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Q-c ac3^Q.c aa Q^cacaG^Q^caozaQoaoi
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APPROBATION. ^
», - •
iVoM5 avons vu et ap^yrouvé la préseiiie Neu-
vaine à Saint François- Xavier, et nous en re-
commandons V usage 'à tous les JiâÈles de ce
Diocèse qui suivent ces pieux Exercices y ainsi
qu^ aux personnes qui font la retraite annuelle,
JEvêché de Montréal 2Q Févner IS69,
# A. T. Truteatj, v.g., Administrateur
NEUYAINE
9
(enrichie de prières.)
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SE TROUVE * .
CHEZ Lies libr^iiî,b:s
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ET AU PARLOIR DU SEMINAIRE
À MONTRÉAL
1869,
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HEITBES DES EXEBCICES.
LE MATIN.
A 8h. la Sainte Messe.
A 8^h. le Sermon, précédé de Cantiques.
A 9^h. Eecommandations et Prières.
A lOh. Confession, ou Chemin de la Croix..
LE SOIR.
« • • • ♦•
•• ,Do 3h. à*'fti,*>CoTifes8ionf *
* i !A5lî/'S)frm0n on Q)nti^ncc#*
» • .
• • • X 8fi. "Recommandations et^Prièj'^s. , , ,^
. . • , • A-Bih." Sal^î diî tre§ St. Sacrêqiî^. * "• ', ' •
^A %• • • -• •• ** 1
"^) OBSERVATIONS.
La réunion du soir est particulièrement pour le&
hommes. —La communion peut se faire tous les jours à^
la messe delaNeuvaine.— La quête est pour les pauvres
et l'Eglise.— Le temps qui suit ou précède les iinstruc-
tions, doit être consacré à la confession.— Pour gagner
les Indulgences, il faut assister au moins à cinq exer-
cices, à moins qu'on n'en soit dispensé pour quelque-
honne cause, et alors les faire en son particulier.
Al
PREFACE.
Saint François-Xavier ayant déclare
au P. Mastrilli, dans une apparition
dont il l'avait favorisé, quHl 8^ emploierait
avec zèle^ auprès de Dieu, pour tous ceux
qui imploreraient son assistance pendant
neuf jours^ l'usage des Neuvaines en
l'honneur de ce grand Saint se répandit
rapidement dans toute l'Italie, et de là
passa en Espagne, en Portugal, puis
bientôt après, en Allemagne et en
France, d'où il s'est propagé jusqu'en.
Canada.
Les effets merveilleux qui, partout,
ont accompagné ces pieux exercices,,
montrent assez que Dieu, qui se plaît à
exaucer ses Saints, les a pour agréables,
et que, pour obtenir ses grâces, on ne
saurait mieux faire que de s'adresser à
celui qui, de son vivant, avait le pouvoir
de ressusciter les morts, de guérir les»
PREFACE.
malades et de triompher des cœurs les
plus endurcis.
En faisant la Neuvaine à Saint Fran-
çois-Xavier, on peut se proposer une des^
intentions suivantes :
1° Solliciter le pardon de ses fautes»
2° Se corriger de quelques défauts.
3^ Demander la conversion d'une
personne chère.
* 4^ Implorer du secours pour des en-
treprises difficiles.
5^ Obtenir la guérison d'une per-
sonne malade.
6"^ Connaître sa vocation, etc.
Quelque soit le but qu'on se propose,
l'important, si on veut obtenir la faveur
qu'on 'désire, c'est de se mettre en grâce
avec Dieu, si déjà on n'y est, en recou-
rant au sacrement de pénitence, et de
remplir avec soin les conditions prescri-
tes pour gagner les Indulgences atta-
chées à cette Neuvaine. On verra plus
loin quelles sont ces Indulgences et ce
qu'il faut faire pour les gagner. ' 14 i
. MISSION A REMPLIR
AVANT ET PENDANT LA NEUVAINE.
Trop de personnes se bornent à bien faire
la Neuvaine pour elles-mêmes. Oubliant
que Notre Seigneur est venu sur la terre
plus encore pour les pécheurs que pour les
justes, elles croient avoir tout fait quand
elles ont bien suivi les exercices de la Neu-
vaine et fait dévotement la sainte commu-
nion. Agir ainsi, c'est mal comprendre
l'amour de Dieu et l'amour du prochain, car
c'est laisser dans le chemin de la perdition,
comme il n'arrive que trop souvent, des âmes
que l'on pouvait facilement en ftiire sortir.
Il y a donc quelque chose de plus à faire.
C'est 1°, quelques jours avant la Neu-
vaine et pendant toute cette Neuvaine, de
visiter ses amis, particulièrement ceux qui
sont éloignés des sacrements, et de les enga-
ger avenir aux exercices et à en profiter pour
se réconcilier avec Dieu.
Jf} MISSION À REMPLIR.
C'est 2°, de leur donner soi-même l'exem-
ple en se présentant, dès les premiers jours,
au saint tribunal de la pénitencQ, et de les
inviter charitablement à en faire autant, sans
se laisser vaincre par leurs vaines objections.
C'est 3°, d'oflfrir tous les jours de la Neu-
vaine, pour leur retour à la pratique du bien,
de ferventes prières et de bonnes actions,
avec l'assurance que Dieu se laissera toucher
et accordera des grâces de conversion.
C'est par ce que les âmes pieuses n'ont
pas toujours pris ces moyens que plusieurs
personnes sont demeure^ js dans le péché et
gont mortes dans cet état pendant le cours
de l'année.
OBSERVATION.
S'il est quelques personnes que l'on ne
puisse visiter, parce qu'elles sont trop éloi-
gnées, leur envoyer au moins un exemplaire
•de cette Neuvaine, où elles trouveront des
.réflexions propres à les faire rentrer en elles-
-mêmes. ; -
--,',. ,.■ li.vf ■ . . ■■.,'■'
DISPOSITIONS
POTTR BIEN PAIRE LA NEUVAINE.
lo. Assister tous les jours, autant que
faire se peut, aux instructions de la Neu-
vaine.
IIo. Approcher des Sacrements dès les
premiers jours de la Neuvaine.
IIIo. Se proposer un défaut à corriger,
un péché à éviter.
IVo. Contribuer généreusement à la quête
qui se fait pendant la Neuvaine.
Vo. Prier avec ferveur pour les personnes
qui sont recommandées.
Vlo. Faire cette Neuvaine comme si elle
devait être la dernière de la vie.
VIIo. Ne rien négliger pour se mettre
en état de gagner les Indulgences.
• VIIIo. Réciter le Chapelet, ou faire le
Chemin de la Croix, pendant les temps
libres.
;.v .= DÉFAUTS A ÉVITER:
lo. Ne venir à la Neuvaine que pour
avoir le plaisir d'entendre de belles ins-
tructions.
IIo. Se borner à recevoir l'absolution de
ses péchés, sans prendre de résolutions pour
s'amender. .
INDULGENCES
(^UE l'on peut gagnsr pendant la neutaine.
l^ Indulgence de 40 jours à chaque exercice.
2? Indulgence plénière à la fin de la Neu-
vaine.
AUTRES INDULGENCES
qu'il ne faut pas oublier.
1^ Indulgences du Chemin de la Croix. .
2^ Indulgences du Chapelet.
3^ Indulgences attachées aux Actes de foi,
etc., — à la prière : 0 bon Jésus, — au Souvenez-
vous, etc.
DE plus,
Les Associés des Confréries suivantes doi-
vent se rappeler qu'ils peuvent gagner égale-
ment les Indulgences qui y sont attachées :
Adoration perpétuelle. — Sacré Cœur de Jésus.
Cong. de la Sainte Vierge. — Sainte-Famille.
Rosaire. — Scapulaire. — Bonne mort.
N. D. Auxiliatrice. — Œuvre des Bons Livres.
Propagation de la Foi. — Sainte-Enfance.
Union de prières. — Confrérie de St. Joseph,
etc.
OBSERVATION.
Pour qui connaît la rigueur des pénitences de
l'autre vie, il n'y a. rien de si difficile sur la terre
que Von ne doive entreprendre pour en abréger la
durée»
\ *
.^•■•"
PREMIERE PARTIE.
CONSIDÉRATIONS
POUR CHAQUE JOUR DE LA NEUVAINE.
1er Jour.
LES VÉRITÉS ÉTERNELLES.
Souvenez-vous de vos fins dernières, et
jamais vous ne pécherez, nous dit l'Esprit
saint: 3Iemorare novissima tua^ et in œlernum
non peccabis (1).
Il faut que la considération dés vérités éter-
nelles soit bien puissante et bien efficace, puis-
que, si nous les méditons sérieusement, elles
nous empêcheront de jamais pécher. Mais
quelles sont donc ces grandes vérités capables
de faire sur nous ces impressions salutaires ?
Les voici : méditons-les, gravons-les à jamais
dans nos cœurs.
C'est une vérité que nous ne sommes en ce
monde que pour nous sauver, et que, si nous ne
sauvons pas notre âme, tout est perdu pour
nous sans ressource.
1. (1) Ecoles., 7. -.yi.^r. ■ ... ^ _ ,.^, :, ,,;. 'i^r^".
10 CONSIDÉRATIONS.
C'est une vérité qu'un seul péché raortel peut
nous damner à jamais ; que le péché est le seul
malheur que nous ayons à craindre en ce monde,
parce que c'est le seul qui puisse aussi nous
rendre malheureux dans l'autre.
C'est une vérité que nous mourrons un jour,
€t que nous pouvons mourir à tous les instants,
sans en avoir jamais un seul d'assuré : chaque
moment peut être pour nous le dernier.
C'est une vérité qu'à l'instant même que nous
mourrons, nous serons jugés, et que Dieu nous
demandera un compte exact de toutes nos pen-
sées, de toutes nos paroles et de toutes nos ac-
tions, qui seules nous suivront après notre vie.
C'est une vérité qu'après le temps qui finira
bientôt, viendra une éternité qui ne finira
jamais : ou éternité bienheureuse qui renfermera
toutes les délices en faveur des élus ; ou éter-
.nité malheureuse qui réunira tous les tourments
sur la tête des réprouvés, sans espoir, sans con-
solation, à jamais, sans fin.
Vérités saintes, vérités solides, vérités aussi
immuables que l'éternité même de Dieu !
Ah ! si ces grandes vérités étaient profondé-
ment méditées, quelles impressions ne feraient-
elles pas sur nous I
Qui est-ce qui, venant à penser qu'il n'est sur
la terre que pour servir Dieu et sauver son âme
passerait sa vie dans les inutilités, les amuse-
ments de ce monde, en perdant de vue l'unique
affaire qui doit décider à jamais de son sort ?
Qui est-ce qui, pensant qu'un seul péché peut
le damner, pourrait ja' ais consentir à le com-
1
4. •
CONSIDÉRATIONS. 11
'mettre ? Kt s'il l'a commis, pourrait-il demeurer
un seul instant dans ce triste état, où la main
de Dieu peut venir le frapper ?
Qui est-ce qui, en considérant qu'il peut
mpurir à tous les moments, ne vivrait pas tou-
jours en tremblant sur les bords de l'abîme?
Qui est-ce qui s'attacherait aujourd'hui si
éperdument et si criminellement à la vie et aux
biens de la vie, qui peut-être lui seront enlevés
i demain?
Qui est-ce qui, étant assuré qu'au moment de
la mort il ira paraître devant le souverain juge,
le se jugerait pas sévèrement lui-même, ne se
lettrait pas au:dessus des vains jugements des
lommes, ne se tiendrait pas toujours prêt à
lubir ce jugement redoutable de Dieu ?
Qui est-ce qui, étant persuadé qu'une éter-
[ité de bonheur ou de malheur l'attend après
jette vie périssable, ne donnerait pas tous ses
Jsoins pour éviter les horreurs de cette éternité
malheureuse, et pour se rendre digne des délices
ineffables de cette éternité de bonheur?
Qui est-ce enfin qui, méditant ces vérités
[saintes, ne vivrait pas, ne mourrait pas en
rSaint?
0 hommes aveugles et insensés, que faisons-
[nous en ce monde, si nous n'y pensons, si nous
le nous occupons de ces grands objets ? Ames
Immortelles et créées à l'image de Dieu, sou -
enez-vous des premières et dernières vérités j
iomprenez bien, par de sérieuses réflexions,
*d'où vous venez et où vous allez ; de qui vous
savez reçu l'être, et à qui vous devez votre cœur ;
12 CONSIDÉRATIONS.
s
ce que vous avez apporté en venant au monde,
et ce que vous en emporterez en sortant de ce
lieu d'exil.
Y avez-voiis pensé? Comment y avez-vous I
pensé ? Qu'attendez-vous pour y penser (1) ? I
0 vérités saintes, vérités divines, à la lueur
de votre céleste flambeau, dissipez les ténèbres
qui nous aveuglent, présentez-nous A tous les ;
instants ce que nous avons été, pur néant ; ce (
que nous sommes, pécheurs et coupables ; ce (
que nous serons un jour, (kernellement heureux {
ou éternellement malheureux. Hélas I pour nous j
préparer à ce dernier terme, peut-être n'avons- <
nous qu'up instant : allons dans le silence de la ]
retraite nous remplir de ces grands objets, t
seuls dignes de nous occuper, seuls capables de i
nous convertir. Laissons passer ce qui passe ; s
attachons-nous à ce qui est éternel ; disons de i
tout le reste : vous ne m'êtes rien, parce que^
demain peut-être ou vous ou moi nous ne serons g
plus. Laissez-moi les moments qui me restent, n
puisque Dieu veut bien encore me les accorder, p
Je vous les consacre, ô mon Dieu, pour ne plus
penser qu'à vous, ne m'occuper plus que de vous.pi
Le ciel et la terre passeront, vos paroles subsis-(j;
teront à jamais ; gravez-les dans mon cœur, etl^
qu'elles y demeurent gravées jusqu'au dernières
soupir de ma vie : Cœlum et terra transïbunt^
(2). Je n'y ai pas pensé ; j'y penserai tant quepj
je vivrai. 3I
(1) Eccles , 12. ' (2)Matth.,13. '^^
considerations. 13
IIe Jour.
LE SALUT. (
Je veux me sauver. Tout le monde le dit,
tout le monde le pense. On a bien raison de le
dire, et plus encore de le penser : qu'avons-
tious à faire en ce monde, que de nous sauver?
Qu'est-ce qui nous intéresse plus en cette vie
que le salut de notre âme ? Pensons-y ; ne pen-
sons qu'à cela : disons-nous sans cesse : Je veux
me sauver. Le salut de notre âme est la seule
chose pour laquelle Dieu nous a mis au monde.
Non, Dieu, ne nous a point mis sur la terre
pour être grands, pour être riches, pour être
heureux ; mais pour être saints, et pour nous
sauver. Si nous ne nous sauvons pas, il aurait
mieux valu pour nous n'être jamais nés. Si
nous n'étions pas nés, il y aurait eu une per-
sonne de moins dans le monde ; et si nous ne
nous sauvons pas, il y aura un réprouvé de
plus dans l'enfer.
' Le salut de notre âme est la seule chose qui
■peut nous donner quelque solide contentement
dans la vie ; les amusements,les divertissements,
tlfs plaisirs, ne satisfont pas toujours notre
'CDeur; souvent ils y répandent l'amertume des
^rfgrets et le poison des remords ; un moment
-pfissé avec Dieu et donné au salut de notre âme
3j|t préférable à des années passées dans les
iûutilités de la vie et dans l'excès des passions.
Le salut de notre âme est la seule pensée qui
afurra nous rassurer au moment de la mort.
14 CONSIDÉRATIONS.
Je vais en esprit auprès d'un homme mourant ;
il aura vécu dans l'abondance des trésors, dans
l'éclat des honneurs, dans le sein des plaisirs :
de tout cela, que lui reste-t-il à la mort ? Et tout
cela, s'il en a abusé, que peut-il être pour lui,
qu'une source de regrets et un sujet de condam-
nation ? Malheureux qui n'avait qu'une chose
à faire dans ce monde, et c'est la seule qu'il a
négligée !
Le salut de notre âme est la seule chose dont
Dieu nous demandera compte au jugement.
Vous êtes-vous sauvé ? Ce n'est que sur cela
que Dieu nous interrogera ; et sur cela que nous
aurons à répondre. Vous êtes-vous sauvé?
Sans cela, en vain auriez-vous acquis des riches-
ses immenses, vous n'avez amassé que des tré- ;
sors de colère : en vain auriez-vous tenu un
rang distingué dans le monde, vous n'êtes i
plus qu'au rang des réprouvés. Quels seront <
donc la surprise, la consternation et le déses- ]
poir d'oiie âme qui ira paraître devant son <
Dieu, n'ayant à lui présenter que des crimes!
et des remords? Etait-ce pour cela qu'elle était i
venue au monde, et avec cela qu'elle devait i
paraître devant son Juge ? c
Enfin, le soin du salut de notre âme est lai
seule chose qui décidera de notre éternité. Sifl
nous avons travaillé au salut de notre âme, let
ciel nous est assuré ; si nous l'avons négligera
nous n'aurons à jamais que l'enfer pour partages
Ce n'est pas même assez de penser au salut»
de notre âme, il faut y travailler. Dieu vous al
créés sans vous, mais il ne vous sauvera pasp
i
I CONSIDERATIONS. 15
1
ans vous. Or, qui est-ce qui travaille à son
alnt ? Qui est-ce qui s'en occupe ? Ou si l'on j
ravaill, y travaille- t-on ardemment, y travaille-
-on efficacement? Et au lieu de s'en tenir
cette maxime générale, je veux me sauver,
escend-on dans le détail, et se dit-on en parti-
culier : je veux me sauver ; donc il faut (quitter
cette occasion dangereuse ; donc il faut m'é-
loigner de cette personne suspecte ; donc il faut
restituer ce bien mal acquis ; donc il faut me ré-
concilier avec cet ennemi ; donc il faut mettre
ordre aux affaires de ma conscience ? On dit
tous les jours : Je veux me sauver, et chaque
jour on travaille à se perdre.
0 aveuglement déplorable des hommes ! Je
me transporte sur une place publique ; j'y vois
une foule de personnes qui vont, qui viennent,
qui courent, qui s'empressent ; je leur demande :
où allez- vous ? Où courez-vous avec cet em-
pressement ? L'un dira : je vais travailler à un
établissement ; l'autre : je vais visiter un ami ;
l'autre : je vais solliciter un procès ; l'autre : une
; affaire importante m'appelle. Et votre salut, et
votre salut ?.. C'est ainsi que parmi cette foule
de gens agités, empressés, à peine s'en trouve-t-
til quelqu'un qui s'empresse pour le salut de son
ifime. Tout le reste, absorbé dans les affaires
} temporelles, refuse jusqu'au moindre de ses soins
,à la seule affaire qui les mérite tous sans ré-
. serve. Non, Dieu ne condamne pas le soin rai-
tsOnnable des choses de ce monde; mais ce que
iDieu condamne, c'est la né2;ligence criminelle
sÉ>uï' ^e salut. Pour les affaires du monde, on'-
15 CONSIDÈFAÏIONS.
est tout ardeur et tout feu ; pour celle du ciel,
on n'est qu'indiiférence e^ que glace. On agit
ainsi, on vit ainsi, on mourra ainsi. Voilà
l'homme ; où est le Chrétien ! Voilà le temps ;
quelle sera l'éternité ? On a travaillé pour le
monde, pour sa fortune, pour sa famille ; qu'a-t-
on fait pour Dieu, pour son salut? Quand on
sera au bout de sa course, et qu'on jettera les
yeux sur le chemin qu'on a fait durant sa vie,
quel étcnnement 1 Quels regrets ! peut-être, quel
désespoir I II fallait y penser et le prévenir.
Pensez à votre salut. De quoi sert à l'homme
de posséder l'univers, s'il vient à perdre son
âme ? Quid prodest hominij si mundum univer^
suin lucretur, animœ vero suœ detrimentum pa^ |
tiatur. (1) ? I
IIIe Jour. ,
LE PÊCHE. j
Il faudrait des torrents de larmes pour déplo- ^
rer toutes les pertes que le péché cause à l'âme |
et tous les malheurs qu'il attire sur elle. ^
Le péché lui ôte toute sa gloire. Par la grâce j
l'âme était la fille bien-aimée du Père céleste, j
la digne épouse du Fils, le temple vivant dej^
l'Esprit-Saint. Par le péché, elle perd tous ses j
précieux avantages, et devient l'esclave du dé-^
mon et de ses passions. 1(
(l)Jkrarc8. P
considêratioxs. 17
Le péché la dépouille de toute sa beauté. La
[grâce la rendait un objet de complaisance aux
yeux de Dieu ; il la regardait comme son temple,
son sanctuaire ; le péché en fait un objet d'hor-
-^eur à ses yeux, et d'exécration pour son cœur.
Le péché lui ôte tous ses mérites. Représen-
,ez-vous un vaisseau richement chargé de tout
ce qu'il y a de plus précieux ; il échoue, il fait
un triste naufrage, tout est perdu et enseveli
dans les flots; voilà la triste image de l'âme
dans le péché ; il lui ôte tous les mérites qu'elle
avait acquis devant Dieu, et ne lui laisse qu'une
affreuse indigence. - '
Le péché lui ôte sa ^ paix ; elle en jouissait
tant qu'elle était avec Dieu. Le péché, entrant
<îçins elle, y introduit le trouble, l'agitation, les
remords, les craintes, les alarmes : elle devient
pour elle-même une espèce d'enfer.
Le péché l'expose à tous les malheurs de la
vie, à toutes les horreurs de la mort, à tous les
tourments d'une éternité malheureuse : v oen-
se-t-on ? ^ ^
Il faudrait des larmes de sang pour pleurer
■ «ur les affreux caractères du péché dans une
âme, et sur l'opposition monstrueuse qu'il lui
donne avec Dieu. Caractère de révolte et de
^bellion; Dieu commande, le pécheur répond :
de n'obéirai point. Si la bouche ne le dit pas
;l€| cœur, la conduite, les actions le disent. Ca-
'ractère de témérité et de présomption; un ver
"de terre, une vile créature ose s'élever contre
le Tout-Puissant, contre l'Etre suprême, qui
Reut l'anéantir à tous les instaas. Caractère
: B
18 CONSIDERATIONS. .
d'ingratitude ; comblée des bienfaits de Dieu
elle en abuse et les tourne contre son bienfai
teur. Caractère de perfidie ; mille fois elle avai
promis une fidélité inviolable à son Dieu ; peut
être l'avait-elle rendue plus solennelle dans li
grâce des sacrements ; elle trahit son Dieu, e
viole toutes ses promesses. Enfin, pourrai-je 1
dire sans horreur? Caractère de parricide et d
déicide; tout pécheur, comme dit saint Paul
crucifie de nouveau Jésus- Christ, et fait de so
cœur un autel sacrilège, où il immole son Die
en immolant son âme au démon.
Hélas l ô mon Dieu, sont-ce des discours, c
des soupirs et des sanglots qu'il faut ici faii
entendre ? Disons donc en gémissant, en treii
blant : Le péché est un si grand mal, que, quaii
vous réuniriez tous les autres maux à la fois,
guerre, la peste, la famine, les chagrins, les m
ladies, la mort même, tout cela ne serait rif j
en comparaison d'un péché. Le péché est i; ,
si grand mal, que, quand, pour ne pas le coi ^
mettre, il faudrait perdre vos biens, votre libe ]
té, votre santé, votre vie, sans balancer un in 4
tant, il faudrait verser jusqu'à la dernié ]
goutte de votre sang, présenter votre cœur, j
y laisser enfoncer le poignard, plutôt que ]
jamais consentir au péché. Le péché est un
grand mal, que, quand par un péché on poi
rait retirer tous les damnés de l'enfer, et 1
placer dans le ciel, il vaudrait mieux laisser 1
réprouvés dans les feux, les tourments et le d
sespoir, que de les en délivrer, si pour cela
fallait commettre, je ne dis pas un péché iii(
i
CONSIDERATIONS. 19
tel, mais le moindre péché véniel. Enfin le
Ipéché est un si grand mal, un mal si affreux, si
[détestable, que le ciel n'a pas assez de foudres
pour l'écraser, la terre assez d'abîmes pour l'en-
Igloutir, l'enfer assez de flammes pour l'expier.
Ah I disons de tout notre cœur : Maudit
éché, qui attire sur nous toutes les malôdic-
ions 1 Maudit de Dieu le Père, dont il efface
'image ; maudit du Fils, dont il profane le
sang ; maudit de l'Esprit-saint, dont il méprise
les grâces ; maudit dans le ciel qui lance sur
lui tous ses anathémes; maudit sur la terre,
qu'il couvre d'iniquités ; maudit dans l'enfer où
il précipite tous les damnés : maudit durant la
▼le ; maudit à la mort ; maudit dans le temps;
maudit dans l'éternité ! Je vois les Saints qui
tremblent à la seule vue du péché, les solitaires
qui s'enfoncent dans les déserts pour s'en éloi-
gner, les pénitents qui poussent des soupirs et
des sanglots pour le déplorer, les martyrs qui
llagent dans leur sang pour l'éviter ; qu'avons-
ittous fait, que faisons-nous pour pleurer, pour
«xpier, pour effacer nos pochés ? Mourir, ô mon
Dieu I mourir mille fois plutôt que d'en com-
ijnettre jamais aucun: je vous le demande, je
l'espère avec votre grâce.
:20 CONSIDERATIONS. . i
IVe. Jour. • i
LA MOBT. i
1°. Nous mourrons tous; et un jour viendra
•qui sera pour nous le dernier des jours. I
2®. Le moment de la mort nous est inconnJ
•et il arrivera plus tôt que nous ne pensons. ^
30. Du moment de la mort dépend notre éteX
nité. î
40. Après la mort, il n'y aura plus pour noij
de ressource. ^
50. Pour faire une bonne mort, il faut mer"^
une sainte vie. ^
s
Rien de si commun que la mort; tous Ici
jours on entend dire : un tel est mort ; une tee
vient d'expirer; tel a été frappé d'un accidec
imprévu; telle a été enlevée après une lonst
maladie ; un tel vient d'être assassiné ; à
autre s'est noyé ; celui-ci a fait une chute, cw
est resté sur le coup ; celui-là a été écrasé sca
les ruines d'un bâtiment. Chaque jour ncr
fournit des exemples. Nous en donnerons a
quelque jour aux autres. Y pensons-nous? »
• Tous les hommes, sans exception, sont sujfei
-à .la mort ; elle domine sur toutes les conditioj
Le jeune homme n'est pas à couvert de ses coiij
un enfant meurt quelquefois au moment où I
<îommencé â. vivre ; elle assiège la porte du rie
da puissance, les richesses, les couronnes, t^i
sceptres, tout cède à la mort ; elle pénètrent
ipalkis des grands, comme la cabane É
I
I
CONSIDERATIONS. 2r
fauvres. Elle étend dans la bière le grand
Smme le petit. Tous les jours quelque victime
It immolée ; vous pouvez être la première. Y
însez-vous ? -
Comment les hommes peuvent-ils s'aveugler
malheureusement sur la mort qui les menace
tous les moments ? On sait qu'on peut mourir
tout instant et on vit comme si jamais on ne
> devait mourir ; on regarde toujours la mort dans
un grand éloignement, comme si elle ne devait
jamais arriver ; on entend dire : un tel est mort
subitement, et on se flatte toujours d'une, longue
ivie. A la mort des autres, oh trouve toujours
des raisons de se rassurer roi-même : cette per-
sonne est morte, dit-on, mais elle n'avait point
\^ santé ; elle languissait depuis longtemps,
elle ne se ménageait point : elle faisait des ex-
^cèfc, on l'avait avertie; elle était menacée de
rtels accidents, on ne l'a pas secourue à temps et
à propos. Ainsi trouve-t-on des raisons pour
«ef rassurer, au lieu de se dire : un tel est mort
»jjourd'hui ; qui ma dit que demain je serai en
? Un tel a été enlevé subitement de ce
nde ; peut-être que demain les cloches fu-
bres annonceront ma mort. Tel croit être
3n éloigné de sa dernière heure, qui porte le
)tj|it de la mort dans son sein ; il pense aujour-^
id^ui a une partie de plaisir, et demain il sera
dfvant Dieu. Y a-t-il bien pensé ?
: j'Ce qu'il y a de plus terrible en ce point, c'est
^|e les suites de la mort sont éternelles et irré-
^rables La mort n'est .qu'un moment ; et ce
Bornent décide de tout pour toujours. Tel qu'oa
22 CONSIDÉRATIONS.
aura été au moment de lu, mort, tel on sera du- a
rant une éternité toute entière. Si on meurt en ^
^tat de grâce, on est heureux pour toujours ; si ï
on meurt en état de péché mortel, on est ^
malheureux, maudit, réprouvé à jamais. L'arbre^
tombera un jour, dit TEsprit-Saint ; s'il tombe à '
droite, il est réservé pour l'édifice de la céleste ^
Jérusalem ; s'il tombe à gauche, il est destint' ^
au feu : Ubi ceciderit arbor^ ibi erit. Non, dès ,
le moment de la mort, il n'y a plus de ressource.
Ni regrets, ni soupirs, ni sanglots, ni larmes, ni^
résolutions, ni promesses, rien ne changera le.,
sort ; il est fixé pour toujours : l'arrêt est porté^^j
et l'éternité toute entière en sera l'exécution.
Il fallait y avoir pensé ; il ne sera plus temps de ^
le faire. Toute la vie devait être employée à se^
préparer à la mort; si on ne l'a pas fait, toute^
l'éternité sera employée à déplorer son malheur^
et à gémir dans son désespoir. Le Sauveur dn^
monde nous en avertit : Quâ horâ non putatu
Filius hominis veniet (1); le Fiïs de l'homme
viendra à l'heure 'ue vous y penserez le moins
Je vais y penser, j'y penserai toute ma vie ; je^^
me tiendrai toujours prêt, et dès ce jour, je me^
regarderai comme pouvant mourir tous les jours,
V
— é
Ve. Jour. e
LE JUGEMENT. ^
1*^. Le monde passe comme une figure (^ui esl<
à présent, et qui bientôt ne sera plus. La vi(f3
(1) Luc 22. ^
ï.,:-..-
CONSIDERATIONS. 23
évanouit comme un songe, en attendant le ré-
îl qui finira Fassoupissemont. Les hommes,
pour la plupart, coulent leurs jours dans la dis-
àpation, l'agitation, l'oubli d'eux-mêmes et de
Dieu ; ils vivent presque comme s'ils n'avaient
lien à espérer ou à craindre après cette vie, en
abusant sans cesse de la miséricorde qui les in-
yite à la pénitence.
La justice aura son temps, et reprendra sei3
' droits avec d'autant plus de rigueur, que le sou-
I verain Juge aura usé de plus de bonté.
Oui, il viendra, ce grand jour, ce jour terrible;
il paraîtra ce Juge irrité, ce Juge outragé, ce
'Juge alors inflexible; il se montrera aux pé-
cheurs avec cette majesté qu'ils auront mécon-
piiue, qu'ils auront méprisée : des prodiges frap-
pants de puissance et de terreur annonceront sa
venue, et seront les avant-coureurs de son juge-
i^ment et de ses vengeances.
y On verra avec surprise et avec frayeur, à la
>Oîx du souverain Juge, le soleil s'éclipser et
^ refuser sa lumière aux yeux étonnés; la lune
'st couvrir d'une lueur sanglante ; les étoiles
fumantes se détacher du firmament,uneobscurité
^a|freuse se répandre sur tout l'univers et le
'couvrir de sombres ténèbres : la terre entière
ébranlée jusque dans ses fondements, trembler
et porter dans tous les cœurs le tremblement
(il^nt elle sera elle-même agitée ; la mer en fu-
reur sortir de ses bornes ; toute la nature dans
glt trouble, la confusion, la consternation et Tef-
ifroi, tendre à une destruction générale. Alo*s
uû feu vengeur, allumé par le souffle et la colère
24 CONSIDÉRATIONS.
de Dieu, s'élèvera du sein de la terre, et con- j
sumera enfin ce vaste univers : le genre humain j
est détruit, et le monde fini. (
Le voilà donc anéanti, ce monde entier ; ce <
n'est plus qu'un tas de cendres inanimées et cou- ]
vertes d'épaisses fumées. Hélas ! était-ce donc
pour (3 monde périssable qu'il fallait former ]
tant de désirs, faire tant de projets, livrer tant i
de combats, commettre tant de crimes et de dé- {
sordres ? Que sont devenus ces richesses, ces <
plaisirs, ces honneurs, et tous ceux qui les pos*
sédaient ? Ne savait-on pas que tout périrait 1
et qu'il faudrait un jour tout quitter et allei "
rendre compte de tout au Juge suprême?
2^. Au premier son de la trompette fatale qu( <
les Anges feront entendre, tous les morts sor
tant du tombeau, se rendront dans cette célèbrt
vallée où sera l'assemblée générale de tous les
hommes qui ont été, qui sont et qui seron
à jamais. Oui, tous tant que nous sommes, non;
serons cités à ce tribunal redoutable, où le sou
verain Juge nous interrogera, nous examinera e
nous jugera sur tout, et dans toute la rigueur d
ses jugemens.
Il jugera nos pensées ; tant de pensées mar.
valses, de pensées honteuses, de pensées cri
minelles; tant de jugements téméraires : quell
matière de jugements.
Il jugera nos paroles, il les pèsera ; parole
oiseuses et inutiles, paroles libres et indécentes
paroles impies et scandaleuses; ah ! que n'avions
nous mis un frein à notre langue! Il jrgera no
ajBfections, nos sentiments ; et sondant le fond d
. ^ CONSIDERATIONS. 25
^os cœurs, il dévoilera ces affections basses et
ftidignes, ces affections coupables et déréglées,
ées affections injustes et si souvent funestes. De-
quoi nos cœurs dépravés n'étaient-ils pas ca-
pables, quand la passion les dominait 1
i II jugera nos actions, et tous les motifs qui
les auront animées ; vanité, complaisance,
amour-propre, respect-humain, intérêt, et tant
d'autres vers rongeurs qui infectaient toutes nos;
œuvres de leur funeste poison.
Il jugera même nos justices et nos prétendues^
bonnes œuvres, si souvent défectueuses et im-
parfaites, par les tiédeurs, les néglijçences, les
infidélités qui se glissaient presque dans tout,
et qui altéraient tout dans nous.
Oh ! que de péchés inconnus, que de mons-
tres cachés paraîtront alors ! Que d'hypocrisies,
de dissimulations, de déguisements, de perfidies,
de désordres secrets ! Ces crimes qu'on avait
soustraits aux yeux des autres, qu'on aurait
Toulu se déguiser à soi-même, et auxquels on ne
pouvait penser sans rougir, tout cela paraîtra
du grand jour, sera dévoilé aux yeux de tout
^univers. Quelle honte, quelle confusion pour-
|es coupables ! 0 montagnes, tombez sur nous;
iollines, écrasez-nous, s'écrieront-ils étonnés,
^larmes, confondus, sans espoir, sans ressource»
ians la vue formidable de ce qui doit arriver.
3°. Que restera-t-il donc? que de porter en«
fin la dernière sentence, et l'arrêt éternel qui
doit décider de tout pour toujours, et fixer à
jamais le sort des élus et des réprouvés. Venez^,
(| vous, les biens-aimés de mpn père, dira aux.
26
CONSIDERATIONS.
justes le Juge suprême, venez, entrez en pos^
session du royaume céleste, qui vous a été pré-
paré de toute éternité ; vous avez gémi, voua
avez pleuré, vous avez souffert, venez recevoir
la juste récompense de vos soupirs, venite, bene-
dicti Patris meij etc. Et vous pécheurs, vous
coupables, vous obstinés, retirez-vous de moi
pour toujours ; je vous maudis à jamais, allez et '
soyez précipités dans les feux éternels qui ont *
été allumés pour les démons et les Anges re- '
belles : Discedite d me^ maledictij in ignem
œternum, A ce moment même, d'une part, le
Ciel s'ouvre, le Juge suprême y monte en
triomphe avec ses Elus ; mais de l'autre, l'enfer
ouvre ses abîmes, et engloutit à jamais les ré-
prouvés dans ses feux vengeurs, où il n'y aura
plus pour eux que pleurs et que grincements
de dents, qu'amertume et que fiel, que rage et
que désespoir pour partage. Tout est fini dans
le temps, tout sera immuable dans l'éternité.
Pensons-y f et ne cessons jamais d'y penser.
Heureux, si en y pensant toute notre vie,
nous pouvons enfin trouver un Juge propice, et
obtenir un jugement favorable.
V''t-::.v,t
^ V
^ considerations. 2t
VIe Jour.
i L'ENFER.
Trois pensées occuperoiit éternellement le
damné, le déchireront et le tourmenteront à
jamais j sans quil puisse les éloigner. Les
voici; méditons-les :
1^ J'ai perdu Dieu, mon créateur, mon sau-
Teur, l'auteur de mon être, mon premier prin-
cipe, ma fin dernière, la source de mon bonheur.
JVi perdu Dieu : j'étais fait pour le posséder^
il m'avait créé pour lui, il me destinait à sa
gloire ; c'est pour cela qu'il m'avait mis sur la
terre ; actuellement je devrais régner avec lui
dans le ciel. J'ai perdu Dieu, hélas! on me l'a-
vait annoncé, je m'y exposais de plein gré. In-
sensé, que je connaissais peu la grandeur de
cette perte et l'abîme de ce malheur! J'ai perdu
Dieu ; et en le perdant j'ai tout perdu ; biens,,
honneurs, plaisirs, liberté, consolation, espé-
rance : et que peut-il rester à celui qui a perdu
^B souverain bien ? J'ai tout perdu, hélas ! il
"il'en fallait pas tant pour exciter des regrets du-
i^ant la vie. A la moindre perte on est si sen-
sible, on se livre à des retours si amers : on peut
cependant se consoler d'une chose qu'on perd
par une autre ; mais en perdant Dieu j'ai tout
perdu sans réserve. J'ai perdu une bonté dont
les douceurs sont ineffables j une beauté dont
les charmes sont ravissants ; une libéralité dont
•m
CONSIDERATIONS.
les trésors sont immenses : toutes ces perfections
adorables devaient faire ma f«^licité, et elles com-
bleront à jamais mon malheur.
2^ J'ai perdu Dieu, et je l'ai perdu par ma
faute. Je suis damné, et je pouvais me sauver :
tant que l'homme est en cette vie, il est fasciné
par les objets créés, aveuglé, entraîné par les
sens. Esaû, pour un mets ordinaire, vendit son
droit d'aînesse : il ne connut pas d'abord son
malheur ; mais quand il vit les bénédictions
dont il s'était privé, quand il fit réflexion sur sa
perte, et sur le prix auquel il l'avait livré, il jeta
des cris, il fit des gémissement?, il poussa des
hurlements lamentables : Irrugiit clamore ma-
gno (1). Triste, mais naturelle figure du réprou-
vé qui sacrifie son Dieu, qui immole son salut et
son âme. Il la sacrifie, il l'immole, et à quoi ?
à une légère satisfaction, à des objets péris-
sables, à un plaisir d'un moment. Durant la vie^
séduit par ses passions, il fait le sacrifice comme
sans peine, il est aveuglé sur sa perte ; mais lors-
que ses yeux dessillés par la mort lui feront
apercevoir la grandeur du bien perdu, l'indignité
du bien préféré, le néant de tout bien auprès de
ce bien suprême, ah I quels seront alors son éton-
nement, son regret et son désespoir 1 Quoi, pour
des biens périssables, des biens d'un moment,
des plaisirs trompeurs, et toujours mêlés d'a-
mertume, m'être privé des biens véritables, des
biens immortels I Avoir pu me sauver, et m'être
damné, et damné pour des riens! : ' <
J'ai perdu Dieu et je l'ai perdu par ma faute
(1)^671.27. ; ' ^
CONSIDÉRATIONS. 20
[ n'est-ce que Dieu n'a pas fait pour me sau-
Iver I Manquais-je de secours et de moyens de
[ealut ? Que de grâces I que de lumières ! que de
[saintes inspirations ! que de bons désirs 1 que de
[remords touchants ! Parents chreHiens, éducation
[saiate, horreur naturelle du péché, crainte salu-
:aire de Dieu imprimée dans mon cœur, j'ai
abusé de tous ces moyens ; j'ai franchi toutes ces
bornes, j'ai étoufifé tous ces saints désirs et cea
vifs remords ; je pouvais me sauver, et je me
suis perdu. J'avais devant les yeux tant de bons
exemples, j'en étais touché, édifié ; le monde
même me faisait des leçons capables de me dé-
sabuser ; il m'ennuyait, il me dégoûtait, il me
présentait mille raisons de le détester; je ne
•«essais de me plaindre de la rigueur et de la pe-
fianteur de son joug ; je faisais de temps en
iemps des réflexions sur le danger qui me me-
naçait ; la mort d'un parent, la conversion d'un
^ami me troublaient, m'effrayaient; je pensais à
revenir à Dieu; je différais, je me rassurais sur
ia résolution de faire un jour pénitence ; je n'en
ni pas eu le temps, ou j'en ai abusé, et je suis
iidamné !
'Que fallait-il pour me sauver ? Hélas ! souvent
)ôaucoup moins que je n'en ai fait pour me per-
Ire. Ah i si tel jour, dans telle occasion, j'avais
^uivi la lumière qui m'éclairait ; si j'avais pro-
pté du bon moment qui me pénétrait ; si j'avais
Î)rofité de cette retraite où l'on m'invitait ; si, ca
our de solennité, j'avais approché des sacre-
mens comme j'y étais porté; si j'avais fait à Dieu
le sacrifice qu'il me demandait, actuellement je
30 CONSIDÉRATIONS.
serais avec les élus dans le ciel, et je suis réprou
vé à jamais.
Durant un temps j'avais si bien commencé"?
j'étais à Dieu, et j'étais si content! Encore quel|
ques années de persévérance, quelques jours de 1
combat, j'étais sauvé et je suis damné !
3*^ J'ai perdu Dieu, et je l'ai perdu pour tou- -
jours. C'en est donc fait , mon arrêt est portf
mon sort est décidé, mon malheur est à jamai
sans ressource : il y a un Dieu, et jamais je m
le verrai I II y a une région des élus, et jamais jt
n'y entrerai ! Il y a un bonheur, et jamais je ik
le posséderai ! Terrible pensée, jamais et ton
jours {jamais de consolation, jamais de fin, jamai
de miséricorde, jamais de lueur d'espérance
toujours dans les larmes, toujours dans les n
grets, toujours dans les souffrances, toujoui
dans l'amertume et le désespoir ! Les année
auront passé, les siècles se seront écoulés ; 1 *
soleil aura mille fois commencé et fini sa car 1
rière ; les royaumes auront changé mille foi \
de face ; et le damné ne fera encore que com ^
mencer sa c rriére. Mais quoi ! mon Dieu, n ^
vous laisserez-vous jamais toucher, jamais apai ^
ser? Vous, autrefois si bon, si miséricordieux .^
si compatissant, ne vous laissez-vous poir. ^
attendrir par les cris, les gémissements, les lai j
mes, les soupirs de feu que pousseront des créa ^
tures formées à votre image, et rachetées dî|
votre sang? Quoi après des millions d'année |
et de siècles révolus, votre justice ne sera-t-ell ^
ipoint satisfaite, et quelques lueurs de miser ;
<5orde ne vieedront-elles point paraître à mel
' CONSIDÉRATIONS. 31
reux ? Non ce Dieu vengeur sera à jamais sourd
ma voix, et implacable dans ses vengeances.
^n mûr de division s'élèvera à jamais entre lui
jt moi ; un nuage sombre et affreux le dérobera
fans cesse à mes yeux ; un chaos immense nous
Réparera, nous divisera à jamais. Je lèverai les
yeux, et je ne le verrai point; je pousserai des
«ris et il ne les entendra point ; j'appellerai un
père, et je ne trouverai qu'un vengeur.
VIIb Jour.
L'ÉTERNITÉ.
L'homme entrera un jour dans la maison de
aon éternité, dit l'Esprit-saint : Ibit homo in do-
ftium œternitatis suœ (1). Il est donc vrai, ô
iiomme mortel, que, si vous êtes en ce monde,
<3e n'est pas pour toujours ; qu'après cette vie
Courte et de quelques jours, il en succédera une
autre qui n'aura point de fin? Il est donc vrai,
homme pécheur et impénitent, que tes crimes,
s excès, tes désordres ne seront pas impunis
que les abîmes des vengeances s'ouvriront un
ur pour t'engloutira jamais ? Il est donc vrai,
âmes justes, que vos vertus, vos afflictions ne
ront pas sans récompense, et qu'une couronne
mortelle leur est préparée dans le sein des
us, dans la région des vivants ?
il) Ecoles., 12.
*^2 CONSIDÉRATIONS.
Eternité 1 après quelques années passées dan|
les amusements, la joie, les plaisirs, labon ,
dance, une éternité toute entière dans les re ]
crets, les remords et le désespoir : toujours ( i
%mais; ces deux mots feront la méditatio: i
éternelle du réprouvé ; toujours dans les tour y
ments, toujours dans les flammes, toujours dai ]
le sein des horreurs ; jamais la moindre lueu j
d'espérance. ' i jt ^
Eternité 1 après quelques années passées dar
les croix, les peinent, les exercices pénibles de 1 i
vertu une éternité toute entière de joie, de cor a
solations, de bonheur, d'ineffables délices : toi J
jours et jamais ; ce sera la contemplation étei 1
nelle du prédestiné. Toujours dans Dieu, avt v
Dieu heureux du bonheur même de Dieu. Jai
mais' de crainte, de chagrins, de vicissitude w
de changements : toujours et jamais ; jamais a
toujours. Malheur à qui n'y pense pas, ma J
malheur plus grand encore à qui y pense, 0
qui ne vit pas en chrétien et en saint I ▼
Hélas! insensés que nous sommes! que faQ
sons-nous le peu de jours que nous passons s»
la teire ? On ne pense qu'au temps, on ne s'opi
cupe que du temps, on ne travaille que pour«:
temps, on ne vit que pour le temps; etrét|
nité nous attend, et l'éternité avance à chaq*
moment, et l'éternité va nous recevoir ; demaP|
pent-être nous entrerons dans son sein. AujoiK^
d'hui dans la joie, les festins, les parties de pP
sir ; et demain dans les larmes, les soupirs, -
sanglots. Quel aveuglement î — ^
Il y a une éternité 1 y avons-nous pensé f«
m
CONSIDERATIONS. 33
nsons-nous sérieusement, efficacement ? Est-
ce tendre enfant, qui, à la honte de ceux qui
i ont donné la vio, sait à peine qu'il y en a
l^no autre? Est-ce cette jeune personne, livrée
iiux amusements, aux enchantements de ce
monde et aux désirs déréglés de son cœur?
lÎBt-ce cette personne avancée en âge, qui ne
pense qu'à prolonger une vie qu'elle devrait
consacrer à la pénitence ?
Si l'on pensait à l'éternité, quel changement
i térrait-on dans les cœurs I Cet ennemi ne pen-
serait-il pas à se réconcilier, et voudrait-il aller
paraître devant Dieu, le fiel dans la bouche et
! r«nertume dans Turae ? Celui-ci garderait-il
un bien qu'il sait ne posséder qu'à titre d'injus-
tice? Celui-là porterait-il dans la conscience
Utt doute qui l'inquiète, et attendrait-il d'en
aroir l'éclaircissement au tribunal du souverain
Juge ? Si l'on y pensait, se conduirait-on comme
on se conduit? Agirait-on comme on git? Vi-
Trait-on comme on vit ? Qui est-ce qui pensant
qw^après cette vie périssable et mortelle, il y en
a Une immortelle et durable, ne lui consacrerait
PM tous ses soins ? Qui est-ce qui, voyant un
^er^ ouvert sous ses pieds, comme un abîme
t à l'engloutir à jamais, ne se résoudrait pas
)ut entreprendre, à tout souffrir, à tout perdre .
|r 1 éviter? Qui est-ce qui, envisageant la
Ire, les délices d'une éternité bienheureuse,
MJoupirerait pas sans cesse après elle ?
! Ah !^ si l'on pensait sérieusement à l'éternité
etplaisirs auraient-ils des sectateurs? Le mondé
«U?ait-il des partisans ? Le péché aurait-il des
0
34 CONSIDÉRATIONS.
esclaves? Non, je ne crains pas de le dire, dès
lors les assemblées mondaines seraient désertes, ^
• les parties de plaisirs seraient rompues, les ^
snectacles profanes abandonnés : il n'y aurait j
de foule que dans les temples ; les autels seraient i
environnés, les tribunaux de la pénitence assi- i
éffés ; chacun de nous, comme absorbé dans ,
cette grande pensée, se dirait dans cesse a lui- i
même : Il y a une éternité, je la crois, je la <
crains, je l'attends ; elle peut me surprendre a <
tous les moments ; du soir au matin je puis y (
être appelé, et, si cela arrivait, serais-je en état «
d'y rentrer? Ah! puisque je ne dois un jour i
terminer ma course en ce monde que pour en c
commencer une nouvelle dans l'autre, n est-il r
pas de la sagesse d'y penser sans délai, de my <
préparer sans relâche? Et quel serait mon 1
malheur, si, après des réflexions si solides, je î
vivais comme j'ai vécu, comme ceux qui sem-
blent n'avoir rien à espérer ou à craindre après fc
cette vie.
0 pensée de l'éternité, que vous êtes grande,?
que vous seriez salutaire 1 mais, hélas 1 que vous»
êtes peu méditée 1 P
P
YIIIe. Jour. ^
' LE DÉLAI DE LA CONVERSION, v
Ne différez pas de jour en jour de vous cou-j]
vertir. (1) Tous les jours on voit dans le mondej.
(X) Ecd. 5.— (*
I
} t
CONSIDÉRATIONS. 3^.,
18 pécheurs qui vivent dans le péché, qui crou-
Bsent dans le péché, en disant sans cesse
'ils se convertiront, en se flattant qu'ils au-
Dt toujours le temps de se convertir. C'est .
le illusion, c'est un aveuglement qui a perdu
qui perdra une infinité d'âmes : pécheurs, ne
lus flattez pas ; si vous différez de vous conver-
tir, vous risquez de ne vous convertir jamais, et
di mourir en réprouvé ; du moins, dans les prin-
cipes de la foi, tout doit vous alarmer, et rien
qui puisse vous rassurer dans votre criminelle
espérance. Oui, dans la foi, tout doit alarmer
un pécheur qui diffère de se convertir. Les
oracles, les menaces, les comparaisons, les figu-
roB, les paraboles, les exemples,tout devient pour
ce^pécheur indifférent un sujet d'alarmes. Tout
lui dit, au nom du Dieu même : Ne différas !
iVe.différez pas.
Alarmes dans les oracles : rien de si redouta-
DU,que les textes de l'Ecriture sur ce sujet.
U»<«rchez le Seigneur tandis qu'on peut le trou-
rei^i Quœrite Dominum, dum inviniri pot est (2).
Marchez tandis que vous avez la lumière, de
P^jr que les ténèbres ne vous surprennent;
lOulate, dum luceur habetis (3). Veillez et
% parce que vous ne savez ni le jour ni-
re, et qu'à l'heure que tous y penserez le
s, le Fils de l'homme viendra : Quâ horâ.
mtatis (4).
armes dans les menaces : Vous me cher-
j , ez, dit le Seigneur, et vous ne me trouverez
îag : Quœretis me, et non invenietis (5). Vous.
(t)-Isa.,36. {3)Joan.,12. (4)Xucvl2. (5) Jean., T^
i
36 CONSIDÉRATIONS.
m'avez abandonné, outragé durant votre vie ;
j'aurai mon temps : à la mort, je vous livrerai
à votre sort, et j'insulterai à votre malheur: In
interitu vestro ridebo. Vous vivez, vous persé-
vérez dans le péché ; vous mourrez, vous pé-
rirez dans votre péché : In peccato vestro mori-
emini (1).
Alarmes dans les comparaisons : Comme un
voleur vient surprendre dans la nuit et atta-
quer dans la profondeur du sommeil, ainsi la
mort viendra vous surprendre dans le sommeil
et la nuit du péché : Sicut fur (2). Comme la
proie tombe dans les filets de celui qui les tend,
ainsi le péc^ieur tombera sous le coup de la
mort : Sicut piscis capietur hanio (3).
Alarmes dans les figures : voilà l'éclair qui
brille un instant, et au même instant il dispa-
raît et s'éclipse ; c'est l'image de votre vie :
aujourd'hui vivants en ce monde, demain trans-
portés dans l'éternité : Sicut fulgur (4). Déjà
la cognée est attachée à la racine de l'arbre,
elle va frapper, et l'arbre sera coupé et livré
au feu : Jam> sccuris ad radicem posita est (5).
Alarpaes dans les paraboles : les Vierges
folles s'endorment en attendant la venue de
l'Epoux; au milieu de la nuit l'Epoux vient,
elles se présentent et elles sont rejetées : Nescio
vos. Le serviteur est surpris à l'arrivée de son
maître ; il est saisi, lié, précipité dans les ténè- a
bres extérieures ; EJicite eum in tenebras exte- j
riores (6).
(1) Joan., 27. (4). Matth., 24. ^
; (2) Thess., 5. (5) Luc, 3.
(8; Ecoles, &. (b) Matth., 25.
J CONSIDÉRATIONS. 37
i Alarmes dans les exemples : Esaû vend son
^'droit d'aînesse : il veut en revenir, mais il n'est
Iplus temps ; la bénédiction «st perdue pour tou-
jours. Antiochus mourant crie, gémit et sou-
pire i malheureux! l'Ecriture dit que son cœur
n'était pas droit; il demande un pardon qu'il
ne devait pas obtenir : Orabat scelestus veniam,
qaam non erat impetraturus (1). Pécheurs
aveugles, tous ces anathèmes foudroyants,
qu'annoncent-ils à ceux qui différent de se con-
vertir à la mort? Selon ces oracles, que peuvent
Attendre ces malheureux qui durant leur vie ont
été sourds à la voix de Dieu, qui ont résisté
obstinément à la grâce, qui ont étouffé la voix
-qui les invitait à la pénitence, qui ont contristé
FEsprit-saint dans leur cœur, qui ont profané
le sang adorable de l'alliance, qui se sont en-
durcis contre tous leurs remords? Que peut-on
«n attendre ? si ce n'est qu'en différant de se
-convertir, ou ils ne feront point de pénitence,
ou ils ne feront qu'une fausse pénitence, et
'qu'ils mourront en impénitents et en réprouvés.
IXe. Jour.
A NÉCESSITÉ DE LA PÉNITENCE.
[1 n'y a que deux chemins pour aller au ciel •
inocence ot la pénitence. Si, par le péché,
inocence a fait un triste naufrage, il ne reste
«que la pénitence pour se sauver : heureux en-
(1) Matth., y.
vr'»
'38 CONSIDÉRATIONS.
core que Dieu nous donne le temps de la fain
en ce monde, pour ne pas subir une peine éter
nelle dans l'autre! Pensez- y bien.
Saint Pierre, parlant aux Juifs, leur repré
senta si vivement l'horreur du crime qu'il
-avaient commis en mettant à mort Jésus-Chris
rie Saint des saints, que ses auditeurs, touchéi
consternés et fondant en larmes, s'écrièrer
tous de concert: Ahl mes frères! que feroBi
nous donc et que deviendrons-nous ? Viri fn
tresj quid faciemus (1)? Faites pénitence, lei
dit saint Pierre : Pœnitentiam agite ; car je voi
l'annonce au nom de Dieu même, si vous i
faites pénitence, vous périrez tous : Nisi pœm
tentiam egeritiSj omnes similiter perititis.
Ce quii leur disait, il nous lé dit à nou
mêmes. Faites pénitence ; vous avez été p-
cheurs, soyez pénitents ; sans la pénitence,]
mais vous n'obtiendrez de pardon ; jamais to
ne rentrerez en grâce avec Dieu ; jamais vc
n'entrerez dans le ciel : éternellement vo
serez malheureux, réprouvés et maudits : 0
nés similiter peribitis. Faites pénitence : Pai
tentiam agite. Ainsi se sont comportés tant
saints autrefois pécheurs. Voyez un David q
a toujours son péché devant les yeux pour
déplorer; voyez une Madeleine inconsolat
dans sa douleur ; voyez une sainte Péla[
noyée dans ses larmes ; voyez un saint Augii
tin gémissant tous les jours de sa vie ; voj
tant d'autres saints pénitents livrés à toi .
sTamertume de leurs regrets, ensevelis dansl
(1) Act. 2. ; : ^
CONSIDERATIONS. 39
■«intres et dans les cavernes, et faisant retentir
les forêts de leurs soupirs et de leurs sanglots.
Pécheurs comme eux, et peut-être plus qu'eux,
faites pénitence avec eux : Pœniteiitiam agite ;
«ans quoi un malheur éternel sera votre sort.
Mais quelle pénitence faut-il pratiquer pour ob-
tenir de Dieu le pardon? En voici les sacrés
[caractères.
Pénitence prompte : ne différez pas ; aujour-
'td'hui vous vivez, demain peut-être vous ne
fierez plus. Pénitence sincère : que votre cœur
4Soit brisé de douleur ; les hommes voient le
dehors, mais Dieu sonde le fond des cœurs.
Pénitence sévère : plus les péchis ont été
grands, plus la pénitence doit être rigoureuse :
péchés plus multipliés, plus réfléchis, réitérés
par de tristes rechûtes ; dès lors pénitence plus
étendue, plus sévère et plus rigoureuse.
Pénitence universelle : tout a péché dana
vous, tout doit être puni. Pénitence d'esprit,
pour tant de mauvaises pensées ; pénitence de
«cœur, pour tant d'affections coupables ; péni-
tence du corps et des sens, pour tant de satis-
factions criminelles : tout a été infecté par le
péché, tout doit être lavé et purifié par la pé-
nitence.
Pénitence conforme à l'espèce et à la qualité
des péchés : vous vous êtes malheureusement
Répandu et dissipé dans le monde, condamnez-
vous, autant que votre état le permet, à la re-
traite et à la solitude ; vous vous êtes attaché
aux biens de la terre, faites de plus abondantes
40 CONSIDERATIONS.
aumônes ; vous avez donné dans des excès de ]
testables ; expiez-les par les jeûne. I
Enfin pénitence constante, et qui dure autan; 1
que votre vie : un seul péché mortel suflSraii i
pour pleurer la vie tout entière et les sièclet ^
entiers ; que sera-ce de tant de péchés, et de s; i
grands péchés ? Pœnitentiam agite, i
Votre pêche crie sans cesse contre von; c
devant Dieu ; faites-lui entendre la voix de vos (
gémissements et de votre douleur. Si la pra- <
tique de la pénitence vous parait dure et péni- <
ble, pensez à la grandeur de Dieu dont vous
avez offensé, pensez à la grandeur des crimes
que vous avez commis, pensez à la profondes
des plaies que vous avez faites à votre âme,
pensez à la longueur du temps que vous avez
perdu, pensez au nomtre des grâces dont vous
avez abusé, pensez au sang adorable de Jésus-
Christ que vous slyqz profané, pensez à la
ligueur des jugements que vous avez à subir,
j)(ri-ez surtout à l'horreur des peines éternelles
que vous avez méritées. Hélas ! nous devrions
déjà depuis longtemps être précipités au fond
des enfers, sans espérance, sans retour, dans la
rage, la fureur et le désespoir: Ahl que ces
grands objets nous engageront puisamment à
la pénitence, si nous y pensons, si nous les
méditons devant Dieu !
Après tout, si la pénitence est difiBcile et pé-
nible. Dieu nous l'adoucira par sa grâce ; il nous
soutiendra, il nous animera, il nous purifiera, il
nous sauvera : dans cette pensée salutaire, la
«1
V .\ ■
■m
1
CONSIDERATIONS.
41
pénitence la plus austère, la plus sévère, la plus
Ijjgoureuse, nous deviendra peu à peu suppor-
table ; et enfin elle nous deviendra consolante.
Que n'ont pas fait et souffert les saints pénitents ?
-Que n'a pas souffert Jésus-Christ même,le grand
njtodèle de la pénitence 1 Armons-nous de cou-
rage contre nous, et vengeons Dieu des outrages
que nous lui avons faits. Il vaut mieux souffrir
des peines passagères et méritoires en ce monde
que d'être condamnés à des peines éternelles et
désespérantes dans l'autre.
'■^\i
■ fwr^ :*•■•; ':;,--'.î
42 LE RETOUR X DIEU.
LE KETOUR À DIEU.
Venez sur le Calvaire, âme affligée à la t|,
•de vos péchés, pénétrée de la grandeur
vos offenses ; venez y chercher le remède à t
maux et le pardon de vos crimes : c'est la t
du sang de Jésus-Christ même qui vous appe!
Levez les yeux et contemplez celui qui par
sur la croix ; vous trouverez dans son ce
ouvert une miséricorde qui voit des pèche'
mais qui ne les regarde que pour être touc:
-de compassion et les appeler à la pénitec
Considérez que l'état le plus triste et le \
déplorable où l'homme puisse se trouver, c
l'état du péché et des grands péchés ; et qu
sentiment le plus ineffable que puisse avoir
Dieu, c'est celui de la grande miséricorde. '.
grands crimes sont ceux qui se commet!
avec plus de grâces : la grande miséricorde^
celle qui arrête le bras vengeur : pour doDj
le temps du retour aux coupables, elle leur t|
les mains, elle les invite elle-même, ellef
sollicite et les presse, elle ouvre leurs y|
Aveuglés, elle les éveille de leur profond
meil, et leur fait voir inopinément dans
grand jour l'horreur de leur péché, le danL
terrible de leur état, le chemin d'un retour^
lu taire. "
Grande et ineffable miséricorde d'un I
-qui pouvant frapper, aime mieux convertir; ,
•est toujours disposé à recevoir le pécheur, j
•v^.' ^ , :^': f ;
XE RETOUR 1 DIEU. 43
jtevient avec sincérité demander sa grâce. Par-
lez, pécheur infortuné, combien de péchés
jurant votre vie, depuis le premier moment où
tous avez commencé d'être pécheur 1 et cembien
4e traits de bonté dans Dieu depuis ce triste
tooment ! Qu'avez-vous mille fois mérité, que
renfer ? Et cependant quel jour s'est passé où ce
tendre Père des miséricordes ne vous aitattendu,
ne vous ait appelé, ne vous ait montre et
ouvert son cœur, pour vous engager à sortir de
Fabîme où vous étiez plongé, à vous éloigner
des portes de la mort éternelle où vous étiez en
dftnger de tomber ? et cela sans jamais se lasser
de vos résistances, sans jamais se rebuter de vos
outrages. Actuellement même, dans quel état
étes-vous devant lui, et quel objet présentez-
Vous à ses yeux ? Or, quelque triste, quelque
déplorable que puisse être votre état, quelque
gtands crimes que vous ayez commis, de
quelque grâce que vous ayez abusé, enfant pro-
digue, si vous venez vous jeter aux pieds de ce
tendre Père, il est prêt à vous ouvrir son cœur
:j|our vous recevoir ; votre sincère retour sera
dn sujet de consolation pour lui : tout le ciel
prendra part à sa joie, et votre retour causera
l^utant de satisfaction que votre éloignement
avait causé de douleur.
Vous avez commis de grands" péchés, vous
avez besoin d'une grande miséricorde : venez
dur le Calvaire, c'est l'endroit où elle se
trouve, et où vous devez la chercher. Vous
Itvez versé et profané le sang d'un Dieu ; vous
Iravez immolé et crucifié de nouveau par vos
44 lE RETOUR À. DIEU.
Déchés ; prosternez-vous à ses pieds ; fait!
parler votre douleur et le regret smcèce (
votre cœur ; à l'instant vous entendrez la vo
de la miséricorde qui sortira des plaies du cœ
de votre Sauveur, pour vous rappeler, po
vous donner le baiser de paix, et joindre s
vos lèvres la douceur de sa grâce, avec 1 ame ^
tume de vos regrets : c'est dans votre ccen
affligé que la miséricorde et la justice se re
contreront paur cimenter par le sang d un Di
le grand ouvrage de votre conversion et de vct
pardon. ^, ^ ^,
0 miséricorde de mon Dieu, que vous et
grande l que vous êtes ineffable envers les p
cheurs I S'ils vous connaissaient, comment i
viendraient-ils pas tous se jeter entre vos bras
Je viens m'y jeter pour toujours ; ayez piti
grand Dieu, de mon âme que vous avez crée
Considérez dans elle l'ouvrage de vos mains,
prix de votre sang adorable ; arrachez au démc
une victime qu'il était prêt d'immoler; montre^
vous grand en pardonnant. Je ne cesserai c^
bénir vos grandes miséricordes, et toute ma v
le chanterai vos louanges. Puissé-je les cel.
brer à jamais dans le ciel 1 Miscricordias Domi^^
in œtemum cantabo (1).
Pensez-y, c'est votre Dieu même qui vous i
vite. Pouvez-vous lui refuser votre cœur, quacg
il vous ouvre le sien ?
(l)Psalm. 88. " »
V» :•«'
lis?. ■■,.-:'/• ,i «"i"'.i-:,i '-►■
., .'•<
DEUXIEME PARTIE.
PRATIQUES DIVERSES
fcPOUR LE TEMPS DE LA NEUVAINB.
INTENTIONS.
bouter avec respect les Instructions,
Examiner soigneusement sa cons-
ience.
S'imposer chaque jour quelque péni-
îlioe.
Montrer du zèle pour la conyersion
es 'pécheurs.
ire dire des messes, ou faire brûler
îerges. >
Brier pour les âmes du Purgatoire.
* i
46 ' PRATIQUES
Faire dévotement le Chemin de la
croix.
Assister quelque pauvre suivant ses
moyens.
Kéciter pieusement le Chapelet,
Gagner le plus possible d'Indul-
gences.
Prendre de bonnes résolutions.
Se recommander à la très Sainte
Vierge.
PEIÈEE
POUR LA SAINTE MESSE.
Recevez, ô mon Dieu, ce sacrifice
ineflfable que vous oflfre toute votre
Eglise ; recevez, 8 Dieu éternel, l'obla-
tion d^un Dieu éternel comme vous, qui^
pour vous rendre l'adoration que vous
méritez, a bien voulu se faire homme, et
par ce moyen se mettre en état de victi-
POUR LA NEU VAINE. 4T
ïie et de mort ; recevez en lui et par lui
tout ce que nous vous devons.
0 mon Dieu, c'est pour vous adorer
comme notre principe, vous reconnaître
îomme notre souverain, vous louer comme
e Dieu trois fois saint, et vous aimer
îomme l'incompréhensible bonté, que
lous vous offrons cette adorable hostie,,
rotre fils unique. Oh ! que j'ai de joie
le pouvoir vous offrir un Dieu qui se
acrifie pour votre gloire, et qui vous
onore autant que vous le méritez !
C'est encore, 8 mon Dieu, afin de vous
endre d'humbles actions de grâces
our tous les bienfaits que j'ai reçus de
otre infinie bonté, particulièrement de
a création, conservation, rédemption,,
ocation au christianisme, et de tant de
âces que j'ai reçues de votre libéra*
té, nonobstant mon indignité et mes
fidélités. Je vous offre, ô mon Dieu,
48 PRATIQUES
t ■ ,
avec l'Eglise, votre Fils Jésus-Christ^
pour remerciment de nous l'avoir donné,
un tel don ne pouvant être payé que par
une telle offrande.
0 mon Dieu, votre cher Fils n'est pas
seulement une victime eucharistique,
c*est encore une hostie d'expiation pour
tous les crimes du monde ; acceptez-la
donc en satisfaction de tous mes péchés,
et de ceux de tous les hommes qui vivent
sur la terre, et des âmes fidèles qui .
souffrent dans le purgatoire. l
Je vous l'offre enfin, 8 mon Dieu, pour
obtenir de votre bonté tout ce qui m'est
nécessaire ; et comme vous m'avez déjà
donné votre Fils, et en lui toutes sortes
de biens, je vous offre ce même Fils pour
vous supplier instamment de m'en con-
server la possession, et de me faire la
grâce que je ne sois jamais séparé de
lui ; ce que je vous demande aussi, ô»
POUR LA NEUVAINE. 49
mon Dieu, pour mes parents, mes amîs et
mes ennemis, et particulièrement pour
les personnes pour lesquelles je suis
obligé de prier.
IIP
EXAMEN DE CONSCIENCE.
N'ai-je pas manqué à mes prières du
matin et du soir ? — N'ai-je pas manqué
à la messe le Dimanche ? — N'ai-je pas
approché des sacrements sans prépara-
tion, sans contrition de mes péchés, sans
le ferme propos de m'amender ? — N'ai-je
pas diflféré à restituer, à me réconcilier
avec le prochain, à m' éloigner des oc-
cabions du péché ?
N'ai-je pas parlé mal du prochain, et
même des prêtres ? — N'ai-je pas tenu
de mauvaises conversations ? — Ne me
suis-je pas laissé aller à la colère, et,
dans mes emportements, n'ai-je pas juré,
blasphémé le nom de Dieu ?
50 PRATIQUES
N'ai-je pas entretenu dans mon es-
prit de mauvaises pensées et de mauvais
désirs ? N'ai-je pas contracté des liai-
sons criminelles ?— N'ai-je pas commis et
fait commettre de mauvaises actions ?—
N'ai-je pas fréquenté des compagnies
dangereuses, pris part à des jeux inde-
xants ? — Ne me suis-je pas permis des
danses défendues ?— N'ai-je pas lu de
mauvais livres ?— N'ai-je pas donné des
scandales ?
Ne me suis-jo pas laissé aller à l'in-
tempérance, à la gourmandise ? — N'ai-je
pas perdu mon temps dans l'oisiveté ?—
N'ai-je pas employé un temps considé-
rable à jouer?— N'ai-je pas mis trop de
temps à me parer ?— N'ai-je pas fait des
dépenses inconsidérées? — N'ai-je pasj
péché par jalousie ?-— N'ai-je pas agij
par amour-propre ?
Ne suis-je pas entré dans quelqd
société secrète ? — N'ai-je pas fait d
POUR LA NEUVAINE. 51
parjures ? — N'ai-je pas failli par respect-
humain ? — Ne suis-je pas tombé dans
des superstitions ? — N'ai-je pas fait des
mensonges ? — N'ai-je pas rougi de ma
Religion ? — N'ai-je pas fait gras les jours
maigres ? — Ne me suis-je pas abandon-
né au découragement ? — Ne suis-je pas
resté dans l'occasion du péché par pré-
somption ?
N'ai-je pas manqué aux devoirs que
je devais à mes parents ? — N'ai-je pas
négligé les choses dont j'étais charge ?
— N'ai-je pas été la cause que ma fa-
mille ait souffert de mon inconduite ? —
N'ai-je pas montré une humeur insup-
portable ? — N'ai-je pas entraîné les
[autres dans le mal par mon exemple ?
A chacun d s^examiner sur ses pen-
'éeSy ses paroles^ ses actions^ et ses omis-
dons. — Aux enfants^ aux parents^ aux
^erviteurSy aux maîtres^ à 8*examiner
mr leurs devoirs d'état.
52 PRATIQUES
lyo
CHEMIN DE LA. CROIX.
PKEMIEEE STATION.
JÉSUS EST CONDAMNÉ A MORT.
V. Nous VOUS adorons, 8 Jésus, et
nous vous bénissons.
R. Parce que vous avez racheté le
monde par votre sainte croix.
0 mon divin Sauveur, par l'injuste
et humiliante condamnation à laquelle
vous vous soumettez, daignez me pré-
server de la damnation éternelle que
j'ai méritée par mes péchés. — Pater ^
Ave, Gfloria Patri.
POUR LA NEUVAINE. 53'
DEUXIÈME STATION.
JÉSUS EST CHARGÉ DE SA CROIX.
V. Nous VOUS adorons, ô Jésus, etc.
0 mon divin Sauveur, par la pesante
croix que vous consentez à porter pour
moi, daignez m'accorderla patience dans
mes peines, Tamour de la pénitence et
du renoncement intérieur. — Pater ^ Ave^
Gloria Patri,
TKOISIÈME STATION.
JÉSUS TOMBE POUR LA PREMIERE FOIS SOUS LE
POIDS DE SA CROIX.
*
V. Nous vous adorons, etc.
0 mon Divin Sauveur, par votre pre-
mière chute sous le poids de votre croix,
daignez m' accorder la grâce de marcher
d'un pas ferme dans la voie de vos com-
mandements, et de ne m'en écarter
jamais. — Pater ^ Ave^ Gloria Patri.
54 ' PRATIQUES : .
QUATRIÈME STATION.
JÉSUS RENCONTRE SA TRES-SAINTE MERE..
V. Nous VOUS adorons, etc.
0 mon Divin Sauveur, par la joie que
vous ressentîtes en trouvant votre sainte
mère sur votre passage, daignez me
rendre sensible aux outrages qui vous
sont faits tous les jours, et m'inspirer le
désir de vous en dédommager par une
piété fervente. — Pater^ Ave^ Gloria
jPatri.
CINQUIÈME STATION.
SIMON LE CYRÉNÉEN AIDE JESUS A PORTER SA
CROIX.
V. Nous VOUS adorons, etc.
0 mon divin Sauveur, par la recon-
, naissance que vous eûtes pour le Cyré-
néen, qui vou3 aida à porter votre croix,
daignez m'accorder une grande com-
passion pour les peines et les chagrin»
des personnes affligées. — Pater^ Ave^
Gloria Patri. . ^ . .
POUR LA NEUVAINE. 55
SIXIÈME STATION.
UNE FEMME PIEUSE ESSUIE LA FACE DU SAU-
VEUR.
V. Nous VOUS adorons, etc.
0 mon divin Sauveur, par le mira-
cle que vous fîtes pour récompenser le
dévouement courageux d'une pieuse
femme, en laissant l'empreinte de votre
face sacrée sur le linge dont elle essuya
votre visage baigné de sueur et de sang,
daignez me rendre inacessible au res-
pect-humain, lorsqu'il s'agit de vous
honorer et de vous servir. — Pater ^ Ave y
Gloria Patri,
SEPTIÈME STATION.
JÉSUS TOMBE POUR LA SECONDE FOIS.
V. Nous vous adorons, etc,
0 mon divin Sauveur, par votre se-
conde chute sous le poids de votre croix,
daignez m'accorder la grâce de me re-
lever promptement, si j'avais le malheur
56 PRATIQUES
de tomber dans le péché mortel. —
Pater, Ave^ Gloria Patri.
HUITIEME STATION.
JÉSUS CONSOLE LES FILLES d' ISRAËL QUI LE
SUIVENT.
V. Nous VOUS adorons, etc.
0 mon divin Sauveur, par les conso-
lations que vous donnâtes aux filles
d'Israël pleurant sur vous, daignez con-
soler votre Eglise des maux qui l'affli-
gent, en convertissant les impies, les hé-
rétiques et les pécheurs. — Pater ^ Ave^
Grloria Patri,
NEUVIÈME STATION.
JÉSUS TOMBE POUR LA TROISIÈME FOIS.
V. Nous VOUS adorons, etc.
0 mon divin Sauveur, par cette troi-
sième chute, pour vous plus douloureuse
encore que les deux autres, daignez me
préserver du malheur affreux de la re-
POUR LA NEUVAINE. 5T
chute dans le péché, et de celui plus:
affreux encore de Pimpénitence finale. —
Pater, Ave^ Gloria Patri.
DIXIEME STATION,
JÉSUS EST DÉPOUILLÉ DE SES VETEMENTS.
V. Nous VOUS adorons, etc.
0 mon divin Sauveur, par la confu-
sion dont vous fûtes couvert lorsqu'on
vous dépouilla de vos vêtements, daignez
me donner une vive horreur du vice
impur, l'amour de la pudeur, une mo-
destie exemplaire. — Pater ^ Ave^ Gloria
Patri.
i ONZIÈME STATION.
►
I JÉSUS EST ATTACHÉ A LA CROIX.
i
I V. Nous vous adorons, etc.
i 0 mon divin Sauveur, par les indi-
cibles douleurs que vous endurâtes,,
lorsque les bourreaux vous attachèrent
à la croix, daignez m'accorder la grâce
'• :(
§8 PRATIQUES ;
'de tout souffrir avec patience, même le
martyre, pour l'expiation de mes péchés
et pour votre gloire. — Pater ^ Ave^ Glor
ria Patri.
DOUZIÈME STATION.
jÉkSus meurt sur la croix.
V. Nous vous adorons, etc.
0 mon divin Sauveur, par les méri-
tes de votre sainte mort sur la croix,
daignez m'accorder de mourir à tout
pour ne plus vivre qu'en vous, par vous
et pour vous. — Pater ^ Ave^ Grloria Pa-
tri.
, TREIZIÈME STATION.
* 4
JÉSUS EST DÉPOSÉ DE LA CROIX ET REMIS A SA
MÈRE.
V. Nous vous adorons, etc.
0 mon divin Sauveur, descendu de
la croix et remis à votre sainte mère,
daignez m'accorder la grâce de remet-
POUR LA NEUVAINE. 50^
tre en mourant mon âme entre les mains
de Marie, et mon corps sous sa protec-
tion.— Pater ^ Ave^ Gloria Patri.
QUATOKZIÈME STATION.
JÉSUS EST MIS DANS LE SEPULCRE.
V. Nous vous adorons, etc.
0 mon divin Sauveur, par les méri-
tes de votre sépulcre, daignez m'accor-
der la grâce de mener avec vous une
vie cachée en Dieu, ignorée du monde
et connue de vous seul et des anges. —
Pater ^ Ave, Grloria Patri.
ORAISON.
Jetez, Seigneur, un regard de miséri-
corde sur cette famille pour laquelle
notre Seigneur Jésus-Christ n'a pas
hésité de se livrer aux mains de ses
ennemis et de subir le supplice de la
croix.
ÔO PRATIQUES
PRIÈRE A JÉ8US.
0 Dieu, qui avez voulu pour la ré-
demption du monde naître dans une
crèche, être circoncis, réprouvé par les
Juifs, trahi par un baiser sacrilège du
traître Judas, lié comme un innocent
agneau qui doit être immolé, traîné hon-
teusement devant les tribunaux d'Anne,
de Caïphe, de Pilate et d'Hérode, accusé
par de faux témoins, souffleté, couvert
de crachats, frappé de verges, couronné
d'épines, tourné en dérision, rassasié
d'opprobres et d'ignominies, enfin, dé-
pouillé de vos habits, attaché avec des
clous sur une croix, placé entre deux
larrons, abreuvé de fiel et de vinaigre,
et percé par le fer d'une lance ; aima-
ble Sauveur, ainsi immolé pour con-
sommer l'œuvre sublime de notre ré-
demption, en nous arrachant à la triple
servitude du péché, du démon et de
l'enfer, je vous en conjure, par tant de
supplices atroces endurés par amour
POUR LA NEUVAINE. Cl
pour moi, et dont le souvenir sera tou-
jours pr(3sent à mon cœur, je vous en
conjure, par votre croix et votre mort,
délivrez-moi des peines de l'enfer, et
daignez m'introduire dans ce royaume
céleste où vous avez introduit le larron
pénitent crucifié avec vous ; vous qui
étant Dieu, vivez et régnez avec le Père
et le Saint-Esprit, dans tous les siècles
des siècles. Ainsi soit-il.
PKIÈEE
PENDANT LE SALUT.
0 Jésus, Soleil de justice, qui ré-
chaufiFez et éclairez tout l'univers, faites
luire sur nous votre divine lumière ; em-
brasez nos cœurs du feu sacré dont vous
brûlez vous-même ; remplissez nos âmes
de vos splendeurs, afin que cette assem-
blée de fidèles, prosternés au pied du
trône de votre amour, soit une véritable
image de la société des élus dans le
I '
62 PRATIQUES
ciel. Là-haut, dans la Cité de Dieu,
vous faites couler sur les Saints des tor-
rents de délices ; ici vous faites couler
sur les âmes pures et sur les cœurs con-
trits et humiliés des fleuves de bénédic-
tion. Dans Sion, vous n'entendez que
des cantiques éternels de louanges et
d'actions de grâces, des transports d'a-
mour et de reconnaissance, des accente
subhmes d'allégresse et de jubilation ;
ici, vous entendez les soupirs, les chants
plaintifs des voyageurs qui traversent le
désert pour arriver à la terre promis.
Sauveur adorable, vous connaissez nos
misères, nos maux spirituels et tempo-
rels, les dangers innombrables auxquels
nous sommes exposés, les ennemis terri-
bles et furieux qui nous pressent de
toutes parts, le besoin extrême que nous
avons de vos grâces et de vos consola-
tions. Soyez mille fois béni d'avoir con-
senti à demeurer au milieu de nous,
pour être notre confident, notre ami,
notre défenseur. Ah ! sans doute, nous
sommes malheureux ; mais puisque vous
POUR LA NEUVAINE. 63
restez avec nous, nos peines ne sont pas
insupportables : vous les adoucissez par
votre pr^isence, vous les sanctifiez par
votre grâce, vous les rendez même
aimables par l'onction de votre amour.
Si vous n'étiez pas avec nous, que de-
viendraient les enfants de Sion dans ce
inonde pervers ? Comment pourraient-
ils vivre au milieu de cette immense
Babylone et chanter des cantiques au
Seigneur da:as une terre étrangère ?. . .
Ah ! Seigneur, qu'il m'est doux de le
répéter : puisque vous daignez, par votre
divine présence, adoucir les ennuis de
notre exil, nous n'avons pas le droit de
nous plaindre ; notre sort n'a rien de
trop rigoureux. Oui, vous résidez sur
cet autel ; vous nous voyez, vous nous
entendez, vous nous considérez avec
tendresse, et vous nous dites, avec une
bonté incomparable, que votre cœur se
consume à nous aimer. 0 vérité pleine
de charmes pour les vrais adorateurs !
Cœur généreux, voici l'heureux moment
où les bénédictions célestes, en décou-
64 , PRATIQUES
lant de vous comme de leur source, vont
se répandre dans le temple et tomber en
abondance sur les justes dont le coeur
brûle d'amour pour vous, et sur les
pécheurs qui se frappent la poitrine ;
elles vont descendre sur nous, comme
une pluie douce et salutaire tombe sur
une terre desséchée ; puisse mon âme
en être inondée ! Soleil d'amour, puis-
sent vos divines ardeurs pénétrerjusque
dans les replis les plus cachés de mon
coeur, et réduire en cendre toutes mes
affections profanes et terrestres !
PKIERE
«
POUR LE JOUR DE LA COMMUNION.
Venez, venez, ô mon divin Jésus.
Je suis plongé dans des ténèbres horri-
bles d'ignorance et de péché : venez
écarter ces obscurités, et faites briller
dans mon entendement les divines lu-
POUR LA NEUVAINE. 65
migres de votre reconnaissance. Venez,
ô mon adorable Sauveur ! Après que
vous vous êtes livre tout entier pour
me retirer des enfers, je suis retombé mi-
sérablement sous la servitude du péché :
venez encore cette fois rompre mes liens,
briser mes fers et me rendre la liberté.
Venez, ô charitable médecin de mon
âme ! Après que vous m'avez fait un
bain de votre sang, que vous m'avez
rendu dans le baptême plus saint que
je ne méritais, je me suis, par ma faute,
engagé dans mille dangereuses mala-
dies qui porte le dégoût à mon cœur,
la faiblesse à mon courage, et la mort à
mon âme : venez donc me guérir, ô mon
divin médecin ; j'en ai^plus grand besoin
que ce paralytique à qui vous deman-
diez s'il voulait être guéri. Oui, mon
Dieu, je le souhaite, tout de bon; et
vous qui connaissez la tiédeur de ce
désir, augmentez-le vivement en moi
par votre infinie miséricorde.
Venez, ô le plus fidèle, ô le plus ten-
dre, ô le plus doux et le plus aimable de
E
66 PRATIQUES POUR LA NEUVAIKE.
tous les amis, venez à mon secours:
celui que vous aimez est dans des infir-
mités et des langueurs dangereuses et
mortelles ; vous le savez, vous qui lisez
dans le fond de mon cœur. Si jusqu'ici
j'ai été insensible à mon malheur, et
assez imprudent pour risquer de me
perdre, maintenant, par votre grâce, je
me sens, je me plains, je crie, et j'im-
plore votre secours ; je vous conjure, par
la fidélité inviolable de votre diviiie
parole, de venir me soulager.
Venez, 8 la vie de mon cœur, ô l'âme de
ma vie, ô le seul soutien de mon âme, â
pain des Anges, incarné pour mon amour,
exposé pour ma rançon, réduit sous cette
hostie pour ma nourriture ; venez me ras-
sassier abondamment, venez me soutenir
fortement, venez me faire croire haute-
ment, venez me faire vivre de vous, en
vous et par vous, mais efiBcacement.
Venez donc, ô mon Dieu et mon
tout ! Venez animer encore une fois une
âme languissante ; vous êtes tout l'or-
nement de sa beauté, le principe de ses
mouvements, la source de sa vie. *
TROISIEME PARTIE,
PRIÈEES
POUR CHAQUE JOUR DE LA NEUVAINE.
Prière à Dieu,
Très-sainte et très-adorable Trinité,
Dieu seul en trois Personnes, je me pros-
terne ici devant vous : je vous adore
avec les sentiments de la soumission la
plus profonde ; et, plein de confiance eu
. votre infinie bonté, je viens vous supplier
très-humblement de m'accorder la grâce
que vous m'avez inspiré vous-même de
vous demander.
Je sais, ô mon Dieu, que je suis très-
indigne de vos bienfaits ; mais la dou-
leur que j'ai de mes péchés, et la réso-
.. '. >,
*■ •;
68 \ PRIÈRES DE LA NEUVAINE.
lution où je suis de ne plus vous offen-
ser, me font espérer que vous ne me
rejetterez pas de devant vous. Daignez
donc, ô Père infiniment bon, daignez
écouter ma prière ; voyez mes besoins,
et soyez-en touché.
Je ne puis recourir qu'à vous, j'y
viens sur votre parole ; exaucez-moi, je
vous en conjure par le sang que Jésus-
Christ mon Sauveur, votre aimable Fils,
a répandu pour moi ; par l'immaculée
conception de Marie, sa glorieuse Mère,
toujours Vierge, et par les mérites do
saint François-Xavier, que j'invoque
particulièrement dans cette Neuvaine.
Agréez, ô mon Dieu, la confiance que
j'ai en votre serviteur : et faites que
son intercession qui a été si salutaire
à tant d'autres, me devienne aussi favo-
rable. Ainsi soit-il.
PRIÈRES DE LA NEUVAINE. 69
ORAISON
A Saint François- Xavier,
Bienheureux ApOtre de Jesus-Christ,
Saint François-Xavier, je viens avec
une humble confiance implorer aujour-
d'hui votre protection, et vous supplier
de me servir d'intercesseur auprès du
Père des miséricordes. Vous avez tou-
jours été si zélé pour le bien des âmes,
et si charitable à les assister dans tous
les besoins ; vous donnez encore tous les
jours des marques si éclatantes du pou-
voir que vous avez dans le Ciel. Grand
Saint, ayez la même charité pour moi ;
employez pour moi votre crédit auprès
de Dieu ; obtenez-moi la grâce que je
lui demande par la Neuvaine que je fais
en votre honneur.
Vous alliez autrefois jusqu'aux extré-
mités du monde pour faire du bien à des
70 PRIÈRES DE LA NEUVAINE. '
barbares et à des ennemis de la Foi ;
voici, ô mon Père, un enfant de l'Eglise
qui vient à vous, qui vous honore, qui
bénit Dieu de tout son cœur des grâces
dont il vous a comblé, qui vous choisit
pour son protecteur, et qui vous invoque
avec une entière confiance. Seriez-vous
moins bon et moins puissant aujourd'hui
que vous ne l'étiez alors ? ^
Ceux qui vous réclament, font encore
tous les jours une heureuse expérience
de cette puissance et de cette bonté :
n'y aurait-il que moi qui ne ressentirais
pas les doux effets de votre bienfaisante
charité ? Non, mon aimable Protecteur,
vous ne me refuserez pas ; la confiance
que j'ai en vous est trop grande pour
ne pas croire que vous exaucerez ma
prière, que vous vous intéresserez pour
moi, afin que j'obtienne la grâce que je
demande.
PRIÈRES DE LA NE U VAINE. 71
Je vous en supplie par le sang pré-
cieux de Jésus-Christ, et par l'immacu-
lée Conception de la sainte Vierge.
Comme l'un et l'autre ont toujours été
les plus tendres objets de votre dévotion,
et que vous avez promis d'écouter favo-
rablement tous ceux qui recourraient à
vous en les invoquant, je les invoque, ù
bienheureux Apôtre, et j'espère que
j'aurai part à vos promesses. Ainsi soit-il.
Antienne de la Passion,
Jésus-Christ s'est rendu pour l'amour
de nous obéissant jusqu'à la mort, et
jusqu'à la mort de la croix. C'est pour
quoi Dieu l'a élevé et lui a donné un
nom qui passe tous les autres noms.
V. Seigneur, ayez pitié de nous.
R. Jésus-Christ, exaucez-nous.
ORAISON.
Nous vous supplions. Seigneur, d'avoir
72 rRIÈRES DE LA NRTVAINE.
pitié de cette famille, pour laquelle
Jésus-Christ a bien voulu se livrer entre
les mains des impies, et endurer le sup-
plice de la Croix, lui qui vit et qui règne
avec vous dans les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.
Antienne de la Conception.
/, Votre Conception, ô sainte Vierge,
Mère de Dieu, a annonce la joie il tout
l'univers. Car c'est de vous qu'est ne
le Soleil de justice, Jésus-Christ notre
Dieu, qui, nous délivrant de la malédic-
tion, et confondant la mort, nous a
donné la vie éternelle.
V. Célébrons avec joie la conception
de la glorieuse Vierge Marie.
R. Afin qu'elle intercède pour nous
auprès de son Fils.
/ , ORAISON.
Accordez-nous, Seigneur, le don ce-
PPwlÈRES DE LA NEUVAINE. 73
leste do votre grâce, afin que, comme
renfantement de la bienheureuse Vierge
a6t(3 pour nous le commencement du
salut, la mémoire de sa Conception nous
soit aussi un accroissement de repos et
de paix : nous vous en prions par notre
Seigneur Jesus-Christ qui vit et règne
avec vous et le Saint-Esprit dans l'éter-
nité des siècles. Ainsi soit-il.
PRIÈRES
que saint François- Xavier disait tous les jours,
pour demander â Dieu la conversion des In-
fidèles.
0 Dieu éternel, Créateur de toutes
choses, souvenez- vous que les âmes des
Iniidèles sont l'ouvrage de vos mains, et
que c'est à votre ressemblance qu'elles
sont créées. Voilà, Seigneur, que l'enfer
s'en remplit à la honte de votre nom.
Souvenez-vous que Jésus-Christ, votre
74 PRIÈRES DE LA NEU VAINE.
Fils, a souffert pour leur salut une mort
très-cruelle ; ne permettez plus, je vous
prie, qu'il soit méprisé des idolâtres.
■ Laissez-vous fléchir par les prières do
l'Eglise, sa très-sainte Epouse. Oubliez,
Seigneur, leur infidélité, et faites en
sorte qu'ils reconnaissent enfin pour leur
Dieu notre Seigneur Jésus-Christ que
vous avez envoyé au monde, et qui est
notre salut, notre vie, notre résurrec-
tion, par lequel nous avons été délivrés
de l'enfer, et à qui soit la gloire durant
les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
A: •■
PRIÈRES DE LA NEUVAINB. 75
PEIÈRE
POUR LES PERSONNES RECOMMANDEES.
0 Dieu, qui ne voulez pas la mort du
pécheur, mais qui desirez sa conversion
et son bonheur, jetez un regard de com-
passion sur ceux qui vous méconnaissent
et vous outragent ; ayez pitié de tous
sans exception : qu'ils se convertissent et
qu'ils vivent. Depuis trop longtemps ils
font la désolation de leur famille, et, par
leurs dérèglements et leurs scandales,
déchirent le sein de votre Eglise, dés-
honorent votre nom et percent votre divin
Coeur ! Il en est temps. Seigneur, levez-
vous et faites éclater votre puissance ;
vengez-vous de ces pécheurs en les com-
blant de vos miséricordes ; faites péné-
trer jusqu'au fond de leur âme un rayon
de votre grâce ; qu'elle leur inspire les
76
PRIÊUBS DE LA NE U VAINE.
sentiments d'une sincère pénitence, qui
désarme votre colère. Otez, otoz de nous
l'iniquité et l'injustice, le blasphème et le
parjure, le dérèglement des mœurs et les
excès de la boisson ; étouffez les haines
et les vengeances ; rendez à votre Re-
ligion sainte l'éclat et la beauté des
anciens jours ; faites fleurir de nouveau
l'innocence et la pieté ; banissez l'a-
mour des vaines parures et triomphez
du respect-humain ; que tous bénis-
sent votre nom et chérissent votre loi
sainte ; que tous, par un sincère repen-
tir et le changement de leur coeur, ob-
tiennent de votre bonté infinie le bonheur
de vous aimer et de vous louer pendant
l'éternité. Ainsi soi t-il.
yji.-'\
PKIÈRES DE LA NKUVAINE, 77
PRIÈRE
... • •
A SAINT JOSEPH, PROTECTEUR DES CUEF3
DE FAMILLE.
Grand saint, humblement proster-
nés à vos pieds, nous vous en sup-
plions par cette rare prudence, par
cette tendresse admirable que vous fîtes
paraître dans la conduite de votre- très-
sainte Famille, faites que, par votre in-
tercession, tous les chefs de nos maisons
soient doués d'un semblable esprit de
sagesse, de direction et de charité, afin
que nous puissions voir régner constam-
ment parmi nous cette parfaite harmonie
qui fit le bonheur de la Sainte-Famille.
Faites que ceux qui commandent soient
semblables à vous, et ceux qui obéissent,
semblables à Jésus et à Marie. Obtenez
que les pères et les mères, les maîtres
t les maîtresses, par leurs paroles, et
78
PRIÈRES DE LA NEUVAINE.
surtout par leurs exemples, fassent aimer
Dieu, respecter ses lois saintes et cellc3
de son Eglise : qu'ils veillent avec une
grande sollicitude sur leurs enfants, sur
leurs serviteurs et sur tous ceux qui
sont soumis à leur autorité ; qu'ils soient
bons, justes et charitables pour eux,
mais aussi fermes et inflexibles, quand le
devoir et la conscience le réclament, afinj
que, lorsque le souverain Jugaleur de-
mandera compte de leur administration,
ils puissent entendre de sa bouche cette!
consolante parole : entrez dans la joià
de votre Seigneur^ puisque vous avez
été des serviteurs fidèles. Ainsi soit-il
PRIÈRE : SOUVENEZ- vous
Souvenez-vous, 8 très-chaste époux de
la Vierge Marie, saint Joseph, moi
aimable protecteur, qu'on n'a jamais eiij
PRIÈRES DE LA XEUTAIXE. 79
tendu dire que quelqu'un ait sollicité
votre protection et imploré votre secours
sans avoir été exaucé. Plein de con-
fiance en votre pouvoir, je viens me pré-
senter devant vous et me recommander
à vous avec ferveur. Ali ! ne méprisez
pas mes prières^ ô père adoptif du Ré-
dempteur, mais écoutez-les favorable-
ment et daignez les exaucer.
(300 jours dHnd. applicahlcs aux défunts.)
PEIÈEE
DEVANT LES RELIQUES DES SAINTS.
Reine de tous les Saints, glorieux
Apr^tres, Martyrs invincibles, généreux
Confesseurs, Vierges pures, illustres
Anachorètes, Saints et Saintes du Sei-
gneur, je me réjouis de la gloire inef-
fable à laquelle vous êtes élevés dans le
royaume de Jésus-Christ, votre divin
80
PRIERES DE LA NETTVAINE.
Chef. Je bénis le Très-Haut des dons et
des faveurs extraordinaires dont il vous
a comblés, et du rang sublime où il vous
a élevés. 0 amis de Dieu, 8 vous
surtout dont les reliques précieuses sont
exposées ici à notre vénération et qui
habitez cette patrie immortelle, cette
heureuse cité, où abondent les solides
richesses, puissants protecteurs, abaissez
vos regards sur nous qui combattons,
qui gémissons encore dans l'exil, et ob-
tenez-nous la force et les secours que
sollicite notre faiblesse, pour atteindre
à vos vertus, perpétuer vos triomphes et
partager vos couronnes. Ainsi soit-il.
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t. I
QUATRIEME PARTIE.
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PEIÈKES PARTICULIÈRES.
Les âmes pieuses trouveront dans les prières
' suivantes toutes les grâces qu'' elles peuvent
demander à Dieu pour elles-mêmes
et pour les autres.
P PRIÈRES POUR ^OI-MÊME.
PRIÈRE
POUR DEMANDER LA VICTOIRE SUR SES PAS-
SIONS.
Dieu saint, Père des miséricordes,
qui ne m'avez créé que pour vous ser-
vir dans la liberté de vos enfants, ne
permettez pas que je sois plus longtemps
assujetti aux lois honteuses de mes
ipassions criminelles. . ' ? ^
82 PRIÈRES PARTICULIÈRES.
, Aidez-moi, mon Dieu, à sortir de
l'esclavage où elles m'ont réduit ; sou-
tenez-moi dans les combats qu'il faut
que. je livre à cet effet contre moi-
même.
Vous connaissez. Seigneur, et ma
faiblesse et la force des ennemis qui me
dominent ; témoin de mes misères, vous
le voyez, à tout moment la colère m'em-
porte, l'orgueil m'enfle, le ressentiment
m'aigrit, la convoitise m'expose, une
humeur chagrine me rend insupportable,
la paresse me fait négliger mes devoirs,
l'amour-propre se glisse dans le peu de
bien que je veux faire, et enlève la
meilleure part de ce que je vous des-
tine. Quelle contrainte, 8 mon Dieu !
Quelle servitude pour une âme qui,
malgré tout cela, veut vous aimer, et
qui voudrait, ce semble, être parfaite-
ment à vous !
Mais je désavoue et je déteste de tout
mon cœur tous ces dérèglements. Je
suis attristé de m'y être si souvent
livré. J'en ai une véritable douleur,
PRIÈRES PARTICULIÈRES. 83
parce qu'ils vous déplaisent, et que c'est
vous, bonté infime, que j'ai offensé
toutes les fois que je m'y suis laissé
aller. Oui, c'en est fait, quoi qu'il
m'en puisse coûter, désormais je neveux
plus écouter la tentation, et je veux ré-
sister à mes passions, funeste source do
tous mes péchés. C'est en votre nom,
Dieu tout-puissant, que je prendrai les
armes pour combattre des ennemis que
tant d'autres ont, avec le secours de
votre grâce, si heureusement vaincus.
C'est aussi en votre nom que j'espère de
remporter la victoire, par Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ qui vit et règne dans
les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
PKIÈEE
POUR DEMANDER LA PATIENCE.
Mon Dieu, mon unique refuge et toute
ma consolation dans les peines dont ma
vie est chaque jour traversée, soutenez-
moi du secours puissant de votre grâce,
car je tombe ; ma faiblesse et mon im-
84 ' PRIÈRES PARTICULIÈRES,
patience m'entraînent, quoique je sache
qu'il vaut mieux souffrir sur la terre
que d'y être dans la joie ; qu'il faut
souffrir pour expier les fautes passées,
pour mériter le ciel, pour être semblable
à vous, mon divin Sauveur, dont la vie
n'a été que croix et douleur ; quoique
je sois persuadé que l'impatience ne
fait qu'aigrir mes peines, au lieu de les
adoucir ; que par là je perds le fruit de
mes maux, la dévotion dans mes prières,
la paix avec tout le monde et avec moi-
même ; cependant, si vous ne me sou-
tenez. Dieu de force, je me livre avec
éclat à tous mes ressentiments, je m'a-
bandonne à ma mauvaise humeur, à des
ennuis, à des dégoûts qui m'abattent, qui
m'aigrissent et qui me désolent.
Mon Dieu, envoyez-moi dans ces
tristes moments votre ange consolateur.
Soutenez-moi par la considération des
joies durables qui doivent suivre ces
courtes peines. Animez-moi à souffrir
comme ces grands Saints qui ont si-
gnalé leur patience dans les opprobres,
PRIÈRES PARTICULIÈRES. 85
dans les tourments du corps, dans les
peines de l'esprit, dans les persécutions,
dans la pauvreté et dans l'abandon de tout
le monde. Ils ont eu plus à souffrir
que moi : leurs peines sont finies, les
miennes passeront. Vous étiez leur force,
Jésus crucifié, soyez la mienne : je ne
refuse pas de souffrir, je veux souf-
frir, souffinr pour vous, et, s'il se peut,
avec la même résignation que vous, je
m'abandonne donc à vous, 8 mon Dieu,
dans l'espérance qu'après m'avoir aidé
à porter ma croix un peu de temps sur
la terre, vous m'accorderez un éternel
repos dans le ciel. Ainsi soit-il.
PRIÈRE
POUR DEMANDER LE DETACHEMENT.
Mon Dieu, quand cesseraî-je de m'ai-
mer, et quand commencerai-je à me haïr
comme vous m'y engagez ? Quand sauraî-
je, pour vous plaire, consentir à être
méprisé, ou du moins à n'être plus aimé
ni estimé par les créatures ? N'est-ce
86 PRIÈRES PARTICULIÈRES.
•
pas à vous seul, Seigneur, qu'appartient
toute la gloire ? N'etes-vous pas infini-
ment aimable et digne d'être aimd?
Pourquoi donc voudrais-je attirer sur
moi l'estime et l'affection des créatures?
Le désir habituel que j'éprouve d'être
aimé et estimé, devrait me couvrir de
confusion ; car enfin je ne suis que mi-
sère et faiblesse, et à peine devrais-je
me supporter moi-même, ou plutôt je ne
devrais m'aimer que par pure charité et
comme on aime par compassion un étran-
ger inconnu. Vous seul, o mon Dieu,
méritez tout mon amour ; mon cœur ne
doit être occupé que de vous ; vous
devez posséder toutes ses affections. Si
je m'aime, c'est pour ma perte ; si je
veux être aimé des autres, c'est encore
pour ma perte : votre amour seul est
précieux, Seigneur. Quand on vous
aime, le coeur devient pur et content ;
et quand on a le bonheur d'être aimé de
vous, on goûte la joie et la paix des
enfants de Dieu. Il avait bien compris
ce que fait le pur amour, le Saint qui
PRIÈRES PARTICULIÈRES. 87
s'dcriait : Mon Dieu et mon tout ! Elle
l'avait également compris, cette illustre
Sainte qui répétait avec effusion : Dieu
seul ! Dieu seul ! Quel a été jusqu'ici
mon orgueil ! Que mon aveuglement a
été profond ! Je me suis aimé moi-
même, j'ai voulu être aimé des autres,
je me suis presque aimé seul ; je n'ai
aimé les autres que pour moi, et j'ai
désiré qu'on me préférât aux autres. Ma
vaine délicatesse s'affligeait à l'excès h
la moindre apparence d'oubli, d'indiflfé-
rcnce ou de mépris ; et lorsque les autres
avaient besoin d'une charité affermie
pour supporter mes défauts, lorsqu'il
n'y avait en moi que des faiblesses déso-
lantes et les plus profondes misères,
créature idolâtre de moi-même, j'exi-
geais des attentions et des égards. Je
déplore aujourd'hui ma folie, je renonce
à la vanité de mes pensées et de mes
désirs. Si Dieu a mis dans nos cœurs
la faculté et le besoin d'aimer, c'est
pour que nous nous attachions à lui ; et
certes, s'il a rendu les autres capables
88 PRIÈUES PARTICULIÈRES.
d'aimer, ce n'est point pour que leur
affection s'arrête à un objet si m(3prisa-
ble que moi. Dès ce moment, ô mon
Dieu, je ne désire plus qu'on m'aime, ni
qu'on m'estime : il suffit qu'on me sup-
porte et qu'on me souffre pour l'amour
de vous. Punissez-moi, ô mon Dieu, si
je tourne encore les affections de mon
cœur vers quelque objet cr(3(i ; punissez-
moi, si je désire encore l'estime et l'af-
fection des autres. Plus j'ai été délicat
et sensible sur ce point, plus j'ai besoin
d'être privé et corrigé. Désormais,
ô mon Dieu, j'écouterai avec attention
ces paroles que l'Eglise met dans la
bouche du Prêtre : Sursum corda^ éle-
vez vos cœurs ; et toujours je répondrai
avec sincérité : nous les tenons élevés
vers le Seigneur. Ainsi soit-il.
PEIÈKE
POUR CONNAITRE SA VOCATION.
Seigneur, Roi tout puissant, tout mon
désir est de savoir ce que vous deman-
rRIÈRES l'AUTlCUlJÈUES.
dcz de moi et de m'y soumettre avec
joie ; j'implore vos divines lumières pour
connaître les desseins de votre Provi-
dence. Il n'appartient pas au serviteur
de choisir la manière dont il doit servir
son maître ; c'est à vous de m'imposer
des lois; ma destinée est entre vos
mains : que dois-je faire pour me sauver ?
Parlez-moi comme vous fîtes à r(3gard
du jeune Samuel ; je me présente de-
vant vous avec la même docilité et une
soumission sans bornes. Me voilà à vos
V pieds comme une victime prête à me
sacrifier à vous le reste de mes jours, de
la manière dont vous jugerez la plus
digne de votre grandeur. Réformez, ô
mon Dieu, sur les vues do votre sagesse
' éternelle, la tendresse et les projets de
mes parents ; et comme je me remets
entièrement à votre sainte volonté, faites
qu'ils s'y soumettent fidèlement et sans
résçrve, afin que nous n'ayons pas à
redouter le châtiment éternel dont vous
menacez le serviteur infidèle. Faites
qu'imitant plutôt l'exemple de Jésus^
90 PRIÈRES PARTICULIÈRES.
votre divin Fis, dont toute l'attention a
été de faire votre volonté, et qui a été
obéissant jusqu'à la mort de la croix,
nous méritions d'entendre de votre
bouche, au dernier des jours, cette douce
et consolante invitation : " venez, bons
et fidèles serviteurs, recevez la recom-
pense qui vous est préparée."
PKIÈKE
POUR DEMANDER LA PERSÉVÉRANCE.
Père éternel, prosterné humblement
à vos pieds, je vous adore et vous re-
mercie de m' avoir créé et racheté par
Jésus-Christ, de m'avoir fait chrétien
en me donnant la vraie foi et m'adop-
tant pour votre enfant par le baptême.
Je vous remercie de m'avoir attendu à
pénitence, après tant de péchés, et de
m'avoir pardonné toutes les offenses que
j'ai commises contre vous, et dont je me
repens, ô Bonté infinie, parce qu'elles
vous ont déplu. Je vous remercie, mon
•Dieu, de m'avoir préservé de plusieurs
PRIÈRES PARTICULIÈRES. 91
rechutes que j'aurais faites si vous ne
m'eussiez tendu une main secourable.
Continuez, ô mon Dieu, à me secourir ;
car mes ennemis ne cesseront qu'à ma
mort de m'attaquer pour me rendre de
nouveau leur esclave.
Si vous ne me soutenez, je perdrai
encore votre grâce : accordez-moi la
persévérance jusqu'à la mort; je vous
en supplie par les mérites de Jésus-
Christ, votre Fils, qui nous a promis que
tout ce que nous vous demanderons en
son Nom, nous sera accordé. Je vous
la demande, cette grâce, pour moi et
pour tous ceux qui vous servent fidèle-
ment, afin que ne nous séparant jamais
plus de votre amour ici-bas, nous puis-
sions aller vous aimer et vous posséder
à jamais dans le ciel. Marie, mère de
Dieu, priez Jésus pour moi.
PEIEKE
POUR OBTENIR LA GRACE d'uNE BONNE MORT.
Prosterné devant le Trône de votre
92 PRIÈRES TARTICULIÊRES.
adorable Majesté, je viens vous deman-
der, ô mon Dieu, la dernière de toutes
les grâces, la grâce d'une bonne mort.
Quelque mauvais usage que j'aie fait de
la vie que vous m'avez donnée, accor-
dez-moi de la bien finir et de mourir dans
votre amour.
Pardonnez-moi, 8 mon Dieu, tout le
mal que j'ai fait, et ayez pour agréable
le peu de bien que j'ai fait par le secours
de votre grâce. Pardonnez-moi, car je
me repens de mes fautes, et je les dé-
teste par le seul motif de votre infinie
bonté. Pardonnez-moi, car je pardonne
de tout mon cœur à ceux qui ont pu
m'ofienser.
Je crois, mon Dieu, tout ce que vous
avez révélé à votre Eglise. J'espère
en vous, fondé sur vos promesses, et sur
vos mérites infinis, divin Sauveur, vous
qui ne voulez pas que je périsse, et qui
êtes mort pour moi. Je vous aime, ô
mon Dieu, de toute l'étendue de mon
âme, et de toutes les affections de mon
cœur.
PRIÈRES PARTICULIÈRES. 93
Je VOUS adore avec une humble sou-
mission ; je vous remercie de toutes les
grâces que vous m'avez faites en cette
vie, et surtout de ce que vous me don-
nez le moyen de me préparer à la mort.
Je l'accepte en esprit de pénitence, en
union avec celle de mon Sauveur, et par
obéissance à vos adorables volontés.
Père saint, ayez pitié de moi, faites-
moi miséricorde ; je remets mon âme
entre vos mains. Jésus, soyez-moi
JÉSUS, maintenant et à l'heure de ma
mort.
Sainte Marie, Mère de miséricorde,
montrez dans ce dernier moment de ma
vie, que vous me regardez comme un de
vos enfants : intercédez pour moi.
' Heureux saint Joseph, glorieux Epoux
de Maeie, obtenez-moi de mourir en
prédestiné.
Ange du ciel, fidèle Gardien de mon
âme ; grands Saints que Dieu m'a don-
nés pour Protecteurs pendant ma vie,
ne m'abandonnez pas à l'heure de ma
mort. Ainsi soit-il.
94 TRIÈRES TARTICULIÈRES.
IP PEIÈRES POUR LES AUTRES.
PRIÈRE
d'une mère pour ses enfants.
Vous êtes le Createar et le véritable
Père de mes enfants, ô mon Dieu ! Ils
sont à VOUS5 c'est vous qui me les avez
donnés : je vous les offre. Seigneur ; je
les soumets et je me soumets aux ordres
de votre volonté, aux desseins de votre
Providence sur eux. Je vous prie de
les bénir ; mais je ne vous demande point
pour eux les biens périssables de ce'
monde. Si vous leur accordez des
richesses, qu'ils n'y attachent point leur
cœur, qu'ils s'en servent pour faire des
bonnes œuvres et mériter le Ciel ; si
vous leur envoyez la pauvreté, qu'ils la
reçoivent de votre main avec résigna-
tion et la supportent avec courage.
Donnez-leur la sagesse et un cœur do-
cile ; imprimez dans leur âme une vive
douleur du péché ; éloignez-les du mal ;
PRIÈRES PARTICULIÈRES. 95
préservoz-lcs de la contagion du monde ;
qu'ils soient fidèles observateurs de
votre sainte loi et des commandements
de votre Eglise ; allumez dans leur âme
le feu sacré de votre amour ; surtout ne
permettez pas que je démente la voix
de ma prière par celle de ma vie, ni
que je détruise par mes mauvais exem-
ples, ou par ma négligence, ce que je
vous prie de mettre et d'établir en eux.
Bénissez-moi en les bénissant ; veillez
sur moi, afin que je veille sur eux, et
faites que je les élève dans votre crainte
et dans votre amour. Ainsi soit-il.
PKIÈRE
POUR DEMANDER LA GRACE DE BIEN ÉLEVER
SA FAMILLE.
0 Créateur bienfaisant et tendre Père
de tous les hommes, dirigez, réglez, per-
fectionnez mon afiection pour mes en-
fants ; vcus, premier auteur de leur ex-
istence, vous qui ne me les avez confiés
que comme un dépôt sacré dont je dois
96 PRIÈRES TARTICULIÈRES.
un jour vous rendre un compte rigou-
reux, guidez-moi dans la route que je
dois suivre, pour leur donner une édu-
cation solidement chrétienne. Ensei-
gnez-moi les moyens de les préserver de
la contagion du vice et de l'impiété. Ne
souffrez pas, ô mon Dieu, qu'un vain
désir de gloire humaine me dirige dans
le choix de leur état et dans les pro-
jets que je puis former pour leur éta-
bUssement. Faites que mon seul but soit
de les rendre vertueux et fidèles à votre
culte.
Corrigez, Seigneur, les imperfections
de mon caractère et de mon humeur ;
donnez-moi de l'indulgence sans fai-
blesse, de la fermeté sans entêtement
et sans aigreur, et cette patience évan-
gélique qui supporte tout et que rien ne
décourage et ne rebute. Enfin que mes
enfants retrouvent constamment dans
mes actions et dans ma conduite le mo-
dèle et l'exemple des leçons que je leur
donnerai. Je vous demande ces grâces,
8 mon Dieu, par les mérites de Jésus-
Christ. Ainsi soit-iL .
PRIÈRES PARTICULIÈRES. 97
' PEIÈKE
d'une épouse pour son mari.
C'est vous, ô mon Dieu, qui m'avez
donné ce mari que je chéris et que vous
me permettez d'aimer ; mais comme vous
êtes un Dieu jaloux, vous voulez être le
premier objet de mon amour, et tenir la
première place dans ce coeur que vous
avez formé ; accordez-moi donc, ô mon
Sauveur, de vous la donner cette pre-
mière place que je vous dois à tant de
titres ; faites que celui auquel vous m'a-
vez lié ne l'emporte pas sur vous dans
mon coeur, qu'il n'y tienne que le second
rang, mais aussi qu'après Tamour divin,
l'amour conjugal me remplisse tout en-
tière, que rien ne m'en détourne jamais,
et que je remplisse constamment et sans
relâche les devoirs que vous m'avez im-
posés envers celui à qui vous m'avez
unie ; qu'après le bonheur de vous plaire,
je n'en trouve que dans les nœuds qui
npus unissent, et que nous nous excitions
continuellement à vous aimer, à vous
(
98 PRIÈRES PARTICULIÈRES.
servir et à vous consacrer tous les mo-
ments de notre vie ; daignez, Seigneur,
prolonger celle de mon époux, le sauver
des dangers auxquels sa profession Tex-
pose, et lui faire sentir ainsi qu'à moi,
((ue la principale, l'unique affaire don^
un chrétien doive s'occuper, est celle
de son salut, pour laquelle je vous de-
mande vos grâces, reconnaissant que,
sans vous, nous ne pouvons rien. Ainsi
soit-il.
PEIÊKE
d'un enfant pour ses parents.
Seigneur, qui me permettez de vous
appeler mon Père et qui daignez l'être
en effet, souveriez-vous de ceux qui, par
rapport à moi, partagent avec vous un
nom si tendre. Ecoutez des vœux que
me dicte l'obéissance à vos ordres et
qu'anime un sentiment d'affection que
vous avez vous-même gravé dans mon
cœur. Conservez-moi ces parents qui me
sont chers et auxquels, après vous, je
PRIÈRES PARTICULIERES, 99
Suis redevable de la vie et de tous les
avantages dont je jouis sur la terre.
Répandez sur eux toutes sortes de béné-
dictions spirituelles et temporelles ; mais
surtout préservez-les du plus grand do
tous les maux, qui est le péché; que
nous n'attirions jamais, les uns sur les
autres, ces terribles malédictions que le
crime d'un seul attire quelquefois sur
des familles entières. Faites-moi trou-
ver, ô mon Dieu, dans leur vigilance et
leurs soins un conseil, une ressource,
un appui pour toute la suite de ma vie,
comme j'espère leur procurer, dans ma
parfaite obéissance, toute la consolation
qu'ils ont lieu d'attendre de moi. Sur-
tout, réglez leur tendresse, et sanctifiez
les projets qu'ils fermenta mon occasion,
afin que jamais mes intérêts temporels
ne puissent balancer en rien ma félicité
éternelle . Courpjin,ez , enfin ^ tous . vos
dons, SeiguQTîiîî,; pa|* : la ^ plus :gran Jo d'^ : • ;
toutes les grâbkv faiteâ**'qTi'un'K>êtt>e** • * 1
bonheur ré^'ittiai^e ^^'^imis dAu^lQ^Cipl. ; .•
ceux que taiit'dâ ii^n^ içiriis^îît'si/étrGl-' [\^,
tement sur la terre. Ainsi soit-il.* r * ' *
100 PRIÈRES PARTICULIÈRES.
PRIÈRE
POUR LA CONVERSION DES PÉCHEURS.
0 Dieu, ayez pitié de moi qui ne
suis qu'un pécheur ; permettez-moi
aussi de vous prier d'avoir pitié des
autres, car vous ne voulez pas la mort
du pécheur, mais vous voulez que nous
revenions tous à vous par la pénitence.
Vous n'avez pu résister à la prière de
Moïse qui vous pressait de pardonner
à tout un peuple rebelle. Vous vous
plaignez lorsqu'il ne se trouve personne
pour résister à votre colère. Vous
nous commandez de prier les uns pour
les autres, afin que nous soyons sauvés,
et vous nous assurez qu'en faisant reve-
nir un pécheur de son égarement, nous
délivrons notre âme de la mort et nous
couvrons la multitude de nos péchés.
, O'ef't ce .qui m'engago à Pie présenter
! : ' àeVaiit? mw "feLvfeD cMfi^n-Oe?, et à implo-
■ • Ter 'â'ùfe'si' pour lès* autres votre grande
'• «^ •. îiilsétiboKl^é^ A^^^^^"^: t^îaf.Kesoin pour
^>' ; mbi-À^Hie", / Pard^nmèXeûrl Seigneur j
PRIÈRES rARTIOULlÈRES, 101
parce qu'ils ne savent ce qu'ils font.
Ouvrez leurs yeux, afin qu'ils voient et
se déplaisent à eux-mêmes, et qu'ils
considèrent combien c'est une chose
triste et amère de vous avoir abandon-
né ; ouvrez leurs oreilles, afin qu'ils en-
tendent cette voix toute puissante à
laquelle les morts ressuscitent; brisez
la dureté de leur cœur, afir qu'ils soient
dociles, et qu'ils ne résistent plus à
votre grâce. Souvenez- vous de votre
miséricorde, souvenez-vous du Sang de
Jésus-Christ ; sauvez des âmes qu'il a
rachetées à un si haut prix, exaucez-nous
dans une prière que votre charité nous
engage à vous faire, et que nous vous
faisons pour vous obéir et pour vous
plaire. Ainsi soit-il.
PEIÈEE
POUR LA CONVERSION D^UNE PERSONNE CHERE.
0 mon Dieu, qui nous faites un com-
mandement exprès d'aimer notre pro-
chain, et qc.x daignez promettre de si
magnifiques récompenses à ceux qui,
102 PRIÈRES PORTIOULIÈRES.
pour l'amour de vous, exercent envers
leurs frères une charité tendre et bien-
faisante, c'est au nom de Marie, Vierge
immaculée et refuge des pécheurs; c'est
au nom de Jésus, ce divin Agneau im-
molé sur la Croix pour les péchés du
monde ; c'est au nom de votre infinie
miséricorde, que je viens vous supplier
de faire grâce à une âme pécheresse,
de ramener au bercail une brebis éga-
rée. Ah ! si cette âme malheureuse
comprenait son triste sort ! Si elle sen-
tait ce qu'elle perd en se tenant éloi-
gnée de vous, en faisant de ce triste
exil le terme de ses désirs, en vivant
comme si elle n'avait point sa patrie au
Ciel ! Si elle savait, cette pauvre âme,
le sort qui l'attend dans l'éternité après
une vie hérissée de douleurs, sans con-
solations et sans espérance !... 0 mon
Dieu, daignez donc, par votre divine
lumière et par la force de votre grâce,
dessiller ses yeux, frapper son esprit des
dangers de sa position et la retirer
enfin de l'amour des choses périssables.
PRIÈRES .PARTIOULIÈRES. 103
Daignezj Seigneur, inspirer à ce nouvel
enfant prodigue un désir ardent et eflB-
cace de retourner à vous son tendre
Père ; recevez-le dans vos bras ; don-
nez-lui le baiser de paix et de réconci-
liation ; rendez-lui tous ses droits à vôtre
amour et à vos grâces. A vous, Sei-
gneur, en reviendra toute la gloire.
Ainsi soit-il.
PKIÈKE
POUR DEMANDER LA GUÉRISON d'uN MALADE.
Mon Dieu, qui permettez ou en-
voyez même les maladies pour éprouver
vos serviteurs, leur rappeler vos bien-
faits, leur inspirer une sainte crainte de
vos jugements, les ramener à la vertu
et faire naître en eux de saints désirs
d'une vie plus parfaite, jetez un regard
de bonté sur le malade qui m'intéresse.;
adoucissez ses maux, faites-les-lui sanc-
tifier par la patience et par une entière
soumission à votre volonté adorable ;
daignez enfin lui rendre la santé, et avec
elle la résolution inébranlable de la con-
104 PRIÈRES PARTICULIÈRES,
sacrer désormais à votre service et à
l'accomplissement de ses devoirs. Mais
ce que je vous demande surtout pour
lui, Seigneur, c'esr plutôt le salut de
l'âme que celui du corps, bien convain-
cu que cette vie passagère ne nous est
donnée que pour nous en assurer une
meilleure. Seigneur, nous ne pouvons
rien sans le secours de votre grâce ; je
l'implore avec instance pour lui et pour
moi, par les mérites de Notre- Seigneur
Jésus-Christ et l'intercession de Marie
conçue sans péché. Ainsi soit-il.
PKIÈRE
POUR LES AMES DU PURGATOLRE.
0 Dieu de toute consolation, auteur
du salut des âmes, ayez pitié de celles
qui souffrent dans le Purgatoire, et ac-
cordez-leur, avec la délivrance entière
de leurs peines, le bonheur que vous
avez autrefois promis à votre serviteur
Abraham et à sa postérité. Laissez-
vous toucher, Seigneur, par la considé-
ration de la fidélité qu'elles eut eue à
■;, N'
PRIÈRES PARTICULIÈRES. 105
VOUS servir pendant leur vie, et oubliez
les fautes que la fragilité de notre na-
ture leur a fait commettre ; tirez-les
de ce lieu de supplices et de ténèbres,
pour les mettre dans le lieu de repos et de
lumière. Ecoutez, ô mon Dieu, l'humble
prière que je vous fais, et accordez
cette grâce à celles pour lesquelles je
dois particulièrement prier ; je vous en
conjure au nom et par les mérites de
Celui qui s'est chargé de satisfaire pour
nous tous, et qui vit et règne avec vous
dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
PKIÈEE
POUR LE SOUVERAIN PONTIFE.
0 Jésus, chef invisible de l'Eglise, vous l'a-
vez établie sur la pierre ferme ; vous lui avez
assuré que les portes de l'enfer ne prévaudront
jamais contre elle, et qu'elles viendront toujours
s'y briser. Conservez, fortifiez et conduisez
celui que vous lui avez donné pour Chef visible;
faites qu'il soit toujours le modèle de votre
troupeau comme il en est le pasteur. Qu'il soit
constamment le premier par sa sainteté, sa doc-
trine et sa patience, comme il l'est par son
rang ; qu'il soit le digne Vicaire de votre chari-
■ té, comme il l'est c* votre autorité ; soutenez
; l'ardeur de son zèle pour votre gloire, pour le
-/
106 PRIÈRES PARTIOTJLIÈRBS.
salut des âmes et l'honneur de la Religion.
Qu'il soit toujours animé d'un courage invin-
cible pour combattre les ennemis de votre saint
nom, et d'une fermeté inébranlable pour s'op-
poser à l'esprit d'orgueil, d'erreur, de libertinage
et d'impiété. Que votre Esprit l'assiste sans
cesse pour qu'il conduise au port la barque
agitée de votre Eglise au milieu des écueils, si
multipliés qui l'env 'ronnent. Consolez son cœur
paternel profondément affligé de l'égarement
de ses enfants séduits par l'esprit de nouveauté
et de mensonge ; ramenez ses brebis égarées ;
aidez-le à supporter le poids de ses peines et de
ses tribulations.
Daignez, Seigneur, écouter nos vœux et lui
accorder de longues années ; exaucez aussi, ô
mon Dieu, ses prières et Içs vœux de son cœur
pour nous. Réunissez toutes vos brcbi«* dans le
même bercail et sous la houlette de ce Pasteur
selon votre cœur. Nous vous le demandons par
les mérites infinis de votre Passion et de votre
mort. Ainsi soit-il.
EES0LUTI0N8.
Ds bien faire les prières du matin et du soir.
D^assisterdévotement à la messe le Dimanche.
D'approcher régulièrement des Sacrements.
D'éviter avec soin les mauvaises compagnies.
De renoncer à toute liaison dangereuse.
De penser souvent à mes fins dernières.
D'élever souvent mon cœur à Dieu.
De me corriger de mes mauvaises habitudes.
De me relever promptement après chaque faute.
De faire pénitence de mes péchés passés.
De souffrir avec patience les peines de la vie.
De rejeter avec soin les mauvaises pensées.
De ne pas agir par amour-propre.
De combattre la mauvaise humeur.
De me mettre au-dessus du respect-humain.
De bien remplir mes devoirs d'état .
De ne point faire de dépenses superflues.
D'éviter l'intempérance et la gourmandise.
De ne pas me laisser aller au découragement.
De prier souvent pour les âmes du purgatoire.
De ne faire tort à personne.
De donner le bon exemple,
108
RESOLUTIONS.
D'assister les pauvres.
De ne jamais tenir de mauvais discours.
De ne pas rester dans l'oisiveté.
De prier pour la conversion des pécheurs.
De penser à la Passion de Notre-Seigneur.
D'observer l'abstinence prescrite par l'Eglise. -
De ne pas jurer en vain le nom de Dieu.
De ne point faire de mensonges.
De célébrer avec piété les fêtes de l'Eglise.
D'avoir beaucoup de bonté pour tout le monde.
De gagner les Indulgences de l'Eglise.
De me recommander souvent à la Ste. Vierge.
De m'éloigner de toutes les occasions du péché.
De me préparer sans cesse à la mort.
Nota. — Relire ces résolutions avant chaque
Confession j afin de voir en quoi on y a man-
qué^ s'' imposer une pénitencej et s^ engager de
nouveau à les observer.
■\ ,1 . -
TABLE.
Page
Heures des Exercices 2
Préface ... 3
Mission à remplir 5
Disposition pour la Neiivaine 7
Indulgences de la Neuvaine 8
•
Première Partie.
Méditations pour chaque jour.
1er jour : Les vérités éternelles 9
2e jour : Le salut 13
3e jour : Le péché 16
4e jour : La mort 20
5e jour : Le jugement 22
6e jour : L^ enfer 27
7e jour: L^ éternité 31
8e jour : Le délai de la conversion 34
9e jour : La nécessité de la pénitence. ... 37
Le retour à Dieu 42
llO - ÏABLÈ.
Deuxième Partie.
Pr£.tiques pour chaque jour.
Page
Intentic ns 45
T*rières pour la messe 46
Examen de conscience 49
Chemin de la Croix 62
Prière pour le salut 61
Prière pour la Communion 64
Troisiêmb Partie.
Prières de la Neuvaine.
Prière à Dieu 67
Prière à St. François- Xavier 69
Antienne de la Passion 71
Antienne de la Conception 72
Prière de St. Fr s. -Xavier pour les Infidèles 73
Prière pour les personnes recommandées . . 75
Prière à Saint Joseph 77
Souvenez-vous de Saint Joseph ! . . . 78
Prière devant les reliques des Saints 79
TABLE. 111
Quatrième Partie.
Prières particulières.
lo.
Pagï^
Prière pour la victoire sur ses passions . . . 81
Prière pour obtenir la patience 83
Prière pour demander le détachement. ... 85
Prière pour connaître sa vocation 88
Prière pour demander la persévérance. ... 90
Prière pour obtenir une bonne mort 91
IIo.
Prière Wune mère pour ses enfants 94
Prière pour sa famille 95
Prière d'une épouse pour son mari 97
Prière d\m enfant pour ses parents 98
Prière pour la conversion des pécheurs . . . 100
Prière pour une personne chère 101
Prière pour une personne malade 103
•• % - • •
% •
J.K
AVIS. -
Cette Neuvaine renfermant tout ce qui
est nécessaire pour suivre les exercices 'et
en profiter, chaque personne doit s'empres-
ser de se la procurer.
Il serait môme à souhaiter que les per-
sonnes qui ne peuvent y venu', en eussent
V i exemplaire en leur possession, et que
les âmes pieuses qui ont des parents ou
des amis éloignés des Sacrements, " la leur
envoyassent.
'<i
/ ,■
»"- •
;^aoot)€)^ot>Q^ QOO'û-o^^^ O'oO'ùqo
..ê^0§l'liêà
II
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