IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-3)
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Photographie
Sciences
Corporation
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WEBSTER, N.Y. 14580
(716) 872-4503
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CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHM/ICMH
Collection de
microfiches.
Canadian Institute for Historical Microreproductions Institut canadien de microreproductions historiques
1980
Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques
Tl
to
The Institute has attampted to obtain the best
original copy available for filming. Features of this
copy which may be bibliographically unique,
which may alter any of the images in the
reproduction, or which may significantly change
the usuel method of filming, are checked below.
n
Goloured covers/
Couverture de couleur
□ Covers damiged/
Couverture endommagée
□ Covers restored and/or laminated/
Couverture restaurée et/ou pelliculée
□ Cover title missing/
Le titre de couverture manque
Ef
Coloured maps/
Cartes géographiques en couleur
r~VXoloured ink (i.e. other than blue or black)/
I ^ Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire)
□ Coloured plates and/or illustrations/
Planches et/ou illustrations en couleur
D
D
D
D
Bound with other matériel/
Relié avec d'autres documents
Tight binding may cause shadows or distortion
along interior margin/
La reliure serrée peut causer de l'ombre ou de la
distortion le long de la marge intérieure
Blank leaves added during restoration may
appear within the text. Whenever possible, thèse
hâve been omitted from filming/
Il se peut que certaines pages blanches ajoutées
lors d'une restauration apparaissent dans le texte,
mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont
pas été filmées.
Additional comments:/
Commentaires supplémentaires;
L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire
qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails
de cet exemplaire qui sont peut-être uniques du
point de vue bibliogrephique, qui peuvent modifier
une image reproduite, ou qui peuvent exiger une
modification dans la méthode normale de filmage
sont indiqués ci-dessous.
r~| Coloured pages/
Pages de couleur
Pages damaged/
Pages endommagées
Pages restored and/oi
Pages restaurées et/ou pelliculées
Pages discoloured, stained or foxei
Pages décolorées, tachetées ou piquées
j I Pages damaged/
I — I Pages restored and/or laminated/
I — I Pages discoloured, stained or foxed/
□ Pages detached/
Pages détachées
I n/ Showthrough/
I I Transparence
I I Quality of print varies/
Qualité inégale de l'impression
Includes supplementary matériel/
Comprend du matériel supplémentaire
Only édition available/
Seule édition disponible
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D
Pages wholly or partially obscured by errata
slips, tissues, etc., hâve been refilmed to
ensure the best possible image/
Les pages totalement ou partiellement
obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure,
etc., ont été filmées à nouveau de façon à
obtenir la meilleure image possible.
Ef
10X
This item is filmed et the réduction ratio checked below/
Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous.
14X 18X 22X
26X
30X
/
12X
16X
20X
24X
28X
32X
lils
lu
difier
me
lage
The copy filmed hère has been reproduced thanks
to the generosity of:
National Library of Canada
The images appearing hère are the best quality
possible considering the condition and legibllity
of the original copy and in keeping with the
filming contract spécifications.
L'exemplaire filmé fut reproduit grâce à la
générosité de:
Bibliothèque nationale du Canada
Les images suivantes ont été reproduites avec le
plus grand soin, compte tenu de la condition et
de la netteté de l'exemplaire filmé, et en
conformité avec les conditions du contrat de
filmage.
Original copies in printed paper covers are filmed
beginning with the front cover and ending on
the last page with a printed or illustrated impres-
sion, or the back cover when appropriate. Ail
other original copies are filmed beginning on the
first page with a printed or illustrated impres-
sion, and ending on the last page with a printed
or illustrated impression.
Les exemplaires originaux dont la couverture en
papier est imprimée sont filmés en commençant
par le premier plat et en terminant soit par la
dernière page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration, soit par le second
plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires
originaux sont filmés en commençant par la
première page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration et en terminant par
la dernière page qui comporte une telle
empreinte.
The last recorded frame on each microfiche
shall contain the symbol — ^-(meaning "COM-
TINUED "), or the symbol V (meaning "END "),
whichever applies.
Un des symboles suivants apparaîtra sur la
dernière image de chaque microfiche, selon le
cas: le symbole — »- signifie "A SUIVRE", le
symbole V signifie "FIN".
Maps, plates, charts, etc., may be filmed at
différent réduction ratios. Those too large to be
entirely included in one exposure are filmed
beginning in the upper left hand corner, left to
right and top to bottom, as many frames as
required. The following diagrams illustrate the
method:
Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être
filmés à des taux de réduction différents.
Lorsque le document est trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir
de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite,
et de haut en bas, en prenant le nombre
d'images nécessaire. Les diagrammes suivants
illustrent la méthode.
rrata
o
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là
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1
2
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1
1
2
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6
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RECUEIL DE VOYAGES
UT on
DOCUMENTS
pour servir
A L'HISTOIRE DE LA GÉOGRAPHIE
"Depuis le XIII' jusqu'à la fin du XIT siècle
PUBLIE
Sous la direction de MM. CH. SCHEFER, membre de l'Institut
et HKXRI CORDIER
9/^^
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
^U MÊME ylUTEUX:
LhTTJKS (11 ClIHlSTOlMIKR Cdl.lMlllS DF-SCKIHISO llis'l IKl.T VOSM,!, Il) Tlll. WIITIKS 111 MlSl MIHE. TtXl!.
AN» THANsi,ATUiNs. Ncw-York, 1865 ; in-folio.
NoTKS OM CoLLMiiUb. Kcw-Yorli, 1 866 ; iii-tolio.
BiuLiDTiircA Ami:hiuana vi:tustissima. A ni suription oi wohks Ri:i,ATisti Tti Ami.kica l'tiii.isiii d «et-
WEN Tiii; VKARS 1492 ANii i))!. Ncw-York, 18661 g"!"! i"-8".
Dos- 1'i;r\ani>ii Colon, Historiaiior iie su Pauri;; Knsavo Ckitico. St-vilLi (/'.ir.i /,i Soilùl,iJ ik Bibbu-
fihii .-/Hi/tj/uifi), 1871 ; in-4".
BiHLioTiiiicA AMhRicANA Vktlst issiMA. AiiDiTioNS. P.iris, iH;^ ; grand in-H^'.
NoTtS l'OLR SI-RVlR A I.'HlS TOlHl;, A I.A Hllll.lOGRAl'lUl. I,T A l.A CarTOGRAIMIIU IlE LA NoU VhLLL-l'R ANCK
ET lïF.s ["AYS ADJACENTS, ii4;-i7oo. P.iris, 1872; ill-8".
iNTROiaCTlON 111; LA I.Ml'RLNTA KN AmlRICA, CON UNA BlllLUlGRAI 1A lil. LAS ORRAS IMPRKSAS tN AU.LtL
iiHMiSi-'hRio ui;si>i: 1)40 a 1600. M.uiriJ, 1872; 111-4'.
FeRNAND Coi.O.MR, SA Vil:, SES lEUVRES. KsSAl CRlTlliLE. P.lris, 1872; gr.liul ill-S".
Les CoLOMiio he France et d'Italie, i-amelx .maiun» du xv mécle; 1461-1491. D'-iprcs des documents
nonvc.uix ou inijdits tires des archives de Mil.iii, de Paris et de Venise. .Mémoire In il IWcadémie des
Inscri|'tioiis el Uelles-I.ettres dans ses siaiKes des i" et 15 mai 1874. Paris, 1874; in-4".
L'Histoire DE Christoi'Iie Culomii attribuée a son 1 ils Pirnand. 1;\a.men critiliul. Paris, 1878;
in-8".
Los Uestos de Don Cristoval Colon. DisauisicioN. Scvill.i, 1878 : petit in-4''.
Les Sépultures de Christophe Colomb. Revue critiliue du premier rapport oiuciel publié sur ce
SUJET. Paris, 1879: brochure in-S",
Sous prisse :
Les Corte-Real et leurs vovages au Nouveau-Monde. D'ai'rès des documents nouveaux ou peu connus
tirés des .archives de Portugal et d'Italie, suivi du texte inédit d'un récit de la troisième expédition
de Gaspard Corte-Real, et d'une carte portugaise de l'année i;o2, reproduite ici pour la première fuis.
Paris, Leroux, 1882, grand in-B".
Pour paraître prochainement:
Christophe Colomb, son origine, sa vie, ses voyages, sa eamille. D'après des documents inédits tirés
des archives de Gènes, de Savone, de Sèville et de Madrid. Deux forts volumes grand in-S", avec
cinq tableaux génèalogiiiucs, et un Corpus.
En PRl PARATION ;
Vasco de Gama a Lisbonne en janvier i;oi. Récit inédit d'un témoin oculaire. Texte, traduction et
notes.
Jean Sepastien del Cano. Sa lettre a CiiARLEs-auiNT nu 6 .«eptembre 1527 décrivant le voyage
I E Magellan. Document inédit. Texte, traduction et commentaire.
LE
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AXOERS, imprimerie A. BURUIS ET C'.
4
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JEAN ET SÉBASTIEN
CABOT
LEUR ORIGINE ET LEURS VOYAGES
ÉTUDE D'HISTOIRE CRITIQUE
suivm d'une
CARTOGRAPHIE, D'UNE BIBLIOGRAPHIE
i/r d'une
CHRONOLOGIE DES VOYAGES AU \ORD-OUEST
DE
1497 X 1550
D'APRl'iS DES DOCU.MLXTS INÉDITS
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HENRY HARRISSE
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28, RUE BOKAPARTE, 28
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JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
N discute encore en Italie la question
de savoir si Jean Cabot', l'auteur de la
découverte du continent américain, était
vénitien ou génois.
A notre avis, il était l'un et l'autre.
Plusieurs des contemporains de ce célèbre naviga-
teur le disent vénitien ou citoyen vénitien, ce Civi
Fciictuimm »et« Venccian, » est-il qualifié par Henry VII
d'Angleterre en 1496 et 1498. k Nostro Venetiaiio, »
l'appelle Lorenzo Pasqualigo en 1497, tandis que
Raimondo di Soncino le nomme « tino popnlare Venc-
1. Kabollo et Cd'otto (lui-mcme en 1496 et 1498) ; Caloto (Sénat de Ve-
nise, 1476; Raimondo di Soncino, 1497; Contaiini, 1522; Kamusio, 1550;
documents espagnols du 1526; mappemonde de 1344); Talbot ou CMvt
(Pasqualigo, 1497); Cabota ^Ribero, 1529, Gomara, 15 52; Crovvley, 1S59;
Galvûo, 1563; Grafton, 1569; Haliluyt, 1382; Cubotto (Conseil des Dix, 152J
et 1523) ; Cabote (Eden, 1555) ; Caboti (portrait} ; Cubato (btow, 1380; Ho-
linshed, 1577; Bacon, 1622).
2 ji:an lt Sébastien cabot
//Vr//o)). Enfin, le 5 mars 1496,1! s'intitulait lui-même:
a John Kdbollo, cilcieiiof Venes' ».
Au xV^ siècle, CCS termes s'appliquaient à l'individu
né dans l'enceinte de la ville de Venise. Ils servaient
aussi à désigner sinon tout sujet originaire du terri-
toire de la république, au moins celui qui avait vu le
jour dans les limites originelles de l'État [Dogado).
Enfin, c'était le titre de l'étranger que le sénat avait
honoré de lettres de naturalisation. Jean Cabot se
trouvait précisément dans ce cas.
Voici le texte de l'acte par lequel le sénat lui con-
fère la nationalité de inliis et extra, en conséquence
d'un séjour effectif de quinze années consécutive^ à
Venise même :
(( 1476, DIE 28 MARTii. — Qitod fait privilegium
civilitiîtb de iutiis et extra loaiii Cahoto per habitationevi
aimorum XV, iuxta consucttim.
De parte, 149.
De non, 0.
No)i sinccri ', 0. »
La première pensée qui vient à l'esprit en lisant ce
texte, c'est que Jean Cabot n'était pas né vénitien.
Autrement, il n'aurait pas eu besoin de se faire natu-
1. Rynicr, Rviera, i745- t. V, part. IV, p. 89; Biddlc, Mcmoir, p. 76
RawJoii Brown, Ryi^/^a/i, t. I, p. 99 i Annuario Scientijico, 1866, p. 700;
Cornelio Desimoni, Litonio, p. 47.
2. Archives d'État à Venise, Registre N" 4, iicmito Terni, I473-I477
p. 109. Infra, appendice I.
\\
JEAN ET SEBASTIEN CABOT 3
raliser. Mais, s'ensuit-il également que ce grand navi-
gateur naquit hors du territoire de la république?
On ne saurait répondre sans préciser d'abord le
caractère assez complexe de la naturalité vénitienne :
tâche ardue loin des archives du cloître des Frari.
Si pour résoudre les objections que cette question
soulève, nous n'avons pu consulter les antiques
recueils inédits aux noms bizarres, Magiius, Capricor-
nus et Lcona\ qui, en de nombreux décrets, énoncent
les principes de l'ancienne jurisprudence vénitienne,
au moins les commentaires de Vettore Sandi et de
Cristotoro Tentori ont-ils été de notre part l'objet
d'une lecture attentive.
Les écrits de ces savants jurisconsultes' exposent
les fortunes si diverses que subit le droit aux privi-
lèges civiques à Venise aux xiv^ et xv^' siècles.
Le II décembre 1298 '^ la population fut divisée en
deux catégories : la noblesse et la plèbe.
Les nobles seuls semblent avoir possédé alors la
qualité de citoyen; mais cette prérogative ne conserva
i.Romanincite(5/om^tVH/,«H/,, t. IV, p. .(69) .u, sujet do Ii nm-
ralisat.on, les registres du Grand Conseil dénommés M.^mns et Catrùornus
esquels comprennent les années 1299-1308. Nous supposons que pour les
I0.S subséquentes ,1 faudrait consulterle .S>>//., (1325-1349). les 1^,(1384-
1415) Cl Irsa 11415-1454). - Armand BascLet, Archives de Venise p 227
2. Vettor Sandi, Principj di Sloria Civile délia RcpuhhUca di VeneL, dalla
suaJo„a:,o,,es,noair anno di N. S. 1700. Vene^ia, 1755, in-4, t, II et III
Cnstoloro rer.tori. SaggioSuUa Sloria civile, poUtica. eccksiastica... délia Repul-
hlicadi Vemzia, Venezia, 1785-1790, in-8, t. I. dissert. IV
_ 3.GiambattistaGallicdoli, Délie Memoric Vernie autiche, Venezia i-.,-
m-4, t.I, p. 330, § 395. ' '-^^
4 JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
son caractère exclusif que peu d'années, car en 1305,
tout individu non entaché de bâtardise et domicilie a
Venise depuis vingt-cinq ans, y eut droit '.
On a constaté cependant l'existence à cette époque
reculée de citovens de jure en dehors de la noblesse,
bien que les conditions requises paraissent tenir de
l'ordre des patriciens. _ ^ ,
Ce citoyen de jure devait être fils légitime, ne a
. Venise d'un père lui-même citoyen fils de citoyen,
et n'avoir jamais exercé de métier \
En 1348, la peste ayant décimé la métropole, la
naturalisation fut étendue à tout étranger marié et
établi dans l'enceinte de la ville avec sa famslle depuis
deux années'.
Ces f\icilités attirèrent des individus de toutes parts
et de toutes sortes, en si grand nombre, que Venise
craignant de se voir débordée apporta, en 1382
• d'importantes restrictions à l'exercice du droit de
naturalité. La résidence préalable fut ramenée a
quinze années consécutives.
Le 7 mai 1 391, on revint à une libéralité extrême,
puisque tout individu venant demeurer à Venise avec
sa famille, n'avait qu'à se faire inscrire sur les regis-
tres du provéditeur communal pour acquérir immé-
diatement les droits civiques, au moins de inius \
1. Sandi. lib. iv, c.p. 5. t. H, ?• 815; Tcuori t. I, p. 102.
2 Marco Ferro, Tliziouario ici Virilto Commu e l ^«./u.Veuezia, 1779. >n-4 ,
t. III, p. 189.
3. Sandi, t. II. p. 814.
4. Ibidem, p. 81 S-
5. Ferro, art.. Ci.'.'aajHHira.
JïïAX ET SÉBASTIEN CAROT ,
Une générosité si grande ne tarda pas à produire
les mêmes efiets qu'en 1382. Des postulants se pré-
sentèrent en foule. Le provéditeur n'osant opposer
un refus, on lui ôta ces attributions. Par décret du
20 mai 1403, le droit de conférer la naturalisation
lut transféré à un collège spécial composé d'au moins
cent cmquante magistrats des plus importants '.
Les épidémies étant de nouveau devenues une
cause de dépopulation, le sénat chercha à y remédier
le 7 juillet 1407, en accordant le titre de citoyen à
tout étranger qui épouserait une Vénitienne et "vien-
drait s'établir à Venise'.
Nous ne voyons pas qu'une condition de séjour
préalable fût également imposée; d'où nous tirons la
conséquence que cette loi ne tarda pas à être abro-ée
On remarque en effet, dans le T>rivilegmm Chili-
iatis^ de Fontana\ qu'en 1472, pour obtenir tous les
droits civiques, l'étranger était requis d'exciper d'un
domicile de quinze années consécutives et d'avoir
supporté toutes les charges publiques.
4t'; M^ 't ''T^' ^'^ "' "P- '' '■ "'• P- 545. sur ra.toritc du lib. J.
rai; nwS'^'f "• 'V"^;r '" '^^'^'''' '^''' ''' '476, lesconsidc-
e cas oou r cT '" """'''"" ''"''' ""'^ ^^^'^^ ce qui était
le cas pour Jean Cabot, comme nous le savons Par Lorenzo Pisnu.llan ■
était dt.j.1 pcre d au moins deux enfants.
6 JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
La naturalisation ou, pour parler plus exactement,
les privilèges du citoyen, étaient depuis l'année 13 13,
de deux sortes : de iniiis et de extra; c'est-à-dirc au
dedans et au dehors. Ces deux catégories se com-
binaient souvent dans le même individu, qui deve-
nait alors citoyen de intus et extra.
Le citoyen de intus n'avait que des droits pouvant
s'exercer à l'intérieur de la cité.
Le citoven de extra profitait de tous les privilèges
commerciaux que possédait Venise à l'étranger. 11
ctiit aussi autorisé à naviguer sous le pavillon de Saint-
Marc On s'explique alors pourquoi Jean Cabot
chercha à obtenir cette naturalisation, et comment lors-
nu'il débarqua au Kouveau-Monde, son premier soin
fut de planter à côté ^dc l'étendard de Saint-Georges,
celui de l'évangéhste'. ^
• Romanin. dit* que les admissions furent trt-
nuenies Pour la seconde mohié du xV-" siècle, de
août 1172 à août 1501, nous n'en connaissons
cependant que dix- sept. Elles sont consignées
brièvement à la suite des lettres de naturalisa-
tion octroyées à un nommé Ludovico Fontana ,
de Ber-ame, lesquelles se trouvent transcrites am-
plement dans le registre des privilèges. Le gret-
T „ S'o invcvtor de qneste cost a mpiautalo snlU tenui, a irovato ma gran
. L;.'::;:;;;I 'a ^c Ununa . .. ^ s.. Uara.. .. Lettre dePasquahgo.
p. 346. Les .V'.5/< àâ Scnato ne compreancnt plus qu un siede, de i ,32 A i44o.
3 Appendici; U.
,* ''
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30t
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de
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am-
;ref-
i grau
laligo,
t. III,
1440.
^
JEAN ET SEBASTIEN CABOT 7
fier, résumant, ce semble, les concessions accordées
dans les vingt-huit dernières années du siècle, s'est
contenté de foire précéder les noms et la date d'ad-
mission des nouveaux citoyens de la formule : Si-
miîe privilcgitm factum fuit provido v'iro... » Cabot
est le treizième sur la liste. Le libellé de cet acte
suffît d'ailleurs, puisqu'il s'applique explicitement à
ce navigateur, et expose les principes qui permettent
de fixer le caractère de sa naturalisation.
Le lecteur remarquera d'abord que dans les consi-
dérants de ce Trivikgium civiUtatls,\\ n'est question ni
de naissance vénitienne ni de père et d'aïeul ayant été
citoyens vénitiens : — ce que le greffier n'eût pas
manqué de rappeler si le postulant était né à Venise.
On y invoque seulement un séjour de qmnzQ
années consécutives et le fait d'avoir constamment
supporté les charges publiques.
Nous sommes donc ici en présence d'un acte
s'appliquant à des pétitionnaires étrangers par la nais-
sance à la grande ville.
Mais que faut-il entendre par ce étranger » ?
Il n'est pas douteux qu'au xv= siècle, époque qui
marque la plus haute prospérité de Venise, la répu-
blique n'étendait qu'un droit de protection aux habi-
tants des pays conquis ou annexés. Le régnicole
de Padoue, de Vérone, de Bcrgame, de Brescia, de
Ravenne, bien que ces villes fissent partie intégrante
de la république de Venise, ne pouvait en droit strict
se qualifier de citoyen vénitien.
g jr.AN r.T si-nASTiiiN cabot
Mais l'habitant de la Vcnùtie. insulaire était-il aussi
un ctrans^er au regard de la cité? Doit-on admettre,
par e:^emple, que les natifs de Burano, de Torcello, de
Pelestrina, ceux surtout de Chioggia, l'une des douze
îles qui devinrent les premières assises de la répu-
blique naissante au vu^ siècle' et n'en furent jamais
séparées, aient été à Venise, en 1476, sans plus de
droits que de simples /or«//m?
11 est difficile d'admettre que la loi n'établissait pas
de différence à l'égard de la naturalisation, entre un
Chioggiote et, par exemple, un Grec ou un Allemand.
lixigc\iit-elle aussi de ce véritable Vénitien, descendant
des^fondateurs de la république fixés de père en fils
dans les lagunes depuis sept siècles, une résidence
préalable de quinze années consécutives à Venise
même, avant qu'il pût jouir des privilèges non seule-
ment de intus mais de extra} En tout état de cause, il
serait surprenant, selon nous, que l'acte accordant
les droits de citoyen vénitien à un Chioggiote
énonçât, selon le décret Fontana, qu'ils lui furent
octroyés pour avoir, pendant quinze ans, rempli les
devoirs et supporté les charges publiques, « comme
s'il avait été vénitien et sujet de la Seigneurie — a
modo civis et Venetus noster essct. » Est-ce donc que le
Chioggiote n'était ni vénitien ni sujet reconnu de la
république ?
A défliut d'un texte emprunté aux registres du
I. » Chigies major et iiiinor
Venet., 1765, in-8, p. 6.
.. », Giov. Sagoinino. Chronlcou Vcuclonini,
Ji;.\\ r.T Sl'BASTIEX CABOT 9
Grand Conseil, voici une déclaration qui répond
victorieusement à ce paradoxe. Nul jurisconsulte
vénitien ne la récusera, car elle émane de Vettor
Sandi et de Cristoforo Tentori,dont les savants com-
mentaires font autorité à Venise depuis un siècle.
Or, ils disent explicitement qu'en l'année 13 13,
le sénat étendit la naturalité de iiilits htiituni et de
extra, à tout individu né et domicilié dans les limites
du territoire originel de la république :
« NeJl' aniio siesso (13 13) diJuMnsi la pwogalîva
iiU'aiitico ^Dogûclo VeucTJano, si ckcielô CiiiiuUno deïl' nna
c Vcdtra classe chi mto dentro il iraifo da Grado siiio a
Cavai\ere alitasse con ferma sia:;ione in quelle terre*. »
Le lecteur n'ignore pas que l'État originel ou
Dogado, s'étendait de l'embouchure de l'Isonzo jus-
qu'à celle de l'Adige, et comprenait les îles des
lagunes : « Esso Dogado comprendcva 12 priîîcipa'i
Isole... erano Cbiogoia, 0 Fossa Clodia maggiore, e mi-
nore, Grado, etc.» dit Sandi*.
Le natif de Chioggia n'avait conséqucmment nul
besoin, en 1476, de se flure naturaliser citoyen véni-
tien. Il l'était de droit dans toute l'étendue des
privilèges, depuis cent cinquante ans!
Le décret précité du 28 mars 1476, par lequel le
sénat confère h Jean Cabot la naturalité de intus et
extra, représente donc des lettres de grande naturali-
sation accordées à un véritable étranger, venu s'établir
T. Prhiapj. t. II, p. 814 et %v/o, t. I, p. 105.
2. Lib. IV. art. V, t. II. p. 550.
,0 JEAN ET Si;RASTir,\ CABOT
à Venise avant l'ann-c 1461, et qui n'a pu naître
dans aucune ville, port ou île de la Vcnctie.
Notre appréciation est d'autant plus admissible que
sur la liste des seize nouveaux citoyens annexée au
décret rendu en faveur de Fontana', on relève les
noms d'habitants de Bergame, de Milan et du Mila-
nais, de Lodi, de Brcscia, de Novare, mais nous n'en
voyons pas'^ qui soit désigné comme ayant pour ori-
gine une île des lagunes.
Qu'un habitant de Chioggia, de Torcello ou de
Pelestrina ait ou n'ait pas joui de plus grands pri-
vilèges à l'égard de la naturalisation qu'un Padouan
ou qu'un Turc, cela est cependant une question
secondaire. Pour lui donner de l'importance, il fau-
drait d'abord établir que le postulant est né à Chiog-
gia, à Torcello ou à Pelestrina.
Aussi est-ce à dessein que nous avons fait porter
notre hypothèse sur un Chioggiote, car à Venise,
d'aucuns sont persuadés que Jean Cabot est ne à
Chioggia, et l'aifirment.
Sur quelles preuves se fondent-ils ? Sur aucune.
On n'a allégué en somme qu'une simple assertion
reposant uniquement sur deux lignes d'un annuaire
1. Infra, appendice II.
2. Les CovnnemoriaU mentionnent, il est vrai, pour les années 1305-1 510,
un Giacomo da Riva, étuviste à Rialto, localité qui se trouvait dans les mêmes
conditions que Chioggia : « Octava iiisula Rivoallus » (Sagornino, hc. cit.).
Mais ce fut un cas spécial, ne s'appliquant qu'à des fils d'étrangers, et que le
décret de 131 3 abrogea de fait en étendant à tout natif du 'Dc^ado les droits
de citoyen de tutus et extra. Sandi, t. II, p. 814.
JEAN ET SEBASTIEN CABOT it
anonyme imprime â Venise à la fin du siècle dernier.
Les voici copiées textuellement : " Qibolo' Vcueiumo
nativo di Cbioggia ha scopcrlo la \^mcrica] sclteniriomiJe
pcr gJi iiigJesi ».
A nos yeux, cette allégation, produite pour la pre-
mière fois quatre cents ans après les événements et
qui n'est pas corroborée par des documents, est de
nulle valeur. Aussi, avant de rattacher Jean Cabot à
Cbioggia, à Venise' ou â toute autre ville ou bour-
gade de la Vénétie, nous demandons qu'on excipe de
textes plus anciens et plus authentiques, car venir
déclarer qu'il est né à Cbioggia, parce qu'on l'a lu
dans VAnmiak Veneto isiruitivo c dilcttevok pcr l'anm
lySô', c'est accorder à un médiocre petit livre de
premier jour de l'an, l'autorité que de nos jours les
savants refusent même aux Évangiles.
Ajouter à cette piètre raison qu'à Pelestrina et à
Chioggia il y avait des familles du nom de Capotto,
Giabuto et cha'Botto, c'est s'aventurer de même dans
une voie remplie d'écueils. Il n'y a rien en critique his-
1. Lequel des Cabot, Jean ou Sébastien?
2. « £ coslante fama e induhitata chi egli fosse Veneziam, e di più asserir
possiamo cb' egli nacque a Castello ... Minerva, journal de Venise, n» de
tévrier 1763, cité par M. Pasini. Ce passage, cependant, ne se rapporterait
qu ;\ Sébastien Cabot.
3. P. 138 de ce « lihercolo », que nous ne connaissons que par la bro-
chure de M. Carlo Bullo, La Vera Patria di Nicolo de' Couli e di Gimmui
Cabota; Slmlj t Documenti. Chioggia. 1880, in-S, p. xxii. Nulle autre autorité
nest citée pour cette assertion, attendu, parait-ii, que les archives commu-
nales de Chiogg'a furent en partie détruites par les Français en 1707 et
par un incendie en 1816.
12
JEAN ET SllnASTlEX CABOT
torique d'dussi décevant, à notre avis, que l'homony-
mij. Ainsi, nous avons relevé' sur des actes notariés
plus de cent quinze Colombo, tous vivant aux xiv-'
et xv^- siècles, à Gênes et dans les environs, plusieurs,
même, lils d'un Domcnico, lequel avait pour père un
Giovanni, tout comme Christophe Colomb, et ce-
pendant, malgré la concordance des dates, malgré
l'identité de prénoms et de résidence, pas un de ces
Colombo n'était parent à un degré quelconque de
l'auteur de la découverte de l'Amérique. Quant à
des Cabot, il n'en manquait pas non plus au xv^ siècle
à Savone', et très probablement dans plusieurs autres
villes de la Ligurie % mais bien qu'ils fussent pour la
plupart marins de profession, on n'a pu les rattacher
aux grands navigateurs de ce nom.
■I. Chmiophe Colomb, son orisine, sa vie, sa familh; d'apm des documents
ivJdits tirés des archives de Ghies, de Savouc, de ScviUe et de Madnd, Pans, 2
vol. in-8, appendice E, Homonymes (sous presse).
2. Desimoni, 5//^// Scropitori geiiovesi, p. 3?.
3. a NoiaMamo documeuti dai quaU apparisce che la famiglia dci Calotj
(scritto qucslo cogiiome nella ideiiticu maniera con la qiiale soka firmasi il Gio-
vaiim)esisle iuTorto-Maurizio Jiuo dall' amio 12^2 e giii pcr una série non
inicrrolta di gencrazioni vi si risconlra fmo a tutto il XV secolo. » G. Doneaud,
1 Ctlolo di Porto Maiirizio, dans la Prmùncia. journ.il hebdomadaire de
Port-Maurice, numéro du 19 novembre 1881. Dans le numéro du 26 no-
vembre, l'auteur cite en effet des actes notariés de 1252, 1276 et I434i con-
cernant des Caboto (( de Porlu Maiiritto. »
II
EAN Cabot n'ctait donc Vénitien que
par adoption. Qiicl était alors son
pays d'origine ? De savants critiques
présument que c'est Castiglione, prés
de Chiavari, dans le pays de Gênes, parce que Rai-
niondo di Soncino raconte que « Mcsscr Zoannc
Caholo ha donalo una isola ad un siio harhcro da casiionc
Gci!ovesc\ » Le f;iit d'avoir donné une île à son bar-
bier, même s'il était également chirurgien et génois,
nous paraît insuffisant pour prouver l'origine ligu-
rienne de Cabot; d'autant plus qu'il gratifia en même
temps d'une semblable largesse un autre de ses
compagnons qui était « Borgognone. w
Il faut chercher et on a trouvé récemment ailleurs
de bien meilleures raisons.
Dés le 21 janvier 1496, le D*" Puebla, ambassa-
deur des Rois Catholiques en Angleterre, leur fait
1. Dipûche du i8 décembre 1497. appendice X.
14 JEAN ET SI-nASTIHN CAnOT
part des ciïorts d'un individu « comme G)lomb »
qui voulait aller par mer à la recherche de pays
inconnus. Sa lettre n'a pu être retrouvée dans
les archives de Simancas, mais nous avons la réponse
de l-erdinand et d'Isabelle.
« Tu nous dis, lui écrivent les monarques, qu'il
est venu un individu comme Colon proposer au roi
d'Ani^leterre une entreprise semblable à celle des
Indes'... » ,Les mots « iiiio coino Colon, » rappellent
tellement ceux dont ce même Puebla se servit deux
ans après : « otro gcnovcs coiiio Colon, » qu'on peut
soupçonner une ellipse dans la réponse de Leurs
Majestés, et croire que la missive de Puebla portait
« nno otro gcnoves coma Colon. »
Hn 1498, ledit Puebla" rapporte à ses souverains
le résultat d'une entreprise que venait d'accomplir
un marin à la solde de l'Angleterre. Cette fois, si
l'ambassadeur ne donne pas le nom de l'heureux
navigateur, il précise sa nationalité : les navires ont
été envoyés avec un autre Génois comme Colomb :
« cinco naos armadas con otro gcnoucs coma Colon. »
Les pétitions et les lettres patentes des 5 mars 1496
et 3 février 1498'' .démontrent que c'est bien de
Jean Cabot qu'il s'ai^it.
Pedro de Ayala, coadjuteur de Puebla, écrit de son'
1. Diipûchcdu 28 mars 1496, appendice V.
2. Dépèclie sine anno scd 1498, appendice XII.
5. C. Debimoni, Intûrno, p. 47, 48, 49. )6; Biddlc, Memcir, p. 76-77 et
inj'ni, appendices 111, IV et XI.
JEAN ET SUnASTIi:\ CABOT
>s
côté' à Ferdinand et Isabelle : « J'ai vu la carte des-
sinée par le découvreur, lequel est un autre Génois
comme Colon... Voilà sept ans que les gens de Bris-
tol arment des caravelles pour chercher l'ile de Brasil
et les Sept Cités, selon les notions de ce Génois. »
Les chroniqueurs an<j;lais de la première moitié
du xv!*-' siècle ne mentionnent pas plus les Cabot
que Christophe Colomb ou Americ V^espuce. Ri-
chard Arnold', John llardyng % Edward Halle*,
John Ilarpsleild ', George Lilly", Arthur Kelton,
passent sous silence les découvertes accomplies par
ces célèbres navigateurs. Ce n'est qu'à dater de Tan-
née 1559, au sujet de l'expédition de Willoughby
et Chancellor (i553)» laquelle n'aurait peut-être
pas été non plus mentionnée sans la mort tragique
1. Iilfra, appciuiicc XIII.
2. Usque 1520, London, s. a. std i52i,in-iol.
). Usq. iy\2 (continuation par Gralton), London, 1543 (?), in-4,
t- Ui,]. ii)9; MS. du British Musuuni, Cott. Vit. CJX.
5. Usg. Francof., 1,65, in-4.
(). Usq. 1546, London, 1547, in-i6.
Les Annales de Trancis Godwin, London, 1630, in-foL, disent que notre
navigateur était Portugais : « Sdiaslùin Cahota, a 'Porliioall. » Godwin ne
naquit qu'en 1561, et il ne cite pas scsautoiités pour cette curieuse assertion.
JolmStrypc qui passe gcnéi-alenient pour n'avoir consulté que des documents
authentiques, dit [Eccksiast. Memorials, 1822, t. III, part. I, p 520) que Sé-
bastien Cabot était « oj gcnocsc l'arculs, » mais lorsque nous le voyons au
paragraphe suivant citer les Annales de John Stow au sujet de la disette de
1555-6, nous sommes disposé à croire que c'est au pauvre tailleur dont il a
écrit la vie et publié l'œuvre principale {Surv.yof London) que Strype a em-
prunté son assertion au sujet de la na'ionaliio de Sébastien Cabot.
10 JEA\ HT SEBASTIEN CAiîOT
de son noble chef, que les historiens de l'Angleterre
commencent à insérer dans leurs écrits de brefs détails
sur les voyages au Nouveau-Monde '. C'est alors seu-
lement qu'on voit le nom de Cabot ou de Gaboto
figurer dans une chronique anglaise.
A en juger par les lettres patentes que nous avons
citées , le manuscrit de la collection de Robert
Cotton* et la carte de 1544 qui était exposée dans les
galeries du palais de Whitchall, et dont nous repar-
lerons, les documents contemporains, tenant compte
seulement de la nationalité officielle de Jean Cabot,
ne le qualifiaient que de Vénitien; et cependant, les
premières histoires ou chroniques anglaises qui s'oc-
cupent des Cabot, déclarent toutes que Sébastien était
fils de Génois.
Dans la troisième édition de VEpitome de Thomas
Lanquet , publiée en 1 5 5 9 % on lit que Sébastien
Cabot avait pour père un Génois : « Sébastian Gaboto,
1. Richard Grafton, cependant, dans son édition de 1550 de la Chronique
de Halle (t. II , f. 158) accorde quelques lignes à l'expédition suggérée par
Robert Thornc et conduite par John Rut \u nord-ouest en 1527.
La première allusion A la découverte du Nouveau-Monde que donne un
livre imprimé en Angleterre, se lit dans h traduction faite sur Ja version
française de la Stiiltifera mivis, deSébast. Brand (Londres, Caxion ou Wynken
de Worde, 1509. B. ,A. V, Addit, n» 33). Viennent ensuite six vers dans
une sorte de pièce de théAtre : A Nciu Interlude, Lond., 15 11 ou 1519 (Loc.
cit., n" 38); une autre brève allusion à 1' « Aniienica », dans un opuscule
de 1522 {Ofthe newc laudes ; 'B. A. F., n» 116) ; mais ce n'est qu'A dater de
la compilation de Richard Eden (1555) qu'on trouve un véritable récit,
simple traduction d'ailleurs de Pedro Martyr et d'Oviedo.
2. Appendice VI A.
3. An Epitome of crouidcs, London, 1559, ''^"4; ^"^ "'""' ij52.
JEAN ET SEBASTIEN CABOT 17
borne at Brislazu, but a Gcimuays sonne. » C'est la pre-
mière lois, à notre connaissance, que cette assertion
se trouve dans un écrit anglais.
Richard Gratton, dans sa Chronique, imprimée dix
ans après celle que nous venons de citer, dit explici-
tement : 'X Vers cette époque (1553) trois nobles
navires furent équipés pour la grande aventure du
voyage à l'est par les mers du nord. Le principal
agent et promoteur dudit voyage était Sébastien
Gaboto, anglais né à Bristol, mais fils de Génois'. »
Pareille assertion se lit dans toutes les éditions des
Chroniques de Ralph Holinshed ', lesquelles jouissent
d'un grand crédit.
John Stow, dans toutes les éditions de ses Annales
d'Angleterre, sous la rubrique marginale ^nno rcg. 14
(de Henry VII), relate « qu'en cette année, un certain
Sébastien Gabato, fils de Génois, né à Bristol, se
disant versé dans la science de la circumnavigation du
monde et de ses îles, comme il le fit voir par ses
•^'irtes obtint du roi qu'on équipât un navire à
Bristol pour découvrir une île..." »
1. « Ahont tins limethere ime three mile ships sd Jorth and fnniishcd for ihe
p-cat adiicuture 0/ Ihe viikiioiviie voyage into Ihe EasI, hy tl.v Norlh Seas. The
grcat doa and ciiconragcr oj irhich voyage iras Schaslian Gahotù an Englishc man,
borne at Brislow, but ivas the sonne of a Genoiivi/. » ^-/ Chionkk at huxe,
and mcere History cf the Affayres of England; I.oiul., 1 569, in-fol., t. II, p. 5 52'
de l'cditioii d'EUis; et infra, appendice XXXII n.
2. The Chmiicle of England, Lond., 1577, in-fol., t. II, p. 1714, col. T,
Lond., 1587, p. 1083, et infra, appendice XXXII g,
3. « Tins yeare one Sébastian Gabato a genoas sonna borne in Bristozv profcs-
sing himsclfe ta be experte in bioicledgc of the circute of the uvrlde and Ilandes
2.
i8
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Voici donc six écrivains qui, scparcmcnt, déclarent
Jean Cabot Génois de naissance. Il importe
cependant de s'assurer si Ruy de Puebla, Pedro de
Avala le continuateur de Lanquet, Richard Grat-
ton, Ralph Holinshed et l'honnête John Stow, n'ont
pas' puisé leur renseignement à la même source,
auquel cas ces six opinions n'équivaudraient_ qu'à
une seule, et s'il provient de personnages qui, par
leur position, leurs moyens d'information, l'époque
et le pays où ils vivaient, peuvent faire autorité.
1
oflhcsme.ashy his-Charls auà othr rmouaW clcmoustral,ous,hc .feuvJ,
aiuscd Ibc Kû,^r ,0 mau and viclmû a shippc al Bnsioiv losearchjoranhnuk... »
The Chronick of En^'land, frcm 'Brute vnto tins pmcut yean oj Cbnsl r;6c;.
Lond. 1580, iii-4, P- 872, et injra, appendice VI u.
III
UY Gonzalcs de Pucbhi était un docteur
en droit que les Rois Catholiques en-
voyèrent auprès de Henry MI, en
^4^^, pour négocier le mariage de
Cathernie d'Aragon avec Arthur, prince de Galles. Il
revint en Angleterre vers 1494, comme ambassadeur,
et y représenta non seulement la Castille et l'Aragon
mais le pape et l'empereur, jusqu'en 1509, époque
de sa mort.
C'était un être vénal, rapace et méprisable, qui, par
avarice, demeurait à Londres dans un mauvais lieu '.
Sa position officielle, ses rapports avec la cour d'An-
gleterre, qu'il rendait aussi fréquents que possible
tant pour recueillir des renseignements que pour se
I . « m las hcen Uviug jor thm ycars almdy in thc hvsc of a mason ,vho
imie vwncy hy h-epn,g disrepulahle uvmcn vndcr lus roof. „ Supplique des
iaptrs, de Bergeiiroth, t. I, n»» 206, 207, p. 166.
10
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
gorgcr d'une nourriture qu'il n'avait pas à payer', le
mettaient en position d'être bien informe.
Pucbla fréquentait aussi les nombreux Génois établis
â Londres. Son commerce avec eux n'était même
que trop intime, puisque ces habiles négociants le
soudoyèrent pour se fiiire relever de certaines péna-
lités encourues, et dont moyennant une récompense
illicite de 500 couronnes, il obtint la remise, au grand
scandale des marchands espagnols qui le dénoncè-
rent aux commissaires envoyés en 1498 pour scruter
sa conduite '.
Ces rapports avec des marchands de Gênes, la ren-
contre qu'il a dû faire de Jean Cabot à la cour de
Henry VII en 1496 et 1498, et ce que sa position
officielle lui permettait d'apprendre, ajoutent un grand
poids au qualificatif de Génois que Pucbla donne à
l'émule anonyme de Christophe Colomb, mais que
nous "savons par les lettres patentes publiées dans
le recueil de Rymer et dans Biddle, surtout par la
dépêche de l'ambassadeur du duc de Milan, avoir été
Jean Cabot.
Pedro de Ayala, protonotaire impérial et aposto-
lique, ambassadeur des Rois Catholiques auprès de
Jacques IV, roi d'Ecosse, vint à Londres vers la fin de
l'année 1497, et, conjointement avec Puebla, y rem-
1. « Once Henry askcd bis courtiers tf th:y hiy.u thi rc.isjii lohy "Dj Puebla
■was cjinin^. Thcy ansioered, « To eat », and thi Ung laughed. n Ibidem . Rap-
port de Londofio, n"» 204, 207.
2, Idem, n" 206, p. 165.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
21
plit des fonctions diplomatiques jusqu'en avril 1500.
Envoyé auprès de l'empereur à Bruges, il ne revint
dans sa patrie qu'au printemps de 1506, en passant
par l'Angleterre.
A l'inverse de Puebla, Avala, malgré son caractère
ecclésiastique, était un gentilhomme de fiére allure,
médiocre latiniste mais diplomate habile ', dépensier
et batailleur. Sans rapports avec son collègue d'Es-
pagne qu'il méprisait, Ayala vivait au contraire dans
l'intimité de Raimondo di Soncino, l'ambassadeur de
Ludovic le More, qui tenait alors Gênes en fief de la
couronne de France. Il correspondait même directe-
ment avec ce dernier, et, pour nous servir des ter-
mes du diplomate milanais, « Ayala était autant au
service du duc de Milan que Raimondo lui-même '. »
A l'ambassade milanaise, Pedro de Ayala rencontrait
souvent ces Génois distingués qui jouissaient d'un tel
crédit à la cour d'Angleterre, que plusieurs d'entre
eux furent chargés par Henry VII de missions diplo-
matiques auprès du pape et du roi de France.
C'étaient Agostino, Antonio, Benedetto et Francesco
Spinola, Zoane Battista de Tabia, médecin du roi,
Cipriano de Fornari, ctc\ Cette époque était celle des
1. C'est le Peter Hyalas de Halle, de Grafton, deHolinshcd. et l'Elias de
Bacon {Hist. oj Henry VII, p. 174}, qui négocia la trêve entre Jacques IV
et Henry VII, en 1497.
2. Rawdon Brown, Cakndar, t. I, nos 780, 785.
3. Ordinances, instructions for the intended voyage for Cataye, 9 mai 1553.
llakluyt, Princip. Navigations, 1589, p. 259.
4. Rawdon Brown, loc. cit., n"' 785, 7S7.
22
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
grandes découvertes accomplies par leur compatriote
Christophe Colomb. Les voyages transatlantiques
devaient être pour ces entreprenants négociants un
fréquent sujet de conversation, et ils ont dû connaître
personnellement Cabot, Italien comme eux, et qui
poursuivait en Angleterre la même carrière, car, pour
les Génois, le commerce et la navigation étaient con-
nexes. Le critique est fondé à croire que lorsque
Ayala, jusqu'à trois fois dans la même dépêche', qua-
lifie Jean Cabot de « gcuovcse, » c'est dans ce milieu,
nécessairement bien informé, qu'il a puisé ses rensci-
n-ncments. On doit donc y ajouter foi.
"" VEpilomc ofChromcks publié en 1539. "'est que la
Chronique de Thomas Lanquct ou Lanquette', con-
tinuée jusqu'au régne d'Elisabeth. La seconde partie,
où se lit le passage concernant Sébastien Cabot est
attribuée à l'évêque Coopcr : « Sccondly to thc rcignc
0/ oiir soucraigne lord King Edward thc sixt hy Thomas
mas Coopcr, » lit-on sur le titre.
Cooper ne paraît avoir quitté Oxford, où il exer-
çait la médecine, qu'à l'avènement d'Elisabeth, en
i358, et il ne devint évêque qu'en 1570. Né vers
1517, mort en 1594, il a pu avoir l'occasion de ren-
contix^r Sébastien Cabot pendant les huit ou neuf
années que vécut encore ce navigateur après son
retour en Angleterre.
I Dcpùche du 2$ juillet H^^, appcnd. XIII.
2. A rage de vingt-quatre ans. (Willuim Nicolson, Tlie Enolish Htstorical
Library, Lond., 1696, in-S», t. I, \\ 188.)
JEAN ET SI-BASTIEN CABOT 2j
Mais est-ce bien Thomas Coopcr qui est l'auteur
de l'appellation : <( a Gcnoiuays sonne ? »
La première édition de la Chronique de Lanquel,
publiée en 1549, ne contient aucune allusion, naturel-
lement, à un événement de l'année 1553.
La seconde édition est de 1554. Nous n'avons pu
la trouver dans les bibliothèques.
La troisième est celle de 1559, ^ laquelle nous
empruntons notre citation. Elle porte au titre que la
troisième partie est « io fhe rcignc of our soncrûîgnc
Ladye Oucnc Elisabeth, hy Robert Croivley, » tandis que
le lieu d'impression est : « Londini. In adibus Thomcc
Marshe. Enfin, au colophon, on lit : « Imprintcd ctt
London by William Sercs. »
Crozuky, Marshe et Seres sont des noms qu'il im-
porte de retenir.
La quatrième édition est de 1560, et la cinquième
de 1565, toutes deux véritablement éditées par
Thomas Cooper. Dans ces deux dernières, nous lisons
seulement ces mots : « one Sébastian Gahoto, » sans
allusion aucune à la nationalité du père. Par contre,
dans V^dnwnicion placée au verso du titre, Cooper
proteste vivement contre l'édition de 1559. «C'est
l'œuvre, dit-il', de gens qui pour le lucre et d'une façon
déloyale, ont retranché de ma propre édition [de
I . (1 inicrein as 1 saw sowc thyngcs of viyue le/te ont, and many thyiigcs of
othrrs aiiiiexed... grcatly flamc thcir vnhciicst âcalynge, ami opciily proks't thii th-.
Edicion of Ibis chronich set foorth hy Marshe and Ceres in tlie ycre of Christc
1559 " «0H<; ofmyne... » Chronique, (.Mitions de 1560 et de 1565.
24
JIZAN ET SÉBASTIEN CABOT
w
1549] certaines choses et en ont ajouté beaucoup
d'autres. Conscquemment je blâme leurs procédés, et
déclare que la Chronique publiée par Marshe et Ceres
en l'an du Christ 1559, n'est pas de moi. »
L'édition de 1559 "'^'^^ donc qu'une contrefaçon;
et comme les mots « a gcnoiuays sonne » ne se trou-
vent dans aucune des éditions que Cooper reconnaît
comme siennes, cette phrase est une interpolation du
compilateur qui a édité la publication de Marshe et
Ceres, c'est-à-dire Robert Crowley.
Croie ou Crowley était tout à la fois imprimeur,
libraire, poète, controversiste et prédicateur. Élevé
dans l'une des deux grandes universités de l'An-
gleterre, il se liKa à Londres vers la fin du régne de
Henry VIII, et devint un des plus zélés réformateurs
de son temps et de son pays. Né dans les quinze pre-
mières années du xv!"-' siècle, puisqu'il était au collège
de Magdalen d'Oxford vers 1534', et mort en 1588,
Crowley fut le contemporain de Sébastien Cabot et
vécut en même temps que lui à Londres; mais nous
ignorons quelles furent ses facilités pour obtenir des
renseignements.
La Chronique de Richard Grafton n'est, il est vrai,
que celle de Edward Hall ou Halle, remaniée et aug-
mentée; mais comme en sa forme primitive^ elle n'at-
teignait dans l'imprimé que le régne de Henry VIII,
1. Ames, Typcgraphical Antiquitics, London, 1819, in-4n, t. IV, p. 324.
2. The Union of the tuv nolle and illustre famclies of Lancastre and YorJce,
London, 1548, in-fol.
JEAN ET Sl'IlASTIEN CABOT
25
que hi continuation trouvée, dit-on, dans les
papiers de Halle ne s'étendait qu'à l'année 1532, et
d'ailleurs que ce dernier mourut avant 1548, Grafton
n'a pu lui emprunter les détails sur Cabot qu'il nous
donne à propos d'un événement de l'année 1553.
Grafton était typographe de profession, l'impri-
meur attitré du Parlement et d'Edward VI, qui fut un
écrivain zélé malgré son jeune âge. Cette position le
mit-il en rapports avec Sébastien Cabot, qui semble
avoir assidûment fréquenté la cour sous les régnes
d'Edward VI et de Mary Tudor? Cependant lorsqu'on
compare le passage en question tel qu'il fut donné
par Grafton en 1569 avec celui de la troisième édition
de la Chronique de Lanquet, le critique remarque une
telle ressemblance, que Grafton, selon la coutume
des anciens chroniqueurs, a dû copier Crowley. Graf-
ton place l'événement sous la date inexacte de 1552,
tandis que son prototype lui assigne celle de 1553'
mais les deux textes sont identiques '.
On ne sait presque rien de la vie de Ralph Holin-
shed; mais, pour la question qui nous occupe, cette
absence de renseignements importe peu, car ce que
nous lisons dans ses Chroniques concernant Cabot est
copié littéralement soit de Crowley, soit de Grafton.
Crowley, Grafton et Holinshed ne constituent
donc à eux trois qu'une seule autorité ; mais il kut
se souvenir que les deux premiers, et probablement
I. Appendices XXXII a ctXXXII n.
a6 JEAN ET SEBASTIEN CABOT
aussi Holinshcxl, étaient contemporains de Sébastien
Cabot, et vivaient à Londres, où ce dernier devait sou-
vent venir s'il n'y avait sa résidence dans les dernières
années de sa vie, comme l'allusion à ses derniers
moments qu'on lit dans une traduction de Richard
Eden porte à le croire '. Reste John Stow. Peut-on
affirmer que lui aussi a puisé ses informations à la
même source?
L'histoire de cet antiquaire est touchante. C'était
un pauvre tailleur qui, à l'âge de quarante ans, em-
porté par le goût des études historiques, abandonna
l'aiguille et le carreau pour faire des fouilles dans les
archives. Il allait au loin, à pied, compulser les docu-
ments des "comtés, des collèges et des monastères
alors dispersés, réunissant, copiant, colligeant, anno-
tant des masses de textes, en conscience, et avec un
désintéres^sement, une habileté, qu'on ne saurait trop
admirer. Enfin, à l'âge de quatre-vingts ans, en récom-
pense des services qu'il avait rendus, Jacques L'', par
des lettres patentes en date du 8 mai 1603, l'autorisa à
mendier son pain sous' le porche de toutes les églises
du royaume, 11 mourut le 5 avril 1603 -.
Né vers 1 525, et ayant toujours vécu en Angleterre^
Stow a pu rencontrer Sébastien Cabot; cependant sa
position infime jusqu'à la mort de ce dernier, puisque,
1. A very vcccssaric Bcclr coiiccniiiig Katiis^cilion... hy J. Taisnicrus, Iranshtcd
hy R. Edcn. LouJ., s. a., in-4. Epitrc dédicitoire.
2. Stiypo, Life cj JohnStoiv, dans son édition de l.i Stinxy oj London,'Lonà.,
1720, in-fol., en tctc du t. I.
JEAN ET SIÎRASTIEN CAlîOT jy
selon l;i tnulition, c'est seulement à l'ài^c de quarante
ans, en 1565', que Stow cessa de manier l'aiguille
dans sa boutique, ne permet pas de l'aflirmer.
Stow a certainement connu les Chroniques de
Lanquet, de Grafton et de Ilolinshed; cependant,
il ne faut pas oublier que ces historiens n'ont aucune
connaissance des voyages de 1497 ^^ 1498. Lorsqu'ils
parlent de Sébastien Cabot, le seul de la famille
dont mention soit fliitc dans leurs écrits, ce n'est que
pour décrire la malheureuse expédition de 1553
qu'il prépara, où Wllloughby et ses compagnons
périrent tous de froid; désastre qui produisit sur
les Anglais la plus douloureuse impression.
Stow mentionne aussi le voyage de Willoughby,
mais avec des détails qui accusent une autre source
d'informations. Il fixe une date précise : le vingt mai
de la septième année du régne d'Edward VI; le nom
de l'infortuné navigateur et la suite de ses aventures
ne sont pas donnés; on relève aussi une circons-
tance inconnue à tous les autres chroniqueurs:
l'expédition fut armée aux frais de marchands qui
souscrivirent chacun vingt-cinq livres sterling, et les
principaux promoteurs, après Sébastien ' Cabot,
furent sir George Barnes et sir William Garrard \ Et
1. Il y p cependant au Britisli iMuscum (collection Grcnvillc) un exem-
plaire de son Simwaric cf chvnicks, qui est de rannée 1561 (Lowndes).
2. Append. XXXII d. Sir George Barnes (qu'il ne faut pas confondre
avec son i.ls) lut lord-maire, et n,ourut en 1558. Machyn. dans son 'Diary
(p. 166), le quahÛe de « dvyff marchand of Muskavca, » et relate qu'il eut
«tliepcnon oj Mtiscovy armes borne at ys herchyng. » Q.uant i sir William
4 ,
ii
2 S
JEA\ ET SÉFiASTir-N CABOT
lorsqu'on voit Stow en ce passafj;c, omettre d'inoncer
la nationalité de Sébastien, ne pas le nommer (jabato
(comme sous les rubriques de 1.19S et 1502) mais
d'un nom difïérent : « onc Schistitiii Gibollc, » et sans
ajouter comme dans le passage de 1502, le rappel:
« kj'orc miiiicd in cinuo 149S, » on est tenté de croire
qu'aux yeux de Stow, le promoteur de l'expédition de
1553, Cnbotle, et celui du voyage accompli un demi
siècle auparavant, GcihiHo, étaient deux personnes
absolument distinctes.
Pour qui connaît les procédés employés par les
vieux chroniqueurs dans leurs calques, si Stow a fait
des emprunts à Crowley, à Grafton ou àllolinshed,
on a lieu de s'étonner que son récit du voyage de
1553 ne soit pas dans les termes dont se sont servis
ces écrivains. C'est ce qu'on remarque en comparant
Grafton et Holinshed avec Crowley. 11 n'aurait peut-
être pas 'omis non plus de relater la lin tragique de
Willoughby qui parle tant à l'imagination.
Mais il v a d'autres récits dans Stow, notamment
celui du voyage de 1497, omis par tous les chroni-
queurs que nous avons cités, et qui contient juste-
ment la fameuse appellation : « a geiioas sonne. » Où
a-t-il pris ce trop court récit?
On remarque dans Hakluyt ' une Noie of Sébastian
Garrard, c'est probablement i la fois le William « Garrct, » alJerman, qui
fut un des donataires de la charte de 1555, et le William Garrard qui, en
1570, figure comme gouverneur de la compagnie de Moscovie.
I. Divers voyages y Lond., 1582, p. 23 de la réimpression.
JKAN ET SliUAS'lIEN CAHOT 29
Giil'ult's voytJi^c of Discouaic, que ce zclc coiiipilatciir
déclare avoir empruntée à la « dernière partie inédite
de la Chronique écrite par M. Robert l-'abyan que con-
serve M. Jt)lin Stow'. )) D'autre part, Stow reconnaît
avoir possédé « une continuation manuscrite de
Robert l-abyan jusqu'à la troisième année du régne de
Henry VIIT. » Cette concordance nous autorise à
croire que le récit du voyage de Cabot donné par
Stow, remonte â Fabyan. Le fait que l'on ne trouve ce
passage dans aucune des éditions de la Chronique de
ce dernier', ne prouve rien. La première édition ne lut
donnée que quatre ans après la mort de l'auteur, en
1516, et elle s'arrête à la fin du règne de Richard IIL
Les additions de la seconde édition, publiée en 1533,
et qui atteignent l'année 1509, sont des notes très
succinctes, que rien n'indique devoir provenir des
manuscrits de l'abyan. Ht, cependant, il laissa certai-
nement une continuation restée inconnue à ses
éditeurs posthumes, Pynson et Rastell, qui embrassait
tout le régne de Henry VII, et, consèquemment les
années où étaient relatés les premiers voyages des
Cabot. Non seulement l'assertion de Stow et de
1. « Tidai oui of the hthr part of Robert Fabians Chrouick, ml hithato
priitkil » PrhtcipuU WivhriUuvn, t. III, p. 9,
2. Harlciaii Mss., 5 3 5 > cites par Biddlc, Mcmoir, p. 305.
3. Chronide, Lond., 1516. 1535, ,542, 1559, '"-fol. M. Ellis a consulte'
pour son édition, Londres, iSn, deux niss. maisils étaient incomplets pour
la partie qui nous occupe. L'exemplaire de Fabyan de la salle de lecture du
British Muséum, porte une note manuscrite ainsi conçue : <( A Third MS.
inlheHulkham library. • Nous l'avons vainement cherché.
!i|
;i) |i:a\ i;i' si;i?asiii.\ cabot
ILikluyt le prouve, mais la preuve ressort aussi d'un
autre passaj^e relevé dansées écrivains, passai;e qu'ils
citent tous les deux' comme provenant de la Chro-
nique de i'abvan, et qu'on ne retrouve pas non plus
dans Timprimé.
Or, si c'est sur l'autorité de Robert Fabyan que
Stow déclare Sébastien Cabot lils de (jénois, son
assertion est d'une {grande valeur, non que l'abyan,
niali!,ré sa prétention de concilier les historiens, lasse
jamais montre d'une forte critique, mais, né à
l.ondres vers i.i)0 et y ayant \(:cu jusqu'à sa mort,
shérilV de la cité en i p;?, alderman jusqu'en 1302
après avoir refusé d'être lord-maire, il était par sa
positioii sociale et ses lonctions, à même d'être bien
informé. Membre de la chambre des drapiers, cliar!j,é
de présenter au roi les doléances de ces industriels
au sujet du commeice étrant;er, et lorcément en rap-
ports avec les Cénois dont le principal commerce
était alors les fameux draps et velours de Gênes et de
Savone, il a pu aussi obtenir des renseiL!,nements
particuliers concernant Jean Cabot, leur compatriote
et leur contemporain.
Une certaine objection résulte des termes dont se
sert Hakluyt. Là où Stow écrit « Scktslutn Gahalo, a
gciiocis sonne, » Hakluyt ne dit que « et Vcncl'um. » Nulle
part il ne rappelle l'origine génoise du père de
son héros. Richard Biddle n'est pas éloigné de voir
I. Au sujet dus iiois sauvngLS tlu Nouveau Monde amenés à Londres par
Cabot en 1 502, voyez, iiijni, appendice Xl\\
#
Uf!''
ji:an in' si'iîASTinN cahot 51
il;ins celle brève appellalioii une ellipse commise par
le conipilaleur anglais au délrimeiit lIu lexle que ce
ileriiier reconnaîl lui avoir élé fourni par « riionnête
John Slow. ))
Jl laut le reconnaître, llakluyt ne semble pas avoir
toujours suivi servilement les textes tlont il faisait
usai;e. Sans accepter toutes les critiques que Biddle
lui adresse ' au sujet des extraits de Gomara, de
Ramusio, de Richard W'illes, insérés dans les Priiicipiill
NiWiottlioiis, et dont la traduction inexacte doit être
en partie attribuée à Ivicliard iïden, il en est une que
nous pensons pouvoir retenir. C'est celle qui a trait
aux trois sauvai;es du Nouveau AU)nde, exliibés par
Sébastien Cabot à Londres en 1 302. On trouve cette
brève mention dans llakluyt et dans Slow, éi;alement
reconnue par ces dcu\ écrivains comme ayant été em-
pruntée à l'abyan. Pour Slow, cet événement est de la
dix-huiliéme année du rèi^ne de Henry Vil : « 18 lieu.
VIL A. D. i^02\ )) llakluyt l'avait aussi fait remonter
à cette époque dans ses Divers vovdi^cs, publiés en
1)^2: aiii Ihc XV II yccrc ojhh nw^m\ yi Voulant plus
tard laire coïncider l'exhibition avec le voyai^e accompli
par les Cabot en 1.198 (ou plutôt en 1497, '^^^ O" "C
sait rien de celui-là), il changea dans son édition de
1 599-1600, cette date de 1501 ou 1502, en celle de
la quatorzième année dudit règne : « /// ihc fourlccnlh
1. Biikilo, ]\[cnioir, p. 13, 21. 34, 53.
2. Appciulicc Xl\.
3. P. 23 delà njiuipivs.sioii C.iitc p.ir la UakUiyt Sodclw
n
'^H
I :■
■il!-
iiil
j2 JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
yere ofhisrnignc, » qui comprend du 21 août 1498 au
21 août 1499.
Ne voyons-nous pas aussi que lorsqu'en 1582
Hakluyt dit simplement, toujours sur l'autorité de
Fabyan : « hy mcancs ofa Venclicin, » dix-huit ans plus
tard, il altère son texte de telle sorte que, prétendant
citer encore Fabyan, il imprime ;« Aj mcancs of oue
John Cahot, a Vcnclian? » Hakluyt était donc suscep-
tible d'abréger ou de modifier la chronique originale
dans le sens indiqué.
Mais a-t-il véritablement pris une aussi grande
liberté à l'égard de Fabyan ?
Pour tout dire, et au risque d'être fastidieux, on
peut alléguer des présomptions qui vont à l'encontre
de ce reproche. Examinons ces présomptions.
Les mots : « the adncntnrc of ihc vnhnoivcn voyage...
hy ihc encouragement of one Schastian Cahot le... three grcat
ships zvel fnrnished... » dans le premier paragraphe de
Stow concernant l'expédition de 1553, ont un air de
famille avec les premières lignes du passage de Crow-
ley : « the grcat adueniure ofthe vnhwzucn voiagc.. the grcat
encourager of this voiagc... thrce nohJe shypes furnyshed. »
Stow ne pouvait non plus ne pas remarquer la phrase
suivante : « Schastian Galoto, an englishcman home at
Bristoiu, hut a Gcnoivays sonne. » Il se pourrait donc
que le paragraphe de Crowley ait été le point de
départ du récit de Stow, pour l'expédition de sir
Hugh Willoughbv.
Mais on peut aussi admettre que la Chronique de
^'
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT 35
Fabyan contenait le passage en question tel que le
rapporte Hakluyt en sa première édition : « Tbisyeere
ihe hing (by mcctucs of a Vcnciuui, which made himseîfe
very expert and cuun'uig in hmulcdge ofthe ci-cuit of thc
luorlde and ilandcs of the same as hy a carde, and other
dcinonsl rat ions rcasonahk bec shciucd) caused to man and
victmll a shippc. »
Stow, cherchant à remédier au vague de l'expres-
sion « a Fcnetian, » et voyant par Humphrey Gilbert
(qu'il cite immédiatement après) que la découverte
;■ était attribuée à Sébastien Cabot, peut alors avoir
^^ pns sur lui d'interpoler le passage de Fabyan et
^ a)outé les mots : « fils de Génois, )> empruntés à
I pT ^^'" ^^ '""''"^^ ^''^"' ""^ ''"'°" ^"^ l'^^^trait de
v^ Fabyan, dans Stow, est conçu en ces termes :
y _ « This yeare one Sébastian Gabato a genoas sonne borne
, m Bristozu professing himseîfe to be experte in hmvkdge
^ of thearcuite ofthe luorîde and Ilandes of the same as by
^ Ins Lharts and other reasonable démonstrations he sheivcd
,. caused the hng io man and vicinal a shippc... »
> Cette hypothèse est d'autant plus admissible, que
dans le manuscrit cottonien ' qui est du commence-
ment du xvie siècle, les premières lignes rappellent
I. Ce nis., d'une écriture des premières années du règne de Hcnrv VTIT
oui Ion r ""'"' ^'■"'"' """''' '"'" «'' """"'« /"■'■"""« Hen. 8. Nous
- publions dans notre anncndirc VT , i.., , • i^oub
voyage de Jean Cabot'' '' ''''''' '^" " '''^'''' ^" P-"""
I
I
•1
nr
34
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
trop l'extrait de Fabyan tel que le donne Hakluyt
dans son édition de 1582, pour ne pas y voir le
prototype du récit attribué au digne aldernian. On
y remarque cette phrase :
« This year the k'uig itt thc husy reqiicsi and supplica-
tions oj a slrangcr Vcnctian, zuhicb hy a cari made himselj
expert in knoiuing of thc ivorld causcd the Ung to man a
ship luitb victnah... :>
Les mots que nous avons soulignés dans l'extrait
du manuscrit cottonien et dans celui de Robert
Fabyan, tel que le rapportent John Stow et Richard
Hakluyt, obligent le critique à reconnaître que ces
trois extraits se ressemblent trop pour ne pas pro-
venir de la même source.
Si l'autorité de Stow se trouve amoindrie par ce
parallèle, il ne faut cependant pas oublier que lui
aussi fut le contemporain et le concitoyen de Sébas-
tien Cabot; que personne au xvi'-" siècle en Angleterre
n'a recherché et consulté les sources avec autant d'ar-
deur et de jugement. Si Stow s'est livré à l'ouvrage
de marqueterie que cette interpolation implique, on
doit présumer que ce n'est pas seulement parce qu'il
a lu dans Crowley, dans Grafton ou dans Holinshed,
que Sébastien Cabot était fils de génois. Le patient
et consciencieux antiquaire peut avoir trouvé la con-
1 « Oj thrce sauagis ichich Cabot hought home aitd presmted vnlo thc kitig in
Ihe fourtcenth yere of bis raigiie, meiilionedby tbe foresaidc Robert Fubian. » Prin-
cipall Wavigations, 1600. t. 111 p. 9.
i
iiJ
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT 35
firmation de cette assertion dans quelque manuscrit
aujourd'hui égaré ou perdu. Mais ceci n'est qu'une
hypothèse.
En résumé, nous croyons avoir démontré que
jusqu'au jour où le doge Andréa Vendramerio dit
à Jean Cabot, selon la formule consacrée : « te civcm
nosirum creamus, » ce dernier n'avait été qu'un
forestière. D'autre part, quatre personnages, contempo-
rains soit du père, soit du fils, vivant dans le même
pays, sinon dans la même ville qu'eux, en position
d'être exactement informés et puisant leurs rensei-
gnements à des sources différentes, n'ont vu dans
Sébastien Cabot qu'un « genoas sonne, » et dans son
père : k uno otro genoves como Colon. »
Dans l'état actuel de la question, le critique ne peut
donc plus que se ranger à cette dernière opinion, et
déclarer, à son tour, que Jean Cabot était génois de
naissance et vénitien seulement par adoption.
h I
IV
:(
ni 'il
I des Vénitiens veulent que Jean Cabot
soit né à Chioggia, d'anciens chroni-
queurs anglais' estiment que Sébastien,
son fils, naquit à Bristol. Cette préten-
tion demande aussi à être examinée.
Jean Cabot avait épousé une Vénitienne qui le sui-
vit en Angleterre. Au 23 août 1497, elle était auprès
de lui, avec ses enfants, à Bristol*.
En la onzième année du régne de Henry VII, le
lecteur se le rappelle, Jean et trois de ses fils adres-
sèrent une supplique à ce monarque afin d'obtenir
des lettres-patentes pour un voyage à la recherche
I !:
1. M An eiigUshemaii, borne in Bristow, » Lanquet, 1559; ^f^ftoii, 1569 ;
Holinshed, 1577; Stow, 1580; Append. XXXII a, b, c et VI b. Nous
croyons que CCS chroniqueurs ont emprunté leur renseignement à la traduc-
tion des Décades d^i Pedro Martyr, publiée par Richard Eden, à Londres, en
1555, et qui devait d'autant plus leur inspirer confiance que E len tenait
cette assertion de Sébastien Cabot lui-même. Voir aussi Nicholls, The
remarkable life... of Sébastian Cabot, Lond., 1869 ; et l'article de M. D'Avczac
sur cette publication. Revue critique, 22 avril 1870.
2. Rawdon Brown, Cukndur, t. I, n''7)2; BuUo, l'cia Tatria, p. 61.
■m
M
'i
n
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT 37
de pays inconnus'. Elles leur furent concédées le
5 mars 1496, et c'est ainsi que nous connaissons
les noms des fils de Jean Cabot : « Leiues, Sehcstyan
et Sancio. »
Si nous suivons l'ordre dans lequel le placet et les
lettres-patentes précités les désignent, Sébastien était
le second des fils. Où est-il né?
Richard Eden porte en marge de sa traduction des
Décades de Pedro Martyr, publiée en 1555, du vivant
de Sébastien, et à Londres, l'assertion suivante :
« Sébastien Cabot m'a dit qu'il était né à Bristol;
qu'à l'âge de quatre ans, il fut emmené avec son pérc
à Venise, et qu'après un certain nombre d'années, il
revint avec lui en Angleterre, d'où on a pensé qu'il
était vénitien de naissance". »
Nous avons relaté qu'à l'époque où Sébastien
Cabot était pilote major de Charles-Qiiint, il s'était
abouché avec Gasparo Contarini, l'ambassadeur de la
Seigneurie, dans le but de trahir le monarque dont il
n'avait reçu que des bienfaits. Contarini rendant
compte de son entrevue avec Cabot, à Valladolid, le
31 décembre 1522, rapporte textuellement les paroles
de ce dernier : « Il me dit : Seigneur ambassadeur,
pour tout vous dire, je naquis à Venise, mais j'ai été
élevé en Angleterre \ »
Voici donc deux déclarations absolument con-
1. Rymer, Fœdera, t. V, P. iv, p. 89; Desimoni, Intorno, no vi.
2. TheDecadesof the New WorUe, London, 1555, in-4, f. 255.
3. « Ter dirve il tutû io mquia Venetia via sim nutrito in lugeltena. »
38 jHAN ET SÉBASTIEN CABOT
traircs, émanant de Sébastien Cabot lui-même, et
rapportées par des témoins auriculaires, désintéressés
et dignes de foi.
Laquelle de ces déclarations est la vraie ? Celle qui
le fait naître à Venise.
La première fois que nous trouvons Sébastien Cabot
mentionné séparément, c'est dans les 'Décades de
Pedro Martyr d'Anghiera, publiées à Alcala en 1516-
Cet écrivain vivait avec lui sur un pied de grande
intimité : « Familiarem hcibeo domî Cabotttim ipstim et
contuhenutkm interdum\ » Or, il déclare que Sébastien
était né à Venise, mais que ses parents l'amenèrent
en Angleterre quand il était encore enfant : « génère
Vcnctus, sed à parentibns in Britanniam insulam tendenti-
bus... tmnsportalus penè hijam\ » Ce sont presque les
paroles rapportées par Contarini, qui dit les avoir
entendues tomber des lèvres de Sébastien. D'autre
part, Pedro Martyr n'aurait pu les emprunter à l'am-
bassadeur vénitien, car elles sont consignées dans un
ouvrage qui fut imprimé six années avant l'arrivée
de Contarini en Espagne.
Mais comme on ne peut ajouter foi pleine et en-
tière à ce que dit Sébastien Cabot, puisque ici nous
avons deux déclarations de lui qui se contredisent,
if-
[!^
R. Brown, t. III, n" 607; înfra, append. XXIII. Des le 27 septembre 1522,
les Dix écrivaient déjà à Contarini : « Vno Sehastiam Cabotto che dice esser di
questa ciltà nostra, » Appendice XXI.
1. 'De relus Ominicis et Orhe notio décades très; décade III, lib. VI, f. 5 s
dans l'édition de BAle, 1533, in-fo!.
2. Ibidem.
H
là
JEAN ET SI-BASTIEN CAHOT 59
voyons si une intcrprctalion légale de documents
précis, positifs et authentiques ne permet pas d'ar-
river à une conclusion certaine.
La pétition adressée à Henry VII en 1496, est
libellée au nom de Jean, de Ludovic, de Sébastien et
de Sanche Cabot; et Jean, leur père, n'y agit pas en
qualité de tuteur légal de ses enflmts. Ces derniers,
au contraire, figurent dans l'acte en leur capacité per-
sonnelle. Les lettres-patentes octroyées le 5 mars
1496 reconnaissent aussi le caractère individuel et
distinct des quatre donataires. Le privilège ne leur est
pas accordé conjointement ; et aux termes du dispo-
sitif, il appartient à Jean, à Ludovic, à Sébastien, à
Sanche, à leurs héritiers et mandataires : « dikctis
nobis Johanni Cahotto civi Vcnctianim, ac Lodovico, Schas-
iiam et Sancio, filiis dicii Johamiis, et eorum ac cujusiihct
cortiin hccredibus et députât is '. »
En dehors du caractère de majorité et de capacité
que d'une façon générale la concession de ces lettres-
patentes suppose dans les quatre concessionnaires,
on remarque que ce document spécifie ou implique
des privilèges qu'en droit anglais, il fallait être
majeur pour exercer^ : par exemple, contracter, nom-
mer des mandataires, administrer des immeubles,
exercer la justice, accorder des licences.
On ne peut non plus dire que Henri VII, de par
1 . Infra, appendices III et IV.
2. Sir William Blakstone, Commcntarics oit ihc Laïcs ûf EiiglaiiJ, Kcw-
York, 185 1, t. I, lib. I, chap. xvii, 3, p. 386.
1,
1
'! 1
l'iî II
!|
40
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
SCS pr(';rogatives, pouvait créer en faveur de mineurs
des capacités contraires à la « CoinmoniMiu, » comme
celles que nous venons d'indiquer. Le Parlement
seul possédait cette puissance, et tout ce qui, dans
des lettres-patentes émanant de l'autorité royale,
dérogeait au droit commun, était nul et non avenu*.
Les trois fils de Jean Cabot avaient donc atteint
leur majorité en 1496. Mais que doit-on comprendre
par ce terme ? Il faut entendre non l'âge de vingt-
cinq ans, comme en droit romain ou français, mais
celui de vingt et un ans révolus, selon la loi an-
glaise, copiée à cet égard sur les vieilles constitu-
tions saxonnes : ad anniim vigcsimiim primum, et eo
iisque juvencs sub tiitclain repomint '. » Sébastien Cabot
était donc âgé, au 5 mars 1496, d'au moins vingt-
deux ans, puisque son frère Sanche, plus jeune que
lui, était alors forcément majeur de vingt et un ans.
Sébastien, conséquemment, est né avant le mois de
mars 1474.
Or, nous avons cité l'acte par lequel le Sénat con-
fère la nationalité vénitienne à Jean Cabot en con-
séquence d'une résidence avérée de quinze années
consécutives à Venise : « per hahitatiomm annorum XV
iuxta consuetum\ » Et comme ces lettres de naturali-
sation sont datées du 28 mars 1476, Sébastien Cabot
était à cette époque non seulement déjà de ce
:. IUdim,\i\>. II, cap. xxi, t. I, p. 280-281.
2. J. Stiemhôôk, De Jure Siiecoritm et Gothorum Uhri duo, Holmioe, 1672,
in-4, lib. II, cap. 2, cité par Blackstone.
3. Supra, p. 2 et append. I.
Il t
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
4i
monde, mais âgù de deux ans au moins; et, consé-
qucmment, il est né à Venise ainsi que ses frères.
Cet argument ne fait d'ailleurs que confirmer
l'opinion exprimée par le conseil des Dix et les
ambassadeurs de la république, Gasparc Contarini
et Andréa Navagero, qui en position, ce semble,
d'être exactement informés, le disent en 1522 et
1524', « Fenetiano, » voire même, d'après d'autres
déclarations, de la ville de Venise : ce di qiiesta citta
nostra, »
I. Infra. appendice XXIII gt Bullo, La vera patria di Nicoh de'Conli e di
Giovanni Cabolo. Sltidj e doctimenti, Chioggia, 1880, in-8, p. 69.
M
I
EDRO Martyr dit que Sébastien Cabot
fut amené en Angleterre alors qu'il était
encore enfant. Comme Sébastien mou-
rut après 1557, et qu'en 1496 il était
âgé, comme nous venons de le démontrer, d'au
moins vingt-deux ans, si nous interprétons les mots
« peuc injlws, » selon leur sens littéral, l'établisse-
ment de Jean en Angleterre aurait suivi de prés sa
naturalisation vénitienne, puisque le décret du Sénat
la lui conférant est de l'année 1476. Cet acte aurait
alors été dicté par le désir ou la nécessité de jouir
d'une protection efficace en vue d'un établissement
définitif à l'étranger.
Une phrase de l'anonyme de Ramusio contredit
cette hypothèse.
« Quand jadis son père partit de Venise, » lui
aurait dit Sébastien Cabot, « pour venir se fixer en
Angleterre, afin de se livrer au commerce, il amena
Sébastien à Londres, alors que ce dernier était assez
il Jii
JEAN ET SfiHASTIEN CABOT
4)
jeune, mais non sans qu'on lui eût déjà enseigné les
humanités et la sphère : « che gli era assai giomne non
s^ia perd che non uticsse impuritlo et ktterc d'Immanità, et
la sphera. »
Sébastien avait donc alors au moins une quinzaine
d'années; et comme il devait être Agé au minimum
de vingt-deux ans en 1496, Jean Cabot n'a pu guère
venir s'établir en Angleterre que vers l'année 1490.
Tout ce que nous savons de sa vie antérieure se
résume dans l'acte de naturalisation précité, et en un
passage de la lettre de Raimondo di Soncino, qui foit
dire à Jean Cabot a que se trouvant jadis à la Mecque,
il avait demandé aux caravanes qui apportaient les
épiceries d'où leur venaient ces produits. » Cabot,
comme beaucoup de commerçants vénitiens, visita
donc les échelles du Levant où Venise avait tant de
comptoirs; mais nous ne croyons pas qu'il soit allé
à la Mecque ; car au xv"-' siècle, comme maintenant,
les chrétiens ne pouvaient en approcher qu'à une dis-
tance de huit à dix lieues. La phrase cependant peut
ne vouloir fiiire allusion qu'à un voyage en Arabie.
Si c'est à Bristol que Jean se fixa d'abord, ce choix
pourrait dénoter dès une époque aussi reculée des
projets de voyages transatlantiques. Cette ville était le
centre du commerce de l'Angleterre avec l'Islande, et
le port de départ pour la plupart des expéditions ten-
tées par les Anglais dans la direction du nord-ouest '.
1. Finn Magnusen, Om de Engehies Handel paa Islatid, Copenhague, 183J,
p. 147, cité par Kohi, Discovery of Maine, p. 112.
i*
44 JKA\ HT SÉBASTIEN' CABOT
Mais Bristol n'est cité comme résidence de Jean et de
sa famille qu'en 1497', ^^ l'anonyme de Ramusio,
dans les paroles qu'il prête à Sébastien Cabot, ne dit
pas que ce fut à Bristol, mais bien à Londres que son
père vint se fixer : « ticUa cilià di Londra'. »
Quoi qu'il en soit. Cabot n'est pas, comme de sa-
vants critiques étaient disposés à le croire, le magisier
navis scientificiis totius ^Âugluv qui, selon William de
Worcestre", partit de Bristol à la recherche de l'île
imaginaire du Brésil et probablement aussi de celle
des Sept-Cités, en juillet 1480, à bord d'un navire
équipé aux frais de John Jay le jeune. Ce navire, qui,
battu par les tempêtes, revint sans avoir atterri après
une navigation de neuf mois, était commandé par un
nommé Thomas Llyde ou Lloyd.
On ne sait quelles furent les occupations de Cabot
de 1476 à 1496. Pedro de Ayala, dans sa dépêche du
28 juillet 1498, dit en parlant du navigateur génois
qui venait de découvrir le Labrador (et que nous
1. Lettre de Pasqualigo du 25 août 1497.
2. Ramusio, loc, cit.
3. « Ï4&0 die jiilUj navis et /i)/;[ann]ii Jay junioris ponâcris So doliorum
iticcpenitit viagium apiid poitiim BrisloUict de Kyiigrode usque ad iiisiilam de Bra ■
sylk in occidentali parte Hibenii.e, siilcaiido maria per... et... Thlydeest magister
scientificus mariiiariiis tocius Aiigli.e, et noua veiierunt BristoUiiC die lune iS die
septembris, quod dicta navis vehverunt maria per circa ij [sic] menses nec invene-
rnnt'jnsulam'i?] scdper tempcstas maris revcrsi sunt usque portum... in Hibernia
pro reposicione navis et mariniorum. >; Itinerarium IVilkhni Botoncr, dict. de
Worcestre,ms. de la bibliothèque du collège de Corpus Christi, i\ Cambridge,
n" 210, p. 195; obligeamment revu pour nous sur le texte original par
MM. Henry Bradshaw et S. S. Lewis.
JEA\ LT SLBASTILX CABOT
45
croyons avoir réussi à identifier avec Jean Cabot),
qu'il avait été à Séville et à Lisbonne pour trouver
des gens disposés à l'aider dans ses projets : « ha cs-
i.ïdo en Sevilla y en Lisbona procuramlo baver quien Je
ayudassc a esta invencion. » Tout ce qu'on peut dire de
ces tentatives, c'est qu'elles furent antérieures au 21
janvier 1496, puisque à cette date, Ruy Gonzalés de
Puebla parle déjà des propositions que l'imitateur de
Colomb avait faites à Henry VII, et que trois mois
après, des lettres-patentes lui étaient accordées.
On peut disserter à perte de vue sur l'emploi que
Cabot fit de son temps pendant ces vingt années,
en faire un novateur guidé par les idées que Tosca-
nelli communiquait si volontiers dés 1474', et lui
attribuer le mérite d'avoir conçu, tenté même, la
découverte des côtes occidentales du Cathay avant
Christophe Colomb. Ce ne sont jamais que des hypo-
thèses, et aucun indice ne permet de croire que les
projets de Cabot n'ont pas été inspirés par la nou-
velle que le grand navigateur génois venait d'attein-
dre par mer les bords du Gange ', et d'en prendre
possession au nom des Rois Catholiques ".
On ignore également quand et où mourut Jean
1. B. A. V, ,yliltlilhvis,\t. xvi-xviii.
2. « -y;.- iiisiilis /mlifsiijvii Ga,i>:ciii, » iiuitulcdclYpitrcdc Colomb
ç.int la découverte; B. A. T., n'« 1-6. *
3. Le jeudi II octobre i (92. Xavarrcte, Cdeccionde ;%v^,t.J, p. 21,
annoii-
I "
I
46 JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Cabot. Le seul écrivain qui parle de sa mort est
l'anonyme de Ramusio, en tête du discours qu'il prête
à Sébastien', et dans des termes assez singuliers :
« Mon père décéda à l'époque où parvint la nouvelle
que le seigneur don Christoforo Colombo, génois,
avait découvert les côtes de l'Inde... On en parlait
beaucoup à la cour du roi Henry VIT... Il s'éveilla
alors en moi un vif désir d'accomplir de grandes
choses; et sachant d'après la sphère que, en navi-
guant par le vent du nord-ouest, on rencontrerait un
meilleur chemin pour trouver l'Inde, je fis part de
mon projet au roi, qui en fut enchanté, et fit armer
pour moi deux caravelles avec tout ce qu'il fallait.
C'était en l'an mil quatre cent quatre-vingt seize, au
commencement de l'année. »
Autant de lignes, autant d'erreurs ou d'inventions.
Il est impossible que Jean Cabot ait cessé de vivre à
l'époque où arriva la nouvelle que Colomb avait
découvert les côtes de l'Inde, puisque Puebla fait
allusion à cet événement dans sa dépêche de Londres
du 21 janvier 1496', et qu'en février 1498, Henry VII
accorda des lettres-patentes à Jean Cabot personnelle-
ment. Il n'est pas non plus probable que Sébastien ait
proposé l'entreprise au roi. Raimondo di Soncino et
•M
1. Raccolta, 1550, f. 414, iiifra. appcnd. XVII.
2. C'est la première fois qu'il en est fait mention dans un document
rédige en Angleterre ; mais les huit éditions de VEpistola de Colomb, publiées
en 1493, tant à Rome qu'en France et en Belgique, ont dû porter ce fait à
1.1 counaissafice du public anglais, bien avant 1496,
M.
w
JEAN ET SEBASTIEN CABOT 47
Lorcnzo Pasqualigo ne connaissent que Jean, à qui
ils attribuent individuellement non seulement l'idée
mais l'exécutioi) professionnelle de l'entreprise.
Richard Biddle demande si, parce que les lettres-
patentes établissant la compagnie de Moscovie sont
aux noms du marquis de Winchester et du comte
d'Arundel, il s'ensuit qu'ils dirigèrent les voyages de
1556. Et de sa réponse négative, il conclut que Jean
Cabot, concessionnaire des autorisations de 1496 et
1498, n'accompagna pas non plus les expéditions
autorisées par les privilèges que Henry VII lui avait
concédés à ces dates. Mais on doit remarquer que
Philippe et Mary se contentent d'accorder le droit
aux gentilshommes donataires de naviguer, sans
faire allusion à des découvertes antérieures '. Dans le
cas de Jean, au contraire, Henry VII autorise, en
propres termes, « son amé John Kabotto à conduire
ses navires à la terre et aux îles découvertes récemment
par ledit John. » Cette dernière phrase confirme la
part active et prépondérante que prit le père de
Sébastien, au moins dans l'entreprise de 1496, et
qu'attestent aussi les documents contemporains.
Le manuscrit cottonien* ne cite pas le nom du
navigateur qui « hy a cart viade himself expert in
knoiuing ofthe zuorld... andwas theconditor ofthe fleet. »
Pueblaet Ayala ne le nomment pas non plus; mais
Lorenzo Pasqualigo dit explicitement : « l'è vcnuto sic
1. Biddle, Memoir of Sébastian Cabot, p. 2ii-aia,
2. Iiifra, appendice VI a.
48
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
nostro Venetumo che ando... e dice baver travaio... eî quai
se chiama Zuam Calbot. » Raimondo di Soncino le
nomme aussi « Zoanne Cabota, » et il le qualifie de
« disîinto marinajo, che aveva molta capacità uelïc scoperte
di nuove isole, » et, dans une autre dépêche, de « gentiîe
iîigenio, periiissimo de la mvigaiioue. » Jamais il n'est
question de Sébastien, qui était alors un jeune homme.
C'est quand ce dernier est supposé prendre lui-
même la parole, dix-huit ans, quarante ans après les
événements, que le mérite de ces expéditions mémo-
rables se concentre en sa personne, et que le nom
de Jean disparaît, comme si ce hardi navigateur
n'avait été qu'une sorte d'armateur ou de négociant.
Rendons cependant à Sébastien la justice de rappeler
que, à deux reprises dans les légendes espagnoles de
la carte de 1544, il partage spontanément avec son
père la gloire de la découverte : « descubicrta par
Juan Caboto y Sébastian Caboto su hijo '. »
I. Légendes 8 et 17; ittjia, appendice VII.
,:l
JIL.
fl?
VI
I l'on ajoute foi aux récits de Pedro
Martyr d'An-hiera, de l'anonviue de
Ramusio, de Goniara et de Antonio
Galvao, la première expédition de Cabot
et de ses fils aurait été composée de deux navires
montes par trois cents hommes d'équipa-e
Les contemporains de ce premier voyaiTe ne sont
pas aussi positifs.
Loren.o Pasqualigo ne parle que d'un seul navire •
« nudo cm uno mwiglio; » Raimondo di Soncino dit
même que e navire était petit et qu'il portait seu-
ement dix-huit personnes . ce ann uno piccoh naviglio
L xyill pcrsone se pose a ht Jortuint. »
Les lettres-patentes de 1496, autorisaient l'équipe-
ment et l'expédition de cinq navires, aux frl 1 s
concessionnaires : ce Quùnjue navil,ns sive navi^iis . suis
^t connu proprus suu,ptihus et expensis. »Le n^muscrit
cottomen dit que l'expédition était composée d'un
navire accompagné de trois ou quatre autres : ce IH
n
S'i
JHAX HT SEIUSTIl-N CABOT
luhiih ship bv thc Kyiii^cs irntcc so Rvi^'i^'cd luciil j or
4 inoo ozulc of Bnsioivc\ » C'est ce que répète la Chro-
nique de l'abyan, qu'on la prenne dans Stow ou dans
Hakluyt : «iiinliii Ihc coiiipaiiic of thc sdidc sbippc scivlcd
(iho oui of Briskm'c, ihrcc or fourc siiiiiJI sbips. »
En comparant ces extraits, on arrive, croyons-nous,
à préciser les détails de l'entreprise :
Non satisfait d'avoir obtenu l'autorisation de tenter
la découverte sous le pavillon ani^lais, Jean Cabot
aurait aussi décidé Henry Vil à taire équiper aux
frais du roi un petit navire, avec dix-huit hommes
d'équipage. Les gens de Bristol, profitant de la clause
des lettres-patentes autorisant l'emploi de cinq navires,
en affrétèrent trois ou quatre autres de faible ton-
nage : « ibrcc or foure siiicill sbips, « sur lesquels ils em-
barquèrent du gros drap, des bonnets de laine, voire
des dentelles : « htccs, points, » et d'autres bagatelles.
Ces quatre ou cinq petits navn-es, qui ensemble ne
pouvaient guère être montés par plus d'une centaine
d'hommes, presque tous Anglais de Bristol', consti-
tuèrent l'escadrille que commanda Jean Cabot.
11 était très probablement à bord du navire équipé
par la munificence du roi.
L'expédition mit à la voile, de Bristol, au com-
mencement de mai : « /// fbc bcgiiiiiiiig ojMay » 1497 '
f^'
ê.
1. iiifm. Appendice VI a.
2. « Qiiitii liitli iiigksi, c d.i Urislo. » R.iiinoiidi di Soncino, Appcnd. X.
'^
I
'■sa
JEAN CT SEBAS'IIEN CAI50T ji
elle atterrit le 24 juin suivant, et comme la naviga-
tion dura trois mois : « mcxi tir, » les navires revin-
rent à Bristol à la fin de juillet. Moins de deux semai-
nes après, le 10 août 1497, Henry VII accordait à
l'heureux navigateur une gratification de dix livres
sterling, pour s'amuser : i( fu^ii boini lient, » ditLorenzo
Pasqualigo'.
Selon un vieux manuscrit de Bristol, cité par Wil-
liam Barrett, dans son Histoire de Bristol^, mais qu'on
n'a pu retrouver, le navire qui, le premier, aborda au
continent, s'appelait The Mutthm's. C'est probable-
ment celui que montaient Jean et Sébastien Cabot.
1. Appendice VIII.
I 'fbBns'ol «,,„, m a Mp callcd the Ma.thcw. „ History „ud Autiquitics
ojthc Uty ofBnsIol, con.pikd from orisinal Records a„d autlmlic MuuusmNs.
Bristol, 1789, 111-4, P- 172.
VII
|()us assignons au premier voyage des
Cabot, la date de 1497. De savants cri-
tiques ont cherclié à la reculer jusqu'à
l'année 1494. Ils s'appuient principale-
ment sur deux documents cartographiques : l'un, la
carte célèbre de Juan de la Cosa, l'autre, la mappe-
monde non moins fiuneuse de Sébastien Cabot. Dans
la carte de Juan de la Cosa ', sur une étendue qui,
selon nos mappemondes modernes, correspondrait à
l'espace compris entre les 30*= et 70^ degrés de
latitude nord, on distingue, échelonnés sur le lit-
toral, une série de pavillons britanniques, et, portée
par les ondes baignant cette côte, la légende : « nicir
dcscuhkria par luglcscs » '.
Cette carte a été dressée au Puerto de Santa Maria,
en l'année 150 : « ]mui de k Cosa h fi^p m cl piicrlo
de S : nir •' en lïïio de 1 500. »
I. Conservée au MusécNaval Je Madrid, publiée un fac-similc parjomard,
Moiiiiniciils de la Gco'^raphic, \v> XVI, trois feuilles doubles.
M
es
•i-
A
c-
)C-
ns
ui,
ta
de
it-
tcc
uar
■ia,
ard,
JRA\ l-.T S}:RASTIEN C \ROT 5)
Ce célèbre marin s'embarqua avec Alonso Je
IlojeJa le i8 ou le 20 mai 1499, revint en j-spagne
au mois de février, voire seulement en juin 1500', et
repartit avec Rodrigo de Bastidas vers octobre 1501,
pour ne revenir en Andalousie qu'au mois de sep-
tembre 1502*. Tout ce que ce document comporte,
se résume donc en une délinéation plus ou moins
vague des découvertes accomplies par les Anglais
avant la fin de l'année 1500. Mais antérieurement à
cette date, on constate deux voyages, au moins,
accomplis sous le pavillon de la Grande-Bretagne :
celui de 1497 ^^ "" autre de 1498, et rien n'indique
que de la Cosa ait voulu assigner aux découvertes
I . «Ah hahia île Ciidiz à mcdiados de Juiiio de ison. » Navarrctc, Cokceioii
de los l'ùiges, t. III, p. lo; Opiisnilos, t. I, p. 122. Mais si l'on s'en rapporte
à iM. Enrique de Leguina (Juan de hi Cosa, Madrid, 1877, in-8, p. 70' qui
paraît s'appuyer sur les Alunites y papeles de la Cosa de Cciitratacioii, MSS. des
Archives des Indes, de la Cosa serait revenu asxc Hojeda « ù laPeiiiiisiih...
en Fehrero de ijno. »
2. L'assertion que la Cosa (ut le pilote de Bastidas lors de la première
expédition de ce dernier, repose sur le dire de las Casas : a concertôse con
aiffiinos, y en especial con Juan de la Cosa » [Hisloria, lib. 11, cap. 11, t. III,
p. 10). Le verbe coumiar veut aussi dire « conférer avec, » ce qui n'aurait rien
de surprenant, puisque Rodrigo de Bastidas n'avait été jusqu'alors que no-
taire : « cscrihnio de Sn'illa en el arrahal de Trianu » (Nav., t. III, p. 25). En
tout cas, si la Cosa l'accompagna ù cette époque, il partit de Cadix en octo-
bre 1 500 : .. lardô en salir hasta el siguiente Ocluhre » (Nav., loc. cit.) et revint
en Espagne au mois de septembre 1502 : « en el dicho aùo (1502) en el mes
de Setiemhe viuo à Cudiz, Baslida,.. hahia veinle y Ires meses que hahia partido
de acà » (Bernaldez, Hisloria de los Reyes Catclicos, cap. cxcvi, Seviila,
1870, in-8, t. II , p. 253^. L'assertion de Herrera (Decad. I, lib. iv, cap. xi,'
p. 116; qui place le départ de Bastidas au commencement de janvier 1501
est donc ine.xacte.
54
Il-AN HT SlïnASTIF.N CABOT
il
1" n
qu'il reconnaît avoir ctc faites par les Anglais, une date
antérieure à 1497, ni que ses contours cartographi-
ques résument seulement les résultats alors connus
de leur première expédition.
La carte attribuée à Cabot ne porte ni date ni lieu
d'impression; mais une légende expose qu'elle fut
dressée « en 1544 par Sébastien Cabot, capitaine et
pilote major de Charles-Qiiint'. »
Nous avons l'original de cette rare et curieuse map-
pemonde sous les yeux.
Sur l'extrémité extérieure d'une péninsule, qui
paraît correspondre à 47°)' de latitude nord, c'est-à-
dire la partie la plus septentrionale de l'île du cap
Breton, à l'entrée du golfe Saint-Laurent, on lit :
« priiiiii licrrd iiisUi », et, plus à l'ouest, à l'intérieur de
ladite péninsule, le cartographe a répété «prinuiuisUi.-»
Ce ne serait pas encore précisément la terre ferme,
puisque cette iicrni est séparée du continent par le
détroit de Canso; mais on comprend que pour les
Cabot cette terre ait paru être le continent.
A l'ouest de ladite péninsule, sur une vaste étendue
répondant au Canada, en plein continent, on relève
ces mots : « De Ici licmt de Jos hacalla = os ne a luhla
primera N° 3 . »
La mappemonde se termine à droite et à gauche
par deux séries de légendes numérotées de i à 17,
puis de 18 à 22, imprimées en caractères romains
\
1. Infra, notre cartographie.
'I
W
i': M
f : Ij :
M ■■
Ji;.\\ F.r SllRASTIEN CABOT -,5
sur lies bandes lon^itiulinales, et intitulées, l'une, à
gauche, « TaNii ivimcni, » l'autre, -< Ttilihi sccoiiihi.'>
Lorsque le lecteur se reporte au N" 3, il ne trouve
aucune allusion au Nouveau-Monde, f.a légende N'' 8
au contraire, s'y rattache, et en des ternies qui sont
la base même de la controverse sur la date exacte des
premières découvertes des Cabot. On y lit en espa-
gnol et en latin, la déclaration suivante :
« Cette terre lut découverte par loan Caboto,
Vénitien, et Sébastien Caboto, son fils, l'année
de la naissance de notre Sauveur Jésus-Christ,
M.CCCC.XClIIi, le vingt-quatre juin, au matin; ils
lui donnèrent le nom de prima licrni iiishi, et à une
grande île qui est proche de ladite terre, fut donné
celui de Sdiit loitii, pour avoir été découverte le jour
de la fête de saint Jean. »
Comme la phrase qui contient la date ne vise
que la « première terre vue, » c'est-à-dire la
péninsule du cap Breton, et l'île de Saint-Jean (ile
du Prince -Edward?), la date de 1494, en admettant
que ce ne soit pas un htpsiis cahwù, ne se rapporte qu'à
ces deux localités. Le renvoi indiqué sur la Ticrnt
de Jos BiicitJJaos, porterait alors exclusivement sur la
description qui termine la légende. La conséquence
de cette interprétation peut être que la découverte du
pays des morues aurait été le résultat d'une explo-
ration postérieure.
Reste la date de M.CCCC.XClIIi. Pour arriver à en
établir l'authenticité ou l'exactitude, il serait utile, ce
î6
ir.AV i:T si;n.\STinN cahot
i
scniMc, de remonter aux origines de la carte même;
car les clescriplioiis de cette mappemoiuie faites au
XVI'' siècle ', toutes brèves qu'elles soient, accusent des
dilïèrences provenant d'éditions diverses.
Le critique est alors fondé à se demander si ce
document, aujourd'hui unique, n'a pas subi au
cours des années, le sort conunun aux productions
de ce ^enre, et si l'exemplaire de la Bibliothèque
Nationale donne une représentation du type original,
tel en toutes ses parties que Sébastien Cabot l'avait
lui-même tracé. Mais ce serait nous éloigner de
notre sujet. Prenons donc la carte comme elle est,
avec sa date, ses noms et ses légendes, quitte ;i re-
venir dans un chapitre subséquent sur le caractère
ir 'isèque de ce document et sur les difficultés
qu'il soulève.
tli Nous hésitons à accepter cette date du 24 juin
1494, produite pour la première fois un demi-siècle
après les événements, et qui pourrait n'être qu'un hipsiis
du graveur : MCCCC.XCIIII pour MCCCC.XCVII :
erreur d'autant plus facile à commettre, que les deux
premiers I rapprochés à la base, forment un V'.
On ne saurait non plus admettre le millésime de
1494 sans interpréter les documents contemporains
j. Ihidcm.
2. La traduction l.itinc dit bien : « Aiimi ah orbe rcthnif^lo 1.(04 " i-'" cliifTtcs
romains; mais cette version a été faite postérieurement .\ la rédaction de la
légende espagnole, dans les Pays-Bas ou en Allemagne, sans que Cabot pût
corriger le lapsus .
JFAN V:V SIUUSTÎF.N C\nOT 57
lie la découverte dans un sens i|u'ils ne comportent
pas. Cette raist)n est si ^rave ijue nous croyons devoir
nous y arrêter.
I.e 21 janvier 1496, Ruy Gonzalès de Puebla mande
de I.ondres à ses souverains, qu'il est venu « un indi-
vidu comme Colomb proposer au roi dWn.i^leterre
une entreprise semblable à celle des Indes '. »
Le 28 mars suivant, i"erdinand et Isabelle lui
répondent d'informer Henry Vil, qu'il est libre d'ac-
cepter ce projet, mais de prendre i^arde, car une entre-
prise de cette nature ne peut être mise à exécution
sans porter préjudice à ri:spai;ne et au PortUL^al.
Le lani,Mi;e de la dépêche indique que ce projet
était alors une nouveauté à la cour d'Angleterre. Si
Cabot avait déjà lait un voyage, comme Colomb, à lu
recherche du Cathay, et avait découvert depuis deux
ans des pays qu'on croyait être le royaume du Grand
Khan', ou y conduire, l'ambassadeur n'aurait pas
attaché d'importance a des projets désormais sans
portée, et les Rois Catholiques se seraient abstenus
d'en faire l'objet d'une communication diplomatique
aussi significative.
Avant que ces remontrances amicales, mais inté-
ressées, pussent arriver en Angleterre, Henry VII
s'était décidé à accepter les offres de Cabot. Le 5 mars
1496, il lui octroya, ainsi qu'à ses trois fils, des lettres-
patentes, à l'effet de naviguer « à l'est, à l'ouest et au
1. Supra, p. i }.
2. u Che d pat:\y dd flniiii (\im •, écrit Pasqualigo en 1498.
5*^
JFAX HT SHI'.ASTII-.N C.M\OT
nord, avec cinq navires portant pavillon anglais, pour
chercher et découvrir toutes îles, contrées, régions ou
provinces de païens dans n'importe quelle partie du
monde. »
Rien dans le libellé de cet acte ne permet de sup-
poser des découvertes que le donataire aurait accom-
plies antérieurement. Si Cabot avait trouvé en 1494
l'île et les terres décrites dans la carte de 1 544, même
au cours d'un voyage dû à l'initiative privée des
gens de Bristol, cette nouvelle expédition aurait été
la conséquence de la première découverte, et les
nouvelles terres exigeant tout au moins la suzerai-
neté d'un monarque chrétien, le texte des lettres-
patentes du 5 mars 1496, les aurait certainement
rappelées et revendiquées. On y lirait, comme dans
les lettres de chancellerie expédiées à Jean Cabot, de
Westminster le 3 février 1498, pour le même objet :
« Nous autorisons notre amé John Kabotto à conduire
lesdits navires à la terre et aux îles par lui récem-
ment trouvées : — //;t' Lomlc ami Ilcsoflate fournie hy ihc
seul John. » Nous n'y verrions pas seulement cette
phrase vague et banale : « /// quacumque Parie Munili
positas, quw christianis omnibus anie kcc tempora fueruni
incognilcc. »
Le premier document qu'on puisse interpréter
comme se rapportant à Cabot, est la lettre précitée de
Puebla, du 21 janvier 1496, laquelle n'indique qu'un
simple projet : « uno como Colon para poner al Rey de
ynglalerra en otro negocio como el de las yndias. »
JRA\ FF SÉBASTIEN CABOT 59
Le registre des largesses royales, par la mention
du 10 août 1497 • <^ Tobyiii thcit foiimU' thc nau isic, L.
10, » prouve qu'entre ces deux dates, le projet fut
réalisé, et la lettre de Pasqualigo du 23 août 1497, en
rappelant que le roi a donné de l'argent à l'heureux
navigateur : (■<.fa::j hoini :iiem, » confirme le témoignage
de l'intendance, et nous révèle le nom du décou-
vreur : « elqiinJ se cbiania Ztutm Calhot \ »
Enfin, la dépêche de Raimondo di Soncino fixe la
date du voyage au printemps de l'année 1497, puis-
que dans ce document, qui est du 24 août 1497, il est
dit que le roi envoya le Vénitien en son voyage de
découvertes, « il y a quelques mois. »
Nous ne voyons guère que la dépêche adressée
par Pedro de Ayala aux Rois Catholiques le 25 juillet
1498, qui autorise la croyance en des voyages trans-
atlantiques entrepris (mais non couronnés de succès)
avant 1497.
« Les gens de Bristol, écrit cet ambassadeur, ont
depuis sept années envoyé tous les ans deux, trois ou
quatre caravelles, à la recherche de l'île de Brasil et
des Sept-Cités, selon les notions de ce Génois. »
A notre avis, cette dépêche ne comporte qu'une
allusion à des tentatives annuellement renouvelées,
du genre de celle que fit Thomas Llyde ou Lloyd,
en 1480'. Il est possible que Jean Cabot ait pris part
1. Ce nom, Opelé Talbot ou Calbot (R. Browii, RasgtuiU,^. toc) ml testa
siiniitiano apparisce poster iormente rijulto ». (Dcsimoni et Pasini.)
2. Supra, p. 44, note 3.
6o
JHAN ET SIÎBASTIF.X CABOT
à des expéditions maritimes entre les années / 490,
date présumée" de son arrivée en Angleterre, et janvier
1496, quand ses premières lettres- patentes lui furent
octroyées, mais il est incontestable que le voyage dont
Ayala relate les heureux résultats, n'est antérieur que
d'une année à ses lettres de juillet 1498, et ne peut
en aucune façon être reculé jusqu'en 1494. Lorsqu'on
voit cet habile diplomate répéter, par exemple, le 23
juillet 1498, que « le roi a fait préparer des navires
pour découvrir certaines îles et une terre-ferme qu'on
lui a assuré avoir été trouvées par des gens de
Bristol, qui dans ce but avaient équipé une expédition
l'année précédente, » le critique est forcé d'admettre que
les tentatives relatées par Pedro de Ayala n'aboutirent
qu'en 1497.
I. Supra, y>. 4 j ,
VIII
|uA\T aux découvertes accomplies par
Jean Cabot et son fils pendant les
années 1497 ^^ H9^, l^^s documents
ne permettent pas d'en préciser le ca-
ractère, l'étendue et les résultats.
Voici les seules données qu'on puisse emprunter
aux contemporains. Selon Pasqualigo, « Zuan Calbot
aurait dit qu'à sept cents lieues d'ici, il a découvert la
terre, le territoire du Grand Khan. Calbot a rangé
300 lieues de côtes et débarqué... Ce vovage a du'îé
trois mois, et, en revenant, il a vu deux îles à tribord,
mais sans descendre à terre '. »
Raimondo di Soncino relate que « Zoanne Caboto
a découvert deux îles fertiles, de grande étendue. Il a
aussi trouvé les Sept-Cités, à quatre cents lieues de
l'Angleterre, du côté de l'ouest... Il partit de Bristol,
passa l'Irlande à l'extrême ouest, cingla vers le nord]
1 Lcttic du 25 août 1497, appciul. VII.
[ilflp
62
JliAN ET SÉBASlIliN CABOT
^ '\
■ ï
vogua à l'est, laissant après quelques journées la tra-
montane à droite, et, ayant ainsi navigué, vit enfin la
terre-ferme'. »
Puebla et Avala, séparément, disent : « J'ai vu sur
une carte la direction suivie et l'espace parcouru...
Je crois que ce n'est qu'à une distance de quatre cents
lieues au plus ' »
Tout ce que ces brèves descriptions comportent,
c'est la découverte, à quatre cents lieues à l'ouest de
l'Angleterre, d'une terre et d'îles.
Des détails plus circonstanciés se trouvent dans
deux récits provenant de Sébastien Cabot et qui sont
rapportés par Pedro Martyr d'Anghiera et l'anonyme
de Ramusio déjà cité.
Le premier de ces récits est en ces termes :
« Se dirigeant vers le nord, Sébastien Cabot ren-
contra des masses de glaces, qui, au mois de juillet,
flottaient sur la mer; la durée du jour était conti-
nuelle, et on voyait de vastes banquises. Aussi fut-il
obligé de virer de bord et de se diriger vers l'ouest.
11 navigua néanmoins dans la direction du sud, en
rangeant le littoral jusqu'à ce qu'il eût atteint à peu
prés la latitude du Fnliun Hcrcukmn. Il cingla [alors]
a l'ouest jusqu'à ce que l'île "de Cuba fût a sa gauche,
presque à la même longitude >. »
C'est-à-dire que de Bristol, Cabot navigua dans la
t\
1. Dcpcches dos 24 août Pt 18 décembre 1497. appcnd. IX et X.
2. Dépèches du 25 juillet 1498, appcnd. XII et XIII.
3. P. Martyr, Dàadvs, Basil., 1533, déc. III, lib.VI, f. 55. Appcnd. XV,
1
JI:A\ ht SliDASTlEN CABOT
6J
direction du nord-ouest, inclina ensuite vers l'ouest,
puis, ayant atterri, longea la côte vers le sud jusqu'à
la hauteur de Cuba.
La relation que l'anonyme de Ramusio attribue à
Cabot confirme celle de Pedro Martyr :
« Au commencement de l'année 1496, je me mis â
naviguer dans la direction du nord-ouest, ne pensant
pas rencontrer d'autre terre que le Cathay, et passer
de là dans l'Inde; mais après quelques jours, je décou-
vris que la terre se prolongeait vers la tramontane,
ce qui me déplut infiniment. Je longeai néanmoins
la côte dans l'espérance de trouver un golfe que je
pusse contourner. Je n'en trouvai aucun, mais je
remarquai que la terre se continuait jusqu'au 56^' de-
gré sous notre pôle. Voyant qu'en ce lieu la côte
infiéchissait à l'est, et désespérant de trouver |le
passage], je revins sur ma route afin de reconnaître â
nouveau ladite côte dans la direction de l'équateur,
toujours avec l'intention de trouver le passage pour
aller dans l'Inde, et j'arrivai â la partie aujourd'hui
nommée la Floride '. »
Les récits de Jacob Ziegler, de Lopez de Gomara,
et d Antonio CaKio', ne sont absolument que des
résumés de l'une des descriptions que nous venons
de donner, et ne fournissant aucun élément nouveau
ou digne de loi dont le critique puisse tenir compte
1 Ramusio, Raccolla, t. I, f. .,,4, appciid. XVII
2- Appcndias XVI, WIII a XIX.
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L-t
64
JEAN ET SEBASTIEN CABOT
La carte de 1544 qui, au premier abord, parait
devoir fournir des éléments de certitude, ne peut
servir qu'à préciser le premier point d'arrivée.
La question de l'atterrage des Cabot est aussi
controversée que celle de la découverte par Chris-
tophe Colomb, en 1492, de l'île non encore identi-
fiée de Guanahani.
La localité indiquée sur la mappemonde de 1344
comme atterrissement de Jean et de Sébastien Cabot
en 1497, "•-' P^'^-i^ ^^^^' ■> d'après ce document, que
le pays correspondant sur nos cartes à l'île du cap
Breton.
Dans ladite mappemonde , cette île n'est pas
détachée du continent. Elis s'avance en un promon-
toire incliné de l'est à l'ouest, et dont la partie supé-
rieure, malgré de fortes dentelures, figure une ligne
parallèle au degré de latitude qui, selon l'échelle de
la carte cabotienne, serait 48° 30'.
A l'extrémité orientale dudit promontoire, on dis-
tingue un petit cap, et, à l'occident, dans le golfe
même, une grande île située au même degré de lati-
tude que le côté nord du promontoire, dont elle est
séparée par un détroit assez large.
Le petit cap porte cette légende : <( Prima licrra
iiista », et la grande île est dénommée : « /•' de
S-Jiuui. » Ni ces contours ni ces distances ne
correspondent à la configuration réelle de l'extré-
mité de l'ancienne Acadie ou Nouvelle-Hcosse d'au-
jourd'hui.
que
JlIAN HT SËBASTILN CAIiOT (.3
Sur les cartes de l'amirauté anglaise-, la partie
supérieure de l'île du cap Breton est loin de former
une ligne droite. Au milieu, la côte s'élève abruptc-
nient, et dessine un promontoire de trois quarts de
degré, se terminant en aiguille, et dont la pointe
extrême à l'est forme le cap North.
Doublant ce cap, cinglant au sud et se dirigeant
ensuite droit à l'ouest, on rencontre à soixante-douxe
milles du cap North, tout à fait dans l'intérieur du
golte, la première grande île qui existe dans ces
parages. C'est l'île du Prince-Edward.
On se demande parfois si c'est à l'extrémité nord-
est de l'île du cap Breton, au point aujourd'hui
appelé le cap Percés que Jean et Sébastien Cabot
atterrirent en 1497, ou bien si ce fut à la pointe la
plus élevée, c'est-à-dire au cap North.
Comme Cabot déclare avoir atterri un matin et
découvert le même jour une grande île, on peut plus
facilement coordonner ces deux assertions en pla-
çant le point d'atterrissage au cap North, éloigné de
1 lie du Prince-Edward de soixante-douze milles
tandis que le cap Percé en est à cent vingt-neuf
milles marins.
n-'iw'a'I'fl!''" '^" "^''""' ^'-''''^ " ^^' l'Hydrographie française,
2. Il y a au Car.ada deux c.ips Pçrcc. Celui qui .se trouve sur la côte \ -l"
de 1 .le du cap Breton, et un autre situé dans la baie de Gaspé, près du
mont Jol, ou cap llennot (Bouchette, T.fo.r. 'Dict. ofLcrcr cJuJ.Lon^.,
i.artc de Baylicld précitée.
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K*l,*'.
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,l)iv«<^i.'
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66
IliAN LT SLBASIIUN CAliOT
Le critique, cependant, n\i pas qualité pour corri-
ger un monument jj;raphique iwxc des hypothèses.
II doit prendre une carte telle qu'elle est, rinterro<j;er
le compas en main, noter les différences, relever les
légendes et laisser les noms où il les trouve. Or,
c'est bien sur la lisière de l'île du cap Breton, à la
pointe extrême, au nord-est, qu'on lit la phrase :
« priiiui licria nista », et c'est en cet endroit que nous
devons la laisser. La transposer plus au nord et à
l'ouest, serait arbitraire, car rien ne prouve que Cabot,
comme la plupart des cosmographes et des ma-
rins du xvi*^ siècle, ait noté ou même jamais connu
la longue aiguille, qui, partant du port Dauphin, s'é-
lève en ligne droite jusqu'au cap North.
C'est donc au cap Percé, et nulle part ailleurs, que
selon la carte de 1544, Jean et Sébastien Cabot ont
atterri ; c'est là que, les premiers entre les navigateurs
du xv*^ siècle, ils auraient foulé le Sv 1 du continent
américain, et planté les bannières de Saint-Georges et
de Saint-Marc, le samedi 24 juin 1497, à cinq heures
du matin'.
Cette analyse repose sur la présomption que les
profils de la mappemonde de Cabot proviennent de
documents cartographiques contemporains de la dé-
couverte. Peut-on cependant affirmer ce f;ut, et voir
I. Il liera ;. siib diliiciih »,• ItSjjtudf", ii" 8, appendice \'II.
) -1
I 1
f '
JHAN HT SliBASTIliN CAHOT
67
dans CCS ilclincations une lulùlc copie des épures de
Jean Cabot ou de son lîls ?
Il importe de résoudre cette question, car si la carte
de 1544 -^ *^'té dressée entièrement de mémoire ou
d'après des relevés faits par des carto<rraphes français
et portugais, trente ou quarante ans après la décou-
verte, toutes les analyses de ce document pèchent par
la base, et c'est peine perdue de s'évertuer pour en
résoudre les points douteux.
Non seulement Sébastien Cabot était pilote major,
mais il occupait aussi la chaire de cosmographie à la
Qisit de Coiitnitiicion de Séville'. Bien que nous ne le
voyions pas qualifié, comme Juan N'espucci, Diego
Ribeiro, Alonso de Chaves et Diego Gutierrez, de
« iiKh'sIro (le hiiccr carias », il ne pouvait guère contrô-
ler l'enseignement des cosmographes de S. M., ainsi
1. !. hôtel du Négoce des Indes A Sévillc ,Qm de Coutnttacion de lus lu-
dm^), fut établi par cédulc royale du 14 février 1 503 ^Ordmnnas naks para la
Usa de la Contratackm. Sevilia, Martin de Montesdoca, 1553, in-fol. et
\ eytia Liiiage , Kortedc la Coutratadon,Sc^-\\]i, 1672, in-fol., lib. I, cap i, p.'" 1
mais nous ne savons en quelle année on y fonda une chaire de cosnio^n.'-
phie. Selon la nomenclature des professeurs que donne Navarrete [Discrtacion
sobre la Historiade la Wdntka, Madrid, 1846, in-S", p. 134), Sébastien Cabot
en aurait été le premier titulaire : « se eslablccio la cdledra de cosimvrajia y
navesacion que explicaha cl cosnu grafo de la casa, como h hkicron SebasUan
Cabolo, Alonso de Chaves, Alonso de Santa Cruz... . Nous voyons par la cédule
du II juillet 15)2, que Chaves mommé cosmographe et pilote m.ijor en
1528), fut chargé de suppléer Cabot en sa chaire de cosmographie : o se k
manin regenlar lacUcdrade cosmo^rajki, que Sébastian Caboto, ansenk en /n.rfa.
terra, habia enseùado en la casa de la contratacku de Sevilia ,. (Nav.. 'liiblkth.
Manl., t. II, p. 16). D'ailleurs le pilote major était en vertu de ses fonctions,'
i< cciisor del catedrdtico de cosmoorajia, »
El
1'
M JEAN l-r SÉBASTIEN CABOl
que SCS fonctions de pilote major le lui coniman-
daient, ni faire son propre cours, sans expliquer des
planisphères et surtout des cartes du Nouveau-Conti-
nent, partie du monde dont il était spécialement
chargé'. Ces planisphères et ces cartes devaient être
de sa main ou dressés sous sa direction, et comprendre
nécessairement ce qu'il savait de la géographie de
l'Amérique septentrionale.
Les cartes originales de Cabot n'existent plus de-
puis longtemps, A leur défaut, les documents carto-
graphiques émanant des professeurs espagnols char-
gés d'enseigner la cosmographie à Séville, à l'époque
où il était encore titulaire de sa chaire et du poste de
pilote major, doivent forcément représenter et résu-
mer les [connaissances cosmographiques de leur col-
lègue. A ce titre, les mappemondes sévillanes des
trente premières années du xvi^' siècle présentent un
véritable intérêt.
Deux monuments précieux de ce genre ont échappé
aux ravages du temps. Ce sont les fameuses cartes
dites de VVeimar*.
Ces belles mappemondes sont d'autant plus im-
portantes qu'elles paraissent avoir été dressées, sur
l'ordre de Charles-Quint, par la commission de pilotes
1 . (I Sihiistiiin Cabote, p-aiiil Tilol of the ciiipeior's Indus. » Strypc, Eccîe-
iiiislkiil Menwiiiils, Oxford, 1822, iii-8, t. 11, part, i, p. 296.
2. J. G. Koh\, Die Bciilcii AlUstai Ociieral-Karicn von Amcrika, Wcitiur,
1860, gr. in l'olio.
FEAN r.'|- SÉBASTIliV CAROT
69
et de cosmojLîraphcs que présida Icrnand Colomb'.
Cette commission avait pour but de corrij^er les
anciennes cartes espaij;noles et de les mettre au
courant des découvertes maritimes accomplies depuis
le commencement du siècle. On peut donc les consi-
dérer comme des documents olliciels.
La première de ces cartes est de \'-um>:^ î),?-, et
l'œuvre d'un cartoLïra}>!ie anonvm.- qui s'mtitule :
« Cosmographc de Sa Majesté. » L'autre est de 1529,
et signée par Diego Ribeiro', professeur de cosmo-
graphie à la Qtsa de CoutraUtcum.
Les contours dans les deux cartes sont identiques;
mais rien ne ressemble moins à la section de la carte
de 1544 qui nous occupe, que la même section dans
ces œuvres de l'hydrographie espagnole.
Comme le démontre M. le professeur Kolil par ses
utiles réductions de portulans du xvr' siècle', le pro-
fil du littoral américain en toute son étendue septen-
1. Selon Herrcni (Dcc.id. III, lib. X, cap. .xr. p. 294). cette commission
scser.m réunie en 1526. Xavarrcte (Opûscuhs, t. Il, p. 65) parle d'une
« jiinta de pilotos y cosmcgrafos, que se forma paru arreshr hs cartas de
vau-i^ar, .. laquelle serait de Tannée 1536, et où Santa Cnvi présenta son nou-
vel instrument pour observer la longitude.
2. Carta Uiiiversal, en que se cimliem todo lo, que del Mundo se a descuhierlo
fasta aora hizoh un cosmognipho de Su Mtigeslad AiiiioM. D. KWll en Sevilla.
Injra dans notre Cartographie.
3. ■< HizoU Diego Ribero Cosmographo de Su Majeslad : ^,)o de is-yg „
Kohi, hK.cit.
4. History of the Discovery of Maine, t. I, de la Dccumenlary Hislorvoflbe
State 0/ Maine, Portland, 1869, in-S". Conipendium excellent et qui nous
a été d un très grand secours.
l
(i
70
ji:.\N i;i' si':u.\sTir.\ c.Muvr
M
1
i!
trionalc est copie des cartes portiiL;aises. Or, ces der-
nières ne font que répéter les contours de la carte de
Pedro Reinel, dressée en l'ortu^'al vers i )0).
Dans lesdites mappemondes du cosmoj^raphe de
S. M. et de l)iei;o Kibeiro, 'IVrre-Xeuve n'est pas
encore détachée du continent et il n'y a même pas de
golfe Saint-Laurent. C'est assez dire qu'on ne doit y
chercher ni île du cap Breton, ni île du Prince-Ldward,
ni aucun des aspects qui dans le planisphère de 1 3 j |
permettent de suivre les traces de Jean Cabot et de
son fils en 1497. ^^<^^u^ reviendrons sur les consé-
quences que le critique doit tirer de .:ette dissem-
blance assez inattendue.
Il y avait aussi la carte dressée par Alonso de
Chaves sur l'ordre de Charles-Qiiirit en 1336, et qui
devait résumer toute la science des cartographes
espagnols. Postérieure de deux ans aux premières
explorations de Jacques Cartier, pi.'Ut-être prèsenti.it-
elle de nouveaux contours que Sébastien Cabot put
étiqueter, comme il le lit en i).|4. Malheureusement
elle a disparu. 11 n'en reste plus qu'une description
donnée par Oviedo', trop succincte en ce qui concerne
les parages de la Nouvelle-hcosse et du Labrador
pour permettre de reconstruire le détail des délinéa-
tions de Chaves. Nous remarquons cependant 'que
le golfe Saint-Laurent, à peine indiqué, n'y est pas
nommé, tandis que mention est faite d'une île « Saiicl
I. Historia Gfiii'ial y Witiinil dv lis fiidius, Madrid, 1852, iii-.|", lib, XXI,
cap, X, t. II| p. 1.(8 siiiiiitur.
JF.W IT Sr-HASTIi;\ CAlUn-
Jolhiii )) situcc â l'cstiiairc mcriilional de la haie, voi-
sine de la terre ferme, mais de dimensions trop .i;ran-
des pour être l'île ainsi nommée par Cabot, piirsque
Cliaves lui donne une eirconterence d'environ cent
quarante-cinq lieues'. Cette carte ne devait donc pas
être plus explicite ni moins erronée que ses devan-
cières sêvillanes.
Ce défaut de connaissances paraît sin<;ulier de la
part de collègues de Sébastien Cabot. H enseignait l
leurs côtés depuis quin/e ans; I-erdinand d'Aragon
l'avait fait venir d'Angleterre ou avait accepté des
offres de service*, justement à cause de ses décou-
vertes dans ces parages , et rien ne le portait â
faire mystère de ce qu'il savait sur la configuration
géographique du Nouveau-Continent, il ne pouvait
pas non plus expédier dans ces régions Lucas
Vasqucz de Ayllon, Hstevam Gomcz, Diego Mal-
donado et Goniez Arias, sans les munir de cartes
comprenant une description aussi exacte que sa
science le lui permettait des côtes que ces naviga-
teurs étaient chargés d'explorer et des pavs que
Charles-Qiiint voulait coloniser.
Peut-on aussi admettre que quand le cosmographe
anonyme de Sa Majesté dressait en 1527 son curieux
1. « Tii-tiede (in-miferctiçiu (kulo è quarcuUt èçtucok i;iuis. » }!nj,;ii
2. \ oyez infra notre chapitre XI, et dans Tappendicc XVI la lettre de-
Icrdmand en date du ,j septen,bre 1512. où le monarque rappelle .\ Cabot
que Conch.IIos et Fonseca Tayaiit entretenu .. sobre la navegacion à los 'Bmil-
l'ios », Labot « ofrecisids sirvinios ».
7î
JEAN HT Sl-IVXSTIP.M CAlUrr
II
1 1:
phinisphcre ou en rcunissait les matériauK ', il ait
néi^ligé de consulter Sébastien Cabot sur les pays du
Labrador et des lîacallaos découverts et maintes fois
explorés parce dernier? Un indice de ces conseils se
retrouve, ce semble, dans la carte de Ribeiro, copiée
sur celle de son collègue anonvme. Ainsi, alors que
les explorations des Cortereal avaient fait oublier ou
disparaître d'un si s^rand nombre de cartes les décou-
vertes accomplies par les Anglais, on lit sur cette
mappemonde de 1329, en travers du Labrador, la
légende : « Iista licrra ilcscnhrieroii las Iiiglescs de Bris-
tol » ; — hommage discret rendu évidemment par
Ribeiro à son collègue Sébastien Cabot, qui, aux
termes de ce document même, se trouvait à cette
époque dans les savanes du Brésil \ lit, cependant,
rien de moins complet, rien de plus inexact que les
profils septentrionaux de ces cartes, malgré leur
caractère officiel et l'habileté reconnue des cosmo-
graphes qui furent chargés de les dresser.
Se fondant sur une assertion de sir Humphrey
Gilbert', des critiques sont portés à croire que les
iii
1. Cabot sV-mbarqua pour la l'iata en avril 1526, mais l'on doit présuiucr
qu'un planisphère de cette inipor\ ', terminé en 1527, exij^eait au moins
une année de préparation.
2. <' Eslutifiru dcsciibrio Jiibaii i/i' Solis en el lu'io de ms i' f^'. domle aoni
esta Sébastian Gabolo en vna casa J'uerte que alli hizo. n
3.11 The Sj^aniards and Vortutrah... bave commanded iLat nii pilot of theirs
vpon paille of detill), slmtîd plat ont in aiiy seu card, aiiy thoioïc passa);i\ » Dis-
coiieiie, dans Hakiuyt, t. 111, p. 25. Nous voyons seuli'ment que le pilote
major ne pouvait sous de graves pénalités faire conmierce de ses cartes :
Il hâter cm tas de mareiir para vender » et qu'on les gardait dans un coiïre sous
'M
IFAN r:T Sl-RASTII'N CAHOT •■;
lacunes Cl les tlélinéalions in,si«;niriantes qu'on reiiiar-
ijue dans ces cartes ont été voulues, afin de ne pas
mettre les Ani^lais et les I Tançais sur la voie d\m
passa^^c au Catliay par le nord-ouest; mais les Anglais,
qui avaient découvert et continuaient à explorer ces
restions depuis trente ans, ne pouvaient assurément
rien apprendre des l-spai^nols, dont les expéditions
n'avaient encore atteint que 42" 30' '.
Non, ce ne sont ni des omissions politiques ni
des oublis. Un aveu échappé à Oviedo détermine la
cause de ces conlit^urations inexactes et contradic-
toires. Lorsque, décrivant d'après la carte de Cliaves
le littoral de l'Amérique septentrionale, ce chroni-
queur atteint la hauteur du cap lîreton et veut aller
au delà, des contradictions surfissent à ses veux, il
cicux clefs, dont UMc duit condco au pilote nujor et l'autre au cosmographe
le plus récemment nommé, alin que ces cartes ne pussent être vendues
ayant d avoir été approuvées. (Witia I.in.tge, Norle, lib. 11, cap. xr, p. i.|6 )
Ln document curieux et peu connu, est l'..cte passé devant M" Simone
Capello notaire .1 Savone, le 50 septeml-re ,',51, par lequel Leone
•u.caldo, le compagnon de Magellan, s'engage envers l'agent du roi de
lortugal, moyennant une compensation de 2,000 ducats. .\ n'ensei-ner à
personne la route des pays nouvellement découverts, et ù ne faire aucune
c.iite geograpinqne montrant le che.nin qui y conduit. (G. H. Helloro,
/:%/o ./, Uo„cPancMo, cité par M. Desimoni. lUauo di GuU, dans le ùior.
mile Lij^usl ICO, pour février et mars 1875, p. 56.)
I. Les expéditions des Kspagnols aux cotes de l'Amérique septcntiionale,
lurent celle de Lucas X'asquex de Ayllon en 1520, qui atteigtm seulement le
,)^ degré N. et l'expédition de Lstevam U.me. en 1525, dont la limite
cxtiuMc lut . 120 50 : .. iksde ,,mncuUi ;■ un grades htsla qmncntaê dos ymtdio. ..
(Ov.edo, llutoria Gcaal de las /ndias, Madrid, .S52, t. 11, lib. XXI cap
N. Pv>t7.) Dans le Sumario (cap. x, p. 16 de l'édition de Barcia), il dit
■seulement : « en quarenta Grades, iquare„ta ivno. ..
^nw^
n
fh !3
74
JHAN ET Sl-BASTin\ CABOT
les explique ainsi : « On n'a presque aucun détail
concernant les golfes au nord de ce pays, et les
informations de Chaves pour ses délinéations ne
paraissent pas avoir été exactes. Aussi existe-t-il sur
les cartes et entre les cosmoi^raphes, au sujet de ces
côtes septentrionales, de grandes différences'. »
Les défauts que nous avons signalés ne s'expli-
quent donc que par l'état des connaissance^ géogra-
phiques des Espagnols et des Portugais à cette
époque. On peut conséquemment affirmer que si leurs
cartes sont vagues et incomplètes, c'est parce que ni
les uns ni les autres n'en savaient pas davantage.
D'où proviennent alors les profils relativement
plus complets de la Nouvelle-Écossc et des deux
estuaires du golfe Saint-Laurent qu'on remarque
dans le planisphère cabotien de 1544?
Ils ne peuvent provenir que des cartes françaises
dressées à la suite des voyages de Jacques Cartier.
De tous temps, les marins du littoral de l'Atlan-
tique péchaient la morue franche dans les mers sep-
tentrionales de l'Europe, et il se peut que les nations
germaniques aient été les premières à nommer ce
poisson, inconnu dans les mers qui baignent l'Es-
pagne et le Portugal. Nous n'osons cependant
I . « En estil ticiiii kiy poca uoli(iu en las cosas particiihires de las ensenaâas
ilfl Septentrion, y picnsso que él \Ch,x\xs] tkbe estar infornuulo para h que pinta en
esso, no tan puntualmentc conio séria. E assi hay muchis diferencias en essa Costa
del Norte en las carias de nave^ar y en los cosmograplms, » Ovicdo, loc. cit. p. 148.
I
-1
y
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT ~-^
affirmer que le mot allemand hachljau\ employé
pour désigner la morue, soit le principe des dérivés
qu'on trouve dans les langues basque, portugaise
et espagnole : Iniciulbiiba, hacalJjûo,baccala\
Que ce soient les Cabot, ou bien les Cortcreal,
qui à leur retour firent connaître l'existence des
bancs de Terre-Neuve, il est certain que les pê-
cheurs bretons, normands, basques et portugais se
hâtèrent de les exploiter dés le commencement du
xvr' siècle", et qu'ils ne cessèrent d'y retourner
1 . Kahhdjoinw ou CuhUaincc, transpose en Badljaii, d'où 'Bacalbao et Baccak.
(M. le Prof. Kohi, Discoivry of Maine, p. 189, note, qui y voit un dérivé de
« bokh )., poisson.) Bi-Iche, bakbe, figure déjd comme nom de poisson sur un
registre de St-Gall de 1360, mais il désigne une sorte de saumon. Le supplé-
ment du Milh-l Dcutsches Wôrtevbtich de Schiller et Lubbler, Bremen, 1880,
cite des exemples de kibehii' et hahhlm de l'année 1381 .
2. <( 'Baccalariiis, haccallao, backljaiu, kabbljaiu dans la Bibliograplm critica por-
tugucza, Porto, 1875-75, t, I, p. 373-374. Pour Littré {Dict., art. Cabillaud),
Kiibdjaainc est un dérivé, par renversement, de bacailbaba, nom basque de
h morue, « d'où l'espagnol bacahio et le flamand hùkdjaw. » Selon Pedro
Martyr [iiifra, append. XV) ce serait un mot indien.
3. Lorsque John Rut arriva dans la baie de St-Jean, le 3 août 1527, il y
vit onze navires de pêche normands, un breton et deux portugais (Samuel
Purchas, His Tilgrimage, Lond., 1625, in-fol., t. V, p. 822}. Il faudrait
même lire « dnciu-nta naos castdianas i francesas, i portuguesas, » si la lettre
écrite par l'Audience de Hispaniola le 19 novembre 1527 (MS. de la collection
aiunoH, t. LXXVII, f. 19, citée par M. Duro, Ami de Noc, Madrid, i88r,
m-8, p. 316) se rapporte ;\ Rut et non à quelque autre capitaine anglai».
Cartier lui-même, lors de .son premier voyage, le 12 juin 1534, rencontra
uans la rivière St-Jacques (Baie des Rochers) « une grande Nave qui estoit
de la Rochelle, ., occupée A pêcher le saumon, {l^oyage de Jacques Cartier,
laris -Iross, 1865, p. 27, et MS.. fonds Moreau, 845, n- 5.) A peine Ro-
berval venait-il d'arriver au Canada, en 1541, qu'il dut réprimer « a quarrell
Micecne some of his coiintreymcii and certain Portugais. . (Hakluyt, P/Z/zf//-.
Nav,g.,x, III, p. 241.) v .^ ' l
w
76
JI-AN ET SfiRASTIEX CABOT
chaque année. Pour sécher ou saler le poisson, ces
hardis marins descendaient souvent à terre : de là
des stations ' qu'ils durent nommer et fixer sur des
cartes. Les profits des pêcheries amenèrent aussi la
formation de compagnies maritimes', qui, disposant
de plus grandes ressources, purent embarquer des
pilotes capables. Ceux-ci rapportèrent de ces régions
des épures dont les cartographes firent certainement
usage. Les plus cosmopolites et les plus instruits
étaient évidemment les Portugais', et c'est dans
leurs portulans qu'il huX chercher les descriptions
m II
I i
i
!!
M
1. Des Portugais de Viana coloiiiscrcnt mcmc, parait-il, le cap Breton dès
l'année i)2S. (Francisco de Souza, Tnilado das Jlbas \ovas, édition de M.
Ernesto do Canto, Ponta Delgada, 1H77, in-S", p. 5.) SirHuniplnev Gilbert
parle danciens établissements portugais à l'ile de Sable, sur les cistes de la
Nouvelle-tcosse, qui n'est sépatéederiledu cap Breton que par le détroit de
Canso.
2. Ces pays furent même concédés par le roi Manoel le 13 mars 1521 à
Joào Alvares Eagundes. La cédule fait allusion i une concession antéiieure
qui ferait remonter les explorations de Fagundes h plusieurs années aupara-
vant. On y relève aussi des noms, dont plusieurs se retrouvent dans les
cartes portugaises et lusitano-françaises : Buia d'ai;oaila [ïAiiorobagra de
Henri II ?) Sam Joam (Reinel, Ribeiro), Sam Pedro ^Reinel, RibeirO;, Sauta
Alla. Saiito Aiiloiiio (Salvat de Palcstrina, Ribeiro, Henri II, Caboti, Sam Pan-
taliain, Pitigoeme, Onze mil x'irgens (Viegas), Santa Cru: « que cslà 110 pt' Jo
banco » ^Cabot et la Stc-Cro.. de Vailard). Le texte de cette Carta de Doaaio a
été publié par M. E.-.\. de Bettencourt, Hiitoria dos Descohriineiitos... dos
Porlugueses em terras de uUramar, Lisboa, 1881, p. 132-135.
3. Voir les lettres-patentes octroyées par Henry VII le iqmars 1501 « acdilec-
lis tiobis Johanni Fernandiis. Francisco Feriiandus et Johanni Giinsohis, armis;eris
in Insulis de Stirrys (les Açores) suh obedieiicia Regî^i 'Porliigalia oriuiuUs » ( Biddle,
Memoir,^. 112) et l'histoire des Faleiro, de Magellan, des Reinel, de Estevam
Gomez, de Diego Homen, fixé i Venise, de Andréas Homo, fixé A Anvers,
etc.. etc.
f, M.\ \i\
JLAX ET SÉlUSriliN CABOT
/ 7
qui seules pcrmcltcnt au critique de préciser l'éten-
due des connaissances ^Géographiques au x\T siècle
concernant l'Amérique septentrionale.
Un curieux document de ce genre "est le portulan
de Gaspar \ legas ', cosmographe portugais. 11 est
date de 1534, ^'t, à ce titre, très intéressant, car c'est
1 année du premier voyage de Jacques Cartier Le
document cartographique le plus rapproché ■' de cet
atlas, parmi ceux qui sont aujourd'hui connus est
le beau planisphère apparemment dressé pour Fran-
çois l^"^ •, et dont nous reparlerons.
Bien que moins de dix ans se fussent écoulés
entre la confection du portulan de Vie.ns- et li
rédaction de la carte royale précitée, les'contours
dans cette dernière accusent un progrès aussi sou-
dain que considérable. L'île de Terre-Neuve est com-
plètement séparée du continent; le golfe et le fleuve
Saint-Laurent ,ycc les îles et les affluents sont
exactement a leur place, et l'île du cap Breton
s avance au nord en formant un promontoire très
nettement tracé.
C'est que dans l'intervalle il s'était passé un fiit
de la plus grande portée : Jacques Cartier avait par
trois lois exploré toutes ces régions.
I. Bibliothèque nationale de Paris, départ, des cirtes \o ,S--, i/ ,,
-, v^ . -^^^'i A, et notre Cartographie, iiifni.
cmc î°?,";'^'°'" r ^•^^"""^'- l'^'t'-'s de John Rot., daté do 154. „i h
3. Mappe„,onde dite de Henri II. Jon,ard, MonumntsJe luGéo,rr. N» XIX.
Il
1 .'i;
■ j :
1 «!« V
su
7S Ji;.\N LT SÉBASTIEN CAlîDT
Parti « du hablc et porct de Sainct-Malo le
vin£;tiesme jour d'Apuril Mil cinq cens trante
quatre, » Cartier atterrit le « dixiesme jour de May »
à Terre-Neuve par environ 48*^20', remonta jusqu'au
détroit de Belle-Isle, y entra et descendit en ran-
i^eant la côte jusqu'à la hauteur de l'île d'Anticosli.
il cingla alors droit à l'est, aborda à la pointe méri-
dionale de Terre-Neuve, revint à l'ouest vers la baie
des Chaleurs, la contourna jusqu'au littoral du
Canada qu'il suivit en ne s'arrétant qu'à Belle-Isle,
d'où il déboucha dans l'Atlantique « le quinziesme
jour d'Aoust » pour s'en retourner à Saint-Malo,
où il arriva « le V^' jour de Septembre » 1534.
L'année suivante, au cours de son second voyage,
Cartier fouilla presque toute l'étendue du golfe,
explora le Saguenay, le fleuve Saint-Laurent et la
rivière Saint-Charles. Au retour, le i^'"* avril 1535, il
releva une grande partie des îles dont le golfe est par-
semé, y compris, nécessairement, celle du Prince-
Edward, reconnut le nord de l'île du cap Breton, d'où
il passa à la côte sud-est de Terre-Neuve. Débou-
chant cette foi^. par le grand banc, il revint directe-
ment à Saint-Malo. Son voyage avait duré du « dix
neufiesme jour de May, en lan mil cmq cens trente
cinq » au 6' ou au 16 ' juillet 1536.
1. « TcUcniciit quo le vj'" iour do luilk't soninics arriucz au hablc de
Sainct Malo ». MS. 5614, f. 57 verso. L'édition donnée par Ponce RotVet
à Paris en 1545 (exemplaire de la biblioiliéquc de Rouen, fonds Montoret,
p. 545) porte aussi au verso du t'. 46: « le 9. iour de Juillet 1556 », date
qu'on retrouve également dans Kaniusio (RaaolUi, 156), t. III, 1". 41 5^
2. « Tellement que le sei/.iesme j"", de Juillet sonuues arriucz au hablc de
ji; w i:T siir.Asrmx caijot
>4i
79
:J
Notre description est empruntée aux rehuions
originales des deux voyages, d'après les manuscrits
contemporams conservés à la Bibliothèque nationale
de Paris '.
Ces documents sont probants puisqu'ils tracent
pour la première fois le parcours d'une exploration
complète et détaillée du golte Saint-Laurent ainsi que
des terres adjacentes. Jacques Cartier ust donc le
premier navigateur dont nous puissions accepter
tous les dires concernant ces régions, et en tirer
parti. Malheureusement, nulle description de côtes
n'est complète sans une carte, et il n'existe plus
depuis deux siècles de documents cartographiques
provenant directement du navigateur dieppois ou de
ses pilotes \
SauKtMalo ,,MSS 3O53, C >6 rcco, et 3S«9, f- 62 recto. Ccst ladatc nue
d.,nnc auss. Lescarbot : .. le .ci.ie.nc jour de luillet. .. ,,i//./. ,/. /, x, ,
/.™.;,l'ar>s. .6,2, p. 594.) Cette date du 16 paraît exacte, car Cartier n'a
pu «uere lane la traversée de la baie des Trép..ssés à St-Maio en dix-huit
jours Notons cependant que,i!ors de son premier voy.,ge, parti des parages
c Belle- sle le 1 5 août, .1 arriva à St-Malo, maigre des vents contraires, l
5 septembre suivant. vianes, le
se LaZ '; T'"'' • "T^"' ''"''' '^'"^^"'"' ^'° « • ' • '^'^-l'ontctto, et, pour le
"^>^; ^,^';^"-^"^-7' X" ''''■^' '''' "' ^'55, in-lolio. Cf. nos Nolpo.r
'/ •hsp.madjaccils, Pans, 1872, in-8, p. 2, sfj.
session'Ï' '''''''"" T""'" '' '•' "" ''" ^^''^ ^''^'^' '' '' '^°"vaient en la pos-
Mou d un nomn:e Cremeur « A certaine bookc mule in muur of a Sea du,
">uh .as Jra:^ne l,y ,1, ,,and of ,„y unck , -M is in ,I.poJsion of ,n el
Ï s ';\?'V', T^'J"^""^°'''^^'''-'^^""'"-'- J^- l-qu- Cartier,
|. f;-'
f
1 ,
80
JEAN 1; T SliBASTIEN CAIkVr
On peut cependant se représenter ces cartes, et
même les reconstruire dans leur ensemble par les
récits, qui sont à certains égards des routiers, et
aussi en intcrrotçeant les portulans contemporains
des explorations de Cartier.
M. Jomard possédait en 1842, un planisphère,
assurément le plus beau monument cartographique
du xv!*^ siècle qui nous soit parvenu. Non seulement
l'exécution artistique en est admirable, mais la préci-
sion relative des contours et l'abondance des ren-
seignements devaient surpasser tout ce que les
cartographes avaient produit jusqu'alors.
On l'appelle la mappemonde de Henri II; mais,
disent MM. Jomard et d'Avezac, « cette carte a été
reconnue, après examen, plus ancienne que le règne
de ce prince, et remonter à François I^'""; des indices
certains constatent qu'elle a été exécutée en l'an-
née 1542'. »
Lorsque après avoir examiné sucessivement les
cartes portugaises, espagnoles» et italiennes dressées
dans la première moitié du xvi^' siècle, le critique
s'arrête à cette mappemonde, il est frappé du grand
progrès accompli dans la connaissance des côtes de
l'Amérique septentrionale. S'il la compare à la carte
cabotiennc de 1544, la ressemblance qui existe entre
les délinéations du Nouveau-Monde dans ces deux
cartes, ne laisse pas non plus de le surprendre. L'une
! m
I. Monuments de ki Gcop-apliie. Sommaire et planche XIX, Bulletin de
l'Académie des Inscrip. et 'Belles-Lettres, pour août 1867.
' Il Ml
ji-AN i;r si'BAsriiiN cahot
8t
Cl l'autre divisent encore 'rerre-Xeiive en segments,
erreur qu'explique la tradition, si persistante en carto-
graphie, et les échancrures extrènienient profondes
de cette île, dont le caractère exact ne pouvait être
déterminé qu'après un relèvement minutieux de
toute la côte; mais l'île est absolument détachée de
la terre ferme. Le golfe Saint-Laurent dans tous ses
contours, avec la Gaspésie, la baie des Chaleurs, le
canal de Northumberland, la péninsule de l'île du
Cap-Hreton, s'y trouvent nettement définis. Le fleuve
Saint-Laurent et l'île d'Anticosti sont en outre iden-
tiques dans les deux cartes, les premières qui con-
tiennent des renseignements aussi détaillés.
Si ces tracés, dans la carte de Cabot, provenaient
de ses propres explorations en 1497 ou depuis, on
retrouverait des délinèations équivalentes dans les
portulans dressés en Espagne et même en Portugal
avant l'année 1544, date de la carte cabotienne. Or,
c'est dans la mappemonde dite de Henri II que ces
lignes se voient pour la première fois, et, comme
elles répètent et confirment les descriptions authen-
tiques des voyages de Jacques Cartier, c'est parmi
les cartes françaises qu'il faut chercher le prototype
du planisphère de 1544.
11 est évident qu'à une époque où l'Espagne ne
cessait de revendiquer tous ces pays', un pilote
I. Bucliiiigliam Sniitli, Cokaicii ilc unies iIoiiiiiuiiIm pnia lu hiskwia de h
l'Ioridii y linriis iidyamilfs, Madrid, 1S57, in-.}0;t. I (sculpublicK Voir aussi
l'intcrcssaiu passage de la Cosmographie avec cspcrc et régime du Soleil el du
Xcrd, rédigcc par Jclian Alfonce et Paulin Sccalart, « pour faire service au
f.W^
' Il
M
83
Il AN i;i Sl'HASTII-N CADin
major de C.luirlcs-Q.iiint aurait été mal venu à recon-
naître le bien tonde des prétentions de la l-rance, en
conservant sur une carte espagnole des appellations
absolument iVansaises. l'ar exemple, la partie de
rOcéan Atlantique qui baij^ne les côtes du Canada
ne pouvait continuer à être qualifiée de Mer de Iriincc,
et ainsi des autres noms. Aussi remarque-t-on sur
la carte de Cabot un certain nombre de désij^nations
nouvelles et uniques '. il y en a d'autres qui ne sont
que des noms Iran^'ais défigurés dont on paraît avoir
ignoré l'origine, et parmi ceux-ci, nous distinguons
en première ligne des appellations provenant directe-
ment de Cartier : -< lu (}i,ui île i^olosnie, » pour lac d'An-
gouléme, ^(.golosiiic ' », pour Angoulénie, et le « Rio de
S. ijiiciuiin, » évidemment la rivière du Saguenay,
noms placés tous aux lieux mêmes où on les lit sur
le planisphère dit de Henri il.
list-ce à dire que Cabot a copié directement ce
document? Non, assurément.
Au xvi^' siècle, les cartes marines ne s'exécutaient
pas de toutes pièces.' ]:lles n'étaient, à proprement
roy, » en i)4|-i5|j ,.MS. Bibliot. nationale de Paris, Tonds français n" 676,
in-l'ol. : « Le roy d'iispaignc et le roy de Portugal ont iaict partaige de
l'universel... etc. n
1. Kohi, DMiimciilttiy Ilistory 0) Maine, p. 365.
2. On trouve cette de'iioniination d'Angoulènie [Ath^iiilemc et Aiigoiiksme)
dans la carte de .Maggiolo de 1527, et dans celle de Cjastaldi ; mais il est
donné i\ une localité du littoral de l'Atlantique, tandis que dans la carte de
Chabot, conuiic dans celles de Henri II et de Vallard, de Dieppe, on ne voit
ce nom que sur le lleuve Saint-Laurent, en amont même delà ville de Q.ué-
bec d'aujourd'hui.
JKAN ET Si;HASriI'\ CAlKVr
«J
parler, i]Uc des éditions revues, remaniées, et plus
ou moins complétées de cartes antérieures, mais
sans que les modifications portassent jamais sur de
i;rands espaces. C'est pour cette raison qu'on voit
figurer pendant si lont;temps des reliions, des îles
et des noms absolument imaginaires, à proximité
même de pays soigneusement explorés'. La carte
royale ne représente donc que le point culminant
de la science géographique vers l'an 1 345.
Alors, comme maintenant, les pilotes de tous les
pays échangeaient volontiers entre eux des relevés
de positions et de côtes. De retour dans leur pays,
ils les communiquaient à des cartographes de pro-
fession, quand ils n'étaient pas eux-mêmes capables
de dresser un portulan, ce qui était rare. Ces docu-
ments de qualités diverses devaient être très recher-
chés dans les grands ports de mer ; on comprend
facilement que Cabot s'en soit procuré qui pouvaient
provenir des pilotes de Jacques Cartier et de Rober-
vaP, ou même des nombreux patrons de pêche
normands et bretons lesquels, depuis les expjditions
de Jehan Denys, de Thomas Auberl et du baron de
1. On retrouve eiKoro l'ik' Jcs Si-lc ciinliulcs Jans le plaiiispliéiv île Il'.nry
II, et celle lies Stft citez sur l.i carte Je Mercator lie 1 569.
2. 11 résulte d'un ilocuineiit de l.i collection M'jfioz (t. I.XXXIH, fol. 2ik)
citép.ir M. Duro (.l/va i/i' KiV, p. 316;, qu'à la suite du deuxième voy.ige de
Jacques Cartier, Charles Quint envoya une caravelle au pays des Bacallaos
afm de connaître l'étendue de l'exploration accomplie par le navij^ateur fran-
çais : « En carlA diii.^i,la por c/ Embajador en Portugal al Cowendadcr inayor de
Caslilhi d mismo ai'io de li^i, ctienta que ha recibido relicion de una carabclla
que cl Empciador inundj à L>s bacalUos para inqnirir adviidc fiic Cartier. »
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(716) 872-4503
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84
JEAN LT SÉBASTIEN CABOT
Léry n'avaient cessé, comme nous l'avons déjcà dit,
de fréquenter ces parages.
Nous croyons cependant que Sébastien Cabot a
fait sa mappemonde sur un modèle portugais imité
d'une carte française très voisine par la date et
l'exécution du célèbre planisphère de Henri II.
La conclusion que nous tirons de ce rapproche-
ment, c'est que les éléments géographiques qui ont
servi à construire la mappemonde cabotienne, sont
d'un demi -siècle postérieurs à la découverte du La-
brador, et qu'ils ne proviennent ni de Jean Cabot,
ni de son fils Sébastien. Ce dernier, en 1544, fai-
sant œuvre à son tour de cartographe, a emprunté
ses principales données à une carte française ou
portugaise, et, approximativement, de mémoire, il
a fixé son atterrage de 1497 ^^^^ ^" point quel-
conque du promontoire de l'île du Cap-Breton,
dont jusque-là il n'avait probablement qu'une vague
idée.
Si notre théorie est exacte, le lecteur se rendra
compte du peu de garantie qu'offre un point d'atter-
rissement établi dans ces conditions, et combien
peuvent être contestables les contours qui servent
de base à une approximation aussi tardive. Et si l'on
ajoute que la carte elle-même n'est pas l'œuvre
directe de Cabot, mais une planche gravée en
Allemagne ou dans les Pays-Bas, loin de ses yeux
et de son contrôle, pour un éditeur qui de son chef
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT «5
a ajoute aux légendes espagnoles des traductions
latines inexactes et ampoulées ', le critique est en
droit de se demander s'il peut faire grand fond sur
ce trop fiimcux planisphère.
La légende rédigée en espagnol et portant le N" 8
seule (sauf en ce qui concerne la date de 1494)
échappe a nos critiques. Le lecteur cependant remar-
quera quil en ressort ce simple fhit, que le 24 juin
1497, Jean Cabot et son fils Sébastien découvrirent
une terre, et, le même jour, une île qui en était
voisine.
Selon la carte attribuée à Sébastien Cabot cette
terre serait le promontoire du Cap-Breton, et l'île
adjacente celle du Prince-Edward.
Mais un doute nouveau s'élève dans notre esprit
tst-ce bien à l'île du Cap-Breton qu'il faut défini-
tivement placer kprima vista des Cabot en 1497?
Si l'on s'en tient aux délinéations de la carte de
1544, Il n'y a pas â hésiter, et le critique doit
repondre affirmativement.
La carte. Je lecteur doit se le rappeler, est accompa-
gnée d une note explicative où il est dit qu'après avoir
atterri le 24 juin. Cabot découvrit le même jour une
J- "C,m docte tu,,, fidcliUr, „a,nffalo,ûe CJmU i„star descr!',sit Gcc.rr,
J ap,opte, mefidadoct,ss„„asquemagistra... ,. Légende 17.
J
86
JEAN ET SEBASTIEN CABOT
II
1
r'.
1 j:|
grande île voisine de la terre qualifiée par ce naviga-
teur de « priiiM ticrra vistiï. »
Les îles à proximité de cette terre, lorsqu'on
s'avance du cap Percé pour entrer dans le golfe Saint-
Laurent sont, d'abord, une très petite île, Saint-Paul,
à l'extrémité du cap North, puis, après avoir doublé
ce cap, les îles du groupe de la Madeleine, toutes de
peu d'étendue, enfin, au sud de ces îlots, la grande
île du Prince-Edward.
Les îles Saint-Paul et de la Madeleine sont beau-
coup trop petites pour qu'aucune d'elles puisse avoir
été qualifiée par Cabot de « Isla grande. » L'île du
Prince-Edward seule, dans ces parages, mérite ce
nom, car elle est d'une superficie d'au moins 563,183
hectares.
La grande île nommée par Cabot « Saut loan » est
donc, selon la carte, l'île du Prince-Edward.
Quelle que soit la configuration réelle de l'île du
Cap-Breton et du littoral adjacent, nous sommes liés
par les assertions cartographiques de Cabot. O;, dans
le planisphère de 1344, c'est à l'extrémité nord-est
de l'île du Cap-Breton, sur le rivage même de l'Atlan-
tique, en un lieu correspondant à celui appelé au-
jourd'hui le cap Percé, et non à l'intérieur du golfe
Saint-Laurent, que se lit la ûuneuse phrase : « prima
ticrra vista. »
La carte porte aussi que Cabot vit cette première
terre le matin : « por la mannana, » et qu'il découvrit
le même jour : « d mismo dia, » une grande île,
JEAN ET SÉBASTIEN CAROT
87
laquelle selon les données cartographîqucs que
nous analysons, est l'île du Prince-Edward.
Le 24 juin 1497, à la latitude du cap Percé le
so e,l se leva à 4 heures du matin et il se coucha à
8 heures du soir. Cabot a donc forcément franchi la
distance qui sépare le cap Percé de l'île du Princc-
bdward, en seize heures au plus.
Du cap Percé au cap Est, qui est le premier point
de hle du Prince-Edward en vue quand on arrive
du nord-est, il y a cent vingt-neuf milles marins
Il nous paraît matériellement impossible que les
Labot a une époque aussi reculée, aient pu franchir
ces^cent vingt-neuf milles en moins de seize heures'
On ne possède pas de description précise du
bâtiment que montaient ces navigateurs dans ce mé-
morable voyage. Nous savons seulement qu'il était
de dimensions restreintes : « „no picolo mvigUo «
ne portant que dix-huit hommes : « c mm XVIII
penom se pose a la jortum\ « Ce n'était donc qu'une
sorte de petite caravelle à voilure légère; autrement
un équipage aussi peu nombreux que l'était celui des
(^abot, après déflilcation des personnes qui n'avaient
pas a ferler les voiles, n'eût pu la manœuvrer
La marche du petit navire, conséquemment, était
peu rapide. Nous pouvons même la déterminer
1. La traduction latine de la légende espagnole dit même que ce fut \
.nq heuresdu matin : „ l,ora 5. Sul, dilncuh ., ce qui enLe encore un
seizième du temps à notre calcul.
2. Lettre de Pasqualigo, Append. VIII.
'il
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- i
88
JHAN ET snnASTIEN CABOT
Parti de Bristol au commencement de mai, —
mettons le 6, — Jean Cabot atterrit le 24 juin, soit
une traversée de quarante-neuf jours. La distance
de Bristol au cap Percé est égale à 2,243 miH^'^
marins. La traversée a donc été d'une moyenne de
45 à 46 milles par jour; ce qui donne moins de deux
nœuds à l'heure.
Comment Cabot aurait-il pu franchir cette dis-
tance du cap Percé à l'île du Prince -Edward, cent
vingt-neuf milles, entre le lever et le coucher du
soleil, quand son navire ne comportait qu'une marche
maximum de trente-deux milles pour seize heures ?
Les difficultés de navigation étaient même, au 24
juin, beaucoup plus grandes qu'auparavant. Cabot, à
cette date, ne se trouvait pas en pleine mer où, ne
craignant guère les récifs et les bas-fonds, son navire
pouvait évoluer à l'aise et obéir, autant que sa légère
voilure le lui permettait, à l'impulsion d'un vent
fiivorable. Ici, dans les parages du cap Breton, il était
en vue d'une terre absolument inconnue, longeant
des côtes profondément dentelées, dans des eaux
exigeant de fréquents sondages. Il avait aussi à lutter
contre de forts courants, et cependant, c'est malgré
ces obstacles, alors que son navire pendant quarante-
huit jours lui avait à peine donné deux milles à
l'heure, que tout à coup, prenant des ailes, il aurait
quadruplé sa marche ?
Nous hésitons à admettre ce phénomène.
Ces raisons ne sont pas les seules qu'on puisse
JEAN ET SEBASTIEN CABOT „j
alléguer contre l'authenticité d'une découverte qu'au-
raient accomplie les Cabot en ce lieu même au cours
de leur premier voyage.
Plusieurs cartc-s officielles dressées par les propres
collègues de Sebastien Cabot antérieurement â son
départ définitif dhspagne, indiquent les découvertes
des Anglais au nord-ouest.
Or. par le mot Ingleses apposé dans les parages de
1 Amérique septentrionale sur toute carte des pre-
mières vingt-cinq années du xvi^" siècle, il f^mt enten-
dre es Cabot, surtout lorsque, comme dans le pla-
nisphère de Ribeiro conservé au Vatican, on y voit
ajoutée la spécification : « ,/, Bristol '. » II n'y a pas en
effet, hormis les expéditions cabotiennes, de vov^ae
accompli pour le compte de l'Angleterre autre que
celui de la Mary Guilford et du Samotu hix par John
Kut, qui ait laissé des traces, et ce voyage est de
1 année 1527. j ^ ^y.
Sébastien Cabot a eu forcément connaissance du
iieu ou leç cosmographes portugais et espagnols
n ont jamais cessé de placer les découvertes des
Angais, .c est-à-dire les siennes propres. Il avait
qualité pour corriger les erreurs cartographiques des
pilotes espagnols, lesquels ne pouvaient naviguer
au Nouveau-Monde sans avoir subi les examens
qu II leur imposait comme pilote major. Le Padroti
I. R. Thomassy. Les Papes géographes, Paris, 1852, i„-8. p. m.
90
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Î!^ |u
f
f ;
Real' était aussi dans les attributions de Cabot, lequel
flnsait partie de droit des commissions de cosmo-
graphes nommées à l'effet de reviser les cartes ma-
rines et d'y ajouter les pays nouvellement décou-
verts ; enfin, c'est lui qui gardait sous clef toutes
les cartes de l'hydrographie espagnole '. Il a donc
connu les planisphères dressés à Séville. Comment
se fait -il, alors, que les découvertes attribuées aux
Anglais par les cartographes qui travaillaient sous
ses ordres et sous ses yeux, ne soient pas placées
dans les parages de l'île du Cap-Breton, puisque Cabot
lui-même affirme que c'est bien là, à l'entrée du
golfe Saint-Laurent et â l'île du Cap-Breton que lui et
son père sont venus atterrir? Pourquoi cette terre
des Bacallaos qu'il déclare sienne, en vertu d'une
découverte accomplie trente ans auparavant, est-elle
octroyée aux Cortereal par tous les cartographes,
même après Mercator, tandis que les découvertes
des Anglais ou des Cabot sont reléguées au pays
des Esquimaux ?
Il n'y avait aucune raison politique pour dissimuler
la part qui revenait à l'Angleterre dans les expéditions
transatlantiques. Ni les Portugais ni les Espagnols
n'étaient en guerre avec Henry VIII. Les deux bulles
d'Alexandre VI ne pouvaient non plus être une
il
1. Voir pour le détail des attributions du pilote major et le caractère de ce
Piidron Real, la cédule nommant Americ Vcspuce d ces fonctions, le 6 août
1508. Navarrete, t. III, p. 299.
2. Veitia Linagc, Nortedela Conlralacion, lib. II, cap. XI, p. 146.
1 I
fll'i
■•y\ !
JHAN ET SÉBASTIEN CAHOT 5,
raison, car à l'endroit mC-mc où Sébastien Cabot
marque son atterrissage et où son pure aurait planté
les bannières de saint George et de saint Marc le
premier nom qui saute aux yeux, c'est celui de
« Tnrra de los Birloiics. » Les Portugais et les Espa-
gnols pouvaient donc tout aussi bien inscrire à la
place : « Ticmi de los IngJcscs, » d'autant plus qu'à
1 époque où Reinél, Ribeiro et Chaves dessinaient
des cartes pour Charles-Quint, ce monarque guer-
royait avec François I-, roi de France et, jus-
qu en 1532, duc de Bretagne.
II est aussi digne de remarque que les Portugais,
les Espagnols et les Italiens n'étaient pas seuls à placer
au Labrador l'atterrissage des Anglais. Ces derniers
qui, certes, devaient être exactement informés, fixent
eux-mêmes comme lieu de leurs premières décou-
vertes transatlantiques une terre plus boréale de dix
degrés que l'île du Cap-Breton. Hakluvt en a publié
les preuves documentaires.
^ Robert Thorne, de Bristol, riche négociant établi
a beville, croyant à l'existence d'un passage au nord-
ouest, fit, en 1527, des démarches pour enga-er
Henry VIII à tenter une nouvelle entreprise. A cet
eftet il adressa à son souverain une lettre ' et à
Edward Leigh, ambassadeur d'Angleterre auprès de
T
i'
9a
JEAN ET Sl'BASTIIiN CABOT
I ii
'|i il
I
Charlcs-Quint, un mémoire et une carte ' de la partie
septentrionale du nouveau continent.
Dans le mémoire, Thorne rapporte que son père
fut un de ceux « qui découvrirent Terre-Neuve [alors
considérée comme terre-ferme], en compagnie d'un
autre marchand de Bristol, appelé Hugh Eliot '. »
On trouve, en effet, un Hugh Eliot parmi les con-
cessionnaires des lettres-patentes octroyées par
Henry VII au mois de décembre 1502, pour un
voyage dans ces régions '. Le pérc de Thorne avait
donc visité la côte septentrionale du Nouveau-Monde
vers l'année 1503.
Thorne dit, en outre, que les pays découverts à
cette époque par ses compatriotes constituaient le
prolongement extrême des terres nouvelles au nord,
et qu'elles étaient ce que les Espagnols appellent :
« Terra de Labrador ''. » Puis, lorsque le lecteur se re-
porte à la carte même, il y relève, sur l'emplacement
qui correspond aux lieux ainsi dénommés dans les
planisphères sévillans de 1527 et 1529 dits de Wci-
mar, la légende : « Noua terra laharatonnn dicta, » et
1 . The Booke mude hy the Righi U'orshipfuU Masier %obert Thorne in the
yeere iS2j, in Siiiil ; Ibidem. La carte ne se trouve que dans les Divers
voyages, mais elle a itù reproduite en fac-similé dans la réimpression de
la Société Hakluy tienne, en 1850.
2. « This désire of this discoHcrie I inheriledof myfather, ivhich with anolher
merchant of Bristoive, nanied Hugh Eliot, were the discouercrs 0/ the neive jound
lands. » Hakluyt, Trincip, Navig., 1. 1, p. 219.
3. Rymer, Fœdera, t.. V, pars IV, p. 186; Kohi, Docimentary History of
Maine, p. 186.
4. Divers voyages, p. 38 de la réimpression.
JHAN ET SÙHASTII'X CAHOT 9}
sur les ondes qui baignent toute cette côte: « Tcryi iicc
iih Aiii^lis priiiiiiiii fiiil iiiiiciilii. »
'Hiorne était ani^lais de naissance, vivant à Séville,
forcément en compagnie de Sébastien Cabot ', son
compatriote par adoption; ses lettres témoignent
d'une grande connaissance du sujet; il tenait ses ren-
seignements de son pérc, citoyen de Bristol, témoin
du départ et du retour de la première expédition de
Jean Cabot, et qui, moins de cinq ans après, explora
en personne les régions découvertes par ce dernier. Où
trouver un témoignage présentant plus d'éléments de
certitude? Or, Robert Thorne, on vient de le voir,
dans un mémoire et sur une carte qui devaient passer
sous les yeux de son roi, détermine la position des
terres trouvées par ses compatriotes. Il les place à
l'extrême nord du nouveau continent, et il les identi-
fie explicitement avec le pays qu'en- Espagne on appe-
lait le Labrador '. Si, maintenant le lecteur daigne jeter
les yeux sur les cartes de Weimar, lesquelles sont
contemporaines du mémoire de Thorne et également
datées de Séville, il verra que pour les Espagnols,
en 1527, le Labrador ou « licrra que dcsciibneron Jos
1. Thorne adjoignit niâiie à Cabot deux Anglais pour se rendre compte dts
découvertes que ce dernier devait faire lors de l'expédition à la Plata. Report
of a voyage of tivo Eiiglisbmen in the company of Sébastian Cabota in apiil IJ27,
taken ont of the information of Mr. Robert Thorue, Hakluvt, t. III, p. 727.
2. <i Which mayne laml or coast gocth Norllnvarde and finishelh in the lande
Ihiit lire fournie, xuhich is called heere. Terra de Labrador. » Loc. cit., t. I,
p. 216.
ir-
i' I
94
JEAN ET StfiASTlEN CABOT
Inglescs, » n'est pas l'île du Qp-Hrcton, mais bien
une c(3ntrée située ili\ degrés plus au nord.
Ces données trouvent une ccMifirmation, assez
inattendue, dans les propres assertions de Sébastien
Cabot, recueillies de ses lèvres mêmes ' par un témoin
digne de foi, et qui était son ami.
« Ces régions, dit Richard Hden, sont nommées
Terra l'hrida et Rc^io BiiccitJùinim ou Baahiûïos, au
sujet desquelles vous pouvez lire quelques détails
dans la relation du voyage de ce digne vieillard, en-
core vivant, Sébastien Cabote, au livre VI de la troi-
sième Décade '. iMais Cabote n'a atterri qu'à l'c.xlrc-
inilc^ scpkiilrionalc et la partie la plus sauvage, d'où
l!
■ &
i
l4
I
1. Le passage en question se trouve dans l'ouvrage où, A plusieurs reprises,
Edcn rapporte des paroles qu'il dit tenir de Sébastien Cabot i< liimsclje. »
Supra, page 37, note 2.
2. Eden (ait allusion à sa traduction des Décides de Pedro Martyr, dont
nous donnons le texte latin de la partie qui se rapporte i Sébastien Cabot,
dans notre appendice XIX,
3 <( Thcse régions are caiiled Tara l'IorUla and Ri'^io'Uaccalearum or Bacchal-
laos oj the luhicb yoii may reade sumu'hat in this hoohe in tlv vyai;i' oj ll.v nvor-
Ihy Oîi'Wc niait yet lyuing Scbastiane Cabale, tu the FI. booh oj the Ihynk Décade,
But Cabote touched onUj in the mrth corner and mosl barbarous parte hereof,
front rchensc he icas repuhcd with Ise in the moncth of Jiily ». The Décades ofthe
New WorUe icritten in Latin by Peter Martyr of Angleria, and translated iiito
Eiiglysshe by Rycharde Edcn ; Lond. 1555, in-4 ; préface, sign. Ci. Connue
le dit justement M. J. Carson Brevoort, ce curieux passage, qu'il a le pre-
mier signalé (Verrazaiio the Navigator, New-York, 1874. in-8, p. 76), a
l'apparence d'une glose dictée par Cabot pour expliquer le sens des asser-
tions de Pedro Martyr, que Eden traduisait alors en Angleterre, probable-
ment sous les yeux du vieux navigateur.
Le texte porte : a corner » , mot qui est employé dans le sens d' « an-
gle », mais aussi dans celui d' « extrémité » : « Corner. The end, cxtreinity,
or limit. » Webster, 'Diclionary, 1849, '"--1- p. 267, sur l'autorité de la
Bible anglaise dite Version du roi Jacques.
fEAN liT SliBASTIUN CABOT „
il fut repousse par les -laces au mois de juillet. ..
Nous reconnaissons qu'après avoir pesé ces argu-
ments, le lecteur est fondé â se demander quel pou-
vait être rmtérét de Sébastien Cabot à placer son
point d'atterrissacrc au cap Percé plutôt qu'au La-
brador, SI c'est véritablement sur la côte de ce dernier
pays qu'il aborda. Les manifestations de la vanité
iuimame sont multiples. Ce n'est peut-être qu'une
question d'amour-propre. Cabot aura préféré passer
pour avoir découvert un pays que la France cherchait
alors à coloniser, et de riches pêcheries qui depuis
quarante ans attiraient les navires de toutes les
nations du littoral de l'Atlantique, plutôt que ces
terres désolées où, selon le jan-age des cosmo-ra-
phcs espa<,mols et portugais, il n'y avait rien qui
vaille : « nctda de provccbo '. »
lin résumé, le peu de durée du premier voyage
des Cabot, l'impossibilité de circonscrire leur décou-
verte dans les termes qu'emploie Sébastien, l'époque
tardive où il réclame l'île du Cap-Breton pour sa
pnimt visfd, quand pendant trente ans, avec son
concours, ses compagnons de chaque jour, ses con-
reres et ses élèves, fixent quinze degrés plus au nord
le heu où, selon leurs données, il aurait abordé
détermination qu'adoptent les cartes marines de tous
1. « Xo c,y en ellu cosa de provccbo .., planispIiOrc de Diego Ribciio, et c
de Alonso Cliaves d après la description d'Oviedo.
irte
|H^4
! i !,
h'
!
96
JEAN HT SÉBASTIEN CABOT
les peuples, avant, pendant et après la confection du
planisphère de 1544, tout cela constitue un ensemble
de raisons dont le critique doit tenir compte.
11 est donc possible que, malgré ses assertions,
Cabot ait atterri en 1497, non à l'île du Cap-Breton,
mais sur la côte du Labrador. Il était même dans la
nature des choses que, partis de Bristol, les Cabot
vinssent y aborder, plutôt qu'à l'entrée du golfe Saint-
Laurent. Mais ceci n'est qu'une hypothèse, qui appelle
l'attention sans que l'historien puisse cependant es-
pérer résoudre la question avec les documents aujour-
d'hui connus.
1 ,f
iii
IX
ELON la carte de 1544, c'est à l'île du
1 rince -Edward que le 21 juin 1497
nous aurions laissé les Cabot. Quelles
terres cxplorêrent-ils avant de revenir
en An^Ieterrep Lorenzo Pasqualigo dit qu'au re-
our Jean Cabot reconnut a sa droite deux îles : a ,
oUoniar al dreto a visto do ixoh, » Ce sont les seuls
renseignements que nous possédions.
Si l'on accepte la position de la petite flotte de
Cabot au moment où, de l'île du Prince-Edward elle
se prépare a continuer son périple, c'est-à-dire la
proue tournée du côté de l'ouest, les seules îles no-
tables que Cabot ait pu voir à sa droite sont Anti-
costi et Terre-Neuve. Dans ce cas, il côtoya la
Gaspesic, atteignit les côtes du Bas-Canada et vint
déboucher dans l'Atlantique par le détroit de Belle-
Si telle avait été la route suivie par Cabot, Terre-
Wcuve n aurait pas continué à figurer comme terre
I n
98 JHAN ET SÉBASTIEN CABOT
ferme sur toutes les cartes sans exceptions, pendant
quarante ans encore!
Ce navigateur n'a pas eu non plus assez de temps
pour une exploration aussi étendue. Il lui fallut du
commencement de mai au 24 juin pour arriver du
port de Bristol aux parages du cap Percé, soit qua-
rante-neuf jours. Dans l'hypothèse où, porté par les
vents d'ouest et le Gulf-Stream, son « piccoîo navi-
gUo )) franchit au retour cette distance en gagnant un
tiers du temps employé pour accomplir le voyage
d'aller, comme Cabot était déjà à Londres pendant
la première semaine d'août 1497, i^ aurait exploré
tout le golfe Saint-Laurent, contourné un nombre
infini de petits caps et traversé le détroit de Belle-Isle
aux abords si dangereux, en moins de douze jours.
Ce n'est guère probable. Que penser aussi des récits
et des commentaires qui, non satisfaits d'une navi-
gation aussi étendue, font en outre remonter Cabot,
au cours de ce même voyage, jusqu'à la baie de
Hudson et descendre jusqu'aux Florides?
Si, au contraire, nous plaçons l'atterrissage sur le
littoral du Labrador, on s'explique qu'après avoir fliit
une brève tentative dans la direction du détroit de
Davis, Cabot, ne trouvant rien' qui vaille : « 110 cosa
de provecho, » ait viré de bord. En suivant la côte
orientale de Terre-Neuve, il a pu alors voir des îles à
tribord, telles que Grouais, Belle-Isle bis, Fogo et
l'archipel de Bonavista.
JEAN ET SÉBASTIIiN CABOT 99
En résumé, les documents que nous connaissons
ne sont pas assez précis pour déterminer le périple
des Cabot en 1497. Le critique se trouve réduit à
forger des hypothèses sur ce que Sébastien a raconté
ou voulu fliire croire, bien que dans ses récits (tels
qu'ils nous sont parvenus) il y ait évidemment con-
fusion entre plusieurs voyages, et que les résultats de
deux ou de trois expéditions soient présentés comme
devant se rapporter au seul voyage de 1497.
Or, si nous en croyons les paroles que l'Anonyme
de Ramusio attribue à Sébastien Cabot, ce dernier
serait allé sans son père, en 1496, directement de
Bristol jusqu'à l'île du Cap-Breton. Traversant le
golfe Saint-Laurent, il aurait atteint les côtes du
Labrador, traversé le détroit de Belle-Isle et rangé le
littoral jusqu'au 56^ degré ', ou jusqu'au 60'^ degré-,
voire jusqu'au ôy-' degré 30' ' de latitude nord :
« a gradi 6"] d mc'i^o, soiio il nosiro polo. » C'est-à-dire
qu'il aurait longé le détroit de Davis jusqu'à la mer
de Baffin. Revenant sur ses pas, Cabot, suivant la
côte dans la direction du sud, aurait atteint la Floride,
entre les 30*^ et 26"^ degrés de latitude. De ce point,
cinglant à travers l'Atlantique, il serait revenu direc-
tement à Bristol.
Et afin qu'on ne puisse se méprendre sur l'époque
et la durée de ce voyage extraordinaire, achevé en
1. Ramusio, 1550, t. I, f. 415.
2. Idtm, 1565, t. III. f. 417.
3. Idem, t. III, verso de Aiiij.
f i;
I.
I:
icb
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
i:;i!
trois mois, Cabot ajoute qu'il débarqua en Angleterre
lorsque la guerre sévissait entre ce pays et l'Ecosse,
ce qui nous reporte à l'automne de 1497 '• ^^ ajoute
même, qu'en conséquence, on ne s'occupa plus de
voyages dans ces régions « ne pin cra in considerationc
alcuna il mvigare a qncsto parte, » et que ce fut la cause
de son émigration en Espagne et du bon accueil que
lui fit la reine de Castille.
Cette partie du récit est aussi peu exacte que
l'autre. Il y eut certainement d'autres voyages sous
pavillon anglais au nord-ouest. Les lettres-patentes
des 3 février 1498, 19 mars 1501 et 9 décembre
1502, établissent que Henry VII était loin d'avoir
abandonné ses visées sur les Terres Nouvelles.
D'autre part, la Chronique de Fabyan, rapportée par
Stow, en nous montrant Sébastien Cabot revenant
lui-même dans l'année 1502 des « Newfound Ihndcs
before namcd in anno 1498, » prouve aussi que ces
projets furent suivis d'effet. Enfin, ce n'est que
quinze ans après, en 15 12, que Sébastien Cabot se
mit à la solde, non d'Isabelle la Catholique, puis-
qu'elle était morte depuis 1504, mais de Ferdinand
d'Aragon.
1. La bataille de Blackheath est du 22 juin 1497, et la trêve entre Jatiies
et Henry, amenée par l'entremise de Pedro de Ayala, est du 1 3 décembre
suivant.
X
I A nouvelle que Cabot avait enfin trouvé
l'île du Brasil, les Sept-Cités et le
royaume du Grand Khan, produisit en
Angleterre une très vive impression :
« Calbot 0/0 porte le titre de grand amiral, on lui
rend les plus grands honneurs, il est vêtu de soie
et les Anglais courent après lui comme des fous, „'
écrit Pasquahgo '.
Henry VII, satisfait du résultat, promit à Cabot
de lui équiper une flotte de dix navires pour le
printemps suivant. Selon Raimondo di Soncino
1 expédition devait se composer de quinze à vingj
bâtiments. Les nouvelles lettres-patentes que le roi
accorda a Jean Cabot, n'autorisent que l'envoi de six
navires, du port de 200 tonneaux et aux frais du con-
cessionnaire : « payng for theym and mry of theym
as and ifzue should in or for our aiuen cause paye and
'.Appendice VIII.
I
102
JEAN ET Sl-BASTIEN CABOT
mon othenuise. » Aussi ne croyons-nous pas, malgré
l'expression employée par Puebhi et Ayala ', que les
cinq navires furent expédiés aux frais de Henry VII,
dont l'avarice était notoire.
A l'inverse de la première expédition, celle-ci
partit peu de temps après la concession des lettres-
patentes, lesquelles furent octroyées le 3 février
1498. Le registre des dépenses privées de Henry VII
mentionne de petites avances faites à des Anglais
qui se rendaient à la « Nouvelle Terre » et à la
« Nouvelle Ile '. » Ces émargements sont des 22
mars et i'-"'' avril 1498.
Pedro de Ayala, dans sa dépêche du 25 juillet
1498, rappelle le voyage accompli l'année précé-
dente : « cl aho pctssado Je tnixo certen'nlad que hctvian
hciUado iierrn, » et parlant ensuite de celui-ci, il ajoute
qu'on espère le retour des voyageurs pour septembre
1498 : icspcrase scran vciiidos para el Scticinbre. »
Un des navires, battu par la tempête, fut obligé
de revenir chercher un refuge dans un port d'Irlande \
'
1. a El Reyde liighterra emhio cinco mos » ; Append. XII et XIII.
2. « Henry VII, 1498, March 22, To Lanslot Thirkill of London, vpon a
Prestfor his shipp going toimrds the netv Ilaiide, L, 20. — Item deUvered
to Laiincelot Thirldll goiug towards the neivlle in Trest, L. 20. — April I. Item
to Thomas Bradley and Louncehl Thirkill goiug to the new Isle, L. }o. — To
John Carter going to the newe Hein reivari 40, /. » Excerpla Ilistorica, Lon-
don. 185 1, in-8, p. 116, 117.
3. (( Ha venidonueva,la iinaen que ivaun otro Fa/ (sic ^roFray?) Btiil aporto
en Irlandacon grau tormeuto rotto el navio. » Appendice XIII. Quel peut être
cet homonyme du f;imeux moine catalan qui le premier célébra la messe au
Nouveau-Monde en 1494, ou bien ne serait-ce que le même Bernardo Buïl ?
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
103
C'est tout ce qu'on sait de ce voyage. Nul ne
peut dire quand Cabot revint en Angleterre, ni quels
furent les résultats de cette seconde expédition, —
la dernière, ce semble, à laquelle Jean Cabot ait pris
part.
Nous ne voyons qu'une donnée susceptible d'être
rattachée au voyage de 1498.
La carte de Juan de la Cosa, le lecteur se le rap-
pelle', fut dressée en l'an 1500. On y remarque une
ligne de pavillons anglais échelonnés sur une étendue
de côtes incompatible avec ce que nous savons du
voyage de 1497, l^'q^cl ne dura que trois mois. Tout
le littoral du continent américain, d'un point corres-
pondant au 70'-' degré de latitude nord jusqu'à
l'équateur, est nettement tracé, avec des caps, des
fleuves, des estuaires, dont on ne s'explique pas' faci-
lement la présence sur une carte dessinée par un
pilote des Rois Catholiques dans la première année
du xvi"^ siècle, car les Espagnols n'avaient pas encore
exploré cette partie de la côte.
La section que de la Cosa alloue aux Anglais
comprend l'espace qui, sur nos cartes actuelles,
s'étend à peu prés du milieu du détroit de Davis au
cap Hatteras. C'est, à deux ou trois degrés prés,
l'étendue que Sébastien Cabot, selon l'Anonyme de
Ramusio, se vantait d'avoir explorée.
Est-ce donc que le critique doive voir dans ces
I. Supra, p. 52, et fu/ra, notre Cartographie.
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i,S
I
104
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
contours une confirmation des récits que rapportent
Pedro Martyr et ce savant anonyme ' ?
Nous n'osons y contredire, car il n'y a rien d'im-
possible à ce que le cartographe basque ait emprunté
ces détails à une carte de Jean Cabot " que Puebla ou
Ayala aurait transmise aux Rois Catholiques à la fin
du xv^ siècle, comme ces deux diplomates leur
envoyèrent probablement celle du voyage de 1497
que Ayala possédait en juillet 1498 '.
Ce qui reste néanmoins une énigme, c'est le silence
des écrivains anglais, chroniqueurs et poètes, sur ce
voyage dont l'importance et l'intérêt dépassaient ce
qu'on pouvait relater de l'expédition de 1497. Dans les
récits de la première entreprise, il n'est question que
de banquises, d'ours blancs, de sol stérile et inhabité.
En 1498, au contraire, Cabot ne pouvait ranger la
côte jusqu'au 36*^ degré, sans remarquer les embou-
chures aux bords si riants de l'Hudson, de la Delaware
et du Potomac. Ces pays étaient relativement très
peuplés, par une race belle et guerrière, se livrant à
l'agriculture et au tissage, possédant des ustensiles
1. Supra, p. 62 et 63.
2. « Carta 0 mip.i mitndi que eslo hafecho, yo no la enUo agora, que aqui h
ay.. ». Appcnd. XIII.
3. uCosa's coast-Iinc in Ihe higher latitude, opposite « Frishnda » lias some
similarity with tlie const-tinc on the map said to bave been made hy Sébastian Cahot
in theyear 1^44. Tbisis aremarkable circiimstance. For it would sccm to provc
tbat Sébastian Cabot bad secn tbose arctic régions in 141)8... Tbere is no difficul-
ty in supposing that a copy of tbe chart of Cabot may bave been seen by Cosa in
//oo » Kohi, Hist. of tbe Discovery oj Maine, p. 153-4.
JEAN HT SÉBASTfEN CABOT ,05
ingcnieuscmcnt travaillés, un nictal argentifère, des
pépites d or, et des pirogues sur lesquels ils s'aventu-
raient jusqu'à la haute mer.
Les produits du sol, le maïs surtout, ne pouvaient
non plus manquer de surprendre nos navigateurs
et on ne s explique pas qu'il ne soit resté \aucunè
trace des relations qu'ils durent faire à leur retour
en Angleterre La ligne de démarcation tracée par
les bulles d Alexandre VI et le traité de Tordesillis
octroyaient, il est vrai, ces pays à l'Espagne', mais ils
donnaient aussi les terres des Bacallaos et du
Labrador au Portugal, ce qui n'avait pas empêché
Jean Cabot, 1024 luin 1497, d'en prendre possession
au nom de Angleterre, et d'y planter les bannières
de saint George et de saint Marc.
SanAmolfo'lT !°"«''"f "''=; «■ ^"^ '•'' "«c de Ribciro, elle rase l'île de
ban Antonio, la plus occidentale de l'archipel du c.ip Vert.
"I
lit
s 1
XI
|e troisième voyage n'est qu'une déduc-
tion , tirée de la citation de Fabyan
donnée par Stow; « En la dix-iiuitiéme
année du régne de Henry VII, rapporte
ce chroniqueur, on amena au roi trois hommes pris
dans les îles nouvellement découvertes par Sébastien
Gaboto. Ces hommes étaient vêtus de peaux d'ani-
maux, ils mangeaient de la viande crue, et parlaient
un langage que nul ne pouvait comprendre. On re-
vit deux de ces hommes à la cour du roi à Westmins-
ter deux ans après, habillés comme des Anglais,
desquels on n'eût pu les discerner '. »
Hakluyt rapporte aussi le fait, également d'après
Fabyan: « mcnlioncd by ihc forcsaid Robert Fabiun »%
mais avec des dates différentes. Lorsqu'il parle de ces
sauvages pour la première fois, en 1582, l'événement
1. Stow, Chronicle, 1580, p. 875.
2. Principiill Navigations , i. III, p. 9
JEAN ET SlÎMASTIEN' CAHOT ,o-
cst placé SOUS hi dix-scpticmc année du régne de
Henry VII, soit entre le 22 aoiit 1501 et le 22 août
1502 au heu de l'année 1 502-1 503, comme le veut
Stow dans toutes les éditions de sa Chronique publiées
de son vivant. Si l'on considère que Stow et Hakluyt
invoquent tous deux pour ce fait la seule autorité de
Fabyan, et que Hakluyt donne sa date en chiffres
romains : « XVII^" », on est fondé à croire que c'est
un /^^5«5 de son imprimeur, et qu'il Hiut lire dans
IHakluytde 1582, « XVIII^ », ou, comme dans
Stow, « la dix-huitiéme année ».
Dans son édition de 1 599-1600, Hakluyt. ainsi
que nous l'avons dit précédemment ', a chan-é sa
première date en celle de la quatorzième année du ré-
gne de Henry VII. Si c'est à bon escient que le com-
pilateur anglais a kit ce changement, le troisième
voyage de Cabot ne repose plus sur rien car l'arri-
vée desdits sauvages se trouvant être de l'année
1498-1499. ^'llc coïnciderait avec le retour présumé
du second voyage seulement.
Si, au contraire, la date que donne Stow est la seule
exacte, le troisième voyage est prouvé, car il n'est pas
admissible que Cabot soit resté quatre ans sans reve-
nir en Angleterre. Dans ce cas, nous avons ici une
expédition qui ne put être entreprise en vertu de pri-
vilèges spéciaux, mais seulement pour compte privé.
La preuve ressort des lettres-patentes octroyées par
I. Supra, p. 31.
loa
JHAN FT SÉRASTinN CAROT
Ilcnry VII le 19 mars 1501 ' et le 9 décembre 1502 ',
à des gens de Bristol, associés à des Portugais. Non
seulement le nom de Cabot ne figure pas dans ces
documents, mais le monarque accorde à ses nouveaux
donataires le monopole du commerce aux pays nou-
vellement découverts, pour dix puis pour quarante
années, et il vise même les privilèges semblables
octroyés antérieurement à un étranger (Cabot évi-
demment), qu'il abroge: « seimhqiiis cxlmnaisaul aUqui
cxlranci virtulc mit colore iiliciijns œnccssioins uoslnc sibi
Magno SigiUoNostropir uiitat facUc. »
La phrase : « thrce mai hihni in tbc iicwfouml isknds »,
implique l'atterrissement sur un point quelconque de
la côte septentrionale ou d'une île du nouveau con-
tinent. C'est tout ce qu'on peut dire de ce troisième
voyage de l'un des Cabot, sinon des deux, dans la
première ou dans la seconde année du xvi*^ siècle.
I. Kiddlc, Afm/w>, p.95, 312, 31S.
2 Hynicr, Fiiilmi, t. V, P. IV, p. 186.
S> lll
XII
LU est plus (ah mention de Sébastien
Ubot dans les documents que dix ans
|iprès cette troisième expédition. Selon
- ^'^'^''"Martyrjlauraitquitté l'Angleterre
l^ourvemr en Espagne, après la mort de Henry VII
arrivée en 1509 '.Cette date n'a rien d'improbable'
3. r'°T? ^'^''^^'^'" ^'^'' ''' ^512 marié
me Catahna Medrano s dont le nom décèle une ori-
gine espagnole Notons, cependant, qu'en 1509,
Sebastien était âgé de plus de trente-trois ans, puis:
quilenavaitau moins vingt-deux en 1496 » Il se
i>crait donc marié sur le tard. Nous croyons plutôt
3- Supra, p. 40.
l^i
» iii
3 ;,.
i '■
I lo JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
qu'entre les années 1502 et 1509 ou 15 12, Cabot,
libre d'engagements à l'égard de Henry VII, visita l'Es-
pagne et s'y maria, mais sans cesser d'avoir son do-
micile en Angleterre.
Quoi qu'il en soit, sa femme et son établissement,
« 5M mujer icasa », étaient encore à Londres ou à Bris-
tol en octobre 15 12 '.
Ferdinand le Catholique, mettant à profit le désir
de voir réalisée la promesse faite par Jules II, de
conférer au jeune monarque le titre de roi trés-chré-
tien -, porté dit-on, depuis l'an 754, par le roi de
France, décida Henry à entrer dans la ligue formée
contre Louis XII. Aux termes du traité conclu
entre ces deux souverains, le 1 7 novembre 1 5 1 1 , le
roi d'Angleterre devait débarquer 6,000 hommes
en Aquitaine, et Ferdinand s'engageait à envoyer à
Southampton vers le mois d'avril 15 12 une flotte
de quarante navires pour conduire ces troupes en
France \
L'expédition anglaise était commandée par Thomas
Grey, marquis de Dorset '•, ayant au nombre de ses
1. Ibidem.
2. Hume. Hisloiy oj Evghiid, Boston, 1854, in-8, t. II, p. 576.
3. Borgenroth, Culcmlar, t. II, n"' 59,63, p. 58, et convention ratifiée
le 3 février 15 12.
4. Bernaliiez, Hisloria de hs Kiyes Calôlicos, Sevilla, 1870, in-8, t. II,
cap. ccxxxiv, p. 400, donne à Dorset le titre de « Marques deBrisloks, »
qui ne se trouve pas dans la, longue liste d'appellations honorifiques ajoutée
au nom de Dorset par Rymer. Le nom de Bristol est cependant :\ retenir,
étant donnés les documents qui nous représentent Jean Cabot comme ayant
vécu dans cette ville, et la tradition qu'on retrouve dans Strype.
tit
JEAN ET SEBASTIEN CABOT
lieutenants lord Willoughby. Sébastien Cabot accom-
pagna ce gentilhomme, nous ne saurions dire en
quelle qualité'.
Partis de Southampton, ou de Falmouth, le i6 mai
15 12, les Anglais débarquèrent au Passage, petit port
d'Espagne prés St-Sébastien en Guipuscoa, le 3 juin
suivant '.
Cabot, qui semble n'être venu d'Angleterre que
dans le but d'offrir ses services au roi d'Aragon, se
rendit, dans le courant de l'été, à Burgos ', où il eut
une entrevue avec Lopc Conchillos, secrétaire' de la
reine Jeanne, et un évêque de Palencia, qui doit être
Juan Rodriguez de Fonseca *. Ces deux hommes
d'État étaient chargés par Ferdinand d'obtenir de Ca-
bot des renseignements concernant les voyages au
pays des Bacallaos. Cabot, en réponse, se mit immé-
diatement à la disposition du roi '. Aussitôt que ce
dernier eut connaissance du résultat de l'entrevue, il
écrivit à Willoughby, le 13 septembre 1512 ", de lui
1 . a He sabiJo que vicne en vira compaiita Sebusliuii Cabota Ittgks . » Lettre
du roi à <( Milor Uliby », appciid. XV.
2. <( The sixleen day of May Ihcy ivere ail hesloivcdabounl in Spanisb shippes,
and Ihcy came ail in safety on thc coast of 'Bisky al tlie 'Port of Passaghe Soiilh-
ncst of Fonteraby ; and so thc third day of fane Ihêy landed. » Holinshcd, Chro ■
nicks, Lond , 1577, in-ibl., t. II, f. 1472.
3. « Sabeisquecn Burgos oshublarôn de mi parle Conchillos i elObp. de Pa-
léncia sobre la thivegacion à los Bacallos. » Lettre de Eerdinand; Logrofio, 13
septembre 15 12, appendice XVI.
4. Nous ne voyons Juan Rodriguez de Fonseca qualifié d'ardievèque (de
Rosano) qu'en 1515.
5. « £ ofrecisteis scrvirnos », append. XVI.
6. Appendice XV.
112
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
envoyer à Logrono le navigateur, avec lequel il vou-
lait s'entretenir personnellement. L'expédition de
Juan de Agramonte, projetée l'année précédente, té-
moigne assez du désir qu'avait le roi d'Aragon, d'ap-
profondir le secret des terres nouvelles : « para h a
sahercl sec r do de h fi erra iiueva'. »
Le 20 octobre 15 12, Sébastien Cabot recevait de
Ferdinand le brevet de capitaine de mer, aux appoin-
tements de 50,000 maravédis '. Nous croyons que le
roi y ajouta même le don d'une propriété ', laquelle
était sans doute située en Andalousie, puisque, selon
Herrcra, Cabot reçut en même temps l'ordre de résider
à Séville *.
Notre navigateur, résolu alors à se fixer définitive-
ment en Espagne, sollicita la permission d'aller cher-
cher en Angleterre sa femme et son ménage. Non
seulement Ferdinand la lui accorda, |mais il recom-
manda immédiatement Cabot à Luis Carroz de
Villaragut, son ambassadeur à Londres ".
On ne sait quand Sébastien revint en Espagne.
1
1. Navarrcttc, t. III, p. 123. Il est à remarquer qu'aux termes de cette
cédule, c'est en Bretagne qu'Agramonte devait aller chercher ses pilcteô pour
les conduire à « inui ticrra que se Ihma Tcrranova. Que por aiaiito vos habeis
de ir por Jos pilotas que con vos han de ir al diclio viajc à Bretana. »
2. Appendice XVII.
3 . « Schastian Cabota, ittiv capitau, va a poiier recaudo eu su hacieuda. » Ap-
pendice XVIII. Il est assez difficile d'admettre que Cabot fût déjà proprié-
taire d'un bien rural avant son arrivée en Espagne.
4. « / le luaudo residir eu Sa'illa, » Herrera, Dccad. I. lib. IX, cap. XIII.
5 . « Favorcccd su huctio y Ircve dcspacho » .Lettre du roi, Logrono, 20 oct.
1512, append. XVIII.
JEAN ET SEPASTIEN CABOT
"î
Pedro Martyr parle do lui en 1515 comme étant son
collègue: « concur'uuis uoslercssct^ », d'où des critiques
ont conclu que notre navigateur avait dès lors ûiit
partie du conseil des Indes, dont Martyr était membre.
A notre avis, c'est une erreur. En tout cas, son nom
ne se trouve sur aucune des listes que nous ayons pu
consulter*.
Le 18 novembre 1515, on le voit figurer parmi
les cosmographes chargés de définir les droits de
l'Espagne sur les îles Moluques \ et déjà occupé à
préparer une expédition qu'il devait lui-même con-
duire ju nord-ouest en mars 15 16 '.Nous ne pen-
sons pas que ce projet, le premier que Cabot ait dû
accomplir sous pavillon espagnol, ait été suivi d'effet.
Ferdinand mourut le 23 janvier 1516, deux mois
avant l'époque fixée pour le départ de Cabot, et tout
porte à croire que ce dernier, moins confiant peut-
être dans les intentions du cardinal Ximénès, régent
en l'absence de Charles, quitta alors l'Espagne pour
revenir en Angleterre.
Selon Richard Eden-', en la huitième année du
l.DccaJ. III, lib. VI, f. 56, A.
2.Hi;rrcra, 'Dcscripcion de las Imh'as, p. 71 72; 1. 1 de son Ilisloria Gcncid,
Madrid, 1725, in-fol.
3. Rcgistio de çediiLts, 1 5 1 )-i 5 19, cite par Navarrcte, t. III, p. 319.
4. « Mailio iiiense aiiiiifuliiii MDXVI, » Pedro Martyr, hc. cil.
5. «AVho- Henry ihe Eighlh. aboiit the same yeie of lus niygiiej'iiniisbed and
set forth cerlen shippes under the gouernaiiuce oj Sebuslian Cahot yet liviiig, and
oiic Sir Thomas Perte, luhose fuynt hearl icas the cause that that voiage took noue
cijecl.n 7 réalise of Ihc Kei.cc India, Loiid., ij)5, in--i, dédicace au duc de
Nortliumberland.
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ii
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!? ) ^ H'!
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JEA\ ET StnASTIEX CABOT
rcgnc de Henry \'11I, ce roi aurait fait équiper une
flotte, laquelle commandée par le vice-amiral sir
Thomas Pert et dirigée par Sébastien Cabot, devait
aller au nord-ouest. Par la pusillanimité du com-
mandant en chef, paraît-il, l'expédition aurait avor-
tée. Cette huitième année correspond du 22 avril 15 17
au 22 avril 15 18.
Ce voyage n'est mentionné par aucun autre écri-
vain. Les paragraphes de Ramusio ', qu'on invoque = à
l'appui de l'assertion de Richard Eden, ne s'appliquent
qu'à des voyages antérieurs, car ils sont reliés aux
expéditions « a spcsc g'ui dcl lie Hcnrico VU d'Ingbil-
Icrra ». L'opinion exprimée par sir Humphrey Gilbert
que « le II juin » (millésime omis) Sébastien Cabot
se trouvait par le 67^ degré 30' de latitude nord, est
moins probante encore, puisque, tirée explici-
tement de la carte de 1544, elle vise le voyage
de T497\ Mais où Gilbert a-t-il pris ce détail
curieux que, « trouvant la mer encore ouverte à
67" 30', Sébastien Cabot serait allé jusqu'au Cathay,
n'était la rébellion du maître et des matelots » ?
N'est-il pas également singulier que Richard Eden
flisse une déclaration semblable dans un écrit
adressé à Dudley, duc de Northumberland, et cela
1. Raccolhi, 156J, t. III, ;i iiij verso, et f. 417 verso.
2. Biddle, Mi'»(o//-, p. 117.
3 . (( //((//; sd J'orth and described tins passjgc in his Ciiils ivhich arc yct to hc
sccn in thcQuecnes Majcslics l'riuic Gallerie al frijikliull. » Hakiuyt, t. III,
p. 16.
JJtliL
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT ^j
du Vivant de Sébastien Cabot, « ,,'/ livhnr . ?
11 ne faut cependant pas oublier 'que c'est au
cours de cette huitième année du régne de Henrv
\ni le 5 février 1518, que Charles-Quint, par
cedule royale nomma Sébastien Cabot pilote major
en remplacement de Juan Dias de Solis, décédé au
Kio de la Plata.
Ces dates portent donc à supposer que lors de la
mort de Ferdinand d'Aragon, après le mois de
janvier 15 16, Cabot se rendit en Angleterre, que
Henry VIII, se prévalant de la présence de l'habile
marin, fit équiper une expédition dans le courant de
année suivante, mais que le « ccm.r timoré . de
amiral Pert empêcha les navires, non seulement
d atteindre e but proposé, mais même d'appa-
reiller . Cabot, profitant de l'arrivée de Charles-
Uuint en Espagne, et probablement aussi de la mort
du cardinal Ximénés, qui vivant, ne lui eut pas faci-
lement pardonné sa fugue de 15 16, serait alors
revenu dans ce pays, pour offrir ses services au jeune
Il ne serait pas resté longtemps à Séville',
i. NavaiTcte, Bihliolesa iiiuiiiima, t. II, p 698
Kohi, //. av., p. 209 '""""'' ""'^ "■"" " '''"'^ ""' '"'' '" ""• »
pour convoquer les Cortùs. ' Charles-Qu.nt venait d'arriver
^U'I m voka farsraudipartUi che io. . avisasse cce : a2 1 Ji^t^f''
a' ""^l
1 I'
ii6
JHAN' E" S]-lîASTIEN CABOT
puisque, étant de nouveau à Londres vers 1519,
le cardinal Wolsey l'aurait instamment cnga<;é à
prendre le commandement d'une expédition équipée
à i^rands frais pour aller, comme toujours, à la re-
cherche de terres nouvelles. Ne connaissant que son
devoir, notre navigateur lui aurait noblement ré-
pondu qu'étant au service de Charles-Quint il ne
pouvait accepter sans la permission de ce monarque,
et, incontinent, Cabot aurait écrit à Sa Majesté
Catholique de repousser toute demande de ce genre
que pourrait lui adresser le roi d'Angleterre.
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•il '■
ri
XIII
li:s scrupules de Sebastien Cabot nous
portent à examiner de près certains inci-
dents de sa carrière en Espagne. Richard
Biddle, dans son enthousiasme pour ce-
navigateur qu'il orne de toutes les vertus, voit avec
joie ' que son héros ne chercha jamais à faire usage
au détriment de Charles-Quint, des connaissances
spéciales que son poste de confiance lui avait permis
d'acquérir concernant les possessions d'outremer de
la couronne de Castille. Si l'ingénieux critique avait
pu prendre connaissance des dépêches échangées
entre le conseil des Dix et les ambassadeurs vénitiens
â Valladolid et à Londres, il eut certainement modifié
son jugement à l'égard de la loyauté professionnelle
de Sébastien Cabot.
Le fait est que l'opinion émise sur son caractère
est influencée, en une certaine mesure, par le beau
I, Mi'iiioir, p. 175,
ii8
JEAN JiT SÉBASTIEN CABOT
portrait attribué (à tort) à Holbein et qui représente le
fameux marin sous un aspect si vénérable. Comment
voir dans ce superbe vieillard, à la longue barbe
blanche, un ingrat et un traître?
En 1522, Sébastien Cabot, de son aveu' comblé de
bienfaits par Charles-Quint, envoya secrètement à
Venise un Ragusicn, nommé Hieronymo Marin de
Busignolo. Sous la foi d'un terrible serment, Marin
ne pouvait entrer en rapport qu'avec des membres du
conseil des Dix, et il devait les informer que le pilote
major de l'empereur était prêt à se rendre à Venise, afin
de dévoiler un secret d'où dépendait la grandeur future
de la république. Marin s'acquitta de sa mission avec
fidélité. Le conseil l'en récompensa et fit parvenir
à Gasparo Contarini, ambassadeur en Espagne, le
27 septembre 1522, une relation des projets de Cabot
et des instructions détaillées. Contarini devait s'abou-
cher avec lui et trouver le moyen de faciliter cette
trahison : entreprise d'autant plus difficile que Cabot
voulait venir à Venise en personne et que Charles-
Quint se méfiait de son pilote-major, sinon au sujet
de la Seigneurie, au moins à l'égard de l'Angle-
terre*. C'était aussi, comme Cabot l'avouait sans
1. « Dal Re l'eidinamlo fui jacto capitano ciiin provisioiiedi jo m. maravcdis,
poij fui facto du qiicslio Re présente piloot major cum provisiouc di allri ^u m.
maravedis, et pcr adiuto di cose mi da poij 2j ui. maravcdis che souo in tullo
12^ m. maravedis, possono valer circa ducati }oo. » Dépûchc de Contarini du
31 dcc. 1522; append. XXVIII.
2. (' Ho:{i venute ad trovarmi, se ha risolto non poter per hora dimandare
licentia dubilando che non h tolesse)io per suspecto che cl voksse andarc in Eiigel-
terra. » Dépêche de Contarini du 7 mars 1523 ; append. XXIX.
■■ I ;
JEAN ET SEBASTIEN CABOT ,,<,
détours, une aventure à être pendu haut et court', et
l'on s'explique les précautions dont l'astucieux marin
chercha à s'entourer.
Les deux Vénitiens imaginèrent alors une réclama-
tion que Cabot devait exercer à Venise du chef de la
dot de sa mère, et d'une importance telle que sa pré-
sence dans cette ville était indispensable.
Lorsque l'émissaire de Sébastien Cabot se présenta
devant le conseil des Dix, il parla du projet que son
mandant avait conçu ^ Le discours du Ragusien, jugé
important par les magistrats vénitiens, fut cnvoyiTà
Contarini. On n'a pu le retrouver, et nous" en
sommes réduits à des conjectures sur ces mvstérieuses
propositions.
« Il est en mon pouvoir défaire participer Venise à
cette navigation, et de lui montrer un chemin dont
elle profiterait grandement, car, en vérité, je l'ai décou-
vert ', » dit Sébastien à Contarini. Celui-ci comprit
qu'il s'agissait d'un passage au Cathay par le nord-
ouest, et, évidemment dans le but d'amener son inter-
locuteur à s'expliquer davantage, il lui soumit certai-
nes objections aussi fines que sensées. « J'ai quelques
notions de géographie, dit l'ambassadeur, et lorsque
_ 1. « Ma vi prego qmmto posso chc h cosa sij sccrcta perche a me audcrehh la
vita. » Dcpcche du mùmc, 3 1 déc. 1522; append. XXVIII.
2. « Eiper nome ai qneVo referi qmwlo perla inserta déposition sua vederete...
pureper esser de la importautia le mn havremmo dovuto refmtare laohlation. . ..
Append. XXVI.
3 • « /o haveva modo difar quella Città partecipe diquesia navigaUoue,et dimos-
tiarh via per la quale era per baver grande uliUlà, corne c il vcro cheioVho
rttroi-ata. « Append. XXVIII.
120
< }
'. ; I
|EAX ET SÉnASTIEN* CABOT
je considère la position que Venise occupe sur la carte,
je ne vois pas comment ce voyage peut être entrepris,
car les navires devront être équipés dans cette ville, et
alors les rois d'Espai;iie et du Portui^al, qui sont oppo-
sés au projet, ne leur permettront pas de franchir le
détroit de Gibraltar; ou bien, les navires seront cons-
truits sur les bords de la mer Rouge, et, dans ce cas,
on rencontrera des obstacles sans fin, à cause de l'as-
sentiment préalable du Cjrand Turc qu'il faudra obte-
nir et de la difficulté de se procurer du bois de cons-
truction. Quant A construire les navires sur le littoral
de l'Océan, c'est aussi impossible, car l'Allemagne en-
tière est soumise à fempereur. »
Cabot répondit à ce raisonnement si serré : « Je re-
connais que l'entreprise n'est possible ni au moyen de
navires équipés à W'nise ni parla voie de la mer Rouge.
Mais il y a d'autres procédés, non seulement possibles
mais ficiles, pour construire des navires, les conduire
de Venise aux ports |du Cathay|, et rapporter de ces
pays de l'or et des épices. Je le sais, car j'ai navigué
dans tous ces pays. »
Contarini, peu convaincu, leva les épaules, mais
« prenant en considération, dit-il avec philosophie,
que la possibilité des choses dépasse de beaucoup
l'imagination des hommes, je ne le dissuadai pas de
venir à Venise expliquer ses projets '. »
I
JE!
1. « 7(1 slitîisi le sjkdlfft hcuche a me la cosa pari iiiipossiUle, pur non volsi
ilissiutJiih chd vciu'ssca U piedi ili rosira Cchitiuliiie, fie anche el siiasi perché
la possibililà è inollo pin ampla deqiwl che l homo spese fuUe crede ». Ibidem.
! 'Jll<
t'>. .
jnAx i:t siiBASTinx cahot ,„
l'as plus que Contarini nous n'avons la prétention
de comprendre ce que Cabot croyait avoir inventé
pour surmonter ces difficultés, ni quand ni où il avait
découvert ce f^imeux passaj^e qu'on cherche encore.
Plusieurs entrevues secrètes se tinrent au palais de
1 ambassadeur, et, au 26 juillet 1523, les négociations
étaient assez avancées pour que Contarini pût annon-
cer le prochain départ de Cabot. Avec cette duplicité
dont nous verrons bientôt un autre exemple, Cabot
avait même obtenu que Juan Rodri-uez de Fonseca
tit une candide démarclie auprès de Contarini, afin
d'obtenir la protection de la Sei-neurie relativement
a l'affaire que Cabot sollicitait ostensiblement '.
Pour des raisons que nous ignorons, mais qui peu-
vent provenir de sa nc^iiination comme membre
de la junte char-ée de préparer la fameuse enquête
au sujet des droits de la couronne d'iispa-ne sur les
lies Moluques, les conciliabules cessèrent, Cabot
n'alla pas à Venise, et ses perfides projets turent re-
mis à une autre époque.
I. Dé-pcchcs des 27 septembre et 51 décembre .52:, 7 mars, 2S avril,
26 juillet 1,25; appenJ. XWII, XXVIII, XXIX, XXX et XXXH.
■
[I:
> ;
i
1 . -î
f '
,..^ . . .■■-•^„<0l
XIV
i; 16 novembre 1 323, on préleva sur les
appointements de Sébastien Cabot
10,000 maravédis au profit ' de Maria
Cere/o, veuve d'Améric Wspuce, et,
le I) avril 1524"'', au cours de la conférence dite
de Badajoz, il fut appelé à signer, avec Tomàs Duran
et Juan Vespuce, la consultation que Charles-Quint
avait demandée à ces cosmo<2;raphes en réponse aux
prétentions que le Portugal élevait ' sur les îles
Moluqucs.
Nous trouvons Sébastien à la fin du mois de mai
suivant, à Londres, où il assiste aux obsèques de sir
Thomas Lo: ell, chevalier de l'ordre de la Jarretière,
selon la requête insérée dans le testament de ce gen-
tilhomme '.
1. Navarrctc, t. III, p. 308.
2. Lishi de los ohjclos que comprcihlc lu Exposicion Amcrkanista. Madrid,
1881, iii-8,B. 21.
3. 'Pd. Martyr. Dccud. VI, cap. ix,
4. J. S. Brcwcr, Cakmhr oJ'Slalc'l'tipirs. Hfiiri/ VIII. t. IV, P. I, p. 15.).
kk\
JlîAN l'T Sli|)ASTIi;\ CAHOT ,,j
Il ne tarda pas à revenir en l^spai^nc, car c'est
peu après le niéiiioire qui établissait les droits de
Ihspa^ne sur l'arcliipel des Moluques, que se loriiui
aSevile- la compa.irnie à l'effet de trafiquer dans ces
pays. 1) après Pedro Martyr', dès le mois de sep-
tembre 1524, Cabot aurait été autorisé par le conseil
des Indes â dirii^er la première expédition de ces
liardis néi^ociants.
Cliarles-Quint, cependant, intervint. Il imposa à
lacompa<,mie une participation de la couronne, et, le
4 mars 1525', les derniers actes ayant été signés
Sebastien Cabot lut nommé capitaine général de la
Hotte. Si Ion en croit une dépêche de Andréa Nava-
jjcro, il ne s'agissait pas tant de trafiquer dans la
Malaisie, que d'arriver au Cathay par une route plus
courte que le détroit de Magellan : «ro;, ^;;,.^a/, y;;o//o
ptii hrcve di quel chc fcce la uavc VitUma ' » .
L'expédition n'appareilla que le 5 avril 1526"
et Sébastien Cabot ne revit l'Espagne qu'après cinq
ans d absence.
Le récit de cette désastreuse expédition dépasse-
rait les limites que nous nous sommes tracées dans
ce petit travail.
1. Dccad. VII, cap. vi.
2. llcrrera, dccad. III, lib. IX, cap. m, t. II, p. 250
V Dcpùchc de Tolcdc, le 21 septembre 1525; Rawdon Brown Cukudar
XV
s '^
ABOT revint du Rio de la Plata à Séville
en août 1530, « nitiy dcsharatcido c
pohrc, » dit un témoin oculaire'. Incar-
céré peu après son arrivée, il fut mis en
liberté sous caution en mai 1331'. Le i^'"" février
1532, un arrêt du conseil des Indes le condamna à
deux années d'exil à Oran, pour excès commis au
cours de ce malheureux voyage '. D'autres procès lui
furent intentés (s'ils ne sont connexes à l'action de
1532) par Francisco de Rojas et Catalina Vasquez,
mère de son lieutenant Martin Mendez \ Ce qui nous
fait supposer, cependant, que Charles-Quint releva
Cabot de la sentence d'exil prononcée contre lui par
le conseil des Indes, c'est que nous le retrouvons à
Séville le 24 juin 1533 '.
1. Lettre du D"- Simào Aftbiiso, dans A. de Varnhageu, Hisloiia âo
Brazil, Madrid, 1854. in-4, 1. 1, p. 459, note 26.
2. Navarrete, Coleccioii, t. V, p. 333 .
3. Navarrete, Bibliolfcu Mun'liiiia, t, II, p. 699.
4. Lista delà Exposicion Amerkanisia, B. 54, 55.
5. Carta de S, Cahota al Secretario de S. M. Juan de Samano, Sevilla, 24 de
Junio de 1533. Lista, B. 53.
JEAN ET SÉBASTIEN CAHOT ,35
Pour les treize années qui suivirent, on n'a que
le récit de l'Anonyme deRamusio, attribuant à notre
navigateur beauccnip d'autres voya-es : « Fcd poi
molle altic naviouiioiii. »
^ C'est sans doute à une de ces expéditions que
Nuno de Guzman lait allusion lorsqu'il informe
Charles-Qiiint qu'une Hotte, commandée par Sébas-
tien Cabot, a passé la côte d'Astatlan; mais nous
n'avons pu en préciser la date '.
On retrouve Cabot à Séville en 1544, millésime
que porte la lameuse carte de la Bibliothèque Natio-
nale de Paris : « Sébastian Cabota capitan y pilota
mayor de la S. ce. m. dcl Imper adar dan Carlos.... hi-o
esta figura.... anno de ]. C. de M.D.XLIIII. » ' ""
Le 28, novembre 1545 ■■, il fut char-é a\xc Pedro
Mcxia, Alonso Chaves et Diego Gutierrez, d'examiner
rArte de Navegar, que Pedro de Médina venait de
faire paraître à Valladolid, pendant que Charles-
Quint en prohibait la vente malgré l'approbation
donnée le i^'"" octobre précédent \
Cet acte est le dernier que nous connaissions
de Sebastien Cabot en Espagne.
1. Cohrc. de Jccmenlosde Indias, t. XIII. p. 40,. La lettre y est datée du
janvier 153,, ce qui nous paraît i.ivraisemblable, puisque, selo.i les do-
— ts^Navarrete. t V p 333). Cabot nefut .nisei libirté qu.u .^^i' .
'"-u 1,31. Dans la table de ladite Cok:cUn, la date est 1335.
2. /,«/<!, B. 52. '^^
3. H. A. V. n"2o6.
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XVI
|douahd VI était sur le trône depuis
huit mois lorsque le conseil privé qui
gouvernait pendant sa minorité ren-
dit, le 9 octobre 1547, ^^^ ordonnance
concernant « un pilote nommé « Shabot » attendu
d'Espagne pour servir l'Angleterre et y demeurer'. »
Il s'agit évidemment de Sébastien Cabot, et, comme
nous voyons au premier rang parmi les membres
dudit conseil le comte d'Arundel, qui devint par la
suite un des principaux fondateurs de la fameuse
compagnie dite de Moscovie, dont Sébastien Cabot
fut gouverneur statutaire, on est fondé à croire que
cette ordonnance n'est pas étrangère à des projets de
voyage au Cathay, cette fois par le nord-est '.
Cabot était alors âgé d'au moins soixante - treize
t. Appendice XXXIV. ^
2. Clément Adams, Nave Wivi'gatioii.. by theNorlh'Casl in th yceie iSS],
dans Hakiuyt, t. I. p. 243.
ji:ax ht shiustien CAnox ,._
ans. II jouissait de la confiance de CIiarles-Quint,
qui, nialo-ré cet âge si avancé et les services ren-
dus par des cosmographes distingués tels que
Alonso de Chaves, Pedro de Médina, Âlonso de Santa
Cruz et Diego Gutierrez le jeune', tous espagnols
de naissance et en droit de briguer la succession, le
maintenait dans les fonctions importantes de pilote
major et avait même ajouté une pension à des émo-
luments élevés. Cabot prêta cependant une oreille
favorable aux propositions de l'Angleterre, s'il ne fut
le premier à les provoquer.
Peu^ de temps après, subrepticement, ce semble,
Sebastien quitta l'Espagne sans abandonner sa pension
ni son titre. Edouard VI tint compte du procédé, dés
le 6 janvier 1548, en accordant au transfuge une pen-
sion annuelle de 166 livres sterling et les fonctions,
sinon le titre, de pilote major d'Angleterre ••.
Charles-Quint considérait néanmoins Cabot comme
étant toujours son pensionnaire et son employé. Lors
de l'ambassade de sir Thomas Cheynev à Bruxelles,
en novembre 1 549, il fit réclamer à cet homme d'Etat
par d'Arras, d'un ton hautain, le renvoi en Espagne de
« Sébastien Cabote, son pilote pour les Indes et son
1. Son pcTc,- ayant les nièmes prciiom;, avait ctc mis à rindox en 15 ij.
2. « 6 du JMuaiij aiino2 Rc^r, ]:,{_ ;// „ Halduyt, t. III, p. 10.
3. « Kin;^ Edward VI... hcforc h: cnUrcd into Ibc Norlbmi Uiuvi.ry, ad-
M l!x Worihy and Excellent Scbaslian Cahota to hc Grand Piht cf Emrland
"omn.r him a nmt h,nlij),ll Pension 0/ L. 166 h Ihc xcardnrin. his)ife. ,',
l'im. dédicace. Le Mémorial de Steplien Biirrough, cité par Biddie (Mc-
';'""■, p. 5 n, d'après les MSS. de Lansdowae). semble aller A l'encontrc de
1 assertion de Hakluyt.
: ■ i
1
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1 - " ■'
ia8
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
serviteur à qui il servait une pension, et dont les
services lui étaient très nécessaires '. »
La requête de Charles-Q.uint fut immédiatement
transmise aux conseillers de la couronne qui lui
firent répondre, le 21 avril 1550, par sir Philip Hoby,
l'ambassadeur d'Angleterre dans les Flandres, que
Cabot s'était refusé à retourner auprès de l'empereur.
Le Conseil ajouta même qu'en présence de cette dis-
position d'esprit et du fait que Cabot était sujet du roi
d'Angleterre, nulle raison, nulle justice ne pouvait
le forcer à quitter le pays '.
Cabot, ce semble, s'était établi h Bristol', et c'est la
seule fois que nous le voyons qualifié de sujet anglais.
Dans le courant de l'année, Edouard VI lui accorda
une gratification de 200 livres sterling \ qui paraît
ne pas faire double emploi avec celle du même chiffre
que Strype lui attribue sous la date de mars 1 5 5 1 \
1. » Sehaslian Cahote, Grand Tihl of tlic Eiiiperor's Iitdies thcn iii EiigliVid,
be sent ovcr lo Spaiii, as a very nccesniry iiiuii for Ihc Emjvror, wliose servant he
ivds, and had a pension ofhini. » Strype, Ecdcsiast. Mcmoriah., t. II, P. I, n.
296.
2. <( And as for Sébastian Cahot answcre ivas first made ta thc said ambassa-
dor that hc ivas not detaincd hccrc hij us hiit that he of himselj rejuscd to go
eithcr into spayneor lo thc cnipcror and that he heingofthalmind and ihe King's
snbjccte no reason, nor eijuite IVoldc that he sh ildc he forced or compelled lo go
against hisii/il. » MS. de llailcy, n° 553, cite p.rM. J. G. Nichols, Literary
Remains of King Edivard VI, LowAon, 1857, in-4, t. I, p. Cixxxix. Le
journal du jeune roi, qui assista au départ de Stephen Burrough de Greenwicli
(Chronique de Lanquet. Lond. 1559. sub anno 1553) s'arrête malheureuse-
ment il novembre 1552.
3. Strype, loc. cit.
4. MS. Reg. 18 CXXIV, 1. 686, cité par M. Nichols, loc. cit.
5. Ce ne fut pas une pension, mais une « gratuily », Strype, Ecclcs,
Mcmor.ft. II, P. II, p. 76.
JEAN ET Sl-BASTIEX CAIJOT ,29
11 est intcrcssantdc voir comment Cabot se montra
reconnaissant de ces lari^^esses.
^ Au mois d'août de cette même année de 1 551, il
s'aboucha a\i:c Giacomo Sorenzo, l'ambassadeur de
la Seigneurie à Londres, et lui remit un exposé
détaillé de ses projets. La phrase « pcirliœhtr iiijorimt-
iionc (Iclle qualiiù c comUtioui soc », est évidemment un
euphémisme, et on est fondé à croire que cette fois
encore, il s'agissait de conduire une flotte vénitienne
vers ce détroit mystérieux dont il s'imaginait posséder
le secret. Le conseil des Dix accepta sans hésiter, et
les négociations recommencèrent '. C'est alors que,
pour donner le change aux conseillers d'Edouard VI^
comme Cabot l'avait donné aux ministres de Charles-
Quint trente ans auparavant, les deux Vénitiens renou-
velèrent ce prétexte d'une réclamation à exercer à
Venise et qui exigeait sa présence dans cette ville.
Avec l'audace et le succès de la tentative de 1523, ils
réussirent à fliire solliciter les bons offices de la Sei-
gneurie en fliveur de l'astucieux pilote par le conseil
privé. On ne peut voir sans étonnement avec quelle
confiance naïve, des hommes comme Lonseca \
Wriothesley et Peter Vannes, purent devenir les ins-
truments inconscients de semblables intrigues.
Ces tentatives avortèrent, comme la première fois,
et Cabot resta en Angleterre. Ce fut lui qui alors sur-
1. ILwdon Brown, Cakmhir, t. V, n" 711, p. 264.
2. Sir Thomas Hardy. Report on Vmelian archives, r,. 8, cl Cahudar,
Fomsn Séries, Edward VI, London, iii6i ; rOponsc de Vannes, Venise, 12
septembre 1551, p. 171. '
Il '
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1 1
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130 JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
veilla l'cquipcmcnt de hi désastreuse expédition de
WilloLighby et Chancellor en mai 15)3.
Cliarles-Quint songeait toujours à Cabot. Il avait
attendu jusqu'au 1 1 juillet 1552 avant de le remplacer
dans II chaire de Cosmographie dont il était titulaire
à la Cttsii de Conlrucion. Le poste de pilote major
même était, ce semble, encore vacant lorsque l'empe-
reur, le 9 septembre 1553, écrivit de Mons en Hai-
nault à Mary Tudor ' pour faire revenir Cabot en
lispagne. Celui-ci, pour des raisons faciles à deviner,
ne se souciait guère de reprendre du service auprès
de Charles-Quint, et cette tentative fut aussi infruc-
tueuse que celle de 1550.
Si Ilugh Willoughby et l'équipage du navire qu'il
montait périrent tous de froid sur les côtes de la
Laponie, Richard Chancellor, grâce à l'habileté de
Stephen Burrough, put revenir en Angleterre après
avoir exploré la mer Blanche jusqu'à la Dwina. Le
succès relatif de Chancellor décida un certain nombre
de gentilshommes influents et de riches commerçants
anglais à fonder une société pour la découverte de
terres inconnues, c'est-à-dire le passage au Cathay.
Le 6 février 15 55, la reine leur octroya une charte
d'incorporation, et la compagnie fut constituée sous
le nom de Company of Mcrchant Adveiilurcrs-.
1. CLiliihltir 0/ Slalc j^npcrs.Foirign séries, Lond., i86i,t. I,p. 171.11.444.
2. Celte seiciétc, géinîralcniciit connue sous le nom Je Muscovij Company,
existe encore, et s'appelle de nos jours The FeUicoship of Eii^Ush Merolmiits
for Discûvcry of iicw Trades ; niallieureusement ses anciennes archives furent
consumées lors du terrible incendie de Londres en 1666.
ilit lit 1
'^
JEAN HT SÉBASTIEN CABOT , , ,
Sebastien Cabot en fut nommé gouverneur à vie',
comme ayant été le promoteur principal de l'entre-
prise. C'est en cette qualité qu'il prépara et surveilla
1 armement de l'expédition qui fut envovée par ladite
compagnie à la découverte du passage au Cathav,
sous le commandement de Stcphen Burrough^ 11
vint flure ses adieux à ce hardi marin, le jour de son
départ de Gravescnd, le 27 avril 1556, et, encoura-
geant les réjouissances de la dernière heure, Cabot
prit part au festin et même â la danse'.
Rymer' cite et annote un acte du 27 mai 1557 qui
au premier abord, paraît singulier. Peu après' son
dcpart définitif de l'Espagne, Cabot avait reçu au nom
de Edouard VI, en 1548, le brevet d'une pension an-
nuelle de 166 livres sterhng". Elle nous paraît lui avoir
ete confirmée par la couronne le 17 novembre 1555
Cependant, le 2 7 mai 1 5 5 7, il résigna la pension ; deux
jours après, le 29, elle lui fut restituée en partie, mais
au nom de Cabot se trouve associé dans le nouveau
2. Mais avant le départ de Burrough sur le Search-thn/t en avril 1556 il y
u une autre expédition de trois navires A la Moscov/e et nu Cathay', ui
du être également préparée par Cabot. Elle est signalée dans les dépêches
des n„,bassadeurs venmens sous les dates des 21 mai et 4 novembre 1555 ;
R V don Brown C. W.-, t. VI, p. 76 et 298. Le texte italien, en extrai Vo
trouve dans Pasm,, / Navigalorl al 'Polo Artiœ, Venezia. 1880, p. 7
Hakluyt t.r?'! """ "" '^"'" '"'""''■''' "' ^""""' '-^ ^'''^'"" '^""'"'^''>
4. Redcra, t. VI, P. IV, p. 40 et 55.
5. «^/„.«,V«/,,„ ceulumsexagmlascxlibranm 1res dccimsolidormnetqualor
^enanorum Icgalis moiteU AiiglU: » ^
i;i
fEAN ET SEBASTIEN CABOT
brevet celui de William Worthiiigton. Notre théorie
est que cette pension ayant été accordée originaire-
ment à Cabot en considération de services rendus et
à rendre : « in com'ulcralkmc boni et acccpUihilis scrvitii
nohis per dikctiim scrvienlcin uostruin SclntsliiiiiiiDi Qtbo-
liiiii inipciisi clique impciulciidi, » elle cessait du jour où
il ne pouvait plus remplir ses fonctions. Sébastien
Cabot avait alors au moins quatre-vingt-trois ans, et
nous savons que vers la fin de sa vie, ses propos prou-
vaient un grand affaiblissement d'esprit. Ainsi, par-
lant d'une machine inventée par Jacob Besson', pou-
vant servir à déterminer la longitude en mer, Richard
Eden relate que Sébastien Cabot dans sa vieillesse
se vantait de posséder par révélation divine une
invention semblable, sous la condition cependant de
ne l'enseigner à aucun être humain. Mais, ajoute
Éden : (c sur ses vieux jours le bonhomme était un
peu tombé en enfance'. » Les monarques lui auront
donné William Worthington pour coadjuteur, en pre-
nant par économie, sur la pension de Cabot, de quoi
rétribuer celui qui le suppléait probablement dans ses
fonctions. Le lecteur se rappelle que Hakluyt en
1. Edcn veut dire seulement que Cabot prétendait posséder une nouvelle
méthode pour trouver la longitude en mer, sans faire allusion à celle de Bes-
son publiée dans Le Cosiiwhihc, imprimé qu'en 1567, à Paris, in-.j. L'inver.-
tion de Besson est celle que C. Irwin proposa comme sienne eniyéo (Libri).
2. <( Bi(tl thinli-e Ihe good'ohk imiii, in thaï extrême âge, somexvhat lioted, and
hidiiot yet euen in the article of dcath, vtterly shiden of ail wordlyevciytie glorie.n
A very uccessarie "Booke... hy Joanncs Taisnierus.., transktcd... hy Ridarde
Eden. London, s. d., in-4. Voir l'épître dédicuîoire.
S ' {
JHAN ET SliBASTIKN CABOT ,,j
annonçant la publication prochaine de « toutes les
cartes et de tous les discours de Sébastien Cabot,
rédigéspar lui-même, » dit que ces documents étaient
alors (1582) en la possession du « Worshipful Masicr
IJ'iUiam ÏVorlhingtoii » —ce qui indique des rapports
professionnels.
L'acte du 29 mai 1557 est le dernier où il soit
question de Sébastien Cabot. On ne sait donc rien de
ses derniers jours, ni de la date ou du lieu de sa mort
La citation précitée de Richard Eden porte à croire
que ce fut à Londres, peu après l'année 1557.
^
>
(i
ti
I,
■■:<■:
XVII
|orsq.u'en 15 12, Charlcs-Qiiint écrivit' à
son ambassadeur en Angleterre pour lui
recommander Sébastien Cabot, ce der-
nier était marié à une femme d'origine
espagnole nommée Catalina Medrano.
Le 25 octobre 1525, au moment où Cabot se pré-
parait à partir pour la Plata, Charles-Quint ordonna
qu'elle recevrait l'allocation de 50,000 maravédis qu'il
avait accordée à son mari treize ans auparavant *.
Les termes dont l'empereur se sert dans sa lettre à
Luis Carroz : « su mujcr i casa, » indiquent l'existence
non seulement d'une épouse, mais aussi d'une famille.
Si Cabotent des enfimts, on ne sait ce qu'ils devinrent,
et son nom, ainsi que celui de Catalina Medrano, dis-
paraissent complétenient des documents après les
dates que nous avons citées.
1. Appendice XV.
2. Cédule datée de Toledo ; Navarrete, Biblioteca Maritima, t. II, p. 698.
Il
JF-AX ET SIÎnASÏIHN CAROT ,,,
Nous io;norons aussi le nom de la mère de Sébas-
tien, mentionnée seulement dans la lettre de Lorenzo
Pasqualigo, lorsqu'il parle de Jean Cabot, en ces
termes : « sa uioicr vcmliana'. ^i
Elle semble avoir eu une sœur, dont on ne connaît
pas non plus le nom, qui au 28 avril 1523 vivait encore
à Venise et était très âgée. C'est une supposition qui
résulte de la lettre adressée à Cabot par liieronymo
de Marino sous cette date^ Comme nous l'avons" rap-
porté, Sébastien cherchait alors à trahir Charles-Quint
au profit de la Seigneurie.Les Dix voulaient l'attirer à
\'cnise, et, pour motiver son départ, on simula une
revendication de la dot de sa mère et de sa tante: « la
dote (H voslm madré et ameda » à exercer en personne
dans cette ville. Ces dots que Sébastien veut réclamer
vingt-cinq ans et même un demi-siécle^' après la mort
de ses parents ne sont évidemment que des inven-
tions; mais l'allusion à une tante est probable.
Quant aux deux frères de Sébastien, il n'en est plus
parlé après la supplique de 1496. Le foit que Ludovic,
qui était son aîné, n'est pas mentionné dans la légende
de la carte de 1544 à l^i suite de Jean Cabot et '"ivant
ou après Sébastien nous fait supposer que ni Ludovic
niSanche n'accompagnèrent leur père dans ce mémo-
rable voyage. Campbell cite * des remarques manus-
crites sur Hakluyt où il serait dit que deux des fils de
1. R. Brown, t. I, 752 ; nullo, p. 61.
2. « hi amcih vostni c moUovcuhia »; Bullo, p. 68.
3. Ce prétexte fut renouvelé en 155 1.
4. Lives ofthc British Admirais, t. I, p. 310.
l!6
JHAN HT SliBASTinN CAHOT
Jean Cabot, « s'ctablircnl à l'ctrangcr, l'un à Gcncs,
l'autre à V^cnisc. » Celte remarque ne saurait s'appli-
quer qu'à [Aulovic et à Sanclie, mais nous ne savons
quelle loi on peut ajouter à des notes anonymes
consi_u;nées, nécessairement, plus d'un siècle après les
événements. Hn tout cas, le fils qui serait venu â
Venise, n'y était plus en 1351, et nul membre de la
famille de Cabot n'y résidait à cette époque. Autre-
ment, les Dix n'auraient pas écrit à Navagero : « ma
chc non csscinlo il dctto Qtholo conosciiilo du akuno de
lUjui. y> Leur imagination était assez fertile pour trou-
ver un autre prétexte.
I . J :
CARTOGRAPHIE
1
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hi
, \
i
M '
NOTES
POUR SERVIR A UNE CLASSIFICATION DES ŒUVRES
CARTOGRAPHIQUES DE LA PREMIÈRE MOITIÉ
DU XVI'-' SIÈCLE
CONCERNANT LAMÈRIQUE SEPTENTRIONALE.
JRENANT pour point de départ que le
planisphère de Sebastien Cabot n'a pas
été dressé sur des épures contempo-
raines de la découverte du nouveau con-
tinent, mais à l'aide de documents postérieurs d'un
demi-siéclc à cet événement, nous avons pensé qu'il
serait utile de rechercher les éléments cartographi-
ques dont ce navigateur a pu faire usage en 1544.
Ce travail nous a naturellement conduit à tenter
de dresser l'inventaire des monuments de la géo^rra-
phie américaine au xvi'-^ siècle, avec la pensée'' de
determmer l'origine des délinéations qu'on relève sur
les cartes de cette époque, et d'en retracer les fortunes
SI diverses. Malheureusement, la plupart des anciens
I.p
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
i!
portulans n'existent plus. Ceux qui ont échappé à
l'action du temps, aux naufrai;es et aux batteurs d'or,
ne sont pas tous connus ; fort peu même ont été
décrits. Nous ne pouvons donc pas encore établir
d'une manière précise la filiation des cartes nautiques
qui nous restent, ni décrire avec exactitude les progrès
de l'hydrographie du Nouveau-Monde.
Les lacunes, cependant, ne sont pas. telles qu'on
ne puisse déjà reconnaître que le mérite des premiers
perfectionnements introduits dans la délinéation du
littoral de l'Amérique septentrionale appartient aux
cosmographes portugais. Ces habiles dessinateurs,
savants pilotes pour la plupart, exercèrent une in-
fluence considérable, non seulement par leurs œuvres
mais aussi par leurs préceptes, dont on reconnaît fa-
cilement les traces dans les portulans et les planis-
phères dressés aux Baléares ' , en Espagne et en
France. Mais si des cartographes lusitaniens émigrè-
rent de bonne heure chez leurs voisins de la pénin-
sule, on n'est pas fondé à croire qu'ils vinrent appelés
pour enseigner une science qui aurait été à l'état d'en-
fance dans le royaume des Rois Catholiques. La belle
carte de Juan de la Cqsa, dressée en 1500, au port de
Santa-Maria d'Andalousie, suffirait pour prouver le
contraire. Il est aussi difficile d'admettre que le fameux
pilote basque n'ait pas fait école, surtout à l'époque
I. N"» III et IV de Kunstmann, semblables ;\ une carte des collections
bavaroises signée : « Sulval de Pikstriiia en Malhrques en liiy M. D. XI. a
lili;
JEAN ET SliRASTIEN CABOT
Î41
du plus grand dcvcloppcmciit de la marine espa-
gnole et des explorations si hardies du littoral de
Amérique méridionale. Francisco et Ruv Vakho
Jorge et Pedro Reinel, Simon de Alcazaba de Soto-
mayor, n'étaient en réalité que des transfuges ' qui
croyant avoir à se plaindre du roi Manoel, avaient
quitte subrepticement le Portugal, pour venir offrir
leurs services à Charles-Quint. Ce monarque les ac-
cueilht avec faveur, comme son aïeul avait accueilli
les \ espuce et Sébastien Cabot, mais ce fut surtout
parce qu en Espagne on ne pouvait employer trop de
sens experts en ces matières pour les expéditions
projetées par la couronne. Il est vrai que deux Reinel ^
dessinaient et corrigeaient dés 15 19 à Séville
es cartes de la Malaisie pour le compte de
Charles-auint, mais les portulans que Magellan em-
porta dans son mémorable voyage, furent dressés sur
Ku-mo, como tamhicn hs mulnwlcs y esteras ,. L cttr - <u . , ^"''
auroidc Portugal; Séville. i8 jile/ ^ n " .:J^i't";r "
Selon Herrcra(Dccad. III lib IV rnn v, ^^'^^-'^ac, t. IV, p. 155.
.•;n. vi„„„,'.. ,,4;:- -f;,: :: l;^;,;r'.^':'l,^«v;:''rt
,
-iî
«
l;
I.|2
JEAN ET SÉIÎASTIEN CABOT
son ordre par un cartoi^raphc cspa'gnol de Valladolid,
Nuno Garcia de Toreno '.
Ce qui paraît avoir constitué â cette époque la su-
périorité des cosmographes portugais, c'est leur con-
naissance plus étendue de la géographie de la partie
septentrionale du nouveau continent. Ce n'est pas
qu'au commencement du \vi^" siècle on attachât en
Espagne ou en Portugal une importance très grande
à ces contrées en tant que possessions susceptibles
d'être colonisées; mais c'était là qu'on plaçait le fa-
meux passage au Cathay par le nord-ouest.
Encouragés probablement par le succès de la pre-
mière expédition de Gaspard Cortereal, d'autres Por-
tugais, les deux Fernandez et Juan Gonzalès, gentils-
hommes des Açorcs', avaient sollicité et obtenu du
roi d'Angleterre des lettres-patentes pour un voyage
de découvertes dans ces régions. Les gratifications
accordées par Henry VII à des marins du Portugal qui,
le 25 août 1505, lui avaient apporté de Terre-Neuve
des piverts et des chats sauvages"', l'ordonnance royale
1. « 112) maravedis que se diaon à Nuno Garcia para cowprar pcrgaiiihios
para hacer carias : ()oo por uua dccew.i de picks ; 864 que coslaron olra docena de
pieks ; 13,125 Duiravedis por skie carias de marear que bizo por la ordeii de Rui
Falero a cinco ducados; 11,250 maravedis quese pagarou à Nui'io Garcia de once
carias de luarear que hizo por la orden de Feruamio Magallaues. » Rehcion del
caste que luvo la Armada de Magallaues. » Nâvarrcte, t. IV, p. 180.
2. « Joliau. l'cruaudus, Fraucisco Feruaudus et Joliaii. Guusolus, armigeris in
Insulis de Surrys sub ohedieucia %egis Poiliigalix oriuiidisn. Memorauduvi
quod XIX die Mardi, auuo rcgni Reg. Hcnrici Seplimi XVI, public par Biddlc,
Memoir, p. 312.
j.ci'jTo Portugaks iM broughl popyiigais aiidcatls ofthe mounlaigne zutth olher
sluff lo Ihe Kiug's grâce, 5 /. »
JEAN ET SÉBASTIIIN CABOT
du 14 octobre enjoignant à Diogo Brandào de conti-
nuer a lever la dîme sur la morue apportée des Bacal-
laos dans les ports situés entre le Douro et le Minho '
témoignent aussi d'efforts constants. D'ailleurs les'
contours et les positions dans les portulans des 'mc-
niiéres vmgt-cinq années du xvi^- siècle, évidemment
copiés sur les premières cartes lusitaniennes, ainsi que
les noms de ports, de caps, d'estuaires, de rivières de-
puis le Labrador jusqu'au cap Rasso et depuis la terre
des Cortereal jusqu'à celle de Estevam Gome/
presque tous portugais, ne sauraient laisser de doutes
a cet égard.
Quant aux éléments particuliers qui servirent à
construire les portulans lusitaniens, et, par suite les
premiers planisphères espagnols, il est presque im-
possible de les déterminer. La carte envoyée de Por-
tugal par Alberto Cantino', agent diplomatique
d Hercule d'Esté, duc de Ferrare, auprès de Manoel,
et la lettre qu'il adressa de Lisbonne à son souverain
le 17 octobre 1501» dèmomrent l'existence de docu-
ments cartographiques accessibles et se rapportant aux
voyages de Gaspard Cortereal. Ces cartes furent évi-
demment le point de départ des délinèations dont le
portulan dePedroReinel est un si précieux spécimen^
xLT-' '""'^'''' '?''^° 1^>a,uhio,~Pescaria<lo Bacalhào na IJha da Tenu
sZ^f7 It °f"t" ''''• "-'"• '' "^""''■^"' "' '''""'• '■"' 46; cite par
\u-naiis de Lishoct, t. VIII, p. 338,
2. Dibliothôquc d'Esté, d Modcnc.
3- MS. Archives d'État, ;\ Modènc
4 Kunstmann. Allas zur Entdccku.ss.Gcschichte Amcrikas, pi. I.
fl ■
144
JEAN ET StlîASTlEN CAHOT
Comme nous l'avons déjà dit, les pêcheurs de tous
les pays baignés par l'Atlantique se hâtèrent d'ex-
ploiter les pêcheries signalées par les Cortereal (si
elles Ile le furent par les Cabot), et ils ne cessèrent d'y
retourner tous les ans. Pour sécher ou saler le pois-
son, ces hardis marins descendaient souvent à terre :
de là des stations qu'ils durent nommer et fixer sur
des cartes. Les profits de ces expéditions amenèrent la
formation de compagnies maritimes, qui, disposant
d'amples ressources, purent embarquer d'habiles pi-
lotes. Ceux-ci rapportèrent de la terre des Bacallaos
des épures dont les cartographes firent usage, et
tout porte à croire que Lisbonne fut un grand centre
d'oeuvres hydrographiques de ce genre.
Il ne fiiut cependant pas s'exagérer l'importance et
l'exactitude des premiers portulans. Pour la partie sep-
tentrionale du nouveau continent, c'est toujours un
littoral partant du Groenland, ici appelé Labrador,
affectant au sud une forme mamillaire, et qui, après
un coude, descend en une ligne à peu près droite
sans tenir compte de l'insularité — inconnue jus-
qu'en 1534 — de Terre-Neuve. Alors se voit un
es^^uaire très étroit, figurant le golfe Saint-Laurent,
mais sans les abords si caractéristiques qui consti-
tuent l'île du Cap-Breton. Parallèlement au golfe, sur
la terre ferme, se lit la légende: « Terra de Curie
7?m7,» souvent suivie du nom de Bcicnlhios, \cqud, dans
les portulans italiens', est placé au nord de cette région.
1. Itifru, dcscripiion des portulans ilc Baptista Agnesc.
JEA\ ET SÉlîASTll-M CABOT
'45
Ces profils se maintiennent pendant vingt ans
Entre les années 1522 et 1526, on voit se produire
un grand et beau planisphère sévillan, plus complet
que les cartes portugaises, mais seulement en ce qui
concerne la partie méridionale du Nouveau-Monde
car les côtes septentrionales n'accusent de chancre-
nients qu'aux abords du golfe St-Laurent, dorénavant
plus vastes La carte de Nuno Garcia de Toreno,dont
on n a malheureusement qu'une fraction abrégée ', est
1 échantillon le plus ancien que nous possédions de
cette nouvelle manière. Les mappemondes de W'ei-
mar de 1527 et 1529' ne font évidemment que la
suivre dans tous ses détails.
On retrouve ces délinéations, ces légendes et ces
positions dans toutes les cartes pendant une douzaine
d années encore. Ainsi, tous les portulans de Battista
Agnesc, y compris celui qui, avec l'effigie de l'empe-
reur Charles-Quint, porte une dédicace à Philippe
son h S', accusent jusqu'en i564\ et même après
cette date, les mêmes contours et soudent encore
1 erre-Neuve au continent.
Cette persistance s'explique par la conjecture, très
plausible, que les premiers voyages de Jacques Cartier
passèrent a peu près inaperçus hors de France. Ce ne
h Collection F. Spitzer, ;\ Paris.
■1. Infra, Cartographie, uo 19.
10
146
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
fut que la troisième expédition , commandée par
Roberval et équipée bruyamment dans les ports de
Normandie, du 15 janvier 1540 au 22 août 1541, qui
éveilla sérieusement l'attention de Charles-Quint.
Au printemps de l'année 1541, nous voyons le
conseil des Indes envoyer en France un espion « para
saver h de las Armadas que se preparahaii alli\ » L'en-
voyé répondit qu'à St-Malo on armait treize navires
et, à Honfleur, quatre galions que Jacques Cartier, au
milieu d'avril prochain, devait conduire « a pohJare una
tierra que se ÎJamaba Canada. » L'été suivant, Charles-
Quint envoya aux Bacallaos une caravelle commandée >
ce semble, par Ares de Sca ' « a saher h que havia hecho
par alla un eapitaii Franees que se dice Jacques Cartier^. »
Dans l'intervalle, le roi de Portugal avait été pres-
senti sur l'opportunité d'une expédition combinée
à Terre-Neuve, mais Joâo III s'y refusa, alléguant la
perte de deux navires portugais dans ces parages, sans
compter ceux qui avaient éprouvé le même sort du
temps de son péreManoel*.
Parti du port de Bayona en Galice, le 25 juillet
1541, Ares de Sea revint en Espagne le 17 novembre
suivant. C'est probablement à cette époque que les cos-
1. Archives des Indes A Séville, Patr. Riuil, h^'. 6° ; Buckingham Smith,
Cokccion lie l'urios ilociimeiilos pciru la hisloiiu de la Horida. Madrid, 1837, in-4,
t. I, p. 107, 109.
2. MS. t. LXXII, f. 19 et t. LXXXII, f. 209, de la collection Mufioz,
cité par M. C. F. Duro, Arca de \ct', Madrid, 188 1, in-8, p. 316.
3. Buckingham Smith, loc. cit., p. 114.
4. Carta dirigidapor cl Emhajador m Portugal al Comeiidador mayor de Cas-
tilla; citée par M. Duro, hc. cil.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
'47
mographcs espagnols reçurent pour la première fois
ces notions relativement exactes sur la configuration
ck 1 lie du Cap-Breton et l'insularité de Terre-Neuve
Mais, a en juger par la carte de Gutierrez de kso
lis ne ixinusscnt pas s'être pressés de les utiliser. '
Barbie du Bocage semble vouloir faire remonter à
la fuite en 1-rance, dans l'année 1540, de Miguel da
i>ylva, cveque de Viseu, l'introduction d'éléments car-
tographiques dont les Français se seraient servis pour
créer une sorte d'école de cosmographes. Ses données
sont empruntées â La Cléde', qui n'accuse cependant
h transfuge que d'avoir « emporté avec lui quelques
papiers d importance. » L'ordonnance du 23 janvier
1542, par laquelle Joao III bannit son ancien flivori
ne dit.aussi que «Miguel da Sylva s'est dérobé à son
service et a son obéissance sans restituer les lettres et
cents très importants qu'on lui avait confiés en vertu
de ses fonctions de secrétaire d'État^ »
Cette hypothèse est néanmoins admissible, sur-
tout lorsqu on voit figurer dans l'atlas de Jean Rotz
et sur la mappemonde dite de Harley', dressés en
1 . Miisasin encyclopédique (de Millin t IV de 1' m„ • «
l^;<-^r.edc;PoruUv.r^:^Zt:^^
^i— Lisbo^l" ti; p:;:"ii;'c7t"''''^ ""• ^""' '^-^-
4. British Muscum, Ohl Roy. MSS., 20.' F I\ -"Jt ^ /; a/cc
portulan de Rot. fut fait pour être dcdié à FnuK-ds f! ^f' '''''Y
armes de France e: celles du Dauphin. ' ' ''""■' P°"*=- '"
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148
JIZAN ET SÉBASTIEN CAHOT
France de 1542 à 1547, des renseitjrncmcnts si précis
concernant Java et l'Australie que les Portugais
avaient tant d'intérêt à tenir cachés'.
Nous n'avons pu retrouver les ojuvres de cosmo-
graphes tels que Jean de Clamorgan*, ni voir celles
attribuées à Guyon de Sardiére ', mais la mappe-
monde faite en 1531 par Oronce Fine pour l'édition
parisienne du recueil dit de Gryna;us', et les cartes
de Pierre Desceliers, de Jean Rotz, de Nicolas de
Nicolay, témoignent de l'habileté des cartographes
français sous le régne de François F'"". Ils étaient donc
capables de dresser des portulans pour la navigation
au Nouveau-Monde, et des cartes représentant les
pays que la France cherchait alors à coloniser.
Quoi qu'il en soit, plusieurs grands planisphères
français de cette époque '', portent, à l'abri du pavillon
fleurdelisé, des appellations portugaises. Quant aux
configurations précises du golfe St-Laurcnt, et à
1. Barbi(i du Boc.ig:, hv, cit.
2. » N" 6815 lie l'inventaire de 1682, Cosmographie ou cartes géogra-
phiques et hydrographiques présent^Jes par Jean de Ciamorgan d François
h". Ce volume est en déficit. » Delisle, Le cabinet des MSS.ilc la Bibliollièque
impériale. Paris, 1866, in-4, t. I. p. 265.
3. « Cartes de tout l'Univers, if}6, » MS. de la collection de sir Thomas
Phillips à Cheltcnham, n"s 1912-845. Ce nonin'est probablement que celui de
l'ancien propriétaire de l'Atlas. Il y eut un bibliophile nommé Guyon de Sar-
diére (fils de la célèbre mystique madame Guyon) qui vendit sa collection
au duc de la Vallière, et dont on retrouve la signature sur plusieurs manus-
crits de la bibliothèque de l'Arsenal.
4. Ncu'a et intepa iiniversi orbis descriplio. Ti. A. V. n" 173.
5. Cartes dites de Henri II, de Harley, de Vallard; décrites infra.
JEAN ETSÉDASTII-N CABDT
M9
rinsularitc de Tcrrc-Ncuvc, c'est dans les mappe-
mondes dites de ITarley et de Henri II, construites,
peut-être, sur l'ordre de l'rançois I^'"- pour son
lils le Dauphin, vers 1542, qu'on les voit pour la
première fois. Jusqu'à plus ample informé, on doit
donc admettre que toute carte de la première moitié
du xvi^- siècle où l'île de Terre-Neuve n'est pas soudée
au contment, qui porte dans l'intérieur du golfe, à
l'ouest et à proximité de la région supérieure de 'la
pénmsule du Cap-Breton, une île de grandes dimen-
sions, et qui trace au fleuve St-Laurent un parcours
jusqu'au 70^' degré de longitude, est une carte non seu-
lement postérieure aux voyages de Jacques Cartier,
mais aussi une carte qui a été construite avec des
éléments géographiques empruntés, directement ou
indirectement, à l'hydrographie française. Le planis-
phère de Sébastien Cabot est, à n'en pas douter, une
œuvre de ce genre. C'est ce que nous avons cherché
à démontrer.
I}0
JEAN ET SliUASTIEN CABOT
i
1497.
CARTES DI-: JEAN CABOT.
IL est plusieurs fois question de cartes et de sphires
dressées p;u' Jean Cabot ; « Messcr Zomnc ha Ut dcscrip-
tionc (kl tnonJo in uua carta., e anche in tout sphera solida
chcluia fatio* «, dit Raimondi. « Fisla laderrota que llevan », lit-
on ' dans la dcpèchc de Puebla. « Yo he visto la carta que hafccljo
el inventador . . . la carta 0 viapa mundi que este ha fccho », dit aussi
Ayala ^. " Astranger Venctian, îvhich l'y a cart tnade himself expert
in kmnuing of the icorld », est-il écrit dans un des manuscrits du
British Muséum '.Knfin, Hnkluyt, d'après Fabyan, dit: « A Ve-
nctian ^ ivhich made himselj. ry expert and cnnning in kncnvledge
of the circuit ofthe u'orlde and ilandes ofthe same as by a carde...
heeshnued"^ ".
Tous ces documents ont disparu.
1. Dépikhe du 18 dcccmbrc 1497, appendice X.
2. Appendice XII.
3. Appendice XIII.
4. MS. cottonien, Anno 13, Hen. VII; appcnd. VI A.
5. Hakiuyt, Divers voyages, p. 23 de la réimpression.
.1 W
■ fi îi
JI'AN ET SllDASTlEN CAIJDT
i$i
PUNISPIlfeRf; Dr; stoASTII-N CABOT,
LA prcmic-re fois qu'il est fait mention d'une mappemonde
drcssécpar Sébastien Cabot, c'est dans le récit de l'ano-
nyme de Kaniusio : .< Moslroiitmi molle cosec fm l'iiltn- un '
Mnppamomlo faraude colle luwigaliom pariicolan si ili PorUtshcsi
conte di Castlgliani'n. Nous ne savons ce qu'était cette carte, et il
n'y a plus en Hspagne aucun document cartographique qu'on
puisse attribuera Sébastien Cabot.
Les dernières traces de cartes dressées par Cabot disparurent
le 20 septembre i575- A cette date, le cosmographe Juan I3au-
tista Gesio ou Gcssio», adressa une supplique à Philippe II pour
que S. M. reprît possession d'une ancienne carte enluminée sur
parchemin, œuvre de Sébastien Cabot, qui allait passer en vente
publique ;\ la suite du décès de Juan de Ovando, président du
conseil des Indes'.
Les autres citations se rapportent toutes i la mappemonde
qui porte la légende suivante : Relulo del aiictor
I5M-I9-
I. RuccolUi, i5)0-)3, f. 414; appcnd.XXI.
>kinr,s,l, MS. daté de M.>drid. ,579etcité par M. M. Yménc/do la Espada
Kcluaones geographiau Je ImUas. Perù. Madrid. 1881, in.4, p cxxiv
3. .< Tuvolocnsnpochrhastusu muerte d visilador y prcsidcuU dd Consdo
Gs,o al Rcy. cd,a de Madnd y 20 de setiemhe de is7i. c» doude dice, que en la
tZt W r 7 f ''"""'" "'"'' "" '""l"' """Suodepergannno Lninado
[miwteca dd Escoriah », hc. cit., p. xxx, note.
,
152
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Sébastian Cabota capitan,y piloto mayor de la S. c. c. m. del Im-
pcrador don Carlos quinto deste nombre, y Rey niiestro sennor hizo
esta figura cxtensa en piano, auno del naschm de nro saltiador lesn
Christo de A/. D. XLIIII. annos '.
Mappemonde coloriée projetée en une seule ellipse do 148
centimètres sur le grand axe et 1 1 1 centimètres sur le petit axe,
suivant le procédé d'Apian *. A droite et à gauche, on distingue
une série de légendes longitudinales en langue espagnole, suivies
d'une traduction latine. Ces deux bandes, composées en caractères
d'imprimerie, ont été ajoutées après coup. Il est à noter que
dans les mots espagnols qui exigent un til sur la lettre n placée
entre deux voyelles, ce signe est omis et la lettre n est doublée :
sennor, mannana, anno, etc. : preuve que ces bandes n'ont pas été
imprimées en Espagne, mais dans un pays où ce signe t}'po-
grapliique n'était pas employé. Nous présumons que la carie fut
gravée et que les légendes furent imprimées à Anvers, parce que
cette ville, au milieu du XYi" siècle, était un grand centre de pro-
ductions géographiques, que les cosmographes espagnols de l'é-
poque y fliisaient graver ou publier leurs cartes ', et que nous ne
connaissons pas de til employé par les imprimeurs du nord de
l'Europe avant les publications de Bellero et de Steelsio. Cepen-
dant, comme en 1544 Charles-Qiiint était empereur d'Allemagne
et que la carte porte ses armes en grand format, elle peut aussi
provenir d'une des villes de l'empire, Augsbourg par exemple.
1. Légende 17; voir le fac-similé placé en tête de cet ouvrage,
2. D'Avczac, Coup d'icil sur ta projection des cartes géographiques. Paris, 1863,
in-8, p. 54.
3. Voir par exemple la carte de Diego Gutierrez, qu'il ne faut p.is con-
fondre avec son père, du même nom et également cosmographe, mais dont
les cartes furent prohibées en 1^45 : Americe sive quartiC orhis partis, nm'aet
exactissima descriptio. Hiero Cock excud,e. AiUverpiœ, 1562 ; o™, 92 X '""ig}
en six feuilles in-fol. ; vendue par Edwin Tross, il y a une dizaine d'années,
au British Muséum (Map6ç}iS-iS.)
JEAN ET SIÏBASTIEN CABOT
15}
Le seul exemplaire connu ' de cette mappemonde, se trouve
dans la galerie de géographie de la Bibliothèque nationale de
Paris. HUefut trouvée en Allemagne et achetée de M. de Hennin
pour la dite bibliothèque en 1844, pour 400 francs. Suivant Le
Prince et Paris % cette carte, découverte chez un curé de Ba-
vière, aurait été procurée par M. de Martius, secrétaire de l'A-
cadémie des sciences de Munich. Jomard l'a reproduite ", mais
sans les légendes longitudinales*.
Le texte latin de ces légendes, pris sur une édition autre que
celle de la Bibliothèque nationale de Paris, se trouve dans l'ou-
vrage de Chy trapus \
Cette carte est mentionnée par Livio Sanuto ", d'après
Guido Gianneti da Fano, par Ortelius', par sir Humphrey
1 . Nous lie savons ce qu'il y a de fondé dans le bruit qui courut dan,>
l'année 1868 qu'on venait d'en découvrir un autre exemplaire en Allemagne
2. Essai sur la Hibliolhèqiie du roi. Paris, 1856, in-12, p. 285. Btilktin
ik la SocUtl de géographie, août et septembre 1857, p. 26<S.
}. Les Monuments de la G/ograpbie, ou recueil d'anciennes caries. Paris, 1842-
1862, in-fol. allant; n» xx. Nous reproduisons, d'après l'original, la partie
de cette carte qui se rapporte aux découvertes des Cabot en 1497.
4. Ces légendes ont été depuis .tutographiées en fac-similé par M. Boselli,
gendre de M. Jomard.
5 . Nathan Koclihaff (dit Chytrxus), Variorvm in Evropa Itinenm Dellciit.
Herborn, 1594, petit in-4, p. 77}-795. Idem opus, 1599 et 1606, p. 599-
614.
Il importe aussi de consulter l'excellente analyse donnée par M. Kohi,
History of Ihe Discovery of Maine, t. I de la 'Documentary History of Maine,
Portland, 1869, in-8, 22 cartes; p. 358-377, et M. Charles Deane
Remarks on Sébastian Cahot's Mnppe-Monde. Cambridge, 1867, in-8, 8 p.
Tirage à 50 exemplaires de l'article publié dans les Troceedings oftbe Ameri-
can oinliquarian Society, pour avril 1867, p. 43-50.
6. Geographia distinta in XII libri. Vinegia, 15H8, in-fol., f. 2. recto.
7. « Sebastianus Cabolus venelus. Universakm Tabulam; quam impres-
sam (tneis formis vidimus, sed sine nomine loci, et inipressoris, » Liste des
autorités consultées, en tête du Theatrum, Antuerp., 4570. Ortelius ne dit
pas où il a vu cette carte, mais ayant suivi en Angleterre son cousin Emma-
nuel Mctcren, il est probable que ce fut ;\ Londres ou ;\ Oxford en 1550.
p
II
•54
JEAN ET SEBASTIEN CABOT
U
ii
Gilbert ', par Richard Willes *, par Hakluyt \ par Samuel Pur-
chas *. Tous les exemplaires que mentionnent ces écrivains ont
été vus en Angleterre.
La carte citée par Gilbert porterait que Cabot atterrit le 1 1
juin % tandis que la légende de celle de Paris expose que ce fut
le 24. La carte décrite par Chytnvus serait datée non de 1544,
mais de 1549, comme celle de Purchas, qui donne en outre
1497 pour millésime de la découverte, tandis que l'exemplaire
de Chytntus porte 1494. Hakluyt, dans ses Divers voyages, donne
aussi cette dernière date, mais dans l'édition des Priucipall Navi-
gations de 1599- 1600, on lit : 1497 ; enfin, l'exemplaire que cite
Mcteren retourna dans ce pays en 1556 et en 1558, mais comme Ortclius fit
ce voyage dis qu'il eut terminé ses études, c'est à l'année 1550 qu'on doit
faire remonter l'époque où il vit cette carte. Peut-être trouverait-on quelques
renseignements dans sa correspondance, qui est conservée en grande partie
dans la bibliothèque de la Diilcb Rifoimcd Chttirh X Londres. CiitiiIoi;ui' </i'
Fml. Miillir. Amsterdam, 1875, Part, m, n" i8j6.
1. « His Claris, which are yel to be secncin thcQuecncs Maieslus priiiii' Galk-
rie at IVIntehall. » Sir Humphrey Gilbert, Discourse, dans Hakluyt, t. III,
p. 24.
2. « Cabol's table which the Earlc of BeJford hath at Cheynies » Richard
Edcn, History of Travayk. London, 1577, in-4, f. 232, et Hakluyt, t. III,
p. 16.
3. « Tbc mappe of Sébastian Cabot, eut by Ckmcnt Adams... lobe seene in
her Maiesties pritiic galhrie at Westminster, and in many other ancient mer-
chants Imiscs. » Principall Navigations, 1589, p. 511 et 1599, t. III, p. 6.
4. The great Map in his Majesties priuie Galkrie, of iMch Sébastian Cabot
is often therein called the Author... This Map, satne say, xvas taken ont of Sir
Seb. Cabot's Map by Clem. Adams, 1549. » His Pilgrimage, London, 1625,
in-fol., t. III, p. 807.
5. Ce qui prouve l'inexactitude de la date donnée par Gilbert, c'est que
si Cabot avait découvert la grande île le 1 1 juin, il n'eût pu la nommer
« Sant Joan, por auer sido descubierta el tnismo dia », ou, comme le dit plus
explicitement la traduction latine ; « diui loànnis nominarunt, quippe quit
solenni diefeslo diui loannis aperta fuit. »
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
ïS)
le compilateur anglais aurait été gravé par Clément Adams ' ,
conséquemmentà Londres.
Il y a aussi des différences dans la traduction latine. « 1494,
die uero 24. lulij, hora 3 , mb diluciilo, » lit-on dans la carte de
Paris." 1594 (sic pro i4')^)dieverô2^.Itmii.,hora 5. stib diluculo»
est la date que donne Chytra^us. Enfin, la fameuse légende 8,
selon l'exemplaire vu par Hakluyt dans la galerie particulière du
roi d'Angleterre à Westminster, serait en ces termes : « KÂnno
Domini 1494 (1497, dans l'édition de 1 599-1600 de ses Princi-
pall Navigations) loaimesCabotus vcnei us, et Scbastianns illius filins
mm tcrramjecerunt peruiam, quant nnllus prias adiré atisus fuisset,
die 24 Itinij circiter horam qiiintam bene manè. Flanc autem appel-
huit Terrain Primàm visam, credo quod ex aduerso sita est insula^
cam appellauit insulam D. loannis, hoc opiner ratione, quôd aperla
fuit co die qui est sacer D. loanni 'Baptistœ. »
Dans la carte de la bibliothèque et dans celle citée par
Chytraîus, la légende est simplement comme suit :
« Terram olitn nobis clausam apcruit Joannes Cabotns Venetus,
nccnô Sebastianus Cabotas eius filius, anno ab orbe redempto 1494,
die uero 24 lulij [sic pro lunij], hora 5, sub diluculo qud terra diui
loannis nominarunt, quippe qua solenni die festo diui loannis aperta
fuit. »
Ces différences autorisent la supposition qu'il y a eu quatre
éditions :
i" La carte de la Bibliothèque nationale, dressée en 1544 ;
2" La carte vue à Oxford par Nicholas Kochhaff en 1566,
dressée en 1549: v- plana figura me delineavit : 1549 » ; avec date
exacte de « lunij » dans la légende 8, et un titre spécial pour
chaque légende ;
I. Ce Clômcnt Adams était maître d'école des pages de la reine, et le
rédacteur des voyages de Richard Chauccllor et de Hugh Willoughby
en 1553.
1)6
JUAN ET SI-BASTIE\ CABOT
î ']
1 .i
1)00.
3" La carte gravée par Clément Adams, vue par Hakluyt en
4° Enfin la carte que cite Purchas comme ayant été examinée
par lui dans la galerie privée du roi d'Angleterre l\ Westminsteri
et qui ne semble pas être celle de Hakluyt, puisque cette dernière
est datée de 1544, tandis que la carte de Purchas porte le millé-
sime de 1549, ni être celle de KochhafF, car la légende 8 en
diffère. Notons aussi que Humphrey Gilbert parle au pluriel
des cartes de Cabot qui se trouvaient dans cette galerie : « His
charts, îi'hicb are yet to be sccn, » ce qui laisse supposer deux cartes
au moins.
Notre sentiment, cependant, en admettiint des fautes de
transcription et d'imprimeur, est qu'on peut ramener ces quatre
descriptions à trois types seulement : la carte de la Bibliothèque
nationale, la carte décrite par Chytrasus, et celle gravée par Clé-
ment Adams. Qiiant aux différences géqgraphiques que le lec-
teur pouvait probablement y relever, on ne saurait aujourd'hui
les préciser.
Voir Supra, pages 54, 64 et 80.
3
CARTE DE JUAN DE LA COSA.
APPEMON'DE sur Une feuille ovale de vélin de i'",8o
X o"',96, rehaussée en couleurs. On distingue
dans la partie supérieure de la carte une miniature
représentant St. Christophe portant le Christ, et la légende :
« Juan de In cosa laj'izo cud pucrio de s : iii'^j [Santa Mi'.ria] en ah" de
1500.»
M
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
>S7
Mise en lumière par Alexandre de Huraboldt, qui l'avait exhu-
mée de la bibliothèque du baron de Walkenacr ;i Paris en
i8.|2, cette belle carte fut vendue ;\ la mort de ce dernier, le 21
avril 1853. Achetée pour le compte du gouvernement espagnol
;ui prix de 4020 francs ', elle est aujourd'hui conservée au musée
naval de Madrid ".
L'absence de degrés de latitude et le caractère de la projection
nuisent \ la précision de ce monument cartographique, très cu-
rieux d'ailleurs. Aussi est-il assez difficile de déterminer les points
importants du littoral qui nous intéressent, et de savants géogra-
phes ne sont pas d'accord pour les identifier. Par exemple, là où
llumboldt voit la côte septentrionale du golfe St-Laurent.
M. Kohi reconnaît le littoral méridional de l'île de Terre-Neuve.
Pour le premier, le Cavo de Ynglaterra, est un promontoire dans
les environs du détroit de Belle-Isle; pour le second, c'est le cap
Race^
Cette mappemonde ouvre la série des documents cartogra-
phiques se rapportant aux Cabot, car elle confirme des décou-
vertes faites par les Anglais avant l'an 1500, et qui ne peuvent
être que celles accomplies par ces navigateurs pour le compte de
Henry VII en 1496 et 1498.
Elle a été publiée en fac-similé par M. Jomard*. Ramon de la
Sagra ' et Humboldt " en ont donné la partie américaine. Une
réduction se trouve aussi dans Lelewell '.
Voir Supra, pages 52 et 103.
1 . N» 290 1 du catalogue de vente.
2. No S5Î du catalogue du musée.
5. Gliillaiiy, Geschid'le des Scejahrers rilter Muritn Ikbtiim, NiUnbcrg, 1853,
iii-4, p. 2 ; Kohi, Documeiilary History of Maint; t. I, p. 154.
4. Moiiinncnts de la géographie, pi. XVI.
5. Histoire physique... dcVilede Ch/ic. Paris, 1842, in-fol.
6. Ghillaiiy, Gcschichte de Bchaim. Nuremberg, 1853, iii-4, et premier
ti.-age de VExamcn Critique.
7. Gèographiedu moycu-dge. Bruxelles, 1852, Atlas, carte 41.
ibh';!
i>8
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
4
CARTE DlTl- Dli ALBERTO CANTINO.
I5OI.
CET important document est ainsi décrit : « Carta da
navigarepcr h Isole niiovamentc trovate in la parte deW
Iiidie, atlribuita a Alberto Cantitio dclFanno i^oi-o}
{)° viaggio di Cristoforo Colombo). Il originale si conserva nella
Bibl. Eslense di Modetia ' » .
Carte de 2™, 20 x i"',05, sur parchemin».
A défaut de renseignements de visu, le lecteur nous saura gré
d'insérer ici une note des plus intéressantes de M. Pietro Amat
di San Filippo, que nous devons à l'extrême obligeance de
M. Dalla Vedova, secrétaire général de la Société géographique
italienne de Rome :
« Sur quel fondement a-t-on attribué ;\ Alberto Cantino la carte
géographique manuscrite possédée par la Bibliothèque d'Esté et
indiquée au n" 151 de la liste Uzielli, page 354? L'indication
fournie en 1875 par le célèbre bibliothécaire Carbonieri est la sui-
vante et elle se trouve écrite au bas d'un parchemin portant le
titre de : « Carte pour la navigation des îles nouvellement trouvées
m'
J
1. Nous empruntons ce titre au catalogue de M. Ferd. Ongania, éditeur il
Venise, qui se propose de publier cette carte en fac-similé dans la Raccolta
ai Mappamoiidi e carte naiitiche Jet XIII al XVI secolo, qu'il prépare sous la
direction de M. Theobald Fischer, professeur de géographie à l'Université
de Kiel.
2. G. Uzielli, Eleiico dci Mappemoiidi, no i ji, dans les Stmlij. Ronia,
1875, in-4. p. 354-
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
'59
tians les Indes. Don de Alberto Cantino à Monseigneur le duc Ercole. »
Cette carte indique la route suivie par Christophe Colomb lors
de son troisième voyage (1498), ainsi que la découverte de la
péninsule de Goa et de la côte de Pescheria faite par Vasco de
Gama (1498-1499) ; la découverte (?)de Terre-Neuve par Corte
Real (1501), et celle accomplie par Cabrai (1500) de la terre de
S. Cruz, qui est le Brésil.
Il n'est pas difficile de fixer la date de cette carte nautique, qui
a dû être dressée après 15 01 et avant la mort du duc de Ferrare,
qui eut lieu en 1305.
La légende de cette carte porte que Cantino n'en a été que le
donateur, ce qui est en outre prouvé par le fait qu'il se trouvait à
Lisbonne en qualité d'agent ou — ainsi qu'on disait alors — d' « ora-
teur » du duc Hercule. En effet, il appert des communications
de M. le directeur des archives d'État à Modène, qu'Alberto Can-
tino était ;\ Lisbonne en janvier 1501, d'où il écrivit une lettre
adressée il' « 111'"° Principi et Ex"'" Domino HercuH Duci
Ferrari, etc. »
Dans cette lettre, Cantino décrit une cérémonie qui eut lieu à
la cathédrale pendant laquelle le roi éleva Vasco de Gama à la
dignité d'amiral de l'Inde, et lui remit l'étendard et l'épée.
Dans une autre lettre datée de Oran, le 7 juin 1501, Cantino
parle de navires équipés par la France en Provence. Ces navires
devaient se rendre à Naples ou en Turquie. Il parle en outre de
l'Espagne et des mines d'or découvertes dans les nouvelles îles et
il ajoute que quinze jours auparavant, six caravelles étaient par-
ties pour l'Inde (Amérique).
Une troisième lettre de Cantino, datée de Oran, le 19 juillet
1301, donne des renseignements sur l'escadre portugaise et sur
le commerce des épiceries et des perles de l'Inde.
Dans une dernière lettre très longue, datée de Lisbonne, le 17
octobre 1501, Alberto Cantino parle d'une expédition envoyée
neuf mois auparavant (en janvier 1501) par le roi de Portugal
i:
i6o
JEAN ET SÉBASTIEN CABOl'
dans les régions septentrionales pour découvrir des Terres ou des
Iles.
Un des deux navires revint le 1 1 octobre, et Cantino entendit
la relation que le commandant fit au roi, et il en parle dans la
lettre. Des indications recueillies par Cantino il parait qu'il s'a-
gissait d'un voyage au nord de l'Amérique, pays de chasse et de
pèche, très froid, dont les habitants étaient vêtus de fourrures de
renard et de zibeline, etc. Cette expédition pourrait être celle de
Cortereal qui eut lieu précisément en 1501 et qui est indiquée
sur la carte nautique donnée par Cantino i\ Hercule d'Esté en
cette même année.
J'ignore si la carte précitée est originale ou une copie que Can-
tino aurait fait faire pour la présenter à son souverain, qu'il
appelle : « Dignissimo ac Domino iiico Singiilarissimo. »
Le présent ouvrage était complètement imprimé lorsque nous
avons reçu le fac-similé de la carte précitée que M. le Ministre
de l'Instruction publique du royaume d'Italie a eu l'extrême obli-
geance de faire exécuter, i\ notre requête, par un cartographe très
habile, M. Ercole Sola.
L'espace nous manque pour décrire ici ce monument de la
géographie, assurément le plus remarquable et le plus important
que nous connaissions pour l'histoire des premières navigations
transatlantiques. Nous publierons cette belle carte, avec com-
mentaires, et une série de documents inédits ou peu connus tirés
des archives de la Torre de Tombo, dans un ouvrage d'ensemble
sur les voyages des Corte-Real, lequel est sous presse'.
i.'!
I. Les Coiie-Real et leurs voyages au Nouveau-Monde, D'après des documents
nouveaux tirés des archives d" Portugal et d'Italie, suivi du texte itikiit d'un récit
de la troisième expédition de Gaspard Corte-Real, et d'une carte portugaise de
l'année i}02 , reproduite ici pour la première fois. Paris, Leroux, 1882, grand in-8.
'Il
JliAN ET SliHASTJIiN CA130T
i6
5
MAPPEMONDE ATTimviiU A SALVAT DE PILESTRINA.
C EST le No III de Kunstmann, et le N» VIII de Kohi,
mais nous avons fait notre analyse d'après un beau
Pro.^cl ' mH' " • t ' ''"' '°'"'''^'''-^' '''^'^'' P^"- M- 0«o
à Munich "^ '°"'''''' '"' '''■"'" ^'^ ^''™'^"^' '^^^^''^^«i^^"
Selon Kunstmann «, cette mappemonde anonyme dénote h
.ncme mam qui a tracé une carte nautique du dépôt de Munich
signée : . Salvat de Pikstrina en Uallor.ucs Inlay MDX 1
Peut-être faut-il lire .< Salvatlorel de PalesLa., et alors nous
aurions l'œuvre d'un cosmographe vénitien ou romain étabH
pt^riL^iir^'^^^^"^
Peschel suppose • qu'elle futdressée entre les années 1502 et
IS03. Cette carte est donc, après celle dite de Cantino, b plus
.. !;bliothèque nationale de Paris, départ, des Cartes, n" lo.o a.
'i^'yr-schm Haupt Conservatonum;mnch^n, 1852, in-8 n 7
3. Acette époque les cosmographes émigraient volontiers Dès u6i on
siècle dernier \ Su ' ^ ^'^'"^'' ""'^ l'ydrographique trouvée au
M de Henl t ,r'V '^^"'' »>-^"" '-''-^'^'"-'tée A Nuremberg par
■son^ttr W^^^ cet établissement, le ,3 décembre .«SM^'la
4- (^eschichU des ZcitaUcrs, p. 331.
u
1503-1504.
162
JUAN ET SÉRASTIl-N CAPOT
rapprochcf des découvertes Hiitcs par Gaspard et Miguel Cor-
tereal.ct, i ce titre, d'un certain intérêt, comme irïdiqua!<t l'éten-
due des connaissances géographiques des Portugais, voire même
des Majorquains, concernant ces régions, dans les cinq ou six
aiuiées qui suivirent les voyages des Cabot.
CARTU DE PEDRO REINEL.
1505.
CETTE carte, qui n'est probablement qu'une feuille déta-
chée d'un portulan, est sur vélin, non datée, et elle ne
porte pas de titre. On y lit seulement, en grosses lettres
semi-gothiques : k Pedro Rdmlafez. »
Conservée à la Bibliothèque royale de Munich, elle a été repro-
duite en partie par Kunstmann * et par M. Kohi ». Ce dernier et
M. Schmeller ^ en ont donné une description détaillée.
Barros mentionne ' un « Pero Reitiel moço d'esporas », qui, dès
1487, passait pour navigateur expérimenté : u homem costumado
andtir naqtiellas parles [sur h côte d'Afrique]. » Nous ne saurions
dire si c'est l'auteur de la carte en question.
Nous voyons un jeune Reincl établi ù Séville comme cosmo-
graphe, et occupé, en 1 5 19, à construire une sphère (« poma ») et
une carte de l'archipel asiatique, que son père vint compléter
1. Allas zur Enîdechmgen-geschichle America' s, pi. I.
2. 'Discm'cry oj Maine, pi. IX, p. 177.
3. Ueber cinige iilkre haitdschrift liclx Seekarten, dans les Ablhindlungen der
I. Cl. d. Ak. der IVissenscbafteit, t. IV, p. 247, cité par Kohi.
4. Dccad. I, lib. III, cap. xn, f. 58, de l'édition de 1752.
i
JEAN ET SliDASTIEN CABOT ,g,
dans cette ville, avant le i8 juillet 15 19, en y aioutmt une
dehnùafon des ilcs Molu^ues '. Mais con,^- no .s W n
de Herrera.' ^' ^'''''' "' '''' ^' l'^'J^oRcmel
Ponu'.ntTr"'' "''^°"'.^ ^"'"^ '52. deux cosmographes
Commo'l "°'"' '"'■^■'■'^'" -^^ ^^••^''" deCharlesÎQuint.
Comme ils vmrent expressément de Portugal avec Snuon d
Alcaxaba, qu. .l-tnit un transfuge, et en Espagne. apparon"men
pour la première ois, dans l'année 1522, on n p^ t "0 1
nfin-merqui ne s'agitpas ici d'un simple homonyme ^
Quoi qu .1 en soit, ce dernier Pedro Reinel était un « pHoio de
l^antfr "' "' '""'T"' '' ^°"^-«- '^ Sébastien Qbj
Quan a carte, comme elle n'arbore pas de pavillons espagno s
^r r"'"' ''"'■" ''' ''' ^••^'^'"■^ivement portugaise, die a
du e re red.géc en Portugal, ainsi que le dit just mcn^ M Kohi
qui lu. attribue la date de 1505. PescheP' suppose qu'clle;
mcme antérieure d'une année. Il serait intéressa, de li 0 1"
^uec la carte dite de Cantino, précitée. -^'^>"P'»^r
.«luiî:^;: n::s:';:'^: "^r"'^- ^■-" -'- -^--
2. Dccad. m, lib. I\-, Ap. x,„, p. ,32.
3. Geschichkdes ZdtalUrsder Entcchiu^'ài , p. 3,,.
164
JUAN LT bEUASniiS L.WiOV
MAl'l'LMONDli ni- JOllANNtS RLYSCII.
n
1508.
CV:tti: mappemonde, intitulée" VniicrsaUor (osinili orhis
^ titk'la. r..\ rcccntihvs cotifixta ohscrvntionihs », fait partie
^ du Plolciiii'e public .\ Kome en 1 508 ' par Hvan^elista
Tosinus, fratn,-ai.s du diocèse de Bourses, et libraire établi dans
la capitale de la chrétienté. 1,'édition de 1508, n'est qu'un
nouveau tiraj^e de celle qui fut publiée en 1507 par ce même
Tosinus selon un privilèj^e de Juks II, du 28 juillet 1506;
mais ni cette mappemonde ni les additions de Marcus lieneven-
tanus, intitulées: « Noiut orhis dcsiriplio iic noua Ocùiiii iiiitiii^dtio
qna Lisl>oiia ad Indici'i pcniciiiliir pclagiis », ni la lettre adressée
par Tosinus au cardinal Guibé, ne se trouvent dans l'édition
au millésime de 1507 '.
Selon Kunstmann ^ Ruysch aurait fait partie de certaine:,
expéditions envoyées d'Angleterre au Nord; mais, comme le dit
justement Thomassy : « Jean Ruysch n'a fait que dessiner la
mappemonde, et c'est Marcus Beneventanus, l'auteur du texte qui
accompagne cette nouvelle description de l'univers, qui s'en est
fait l'éditeur. Mais cette circonstance n'amoindrit en rien le mé-
1
1. B. A. V. n» 56. La Bibliothcquc nationale de Paris possède un
Ptolénii'f de Ruyscli imprinKi, avec les cartes, sur peau de vélin.
2. Un exemplaire séparé de la carte de Ruysch, conservé dans la biblio-
thèque de M. S. L. M. Barlow de New-York, et qui ne porte aucun signe
indiquant une reliure antérieure, nous porte ù supposer qu'il en lut fait aussi
un tirage à part. Notons, égaleniLiit, qu'on trouve des exemplaires de ce
l'tolêiiià de iS07, en première reliure, où cette carte est insérée (Bibliothèque
communale de Vérone.)
3. Dit Enldeckuii^ America' s, p. 137.
idill
JHAN j:t .seuastiln cahot ,<ç5
rite de rallcmand Kuysch, que Hcncvcntanus appelle .. Gconra-
phornm, mco ,uJ,ao, pcrilissimus, ac h, pin^emio orbe dilhJissi-
>»ns ». et qin, navigateur intrépide, parti du sud de rAn«Icterre.
c|" cmnpagtne peut-être d'Ainéric Vespuce. était parvenu au delà
de I equateur jusqu au sî^degré, de latitude australe,ctc.,ctc.'...
Uuant aux renseigne.nents que possédait Marcus Beneventa-
nus, Ils proviennent, d'après son propre aveu, de connaissances
•spcuales : « Ulmnln et Lusilanonnu alquc Ihitannorum auos An-
Klos mine (Iteiiims. » '
Notons, seulement, que le cap Race, ici nommé : « C. de
Io>yes> » est ;\ sa véritable latitude, et qu'on distingue un es-
tua.re étendu qu. parait ûtrc l'entrée méridionale du «olfe St-
Laurent '. °
Cette mappemonde a été reproduite 'en fac-similé par le
vicomte de Santarem ', et par Glnllany dans son %-/Mm>,.
8
PORTULAN on VLSCONTE DE MAGGIOLO.
ON y lit cette légende : « Feseonlc de mahlo cuius
fil II ne eonpiisny. In ueapoly de anno. i.j.u. die xx
Jannary ». " ''
Ce bel atlas, composé de dix feuilles de o™ 40 X o" 28
provenait de la bibliothèque du duc d'Altamira, et fut acheté eti
VL-nte publique :\ Paris, le 7 mai 1870, au prix de 1500 francs, par
M. R. de Heredia, de Madrid, qui a bien voulu nous envoyer un
1511,
1. L:sPap,'s givgmphes, p. 25.
2. Kolil, Discovcryof Maine, p. ijS.
3. Atlas, 3" partie, pianclic 45.
il
i66
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
fac-simil6 de la partie supérieure de lasixitme feuille, ainsi décrite
par M. d'Avczac:
« Les terres polaires, dans un rayon de près de trente-cinq
degrés, offrent L-s configurations les plus singulières et les plus
curieuses, entourant la mer glaciale d'un rivage continu depuis la
Nonici^ct jusqu';\ une Terra de los Ingres (sic) plus boréale d'une
dizaine do degrés que la Terra âe Lavorador de rey de porliigall '. »
A environ dix degrés plus au sud de cette terre de Lavorador ^
on en distingue une autre plus grande encore , dénommée
I' Terra de corte reale de rey de porlm^all », suivie de la légende ;
« lerrade pescaria, »
Ces noms sont les seuls qui nous intéressent ; quant aux con-
tours, on ne saurait yattachcr d'importance à cause du vague et
du caractère évidemment arbitraire des lignes. L'intérêt que pré-
sente cette carte consiste dans la position qu'elle assigne aux dé-
couvertes des Anglais, placées beaucoup plus au nord que le
prétend Sébastien Cabot dans le planisphère de 1544. C'est
aussi le premier portulan italien, i'notre connaissance, où mention
soit faite de la région septentrionale du nouveau continent.
MM. Desimoni * , d'Avezac ^ et Uzielli * citent de Vesconte
de Maggiolo, des portulans de Naples, 10 mars 15 12, à la Biblio-
thèque nationale de Parme; Gênes, 1519, à la Bibliothèque
royale de Munich; Gênes, 10 août 1524, à l'Ambrosienne de
Milan; Gênes, 7 juillet 1525, à Parme; Gênes, 3 septembre
1535, à la Bibliothèque du roi à Turin; 1535, à la Bibliothèque
de la cathédrale de Tolède; Gênes, '29 octobre 1547, à la Biblio-
thèque nationale de Paris ; 1549, à la Bibliothèqi -ommunale
1. Atlas hydrographique de 151 1, Paris, 1871, in-8, p. 13.
2 . Eknco di Carte ed Alhnti mutici di aiitore genovcse, dans le GiomaU
Ligustico, février et mars 1875, n"" 24. 25, 27, 28, 29, 3}, 34, 35, 47-
3. Loc. cit., p. 8.
4. Eknco, n»' 159, 161, 166, 167, 181, 182, 191, T93.
f
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
167
de Trévise. Nous décrivons, infra, d'après M. Cornclio Dcsi-
nioni, une autre carte de Vcscontc datée de 1527.
Pour des documents concernant ce cartographe, voir le tra-
vail intéressant de M. le marquis Marcello Staglicno '.
CARTE PORTUGAISn AN0NYMI-.
NO IV de Kunstmann' et N° X de Kohi ^ L'original est à y^;;/^; i 520.
la bibliothèque du roi à Munich. La Bibliothèque na- ==s;5s=s^
tionale de Paris * possède un beau fac-similé de la carte
entière.
La contrée nommée Do Lavrador, porte la légende suivante :
« Terram islam porlitgalcuses vidcnmt a lamen non intra-
hcrunt. » Sur le pays des TiacaJnao {sic) , placé parallèlement
à l'île de Terre-Neuve (ici encore soudée au continent), on lit :
« Terram islam gaspar cortc Rcgalis porlugalensis primo imicnil cl sc-
ciim liilil homincs silueslrcs cl itrsos albos in ca est maxia multitmlo
animalium claviitm necnon elpcsciinn qui anno scqnenlitiaiifraginm
pcrpessus nunquam rediit sic et fratri cjus micack anno sequcnti con-
tigil, »
Cette carte expose des contours de l'isthme de Panama, sur le
versant de l'Océan Pacifique, qui ne peuvent avoir été connus
1. Sopra Agostino Noiie Viscoiile J/i/w/o/o, carlografi. Leitera al cav. avv.
Conielio Desimoni, dans le 11° de février et mars 1875 du Giormtle Ligtistico,
deGônes, p. 71.
2. Die Entdechung America! s, p. 129-135.
3 . Discovcry of Maine, p. 1 7g- 1 82 .
4. En deux feuilles sur vélin, n"" 1020 a et n.
i68
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
qu'uprcs l'expédition de Vasco Nuùez de Bulboa qui, en î^i6~
15 17', de Ada explora une partie de la côte occidentale, à la
recherche de perles ; mais le détroit de Magellan n'y est pas
encore tracé. On doit donc lui assigner_une date antérieure i
l'année 1520.
10
CARTE DE NUNO GARCIA DE TORENO.
lf;î
Àntè 1526.
C
I 'est une carte gravée du Nouveau-Monde en sa partie
orientale depuis le Labrador jusqu'au détroit de Magel-
lan. Elle est de 0^,84 X o"',io7, et porte le titre
suivant :
M. D. XXXIIII. Del mcse diDiccmhrc. La caria nnitiersak délia
terra ferma et Isole délie Imite occidetali, cio è del momlo nuoiio fatla
per dichiarathme delli libri délie Indie, catiata da due carte da'nauicare
faite in Sibilia da li pi loti délia Maiesta Ccsarca. dut gratia et
priuilcgio délia lUustrissima Signoria di Veneiia p. anni XX.
Les Libri auxquels allusion est faite dans ce titre, sont les
abrégés de Pedro Martyr d'Anghiera et d'Oviedo, traduits en
ItaHen et publiés à Venise par Ramusio en 1534, dans le format
in-quarto *, ouvrage qui contient, en outre de cette grande
carte, une autre carte plus petite, aussi pliée, mais ne donnant
que l'île d'Hispaniola.
Le passage des Libri se rapportant au document cartogra-
i
IC '
I
■
1. Ovicdo, Historiit General, lib. XXIX, cap. ix, t. III, p. 36; Hcrrcra,
Dccad. II, lib. II. cap. .\iii, p. 4t.
2. B. A. V. n" 190.
i il
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
169
phiquo que nous examinons, est ainsi conçu: «.. Pcr dichin-
nilion delliquali libri è stalafatla vna laiiola vnivcrsak dcl paesc di
tvtte k Iiidic occidcntali, insicnic con Je taiiok parlicuJari catiak da
duc carie da naitkare di Spagutioli, dcllequali vna fti di Don Pietro
nunlirc Consiglicro dcl rcal consiglio délie dette Imiic, et fufaliapcr
il Pilota et maestro di carte da uaiiicar, Nino Garcia de Lorcno (sic)
in Sibilia. L'allrajufalla si mil mente per vn Pilota délia Macs ta dcl
inip'radore in Sibilia... »
C'est-à-dire que cette carte, gravée expressément, pour faire
partie de ce recueil (qu'il ne faut pas confondre avec la Racralta
in-folio), est extraite d'une mappemonde ayant appartenu i Petlro
Martyr d'Anghiera, et l'œuvre d'un cosmographe de Cliarics-
duint nommé, selon Ramusio, « Nino Garzia de Loreno. »
La Bibliothèque du roi, à Turin, possède la moitié d'un pla-
nisphère manuscrit, rehaussé d'or et de brillantes couleurs, sur
parchemin, de i"' X C^ôo, et portant la légende suivante:
« ffuefecha en la noble villa de Valladolid par num garda de torena
pilota y maestro de cartas de navegar de Su magestad Ano : de.
I. j. 2. 2'. »
Ce Garcia de Toreno est évidemment le nôtre.
Il est question de Nuno Garcia, dans les documents, en novem-
bre 1515, à l'occasion de la consultation donnée par Sébastien
Cabot, Juan Vespuce et d'autres pilotes concernant la fameuse
ligne de démarcation. Notre cartographe y accorde à Améric
Vespuce le mérite, à cette époque très contesté, d'avoir visité le
cap Saint-Augustin et la côte du Brésil *.
1. Viiicenzo Promis, Memoriàle di Diego Cotoinho con nota sidia bolla di
Alessandro FI. Torino, 1869, in-8, p. 11. La moitié qui reste ne contient,
nialiieureusemcnt pour nous, que l'Asie et une partie de l'Afrique.
Voir aussi H. Wuttke, Ziir Gcscbichie der Erdlciiiule in der Ictzten hiitfte
des Mittettdlters, dans le VI. iiml VIL Yalirisbericht des Vereins fiir Erdkunde
znDresden, Dresdcn, 1870, p. 61 et planche \\b.
2. Registre de copias de cedulas... de lu Cusu de la Contralacion, desde 5 de
Helnero de ijif hasta 6 de Mar:o de 1S>9- MS. de la collection Mufioz, cité
par Navarrete, t. III, p. 319-20.
Il
^i':r i !•;
'a ,
! Ili
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170
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Ce fut Nuilo Garcia qui, sur l'ordre de Magellan, dessina dix-
huit des cartes, à cinq ducats la pièce, et construisit deux des
boussoles, au prix de 375 maravédis chacune, pour le mémora-
ble voyage de 1519 *.
Si nous en croyons Lopez de Gomara *, notre Garcia aurait
aussi fait partie de la junte qui se réunit à Badajoz de mars à mai
1524, pour répartir définitivement les Indes entre l'Espagne et
le Portugal. Dans ce cas, il aurait eu de nouveau pour collègue
Sébastien Cabot. Cependant, le nom de Garcia ne figure pas
dans les documents publiés par Navarrete \ et Herrera ne le cite
pas non plus *. La carte de Nufio Garcia de Toreno est forcé-
ment antérieure à 1526, puisque Pedro Martyr d'Anghiera, qui
la possédait, mourut en septembre de cette année °.
Nous sommes d'avis que cette carte, la première d'orgine
espagnole qu'on connaisse traversée et croisée par des degrés de
latitude et de longitude, procède d'un t}'pe adopté par les cos-
mographes espagnols, peu après le retour de del Cano du détroit
de Magellan, et de Pascualde Andagoyadu sud de Panama, en
1522, mais auquel on fit des additions lors de l'arrivée de Este-
vam Gomez à Séville, en décembre 1525. Nous n'avons pu con-
sulter le portulan espagnol anonyme de 1525, conservé dans
une bibliothèque particulière de Mantoue, et qui, d'après le
titre ", paraît appartenir à cette classe de documents cartographi-
1. Rehcion ddcostcdela Armada, Navarrete, t. IV, p. 8 et 180.
2. Historia de las litdias , p. 219, du t. I de l'tidition de Vedia.
3. Cohccion de viages, no'xxxii-xxxviii, t. III, p. 320-372.
4. Decad. III, lib. VI, caps vi-viii.
5 . Son testament, fait m (Jr/icw/o wior/ij, est dattS c 23 septembre 1526.
Colec. de documentos inédites para la historia deEspaiia, t. XXXIX.
6. « Portolaiio, memhr. 2'^,jj X o">,8i, di Anonimo spagnolo. Europa,
Asia, AJricaed America. Mantova, Pressa il niarch. Casliglioiii. » Uzielli,
Elenco. h» j6S. II serait à désirer qu'on comparilt avec les cartes de Wcimar
ce portulan et le fragment de Garcia de 1522. Les délinéations et les légendes
de la côte méridionale de l'Asie, dans ce dernier, olTriraient peut-être de pré-
cieux points de repère .
JKAN ET SÉBASTIEN CABOT
171
ques ; mais en comparant la prd-sentc carte de Garcia avec le pla-
nisphère anonyme de Weimar de 1527, on relève des ressem-
blances provenant certainement d'un même modèle. Les profils,
les estuaires, les positions, les latitudes, sont identiques dans ces
deux cartes, suivis aussi servilement par Ribeiro dans sa map-
pemonde de 1529. La partie septentrionale dans Garcia, cepen-
dant, ne contient que cinq noms : >( laorator » (Lahorador)
« Bacalaos, Steuâ gomez » (licna de Eslevam Gomci) « Licien-
ciatoailon »///<t;vz dcl licenciado ^yllon), « florid » (Jlorida).
Nous sommes néanmoins persuadé que si le graveur italien avait
jugé nécessaire d'ajouter d'autres légendes, on ne lirait sur sa
planche que celles du planisphère sévillan de 1527.
Bien que cette carte ait été gravée pour accompagner le
volume de Ramusio précité, et même, i notre avis, pour y être
insérée (tout comme la carte de Hispaniola, qui est sur papier de
même épaisseur et d'un format exigeant qu'elle soitpliée), on n'en
connaît qu'un seul exemplaire ', lequel fut trouvé relié avec l'é-
dition des Libri de 1534. C'est une des raisons pour lesquelles
nous nous sommes attardés à la décrire. L'autre raison est que
cette carte peut servir à identifier l'auteur du planisphère que
nous décrivons ci-après, sous le n" 11.
I. Bibliothèque de feu M. James Lenox, à New- York.
^
II'
i
ill
1
i
lii
1 M
17a JEAN ET SKHASTIRN CAROT
1527.
II
CARTE ANONYME DE WEIMAK.
CARTA univcrsal, m que se amticne todo lo, quù dcl Mumio se
a descuhieito fasta aora hii^ola un cosmo^rupho de Su
Ma^ieslad Amio N. D. XXriI en Sevilhu
C'est la première des belles cartes dites de Weiniar, parce
qu'elles se trouvent dans la collection du grand duc de Saxe
Weima" '.
Signalée par de Murr ', décrite par Lindenau '', Humboldt '* et
Lelewcl ', la partie américaine de cette intéressante mappe-
monde a été publiée en un magnifique fiic-similé par M. Kohi,
qui y a ajouté des commentaires excellents °.
« Tracée sur parchemin, elle a 6 pieds 8 pouces de long et 2
pieds 8 pouces de large '. »
Il n'y avait que deux cosmographes attachés à ht Casa de Con-
tralaciou, mais le nombre des cosmographes de Sa Majesté était
illimité, et nous n'avons pu découvrir les noms de tous ceux qui
jouissaieiu de ce titre en 1527.
De la liste des cosmographes contemporains espagnols ou por-
tugais d'crigine, capables de confectionner une carte semblable,
1. Aprùs avoir ctc au siècle dernier dans des collections privées, — Ebner
à Nuremberg, et Becker à Gotha.
2. Mcmoial'ilia hil'lùuhininiw ; Nurcnib., 1786, in-8, t. II, p. 97.
3. Correspondance de Zaeh, Gênes, n" d'octobre 1810.
j\. Examen criliqm\X. II, p. 184-186.
5. Géoj^r. du Moyen-Às;e, t. Il, p. 110112.
6. Die Beiden .illesteu i;eneral Karlen von Amerihi, p. 14.
7. Lelewel. loc.cit.,t. II, p. 112, note 24s.
JEAN tT StiJASTIHN CABOT ,-,
il faut climiner Alonso de Santa Cru., « Archicosmo^raplms
f'X"'s si<h Qnolo T' ,,, qui, compagnon de Cabot lors do
1 expédition au Rio de la Plata , ne revint ;\ Sùville qu'en
1530, et Alonso de Cliavcs, nommd cosmographe de S. M
scuementle 4 avril 1528 ^ Diego Ribeiro était, il est vrai,
titulaire depuis le 10 juin 1523 ' et \ Séville en novembre 1526,
mais il aurait signé cette carte de son nom, comme il signa celle
de 1529, SI elle provenait de lui. Simon de Alcazaba de Soto-
mayor, cosmographe portugais qui entra au service de Charles-
Qiiint en 1 522 ♦, et que ce dernier proposa comme membre de
la lunte deBadaio/, en était aussi capable, mais ses nominations
successives à l'emploi de chef d'escadre % bien que non suivies
cl cttet, durent le priver du loisir nécessaire pour se livrer :i un
travail aussi minutieux. Quant à Fernand Colomb, quoique excel-
lent cosmographe, et chargé de présider à Séville dans sa célèbre
maison de la Puerta de Goles en 1527 \ aux examens des
pilotes que Ribeiro et Chaves devaient interroger, nous l'élimi-
nous de a liste, car son caractère, sa fortune, su position et son
nom le plaçaient au-dessus d'un tel emploi ; d'ailleurs il n'a jamais
ete qualihe de « Cosmographo ilc Si, Mageslad\ n
Il ne reste, à notre connaissance, que Juan Vespuce ", neveu
1. Antonio, BihLHbp. Kom, t. I, p. 47
2. Vcitia Linagc, KorU ,/.■ ht Conlralacion, p. ,45. A l'Age de 92 ans
Cuves ctait encore titulaire de ces fonctions. Rapport du 22 août 1584!
Mi. Lista de la hxposic. Amciicanisla, lî. 57 et 58,
3- Navarrete, Hist. ,1e la Kanlka, p. 135.
4. Herrera, Decad. III. lib. IV, cap. 13, p. 132.
5. Notes de Cean Bermudez, dans Navarrete, Diblioleca Marilima, t. If
p. 712. '
^^6. Herrera, Decad. III, lib. X, cap. xi, p. 294 ; Decad. IV, lib. IV,
7. Sa calligraphie était aussi très différente de celle du cartographe de
Ve.niar, comme on peut s'en assurer par la photographie du premier feuillet
du catalogue ongmal de la Colombine, placé en tète de notre Hnsayo Cnlico
h. lllut nommé en même temps que Juan Diaz de Solis. Navarrete, ///./.
l'i- la SaiiltCii, p. 13S. .
«74
JOAN ET SÉBASTIEN CABOT
d'Aincric, cosinographc de la CoulnUacion de Scvillc depuis le
24 juillet 15 12, et qui fut appelé i succéder :\ Sébastien Cabot,
comme examinateur des pilotes après le départ de ce dernier en
1526, Miguel Garcia ', son coadjuteur dans ces fonctions, San-
cho de Salaya ou Celaya *, un des représentants de l'Espagne à
la conférence de Badajoz, Pedro Ruiz de Villegas, cosmographe
major de Charles-Quint, membre de la junte de 1524, sur-
nommé par Philippe II, « d Investigador de la perfeccion ''; »
Juan Rodriguez de Mafra et Vasco Gallego, pilotes royaux dès
15 19, qui revinrent avec la Viltorin^, Jorge et Pedro Rclnel";
enfin, Nuno Garcia de Toreno.
Les noms insérés le long du littoral de l'Amérique septentrio-
nale sont les mêmes dans la carte anonyme de Weimar et dans
celle de Pedro Rcinel. Ils se trouvent aussi placés dans un ordre
identique : « y. da fortuna (y : de la fortinia), c. do marco (c:
del março), c. das gamas (c: de los gainas), y. dos faves (ylleos de
las atics? ), y. de frey luis (y: de fret luis), c. de boa ventura
(e: de htiena Ventura), y Aos bocalhas(3';</t' los baeallaos), c. da es-
péra (c : de la spera), R. das patas (R. de las pat as), c. Raso (c :
Rasso). » Nous n'avons cependant aucune preuve que Pedro
Reinel ait été encore de ce monde en 1527, ni qu'il ait jamais
* eu le titre de cosmographe de Charles- Qiiint. D'autre part, s'il
apporta sa science en Espagne, on s'explique que ses collègues
et ses élèves se soient servis de ses travaux et qu'ils aient
copié tous ces noms purement portugais.
Quant aux autres cosmographes, il n'y a, malheureusement,
que Nufio Garcia dont nous ayons encore des cartes. On ne sau-
rait cependant déduire de ce fait qu'il est véritablement l'auteur
du planisphère anonyme de Weimar, car, ainsi que nous l'a-
1. Hcrrcra, Decad. III, lib. IX, cap. m, p. 260.
2. Navarrcte, Biblioteca Mûrit ima, t. II, p. 69^.
3. Idem, p. 613.
4. Infra, appendice xviii c.
5. Supra, p. 163, no 6.
:i
, 4
il'
i.H
JEAN HT SÉBASTIEN CABOT ,75
vons dit, le critique est fondé i croire que les œuvres des cos-
iiiograpiies espagnols de la première moitié du xvr siècle procè-
dent d'un type unique adopté vers 1522 et qui, au cours des
années, a subi peu de changements. Cependant, les probabilités
sont en faveur deNufio Garcia, pour ces raisons :
Lorsqu'on compare la présente carte de Weimar avec celle
que Ramusio a publiée dans ses L/in, en 1534 ^"t que nous avons
décrite précédemment, on est frappé de la ressemblance qui
existe entre les configurations, les positions et les profils dans ces
deux cartes. Ramusio dit, en outre, que la « caria lutivcrsak » à
laquelle il a emprunté la section américaine reproduite dans sa
propre publication, provient d'un imacsho di carie da natiicar »,
demeurant à Sévillc : « in Sibilia ». La phrase qui suit dans la
description de Ramusio : « fallu similmente /vr vu Pilolo
de/la Macsladd impcrador », implique qu'il s'agit également
d'un pilote ou cosmographe — ces termes étant identiques
i cette époque - de Sa Majesté. Ce titre rappelle donc, en ses
pomts essentiels, celui de la carte anonyme de Weimar. On ne
doit pas non plus oublier que la carte de Ramusio est la plus
rapprochée du prototype supposé, puisque son dernier proprié-
taire, Pedro Martyr, la possédait déjà avant septembre 1526, date
de la mort de ce dernier. Ce renseignement : « fu di Don Pielro
mari ire consi^' liera del rcal consiglio délie délie Indic », est
aussi précieux, en ce sens qu'il exclut la possibilité de chercher
dans la carte de Weimar de 1527 le modèle dont Gio. Battlsta
Ramusio s'est servi.
Jusqu'à plus ample informé, on doit donc considérer Nufio
Garcia de Toreno comme l'auteur de la carte anonyme do
1527, dite de Weimar'.
I. Une comparaison établie entre l'original delà partie de la carte de
^^ eimar de 1527 qui comprend l'Asie, et le fragment de la Bibliothèque
ojalede Turm signé de Garcia de Toreno. suffirait peut-être pour décider
la question. "^
ft
I ii <
170
JliAN Li' bLDASTIl-N CABOT
la
1527.
CARTH DK KOBEUT TIIORNE.
LE titre en est ainsi : « This is thcfonn oj a Mappc seul
IJ27 froin Siiiil in Spayiir by iiiaiskr Rohcil Thonir
marchaiiul, lo Doclor L'y Hmbassiuhur for Kiiig Ilcmy
ihc S. lo Charles ibc Empcroiir. »
Cette carte a été publiée par Hakluyt ' . Parallèlement à la réj^ion
dénommée « Noua terra laharalonim drla^ » se trouve la légende:
« Terra tiec ab AtigVn priiiiitm Jiiit iiiiienla ». Quant aux con-
tours, ils proviennent évidemment du prototype des planis-
phères de Weimar et de celui de Nufio Garcia de Torcno.
D'ailleurs, Thornc, qui vivait à Séville, reconnaît s'être servi
d'une carte dressée par un des cartographes officiels. Il engage
môme l'ambassadeur d'Angleterre a être discret, crainte de voir
molester celui qui lui a fourni ce document: « bccause it mighl
bec a cause ofpaitie lo ihc uiaher^ ».
Robert Thornc, natif de Bristol, ancien marchand tailleur ;i
Londres ', homme savant, riche et charitable S était établi depuis
plusieurs années à Séville, lorsque, par patriotisme, il écrivit à
1. Divas voyages toiichiiig thc lUseoucric c/ America, Lond., 1582, in-4, et
dans la réimpression de la Société Hakluyticnnc, Lond., 1850, in-8.
2. Hakluyt, Principal! Navii;at ions, t. I, p. 129.
3. Stovv, Snrvfyof Londoii, et Tullcr, History o{ Ihc IVoiihics of EvghwJ,
cités par Biddlc, Memoir, p. 280.
4. « MasItT Robert Tl.'onic 0/ Bristoll, a uotahle mcmher aiul oniaimiil vf his
Coiiiitry, as xvd for. Iiis tearniiig as grcal cliarily to tJxpoorc.» Hakluyt, t. 111,
p. 129.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
177
FIciiry VIII pour l'cn^nger i ne pas se laisser ilist.incer par les
Hspagiiols dans les Jccouvertes traiisatlantiqi'.es. La carte en ques-
tion acconipai-nait le inémoire qu'il remit au docteur lîdward
Lee. l'anibassideur d'Anj;leterre à la cour de Clliarles-Quint
dans l'aïuiée 1 527.
Voir j//y>rrt , pages 92 et 9?.
13
CARTli DK VESCONTE DE MAGGIOLO.
CKTTE carte, de o'",75 X o".5o. conservée à l'Ambro-
sienne de Milan, porte la si.t^naturc suivante : « Vcsconîc Je
Maiollo coiiposiiy Invic carliiiii In Jauiia auiio tliiy. IS27. die
XX ilemiliris. » Llle a été reproduite récemment par M. C. De-
simoni ', comme élément dans la controverse au sujet de l'authen-
ticité des voyages de Verrazzano.On n'y lit pas, ainsi que dans le
portulan de Vcsconte de 15 11, les mots .( 'l'criit de los Ingres. »
Les contours, particulièrement aux abords du r. de bertùtii et
du riode S. /V/Jt; (estuaire méridional du goltc Saint-Laurent?),
montrent ce que les cartographes italiens les plus habiles con-
naissaient de ces parages en 1527, même après les découvertes
présumées de Verrazzano pour le compte de la France.
1527.
1. Allô studio secondû intorno a Giovanni l'cmiiiano, Appaidiù- III. Sans
lieu ni date {scd Gcnova, 1882^ in-8^ p. 81-104. C'est le u» 63 de YUlemc de
M. Desimoiii, dont la date avait été par erreur fixée ;\ 15S7.
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WEBSTER, N.Y. 14580
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178
JliAN ET SÉBASTIEN CABOT
14
1529.
■
CARTE DE DIEGO RIBEIRO.
C'EST la seconde des cartes dites de Weimar. Elle est sur
parchemin, « haute de 2 pieds et 9 pouces et longue
de 6 pieds 8 pouces et demi ' . »
Matthieu Sprengel" a donné une description de cette carte,
de Diego Ribeiro d'après l'exemplaire qui se trouvait alors àléna
dans la bibliothèque de Bûttncr. Nous croyons inutile d'ajou-
ter que la reproduction faite sous la direction de M. Kohl^
et les commentaires qui l'accompagnent, dépassent de beau-
coup le travail de Sprengel.
Cotte carie, de dimensions un peu inférieures à celle de 1527,
porte le titre suivant : Carta Uniivrsal en ijiicsc conlicnc toJo lo que
dclmundo.Se hadcscuhicrto fasta agora : Hi:^ola Diego Ribcro Cosmo-
graphe de Su Magestad : Ano de 1^29. Lt Quai Se dévide en dos
bartes conforme à la capitulaçion que hi:^ieron los catJiolicos Rcyes de
espaha, y El Rey don Juan de Portugal en la Fil la de Tordesillas :
Anode 14^4.
La bibliothèque de la congrégation de la Propagande à Ro me
possède un exemplaire de cette belle carte'*. C'est la même,
paraît-il, qui se trouvait en 1796, dans la bibliothèque du cardinal
1. Lclcwel, lûc, cit., t. II, p. 112 note.
2. UflvrJ. Ribeiû's atteste IVdtitiartc, tVeimav, iiii Vcrta^ des Inlustric
Comptoirs, lyj), iii-S,
3. Die Beidcn Mtcsien Geueral-Karten von Aiiicrika, p. 22.
4. R. Thomassy, Les Papes géographes et lu cartograplue du Vatican. Paris,
i8j2, in-80, p. 118, no 111.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
'79
Horgia, à Vellctri. Celle-ci portait sur le titre, après la date do
1529, les mots : « en Saùlla*. »
Diego Ribero ou Riboiro, était aussi un portugais' qui, comme
les Reinel et tant d'autres, vint offrir ses services à l'Espagne,
nous ne saurions dire en quelle année. Il apparaît pour la pre-
mière fois dans les documents le 10 juin 1523, date de sa nomi-
nation aux fonctions de cosmographe de S. M. et de professeur
de cartographie. II mourut dans l'année 1533, laissant plusieurs
enfants'.
Sa carte, dont Oviedo a fait usage pour compléter la descrip-
tion des côtes septentrionales du Nouveau-Monde, diffère peu
du planisphère anonyme de Weimar de 1527.
Les différences à noter consistent surtout dans une délinéa-
tion du fond du golfe St-Laurent et de l'entrée du détroit de
Davis, lesquels, laissés ouverts sur les cartes de Garcia et de
l'anonyme précité, forment ici un cul-dc-sac. Des noms et plu-
sieurs légendes ont été ajoutés. Sur la Ticra dcl Labrador on lit :
« Esla tierra dcscubrkron los Liglcses no ay en ella cosa de proiie-
cbo. » C'est cette phrase et la répétition des profils septentrio-
naux, qui valent à la carte de Ribeiro de figurer dans notre
cartographie. L'exemplaire du Vatican serait préférable, si,
comme l'assure Thomassy % il (( mentionne successivement la
découverte du Labrador par les Anglais de Bristol. »
1. Gazclla klUran'u Uiiiivrsak,Roma, 1796. N" 57, p. 468, citcepar Tho-
massy. Selon cet liciivain, ily auraiiun troisième exemplaire : «On ne connaît
que deux autres exemplaires. Celui-ci est peut-être le plus beau des trois, »
M. Kohi [Discovcry of Maille,^. 300) parle d'une édition laite iWenise en 153^.
Serait-ce la Tuiioh iiiiivtrsale ikl jwse ili tutic k IndifOccnkiiUili, annoncée
dans les /.//'/ / ikUa Historhuk /7»(//V,Vinegia, 1534, in-4 (B. A. V. No 190)?
Mais celle-ci, que nous décrivons, /«/m sous leN" 10, est dite : « fallu jvr il
Pilolo cl macslio <// (((;■/(• du imnicur, Kiiio Gariiu de Loiciio (sic pro Tocuo)
in Sibilia. »
2. (c hi cuitadcl cosiiiOi;rupho D/iyo Riiiro deiiiuçion porlngiics. » G. F. do
Oviedo, Hisloiia Gciienil, lib. XXI, cap. n t. Il, p. 149.
3. Navarrete, t. I, p. i-:xxiv, notes.
4. Loc. cit. p. 121.
édÊ
i8o
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
l s
15
CARTE DL HIERONYMO DA VHRRAZZANO.
1529.
C'est un planisphère manuscrit sur parchemin, Je 2'", 60
X i'",30, conserve dans la bibliothèque de la congré-
gation de la Propagande, au Vatican '.
Elle porte ce titre: Hicroucinits de Vcrra:iaiio facichal, et une lé-
gende, qui peut servir à fixer la date : « Fcrraiana scu Gallia nova
qiialc discopri j aiiiii fa Giovaniio di Ferra:;;^aiio... » Comme l'é-
poque de cette découverte tant controversée est dans le temps
qui s'est écoulé entre fin décembre 1523 et le commencement
de juillet 1524, la carte serait de l'année 1529. En tous cas, l'au-
teur présumé de ce planisphère vivait en Normandie, à Rouen (?)
au mois de mai 1526 ".
Les contours du golfe Saint-Laurent, nommé G. di S. loanui,
accusent dans l'intérieur même du golfe une île de grande éten-
due, portant le nom de Isla de Sanclo loanni. Mais les positions
sont très inexactes, puisque le cap de Breton y estplacj par
S 1° 30' de latitude nord, c'est-à-dire cinq degrés et demi trop au
septentrion.
La carte ne nous intéresse, d'ailleurs, que par une Terra Laho-
ratoris, empruntée évidemment d l'hydrographie lusitano-espa-
gnole, et portant la légende : « questra terra f 11 discopertada inghi-
|:
1. Thomassy, Z.« Papes j;cographcs et la cartographie du Vatican, p. i!2,
tt fac-similé de M. Brcvoort, cité iiifra, p. 181.
2. « Noble homme Jelian de Varasenne, capitaine des navires. .. Estably
son procureur gênerai... Jerosnie de Varasenne son frè-re et héritier. »
Archives du Parlement de Rouen, Kfg. Tubcllioiiagc, 11 mai 1526, Revue
Critique d'Hist. et de Lit., u» du i<^' janvier 1876, p. 22.
JEAN ET SÉr.ASTIEN CABOT
i8i
Icsi », surmontée des armes d'Angleterre. Elle a été reproduite
en partie et décrite dans les intéressants ouvrages de MM. J.
Carson Brevoort ' et Henry C. Murpliy ' .
GLOBE D ORONGE FINE.
5 /
f - * î
CETTE mappemonde du célèbre mathématicien et astro-
nome dauphinois est très rare. Nous ne l'avons rencon-
trée que dans l'édition du Noi'iis Orbis de Johannes
Huttich, dit de Grynseus, donnée à Paris par Jehan Petit et
Galliotdu Pré en 1532 '\
Notons, cependant, qu'elle a été gravée aux frais de Christian
Wechel, également imprimeur parisien, dont on n'a pas encore
trouvé le nom ou la marque sur aucun tirage du Kovus Orhis
de Paris. La carte est de o'",4r X o"',29, et elle porte le
titre _ de : Nova, cl intégra univcrsi orbis dcscriplio. Dans un
cartouche, on remarque une inscription en quinze lignes com-
mençant par ces mots: « Ororitivs F. DcJph. ad Lcçlorm, » et
1531,
^ IM
11 i\iH«
1. J. C. Brevoort, Verra:^ano thc Navigator, New- York, 1874, in-8; et du
même auteur, Notes on tlic Vmaïauo Map, dans le Journal of the Amaic.
6'(\Yr. J'or/V/'v, New-York, t. IV, p. 172, excellente description, reproduite
dans le volume précité, note xxxvii.
2. ne Voyage of Verraixano, New-York, 1875. in-8; voir aussi la Tavota
parallella, dans C. Desimoni, hitoino aï I-iorentino Giovanni Verranano,
Genova, i88i,in-8,p. ici.
3. îi. A. F. Nos 1^2 et 173. Signalons aussi une mappemonde gravée et
coloriée, très bizarre, non datée, que lui attribue d'Anville, et qui se trouve
dans la collection de ce célèbre géographe, conservée au ministère des affaires
étrangères, à Paris, portefeuille I, n» 64.
Il i,
182
JEAN ET SEBASTIEN' CABOT
se terminant par ceux-ci : « hahdoquc i^ralias Chrisliiino JVixheJo,
iiiiiis fanon' d impmsis bwc tiln communkaniiniis. Vale ijji,
Mcnse Ittlio. »
Après les petits }j;lobes terrestres en fuseaux, tels que celui de
Louis Boulenger' gravé en 15 14, et inséré dans un exemplaire de
l'édition lyonnaise de la CosiiiOi^ntphiiC Iiilroiliiclio'*, la présente
mappemonde est la carte française la plus ancienne que nous
connaissions, manuscrite, gravée ou imprimée, qui contienne
une délinéation quelconque du Nouveau-Monde. C'est à ce
titre, seulement, que nous l'insérons ici, car elle ne porte dans les
régions septentrionales qu'une seule légende : « Baccalar, » inscrite
sur l'espèce de prolongement qui, dans presque toutes les cartes
de l'époque, se remarque par 5 5" de latitude nord. Quant aux
contours, la péninsule floridienne, la configuration du golfe du
Mexique, le grand fleuve Mississipi, avec son nom espagnol
d'alors: u R. de S. Spir » (R. del Spirito Sancto), la nomencla-
ture des rivières : « R. arlmlcdiis » (arboledas), « R. de Pal ma »
(R: de palmas), » R. pauico » (R : panuco), rappellent trop les
planisphères de Weimar pour ne pas provenir d'une carte sévil-
lane. De ces rapprochements, nous tirons la conséquence qu'en
153 1, les cosmographes français dépendaient encore de l'hydro-
I.
1. « Viiiversalis cosmographk dcscriplio lam in solido qiicin {s\c) piano. 390
niill. sur iSomill. "Catalogue H.Tross, Paris, 1881, N». 4924. C'cst;\,tort
que cette petite mappemonde est donnée comme étant la première qui porte
le nom iWliinriùi. Une semblable appellation se lit sur la projection, égale-
ment imprimée en fuseaux, d'un globe terrestre A la date de 1509 qui fait
partie de la collection de M. le général de Hauslab, à Vienne. Nous ne
savons si c'est une impression française. (D'Avezac, Allocution à la Sociélè (II-
gi-ographii- de Paris, 20 oct. 1871. Paris, 1872, in-8, p. 16.)
2. B. A. V. no63, où cet ouvrage est placé à tort sous l'année 1510.
Comme le dit M. d'Avezac, cette édition ne peut être antérieure ;\ 1517, à
cause de la dédicace ;\ Jacques Robertet, y qualifié d'évêque d'Alby, mais
qui ne prit possession de ce siège que le 22 novembre 15 17. D'Avezac,
Marlin Hylacomyhts, Paris, 1867, in-8, p. 123.
\
IMÉ'
JEAN ET SÉBASTIEN CAnOT
.85
graphie hisitano-cspagnolc pour leurs connaissances géogra-
pliiques concernant le nouveau continent.
Cette carte d'Oroncc l'ine a été reproduite en pliotolithoyra-
pliic, pour la librairie Frédérik Muller d'Amsterdam.
17
CARTE DE GASPAR VIEGAS.
C'est apparemment un fragment de portulan, dessiné sur
peau de vélin, de i'" X C^iSS. Cette carte, qui est;
aujourd'hui exposée, encadrée, dans la {paierie de géo-
graphie de la Bibliothèque nationale de Paris', provient des
Archives nationales, qui la cédèrent en 1865.
On y lit ces mots : « Gaspar Viegas. Dat° i ))4. »
Ce nom et toutes les dénominations qu'on relève sur le littoral
de l'Amérique septentrionale, sont portugais ; mais nous n'avons
rien pu apprendre, malgré des recherches faites en Portugal,
concernant ce cartographe et ses sources d'informations.
Il y a dans la même galerie une autre carte, signée également
<( Gaspar Viegas^ » mais non datée. On en trouve aussi dans les
cartons de ce dépôt encore deux, ne portant ni nom ni date,
mais que nous croyons provenir du même portulan. Ces trois
dernières cartes '■* ne traitent que de l'Europe. Celle qui nous
intéresse (n° 18,772) est une carte nautique contenant la partie
occidentale de l'Europe et de l'Afrique; mais, à la gauche du
lecteur, dans la direction du nord-ouest, on discerne, émergeant
de la bordure, un profil de la Nouvelle-Ecosse d'aujourd'hui, et
1. N". 18,772.
2. N»». 18,773. 18775, 18.778-
m
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JEAN ET SÉBASTIEN' CABOT
;
do tout ce que Viogas connaissait, en 1534, du f;olfc Saint-Lau-
rent et de l'île de Terre-Neuve.
La nomenclature de cette rcgion est essentiellement portu-
gaise, mais elle n'est pas toujours intelligible. Par exemple : R.
iliis poblas n'est pas un mot portugais ; peut-être faut-il lire malvas
(mauves), nom donné par Gaspar Cortereal à une région située
parle 56' degré de latitude nord ', ou bien « rolhis » (tourte-
relle) ou « dos polvos » (poulpes) ou encore « R. de J" Vaasy)?
<( Rio pria » n'est pas non plus portugais. Les mots qui en
approchent sont frio (froid) ou praia (plage). « C. do Mazcato »
doit se lire Mascoto (maillet, pilon); >* C. do Butai » Batcl
(canot) ; « XI virges, » xi (:\\cc une abréviation pour onze mille);
«( d. Jan estencz » est ici probablement pour Esleivs (lîls de
Estcvâo). Nous nous sommes attardés à ces rectifications, que
nous devons à l'obligeante érudition de M. Ernesto Do Canto,
parce que ces noms sont des points de repère précieux pour
établir la filiation des cartes lusitaniennes.
Cette carte est particulièrement intéressante à cause de sa date,
qui est celle du premier voyage de Jacques Cartier. Q.uant aux
contours, ils sont aussi dignes d'attention, car on y remarque des
réalités géographiques que nul cartographe n'avait encore
relevées, et que des cartes subséquentes continuent à ignorer
pendant de longues années. Nous ne saurions cependant voir
dans le canal qui sépare sa grande île océanique du continent, le
détroit de Canso, et, conséquemment, dans ce grand espace de
terre entouré d'eau, l'île du Cap-Breton. Ce n'estici, comme dans
les cartes de Hicronymo Verrazzano, de Woltfenbûttel, de Gut-
tierrez', et de toute l'hydrographie portugaise, qu'une île imagi-
naire. S'il en était autrement, oii ne s'expliquerait pas qu'un car-
tographe assez bien informé pour dessiner ces profils, donne à
son canal une direction du nord au sud, et qu'il omette l'île du
Prince-Edward, dont l'étendue de 563,000 hectares ne pouvait
I. Riimusio, DisiViso, dans la Riiiiollii, t. III, p. 417.
3. liifra, X»» 17, 28.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
185
ccliapper aux navigateurs qui fournirent ii \'iegas les cléments de
son travail. Xaturellemcnt, Terre-Neuve n'est pas séparée du
continent, et on ne saurait dire si la profonde écliancrure dénom-
mée K. dits poblas indique la baie des Chaleurs ou bien l'enibou-
cluire du Saint-Laurent, ni si le Rio pria est ce dernier fleuve ou
le Saguen.iy.
M. Kohi a publié une réduction de la partie américaine de
cette carte ' .
i
18
C.\RTK DF. WOLFENBUTTEL
CETTE carte curieuse, qui nous a été obligeamment signalée
par M. le D' O. von Heinemann, bibliothécaire en chef
de la bibliothèque ducale, est de2"',2i-}-o'",75, survélin. '
Le tracé que nous en possédons, porte sur la partie septentrionale
du Nouveau-Monde, de l'embouchure du Mississipi {R : dd spïi slo)
jusqu'à la Ticra dcl Labrador. Les contours sont évidemment em-
pruntés à une carte sévillane de la famille de celles dites de
Weimar; quant à la nomenclature, elle est portugaise mais espa-
gnolisée. Terrc-Neiwe est soudée au continent, et Ton re-
marque des bosquets et de grands oiseaux paissant sur le
Labrador et la région canadienne.
On relève sur cette carte trois légendes. La première, insé-
rée au-dessous de la Ticra de Estn'ain Gotm\, porte : « Lo que dcs-
ciihrio cl anno de rjs; par iiiaiidado de su magtstad dar pâ (sic) y
hiione (sic) nittchcs (sic) ahuiidancia. »
1354.
I. History ofthe Discov,-iy of Maine, p. 3.)8, n" xviii a.
i86
JEAN ET SitnASTIF.N CAHOT
La seconde légende, placée ;\ la Ticni iivcvd ik los hicalhtos,
est comme suit : « F.sla licia fur sciiHcrta (sic) por los pinlogisos no
iiv cil cUo cosa de proiiccho unis </ los hoailliiosij es pcsaidoy inny
Inicihi. A qui se pcid'iciv los cortc Rcalcs. »
L'importance de la troisième légende n'échappera pas au
lecteur : « Tient Jcl Ltibitulor. Li (jinil fiie dcscubicila por los Yii-
gkscs de la iiilu tic hrislol c por ij cl !j ilio cl laiiiso dcUa cru labrador
de las nias de los acarcs (sic pro Açores) le quido este iioiiibre. »
C'est-à-dire : Ce pays fut découvert par les Anglais de la ville de
Bristol, et, parce que celui qui en donna la nouvelle était un
laboureur des îles A*;ores, on lui donna ce nom.
C'est la première fois que cette étymologieest donnée au Labra-
dor. On attribuait généralement ce nom : Liboratoris Icrra, au fait
que Gaspard Corteral. lorsqu'il visita cette région en l'an 1501,
enleva un certain nombre d'Indiens, qui auraient été vendus à
Lisbonne comme esclaves. Cette interprétation, cependant, ne
paraît pas avoir été énoncée avant Biddle '. Hllc a pour base le
p.assage de la lettre de Pietro Pasqualigo, où cet ambassadeur
rapporte que Corteral a ramené sept habitants de ce pays, que
l'autre caravelle doit en débarquer cinquante autres, et que les
n.aturels de ces régions « admirablement faits pour supporter l.i
fatigue, sont les meilleurs esclaves qu'on ait jamais vus*. »
Ce qui nous intéresse surtout dans cette légende, c'est l'allusion
au Laboureur des Açores, On serait tenté, d'abord, d'y voir un
point de repère se rapportant aux trois Açoréens, Joâo et Fran-
cisco Fernandes, associés à Joâo Gonzalès, qui, le 19 mars 1501
et le 9 décembre 1502, reçurent des lettres-patentes de Henry VII
1. Memoir, p. 246.
2. " Hiwiio comludi qui Vil. Ira honiiiii cl jimnic cl pittti de quelli : H ciiiii
hlliii Caravella clv se asjvcla il'hora in boni ne vieil allri citiqiianla... seramio
per exceUeutia da fuliga, cl i;li meglior schiavi se htdna huiili sin lioiii. » Paesi
vouamenk retrouai i, Viccntia, 1507, in-4 (B. A. V. n° 48), lib. VI, cap.
CXXVl.
JEAN ET Sl'BASTIlIN CADOT
187
pdiir un voyage de ilccoiivcrtcs dans ces réj^ions '. Mais ccur-ci
étaient des j^eiitillioninies : « aniiii;ciix in Insiilis tic Siirrys, » et
on ne s'explique pas des laliourcurs azoréens embarqués k Bris-
tol, i\ moins, qu'à l'instar de Gaspar Corteral *, ils aient fait escale
dans ces îles pour compléter leur équipage. Dans ce cas, il fau-
drait interpréter le mot « Iii^i^lcus, » tel que nous le donnent
Maggiolo, Verrazzano, Ribeiro et la carte de Wolfenbiittcl,
comme se rapportant, non aux découvertes des Cabot, en 1497,
mais à des voyages accomplis par les concessionnaires des lettres-
patentes précitées. Notre sentiment, cependant, est que le car-
tographe dont nous décrivons l'œuvre, n'a fait que commenter ù
sa manière la légende de Ribeiro, dont les traces sont visibles
dans la sienne propre, à l'aide des renseignements que tout le
monde alors possédait sur l'expédition de Gaspar Cortereal.
Une particularité très remarquable, qu'on ne voit encore sur
aucune carte de provenance espagnole, c'est le golfe Saint-
Laurent, avec des amorces de rivières comme dans la carte de
Viegas, et, à l'instar de cette dernière, une grande île adjacente.
Cequi nous surprendrait, si nous ne l'avions déjà remarqué dans
la carte de N'^errazzano, c'est que cette île se trouve reportée dans
l'intérieur du golfe, au lieu d'être, comme dans les cartes portu-
gaises, sur l'Atlantique. Hlle est dénommée « I.dcS.Juhan.»Ccst
à notre avis une simple variante de la 5rt;« /o/w de Pedro Reinel,
malgré ses dimensions et sa position, etnon, comme on pourrait
le croire, le résultat d'une exploration portugaise ou espagnole
de l'île du cap Breton, accomplie avant l'arrivée de Jacques
Cartier dans ces parages.
Jusqu'à plus ample informé, nous plaçons cette carte (qui est
anonyme et ne porte pas de date) après celle de Gaspar Viegas.
Elle est conservée dans la bibliothèque ducale de WolfenbûtteP.
■■ I,'
I
1. Siipia, p. 108.
2. Antonio Galvani, Tractado dos dcscobrimcnlos antigos e modcriios, jcitos
aléa ira de ifso; Lisboa, 175 1, in-fol.
3. Sous la rubrique p-,' et çj. Aiig. On en ignore la provenance.
-■-.à I rtf-
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JEAN ET StDASTinX CABOT
19
PORTULANS DE BAPTISTA AGNESE.
n
15;6-6.|.
N
ous ne pensons pas que ce B.iptista Agncse soit le
Baptista Januensis de la carte de la Bibliothèque de
Wolfenbûttel ', ni mCme que ce dernier soit le Juan
Bautista qui accompagna Magellan en qualité de second lors du
mémorable voyage de 1 5 19 *.
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1. Carte de la Mcditerraiitic, signée : » Ikptisla. lanvcitsis /, l'aidiis,
I (sic) ccccc xim, p. Jvlii. »
2. Juan Bautista, second {maesire) de Magellan à bord de la Triiiùhul, était
certainement génois, de i> (.'«/(«[Sestri] en lu rZ/'m» Ji'GcHina(Navarretc, t. IX,
p. 12) et le nom de famille ou d'origine qu'on lit sur le rôle d'équipage:
II de l'unzorol » (aussi Poiu-tio, Poiicnon et l'oiiaveia) peut n'être, comme le
conjecture M. P. Amat di San Filippo ['BihHogr.dciViai^. Uni., Roma, 187.),
in-8, p. $0), que Pokivcia, autre nom, parait-il, de Sestri Levante. Notons
cependant quei selon Barros, un pilote génois du iTom de » Bautista Genoes »,
qui paraît être celui de Magellan, accompagna Amrique de Menezes en 1542
(Xoliiitis para a Hisloria gcogiafu das Na^ws ullrainarinas, Lisboai 1812-
1841, in-4, t. IV, no 2 }, ce qui le supposerait bien âgé pour avoir pu
confectionner un portulan en 1514. Nous ne savons non plus si c'est le
« Jiiaii Bautista Giuovis, vkiiio de Triaiia » dont il est question à propos de la
relation du naufrage du navire de Pedro de Cifuentcs, 1528-1536, mentionné
par Navarrete, 'Bibliot. Maritima, t. II, p. 158.
Nous avons parcouru le recueil de routiers portugais du xvi* siècle con-
servé A la Bibliothèque nationale de Paris (fonds portugais, n» 40), pensant
trouver dans le F/oçi-»/ que fez Ferii. de viai;iialhah pera walliico oaiim de ipç,
attribué au Baptista Januensis de Wolfenbûttel , quelques renseignements
sur ce dernier. On y lit seulement (f. 64) que le MS. est transcrit du >■ ca-
dento de su pilota Genoes que hia mi diia armada.» Rappelons que Battista n'é-
tait pas le seul pilote génois qui accompagna Magellan. Le second [maesire)
JEAN' LT SLDASTinN CABOT
1S9
A^ncsc était un cartographe génois très habile, comme calh-
grapiie surtout, qui vécutà \'enise, de 1536 à 1564.011 possède
de lui des portulans signés etdatésde 1536',! 543'. 1 544', 1 545 \
•553'. 1)54''. 15)5 \ I559" *-'t 1564 "• ^ y en a aussi
du Siiiitiai^o est nomme sur le rôle d'cijiiip.igi.' ; " Ihilliisur Ginovcs, ik lu
Rilhiiiik Gîiwi'ii. .. ^^'av., /cl,, cil., p. 2.1). Eiitiii, il p.ir.iit qu'un autre
génois, Leone l'.UK.ildo, de S.ivonc. ét.>it aussi pilote d.iiis l'expédition de
.Magellan {Gioriiak Lil'iistico, 1874, p. 333). Celui-ci, cependant, ne ligure
sur les rôles qu'en qualité de matelot (" marincro »).
\, K Ihiplislii. (ii;iii'ssi::<. iuiiiien.iis. iWil. iviu'Iijs. //;^i. ilic ij oclohr. n
Ikitish .Muséum, Addit. Mss. n" 19,927. Atlas de douze feuilles, (/. feuille 6.
Celui de la bibliothèque Bodleyenne .\ Oxford est daté " ij}f< rf/V inaitii ».
Kohi, D/.iii), v; V, p. 298, fac-similé n" xv r.
2. « Buptisla .-/^'//iMv yiv/V, l'ciicliis, ';/;, dici$fd>r, » Collection de feu
M. Henry Iluth, \ Londres, et archives du duc de Saxe Cobourg Gotiia ;
Kohi, Disiovci-y of Muiiu-, p. ;i6, fac-siniile xvn 3. « lldplislii iii;iic-^''
janiicnsis fixit iicndijs iiiiiio Ihiiiiiii 1 )./} die 2j jiiuij.» Bibliothèqui' n.itionaie
de l'aris, B. 2624. Ce dernier est un atlas de douze cartes de o"',30 , ',
u"', 20, sans les marges. La partie orientale de la mappemonde manque.
3. Bibliothèque royale de Dresde; Kohi, loc. cit., p. 294, note.
4. <i Haptisia Af;ncsc jccit Vtuctijs ij.fj, die S. Mai. » Marciana, MS, Cl.
IV. cod. 499; P. .\Iatkovic. Alli- Ilandichrijllichi-. Schiffei-Kurleit in dcii
BiMiothdi'ii ^H Vencdi>;. Wien, 1865, in-8, p 10.
5. « Bullislu Ai;iicsc in /V/d'^A/ iii i" Silliinl'iY 1555 ». Collection de M. le
comte DonA, à Venise. G. Berchet. l\'iloliini csistrnti iii'llc piincipuli' bihlio-
li'dic di Vcne^id, Venezia, 1866, in-4, p. 4.
6. » Diiplisia Agncsc Jacil (sic) Vendiis aniio Domini'i )).( die i) juUi. »
Zurla, Di Marco i'olo, Vcne/.ia, 1818, in-4, '• H» P- 369. " .Vu (sic) Ihip-
lisla palncsc (sic) fccit ticnctiis anno doniini 1 5 54 die 20 oclol'iis rah (sic) . »
Marciana, cod . i.xii, l'cproduit par la photographie dans la collection Fischer,
publiée pat; Ongania, Venise, pi. xvn, n" 8.
7. Calah^'ne des caries i;tVi^'rapliiijues de ht Inhliothèque du prince Lahanoff,
Paris, 1825, in-8, n" 2067.
8. u Ilechoen Vcnecia en iS)'), /""' Baptisia Aj^nose u (sic); coUect. de M. S.
Perez Junquera, à Madrid. Lisla de los cl'jelos de la Exposicion amcricanisla,
B. 8)8.
9. <( Baptisia a_i;nese fecit iienclijs anno dm 1^64 die 2; mai, » British
Muséum, add. MSS. n" 25,442; atlas de neuf feuilles. Selon M. Matkovic,
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190
JhAN ET SliBASTIEN CABOT
d'anonymes', mais dont la main d'œuvre, les dimensions, la
calligraphie et les contours géographiques ressemblent telle-
ment aux portulans signés, qu'on ne peut les attribuer qu'à
ce cartographe. Un point de repère important, selon nous,
pour établir l'origine agnésiennc des petits atlas anonymes de
loc. cit., p. 10, il y en aurait un aussi de la même date à la Marciana : « hl
dcii 2) mai 156}. »
I, — Bibliolhcquc nationale de Paris, fonds latin, n" 18,249. Superbe atlas,
de o"',i6 X 0"',25 ;\ Tiîtat l'crnic, de quatorze leuilles, dont plusieurs sont
doubles. La première leuille contient une sphère arniillaire; la seconde porte,
au recto, de gueules au bélier sautant d'argent surmonté d'un casque de
profil .1 quatre grilles, et, dans une banderole; « J)oiiiiiiicis Je Bossis ».
— Portulan apparemment conuiiandé par Cliarles-Q.uint pour son fils
Philippe. Collection Spit/.er A Paris. Consulter l-, Spitzer et Ch. Wciner,
Poiliihiii lie CImrks-QuinI iloiinv à Philippe II, iiuoiiipii};iii: d'une iwtice e.xpliedliie,
Patis, i6;5> in-fol., texte 40 p., quatorze photographies. L'original de ce beau
recueil, carié à l'origine, a été remonté de nos jours dans le format oblong,
en étendant les cartes doubles sur une seule feuille.
— Atlas de la bibliothèque de la faculté de médecine de Montpellier; 22
feuilles, o™,42 X o'",29, portant, sur la première, les armoiries d'un
.seigneur de Clugny. L'atlas contient une petite boussole sous verre, placée
dans l'épaisseur de la couverture. Voir l'article de M. le prof. Cons, Sceiélé
/<(Hi,')(('i/i>f;VHH(' (/i- _!,'('(>i,';</y>/;/V, Montpellier, 187S, t. I, p 452. Nous sommes
redevable ;\ M. Benoist, doyen, pour deux fac-similés qui nous ont été très
utiles.
— Portulan de la bibliothèque royale de Dresde, décrit par M. Kohi,
Disecirry of M<ii>ie,yt. 293, pi. xiv et p. 516, pi. xvii,ji"3.
— Bibliothèque ducale de Woifenbiittel. Q.ualoi/e cartes, o'",3o X 0"i,i8.
Acheté au prix de 200 ducats.
— Bibliothèque royale de Munich. Planches vi et vu de Kunstmann.
— Bibliothèque de M. le baron Edmond de Rothschild. Portulan de très
petites dimensions (o'", 18 )\ oi",i2). Neuf cartes, chacune sur deux pages
alfrontées. Calendrier, frontispice (vieillard, en costume oriental, mesurant
une sphère), zodiaque, chacun une page. Le volume se termine par deux
pages ; l'une, Atlas portant le monde ; l'autre, les armes de Charles-CIuint.
Les bordures et les miniatures, attribuées ;\ Giulio Clovio, sont d'un travail
exquis. Reliure italienne, ù rinceaux, incrustée de turquoises et de petits
cabochons.
4'-
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^1
JIZAX HT SliBASTIEX CABOT
H9I
acturc italienne du milieu du xvi'^ siècle, c'est la particularité
suivante :
Dans la mappemonde (de forme ovale), on distingue des
routes ponctuées ou tracées en ruban, partant d'Europe pour aller
atterrir en Asie ou en Amérique. Les portulans de 15 54. 1564, ci
celui de W'ollcnlnittel, n'ont que deux de ces routes. Commen-
çant il un port d'Espagne, Cadix, ce semble, la première route
traverse l'Atlantique, atteint le continent américain à la hauteur
du \'enezuela, suit la côte méridionale jusqu'au cap Horn, qu'elle
franchit, et traverse l'Océan Pacifique dans toute sa largeur.
Cette route est libellée : « 7:7 viai^c de aiuhir a la maluchc, » et
clic se trouve marquée souvent en traits argentés, mais oxidés
par le temps.
L'autre route, qui n'est que la voie de retour, part des îles de
la Malaisie, passe le cap de Bonne-Espérance, et remontant le
littoral africain, se termine au port d'Europe d'où elle est partie.
Celle-ci, marquée en traits d'or, est intitulée : «i Rilonio de la ma-
luchc. » C'est-à-dire que ces tracés indiquent le tour du monde
par les caps de \'asco de Gama et de Magellan.
Le portulan de 1536 de la Bodleyennc, celui de 154? de Paris,
le portulan de 1545 delaMarciana,ainsi que les atlas de Philippe
II et de Montpellier, marquent, en outre, une troisième route qui.
partant également d'Espagne, franchit l'Atlantique, atterrit à
l'isthme de Panama, s'y brise, mais reprend du côté du Pacifique,
pour redescendre jusqu'au dessous de l'équateur. Cette route est
intitulée : « 7:7 l'/r/^o de pcru » .
Les portulans anonymes de Paris et de Dresde, et celui delà
Bodleyenne ainsi que le portulan de la collection de M. le baron
l'Àlinond de Rothschild, exposent, en plus, une quatrième route,
la plus curieuse de toutes. Celle-ci n'est pas au trait continu,
mais ponctuée. Elle part d'un port de Normandie, traverse l'At-
lantique, atterrit à la hauteur du Canada, au sud des Bacallaos
(qui, dans Agnesc, est toujours le Groenland), traverse un isthme
imaginaire, et, franchissant le Pacifique, va aboutir au Cathay.
192
lEAN ET SÉBASTIEN CABOT
U
Dans ledit portulan de 1536. la route traverse un véritable détroit
d'une longueur relativement considérable. Cette quatrième route
est intitulée: « cl via::y dcfraiisa ' ».
Nous n'avons remarqué ces tracés que sur les portulans signés
par Agnese ou sur ceux qui, à cause du format, des ornements,
de la calligraphie et des contours géographiques, rappellent le
faire de cet habile cartographe.
Les portulans d'Agnesc sont généralement composés de douze h
quinze feuillets de vélin collés deux à deux sur carton, et, de telle
sorte qu'ils forment des pages in-octavo. Onj- trouve, le plus sou-
vent, douze cartes*, toutes marines, précédées de trois pages ou de
trois feuilles, la première pour frontispice aux armes du proprié-
taire, lesquelles sont fréquemment omises dans le cartouche resté
vide, la sccondepour lezodiaqueobligatoire, et latroisièmepourun
calendrier. Le format des cartes doubles, pris dans l'intérieur des
bordures, et sans les marges, dépasse rarement o"',25 X o"',i7;
c'est-à-dire que ce sont des atlas de très petit format. Cette
exiguïté dans les dimensions, le fini du travail et la richesse de
l'enluminure en or et en couleurs, prouvent que ce ne sont pas
des portulans dressés à l'usage des marins, mais des atlas destinés
à orner les bibliothèques d'amateurs.
Quant à la valeur scientifique des portulans d'Agnese, elle
n'est pas proportionnée à leur mérite artistique. On voit claire-
1. Le f.iit que cette route l'r.uiçaise est marquée sur un portulan de
mars 1536, c'est-à-dire avant le retour de Jacques Cartier de son second
voyage, nous porte ii supposer que ce n'est même pas à la première expédi-
tion de ce navigateur qu'Agnese fait allusion, bien que les résultats do celle-
ci fussent connus en France au mois de septembre 1534, car cette dernière
semble avoir passé inaperçue hors de ce pays Ciz/ym;, p. 146). Cette ligne serait
donc plutôt une réminiscence du voyage de Verrazzano.
2. Le portulan de 1554 de la Marciana, par exception, contient trente-
quatre planches. On en trouve vingt-deux dans l'exemplaire de la faculté de
médecine de Montpellier, deux de ces dernières, cependant, ne contiennent
qu'une table de la déclinaison du soleil, un tableau de mesures diverses
ainsi que des distances astronomiques. Celui dit de Philippe II n'a que qua-
torze planches.
1 . Scion certains ûcrlvains cette ouverture, béante dans le planisphère de
1527 et dans la carte que nous attribuons A Garcia de Toreno, mais qui
est complètement fermée dans la mappemonde de Ribeiro, aurait été close
par ordre, afin de dérouter les navigateurs étrangers qui plaçaient en ce lieu
l'entrée du fameuxdétroit pour aller au Cathay. (Knhl, Dinanriy, p. 502.)
13
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JI'AN ET SÉlUSllliN CABOT
'95
ment que des les commencements, en 1536,06 cartOi^raphc .1
adopte un ty[>"., dont il s'est à peine départi au cours des trente
années de sa carrière. A ne prendre que le nouveau continent,
on 1554 comme en 1336, la côte du Pacifique descend à peine
jusqu'à l'équateur, s'arrêtant à une « prouincia de siéra », pour ne
reprendre qu'au cap Horn, à V« alcipelcgo de cabo de dcsiadi ».
Même en 1564, l'ile de Terre-Neuve est encore soudée au con-
tinent, bien que ses confrères Gastaldi et Diego Homem, dans
des portulans dessinés i\ Venise même, marquassent déji l'insu-
larité de cette grande île depuis au moins quinze ans.
Les contours sont évidemment ernpruntés, comme la nomen-
clature entière, — laquelle est un amalgame singulier d'espagnol,
de portugais et d'italien, — à une carte sévillane, qui n'est ni celle
de Weimar de 1527, laquelle omet les explorations de Este-
vam Gomez, mentionnées dans Agncse, ni le planisphère de
Ribeiro, où les deux estuaires du golfe Saint-Laurent sont clos ',
tandis que dans Agncse celui du sud reste ouvert. A notre avis, le
prototype adopté par ce dernier est le même dont s'est servi Ra-
niusio pour ses Librl de 1534, et que nous avons attribué à Gar-
cia de Toreno. Qiiant aux routes précitées, elles ont été inspirées
par les caravelles qui, dans la carte de ce dernier, sillonnent l'At-
lantique avec l'inscription « Aile Indic », et le Pacifique avec les
légendes « Aile Mohiche >> et« Al Pcru. »
La conclusion à laquelle nous arrivons est, que si on peut dé-
couvrir le nom de l'auteur de ces portulans anonymes et le mo-
dèle qu'il a suivi, les omissions ou les admissions géographiques
(points de repères si décisifs dans beaucoup de cartes), ne peuvent
servir ici à déterminer l'époque de leur construction.
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I ?
'94
JEAN ET SEBASTIEN CABOT
Nous devons également rappeler que les contours de la côte sep-
tentrionale du Nouveau-Monde, identiques dans ces portulans
de dates si diverses, démontrent que les Italiens ignoraient aussi,
avant la rédaction des cartes lusitano-françaises, les profils qu'on
relève dans le planisphère de Sébastien Cabot.
Avant de terminer, il importe de s'arrêter un instant au portu-
lan Spitzer, pour en déduire une conséquence notable.
Le frontispice de ce bel atlas porte, îi droite, les armes de Cas-
tille et d'Aragon, à gauche, l'effigie de Charles-Quint, et, sous
une représentation de la Providence offrant le globe terrestre à
un jeuiie homme, l'inscription : « Philippo Caroli Âiig. F. opliiiio
priiic. Prùvidentia. » On est donc fondé à croire que c'est un
don de Charles-Qijint à son fils. Pour les raisons exposées précé-
demment, nous ne pouvons préciser la date de ce portulan, mais
il est évident qu'on n'aurait pas confié à un enfant des cartes de
géographie, surtout d'une si grande valeur artistique. Philippe II
est né le 21 mai 1527. S'il reçut ce cadeau royal à l'ûge de
quinze ans, quand son père l'associa au gouvernement, nous au-
rions ici le maximum des connaissances géographiques du régent
de l'Espagne concernant le Nouveau-Monde en 1542. La déduc-
tion qu'on doit tirer de ces rapprochements, c'est qu'à cette date
les contours de l'île du Cap-Breton, du golfe Saint-Laurent et de
Terre-Neuve, n'étaient pas mieux connus des cosmographes espa-
gnols, auxquels Agncse empruntait forcément ses renseigne-
ments, que du temps de Ribeiro et de Chaves.
Nous voici arrivés il l'époque des grands changements intro-
duits dans la cartographie de l'Amérique septentrionale ; malheu-
reusement, on ne connaît pas d'œuvres françaises contempo-
raines du premier voyage de Jacques Cartier. Selon Desmarquetz.
Estancelin ctVitet, l'art de pointer les cartes nautiques ne daterait
même en France que du milieu du xvi'^ siècle, puisque ces
écrivains qualifient Pierre Dcsceliers de « créateur de l'hydro-
^
JHAN LT SlilSASTIlîN CABOT
195
^rapliic française. » A notre avis, les cartes anciennes dieppoises
— et nous en connaissons une qui porte la date de 1546, laquelle
n'est pas la plus vieille qu'on possède, — sont trop savantes et d'un
travail trop supérieur, pour ne pas avoir été précédées d'une
longue série d'œuvres de ce genre, dues à plusieurs i;énérations
de cosnio^raphes habiles et instruits. Comment supposer que le
port de Dieppe, alors le premier du royaume, et où avaient été
armées les flottes de Jean Ango, n'ait pas créé, dès le commen-
cement du XVI'' siècle, une école de pilotes et de cartographes ?
Ce qu'on doit reconnaître, c'est que les Dieppois s'inspirèrent de
rii3-drographie lusitanienne, soit par l'influence directe de cos-
niographes portugais établis dans les ports de Normandie ou de
Bretagne, soit par des cartes importées du Portugal. Ainsi, seule-
ment, peut-on s'expliquer cette transmission servile de contours
dont les premiers exemples se voient sur des cartes dressées dans
ce dernier pays, et la nomenclature absoliunent portugaise qui
sert de base à toutes les mappemondes dieppoises de la première
moitié du xvi„ siècle.
Nous possédons encore quatre planisphères dieppois construits
sous le règne de François I"', lesquels étaient très probablement les
monuments cartographiques les plus beaux et les plus complets
qu'on eut vus jusqu'alors. Ce sont les mappemondes manuscrites
dites de Harley, de Vallard, de Henri II et celle de Desceliers.
Hlles sont toutes sorties de France, trois depuis vingt ans seule-
ment. Nous les décrivons ci-après.
Afin de classer ces cartes précieuses, nous avions d'abord
espéré pouvoir prendre pour base les configurations ancienne-
ment attribuées à l'île du Cap-Breton et aux îles adjacentes. Mais,
en cosmographie, on ne peut guère s'appuyer sur des données
imaginaires, bien que souvent renforcées par des réalités, car alors
le tracé dépend, en une certaine mesure, de l'imagination ou
du caprice de chaque cartographe. Cette île de « Sain Johiiiii, » ou
de Saint Jehan, par exemple, placée dans l'Atlantique, ;i proxi-
mité de la Nouvelle-Ecosse, sur toutes les cartes lusitaniennes et
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196
JHAN HT SHBASTIUX CAHOT
lusitano-françaisos, est certainement chinicriquc en sa conception
première.
Nous ne pouvons y voir, comme la plupart des historiens
de la géograpliic, l'île du Cap-Breton, non plus que dans
l'étroit passage qui la sépare du continent, nous ne reconnais-
sons le détroit do Canso. Si les Portugais, qui, les premiers, mar-
quèrent cette île, avaient autrefois franchi ce canal, on verrait
aussi sur leurs cartes Tilc du Prince-Edward, qu'ils ne pou-
vaient manquer d'apercevoir en déljouchant dans le golfe Saint-
Laurent par cette voie. Le canal qui sépare l'île de la terre ferme
ne se prolongerait pas du nord au sud, comme sur les cartes de
Viegas, de Desceliers et de Guticrrez. Lnfin, ce détroit ne se
trouverait pas non plus dans l'Atlantique, parallèlement au con-
tinent même, ainsi qu'on le remarque sur la carte harkyenne.
Situé de l'est ;\ l'ouest, il partirait de l'Océan pour déboucher
dans le golfe, comme l'auraient divulgué des observations aussi
élémentaires qu'inévitables. D'ailleurs, dans l'Harleyenne, on
voit tout à la fois cette grande île océanienne de Saint Jehan, et
ma canal séparant l'île du Cap-Breton de la péninsule. On n'a
aussi qu'il examiner l'île imaginaire que nous discutons, sa forme,
ses dimensions, sa position, et en suivre la fiUation depuis les
premières cartes lusitaniennes, pour s'assurer que les anciens
cosmographes n'ont pas eu en vue la Nouvelle-Ecosse, mais une
île supposée, transmise par des modèles d'abord servilement
copiés, puis modifiés à la suite de renseignements incomplets ou
erronés fournis par des pilotes portugais. Il suffit de rappeler les
îles fantastiques des Scpt-Cités, de Saint-Brandan, de Juan Este-
vanez, qui continuent à figurer sur les meilleures cartes jusqu'à la
fin du XVI'' siècle, pour se rendre compte de la persistance des
erreurs de ce genre en cartographie.
On ne peut donc prendre cette partie de la carte comme base
d'une classification, surtout, lorsque, en outre, le critique s'aper-
çoit que la fameuse île océanienne ne se trouve pas sur la carte
de Rotz, datée de 1542, tandis qu'elle reparaît, dans sa forme et
jn.w ET si-:iv\sTin\ carot
i')7
SCS dimensions lusitaniennes, sur la mappemonde dressée par
Pierre Desccliers en 1546.
Nous pensons avoir trouve un t^uide relativement plus sûr
dans les configurations attribuées à l'île de Terre-Neuve. Il suffit,
à notre avis, de partir du principe que la proximité des grands
bancs de morues (seul attrait alors des expéditions septentrio-
nales), a porté les pécheurs à explorer le littoral de la grande
ile, de préférence aux côtes de la Nouvelle-Ecosse, où le poisson
est beaucoup plus rare. Il s'ensuit qu'à la suite d'échanges d'ob-
servations et d'épurés, selon l'usage, les pilotes ont graduelle-
ment éliminé les parties de cet archipel imaginaire dont l'exis-
tence n'était pas confirmée par l'expérience, et à reconnaître,
mais tard, l'insularité absolue de l'île. En un mot, selon nous,
plus Terre-Neuve est morcelée, plus sa délinéation est ancienne.
C'est pour cette raison que nous plaçons la mappemonde har-
leyennc avant les autres cartes d'origine dieppoise.
m
20
MAPPEMONDE IIARLEYENNH.
C'est une mappemonde anonyme de 2"', 85 x i"',20, z^-.., j-,^
sur parchemin, richement enluminée, « construite sur
le plan de la carte du globe de Mercator (?) entièrement
écrite en français. Les noms de Gracal et Fonnosc semblent être
portugais, et on peut croire que la carte a été traduite de cette
langue' ».
I. Malto-Brun, Hisloiir i/i' la Givi;n!phic; Paris, 1831, in-S, t. I, p. 630.
iM. J. Carson Brcvoort possiLile une mappemonde dressée par Mercator,
signée de son nom, gravée et datée de i )}S, qu'il eut la bonne fortune de
découvrir dans un l'iolciiu'c ayant appartenu à ce grand géographe ; mais
nous ne pensons pas qu'elle expose déjà la projection qui porte son nom ;
laquelle se voit pour la première fois sur la mappemonde publiée à Duys-
bourg en 1^69. Les cartes qu'il émit avant cette époque ne devaient pas
diriérer des cartes plates alors répandues partout.
ï
19S
JHAN ET SI-BASTinN CABOT
;sN
Elle porte les armes de Trance surmontées trune ccuronnc
ouverte, et les armes du Dauphin. l,e rédacteur ' du c.:Mloj^ue
du Bristlsh Muséum, où cette carte est conservée-, en infère
qu'elle est antérieure ;i l'année 1536. Nous n'oserions l'aftirmcr.
La couronne fermée (ut adoptée délinitivement, non en 1536,
mais lorsque Henri II succéda à son père, en mars 1547 ".
L'insertion de l'écusson de l'héritier de la couronne de France
sur une carte nautique n'en détermine pas non plus la date,
surtout si l'on veut y voir un emblème se rapportant au titre
d'amiral qu'aurait possédé Henri II en 1541 après la disgrâce de
Philippe de Chabot, et qu'il aurait porté jusqu'à son avènement
au trône *. Nous devons rappeler à cet égard que l'amiral de
Brion fut rétabli le 12 mars 1542 ' dans tous ses emplois, et que,
d'ailleurs, ce ne fut pas le daupliin qui obtint la survivance de
Chabot dans l'amirauté, mais le maréchal d'Annebaut.
Nous hésitons aussi à trouver dans cet écusson une preuve
que la carte fut fiiite pour François V ou pour son fils et pos-
sédée par ce dernier. Le planisphère, dit de Henri II, reproduit
par Jomard, et que nous décrivons, porte les mêmes armes; on
les voyait aussi sur l'atlas maritime de la vente La Vallière ", et
sur d'autres documents cartographiques de la prtniière moitié du
xvi*^ siècle que rien ne prouve avoir fait partie d'une bibliothèque
royale. L'écusson de l'héritier de la couronne s'explique par le
simple fait que Henri de Valois était alors duc de Bretagne.
1. Catalogue ofibr maniiscripl iiuips, ckiiis... in Ihc British Muséum, London,
1844, iii-8, p. 23, .-itlJ. À'JS. ),.iis.
2. Add.MSS. 5,4i3-
3. Grandmaisoii, Dictionnaire hàaldiquc. Paris, 1861, in-8, col. 193.
4. Murphy, Tlic Voyages of Venanano, p. 42.
5. « Son innocence .\vant été reconnue par arrêt du 29 mars 1541, le Roi
le rétablit dans tousses honneurs et dignité/, par lettres-patentes du 12 mars
1542. » Anselme, Ilisloin' gâu'iilcgicjiie de ht maison royale ile France, édit. de
1726-1733, in-fol, t. VII, p. 882. Chabot mourut le i" juin 1543, et ^'•^ ^^^
Claude d'Annebaut qui lui succéda. Ihidcin.
6. Catalogue dressé par De Bure, N" 4.499.
JHAN ET SÉBASTinN CAROT
'99
Dans cette belle carte, la plus rapprochée, ce semble', des dé-
couvertes accomplies par Jacques Cartier, la partie supérieure du
continent américain se termine ici par une péninsule très aiguë,
ponctuée de nombreux récifs, aboutissant ;\ une île nommée
« Isk dorhclamic ». Ladite péninsule porte le nom de « Terre
ilv iMhovrcvr. » Terre-Neuve est morcelée en neuf gros frac-
ments, sans compter une demi-douzaine d'ilôts. Le détroit de
Belle-Isle est dénommé « Baye des Chaslieulx. » Le golfe et le
fleuve Saint-Laurent, la péninsule Gaspésienne, la baie des Cha-
leurs, présentent des contours très exacts pour l'époque.
Parallèlement ;i la Nouvelle-Ecosse, dans l'Atlantique, se
trouve la grande île nommée « Y" de Saint-Jêb : » laquelle ne
peut être confondue avec l'île du Cap-Breton, car cette dernière
est séparée du continent par un canal spécial, courant du nord au
sud. Le golfe et le fleuve ne sont pas nommés, et, sur notre
calque, nous ne voyons pas non plus le Saguenay, ce qui indi-
querait des données cartographiques antérieures au mois d'oc-
tobre 1542. Cartier a connu, et, d'après les Indiens, nommé cette
rivière, dès le 12 août 1535 *, mais il ne l'explora qu'au cours de
son troisième voyage.
La délinéation du littoral et la nomenclature diffèrent con-
sidérablement des cartes de Weimar, surtout dans la région du
Penobscot. On n'y voit pas, comme sur toutes les cartes lusitano-
sévillanes, ce large estuaire triangulaire semé d'écueils, et placé
entre le cap d'Muchas Yslas et les Arecifes, mais une rivière plus
étroite, se divisant en deux branches, dans la forme d'une double
potence, et dénommée : « 7^. grande. » C'est le fleuve que
1. Dans un MS. anonyme du Bristish Muséum (Slonnc MSS., 117),
intitulé : « De pn'iicipiis astrouomiiV i>, on trouve une mappemonde de
petites dimensions, où la péninsule floridienne se continue au nord, sans
solution de continuité, jusqu'au <( C. Rasii », en face duquel se trouve un
îlot dénommé « viridis iiisiila ». Sur le littoral de l'Atlantique on lit : « tmi
francisai mip. histr. n Nous ne saurions dire si cette légende se rapporte aux
découvertes de Verrazzano ou ;\ celles de Cartier.
2. Brkj rhil, éd. de Tross, f. 8, verso.
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jn.\N ET SltnASTlF.N CABOT
Altbncc appellera bientôt <> la riiilèrc de Norcmbcrguc qui est
noiiuellement découucrte par les Portugalois et l'spaj;no1s. »
Les noms qu'on relève sur cette partie de la côte apparaissent
ici pour la première fois. En longeant le littoral, depuis la partie
supérieure de la Nouvelle-l'cosse jusqu'à l'embouchure de l'Hud-
son, là où dans Hibeiro on lit : « tria do brolô., R: <k la l'iiclhi,
surçnks, %: (kviôtinuis,golfo, mcdanos, aircij'cs,C : d'mucbiisyllas,
vijlivias, airicpit'hti^odc cstcii'i Gd/z/c.^, S : JiiÛ 'Ihtplislii, R: de hiiciia
iinidir, molana v'dc, h: de S. atonjo, » la carte Harleyenne porte,
dans le même ordre : " R. de S. Jch., cosic de Riiiiiy, aipu de bara-
nasic (?) h. ou S.peq. (baya peqiiena ?), enlrccdit deslroit (c'est-à-
dire le passage entre la fameuse ile « de Sainl-Jektii » et la terre
ferme) r. ni!;rits{?) R. de ilbeo, p. iii^iutdit, pitnoiio, R, de palcia,
R. ^nwde, R. de biiella, R. depdleia (l'is), cosUi de brada, R. de
Folla, Aiicoii (hdas yllas, C. daiigra, R. de môles, R. decasrond,
Sarras (?), acimcconda (?), fi dai^us (ces quatre derniers mots
forment peut-être une phrase), lx>s Rios, de fiina (?), R. de o^o
{oio ?), Costa da ta Goii/licaieres (?), Gouffre de la -f »
Ce.s noms donnés ici tels que nous les lisons, sans prétendre les
expliquer, démontrent que la carte Harleyenne n'a pas emprunté
ses configurations, ses noms et ses légendes à l'hydrographie
lusitano-sévillane, mais bien à une carte portugaise, modifiée et
complétée dans ses parties les plus septentrionales sur les épures
rapportées par Jacques Cartier en 1536. Si le cartograpl>e lusi-
tano-dicppois, à qui nous devons cette belle mappemonde, avait
connu les cartes lusitano-espagnoles, il aurait peut-être omis,
comme ici, de mentionner Estcvam Gomcz, mais le vaste estuaire
du Penobscot, en sa forme bizarre, parsemé de récifs, tel qu'il
est tracé sur les cartes de Garcia deToreno,deRibeiro,d'Agnese,
et de tous les cartographes qui ne se sont inspirés que des œuvres
lusitano-espagnoles, n'eut pas échappé à son pinceau.
JEAN liT Sl-BASTIUN c:AliOT
201
21
llYnROGUAPlIIE DI- Jl-AN UOTZ.
AU-DESSOUS d'un cciisson aux armes de Henry \'III on lit
la déclaration suivante, qui sert de titre : " This hokc
of Idroi^niphx is iinuîc by me Johnc Rot:^, sarvant to ll.v
Kiiii^rs iiiooslc excellent Majesté. God savebis Miijestc. »
A h fin :
« Hcir eiiilelh this hooke of Llivgntphy, iinulc by me Johiie
/?()/^, sarvaut lo tbe Kiiii^es iiioosle excellent Majesté in the yer oj
our Lml Gode J"\ V''. xlij, and of bis refîne the xxxinj yere. »
Le deuxième feuillet contient une lonj^uc dédicace au roi
d'Angleterre, écrite en français, dont voici le commencement :
1542.
« A lii trcscxellcnto et trcssacrco (Majes té du Roy)
mon souucraiii signcur et niaistro.
Nous voyons communcnient ( trcs puissant et très noble prince ) les
luinimcs commencer leurs ocuurcsauec certaine intention de les adrecer vgne
p.irt Et dieu tout puissant par son ordonnance les adrecer vgne aultie part auec
niilleure fortune po' louurier que souuente ffoys son propre espoyr ne luy
promect quy est por conformer le commun proucrbe quy dict que (Ihomme
propose et dieu dispose) ce que moy mesme (Sire) ay présentement tresbien
esprouue Parce que ja long temps a ayant le désir et affection de faire quelque
teuurc plaisante et agréable au Roy de I"rance quy adonc estoyt mon souue-
rain et naturel signeur Et apprcz auoyr considre le monde cstre assez Remply
de cartes marines selon la manière vulgaire je maduisay po'' le mieux de luy
faire et drccer ung liurc contenant touite lidrographie ou science marine
Pource quil nen auoyt par auanture encore veu de semblable Et aussy pour
ce q')il scroyt plus utilleet prouffitable et de plus grand esprit et plus ayse ei
flicile a manyer et regarder que ne seroyt vgne longue carte marine de
quatre ou cinq verges de long Parquoy (sire"» apprez auoyr rais accord entre
À}
2()2
IRAN ET SÉHASTinN CAROT
I I
-, 1
;> i . li'
loppiiiion et le diiit Je commcncay lœuvrc aucc Icntcntioii ilcuant propostv
mays comme ja cllccsioitou pcuscii f.iilloyt (accomplie^ notre si^-ncur quy Je
touttcs choses veult disposer selon son plaisir la voullu adrecer vj^nc aultre
part aiiec niilieurc fortune que moy niesnie nesperoys coiuine jcstime veu que
telle en a este lordonnance divine Laquelle nous con^;noissons pour certain
ne Rien faire ou disposer que po^ la niilleure lin Drdoncq/ tresclier(sire)puys
que dieu et fortune mont tant faict de grâce et faneur que daconduire et
gouuerner la navire de ma simple et petite personne errant etnauigant parles
wndes et flot/, de ceste mer mondayne Jusq/ a puenir et arriuer po' dernii'r
Rcfuj^e poser lancre au très noble et tresexellent port de vtre tant ^ratieux cl
désire seruicel'our lllec ancrer en repos et sauluete aucc mon petit esquipage
et matlielotage de femme et enfaiitz) il vous plaira daussy bon cceur receuoyr
Uvuvre par diuin vouUoyr preorJonnee destre présentée vtre serenissini
personne.. . »
Ce que nous devons retenir de cette épître, c'est la phrase où
l'auteur reconnaît qu'il avait composé cet ouvrage parce que de-
puis longtemps il était animé du désir « de Hùre quelque œuvre
plaisante et agréable au Roy de France quy adonc estoyt son
souuerain et naturel seigneur. »
Jean Rotz était donc français de nationalité, et c'est en langue
française qu'il rédigea d'abord son Hydrographie. C'est tout
ce que nous savons de ce cosmographe, dont le nom est essen-
tiellement flamand. Comme la vassalité des Flandres par rapport
i\ la France fut .abolie en 1526, ce n'est pas au nord de la Picardie
qu'il faut chercher le lieu de résidence de Rotz, à moins qu'on
ne veuille faire remonter la construction de son atlas à une date
antc'rjeurc au traité de Madrid, ce que les renseignements géo-
graphiques qu'il nous donne ne permettent pas d'admettre. C'est
donc enFrancc même que vivait ce cosmographe lorsqu'il émigra
en Angleterre, et il n'y ap.aslieu, conséquemment, de s'enquérir
s'il fut un des Flamands qui passèrent dans ce pays avec Anne
de Clèves en 1540 '.
Quant aux cartes qui nous intéressent, elles sont au nombre
I. Malte-Brun, Ilisl, ilr lu Civ^riipbie, t. I, p. 63 t.
JHAM FT SF.nASTlF.N' CAIîOT
ÎOÎ
de trois. GrAcc à rolilii;caiicc de miss L. Toulminc Sinitli,
qui ;i bien voulu en prendre un calque sur l'original conservé
au British Muséum', nous pouvons décrire la partie qui
concerne les régions septentrionales du nouveau continent.
I, a moins importante de ces cartes (au feuillet 29), est une
section du ^lobe terrestre où la Nouvelle-F-cosse,du 45" degré de
latitude jusqu'au 53'' degré nord, est dénommée, « thc ncw fonde
Ilhuhh'. » Terre-Neuve est fractionnée en cinq îles.
I.a seconde carte (au feuillet 22), donne une délinéation très
étendue du littoral du Groenland, ici appelé « cosi of Lthnitlor, »
un simple proill des deux estuaires du golfe Saint-Laurent, et
sept fragments de l'ile de Terre-Neuve, émergeant du cadre.
Tous les noms sont portugais, et dans l'ordre des anciennes
cartes lusitanieimes. Le détroit de Belle-Isle, très apparent, n'est
pas nommé. La configuration générale de cette partie est iden-
tique à l'IIarleycnne.
La troisième carte (au feuillet 24) est plus importante que
les précédentes. L'entrée méridionale du golfe, le détroit de
Belle-Isle, celui de Canso, la baie des Chaleurs, sont nettement
tracés. Terre-Neuve est en dix fragments, séparés par un im-
mense bras de mer de l'est ;\ l'ouest. L'ile d'Anticosti est oniise,
et la nomenclature est presque entièrement portugaise. Quel-
ques noms rappellent le prototj-pe lusitano-français : « Qip de
Kits, llle de Joitii cv/t'-, c. 'Bretons, ille verte. » Rotz a super-
posé deux ou trois légendes anglaises. Ainsi, sur l'Atlantique,
parallèlement ;\ Terre Neuve et à la Nouvelle-Ecosse, oii lit :
« The neio fonde loiide lubar ineii goetb afisebah:;. »
Si on ne voit pas l'ile d'Anticosti sur la carte de Rotz, il faut
j
?
I. MSS. Royal 20. E ix. Nous renvoyons le lecteur \ I.1 description qui
est donnée dans le Calatoi^iw of llh' viiuiiiscript clmrts viaps... in llit' Brilish
Muséum; London, 1811, in-8, t. I, p. 22. C'est également ;\ miss Smith,
habile paléographe, que nous devons nos autres calques de cartes de cette
admirable collection.
204
JHAN ET SÉBASTIFN CAROT
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'r'
J
"il.
Si! î n
attribuer cotte omission i un simple lapsus; mais la raison pour
laquelle la fameuse île de St-Jean, dans l'Atlantique, n'y ligure
pas non plus, c'est que l'hydrographe franco-anglais s'est servi,
pour toute la partie du littoral au sud du cap Breton, d'une carte
lusitanienne plus moderne que le modèle de l'flarleyenne,
comme on peut s'en assurer par sa dclinéation de l'embouchure
du Penobscot. Pour la partie septentrionale, c'est une carte lusi-
tano-dieppoise dont il a fait usage, apparemment le prototype de
rHarle}'enne. Quant i\ la côte méridionale ;\ partir du cap Bre-
ton, on relève les noms suivants, lesquels ne nous paraissent pas
plus intelligibles que ceux donnés dans notre description de la
carte dite de Harley : <( Ciiho de Rio, a porlacnm (?), C. do Ivrlii,
C. dobarc' (?), ocst ::;aiiio Rio da ivllti , atpoda Rocbn,Riodoliil'y(?),
Rio dus aliinulins, costa diigii !o (?), Goiilfrc da:^-y (de la cnizl),
Rio de Snu::^ (S. Juan?) ail'O da (?), armpelagi, (airiepelai^o?), her-
iiioses, B. de S. Jehâ haptesli, C. de 'Boiia madré. »
Qiiant au texte qui accompagne les cartes, il ne contient
aucune description géographique. Ce sont surtout des calculs.
Si Rotz a évité soigneusement de reconnaître les explorations
de Jacques Cartier, par des noms français, tels que Belle-Isle
et la baie des Châteaux, qu'il a certainement connus, le lecteur
remarquera que Rotz omet aussi de mentionner les découvertes
des Anglais. Le fait est, qu'au milieu du xvi'^ siècle, les voyages
des Cabot étaient oubliés. 11 fallut le retour de Sébastien dans
l'année 1547, pour en raviver le souvenir.
Illj
fEAN LT SHBASTJLN CABOT
20\
22
l'I'UKES m; JUAN ALl-ONCI-..
A l'époque des voyages de Jacques Cartier, h France ne i j i (-13 13,
manquait pas de cosniographes ', et, cependant, les -.
épures placées en tète des chapitres de la y.''siin\i;niphic
manuscrite de Jehan Alt'once " sont, après la mappemonde
d'Oronce l'ine et l'Atlas de Rotz, les premières délinéations
géographiques d'origine française mentionnant le Nouveau-
Monde, que nous ayons rencontrées '.
1. Hibliotliùjuc nationale ilc Paris, MSS., l'oiuis iVançais, n"" 1,388. 2,132
(Germain Sorin, pilote , 7.12 et 1,718 (Jehan de Conllans\ ^4,269, 24,909,
2,791, 27,371; les œuvres j^éograpliiiiiies de Jehan de Clamorp;an et de
l'ierre Desceliers, ce dernier dans la l'orée de l'âge en 1537, '■'''^•> ^^'^■
2. MS. de la Bibliothèque nationale de l'aris, fonds français, N» 676 (c\.
B.ilii/.e, 7,12) a . C'est un in-tolio de 191 feuillets, chilïrés au verso, auquel
il iiiaiique les deux premiers; mais le dernier permet de reconstituer le titre,
qui aurait été : CosiiiOi;nipl.'ii' iiiicc fsjviy et ioj;imc du Soleil et du Xord en
iioslir luiii^iw jiaiiçoyse iviiijwiv jwr jehin .lllifi'ii.uY et Puiilliii Seiiiliiit cvsino-
i^nij'lie de Uoiniejleiir. Ce manuscrit est sur papier, d'une écriture régulière
du milieu du xvi'' siècle. Malgré la phrase : « pour faire servisce a Vostre
.Maiyest.iy reaille, » et des lettres initiales très ornées, nous hésitons ;\ y
voir l'original de dédicace, car il est d'une calligraphie trop inférieure pour
avoir été otïert à un roi amateur d'art, comme l'était François I^r.
3. Le millésime de 1333 que donne Santarem ;\ sa reproduction do la carte
de « Jacques de Vaulx, pilote pour le roi » (Atlas, part. IV, planche 64),
porterait A supposer que cet excellent cosmographe construisit des cartes
déj.'i à cette époque. Mais c'est une erreur. Les « jueiiiieirs oivin de jticqves
de l'avlx jnlote [>oiir le loy en la iiiaiiiie, n dont la Bibliothèque nationale de
l'aris possède deux superbes exemplaires autographes (fonds français 1 30 et
'■ m
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Zub
'■ï: ■ ■^r
JEAN lïT SElîASTIEX CABOT
Jehan Alfoncc ou Allofonscc « natif du pays de Xaincton^^j
près la ville de Cognac, » était « capitaine et Pilote du Ro\'
Francoys Premier ' » et, à ses heures, quelque peu pirate :
« Depuis cet aage les barbares et chrestiens ont souffert beau-
coup de maux de l'incursion des Coursaires qui ont souventcs
fois mouillé l'ancre, bruslé et saccagé les habitants de l'isle |de
Porto Rico]. Jean Alfoncc. Sainctongeois de nation, s'il estoit
en vie, il scauroit bien qu'en dire, suivant le récit quil m'en a
faict jadis, estant détenu prisonnier par exprès commandement
du roy dans les prisons de la ville de Poitiers ■. »
C'était alors un vieillard :
l'ortiiiiG lors, qui ses faits valeureux
Avoit conduit au temps de sa jeunesse
L'abandonna, et en lieu malheureux
Le rend captif en sa foible vieillesse '.
;
9,175), et où Santarcm a certainement puisé son modèle, sont datées, dans la
dédicace au duc de Joyeuse, « en la ville françoise do grâce (Le Havre) l'an
M D LXXXIII, » et(( M D LXXXIIIL » Les plus anciennes cartes de lui qu'on
connaisse sont, si nous ne sommes pas trompés par riiomonymie. Le vnii
PoiiiclraictdcGcmurc (Riode Janeiro) et celui du G//) de Frie (Frioi » faicis en
Dieppe lan 1579, *' *-'' signées : « Jqez de Vau de Claye. » Lesquelles cartes
furent découvertes ou exhumées par M. Ferdinand Denis, il y a une ving-
taine d'années. Elles sont aujourd'hui exposées dans Li galerie de géogra-
phie de la Bibliothèque nationale de Paris.
1. Les Vo\i.iges auanlumix, 1559, 1'. 68 verso. Thevet, qai le connaissait
personnellement, et Hakluyt, le disent également de Saintonge. C'est ù tort
que les Portugais veulent en faire un de leurs compatriotes. Les textes mêmes
qu'ils invoquent vont à l'encontrede cette assertion : « Jatiinis Ajfoiisi Fninci\,
qui irat t:\peiiiis in viii},nis ud BrasiVuiiuis iiisiilus... » D'A\xza.c,Biilldin de hi
Soc. de Givgriipbie ; août et sept. 1857, p. 322.
2. Le grand Insiihire et l'iloldge d'André Thenel, Angonnioisin, cosniographe
du Roy. MS. Bibliothèque nationale, fonds français, n" 15.452, t. L II dit
Aussi : « Comme ie luydis, luy estant détenu prisonnier à Poictiers, pour la
prinse de quelques navires d'Espaigne. » Cosmographie, Paris, 1873, in-fol.,
t. IF,f. 102 1.
3. Vers de Marncf, dans les Voyages auanlurcuxt
JI-AN HT SÉBASTIEN CABOT
207
Mais si le picit que donne Barcia ' est vcridique, Alfonce,
incorrigible, à peine sorti de prison, aurait recommencé à écu-
nier les mers.
Cet écrivain relate les hauts faits d'un Juan Alphonso, cor-
saire français, galicien ou portugais (il ne sait au juste lequel),
qui, ayant capturé dans les parages du cap Saint-Vincent des
navires basques chargés de ferraille, aurait été poursuivi, sur
l'ordre de l'empereur Maximilien, par Pedro de Menendez,
attaqué sur les côtes de Bretagne et blessé à mort. Les assertions
de Barcia sont conlîrmées par ces autres vers de Marnef :
La mort aussi n'a point craint son cirioy,
Ses gros canons, ses darts, son feu, sa fouklrc.
Mais l'assaillant l'a mis en tel desroy
Quo rien de luy ne reste plus que poudre.
Ce fut lui qui conduisit au Canada les deux navires de
RobervaP. Parti de Honfleur le 22 août 1541, il explora le
golfe Saint-Laurent, depuis le détroit de Belle-Isle jusqu'au
cap Rouge, et il paraît être resté dans ces régions deux années.
Alfonce revint en France, dit-on, avant Roberval. Ce dut être,
alors, avec d'Auxilhon deSennetcrre % lieutenant de ce dernier.
1 m
'm
t. Eiisayo Civiiohgko para lu historia <^cncnil de la Fhrida. Madrid, 1723,
in-l'ol., f. 58.
2. « Chii'fc Pilolc lo Monsieur Robcivul; n tiirc de la traduction d'un frafj-
ment du routier d' Alfonce : Course jroin B:lle-hle, publié par Halduyt, Prin-
cipallNuvi\nilioiis,l. IH, p. 237.
3 . Hakluyt a eu connaissance des lettres de grAce que nous avons publiées
d'après les MSS. originaux. Il dit même qu'elles furent octroyées en présence
d'AKonse; mais h compilateur anglais commet la singulière méprise de
croire que l'objet de la clémence de Roberval était Senneterre lui-même :
« There is pardon to be scène for ll.v liardoniiing of Monsieur de Senneterre > , .
i;iven in Canada in lljc breseiice of iJie sayde Jolm Jlpijonse, » Principall Xavi"a-
lions, t. III, p. 237.
:!uiS
JEAN HT SÉBASTlliN CABOT
peu après le ii septembre 1543, date de la procuration donnée
au l'ort de Francoys-roy.
Il est néanmoins possible que la connaissance des côtes de
l'Amérique septentrionale, dont ce pilote habile fait montre
dans son Routier, provienne de voyages antérieurs, puisque, selon
Jean de Marnel (et non selon Mellin de Saint-Gelais, comme
nous l'avons dit'), il avait
« ... Suivi plus de vingt et viugl ans
Par mille et mille mers, Tun et l'.iutre Neptune. «
Les cartes d'Alfonce qui nous intéressent sont au nombre de
quatre, et elles se trouvent en bordure ;\ la partie supérieure des
feuillets 178, 180, 184 et 186 de son Roulicr. Cet ouvrage,
qu'il ne faut pas confondre avec les Voyages avaiilurciix dudit
Alfonce, imprimés en 1559, 1578, 1598, 1602 et 1605, fut
commencé en 1544, et achevé à la Rochelle le 24 novembre
1545, non par Alfonce, mais par Secalart, cosmograplie de
Honfleur, soit en conséquence de l'emprisonnement i\ Poitiers du
pilote saintongeois, par l'ordre du roi, pour pillage commis à
Porto Rico, soit à cause de sa mort.
I, Dans nos \'otcs pour st'iiir à Vhisloiredc h Koinrllc-Fniiia; p. 6. Les
vers signés Se. de S. M. sont de Scevole de Sainctc Mariiie. La pièce
de vers (huit qu.irtains en deux pages) est de Jan de Marnef. Le Scinirt
(/'.-/ //i)/;((' est signé Koi^'. Mciïs(?)U n'y a donc pas un seulVcrs de Saint-Gelais.
Quant à la date du privilège que, suivant Brunet, nous avons rapporté
au 7 mars 1547, nous n'osons plus être aussi aflirmatif, car l'édition dn i5)9,
que nous avons fous les yeux, ne contient aucun extrait du privilège.
L'extrait qu'on y voit n"est afférent qu'au Bissdiii. Nous ne pouvons donc en
tirer la conclusion que Allbnce mourut avant 1547. Le récit de Barcia, au
contraire, nous permet de donner une date approximative, puisqu'il y est dit
que Menendez attaqua le corsaire français par l'ordre de Maximilien, neveu
«t gendre de Charles-Quint, lequel, en l'absence de ce dernier, gouverna
l'Espagne de 1546 a 1551. C'est donc entre ces deux dates qu'il faut placer
la mort de Jehan Alfonce.
\ m
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
2C9
Les cartes d'Alfonce ne sont que de succinctes épures, de
o"',20 X o'",7, avec des noms et des légendes qu'on ne retrouve
pas tous dans les cartes postérieures. Le golfe Saint-Laurent est
nommé l'Eutrcc des Bretons, la Nouvelle-Ecosse, la Coitslc du
Lihoiiiriir, le cap Ann, le cap de la Fraïuiscaiw. En maintenant le
nom du cap Breton, Alfoncc donne aussi à entendre qu'on
l'appelait antérieurement le G//) Saiiicl Jehan. Notons, enfin,
que, selon lui, le Sagucnay, qu'il croyait une mer, était le détroit
tant cherché : « J'estime que ccste mer va à la mer Pacifique ou
bien i la mer du Cattay. »
L'épure placée en tète du feuillet 184 [ex 187) doit surtout
être examinée, malgré sa brièveté et la rareté de ses légendes,
car elle donne la conception la plus ancienne que nous ayons,
d'un témoin ^c visu\ dr littoral, depuis \c ca^i t\c Korovere^nc
(cap Sable) jusqu'au nord de Belle-Isle. Ce qui nous frappe, c'est
l'ile du Cap-Breton, de grandes dimensions, à sa vraie place,
et distinctement séparée du continent par un canal correspon-
dant parfaitement au détroit de Canso, comme dans Rotz.
Nous pourrions terminer ici cette liste d'oeuvres cartogra-
phiques, car, si on ne peut dire où et quand le planisphère de
Sébastien Cabot a été gravé et publié, le millésime de
M.D.XLIIII ne laisse aucun doute sur l'époque de sa construc-
tion. Nous avons pensé, cependant, qu'il serait intéressant
de continuer notre travail, afin de signaler les contours et les
légendes empruntés \ des cartes antérieures, et qu'on retrouve
néanmoins dans des planisphères et des portulans dressés subsé-
quemment. Ces descriptions, comme celles qui précèdent, ne
sont que des chaînons disjoints dont les attaches peuvent se
retrouver. Les chercheurs qui auront la bonne fortune de les
1. Nous n'avons nucunc preuve que Rotz et les auteurs des cartes dites de
Harley et de IJcnri II aient navigué dans ces parages.
14
lili
2iO
JHAN 1-T SLBASTllîN CA1501
découvrir, pourront alors rétablir rcnchaîiicmcnt lo^^iquc et
nécessaire de tous ces documents, qui sont la base même de
l'histoire des découvertes transatlantiques.
i-.i
23
MAITEMONDE DlTii DE IIENKI II.
î
1546.
L'oKiciiNAi. de cette belle carte appartenait à M. Jomard.
Mis en vente avec sa bibliothèque, le 4 avril 1864 ',
sur la mise h. prix de 2,000 francs, on le retira faute
d'enchères. Il se trouve aujourd'hui dans la collection de M. le
comte de Crawford et Balcarres.
M. D'Avezac dit " ; « Un examen plus attentif a fait remarquer
sur l'emplacement du Canada, une miniature caractéristique,
d'après laquelle nulle autre date ne peut être admise que l'année
1542, sous le règne de François V. »
Nous pensons qu'il s'agit de la scène représentant, sur les
bords du Saguenay, un peloton de soldats commandés par un
officier, suivie de la légende : « Mous, de Rohcrnal. » Ces mots
1. Ciildlogiic dci Caiiis, plans, etc., île M. joiiutid. l'aris, 1864, iu-8, 16 pp.
N" 121. Une quaiuilô considilrablo de cartes manuscrites, jetées en tas dans
un coin, ne trouvèrent pas d'acquéreurs, et elles disparurent avec le maga-
sin de Duprat. Peut-être que la carte de Desceliers de 1350, qui devait l'or-
nier les n"". XXIII et XXIV des Muniiiiiciils, était du nombre!
2. Invciihiirc, dans le BulUiin de rAcudéinic des Inscripl. et Belles-Lettres,
pour avril iKéy.
1. Pi iiitipill Xin'ii;iilii'iis. l.ondoii, 1^99-1600, t. III, p.
2. " Sil iiiylc l'iviii Rodvllc ll.v 16 oj .-Ipril ij.p, » Jilciii, p. 2.\:
3. A'c/i'i .V»;- ht Xoiiirllt'-I'iiiiur. N" 574, p. 2.(5-25}.
4. Ihidciii.
â
ll'AN' 1;T Sl^BASTIliN CAlîtri'
dti
seraient interprètes comme indiquant le lieu de séjour de ce
gentilhomme ;i l'époque où h carte fut dessinée.
Il importe donc de iîxer la date de l'arrivée de Roberval au
Canada et celle de son départ de ce pays.
Pour le troisième voyai^e de Jacques Cartier et l'expédition de
Roberval — qui sont connexes, — on ne possède que trois docu-
ments, et encore ne les connaissons-nous que d'après des frag-
ments publiés en anglais par llakluyt ': Ce sont i", un récit attri-
bué à C.irtier, qui s'arrête au cours de l'exploration du fleuve
Saint-Laurent, vers la mi-seprenibre 15 41 ; 2", un récit attribué
à Roberval, continué jusqu'à la fin de juillet 1543; 3", une des-
cription hydrographique faite par Jehan Alfonce d'une explora-
tion de 230 lieues du littoral méridional depuis Belle-Isle.
Selon ces documents, Cartier, parti de Saint-Malo le 23 mai
1540, avec cinq navires, serait arrivé à Terre-Neuve après une na-
vigation de trois mois. Le 2 septembre, il aurait renvoyé i\ Saint-
Malo, deux navires conduits par Marc Jalobert, son beau-frère,
et Etienne Noël son neveu.
duant .1 Roberval, il aurait appareillé de la Rochelle le 16
.avril 1542 -,et commencé, le 5 juin 1543, son exploration du
Saguenay.
Ces dates sont erronées. Le lecteur nous pardonnera de les
rétablir en précisant la chronologie des actes se rapportant à l'ex-
pédition de Roberval et de Cartier.
Le 15 janvier 1540, François L', étant ;\ Fontahieblcau, ac-
corde des lettres-patentes à Jehan l'rançois de la Roque, sei-
gneur de Roberval, Picard, et le nomme « lieutenant général
chef et ducteur^ ».
Le 6 février suivant, Roberval prête serment entre les mains du
cardinal de Tournon \
t
1
2i:
JEAN ET SEBASTIEN CABOT
Le lendemain 7 ', lic nouvelles lettres-patentes amplitient et
confirment celles du 15 janvier. Le 9 mars, elles sont entérinées
au parlement de Rouen.
Le 27 février 1540', Roberval nomme pour mandataire en
France, son lieutenant, Paul d'Auxilhon, seigneur de Senne-
terre, en la sénéchaussée de Carcassonne.
Le 9 mars '' suivant, le parlement de Rouen autorise Robcr-
val à mettre à exécution la clause des lettres-patentes lui per-
mettant de prendre dans les prisons une certaine classe de con-
damnés pour être embarqués sur les navires.
Lej7 octobre 1540*, François V' nomme Jacques Cartier
« capitaine général et niaistre pillotte, » de l'expédition.
Le 28 octobre \ Henri de Valois, en sa qualité de duc de
Bretagne, ordonne que les prisonniers choisis dans les geôles de
son ressort seront remis à Cartier.
Le 3 novembre, le roi octroie de nouvelles lettres-patentes
concernant l'embarquement de condamnés pour crime « hors
d'hérésie et lèse majesté divine et humaine ", » jusqu'au nom-
bre de cinquante .
Le 12 décembre 1540, le roi se plaint du retard que soulTre
l'envoi de l'expédition.
Le 3 avril 1541, de nouveaux actes concernant l'emploi de
condamnés sont passés \ Bordeaux '..
Le 7 mai 1541, Cartier, étant à Saint-Malo, consent, par acte
1. Ibidem, N" 376, p. 259-264.
2. llndem, N» 375, p. 25.1-258.
3. Ibidem, N» 378, p. 268-271.
4. Alf. Ramée, docuniLMits inédits, dans le Voyat^c de Jacqves Cuilier en
ij}4. Paris, Tross, 1865, in-80, p. 12-17.
5. Ibidem.
6. E. Gossclin, Nouvelles i;lanes historiques normandes. Rouen, 1873, in-8,
p. 4.
7. Actes de Me Belleval, notaire à Bordeaux. Paillon. Hist. de la Colonie ■
française au Canada, Pans, 1866, in-8, t. I, p. 41.
JEAN nr S^'IVASTinX CABOT
31}
notarié, Ji ce qu'une somme de 45,000 livres reste aux mains
lieRoberval '.
Cartier part avec cinq navires (ou trois seulement ?) ' de
Saint-Malo, le 23 mai 1541, dit Hakluyt.
Le 10 juillet 1541, lo chancelier Poyet mande au parlement
de Rouen que « le roy trouuait bien cxtrangc que ledit Robcrva
n'cstoit encore parti'. »
Le 18 août, Roberval écrit de Honflcur qu'il partira sous
quatre jours.
Effectivement, Roberval appareille enfin, non de la Rochelle
le 16 avril 1542, comme ledit Hakluyt ', mais de Honfleur,
1. M. Alfred Ranidc, loc. cil. p. 2$.
2. Le dispositif du jugement de 15^^, donne à entendre que si les lettres-
patentes portaient que l'expéditon serait composée de cinq navires, et s'il y
eut efî'ectivement un litige s'appliquant à cinq navires, Cartier n'en em-
ploya que trois pour le voyage de 1541. C'étaient Vlisiiicrillon, appar-
tenant au roi; VLniiliu; et un « tier navire, » non nommé. Les deux
autres navires furent employés, ce semble, avec le troisième, lors du voyage
de rapatriement en 1543. Cette interprétation a pour base le fait que lejuge
n'accorde pour ces deux derniers navires, que <> six mois à cent livres le
mois. » Ramée, loc. cit., p. 29. Cependant, l'espion envoyé par le Ctnseil
des Indes afm de surveiller cet armement, en mars ou avril 1541, rapporte
«que cil Saiimah de Lihi se anmih.ii /; Kaves... tciiia Jaques Cartier... 11
pohlar tiiia lierra que se llavuihi Canada., parliria mediado Abri]... » Il y avait
en outre pour la même expédition : « en Aiiajlor y Coiiajlor qtiatrosGako-
iies. » Buckingham Smith, Colec. de doc. para la historia de la Florida, p. 107.
3. Archives de la cour d'appel de Rouen ; Registre des patentes, 1540
sequitur^ cité par Gosselin, loc. cit., p. 6.
4. Gosselin, Ihidciii. Navarrete (Bihliotlrca Murilima, t. I, p. 356), cite
des dépêches de l'ambassadeur d'Espagne en l'rance, « Da parte de los
armamentos navales, que alli se liacen à costa del que dicen rey de Kavarra, del
alwiraUe de Frauda, del cardinal Turiion ("sic^ y de Madaïua de Tampes ("sic^,
para ir en pasando febnro à tina vavegacioii, que se prcsuiuc sea à rohar à los
vassahs de S. M. que vieiien de hidias, » L'Ambassadeur rapporte à son
souverain « que liene eutenàido haher salido del puerto de Saiiit-Malo cl corsariç
!
21»
jr-AX HT si'iusni.N cAïuvr
le 22 août 15.11. Nous ne savons quelle fut la durée de sa tra-
versée; mais h peine arrivé, dans le courant de l'automne de
1541, Roberval renvoie Senncterre en l-rance, cherclier des
secours.
Le 26 janvier 15.42 ', François V"' nomme Scnneterre au
commandement de deux navires envoyés " pour secourir, subve-
nir et ayder audict seiuneur de Roberval, de vivres et autres
choses dont il a très t^rand besoing et nécessité », et rappelle que
Senncterre a déjà « faict ledict voyage. »
Le 9 septembre suivant, du lort de François-roi -', Rober-
val, à la requête de Senneterre. fait t^r.ice à certains nuitins.
Cartier revient en Irance, et s'y trouve le 21 octobre 1542,
après être parti du (Canada probablement en septembre de cette
année. C'est la conclusion que nous tirons du jugement de 1544
(mentionné ci-après), où il est dit qu'un des navires a été " pour
di.\-sept mois audict voiaige. » Parti de l'rance en mai 1541 et
revenu dix-sept mois après, Cartier était nécessairement de retour
dans son pays au mois d'octobre 1542. On s'explique alors
qu'il se soit rencontré avec Roberval au moment où celui-ci,
parti de France le 22 août 1541, arrivait au havre Saint-Jean '.
Jmjiies Qiiailiii, y eslà y a en tu'rms iuiitus (!,■ Vorlii^ii} (au liavrc Saint-
Jciin?)j ha para Jo en un pucitii anigchhlo hasla cl biicn lit'm(<o; y que el capilan
Robeitmil dehia partir en hreir eon (v/.m 0 nueiv nai'es para ir eonira los hahi-
taiiles tklas Indias de S. M. «Maigre les espions que l'Iispagne intrctenait
dans les ports de Normandie (Supra p. i (6). ce n'est donc que quatre
mois après le dOpart de Roberval que l'ambassadeur de Charles-Q.uiiit était
informé de laits se passant à une distance si rapprochée de Fontainebleau ;
car les dépêches les mentionnant ne sont que du 17 décembre 1541.
1. Notes sur la \oni'. l'rance, >.'" 379, p. 272.
2. Ibidem, N" 3S0, p. 273. « l'ort 0/ l'rance-Roy, built in Angnst and Sep-
temher 7J./2 » ; Routier d'All'once, Haiiluyt. t. III. p. 242. En tout cas, Car-
tier, dans le fragment de son troisième voyage, parle déjA au 7 septembre
IS40 (sic pro 1541), de Charles-Bourg-Royal, établissement qu'on pense
avoir été situé au cap Rouge d'aujourd'hui, sur le Saint-Laurent.
3. La nouvelle en parvint à la Cour probablement par le navire que mon-
taient Marc Jalobert et Etienne Noèl,
'■.4
JKAN HT SHBASTIliN CA1501'
21)
Le ^ avril 154^', le roi autorise Carrier à assigner en règle-
Mientde comptes, Roberval alors au Canada.
Le II septembre 15.13, l^nberval nomme Senneterre son
mandataire à l'etlet d'aller quérir deux navires qu'il avait laissés
;\ la Rochelle.
Le 21 juin 1544, en présence de Robert Legoupil, lieutenant
général en la juridiction de l'amirauté à la table de marbre au
parlement de Rouen, Jacques Cartier reconnaît « avoir receu
par les mains dudict de la Rocque, sieur de Robcrtval, six centz
escus soleil vallans tresc cents livres -, d
Mais quand Roberval revint-il en France ?
Dans le libellé du jugement de 1544, allusion est faite au
troisième navire de l'expédition de Jacques Cartier « pour dix-
sept mois qu'il a esté audict voiaige dudict Cartier, et pourhuict
mois qu'il a esté à retourner quérir ledictRobertval audict Canada
au péril de nauléaige ''. »
Si le premier de ces cliifïres nous permet de fixer l'époque du
retour de Cartier, le second n'est pas aussi favorable pour nous
donner celle du retour de Roberval; car nous ne savons de
quand f;iirc dater ces » huict mois. »
Notre théorie est que Senneterre parti du Canada dans la
première quinzaine de septembre 1543. arriva en l'rance ;\ la
fin d'octobre, et que le roi, Ji la première nouvelle de la détresse
de Roberval, donna l'ordre de le rapatrier avec les navires qui
partirent immédiatement après de la Rochelle. Cartier aurait alors
ramené Roberval en France au mois de juin 1544.
Roberval, conséqucmment, resta au Canada jusqu'en mai
1544. Partant de l'hypothèse de WS\. Jomard etD'Avezac, tout
ce qu'on peut donc affirmer, c'est que la carte dite de I lenri II fut
dressée entre août 1541 et juin 1544. Charlevoix dit bien que
1. Uamée, hc. cit., p. 21-25.
2. Ibidem, p. 30.
3. Ibidem, p. 29.
1 \'':
2l6
JEAN HT S1-B.\SII1:n- CAROT
« Kobcrvnl fit un nouvel cmbarqucmciu en 15 19 ', » ce qui recu-
lerait encore hi date de la confection de la carte, mais cette asser-
tion, empruntée à Le Clerci] ', nous parait erronée. Ainsi,
selon ce dernier. Koberval serait mort dans cette expédition
de 15.19; or Tlievet, ami persomiel du terrible capitaine, dit
qu'il périt assassiné la nuit près le charnier des Innocents \
Ce qui précède était écrit, presque sous presse, lorsqu'une
note oblif^eante de M. le comte de Crawtord et de Malcarres',
l'heureux possesseur de cette belle carte, est venu dissiper nos
incertitudes. Il y est dit que M. Major, conservateur des cartes
géographiques du Mritish Muséum, a eu l'habileté de déchiffrer la
léj^eiule suivante, qui avait ('chappé .\ Jomard et ;i M. d'Avezac :
i« Fautes à Al ij lus par Pictic Dcstrlicrs, prcsli"-' 1)46. »
On lit dans l'Hydroj^raphie du P. Fournier :
« La 3. espèces est de certaines cartes qu'on appelle Réduites,
dont vn nommé le \'asseur ' natif de Diepe a enseigné la prati-
que à nos l'ran^ois. Cet homme quoyque tisseran en son bas a.ige,
.. i
( ;
1 , Hiskn'rc di'la \\)in'i1lc l'niiicc, 1744, in-4, t. I, p. 22.
2. Piemitr lUMisscminil ik la l-'oy ihim la Xonvclle Fiance. Paris, 1691,
iii-8, t. I, p. 14.
5. « Mon ûmilicr, u l'.ippcllc Thcvct. Ailleurs, ce dernier ajoute :
" Comme luy niesmi- me dit trois moys deuant qu'il fut tué de nuict près
Sainct Innocent a Paris, n Le (iniihl Insulaire et Pilotage d'André l'Iituel,
Aui;oumoiiin, Cosiiioj^ral^he du Koy, MS. Bibliothèque nationale de Paris,
fonds français, i ,452-3 ; t. I, f. 146.
4. <( ht Ihe /l'/i /(•// hand corner ynear Jujuin) is Ikit alniosl Mileralcd inscrip-
tion ivliicl) MIS tiuideo'il hv Mr. Major, n
5. 161) I. A diejfe Par Ciiilhiitiiie l.evasseur le 12 de juillet Carte sans titre,
Je l'Atlantique, de i'" X o»76, sur vélin; conservée au Dépôt des cartes
et plans de la Marine; portefeuille de l'Atlantique, pièce marquée à la lettre
I. Comme c.iUigrapliie cartogr.ipliique, nous ne connaissons pas de cartes qui
l'égalent. Celles des dieppois Jean Guérard et Jean Dupont (1625-1634), les
cartes de l'Amérique septentrionale de J. B. L. Franquelin, le cartograplic
de Seignelay, sont, à cet égard, d'une linesse remarquable, mais nous ne
leur trouvons pas l'élégance du travail de Levasseur. Nicolas Jarry, lui-même,
ne l'eût peut-être pas surpassé.
î :
JEAN ET SI'nASTIllN CABOT
»»7
avant eu quelque' instruction d'vn noniiné Cossin ', homme fort
ingénieux et qui auoit une excellente main et veu les mémoires do
certains Prestres d'Arqués, Bour^ près de Diepe, qui estoient excel-
lents Geo^^raplies, dont l'un se nommoit des Celiers, et l'autre
Breton, a si bien sceu ménager ce peu de lumière qu'il a rcceu
d'eux, qu'a force d'esprit et do trauail continu, il est arrivii a un
tel point qu'il a esté admiré de plusieurs. Il est mort à Rouen de-
puis peu d'années *. »
Ce passage du savant P. jésuite est la source de tout ce
qui a été écrit depuis sur les cosmographes dieppois. On a trouvé
dernièrement des actes se rapportant i une famille dieppoise du
nom de Deschelliers. Il y est fait mention d'un Pierre Deschel-
liers, prêtre îi Arques en 1537 ', et qui est très probablement celui
que Desmarquets appelle le créateur de l'hydrographie française.
Desceliers était donc le contemporain de Jacques Cartier.
Adonné il l'étude de la cosmographie, cartographe habile et lepre-
mier hydrographe français de son temps, vivant en Normandie
non loin du navigateur malouin, ce savant ecclésiastique a dû
rechercher avec soin les renseignements géographiques et les
épures que Cartier et ses compagnons rapportèrent de leurs
V03ages au Nouveau-Monde . Aussi avons-nous fait de grands
efforts pour retrouver les œuvres de Desceliers.
Nous ne connaissons que trois de ses cartes. Ce sont de grandes
mappemondes manuscrites.
j. Cartf l'iiivcrst'll,'. 'Description tin iiwndf avec le vrai Irait des vents, jaicte
par Jelian Cossin en Dieppe, marinuier en lan ij/O. MappcmonJc manuscrite
sur une projection dcnii-clliptiquc; 0'",}6 X 0'",i8, très (incmcnt dcssint^c,
mais dressée, pour la partie septentrionale, selon des éliiments portugais :
« Inilearrn, hihorador, cortoreal, etc. ». Bibliothèque nationale de Paris.
Cette carte est plus arriéréo que celle faite à Dieppe en 1566 par Nicolas
Desliens (quelquefois confondu avec Desceliers^, om,40 X o™,22, loc.
cit. Invent, général, 242.
2. L'IlydrOi^rapliie, l'.iris, 1643, in-fol., p. 506.
3. De Beaurepaire, Rcclierclies sur l'instruction publique dans le diocèse de
Rouen avant ijSç, Rouen, 1870-72, in-8, t. III, p. 197.
i
m
3l8
JEAN ET Sl-I'.ASTIEN CAHOl'
;!•:?
1
lîi:
La plus ancienne, datée de 1545, fait partie de la collection de
M. le comte de Crawford el Belcarres, à Diinecht House, en
Ecosse. La plus récente est la c Carte du inonde ancien Faite a
Arques par Pierre Deseelliers prekire i)jj », appartenant à
M. l'abbé Sigismond, de Biibics, à \'ienne en Autriche, et qui
fut exposée au p.ivillon de Flore lors de l'exposition de géogra-
phie en 1875'. La seconde est celle du British Muséum, que
nous décrivons, infra, sous le numéro 27.
Bien que la main-d'œuvre et les grandes lignes de cette carte
rappellent la mappemonde Harleyenne, et que. comme cette der-
nière, elle porte les armes de France et celles du Dauphiné, l'une
n'a pas été copiée sur l'autre. Le planisphère de Desceliers inscrit
des appellations qu'on trouve ici pour la première fois : Canada,
Ochelaga, le Sagtiay, l'Assiimption (Anticosti), 'Bellr-Ish\ Fran-
ceroy, etc., noms destinés à figurer dorénavant dans toutes les
cartes. La nomenclature, dans son ensemble, reste néanmoins
portugaise. Qiiant au cadre et aux contours, du 48'' degré de
latitude nord jusqu'à l'équateur, on n'a qu'à en comparer cer-
taines parties, la région du Penobscot, par exemple, avec le
même pays dans les planisphères sévillans, pour s'assurer que le
cartographe français s'est servi aussi d'un prototype portugais.
Cette belle mappemonde a été reproduite en tae-similé colorié
dans les Mon innents de M. Jomard (n" XIX\ en six feuilles dou-
bles, formant un tableau de 2'"56 X r'27. M. Kohi en a
donné un fragment accompagné d'une excellente analyse à
laquelle nous renvoyons le lecteur - .
1. P. 157 du cal.ilogue, et M. V. A. .Maltc-Biiin, Un i;,\x''''p^'<'J''''i'("i^ "'"
xvi« sii'cle letroiivi'. Biillel. ilc Ici Soe. ilc i_'ivgrtipl.'ic, l. XII [1876;, p. 295.
2. Discovery oj Maine, p. 351, pi. xviii.
JEAN ET SÉI^ASTIEN CABOT
219
24
ATLAS DIT DE VALLARD.
Cu bel atlas porte l'inscription suivante : « Nicholas
Vallard de Dieppe, dans Vannée 1)47 ». Barbie du ^
Bocage qui, le premier, décrivit ce recueil cartogra- "
phique', alors conservé dans la bibliothèque du prince de Tal-
leyrand, le considérait comme l'œuvre d'un cartographe dieppois
nommé Vallard, d'ailleurs complètement inconnu. D'autres
géographes, qui eurent la bonne fortune de l'examiner, entre
autres, M. le prof. KohP, ne voient dans le nom de Vallard que
celui du propriétaire.
La carte qui concerne l'Amérique septentrionale a été inspirée
en partie par le planisphère dit de Henri II. On y remarque, sur la
région du Canada, une belle miniature à nombreux personnages
des deux sexes, costumés à l'européenne, et entourés de sauva-
ges armés. C'est une variante de celle qui, dans la mappemonde
de DesceUers, porte le nom de RobervaP.
Les légendes et les contours font de ce document une carte
lusitanienne au premier chef. Quelques noms français ont été
ajoutés : IvUclUc, Illc des oiseaux, le lae, Sainle Croix; mais ce qui
trahit une main portugaise, ce sont les noms de Rio do canada et
de lago doi^olesnie, qu'un Français eut certainement épelés autre-
ment. La grande île parallèle ;\ l'île du Cap-Breton, et qui avait
disparu avec la carte de Ilarley, indique aussi un prototype lusi-
l.
Aille 1547.
1. Magasin FiicwhpiJiqiw (de Millin), t. IV du 1807, p. 107.
2. DisawiyofMitiih-, p. 354.
}. Siipia, N" 23, p. 210.
220
JEAN ET SÉBASTIEN' CABOT
tanien, antérieur, selon nous, à l'Hydrographie de Rotz et au
planispiière dit de Henri II. La position et la forme de l'île du
Prince-Edward et le fiiit que Terre-Neuve est si peu fragmentée,
dénotent, au contraire, des renseignements postérieurs. Nous
avons donc ici une carte prise dans son ensemble sur une œuvre
purement .lusitanienne, complétée ou interpoliée par un carto-
graphe portugais qui s'est aidé de renseignements ou de conseils
essentiellement français.
L'original se conserve dans la collection de feu Sir Thomas
Phillips à Cheltenham. M. Kohi en a donné une réduction' et une
excellente analyse.
25
PORTULAN DE JOAO FUEIRE.
1546.
CE portulan, signalé par M. de Santarem' qui l'avait vu
dans la bibliothèque du baronTaylor,d'où il semble être
passé directement dans celle de Libri, fut vendu par
ce dernier en 1859. Nous ne le connaissons que par la des-
cription et le fac-similé qu'en a donné ce savant'.
C'est un atlas de sept cartes survélinde o"',34 X o'",27, portant
une signature interprétée par Libri, de la manière suivante :
« Johavt Freire afe^ crades 46. »
1. Discm'iry cf Maine, pi. XIX.
2. Rvcbeiches sur la priorité de la découverte de la cote occidentale d'Afrique.
Paris, 1842, in-8, p. 127. Essai sur l'histoire de la Cosmographie, Paris, 1852,
in-8, t. III, introd.
3. Catal. ojthe extraordinary collection ofsplendid manuscripts. London(i859),
in-8, p. 184, no 827.
221
JKAN ET SEBASTIEN CABOT
Pour la raison que le pavillon espagnol flotte sur Oran, ville
qui fut prise par les Espagnols en 1509, tandis que l'on voit la
bannière du Portugal à Ceuta, dont ces derniers s'emparèrent
en 1530, le savant et éloquent historien des sciences mathémati-
ques en Italie est disposé à en conclure que cet atlas a été dressé
entre les anndes 1 5 09 et 1530. Cependant, ainsi qu'il le remarque
lui-même, le drapeau espagnol flotte également sur le port de
la Goulette, qui ne fut enlevé à Barberousse par Charlcs-Q.uint
qu'en 1535.
Comme au milieu de la première carte on voit, de grand
format, les armes de l'Empire, et que les trois derniers mots de
la légende précitée sont d'une autre écriture, on est fondé à se
demander si, après sa confection, ce portulan n'a pas été destiné
à un espagnol. Dans ce cas, ce n'est pas « crades 46, » mots dont
nous ne saisissons pas le sens, qu'il faut lire, mais bien, comme
le porte, d'ailleurs, la carte elle-même, et selon la torme espa-
gnole d'apposer les dates : « Johain Frcirc afe:^. — cm de. J46. »
Les mots « crade. ^46 », ne seraient donc qu'une interpolation
faite par le propriétaire du portulan qui aura cherché à remplir
une lacune en rappelant que Freire vivait dans l'année 1 546.
La septième carte, la seule intéressante pour nous, est un
véritable portulan du nord de l'Atlantique, mais n'exposant que
les profils orientaux de l'île de Terre-Neuve, apparemment encore
soudée au continent, l'entrée du golfe Saint-Laurent et l'île du Cap-
Breton. La nomenclature, absolument portugaise, est, pour Terre-
Neuve, la plus complète que nous ayons encore rencontrée. L'île
du Cap-Breton se termine en péninsule angulaire, mais le nom C.
dobrctâos, est placé plus au sud que dans les autres cartes. Dans
l'Atlantique, se voit la fiuneuseîle « Sam Johain, » La partie cor-
respondante à notre Labrador est dénommée « Tcra Nova » et elle
porte l'écusson aux armes du Portugal.
T
232
JEAN ET SEBASTIEN CABOT
26
ROUTIER RIMU DE JEHAN MALLART.
1546-47.
A
u nombre des manuscrits faits pour François P', et
qu'on conserve à la lîibliothèquc nationale de Paris '.
il s'en trouve un se rapportant au sujet qui nous occupe.
C'est un petit volume de o'",28 x 0'", 19, sur papier, de 51
feuillets écrits, précédés d'un frontispice portant les armes de
France avec le cordon de Saint-Michel en sautoir. L'épîtrc dédi-
catoire au roi, en vers, est signée : « Jehan Mallaii voslrc cscrip-
uaiii, » sans lieu ni date, mais elle se termine par le titre sui-
vant :
Premier livre de ladescriplioii de Ions les porl:idc mer de hniivcrs.
Avecqties stimmairc mention des eondilions différentes des peuples et
adresse povr le rang des veni::; propres a navigner.
« Maistre Jehan Maillard [sic) poète royal et escrivain et sou-
uerain conducteur des eaues, sources et fontaines » jouissait de
tous ces titres et qualités dès l'année 1530-. Peut-être était-il en
•i'
1. Fonds français, 1382. Un double, décrit dans le catalogue La Valliéro,
et provenant de cette bibliothèque, se trouve également aux MSS.. fonds
français, 15,371. Le texte est en tout semblable au premier, lequel est l'exem-
plaire de dédicace.
2. C'est la date que donne Brunet au Premier recueil ilesœnrres Je la muse
coiWi)/)o//7i', imprimé à Paris par Jérôme Gourmont (Bibl. Nationale, Y. .(181,
B) et au titre duquel nous empruntons les qualifications que prend Mallard,
Mallart ou Maillard, car son nom est épelc de ces trois manières.
Jl£AN ET SÉBASTIEN CABOT
223
même temps libraire ', ;\ Paris, mais d'abord à Rouen, car son
nom est essentiellement normand. Vers l'année 1538 il reçut,
en sa qualité d' « escripvain, » mot qui doit être pris dans le
sens de scribe ou de calligraphe, quarante-cinq livres (tournois)
(I pour avoir escript unes heures en parchemin présentés au
roi pour les fiiire enluminer" ».
C'était donc un contemporain de Jacques Cartier, et ce qu'il
dit du Labrador, de Terre-Neuve et des pays adjacents ne sau-
rait manquer d'intérêt.
Au recto du feuillet 39, commence la description suivante :
Passe le cap de terre ferme va
La coste au œst et œst norrœst en la
Bien six vingt/, lieux la terre ce nom prend
De Labrador qui se dit laborent
Et de ce cap a lest sucst en mer
Quatre isles a que ie nay ouy nommer
Dont délies sourt ung lac qui va nordest
Surrocst et pays sen va au œst surroe.st
liien huici cent/, lieux et quatre vingt/ lieux passe
10. De terre neul'ue et mesme la terrasse
Qjii des bretons se dit bien trente lieux
Voire ou quarante et va suyuant ses lieux
Le long la coste ainsy comme Ion marque
Jusques à la riuiere Nouemberque
Laquelle fut descouucrte nagueres
Les portugays auec plusieurs carrières
Et despaignols or entendez mes vers
Cest quant on vient a passer le trauers
De terre neuiue a sur ce banc vingt braces
20. En approchant la terre et les places
De la riuiere il nen a plus que dix
Et est ce poinct véritable que dis
De Labrador, la coste au nort nortoest
1. D'après M. Edouard Frère (Ji' Vhiiprimcric et de la Lihiaivic àRoinii,
p. 42), il y eut un Jelian Mallard, libraire à Rouen, de 1 5 58 à 1 542, et en 1 5 54 .
Lottin cite aussi un Jean MalLud qui aurait exercé à Paris de 1540 à 1552.
2. De Laborde, Renaissance des Ails à la eour de l'rame, additions au t. I,
Paris, 1850, in-8, p. 924.
224
JEAN HT SÉBASTIEN CABOT
Se vire aussy mcsmenient au norocst
Plus de deux cens cinquante lieux et dis
Jusque aux degrez quon dit soixante et dix
Et pays cl vire au œst plus de cent lieux
Les gens icy habitans en ces lieux
De Labrador ' sont couerz et vestuz
30. De peaulx et sont sus terre leurs maisons
La terre est froide et pleine de glaçons
De pins couucrte et d'aultre boys en place
Ny en a point la coste pour la glace
Est dangereuse et disles niesnienient
Et de la va la coste justement
Au susserœst et au suest trop plus
De deux centz lieux et iaict pour le surplus
De terre neufuc une isle en ceste rotte
Force isles a tout au long de la coste
40. En terre neufue a de bons portz cl hablcs
Meilleurs deurope et fort belles riuieres
Grant pefclieric et choses adniyrables -
Pleine est de pins et boys sus les lisières
La coste gist jusques au cap de ratz
Au nort et su les gens de corps et bracz
Hz sont fort grandzet tirent sur le noir
Gens besiiiiulx qui nont foy ny espoir
Eu riens qui soit mais sont mauvais ruraulx
En ceste coste a disles et isleaux
50. Un nombre grand et Tabyos se disent
Ces gens icy ont des fruictz qui produisent
Tant seulement leur vie et de poissons
De chair aussy sans en faire cuyssons
Ainsy quung chien ilz viuent en la sorte
Passe le cap de ratz tourne la coste
Au œst et va jusques au goulfe St-Jelian
11 fault parler en craignant cest ahan
En approchant de cestuy goulfe icy
Car il y a ung aultre goulfe aussy
1. 30. La rime avertit qu'il manque ici un vers. On peut supposer que la
lacune se trouve entre (/c paiiilx et les mots qui suivent.
2. 41-42. On voit par les rimes qu'il faut intervertir l'ordre de ces deux
vers.
JEAN ET SLBASTinX CAIKTI'
22)
60. DuquL'l scfaict Je turrc ncufiic vue Lsle
Pays vont ensemble iiinsv î] leau Jistille
l'outce terrov ie NOUS dirav sans l'anltes
Q.iie iiartout a des nmntaigiies Ibrl liaiilles
A ce gouHe lie Sainct ielian quay preili»:!
Vne isle ya qui de St ielian se dict
Laquelle a bien quarante lieux do coste
Et de large"" quinze ou vingt lieux de roite
Et cest isle est au nieilleu du desiroict
Peuplée assez les gens a cest endroit
70. Sont comme cculxde terre nculue et ont
Très bon terroy et riuieres qui sont
Auec les boys ou croissent les chastaignes
Tout en la sorte et mode des esjiaignes
Les poriugays lont quelqu'.' foys peuplée
Mais ceulx de lisle ont ceste gent tuée
Desi^us cest isle a deux cens lieux en mer
Vne isle ya qui se faict dénommer
Les sept citez laquelle est peuplée
De gent sauluaige et daultres habitée
80. Ht au surroest dicy bien trois cens lieux
Vne isle haulte y a que nônient ceulx
Q.ui vont illec la vermeude aultre cas
Au susseroest ya du cap de Ratz
Trovs isles ou quatre ycy sont irouuees
Qui ne sont point encur de gens peuplées
Au 'usseroest sont mes espritz recentz
duayouy compter ce nombre de troys cens
Voire troys cens et bien cinquante encor^s
Les isles sont que Ion dict les essoires
90. Et dis cecyque point ne Reprendrez
En haulteur vont de quarante degré/.
Jusques a trente et sept degrez sont isles
En bled bestail en terre haulte vtilles
Or retournons parler de celle coste
De ce destroict de St iehan ou la roite
Court au norroest et au non troys cens lieux
Et puys retourne et se court au surrœst
Est susseroest deux cens lieux mais ie veulx
Dire en ce poinct que très bon terroy cest
100. Riuieres portz et terres bien ferlilles
»5
«l
S.'b
J1;AN ÏLT SliBASTILN CABOl'
'
A eu ce lieu et mesnics bonues villes
Et Roy aussy connue aux Indes credeucc
Oui au Soleil auquel fout reuerence
Et a la lune en voyant sa spendeur
11/ sont tous noirs et de nostte grande f
Au pays ont force pelleterie
Duquel ua pas jusque a la tartario
Qj-iatre cens lieux et la coste reuirc
Au sussuest et au suest pays tire
110. A lest nordcst et tant quelle va hors
Lisle St iehan or mont dit mes cousors
Q.iie illec la nier semble estre toute verte
Ce quel nest pas mais de couleur couuerte
Et les pillotz lallermcnt p.ir tout lieu
Quelque isle ya droictement au nieilleu
Et des isleaux et cecy entendons
Comme isle el faict de la terre aux bretons
Passe cest isle icy que dessus marque
Tourne la coste au oest et est suest
120. Jusques a lariuiere Nouemberquc
Tout de iiouueau descouucrte et celle est
Assize par trente degrez et disent
Aucuns pillotz qui toutel'oys mesdisent
Que icy on trouve ung assez bon pass.ige
Car nul nen a encor trouvé lusaige
A son entrée a des isles et bancz
Force rochiers sy trouvent aussy leans
Bien quinze lieux ou vingt lieux a vne isle
Très belle et grande ou la gent est habille
150. A accoustrer pelleterie exquise
De maint marchant bien chèrement requise
Et dont ceulx cy eulx mesmes sont vestus
Telz gens sont noirs mais bien plains de vertus
Or est il vray quen la riuiere ycellc
Viennent mourir ces bancz cy quon appelle
De terre neufue et passe cest eau va
La coste au oest et oest norroest en la
Plus de deux centz cinquante lieux la rotte
Force isles a illecques en la coste
140. Laquelle est saine et comme on fliict rappors
Lon trouve icy de très excclkntz portz
il
{ i
JEAN' El' SLI5ASTli;\ CA150T 227
Ils ont chastL'aux et villes quil/ decoreiu
Et le Soleil et la lune ilz .idoreut
En ce pays leur terre est liibouree
Non terroy liault mais assez tempérée
Dicy la costc ainsy comme jai sceu
Au susserœst elle tourne aussy au su
l'ius de cent lieux et jusque au cap va lerre
Q.ui se congnoist en une haulle terre
I )0. Qui a vneislc en terre basse grande
Et iroys ou quatre isleaux a sademande
Et de ce cîip a lisle qui se dit
De Cambano on trouuc sans desdit
Vingt et cinq lieux a force banc/ et roches
Puys que a parler de ce lieu jen approches
Entendre fault que icy grant quantité
Disles sy trouve et sont en vérité
De gens quon dit Caniballes peuplées
Ces isles
L'ouvrage no contient aucun nom propre qui permette de fixer
la date de sa composition. Il est même assez singulier que dans
des rimes adressées ;\ François I"'', « son escripvain .1, ne lui
parle, au sujet de Terre-Neuve, que des « portugays » et « des-
paignols » sans faire allusion aux découvertes que venaient
d'accomplir les Français par l'ordre de ce prince'.
Mallart peut, cependant, avoir fait son routier sur les relations
I. S'il cite Jacques Caitier, ce n'est que dans la dédicace, et pour r.ip-
pcler son mérite comme pilote :
« Par bons pilloiz qui scauent les liaullt'uis
Comnie cculx-cy très bons naui^ateurs
lacques Cartier Crigiion ou par soin
Ou aultrcs gens cxpcrs au faict marin
Q.ui ont compris dessus Ii' corps spliericquc
Dont Castellan a pleine ilieoricquc
Kn toute langue et en tout art
Car fnince feust maintenant a ses islcs
Ou porlugays ont place primeraine.
11 est curieux de voir jusqu';\ quel point les écrivains français de la
première moitié du xvje siècle, qui parlent du Nouveau-Monde, sontpréoccu-
m
338
JHAN ET StDASTlLN' CABOT
manuscrites de Jucqucs Cartier dont une, au moins', se trouvait
X h iMbliothèque de Tontainebljau ; mais un nom de pays que
nous ne trouvons pas dans les écrits du na'-'iguteur malouin —
bien que connu en France, dès l'année 1539, — '■ nous porte à
supposer que Mallart a consulté d'autres autorités. Nous voulons
parler de " la rivière Xovemberque. »
La première t'ois qu'on trouve ce nom de hWcnihùjiw, Kovciih
bcrquc, KorcmkiiiHC et KoniinWgtt, mot indien, et, dit-on, encore
usité par les quelques aborigènes établis sur les rives du Penobs-
cot, et qui s'appliquait alors à l'Acadie, c'est dans le Discorso
d'vii i^nui aipiliiiio di nuire b'raiiccsc dd litoco di Dicppti, publié par
Ramusio", qui assigne à ce discours la date de 1539. Mais ledit
capitaine dieppois, qui n'est nullement Jean Parmentier, comme
on le croit généralemeiu, ne parle qucdc h " Icnci di Nom inlki'a. >^
La rivière de ce nom, au contraire, est non seulement tracée et
nommée sur l'épure placée en tète du feuillet 186 delà C('^/;w-
graphic manuscrite de Jelian Allefonsce décrite ci-dessus ^ :
« Rivière de Norvebergue, » mais elle se trouve mentionnée \ la
page 53 des Voyages auaulurciix du Citpilainc lan Alfoncc, dans les
ternies mêmes dont Mallart s'est servi. Li où le capitaine
saintongcois dit : a une partie a (jcst-suroest, plus de huit cens
lieues, et passe bien quatre vingts lieues de la terre neufue, et de
la terre des Bretons trente ou quarante lieues. Et d'icy va tout au
long de la coste jusqucs a la rivière du Norembergue, qui est
pés des PortUf^ais. Jehan Mallart, dans la seconde et dernière partie de son
routier rimé (MS. français, n" 13,371) y revient, et en dos termes qui mé-
ritent d'être rapportés :
0 O quel incsclief cl quelle ingratitude
Ont commis ceulx qui scaveiit longitude
Qui noni voulu descrire onques leurs slille
Car 1-nucc fcust maintenant à ses ysics
Ou portugays ont place primcraiue «
t. Suivra, page 790.
2. Raccoltd, 1565, t. III, p. 423, V.
3. N022, p. 205.
JI:aN' et SI-.nASTIEN CABOT aaç
noiiucllcnicnt ilcscouvcrtc par les Portiij^alois. » Mallart rcpctc :
(I nitn huit cciitz lieux et quatre vin.^t/ \'w\.\\ passe
De terre neufve et niesme la terrasse
Q,ui des bretiiiis se dit bien trente lieux
\'oire ou quaranti' et va suyvant ses lieux
I.e long la eoste aiiisy comme Ion marque
Jusques \ la riviete N'ovemberque
Laquelle fut descouverte nagueres
Les portuf^ays auec plusieurs carrières
Et despaignols... »
C'est donc Alfoncc, et non Cartier, que Mallart a copié.
Les roxdi^cs ctinmltimix furent publiés de bonne heure, ;\
Poitiers ', mais ce n'est pas sur l'imprimé que Mallart a travaillé,
puisqu'on ne connaît pas d'édition des Vitycif;cs lutaulurcttx anté-
rieure ;\ l'année 1559, et L/ dcscripliou de loiisks porl:^dc iiiri' est
adressée h François P% qui mourut le 31 mars 1547. Autant que
nous pouvons nous le rappeler, un passage identique se lit
dans la Cosmos niphic manuscrite, laquelle, commencée en 1544.
et achevée en 1546, se trouvait aussi du temps de François P'
dans la bibliothèque de Fontainebleau -.
L'œuvre de Mallart est donc de l'année 1 546-1 547.
27
MAPPr.MONDF.S DF. PIF.RRF. DESCFLIF.US.
SiGXAi-ÙE par M. de Challayes ' qui l'avait vue dans la col-
lection de M. le prof. Cristoforo Negri à Padoue en :
1852, cette carte précieuse est aujourd'hui conservée au
British Muséum ''.
1. Xotrs sur la Xoiivellt'-Fnvici\ p. 6, m 2.
2. Delisle, Le C((/'/;(W r/c'i iiutiiuviils ilchi Bihliolhèqiie Impîriak.Varls, 186S,
t. l, p. 164.
^ Dnllilinil.'hiSociM (h\i:iVi;raphie,PMis, sept. 18^2, p. 235.
4. Aihl. MSS. No 22065. Jomard devait aussi publier une carte de Dcscelicrs
1550.
I
i ! 'fi'
1
1
ia'
,1:
ùLk.
210
lEAN HT StBASTIl-N CAHOT
C'est lin planisplicTo de 2™, 15 X i^OS, qui porte, en lettres
rotules, riiiscription suivante :
(( l'aide a Avives Par Picncs Dcscdkrs '1^11%!'. : Lin: ijJO' »
On y lit également cette lé}^ciide :
(' Ccst 1.1 dcinoiistracion il.uilcuns pays dcscouucrtz puisncz pour et aux
dcspcns du très xpicii lloy de franco l-iancoys pmitr de ce num Luns
iiôiue (i.iiiada Oclielapia et Sagiie assis vers les parties Dccideiitalles eiuiiron
par les 50 degré/ de latitude a iceulx pays a este eiiuoye ipar ledict Roy)
lioileste et ingénieux gentil home monsf de Roberual auec grande côpal-
gnye de gentz desprit tant gentil/ homes corne aultres et auec iceulx grande
conipaignye de gent/ criminels desgradés po' habiter le pays Lequel auoit
este pniiereiïi descouueri par le pilote Jaques Cartier demeurant a sainct
mail). Ivt pour ce que 11/ na este possible (auec les gent/ diidict pays) faire
trafique a raison de leur austérité in tempérance dudict pays et petit proftit
sont retournes en france espérant y retourner quand il plaira au Roy. 1
Dans un cartouclie placé au nord de l'Islande, on lit :
<' Aulcuns cosniographes ont conioinct Lasie auec La floridc, neufue
espaignc, Terre ferme et amerique, et disent icelle estre partie de Lasic
mais lopinion diceulx nest a ensuyuir autant quelle nappert par certaine
expérience ne par raison. «
A notre grande surprise, ici, encore, la l)ase de la nomencla-
ture — la plus nombreuse que nous ayons encore rencontrée —
est essentiellement portugaise. Les noms, comme la forme de l'ilc
de Terre-Neuve, sont empruntés à la carte dite de Vallard,
laquelle procède certainement du prototype lusitanien suivi par
Pierre Desceliers, mais cette dernière est une carte bien plus
francisée. Une grande île, qui paraît être Anticosti, est appelée
/'. (/(' Larci'pd. Sur le prolongement septentrional du Canada, on
distingue la P'. basse et les monlagnes de Cartier, que la belle
carte portugaise du dépôt de la Marine ', dénommera mois de
Jacques, et qui rappellent l'établissement de Cartier au cap
Rouge. Entre cette localité et Blauc Sabloii, se trouve le Gouffre.
datée de l'année 1550. (fnlml . ii l'Atlas, p. 5.}, note 2.) N'ous ne saurions
dire si c'est la même que celle-ci.
I. /;;//•((, p. 258, n» 30.
ji:a\ f.t sriRASTirs' CAnoT
211
Sur 1.1 Ti'imlii Labonulor, au , ulicii irimc ritlic nomciichiturc
ciiticrcinciit [n)rtiii;.iisc, on lit : Vit/v de Jlnni viui;, et (/. tir
iiuiniu'l piiiho. Le llciivc S.iint-Laiircnt n'est pas iionuné, mais la
baie des Chaleurs porte déjA ce nom. Le détroit de Davis est
appelé R. tlonhr, nomqu'oii retrouve sur i ne petite rivière placée
en aval du S.ij^uenay. L'ile du Prince-Ldward, en sa forme de
haricot, est nommée I" dct (imu's. et un îlot du voisinage, au
nord, s'appelle /' ilr hioii, comme dans tant de cartes, sans
qu'on puisse savoir s'il s'agit de l'archipel de la Madeleine.
La configuration générale des côtes de l'Amérique septentrio-
nale n'est pas plus avancée que dans Rotz, mais les détails
présentent un plus grand caractère de précision. Ainsi , l'ile
de Terre-Neuve n'est plus morcelée qu'en trois sections,
erreur qu'expliquent les profondes échancrures produites
par les baies de la Trinité et de i'ortunc, et la grande haie
Blanche, parfliitement tracée, restitue ici, pour la première
fois, la longue péninsule supérieure au corps même de Terre-
Neuve. L'île du Princc-Ldward est dessinée dans sa véritable
forme de haricot, et la grande île imaginaire, qui dans l'ifar-
leyenne flanque encore le littoralde la Xouvelle-Kcosse, a disparii.
Par contre, le détroit de Canso, si nettement marqué dans Rotz
et dans LLarley, est absolument omis.
28
CARTE DE DIEGO GUTIP.RREZ.
C'est une carte marine m'uniscritc sur parchemin, de
r',3o'X o"',8), représentant l'Océan occidental avec les ;
côtes d'Luropc, d'.Afrique et d'Amérique. Elle porte
la légende suivante, en très grosses lettres gothiques:
(< Diego giilierre:^ Cosnioi^rapho de Su mat^'d. me //^o en seiiilht
Aw de iSîo. »
1550.
T"
1
^ m i
2)2
JEAN ET SÉBASTIEN CAHOT
Selon Navarrctc ', il s'agirait ici de Diego Guticrrc/ le jeune,
et non de son père, également nommé Diego Gutierrcz, et
aussi cosmographe de Sa Majesté à Séville. La raison don-
née par le savant Espagnol est que Sébastien Cabot, en sa qualité
de pilote major, défendit à Gutierrez le père, le 5 novembre 1 54.1,
de dresser des cartes nautiques et de fabriquer des instruments '.
Cette défense fut confirmée par une ordonnance royale du 22 fé-
vrier 1545 •'. Notons, cependant, que nous voyons, au 28 no-
vembre suivant', un Diego Gutierrez chargé avec Mexia et Chaves
d'examiner VArUuh' Nnvi'i^ar de Pedro de Médina, lequel Gutier-
rez doit être le père, puisque ce dernier, au 22 septembre 1549,
suppléait Cabot dans ses fonctions de pilote-major '. Ajoutons
que s'il est vrai que hiCiisculc QnilnUacion déclara Gutierrez inca-
pable d'occuper cet emploi, tout porte à croire qu'il continua
néanmoins ;\ l'exercer jusqu'à sa mort ", car nous le voyons
émarger encore en 1554, date ;i laquelle Philippe II transfère
les émoluments mêmes de Gutierrez le père à son die lils Diego ' .
1. Bihlioli'ca Maritima, t. I, p. 3^3.
2. lUdm, p. ^83.
3. Ihiilcm. A ce sujet, il serait intéressatu de consulter la Rifrcseiilachn
sobit- cl tlcsoniii que hibia m Lis carias c iiisiniimiilos île la iiavi[i;ai-ioii, y en los
exiiimiu'i Je pilolos y iiiaeslivs, manuscrit des Archives des Indes, Ly. 6 de
Biieii i;obieriio île Iml'uis, cité par Navarrete , loc. cit.
4. Supra, p. 125.
5. Aux termes d'une procuration que lui avait laissée Cabot au moment
de son départ pour l'Angleterre: " En 22 île sclicmhrcde i ) 41) i iiformaba la ilicha
Casa ilel coiiceplo que le iiiereciaii los pilolos v cosimii^rafos, y ilecia que Diivei
Gtilierre:^ servia île piloUt iiiawr cou potier que le dèjù Sèbasliano Cabolo, y era
courenieule proveer el ojicio, por que este Dici^o Gutierre^ 110 ténia partes para
ello. » MS. cité par M. Duro, Arca de Xoé,\->. 521.
6. Supra, page 150.
7. n Por real cèdula, dada en Valladolid à 22 deoctubre ij)./, se le concediù en
ntencion li la habilidad, que ténia en hacer cartas de lunwj^ar v otros instrumeiitos,
el siilirio de 6,000 inrs. al ai'io, que ijoiaba su padre ; segun dice cl Sei'ior Cean
Berm ule\ en su cuaderno vis. de Koticia de los primeros argouiiutas, ilc, pat;.
././. » Navarrete, loc. cit., p. 3);.
JEAN' ET Sl'îBASTlEN CABOT 253
duo ce soit le père ou le fils qui ait dressé hi carie manuscrite
Ju dépôt de la Marine, toujours est-il qu'elle ne décèle pas la
main d'un cosmographe au courant des découvertes accomplies
dans les quinze années qui en précédèrent la construction. Amsi,
l'île de Terre-Neuve, quoique morcelée en cinq fragments, est
encore soudée au continent dans sa partie principale. On n'y voit
donc pas de détroit de Belle-Isle, car les passages qui se trouvent
à la hauteur du cap des Gamas et de l'îlot de Frey Luys, n'isolent
que des îles chimériques. L'entrée méridionale du golfe St-Lau-
rent est très étroite, d'une forme absolument inexacte, et flanquée
de la grande ile imaginaire des cartes portugaises, dénommée
Islit (leSiui Jtiûii.
Il est à noter que cette île ne figure pas sur les planisphères de
Weimar. D'autre part, Oviedo, dans sa description de la fameuse
carte de Chaves, aujourd'hui perdue, nomme et décrit cette îlede
Saint-Jean, qu'il place par 46'' 66" nord: " hnstn la canal que haçc
la isia tic Saiicl Johaii cuire clht c la Tierra-lutiiic ' ». Ce point de
repère, et d'autres qu'on relève facilement en suivant la descrip-
tion d'Oviedo sur la présente carte de Gutierrez, nous portent i
croire que cette dernière, en ses parties essentielles, n'est qu'une
copie de la mappemonde dessinée par Alonso Chaves, en 1536 '.
A ce titre, elle présente un intérêt tout particulier.
Dans cette île Saint-Jean nous hésitons i\ voir l'île du Cap-
Breton, et, dans ce « ca)ial, »'le détroit de Canso. Si les Portugais
avaient autrefois franchi ce passage, on verrait aussi sur leurs cartes
l'île du Prince-Hdward, qu'ils n'auraient pas manqué d'apercevoir
1. Uisloriii Gciimû, lib. X\I, cap. x, t. II, p. 1.(8.
2. >i Lii ctirla moikrmi, fechi jw el cosiiiifiafo Alonso Ht Chaves, cl ailo tk
mille qiiiiiii-nlos y Imntii y srys m'ios, ilcspiics que jw el Eiiipeiador, inieslro
senoi-ffiuroii viamhutos ivr y examiiiar è conei;ir los padnines y an las île iiai'et;ar
por jKisoiias dolas \ experiiiietilaihis que para cllo fiieioii ckgiilas. n Oviedo, hc.
cit., p. T51. D'après coci, Chaves n'en aurait été que le dessinateur, ce que
porte aussi ;\ croire la phrase (Ibiileni, p. iiô'i " ilel qiial palivii leiii;o iiiia de
la maiio de Alonso de Chaves. »
2U
jn.W ET SÉBASTIEN CABOT
en débouchant dans le golfe par le détroit de Canso. Le canal
qui sépare l'île de la terre ferme, ne se prolongerait pas non plus
du sud au nord, comme dans \'iegas et dans Gutierrez, mais de
l'est ;\ l'ouest selon une réalité que leur auraient divulguée des
observations aussi simples qu'inévitables. D'ailleurs, on n'a
qu'à examiner cette île de San Juan, sa forme, ses dimensions,
sa position, et en suivre la filiation depuis les premières cartes
lusitaniennes reproduites par Kunstmann, pour s'assurer que
les cartographes portugais n'ont pas eu en vue la Nouvelle-
Ecosse, mais une île supposée, transmise par des modèles servi-
lement copiés, et provenant peut-être d'une exploration primaire
et incomplète de la péninsule formée par la baie de Fundy. Il
suffit de rappeler les îles flmtastiques des Sept-Cités, de Saint-
Brandan, de Juan Estevancz, qui continuèrent à figurer sur les
meilleures cartes jusqu'à la fin du \\f siècle, pour se rendre
compte de la persistance de l'erreur en cartographie . La tradition
s'est interrompue en Espagne, il est vrai, avec le prototype de
Garcia de Torcno et de Ribeiro, mais elle fut renouée, lorsque
la junte de cosmographes espagnols chargés par Charles-Quint
de compléter les cartes, vers 1536, se reporta aux œuvres de
l'hydrographie portugaise pour fliire son travail de revision.
Cette supposition devient presque une certitude lorsqu'on com-
pare le portulan de Gaspar Viegas de 1534, tout succinct qu'il
soit, avec la carte de Chaves, telle que la décrit Oviedo, et
avec celle de Gutierrez précitée.
On ne voit dans cette dernière aucune trace des découvertes
de Jacques Cartier, et il est évident que les données dont le cos-
mographe espagnol s'est servi proviennent, directement ou in-
directement, de navigateurs qui n'ont pas fait le périple du golfe
Saint-Laurent. Par contre, au nord de Terre-Neuve, on remarque
un grand estuaire correspondant à l'entrée du détroit de Davis,
et dénommé « lagran baia. »
Ainsi, voici une carte de dimensions importantes, et très détail-
lée, faite à Séville par un cosmographe de Sa Majesté, noté pour
i
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT 25S
son habileti exceptionnelle en cartographie', et qui, en 1530, ne
connaît encore ni le détroit de Belle-Isle, ni le fleuve Saint-Lau-
rent, ni les grandes îles du golfe de ce nom. Notre surprise aug-
mente lorsque nous rapprochons les profils géographiques tracés
par Gutierrez des contours qu'on relève sur la carte faite égale-
ment ;V Séville par son collègue Sébastien Cabot, six années
auparavant. Dans cette dernière, toutes les configurations dues
aux explorations françaises sont nettement indiquées et en par-
tie nommées, bien qu'involontairement. Comment se fait-il que
Gutierrez n'en ait pas eu connaissance ? On ne peut non plus
dire que Cabot les dérobait aux yeux de ses collègues, car sa
carte, au moins en sa forme originale, a dû être mise à la portée
de tous les ayants droit, et, parmi ceux-ci figuraient en première
ligne les cosmographes de Sa Majesté.
Ces lacunes dans la carte de Gutierrez, lesquelles se retrou-
vent dans le portulan fait par Baptista Agnese pour Charles-
Quint, portent à croire que les découvertes de Jacques Cartier
ne furent connues géographiquement par les cosmographes
espagnols que longtemps après leur accomplissement. La date
de 1544, qu'on lit sur le planisphère cabotien, devient, consé-
quement, aussi l'objet d'un doute *, lequel augmente si nous
i.ulM hahilidiul que ténia eu hacer carias de uavegar. » Cédule du 22 octobre
\y\\. Nous citons cette phrase dans l'hypothèse de Navarrete, que la carte
en question est l'œuvre de Gutierrez le jeune. Notre argument conserve
niJanmoins toute sa force, que ce soit le père ou le fils qui ait fait la carte.
2. La « Demosiracion tiel majui-imimli de Sehastiaiio Cabolo, 1^44. « MS. de
la bibliothèque particulière du roi ;\ Madrid (2-H. 5, in-4), mentionntSe par
M. Jmenez de la Espada (Relac. i^eogr., p. 131) n'est qu'une copie servile de
la légende 8, en sa partie espagnole, telle qu'on la lit sur les bandes impri-
mées de la carte gravé-e de Sebastien Cabot <Supra, p. 151). Elle se trouve
dans le MS. signalé par Navarrete (Bihiiol. Marilima, t. I, p. 576, art. Dod.
Giiijales). lequel, en toutes ses parties, est d'une écriture du xvu'^ siècle,
selon la description qu'a bien voulu nous en envoyer notre ami M. M. R.
Zarco dcl Valle. Il est donc A peu près certain que cette copie est prise d'un
exemplaire gravé de la carte, laquelle circulait extensivement en Europe i\
la fin du xvi" siècle. {Siipia, p. isi-)
i .
l j
:!36
JI-AN ET SÉBASTinX CABOT
prenons en considération que ce n'est pas l'original de la carte
de Cabot que nous possédons, ni même une copie prise en
Espagne, mais seulement une version faite et gravée dans le nord
de riiurope ', par un éditeur peu scrupuleux.
La carte que nous venons de décrire so conserve au dépôt des
cartes et plans de la Marine à Paris -. On possède, en outre, d'un
Diego Gutierrez, une carte de l'Amérique gravée à Anvers en
1562 '. Comme le père paraît ûtre mort en 1554, celle-ci doit
être l'œuvre du fils.
29
CARTES DE JACOPO GASTALDI.
Cil
rci 1550.
L
A plus intéressante des cartes de ce savant* cosmographe
piémontais ", est celle qu'il exécuta pour Ramusio ° vers
1550, d'après des documents obtenus, dit-il, de France
et d'Espagne par Frascator.
La phrase de Ramusio : <( Il siinikfamto alaini EcceUenti hiio-
iiiini Francesi, che da Pan'gi i^li h7mo mandaio k rclationi dclla
Niioiia Francia, co qmttro discgni imiaiic, che saram posti inqueslo
1 . Supra, p. 85 .
2 . Archives du premier Otnge, carton de V Atlantique.
3. AmniCiV, sive qtiarta- orhis paiiis, nova et exact issima dcscriptio. À net.
Dies^o Gvticro Pbilippi nv/i- Hisp... cosniogiapho. Iliero. Code excndr
f^/;/î'tTy'/<c], 1562, en six feuilles, formant un ensemble de on',93 X o"',92.
British Muséum, N" 69810/18. Elle est mentionnée par Ortelius, et par
Antonio d'après hBihliotheca de Gesner.
4. \'oir De Castalili Mappa ikscriptione, dans Sévert, De orhis catoptrici,
Paris, 159S, in-fol., p. 104,
5. Kc ;\ Villafranca; Andréa Rossoto, Syllalws script. Pedenionti.Uondoy'u
1667, in-4, p. 301.
6. Raccolta, 1565, t. III, p. 424.
JEAN LT SÉBASTIEN CABOT
^37
vohiiiic à siioi liiogin ', » et le fait qu'on la lit dans une
cpître datée du 20 juin 1553, ajoutent de l'importance à la carte
jirocitée. Malheureusement, ce ne sont pas les disti'iii mûmes
que donne le compilateur vénitien, mais un arrangement t'ait par
Gastaldi, et où l'imagnution de ce dernier a pu suggérer des
contours qu'il est impossible aujourd'hui de distraire de la carte.
Celle-ci n'est pas la plus ancienne que nous ayons de Gastaldi.
Dans le Ptolcincc donné par Pictro Mattiolo à Venise en 1548',
on trouve au feuillet 5 6 une carte intitulée : Dclla Terra Nova dcl
Bacalos, mais qui est de trop petit format pour nous être utile. La
suivante, au contraire, présente des profils, qu'il serait intéressant
de comparer avec les délinéations principales de la carte Gastaldo-
Ramusienne.
Universalis cxactissima atqiie non recens modo vcriini et rccentiori-
bvs nomimlms totiiis orhis insi^^nalia dcscriptio : quo noininc studiosis
omnibus non tam ntilis quant maxime nccessaria, per Jacobum Cas-
hihiitm Pedemonl. Apud Fenetos ; Prostanl Antacrpiu! apnd Gerar-
ditm de Jode in Borsa nova '.
M. Kohi, qui a minutieusement et, avec son habileté ordi-
naire, analysé ' la carte donnée par Ramusio, est porté à croire
qu'elle a été faite d'après des documents français antérieurs aux
1. Icv. cil , Discûiso, l'coto du cinquième feuillet.
2. 11. A. V. N>J285. Le colophoii est daté <i /iV7' ''''' mcsc di ottùhrc . »
3. Mappemonde gravée de o">,8o X 0"',47, en deux l'euilles (Bibl. nal.,
N» 20168, deux exemplaires.) Elle est extrêmement rare. La Vniversak
Jcscriltioiii- (// li'llf lu Icrni coiioscivUi, gravée par Paulo Forlani, Véronais,
dédiée à Bartolomeo Zacco, de Padouc, et en vente chez Fcrando Berteli à
Venise en 1563, n'est qu'une copie de Gastaldi. Il en est de même de celle
donnée par Matteo Pagano en 1562 (A. Manno et V. Promis, Kotizie di
Jacopo Gastaldi, Torino, 1881, in-8, p. 19), mais au moins celte dernière
reconnaît comme auteur le cosmographe piémontais. M.^C. Castellani cite
(Calaloj:;o ragicnato ddk pin raie opcir !;(\\^'rajichf astampa, Ronia, 1876, in-8),
mPhinisjcrûtiiiivL'isak,àc 0,380X0 330, Venise 1546, et unautredeo,joo
X 0,500, de 1362, du même.
4. Discovcryoj' Maine, p. 226.
j;S
JI-AN l'T SliUASTlliN CAHOt
voyages de Cartier, et provenant peut-être de Jehan Dcnys ou de
Giovanni Verraz/ano '.
Cette carte ne ressemble, il est vrai, à aucune autre, mais
cette raison ne saurait suffire pour lui attribuer une origine aussi
reculé-e, car on y discerne les détroits de Belle-Isle et de Caiiso,
dont la découverte ne date que des explorations de Jacques Car-
tier. Qiiant aux autres délinéations, elles sont absolument ima-
ginaires. Ainsi, la Nouvelle-Ecosse, ici qualifiée de Ntiai'a Fran-
r/^/, avec Terra tic Nirvmlvgti, en sous-titre, forme une île immense ,
au nord de laquelle se trouve une autre île de grandes dimen-
sions. Il n'y a pas de golfe Saint-Laurent, car l'espèce d'estuaire
portant le nom lyAiigotilestnc, est tout au plus la baie de l'undy.
Quant à la nomenclature, si brève, elle décèle aussi des emprunts
faits aux cartes lusitaniennes, comme, par exemple, le C. dcspc-
râ:^i, le Mole de iri^o et la Bonnc-iiish', qu'on reconnaît sous
leurs formes italiano-françaises. A notre avis, la carte de Gas-
taldi n'est qu'une mauvaise version du prototype del'Harleyenne.
30
CARTE PORTUGAISE DU DLPOT.
Cimt 1353
C
i'hst un superbe planisphère sur parchemin, de i"',8o
X I'", 10, richement enluminé, d'un très beau travail
portugais.
On distingue sur le Groenland, ici (comme dans toutes les
anciennes cartes portugaises) appelé Terra do lanrador^ le pavillon
anglais aux croix de Saint-Georges et Saint-André, sur la Nou-
velle-Ecosse, l'étendard du Portugal, et sur la Floride celui de
l'Espagne. La nomenclature est presque absolument lusitanienne,
I. Loc. lit. p. 228.
JEAN r.T SHlîASllEN CA150T
3Î9
mais les noms de R. de Siujiicnai, Maitc suhloii, brestc, monts Je
Jacques, et, dans le voisinage de l'ile du Prince-Edward, /1/f^rtv,
hr ion, etc., indiquent des emprunts {\iits aux cartes françaises.
L'ile imaginaire de Saint-Jean, sur l'Atlantique, a disparu, et
Terre-Neuve est peu fragmentée, ce qui impose i la carte une
date plus récente que les précédentes. La côte occidentale du
continent est complète, du cap Horn jusqu'au golfe de Californie,
lequel est nettement tracé avec sa péninsule, comme dans la
carte faite ;i Mexico en 1 541 par Domingo del Castillo '. Par
contre, un large détroit, à la hauteur de celui de Davis, traverse
le continent dans toute sa largeur, pour venir aboutir à
l'Océan Pacifique.
Cette belle carte, qui n'est malheureusement ni signée ni datée,
est conservée aux archives du dépôt des cartes et plans de la
iMarine, à Paris ".
31
CARTli DE NICOLAS Dli NICOLAY.
■es
II
L'Artc de Navi'gdr de Pedro de Médina devint bientôt aprè
la publication de cet ouvrage à Valladolid en 1545 '
un livre classique partout en Lurope. La première tra-
duction en langue étrangère fut celle que donna Nicolas de
Nicolay, à Lyon en 1553 '.
1. Elle est reproduite dans Lorcnzana, Histoiiu Je Xiicva EsjHitui. Mexico,
1770, in-fol.
2. Archives du premier étage, portefeuille I, pièce 4.
3. n. A. y. i\'"266.
4. L'Art (/<■ iiavis^iur île Pierre île Médiiie... Inidiiit du aislillun en fraïuvy.s-,
Iii-folio. La planche a été copiée, mais imparfaitement, pour l'édition de
Rouen, 1)73, in-4''.
1553.
340
JEAN ET SÉBASTIEN CAlîOT
D;ms l'cdition espagnole il y a une mappemonde que Pedro de
Médina reproduisit dans son IJl'ivdf i;nimlc:^(isy cosas mcmorablcs
ih' Jispiinti, mais ce ne fut pas celle que Nicolay adopta pour sa
traduction. Le savant Daupliinois en dressa une expressément,
qui est supérieure, pour l'exécution et l'exactitude, à la carte du
fameux cosmographe espagnol. C'est une carte de o™,3o X
o"\20, gravée, et portant la signature: « N. Kicolay du ditiil-
phinc Gcogr. du Kov. » On y lit les noms de Tcrrit de liihonuior,
C. llcrmoso, Ticna de Bacalaos, Ticrra de los Brctoiws. L'île de
Terre-Neuve est détachée du continent, mais morcelée. Le frag-
ment le plus septentrional de ladite ile porte le nom de S. Juan,
et, dans la partie la plus méridionale, également sur un îlot, on
lit : c. Ras. L'entrée du golfe Safnt-Laurcnt est bien définie.
Les dimensions de cette carte sont trop exiguës pour nous être
d'un grand secours, mais il nous reste si peu des œuvres des pre-
miers cartographes français, que nous avons cru utile de men-
tionner la mappemonde de Nicolay. C'est aussi un exemple de
la persistance de l'influence de l'hydrographie lusitanienne en
France au xvi'= siècle. Le lecteur remarquera que la carte du géo-
graphe dauphinois n'a pas été copiée entièrement sur celle de
Médina, bien qu'insérée dans une traduction de l'ouvrage le plus
célèbre de ce fameux cosmographe, et quoique contenant des
noms espagnols. Ainsi, sur la mappemonde de ce dernier, Terre-
Neuve est encore soudée au continent, et on n'y lit pas tous les
noms qui se trouvent sur la carte française. Nicolay a donc fait
usage de documents que son modèle n'a pas connus '.
Nicolas de Nicolay, sieur d'Arfevîlle, était dessinateur excellent
et cosmographe instruit. Aussi devons-nous regretter que sa AViv/
1. M. Kohi [Disanvry, pi. XVII, 4, p. 317) donne un extrait d'une carte
de <i NicoUo dcl Dolfinato, » ajoutée à des « X(ivii;iitwiii dd iiiomlo iitiovo, »
qui auraient <!té imprimées i Venise en 1560. l'eut-être ne s'agit-il que de
l'édition italienne des Kavigiaiciis d ivri-^iinatious oricnlalcs de Nicolay,
donnée à Venise par Ziletti (imprimée par Aide) en 1580, et qui aurait
contenu la carte que nous venons de décrire.
JEAN El" SI-RASTIEN' CABOT
24 1
(7 cxtjvisilu dcscriplio iiniii^'dlioiiini (tr pittcciputs luviidi parles nrciis
ihTiiicala pcr Nicolaiiii Nicoliti dclphiiutl puiorcm et Cnv^mpJwm ',
no se . jntiniic pus au delà delà longitude des Açorcs.
33
ATLAS DE GUILLAUME LE TESTU.
C'est un magnifique recueil de o"',53 x o"',37, composé
de 59 feuillets, et dont les cartes, sur papier, sont;
somptueusement enluminées. Il porte ce titre :
Cosiuogrciphic u;:ivcrsi-Uc selon les Navii^uilciirs, Ttinl anciens
Que modernes : Par Guillaume Le Testn pilolle en La Mer du
poneiit : De La vil Je Fraitcoyse de grâce \Le Havre'].
Au feuillet viii, on lit :
'( Ce liiirc fvt achevé Par Giiiltaiime Le Teslti. Le cinqiesmc Jour
dapiiril ijjjiÂnant pasqnes».
On conserve ce beau manuscrit à la bibliothèque du minis-
tère de la Guerre ;\ Paris, sous la rubrique D. 2 /2. 14.
Consulter les cartes V, LUI, LVII et LVIII, lesquelles trai-
tent des régions septentrionales du nouveau continent.
On y remarque, pour le golfe Saint-Laurent et l'île duCap-
1. Eti deux t euillcs jcsus. Biblioth. Nationale de Paris. Départ, des carte,
l'ort. 221, N" SU?-
2. Barbie du Bocage dans sa description de cette carte qui, au coninience-
nient de ce siècle, attira beaucoup l'attention ;\ cause des délincations de
<• 7avc la grande, » croyait que Le Testu était de Grasse dans le Var ; mais
il s'agit bien du Havre, nonimé d'abord l'iainvisf ilc Giiur par Fransois !'•■%
au lieu de l'nmscisiopoUs que proposaient les savants. Mjnoiics de lu loiula-
lioii et origine (le la ville fntiifoise de Ci tue conij'osc:^ far Gidlltiiiiiic de Miineilles,
publiés par M. Morlent. Le Havre, 1847, brochure in-j".
16
I555-
2ii |1:AN LT SliDASTIliN CADOl
lîreton, des contour-, qui sont lu-aucoiip plus exacts que ceux des
cartes postérieures. (!e n'est cependant pas l'cvuvrc originale
d'un cartoi^raplie de Trance, mais l'adaptation d'un planisphère
portugais auquel quelques noms tVani;ais ont été ajoutés.
Presque toutes les appellations sont purement lusitaniennes.
L'intérêt de cette carte, pour le sujet qui nous occupe, con-
siste surtout dans la preuve qu'elle nous otVre de la persistance
de riiydrograpliie portugaise, et de son iniluoncc sur la carto-
graphie française ; car il s'agit ici d'un portulan dédié ;i l'amiral
Coligny, et. cependant, le cartographe ne s'est même pas donné
la peine de iVaticiser les noms qu'on relève sur les possessions
li'ançaises dans le Nouveau-Monde.
C'est une des rares cartes de cette époque où se lit le nom de
i( l'ittucica » ; écho lointain des découvertes attribuées i Verraz-
zano. L'ile du Prince-Hdward y est appelée //<■ f/(/^(V/.v ; corruption
de hic Ah^iiy, nom donné par Cartier.
Nous ne savons plus où nous avons lu que Le Testu avait été
le compagnon d'André Thcvet dans le voyage de ce dernier en
Amérique. Thcvet s'embarqua avec Durand de Villegagnon,
lequel mit à la voile le 12 juillet 1555, et, comme le portulan
précité est daté du 5 avril 1)55, on ne saurait y chercher
des renseignements de visii^ ni s'en servir pour élucider les des-
criptions de l'Amérique septentrionale qu'on lit dans les Singii-
hiiik:;^ ik lu Fiance Aiil(tirti(jiit' et dans la Cosmogntphic de Thevet.
Ce serait plutôt la mappemonde manuscrite suivante, que le
lecteur devrait consulter.
Celle carie fui poiiiclraile lin loiile perfeclioii TanI de Ltlilade
ijiie h>ni^ilinle Par moi Giiillaiiiiie L- 7'eslii Pilolle Royal NatiJ
lie la ville J-raiieoyse de ^jrace... Fui achevée le 2) jour, de
May 1)66.
Celle-ci est de r",iS X o"',79 sur vélin, non coloriée. On la
conserve au bureau des cartes du ministère des Afiiùrcs Étran-
gères, ;\ Paris.
JLAN l.I SLHAbUl.N LAUUT
213
34
ATLAS DE DILGO IIOMCM.
Li:s cartes de ce cosmof^raplic lusitano-vciiiticii jouissent (^'/Val ISS^.
d'une trop Jurande réputation pour que nous néiilitzioiis _
de signaler un très curieux atlas anonyme qui est certai-
nement son ivuvre.
Ce recueil est sur parchemin, composé de huit feuilles, de
i"',25 X r",io. Il ne porte aucune date, n'étant pas terminé
(comme on le voit par les banderoles et la bordure dans cer-
taines parties), mais la configuration générale des côtes, les
dimensions, les positions et les légendes, notamment celles-ci:
" Desertùbusoz » (^Dcscrliim biisoium)^ << 'l'erraagricule » [Libin-
i/('r),"Marc leparaniatiiT " (!''), "^C. de bcrtoens » ((,". des Inrloiis),
« Beu sabloni » ('Bhiiic snHoii). etc., etc., rappellent trop le bel
Atlas du Hritish Muséum ', pour ne pas provenir de la même
main. Or, ce dernier porte l'inscription suivante : « Dii^'iis Ho-
iiii'ii, cosiiiogniphiis fccil hoc opits niiiio sttliilis i ))S. « On peut
aussi comparer l'atlas qui est devant nous avec celui de 1560
de la Marciana *.
Tout ce que nous savons de ce cartographe, c'est qu'il était
Portugais et établi à Venise. Nicolas Antonio cite de lui une
carte nautique de l'Europe '.On mentionne aussi de Homem des
1. Add, 541) A.
2. « Di(i;iis Ih'iiivm tViiiiogrulhtis me fccil oimo ticiiiiiii jjOu. « Clasïf IV,
Codex 64.
3. n Didacus llonicni, Lusitar.us, auclor laudatur : lluropa' mui'^aliouis
ciijiiidiim Descripiioiiis Luliiuc. Aiino miiL.mx, Cardoius. « Uillicliica liis-
paiM Xovii, t. I, p. 289. /
2\\ IHAN i;r si;hastii;n' cahot
atlas de i))S ', i))9\ i)^" \ i)(^9' ^"t I57J '• ("cUii iiiic
nous citons est conserve i la liibliotlièqiie nationale de l'aris ' .
Ce qui lui donne de l'intérOt pour nous, c'est la conlij;uration de
l'ile du Cap-Breton, ici anonyinc, et l'ile du l'riiice-lîdward,
nommée « illc tic siil'lÎK's, » toutes deux assez exactement
tracées, et Terre-Neuve, entin d'un seul morceau, mais avec le
détroit de Delle-Isle placé de l'ebt ii l'ouest.
35
MAPri.MDNDU l)l; ANDUliAS HOMO.
n59' y^^hTTi; carte superbe a été fractionnée en dix feuilles de
-_ I G"', 77 X o"',62, reliées dans un atlas factice. Hlle est
V--^ sur vélin, richement et artistiquement enluminée. On y
relève ce titre :
Univcrsti (ic Niin^^'iil'ilis totivs Tcrmrvm Orhis Dcscriplio 'cvin
omnibus torlvhvs yiisvlis flvviis.
\Jn cartouche porte la sit;nature suivante :
Aiuhciu Homo, Cosmoi^niphvs I.vsiliiiivs, me facichit. Anlvcrpiite
ttitiio Milli'ssiino Qviiii^'enlrsiiiio. QviiuiiYi;i\uiiio, Nono.
Cette carte a été faite avec des éléments semblables .\ ci.iis
qu'a employés Diego Honiem, c'est-à-dire que les cosmographes
1. Conserve i l'Arsenal de Venise; Jlt. So,-. l.igur: IV, ci.xvu.
2. « ''Diiviis Home Cosmographiis luc jWit tih.' suliilis. i ji'j- " Bibl. nat. de
r.iris, Dép. des Cartes, G. 4, 877.
3. Bibliothètiue nationale de Parme. In vent. N" .)0. Matkovic, cité par
M. Uzielli.
4. Carte de la partie orientale de la Méditerranée. ]5ibliot. du Collège
Romain; Uzielli. J-Liico, n" 22^.).
5. n Dic!;ii:i Ixniic (Vsiiioi;ial^hiis liisiliiiiiis lail iviicliis iitio a hutii Virginia
lij.f. » Bibl. nat. de l'aris, B. i\.\b.
6. Département des caries, n" 1,021 a. Acheté de M. de Hennin en 184 1
au prix de 80 francs.
M'AN r.T SlilUSTIllN CAHOT
-^»i
portiij^ais, ijinls fussent étaWis "i Venise ou .'i Anvers, cherchaient
encore en Fortnj^ai. dans la seconJc moitié du \vr sicclc, le pro-
totype do toutes leurs cartes.
La nomenclature est absolument portuj^aisc, ou, pour les noms
tVansais. lusitanisée: Sniiicnoii (Sa^uenav), t^olrsnir (An^oulème),
hoih-itns (t)rléans). etc. Des emprunts directs .'i une carte iVan-
tj-aise se détèlent dans les désignations de " Sep. isics, h' Ivan pais,
milles (leciiivie, pais tie Iciiialc, cap ilc Icnialc »,ctc. C'est surtout
dans la région que nous appelons aujourd'hui Labrador, qu'on
relève ces noms. C'omnic on les lit aussi dans Homem, et que s.i
carte n'est que d'une année antérieure à celle de Homo, ces deu\
cosmographes ont très probablement suivi un même modèle,
lequel nous ne connaissons pas encore.
Ce planisphère est conservé au département des cartes du mi-
nistère des Affaires Htrangères à l'aris.
36
TRACMKNT DF. CARTF. ESPAGNOLE.
C'est un lambeau de parchemin, de o"',5o X o'",3),
récemment découvert à Madrid dans la couverture d'un
recueil de pièces concernant les Jésuites '. Cette carte,
dont on ignore les dimensions originelles, ne couvre plus que
l'espace compris sur nos mappemondes entre les 47'' et 5 a" de-
grés de latitude nord et les 59' et 73"-' degrés de longitude. La
déchirure commence à l'extrémité de l'île du Cap-Breton.
La configuration générale est celle des cartes lusitano-françaises
I. Elle a ttc reproduite en f.ic-siniilé par M. C. F. Duro, Ami Jf .NV,
Madrid, 1881, in-8, d'après l'original conservé ;\ la bibliothèque de l'Aca-
démie d'Histoire à Madrid.
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246
JEAN ET SÉBASTIEN CA150T
de la sccoiulo moitic du xvi'' siècle, mais tract'c avec une sûreté
de main qui indique une date très postérieure aux planisphères
de Cabot et de Gutierre/. Malheureusement, ce qu'on peut ap-
peler la pierre de touche pour l'ancienne cartographie de l'Amé-
rique septentrionale, c'est-à-dire, les îles de Terre-Neuve et du
Cap-Breton, avec ou sans les détroits de Belle-Isle et de Canso,
manque dans cette carte. Les noms et les léi;endes y sont aussi
très rares, puisque nous n'en relevons que dix-sept. Ce sont, en
suivant le golfe Saint-Laurent, <^'olcsiik; dmada, j" de orljcus,
l'irltvi, asloiiît, thjiii iniirinv iiiiichos Ivanccsca dchïthrc, dtiiiijâ, R. de
stujiiinay, S. jiiiiii (?) ers (?) ^/V/(' \slns, Iniya de sd lorcnço, las iiiiicIms
yshis, c. de Ireiiot, lierra de lodii Renié hniça. L'entrée du grand
golfe, entre Terre-Neuve et les îles de la Madeleine, est dénom-
mée ,j,'o//() (/(■ l'irlones, et on lit, i\ la partie supérieure d'un pro-
montoire, qui paraît être l'extrémité de l'île du Cap-Breton, les
mots : V" (/(' Sâliiii^o.
Cette carte est incontestablement de facture espagnole, mais
ses éléments sont empruntés ;i un cartograplie portugais, qui,
lui-même, n'a fait que suivre une carte française : les noms
lïAiisj^oiilenie, à' île d'Orléans, de Sagiieiiay, h\, surtout oîi ils sont
placés, le prouvent, tandis que les formes «i;olesiiie « et « siiijiieiitii » '
(avec un </) établissent leur filiation lusitanienne. La légende :
« Ici beaucoup de français moururent de faim, »nous permet, ce
semble, de fixer la date avant laquelle cette carte ne peut avoir
été dressée.
Il y a plusieurs malheurs de ce genre rapportés par les histo-
riens. Le premier arriva au cours du second voyage de Jacques
Cartier, en décembre 1555. Il coûta la vie h. vingt-cinq de ses
hommes ; mais ce fut par suite d'une maladie contagieuse, com-
muniquée par les sauvages, comme il appert d'un des chapitres
du Hiief Récit ', commençant ainsi : « D'une grosse maladie qui
1. Cartes de Vallard, de Ilomem et du de^pot de la Marine.
2. Edition de Tross. Paris, 186}, in-8, f. 54, verso.
JHAN ET SÉnASTir.\ CAHOT
217
;i esté au peuple de Stad.icone, de laquelle pour les auoir fréquen-
te/ en auons esté imbouez, tellement qu'il es mort de noz gens
iusques au nombre de uinp;t cinq. »
Le désastre essu\é par les .gens de Roberval, au premier abord,
semble mieux répondre ;\ la légende cartographique précitée.
Aussitôt arrivé au Saint Laurent, dans l'automne de 15.11,
Roberval avait fait construire sur les bords du fleuve, en
amont de l'île d'Orléans, une petite fortification, qu'il nomma le
1-ort deFranceroy ou de l'rançois-roy ', et où on établit un pre-
mier campement, en attendant le retour de Senneterre parti pour
chercher dos secours. Ce fut alors que, selon le récit attribué à
Roberval par llakluyt, une maladie éclata parmi ses hommes,
et cinquante en moururent '. Cette catastrophe a dû arriver entre
le premier départ de Senneterre et son retour au Canada, pendant
l'hiver de 1541-^2.
Nous ne croyons pas que la légende vise le malheur do Rober-
val, car le lieu où la carte espagnole fixe cet événement, est en
aval de l'île d'Orléans, tandis que le fort de h'rance-Roy était
quatre lieues en amont '. Us ne moururent pas non plus de faim,
mais du scorbut, comme le démontre la description qu'on lit
dans Hakluyt '*.
Lorsque le marquis delà Roche revint du Canada, en i)9S.
il abandonna environ cinquante de ses hommes, dont on/e seu-
lement survécurent à Ut faim et aux privations ; mais ce fut à l'ile
,. ,. -l'Iif l'oil of Fiutur-ioy Shiinls In ./; ./.v/vc mi.l ,•/;,• Jirsl IkuI oI h
,kgm-. » Routier ilc Iclum Alfoncc. dans ll.il<luvt, t. 111. p. 259. Voir
.-lussi la localité de rntmiivy sur la carte dite de Henri II. et l'enclos palis-
s.adéde celle de Vallard.
2. .. or the Fort of rraiice-Roy. In Ihc end iiutny 0) cv/c />■•»/'/,■ /,// sid;-
of a miain ilis.wc in Ihcir /,w«, ; ;■»«, uml Slowndv, v,. //.„/ //vv s.vninl
lolvdifriniil ofall thiv lynnncs, ami Iheic dy,\l ll.viwf nh'iil Jij'lic. » lialiiuyt,
PrimijK \\ivii;.,i. 111, p. 2.\u
3. « f.wor /,•.(.■".■>■ ;/V,v/(r.i/./ ofti.v hk of Oikans. » llaidiiyt, /'/w//-.
Kiii'ig., t. m, p. 2.|i.
4. Ihiiliiii.
i
1
1 j.
i.|S
JHAN HT SÉnASTlF.N CABOT
de Sable ', au sud du cap Breton, et non sur les bords du Saint-
Laurent, que périrent ces malheureux.
A la tin du wi"^ siècle, Henri I\' ayant accorde des lettres-pa-
tentes à un capitaine de Honfleur nommé Chauvin, pour coloni-
ser le Canada -, ce dernier équipa une expédition et partit pour
le Nouveau-Monde avec Dupont-Gravé et Pierre du Gaa, sieur
de Monts. Après avoir remonté le Saint-Laurent, il s'arrêta à
un endroit appelé Tadoussac, « quatre vingt dix lieiies h. mont
la riuière % » y débarqua seize de ses hommes, et, après avoir
recueilli une certaine quantité de pelleteries, retourna en France
sans plus se soucier de ces infortunés. Onze de ceux-ci mou-
rurent de faim et de misère '.
Le lieu où se trouvait leur misérable baraque est sur les bords
du Saint-Laurent, en aval de l'ile d'Orléans, mais, il f;iut le
reconnaître, plus éloigné que ne le porte la carte espagnole, et à
l'est du Saguenay. Aussi n'osons-nous pas affirmer qu'elle vise
même cet événement, qui est de Tannée 1599.
Ce qui porte aussi à penser que cette carte est plus récente
que les expéditions de Roberval et de la Roche, c'est le grand
nombre de localités oii des maisons et des tourelles ont été
1. (1 Ainsi réduits en toute extrémité pour la stérilité dudit pays avoient
été contraincts de se nourrir et sustenter de la chair des bestes sauvages
...nestant neantmoins dudit nombre de quarante ou cinquante hommes
restez que les unze qui sont présents. » Anrt rcmlu contre Ckfilhostel qui
ramemi en France les hommes restant des 4$ ou jo laissés par le marquis de la
Roche dans l'ile de Sable. 27 novembre 1603. MS. archives du Parlement
de Rouen. Registre d'audience, n» i. Voir aussi E. Gosselin, Nouvelles
Glanes historiques Xornuindes, p. 16.
2. Pour ce Chauvin, voyez nos Xoles sur la Nouvelle-France, p. 18.
3. Champlain, éd. de Québec, p. 697.
4. « Nos hyuernans consomment en bref ce peu qu'ils auoient.. c'estoit
la cour du Roy i'etault; chacun vouloit commander; la paresse et fainéan-
tise, auec les maladies qui les surprirent, ils se trouuerent réduits en de
grandes nécessitez...; les vnze moururent misérablement ». Champlain,
Les l'oya^'es de la Nouvelle France, Paris, 1632, in-4, chap. vi.
JEAN F.T Sl-RASTIEN CABOT
219
Jcssinccs pour figurer des villages. Il n'y en a pas moins de dix-
sept, dont six en Gaspésie et deux au sud de la baie des Chaleurs.
Or, non seulement ni Cartier, ni Robcrval, ni de la Roche ne
construisirent d'habitations, excepté à l'île de Sable et à Char-
lebourg ou à France-roy, mais ils ne firent aucune excursion dans
l'intérieur des terres à l'est du Saint-Laurent, et tous les Français
qu'ils avaient amenés périrent ou revinrent en France. C'est-i-
dire que si même ces dessins avaient eu pour but d'indiquer des
villages d'Indiens, — ce qui nous paraît peu probable, étant
donnée la forme des bâtisses, — les Français ne devaient en rien
savoir. Il fiut arriver aux expéditions de Poutrincourt et de
Champlain, dans les premières vingt-cinq années du xvii= siècle,
pour trouver des habitations d'Européens dans ces pays.
Cette carte est donc, à notre avis, postérieure i\ l'an 1603;
d'ailleurs, la précision relative des contours, l'ampleur du lavis,
la main-d'œuvre en général, rappellent plutôt la cartographie du
xvii» siècle que celle du temps de Henri II, plus fine, mais
sèche et d'une calligraphie ditférente.
37
CARTE ATTRIBUEE A JEHAN DENYS.
ON lit dans la collection de voyages de Ramusio : « Sono
dira ;j (Viiii che vn naiiilio d'Onfleiir, dcl qiiak cra
Capilaiio Giomumi Dionisio, e il Pilotto Gamarto di
Roaiio priiiianienk v'andô ' . »
Ce court paragraphe du compilateur vénitien, traduisant un
I. Édition de 1565, t. III, f. 425- F-
fi'
350
JEAN ET SÉBASTIEN CAHOT
l't
récit rédige en 1539 par un capitaine dieppois non nommé, est
i peu près tout ce qu'on sait de Jehan Denis de Ilonfleur qui,
en 1506 ', aurait exploré le littoral du Canada et, avant l'année
15 19, une certaine partie du Brésil, qu'il aurait même décou-
verte '. Quant aux << bons Mémoires » où Charlevoix a pris
l'assertion que le capitaine normand <i avoit tracé une carte du
golfe qui porte aujourd'hui le nom de S. Laurent ^ » nous n'a-
vons pu les retrouver. Quoi qu'il en soit, cette carte a été vaine-
ment cherchée par tous les écrivains qui, depuis le savant
jésuite, se sont occupés de la Nouvelle-1-rancc. Aussi, grande
fut notre surprise lorsque nous lûmes dans le catalogue de la
bibliothèque du Parlement canadien', un titre ainsi conçu :
« Caiic (le l'embouchure du Sl-Liuretit ftiile et copiée sur une
écorce de bois de Imuleau^ envoyée du Canada, har Jehan Denys; une
feuille, ijoS. »
Sur notre demande, M. L. -P. -Sylvain, conservateur des archives
canadiennes, a eu l'obligeance de nous en envoyer un tracé, fiiit
d'après le calque pris en 1854 par M. P.-L. Morin sur l'ori-
ginal, alors conservé au dépôt des cartes et plans du minis-
tère de la Guerre à Paris, « enveloppé dans un morceau de
satin et déposé bien précieusement dans une boîte. » Nous
croyons à peine utile d'ajouter que notre premier soin fut de
rechercher cette boîte et son curieux contenu. On ne sait ce que
l'un et l'autre sont devenus.
Selon notre tracé, cette carte est de 25 centimètres dans les
1. li 'Discorso (alto del //;<;. » Ramusio. loc. cil., f. 417, F. On arrive
■\ celte date de 1506, en déduisant les trente-trois années écoulées, anté-
rieurement ■\ l'époque où, selon Ramusio, l'auteur écrivait le récit publié
dans la Rmrolla.
2. H L'aïtru parte (de h terra tlel Brésil) fit scoperta per viio de Houfleiir clsia-
viato Dionisio di Hoiifleiir da veiili anni in quà », dit en 1539 '*-' grand capi-
taine dieppois dont le compilateur vénitien public le Discorso,
3. Hist. delà Nouvelle- Fra me, 1744, in-4'', p. 4.
4. 1858, in-8, p. 1191.
JEAN ET StBASTIl-N CABOT
ast
deux sens, et clic porte la Id-gendc suivante : - Emlmchnre du
ikmu'dc Si Luirent sur vm Fxorce de Bois cnuoiee de Canada ». Au
dessous, on lit : Jehan Dcnys i)n6.
C'est une excellente carte de la Gaspésie, avec é-chelles de dis-
tances et de latitude, telle qu'un habile cartographe du commen-
cement du xviii' sitde eût pu la tracer. On y voit jusqu'afl
.. Banc aux Orphelins. » Les légendes sont celles quisclisem sur
les cartes du siècle dernier : Partie de Isie Jlnticosty ditte de
l'Assvmpticm, Partie dv Plnre de Canada dict de S. Livrent, Monts
N. Dame, R. Douce, cap des i?();^iV/-5, Gaspay, I. platte. Baye des
Molues, Cap despoir, port Dameline, Pake, port Daniel, cap à l'An-
i^lois,R. de Si Sauueur, Miscou. La seule désignation insolite est
celle de la baie des Chaleurs, ici nommée "Baye de la Chaudière.
Sur le littoral septentrional de la Gaspésie, on lit : Ance Dveje
(Anciennes Défences ?).
Cette carte est absolument apocryphe.
38
CARTE d' ANDRÉ THEVET.
C'est une mappemonde gravée, ainsi décrite par M. d'Ave-
zac'. « Projection en deux hémisphères de 36 centi- .
mètres de rayon, cum privilégia Pontifias et Scnalus
Veneli Michaelis Trami:sini formis, M. D. LIllI (Julius de Mnsis
Vend, in œs incidit, M. D. LIIII). »
Nous ne citons cette carte que parce que Thcvet a lui-même
visité les régions septentrionales du Nouveau-Monde. Notons
Ï553-
I. Coup d'ivil historique sur la projection des cartes </<• i,'<v(,'n//)/;/«!, Paris, 1863,
n-8, p. 73, n» 8.
25:
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
cependant que ce ne fut qu'en 1555-56. Le crédule cordelier
a public d'autres cartes, notamment la mappemonde qui accom-
pagne sa Cosmographie universelle^ et celle mûmM^c: Le Nouveaii-
Mûiide descùvvert et iUvsIrè de mstre temps, publiée ;\ Paris par
Guillaume Chaudière en 1581, mais ces cartes, qui peuvent
être curieuses au point de vue de la projection *, sont sans
intérêt pour nous.
1. P.iris, 1575, 2 tomes in-folio.
2. Il paraît même que la mappemonde en deux hémisphères qui accom-
pagne la Cosiiioi;riiphie, est donnée par Jacques Sévert comme type spécial.
[Deorhiscalol'liici, Taris, 1598, iii-lol., cité par M. D'Avezac, loc. cit.)
f •
:F
I
CHRONOLOGIE
NOTES
POUR SERVIR A LN'E CHRONOLOGIE
DES VOYAGES AU NORU DE l'iLE DU CAl'-HRETON
Dli
1497 A 1530.
1497-
Jean et Sùiustikn Cabot. Quatre ou cinq petits navires qui
partirent de Bristol au commencement déniai 1497, atterrirent
au continent du Nouveau-Monde le 24 juin, et revinrent à Bristol
à la fin de juillet de la même année.
Supra, cluipilrcs vi-vii.
1498.
Jean- et Sébastien Cabot. Second voyage. Cinq navires, lis
mirent à la voile après le i'^'" avril 1498, et étaient attendus en
Angleterre au mois de septembre suivant. C'est tout ce qu'on
sait de ce voyage.
Siipni, clupilrc x.
a$6
Ji;.\N KT SlinASTIEN CAHOT
1498.
Î.ansi.otTiurkii.i.. Henry \'II lui prêta, le 22 mars 1498, envi-
ron 70 livres sterling pour équiper, ce semble, un navire qui de-
vait se rendre à la nouvelle île.
« Mali h 22. To Lanslot TbirkillofLoniloii, iipoii a pirsifor bis
shipp goiiig hnvards thc iirw Iliiiulc L. 20'. » Il ne s'agit probable-
ment que d'un des navires de l'expédition des Cabot précitée.
On s'explique difficilement que Henry VII eût encoui'agé, à cette
date, un voyage rival de celui qu'allaient entreprendre ces n.ivi-
gateurs après une découverte aussi notable.
On retrouve ce Launcelot Tliirkill ;\ Londres en 1501 '.
1. Exarplii Histoiiùi, or llliislitilioiis i\j' tiiigUsh Hisloiy par N. II. Nicolas).
Loiidon, iiSji,in-8. p. 116.
2. C. Dcsimoiii, hilcnio ii (lioiuiiiii Ctihclo, p, 6: .
SiH^ra, page 102.
Aulè 1)00.
Gaspau CoRTHRr.AL. Premier voyage ou tentative dans la direc-
tion du nord-ouest, confirmée par une phrase des lettres-pa-
tentes datées de Cintra le 12 mai 1500. Dans ce document, le
roi Manoel, en concédant à Gaspard Cortereal les îles et terres
fermes que ce dernier pourrait découvrir au cours du voyage
qu'il se propose d'entreprendre, rappelle qu'il en a déj;\ cherché
de son chef et i ses dépens : « A quamtos esta nosa caria de doa-
çaaoïii vircin fiiiciiios sahr ijtic por qmrmlo j:;tnpar cortcrmtll fidal-
gito da nosa rasa os dias pasados se Irahallmi pcr sy c a sua nisia
coin tiauyos e homes de hiisear e descubrir c achar coin tnnylo seii
trahalho c despesa de sua fa:^etiida e peryguo de sua pesoa algumas
il ha s e terra finiic... ' »
Cette première expédition, infructueuse, ce semble, ne doit
pas être confondue avec celle qui, selon Damiano de Goes -,
JLAN f;t si:nASïii;s cabot
257
appareilla de Lisbonne au commencement du printemps de l'an
1500, laquelle estauisi dilVérente de l'expédition dont l'asqualigo
nous a conservé une relation ', puisque cette dernière, selon
Cantino, ne partit du Portugal qu'en janvier 1501.
1. FuACANZio u.\ MoNiAi.iiODUo, /'i/('.(/ Xoiuimaili- Kiliiiiiali, Viccntij,
i-,07, in-.), lib. VI, cap. t:xxxvi.
2. Damiano du Cioi.s, ChioiiicdJo l'ilii . Rn <h<in Lmaiiivl. Lisboa, Ij66,
in-fol.. t. I, f. 6s.
}. E. A. i)K Bkttincolut, Di'scohlimnlo.i, giinraie coiiqncslas dos Poilu-
i;iif^es em tenus do nltiumar ; Usbo.i, 1881, in-4, lithûgnphic, t. I, p. 137.
1)00*.
Gasi'ar Cokti;ru.\l. Deuxième voyage. Pietro Pasqualigo,
ambassadeur de la république de Venise auprès de Munoel, dans
une lettre datée de Lisbonne le 19 octobre 1501, rendant
compte de l'arrivée d'une des caravelles de Cortercal, dit que
ce dernier vient de découvrir une terre ferme, laquelle est le
prolongement d'une contrée qu'il avait trouvée au septentrion
l'année précédente : <> sia lom jcrma la qiial coiiihinc in iina
altra terra che lano passato, fo discopcrta sotto la tramonUvia\ »
Gaspar Cortercal lit donc une expédition, couronnée de
succès, avant celle dont Pasqualigo signale le retour à Lisbonne
en octobre 1501.
Le hardi navigateur était revenu en Portugal de sa première
tentative avant le 12 mai 1500, comme il appert des lettres-
patentes octroyées sous cette date. Il partit de nouveau pour le
nord-ouest dans le mois de janvier 1 501 , aux termes de la dépèche
♦. JuAX DoKNi;i.os ou DoRvnios. N.iv:urotc {Cohwion tk l'ùiys, t. III,
p. 41 et 77\ suppose que l.i kitiu ik-s Rois Catholiques du (1 iii.ii ijoo.
invitant Dornclos à venir .1 la cour pour s'expliquer au sujet li'un projet de
vova"e M ùiksciihrir con ciaios luuros jvr iiii,'.shu iikiriS », a liait .1 une expé-
dition aux pays découverts par Jean et Sébastien Cabot. Ce n'est qu'une
hypothèse, et on ne sait de ce projet que ce qu'en dit la lettre précitée.
2SH
JEAN El' SEhASTŒN CABOT
de r.iinli.isviJcLiraii duc de l'crrarc '. C'est donc entre mai 1500
et janvier 1501, que Gisp.ir Cortereal entreprit s.i seconde
expédition. Daniiuiio de Goes dit que ce fut au commencement
du printemps de l'an 1 500 : « dniwii hua itao coin hu ijiuil brut
esqiiipiula Jci^cnW, c tic toJo ho mais nrassario, pnitio do porto Je
Lislh)aiiocoiiu\v do vcn'w do aniio de inil,c titiinhctos^. » Le chroni-
queur portugais fait erreur quant à l'époque, car cette expédition
ne fut autorisée, évidemment, que par la Ciirtu de Douçuo pré-
citée, laquelle ne fut signée que le 12 mai 1500, à Cintra.
On doit donc admettre que Gaspar Cortereal lit trois voyages :
Le premier, simple tentative sans résultats, avant mai 1500.
Le second, entre mai et décembre de cette année. C'estcelui-
ci qui est l'objet du présent chapitre.
Le troisième, entrepris au mois de janvier 1301, où le hardi
navi'Mteur perdit la vie, et que nous décrivons dans le chapitre
suivant.
On a attribué le second voyage h. des Vénitiens, mais Diddle a
démontré ' que la phrase « conjuncla cuidaiii phigiO alias a Nostris
peragratiC^^, \^i-cicc à Pasqualigo, n'est qu une interpolation d'Ar-
chan^clo Madrignano, auteur de la traduction latine si inexacte
des Paesi '-.
Le peu qu'on sait de ce second voyage cjt dérivé de Galvam
et de Goes. Galvam dit :
« Parlio da Ilha Teiceira coin dons navios annados a sua custa,
foy à quelle cliiiia que esta debaixo do Notte cm cincoenta graos dal-
ttira. Ile terra que se agora chaîna de jCu nome, torttou a salvanunto
a CidadedeLisboa\ »
De Goes ne f;iit pas partir Gaspar Cortereal de Terceire, mais
de Lisbonne ; et il ajoute ; « 110 coiiwço do verain do anno de mil
e quinentos. Ncsta viagein descobrio pera qiiella banda do Norte,
huma terra que par ser miiitofrescae de grandes aruoredos, comoo sao
todas as que ja:^ein pera aquella banda Ihepos nome terra verdc.e
cjstcou huma boa parte délia se tornou ao regw. »
Dans la plus ancienne carte portugaise connue \h « Terra de
JEAN ET SliRASTlES CABOT
yy)
cortte Ri-all » est, en ctlct, entre le jo" et le s y' noi\l, position
qu'on retrouve dans les cartes de niènie origine delà première
moitié du XVI' siècle. Comme .'i l'époque où elles turent dressées
ri'.e de Terre-Neuve se soudait toujours au continent, c'est pro-
bablement au littoral de cette île, à la hauteur du cap Saint-Jean,
que Gaspar Cortereal atterrit vers juin i )()().
2. Ai.iiEKTO Cantino, DcpCvlic du 17 octobre i i<ii ; nifia, p 202.
I. FlIAC. I)A MONTALIIOUUC), /iV. fil.
5. Arciiasi;. Maurk.nano, lliiurniiiiiii lWliii;alhiisiiiiii c l.nsiliviia i'i
Indiuiii... Mcdiol.mi, 150H, in-fol., cap. cxxv. f. t.xxx.
6. A.NT. Gai.vam, 'Ihiliido dos Disail'iinifiilt's tiiilij^os, e iin'iLrnos. Lisbiu,
1731, in-fol., p. }6.
}. DaMIANO I'K GiiKS, h'i\ lit,, (. 65.
4. BiUDLE, W Meiiloir of Ciibot, p. 252.
7. Supra, page 161, N" 5.
I3OI.
Gaspar Corti-real. Troisième voyage.
L'expédition coinprenait trois navires : (( pailint dcshi cidadc
coiii trcs tiavyos a ikscobrir terra iicn'u ' »
L'escadrille mit à la voile, de Lisbonne, au mois de janvier
1501 : « Già [au 17 octobre 1501] soti iioie mcsi passait cbc qucsto
Seretiissiiiio Ré tttandJ....\ »
1. Pasqualigo et Cantino ne parlent que de deux navires: « iiini de k doc
Caravi'llf, » et « viaiido diii ligni; » mais dans la curta du 15 janvier 1502,
cittie par Kunstmann [Die Enldakiiiig, p. 93, note 120 tt où nous prenons
notre texte, le roi Manoel dit que deu.\ seulement sur liais des navires
qu'il avait expédiés étaient retournés au poit: « (uia dias que fui tira desUi
cidade com Ires navyos a descobrir terra nova du quai ja liiiha aelmda jarlc dellae
como depuis de pasado tempo vieram dous dites navios aa dila eidade avcria cin-
quo meses. »
2. Dépèche d'Alberto Cantino. Pasqualigo dit : « laniio passato. » En Por-
tugal, à dater de 1420, ainsi qu'à Rome et dans presque toutes les villes
d'Italie, depuis le xm* siècle, l'année commençait le jour de Noël, mais
200
JHAN liT SÉBASTIEN CABOT
m
' I
Le vent les poussa clins l.i même direction pendant quatre
mois : <( qiuitro incsi conliniii, sciiiprc pcr qiicllo veiito et a qud polo
itiininanio '. » sans amener aucune découverte.
Au commencement du cinquième mois, ils rencontrèrent de
fortes banquises : a d iiitracti iicl qtdnto mcsc volcmlo pure iitanti
si\i;iiin\ dicono chc rilrovanio masse (grandissime de concreta neve
aiidare mossc da loiide sopra il mare a fallu. >>
Le second jour de cette rencontre, les glaces ayant empêché
de passer outre, ils virèrent le cap au nord-ouest : » nel seconda
giorno del qiialc riirovarno cl mar gclalo et constrecti kl abandonare
la impresa, cominciarno a circondare verso maestro et poncnte. »
Ils naviguèrent dans cette direction par un beau temps pendant
trois mois : « ove tre mesi sempre con bon tempo a qiiella volta
continuarno. »
Le premier jour du quatrième mois, ils aperçurent, entre le
nord -ouest et l'ouest;, une grande contrée : <> et nel primo giorno
dcl quarto mes heberno visia, Jra questi dui venti, d'un grandissimo
paese. » abordèrent : x se acostarno, » voguèrent sur plusieurs
grands fleuves d'eau douce (^/V), et, par l'un d'eux, à environ une
lieue de la mer, ils entrèrent dans le pays : » et correndo nwlti et
comme Pasqualigo était VL^niticii, il doit l'avoir lait dater du i'-' janvier
et, alors, son niiilcsinio se rapproche sensiblcinciit de celui de Caiitiiio, car
il peut se reporter à la dernière semaine de décembre 1500. Qiiant à la date
que donne Damianode Goes ; " ;w diiiio MDL. Ihiitiodc UsIku ahos \v dias
do mes de Maio ^{ChiOHiCitdoJ.Rcid.Manocl, cap. lxvi, f. 65 verso), elle est
inadmissible au regard surtout des assertions des deux témoins oculaires pn!-
cités. Il y a aussi dans la Caria par laquelle le ro' Manoel lait une donation
à un aïKien compagnon de Cortereal, Joam Mai une phrase, au futur,
qui semble indiquer que le 27 janvier i joi, Gasp.n vJoucreal était en mer :
« a'^uai'daiido fiosao mu'ilo serviço que de Gaspar Coi le Rcall tcmos reccbulo no des-
cohrimeiito da teira anminciada e ao deante esperamos receber pcto quai lie nteic
cedor de por elb llie fuieriiieis todu viereee ■• aerecentameiilo e iny aqueltcs que 110
dilo descol'iit'ieiilo I.'o ajudaraiit c despeiideram... ». Sr. J. I. de Urito Rebelle,
LhnsV.tfchivo dos Adores, Tonta Delgada, itSi, t. III, no XV, p. 196.
I. Toutes les citations suivantes, données sans référence, se rapportent i
la dépêche de Cantino, que nous publions in extenso ci-après.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
261
i;ranJi fiumi dolci pcr qucUa rci^ionc al mon; pcr uno de epsi, Jcr.u
ma kgba fia terra intrartio. »
L;\, ils s'emparèrent par force d'environ cinquante habitants
des deux sexes : -. 7)<;i,'// hoiiiiiii </ </<■ k domn- ik (jucsk locho w
pii^Jianio cirrha da cinquaiila pcr Jor:ia . »
Cortereal renvoya alors en Portugal deux des navires,^ comp-
tant, avec le troisième, explorer lui-même la côte afin de s'assurer
si ce pays était une île ou bien la terre ferme : « ha dcUkrato
iwdar tanlo pcr qiieUa Costa, chc vole Uilaukrc se qucUa èiimtht, 0
pur terra ferma. » .11
On ne le revit jamais; mais un des deux navires, ayant a bord
sept des naturels, hommes, femmes et enfants, arriva à Lisbonne
ie 8 octobre 1501. <'^</;>. T///. del présente arivoqiii unade le doe
Caravelle... Hanno conducti qui VU. Ira bonihii et jemcue et puttt
de fyHc///',» annonçant l'arrivùe, d'heure en heure, du second
navire avec cinquante autres sauvages : « et cum laltra Caravella
che se aspecta d'hora in bora ne vieil allii eiiiqiujnta ' . »
Trois jours après, le 1 1 octobre, cette seconde caravelle, avec
sa cargaison humaine, fit aussi son entrée dans le port de Lis-
bonne. La traversée, au retour, avait été de un mois, et le par-
cours, de 2.800 milles». «- Qiiesto iiaviglio è veiiuto di la a qua m
un viesc, et dicono esservi 2S00 milia de distaïUia. »
Pietro Pasqualigo, ayant été témoin de l'arrivée de la première
de ces caravelles, en rendit compte onze jours après à ses frères.
C'est ce récit, publié d'abcrd à Vicence en 1507, dans les Paesi
Nouawente Retrouati, et, l'année suivante, traduit en latin par
Archancrelo Madrignano, en allemand par Jost Ruchamer, en
bas-allemand à Nuremberg, et vers 1 5 1 S . en français par Martin
I. Lettre de Pasqualigo à SCS frères.
2 Pasqualigo dit que le pays alors découvert était situ(^ au nord-ouest, i
une" distance de 2000 milles du Portugal, et que l'escadrille de Gaspar Cor-
tereal avait longé de six à sept cents milles de côte : « .1 M. '"'^'"' /^"^^ ''"
q,ri ira maestro et ponente... per h costa de ta quaî scorseno for» mtglwXiC m
DCCC. ne mai trcn.'oreno fin. »
262 JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
du Redouer à Paris ', qui a servi de base jusqu'ici aux descrip-
tions du voyage de Gaspar Cortereal.
Aussitôt que le commandant de la caravelle arrivée le i r
octobre eut débarqué, il alla rendre compte au roiManoeldu
résultat de l'expédition. Alberto Cantino, ambassadeur d'Hercule
d'Esté, duc de Ferrarc, se trouvait présent à l'entrevue et enten-
dit le récit que fit le capitaine. Après avoir été voir, toucher et
contempler: « li qmli iôvisto, tochi et contemplali » les malheureux
dont on allait faire « les meilleurs esclaves qu'on eut vu jus-
qu'alors — // hoimui ch' scranno pcr exccllmtia da Jatiga, et gli
meglior schiavi se habia hauti sin hora, » Cantino envoya, le 19
octobre, à son souverain, une dépêciie relatant ce qu'il lui avait
été donné de voir et d'entendre.
Grâce aux efforts infiitigables de savants dévoués -, nous avons
la bonne fortune de présenter à nos lecteurs le récit inédit et
authentique d'Alberto Cantino, obligeamment relevé à notre re-
quête sur le texte original, conservé aux archives d'État de
Modène, par M. Césare Foucard, directeur de ce célèbre dépôt.
(( 7//.™"= et Ex."'" Prtnceps et Domine mi singularissime :
Già son nove mesi passati che questo Serenissimo Ré mandô
aile parte de tramontana dui legni ben armati, solumper cercharc
sepossibil fusse, che a quella parte vi si possesse ritrovare terre
ov. Insuie alcune, cusi hora alli undece del présente salvo, et con
preda uno de epsiè ritornato, et ha portato gente et nove, le quale
non me ha parso che scncia sentita de V. Ex. debbiano passare, et
cusi precisamente tutto quello quai fù per il capitan al Re, me pre-
sente,racontato qui di sotto distintamente scrivo. In prima racon-
tano che partitiche furon del porto de Lisbona, quatro mesi conti-
1. B. A. r. N«8 57, 58, 83, et Aihtitiotis,'t^o» 29, 48 et 71.
2. MM. Dalla Vedova, Uzielli et Malvano, de Rome, Vincenzo Promis, de
Turin, et G. W. Wurtz, secrétaire de la légatioa des États-Unis à Rome,
à qui nous adressons nos remerciements les plus sincères.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
263
nui, sèmpre per quelle vento et a quel polo caminarno, ne mai in
tutto questo spacio heberno vista de cosa alcuna; et intracti nel
quinto mese volcndo pure inanti scguire, dicono, chc ritrovarno
masse grandissime de concreta neve andare moise da londo sopra
il mare a galla; da la summità de le quale pcr la potentia del
sole una dolce et chiara aqua se dissolvea, et disciolta pcr cana-
leti da epsa facti ruinando al basso qui cadca, onde, che havcndo
gia le nave bisogno de acqua, con li battelli a quelle se acostarno,
et per quanto fu a lor necessario ne prenderno . et tcmendo de
stare in quel locho per il loro présente periculo vc'seno tornare
indrieto, ma pur aiutati da speranza, deliberarno, tome meglio
potesseno, andare anchora alcun giorno inanii, et posscronsi al
viaggio , nel seconde giorno del quale ritrovarno el mar gclato et
constrecii ha abandonare la impresa, cominciarno a clrcondare
verso maestro et ponente, ove tre niesi sempre con bon
tempo, a quella volta continuarno. Et nel primo giorno del
quarto mese heberno vista, fra questi dui venti, dun grandis-
sime paese, al quale con grandissima allegreza se acostarno, et
correndo molti et grandi fiumi dolci per quella regione al mare,
per uno de epsi, forsi una legha fra terra intrarno; et in quella
dismontati trovarno copia de suavissimi et diversi fructi, et albori,
et pini de si smisurata alteza et grosseza, che screbbeuo troppo
per arbore de la piu gran nave che vadi in marc. Ivi non nasce
biada dalcuna sorte, ma gli hemini di quel paese, dicono non
vivere se non di piscasone et caza de animali, deli quali el paese
abonda, cioè cervi grandissimi vestiti di longissimo pelo, le pelle
de li quali usano per veste, ne f;uino case et barche ; et cusi lupi
volpe, tigri et zebellini. Affermano esservi, che mi pare miraculé,
tantifalcuni peregrini, quante passare sono nel nostro paese, ce io
ne ho veduti, et sono belletissimi. Degli hemini et de le donne de
queste loche nepigliarnocirchadacinquantaper forza, elhannoli
portatial Re, H quali io ho visti, techi et contemplati, et comin-
ciande alla loro grandeza, dico che sono alquanto più grandi del
nostro naturale, com membre correspondevole et ben formate, li
l-l
264
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Il >
1!^
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capillidemaschij sono longi, qiianto noi altri usiamo, ctpendeno
concerte inhanelate volveture, et lianno il volto con gran signi
segnato, et li scgni sono como quelli de li Indiani, gli occhi suoi
traniio al verdc, dali quali quando guardano, dona un gran fireza
a tutto il viso : la voce non se intendc, ma pcr cio in se non ha
alcunaaspreza anci pin presto è humana, la condictione et gesti
loroson mansuetissimi,rideno assaie dimostrano summo piacere,
etquesto è quantoalli homini.La dona ha piccole poppe etbelis-
simo corpo, et tien un viso assai gcntilcsco, il colore de le quale
più presto se puô dire biancho cha altro, ma il maschio e assai
più negro. Insumma.salvo che la teribile guardadura de liiomo,
in ogni altra cosa mi pareno equali alla imagine et similitudine
nostra. Da ogni parte sono nudi, salvo che le membra vergo-
gnose, che con una pelle di sopradicti cervi se tengon coperti.
Non hanno arme, ne ferro niuno, ma cio che lavorano, et ciô
che f;inno, flmno con durissime piètre aguze, con le quale non è
cosa si dura che non taglino. Qiiesto naviglio è venuto di la
a qua in un mese, et dicono esservi 2800. milia de distantia;
laltro compagno ha deliberato andar tanto per quella costa, che
vole intendere se quella è insula, o pur terra ferma. Et cusi il Re
con molto desiderio et quelle et altri aspecta, li quali venuti che
siano, et portando cosa degna di V. Ex.''''^ subito ne darù notitia
a quella...
Lishona;, dieXVIJ octohris ijoi.
III. et Ex. Duc. D. F.
Scrvitor Albertus Cantinvs.
Au verso :
(f ///."'° Prtncipi et Ev.™" Domino Domino Herculi Estemi Duci
Ferrarie dignissimo ac domino meo singularissimo.
Ferrarie ' . »
1
I. Manuscrit des Archives d'Etat à Modèae. —Cancelleria Ducale. Dispacci
lUiUa Spagna.
yv'.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
aé$
Qiioiquc d'une importance qui ne saurait échapper au lecteur,
ce document ne permet pas encore de préciser l'atterrissage de
Gaspar Cortereal en 1 5 o i .
Pour des raisons que nous exposerons dans un travail d'en-
semble sur les expéditions de ce navigateur, deux hypothèses
seulement nous paraissent admissibles. La première est qu'au
cours de son troisième voyage, vers le printemps de l'année
1501. Gaspar Cortereal, longeant la côte supérieure du Labra-
dor, est remonté jusqu'à l'entrée du détroit d'Hudson, et que
les rivières mentionnées dans le récit rapporté parCantino, sont
celles qui viennent se jeter dans la baie Ungava. L'autre suppo-
sition est qu'après avoir atterri à la partie la plus septentrionale
de l'île de Terre-Neuve, il entra dans le golfe Saint-Laurent par
le détroit de Belle-Isle, et que les « molli cl grandi fmmi » en
question sont les nombreuses rivières qu'on compte de ce détroit
jusqu'au fleuve Saint-Laurent.
En attendant qu'il nous ait été donné d'examiner la carte en-
voyée par Alberto Cantino à son souverain, c'est vers cette der-
nière hypothèse que nous penchons.
Après Cantino et Pasqualigo, Lopez de Gomara, qui écrivait
vers 1351, est, à notre connaissance, l'écrivain le plus ancien
qui parle des Cortereal. Il place sous l'année 1500 les événements
de 1501, puisque son récit mentionne que « tomùpor esclaves
hasta scscnta homhres de aquclhi licrra '. » Nous croyons que sa
seule autorité est la traduction latine de la lettre de Pasqualigo.
L'assertion : « Dejô su nombre â las islas que estân â la boca del
golfo Cuadradoy en mas de cinquenta grades, » est une inférence
tirée de quelque carte lusitano-espagnole encore inconnue.
Le récit de Ramusio ' a également pour base la lettre de Pas-
qualigo, commentée au moyen de cartes portugaises ou espa-
1. Primera y segunda parte de la Historia General de las Indias, Çara-
goça, 1552, in-fol. ; p. 177 de l'édition de Vedia.
2. ^a«oi/fl,t. III, f. 417A.
i66
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
gnoles, sinon lusitano-françaises, comme la phrase « vn gran
fiumc detto di San Loren:^o, » porte à le croire.
Les écrivains portugais ne sont pas mieux informés.
Galvam ne dit, concern;int cette expédition, que : « seperdeo o
navio etn que elle hia e o oiiiro iornou a Portugal ' . » Damiano de
Goes est aussi bref : « partio de Lishoa aos xv dias do mes de tnaio,
mas 0 que nesia viagem passou se natn sale, porqiie nuiica mais
apparccco, ncni se seule délie voua '. » Osorio en sait encore moins
que Goes : u riirsos atino UDi se in eandem regiomm contulil ut
latins litora illins omnia pcrvagarctnr et gentis mores et insiituta
perdisceret. Sed quid illi acciderit, anl quo faio absumptus fuerit
mtnquam scirepotuit '. »
C'est donc seulement dans les dépêches de Pasqualigo et de
Cantino, commentées h l'aide de la carte envoyée par ce dernier
au duc de Ferrare, que le critique devra, dorénavant, chercher
les éléments d'une histoire analytique de ce mémorable voyage.
1. Akt. Galvam. Tratado, Lisboa, 173 1, p. }6.
2 Dam. de Goes. Chronica doRd doniManod, 1. 1, f. 65 v.
3. Osorio. De rebusEmvianuel., Olyssif., 1571, in-fol., lib. 11.
I5OI
m
16 i
tli'
Expédition akglo-portugaise. Nous ne la connaissons que
d'après les lettres-patentes octroyées le 19 mars 1501 par
Henry VII à Richard Warde,Thomas Ashehurst et John Thomas,
marchands de Bristol, associés à Joâo Fernandez, Francisco Fer-
nandez et Joâo Gonzalès, gentilshommes des Açores: « Armigeris
*. Alonsode Hojeda. Expédition projetée le 28 juillet 1501, et autorisée
le 8 juin suivant : « kicia la parle donde se ha sabido que desaihrian los Inghscs u.
Navarrete. Colcccion de los viages, t. III, p. 86. Ce voyage ne semble être
resté qu'à l'état de projet.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
367
in Insnlis de Stirrys (sic) sub obedkncia Régis Porlugalice ori-
undis\ )) On doute même que ces lettres-patentes aient été
suivies d'offct, au moins en 1501. La conclusion paraît autre
lorsqu'on rapproche de ces lettres-patentes, l'émargement sui-
vant, copié sur les registres de l'intendance royale : « 1^02. Jan.
7. To men ofBristoll tbat foiinde Thisle... L. y-. »
1. BiDDLE, Mfinoir of Cabot, p. 312-320.
2. Excerpta Hislorka. Privy piirse expcnsa of Henry VU, p. 126.
1502.
Seconde expédition ANGLo-roRTUcAisE, en vertu des lettres-
patentes octroyées par Henry VII, le 9 décembre 1502 ', ù
Thomas Ashehurst, Joâo Gonzalës, Francisco Fernandez et
Hugh Elliott.
C'est probablement à cette expédition que se rapporte l'émar-
gement suivant : « 1)0}. Sept. jo. To the merchauls of Ihisloll
ihat bave bene in the Ncwefoiinde Laiindc. L. 20 -. » C'est
aussi cellcj ce semble, dont fit partie Nicholas Thorne, père de
Robert, puisqu'il eut pour compagnon de voyage un « inerchant
ofBristowe named Hiigh Eliot '. »
1. Rymeu. Fivdira, Hagx> comitis, 1741, iii-fol., t. V, Pars iv, p. 186,
2. Hakluït, PrincipaU Navig.,x. I, p. 219.
3. Excerpta Historica, p. 129.
Supra, page 176.
1502.
Miguel Cortereal, chet des huissiers du roi : « Porteiro ni or
do Senhor Rci D. Manoel. » Comme il appert de sa lettre à
Christovam Lopez, Miguel Cortereal, avant le mois d'août
:68
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
1501, avait arme une expédition, pour laquelle le roi Manoel
accorda d'abord un équipage de cinquante hommes, qui plus
tard, fut porté à quatre-vingts '. Ce voyage resta ;\ l'état de pro-
jet, et ce ne fut qu'en vertu de lettres-patentes octroyées le 15
janvier 1502, que Miguel, ;\ son tour, prit la mer. Ces lettres
lui concédaient la moitié des terres-fermes et des îles trouvées
par son frère Gaspar, et celles qu'il ponnaitlui-mémc découvrir.
Il partit donc (non dans le seul but de retrouver son frère,
dont on était sans nouvelles), le 10 mai 1502, avec deux navires,
dit Gocs : « Part h de Lishoa ahos dcy dias de Maio deM. D. n"
com diias naos scm niinra dcllc se mais haticr noiia^. »
Galvam relate que l'expédition était composée de trois cara-
velles, et que, s'il est vrai que celle montée par Miguel Cortereal
ne revint jamais, les deux autres retournèrent à Lisbonne. Il
ajoute même cette circonstance que lorsque la flottille arriva au
Nouveau-Monde, les trois navires décidèrent d'explorer chacun
séparément les fleuves de cette contrée, et de se retrouver au
point de départie 20 août (1502); ce que firent deux des cara-
velles, lesquelles, après avoir Minement attendu celle de Gaspar
Cortereal, virèrent de bord pour revenir en Portugal :
« Foy ein busca cum très navios armadosa sua custa. Chega dos à
quelle Costa, cotuo virao mtiilas bocas de rios, e abras, entrou coda
hum pela sua, com Regimeiito que se ajuntassem todos até vinte dias
do ntei Dagosto: os dous navios assi of^erao. E vendo quenaoïnnha
Miguel Cortereal ao pra:^, nem despois algum tempo, se tomarad a
este Reyno, sem nunca mais délie se saber nova, nem ficar outra
memoria, se nao charmase esta terra dos Carte Reaes ainda agora'. »
Le lecteur remarquera que, selon Galvam, l'expédition éjait
composée, non de deux navires, comme le dit Goes, mais de
I. a" Quanào armey em tixboa eti tomei mantimentos pera très meses S. pera
cimquanta homens e depois maiidou d Rey noso Senhor que tomase mais trinta
homens. ... Feito aos seis dias dagosto de quittbentos e 1mm. (signé) Miguel Cortt
Rtallv, MS. cité par Kunstmann, p. 93, dote 119.
JliAN ET SliBASTIF.N CABOT
2Ùq
trois, sur lesquels deux revinrent à Lisbonne. Il importe aussi de
noter qu'ici, encore, on mentionne un grand nombre de rivières:
« muitas bocas de rios, » — ce qui n'est pas un des traits distinctifs
de la côte septentrionale du Labrador.
2. Ant. Galvam. Tiatihlo, page 36.
3. Dam. deGoes, hu-. cit., C. 6) vurso,
1303.
Expédition portugaise envoyée par le roi Manoel à la recher-
che des Cortereal. Composée de deux navires, elle revint à Lis-
bonne sans avoir trouvé aucune trace des malheureux naviga-
teurs. Ce serait .alors que la province de Terra Km/i? aurait pris
le nom de Terra de los Corlercales :
« No scgtiintc de M. D. III. iiiandoii duas naos armadas a sua
Costa buscalos, mas nem de hum iiem do otitro se pode minca saber
onde nem como de perderam pelo que se pos âtjuella prouincia da terra
ver de onde se cré que estes dous irmaos perderâo, a terra dos cor te
Reaes '. »
« Ce fut Vasco Eannès Cortereal, leur frère, alcade de Tavira
et gouverneur des îles Saint-George et Tcrcère, qui hérita des
privilèges que la couronne avait concédés ',1 ses deux frères, et il
devint capitaine donataire de la Terre-Neuve des Cortereal. Ce titre
passa ensuite à Dona Marguerite Cortereal, héritière de la maison,
qui le transmit à D. Christovam de Moura, marquis de Castel-
Rodrigo, qui prit aussi le titre de seigneur de Terre-Neuve '. »
1. DAMiANODii GoES, lûc, cH ., f. 6), vcrso.
2. Fer;)Inand Denis, Bios;rapl)k Générale (de Hocfcr).
1503.
SÉBASTIEN Cabot. Troisième voyage qu'on ne connaît que par
une déduction tirée d'une phrase de la Chronique de labyan,
citée par Stow et par Hakluyt, où il est dit qu'on présenta à
IJO
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Henrj' VII, en la dix-luiiticme année de son règne, trois sauvages
pris dans les îles nouvellement découvertes par Sébastien Cabot.
Supra, chapitre XI, pages ic6-io8.
1503.
ExptniTioN ANGLAISE qu'impHque la récompense donnée par
Henry VII, le 17 novembre 1503. i'i un individu qui lui avait
rapporté des éperviers de l'ile nouvellement découverte; « 1503.
Nov. 17. To onc that hroiight haivkes front tbe Neivfmttded Is-
laud '. I. L. "
Peut être ne s'agit-il ici que de l'expédition entreprise en
vertu des lettres-patentes du 9 ddcembre 1502 précitées.
1 . Excerpta Ilisloiica, p.
Circa 1503.
Expédition anglaise, citée par Thcvet. Parlant des Baca-
llaos, ce chroniqueur, peu digne de foi, rapporte que Cabot
« Sébastian Babate », comme il l'appelle, persuada Henry VII
« de peupler le pais de nouveaus habitans et dresser là une
Nouvelle-Angleterre, ce qu'il n'exécuta pas; vray est qu'il mist
bien trois cents hommes en terre, du costé d'Irlande au Nort, ou
le froid fist mourir presque t lute sa compagnie, encore que ce
fust au moys de juillet. »
I. THV/hr. Shigiilmitei de la France Antarctique. Paris, 1558, in-4, cap.
Lxxiv, p. 148.
1504.
Expédition anglaise, démontrée par la mention d'une gratifi-
cation de 2 livres sterling à un prêtre qui se rendait à l'île nou-
velle : « IS04- April S. To a preste that goeth to the new Ilande\
i. 2. »
I. Excerpta Historica, p. 131.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
•71
1504.
Voyages des Bretons. Lorsque le critique relève sur la carte
de Juan de la Cosa les ligendcs : « Cavodc Iiii;lalerra » et « Mur
desctibierta por Inglcses, » ou sur celle de Johanncs Ruysch :
« C. de Portogcsi, » la premit-re pensée qui lui vient i l'esprit, c'est
que les Anglais ont abordé dans ces régions avant l'an 1 500. et
que les Portugais visitèrent ces côtes antérieurement îi l'année
1508. En effet, nous l'avons vu, des documents authentiques
démontrent la présence des Cabot et des Cortereal dans ces
parages aux époques indiquées. C'est par un raisonnement iden-
tique que nous arrivons à étro persuadé que les Bretons atter-
rirent au littoral de l'Amérique septentrionale dans les premières
années du xvi" siècle. Les anciennes cartes portugaises et lusi-
tano-espagnolcs portent, sur la péninsule qui forme le côté mé-
ridional de l'entrée du golfe Saint- Laurent, les appellations :
c, do bretâos, » et « tierra de los hrdoncs. » La première fois,
cependant, que nous relevons une légende de ce genre, c'est sur
le n" IV de Kunstmann', caite dressée avant l'année 1520. On
lit, sur la côte de la Nouvelle-Ecosse : <( terra q foy desciibierta
por bertomcs. »
Cette inscription est la meilleure preuve de la présence des
Bretons dans ces régions. Quant i des dates, des noms, des
détails ou des cartes bretonnes concernant leurs voyages à celte
époque reculée, on n'en n'a pas encore trouvé. Il se pourrait,
cependant, que les archives des ports et de l'amirauté de Breta-
gne, imparfaitement explorées jusqu'ici, recelassent des docu-
ments de nature à nous éclairer sur les premières expéditions
des pêcheurs bretons au cap qui porte encore le nom de leur
pays. Selon le récit du « Gran capitano Francese, » rapporté par
Ramusio, ces voyages remonteraient à l'année 1504 : k Detta
terra è stata scoperta da jj anni in quà ciod quella parte che cotre
1. Su/ra, N»9, page 167.
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272
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
huante et ponentc per li Brettoiii et Nontiandi, pcr la quai causa è
chiamata qussta ticrra il capodelli Bietioiii^. «Rappelons, à ce
sujet, que les Espagnols, dès leurs premiers projets d'expéditions
dans ces régions, devaient employer des pilotes bretons. Ainsi,
dans la cédule de la reine Jeanne précitée, on impose à Juan
de Agramonte d'embarquer des pilotes de Bretagne, qu'il dut
même aller chercher dans leur pays : « ccebto que dos pilotas que
lla'aredes seau hretones... Que par cuanio vos habcis de ir por los
pilotas que con vos han de ir al dicho via je à Brctana ^.. »
1. Ramusio, Raccûlta, tome III, f. 432 v. La phrase de Wytfleit : « Britoiies
et Normani anno a Chiislo mto M,CCCCC,IIJI bas terras invcuere.» (Ùcscript.
Ptotem. Aiigmcnt., Lovan., 1598, iu-fol,, p. 185) est empruntée .\ Ramusio.
2. Navarrete, Cokccion âc viages, t. III, p. 123.
1505-
Expédition anglo-portugaise, ou qui avait des Portugais à
bord, comme il résulte de la gratification accordée par Henry VII,
le 25 août 1505, à des gens de cette nation qui, des îles nouvel-
lement découvertes, lui avaient rapporté des pivers et des chats
sauvages ; « i^O). Sept. (?) 2;. To Portyitgales tbat brought
popyngais andcatts afthe mountaignc ivith other S tuf to the Kiiiges
grâce, L. j. » Cet article suit la mention de 13 shillings 4 de-
niers remboursés à un nommé Clays, pour avoir porté à Riche-
mond (( wylde catts and popyngays af -thc Neufaund Island ».
Excepta Histm-ica, p. 133.
1506..
PûcHi-URS PORTUGAIS. Ordonnance de Manoel, roi de Portu-
gal, datée de Leiria, le 14 octobre 1506, concernant la perce-
iill i
Circa 1506.
Jean Denys et Gamart, de Rouen. Cette date n'est qu'ap-
proximative; le texte suivant, le seul connu où il soit question
de ce voyage, permettant seulement de la déduire du fait
que le « Gran capiton franccsc, », qui dit, en l'année 1539,
que l'expédition eut lieu « il y a environ trente-trois ans —
Sono dira )} anni chc vu nanUio d'Onjhur, dd qiiak ira Capi-
tano Giomnni T)ionisio, et il Pilotlo Gamarto di Roano prima-
niente v'andô. »
Selon la même autorité, un certain Dcnys, de Honfleur, aurait
découvert une partie du Brésil avant 1519.- « L'aJira parte [de la
terra del Brésil], fu scoperta per vno de Honjleur chianiato Diouisio
di Honfleur da venti anni in quà. »
— Ramusio, Raccolta, 1565, t. III, f. 423, d, 426, d.
— Supra, page 249, n" 5.
IS06.
Le Capitaine Vhlasco. Voyage au fleuve Saint-Laurent.
« Vers les terres de Labrador et Canada, il y eut vn capi-
taine Velasco Espagne' qui passant cette coste entra en la
riuiere de Canada ou de Saint-Laurens », rapporte Vincent
le Blanc, ou celui qui tint la plume pour lui.
18
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT 275
tion d'un droit iiscal sur le poisson apporté de Terre-Neuve ;
(( 0 dizinio do Pescado da Terra-Nova. >-
— Atvarà diris'ido n Dioi^o Biaiul'io. MS. cité par Constanlino Botdho de
Laccrda Lobo, Dccadi'ucia das Pcscaritis de l'oiliindl dans les Mcmoiias Ecoiio-
micas da Academhi Real das Sciciicias de Lishoa, t. Mil, p. 338,
274
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Nous ne savons sur quelle autorité Charlcvoix s'appuit";
pour fixer ce voyage à l'année 1506. Le Blanc, ou, plutôt,
Bergeron ou même Louis Coulon, ne donne aucune date.
— Vincent le Bl.vnc, Ij:s Voyages fiWL'vx du sicvr Vincent Le Blanc Mar-
seillais. Paris, 1649, iu-4, Part. III, p. 6}.
— Chaki.e\'ois, Histoire et description «éiiérale de la Xotivelle France, Pari-,
1744, m-4, t. I, p. 4.
1508.
Thomas Aubi-rt. C'est encore à Ramusio qu'il faut em-
prunter tout ce qu'on sait sur ce navigateur dieppois :
(( N'cU'anno ijoS vn naiiUio di Dicppa detio la Penscc, il
qiialc cra gia di Gioiian Ango padre del Monsigrtor lo Capilano et
Fisconle di Dicppa vaiidô, sendo maestro otier patron di delta
nave maestro Thomaso Aiibert, et fa il primo che condiisse qui
le genli del dello paese. »
a
— Ramusio, Loc. cil.
1509*.
Expédition nokmaxdh qui débarqua à Rouen ; « septem
homines syluestres ex ea insida {qiuc terra noua decit). »
— EisÈBE DE Césauke, CbronicûH, Paris, 15 12, in-4, f. 172.
— B. A. V., Additions, n" 45, p. 57-
* Juan de Ahkamonte, de Lerida. Le contrat foit avec ce Catalan par
Ferdinand d'Aragon, confirmé par la reine Jeanne en octobre 151 1, pour
Cl ircon dos navios de naiurales de cslos reinos... para ira saber el secrète de la
tierra nneva y>, ne paraît pas avoir été suivi d'effet. — Navarrete. Coleccion
devia^^es, t. III, p. 122 127.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
'/)
1516.
SÉBASTIEN Cabot. Ce voyage, pour le compte de l'F.spa-
gnc, était en préparation au mois de mars 15 16 « E.xpcc-
tatqiic indics ut muii^ia sihi pivailur, quihits aicamtm hoc
naluvcc lateiis hnn lamlcin dctcgalur. Martio mciisc amn fiiliiri
MDXVI piilo ad cxploraudum disccssurum. » Il ne paraît pas
avo'r été accompli.
— Pedro Mautyr D'ANCHir.RA. Dirad. III, lib. vi, f. 56 a, de l'édit de
Basic, 1533, et p. 233 de celle de Paris, 1587.
— Supra, p. il 3.
I517-I518*.
Thomas Pert et Sebastien Cabot. Expédition pour le
compte de l'Angleterre, mais qui aurait avorté à cause de
la pusillanimité de l'amiral Pert ; » ivh-se Jayiit hcart ivas ihc
cause that ihat voiagc took nom cffecl. « On ne sait s'il faut
conclure de ce passage que le voyage avorta au Nouveau-
Monde même, ou bien si ce lut dans le port où s'équipait
l'expédition.
— Richard Euen. Trcalies oj Ihc KaiC Imiui in'lb other KnLlciimlhiinh's
and Ihimks, Lond., 1553, i»-4, dédicace.
— Siipiii, p. 113-115.
Aiiic 1321.
JoÂo Alvares Fagundes. Les expéditions de ce gentilhomme
portugais résultent d'une Carta de Doaçïio, du roi Manocl,
* Expédition des Anglais « que fiuroii a reconoccr à hs Ihiailkios, » pla-
cée par Herrera (Decad. Il, lib. v, cap. m, p. 114), sous la date de 15 19.
Ce chroniqueur, à notre avis, l'ait confusion avec le voyage de 1527, cité
ci-après.
276
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
\4
i
t !
If
1
n >,
datée de Lisbonne, le 13 mars 1521, dans laquelle il est dit que
le roi ayant promis ;\ Pagundes, par une ccdule antérieure, la
seigneurie des îles et terres qu'il découvrirait, cette condition
se trouvant réalisée, le roi lui octroyait : » la terre dite ferme,
à partir de la ligne de démarcation qui sépare les possessions
de la couronne de Castillc, du côté du Sud, jusqu'à la terre
découverte par les Cortereal ; en plus, la baie d'Auguoada, sur
la côte nord-est et sud-est. les îles auquelles Fagundes a
donné son propre nom : « a que elle pos nome ffagiimdas »,
c'est-i-dire : Sam loain, Sam Pedro, Santa Ana et Santo Anlo-
iiio ; l'archipel de Sain Pantdioin avec l'île de Pitigiiocni, et
les îles des Onze-Mille-Vicrgcs et l'île de Santa Cn<i, qui est
tout près du banc, et une autre ile qui s'appelle Santa-Ana, aper-
çue mais non encore revendiquée : « qticfoy vistra c non apadro-
ada ' » .
M. Do Canto a l'obligeance d'appeler notre attention sur un
ancien manuscrit généalogique, où il est dit que « Joao Ale-
varez Fagundes a découvert la « Terra-Nova^ » contrée aujour-
d'hui appelée « Cabo Bretào, » que le roi la lui concéda, et qu'il
y établit des pêcheries de 'Bacalhaos, qui devinrent très lucra-
tives pour le Portugal. » Ces assertions concordent avec ce
que nous rapportons, d'après Francisco de Souza (w/m, subanno
1525), car Fagundes était de Viana. Rappelons, cependant,
que selon l'ordonnance de Leiria, précitée, des pêcheries por-
tugaises existaient déjà à la << Tcrra-Ncva » en 1506.
A l'appui des prétentions de Fagundes, M. de Bettencourt
publie une carte extraite de l'Atlas manuscrit de Lazaro Luiz,
lequel fut construit en 1563.
Dans cette carte, l'île de Terre-Neuve n'est pas fragmentée,
I . <( Ssc^iiiido vimospir 0 ililo dlinint pof iicin ilo qiiull uliiara elle foy a ikscol>rir
terras e ilhas hati dita parle iielle conteiido e ora nos ffe\ ccrio per testemnnhas
diiias di'ffce que elle achara as terras e ilhas sscgmntes, a saber, a terra que sse di:^
ser ffirnie... Dada... lixhoa aos xui dias de Marco. Mannell da fonsseca a ffei
niiiio deinill v' xxi. » Lettre royale publiée par M. de Bettencourt.
'jEAN ET SÉBASTIEN CABOT
277
et le détroit qui la sépare du continent porte le nom de hella
Ilha. Le Saint-Laurent, la péninsule gaspésienne, Anticosu et
l'île du Prince-Edward sont à leur place. Il n'y a pas d île
Saint-Jean dans l'Atlantique, mais le détroit de Canso est omis.
Comme dans la carte de Desceliers de 1550, une grande île
imaginaire, conception erronée de la péninsule étranglée entre
les baies de Fortune et de Plaisance, bloque en partie l'entrée
méridionale du golfe Saint-Laurent. Nous avons ici, évidem-
ment, une carte non lusitano-françaisc, mais franco-lusitanienne ;
ce qui n'est pas précisément la même chose.
La partie véritablement curieuse est la Nouvelle-Ecosse,
émaillée de pavillons espagnols, et portant cette légende :
.. A terra T>oo laurador q descobrio Joaom Aluerei [Fagundes]»,
mais, ce qui implique une contradiction, c'est, sur le littoral de
ce pays même, l'inscription : « costa que descobrio esteuào gumes. «
M. de Bettencourt dit que sur la carte qui accompagne le
Brm tratado de Marinharia (MS. sur vélin de la bibliothèque de
M. le duc de Palmella, mais dont nous ne connaissons pas la date)
« veem-se a Santa Crui a San Pedro e a Fai^mida. » Nous n'avons
relevé ce nom de « fagiida >« que sur la carte de Ferdinando
Vaz Dourado, dressée en 1571 ', où il est donné à un îlot ima-
ginaire, situé dans l'Atlantique entre deux îles de Santa Cru:^,
non moins problématiques, par 43° 30' de latitude nord.
— E. A. DE Bettencoi.'RT. 'Descohrmentos, giierras e cotiqtiistas dos Porlu-
gueses ein terras do Ultramar nos seailos xv e xvi. Lisboa {sine anno sed iSSi)
lithographie, in-4, t. I. p. 152-135.
— BoMim daSociedade de Geographia de Lisboa. ?ono, node décembre 1877,
p. 72.
Antè 1523.
Lucas VAsauEz de Ayllon, est surtout noté pour son expédi-
tion de 1526 àChicora, région située au sud de 40» nord. Anté-
1. Kunstmann, planche X.
27S
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT'
*';
1
riciircniem, il fit un voyage au nouveau continent, et, comme
une phrase de la convention conclue entre Charles-Quint et lui
le 12 juin 1523, nous est donnée comme portant concession
de " (/('.> pcsqiicr'uts de baccalaos Un qtiî'l schalc, -> on doit s'en-
quérir si véritablement Ayllon visita le pays des morues.
Tout ce que nous savons de cette première expédition est
relaté dans la convention précitée. Il appert de ce document que
deux caravelles appartenant i\ Lucas Vasqucz de Ayllon, au
licencié Matienzo, tous deux conseillers à la courd'FIispaniola,
et à Diego Caballero, greffier d'icelle, découvrirent une
« licrra de que hiishi culimccs no se Iciiiit nolicia â la parle (kl norte,
la citai dicha licrra di\ que eslâ en Ireinta y cinco, y Ireinla y seis,
y Ireinla y siete i,'rndos norle-snr con la isla Espaïiola. «La région
qui se trouve entre les 35° et 37" nord, ne nous reporte qu'îi la
Virginie. C'est, d'ailleurs, la latitude que lui donnent les cartes de
Garcia de Toreno et de Ribeiro. L'anonyme de Weimar place
le nom de Ayllon un peu plus au sud. Qiiant aux pêcheries en
question, la cédule concède le monopole de la pêche dans les
deux localités qu'Ayllon désignera, et le nom de baccalaos n'est
pas mentionné : « dos pcsquerias dislinlas é aparladas en la dicha
licrra ciiales vos senàlaredes ' . »
La deuxième expédition, partie de Puerto de Plata au milieu
de juillet 1526, n'atteignit que la rivière « Gnaldape, » située de
40 à 45 lieues du if Jordan-», fleuve que Oviedo place « en
Ireynta é ircsgrados c dos krçiosdesla parle de la linea equinoçial. »
— PEimo Martyr. Dccad. VIII, cap. 11.
— 0\iEDO, Histoiid General, lib. xxxvii, cip. 1, t. III, p. 625-628.
1523.
Giovanni d.v Verkazzano. Selon l'opinion commune, ce navi-
gateur aurait été envoyé par François I" à la recherche d'un
I. Navarrete, Cokccioii, t. III, p. 153, 158.
ir
JEAN ET SÉBASTIEN CAnOT
279
passage au Cathay par l'ouest. L'expédition, composée de quatre
navires, serait partie de Dieppe à la fin de l'année 1523. aurait
perdu deux vaisseaux sur les côtes de Bretagne, un troisième
par une attaque des T.spagnols, et Verra/zano, mettant i la voile
des environs de Madère, avec le dernier, appelé la 7J(r///'/w,
le 17 janvier 1524, aurait traversé l'Atlantique, atterri le yjnars
suivant près de Wilminton, rangé la côte jusqu'à Tetre-Neuve,
d'où il serait revenu à Dieppe au commencement de juillet
1524. Sans nous prononcer pour ou contre l'authenticité de ce
récit, nous donnerons seulement aujourd'hui la liste des docu-
ments du xvi" siècle se rapportant à Verrazzano, quitte à y reve-
nir un jour avec des renseignements nouveaux :
— Mappemonde de Hieronymo da Vcrrazzaiio, siipni, N" 15, p. 180.
— Carte de Maggiolo, siipui, N" 13. p. I77-
- Globe en cuivre gravé' : Eifhmynvs Vlpiv^ dc^rihchu amio soh-hs
M. D. XUI ,:\ Venise?) Conservé A la bibliothèque de la Société Historique
de New- York; reproduit par Buckingham Sniitli..
- Dans les MSS. de Hakluyt, qui se trouvent A la bibliothèque de sir
Thomas Phillips, il est question de « a wi^^bliehui',' ohic im>ppe in pm-hnwulc
imuk as it shouhk snm; hy VernKanm, mniv in Ih' custOilie c{ Mr. Midkicl
Loch: » Kohi, Disconry, p. 291, note.
- 1523 25 avril. Lclhr of JoHo ,1a Silveira. the Portwrucsc Awhma.W n,
Franc; to Kiiig Dow Jclo 111. MS. Torrc do Towh, Corp. Chron. Porl. 1.
Ma. 20. Doc. S4- ,^, „ • , i,'„.
Publié en anglais seulement, par M. H. C. Murphy, Vhc Uyai^coj U-
n,^-<(»(P, New-York, 1875, p. 162-163. ^ 1 v r-hiina
- 1523, 16 juin. Ulhr ofAhnso Davik lo the Emperor Charles l ,uhUn^
to the capture of the Treasure seul from Mexico /.v CV/«. Murphy, toc u/.,
^'~\s2A, 8 juillet. Relatiouedi Gionmni da Verra'^^auo Fion-ulino_ 'klk
terra per lui scoperta iu nome di sua Maeslà, scrilta in Dieppa. '^''''■^''^■^^l
di Francia Fiaucesco primo, Ramusio, Raccolla, t. III, f. 420--p2; <- ■ ' '
vie Slorico Italiavo, de Vieusseux, 1853. t. IX, n" 28 de 1 appendice, d ap
un texte manuscrit de la Magliabechinna, N» 89. classe x.ii, signale par
Tiraboschi (Hist. Let. Ital., t. VII, p. 261). „ , , • •
- 1524, 4 août. Lettera di Fernando Carli a suo padre, dans \ Arclnvio
S/onVo //a//a«o. Florence, 1853, t. IX, p. 53-S- ,, , , ij„„c
_ T52S, pénultième jour de septembre. Acte par Ic-^uelZanob. de Rous-
aSg
JKAN ET SÉBASTIF-N CABOT
sday cautionne Mcssirc Jcliai'i de Vcrrassanc. (M. U. F. de Costa, yemt{-
Ziino Ihf I-xphrcr, Nc\v-Yoil<, 1881, in 4.)
— Cin\i I j26. Contrat entre IMiilippe de Chabot (nomniiî amiral le 25
mars 152s, deux jours avant le commencement de l'amiée légale de 1526;
« baron d'Apreniont, ciievalier de l'ordre du Roi, son gouuerneur et lieute-
nant-général de Bourgoingne, admirai de l'rance et de Brelaigne » et « Jehan
Ango, Jehan de Varesam, principalle pilote » etc. MS. Bibl. nationale,
Fontette, t. XXI, 770, loi. 60; texte revu sur l'original et publié par
M. Murphy ; loc.cil., p. 158-159.
— 1526, II et 12 mai. Procurations données par « Messiro Jehan de
Varasenne, capitaine des navires esquippez pour aller au voyage des Indes »
A " Jerosme de Varasenne son l'rère et héritier. » à Zanobis de Rousselay et
d Adam Godetlroy, bourgeois de Rouen. Reiw critique d'Histoire et de Litté-
rature. Paris, 1876, N" i, p. 22-23.
— 1 526-1 527. Statemeut Coiicerniiif; the French Vesseh of IVar whicb Cniise
th.' Scii ofSpiiiii. Murphy, hc. cit., p. 165.
— 1527, oct. Li'tter of the Judt;,- of Cadix, in Aiiswer to a Royal Missive
Slatiii}; l'y iclioin Juan Florin was Captined, and bis Execution. Murphy, loc.
cit. y p. 168-69.
— 1527, octobre. L'ttcr from the Juds^e of Cadix to Charles V, giving the
\iinies of the Principal Tenons Captnred with Juan Florin and oj bis Death.
MS. des Archives des Indes à Séville. Estado. Legajo ij, fol. 346. Murphy,
loc. cit., p.. 167.
— I537> '3 octobre. De le leltere fumiliari del commendatore Annihal Caro,
Venetia, 1581, t. I, p. 6-7, lettre datée du 13 octobre 1S37, signalée par
Tiraboschi, Sloria délia Lilterat. Ital., Modena, 1791, t. VII, Part. I, cap. vi ,
p. 263.
Pedro Martyr d'An^hiera. Opns Epist., Amstelod. 1670, in-fol., Epist.
DCCLXXI, DCCLXXIX, DCCC.
Le Gran Capituno di mare, dans Ramusio, Raccolta, t. III, f. 423 F.
LopEz DE GoMARA. Primera y seg^nda parte de la historia gênerai de las
/«i/Vai, Caragoça, 1553, in-fol., f. lxxxvii.
Beknal Diaz, Verdadera Historia de los sucesos de h conquista de la Nueva
Espana. Madrid, cd. de Vedia. cap. eux, p. 206.
Herrera. Decad., III, lib. iv, cap. xx, lib. vi, cap. ix. Pourquoi le
nomme-t-il « Florin de la Rochela ? »
A. GoNZALFS DE Barcia. Ensayo CroHologico para la Historia gênerai de la
Florida : por Don Gabriel de Cardenas y Cano (pseudonyme^. Madrid, i 723,
in-fol., f. 8.
G. P. (Giuseppi Pelli). Elogio di Giovanni da Verrazano Florentino Sco-
JEAN l-T SEBASTIEN CABOT
2lil
pritoreikUaWuova Fiamiiincl S,rolo XVI. Eircnzc, 1769,111-8. l'our ren-
seignements concrnant sa famille.
J. OK ViKRA Y Clavijo. Nolicius (/>■ hi Hisloiiu General de Us Uksde CÀiita-
ria ; Madrid, 1772, in-8, t. II, cap. xii, p. 29.J. D'après l'histoire manus-
crite de l'edro Augustin del Castillo.
G. VV. GntLNE. Hislon'cal Sliulics. New-York, iH^o, in-12.
Arcangeli, Letlera di Giovanni l'enanano... piecedtik du un disawso, dans
VArchivio Stoiico, 1853, t. IX, appendice, n» 28. Texte et renseignements
biographiques.
liucKiNuiiAM Smith. Anlnquiry iiilo Ihe authenlieity o( docnmenis conccr-
ning a discwery in Norlh America daimed to hâve been made hy Verranano.
New- York, 1864. in-4.
CoRNELio Desimoni. // viaggio di Giovanni yerranano. Firen/.e, 1877.
in-8.
— Du mûme, Inlorno al Fhrentino Giovanni Verrazzdno. Studio Seconda.
Genova, 1881, in-8.
— Du même, Allô Studio Secondo. Inlorno a Giovanni l'cira^^iano. Appen-
dice III (Genova, 1882^ in-8.
1524.
Navire rouennais capturti au retour avec sa cargaison de
morues de Terre-Neuve, par Christopher Coo, capitaine anglais.
— J. S. Brewer, loc. cit., t. IV, Part. I, p. 3 5. N» 83. List of priies laken
hyCaptain Coo since kavJig the Tames on Jan. 22, 7/2./.
Anié 1525.
Deux navires portugais perdus au Labrador sous le règne
du roi de Portugal Joâo III.
Ce monarque régna du 19 décembre 1521 au 11 juin 1557.
C'est en 1541 que Joao relata ce fliit qui se serait passé alors
qu'il était sur le trône, et qu'il a soin de ne pas confondre
98»
JHAN r-T StnAS-IIMN CABOT
avec les voyages de Gaspar et de Miguel Cortereal : « Ko quioc
cnvùir (illti ktjch's, ponjin' si' le pcrtlicmn dos, sin otro ijiic liivo
la niisiiiii siicrtc en licinpo dcl ny '7J. Manuel. » On peut placer ce
naufrage entre la donation faite à l'agundos et la colonisation par
les gens de Viana.
— Ciirlii iliii);i(la pori'l F.iiil'iijailor fii Fortiigul ni Coiin'iitliulor niayor de Cas-
tilhi. ij.ft. MS. lie l.i collection Mufioz, t. LXXXII, loi. 209, citii par
M. Duro, Antiilf Noi', p. 316.
1525.
Colonisation de l'ii.e du Cap-Breton par des Portugais du
port de ^'iana.
1. Francisco deSoiza, linliulo dus Uhas Noinis, Ponta Ddgada, 1877,
in-8, p. s.
1525.
EsTEVAM GoMEZ. Selon Barros ', ce navigateur aurait émigré
du Portugal en même temps que Magellan et avec ce dernier.
Son langage porte même à croire que des liens de flimille unis-
saient les deux transfuges. A deux reprises, Galvam dit que
Goincz était de Porto : Gotnc:^(lo Porto Portngiics -, » et le lecteur
n'ignore pas que Magellan s'intitulait :« vecino de Porto ^ »
Ce serait donc avant le 20 octobre 1517, date de la lettre par
1 . ff Em que entrauHo aigus Portugueses delks parentes dette Ferwlo de Maga-
ttiùes, asi como Diiarle Barhosa su cunlmdo, e Atuavo de Mesquita, e Estaiio
Gomei, e Mo RodrigueiCaruattio, amhos pitolûs. » Decad. III, lib. v, cap.
vin, t. II, f. 141 de l'tidit. de Lisbonne, 1628, in-fol.
2. Tralado, 173 1, p. 56 et 67.
3. Dans son testament du 24 août 15 19, Argensola et Navarrete le disent
natil de Porto. Le ftit est qu'on ne sait pas exaciement où il est né.
JEAN ET SEBASTIEN CABOT
28)
laquelle Magellan, dcScvillo, ofTrc ses scrvires i Charlcs-Q.uitu,
que Gomez serait venu en lispagnc. La première fois, cepen-
dant, que ce dernier apparaît dans les documents, c'est le lo
février 1518. A cette date, une cédule royale, entérinée à Val-
ladolid le nomme, lui, on/.iènie ', pilote de S. M. : « Nombnisc a
Eslcvivi GoiiiciPoiiii^'iic::^, Tilotocon jo^ooo m. *. »
Nous ne croyons guère ;\ cette haine invétérée que, d'après An-
tonio Pigafetta ', Gomez aurait portée à Magellan pour avoir été
supplanté dans la fameuse entreprise qu'il serait venu offrir l\
riîspagne avant lui. Magellan ne l'eût pas accepté comme pilote
de la Triniclihl, navire que montait le grand navigateur \ D'ail-
leurs, nous avons vu que Gomez vint en Espagne non avant
Magellan, mais en même temps que lui.
Parti de San Lucar, le 27 septembre 15 19, Gomez revint à
Séville le 6 mai 1 5 2 1 ''. Selon Herrera ", il fut emprisonné en
débarquant, mais immédiatement relâché, puisque nous le
voyons figurer comme pilote à bord de l'escadre^ commandée
par Pedro Manrique qui attaqua les corsaires français à la hau-
teur du cap Saint-Vincent le 24 juin 1521.
Gomez avec au moins sept autres pilotes, cosmographes et
cartographes, fut chargé de représenter l'Espagne à la confé-
i.Juan Scrrano, Juan Vcspuclio, Vasco Gallcgo, Francisco de Soto,
Francisco de Torrcs, Andrcs Garcia Nifio, Andrcs de San Martin, Andrcs de
Morales et Juan Rodriguez de Mafra, émargent comme pilotes de S. M. le
6 mai 15 19, après avoir émargé le 30 août 1515 et le 23 juillet 15 16. Colec.
Mufioz, A. 102 et A. 103.
2. Libio Je Tiliilos i Mercedes, Colec. Mufioz, A. 103, f. 84.
3. « Egli chiiimavdsi Stcfiino Gomes, che molto diava il Capitaito Générale
il ciii progello fiillo alla Corle di Spagiia cru slulo cagione che ÏImperalore non
assidiisse a lui akiiiie caravelle per iscoprire utiove terre. » Pigafetta, Primo viag-
gio iiitoriio al gloho ; Milano, 1800, in-4, p. 38.
4. Navarrete, t. IV, p. 12.
5. Ibidem, p. 201 .
6. Herrera, Decad. III, lib. 1, cap. iv, p. 7.
7. Ibidem, cap. xv, p. 23.
284
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
rence de Badajoz. Mais c'est à tort qu'on lui fait jouer un rôle
important dans cette junte. Il y ^-iégea à peine, car, le 21 mars
1524, Cliarlcs-Qiiint lui substitua le religieux dominicain
Tomâs Durân, alléguant que les services de Gomez lui étaient
nécessaires ailleurs '.
Il s'agissait évidemment de ce fameux voyage dans la direction
du nord-ouest, i la recherche d'un passage au Cathay, dont le
projet remontait à l'année 1523 '.
Nous ne possédons que très peu de renseignements sur ce
voyage. La relation que dut en faire Gomez n'a pas été retrou-
vée, bien que Buckingham Smith assure ' qu'elle se trouve
dans VIsIariu gcncraJ inédit de Cespedes.
M. Cactano Rosell, directeur de la bibliothèque nationale de
Madrid, qui a eu l'extrême obligeance d'examiner ce manuscrit
/
1 . Le nom de Estevan Gomez figure dans la lettre adressée à Charles-
Ouint par les juges espagnols de Badajoz le 25 avril 1524, après les noms
de Hernando Colon, du docieur Salaya, de Sébastien Cabot, du bachelier
Tarragona, de Toniàs Duran, de Pedro Ruiz de Villcgas, de Juan Vespuche,
du maestro Salazar, de Juan Sébastian del Cano, de Martin Mendez, de
Pedro {sic) Ribeyro, et de Nuno Garcia. (Andres Garcia de Cespedes, Retii-
miftito de Natif s^aiion mamio ktiir el tri, Madrid, 1606, in-fol., f. 152.)
Cependant les extraits de Mufioz citent bien : « la rcvocacion de Estehan Go-
nh\, que no entienda en ello poiqiie se ha de oeupar en cosas de niiestro servicio,
y nomhamieiiio en su liigar de Fr. Tomàs Duran, con fecha de Burgos 2oMai:o
1)24. » Navarrete, t. IV, p. 355.
2. Herrera, Decad. m, lib. iv, cap. xx, p. 143.
3. Heiuaudo MageUanes and Estevam Gomez, mémoire lu le 5 juin 1866,
devant la Société Historique de New-York, citéparM. Brevoort, Verraizano,
p. 81 , Quant i\ ÏLlario gênerai de todas las islas del mundo, dirigido <i la S. C.
R. M. del rey D. Philipe Xlro. Sr. par Andres Garcia Cespedes, su cosm grafo
viayor.Afw ijçS, il n'est pas perdu. C'est unMS. in-fol., de 351 ff. conte-
nant 109 cartes coloriées. La carte 3 expose les « Coslas del Canada y Labra-
dor, Seiialando las lierrus descubiertas por el Ucenciado Ayllon y por el pilota Es-
têban Gome:;^. » Cespedes, dans son Regimieuto (1". 148 recio), parle de la
« Carta que ri de Esteuan Goinei Portugues, » mais il ne s'agit que d'une carte
concernant les Moluques. Vlslario de Cespedes est conservé à la bibliothè-
que nationale de Madrid, I, 92.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
285
h notre requcte, n'y a pas trouve la relation que Gomez aurait
faite de son voyage. Cependant, au feuillet 297, il est question de
ce navigateur, et en des ternies qui indiquent une connaissance
lit' visu d'un de ses écrits. A la fin de la description que donne
Cespcdes de « la Isladc S. Juan », ce cosinographe ajoute: « lui
la baya que dixinios ilainaisc de los l>refoiies y en mitcims carias de
uave^^ar a ios prineipios, ijuando esta tiena se ro/wc;;-*) à deseui>rir se
ponia assi, liasta que cslevan gonic:^ piiolo truxo esta reiacion aigo
dise repart le de la que se ténia, que es eslar esta ysla uô en la baya do
de:^ian que eslaua, sino junio a esta tierra do at^ora esta, de la quai
ysla no ay cosa que de contar sea, salua ql. dicho esteuan f^^onie::^ pilota
Dizi- que à la passada por ella vido muchos humas 'en ella y seîiales
de ser habilada l}a:^sse una canal entre ella y tierra firme llamada
canal de San Julian de cinco 6 seys léguas de ancho. . . »
Au feuillet 298, on lit : « en el quai \viaje\ esluvo die:;^ mescs,
deutro de los quales descubriô por esta Costa gran numéro de Yslasjun-
tas al continente y principal mente un rio muy ancho y caudaloso que
el puso nôbre de los gamos... »
Il est il regretter que Cespedes ait consulté pour sa description
« muchas cartas de navegar, » et qu'il ne s'en soit pas tenu exclu-
sivement au récit de Gomez, car l'extrait ci-dessus dénote
une tentative de concordance qui augmente la confusion dans
un sujet déjà si obscur.
Qiielle est cette « baya de los bretones ? » On connaissait une
tierra de los bretones et un Cabo de los bretones voire une Entrée
des 'Hrctons et une Isola de Bretoni, mais c'est la seule fois que
mention est faite d'une baie de ce nom. Comme dans toutes
les cartes du xvi'^ siècle, ce qu'on attribue aux Bretons e;t la
région septentrionale de la Nouvelle-Ecosse, cette « baya de
los bretones » ne peut être que l'entrée méridionale du golfe Saint-
Laurent. Or, il paraît, d'après Cespedes, que, avant l'exploration
de Gomez, on plaçait la fameuse île de Saint-Jean dans l'inté-
rieur de ladite baie : « en la baya do de:;jau que estaiia >i ; mais ce
navigateur aurait rapporté que cette île est adjacente à la terre et
^
I
286
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
non dans la baie : « es csUtysht m en la hnyadodeiian qtieeslaua,
siitojiiulod esta tieira.» Il est aussi digne de remarque, que
Gomez relève entre cette île et la terre, un canal de cinq à six
lieues de large, qu'il nomme « eaiinl de San Juliaii. » Encore
un nom nouveau ;
Si Cespedcs ne donnait pas un travail rectificatif, h l'effet de
sortir l'île de Saint-Jean de l'intérieur du golfe Saint-Laurent
pour la rejeter dans l'Atlantique, nous serions disposé à croire
que son canal est le détroit de Northuniberland, sa terre, la côte
nord-ouest de la Nouvelle-Ecosse, et son île Saint-Jean, l'île du
Prince-Edward. Dans ce cas, Gomez, avant tout autre naviga-
teur, aurait navigué dans l'intérieur du golfe Saint-Laurent.
Mais, étant donné la position qu'il attribue à l'île Saint-
Jean, on est fondé à se demander si, dans cette dernière, il ne
faut pas voir autre chose que l'île imaginaire empruntée par
tant de cartographes à l'hydrographie portugaise de l'époque.
Cette question est trop grave, cependant, pour que nous nous
contentions d'une pure hypothèse. Notre esprit est rebelle à
l'idée de ne pas chercher une autre explication.
Gomez parle d'un canal de cinq h. six lieues de large. Est-ce
une conséquence simplement dérivée des cartes lusitaniennes,
ou bien n'est-ce pas le résultat d'une exploration du détroit de
Canso ? Cette interprétation peut être la vraie ; mais, pour des
raisonsdéjà données, nous hésitons à l'admettre; car, dans ce cas,
l'île Saint-Jean de' Gomez serait l'immense étendue qui porte
le nom d'île du Cap-Breton, et, alors, les cartes sévillanes n'au-
raient pas manqué de tracer non seulement le détroit de Canso,
mais aussi l'île du Prince-Edward, que Gomez ne pouvait éviter
de remarquer en débouchant du canal.
En résumé, nous ne croyons pas que la description que Ccs-
pedes attribue à Gomez provienne d'une exploration positive.
Ce n'est, à notre avis, qu'une déduction, plus ou moins arbi-
traire, des premières cartes lusitaniennes. Notons, enfin, que,
selon l'habile cosmographe, c'est à Gomez que revient le mérite
il
JEAN HT SÉBASTIEN CABOT
287
d'avoir découvert la fameuse rivière de los Gainos, c'est-à-dire
l'estuaire du Penobscot. Nous n'y contredirons pas, tout en
remarquant que cet estuaire, en la forme que lui donne Ribeiro
et :ous ses imitateurs, se voit djjà dans la carte de Weimar de
1527, laquelle omet le nom de Gomez, quoique rappelant ceux
de Garay, de Narvaez et de Ayllon.
On ne peut plus guère juger de cette expédition que par de
brèves allusions, semées dans les écrits de Pedro Martyr,
d'Oviedo, de Galvam ', et par une légende inscrite pour la pre-
mière fois surles cartes de Garcia de Torenoet de Diego Ribeiro.
Pour arriver à se rendre compte de cette expédition, il importe,
d'abord, de préciser sinon le projet que Gomez avait conçu, au
moins les intentions qu'il aurait manifestées. Selon Pedro Martyr,
Gomez se proposait de découvrir un détroit pour aller au Cathay,
lequel il plaçait entre les Bacallaos et la Floride : aDccrctiiinqiio-
que est, vt Stcphaiitis quidam Gomc:^ arlis et ipsc iitaritiiiuc pcritiis
alia via tcndat qita se iiiqnit repertunim iiiler ^accalaos et floridas
iam diii nostras terras iter ad Cataiam '.
L'expédition ne consistait qu'en une seule caravelle : « citni
vna missitm caraucUa dixi adfrduni alind iiiler Jloridain tellurein
et 'Baclmlaos satis Iritos qiucreuditm ''. »
Elle appareilla delà Corogne. En quelle année ?
Navarrete mentionne '' une cédule royale datée de Valladolid
du 10 février 1525, par laquelle Gomez est nommé pilote de
S. M., aux appointements de 30,000 maravédis, d'où l'on infère
qu'immédiatement après il prit la mer.
Nous ne croyons pas que cette cédule comporte les consé-
quences qu'on en tire. Il faudrait d'abord s'assurer si Navarrete
1. Lu chapitre que Gomara consacre à domcz (Histoiia de tas /«J/iW, éd.
de Vcdia, p. 178) n'est qu'un amalgame de Martyr et d'Oviedo.
2. P. Martyr. De Orbe Noiio, Compluti, 1530, in-fol., decad. VI, cap. s,
f. xc V.
3. Idem, dec. VIII. cap. x, f. cxvii.
4. Navarrete, t. III, p. 179.
28S
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
ne fait pas confusion avec la cédule du lo février 1518 précitée.
Si, au contraire, il ne s'est pas trompé, on doit examiner s'il ne
s'agit pas seulement d'un ordonnancement annuel des appointe-
ments de Gomez comme pilote, du genre des émargements qu'on
relève sur les livres de compte du D' Sancho de Matienzo pour
l'année 1519 '. Ce doute est d'autant permis que Navarrete ne
donne pas le texte de la cédule. Dans le texte original du rapport
fait à Charles-Quint, lors du retour de Gomez, tel que le rap-
porte Oviedo, Gomez ne serait pas parti après février 1525,
mais bien en 1524.
Ce rapport commence ainsi :
« Depuis que V. M. se trouve en cette ville de Tolède, est
arrivé ici, au mois de novembre, le pilote Estevan Gomez,
lequel, par l'ordre de V. M., fut dans la région septentrionale
en l'année passée de 1 524 : — cl quai en cl vAno pasado de 1 524.
por mamlado de V. Mag.fiieà la parte dcl Noric*. » Rappelons
que cet extrait se trouve consigné dans le Sumario d'Oviedo,
lequel porte au titre que l'impression de cet ouvrage fut termi-
née le 15 février 1526 \ Étant donné le temps rîécessaire pour
publier à cette époque un volume in-folio, et le fait que le pas-
sage en question se trouve au commencement du livre, on peut
admettre qu'il fut écriten 1 5 25 , et que la phrase « clam passade »
se rapporte bien à 1524. Pour être complet, nous devons cepen-
dant rappeler aussi qu'Oviedo, dans son Historia General, écrite
quatorze ans après le Sumario, relate que Gomez fit sa décou-
verte en 1525 : « descubriô el pilolo Eskban Gotiu'i, el aho de
mille è quinienios y veiiile y çitico avos '\ » Enfin, Diego Ribeiro,
dans sa carte de 1529, dit aussi : « laquai descubriô pormatidado
de su mag. el ano de 1525. »
1. MSS. Colcc. Munoz, A. 102, fol. 49 v,
2. Oviedo, Sumario, éd. deBarcia, cap. x, p. 16.
3. «Se acal'o en la cilnhul ik ToIùIo u, xv, liks del mes ih Hehrcio.deA. D.
sxvj iDWS. » B. A. V., N" 139.
4. Oviedo, Histona Gcucral, lib. xxi, cap. x, t. II, p. 147.
JKAN ET SÉBASTIEN CABOT
289
Ces dates peuvent se concilier en admettant que Gomez
appareilla de la Corogne i\ la fin de l'année 1524, qu'il atterrit
en 1525, et qu'il revint h. son port de départ au mois de novem-
bre 1525. Ce qu'on peut opposer à notre concordance, c'est que
Pedro Martyr dit que le voyage dura dix mois : « h me rcto m
que a se prouiisso Cataio rcpertis rcf^ressus est hilni mensem dcei-
mtima diseessn '. « Or, comme Gomez retourna en novembre
1525, pour être d'accord avec Pedro Martyr, il faudrait placer
son départ au mois de janvier de cette même année.
Quelle fut l'étendue de sa découverte ?
Les renseignements les plus anciens sont consignés dans ce
même Sumar'io d'Ovicdo :
<i Gomez se rendit \ la partie du nord, y trouva une grande
terre qui faisait suite ;\ celle qu'on nomme des Bacallaos, con-
tinua i\ l'ouest, par 40" et 41° — fiie à laparkdel Norle, i hallô
tittieha Tienci, eonliituada eon la que se llatiia de los Bacallaos,
discurrieudo al Occidente, i pucsta en quarenia Grades, i quarenta
i vno*. »
Dans son Historia General, alors qu'il avait les cartes de Diego
Ribeiro et d'Alonso de Chaves sous les yeux, Oviedo recule cette
limite jusqu'à 42" 30' : « desde quarenia é tin grades hasla quarenta
édosy medio^. » Cette modification est la preuve, à nos yeux,
que les latitudes données parce chroniqueur ne reposent pas sur
des preuves documentaires, et, qu'en fin de compte, c'est au
planisphère de Ribeiro que le critique doit emprunter ses ren-
seignements sur la position des régions découvertes par Este-
van Gomez. Cet habile cartographe les localise entre 45" et 53"
de latitude nord. Garcia de Toreno inscrit le nom de Gomez un
peu au nord du grand estuaire, lequel est censé représenter la
baie du Penobscot, par 45». Ce serait donc la Nouvelle-Hcosse
!. Pedro Martyr, hc. cit., decad. VIII, cap. x, f. cxvii.
2. Oviedo, Sumario, p. 16.
3. Historia General, toc. cit.
»9
290 JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
qu'il faudrait attribuer à notre navigat'Jiir, car l'absence de la
{grande baie de l'undy sur toutes les cartes sévillanes ne permet
pas de reporter sa découverte plus à l'ouest.
Antonio Galvam donne un récit différent'. Selon cet histo-
rien, le comte l'ernando d'Andrade, le D' Beltram, et un com-
merçant qu'il appelle Christoval de Sarro (mais qui doit être
Christoval de Haro, riche armateur d'Anvers, lequel après avoir
eu un comptoir i Lisbonne vint s'établir à Séville en 15 19'), !i
leurs frais^ fournirent à Gomez unegaléace pour cette expédition.
D'un port de Galice, Gomez se serait rendu à Cuba, d'où il
aurait été à la péninsule lloridienne, et, alors, ne naviguant que
de jour pour éviter les écueils d'un pays inconnu, il aurait
remonté jusqu'au cap Race, par 44" de latitude nord, et, de ce
point, il serait revenu à la Corogne après une absence de dix
mois, avec une cargaison d'esclaves.
On retrouve dans certaines parties du récit de Galvam les
traces d'emprunts faits à Pedro Martyr, par exemple l'anecdote
fondée sur le calembourg : « cschuws eniin Hispamiin idioina scnios
(ippclhit, et ^^ariophyllos nitucitpal clauos, » mais nous n'avons pu
découvrir ses autres sources d'information.
— P. Mautyu rj'A.NGHiiiRA. De Orbe Noiio. Compluti, 1530, in-fol.,
Dcciid. \T, cap. x, Dccad. VIII, cap. x, f. xc, cxviii.
— OviLDO, Niitiiral liystoria île las Indias (ou Sitmario). Tolcdo, 1526,
iii-fol., cap. X, f. xiv, Hisloria General, lib. xxi, cap. ix, x, t. II, p. 147.
1. u Xo inisino aiiiio ihi Erade 1S2J, e partie 0 Pilolo Estemlo Goiiiei do
Porto contra a inirledo Norte.... iiain Iliefultou 0 Coude D. Fernando Dandrade,
eo Doiilor 'Beltnto, eo mcrcador Cliristouùo de Sarro [sic], que lliearmarilo hum
gateuô pera este descobrimento tain desejado.... Part 10 de Gali:(ii,foy toinar ha iVia
du Cuba e a ponta da Florida, vaitega ndo de dia por miâ saber a terra, c ver cm
loda baia, angra, rio, cnscada se passava a outra banda, di\ que chegardo ao Oibo
Kaso, que est aa da parte do Norte, cm quorentu e quatro graos ddltura, donde
tomaraoa Cidade de Crunha, carregar descrauos. , Esteuad Gomc\pior der mczes
nocaminho. » Antonio Galvam, Tratado, p. 67-68.
2. Navarrctc, t. 1\, p. lxxiv.
JEAN ET SI'BASTIEN CABOT
291
Ce chroniqueur paraît avoir consacré un cliapitrc plus étendu au voyage de
Gomcz : « /.o i]iial siulini iulchmlc, en oliii J'iirlc nuis cjvrliaia» (Icc. cil.) ; mais
il n'a pu être retrouvé.
— Ant. Galvam. Tnilmlo, Lisboa, 17} i, in-loi , p. 67 68.
— Heruuha, Decad. II, lib. m, cap. vu; Dccad. JIl, lib. i, cap. xiv; lib.
cap. IV, xx; lib. vi, cap. 1; lib. vni, cap. viiu
1526.
Nicolas Don, Breton, avec trente matelots, aux pêcheries des
Bacallaos . « Escrivio Al Empmuicr, Nicolas Don, nciliinil de
Brclaîui, que iaido cou Ircinlu Maiiiiavs à la Pcsqucria de Baccal-
jaos. »
Selon M. Brevoort, au lieu de Don, il faudrait lire d'Aiinis.
— Herkkra, Decad. 111, lib. x, cap. ix, t. II, p. 289.
1527.
Onze navires normands, un breton et deux portugais, ren-
contrés par John Rut dans la baie de Saint-Jean, le 3 août 1527,
occupés à pêcher le poisson : « The third day of Atigusl we cnte-
red itilo a };ocd Haveu, caUcd Saint-Jolm, and ibère wefound elevcn
saile ofNcinians, cnc'Bliliaine, and livo Portugal! Barhcs, and ail
a /isinng. »
Ce qui semble faire supposer que lo capitaine anglais accosté
par Ginés Navarro était Rut, c'est que ce dernier rapporte égale-
ment avoir rencontré des navires de nations diverses occupés à
la pêche au pays des morues ; seulement, au lieu de quinze
navires, cette fois, il y en a cinquante : « Ciiyo capitan déclara
que habia ido a rcconcccr los bacallaos y halle alli unas cincuerta
iiaos caskllams, éfrancesas, é portugucsas,que estaluw pcscando. »
292
JEAN ET SÉBASTIEN CAUOT
— John Rut, lettre précitée.
— GiNi';s Navakro, MS. de la collect. Munoz, t. LXXVII, f. 19, cité
par M. Duro, Arca de Noi', p. 316.
1527.
John Rut. Expédition sous pavillon anglais. Ce navigateur
était de Ratcliff : « John Rut of Ratclif, Ycoman of the crown ', »
et, ce semble, très illettré ». De décembre 1512 à juillet 1513,
il servit en qualité de second (« maslcr ») à bord de la Gabridl
Royal, et passa ensuite sur la Maria deLorcla^. Le 27 mai 1527 *,
Rut reçut de Henry VIII une pension de 10 livres sterling, et,
le 10 juin suivant °, de Portsmouth, il appareilla avec deux
navires, le Samson et h Mary of Guilford. Nous ne savons si
lord Edmond Howard, qui avait supplié Wolsey " de l'employer
dans l'expédition qui se préparait alors pour Terre-Neuve, afin
de pouvoir donner à boire et h manger ises enfants : « and sofind
bis u'ife and children mcat and drink, » était à bord.
Par le 53" de latitude nord, les deux navires rencontrèrent
de nombreuses banquises : « niany grcat Jlands oj Icc. » Virant
de bord, ils se dirigèrent du côté du sud, atterrirent au conti-
1. J. S. Brewer, Ci)/t'«rfiir, 'Domalicaiid Foreign, N0321}.
2. '■'John Riiluril this Lctter to King Hcnrie in biul\ EngUsh ami worse
ixriliiig. » Purclias, Tilgrimuge, t. III, p. 809.
3. J. S. Brewer, lor. cit., N°" 3591, 3977- 398», 4377'
4. Cette date, empruntée aux Cakndars, nous fait douter de l'exactitude
de celle que Halle auribue au départ de Rut, de la Tamise : « Ftirtb tbey set
ont of tbe Thamcs the twentie day of May ; » à moins que le brevet ne lui ait
été expédié à Portsmouth.
5. « Exivlmus a Pleiniit qua fuit xjuiiii. » Leure de Albertus de Prato,
citée par Purchas.
6. J. S. Brewer, loc. cit., N" 3731.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
293
ncnt par 52" ', et descendirent jusqu'au cap de Bas ou de Raz.
Ils continuaient leur route de conserve, lorsque dans la nuit du
I" juillet une violente tempête les sépara, et plus jamais on
n'entendit parler du Sanison. Aussi ne savons-nous sur quelles
autorités Frobisher se fondait lorsqu'il dit à Hakluyt que ce
navire sombra : « in a danscmis Giilph, ahmt ihe gmit opmtijy,
hdwcem tbcNorlh paris of Nmfoimdland and tbc Coitutry latclycal-
kd by hcr Majcslie,Meta Incognila *. » . . -i
Le 3 août, Rut vint jeter l'ancre au port Saint-Jean, d où il
comptait aller au cap Speer (le Cavo da Espéra des cartes portu-
gaises), afin d'y rencontrer l'autre navire, qui, selon un arrange-
ment préalable, devait y chercher refuge en cas de tempête et
attendre son compagnon pendant six semaines.
Hakluyt dit avoir appris que John Rut et la Mary ofGiiilford
revinrent en Angleterre au commencement d'octobre 1 5 27.
Ce bref récit, qui renferme à peu près tout ce qu'on sait du
voyage de ce navigateur, est emprunté à la lettre qu'il écrivit à
Henry VIII, le 3 août, jour de son arrivée au port de Saint-Jean
de Terre-Neuve, laquelle est confirmée par une autre lettre,
adressée aussi de ce port, le 10 du même mois, au cardinal
Wolsey par Albertus dePrato \ chanoine de l'église Saint-Paul,
de Londres, riche et savant mathématicien '', qui accompagnait
Rut sur la MaryoJ Giiilford, lettre dont nous n'avons, malheu-
1 . Au Labrador, si sa latitude est exacte .
2. Selon la carte de Michael Lok, cette Mvta nicoffuita, se trouve par 68»
de latitude nord, et le <• ihwgerous Gulpb .. ne peut guère être que la baie
de BaCfin. Or, la lettre de Rut donne à entendre que la tempête qui sépara
la Mary of Guiljonl de son compagnon, c^data lorsque, ayant qu tte lo cap
Race, ils naviguaient au sud, c'est-i-dire à plus de vingt degrés du lieu ou
Frobisher localise le naufrage en question.
3. « Apud a Baya Saint Johan in Terris Novis diè x Augusti 1527 ^«•'■■
Pair. vest. hiimilis scrvus, Alkrlus de Prato; » Purchas, t. 111, p. 809.
4. i<A Canon ofSt. Paulin Loiidon, u'hich was agréât Malhematician, ami
a Man indiicdivilhwealth »; Hakluyt, Priucip. Kavig., t. III, p. 129.
294 JEAN ET SÉDASTll-N CABOT
reuscincnt, que l'adresse, la date et les deux premières phrases.
— Kdward Hallf, C/inm/i/i-, LoiiJon, 1550, t, II, f. 158, cl, d'après
lui, servilement, Guafton', Chiviikle, LonJon, 1569, p. 1149 (et p. 724 ci
t. II, p. 393, des réimpressions de sir lleniy Ellis) consacrent \ ce voyage,
(sans nommer Rut) cinq lign-s, copiées par Hakluyt, l'iincipall Navitrations,
t. III, p. 129. A la brè-.c mention empruntée \ os deux liistoriens (dont
certains critiques font des navigateurs), llaiiluyt ajoute quelques détails qu'il
déclare tenir désir Martin l-robishcr et de Richard Allen.
— PuRciiAS, His Pili^riimij^'i; London, 1625, in-fol., t. III, p. 809, et
t. V, p. 82:.
1527.
Maître GRum;. Deux navires, partis de Portsmouth le 10
juin 1527, lesquels atterrirent au cap de Bas (i/V) le 21 juillet.
La mention de ce voyage est empruntée à Purchas, qui dit
l'avoir relevée au dos de la lettre de Rut précitée : « A mémoran-
dum îvcts cmhrscd on ihc original thaï Mastcr Gnilvs tiuo ships hit
Portsmouth 10 "> Junc and arrivcd at Cap de Bas 21 July, which
îvas ihcjirsl land a/ter kaving Selle. »
Il est possible que cette expédition ne soit que celle de John
Rut. En douter, c'est supposer que quatre navires, au lieu de
deux seulement, commandés par paires, appareillèrent ensemble
de Plymouth et atterrirent le même jour au cap de Bas ou de
Raz. Notons, cependant, que les termes du mémorandum relevé
par Purchas : <( Master Grubc's iwo ships, » impliquent que deux
des navires étaient commandés non par John Rut, mais par un
marin du nom de Grube ' ; et que, selon sir Martin Frobisher
qui, né en 1594, était contemporain de l'expédition de Rut, un
des navires se nommait \eDominns Vobiscum -.
— Purchas, loc. cit.
1. Nous n'avons pu retrouver ce nom dans aucun des Calendars.
2. i' And il hath bcen lolile me hy sir Martine Frohishr, and M. Richard
Altcn... that one of the sliips u'as catlcd tlic Dominus Vobiscum ». Hakluyt,
loc. cit.
JEAN ET SnnASTIEN CADO T
m
1527.
Navire DU ROI n'ANGLF.Tr.RRi-, que Cin6sNavnrro rencontrai
l'île de la Mona, et dont le capitaine relata avoir été avec un
autre navire à la découverte du pays du Grand Khan, « por ht
mar ilcl Noric. «
Une missive adressée à Charles-Quint par l'Audience de His-
paniola le 19 novembre 1527 ', rapporte la capture d'un navire
anglais, dont le capitaine aurait déclaré avoir été <( à momccr los
luicallaos. « C'est probablement celui dont nous parlons et le même
que cite Oviedo* (bien que selon cet historien le navire venait
du Brésil). Ce ne saurait être cependant John Rut, si l'assertion
de Ilakluyt que le Mnry of Giiilford revint en Angleterre au
mois d'octobre 1527 est exacte, puisque la présence dudit "n-r-
sario high'S » est signalée aux Antilles en novembre, et que l'en-
quête faite à ce sujet est datée du 8 décembre 1527 \ Notons,
cependant, qu'il n'est plus question de John Rut après sa lettre
du 3 août 1527, et que les CalmUns, domcslic mil jorcipi, ne (ont
mention ni de largesse ni d'émargement dont il aurait bénéficié.
Cette omission dans des documents si complets, et le fait que
Hakluyt'* ne parle du retour de Rut que comme un on-dit, per-
mettent de supposer qu'il ne revint pas en Angleterre à cette
époque, et même qu'il décéda au cours de ce voyage.
Comme Herrera, en 'donnant des détails sur l'expédition
dudit capitaine anglais, cite Ginès Navarro, et que les documents
ori-inaux sont tousd.atés de 1527, c'est à tort que ce choniqueur
lui^issignc la date de 15 19. Selon Herrera, le pilote de la cara-
1. MS. de la collcct. Muïïoz, t. LXXVII. f. 19. citù pnr M. Duro. Arca
(k Noi', p. 316.
2. Historia General, lib. XIX, wp. xin, t I, p. 611.
3. Lista de la Exposicion Americanista, B. 125
4. Priiicipall Navigations, t. III, p. 129.
296
JHAN ET SEBASTIEN CADOT
vcllo an^^laisc était Picinontais et il aurait titc tue par les natu-
rels du nouveau continent.
— GiNfs Navarro. Rilacwii qiw dio Aaùodc tJiS, (kl siictso Je un tiavio
ili'l Rey de Iw^hiteini, que hahieiulo salido de tilli eou otroal desciihiimieiilo de lit
licrru del Gran Cun pcr la mur del Noiie, y 110 j^iidietido iei;iiir su nufei;acion jvi
hi hielos, arribo a lu islu de la Miuia, yeiido en demanda de la Espaiiola. MS.
citii par Nav.irrctL-, lUbliol. Ataritima, t. I, p. 585.
— Hlrueua, dccaJ. II, lib. v, cap. m, p. 115.
Circa 1528.
^.^
V
j>
i^'
0^
ty*'
Lr Baron de Lery débarque des bestiaux à l'ilc de Sable.
Parlant de l'expédition du marquis de la Roche, Lescarbot dit :
(( et demeurèrent li |en l'ile de Sable, qui est à vingt lieues de
terre ferme vn peu plus au Sud que le Cap-Hreton, c'est ;\ sçavoir
par les quarante-quatre degre/J ses hommes l'espace de cinq ans,
vivans de poissons et du laictage de quelques vaches qui y furent
portées il y a environ quatre-vings ans au temps du Roy Fran-
çois I. par le Sieur Baron de Leri et de Sainct-Iust, Vicomte de
Gueu. »
Comme le privilège du livre où est consignée cette mention
est du 21 novembre 1608, en reculant cette date de quatre-vingts
ans, on atteint l'année 1 528. Cette dernière date ne doit pas être
très éloignée de la composition de son Histoire, qu'il écrivit sans
doute à son retour en France. Or, Lescarbot, parti de la Rochelle
sur le Joms, avec Pontraincourt, le 13 mai 1606, était de retour
il Saint-Malo en octobre 1607 '.Il est le seul écrivain qui fasse
mention de ce voyage, et rien n'est venu corroborer son récit.
Nous avons fait d'activés recherches, en dirigeant nos fouilles du
côté des Lery issus des Cauchon de Champagne et de ceux qui
I. Notes sur la Nouvelle-France, p 19.
JEAN ET SliUASlIEN CAHOT a97
Jcrivcnt leur origine des Rouvilie (ex-Gougcul) île Normandie,
mais sans succc's.
— Lescahbot, Hisloin Je lu Koiifi'lL' l'iana; Paris, 1612, iii-8, p, aa.
1534'
Jacques Cartier. Premier voyage, du 20 avril 1534 au 5 sep-
tembre suivant.
— 5///>n;, pages 78-79.
I535-I536.
Jacques Cartier. Second voyage, du 19 mai 153 S ii" 16
juillet 1536.
Siipia, paj^c 78.
1536.
Maître HoRE. Voyage pour le compte de l'Angleterre au cap
Breton et i\ Terre-Neuve, d'avril i\ octobre 1536. L'expédition
était composée de deux navires, la Tihiitie et le Minion, et de
cent vingt personnes. A l'île des Pingouins (?) sur la côte de
Terre-Neuve, leur détresse fut telle que l'un d'eux tua et man-
gea son compagnon. Ils allaient s'entre-dévorer tous, lorsqu'un
navire français, dont ils s'emparèrent, arriva à temps pour mettre
fin i ces scènes de cannibales.
Il est question, sous la date du 17 avril 1557 '. J'"» capitaine
Hores, mais nous ne saurions dire si c'est le même.
— Hakluyt, PtiucipaU Nuvigalions, t. III. p. 129- iji.
I. W. B. Turnbull, Calendar, 1 533-1 5S8, p. 298.
298
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
1536.
Navire Français spolié dans les parages de Terre-Neuve par
le maître Hore ci-dessus mentionné, et « inaiiy gentlcmot of ihc
Inns of Court, and of ihc Chauccric », c'est-à-dire, des avocats et
des avoués. Le capitaine français fut indemnisé par Henri VIII.
— Hakluyt, /lie. cit.
1554-
Navire Rochellois rencontré à la rivière St-Jacques par Car-
tier le 1 2 juin 1 5 34 : '< Il y a vnc aultre bonne ripuiere plus grande,
où il y a pluseurs saulmons; nous la nonmasmes la ripuiere
Sainct Jacques. Estans ;x icelle, nous aperseumes vng grant na-
uire qui cstoit de la Rochelle, qui auoit passé la nuyt [cherchant]
le hable de Brest, où il pensoit aller faire sa pcscherie; et ne
sçauoientoù ils estoient '. »
Comme il est de tradition ■ que les archives des Charentes
renferment des documents établissant que des pêcheurs rochel-
lois seraient allés ;\ Terre-Neuve même avant Colomb, nous
avons cherché à instituer des recherches ;\ la Rochelle. Il n'y a
rien de fondé dans cette croyance. La bibliothèque et les
1. Relation ori'^iuiilc >hi voyagiile Jacques Cartier, Vms, Tross, 1867, in-8,
p. II.
2. Cette tradition n'a probablement pas d'autre origine que la plirase de
Thevet : « Quelques huict lieues de là tirant tousjours de la part de septen-
trion nous apparoist une grand'terre nommiîe de Courtreal descouverte l'an
mil cinq cens un par un capitaine nommé Courtreal, Portugais de nation,
toutesfois que quatorze ans auparavant elle cust esté visitée par quelques
capitaines Rochelois de la part du gouKc de Merosre (?) » ; Cosmographie
universelle, 1875, in-fol., liv. xxni, i". 1022. « Falsu pro veris snninia
fiducia semper scrihcrel n, dit de Thou en parlant de Thevet; Historia, Aurc-
lian., 1626, in-fol., lib. xvi, t. I, p. 502 a.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
299
archives de cette ville furent confisquées par le cardinal de
Richelieu en 1628; et les dépôts reconstitués ne contiennent
que des documents postérieurs i\ cette date, ou les copies qui
servirent à VHistoirc d: la %ochdk du P. Arcère.
1539-
ExpfiniTiON ROcnELLOisE. Prêt ;\ la grosse de 200 livres fait le
23 avril 1539, devant B. Pelloquin et Fr. Bcrault, notaires \ La
Rochelle, par Guillaume du Jau, marchand et bourgeois de La
Rochelle, i Robin de Gerauby, maître de la Catherine de Saiul-
Jeanik Luc, du port de 80 tonneaux environ, sur le point d'aller
pêcher les » mollues i la terre nefve ' » .
1539-
Expédition rochelloise. Prêt -i la grosse de 32 livres 10 sols,
fait le 28 mai 1539 devant M° Pelloquin, i\ Pierre Dencbault,
bourgeois et marchand de La Rochelle, par le même du Jau, sur
un navire qui était alors \ la (f terre nefve », nommé le Nicolas
de La Rochelle, maitre Jannert, Janvert ou Jauvcrt de Sanchc ' .
Alite 1539*.
Le Cran capitano del mare Francese, dont Ramusio nous a
•conservé le récit, mais traduit en italien. Parti de Dieppe avec
deux navires," ce capitaine anonyme se rendit d'abord à la Nou-
I , Renseignements obligeamment communiqués par M. Musset, biblio-
thiicaire de la ville de La Rochelle.
♦ Nous omettons l'expédition de Hernando de Soto (iSî8-i543\ car il
n'atteignit que 58» de latitude nord.
3 00
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
velle-Francc, « da gradi 40 fino a gradi ^7 sotto il polo artîco »,
d'où il alla au Brésil, à la Guinée, ;\ Madagascar et à Sumatra. Ce
voyage fut accompli après la première expédition de Jacques
Cartier, puisque dans ce récit il est fait mention du « golfo delli
Castelli », c'est-à-dire du détroit de Belle-Isle, découvert et
nommé par Cartier le 27 mai 1534: « l'entrée de la baye des
Chasteaulx'. »
Quel est ce « grand capitaine de mer français du port de
Dieppe ? ;)
Selon Estancclin' et d'autres écrivains, ce serait Jean Parmcn-
tier. C'est impossible.
Le récit du « Gmn Capitano » fut rédigé par lui-même en l'an-
née 1539 '< una scrillura, ô vogliamodir discorso faito del ijjp d'un
grau Capitano Francese. . . doue descriue il viaggio, che si fa alla terra
del Brasil. . . » . Cette date est confirmée par les propres paroles,
de ce navigateur, quand il dit que le voyage de Jean Denys fut
effectué il y a environ trente-trois ans : « e sono circa }} anni »,
et qu'à l'époque de son récit, quinze années s'étaient écoulées
depuis que Verrazzano avait découvert la côte qui s'étend du cap
Breton à la Floride : « hhjual Costa fu scopertai') anni fa per vicsser
Giovanni da Vera:;^ano. » Enfin, il ajoute que, son voyage ter-
miné, il revint avec une cargaison dans ses foyers : « carico di
spccie ritorno a casa'\ »
Or, à la Description Nowelle des Merveille. , poème de Jean Par-
mentier, publié à Paris en 1531 *, Pierre Crignon ajoute une
Déplorât ion sur la mort de Jan et de Raoul Parmcr.lier'^ dont il fut
'< le compaignon en ladicte navigation » ; et, dans cette sorte
d'élégie, le poète dieppois dit que les deux Parmcntier moururent
1. Retalion oiigiuate du voyage de Jacques Cartier, p. 5,
2. Rect)erc1ies, p. 191.
3. Raccolta, t. III, f. 417, F.
4. B. A. V. Additions, N" 96.
5. Voir aussi r£/'i7()//j;'(/m loannis Parfuetitierii qvi in Samotljiacia perijt,
omposOe par Morrhy des Champs, l'imprimeur du livre.
JEAN ET SI-BASTIEN CABOT 301
aux Indes « en l'an mil. D. XXIX. •> Cette assertion est con-
firmée par le texte même du journal de bord de la Pensa, où il
est dit que k Jean Parmentier commença la danse et trépassa de ce
siècle la vigile Sainte Barbe troisième jour de décembre ! 1529] ».
Le grand capitaine de mer qui écrivit le Discorso en 1539 n'est
donc pas Jean Parmentier, mort dix ans auparavant.
Et puisque il est ici question de ce dernier navigateur, qu'on
nous permette une courte digression.
M. Tarbé, libraire iH Sens, avait hérité de son frère, négociant
à Rouen, d'un manuscrit intitulé Voyage des Dieppois. Il le com-
muniqua à M. Estancelin, qui le publia en 1832. Selon ce dernier:
<i l'écriture, l'espèce et la qualité du papier, sont bien constam-
ment du temps même de l'expédition ; on peut aller plus loin et
conjecturer avec quelque raison qu'il est autographe ».
* Nous avons vu passer en vente publique, le 3 mars 1882 ', à
Paris, un manuscrit sur papier du format in-4", de 31 feuillets
non chiffrés, d'une écriture du xvi" siècle, portant ce titre :
« Vciage aux Indes orienlalles, diepe, 529. » Quant au texte, saut
dans l'orthographe de certains mots, modernisés par Estancelin,
de la phrase : « Mémoire que nous Issismes du Haure de Dieppe
ce jour de pasques 28"'" jour de mars 1529 » à « fismes Voille
•au ouest-sur-ouest pour retourner a nostre pais », il est en tout
semblable à l'imprimé de 1832. Nous ne saurions dire, cepen-
dant, si le manuscrit de la vente Chenest, et celui publié par
Estancelin, ne font qu'un.
M. Charles Schefer, le s.ivant orientaliste, possède un manus-
crit de ce voyage de Parmentier, bien autrement complet que
celui que nous venons de citer.
Ce précieux écrit est de o'",i8 xo"',ii carré, sur papier
oriental de différentes couleurs, d'une écriture très nette du xvm"
; i
1. Catalogue di'S livres... cowposaiit lu l'ibliolhêqiie d'un amalciir [M. Clicncst].
Paris, Labittc, 1882, N" 24.
502
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
sic-clc. Il contient 71 feuillets non chiftVés, divisés, sous la même
couverture, en deux volumes intitulés: Navigalion île Jean Par-
inciilicr.
Le premier volume commence par une épître de quatre pages,
adressée à un homme de qualité dont on ne donne ni le nom ni
le titre, et se terminant ainsi :
« Monseigneur, qu'il vous donne en la sienne bonne, longue
et heureuse vie. écript i Dieppe le 18. jour de décembre 1575.
de par le.
K Votre très humble et très obéissant
« Serviteur îi jamais.
« Guillaume le féure. »
Dans cette épitre, Lefèvre rappelant la « découuerte faite par
Jean et Raoul dits Parmentiers aux nauires de la Pensée et du
Sacre de Dieppe, y a quarante-cinq ans ou environ » , s'excuse
d'avoir été si longtemps à l'envoyer, en donnant pour raison de ce
retard qu'il lui « a fallu changer plusieurs fois le Hure, pour ce que
la Nauigation depuis leur partement de Dieppe jusqu'à l'île St-
Laurens et l'ile St-Mathias n'étoient en leur degré » et qu'il lui a
« conuenu les y mettre et par ordre ». Il ajoute : « et pour ce que
je ne trouuc rien du retour dudit voyage par écrit, je me suis in-
formé et ay trouué un nommé Jean Pastriel '' ancien marinier
âgé de quatre-vingts ans, lequel étoit pannetierau dit voyage dans
le Sacre, auquel j'ay fait lecture par plusieurs fois de ladite naui-
gation pour voir s'il se trouueroit conforme à ce qu'il en auoit
veu, lequel pour estre de bon entendement m'a f;iit réponse que
tout ce qui étoit au liure étoit vray, et m'a dit que le secret
de la nauigation étoit gardé par les Parmentiers, et que nul
desdits deux vaisseaux ne le pouuoit entendre sinon après leur
decez, a été regardé à leurs papiers. »
Après cette épître, commence le Discours de la nauigation de
Jean et Raoul Parmcnlicr, par ce paragraphe : « Premièrement,
I. Ailleurs, il le nomme « Plastrier. »
JEAN l'T SÉBASTIEN CABOT
303
Nous Issasmcs du luiurc de Dieppe le jour de Pasques 28. )our de
Mars 1529. cnuiron deux heures après midy que notre net a
Pensée fut mise en rade honnestement, sans toucher, mais le
Sacre toucha et ne put issir de cette marée et issit et fut mis en
rade la marée cnsuiuant après midy. "
Le discours se termine par la phrase suivante :
« Pour CCS raisons et plusieurs autres, le samedi 22^ jour de
Janvier, nousdéradàmes, etfimes voile au ouest Sur ouest, pour
retourner en n'^'^^pays. »
Au cours du récit même, on relève des noms et des passages
entiers qui ne se trouvent pas dans le texte d'Estancelin, preuve
nue ce dernier non seulement n'est pas l'original, maisquila
été copié sur un manuscrit incomplet, d'une facture postérieure a
l'année 157). »r • • j r
Le deuxième volume, également intitulé : « Nav,^alun,dc Jean
Tamcnticr, et que n'a pas connu Hstancelin, contient un Mcmrc
de a qui est conlenu en Vik de Saincl Domingo , où il est question d un
. engin de sucre appartenant à un qui se dit Jouan Cauaher ».
L'ouvrage se termine par un chapitre : « De ec qm sensuil depun
la KiviSc sramle, jnsques à Feni.mt; » dans lequel on rapporte
que c< auprès du nombre de Dios du côté de l'est, ily a une n-
uière, qu'on appelle Riuière Françoise, Ui ou 1 y a une petite
playa, les grands nauires y mouillent l'ancre quelquefois. ..
Cet intéressant manuscrit sera prochainement publie dans la
série de voyages dont le présent volume fait partie .
- Ramus.o, Terio volume dcUe Navigationi. Venct, 1565, >n-fol., f. 417
et A2i-A%â.. avec quatre cartes. .
-Etrtcuu^:%cchcrchcs sur les voyages et découvertes des navigateurs nor-
mands; Paris, 1832, ia-8, p. i9)-240. pour texte et traduction.
jo.t
JHAN ET SÉBASTIEN CABOT
154I.
Jacques Cartier. Troisième voyage, du 23 mai 1541 i une
époque antérieure au mois d'octobre 1542.
— Supra, pages 215-214.
I54I.
Ares de Sea. Expédition du 25 juillet 1541 au 17 novembre,
envoyée par Charles-Quint : « A Sdvr lo (jiic havia hccho por iilla
\iiiia licrni que se Uamuba Cauadu\ nu ciipihtn Fiances que se dice
Jaques Cartier ».
— 5«y')fl,pagc 146,
1541-1544.
RoBKRVAL. Expédition du 22 août 1541 à juin 1544.
— Supra, pages 211-215.
I54O-I54I,
Diego Maldonado et Gomez Arias. « No dejaron corrcr h
Costa, por la vanda dcl Oriente hasta la tierra de Baccallaos. »
— Garcilasso de la VtGA,Lfl Flcriik M Inca. Lisbona, 1605, in-4, lib.
VT, cap. XX.
I54I.
Portugais avec qui les gens de Roberval se prirent de querelle
en arrivant au détroit de Belle-Isle : « A quarreïl hetivcene some
of his countrymen and certain Portugais. »
— HakluyTi Principdll Navi^^atioiis, t. III, p. 241.
ji:an lt Sébastien cabot
305
1343-
Jacql'us Cartii;u. Qiuilriciuc voyage, pour rapatrier Rubcrval.
— 6';//; .1, page 215.
1345-
Matias m-. EciiLvi;n:, cliarpcnticr espagnol à bord d'un navire
français : « Ilalnciulo ilcsciihinlo los framcscs ît Ticrraniicva, Uni
prospcros de halknas d baccakos ccha del iwo i)in, iiiiii^nii cspiiîwl
hiihia tmrgitdo alli btisln d aho de i^-ij, eu que cl piloio Malins de
Echcvctc mi padre, sicndo de cdad de qiiiinx (Uios, por airliiilciv de
mia nao de Ziilnhitru f?], de Frnncia, del aipiUvi Ma il in One [?J
habian Uegado por ballemu cl bacdlhws.-n
— Mnmhil dA hijc de Matins de Echvctc, MS. de la collection Vargas
VoncQ,l.ej;. 111, Hibliot. de l'Acidémie d'Hi.stoiieà Madrid, cité parM. Dlho,
Arca de Koc. p. 313 et^o5. Une citation du Dicciciiario i:iv:;nilîiv de Madoz
(t. XVI, art. Zaïiwi), relevée par M. Duro [Ai en de Koé, p. 295), semble
indiquer que Eclievcte, le navigateur, se iicniii.ait non Matias mais Carlin.
1549-
Jacobo dk Ibaceta, patron de navire éciuipé pour la pèèhe de
Terre-Neuve, demande, le 23 mars 1549, des ornements à l'usage
d'un prêtre qui se trouvait à bord, afin que ce dernier pût dire
la messe dans ce pays.
— MS. de la collection Vargas Ponce, cité par M. Duro, Ami de Koé,
p. 295 et 405.
20
îo6
11;AN l'T SliBASTlUN CABOT
1550.
Juan du Ukdaire : « Uiia nota piwsla por Varias Pouce en su
colcccion de docitmentoa imliea que en los aiehivos municipal 0 parro-
qnial de ht villa de Orio hay apniiles de Jiecnenles viajes hechos à
Tenanova desdc cl anode is^o, noinlmindose los navios y carabelus
y sus capilancs, entre ellos un Juan de Urdairc, que en iSJO cmpciô
por capitan ballcnero, ctfuémas larde célèbre al mirante. »
— MS. Je la Bibliothèque de l'Académie d'histoire à Madrid. — L'i', ;,
num, 101 ; cité par M. Duro, Arcade Noi\ p. 295.
APPENDICES
APPENDICES
I
Lettres de naturalisation accordées a Jean Cahot.
« Quod fuit privilegium civilitatis de intus et extra loani Ca-
boto per habitationem annorum XV, iuxta consuctum.
Départe 149. De non o. Non siticeri 0. » ^
(Archives d'État.Vcnise; 5<.v/rt/o Tenu, 1473 -77. t.VII,p.i09 ).
1476.
28 mars.
II
Lettres de naturalisation accordées a Fontana et autres.
« Nicolaus Tronus Dei gratia Dux Vcnctiarum etc. Univcrsis 1472-I 50I.
et singulis tam amicis qunm fidclibus, et tam praescntibus quani ,
futuris, presens privilegium inspecturis, salutem et sincère dilcc-
tionis affectum.
Notum vobis fieri volumus per praescntem paginam, quod
cum imer cetera, que in mente nostra revolvimus, attcndamus
I. Public pour la premicrc fois par Ronianin, 5/û;((I dûCumcnUiladi Vcneiia,
t. IV, p. 453.
JIO
JEAN ET SfiRASTIEN CABOT
prccipuc nostroriiin siilHlitorum et fKk'Iiinn ilcvotoriim tract.irc
propciisiiis conioil.i et utili.i s.ilubritcr procurarc. Ciiin hoc Ux-
ccllciuic iiostrc ik'cus aspiciat et lldcliuiu dcvotio utiliiis pcr
tractata iii nostrac lidclitatis et dcvotionis constaïuia fcrvcntiiis
soliclctiir. Diixiinus volcntw'S bcncficia rccompcnsarc pro mcritis
statiK'iulum :
Q.iioi.1 quicumquc annis XV vol iiule supra, Vonctiis continue
habitnssct; factioncs et onera nostri doniiiiij ipso tcmporc sub-
cunilo, a modo civis et Venetus nostcr esset; et Citadinatus
Veiictiarum privik';;io et alijs beneficiis, libertatibuset imnninita-
tibus, i]uibus alij Veneti et cives nostri utuntur et ^Mudeut perpetuo
et ubilibct cont^auderet. Undc cuni providus vir, Aluisius l'on-
tana, olini de Perganio, nunc habitator Venctiariim in contrata
Sancti Juliani, sicul k\<;itiniis et niaiiifestis probationibus pcr
provisores nostri Comunis dilii^enter exaniinatis, nobis innotuit
annis XV \'enetiis continuani habitationcm habucrit, crt;a nos
et ducatuni nostruni, fideliter et laudabilitcr sub devotionis
intei;ritate se gercns et subicns continue factioncs et oncra nostri
doniinij,di_L;na remunerationc proscqucntes, eundeni ipsuni Alui-
sium Fontana consiliorum etordinamentoruni nostroruni, neccs-
saria sokmnitatc scrvata, in venetum et civem nostrum de intus
et extra recepinnis atque et recipinuis, et Venetum et civem nos-
trum, de intus et extra, fecimus et facimus, et pro Vencto et cive
nostro in Venctiis et extra, habere et tractarc, ac liaberi voUniuis,
et ubique tractari Ita quod sint:;ulis libcrtatibus, bcneficis et
immunitatibus, quibus alii veneti et cives nostri de intus et extra
utuntur et i^audent, idem AUiisius in Venetijs et extra, libère
gaudeat de cetero et utatur. Intelligendo, quod pcr mare, et in
fontico theutonicorum, seu cum theotonicis, mercari; seu mer-
cari facere non possit, nisi de tanto quanto fecerit imprestita
nostro dominio in anno. In cuius rei fidcm et cvidentiam pknio-
rem, prcsens privik^gium fieri jussimus et bulla nostra plumbea
pendente muniri.
Datum in nostro ducak" Palatio, Anno domini incarnationis,
JHAN liT .Sl'lîASTIIiN CAHOT
J"
niillcsimo quadriiif^ciitcsimo scptiia^csimo sccUiiJo, mcnsis Au-
f^iisti ilic uiulcciiiu) iiulictionc Q.iiint.1.
Similc privilc^iiini f.ictiim fuit proviJo viro Johnnni Jncobi
qui fuit do pciis.uiro miiic liabitatori N'ciu'ti.iniiii tcmporc Scrc-
nissimi priiitipis liommi Xicol.ii MiircL'lli Iiicliti diicis N'c-iictia-
riim ctc, siib bulla plumblca MCCCCLXXIII meiisis Octiibris
die XXIII Iiulictionc \'II.
Similc piivilc^iuin factiiin fuit provido viro Martino l'ij^iiii qui
fuit de Mcdiolaiii) habitatori Veiictiarum tcmporc Scrciiis-iimi
Principis doiniui Xicolai Marcello iMCCCCLXXIlII die quarto
Julii IndictioiieVII.
Simile privile^ium factuni fuit provido viro Antonio Gulielnii
Calderario de Coluinbis qui fuit de lîalabio districtus Mediolaiii
liabitatori N'euetiarum teiiipore Sereuissiini Priiicipis douiiui
Pétri Mocciii^o sub bulla plumbea MCCCCLXXV iiicubi Maii
die quiiito ludietionc Octava.
Simile privilegium factum fuit provido viro Joanni Rartholomei
de Brixia liabitatori Vcuetiaruni tenipore Sereiiissimi Priucipis
domiui Kieolai Marcello MCCCC LXXIIII die xvu Maii, Indic-
tione VII.
Simile privilti;ium factum fuit probo et prudenti viro Joamw
pctro de Turco qui fuit de Navaria liabitatori Venetiaruni tem-
pore Screnissimi Priucipis Domini Joaniiis Moceiiigo die xxu»-!"
Augusti i.}8o.
Simile privilegium factum fuit Bartbolomco Antonii Casarolo
die xviii augusti 1481.
Simile privilegium fiictum fuit Bcrnardo Bartholomci de Per-
gamo die 28 septembris 1.184.
Simile privilegium factuni fuit Zacbaric de panti de lodi die
28 septembris 1484.
Simile privilegium factum fuit Bénédicte Lancclloti fontana
die 28 .septembris 1484.
Simile privilegium Hictum fuit Joanni Sebastiano et Stcfano
fratribus die 28 sept. 1484.
Jla
JEAN HT SÉBASTIEN CABOT
1496.
5 mars.
Simile prîvilcgium factum fuit Raphaeli quondam Antoni de
ardiconibus (Jic 12 fcbriiarii 1484.
Similc privilegium tactiim fuit M. Stcfano Nicolai Aurifici.
bulla aurca die 26 fcbruarii 1484.
Similc priviiegium factum fuit Joanni Caboto sub duce supras-
cripto 1476.
Similc priviiegium factum fuit Domiiiico Joanni de la Cisio
sub die XVIII jannuari 1498. '
Similc priviiegium factum fuit Jacobo Deblandratis sub die
XXVII judii 1500.
^ Similc priviiegium factum fuit Jonmi Jacobo grismasco pa-
piensi die 17 augusti 1501. »
(Arch. d'État, Venise, LibrùPiiviksi, t. II, p. 53').
III
PÛTiTioN DE Jean Cabot et de ses fils.
« Mémorandum qiwd quhilo die mardi aniio regni régis Heur ici
seplimi iindeci'iin) isia billa delibcrala fuit domino Cancellario
AngJiw aptid IVcsiinonastcrinm exeqiicnda.
« To the kyng our souvereigne lord
Please it your highnes of your moste noble and haboundant
grâce to graunt unto John Cabotto citezen of Vencs, Lewes, Sc-
bcstyan and Sancto his sonncys your gracious lettres patentes
undcr your grete sealc in due forme to be made according to
I, Nous empruntons le libellé des considérants à M. C. Bullo, La Ver a
Pdtriu lU Niivlo de' Coiili r di Giovanni Cabato, Cliioggia, 1880, p. 59, 60.
La seconde partie nous a été obligeamment fournie par M. le surintendant
Cechetti, qui, ;\ notre demande, a bien voulu la relever sur le texte original
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
313
thetenourhcreaftcrcnsuyng. Andthcy shallduring thcir lyvcs
pray to god tor the prosporous continiuncc of your moste
noble and royale astatc long to cnduer.
R (ex) omnibus ad quos etc. salutem. Notum sit et manifes-
tuin quod dcdimus etc. »
(Public Record Oflkc, Londres, Chanccry signcd Bill . suhmmo
n- Henry ni, n' 51').
IV
Lettres-Patentes accordées a Jean Cabot et a ses fils.
m
« Projohanrie Cahot ctfiliis suis.
Super Terra Inco^nila Invesliganda.
« Rex omnibus ad quos, etc. Salutem.
NOTUM SIT et manifestum quod dedimus et concessimus, ac
per présentes damus et conccdimus, pro nobis et hx-redibus nos-
tris, dilectis nobis Jobanni Cahlio civi Veactiarum, ac Lodovico
Selmliano et Sanclo, filiis dicti Johannis, et corum ac cu)uslibet
eorum ha^redibus et deputatis, plenam ac liberam auctoritatem,
facultatem et potestatcm navigandi ad omnes partes, regioncs et
sinus maris orientalis, occidentalis, et septentrionalis, sub ban-
neris, vexiUis et insigniis nostris, cum quinque navibus sive iia-
vigiis, cujuscumque portiturai et qualitatis existant, et cum tôt
ct^tantis nantis et hominibus, quot et quantis in dictis navibus
secum ducere voluerint, suis et eorum propriis sumptibus et ex-
pensis.
Ad invetiiendiini, discooperiendum et investigandum quascumque
insulas, patrias, rcgiones sive provincias gentilium et infidelium in
I, Publié pour la première fois par M. C. Dcsimoni, Inlùrno a Giovanni
Cal'olo, Genova, 1881, p, 47.
1496.
5 mars.
•'Il
m
314 JEAN ET SËRASTIEN CABOT
quaciiwquc parte miindi posiUis, qii.r cbrislianis omnibus mite hec tem-
ponifucniul îiuogniLc.
Conccssimus ctiam ci.sdcm et corum cuilibct, corumquc et
cujuslibct coriim liorcdibus et dcjnitatis, ac liccntiam dcilimus
afilgcndi pntdictas banncras nostras et insiynia in quaciimque
villa, oppido, Castro, insida seii terra lirnia a se noviter invemis.
Et qiiod pritnomiiiati Johanucs et fîlii ejusdem, seu h;vredes et
corum deputati quascumquc hujusmodi villas, castra, oppida et
insulas a se inventas, qiuu subjugari occiipari et possideri possint,
subjugare, occupare etpossidere valeant, tamqiiam vasalli nostri
et giibeniatores, locatcnentes et deputati eorundem, dominium,
titulum et jurisdictioneni corunuiem villarum, castrorum, oppido-
rum, insularum,ac terra: firm;u sic inventorum,Nobisacquirendo;
Ita tamen ut ex omnibus fructubus, proficuis, cmolumentis,
commodis, lucris et obventionibus, ex Inijusmodi navigatione
provenientibus, pnefati Johannes etiîlii, ac heredes et eorum de-
putati teneanturctsintobligati nobis, pro omni viagiosuo, totiens
quotiens ad portum nostrum Bristolliic applicuerint, ad quem
omnino applicare teneantur et sint astricti, deductis omnibus
sumptibus et impensis neccssariis pcr eosdcm lactis, qitiutain
parlein totiiis capitaiis Incri siii fncli sive in mercibus sive in
pecuniis pcrsolverc.
Dantes nos et concedentes eisdem suisquc iKuredibus etdepii-
tatis ut ab omni solutione custumarum omnium et singularum
bonorum ac mcrcium, quas sccum reportarint ab illis locis sic
noviter inventis, liberi sint et immunes.
Et insuper dedimus et concessimus eisdem ac suis heredibus
et deputatis, quod terra: omnes firma:, insulx, vilhc, oppida,
castra, et loca quivcumquc, a se inventa, quotquot ab eis inve-
niri contigerit, non possint ab aliis quibusvis nostris subditis fre-
quentari seu visitari, absquc \\centhpi\r<licto>iiin Johannis et ejus
filiorum, suorumquc dcputatorum, sub piuna amissionis tam na-
vium sive navigioruni quam bonorum omnium quorumcumquc
ad ea locasjc inventa navigare pra.'sumcntium.
[
H'
JEAN ET SÉ13ASTIEN CABOT
31s
Volcntcs et strictissimc mandantes omnibus et singulis nostris
subditis, tam intcrm quam in marc constitiitis, ut pnrfitloJobiVinî
et cjus filiis ac dcputatis bonam assistontiam faciant, et t;nn in
armandis navibus scu navigiis, quam in provisionc commeatus et
victualium pro sua pecunia cmendorum, atquc aliarum rcrum
sibi providendarum, suos omnes favores et auxilia impartiantur.
In eu") us etc.
Teste Rege apud Wcslmonaskrium quinto die Martii.
Pcr ipsiini Reççni. i>
(Public Record Office, Londres. Fraicb. Roll. siih niiiio 11 —
Henry VII. uwmhran. 2;, et raUiil Roll, suh miuo 4 - Edward VI.
P. 6, incinhr. 10'.)
I
V
DÈPÛciii- Di;s Rois-Catiiolicues a Ruy Gonzali-sdi- Puhbla,
LI-.UK AMBASSADF.UR A LONDRES.
« Qiianto a lo que desis que alla es yda une como colon para
poner al Rey deynglaterra en otro negocio como el de lasyndias
syn perjuysio de espafia ni de portogal sy asy le acude a el como .
a nosotros lo de las yndias bien librado estara crehemos que esto
sera cchadiso dcl Rey de françia por poner en esto al Rey de
ynglaterra para le apartar de otros negocios mirad que procureis
que en este ny enlo semejante no Resciba cngano el Rey de
ynglaterra que por quantas partes pudicren trabajaran los franccses
de gelo hazer. y estas cosjs semejantes son cosas muy ynçiertas
y taies que para agora no conviene entender en ellas. y tanbien
mirad que aquellas '■' no se puede entender en esto syn
pcrjuisio nuestro o del Rey de portogal. »
1. Public pour l.i prcmiùrc iois par Rymcr, Fa'thni, 1741, t. V, P. IV, p. 89.
2. Lacune dans l'original.
1496
28 mars.
Îi6
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Torlosn, ît 2S de Mar:^ulc I4')6. »
(Simancas, Estado ; Ccipiltilacioiics cou Iiiglakrrn, Lee;. 2°
fol. i6'.)
VI
RÉCIT CONTEMPORAIN'.
1497.
« In nmo 13 Heur. VII. — This ycre the Kyng at the besy requcst
and supplicacion of a Straungcr vcnisian, which by a Cœart
madc hym self expert in knowyng of the world causcd the Kyng
to manne a ship w' vytaill and othcr nccessairics for to scche an
lland wheryn the said Straunger surmysed to begrctc commo-
ditics : w'wliicli ship by tlic Kyngcs grâce so Rygged wcnt 3 or
4 moo owte of Bristowc, tlie said Straunger beyng Conditor of
the saide Flete, wheryn dyuers mercliauntes as well of London
as Bristow aventurcd goodes and sleiglit merchaundises, which
departed from the West Cuntrc}' in the bcgynnyng of Somer,
but to tiiis présent moncth came nevir Knowlege of their
e.xployt. »
(M5. Coll. VileUius, \\\\, f. i73.British Muséum".)
M. Gairdner, dont hi compétence en ces matières est univer-
sellement reconnue, dit que l'extrait ci-dessus provient d'une
1. Nous devons ce texte à l'obligeance de notre ami, M. le gcneTal
Fairchild, ministre plénipotentiaire des États-Unis ;\ Madrid, qui l'a obtenu
du Senor Don Prancisco Dias, directeur des archives de Simancas, et i celle
de M, Alfred Kingston, du Public Record Office, qui a bien voulu le copier
sur le texte recueilli par Bergenroth. Il a été publié en anglais dans les
CakmJars de ce dernier, 1. 1, p. 89.
2. Ce texte a été obligeamment copié pour nous sur l'original par Miss
L. Toulmine Smith.
JHAN ET SÉBASTIEN CABOT
3«7
chronique qui est cvldcmmcnt contemporaine de l'événement, et,
dans une lettre, ce savant paléographe ajoute : >< The ùirly part qf
this chrouick is dcrivcd front ii common source u'ilh several olhcr
Lvnlon Chronicles, siich as Greirory's, priiited [par M. Gairdner|
in Ihe « Collections of" a London Citizen. » The hiller pari bas
somethiitg in conmon luilh Fahyan, but ihere is a t^'ood dcal in il Jor
Ihe reign of Henry VII noi lo befoimd in any prinled source. »
Ce MS. porte sur une feuille volante (d'une autre écriture) le
titre suivant : « Cronicon rcgiim AnglicC et séries niaioniin et vice
comiltiin Civilalis London ah anno primo Hcnrici terliïi ad amiitm
priniiini Hen. S''''. »
VI B
Extrait de la Chroniope de Robert Fabyan, selon Stow.
In aiiiio ; i;\ns yearc one Sébastian Gabato a genoas
14 Heur. vin. ^q^^q borm- [n Brislolu professing himselfe to
be experte in knowledge of the circute of thc worlde and Ilandes
ot the same, as by his Charts and other reasonable démons-
trations he shewed, causcd the King to man and victual a
shippc at Tirisloiu to search for an Ilande whichc he Knewc
to be replenished with ricli commodities : in the ship diverse
merchauntes of London adventured smal stockes, and in the
Company of this shippe, sayled also out of Brislaw three or
1497.
I. La 14= année du rcgne de Henry VII comprend du 21 août 1498 au
21 août 1499. Ce serait donc, si l'on prenait le texte de Stow ;\ la lettre,
après la première de ces deux dates que l'expédition aurait mis à la voile.
Nous pensons que Stow a eu en vue l'aimée julienne, malgré la rubrique
portée en manchette ; car Hakluyt, qui donne cet extrait aussi d'après I-a-
byan, assigne à cet événement la date de la « 1 3 yere of King Henrie the
VII », la seule exacte.
3i8
JHAN ET SlilîASriEN CADOI'
foiirc smal shippcs frauglit with sliqlit and i^rossc warcs as
course clotli, Caps, Laces, points and sucli othcr ...»
(Joiix Stow, T/jc Chroiiiclcsof nn^'laml, London, 1580, in-.|",
p. 862.)
La lin du paragraphe, empruntée à une autre autorité que
l'abyan, est comme suit :
« Sir llumlVcy Gilbert Kin^lit in liis boclic iiititulcd a liiscoveric Ibr a ticwc
passage tu ('aUiiu writetli ilius, Sébastian Ciabato, by liys personall expé-
rience and travaile luitli set forth and diseribed tliis passaj^e in liis Chartes,
vliielie are yel lo be Seene in y<^ qi'.eenes Mujesties privie Gallerie, at
// liitc Ihill, wlio was sent to niai<e tiiis discoverie by Idng Iletnic thc
scventh. and entred tlie sanie fret, allirniint;, yi he sayied very for Westward
wvtli a qiiarter ol" tlie Xorth on tlie Northside ol 'l'iiid Je l.ahiador, tlie
t'ieventh ol" June, until lie came to tlie septentrial latitude of 67 1/2 degrees,
and linding thc seas stil open, sayd, y' lie niiglit and would liave gonc to
CiUaia il' thc iiiiinitie ci thc Maistcr and Marincrs had not bcne. "
Vie
Extrait di- la CiiuoNiauE dh Fabyan, selon Hakluyt.
Anic 1497. " •^ note of Sébastian Cabotes Voyage of Discovcric, taken
_ out of an Old Chronicle, written by Robert Fabyan, sometime
Alderman of London, which is in the custodie of John Stowc,
citizen, a diligent searcher and préserver ofanticiuities.
In the 13 yerc 'Y\ùs ycerc thc King (by meanes of a Vene-
ofKing Henné ^^^^^ which made himselfe very expert and
jhcJVII, 149^ ■ cunning in Knowledge of the circuit of the
worlde, and ilandes of the same as by a carde, and other
démonstrations reasonable hce shewed) caused to man and
I. La 13° année du règne de Henry VII se termine au 21 août 1498.
JKAN 12T S)-BASTIliN CABOT
519
victLiallii shippo at Hiistow to scarcU for un iLuklo, wliicho hcc
saidc hcc Kncwc wcll was riche, and rcplciiishcd whii riche
commoditics. Which Ship thus iiKinncd and victuallcd at thc
Kingcs cost, divers marchants of London vcnturcd, in hcr sniall
stockes, hcing in hcr, as chicfc Ruronc, tiic saidc Vcnctiaii. And
Bristow. 1 in thc companic of thc said shippc saylcd also ont
of Bristowc, thrcc or fonre sniall ships, frauglit withslcight and
grosso mcrchandi/.cs as conrsc clotli, Caps, laces, points, and
othcr trilles, and so departed from Bristowc in
William l'urchas • ^^^^ 1, •,„„; ^f May: of whoni in thisMaiors
Maior 01 London. . " ', ...
- tnnc rcturncd no tidnigs. »
(H.XKLUYT, Divers voyages louching ihc discoiicric oj Ameriea,
London, 1582, in-.f .)
VII
LÙGliNDlOS DE LA C.VKTE DH SÉb.^STlLN C.VUOT Dli l)-\[.
N" 8. Esta ticrra fuc dcscubicrta por loan Ca-
boto Vcncciano, y Sébastian Cabote su hijo, anno ^.
dcl nascimicnto de nucstro Saluador Icsu i Christo ,
de M.CCCC.XCllll. a ueinte y quatro de lunio \
porla mannana, ala quai pusieroii nôbre prima tierra
î . William Purchas fut lord-m.iirc de Londres, du 28 OLtobre 1497 au
2S ociobrc 1498.
2. Le 24 juin 1497 est tombé un samedi.
M
320
Jl-AN HT Sl'BASTIEN CABOT
uista, y a una ishi i^nidc que I esta par de la dha
tierra ', le pusieron nombre sant loan, por auer
sido desciibierta el niismo dia la gcnte délia andaii
uestidos depieles de animales, iisan en sus guerras
arcos, y fléchas, lanças, y dardos, y unas porras de
palo, y hondas. Es tierra nuiy steril, ay en ella mu-
chos orsos plancos, y cieruos nniy grades como
cauallos y otras muchas animales y semeiantemëte
ay pescado infmito, sollos, salmôes, lenguados, muy
grandes de uara enlargo y otras muchas diuersidades
de pcscados, y la mayor muititud dellos se dizen
baccalaos, y asi mismo ay enla dha tierra Halcones
prietos como cucruos Aguillas, Perdices, Pardillas,
y otras muchas aues de diuersas maneras. |
N° 8. Tcrram hanc olim nobis clausam, ape-
ruit loannes Cabotus Venctus, necnô Sebastianus
Cabotus cius filius, anno ab orbe redem = ^ pto 1494.
die uero 24. lulij [sic), hora 5. sub diluculo, quâ terril
primû uisam appellarût, & Insula quanda magnâ ei
oppositâ, Insuhï diui lo | annis nominarùt, quippe
quoc solenni die festo diui loannis aperta fuit. Huius
terrç incolç pellibus animaliïi induiïtur, arcû in bello,
sa = '1 gittis, hastis spiculis, clauis ligneis, & fundis
utûtur : sterilis incultâq? tellus fuit, Iconibus, ursis
albis, proceris'cp ceruis, piscibus innume | ris lupis
I. « Esta jar de lii diihi lima », paraît vouloir dire que cette grande île
se trouvait sur une ligne parallèle à ladite terre, tandis que les mots de la
jégende latine « ci opposilu » ou v El advciso situ », selon l'édition de 15.17,
disent qu'elle se trouvait en l'ace.
jn.w nr si-rastien cabot
jai
!1
scilicct, saliiionibus, &. iiij^ctibus solcis unius ulnç
lôgitudine, alijs'c]? diucrsis pisciii i;cncribus abiRlat,
horïi aùt niaxinia copia est, (.]; uuli;us lîacallios
appcllat, ad hçc insunt accipitrcs nigri coruorii
siiiiilcs, aquihf, pcrdiccsV]5 liisco colore ali;i.'\]î diuersii;
uolucrcs.
Il est utile de r;ipprochcr tic cette version hitine, celle que
donne Ilakluyt, d'après rexcniplaire de la carte de Cabot \u
par lui en 1599 (et même en 1582). dans la i;alerie particu-
lière du roi d'Anyletcrre à Westminster.
« Anno Domini 1.197, Cabotas Vcnctiis, et illius iîlius cam
tcrram fecerunt pcrviam, quani nulUis priùs adiré ausiis fuit, die
24 Junii, circiter lioram quintam beneinanè.
Hanc autcm appellavit Terram priniiini visam, credo quod ex
mari in cam partem priniùm oculos injecerat.
Kanique ex adverso sita est insula, cam appellavit Insulani
Divi Joannis, hac opinor ratione, quod aperta fuit eo die qui est
sacer Diuo Joanni Baptista- : Hujus incohe pelles animaliuni exu-
viasquc fcrarum pro indumentis habent, easquc tanli fliciunt,
quanti nos vestes prcciosissimas. Cùm belluni gerunt, utuntur
arcu, sagittis, hastis, spcculis, clavis ligneis et fundis. Tellus
sterilisest, neque ullos fructus aflert, ex quo fit, ut ursis albo co-
lore, et cervis inusitat.v apud nos niagnitudinis referta sit : pisci-
bus abundat iisque sane magnis, qualcs sunt lupi marini et quos
snlmoncs vulgus appellat; soleœ autem reperiuntur tam longiv,
ut ulnx- mensuram excédant. Impriniis autcm magna est copia
corum piscium, quos vulgari sermone vocant Hacallaos. Gi-
gnuntur in ea insula accipitres ita nigri, ut corvoruni similitudi-
ncm niirum in modum exprimant, perdices autem et aquihe sunt
nigri coloris, b
2[
jiAN i;r suiiAsniix (Mum-
VllI
Lurrup: ni'. Loui.nzo I'asiiualk-o, Ani<ussi;r. a sus ruÙRUS.
1497-
23 août.
« L'c vcnuto sto nostro VciKtiano chc aiulo con uno nav'u^lio
do Bristo :\ trovAr Ixolo iiovc, c dicc havcr trovato lige 700 lon-
lan, de qui .Tcrrafcrnui cl pacxc dcl Grain Cam. andato pcr la
Costa li-c 300, 0 cIk' e dcsmontato e non a visto pcrsona al-
•Hun ma a portato qui al rc ccrti lazi cirera tesi per prender
salvadcxinc, c uno ago da far rede c a trovato certi albon ta-uiti,
si che pcr questo iudicha che ze pcrsonc. Vene m navo pcr
dubito et e stato mcxi trc sul viazo e questo c certo, e al tornar
aldrcto a visto do ixole ma non ha voluto desender pcr non per-
dcr tempo che la vituaria li mancava. Sto re ne ha buto grande
piacer e dise che le aque c stanche e non hano corso come
qui. r.l re le ha promesso a tempo novo navil X e arniati come
lui vorà ed ali dato tutti i presonieri da traditori in fuora chc
vadano con lui come lui a rechiesto e ali dato danari tazi bona
ziera Tmo a quel tempo e con so moier venitiana e con so iioli
a Bristo. El quai se chiama Zuam Talbot c chiamasi cl gran
armirante e vienli fato grande honor e va vcstito de seda e sti
Iivdcxi li vano driedo a mo pazi c pur ne volesc tanti quanti
navrebe con lui c etiam molti de nostri furfanti. Sto inventor
de queste cosc a impiantato suli terreni a trovato una gran f
con una bandiera de Ingeltcra e una de San Marco per esr,erc
lui Vcnetiano, si che cl nostro confldone se steso molto m qui.
Lmini, 2} Aovslo /./v7- '>
(Marin SANuro, Diarii, sous la date du 1 1 octobre 1497, t. 1,
toi 374, V. M S. de la Marciana'.)
1. lm,,ruiic pour la pr.-niicic lois p.ir .M. \Usxdon BroWii, /?«A'â''"^''' !"• '•
p. 99; et, ai .uj-lais, J.ms sw CuLmliin, t. 1. p. 262, n" 752.
JUAN !■ r SÙUASTiliN CA15UI'
ii^
«... Oltre .1 ciù nlcuni mcsi dopo S. Macstà maiulo un \ y-
ncziano chc c un distinto niariimio, c chc avcva niolta capacità
ncllc scopci-ic ai niiovc isole, cd c ritorn.Uo salvo, cd ha scopcrii. .
duc isole Icrtili molto grandi, avcndo dcl pari scopcrti. le scttc
città quattrocento U-he dall' Inolulterra dalla parte verso oeei-
dente. au^sti tosto estcrnô a S. M. l'inten/ione diniandarlo cou
quindici o ventibastinienti... LoiiJnt, 2./ //^'ov/o /./yy. »
(Archives desSfor/a, Milan'.)
L'orii;inal. paraît-il, n\i pu Ctiv retrouve dans les archives
milanaires. Nous crovons donc utile de reproduire la copie que
M. Kini^ston a eu l'obli«;eance de prendre sur le texte envoyé
par M. ilawdon Brown au Public Record OHice :
' (< Item la Ma-esta de Re sono niesi passate havia niandato
uno Veneciano el quel e molto bono marinare et a bo'.ia scientia
de trovare insuie nove. e ritornato a salvamento et a ritrovato
duc insuie nove -vandissime et iVuctilVere et etiam trovato le
septc citade lontane da l'insula de ln>;literra !e-e .[oo per lo
camino de poncnte : la Maesta de Re questo primo bono tempo
uli vole mandare XV in XX navili. ''
1497-
24 août.
I. Publié ci> anglais par M. UaNvdon Brown, Qikiular, t. III, p. 260,
no 7)0, et en italien par M. lUiUo, /iv. cil.
1
il
r
il >
!
IX
Dtptciic or. Raimondo di Soncino au duc di. NUian.
^
iM JBAN r.T StBASTIEN CAlk)!'
X
DlXXlt.MIi DUPÛCIlli t)li UaIMONDO DI SoNCINO au nue DU MlLAM.
<< Illiisliissimo cl cxri'lli'iilissinio sit^nor iiiio.
I.}9y. <' l'orsi chc tri t.uitc OLtiipatioiic dcNM'.x. non li sar.\ inolcsto
iS déccinbiv. "it^'"doiv comc qiiL'st.i Macst.'i lui ^iiacli-^naio ima parte de Asia
- scnza colpodc spada. In i.]ncsto rcgno c iino popiilarc Vcnctiani)
cliianiato niosscr Zoannc (laliDto de gentilc int^cnio. pcritissinio
delà navi^atione, el (.]iiale vi^to ehe li serenissinii Ke prima de
P()rtUL;allopc)i deSpa^na liamio oeciipati) isole inco^iiite, deliberi)
lare nno siniile act.]iiist() per dicta Maestà. lid inipetrato privilej^j
regij, clic kitile doiuinio de quanto el trovasse fossi siio, purcliè
lo diretto se réserva alla Corona, cum imo piccolo naviglio c
X\'II1 persone se pose ala lortnna, et partitosi da Bristo porto
occidentale de qiiesto reL;no et passato Ibernia più occidentale, e
poi alzatosi verso el septentrioiie, comenciô ad navigarc aie parte
orientale, lassandosi (ira qiialclic giorni) la tramontana ad mano
drita. et havendo assai crrato, intine capitoe in terra ferma, dove
posto la bandera regia, et tolto la possessione per qiiesta Alteza,
et prcso certi segnali, se ne retornato. Al ditto messer Zoanne,
como alienigena et povero, non saria creduto, se licompagni clii
sono quasi tutti inglesi, et da lîristo non testiiicassero ciô che
lui dice essere vero. Msso messer Zoanne lia la descriptione del
mondo in una carta, et aiiclie in una spliera solida che lui ha
fatto et demostra dove è capitato, et andando verso cl levante ha
passato assai el paese del Tauais. lit dicono che la è terra optima
et tempenua, et estimanno che vi nasca cl brasilio et le sete, et
allermanno che quello mare è coperto de pessi li quali se pren-
denno non solo cum la rete, ma cum le ciste, essendoli alligato
uno saxo ad cio che la cista se impozi in laqua, et questo io Iho
oldito narrare al dicto messer Zoanne.
I
JEAN
siinASTir.N CAnoT
v\
« lit ilitti Iii};Icsi suoi coiiip;i,i;iii dic^no clic portaraiiiio taiiti
pcssi clic qucsto rc,L;iio non Ii.ucr.i pii'i liiso.;n(i do Isl.iiul.i, ilcl
qiKilc p.icsc vciic uiia i;r.inJishiiii.i iiicrc.ititi.i ili' pcssi clic si
cliiamaniu) stoclilissi. M.i mcsscr Zoaiinc lia posto l'aiiimo aJ
maj^ior cosa perche pensa, ila qiicllo ioco occiipato anJarsciic
scniprc a Riva Kiva pin verso el Levante, tantd cliel sia al oppu-
sito de iina Isola da lui cliiaiiiata (apaii^'o, posta in la rcL;ioiic
cquinoctiale, dovc crede clie nasc.uio tiittcle speciariedcl nuiiulo
et anclic le j;ioie, et dicc che altre volte esso è stato alla Mccclia,
dove per caravane de luiitani paesi sono porta'e le spcciaric,
et doiiiaiidati qnelli clic le portanno, dove nascono ditle spcciaric,
rt'spondcnno clie non sanno, ma chc veiii;hono cuin questa
niercantia da luntani paesi ad casa sna altfe caravane, le qualc
ancora dicono chc ad loro sono portatc da altrc rcniote re_<;ioni.
Kt la questo arguniento chc se li oricntali aticrnianiio ali nieri-
"onali che qiicstc cosc vciii^hono loiitano da loto, et cosi da
iiio in mano, prcsupposta la rotuiulità délia terra, c neccssario
chc li ultimi le tolliano al scptentrionc verso l'occidcntc. lu
diccllo per modo che non nie costando iiiù como Costa, ancora
iolo credo, lit chc è nia<^}.Mor cosa, qiiesta macstîi clie è savia et
non prodif^a, ancora Ici li prcsta qiialchc fedc, perche do poi clicl
è tornato, li dà asai bona provisionc conic csso Mcsscr Zoannc
me dicc. Et a tempo novo se dicc chc la Macst.\ prcfata armar.'i
alcuni navilij, et nltra li dar."i tutti li malfatori et andarano in
quelle pacsc ad lare nna colonia, mcdiantc la qualc sperano de
farc in Londres mai;ii)rfondaco de spcciaric chc sia in AlexanJria.
Lt li principali deirimprcsa sono de Bristo, grandi marinari li
quali hora chc sanno dovc andarc, dicono che L'i non c naviga-
tione de piii chc XV giorni, ne hanno mai fortuna conic abban-
donano Ibernia. Ho ancora parlato cum uno Horgognone
compagno di mess. Zoannc chi alTerma tutto, et vole tornarci
perche lo armirante (chc già mcsscr Zoannc cosi se intitula) liha
donato una Isola ; et ne ha donato una altra ad un suo barbcro da
castione Gcnovesc, et intrambi se reputanno Conti, ne monsignor
t'
!
326
JI-AN ET SÉBASTIEN CABOT
Larmirantc se estima manco do principe. Credo ancora andarano
CLim qucsto passagyio alcun poveri frati Italianili quali tutti lianno
promissione de Vescovati. Ht pcr csscre io fatto amico de Larmi-
rante, quando volossi andarvi, haverei uno Archivescovato, ma
ho pensato chel sia più securacosali bcncficij quali V. Ex. me ha
reservati, et pcrhô supplicochc quando vacassero in mia abscntia
la me faccia dare la possessione, ordenando fra qucsto megio
dove bisogna, che non me siano tolti da altri, li quali per essere
presenti pos.ono essere piû diligenti di me, cl quale sono redutto
in questo pacsc ad mangiarc ogni pasto de X o XII vivande, et
stare tre horc ad tavola pcr volta ogni giorno due volte per amorc
de' Vostra Exccllentia. A la quale humilmentc me recomando.
Londonix- XVIII Decem. 1497.
Eccelentix ^'est^e
Hiimilissimus Scrvtis.
Raimundus. »
(Arch. d'Etat, Milan. Polcnic Eslcrc, ht^hillcna 14c}'], dccmh.')
I. Public d;ins XAnniiaiio siiciililh\\ Milan, 1866, p. 700. Nous em-
pruntons notre tc'xto à Vliiloiiio de M. Desinioni, qui ;i publié le sien d'après
une copie coll.uioiinJe sur l'original p,\r M. le suriraend.int des archives
d'Etat à Milan.
p
JKAN ET Sl-BASTIl-N CAIKVI'
XI
SECONDF.sLr.TTRES-PATENTi-s.\ccoRDi:i;s A Ji:an Cadot.
^ 1
I
« Mcmorandiim quod Iciliu die Irhiiiirii amio nyjii rci^is llcintd
scptiuti xiij isla hilla dcUbcmla fiiil domino Cancclhuio Ani^liw
(ipiid IVeslmonaskrîttm c.xcqiiciidii. i
To thc kyngc
Plcas it yoiir Highncssc, of vour mostc noMc and habuiuluint
grâce, to grauntc to John Kabotto, Vcnccianc, yoiir gracions
lettres patents in duc forme to be niade, accordyng to the ténor
hercaftcr ensuyng, and he shal continiially prayc to god for the
prescruacion of yoiir mostc noble and roialc astate longe to
endure.
H (en) R Qais) Rex.
To ail mcnto whom thics prcsentis sliall corne send greting;
knowc ye that \vc of our grâce cspcciall and for dyvers causis
us moviiig we havc given nnd graunten and by thics presentis
yevc and grauntc to our well belovcd John Kabotto Venician
sufliciente auctorite and power that he by hyni lus deputie or
deputiessufiîcient may take athis pleasurc vjl-nglisshe shippesin
any poorte or portes or other place within this our rcalme of
Ingland or obeisauncc to that and if thc said shippes be of the
bourdeyn of CC tonnes or under with their apparaill requisite
and necessarie for thc safcconductof the seid shippes, and thcym
convey and lede to ihc Londe and Iles of late founde by the seid
John in cure name and by oure conimaundementc, payng tor
thcym and evcry of thcym as and if \ve should in or for our
owen cause paye and noon otherwisc.
1498.
3 février
i."
338
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Aiul that thc scid John by hym liis dcpullc or dcputies sufficicntc
niayc take and rcccyvc into tlie scid shippcs and evcry of tlieyni
ail siichc maistCTs maryncrs pages and our subjects, as of tlicyr
owcn frce willc woll goo and passe with hym in the same shippcs
to the scid Londe or Iles witlioutc any impedymcnte lett or per-
turbance of any of our officcis or ministres or subjcctcs whatsocvir
tliey bc by tlieym to thc scid subjectes or any of thcym passing
with thc scid Joiin in thc seid shippcs to the seid Londe or Iles
to be doon or suffcr to be doon or attempted. Yeving in com-
maundcmenttoalland every our oflicers ministres and subjectes
seying or herying thics our lettres patents, ^vithoute anyc ferthcr
commaundcmcntby us to thcym or any of thcym to be geven,
to perfourme and socour the scid John, his dcputic and ail our
seid subjectes to passynge with him according to the ténor of thics
our lettres patentis. Any statutc, acte or ordcnaunce to thc
contrarye made or to be made in any wisc notwithstanding. »
(Public Record Office. Chamcry sii^mi bill , sub amio ij-Hciiri
FII,n°6\)
XII
DÉPÊCHE DE RUY GOMZALÈS DE PUEBLA AUX RoIS-CaTHOLICLUES.
« El Rey de Inglaterra cmbio cinco naos armadas con otro gc-
novcs como Colon a btiscar la Isla de Brasil y las vicinidades,
fucron provcy dos por un aùo. Dicen que scran venidos para al
1498. el Scpticmbre. Vista la dcrrota que llcvan allô que lo que buscan
25 juillet? '-'^ ^° 1"^ Vuestras Altczas poseen. El Rcy me ha fablado algu-
I. Découvert et public par Biddlc yMnnoir oj Schasl. Cahol, 185 1, p. 76-77).
Nous adoptons le texte revu sur l'original par Miss L. Toulmine Smith, et
inséré dans VJiilonici de M. Desimoni, p. 56.
JEAN ET SEBASTIEN' CABOT
Î29
nas vcccs sobrcllo cspcra haver muy gran intéresse. Crco que no
hay de aqui alla CCCC léguas. »
(Public Record Oflicc, à Londres'.)
XIII
DèpfeciiE DE Pkdro de Ayala .\ux Rois-Catholiclues.
« Bien creo, Vucstras Altezas an oido, como cl rey de Yngla-
terra lu fecho armada para descubrir ciertas islas y tierra firme
que le han ccrtilîcado hallaron ciertos que de Bristol armaron ano ,
passade para lo mismo . Yo hc visto la carta que ha feclio el in-
ventador que es otro genoves como Colon que ha estado en Se-
villa y en Lisbona procurando haver quien le ayudasse a esta
invcncion. Los de Bristol, ha sicte anos quecada ano an armado
dos, très, cuatro caravelas para ir a buscar la isla del Brasil y las
siete ciudades con la fantasia deste Ginoves. El rey detcrmino de
enbiar porque el ano passado le truxo certenidad que havian hal-
lado tierra. Del armada que hizo que fueron cinco naos fueron
avitallados por un ano. Ha vcnido nueva, la una en que iva un
otro Fai {sic pro Fray ?) Buil aporto en Irlanda con gran tor-
mento rotto el navio.
« El ginoves tiro su camino. Yo, vista la derrota que lie van y la
cantitad del camino hallo que es lo que han hallado o buscan lo
que Vuestras Altezas poseen, porque es al cabo que a Vuestras
Altezas capo por la convencion con Portugal. Sperase seran ve-
nidos para el Setiembre. Hago lo saber a Vuestras Altezas. El Rey
de Ynglaterrame ha fablado algunas vezes sobre ello. Spero aver
muy gran interesse. Creo no ay quatro cientos léguas. Lo le dixe,
I. Cet extrait, pris sur les copies rapportées de Simancas par Bergenroth,
nous a été obligeamment envoyé du Public Record Oflicc par M. Kingston.
Nous ne connaissons pas la date de cette dépêche, mais elle a dû être
adressée en même temps que la su'vante.
1498.
25 juillet.
a
JJO
JEAN ET SEBASTIEN CABOT
creya crnn lashalladas por Viicstras Altczas, y aun le dia la una
razon, no lo qucrria. Porqiic crco, Vucstras Altczas ya tcndran
aviso de todo lo y asyniisnio al carta o mapa nnindi que este ha
fecho, yo no la cnbio agora, que aqui la ay, y a mi ver bien f;ilsa
por dar a cntender, no son de las islas dichas. »
(S'muncas, Esliuh, Triitado cou Inglalcrra. L'gajo 2'.)
XIV
Extrait de la Chronique de Fabvan concernant le troisième
VOYAGE (présumé) DE SÉBASTIEN CaBOT, SELON StOW.
1502.
18. HcûrTvill « Thys ycare, vvcrc brought vnto tlie kyng
A. D. 1,02 '. three men taken in thc ncw foundc Ilands, by
Sébastian Gahalo, bcfore namcd in Anno 1468 (.v/r), tbese men
were clothcd in Beastcs skinnes, and eate raw Tlesh, but spake
such a languagc as no man could vndcrstand them, of the
vvhich three men, two of them wcre seene in the Kings Court
at JVesliiiiuskr two yeares aftcr, clothed, like Englishmm, and
could not bec disccrned from Eiiglisbmeii. »
(Stow, Chrouiclc, Lond., 1580, p. 875-.)
1. Notre texte provient des copies dépostîes au Public Record Office par
l'eu Bergenroth, qui a publié cette dépèclic en anglais dans ses Cakudars,
t. I, p. 176-177, 11" 210.
2. Dans l'édition de 1605, la dernière publiée du vivant de Stow, il y a
en marge : « Roh. Fabiaii An. irt;. iS. » citation qu'on retrouve dans ks
éditions préparées par Edmond Ilowes [Aniiuks] en 1605 et 1631. Nous
n'avons pas trouvé celle de 1600 mentionnée par Lowndes.
}
JEAN ET SÉBASTIEN CABO T
131
XV
Emargement de Cabot pour une carte m vrinr.
« Paid Sébastian Cabot. Making of a carde of Gascoignc and
Guyon, 20 s. »
(J. S. Brewcr, Cuknditr domestic and forcisn. Henry VUL
London, 1864, in-8, t. II, Pari II, p. i-IS^-)
1512.
mai.
XV lî
Lettre de Ferdinand d'Aragon concernant Cabot.
« R. il Mi loi- de Ulihy Capitan R. de Ynijl". i 5 1 2.
Hc sabido que vicne en vtr.â compania Sébastian Cabote In- ^^ septembre,
gles, e porque yo quiero saber del cosas de ntro servicio, le ________
enbiareis a do cstoi.
Logrono, 13 Sef^ 512.
Concli [illo].
Obpo. [de Palencia]. »
(MS. de la bib'.iot. de l'Académie d'Histoire à Madrid, col-
lection Muùoz, t. XC, fol. 109 verso.)
XVI
Lettre de Ferdin.\nd d'Aragon a Cabot.
« R. à Sébastian Cabolo. _ 15 12.
Sabcis que en Burgos os hablarôn de mi parte Conchillos i el ^^ g^jp^embre
Je Palencia sobre la navegacion a les Bacallos, e ofrecis- ^
Obp. de
jj, JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
tels scrviruos escribicndo yo â Milor de Illiby, ntro capitan :
helc escrito y con su licencia véniel, â do cstoi.
Logroflo, 13 Sept''. 512. »
{Ibidem, (ol. 115.)
XVII
Lettre de Ferdinand d'Aragon concernant Cabot.
i I
' 5 ' t A Sebasdan Cabote Ingles he hecho merced de utro Cap an
^ "'^^Q^'"'-'- de mar con 50,000 mrs. de Salarie los que les pagarcis annualm
"^"^^"""~" en la forma acostumbrada.
Logrefie, 2oOct'^ 512.
Conch.
Obpe. »
{Ibidem. )
XVIII
Lettre de Ferdinand d'Aragon concernant Cabot.
(( El Rci D. Luis Caro ntro Enibajador, etc.
'5't Sébastian Cabote, ùtro Capitan va a penet recaudo en su
^° °''°^''- hacienda; a traer su imijer i casa : favoreced su bueno y brève
despacho.
Logrofie, 20 0cr 512.»
{Ibidem' .)
• • , . Nous devons une copie des quatre documents qui précèdent, à Tobli-
geance de M'i-^ Isolina de Cesaris, de Madrid.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
335
XVIII A
Emargement de Sébastien Cabot.
« En 6. Marzo 514. se dan a Scbast. Cabot 50 ducados en
cuenta dcl salario que se le ha de dar, con que fucsc a hi Corte
a consultar con S. A. las cosa> del viaje que ha de Uevar a des- ,
cubrir 18750
Ceduladc26 Marzo 514. Supone rccibido Capîtan para las
cosasdcmaraSebast. Caboto Ingles con 50,000 i se manda
que por quanto estava aderezando cosas de su casa i hacienda
para vcnirze, le pagucn enteramcnte cl salario dcsdc que lue
rccibido hasta que vino i se presentô. »
« En 7. Abril se le libraron 13,637 1/2 mrs. a complimiento
de 76,637 1/2 de su quitacion de Capitan de S, A. desde 20 Oc-
tubre 512. hasta fin de Abril 514. a razon de 50,000 por aùo.
En Londres havia rccibido de D. Luis Carros Embajador 44,250.
En 1 1 Mayo se le libro un lercio adelantado de su salario por
estar gastado de su venida de Londres, i havcr enbiado a traer
1514.
26 mars.
(Extrait des MSS. de Muùoz, fol. 519.)
XVIII B
Emargements de Sébastien Cabot.
« En 30. Agosto a Seb. Caboto Capitan de mar 40,267 1/2
mfs. por Ccdula Real para que se le pagase el salario de 9. mcses
1515.
30 août.
I. Nous pensons que c'est sous l'année 1514 qu'il faut insérer cet extrait
qui, dans l'original, est matricule sous l'année 15 12.
Î34
jr.AN ET SÉHASTIliN' CABOT
i 20. dias que se le dcjaron de pagar el ailo que tue rccibido a
dicho oficio con salario de 50,000. Adcmas sin 1/3 dcsto aùo :
— Nombransc este ano Pilotos de S. A. con sucldo, Solis
niayor — Scb. Cabot — Andrcs de S. Martin — Juan \'espu-
chc — Juan Scrrano — Andres Garcia Nino — Francisco Coto
— Francisco de Torrcs — Vasco Gallego. »
(Extrait des MSS. de Munoz'.)
XVIII c
Emargements de Sébastien Cabot.
15 19.
6 mai.
« Pilotos dcl Rci. Mayo 6.
— A Andrcs de San Martin, Francisco de Soto, Juan Scrrano,
a cada 10,000 por cl 1/3 de sus salarios.
— A Sébastian Gabot, Capitan c Piloto mayor, 25 ,000 por 1/3
de su salario.
— A Andrcs Nino, Vasco Gallego. Juan Rodriguez do Ma-
fra, Estevan Gomez, Juan Vespuche, Francisco de Torrcs, Pilo-
tos de S, A. los 1/3 de sus salarios. »
(Cneiiia dcl Dr. Samho ilc Maticii:;p, Tcsorcro de la Casa de Sc-
villa. SI ;-!<;. Extrait des MSS. de Munoz'.)
1. Les pilotes de S. A. srniblciit n'avoir été nommés que pour une
année, car nous voyons les pilotes mentionnés ci-dessus renommés par
des cédules loyales de 15 16 et 1518. C'est dans cette dernière que se voit
ajouté le nom de Estevan Gomez.
2. A rapprocher cette date de 15 19. de ce que Cabot raconte de son
entrevue à Londres avec le cardinal Wolsey; Supra pa^je 116, et appendice.
Jl'.AN HT SRBASTinN CABOT
33Î
XIX
Extrait dhs Dùcadls du Pldro Martyr d'Angiukra.
(( Scriitatiis est cas Scbastianusq uidam Cabotas j^cncro Vcnctiis,
scd à parcntibus iii Britanniam iiisulam, tciulentibus (uti moris
est Vciictorum, qui commcrcii cuisa tcrrarû omtiiiiin nuit
hospitcs) transportatus pciic intans. Duo is sibi navigia propria
pccunia in Britannia ipsa instruxit, et primo tendcns cum liomi-
nibus tcrccntûm ad septcntrioneni, doncc etiam Julio mensc,
vastas repcrcrit glaciales moles pelago natantes et lucem ferè pcr-
petuam, tellure tamen libéra gelu liquefacto. Quare coactus iuit,
uti ait, vêla vertere et occidentem sequi telenditque tamen ad
meridiem, littore scse incurvante, ut Ilerculei freti latitudinis
ferè gradus ;vquarit ad occidentemque profcctus tantum est, ut
Cubam insulam à heua longitudine graduum penè parem habue-
rit. Is ea littora percurrens qux' Bacallaos appellauit, cosdem se
repcrisse aquarum, sed lenes delapsus ad occidentem ait, quos
Castcllani méridionales suas rcgioncs adnavigantes inucniunt.
Ergo non modo vcrisimilius, sed neccssario concludcndum est,
vastos inter utranque ignotam hactenus tellurem jacere hiatus,
qui uiam pr;ubeant aquis ab oriente cadentibus in occidentem.
Qiuis arbitror impulsa cœlorum circulariter agi in gyrum circa
terrx' globum : non autcm Demogorgone anhalentc vomi, absor-
berique ut nonnulli senserunt : quod influxu et refluxu forsan
assentire daretur. Baccallaos Cabottus ipsc terras illas appellavit,
eo quod in earum pelago tantam repererit magnoram quorun-
dam piscium tynnos ;emulantium, sic vocatorum ab indigenis,
multitudinem ut etiam illi navigia interdum detardarent. Earum
regionum homines pellibus tantum coopertos reperiebat, ratio-
nis haadquaquam expertes. Ursorum incsse regionibus copiam
ingcntem rcfert, qui et ipsi piscibus vescantur. Inter dcnsa
ibi
■
i3'^
JEAN ET SÉUASTIEN CABOT
iianquc piscium illorum agmina scsc immcrgunt iirsi et siiigulos
singuli complcxos unguibiisi]iic intcr squamas immibsis in tcrram
raptant et comcdiint. Proptcrca minime noxios hominibus ursos
esse ait. Orichalcum in plerisqiic locis se vidisse apml incolas
pnt'dicant. ramiliarem habco domi Cabottum ipsum, et contu-
bernalem interdum. Vocatus nanqiie ex Britannia à rcgc nostro
catholico post Henrici majoris Britanniic régis mortem, concu-
rialis noster est expi'ctatque in dies ut navigia sibi parentiir,
qiiibiis arcanum hoc natunv latens jam tandem dctcgatiir. Martio
mense anni lutiiri MDXVI piito ad explorandiim discessiirum.
Qiuv succèdent, tua Sanctitas per me intelliget, modo viverc
detur. Ex Castellanis non desunt, qui Cabottum primum fuisse
Baccalaorum, repcrtorem negcnt tantumque ad occidentcm teten-
dissc minime assentiuntur. De laucibus et Cabotto iam fatis. »
(Pi:duo Maktyk D'A\Giin;KA, De Orbe Nouo Décades, Paris,
1587, in-8. Decad. III, lib. VI, p. 232-233.)
XX
RûciT Di; l'Anonymu du Ramusio.
c( Et fatto alquanto di pausa, voltatosi verso di noi disse, Non
sapete à qucsto proposito d'andare à trouar l'Indie pel vento di
maestro, quel che fece gia un vostro cittadino Venetiano, ch'è
cosi valente et patrico délie cose pertinent! alla navigationc et alla
cosmographia, ch'in Spagna al présente non v'è un suo pari, la
sua virti'i l"ha fatto preporrc îitutii li pilotti che navigano all'Indie
occidentali, che senza sua licenza non possonotar quell' essercitio
et per qucsto lo chiamano Pilotto maggiorc. Et rispondendo noi,
che non lo sapevamo, continué, dicendo, che ritrovandosi già
alunic anni nella citta di Siviglia tt desiderando di saper di quelle
navigationi de Castigliani, gli fù detto, che v'era un gran valent'
I
JliAN \-:r SI'lJASilliN CAHOT
n;
luiomo Vcnctiano chc li.uca l caricodi quelle, nominato'l sii^iiDr
Scbastiano Caboto, ilcjual sapev;» far carte marine di sua inano, et
intcndeva Tarte del navigare piu cli'alcun'altro. subito vi)lsi essere
col detto, et lo trouai uiia gentilissiuia pcrsona et cortcse, clie nii
fece gran carezze, et mostroiniiii moite cose, et Ira l'allre un
Mapamondo grande colle navigation! particolari, si di l'orio-
ghesi, conie di Castigliani et nn disse che sendosi partito suo pa-
dre da Venetia gia molti anni, et andato i\ stare in Ingliilterra ;i
far mercantie lo menci seco nella citt.'i di I.ondra, che egli era
assai giovane non gia perô che non havcsse imparato et littere
d'humanità, et lasphcra. mori il padre in quel tempo chc venne
noua che 'l signor don Christophoro Colombo Genovese havea
scoperta la costa dell' Indie, et se ne parlava grandeniente per
tutta la cortc del Ile Ilenrico vij, che allhora regnava, dicendosi
chc era stata cosa piu tosto divina che humana l'haver trovata
quellavia mai piu saputa, d'andare in Oriente, dovc nascono le
spctie. per ilche mi nacque un desiderio grande, anzi un ardor
nel core di voler far anchora io qualche cosa scgnalata, et sa-
pcndo per ragion délia sphera, ches'ionavigassi per via del vento
di maestro, haveria minor cammino à trovar l'Iudie, subito leci
intender questo mio pcnsiero alla Maestà del Re, ilqual fu molto
contente, et mi armô due caravelle di tutto cio chc era dibisogno,
et fu del mille quatrocento novantasei nel principio délia state et
cominciai a navigar verso maestro pcnsando di non trovar terra
se non quella dove è il Cataio, et di li poi voltar verso le Indie :
ma in capo d'alquanti giorni la discopcrsi, chccorreva verso tra-
montana, che mi fu d'infinito dispiacere. et pur andandodietro la
Costa per vederc s'io poteva trovar qualche golfo, che voltasse,
non vi fu mai ordinc, che andato sin a gradi cinquantasei sotto
il nostro polo vedendo che quivi la costa voltaua verso levante,
dispcrato ditrovarlo, me ne tornai ;i dietro ariconoscere anchoia
la detta costa dalla parte verso l'equinottiale, sempre cou inten-
tione di trovar passaggio aile Indie, et venni siiio à quella parte
che chiamano al présente la Florida, et mancandomi gia la vetto-
c
]]H JHAN liT sfillASriIiN CAHOT
va^Iia, picsi partito ili ritorn.iriiK'iic in In<;liiltcrra : Jovc niiinto
trovai ^raiulissimi timuilti di popoli sollcvati, et dclla ^ucrra in
Scmia : no pin cra in considcratioiic alciina in navij;arc à qiicstc
parti, pcr ilclic nie ne vciini in Spa^na ai \{c Catholici), et alla
Kcj^ina Is.iliclla i qiiali haveiuli) intcso cm cIk- io liavcua fatto,
nii iacci)lscri), et mi diedeio Inuma provisione laecendonii na-
vi^ar dictro la costa del Mresil, per volerla scoprirc, sopra la quai
trovato un ^rossissinio, et larj^iiissinu) fuinic, dctto al présente
délia Plata, lo volsi navij;are, et aiulai all'insu per queilo pin
disecento le^lie trovandolo senipre bellissiini), et liabitato da
inlliiiti popoli, clic per niaraviglia correv.ino à vedernii, et in
queilo sboccavaiio tanti liumi, clie non si potria credere. leei
poi moite altie navii^attit)ni, le quali preternietto, et trovaii-
doini alla fine vecchio volsi riposare essendosi allevati tanti
pratielii, et valenti marinari j^iovani , et liora me ne sto con
arico che voi sapete, <;odendo il iVutto délie mie l'atiche. Questo
è quanto '. itesi dal sij^nor Sebastiano Caboto. »
ÇPriiiu' l'oliiiuc ilcllc Navi^'Ulioiii cl V'nts^i^i, Venetia, 1550-53,
f. .fM.v"'.)^ ^
Ricliard lîdeii dit, sans hésiter, que l'interlocuteur de Cabot,
dans ce récit, était Galeas Butrigari, le lé},'at du pape, qui aurait
même rapporté la conversation. Ce prélat bolonais dr' ait être
mortdepuis longtemps, puiiiqn'il était déjà léj;at en 1509 : « //oy,
Miccr Giilcii^^o; liUiJii en lus an las Je CisiiiTos coiiio Nunrio. ' "
Marco l-'oscarini assure, parait-il ', que ce gentilhomme était de
Mantoue et se nommait Gianyiacomo Bardolo. L'opinion du
1. Le lecteur trouvera une excellente traduction en français de ce récit dans
l'édition franijaise qu'a donné Urbain Cliauveton de la Historid de Ben/.oni:
UisUiiie XovviUedv Xovivav Momk. S. l. (Genèvej Ij79, in-S.
2. Liste des lé<;ats apostoliques en Lspagnc, dans l'Historiu cccksiastUa de
Espiiiia, tome VI.
3. MS. N" 6142 de la Bibliothèque impériale de Vienne, cité par M. Carlo
Bullo, Lii veia Palria di N. dc'Conli e di Ghi'amii Caboto. Chioggia, 1880,
in-4, p. x.wiir.
JEAN ET StBASTIEN CAHOT
339
savant doge n'est qu'une infcrcncc, tirée de ce que Giunti ' le
qualifie de Mantouaii, et du lait que l'un des interlocuteurs
iinaj^inaires du dialogue N(iii};i-tiiis sivc ilc PoclUa, dédié par
Irascator \ Rainusio *, est désigné sur le nom de « loaiuKs Jaco-
kts litinliih, Matilmmus civis., »
Ramusio était en correspondance avec Sébastien Cabot depuis
de longues années puisque dans son 'Discorso, daté du 20 juin
1553, il dit : I' coiiif mi Jk scrilto, gia molli unui sono, dal sii^tior
Scbaslian Cahoto ». Il est assez curieux de voir que ce fut aussi ;i
Ramusio, alors secrétaire du Conseil des Dix, que l'ambassadeur
d'Angletcr'c à Venise remit, le 12 septembre 15 51, les pièces
que Cabot avait envoyées pour faire valoir sa réclamation au
sujet de la dot de sa mère '.Certains écrivains ont pris cette récla-
mation au sérieux, s.ins se douter que c'était un simple prétexte
pour masquer une nouvelle trahison de Cabot, qui voulait venir
à Venise, afin de dévoiler aux Dix un prétendu passage au
Cathay, dont il aurait trouvé le secret pendant qu'il était au
service de Cliarles-Qyint.
XXI
Extrait de l'ouvragi- dk Zii;gler.
« Petrus Martyr Mediolonensis in hispanicis navigationibus
scribit, Antoninum quendam cabotum soluentem a Britannia,
navigasse continue versus scptentrionem quoad incideret in
crustas glatiales mcnse Julio, inde crgo conversum remigassc
continue secundum littus sese incurvans austrum versus, donec
veniret ad situm contra Hispaniam supra cubam insulam caniba-
lum. QiicG narratio non nihil caus;v dédit mihi ut Gronlandiam
1. RaccoUd de Ramusio, édit. de 1613.
2. Hieion, Fracasior. Opéra oiiinia, Vcnet., Junta, 1584, in-4, p. ii2.
3. CaUudar, Foreign Saies, t. I, p. 171.
M
340 JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
ultia Huitsarch proniontorium cxtcndcrcm ad contincntcm Lapo-
n'uv, siipni Viiardhus custrum, et id fcci cô libcntius quod et se-
nior Arcliiepiscopus Nidrosiensis constanter aliirmabat, marc illic
in anconem curvari. Accessit id quoque quod Lapones conscn-
tiiiiit ijsdein studiis magicis, et religioneni cliristianam neque scc-
tantiir nccqiic refugiunt, pcr qiuu ego existimavi istam simililu-
dincm utrique gcnti acciderc, quia sesc contingeret per contincn-
tem. Distantic-c quoque videntur non refragari, schœni cnim
intersunt unter utranque gentem non integri duccnti Fecit. et
hoc ad coniecturam quod cabotus fertur in glaliem incidissc. Et
quamvis do niense Julio contendam non bcne relatum esse, adeo
si sub polo quoque ipso navigatum foret, ob ea qux in cam rem
antea disservimus : tamen quia aliquo tempore per glatiem
navigavit, id testatur quod non per mare vastum, sed propinquis
littoribus in sinus formam comprehensum navigarit, quando ob
eandem causani sinus GotUanus concrescat, quoniam strictus
est, et ikiviorum plurium et magnorum ostia fiilsam naturam
in parva copia superant. Inter autem Nordvegiam et Islandiam
non concrescit ex diversa causa, quoniam vis dulcium aquarum
illic supcratur i\ vastitatc natunt fals;e, Fama est : sed incerto
hactenus auctorc : quod Hispani aducerigent hoc tempore Gron-
landiam et quam dicant terram viridem : argumcntum eius esse
aiunt, Merces quasdam exportatas ab his, et recognitas que lorcnt
rcrum quales apud Gronlandiam reperiuntur. A septentrione per-
tingit ad terram incognitam sub polo unde etiamveniunt in hanc
Pigméi predatores. Qiiod etiam argumentum fuerit terras subpo-
lares habitari igint Chersonncsi. »
(Jacob. Ziegler, Opcra Varia, Argentorati, 1532, in-fol., dans
le chapitre Jj Schomiia, f. xcii, verso.)
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
311
XXII
Extrait di: i.'Histoiri: ni: Gomaka.
« Qui en mas noticia trnxo dcsta ticrra fuc Sébastian Gaboto
Veneciano. Kl quai arnio dos navios en Inglaterra do tratava
desde pequcfio, a costa del Rcy 1-nrique Scptinio, que desseava
contratar en la especiera como hazia el rey d'Portugal. Otros
disen que a su Costa, y' que pronietio al rey I-'nrique de ir |)or
cl norte al Catayo y traer de alla espccicras en menos tiempo que
Portugueses por el Sur. Y va tambien por saber que tierra eran
las Indias para poblar. Llcvo trezientos hombres y camino la
buelta de Islandia sobre cabo del Labrador, Iiasta se poner en
cinquenta y ocho grados. Aunque el dize mucho mas contando
como avia por el mes de Julio tanto frio y pedaços de yelo que
no oso passar mas adelante, y que los dias eran grandissimos y
quasi sin noche y las noches muy claras. Es cierte que a sesenta
grados son los dias de diez y ocho horas, Diendo pues Gabota
la frialdad y estraneza de la tierra, dio la buelta hazta ponientc
y rchaziendose en los Baccalaos corrio la costa hasta treynta y
ochos grados y tornose de alli a Inglaterra. »
(Jjopcidc Goiiiam, Primera y Scgumk parte de la Hisloria i^eiieral
de las Ind'un. Çaragoça, 1552, in-fol. Part. I, cap. de los Baeal-
laos.)
342
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
XXIII
Extrait du Traité d'Antonio GalVâo.
« No anno de 1496 achandose hum Venezeano por nome
Sebastiano Gaboto em Inglaterra, et ouuindo noua de tam nouo
descobrimento como este era : et vendo cm huma poma como
estas jlhas acima ditas estano quasi em hum paralelo et altura,
et muyto mais perto de sua terra huma a outra, que de Portu-
gal nem Castella, o amostron a el Rey dom Annriquc o septimo
de que elle ficou tam satisfeito que mandou logo armar dous
nauios, partio na primavera com trezentos companheiros, fez seu
caminho a Loeste a vista da terra, et quarenta et cinco graos
d' altura da parte donorte, forano por ella ate sessenta onde os
diam sam de dezoyto horas, et as noytes muy claras et serenas.
Auia aqui muyta frialdade et ilhas de neue que nao achauam
grandes regelos, do que tambem se arreceauam. E como daqui
por dianta tornasse a costa ao levante, fizeramose na outra volta
ao longo délia descobrindo toda a baya, rio, enseada, p'ra ver
se passaua da outra banda, et foram assi diminuindo n'altura
ate trinta et oyto graos, donde setornaram a Inglaterra. Outros
querem dizer que chegasse a ponta da Florida que esta em vinte
cinco graos. »
( Tratado que compas 0 nobre e notauel capitano Antonio Gahao . . .
Lisboa, Joham de Barriera, 1563, 12°.)
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
543
XXIV
Extrait du « Discourse » de sir Humphrey Gilbert.
« Furtliermore, Sébastian Cabota by his pcrsonall expérience,
and trauell, hatli set foorth, and described this passage, in his
Charts, whiche are yet lo be seene, in the Oiicenes Maiesties
priuie Gallcrie, at Whitheall, who was sent to make this disco-
verie by king Ilenrie the seaucnth, and entred the same fret:
affirming, thathe sailed very ûir wcstward, with a quarter of the
North, on the north side of Terra de Labrador the eleuenth of
June, vntil he came to the septentrional latitude of 67 1/2
degrces and finding the Seas still open, said, that he might, and
would hâve gone to Cataia, if the mutinie of the Maister and
Mariners had not ben. »
(^A Discovrse oj a Discoiicric for a ncw Passage lo Cataia,
London, 1576, in-4, sign. oiii.)
i
XXV
Extrait de Thevet
« Depuis' vn vénitien entreprint ce voiage sur l'authoritc
d'Henry septiesme de ce nom Roy d'Angleterre, lequel passa
iusque a soixante sept degrés. »
(ic grand Insulaire et Pilotage d'Amhè Theiicl Augoimoisin,
I. Thevet fait allusion au voyage de Gaspar Cortereal qui, selon cet écri-
vain, aurait prt^cédé celui de Cabot.
344
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Cosinographe du Roy ', MS. Bibliothèque nationale de Paris, fonds
français, n" 15,452, t. I, f 143.)
« Elle fut découverte premièrement par Sébastian Babate
Anglois lequel persuada au Roy d'Angleterre Henry Septiesme
qu'il iroit aisément par la au pais de Catay vers le Nort et par ce
moyen trouveroit cspiceries et autres choses aussi bien que le
Roy de Portugal aux Indes, joint qu'il se proposoit aller au Peru
et Amérique pour peupler le pais de nouveaus habitans et dresser
la une Nouvelle Angleterre, ce que n'exécuta; vray est qu'il mist
bien trois cens hommes en terre du costé d'Irlande au Nort ou le
froid fist mourir presque toute sa compagnie encore que ce fust
au moys de Juillet. Depuis Jaques duartier (ainsi que luy mesme
m'a recité) fist deux fois le voyage en ce pays la, c'est à scavoir
l'an mil cinq cens trente quatre et mil cinq cens trente cinq ».
{Siiii^iihirih':^ de lu France AitUtrclùjiie, Paris, 1558, in-4, cap.
Lxxiv, f. 148.)
XXVI
Dûi'ùcHE DU Conseil des Dix a Gaspard Contarini '
1522.
(( Oialori nosiro àpiid Cacsarmin et Cattolicain Maiestatem.
Il septembre. Zonse l'altro giorno de qui uno Don hierolamo di Marin de
- Bucignolo Rhaguseo, quale venuto alla presentia delli Capi del
1. Cet ouvrage est postérieur à la Cosmographie imprimée en 1545,
qu'il cite (f. 145 verso).
2. Gasparo Contarini fut nommé ambassadeur auprès de Charles-Quint en
Allemagne au commencement de 1521, et, l'année suivante, en Espagne.
Il y devint le compagnon de Pedro Martyr d'Anghiera. [Rclaiioiii degli
Ambascialoii Veueli, l-'irenze, 1840, in-8 ; t. IV, Série I, t. II, p. 6 et 54.)
m
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
Î4Î
Consiglio nostro di Dieci Disse esser sta mandato pcr uno Sébas-
tian Cabotto, che dice esser di questa ckù nostra, et al présente
habita in Sybilia, dove par habbi provvision da quella Ccsarea et
Cattolica Maestà pcr suo pedota major in le navigation del disco-
prir terre nove. Et pcr nome di quelle referi quanto per la inserta
déposition sua vederete, dalla quale ancorchè ne appari non
poter prestare molta fede, pure per esser de la importantia le non
havremmo dovuto refiutare la oblation ne fa epso Sébastian de
poter venir de qui alla presentia nostra, per dichiarirne quanto li
va per mente in la materia propostane. Unde siamo sta contenti
che el ditto Hierolamo li rescrivi nel modo che per le sue incluse
vederete ; volemo adunque et noi detti capi del Consiglio nostro
dci Dieci ne commettcmo, che cunogni diligente ma cauta forma,
provriasi di intender se il predetto Sabastian fusse in quella corte
aut per venirlide brève, nel quai caso fiiciano venirlo ad voi, et
consignarli dette lettere a lui dirrective, le quali per ogni bon
rispecto, haveriamo fatto allcgar ad altre indriciate al fidelissimo
servitor vostro, che pur staranno'in le presenti. Ne in lui dimon-
strarete saper alcuna cosa di tal materia, nisi in caso che el se
scoprisse cun voi, nel quai, siamo ben contenti li dichiariate el
tuto, cun vedcr de sottrazer quel più potersi del sentimento suo,
et quando vedesse elsimovesse cun bon fondamento, et sensibile,
lo conforterete ad venir di qui, perche non solum siamo volenti
ch'el venga sicuramente, ma lo vederemo molto volentieri.
Quando autem el non fusse di li in corte, et nunc per venirle, ma
si ritrovasse in SybiHa, darete ogni opéra di mandarli tutte lettere
per via che siate sicuro le gel capitino in mano propria. Demos-
trando a quello per cui le mandaste, che vi siano sta inviate da
alcun vostro particolar de qui, et di ogni sucesso ne darete adviso
a detti Capi del Consiglio nostro di Dieci. Demum havendo nui
ricevuto npvamente lettere dal capitano gênerai de 5 dell' instante
di Candia cun advisi de le cose da Rhodi, vi mandiamo juxta il
solito li summarij, accioli comunichiate de more a quella Cesarea
j^g JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
.-t Cattolica Macstà, Magnifico Gran Canccllier, Rcvercndo Epis-
ct
copo de Valcnza, et altri chc vi apparcrano. _
(Lecta universoCoUcgio).
Iulianus Gradonico C C f
Andreus Mudesco C. C. f
Dominicus Capclo C C. f »
(Archives d'État, Venise, Capi ciel ConsigVio dci X. Ulterc Sotto-
scntte,FikaN. J, /;22.')
XXVII
RÉCOMPENSE ACCORDÉE AU RaGUSIEN.
1^22. ^010 27 Scptemhris in CoJlcgio Inlervemmtihiscthdiotanti
^ ^ ^ ^ * hus, T>onmis CapitHms Wustrissimis Concilii X.
27 septembre, ^j^^j ^.^ .^^^^ ^j Camerlengo dcl Consiglio nostro dei X,
=— = che dei denari délia cassa sua, dar debbi in donc ducat, v.nti a
Domino Hieronimo de Marin Raguseo pro bona causa.
Facto mandato.
-f 16
— 4
(Archiva d'État, Venise, Capi Consigîiodci Dicci. Ulterc SoUo-
scritte, Filxa N. ;. ir-2-)
I Nous empruntons le texte italien de cette dépêche et des huit suivantes ù
M C BullcL. cit., pp. 61-70. M. R..wdon Brown. le P--^^^^^^^^^^^^
sanscrites pour le Public Record Office, et traduites en angla.s, Cahnda,, t.
III, No. SS7, SS». 607, 632, 666, 670, 750, mS. t. v. N» 711.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
J47
XXVIII
DèPÊCHE DE CONTARINI AU SÉNAT DE VeNISE.
1)22.
<( Screnissiinc Princeps et ExccUcntissimi T)omini,
La tcrza vîgilia di natale cum la débita riverentla mîa recovî le
lettere di Vostra Scrcnità date fino adi 27 scptembrio per le quali
quella mi significa la cxpositionc fatali da Ilieronimo Raguseo ' "-'^^'i" fi-'-
per nome di Sébastian Caboto et commettemi che essendo qui
a la Corte io li debba apresentar quella lettcra et facendomi
lui moto alcuno, che io li debba aprir il tuto et parendo le cose
proposte da lui fiictibile che io Io exhorti a venir ali piedi di Vos-
tra Screniti. Horper dar executione a prefate lettere, fecidex-
tramente intender se costui era a la Corte et inteso chel era qui,
et la stantia sua, li mandai a dir che el secretario mio li haveva
da dar una lettcra inviatale da un suo amico et che volendo el se
transferisse allô allogiamento mio.
Costui inteso questo rispose a quel servitor mioche cl veniria,
et cussi la vigilia di Natale venne al hora del disnvr. Io ritiratomi
con lui, li detti la lettera, lui la lesse et legiendola si messe tutto
di colore. Da poij letta, stete cussi un pocheto senza dirmi altro
quasi sbigotito et dubio. Alhora io li dissi quando che el volesse
risponder a dicte lettere over farme intender qualche cosa che el
volesse che io scrivesse a chi me l' havea inviata che io era prompto
a fiirli aver bon recapito. Lui assecurato alhora me disse. Io già
parlai a Io ambassator délia Illustrissima Signoria in Ingelterra per
la affectione che io ho a la patria cum queste terre novamente
trovate de le quale io ho modo di dar gran utile a quella terra, et
hora di questo mi vien scripto, corne dovete saper anchor vuj,
ma vi prego quanto posso che la cosa sij sécréta perche a me an-
derebbe la vita. Io alhora li dissi che io sapeva il tutto molto bene
et disseli corne il Raguseo era stato al Tribunal de li Exellentis-
Î48
JEAN ET Sf-BASTIEN CABOT
simi Signori Capi et che da quel Magistrato sccrctissimo io havca
habuto adviso del tutto et che per lui mi cra sta inviata quella Ict-
tera, ma perché havca meco a pranso alcuni gentilhuomini che
non era comodo che in quel hora parlassemo insieme, ma la sera
al tardo ritornando piu comodamente ad longum ragionassemo
insieme, et cussi partito, la seraritornô circa ad un hora di noctc
et rechlusi soli iu la mia caméra me disse : Signor Ambassator per
dirve il tuto io naqui a Venetia ma sum nutrito in Ingelterra et
poij veni al servitio diquesti Re Catholici de Hispania, et dal Re
Ferdinando fui facto Capitano cum provisionc di 50 m. maravc-
dis, poi) fui faito da questo Re présente piloto major cum pro-
visionc di altri 50 m. maravedis, et per adiuto di cosemida poij
25 m. maravedis che sono in tutto 125 m. maravedis, possono
valcr circa ducati 300. Hor ritrovandomi ja tre anni, salvo il vero,
inIngelterra,quelRevcrendissimoCardinalmivoleaf\irgrandipar-
titi cheio navigasse cum una sua armada perdiscoprirpaesi novi
la quale cra quasi in ordine, et haveano préparât! per spender in
essa ducati 30 m. Io li risposi che essendo al servitio di questâ
Maestà, senza sua liccntia non Io poteva servire, ma c.ehaverido
bona licentia di qui io cl serviria. In quelli giorni ragionando
cum uno frate Stragliano Collona vencto cum il quale havca ami-
citia grande, mifu dicto dal prefato frate : Messer Sebastiano vui
vi affaticati cussî grandemente per far beneficio a genti externe
non vi aricordate délia vostra terra, non séria possibile che etiam
lei havesse qualche utilità da vuj. Alhora io mi risenti tutto nel
core et li risposi che penseria sopra ciô. Et cussi ritornato a lui
il giorno seguente li dissi che io haveva modo di far quella Città
partecipe di questanavigatione, et dimostrarli via per la quale era
per haver grande utilità, come è il vero che io l' ho ritrovata, et
cussi perché servendo cl Re d'Angeltcrra non poteva più bene-
ficiar la patria mia, io scrissi alla Maestà Cesarea che non me
desse per niente licentia che servisse il Rc de Engelterra perché li
saria de danno grande, immo che subito me rivocasse, et cussi
rivocato et ritornato essendo in Sibilla contraxi grande amicitia
Jl-AN LT SliBASTlEN CABOT
Î49
cum qucsto Ragusco, il qualc honi mi scrivc, diccndomi lui clie
cl dcvca transfcrirsc ;i Vcnctiii, mi slarj^ai cum lui et li commissi
elle qucsta cosa non la dovcssc manifcsiarc ad altri ciic ali Capi
di X. et cussi mi jurù Sacramcnlo. lo li rcspusi prima laudando
grandcmcntc l'affccto suo verso la patria, poij li dissi clicl
Ragusco cra stato a li ExccUcntissimi Signori Capi, et clie io da
quel Magistrato havea habuto Icttere supra questa niateria et
commissione che dovcse esserc cum lui et intcnder il modo clic
lui se havea immaginato et significarlo a Suc Excellcntissimc
Signorie et che poij lui potria andarli in persona Ma rispose che
lui non era pcr manifcstar il pcnsier suo ad altri che a li lixcellen-
tissimi Signori Capi, et chel cra per transferirsse a Venctia,
richicsta prima licentia da Cesare cum qucsta excusatione di la
ricupcratione dila dote di sua madré, di la quai cosa se faria che
lo episcopo di Burgos et il niagniiîco Cancellicr me parleriano et
me instariano che io scrivessc in favor suo a la Screnità Vostra.
Io li dissi che volendo venir lui a Venetia io laudava qucsto modo
che il mi diccva di chicder licentia etc. Qiianto poij chcl non mi
volessc manifcstar il pcnsier suo, che io non poteva voler più di
quel che lui volca, ma che ben mi pareva di dirli qucstc parole et
cussi dissi che in ogni dcliberatione bisognava considerar duc
cosc, r una era se qucUa impressa a la qualc 1' honio se mettcria
cum utilita, poij sel cra possibilc, et che qucsta imprcsa de la
quai ragionavano io era certo che riusccndo 1' havea esser utile.
Ma che quanto alla possibilità io era molto dubbio, perché mi
havea pur dilectato un pocho de geographia, et considerando il
sito di Venetia, io non ritrovava via alcuna a qucsta navigazione
perche el bisognava ovcr navigar cum navilij flicti a Venetia over
liirli hr for dil strctto, in altro loco; flicendoli à Venetia era
necessario uscirfor del strctto deZibilterrapcr venire ncl Oceano,
al che havenJo contrarij il lie di Portogallo et il Rc di Spagna
era impossibilc che la cosa riuscisse. Facendo li navilij for de
Venetia non se potevano far se non a la volta del mar oceano de
mezogiorno, ne altro loco era se non il mar rosso, al che ne
}5«
JI-AN ET SEBASTIEN CABOT
crano iiiliiiiti coiitrarij perche prima biso^^nava havcr iiitclli^cntia
ciiin cl sig. Tiirclu), poij li pcr la pcmiria de li Icgnami cra
impossibilc far navilij. Poij qiiando ben si faccsscno csscndo le
fi)rtez/e et armatc di Portof^alio, non era possibilc continiiar
quclia iiavii;atione. Poij clii volea fabricar navilij qui supra l'oceano
septentrionale discorendo da la Spagna a la Datia et poij pii'i in la
anchora, io non li vedeva rrodo, maxime essendo la Germania a
la obedientia dcl Imperatorc. La via poij di condure merce da
Venetia a quelli navilij, et da li navilij le specie et altre cosc a
Venitia io non li vedeva via alcuna, tuta volta perche essendo lui
valcnthuomo in questa materia, io mi riportava a lui. Me rispose
vuj avcte ben discorso, et in verit;\ ne cum navilij facti a V'cnctia
ne etiam per la via del Mar rosso io non vedo modo alcuno. Ma
ce altra via non sollum possibile ma facile et di far navilij et de
condur merce da Venetia al porto, et dal porto a \'enetia spetie,
oro et altre cose chc io so perche io ho navigato tutti quelli pacsi
et 80 ben il tuto, immo vi dico che non vulsi tor il partido de il
Re de Engclterra per beneficiar la patria, perche se tolleva quel
partido non restava poi via alcuna per Venetia. Io strinsi le spalle
et benche a me la cosa pari impossibile, pur nonvoisi dissuaderlo
chel venissc a li piedi di Vostra Celsitudinc, ne anche cl suas!
perché la possibilité è molto piii ampla de quel che l'homo
spesse fiate crede. Costui poij qui ha grande fama, et cussi alhorà
se parti. Il giorno poij di San Zuane la sera vene a trovarme per
far riconzar alcune parole in le lettere del Raguseo, délie quai
dubitava che costoro non prendesscno suspccto, et cussi da une
nostro veronese mio intrinseco fu rescripta et riformata la lettera.
Lui ragionando cum me de moite cose di gcographia fra le altre
me disse uno modo che l' havea observato per la via del bossolo
di cognosser la distantia fra due lochi da levante al poncntc, molto
bello ne mai più observato da altri, come da lui venendo Vostra
Serenità potrà intender. Poij ragionando pur cum lui circa la
materia principal nostra et dcxtramcnte ripetendoli io le difficultà,
me clisse et io vi dico che îa via et il modo è facile. Anderô a
JUAN HT SlinASTlliN' CAIJOT
3i«
Vcnctia a niic spcsc, nie udirano ne piaccndoli cl modo pcr me
cxco^itato, in mi ritornerô pur a mie spese, et fecemi instantia clic
io tcnesse la cosa sécréta. Q.ue,sta è stata la executione che io ho
facto. Vostra Sereniti, la udirà, et cum la sapientia siui fari quel
iuditio che li paren'i.
Vallijoleti, Die ultimo Decembris, 1522.»
{Bibliût, Maiciuiut. II. Cl. Vil, Cod. MlX.carl. 281-28}.)
XXIX
1^
DÛPÊCIIU DL CONTARINI AU SÉNAT Dli VliNISE.
« Scrcnissimc Piinccps et ExccUmtissimi Domiiii. 1 5 2 3 .
Quel Sébastian Cabot del quale vostre Hxcellentie nie impose „ ^^^^^^
a parlarli circa le cose de le spiziarie et da me cussi exeguito come S5^;5=ss5si.,i5
per mie di x. zener li signilkai, è stato più volte da poij ad me
sempre fiicendomi intender la disposition sua esser di venir exeguir
quanto l' havria in animo di operar per Vostra Celsitudine in tal
materia de specie. Tandem hozi venuto ad trovarmi, se ha risolto
non poter per hora dimandare licentia dubitando che non Io toles-
seno per suspccto che el volesse andare in Engelterra, et che pero
li era necessario anchor per tre mesi scorer, quai passati al tuto
era pcr venir a li piedi di vostra lUustrissima Signoria, pregandola
che intérim la vogli scriver una lettera in la forma de l' altra li fu
mandata et solicitarlo a venir de li a Venctia per expedir le cose
sue arzio monstrandola, de qui li fusse più liberamentc concesso
licentia. Scrivo a vostra Celsitudine quanto che lui Sebastiano mi
ha dichiarito et ricercato, quella disponerà quanto li piaccri.
Vallijoleti Die 7 Martij 1523. »
[Lûc. cit., cart. 2S<).)
'S
IM JLAN ET SllUASTIEN CABOT
XXX
DÛ'îiCIlli DU CONSIiU, DliS Dix A CoNIAUINI.
« Scr Qjspiuo Coulivciio Onitori uosiro apiuî Ccsimam Maicshitm.
1323. Kiccvcssimo in qucsti giorni passati le vostrc dircttivc a li Capi
28 uril ""'^^ Consi<j;lio iiostro dci Dict'i, de ultinio Diccmbrc prossiino
' pretcrito, pcr le quali iiitendesseiiu) tutto il colloquio liavuto cuin
Sebastiaiio Cabotto ne la materia de le specie, nel chc in vecc
cuni sumnia priidentia, et bon modo vi sete govemato, et non
potcmo, se non grandenicntc conimendare il studio et dili<,'en/a
vostra. Dapoi habianio ricepiito altre vostre de 7 Mar/o preterito,
per le quai vedemo la risolutione in ch' era riniasto esso Seba-
stiano, de non peter venir qui fino a tre mesi; et che poi al tuto
l'era per vinir, recliicdendo dicl se li faci de qui scriver uni:
lettera in la forma délie précèdent! per le cose sue, aciô cbe cum
quella al tempo predicto possi licitamentc partirsi de li. Unde per
satisfactione sua habiamo f\itto far una altra lettera in nonic di
quelle Hieronymo de Marino da Kiiagusi, che qui vene ad flirne
la relatione di tal cose, et mandovela qui inserta nel mazzo del
Circunspecto Secretario vostro, si conie fu facto délie précèdent!,
la quai consignarete al dite Caboto semotis arbitris, suadendolo
che el se ne vengi qui, si corne el vi ha promesse de far, perché
sempre el sarà ben veduto da noi : et cusi eseguirete dandene
adviso a li capi antedicti, et se al zonzer de queste il prefacto
Cabotto non se retrovasse de li in Corte, mandereteli la lettera
sua dove el se ritroverà. Tutta via per meze fîdo et securo siche
la ge capiti in mano ; denotandovi che li dite Hierenimo Marino
al présente non se retrova qui in Venezia, ne sapenio dove cl sii,
JEAN ni SlillASTIEN CABOT
iM
ancor clic le Icttcrc de csso Ilicroniiiu) apparino date qui iii
Vcnczia. Il clic diccmopcr vostra instriictionc.
AnJivas Fi)sc.ircmis C C. Xm.
jacolnis Michacl C, C Xiii subscrip.
Andréas l-osciilus C. C Xin subscrip.
Lecta Doininis Sapieiuibus utiiiisquc luaiuis scmotis cetcris et
ctiani Doniinis Cunsiliariis.
Lecta Doiniius Capitibus. "
{IbUlem)
XXXI
Llttki: or Ragusii;n a CAUor.
ti Liilcnr sciipliC iiomiiw Ilicivnynii tli Mai iiio Hha^ttsci
ad Si'lhistianiiin Cabolo in llispaniam exislcitlcm.
Spcctabilc Mcsser Sebastiaiio. — Za alciini mcsi zonto chc io
fui qui in Venctia vi scrissi quanto haveva operato per inquirir
dovesi trovano de li béni vostri, nel clie io liebbi bone paroUe in _
cadauno loco, et nii fii dato bona speranza de recuperar la dote
di vostra madré, ctameda, unde non dubito che si vui fosti venuto
qui havercsti za conseguito quanto è il vostro desiderio ; et per
tamo per Io amor vi porto, et per il bcneficio, et utile ve sio
cxhortar ad non vi manchar a vui nicdesimo, ma transfcrive qui
a Vcnetia, dove non dubito impetrarete il tutto, et non tardarete
ad venir qui, perché la ameda vostra è molto vecchia, et man-
cando lei, haveresti poi grandissima fatica a inquirir et recuperar
il vostro; pero ve conforto ad mettervi in camino più presto
potete. Altro non vi dico per hora a vui mi offro per semprc.
Venetiis, Die aSAprilis 1525. •
^ostro hieronimo de Marino. »
{Capiilcl Cotisiglio de Dicci. Lcllcre sottoscritte. F/7^rt AT. 6).
1323.
28 avril.
SI
3Î4
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
XXXII
DÉPÊCHE DE CONTARINI.
1525.
26 juillet.
Scrcnissime Pmiccps et cxcelkntissimi Domiiii.
« Cum la posta vcnuta de Italia pcr qui, corne in le comune fa-
cio mentione por via da Roma, ricevi cum la solita rivercntia
mia Ictterc suc de 23 April pcr le quai Vostra Scrcnità dandomc
adviso dil ricever de le mie scripteli circa la executione facta cum
Sebastiano Caboto etc., me subgionge chc iterum la invia altrc
lettere a lui Sebastiano a nome di quel Hieronimo de Ragusi
iuxta la richlesta sua et cussi ho ritrovato in le publiche esse
lettere. La bona sorte volse, che esscndo lui Sebastiano in Sibi-
lia due giorni da poij il ricevir de le lettere, ritornô de qui al
quai consignato le sue lo exortai a venirsene li. Disseme che in
altro non era il pensier suo et a questo fine era venuto de qui. Da
poij mi ha parlato dicendo chel procura cum questi del Consiglio
Cesareo di havcr liccntia di conferirse de 11, et cheetiam parlino
a me in commendatione sua. Questo è quanto ho da lui, de
quanto seguirà Vostra Serenità ne sarà advisata.
Vallijolcti, Die 26 Julij 1523. »
{Ibidem, cari. 302.)
XXXII A
Payement concernant Cabot.
1524.
18 février.
« Item paide the xviii,i, day of feb. to John Goderyk of Tory
in the countie of Cornewall drap in full satysHicon and récom-
penses of his charge costis and labour conductyng of Sébastian
JEAN ET SEBASTIEN CABOT
)) )
Cabote mastcr of thc Pylotcs in Spayiic to London at thc rcqucst
of tlic tcstator by Indcnturc of covenauntcs — 43 s. 4 d. <>
(Expcnscs ofthe fanerai of sir Thos. hrivll, Knt. of thc parler,
zL'ho clii'd al bis iiiatior of Ehyni^cs, inEudficld, Middlcscx, 2; May
1S24, paid hy his cxi-culors. ]. S. Brcwcr, Calciidar Domcslic aud
forci^'H, Henry VIII. t. IV, Part I. p. 154, N" 366 '.)
XXXII H
TrANSI'ERÏ a la lEMME DE CaBOT DES Al'I'OlNTCMliNTS
DU SON MARI.
<( Ccdula de Tolcdo 25 Octobre 25. Por quanto Caboto ha I)-)-
rcnunciado en Catalina Mcdrano su muger les 25.000. de su 25 octobre,
ayuda de costa, suplicando que como él los ténia por su vida, 2=;=^^=:==
los goce ella por la suya délia : « por que si Dios fuese servido
que el muriese eu el viaje c armada que agora hacc por nuestro
mandado i en nuestro servicio al descubrimiento de las islas de
Tarsis e Ofir e al Catayo oriental, tenga su muger cso para man-
tenerse. Asi se manda. »
(Extrait des MSS. de Munoz : Indias, 1 524-1 526, 77. Est.
23. gr. fol. 165, verso ".)
1. Il ne s'ensuit pas, comme nous l'avons dit (supra, p. 122) que Sebastien
Cabot soit venu assister aux obsèques de sir Thomas Lovell. II ne s'agit ici
que d'une somme payOc au nonmié Jolni Goderyk pour avenir amené Cabot
à Londres, par l'ordre et du vivant du décédé. Miss L. Toulmine Smith, qui
a eu la bonté d'examiner A notre requête le testament de sir Thomas, n'y a
relevé aucune mention de Cabot.
2. Obtenu pour nous de M. le secrétaire de l'Académie royale d'Histoire
à Madrid, par les bons soins de M. Dwighl T. Reed, chargé d'affaires des
Etats-Unis en Espagne » Nous ne savons si cet extrait foit double emploi
avec celui-ci, inséré dans la collection Muûoz sous l'année 1523 (sic).
« Cedith Tokdo. 2^ octobre. A Calaliiia de Medrano iiiiigcr de S. Cabolo se pa-
Ijuen antialmcnte 2;o qtics la ayuda de costa de Cavelo (sic) de la que hi\o rcnun-
ciaron en ella, »
356
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
XXXIII
LÉGENDE DE LA CaRTK DE 1544 CONCERNANT l'exPÉDITION
DE Cabot a la Plata.
« Llaman los Indios a este grau Rio cl Roy humai, en Castel-
Imo el Rio de la Plata toml este nombre del Rio humai el
quai es in Rio muy candaloso que entra en el gran Rio de
Parama descubriolo Joan Diaz de Solis piloto mayor de los
catholicos reyes de gloriosa inemoria y descubrio hasta una
isla que el dicho Joan Diaz puso nombre h isla de Martm
Garcia, porque enella entierro un marincro, q se decia Martin
Garzia, la quai dicha isla esta obra treynta léguas arriba de la
boca deste Rio y coste le bien caro el dicho, descubnmentio,
porque los syndios de la dhatierra lo mataron y lo comieroii, y
despues passados muchos Annos lo boluio a hallar Sébastian Ca-
bote Capitan y Piloto mayor de S. ce. m. del Imperador don
Carlos quinto deste nombre, y Rey nuestro scnnor, el quai yua
por Capitan gênerai de una armada que su maiestad mando hazer
para el descubrimëto de Tarsis, y Osir, y Catayo Oriental el
qua dho capitan Sebastia Caboto uino a es te Rio por caso for-
tuito, porque la nao capitana en q yua sele perdio, y uisto que no
podia seguir el dho su uiaie, accordo de descubrir con lagete que
Iluaua el dicho Rio, uista la grandissima relacion, que los Indios
de la tierra le dieron de la grâdissima riqueza de oro, y plata,
que enla dha tierra auia, y no sin grâdissima trabaio y hambre, y
pcligros asi de su persona comode los q conel yuan, y procuro el
dho capitan de hazer cerca del dicho rio algunas poblatioes de la
gete q lleuo de espana. Este Rio es mayor q nynguno de quatos
acase conoscen tiene de ëncho enla entrada, q entra enla mar,
ueinte y cinco léguas, y treziëtas léguas arri ba de la dha entrada,
tiene dos léguas, en ancho la causa de ser tan grade y podero so.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
357
es q entrât! enel otros muchos rios grades y canda los Es rio de
insinitissimo pescado, y cl meior q ay enel mûdo, la gëte en
llegâdo aq lia terra quiso connoscer si era fertil, y apareiada pa
ra labrary lleuar pan y senbraron en el mesde setiembre LU.
granos de tigro q no se hallo mas enlas naos y cogierô luego enel
mes de deziembre cinqucta, y do mill granos de tigro, q esta
misma fertilitad se hallo entodas las otras semillas, Losq en aqucUa
tierra biuc dizen que no lexos de ay en la tierra a dentro q ay
unas grades sierras de donde sacan insinitissimo oro, y q mas
adelante enlas misma sierras, sacam insinitc. plata. Ay en esta
tierra unas aucias grandes como asno comuues, de figura de
camelbos, saluo q tienen lalana tan sina comoseda, y otras muy
diuersas animales. Lagente de la dha tierra es muy discrète entre
si, porque los q biuen enlas aidas de las sicr ras son blancos
como nos otros, y los q estan hazia la Ribera del rio, son mor
nos. Algunos dellos dizcn q enlas dhas sierras ay hombres que
tienen el Rostro como de pcrro y otros de la rodilla abaxo como
de Abestruz y que estos son grandes trabaiadores, y q cogen mu-
cho mays de que hazen pan y uino del, otras muchas cosas dizen
de aquella tierra que no se pone aquy porno ser prolixas. »
Documents à consulter concernant cette expédition : >
— ANDREA Navagero, Dépêche du 21 sept. 1525- - R^wdon Brown,
Cakiidar, t. III, N" 115.
— ReJaiioni di Amhasciatori Veudi, t. IV, 2= série, t. II, p. 9.
— Hernando Cortïs, Carta û los individuos de la Armada de Sébastian Ca-
hota, que habian salido para el Maluco, para que le iiifoiwaten de sus sucesos,
y ofreciéndoles aiixilios. 28 mai 1527. — Navarrete, Cokccion, t. V, page
456.
— Hernando Cortes. Carta ù Sébastian Cabota communiciindok las Crdenes
del Emperador para sacarrer la ^4rmada que Ihi'ù al Maluco y la de Loaisa.
28 mai 1527. — Navarrete, loc. cit., p. 457.
— Diego Garcia. Relaciou y derroterade DiegoGarcia^que saliô de la Cai-uûa
en i; de Eiiera de 1^26, en el viar Ocèana, y Ikgo en 2y al riaParand, donde
vavegé muchas léguas tierra adenlro, yencanlrô la armada de Sébastian Gahoto.
— Atiade que 1$ anos antes hahia esiado alii,yhabia descubierta aquellas tierras,
3)«
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
de (hiide trajo ^rait porcion ik plata — 1527.» — MS. dos Archives des
Indes, citii dans la Listd, B. 761.
— Luis Ramirez. Lettre datée de San Salvador, 10 juillet 1528. — MS. de
l'Escurial. publié par M. de Varnhagcn, dans la Revista Tihneiisal. Rio de
Janeiro, 1852, t. XV, p. 14-41.
— SiMÂo Alfonso. Lettre datée de Séville — août 1530. — A. de Varn-
hagcn, Historia Genû do Bmiil, Madrid, 1854, in-4, t. I, p. 439.
— Requcrimii'ulo que bixp eu cl puciio de San Viccule del 'BiMiil, à su vuelta del
Roi de laPlala para Espafia eu luar^o de i^jo, dFrancisco de Rojas, capilan
de la uao Tiiuidad de su armada, li quieu bahiéudole dejado en el pucrio de
'Palos como esclavo de iiu iudio, le halhi libre en el dicho de San Ficente, y
quiso Gaboto que se cmbarcase en la uao Sanla Maria del Espinar, que él
moutaba. — MS. des Archives des Indes, cité par Navarreie, Dihliot.
Maritiwa, t. II, p. 699.
— FuANCESCO DU RojAS. lulerroi^alorio que presenlô eu Ocana !i 2 de novicm-
bre de 1S)0. Sobre el desfrraeiado suceso de la armada de Sébastian Cabolo, que
salin de San !.■ car para el Maluco el ano de i}2S, y de las vejaciones que hi^i
al mismo Roxas, — MS. cité par Navarretc, loc. cit.
— Dos relaciones de probanias en el pleito entre Sébastian Caboto y Catalina
Vasque^, madré de Martin Mende:, tcnientc que Juè en la Expedicion al Maluco
con el dicho Caboto. — M S. cité dans la Lista, B. 55.
— Sébastian Caboto. Caria al Secretario de S. M. Juan de Samano. Séville,
24 juin 1533. — MS. des Archives des Indes, cité dans la Lista, B. 53.
XXXIV
Extrait des minutes du Conseil Privé d'Edouard VI.
1547-
9 octobre.
<( Octohcr f\ IS47-
Mr. Peckham had Warrant for 100 //for the transporting of
. onc Sliabot {sic) a Pilot to corne out of Hispain to serve and
inhabit in England ' . »
I. Obligeamment copié sur l'original par M. Henry Recve, greffier du
Conseil privé d Londres.
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
359
XXXIV A
DÙPÛciiE DF.S Ambassadeurs anglais concernant Cabot.
.c And flirthcr whcrc as onc Sébastian Cabote gcnerall p[ilot] 1 549.
of the cmpcrours Indias is prcsently in England forasmuch as he ,^^^.^„^i,,^,
cannot stand the king your Mr. in any greate [stead] seing he _____
hath smale practisc in thèse sees and is a vfcriej nccessary man
for the empereur whose servaunt he is 1 and ?1 hath a pencion of
hvm his ma- desyrcth sume ordre fto] betaken for his sending
over in suche sorte as his [ma'-j Ambassadeur shall at better
length déclare vnto the king your Mr's counsell ». _ •
(CollonM.Galhall XII, Jo. 124. Despatcb from s,r Thos.
Chcync aud sir Pbil. Hohy, English ainbasmdors io Charles V. , lo
the 'Privy Coimcil. "Briissds, 2S nov. ij4<j.)
XXXIVb
RÉPONSE DE Cabot. '
.. And as for Sébastian Cabot answerc was first made to the said
Amb'-, that he was net deteincd hcere by vs, but that he of
himself refused to go either into Spayne or to the emp", and ,
that he being of that mind and the kinges subiccte, no reason
nor eqmtie N;-olde tliat lie sludde bc forced or compelled togo
a^ainst his wiU. Vpon the ^^-" aunswere, the said _ Am''- said,
that if this wereCabottcs aunswere then he rcquircd that the
sVid Cabot in the présence of some one ^vhom we could appointe
mioht spek Nvith the said Amb"- and deckirc vnto him this to be
1550.
21 avril.
360
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
lus mind and aunswcre whcrunto we condescended, and at ihc
last, sent the said Cabot \v'. Richard Shcllcy to thembassador.
Who as the said Shelley liatlie madc report to vs, affirmed to
the said Amb'*'"' that he was not mindcd to go neither into Spayne
nor to thcmp" Nevertheles hauing knowlcge o( certain thinges
verie necessarie for the Emp°" knowlcge, he was well contented
for the good well he bcre themp"'' to write lus mind vnto him,
or déclare the same hère to enie such as shuidc be appointed to
heare him. Whcrvnto the said Anib''°' asked the said Cabot, in
case the Kinges ma"« or we shuld command him to go to themp"'
whether thcn he wold not do it ? Wherunto Cabot madc aunswcre
as Shelley rcportethe that if the kinges highnes or we did com-
mand him so to do, then ke knew wel inoughe what he hadto do.
But it semeth that the amb''"'' tooke this aunswere of Cabot to
Sound as though Cabot had aunswered, that being commanded
by the kinges highnes or vs that then he wolde be contented tg
go to the emp" wherin we rcken the said Amb''"'' to be deceived,
for that the said Cabot had diuers times bcfore declared vnto vs
that he was fullie determined notto go hcns at.ill.
Grenewich, 21 april 1550. The counsail to Sir Ph. H. »
(British Muséum, HarleyanMss. 523. f. 9.)
XXXIV c
Émargement de Cabot.
1550.
i< An acquittaunce to the Treasurer and Barons of Thexcheker
for the payment of diuerse somes of monic by the counsailes war-
rant as foUoweth, from tho feast of Easter an" 4 Ed. VI untill
michalmas foUowing » f" 66, etc. « To Sébastian Cabote icjli by
way of the K. M. rewarde. »
(Roy. j5C. XXIV, f. 66 et 68.)
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
361
XXXV
DÉPÊCHE DU Conseil des Dix a Giacomo Soranzo , ambassadeur
EN Angleterre.
« Perle lottere vostre de'17 del mese pnssato indriciatc alli l$5l.
Capi del Consiglio nostro di Dieci, havemo intcso quell oche vi è ^ ^ septembre,
occorso di avvisarne in materia del fedelissimo nostro Sebastiano '"
Gaboto, il che mi è stato molto grato, e vi laudamo délia dili-
^entia che avete usato in darne particolar informatione délie qua-
lité e conditioni soe ; in risposta délie quali vi dicemo che li dob-
biate far intendere che questa sua offerta ne è stata gratissima,
usandole quelle bone parole che vi parerano per la prudentia
vbstra ; et quanto alla richiesta che vi è stata fata da quel Signori
circa li crediti che prétende, e ricuperatione de béni, li rispon-
derete che noi desideramo in tutto quello che potemo far cosa
grata a quella Maestà, e a loro Signorie ma che non essendo il detto
Cabota conosciuto da alciino de qui, saria neccessario che esso me-
desimo venisse per giustificare la sua persona et le ragion sue,
essendo quelle cose di che si parla molto vecchie, e questo is-
tesso havemo risposto al Magnifico Ambasciator di quella Mae-
stà, il quale di ciô ne ha fatto instantia in conformité délie lettere
vostre, perô anchora ad esso Gaboto farete intender il tutto.
Con questa occasione possa dimandare et ottenere la licentia di
venire, la quale vederete, che il procuri di avère, transferendosi
di qui quanto più presto potrà, ne restarete perô in questo mezo
di sforzarvi di intendere da lui più avanti quel maggior partico-
lari che potrete dir, e il disegno suo di questa navigatione, dando
del tutto particolare notitia alli Capi.
f 25 — 2 — 0 >'
(Archives d'État, Venise, Consiglio dei Dieci, Parti Secrète,
Fika, N. S, ISSI-S4-)
)6j
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
XXXVI
DÉPÊciiK DU RÈv' Peter Vannhs, ambassadeur
d'Angleterre a Venise.
1 5 5 î . " To thc Council :
, ^ ...Touching Scbasmn Cabot'smatter, concerning whîcli tlic
^'^^ ^ Vcnctian Anibassador lias also written, hc has rccommandcd thc
same to thc Seigniory, and in thcir présence deUvered to one of
their secretaries Baptista Ramusio, whom Cabot put in trust,
such évidences as came to his hands. Thc Seigniory were wcl
pleascd that one of their subjects by service and virtue should
deserve the Council's good will and favour ; and although this
matter is about 50 yars old, and by the death of men, decayingof
houses and perishing of writings, as well as his own absence it
were hard to corne to any assured knowledge thereof, they havel
commanded Ramusio to ensearch with diligence any way and
knowledge possible that may stand to the said Sebastian's profit
and obtaining of right. »
{Forcign Calcndar, publié par M. W"" B. Turnbull, Lond.,
i86i,p. 171, No 444.)
XXXVII
Lettre de Charles-Quint a Marie Tudor.
j p p , « Très haulte très excellente et très puissante princesse nostre
très chiere et très amee bonne seur et cousine Pour ce que desi-
9 septembre. ^^^^^^^ communiquer aucuns affaires concernans la sheurete de
^==' la nauigation de noz Royaulmes et pays auec le capitaine cabote
cideuant pilote de noz Royaulmes despaigne, et lequel de nostre
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
J«J
grc et consentement sest puis aucunes années passe en Angleterre
nous vous requérons bien affectueusement donner congé audit
cabote et luy permecter venir deuers nous, pour auec luy com-
muniquer sur ce que dessus Et vous nous ferez en ce très agréable
plesir selon qu'auons en charge a noz ambassadeurs deuers vous
le vous déclarer plus particulièrement. Atant très haulte très
excellente et très puissante princesse nre très chiere et tros amee
bonne seur et cousine nous prions le créateur vous auoir en sa
très saincte et digne garde. A Mons en Haynnau le ix° de sep-
tembre 1553.
vfe bon frère et cousin Charles. Bauù.
A très haulte très excellente et très puissante princesse nre très
chiere et très amee bonne seur et cousine la Royne dangle-
terre.»
(Publié en extrait et en anglais par M. W. B. TurnbuU, dans
les Caïcndars Forcign, 1553-58. 1. 1, No 31, p. 10 '•)
XXXVII A
Extrait de la Chroniciue dite de Lancluet.
« In this meane whyle there were threc noble shyppes furny-
shed for the great aduenture of the unknowen viage into the
caste by the northseas. The great encourager of this viage- was
Siih atitio
1553-
I La phrase « de nostre gre et consentement », n'est ici qu'un euphé-
misme pour masquer l'amour-propre blessé de Charles- Quint, car, lorsqu'en
novembre 1549, ce monarque réclama à sir Thomas Cheyney le renvoi de
Cabot en Espagne, il le fit du ton d'un maître qui exige le retour d un
homme ;\ ses gages : « He is my servant, he bas a pension of me. ,> D'ailleurs,
l'ordonnance rendue par le conseil privé le 9 octobre 1547. ^'t q"^ Cabot
quitta alors l'Espagne « to serve ami inhahit in England. »
Supra, pages 127-128.
Supra, appendice XXXIV.
)64
IHAN F.T SfinASTIEN CABOT
Sébastian Gaboto, an cnglishcman, borne at Bristow, but a Ge-
noways sonne. Thèse shyps dyd shortly after passe pullantly
by Grencwiche in the kynges présence, one of tlie niaryners
standyng vpon themayne topmaste ofonc of them. »
(Lanqui-t, CoopI'R et Ckowluy. An npilomcof croiiiclcs,Lon-
don, Thomas Marshe, 1559, siih amto isi2.)
Siih anno
XXXVII H
KXTRAIT DF. I.A CllRONiaUF. DE GrAFTON.
« About this time there werc thrce noble ships set forth and
furnished for tlie great aducnture of the vnknowne voyage into
1553- the East, by the North seas. The grcat doer and encourager of
=— ' Nvhich voyage was Sébastian Gaboto an Englishe man, borne at
Bristow, but Nvas the sonne ofaGenoway. Tlicse shipcsatthe
last arrived in the country of Muscouia, not without great los-
seanddanger.andnamely of theircaptain, Nvhowas a Nvorthy and
aduenterous gentlema called sir HughWilloughby, Kn.ght, who
beyng tossed and driuen by tcmpest, hee Nvas at the last found
in his ship frosen to death and ail his pcople. But now the said
voyage and tradc is greatly aduanced... ••
(Grafton, a Chmnclc at larsc, London, 1 569, m-folio.)
Sub anno
1553-
XXXVII c
Extrait de la Chroniciue de Holinshf.d.
^]^j>/7 « About this time there were threc notable ships
An. Reg. è} set forth and furnished for the great aduenture of the
;;nknowne voyage into the eastby y north seas. The great doer
JKAN liT SliBASTIUN CABOT
!«î
and encourager of whkh voiagc was Sébastian Caboto an En-
glishniâ boin at Bristow, but was tlic son ofaGcnowaics. Thèse
ships at the last arriued in the coCitrie of Moscoiiia not without
great lossc and danger, and namely of theircaptaine, whowas a
worthic and aduenturous gentleman called sir Hugh Willoughby
knight who being tossed and driuen by lempest, lie was at the
last founde in his ship frosen to dcath and ail lus peuple. But
now the sayde voyage and trade his greatly aduanccd... »
(HoLiNSHED, The Chronicles of Englamlc, Scollamh; ami In-
/</m/f, London, 1577, in-fol. t. II, p. I7M-)
XXXVII D
Extrait nr: la Chronique de Stow.
7 Ed\vrvi7i " The twcntith of May, by the encouragement of
A. D. 1553'. one Sébastian Caholte three great ships wel furnishcd
werc scttc forthe for the aduenture of the vnknowen voyage to
Miiscovia, and other easte partes by the North Seas, diuers mer-
chants and other bcing free of that voyage, ycelded towards the
charges of the samc hue and twentie pounds apeece. Sir George
Hanies and sir IFHliam Garrard being y" principall docrs
therein. »
(Stow, Chronicle, Loai., 1580, p. 1057.)
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(716) 872-4503
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6^
366
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
XXXVIII
Lettres-patentes nommant Cabot gouverneur de la
Compagnie des Merchant Advunturbrs,
1555' *' P'^^^ • 26 1555. Wcsminster.
26 février. Letters patent constituting William marquis of Westminster
==5= and otliers a body corporate, by name of Merchant Aduenturers
of England for discovery of lands, territories etc, unknown and
not before frequentcd, etc S[ebastian] C[abot] to bc thc first
Governor. »
(R. Lemon, Cakndaroj'DomcslicSialc Papas. 1547-80. Tome
I,p. 65.)
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
:Nous n'ivons inscrè dans celte bibliographie que les omr.iKCS ; i" conccrn.im les Cibot écrits p.tr leurs
contemporains i 2" consacres exclusivement i ces navigateurs; j- contenant , les assertions ou des inJi •
cations qui ne se trouvent pas ailleurs.)
I !
I 1.\ngiiieka(Pi;uro Martyr u'). 1457-
1526. De Orbe Koiio Dcauks. Alcala,
15 16, ia-lbl.
Cf., dans l'édition de liâle, i,-;j, in-fol.,
dccad. Il, lib. VI, f. 5;, verso; ef, édition de
Paris, 1SS7, decad. VII, cap. vi, p .t.;;.49,S.
[2] ZiEGLER (Jean). 1480-1549. Qpcra
varia. Argent , 1532, in-Col.
Cf. le chapitre Schoinii.,, f. x. ii, et la carie ;
bien que le passage concernant Cabot ne soit
qu'une interprétation arbitraire du récit donné
par Pedro Martyr.
[3J Kamlsio (J.-B.). 1485-1557. Primo
voli'iiie dclli' Navii;(itioni d J'iiu^nri.
Venctia, 1550, in-lol.
Cf. du verso du f. .(14, au recto du f. 41;,
pouf le récit de l'anonyme dit de Mantoue ; et
tes le t. m, de l'édaion de 1^6;, s,.Mérae p.
Je la prélacc, et f. 41-.
|4l Go.MARA :F Lopez de}. 1310-1560.
PriiihTU y siviiihld parle de la liisloriu
i^fiicral de las Iiulias. Çaragoça, 1552,
in-ibl.
Cf Part I, cap. I.u! B.halhs, t. 1, p. 177, de
l'édition de Vedia, .Madrid, 185S.
[5] EDEN(RiLhard). A Ireatyseof the iieive
liidia, -wilH olbcr iieiu foiiiide landes
ami llaiides, as ivell easlicarde as icesl-
zuarde, as they are Iciioiwn ami foiiud
m thèse oiiredayes, aj'ler the descripcion
of Sébastian Munster in bis boke of
universall Cosnuwrapbie... London ,
I553i in^i6.
Kémiprimé en i ;74, dit Lowiides (art. Mmis-
Ici]. Cf. la dédicace au duc de Norihumberland.
[6] Angiiiera (Pkdro Martyr d'). Tbe
Décades oj tbe Xeic U'orjde..... Irans-
24
I
il
r
JliAN [il SI'BASTIliN CAliOT
hilal iiilo Ei{i;lyi.sl.v hy'RnhiiiiUlùhii.
Loiuloii, 1)5 5, '"'4'
CJ. (. ii«, 119, 1;;.
[7i 'J'iiEviiT (AiidrO). 15115-1590.5///!,'"-
Icirik: lU' la l-iuiu\' Anluicliqiw . Paris,
15 58, ia-8.
Cf. {. 14S. Ce court extrait .1 cviilcmmcnt
four base le passage Je Gomara ]>rtcité. Voyez
aussi sa i'oiDiogrnj'hic uuivcrsclk, Paris, i>7i,
livre WIIl, f, 1022, cl le Grand hniiUnrc,
MS, précité.
[8] LANtiULTi'riiomas;. 1521-1545. An
hj'iluiiic ()/ croiiiclcs. Coiitcyiiiiii^c Ihc
wholc discoiirsc of Ihe liislonei as i^cll
oj Ibis realiiic of Eiii;laiiil as ail olhcr
counlnys, ^alhcml oui of iiiosl proba-
ble aiicloiirs. Fiislc by 'l'iiomas Laii-
quct, from Ihe bei^uniiiiig of Ihe uvilJe
lo Ihe iiicariiacion of Chrisie, Secoudely
to Ihe reii^ue of our soueiaigiie lord kiiii;
Edward Ihe sixt by Thomas Coopcr,
and thirdly lo Ihe reii;neof our soneraii^ne
Ladye Qiiene EUiabelb, by Robert Crow-
Icy. Anno 1559. Loiidini, lux'dibus
Thoma; Marshc.
Iniprinled al Loiidon by William
Seres al Ihe wcsle eiide of l'oiiles loivard
Lndgale al Ihe signe of Ihe Hedgebogge
and are Ibère lo be solde. ij)ij The.
V. daye of Apryll. iu-4.
C/. le passage ^ub lïuiio 1,^2. Comme l.an-
quet mourut en i>i), il ne peut être question,
naiureliement, de Cabot au sujet de ce voyage,
dans l'édition princeps de i>49. Les stulesédi-
tiens que nous ayons pu examiner sont celles
de liiy précitée, i)6o et i>6;. Dans ces deux
dernières, on Ut seulement « Sihitslian Cahot boni
tu liriitoîl », et les molsu Oiiioiiays sovue » sont
omis.
[9] G.\LV.Ào(Ainonio'. \ 1557. Tralado
One eonipos, . . dos diiiersos e desnayrados
caniinbos, por onde nos lenipos passados
a piinenla e espeeearia veyo da Indiu...
Lisboa, 15(53,111-8. Cf. f. 29 c.
Jdeniopns. Lisho.1, 1731, in-lblio.
[10] GuAiTON ^Richard), .-l Cbroniele al
large and nieere Ilislory of ihe tAf-
jayres of Enghiud and Kyiiges of Ihe
Sanie. Londoii, 1569, iii-folio.
Dans cette édition le fassj);e se trouve au t. Il,
p. >)2 3. Dans l'éJ. d'Kllis, Lond , 1809, in-4, le
passage est .\ la p. îj2 du tome 11. Il se trouve
aussi, avec des variantes, dans les .tbnJj^mcuts
que Cralton publia de 1565 à ij;-.. Voir f. i-.(
rcctoei verso de l'.#i-i,/j'(m-i//, Londini, 1571. Il
omet de parler de Cabot dans sa continuation
delà chronique de llardyng.
[il] GiLiitKT (5/V nLiniphrcy). .-/ Dis-
covrse of a Discouerie for a new Pas-
sage toCalaia. London, 1576, in-4.
[12] Srow (John). The Cbroniele oj Un-
gland, from Brûle vnlo Ibis présent
yeare of Christ ijSu. London, 1580,
in-4.
O- F- **7-, sous la rubrique marginale fliiHi)
"i'- '1, et p. «7;. Hdit.de iCii;, à la page 804.
Dans celle de 1631, à la p. 477, où, par une
erreur d'imptessioii, la dote de 14S9 est mise
pour 149.S. Le passage concernant Cabot ne se
trouve dans aucun des Siimmaiics, publiés par le
même auteur h dater de i;6i. Il apparaît pour
la première fois dans la première édition précités
de la ChroiiUlc,
[13] Taisnier (,lcan).J very necessarie
and profitable Booke conceruing naviga-
tion, compiled in Latin byJoannes Tais-
nierus... Tnwslaled inlo Englisbe by
RiebardEden. London, i. a. in-4.
Cf. l'épitrc dédicatoire à W. Winter, pour un
bref récit des derniers moments de Sébasti^ii
Cabot. Cet ouvrage est postérieur à l'année
')73> puisqu'il y est fait mention de la mort de
Uesson, arrivée en cette année.
JEAN ET SEBASTIEN CAliOT
571
[14] Il AKLUYT (Richard). "Divers voyages
toHihing Ibe iliscoiieiie of America.
Loiulon, 1582, iii-4, 2 canes.
[15] Sanuto (M. Livio). Geoi;raJia dis-
liiila in XII Hhri. Vincgia, 1588, in-
fol.
Cf. le livre I, f. 2 recto, où. A l'occasion de
l'inclinaison de l'aiguille aimantic, Sanuto relate
ce que Guido Gianneti da Fano aurait entendu
Cabot révéler au roi d'Angleterre touchant les
variations de la boussole. Voir aussi les rensei-
gnements supplémentaires obtenus de liartolomeo
Compagni, par l'entremise dudit Gnido. Il est
aussi souvent question d'une carte, qui peut
être celle de i)44.
[i6j Hakluvt (Richard). The Third uiul
ImsI Foh'iiieoflJie Foyages, Kavigalioiis,
Jnifjhjiies, and Discotieries of the En-
glish Nation. London, 1600, in-fol.
'/• p. $ !''l'iitur. Rcimpiimé, London, 1809-
12, in-4,
[17] Galv.îo (Ant.).Tl!c Discoveries p/
Ihc World front theirfirsl originall vnio
the ycere of onr Lord ijjj,... publish-
ed in English hy Richard Haklnyt.
London, 1601, in-4.
Republié par la Hakluyl Society avec le texte
portugais. London, 1862, in-S.
[18] De Trotsmoedige Scheeps-Togt van
Sébastian Gaboto, Met 3 Scheepen en veel
Adelijke Manschap ondertioonien na de
Mohiccos, door veel tegenspoeden en
onknnde aan Rio de la Plata mistiikt...
Leyden, 1707, in- 8.
Dans la collection de P. van der Aa : Naaidru-
rige versomtling der Geâenk-u'aaniigite Reyscn u,i
OosI en Wesl-lnâien .. Vol. 42.-Réinip. dans la
collection in-folio, 1727, du même libraire.
[19] Strype (John). Ecchsiastical Me-
morials. London, 1721-33, in-fol.
C/. dans l'édition d'0.\ford, 1822, in-8, t.II,
parti, p, 296; t. II, part II. p. 76, 77, .,j j
t III, parti, p, \io. Strype jouit en Angleterre
d'une très grande réputation d'e.\aciitudc, bien
qu'il n'indique pas ses sources. On lui a néan-
moins contesté son principal mérite ; voyez les
autorités citées par Allibone.
[20] Rymek (Thomas). Fa-dera.Conven-
lianes, liller.e... inler reges Angli.e,
llagiï Coniitis, 1741, in-fol.
(f. t. V, pars IV, p. 89; t. VI, pars lV,p..|o
Cl S).
[21] Sloria degli Stabilinicnli Ettropei in
America,
Article anonyme inséré dans la Mhiemi, jour-
nal publié à Venise en février 17^3, No. ^t^ C.f,
le passage, p. 218 : ne coslutile finm e iiuliMlala
rhngli (Sebast. Cabot) fosse Yrtieuatio e ,li fiU
iitserir jmsittmoctx essonaqiie a Cailello, «Cité par
M. Pasini.
|22] WiLLELMUS DE WoRCESTRE (oU
BoroNER) 141 5 — circa 1491. Itinera-
riiim siiv liber rertim niemorabilinm ;
dans les Itineraria publics par Na-
smith; Cantabr., 1778, in-8.
Cf. p. 267, pour les premières expéditions
des gens de Bristol à l'ouest par mer (sou.t Tho-
mas Lloyd ou Llydo en i.(8o; supra, p. 44).
Les Annciîcs rettim Aii^Iiciirnm de ce même
William de Worcestre (publiées par Hearne,
Oxon, 1728, in-8, t.II, p. 423 jfy.)necon-
tiennent rien sur Cabot ou d'autres navigateurs,
bien que ce chroniqueur ne mourut pas en 1480,
comme on le croit généralement, puisqu'il rap-
porte la mort de Richard Aillington arrivée en
1491. (Wiiii<i/«, t. II, p. 519). LeMS. de Cam-
bridge [Corpus Chrisli, No. 210, p. 195) est de ta
main de Robert Talbot, qui mourut en i;s8,
[23I Campbell (John). Lires of the
Tritish Admirais. London, 1781,
in-8.
Cf. JJistorical memoirs of Sir John Cnl'Ol, t. I,
p. 2)9. sf'j.f et notes p. 310.
37^
JEAN ET SÉBASTIEN CABOT
I24I MoRONuGactano). Aiiiiiiiilc l'fiuio
istnitlivo c diliilavlc. \'ciiçzia, prcbso
Torre, 1786.
Cf. p. 138. nasc Ju travail Je M. C. liullo.
[asiBAURtïT (Wni). The Hisloiy und
Antiquitics oj'lhc Cily of Brislol, coiii-
pih'djrom un'oiiKil Rcioids itiul aull.vii-
lic Muiiiisaipls iii public offices or pii-
vatchaiids. Bristol, 1789, in-4.
Cf. p. 172, pour l'assertion que « /n llic ycnr
14')^, Ihe 2.ilh of Julie, ou Si Jolm's iloys, tuM
Ntu' foiiiiilloihl foiiihi l'y lliislol me», ni a ihiji
iiilktt llx Mall/xxc. »
[26J Si'YKR (Samuel). Manoirs, bislcri-
Ciil and topogniphical of Bristol. Bris-
tol, 1821-23, in-4.
Cf. t, II, p, 308, pour un bref extrait d'un
Ciilniilar manuscrit de Bristol, relatant, sous
l'annie l-)>;9, une expédition de Sebastien Cabot,
[27I Exccrpta Historica, or llliislralioiis
of English Hislory [par N. H. Nico-
las] London, 183 1, in-8.
Cf. p iij, \\G, 117. L'édition de 1S3; n'est
que celle-ci avec un nouveau titre.
[28], A Mcnwir of Scbastian Cuhot ;
u'ith a rcvieiu of tlic hislory of viari-
liinc discovcry, lUiislntted by documents
jroin llic rolls note Jirsl published [par
Richard Biddli;). Philadelpliia. l'ii-
hlished by Ciiny and Leii, 183 1, in-8,
vin et 327 p, et portrait de Sébastien
Cabot en une grande estampe pliée.
— Idem opiis, London : Hiirst,Cijaiice
and Co., 1831, in-8, pp. viii et 333,
avec une liste d'errata sur une petite
feuille volante.
I. es deux éditions de BidJle se trouvent au
Itritish Muséum; le texte est le même, mais les
impiimcurs et les caractères sont différents. Ni
l'un ni l'autre de ces ex, n'a le portrait de
Cabot. — I.cd. de iKjj ne se trouve pas au
llritish Muséum.
Ces deux éditions furent faite» simultanément.
11 est de tradition aux lùats.Unis que l'auteur,
blessé des criliquis dont son ouvra);e élail l'objet
delà part du Col, Peter lorce, donna l'ordre de
détruire les deux éditions. L'édition américaine
fut mise en grande partie an pilon ; de li\ son
extrême rareté. Quant i l'édition de Londres,
l'ordre arriva lorsqu'elle était presque entièrement
écoulée. On en cite néaimioins une deuxième
édition faite dans cette ville, eniSsi, mais que
nous n'avons jamais rencontrée. Richard Biddie
était un riclic avocat du bar.eau de Pittsburg, qui
semble avoir voulu d'abord écrire une liistoi
plus considérable; mais .lyant liite.ce semble, u.
démontrer le peu de valeur de l'article consacré
îy Cabot danî la llioi;r,iJ^hie Viiiierscllc, dite de
Micliaud, il publia ce Meiiwir,
C'est un des rares essais de critique liistorique
écrits aux lùats-Unis, et le premier. On y dis-
tingue une étude patiente et consciencieuse des
documents originaux, tant manuscrits qu'impri-
més, et de l'analyse. Malheureusement, la
thèse que Biddie soutient, c'est-i^-dire que Jean «
Cabot n'est pour rien dans ces découvertes, et
que le mérite en revient exclusivement à
Sébastien, est insoutenable, surtout en présence
des relations des ambassadeurs espagnols et vé-
nitiens publiées depuis. Kous devons également
avouer que l'ordonnance du livre est fautive, et
qu'il régne en certaines parties une confusion
dans les preuves et un manque de méthode
dans la manière de les présenter, qui nuisent
au mérite réel du livre.
Quant au portrait de Cibot phicé en tétc du
rouvr.ige, il fut .acheté au prix de L. r;oo, avet
1.1 planche qu'en firent graver en iSj-t les héri-
tiers de M. Charlos.Joseph Horford. Ce curieux
tableau, attribué, à tort, à Holbein, fut détruit
lors de l'incendie de Pitlsburg, il y a une qua-
rantaine d'années,
[29] Tytllr (P.-F.). Historien} Vieiv
of Ihc progress of discovcry on the more
Kortliern coasts of America, Edinburg,
1832, in-8.
('/. Appendice, p, \\~|•^.\^, en réponse .'i Bid-
die. Souvent réimprime ù&WiYUiUitburgh Cubîiid
Library.
jf;an et sfbastifn cahot
I30] RuoWK (H;i\vd(in). Rtii;t;inii;Ii snlln
vila e siillf opnc di Mmin Smiiilo.
Vciit'/ia, 1837, in-8.
Cf. Part I, p. 99.
I31I CiiENEYCEdward). Nollccsavicmi-
iiig John Ctibol ami bis sou Sebasliaii,
traiisciihed aiitl Iniiislnlùl fivni orii^i-
mil maiiiisciipls in the Mairiana IJ-
l'rary al Vniice hy Ramion lirmv.
London, 1856.
Communication faite à la Philobitlhu Socith.
I-'autcur donne comme autoril(5 pour l'extrait
concernant rembarquement sur le M.itihr.v,
piiblii par \V. liarrett, ., Kobert Fabyan », nous
ne savons sur quelles preuves. Traduit en italien,
dans la brochure de M. Piisini, p. j;.
[32! D'AvKZAC. u Sébasiim Cahot... »
Note K de l'article intitule C(i/;j/i/cV(/-
tioHS gibp-aphiijues sur l'hisloin' du
Brésil, publiiî dan.s le Btdktin de la
Socii'h' de Givi^'rapbic, de Paris, août
et sept. i8)7, p. 266-278.
[33] Lires of Baron Slailvn, Sdmtian Ca-
hot and William Eaton. New- York,
Harperand Brothers, s. a., pet. in-8.
Forme le vol. IX de : Tlie Lihary o{ AmcrUaii
"Biography, conJucItd h JareJ Spmh's. Le portrait
de S. Cabot sert de frontispice. — The lifc of
Sébastian Cahot occupe les pp. 89-162; elle est
de M. Charles I/.mmnl, Jr.
[34] TuRNBULL (Wm. B.). Calmdar oj
s taie papers. Foreign séries. Reign of
Edward T/. London, i86i,in-8.
Cf. t. I, p. 171, Ko 44.1, et t. Il, p. 10,
No. 31, Si les Caletlilars de Bergenroth et de
Rawdon Brown donnent les dépèches envoyées
par les ambassadeurs étrangers i leur propre
gouvernement, les Calrmlais des l'oreign Séries
contiennent les pièces adtessies par les ambass,i-
deurs anglais ou les gouvernements étrangers
aux rois d'Angleterre et à leurs ministres. Nous
ne voyons pas qu'on ait conservé II Londres Je
Î7Î
documents de cette nature antérieurs à la fin d 1
i-à-nc ilo llenry VIII.
Voir également J, S. Breuer. I.eller, „i,l
Paj^rsjoreiiuan.l Jome'lic, Henry T///. London,
i.S/o; t IV, pars |, p. m.
i3)l Bi;i(Cii:N'Ro-ni (G, A.). Cahndar of
Littcrs, Despatches and State juipers re-
latinc; to the mi'ociations hetim-n En-
l^laml and Spain, preserved in the
archives at Siwancas and elsewhere
London, 1842, in-8.
[36] Brow.n (Rawdon). Calendar 0/
.State papers ami mannscripts relatini;
to Enolishajfairs. existimr in the archi-
ves and collections of Venice, ami in
olher lihraiies of Xorthern Itah.Lon-
don, 1864-1869.
Cf. 1. 1, Nos. 445, 4;,, 750, 752; ,. III, Nos.
SÎ7i)>S, ('«T. 6i4, (569, (^-o. 710, m;; t. V,
No. 711.
[37I Annnario Scienlifico pour l'aniK-e
1865. Milano, 1866.
Cf. p. 100, texte original de la lettre de Rai-
mondo di Soncino, du 18 décembre 1497,
[38] Hai.e{E.-H.1. Relmt of the Coiincil ,
(lans les Proceedings of the American
Antiqnarian Society at the annual meet-
ing, lield in U'orcester, oct. 21, i86j .
Cambridge, 1866, in-8.
Cf. p. 19.27.
I39] Hale(E.-E.). Remarhson M. 'Ber-
genroth's Letter, dans les Troccedings
of the Ain^'rican Auliq. Soc. pour
avril 1867, p. 38-42.
[40] De.\nf. (Charles). Remarh on Se-
hastian Cabot's Mappe-Monde.(Repi-int-
ed front the proccedings of the Ameri-
can xAntiqiiarian Society, for April,
7l^'^7.1 Cambridge, 1867, in-8.
374
JEAN ET SÉBASTiRN CABOT
[41] Bhevooiit (]. Carson). Farly
voyages fnmi F.iirolv to AmtriCit. joint
Cabot' s voyage 0) i^()y.
Article publiidans \'Hiiloiit,il Magatint pnur
mars iSdït, p. i39-i;s, 6 dociimema, fac-similé
d'une «ection de la carte du i\.\\.
[42] D'AviiZAC. Les vavigalious tcm'-
neuvicmifs de Jean et Si'baslieii Cabot.
Lettre au Rév. Léominl Woods. Lue en
communication à la si'ance tn'niesti telle
des cinq académies de l'Institut de
France, le 6 octobre iS6ç. Paris, 1869,
in-8.
Traduite en anglais et insérée dans te t, I,
de la Dociinunlary Hislory of ihr Slale of Munie,
p. S0J-ii4.
[43] NiCHOLLS (J.-F.). The remarhible
life, adventures and discozwries of Sé-
bastian Cal'ot of Bristol, the founder oj
Great Britains maritime poicer, disco-
verer of America and ils Jirst colonizer.
Londoii, 1869, pet. in-4, portrait de
Sebastien Cabot et carte.
[44] Stevi-ns (Henry). Sébastian Cabot
— John Cabot = O. Boston, 1870,
in-i6 carré'.
[45] D'AvEZAc. Examen critique d'un
ouvrage iutitulè Tlie remarkable hfe...
of Sébastian Cabot of Bristol... by f,
1-. Nicholls...
Tiriige à part, de 7 p,, de l'article inséré dans
la^n/iie iritiqur d'Iuiloire cl île lilUralure, 2} avril
1870.
I46I Major (Richard Henry). Tlie true
date of tlie English Discovery of the
American Continent under John and
Sébastian Cabot. A Letter addressed by
Ricliard Henry Major, Esq. F. S. A.,
to C. S. Percn'al, Esq. LL. D.
Publié dans VArchmhgia or MisceILtntoiis Tracis
rilaling lo Anliijuilie!, t. XLIII, London, 1870,
in-+, p. 16.
|47| Hem WAi.D (Friedrich von), Sébas-
tian Cabot. Vortrag gehallen am i-j
mai iSjQ, in der KK. geographischen
Gesellsehaft ;u ll'ien. Berlin, 1871,
in-H.
[48J DnsiMO.N! (Corneho). Siigli Scopri-
tori Genovesi del medio evo, dans le
Giornale Lignstico, Genova, 1874.
''/■ p. •)).
|49| KiDER (Frederick). The Discovery
of America by fohn Cabot. Printed
for private circulation. Boston, 1878,
in-8, 15 p. et deux cartes, l'une sur
feuille sépartio, l'autre intercalt*c ii la
p. 12.
Tirage à part du Nno lîiiglainl llinnricil mitl
Gfiicriil Rtgislir, pour octobre 1878.
I50I Hugues (L.). L- Navigaiioni di G.
e S, Cabotto. Memoria. Ronia, 1879,
in-8.
Hxtralt des Mtmorit (W/.i Socieli) Geograjita, de
Rome, I. I, pars III,
I5:] / Navigatori al Polo Antartico (par
M. LuiGi P.vsiN'i). Venezia, 1880,
in-8.
[52] Reumont (Alfred). I due Caboto.
Cenui storico-critici. Firenze, 1880,
in-8.
I53] BuLLo CCarlo). La vera Patria di
Nicolode' Conli e di Giovanni Caboto.
Stndj e Document i. Chioggia, 1880,
in-4 ; 13 documents.
[54] Desimoni CCornelio). Inlorno a
Giovanni Caboto genovese scopritore
del Labrador e ii altre regiom delP Alta
America seltentrionalc. Documenti pub-
'
JI'.W l'T SI'.KASTIIV CAIU)!'
)/ >
liliiiiti ni iUii'itrali, (îciiova, i8Si,
Rf. iii-8; \.\ documents.
l-.xtrail >lii t. \'V ilcj Alli ,klLi Sunrhl I.ifiin
lit Ultititt Ptilria.
\)S] Zi RI (Aiigusto). (ikmviiii f Sil'iK-
liiiiio CiiholiK Xoliiir, Koina, iMSi.
iii-H, une carte.
Hxlrait delà Rlviil,i .\f,iiiiilina, mars iHRi.
]56|BARUrRA Pi;z/i (C^arlo). Di Cio^
vtium C.aholo rivchlori' dcl .u'Ilriiliio-
vali' fiiiisitiv tl'Aiiieiiiii, ccn (lociiiiicnti
iiifdili l'sisleiili lui KR. iiirhivj di
Sidio (li Miliiiio. \'cnc/.h, 18H1,
in-4.
Portrait de IVtitnisic de )e.in C.ibot tine-
ment gravé sur acier par rameur delà Inocliure,
l.Kiuille n'est pas dans le commerce les docu-
ments «ont la leitie dt R.iiiriMido de' Kaimondi
;di Sonciuo ; du IS dùcombre i ).);, publiée, croyni.s
nous, pour la première lois, par M. Pez/i, et
deu.v Icilics conceriiaul (jiiillaunie de (^i.^enove,
dit Colombo.
'57I DoMi;Aun (G.). / Cihoio di Pmio
M,iiiii;ii', dans Ld l'ivriii;iii, jour-
nal liuKloniadaiic de Porto Maiiri-
zio, Anno 11, Nos. Ji^^s 19 et 26 no-
vembre iS8t.
Voiraussi pour celte ntliibution savonisienne,
Danielle Morcliio, // SLnu,ii,< llitli.iuo, p. iii|.
|)8| ConTAMiiEiiT (Richard!, jctiii ,i
S,'l'iiilirn Cahol. l'iililié dans 17-.'\-
ploiiilum. Kfviir (/,ï roiKiiu'Ii's ,/,• A;
civilisai ion. P.iris, 1HH2, t. XIII,
X". 267.
INDEX
INDEX
A A (Pietervander), 369.
DAMS (Clément), 126, 154,
ISS, 156.
Affonso (Simâo), 124, 358.
Agnese (Battista), 144, 145, 188,
189, 191,192, 193. I94>200,
235.
Agramonte (Juan de), 112, 272,
274'
AiLLiNGTON (Richard), 369.
Alcazaba de Sotomayor (Simon
de), 141, 163, 173.
Alde, 240.
Alfonce, Allefonsce, Allo-
FONSCE, Alphokso (Jean, Jehan
et Juan), 200, 205, 206, 207,
208, 209, 211, 214, 228, 229,
247.
Allen (Richard), 294.
Allibone, 369.
Altamira [Duc d'), 165.
Alvarez (Sebastien), 141, 163.
AMATDiSANFiLiPPo(5'r. Pietro),
, 158, 188.
Ames, 24.
Andagoya (Pascual de), 170,
ANDRADF.(C"Fcrnando),i47, 290.
Anghiera (Pedro Martyr d'j, 16,
36, 37. 38, 42, 49. 62, 6^,
7S, 94, 104, 109, 113, 122,
123, 14s, 168, 169, 170, 17s,
27s, 278,280,287.289, 290,
335. 336, 339. 344.367-
ANGo(Jean, Jehan, Giouun) 195,
274, 280.
Annebaut {Maréchal d'), 198.
Anonyme de Mantoue ou de Ra-
musio, 42, 99, 336,367.
Antonio (Nicolas), 173, 236,
243.
38o
INDEX
Antonei-u, 373.
Anvilli; (d'), 181.
Apian, 152.
Apremont {B"" d'). 280.
Arcaxgeli, 281.
Arcùre {!c Père), 299.
Ares DE Sea, 146, 304.
Argensola, 282.
Arias (Gomez), 71, 304.
Arnold (Richard), 15.
Arras(Granvelle, cvcqiieà''),! 27 .
Arthur {Prhu'e de Calles), 19.
Arundel (C, d'), 47, 126.
Ashuhurst (Thomas), 266, 267.
Aubert (Thomas), 83, 274.
Auxii.hon, voyez Seweterre.
AvEZAC {Mr. d'), 36, 80, 152,
166, 182, 206,210,215,216,
251, 252, 371, 372.
Ayala (Pedro de), 14, 18, 20,
21, 22, 44, 47, 59i 60, 62,
100, 102, 104, 150, 329.
AvLLON (Lucas Vasquez de), 71,
73, 171,277,278,287.
Bacon, i, 21.
ABATE OU Cabot (Sébas-
tien), 270.
Balboa (Vasco Nunez), 168.
Baltasar GiNOVES, 189.
BaRBEROUSSÉ, 221.
Barbosa (Duarte), 282.
Barcia (Gonzalès),73, 207, 208,
280.
Bardoi.0 (Giangiacomo), 338.
Barlow {Mr. S. L. M.), 164.
Barnes [Sir Georges), 27, 365.
Barrett (William), 51, 369.
Barriera (Joham), 342.
Barros, 162, 163, 188,282.
Barthoi,o.mi;o (Bcrnardo), 311.
» » (Giovanni), 311.
Baschet (Af;-. Armand), 3.
Bastidas (Rodrigo de) ,53.
Baué, 363.
BaUTISTA GiNOVES, 188.
Bautista (Juan), 188.
Bayfield {Cap'") y 65.
Beaupepaire (de), 217.
Becker, 172.
Bedford {Earl of), 154.
Bellero. 152.
Belleval, 212.
B^LLORo (G. B.), 73.
Beltram (D'), 290.
Beneventanus (Marcus), 164,
165.
Benoist (Z)'), 190.
Benzoni, 338.
Berault (Fr.), 299.
Berchet {Sr. G.), 189.
Bergenroth (G. A.), 19, iio,
316, 329, 330, 371.
Bergeron, 274.
Bermudez (Cean), 2, 32, 173.
Bernaldez, iio.
Berteli (Ferando), 237.
Bessom (Jacob), 132, 368.
INDEX
581
Bl-TTENCOURT {Sr. E. A. de), 76,
257, 277.
BioDLE (Richard), 2, 14, 20, 29,
30,31,47,76,108,114, 117,
127, 142, 186,256,259,267,
328, 370.
Blackstonh (^/VWilliain) ,39,40.
Bocage (Barbie uu), 147, 148,
219, 241.
BoRGiA {C(trdiiial), 179.
BosELLi {Mr.), 153.
Bossis (de), 190.*
BoTELHO, voyez Lacerda.
BoTONER, voyez W"' de Worces-
TRE.
BOUCHETTE, 65.
BOULENGUR (Louis), 182.
Bradley (Thomas), 102.
Brand (Sébastien), 16.
BrandÂo (Diogo), 145, 275.
Breton {D'-), 19, 217.
Brev.-er (Air. J. S.), 122, 281,
292, 331» 355-
Brevoort {Mr. J. Carson), 94,
197, 180, i8r, 284,291,371.
BRiON(de), 198.
Brito REUELLo(5r. J.I. de), 260.
Brown {Mr. Ruwdon), 2, 21, 36,
38, 59, 123, 129, 131, 135,
322, 323, 346, 357, 370,
371.
Brunet, 208, 222.
BuïL (Bcmardo), io2, 329.
BuLLO (5/-. Carlo), 11, ^6, 41,
123, 135,312,322,338,346,
369, 372.
Bure (de), 198.
BuRROUGii (Stephen), 127, 128,
130, 131.
BusiGNOLO (Hieronymo Marin
de), voyez Marin.
BuTRiGARi (Galeas), 338.
BuTTNER, 178.
CABOT (Lewes et Ludovic) ,37,
39, 13s, 136, 312, 313.
Cabot (Sanche et Sancto), 37,
39, 135, 136, 312, 313.
Cabota ou Cabot (Sebastien),
127, 131.
Cabote ou Cabot (Sébastien),
68,94, 127, 128.
Caboti ou Cabot (Jean), 85.
Caboto ou Cabot (Jean), 11,
12, 13,48, 55, 6r.
Caboto ou Cabot (Sébastien),
48, 55,67,93,112,123, 124,
125, 151, 152.
Cabotte ou Cabot (Sébastien),
28,32,38.
Caboïto ou Cabot (Jean), 39.
Cabotus ou Cabot (Jean), 155.
Cabotus ou Cabot (Sébastien),
132,155.
Cabr.\l, 159.
Calbot ou Cabot (Jean), 48, 59,
6r, ICI.
Cami'Bell (John), 135, 369.
382
INDLX
Cano (Juan Sébastian del), 170.
284.
Cantino (Alberto), 143, 158,
i$9, 160, 161, 163,257,259,
260, 262, 265, 266.
Canto {Sr. Ernesto do), 76, 184,
276.
Capelo (Dominicus), 346.
Capello (Simone), 73.
Capotto ou Cabot, i i .
Carbonieri, 158.
CARDiiNAS [T)on Gabriel), 280.
Carli (Fernando), 135, 279.
Caro (Annibal), 280.
Carroz (Luis), 134, 333.
Carter (John), 102.
Cartier (Jacques), 70, 74, 75,
77' 78, 79> 81, 82, 83, 145,
146, 149, 184,187, 192, 194,
199, 200, 204,205,211, 213,
214-, 215,217,223,227,228,
229,230, 234,235,238,242,
246, 249,297,298, 300,304,
305. 344-
Carvalho (JoâoRodrigucz), 282.
Casarolo (Bartholomeo Anto-
nio), 311.
Casas (Bartolomeo de las), 53.
Castaldi, voyez Gastaldi.
Castellani (C), 237.
Castel Rodrigo [Manjuis de),
voyez Moura.
Castillo (Domingo del), 239.
— (Pedro Augustin del), 281.
Catherine d'Aragon, 19.
C.vL'ciiON, 296.
Cavalier (Jean ou Jouan), 303.
Cazenove (Guillaume de, dit Co-
lombo), 373 .
Caxton, 16.
Cechetti {Sr.), 312.
Celaya (Sancho de), 174.
CELiERs(des), voyez Desceliers.
Ceres, voyez Seres.
Cerezo (Maria), 122.
Cesaris [Mlle Isolina de), 332.
Cespedes (Andres Garcia de),
284,285, 286.
Chabot (Philippe de), 198,
280.
Cha'Botto, II,
Ciiallaves (de), 229.
Champlain, 248, 249.
Champs (Morrhy des), 300.
Chancellor (Richard), 15, 30,
155-
ClIAULES-QuiNT, 37, 54, 68, 82,
83, 91, 92, 115, 116, 117,
118, 122,123, 124, 125, 127,
128, 129, 130, 134, 141, 145,
146, 1)2, 163, 169,173, 174,
177. 190, 194,214,221,234,
235, 278,279, 280,283,284,
288,295,304,339,362.
ClIARLEVOIX, 215, 250, 274.
Chaudière (Guillaume), 252.
CiiAUVETON (Urbain), 338.
Chauvin, 248.
INDBX
5«5
CiiAVlis (Alonso de), 67, 70. 71,
73'7h9i.95'i25. 127. 173,
194,232,233, 234, 289.
CilEl-DHOSTIX. 248.
CiiENEST (Mr.), 301.
Cheyne {Sir Thomas), 359,
363.
Cheyney {Mr. Edward), 1 27, 370.
Chytrœus, voyez Kochuafe.
Cii-UENTES (Pedro de), 188.
Cisio (Dominico Giovanni de la),
312.
Clamorgan (Jehan de), 148, 205 ,
206.
Ci-AYs, 272.
ClI^de (De la;, 147.
CLVG}iY (Seigneur de), 190.
CocK (Hicronymo), 236.
CoLiGNY, 242.
Colomb (Christophe), 12, 14, 15,
20,22, 35,45,46,57,58,64,
159, 298, 328,329, 337.
Colomb (Fernand), 69, 173, 284.
Colombo (Christophoro) , voyez
Colomb (Christophe).
Colon. Voyez Colomb (Chr.).
CoLUMBiS (Antonio GuHehno de),
311.
CoMi'AGXi (Bartolonico), 369.
CONCIIILLOS (Lope), 71, III,
331.
CoNiLANS (Jehan de), 205.
CoN3('D^), 190.
CoNTAKiNi (Gasparo), i, 37, 38,
41, 115, 118, 119, 120, 121,
344. 347. 351. 352, 3)4-
CoNTi (Nicolù), 123.
Coo (Christopher), 281.
CooPER (Thomas), 22, 23, 24,
264, 368.
CoRTAMBERT (Af . Richard), 373.
Corti;ri:al et Corte-Real (Gas-
par), 72, 75, 90, 142, 143,
160, 162, 184, 186, 187, 256,
257, 258, 259,260,261,262,
265, 267, 268, 269, 276, 282,
298.
— (Marguerite), 269.
— (Miguel), 162, 268,
276, 282
— (Vasco Eannès),269.
Coûtes (Hernando), 357.
CosA (Juan de la), 52, 53, 103,
140, 156, 271.
CossiN (Jehan), 17.
Costa [Reif'. B. F. de), 2S0.
CoTTON (Robert), 16, 359.
CoTO (Francisco), 334.
CouLON (Louis), 274.
CuAWi-OKD ET Balcarres {C" de),
210, 216, 218.
CuEMEUR {M(tsler), 79.
Crignon (Pierre), 300.
Croli-, voyez Crowley.
Crowley (Robert), i, 23, 24.
25, 28,32,33, 34, 364,568.
;.S.|
INDIiX
DALLA VeDOVA (..SV.), 155,
262.
Davila (Alonso), 279.
Deaxe (M/-. Charles), 153, 371.
DELisLE(Afr. Ltiopold), 148, 229.
Di;nebai:lt (Pierre), 299.
Denis {Mr. FerJinami), 206, 269,
Denys (Jehan), 83, 238, 2.19,
250,251,273,300.
Desceliers (Pierre), 148, .194,
195, 196, 197, 205,210, 216,
217,218,219, 229,230, 277.
Desciiellilrs, voy. Desceliers.
Desimoni {Sr. Cornclio), 2, 12,
I4> 37'59.73> 166,169, 177,
181,256, 281,313,326,328,
572.
Dhsliens (Nicolas), 217.
Desmarcluets, 194, 217.
DiAs(DoH Francisco), 316.
Diaz (Bernai), 280.
Dolfinato (NicoUo del), voyez
Nicol.\ï.
Don ou d'Aunis (Nicolas), 291,
DoN.\(C"), 189.
Doxe.\ud {S' g.), 12, 373,
Dorxelos ou Dorvelos Juan)
257.
DoRSET [M'' de), voyez Grey.
DouR.VDO ^Ferdinando Vaz), 277.
Dupont (Jean), 216.
Dupont-Gravi-, 248.
DupRAT, 210.
DuRAN (Tomâs), 122, 284.
DuRo(;sV. C. F.), 75, 83, 146.
232, 245,282,292,295,303,
306,
DwiGHT (A/r. T. Reed), 355.
EnNER,'l72.
ciiEVETE (Matias ou Martin),
305.
Eden (Richard), i, 16, 26, 31,
36, 37. 94' 113. "4. 132,
133.154.275,338, 367,368.
Edward VI, 22, 25,27, 126, 127,
125, 128, 131, 315.
Eliot ou Elliot (Hugh), 92,
267.
Elisabeth (la reine), 22, 23, 3 68.
Ellis {Sir Henry), 17, 29, 294,
368.
ENRiauE Septimo, voyez Henry
VII.
Ercole {Duc), voyez Este.
EsPADA {Sr. Jmenezdela), 1,15,
235.
Este (Hercule d'), 143, 156, 159,
262.
ESTANCELIN, I94, 30O, 30I, 303.
EusiiBE DE Clsarée, 274.
FabianouFabyan (Robert), 25,
So, 3i> 32, 33. 34. 50,
100, 106, 107, 150,269,317,
318, 330.
FAGUNDEs(JoiioAlvarcs}^ 76, 275,
-76,277.
INDEX
38S
Paillon [Abbé], 212.
I'airchild {Général Lucîus M.)i
316.
Falkiro (Franccsco), 76, 14t.
1-ALEiRO (Ruy), 141.
Fano (Guido Gianncti da), 153,
369.
Ferdinand-le-Catholiq.ue, 14,
15, 57,71,100,110,111,112,
113, 118, 274, 331, 332.
Fernande/, et Fernandus (Fran-
cisco), 76, 142, 186, 266, 267.
— (Joao),76,i42, 186,
266.
Ferro (Marco), 4.
FiGixi (Martine), 311.
Fine (Oronce), 148, 181, 183,
205.
Fischer {Dr. Théobald), 158. - v — / • j- > ^ -
Florin (Juan), voyez Verraz- Gallego (Vasco), 174, 283,
ZAN0, 280. 334-
FoNSECA(JuanRodriguezdc), 71, Galliccioli (Giambattista), 3.
Galvam et GalvÂo (Ant.), i,
FouRNiER {le Pêre)^ 216.
Françols P', 77, 80, 91, 147.
149, 195, 198,205,206,210,
214, 222,227,278, 279,296,
230.
Francluelin (J. B.L.), 216.
Fracastor (Hieronym.). 236,
239.
FRElKE(Joao), 220.
Frère (Mr. Edouard), 223.
Frobisher (Martin), 293, 294.
GABATO ou Cabot (Sébas-
tian), 17, 28, 30,33.
Gaboti:s ou Cabot (Sébastian),
29.
Gaboto ou Cabot (Sébastian),
16, 17, 23, 32, 106.
Gairdner(M;'.), 316, 317,
III, 121, 129
FoNSSECA (Manuel da), 276.
FoNTANA (Alvisius), 5, 6, 8, 10,
309,310.
FONTETTE, 79.
Force {Colonel Peter) , 370.
FoRLANi (Paulo), 237.
FoRNARi (Cipriano de), 21.
FoscARiNi (Andréas), 353.
— (Marco), 338.
FoscuLUs (Andréas), 353.
FoucARD {Sr. Cesare), 262.
63, 187, 258, 259, 266, 268,
269, 282, 287, 290, 291, 342,
368, 369.
Gama (Vasco de), 159.
Gamart, 249, 273.
Gamarto, voy. Gamart.
Garay, 287.
Garcl\ DEToRENo(Nuno), 142,
145, 161, 168, 169, 170,171,
174, 175, 176, 179,193,200,
234, 278,284,287,289, 357.
2)
}86
INDEX
Gaucia (Diego), 357. Gradonico (Juliamis), 346.
GARRARD(5/r William), 27, 365. CJRArro\ (Richard). 15, 16,17.
Garret (William), 28. 18, 21, 24, 25, 27, 28, 34.
Gastaldi et Castaldi (Jacopo), 36, 294, 364, 368
82, 236, 237. Grandmaison [Mr.], 198.
GuRAUBY (Robin de), 299. Greene (^Mr. G. W.),28i.
Gesio ou Gessio (Juan Bautista), Gregory, 317,
151. Grenvillh, 27.
Gesner, 236. Grey (Thomas, Ai</ny«/V de Dor-
Ghillany, 157, 165. set), no.
GiABUTO ou Cabot, ii. Grimasco (Gian-Giacomo), 312.
Gilbert (5/> Humphrey), 33. Growte (John), 79.
72, 76, 114. 154, 156, 318, Grube, 294.
343, 368.
GlUNTI, 339.
Godeffroy (Adam), 280.
GoDERYK (John), 354.
GoDWiN (Francis), 15.
GoES (Damiam de), 256, 257,
258, 259, 260, 266, 268, 269.
Gryn.ïus, 148.
GuA (Pierre du, sieur de Monts],
248.
GuÉRARD (Jean), 216.
GuiBÉ [Cardiml], 164.
GUNSOLUS ou GONZALÈS (JoHo),
76, 142.
GoMARA (Lopez de), i, 31, 49, Gutierrez (Diego), 67, 125, 147,
63, 170, 280, 287, 341, 367, 152, 184, 196, 232, 233, 235,
368. 236, 246.
GoMEZ (Estcvan ou Estevâo), 71 , Gutierrez (Diego, le jeune), 127,
73, 76, 170, 171, 193, 200, 231.
282, 283, 284, 285, 286, 287,
288, 289, 290, 291, 334.
GoNZALÈs (Joâo ou Juan), 142,
186, 26e, 267.
GoNZALÈs (Ruy), 45.
GOSSELIN (E.), 212, 213, 248.
Gotha {Duc de Saxe-Cobourg),
189.
GOUGEUL, 297.
GuzMAN (Nuiio de) , 125
H
AKLUYT (Richard), 1.21,28.
30,31,32.33,34,50,72,
75. 79, 91» 92, 93i 106, 107.
114,126, 127, 131, 132, 135,
150. 154, 155, 156, 174.176,
206, 207, 211, 213, 214, 247,
267,269,279,293, 294, 295,
INDEX
J«7
297,298, 304, 317. 31^"^' 319.
321, 369.
Halle (Edward), 15, 16, 21,
24,25, 294.
Halev/?^''. H.E.),37i.
Hardy {Sir Thomas), 129.
Hardying (Joliii), 15.
Hauley, 77, 128, 147, 148,
149. 193. I95'209,23i.
Haro (Christ0v.1l de), 290.
Harpsfeild (John), 15.
Hearnu, 369.
Hauslab {General de), 182.
Hayward {Mr. Charles), 371.
Heinemann (/>. O. von), 185
Hekhor:;, 153.
Hekedia iSr. R. de), 165.
Herkura, 53,69, 112, 113,123,
141,163, 168,170, 173. 275.
280, 283,284,291,295, 296.
HoiiY {Sir PhiHp), 128, 359.
Hœper, 269.
HojEDA (Alonsodc), 53, 266. ^
HOLBEIN, 118, 370.
HoLiNSHED (Ralpli\ I, 17, 18,
21, 25, 26, 27, 28, 34, 36,
III, 364, 365.
HoMEM (Diego, Diegus, Dida-
cus), 76, 193, 240, 243, 244,
245.
Hellwald {Mr. Friedrich von), Homo (Andréas), 76,244.
372.
Hennin {Mr. de), 153, 161,244.
Henri II, 76, 77, 81, 82, 83.
84, 148, 149. 195, 198, 209,
210, 215, 219, 220, 247,
249.
Henri IV, 248.
Henri VI, iio.
Hore {Master), 297, 298.
HoRES, 297.
HoREORD {Mr. Charles-Joseph).
370.
Howard {Lord Edmond), 292.
Hugues {Prof. L.) , 372.
Humbold (Alexandre de), 157,
172.
Hume, no.
Henry VII, i, 17, 19, 21, 29.
31. 36, 39. 45.46, 47.50» 51. HuTH {Mr. Henry), 189.
57, 76, 92, 100, loi, 102. Huttich (Johannesi, 181.
106, 107,108, 114, 142,157,
IBACETA (Jacobo de), 305.
RWIN (C), 132.
Isabelle-la-C.\tholiq,ue, 14, 15.
100, 338.
I«6,
266
270,
272,
313.
315.
316,
317.
318,
327.
328.
330.
337.
341.
Henry VIII,
24,2
9, 33
,91.
113.
114.
"5.
176,
177.
201,
292,
293,
298,
317.
331.
371
1
)M
INDliX
JACQUES I, 26.
ACQuns IV {Koi d'Écossc), 20,
21.
Jalobert (Marc), 211, 214.
Jamert ou Jauvert (Sanclic).
299.
Jaruy (Nicolas), 2 16.
Jau (Guillaume du), 299.
Jav (John), 44.
Jeanne (/c /?,■///<■), m, 272, 274.
JoÂoIII, 145, i|7. 279, 2S1.
JoMARD, 77, 80, 153, 157, 1 98,
210, 215, 216, 218.
Joyeuse CDwr de), 206.
JuanBautista Ginoves, 188.
Jules II, 1 10, 164.
Junquera {Sr. S. Perez). 189.
KABOTTo ou Cabot (Jean), 2,
47, 58.
Kelton (Arthur), 15.
KiDDER(Mr. Frederick), 372.
Kingston {Mr. Alfred), 316,
2->5 329.
.i-3
KocHHAEF OU CiivTK.Eus (Na-
than), 153, 154, 155. 156.
KoHL (J.G.). 43, 55, 68, 69,
77, 82, 92, 104, 115. 1^3,
i53> 157-161,162, 163, 165,
167, 172,178, 179,185,189,
190,193, 218,219, 220,237,
240. 279.
KuNSTMANN (iV//. Friedrich), 140,
143, i6r, 162, 164, 167, 190,
234, 259, 268,271, 277.
LABANOiT [Prince], 189.
ABITTE (Mr.) 301.
Laborde {Mr. de), 223.
Lacekda Lobo (Constantino I3(v
TEI.HO de), 275.
Lancellati (Benedicto), 311.
Landsdowne, 127.
Lanquet ou La\qui:tte (Tho-
mas). 16. 18,22, 23, 25.27,
36. 128, 363. 364, 368.
La Vaeui-ke {'Duc de), 148, 19S,
222.
Le Blanc (Vincent), 273, 274.
LeEjLeyou Leigii [Dr. Fdward),
91, 176, 177.
Le Clekcq, 216.
Leeèvre (Guillaume), 302.
Legoupil (Robert), 215.
Leguina {Sr. Enriquc de), 53.
Lelewell, 157. 172, 178.
Lemon(A//-. R.), 366.
LENox(Afr. James), 17.
Le Prince, 153.
LÉRY [Tiaron de), 84. 296.
Lescarbot (Marc), 79, 296,
297.
LiBRI, 132, 220.
Lilly (George), 15.
LiKAGE, voyez Veitia ou Veytia.
Lindenau, 172.
LlTTRÉ, 75.
INDEX
389
Li.YDF. OU I.i.oYtl (Thomas\ 44,
59, 369,
LocKi:ouLoK(MichaeI),279,293.
LoNDONO, 20.
Loi'iiz (Christovâo), 269.
Loui;no (Nino Garzia de), voyez
Garcia di; Toreno.
LORUNZANA {Évétjllf), 2}<),
LOTTIN', 223.
Louis XII, no.
Lovi-i.L (5;/ Thomas), 122, 355.
LowNDES, 330, 367.
LuBBLER {Mr.), 75.
LUD0V1C-I.I>M0RE, 21.
Luiz (Lazare), 276.
MACHYN, 27.
ADUiGN'ANO (Arcliangclo) ,
258, 259, 261.
Madoz, 305.
Mafra (Juan Rudriguez), 174,
334-
Magellan ou Magalhaes (Fer-
niîo). 73» 7^> Ï41. 188, 189, Mattiolo (Pictro), 237.
282, 283. Médina (Pedro de), 125, 127,
MAGGioLo(Vesconte de), i, 65, 232, 239,240.
82, 165, 166, 167, 177, 187, Medrano (Catalina), 109, 134,
279- 355-
M.\jor {Mr. Richard Henry), Mendez (Martin), 124, 284,
216,372. 358-
Maldonado (Diego), 71, 304. Menendez (Pedro), 207, 208.
Mallart, Mallard, Maillart, Mendo Trigoso (Scbast. F. dj),
et Maillard (Jehan) , 222, 143.
223, 227, 228, 229. Menezes (Amrique de), 188.
Malti:-Brun (V. A.), 197, 202,
219.
Malvano, 262.
Manno iSr. A.), 237.
Mancml A'('/),76, 141, 143, 146,
25^'. 257, 259, 260, 262,267,
268, 269, 272, 275, 2S2.
MANRiauE (Pedro', 283.
MARcr.iLLi;s (Guillaume de), 24 1
Marcello iNicohO, 311.
Marin'o (Ilieronymo de), 118,
135. 346,352, 333. 354-
Marnée (Jean de), 206, 207, 208.
Marshi: (Thomas), 23, 24, 364,
368.
MARTiNs(Joam), 260.
Martius {Mr. de), 153.
Martyr ( Pedro) , voyez Ak-
GllIERA.
Mary {Reine), ^j.
Matkovic (P.i, 189, 244.
Matienzo {Dr. Sancho), 278,
288, 334.
J
390
iNni:x
Mi'.Tî.nF.N (F.min.uuul), 15}.
MuncATOR, 83, 90, 197.
MiisQUiTA (Alviiro), 282.
Mr.xiA (Pcilri) . 12), 232.
MiciiAi'i. (Jacobusi, 353,
MlCIIAUD, 370.
MiLLIN, 147, 219.
Mocr.Nir.n (Pictro\ 311.
MoNTAi.noDDo I FiMcaii/id du),
257, 259.
MONTOKIT, 78.
MoNTi-snocA (Martin), 67.
M()RAi.i;s (A mires de), 283.
Mouciiio (Daniollc), 373.
MoRr.AU, 75, 79.
MoRiN (A/;-. P. L.), 250.
MouoNi (Gactano), 369.
MoKKiiY i)i;s Champs, 300.
MoRLi-NT {Mr.), 241.
MouRA (Cliristovam lic), 269.
MiDESco (Andrcus), 346.
Mui.i.HR (Mr. Frcdcril;), 154, 1S3.
MuNoz, 83. 331, 333.334, 355.
MuNSTJ-.R (Sebastien), 367.
MURATORI, 160.
MuKPHY {Mr. Henry C), 279,
280, 281.
MuRR (de), i6r, 172.
Musset (Ma.), 299.
NARVAEz, 287.
ASMITIl, 369.
Navagero ' (Andréa), 41, 123,
136, 357-
Navahretf. ( Martin l'ernandcz
tie), 45. 53. 67. ^9. 90. 109.
112, 113, 115, 122, 124, 125,
134, I |i, 163, 169, 170, 173,
174, 179, 18S. 213. 232. 23s,
257. 266, 272. 274. 278, 282,
283, 287,288, 290, 296, 357.
3S8.
NAVARRo(Giné.s), 291, 292. 295,
296.
Nr.c.Ri (Cristoforo), 229.
Niciioi.i.s {Mr. J. F ), 36, 372.
NiciioLs {Mr. J. G ), 128.
Nicolas (N. M.), 256, 370.
Nicoi.AY (Nicolas de, sieur d'Ar-
feville), 148, 239, 240, 241.
NiCOLSON {ElVqUC W'".), 22.
NiNo(Andrés Garcia), 283, 334.
Noël (lîticnnc), 211,214.
— (Jacques), 79.
NoLi (Agostini), 167.
Northumberland (Dudley, duc
de), 113, 114.
One (Martin), 305.
NGANIA {Sr. Ferd ), 158,
189
Ortelius, 153, 236.
OSORIO, 266.
OvANDo(Juan de), 151,
OviEDO (Gonzalo Fernandez de),
16, 70, 73.74. 95. 145. 168,
Ï79. 233- 234,278,287,288,
289, 260, 295.
INDr.N
Wl
PAGANO (MiUtCo), 217.
ALKSTRINA OU PlI.i:srKlNA(Sal-
vatforcUlc'l, 76, 161.
Pai,mi:i.i,a iliir Jo), 277.
I'ancai.do (Leone), 73, 189.
Paris (A//-. Paulin), 153.
Parmhntihr (Jean). 22S. 300,
301, 302, 303.
— (Raoul), 300, 302. 360.
Fasini [Sr. Lui^i), II, 59. n»-
369, 372.
Pastriel et Plastrikk (Jean),
302.
PAsauALUi.>(I,orenzo), 1,47, 49,
SI. 56, 57. 59. 61, 87, 97,
TOI, 135, 322.
— (Pictro), 186. 257,25s,
259, 260, 261, 265, 266.
Pk.kiiam, 358.
Pi:i.u (Ciiuseppi), 280.
Pelloq.L'1n (B ), 299.
l'ERT (5;> Thomas), 113, 114,
115. 275-
Peschki, (Oscar), 161, 163.
Petit (Jehan), 181.
Vf.7.7.1 (5r. Carlo Barrera), 373.
PmuppE II, 47, 145, 151, 174.
190, 191, 192, 194, 232.
Phillips (5;> Thomas), 148, 220,
279.
PlGAFETTA (Autonio), 283.
Ponce (Vargas), 305, 306.
poutraincourt, 249, 206.
Poyet, 213.
Prato (Albcrtus ilc), 292, 293.
Pi</; (Caillot du), 181.
Progii, (Mr. Otto), 161.
Piu\Mis(.SV. Vincenzo), 169, 237,
262.
Pur.BLA (lUiy Gonzalès de), 13,
14, iS, 19,20, 21, 16,47, )7.
58, 62, 102, 104, 150, 22S,
315-
PtuciiAs (Samuel). 75, 154, 156,
292, 293, 294.
Plirciias (William). 319.
PvNsoN, 29.
q:
uautip.r (Jacques) , voyez
Cartier.
RAiMOSDi ( Raimondo de ) .
150. 373-
Ramèe (Mr. Alfred), 212, 213,
215.
Ramiri;z (Luis), 358.
Ramlsio (Baptista), i, 36, 42,
44, 46, 49, 62, 63, 78, 99,
103, 114, 125, 151, 168, 171,
175. 184, 193,228, 236,249,
250, 265, 271,272, 273,274,
279, 280, 299, 303.336-339-
362. 367.
Rasteli-, 29.
Rebello, voyez Brito.
Ridouer (Martin du), 262.
392
INDEX
Reevf. {Mr. Henry), 358.
llF.iNr.i, (.lorgc\ 75, II!» 17 1-
179.
Reinhi, (Pedro ou Pero), 70, 76,
141, 143, 162, 163, 174, 179-
191.
Rf.umont (Mr. Alfred de), 372.
RiBERO, RlBEIUO, Rinl-YRO Ct 1^
Rothschild {Boroii Edmond de),
190, 191-
Rorz (John), 77, 147, 148, 196,
20 [, 203, 204, 205, 209, 220,
231.
Roi-ssi:i..\Y (Zanobis de), 279,
280.
Rovvii.i.E, 297.
vERO (Die-o), I, 67, 69, 70> Rl-chamkr (jost^ 261.
72, 76, 89, 91, 95. 105, 141, Ruï (John), 75. 89, 291, 292,
171,173, I78> 179, 187,193, 293,294.295.
19^,200,234,278,284.287, Rl-ysch (Johanncs), 164, 165,
289. -''•
Ribeyro (Pedro), voyez RiBimo Ky.nm.r (Thom.is), 2, 20, 37, 92,
Çp\^ao). I"^' 11°' ni. 267, 315, 369.
Richard III, 29.
Richelieu (Gm//Vw/ de), 299.
Riva (Giacomo da\ 10. qagornmno (Giov.), S. 10.
ROBERTET (Jacques), 182. Oaora (Ramon de la), 157.
ROBERVAL (Jean-François de la Saincti: Marthe (Scevole de),
Roque, 5r;>w»r de), 75, 83, 208.
146 207, 210, 211, 212. 213. Saint-Gelais (MixLiNde), 208.
214! 215. 216, 219, 230, 247, Salaya {Dr. Sancho de). 174,
248, 249. 304- ~^-^'
Roche {Maroms de la), 245, Sai.azar, 2^4.
247,248,296- Salvat, voyez Palestrin'A.
RocHELA (Florin de la), voyez Samano (Juan de), 124.
Vfrr.\7z\no. î^axdi (Vettore), 3, 4, 5> 9. 10.
ROFFET (Ponce), 78. ^an Filippo, voj-cz Amat.
Rojas (Francisco de), 124. San Martino (Andres de), 234,
RoMAN.'N(Samuele), 3, 6, 509. 283. ,. ^ ^
Rosi;ll (S\ Caetano\ 284. Santa C'.X'z (Alonso de), 67, 69 .
RosELu(Pietro), 161. 127, 173.
RossoTO (Andréa), 236. SANTAREM(r« de), 205, 206,220.
IXDEX
Î93
S
Sanuto (Marin), 322.
Sanuto (Livio), 155, 369.
SARDii-.ur. (GuYON de), i.i8.
Saykk (Samuel), 370.
Sarro ( Christovào de \ voyez
Haro.
Shabot ou Cabot (Sébastien),
126.
Scm-n-R (Af/-. Charles), 301.
Sciiii.LKU, 75.
Sciimi-.lli:k, 162,
Sea (Ares de), voyez Ani;s
SoRAKZo(Giacomo). 129, 361.
SouiN (Germain), 205.
SoTo (Francisco de), 283, 334.
— (Hernando de). 299.
SOTOMAYOK, voyez Al.C.AZABA.
SouzA (Francisco de), 76, 276,
282.
Si'ARKus (Jared), 371.
Si'iNOLA (Antonio), 21.
— (Benedctto), 21.
— (Francesco), 21.
Si'iTZUR (Mr. F.) 145, 190, 194.
Secalart (Paulin), 81, 205, 208. Sprungel (Mathieu), 178.
Seignhlay, 216.
Senneterrk (Paul d'AuxiMiox,
st'ii^tieiir de), 207, 212, 215,
247.
Seres ht Ceres (William), 23»
24, 368.
Serrano (Juan), 283, 334.
Severt (Jacques). 236,252.
Si-ORZA, 323.
SnEi.LEY (Richard), 360.
SiLVEiRA (Joâo da), 279,
Staglieno [M". Marcello), 169.
Steei.sio, 152,
Stevens {Mr. Henry), 372.
STiERNnooK(J.), 40.
STOw(Jolin), I, 15, 17, 18, 26^
28, 29, 30, 31, 32, 33, 34,
36, 50, 100, 106, 117, 176,
269,317,318,330, 365, 368.
Stragi.iano Collona, 348.
Strype (John), 15, 26, 68, iio,
128, 131, 369.
Smith (Mm L. Toulmine), 203, Sylva (Miguel da), 147.
316, 318,355. Sylvain. (Mr. L. P.), 250.
— (Buckingham), 81, 146,
213, 279, 281, 284.
SoLA (5r. Urcole), 160.
SoLis(Juan Dias de), 72, 115,
173. 334.356-
SoNCiNO (Raimondo di), i, 13,
21, 43, 46, 48, 49, 50, 59,
61, ICI, 323, 324, 371.
TABiA (Zoanc Battista de), 21.
AlSNIERCtTAlSNIERUS (Jcan),
26, 132, 368.
Talbot ou Cabot (Zuam), 59,
322.
Talbot (Robert), 369.
Talle de YRAND {Prince), 219.
394
INDEX
Tarbù (Mr.) 301.
Tarragona, 284.
Taylor {Baroiij, 220.
Tentori (Cnstoforo),3, 5, 9.
Testu (Guillaume le), 241, 242.
Thevet (André), 206, 216, 242,
251, 270, 298, 343, 368.
Thifkill (Launcdot), 102, 256.
Thomas (John), 266.
T110MASSY (Raymond), 89, 164,
178, 179, 180.
TiiORNE (Nicholas), 267.
Thorne (Robert), 19, 91. 92.
93, 176, 267.
Thou (de), 298.
TiRABOSCHI, 160, 279, 280.
ToRENO, voyez Garcia.
ToRRES (Francisco de), 283, 334.
T0SCANELLI, 45.
TosiNUS (Evangelista), 164.
Tramesini (Michaël), 251.
Tronus (Nicolaus), 309.
Tross(H.), 7), 152, 182, 199,
212, 246.
TuDOR (Marie), 25, 130, 362.
V
'•AIXARD (Nicolas), 76, 82,
148, 195,219, 230, 246,
247.
Valois (Henri de), 198, 21?.
Vannes (Peter), 129, 362.
Varasenne, Varrassane et Vare-
SAM (Jehan de), voyez Ver-
RAZ7.AN0.
Vargas Ponce, voyez Ponce.
Varnhagkn (A. de), 124, 358.
VAsauEZ (Catalina), 124, 358.
Vasseur (Guillaume le), 216.
Vaulx (Jacques de), 205, 206.
VEDiA(iV. E. de), 170, 295 , 367 .
Vega (Garcilasso de la), 304.
VeITIA LiNAGE, 90, 173.
Velasco, 273.
Vendramino (Andréa), 35.
Verrazzano (Giovanni), 177,
181, 187, 192, 199,238,242,
278, 279, 280, 281, 284, 300.
Verrazzano (Hieronymo), 180,
184.
Vrsconte de Maggiolo, voyez
M^ggiolo.
TuRCO (Giovanni Pietro de)^ Vespuce (Améric), 15, 90, 122,
141, 165, 169, 174.
Vespuce et Vespuche (Juan),
3"
TuRNBULL(Mr.W.B.), 362, 363,
371.
ULIBY, voyez Willoughby.
RDAiRE (Juan de), 306.
UziELLi(5r. G.), 1,66. 158. 170,
244,262.
122, 141, 169, 173,683,284,
334-
ViERA Y Clavijo (}. de), 281.
Viegas (Gaspar), 76, 77' 183,
184, 187, 196,^34.
Vieusseux, 279.
INDEX
i9)
ViLLARAOuT, voyez Caruoz. Worde (Wynken de), l6.
ViLLEGAGNON (Durand de), 242. Worthington (William^, 132,
ViLLEGAS (Pedro Ruiz de), 174, 133.
Wriotiiesley, 129.
WuRTz [Mr. G. W.), 262.
WuTTKE {Mr. H.), 169.
Wytfleit, 272.
284.
WAI.KENAER {BdlVH de), I57.
ARDE (Richard), 266.
Webster, 94.
Wechel (Christian), 181, 182.
Weimar (Gr''.diicde Saxe), 192.
Weiner (D;-. Charles), 190.
WiLLES (Richard), 31, 154,
WiLLOUGHBY [Sir Hugli), 1 5, 27,
28, 32, III, 130, 155, 331,
332,364,365.
Winchester (Mrt;-<7///j de), 47.
Winter(W.), 368.
WoLSEY {Cardinal), 116, 292,
293. 334-
Woods {Rcv'. Léonard), 371.
Worcestre (William Botoner Zii.etti, 240.
ou de), 44, 369. Zeri (Sr. Augusto), 372.
XIMENES {Cardinal) , 113,
115.
ZACco (Bartolomeo), 237.
ACH {Baron de), 172.
Zacharie, 311.
Zarco DEL Valle {Sr. M. R.).
235.
ZiEGLER (Jacob), 63, 339, 340,
367.
ERRATA
Pjpcs.
2, ligne 25, au lieu de RagguaU,
12, — i9, -- Sciopitori,
15, — 9. - John Hardyng^
17, note I, - XXXII b,
17, - 2, - XXXII G,
22, ligne 19, supprimez mas.
2), note i,au lieu de XXXII a,
lisez
25,
—
I.
27.
—
2;
30-
3).
ligne
5.
ib,
note
I,
37.
— •
1
37.
—
3i
3«,
—
I,
39, ligne28,
40, — 10, supprimez ou français,
41, note I, au lieu de XXIII,
46,-1, - XVII,
52, ligne 16, au lieu de 150,
XXXII u,
XXXII D,
rapporter la note à la ligne i ) de
Vendramerio, —
XXXII A, B, c,
XXIII, —
XXI, —
Oceanieis, —
Blakstone. —
61,
note
I,
62,
—
3.
63,
—
I,
63.
—
2,
71.
—
1,
73.
—
I.
71.
—
I.
74,
—
I,
75.
ligne
5,
76,
note
2,
85.
—
I,
III,
— .
I,
ni,
—
6,
115.
ligne
29.
115.
—
30.
118
—
27.
VII,
XV,
append. XVII,
XVI, XVIII et XIX,
Je gtias,
en 1520,
33e degré N.
ensciiams,
les Cortereal, qui à leurre-
tour firent
wiich, Cassiiig,
aliqtto tant,
XV,
XV,
salv oil,
coine,
di cose,
RaggiiagU,
Scoprilori.
John Hardyng*.
XXXVII B.
XXXVII c.
XXXVII A.
XXXVII 1).
XXXVII D.
la p. 31.
Vendramino.
XXXVII A, B, c,
XXVIII.
XXVI.
Oceanieis.
Blackstone.
XXVIII.
XX.
1500.
VIII.
XIX.
XX.
XXI, XXII, et XXIII.
liguas.
avant 1523.
37c degré N.
ensenadas .
Gaspar Cortereal qui fit.
xvhich, passing.
aliquautam.
XV B.
XV B
salvo il.
con.
di coste.
39^ ERRATA
121, note I, au lieu de XXVII, XXX. lisez
122, ligne i-l, supprimez m insérée dans le testament. »
12 j, -- ijau lieu de de la S. <v. m., lisez
127, — 12, supprimez sulireptieement.
127, — 22, au lieu de d'Arras, lisez
128, note I, ajoutez: Appi.nd. XXXIV a.
128, — 2, au lieu de ^5^ lisez
128,-2, — CIXXXIX,
128, — .(, ajoutez : XXXIV c.
130, ligne 23, au lieu de 6 lévrier,
132, _i5eti7.-
134, note I,
— 2.
187, note 2,
191, ligne 1,
199, - 28,
203, — I,
203, note I,
206, ligne 34,
218,
218,
235.
256,
256,
257
258,
258,
258,
258,
259.
259-
260.
266,
266,
267,
267,
Éden,
XV. _
siispirboso, —
première,
14 octobre, —
Sebast.l-. deMendoTrigoso, —
n° 18. —
Sni\o,
I'orlcii;k'si,
append. XXI, —
— 2, - M. Yniénez, —
— 20, — til,
— 23 et 29,— Orano, —
— 10, — o"' 107, —
— 3I1 — Yiibrisl'crùhl, —
— I4i -- orgiiie, —
— 20, . — décembre,
— 3, portugais, —
4,-6,
Galvanî, —
acture, —
Bristisii, —
miss, —
miss, —
1875, _
el Belcarrcs,
141, ligne 20,
142, — 12,
145, — [,
143, note I,
M), - 4,
147, — 3,
151, ligne s,
151, note 1,
151, — 2,
152,
159.
168,
169,
170,
170,
179.
181,
— 28.
— 23,
— 29.
— 6,
3»
— 4
5, après Sigismond, supprimez la virgule,
M. Jmenez,
ikhliiuioin ,
Damiano,
printemps,
lisez :
— supprimez les lignes 7-9.
— 25, au lieu de Noilc,
13,
-27,
-24,
— 5,
— 9>
— 10,
— 2S.
— Damiano,
que,
Damiano,
rursos,
Portugaise,
m 'or,
: XXVI, XXXI.
: de la S, c. c. m.
: Granvelle, évéque d'Arras.
: 553. fol 6.
CXXXIX, app. XXXIV u.
26 février.
lîden.
XVIil.
sospei'hoso,
seconde.
14 octobre 1506.
C.Botellio deLacerdaLobo
no 19.
Siri'ii,o.
Poito<;l>esi .
apnend. XX.
.•>' Jimenez.
l.lk.
Oran .
i™ 07.
Jahii'sheiicbt .
origine,
novembre.
Portugais.
16.
Galvam.
facture.
British.
Miss,
Miss.
1575-
et Balcarres.
M. Jimenez.
doaçaom.
Damiam.
(ité.
norte.
Damiam.
que.
Damiam.
))
rtirstis.
Portugaise.
mor.
ERRATA
l'.ia
399
2(iS, Iigiic2i, au lieu de C7y.',/ dos,
268,
2(i«,
269,
269,
269,
275.
27),
276,
278,
279.
283,
289,
290,
22,
290, note 1,
29", - I,
290, - I,
290. - I,
291, ligne 2 j.
294,
294,
29s,
296,
296,
298,
29S,
'( (Jiifll,;
ihaniiiise,
Costa,
de J'irdcniiii,
illlKIOS,
iiidit's,
liiin, _
viitia, _
Si'iuthicdes ,
Wilminton, _
iHûlto diiii'ti,
Is iicc irlo, _
(/(■/•, _
tiiisiiii', _.
riisaidii,
l'stihi,
ciiicucrld,
— 3, avant 72.1 ajoutez t. I. __
— 27, supprimez .. né |mortj en 1594 „ jusqu'à
- 27.
- 16,
— 3.
•- 4,
— 14,
— 21,
— 7.
-28,
— 5.
— 35,
lise/. : Clygados
— iiiiiicUa,
— Clh
mimtrso .
ctisla.
se pcidcniii.
irniilos.
/// dics.
j'dllt .
l'iiiii.
Sii'iahvi-dt's.
Wilmington.
iiiollo odiiiva.
Is iicc fnto.
dei.
incsiiio.
l'iiseada.
es là.
ciiictienla.
~ 12, au lieu de le Mary of Giiiljonl,
- 2\,
22
lisez
H,
300, note 5,
3 15, ligne 15,
316,
316,
318.
318,
320,
321,
- 4,
- 23,
-- 5,
-16,
- 12,
- 3,
" Kut. »
: la Mary o/Giiilford.
cette première.
l'Histoire de Lescarbot.
Navire français.
Navire rochellois.
compose^.
ydo.
VI A.
de Don Francisco Diaz.
/^night.
iiiinii'.ie.
biiccallaos.
329,
529,
332,
3J2,
335,
335,
336,
358,
33«,
34r,
341,
341,
342,
548,
352,
356,
cette dernière,
son Histoire,
Navire Français,
Navire Rochellois,
omposiSe, _
\'da, __
Vl, __
du Senor Don Francisco Dias , - -
Kmgt, ,
iminitie, _
baccalaos, . __
<!' -
Rai\^'iiali P. I., __
rapo, __
SjH'ro,
Lo,
scrviruos,
2, après licentia véniel ajouter (?)
— 3, supprimez la virgule après insnlam.
4, -- ;;/;//,
^" 27, — ahiiiic,
24, — citada, _
~ 30, ajoutez Vicente de la Fuente ivitit W/.-/ -',•■ 'f'- ,■ , r-
- I, au liai de qui en, ' '' " {^^'f .'"."''"""'"" ''' ^'P'""'
322, note I,
329, lignc22,
24,
- - 25,
— I.
qs.
R(ij;giuii;U, P. I.
ciilv.
Shcra,
Yo.
scrviruos.
Slllll,
alcniii.
ciladû.
7
- 13,
- 6,
12,
- ■ T
- I.
Y va,
cierle,
amostron,
di cose,
Casparo,
Roy humai.
iscz •.qiiicii.
— Yva.
— cicrto.
— amostron.
— di costc.
— Gasparo.
— Ryo huruai.
Papes.
3S6.1
gni.
3.
3S6,
—
4>
356,
15.
356.
—
18,
3S6,
—
21,
3S6,
—
24.
3S6,
—
27.
—
I.
—
2,
—
3.
—
4,
—
S,
—
6,
—
7.
—
9.
—
10,
—
II,
—
12,
—
13.
357 »
—
14.
— •
15.
366!
—
3.
ERRATA
au lieu Je
in,
Pai'Jtna,
Osir,
accordo,
gradissinin,
getc, L'spana,
podcro' so,
canda los,
insinitissinio,
terra, coniiosccr,
labrary,
tigro,
tigro, cinqucta,
itisiimissiino,
Sacani, insinita,
asno,
camclbos,
discrète,
Sier ras,
mornos,
Wesminstcr,
sina,
lisez ;
un.
l'ara lia.
Olir.
acordo.
gràdissimo.
gëte, espana.
poderoso.
candalos.
infuiitissimo.
tierra, conoscer.
labrar y.
trigo.
trigo, cinquëta.
M-
iniinitissimo.
Sacan, iiiliniia.
asnos.
camellos, fina.
diferete.
sierras.
niorcnos.
Westminster.
I. I.cs .lutrcs f.MilL'S que le lecteur renianiuer.i J.iiis l.i légcnile esp.i(;n(ile île l.i c.irle île Cilmt, cl qui
n'ont pas été relevées ici, se iroiueiit il.ms l'iM-ininal. lUlcs iténiumreut que ces léfenJeb ont été inipriniées
ilans un pays où la langue espagnole n'était p.'.i usitée.
ERRATA
i'i(;i Lignes 5 et 6, au lieu de detwen,
1 .i};i Llf^llLS )
en regard — 12
lisez : bhtwi;i.n.
— Introduction', — Introuuccion.
lu titre. ( — — — OHR.\S, — OllR.'^S.
Page 215. 1.5, - Robcrva, - Roberval.
— 39)' 1- 35. — Talli; de YRAND, — Talllyra.ni> ^Pn'wc de).
ANGLKS, I.MP. BURDIN ET C'e.
Il
)t, et qui
V de)