  ont 
été  sourds  à  la  voix  de  Dieu,  qui   ont  résisté 
obstinément  à  la  grâce,  qui  ont  étouffé  la  voix 
-qui  les  invitait  à  la  pénitence,  qui  ont  contristé 
FEsprit-saint  dans  leur  cœur,  qui  ont  profané 
le  sang  adorable  de  l'alliance,  qui  se  sont  en- 
durcis contre  tous  leurs  remords?  Que  peut-on 
«n  attendre  ?  si  ce  n'est  qu'en  différant  de  se 
-convertir,  ou  ils  ne  feront  point  de  pénitence, 
ou  ils  ne    feront  qu'une   fausse    pénitence,  et 
'qu'ils  mourront  en  impénitents  et  en  réprouvés. 


IXe.  Jour. 

A  NÉCESSITÉ  DE  LA  PÉNITENCE. 

[1  n'y  a  que  deux  chemins  pour  aller  au  ciel  • 
inocence  ot  la  pénitence.    Si,  par  le  péché, 
inocence  a  fait  un  triste  naufrage,  il  ne  reste 
«que  la  pénitence  pour  se  sauver  :  heureux  en- 
(1)  Matth.,  y. 


vr'» 


'38  CONSIDÉRATIONS. 

core  que  Dieu  nous  donne  le  temps  de  la  fain 
en  ce  monde,  pour  ne  pas  subir  une  peine  éter 
nelle  dans  l'autre!  Pensez-  y  bien. 

Saint  Pierre,  parlant  aux  Juifs,  leur  repré 
senta  si  vivement  l'horreur  du  crime  qu'il 
-avaient  commis  en  mettant  à  mort  Jésus-Chris 
rie  Saint  des  saints,  que  ses  auditeurs,  touchéi 
consternés  et  fondant  en  larmes,  s'écrièrer 
tous  de  concert:  Ahl  mes  frères!  que  feroBi 
nous  donc  et  que  deviendrons-nous  ?  Viri  fn 
tresj  quid  faciemus  (1)?  Faites  pénitence,  lei 
dit  saint  Pierre  :  Pœnitentiam  agite  ;  car  je  voi 
l'annonce  au  nom  de  Dieu  même,  si  vous  i 
faites  pénitence,  vous  périrez  tous  :  Nisi  pœm 
tentiam  egeritiSj  omnes  similiter  perititis. 

Ce  quii  leur  disait,  il  nous  lé  dit  à  nou 

mêmes.     Faites  pénitence  ;  vous  avez  été  p- 

cheurs,  soyez  pénitents  ;  sans  la  pénitence,] 

mais  vous  n'obtiendrez  de  pardon  ;  jamais  to 

ne  rentrerez  en  grâce  avec  Dieu  ;  jamais  vc 

n'entrerez  dans    le    ciel  :    éternellement   vo 

serez  malheureux,  réprouvés  et  maudits  :  0 

nés  similiter  peribitis.     Faites  pénitence  :  Pai 

tentiam  agite.     Ainsi  se  sont  comportés  tant 

saints  autrefois  pécheurs.     Voyez  un  David q 

a  toujours  son  péché  devant  les  yeux  pour 

déplorer;    voyez  une    Madeleine  inconsolat 

dans  sa   douleur  ;    voyez   une  sainte  Péla[ 

noyée  dans  ses  larmes  ;  voyez  un  saint  Augii 

tin  gémissant  tous  les  jours  de  sa  vie  ;  voj 

tant   d'autres  saints   pénitents  livrés  à  toi . 

sTamertume  de  leurs  regrets,  ensevelis  dansl 
(1)  Act.  2.  ;  :  ^ 


CONSIDERATIONS.  39 

■«intres  et  dans  les  cavernes,  et  faisant  retentir 
les  forêts  de  leurs  soupirs  et  de  leurs  sanglots. 
Pécheurs  comme  eux,  et  peut-être  plus  qu'eux, 
faites  pénitence  avec  eux  :  Pœniteiitiam  agite  ; 
«ans  quoi  un  malheur  éternel  sera  votre  sort. 
Mais  quelle  pénitence  faut-il  pratiquer  pour  ob- 
tenir de  Dieu  le  pardon?  En  voici  les  sacrés 
[caractères. 

Pénitence  prompte  :  ne  différez  pas  ;  aujour- 
'td'hui  vous  vivez,  demain  peut-être  vous  ne 
fierez  plus.  Pénitence  sincère  :  que  votre  cœur 
4Soit  brisé  de  douleur  ;  les  hommes  voient  le 
dehors,  mais  Dieu  sonde  le  fond  des  cœurs. 

Pénitence  sévère  :  plus  les  péchis  ont  été 
grands,  plus  la  pénitence  doit  être  rigoureuse  : 
péchés  plus  multipliés,  plus  réfléchis,  réitérés 
par  de  tristes  rechûtes  ;  dès  lors  pénitence  plus 
étendue,  plus  sévère  et  plus  rigoureuse. 

Pénitence  universelle  :  tout  a  péché  dana 
vous,  tout  doit  être  puni.  Pénitence  d'esprit, 
pour  tant  de  mauvaises  pensées  ;  pénitence  de 
«cœur,  pour  tant  d'affections  coupables  ;  péni- 
tence du  corps  et  des  sens,  pour  tant  de  satis- 
factions criminelles  :  tout  a  été  infecté  par  le 
péché,  tout  doit  être  lavé  et  purifié  par  la  pé- 
nitence. 

Pénitence  conforme  à  l'espèce  et  à  la  qualité 
des  péchés  :  vous  vous  êtes  malheureusement 
Répandu  et  dissipé  dans  le  monde,  condamnez- 
vous,  autant  que  votre  état  le  permet,  à  la  re- 
traite et  à  la  solitude  ;  vous  vous  êtes  attaché 
aux  biens  de  la  terre,  faites  de  plus  abondantes 


40  CONSIDERATIONS. 

aumônes  ;  vous  avez  donné  dans  des  excès  de   ] 
testables  ;  expiez-les  par  les  jeûne.  I 

Enfin  pénitence  constante,  et  qui  dure  autan;  1 
que  votre  vie  :  un  seul  péché  mortel  suflSraii  i 
pour  pleurer  la  vie  tout  entière  et  les  sièclet  ^ 
entiers  ;  que  sera-ce  de  tant  de  péchés,  et  de  s;  i 
grands  péchés  ?  Pœnitentiam  agite,  i 

Votre  pêche  crie  sans  cesse  contre  von;  c 
devant  Dieu  ;  faites-lui  entendre  la  voix  de  vos  ( 
gémissements  et  de  votre  douleur.  Si  la  pra-  < 
tique  de  la  pénitence  vous  parait  dure  et  péni-  < 
ble,  pensez  à  la  grandeur  de  Dieu  dont  vous 
avez  offensé,  pensez  à  la  grandeur  des  crimes 
que  vous  avez  commis,  pensez  à  la  profondes 
des  plaies  que  vous  avez  faites  à  votre  âme, 
pensez  à  la  longueur  du  temps  que  vous  avez 
perdu,  pensez  au  nomtre  des  grâces  dont  vous 
avez  abusé,  pensez  au  sang  adorable  de  Jésus- 
Christ  que  vous  slyqz  profané,  pensez  à  la 
ligueur  des  jugements  que  vous  avez  à  subir, 
j)(ri-ez  surtout  à  l'horreur  des  peines  éternelles 
que  vous  avez  méritées.  Hélas  !  nous  devrions 
déjà  depuis  longtemps  être  précipités  au  fond 
des  enfers,  sans  espérance,  sans  retour,  dans  la 
rage,  la  fureur  et  le  désespoir:  Ahl  que  ces 
grands  objets  nous  engageront  puisamment  à 
la  pénitence,  si  nous  y  pensons,  si  nous  les 
méditons  devant  Dieu  ! 

Après  tout,  si  la  pénitence  est  difiBcile  et  pé- 
nible. Dieu  nous  l'adoucira  par  sa  grâce  ;  il  nous 
soutiendra,  il  nous  animera,  il  nous  purifiera,  il 
nous  sauvera  :  dans  cette  pensée  salutaire,  la 


«1 


V         .\    ■ 


■m 


1 


CONSIDERATIONS. 


41 


pénitence  la  plus  austère,  la  plus  sévère,  la  plus 
Ijjgoureuse,  nous  deviendra  peu  à  peu  suppor- 
table ;  et  enfin  elle  nous  deviendra  consolante. 
Que  n'ont  pas  fait  et  souffert  les  saints  pénitents  ? 
-Que  n'a  pas  souffert  Jésus-Christ  même,le  grand 
njtodèle  de  la  pénitence  1  Armons-nous  de  cou- 
rage contre  nous,  et  vengeons  Dieu  des  outrages 
que  nous  lui  avons  faits.  Il  vaut  mieux  souffrir 
des  peines  passagères  et  méritoires  en  ce  monde 
que  d'être  condamnés  à  des  peines  éternelles  et 
désespérantes  dans  l'autre. 


'■^\i 


■  fwr^  :*•■•;  ':;,--'.î 


42  LE   RETOUR   X  DIEU. 


LE  KETOUR  À  DIEU. 


Venez  sur  le  Calvaire,  âme  affligée  à  la  t|, 
•de  vos  péchés,  pénétrée  de  la  grandeur 
vos  offenses  ;  venez  y  chercher  le  remède  à  t 
maux  et  le  pardon  de  vos  crimes  :  c'est  la  t 
du  sang  de  Jésus-Christ  même  qui  vous  appe! 
Levez  les  yeux  et  contemplez   celui  qui  par 
sur  la  croix  ;  vous  trouverez  dans  son  ce 
ouvert  une  miséricorde  qui  voit  des  pèche' 
mais  qui  ne  les  regarde  que  pour  être  touc: 
-de  compassion  et  les  appeler  à  la  pénitec 
Considérez  que  l'état  le  plus  triste  et  le  \ 
déplorable  où  l'homme  puisse  se  trouver,  c 
l'état  du  péché  et  des  grands  péchés  ;  et  qu 
sentiment  le  plus  ineffable  que  puisse  avoir 
Dieu,  c'est  celui  de  la  grande  miséricorde.  '. 
grands    crimes  sont  ceux  qui  se  commet! 
avec  plus  de  grâces  :  la  grande  miséricorde^ 
celle  qui  arrête  le  bras  vengeur  :  pour  doDj 
le  temps  du  retour  aux  coupables,  elle  leur  t| 
les  mains,  elle    les  invite   elle-même,  ellef 
sollicite  et  les  presse,  elle  ouvre  leurs  y| 
Aveuglés,  elle  les  éveille  de  leur  profond 
meil,  et  leur   fait   voir  inopinément  dans 
grand  jour  l'horreur  de  leur  péché,  le  danL 
terrible  de  leur  état,  le  chemin  d'un  retour^ 
lu  taire.  " 

Grande  et  ineffable  miséricorde   d'un  I 
-qui  pouvant  frapper,  aime  mieux  convertir;     , 
•est  toujours  disposé  à  recevoir  le  pécheur,    j 


•v^.'  ^  ,   :^':   f  ; 


XE   RETOUR    1   DIEU.  43 

jtevient  avec  sincérité  demander  sa  grâce.  Par- 
lez, pécheur  infortuné,  combien  de  péchés 
jurant  votre  vie,  depuis  le  premier  moment  où 
tous  avez  commencé  d'être  pécheur  1  et  cembien 
4e  traits  de  bonté  dans  Dieu  depuis  ce  triste 
tooment  !  Qu'avez-vous  mille  fois  mérité,  que 
renfer  ?  Et  cependant  quel  jour  s'est  passé  où  ce 
tendre  Père  des  miséricordes  ne  vous  aitattendu, 
ne  vous  ait  appelé,  ne  vous  ait  montre  et 
ouvert  son  cœur,  pour  vous  engager  à  sortir  de 
Fabîme  où  vous  étiez  plongé,  à  vous  éloigner 
des  portes  de  la  mort  éternelle  où  vous  étiez  en 
dftnger  de  tomber  ?  et  cela  sans  jamais  se  lasser 
de  vos  résistances,  sans  jamais  se  rebuter  de  vos 
outrages.  Actuellement  même,  dans  quel  état 
étes-vous  devant  lui,  et  quel  objet  présentez- 
Vous  à  ses  yeux  ?  Or,  quelque  triste,  quelque 
déplorable  que  puisse  être  votre  état,  quelque 
gtands  crimes  que  vous  ayez  commis,  de 
quelque  grâce  que  vous  ayez  abusé,  enfant  pro- 
digue, si  vous  venez  vous  jeter  aux  pieds  de  ce 
tendre  Père,  il  est  prêt  à  vous  ouvrir  son  cœur 
:j|our  vous  recevoir  ;  votre  sincère  retour  sera 
dn  sujet  de  consolation  pour  lui  :  tout  le  ciel 
prendra  part  à  sa  joie,  et  votre  retour  causera 
l^utant  de  satisfaction  que  votre  éloignement 
avait  causé  de  douleur. 

Vous  avez  commis  de  grands"  péchés,  vous 
avez  besoin  d'une  grande  miséricorde  :  venez 
dur  le  Calvaire,  c'est  l'endroit  où  elle  se 
trouve,  et  où  vous  devez  la  chercher.  Vous 
Itvez  versé  et  profané  le  sang  d'un  Dieu  ;  vous 
Iravez  immolé  et  crucifié   de  nouveau  par  vos 


44  lE    RETOUR   À.   DIEU. 

Déchés  ;  prosternez-vous  à  ses  pieds  ;  fait! 
parler  votre  douleur  et  le  regret  smcèce  ( 
votre  cœur  ;  à  l'instant  vous  entendrez  la  vo 
de  la  miséricorde  qui  sortira  des  plaies  du  cœ 
de  votre  Sauveur,  pour  vous  rappeler,  po 
vous  donner  le  baiser  de  paix,  et  joindre  s 
vos  lèvres  la  douceur  de  sa  grâce,  avec  1  ame  ^ 
tume  de  vos  regrets  :  c'est  dans  votre  ccen 
affligé  que  la  miséricorde  et  la  justice  se  re 
contreront  paur  cimenter  par  le  sang  d  un  Di 
le  grand  ouvrage  de  votre  conversion  et  de  vct 

pardon.  ^,  ^  ^, 

0  miséricorde  de  mon  Dieu,  que  vous  et 
grande  l  que  vous  êtes  ineffable  envers  les  p 
cheurs  I  S'ils  vous  connaissaient,  comment  i 
viendraient-ils  pas  tous  se  jeter  entre  vos  bras 
Je  viens  m'y  jeter  pour  toujours  ;  ayez  piti 
grand  Dieu,  de  mon  âme  que  vous  avez  crée 
Considérez  dans  elle  l'ouvrage  de  vos  mains, 
prix  de  votre  sang  adorable  ;  arrachez  au  démc 
une  victime  qu'il  était  prêt  d'immoler;  montre^ 
vous  grand  en  pardonnant.     Je  ne  cesserai  c^ 
bénir  vos  grandes  miséricordes,  et  toute  ma  v 
le  chanterai  vos  louanges.     Puissé-je  les  cel. 
brer  à  jamais  dans  le  ciel  1  Miscricordias  Domi^^ 
in  œtemum  cantabo  (1). 

Pensez-y,  c'est  votre  Dieu  même  qui  vous  i 
vite.  Pouvez-vous  lui  refuser  votre  cœur,  quacg 
il  vous  ouvre  le  sien  ? 
(l)Psalm.  88.       "       » 


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DEUXIEME  PARTIE. 


PRATIQUES  DIVERSES 

fcPOUR   LE   TEMPS   DE   LA   NEUVAINB. 


INTENTIONS. 

bouter  avec  respect  les  Instructions, 
Examiner    soigneusement    sa    cons- 
ience. 

S'imposer  chaque  jour  quelque  péni- 
îlioe. 

Montrer  du  zèle  pour  la  conyersion 
es 'pécheurs. 

ire  dire  des  messes,  ou  faire  brûler 
îerges.  > 

Brier  pour  les  âmes  du  Purgatoire. 


*  i 


46      '  PRATIQUES 

Faire  dévotement  le  Chemin  de  la 
croix. 

Assister  quelque  pauvre  suivant  ses 
moyens. 

Kéciter  pieusement  le  Chapelet, 

Gagner  le  plus  possible  d'Indul- 
gences. 

Prendre  de  bonnes  résolutions. 

Se  recommander  à  la  très  Sainte 
Vierge. 

PEIÈEE 

POUR  LA  SAINTE   MESSE. 

Recevez,  ô  mon  Dieu,  ce  sacrifice 
ineflfable  que  vous  oflfre  toute  votre 
Eglise  ;  recevez,  8  Dieu  éternel,  l'obla- 
tion  d^un  Dieu  éternel  comme  vous,  qui^ 
pour  vous  rendre  l'adoration  que  vous 
méritez,  a  bien  voulu  se  faire  homme,  et 
par  ce  moyen  se  mettre  en  état  de  victi- 


POUR   LA  NEU VAINE.  4T 

ïie  et  de  mort  ;  recevez  en  lui  et  par  lui 
tout  ce  que  nous  vous  devons. 

0  mon  Dieu,  c'est  pour  vous  adorer 
comme  notre  principe,  vous  reconnaître 
îomme  notre  souverain,  vous  louer  comme 
e  Dieu  trois  fois  saint,  et  vous  aimer 
îomme  l'incompréhensible  bonté,  que 
lous  vous  offrons  cette  adorable  hostie,, 
rotre  fils  unique.  Oh  !  que  j'ai  de  joie 
le  pouvoir  vous  offrir  un  Dieu  qui  se 
acrifie  pour  votre  gloire,  et  qui  vous 
onore  autant  que  vous  le  méritez  ! 
C'est  encore,  8  mon  Dieu,  afin  de  vous 
endre  d'humbles  actions  de  grâces 
our  tous  les  bienfaits  que  j'ai  reçus  de 
otre  infinie  bonté,  particulièrement  de 
a  création,  conservation,  rédemption,, 
ocation  au  christianisme,  et  de  tant  de 
âces  que  j'ai  reçues  de  votre  libéra* 
té,  nonobstant  mon  indignité  et  mes 
fidélités.     Je  vous  offre,  ô  mon  Dieu, 


48  PRATIQUES 

t  ■    , 

avec  l'Eglise,  votre  Fils  Jésus-Christ^ 
pour  remerciment  de  nous  l'avoir  donné, 
un  tel  don  ne  pouvant  être  payé  que  par 
une  telle  offrande. 

0  mon  Dieu,  votre  cher  Fils  n'est  pas 
seulement  une  victime  eucharistique, 
c*est  encore  une  hostie  d'expiation  pour 
tous  les  crimes  du  monde  ;  acceptez-la 
donc  en  satisfaction  de  tous  mes  péchés, 
et  de  ceux  de  tous  les  hommes  qui  vivent 
sur  la  terre,  et  des  âmes  fidèles  qui  . 
souffrent  dans  le  purgatoire.  l 

Je  vous  l'offre  enfin,  8  mon  Dieu,  pour 
obtenir  de  votre  bonté  tout  ce  qui  m'est 
nécessaire  ;  et  comme  vous  m'avez  déjà 
donné  votre  Fils,  et  en  lui  toutes  sortes 
de  biens,  je  vous  offre  ce  même  Fils  pour 
vous  supplier  instamment  de  m'en  con- 
server la  possession,  et  de  me  faire  la 
grâce  que  je  ne  sois  jamais  séparé  de 
lui  ;  ce  que  je  vous  demande  aussi,  ô» 


POUR   LA   NEUVAINE.  49 

mon  Dieu,  pour  mes  parents,  mes  amîs  et 
mes  ennemis,  et  particulièrement  pour 
les  personnes  pour  lesquelles  je  suis 
obligé  de  prier. 

IIP 
EXAMEN  DE  CONSCIENCE. 

N'ai-je  pas  manqué  à  mes  prières  du 
matin  et  du  soir  ? — N'ai-je  pas  manqué 
à  la  messe  le  Dimanche  ? — N'ai-je  pas 
approché  des  sacrements  sans  prépara- 
tion, sans  contrition  de  mes  péchés,  sans 
le  ferme  propos  de  m'amender  ? — N'ai-je 
pas  diflféré  à  restituer,  à  me  réconcilier 
avec  le  prochain,  à  m' éloigner  des  oc- 
cabions  du  péché  ? 

N'ai-je  pas  parlé  mal  du  prochain,  et 
même  des  prêtres  ? — N'ai-je  pas  tenu 
de  mauvaises  conversations  ? — Ne  me 
suis-je  pas  laissé  aller  à  la  colère,  et, 
dans  mes  emportements,  n'ai-je  pas  juré, 
blasphémé  le  nom  de  Dieu  ? 


50  PRATIQUES 

N'ai-je  pas  entretenu  dans  mon  es- 
prit de  mauvaises  pensées  et  de  mauvais 
désirs  ? N'ai-je  pas  contracté  des  liai- 
sons criminelles  ?— N'ai-je  pas  commis  et 
fait  commettre  de  mauvaises  actions  ?— 
N'ai-je  pas  fréquenté  des  compagnies 
dangereuses,  pris  part  à  des  jeux  inde- 
xants ? — Ne  me  suis-je  pas  permis  des 
danses  défendues  ?— N'ai-je  pas  lu  de 
mauvais  livres  ?— N'ai-je  pas  donné  des 

scandales  ? 

Ne  me  suis-jo  pas  laissé  aller  à  l'in- 
tempérance, à  la  gourmandise  ? — N'ai-je 
pas  perdu  mon  temps  dans  l'oisiveté  ?— 
N'ai-je  pas  employé  un  temps  considé- 
rable à  jouer?— N'ai-je  pas  mis  trop  de 
temps  à  me  parer  ?— N'ai-je  pas  fait  des 
dépenses  inconsidérées? — N'ai-je  pasj 
péché  par  jalousie  ?-— N'ai-je  pas  agij 
par  amour-propre  ? 

Ne  suis-je  pas  entré  dans  quelqd 
société   secrète  ? — N'ai-je  pas  fait  d 


POUR    LA   NEUVAINE.  51 

parjures  ? — N'ai-je  pas  failli  par  respect- 
humain  ? — Ne  suis-je  pas  tombé  dans 
des  superstitions  ? — N'ai-je  pas  fait  des 
mensonges  ? — N'ai-je  pas  rougi  de  ma 
Religion  ? — N'ai-je  pas  fait  gras  les  jours 
maigres  ? — Ne  me  suis-je  pas  abandon- 
né au  découragement  ? — Ne  suis-je  pas 
resté  dans  l'occasion  du  péché  par  pré- 
somption ? 

N'ai-je  pas  manqué  aux  devoirs  que 
je  devais  à  mes  parents  ? — N'ai-je  pas 
négligé  les  choses  dont  j'étais  charge  ? 
— N'ai-je  pas  été  la  cause  que  ma  fa- 
mille ait  souffert  de  mon  inconduite  ? — 
N'ai-je  pas  montré  une  humeur  insup- 
portable ? — N'ai-je  pas  entraîné  les 
[autres  dans  le  mal  par  mon  exemple  ? 

A  chacun  d  s^examiner  sur  ses  pen- 
'éeSy  ses  paroles^  ses  actions^  et  ses  omis- 
dons. — Aux  enfants^  aux  parents^  aux 
^erviteurSy  aux  maîtres^  à  8*examiner 
mr  leurs  devoirs  d'état. 


52  PRATIQUES 


lyo 


CHEMIN  DE  LA.  CROIX. 


PKEMIEEE  STATION. 

JÉSUS  EST  CONDAMNÉ  A  MORT. 

V.  Nous  VOUS  adorons,  8  Jésus,  et 
nous  vous  bénissons. 

R.  Parce  que  vous  avez  racheté  le 
monde  par  votre  sainte  croix. 

0  mon  divin  Sauveur,  par  l'injuste 
et  humiliante  condamnation  à  laquelle 
vous  vous  soumettez,  daignez  me  pré- 
server de  la  damnation  éternelle  que 
j'ai  méritée  par  mes  péchés. — Pater ^ 
Ave,  Gfloria  Patri. 


POUR   LA   NEUVAINE.  53' 

DEUXIÈME  STATION. 

JÉSUS  EST  CHARGÉ  DE  SA  CROIX. 

V.  Nous  VOUS  adorons,  ô  Jésus,  etc. 

0  mon  divin  Sauveur,  par  la  pesante 
croix  que  vous  consentez  à  porter  pour 
moi,  daignez  m'accorderla  patience  dans 
mes  peines,  Tamour  de  la  pénitence  et 
du  renoncement  intérieur. — Pater ^  Ave^ 
Gloria  Patri, 


TKOISIÈME  STATION. 

JÉSUS  TOMBE   POUR  LA   PREMIERE   FOIS  SOUS  LE 
POIDS  DE  SA  CROIX. 

* 

V.  Nous  vous  adorons,  etc. 

0  mon  Divin  Sauveur,  par  votre  pre- 
mière chute  sous  le  poids  de  votre  croix, 
daignez  m' accorder  la  grâce  de  marcher 
d'un  pas  ferme  dans  la  voie  de  vos  com- 
mandements, et  de  ne  m'en  écarter 
jamais. — Pater ^  Ave^  Gloria  Patri. 


54  '       PRATIQUES     :  . 

QUATRIÈME  STATION. 

JÉSUS  RENCONTRE  SA  TRES-SAINTE  MERE.. 

V.  Nous  VOUS  adorons,  etc. 

0  mon  Divin  Sauveur,  par  la  joie  que 
vous  ressentîtes  en  trouvant  votre  sainte 
mère  sur  votre  passage,  daignez  me 
rendre  sensible  aux  outrages  qui  vous 
sont  faits  tous  les  jours,  et  m'inspirer  le 
désir  de  vous  en  dédommager  par  une 
piété  fervente. — Pater^  Ave^  Gloria 
jPatri. 

CINQUIÈME  STATION. 

SIMON  LE  CYRÉNÉEN  AIDE  JESUS  A  PORTER  SA 

CROIX. 

V.  Nous  VOUS  adorons,  etc. 

0  mon  divin  Sauveur,  par  la  recon- 
,  naissance  que  vous  eûtes  pour  le  Cyré- 
néen,  qui  vou3  aida  à  porter  votre  croix, 
daignez  m'accorder  une  grande  com- 
passion pour  les  peines  et  les  chagrin» 
des  personnes  affligées. — Pater^  Ave^ 
Gloria  Patri.  .  ^  .  . 


POUR  LA  NEUVAINE.  55 

SIXIÈME  STATION. 

UNE    FEMME    PIEUSE    ESSUIE    LA   FACE   DU   SAU- 
VEUR. 

V.  Nous  VOUS  adorons,  etc. 

0  mon  divin  Sauveur,  par  le  mira- 
cle que  vous  fîtes  pour  récompenser  le 
dévouement  courageux  d'une  pieuse 
femme,  en  laissant  l'empreinte  de  votre 
face  sacrée  sur  le  linge  dont  elle  essuya 
votre  visage  baigné  de  sueur  et  de  sang, 
daignez  me  rendre  inacessible  au  res- 
pect-humain, lorsqu'il  s'agit  de  vous 
honorer  et  de  vous  servir. — Pater  ^  Ave  y 
Gloria  Patri, 

SEPTIÈME  STATION. 

JÉSUS  TOMBE   POUR   LA   SECONDE  FOIS. 

V.  Nous  vous  adorons,  etc, 
0  mon  divin  Sauveur,  par  votre  se- 
conde chute  sous  le  poids  de  votre  croix, 
daignez  m'accorder  la  grâce  de  me  re- 
lever promptement,  si  j'avais  le  malheur 


56  PRATIQUES 

de    tomber    dans  le  péché    mortel. — 
Pater,  Ave^  Gloria  Patri. 

HUITIEME  STATION. 

JÉSUS    CONSOLE    LES    FILLES     d' ISRAËL    QUI  LE 

SUIVENT. 

V.  Nous  VOUS  adorons,  etc. 

0  mon  divin  Sauveur,  par  les  conso- 
lations que  vous  donnâtes  aux  filles 
d'Israël  pleurant  sur  vous,  daignez  con- 
soler votre  Eglise  des  maux  qui  l'affli- 
gent, en  convertissant  les  impies,  les  hé- 
rétiques et  les  pécheurs. — Pater ^  Ave^ 
Grloria  Patri, 

NEUVIÈME  STATION. 

JÉSUS  TOMBE  POUR  LA  TROISIÈME  FOIS. 

V.  Nous  VOUS  adorons,  etc. 

0  mon  divin  Sauveur,  par  cette  troi- 
sième chute,  pour  vous  plus  douloureuse 
encore  que  les  deux  autres,  daignez  me 
préserver  du  malheur  affreux  de  la  re- 


POUR   LA  NEUVAINE.  5T 

chute  dans  le  péché,  et  de  celui  plus: 
affreux  encore  de  Pimpénitence  finale. — 
Pater,  Ave^  Gloria  Patri. 


DIXIEME  STATION, 

JÉSUS  EST  DÉPOUILLÉ  DE  SES  VETEMENTS. 

V.  Nous  VOUS  adorons,  etc. 

0  mon  divin  Sauveur,  par  la  confu- 
sion dont  vous  fûtes  couvert  lorsqu'on 
vous  dépouilla  de  vos  vêtements,  daignez 
me  donner  une  vive  horreur  du  vice 
impur,  l'amour  de  la  pudeur,  une  mo- 
destie exemplaire. — Pater ^  Ave^  Gloria 
Patri. 

i  ONZIÈME  STATION. 

► 

I  JÉSUS  EST  ATTACHÉ  A  LA  CROIX. 

i 

I      V.  Nous  vous  adorons,  etc. 

i  0  mon  divin  Sauveur,  par  les  indi- 
cibles douleurs  que  vous  endurâtes,, 
lorsque  les  bourreaux  vous  attachèrent 
à  la  croix,  daignez  m'accorder  la  grâce 


'•  :( 


§8  PRATIQUES       ; 

'de  tout  souffrir  avec  patience,  même  le 
martyre,  pour  l'expiation  de  mes  péchés 
et  pour  votre  gloire. — Pater ^  Ave^  Glor 
ria  Patri. 

DOUZIÈME  STATION. 
jÉkSus  meurt  sur  la  croix. 

V.  Nous  vous  adorons,  etc. 

0  mon  divin  Sauveur,  par  les  méri- 
tes de  votre  sainte  mort  sur  la  croix, 
daignez  m'accorder  de  mourir  à  tout 
pour  ne  plus  vivre  qu'en  vous,  par  vous 
et  pour  vous. — Pater ^  Ave^  Grloria  Pa- 
tri. 

,   TREIZIÈME  STATION. 

*  4 

JÉSUS    EST  DÉPOSÉ  DE  LA   CROIX  ET   REMIS  A  SA 

MÈRE. 

V.  Nous  vous  adorons,  etc. 

0  mon  divin  Sauveur,  descendu  de 
la  croix  et  remis  à  votre  sainte  mère, 
daignez  m'accorder  la  grâce  de  remet- 


POUR   LA   NEUVAINE.  50^ 

tre  en  mourant  mon  âme  entre  les  mains 
de  Marie,  et  mon  corps  sous  sa  protec- 
tion.— Pater ^  Ave^  Gloria  Patri. 

QUATOKZIÈME  STATION. 

JÉSUS  EST  MIS  DANS  LE  SEPULCRE. 

V.  Nous  vous  adorons,  etc. 

0  mon  divin  Sauveur,  par  les  méri- 
tes de  votre  sépulcre,  daignez  m'accor- 
der  la  grâce  de  mener  avec  vous  une 
vie  cachée  en  Dieu,  ignorée  du  monde 
et  connue  de  vous  seul  et  des  anges. — 
Pater ^  Ave,  Grloria  Patri. 

ORAISON. 

Jetez,  Seigneur,  un  regard  de  miséri- 
corde sur  cette  famille  pour  laquelle 
notre  Seigneur  Jésus-Christ  n'a  pas 
hésité  de  se  livrer  aux  mains  de  ses 
ennemis  et  de  subir  le  supplice  de  la 
croix. 


ÔO  PRATIQUES 

PRIÈRE  A  JÉ8US. 

0  Dieu,  qui  avez  voulu  pour  la  ré- 
demption du  monde  naître  dans  une 
crèche,  être  circoncis,  réprouvé  par  les 
Juifs,  trahi  par  un  baiser  sacrilège  du 
traître  Judas,  lié  comme  un  innocent 
agneau  qui  doit  être  immolé,  traîné  hon- 
teusement devant  les  tribunaux  d'Anne, 
de  Caïphe,  de  Pilate  et  d'Hérode,  accusé 
par  de  faux  témoins,  souffleté,  couvert 
de  crachats,  frappé  de  verges,  couronné 
d'épines,  tourné  en  dérision,  rassasié 
d'opprobres  et  d'ignominies,  enfin,  dé- 
pouillé de  vos  habits,  attaché  avec  des 
clous  sur  une  croix,  placé  entre  deux 
larrons,  abreuvé  de  fiel  et  de  vinaigre, 
et  percé  par  le  fer  d'une  lance  ;  aima- 
ble Sauveur,  ainsi  immolé  pour  con- 
sommer l'œuvre  sublime  de  notre  ré- 
demption, en  nous  arrachant  à  la  triple 
servitude  du  péché,  du  démon  et  de 
l'enfer,  je  vous  en  conjure,  par  tant  de 
supplices   atroces  endurés  par   amour 


POUR   LA  NEUVAINE.  Cl 

pour  moi,  et  dont  le  souvenir  sera  tou- 
jours pr(3sent  à  mon  cœur,  je  vous  en 
conjure,  par  votre  croix  et  votre  mort, 
délivrez-moi  des  peines  de  l'enfer,  et 
daignez  m'introduire  dans  ce  royaume 
céleste  où  vous  avez  introduit  le  larron 
pénitent  crucifié  avec  vous  ;  vous  qui 
étant  Dieu,  vivez  et  régnez  avec  le  Père 
et  le  Saint-Esprit,  dans  tous  les  siècles 
des  siècles.  Ainsi  soit-il. 


PKIÈEE 

PENDANT  LE    SALUT. 

0  Jésus,  Soleil  de  justice,  qui  ré- 
chaufiFez  et  éclairez  tout  l'univers,  faites 
luire  sur  nous  votre  divine  lumière  ;  em- 
brasez nos  cœurs  du  feu  sacré  dont  vous 
brûlez  vous-même  ;  remplissez  nos  âmes 
de  vos  splendeurs,  afin  que  cette  assem- 
blée de  fidèles,  prosternés  au  pied  du 
trône  de  votre  amour,  soit  une  véritable 
image  de  la  société  des  élus  dans  le 


I  ' 


62  PRATIQUES 

ciel.  Là-haut,  dans  la  Cité  de  Dieu, 
vous  faites  couler  sur  les  Saints  des  tor- 
rents de  délices  ;  ici  vous  faites  couler 
sur  les  âmes  pures  et  sur  les  cœurs  con- 
trits et  humiliés  des  fleuves  de  bénédic- 
tion. Dans  Sion,  vous  n'entendez  que 
des  cantiques  éternels  de  louanges  et 
d'actions  de  grâces,  des  transports  d'a- 
mour et  de  reconnaissance,  des  accente 
subhmes  d'allégresse  et  de  jubilation  ; 
ici,  vous  entendez  les  soupirs,  les  chants 
plaintifs  des  voyageurs  qui  traversent  le 
désert  pour  arriver  à  la  terre  promis. 
Sauveur  adorable,  vous  connaissez  nos 
misères,  nos  maux  spirituels  et  tempo- 
rels, les  dangers  innombrables  auxquels 
nous  sommes  exposés,  les  ennemis  terri- 
bles et  furieux  qui  nous  pressent  de 
toutes  parts,  le  besoin  extrême  que  nous 
avons  de  vos  grâces  et  de  vos  consola- 
tions. Soyez  mille  fois  béni  d'avoir  con- 
senti à  demeurer  au  milieu  de  nous, 
pour  être  notre  confident,  notre  ami, 
notre  défenseur.  Ah  !  sans  doute,  nous 
sommes  malheureux  ;  mais  puisque  vous 


POUR  LA   NEUVAINE.  63 

restez  avec  nous,  nos  peines  ne  sont  pas 
insupportables  :  vous  les  adoucissez  par 
votre  pr^isence,  vous  les  sanctifiez  par 
votre  grâce,  vous  les  rendez  même 
aimables  par  l'onction  de  votre  amour. 
Si  vous  n'étiez  pas  avec  nous,  que  de- 
viendraient les  enfants  de  Sion  dans  ce 
inonde  pervers  ?  Comment  pourraient- 
ils  vivre  au  milieu  de  cette  immense 
Babylone  et  chanter  des  cantiques  au 
Seigneur  da:as  une  terre  étrangère  ?. . . 
Ah  !  Seigneur,  qu'il  m'est  doux  de  le 
répéter  :  puisque  vous  daignez,  par  votre 
divine  présence,  adoucir  les  ennuis  de 
notre  exil,  nous  n'avons  pas  le  droit  de 
nous  plaindre  ;  notre  sort  n'a  rien  de 
trop  rigoureux.  Oui,  vous  résidez  sur 
cet  autel  ;  vous  nous  voyez,  vous  nous 
entendez,  vous  nous  considérez  avec 
tendresse,  et  vous  nous  dites,  avec  une 
bonté  incomparable,  que  votre  cœur  se 
consume  à  nous  aimer.  0  vérité  pleine 
de  charmes  pour  les  vrais  adorateurs  ! 
Cœur  généreux,  voici  l'heureux  moment 
où  les  bénédictions  célestes,  en  décou- 


64  ,  PRATIQUES 

lant  de  vous  comme  de  leur  source,  vont 
se  répandre  dans  le  temple  et  tomber  en 
abondance  sur  les  justes  dont  le  coeur 
brûle  d'amour  pour  vous,  et  sur  les 
pécheurs  qui  se  frappent  la  poitrine  ; 
elles  vont  descendre  sur  nous,  comme 
une  pluie  douce  et  salutaire  tombe  sur 
une  terre  desséchée  ;  puisse  mon  âme 
en  être  inondée  !  Soleil  d'amour,  puis- 
sent vos  divines  ardeurs  pénétrerjusque 
dans  les  replis  les  plus  cachés  de  mon 
coeur,  et  réduire  en  cendre  toutes  mes 
affections  profanes  et  terrestres  ! 


PKIERE 

« 

POUR  LE  JOUR  DE   LA  COMMUNION. 

Venez,  venez,  ô  mon  divin  Jésus. 
Je  suis  plongé  dans  des  ténèbres  horri- 
bles d'ignorance  et  de  péché  :  venez 
écarter  ces  obscurités,  et  faites  briller 
dans  mon  entendement  les  divines  lu- 


POUR   LA   NEUVAINE.  65 

migres  de  votre  reconnaissance.  Venez, 
ô  mon  adorable  Sauveur  !  Après  que 
vous  vous  êtes  livre  tout  entier  pour 
me  retirer  des  enfers,  je  suis  retombé  mi- 
sérablement sous  la  servitude  du  péché  : 
venez  encore  cette  fois  rompre  mes  liens, 
briser  mes  fers  et  me  rendre  la  liberté. 

Venez,  ô  charitable  médecin  de  mon 
âme  !  Après  que  vous  m'avez  fait  un 
bain  de  votre  sang,  que  vous  m'avez 
rendu  dans  le  baptême  plus  saint  que 
je  ne  méritais,  je  me  suis,  par  ma  faute, 
engagé  dans  mille  dangereuses  mala- 
dies qui  porte  le  dégoût  à  mon  cœur, 
la  faiblesse  à  mon  courage,  et  la  mort  à 
mon  âme  :  venez  donc  me  guérir,  ô  mon 
divin  médecin  ;  j'en  ai^plus  grand  besoin 
que  ce  paralytique  à  qui  vous  deman- 
diez s'il  voulait  être  guéri.  Oui,  mon 
Dieu,  je  le  souhaite,  tout  de  bon;  et 
vous  qui  connaissez  la  tiédeur  de  ce 
désir,  augmentez-le  vivement  en  moi 
par  votre  infinie  miséricorde. 

Venez,  ô  le  plus  fidèle,  ô  le  plus  ten- 
dre, ô  le  plus  doux  et  le  plus  aimable  de 

E 


66  PRATIQUES   POUR  LA   NEUVAIKE. 

tous  les  amis,  venez  à  mon  secours: 
celui  que  vous  aimez  est  dans  des  infir- 
mités  et  des  langueurs  dangereuses  et 
mortelles  ;  vous  le  savez,  vous  qui  lisez 
dans  le  fond  de  mon  cœur.  Si  jusqu'ici 
j'ai  été  insensible  à  mon  malheur,  et 
assez  imprudent  pour  risquer  de  me 
perdre,  maintenant,  par  votre  grâce,  je 
me  sens,  je  me  plains,  je  crie,  et  j'im- 
plore  votre  secours  ;  je  vous  conjure,  par 
la  fidélité  inviolable  de  votre  diviiie 
parole,  de  venir  me  soulager. 

Venez,  8  la  vie  de  mon  cœur,  ô  l'âme  de 
ma  vie,  ô  le  seul  soutien  de  mon  âme,  â 
pain  des  Anges,  incarné  pour  mon  amour, 
exposé  pour  ma  rançon,  réduit  sous  cette 
hostie  pour  ma  nourriture  ;  venez  me  ras- 
sassier  abondamment,  venez  me  soutenir 
fortement,  venez  me  faire  croire  haute- 
ment, venez  me  faire  vivre  de  vous,  en 
vous  et  par  vous,  mais  efiBcacement. 

Venez  donc,  ô  mon  Dieu  et  mon 
tout  !  Venez  animer  encore  une  fois  une 
âme  languissante  ;  vous  êtes  tout  l'or- 
nement de  sa  beauté,  le  principe  de  ses 
mouvements,  la  source  de  sa  vie.  * 


TROISIEME  PARTIE, 


PRIÈEES 

POUR  CHAQUE  JOUR  DE  LA  NEUVAINE. 

Prière  à  Dieu, 

Très-sainte  et  très-adorable  Trinité, 
Dieu  seul  en  trois  Personnes,  je  me  pros- 
terne ici  devant  vous  :  je  vous  adore 
avec  les  sentiments  de  la  soumission  la 
plus  profonde  ;  et,  plein  de  confiance  eu 
.  votre  infinie  bonté,  je  viens  vous  supplier 
très-humblement  de  m'accorder  la  grâce 
que  vous  m'avez  inspiré  vous-même  de 
vous  demander. 

Je  sais,  ô  mon  Dieu,  que  je  suis  très- 
indigne  de  vos  bienfaits  ;  mais  la  dou- 
leur que  j'ai  de  mes  péchés,  et  la  réso- 


.. '.  >, 


*■  •; 


68  \  PRIÈRES   DE   LA   NEUVAINE. 

lution  où  je  suis  de  ne  plus  vous  offen- 
ser, me  font  espérer  que  vous  ne  me 
rejetterez  pas  de  devant  vous.  Daignez 
donc,  ô  Père  infiniment  bon,  daignez 
écouter  ma  prière  ;  voyez  mes  besoins, 
et  soyez-en  touché. 

Je  ne  puis  recourir  qu'à  vous,  j'y 
viens  sur  votre  parole  ;  exaucez-moi,  je 
vous  en  conjure  par  le  sang  que  Jésus- 
Christ  mon  Sauveur,  votre  aimable  Fils, 
a  répandu  pour  moi  ;  par  l'immaculée 
conception  de  Marie,  sa  glorieuse  Mère, 
toujours  Vierge,  et  par  les  mérites  do 
saint  François-Xavier,  que  j'invoque 
particulièrement  dans  cette  Neuvaine. 

Agréez,  ô  mon  Dieu,  la  confiance  que 
j'ai  en  votre  serviteur  :  et  faites  que 
son  intercession  qui  a  été  si  salutaire 
à  tant  d'autres,  me  devienne  aussi  favo- 
rable. Ainsi  soit-il. 


PRIÈRES   DE   LA  NEUVAINE.  69 

ORAISON 

A  Saint  François- Xavier, 

Bienheureux  ApOtre  de  Jesus-Christ, 
Saint  François-Xavier,  je  viens  avec 
une  humble  confiance  implorer  aujour- 
d'hui votre  protection,  et  vous  supplier 
de  me  servir  d'intercesseur  auprès  du 
Père  des  miséricordes.  Vous  avez  tou- 
jours été  si  zélé  pour  le  bien  des  âmes, 
et  si  charitable  à  les  assister  dans  tous 
les  besoins  ;  vous  donnez  encore  tous  les 
jours  des  marques  si  éclatantes  du  pou- 
voir que  vous  avez  dans  le  Ciel.  Grand 
Saint,  ayez  la  même  charité  pour  moi  ; 
employez  pour  moi  votre  crédit  auprès 
de  Dieu  ;  obtenez-moi  la  grâce  que  je 
lui  demande  par  la  Neuvaine  que  je  fais 
en  votre  honneur. 

Vous  alliez  autrefois  jusqu'aux  extré- 
mités du  monde  pour  faire  du  bien  à  des 


70  PRIÈRES  DE  LA  NEUVAINE.  ' 

barbares  et  à  des  ennemis  de  la  Foi  ; 
voici,  ô  mon  Père,  un  enfant  de  l'Eglise 
qui  vient  à  vous,  qui  vous  honore,  qui 
bénit  Dieu  de  tout  son  cœur  des  grâces 
dont  il  vous  a  comblé,  qui  vous  choisit 
pour  son  protecteur,  et  qui  vous  invoque 
avec  une  entière  confiance.  Seriez-vous 
moins  bon  et  moins  puissant  aujourd'hui 
que  vous  ne  l'étiez  alors  ?  ^ 

Ceux  qui  vous  réclament,  font  encore 
tous  les  jours  une  heureuse  expérience 
de  cette  puissance  et  de  cette  bonté  : 
n'y  aurait-il  que  moi  qui  ne  ressentirais 
pas  les  doux  effets  de  votre  bienfaisante 
charité  ?  Non,  mon  aimable  Protecteur, 
vous  ne  me  refuserez  pas  ;  la  confiance 
que  j'ai  en  vous  est  trop  grande  pour 
ne  pas  croire  que  vous  exaucerez  ma 
prière,  que  vous  vous  intéresserez  pour 
moi,  afin  que  j'obtienne  la  grâce  que  je 
demande. 


PRIÈRES   DE   LA  NE U VAINE.  71 

Je  vous  en  supplie  par  le  sang  pré- 
cieux de  Jésus-Christ,  et  par  l'immacu- 
lée Conception  de  la  sainte  Vierge. 
Comme  l'un  et  l'autre  ont  toujours  été 
les  plus  tendres  objets  de  votre  dévotion, 
et  que  vous  avez  promis  d'écouter  favo- 
rablement tous  ceux  qui  recourraient  à 
vous  en  les  invoquant,  je  les  invoque,  ù 
bienheureux  Apôtre,  et  j'espère  que 
j'aurai  part  à  vos  promesses.  Ainsi  soit-il. 

Antienne  de  la  Passion, 

Jésus-Christ  s'est  rendu  pour  l'amour 
de  nous  obéissant  jusqu'à  la  mort,  et 
jusqu'à  la  mort  de  la  croix.  C'est  pour 
quoi  Dieu  l'a  élevé  et  lui  a  donné  un 
nom  qui  passe  tous  les  autres  noms. 

V.  Seigneur,  ayez  pitié  de  nous. 

R.  Jésus-Christ,  exaucez-nous. 

ORAISON. 

Nous  vous  supplions.  Seigneur,  d'avoir 


72  rRIÈRES  DE   LA  NRTVAINE. 

pitié  de  cette  famille,  pour  laquelle 
Jésus-Christ  a  bien  voulu  se  livrer  entre 
les  mains  des  impies,  et  endurer  le  sup- 
plice de  la  Croix,  lui  qui  vit  et  qui  règne 
avec  vous  dans  les  siècles  des  siècles. 
Ainsi  soit-il. 

Antienne  de  la  Conception. 

/,  Votre  Conception,  ô  sainte  Vierge, 
Mère  de  Dieu,  a  annonce  la  joie  il  tout 
l'univers.  Car  c'est  de  vous  qu'est  ne 
le  Soleil  de  justice,  Jésus-Christ  notre 
Dieu,  qui,  nous  délivrant  de  la  malédic- 
tion, et  confondant  la  mort,  nous  a 
donné  la  vie  éternelle. 

V.  Célébrons  avec  joie  la  conception 
de  la  glorieuse  Vierge  Marie. 

R.  Afin  qu'elle  intercède  pour  nous 
auprès  de  son  Fils. 

/  ,      ORAISON. 

Accordez-nous,  Seigneur,  le  don  ce- 


PPwlÈRES  DE   LA   NEUVAINE.  73 

leste  do  votre  grâce,  afin  que,  comme 
renfantement  de  la  bienheureuse  Vierge 
a6t(3  pour  nous  le  commencement  du 
salut,  la  mémoire  de  sa  Conception  nous 
soit  aussi  un  accroissement  de  repos  et 
de  paix  :  nous  vous  en  prions  par  notre 
Seigneur  Jesus-Christ  qui  vit  et  règne 
avec  vous  et  le  Saint-Esprit  dans  l'éter- 
nité des  siècles.  Ainsi  soit-il. 


PRIÈRES 


que  saint  François- Xavier  disait  tous  les  jours, 
pour  demander  â  Dieu  la  conversion  des  In- 
fidèles. 

0  Dieu  éternel,  Créateur  de  toutes 
choses,  souvenez- vous  que  les  âmes  des 
Iniidèles  sont  l'ouvrage  de  vos  mains,  et 
que  c'est  à  votre  ressemblance  qu'elles 
sont  créées.  Voilà,  Seigneur,  que  l'enfer 
s'en  remplit  à  la  honte  de  votre  nom. 
Souvenez-vous  que  Jésus-Christ,  votre 


74  PRIÈRES   DE   LA   NEU VAINE. 

Fils,  a  souffert  pour  leur  salut  une  mort 
très-cruelle  ;  ne  permettez  plus,  je  vous 
prie,  qu'il  soit  méprisé  des  idolâtres. 
■  Laissez-vous  fléchir  par  les  prières  do 
l'Eglise,  sa  très-sainte  Epouse.  Oubliez, 
Seigneur,  leur  infidélité,  et  faites  en 
sorte  qu'ils  reconnaissent  enfin  pour  leur 
Dieu  notre  Seigneur  Jésus-Christ  que 
vous  avez  envoyé  au  monde,  et  qui  est 
notre  salut,  notre  vie,  notre  résurrec- 
tion, par  lequel  nous  avons  été  délivrés 
de  l'enfer,  et  à  qui  soit  la  gloire  durant 
les  siècles  des  siècles.  Ainsi  soit-il. 


A:     •■ 


PRIÈRES   DE   LA   NEUVAINB.  75 


PEIÈRE 
POUR  LES  PERSONNES  RECOMMANDEES. 

0  Dieu,  qui  ne  voulez  pas  la  mort  du 
pécheur,  mais  qui  desirez  sa  conversion 
et  son  bonheur,  jetez  un  regard  de  com- 
passion sur  ceux  qui  vous  méconnaissent 
et  vous  outragent  ;  ayez  pitié  de  tous 
sans  exception  :  qu'ils  se  convertissent  et 
qu'ils  vivent.  Depuis  trop  longtemps  ils 
font  la  désolation  de  leur  famille,  et,  par 
leurs  dérèglements  et  leurs  scandales, 
déchirent  le  sein  de  votre  Eglise,  dés- 
honorent votre  nom  et  percent  votre  divin 
Coeur  !  Il  en  est  temps.  Seigneur,  levez- 
vous  et  faites  éclater  votre  puissance  ; 
vengez-vous  de  ces  pécheurs  en  les  com- 
blant de  vos  miséricordes  ;  faites  péné- 
trer jusqu'au  fond  de  leur  âme  un  rayon 
de  votre  grâce  ;  qu'elle  leur  inspire  les 


76 


PRIÊUBS  DE   LA   NE U VAINE. 


sentiments  d'une  sincère  pénitence,  qui 
désarme  votre  colère.  Otez,  otoz  de  nous 
l'iniquité  et  l'injustice,  le  blasphème  et  le 
parjure,  le  dérèglement  des  mœurs  et  les 
excès  de  la  boisson  ;  étouffez  les  haines 
et  les  vengeances  ;  rendez  à  votre  Re- 
ligion sainte  l'éclat  et  la  beauté  des 
anciens  jours  ;  faites  fleurir  de  nouveau 
l'innocence  et  la  pieté  ;  banissez  l'a- 
mour des  vaines  parures  et  triomphez 
du  respect-humain  ;  que  tous  bénis- 
sent votre  nom  et  chérissent  votre  loi 
sainte  ;  que  tous,  par  un  sincère  repen- 
tir et  le  changement  de  leur  coeur,  ob- 
tiennent de  votre  bonté  infinie  le  bonheur 
de  vous  aimer  et  de  vous  louer  pendant 
l'éternité.  Ainsi  soi t-il. 


yji.-'\ 


PKIÈRES   DE    LA   NKUVAINE,  77 

PRIÈRE 

...  •        • 

A  SAINT   JOSEPH,    PROTECTEUR   DES    CUEF3 

DE    FAMILLE. 

Grand  saint,  humblement  proster- 
nés à  vos  pieds,  nous  vous  en  sup- 
plions par  cette  rare  prudence,  par 
cette  tendresse  admirable  que  vous  fîtes 
paraître  dans  la  conduite  de  votre-  très- 
sainte  Famille,  faites  que,  par  votre  in- 
tercession, tous  les  chefs  de  nos  maisons 
soient  doués  d'un  semblable  esprit  de 
sagesse,  de  direction  et  de  charité,  afin 
que  nous  puissions  voir  régner  constam- 
ment parmi  nous  cette  parfaite  harmonie 
qui  fit  le  bonheur  de  la  Sainte-Famille. 
Faites  que  ceux  qui  commandent  soient 
semblables  à  vous,  et  ceux  qui  obéissent, 
semblables  à  Jésus  et  à  Marie.  Obtenez 
que  les  pères  et  les  mères,  les  maîtres 
t  les  maîtresses,  par  leurs  paroles,  et 


78 


PRIÈRES  DE   LA  NEUVAINE. 


surtout  par  leurs  exemples,  fassent  aimer 
Dieu,  respecter  ses  lois  saintes  et  cellc3 
de  son  Eglise  :  qu'ils  veillent  avec  une 
grande  sollicitude  sur  leurs  enfants,  sur 
leurs  serviteurs  et  sur  tous  ceux  qui 
sont  soumis  à  leur  autorité  ;  qu'ils  soient 
bons,  justes  et  charitables  pour  eux, 
mais  aussi  fermes  et  inflexibles,  quand  le 
devoir  et  la  conscience  le  réclament,  afinj 
que,  lorsque  le  souverain  Jugaleur  de- 
mandera compte  de  leur  administration, 
ils  puissent  entendre  de  sa  bouche  cette! 
consolante  parole  :  entrez  dans  la  joià 
de  votre  Seigneur^  puisque  vous  avez 
été  des  serviteurs  fidèles.    Ainsi  soit-il 


PRIÈRE  :   SOUVENEZ- vous 

Souvenez-vous,  8  très-chaste  époux  de 
la  Vierge  Marie,  saint  Joseph,  moi 
aimable  protecteur,  qu'on  n'a  jamais  eiij 


PRIÈRES   DE   LA   XEUTAIXE.  79 

tendu  dire  que  quelqu'un  ait  sollicité 
votre  protection  et  imploré  votre  secours 
sans  avoir  été  exaucé.  Plein  de  con- 
fiance en  votre  pouvoir,  je  viens  me  pré- 
senter devant  vous  et  me  recommander 
à  vous  avec  ferveur.  Ali  !  ne  méprisez 
pas  mes  prières^  ô  père  adoptif  du  Ré- 
dempteur, mais  écoutez-les  favorable- 
ment et  daignez  les  exaucer. 

(300  jours  dHnd.  applicahlcs  aux  défunts.) 


PEIÈEE 
DEVANT  LES  RELIQUES  DES   SAINTS. 

Reine  de  tous  les  Saints,  glorieux 
Apr^tres,  Martyrs  invincibles,  généreux 
Confesseurs,  Vierges  pures,  illustres 
Anachorètes,  Saints  et  Saintes  du  Sei- 
gneur, je  me  réjouis  de  la  gloire  inef- 
fable à  laquelle  vous  êtes  élevés  dans  le 
royaume  de  Jésus-Christ,  votre  divin 


80 


PRIERES   DE   LA   NETTVAINE. 


Chef.  Je  bénis  le  Très-Haut  des  dons  et 
des  faveurs  extraordinaires  dont  il  vous 
a  comblés,  et  du  rang  sublime  où  il  vous 
a  élevés.  0  amis  de  Dieu,  8  vous 
surtout  dont  les  reliques  précieuses  sont 
exposées  ici  à  notre  vénération  et  qui 
habitez  cette  patrie  immortelle,  cette 
heureuse  cité,  où  abondent  les  solides 
richesses,  puissants  protecteurs,  abaissez 
vos  regards  sur  nous  qui  combattons, 
qui  gémissons  encore  dans  l'exil,  et  ob- 
tenez-nous la  force  et  les  secours  que 
sollicite  notre  faiblesse,  pour  atteindre 
à  vos  vertus,  perpétuer  vos  triomphes  et 
partager  vos  couronnes.     Ainsi  soit-il. 


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QUATRIEME  PARTIE. 


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PEIÈKES  PARTICULIÈRES. 

Les  âmes  pieuses  trouveront  dans  les  prières 
'   suivantes  toutes  les  grâces  qu'' elles  peuvent 
demander  à  Dieu  pour  elles-mêmes 
et  pour  les  autres. 

P  PRIÈRES  POUR  ^OI-MÊME. 


PRIÈRE 

POUR    DEMANDER    LA  VICTOIRE    SUR    SES    PAS- 
SIONS. 

Dieu  saint,  Père  des  miséricordes, 
qui  ne  m'avez  créé  que  pour  vous  ser- 
vir dans  la  liberté  de  vos  enfants,  ne 
permettez  pas  que  je  sois  plus  longtemps 
assujetti  aux  lois  honteuses  de  mes 
ipassions  criminelles.      .      '  ?     ^ 


82  PRIÈRES  PARTICULIÈRES. 

,  Aidez-moi,  mon  Dieu,  à  sortir  de 
l'esclavage  où  elles  m'ont  réduit  ;  sou- 
tenez-moi dans  les  combats  qu'il  faut 
que.  je  livre  à  cet  effet  contre  moi- 
même. 

Vous  connaissez.  Seigneur,  et  ma 
faiblesse  et  la  force  des  ennemis  qui  me 
dominent  ;  témoin  de  mes  misères,  vous 
le  voyez,  à  tout  moment  la  colère  m'em- 
porte, l'orgueil  m'enfle,  le  ressentiment 
m'aigrit,  la  convoitise  m'expose,  une 
humeur  chagrine  me  rend  insupportable, 
la  paresse  me  fait  négliger  mes  devoirs, 
l'amour-propre  se  glisse  dans  le  peu  de 
bien  que  je  veux  faire,  et  enlève  la 
meilleure  part  de  ce  que  je  vous  des- 
tine. Quelle  contrainte,  8  mon  Dieu  ! 
Quelle  servitude  pour  une  âme  qui, 
malgré  tout  cela,  veut  vous  aimer,  et 
qui  voudrait,  ce  semble,  être  parfaite- 
ment à  vous  ! 

Mais  je  désavoue  et  je  déteste  de  tout 
mon  cœur  tous  ces  dérèglements.  Je 
suis  attristé  de  m'y  être  si  souvent 
livré.     J'en  ai  une  véritable  douleur, 


PRIÈRES  PARTICULIÈRES.  83 

parce  qu'ils  vous  déplaisent,  et  que  c'est 
vous,  bonté  infime,  que  j'ai  offensé 
toutes  les  fois  que  je  m'y  suis  laissé 
aller.  Oui,  c'en  est  fait,  quoi  qu'il 
m'en  puisse  coûter,  désormais  je  neveux 
plus  écouter  la  tentation,  et  je  veux  ré- 
sister à  mes  passions,  funeste  source  do 
tous  mes  péchés.  C'est  en  votre  nom, 
Dieu  tout-puissant,  que  je  prendrai  les 
armes  pour  combattre  des  ennemis  que 
tant  d'autres  ont,  avec  le  secours  de 
votre  grâce,  si  heureusement  vaincus. 
C'est  aussi  en  votre  nom  que  j'espère  de 
remporter  la  victoire,  par  Notre-Sei- 
gneur  Jésus-Christ  qui  vit  et  règne  dans 
les  siècles  des  siècles.     Ainsi  soit-il. 

PKIÈEE 

POUR  DEMANDER  LA  PATIENCE. 

Mon  Dieu,  mon  unique  refuge  et  toute 
ma  consolation  dans  les  peines  dont  ma 
vie  est  chaque  jour  traversée,  soutenez- 
moi  du  secours  puissant  de  votre  grâce, 
car  je  tombe  ;  ma  faiblesse  et  mon  im- 


84  '      PRIÈRES  PARTICULIÈRES, 

patience  m'entraînent,  quoique  je  sache 
qu'il  vaut  mieux  souffrir  sur  la  terre 
que  d'y  être  dans  la  joie  ;  qu'il  faut 
souffrir  pour  expier  les  fautes  passées, 
pour  mériter  le  ciel,  pour  être  semblable 
à  vous,  mon  divin  Sauveur,  dont  la  vie 
n'a  été  que  croix  et  douleur  ;  quoique 
je  sois  persuadé  que  l'impatience  ne 
fait  qu'aigrir  mes  peines,  au  lieu  de  les 
adoucir  ;  que  par  là  je  perds  le  fruit  de 
mes  maux,  la  dévotion  dans  mes  prières, 
la  paix  avec  tout  le  monde  et  avec  moi- 
même  ;  cependant,  si  vous  ne  me  sou- 
tenez. Dieu  de  force,  je  me  livre  avec 
éclat  à  tous  mes  ressentiments,  je  m'a- 
bandonne à  ma  mauvaise  humeur,  à  des 
ennuis,  à  des  dégoûts  qui  m'abattent,  qui 
m'aigrissent  et  qui  me  désolent. 

Mon  Dieu,  envoyez-moi  dans  ces 
tristes  moments  votre  ange  consolateur. 
Soutenez-moi  par  la  considération  des 
joies  durables  qui  doivent  suivre  ces 
courtes  peines.  Animez-moi  à  souffrir 
comme  ces  grands  Saints  qui  ont  si- 
gnalé leur  patience  dans  les  opprobres, 


PRIÈRES   PARTICULIÈRES.  85 

dans  les  tourments  du  corps,  dans  les 
peines  de  l'esprit,  dans  les  persécutions, 
dans  la  pauvreté  et  dans  l'abandon  de  tout 
le  monde.  Ils  ont  eu  plus  à  souffrir 
que  moi  :  leurs  peines  sont  finies,  les 
miennes  passeront.  Vous  étiez  leur  force, 
Jésus  crucifié,  soyez  la  mienne  :  je  ne 
refuse  pas  de  souffrir,  je  veux  souf- 
frir, souffinr  pour  vous,  et,  s'il  se  peut, 
avec  la  même  résignation  que  vous,  je 
m'abandonne  donc  à  vous,  8  mon  Dieu, 
dans  l'espérance  qu'après  m'avoir  aidé 
à  porter  ma  croix  un  peu  de  temps  sur 
la  terre,  vous  m'accorderez  un  éternel 
repos  dans  le  ciel.     Ainsi  soit-il. 

PRIÈRE 

POUR  DEMANDER  LE  DETACHEMENT. 

Mon  Dieu,  quand  cesseraî-je  de  m'ai- 
mer,  et  quand  commencerai-je  à  me  haïr 
comme  vous  m'y  engagez  ?  Quand  sauraî- 
je,  pour  vous  plaire,  consentir  à  être 
méprisé,  ou  du  moins  à  n'être  plus  aimé 
ni  estimé  par  les  créatures  ?    N'est-ce 


86  PRIÈRES  PARTICULIÈRES. 

• 

pas  à  vous  seul,  Seigneur,  qu'appartient 
toute  la  gloire  ?  N'etes-vous  pas  infini- 
ment aimable  et  digne  d'être  aimd? 
Pourquoi  donc  voudrais-je  attirer  sur 
moi  l'estime  et  l'affection  des  créatures? 
Le  désir  habituel  que  j'éprouve  d'être 
aimé  et  estimé,  devrait  me  couvrir  de 
confusion  ;  car  enfin  je  ne  suis  que  mi- 
sère et  faiblesse,  et  à  peine  devrais-je 
me  supporter  moi-même,  ou  plutôt  je  ne 
devrais  m'aimer  que  par  pure  charité  et 
comme  on  aime  par  compassion  un  étran- 
ger inconnu.  Vous  seul,  o  mon  Dieu, 
méritez  tout  mon  amour  ;  mon  cœur  ne 
doit  être  occupé  que  de  vous  ;  vous 
devez  posséder  toutes  ses  affections.  Si 
je  m'aime,  c'est  pour  ma  perte  ;  si  je 
veux  être  aimé  des  autres,  c'est  encore 
pour  ma  perte  :  votre  amour  seul  est 
précieux,  Seigneur.  Quand  on  vous 
aime,  le  coeur  devient  pur  et  content  ; 
et  quand  on  a  le  bonheur  d'être  aimé  de 
vous,  on  goûte  la  joie  et  la  paix  des 
enfants  de  Dieu.  Il  avait  bien  compris 
ce  que  fait  le  pur  amour,  le  Saint  qui 


PRIÈRES   PARTICULIÈRES.  87 

s'dcriait  :  Mon  Dieu  et  mon  tout  !  Elle 
l'avait  également  compris,  cette  illustre 
Sainte  qui  répétait  avec  effusion  :  Dieu 
seul  !  Dieu  seul  !  Quel  a  été  jusqu'ici 
mon  orgueil  !  Que  mon  aveuglement  a 
été  profond  !  Je  me  suis  aimé  moi- 
même,  j'ai  voulu  être  aimé  des  autres, 
je  me  suis  presque  aimé  seul  ;  je  n'ai 
aimé  les  autres  que  pour  moi,  et  j'ai 
désiré  qu'on  me  préférât  aux  autres.  Ma 
vaine  délicatesse  s'affligeait  à  l'excès  h 
la  moindre  apparence  d'oubli,  d'indiflfé- 
rcnce  ou  de  mépris  ;  et  lorsque  les  autres 
avaient  besoin  d'une  charité  affermie 
pour  supporter  mes  défauts,  lorsqu'il 
n'y  avait  en  moi  que  des  faiblesses  déso- 
lantes et  les  plus  profondes  misères, 
créature  idolâtre  de  moi-même,  j'exi- 
geais des  attentions  et  des  égards.  Je 
déplore  aujourd'hui  ma  folie,  je  renonce 
à  la  vanité  de  mes  pensées  et  de  mes 
désirs.  Si  Dieu  a  mis  dans  nos  cœurs 
la  faculté  et  le  besoin  d'aimer,  c'est 
pour  que  nous  nous  attachions  à  lui  ;  et 
certes,  s'il  a  rendu  les  autres  capables 


88  PRIÈUES  PARTICULIÈRES. 

d'aimer,  ce  n'est  point  pour  que  leur 
affection  s'arrête  à  un  objet  si  m(3prisa- 
ble  que  moi.  Dès  ce  moment,  ô  mon 
Dieu,  je  ne  désire  plus  qu'on  m'aime,  ni 
qu'on  m'estime  :  il  suffit  qu'on  me  sup- 
porte et  qu'on  me  souffre  pour  l'amour 
de  vous.  Punissez-moi,  ô  mon  Dieu,  si 
je  tourne  encore  les  affections  de  mon 
cœur  vers  quelque  objet  cr(3(i  ;  punissez- 
moi,  si  je  désire  encore  l'estime  et  l'af- 
fection des  autres.  Plus  j'ai  été  délicat 
et  sensible  sur  ce  point,  plus  j'ai  besoin 
d'être  privé  et  corrigé.  Désormais, 
ô  mon  Dieu,  j'écouterai  avec  attention 
ces  paroles  que  l'Eglise  met  dans  la 
bouche  du  Prêtre  :  Sursum  corda^  éle- 
vez vos  cœurs  ;  et  toujours  je  répondrai 
avec  sincérité  :  nous  les  tenons  élevés 
vers  le  Seigneur.     Ainsi  soit-il. 

PEIÈKE 

POUR  CONNAITRE   SA  VOCATION. 

Seigneur,  Roi  tout  puissant,  tout  mon 
désir  est  de  savoir  ce  que  vous  deman- 


rRIÈRES   l'AUTlCUlJÈUES. 

dcz  de  moi  et  de  m'y  soumettre  avec 
joie  ;  j'implore  vos  divines  lumières  pour 
connaître  les  desseins  de  votre  Provi- 
dence. Il  n'appartient  pas  au  serviteur 
de  choisir  la  manière  dont  il  doit  servir 
son  maître  ;  c'est  à  vous  de  m'imposer 
des  lois;  ma  destinée  est  entre  vos 
mains  :  que  dois-je  faire  pour  me  sauver  ? 
Parlez-moi  comme  vous  fîtes  à  r(3gard 
du  jeune  Samuel  ;  je  me  présente  de- 
vant vous  avec  la  même  docilité  et  une 
soumission  sans  bornes.   Me  voilà  à  vos 

V  pieds  comme  une  victime  prête  à  me 
sacrifier  à  vous  le  reste  de  mes  jours,  de 
la  manière  dont  vous  jugerez  la  plus 
digne  de  votre  grandeur.  Réformez,  ô 
mon  Dieu,  sur  les  vues  do  votre  sagesse 

'  éternelle,  la  tendresse  et  les  projets  de 
mes  parents  ;  et  comme  je  me  remets 
entièrement  à  votre  sainte  volonté,  faites 
qu'ils  s'y  soumettent  fidèlement  et  sans 
résçrve,  afin  que  nous  n'ayons  pas  à 
redouter  le  châtiment  éternel  dont  vous 
menacez  le  serviteur  infidèle.  Faites 
qu'imitant  plutôt  l'exemple  de  Jésus^ 


90  PRIÈRES  PARTICULIÈRES. 

votre  divin  Fis,  dont  toute  l'attention  a 
été  de  faire  votre  volonté,  et  qui  a  été 
obéissant  jusqu'à  la  mort  de  la  croix, 
nous  méritions  d'entendre  de  votre 
bouche,  au  dernier  des  jours,  cette  douce 
et  consolante  invitation  :  "  venez,  bons 
et  fidèles  serviteurs,  recevez  la  recom- 
pense qui  vous  est  préparée." 

PKIÈKE 

POUR  DEMANDER  LA  PERSÉVÉRANCE. 

Père  éternel,  prosterné  humblement 
à  vos  pieds,  je  vous  adore  et  vous  re- 
mercie de  m' avoir  créé  et  racheté  par 
Jésus-Christ,  de  m'avoir  fait  chrétien 
en  me  donnant  la  vraie  foi  et  m'adop- 
tant  pour  votre  enfant  par  le  baptême. 
Je  vous  remercie  de  m'avoir  attendu  à 
pénitence,  après  tant  de  péchés,  et  de 
m'avoir  pardonné  toutes  les  offenses  que 
j'ai  commises  contre  vous,  et  dont  je  me 
repens,  ô  Bonté  infinie,  parce  qu'elles 
vous  ont  déplu.  Je  vous  remercie,  mon 
•Dieu,  de  m'avoir  préservé  de  plusieurs 


PRIÈRES   PARTICULIÈRES.  91 

rechutes  que  j'aurais  faites  si  vous  ne 
m'eussiez  tendu  une  main  secourable. 
Continuez,  ô  mon  Dieu,  à  me  secourir  ; 
car  mes  ennemis  ne  cesseront  qu'à  ma 
mort  de  m'attaquer  pour  me  rendre  de 
nouveau  leur  esclave. 

Si  vous  ne  me  soutenez,  je  perdrai 
encore  votre  grâce  :  accordez-moi  la 
persévérance  jusqu'à  la  mort;  je  vous 
en  supplie  par  les  mérites  de  Jésus- 
Christ,  votre  Fils,  qui  nous  a  promis  que 
tout  ce  que  nous  vous  demanderons  en 
son  Nom,  nous  sera  accordé.  Je  vous 
la  demande,  cette  grâce,  pour  moi  et 
pour  tous  ceux  qui  vous  servent  fidèle- 
ment, afin  que  ne  nous  séparant  jamais 
plus  de  votre  amour  ici-bas,  nous  puis- 
sions aller  vous  aimer  et  vous  posséder 
à  jamais  dans  le  ciel.  Marie,  mère  de 
Dieu,  priez  Jésus  pour  moi. 

PEIEKE 

POUR   OBTENIR  LA   GRACE   d'uNE   BONNE   MORT. 

Prosterné  devant  le  Trône  de  votre 


92  PRIÈRES  TARTICULIÊRES. 

adorable  Majesté,  je  viens  vous  deman- 
der, ô  mon  Dieu,  la  dernière  de  toutes 
les  grâces,  la  grâce  d'une  bonne  mort. 
Quelque  mauvais  usage  que  j'aie  fait  de 
la  vie  que  vous  m'avez  donnée,  accor- 
dez-moi de  la  bien  finir  et  de  mourir  dans 
votre  amour. 

Pardonnez-moi,  8  mon  Dieu,  tout  le 
mal  que  j'ai  fait,  et  ayez  pour  agréable 
le  peu  de  bien  que  j'ai  fait  par  le  secours 
de  votre  grâce.  Pardonnez-moi,  car  je 
me  repens  de  mes  fautes,  et  je  les  dé- 
teste par  le  seul  motif  de  votre  infinie 
bonté.  Pardonnez-moi,  car  je  pardonne 
de  tout  mon  cœur  à  ceux  qui  ont  pu 
m'ofienser. 

Je  crois,  mon  Dieu,  tout  ce  que  vous 
avez  révélé  à  votre  Eglise.  J'espère 
en  vous,  fondé  sur  vos  promesses,  et  sur 
vos  mérites  infinis,  divin  Sauveur,  vous 
qui  ne  voulez  pas  que  je  périsse,  et  qui 
êtes  mort  pour  moi.  Je  vous  aime,  ô 
mon  Dieu,  de  toute  l'étendue  de  mon 
âme,  et  de  toutes  les  affections  de  mon 
cœur. 


PRIÈRES  PARTICULIÈRES.  93 

Je  VOUS  adore  avec  une  humble  sou- 
mission ;  je  vous  remercie  de  toutes  les 
grâces  que  vous  m'avez  faites  en  cette 
vie,  et  surtout  de  ce  que  vous  me  don- 
nez le  moyen  de  me  préparer  à  la  mort. 

Je  l'accepte  en  esprit  de  pénitence,  en 
union  avec  celle  de  mon  Sauveur,  et  par 
obéissance  à  vos  adorables  volontés. 

Père  saint,  ayez  pitié  de  moi,  faites- 
moi  miséricorde  ;  je  remets  mon  âme 
entre  vos  mains.  Jésus,  soyez-moi 
JÉSUS,  maintenant  et  à  l'heure  de  ma 
mort. 

Sainte  Marie,  Mère  de  miséricorde, 
montrez  dans  ce  dernier  moment  de  ma 
vie,  que  vous  me  regardez  comme  un  de 
vos  enfants  :  intercédez  pour  moi. 
'  Heureux  saint  Joseph,  glorieux  Epoux 
de  Maeie,  obtenez-moi  de  mourir  en 
prédestiné. 

Ange  du  ciel,  fidèle  Gardien  de  mon 
âme  ;  grands  Saints  que  Dieu  m'a  don- 
nés pour  Protecteurs  pendant  ma  vie, 
ne  m'abandonnez  pas  à  l'heure  de  ma 
mort.     Ainsi  soit-il. 


94  TRIÈRES   TARTICULIÈRES. 

IP  PEIÈRES  POUR  LES  AUTRES. 


PRIÈRE 
d'une  mère  pour  ses  enfants. 

Vous  êtes  le  Createar  et  le  véritable 
Père  de  mes  enfants,  ô  mon  Dieu  !  Ils 
sont  à  VOUS5  c'est  vous  qui  me  les  avez 
donnés  :  je  vous  les  offre.  Seigneur  ;  je 
les  soumets  et  je  me  soumets  aux  ordres 
de  votre  volonté,  aux  desseins  de  votre 
Providence  sur  eux.  Je  vous  prie  de 
les  bénir  ;  mais  je  ne  vous  demande  point 
pour  eux  les  biens  périssables  de  ce' 
monde.  Si  vous  leur  accordez  des 
richesses,  qu'ils  n'y  attachent  point  leur 
cœur,  qu'ils  s'en  servent  pour  faire  des 
bonnes  œuvres  et  mériter  le  Ciel  ;  si 
vous  leur  envoyez  la  pauvreté,  qu'ils  la 
reçoivent  de  votre  main  avec  résigna- 
tion et  la  supportent  avec  courage. 
Donnez-leur  la  sagesse  et  un  cœur  do- 
cile ;  imprimez  dans  leur  âme  une  vive 
douleur  du  péché  ;  éloignez-les  du  mal  ; 


PRIÈRES  PARTICULIÈRES.  95 

préservoz-lcs  de  la  contagion  du  monde  ; 
qu'ils  soient  fidèles  observateurs  de 
votre  sainte  loi  et  des  commandements 
de  votre  Eglise  ;  allumez  dans  leur  âme 
le  feu  sacré  de  votre  amour  ;  surtout  ne 
permettez  pas  que  je  démente  la  voix 
de  ma  prière  par  celle  de  ma  vie,  ni 
que  je  détruise  par  mes  mauvais  exem- 
ples, ou  par  ma  négligence,  ce  que  je 
vous  prie  de  mettre  et  d'établir  en  eux. 
Bénissez-moi  en  les  bénissant  ;  veillez 
sur  moi,  afin  que  je  veille  sur  eux,  et 
faites  que  je  les  élève  dans  votre  crainte 
et  dans  votre  amour.     Ainsi  soit-il. 

PKIÈRE 

POUR  DEMANDER    LA  GRACE    DE   BIEN    ÉLEVER 

SA  FAMILLE. 

0  Créateur  bienfaisant  et  tendre  Père 
de  tous  les  hommes,  dirigez,  réglez,  per- 
fectionnez mon  afiection  pour  mes  en- 
fants ;  vcus,  premier  auteur  de  leur  ex- 
istence, vous  qui  ne  me  les  avez  confiés 
que  comme  un  dépôt  sacré  dont  je  dois 


96  PRIÈRES  TARTICULIÈRES. 

un  jour  vous  rendre  un  compte  rigou- 
reux, guidez-moi  dans  la  route  que  je 
dois  suivre,  pour  leur  donner  une  édu- 
cation solidement  chrétienne.  Ensei- 
gnez-moi les  moyens  de  les  préserver  de 
la  contagion  du  vice  et  de  l'impiété.  Ne 
souffrez  pas,  ô  mon  Dieu,  qu'un  vain 
désir  de  gloire  humaine  me  dirige  dans 
le  choix  de  leur  état  et  dans  les  pro- 
jets que  je  puis  former  pour  leur  éta- 
bUssement.  Faites  que  mon  seul  but  soit 
de  les  rendre  vertueux  et  fidèles  à  votre 
culte. 

Corrigez,  Seigneur,  les  imperfections 
de  mon  caractère  et  de  mon  humeur  ; 
donnez-moi  de  l'indulgence  sans  fai- 
blesse, de  la  fermeté  sans  entêtement 
et  sans  aigreur,  et  cette  patience  évan- 
gélique  qui  supporte  tout  et  que  rien  ne 
décourage  et  ne  rebute.  Enfin  que  mes 
enfants  retrouvent  constamment  dans 
mes  actions  et  dans  ma  conduite  le  mo- 
dèle et  l'exemple  des  leçons  que  je  leur 
donnerai.  Je  vous  demande  ces  grâces, 
8  mon  Dieu,  par  les  mérites  de  Jésus- 
Christ.     Ainsi  soit-iL  . 


PRIÈRES   PARTICULIÈRES.  97 

'    PEIÈKE 

d'une  épouse  pour  son  mari. 

C'est  vous,  ô  mon  Dieu,  qui  m'avez 
donné  ce  mari  que  je  chéris  et  que  vous 
me  permettez  d'aimer  ;  mais  comme  vous 
êtes  un  Dieu  jaloux,  vous  voulez  être  le 
premier  objet  de  mon  amour,  et  tenir  la 
première  place  dans  ce  coeur  que  vous 
avez  formé  ;  accordez-moi  donc,  ô  mon 
Sauveur,  de  vous  la  donner  cette  pre- 
mière place  que  je  vous  dois  à  tant  de 
titres  ;  faites  que  celui  auquel  vous  m'a- 
vez lié  ne  l'emporte  pas  sur  vous  dans 
mon  coeur,  qu'il  n'y  tienne  que  le  second 
rang,  mais  aussi  qu'après  Tamour  divin, 
l'amour  conjugal  me  remplisse  tout  en- 
tière, que  rien  ne  m'en  détourne  jamais, 
et  que  je  remplisse  constamment  et  sans 
relâche  les  devoirs  que  vous  m'avez  im- 
posés envers  celui  à  qui  vous  m'avez 
unie  ;  qu'après  le  bonheur  de  vous  plaire, 
je  n'en  trouve  que  dans  les  nœuds  qui 
npus  unissent,  et  que  nous  nous  excitions 
continuellement  à  vous  aimer,  à  vous 


( 


98  PRIÈRES   PARTICULIÈRES. 

servir  et  à  vous  consacrer  tous  les  mo- 
ments de  notre  vie  ;  daignez,  Seigneur, 
prolonger  celle  de  mon  époux,  le  sauver 
des  dangers  auxquels  sa  profession  Tex- 
pose,  et  lui  faire  sentir  ainsi  qu'à  moi, 
((ue  la  principale,  l'unique  affaire  don^ 
un  chrétien  doive  s'occuper,  est  celle 
de  son  salut,  pour  laquelle  je  vous  de- 
mande vos  grâces,  reconnaissant  que, 
sans  vous,  nous  ne  pouvons  rien.  Ainsi 
soit-il. 

PEIÊKE 
d'un  enfant  pour  ses  parents. 

Seigneur,  qui  me  permettez  de  vous 
appeler  mon  Père  et  qui  daignez  l'être 
en  effet,  souveriez-vous  de  ceux  qui,  par 
rapport  à  moi,  partagent  avec  vous  un 
nom  si  tendre.  Ecoutez  des  vœux  que 
me  dicte  l'obéissance  à  vos  ordres  et 
qu'anime  un  sentiment  d'affection  que 
vous  avez  vous-même  gravé  dans  mon 
cœur.  Conservez-moi  ces  parents  qui  me 
sont  chers  et  auxquels,  après  vous,  je 


PRIÈRES  PARTICULIERES,  99 

Suis  redevable  de  la  vie  et  de  tous  les 
avantages  dont  je  jouis  sur  la  terre. 
Répandez  sur  eux  toutes  sortes  de  béné- 
dictions spirituelles  et  temporelles  ;  mais 
surtout  préservez-les  du  plus  grand  do 
tous  les  maux,  qui  est  le  péché;  que 
nous  n'attirions  jamais,  les  uns  sur  les 
autres,  ces  terribles  malédictions  que  le 
crime  d'un  seul  attire  quelquefois  sur 
des  familles  entières.  Faites-moi  trou- 
ver, ô  mon  Dieu,  dans  leur  vigilance  et 
leurs  soins  un  conseil,  une  ressource, 
un  appui  pour  toute  la  suite  de  ma  vie, 
comme  j'espère  leur  procurer,  dans  ma 
parfaite  obéissance,  toute  la  consolation 
qu'ils  ont  lieu  d'attendre  de  moi.  Sur- 
tout, réglez  leur  tendresse,  et  sanctifiez 
les  projets  qu'ils  fermenta  mon  occasion, 
afin  que  jamais  mes  intérêts  temporels 
ne  puissent  balancer  en  rien  ma  félicité 
éternelle .  Courpjin,ez  ,  enfin  ^  tous  .  vos 
dons,  SeiguQTîiîî,;  pa|*  :  la  ^  plus  :gran  Jo  d'^  :  •  ; 
toutes  les  grâbkv  faiteâ**'qTi'un'K>êtt>e**  •  *  1 
bonheur  ré^'ittiai^e  ^^'^imis  dAu^lQ^Cipl.  ;  .• 
ceux  que  taiit'dâ ii^n^  içiriis^îît'si/étrGl-'  [\^, 
tement  sur  la  terre.  Ainsi  soit-il.*    r  *     '   * 


100  PRIÈRES   PARTICULIÈRES. 

PRIÈRE 

POUR  LA  CONVERSION  DES  PÉCHEURS. 

0  Dieu,  ayez  pitié   de  moi  qui  ne 
suis     qu'un    pécheur  ;    permettez-moi 
aussi  de   vous  prier  d'avoir  pitié  des 
autres,  car  vous  ne  voulez  pas  la  mort 
du  pécheur,  mais  vous  voulez  que  nous 
revenions  tous  à  vous  par  la  pénitence. 
Vous  n'avez  pu  résister  à  la  prière  de 
Moïse  qui  vous  pressait  de  pardonner 
à  tout  un  peuple  rebelle.     Vous  vous 
plaignez  lorsqu'il  ne  se  trouve  personne 
pour    résister  à    votre  colère.     Vous 
nous  commandez  de  prier  les  uns  pour 
les  autres,  afin  que  nous  soyons  sauvés, 
et  vous  nous  assurez  qu'en  faisant  reve- 
nir un  pécheur  de  son  égarement,  nous 
délivrons  notre  âme  de  la  mort  et  nous 
couvrons  la  multitude  de  nos  péchés. 
,  O'ef't  ce  .qui  m'engago  à  Pie  présenter 
!  :   '  àeVaiit?  mw  "feLvfeD  cMfi^n-Oe?,  et  à  implo- 
■     •  Ter 'â'ùfe'si' pour  lès*  autres  votre  grande 
'•  «^  •.  îiilsétiboKl^é^  A^^^^^"^:  t^îaf.Kesoin  pour 
^>'  ;  mbi-À^Hie",  /  Pard^nmèXeûrl  Seigneur j 


PRIÈRES   rARTIOULlÈRES,  101 

parce  qu'ils  ne  savent  ce  qu'ils  font. 
Ouvrez  leurs  yeux,  afin  qu'ils  voient  et 
se  déplaisent  à  eux-mêmes,  et  qu'ils 
considèrent  combien  c'est  une  chose 
triste  et  amère  de  vous  avoir  abandon- 
né ;  ouvrez  leurs  oreilles,  afin  qu'ils  en- 
tendent cette  voix  toute  puissante  à 
laquelle  les  morts  ressuscitent;  brisez 
la  dureté  de  leur  cœur,  afir  qu'ils  soient 
dociles,  et  qu'ils  ne  résistent  plus  à 
votre  grâce.  Souvenez- vous  de  votre 
miséricorde,  souvenez-vous  du  Sang  de 
Jésus-Christ  ;  sauvez  des  âmes  qu'il  a 
rachetées  à  un  si  haut  prix,  exaucez-nous 
dans  une  prière  que  votre  charité  nous 
engage  à  vous  faire,  et  que  nous  vous 
faisons  pour  vous  obéir  et  pour  vous 
plaire.  Ainsi  soit-il. 

PEIÈEE 

POUR   LA  CONVERSION  D^UNE    PERSONNE  CHERE. 

0  mon  Dieu,  qui  nous  faites  un  com- 
mandement exprès  d'aimer  notre  pro- 
chain, et  qc.x  daignez  promettre  de  si 
magnifiques  récompenses  à  ceux   qui, 


102  PRIÈRES  PORTIOULIÈRES. 

pour  l'amour  de  vous,  exercent  envers 
leurs  frères  une  charité  tendre  et  bien- 
faisante, c'est  au  nom  de  Marie,  Vierge 
immaculée  et  refuge  des  pécheurs;  c'est 
au  nom  de  Jésus,  ce  divin  Agneau  im- 
molé sur  la  Croix  pour  les  péchés  du 
monde  ;  c'est  au  nom  de  votre  infinie 
miséricorde,  que  je  viens  vous  supplier 
de  faire  grâce  à  une  âme  pécheresse, 
de  ramener  au  bercail  une  brebis  éga- 
rée. Ah  !  si  cette  âme  malheureuse 
comprenait  son  triste  sort  !  Si  elle  sen- 
tait ce  qu'elle  perd  en  se  tenant  éloi- 
gnée de  vous,  en  faisant  de  ce  triste 
exil  le  terme  de  ses  désirs,  en  vivant 
comme  si  elle  n'avait  point  sa  patrie  au 
Ciel  !  Si  elle  savait,  cette  pauvre  âme, 
le  sort  qui  l'attend  dans  l'éternité  après 
une  vie  hérissée  de  douleurs,  sans  con- 
solations et  sans  espérance  !...  0  mon 
Dieu,  daignez  donc,  par  votre  divine 
lumière  et  par  la  force  de  votre  grâce, 
dessiller  ses  yeux,  frapper  son  esprit  des 
dangers  de  sa  position  et  la  retirer 
enfin  de  l'amour  des  choses  périssables. 


PRIÈRES  .PARTIOULIÈRES.  103 

Daignezj  Seigneur,  inspirer  à  ce  nouvel 
enfant  prodigue  un  désir  ardent  et  eflB- 
cace  de  retourner  à  vous  son  tendre 
Père  ;  recevez-le  dans  vos  bras  ;  don- 
nez-lui le  baiser  de  paix  et  de  réconci- 
liation ;  rendez-lui  tous  ses  droits  à  vôtre 
amour  et  à  vos  grâces.  A  vous,  Sei- 
gneur, en  reviendra  toute  la  gloire. 
Ainsi  soit-il. 

PKIÈKE 

POUR   DEMANDER   LA     GUÉRISON    d'uN   MALADE. 

Mon  Dieu,  qui  permettez  ou  en- 
voyez même  les  maladies  pour  éprouver 
vos  serviteurs,  leur  rappeler  vos  bien- 
faits, leur  inspirer  une  sainte  crainte  de 
vos  jugements,  les  ramener  à  la  vertu 
et  faire  naître  en  eux  de  saints  désirs 
d'une  vie  plus  parfaite,  jetez  un  regard 
de  bonté  sur  le  malade  qui  m'intéresse.; 
adoucissez  ses  maux,  faites-les-lui  sanc- 
tifier par  la  patience  et  par  une  entière 
soumission  à  votre  volonté  adorable  ; 
daignez  enfin  lui  rendre  la  santé,  et  avec 
elle  la  résolution  inébranlable  de  la  con- 


104  PRIÈRES  PARTICULIÈRES, 

sacrer  désormais  à  votre  service  et  à 
l'accomplissement  de  ses  devoirs.  Mais 
ce  que  je  vous  demande  surtout  pour 
lui,  Seigneur,  c'esr  plutôt  le  salut  de 
l'âme  que  celui  du  corps,  bien  convain- 
cu que  cette  vie  passagère  ne  nous  est 
donnée  que  pour  nous  en  assurer  une 
meilleure.  Seigneur,  nous  ne  pouvons 
rien  sans  le  secours  de  votre  grâce  ;  je 
l'implore  avec  instance  pour  lui  et  pour 
moi,  par  les  mérites  de  Notre- Seigneur 
Jésus-Christ  et  l'intercession  de  Marie 
conçue  sans  péché.  Ainsi  soit-il. 

PKIÈRE 

POUR   LES   AMES   DU   PURGATOLRE. 

0  Dieu  de  toute  consolation,  auteur 
du  salut  des  âmes,  ayez  pitié  de  celles 
qui  souffrent  dans  le  Purgatoire,  et  ac- 
cordez-leur, avec  la  délivrance  entière 
de  leurs  peines,  le  bonheur  que  vous 
avez  autrefois  promis  à  votre  serviteur 
Abraham  et  à  sa  postérité.  Laissez- 
vous  toucher,  Seigneur,  par  la  considé- 
ration de  la  fidélité  qu'elles  eut  eue  à 


■;,  N' 


PRIÈRES  PARTICULIÈRES.  105 

VOUS  servir  pendant  leur  vie,  et  oubliez 
les  fautes  que  la  fragilité  de  notre  na- 
ture leur  a  fait  commettre  ;  tirez-les 
de  ce  lieu  de  supplices  et  de  ténèbres, 
pour  les  mettre  dans  le  lieu  de  repos  et  de 
lumière.  Ecoutez,  ô  mon  Dieu,  l'humble 
prière  que  je  vous  fais,  et  accordez 
cette  grâce  à  celles  pour  lesquelles  je 
dois  particulièrement  prier  ;  je  vous  en 
conjure  au  nom  et  par  les  mérites  de 
Celui  qui  s'est  chargé  de  satisfaire  pour 
nous  tous,  et  qui  vit  et  règne  avec  vous 
dans  les  siècles  des  siècles.  Ainsi  soit-il. 

PKIÈEE 

POUR   LE   SOUVERAIN   PONTIFE. 

0  Jésus,  chef  invisible  de  l'Eglise,  vous  l'a- 
vez établie  sur  la  pierre  ferme  ;  vous  lui  avez 
assuré  que  les  portes  de  l'enfer  ne  prévaudront 
jamais  contre  elle,  et  qu'elles  viendront  toujours 
s'y  briser.  Conservez,  fortifiez  et  conduisez 
celui  que  vous  lui  avez  donné  pour  Chef  visible; 
faites  qu'il  soit  toujours  le  modèle  de  votre 
troupeau  comme  il  en  est  le  pasteur.  Qu'il  soit 
constamment  le  premier  par  sa  sainteté,  sa  doc- 
trine et  sa  patience,  comme  il  l'est  par  son 
rang  ;  qu'il  soit  le  digne  Vicaire  de  votre  chari- 
■  té,  comme  il  l'est  c*  votre  autorité  ;  soutenez 
;  l'ardeur  de  son  zèle  pour  votre  gloire,  pour  le 


-/ 


106  PRIÈRES  PARTIOTJLIÈRBS. 


salut  des  âmes  et  l'honneur  de  la  Religion. 
Qu'il  soit  toujours  animé  d'un  courage  invin- 
cible pour  combattre  les  ennemis  de  votre  saint 
nom,  et  d'une  fermeté  inébranlable  pour  s'op- 
poser à  l'esprit  d'orgueil,  d'erreur,  de  libertinage 
et  d'impiété.  Que  votre  Esprit  l'assiste  sans 
cesse  pour  qu'il  conduise  au  port  la  barque 
agitée  de  votre  Eglise  au  milieu  des  écueils,  si 
multipliés  qui  l'env 'ronnent.  Consolez  son  cœur 
paternel  profondément  affligé  de  l'égarement 
de  ses  enfants  séduits  par  l'esprit  de  nouveauté 
et  de  mensonge  ;  ramenez  ses  brebis  égarées  ; 
aidez-le  à  supporter  le  poids  de  ses  peines  et  de 
ses  tribulations. 

Daignez,  Seigneur,  écouter  nos  vœux  et  lui 
accorder  de  longues  années  ;  exaucez  aussi,  ô 
mon  Dieu,  ses  prières  et  Içs  vœux  de  son  cœur 
pour  nous.  Réunissez  toutes  vos  brcbi«*  dans  le 
même  bercail  et  sous  la  houlette  de  ce  Pasteur 
selon  votre  cœur.  Nous  vous  le  demandons  par 
les  mérites  infinis  de  votre  Passion  et  de  votre 
mort.  Ainsi  soit-il. 


EES0LUTI0N8. 

Ds  bien  faire  les  prières  du  matin  et  du  soir. 

D^assisterdévotement  à  la  messe  le  Dimanche. 

D'approcher  régulièrement  des  Sacrements. 

D'éviter  avec  soin  les  mauvaises  compagnies. 

De  renoncer  à  toute  liaison  dangereuse. 

De  penser  souvent  à  mes  fins  dernières. 

D'élever  souvent  mon  cœur  à  Dieu. 

De  me  corriger  de  mes  mauvaises  habitudes. 

De  me  relever  promptement  après  chaque  faute. 

De  faire  pénitence  de  mes  péchés  passés. 

De  souffrir  avec  patience  les  peines  de  la  vie. 

De  rejeter  avec  soin  les  mauvaises  pensées. 

De  ne  pas  agir  par  amour-propre. 

De  combattre  la  mauvaise  humeur. 

De  me  mettre  au-dessus  du  respect-humain. 

De  bien  remplir  mes  devoirs  d'état . 

De  ne  point  faire  de  dépenses  superflues. 

D'éviter  l'intempérance  et  la  gourmandise. 

De  ne  pas  me  laisser  aller  au  découragement. 

De  prier  souvent  pour  les  âmes  du  purgatoire. 

De  ne  faire  tort  à  personne. 

De  donner  le  bon  exemple, 


108 


RESOLUTIONS. 


D'assister  les  pauvres. 

De  ne  jamais  tenir  de  mauvais  discours. 

De  ne  pas  rester  dans  l'oisiveté. 

De  prier  pour  la  conversion  des  pécheurs. 

De  penser  à  la  Passion  de  Notre-Seigneur. 

D'observer  l'abstinence  prescrite  par  l'Eglise.    - 

De  ne  pas  jurer  en  vain  le  nom  de  Dieu. 

De  ne  point  faire  de  mensonges. 

De  célébrer  avec  piété  les  fêtes  de  l'Eglise. 

D'avoir  beaucoup  de  bonté  pour  tout  le  monde. 

De  gagner  les  Indulgences  de  l'Eglise. 

De  me  recommander  souvent  à  la  Ste.  Vierge. 

De  m'éloigner  de  toutes  les  occasions  du  péché. 

De  me  préparer  sans  cesse  à  la  mort. 


Nota. — Relire  ces  résolutions  avant  chaque 
Confession j  afin  de  voir  en  quoi  on  y  a  man- 
qué^ s'' imposer  une  pénitencej  et  s^ engager  de 
nouveau  à  les  observer. 


■\  ,1  .  - 


TABLE. 


Page 

Heures  des  Exercices 2 

Préface ...     3 

Mission  à  remplir 5 

Disposition  pour  la  Neiivaine 7 

Indulgences  de  la  Neuvaine 8 


• 


Première  Partie. 

Méditations  pour  chaque  jour. 

1er  jour  :  Les  vérités  éternelles 9 

2e  jour  :  Le  salut 13 

3e  jour  :  Le  péché 16 

4e  jour  :  La  mort 20 

5e  jour  :  Le  jugement 22 

6e  jour  :  L^  enfer 27 

7e  jour:  L^ éternité 31 

8e  jour  :  Le  délai  de  la  conversion 34 

9e  jour  :  La  nécessité  de  la  pénitence. ...  37 

Le  retour  à  Dieu 42 


llO       -  ÏABLÈ. 

Deuxième  Partie. 

Pr£.tiques  pour  chaque  jour. 

Page 

Intentic  ns 45 

T*rières  pour  la  messe 46 

Examen  de  conscience 49 

Chemin  de  la  Croix 62 

Prière  pour  le  salut 61 

Prière  pour  la  Communion 64 


Troisiêmb  Partie. 
Prières  de  la  Neuvaine. 

Prière  à  Dieu 67 

Prière  à  St.  François- Xavier 69 

Antienne  de  la  Passion 71 

Antienne  de  la  Conception 72 

Prière  de  St.  Fr s. -Xavier  pour  les  Infidèles  73 

Prière  pour  les  personnes  recommandées . .  75 

Prière  à  Saint  Joseph 77 

Souvenez-vous  de  Saint  Joseph ! . . .  78 

Prière  devant  les  reliques  des  Saints 79 


TABLE.  111 

Quatrième  Partie. 

Prières  particulières. 

lo. 

Pagï^ 
Prière  pour  la  victoire  sur  ses  passions . . .  81 

Prière  pour  obtenir  la  patience 83 

Prière  pour  demander  le  détachement. ...  85 

Prière  pour  connaître  sa  vocation 88 

Prière  pour  demander  la  persévérance. ...  90 
Prière  pour  obtenir  une  bonne  mort 91 

IIo. 

Prière  Wune  mère  pour  ses  enfants 94 

Prière  pour  sa  famille 95 

Prière  d'une  épouse  pour  son  mari 97 

Prière  d\m  enfant  pour  ses  parents 98 

Prière  pour  la  conversion  des  pécheurs . . .  100 

Prière  pour  une  personne  chère 101 

Prière  pour  une  personne  malade 103 


••  %    -     •  • 


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J.K 


AVIS.    - 

Cette  Neuvaine  renfermant  tout  ce  qui 
est  nécessaire  pour  suivre  les  exercices  'et 
en  profiter,  chaque  personne  doit  s'empres- 
ser de  se  la  procurer. 

Il  serait  môme  à  souhaiter  que  les  per- 
sonnes qui  ne  peuvent  y  venu',  en  eussent 
V  i  exemplaire  en  leur  possession,  et  que 
les  âmes  pieuses  qui  ont  des  parents  ou 
des  amis  éloignés  des  Sacrements,  "  la  leur 
envoyassent. 


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