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Full text of "Jean et Sébastien Cabot [microforme] : leur origine et leurs voyages, étude d'histoire critique : suivie d'une cartographie, d'une bibliographie et d'une chronologie des voyages au nord-ouest de 1497 à 1550, d'après des documents inédits"

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IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


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Photographie 

Sciences 
Corporation 


23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  14580 

(716)  872-4503 


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CIHM/ICMH 

Microfiche 

Séries. 


CIHM/ICMH 
Collection  de 
microfiches. 


Canadian  Institute  for  Historical  Microreproductions  Institut  canadien  de  microreproductions  historiques 

1980 


Technical  and  Bibliographie  Notes/Notes  techniques  et  bibliographiques 


Tl 
to 


The  Institute  has  attampted  to  obtain  the  best 
original  copy  available  for  filming.  Features  of  this 
copy  which  may  be  bibliographically  unique, 
which  may  alter  any  of  the  images  in  the 
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the  usuel  method  of  filming,  are  checked  below. 


n 


Goloured  covers/ 
Couverture  de  couleur 


□    Covers  damiged/ 
Couverture  endommagée 

□    Covers  restored  and/or  laminated/ 
Couverture  restaurée  et/ou  pelliculée 

□    Cover  title  missing/ 
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Ef 


Coloured  maps/ 

Cartes  géographiques  en  couleur 


r~VXoloured  ink  (i.e.  other  than  blue  or  black)/ 
I  ^    Encre  de  couleur  (i.e.  autre  que  bleue  ou  noire) 

□    Coloured  plates  and/or  illustrations/ 
Planches  et/ou  illustrations  en  couleur 


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D 


Bound  with  other  matériel/ 
Relié  avec  d'autres  documents 

Tight  binding  may  cause  shadows  or  distortion 
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La  reliure  serrée  peut  causer  de  l'ombre  ou  de  la 
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appear  within  the  text.  Whenever  possible,  thèse 
hâve  been  omitted  from  filming/ 
Il  se  peut  que  certaines  pages  blanches  ajoutées 
lors  d'une  restauration  apparaissent  dans  le  texte, 
mais,  lorsque  cela  était  possible,  ces  pages  n'ont 
pas  été  filmées. 

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Commentaires  supplémentaires; 


L'Institut  a  microfilmé  le  meilleur  exemplaire 
qu'il  lui  a  été  possible  de  se  procurer.  Les  détails 
de  cet  exemplaire  qui  sont  peut-être  uniques  du 
point  de  vue  bibliogrephique,  qui  peuvent  modifier 
une  image  reproduite,  ou  qui  peuvent  exiger  une 
modification  dans  la  méthode  normale  de  filmage 
sont  indiqués  ci-dessous. 


r~|    Coloured  pages/ 


Pages  de  couleur 

Pages  damaged/ 
Pages  endommagées 

Pages  restored  and/oi 

Pages  restaurées  et/ou  pelliculées 

Pages  discoloured,  stained  or  foxei 
Pages  décolorées,  tachetées  ou  piquées 


j      I    Pages  damaged/ 

I — I    Pages  restored  and/or  laminated/ 

I — I    Pages  discoloured,  stained  or  foxed/ 


□    Pages  detached/ 
Pages  détachées 

I    n/  Showthrough/ 
I I    Transparence 

I      I    Quality  of  print  varies/ 


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Pages  wholly  or  partially  obscured  by  errata 
slips,  tissues,  etc.,  hâve  been  refilmed  to 
ensure  the  best  possible  image/ 
Les  pages  totalement  ou  partiellement 
obscurcies  par  un  feuillet  d'errata,  une  pelure, 
etc.,  ont  été  filmées  à  nouveau  de  façon  à 
obtenir  la  meilleure  image  possible. 


Ef 


10X 


This  item  is  filmed  et  the  réduction  ratio  checked  below/ 

Ce  document  est  filmé  au  taux  de  réduction  indiqué  ci-dessous. 

14X  18X  22X 


26X 


30X 


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The  copy  filmed  hère  has  been  reproduced  thanks 
to  the  generosity  of: 

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L'exemplaire  filmé  fut  reproduit  grâce  à  la 
générosité  de: 

Bibliothèque  nationale  du  Canada 


Les  images  suivantes  ont  été  reproduites  avec  le 
plus  grand  soin,  compte  tenu  de  la  condition  et 
de  la  netteté  de  l'exemplaire  filmé,  et  en 
conformité  avec  les  conditions  du  contrat  de 
filmage. 


Original  copies  in  printed  paper  covers  are  filmed 
beginning  with  the  front  cover  and  ending  on 
the  last  page  with  a  printed  or  illustrated  impres- 
sion, or  the  back  cover  when  appropriate.  Ail 
other  original  copies  are  filmed  beginning  on  the 
first  page  with  a  printed  or  illustrated  impres- 
sion, and  ending  on  the  last  page  with  a  printed 
or  illustrated  impression. 


Les  exemplaires  originaux  dont  la  couverture  en 
papier  est  imprimée  sont  filmés  en  commençant 
par  le  premier  plat  et  en  terminant  soit  par  la 
dernière  page  qui  comporte  une  empreinte 
d'impression  ou  d'illustration,  soit  par  le  second 
plat,  selon  le  cas.  Tous  les  autres  exemplaires 
originaux  sont  filmés  en  commençant  par  la 
première  page  qui  comporte  une  empreinte 
d'impression  ou  d'illustration  et  en  terminant  par 
la  dernière  page  qui  comporte  une  telle 
empreinte. 


The  last  recorded  frame  on  each  microfiche 
shall  contain  the  symbol  — ^-(meaning  "COM- 
TINUED  "),  or  the  symbol  V  (meaning  "END  "), 
whichever  applies. 


Un  des  symboles  suivants  apparaîtra  sur  la 
dernière  image  de  chaque  microfiche,  selon  le 
cas:  le  symbole  — »-  signifie  "A  SUIVRE",  le 
symbole  V  signifie  "FIN". 


Maps,  plates,  charts,  etc.,  may  be  filmed  at 
différent  réduction  ratios.  Those  too  large  to  be 
entirely  included  in  one  exposure  are  filmed 
beginning  in  the  upper  left  hand  corner,  left  to 
right  and  top  to  bottom,  as  many  frames  as 
required.  The  following  diagrams  illustrate  the 
method: 


Les  cartes,  planches,  tableaux,  etc.,  peuvent  être 
filmés  à  des  taux  de  réduction  différents. 
Lorsque  le  document  est  trop  grand  pour  être 
reproduit  en  un  seul  cliché,  il  est  filmé  à  partir 
de  l'angle  supérieur  gauche,  de  gauche  à  droite, 
et  de  haut  en  bas,  en  prenant  le  nombre 
d'images  nécessaire.  Les  diagrammes  suivants 
illustrent  la  méthode. 


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RECUEIL  DE  VOYAGES 


UT  on 


DOCUMENTS 


pour  servir 


A  L'HISTOIRE    DE    LA   GÉOGRAPHIE 

"Depuis  le  XIII'  jusqu'à  la  fin  du  XIT  siècle 


PUBLIE 


Sous  la  direction  de  MM.  CH.  SCHEFER,  membre  de  l'Institut 
et  HKXRI  CORDIER 


9/^^ 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


^U  MÊME  ylUTEUX: 


LhTTJKS    (11     ClIHlSTOlMIKR    Cdl.lMlllS    DF-SCKIHISO    llis'l  IKl.T    VOSM,!,     Il)     Tlll.    WIITIKS    111  MlSl  MIHE.    TtXl!. 

AN»  THANsi,ATUiNs.  Ncw-York,  1865  ;  in-folio. 
NoTKS  OM  CoLLMiiUb.  Kcw-Yorli,   1 866 ;  iii-tolio. 
BiuLiDTiircA  Ami:hiuana  vi:tustissima.  A  ni  suription  oi    wohks  Ri:i,ATisti    Tti   Ami.kica    l'tiii.isiii  d    «et- 

WEN  Tiii;  VKARS  1492  ANii  i))!.  Ncw-York,  18661  g"!"!  i"-8". 
Dos-  1'i;r\ani>ii  Colon,  Historiaiior  iie  su  Pauri;;  Knsavo  Ckitico.  St-vilLi  (/'.ir.i  /,i  Soilùl,iJ  ik  Bibbu- 

fihii  .-/Hi/tj/uifi),  1871  ;  in-4". 
BiHLioTiiiicA  AMhRicANA  Vktlst issiMA.  AiiDiTioNS.  P.iris,   iH;^  ;  grand  in-H^'. 

NoTtS    l'OLR    SI-RVlR    A    I.'HlS TOlHl;,    A    I.A    Hllll.lOGRAl'lUl.    I,T    A    l.A    CarTOGRAIMIIU    IlE    LA    NoU VhLLL-l'R ANCK 

ET  lïF.s  ["AYS    ADJACENTS,   ii4;-i7oo.  P.iris,    1872;  ill-8". 

iNTROiaCTlON     111;    LA    I.Ml'RLNTA     KN    AmlRICA,     CON     UNA    BlllLUlGRAI  1A     lil.     LAS    ORRAS     IMPRKSAS    tN    AU.LtL 

iiHMiSi-'hRio  ui;si>i:  1)40  a  1600.  M.uiriJ,  1872;  111-4'. 

FeRNAND    Coi.O.MR,    SA    Vil:,    SES    lEUVRES.    KsSAl    CRlTlliLE.    P.lris,    1872;    gr.liul  ill-S". 

Les  CoLOMiio  he  France  et  d'Italie,  i-amelx  .maiun»  du  xv  mécle;  1461-1491.  D'-iprcs  des  documents 
nonvc.uix  ou  inijdits  tires  des  archives  de  Mil.iii,  de  Paris  et  de  Venise.  .Mémoire  In  il  IWcadémie  des 
Inscri|'tioiis  el  Uelles-I.ettres  dans  ses  siaiKes  des  i"  et  15  mai  1874.  Paris,  1874;  in-4". 

L'Histoire  DE  Christoi'Iie  Culomii  attribuée  a  son  1  ils  Pirnand.  1;\a.men  critiliul.  Paris,  1878; 
in-8". 

Los  Uestos  de  Don  Cristoval  Colon.  DisauisicioN.  Scvill.i,  1878  :  petit  in-4''. 

Les  Sépultures  de  Christophe  Colomb.  Revue  critiliue  du  premier  rapport  oiuciel  publié  sur  ce 
SUJET.  Paris,  1879:  brochure  in-S", 

Sous  prisse  : 
Les  Corte-Real  et  leurs  vovages  au  Nouveau-Monde.  D'ai'rès  des  documents  nouveaux  ou  peu  connus 
tirés    des  .archives  de  Portugal   et  d'Italie,  suivi  du   texte  inédit  d'un   récit  de  la  troisième    expédition 
de  Gaspard  Corte-Real,  et  d'une  carte  portugaise  de  l'année  i;o2,  reproduite  ici  pour  la  première  fuis. 
Paris,  Leroux,  1882,  grand  in-B". 

Pour  paraître  prochainement: 
Christophe  Colomb,  son  origine,  sa  vie,  ses  voyages,  sa  eamille.  D'après  des  documents  inédits  tirés 
des  archives  de  Gènes,  de   Savone,  de  Sèville  et   de    Madrid.  Deux    forts  volumes  grand  in-S",   avec 
cinq  tableaux  génèalogiiiucs,  et  un  Corpus. 

En    PRl PARATION   ; 

Vasco  de  Gama  a  Lisbonne  en  janvier  i;oi.  Récit  inédit  d'un   témoin    oculaire.    Texte,  traduction  et 

notes. 
Jean  Sepastien    del    Cano.  Sa  lettre  a  CiiARLEs-auiNT    nu  6  .«eptembre    1527    décrivant   le  voyage 
I  E  Magellan.  Document  inédit.  Texte,  traduction  et  commentaire. 


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AXOERS,    imprimerie    A.    BURUIS    ET   C'. 


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JEAN  ET  SÉBASTIEN 

CABOT 

LEUR   ORIGINE    ET   LEURS  VOYAGES 

ÉTUDE  D'HISTOIRE  CRITIQUE 

suivm  d'une 

CARTOGRAPHIE,   D'UNE  BIBLIOGRAPHIE 

i/r  d'une 
CHRONOLOGIE  DES  VOYAGES  AU  \ORD-OUEST 

DE 

1497  X    1550 

D'APRl'iS     DES     DOCU.MLXTS     INÉDITS 

P  A  R 

HENRY    HARRISSE 


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PARIS 

RNEST    I  '  ^i) 

28,    RUE    BOKAPARTE,    28 

M.D.CCC.LXXXII 


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JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


N  discute  encore  en  Italie  la  question 
de  savoir  si  Jean  Cabot',  l'auteur  de  la 
découverte  du  continent  américain,  était 
vénitien  ou  génois. 
A  notre  avis,  il  était  l'un  et  l'autre. 
Plusieurs  des  contemporains  de  ce  célèbre  naviga- 
teur le  disent  vénitien  ou  citoyen  vénitien,  ce  Civi 
Fciictuimm  »et«  Venccian,  »  est-il  qualifié  par  Henry  VII 
d'Angleterre  en  1496  et  1498.  k  Nostro  Venetiaiio,  » 
l'appelle  Lorenzo  Pasqualigo  en  1497,  tandis  que 
Raimondo  di  Soncino  le  nomme  «  tino  popnlare  Venc- 


1.  Kabollo  et  Cd'otto  (lui-mcme  en  1496  et  1498)  ;  Caloto  (Sénat  de  Ve- 
nise, 1476;  Raimondo  di  Soncino,  1497;  Contaiini,  1522;  Kamusio,  1550; 
documents  espagnols  du  1526;  mappemonde  de  1344);  Talbot  ou  CMvt 
(Pasqualigo,  1497);  Cabota  ^Ribero,  1529,  Gomara,  15 52;  Crovvley,  1S59; 
Galvûo,  1563;  Grafton,  1569;  Haliluyt,  1382;  Cubotto  (Conseil  des  Dix,  152J 
et  1523)  ;  Cabote  (Eden,  1555)  ;  Caboti  (portrait}  ;  Cubato  (btow,  1380;  Ho- 
linshed,  1577;  Bacon,  1622). 


2  ji:an  lt  Sébastien  cabot 

//Vr//o)).  Enfin,  le  5  mars  1496,1!  s'intitulait  lui-même: 
a  John  Kdbollo,  cilcieiiof  Venes' ». 

Au  xV^  siècle,  CCS  termes  s'appliquaient  à  l'individu 
né  dans  l'enceinte  de  la  ville  de  Venise.  Ils  servaient 
aussi  à  désigner  sinon  tout  sujet  originaire  du  terri- 
toire de  la  république,  au  moins  celui  qui  avait  vu  le 
jour  dans  les  limites  originelles  de  l'État  [Dogado). 
Enfin,  c'était  le  titre  de  l'étranger  que  le  sénat  avait 
honoré  de  lettres  de  naturalisation.  Jean  Cabot  se 
trouvait  précisément  dans  ce  cas. 

Voici  le  texte  de  l'acte  par  lequel  le  sénat  lui  con- 
fère la  nationalité  de  inliis  et  extra,  en  conséquence 
d'un  séjour  effectif  de  quinze  années  consécutive^  à 
Venise  même  : 

((  1476,  DIE  28  MARTii.  —  Qitod  fait  privilegium 
civilitiîtb  de  iutiis  et  extra  loaiii  Cahoto  per  habitationevi 
aimorum  XV,  iuxta  consucttim. 

De  parte,       149. 
De  non,  0. 

No)i  sinccri  ',      0.  » 

La  première  pensée  qui  vient  à  l'esprit  en  lisant  ce 
texte,  c'est  que  Jean  Cabot  n'était  pas  né  vénitien. 
Autrement,  il  n'aurait  pas  eu  besoin  de  se  faire  natu- 

1.  Rynicr,  Rviera,  i745-  t.  V,  part.  IV,  p.  89;  Biddlc,  Mcmoir,  p.  76 
RawJoii  Brown,  Ryi^/^a/i,  t.  I,  p.  99  i  Annuario  Scientijico,  1866,  p.  700; 
Cornelio  Desimoni,  Litonio,  p.  47. 

2.  Archives  d'État  à  Venise,  Registre  N"  4,  iicmito  Terni,  I473-I477 
p.  109.  Infra,  appendice  I. 


\\ 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT  3 

raliser.  Mais,  s'ensuit-il  également  que  ce  grand  navi- 
gateur naquit  hors  du  territoire  de  la  république? 

On  ne  saurait  répondre  sans  préciser  d'abord  le 
caractère  assez  complexe  de  la  naturalité  vénitienne  : 
tâche  ardue  loin  des  archives  du  cloître  des  Frari. 

Si  pour  résoudre  les  objections  que  cette  question 
soulève,  nous  n'avons  pu  consulter  les  antiques 
recueils  inédits  aux  noms  bizarres,  Magiius,  Capricor- 
nus  et  Lcona\  qui,  en  de  nombreux  décrets,  énoncent 
les  principes  de  l'ancienne  jurisprudence  vénitienne, 
au  moins  les  commentaires  de  Vettore  Sandi  et  de 
Cristotoro  Tentori  ont-ils  été  de  notre  part  l'objet 
d'une  lecture  attentive. 

Les  écrits  de  ces  savants  jurisconsultes'  exposent 
les  fortunes  si  diverses  que  subit  le  droit  aux  privi- 
lèges civiques  à  Venise  aux  xiv^  et  xv^'  siècles. 

Le  II  décembre  1298 '^  la  population  fut  divisée  en 
deux  catégories  :  la  noblesse  et  la  plèbe. 

Les  nobles  seuls  semblent  avoir  possédé  alors  la 
qualité  de  citoyen;  mais  cette  prérogative  ne  conserva 


i.Romanincite(5/om^tVH/,«H/,,  t.   IV,  p.  .(69)   .u,  sujet    do  Ii   nm- 

ralisat.on,  les  registres  du  Grand  Conseil  dénommés  M.^mns  et  Catrùornus 

esquels  comprennent  les  années   1299-1308.  Nous  supposons  que  pour  les 

I0.S  subséquentes  ,1  faudrait  consulterle .S>>//.,  (1325-1349).  les  1^,(1384- 

1415)  Cl  Irsa  11415-1454).  -  Armand  BascLet,  Archives  de  Venise   p   227 

2.  Vettor  Sandi,  Principj  di  Sloria  Civile  délia  RcpuhhUca  di  VeneL,  dalla 

suaJo„a:,o,,es,noair  anno  di  N.  S.  1700.  Vene^ia,  1755,  in-4,  t,  II  et  III 

Cnstoloro  rer.tori.  SaggioSuUa  Sloria  civile,  poUtica.  eccksiastica...  délia  Repul- 

hlicadi  Vemzia,  Venezia,  1785-1790,  in-8,  t.  I.  dissert.  IV 

_    3.GiambattistaGallicdoli,   Délie  Memoric  Vernie   autiche,  Venezia    i-.,- 
m-4,  t.I,  p.  330,  §  395.  '    '-^^ 


4  JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

son  caractère  exclusif  que  peu  d'années,  car  en  1305, 
tout  individu  non  entaché  de  bâtardise  et  domicilie  a 
Venise  depuis  vingt-cinq  ans,  y  eut  droit  '. 

On  a  constaté  cependant  l'existence  à  cette  époque 
reculée  de  citovens  de  jure  en  dehors  de  la  noblesse, 
bien  que  les  conditions  requises  paraissent  tenir  de 
l'ordre  des  patriciens.  _  ^    , 

Ce  citoyen  de  jure  devait  être  fils  légitime,  ne  a 
.  Venise  d'un   père  lui-même  citoyen  fils  de  citoyen, 
et  n'avoir  jamais  exercé  de  métier  \ 

En  1348,  la  peste  ayant  décimé  la  métropole,  la 
naturalisation  fut  étendue  à  tout  étranger  marié  et 
établi  dans  l'enceinte  de  la  ville  avec  sa  famslle  depuis 

deux  années'. 

Ces  f\icilités  attirèrent  des  individus  de  toutes  parts 
et  de  toutes  sortes,  en  si  grand  nombre,  que  Venise 
craignant  de  se  voir  débordée  apporta,  en  1382 
•  d'importantes  restrictions  à  l'exercice  du  droit  de 
naturalité.  La  résidence  préalable  fut  ramenée  a 
quinze  années  consécutives. 

Le  7  mai  1 391,  on  revint  à  une  libéralité  extrême, 
puisque  tout  individu  venant  demeurer  à  Venise  avec 
sa  famille,  n'avait  qu'à  se  faire  inscrire  sur  les  regis- 
tres du  provéditeur  communal  pour  acquérir  immé- 
diatement les  droits  civiques,  au  moins  de  inius  \ 

1.  Sandi.  lib.  iv,  c.p.  5.  t.  H,  ?•  815;  Tcuori  t.  I,  p.  102. 

2   Marco  Ferro,  Tliziouario  ici  Virilto  Commu  e  l  ^«./u.Veuezia,  1779.  >n-4 , 

t.  III,  p.  189. 

3.  Sandi,  t.  II.  p.  814. 

4.  Ibidem,  p.  81  S- 

5.  Ferro,  art..  Ci.'.'aajHHira. 


JïïAX  ET  SÉBASTIEN  CAROT  , 

Une  générosité  si  grande  ne  tarda  pas  à  produire 
les  mêmes  efiets  qu'en  1382.  Des  postulants  se  pré- 
sentèrent en  foule.  Le  provéditeur  n'osant  opposer 
un  refus,  on  lui  ôta  ces  attributions.  Par  décret  du 
20  mai  1403,  le  droit  de  conférer  la  naturalisation 
lut  transféré  à  un  collège  spécial  composé  d'au  moins 
cent  cmquante  magistrats  des  plus  importants  '. 

Les   épidémies   étant  de  nouveau  devenues  une 
cause  de  dépopulation,  le  sénat  chercha  à  y  remédier 
le  7  juillet  1407,  en  accordant  le  titre  de  citoyen  à 
tout  étranger  qui  épouserait  une  Vénitienne  et  "vien- 
drait s'établir  à  Venise'. 

Nous  ne  voyons  pas  qu'une  condition  de  séjour 
préalable  fût  également  imposée;  d'où  nous  tirons  la 
conséquence  que  cette  loi  ne  tarda  pas  à  être  abro-ée 
On  remarque  en  effet,  dans  le  T>rivilegmm  Chili- 
iatis^  de  Fontana\  qu'en  1472,  pour  obtenir  tous  les 
droits  civiques,  l'étranger  était  requis  d'exciper  d'un 
domicile  de  quinze  années  consécutives  et  d'avoir 
supporté  toutes  les  charges  publiques. 


4t';  M^ 't ''T^'  ^'^  "'  "P-  ''  '■  "'•  P-  545.  sur  ra.toritc  du  lib.  J. 

rai;  nwS'^'f  "• 'V"^;r '"  '^^'^''''  '^'''  '''  '476,  lesconsidc- 
e  cas  oou    r        cT  '"  """'''""  ''"'''  ""'^  ^^^'^^  ce  qui  était 

le  cas  pour  Jean  Cabot,  comme  nous  le  savons  Par  Lorenzo  Pisnu.llan  ■ 

était  dt.j.1  pcre  d  au  moins  deux  enfants. 


6  JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

La  naturalisation  ou,  pour  parler  plus  exactement, 
les  privilèges  du  citoyen,  étaient  depuis  l'année  13 13, 
de  deux  sortes  :  de  iniiis  et  de  extra;  c'est-à-dirc  au 
dedans  et  au  dehors.  Ces  deux  catégories  se  com- 
binaient souvent  dans  le  même  individu,  qui  deve- 
nait alors  citoyen  de  intus  et  extra. 

Le  citoyen  de  intus  n'avait  que  des  droits  pouvant 
s'exercer  à  l'intérieur  de  la  cité. 

Le  citoven  de  extra  profitait  de  tous  les  privilèges 
commerciaux  que  possédait  Venise  à  l'étranger.  11 
ctiit  aussi  autorisé  à  naviguer  sous  le  pavillon  de  Saint- 
Marc  On  s'explique  alors  pourquoi  Jean  Cabot 
chercha  à  obtenir  cette  naturalisation,  et  comment  lors- 
nu'il  débarqua  au  Kouveau-Monde,  son  premier  soin 
fut  de  planter  à  côté  ^dc  l'étendard  de  Saint-Georges, 
celui  de  l'évangéhste'.  ^ 

•  Romanin.  dit*  que  les  admissions  furent  trt- 
nuenies  Pour  la  seconde  mohié  du  xV-"  siècle,  de 
août  1172  à  août  1501,  nous  n'en  connaissons 
cependant  que  dix- sept.  Elles  sont  consignées 
brièvement  à  la  suite  des  lettres  de  naturalisa- 
tion  octroyées  à  un  nommé  Ludovico  Fontana  , 
de  Ber-ame,  lesquelles  se  trouvent  transcrites  am- 
plement dans  le  registre  des  privilèges.  Le   gret- 

T    „  S'o  invcvtor  de  qneste  cost  a  mpiautalo  snlU  tenui,  a  irovato  ma  gran 
.  L;.'::;:;;;I 'a  ^c  Ununa  .  ..  ^  s..  Uara..  ..  Lettre  dePasquahgo. 

p.  346.  Les  .V'.5/<  àâ  Scnato  ne  compreancnt  plus  qu  un  siede,  de  i  ,32  A  i44o. 
3    Appendici;  U. 


,*    '' 


;, 
au 

li- 
e- 
nt 

;es 

11 

nt- 

30t 

trs- 

;es, 

Vè- 
de 
on  s 
iccs 
isa- 
la^ 
am- 
;ref- 

i  grau 
laligo, 

t.  III, 
1440. 


^ 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT  7 

fier,  résumant,  ce  semble,  les  concessions  accordées 
dans  les  vingt-huit  dernières  années  du  siècle,  s'est 
contenté  de  foire  précéder  les  noms  et  la  date  d'ad- 
mission des  nouveaux  citoyens  de  la  formule  :  Si- 
miîe  privilcgitm  factum  fuit  provido  v'iro...  »  Cabot 
est  le  treizième  sur  la  liste.  Le  libellé  de  cet  acte 
suffît  d'ailleurs,  puisqu'il  s'applique  explicitement  à 
ce  navigateur,  et  expose  les  principes  qui  permettent 
de  fixer  le  caractère  de  sa  naturalisation. 

Le  lecteur  remarquera  d'abord  que  dans  les  consi- 
dérants de  ce  Trivikgium  civiUtatls,\\  n'est  question  ni 
de  naissance  vénitienne  ni  de  père  et  d'aïeul  ayant  été 
citoyens  vénitiens  :  —  ce  que  le  greffier  n'eût  pas 
manqué  de  rappeler  si  le  postulant  était  né  à  Venise. 

On  y  invoque  seulement  un  séjour  de  qmnzQ 
années  consécutives  et  le  fait  d'avoir  constamment 
supporté  les  charges  publiques. 

Nous  sommes  donc  ici  en  présence  d'un  acte 
s'appliquant  à  des  pétitionnaires  étrangers  par  la  nais- 
sance à  la  grande  ville. 

Mais  que  faut-il  entendre  par  ce  étranger  »  ? 

Il  n'est  pas  douteux  qu'au  xv=  siècle,  époque  qui 
marque  la  plus  haute  prospérité  de  Venise,  la  répu- 
blique n'étendait  qu'un  droit  de  protection  aux  habi- 
tants des  pays  conquis  ou  annexés.  Le  régnicole 
de  Padoue,  de  Vérone,  de  Bcrgame,  de  Brescia,  de 
Ravenne,  bien  que  ces  villes  fissent  partie  intégrante 
de  la  république  de  Venise,  ne  pouvait  en  droit  strict 
se  qualifier  de  citoyen  vénitien. 


g  jr.AN  r.T  si-nASTiiiN  cabot 

Mais  l'habitant  de  la  Vcnùtie.  insulaire  était-il  aussi 
un  ctrans^er  au  regard  de  la  cité?  Doit-on  admettre, 
par  e:^emple,  que  les  natifs  de  Burano,  de  Torcello,  de 
Pelestrina,  ceux  surtout  de  Chioggia,  l'une  des  douze 
îles  qui  devinrent  les  premières  assises  de  la  répu- 
blique naissante  au  vu^  siècle'  et  n'en  furent  jamais 
séparées,  aient  été  à  Venise,  en  1476,  sans  plus  de 
droits  que  de  simples /or«//m? 

11  est  difficile  d'admettre  que  la  loi  n'établissait  pas 
de  différence  à  l'égard  de  la  naturalisation,  entre  un 
Chioggiote  et,  par  exemple,  un  Grec  ou  un  Allemand. 
lixigc\iit-elle  aussi  de  ce  véritable  Vénitien,  descendant 
des^fondateurs  de  la  république  fixés  de  père  en  fils 
dans  les  lagunes  depuis   sept  siècles,  une  résidence 
préalable  de   quinze  années  consécutives  à  Venise 
même,  avant  qu'il  pût  jouir  des  privilèges  non  seule- 
ment de  intus  mais  de  extra}  En  tout  état  de  cause,  il 
serait  surprenant,  selon   nous,  que  l'acte  accordant 
les    droits   de   citoyen    vénitien    à    un  Chioggiote 
énonçât,  selon   le   décret   Fontana,  qu'ils  lui  furent 
octroyés  pour  avoir,  pendant  quinze  ans,  rempli  les 
devoirs  et  supporté  les  charges  publiques,  «  comme 
s'il  avait  été  vénitien  et  sujet  de  la  Seigneurie  —  a 
modo  civis  et  Venetus  noster  essct.  »  Est-ce  donc  que  le 
Chioggiote  n'était  ni  vénitien  ni  sujet  reconnu  de  la 

république  ? 

A  défliut  d'un  texte    emprunté  aux  registres  du 


I.  »  Chigies  major  et  iiiinor 
Venet.,  1765,  in-8,  p.  6. 


..  »,  Giov.  Sagoinino.  Chronlcou  Vcuclonini, 


Ji;.\\  r.T  Sl'BASTIEX  CABOT  9 

Grand  Conseil,  voici  une  déclaration  qui  répond 
victorieusement  à  ce  paradoxe.  Nul  jurisconsulte 
vénitien  ne  la  récusera,  car  elle  émane  de  Vettor 
Sandi  et  de  Cristoforo  Tentori,dont  les  savants  com- 
mentaires font  autorité  à  Venise  depuis  un  siècle. 

Or,  ils  disent  explicitement  qu'en  l'année  13 13, 
le  sénat  étendit  la  naturalité  de  iiilits  htiituni  et  de 
extra,  à  tout  individu  né  et  domicilié  dans  les  limites 
du  territoire  originel  de  la  république  : 

«  NeJl'  aniio  siesso  (13 13)  diJuMnsi  la  pwogalîva 
iiU'aiitico  ^Dogûclo  VeucTJano,  si  ckcielô  CiiiiuUno  deïl'  nna 
c  Vcdtra  classe  chi  mto  dentro  il  iraifo  da  Grado  siiio  a 
Cavai\ere  alitasse  con  ferma  sia:;ione  in  quelle  terre*.  » 

Le  lecteur  n'ignore  pas  que  l'État  originel  ou 
Dogado,  s'étendait  de  l'embouchure  de  l'Isonzo  jus- 
qu'à celle  de  l'Adige,  et  comprenait  les  îles  des 
lagunes  :  «  Esso  Dogado  comprendcva  12  priîîcipa'i 
Isole...  erano  Cbiogoia,  0  Fossa  Clodia  maggiore,  e  mi- 
nore, Grado,  etc.»  dit  Sandi*. 

Le  natif  de  Chioggia  n'avait  conséqucmment  nul 
besoin,  en  1476,  de  se  flure  naturaliser  citoyen  véni- 
tien. Il  l'était  de  droit  dans  toute  l'étendue  des 
privilèges,  depuis  cent  cinquante  ans! 

Le  décret  précité  du  28  mars  1476,  par  lequel  le 
sénat  confère  h  Jean  Cabot  la  naturalité  de  intus  et 
extra,  représente  donc  des  lettres  de  grande  naturali- 
sation accordées  à  un  véritable  étranger,  venu  s'établir 

T.  Prhiapj.  t.  II,  p.  814  et  %v/o,  t.  I,  p.  105. 
2.  Lib.  IV.  art.  V,  t.  II.  p.  550. 


,0  JEAN  ET  Si;RASTir,\  CABOT 

à  Venise  avant  l'ann-c    1461,  et  qui  n'a  pu  naître 
dans  aucune  ville,  port  ou  île  de  la  Vcnctie. 

Notre  appréciation  est  d'autant  plus  admissible  que 
sur  la  liste  des  seize  nouveaux  citoyens  annexée  au 
décret  rendu  en  faveur  de  Fontana',  on  relève  les 
noms  d'habitants  de  Bergame,  de  Milan  et  du  Mila- 
nais, de  Lodi,  de  Brcscia,  de  Novare,  mais  nous  n'en 
voyons  pas'^  qui  soit  désigné  comme  ayant  pour  ori- 
gine une  île  des  lagunes. 

Qu'un  habitant  de  Chioggia,  de  Torcello  ou  de 
Pelestrina  ait  ou  n'ait  pas  joui  de  plus  grands  pri- 
vilèges à  l'égard  de  la  naturalisation  qu'un  Padouan 
ou  qu'un  Turc,  cela  est  cependant  une  question 
secondaire.  Pour  lui  donner  de  l'importance,  il  fau- 
drait d'abord  établir  que  le  postulant  est  né  à  Chiog- 
gia, à  Torcello  ou  à  Pelestrina. 

Aussi  est-ce  à  dessein  que  nous  avons  fait  porter 
notre  hypothèse  sur  un  Chioggiote,  car  à  Venise, 
d'aucuns  sont  persuadés  que  Jean  Cabot  est  ne  à 
Chioggia,  et  l'aifirment. 

Sur  quelles  preuves  se  fondent-ils  ?  Sur  aucune. 
On  n'a  allégué  en  somme  qu'une  simple  assertion 
reposant  uniquement  sur  deux  lignes  d'un  annuaire 


1.  Infra,  appendice  II. 

2.  Les  CovnnemoriaU  mentionnent,  il  est  vrai,  pour  les  années  1305-1 510, 
un  Giacomo  da  Riva,  étuviste  à  Rialto,  localité  qui  se  trouvait  dans  les  mêmes 
conditions  que  Chioggia  :  «  Octava  iiisula  Rivoallus  »  (Sagornino,  hc.  cit.). 
Mais  ce  fut  un  cas  spécial,  ne  s'appliquant  qu'à  des  fils  d'étrangers,  et  que  le 
décret  de  131 3  abrogea  de  fait  en  étendant  à  tout  natif  du  'Dc^ado  les  droits 
de  citoyen  de  tutus  et  extra.  Sandi,  t.  II,  p.  814. 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT  it 

anonyme  imprime  â  Venise  à  la  fin  du  siècle  dernier. 
Les  voici  copiées  textuellement  :  "  Qibolo'  Vcueiumo 
nativo  di  Cbioggia  ha  scopcrlo  la  \^mcrica]  sclteniriomiJe 
pcr  gJi  iiigJesi  ». 

A  nos  yeux,  cette  allégation,  produite  pour  la  pre- 
mière fois  quatre  cents  ans  après  les  événements  et 
qui  n'est  pas  corroborée  par  des  documents,  est  de 
nulle  valeur.  Aussi,  avant  de  rattacher  Jean  Cabot  à 
Cbioggia,  à  Venise'  ou  â  toute  autre  ville  ou  bour- 
gade de  la  Vénétie,  nous  demandons  qu'on  excipe  de 
textes  plus  anciens  et  plus  authentiques,  car  venir 
déclarer  qu'il  est  né  à  Cbioggia,  parce  qu'on  l'a  lu 
dans  VAnmiak  Veneto  isiruitivo  c  dilcttevok  pcr  l'anm 
lySô',  c'est  accorder  à  un  médiocre  petit  livre  de 
premier  jour  de  l'an,  l'autorité  que  de  nos  jours  les 
savants  refusent  même  aux  Évangiles. 

Ajouter  à  cette  piètre  raison  qu'à  Pelestrina  et  à 
Chioggia  il  y  avait  des  familles  du  nom  de  Capotto, 
Giabuto  et  cha'Botto,  c'est  s'aventurer  de  même  dans 
une  voie  remplie  d'écueils.  Il  n'y  a  rien  en  critique  his- 

1.  Lequel  des  Cabot,  Jean  ou  Sébastien? 

2.  «  £  coslante  fama  e  induhitata  chi  egli  fosse  Veneziam,  e  di  più  asserir 
possiamo  cb'  egli  nacque  a  Castello  ...  Minerva,  journal  de  Venise,  n»  de 
tévrier  1763,  cité  par  M.  Pasini.  Ce  passage,  cependant,  ne  se  rapporterait 
qu  ;\  Sébastien  Cabot. 

3.  P.  138  de  ce  «  lihercolo  »,  que  nous  ne  connaissons  que  par  la  bro- 
chure de  M.  Carlo  Bullo,  La  Vera  Patria  di  Nicolo  de'  Couli  e  di  Gimmui 
Cabota;  Slmlj  t  Documenti.  Chioggia.  1880,  in-S,  p.  xxii.  Nulle  autre  autorité 
nest  citée  pour  cette  assertion,  attendu,  parait-ii,  que  les  archives  commu- 
nales de  Chiogg'a  furent  en  partie  détruites  par  les  Français  en  1707  et 
par  un  incendie  en  1816. 


12 


JEAN  ET  SllnASTlEX  CABOT 


torique  d'dussi  décevant,  à  notre  avis,  que  l'homony- 
mij.  Ainsi,  nous  avons  relevé'  sur  des  actes  notariés 
plus  de  cent  quinze  Colombo,  tous  vivant  aux  xiv-' 
et  xv^-  siècles,  à  Gênes  et  dans  les  environs,  plusieurs, 
même,  lils  d'un  Domcnico,  lequel  avait  pour  père  un 
Giovanni,  tout  comme  Christophe  Colomb,  et  ce- 
pendant, malgré  la  concordance   des  dates,  malgré 
l'identité  de  prénoms  et  de  résidence,  pas  un  de  ces 
Colombo  n'était  parent  à  un  degré  quelconque   de 
l'auteur   de   la  découverte  de  l'Amérique.  Quant  à 
des  Cabot,  il  n'en  manquait  pas  non  plus  au  xv^  siècle 
à  Savone',  et  très  probablement  dans  plusieurs  autres 
villes  de  la  Ligurie  %  mais  bien  qu'ils  fussent  pour  la 
plupart  marins  de  profession,  on  n'a  pu  les  rattacher 
aux  grands  navigateurs  de  ce  nom. 

■I.  Chmiophe  Colomb,  son  orisine,  sa  vie,  sa  familh;  d'apm  des  documents 
ivJdits  tirés  des  archives  de  Ghies,  de  Savouc,  de  ScviUe  et  de  Madnd,  Pans,  2 
vol.  in-8,  appendice  E,  Homonymes  (sous  presse). 

2.  Desimoni,  5//^//  Scropitori  geiiovesi,  p.  3?. 

3.  a  NoiaMamo  documeuti  dai  quaU  apparisce  che  la  famiglia  dci  Calotj 
(scritto  qucslo  cogiiome  nella  ideiiticu  maniera  con  la  qiiale  soka  firmasi  il  Gio- 
vaiim)esisle  iuTorto-Maurizio  Jiuo  dall'  amio  12^2  e  giii  pcr  una  série  non 
inicrrolta  di  gencrazioni  vi  si  risconlra  fmo  a  tutto  il  XV  secolo.  »  G.  Doneaud, 
1  Ctlolo  di  Porto  Maiirizio,  dans  la  Prmùncia.  journ.il  hebdomadaire  de 
Port-Maurice,  numéro  du  19  novembre  1881.  Dans  le  numéro  du  26  no- 
vembre, l'auteur  cite  en  effet  des  actes  notariés  de  1252,  1276  et  I434i  con- 
cernant des  Caboto  ((  de  Porlu  Maiiritto.  » 


II 


EAN  Cabot  n'ctait  donc  Vénitien  que 
par  adoption.  Qiicl  était  alors  son 
pays  d'origine  ?  De  savants  critiques 
présument  que  c'est  Castiglione,  prés 
de  Chiavari,  dans  le  pays  de  Gênes,  parce  que  Rai- 
niondo  di  Soncino  raconte  que  «  Mcsscr  Zoannc 
Caholo  ha  donalo  una  isola  ad  un  siio  harhcro  da  casiionc 
Gci!ovesc\  »  Le  f;iit  d'avoir  donné  une  île  à  son  bar- 
bier, même  s'il  était  également  chirurgien  et  génois, 
nous  paraît  insuffisant  pour  prouver  l'origine  ligu- 
rienne de  Cabot;  d'autant  plus  qu'il  gratifia  en  même 
temps  d'une  semblable  largesse  un  autre  de  ses 
compagnons  qui  était  «  Borgognone.  w 

Il  faut  chercher  et  on  a  trouvé  récemment  ailleurs 
de  bien  meilleures  raisons. 

Dés  le  21  janvier  1496,  le  D*"  Puebla,  ambassa- 
deur des  Rois  Catholiques  en  Angleterre,  leur  fait 


1.  Dipûche  du  i8  décembre  1497.  appendice  X. 


14  JEAN  ET  SI-nASTIHN  CAnOT 

part  des  ciïorts  d'un  individu  «  comme  G)lomb  » 
qui  voulait  aller  par  mer  à  la  recherche  de  pays 
inconnus.  Sa  lettre  n'a  pu  être  retrouvée  dans 
les  archives  de  Simancas,  mais  nous  avons  la  réponse 
de  l-erdinand  et  d'Isabelle. 

«  Tu  nous  dis,  lui  écrivent  les  monarques,  qu'il 
est  venu  un  individu  comme  Colon  proposer  au  roi 
d'Ani^leterre  une  entreprise  semblable  à  celle  des 
Indes'...  »  ,Les  mots  «  iiiio  coino  Colon,  »  rappellent 
tellement  ceux  dont  ce  même  Puebla  se  servit  deux 
ans  après  :  «  otro  gcnovcs  coiiio  Colon,  »  qu'on  peut 
soupçonner  une  ellipse  dans  la  réponse  de  Leurs 
Majestés,  et  croire  que  la  missive  de  Puebla  portait 
«  nno  otro  gcnoves  coma  Colon.  » 

Hn  1498,  ledit  Puebla"  rapporte  à  ses  souverains 
le  résultat  d'une  entreprise  que  venait  d'accomplir 
un  marin  à  la  solde  de  l'Angleterre.  Cette  fois,  si 
l'ambassadeur  ne  donne  pas  le  nom  de  l'heureux 
navigateur,  il  précise  sa  nationalité  :  les  navires  ont 
été  envoyés  avec  un  autre  Génois  comme  Colomb  : 
«  cinco  naos  armadas  con  otro  gcnoucs  coma  Colon.  » 
Les  pétitions  et  les  lettres  patentes  des  5  mars  1496 
et  3  février  1498''  .démontrent  que  c'est  bien  de 
Jean  Cabot  qu'il  s'ai^it. 

Pedro  de  Ayala,  coadjuteur  de  Puebla,  écrit  de  son' 


1.  Diipûchcdu  28  mars  1496,  appendice  V. 

2.  Dépèclie  sine  anno  scd  1498,  appendice  XII. 

5.  C.  Debimoni,  Intûrno,  p.  47,  48,  49.  )6;  Biddlc,  Memcir,  p.  76-77  et 
inj'ni,  appendices  111,  IV  et  XI. 


JEAN  ET  SUnASTIi:\  CABOT 


>s 


côté'  à  Ferdinand  et  Isabelle  :  «  J'ai  vu  la  carte  des- 
sinée par  le  découvreur,  lequel  est  un  autre  Génois 
comme  Colon...  Voilà  sept  ans  que  les  gens  de  Bris- 
tol arment  des  caravelles  pour  chercher  l'ile  de  Brasil 
et  les  Sept  Cités,  selon  les  notions  de  ce  Génois.  » 

Les  chroniqueurs  an<j;lais  de  la  première  moitié 
du  xv!*-'  siècle  ne  mentionnent  pas  plus  les  Cabot 
que  Christophe  Colomb  ou  Americ  V^espuce.  Ri- 
chard Arnold',  John  llardyng  %  Edward  Halle*, 
John  Ilarpsleild  ',  George  Lilly",  Arthur  Kelton, 
passent  sous  silence  les  découvertes  accomplies  par 
ces  célèbres  navigateurs.  Ce  n'est  qu'à  dater  de  Tan- 
née 1559,  au  sujet  de  l'expédition  de  Willoughby 
et  Chancellor  (i553)»  laquelle  n'aurait  peut-être 
pas  été  non  plus  mentionnée  sans  la  mort  tragique 


1.  Iilfra,  appciuiicc  XIII. 

2.  Usque  1520,  London,  s.  a.  std  i52i,in-iol. 

).  Usq.  iy\2  (continuation  par  Gralton),  London,  1543  (?),  in-4, 

t-  Ui,].  ii)9;  MS.  du  British  Musuuni,  Cott.  Vit.  CJX. 

5.  Usg.  Francof.,  1,65,  in-4. 

().  Usq.  1546,  London,  1547,  in-i6. 

Les  Annales  de  Trancis  Godwin,  London,  1630,  in-foL,  disent  que  notre 
navigateur  était  Portugais  :  «  Sdiaslùin  Cahota,  a  'Porliioall.  »  Godwin  ne 
naquit  qu'en  1561,  et  il  ne  cite  pas  scsautoiités  pour  cette  curieuse  assertion. 
JolmStrypc  qui  passe  gcnéi-alenient  pour  n'avoir  consulté  que  des  documents 
authentiques,  dit  [Eccksiast.  Memorials,  1822,  t.  III,  part.  I,  p  520)  que  Sé- 
bastien Cabot  était  «  oj  gcnocsc  l'arculs,  »  mais  lorsque  nous  le  voyons  au 
paragraphe  suivant  citer  les  Annales  de  John  Stow  au  sujet  de  la  disette  de 
1555-6,  nous  sommes  disposé  à  croire  que  c'est  au  pauvre  tailleur  dont  il  a 
écrit  la  vie  et  publié  l'œuvre  principale  {Surv.yof  London)  que  Strype  a  em- 
prunté son  assertion  au  sujet  de  la  na'ionaliio  de  Sébastien  Cabot. 


10  JEA\  HT  SEBASTIEN  CAiîOT 

de  son  noble  chef,  que  les  historiens  de  l'Angleterre 
commencent  à  insérer  dans  leurs  écrits  de  brefs  détails 
sur  les  voyages  au  Nouveau-Monde  '.  C'est  alors  seu- 
lement qu'on  voit  le  nom  de  Cabot  ou  de  Gaboto 
figurer  dans  une  chronique  anglaise. 

A  en  juger  par  les  lettres  patentes  que  nous  avons 
citées ,  le  manuscrit  de  la  collection  de  Robert 
Cotton*  et  la  carte  de  1544  qui  était  exposée  dans  les 
galeries  du  palais  de  Whitchall,  et  dont  nous  repar- 
lerons, les  documents  contemporains,  tenant  compte 
seulement  de  la  nationalité  officielle  de  Jean  Cabot, 
ne  le  qualifiaient  que  de  Vénitien;  et  cependant,  les 
premières  histoires  ou  chroniques  anglaises  qui  s'oc- 
cupent des  Cabot,  déclarent  toutes  que  Sébastien  était 
fils  de  Génois. 

Dans  la  troisième  édition  de  VEpitome  de  Thomas 
Lanquet ,  publiée  en  1 5  5  9  %  on  lit  que  Sébastien 
Cabot  avait  pour  père  un  Génois  :  «  Sébastian  Gaboto, 


1.  Richard  Grafton,  cependant,  dans  son  édition  de  1550  de  la  Chronique 
de  Halle  (t.  II ,  f.  158)  accorde  quelques  lignes  à  l'expédition  suggérée  par 
Robert  Thornc  et  conduite  par  John  Rut  \u  nord-ouest  en  1527. 

La  première  allusion  A  la  découverte  du  Nouveau-Monde  que  donne  un 
livre  imprimé  en  Angleterre,  se  lit  dans  h  traduction  faite  sur  Ja  version 
française  de  la  Stiiltifera  mivis,  deSébast.  Brand  (Londres,  Caxion  ou  Wynken 
de  Worde,  1509.  B.  ,A.  V,  Addit,  n»  33).  Viennent  ensuite  six  vers  dans 
une  sorte  de  pièce  de  théAtre  :  A  Nciu  Interlude,  Lond.,  15 11  ou  1519  (Loc. 
cit.,  n"  38);  une  autre  brève  allusion  à  1'  «  Aniienica  »,  dans  un  opuscule 
de  1522  {Ofthe  newc  laudes  ;  'B.  A.  F.,  n»  116)  ;  mais  ce  n'est  qu'A  dater  de 
la  compilation  de  Richard  Eden  (1555)  qu'on  trouve  un  véritable  récit, 
simple  traduction  d'ailleurs  de  Pedro  Martyr  et  d'Oviedo. 

2.  Appendice  VI  A. 

3.  An  Epitome  of  crouidcs,  London,  1559,  ''^"4;  ^"^  "'""'  ij52. 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT  17 

borne  at  Brislazu,  but  a  Gcimuays  sonne.  »  C'est  la  pre- 
mière lois,  à  notre  connaissance,  que  cette  assertion 
se  trouve  dans  un  écrit  anglais. 

Richard  Gratton,  dans  sa  Chronique,  imprimée  dix 
ans  après  celle  que  nous  venons  de  citer,  dit  explici- 
tement :  'X  Vers  cette  époque  (1553)  trois  nobles 
navires  furent  équipés  pour  la  grande  aventure  du 
voyage  à  l'est  par  les  mers  du  nord.  Le  principal 
agent  et  promoteur  dudit  voyage  était  Sébastien 
Gaboto,  anglais  né  à  Bristol,  mais  fils  de  Génois'.  » 

Pareille  assertion  se  lit  dans  toutes  les  éditions  des 
Chroniques  de  Ralph  Holinshed  ',  lesquelles  jouissent 
d'un  grand  crédit. 

John  Stow,  dans  toutes  les  éditions  de  ses  Annales 
d'Angleterre,  sous  la  rubrique  marginale  ^nno  rcg.  14 
(de  Henry  VII),  relate  «  qu'en  cette  année,  un  certain 
Sébastien  Gabato,  fils  de  Génois,  né  à  Bristol,  se 
disant  versé  dans  la  science  de  la  circumnavigation  du 
monde  et  de  ses  îles,  comme  il  le  fit  voir  par  ses 

•^'irtes obtint  du  roi  qu'on  équipât  un  navire  à 

Bristol  pour  découvrir  une  île..."  » 


1.  «  Ahont  tins  limethere  ime  three  mile  ships  sd  Jorth  and  fnniishcd  for  ihe 
p-cat  adiicuture  0/  Ihe  viikiioiviie  voyage  into  Ihe  EasI,  hy  tl.v  Norlh  Seas.  The 
grcat  doa  and  ciiconragcr  oj  irhich  voyage  iras  Schaslian  Gahotù  an  Englishc  man, 
borne  at  Brislow,  but  ivas  the  sonne  of  a  Genoiivi/.  »  ^-/  Chionkk  at  huxe, 
and  mcere  History  cf  the  Affayres  of  England;  I.oiul.,  1 569,  in-fol.,  t.  II,  p.  5 52' 
de  l'cditioii  d'EUis;  et  infra,  appendice  XXXII  n. 

2.  The  Chmiicle  of  England,  Lond.,  1577,  in-fol.,  t.  II,  p.  1714,  col.  T, 
Lond.,  1587,  p.  1083,  et  infra,  appendice  XXXII  g, 

3.  «  Tins  yeare  one  Sébastian  Gabato  a  genoas  sonna  borne  in  Bristozv  profcs- 
sing  himsclfe  ta  be  experte  in  bioicledgc  of  the  circute  of  the  uvrlde  and  Ilandes 

2. 


i8 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Voici  donc  six  écrivains  qui,  scparcmcnt,  déclarent 
Jean  Cabot  Génois  de  naissance.  Il  importe 
cependant  de  s'assurer  si  Ruy  de  Puebla,  Pedro  de 
Avala  le  continuateur  de  Lanquet,  Richard  Grat- 
ton,  Ralph  Holinshed  et  l'honnête  John  Stow,  n'ont 
pas'  puisé  leur  renseignement  à  la  même  source, 
auquel  cas  ces  six  opinions  n'équivaudraient_  qu'à 
une  seule,  et  s'il  provient  de  personnages  qui,  par 
leur  position,  leurs  moyens  d'information,  l'époque 
et  le  pays  où  ils  vivaient,  peuvent  faire  autorité. 


1 


oflhcsme.ashy  his-Charls  auà  othr  rmouaW  clcmoustral,ous,hc  .feuvJ, 
aiuscd  Ibc  Kû,^r  ,0  mau  and  viclmû  a  shippc  al  Bnsioiv  losearchjoranhnuk...  » 
The  Chronick  of  En^'land,  frcm  'Brute  vnto  tins  pmcut  yean  oj  Cbnsl  r;6c;. 
Lond.  1580,  iii-4,  P-  872,  et  injra,  appendice  VI  u. 


III 


UY  Gonzalcs  de  Pucbhi  était  un  docteur 
en  droit  que  les  Rois  Catholiques  en- 
voyèrent auprès  de  Henry  MI,  en 
^4^^,  pour  négocier  le  mariage  de 
Cathernie  d'Aragon  avec  Arthur,  prince  de  Galles.  Il 
revint  en  Angleterre  vers  1494,  comme  ambassadeur, 
et  y  représenta  non  seulement  la  Castille  et  l'Aragon 
mais  le  pape  et  l'empereur,  jusqu'en  1509,  époque 
de  sa  mort. 

C'était  un  être  vénal,  rapace  et  méprisable,  qui,  par 
avarice,  demeurait  à  Londres  dans  un  mauvais  lieu  '. 
Sa  position  officielle,  ses  rapports  avec  la  cour  d'An- 
gleterre, qu'il  rendait  aussi  fréquents  que  possible 
tant  pour  recueillir  des  renseignements  que  pour  se 


I .  «  m  las  hcen  Uviug  jor  thm  ycars  almdy  in  thc  hvsc  of  a  mason  ,vho 
imie  vwncy  hy  h-epn,g  disrepulahle  uvmcn  vndcr  lus  roof.  „  Supplique    des 

iaptrs,  de  Bergeiiroth,  t.  I,  n»»  206,  207,  p.  166. 


10 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


gorgcr  d'une  nourriture  qu'il  n'avait  pas  à  payer',  le 
mettaient  en  position  d'être  bien  informe. 

Pucbla  fréquentait  aussi  les  nombreux  Génois  établis 
â  Londres.  Son  commerce  avec  eux  n'était  même 
que  trop  intime,  puisque  ces  habiles  négociants  le 
soudoyèrent  pour  se  fiiire  relever  de  certaines  péna- 
lités encourues,  et  dont  moyennant  une  récompense 
illicite  de  500  couronnes,  il  obtint  la  remise,  au  grand 
scandale  des  marchands  espagnols  qui  le  dénoncè- 
rent aux  commissaires  envoyés  en  1498  pour  scruter 
sa  conduite  '. 

Ces  rapports  avec  des  marchands  de  Gênes,  la  ren- 
contre qu'il  a  dû  faire  de  Jean  Cabot  à  la  cour  de 
Henry  VII  en  1496  et  1498,  et  ce  que  sa  position 
officielle  lui  permettait  d'apprendre,  ajoutent  un  grand 
poids  au  qualificatif  de  Génois  que  Pucbla  donne  à 
l'émule  anonyme  de  Christophe  Colomb,  mais  que 
nous  "savons  par  les  lettres  patentes  publiées  dans 
le  recueil  de  Rymer  et  dans  Biddle,  surtout  par  la 
dépêche  de  l'ambassadeur  du  duc  de  Milan,  avoir  été 
Jean  Cabot. 

Pedro  de  Ayala,  protonotaire  impérial  et  aposto- 
lique, ambassadeur  des  Rois  Catholiques  auprès  de 
Jacques  IV,  roi  d'Ecosse,  vint  à  Londres  vers  la  fin  de 
l'année  1497,  et,  conjointement  avec  Puebla,  y  rem- 


1.  «  Once  Henry  askcd  bis  courtiers  tf  th:y  hiy.u  thi  rc.isjii  lohy  "Dj  Puebla 
■was  cjinin^.  Thcy  ansioered,  «  To  eat  »,  and  thi  Ung  laughed.  n  Ibidem .  Rap- 
port de  Londofio,  n"»  204,  207. 

2,  Idem,  n"  206,  p.  165. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


21 


plit  des  fonctions  diplomatiques  jusqu'en  avril  1500. 
Envoyé  auprès  de  l'empereur  à  Bruges,  il  ne  revint 
dans  sa  patrie  qu'au  printemps  de  1506,  en  passant 
par  l'Angleterre. 

A  l'inverse  de  Puebla,  Avala,  malgré  son  caractère 
ecclésiastique,  était  un  gentilhomme  de  fiére  allure, 
médiocre  latiniste  mais  diplomate  habile  ',  dépensier 
et  batailleur.  Sans  rapports  avec  son  collègue  d'Es- 
pagne qu'il  méprisait,  Ayala  vivait  au  contraire  dans 
l'intimité  de  Raimondo  di  Soncino,  l'ambassadeur  de 
Ludovic  le  More,  qui  tenait  alors  Gênes  en  fief  de  la 
couronne  de  France.  Il  correspondait  même  directe- 
ment avec  ce  dernier,  et,  pour  nous  servir  des  ter- 
mes du  diplomate  milanais,  «  Ayala  était  autant  au 
service  du  duc  de  Milan  que  Raimondo  lui-même  '.  » 

A  l'ambassade  milanaise,  Pedro  de  Ayala  rencontrait 
souvent  ces  Génois  distingués  qui  jouissaient  d'un  tel 
crédit  à  la  cour  d'Angleterre,  que  plusieurs  d'entre 
eux  furent  chargés  par  Henry  VII  de  missions  diplo- 
matiques auprès  du  pape  et  du  roi  de  France. 
C'étaient  Agostino,  Antonio,  Benedetto  et  Francesco 
Spinola,  Zoane  Battista  de  Tabia,  médecin  du  roi, 
Cipriano  de  Fornari,  ctc\  Cette  époque  était  celle  des 


1.  C'est  le  Peter  Hyalas  de  Halle,  de  Grafton,  deHolinshcd.  et  l'Elias  de 
Bacon  {Hist.  oj  Henry  VII,  p.  174},  qui  négocia  la  trêve  entre  Jacques  IV 
et  Henry  VII,  en  1497. 

2.  Rawdon  Brown,  Cakndar,  t.  I,  nos  780,  785. 

3.  Ordinances,  instructions  for  the  intended  voyage  for  Cataye,  9  mai  1553. 
llakluyt,  Princip.  Navigations,  1589,  p.  259. 

4.  Rawdon  Brown,  loc.  cit.,  n"'  785,  7S7. 


22 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


grandes  découvertes  accomplies  par  leur  compatriote 
Christophe  Colomb.   Les  voyages   transatlantiques 
devaient  être  pour  ces  entreprenants  négociants  un 
fréquent  sujet  de  conversation,  et  ils  ont  dû  connaître 
personnellement  Cabot,  Italien  comme  eux,  et  qui 
poursuivait  en  Angleterre  la  même  carrière,  car,  pour 
les  Génois,  le  commerce  et  la  navigation  étaient  con- 
nexes. Le  critique  est  fondé  à  croire  que  lorsque 
Ayala,  jusqu'à  trois  fois  dans  la  même  dépêche',  qua- 
lifie Jean  Cabot  de  «  gcuovcse,  »  c'est  dans  ce  milieu, 
nécessairement  bien  informé,  qu'il  a  puisé  ses  rensci- 
n-ncments.  On  doit  donc  y  ajouter  foi. 
""  VEpilomc  ofChromcks  publié  en  1539.  "'est  que  la 
Chronique  de  Thomas  Lanquct  ou  Lanquette',  con- 
tinuée jusqu'au  régne  d'Elisabeth.  La  seconde  partie, 
où  se  lit  le  passage  concernant  Sébastien  Cabot  est 
attribuée  à  l'évêque  Coopcr  :  «  Sccondly  to  thc  rcignc 
0/  oiir  soucraigne  lord  King  Edward  thc  sixt  hy  Thomas 
mas  Coopcr,  »  lit-on  sur  le  titre. 

Cooper  ne  paraît  avoir  quitté  Oxford,  où  il  exer- 
çait la  médecine,  qu'à  l'avènement  d'Elisabeth,  en 
i358,  et  il  ne  devint  évêque  qu'en  1570.  Né  vers 
1517,  mort  en  1594,  il  a  pu  avoir  l'occasion  de  ren- 
contix^r  Sébastien  Cabot  pendant  les  huit  ou  neuf 
années  que  vécut  encore  ce  navigateur  après  son 
retour  en  Angleterre. 


I    Dcpùche  du  2$  juillet  H^^,  appcnd.  XIII. 

2.  A  rage  de  vingt-quatre  ans.  (Willuim  Nicolson,  Tlie  Enolish  Htstorical 
Library,  Lond.,  1696,  in-S»,  t.  I,  \\  188.) 


JEAN  ET  SI-BASTIEN  CABOT  2j 

Mais  est-ce  bien  Thomas  Coopcr  qui  est  l'auteur 
de  l'appellation  :  <(  a  Gcnoiuays  sonne  ?  » 

La  première  édition  de  la  Chronique  de  Lanquel, 
publiée  en  1549,  ne  contient  aucune  allusion,  naturel- 
lement, à  un  événement  de  l'année  1553. 

La  seconde  édition  est  de  1554.  Nous  n'avons  pu 
la  trouver  dans  les  bibliothèques. 

La  troisième  est  celle  de  1559,  ^  laquelle  nous 
empruntons  notre  citation.  Elle  porte  au  titre  que  la 
troisième  partie  est  «  io  fhe  rcignc  of  our  soncrûîgnc 
Ladye  Oucnc  Elisabeth,  hy  Robert  Croivley,  »  tandis  que 
le  lieu  d'impression  est  :  «  Londini.  In  adibus  Thomcc 
Marshe.  Enfin,  au  colophon,  on  lit  :  «  Imprintcd  ctt 
London  by  William  Sercs.  » 

Crozuky,  Marshe  et  Seres  sont  des  noms  qu'il  im- 
porte de  retenir. 

La  quatrième  édition  est  de  1560,  et  la  cinquième 
de  1565,  toutes  deux  véritablement  éditées  par 
Thomas  Cooper.  Dans  ces  deux  dernières,  nous  lisons 
seulement  ces  mots  :  «  one  Sébastian  Gahoto,  »  sans 
allusion  aucune  à  la  nationalité  du  père.  Par  contre, 
dans  V^dnwnicion  placée  au  verso  du  titre,  Cooper 
proteste  vivement  contre  l'édition  de  1559.  «C'est 
l'œuvre,  dit-il',  de  gens  qui  pour  le  lucre  et  d'une  façon 
déloyale,  ont  retranché  de  ma  propre   édition  [de 


I .  (1  inicrein  as  1  saw  sowc  thyngcs  of  viyue  le/te  ont,  and  many  thyiigcs  of 
othrrs  aiiiiexed...  grcatly  flamc  thcir  vnhciicst  âcalynge,  ami  opciily  proks't  thii  th-. 
Edicion  of  Ibis  chronich  set  foorth  hy  Marshe  and  Ceres  in  tlie  ycre  of  Christc 
1559  "  «0H<;  ofmyne...  »  Chronique,  (.Mitions  de  1560  et  de  1565. 


24 


JIZAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


w 


1549]  certaines  choses  et  en  ont  ajouté  beaucoup 
d'autres.  Conscquemment  je  blâme  leurs  procédés,  et 
déclare  que  la  Chronique  publiée  par  Marshe  et  Ceres 
en  l'an  du  Christ  1559,  n'est  pas  de  moi.  » 

L'édition  de  1559  "'^'^^  donc  qu'une  contrefaçon; 
et  comme  les  mots  «  a  gcnoiuays  sonne  »  ne  se  trou- 
vent dans  aucune  des  éditions  que  Cooper  reconnaît 
comme  siennes,  cette  phrase  est  une  interpolation  du 
compilateur  qui  a  édité  la  publication  de  Marshe  et 
Ceres,  c'est-à-dire  Robert  Crowley. 

Croie  ou  Crowley  était  tout  à  la  fois  imprimeur, 
libraire,  poète,  controversiste  et  prédicateur.  Élevé 
dans  l'une  des  deux  grandes  universités  de  l'An- 
gleterre, il  se  liKa  à  Londres  vers  la  fin  du  régne  de 
Henry  VIII,  et  devint  un  des  plus  zélés  réformateurs 
de  son  temps  et  de  son  pays.  Né  dans  les  quinze  pre- 
mières années  du  xv!"-'  siècle,  puisqu'il  était  au  collège 
de  Magdalen  d'Oxford  vers  1534',  et  mort  en  1588, 
Crowley  fut  le  contemporain  de  Sébastien  Cabot  et 
vécut  en  même  temps  que  lui  à  Londres;  mais  nous 
ignorons  quelles  furent  ses  facilités  pour  obtenir  des 


renseignements. 


La  Chronique  de  Richard  Grafton  n'est,  il  est  vrai, 
que  celle  de  Edward  Hall  ou  Halle,  remaniée  et  aug- 
mentée; mais  comme  en  sa  forme  primitive^  elle  n'at- 
teignait dans  l'imprimé  que  le  régne  de  Henry  VIII, 


1.  Ames,  Typcgraphical  Antiquitics,  London,  1819,  in-4n,  t.  IV,  p.  324. 

2.  The  Union  of  the  tuv  nolle  and  illustre  famclies  of  Lancastre  and  YorJce, 
London,  1548,  in-fol. 


JEAN  ET  Sl'IlASTIEN  CABOT 


25 


que  hi  continuation  trouvée,  dit-on,  dans  les 
papiers  de  Halle  ne  s'étendait  qu'à  l'année  1532,  et 
d'ailleurs  que  ce  dernier  mourut  avant  1548,  Grafton 
n'a  pu  lui  emprunter  les  détails  sur  Cabot  qu'il  nous 
donne  à  propos  d'un  événement  de  l'année  1553. 

Grafton  était  typographe  de  profession,  l'impri- 
meur attitré  du  Parlement  et  d'Edward  VI,  qui  fut  un 
écrivain  zélé  malgré  son  jeune  âge.  Cette  position  le 
mit-il  en  rapports  avec  Sébastien  Cabot,  qui  semble 
avoir  assidûment  fréquenté  la  cour  sous  les  régnes 
d'Edward  VI  et  de  Mary  Tudor?  Cependant  lorsqu'on 
compare  le  passage  en  question  tel  qu'il  fut  donné 
par  Grafton  en  1569  avec  celui  de  la  troisième  édition 
de  la  Chronique  de  Lanquet,  le  critique  remarque  une 
telle  ressemblance,  que  Grafton,  selon  la  coutume 
des  anciens  chroniqueurs,  a  dû  copier  Crowley.  Graf- 
ton place  l'événement  sous  la  date  inexacte  de  1552, 
tandis  que  son  prototype  lui  assigne  celle  de  1553' 
mais  les  deux  textes  sont  identiques  '. 

On  ne  sait  presque  rien  de  la  vie  de  Ralph  Holin- 
shed;  mais,  pour  la  question  qui  nous  occupe,  cette 
absence  de  renseignements  importe  peu,  car  ce  que 
nous  lisons  dans  ses  Chroniques  concernant  Cabot  est 
copié  littéralement  soit  de  Crowley,  soit  de  Grafton. 

Crowley,  Grafton  et  Holinshed  ne  constituent 
donc  à  eux  trois  qu'une  seule  autorité  ;  mais  il  kut 
se  souvenir  que  les  deux  premiers,  et  probablement 


I.  Appendices  XXXII  a  ctXXXII  n. 


a6  JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 

aussi  Holinshcxl,  étaient  contemporains  de  Sébastien 
Cabot,  et  vivaient  à  Londres,  où  ce  dernier  devait  sou- 
vent venir  s'il  n'y  avait  sa  résidence  dans  les  dernières 
années  de  sa  vie,  comme  l'allusion  à  ses  derniers 
moments  qu'on  lit  dans  une  traduction  de  Richard 
Eden  porte  à  le  croire  '.  Reste  John  Stow.  Peut-on 
affirmer  que  lui  aussi  a  puisé  ses  informations  à  la 
même  source? 

L'histoire  de  cet  antiquaire  est  touchante.  C'était 
un  pauvre  tailleur  qui,  à  l'âge  de  quarante  ans,  em- 
porté par  le  goût  des  études  historiques,  abandonna 
l'aiguille  et  le  carreau  pour  faire  des  fouilles  dans  les 
archives.  Il  allait  au  loin,  à  pied,  compulser  les  docu- 
ments des  "comtés,  des  collèges  et  des  monastères 
alors  dispersés,  réunissant,  copiant,  colligeant,  anno- 
tant des  masses  de  textes,  en  conscience,  et  avec  un 
désintéres^sement,  une  habileté,  qu'on  ne  saurait  trop 
admirer.  Enfin,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans,  en  récom- 
pense des  services  qu'il  avait  rendus,  Jacques  L'',  par 
des  lettres  patentes  en  date  du  8  mai  1603,  l'autorisa  à 
mendier  son  pain  sous' le  porche  de  toutes  les  églises 
du  royaume,  11  mourut  le  5  avril  1603  -. 

Né  vers  1 525,  et  ayant  toujours  vécu  en  Angleterre^ 
Stow  a  pu  rencontrer  Sébastien  Cabot;  cependant  sa 
position  infime  jusqu'à  la  mort  de  ce  dernier,  puisque, 


1.  A  very  vcccssaric  Bcclr  coiiccniiiig  Katiis^cilion...  hy  J.  Taisnicrus,  Iranshtcd 
hy  R.  Edcn.  LouJ.,  s.  a.,  in-4.  Epitrc  dédicitoire. 

2.  Stiypo,  Life  cj  JohnStoiv,  dans  son  édition  de  l.i  Stinxy  oj  London,'Lonà., 
1720,  in-fol.,  en  tctc  du  t.  I. 


JEAN  ET  SIÎRASTIEN  CAlîOT  jy 

selon  l;i  tnulition,  c'est  seulement  à  l'ài^c  de  quarante 
ans,  en  1565',  que  Stow  cessa  de  manier  l'aiguille 
dans  sa  boutique,  ne  permet  pas  de  l'aflirmer. 

Stow  a  certainement  connu  les  Chroniques  de 
Lanquet,  de  Grafton  et  de  Ilolinshed;  cependant, 
il  ne  faut  pas  oublier  que  ces  historiens  n'ont  aucune 
connaissance  des  voyages  de  1497  ^^  1498.  Lorsqu'ils 
parlent  de  Sébastien  Cabot,  le  seul  de  la  famille 
dont  mention  soit  fliitc  dans  leurs  écrits,  ce  n'est  que 
pour  décrire  la  malheureuse  expédition  de  1553 
qu'il  prépara,  où  Wllloughby  et  ses  compagnons 
périrent  tous  de  froid;  désastre  qui  produisit  sur 
les  Anglais  la  plus  douloureuse  impression. 

Stow  mentionne  aussi  le  voyage  de  Willoughby, 
mais  avec  des  détails  qui  accusent  une  autre  source 
d'informations.  Il  fixe  une  date  précise  :  le  vingt  mai 
de  la  septième  année  du  régne  d'Edward  VI;  le  nom 
de  l'infortuné  navigateur  et  la  suite  de  ses  aventures 
ne  sont  pas  donnés;  on  relève  aussi  une  circons- 
tance inconnue  à  tous  les  autres  chroniqueurs: 
l'expédition  fut  armée  aux  frais  de  marchands  qui 
souscrivirent  chacun  vingt-cinq  livres  sterling,  et  les 
principaux  promoteurs,  après  Sébastien  '  Cabot, 
furent  sir  George  Barnes  et  sir  William  Garrard  \  Et 


1.  Il  y  p  cependant  au  Britisli  iMuscum  (collection  Grcnvillc)  un  exem- 
plaire de  son  Simwaric  cf  chvnicks,  qui  est  de  rannée  1561  (Lowndes). 

2.  Append.  XXXII  d.  Sir  George  Barnes  (qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  son  i.ls)  lut  lord-maire,  et  n,ourut  en  1558.  Machyn.  dans  son  'Diary 
(p.  166),  le  quahÛe  de  «  dvyff  marchand  of  Muskavca,  »  et  relate  qu'il  eut 
«tliepcnon  oj  Mtiscovy  armes   borne  at  ys  herchyng.  »    Q.uant  i  sir  William 


4      , 

ii 


2  S 


JEA\  ET  SÉFiASTir-N  CABOT 


lorsqu'on  voit  Stow  en  ce  passafj;c,  omettre  d'inoncer 
la  nationalité  de  Sébastien,  ne  pas  le  nommer  (jabato 
(comme  sous  les  rubriques  de  1.19S  et  1502)  mais 
d'un  nom  difïérent  :  «  onc  Schistitiii  Gibollc,  »  et  sans 
ajouter  comme  dans  le  passage  de  1502,  le  rappel: 
«  kj'orc  miiiicd  in  cinuo  149S,  »  on  est  tenté  de  croire 
qu'aux  yeux  de  Stow,  le  promoteur  de  l'expédition  de 
1553,  Cnbotle,  et  celui  du  voyage  accompli  un  demi 
siècle  auparavant,  GcihiHo,  étaient  deux  personnes 
absolument  distinctes. 

Pour  qui  connaît  les  procédés  employés  par  les 
vieux  chroniqueurs  dans  leurs  calques,  si  Stow  a  fait 
des  emprunts  à  Crowley,  à  Grafton  ou  àllolinshed, 
on  a  lieu  de  s'étonner  que  son  récit  du  voyage  de 
1553  ne  soit  pas  dans  les  termes  dont  se  sont  servis 
ces  écrivains.  C'est  ce  qu'on  remarque  en  comparant 
Grafton  et  Holinshed  avec  Crowley.  11  n'aurait  peut- 
être  pas  'omis  non  plus  de  relater  la  lin  tragique  de 
Willoughby  qui  parle  tant  à  l'imagination. 

Mais  il  v  a  d'autres  récits  dans  Stow,  notamment 
celui  du  voyage  de  1497,  omis  par  tous  les  chroni- 
queurs que  nous  avons  cités,  et  qui  contient  juste- 
ment la  fameuse  appellation  :  «  a  geiioas  sonne.  »  Où 
a-t-il  pris  ce  trop  court  récit? 

On  remarque  dans  Hakluyt  '  une  Noie  of  Sébastian 


Garrard,  c'est  probablement  i  la  fois  le  William  «  Garrct,  »  alJerman,  qui 
fut  un  des  donataires  de  la  charte  de  1555,  et   le  William  Garrard  qui,  en 
1570,  figure  comme  gouverneur  de  la  compagnie  de  Moscovie. 
I.  Divers  voyages  y  Lond.,  1582,  p.  23  de  la  réimpression. 


JKAN  ET  SliUAS'lIEN  CAHOT  29 

Giil'ult's  voytJi^c  of  Discouaic,  que  ce  zclc  coiiipilatciir 
déclare  avoir  empruntée  à  la  «  dernière  partie  inédite 
de  la  Chronique  écrite  par  M.  Robert  l-'abyan  que  con- 
serve M.  Jt)lin  Stow'.  ))  D'autre  part,  Stow  reconnaît 
avoir   possédé   «    une   continuation    manuscrite  de 
Robert  l-abyan  jusqu'à  la  troisième  année  du  régne  de 
Henry  VIIT.  »    Cette  concordance  nous  autorise  à 
croire  que  le  récit  du  voyage  de  Cabot  donné  par 
Stow,  remonte  â  Fabyan.  Le  fait  que  l'on  ne  trouve  ce 
passage  dans  aucune  des  éditions  de  la  Chronique  de 
ce  dernier',  ne  prouve  rien.  La  première  édition  ne  lut 
donnée  que  quatre  ans  après  la  mort  de  l'auteur,  en 
1516,  et  elle  s'arrête  à  la  fin  du  règne  de  Richard  IIL 
Les  additions  de  la  seconde  édition,  publiée  en  1533, 
et  qui  atteignent  l'année  1509,  sont  des  notes  très 
succinctes,  que  rien   n'indique  devoir  provenir  des 
manuscrits  de  l'abyan.  Ht,  cependant,  il  laissa  certai- 
nement   une    continuation    restée    inconnue  à   ses 
éditeurs  posthumes,  Pynson  et  Rastell,  qui  embrassait 
tout  le  régne  de  Henry  VII,  et,  consèquemment  les 
années  où  étaient  relatés  les  premiers  voyages  des 
Cabot.  Non  seulement  l'assertion  de  Stow  et  de 


1.  «  Tidai  oui  of  the  hthr  part  of  Robert  Fabians  Chrouick,  ml  hithato 
priitkil    »  PrhtcipuU  WivhriUuvn,  t.  III,  p.  9, 

2.  Harlciaii  Mss.,  5 3 5 >  cites  par  Biddlc,  Mcmoir,  p.  305. 

3.  Chronide,  Lond.,  1516.  1535,  ,542,  1559,  '"-fol.  M.  Ellis  a  consulte' 
pour  son  édition,  Londres,  iSn,  deux  niss.  maisils  étaient  incomplets  pour 
la  partie  qui  nous  occupe.  L'exemplaire  de  Fabyan  de  la  salle  de  lecture  du 
British  Muséum,  porte  une  note  manuscrite  ainsi  conçue  :  <(  A  Third  MS. 
inlheHulkham  library.  •  Nous  l'avons  vainement  cherché. 


!i| 


;i)  |i:a\  i;i'  si;i?asiii.\  cabot 

ILikluyt  le  prouve,  mais  la  preuve  ressort  aussi  d'un 
autre  passaj^e  relevé  dansées  écrivains,  passai;e  qu'ils 
citent  tous  les  deux'  comme  provenant  de  la  Chro- 
nique de  i'abvan,  et  qu'on  ne  retrouve  pas  non  plus 
dans  Timprimé. 

Or,  si  c'est  sur  l'autorité  de  Robert  Fabyan  que 
Stow  déclare  Sébastien  Cabot  lils  de  (jénois,  son 
assertion  est  d'une  {grande  valeur,  non  que  l'abyan, 
niali!,ré  sa  prétention  de  concilier  les  historiens,  lasse 
jamais  montre  d'une  forte  critique,  mais,  né  à 
l.ondres  vers  i.i)0  et  y  ayant  \(:cu  jusqu'à  sa  mort, 
shérilV  de  la  cité  en  i  p;?,  alderman  jusqu'en  1302 
après  avoir  refusé  d'être  lord-maire,  il  était  par  sa 
positioii  sociale  et  ses  lonctions,  à  même  d'être  bien 
informé.  Membre  de  la  chambre  des  drapiers,  cliar!j,é 
de  présenter  au  roi  les  doléances  de  ces  industriels 
au  sujet  du  commeice  étrant;er,  et  lorcément  en  rap- 
ports avec  les  Cénois  dont  le  principal  commerce 
était  alors  les  fameux  draps  et  velours  de  Gênes  et  de 
Savone,  il  a  pu  aussi  obtenir  des  renseiL!,nements 
particuliers  concernant  Jean  Cabot,  leur  compatriote 
et  leur  contemporain. 

Une  certaine  objection  résulte  des  termes  dont  se 
sert  Hakluyt.  Là  où  Stow  écrit  «  Scktslutn  Gahalo,  a 
gciiocis  sonne,  »  Hakluyt  ne  dit  que  «  et  Vcncl'um.  »  Nulle 
part  il  ne  rappelle  l'origine  génoise  du  père  de 
son  héros.  Richard  Biddle  n'est  pas  éloigné  de  voir 

I.  Au  sujet  dus  iiois  sauvngLS  tlu  Nouveau  Monde  amenés  à  Londres  par 
Cabot  en  1 502,  voyez,  iiijni,  appendice  Xl\\ 


# 


Uf!'' 


ji:an  in'  si'iîASTinN  cahot  51 

il;ins  celle  brève  appellalioii  une  ellipse  commise  par 
le  conipilaleur  anglais  au  délrimeiit  lIu  lexle  que  ce 
ileriiier  reconnaîl  lui  avoir  élé  fourni  par  «  riionnête 
John  Slow.  )) 

Jl  laut  le  reconnaître,  llakluyt  ne  semble  pas  avoir 
toujours  suivi  servilement  les  textes  tlont  il  faisait 
usai;e.  Sans  accepter  toutes  les  critiques  que  Biddle 
lui  adresse  '  au    sujet  des  extraits   de  Gomara,  de 
Ramusio,  de  Richard  W'illes,  insérés  dans  les  Priiicipiill 
NiWiottlioiis,  et  dont  la  traduction  inexacte  doit  être 
en  partie  attribuée  à  Ivicliard  iïden,  il  en  est  une  que 
nous  pensons  pouvoir  retenir.  C'est  celle  qui  a  trait 
aux  trois  sauvai;es  du  Nouveau  AU)nde,  exliibés  par 
Sébastien  Cabot  à  Londres  en   1 302.  On  trouve  cette 
brève  mention  dans  llakluyt  et  dans  Slow,  éi;alement 
reconnue  par  ces  dcu\  écrivains  comme  ayant  été  em- 
pruntée à  l'abyan.  Pour  Slow,  cet  événement  est  de  la 
dix-huiliéme  année  du  rèi^ne  de  Henry  Vil  :  «  18  lieu. 
VIL  A.  D.  i^02\  ))  llakluyt  l'avait  aussi  fait  remonter 
à  cette    époque  dans   ses  Divers   vovdi^cs,  publiés   en 
1)^2:  aiii  Ihc  XV II  yccrc  ojhh  nw^m\  yi  Voulant  plus 
tard  laire  coïncider  l'exhibition  avec  le  voyai^e  accompli 
par  les  Cabot  en   1.198  (ou  plutôt  en  1497,  '^^^  O"  "C 
sait  rien  de  celui-là),  il  changea  dans  son  édition  de 
1 599-1600,  cette  date  de  1501  ou  1502,  en  celle  de 
la  quatorzième  année  dudit  règne  :  «  ///  ihc  fourlccnlh 


1.  Biikilo,  ]\[cnioir,  p.  13,  21.  34,  53. 

2.  Appciulicc  Xl\. 

3.  P.  23  delà  njiuipivs.sioii  C.iitc  p.ir  la  UakUiyt  Sodclw 


n 


'^H 


I  :■ 


■il!- 


iiil 


j2  JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

yere  ofhisrnignc,  »  qui  comprend  du  21  août  1498  au 
21  août  1499. 

Ne  voyons-nous  pas  aussi  que  lorsqu'en  1582 
Hakluyt  dit  simplement,  toujours  sur  l'autorité  de 
Fabyan  :  «  hy  mcancs  ofa  Venclicin,  »  dix-huit  ans  plus 
tard,  il  altère  son  texte  de  telle  sorte  que,  prétendant 
citer  encore  Fabyan,  il  imprime  ;«  Aj  mcancs  of  oue 
John  Cahot,  a  Vcnclian?  »  Hakluyt  était  donc  suscep- 
tible d'abréger  ou  de  modifier  la  chronique  originale 
dans  le  sens  indiqué. 

Mais  a-t-il  véritablement  pris  une  aussi  grande 
liberté  à  l'égard  de  Fabyan  ? 

Pour  tout  dire,  et  au  risque  d'être  fastidieux,  on 
peut  alléguer  des  présomptions  qui  vont  à  l'encontre 
de  ce  reproche.  Examinons  ces  présomptions. 

Les  mots  :  «  the  adncntnrc  of  ihc  vnhnoivcn  voyage... 
hy  ihc  encouragement  of  one  Schastian  Cahot  le...  three  grcat 
ships  zvel  fnrnished...  »  dans  le  premier  paragraphe  de 
Stow  concernant  l'expédition  de  1553,  ont  un  air  de 
famille  avec  les  premières  lignes  du  passage  de  Crow- 
ley  :  «  the  grcat  adueniure  ofthe  vnhwzucn  voiagc..  the  grcat 
encourager  of  this  voiagc...  thrce  nohJe  shypes  furnyshed.  » 
Stow  ne  pouvait  non  plus  ne  pas  remarquer  la  phrase 
suivante  :  «  Schastian  Galoto,  an  englishcman  home  at 
Bristoiu,  hut  a  Gcnoivays  sonne.  »  Il  se  pourrait  donc 
que  le  paragraphe  de  Crowley  ait  été  le  point  de 
départ  du  récit  de  Stow,  pour  l'expédition  de  sir 
Hugh  Willoughbv. 

Mais  on  peut  aussi  admettre  que  la  Chronique  de 


^' 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT  35 

Fabyan  contenait  le  passage  en  question  tel  que  le 
rapporte  Hakluyt  en  sa  première  édition  :  «  Tbisyeere 
ihe  hing  (by  mcctucs  of  a  Vcnciuui,  which  made  himseîfe 
very  expert  and  cuun'uig  in  hmulcdge  ofthe  ci-cuit  of  thc 
luorlde  and  ilandcs  of  the  same  as  hy  a  carde,  and  other 
dcinonsl  rat  ions  rcasonahk  bec  shciucd)  caused  to  man  and 
victmll  a  shippc.  » 

Stow,  cherchant  à  remédier  au  vague  de  l'expres- 
sion «  a  Fcnetian,  »  et  voyant  par  Humphrey  Gilbert 
(qu'il  cite  immédiatement  après)  que  la  découverte 
;■  était  attribuée  à  Sébastien  Cabot,  peut  alors  avoir 

^^  pns  sur  lui   d'interpoler  le  passage  de  Fabyan  et 

^  a)outé  les  mots  :  «  fils  de  Génois,   )>  empruntés  à 

I  pT  ^^'"  ^^  '""''"^^  ^''^"'  ""^  ''"'°"  ^"^  l'^^^trait  de 

v^  Fabyan,  dans  Stow,  est  conçu  en  ces  termes  : 

y  _    «  This  yeare  one  Sébastian  Gabato  a  genoas  sonne  borne 

,  m  Bristozu  professing  himseîfe  to  be  experte  in  hmvkdge 

^  of  thearcuite  ofthe  luorîde  and  Ilandes  of  the  same  as  by 

^  Ins  Lharts  and  other  reasonable  démonstrations  he  sheivcd 

,.  caused  the  hng  io  man  and  vicinal  a  shippc...  » 

>  Cette  hypothèse  est  d'autant  plus  admissible,  que 

dans  le  manuscrit  cottonien  '  qui  est  du  commence- 
ment du  xvie  siècle,  les  premières  lignes  rappellent 

I.  Ce  nis.,  d'une  écriture  des  premières  années  du  règne  de  Hcnrv  VTIT 

oui  Ion    r      ""'"'  ^'■"'"'  """'''  '"'"  «''  """"'«  /"■'■"""«  Hen.  8.   Nous 
-  publions  dans  notre  anncndirc  VT  ,    i.., ,  •  i^oub 

voyage  de  Jean  Cabot''  ''  '''''''  '^"  "  '''^''''  ^"  P-""" 


I 
I 


•1 


nr 


34 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


trop  l'extrait  de  Fabyan  tel  que  le  donne  Hakluyt 
dans  son  édition  de  1582,  pour  ne  pas  y  voir  le 
prototype  du  récit  attribué  au  digne  aldernian.  On 
y  remarque  cette  phrase  : 

«  This  year  the  k'uig  itt  thc  husy  reqiicsi  and  supplica- 
tions oj  a  slrangcr  Vcnctian,  zuhicb  hy  a  cari  made  himselj 
expert  in  knoiuing  of  thc  ivorld  causcd  the  Ung  to  man  a 
ship  luitb  victnah...  :> 

Les  mots  que  nous  avons  soulignés  dans  l'extrait 
du  manuscrit  cottonien  et  dans  celui  de  Robert 
Fabyan,  tel  que  le  rapportent  John  Stow  et  Richard 
Hakluyt,  obligent  le  critique  à  reconnaître  que  ces 
trois  extraits  se  ressemblent  trop  pour  ne  pas  pro- 
venir de  la  même  source. 

Si  l'autorité  de  Stow  se  trouve  amoindrie  par  ce 
parallèle,  il  ne  faut  cependant  pas  oublier  que  lui 
aussi  fut  le  contemporain  et  le  concitoyen  de  Sébas- 
tien Cabot;  que  personne  au  xvi'-" siècle  en  Angleterre 
n'a  recherché  et  consulté  les  sources  avec  autant  d'ar- 
deur et  de  jugement.  Si  Stow  s'est  livré  à  l'ouvrage 
de  marqueterie  que  cette  interpolation  implique,  on 
doit  présumer  que  ce  n'est  pas  seulement  parce  qu'il 
a  lu  dans  Crowley,  dans  Grafton  ou  dans  Holinshed, 
que  Sébastien  Cabot  était  fils  de  génois.  Le  patient 
et  consciencieux  antiquaire  peut  avoir  trouvé  la  con- 


1  «  Oj  thrce  sauagis  ichich  Cabot  hought  home  aitd  presmted  vnlo  thc  kitig  in 
Ihe  fourtcenth yere  of  bis  raigiie,  meiilionedby  tbe  foresaidc  Robert  Fubian.  »  Prin- 
cipall  Wavigations,  1600.  t.  111   p.  9. 


i 


iiJ 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT  35 

firmation  de  cette  assertion  dans  quelque  manuscrit 
aujourd'hui  égaré  ou  perdu.  Mais  ceci  n'est  qu'une 
hypothèse. 

En  résumé,  nous  croyons  avoir  démontré  que 
jusqu'au  jour  où  le  doge  Andréa  Vendramerio  dit 
à  Jean  Cabot,  selon  la  formule  consacrée  :  «  te  civcm 
nosirum  creamus,  »  ce  dernier  n'avait  été  qu'un 
forestière.  D'autre  part,  quatre  personnages,  contempo- 
rains soit  du  père,  soit  du  fils,  vivant  dans  le  même 
pays,  sinon  dans  la  même  ville  qu'eux,  en  position 
d'être  exactement  informés  et  puisant  leurs  rensei- 
gnements à  des  sources  différentes,  n'ont  vu  dans 
Sébastien  Cabot  qu'un  «  genoas  sonne,  »  et  dans  son 
père  :  k  uno  otro  genoves  como  Colon.  » 

Dans  l'état  actuel  de  la  question,  le  critique  ne  peut 
donc  plus  que  se  ranger  à  cette  dernière  opinion,  et 
déclarer,  à  son  tour,  que  Jean  Cabot  était  génois  de 
naissance  et  vénitien  seulement  par  adoption. 


h  I 


IV 


:( 

ni     'il 


I  des  Vénitiens  veulent  que  Jean  Cabot 
soit  né  à  Chioggia,  d'anciens  chroni- 
queurs anglais'  estiment  que  Sébastien, 
son  fils,  naquit  à  Bristol.  Cette  préten- 
tion demande  aussi  à  être  examinée. 

Jean  Cabot  avait  épousé  une  Vénitienne  qui  le  sui- 
vit en  Angleterre.  Au  23  août  1497,  elle  était  auprès 
de  lui,  avec  ses  enfants,  à  Bristol*. 

En  la  onzième  année  du  régne  de  Henry  VII,  le 
lecteur  se  le  rappelle,  Jean  et  trois  de  ses  fils  adres- 
sèrent une  supplique  à  ce  monarque  afin  d'obtenir 
des  lettres-patentes  pour  un  voyage  à  la  recherche 


I  !: 


1.  M  An  eiigUshemaii,  borne  in  Bristow,  »  Lanquet,  1559;  ^f^ftoii,  1569  ; 
Holinshed,  1577;  Stow,  1580;  Append.  XXXII  a,  b,  c  et  VI  b.  Nous 
croyons  que  CCS  chroniqueurs  ont  emprunté  leur  renseignement  à  la  traduc- 
tion des  Décades  d^i  Pedro  Martyr,  publiée  par  Richard  Eden,  à  Londres,  en 
1555,  et  qui  devait  d'autant  plus  leur  inspirer  confiance  que  E  len  tenait 
cette  assertion  de  Sébastien  Cabot  lui-même.  Voir  aussi  Nicholls,  The 
remarkable  life...  of  Sébastian  Cabot,  Lond.,  1869  ;  et  l'article  de  M.  D'Avczac 
sur  cette  publication.  Revue  critique,  22  avril  1870. 

2.  Rawdon  Brown,  Cukndur,  t.  I,  n''7)2;  BuUo,  l'cia  Tatria,  p.  61. 


■m 


M 


'i 


n 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT  37 

de  pays  inconnus'.  Elles  leur  furent  concédées  le 
5  mars  1496,  et  c'est  ainsi  que  nous  connaissons 
les  noms  des  fils  de  Jean  Cabot  :  «  Leiues,  Sehcstyan 
et  Sancio.  » 

Si  nous  suivons  l'ordre  dans  lequel  le  placet  et  les 
lettres-patentes  précités  les  désignent,  Sébastien  était 
le  second  des  fils.  Où  est-il  né? 

Richard  Eden  porte  en  marge  de  sa  traduction  des 
Décades  de  Pedro  Martyr,  publiée  en  1555,  du  vivant 
de  Sébastien,  et  à  Londres,  l'assertion  suivante  : 
«  Sébastien  Cabot  m'a  dit  qu'il  était  né  à  Bristol; 
qu'à  l'âge  de  quatre  ans,  il  fut  emmené  avec  son  pérc 
à  Venise,  et  qu'après  un  certain  nombre  d'années,  il 
revint  avec  lui  en  Angleterre,  d'où  on  a  pensé  qu'il 
était  vénitien  de  naissance".  » 

Nous  avons  relaté  qu'à  l'époque  où  Sébastien 
Cabot  était  pilote  major  de  Charles-Qiiint,  il  s'était 
abouché  avec  Gasparo  Contarini,  l'ambassadeur  de  la 
Seigneurie,  dans  le  but  de  trahir  le  monarque  dont  il 
n'avait  reçu  que  des  bienfaits.  Contarini  rendant 
compte  de  son  entrevue  avec  Cabot,  à  Valladolid,  le 
31  décembre  1522,  rapporte  textuellement  les  paroles 
de  ce  dernier  :  «  Il  me  dit  :  Seigneur  ambassadeur, 
pour  tout  vous  dire,  je  naquis  à  Venise,  mais  j'ai  été 
élevé  en  Angleterre  \  » 
Voici   donc  deux   déclarations  absolument   con- 


1.  Rymer,  Fœdera,  t.  V,  P.  iv,  p.  89;  Desimoni,  Intorno,  no  vi. 

2.  TheDecadesof  the  New  WorUe,  London,  1555,  in-4,  f.  255. 

3.  «  Ter  dirve  il  tutû  io  mquia   Venetia  via  sim  nutrito  in   lugeltena.  » 


38  jHAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

traircs,  émanant  de  Sébastien  Cabot  lui-même,  et 
rapportées  par  des  témoins  auriculaires,  désintéressés 
et  dignes  de  foi. 

Laquelle  de  ces  déclarations  est  la  vraie  ?  Celle  qui 
le  fait  naître  à  Venise. 

La  première  fois  que  nous  trouvons  Sébastien  Cabot 
mentionné  séparément,  c'est  dans  les  'Décades  de 
Pedro  Martyr  d'Anghiera,  publiées  à  Alcala  en  1516- 
Cet  écrivain  vivait  avec  lui  sur  un  pied  de  grande 
intimité  :  «  Familiarem  hcibeo  domî  Cabotttim  ipstim  et 
contuhenutkm  interdum\  »  Or,  il  déclare  que  Sébastien 
était  né  à  Venise,  mais  que  ses  parents  l'amenèrent 
en  Angleterre  quand  il  était  encore  enfant  :  «  génère 
Vcnctus,  sed  à  parentibns  in  Britanniam  insulam  tendenti- 
bus...  tmnsportalus  penè  hijam\  »  Ce  sont  presque  les 
paroles  rapportées  par  Contarini,  qui  dit  les  avoir 
entendues  tomber  des  lèvres  de  Sébastien.  D'autre 
part,  Pedro  Martyr  n'aurait  pu  les  emprunter  à  l'am- 
bassadeur vénitien,  car  elles  sont  consignées  dans  un 
ouvrage  qui  fut  imprimé  six  années  avant  l'arrivée 
de  Contarini  en  Espagne. 

Mais  comme  on  ne  peut  ajouter  foi  pleine  et  en- 
tière à  ce  que  dit  Sébastien  Cabot,  puisque  ici  nous 
avons  deux  déclarations  de  lui  qui  se  contredisent, 


if- 


[!^ 


R.  Brown,  t.  III,  n"  607;  înfra,  append.  XXIII.  Des  le  27  septembre  1522, 
les  Dix  écrivaient  déjà  à  Contarini  :  «  Vno  Sehastiam  Cabotto  che  dice  esser  di 
questa  ciltà  nostra,  »  Appendice  XXI. 

1.  'De  relus  Ominicis  et  Orhe  notio  décades  très;  décade  III,  lib.  VI,  f.  5  s 
dans  l'édition  de  BAle,  1533,  in-fo!. 

2.  Ibidem. 


H 


là 


JEAN  ET  SI-BASTIEN  CAHOT  59 

voyons  si  une  intcrprctalion  légale  de  documents 
précis,  positifs  et  authentiques  ne  permet  pas  d'ar- 
river à  une  conclusion  certaine. 

La  pétition  adressée  à  Henry  VII  en  1496,  est 
libellée  au  nom  de  Jean,  de  Ludovic,  de  Sébastien  et 
de  Sanche  Cabot;  et  Jean,  leur  père,  n'y  agit  pas  en 
qualité  de  tuteur  légal  de  ses  enflmts.  Ces  derniers, 
au  contraire,  figurent  dans  l'acte  en  leur  capacité  per- 
sonnelle. Les  lettres-patentes  octroyées  le  5  mars 
1496  reconnaissent  aussi  le  caractère  individuel  et 
distinct  des  quatre  donataires.  Le  privilège  ne  leur  est 
pas  accordé  conjointement  ;  et  aux  termes  du  dispo- 
sitif, il  appartient  à  Jean,  à  Ludovic,  à  Sébastien,  à 
Sanche,  à  leurs  héritiers  et  mandataires  :  «  dikctis 
nobis  Johanni  Cahotto  civi  Vcnctianim,  ac  Lodovico,  Schas- 
iiam  et  Sancio,  filiis  dicii  Johamiis,  et  eorum  ac  cujusiihct 
cortiin  hccredibus  et  députât is  '.  » 

En  dehors  du  caractère  de  majorité  et  de  capacité 
que  d'une  façon  générale  la  concession  de  ces  lettres- 
patentes  suppose  dans  les  quatre  concessionnaires, 
on  remarque  que  ce  document  spécifie  ou  implique 
des  privilèges  qu'en  droit  anglais,  il  fallait  être 
majeur  pour  exercer^  :  par  exemple,  contracter,  nom- 
mer des  mandataires,  administrer  des  immeubles, 
exercer  la  justice,  accorder  des  licences. 

On  ne  peut  non  plus  dire  que  Henri  VII,  de  par 


1 .  Infra,  appendices  III  et  IV. 

2.  Sir  William  Blakstone,  Commcntarics  oit  ihc  Laïcs  ûf  EiiglaiiJ,  Kcw- 
York,  185 1,  t.  I,  lib.  I,  chap.  xvii,  3,  p.  386. 


1, 

1 

'!  1 

l'iî       II 

!| 


40 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


SCS  pr(';rogatives,  pouvait  créer  en  faveur  de  mineurs 
des  capacités  contraires  à  la  «  CoinmoniMiu,  »  comme 
celles  que  nous  venons  d'indiquer.  Le  Parlement 
seul  possédait  cette  puissance,  et  tout  ce  qui,  dans 
des  lettres-patentes  émanant  de  l'autorité  royale, 
dérogeait  au  droit  commun,  était  nul  et  non  avenu*. 

Les  trois  fils  de  Jean  Cabot  avaient  donc  atteint 
leur  majorité  en  1496.  Mais  que  doit-on  comprendre 
par  ce  terme  ?  Il  faut  entendre  non  l'âge  de  vingt- 
cinq  ans,  comme  en  droit  romain  ou  français,  mais 
celui  de  vingt  et  un  ans  révolus,  selon  la  loi  an- 
glaise, copiée  à  cet  égard  sur  les  vieilles  constitu- 
tions saxonnes  :  ad  anniim  vigcsimiim  primum,  et  eo 
iisque  juvencs  sub  tiitclain  repomint  '.  »  Sébastien  Cabot 
était  donc  âgé,  au  5  mars  1496,  d'au  moins  vingt- 
deux  ans,  puisque  son  frère  Sanche,  plus  jeune  que 
lui,  était  alors  forcément  majeur  de  vingt  et  un  ans. 
Sébastien,  conséquemment,  est  né  avant  le  mois  de 
mars  1474. 

Or,  nous  avons  cité  l'acte  par  lequel  le  Sénat  con- 
fère la  nationalité  vénitienne  à  Jean  Cabot  en  con- 
séquence d'une  résidence  avérée  de  quinze  années 
consécutives  à  Venise  :  «  per  hahitatiomm  annorum  XV 
iuxta  consuetum\  »  Et  comme  ces  lettres  de  naturali- 
sation sont  datées  du  28  mars  1476,  Sébastien  Cabot 
était  à  cette  époque   non    seulement   déjà  de  ce 

:.  IUdim,\i\>.  II,  cap.  xxi,  t.  I,  p.  280-281. 

2.  J.  Stiemhôôk,  De  Jure  Siiecoritm  et  Gothorum  Uhri  duo,  Holmioe,  1672, 
in-4,  lib.  II,  cap.  2,  cité  par  Blackstone. 

3.  Supra,  p.  2  et  append.  I. 


Il  t 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


4i 


monde,  mais  âgù  de  deux  ans  au  moins;  et,  consé- 
qucmment,  il  est  né  à  Venise  ainsi  que  ses  frères. 

Cet  argument  ne  fait  d'ailleurs  que  confirmer 
l'opinion  exprimée  par  le  conseil  des  Dix  et  les 
ambassadeurs  de  la  république,  Gasparc  Contarini 
et  Andréa  Navagero,  qui  en  position,  ce  semble, 
d'être  exactement  informés,  le  disent  en  1522  et 
1524',  «  Fenetiano,  »  voire  même,  d'après  d'autres 
déclarations,  de  la  ville  de  Venise  :  ce  di  qiiesta  citta 
nostra,  » 


I.  Infra.  appendice  XXIII  gt  Bullo,  La  vera  patria  di  Nicoh  de'Conli  e  di 
Giovanni  Cabolo.  Sltidj  e  doctimenti,  Chioggia,  1880,  in-8,  p.  69. 


M 


I 


EDRO  Martyr  dit  que  Sébastien  Cabot 
fut  amené  en  Angleterre  alors  qu'il  était 
encore  enfant.  Comme  Sébastien  mou- 
rut après  1557,  et  qu'en  1496  il  était 
âgé,  comme  nous  venons  de  le  démontrer,  d'au 
moins  vingt-deux  ans,  si  nous  interprétons  les  mots 
«  peuc  injlws,  »  selon  leur  sens  littéral,  l'établisse- 
ment de  Jean  en  Angleterre  aurait  suivi  de  prés  sa 
naturalisation  vénitienne,  puisque  le  décret  du  Sénat 
la  lui  conférant  est  de  l'année  1476.  Cet  acte  aurait 
alors  été  dicté  par  le  désir  ou  la  nécessité  de  jouir 
d'une  protection  efficace  en  vue  d'un  établissement 
définitif  à  l'étranger. 

Une  phrase  de  l'anonyme  de  Ramusio  contredit 
cette  hypothèse. 

«  Quand  jadis  son  père  partit  de  Venise,  »  lui 
aurait  dit  Sébastien  Cabot,  «  pour  venir  se  fixer  en 
Angleterre,  afin  de  se  livrer  au  commerce,  il  amena 
Sébastien  à  Londres,  alors  que  ce  dernier  était  assez 


il  Jii 


JEAN  ET  SfiHASTIEN  CABOT 


4) 


jeune,  mais  non  sans  qu'on  lui  eût  déjà  enseigné  les 
humanités  et  la  sphère  :  «  che  gli  era  assai  giomne  non 
s^ia  perd  che  non  uticsse  impuritlo  et  ktterc  d'Immanità,  et 
la  sphera.  » 

Sébastien  avait  donc  alors  au  moins  une  quinzaine 
d'années;  et  comme  il  devait  être  Agé  au  minimum 
de  vingt-deux  ans  en  1496,  Jean  Cabot  n'a  pu  guère 
venir  s'établir  en  Angleterre  que  vers  l'année  1490. 

Tout  ce  que  nous  savons  de  sa  vie  antérieure  se 
résume  dans  l'acte  de  naturalisation  précité,  et  en  un 
passage  de  la  lettre  de  Raimondo  di  Soncino,  qui  foit 
dire  à  Jean  Cabot  a  que  se  trouvant  jadis  à  la  Mecque, 
il  avait  demandé  aux  caravanes  qui  apportaient  les 
épiceries  d'où  leur  venaient  ces  produits.  »  Cabot, 
comme  beaucoup  de  commerçants  vénitiens,  visita 
donc  les  échelles  du  Levant  où  Venise  avait  tant  de 
comptoirs;  mais  nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit  allé 
à  la  Mecque  ;  car  au  xv"-'  siècle,  comme  maintenant, 
les  chrétiens  ne  pouvaient  en  approcher  qu'à  une  dis- 
tance de  huit  à  dix  lieues.  La  phrase  cependant  peut 
ne  vouloir  fiiire  allusion  qu'à  un  voyage  en  Arabie. 

Si  c'est  à  Bristol  que  Jean  se  fixa  d'abord,  ce  choix 
pourrait  dénoter  dès  une  époque  aussi  reculée  des 
projets  de  voyages  transatlantiques.  Cette  ville  était  le 
centre  du  commerce  de  l'Angleterre  avec  l'Islande,  et 
le  port  de  départ  pour  la  plupart  des  expéditions  ten- 
tées par  les  Anglais  dans  la  direction  du  nord-ouest  '. 


1.  Finn  Magnusen,  Om  de Engehies  Handel paa  Islatid,  Copenhague,  183J, 
p.  147,  cité  par  Kohi,  Discovery  of  Maine,  p.  112. 


i* 


44  JKA\  HT  SÉBASTIEN'  CABOT 

Mais  Bristol  n'est  cité  comme  résidence  de  Jean  et  de 
sa  famille  qu'en  1497',  ^^  l'anonyme  de  Ramusio, 
dans  les  paroles  qu'il  prête  à  Sébastien  Cabot,  ne  dit 
pas  que  ce  fut  à  Bristol,  mais  bien  à  Londres  que  son 
père  vint  se  fixer  :  «  ticUa  cilià  di  Londra'.  » 

Quoi  qu'il  en  soit.  Cabot  n'est  pas,  comme  de  sa- 
vants critiques  étaient  disposés  à  le  croire,  le  magisier 
navis  scientificiis  totius  ^Âugluv  qui,  selon  William  de 
Worcestre",  partit  de  Bristol  à  la  recherche  de  l'île 
imaginaire  du  Brésil  et  probablement  aussi  de  celle 
des  Sept-Cités,  en  juillet  1480,  à  bord  d'un  navire 
équipé  aux  frais  de  John  Jay  le  jeune.  Ce  navire,  qui, 
battu  par  les  tempêtes,  revint  sans  avoir  atterri  après 
une  navigation  de  neuf  mois,  était  commandé  par  un 
nommé  Thomas  Llyde  ou  Lloyd. 

On  ne  sait  quelles  furent  les  occupations  de  Cabot 
de  1476  à  1496.  Pedro  de  Ayala,  dans  sa  dépêche  du 
28  juillet  1498,  dit  en  parlant  du  navigateur  génois 
qui  venait  de  découvrir  le  Labrador  (et  que  nous 


1.  Lettre  de  Pasqualigo  du  25  août  1497. 

2.  Ramusio,  loc,  cit. 

3.  «  Ï4&0  die  jiilUj  navis et  /i)/;[ann]ii  Jay  junioris  ponâcris  So  doliorum 

iticcpenitit  viagium  apiid  poitiim  BrisloUict  de  Kyiigrode  usque  ad  iiisiilam  de  Bra  ■ 
sylk  in  occidentali parte  Hibenii.e,  siilcaiido  maria  per...  et...  Thlydeest  magister 
scientificus  mariiiariiis  tocius  Aiigli.e,  et  noua  veiierunt  BristoUiiC  die  lune  iS  die 
septembris,  quod  dicta  navis  vehverunt  maria  per  circa  ij  [sic]  menses  nec  invene- 
rnnt'jnsulam'i?]  scdper  tempcstas  maris  revcrsi  sunt  usque  portum...  in  Hibernia 
pro  reposicione  navis  et  mariniorum.  >;  Itinerarium  IVilkhni  Botoncr,  dict.  de 

Worcestre,ms.  de  la  bibliothèque  du  collège  de  Corpus  Christi,  i\  Cambridge, 
n"  210,  p.  195;  obligeamment  revu  pour  nous  sur  le  texte  original  par 
MM.  Henry  Bradshaw  et  S.  S.  Lewis. 


JEA\  LT  SLBASTILX  CABOT 


45 


croyons  avoir  réussi  à  identifier  avec  Jean  Cabot), 
qu'il  avait  été  à  Séville  et  à  Lisbonne  pour  trouver 
des  gens  disposés  à  l'aider  dans  ses  projets  :  «  ha  cs- 
i.ïdo  en  Sevilla  y  en  Lisbona  procuramlo  baver  quien  Je 
ayudassc  a  esta  invencion.  »  Tout  ce  qu'on  peut  dire  de 
ces  tentatives,  c'est  qu'elles  furent  antérieures  au  21 
janvier  1496,  puisque  à  cette  date,  Ruy  Gonzalés  de 
Puebla  parle  déjà  des  propositions  que  l'imitateur  de 
Colomb  avait  faites  à  Henry  VII,  et  que  trois  mois 
après,  des  lettres-patentes  lui  étaient  accordées. 

On  peut  disserter  à  perte  de  vue  sur  l'emploi  que 
Cabot  fit  de  son  temps  pendant  ces  vingt  années, 
en  faire  un  novateur  guidé  par  les  idées  que  Tosca- 
nelli  communiquait  si  volontiers  dés  1474',  et  lui 
attribuer  le  mérite  d'avoir  conçu,  tenté  même,  la 
découverte  des  côtes  occidentales  du  Cathay  avant 
Christophe  Colomb.  Ce  ne  sont  jamais  que  des  hypo- 
thèses, et  aucun  indice  ne  permet  de  croire  que  les 
projets  de  Cabot  n'ont  pas  été  inspirés  par  la  nou- 
velle que  le  grand  navigateur  génois  venait  d'attein- 
dre par  mer  les  bords  du  Gange  ',  et  d'en  prendre 
possession  au  nom  des  Rois  Catholiques  ". 

On  ignore  également  quand  et  où  mourut  Jean 


1.  B.  A.  V,  ,yliltlilhvis,\t.  xvi-xviii. 

2.  «  -y;.-  iiisiilis  /mlifsiijvii  Ga,i>:ciii,  »  iiuitulcdclYpitrcdc  Colomb 
ç.int  la  découverte;  B.  A.  T.,  n'«  1-6.  * 

3.  Le  jeudi  II  octobre  i  (92.  Xavarrcte,  Cdeccionde  ;%v^,t.J,  p.  21, 


annoii- 


I  " 

I 


46  JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

Cabot.  Le  seul  écrivain  qui  parle  de  sa  mort  est 
l'anonyme  de  Ramusio,  en  tête  du  discours  qu'il  prête 
à  Sébastien',  et  dans  des  termes  assez  singuliers  : 
«  Mon  père  décéda  à  l'époque  où  parvint  la  nouvelle 
que  le  seigneur  don  Christoforo  Colombo,  génois, 
avait  découvert  les  côtes  de  l'Inde...  On  en  parlait 
beaucoup  à  la  cour  du  roi  Henry  VIT...  Il  s'éveilla 
alors  en  moi  un  vif  désir  d'accomplir  de  grandes 
choses;  et  sachant  d'après  la  sphère  que,  en  navi- 
guant par  le  vent  du  nord-ouest,  on  rencontrerait  un 
meilleur  chemin  pour  trouver  l'Inde,  je  fis  part  de 
mon  projet  au  roi,  qui  en  fut  enchanté,  et  fit  armer 
pour  moi  deux  caravelles  avec  tout  ce  qu'il  fallait. 
C'était  en  l'an  mil  quatre  cent  quatre-vingt  seize,  au 
commencement  de  l'année.  » 

Autant  de  lignes,  autant  d'erreurs  ou  d'inventions. 
Il  est  impossible  que  Jean  Cabot  ait  cessé  de  vivre  à 
l'époque  où  arriva  la  nouvelle  que  Colomb  avait 
découvert  les  côtes  de  l'Inde,  puisque  Puebla  fait 
allusion  à  cet  événement  dans  sa  dépêche  de  Londres 
du  21  janvier  1496',  et  qu'en  février  1498,  Henry  VII 
accorda  des  lettres-patentes  à  Jean  Cabot  personnelle- 
ment. Il  n'est  pas  non  plus  probable  que  Sébastien  ait 
proposé  l'entreprise  au  roi.  Raimondo  di  Soncino  et 


•M 


1.  Raccolta,  1550,  f.  414,  iiifra.  appcnd.  XVII. 

2.  C'est  la  première  fois  qu'il  en  est  fait  mention  dans  un  document 
rédige  en  Angleterre  ;  mais  les  huit  éditions  de  VEpistola  de  Colomb, publiées 
en  1493,  tant  à  Rome  qu'en  France  et  en  Belgique,  ont  dû  porter  ce  fait  à 
1.1  counaissafice  du  public  anglais,  bien  avant  1496, 


M. 


w 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT  47 

Lorcnzo  Pasqualigo  ne  connaissent  que  Jean,  à  qui 
ils  attribuent  individuellement  non  seulement  l'idée 
mais  l'exécutioi)  professionnelle  de  l'entreprise. 

Richard  Biddle  demande  si,  parce  que  les  lettres- 
patentes  établissant  la  compagnie  de  Moscovie  sont 
aux  noms  du  marquis  de  Winchester  et  du  comte 
d'Arundel,  il  s'ensuit  qu'ils  dirigèrent  les  voyages  de 
1556.  Et  de  sa  réponse  négative,  il  conclut  que  Jean 
Cabot,  concessionnaire  des  autorisations  de  1496  et 
1498,  n'accompagna  pas  non  plus  les  expéditions 
autorisées  par  les  privilèges  que  Henry  VII  lui  avait 
concédés  à  ces  dates.  Mais  on  doit  remarquer  que 
Philippe  et  Mary  se  contentent  d'accorder  le  droit 
aux  gentilshommes  donataires  de  naviguer,  sans 
faire  allusion  à  des  découvertes  antérieures  '.  Dans  le 
cas  de  Jean,  au  contraire,  Henry  VII  autorise,  en 
propres  termes,  «  son  amé  John  Kabotto  à  conduire 
ses  navires  à  la  terre  et  aux  îles  découvertes  récemment 
par  ledit  John.  »  Cette  dernière  phrase  confirme  la 
part  active  et  prépondérante  que  prit  le  père  de 
Sébastien,  au  moins  dans  l'entreprise  de  1496,  et 
qu'attestent  aussi  les  documents  contemporains. 

Le  manuscrit  cottonien*  ne  cite  pas  le  nom  du 
navigateur  qui  «  hy  a  cart  viade  himself  expert  in 
knoiuing  ofthe  zuorld...  andwas  theconditor  ofthe  fleet.  » 
Pueblaet  Ayala  ne  le  nomment  pas  non  plus;  mais 
Lorenzo  Pasqualigo  dit  explicitement  :  «  l'è  vcnuto  sic 


1.  Biddle,  Memoir  of  Sébastian  Cabot,  p.  2ii-aia, 

2.  Iiifra,  appendice  VI  a. 


48 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


nostro  Venetumo  che  ando...  e  dice  baver  travaio...  eî  quai 
se  chiama  Zuam  Calbot.  »  Raimondo  di  Soncino  le 
nomme  aussi  «  Zoanne  Cabota,  »  et  il  le  qualifie  de 
«  disîinto  marinajo,  che  aveva  molta  capacità  uelïc  scoperte 
di  nuove  isole,  »  et,  dans  une  autre  dépêche,  de  «  gentiîe 
iîigenio,  periiissimo  de  la  mvigaiioue.  »  Jamais  il  n'est 
question  de  Sébastien,  qui  était  alors  un  jeune  homme. 
C'est  quand  ce  dernier  est  supposé  prendre  lui- 
même  la  parole,  dix-huit  ans,  quarante  ans  après  les 
événements,  que  le  mérite  de  ces  expéditions  mémo- 
rables se  concentre  en  sa  personne,  et  que  le  nom 
de  Jean  disparaît,  comme  si  ce  hardi  navigateur 
n'avait  été  qu'une  sorte  d'armateur  ou  de  négociant. 
Rendons  cependant  à  Sébastien  la  justice  de  rappeler 
que,  à  deux  reprises  dans  les  légendes  espagnoles  de 
la  carte  de  1544,  il  partage  spontanément  avec  son 
père  la  gloire  de  la  découverte  :  «  descubicrta  par 
Juan  Caboto  y  Sébastian  Caboto  su  hijo  '.  » 

I.  Légendes  8  et  17;  ittjia,  appendice  VII. 


,:l 


JIL. 


fl? 


VI 


I  l'on  ajoute  foi  aux  récits  de  Pedro 
Martyr  d'An-hiera,  de  l'anonviue  de 
Ramusio,  de  Goniara  et  de  Antonio 
Galvao,  la  première  expédition  de  Cabot 
et  de  ses  fils  aurait  été  composée  de  deux  navires 
montes  par  trois  cents  hommes  d'équipa-e 

Les  contemporains  de  ce  premier  voyaiTe  ne  sont 
pas  aussi  positifs. 

Loren.o  Pasqualigo  ne  parle  que  d'un  seul  navire  • 

«  nudo  cm  uno  mwiglio;  »  Raimondo  di  Soncino  dit 

même  que   e  navire  était  petit  et  qu'il  portait   seu- 

ement  dix-huit  personnes  .  ce  ann  uno  piccoh  naviglio 

L  xyill  pcrsone  se  pose  a  ht  Jortuint.  » 

Les  lettres-patentes  de  1496,  autorisaient  l'équipe- 
ment et  l'expédition  de  cinq  navires,  aux  frl  1  s 
concessionnaires  :  ce  Quùnjue  navil,ns  sive  navi^iis  .  suis 
^t  connu  proprus  suu,ptihus  et  expensis.  »Le  n^muscrit 
cottomen  dit  que  l'expédition  était  composée  d'un 
navire  accompagné  de  trois  ou  quatre  autres  :  ce  IH 


n 


S'i 


JHAX  HT  SEIUSTIl-N  CABOT 


luhiih  ship  bv  thc  Kyiii^cs  irntcc  so  Rvi^'i^'cd  luciil  j  or 
4  inoo  ozulc  of  Bnsioivc\  »  C'est  ce  que  répète  la  Chro- 
nique de  l'abyan,  qu'on  la  prenne  dans  Stow  ou  dans 
Hakluyt  :  «iiinliii  Ihc  coiiipaiiic  of  thc  sdidc  sbippc  scivlcd 
(iho  oui  of  Briskm'c,  ihrcc  or  fourc  siiiiiJI  sbips.  » 

En  comparant  ces  extraits,  on  arrive,  croyons-nous, 
à  préciser  les  détails  de  l'entreprise  : 

Non  satisfait  d'avoir  obtenu  l'autorisation  de  tenter 
la  découverte  sous  le  pavillon  ani^lais,  Jean  Cabot 
aurait  aussi  décidé  Henry  Vil  à  taire  équiper  aux 
frais  du  roi  un  petit  navire,  avec  dix-huit  hommes 
d'équipage.  Les  gens  de  Bristol,  profitant  de  la  clause 
des  lettres-patentes  autorisant  l'emploi  de  cinq  navires, 
en  affrétèrent  trois  ou  quatre  autres  de  faible  ton- 
nage :  «  ibrcc  or  foure  siiicill  sbips,  «  sur  lesquels  ils  em- 
barquèrent du  gros  drap,  des  bonnets  de  laine,  voire 
des  dentelles  :  «  htccs,  points,  »  et  d'autres  bagatelles. 
Ces  quatre  ou  cinq  petits  navn-es,  qui  ensemble  ne 
pouvaient  guère  être  montés  par  plus  d'une  centaine 
d'hommes,  presque  tous  Anglais  de  Bristol',  consti- 
tuèrent l'escadrille  que  commanda  Jean  Cabot. 

11  était  très  probablement  à  bord  du  navire  équipé 
par  la  munificence  du  roi. 

L'expédition  mit  à  la  voile,  de  Bristol,  au  com- 
mencement de  mai  :  «  ///  fbc  bcgiiiiiiiig  ojMay  »  1497  ' 


f^' 

ê. 


1.  iiifm.  Appendice  VI  a. 

2.  «  Qiiitii  liitli  iiigksi,  c  d.i  Urislo.  »  R.iiinoiidi  di  Soncino,  Appcnd.  X. 


'^ 


I 


'■sa 


JEAN  CT  SEBAS'IIEN  CAI50T  ji 

elle  atterrit  le  24  juin  suivant,  et  comme  la  naviga- 
tion dura  trois  mois  :  «  mcxi  tir,  »  les  navires  revin- 
rent à  Bristol  à  la  fin  de  juillet.  Moins  de  deux  semai- 
nes après,  le  10  août  1497,  Henry  VII  accordait  à 
l'heureux  navigateur  une  gratification  de  dix  livres 
sterling,  pour  s'amuser  :  i(  fu^ii  boini  lient,  »  ditLorenzo 
Pasqualigo'. 

Selon  un  vieux  manuscrit  de  Bristol,  cité  par  Wil- 
liam Barrett,  dans  son  Histoire  de  Bristol^,  mais  qu'on 
n'a  pu  retrouver,  le  navire  qui,  le  premier,  aborda  au 
continent,  s'appelait  The  Mutthm's.  C'est  probable- 
ment celui  que  montaient  Jean  et  Sébastien  Cabot. 


1.  Appendice  VIII. 

I  'fbBns'ol  «,,„,  m  a  Mp  callcd  the  Ma.thcw.  „  History  „ud  Autiquitics 
ojthc  Uty  ofBnsIol,  con.pikd  from  orisinal  Records  a„d  autlmlic  MuuusmNs. 
Bristol,  1789,  111-4,  P-  172. 


VII 


|()us  assignons  au  premier  voyage  des 
Cabot,  la  date  de  1497.  De  savants  cri- 
tiques ont  cherclié  à  la  reculer  jusqu'à 
l'année  1494.  Ils  s'appuient  principale- 
ment sur  deux  documents  cartographiques  :  l'un,  la 
carte  célèbre  de  Juan  de  la  Cosa,  l'autre,  la  mappe- 
monde non  moins  fiuneuse  de  Sébastien  Cabot.  Dans 
la  carte  de  Juan  de  la  Cosa  ',  sur  une  étendue  qui, 
selon  nos  mappemondes  modernes,  correspondrait  à 
l'espace  compris  entre  les  30*=  et  70^  degrés  de 
latitude  nord,  on  distingue,  échelonnés  sur  le  lit- 
toral, une  série  de  pavillons  britanniques,  et,  portée 
par  les  ondes  baignant  cette  côte,  la  légende  :  «  nicir 
dcscuhkria  par  luglcscs  »  '. 

Cette  carte  a  été  dressée  au  Puerto  de  Santa  Maria, 
en  l'année  150  :  «  ]mui  de  k  Cosa  h  fi^p  m  cl  piicrlo 
de  S  :  nir  •'  en  lïïio  de  1 500.  » 

I.  Conservée  au  MusécNaval  Je  Madrid,  publiée  un  fac-similc  parjomard, 
Moiiiiniciils  de  la  Gco'^raphic,  \v>  XVI,  trois  feuilles  doubles. 


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JRA\  l-.T  S}:RASTIEN  C  \ROT  5) 

Ce   célèbre    marin    s'embarqua    avec    Alonso    Je 
IlojeJa  le  i8  ou  le  20  mai  1499,  revint  en  j-spagne 
au  mois  de  février,  voire  seulement  en  juin  1500',  et 
repartit  avec  Rodrigo  de  Bastidas  vers  octobre  1501, 
pour  ne  revenir  en  Andalousie  qu'au  mois  de  sep- 
tembre 1502*.  Tout  ce  que  ce  document  comporte, 
se  résume  donc  en  une  délinéation  plus  ou  moins 
vague  des  découvertes   accomplies    par  les  Anglais 
avant  la  fin  de  l'année  1500.  Mais  antérieurement  à 
cette   date,   on    constate    deux    voyages,  au   moins, 
accomplis  sous  le  pavillon  de  la  Grande-Bretagne  : 
celui  de  1497  ^^  ""  autre  de  1498,  et  rien  n'indique 
que  de  la  Cosa  ait  voulu  assigner  aux   découvertes 


I .  «Ah  hahia  île  Ciidiz  à  mcdiados  de  Juiiio  de  ison.  »  Navarrctc,  Cokceioii 
de  los  l'ùiges,  t.  III,  p.  lo;  Opiisnilos,  t.  I,  p.  122.  Mais  si  l'on  s'en  rapporte 
à  iM.  Enrique  de  Leguina  (Juan  de  hi  Cosa,  Madrid,  1877,  in-8,  p.  70'  qui 
paraît  s'appuyer  sur  les  Alunites  y  papeles  de  la  Cosa  de  Cciitratacioii,  MSS.  des 
Archives  des  Indes,  de  la  Cosa  serait  revenu  asxc  Hojeda  «  ù  laPeiiiiisiih... 
en  Fehrero  de  ijno.  » 

2.  L'assertion  que  la  Cosa  (ut  le  pilote  de  Bastidas  lors  de  la  première 
expédition  de  ce  dernier,  repose  sur  le  dire  de  las  Casas  :  a  concertôse  con 
aiffiinos,  y  en  especial  con  Juan  de  la  Cosa  »  [Hisloria,  lib.  11,  cap.  11,  t.  III, 
p.  10).  Le  verbe  coumiar  veut  aussi  dire  «  conférer  avec,  »  ce  qui  n'aurait  rien 
de  surprenant,  puisque  Rodrigo  de  Bastidas  n'avait  été  jusqu'alors  que  no- 
taire :  «  cscrihnio  de  Sn'illa  en  el  arrahal  de  Trianu  »  (Nav.,  t.  III,  p.  25).  En 
tout  cas,  si  la  Cosa  l'accompagna  ù  cette  époque,  il  partit  de  Cadix  en  octo- 
bre  1 500  :  ..  lardô  en  salir  hasta  el siguiente  Ocluhre  »  (Nav.,  loc.  cit.)  et  revint 
en  Espagne  au  mois  de  septembre  1502  :  «  en  el  dicho  aùo  (1502)  en  el  mes 
de  Setiemhe  viuo  à  Cudiz,  Baslida,..  hahia  veinle  y  Ires  meses  que  hahia  partido 
de  acà  »  (Bernaldez,  Hisloria  de  los  Reyes  Catclicos,  cap.  cxcvi,  Seviila, 
1870,  in-8,  t.  II ,  p.  253^.  L'assertion  de  Herrera  (Decad.  I,  lib.  iv,  cap.  xi,' 
p.  116;  qui  place  le  départ  de  Bastidas  au  commencement  de  janvier  1501 
est  donc  ine.xacte. 


54 


Il-AN  HT  SlïnASTIF.N  CABOT 


il 


1"    n 


qu'il  reconnaît  avoir  ctc  faites  par  les  Anglais,  une  date 
antérieure  à  1497,  ni  que  ses  contours  cartographi- 
ques résument  seulement  les  résultats  alors  connus 
de  leur  première  expédition. 

La  carte  attribuée  à  Cabot  ne  porte  ni  date  ni  lieu 
d'impression;  mais  une  légende  expose  qu'elle  fut 
dressée  «  en  1544  par  Sébastien  Cabot,  capitaine  et 
pilote  major  de  Charles-Qiiint'.  » 

Nous  avons  l'original  de  cette  rare  et  curieuse  map- 
pemonde sous  les  yeux. 

Sur  l'extrémité  extérieure  d'une  péninsule,  qui 
paraît  correspondre  à  47°)'  de  latitude  nord,  c'est-à- 
dire  la  partie  la  plus  septentrionale  de  l'île  du  cap 
Breton,  à  l'entrée  du  golfe  Saint-Laurent,  on  lit  : 
«  priiiiii  licrrd  iiisUi  »,  et,  plus  à  l'ouest,  à  l'intérieur  de 
ladite  péninsule,  le  cartographe  a  répété  «prinuiuisUi.-» 
Ce  ne  serait  pas  encore  précisément  la  terre  ferme, 
puisque  cette  iicrni  est  séparée  du  continent  par  le 
détroit  de  Canso;  mais  on  comprend  que  pour  les 
Cabot  cette  terre  ait  paru  être  le  continent. 

A  l'ouest  de  ladite  péninsule,  sur  une  vaste  étendue 
répondant  au  Canada,  en  plein  continent,  on  relève 
ces  mots  :  «  De  Ici  licmt  de  Jos  hacalla  =  os  ne  a  luhla 
primera  N°  3 .  » 

La  mappemonde  se  termine  à  droite  et  à  gauche 
par  deux  séries  de  légendes  numérotées  de  i  à  17, 
puis  de  18  à  22,    imprimées  en  caractères  romains 


\ 


1.  Infra,  notre  cartographie. 


'I 


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i':       M 
f  :     Ij      : 

M  ■■ 


Ji;.\\  F.r  SllRASTIEN  CABOT  -,5 

sur  lies  bandes  lon^itiulinales,  et  intitulées,  l'une,  à 
gauche,  «  TaNii  ivimcni,  »  l'autre,  -<  Ttilihi  sccoiiihi.'> 

Lorsque  le  lecteur  se  reporte  au  N"  3,  il  ne  trouve 
aucune  allusion  au  Nouveau-Monde,  f.a  légende  N''  8 
au  contraire,  s'y  rattache,  et  en  des  ternies  qui  sont 
la  base  même  de  la  controverse  sur  la  date  exacte  des 
premières  découvertes  des  Cabot.  On  y  lit  en  espa- 
gnol et  en  latin,  la  déclaration  suivante  : 

«  Cette  terre  lut  découverte  par  loan  Caboto, 
Vénitien,  et  Sébastien  Caboto,  son  fils,  l'année 
de  la  naissance  de  notre  Sauveur  Jésus-Christ, 
M.CCCC.XClIIi,  le  vingt-quatre  juin,  au  matin;  ils 
lui  donnèrent  le  nom  de  prima  licrni  iiishi,  et  à  une 
grande  île  qui  est  proche  de  ladite  terre,  fut  donné 
celui  de  Sdiit  loitii,  pour  avoir  été  découverte  le  jour 
de  la  fête  de  saint  Jean.  » 

Comme  la  phrase  qui  contient  la  date  ne  vise 
que  la  «  première  terre  vue,  »  c'est-à-dire  la 
péninsule  du  cap  Breton,  et  l'île  de  Saint-Jean  (ile 
du  Prince -Edward?),  la  date  de  1494,  en  admettant 
que  ce  ne  soit  pas  un  htpsiis  cahwù,  ne  se  rapporte  qu'à 
ces  deux  localités.  Le  renvoi  indiqué  sur  la  Ticrnt 
de  Jos  BiicitJJaos,  porterait  alors  exclusivement  sur  la 
description  qui  termine  la  légende.  La  conséquence 
de  cette  interprétation  peut  être  que  la  découverte  du 
pays  des  morues  aurait  été  le  résultat  d'une  explo- 
ration postérieure. 

Reste  la  date  de  M.CCCC.XClIIi.  Pour  arriver  à  en 
établir  l'authenticité  ou  l'exactitude,  il  serait  utile,  ce 


î6 


ir.AV  i:T  si;n.\STinN  cahot 


i 


scniMc,  de  remonter  aux  origines  de  la  carte  même; 
car  les  clescriplioiis  de  cette  mappemoiuie  faites  au 
XVI''  siècle  ',  toutes  brèves  qu'elles  soient,  accusent  des 
dilïèrences  provenant  d'éditions  diverses. 

Le  critique  est  alors  fondé  à  se  demander  si  ce 
document,  aujourd'hui  unique,  n'a  pas  subi  au 
cours  des  années,  le  sort  conunun  aux  productions 
de  ce  ^enre,  et  si  l'exemplaire  de  la  Bibliothèque 
Nationale  donne  une  représentation  du  type  original, 
tel  en  toutes  ses  parties  que  Sébastien  Cabot  l'avait 
lui-même  tracé.  Mais  ce  serait  nous  éloigner  de 
notre  sujet.  Prenons  donc  la  carte  comme  elle  est, 
avec  sa  date,  ses  noms  et  ses  légendes,  quitte  ;i  re- 
venir dans  un  chapitre  subséquent  sur  le  caractère 
ir  'isèque  de  ce  document  et  sur  les  difficultés 
qu'il  soulève. 

tli  Nous  hésitons  à  accepter  cette  date  du  24  juin 
1494,  produite  pour  la  première  fois  un  demi-siècle 
après  les  événements,  et  qui  pourrait  n'être  qu'un  hipsiis 
du  graveur  :  MCCCC.XCIIII  pour  MCCCC.XCVII  : 
erreur  d'autant  plus  facile  à  commettre,  que  les  deux 
premiers  I  rapprochés  à  la  base,  forment  un  V'. 

On  ne  saurait  non  plus  admettre  le  millésime  de 
1494  sans  interpréter  les  documents  contemporains 


j.  Ihidcm. 

2.  La  traduction  l.itinc  dit  bien  :  «  Aiimi  ah  orbe  rcthnif^lo  1.(04  "  i-'"  cliifTtcs 
romains;  mais  cette  version  a  été  faite  postérieurement  .\  la  rédaction  de  la 
légende  espagnole,  dans  les  Pays-Bas  ou  en  Allemagne,  sans  que  Cabot  pût 
corriger  le  lapsus . 


JFAN  V:V  SIUUSTÎF.N  C\nOT  57 

lie  la  découverte  dans  un  sens  i|u'ils  ne  comportent 
pas.  Cette  raist)n  est  si  ^rave  ijue  nous  croyons  devoir 
nous  y  arrêter. 

I.e  21  janvier  1496,  Ruy  Gonzalès  de  Puebla  mande 
de  I.ondres  à  ses  souverains,  qu'il  est  venu  «  un  indi- 
vidu comme  Colomb  proposer  au  roi  dWn.i^leterre 
une  entreprise  semblable  à  celle  des  Indes  '.  » 

Le  28  mars  suivant,  i"erdinand  et  Isabelle  lui 
répondent  d'informer  Henry  Vil,  qu'il  est  libre  d'ac- 
cepter ce  projet,  mais  de  prendre  i^arde,  car  une  entre- 
prise de  cette  nature  ne  peut  être  mise  à  exécution 
sans  porter  préjudice  à  ri:spai;ne  et  au  PortUL^al. 

Le  lani,Mi;e  de  la  dépêche  indique  que  ce  projet 
était  alors  une  nouveauté  à  la  cour  d'Angleterre.  Si 
Cabot  avait  déjà  lait  un  voyage,  comme  Colomb,  à  lu 
recherche  du  Cathay,  et  avait  découvert  depuis  deux 
ans  des  pays  qu'on  croyait  être  le  royaume  du  Grand 
Khan',  ou  y  conduire,  l'ambassadeur  n'aurait  pas 
attaché  d'importance  a  des  projets  désormais  sans 
portée,  et  les  Rois  Catholiques  se  seraient  abstenus 
d'en  faire  l'objet  d'une  communication  diplomatique 
aussi  significative. 

Avant  que  ces  remontrances  amicales,  mais  inté- 
ressées, pussent  arriver  en  Angleterre,  Henry  VII 
s'était  décidé  à  accepter  les  offres  de  Cabot.  Le  5  mars 
1496,  il  lui  octroya,  ainsi  qu'à  ses  trois  fils,  des  lettres- 
patentes,  à  l'effet  de  naviguer  «  à  l'est,  à  l'ouest  et  au 


1.  Supra,  p.  i  }. 

2.  u  Che  d  pat:\y  dd  flniiii  (\im   •,  écrit  Pasqualigo  en  1498. 


5*^ 


JFAX  HT  SHI'.ASTII-.N  C.M\OT 


nord,  avec  cinq  navires  portant  pavillon  anglais,  pour 
chercher  et  découvrir  toutes  îles,  contrées,  régions  ou 
provinces  de  païens  dans  n'importe  quelle  partie  du 
monde.  » 

Rien  dans  le  libellé  de  cet  acte  ne  permet  de  sup- 
poser des  découvertes  que  le  donataire  aurait  accom- 
plies antérieurement.  Si  Cabot  avait  trouvé  en  1494 
l'île  et  les  terres  décrites  dans  la  carte  de  1 544,  même 
au  cours  d'un  voyage  dû  à  l'initiative  privée  des 
gens  de  Bristol,  cette  nouvelle  expédition  aurait  été 
la  conséquence  de  la  première  découverte,  et  les 
nouvelles  terres  exigeant  tout  au  moins  la  suzerai- 
neté d'un  monarque  chrétien,  le  texte  des  lettres- 
patentes  du  5  mars  1496,  les  aurait  certainement 
rappelées  et  revendiquées.  On  y  lirait,  comme  dans 
les  lettres  de  chancellerie  expédiées  à  Jean  Cabot,  de 
Westminster  le  3  février  1498,  pour  le  même  objet  : 
«  Nous  autorisons  notre  amé  John  Kabotto  à  conduire 
lesdits  navires  à  la  terre  et  aux  îles  par  lui  récem- 
ment trouvées  :  —  //;t'  Lomlc  ami  Ilcsoflate  fournie  hy  ihc 
seul  John.  »  Nous  n'y  verrions  pas  seulement  cette 
phrase  vague  et  banale  :  «  ///  quacumque  Parie  Munili 
positas,  quw  christianis  omnibus  anie  kcc  tempora  fueruni 
incognilcc.  » 

Le  premier  document  qu'on  puisse  interpréter 
comme  se  rapportant  à  Cabot,  est  la  lettre  précitée  de 
Puebla,  du  21  janvier  1496,  laquelle  n'indique  qu'un 
simple  projet  :  «  uno  como  Colon  para  poner  al  Rey  de 
ynglalerra  en  otro   negocio  como  el  de  las  yndias.  » 


JRA\  FF  SÉBASTIEN  CABOT  59 

Le  registre  des  largesses  royales,  par  la  mention 
du  10  août  1497  •  <^  Tobyiii  thcit  foiimU'  thc  nau  isic,  L. 
10,  »  prouve  qu'entre  ces  deux  dates,  le  projet  fut 
réalisé,  et  la  lettre  de  Pasqualigo  du  23  août  1497,  en 
rappelant  que  le  roi  a  donné  de  l'argent  à  l'heureux 
navigateur  :  (■<.fa::j  hoini  :iiem,  »  confirme  le  témoignage 
de  l'intendance,  et  nous  révèle  le  nom  du  décou- 
vreur :  «  elqiinJ  se  cbiania  Ztutm  Calhot  \  » 

Enfin,  la  dépêche  de  Raimondo  di  Soncino  fixe  la 
date  du  voyage  au  printemps  de  l'année  1497,  puis- 
que dans  ce  document,  qui  est  du  24  août  1497,  il  est 
dit  que  le  roi  envoya  le  Vénitien  en  son  voyage  de 
découvertes,  «  il  y  a  quelques  mois.  » 

Nous  ne  voyons  guère  que  la  dépêche  adressée 
par  Pedro  de  Ayala  aux  Rois  Catholiques  le  25  juillet 
1498,  qui  autorise  la  croyance  en  des  voyages  trans- 
atlantiques entrepris  (mais  non  couronnés  de  succès) 
avant  1497. 

«  Les  gens  de  Bristol,  écrit  cet  ambassadeur,  ont 
depuis  sept  années  envoyé  tous  les  ans  deux,  trois  ou 
quatre  caravelles,  à  la  recherche  de  l'île  de  Brasil  et 
des  Sept-Cités,  selon  les  notions  de  ce  Génois.  » 

A  notre  avis,  cette  dépêche  ne  comporte  qu'une 
allusion  à  des  tentatives  annuellement  renouvelées, 
du  genre  de  celle  que  fit  Thomas  Llyde  ou  Lloyd, 
en  1480'.  Il  est  possible  que  Jean  Cabot  ait  pris  part 


1.  Ce  nom,  Opelé  Talbot  ou  Calbot  (R.  Browii,  RasgtuiU,^.  toc)     ml  testa 
siiniitiano  apparisce  poster iormente  rijulto  ».  (Dcsimoni  et  Pasini.) 

2.  Supra,  p.  44,  note  3. 


6o 


JHAN  ET  SIÎBASTIF.X  CABOT 


à  des  expéditions  maritimes  entre  les  années  / 490, 
date  présumée"  de  son  arrivée  en  Angleterre, et  janvier 
1496,  quand  ses  premières  lettres- patentes  lui  furent 
octroyées,  mais  il  est  incontestable  que  le  voyage  dont 
Ayala  relate  les  heureux  résultats,  n'est  antérieur  que 
d'une  année  à  ses  lettres  de  juillet  1498,  et  ne  peut 
en  aucune  façon  être  reculé  jusqu'en  1494.  Lorsqu'on 
voit  cet  habile  diplomate  répéter,  par  exemple,  le  23 
juillet  1498,  que  «  le  roi  a  fait  préparer  des  navires 
pour  découvrir  certaines  îles  et  une  terre-ferme  qu'on 
lui  a  assuré  avoir  été  trouvées  par  des  gens  de 
Bristol,  qui  dans  ce  but  avaient  équipé  une  expédition 
l'année  précédente,  »  le  critique  est  forcé  d'admettre  que 
les  tentatives  relatées  par  Pedro  de  Ayala  n'aboutirent 
qu'en  1497. 


I.  Supra,  y>.  4  j , 


VIII 


|uA\T  aux   découvertes   accomplies   par 
Jean    Cabot    et    son    fils   pendant  les 
années   1497  ^^  H9^,  l^^s  documents 
ne  permettent  pas  d'en  préciser  le  ca- 
ractère, l'étendue  et  les  résultats. 

Voici  les  seules  données  qu'on  puisse  emprunter 
aux  contemporains.  Selon  Pasqualigo,  «  Zuan  Calbot 
aurait  dit  qu'à  sept  cents  lieues  d'ici,  il  a  découvert  la 
terre,  le  territoire  du  Grand  Khan.  Calbot  a  rangé 
300  lieues  de  côtes  et  débarqué...  Ce  vovage  a  du'îé 
trois  mois,  et,  en  revenant,  il  a  vu  deux  îles  à  tribord, 
mais  sans  descendre  à  terre  '.  » 

Raimondo  di  Soncino  relate  que  «  Zoanne  Caboto 
a  découvert  deux  îles  fertiles,  de  grande  étendue.  Il  a 
aussi  trouvé  les  Sept-Cités,  à  quatre  cents  lieues  de 
l'Angleterre,  du  côté  de  l'ouest...  Il  partit  de  Bristol, 
passa  l'Irlande  à  l'extrême  ouest,  cingla  vers  le  nord] 


1   Lcttic  du  25  août  1497,  appciul.  VII. 


[ilflp 


62 


JliAN  ET  SÉBASlIliN  CABOT 


^       '\ 


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vogua  à  l'est,  laissant  après  quelques  journées  la  tra- 
montane à  droite,  et,  ayant  ainsi  navigué,  vit  enfin  la 
terre-ferme'.  » 

Puebla  et  Avala,  séparément,  disent  :  «  J'ai  vu  sur 
une  carte  la  direction  suivie  et  l'espace  parcouru... 
Je  crois  que  ce  n'est  qu'à  une  distance  de  quatre  cents 
lieues  au  plus  '  » 

Tout  ce  que  ces  brèves  descriptions  comportent, 
c'est  la  découverte,  à  quatre  cents  lieues  à  l'ouest  de 
l'Angleterre,  d'une  terre  et  d'îles. 

Des  détails  plus  circonstanciés  se  trouvent  dans 
deux  récits  provenant  de  Sébastien  Cabot  et  qui  sont 
rapportés  par  Pedro  Martyr  d'Anghiera  et  l'anonyme 
de  Ramusio  déjà  cité. 

Le  premier  de  ces  récits  est  en  ces  termes  : 

«  Se  dirigeant  vers  le  nord,  Sébastien  Cabot  ren- 
contra des  masses  de  glaces,  qui,  au  mois  de  juillet, 
flottaient  sur  la  mer;  la  durée  du  jour  était  conti- 
nuelle, et  on  voyait  de  vastes  banquises.  Aussi  fut-il 
obligé  de  virer  de  bord  et  de  se  diriger  vers  l'ouest. 
11  navigua  néanmoins  dans  la  direction  du  sud,  en 
rangeant  le  littoral  jusqu'à  ce  qu'il  eût  atteint  à  peu 
prés  la  latitude  du  Fnliun  Hcrcukmn.  Il  cingla  [alors] 
a  l'ouest  jusqu'à  ce  que  l'île  "de  Cuba  fût  a  sa  gauche, 
presque  à  la  même  longitude  >.  » 
C'est-à-dire  que  de  Bristol,  Cabot  navigua  dans  la 


t\ 


1.  Dcpcches  dos  24  août  Pt  18  décembre  1497.  appcnd.  IX  et  X. 

2.  Dépèches  du  25  juillet  1498,  appcnd.  XII  et  XIII. 

3.  P.  Martyr,  Dàadvs,  Basil.,  1533,  déc.  III,  lib.VI,  f.  55.  Appcnd.  XV, 


1 


JI:A\  ht  SliDASTlEN  CABOT 


6J 


direction  du  nord-ouest,  inclina  ensuite  vers  l'ouest, 
puis,  ayant  atterri,  longea  la  côte  vers  le  sud  jusqu'à 
la  hauteur  de  Cuba. 

La  relation  que  l'anonyme  de  Ramusio  attribue  à 
Cabot  confirme  celle  de  Pedro  Martyr  : 

«  Au  commencement  de  l'année  1496,  je  me  mis  â 
naviguer  dans  la  direction  du  nord-ouest,  ne  pensant 
pas  rencontrer  d'autre  terre  que  le  Cathay,  et  passer 
de  là  dans  l'Inde;  mais  après  quelques  jours,  je  décou- 
vris que  la  terre  se  prolongeait  vers  la  tramontane, 
ce  qui  me  déplut  infiniment.  Je  longeai  néanmoins 
la  côte  dans  l'espérance  de  trouver  un  golfe  que  je 
pusse  contourner.  Je  n'en  trouvai  aucun,  mais  je 
remarquai  que  la  terre  se  continuait  jusqu'au  56^'  de- 
gré sous  notre  pôle.  Voyant  qu'en  ce  lieu  la  côte 
infiéchissait  à  l'est,  et  désespérant  de  trouver  |le 
passage],  je  revins  sur  ma  route  afin  de  reconnaître  â 
nouveau  ladite  côte  dans  la  direction  de  l'équateur, 
toujours  avec  l'intention  de  trouver  le  passage  pour 
aller  dans  l'Inde,  et  j'arrivai  â  la  partie  aujourd'hui 
nommée  la  Floride  '.  » 

Les  récits  de  Jacob  Ziegler,  de  Lopez  de  Gomara, 
et  d  Antonio  CaKio',  ne  sont  absolument  que  des 
résumés  de  l'une  des  descriptions  que  nous  venons 
de  donner,  et  ne  fournissant  aucun  élément  nouveau 
ou  digne  de  loi  dont  le  critique  puisse  tenir  compte 


1    Ramusio,  Raccolla,  t.  I,  f.  .,,4,  appciid.  XVII 
2-  Appcndias  XVI,  WIII  a  XIX. 


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64 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 


La  carte  de  1544  qui,  au  premier  abord,  parait 
devoir  fournir  des  éléments  de  certitude,  ne  peut 
servir  qu'à  préciser  le    premier  point  d'arrivée. 

La  question  de  l'atterrage  des  Cabot  est  aussi 
controversée  que  celle  de  la  découverte  par  Chris- 
tophe Colomb,  en  1492,  de  l'île  non  encore  identi- 
fiée de  Guanahani. 

La  localité  indiquée  sur  la  mappemonde  de  1344 
comme  atterrissement  de  Jean  et  de  Sébastien  Cabot 
en  1497,  "•-'  P^'^-i^  ^^^^' ■>  d'après  ce  document,  que 
le  pays  correspondant  sur  nos  cartes  à  l'île  du  cap 
Breton. 

Dans  ladite  mappemonde  ,  cette  île  n'est  pas 
détachée  du  continent.  Elis  s'avance  en  un  promon- 
toire incliné  de  l'est  à  l'ouest,  et  dont  la  partie  supé- 
rieure, malgré  de  fortes  dentelures,  figure  une  ligne 
parallèle  au  degré  de  latitude  qui,  selon  l'échelle  de 
la  carte  cabotienne,  serait  48°  30'. 

A  l'extrémité  orientale  dudit  promontoire,  on  dis- 
tingue un  petit  cap,  et,  à  l'occident,  dans  le  golfe 
même,  une  grande  île  située  au  même  degré  de  lati- 
tude que  le  côté  nord  du  promontoire,  dont  elle  est 
séparée  par  un  détroit  assez  large. 

Le  petit  cap  porte  cette  légende  :  <(  Prima  licrra 
iiista  »,  et  la  grande  île  est  dénommée  :  «  /•'  de 
S-Jiuui.  »  Ni  ces  contours  ni  ces  distances  ne 
correspondent  à  la  configuration  réelle  de  l'extré- 
mité de  l'ancienne  Acadie  ou  Nouvelle-Hcosse  d'au- 
jourd'hui. 


que 


JlIAN  HT  SËBASTILN  CAIiOT  (.3 

Sur  les  cartes  de  l'amirauté  anglaise-,  la  partie 
supérieure  de  l'île  du  cap  Breton  est  loin  de  former 
une  ligne  droite.  Au  milieu,  la  côte  s'élève  abruptc- 
nient,  et  dessine  un  promontoire  de  trois  quarts  de 
degré,  se  terminant  en  aiguille,  et  dont  la  pointe 
extrême  à  l'est  forme  le  cap  North. 

Doublant  ce  cap,  cinglant  au  sud  et  se  dirigeant 
ensuite  droit  à  l'ouest,  on  rencontre  à  soixante-douxe 
milles  du  cap  North,  tout  à  fait  dans  l'intérieur  du 
golte,  la  première  grande  île  qui  existe  dans  ces 
parages.  C'est  l'île  du  Prince-Edward. 

On  se  demande  parfois  si  c'est  à  l'extrémité  nord- 
est  de  l'île  du  cap  Breton,  au  point  aujourd'hui 
appelé  le  cap  Percés  que  Jean  et  Sébastien  Cabot 
atterrirent  en  1497,  ou  bien  si  ce  fut  à  la  pointe  la 
plus  élevée,  c'est-à-dire  au  cap  North. 

Comme  Cabot  déclare  avoir  atterri  un  matin  et 
découvert  le  même  jour  une  grande  île,  on  peut  plus 
facilement  coordonner  ces  deux  assertions  en  pla- 
çant le  point  d'atterrissage  au  cap  North,  éloigné  de 
1  lie  du  Prince-Edward  de  soixante-douze  milles 
tandis  que  le  cap  Percé  en  est  à  cent  vingt-neuf 
milles  marins. 


n-'iw'a'I'fl!''"  '^"  "^''""'  ^'-''''^  "  ^^'  l'Hydrographie  française, 

2.  Il  y  a  au  Car.ada  deux  c.ips  Pçrcc.  Celui  qui  .se  trouve  sur  la  côte  \  -l" 

de  1  .le  du  cap  Breton,   et  un  autre  situé  dans  la  baie  de  Gaspé,  près  du 

mont  Jol,  ou  cap  llennot  (Bouchette,  T.fo.r.  'Dict.  ofLcrcr  cJuJ.Lon^., 

i.artc  de  Baylicld  précitée. 


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66 


IliAN  LT  SLBASIIUN  CAliOT 


Le  critique,  cependant,  n\i  pas  qualité  pour  corri- 
ger un  monument  jj;raphique  iwxc  des  hypothèses. 
II  doit  prendre  une  carte  telle  qu'elle  est,  rinterro<j;er 
le  compas  en  main,  noter  les  différences,  relever  les 
légendes  et  laisser  les  noms  où  il  les  trouve.  Or, 
c'est  bien  sur  la  lisière  de  l'île  du  cap  Breton,  à  la 
pointe  extrême,  au  nord-est,  qu'on  lit  la  phrase  : 
«  priiiui  licria  nista  »,  et  c'est  en  cet  endroit  que  nous 
devons  la  laisser.  La  transposer  plus  au  nord  et  à 
l'ouest,  serait  arbitraire,  car  rien  ne  prouve  que  Cabot, 
comme  la  plupart  des  cosmographes  et  des  ma- 
rins du  xvi*^  siècle,  ait  noté  ou  même  jamais  connu 
la  longue  aiguille,  qui,  partant  du  port  Dauphin,  s'é- 
lève en  ligne  droite  jusqu'au  cap  North. 

C'est  donc  au  cap  Percé,  et  nulle  part  ailleurs,  que 
selon  la  carte  de  1544,  Jean  et  Sébastien  Cabot  ont 
atterri  ;  c'est  là  que,  les  premiers  entre  les  navigateurs 
du  xv*^  siècle,  ils  auraient  foulé  le  Sv  1  du  continent 
américain,  et  planté  les  bannières  de  Saint-Georges  et 
de  Saint-Marc,  le  samedi  24  juin  1497,  à  cinq  heures 
du  matin'. 


Cette  analyse  repose  sur  la  présomption  que  les 
profils  de  la  mappemonde  de  Cabot  proviennent  de 
documents  cartographiques  contemporains  de  la  dé- 
couverte. Peut-on  cependant  affirmer  ce  f;ut,  et  voir 


I.  Il  liera  ;.  siib  diliiciih  »,•  ItSjjtudf",  ii"  8,  appendice  \'II. 


)    -1 
I    1 


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JHAN  HT  SliBASTIliN  CAHOT 


67 


dans  CCS  ilclincations  une  lulùlc  copie  des  épures  de 
Jean  Cabot  ou  de  son  lîls  ? 

Il  importe  de  résoudre  cette  question,  car  si  la  carte 
de  1544  -^  *^'té  dressée  entièrement  de  mémoire  ou 
d'après  des  relevés  faits  par  des  carto<rraphes  français 
et  portugais,  trente  ou  quarante  ans  après  la  décou- 
verte, toutes  les  analyses  de  ce  document  pèchent  par 
la  base,  et  c'est  peine  perdue  de  s'évertuer  pour  en 
résoudre  les  points  douteux. 

Non  seulement  Sébastien  Cabot  était  pilote  major, 
mais  il  occupait  aussi  la  chaire  de  cosmographie  à  la 
Qisit  de  Coiitnitiicion  de  Séville'.  Bien  que  nous  ne  le 
voyions  pas  qualifié,  comme  Juan  N'espucci,  Diego 
Ribeiro,  Alonso  de  Chaves  et  Diego  Gutierrez,  de 
«  iiKh'sIro  (le  hiiccr  carias  »,  il  ne  pouvait  guère  contrô- 
ler l'enseignement  des  cosmographes  de  S.  M.,  ainsi 


1.  !.  hôtel  du  Négoce  des  Indes  A  Sévillc  ,Qm  de  Coutnttacion  de  lus  lu- 
dm^),  fut  établi  par  cédulc  royale  du  14  février  1 503  ^Ordmnnas  naks para  la 
Usa  de  la  Contratackm.  Sevilia,  Martin  de  Montesdoca,  1553,  in-fol.  et 
\  eytia  Liiiage ,  Kortedc  la  Coutratadon,Sc^-\\]i,  1672,  in-fol.,  lib.  I,  cap  i,  p.'"  1 
mais  nous  ne  savons  en  quelle  année  on  y  fonda  une  chaire  de  cosnio^n.'- 
phie.  Selon  la  nomenclature  des  professeurs  que  donne  Navarrete  [Discrtacion 
sobre  la  Historiade  la  Wdntka,  Madrid,  1846,  in-S",  p.  134),  Sébastien  Cabot 
en  aurait  été  le  premier  titulaire  :  «  se  eslablccio  la  cdledra  de  cosimvrajia  y 
navesacion  que  explicaha  cl  cosnu grafo  de  la  casa,  como  h  hkicron  SebasUan 
Cabolo,  Alonso  de  Chaves,  Alonso  de  Santa  Cruz...  .  Nous  voyons  par  la  cédule 
du  II  juillet  15)2,  que  Chaves  mommé  cosmographe  et  pilote  m.ijor  en 
1528),  fut  chargé  de  suppléer  Cabot  en  sa  chaire  de  cosmographie  :  o  se  k 
manin  regenlar  lacUcdrade  cosmo^rajki,  que  Sébastian  Caboto,  ansenk  en  /n.rfa. 
terra,  habia  enseùado  en  la  casa  de  la  contratacku  de  Sevilia  ,.  (Nav..  'liiblkth. 
Manl.,  t.  II,  p.  16).  D'ailleurs  le  pilote  major  était  en  vertu  de  ses  fonctions,' 
i<  cciisor  del  catedrdtico  de  cosmoorajia,  » 


El 
1' 


M  JEAN  l-r  SÉBASTIEN  CABOl 

que  SCS  fonctions  de  pilote  major  le  lui  coniman- 
daient,  ni  faire  son  propre  cours,  sans  expliquer  des 
planisphères  et  surtout  des  cartes  du  Nouveau-Conti- 
nent, partie  du  monde  dont  il  était  spécialement 
chargé'.  Ces  planisphères  et  ces  cartes  devaient  être 
de  sa  main  ou  dressés  sous  sa  direction,  et  comprendre 
nécessairement  ce  qu'il  savait  de  la  géographie  de 
l'Amérique  septentrionale. 

Les  cartes  originales  de  Cabot  n'existent  plus  de- 
puis longtemps,  A  leur  défaut,  les  documents  carto- 
graphiques émanant  des  professeurs  espagnols  char- 
gés d'enseigner  la  cosmographie  à  Séville,  à  l'époque 
où  il  était  encore  titulaire  de  sa  chaire  et  du  poste  de 
pilote  major,  doivent  forcément  représenter  et  résu- 
mer les  [connaissances  cosmographiques  de  leur  col- 
lègue. A  ce  titre,  les  mappemondes  sévillanes  des 
trente  premières  années  du  xvi^'  siècle  présentent  un 
véritable  intérêt. 

Deux  monuments  précieux  de  ce  genre  ont  échappé 
aux  ravages  du  temps.  Ce  sont  les  fameuses  cartes 
dites  de  VVeimar*. 

Ces  belles  mappemondes  sont  d'autant  plus  im- 
portantes qu'elles  paraissent  avoir  été  dressées,  sur 
l'ordre  de  Charles-Quint,  par  la  commission  de  pilotes 


1 .  (I  Sihiistiiin  Cabote,  p-aiiil  Tilol  of  the  ciiipeior's  Indus.  »  Strypc,  Eccîe- 
iiiislkiil  Menwiiiils,  Oxford,  1822,  iii-8,  t.  11,  part,  i,  p.  296. 

2.  J.  G.  Koh\,  Die  Bciilcii  AlUstai  Ociieral-Karicn  von  Amcrika,  Wcitiur, 
1860,  gr.  in  l'olio. 


FEAN  r.'|-  SÉBASTIliV  CAROT 


69 


et  de  cosmojLîraphcs  que  présida  Icrnand  Colomb'. 
Cette  commission  avait  pour  but  de  corrij^er  les 
anciennes  cartes  espaij;noles  et  de  les  mettre  au 
courant  des  découvertes  maritimes  accomplies  depuis 
le  commencement  du  siècle.  On  peut  donc  les  consi- 
dérer comme  des  documents  olliciels. 

La  première  de  ces  cartes  est  de  \'-um>:^  î),?-,  et 
l'œuvre  d'un  cartoLïra}>!ie  anonvm.-  qui  s'mtitule  : 
«  Cosmographc  de  Sa  Majesté.  »  L'autre  est  de  1529, 
et  signée  par  Diego  Ribeiro',  professeur  de  cosmo- 
graphie à  la  Qtsa  de  CoutraUtcum. 

Les  contours  dans  les  deux  cartes  sont  identiques; 
mais  rien  ne  ressemble  moins  à  la  section  de  la  carte 
de  1544  qui  nous  occupe,  que  la  même  section  dans 
ces  œuvres  de  l'hydrographie  espagnole. 

Comme  le  démontre  M.  le  professeur  Kolil  par  ses 
utiles  réductions  de  portulans  du  xvr'  siècle',  le  pro- 
fil du  littoral  américain  en  toute  son  étendue  septen- 


1.  Selon  Herrcni  (Dcc.id.  III,  lib.  X,  cap.  .xr.  p.  294).  cette  commission 
scser.m  réunie  en  1526.  Xavarrcte  (Opûscuhs,  t.  Il,  p.  65)  parle  d'une 
«  jiinta  de  pilotos  y  cosmcgrafos,  que  se  forma  paru  arreshr  hs  cartas  de 
vau-i^ar, ..  laquelle  serait  de  Tannée  1536,  et  où  Santa  Cnvi  présenta  son  nou- 
vel instrument  pour  observer  la  longitude. 

2.  Carta  Uiiiversal,  en  que  se  cimliem  todo  lo,  que  del  Mundo  se  a  descuhierlo 
fasta  aora  hizoh  un  cosmognipho  de  Su  Mtigeslad  AiiiioM.  D.  KWll  en  Sevilla. 
Injra  dans  notre  Cartographie. 

3.  ■<  HizoU  Diego  Ribero  Cosmographo  de  Su  Majeslad  :  ^,)o  de  is-yg  „ 
Kohi,  hK.cit. 

4.  History  of  the  Discovery  of  Maine,  t.  I,  de  la  Dccumenlary  Hislorvoflbe 
State  0/ Maine,  Portland,  1869,  in-S".  Conipendium  excellent  et  qui  nous 
a  été  d  un  très  grand  secours. 


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70 


ji:.\N  i;i'  si':u.\sTir.\  c.Muvr 


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trionalc  est  copie  des  cartes  portiiL;aises.  Or,  ces  der- 
nières ne  font  que  répéter  les  contours  de  la  carte  de 
Pedro  Reinel,  dressée  en  l'ortu^'al  vers  i  )0). 

Dans  lesdites  mappemondes  du  cosmoj^raphe  de 
S.  M.  et  de  l)iei;o  Kibeiro,  'IVrre-Xeuve  n'est  pas 
encore  détachée  du  continent  et  il  n'y  a  même  pas  de 
golfe  Saint-Laurent.  C'est  assez  dire  qu'on  ne  doit  y 
chercher  ni  île  du  cap  Breton,  ni  île  du  Prince-Ldward, 
ni  aucun  des  aspects  qui  dans  le  planisphère  de  1 3  j  | 
permettent  de  suivre  les  traces  de  Jean  Cabot  et  de 
son  fils  en  1497.  ^^<^^u^  reviendrons  sur  les  consé- 
quences que  le  critique  doit  tirer  de  .:ette  dissem- 
blance assez  inattendue. 

Il  y  avait  aussi  la  carte  dressée  par  Alonso  de 
Chaves  sur  l'ordre  de  Charles-Qiiirit  en  1336,  et  qui 
devait  résumer  toute  la  science  des  cartographes 
espagnols.  Postérieure  de  deux  ans  aux  premières 
explorations  de  Jacques  Cartier,  pi.'Ut-être  prèsenti.it- 
elle  de  nouveaux  contours  que  Sébastien  Cabot  put 
étiqueter,  comme  il  le  lit  en  i).|4.  Malheureusement 
elle  a  disparu.  11  n'en  reste  plus  qu'une  description 
donnée  par  Oviedo',  trop  succincte  en  ce  qui  concerne 
les  parages  de  la  Nouvelle-hcosse  et  du  Labrador 
pour  permettre  de  reconstruire  le  détail  des  délinéa- 
tions  de  Chaves.  Nous  remarquons  cependant  'que 
le  golfe  Saint-Laurent,  à  peine  indiqué,  n'y  est  pas 
nommé,  tandis  que  mention  est  faite  d'une  île  «  Saiicl 


I.  Historia  Gfiii'ial y  Witiinil  dv  lis  fiidius,  Madrid,  1852,  iii-.|",  lib,  XXI, 
cap,  X,  t.  II|  p.  1.(8  siiiiiitur. 


JF.W  IT  Sr-HASTIi;\  CAlUn- 

Jolhiii  ))  situcc  â  l'cstiiairc  mcriilional  de  la  haie,  voi- 
sine de  la  terre  ferme,  mais  de  dimensions  trop  .i;ran- 
des  pour  être  l'île  ainsi  nommée  par  Cabot,  piirsque 
Cliaves  lui  donne  une  eirconterence  d'environ  cent 
quarante-cinq  lieues'.  Cette  carte  ne  devait  donc  pas 
être  plus  explicite  ni  moins  erronée  que  ses  devan- 
cières sêvillanes. 

Ce  défaut  de  connaissances  paraît  sin<;ulier  de  la 
part  de  collègues  de  Sébastien  Cabot.  H  enseignait  l 
leurs  côtés  depuis  quin/e  ans;  I-erdinand  d'Aragon 
l'avait  fait  venir  d'Angleterre  ou   avait  accepté  des 
offres  de  service*,  justement  à  cause  de  ses  décou- 
vertes dans  ces  parages  ,  et   rien    ne  le   portait   â 
faire  mystère  de  ce  qu'il  savait  sur  la  configuration 
géographique  du  Nouveau-Continent,  il  ne  pouvait 
pas   non    plus    expédier    dans   ces    régions    Lucas 
Vasqucz  de  Ayllon,   Hstevam   Gomcz,  Diego  Mal- 
donado  et  Goniez  Arias,  sans  les  munir  de  cartes 
comprenant  une    description    aussi    exacte   que   sa 
science  le  lui  permettait  des  côtes  que  ces  naviga- 
teurs  étaient  chargés    d'explorer   et  des   pavs   que 
Charles-Qiiint  voulait  coloniser. 

Peut-on  aussi  admettre  que  quand  le  cosmographe 
anonyme  de  Sa  Majesté  dressait  en  1527  son  curieux 


1.  «  Tii-tiede  (in-miferctiçiu  (kulo  è  quarcuUt  èçtucok  i;iuis.  »  }!nj,;ii 

2.  \  oyez  infra  notre  chapitre  XI,  et  dans  Tappendicc  XVI  la  lettre  de- 
Icrdmand  en  date  du  ,j  septen,bre  1512.  où  le  monarque  rappelle  .\  Cabot 
que  Conch.IIos  et  Fonseca  Tayaiit  entretenu  ..  sobre  la  navegacion  à  los  'Bmil- 
l'ios  »,  Labot  «  ofrecisids  sirvinios  ». 


7î 


JEAN  HT  Sl-IVXSTIP.M  CAlUrr 


II 


1 1: 


phinisphcre  ou  en   rcunissait  les   matériauK  ',   il  ait 
néi^ligé  de  consulter  Sébastien  Cabot  sur  les  pays  du 
Labrador  et  des  lîacallaos  découverts  et  maintes  fois 
explorés  parce  dernier?  Un  indice  de  ces  conseils  se 
retrouve,  ce  semble,  dans  la  carte  de  Ribeiro,  copiée 
sur  celle  de  son  collègue  anonvme.  Ainsi,  alors  que 
les  explorations  des  Cortereal  avaient  fait  oublier  ou 
disparaître  d'un  si  s^rand  nombre  de  cartes  les  décou- 
vertes accomplies   par  les  Anglais,  on  lit  sur  cette 
mappemonde  de    1329,  en  travers  du    Labrador,   la 
légende  :  «  Iista  licrra  ilcscnhrieroii  las  Iiiglescs  de  Bris- 
tol »  ; —  hommage  discret  rendu  évidemment  par 
Ribeiro  à  son  collègue   Sébastien    Cabot,  qui,    aux 
termes  de  ce  document  même,  se  trouvait  à  cette 
époque  dans  les  savanes  du  Brésil  \  lit,  cependant, 
rien  de  moins  complet,  rien  de  plus  inexact  que  les 
profils   septentrionaux  de   ces    cartes,    malgré    leur 
caractère  officiel  et  l'habileté  reconnue   des  cosmo- 
graphes qui  furent  chargés  de  les  dresser. 

Se  fondant  sur  une   assertion   de  sir   Humphrey 
Gilbert',  des  critiques  sont  portés  à  croire  que   les 


iii 


1.  Cabot  sV-mbarqua  pour  la  l'iata  en  avril  1526,  mais  l'on  doit  présuiucr 
qu'un  planisphère  de  cette  inipor\  ',  terminé  en  1527,  exij^eait  au  moins 
une  année  de  préparation. 

2.  <'  Eslutifiru  dcsciibrio  Jiibaii  i/i'  Solis  en  el  lu'io  de  ms  i'  f^'.  domle  aoni 
esta  Sébastian  Gabolo  en  vna  casa  J'uerte  que  alli  hizo.  n 

3.11  The  Sj^aniards  and  Vortutrah...  bave  commanded  iLat  nii  pilot  of  theirs 
vpon  paille  of  detill),  slmtîd  plat  ont  in  aiiy  seu  card,  aiiy  thoioïc  passa);i\  »  Dis- 
coiieiie,  dans  Hakiuyt,  t.  111,  p.  25.  Nous  voyons  seuli'ment  que  le  pilote 
major  ne  pouvait  sous  de  graves  pénalités  faire  conmierce  de  ses  cartes  : 
Il  hâter  cm  tas  de  mareiir  para  vender  »  et  qu'on  les  gardait  dans  un  coiïre  sous 


'M 


IFAN  r:T  Sl-RASTII'N  CAHOT  •■; 

lacunes  Cl  les  tlélinéalions  in,si«;niriantes  qu'on  reiiiar- 
ijue  dans  ces  cartes  ont  été  voulues,  afin  de  ne  pas 
mettre  les  Ani^lais  et  les  I Tançais  sur  la  voie  d\m 
passa^^c  au  Catliay  par  le  nord-ouest;  mais  les  Anglais, 
qui  avaient  découvert  et  continuaient  à  explorer  ces 
restions  depuis  trente  ans,  ne  pouvaient  assurément 
rien  apprendre  des  l-spai^nols,  dont  les  expéditions 
n'avaient  encore  atteint  que  42"  30'  '. 

Non,  ce  ne  sont  ni  des  omissions  politiques  ni 
des  oublis.  Un  aveu  échappé  à  Oviedo  détermine  la 
cause  de  ces  conlit^urations  inexactes  et  contradic- 
toires. Lorsque,  décrivant  d'après  la  carte  de  Cliaves 
le  littoral  de  l'Amérique  septentrionale,  ce  chroni- 
queur atteint  la  hauteur  du  cap  lîreton  et  veut  aller 
au  delà,  des  contradictions  surfissent  à  ses  veux,  il 


cicux  clefs,  dont  UMc  duit  condco  au  pilote  nujor  et  l'autre  au  cosmographe 
le  plus  récemment  nommé,  alin  que  ces  cartes  ne  pussent  être  vendues 
ayant  d  avoir  été  approuvées.  (Witia  I.in.tge,  Norle,  lib.  11,  cap.  xr,  p.  i.|6  ) 
Ln  document  curieux  et  peu  connu,  est  l'..cte  passé  devant  M"  Simone 
Capello  notaire  .1  Savone,  le  50  septeml-re  ,',51,  par  lequel  Leone 
•u.caldo,  le  compagnon  de  Magellan,  s'engage  envers  l'agent  du  roi  de 
lortugal,  moyennant  une  compensation  de  2,000  ducats.  .\  n'ensei-ner  à 
personne  la  route  des  pays  nouvellement  découverts,  et  ù  ne  faire  aucune 
c.iite  geograpinqne  montrant  le  che.nin  qui  y  conduit.  (G.  H.  Helloro, 
/:%/o  ./,  Uo„cPancMo,  cité  par  M.  Desimoni.  lUauo  di  GuU,  dans  le  ùior. 
mile  Lij^usl ICO,  pour  février  et  mars  1875,  p.  56.) 

I.  Les  expéditions  des  Kspagnols  aux  cotes  de  l'Amérique  septcntiionale, 
lurent  celle  de  Lucas  X'asquex  de  Ayllon  en  1520,  qui  atteigtm  seulement  le 
,)^  degré  N.  et  l'expédition  de  Lstevam  U.me.  en  1525,  dont  la  limite 
cxtiuMc  lut  . 120  50  :  ..  iksde  ,,mncuUi  ;■  un  grades  htsla  qmncntaê  dos  ymtdio.  .. 
(Ov.edo,  llutoria  Gcaal  de  las  /ndias,  Madrid,  .S52,  t.  11,  lib.  XXI  cap 
N.  Pv>t7.)  Dans  le  Sumario  (cap.  x,  p.  16  de  l'édition  de  Barcia),  il  dit 
■seulement  :  «  en  quarenta  Grades,  iquare„ta  ivno.  .. 


^nw^ 


n 


fh    !3 


74 


JHAN  ET  Sl-BASTin\  CABOT 


les  explique  ainsi  :  «  On  n'a  presque  aucun  détail 
concernant  les  golfes  au  nord  de  ce  pays,  et  les 
informations  de  Chaves  pour  ses  délinéations  ne 
paraissent  pas  avoir  été  exactes.  Aussi  existe-t-il  sur 
les  cartes  et  entre  les  cosmoi^raphes,  au  sujet  de  ces 
côtes  septentrionales,  de  grandes  différences'.  » 

Les  défauts  que  nous  avons  signalés  ne  s'expli- 
quent donc  que  par  l'état  des  connaissance^  géogra- 
phiques des  Espagnols  et  des  Portugais  à  cette 
époque.  On  peut  conséquemment  affirmer  que  si  leurs 
cartes  sont  vagues  et  incomplètes,  c'est  parce  que  ni 
les  uns  ni  les  autres  n'en  savaient  pas  davantage. 

D'où  proviennent  alors  les  profils  relativement 
plus  complets  de  la  Nouvelle-Écossc  et  des  deux 
estuaires  du  golfe  Saint-Laurent  qu'on  remarque 
dans  le  planisphère  cabotien  de  1544? 

Ils  ne  peuvent  provenir  que  des  cartes  françaises 
dressées  à  la  suite  des  voyages  de  Jacques  Cartier. 

De  tous  temps,  les  marins  du  littoral  de  l'Atlan- 
tique péchaient  la  morue  franche  dans  les  mers  sep- 
tentrionales de  l'Europe,  et  il  se  peut  que  les  nations 
germaniques  aient  été  les  premières  à  nommer  ce 
poisson,  inconnu  dans  les  mers  qui  baignent  l'Es- 
pagne   et   le    Portugal.   Nous    n'osons    cependant 


I .  «  En  estil  ticiiii  kiy  poca  uoli(iu  en  las  cosas particiihires  de  las  ensenaâas 
ilfl Septentrion,  y  picnsso  que  él \Ch,x\xs]  tkbe estar  infornuulo para  h  que  pinta  en 
esso,  no  tan  puntualmentc  conio  séria.  E  assi  hay  muchis  diferencias  en  essa  Costa 
del  Norte  en  las  carias  de  nave^ar  y  en  los  cosmograplms,  »  Ovicdo,  loc.  cit.  p.  148. 


I 
-1 


y 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT  ~-^ 

affirmer  que  le  mot  allemand  hachljau\  employé 
pour  désigner  la  morue,  soit  le  principe  des  dérivés 
qu'on  trouve  dans  les  langues  basque,  portugaise 
et  espagnole  :  Iniciulbiiba,  hacalJjûo,baccala\ 

Que  ce  soient  les  Cabot,  ou  bien  les  Cortcreal, 
qui  à  leur  retour  firent  connaître  l'existence  des 
bancs  de  Terre-Neuve,  il  est  certain  que  les  pê- 
cheurs bretons,  normands,  basques  et  portugais  se 
hâtèrent  de  les  exploiter  dés  le  commencement  du 
xvr'  siècle",    et   qu'ils  ne    cessèrent  d'y    retourner 


1 .  Kahhdjoinw  ou  CuhUaincc,  transpose  en  Badljaii,  d'où  'Bacalbao  et  Baccak. 
(M.  le  Prof.  Kohi,  Discoivry  of  Maine,  p.  189,  note,  qui  y  voit  un  dérivé  de 
«  bokh  ).,  poisson.)  Bi-Iche,  bakbe,  figure  déjd  comme  nom  de  poisson  sur  un 
registre  de  St-Gall  de  1360,  mais  il  désigne  une  sorte  de  saumon.  Le  supplé- 
ment du  Milh-l  Dcutsches  Wôrtevbtich  de  Schiller  et  Lubbler,  Bremen,  1880, 
cite  des  exemples  de  kibehii'  et  hahhlm  de  l'année  1381 . 

2.  <(  'Baccalariiis,  haccallao,  backljaiu,  kabbljaiu  dans  la  Bibliograplm  critica  por- 
tugucza,  Porto,  1875-75,  t,  I,  p.  373-374.  Pour  Littré  {Dict.,  art.  Cabillaud), 
Kiibdjaainc  est  un  dérivé,  par  renversement,  de  bacailbaba,  nom  basque  de 
h  morue,  «  d'où  l'espagnol  bacahio  et  le  flamand  hùkdjaw.  »  Selon  Pedro 
Martyr  [iiifra,  append.  XV)  ce  serait  un  mot  indien. 

3.  Lorsque  John  Rut  arriva  dans  la  baie  de  St-Jean,  le  3  août  1527,  il  y 
vit  onze  navires  de  pêche  normands,  un  breton  et  deux  portugais  (Samuel 
Purchas,  His  Tilgrimage,  Lond.,  1625,  in-fol.,  t.  V,  p.  822}.  Il  faudrait 
même  lire  «  dnciu-nta  naos  castdianas  i  francesas,  i  portuguesas,  »  si  la  lettre 
écrite  par  l'Audience  de  Hispaniola  le  19  novembre  1527  (MS.  de  la  collection 
aiunoH,  t.  LXXVII,  f.  19,  citée  par  M.  Duro,  Ami  de  Noc,  Madrid,  i88r, 
m-8,  p.  316)  se  rapporte  ;\  Rut  et  non  à  quelque  autre  capitaine  anglai». 
Cartier  lui-même,  lors  de  .son  premier  voyage,  le  12  juin  1534,  rencontra 
uans  la  rivière  St-Jacques  (Baie  des  Rochers)  «  une  grande  Nave  qui  estoit 
de  la  Rochelle,  .,  occupée  A  pêcher  le  saumon,  {l^oyage  de  Jacques  Cartier, 
laris  -Iross,  1865,  p.  27,  et  MS..  fonds  Moreau,  845,  n-  5.)  A  peine  Ro- 
berval  venait-il  d'arriver  au  Canada,  en  1541,  qu'il  dut  réprimer  «  a  quarrell 
Micecne  some  of  his  coiintreymcii  and  certain  Portugais.  .  (Hakluyt,  P/Z/zf//-. 
Nav,g.,x,  III,  p.  241.)  v  .^  '  l 


w 


76 


JI-AN  ET  SfiRASTIEX  CABOT 


chaque  année.  Pour  sécher  ou  saler  le  poisson,  ces 
hardis  marins  descendaient  souvent  à  terre  :  de  là 
des  stations  '  qu'ils  durent  nommer  et  fixer  sur  des 
cartes.  Les  profits  des  pêcheries  amenèrent  aussi  la 
formation  de  compagnies  maritimes',  qui,  disposant 
de  plus  grandes  ressources,  purent  embarquer  des 
pilotes  capables.  Ceux-ci  rapportèrent  de  ces  régions 
des  épures  dont  les  cartographes  firent  certainement 
usage.  Les  plus  cosmopolites  et  les  plus  instruits 
étaient  évidemment  les  Portugais',  et  c'est  dans 
leurs  portulans  qu'il  huX  chercher  les  descriptions 


m  II 


I    i 


i 


!! 


M 


1.  Des  Portugais  de  Viana  coloiiiscrcnt  mcmc,  parait-il,  le  cap  Breton  dès 
l'année  i)2S.  (Francisco  de  Souza,  Tnilado  das  Jlbas  \ovas,  édition  de  M. 
Ernesto  do  Canto,  Ponta  Delgada,  1H77,  in-S",  p.  5.)  SirHuniplnev  Gilbert 
parle  danciens  établissements  portugais  à  l'ile  de  Sable,  sur  les  cistes  de  la 
Nouvelle-tcosse,  qui  n'est  sépatéederiledu  cap  Breton  que  par  le  détroit  de 
Canso. 

2.  Ces  pays  furent  même  concédés  par  le  roi  Manoel  le  13  mars  1521  à 
Joào  Alvares  Eagundes.  La  cédule  fait  allusion  i  une  concession  antéiieure 
qui  ferait  remonter  les  explorations  de  Fagundes  h  plusieurs  années  aupara- 
vant. On  y  relève  aussi  des  noms,  dont  plusieurs  se  retrouvent  dans  les 
cartes  portugaises  et  lusitano-françaises  :  Buia  d'ai;oaila  [ïAiiorobagra  de 
Henri  II  ?)  Sam  Joam  (Reinel,  Ribeiro),  Sam  Pedro  ^Reinel,  RibeirO;,  Sauta 
Alla.  Saiito  Aiiloiiio  (Salvat  de  Palcstrina,  Ribeiro,  Henri  II,  Caboti,  Sam  Pan- 
taliain,  Pitigoeme,  Onze  mil  x'irgens  (Viegas),  Santa  Cru:  «  que  cslà  110  pt'  Jo 
banco  »  ^Cabot  et  la  Stc-Cro..  de  Vailard).  Le  texte  de  cette  Carta  de  Doaaio  a 
été  publié  par  M.  E.-.\.  de  Bettencourt,  Hiitoria  dos  Descohriineiitos...  dos 
Porlugueses  em  terras  de  uUramar,  Lisboa,  1881,  p.  132-135. 

3.  Voir  les  lettres-patentes  octroyées  par  Henry  VII  le  iqmars  1501  «  acdilec- 
lis  tiobis  Johanni  Fernandiis.  Francisco  Feriiandus  et  Johanni  Giinsohis,  armis;eris 
in  Insulis  de Stirrys  (les  Açores)  suh  obedieiicia  Regî^i  'Porliigalia  oriuiuUs  »  ( Biddle, 
Memoir,^. 112)  et  l'histoire  des  Faleiro,  de  Magellan,  des  Reinel,  de  Estevam 
Gomez,  de  Diego  Homen,  fixé  i  Venise,  de  Andréas  Homo,  fixé  A  Anvers, 
etc..  etc. 


f,  M.\    \i\ 


JLAX  ET  SÉlUSriliN  CABOT 

/  7 

qui  seules  pcrmcltcnt  au  critique  de  préciser  l'éten- 
due des  connaissances  ^Géographiques  au  x\T  siècle 
concernant  l'Amérique  septentrionale. 

Un  curieux  document  de  ce  genre  "est  le  portulan 
de  Gaspar  \  legas  ',  cosmographe  portugais.  11  est 
date  de  1534,  ^'t,  à  ce  titre,  très  intéressant,  car  c'est 
1  année  du  premier  voyage  de  Jacques  Cartier  Le 
document  cartographique  le  plus  rapproché  ■'  de  cet 
atlas,  parmi  ceux  qui  sont  aujourd'hui  connus  est 
le  beau  planisphère  apparemment  dressé  pour  Fran- 
çois l^"^  •,  et  dont  nous  reparlerons. 

Bien  que  moins  de  dix  ans  se  fussent  écoulés 
entre  la  confection  du  portulan  de  Vie.ns-  et  li 
rédaction  de  la  carte  royale  précitée,  les'contours 
dans  cette  dernière  accusent  un  progrès  aussi  sou- 
dain que  considérable.  L'île  de  Terre-Neuve  est  com- 
plètement séparée  du  continent;  le  golfe  et  le  fleuve 
Saint-Laurent  ,ycc  les  îles  et  les  affluents  sont 
exactement  a  leur  place,  et  l'île  du  cap  Breton 
s  avance  au  nord  en  formant  un  promontoire  très 
nettement  tracé. 

C'est  que  dans  l'intervalle  il  s'était  passé  un  fiit 
de  la  plus  grande  portée  :  Jacques  Cartier  avait  par 
trois  lois  exploré  toutes  ces  régions. 

I.  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  départ,  des  cirtes    \o  ,S--,    i/  ,, 
-,    v^        .  -^^^'i  A,  et  notre  Cartographie,  iiifni. 

cmc  î°?,";'^'°'"  r  ^•^^"""^'-  l'^'t'-'s  de  John  Rot.,  daté  do  154.   „i  h 

3.  Mappe„,onde  dite  de  Henri  II.  Jon,ard,  MonumntsJe  luGéo,rr.  N»  XIX. 


Il 

1  .'i; 

■  j    : 

1    «!«      V 

su 


7S  Ji;.\N  LT  SÉBASTIEN  CAlîDT 

Parti  «  du  hablc  et  porct  de  Sainct-Malo  le 
vin£;tiesme  jour  d'Apuril  Mil  cinq  cens  trante 
quatre,  »  Cartier  atterrit  le  «  dixiesme  jour  de  May  » 
à  Terre-Neuve  par  environ  48*^20',  remonta  jusqu'au 
détroit  de  Belle-Isle,  y  entra  et  descendit  en  ran- 
i^eant  la  côte  jusqu'à  la  hauteur  de  l'île  d'Anticosli. 
il  cingla  alors  droit  à  l'est,  aborda  à  la  pointe  méri- 
dionale de  Terre-Neuve,  revint  à  l'ouest  vers  la  baie 
des  Chaleurs,  la  contourna  jusqu'au  littoral  du 
Canada  qu'il  suivit  en  ne  s'arrétant  qu'à  Belle-Isle, 
d'où  il  déboucha  dans  l'Atlantique  «  le  quinziesme 
jour  d'Aoust  »  pour  s'en  retourner  à  Saint-Malo, 
où  il  arriva  «  le  V^'  jour  de  Septembre  »  1534. 

L'année  suivante,  au  cours  de  son  second  voyage, 
Cartier  fouilla  presque  toute  l'étendue  du  golfe, 
explora  le  Saguenay,  le  fleuve  Saint-Laurent  et  la 
rivière  Saint-Charles.  Au  retour,  le  i^'"*  avril  1535,  il 
releva  une  grande  partie  des  îles  dont  le  golfe  est  par- 
semé, y  compris,  nécessairement,  celle  du  Prince- 
Edward,  reconnut  le  nord  de  l'île  du  cap  Breton,  d'où 
il  passa  à  la  côte  sud-est  de  Terre-Neuve.  Débou- 
chant cette  foi^.  par  le  grand  banc,  il  revint  directe- 
ment à  Saint-Malo.  Son  voyage  avait  duré  du  «  dix 
neufiesme  jour  de  May,  en  lan  mil  cmq  cens  trente 
cinq  »  au  6'  ou  au  16  '  juillet  1536. 

1.  «  TcUcniciit  quo  le  vj'"  iour  do  luilk't  soninics  arriucz  au  hablc  de 
Sainct  Malo  ».  MS.  5614,  f.  57  verso.  L'édition  donnée  par  Ponce  RotVet 
à  Paris  en  1545  (exemplaire  de  la  biblioiliéquc  de  Rouen,  fonds  Montoret, 
p.  545)  porte  aussi  au  verso  du  t'.  46:  «  le  9.  iour  de  Juillet  1556  »,  date 
qu'on  retrouve  également  dans  Kaniusio  (RaaolUi,  156),  t.  III,  1".  41 5^ 

2.  «  Tellement  que  le  sei/.iesme  j"",  de  Juillet  sonuues  arriucz  au  hablc  de 


ji; w  i:T  siir.Asrmx  caijot 


>4i 


79 


:J 


Notre  description  est  empruntée  aux  rehuions 
originales  des  deux  voyages,  d'après  les  manuscrits 
contemporams  conservés  à  la  Bibliothèque  nationale 
de  Paris  '. 

Ces  documents  sont  probants  puisqu'ils  tracent 
pour  la  première  fois  le  parcours  d'une  exploration 
complète  et  détaillée  du  golte  Saint-Laurent  ainsi  que 
des  terres  adjacentes.  Jacques  Cartier  ust  donc  le 
premier  navigateur  dont  nous  puissions  accepter 
tous  les  dires  concernant  ces  régions,  et  en  tirer 
parti.  Malheureusement,  nulle  description  de  côtes 
n'est  complète  sans  une  carte,  et  il  n'existe  plus 
depuis  deux  siècles  de  documents  cartographiques 
provenant  directement  du  navigateur  dieppois  ou  de 
ses  pilotes  \ 


SauKtMalo  ,,MSS  3O53,  C  >6  rcco,  et  3S«9,  f-  62  recto.  Ccst  ladatc  nue 
d.,nnc  auss.  Lescarbot  :  ..  le  .ci.ie.nc  jour  de  luillet.  ..  ,,i//./.  ,/.  /,  x,  , 
/.™.;,l'ar>s.  .6,2,  p.  594.)  Cette  date  du  16  paraît  exacte,  car  Cartier  n'a 
pu  «uere  lane  la  traversée  de  la  baie  des  Trép..ssés  à  St-Maio  en  dix-huit 
jours  Notons  cependant  que,i!ors  de  son  premier  voy.,ge,  parti  des  parages 
c  Belle-  sle  le  1 5  août,  .1  arriva  à  St-Malo,  maigre  des  vents  contraires,  l 
5  septembre  suivant.  vianes,  le 

se LaZ  ';  T'"'' •  "T^"'  ''"'''  '^'"^^"'"'  ^'°  «  •  ' •  '^'^-l'ontctto,  et,  pour  le 
"^>^;  ^,^';^"-^"^-7'  X"  ''''■^'  ''''  "'  ^'55,  in-lolio.  Cf.  nos  Nolpo.r 

'/  •hsp.madjaccils,  Pans,  1872,  in-8,  p.  2,  sfj. 

session'Ï'  '''''''""  T""'"  ''  '•'  ""  ''"  ^^''^  ^''^'^'  ''  ''  '^°"vaient  en  la  pos- 
Mou  d  un  nomn:e  Cremeur  «  A  certaine bookc  mule  in  muur  of  a  Sea  du, 
">uh  .as  Jra:^ne  l,y  ,1,  ,,and  of  ,„y  unck ,  -M  is  in  ,I.poJsion  of  ,n     el 

Ï  s     ';\?'V',    T^'J"^""^°'''^^'''-'^^""'"-'-  J^-  l-qu- Cartier, 


|.  f;-' 


f 


1      , 


80 


JEAN  1;  T  SliBASTIEN  CAIkVr 


On  peut  cependant  se  représenter  ces  cartes,  et 
même  les  reconstruire  dans  leur  ensemble  par  les 
récits,  qui  sont  à  certains  égards  des  routiers,  et 
aussi  en  intcrrotçeant  les  portulans  contemporains 
des  explorations  de  Cartier. 

M.  Jomard  possédait  en  1842,  un  planisphère, 
assurément  le  plus  beau  monument  cartographique 
du  xv!*^  siècle  qui  nous  soit  parvenu.  Non  seulement 
l'exécution  artistique  en  est  admirable,  mais  la  préci- 
sion relative  des  contours  et  l'abondance  des  ren- 
seignements devaient  surpasser  tout  ce  que  les 
cartographes  avaient  produit  jusqu'alors. 

On  l'appelle  la  mappemonde  de  Henri  II;  mais, 
disent  MM.  Jomard  et  d'Avezac,  «  cette  carte  a  été 
reconnue,  après  examen,  plus  ancienne  que  le  règne 
de  ce  prince,  et  remonter  à  François  I^'"";  des  indices 
certains  constatent  qu'elle  a  été  exécutée  en  l'an- 
née 1542'.  » 

Lorsque  après  avoir  examiné  sucessivement  les 
cartes  portugaises,  espagnoles»  et  italiennes  dressées 
dans  la  première  moitié  du  xvi^'  siècle,  le  critique 
s'arrête  à  cette  mappemonde,  il  est  frappé  du  grand 
progrès  accompli  dans  la  connaissance  des  côtes  de 
l'Amérique  septentrionale.  S'il  la  compare  à  la  carte 
cabotiennc  de  1544,  la  ressemblance  qui  existe  entre 
les  délinéations  du  Nouveau-Monde  dans  ces  deux 
cartes,  ne  laisse  pas  non  plus  de  le  surprendre.  L'une 


!  m 


I.  Monuments  de  ki  Gcop-apliie.  Sommaire  et  planche  XIX,    Bulletin  de 
l'Académie  des  Inscrip.  et  'Belles-Lettres,  pour  août  1867. 


'  Il  Ml 


ji-AN  i;r  si'BAsriiiN  cahot 


8t 


Cl  l'autre  divisent  encore  'rerre-Xeiive  en  segments, 
erreur  qu'explique  la  tradition,  si  persistante  en  carto- 
graphie, et  les  échancrures  extrènienient  profondes 
de  cette  île,  dont  le  caractère  exact  ne  pouvait  être 
déterminé  qu'après  un  relèvement  minutieux  de 
toute  la  côte;  mais  l'île  est  absolument  détachée  de 
la  terre  ferme.  Le  golfe  Saint-Laurent  dans  tous  ses 
contours,  avec  la  Gaspésie,  la  baie  des  Chaleurs,  le 
canal  de  Northumberland,  la  péninsule  de  l'île  du 
Cap-Hreton,  s'y  trouvent  nettement  définis.  Le  fleuve 
Saint-Laurent  et  l'île  d'Anticosti  sont  en  outre  iden- 
tiques dans  les  deux  cartes,  les  premières  qui  con- 
tiennent des  renseignements  aussi  détaillés. 

Si  ces  tracés,  dans  la  carte  de  Cabot,  provenaient 
de  ses  propres  explorations  en  1497  ou  depuis,  on 
retrouverait  des  délinèations  équivalentes  dans  les 
portulans  dressés  en  Espagne  et  même  en  Portugal 
avant  l'année  1544,  date  de  la  carte  cabotienne.  Or, 
c'est  dans  la  mappemonde  dite  de  Henri  II  que  ces 
lignes  se  voient  pour  la  première  fois,  et,  comme 
elles  répètent  et  confirment  les  descriptions  authen- 
tiques des  voyages  de  Jacques  Cartier,  c'est  parmi 
les  cartes  françaises  qu'il  faut  chercher  le  prototype 
du  planisphère  de  1544. 

11  est  évident  qu'à  une  époque  où  l'Espagne  ne 
cessait  de   revendiquer  tous   ces    pays',    un   pilote 

I.  Bucliiiigliam  Sniitli,  Cokaicii  ilc  unies  iIoiiiiiuiiIm  pnia  lu  hiskwia  de  h 
l'Ioridii  y  linriis  iidyamilfs,  Madrid,  1S57,  in-.}0;t.  I  (sculpublicK  Voir  aussi 
l'intcrcssaiu  passage  de  la  Cosmographie  avec  cspcrc  et  régime  du  Soleil  el  du 
Xcrd,  rédigcc  par  Jclian  Alfonce  et  Paulin  Sccalart,  «  pour  faire  service  au 


f.W^ 


'  Il 


M 


83 


Il  AN  i;i   Sl'HASTII-N  CADin 


major  de  C.luirlcs-Q.iiint  aurait  été  mal  venu  à  recon- 
naître le  bien  tonde  des  prétentions  de  la  l-rance,  en 
conservant  sur  une  carte  espagnole  des  appellations 
absolument  iVansaises.  l'ar  exemple,  la  partie  de 
rOcéan  Atlantique  qui  baij^ne  les  côtes  du  Canada 
ne  pouvait  continuer  à  être  qualifiée  de  Mer  de  Iriincc, 
et  ainsi  des  autres  noms.  Aussi  remarque-t-on  sur 
la  carte  de  Cabot  un  certain  nombre  de  désij^nations 
nouvelles  et  uniques  '.  il  y  en  a  d'autres  qui  ne  sont 
que  des  noms  Iran^'ais  défigurés  dont  on  paraît  avoir 
ignoré  l'origine,  et  parmi  ceux-ci,  nous  distinguons 
en  première  ligne  des  appellations  provenant  directe- 
ment de  Cartier  :  -<  lu  (}i,ui  île  i^olosnie,  »  pour  lac  d'An- 
gouléme,  ^(.golosiiic  '  »,  pour  Angoulénie,  et  le  «  Rio  de 
S.  ijiiciuiin,  »  évidemment  la  rivière  du  Saguenay, 
noms  placés  tous  aux  lieux  mêmes  où  on  les  lit  sur 
le  planisphère  dit  de  Henri  il. 

list-ce  à  dire  que  Cabot  a  copié  directement  ce 
document?  Non,  assurément. 

Au  xvi^'  siècle,  les  cartes  marines  ne  s'exécutaient 
pas  de  toutes  pièces.'  ]:lles  n'étaient,  à   proprement 


roy,  »  en  i)4|-i5|j  ,.MS.  Bibliot.  nationale  de  Paris,  Tonds  français  n"  676, 
in-l'ol.  :  «  Le  roy  d'iispaignc  et  le  roy  de  Portugal  ont  iaict  partaige  de 
l'universel...  etc.  n 

1.  Kohi,  DMiimciilttiy  Ilistory  0)  Maine,  p.  365. 

2.  On  trouve  cette  de'iioniination  d'Angoulènie  [Ath^iiilemc  et  Aiigoiiksme) 
dans  la  carte  de  .Maggiolo  de  1527,  et  dans  celle  de  Cjastaldi  ;  mais  il  est 
donné  i\  une  localité  du  littoral  de  l'Atlantique,  tandis  que  dans  la  carte  de 
Chabot,  conuiic  dans  celles  de  Henri  II  et  de  Vallard,  de  Dieppe,  on  ne  voit 
ce  nom  que  sur  le  lleuve  Saint-Laurent,  en  amont  même  delà  ville  de  Q.ué- 
bec  d'aujourd'hui. 


JKAN  ET  Si;HASriI'\  CAlKVr 


«J 


parler,  i]Uc  des  éditions  revues,  remaniées,  et  plus 
ou  moins  complétées  de  cartes  antérieures,  mais 
sans  que  les  modifications  portassent  jamais  sur  de 
i;rands  espaces.  C'est  pour  cette  raison  qu'on  voit 
figurer  pendant  si  lont;temps  des  reliions,  des  îles 
et  des  noms  absolument  imaginaires,  à  proximité 
même  de  pays  soigneusement  explorés'.  La  carte 
royale  ne  représente  donc  que  le  point  culminant 
de  la  science  géographique  vers  l'an  1 345. 

Alors,  comme  maintenant,  les  pilotes  de  tous  les 
pays  échangeaient  volontiers  entre  eux  des  relevés 
de  positions  et  de  côtes.  De  retour  dans  leur  pays, 
ils  les  communiquaient  à  des  cartographes  de  pro- 
fession, quand  ils  n'étaient  pas  eux-mêmes  capables 
de  dresser  un  portulan,  ce  qui  était  rare.  Ces  docu- 
ments de  qualités  diverses  devaient  être  très  recher- 
chés dans  les  grands  ports  de  mer  ;  on  comprend 
facilement  que  Cabot  s'en  soit  procuré  qui  pouvaient 
provenir  des  pilotes  de  Jacques  Cartier  et  de  Rober- 
vaP,  ou  même  des  nombreux  patrons  de  pêche 
normands  et  bretons  lesquels,  depuis  les  expjditions 
de  Jehan  Denys,  de  Thomas  Auberl  et  du  baron  de 


1.  On  retrouve  eiKoro  l'ik'  Jcs  Si-lc  ciinliulcs  Jans  le  plaiiispliéiv  île  Il'.nry 
II,  et  celle  lies  Stft  citez  sur  l.i  carte  Je  Mercator  lie  1 569. 

2.  11  résulte  d'un  ilocuineiit  de  l.i  collection  M'jfioz  (t.  I.XXXIH,  fol.  2ik) 
citép.ir  M.  Duro  (.l/va  i/i'  KiV,  p.  316;,  qu'à  la  suite  du  deuxième  voy.ige  de 
Jacques  Cartier,  Charles  Quint  envoya  une  caravelle  au  pays  des  Bacallaos 
afm  de  connaître  l'étendue  de  l'exploration  accomplie  par  le  navij^ateur  fran- 
çais :  «  En  carlA  diii.^i,la  por  c/  Embajador  en  Portugal  al  Cowendadcr  inayor  de 
Caslilhi  d  mismo  ai'io  de  li^i,  ctienta  que  ha  recibido  relicion  de  una  carabclla 
que  cl  Empciador  inundj  à  L>s  bacalUos para  inqnirir  adviidc  fiic  Cartier.  » 


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23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  14580 

(716)  872-4503 


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84 


JEAN  LT  SÉBASTIEN  CABOT 


Léry  n'avaient  cessé,  comme  nous  l'avons  déjcà  dit, 
de  fréquenter  ces  parages. 

Nous  croyons  cependant  que  Sébastien  Cabot  a 
fait  sa  mappemonde  sur  un  modèle  portugais  imité 
d'une  carte  française  très  voisine  par  la  date  et 
l'exécution  du  célèbre  planisphère  de  Henri  II. 


La  conclusion  que  nous  tirons  de  ce  rapproche- 
ment, c'est  que  les  éléments  géographiques  qui  ont 
servi  à  construire  la  mappemonde  cabotienne,  sont 
d'un  demi -siècle  postérieurs  à  la  découverte  du  La- 
brador, et  qu'ils  ne  proviennent  ni  de  Jean  Cabot, 
ni  de  son  fils  Sébastien.  Ce  dernier,  en  1544,  fai- 
sant œuvre  à  son  tour  de  cartographe,  a  emprunté 
ses  principales  données  à  une  carte  française  ou 
portugaise,  et,  approximativement,  de  mémoire,  il 
a  fixé  son  atterrage  de  1497  ^^^^  ^"  point  quel- 
conque du  promontoire  de  l'île  du  Cap-Breton, 
dont  jusque-là  il  n'avait  probablement  qu'une  vague 
idée. 

Si  notre  théorie  est  exacte,  le  lecteur  se  rendra 
compte  du  peu  de  garantie  qu'offre  un  point  d'atter- 
rissement  établi  dans  ces  conditions,  et  combien 
peuvent  être  contestables  les  contours  qui  servent 
de  base  à  une  approximation  aussi  tardive.  Et  si  l'on 
ajoute  que  la  carte  elle-même  n'est  pas  l'œuvre 
directe  de  Cabot,  mais  une  planche  gravée  en 
Allemagne  ou  dans  les  Pays-Bas,  loin  de  ses  yeux 
et  de  son  contrôle,  pour  un  éditeur  qui  de  son  chef 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT  «5 

a  ajoute  aux  légendes  espagnoles  des  traductions 
latines  inexactes  et  ampoulées  ',  le  critique  est  en 
droit  de  se  demander  s'il  peut  faire  grand  fond  sur 
ce  trop  fiimcux  planisphère. 

La  légende  rédigée  en  espagnol  et  portant  le  N"  8 
seule  (sauf  en  ce  qui  concerne  la  date  de  1494) 
échappe  a  nos  critiques.  Le  lecteur  cependant  remar- 
quera quil  en  ressort  ce  simple  fhit,  que  le  24  juin 
1497,  Jean  Cabot  et  son  fils  Sébastien  découvrirent 
une  terre,  et,  le  même  jour,  une  île  qui  en  était 
voisine. 

Selon  la  carte  attribuée  à  Sébastien  Cabot  cette 
terre  serait  le  promontoire  du  Cap-Breton,  et  l'île 
adjacente  celle  du  Prince-Edward. 

Mais  un  doute  nouveau  s'élève  dans  notre  esprit 
tst-ce  bien  à  l'île  du  Cap-Breton  qu'il  faut  défini- 
tivement placer  kprima  vista  des  Cabot  en  1497? 

Si  l'on  s'en  tient  aux  délinéations  de  la  carte  de 
1544,  Il  n'y  a  pas  â  hésiter,  et  le  critique  doit 
repondre  affirmativement. 

La  carte.  Je  lecteur  doit  se  le  rappeler,  est  accompa- 
gnée d  une  note  explicative  où  il  est  dit  qu'après  avoir 
atterri  le  24  juin.  Cabot  découvrit  le  même  jour  une 

J-   "C,m  docte  tu,,,  fidcliUr,   „a,nffalo,ûe  CJmU  i„star  descr!',sit    Gcc.rr, 
J  ap,opte,  mefidadoct,ss„„asquemagistra...  ,.  Légende  17. 


J 


86 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 


II 


1 

r'. 


1  j:| 


grande  île  voisine  de  la  terre  qualifiée  par  ce  naviga- 
teur de  «  priiiM  ticrra  vistiï.  » 

Les  îles  à  proximité  de  cette  terre,  lorsqu'on 
s'avance  du  cap  Percé  pour  entrer  dans  le  golfe  Saint- 
Laurent  sont,  d'abord,  une  très  petite  île,  Saint-Paul, 
à  l'extrémité  du  cap  North,  puis,  après  avoir  doublé 
ce  cap,  les  îles  du  groupe  de  la  Madeleine,  toutes  de 
peu  d'étendue,  enfin,  au  sud  de  ces  îlots,  la  grande 
île  du  Prince-Edward. 

Les  îles  Saint-Paul  et  de  la  Madeleine  sont  beau- 
coup trop  petites  pour  qu'aucune  d'elles  puisse  avoir 
été  qualifiée  par  Cabot  de  «  Isla  grande.  »  L'île  du 
Prince-Edward  seule,  dans  ces  parages,  mérite  ce 
nom,  car  elle  est  d'une  superficie  d'au  moins  563,183 
hectares. 

La  grande  île  nommée  par  Cabot  «  Saut  loan  »  est 
donc,  selon  la  carte,  l'île  du  Prince-Edward. 

Quelle  que  soit  la  configuration  réelle  de  l'île  du 
Cap-Breton  et  du  littoral  adjacent,  nous  sommes  liés 
par  les  assertions  cartographiques  de  Cabot.  O;,  dans 
le  planisphère  de  1344,  c'est  à  l'extrémité  nord-est 
de  l'île  du  Cap-Breton,  sur  le  rivage  même  de  l'Atlan- 
tique, en  un  lieu  correspondant  à  celui  appelé  au- 
jourd'hui le  cap  Percé,  et  non  à  l'intérieur  du  golfe 
Saint-Laurent,  que  se  lit  la  ûuneuse  phrase  :  «  prima 
ticrra  vista.  » 

La  carte  porte  aussi  que  Cabot  vit  cette  première 
terre  le  matin  :  «  por  la  mannana,  »  et  qu'il  découvrit 
le  même   jour  :  «  d  mismo  dia,   »  une  grande  île, 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CAROT 


87 


laquelle     selon    les    données    cartographîqucs   que 
nous  analysons,  est  l'île  du  Prince-Edward. 

Le  24  juin  1497,  à  la  latitude  du  cap  Percé  le 
so  e,l  se  leva  à  4  heures  du  matin  et  il  se  coucha  à 
8  heures  du  soir.  Cabot  a  donc  forcément  franchi  la 
distance  qui  sépare  le  cap  Percé  de  l'île  du  Princc- 
bdward,  en  seize  heures  au  plus. 

Du  cap  Percé  au  cap  Est,  qui  est  le  premier  point 
de  hle  du  Prince-Edward  en  vue  quand  on  arrive 
du  nord-est,  il  y  a  cent  vingt-neuf  milles  marins 

Il  nous  paraît  matériellement  impossible  que  les 
Labot  a  une  époque  aussi  reculée,  aient  pu  franchir 
ces^cent  vingt-neuf  milles  en  moins  de  seize  heures' 
On   ne    possède    pas    de  description   précise  du 
bâtiment  que  montaient  ces  navigateurs  dans  ce  mé- 
morable voyage.  Nous  savons  seulement  qu'il  était 
de  dimensions  restreintes  :  «  „no  picolo  mvigUo   « 
ne  portant  que  dix-huit  hommes  :  «  c  mm  XVIII 
penom  se  pose  a  la  jortum\  «  Ce  n'était  donc  qu'une 
sorte  de  petite  caravelle  à  voilure  légère;  autrement 
un  équipage  aussi  peu  nombreux  que  l'était  celui  des 
(^abot,  après  déflilcation  des  personnes  qui  n'avaient 
pas   a   ferler   les   voiles,   n'eût  pu    la   manœuvrer 
La   marche   du  petit  navire,  conséquemment,  était 
peu  rapide.  Nous  pouvons  même  la  déterminer 


1.  La  traduction  latine  de  la  légende  espagnole  dit  même  que  ce  fut  \ 
.nq  heuresdu  matin  :  „  l,ora  5.  Sul,  dilncuh  .,  ce  qui  enLe  encore  un 

seizième  du  temps  à  notre  calcul. 

2.  Lettre  de  Pasqualigo,  Append.  VIII. 


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88 


JHAN  ET  snnASTIEN  CABOT 


Parti  de  Bristol  au  commencement  de  mai,  — 
mettons  le  6,  —  Jean  Cabot  atterrit  le  24  juin,  soit 
une  traversée  de  quarante-neuf  jours.  La  distance 
de  Bristol  au  cap  Percé  est  égale  à  2,243  miH^'^ 
marins.  La  traversée  a  donc  été  d'une  moyenne  de 
45  à  46  milles  par  jour;  ce  qui  donne  moins  de  deux 
nœuds  à  l'heure. 

Comment  Cabot  aurait-il  pu  franchir  cette  dis- 
tance du  cap  Percé  à  l'île  du  Prince -Edward,  cent 
vingt-neuf  milles,  entre  le  lever  et  le  coucher  du 
soleil,  quand  son  navire  ne  comportait  qu'une  marche 
maximum  de  trente-deux  milles  pour  seize  heures  ? 
Les  difficultés  de  navigation  étaient  même,  au  24 
juin,  beaucoup  plus  grandes  qu'auparavant.  Cabot,  à 
cette  date,  ne  se  trouvait  pas  en  pleine  mer  où,  ne 
craignant  guère  les  récifs  et  les  bas-fonds,  son  navire 
pouvait  évoluer  à  l'aise  et  obéir,  autant  que  sa  légère 
voilure  le  lui  permettait,  à  l'impulsion  d'un  vent 
fiivorable.  Ici,  dans  les  parages  du  cap  Breton,  il  était 
en  vue  d'une  terre  absolument  inconnue,  longeant 
des  côtes  profondément  dentelées,  dans  des  eaux 
exigeant  de  fréquents  sondages.  Il  avait  aussi  à  lutter 
contre  de  forts  courants,  et  cependant,  c'est  malgré 
ces  obstacles,  alors  que  son  navire  pendant  quarante- 
huit  jours  lui  avait  à  peine  donné  deux  milles  à 
l'heure,  que  tout  à  coup,  prenant  des  ailes,  il  aurait 
quadruplé  sa  marche  ? 

Nous  hésitons  à  admettre  ce  phénomène. 

Ces  raisons  ne  sont  pas  les  seules  qu'on  puisse 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT  „j 

alléguer  contre  l'authenticité  d'une  découverte  qu'au- 
raient accomplie  les  Cabot  en  ce  lieu  même  au  cours 
de  leur  premier  voyage. 

Plusieurs  cartc-s  officielles  dressées  par  les  propres 
collègues  de  Sebastien  Cabot  antérieurement  â  son 
départ  définitif  dhspagne,  indiquent  les  découvertes 
des  Anglais  au  nord-ouest. 

Or.  par  le  mot  Ingleses  apposé  dans  les  parages  de 
1  Amérique   septentrionale  sur  toute  carte  des  pre- 
mières vingt-cinq  années  du  xvi^"  siècle,  il  f^mt  enten- 
dre es  Cabot,  surtout  lorsque,  comme  dans  le  pla- 
nisphère de  Ribeiro  conservé  au  Vatican,  on  y  voit 
ajoutée  la  spécification  :  «  ,/,  Bristol  '.  »  II  n'y  a  pas  en 
effet,  hormis  les  expéditions  cabotiennes,  de  vov^ae 
accompli  pour  le  compte  de  l'Angleterre  autre  que 
celui  de  la  Mary  Guilford  et  du  Samotu  hix  par  John 
Kut,  qui  ait  laissé  des   traces,  et  ce  voyage  est  de 
1  année  1527.  j  ^  ^y. 

Sébastien  Cabot  a  eu  forcément  connaissance  du 
iieu  ou  leç  cosmographes  portugais  et  espagnols 
n  ont  jamais  cessé  de  placer  les  découvertes  des 
Angais,  .c  est-à-dire  les  siennes  propres.  Il  avait 
qualité  pour  corriger  les  erreurs  cartographiques  des 
pilotes  espagnols,  lesquels  ne  pouvaient  naviguer 
au  Nouveau-Monde  sans  avoir  subi  les  examens 
qu  II  leur  imposait  comme  pilote  major.  Le  Padroti 


I.  R.  Thomassy.  Les  Papes  géographes,  Paris,  1852,  i„-8.  p.  m. 


90 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Î!^  |u 


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f  ; 


Real'  était  aussi  dans  les  attributions  de  Cabot,  lequel 
flnsait  partie  de  droit  des  commissions  de  cosmo- 
graphes nommées  à  l'effet  de  reviser  les  cartes  ma- 
rines et  d'y  ajouter  les  pays  nouvellement  décou- 
verts ;  enfin,  c'est  lui  qui  gardait  sous  clef  toutes 
les  cartes  de  l'hydrographie  espagnole  '.  Il  a  donc 
connu  les  planisphères  dressés  à  Séville.  Comment 
se  fait -il,  alors,  que  les  découvertes  attribuées  aux 
Anglais  par  les  cartographes  qui  travaillaient  sous 
ses  ordres  et  sous  ses  yeux,  ne  soient  pas  placées 
dans  les  parages  de  l'île  du  Cap-Breton,  puisque  Cabot 
lui-même  affirme  que  c'est  bien  là,  à  l'entrée  du 
golfe  Saint-Laurent  et  â  l'île  du  Cap-Breton  que  lui  et 
son  père  sont  venus  atterrir?  Pourquoi  cette  terre 
des  Bacallaos  qu'il  déclare  sienne,  en  vertu  d'une 
découverte  accomplie  trente  ans  auparavant,  est-elle 
octroyée  aux  Cortereal  par  tous  les  cartographes, 
même  après  Mercator,  tandis  que  les  découvertes 
des  Anglais  ou  des  Cabot  sont  reléguées  au  pays 
des  Esquimaux  ? 

Il  n'y  avait  aucune  raison  politique  pour  dissimuler 
la  part  qui  revenait  à  l'Angleterre  dans  les  expéditions 
transatlantiques.  Ni  les  Portugais  ni  les  Espagnols 
n'étaient  en  guerre  avec  Henry  VIII.  Les  deux  bulles 
d'Alexandre   VI  ne   pouvaient   non  plus   être  une 


il 


1.  Voir  pour  le  détail  des  attributions  du  pilote  major  et  le  caractère  de  ce 
Piidron  Real,  la  cédule  nommant  Americ  Vcspuce  d  ces  fonctions,  le  6  août 
1508.  Navarrete,  t.  III,  p.  299. 

2.  Veitia  Linagc,  Nortedela  Conlralacion,  lib.  II,  cap.  XI,  p.  146. 


1   I 


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JHAN  ET  SÉBASTIEN  CAHOT  5, 

raison,  car  à  l'endroit  mC-mc  où  Sébastien  Cabot 
marque  son  atterrissage  et  où  son  pure  aurait  planté 
les  bannières  de  saint  George  et  de  saint  Marc  le 
premier  nom  qui  saute  aux  yeux,  c'est  celui  de 
«  Tnrra  de  los  Birloiics.  »  Les  Portugais  et  les  Espa- 
gnols pouvaient  donc  tout  aussi  bien  inscrire  à  la 
place  :  «  Ticmi  de  los  IngJcscs,  »  d'autant  plus  qu'à 
1  époque  où  Reinél,  Ribeiro  et  Chaves  dessinaient 
des  cartes  pour  Charles-Quint,  ce  monarque  guer- 
royait avec  François  I-,  roi  de  France  et,  jus- 
qu  en  1532,  duc  de  Bretagne. 

II  est  aussi  digne  de  remarque  que  les  Portugais, 
les  Espagnols  et  les  Italiens  n'étaient  pas  seuls  à  placer 
au  Labrador  l'atterrissage  des  Anglais.  Ces  derniers 
qui,  certes,  devaient  être  exactement  informés,  fixent 
eux-mêmes  comme  lieu  de  leurs  premières  décou- 
vertes transatlantiques  une  terre  plus  boréale  de  dix 
degrés  que  l'île  du  Cap-Breton.  Hakluvt  en  a  publié 
les  preuves  documentaires. 

^  Robert  Thorne,  de  Bristol,  riche  négociant  établi 
a  beville,  croyant  à  l'existence  d'un  passage  au  nord- 
ouest,  fit,  en  1527,  des  démarches  pour  enga-er 
Henry  VIII  à  tenter  une  nouvelle  entreprise.  A  cet 
eftet  il  adressa  à  son  souverain  une  lettre  '  et  à 
Edward  Leigh,  ambassadeur  d'Angleterre  auprès  de 


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JEAN  ET  Sl'BASTIIiN  CABOT 


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I 


Charlcs-Quint,  un  mémoire  et  une  carte  '  de  la  partie 
septentrionale  du  nouveau  continent. 

Dans  le  mémoire,  Thorne  rapporte  que  son  père 
fut  un  de  ceux  «  qui  découvrirent  Terre-Neuve  [alors 
considérée  comme  terre-ferme],  en  compagnie  d'un 
autre  marchand  de  Bristol,  appelé  Hugh  Eliot  '.  » 
On  trouve,  en  effet,  un  Hugh  Eliot  parmi  les  con- 
cessionnaires des  lettres-patentes  octroyées  par 
Henry  VII  au  mois  de  décembre  1502,  pour  un 
voyage  dans  ces  régions  '.  Le  pérc  de  Thorne  avait 
donc  visité  la  côte  septentrionale  du  Nouveau-Monde 
vers  l'année  1503. 

Thorne  dit,  en  outre,  que  les  pays  découverts  à 
cette  époque  par  ses  compatriotes  constituaient  le 
prolongement  extrême  des  terres  nouvelles  au  nord, 
et  qu'elles  étaient  ce  que  les  Espagnols  appellent  : 
«  Terra  de  Labrador  ''.  »  Puis,  lorsque  le  lecteur  se  re- 
porte à  la  carte  même,  il  y  relève,  sur  l'emplacement 
qui  correspond  aux  lieux  ainsi  dénommés  dans  les 
planisphères  sévillans  de  1527  et  1529  dits  de  Wci- 
mar,  la  légende  :  «  Noua  terra  laharatonnn  dicta,  »  et 


1 .  The  Booke  mude  hy  the  Righi  U'orshipfuU  Masier  %obert  Thorne  in  the 
yeere  iS2j,  in  Siiiil  ;  Ibidem.  La  carte  ne  se  trouve  que  dans  les  Divers 
voyages,  mais  elle  a  itù  reproduite  en  fac-similé  dans  la  réimpression  de 
la  Société  Hakluy tienne,  en  1850. 

2.  «  This  désire  of  this  discoHcrie  I  inheriledof  myfather,  ivhich  with  anolher 
merchant  of  Bristoive,  nanied  Hugh  Eliot,  were  the  discouercrs  0/  the  neive  jound 
lands.  »  Hakluyt,  Trincip,  Navig.,  1. 1,  p.  219. 

3.  Rymer,  Fœdera,  t..  V,  pars  IV,  p.  186;  Kohi,  Docimentary  History  of 
Maine,  p.  186. 

4.  Divers  voyages,  p.  38  de  la  réimpression. 


JHAN  ET  SÙHASTII'X  CAHOT  9} 

sur  les  ondes  qui  baignent  toute  cette  côte:  «  Tcryi  iicc 
iih  Aiii^lis  priiiiiiiii  fiiil  iiiiiciilii.  » 

'Hiorne  était  ani^lais  de  naissance,  vivant  à  Séville, 
forcément  en  compagnie  de  Sébastien  Cabot  ',  son 
compatriote  par  adoption;  ses  lettres  témoignent 
d'une  grande  connaissance  du  sujet;  il  tenait  ses  ren- 
seignements de  son  pérc,  citoyen  de  Bristol,  témoin 
du  départ  et  du  retour  de  la  première  expédition  de 
Jean  Cabot,  et  qui,  moins  de  cinq  ans  après,  explora 
en  personne  les  régions  découvertes  par  ce  dernier.  Où 
trouver  un  témoignage  présentant  plus  d'éléments  de 
certitude?  Or,  Robert  Thorne,  on  vient  de  le  voir, 
dans  un  mémoire  et  sur  une  carte  qui  devaient  passer 
sous  les  yeux  de  son  roi,  détermine  la  position  des 
terres  trouvées  par  ses  compatriotes.  Il  les  place  à 
l'extrême  nord  du  nouveau  continent,  et  il  les  identi- 
fie explicitement  avec  le  pays  qu'en-  Espagne  on  appe- 
lait le  Labrador  '.  Si,  maintenant  le  lecteur  daigne  jeter 
les  yeux  sur  les  cartes  de  Weimar,  lesquelles  sont 
contemporaines  du  mémoire  de  Thorne  et  également 
datées  de  Séville,  il  verra  que  pour  les  Espagnols, 
en  1527,  le  Labrador  ou  «  licrra  que  dcsciibneron  Jos 


1.  Thorne  adjoignit  niâiie  à  Cabot  deux  Anglais  pour  se  rendre  compte  dts 
découvertes  que  ce  dernier  devait  faire  lors  de  l'expédition  à  la  Plata.  Report 
of  a  voyage of  tivo  Eiiglisbmen  in  the  company  of  Sébastian  Cabota  in  apiil  IJ27, 
taken  ont  of  the  information   of  Mr.  Robert  Thorue,  Hakluvt,  t.  III,  p.  727. 

2.  <i  Which  mayne  laml  or  coast  gocth  Norllnvarde  and  finishelh  in  the  lande 
Ihiit  lire  fournie,  xuhich  is  called  heere.  Terra  de  Labrador.  »  Loc.  cit.,  t.  I, 
p.  216. 


ir- 


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94 


JEAN  ET  StfiASTlEN  CABOT 


Inglescs,  »  n'est  pas  l'île  du  Qp-Hrcton,  mais  bien 
une  c(3ntrée  située  ili\  degrés  plus  au  nord. 

Ces  données  trouvent  une  ccMifirmation,  assez 
inattendue,  dans  les  propres  assertions  de  Sébastien 
Cabot,  recueillies  de  ses  lèvres  mêmes  '  par  un  témoin 
digne  de  foi,  et  qui  était  son  ami. 

«  Ces  régions,  dit  Richard  Hden,  sont  nommées 
Terra  l'hrida  et  Rc^io  BiiccitJùinim  ou  Baahiûïos,  au 
sujet  desquelles  vous  pouvez  lire  quelques  détails 
dans  la  relation  du  voyage  de  ce  digne  vieillard,  en- 
core vivant,  Sébastien  Cabote,  au  livre  VI  de  la  troi- 
sième Décade  '.  iMais  Cabote  n'a  atterri  qu'à  l'c.xlrc- 
inilc^  scpkiilrionalc  et  la  partie  la  plus  sauvage,  d'où 


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1.  Le  passage  en  question  se  trouve  dans  l'ouvrage  où,  A  plusieurs  reprises, 
Edcn  rapporte  des  paroles  qu'il  dit  tenir  de  Sébastien  Cabot  i<  liimsclje.  » 
Supra,  page  37,  note  2. 

2.  Eden  (ait  allusion  à  sa  traduction  des  Décides  de  Pedro  Martyr,  dont 
nous  donnons  le  texte  latin  de  la  partie  qui  se  rapporte  i  Sébastien  Cabot, 
dans  notre  appendice  XIX, 

3  <(  Thcse  régions  are  caiiled  Tara  l'IorUla  and  Ri'^io'Uaccalearum  or  Bacchal- 
laos  oj  the  luhicb  yoii  may  reade  sumu'hat  in  this  hoohe  in  tlv  vyai;i'  oj  ll.v  nvor- 
Ihy  Oîi'Wc  niait  yet  lyuing  Scbastiane  Cabale,  tu  the  FI.  booh  oj  the  Ihynk  Décade, 
But  Cabote  touched  onUj  in  the  mrth  corner  and  mosl  barbarous  parte  hereof, 
front  rchensc  he  icas  repuhcd  with  Ise  in  the  moncth  of  Jiily  ».  The  Décades  ofthe 
New  WorUe  icritten  in  Latin  by  Peter  Martyr  of  Angleria,  and  translated  iiito 
Eiiglysshe  by  Rycharde  Edcn  ;  Lond.  1555,  in-4  ;  préface,  sign.  Ci.  Connue 
le  dit  justement  M.  J.  Carson  Brevoort,  ce  curieux  passage,  qu'il  a  le  pre- 
mier signalé  (Verrazaiio  the  Navigator,  New-York,  1874.  in-8,  p.  76),  a 
l'apparence  d'une  glose  dictée  par  Cabot  pour  expliquer  le  sens  des  asser- 
tions de  Pedro  Martyr,  que  Eden  traduisait  alors  en  Angleterre,  probable- 
ment sous  les  yeux  du  vieux  navigateur. 

Le  texte  porte  :  a  corner  » ,  mot  qui  est  employé  dans  le  sens  d'  «  an- 
gle »,  mais  aussi  dans  celui  d'  «  extrémité  »  :  «  Corner.  The  end,  cxtreinity, 
or  limit.  »  Webster,  'Diclionary,  1849,  '"--1-  p.  267,  sur  l'autorité  de  la 
Bible  anglaise  dite  Version  du  roi  Jacques. 


fEAN  liT  SliBASTIUN  CABOT  „ 

il  fut   repousse  par  les  -laces  au   mois  de  juillet.  .. 
Nous  reconnaissons  qu'après  avoir  pesé  ces  argu- 
ments, le  lecteur  est  fondé  â  se  demander  quel  pou- 
vait être  rmtérét  de  Sébastien   Cabot  à  placer  son 
point  d'atterrissacrc  au  cap   Percé  plutôt  qu'au  La- 
brador, SI  c'est  véritablement  sur  la  côte  de  ce  dernier 
pays  qu'il  aborda.   Les  manifestations    de  la   vanité 
iuimame  sont  multiples.  Ce  n'est  peut-être   qu'une 
question  d'amour-propre.  Cabot  aura  préféré  passer 
pour  avoir  découvert  un  pays  que  la  France  cherchait 
alors  à  coloniser,  et  de  riches   pêcheries  qui    depuis 
quarante    ans   attiraient    les   navires  de   toutes   les 
nations  du  littoral  de  l'Atlantique,  plutôt  que   ces 
terres  désolées  où,  selon  le  jan-age  des  cosmo-ra- 
phcs  espa<,mols  et  portugais,  il  n'y  avait  rien   qui 
vaille  :  «  nctda  de  provccbo  '.  » 

lin  résumé,  le  peu  de  durée  du  premier  voyage 
des  Cabot,  l'impossibilité  de  circonscrire  leur  décou- 
verte dans  les  termes  qu'emploie  Sébastien,  l'époque 
tardive  où  il  réclame  l'île  du  Cap-Breton   pour  sa 
pnimt  visfd,  quand   pendant    trente   ans,    avec   son 
concours,  ses  compagnons  de  chaque  jour,  ses  con- 
reres  et  ses  élèves,  fixent  quinze  degrés  plus  au  nord 
le  heu  où,   selon  leurs  données,  il  aurait   abordé 
détermination  qu'adoptent  les  cartes  marines  de  tous 


1.  «  Xo  c,y  en  ellu  cosa  de  provccbo ..,  planispIiOrc  de  Diego  Ribciio,  et  c 
de  Alonso  Cliaves  d  après  la  description  d'Oviedo. 


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96 


JEAN  HT  SÉBASTIEN  CABOT 


les  peuples,  avant,  pendant  et  après  la  confection  du 
planisphère  de  1544,  tout  cela  constitue  un  ensemble 
de  raisons  dont  le  critique  doit  tenir  compte. 

11  est  donc  possible  que,  malgré  ses  assertions, 
Cabot  ait  atterri  en  1497,  non  à  l'île  du  Cap-Breton, 
mais  sur  la  côte  du  Labrador.  Il  était  même  dans  la 
nature  des  choses  que,  partis  de  Bristol,  les  Cabot 
vinssent  y  aborder,  plutôt  qu'à  l'entrée  du  golfe  Saint- 
Laurent.  Mais  ceci  n'est  qu'une  hypothèse,  qui  appelle 
l'attention  sans  que  l'historien  puisse  cependant  es- 
pérer résoudre  la  question  avec  les  documents  aujour- 
d'hui connus. 


1  ,f 

iii 


IX 


ELON  la  carte  de   1544,  c'est  à  l'île  du 

1  rince -Edward  que    le  21    juin    1497 

nous  aurions  laissé  les  Cabot.  Quelles 

terres  cxplorêrent-ils  avant  de  revenir 

en  An^Ieterrep  Lorenzo    Pasqualigo  dit   qu'au  re- 

our  Jean  Cabot  reconnut  a  sa  droite  deux  îles  :  a  , 

oUoniar  al  dreto  a  visto  do  ixoh,  »  Ce  sont  les  seuls 

renseignements  que  nous  possédions. 

Si  l'on  accepte  la  position  de  la  petite  flotte  de 
Cabot  au  moment  où,  de  l'île  du  Prince-Edward  elle 
se  prépare  a  continuer  son  périple,  c'est-à-dire  la 
proue  tournée  du  côté  de  l'ouest,  les  seules  îles  no- 
tables que  Cabot  ait  pu  voir  à  sa  droite  sont  Anti- 
costi  et  Terre-Neuve.  Dans  ce  cas,  il  côtoya  la 
Gaspesic,  atteignit  les  côtes  du  Bas-Canada  et  vint 
déboucher  dans  l'Atlantique  par  le  détroit  de  Belle- 

Si  telle  avait  été  la  route  suivie  par  Cabot,  Terre- 
Wcuve  n  aurait  pas  continué  à  figurer  comme  terre 


I  n 


98  JHAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

ferme  sur  toutes  les  cartes  sans  exceptions,  pendant 
quarante  ans  encore! 

Ce  navigateur  n'a  pas  eu  non  plus  assez  de  temps 
pour  une  exploration  aussi  étendue.  Il  lui  fallut  du 
commencement  de  mai  au  24  juin  pour  arriver  du 
port  de  Bristol  aux  parages  du  cap  Percé,  soit  qua- 
rante-neuf jours.  Dans  l'hypothèse  où,  porté  par  les 
vents  d'ouest  et  le  Gulf-Stream,  son  «  piccoîo  navi- 
gUo  ))  franchit  au  retour  cette  distance  en  gagnant  un 
tiers  du  temps  employé  pour  accomplir  le  voyage 
d'aller,  comme  Cabot  était  déjà  à  Londres  pendant 
la  première  semaine  d'août  1497,  i^  aurait  exploré 
tout  le  golfe  Saint-Laurent,  contourné  un  nombre 
infini  de  petits  caps  et  traversé  le  détroit  de  Belle-Isle 
aux  abords  si  dangereux,  en  moins  de  douze  jours. 
Ce  n'est  guère  probable.  Que  penser  aussi  des  récits 
et  des  commentaires  qui,  non  satisfaits  d'une  navi- 
gation aussi  étendue,  font  en  outre  remonter  Cabot, 
au  cours  de  ce  même  voyage,  jusqu'à  la  baie  de 
Hudson  et  descendre  jusqu'aux  Florides? 

Si,  au  contraire,  nous  plaçons  l'atterrissage  sur  le 
littoral  du  Labrador,  on  s'explique  qu'après  avoir  fliit 
une  brève  tentative  dans  la  direction  du  détroit  de 
Davis,  Cabot,  ne  trouvant  rien'  qui  vaille  :  «  110  cosa 
de  provecho,  »  ait  viré  de  bord.  En  suivant  la  côte 
orientale  de  Terre-Neuve,  il  a  pu  alors  voir  des  îles  à 
tribord,  telles  que  Grouais,  Belle-Isle  bis,  Fogo  et 
l'archipel  de  Bonavista. 


JEAN  ET  SÉBASTIIiN  CABOT  99 

En  résumé,  les  documents  que  nous  connaissons 
ne  sont  pas  assez  précis  pour  déterminer  le  périple 
des  Cabot  en  1497.  Le  critique  se  trouve  réduit  à 
forger  des  hypothèses  sur  ce  que  Sébastien  a  raconté 
ou  voulu  fliire  croire,  bien  que  dans  ses  récits  (tels 
qu'ils  nous  sont  parvenus)  il  y  ait  évidemment  con- 
fusion entre  plusieurs  voyages,  et  que  les  résultats  de 
deux  ou  de  trois  expéditions  soient  présentés  comme 
devant  se  rapporter  au  seul  voyage  de  1497. 

Or,  si  nous  en  croyons  les  paroles  que  l'Anonyme 
de  Ramusio  attribue  à  Sébastien  Cabot,  ce  dernier 
serait  allé  sans  son  père,  en  1496,  directement  de 
Bristol  jusqu'à  l'île  du  Cap-Breton.  Traversant  le 
golfe  Saint-Laurent,  il  aurait  atteint  les  côtes  du 
Labrador,  traversé  le  détroit  de  Belle-Isle  et  rangé  le 
littoral  jusqu'au  56^  degré  ',  ou  jusqu'au  60'^  degré-, 
voire  jusqu'au  ôy-'  degré  30'  '  de  latitude  nord  : 
«  a  gradi  6"]  d  mc'i^o,  soiio  il  nosiro  polo.  »  C'est-à-dire 
qu'il  aurait  longé  le  détroit  de  Davis  jusqu'à  la  mer 
de  Baffin.  Revenant  sur  ses  pas,  Cabot,  suivant  la 
côte  dans  la  direction  du  sud,  aurait  atteint  la  Floride, 
entre  les  30*^  et  26"^  degrés  de  latitude.  De  ce  point, 
cinglant  à  travers  l'Atlantique,  il  serait  revenu  direc- 
tement à  Bristol. 

Et  afin  qu'on  ne  puisse  se  méprendre  sur  l'époque 
et  la  durée  de  ce  voyage  extraordinaire,   achevé  en 


1.  Ramusio,  1550,  t.  I,  f.  415. 

2.  Idtm,  1565,  t.  III.  f.  417. 

3.  Idem,  t.  III,  verso  de  Aiiij. 


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JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


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trois  mois,  Cabot  ajoute  qu'il  débarqua  en  Angleterre 
lorsque  la  guerre  sévissait  entre  ce  pays  et  l'Ecosse, 
ce  qui  nous  reporte  à  l'automne  de  1497  '•  ^^  ajoute 
même,  qu'en  conséquence,  on  ne  s'occupa  plus  de 
voyages  dans  ces  régions  «  ne  pin  cra  in  considerationc 
alcuna  il  mvigare  a  qncsto  parte,  »  et  que  ce  fut  la  cause 
de  son  émigration  en  Espagne  et  du  bon  accueil  que 
lui  fit  la  reine  de  Castille. 

Cette  partie  du  récit  est  aussi  peu  exacte  que 
l'autre.  Il  y  eut  certainement  d'autres  voyages  sous 
pavillon  anglais  au  nord-ouest.  Les  lettres-patentes 
des  3  février  1498,  19  mars  1501  et  9  décembre 
1502,  établissent  que  Henry  VII  était  loin  d'avoir 
abandonné  ses  visées  sur  les  Terres  Nouvelles. 
D'autre  part,  la  Chronique  de  Fabyan,  rapportée  par 
Stow,  en  nous  montrant  Sébastien  Cabot  revenant 
lui-même  dans  l'année  1502  des  «  Newfound  Ihndcs 
before  namcd  in  anno  1498,  »  prouve  aussi  que  ces 
projets  furent  suivis  d'effet.  Enfin,  ce  n'est  que 
quinze  ans  après,  en  15 12,  que  Sébastien  Cabot  se 
mit  à  la  solde,  non  d'Isabelle  la  Catholique,  puis- 
qu'elle était  morte  depuis  1504,  mais  de  Ferdinand 
d'Aragon. 


1.  La  bataille  de  Blackheath  est  du  22  juin  1497,  et  la  trêve  entre  Jatiies 
et  Henry,  amenée  par  l'entremise  de  Pedro  de  Ayala,  est  du  1 3  décembre 
suivant. 


X 


I  A  nouvelle  que  Cabot  avait  enfin  trouvé 
l'île  du   Brasil,  les    Sept-Cités    et  le 
royaume  du  Grand  Khan,  produisit  en 
Angleterre   une  très  vive  impression  : 
«  Calbot  0/0  porte  le  titre  de  grand  amiral,   on  lui 
rend  les  plus  grands  honneurs,  il  est  vêtu  de  soie 
et  les  Anglais  courent  après  lui  comme  des  fous,  „' 
écrit  Pasquahgo  '. 

Henry  VII,  satisfait  du  résultat,  promit  à  Cabot 
de  lui    équiper  une   flotte  de  dix  navires   pour  le 
printemps  suivant.    Selon  Raimondo  di    Soncino 
1  expédition  devait  se  composer  de  quinze  à  vingj 
bâtiments.  Les  nouvelles  lettres-patentes  que  le  roi 
accorda  a  Jean  Cabot,  n'autorisent  que  l'envoi  de  six 
navires,  du  port  de  200  tonneaux  et  aux  frais  du  con- 
cessionnaire :   «  payng  for  theym  and  mry  of  theym 
as  and  ifzue  should  in  or  for  our  aiuen  cause  paye  and 


'.Appendice  VIII. 


I 


102 


JEAN  ET  Sl-BASTIEN  CABOT 


mon  othenuise.  »  Aussi  ne  croyons-nous  pas,  malgré 
l'expression  employée  par  Puebhi  et  Ayala  ',  que  les 
cinq  navires  furent  expédiés  aux  frais  de  Henry  VII, 
dont  l'avarice  était  notoire. 

A  l'inverse  de  la  première  expédition,  celle-ci 
partit  peu  de  temps  après  la  concession  des  lettres- 
patentes,  lesquelles  furent  octroyées  le  3  février 
1498.  Le  registre  des  dépenses  privées  de  Henry  VII 
mentionne  de  petites  avances  faites  à  des  Anglais 
qui  se  rendaient  à  la  «  Nouvelle  Terre  »  et  à  la 
«  Nouvelle  Ile  '.  »  Ces  émargements  sont  des  22 
mars  et  i'-"''  avril  1498. 

Pedro  de  Ayala,  dans  sa  dépêche  du  25  juillet 
1498,  rappelle  le  voyage  accompli  l'année  précé- 
dente :  «  cl  aho pctssado  Je  tnixo  certen'nlad  que  hctvian 
hciUado  iierrn,  »  et  parlant  ensuite  de  celui-ci,  il  ajoute 
qu'on  espère  le  retour  des  voyageurs  pour  septembre 
1498  :  icspcrase  scran  vciiidos  para  el  Scticinbre.  » 

Un  des  navires,  battu  par  la  tempête,  fut  obligé 
de  revenir  chercher  un  refuge  dans  un  port  d'Irlande  \ 


' 


1.  a  El  Reyde  liighterra  emhio  cinco  mos  »  ;  Append.  XII  et  XIII. 

2.  «  Henry  VII,  1498,  March  22,  To  Lanslot  Thirkill  of  London,  vpon  a 
Prestfor  his  shipp  going  toimrds  the  netv  Ilaiide,  L,  20.  —  Item  deUvered 
to  Laiincelot  Thirldll goiug  towards  the  neivlle  in  Trest,  L.  20.  — April  I.  Item 
to  Thomas  Bradley  and  Louncehl  Thirkill  goiug  to  the  new  Isle,  L.  }o.  —  To 
John  Carter going  to  the  newe  Hein  reivari  40,  /.  »  Excerpla  Ilistorica,  Lon- 
don.  185 1,  in-8,  p.  116,  117. 

3.  (( Ha  venidonueva,la  iinaen  que  ivaun  otro  Fa/ (sic  ^roFray?)  Btiil  aporto 
en  Irlandacon  grau  tormeuto  rotto  el  navio.  »  Appendice  XIII.  Quel  peut  être 
cet  homonyme  du  f;imeux  moine  catalan  qui  le  premier  célébra  la  messe  au 
Nouveau-Monde  en  1494,  ou  bien  ne  serait-ce  que  le  même  Bernardo  Buïl  ? 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


103 


C'est  tout  ce  qu'on  sait  de  ce  voyage.  Nul  ne 
peut  dire  quand  Cabot  revint  en  Angleterre,  ni  quels 
furent  les  résultats  de  cette  seconde  expédition,  — 
la  dernière,  ce  semble,  à  laquelle  Jean  Cabot  ait  pris 
part. 

Nous  ne  voyons  qu'une  donnée  susceptible  d'être 
rattachée  au  voyage  de  1498. 

La  carte  de  Juan  de  la  Cosa,  le  lecteur  se  le  rap- 
pelle', fut  dressée  en  l'an  1500.  On  y  remarque  une 
ligne  de  pavillons  anglais  échelonnés  sur  une  étendue 
de  côtes  incompatible  avec  ce  que  nous  savons  du 
voyage  de  1497,  l^'q^cl  ne  dura  que  trois  mois.  Tout 
le  littoral  du  continent  américain,  d'un  point  corres- 
pondant au  70'-'  degré  de  latitude  nord  jusqu'à 
l'équateur,  est  nettement  tracé,  avec  des  caps,  des 
fleuves,  des  estuaires,  dont  on  ne  s'explique  pas' faci- 
lement la  présence  sur  une  carte  dessinée  par  un 
pilote  des  Rois  Catholiques  dans  la  première  année 
du  xvi"^  siècle,  car  les  Espagnols  n'avaient  pas  encore 
exploré  cette  partie  de  la  côte. 

La  section  que  de  la  Cosa  alloue  aux  Anglais 
comprend  l'espace  qui,  sur  nos  cartes  actuelles, 
s'étend  à  peu  prés  du  milieu  du  détroit  de  Davis  au 
cap  Hatteras.  C'est,  à  deux  ou  trois  degrés  prés, 
l'étendue  que  Sébastien  Cabot,  selon  l'Anonyme  de 
Ramusio,  se  vantait  d'avoir  explorée. 
Est-ce  donc  que  le  critique  doive  voir  dans  ces 


I.  Supra,  p.  52,  et  fu/ra,  notre  Cartographie. 


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104 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


contours  une  confirmation  des  récits  que  rapportent 
Pedro  Martyr  et  ce  savant  anonyme  '  ? 

Nous  n'osons  y  contredire,  car  il  n'y  a  rien  d'im- 
possible à  ce  que  le  cartographe  basque  ait  emprunté 
ces  détails  à  une  carte  de  Jean  Cabot  "  que  Puebla  ou 
Ayala  aurait  transmise  aux  Rois  Catholiques  à  la  fin 
du  xv^  siècle,  comme  ces  deux  diplomates  leur 
envoyèrent  probablement  celle  du  voyage  de  1497 
que  Ayala  possédait  en  juillet  1498  '. 

Ce  qui  reste  néanmoins  une  énigme,  c'est  le  silence 
des  écrivains  anglais,  chroniqueurs  et  poètes,  sur  ce 
voyage  dont  l'importance  et  l'intérêt  dépassaient  ce 
qu'on  pouvait  relater  de  l'expédition  de  1497.  Dans  les 
récits  de  la  première  entreprise,  il  n'est  question  que 
de  banquises,  d'ours  blancs,  de  sol  stérile  et  inhabité. 
En  1498,  au  contraire,  Cabot  ne  pouvait  ranger  la 
côte  jusqu'au  36*^  degré,  sans  remarquer  les  embou- 
chures aux  bords  si  riants  de  l'Hudson,  de  la  Delaware 
et  du  Potomac.  Ces  pays  étaient  relativement  très 
peuplés,  par  une  race  belle  et  guerrière,  se  livrant  à 
l'agriculture  et  au  tissage,  possédant  des  ustensiles 


1.  Supra,  p.  62  et  63. 

2.  «  Carta  0  mip.i  mitndi  que  eslo  hafecho,  yo  no  la  enUo  agora,  que  aqui  h 
ay..  ».  Appcnd.  XIII. 

3.  uCosa's  coast-Iinc  in  Ihe  higher  latitude,  opposite  «  Frishnda  »  lias  some 
similarity  with  tlie  const-tinc  on  the  map  said  to  bave  been  made  hy  Sébastian  Cahot 
in  theyear  1^44.  Tbisis  aremarkable  circiimstance.  For  it  would  sccm  to  provc 
tbat  Sébastian  Cabot  bad  secn  tbose  arctic  régions  in  141)8...  Tbere  is  no  difficul- 
ty  in  supposing  that  a  copy  of  tbe  chart  of  Cabot  may  bave  been  seen  by  Cosa  in 
//oo  »  Kohi,  Hist.  of  tbe  Discovery  oj  Maine,  p.  153-4. 


JEAN  HT  SÉBASTfEN  CABOT  ,05 

ingcnieuscmcnt  travaillés,  un  nictal  argentifère,  des 
pépites  d  or,  et  des  pirogues  sur  lesquels  ils  s'aventu- 
raient jusqu'à  la  haute  mer. 

Les  produits  du  sol,  le  maïs  surtout,  ne  pouvaient 
non  plus  manquer  de  surprendre  nos  navigateurs 
et  on  ne  s  explique  pas  qu'il  ne  soit  resté  \aucunè 
trace    des  relations  qu'ils  durent  faire  à  leur  retour 
en  Angleterre  La  ligne  de  démarcation   tracée  par 
les  bulles  d  Alexandre  VI  et  le  traité  de  Tordesillis 
octroyaient,  il  est  vrai,  ces  pays  à  l'Espagne',  mais  ils 
donnaient    aussi    les    terres    des   Bacallaos   et  du 
Labrador  au  Portugal,  ce  qui  n'avait  pas  empêché 
Jean  Cabot,  1024  luin  1497,  d'en  prendre  possession 
au  nom  de  Angleterre,  et  d'y  planter  les  bannières 
de  saint  George  et  de  saint  Marc. 


SanAmolfo'lT  !°"«''"f  "''=;  «■  ^"^  '•''  "«c  de  Ribciro,  elle  rase  l'île  de 
ban  Antonio,  la  plus  occidentale  de  l'archipel  du  c.ip  Vert. 


"I 


lit 


s  1 


XI 


|e  troisième  voyage  n'est  qu'une  déduc- 
tion ,  tirée  de  la  citation  de  Fabyan 
donnée  par  Stow;  «  En  la  dix-iiuitiéme 
année  du  régne  de  Henry  VII,  rapporte 
ce  chroniqueur,  on  amena  au  roi  trois  hommes  pris 
dans  les  îles  nouvellement  découvertes  par  Sébastien 
Gaboto.  Ces  hommes  étaient  vêtus  de  peaux  d'ani- 
maux, ils  mangeaient  de  la  viande  crue,  et  parlaient 
un  langage  que  nul  ne  pouvait  comprendre.  On  re- 
vit deux  de  ces  hommes  à  la  cour  du  roi  à  Westmins- 
ter deux  ans  après,  habillés  comme  des  Anglais, 
desquels  on  n'eût  pu  les  discerner  '.  » 

Hakluyt  rapporte  aussi  le  fait,  également  d'après 
Fabyan:  «  mcnlioncd  by  ihc  forcsaid  Robert  Fabiun  »% 
mais  avec  des  dates  différentes.  Lorsqu'il  parle  de  ces 
sauvages  pour  la  première  fois,  en  1582,  l'événement 


1.  Stow,  Chronicle,  1580,  p.  875. 

2.  Principiill  Navigations  ,  i.  III,  p.  9 


JEAN  ET  SlÎMASTIEN'  CAHOT  ,o- 

cst  placé  SOUS  hi  dix-scpticmc  année  du  régne  de 
Henry  VII,  soit  entre  le  22  aoiit  1501  et  le  22  août 
1502  au  heu  de  l'année  1 502-1 503,  comme  le  veut 
Stow  dans  toutes  les  éditions  de  sa  Chronique  publiées 
de  son  vivant.  Si  l'on  considère  que  Stow  et  Hakluyt 
invoquent  tous  deux  pour  ce  fait  la  seule  autorité  de 
Fabyan,  et  que  Hakluyt  donne  sa  date  en  chiffres 
romains  :  «  XVII^"  »,  on  est  fondé  à  croire  que  c'est 
un  /^^5«5  de  son  imprimeur,  et  qu'il  Hiut  lire  dans 
IHakluytde  1582,  «  XVIII^  »,  ou,  comme  dans 
Stow,  «  la  dix-huitiéme  année  ». 

Dans  son  édition  de  1 599-1600,  Hakluyt.  ainsi 
que  nous  l'avons  dit  précédemment  ',  a  chan-é  sa 
première  date  en  celle  de  la  quatorzième  année  du  ré- 
gne de  Henry  VII.  Si  c'est  à  bon  escient  que  le  com- 
pilateur anglais  a  kit  ce  changement,  le  troisième 
voyage  de  Cabot  ne  repose  plus  sur  rien  car  l'arri- 
vée desdits  sauvages  se  trouvant  être  de  l'année 
1498-1499.  ^'llc  coïnciderait  avec  le  retour  présumé 
du  second  voyage  seulement. 

Si,  au  contraire,  la  date  que  donne  Stow  est  la  seule 
exacte,  le  troisième  voyage  est  prouvé,  car  il  n'est  pas 
admissible  que  Cabot  soit  resté  quatre  ans  sans  reve- 
nir en  Angleterre.  Dans  ce  cas,  nous  avons  ici  une 
expédition  qui  ne  put  être  entreprise  en  vertu  de  pri- 
vilèges spéciaux,  mais  seulement  pour  compte  privé. 
La  preuve  ressort  des  lettres-patentes  octroyées  par 


I.  Supra,  p.  31. 


loa 


JHAN  FT  SÉRASTinN  CAROT 

Ilcnry  VII  le  19  mars  1501  '  et  le  9  décembre  1502  ', 
à  des  gens  de  Bristol,  associés  à  des  Portugais.  Non 
seulement  le  nom  de  Cabot  ne  figure  pas  dans  ces 
documents,  mais  le  monarque  accorde  à  ses  nouveaux 
donataires  le  monopole  du  commerce  aux  pays  nou- 
vellement découverts,  pour  dix  puis  pour  quarante 
années,  et  il  vise  même  les  privilèges  semblables 
octroyés  antérieurement  à  un  étranger  (Cabot  évi- 
demment), qu'il  abroge:  «  seimhqiiis  cxlmnaisaul aUqui 
cxlranci  virtulc  mit  colore  iiliciijns  œnccssioins  uoslnc  sibi 
Magno  SigiUoNostropir  uiitat  facUc.  » 

La  phrase  :  «  thrce  mai  hihni  in  tbc  iicwfouml  isknds  », 
implique  l'atterrissement  sur  un  point  quelconque  de 
la  côte  septentrionale  ou  d'une  île  du  nouveau  con- 
tinent. C'est  tout  ce  qu'on  peut  dire  de  ce  troisième 
voyage  de  l'un  des  Cabot,  sinon  des  deux,  dans  la 
première  ou  dans  la  seconde  année  du  xvi*^  siècle. 


I.  Kiddlc,  Afm/w>,  p.95,  312,  31S. 

2   Hynicr,  Fiiilmi,  t.  V,  P.  IV,  p.  186. 


S>   lll 


XII 


LU  est  plus  (ah  mention  de  Sébastien 
Ubot  dans  les  documents  que  dix  ans 
|iprès  cette  troisième  expédition.  Selon 

-  ^'^'^''"Martyrjlauraitquitté  l'Angleterre 
l^ourvemr  en  Espagne,  après  la  mort  de  Henry  VII 
arrivée  en  1509  '.Cette  date   n'a  rien  d'improbable' 

3.  r'°T?  ^'^''^^'^'"  ^'^''  '''  ^512  marié 
me  Catahna  Medrano  s  dont  le  nom  décèle  une  ori- 
gine espagnole  Notons,  cependant,  qu'en  1509, 
Sebastien  était  âgé  de  plus  de  trente-trois  ans,  puis: 
quilenavaitau  moins  vingt-deux  en  1496  »  Il  se 
i>crait  donc  marié  sur  le  tard.  Nous  croyons  plutôt 


3-  Supra,  p.  40. 


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3  ;,. 


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I  lo  JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

qu'entre  les  années  1502  et  1509  ou  15 12,  Cabot, 
libre  d'engagements  à  l'égard  de  Henry  VII,  visita  l'Es- 
pagne et  s'y  maria,  mais  sans  cesser  d'avoir  son  do- 
micile en  Angleterre. 

Quoi  qu'il  en  soit,  sa  femme  et  son  établissement, 
«  5M  mujer  icasa  »,  étaient  encore  à  Londres  ou  à  Bris- 
tol en  octobre  15 12  '. 

Ferdinand  le  Catholique,  mettant  à  profit  le  désir 
de  voir  réalisée  la  promesse  faite  par  Jules  II,  de 
conférer  au  jeune  monarque  le  titre  de  roi  trés-chré- 
tien  -,  porté  dit-on,  depuis  l'an  754,  par  le  roi  de 
France,  décida  Henry  à  entrer  dans  la  ligue  formée 
contre  Louis  XII.  Aux  termes  du  traité  conclu 
entre  ces  deux  souverains,  le  1 7  novembre  1 5 1 1 ,  le 
roi  d'Angleterre  devait  débarquer  6,000  hommes 
en  Aquitaine,  et  Ferdinand  s'engageait  à  envoyer  à 
Southampton  vers  le  mois  d'avril  15 12  une  flotte 
de  quarante  navires  pour  conduire  ces  troupes  en 
France  \ 

L'expédition  anglaise  était  commandée  par  Thomas 
Grey,  marquis  de  Dorset  '•,  ayant  au  nombre  de  ses 


1.  Ibidem. 

2.  Hume.    Hisloiy  oj  Evghiid,  Boston,  1854,  in-8,  t.  II,  p.  576. 

3.  Borgenroth,  Culcmlar,  t.  II,  n"'  59,63,  p.  58,  et  convention  ratifiée 
le  3  février  15 12. 

4.  Bernaliiez,  Hisloria  de  hs  Kiyes  Calôlicos,  Sevilla,  1870,  in-8,  t.  II, 
cap.  ccxxxiv,  p.  400,  donne  à  Dorset  le  titre  de  «  Marques  deBrisloks,  » 
qui  ne  se  trouve  pas  dans  la, longue  liste  d'appellations  honorifiques  ajoutée 
au  nom  de  Dorset  par  Rymer.  Le  nom  de  Bristol  est  cependant  :\  retenir, 
étant  donnés  les  documents  qui  nous  représentent  Jean  Cabot  comme  ayant 
vécu  dans  cette  ville,  et  la  tradition  qu'on  retrouve  dans  Strype. 


tit 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 

lieutenants  lord  Willoughby.  Sébastien  Cabot  accom- 
pagna ce  gentilhomme,  nous  ne  saurions  dire  en 
quelle  qualité'. 

Partis  de  Southampton,  ou  de  Falmouth,  le  i6  mai 
15 12,  les  Anglais  débarquèrent  au  Passage,  petit  port 
d'Espagne  prés  St-Sébastien  en  Guipuscoa,  le  3  juin 
suivant  '. 

Cabot,  qui  semble  n'être  venu  d'Angleterre  que 
dans  le  but  d'offrir  ses  services  au  roi  d'Aragon,  se 
rendit,  dans  le  courant  de  l'été,  à  Burgos  ',  où  il  eut 
une  entrevue  avec  Lopc  Conchillos,  secrétaire'  de  la 
reine  Jeanne,  et  un  évêque  de  Palencia,  qui  doit  être 
Juan  Rodriguez  de  Fonseca  *.  Ces  deux  hommes 
d'État  étaient  chargés  par  Ferdinand  d'obtenir  de  Ca- 
bot des  renseignements  concernant  les  voyages  au 
pays  des  Bacallaos.  Cabot,  en  réponse,  se  mit  immé- 
diatement à  la  disposition  du  roi  '.  Aussitôt  que  ce 
dernier  eut  connaissance  du  résultat  de  l'entrevue,  il 
écrivit  à  Willoughby,  le  13  septembre  1512  ",  de  lui 


1 .  a  He  sabiJo  que  vicne  en  vira  compaiita  Sebusliuii  Cabota  Ittgks .  »  Lettre 
du  roi  à  <(  Milor  Uliby  »,  appciid.  XV. 

2.  <(  The  sixleen  day  of  May  Ihcy  ivere  ail  hesloivcdabounl  in  Spanisb  shippes, 
and  Ihcy  came  ail  in  safety  on  thc  coast  of  'Bisky  al  tlie  'Port  of  Passaghe  Soiilh- 
ncst  of  Fonteraby  ;  and  so  thc  third  day  of  fane  Ihêy  landed.  »  Holinshcd,  Chro  ■ 
nicks,  Lond  ,  1577,  in-ibl.,  t.  II,  f.  1472. 

3.  «  Sabeisquecn  Burgos  oshublarôn  de  mi  parle  Conchillos  i  elObp.  de  Pa- 
léncia  sobre  la  thivegacion  à  los  Bacallos.  »  Lettre  de  Eerdinand;  Logrofio,  13 
septembre  15 12,  appendice  XVI. 

4.  Nous  ne  voyons  Juan  Rodriguez  de  Fonseca  qualifié  d'ardievèque  (de 
Rosano)  qu'en  1515. 

5.  «  £  ofrecisteis  scrvirnos  »,  append.  XVI. 

6.  Appendice  XV. 


112 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


envoyer  à  Logrono  le  navigateur,  avec  lequel  il  vou- 
lait s'entretenir  personnellement.  L'expédition  de 
Juan  de  Agramonte,  projetée  l'année  précédente,  té- 
moigne assez  du  désir  qu'avait  le  roi  d'Aragon,  d'ap- 
profondir le  secret  des  terres  nouvelles  :  «  para  h  a 
sahercl  sec  r  do  de  h  fi  erra  iiueva'.  » 

Le  20  octobre  15 12,  Sébastien  Cabot  recevait  de 
Ferdinand  le  brevet  de  capitaine  de  mer,  aux  appoin- 
tements de  50,000  maravédis  '.  Nous  croyons  que  le 
roi  y  ajouta  même  le  don  d'une  propriété  ',  laquelle 
était  sans  doute  située  en  Andalousie,  puisque,  selon 
Herrcra,  Cabot  reçut  en  même  temps  l'ordre  de  résider 
à  Séville  *. 

Notre  navigateur,  résolu  alors  à  se  fixer  définitive- 
ment en  Espagne,  sollicita  la  permission  d'aller  cher- 
cher en  Angleterre  sa  femme  et  son  ménage.  Non 
seulement  Ferdinand  la  lui  accorda,  |mais  il  recom- 
manda immédiatement  Cabot  à  Luis  Carroz  de 
Villaragut,  son  ambassadeur  à  Londres  ". 

On  ne  sait  quand  Sébastien  revint  en  Espagne. 


1 


1.  Navarrcttc,  t.  III,  p.  123.  Il  est  à  remarquer  qu'aux  termes  de  cette 
cédule,  c'est  en  Bretagne  qu'Agramonte  devait  aller  chercher  ses  pilcteô  pour 
les  conduire  à  «  inui  ticrra  que  se  Ihma  Tcrranova.  Que  por  aiaiito  vos  habeis 
de  ir  por  Jos  pilotas  que  con  vos  han  de  ir  al  diclio  viajc  à  Bretana.  » 

2.  Appendice  XVII. 

3 .  «  Schastian  Cabota,  ittiv  capitau,  va  a  poiier  recaudo  eu  su  hacieuda.  »  Ap- 
pendice XVIII.  Il  est  assez  difficile  d'admettre  que  Cabot  fût  déjà  proprié- 
taire d'un  bien  rural  avant  son  arrivée  en  Espagne. 

4.  «  /  le  luaudo  residir  eu  Sa'illa,  »  Herrera,  Dccad.  I.  lib.  IX,  cap.  XIII. 

5 .  «  Favorcccd  su  huctio  y  Ircve  dcspacho  »  .Lettre  du  roi,  Logrono,  20  oct. 
1512,  append.  XVIII. 


JEAN  ET  SEPASTIEN  CABOT 


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Pedro  Martyr  parle  do  lui  en  1515  comme  étant  son 
collègue:  «  concur'uuis  uoslercssct^  »,  d'où  des  critiques 
ont  conclu  que  notre  navigateur  avait  dès  lors  ûiit 
partie  du  conseil  des  Indes,  dont  Martyr  était  membre. 
A  notre  avis,  c'est  une  erreur.  En  tout  cas,  son  nom 
ne  se  trouve  sur  aucune  des  listes  que  nous  ayons  pu 
consulter*. 

Le  18  novembre  1515,  on  le  voit  figurer  parmi 
les  cosmographes  chargés  de  définir  les  droits  de 
l'Espagne  sur  les  îles  Moluques  \  et  déjà  occupé  à 
préparer  une  expédition  qu'il  devait  lui-même  con- 
duire ju  nord-ouest  en  mars  15 16 '.Nous  ne  pen- 
sons pas  que  ce  projet,  le  premier  que  Cabot  ait  dû 
accomplir  sous  pavillon  espagnol,  ait  été  suivi  d'effet. 

Ferdinand  mourut  le  23  janvier  1516,  deux  mois 
avant  l'époque  fixée  pour  le  départ  de  Cabot,  et  tout 
porte  à  croire  que  ce  dernier,  moins  confiant  peut- 
être  dans  les  intentions  du  cardinal  Ximénès,  régent 
en  l'absence  de  Charles,  quitta  alors  l'Espagne  pour 
revenir  en  Angleterre. 

Selon   Richard  Eden-',  en  la  huitième  année  du 


l.DccaJ.  III,  lib.  VI,  f.  56,  A. 

2.Hi;rrcra,  'Dcscripcion  de  las  Imh'as,  p.  71  72;  1. 1  de  son  Ilisloria  Gcncid, 
Madrid,  1725,  in-fol. 

3.  Rcgistio  de  çediiLts,  1 5 1  )-i 5 19,  cite  par  Navarrcte,  t.  III,  p.  319. 

4.  «  Mailio  iiiense  aiiiiifuliiii  MDXVI,  »  Pedro  Martyr,  hc.  cil. 

5.  «AVho-  Henry  ihe  Eighlh.  aboiit  the  same yeie  of  lus  niygiiej'iiniisbed  and 
set  forth  cerlen  shippes  under  the  gouernaiiuce  oj  Sebuslian  Cahot  yet  liviiig,  and 
oiic  Sir  Thomas  Perte,  luhose  fuynt  hearl  icas  the  cause  that  that  voiage  took  noue 
cijecl.n  7 réalise  of  Ihc  Kei.cc  India,  Loiid.,  ij)5,  in--i,  dédicace  au  duc  de 
Nortliumberland. 


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JEA\  ET  StnASTIEX  CABOT 


rcgnc  de  Henry  \'11I,  ce  roi  aurait  fait  équiper  une 
flotte,  laquelle  commandée  par  le  vice-amiral  sir 
Thomas  Pert  et  dirigée  par  Sébastien  Cabot,  devait 
aller  au  nord-ouest.  Par  la  pusillanimité  du  com- 
mandant en  chef,  paraît-il,  l'expédition  aurait  avor- 
tée. Cette  huitième  année  correspond  du  22  avril  15 17 
au  22  avril  15 18. 

Ce  voyage  n'est  mentionné  par  aucun  autre  écri- 
vain. Les  paragraphes  de  Ramusio  ',  qu'on  invoque  =  à 
l'appui  de  l'assertion  de  Richard  Eden,  ne  s'appliquent 
qu'à  des  voyages  antérieurs,  car  ils  sont  reliés  aux 
expéditions  «  a  spcsc  g'ui  dcl  lie  Hcnrico  VU  d'Ingbil- 
Icrra  ».  L'opinion  exprimée  par  sir  Humphrey  Gilbert 
que  «  le  II  juin  »  (millésime  omis)  Sébastien  Cabot 
se  trouvait  par  le  67^  degré  30'  de  latitude  nord,  est 
moins  probante  encore,  puisque,  tirée  explici- 
tement de  la  carte  de  1544,  elle  vise  le  voyage 
de  T497\  Mais  où  Gilbert  a-t-il  pris  ce  détail 
curieux  que,  «  trouvant  la  mer  encore  ouverte  à 
67"  30',  Sébastien  Cabot  serait  allé  jusqu'au  Cathay, 
n'était  la  rébellion  du  maître  et  des  matelots  »  ? 
N'est-il  pas  également  singulier  que  Richard  Eden 
flisse  une  déclaration  semblable  dans  un  écrit 
adressé  à  Dudley,  duc  de  Northumberland,  et  cela 


1.  Raccolhi,  156J,  t.  III,  ;i  iiij  verso,  et  f.  417  verso. 

2.  Biddle,  Mi'»(o//-,  p.  117. 

3 .  ((  //((//;  sd  J'orth  and  described  tins passjgc  in  his  Ciiils  ivhich  arc  yct  to  hc 
sccn  in  thcQuecnes  Majcslics  l'riuic  Gallerie  al  frijikliull.  »  Hakiuyt,  t.  III, 
p.  16. 


JJtliL 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT  ^j 

du  Vivant  de  Sébastien  Cabot,  «  ,,'/  livhnr  .  ? 
11  ne  faut  cependant  pas  oublier  'que  c'est  au 
cours  de  cette  huitième  année  du  régne  de  Henrv 
\ni  le  5  février  1518,  que  Charles-Quint,  par 
cedule  royale  nomma  Sébastien  Cabot  pilote  major 
en  remplacement  de  Juan  Dias  de  Solis,  décédé  au 
Kio  de  la  Plata. 

Ces  dates  portent  donc  à  supposer  que  lors  de  la 
mort  de  Ferdinand   d'Aragon,   après    le    mois    de 
janvier   15 16,  Cabot  se  rendit  en  Angleterre,   que 
Henry  VIII,  se  prévalant   de  la  présence  de  l'habile 
marin,  fit  équiper  une  expédition  dans  le  courant  de 
année  suivante,  mais  que  le   «   ccm.r  timoré  .  de 
amiral   Pert  empêcha  les  navires,  non   seulement 
d atteindre    e  but    proposé,    mais    même    d'appa- 
reiller .   Cabot,   profitant  de  l'arrivée   de    Charles- 
Uuint  en  Espagne,  et  probablement  aussi  de  la  mort 
du  cardinal  Ximénés,  qui  vivant,  ne  lui  eut  pas  faci- 
lement pardonné  sa  fugue   de    15 16,   serait  alors 
revenu  dans  ce  pays,  pour  offrir  ses  services  au  jeune 

Il    ne  serait    pas   resté   longtemps    à    Séville', 

i.  NavaiTcte,   Bihliolesa  iiiuiiiima,  t.  II,  p  698 

Kohi,  //.  av.,  p.  209  '""""''   ""'^  "■""  "  '''"'^  ""'  '"''  '"  ""•  » 

pour  convoquer  les  Cortùs.  '        Charles-Qu.nt  venait  d'arriver 

^U'I  m  voka  farsraudipartUi  che  io. . avisasse  cce  :  a2 1  Ji^t^f'' 


a'  ""^l 


1  I' 


ii6 


JHAN'  E"  S]-lîASTIEN  CABOT 


puisque,  étant  de  nouveau  à  Londres  vers  1519, 
le  cardinal  Wolsey  l'aurait  instamment  cnga<;é  à 
prendre  le  commandement  d'une  expédition  équipée 
à  i^rands  frais  pour  aller,  comme  toujours,  à  la  re- 
cherche de  terres  nouvelles.  Ne  connaissant  que  son 
devoir,  notre  navigateur  lui  aurait  noblement  ré- 
pondu qu'étant  au  service  de  Charles-Quint  il  ne 
pouvait  accepter  sans  la  permission  de  ce  monarque, 
et,  incontinent,  Cabot  aurait  écrit  à  Sa  Majesté 
Catholique  de  repousser  toute  demande  de  ce  genre 
que  pourrait  lui  adresser  le  roi  d'Angleterre. 


;j  ■ 
•il   '■ 

ri 


XIII 


li:s  scrupules   de  Sebastien   Cabot  nous 
portent  à  examiner  de  près  certains  inci- 
dents de  sa  carrière  en  Espagne.  Richard 
Biddle,  dans  son  enthousiasme  pour  ce- 
navigateur  qu'il  orne  de  toutes  les  vertus,  voit  avec 
joie  '  que  son  héros  ne  chercha  jamais  à  faire  usage 
au  détriment  de  Charles-Quint,  des  connaissances 
spéciales  que  son  poste  de  confiance  lui  avait  permis 
d'acquérir  concernant  les  possessions  d'outremer  de 
la  couronne  de  Castille.  Si  l'ingénieux  critique  avait 
pu   prendre  connaissance    des   dépêches  échangées 
entre  le  conseil  des  Dix  et  les  ambassadeurs  vénitiens 
â  Valladolid  et  à  Londres,  il  eut  certainement  modifié 
son  jugement  à  l'égard  de  la  loyauté  professionnelle 
de  Sébastien  Cabot. 

Le  fait  est  que  l'opinion  émise  sur  son  caractère 
est  influencée,  en  une  certaine  mesure,  par  le  beau 


I,  Mi'iiioir,  p.  175, 


ii8 


JEAN  JiT  SÉBASTIEN  CABOT 


portrait  attribué  (à  tort)  à  Holbein  et  qui  représente  le 
fameux  marin  sous  un  aspect  si  vénérable.  Comment 
voir  dans  ce  superbe  vieillard,  à  la  longue  barbe 
blanche,  un  ingrat  et  un  traître? 

En  1522,  Sébastien  Cabot,  de  son  aveu'  comblé  de 
bienfaits  par  Charles-Quint,  envoya  secrètement  à 
Venise  un  Ragusicn,  nommé  Hieronymo  Marin  de 
Busignolo.  Sous  la  foi  d'un  terrible  serment,  Marin 
ne  pouvait  entrer  en  rapport  qu'avec  des  membres  du 
conseil  des  Dix,  et  il  devait  les  informer  que  le  pilote 
major  de  l'empereur  était  prêt  à  se  rendre  à  Venise,  afin 
de  dévoiler  un  secret  d'où  dépendait  la  grandeur  future 
de  la  république.  Marin  s'acquitta  de  sa  mission  avec 
fidélité.  Le  conseil  l'en  récompensa  et  fit  parvenir 
à  Gasparo  Contarini,  ambassadeur  en  Espagne,  le 
27  septembre  1522,  une  relation  des  projets  de  Cabot 
et  des  instructions  détaillées.  Contarini  devait  s'abou- 
cher avec  lui  et  trouver  le  moyen  de  faciliter  cette 
trahison  :  entreprise  d'autant  plus  difficile  que  Cabot 
voulait  venir  à  Venise  en  personne  et  que  Charles- 
Quint  se  méfiait  de  son  pilote-major,  sinon  au  sujet 
de  la  Seigneurie,  au  moins  à  l'égard  de  l'Angle- 
terre*.  C'était  aussi,  comme  Cabot   l'avouait  sans 

1.  «  Dal  Re  l'eidinamlo fui jacto  capitano  ciiin  provisioiiedi  jo  m.  maravcdis, 
poij  fui  facto  du  qiicslio  Re  présente  piloot  major  cum  provisiouc  di  allri  ^u  m. 
maravedis,  et  pcr  adiuto  di  cose  mi  da  poij  2j  ui.  maravcdis  che  souo  in  tullo 
12^  m.  maravedis,  possono  valer  circa  ducati  }oo.  »  Dépûchc  de  Contarini  du 
31  dcc.  1522;  append.  XXVIII. 

2.  ('  Ho:{i  venute  ad  trovarmi,  se  ha  risolto  non  poter  per  hora  dimandare 
licentia  dubilando  che  non  h  tolesse)io  per  suspecto  che  cl  voksse  andarc  in  Eiigel- 
terra.  »  Dépêche  de  Contarini  du  7  mars  1523  ;  append.  XXIX. 


■■   I  ; 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT  ,,<, 

détours,  une  aventure  à  être  pendu  haut  et  court',  et 
l'on  s'explique  les  précautions  dont  l'astucieux  marin 
chercha  à  s'entourer. 

Les  deux  Vénitiens  imaginèrent  alors  une  réclama- 
tion que  Cabot  devait  exercer  à  Venise  du  chef  de  la 
dot  de  sa  mère,  et  d'une  importance  telle  que  sa  pré- 
sence dans  cette  ville  était  indispensable. 

Lorsque  l'émissaire  de  Sébastien  Cabot  se  présenta 
devant  le  conseil  des  Dix,  il  parla  du  projet  que  son 
mandant  avait  conçu  ^  Le  discours  du  Ragusien,  jugé 
important  par  les  magistrats  vénitiens,  fut  cnvoyiTà 
Contarini.  On  n'a  pu  le  retrouver,  et  nous"  en 
sommes  réduits  à  des  conjectures  sur  ces  mvstérieuses 
propositions. 

«  Il  est  en  mon  pouvoir  défaire  participer  Venise  à 
cette  navigation,  et  de  lui  montrer  un  chemin  dont 
elle  profiterait  grandement,  car,  en  vérité,  je  l'ai  décou- 
vert ',  »  dit  Sébastien  à  Contarini.  Celui-ci  comprit 
qu'il  s'agissait  d'un  passage  au  Cathay  par  le  nord- 
ouest,  et,  évidemment  dans  le  but  d'amener  son  inter- 
locuteur à  s'expliquer  davantage,  il  lui  soumit  certai- 
nes objections  aussi  fines  que  sensées.  «  J'ai  quelques 
notions  de  géographie,  dit  l'ambassadeur,  et  lorsque 

_  1.  «  Ma  vi  prego  qmmto  posso  chc  h  cosa  sij  sccrcta  perche  a  me  audcrehh  la 
vita.  »  Dcpcche  du  mùmc,  3 1  déc.  1522;  append.  XXVIII. 

2.  «  Eiper  nome  ai  qneVo  referi  qmwlo  perla  inserta  déposition  sua  vederete... 
pureper  esser  de  la  importautia  le  mn  havremmo  dovuto  refmtare  laohlation.  .  .. 
Append.  XXVI. 

3  •  «  /o  haveva  modo  difar  quella  Città partecipe  diquesia  navigaUoue,et  dimos- 
tiarh  via  per  la  quale  era  per  baver  grande  uliUlà,  corne  c  il  vcro  cheioVho 
rttroi-ata.  «  Append.  XXVIII. 


120 


<     } 


'.    ;  I 


|EAX  ET  SÉnASTIEN*  CABOT 

je  considère  la  position  que  Venise  occupe  sur  la  carte, 
je  ne  vois  pas  comment  ce  voyage  peut  être  entrepris, 
car  les  navires  devront  être  équipés  dans  cette  ville,  et 
alors  les  rois  d'Espai;iie  et  du  Portui^al,  qui  sont  oppo- 
sés au  projet,  ne  leur  permettront  pas  de  franchir  le 
détroit  de  Gibraltar;  ou  bien,  les  navires  seront  cons- 
truits sur  les  bords  de  la  mer  Rouge,  et,  dans  ce  cas, 
on  rencontrera  des  obstacles  sans  fin,  à  cause  de  l'as- 
sentiment préalable  du  Cjrand  Turc  qu'il  faudra  obte- 
nir et  de  la  difficulté  de  se  procurer  du  bois  de  cons- 
truction. Quant  A  construire  les  navires  sur  le  littoral 
de  l'Océan,  c'est  aussi  impossible,  car  l'Allemagne  en- 
tière est  soumise  à  fempereur.  » 

Cabot  répondit  à  ce  raisonnement  si  serré  :  «  Je  re- 
connais que  l'entreprise  n'est  possible  ni  au  moyen  de 
navires  équipés  à  W'nise  ni  parla  voie  de  la  mer  Rouge. 
Mais  il  y  a  d'autres  procédés,  non  seulement  possibles 
mais  ficiles,  pour  construire  des  navires,  les  conduire 
de  Venise  aux  ports  |du  Cathay|,  et  rapporter  de  ces 
pays  de  l'or  et  des  épices.  Je  le  sais,  car  j'ai  navigué 
dans  tous  ces  pays.  » 

Contarini,  peu  convaincu,  leva  les  épaules,  mais 
«  prenant  en  considération,  dit-il  avec  philosophie, 
que  la  possibilité  des  choses  dépasse  de  beaucoup 
l'imagination  des  hommes,  je  ne  le  dissuadai  pas  de 
venir  à  Venise  expliquer  ses  projets  '.  » 


I 

JE! 


1.  «  7(1  slitîisi  le  sjkdlfft  hcuche  a  me  la  cosa  pari  iiiipossiUle,  pur  non  volsi 
ilissiutJiih  chd  vciu'ssca  U piedi  ili  rosira  Cchitiuliiie,  fie  anche  el  siiasi  perché 
la  possibililà  è  inollo pin  ampla  deqiwl  che  l  homo  spese fuUe crede  ».  Ibidem. 


!    'Jll< 


t'>.    . 


jnAx  i:t  siiBASTinx  cahot  ,„ 

l'as  plus  que  Contarini   nous  n'avons  la  prétention 
de  comprendre  ce  que  Cabot  croyait  avoir  inventé 
pour  surmonter  ces  difficultés,  ni  quand  ni  où  il  avait 
découvert  ce  f^imeux  passaj^e  qu'on  cherche  encore. 
Plusieurs  entrevues  secrètes  se  tinrent  au  palais  de 
1  ambassadeur,  et,  au  26  juillet  1523,  les  négociations 
étaient  assez  avancées  pour  que  Contarini  pût  annon- 
cer le  prochain  départ  de  Cabot.  Avec  cette  duplicité 
dont  nous  verrons  bientôt  un  autre  exemple,  Cabot 
avait  même  obtenu  que  Juan  Rodri-uez  de  Fonseca 
tit  une  candide  démarclie  auprès  de  Contarini,  afin 
d'obtenir  la  protection  de  la  Sei-neurie  relativement 
a  l'affaire  que  Cabot  sollicitait  ostensiblement  '. 

Pour  des  raisons  que  nous  ignorons,  mais  qui  peu- 
vent provenir  de  sa  nc^iiination  comme  membre 
de  la  junte  char-ée  de  préparer  la  fameuse  enquête 
au  sujet  des  droits  de  la  couronne  d'iispa-ne  sur  les 
lies  Moluques,  les  conciliabules  cessèrent,  Cabot 
n'alla  pas  à  Venise,  et  ses  perfides  projets  turent  re- 
mis à  une  autre  époque. 


I.  Dé-pcchcs  des  27  septembre  et  51  décembre  .52:,   7  mars,   2S  avril, 
26  juillet  1,25;  appenJ.  XWII,  XXVIII,  XXIX,  XXX  et  XXXH. 


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XIV 


i;  16  novembre  1 323,  on  préleva  sur  les 
appointements  de  Sébastien  Cabot 
10,000  maravédis  au  profit  '  de  Maria 
Cere/o,  veuve  d'Améric  Wspuce,  et, 
le  I)  avril  1524"'',  au  cours  de  la  conférence  dite 
de  Badajoz,  il  fut  appelé  à  signer,  avec  Tomàs  Duran 
et  Juan  Vespuce,  la  consultation  que  Charles-Quint 
avait  demandée  à  ces  cosmo<2;raphes  en  réponse  aux 
prétentions  que  le  Portugal  élevait  '  sur  les  îles 
Moluqucs. 

Nous  trouvons  Sébastien  à  la  fin  du  mois  de  mai 
suivant,  à  Londres,  où  il  assiste  aux  obsèques  de  sir 
Thomas  Lo:  ell,  chevalier  de  l'ordre  de  la  Jarretière, 
selon  la  requête  insérée  dans  le  testament  de  ce  gen- 
tilhomme '. 

1.  Navarrctc,  t.  III,  p.  308. 

2.  Lishi  de  los  ohjclos  que  comprcihlc   lu  Exposicion   Amcrkanista.  Madrid, 
1881,  iii-8,B.  21. 

3.  'Pd.  Martyr.  Dccud.   VI,  cap.  ix, 

4.  J.  S.  Brcwcr,  Cakmhr oJ'Slalc'l'tipirs.  Hfiiri/  VIII.  t.  IV,  P.  I,  p.  15.). 


kk\ 


JlîAN  l'T  Sli|)ASTIi;\  CAHOT  ,,j 

Il  ne  tarda  pas  à  revenir  en  l^spai^nc,  car  c'est 
peu  après  le  niéiiioire  qui  établissait  les  droits  de 
Ihspa^ne  sur  l'arcliipel  des  Moluques,  que  se  loriiui 
aSevile- la  compa.irnie  à  l'effet  de  trafiquer  dans  ces 
pays.  1) après  Pedro  Martyr',  dès  le  mois  de  sep- 
tembre 1524,  Cabot  aurait  été  autorisé  par  le  conseil 
des  Indes  â  dirii^er  la  première  expédition  de  ces 
liardis  néi^ociants. 

Cliarles-Quint,  cependant,  intervint.  Il  imposa  à 
lacompa<,mie  une  participation  de  la  couronne,  et,  le 
4  mars  1525',  les  derniers  actes  ayant  été  signés 
Sebastien  Cabot  lut  nommé  capitaine  général  de  la 
Hotte.  Si  Ion  en  croit  une  dépêche  de  Andréa  Nava- 
jjcro,  il  ne  s'agissait  pas  tant  de  trafiquer  dans  la 
Malaisie,  que  d'arriver  au  Cathay  par  une  route  plus 
courte  que  le  détroit  de  Magellan  :  «ro;,  ^;;,.^a/,  y;;o//o 
ptii  hrcve  di  quel  chc  fcce  la  uavc  VitUma  '  » . 

L'expédition  n'appareilla  que  le  5  avril  1526" 
et  Sébastien  Cabot  ne  revit  l'Espagne  qu'après  cinq 
ans  d  absence. 

Le  récit  de  cette  désastreuse  expédition  dépasse- 
rait les  limites  que  nous  nous  sommes  tracées  dans 
ce  petit  travail. 

1.  Dccad.  VII,  cap.  vi. 

2.  llcrrera,  dccad.  III,  lib.  IX,  cap.  m,  t.  II,  p.  250 

V  Dcpùchc  de  Tolcdc,  le  21  septembre  1525;  Rawdon  Brown   Cukudar 


XV 


s '^ 


ABOT  revint  du  Rio  de  la  Plata  à  Séville 
en  août  1530,  «  nitiy  dcsharatcido  c 
pohrc,  »  dit  un  témoin  oculaire'.  Incar- 
céré peu  après  son  arrivée,  il  fut  mis  en 
liberté  sous  caution  en  mai  1331'.  Le  i^'""  février 
1532,  un  arrêt  du  conseil  des  Indes  le  condamna  à 
deux  années  d'exil  à  Oran,  pour  excès  commis  au 
cours  de  ce  malheureux  voyage  '.  D'autres  procès  lui 
furent  intentés  (s'ils  ne  sont  connexes  à  l'action  de 
1532)  par  Francisco  de  Rojas  et  Catalina  Vasquez, 
mère  de  son  lieutenant  Martin  Mendez  \  Ce  qui  nous 
fait  supposer,  cependant,  que  Charles-Quint  releva 
Cabot  de  la  sentence  d'exil  prononcée  contre  lui  par 
le  conseil  des  Indes,  c'est  que  nous  le  retrouvons  à 
Séville  le  24  juin  1533  '. 

1.  Lettre  du  D"-  Simào  Aftbiiso,  dans  A.  de  Varnhageu,    Hisloiia  âo 
Brazil,  Madrid,  1854.  in-4, 1. 1,  p.  459,  note  26. 

2.  Navarrete,  Coleccioii,  t.  V,  p.  333 . 

3.  Navarrete,  Bibliolfcu  Mun'liiiia,  t,  II,  p.  699. 

4.  Lista  delà  Exposicion  Amerkanisia,  B.  54,  55. 

5.  Carta  de  S,  Cahota  al  Secretario  de  S.  M.  Juan  de  Samano,  Sevilla,  24  de 
Junio  de  1533.  Lista,  B.  53. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CAHOT  ,35 

Pour  les  treize  années  qui  suivirent,  on  n'a  que 
le  récit  de  l'Anonyme  deRamusio,  attribuant  à  notre 
navigateur  beauccnip  d'autres  voya-es  :  «  Fcd  poi 
molle  altic  naviouiioiii.  » 

^  C'est  sans  doute  à  une  de  ces  expéditions  que 
Nuno  de  Guzman  lait  allusion  lorsqu'il  informe 
Charles-Qiiint  qu'une  Hotte,  commandée  par  Sébas- 
tien Cabot,  a  passé  la  côte  d'Astatlan;  mais  nous 
n'avons  pu  en  préciser  la  date  '. 

On  retrouve  Cabot  à  Séville  en  1544,  millésime 
que  porte  la  lameuse  carte  de  la  Bibliothèque  Natio- 
nale de  Paris  :  «  Sébastian  Cabota  capitan  y  pilota 
mayor  de  la  S.  ce.  m.  dcl  Imper adar  dan  Carlos....  hi-o 
esta  figura....  anno  de  ].  C.  de  M.D.XLIIII.  »  '      "" 

Le  28, novembre  1545  ■■,  il  fut  char-é  a\xc  Pedro 
Mcxia,  Alonso  Chaves  et  Diego  Gutierrez,  d'examiner 
rArte  de  Navegar,  que  Pedro  de  Médina  venait  de 
faire  paraître  à  Valladolid,  pendant  que  Charles- 
Quint  en  prohibait  la  vente  malgré  l'approbation 
donnée  le  i^'""  octobre  précédent  \ 

Cet  acte  est  le  dernier  que  nous  connaissions 
de  Sebastien  Cabot  en  Espagne. 

1.  Cohrc.  de  Jccmenlosde  Indias,  t.  XIII.  p.  40,.  La  lettre  y  est  datée  du 
janvier  153,,  ce  qui  nous  paraît  i.ivraisemblable,  puisque,  selo.i   les  do- 

— ts^Navarrete.  t    V  p    333).  Cabot  nefut  .nisei  libirté  qu.u  .^^i'  . 
'"-u  1,31.  Dans  la  table  de  ladite  Cok:cUn,  la  date  est  1335. 

2.  /,«/<!,  B.   52.  '^^ 

3.  H.  A.  V.  n"2o6. 


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XVI 


|douahd  VI  était  sur  le  trône  depuis 
huit  mois  lorsque  le  conseil  privé  qui 
gouvernait  pendant  sa  minorité  ren- 
dit, le  9  octobre  1547,  ^^^  ordonnance 
concernant  «  un  pilote  nommé  «  Shabot  »  attendu 
d'Espagne  pour  servir  l'Angleterre  et  y  demeurer'.  » 
Il  s'agit  évidemment  de  Sébastien  Cabot,  et,  comme 
nous  voyons  au  premier  rang  parmi  les  membres 
dudit  conseil  le  comte  d'Arundel,  qui  devint  par  la 
suite  un  des  principaux  fondateurs  de  la  fameuse 
compagnie  dite  de  Moscovie,  dont  Sébastien  Cabot 
fut  gouverneur  statutaire,  on  est  fondé  à  croire  que 
cette  ordonnance  n'est  pas  étrangère  à  des  projets  de 
voyage  au  Cathay,  cette  fois  par  le  nord-est  '. 

Cabot  était  alors  âgé  d'au  moins  soixante  -  treize 


t.  Appendice  XXXIV.  ^ 

2.  Clément  Adams,  Nave  Wivi'gatioii..   by  theNorlh'Casl  in  th  yceie  iSS], 
dans  Hakiuyt,  t.  I.  p.  243. 


ji:ax  ht  shiustien  CAnox  ,._ 

ans.  II  jouissait  de  la  confiance  de  CIiarles-Quint, 
qui,  nialo-ré  cet  âge  si  avancé  et  les  services  ren- 
dus par  des  cosmographes  distingués  tels  que 
Alonso  de  Chaves,  Pedro  de  Médina,  Âlonso  de  Santa 
Cruz  et  Diego  Gutierrez  le  jeune',  tous  espagnols 
de  naissance  et  en  droit  de  briguer  la  succession,  le 
maintenait  dans  les  fonctions  importantes  de  pilote 
major  et  avait  même  ajouté  une  pension  à  des  émo- 
luments élevés.  Cabot  prêta  cependant  une  oreille 
favorable  aux  propositions  de  l'Angleterre,  s'il  ne  fut 
le  premier  à  les  provoquer. 

Peu^  de  temps  après,  subrepticement,  ce  semble, 
Sebastien  quitta  l'Espagne  sans  abandonner  sa  pension 
ni  son  titre.  Edouard  VI  tint  compte  du  procédé,  dés 
le  6  janvier  1548,  en  accordant  au  transfuge  une  pen- 
sion annuelle  de  166  livres  sterling  et  les  fonctions, 
sinon  le  titre,  de  pilote  major  d'Angleterre  ••. 

Charles-Quint  considérait  néanmoins  Cabot  comme 
étant  toujours  son  pensionnaire  et  son  employé.  Lors 
de  l'ambassade  de  sir  Thomas  Cheynev  à  Bruxelles, 
en  novembre  1 549,  il  fit  réclamer  à  cet  homme  d'Etat 
par  d'Arras,  d'un  ton  hautain,  le  renvoi  en  Espagne  de 
«  Sébastien  Cabote,  son  pilote  pour  les  Indes  et  son 

1.  Son  pcTc,- ayant  les  nièmes  prciiom;,  avait  ctc  mis  à  rindox  en  15  ij. 

2.  «  6  du  JMuaiij  aiino2  Rc^r,  ]:,{_  ;//  „  Halduyt,  t.  III,  p.  10. 

3.  «  Kin;^  Edward  VI...  hcforc  h:  cnUrcd  into  Ibc  Norlbmi  Uiuvi.ry,  ad- 
M  l!x  Worihy  and  Excellent  Scbaslian  Cahota  to  hc  Grand  Piht  cf  Emrland 
"omn.r  him  a  nmt  h,nlij),ll  Pension  0/  L.  166  h  Ihc  xcardnrin.  his)ife.  ,', 
l'im.  dédicace.  Le  Mémorial  de  Steplien  Biirrough,  cité  par  Biddie  (Mc- 
';'""■,  p.  5  n,  d'après  les  MSS.  de  Lansdowae).  semble  aller  A  l'encontrc  de 
1  assertion  de  Hakluyt. 


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JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


serviteur  à  qui  il  servait  une  pension,  et  dont  les 
services  lui  étaient  très  nécessaires  '.  » 

La  requête  de  Charles-Q.uint  fut  immédiatement 
transmise  aux  conseillers  de  la  couronne  qui  lui 
firent  répondre,  le  21  avril  1550,  par  sir  Philip  Hoby, 
l'ambassadeur  d'Angleterre  dans  les  Flandres,  que 
Cabot  s'était  refusé  à  retourner  auprès  de  l'empereur. 
Le  Conseil  ajouta  même  qu'en  présence  de  cette  dis- 
position d'esprit  et  du  fait  que  Cabot  était  sujet  du  roi 
d'Angleterre,  nulle  raison,  nulle  justice  ne  pouvait 
le  forcer  à  quitter  le  pays  '. 

Cabot,  ce  semble,  s'était  établi  h  Bristol',  et  c'est  la 
seule  fois  que  nous  le  voyons  qualifié  de  sujet  anglais. 

Dans  le  courant  de  l'année,  Edouard  VI  lui  accorda 
une  gratification  de  200  livres  sterling  \  qui  paraît 
ne  pas  faire  double  emploi  avec  celle  du  même  chiffre 
que  Strype  lui  attribue  sous  la  date  de  mars  1 5  5 1  \ 

1.  »  Sehaslian  Cahote,  Grand  Tihl  of  tlic  Eiiiperor's  Iitdies  thcn  iii  EiigliVid, 
be  sent  ovcr  lo  Spaiii,  as  a  very  nccesniry  iiiuii  for  Ihc  Emjvror,  wliose  servant  he 
ivds,  and  had  a  pension  ofhini.  »  Strype,  Ecdcsiast.  Mcmoriah.,  t.  II,  P.  I,  n. 
296. 

2.  <(  And  as  for  Sébastian  Cahot  answcre  ivas  first  made  ta  thc  said  ambassa- 
dor  that  hc  ivas  not  detaincd  hccrc  hij  us  hiit  that  he  of  himselj  rejuscd  to  go 
eithcr  into  spayneor  lo  thc  cnipcror  and  that  he  heingofthalmind  and  ihe  King's 
snbjccte  no  reason,  nor  eijuite  IVoldc  that  he  sh  ildc  he  forced  or  compelled  lo  go 
against  hisii/il.  »  MS.  de  llailcy,  n°  553,  cite  p.rM.  J.  G.  Nichols,  Literary 
Remains  of  King  Edivard  VI,  LowAon,  1857,  in-4,  t.  I,  p.  Cixxxix.  Le 
journal  du  jeune  roi,  qui  assista  au  départ  de  Stephen  Burrough  de  Greenwicli 
(Chronique  de  Lanquet.  Lond.  1559.  sub  anno  1553)  s'arrête  malheureuse- 
ment il  novembre  1552. 

3.  Strype,  loc.  cit. 

4.  MS.  Reg.  18  CXXIV,  1.  686,  cité  par  M.  Nichols,  loc.  cit. 

5.  Ce  ne  fut  pas  une  pension,  mais  une  «  gratuily  »,  Strype,  Ecclcs, 
Mcmor.ft.  II,  P.  II,  p.  76. 


JEAN  ET  Sl-BASTIEX  CAIJOT  ,29 

11  est  intcrcssantdc  voir  comment  Cabot  se  montra 
reconnaissant  de  ces  lari^^esses. 

^  Au  mois  d'août  de  cette  même  année  de  1 551,  il 
s'aboucha  a\i:c  Giacomo  Sorenzo,  l'ambassadeur  de 
la   Seigneurie  à  Londres,   et  lui   remit  un  exposé 
détaillé  de  ses  projets.  La  phrase  «  pcirliœhtr  iiijorimt- 
iionc  (Iclle  qualiiù  c  comUtioui  soc  »,  est  évidemment  un 
euphémisme,  et  on  est  fondé  à  croire  que  cette  fois 
encore,  il  s'agissait  de  conduire  une  flotte  vénitienne 
vers  ce  détroit  mystérieux  dont  il  s'imaginait  posséder 
le  secret.  Le  conseil  des  Dix  accepta  sans  hésiter,  et 
les  négociations  recommencèrent  '.  C'est  alors  que, 
pour  donner  le  change  aux  conseillers  d'Edouard  VI^ 
comme  Cabot  l'avait  donné  aux  ministres  de  Charles- 
Quint  trente  ans  auparavant,  les  deux  Vénitiens  renou- 
velèrent ce  prétexte  d'une  réclamation  à  exercer  à 
Venise  et  qui  exigeait  sa  présence  dans  cette  ville. 
Avec  l'audace  et  le  succès  de  la  tentative  de  1523,  ils 
réussirent  à  fliire  solliciter  les  bons  offices  de  la  Sei- 
gneurie en  fliveur  de  l'astucieux  pilote  par  le  conseil 
privé.  On  ne  peut  voir  sans  étonnement  avec  quelle 
confiance   naïve,    des    hommes  comme    Lonseca  \ 
Wriothesley  et  Peter  Vannes,  purent  devenir  les  ins- 
truments inconscients  de  semblables  intrigues. 

Ces  tentatives  avortèrent,  comme  la  première  fois, 
et  Cabot  resta  en  Angleterre.  Ce  fut  lui  qui  alors  sur- 

1.  ILwdon  Brown,  Cakmhir,  t.  V,  n"  711,  p.  264. 

2.  Sir  Thomas  Hardy.  Report  on  Vmelian  archives,  r,.  8,  cl  Cahudar, 
Fomsn  Séries,  Edward  VI,  London,  iii6i  ;  rOponsc  de  Vannes,  Venise,  12 
septembre  1551,  p.  171.  ' 


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130  JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

veilla  l'cquipcmcnt  de  hi  désastreuse  expédition  de 
WilloLighby  et  Chancellor  en  mai  15)3. 

Cliarles-Quint  songeait  toujours  à  Cabot.  Il  avait 
attendu  jusqu'au  1 1  juillet  1552  avant  de  le  remplacer 
dans  II  chaire  de  Cosmographie  dont  il  était  titulaire 
à  la  Cttsii  de  Conlrucion.  Le  poste  de  pilote  major 
même  était,  ce  semble,  encore  vacant  lorsque  l'empe- 
reur, le  9  septembre  1553,  écrivit  de  Mons  en  Hai- 
nault  à  Mary  Tudor  '  pour  faire  revenir  Cabot  en 
lispagne.  Celui-ci,  pour  des  raisons  faciles  à  deviner, 
ne  se  souciait  guère  de  reprendre  du  service  auprès 
de  Charles-Quint,  et  cette  tentative  fut  aussi  infruc- 
tueuse que  celle  de  1550. 

Si  Ilugh  Willoughby  et  l'équipage  du  navire  qu'il 
montait  périrent  tous  de  froid  sur  les  côtes  de  la 
Laponie,  Richard  Chancellor,  grâce  à  l'habileté  de 
Stephen  Burrough,  put  revenir  en  Angleterre  après 
avoir  exploré  la  mer  Blanche  jusqu'à  la  Dwina.  Le 
succès  relatif  de  Chancellor  décida  un  certain  nombre 
de  gentilshommes  influents  et  de  riches  commerçants 
anglais  à  fonder  une  société  pour  la  découverte  de 
terres  inconnues,  c'est-à-dire  le  passage  au  Cathay. 
Le  6  février  15 55,  la  reine  leur  octroya  une  charte 
d'incorporation,  et  la  compagnie  fut  constituée  sous 
le  nom  de  Company  of  Mcrchant  Adveiilurcrs-. 

1.  CLiliihltir  0/ Slalc  j^npcrs.Foirign  séries,  Lond.,  i86i,t.  I,p.  171.11.444. 

2.  Celte  seiciétc,  géinîralcniciit  connue  sous  le  nom  Je  Muscovij  Company, 
existe  encore,  et  s'appelle  de  nos  jours  The  FeUicoship  of  Eii^Ush  Merolmiits 
for  Discûvcry  of  iicw  Trades  ;  niallieureusement  ses  anciennes  archives  furent 
consumées  lors  du  terrible  incendie  de  Londres  en  1666. 


ilit  lit  1 


'^ 


JEAN  HT  SÉBASTIEN  CABOT  , , , 

Sebastien  Cabot  en  fut  nommé  gouverneur  à  vie', 
comme  ayant  été  le  promoteur  principal  de  l'entre- 
prise. C'est  en  cette  qualité  qu'il  prépara  et  surveilla 
1  armement  de  l'expédition  qui  fut  envovée  par  ladite 
compagnie  à  la  découverte  du  passage  au  Cathav, 
sous  le  commandement  de  Stcphen  Burrough^  11 
vint  flure  ses  adieux  à  ce  hardi  marin,  le  jour  de  son 
départ  de  Gravescnd,  le  27  avril  1556,  et,  encoura- 
geant les  réjouissances  de  la  dernière  heure,  Cabot 
prit  part  au  festin  et  même  â  la  danse'. 

Rymer'  cite  et  annote  un  acte  du  27  mai  1557  qui 
au  premier  abord,  paraît  singulier.  Peu  après'  son 
dcpart  définitif  de  l'Espagne,  Cabot  avait  reçu  au  nom 
de  Edouard  VI,  en  1548,  le  brevet  d'une  pension  an- 
nuelle de  166  livres  sterhng".  Elle  nous  paraît  lui  avoir 
ete  confirmée  par  la  couronne  le  17  novembre  1555 
Cependant,  le  2  7  mai  1 5  5  7,  il  résigna  la  pension  ;  deux 
jours  après,  le  29,  elle  lui  fut  restituée  en  partie,  mais 
au  nom  de  Cabot  se  trouve  associé  dans  le  nouveau 


2.  Mais  avant  le  départ  de  Burrough  sur  le  Search-thn/t  en  avril  1556  il  y 
u  une  autre  expédition  de  trois  navires  A  la  Moscov/e  et  nu  Cathay',  ui 
du  être  également  préparée  par  Cabot.  Elle  est  signalée  dans  les  dépêches 
des  n„,bassadeurs  venmens  sous  les  dates  des  21  mai  et  4  novembre  1555  ; 
R  V  don  Brown  C. W.-,  t.  VI,  p.  76  et  298.  Le  texte  italien,  en  extrai  Vo 
trouve  dans  Pasm,,  /  Navigalorl  al  'Polo  Artiœ,  Venezia.   1880,  p.  7 

Hakluyt    t.r?'!  """  ""  '^"'"    '"'""''■'''  "'  ^""""'  '-^  ^'''^'""  '^""'"'^''> 

4.  Redcra,  t.  VI,  P.  IV,  p.  40  et  55. 

5.  «^/„.«,V«/,,„  ceulumsexagmlascxlibranm  1res  dccimsolidormnetqualor 
^enanorum  Icgalis  moiteU  AiiglU:  »  ^ 


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fEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 

brevet  celui  de  William  Worthiiigton.  Notre  théorie 
est  que  cette  pension  ayant  été  accordée  originaire- 
ment à  Cabot  en  considération  de  services  rendus  et 
à  rendre  :  «  in  com'ulcralkmc  boni  et  acccpUihilis  scrvitii 
nohis  per  dikctiim  scrvienlcin  uostruin  SclntsliiiiiiiDi  Qtbo- 
liiiii  inipciisi  clique  impciulciidi,  »  elle  cessait  du  jour  où 
il  ne  pouvait  plus  remplir  ses  fonctions.  Sébastien 
Cabot  avait  alors  au  moins  quatre-vingt-trois  ans,  et 
nous  savons  que  vers  la  fin  de  sa  vie,  ses  propos  prou- 
vaient un  grand  affaiblissement  d'esprit.  Ainsi,  par- 
lant d'une  machine  inventée  par  Jacob  Besson',  pou- 
vant servir  à  déterminer  la  longitude  en  mer,  Richard 
Eden  relate  que  Sébastien  Cabot  dans  sa  vieillesse 
se  vantait  de  posséder  par  révélation  divine  une 
invention  semblable,  sous  la  condition  cependant  de 
ne  l'enseigner  à  aucun  être  humain.  Mais,  ajoute 
Éden  :  (c  sur  ses  vieux  jours  le  bonhomme  était  un 
peu  tombé  en  enfance'.  »  Les  monarques  lui  auront 
donné  William  Worthington  pour  coadjuteur,  en  pre- 
nant par  économie,  sur  la  pension  de  Cabot,  de  quoi 
rétribuer  celui  qui  le  suppléait  probablement  dans  ses 
fonctions.  Le  lecteur    se  rappelle  que  Hakluyt  en 


1.  Edcn  veut  dire  seulement  que  Cabot  prétendait  posséder  une  nouvelle 
méthode  pour  trouver  la  longitude  en  mer,  sans  faire  allusion  à  celle  de  Bes- 
son publiée  dans  Le  Cosiiwhihc,  imprimé  qu'en  1567,  à  Paris,  in-.j.  L'inver.- 
tion  de  Besson  est  celle  que  C.  Irwin  proposa  comme  sienne  eniyéo  (Libri). 

2.  <(  Bi(tl  thinli-e  Ihe  good'ohk  imiii,  in  thaï  extrême  âge,  somexvhat  lioted,  and 
hidiiot  yet  euen  in  the  article  of  dcath,  vtterly  shiden  of  ail  wordlyevciytie  glorie.n 
A  very  uccessarie  "Booke...  hy  Joanncs  Taisnierus..,  transktcd...  hy  Ridarde 
Eden.  London,  s.  d.,  in-4.  Voir  l'épître  dédicuîoire. 


S    '   { 


JHAN  ET  SliBASTIKN  CABOT  ,,j 

annonçant  la  publication  prochaine  de  «  toutes  les 
cartes  et  de  tous  les  discours  de  Sébastien  Cabot, 
rédigéspar  lui-même,  »  dit  que  ces  documents  étaient 
alors  (1582)  en  la  possession  du  «  Worshipful  Masicr 
IJ'iUiam  ÏVorlhingtoii  »  —ce  qui  indique  des  rapports 
professionnels. 

L'acte  du  29  mai    1557  est  le  dernier  où  il  soit 
question  de  Sébastien  Cabot.  On  ne  sait  donc  rien  de 
ses  derniers  jours,  ni  de  la  date  ou  du  lieu  de  sa  mort 
La  citation  précitée  de  Richard  Eden  porte  à  croire 
que  ce  fut  à  Londres,  peu  après  l'année  1557. 


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XVII 


|orsq.u'en  15 12,  Charlcs-Qiiint  écrivit'  à 
son  ambassadeur  en  Angleterre  pour  lui 
recommander  Sébastien  Cabot,  ce  der- 
nier était  marié  à  une  femme  d'origine 
espagnole  nommée  Catalina  Medrano. 

Le  25  octobre  1525,  au  moment  où  Cabot  se  pré- 
parait à  partir  pour  la  Plata,  Charles-Quint  ordonna 
qu'elle  recevrait  l'allocation  de  50,000  maravédis  qu'il 
avait  accordée  à  son  mari  treize  ans  auparavant  *. 

Les  termes  dont  l'empereur  se  sert  dans  sa  lettre  à 
Luis  Carroz  :  «  su  mujcr  i  casa,  »  indiquent  l'existence 
non  seulement  d'une  épouse,  mais  aussi  d'une  famille. 
Si  Cabotent  des  enfimts,  on  ne  sait  ce  qu'ils  devinrent, 
et  son  nom,  ainsi  que  celui  de  Catalina  Medrano,  dis- 
paraissent complétenient  des  documents  après  les 
dates  que  nous  avons  citées. 


1.  Appendice  XV. 

2.  Cédule  datée  de  Toledo  ;  Navarrete,  Biblioteca  Maritima,  t.  II,  p.  698. 


Il 


JF-AX  ET  SIÎnASÏIHN  CAROT  ,,, 

Nous  io;norons  aussi  le  nom  de  la  mère  de  Sébas- 
tien, mentionnée  seulement  dans  la  lettre  de  Lorenzo 
Pasqualigo,  lorsqu'il  parle  de  Jean  Cabot,  en  ces 
termes  :  «  sa  uioicr  vcmliana'.  ^i 

Elle  semble  avoir  eu  une  sœur,  dont  on  ne  connaît 
pas  non  plus  le  nom,  qui  au  28  avril  1523  vivait  encore 
à  Venise  et  était  très  âgée.  C'est  une  supposition  qui 
résulte  de  la  lettre  adressée  à  Cabot  par  liieronymo 
de  Marino  sous  cette  date^  Comme  nous  l'avons" rap- 
porté, Sébastien  cherchait  alors  à  trahir  Charles-Quint 
au  profit  de  la  Seigneurie.Les  Dix  voulaient  l'attirer  à 
\'cnise,  et,  pour  motiver  son  départ,  on  simula  une 
revendication  de  la  dot  de  sa  mère  et  de  sa  tante:  «  la 
dote  (H  voslm  madré  et  ameda  »  à  exercer  en  personne 
dans  cette  ville.  Ces  dots  que  Sébastien  veut  réclamer 
vingt-cinq  ans  et  même  un  demi-siécle^'  après  la  mort 
de  ses  parents  ne  sont  évidemment  que  des  inven- 
tions; mais  l'allusion  à  une  tante  est  probable. 

Quant  aux  deux  frères  de  Sébastien,  il  n'en  est  plus 
parlé  après  la  supplique  de  1496.  Le  foit  que  Ludovic, 
qui  était  son  aîné,  n'est  pas  mentionné  dans  la  légende 
de  la  carte  de  1544  à  l^i  suite  de  Jean  Cabot  et  '"ivant 
ou  après  Sébastien  nous  fait  supposer  que  ni  Ludovic 
niSanche  n'accompagnèrent  leur  père  dans  ce  mémo- 
rable voyage.  Campbell  cite  *  des  remarques  manus- 
crites sur  Hakluyt  où  il  serait  dit  que  deux  des  fils  de 

1.  R.  Brown,  t.  I,  752  ;  nullo,  p.  61. 

2.  «  hi  amcih  vostni  c  moUovcuhia  »;  Bullo,  p.  68. 

3.  Ce  prétexte  fut  renouvelé  en  155 1. 

4.  Lives  ofthc  British  Admirais,  t.  I,  p.  310. 


l!6 


JHAN  HT  SliBASTinN  CAHOT 


Jean  Cabot,  «  s'ctablircnl  à  l'ctrangcr,  l'un  à  Gcncs, 
l'autre  à  V^cnisc.  »  Celte  remarque  ne  saurait  s'appli- 
quer qu'à  [Aulovic  et  à  Sanclie,  mais  nous  ne  savons 
quelle  loi  on  peut  ajouter  à  des  notes  anonymes 
consi_u;nées,  nécessairement,  plus  d'un  siècle  après  les 
événements.  Hn  tout  cas,  le  fils  qui  serait  venu  â 
Venise,  n'y  était  plus  en  1351,  et  nul  membre  de  la 
famille  de  Cabot  n'y  résidait  à  cette  époque.  Autre- 
ment, les  Dix  n'auraient  pas  écrit  à  Navagero  :  «  ma 
chc  non  csscinlo  il  dctto  Qtholo  conosciiilo  du  akuno  de 
lUjui.  y>  Leur  imagination  était  assez  fertile  pour  trou- 
ver un  autre  prétexte. 


I   .  J  : 


CARTOGRAPHIE 


1 

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NOTES 

POUR   SERVIR   A   UNE   CLASSIFICATION    DES   ŒUVRES 

CARTOGRAPHIQUES  DE  LA  PREMIÈRE  MOITIÉ 

DU  XVI'-'  SIÈCLE 

CONCERNANT     LAMÈRIQUE    SEPTENTRIONALE. 


JRENANT  pour  point  de  départ  que  le 
planisphère  de  Sebastien  Cabot  n'a  pas 
été  dressé  sur  des  épures  contempo- 
raines de  la  découverte  du  nouveau  con- 
tinent, mais  à  l'aide  de  documents  postérieurs  d'un 
demi-siéclc  à  cet  événement,  nous  avons  pensé  qu'il 
serait  utile  de  rechercher  les  éléments  cartographi- 
ques dont  ce  navigateur  a  pu  faire  usage  en  1544. 

Ce  travail  nous  a  naturellement  conduit  à  tenter 
de  dresser  l'inventaire  des  monuments  de  la  géo^rra- 
phie  américaine  au  xvi'-^  siècle,  avec  la  pensée''  de 
determmer  l'origine  des  délinéations  qu'on  relève  sur 
les  cartes  de  cette  époque,  et  d'en  retracer  les  fortunes 
SI  diverses.  Malheureusement,  la  plupart  des  anciens 


I.p 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


i! 


portulans  n'existent  plus.  Ceux  qui  ont  échappé  à 
l'action  du  temps,  aux  naufrai;es  et  aux  batteurs  d'or, 
ne  sont  pas  tous  connus  ;  fort  peu  même  ont  été 
décrits.  Nous  ne  pouvons  donc  pas  encore  établir 
d'une  manière  précise  la  filiation  des  cartes  nautiques 
qui  nous  restent, ni  décrire  avec  exactitude  les  progrès 
de  l'hydrographie  du  Nouveau-Monde. 

Les  lacunes,  cependant,  ne  sont  pas.  telles  qu'on 
ne  puisse  déjà  reconnaître  que  le  mérite  des  premiers 
perfectionnements  introduits  dans  la  délinéation  du 
littoral  de  l'Amérique  septentrionale  appartient  aux 
cosmographes  portugais.  Ces  habiles  dessinateurs, 
savants  pilotes  pour  la  plupart,  exercèrent  une  in- 
fluence considérable,  non  seulement  par  leurs  œuvres 
mais  aussi  par  leurs  préceptes,  dont  on  reconnaît  fa- 
cilement les  traces  dans  les  portulans  et  les  planis- 
phères dressés  aux  Baléares  ' ,  en  Espagne  et  en 
France.  Mais  si  des  cartographes  lusitaniens  émigrè- 
rent  de  bonne  heure  chez  leurs  voisins  de  la  pénin- 
sule, on  n'est  pas  fondé  à  croire  qu'ils  vinrent  appelés 
pour  enseigner  une  science  qui  aurait  été  à  l'état  d'en- 
fance dans  le  royaume  des  Rois  Catholiques.  La  belle 
carte  de  Juan  de  la  Cqsa,  dressée  en  1500,  au  port  de 
Santa-Maria  d'Andalousie,  suffirait  pour  prouver  le 
contraire.  Il  est  aussi  difficile  d'admettre  que  le  fameux 
pilote  basque  n'ait  pas  fait  école,  surtout  à  l'époque 


I.  N"»  III  et  IV  de  Kunstmann,  semblables  ;\  une  carte  des  collections 
bavaroises  signée  :  «  Sulval  de  Pikstriiia  en  Malhrques  en  liiy  M.  D.  XI.  a 


lili; 


JEAN  ET  SliRASTIEN  CABOT 


Î41 


du  plus  grand  dcvcloppcmciit    de  la   marine  espa- 
gnole et  des  explorations  si  hardies  du   littoral   de 
Amérique  méridionale.  Francisco  et  Ruv  Vakho 
Jorge  et  Pedro  Reinel,  Simon   de  Alcazaba  de  Soto- 
mayor,  n'étaient  en  réalité  que  des  transfuges  '    qui 
croyant  avoir  à  se  plaindre  du   roi  Manoel,  avaient 
quitte  subrepticement  le  Portugal,  pour  venir  offrir 
leurs  services  à  Charles-Quint.  Ce  monarque  les  ac- 
cueilht  avec  faveur,  comme  son  aïeul  avait  accueilli 
les  \  espuce  et  Sébastien  Cabot,  mais  ce  fut  surtout 
parce  qu  en  Espagne  on  ne  pouvait  employer  trop  de 
sens  experts  en  ces  matières  pour  les   expéditions 
projetées  par  la  couronne.  Il  est  vrai  que  deux  Reinel  ^ 
dessinaient   et    corrigeaient    dés     15 19    à     Séville 
es   cartes    de    la     Malaisie   pour    le    compte    de 
Charles-auint,  mais  les  portulans  que  Magellan  em- 
porta dans  son  mémorable  voyage,  furent  dressés  sur 


Ku-mo,  como  tamhicn  hs  mulnwlcs  y  esteras    ,.  L cttr       -  <u  . ,     ^"'' 

auroidc  Portugal;   Séville.   i8  jile/        ^    n "  .:J^i't";r   " 
Selon  Herrcra(Dccad.  III   lib    IV   rnn    v,  ^^'^^-'^ac,   t.  IV,   p.    155. 

.•;n.  vi„„„,'..  ,,4;:- -f;,:  ::  l;^;,;r'.^':'l,^«v;:''rt 


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I.|2 


JEAN  ET  SÉIÎASTIEN  CABOT 


son  ordre  par  un  cartoi^raphc  cspa'gnol  de  Valladolid, 
Nuno  Garcia  de  Toreno  '. 

Ce  qui  paraît  avoir  constitué  â  cette  époque  la  su- 
périorité des  cosmographes  portugais,  c'est  leur  con- 
naissance plus  étendue  de  la  géographie  de  la  partie 
septentrionale  du  nouveau  continent.  Ce  n'est  pas 
qu'au  commencement  du  \vi^"  siècle  on  attachât  en 
Espagne  ou  en  Portugal  une  importance  très  grande 
à  ces  contrées  en  tant  que  possessions  susceptibles 
d'être  colonisées;  mais  c'était  là  qu'on  plaçait  le  fa- 
meux passage  au  Cathay  par  le  nord-ouest. 

Encouragés  probablement  par  le  succès  de  la  pre- 
mière expédition  de  Gaspard  Cortereal,  d'autres  Por- 
tugais, les  deux  Fernandez  et  Juan  Gonzalès,  gentils- 
hommes des  Açorcs',  avaient  sollicité  et  obtenu  du 
roi  d'Angleterre  des  lettres-patentes  pour  un  voyage 
de  découvertes  dans  ces  régions.  Les  gratifications 
accordées  par  Henry  VII  à  des  marins  du  Portugal  qui, 
le 25  août  1505,  lui  avaient  apporté  de  Terre-Neuve 
des  piverts  et  des  chats  sauvages"',  l'ordonnance  royale 


1.  «  112)  maravedis  que  se  diaon  à  Nuno  Garcia  para  cowprar  pcrgaiiihios 
para  hacer  carias  :  ()oo  por  uua  dccew.i  de  picks  ;  864  que  coslaron  olra  docena  de 
pieks  ;  13,125  Duiravedis  por  skie  carias  de  marear  que  bizo  por  la  ordeii  de  Rui 
Falero  a  cinco  ducados;  11,250  maravedis  quese pagarou  à  Nui'io Garcia  de  once 
carias  de  luarear  que  hizo  por  la  orden  de  Feruamio  Magallaues.  »  Rehcion  del 
caste  que  luvo  la  Armada  de  Magallaues.  »  Nâvarrcte,  t.  IV,  p.  180. 

2.  «  Joliau.  l'cruaudus,  Fraucisco  Feruaudus  et  Joliaii.  Guusolus,  armigeris  in 
Insulis  de  Surrys  sub  ohedieucia  %egis  Poiliigalix  oriuiidisn.  Memorauduvi 
quod  XIX  die  Mardi,  auuo  rcgni  Reg.  Hcnrici  Seplimi  XVI,  public  par  Biddlc, 
Memoir,  p.  312. 

j.ci'jTo  Portugaks  iM  broughl popyiigais  aiidcatls  ofthe  mounlaigne  zutth  olher 
sluff  lo  Ihe  Kiug's  grâce,  5  /.  » 


JEAN  ET  SÉBASTIIIN  CABOT 

du  14  octobre  enjoignant  à  Diogo  Brandào  de  conti- 
nuer a  lever  la  dîme  sur  la  morue  apportée  des  Bacal- 
laos  dans  les  ports  situés  entre  le  Douro  et  le  Minho  ' 
témoignent  aussi  d'efforts  constants.  D'ailleurs   les' 
contours  et  les  positions  dans  les  portulans  des  'mc- 
niiéres  vmgt-cinq  années  du  xvi^-  siècle,  évidemment 
copiés  sur  les  premières  cartes  lusitaniennes,  ainsi  que 
les  noms  de  ports,  de  caps,  d'estuaires,  de  rivières  de- 
puis le  Labrador  jusqu'au  cap  Rasso  et  depuis  la  terre 
des   Cortereal   jusqu'à    celle    de    Estevam   Gome/ 
presque  tous  portugais,  ne  sauraient  laisser  de  doutes 
a  cet  égard. 

Quant  aux  éléments  particuliers   qui  servirent  à 
construire  les  portulans  lusitaniens,  et,  par  suite  les 
premiers  planisphères  espagnols,  il  est  presque  im- 
possible de  les  déterminer.  La  carte  envoyée  de  Por- 
tugal   par    Alberto    Cantino',  agent    diplomatique 
d  Hercule  d'Esté,  duc  de  Ferrare,  auprès  de  Manoel, 
et  la  lettre  qu'il  adressa  de  Lisbonne  à  son  souverain 
le  17  octobre  1501»  dèmomrent  l'existence  de  docu- 
ments cartographiques  accessibles  et  se  rapportant  aux 
voyages  de  Gaspard  Cortereal.  Ces  cartes  furent  évi- 
demment le  point  de  départ  des  délinèations  dont  le 
portulan  dePedroReinel  est  un  si  précieux  spécimen^ 

xLT-'  '""'^''''  '?''^°  1^>a,uhio,~Pescaria<lo  Bacalhào  na  IJha  da  Tenu 
sZ^f7  It  °f"t"  ''''•  "-'"•  ''  "^""''■^"'  "'  '''""'•  '■"'  46;  cite  par 
\u-naiis  de  Lishoct,  t.  VIII,  p.  338, 

2.  Dibliothôquc  d'Esté,  d  Modcnc. 

3-  MS.  Archives  d'État,  ;\  Modènc 

4  Kunstmann.  Allas  zur  Entdccku.ss.Gcschichte  Amcrikas,  pi.  I. 


fl  ■ 


144 


JEAN  ET  StlîASTlEN  CAHOT 


Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  les  pêcheurs  de  tous 
les  pays  baignés  par  l'Atlantique  se  hâtèrent  d'ex- 
ploiter les  pêcheries  signalées  par  les  Cortereal  (si 
elles  Ile  le  furent  par  les  Cabot),  et  ils  ne  cessèrent  d'y 
retourner  tous  les  ans.  Pour  sécher  ou  saler  le  pois- 
son, ces  hardis  marins  descendaient  souvent  à  terre  : 
de  là  des  stations  qu'ils  durent  nommer  et  fixer  sur 
des  cartes.  Les  profits  de  ces  expéditions  amenèrent  la 
formation  de  compagnies  maritimes,  qui,  disposant 
d'amples  ressources,  purent  embarquer  d'habiles  pi- 
lotes. Ceux-ci  rapportèrent  de  la  terre  des  Bacallaos 
des  épures  dont  les  cartographes  firent  usage,  et 
tout  porte  à  croire  que  Lisbonne  fut  un  grand  centre 
d'oeuvres  hydrographiques  de  ce  genre. 

Il  ne  fiiut  cependant  pas  s'exagérer  l'importance  et 
l'exactitude  des  premiers  portulans.  Pour  la  partie  sep- 
tentrionale du  nouveau  continent,  c'est  toujours  un 
littoral  partant  du  Groenland,  ici  appelé  Labrador, 
affectant  au  sud  une  forme  mamillaire,  et  qui,  après 
un  coude,  descend  en  une  ligne  à  peu  près  droite 
sans  tenir  compte  de  l'insularité  —  inconnue  jus- 
qu'en 1534 —  de  Terre-Neuve.  Alors  se  voit  un 
es^^uaire  très  étroit,  figurant  le  golfe  Saint-Laurent, 
mais  sans  les  abords  si  caractéristiques  qui  consti- 
tuent l'île  du  Cap-Breton.  Parallèlement  au  golfe,  sur 
la  terre  ferme,  se  lit  la  légende:  «  Terra  de  Curie 
7?m7,»  souvent  suivie  du  nom  de  Bcicnlhios,  \cqud,  dans 
les  portulans  italiens',  est  placé  au  nord  de  cette  région. 

1.  Itifru,  dcscripiion  des  portulans  ilc  Baptista  Agnesc. 


JEA\  ET  SÉlîASTll-M  CABOT 


'45 


Ces  profils  se  maintiennent  pendant  vingt  ans 
Entre  les  années  1522  et  1526,  on  voit  se  produire 
un  grand  et  beau  planisphère  sévillan,  plus  complet 
que  les  cartes  portugaises,  mais  seulement  en  ce  qui 
concerne  la  partie  méridionale  du  Nouveau-Monde 
car  les  côtes  septentrionales  n'accusent  de  chancre- 
nients  qu'aux  abords  du  golfe  St-Laurent,  dorénavant 
plus  vastes  La  carte  de  Nuno  Garcia  de  Toreno,dont 
on  n  a  malheureusement  qu'une  fraction  abrégée  ',  est 
1  échantillon  le  plus  ancien  que  nous  possédions  de 
cette  nouvelle  manière.  Les  mappemondes  de  W'ei- 
mar  de  1527  et  1529'  ne  font  évidemment  que  la 
suivre  dans  tous  ses  détails. 

On  retrouve  ces  délinéations,  ces  légendes  et  ces 
positions  dans  toutes  les  cartes  pendant  une  douzaine 
d  années  encore.  Ainsi,  tous  les  portulans  de  Battista 
Agnesc,  y  compris  celui  qui,  avec  l'effigie  de  l'empe- 
reur Charles-Quint,  porte  une  dédicace  à  Philippe 
son  h  S',  accusent  jusqu'en  i564\  et  même  après 
cette  date,  les  mêmes  contours  et  soudent  encore 
1  erre-Neuve  au  continent. 

Cette  persistance  s'explique  par  la  conjecture,  très 
plausible,  que  les  premiers  voyages  de  Jacques  Cartier 
passèrent  a  peu  près  inaperçus  hors  de  France.  Ce  ne 

h  Collection  F.  Spitzer,  ;\  Paris. 
■1.  Infra,  Cartographie,  uo  19. 

10 


146 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


fut  que  la  troisième  expédition ,  commandée  par 
Roberval  et  équipée  bruyamment  dans  les  ports  de 
Normandie,  du  15  janvier  1540  au  22  août  1541,  qui 
éveilla  sérieusement  l'attention  de  Charles-Quint. 

Au  printemps  de  l'année  1541,  nous  voyons  le 
conseil  des  Indes  envoyer  en  France  un  espion  «  para 
saver  h  de  las  Armadas  que  se  preparahaii  alli\  »  L'en- 
voyé répondit  qu'à  St-Malo  on  armait  treize  navires 
et,  à  Honfleur,  quatre  galions  que  Jacques  Cartier,  au 
milieu  d'avril  prochain,  devait  conduire  «  a  pohJare  una 
tierra  que  se  ÎJamaba  Canada.  »  L'été  suivant,  Charles- 
Quint  envoya  aux  Bacallaos  une  caravelle  commandée  > 
ce  semble,  par  Ares  de  Sca  '  «  a  saher  h  que  havia  hecho 
par  alla  un  eapitaii  Franees  que  se  dice  Jacques  Cartier^.  » 

Dans  l'intervalle,  le  roi  de  Portugal  avait  été  pres- 
senti sur  l'opportunité  d'une  expédition  combinée 
à  Terre-Neuve,  mais  Joâo  III  s'y  refusa,  alléguant  la 
perte  de  deux  navires  portugais  dans  ces  parages,  sans 
compter  ceux  qui  avaient  éprouvé  le  même  sort  du 
temps  de  son  péreManoel*. 

Parti  du  port  de  Bayona  en  Galice,  le  25  juillet 
1541,  Ares  de  Sea  revint  en  Espagne  le  17  novembre 
suivant.  C'est  probablement  à  cette  époque  que  les  cos- 

1.  Archives  des  Indes  A  Séville,  Patr.  Riuil,  h^'.  6°  ;  Buckingham  Smith, 
Cokccion  lie  l'urios ilociimeiilos pciru la  hisloiiu  de  la  Horida.  Madrid,  1837,  in-4, 
t.  I,  p.  107,  109. 

2.  MS.  t.  LXXII,  f.  19  et  t.  LXXXII,  f.  209,  de  la  collection  Mufioz, 
cité  par  M.  C.  F.  Duro,  Arca  de  \ct',  Madrid,  188 1,  in-8,  p.  316. 

3.  Buckingham  Smith,  loc.  cit.,  p.  114. 

4.  Carta  dirigidapor  cl  Emhajador  m  Portugal  al  Comeiidador  mayor  de  Cas- 
tilla;  citée  par  M.  Duro,  hc.  cil. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

'47 

mographcs  espagnols  reçurent  pour  la  première  fois 
ces  notions  relativement  exactes  sur  la  configuration 
ck  1  lie  du  Cap-Breton  et  l'insularité  de  Terre-Neuve 
Mais,  a  en  juger  par  la  carte  de  Gutierrez  de  kso 

lis  ne  ixinusscnt  pas  s'être  pressés  de  les  utiliser.        ' 
Barbie  du  Bocage  semble  vouloir  faire  remonter  à 
la  fuite  en  1-rance,  dans  l'année  1540,  de  Miguel  da 
i>ylva,  cveque  de  Viseu,  l'introduction  d'éléments  car- 
tographiques dont  les  Français  se  seraient  servis  pour 
créer  une  sorte  d'école  de  cosmographes.  Ses  données 
sont  empruntées  â  La  Cléde',  qui  n'accuse  cependant 
h  transfuge  que   d'avoir  «  emporté  avec  lui  quelques 
papiers  d  importance.  »  L'ordonnance  du  23  janvier 
1542,  par  laquelle  Joao  III  bannit  son  ancien  flivori 
ne  dit.aussi  que  «Miguel  da  Sylva  s'est  dérobé  à  son 
service  et  a  son  obéissance  sans  restituer  les  lettres  et 
cents  très  importants  qu'on  lui  avait  confiés  en  vertu 
de  ses  fonctions  de  secrétaire  d'État^  » 

Cette  hypothèse  est  néanmoins  admissible,  sur- 
tout lorsqu  on  voit  figurer  dans  l'atlas  de  Jean  Rotz 
et  sur  la  mappemonde  dite  de  Harley',  dressés  en 

1 .  Miisasin  encyclopédique  (de  Millin     t   IV  de  1'  m„  •      « 
l^;<-^r.edc;PoruUv.r^:^Zt:^^ 

^i—  Lisbo^l"  ti;  p:;:"ii;'c7t"''''^  ""•  ^""'  '^-^- 

4.  British  Muscum,  Ohl  Roy.  MSS.,  20.'  F   I\ -"Jt   ^ /;  a/cc 
portulan  de  Rot.  fut  fait  pour  être  dcdié  à  FnuK-ds  f!      ^f'   '''''Y 
armes  de  France  e:  celles  du  Dauphin.  '    '  ''""■'  P°"*=-  '" 


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148 


JIZAN  ET  SÉBASTIEN  CAHOT 


France  de  1542  à  1547,  des  renseitjrncmcnts  si  précis 
concernant  Java  et  l'Australie  que  les  Portugais 
avaient  tant  d'intérêt  à  tenir  cachés'. 

Nous  n'avons  pu  retrouver  les  ojuvres  de  cosmo- 
graphes tels  que  Jean  de  Clamorgan*,  ni  voir  celles 
attribuées  à  Guyon  de  Sardiére  ',  mais  la  mappe- 
monde faite  en  1531  par  Oronce  Fine  pour  l'édition 
parisienne  du  recueil  dit  de  Gryna;us',  et  les  cartes 
de  Pierre  Desceliers,  de  Jean  Rotz,  de  Nicolas  de 
Nicolay,  témoignent  de  l'habileté  des  cartographes 
français  sous  le  régne  de  François  F'"".  Ils  étaient  donc 
capables  de  dresser  des  portulans  pour  la  navigation 
au  Nouveau-Monde,  et  des  cartes  représentant  les 
pays  que  la  France  cherchait  alors  à  coloniser. 

Quoi  qu'il  en  soit,  plusieurs  grands  planisphères 
français  de  cette  époque  '',  portent,  à  l'abri  du  pavillon 
fleurdelisé,  des  appellations  portugaises.  Quant  aux 
configurations   précises  du   golfe  St-Laurcnt,  et  à 


1.  Barbi(i  du  Boc.ig:,  hv,  cit. 

2.  »  N"  6815  lie  l'inventaire  de  1682,  Cosmographie  ou  cartes  géogra- 
phiques et  hydrographiques  présent^Jes  par  Jean  de  Ciamorgan  d  François 
h".  Ce  volume  est  en  déficit.  »  Delisle,  Le  cabinet  des  MSS.ilc  la  Bibliollièque 
impériale.  Paris,  1866,  in-4,  t.  I.  p.  265. 

3.  «  Cartes  de  tout  l'Univers,  if}6,  »  MS.  de  la  collection  de  sir  Thomas 
Phillips  à  Cheltcnham,  n"s  1912-845.  Ce  nonin'est  probablement  que  celui  de 
l'ancien  propriétaire  de  l'Atlas.  Il  y  eut  un  bibliophile  nommé  Guyon  de  Sar- 
diére (fils  de  la  célèbre  mystique  madame  Guyon)  qui  vendit  sa  collection 
au  duc  de  la  Vallière,  et  dont  on  retrouve  la  signature  sur  plusieurs  manus- 
crits de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal. 

4.  Ncu'a  et  intepa  iiniversi  orbis  descriplio.  Ti.  A.  V.  n"  173. 

5.  Cartes  dites  de  Henri  II,  de  Harley,  de  Vallard;  décrites  infra. 


JEAN  ETSÉDASTII-N  CABDT 


M9 


rinsularitc  de  Tcrrc-Ncuvc,  c'est  dans  les  mappe- 
mondes dites  de  ITarley  et  de  Henri  II,  construites, 
peut-être,    sur   l'ordre   de    l'rançois    I^'"-  pour  son 
lils  le  Dauphin,  vers   1542,  qu'on   les  voit  pour  la 
première  fois.  Jusqu'à  plus  ample  informé,  on  doit 
donc  admettre  que  toute  carte  de  la  première  moitié 
du  xvi^-  siècle  où  l'île  de  Terre-Neuve  n'est  pas  soudée 
au  contment,  qui  porte  dans  l'intérieur  du  golfe,  à 
l'ouest  et  à  proximité  de  la  région  supérieure  de  'la 
pénmsule  du  Cap-Breton,  une  île  de  grandes  dimen- 
sions, et  qui  trace  au  fleuve  St-Laurent  un  parcours 
jusqu'au  70^'  degré  de  longitude,  est  une  carte  non  seu- 
lement postérieure  aux  voyages  de  Jacques  Cartier, 
mais  aussi  une  carte  qui  a  été    construite  avec  des 
éléments  géographiques  empruntés,  directement  ou 
indirectement,  à  l'hydrographie  française.  Le  planis- 
phère de  Sébastien  Cabot  est,  à  n'en  pas  douter,  une 
œuvre  de  ce  genre.  C'est  ce  que  nous  avons  cherché 
à  démontrer. 


I}0 


JEAN  ET  SliUASTIEN  CABOT 


i 


1497. 


CARTES   DI-:   JEAN   CABOT. 


IL  est  plusieurs  fois  question  de  cartes  et  de  sphires 
dressées  p;u'  Jean  Cabot  ;  «  Messcr  Zomnc  ha  Ut  dcscrip- 
tionc  (kl  tnonJo  in  uua  carta.,  e  anche  in  tout  sphera  solida 
chcluia  fatio*  «,  dit  Raimondi.  «  Fisla  laderrota  que  llevan  »,  lit- 
on  '  dans  la  dcpèchc  de  Puebla.  «  Yo  he  visto  la  carta  que  hafccljo 
el  inventador . . .  la  carta  0  viapa  mundi  que  este  ha  fccho  »,  dit  aussi 
Ayala  ^.  "  Astranger  Venctian,  îvhich  l'y  a  cart  tnade  himself  expert 
in  kmnuing  of  the  icorld  »,  est-il  écrit  dans  un  des  manuscrits  du 
British  Muséum  '.Knfin,  Hnkluyt,  d'après  Fabyan,  dit:  «  A  Ve- 
nctian ^  ivhich  made  himselj.  ry  expert  and  cnnning  in  kncnvledge 
of  the  circuit  ofthe  u'orlde  and  ilandes  ofthe  same  as  by  a  carde... 
heeshnued"^  ". 
Tous  ces  documents  ont  disparu. 

1.  Dépikhe  du  18  dcccmbrc  1497,  appendice  X. 

2.  Appendice  XII. 

3.  Appendice  XIII. 

4.  MS.  cottonien,  Anno  13,  Hen.  VII;  appcnd.  VI  A. 

5.  Hakiuyt,  Divers  voyages,  p.  23  de  la  réimpression. 


.1  W 


■  fi  îi 


JI'AN  ET  SllDASTlEN  CAIJDT 


i$i 


PUNISPIlfeRf;    Dr;  stoASTII-N  CABOT, 


LA  prcmic-re  fois  qu'il  est  fait  mention  d'une  mappemonde 
drcssécpar  Sébastien  Cabot,  c'est  dans  le  récit  de  l'ano- 
nyme de  Kaniusio  :  .<  Moslroiitmi molle  cosec  fm  l'iiltn-  un  ' 
Mnppamomlo  faraude  colle  luwigaliom  pariicolan  si  ili  PorUtshcsi 
conte  di  Castlgliani'n.  Nous  ne  savons  ce  qu'était  cette  carte,  et  il 
n'y  a  plus  en  Hspagne  aucun  document  cartographique  qu'on 
puisse  attribuera  Sébastien  Cabot. 

Les  dernières  traces  de  cartes  dressées  par  Cabot  disparurent 
le  20  septembre  i575-  A  cette  date,  le  cosmographe  Juan  I3au- 
tista  Gesio  ou  Gcssio»,  adressa  une  supplique  à  Philippe  II  pour 
que  S.  M.  reprît  possession  d'une  ancienne  carte  enluminée  sur 
parchemin,  œuvre  de  Sébastien  Cabot,  qui  allait  passer  en  vente 
publique  ;\  la  suite  du  décès  de  Juan  de  Ovando,  président  du 
conseil  des  Indes'. 

Les  autres  citations  se  rapportent   toutes  i  la  mappemonde 
qui  porte  la  légende  suivante  :  Relulo  del  aiictor 


I5M-I9- 


I.  RuccolUi,  i5)0-)3,  f.  414;  appcnd.XXI. 

>kinr,s,l,  MS.  daté  de  M.>drid.  ,579etcité  par  M.  M.  Yménc/do  la  Espada 
Kcluaones  geographiau  Je  ImUas.  Perù.  Madrid.  1881,  in.4,  p   cxxiv 
3.  .<  Tuvolocnsnpochrhastusu  muerte  d  visilador  y  prcsidcuU  dd  Consdo 

Gs,o  al  Rcy.  cd,a  de  Madnd y  20  de  setiemhe  de  is7i.  c»  doude  dice,  que  en  la 
tZt  W  r  7  f ''"""'"  "'"''  ""  '""l"'  """Suodepergannno  Lninado 
[miwteca  dd  Escoriah  »,  hc.  cit.,  p.  xxx,  note. 


, 


152 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Sébastian  Cabota  capitan,y  piloto  mayor  de  la  S.  c.  c.  m.  del  Im- 
pcrador  don  Carlos  quinto  deste  nombre,  y  Rey  niiestro  sennor  hizo 
esta  figura  cxtensa  en  piano,  auno  del  naschm  de  nro  saltiador  lesn 
Christo  de  A/.  D.  XLIIII.  annos  '. 

Mappemonde  coloriée  projetée  en  une  seule  ellipse  do  148 
centimètres  sur  le  grand  axe  et  1 1 1  centimètres  sur  le  petit  axe, 
suivant  le  procédé  d'Apian  *.  A  droite  et  à  gauche,  on  distingue 
une  série  de  légendes  longitudinales  en  langue  espagnole,  suivies 
d'une  traduction  latine. Ces  deux  bandes,  composées  en  caractères 
d'imprimerie,  ont  été  ajoutées  après  coup.  Il  est  à  noter  que 
dans  les  mots  espagnols  qui  exigent  un  til  sur  la  lettre  n  placée 
entre  deux  voyelles,  ce  signe  est  omis  et  la  lettre  n  est  doublée  : 
sennor,  mannana,  anno,  etc.  :  preuve  que  ces  bandes  n'ont  pas  été 
imprimées  en  Espagne,  mais  dans  un  pays  où  ce  signe  t}'po- 
grapliique  n'était  pas  employé.  Nous  présumons  que  la  carie  fut 
gravée  et  que  les  légendes  furent  imprimées  à  Anvers,  parce  que 
cette  ville,  au  milieu  du  XYi"  siècle,  était  un  grand  centre  de  pro- 
ductions géographiques,  que  les  cosmographes  espagnols  de  l'é- 
poque y  fliisaient  graver  ou  publier  leurs  cartes  ',  et  que  nous  ne 
connaissons  pas  de  til  employé  par  les  imprimeurs  du  nord  de 
l'Europe  avant  les  publications  de  Bellero  et  de  Steelsio.  Cepen- 
dant, comme  en  1544  Charles-Qiiint  était  empereur  d'Allemagne 
et  que  la  carte  porte  ses  armes  en  grand  format,  elle  peut  aussi 
provenir  d'une  des  villes  de  l'empire,  Augsbourg  par  exemple. 


1.  Légende  17;  voir  le  fac-similé  placé  en  tête  de  cet  ouvrage, 

2.  D'Avczac,  Coup  d'icil  sur  ta  projection  des  cartes  géographiques.  Paris,  1863, 
in-8,  p.  54. 

3.  Voir  par  exemple  la  carte  de  Diego  Gutierrez,  qu'il  ne  faut  p.is  con- 
fondre avec  son  père,  du  même  nom  et  également  cosmographe,  mais  dont 
les  cartes  furent  prohibées  en  1^45  :  Americe  sive  quartiC  orhis  partis,  nm'aet 
exactissima  descriptio.  Hiero  Cock  excud,e.  AiUverpiœ,  1562  ;  o™,  92  X  '""ig} 
en  six  feuilles  in-fol.  ;  vendue  par  Edwin  Tross,  il  y  a  une  dizaine  d'années, 
au  British  Muséum  (Map6ç}iS-iS.) 


JEAN  ET  SIÏBASTIEN  CABOT 


15} 


Le  seul  exemplaire  connu  '  de  cette  mappemonde,  se  trouve 
dans  la  galerie  de  géographie  de  la  Bibliothèque  nationale  de 
Paris.  HUefut  trouvée  en  Allemagne  et  achetée  de  M.  de  Hennin 
pour  la  dite  bibliothèque  en  1844,  pour  400  francs.  Suivant  Le 
Prince  et  Paris  %  cette  carte,  découverte  chez  un  curé  de  Ba- 
vière, aurait  été  procurée  par  M.  de  Martius,  secrétaire  de  l'A- 
cadémie des  sciences  de  Munich.  Jomard  l'a  reproduite  ",  mais 
sans  les  légendes  longitudinales*. 

Le  texte  latin  de  ces  légendes,  pris  sur  une  édition  autre  que 
celle  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  se  trouve  dans  l'ou- 
vrage de  Chy trapus  \ 

Cette  carte  est  mentionnée  par  Livio  Sanuto  ",  d'après 
Guido  Gianneti  da   Fano,  par  Ortelius',  par  sir   Humphrey 


1 .  Nous  lie  savons  ce  qu'il  y  a  de  fondé  dans  le  bruit  qui  courut  dan,> 
l'année  1868  qu'on  venait  d'en  découvrir  un  autre  exemplaire  en  Allemagne 

2.  Essai  sur  la  Hibliolhèqiie  du  roi.  Paris,  1856,  in-12,  p.  285.  Btilktin 
ik  la  SocUtl  de  géographie,  août  et  septembre  1857,  p.  26<S. 

}.  Les  Monuments  de  la  G/ograpbie,  ou  recueil  d'anciennes  caries.  Paris,  1842- 
1862,  in-fol.  allant;  n»  xx.  Nous  reproduisons,  d'après  l'original,  la  partie 
de  cette  carte  qui  se  rapporte  aux  découvertes  des  Cabot  en  1497. 

4.  Ces  légendes  ont  été  depuis  .tutographiées  en  fac-similé  par  M.  Boselli, 
gendre  de  M.  Jomard. 

5 .  Nathan  Koclihaff  (dit  Chytrxus),  Variorvm  in  Evropa  Itinenm  Dellciit. 
Herborn,  1594,  petit  in-4,  p.  77}-795.  Idem  opus,  1599  et  1606,  p.  599- 
614. 

Il  importe  aussi  de  consulter  l'excellente  analyse  donnée  par  M.  Kohi, 
History  of  Ihe  Discovery  of  Maine,  t.  I  de  la  'Documentary  History  of  Maine, 
Portland,  1869,  in-8,  22  cartes;  p.  358-377,  et  M.  Charles  Deane 
Remarks  on  Sébastian  Cahot's  Mnppe-Monde.  Cambridge,  1867,  in-8,  8  p. 
Tirage  à  50  exemplaires  de  l'article  publié  dans  les  Troceedings  oftbe  Ameri- 
can oinliquarian  Society,  pour  avril  1867,  p.  43-50. 

6.  Geographia  distinta  in  XII  libri.  Vinegia,  15H8,  in-fol.,  f.  2.  recto. 

7.  «  Sebastianus  Cabolus  venelus.  Universakm  Tabulam;  quam  impres- 
sam  (tneis  formis  vidimus,  sed  sine  nomine  loci,  et  inipressoris,  »  Liste  des 
autorités  consultées,  en  tête  du  Theatrum,  Antuerp.,  4570.  Ortelius  ne  dit 
pas  où  il  a  vu  cette  carte,  mais  ayant  suivi  en  Angleterre  son  cousin  Emma- 
nuel Mctcren,  il  est  probable  que  ce  fut  ;\  Londres  ou  ;\  Oxford  en  1550. 


p 


II 


•54 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 


U 


ii 


Gilbert  ',  par  Richard  Willes  *,  par  Hakluyt  \  par  Samuel  Pur- 
chas  *.  Tous  les  exemplaires  que  mentionnent  ces  écrivains  ont 
été  vus  en  Angleterre. 

La  carte  citée  par  Gilbert  porterait  que  Cabot  atterrit  le  1 1 
juin  %  tandis  que  la  légende  de  celle  de  Paris  expose  que  ce  fut 
le  24.  La  carte  décrite  par  Chytnvus  serait  datée  non  de  1544, 
mais  de  1549,  comme  celle  de  Purchas,  qui  donne  en  outre 
1497  pour  millésime  de  la  découverte,  tandis  que  l'exemplaire 
de  Chytntus  porte  1494.  Hakluyt,  dans  ses  Divers  voyages,  donne 
aussi  cette  dernière  date,  mais  dans  l'édition  des  Priucipall  Navi- 
gations de  1599- 1600,  on  lit  :  1497  ;  enfin,  l'exemplaire  que  cite 


Mcteren  retourna  dans  ce  pays  en  1556  et  en  1558,  mais  comme  Ortclius  fit 
ce  voyage  dis  qu'il  eut  terminé  ses  études,  c'est  à  l'année  1550  qu'on  doit 
faire  remonter  l'époque  où  il  vit  cette  carte.  Peut-être  trouverait-on  quelques 
renseignements  dans  sa  correspondance,  qui  est  conservée  en  grande  partie 
dans  la  bibliothèque  de  la  Diilcb  Rifoimcd  Chttirh X  Londres.  CiitiiIoi;ui'  </i' 
Fml.  Miillir.  Amsterdam,  1875,  Part,  m,  n"  i8j6. 

1.  «  His Claris,  which  are  yel  to  be  secncin  thcQuecncs  Maieslus  priiiii'  Galk- 
rie  at  IVIntehall.  »  Sir  Humphrey  Gilbert,  Discourse,  dans  Hakluyt,  t.  III, 
p.  24. 

2.  «  Cabol's  table  which  the  Earlc  of  BeJford  hath  at  Cheynies  »  Richard 
Edcn,  History  of  Travayk.  London,  1577,  in-4,  f.  232,  et  Hakluyt,  t.  III, 
p.  16. 

3.  «  Tbc  mappe  of  Sébastian  Cabot,  eut  by  Ckmcnt  Adams...  lobe  seene  in 
her  Maiesties  pritiic  galhrie  at  Westminster,  and  in  many  other  ancient  mer- 
chants  Imiscs.  »  Principall  Navigations,  1589,  p.  511  et  1599,  t.  III,  p.  6. 

4.  The  great  Map  in  his  Majesties  priuie  Galkrie,  of  iMch  Sébastian  Cabot 
is  often  therein  called  the  Author...  This  Map,  satne  say,  xvas  taken  ont  of  Sir 
Seb.  Cabot's  Map  by  Clem.  Adams,  1549.  »  His  Pilgrimage,  London,  1625, 
in-fol.,  t.  III,  p.  807. 

5.  Ce  qui  prouve  l'inexactitude  de  la  date  donnée  par  Gilbert,  c'est  que 
si  Cabot  avait  découvert  la  grande  île  le  1 1  juin,  il  n'eût  pu  la  nommer 
«  Sant  Joan,  por  auer  sido  descubierta  el  tnismo  dia  »,  ou,  comme  le  dit  plus 
explicitement  la  traduction  latine  ;  «  diui  loànnis  nominarunt,  quippe  quit 
solenni  diefeslo  diui  loannis  aperta  fuit.  » 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


ïS) 


le  compilateur  anglais  aurait  été  gravé  par  Clément  Adams  ' , 
conséquemmentà  Londres. 

Il  y  a  aussi  des  différences  dans  la  traduction  latine.  «  1494, 
die  uero  24.  lulij,  hora  3 ,  mb  diluciilo,  »  lit-on  dans  la  carte  de 
Paris."  1594 (sic  pro  i4')^)dieverô2^.Itmii.,hora  5.  stib diluculo» 
est  la  date  que  donne  Chytra^us.  Enfin,  la  fameuse  légende  8, 
selon  l'exemplaire  vu  par  Hakluyt  dans  la  galerie  particulière  du 
roi  d'Angleterre  à  Westminster,  serait  en  ces  termes  :  «  KÂnno 
Domini  1494  (1497,  dans  l'édition  de  1 599-1600  de  ses  Princi- 
pall  Navigations)  loaimesCabotus  vcnei us,  et  Scbastianns  illius  filins 
mm  tcrramjecerunt  peruiam,  quant  nnllus prias  adiré  atisus  fuisset, 
die  24  Itinij  circiter  horam  qiiintam  bene  manè.  Flanc  autem  appel- 
huit  Terrain  Primàm  visam,  credo  quod  ex  aduerso  sita  est  insula^ 
cam  appellauit  insulam  D.  loannis,  hoc  opiner  ratione,  quôd  aperla 
fuit  co  die  qui  est  sacer  D.  loanni  'Baptistœ.  » 

Dans  la  carte  de  la  bibliothèque  et  dans  celle  citée  par 
Chytraîus,  la  légende  est  simplement  comme  suit  : 

«  Terram  olitn  nobis  clausam  apcruit  Joannes  Cabotns  Venetus, 
nccnô  Sebastianus  Cabotas  eius  filius,  anno  ab  orbe  redempto  1494, 
die  uero  24  lulij  [sic  pro  lunij],  hora  5,  sub  diluculo  qud  terra  diui 
loannis  nominarunt,  quippe  qua  solenni  die  festo  diui  loannis  aperta 

fuit.  » 

Ces  différences  autorisent  la  supposition  qu'il  y  a  eu  quatre 
éditions  : 

i"  La  carte  de  la  Bibliothèque  nationale,  dressée  en  1544  ; 

2"  La  carte  vue  à  Oxford  par  Nicholas  Kochhaff  en  1566, 
dressée  en  1549:  v- plana  figura  me  delineavit  :  1549  »  ;  avec  date 
exacte  de  «  lunij  »  dans  la  légende  8,  et  un  titre  spécial  pour 
chaque  légende  ; 


I.  Ce  Clômcnt  Adams  était  maître  d'école  des  pages  de  la  reine,  et  le 
rédacteur  des  voyages  de  Richard  Chauccllor  et  de  Hugh  Willoughby 
en  1553. 


1)6 


JUAN  ET  SI-BASTIE\  CABOT 


î   '] 


1  .i 


1)00. 


3"  La  carte  gravée  par  Clément  Adams,  vue  par  Hakluyt  en 

4°  Enfin  la  carte  que  cite  Purchas  comme  ayant  été  examinée 
par  lui  dans  la  galerie  privée  du  roi  d'Angleterre  l\  Westminsteri 
et  qui  ne  semble  pas  être  celle  de  Hakluyt,  puisque  cette  dernière 
est  datée  de  1544,  tandis  que  la  carte  de  Purchas  porte  le  millé- 
sime de  1549,  ni  être  celle  de  KochhafF,  car  la  légende  8  en 
diffère.  Notons  aussi  que  Humphrey  Gilbert  parle  au  pluriel 
des  cartes  de  Cabot  qui  se  trouvaient  dans  cette  galerie  :  «  His 
charts,  îi'hicb  are  yet  to  be  sccn,  »  ce  qui  laisse  supposer  deux  cartes 
au  moins. 

Notre  sentiment,  cependant,  en  admettiint  des  fautes  de 
transcription  et  d'imprimeur,  est  qu'on  peut  ramener  ces  quatre 
descriptions  à  trois  types  seulement  :  la  carte  de  la  Bibliothèque 
nationale,  la  carte  décrite  par  Chytrasus,  et  celle  gravée  par  Clé- 
ment Adams.  Qiiant  aux  différences  géqgraphiques  que  le  lec- 
teur pouvait  probablement  y  relever,  on  ne  saurait  aujourd'hui 
les  préciser. 

Voir  Supra,  pages  54,  64  et  80. 


3 


CARTE   DE   JUAN    DE   LA   COSA. 


APPEMON'DE  sur  Une  feuille  ovale  de  vélin  de  i'",8o 
X  o"',96,  rehaussée  en  couleurs.  On  distingue 
dans  la  partie  supérieure  de  la  carte  une  miniature 
représentant  St.  Christophe  portant  le  Christ,  et  la  légende  : 
«  Juan  de  In  cosa  laj'izo  cud pucrio  de  s  :  iii'^j  [Santa  Mi'.ria]  en  ah"  de 
1500.» 


M 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


>S7 


Mise  en  lumière  par  Alexandre  de  Huraboldt,  qui  l'avait  exhu- 
mée de  la  bibliothèque  du  baron  de  Walkenacr  ;i  Paris  en 
i8.|2,  cette  belle  carte  fut  vendue  ;\  la  mort  de  ce  dernier,  le  21 
avril  1853.  Achetée  pour  le  compte  du  gouvernement  espagnol 
;ui  prix  de  4020  francs  ',  elle  est  aujourd'hui  conservée  au  musée 
naval  de  Madrid  ". 

L'absence  de  degrés  de  latitude  et  le  caractère  de  la  projection 
nuisent  \  la  précision  de  ce  monument  cartographique,  très  cu- 
rieux d'ailleurs.  Aussi  est-il  assez  difficile  de  déterminer  les  points 
importants  du  littoral  qui  nous  intéressent,  et  de  savants  géogra- 
phes ne  sont  pas  d'accord  pour  les  identifier.  Par  exemple,  là  où 
llumboldt  voit  la  côte  septentrionale  du  golfe  St-Laurent. 
M.  Kohi  reconnaît  le  littoral  méridional  de  l'île  de  Terre-Neuve. 
Pour  le  premier,  le  Cavo  de  Ynglaterra,  est  un  promontoire  dans 
les  environs  du  détroit  de  Belle-Isle;  pour  le  second,  c'est  le  cap 
Race^ 

Cette  mappemonde  ouvre  la  série  des  documents  cartogra- 
phiques se  rapportant  aux  Cabot,  car  elle  confirme  des  décou- 
vertes faites  par  les  Anglais  avant  l'an  1500,  et  qui  ne  peuvent 
être  que  celles  accomplies  par  ces  navigateurs  pour  le  compte  de 
Henry  VII  en  1496  et  1498. 

Elle  a  été  publiée  en  fac-similé  par  M.  Jomard*.  Ramon  de  la 
Sagra  '  et  Humboldt  "  en  ont  donné  la  partie  américaine.  Une 
réduction  se  trouve  aussi  dans  Lelewell  '. 

Voir  Supra,  pages  52  et  103. 


1 .  N»  290 1  du  catalogue  de  vente. 

2.  No  S5Î  du  catalogue  du  musée. 


5.  Gliillaiiy,  Geschid'le des  Scejahrers  rilter  Muritn  Ikbtiim,  NiUnbcrg,  1853, 
iii-4,  p.  2  ;  Kohi,  Documeiilary  History  of  Maint;  t.  I,  p.  154. 

4.  Moiiinncnts  de  la  géographie,  pi.  XVI. 

5.  Histoire  physique...  dcVilede  Ch/ic.  Paris,  1842,  in-fol. 

6.  Ghillaiiy,  Gcschichte  de  Bchaim.    Nuremberg,   1853,  iii-4,  et  premier 
ti.-age  de  VExamcn  Critique. 

7.  Gèographiedu  moycu-dge.  Bruxelles,  1852,  Atlas,  carte 41. 


ibh';! 


i>8 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


4 


CARTE   DlTl-    Dli   ALBERTO   CANTINO. 


I5OI. 


CET  important  document  est  ainsi  décrit  :  «  Carta  da 
navigarepcr  h  Isole  niiovamentc  trovate  in  la  parte  deW 
Iiidie,  atlribuita  a  Alberto  Cantitio  dclFanno  i^oi-o} 
{)°  viaggio  di  Cristoforo  Colombo).  Il  originale  si  conserva  nella 
Bibl.  Eslense  di  Modetia  '  » . 

Carte  de  2™, 20  x  i"',05,  sur  parchemin». 
A  défaut  de  renseignements  de  visu,  le  lecteur  nous  saura  gré 
d'insérer  ici  une  note  des  plus  intéressantes  de  M.  Pietro  Amat 
di  San  Filippo,  que  nous  devons  à  l'extrême  obligeance  de 
M.  Dalla  Vedova,  secrétaire  général  de  la  Société  géographique 
italienne  de  Rome  : 


«  Sur  quel  fondement  a-t-on  attribué  ;\  Alberto  Cantino  la  carte 
géographique  manuscrite  possédée  par  la  Bibliothèque  d'Esté  et 
indiquée  au  n"  151  de  la  liste  Uzielli,  page  354?  L'indication 
fournie  en  1875  par  le  célèbre  bibliothécaire  Carbonieri  est  la  sui- 
vante et  elle  se  trouve  écrite  au  bas  d'un  parchemin  portant  le 
titre  de  :  «  Carte  pour  la  navigation  des  îles  nouvellement  trouvées 


m' 

J 


1.  Nous  empruntons  ce  titre  au  catalogue  de  M.  Ferd.  Ongania,  éditeur  il 
Venise,  qui  se  propose  de  publier  cette  carte  en  fac-similé  dans  la  Raccolta 
ai  Mappamoiidi  e  carte  naiitiche  Jet  XIII  al  XVI  secolo,  qu'il  prépare  sous  la 
direction  de  M.  Theobald  Fischer,  professeur  de  géographie  à  l'Université 
de  Kiel. 

2.  G.  Uzielli,  Eleiico  dci  Mappemoiidi,  no   i  ji,  dans  les  Stmlij.   Ronia, 

1875,  in-4.  p.  354- 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


'59 


tians  les  Indes.  Don  de  Alberto  Cantino  à  Monseigneur  le  duc  Ercole.  » 
Cette  carte  indique  la  route  suivie  par  Christophe  Colomb  lors 
de  son  troisième  voyage  (1498),  ainsi  que  la  découverte  de  la 
péninsule  de  Goa  et  de  la  côte  de  Pescheria  faite  par  Vasco  de 
Gama  (1498-1499)  ;  la  découverte  (?)de  Terre-Neuve  par  Corte 
Real  (1501),  et  celle  accomplie  par  Cabrai  (1500)  de  la  terre  de 
S.  Cruz,  qui  est  le  Brésil. 

Il  n'est  pas  difficile  de  fixer  la  date  de  cette  carte  nautique,  qui 
a  dû  être  dressée  après  15  01  et  avant  la  mort  du  duc  de  Ferrare, 
qui  eut  lieu  en  1305. 

La  légende  de  cette  carte  porte  que  Cantino  n'en  a  été  que  le 
donateur,  ce  qui  est  en  outre  prouvé  par  le  fait  qu'il  se  trouvait  à 
Lisbonne  en  qualité  d'agent  ou  —  ainsi  qu'on  disait  alors — d'  «  ora- 
teur »  du  duc  Hercule.  En  effet,  il  appert  des  communications 
de  M.  le  directeur  des  archives  d'État  à  Modène,  qu'Alberto  Can- 
tino était  ;\  Lisbonne  en  janvier  1501,  d'où  il  écrivit  une  lettre 
adressée  il'  «  111'"°  Principi  et  Ex"'"  Domino  HercuH  Duci 
Ferrari,  etc.  » 

Dans  cette  lettre,  Cantino  décrit  une  cérémonie  qui  eut  lieu  à 
la  cathédrale  pendant  laquelle  le  roi  éleva  Vasco  de  Gama  à  la 
dignité  d'amiral  de  l'Inde,  et  lui  remit  l'étendard  et  l'épée. 

Dans  une  autre  lettre  datée  de  Oran,  le  7  juin  1501,  Cantino 
parle  de  navires  équipés  par  la  France  en  Provence.  Ces  navires 
devaient  se  rendre  à  Naples  ou  en  Turquie.  Il  parle  en  outre  de 
l'Espagne  et  des  mines  d'or  découvertes  dans  les  nouvelles  îles  et 
il  ajoute  que  quinze  jours  auparavant,  six  caravelles  étaient  par- 
ties pour  l'Inde  (Amérique). 

Une  troisième  lettre  de  Cantino,  datée  de  Oran,  le  19  juillet 
1301,  donne  des  renseignements  sur  l'escadre  portugaise  et  sur 
le  commerce  des  épiceries  et  des  perles  de  l'Inde. 

Dans  une  dernière  lettre  très  longue,  datée  de  Lisbonne,  le  17 
octobre  1501,  Alberto  Cantino  parle  d'une  expédition  envoyée 
neuf  mois  auparavant  (en  janvier  1501)  par  le  roi  de  Portugal 


i: 


i6o 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOl' 


dans  les  régions  septentrionales  pour  découvrir  des  Terres  ou  des 
Iles. 

Un  des  deux  navires  revint  le  1 1  octobre,  et  Cantino  entendit 
la  relation  que  le  commandant  fit  au  roi,  et  il  en  parle  dans  la 
lettre.  Des  indications  recueillies  par  Cantino  il  parait  qu'il  s'a- 
gissait d'un  voyage  au  nord  de  l'Amérique,  pays  de  chasse  et  de 
pèche,  très  froid,  dont  les  habitants  étaient  vêtus  de  fourrures  de 
renard  et  de  zibeline,  etc.  Cette  expédition  pourrait  être  celle  de 
Cortereal  qui  eut  lieu  précisément  en  1501  et  qui  est  indiquée 
sur  la  carte  nautique  donnée  par  Cantino  i\  Hercule  d'Esté  en 
cette  même  année. 

J'ignore  si  la  carte  précitée  est  originale  ou  une  copie  que  Can- 
tino aurait  fait  faire  pour  la  présenter  à  son  souverain,  qu'il 
appelle  :  «  Dignissimo  ac  Domino  iiico  Singiilarissimo.  » 


Le  présent  ouvrage  était  complètement  imprimé  lorsque  nous 
avons  reçu  le  fac-similé  de  la  carte  précitée  que  M.  le  Ministre 
de  l'Instruction  publique  du  royaume  d'Italie  a  eu  l'extrême  obli- 
geance de  faire  exécuter,  i\  notre  requête,  par  un  cartographe  très 
habile,  M.  Ercole  Sola. 

L'espace  nous  manque  pour  décrire  ici  ce  monument  de  la 
géographie,  assurément  le  plus  remarquable  et  le  plus  important 
que  nous  connaissions  pour  l'histoire  des  premières  navigations 
transatlantiques.  Nous  publierons  cette  belle  carte,  avec  com- 
mentaires, et  une  série  de  documents  inédits  ou  peu  connus  tirés 
des  archives  de  la  Torre  de  Tombo,  dans  un  ouvrage  d'ensemble 
sur  les  voyages  des  Corte-Real,  lequel  est  sous  presse'. 


i.'! 


I.  Les  Coiie-Real  et  leurs  voyages  au  Nouveau-Monde,  D'après  des  documents 
nouveaux  tirés  des  archives  d"  Portugal  et  d'Italie,  suivi  du  texte  itikiit  d'un  récit 
de  la  troisième  expédition  de  Gaspard  Corte-Real,  et  d'une  carte  portugaise  de 
l'année  i}02 ,  reproduite  ici  pour  la  première  fois.  Paris,  Leroux,  1882,  grand  in-8. 


'Il 


JliAN  ET  SliHASTJIiN  CA130T 


i6 


5 


MAPPEMONDE    ATTimviiU   A  SALVAT  DE  PILESTRINA. 


C  EST  le  No  III  de  Kunstmann,  et  le  N»  VIII  de  Kohi, 
mais  nous  avons   fait  notre  analyse  d'après  un  beau 

Pro.^cl  '    mH' "    •  t    '  ''"'  '°'"'''^'''-^'  '''^'^''  P^"-  M-  0«o 
à  Munich        "^  '°"''''''  '"'  '''■"'"  ^'^  ^''™'^"^'  '^^^^''^^«i^^" 

Selon  Kunstmann  «,  cette  mappemonde  anonyme  dénote  h 
.ncme  mam  qui  a  tracé  une  carte  nautique  du  dépôt  de  Munich 
signée  :  .  Salvat  de  Pikstrina  en  Uallor.ucs  Inlay  MDX    1 
Peut-être  faut-il  lire  .<  Salvatlorel  de  PalesLa.,  et  alors  nous 
aurions  l'œuvre  d'un  cosmographe  vénitien  ou  romain  étabH 

pt^riL^iir^'^^^^"^ 

Peschel  suppose  •  qu'elle  futdressée  entre  les  années  1502  et 
IS03.  Cette  carte  est  donc,  après  celle  dite  de  Cantino,  b  plus 

..  !;bliothèque  nationale  de  Paris,  départ,  des  Cartes,  n"  lo.o  a. 

'i^'yr-schm  Haupt  Conservatonum;mnch^n,  1852,  in-8   n    7 
3.  Acette  époque  les  cosmographes  émigraient  volontiers   Dès  u6i    on 

siècle  dernier  \  Su  '  ^  ^'^'"^''  ""'^  l'ydrographique  trouvée  au 

M  de  Henl  t    ,r'V      '^^"''  »>-^"" '-''-^'^'"-'tée  A  Nuremberg  par 
■son^ttr  W^^^  cet  établissement,  le  ,3  décembre  .«SM^'la 

4-  (^eschichU  des ZcitaUcrs,  p.  331. 

u 


1503-1504. 


162 


JUAN  ET  SÉRASTIl-N  CAPOT 


rapprochcf  des  découvertes  Hiitcs  par  Gaspard  et  Miguel  Cor- 
tereal.ct,  i  ce  titre,  d'un  certain  intérêt,  comme  irïdiqua!<t  l'éten- 
due des  connaissances  géographiques  des  Portugais,  voire  même 
des  Majorquains,  concernant  ces  régions,  dans  les  cinq  ou  six 
aiuiées  qui  suivirent  les  voyages  des  Cabot. 


CARTU    DE   PEDRO    REINEL. 


1505. 


CETTE  carte,  qui  n'est  probablement  qu'une  feuille  déta- 
chée d'un  portulan,  est  sur  vélin,  non  datée,  et  elle  ne 
porte  pas  de  titre.  On  y  lit  seulement,  en  grosses  lettres 
semi-gothiques  :  k  Pedro  Rdmlafez.  » 

Conservée  à  la  Bibliothèque  royale  de  Munich,  elle  a  été  repro- 
duite en  partie  par  Kunstmann  *  et  par  M.  Kohi  ».  Ce  dernier  et 
M.  Schmeller  ^  en  ont  donné  une  description  détaillée. 

Barros  mentionne  '  un  «  Pero  Reitiel  moço  d'esporas  »,  qui,  dès 
1487,  passait  pour  navigateur  expérimenté  :  u  homem  costumado 
andtir  naqtiellas  parles  [sur  h  côte  d'Afrique].  »  Nous  ne  saurions 
dire  si  c'est  l'auteur  de  la  carte  en  question. 

Nous  voyons  un  jeune  Reincl  établi  ù  Séville  comme  cosmo- 
graphe,  et  occupé,  en  1 5 19,  à  construire  une  sphère  («  poma  »)  et 
une  carte  de  l'archipel  asiatique,  que  son  père  vint  compléter 


1.  Allas  zur  Enîdechmgen-geschichle  America' s,  pi.  I. 

2.  'Discm'cry  oj  Maine,  pi.  IX,  p.  177. 

3.  Ueber  cinige  iilkre  haitdschrift  liclx  Seekarten,  dans  les  Ablhindlungen  der 
I.  Cl.  d.  Ak.  der  IVissenscbafteit,  t.  IV,  p.  247,  cité  par  Kohi. 

4.  Dccad.  I,  lib.  III,  cap.  xn,  f.  58,  de  l'édition  de  1752. 


i 


JEAN  ET  SliDASTIEN  CABOT  ,g, 

dans  cette  ville,   avant  le  i8  juillet   15 19,  en  y  aioutmt  une 
dehnùafon  des  ilcs  Molu^ues  '.  Mais  con,^-  no  .s    W  n 

de  Herrera.'  ^'  ^''''''  "'  ''''  ^'  l'^'J^oRcmel 

Ponu'.ntTr"''  "''^°"'.^    ^"'"^  '52.  deux  cosmographes 
Commo'l  "°'"'  '"'■^■'■'^'"  -^^  ^^••^''"  deCharlesÎQuint. 

Comme  ils  vmrent  expressément  de  Portugal  avec  Snuon  d 
Alcaxaba,  qu.  .l-tnit  un  transfuge,  et  en  Espagne.  apparon"men 
pour  la  première  ois,  dans  l'année  1522,  on  n  p^  t  "0  1 
nfin-merqui  ne  s'agitpas  ici  d'un  simple  homonyme  ^ 

Quoi  qu  .1  en  soit,  ce  dernier  Pedro  Reinel  était  un  «  pHoio  de 

l^antfr  "'  "'  '""'T"'  ''  ^°"^-«-  '^  Sébastien  Qbj 
Quan      a  carte,  comme  elle  n'arbore  pas  de  pavillons  espagno  s 

^r       r"'"'  ''"'■"  '''  '''  ^••^'^'"■^ivement  portugaise,  die  a 
du  e  re  red.géc  en  Portugal,  ainsi  que  le  dit  just  mcn^  M  Kohi 
qui  lu.  attribue  la  date  de  1505.  PescheP'  suppose  qu'clle; 
mcme  antérieure  d'une  année.  Il  serait  intéressa,    de  li  0  1" 
^uec  la  carte  dite  de  Cantino,  précitée.  -^'^>"P'»^r 


.«luiî:^;:  n::s:';:'^:  "^r"'^-  ^■-"  -'-  -^-- 

2.  Dccad.  m,  lib.  I\-,  Ap.  x,„,  p.  ,32. 


3.  Geschichkdes  ZdtalUrsder  Entcchiu^'ài ,  p.  3,,. 


164 


JUAN  LT  bEUASniiS  L.WiOV 


MAl'l'LMONDli   ni-    JOllANNtS    RLYSCII. 


n 


1508. 


CV:tti:  mappemonde,  intitulée"  VniicrsaUor  (osinili  orhis 
^  titk'la.  r..\  rcccntihvs  cotifixta  ohscrvntionihs  »,  fait  partie 
^  du  Plolciiii'e  public  .\  Kome  en  1 508  '  par  Hvan^elista 
Tosinus,  fratn,-ai.s  du  diocèse  de  Bourses,  et  libraire  établi  dans 
la  capitale  de  la  chrétienté.  1,'édition  de  1508,  n'est  qu'un 
nouveau  tiraj^e  de  celle  qui  fut  publiée  en  1507  par  ce  même 
Tosinus  selon  un  privilèj^e  de  Juks  II,  du  28  juillet  1506; 
mais  ni  cette  mappemonde  ni  les  additions  de  Marcus  lieneven- 
tanus,  intitulées:  «  Noiut orhis  dcsiriplio  iic  noua  Ocùiiii  iiiitiii^dtio 
qna  Lisl>oiia  ad  Indici'i  pcniciiiliir  pclagiis  »,  ni  la  lettre  adressée 
par  Tosinus  au  cardinal  Guibé,  ne  se  trouvent  dans  l'édition 
au  millésime  de  1507  '. 

Selon  Kunstmann  ^  Ruysch  aurait  fait  partie  de  certaine:, 
expéditions  envoyées  d'Angleterre  au  Nord;  mais,  comme  le  dit 
justement  Thomassy  :  «  Jean  Ruysch  n'a  fait  que  dessiner  la 
mappemonde,  et  c'est  Marcus  Beneventanus,  l'auteur  du  texte  qui 
accompagne  cette  nouvelle  description  de  l'univers,  qui  s'en  est 
fait  l'éditeur.  Mais  cette  circonstance  n'amoindrit  en  rien  le  mé- 


1 


1.  B.  A.  V.  n»  56.  La  Bibliothcquc  nationale  de  Paris  possède  un 
Ptolénii'f  de  Ruyscli  imprinKi,  avec  les  cartes,  sur  peau  de  vélin. 

2.  Un  exemplaire  séparé  de  la  carte  de  Ruysch,  conservé  dans  la  biblio- 
thèque de  M.  S.  L.  M.  Barlow  de  New-York,  et  qui  ne  porte  aucun  signe 
indiquant  une  reliure  antérieure,  nous  porte  ù  supposer  qu'il  en  lut  fait  aussi 
un  tirage  à  part.  Notons,  égaleniLiit,  qu'on  trouve  des  exemplaires  de  ce 
l'tolêiiià  de  iS07,  en  première  reliure,  où  cette  carte  est  insérée  (Bibliothèque 
communale  de  Vérone.) 

3.  Dit  Enldeckuii^  America' s,  p.  137. 


idill 


JHAN  j:t  .seuastiln  cahot  ,<ç5 

rite  de  rallcmand  Kuysch,  que  Hcncvcntanus  appelle  ..  Gconra- 
phornm,  mco  ,uJ,ao,  pcrilissimus,  ac  h,  pin^emio  orbe  dilhJissi- 
>»ns  ».  et  qin,  navigateur  intrépide,  parti  du  sud  de  rAn«Icterre. 
c|"  cmnpagtne  peut-être  d'Ainéric  Vespuce.  était  parvenu  au  delà 

de  I  equateur  jusqu  au  sî^degré,  de  latitude  australe,ctc.,ctc.'... 
Uuant  aux  renseigne.nents  que  possédait  Marcus  Beneventa- 
nus,  Ils  proviennent,  d'après  son  propre  aveu,  de  connaissances 
•spcuales :  «  Ulmnln  et  Lusilanonnu  alquc  Ihitannorum  auos  An- 
Klos  mine  (Iteiiims.  »  ' 

Notons,  seulement,  que  le  cap  Race,  ici  nommé  :  «  C.  de 
Io>yes>  »  est  ;\  sa  véritable  latitude,  et  qu'on  distingue  un  es- 
tua.re  étendu  qu.  parait  ûtrc  l'entrée  méridionale  du  «olfe  St- 
Laurent  '.  ° 

Cette  mappemonde  a  été  reproduite  'en  fac-similé  par  le 
vicomte  de  Santarem  ',  et  par  Glnllany  dans  son  %-/Mm>,. 


8 


PORTULAN    on   VLSCONTE  DE   MAGGIOLO. 


ON  y  lit  cette  légende  :  «  Feseonlc  de  mahlo  cuius 
fil  II  ne  eonpiisny.  In  ueapoly  de  anno.  i.j.u.  die  xx 
Jannary  ».  "  '' 

Ce  bel  atlas,  composé  de  dix  feuilles  de  o™  40  X  o"  28 
provenait  de  la  bibliothèque  du  duc  d'Altamira,  et  fut  acheté  eti 
VL-nte  publique  :\  Paris,  le  7  mai  1870,  au  prix  de  1500  francs,  par 
M.  R.  de  Heredia,  de  Madrid,  qui  a  bien  voulu  nous  envoyer  un 


1511, 


1.  L:sPap,'s  givgmphes,  p.  25. 

2.  Kolil,  Discovcryof  Maine,  p.  ijS. 

3.  Atlas,  3"  partie,  pianclic  45. 


il 


i66 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


fac-simil6  de  la  partie  supérieure  de  lasixitme  feuille,  ainsi  décrite 
par  M.  d'Avczac: 

«  Les  terres  polaires,  dans  un  rayon  de  près  de  trente-cinq 
degrés,  offrent  L-s  configurations  les  plus  singulières  et  les  plus 
curieuses,  entourant  la  mer  glaciale  d'un  rivage  continu  depuis  la 
Nonici^ct  jusqu';\  une  Terra  de  los  Ingres  (sic)  plus  boréale  d'une 
dizaine  do  degrés  que  la  Terra  âe  Lavorador  de  rey  de  porliigall  '.  » 

A  environ  dix  degrés  plus  au  sud  de  cette  terre  de  Lavorador ^ 
on  en  distingue  une  autre  plus  grande  encore  ,  dénommée 
I'  Terra  de  corte  reale  de  rey  de  porlm^all  »,  suivie  de  la  légende  ; 
«  lerrade  pescaria,  » 

Ces  noms  sont  les  seuls  qui  nous  intéressent  ;  quant  aux  con- 
tours, on  ne  saurait  yattachcr  d'importance  à  cause  du  vague  et 
du  caractère  évidemment  arbitraire  des  lignes.  L'intérêt  que  pré- 
sente cette  carte  consiste  dans  la  position  qu'elle  assigne  aux  dé- 
couvertes des  Anglais,  placées  beaucoup  plus  au  nord  que  le 
prétend  Sébastien  Cabot  dans  le  planisphère  de  1544.  C'est 
aussi  le  premier  portulan  italien,  i'notre  connaissance,  où  mention 
soit  faite  de  la  région  septentrionale  du  nouveau  continent. 

MM.  Desimoni  * ,  d'Avezac  ^  et  Uzielli  *  citent  de  Vesconte 
de  Maggiolo,  des  portulans  de  Naples,  10  mars  15 12,  à  la  Biblio- 
thèque nationale  de  Parme;  Gênes,  1519,  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Munich;  Gênes,  10  août  1524,  à  l'Ambrosienne  de 
Milan;  Gênes,  7  juillet  1525,  à  Parme;  Gênes,  3  septembre 
1535,  à  la  Bibliothèque  du  roi  à  Turin;  1535,  à  la  Bibliothèque 
de  la  cathédrale  de  Tolède;  Gênes,  '29  octobre  1547,  à  la  Biblio- 
thèque nationale  de  Paris  ;   1549,  à  la  Bibliothèqi     -ommunale 


1.  Atlas  hydrographique  de  151 1,  Paris,  1871,  in-8,  p.  13. 

2 .  Eknco  di  Carte  ed  Alhnti  mutici  di  aiitore  genovcse,  dans  le   GiomaU 
Ligustico,  février  et  mars  1875,  n""  24.  25,  27,  28,  29,  3},  34,  35,  47- 

3.  Loc.  cit.,  p.  8. 

4.  Eknco,  n»'  159,  161,  166,  167,  181,  182,  191,  T93. 


f 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


167 


de  Trévise.  Nous  décrivons,  infra,  d'après  M.  Cornclio  Dcsi- 
nioni,  une  autre  carte  de  Vcscontc  datée  de  1527. 

Pour  des  documents  concernant  ce  cartographe,  voir  le  tra- 
vail intéressant  de  M.  le  marquis  Marcello  Staglicno  '. 


CARTE   PORTUGAISn   AN0NYMI-. 


NO  IV  de  Kunstmann'  et  N°  X  de  Kohi  ^  L'original  est  à    y^;;/^;  i  520. 
la  bibliothèque  du  roi  à  Munich.  La  Bibliothèque  na-  ==s;5s=s^ 
tionale  de  Paris  *  possède  un  beau  fac-similé  de  la  carte 
entière. 

La  contrée  nommée  Do  Lavrador,  porte  la  légende  suivante  : 
«  Terram  islam  porlitgalcuses  vidcnmt  a  lamen  non  intra- 
hcrunt.  »  Sur  le  pays  des  TiacaJnao  {sic) ,  placé  parallèlement 
à  l'île  de  Terre-Neuve  (ici  encore  soudée  au  continent),  on  lit  : 
«  Terram  islam  gaspar  cortc  Rcgalis  porlugalensis  primo  imicnil  cl  sc- 
ciim  liilil  homincs  silueslrcs  cl  itrsos  albos  in  ca  est  maxia  multitmlo 
animalium  claviitm  necnon  elpcsciinn  qui  anno  scqnenlitiaiifraginm 
pcrpessus  nunquam  rediit  sic  et  fratri  cjus  micack  anno  sequcnti  con- 
tigil,  » 

Cette  carte  expose  des  contours  de  l'isthme  de  Panama,  sur  le 
versant  de  l'Océan  Pacifique,  qui  ne  peuvent  avoir  été  connus 


1.  Sopra  Agostino  Noiie  Viscoiile  J/i/w/o/o,  carlografi.  Leitera  al  cav.  avv. 
Conielio  Desimoni,  dans  le  11°  de  février  et  mars  1875  du  Giormtle  Ligtistico, 
deGônes,  p.  71. 

2.  Die  Entdechung  America! s,  p.  129-135. 

3 .  Discovcry  of  Maine,  p.  1 7g- 1 82 . 

4.  En  deux  feuilles  sur  vélin,  n""  1020  a  et  n. 


i68 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


qu'uprcs  l'expédition  de  Vasco  Nuùez  de  Bulboa  qui,  en  î^i6~ 
15 17',  de  Ada  explora  une  partie  de  la  côte  occidentale,  à  la 
recherche  de  perles  ;  mais  le  détroit  de  Magellan  n'y  est  pas 
encore  tracé.  On  doit  donc  lui  assigner_une  date  antérieure  i 
l'année  1520. 


10 


CARTE  DE  NUNO  GARCIA  DE  TORENO. 


lf;î 


Àntè  1526. 


C 


I 'est  une  carte  gravée  du  Nouveau-Monde  en  sa  partie 
orientale  depuis  le  Labrador  jusqu'au  détroit  de  Magel- 
lan. Elle  est  de  0^,84  X   o"',io7,  et  porte   le    titre 
suivant  : 

M.  D.  XXXIIII.  Del  mcse  diDiccmhrc.  La  caria  nnitiersak  délia 

terra  ferma  et  Isole  délie  Imite  occidetali,  cio  è  del  momlo  nuoiio  fatla 

per  dichiarathme  delli  libri  délie  Indie,  catiata  da  due  carte da'nauicare 

faite  in  Sibilia  da  li  pi  loti  délia  Maiesta  Ccsarca.  dut  gratia  et 

priuilcgio  délia  lUustrissima  Signoria  di  Veneiia  p.  anni  XX. 

Les  Libri  auxquels  allusion  est  faite  dans  ce  titre,  sont  les 
abrégés  de  Pedro  Martyr  d'Anghiera  et  d'Oviedo,  traduits  en 
ItaHen  et  publiés  à  Venise  par  Ramusio  en  1534,  dans  le  format 
in-quarto  *,  ouvrage  qui  contient,  en  outre  de  cette  grande 
carte,  une  autre  carte  plus  petite,  aussi  pliée,  mais  ne  donnant 
que  l'île  d'Hispaniola. 

Le  passage  des  Libri  se  rapportant  au  document  cartogra- 


i 


IC         ' 


I 


■ 


1.  Ovicdo,  Historiit  General,  lib.  XXIX,  cap.  ix,  t.  III,  p.  36;    Hcrrcra, 
Dccad.  II,  lib.  II.  cap.  .\iii,  p.  4t. 

2.  B.  A.  V.  n"  190. 


i  il 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


169 


phiquo  que  nous  examinons,  est  ainsi  conçu:  «..  Pcr  dichin- 
nilion  delliquali  libri  è  stalafatla  vna  laiiola  vnivcrsak  dcl  paesc  di 
tvtte  k  Iiidic  occidcntali,  insicnic  con  Je  taiiok  parlicuJari  catiak  da 
duc  carie  da  naitkare  di  Spagutioli,  dcllequali  vna  fti  di  Don  Pietro 
nunlirc  Consiglicro  dcl  rcal  consiglio  délie  dette  Imiic,  et  fufaliapcr 
il  Pilota  et  maestro  di  carte  da  uaiiicar,  Nino  Garcia  de  Lorcno  (sic) 
in  Sibilia.  L'allrajufalla  si  mil  mente  per  vn  Pilota  délia  Macs  ta  dcl 
inip'radore  in  Sibilia...  » 

C'est-à-dire  que  cette  carte,  gravée  expressément,  pour  faire 
partie  de  ce  recueil  (qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  Racralta 
in-folio),  est  extraite  d'une  mappemonde  ayant  appartenu  i  Petlro 
Martyr  d'Anghiera,  et  l'œuvre  d'un  cosmographe  de  Cliarics- 
duint  nommé,  selon  Ramusio,  «  Nino  Garzia  de  Loreno.  » 

La  Bibliothèque  du  roi,  à  Turin,  possède  la  moitié  d'un  pla- 
nisphère manuscrit,  rehaussé  d'or  et  de  brillantes  couleurs,  sur 
parchemin,  de  i"'  X  C^ôo,  et  portant  la  légende  suivante: 
«  ffuefecha  en  la  noble  villa  de  Valladolid  par  num  garda  de  torena 
pilota  y  maestro  de  cartas  de  navegar  de  Su  magestad  Ano  :  de. 
I.  j.  2.  2'.  » 

Ce  Garcia  de  Toreno  est  évidemment  le  nôtre. 

Il  est  question  de  Nuno  Garcia,  dans  les  documents,  en  novem- 
bre 1515,  à  l'occasion  de  la  consultation  donnée  par  Sébastien 
Cabot,  Juan  Vespuce  et  d'autres  pilotes  concernant  la  fameuse 
ligne  de  démarcation.  Notre  cartographe  y  accorde  à  Améric 
Vespuce  le  mérite,  à  cette  époque  très  contesté,  d'avoir  visité  le 
cap  Saint-Augustin  et  la  côte  du  Brésil  *. 

1.  Viiicenzo  Promis,  Memoriàle  di  Diego  Cotoinho  con  nota  sidia  bolla  di 
Alessandro  FI.  Torino,  1869,  in-8,  p.  11.  La  moitié  qui  reste  ne  contient, 
nialiieureusemcnt  pour  nous,  que  l'Asie  et  une  partie  de  l'Afrique. 

Voir  aussi  H.  Wuttke,  Ziir  Gcscbichie  der  Erdlciiiule  in  der  Ictzten  hiitfte 
des  Mittettdlters,  dans  le  VI.  iiml  VIL  Yalirisbericht  des  Vereins  fiir  Erdkunde 
znDresden,  Dresdcn,  1870,  p.  61  et  planche  \\b. 

2.  Registre  de  copias  de  cedulas...  de  lu  Cusu  de  la  Contralacion,  desde  5  de 
Helnero  de  ijif  hasta  6  de  Mar:o  de  1S>9-  MS.  de  la  collection  Mufioz,  cité 
par  Navarrete,  t.  III,  p.  319-20. 


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170 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Ce  fut  Nuilo  Garcia  qui,  sur  l'ordre  de  Magellan,  dessina  dix- 
huit  des  cartes,  à  cinq  ducats  la  pièce,  et  construisit  deux  des 
boussoles,  au  prix  de  375  maravédis  chacune,  pour  le  mémora- 
ble voyage  de  1519  *. 

Si  nous  en  croyons  Lopez  de  Gomara  *,  notre  Garcia  aurait 
aussi  fait  partie  de  la  junte  qui  se  réunit  à  Badajoz  de  mars  à  mai 
1524,  pour  répartir  définitivement  les  Indes  entre  l'Espagne  et 
le  Portugal.  Dans  ce  cas,  il  aurait  eu  de  nouveau  pour  collègue 
Sébastien  Cabot.  Cependant,  le  nom  de  Garcia  ne  figure  pas 
dans  les  documents  publiés  par  Navarrete  \  et  Herrera  ne  le  cite 
pas  non  plus  *.  La  carte  de  Nufio  Garcia  de  Toreno  est  forcé- 
ment antérieure  à  1526,  puisque  Pedro  Martyr  d'Anghiera,  qui 
la  possédait,  mourut  en  septembre  de  cette  année  °. 

Nous  sommes  d'avis  que  cette  carte,  la  première  d'orgine 
espagnole  qu'on  connaisse  traversée  et  croisée  par  des  degrés  de 
latitude  et  de  longitude,  procède  d'un  t}'pe  adopté  par  les  cos- 
mographes espagnols,  peu  après  le  retour  de  del  Cano  du  détroit 
de  Magellan,  et  de  Pascualde  Andagoyadu  sud  de  Panama,  en 
1522,  mais  auquel  on  fit  des  additions  lors  de  l'arrivée  de  Este- 
vam  Gomez  à  Séville,  en  décembre  1525.  Nous  n'avons  pu  con- 
sulter le  portulan  espagnol  anonyme  de  1525,  conservé  dans 
une  bibliothèque  particulière  de  Mantoue,  et  qui,  d'après  le 
titre  ",  paraît  appartenir  à  cette  classe  de  documents  cartographi- 

1.  Rehcion  ddcostcdela  Armada,  Navarrete,  t.  IV,  p.  8  et  180. 

2.  Historia  de  las  litdias  ,  p.  219,  du  t.  I  de  l'tidition  de  Vedia. 

3.  Cohccion  de  viages,  no'xxxii-xxxviii,  t.  III,  p.  320-372. 

4.  Decad.  III,  lib.  VI,  caps  vi-viii. 

5 .  Son  testament,  fait  m  (Jr/icw/o  wior/ij,  est  dattS  c  23  septembre  1526. 
Colec.  de  documentos  inédites  para  la  historia  deEspaiia,  t.  XXXIX. 

6.  «  Portolaiio,  memhr.  2'^,jj  X  o">,8i,  di  Anonimo  spagnolo.  Europa, 
Asia,  AJricaed  America.  Mantova,  Pressa  il  niarch.  Casliglioiii.  »  Uzielli, 
Elenco.  h»  j6S.  II  serait  à  désirer  qu'on  comparilt  avec  les  cartes  de  Wcimar 
ce  portulan  et  le  fragment  de  Garcia  de  1522.  Les  délinéations  et  les  légendes 
de  la  côte  méridionale  de  l'Asie,  dans  ce  dernier,  olTriraient  peut-être  de  pré- 
cieux points  de  repère . 


JKAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


171 


ques  ;  mais  en  comparant  la  prd-sentc  carte  de  Garcia  avec  le  pla- 
nisphère anonyme  de  Weimar  de  1527,  on  relève  des  ressem- 
blances provenant  certainement  d'un  même  modèle.  Les  profils, 
les  estuaires,  les  positions,  les  latitudes,  sont  identiques  dans  ces 
deux  cartes,  suivis  aussi  servilement  par  Ribeiro  dans  sa  map- 
pemonde de  1529.  La  partie  septentrionale  dans  Garcia,  cepen- 
dant, ne  contient  que  cinq  noms  :  >(  laorator  »  (Lahorador) 
«  Bacalaos,  Steuâ  gomez  »  (licna  de  Eslevam  Gomci)  «  Licien- 
ciatoailon  »///<t;vz  dcl  licenciado  ^yllon),  «  florid  »  (Jlorida). 
Nous  sommes  néanmoins  persuadé  que  si  le  graveur  italien  avait 
jugé  nécessaire  d'ajouter  d'autres  légendes,  on  ne  lirait  sur  sa 
planche  que  celles  du  planisphère  sévillan  de  1527. 

Bien  que  cette  carte  ait  été  gravée  pour  accompagner  le 
volume  de  Ramusio  précité,  et  même,  i  notre  avis,  pour  y  être 
insérée  (tout  comme  la  carte  de  Hispaniola,  qui  est  sur  papier  de 
même  épaisseur  et  d'un  format  exigeant  qu'elle  soitpliée),  on  n'en 
connaît  qu'un  seul  exemplaire  ',  lequel  fut  trouvé  relié  avec  l'é- 
dition des  Libri  de  1534.  C'est  une  des  raisons  pour  lesquelles 
nous  nous  sommes  attardés  à  la  décrire.  L'autre  raison  est  que 
cette  carte  peut  servir  à  identifier  l'auteur  du  planisphère  que 
nous  décrivons  ci-après,  sous  le  n"  11. 


I.  Bibliothèque  de  feu  M.  James  Lenox,  à  New- York. 


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II' 

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1  M 

17a  JEAN  ET  SKHASTIRN  CAROT 


1527. 


II 


CARTE  ANONYME  DE  WEIMAK. 


CARTA  univcrsal,  m  que  se  amticne  todo  lo,  quù  dcl  Mumio  se 
a  descuhieito  fasta  aora  hii^ola  un  cosmo^rupho  de  Su 
Ma^ieslad  Amio  N.  D.  XXriI  en  Sevilhu 

C'est  la  première  des  belles  cartes   dites  de  Weiniar,  parce 
qu'elles  se  trouvent  dans  la  collection  du  grand  duc  de  Saxe 
Weima"  '. 

Signalée  par  de  Murr  ',  décrite  par  Lindenau  '',  Humboldt  '*  et 
Lelewcl  ',  la  partie  américaine  de  cette  intéressante  mappe- 
monde a  été  publiée  en  un  magnifique  fiic-similé  par  M.  Kohi, 
qui  y  a  ajouté  des  commentaires  excellents  °. 

«  Tracée  sur  parchemin,  elle  a  6  pieds  8  pouces  de  long  et  2 
pieds  8  pouces  de  large  '.  » 

Il  n'y  avait  que  deux  cosmographes  attachés  à  ht  Casa  de  Con- 
tralaciou,  mais  le  nombre  des  cosmographes  de  Sa  Majesté  était 
illimité,  et  nous  n'avons  pu  découvrir  les  noms  de  tous  ceux  qui 
jouissaieiu  de  ce  titre  en  1527. 

De  la  liste  des  cosmographes  contemporains  espagnols  ou  por- 
tugais d'crigine,  capables  de  confectionner  une  carte  semblable, 


1.  Aprùs  avoir  ctc  au  siècle  dernier  dans  des  collections  privées,  —  Ebner 
à  Nuremberg,  et  Becker  à  Gotha. 

2.  Mcmoial'ilia  hil'lùuhininiw ;  Nurcnib.,  1786,  in-8,  t.  II,  p.  97. 

3.  Correspondance  de  Zaeh,  Gênes,  n"  d'octobre  1810. 
j\.  Examen  criliqm\X.  II,  p.  184-186. 

5.  Géoj^r.  du  Moyen-Às;e,  t.  Il,  p.   110112. 

6.  Die Beiden  .illesteu  i;eneral  Karlen  von  Amerihi,  p.   14. 

7.  Lelewel.  loc.cit.,t.  II,  p.  112,  note  24s. 


JEAN  tT  StiJASTIHN  CABOT  ,-, 

il  faut  climiner   Alonso  de  Santa  Cru.,  «  Archicosmo^raplms 
f'X"'s  si<h  Qnolo  T'  ,,,   qui,  compagnon  de  Cabot  lors  do 
1  expédition  au  Rio  de    la    Plata  ,   ne  revint  ;\  Sùville  qu'en 
1530,  et  Alonso  de  Cliavcs,  nommd  cosmographe  de  S.  M 
scuementle  4  avril   1528  ^  Diego  Ribeiro  était,  il  est  vrai, 
titulaire  depuis  le  10  juin  1523  '  et  \  Séville  en  novembre  1526, 
mais  il  aurait  signé  cette  carte  de  son  nom,  comme  il  signa  celle 
de  1529,  SI  elle  provenait  de  lui.  Simon  de  Alcazaba  de  Soto- 
mayor,  cosmographe  portugais  qui  entra  au  service  de  Charles- 
Qiiint  en  1 522  ♦,  et  que  ce  dernier  proposa  comme  membre  de 
la  lunte  deBadaio/,  en  était  aussi  capable,  mais  ses  nominations 
successives  à  l'emploi  de  chef  d'escadre  %  bien  que  non  suivies 
cl  cttet,  durent  le  priver  du  loisir  nécessaire  pour  se  livrer  :i  un 
travail  aussi  minutieux.  Quant  à  Fernand  Colomb,  quoique  excel- 
lent cosmographe,  et  chargé  de  présider  à  Séville  dans  sa  célèbre 
maison  de  la  Puerta    de  Goles   en  1527  \   aux    examens  des 
pilotes  que  Ribeiro  et  Chaves  devaient  interroger,  nous  l'élimi- 
nous  de  a  liste,  car  son  caractère,  sa  fortune,  su  position  et  son 
nom  le  plaçaient  au-dessus  d'un  tel  emploi  ;  d'ailleurs  il  n'a  jamais 
ete  qualihe  de  «  Cosmographo  ilc  Si,  Mageslad\  n 
Il  ne  reste,  à  notre  connaissance,  que  Juan  Vespuce  ",  neveu 

1.  Antonio,  BihLHbp.  Kom,  t.  I,  p.  47 

2.  Vcitia  Linagc,  KorU  ,/.■  ht  Conlralacion,  p.  ,45.  A  l'Age  de  92  ans 
Cuves  ctait  encore  titulaire  de  ces  fonctions.  Rapport  du  22  août  1584! 
Mi.  Lista  de  la  hxposic.  Amciicanisla,  lî.  57  et  58, 

3-  Navarrete,  Hist.  ,1e  la  Kanlka,  p.  135. 

4.  Herrera,  Decad.  III.  lib.  IV,  cap.  13,  p.  132. 

5.  Notes  de  Cean  Bermudez,  dans  Navarrete,  Diblioleca  Marilima,  t.  If 
p.  712.  ' 

^^6.  Herrera,  Decad.   III,  lib.  X,  cap.    xi,  p.  294  ;    Decad.  IV,  lib.   IV, 

7.  Sa  calligraphie  était  aussi  très  différente  de  celle  du  cartographe  de 
Ve.niar,  comme  on  peut  s'en  assurer  par  la  photographie  du  premier  feuillet 
du  catalogue  ongmal  de  la  Colombine,  placé  en  tète  de  notre  Hnsayo  Cnlico 
h.  lllut  nommé  en  même  temps  que  Juan  Diaz  de  Solis.  Navarrete, ///./. 
l'i-  la  SaiiltCii,  p.  13S.  . 


«74 


JOAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


d'Aincric,  cosinographc  de  la  CoulnUacion  de  Scvillc  depuis  le 
24  juillet  15 12,  et  qui  fut  appelé  i  succéder  :\  Sébastien  Cabot, 
comme  examinateur  des  pilotes  après  le  départ  de  ce  dernier  en 
1526,  Miguel  Garcia  ',  son  coadjuteur  dans  ces  fonctions,  San- 
cho  de  Salaya  ou  Celaya  *,  un  des  représentants  de  l'Espagne  à 
la  conférence  de  Badajoz,  Pedro  Ruiz  de  Villegas,  cosmographe 
major  de  Charles-Quint,  membre  de  la  junte  de  1524,  sur- 
nommé par  Philippe  II,  «  d  Investigador  de  la  perfeccion  '';  » 
Juan  Rodriguez  de  Mafra  et  Vasco  Gallego,  pilotes  royaux  dès 
15 19,  qui  revinrent  avec  la  Viltorin^,  Jorge  et  Pedro  Rclnel"; 
enfin,  Nuno  Garcia  de  Toreno. 

Les  noms  insérés  le  long  du  littoral  de  l'Amérique  septentrio- 
nale sont  les  mêmes  dans  la  carte  anonyme  de  Weimar  et  dans 
celle  de  Pedro  Rcinel.  Ils  se  trouvent  aussi  placés  dans  un  ordre 
identique  :  «  y.  da  fortuna  (y  :  de  la  fortinia),  c.  do  marco  (c: 
del  março),  c.  das  gamas  (c:  de  los  gainas),  y.  dos  faves  (ylleos  de 
las  atics?  ),  y.  de  frey  luis  (y:  de  fret  luis),  c.  de  boa  ventura 
(e:  de  htiena  Ventura), y  Aos  bocalhas(3';</t'  los  baeallaos),  c.  da  es- 
péra (c  :  de  la  spera),  R.  das  patas  (R.  de  las  pat  as),  c.  Raso  (c  : 
Rasso).  »  Nous  n'avons  cependant  aucune  preuve  que  Pedro 
Reinel  ait  été  encore  de  ce  monde  en  1527,  ni  qu'il  ait  jamais 
*  eu  le  titre  de  cosmographe  de  Charles- Qiiint.  D'autre  part,  s'il 
apporta  sa  science  en  Espagne,  on  s'explique  que  ses  collègues 
et  ses  élèves  se  soient  servis  de  ses  travaux  et  qu'ils  aient 
copié  tous  ces  noms  purement  portugais. 

Quant  aux  autres  cosmographes,  il  n'y  a,  malheureusement, 
que  Nufio  Garcia  dont  nous  ayons  encore  des  cartes.  On  ne  sau- 
rait cependant  déduire  de  ce  fait  qu'il  est  véritablement  l'auteur 
du  planisphère  anonyme  de  Weimar,  car,  ainsi  que  nous  l'a- 

1.  Hcrrcra,  Decad.  III,  lib.  IX,  cap.  m,  p.  260. 

2.  Navarrcte,  Biblioteca  Mûrit ima,  t.  II,  p.  69^. 

3.  Idem,  p.  613. 

4.  Infra,  appendice  xviii  c. 

5.  Supra,  p.  163,  no  6. 


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il' 


i.H 


JEAN  HT  SÉBASTIEN  CABOT  ,75 

vons  dit,  le  critique  est  fondé  i  croire  que  les  œuvres  des  cos- 
iiiograpiies  espagnols  de  la  première  moitié  du  xvr  siècle  procè- 
dent d'un  type  unique  adopté  vers  1522  et  qui,  au  cours  des 
années,  a  subi  peu  de  changements.  Cependant,  les  probabilités 
sont  en  faveur  deNufio  Garcia,  pour  ces  raisons  : 

Lorsqu'on  compare  la  présente  carte  de  Weimar  avec  celle 
que  Ramusio  a  publiée  dans  ses  L/in,  en  1534  ^"t  que  nous  avons 
décrite  précédemment,  on  est  frappé  de  la  ressemblance   qui 
existe  entre  les  configurations,  les  positions  et  les  profils  dans  ces 
deux  cartes.  Ramusio  dit,  en  outre,  que  la  «  caria  lutivcrsak  »  à 
laquelle  il  a  emprunté  la  section  américaine  reproduite  dans  sa 
propre  publication,  provient  d'un  imacsho  di carie  da  natiicar  », 
demeurant  à  Sévillc  :  «  in  Sibilia  ».  La  phrase  qui  suit  dans  la 
description   de    Ramusio  :   «  fallu  similmente  /vr  vu  Pilolo 
de/la  Macsladd  impcrador  »,  implique  qu'il  s'agit  également 
d'un  pilote  ou  cosmographe  —  ces  termes   étant  identiques 
i  cette  époque  -  de  Sa  Majesté.  Ce  titre  rappelle  donc,  en  ses 
pomts  essentiels,  celui  de  la  carte  anonyme  de  Weimar.  On  ne 
doit  pas  non  plus  oublier  que  la  carte  de  Ramusio  est  la  plus 
rapprochée  du  prototype  supposé,  puisque  son  dernier  proprié- 
taire, Pedro  Martyr,  la  possédait  déjà  avant  septembre  1526,  date 
de  la  mort  de  ce  dernier.  Ce  renseignement  :  «  fu  di  Don  Pielro 
mari  ire  consi^' liera  del    rcal    consiglio   délie  délie  Indic  »,    est 
aussi  précieux,  en  ce  sens  qu'il  exclut  la  possibilité  de  chercher 
dans  la  carte  de  Weimar  de  1527  le  modèle  dont  Gio.  Battlsta 
Ramusio  s'est  servi. 

Jusqu'à  plus  ample  informé,  on  doit  donc  considérer  Nufio 
Garcia  de  Toreno  comme  l'auteur  de  la  carte  anonyme  do 
1527,  dite  de  Weimar'. 

I.  Une  comparaison  établie  entre  l'original  delà  partie  de  la  carte  de 
^^  eimar  de  1527  qui    comprend  l'Asie,  et  le  fragment   de  la   Bibliothèque 
ojalede  Turm  signé  de  Garcia  de  Toreno.  suffirait  peut-être  pour  décider 
la  question.  "^ 


ft 


I  ii  < 


170 


JliAN  Li'  bLDASTIl-N  CABOT 


la 


1527. 


CARTH  DK  KOBEUT  TIIORNE. 


LE   titre  en  est  ainsi  :  «  This  is  thcfonn  oj  a  Mappc  seul 
IJ27  froin  Siiiil    in   Spayiir  by  iiiaiskr  Rohcil   Thonir 
marchaiiul,  lo  Doclor  L'y  Hmbassiuhur  for  Kiiig  Ilcmy 
ihc  S.  lo  Charles  ibc  Empcroiir.  » 

Cette  carte  a  été  publiée  par  Hakluyt  ' .  Parallèlement  à  la  réj^ion 
dénommée  «  Noua  terra  laharalonim  drla^  »  se  trouve  la  légende: 
«  Terra  tiec  ab  AtigVn  priiiiitm  Jiiit  iiiiienla  ».  Quant  aux  con- 
tours, ils  proviennent  évidemment  du  prototype  des  planis- 
phères de  Weimar  et  de  celui  de  Nufio  Garcia  de  Torcno. 
D'ailleurs,  Thornc,  qui  vivait  à  Séville,  reconnaît  s'être  servi 
d'une  carte  dressée  par  un  des  cartographes  officiels.  Il  engage 
môme  l'ambassadeur  d'Angleterre  a  être  discret,  crainte  de  voir 
molester  celui  qui  lui  a  fourni  ce  document:  «  bccause  it  mighl 
bec  a  cause  ofpaitie  lo  ihc  uiaher^  ». 

Robert  Thornc,  natif  de  Bristol,  ancien  marchand  tailleur  ;i 
Londres  ',  homme  savant,  riche  et  charitable  S  était  établi  depuis 
plusieurs  années  à  Séville,  lorsque,  par  patriotisme,  il  écrivit  à 


1.  Divas  voyages  toiichiiig  thc  lUseoucric  c/  America,  Lond.,  1582,  in-4,  et 
dans  la  réimpression  de  la  Société  Hakluyticnnc,  Lond.,  1850,  in-8. 

2.  Hakluyt,  Principal!  Navii;at ions,  t.  I,  p.  129. 

3.  Stovv,  Snrvfyof  Londoii,  et  Tullcr,  History  o{  Ihc  IVoiihics  of  EvghwJ, 
cités  par  Biddlc,  Memoir,  p.  280. 

4.  «  MasItT  Robert  Tl.'onic  0/  Bristoll,  a  uotahle  mcmher  aiul  oniaimiil  vf  his 
Coiiiitry,  as  xvd  for.  Iiis  tearniiig  as  grcal  cliarily  to  tJxpoorc.»  Hakluyt,  t.  111, 
p.  129. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


177 


FIciiry  VIII  pour  l'cn^nger  i  ne  pas  se  laisser  ilist.incer  par  les 
Hspagiiols  dans  les  Jccouvertes  traiisatlantiqi'.es.  La  carte  en  ques- 
tion acconipai-nait  le  inémoire  qu'il  remit  au  docteur  lîdward 
Lee.  l'anibassideur  d'Anj;leterre  à  la  cour  de  Clliarles-Quint 
dans  l'aïuiée  1 527. 

Voir  j//y>rrt ,  pages  92  et  9?. 


13 


CARTli   DK  VESCONTE  DE  MAGGIOLO. 


CKTTE  carte,  de  o'",75  X  o".5o.  conservée  à  l'Ambro- 
sienne  de  Milan,  porte  la  si.t^naturc  suivante  :  «  Vcsconîc  Je 
Maiollo  coiiposiiy  Invic  carliiiii  In  Jauiia  auiio  tliiy.  IS27.  die 
XX  ilemiliris.  »  Llle  a  été  reproduite  récemment  par  M.  C.  De- 
simoni  ',  comme  élément  dans  la  controverse  au  sujet  de  l'authen- 
ticité des  voyages  de  Verrazzano.On  n'y  lit  pas,  ainsi  que  dans  le 
portulan  de  Vcsconte  de  15 11,  les  mots  .(  'l'criit  de  los  Ingres.  » 
Les  contours,  particulièrement  aux  abords  du  r.  de  bertùtii  et 
du  riode  S.  /V/Jt;  (estuaire  méridional  du  goltc  Saint-Laurent?), 
montrent  ce  que  les  cartographes  italiens  les  plus  habiles  con- 
naissaient de  ces  parages  en  1527,  même  après  les  découvertes 
présumées  de  Verrazzano  pour  le  compte  de  la  France. 


1527. 


1.  Allô  studio  secondû  intorno  a  Giovanni  l'cmiiiano,  Appaidiù-  III.  Sans 
lieu  ni  date  {scd  Gcnova,  1882^  in-8^  p.  81-104. C'est  le  u»  63  de  YUlemc  de 
M.  Desimoiii,  dont  la  date  avait  été  par  erreur  fixée  ;\  15S7. 


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Photographie 

Sciences 
Corporation 


23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  14580 

(716)  872-4503 


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178 


JliAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


14 


1529. 


■ 


CARTE  DE  DIEGO  RIBEIRO. 


C'EST  la  seconde  des  cartes  dites  de  Weimar.  Elle  est  sur 
parchemin,  «  haute  de  2  pieds  et  9  pouces  et  longue 
de  6  pieds  8  pouces  et  demi  ' .  » 

Matthieu  Sprengel"  a  donné  une  description  de  cette  carte, 
de  Diego  Ribeiro  d'après  l'exemplaire  qui  se  trouvait  alors  àléna 
dans  la  bibliothèque  de  Bûttncr.  Nous  croyons  inutile  d'ajou- 
ter que  la  reproduction  faite  sous  la  direction  de  M.  Kohl^ 
et  les  commentaires  qui  l'accompagnent,  dépassent  de  beau- 
coup le  travail  de  Sprengel. 

Cotte  carie,  de  dimensions  un  peu  inférieures  à  celle  de  1527, 
porte  le  titre  suivant  :  Carta  Uniivrsal  en  ijiicsc  conlicnc  toJo  lo  que 
dclmundo.Se  hadcscuhicrto  fasta  agora  :  Hi:^ola  Diego Ribcro  Cosmo- 
graphe  de  Su  Magestad  :  Ano  de  1^29.  Lt  Quai  Se  dévide  en  dos 
bartes  conforme  à  la  capitulaçion  que  hi:^ieron  los  catJiolicos  Rcyes  de 
espaha,  y  El  Rey  don  Juan  de  Portugal  en  la  Fil  la  de  Tordesillas  : 
Anode  14^4. 

La  bibliothèque  de  la  congrégation  de  la  Propagande  à  Ro  me 
possède  un  exemplaire  de  cette  belle  carte'*.  C'est  la  même, 
paraît-il,  qui  se  trouvait  en  1796,  dans  la  bibliothèque  du  cardinal 


1.  Lclcwel,  lûc,  cit.,  t.  II,  p.  112  note. 

2.  UflvrJ.  Ribeiû's   atteste   IVdtitiartc,    tVeimav,  iiii  Vcrta^  des  Inlustric 
Comptoirs,  lyj),  iii-S, 

3.  Die  Beidcn  Mtcsien  Geueral-Karten  von  Aiiicrika,  p.  22. 

4.  R.  Thomassy,  Les  Papes  géographes  et  lu  cartograplue  du  Vatican.  Paris, 
i8j2,  in-80,  p.  118,  no  111. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


'79 


Horgia,  à  Vellctri.  Celle-ci  portait  sur  le  titre,  après  la  date  do 
1529,  les  mots  :  «  en  Saùlla*.  » 

Diego  Ribero  ou  Riboiro,  était  aussi  un  portugais'  qui,  comme 
les  Reinel  et  tant  d'autres,  vint  offrir  ses  services  à  l'Espagne, 
nous  ne  saurions  dire  en  quelle  année.  Il  apparaît  pour  la  pre- 
mière fois  dans  les  documents  le  10  juin  1523,  date  de  sa  nomi- 
nation aux  fonctions  de  cosmographe  de  S.  M.  et  de  professeur 
de  cartographie.  II  mourut  dans  l'année  1533,  laissant  plusieurs 
enfants'. 

Sa  carte,  dont  Oviedo  a  fait  usage  pour  compléter  la  descrip- 
tion des  côtes  septentrionales  du  Nouveau-Monde,  diffère  peu 
du  planisphère  anonyme  de  Weimar  de  1527. 

Les  différences  à  noter  consistent  surtout  dans  une  délinéa- 
tion  du  fond  du  golfe  St-Laurent  et  de  l'entrée  du  détroit  de 
Davis,  lesquels,  laissés  ouverts  sur  les  cartes  de  Garcia  et  de 
l'anonyme  précité,  forment  ici  un  cul-dc-sac.  Des  noms  et  plu- 
sieurs légendes  ont  été  ajoutés.  Sur  la  Ticra  dcl  Labrador  on  lit  : 
«  Esla  tierra  dcscubrkron  los  Liglcses  no  ay  en  ella  cosa  de  proiie- 
cbo.  »  C'est  cette  phrase  et  la  répétition  des  profils  septentrio- 
naux, qui  valent  à  la  carte  de  Ribeiro  de  figurer  dans  notre 
cartographie.  L'exemplaire  du  Vatican  serait  préférable,  si, 
comme  l'assure  Thomassy  %  il  ((  mentionne  successivement  la 
découverte  du  Labrador  par  les  Anglais  de  Bristol.  » 

1.  Gazclla  klUran'u  Uiiiivrsak,Roma,  1796.  N"  57, p.  468,  citcepar  Tho- 
massy. Selon  cet  liciivain,  ily  auraiiun  troisième  exemplaire  :  «On  ne  connaît 
que  deux  autres  exemplaires.  Celui-ci  est  peut-être  le  plus  beau  des  trois,  » 
M.  Kohi  [Discovcry  of  Maille,^.  300)  parle  d'une  édition  laite  iWenise  en  153^. 
Serait-ce  la  Tuiioh  iiiiivtrsale  ikl  jwse  ili  tutic  k  IndifOccnkiiUili,  annoncée 
dans  les /.//'/ /  ikUa  Historhuk  /7»(//V,Vinegia,  1534,  in-4  (B.  A.  V.  No  190)? 
Mais  celle-ci,  que  nous  décrivons, /«/m  sous  leN"  10,  est  dite  :  «  fallu  jvr  il 
Pilolo  cl  macslio  <//  (((;■/(•  du  imnicur,  Kiiio  Gariiu  de  Loiciio  (sic  pro  Tocuo) 
in  Sibilia.  » 

2.  (c  hi  cuitadcl  cosiiiOi;rupho  D/iyo  Riiiro  deiiiuçion  porlngiics.  »  G.  F.  do 
Oviedo,  Hisloiia  Gciienil,  lib.  XXI,  cap.  n   t.  Il,  p.  149. 

3.  Navarrete,  t.  I,  p.  i-:xxiv,  notes. 

4.  Loc.  cit.  p.  121. 


édÊ 


i8o 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


l  s 


15 


CARTE    DL    HIERONYMO   DA    VHRRAZZANO. 


1529. 


C'est  un  planisphère  manuscrit  sur  parchemin,  Je  2'", 60 
X  i'",30,  conserve  dans  la  bibliothèque  de  la  congré- 
gation de  la  Propagande,  au  Vatican  '. 

Elle  porte  ce  titre:  Hicroucinits  de  Vcrra:iaiio  facichal,  et  une  lé- 
gende, qui  peut  servir  à  fixer  la  date  :  «  Fcrraiana  scu  Gallia  nova 
qiialc  discopri  j  aiiiii fa  Giovaniio  di  Ferra:;;^aiio...  »  Comme  l'é- 
poque de  cette  découverte  tant  controversée  est  dans  le  temps 
qui  s'est  écoulé  entre  fin  décembre  1523  et  le  commencement 
de  juillet  1524,  la  carte  serait  de  l'année  1529.  En  tous  cas,  l'au- 
teur présumé  de  ce  planisphère  vivait  en  Normandie,  à  Rouen  (?) 
au  mois  de  mai  1526  ". 

Les  contours  du  golfe  Saint-Laurent,  nommé  G.  di  S.  loanui, 
accusent  dans  l'intérieur  même  du  golfe  une  île  de  grande  éten- 
due, portant  le  nom  de  Isla  de  Sanclo  loanni.  Mais  les  positions 
sont  très  inexactes,  puisque  le  cap  de  Breton  y  estplacj  par 
S 1°  30'  de  latitude  nord,  c'est-à-dire  cinq  degrés  et  demi  trop  au 
septentrion. 

La  carte  ne  nous  intéresse,  d'ailleurs,  que  par  une  Terra  Laho- 
ratoris,  empruntée  évidemment  d  l'hydrographie  lusitano-espa- 
gnole,  et  portant  la  légende  :  «  questra  terra  f  11  discopertada  inghi- 


|: 


1.  Thomassy,  Z.«  Papes  j;cographcs  et  la  cartographie  du  Vatican,  p.  i!2, 
tt  fac-similé  de  M.  Brcvoort,  cité  iiifra,  p.   181. 

2.  «  Noble  homme  Jelian  de  Varasenne,  capitaine  des  navires. ..  Estably 
son  procureur  gênerai...  Jerosnie  de  Varasenne  son  frè-re  et  héritier.  » 
Archives  du  Parlement  de  Rouen,  Kfg.  Tubcllioiiagc,  11  mai  1526,  Revue 
Critique  d'Hist.  et  de  Lit.,  u»  du  i<^'  janvier  1876,  p.  22. 


JEAN  ET  SÉr.ASTIEN  CABOT 


i8i 


Icsi  »,  surmontée  des  armes  d'Angleterre.  Elle  a  été  reproduite 
en  partie  et  décrite  dans  les  intéressants  ouvrages  de  MM.  J. 
Carson  Brevoort  '  et  Henry  C.  Murpliy  ' . 


GLOBE  D  ORONGE  FINE. 


5  / 

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CETTE  mappemonde  du  célèbre  mathématicien  et  astro- 
nome dauphinois  est  très  rare.  Nous  ne  l'avons  rencon- 
trée que  dans  l'édition  du  Noi'iis  Orbis  de  Johannes 
Huttich,  dit  de  Grynseus,  donnée  à  Paris  par  Jehan  Petit  et 
Galliotdu  Pré  en  1532  '\ 

Notons,  cependant,  qu'elle  a  été  gravée  aux  frais  de  Christian 
Wechel,  également  imprimeur  parisien,  dont  on  n'a  pas  encore 
trouvé  le  nom  ou  la  marque  sur  aucun  tirage  du  Kovus  Orhis 
de  Paris.  La  carte  est  de  o'",4r  X  o"',29,  et  elle  porte  le 
titre  _  de  :  Nova,  cl  intégra  univcrsi  orbis  dcscriplio.  Dans  un 
cartouche,  on  remarque  une  inscription  en  quinze  lignes  com- 
mençant par  ces  mots:  «  Ororitivs  F.  DcJph.  ad  Lcçlorm,  »  et 


1531, 


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11  i\iH« 


1.  J.  C.  Brevoort,  Verra:^ano  thc  Navigator,  New- York,  1874,  in-8;  et  du 
même  auteur,  Notes  on  tlic  Vmaïauo  Map,  dans  le  Journal  of  the  Amaic. 
6'(\Yr.  J'or/V/'v,  New-York,  t.  IV,  p.  172,  excellente  description,  reproduite 
dans  le  volume  précité,  note  xxxvii. 

2.  ne  Voyage  of  Verraixano,  New-York,  1875.  in-8;  voir  aussi  la  Tavota 
parallella,  dans  C.  Desimoni,  hitoino  aï  I-iorentino  Giovanni  Verranano, 
Genova,  i88i,in-8,p.  ici. 

3.  îi.  A.  F.  Nos  1^2  et  173.  Signalons  aussi  une  mappemonde  gravée  et 
coloriée,  très  bizarre,  non  datée,  que  lui  attribue  d'Anville,  et  qui  se  trouve 
dans  la  collection  de  ce  célèbre  géographe,  conservée  au  ministère  des  affaires 
étrangères,  à  Paris,  portefeuille  I,  n»  64. 


Il  i, 


182 


JEAN  ET  SEBASTIEN'  CABOT 


se  terminant  par  ceux-ci  :  «  hahdoquc  i^ralias  Chrisliiino  JVixheJo, 
iiiiiis  fanon'  d  impmsis  bwc  tiln  communkaniiniis.  Vale  ijji, 
Mcnse  Ittlio.  » 

Après  les  petits  }j;lobes  terrestres  en  fuseaux,  tels  que  celui  de 
Louis  Boulenger'  gravé  en  15 14,  et  inséré  dans  un  exemplaire  de 
l'édition  lyonnaise  de  la  CosiiiOi^ntphiiC  Iiilroiliiclio'*,  la  présente 
mappemonde  est  la  carte  française  la  plus  ancienne  que  nous 
connaissions,  manuscrite,  gravée  ou  imprimée,  qui  contienne 
une  délinéation  quelconque  du  Nouveau-Monde.  C'est  à  ce 
titre,  seulement,  que  nous  l'insérons  ici,  car  elle  ne  porte  dans  les 
régions  septentrionales  qu'une  seule  légende  :  «  Baccalar,  »  inscrite 
sur  l'espèce  de  prolongement  qui,  dans  presque  toutes  les  cartes 
de  l'époque,  se  remarque  par  5  5"  de  latitude  nord.  Quant  aux 
contours,  la  péninsule  floridienne,  la  configuration  du  golfe  du 
Mexique,  le  grand  fleuve  Mississipi,  avec  son  nom  espagnol 
d'alors:  u  R.  de  S.  Spir  »  (R.  del  Spirito  Sancto),  la  nomencla- 
ture des  rivières  :  «  R.  arlmlcdiis  »  (arboledas),  «  R.  de  Pal  ma  » 
(R:  de  palmas),  »  R.  pauico  »  (R  :  panuco),  rappellent  trop  les 
planisphères  de  Weimar  pour  ne  pas  provenir  d'une  carte  sévil- 
lane.  De  ces  rapprochements,  nous  tirons  la  conséquence  qu'en 
153 1,  les  cosmographes  français  dépendaient  encore  de  l'hydro- 


I. 


1.  «  Viiiversalis  cosmographk  dcscriplio  lam  in  solido  qiicin  {s\c)  piano.  390 
niill.  sur  iSomill.  "Catalogue  H.Tross,  Paris,  1881,  N».  4924.  C'cst;\,tort 
que  cette  petite  mappemonde  est  donnée  comme  étant  la  première  qui  porte 
le  nom  iWliinriùi.  Une  semblable  appellation  se  lit  sur  la  projection,  égale- 
ment imprimée  en  fuseaux,  d'un  globe  terrestre  A  la  date  de  1509  qui  fait 
partie  de  la  collection  de  M.  le  général  de  Hauslab,  à  Vienne.  Nous  ne 
savons  si  c'est  une  impression  française.  (D'Avezac,  Allocution  à  la  Sociélè  (II- 
gi-ographii- de  Paris,  20  oct.  1871.  Paris,  1872,  in-8,  p.  16.) 

2.  B.  A.  V.  no63,  où  cet  ouvrage  est  placé  à  tort  sous  l'année  1510. 
Comme  le  dit  M.  d'Avezac,  cette  édition  ne  peut  être  antérieure  ;\  1517,  à 
cause  de  la  dédicace  ;\  Jacques  Robertet,  y  qualifié  d'évêque  d'Alby,  mais 
qui  ne  prit  possession  de  ce  siège  que  le  22  novembre  15 17.  D'Avezac, 
Marlin  Hylacomyhts,  Paris,  1867,  in-8,  p.  123. 


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IMÉ' 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CAnOT 


.85 


graphie  hisitano-cspagnolc  pour  leurs   connaissances   géogra- 
pliiques  concernant  le  nouveau  continent. 

Cette  carte  d'Oroncc  l'ine  a  été  reproduite  en  pliotolithoyra- 
pliic,  pour  la  librairie  Frédérik  Muller  d'Amsterdam. 


17 


CARTE    DE    GASPAR  VIEGAS. 


C'est  apparemment  un  fragment  de  portulan,  dessiné  sur 
peau  de  vélin,  de  i'"   X  C^iSS.  Cette  carte,  qui  est; 
aujourd'hui  exposée,  encadrée,  dans  la  {paierie  de  géo- 
graphie de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris',  provient  des 
Archives  nationales,  qui  la  cédèrent  en  1865. 
On  y  lit  ces  mots  :  «  Gaspar  Viegas.  Dat°  i ))4.  » 
Ce  nom  et  toutes  les  dénominations  qu'on  relève  sur  le  littoral 
de  l'Amérique  septentrionale,  sont  portugais  ;  mais  nous  n'avons 
rien  pu  apprendre,  malgré  des  recherches  faites  en  Portugal, 
concernant  ce  cartographe  et  ses  sources  d'informations. 

Il  y  a  dans  la  même  galerie  une  autre  carte,  signée  également 
<(  Gaspar  Viegas^  »  mais  non  datée.  On  en  trouve  aussi  dans  les 
cartons  de  ce  dépôt  encore  deux,  ne  portant  ni  nom  ni  date, 
mais  que  nous  croyons  provenir  du  même  portulan.  Ces  trois 
dernières  cartes '■*  ne  traitent  que  de  l'Europe.  Celle  qui  nous 
intéresse  (n°  18,772)  est  une  carte  nautique  contenant  la  partie 
occidentale  de  l'Europe  et  de  l'Afrique;  mais,  à  la  gauche  du 
lecteur,  dans  la  direction  du  nord-ouest,  on  discerne,  émergeant 
de  la  bordure,  un  profil  de  la  Nouvelle-Ecosse  d'aujourd'hui,  et 

1.  N".  18,772. 

2.  N»».  18,773.  18775,  18.778- 


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JEAN  ET  SÉBASTIEN'  CABOT 


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do  tout  ce  que  Viogas  connaissait,  en  1534,  du  f;olfc  Saint-Lau- 
rent et  de  l'île  de  Terre-Neuve. 

La  nomenclature  de  cette  rcgion  est  essentiellement  portu- 
gaise, mais  elle  n'est  pas  toujours  intelligible.  Par  exemple  :  R. 
iliis  poblas  n'est  pas  un  mot  portugais  ;  peut-être  faut-il  lire  malvas 
(mauves),  nom  donné  par  Gaspar  Cortereal  à  une  région  située 
parle  56'  degré  de  latitude  nord  ',  ou  bien  «  rolhis  »  (tourte- 
relle) ou  «  dos  polvos  »  (poulpes)  ou  encore  «  R.  de  J"  Vaasy)? 
<(  Rio  pria  »  n'est  pas  non  plus  portugais.  Les  mots  qui  en 
approchent  sont  frio  (froid)  ou  praia  (plage).  «  C.  do  Mazcato  » 
doit  se  lire  Mascoto  (maillet,  pilon);  >*  C.  do  Butai  »  Batcl 
(canot)  ;  «  XI  virges,  »  xi  (:\\cc  une  abréviation  pour  onze  mille); 
«(  d.  Jan  estencz  »  est  ici  probablement  pour  Esleivs  (lîls  de 
Estcvâo).  Nous  nous  sommes  attardés  à  ces  rectifications,  que 
nous  devons  à  l'obligeante  érudition  de  M.  Ernesto  Do  Canto, 
parce  que  ces  noms  sont  des  points  de  repère  précieux  pour 
établir  la  filiation  des  cartes  lusitaniennes. 

Cette  carte  est  particulièrement  intéressante  à  cause  de  sa  date, 
qui  est  celle  du  premier  voyage  de  Jacques  Cartier.  Q.uant  aux 
contours,  ils  sont  aussi  dignes  d'attention,  car  on  y  remarque  des 
réalités  géographiques  que  nul  cartographe  n'avait  encore 
relevées,  et  que  des  cartes  subséquentes  continuent  à  ignorer 
pendant  de  longues  années.  Nous  ne  saurions  cependant  voir 
dans  le  canal  qui  sépare  sa  grande  île  océanique  du  continent,  le 
détroit  de  Canso,  et,  conséquemment,  dans  ce  grand  espace  de 
terre  entouré  d'eau,  l'île  du  Cap-Breton. Ce  n'estici,  comme  dans 
les  cartes  de  Hicronymo  Verrazzano,  de  Woltfenbûttel,  de  Gut- 
tierrez',  et  de  toute  l'hydrographie  portugaise,  qu'une  île  imagi- 
naire. S'il  en  était  autrement,  oii  ne  s'expliquerait  pas  qu'un  car- 
tographe assez  bien  informé  pour  dessiner  ces  profils,  donne  à 
son  canal  une  direction  du  nord  au  sud,  et  qu'il  omette  l'île  du 
Prince-Edward,  dont  l'étendue  de  563,000  hectares  ne  pouvait 


I.  Riimusio,  DisiViso,  dans  la  Riiiiollii,  t.  III,  p.  417. 
3.    liifra,  X»»  17,  28. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


185 


ccliapper  aux  navigateurs  qui  fournirent  ii  \'iegas  les  cléments  de 
son  travail.  Xaturellemcnt,  Terre-Neuve  n'est  pas  séparée  du 
continent,  et  on  ne  saurait  dire  si  la  profonde  écliancrure  dénom- 
mée K.  dits  poblas  indique  la  baie  des  Chaleurs  ou  bien  l'enibou- 
cluire  du  Saint-Laurent,  ni  si  le  Rio  pria  est  ce  dernier  fleuve  ou 
le  Saguen.iy. 

M.  Kohi  a  publié  une  réduction  de  la  partie  américaine  de 
cette  carte  ' . 


i 


18 


C.\RTK     DF.     WOLFENBUTTEL 


CETTE  carte  curieuse,  qui  nous  a  été  obligeamment  signalée 
par  M.  le  D' O.  von  Heinemann,  bibliothécaire  en  chef 
de  la  bibliothèque  ducale,  est  de2"',2i-}-o'",75,  survélin.  ' 
Le  tracé  que  nous  en  possédons,  porte  sur  la  partie  septentrionale 
du  Nouveau-Monde,  de  l'embouchure  du  Mississipi  {R  :  dd  spïi  slo) 
jusqu'à  la  Ticra  dcl  Labrador.  Les  contours  sont  évidemment  em- 
pruntés à  une  carte  sévillane  de  la  famille  de  celles  dites  de 
Weimar;  quant  à  la  nomenclature,  elle  est  portugaise  mais  espa- 
gnolisée.  Terrc-Neiwe  est  soudée  au  continent,  et  Ton  re- 
marque des  bosquets  et  de  grands  oiseaux  paissant  sur  le 
Labrador  et  la  région  canadienne. 

On  relève  sur  cette  carte  trois  légendes.  La  première,  insé- 
rée au-dessous  de  la  Ticra  de  Estn'ain  Gotm\,  porte  :  «  Lo  que  dcs- 
ciihrio  cl  anno  de  rjs;  par  iiiaiidado  de  su  magtstad  dar  pâ  (sic)  y 
hiione  (sic)  nittchcs  (sic)  ahuiidancia.  » 


1354. 


I.  History  ofthe  Discov,-iy  of  Maine,  p.  3.)8,  n"  xviii  a. 


i86 


JEAN  ET  SitnASTIF.N  CAHOT 


La  seconde  légende,  placée  ;\  la  Ticni  iivcvd  ik  los  hicalhtos, 
est  comme  suit  :  «  F.sla  licia  fur  sciiHcrta  (sic)  por  los pinlogisos  no 
iiv  cil  cUo  cosa  de  proiiccho  unis  </  los  hoailliiosij  es  pcsaidoy  inny 
Inicihi.  A  qui  se  pcid'iciv  los  cortc  Rcalcs.  » 

L'importance  de  la  troisième  légende  n'échappera  pas  au 
lecteur  :  «  Tient  Jcl  Ltibitulor.  Li  (jinil  fiie  dcscubicila por  los  Yii- 
gkscs  de  la  iiilu  tic  hrislol  c  por  ij  cl  !j  ilio  cl  laiiiso  dcUa  cru  labrador 
de  las  nias  de  los  acarcs  (sic  pro  Açores)  le  quido  este  iioiiibre.  » 
C'est-à-dire  :  Ce  pays  fut  découvert  par  les  Anglais  de  la  ville  de 
Bristol,  et,  parce  que  celui  qui  en  donna  la  nouvelle  était  un 
laboureur  des  îles  A*;ores,  on  lui  donna  ce  nom. 

C'est  la  première  fois  que  cette  étymologieest  donnée  au  Labra- 
dor. On  attribuait  généralement  ce  nom  :  Liboratoris  Icrra,  au  fait 
que  Gaspard  Corteral.  lorsqu'il  visita  cette  région  en  l'an  1501, 
enleva  un  certain  nombre  d'Indiens,  qui  auraient  été  vendus  à 
Lisbonne  comme  esclaves.  Cette  interprétation,  cependant,  ne 
paraît  pas  avoir  été  énoncée  avant  Biddle  '.  Hllc  a  pour  base  le 
p.assage  de  la  lettre  de  Pietro  Pasqualigo,  où  cet  ambassadeur 
rapporte  que  Corteral  a  ramené  sept  habitants  de  ce  pays,  que 
l'autre  caravelle  doit  en  débarquer  cinquante  autres,  et  que  les 
n.aturels  de  ces  régions  «  admirablement  faits  pour  supporter  l.i 
fatigue,  sont  les  meilleurs  esclaves  qu'on  ait  jamais  vus*.  » 

Ce  qui  nous  intéresse  surtout  dans  cette  légende,  c'est  l'allusion 
au  Laboureur  des  Açores,  On  serait  tenté,  d'abord,  d'y  voir  un 
point  de  repère  se  rapportant  aux  trois  Açoréens,  Joâo  et  Fran- 
cisco Fernandes,  associés  à  Joâo  Gonzalès,  qui,  le  19  mars  1501 
et  le  9  décembre  1502,  reçurent  des  lettres-patentes  de  Henry  VII 


1.  Memoir,  p.  246. 

2.  "  Hiwiio  comludi  qui  Vil.  Ira  honiiiii  cl  jimnic  cl  pittti  de quelli  :  H  ciiiii 
hlliii  Caravella  clv  se  asjvcla  il'hora  in  boni  ne  vieil  allri  citiqiianla...  seramio 
per  exceUeutia  da  fuliga,  cl  i;li  meglior  schiavi  se  htdna  huiili  sin  lioiii.  »  Paesi 
vouamenk  retrouai i,  Viccntia,  1507,   in-4  (B.  A.   V.  n°  48),  lib.  VI,  cap. 

CXXVl. 


JEAN  ET  Sl'BASTIlIN  CADOT 


187 


pdiir  un  voyage  de  ilccoiivcrtcs  dans  ces  réj^ions  '.  Mais  ccur-ci 
étaient  des  j^eiitillioninies  :  «  aniiii;ciix  in  Insiilis  tic  Siirrys,  »  et 
on  ne  s'explique  pas  des  laliourcurs  azoréens  embarqués  k  Bris- 
tol, i\  moins,  qu'à  l'instar  de  Gaspar  Corteral  *,  ils  aient  fait  escale 
dans  ces  îles  pour  compléter  leur  équipage.  Dans  ce  cas,  il  fau- 
drait interpréter  le  mot  «  Iii^i^lcus,  »  tel  que  nous  le  donnent 
Maggiolo,  Verrazzano,  Ribeiro  et  la  carte  de  Wolfenbiittcl, 
comme  se  rapportant,  non  aux  découvertes  des  Cabot,  en  1497, 
mais  à  des  voyages  accomplis  par  les  concessionnaires  des  lettres- 
patentes  précitées.  Notre  sentiment,  cependant,  est  que  le  car- 
tographe dont  nous  décrivons  l'œuvre,  n'a  fait  que  commenter  ù 
sa  manière  la  légende  de  Ribeiro,  dont  les  traces  sont  visibles 
dans  la  sienne  propre,  à  l'aide  des  renseignements  que  tout  le 
monde  alors  possédait  sur  l'expédition  de  Gaspar  Cortereal. 

Une  particularité  très  remarquable,  qu'on  ne  voit  encore  sur 
aucune  carte  de  provenance  espagnole,  c'est  le  golfe  Saint- 
Laurent,  avec  des  amorces  de  rivières  comme  dans  la  carte  de 
Viegas,  et,  à  l'instar  de  cette  dernière,  une  grande  île  adjacente. 
Cequi  nous  surprendrait,  si  nous  ne  l'avions  déjà  remarqué  dans 
la  carte  de  N'^errazzano,  c'est  que  cette  île  se  trouve  reportée  dans 
l'intérieur  du  golfe,  au  lieu  d'être,  comme  dans  les  cartes  portu- 
gaises, sur  l'Atlantique.  Hlle  est  dénommée  « I.dcS.Juhan.»Ccst 
à  notre  avis  une  simple  variante  de  la  5rt;« /o/w  de  Pedro  Reinel, 
malgré  ses  dimensions  et  sa  position,  etnon,  comme  on  pourrait 
le  croire,  le  résultat  d'une  exploration  portugaise  ou  espagnole 
de  l'île  du  cap  Breton,  accomplie  avant  l'arrivée  de  Jacques 
Cartier  dans  ces  parages. 

Jusqu'à  plus  ample  informé,  nous  plaçons  cette  carte  (qui  est 
anonyme  et  ne  porte  pas  de  date)  après  celle  de  Gaspar  Viegas. 
Elle  est  conservée  dans  la  bibliothèque  ducale  de  WolfenbûtteP. 


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I 


1.  Siipia,  p.  108. 

2.  Antonio  Galvani,  Tractado  dos  dcscobrimcnlos  antigos  e  modcriios,  jcitos 
aléa  ira  de  ifso;  Lisboa,  175 1,  in-fol. 

3.  Sous  la  rubrique  p-,'  et  çj.  Aiig.  On  en  ignore  la  provenance. 


-■-.à  I  rtf- 


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JEAN  ET  StDASTinX  CABOT 


19 


PORTULANS  DE  BAPTISTA  AGNESE. 


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15;6-6.|. 


N 


ous  ne  pensons  pas  que  ce  B.iptista  Agncse  soit  le 
Baptista  Januensis  de  la  carte  de  la  Bibliothèque  de 
Wolfenbûttel  ',    ni  mCme  que  ce  dernier  soit  le  Juan 

Bautista  qui  accompagna  Magellan  en  qualité  de  second  lors  du 

mémorable  voyage  de  1 5 19  *. 


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1.  Carte  de   la  Mcditerraiitic,  signée  :  »   Ikptisla.   lanvcitsis  /,  l'aidiis, 

I  (sic)  ccccc  xim,  p.  Jvlii.  » 

2.  Juan  Bautista,  second  {maesire)  de  Magellan  à  bord  de  la  Triiiùhul,  était 
certainement  génois,  de  i>  (.'«/(«[Sestri]  en  lu  rZ/'m»  Ji'GcHina(Navarretc,  t.  IX, 
p.  12)  et  le  nom  de  famille  ou  d'origine  qu'on   lit  sur  le  rôle  d'équipage: 

II  de  l'unzorol  »  (aussi  Poiu-tio,  Poiicnon  et  l'oiiaveia)  peut  n'être,  comme  le 
conjecture  M.  P.  Amat  di  San  Filippo  ['BihHogr.dciViai^.  Uni.,  Roma,  187.), 
in-8,  p.  $0),  que  Pokivcia,  autre  nom,  parait-il,  de  Sestri  Levante.  Notons 
cependant  quei  selon  Barros,  un  pilote  génois  du  iTom  de  »  Bautista  Genoes  », 
qui  paraît  être  celui  de  Magellan,  accompagna  Amrique  de  Menezes  en  1542 
(Xoliiitis  para  a  Hisloria  gcogiafu  das  Na^ws  ullrainarinas,  Lisboai  1812- 
1841,  in-4,  t.  IV,  no  2  },  ce  qui  le  supposerait  bien  âgé  pour  avoir  pu 
confectionner  un  portulan  en  1514.  Nous  ne  savons  non  plus  si  c'est  le 
«  Jiiaii  Bautista  Giuovis,  vkiiio  de  Triaiia  »  dont  il  est  question  à  propos  de  la 
relation  du  naufrage  du  navire  de  Pedro  de  Cifuentcs,  1528-1536,  mentionné 
par  Navarrete,  'Bibliot.  Maritima,  t.  II,  p.  158. 

Nous  avons  parcouru  le  recueil  de  routiers  portugais  du  xvi*  siècle  con- 
servé A  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris  (fonds  portugais,  n»  40),  pensant 
trouver  dans  le  F/oçi-»/  que  fez  Ferii.  de  viai;iialhah  pera  walliico  oaiim  de  ipç, 
attribué  au  Baptista  Januensis  de  Wolfenbûttel ,  quelques  renseignements 
sur  ce  dernier.  On  y  lit  seulement  (f.  64)  que  le  MS.  est  transcrit  du  >■  ca- 
dento  de  su  pilota  Genoes  que  hia  mi  diia  armada.»  Rappelons  que  Battista  n'é- 
tait pas  le  seul  pilote  génois  qui  accompagna  Magellan.  Le  second  [maesire) 


JEAN'  LT  SLDASTinN  CABOT 


1S9 


A^ncsc  était  un  cartographe  génois  très  habile,  comme  calh- 
grapiie  surtout,  qui  vécutà  \'enise,  de  1536  à  1564.011  possède 
de  lui  des  portulans  signés  etdatésde  1536',!  543'.  1 544',  1 545  \ 
•553'.    1)54''.    15)5  \    I559"  *-'t    1564  "•  ^  y  en   a  aussi 


du  Siiiitiai^o  est  nomme  sur  le  rôle  d'cijiiip.igi.'  ;  "  Ihilliisur  Ginovcs,  ik  lu 
Rilhiiiik  Gîiwi'ii.  ..  ^^'av.,  /cl,,  cil.,  p.  2.1).  Eiitiii,  il  p.ir.iit  qu'un  autre 
génois,  Leone  l'.UK.ildo,  de  S.ivonc.  ét.>it  aussi  pilote  d.iiis  l'expédition  de 
.Magellan  {Gioriiak  Lil'iistico,  1874,  p.  333).  Celui-ci,  cependant,  ne  ligure 
sur  les  rôles  qu'en  qualité  de  matelot  ("  marincro  »). 

\,  K  Ihiplislii.  (ii;iii'ssi::<.  iuiiiien.iis.  iWil.  iviu'Iijs.  //;^i.  ilic  ij  oclohr.  n 
Ikitish  .Muséum,  Addit.  Mss.  n"  19,927.  Atlas  de  douze  feuilles,  (/.  feuille  6. 
Celui  de  la  bibliothèque  Bodleyenne  .\  Oxford  est  daté  "  ij}f<  rf/V  inaitii  ». 
Kohi,  D/.iii), v;  V,  p.  298,  fac-similé  n"  xv  r. 

2.  «  Buptisla  .-/^'//iMv yiv/V,  l'ciicliis,  ';/;,  dici$fd>r,  »  Collection  de  feu 
M.  Henry  Iluth,  \  Londres,  et  archives  du  duc  de  Saxe  Cobourg  Gotiia  ; 
Kohi,  Disiovci-y  of  Muiiu-,  p.  ;i6,  fac-siniile  xvn  3.  «  lldplislii  iii;iic-^'' 
janiicnsis  fixit  iicndijs  iiiiiio Ihiiiiiii  1  )./}  die  2j  jiiuij.»  Bibliothèqui'  n.itionaie 
de  l'aris,  B.  2624.  Ce  dernier  est  un  atlas  de  douze  cartes  de  o"',30  , ', 
u"', 20,  sans  les  marges.  La  partie  orientale  de  la  mappemonde  manque. 

3.  Bibliothèque  royale  de  Dresde;  Kohi,  loc.  cit.,  p.  294,  note. 

4.  <i  Haptisia  Af;ncsc  jccit  Vtuctijs  ij.fj,  die  S.  Mai.  »  Marciana,  MS,  Cl. 
IV.  cod.  499;  P.  .\Iatkovic.  Alli-  Ilandichrijllichi-.  Schiffei-Kurleit  in  dcii 
BiMiothdi'ii  ^H  Vencdi>;.  Wien,  1865,  in-8,  p     10. 

5.  «  Bullislu  Ai;iicsc  in  /V/d'^A/  iii  i"  Silliinl'iY  1555  ».  Collection  de  M.  le 
comte  DonA,  à  Venise.  G.  Berchet.  l\'iloliini  csistrnti  iii'llc piincipuli'  bihlio- 
li'dic  di  Vcne^id,  Venezia,   1866,  in-4,  p.  4. 

6.  »  Diiplisia  Agncsc  Jacil  (sic)  Vendiis  aniio  Domini'i )).(  die  i)  juUi.  » 
Zurla,  Di  Marco  i'olo,  Vcne/.ia,  1818,  in-4,  '•  H»  P-  369.  "  .Vu  (sic)  Ihip- 
lisla  palncsc  (sic)  fccit  ticnctiis  anno  doniini  1 5 54  die  20  oclol'iis  rah  (sic) .  » 
Marciana,  cod  .  i.xii,  l'cproduit  par  la  photographie  dans  la  collection  Fischer, 
publiée  pat;  Ongania,  Venise,  pi.  xvn,  n"  8. 

7.  Calah^'ne  des  caries  i;tVi^'rapliiijues  de  ht  Inhliothèque  du  prince  Lahanoff, 
Paris,  1825,  in-8,  n"  2067. 

8.  u  Ilechoen  Vcnecia  en  iS)'),  /""'  Baptisia  Aj^nose  u  (sic);  coUect.  de  M.  S. 
Perez  Junquera,  à  Madrid.  Lisla  de  los  cl'jelos  de  la  Exposicion  amcricanisla, 
B.  8)8. 

9.  <(  Baptisia  a_i;nese  fecit  iienclijs  anno  dm  1^64  die  2;  mai,  »  British 
Muséum,  add.  MSS.  n"  25,442;  atlas  de  neuf  feuilles.  Selon  M.  Matkovic, 


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190 


JhAN  ET  SliBASTIEN  CABOT 


d'anonymes',  mais  dont  la  main  d'œuvre,  les  dimensions,  la 
calligraphie  et  les  contours  géographiques  ressemblent  telle- 
ment aux  portulans  signés,  qu'on  ne  peut  les  attribuer  qu'à 
ce  cartographe.  Un  point  de  repère  important,  selon  nous, 
pour  établir  l'origine  agnésiennc  des  petits  atlas  anonymes  de 


loc.  cit.,  p.  10,  il  y  en  aurait  un  aussi  de  la  même  date  à  la  Marciana  :  «  hl 
dcii  2)  mai  156}.  » 

I, —  Bibliolhcquc  nationale  de  Paris,  fonds  latin,  n"  18,249.  Superbe  atlas, 
de  o"',i6  X  0"',25  ;\  Tiîtat  l'crnic,  de  quatorze  leuilles,  dont  plusieurs  sont 
doubles.  La  première  leuille  contient  une  sphère  arniillaire;  la  seconde  porte, 
au  recto,  de  gueules  au  bélier  sautant  d'argent  surmonté  d'un  casque  de 
profil  .1  quatre  grilles,  et,  dans  une  banderole;   «  J)oiiiiiiicis  Je  Bossis  ». 

—  Portulan  apparemment  conuiiandé  par  Cliarles-Q.uint  pour  son  fils 
Philippe.  Collection  Spit/.er  A  Paris.  Consulter  l-,  Spitzer  et  Ch.  Wciner, 
Poiliihiii  lie  CImrks-QuinI  iloiinv  à  Philippe  II,  iiuoiiipii};iii:  d'une  iwtice  e.xpliedliie, 
Patis,  i6;5>  in-fol.,  texte  40  p.,  quatorze  photographies.  L'original  de  ce  beau 
recueil,  carié  à  l'origine,  a  été  remonté  de  nos  jours  dans  le  format  oblong, 
en  étendant  les  cartes  doubles  sur  une  seule  feuille. 

—  Atlas  de  la  bibliothèque  de  la  faculté  de  médecine  de  Montpellier;  22 
feuilles,  o™,42  X  o'",29,  portant,  sur  la  première,  les  armoiries  d'un 
.seigneur  de  Clugny.  L'atlas  contient  une  petite  boussole  sous  verre,  placée 
dans  l'épaisseur  de  la  couverture.  Voir  l'article  de  M.  le  prof.  Cons,  Sceiélé 
/<(Hi,')(('i/i>f;VHH(' (/i- _!,'('(>i,';</y>/;/V,  Montpellier,  187S,  t.  I,  p  452.  Nous  sommes 
redevable  ;\  M.  Benoist,  doyen,  pour  deux  fac-similés  qui  nous  ont  été  très 
utiles. 

—  Portulan  de  la  bibliothèque  royale  de  Dresde,  décrit  par  M.  Kohi, 
Disecirry  of  M<ii>ie,yt.   293,  pi.  xiv  et  p.  516,  pi.  xvii,ji"3. 

—  Bibliothèque  ducale  de  Woifenbiittel.  Q.ualoi/e  cartes,  o'",3o  X  0"i,i8. 
Acheté  au  prix  de  200  ducats. 

—  Bibliothèque  royale  de  Munich.  Planches  vi  et  vu  de  Kunstmann. 

—  Bibliothèque  de  M.  le  baron  Edmond  de  Rothschild.  Portulan  de  très 
petites  dimensions  (o'", 18  )\  oi",i2).  Neuf  cartes,  chacune  sur  deux  pages 
alfrontées.  Calendrier,  frontispice  (vieillard,  en  costume  oriental,  mesurant 
une  sphère),  zodiaque,  chacun  une  page.  Le  volume  se  termine  par  deux 
pages  ;  l'une,  Atlas  portant  le  monde  ;  l'autre,  les  armes  de  Charles-CIuint. 
Les  bordures  et  les  miniatures,  attribuées  ;\  Giulio  Clovio,  sont  d'un  travail 
exquis.  Reliure  italienne,  ù  rinceaux,  incrustée  de  turquoises  et  de  petits 
cabochons. 


4'- 

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^1 


JIZAX  HT  SliBASTIEX  CABOT 


H9I 


acturc  italienne  du  milieu  du  xvi'^  siècle,  c'est  la  particularité 
suivante  : 

Dans  la  mappemonde  (de  forme  ovale),  on  distingue  des 
routes  ponctuées  ou  tracées  en  ruban,  partant  d'Europe  pour  aller 
atterrir  en  Asie  ou  en  Amérique.  Les  portulans  de  15  54.  1564,  ci 
celui  de  W'ollcnlnittel,  n'ont  que  deux  de  ces  routes.  Commen- 
çant il  un  port  d'Espagne,  Cadix,  ce  semble,  la  première  route 
traverse  l'Atlantique,  atteint  le  continent  américain  à  la  hauteur 
du  \'enezuela,  suit  la  côte  méridionale  jusqu'au  cap  Horn,  qu'elle 
franchit,  et  traverse  l'Océan  Pacifique  dans  toute  sa  largeur. 
Cette  route  est  libellée  :  «  7:7  viai^c  de  aiuhir  a  la  maluchc,  »  et 
clic  se  trouve  marquée  souvent  en  traits  argentés,  mais  oxidés 
par  le  temps. 

L'autre  route,  qui  n'est  que  la  voie  de  retour,  part  des  îles  de 
la  Malaisie,  passe  le  cap  de  Bonne-Espérance,  et  remontant  le 
littoral  africain,  se  termine  au  port  d'Europe  d'où  elle  est  partie. 
Celle-ci,  marquée  en  traits  d'or,  est  intitulée  :  «i  Rilonio  de  la  ma- 
luchc. »  C'est-à-dire  que  ces  tracés  indiquent  le  tour  du  monde 
par  les  caps  de  \'asco  de  Gama  et  de  Magellan. 

Le  portulan  de  1536  de  la  Bodleyennc,  celui  de  154?  de  Paris, 
le  portulan  de  1545  delaMarciana,ainsi  que  les  atlas  de  Philippe 
II  et  de  Montpellier,  marquent,  en  outre,  une  troisième  route  qui. 
partant  également  d'Espagne,  franchit  l'Atlantique,  atterrit  à 
l'isthme  de  Panama,  s'y  brise,  mais  reprend  du  côté  du  Pacifique, 
pour  redescendre  jusqu'au  dessous  de  l'équateur.  Cette  route  est 
intitulée  :  «  7:7  l'/r/^o  de  pcru  » . 

Les  portulans  anonymes  de  Paris  et  de  Dresde,  et  celui  delà 
Bodleyenne  ainsi  que  le  portulan  de  la  collection  de  M.  le  baron 
l'Àlinond  de  Rothschild,  exposent,  en  plus,  une  quatrième  route, 
la  plus  curieuse  de  toutes.  Celle-ci  n'est  pas  au  trait  continu, 
mais  ponctuée.  Elle  part  d'un  port  de  Normandie,  traverse  l'At- 
lantique, atterrit  à  la  hauteur  du  Canada,  au  sud  des  Bacallaos 
(qui,  dans  Agnesc,  est  toujours  le  Groenland),  traverse  un  isthme 
imaginaire,  et,  franchissant  le  Pacifique,  va  aboutir  au  Cathay. 


192 


lEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


U 


Dans  ledit  portulan  de  1536.  la  route  traverse  un  véritable  détroit 
d'une  longueur  relativement  considérable.  Cette  quatrième  route 
est  intitulée:  «  cl  via::y  dcfraiisa  '  ». 

Nous  n'avons  remarqué  ces  tracés  que  sur  les  portulans  signés 
par  Agnese  ou  sur  ceux  qui,  à  cause  du  format,  des  ornements, 
de  la  calligraphie  et  des  contours  géographiques,  rappellent  le 
faire  de  cet  habile  cartographe. 

Les  portulans  d'Agnesc  sont  généralement  composés  de  douze  h 
quinze  feuillets  de  vélin  collés  deux  à  deux  sur  carton,  et,  de  telle 
sorte  qu'ils  forment  des  pages  in-octavo.  Onj-  trouve,  le  plus  sou- 
vent, douze  cartes*,  toutes  marines,  précédées  de  trois  pages  ou  de 
trois  feuilles,  la  première  pour  frontispice  aux  armes  du  proprié- 
taire, lesquelles  sont  fréquemment  omises  dans  le  cartouche  resté 
vide,  la  sccondepour  lezodiaqueobligatoire,  et  latroisièmepourun 
calendrier.  Le  format  des  cartes  doubles,  pris  dans  l'intérieur  des 
bordures,  et  sans  les  marges,  dépasse  rarement  o"',25  X  o"',i7; 
c'est-à-dire  que  ce  sont  des  atlas  de  très  petit  format.  Cette 
exiguïté  dans  les  dimensions,  le  fini  du  travail  et  la  richesse  de 
l'enluminure  en  or  et  en  couleurs,  prouvent  que  ce  ne  sont  pas 
des  portulans  dressés  à  l'usage  des  marins,  mais  des  atlas  destinés 
à  orner  les  bibliothèques  d'amateurs. 

Quant  à  la  valeur  scientifique  des  portulans  d'Agnese,  elle 
n'est  pas  proportionnée  à  leur  mérite  artistique.  On  voit  claire- 

1.  Le  f.iit  que  cette  route  l'r.uiçaise  est  marquée  sur  un  portulan  de 
mars  1536,  c'est-à-dire  avant  le  retour  de  Jacques  Cartier  de  son  second 
voyage,  nous  porte  ii  supposer  que  ce  n'est  même  pas  à  la  première  expédi- 
tion de  ce  navigateur  qu'Agnese  fait  allusion,  bien  que  les  résultats  do  celle- 
ci  fussent  connus  en  France  au  mois  de  septembre  1534,  car  cette  dernière 
semble  avoir  passé  inaperçue  hors  de  ce  pays  Ciz/ym;,  p.  146).  Cette  ligne  serait 
donc  plutôt  une  réminiscence  du  voyage  de  Verrazzano. 

2.  Le  portulan  de  1554  de  la  Marciana,  par  exception,  contient  trente- 
quatre  planches.  On  en  trouve  vingt-deux  dans  l'exemplaire  de  la  faculté  de 
médecine  de  Montpellier,  deux  de  ces  dernières,  cependant,  ne  contiennent 
qu'une  table  de  la  déclinaison  du  soleil,  un  tableau  de  mesures  diverses 
ainsi  que  des  distances  astronomiques.  Celui  dit  de  Philippe  II  n'a  que  qua- 
torze planches. 


1 .  Scion  certains  ûcrlvains  cette  ouverture,  béante  dans  le  planisphère  de 
1527  et  dans  la  carte  que  nous  attribuons  A  Garcia  de  Toreno,  mais  qui 
est  complètement  fermée  dans  la  mappemonde  de  Ribeiro,  aurait  été  close 
par  ordre,  afin  de  dérouter  les  navigateurs  étrangers  qui  plaçaient  en  ce  lieu 
l'entrée  du  fameuxdétroit  pour  aller  au  Cathay.  (Knhl,  Dinanriy,  p.  502.) 

13 


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JI'AN  ET  SÉlUSllliN  CABOT 


'95 


ment  que  des  les  commencements,  en  1536,06  cartOi^raphc  .1 
adopte  un  ty[>".,  dont  il  s'est  à  peine  départi  au  cours  des  trente 
années  de  sa  carrière.  A  ne  prendre  que  le  nouveau  continent, 
on  1554  comme  en  1336,  la  côte  du  Pacifique  descend  à  peine 
jusqu'à  l'équateur,  s'arrêtant  à  une  «  prouincia  de  siéra  »,  pour  ne 
reprendre  qu'au  cap  Horn,  à  V«  alcipelcgo  de  cabo  de  dcsiadi  ». 
Même  en  1564,  l'ile  de  Terre-Neuve  est  encore  soudée  au  con- 
tinent, bien  que  ses  confrères  Gastaldi  et  Diego  Homem,  dans 
des  portulans  dessinés  i\  Venise  même,  marquassent  déji  l'insu- 
larité de  cette  grande  île  depuis  au  moins  quinze  ans. 

Les  contours  sont  évidemment  ernpruntés,  comme  la  nomen- 
clature entière,  —  laquelle  est  un  amalgame  singulier  d'espagnol, 
de  portugais  et  d'italien,  —  à  une  carte  sévillane,  qui  n'est  ni  celle 
de  Weimar  de  1527,  laquelle  omet  les  explorations  de  Este- 
vam  Gomez,  mentionnées  dans  Agncse,  ni  le  planisphère  de 
Ribeiro,  où  les  deux  estuaires  du  golfe  Saint-Laurent  sont  clos  ', 
tandis  que  dans  Agncse  celui  du  sud  reste  ouvert.  A  notre  avis,  le 
prototype  adopté  par  ce  dernier  est  le  même  dont  s'est  servi  Ra- 
niusio  pour  ses  Librl  de  1534,  et  que  nous  avons  attribué  à  Gar- 
cia de  Toreno.  Qiiant  aux  routes  précitées,  elles  ont  été  inspirées 
par  les  caravelles  qui,  dans  la  carte  de  ce  dernier,  sillonnent  l'At- 
lantique avec  l'inscription  «  Aile  Indic  »,  et  le  Pacifique  avec  les 
légendes  «  Aile  Mohiche  >>  et«  Al  Pcru.  » 

La  conclusion  à  laquelle  nous  arrivons  est,  que  si  on  peut  dé- 
couvrir le  nom  de  l'auteur  de  ces  portulans  anonymes  et  le  mo- 
dèle qu'il  a  suivi,  les  omissions  ou  les  admissions  géographiques 
(points  de  repères  si  décisifs  dans  beaucoup  de  cartes),  ne  peuvent 
servir  ici  à  déterminer  l'époque  de  leur  construction. 


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'94 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 


Nous  devons  également  rappeler  que  les  contours  de  la  côte  sep- 
tentrionale du  Nouveau-Monde,  identiques  dans  ces  portulans 
de  dates  si  diverses,  démontrent  que  les  Italiens  ignoraient  aussi, 
avant  la  rédaction  des  cartes  lusitano-françaises,  les  profils  qu'on 
relève  dans  le  planisphère  de  Sébastien  Cabot. 

Avant  de  terminer,  il  importe  de  s'arrêter  un  instant  au  portu- 
lan Spitzer,  pour  en  déduire  une  conséquence  notable. 

Le  frontispice  de  ce  bel  atlas  porte,  îi droite,  les  armes  de  Cas- 
tille  et  d'Aragon,  à  gauche,  l'effigie  de  Charles-Quint,  et,  sous 
une  représentation  de  la  Providence  offrant  le  globe  terrestre  à 
un  jeuiie  homme,  l'inscription  :  «  Philippo  Caroli  Âiig.  F.  opliiiio 
priiic.  Prùvidentia.  »  On  est  donc  fondé  à  croire  que  c'est  un 
don  de  Charles-Qijint  à  son  fils.  Pour  les  raisons  exposées  précé- 
demment, nous  ne  pouvons  préciser  la  date  de  ce  portulan,  mais 
il  est  évident  qu'on  n'aurait  pas  confié  à  un  enfant  des  cartes  de 
géographie,  surtout  d'une  si  grande  valeur  artistique.  Philippe  II 
est  né  le  21  mai  1527.  S'il  reçut  ce  cadeau  royal  à  l'ûge  de 
quinze  ans,  quand  son  père  l'associa  au  gouvernement,  nous  au- 
rions ici  le  maximum  des  connaissances  géographiques  du  régent 
de  l'Espagne  concernant  le  Nouveau-Monde  en  1542.  La  déduc- 
tion qu'on  doit  tirer  de  ces  rapprochements,  c'est  qu'à  cette  date 
les  contours  de  l'île  du  Cap-Breton,  du  golfe  Saint-Laurent  et  de 
Terre-Neuve,  n'étaient  pas  mieux  connus  des  cosmographes  espa- 
gnols, auxquels  Agncse  empruntait  forcément  ses  renseigne- 
ments, que  du  temps  de  Ribeiro  et  de  Chaves. 


Nous  voici  arrivés  il  l'époque  des  grands  changements  intro- 
duits dans  la  cartographie  de  l'Amérique  septentrionale  ;  malheu- 
reusement, on  ne  connaît  pas  d'œuvres  françaises  contempo- 
raines du  premier  voyage  de  Jacques  Cartier.  Selon  Desmarquetz. 
Estancelin  ctVitet,  l'art  de  pointer  les  cartes  nautiques  ne  daterait 
même  en  France  que  du  milieu  du  xvi'^  siècle,  puisque  ces 
écrivains  qualifient  Pierre  Dcsceliers  de  «  créateur  de  l'hydro- 


^ 


JHAN  LT  SlilSASTIlîN  CABOT 


195 


^rapliic  française.  »  A  notre  avis,  les  cartes  anciennes  dieppoises 
—  et  nous  en  connaissons  une  qui  porte  la  date  de  1546,  laquelle 
n'est  pas  la  plus  vieille  qu'on  possède,  —  sont  trop  savantes  et  d'un 
travail  trop  supérieur,  pour  ne  pas  avoir  été  précédées  d'une 
longue  série  d'œuvres  de  ce  genre,  dues  à  plusieurs  i;énérations 
de  cosnio^raphes  habiles  et  instruits.  Comment  supposer  que  le 
port  de  Dieppe,  alors  le  premier  du  royaume,  et  où  avaient  été 
armées  les  flottes  de  Jean  Ango,  n'ait  pas  créé,  dès  le  commen- 
cement du  XVI''  siècle,  une  école  de  pilotes  et  de  cartographes  ? 
Ce  qu'on  doit  reconnaître,  c'est  que  les  Dieppois  s'inspirèrent  de 
rii3-drographie  lusitanienne,  soit  par  l'influence  directe  de  cos- 
niographes  portugais  établis  dans  les  ports  de  Normandie  ou  de 
Bretagne,  soit  par  des  cartes  importées  du  Portugal.  Ainsi,  seule- 
ment, peut-on  s'expliquer  cette  transmission  servile  de  contours 
dont  les  premiers  exemples  se  voient  sur  des  cartes  dressées  dans 
ce  dernier  pays,  et  la  nomenclature  absoliunent  portugaise  qui 
sert  de  base  à  toutes  les  mappemondes  dieppoises  de  la  première 
moitié  du  xvi„  siècle. 

Nous  possédons  encore  quatre  planisphères  dieppois  construits 
sous  le  règne  de  François  I"',  lesquels  étaient  très  probablement  les 
monuments  cartographiques  les  plus  beaux  et  les  plus  complets 
qu'on  eut  vus  jusqu'alors.  Ce  sont  les  mappemondes  manuscrites 
dites  de  Harley,  de  Vallard,  de  Henri  II  et  celle  de  Desceliers. 
Hlles  sont  toutes  sorties  de  France,  trois  depuis  vingt  ans  seule- 
ment. Nous  les  décrivons  ci-après. 

Afin  de  classer  ces  cartes  précieuses,  nous  avions  d'abord 
espéré  pouvoir  prendre  pour  base  les  configurations  ancienne- 
ment attribuées  à  l'île  du  Cap-Breton  et  aux  îles  adjacentes.  Mais, 
en  cosmographie,  on  ne  peut  guère  s'appuyer  sur  des  données 
imaginaires,  bien  que  souvent  renforcées  par  des  réalités,  car  alors 
le  tracé  dépend,  en  une  certaine  mesure,  de  l'imagination  ou 
du  caprice  de  chaque  cartographe.  Cette  île  de  «  Sain  Johiiiii,  »  ou 
de  Saint  Jehan,  par  exemple,  placée  dans  l'Atlantique,  ;i  proxi- 
mité de  la  Nouvelle-Ecosse,  sur  toutes  les  cartes  lusitaniennes  et 


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196 


JHAN  HT  SHBASTIUX  CAHOT 


lusitano-françaisos,  est  certainement  chinicriquc  en  sa  conception 
première. 

Nous  ne  pouvons  y  voir,  comme  la  plupart  des  historiens 
de  la  géograpliic,  l'île  du  Cap-Breton,  non  plus  que  dans 
l'étroit  passage  qui  la  sépare  du  continent,  nous  ne  reconnais- 
sons le  détroit  do  Canso.  Si  les  Portugais,  qui,  les  premiers,  mar- 
quèrent cette  île,  avaient  autrefois  franchi  ce  canal,  on  verrait 
aussi  sur  leurs  cartes  Tilc  du  Prince-Edward,  qu'ils  ne  pou- 
vaient manquer  d'apercevoir  en  déljouchant  dans  le  golfe  Saint- 
Laurent  par  cette  voie.  Le  canal  qui  sépare  l'île  de  la  terre  ferme 
ne  se  prolongerait  pas  du  nord  au  sud,  comme  sur  les  cartes  de 
Viegas,  de  Desceliers  et  de  Guticrrez.  Lnfin,  ce  détroit  ne  se 
trouverait  pas  non  plus  dans  l'Atlantique,  parallèlement  au  con- 
tinent même,  ainsi  qu'on  le  remarque  sur  la  carte  harkyenne. 
Situé  de  l'est  ;\  l'ouest,  il  partirait  de  l'Océan  pour  déboucher 
dans  le  golfe,  comme  l'auraient  divulgué  des  observations  aussi 
élémentaires  qu'inévitables.  D'ailleurs,  dans  l'Harleyenne,  on 
voit  tout  à  la  fois  cette  grande  île  océanienne  de  Saint  Jehan,  et 
ma  canal  séparant  l'île  du  Cap-Breton  de  la  péninsule.  On  n'a 
aussi  qu'il  examiner  l'île  imaginaire  que  nous  discutons,  sa  forme, 
ses  dimensions,  sa  position,  et  en  suivre  la  fiUation  depuis  les 
premières  cartes  lusitaniennes,  pour  s'assurer  que  les  anciens 
cosmographes  n'ont  pas  eu  en  vue  la  Nouvelle-Ecosse,  mais  une 
île  supposée,  transmise  par  des  modèles  d'abord  servilement 
copiés,  puis  modifiés  à  la  suite  de  renseignements  incomplets  ou 
erronés  fournis  par  des  pilotes  portugais.  Il  suffit  de  rappeler  les 
îles  fantastiques  des  Scpt-Cités,  de  Saint-Brandan,  de  Juan  Este- 
vanez,  qui  continuent  à  figurer  sur  les  meilleures  cartes  jusqu'à  la 
fin  du  XVI''  siècle,  pour  se  rendre  compte  de  la  persistance  des 
erreurs  de  ce  genre  en  cartographie. 

On  ne  peut  donc  prendre  cette  partie  de  la  carte  comme  base 
d'une  classification,  surtout,  lorsque,  en  outre,  le  critique  s'aper- 
çoit que  la  fameuse  île  océanienne  ne  se  trouve  pas  sur  la  carte 
de  Rotz,  datée  de  1542,  tandis  qu'elle  reparaît,  dans  sa  forme  et 


jn.w  ET  si-:iv\sTin\  carot 


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SCS  dimensions  lusitaniennes,  sur  la  mappemonde  dressée  par 
Pierre  Desccliers  en  1546. 

Nous  pensons  avoir  trouve  un  t^uide  relativement  plus  sûr 
dans  les  configurations  attribuées  à  l'île  de  Terre-Neuve.  Il  suffit, 
à  notre  avis,  de  partir  du  principe  que  la  proximité  des  grands 
bancs  de  morues  (seul  attrait  alors  des  expéditions  septentrio- 
nales), a  porté  les  pécheurs  à  explorer  le  littoral  de  la  grande 
ile,  de  préférence  aux  côtes  de  la  Nouvelle-Ecosse,  où  le  poisson 
est  beaucoup  plus  rare.  Il  s'ensuit  qu'à  la  suite  d'échanges  d'ob- 
servations et  d'épurés,  selon  l'usage,  les  pilotes  ont  graduelle- 
ment éliminé  les  parties  de  cet  archipel  imaginaire  dont  l'exis- 
tence n'était  pas  confirmée  par  l'expérience,  et  à  reconnaître, 
mais  tard,  l'insularité  absolue  de  l'île.  En  un  mot,  selon  nous, 
plus  Terre-Neuve  est  morcelée,  plus  sa  délinéation  est  ancienne. 

C'est  pour  cette  raison  que  nous  plaçons  la  mappemonde  har- 
leyennc  avant  les  autres  cartes  d'origine  dieppoise. 


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20 

MAPPEMONDE    IIARLEYENNH. 


C'est  une  mappemonde  anonyme  de  2"', 85  x  i"',20,  z^-..,  j-,^ 
sur  parchemin,  richement  enluminée,  «  construite  sur 
le  plan  de  la  carte  du  globe  de  Mercator  (?)  entièrement 
écrite  en  français.  Les  noms  de  Gracal  et  Fonnosc  semblent  être 
portugais,  et  on  peut  croire  que  la  carte  a  été  traduite  de  cette 
langue'  ». 

I.  Malto-Brun,  Hisloiir  i/i'  la  Givi;n!phic;  Paris,  1831,  in-S,  t.  I,  p.  630. 
iM.  J.  Carson  Brcvoort  possiLile  une  mappemonde  dressée  par  Mercator, 
signée  de  son  nom,  gravée  et  datée  de  i )}S,  qu'il  eut  la  bonne  fortune  de 
découvrir  dans  un  l'iolciiu'c  ayant  appartenu  à  ce  grand  géographe  ;  mais 
nous  ne  pensons  pas  qu'elle  expose  déjà  la  projection  qui  porte  son  nom  ; 
laquelle  se  voit  pour  la  première  fois  sur  la  mappemonde  publiée  à  Duys- 
bourg  en  1^69.  Les  cartes  qu'il  émit  avant  cette  époque  ne  devaient  pas 
diriérer  des  cartes  plates  alors  répandues  partout. 


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19S 


JHAN  ET  SI-BASTinN  CABOT 


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Elle  porte  les  armes  de  Trance  surmontées  trune  ccuronnc 
ouverte,  et  les  armes  du  Dauphin.  l,e  rédacteur  '  du  c.:Mloj^ue 
du  Bristlsh  Muséum,  où  cette  carte  est  conservée-,  en  infère 
qu'elle  est  antérieure  ;i  l'année  1536.  Nous  n'oserions  l'aftirmcr. 

La  couronne  fermée  (ut  adoptée  délinitivement,  non  en  1536, 
mais   lorsque  Henri  II  succéda  à  son  père,  en  mars   1547  ". 

L'insertion  de  l'écusson  de  l'héritier  de  la  couronne  de  France 
sur  une  carte  nautique  n'en  détermine  pas  non  plus  la  date, 
surtout  si  l'on  veut  y  voir  un  emblème  se  rapportant  au  titre 
d'amiral  qu'aurait  possédé  Henri  II  en  1541  après  la  disgrâce  de 
Philippe  de  Chabot,  et  qu'il  aurait  porté  jusqu'à  son  avènement 
au  trône  *.  Nous  devons  rappeler  à  cet  égard  que  l'amiral  de 
Brion  fut  rétabli  le  12  mars  1542  '  dans  tous  ses  emplois,  et  que, 
d'ailleurs,  ce  ne  fut  pas  le  daupliin  qui  obtint  la  survivance  de 
Chabot  dans  l'amirauté,  mais  le  maréchal  d'Annebaut. 

Nous  hésitons  aussi  à  trouver  dans  cet  écusson  une  preuve 
que  la  carte  fut  fiiite  pour  François  V  ou  pour  son  fils  et  pos- 
sédée par  ce  dernier.  Le  planisphère,  dit  de  Henri  II,  reproduit 
par  Jomard,  et  que  nous  décrivons,  porte  les  mêmes  armes;  on 
les  voyait  aussi  sur  l'atlas  maritime  de  la  vente  La  Vallière  ",  et 
sur  d'autres  documents  cartographiques  de  la  prtniière  moitié  du 
xvi*^  siècle  que  rien  ne  prouve  avoir  fait  partie  d'une  bibliothèque 
royale.  L'écusson  de  l'héritier  de  la  couronne  s'explique  par  le 
simple  fait  que  Henri  de  Valois  était  alors  duc  de  Bretagne. 

1.  Catalogue  ofibr  maniiscripl  iiuips,  ckiiis...  in  Ihc  British  Muséum,  London, 
1844,  iii-8,  p.  23,  .-itlJ.  À'JS.  ),.iis. 

2.  Add.MSS.  5,4i3- 

3.  Grandmaisoii,  Dictionnaire  hàaldiquc.  Paris,  1861,  in-8,  col.  193. 

4.  Murphy,  Tlic  Voyages  of  Venanano,  p.  42. 

5.  «  Son  innocence  .\vant  été  reconnue  par  arrêt  du  29  mars  1541,  le  Roi 
le  rétablit  dans  tousses  honneurs  et  dignité/,  par  lettres-patentes  du  12  mars 
1542.  »  Anselme,  Ilisloin'  gâu'iilcgicjiie  de  ht  maison  royale  ile  France,  édit.  de 
1726-1733,  in-fol,  t.  VII,  p.  882.  Chabot  mourut  le  i"  juin  1543,  et  ^'•^  ^^^ 
Claude  d'Annebaut  qui  lui  succéda.  Ihidcin. 

6.  Catalogue  dressé  par  De  Bure,  N"  4.499. 


JHAN  ET  SÉBASTinN  CAROT 


'99 


Dans  cette  belle  carte,  la  plus  rapprochée,  ce  semble',  des  dé- 
couvertes accomplies  par  Jacques  Cartier,  la  partie  supérieure  du 
continent  américain  se  termine  ici  par  une  péninsule  très  aiguë, 
ponctuée  de  nombreux  récifs,  aboutissant  ;\  une  île  nommée 
«  Isk  dorhclamic  ».  Ladite  péninsule  porte  le  nom  de  «  Terre 
ilv  iMhovrcvr.  »  Terre-Neuve  est  morcelée  en  neuf  gros  frac- 
ments,  sans  compter  une  demi-douzaine  d'ilôts.  Le  détroit  de 
Belle-Isle  est  dénommé  «  Baye  des  Chaslieulx.  »  Le  golfe  et  le 
fleuve  Saint-Laurent,  la  péninsule  Gaspésienne,  la  baie  des  Cha- 
leurs, présentent  des  contours  très  exacts  pour  l'époque. 

Parallèlement  ;i  la  Nouvelle-Ecosse,  dans  l'Atlantique,  se 
trouve  la  grande  île  nommée  «  Y"  de  Saint-Jêb  :  »  laquelle  ne 
peut  être  confondue  avec  l'île  du  Cap-Breton,  car  cette  dernière 
est  séparée  du  continent  par  un  canal  spécial,  courant  du  nord  au 
sud.  Le  golfe  et  le  fleuve  ne  sont  pas  nommés,  et,  sur  notre 
calque,  nous  ne  voyons  pas  non  plus  le  Saguenay,  ce  qui  indi- 
querait des  données  cartographiques  antérieures  au  mois  d'oc- 
tobre 1542.  Cartier  a  connu,  et,  d'après  les  Indiens,  nommé  cette 
rivière,  dès  le  12  août  1535  *,  mais  il  ne  l'explora  qu'au  cours  de 
son  troisième  voyage. 

La  délinéation  du  littoral  et  la  nomenclature  diffèrent  con- 
sidérablement des  cartes  de  Weimar,  surtout  dans  la  région  du 
Penobscot.  On  n'y  voit  pas,  comme  sur  toutes  les  cartes  lusitano- 
sévillanes,  ce  large  estuaire  triangulaire  semé  d'écueils,  et  placé 
entre  le  cap  d'Muchas  Yslas  et  les  Arecifes,  mais  une  rivière  plus 
étroite,  se  divisant  en  deux  branches,  dans  la  forme  d'une  double 
potence,   et  dénommée  :  «  7^.  grande.  »  C'est  le  fleuve  que 

1.  Dans  un  MS.  anonyme  du  Bristish  Muséum  (Slonnc  MSS.,  117), 
intitulé  :  «  De  pn'iicipiis  astrouomiiV  i>,  on  trouve  une  mappemonde  de 
petites  dimensions,  où  la  péninsule  floridienne  se  continue  au  nord,  sans 
solution  de  continuité,  jusqu'au  <(  C.  Rasii  »,  en  face  duquel  se  trouve  un 
îlot  dénommé  «  viridis  iiisiila  ».  Sur  le  littoral  de  l'Atlantique  on  lit  :  «  tmi 
francisai  mip.  histr.  n  Nous  ne  saurions  dire  si  cette  légende  se  rapporte  aux 
découvertes  de  Verrazzano  ou  ;\  celles  de  Cartier. 

2.  Brkj  rhil,  éd.  de  Tross,  f.  8,  verso. 


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Altbncc  appellera  bientôt  <>  la  riiilèrc  de  Norcmbcrguc  qui  est 
noiiuellement  découucrte  par  les  Portugalois  et  l'spaj;no1s.  » 

Les  noms  qu'on  relève  sur  cette  partie  de  la  côte  apparaissent 
ici  pour  la  première  fois.  En  longeant  le  littoral,  depuis  la  partie 
supérieure  de  la  Nouvelle-l'cosse  jusqu'à  l'embouchure  de  l'Hud- 
son,  là  où  dans  Hibeiro  on  lit  :  «  tria  do  brolô.,  R:  <k  la  l'iiclhi, 
surçnks,  %: (kviôtinuis,golfo,  mcdanos,  aircij'cs,C :  d'mucbiisyllas, 
vijlivias,  airicpit'hti^odc  cstcii'i  Gd/z/c.^,  S  :  JiiÛ  'Ihtplislii,  R:  de  hiiciia 
iinidir,  molana  v'dc,  h:  de  S.  atonjo,  »  la  carte  Harleyenne  porte, 
dans  le  même  ordre  :  "  R.  de  S.  Jch.,  cosic  de  Riiiiiy,  aipu  de  bara- 
nasic  (?)  h.  ou  S.peq.  (baya  peqiiena  ?),  enlrccdit  deslroit  (c'est-à- 
dire  le  passage  entre  la  fameuse  ile  «  de  Sainl-Jektii  »  et  la  terre 
ferme)  r.  ni!;rits{?)  R.  de  ilbeo,  p.  iii^iutdit,  pitnoiio,  R,  de  palcia, 
R.  ^nwde,  R.  de  biiella,  R.  depdleia  (l'is),  cosUi  de  brada,  R.  de 
Folla,  Aiicoii  (hdas  yllas,  C.  daiigra,  R.  de  môles,  R.  decasrond, 
Sarras  (?),  acimcconda  (?),  fi  dai^us  (ces  quatre  derniers  mots 
forment  peut-être  une  phrase),  lx>s  Rios,  de  fiina  (?),  R.  de  o^o 
{oio  ?),  Costa  da  ta  Goii/licaieres  (?),  Gouffre  de  la  -f  » 

Ce.s  noms  donnés  ici  tels  que  nous  les  lisons,  sans  prétendre  les 
expliquer,  démontrent  que  la  carte  Harleyenne  n'a  pas  emprunté 
ses  configurations,  ses  noms  et  ses  légendes  à  l'hydrographie 
lusitano-sévillane,  mais  bien  à  une  carte  portugaise,  modifiée  et 
complétée  dans  ses  parties  les  plus  septentrionales  sur  les  épures 
rapportées  par  Jacques  Cartier  en  1536.  Si  le  cartograpl>e  lusi- 
tano-dicppois,  à  qui  nous  devons  cette  belle  mappemonde,  avait 
connu  les  cartes  lusitano-espagnoles,  il  aurait  peut-être  omis, 
comme  ici,  de  mentionner  Estcvam  Gomcz,  mais  le  vaste  estuaire 
du  Penobscot,  en  sa  forme  bizarre,  parsemé  de  récifs,  tel  qu'il 
est  tracé  sur  les  cartes  de  Garcia  deToreno,deRibeiro,d'Agnese, 
et  de  tous  les  cartographes  qui  ne  se  sont  inspirés  que  des  œuvres 
lusitano-espagnoles,  n'eut  pas  échappé  à  son  pinceau. 


JEAN  liT  Sl-BASTIUN  c:AliOT 


201 


21 


llYnROGUAPlIIE    DI-    Jl-AN    UOTZ. 


AU-DESSOUS  d'un  cciisson  aux  armes  de  Henry  \'III  on  lit 
la  déclaration  suivante,  qui  sert  de  titre  :  "  This  hokc 
of  Idroi^niphx  is  iinuîc  by  me  Johnc  Rot:^,  sarvant  to  ll.v 
Kiiii^rs  iiiooslc  excellent  Majesté.  God  savebis  Miijestc.  » 
A  h  fin  : 

«  Hcir  eiiilelh  this  hooke  of  Llivgntphy,  iinulc  by  me  Johiie 
/?()/^,  sarvaut  lo  tbe  Kiiii^es  iiioosle  excellent  Majesté  in  the  yer  oj 
our  Lml  Gode  J"\  V''.  xlij,  and  of  bis  refîne  the  xxxinj  yere.  » 

Le  deuxième  feuillet  contient  une  lonj^uc  dédicace  au  roi 
d'Angleterre,  écrite  en  français,  dont  voici  le  commencement  : 


1542. 


«  A  lii  trcscxellcnto  et  trcssacrco  (Majes  té  du  Roy) 

mon  souucraiii  signcur  et  niaistro. 
Nous  voyons  communcnient  (  trcs  puissant  et  très  noble  prince  )  les 
luinimcs  commencer  leurs  ocuurcsauec  certaine  intention  de  les  adrecer  vgne 
p.irt  Et  dieu  tout  puissant  par  son  ordonnance  les  adrecer  vgne  aultie  part  auec 
niilleure  fortune  po'  louurier  que  souuente  ffoys  son  propre  espoyr  ne  luy 
promect  quy  est  por  conformer  le  commun  proucrbe  quy  dict  que  (Ihomme 
propose  et  dieu  dispose)  ce  que  moy  mesme  (Sire)  ay  présentement  tresbien 
esprouue  Parce  que  ja  long  temps  a  ayant  le  désir  et  affection  de  faire  quelque 
teuurc  plaisante  et  agréable  au  Roy  de  I"rance  quy  adonc  estoyt  mon  souue- 
rain  et  naturel  signeur  Et  apprcz  auoyr  considre  le  monde  cstre  assez  Remply 
de  cartes  marines  selon  la  manière  vulgaire  je  maduisay  po''  le  mieux  de  luy 
faire  et  drccer  ung  liurc  contenant  touite  lidrographie  ou  science  marine 
Pource  quil  nen  auoyt  par  auanture  encore  veu  de  semblable  Et  aussy  pour 
ce  q')il  scroyt  plus  utilleet  prouffitable  et  de  plus  grand  esprit  et  plus  ayse  ei 
flicile  a  manyer  et  regarder  que  ne  seroyt  vgne  longue  carte  marine  de 
quatre  ou  cinq  verges  de  long  Parquoy  (sire"»  apprez  auoyr  rais  accord  entre 


À} 


2()2 


IRAN  ET  SÉHASTinN  CAROT 


I  I 


-,  1 


;>  i  .     li' 


loppiiiion  et  le  diiit  Je  commcncay  lœuvrc  aucc  Icntcntioii  ilcuant  propostv 
mays  comme  ja  cllccsioitou  pcuscii  f.iilloyt  (accomplie^  notre  si^-ncur  quy  Je 
touttcs  choses  veult  disposer  selon  son  plaisir  la  voullu  adrecer  vj^nc  aultre 
part  aiiec  niilieurc  fortune  que  moy  niesnie  nesperoys  coiuine  jcstime  veu  que 
telle  en  a  este  lordonnance  divine  Laquelle  nous  con^;noissons  pour  certain 
ne  Rien  faire  ou  disposer  que  po^  la  niilleure  lin  Drdoncq/ tresclier(sire)puys 
que  dieu  et  fortune  mont  tant  faict  de  grâce  et  faneur  que  daconduire  et 
gouuerner  la  navire  de  ma  simple  et  petite  personne  errant  etnauigant  parles 
wndes  et  flot/,  de  ceste  mer  mondayne  Jusq/  a  puenir  et  arriuer  po'  dernii'r 
Rcfuj^e  poser  lancre  au  très  noble  et  tresexellent  port  de  vtre  tant  ^ratieux  cl 
désire  seruicel'our  lllec  ancrer  en  repos  et  sauluete  aucc  mon  petit  esquipage 
et  matlielotage  de  femme  et  enfaiitz)  il  vous  plaira  daussy  bon  cceur  receuoyr 
Uvuvre  par  diuin  vouUoyr  preorJonnee  destre  présentée  vtre  serenissini 
personne.. .  » 

Ce  que  nous  devons  retenir  de  cette  épître,  c'est  la  phrase  où 
l'auteur  reconnaît  qu'il  avait  composé  cet  ouvrage  parce  que  de- 
puis longtemps  il  était  animé  du  désir  «  de  Hùre  quelque  œuvre 
plaisante  et  agréable  au  Roy  de  France  quy  adonc  estoyt  son 
souuerain  et  naturel  seigneur.  » 

Jean  Rotz  était  donc  français  de  nationalité,  et  c'est  en  langue 
française  qu'il  rédigea  d'abord  son  Hydrographie.  C'est  tout 
ce  que  nous  savons  de  ce  cosmographe,  dont  le  nom  est  essen- 
tiellement flamand.  Comme  la  vassalité  des  Flandres  par  rapport 
i\  la  France  fut  .abolie  en  1526,  ce  n'est  pas  au  nord  de  la  Picardie 
qu'il  faut  chercher  le  lieu  de  résidence  de  Rotz,  à  moins  qu'on 
ne  veuille  faire  remonter  la  construction  de  son  atlas  à  une  date 
antc'rjeurc  au  traité  de  Madrid,  ce  que  les  renseignements  géo- 
graphiques qu'il  nous  donne  ne  permettent  pas  d'admettre.  C'est 
donc  enFrancc  même  que  vivait  ce  cosmographe  lorsqu'il  émigra 
en  Angleterre,  et  il  n'y  ap.aslieu,  conséquemment,  de  s'enquérir 
s'il  fut  un  des  Flamands  qui  passèrent  dans  ce  pays  avec  Anne 
de  Clèves  en  1540  '. 

Quant  aux  cartes  qui  nous  intéressent,  elles  sont  au  nombre 


I.  Malte-Brun,  Ilisl,  ilr  lu  Civ^riipbie,  t.  I,  p.  63  t. 


JHAM  FT  SF.nASTlF.N'  CAIîOT 


ÎOÎ 


de  trois.  GrAcc  à  rolilii;caiicc  de  miss  L.  Toulminc  Sinitli, 
qui  ;i  bien  voulu  en  prendre  un  calque  sur  l'original  conservé 
au  British  Muséum',  nous  pouvons  décrire  la  partie  qui 
concerne  les  régions    septentrionales  du    nouveau  continent. 

I, a  moins  importante  de  ces  cartes  (au  feuillet  29),  est  une 
section  du  ^lobe  terrestre  où  la  Nouvelle-F-cosse,du  45"  degré  de 
latitude  jusqu'au  53''  degré  nord,  est  dénommée,  «  thc  ncw  fonde 
Ilhuhh'.  »  Terre-Neuve  est  fractionnée  en  cinq  îles. 

I.a  seconde  carte  (au  feuillet  22),  donne  une  délinéation  très 
étendue  du  littoral  du  Groenland,  ici  appelé  «  cosi  of  Lthnitlor,  » 
un  simple  proill  des  deux  estuaires  du  golfe  Saint-Laurent,  et 
sept  fragments  de  l'ile  de  Terre-Neuve,  émergeant  du  cadre. 
Tous  les  noms  sont  portugais,  et  dans  l'ordre  des  anciennes 
cartes  lusitanieimes.  Le  détroit  de  Belle-Isle,  très  apparent,  n'est 
pas  nommé.  La  configuration  générale  de  cette  partie  est  iden- 
tique à  l'IIarleycnne. 

La  troisième  carte  (au  feuillet  24)  est  plus  importante  que 
les  précédentes.  L'entrée  méridionale  du  golfe,  le  détroit  de 
Belle-Isle,  celui  de  Canso,  la  baie  des  Chaleurs,  sont  nettement 
tracés.  Terre-Neuve  est  en  dix  fragments,  séparés  par  un  im- 
mense bras  de  mer  de  l'est  ;\  l'ouest.  L'ile  d'Anticosti  est  oniise, 
et  la  nomenclature  est  presque  entièrement  portugaise.  Quel- 
ques noms  rappellent  le  prototj-pe  lusitano-français  :  «  Qip  de 
Kits,  llle  de  Joitii  cv/t'-,  c.  'Bretons,  ille  verte.  »  Rotz  a  super- 
posé deux  ou  trois  légendes  anglaises.  Ainsi,  sur  l'Atlantique, 
parallèlement  ;\  Terre  Neuve  et  à  la  Nouvelle-Ecosse,  oii  lit  : 
«  The  neio  fonde  loiide  lubar  ineii  goetb  afisebah:;.  » 

Si  on  ne  voit  pas  l'ile  d'Anticosti  sur  la  carte  de  Rotz,  il  faut 


j 


? 


I.  MSS.  Royal  20.  E  ix.  Nous  renvoyons  le  lecteur  \  I.1  description  qui 
est  donnée  dans  le  Calatoi^iw  of  llh'  viiuiiiscript  clmrts  viaps...  in  llit' Brilish 
Muséum;  London,  1811,  in-8,  t.  I,  p.  22.  C'est  également  ;\  miss  Smith, 
habile  paléographe,  que  nous  devons  nos  autres  calques  de  cartes  de  cette 
admirable  collection. 


204 


JHAN  ET  SÉBASTIFN  CAROT 


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J 

"il. 


Si!  î  n 


attribuer  cotte  omission  i  un  simple  lapsus;  mais  la  raison  pour 
laquelle  la  fameuse  île  de  St-Jean,  dans  l'Atlantique,  n'y  ligure 
pas  non  plus,  c'est  que  l'hydrographe  franco-anglais  s'est  servi, 
pour  toute  la  partie  du  littoral  au  sud  du  cap  Breton,  d'une  carte 
lusitanienne  plus  moderne  que  le  modèle  de  l'flarleyenne, 
comme  on  peut  s'en  assurer  par  sa  dclinéation  de  l'embouchure 
du  Penobscot.  Pour  la  partie  septentrionale,  c'est  une  carte  lusi- 
tano-dieppoise  dont  il  a  fait  usage,  apparemment  le  prototype  de 
rHarle}'enne.  Quant  i\  la  côte  méridionale  ;\  partir  du  cap  Bre- 
ton, on  relève  les  noms  suivants,  lesquels  ne  nous  paraissent  pas 
plus  intelligibles  que  ceux  donnés  dans  notre  description  de  la 
carte  dite  de  Harley  :  <(  Ciiho  de  Rio,  a  porlacnm  (?),  C.  do  Ivrlii, 
C.  dobarc'  (?),  ocst  ::;aiiio  Rio  da  ivllti ,  atpoda  Rocbn,Riodoliil'y(?), 
Rio  dus  aliinulins,  costa  diigii  !o  (?),  Goiilfrc  da:^-y  (de  la  cnizl), 
Rio  de  Snu::^  (S.  Juan?)  ail'O  da  (?),  armpelagi,  (airiepelai^o?),  her- 
iiioses,  B.  de  S.  Jehâ  haptesli,  C.  de  'Boiia  madré.  » 

Qiiant  au  texte  qui  accompagne  les  cartes,  il  ne  contient 
aucune  description  géographique.  Ce  sont  surtout  des  calculs. 
Si  Rotz  a  évité  soigneusement  de  reconnaître  les  explorations 
de  Jacques  Cartier,  par  des  noms  français,  tels  que  Belle-Isle 
et  la  baie  des  Châteaux,  qu'il  a  certainement  connus,  le  lecteur 
remarquera  que  Rotz  omet  aussi  de  mentionner  les  découvertes 
des  Anglais.  Le  fait  est,  qu'au  milieu  du  xvi'^  siècle,  les  voyages 
des  Cabot  étaient  oubliés.  11  fallut  le  retour  de  Sébastien  dans 
l'année  1547,  pour  en  raviver  le  souvenir. 


Illj 


fEAN  LT  SHBASTJLN  CABOT 


20\ 


22 


l'I'UKES  m;  JUAN  ALl-ONCI-.. 


A  l'époque  des  voyages  de  Jacques  Cartier,  h  France  ne  i  j  i  (-13  13, 
manquait  pas  de  cosniographes ',  et,  cependant,  les  -.  
épures  placées  en  tète  des  chapitres  de  la  y.''siin\i;niphic 
manuscrite  de  Jehan  Alt'once  "  sont,  après  la  mappemonde 
d'Oronce  l'ine  et  l'Atlas  de  Rotz,  les  premières  délinéations 
géographiques  d'origine  française  mentionnant  le  Nouveau- 
Monde,  que  nous  ayons  rencontrées  '. 

1.  Hibliotliùjuc  nationale  ilc  Paris,  MSS.,  l'oiuis  iVançais,  n""  1,388.  2,132 
(Germain  Sorin,  pilote  ,  7.12  et  1,718  (Jehan  de  Conllans\  ^4,269,  24,909, 
2,791,  27,371;  les  œuvres  j^éograpliiiiiies  de  Jehan  de  Clamorp;an  et  de 
l'ierre  Desceliers,  ce  dernier  dans  la  l'orée  de  l'âge  en  1537,  '■'''^•>  ^^'^■ 

2.  MS.  de  la  Bibliothèque  nationale  de  l'aris,  fonds  français,  N»  676  (c\. 
B.ilii/.e,  7,12)  a  .  C'est  un  in-tolio  de  191  feuillets,  chilïrés  au  verso,  auquel 
il  iiiaiique  les  deux  premiers;  mais  le  dernier  permet  de  reconstituer  le  titre, 
qui  aurait  été  :  CosiiiOi;nipl.'ii'  iiiicc  fsjviy  et  ioj;imc  du  Soleil  et  du  Xord  en 
iioslir  luiii^iw  jiaiiçoyse  iviiijwiv  jwr  jehin  .lllifi'ii.uY  et  Puiilliii  Seiiiliiit  cvsino- 
i^nij'lie  de  Uoiniejleiir.  Ce  manuscrit  est  sur  papier,  d'une  écriture  régulière 
du  milieu  du  xvi''  siècle.  Malgré  la  phrase  :  «  pour  faire  servisce  a  Vostre 
.Maiyest.iy  reaille,  »  et  des  lettres  initiales  très  ornées,  nous  hésitons  ;\  y 
voir  l'original  de  dédicace,  car  il  est  d'une  calligraphie  trop  inférieure  pour 
avoir  été  otïert  à  un  roi  amateur  d'art,  comme  l'était  François  I^r. 

3.  Le  millésime  de  1333  que  donne  Santarem  ;\  sa  reproduction  do  la  carte 
de  «  Jacques  de  Vaulx,  pilote  pour  le  roi  »  (Atlas,  part.  IV,  planche  64), 
porterait  A  supposer  que  cet  excellent  cosmographe  construisit  des  cartes 
déj.'i  à  cette  époque.  Mais  c'est  une  erreur.  Les  «  jueiiiieirs  oivin  de  jticqves 
de  l'avlx jnlote [>oiir  le  loy  en  la  iiiaiiiie,  n  dont  la  Bibliothèque  nationale  de 
l'aris  possède  deux  superbes  exemplaires  autographes  (fonds  français  1 30  et 


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Zub 


'■ï:  ■  ■^r 


JEAN  lïT  SElîASTIEX  CABOT 


Jehan  Alfoncc  ou  Allofonscc  «  natif  du  pays  de  Xaincton^^j 
près  la  ville  de  Cognac,  »  était  «  capitaine  et  Pilote  du  Ro\' 
Francoys  Premier  '  »  et,  à  ses  heures,  quelque  peu  pirate  : 
«  Depuis  cet  aage  les  barbares  et  chrestiens  ont  souffert  beau- 
coup de  maux  de  l'incursion  des  Coursaires  qui  ont  souventcs 
fois  mouillé  l'ancre,  bruslé  et  saccagé  les  habitants  de  l'isle  |de 
Porto  Rico].  Jean  Alfoncc.  Sainctongeois  de  nation,  s'il  estoit 
en  vie,  il  scauroit  bien  qu'en  dire,  suivant  le  récit  quil  m'en  a 
faict  jadis,  estant  détenu  prisonnier  par  exprès  commandement 
du  roy  dans  les  prisons  de  la  ville  de  Poitiers  ■.  » 

C'était  alors  un  vieillard  : 


l'ortiiiiG  lors,  qui  ses  faits  valeureux 
Avoit  conduit  au  temps  de  sa  jeunesse 
L'abandonna,  et  en  lieu  malheureux 
Le  rend  captif  en  sa  foible  vieillesse   '. 


; 


9,175),  et  où  Santarcm  a  certainement  puisé  son  modèle,  sont  datées,  dans  la 
dédicace  au  duc  de  Joyeuse,  «  en  la  ville  françoise  do  grâce  (Le  Havre)  l'an 
M  D  LXXXIII,  »  et((  M  D  LXXXIIIL  »  Les  plus  anciennes  cartes  de  lui  qu'on 
connaisse  sont,  si  nous  ne  sommes  pas  trompés  par  riiomonymie.  Le  vnii 
PoiiiclraictdcGcmurc  (Riode  Janeiro)  et  celui  du  G//)  de  Frie  (Frioi  »  faicis  en 
Dieppe  lan  1579,  *'  *-''  signées  :  «  Jqez  de  Vau  de  Claye.  »  Lesquelles  cartes 
furent  découvertes  ou  exhumées  par  M.  Ferdinand  Denis,  il  y  a  une  ving- 
taine d'années.  Elles  sont  aujourd'hui  exposées  dans  Li  galerie  de  géogra- 
phie de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris. 

1.  Les  Vo\i.iges  auanlumix,  1559,  1'.  68  verso.  Thevet,  qai  le  connaissait 
personnellement,  et  Hakluyt,  le  disent  également  de  Saintonge.  C'est  ù  tort 
que  les  Portugais  veulent  en  faire  un  de  leurs  compatriotes.  Les  textes  mêmes 
qu'ils  invoquent  vont  à  l'encontrede  cette  assertion  :  «  Jatiinis  Ajfoiisi  Fninci\, 
qui  irat  t:\peiiiis  in  viii},nis  ud  BrasiVuiiuis  iiisiilus...  »  D'A\xza.c,Biilldin  de  hi 
Soc.  de  Givgriipbie ;  août  et  sept.  1857,  p.  322. 

2.  Le  grand  Insiihire  et  l'iloldge  d'André  Thenel,  Angonnioisin,  cosniographe 
du  Roy.  MS.  Bibliothèque  nationale,  fonds  français,  n"  15.452,  t.  L  II  dit 
Aussi  :  «  Comme  ie  luydis,  luy  estant  détenu  prisonnier  à  Poictiers,  pour  la 
prinse  de  quelques  navires  d'Espaigne.  »  Cosmographie,  Paris,  1873,  in-fol., 
t.  IF,f.  102 1. 

3.  Vers  de  Marncf,  dans  les  Voyages  auanlurcuxt 


JI-AN  HT  SÉBASTIEN  CABOT 


207 


Mais  si  le  picit  que  donne  Barcia  '  est  vcridique,  Alfonce, 
incorrigible,  à  peine  sorti  de  prison,  aurait  recommencé  à  écu- 
nier  les  mers. 

Cet  écrivain  relate  les  hauts  faits  d'un  Juan  Alphonso,  cor- 
saire français,  galicien  ou  portugais  (il  ne  sait  au  juste  lequel), 
qui,  ayant  capturé  dans  les  parages  du  cap  Saint-Vincent  des 
navires  basques  chargés  de  ferraille,  aurait  été  poursuivi,  sur 
l'ordre  de  l'empereur  Maximilien,  par  Pedro  de  Menendez, 
attaqué  sur  les  côtes  de  Bretagne  et  blessé  à  mort.  Les  assertions 
de  Barcia  sont  conlîrmées  par  ces  autres  vers  de  Marnef  : 

La  mort  aussi  n'a  point  craint  son  cirioy, 

Ses  gros  canons,  ses  darts,  son  feu,  sa  fouklrc. 

Mais  l'assaillant  l'a  mis  en  tel  desroy 

Quo  rien  de  luy  ne  reste  plus  que  poudre. 

Ce  fut  lui  qui  conduisit  au  Canada  les  deux  navires  de 
RobervaP.  Parti  de  Honfleur  le  22  août  1541,  il  explora  le 
golfe  Saint-Laurent,  depuis  le  détroit  de  Belle-Isle  jusqu'au 
cap  Rouge,  et  il  paraît  être  resté  dans  ces  régions  deux  années. 
Alfonce  revint  en  France,  dit-on,  avant  Roberval.  Ce  dut  être, 
alors,  avec  d'Auxilhon  deSennetcrre  %  lieutenant  de  ce  dernier. 


1  m 
'm 


t.  Eiisayo  Civiiohgko  para  lu  historia  <^cncnil  de  la  Fhrida.  Madrid,  1723, 
in-l'ol.,  f.  58. 

2.  «  Chii'fc  Pilolc  lo  Monsieur  Robcivul;  n  tiirc  de  la  traduction  d'un  frafj- 
ment  du  routier  d' Alfonce  :  Course  jroin  B:lle-hle,  publié  par  Halduyt,  Prin- 
cipallNuvi\nilioiis,l.  IH,  p.  237. 

3 .  Hakluyt  a  eu  connaissance  des  lettres  de  grAce  que  nous  avons  publiées 
d'après  les  MSS.  originaux.  Il  dit  même  qu'elles  furent  octroyées  en  présence 
d'AKonse;  mais  h  compilateur  anglais  commet  la  singulière  méprise  de 
croire  que  l'objet  de  la  clémence  de  Roberval  était  Senneterre  lui-même  : 
«  There  is  pardon  to  be  scène  for  ll.v  liardoniiing  of  Monsieur  de  Senneterre > , . 
i;iven  in  Canada  in  lljc  breseiice  of  iJie  sayde  Jolm  Jlpijonse,  »  Principall  Xavi"a- 
lions,  t.  III,  p.  237. 


:!uiS 


JEAN  HT  SÉBASTlliN  CABOT 


peu  après  le  ii  septembre  1543,  date  de  la  procuration  donnée 
au  l'ort  de  Francoys-roy. 

Il  est  néanmoins  possible  que  la  connaissance  des  côtes  de 
l'Amérique  septentrionale,  dont  ce  pilote  habile  fait  montre 
dans  son  Routier,  provienne  de  voyages  antérieurs,  puisque,  selon 
Jean  de  Marnel  (et  non  selon  Mellin  de  Saint-Gelais,  comme 
nous  l'avons  dit'),  il  avait 

«  ...  Suivi  plus  de  vingt  et  viugl  ans 

Par  mille  et  mille  mers,  Tun  et  l'.iutre  Neptune.  « 

Les  cartes  d'Alfonce  qui  nous  intéressent  sont  au  nombre  de 
quatre,  et  elles  se  trouvent  en  bordure  ;\  la  partie  supérieure  des 
feuillets  178,  180,  184  et  186  de  son  Roulicr.  Cet  ouvrage, 
qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  les  Voyages  avaiilurciix  dudit 
Alfonce,  imprimés  en  1559,  1578,  1598,  1602  et  1605,  fut 
commencé  en  1544,  et  achevé  à  la  Rochelle  le  24  novembre 
1545,  non  par  Alfonce,  mais  par  Secalart,  cosmograplie  de 
Honfleur,  soit  en  conséquence  de  l'emprisonnement  i\  Poitiers  du 
pilote  saintongeois,  par  l'ordre  du  roi,  pour  pillage  commis  à 
Porto  Rico,  soit  à  cause  de  sa  mort. 


I,  Dans  nos  \'otcs  pour  st'iiir  à  Vhisloiredc  h  Koinrllc-Fniiia;  p.  6.  Les 
vers  signés  Se.  de  S.  M.  sont  de  Scevole  de  Sainctc  Mariiie.  La  pièce 
de  vers  (huit  qu.irtains  en  deux  pages)  est  de  Jan  de  Marnef.  Le  Scinirt 
(/'.-/ //i)/;((' est  signé  Koi^'.  Mciïs(?)U  n'y  a  donc  pas  un  seulVcrs  de  Saint-Gelais. 
Quant  à  la  date  du  privilège  que,  suivant  Brunet,  nous  avons  rapporté 
au  7  mars  1547,  nous  n'osons  plus  être  aussi  aflirmatif,  car  l'édition  dn  i5)9, 
que  nous  avons  fous  les  yeux,  ne  contient  aucun  extrait  du  privilège. 
L'extrait  qu'on  y  voit  n"est  afférent  qu'au  Bissdiii.  Nous  ne  pouvons  donc  en 
tirer  la  conclusion  que  Allbnce  mourut  avant  1547.  Le  récit  de  Barcia,  au 
contraire,  nous  permet  de  donner  une  date  approximative,  puisqu'il  y  est  dit 
que  Menendez  attaqua  le  corsaire  français  par  l'ordre  de  Maximilien,  neveu 
«t  gendre  de  Charles-Quint,  lequel,  en  l'absence  de  ce  dernier,  gouverna 
l'Espagne  de  1546  a  1551.  C'est  donc  entre  ces  deux  dates  qu'il  faut  placer 
la  mort  de  Jehan  Alfonce. 


\  m 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


2C9 


Les  cartes  d'Alfonce  ne  sont  que  de  succinctes  épures,  de 
o"',20  X  o'",7,  avec  des  noms  et  des  légendes  qu'on  ne  retrouve 
pas  tous  dans  les  cartes  postérieures.  Le  golfe  Saint-Laurent  est 
nommé  l'Eutrcc  des  Bretons,  la  Nouvelle-Ecosse,  la  Coitslc  du 
Lihoiiiriir,  le  cap  Ann,  le  cap  de  la  Fraïuiscaiw.  En  maintenant  le 
nom  du  cap  Breton,  Alfoncc  donne  aussi  à  entendre  qu'on 
l'appelait  antérieurement  le  G//)  Saiiicl  Jehan.  Notons,  enfin, 
que,  selon  lui,  le  Sagucnay,  qu'il  croyait  une  mer,  était  le  détroit 
tant  cherché  :  «  J'estime  que  ccste  mer  va  à  la  mer  Pacifique  ou 
bien  i  la  mer  du  Cattay.  » 

L'épure  placée  en  tète  du  feuillet  184  [ex  187)  doit  surtout 
être  examinée,  malgré  sa  brièveté  et  la  rareté  de  ses  légendes, 
car  elle  donne  la  conception  la  plus  ancienne  que  nous  ayons, 
d'un  témoin  ^c  visu\  dr  littoral,  depuis  \c  ca^i  t\c  Korovere^nc 
(cap  Sable)  jusqu'au  nord  de  Belle-Isle.  Ce  qui  nous  frappe,  c'est 
l'ile  du  Cap-Breton,  de  grandes  dimensions,  à  sa  vraie  place, 
et  distinctement  séparée  du  continent  par  un  canal  correspon- 
dant parfaitement  au  détroit  de  Canso,  comme  dans  Rotz. 


Nous  pourrions  terminer  ici  cette  liste  d'oeuvres  cartogra- 
phiques, car,  si  on  ne  peut  dire  où  et  quand  le  planisphère  de 
Sébastien  Cabot  a  été  gravé  et  publié,  le  millésime  de 
M.D.XLIIII  ne  laisse  aucun  doute  sur  l'époque  de  sa  construc- 
tion. Nous  avons  pensé,  cependant,  qu'il  serait  intéressant 
de  continuer  notre  travail,  afin  de  signaler  les  contours  et  les 
légendes  empruntés  \  des  cartes  antérieures,  et  qu'on  retrouve 
néanmoins  dans  des  planisphères  et  des  portulans  dressés  subsé- 
quemment.  Ces  descriptions,  comme  celles  qui  précèdent,  ne 
sont  que  des  chaînons  disjoints  dont  les  attaches  peuvent  se 
retrouver.  Les   chercheurs  qui  auront  la  bonne  fortune  de  les 


1.  Nous  n'avons  nucunc  preuve  que  Rotz  et  les  auteurs  des  cartes  dites  de 
Harley  et  de  IJcnri  II  aient  navigué  dans  ces  parages. 

14 


lili 


2iO 


JHAN  1-T  SLBASTllîN  CA1501 


découvrir,  pourront  alors  rétablir  rcnchaîiicmcnt  lo^^iquc  et 
nécessaire  de  tous  ces  documents,  qui  sont  la  base  même  de 
l'histoire  des  découvertes  transatlantiques. 


i-.i 


23 


MAITEMONDE    DlTii  DE    IIENKI    II. 


î 


1546. 


L'oKiciiNAi.  de  cette  belle  carte  appartenait  à  M.  Jomard. 
Mis  en  vente  avec  sa  bibliothèque,  le  4  avril  1864  ', 
sur  la  mise  h.  prix  de  2,000  francs,  on  le  retira  faute 
d'enchères.  Il  se  trouve  aujourd'hui  dans  la  collection  de  M.  le 
comte  de  Crawford  et  Balcarres. 

M.  D'Avezac  dit  "  ;  «  Un  examen  plus  attentif  a  fait  remarquer 
sur  l'emplacement  du  Canada,  une  miniature  caractéristique, 
d'après  laquelle  nulle  autre  date  ne  peut  être  admise  que  l'année 
1542,  sous  le  règne  de  François  V.  » 

Nous  pensons  qu'il  s'agit  de  la  scène  représentant,  sur  les 
bords  du  Saguenay,  un  peloton  de  soldats  commandés  par  un 
officier,  suivie  de  la  légende  :  «  Mous,  de  Rohcrnal.  »  Ces  mots 


1.  Ciildlogiic dci  Caiiis,  plans,  etc.,  île  M.  joiiutid.  l'aris,  1864,  iu-8,  16  pp. 
N"  121.  Une  quaiuilô  considilrablo  de  cartes  manuscrites,  jetées  en  tas  dans 
un  coin,  ne  trouvèrent  pas  d'acquéreurs,  et  elles  disparurent  avec  le  maga- 
sin de  Duprat.  Peut-être  que  la  carte  de  Desceliers  de  1350,  qui  devait  l'or- 
nier  les  n"".  XXIII  et  XXIV  des  Muniiiiiciils,  était  du  nombre! 

2.  Invciihiirc,  dans  le  BulUiin  de  rAcudéinic  des  Inscripl.  et  Belles-Lettres, 
pour  avril   iKéy. 


1.  Pi iiitipill  Xin'ii;iilii'iis.  l.ondoii,  1^99-1600,  t.  III,  p. 

2.  "  Sil  iiiylc  l'iviii  Rodvllc  ll.v  16  oj  .-Ipril  ij.p,  »  Jilciii,  p.  2.\: 

3.  A'c/i'i  .V»;-  ht  Xoiiirllt'-I'iiiiur.  N"  574,  p.  2.(5-25}. 

4.  Ihidciii. 


â 


ll'AN'  1;T  Sl^BASTIliN  CAlîtri' 


dti 


seraient  interprètes   comme  indiquant  le  lieu  de  séjour  de  ce 
gentilhomme  ;i  l'époque  où  h  carte  fut  dessinée. 

Il  importe  donc  de  iîxer  la  date  de  l'arrivée  de  Roberval  au 
Canada  et  celle  de  son  départ  de  ce  pays. 

Pour  le  troisième  voyai^e  de  Jacques  Cartier  et  l'expédition  de 
Roberval  —  qui  sont  connexes,  — on  ne  possède  que  trois  docu- 
ments, et  encore  ne  les  connaissons-nous  que  d'après  des  frag- 
ments publiés  en  anglais  par  llakluyt  ':  Ce  sont  i",  un  récit  attri- 
bué à  C.irtier,  qui  s'arrête  au  cours  de  l'exploration  du  fleuve 
Saint-Laurent,  vers  la  mi-seprenibre  15 41  ;  2",  un  récit  attribué 
à  Roberval,  continué  jusqu'à  la  fin  de  juillet  1543;  3",  une  des- 
cription hydrographique  faite  par  Jehan  Alfonce  d'une  explora- 
tion de  230  lieues  du  littoral  méridional  depuis  Belle-Isle. 

Selon  ces  documents,  Cartier,  parti  de  Saint-Malo  le  23  mai 
1540,  avec  cinq  navires,  serait  arrivé  à  Terre-Neuve  après  une  na- 
vigation de  trois  mois.  Le  2  septembre,  il  aurait  renvoyé  i\  Saint- 
Malo,  deux  navires  conduits  par  Marc  Jalobert,  son  beau-frère, 
et  Etienne  Noël  son  neveu. 

duant  .1  Roberval,  il  aurait  appareillé  de  la  Rochelle  le  16 
.avril  1542  -,et  commencé,  le  5  juin  1543,  son  exploration  du 
Saguenay. 

Ces  dates  sont  erronées.  Le  lecteur  nous  pardonnera  de  les 
rétablir  en  précisant  la  chronologie  des  actes  se  rapportant  à  l'ex- 
pédition de  Roberval  et  de  Cartier. 

Le  15  janvier  1540,  François  L',  étant  ;\  Fontahieblcau,  ac- 
corde des  lettres-patentes  à  Jehan  l'rançois  de  la  Roque,  sei- 
gneur de  Roberval,  Picard,  et  le  nomme  «  lieutenant  général 
chef  et  ducteur^  ». 

Le  6  février  suivant,  Roberval  prête  serment  entre  les  mains  du 
cardinal  de  Tournon  \ 


t 


1 


2i: 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 


Le  lendemain  7  ',  lic  nouvelles  lettres-patentes  amplitient  et 
confirment  celles  du  15  janvier.  Le  9  mars,  elles  sont  entérinées 
au  parlement  de  Rouen. 

Le  27  février  1540',  Roberval  nomme  pour  mandataire  en 
France,  son  lieutenant,  Paul  d'Auxilhon,  seigneur  de  Senne- 
terre,  en  la  sénéchaussée  de  Carcassonne. 

Le  9  mars  ''  suivant,  le  parlement  de  Rouen  autorise  Robcr- 
val  à  mettre  à  exécution  la  clause  des  lettres-patentes  lui  per- 
mettant de  prendre  dans  les  prisons  une  certaine  classe  de  con- 
damnés pour  être  embarqués  sur  les  navires. 

Lej7  octobre  1540*,  François  V'  nomme  Jacques  Cartier 
«  capitaine  général  et  niaistre  pillotte,  »  de  l'expédition. 

Le  28  octobre  \  Henri  de  Valois,  en  sa  qualité  de  duc  de 
Bretagne,  ordonne  que  les  prisonniers  choisis  dans  les  geôles  de 
son  ressort  seront  remis  à  Cartier. 

Le  3  novembre,  le  roi  octroie  de  nouvelles  lettres-patentes 
concernant  l'embarquement  de  condamnés  pour  crime  «  hors 
d'hérésie  et  lèse  majesté  divine  et  humaine  ",  »  jusqu'au  nom- 
bre de  cinquante . 

Le  12  décembre  1540,  le  roi  se  plaint  du  retard  que  soulTre 
l'envoi  de  l'expédition. 

Le  3  avril  1541,  de  nouveaux  actes  concernant  l'emploi  de 
condamnés  sont  passés  \  Bordeaux  '.. 

Le  7  mai  1541,  Cartier,  étant  à  Saint-Malo,  consent,  par  acte 


1.  Ibidem,  N"  376,  p.  259-264. 

2.  llndem,  N»  375,  p.  25.1-258. 

3.  Ibidem,  N»  378,  p.  268-271. 

4.  Alf.  Ramée,  docuniLMits  inédits,  dans  le  Voyat^c  de  Jacqves  Cuilier  en 
ij}4.  Paris,  Tross,  1865,  in-80,  p.  12-17. 

5.  Ibidem. 

6.  E.  Gossclin,  Nouvelles  i;lanes  historiques  normandes.  Rouen,  1873,  in-8, 
p.  4. 

7.  Actes  de  Me  Belleval,  notaire  à  Bordeaux.  Paillon.  Hist.  de  la  Colonie  ■ 
française  au  Canada,  Pans,  1866,  in-8,  t.  I,  p.  41. 


JEAN  nr  S^'IVASTinX  CABOT 


31} 


notarié,  Ji  ce  qu'une  somme  de  45,000  livres  reste  aux  mains 
lieRoberval  '. 

Cartier  part  avec  cinq  navires  (ou  trois  seulement  ?)  '  de 
Saint-Malo,  le  23  mai  1541,  dit  Hakluyt. 

Le  10  juillet  1541,  lo  chancelier  Poyet  mande  au  parlement 
de  Rouen  que  «  le  roy  trouuait  bien  cxtrangc  que  ledit  Robcrva 
n'cstoit  encore  parti'.  » 

Le  18  août,  Roberval  écrit  de  Honflcur  qu'il  partira  sous 
quatre  jours. 

Effectivement,  Roberval  appareille  enfin,  non  de  la  Rochelle 
le  16  avril  1542,  comme   ledit  Hakluyt  ',  mais  de  Honfleur, 


1.  M.  Alfred  Ranidc,  loc.  cil.  p.  2$. 

2.  Le  dispositif  du  jugement  de  15^^,  donne  à  entendre  que  si  les  lettres- 
patentes  portaient  que  l'expéditon  serait  composée  de  cinq  navires,  et  s'il  y 
eut  efî'ectivement  un  litige  s'appliquant  à  cinq  navires,  Cartier  n'en  em- 
ploya que  trois  pour  le  voyage  de  1541.  C'étaient  Vlisiiicrillon,  appar- 
tenant au  roi;  VLniiliu;  et  un  «  tier  navire,  »  non  nommé.  Les  deux 
autres  navires  furent  employés,  ce  semble,  avec  le  troisième,  lors  du  voyage 
de  rapatriement  en  1543.  Cette  interprétation  a  pour  base  le  fait  que  lejuge 
n'accorde  pour  ces  deux  derniers  navires,  que  <>  six  mois  à  cent  livres  le 
mois.  »  Ramée,  loc.  cit.,  p.  29.  Cependant,  l'espion  envoyé  par  le  Ctnseil 
des  Indes  afm  de  surveiller  cet  armement,  en  mars  ou  avril  1541,  rapporte 
«que  cil  Saiimah  de  Lihi  se  anmih.ii  /;  Kaves...  tciiia  Jaques  Cartier...  11 
pohlar  tiiia  lierra  que  se  llavuihi  Canada.,  parliria  mediado  Abri]...  »  Il  y  avait 
en  outre  pour  la  même  expédition  :  «  en  Aiiajlor  y  Coiiajlor  qtiatrosGako- 
iies.  »  Buckingham  Smith,  Colec.  de  doc.  para  la  historia  de  la  Florida,  p.  107. 

3.  Archives  de  la  cour   d'appel  de  Rouen  ;   Registre  des  patentes,   1540 
sequitur^  cité  par  Gosselin,  loc.  cit.,  p.  6. 

4.  Gosselin,  Ihidciii.  Navarrete  (Bihliotlrca  Murilima,  t.  I,  p.  356),  cite 
des  dépêches  de  l'ambassadeur  d'Espagne  en  l'rance,  «  Da  parte  de  los 
armamentos  navales,  que  alli  se  liacen  à  costa  del  que  dicen  rey  de  Kavarra,  del 
alwiraUe  de  Frauda,  del  cardinal  Turiion  ("sic^  y  de  Madaïua  de  Tampes  ("sic^, 
para  ir  en  pasando  febnro  à  tina  vavegacioii,  que  se  prcsuiuc  sea  à  rohar  à  los 
vassahs  de  S.  M.  que  vieiien  de  hidias,  »  L'Ambassadeur  rapporte  à  son 
souverain  «  que  liene  eutenàido  haher  salido  del  puerto  de  Saiiit-Malo  cl  corsariç 


! 


21» 


jr-AX  HT  si'iusni.N  cAïuvr 


le  22  août  15.11.  Nous  ne  savons  quelle  fut  la  durée  de  sa  tra- 
versée; mais  h  peine  arrivé,  dans  le  courant  de  l'automne  de 
1541,  Roberval  renvoie  Senncterre  en  l-rance,  cherclier  des 
secours. 

Le  26  janvier  15.42  ',  François  V"'  nomme  Scnneterre  au 
commandement  de  deux  navires  envoyés  "  pour  secourir,  subve- 
nir et  ayder  audict  seiuneur  de  Roberval,  de  vivres  et  autres 
choses  dont  il  a  très  t^rand  besoing  et  nécessité  »,  et  rappelle  que 
Senncterre  a  déjà  «  faict  ledict  voyage.  » 

Le  9  septembre  suivant,  du  lort  de  François-roi  -',  Rober- 
val, à  la  requête  de  Senneterre.  fait  t^r.ice  à  certains  nuitins. 

Cartier  revient  en  Irance,  et  s'y  trouve  le  21  octobre  1542, 
après  être  parti  du  (Canada  probablement  en  septembre  de  cette 
année.  C'est  la  conclusion  que  nous  tirons  du  jugement  de  1544 
(mentionné  ci-après),  où  il  est  dit  qu'un  des  navires  a  été  "  pour 
di.\-sept  mois  audict  voiaige.  »  Parti  de  l'rance  en  mai  1541  et 
revenu  dix-sept  mois  après,  Cartier  était  nécessairement  de  retour 
dans  son  pays  au  mois  d'octobre  1542.  On  s'explique  alors 
qu'il  se  soit  rencontré  avec  Roberval  au  moment  où  celui-ci, 
parti  de  France  le  22  août  1541,  arrivait  au  havre  Saint-Jean  '. 


Jmjiies  Qiiailiii,  y  eslà  y  a  en  tu'rms  iuiitus  (!,■  Vorlii^ii}  (au  liavrc  Saint- 
Jciin?)j  ha  para Jo  en  un  pucitii  anigchhlo  hasla  cl  biicn  lit'm(<o;  y  que  el  capilan 
Robeitmil  dehia  partir  en  hreir  eon  (v/.m  0  nueiv  nai'es  para  ir  eonira  los  hahi- 
taiiles  tklas  Indias  de  S.  M.  «Maigre  les  espions  que  l'Iispagne  intrctenait 
dans  les  ports  de  Normandie  (Supra  p.  i  (6).  ce  n'est  donc  que  quatre 
mois  après  le  dOpart  de  Roberval  que  l'ambassadeur  de  Charles-Q.uiiit  était 
informé  de  laits  se  passant  à  une  distance  si  rapprochée  de  Fontainebleau  ; 
car  les  dépêches  les  mentionnant  ne  sont  que  du  17  décembre  1541. 

1.  Notes  sur  la  \oni'.  l'rance,  >.'"  379,  p.  272. 

2.  Ibidem,  N"  3S0,  p.  273.  «  l'ort  0/  l'rance-Roy,  built  in  Angnst  and  Sep- 
temher  7J./2  »  ;  Routier  d'All'once,  Haiiluyt.  t.  III.  p.  242.  En  tout  cas,  Car- 
tier, dans  le  fragment  de  son  troisième  voyage,  parle  déjA  au  7  septembre 
IS40  (sic  pro  1541),  de  Charles-Bourg-Royal,  établissement  qu'on  pense 
avoir  été  situé  au  cap  Rouge  d'aujourd'hui,  sur  le  Saint-Laurent. 

3.  La  nouvelle  en  parvint  à  la  Cour  probablement  par  le  navire  que  mon- 
taient Marc  Jalobert  et  Etienne  Noèl, 


'■.4 


JKAN  HT  SHBASTIliN  CA1501' 


21) 


Le  ^  avril  154^',  le  roi  autorise  Carrier  à  assigner  en  règle- 
Mientde  comptes,  Roberval  alors  au  Canada. 

Le  II  septembre  15.13,  l^nberval  nomme  Senneterre  son 
mandataire  à  l'etlet  d'aller  quérir  deux  navires  qu'il  avait  laissés 
;\  la  Rochelle. 

Le  21  juin  1544,  en  présence  de  Robert  Legoupil,  lieutenant 
général  en  la  juridiction  de  l'amirauté  à  la  table  de  marbre  au 
parlement  de  Rouen,  Jacques  Cartier  reconnaît  «  avoir  receu 
par  les  mains  dudict  de  la  Rocque,  sieur  de  Robcrtval,  six  centz 
escus  soleil  vallans  tresc  cents  livres  -,  d 

Mais  quand  Roberval  revint-il  en  France  ? 

Dans  le  libellé  du  jugement  de  1544,  allusion  est  faite  au 
troisième  navire  de  l'expédition  de  Jacques  Cartier  «  pour  dix- 
sept  mois  qu'il  a  esté  audict  voiaige  dudict  Cartier,  et  pourhuict 
mois  qu'il  a  esté  à  retourner  quérir  ledictRobertval  audict  Canada 
au  péril  de  nauléaige  ''.  » 

Si  le  premier  de  ces  cliifïres  nous  permet  de  fixer  l'époque  du 
retour  de  Cartier,  le  second  n'est  pas  aussi  favorable  pour  nous 
donner  celle  du  retour  de  Roberval;  car  nous  ne  savons  de 
quand  f;iirc  dater  ces  »  huict  mois.  » 

Notre  théorie  est  que  Senneterre  parti  du  Canada  dans  la 
première  quinzaine  de  septembre  1543.  arriva  en  l'rance  ;\  la 
fin  d'octobre,  et  que  le  roi,  Ji  la  première  nouvelle  de  la  détresse 
de  Roberval,  donna  l'ordre  de  le  rapatrier  avec  les  navires  qui 
partirent  immédiatement  après  de  la  Rochelle.  Cartier  aurait  alors 
ramené  Roberval  en  France  au  mois  de  juin  1544. 

Roberval,  conséqucmment,  resta  au  Canada  jusqu'en  mai 
1544.  Partant  de  l'hypothèse  de  WS\.  Jomard  etD'Avezac,  tout 
ce  qu'on  peut  donc  affirmer,  c'est  que  la  carte  dite  de  I  lenri  II  fut 
dressée  entre  août  1541  et  juin  1544.  Charlevoix  dit  bien  que 


1.  Uamée,  hc.  cit.,  p.  21-25. 

2.  Ibidem,  p.  30. 

3.  Ibidem,  p.  29. 


1  \'': 


2l6 


JEAN  HT  S1-B.\SII1:n-  CAROT 


«  Kobcrvnl  fit  un  nouvel  cmbarqucmciu  en  15 19  ',  »  ce  qui  recu- 
lerait encore  hi  date  de  la  confection  de  la  carte,  mais  cette  asser- 
tion, empruntée  à  Le  Clerci]  ',  nous  parait  erronée.  Ainsi, 
selon  ce  dernier.  Koberval  serait  mort  dans  cette  expédition 
de  15.19;  or  Tlievet,  ami  persomiel  du  terrible  capitaine,  dit 
qu'il  périt  assassiné  la  nuit  près  le   charnier  des   Innocents  \ 

Ce  qui  précède  était  écrit,  presque  sous  presse,  lorsqu'une 
note  oblif^eante  de  M.  le  comte  de  Crawtord  et  de  Malcarres', 
l'heureux  possesseur  de  cette  belle  carte,  est  venu  dissiper  nos 
incertitudes.  Il  y  est  dit  que  M.  Major,  conservateur  des  cartes 
géographiques  du  Mritish  Muséum,  a  eu  l'habileté  de  déchiffrer  la 
léj^eiule  suivante,  qui  avait  ('chappé  .\  Jomard  et  ;i  M.  d'Avezac  : 

i«  Fautes  à  Al ij lus  par  Pictic  Dcstrlicrs,  prcsli"-'  1)46.  » 

On  lit  dans  l'Hydroj^raphie  du  P.  Fournier  : 

«  La  3.  espèces  est  de  certaines  cartes  qu'on  appelle  Réduites, 
dont  vn  nommé  le  \'asseur  '  natif  de  Diepe  a  enseigné  la  prati- 
que à  nos  l'ran^ois.  Cet  homme  quoyque  tisseran  en  son  bas  a.ige, 


..  i 


(  ; 


1 ,  Hiskn'rc  di'la  \\)in'i1lc  l'niiicc,  1744,  in-4,  t.  I,  p.  22. 

2.  Piemitr  lUMisscminil  ik  la  l-'oy  ihim  la  Xonvclle  Fiance.  Paris,  1691, 
iii-8,  t.  I,  p.    14. 

5.  «  Mon  ûmilicr,  u  l'.ippcllc  Thcvct.  Ailleurs,  ce  dernier  ajoute  : 
"  Comme  luy  niesmi-  me  dit  trois  moys  deuant  qu'il  fut  tué  de  nuict  près 
Sainct  Innocent  a  Paris,  n  Le  (iniihl  Insulaire  et  Pilotage  d'André  l'Iituel, 
Aui;oumoiiin,  Cosiiioj^ral^he  du  Koy,  MS.  Bibliothèque  nationale  de  Paris, 
fonds  français,  i  ,452-3  ;  t.  I,  f.  146. 

4.  <(  ht  Ihe  /l'/i  /(•//  hand  corner  ynear  Jujuin)  is  Ikit  alniosl  Mileralcd  inscrip- 
tion ivliicl)  MIS  tiuideo'il  hv  Mr.  Major,  n 

5.  161) I.  A  diejfe  Par  Ciiilhiitiiie  l.evasseur  le  12  de  juillet  Carte  sans  titre, 
Je  l'Atlantique,  de  i'"  X  o»76,  sur  vélin;  conservée  au  Dépôt  des  cartes 
et  plans  de  la  Marine;  portefeuille  de  l'Atlantique,  pièce  marquée  à  la  lettre 
I.  Comme  c.iUigrapliie  cartogr.ipliique,  nous  ne  connaissons  pas  de  cartes  qui 
l'égalent.  Celles  des  dieppois  Jean  Guérard  et  Jean  Dupont  (1625-1634),  les 
cartes  de  l'Amérique  septentrionale  de  J.  B.  L.  Franquelin,  le  cartograplic 
de  Seignelay,  sont,  à  cet  égard,  d'une  linesse  remarquable,  mais  nous  ne 
leur  trouvons  pas  l'élégance  du  travail  de  Levasseur.  Nicolas  Jarry,  lui-même, 
ne  l'eût  peut-être  pas  surpassé. 


î  : 


JEAN  ET  SI'nASTIllN  CABOT 


»»7 


avant  eu  quelque'  instruction  d'vn  noniiné  Cossin  ',  homme  fort 
ingénieux  et  qui  auoit  une  excellente  main  et  veu  les  mémoires  do 
certains  Prestres  d'Arqués,  Bour^  près  de  Diepe,  qui  estoient  excel- 
lents Geo^^raplies,  dont  l'un  se  nommoit  des  Celiers,  et  l'autre 
Breton,  a  si  bien  sceu  ménager  ce  peu  de  lumière  qu'il  a  rcceu 
d'eux,  qu'a  force  d'esprit  et  do  trauail  continu,  il  est  arrivii  a  un 
tel  point  qu'il  a  esté  admiré  de  plusieurs.  Il  est  mort  à  Rouen  de- 
puis peu  d'années  *.  » 

Ce  passage  du  savant  P.  jésuite  est  la  source  de  tout  ce 
qui  a  été  écrit  depuis  sur  les  cosmographes  dieppois.  On  a  trouvé 
dernièrement  des  actes  se  rapportant  i  une  famille  dieppoise  du 
nom  de  Deschelliers.  Il  y  est  fait  mention  d'un  Pierre  Deschel- 
liers,  prêtre  îi  Arques  en  1537  ',  et  qui  est  très  probablement  celui 
que  Desmarquets  appelle  le  créateur  de  l'hydrographie  française. 

Desceliers  était  donc  le  contemporain  de  Jacques  Cartier. 
Adonné  il  l'étude  de  la  cosmographie,  cartographe  habile  et  lepre- 
mier  hydrographe  français  de  son  temps,  vivant  en  Normandie 
non  loin  du  navigateur  malouin,  ce  savant  ecclésiastique  a  dû 
rechercher  avec  soin  les  renseignements  géographiques  et  les 
épures  que  Cartier  et  ses  compagnons  rapportèrent  de  leurs 
V03ages  au  Nouveau-Monde .  Aussi  avons-nous  fait  de  grands 
efforts  pour  retrouver  les  œuvres  de  Desceliers. 

Nous  ne  connaissons  que  trois  de  ses  cartes.  Ce  sont  de  grandes 
mappemondes  manuscrites. 


j.  Cartf  l'iiivcrst'll,'.  'Description  tin  iiwndf  avec  le  vrai  Irait  des  vents,  jaicte 
par  Jelian  Cossin  en  Dieppe,  marinuier  en  lan  ij/O.  MappcmonJc  manuscrite 
sur  une  projection  dcnii-clliptiquc;  0'",}6  X  0'",i8,  très  (incmcnt  dcssint^c, 
mais  dressée,  pour  la  partie  septentrionale,  selon  des  éliiments  portugais  : 
«  Inilearrn,  hihorador,  cortoreal,  etc.  ».  Bibliothèque  nationale  de  Paris. 
Cette  carte  est  plus  arriéréo  que  celle  faite  à  Dieppe  en  1566  par  Nicolas 
Desliens  (quelquefois  confondu  avec  Desceliers^,  om,40  X  o™,22,  loc. 
cit.  Invent,  général,  242. 

2.  L'IlydrOi^rapliie,  l'.iris,  1643,  in-fol.,  p.  506. 

3.  De  Beaurepaire,  Rcclierclies  sur  l'instruction  publique  dans  le  diocèse  de 
Rouen  avant  ijSç,  Rouen,  1870-72,  in-8,  t.  III,  p.  197. 


i 


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3l8 


JEAN  ET  Sl-I'.ASTIEN  CAHOl' 


;!•:? 


1 


lîi: 


La  plus  ancienne,  datée  de  1545,  fait  partie  de  la  collection  de 
M.  le  comte  de  Crawford  el  Belcarres,  à  Diinecht  House,  en 
Ecosse.  La  plus  récente  est  la  c  Carte  du  inonde  ancien  Faite  a 
Arques  par  Pierre  Deseelliers  prekire  i)jj  »,  appartenant  à 
M.  l'abbé  Sigismond,  de  Biibics,  à  \'ienne  en  Autriche,  et  qui 
fut  exposée  au  p.ivillon  de  Flore  lors  de  l'exposition  de  géogra- 
phie en  1875'.  La  seconde  est  celle  du  British  Muséum,  que 
nous  décrivons,  infra,  sous  le  numéro  27. 

Bien  que  la  main-d'œuvre  et  les  grandes  lignes  de  cette  carte 
rappellent  la  mappemonde  Harleyenne,  et  que.  comme  cette  der- 
nière, elle  porte  les  armes  de  France  et  celles  du  Dauphiné,  l'une 
n'a  pas  été  copiée  sur  l'autre.  Le  planisphère  de  Desceliers  inscrit 
des  appellations  qu'on  trouve  ici  pour  la  première  fois  :  Canada, 
Ochelaga,  le  Sagtiay,  l'Assiimption  (Anticosti),  'Bellr-Ish\  Fran- 
ceroy,  etc.,  noms  destinés  à  figurer  dorénavant  dans  toutes  les 
cartes.  La  nomenclature,  dans  son  ensemble,  reste  néanmoins 
portugaise.  Qiiant  au  cadre  et  aux  contours,  du  48''  degré  de 
latitude  nord  jusqu'à  l'équateur,  on  n'a  qu'à  en  comparer  cer- 
taines parties,  la  région  du  Penobscot,  par  exemple,  avec  le 
même  pays  dans  les  planisphères  sévillans,  pour  s'assurer  que  le 
cartographe  français  s'est  servi  aussi  d'un  prototype  portugais. 

Cette  belle  mappemonde  a  été  reproduite  en  tae-similé  colorié 
dans  les  Mon innents  de  M.  Jomard  (n"  XIX\  en  six  feuilles  dou- 
bles, formant  un  tableau  de  2'"56  X  r'27.  M.  Kohi  en  a 
donné  un  fragment  accompagné  d'une  excellente  analyse  à 
laquelle  nous  renvoyons  le  lecteur  - . 


1.  P.  157  du  cal.ilogue,  et  M.  V.  A.  .Maltc-Biiin,  Un i;,\x''''p^'<'J''''i'("i^  "'" 
xvi«  sii'cle  letroiivi'.  Biillel.  ilc  Ici  Soe.  ilc  i_'ivgrtipl.'ic,  l.  XII  [1876;,  p.  295. 

2.  Discovery  oj  Maine,  p.  351,  pi.  xviii. 


JEAN  ET  SÉI^ASTIEN  CABOT 


219 


24 


ATLAS  DIT  DE  VALLARD. 


Cu  bel  atlas  porte  l'inscription  suivante  :  «  Nicholas 
Vallard  de  Dieppe,  dans  Vannée  1)47  ».  Barbie  du  ^ 
Bocage  qui,  le  premier,  décrivit  ce  recueil  cartogra- " 
phique',  alors  conservé  dans  la  bibliothèque  du  prince  de  Tal- 
leyrand,  le  considérait  comme  l'œuvre  d'un  cartographe  dieppois 
nommé  Vallard,  d'ailleurs  complètement  inconnu.  D'autres 
géographes,  qui  eurent  la  bonne  fortune  de  l'examiner,  entre 
autres,  M.  le  prof.  KohP,  ne  voient  dans  le  nom  de  Vallard  que 
celui  du  propriétaire. 

La  carte  qui  concerne  l'Amérique  septentrionale  a  été  inspirée 
en  partie  par  le  planisphère  dit  de  Henri  II.  On  y  remarque,  sur  la 
région  du  Canada,  une  belle  miniature  à  nombreux  personnages 
des  deux  sexes,  costumés  à  l'européenne,  et  entourés  de  sauva- 
ges armés.  C'est  une  variante  de  celle  qui,  dans  la  mappemonde 
de  DesceUers,  porte  le  nom  de  RobervaP. 

Les  légendes  et  les  contours  font  de  ce  document  une  carte 
lusitanienne  au  premier  chef.  Quelques  noms  français  ont  été 
ajoutés  :  IvUclUc,  Illc  des  oiseaux,  le  lae,  Sainle  Croix;  mais  ce  qui 
trahit  une  main  portugaise,  ce  sont  les  noms  de  Rio  do  canada  et 
de  lago  doi^olesnie,  qu'un  Français  eut  certainement  épelés  autre- 
ment. La  grande  île  parallèle  ;\  l'île  du  Cap-Breton,  et  qui  avait 
disparu  avec  la  carte  de  Ilarley,  indique  aussi  un  prototype  lusi- 


l. 


Aille  1547. 


1.  Magasin  FiicwhpiJiqiw  (de  Millin),  t.  IV  du  1807,  p.  107. 

2.  DisawiyofMitiih-,  p.  354. 
}.  Siipia,  N"  23,  p.  210. 


220 


JEAN  ET  SÉBASTIEN'  CABOT 


tanien,  antérieur,  selon  nous,  à  l'Hydrographie  de  Rotz  et  au 
planispiière  dit  de  Henri  II.  La  position  et  la  forme  de  l'île  du 
Prince-Edward  et  le  fiiit  que  Terre-Neuve  est  si  peu  fragmentée, 
dénotent,  au  contraire,  des  renseignements  postérieurs.  Nous 
avons  donc  ici  une  carte  prise  dans  son  ensemble  sur  une  œuvre 
purement  .lusitanienne,  complétée  ou  interpoliée  par  un  carto- 
graphe portugais  qui  s'est  aidé  de  renseignements  ou  de  conseils 
essentiellement  français. 

L'original  se  conserve  dans  la  collection  de  feu  Sir  Thomas 
Phillips  à  Cheltenham.  M. Kohi  en  a  donné  une  réduction' et  une 
excellente  analyse. 


25 


PORTULAN  DE  JOAO  FUEIRE. 


1546. 


CE  portulan,  signalé  par  M.  de  Santarem'  qui  l'avait  vu 
dans  la  bibliothèque  du  baronTaylor,d'où  il  semble  être 
passé  directement  dans  celle  de  Libri,  fut  vendu  par 
ce  dernier  en  1859.  Nous  ne  le  connaissons  que  par  la  des- 
cription et  le  fac-similé  qu'en  a  donné  ce  savant'. 

C'est  un  atlas  de  sept  cartes  survélinde  o"',34  X  o'",27,  portant 
une  signature  interprétée  par  Libri,  de  la  manière  suivante  : 
«  Johavt  Freire  afe^  crades  46.  » 

1.  Discm'iry  cf  Maine,  pi.  XIX. 

2.  Rvcbeiches  sur  la  priorité  de  la  découverte  de  la  cote  occidentale  d'Afrique. 
Paris,  1842,  in-8,  p.  127.  Essai  sur  l'histoire  de  la  Cosmographie,  Paris,  1852, 
in-8,  t.  III,  introd. 

3.  Catal.  ojthe  extraordinary collection  ofsplendid  manuscripts.  London(i859), 
in-8,  p.  184,  no  827. 


221 


JKAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 

Pour  la  raison  que  le  pavillon  espagnol  flotte  sur  Oran,  ville 
qui  fut  prise  par  les  Espagnols  en  1509,  tandis  que  l'on  voit  la 
bannière  du  Portugal  à  Ceuta,  dont  ces  derniers  s'emparèrent 
en  1530,  le  savant  et  éloquent  historien  des  sciences  mathémati- 
ques en  Italie  est  disposé  à  en  conclure  que  cet  atlas  a  été  dressé 
entre  les  anndes  1 5  09  et  1530.  Cependant,  ainsi  qu'il  le  remarque 
lui-même,  le  drapeau  espagnol  flotte  également  sur  le  port  de 
la  Goulette,  qui  ne  fut  enlevé  à  Barberousse  par  Charlcs-Q.uint 
qu'en  1535. 

Comme  au  milieu  de  la  première  carte  on  voit,  de  grand 
format,  les  armes  de  l'Empire,  et  que  les  trois  derniers  mots  de 
la  légende  précitée  sont  d'une  autre  écriture,  on  est  fondé  à  se 
demander  si,  après  sa  confection,  ce  portulan  n'a  pas  été  destiné 
à  un  espagnol.  Dans  ce  cas,  ce  n'est  pas  «  crades  46,  »  mots  dont 
nous  ne  saisissons  pas  le  sens,  qu'il  faut  lire,  mais  bien,  comme 
le  porte,  d'ailleurs,  la  carte  elle-même,  et  selon  la  torme  espa- 
gnole d'apposer  les  dates  :  «  Johain  Frcirc  afe:^.  —  cm  de.  J46.  » 
Les  mots  «  crade.  ^46  »,  ne  seraient  donc  qu'une  interpolation 
faite  par  le  propriétaire  du  portulan  qui  aura  cherché  à  remplir 
une  lacune  en  rappelant  que  Freire  vivait  dans  l'année  1 546. 

La  septième  carte,  la  seule  intéressante  pour  nous,  est  un 
véritable  portulan  du  nord  de  l'Atlantique,  mais  n'exposant  que 
les  profils  orientaux  de  l'île  de  Terre-Neuve,  apparemment  encore 
soudée  au  continent,  l'entrée  du  golfe  Saint-Laurent  et  l'île  du  Cap- 
Breton.  La  nomenclature,  absolument  portugaise,  est,  pour  Terre- 
Neuve,  la  plus  complète  que  nous  ayons  encore  rencontrée.  L'île 
du  Cap-Breton  se  termine  en  péninsule  angulaire,  mais  le  nom  C. 
dobrctâos,  est  placé  plus  au  sud  que  dans  les  autres  cartes.  Dans 
l'Atlantique,  se  voit  la  fiuneuseîle  «  Sam  Johain,  »  La  partie  cor- 
respondante à  notre  Labrador  est  dénommée  «  Tcra  Nova  »  et  elle 
porte  l'écusson  aux  armes  du  Portugal. 


T 


232 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 


26 


ROUTIER  RIMU  DE  JEHAN  MALLART. 


1546-47. 


A 


u  nombre  des  manuscrits  faits  pour  François  P',  et 
qu'on  conserve  à  la  lîibliothèquc  nationale  de  Paris  '. 
il  s'en  trouve  un  se  rapportant  au  sujet  qui  nous  occupe. 

C'est  un  petit  volume  de  o'",28  x  0'",  19,  sur  papier,  de  51 
feuillets  écrits,  précédés  d'un  frontispice  portant  les  armes  de 
France  avec  le  cordon  de  Saint-Michel  en  sautoir.  L'épîtrc  dédi- 
catoire  au  roi,  en  vers,  est  signée  :  «  Jehan  Mallaii  voslrc  cscrip- 
uaiii,  »  sans  lieu  ni  date,  mais  elle  se  termine  par  le  titre  sui- 
vant : 

Premier  livre  de  ladescriplioii  de  Ions  les  porl:idc  mer  de  hniivcrs. 
Avecqties  stimmairc  mention  des  eondilions  différentes  des  peuples  et 
adresse  povr  le  rang  des  veni::;  propres  a  navigner. 

«  Maistre  Jehan  Maillard  [sic)  poète  royal  et  escrivain  et  sou- 
uerain  conducteur  des  eaues,  sources  et  fontaines  »  jouissait  de 
tous  ces  titres  et  qualités  dès  l'année  1530-.  Peut-être  était-il  en 


•i' 


1.  Fonds  français,  1382.  Un  double,  décrit  dans  le  catalogue  La  Valliéro, 
et  provenant  de  cette  bibliothèque,  se  trouve  également  aux  MSS..  fonds 
français,  15,371.  Le  texte  est  en  tout  semblable  au  premier,  lequel  est  l'exem- 
plaire de  dédicace. 

2.  C'est  la  date  que  donne  Brunet  au  Premier  recueil  ilesœnrres  Je  la  muse 
coiWi)/)o//7i',  imprimé  à  Paris  par  Jérôme  Gourmont  (Bibl.  Nationale,  Y.  .(181, 
B)  et  au  titre  duquel  nous  empruntons  les  qualifications  que  prend  Mallard, 
Mallart  ou  Maillard,  car  son  nom  est  épelc  de  ces  trois  manières. 


Jl£AN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


223 


même  temps  libraire  ',  ;\  Paris,  mais  d'abord  à  Rouen,  car  son 
nom  est  essentiellement  normand.  Vers  l'année  1538  il  reçut, 
en  sa  qualité  d'  «  escripvain,  »  mot  qui  doit  être  pris  dans  le 
sens  de  scribe  ou  de  calligraphe,  quarante-cinq  livres  (tournois) 
(I  pour  avoir  escript  unes  heures  en  parchemin  présentés  au 
roi  pour  les  fiiire  enluminer"  ». 

C'était  donc  un  contemporain  de  Jacques  Cartier,  et  ce  qu'il 
dit  du  Labrador,  de  Terre-Neuve  et  des  pays  adjacents  ne  sau- 
rait manquer  d'intérêt. 

Au  recto  du  feuillet  39,  commence  la  description  suivante  : 

Passe  le  cap  de  terre  ferme  va 
La  coste  au  œst  et  œst  norrœst  en  la 
Bien  six  vingt/,  lieux  la  terre  ce  nom  prend 
De  Labrador  qui  se  dit  laborent 

Et  de  ce  cap  a  lest  sucst  en  mer 
Quatre  isles  a  que  ie  nay  ouy  nommer 
Dont  délies  sourt  ung  lac  qui  va  nordest 
Surrocst  et  pays  sen  va  au  œst  surroe.st 
liien  huici  cent/,  lieux  et  quatre  vingt/  lieux   passe 
10.  De  terre  neul'ue  et  mesme  la  terrasse 
Qjii  des  bretons  se  dit  bien  trente  lieux 
Voire  ou  quarante  et  va  suyuant  ses  lieux 
Le  long  la  coste  ainsy  comme  Ion  marque 
Jusques  à  la  riuiere  Nouemberque 
Laquelle  fut  descouucrte  nagueres 
Les  portugays  auec  plusieurs  carrières 
Et  despaignols  or  entendez  mes  vers 
Cest  quant  on  vient  a  passer  le  trauers 
De  terre  neuiue  a  sur  ce  banc  vingt  braces 
20.    En  approchant  la  terre  et  les  places 
De  la  riuiere  il  nen  a  plus  que  dix 
Et  est  ce  poinct  véritable  que  dis 
De  Labrador,  la  coste  au  nort  nortoest 


1.  D'après  M.  Edouard  Frère  (Ji'  Vhiiprimcric  et  de  la  Lihiaivic  àRoinii, 
p.  42),  il  y  eut  un  Jelian  Mallard,  libraire  à  Rouen,  de  1 5  58  à  1 542,  et  en  1 5  54 . 
Lottin  cite  aussi  un  Jean  MalLud  qui  aurait  exercé  à  Paris  de  1540  à  1552. 

2.  De  Laborde,  Renaissance  des  Ails  à  la  eour  de  l'rame,  additions  au  t.  I, 
Paris,  1850,  in-8,  p.  924. 


224 


JEAN  HT  SÉBASTIEN  CABOT 


Se  vire  aussy  mcsmenient  au  norocst 
Plus  de  deux  cens  cinquante  lieux  et  dis 
Jusque  aux  degrez  quon  dit  soixante  et  dix 
Et  pays  cl  vire  au  œst  plus  de  cent  lieux 
Les  gens  icy  habitans  en  ces  lieux 
De  Labrador  '  sont  couerz  et  vestuz 
30.   De  peaulx  et  sont  sus  terre  leurs  maisons 
La  terre  est  froide  et  pleine  de  glaçons 
De  pins  couucrte  et  d'aultre  boys  en  place 
Ny  en  a  point  la  coste  pour  la  glace 
Est  dangereuse  et  disles  niesnienient 

Et  de  la  va  la  coste  justement 
Au  susserœst  et  au  suest  trop  plus 
De  deux  centz  lieux  et  iaict  pour  le  surplus 
De  terre  neufuc  une  isle  en  ceste  rotte 
Force  isles  a  tout  au  long  de  la  coste 
40.  En  terre  neufue  a  de  bons  portz  cl  hablcs 
Meilleurs  deurope  et  fort  belles  riuieres 
Grant  pefclieric  et  choses  adniyrables  - 
Pleine  est  de  pins  et  boys  sus  les  lisières 
La  coste  gist  jusques  au  cap  de  ratz 
Au  nort  et  su  les  gens  de  corps  et  bracz 
Hz  sont  fort  grandzet  tirent  sur  le  noir 
Gens  besiiiiulx  qui  nont  foy  ny  espoir 
Eu  riens  qui  soit  mais  sont  mauvais  ruraulx 

En  ceste  coste  a  disles  et  isleaux 
50.  Un  nombre  grand  et  Tabyos  se  disent 

Ces  gens  icy  ont  des  fruictz  qui  produisent 

Tant  seulement  leur  vie  et  de  poissons 

De  chair  aussy  sans  en  faire  cuyssons 

Ainsy  quung  chien  ilz  viuent  en  la  sorte 
Passe  le  cap  de  ratz  tourne  la  coste 

Au  œst  et  va  jusques  au  goulfe  St-Jelian 

11  fault  parler  en  craignant  cest  ahan 

En  approchant  de  cestuy  goulfe  icy 

Car  il  y  a  ung  aultre  goulfe  aussy 

1.  30.  La  rime  avertit  qu'il  manque  ici  un  vers.  On  peut  supposer  que  la 
lacune  se  trouve  entre  (/c  paiiilx  et  les  mots  qui  suivent. 

2.  41-42.  On  voit  par  les   rimes  qu'il  faut  intervertir  l'ordre  de  ces  deux 
vers. 


JEAN  ET  SLBASTinX  CAIKTI' 


22) 


60.   DuquL'l  scfaict  Je  turrc  ncufiic  vue  Lsle 
Pays  vont  ensemble  iiinsv  î]  leau  Jistille 
l'outce  terrov  ie  NOUS  dirav  sans  l'anltes 
Q.iie  iiartout  a  des  nmntaigiies  Ibrl  liaiilles 
A  ce  gouHe  lie  Sainct  ielian  quay  preili»:! 
Vne  isle  ya  qui  de  St  ielian  se  dict 
Laquelle  a  bien  quarante  lieux  do  coste 
Et  de  large""  quinze  ou  vingt  lieux  de  roite 
Et  cest  isle  est  au  nieilleu  du  desiroict 
Peuplée  assez  les  gens  a  cest  endroit 
70.   Sont  comme  cculxde  terre  nculue  et  ont 
Très  bon  terroy  et  riuieres  qui  sont 
Auec  les  boys  ou  croissent  les  chastaignes 
Tout  en  la  sorte  et  mode  des  esjiaignes 
Les  poriugays  lont  quelqu'.'  foys  peuplée 
Mais  ceulx  de  lisle  ont  ceste  gent  tuée 

Desi^us  cest  isle  a  deux  cens  lieux  en  mer 
Vne  isle  ya  qui  se  faict  dénommer 
Les  sept  citez  laquelle  est  peuplée 
De  gent  sauluaige  et  daultres  habitée 
80.   Ht  au  surroest  dicy  bien  trois  cens  lieux 
Vne  isle  haulte  y  a  que  nônient  ceulx 
Q.ui  vont  illec  la  vermeude  aultre  cas 
Au  susseroest  ya  du  cap  de  Ratz 
Trovs  isles  ou  quatre  ycy  sont  irouuees 
Qui  ne  sont  point  encur  de  gens  peuplées 
Au  'usseroest  sont  mes  espritz  recentz 
duayouy  compter  ce  nombre  de  troys  cens 
Voire  troys  cens  et  bien  cinquante  encor^s 
Les  isles  sont  que  Ion  dict  les  essoires 
90.   Et  dis  cecyque  point  ne  Reprendrez 
En  haulteur  vont  de  quarante  degré/. 
Jusques  a  trente  et  sept  degrez  sont  isles 
En  bled  bestail  en  terre  haulte  vtilles 
Or  retournons  parler  de  celle  coste 
De  ce  destroict  de  St  iehan  ou  la  roite 
Court  au  norroest  et  au  non  troys  cens  lieux 
Et  puys  retourne  et  se  court  au  surrœst 
Est  susseroest  deux  cens  lieux  mais  ie  veulx 
Dire  en  ce  poinct  que  très  bon  terroy  cest 
100.  Riuieres  portz  et  terres  bien  ferlilles 


»5 


«l 


S.'b 


J1;AN  ÏLT  SliBASTILN  CABOl' 


' 


A  eu  ce  lieu  et  mesnics  bonues  villes 
Et  Roy  aussy  connue  aux  Indes  credeucc 
Oui  au  Soleil  auquel  fout  reuerence 
Et  a  la  lune  en  voyant  sa  spendeur 
11/  sont  tous  noirs  et  de  nostte  grande f 
Au  pays  ont  force  pelleterie 
Duquel  ua  pas  jusque  a  la  tartario 
Qj-iatre  cens  lieux  et  la  coste  reuirc 
Au  sussuest  et  au  suest  pays  tire 

110.  A  lest  nordcst  et  tant  quelle  va  hors 

Lisle  St  iehan  or  mont  dit  mes  cousors 
Q.iie  illec  la  nier  semble  estre  toute  verte 
Ce  quel  nest  pas  mais  de  couleur  couuerte 
Et  les  pillotz  lallermcnt  p.ir  tout  lieu 
Quelque  isle  ya  droictement  au  nieilleu 
Et  des  isleaux  et  cecy  entendons 
Comme  isle  el  faict  de  la  terre  aux  bretons 
Passe  cest  isle  icy  que  dessus  marque 
Tourne  la  coste  au  oest  et  est  suest 

120.  Jusques  a  lariuiere  Nouemberquc 

Tout  de  iiouueau  descouucrte  et  celle  est 
Assize  par  trente  degrez  et  disent 
Aucuns  pillotz  qui  toutel'oys  mesdisent 
Que  icy  on  trouve  ung  assez  bon  pass.ige 
Car  nul  nen  a  encor  trouvé  lusaige 
A  son  entrée  a  des  isles  et  bancz 
Force  rochiers  sy  trouvent  aussy  leans 

Bien  quinze  lieux  ou  vingt  lieux  a  vne  isle 
Très  belle  et  grande  ou  la  gent  est  habille 

150.  A  accoustrer  pelleterie  exquise 

De  maint  marchant  bien  chèrement  requise 
Et  dont  ceulx  cy  eulx  mesmes  sont  vestus 
Telz  gens  sont  noirs  mais  bien  plains  de  vertus 
Or  est  il  vray  quen  la  riuiere  ycellc 
Viennent  mourir  ces  bancz  cy  quon  appelle 
De  terre  neufue  et  passe  cest  eau  va 
La  coste  au  oest  et  oest  norroest  en  la 
Plus  de  deux  centz  cinquante  lieux  la  rotte 
Force  isles  a  illecques  en  la  coste 

140.  Laquelle  est  saine  et  comme  on  fliict  rappors 
Lon  trouve  icy  de  très  excclkntz  portz 


il 


{  i 


JEAN'  El'  SLI5ASTli;\  CA150T  227 

Ils  ont  chastL'aux  et  villes  quil/  decoreiu 
Et  le  Soleil  et  la  lune  ilz  .idoreut 

En  ce  pays  leur  terre  est  liibouree 
Non  terroy  liault  mais  assez  tempérée 
Dicy  la  costc  ainsy  comme  jai  sceu 
Au  susserœst  elle  tourne  aussy  au  su 
l'ius  de  cent  lieux  et  jusque  au  cap  va  lerre 
Q.ui  se  congnoist  en  une  haulle  terre 
I  )0.  Qui  a  vneislc  en  terre  basse  grande 
Et  iroys  ou  quatre  isleaux  a  sademande 
Et  de  ce  cîip  a  lisle  qui  se  dit 
De  Cambano  on  trouuc  sans  desdit 
Vingt  et  cinq  lieux  a  force  banc/  et  roches 
Puys  que  a  parler  de  ce  lieu  jen  approches 
Entendre  fault  que  icy  grant  quantité 
Disles  sy  trouve  et  sont  en  vérité 
De  gens  quon  dit  Caniballes  peuplées 

Ces  isles 


L'ouvrage  no  contient  aucun  nom  propre  qui  permette  de  fixer 
la  date  de  sa  composition.  Il  est  même  assez  singulier  que  dans 
des  rimes  adressées  ;\  François  I"'',  «  son  escripvain  .1,  ne  lui 
parle,  au  sujet  de  Terre-Neuve,  que  des  «  portugays  »  et  «  des- 
paignols  »  sans  faire  allusion  aux  découvertes  que  venaient 
d'accomplir  les  Français  par  l'ordre  de  ce  prince'. 

Mallart  peut,  cependant,  avoir  fait  son  routier  sur  les  relations 


I.  S'il    cite  Jacques  Caitier,  ce  n'est  que  dans  la  dédicace,  et  pour  r.ip- 
pcler  son  mérite  comme  pilote  : 

«  Par  bons  pilloiz  qui  scauent  les  liaullt'uis 
Comnie  cculx-cy  très  bons  naui^ateurs 
lacques  Cartier  Crigiion  ou  par  soin 
Ou  aultrcs  gens  cxpcrs  au  faict  marin 
Q.ui  ont  compris  dessus  Ii'  corps  spliericquc 
Dont  Castellan  a  pleine  ilieoricquc 
Kn   toute  langue  et  en  tout  art 
Car  fnince  feust  maintenant  a  ses  islcs 
Ou  porlugays  ont  place  primeraine. 

11   est  curieux   de  voir    jusqu';\  quel  point    les  écrivains  français  de    la 
première  moitié  du  xvje  siècle,  qui  parlent  du  Nouveau-Monde,  sontpréoccu- 


m 


338 


JHAN  ET  StDASTlLN'  CABOT 


manuscrites  de  Jucqucs  Cartier  dont  une,  au  moins',  se  trouvait 
X  h  iMbliothèque  de  Tontainebljau  ;  mais  un  nom  de  pays  que 
nous  ne  trouvons  pas  dans  les  écrits  du  na'-'iguteur  malouin  — 
bien  que  connu  en  France,  dès  l'année  1539,  — '■  nous  porte  à 
supposer  que  Mallart  a  consulté  d'autres  autorités.  Nous  voulons 
parler  de  "  la  rivière  Xovemberque.  » 

La  première  t'ois  qu'on  trouve  ce  nom  de  hWcnihùjiw,  Kovciih 
bcrquc,  KorcmkiiiHC  et  KoniinWgtt,  mot  indien,  et,  dit-on,  encore 
usité  par  les  quelques  aborigènes  établis  sur  les  rives  du  Penobs- 
cot,  et  qui  s'appliquait  alors  à  l'Acadie,  c'est  dans  le  Discorso 
d'vii  i^nui  aipiliiiio  di  nuire  b'raiiccsc  dd  litoco  di  Dicppti,  publié  par 
Ramusio",  qui  assigne  à  ce  discours  la  date  de  1539.  Mais  ledit 
capitaine  dieppois,  qui  n'est  nullement  Jean  Parmentier,  comme 
on  le  croit  généralemeiu,  ne  parle  qucdc  h  "  Icnci  di  Nom  inlki'a.  >^ 
La  rivière  de  ce  nom,  au  contraire,  est  non  seulement  tracée  et 
nommée  sur  l'épure  placée  en  tète  du  feuillet  186  delà  C('^/;w- 
graphic  manuscrite  de  Jelian  Allefonsce  décrite  ci-dessus  ^  : 
«  Rivière  de  Norvebergue,  »  mais  elle  se  trouve  mentionnée  \  la 
page  53  des  Voyages  auaulurciix  du  Citpilainc  lan  Alfoncc,  dans  les 
ternies  mêmes  dont  Mallart  s'est  servi.  Li  où  le  capitaine 
saintongcois  dit  :  a  une  partie  a  (jcst-suroest,  plus  de  huit  cens 
lieues,  et  passe  bien  quatre  vingts  lieues  de  la  terre  neufue,  et  de 
la  terre  des  Bretons  trente  ou  quarante  lieues.  Et  d'icy  va  tout  au 
long  de  la  coste  jusqucs  a  la  rivière  du  Norembergue,  qui  est 


pés  des  PortUf^ais.  Jehan  Mallart,  dans  la  seconde  et  dernière  partie  de  son 
routier  rimé  (MS.  français,  n"  13,371)  y  revient,  et  en  dos  termes  qui  mé- 
ritent d'être  rapportés  : 

0  O  quel  incsclief  cl  quelle  ingratitude 
Ont  commis  ceulx  qui  scaveiit  longitude 
Qui  noni  voulu  descrire  onques  leurs  slille 
Car  1-nucc  fcust  maintenant  à  ses  ysics 
Ou  portugays  ont  place  primcraiue   « 

t.  Suivra,  page  790. 

2.  Raccoltd,  1565,  t.  III,  p.  423,  V. 

3.  N022,  p.  205. 


JI:aN'  et  SI-.nASTIEN  CABOT  aaç 

noiiucllcnicnt  ilcscouvcrtc  par  les  Portiij^alois.  »  Mallart  rcpctc  : 

(I  nitn  huit  cciitz  lieux  et  quatre  vin.^t/  \'w\.\\  passe 

De  terre  neufve  et  niesme  la  terrasse 

Q,ui  des  bretiiiis  se  dit  bien  trente  lieux 

\'oire  ou  quaranti'  et  va  suyvant  ses  lieux 

I.e  long  la  eoste  aiiisy  comme  Ion  marque 

Jusques  \  la  riviete  N'ovemberque 

Laquelle  fut  descouverte  nagueres 

Les  portuf^ays  auec  plusieurs  carrières 

Et  despaignols...  » 

C'est  donc  Alfoncc,  et  non  Cartier,  que  Mallart  a  copié. 

Les  roxdi^cs  ctinmltimix  furent  publiés  de  bonne  heure,  ;\ 
Poitiers  ',  mais  ce  n'est  pas  sur  l'imprimé  que  Mallart  a  travaillé, 
puisqu'on  ne  connaît  pas  d'édition  des  Vitycif;cs  lutaulurcttx  anté- 
rieure ;\  l'année  1559,  et  L/  dcscripliou  de  loiisks  porl:^dc  iiiri'  est 
adressée  h  François  P%  qui  mourut  le  31  mars  1547.  Autant  que 
nous  pouvons  nous  le  rappeler,  un  passage  identique  se  lit 
dans  la  Cosmos niphic  manuscrite,  laquelle,  commencée  en  1544. 
et  achevée  en  1546,  se  trouvait  aussi  du  temps  de  François  P' 
dans  la  bibliothèque  de  Fontainebleau  -. 

L'œuvre  de  Mallart  est  donc  de  l'année  1 546-1 547. 


27 

MAPPr.MONDF.S   DF.   PIF.RRF.   DESCFLIF.US. 

SiGXAi-ÙE  par  M.  de  Challayes  '  qui  l'avait  vue  dans  la  col- 
lection de  M.   le  prof.  Cristoforo  Negri  à  Padoue  en  : 
1852,  cette  carte  précieuse  est  aujourd'hui  conservée  au 
British  Muséum  ''. 

1.  Xotrs  sur  la  Xoiivellt'-Fnvici\  p.  6,  m  2. 

2.  Delisle, Le C((/'/;(W r/c'i  iiutiiuviils ilchi  Bihliolhèqiie  Impîriak.Varls,  186S, 
t.  l,  p.  164. 

^  Dnllilinil.'hiSociM  (h\i:iVi;raphie,PMis,  sept.   18^2,  p.  235. 

4.  Aihl.  MSS.  No  22065.  Jomard  devait  aussi  publier  une  carte  de  Dcscelicrs 


1550. 


I 


i  !  'fi' 

1 
1 

ia' 

,1: 

ùLk. 

210 


lEAN  HT  StBASTIl-N  CAHOT 


C'est  lin planisplicTo  de  2™, 15  X  i^OS,  qui  porte,  en  lettres 
rotules,  riiiscription  suivante  : 

((  l'aide  a  Avives  Par  Picncs  Dcscdkrs  '1^11%!'.  :  Lin:  ijJO'  » 
On  y  lit  également  cette  lé}^ciide  : 

('  Ccst  1.1  dcinoiistracion  il.uilcuns  pays  dcscouucrtz  puisncz  pour  et  aux 
dcspcns  du  très  xpicii  lloy  de  franco  l-iancoys  pmitr  de  ce  num  Luns 
iiôiue  (i.iiiada  Oclielapia  et  Sagiie  assis  vers  les  parties  Dccideiitalles  eiuiiron 
par  les  50  degré/  de  latitude  a  iceulx  pays  a  este  eiiuoye  ipar  ledict  Roy) 
lioileste  et  ingénieux  gentil  home  monsf  de  Roberual  auec  grande  côpal- 
gnye  de  gentz  desprit  tant  gentil/  homes  corne  aultres  et  auec  iceulx  grande 
conipaignye  de  gent/  criminels  desgradés  po'  habiter  le  pays  Lequel  auoit 
este  pniiereiïi  descouueri  par  le  pilote  Jaques  Cartier  demeurant  a  sainct 
mail).  Ivt  pour  ce  que  11/  na  este  possible  (auec  les  gent/  diidict  pays)  faire 
trafique  a  raison  de  leur  austérité  in  tempérance  dudict  pays  et  petit  proftit 
sont  retournes  en   france  espérant  y  retourner  quand  il  plaira  au  Roy.   1 

Dans  un  cartouclie  placé  au  nord  de  l'Islande,  on  lit  : 
<'  Aulcuns  cosniographes  ont   conioinct    Lasie  auec  La  floridc,  neufue 
espaignc,   Terre    ferme  et  amerique,  et  disent  icelle  estre  partie  de  Lasic 
mais  lopinion  diceulx  nest  a  ensuyuir   autant  quelle  nappert  par  certaine 
expérience  ne  par  raison.  « 

A  notre  grande  surprise,  ici,  encore,  la  l)ase  de  la  nomencla- 
ture —  la  plus  nombreuse  que  nous  ayons  encore  rencontrée  — 
est  essentiellement  portugaise.  Les  noms,  comme  la  forme  de  l'ilc 
de  Terre-Neuve,  sont  empruntés  à  la  carte  dite  de  Vallard, 
laquelle  procède  certainement  du  prototype  lusitanien  suivi  par 
Pierre  Desceliers,  mais  cette  dernière  est  une  carte  bien  plus 
francisée.  Une  grande  île,  qui  paraît  être  Anticosti,  est  appelée 
/'.  (/('  Larci'pd.  Sur  le  prolongement  septentrional  du  Canada,  on 
distingue  la  P'.  basse  et  les  monlagnes  de  Cartier,  que  la  belle 
carte  portugaise  du  dépôt  de  la  Marine  ',  dénommera  mois  de 
Jacques,  et  qui  rappellent  l'établissement  de  Cartier  au  cap 
Rouge.  Entre  cette  localité  et  Blauc  Sabloii,  se  trouve  le  Gouffre. 

datée  de  l'année  1550.  (fnlml .  ii  l'Atlas,  p.  5.},  note  2.)  N'ous  ne  saurions 
dire  si  c'est  la  même  que  celle-ci. 
I.  /;;//•((,  p.  258,  n»  30. 


ji:a\  f.t  sriRASTirs'  CAnoT 


211 


Sur  1.1  Ti'imlii  Labonulor,  au  ,  ulicii  irimc  ritlic  nomciichiturc 
ciiticrcinciit  [n)rtiii;.iisc,  on  lit  :  Vit/v  de  Jlnni  viui;,  et  (/.  tir 
iiuiniu'l piiiho.  Le  llciivc  S.iint-Laiircnt  n'est  pas  iionuné,  mais  la 
baie  des  Chaleurs  porte  déjA  ce  nom.  Le  détroit  de  Davis  est 
appelé  R.  tlonhr,  nomqu'oii  retrouve  sur  i  ne  petite  rivière  placée 
en  aval  du  S.ij^uenay.  L'ile  du  Prince-Ldward,  en  sa  forme  de 
haricot,  est  nommée  I"  dct  (imu's.  et  un  îlot  du  voisinage,  au 
nord,  s'appelle  /'  ilr  hioii,  comme  dans  tant  de  cartes,  sans 
qu'on  puisse  savoir  s'il  s'agit  de  l'archipel  de  la  Madeleine. 

La  configuration  générale  des  côtes  de  l'Amérique  septentrio- 
nale n'est  pas  plus  avancée  que  dans  Rotz,  mais  les  détails 
présentent  un  plus  grand  caractère  de  précision.  Ainsi ,  l'ile 
de  Terre-Neuve  n'est  plus  morcelée  qu'en  trois  sections, 
erreur  qu'expliquent  les  profondes  échancrures  produites 
par  les  baies  de  la  Trinité  et  de  i'ortunc,  et  la  grande  haie 
Blanche,  parfliitement  tracée,  restitue  ici,  pour  la  première 
fois,  la  longue  péninsule  supérieure  au  corps  même  de  Terre- 
Neuve.  L'île  du  Princc-Ldward  est  dessinée  dans  sa  véritable 
forme  de  haricot,  et  la  grande  île  imaginaire,  qui  dans  l'ifar- 
leyenne  flanque  encore  le  littoralde  la  Xouvelle-Kcosse,  a  disparii. 
Par  contre,  le  détroit  de  Canso,  si  nettement  marqué  dans  Rotz 
et  dans  LLarley,  est  absolument  omis. 


28 


CARTE   DE   DIEGO   GUTIP.RREZ. 


C'est  une  carte  marine  m'uniscritc  sur   parchemin,  de 
r',3o'X  o"',8),  représentant  l'Océan  occidental  avec  les  ; 
côtes   d'Luropc,   d'.Afrique    et  d'Amérique.  Elle  porte 
la  légende  suivante,  en  très  grosses  lettres  gothiques: 

(<  Diego  giilierre:^  Cosnioi^rapho  de  Su  mat^'d.  me  //^o  en  seiiilht 
Aw  de  iSîo.  » 


1550. 


T" 


1 


^  m  i 


2)2 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CAHOT 


Selon  Navarrctc  ',  il  s'agirait  ici  de  Diego  Guticrrc/  le  jeune, 
et  non  de  son  père,  également  nommé  Diego  Gutierrcz,  et 
aussi  cosmographe  de  Sa  Majesté  à  Séville.  La  raison  don- 
née par  le  savant  Espagnol  est  que  Sébastien  Cabot,  en  sa  qualité 
de  pilote  major,  défendit  à  Gutierrez  le  père,  le  5  novembre  1 54.1, 
de  dresser  des  cartes  nautiques  et  de  fabriquer  des  instruments  '. 
Cette  défense  fut  confirmée  par  une  ordonnance  royale  du  22  fé- 
vrier 1545  •'.  Notons,  cependant,  que  nous  voyons,  au  28  no- 
vembre suivant',  un  Diego  Gutierrez  chargé  avec  Mexia  et  Chaves 
d'examiner  VArUuh'  Nnvi'i^ar  de  Pedro  de  Médina,  lequel  Gutier- 
rez doit  être  le  père,  puisque  ce  dernier,  au  22  septembre  1549, 
suppléait  Cabot  dans  ses  fonctions  de  pilote-major  '.  Ajoutons 
que  s'il  est  vrai  que  hiCiisculc  QnilnUacion  déclara  Gutierrez  inca- 
pable d'occuper  cet  emploi,  tout  porte  à  croire  qu'il  continua 
néanmoins  ;\  l'exercer  jusqu'à  sa  mort  ",  car  nous  le  voyons 
émarger  encore  en  1554,  date  ;i  laquelle  Philippe  II  transfère 
les  émoluments  mêmes  de  Gutierrez  le  père  à  son  die  lils  Diego  ' . 


1.  Bihlioli'ca  Maritima,  t.  I,  p.  3^3. 

2.  lUdm,  p.  ^83. 

3.  Ihiilcm.  A  ce  sujet,  il  serait  intéressatu  de  consulter  la  Rifrcseiilachn 
sobit-  cl  tlcsoniii  que  hibia  m  Lis  carias  c  iiisiniimiilos  île  la  iiavi[i;ai-ioii,  y  en  los 
exiiimiu'i  Je pilolos  y  iiiaeslivs,  manuscrit  des  Archives  des  Indes,  Ly.  6  de 
Biieii  i;obieriio  île  Iml'uis,  cité  par  Navarrete ,  loc.  cit. 

4.  Supra,  p.  125. 

5.  Aux  termes  d'une  procuration  que  lui  avait  laissée  Cabot  au  moment 
de  son  départ  pour  l'Angleterre:  "  En  22  île  sclicmhrcde  i  )  41)  i  iiformaba  la  ilicha 
Casa  ilel  coiiceplo  que  le  iiiereciaii  los  pilolos  v  cosimii^rafos,  y  ilecia  que  Diivei 
Gtilierre:^  servia  île  piloUt  iiiawr  cou  potier  que  le  dèjù  Sèbasliano  Cabolo,  y  era 
courenieule  proveer  el  ojicio,  por  que  este  Dici^o  Gutierre^  110  ténia  partes  para 
ello.  »  MS.  cité  par  M.  Duro,  Arca  de  Xoé,\->.  521. 

6.  Supra,  page  150. 

7.  n  Por  real  cèdula,  dada  en  Valladolid  à  22  deoctubre  ij)./,  se  le  concediù  en 
ntencion  li  la  habilidad,  que  ténia  en  hacer  cartas  de  lunwj^ar  v  otros  instrumeiitos, 
el  siilirio  de  6,000  inrs.  al  ai'io,  que  ijoiaba  su  padre ;  segun  dice  cl  Sei'ior  Cean 
Berm  ule\  en  su  cuaderno  vis.  de  Koticia  de  los  primeros  argouiiutas,  ilc,  pat;. 
././.  »  Navarrete,  loc.  cit.,  p.  3);. 


JEAN'  ET  Sl'îBASTlEN  CABOT  253 

duo  ce  soit  le  père  ou  le  fils  qui  ait  dressé  hi  carie  manuscrite 
Ju  dépôt  de  la  Marine,  toujours  est-il  qu'elle  ne  décèle  pas  la 
main  d'un  cosmographe  au  courant  des  découvertes  accomplies 
dans  les  quinze  années  qui  en  précédèrent  la  construction.  Amsi, 
l'île  de  Terre-Neuve,  quoique  morcelée  en  cinq  fragments,  est 
encore  soudée  au  continent  dans  sa  partie  principale.  On  n'y  voit 
donc  pas  de  détroit  de  Belle-Isle,  car  les  passages  qui  se  trouvent 
à  la  hauteur  du  cap  des  Gamas  et  de  l'îlot  de  Frey  Luys,  n'isolent 
que  des  îles  chimériques.  L'entrée  méridionale  du  golfe  St-Lau- 
rent  est  très  étroite,  d'une  forme  absolument  inexacte,  et  flanquée 
de  la  grande  ile  imaginaire  des  cartes  portugaises,  dénommée 
Islit  (leSiui  Jtiûii. 

Il  est  à  noter  que  cette  île  ne  figure  pas  sur  les  planisphères  de 
Weimar.  D'autre  part,  Oviedo,  dans  sa  description  de  la  fameuse 
carte  de  Chaves,  aujourd'hui  perdue,  nomme  et  décrit  cette  îlede 
Saint-Jean,  qu'il  place  par  46''  66"  nord:  "  hnstn  la  canal  que  haçc 
la  isia  tic  Saiicl  Johaii  cuire  clht  c  la  Tierra-lutiiic  '  ».  Ce  point  de 
repère,  et  d'autres  qu'on  relève  facilement  en  suivant  la  descrip- 
tion d'Oviedo  sur  la  présente  carte  de  Gutierrez,  nous  portent  i 
croire  que  cette  dernière,  en  ses  parties  essentielles,  n'est  qu'une 
copie  de  la  mappemonde  dessinée  par  Alonso  Chaves,  en  1536  '. 
A  ce  titre,  elle  présente  un  intérêt  tout  particulier. 

Dans  cette  île  Saint-Jean  nous  hésitons  i\  voir  l'île  du  Cap- 
Breton,  et,  dans  ce  «  ca)ial,  »'le  détroit  de  Canso.  Si  les  Portugais 
avaient  autrefois  franchi  ce  passage,  on  verrait  aussi  sur  leurs  cartes 
l'île  du  Prince-Hdward, qu'ils  n'auraient  pas  manqué  d'apercevoir 


1.  Uisloriii  Gciimû,  lib.  X\I,  cap.  x,  t.  II,  p.  1.(8. 

2.  >i  Lii  ctirla  moikrmi,  fechi  jw  el  cosiiiifiafo  Alonso  Ht  Chaves,  cl  ailo  tk 
mille  qiiiiiii-nlos y  Imntii  y  srys  m'ios,  ilcspiics  que  jw  el  Eiiipeiador,  inieslro 
senoi-ffiuroii  viamhutos  ivr  y  examiiiar  è  conei;ir  los  padnines  y  an  las  île  iiai'et;ar 
por  jKisoiias  dolas  \  experiiiietilaihis  que  para  cllo  fiieioii  ckgiilas.  n  Oviedo,  hc. 
cit.,  p.  T51.  D'après  coci,  Chaves  n'en  aurait  été  que  le  dessinateur,  ce  que 
porte  aussi  ;\  croire  la  phrase  (Ibiileni,  p.  iiô'i  "  ilel  qiial  palivii  leiii;o  iiiia  de 
la  maiio  de  Alonso  de  Chaves.  » 


2U 


jn.W  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


en  débouchant  dans  le  golfe  par  le  détroit  de  Canso.  Le  canal 
qui  sépare  l'île  de  la  terre  ferme,  ne  se  prolongerait  pas  non  plus 
du  sud  au  nord,  comme  dans  \'iegas  et  dans  Gutierrez,  mais  de 
l'est  ;\  l'ouest  selon  une  réalité  que  leur  auraient  divulguée  des 
observations  aussi  simples  qu'inévitables.  D'ailleurs,  on  n'a 
qu'à  examiner  cette  île  de  San  Juan,  sa  forme,  ses  dimensions, 
sa  position,  et  en  suivre  la  filiation  depuis  les  premières  cartes 
lusitaniennes  reproduites  par  Kunstmann,  pour  s'assurer  que 
les  cartographes  portugais  n'ont  pas  eu  en  vue  la  Nouvelle- 
Ecosse,  mais  une  île  supposée,  transmise  par  des  modèles  servi- 
lement copiés,  et  provenant  peut-être  d'une  exploration  primaire 
et  incomplète  de  la  péninsule  formée  par  la  baie  de  Fundy.  Il 
suffit  de  rappeler  les  îles  flmtastiques  des  Sept-Cités,  de  Saint- 
Brandan,  de  Juan  Estevancz,  qui  continuèrent  à  figurer  sur  les 
meilleures  cartes  jusqu'à  la  fin  du  \\f  siècle,  pour  se  rendre 
compte  de  la  persistance  de  l'erreur  en  cartographie .  La  tradition 
s'est  interrompue  en  Espagne,  il  est  vrai,  avec  le  prototype  de 
Garcia  de  Torcno  et  de  Ribeiro,  mais  elle  fut  renouée,  lorsque 
la  junte  de  cosmographes  espagnols  chargés  par  Charles-Quint 
de  compléter  les  cartes,  vers  1536,  se  reporta  aux  œuvres  de 
l'hydrographie  portugaise  pour  fliire  son  travail  de  revision. 
Cette  supposition  devient  presque  une  certitude  lorsqu'on  com- 
pare le  portulan  de  Gaspar  Viegas  de  1534,  tout  succinct  qu'il 
soit,  avec  la  carte  de  Chaves,  telle  que  la  décrit  Oviedo,  et 
avec  celle  de  Gutierrez  précitée. 

On  ne  voit  dans  cette  dernière  aucune  trace  des  découvertes 
de  Jacques  Cartier,  et  il  est  évident  que  les  données  dont  le  cos- 
mographe espagnol  s'est  servi  proviennent,  directement  ou  in- 
directement, de  navigateurs  qui  n'ont  pas  fait  le  périple  du  golfe 
Saint-Laurent.  Par  contre,  au  nord  de  Terre-Neuve,  on  remarque 
un  grand  estuaire  correspondant  à  l'entrée  du  détroit  de  Davis, 
et  dénommé  «  lagran  baia.  » 

Ainsi,  voici  une  carte  de  dimensions  importantes,  et  très  détail- 
lée, faite  à  Séville  par  un  cosmographe  de  Sa  Majesté,  noté  pour 


i 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT  25S 

son  habileti  exceptionnelle  en  cartographie',  et  qui,  en  1530,  ne 
connaît  encore  ni  le  détroit  de  Belle-Isle,  ni  le  fleuve  Saint-Lau- 
rent, ni  les  grandes  îles  du  golfe  de  ce  nom.  Notre  surprise  aug- 
mente lorsque  nous  rapprochons  les  profils  géographiques  tracés 
par  Gutierrez  des  contours  qu'on  relève  sur  la  carte  faite  égale- 
ment ;V  Séville  par  son  collègue  Sébastien  Cabot,  six  années 
auparavant.  Dans  cette  dernière,  toutes  les  configurations  dues 
aux  explorations  françaises  sont  nettement  indiquées  et  en  par- 
tie nommées,  bien  qu'involontairement.  Comment  se  fait-il  que 
Gutierrez  n'en  ait  pas  eu  connaissance  ?  On  ne  peut  non  plus 
dire  que  Cabot  les  dérobait  aux  yeux  de  ses  collègues,  car  sa 
carte,  au  moins  en  sa  forme  originale,  a  dû  être  mise  à  la  portée 
de  tous  les  ayants  droit,  et,  parmi  ceux-ci  figuraient  en  première 
ligne  les  cosmographes  de  Sa  Majesté. 

Ces  lacunes  dans  la  carte  de  Gutierrez,  lesquelles  se  retrou- 
vent dans  le  portulan  fait  par  Baptista  Agnese  pour  Charles- 
Quint,  portent  à  croire  que  les  découvertes  de  Jacques  Cartier 
ne  furent  connues  géographiquement  par  les  cosmographes 
espagnols  que  longtemps  après  leur  accomplissement.  La  date 
de  1544,  qu'on  lit  sur  le  planisphère  cabotien,  devient,  consé- 
quement,  aussi  l'objet  d'un  doute  *,  lequel  augmente  si  nous 

i.ulM  hahilidiul  que  ténia  eu  hacer  carias  de  uavegar.  »  Cédule  du  22  octobre 
\y\\.  Nous  citons  cette  phrase  dans  l'hypothèse  de  Navarrete,  que  la  carte 
en  question  est  l'œuvre  de  Gutierrez  le  jeune.  Notre  argument  conserve 
niJanmoins  toute  sa  force,  que  ce  soit  le  père  ou  le  fils  qui  ait  fait  la  carte. 

2.  La  «  Demosiracion  tiel  majui-imimli  de  Sehastiaiio  Cabolo,  1^44.  «  MS.  de 
la  bibliothèque  particulière  du  roi  ;\  Madrid  (2-H.  5,  in-4),  mentionntSe  par 
M.  Jmenez  de  la  Espada  (Relac.  i^eogr.,  p.  131)  n'est  qu'une  copie servile de 
la  légende  8,  en  sa  partie  espagnole,  telle  qu'on  la  lit  sur  les  bandes  impri- 
mées de  la  carte  gravé-e  de  Sebastien  Cabot  <Supra,  p.  151).  Elle  se  trouve 
dans  le  MS.  signalé  par  Navarrete  (Bihiiol.  Marilima,  t.  I,  p.  576,  art.  Dod. 
Giiijales).  lequel,  en  toutes  ses  parties,  est  d'une  écriture  du  xvu'^  siècle, 
selon  la  description  qu'a  bien  voulu  nous  en  envoyer  notre  ami  M.  M.  R. 
Zarco  dcl  Valle.  Il  est  donc  A  peu  près  certain  que  cette  copie  est  prise  d'un 
exemplaire  gravé  de  la  carte,  laquelle  circulait  extensivement  en  Europe  i\ 
la  fin  du  xvi"  siècle.  {Siipia,  p.  isi-) 


i  . 


l    j 


:!36 


JI-AN  ET  SÉBASTinX  CABOT 


prenons  en  considération  que  ce  n'est  pas  l'original  de  la  carte 
de  Cabot  que  nous  possédons,  ni  même  une  copie  prise  en 
Espagne,  mais  seulement  une  version  faite  et  gravée  dans  le  nord 
de  riiurope  ',  par  un  éditeur  peu  scrupuleux. 

La  carte  que  nous  venons  de  décrire  so  conserve  au  dépôt  des 
cartes  et  plans  de  la  Marine  à  Paris  -.  On  possède,  en  outre,  d'un 
Diego  Gutierrez,  une  carte  de  l'Amérique  gravée  à  Anvers  en 
1562  '.  Comme  le  père  paraît  ûtre  mort  en  1554,  celle-ci  doit 
être  l'œuvre  du  fils. 


29 


CARTES   DE   JACOPO   GASTALDI. 


Cil 


rci  1550. 


L 


A  plus  intéressante  des  cartes  de  ce  savant*  cosmographe 
piémontais  ",  est  celle  qu'il  exécuta  pour  Ramusio  °  vers 
1550,  d'après  des  documents  obtenus,  dit-il,  de  France 
et  d'Espagne  par  Frascator. 

La  phrase  de  Ramusio  :  <(  Il  siinikfamto  alaini  EcceUenti  hiio- 
iiiini  Francesi,  che  da  Pan'gi  i^li  h7mo  mandaio  k  rclationi  dclla 
Niioiia  Francia,  co  qmttro  discgni  imiaiic,  che  saram  posti  inqueslo 

1 .  Supra,  p.  85 . 

2 .  Archives  du  premier  Otnge,  carton  de  V Atlantique. 

3.  AmniCiV,  sive  qtiarta-  orhis  paiiis,  nova  et  exact  issima  dcscriptio.  À  net. 
Dies^o  Gvticro  Pbilippi  nv/i-  Hisp...  cosniogiapho.  Iliero.  Code  excndr 
f^/;/î'tTy'/<c],  1562,  en  six  feuilles,  formant  un  ensemble  de  on',93  X  o"',92. 
British  Muséum,  N"  69810/18.  Elle  est  mentionnée  par  Ortelius,  et  par 
Antonio  d'après  hBihliotheca  de  Gesner. 

4.  \'oir  De  Castalili  Mappa  ikscriptione,  dans  Sévert,  De  orhis  catoptrici, 
Paris,  159S,  in-fol.,  p.  104, 

5.  Kc  ;\  Villafranca;  Andréa  Rossoto,  Syllalws  script.  Pedenionti.Uondoy'u 
1667,  in-4,  p.  301. 

6.  Raccolta,  1565,  t.  III,  p.  424. 


JEAN  LT  SÉBASTIEN  CABOT 


^37 


vohiiiic  à  siioi  liiogin  ',  »  et  le  fait  qu'on  la  lit  dans  une 
cpître  datée  du  20  juin  1553,  ajoutent  de  l'importance  à  la  carte 
jirocitée.  Malheureusement,  ce  ne  sont  pas  les  disti'iii  mûmes 
que  donne  le  compilateur  vénitien,  mais  un  arrangement  t'ait  par 
Gastaldi,  et  où  l'imagnution  de  ce  dernier  a  pu  suggérer  des 
contours  qu'il  est  impossible  aujourd'hui  de  distraire  de  la  carte. 
Celle-ci  n'est  pas  la  plus  ancienne  que  nous  ayons  de  Gastaldi. 
Dans  le  Ptolcincc  donné  par  Pictro  Mattiolo  à  Venise  en  1548', 
on  trouve  au  feuillet  5  6  une  carte  intitulée  :  Dclla  Terra  Nova  dcl 
Bacalos,  mais  qui  est  de  trop  petit  format  pour  nous  être  utile.  La 
suivante,  au  contraire,  présente  des  profils,  qu'il  serait  intéressant 
de  comparer  avec  les  délinéations  principales  de  la  carte  Gastaldo- 
Ramusienne. 

Universalis  cxactissima  atqiie  non  recens  modo  vcriini  et  rccentiori- 
bvs  nomimlms  totiiis  orhis  insi^^nalia  dcscriptio  :  quo  noininc  studiosis 
omnibus  non  tam  ntilis  quant  maxime  nccessaria,  per  Jacobum  Cas- 
hihiitm  Pedemonl.  Apud  Fenetos  ;  Prostanl  Antacrpiu!  apnd  Gerar- 
ditm  de  Jode  in  Borsa  nova  '. 

M.  Kohi,  qui  a  minutieusement  et,  avec  son  habileté  ordi- 
naire, analysé  '  la  carte  donnée  par  Ramusio,  est  porté  à  croire 
qu'elle  a  été  faite  d'après  des  documents  français  antérieurs  aux 


1.  Icv.  cil  ,  Discûiso,  l'coto  du  cinquième  feuillet. 

2.  11.  A.  V.  N>J285.  Le  colophoii  est  daté   <i  /iV7'  '''''  mcsc  di  ottùhrc .  » 

3.  Mappemonde  gravée  de  o">,8o  X  0"',47,  en  deux  l'euilles  (Bibl.  nal., 
N»  20168,  deux  exemplaires.)  Elle  est  extrêmement  rare.  La  Vniversak 
Jcscriltioiii-  (//  li'llf  lu  Icrni  coiioscivUi,  gravée  par  Paulo  Forlani,  Véronais, 
dédiée  à  Bartolomeo  Zacco,  de  Padouc,  et  en  vente  chez  Fcrando  Berteli  à 
Venise  en  1563,  n'est  qu'une  copie  de  Gastaldi.  Il  en  est  de  même  de  celle 
donnée  par  Matteo  Pagano  en  1562  (A.  Manno  et  V.  Promis,  Kotizie  di 
Jacopo  Gastaldi,  Torino,  1881,  in-8,  p.  19),  mais  au  moins  celte  dernière 
reconnaît  comme  auteur  le  cosmographe  piémontais.  M.^C.  Castellani  cite 
(Calaloj:;o  ragicnato  ddk  pin  raie  opcir  !;(\\^'rajichf  astampa,  Ronia, 1876,  in-8), 
mPhinisjcrûtiiiivL'isak,àc  0,380X0  330,  Venise  1546,  et  unautredeo,joo 
X  0,500,  de  1362,  du  même. 

4.  Discovcryoj'  Maine,  p.  226. 


j;S 


JI-AN  l'T  SliUASTlliN  CAHOt 


voyages  de  Cartier,  et  provenant  peut-être  de  Jehan  Dcnys  ou  de 
Giovanni  Verraz/ano  '. 

Cette  carte  ne  ressemble,  il  est  vrai,  à  aucune  autre,  mais 
cette  raison  ne  saurait  suffire  pour  lui  attribuer  une  origine  aussi 
reculé-e,  car  on  y  discerne  les  détroits  de  Belle-Isle  et  de  Caiiso, 
dont  la  découverte  ne  date  que  des  explorations  de  Jacques  Car- 
tier. Qiiant  aux  autres  délinéations,  elles  sont  absolument  ima- 
ginaires. Ainsi,  la  Nouvelle-Ecosse,  ici  qualifiée  de  Ntiai'a  Fran- 
r/^/,  avec  Terra  tic  Nirvmlvgti,  en  sous-titre,  forme  une  île  immense , 
au  nord  de  laquelle  se  trouve  une  autre  île  de  grandes  dimen- 
sions. Il  n'y  a  pas  de  golfe  Saint-Laurent,  car  l'espèce  d'estuaire 
portant  le  nom  lyAiigotilestnc,  est  tout  au  plus  la  baie  de  l'undy. 
Quant  à  la  nomenclature,  si  brève,  elle  décèle  aussi  des  emprunts 
faits  aux  cartes  lusitaniennes,  comme,  par  exemple,  le  C.  dcspc- 
râ:^i,  le  Mole  de  iri^o  et  la  Bonnc-iiish',  qu'on  reconnaît  sous 
leurs  formes  italiano-françaises.  A  notre  avis,  la  carte  de  Gas- 
taldi  n'est  qu'une  mauvaise  version  du  prototype  del'Harleyenne. 


30 


CARTE   PORTUGAISE   DU    DLPOT. 


Cimt  1353 


C 


i'hst  un  superbe  planisphère  sur  parchemin,  de  i"',8o 
X  I'",  10,  richement  enluminé,  d'un  très  beau  travail 
portugais. 

On  distingue  sur  le  Groenland,  ici  (comme  dans  toutes  les 
anciennes  cartes  portugaises)  appelé  Terra  do  lanrador^  le  pavillon 
anglais  aux  croix  de  Saint-Georges  et  Saint-André,  sur  la  Nou- 
velle-Ecosse, l'étendard  du  Portugal,  et  sur  la  Floride  celui  de 
l'Espagne.  La  nomenclature  est  presque  absolument  lusitanienne, 


I.  Loc.  lit.  p.  228. 


JEAN  r.T  SHlîASllEN  CA150T 


3Î9 


mais  les  noms  de  R.  de  Siujiicnai,  Maitc  suhloii,  brestc,  monts  Je 
Jacques,  et,  dans  le  voisinage  de  l'ile  du  Prince-Edward,  /1/f^rtv, 
hr ion,  etc.,  indiquent  des  emprunts  {\iits  aux  cartes  françaises. 
L'ile  imaginaire  de  Saint-Jean,  sur  l'Atlantique,  a  disparu,  et 
Terre-Neuve  est  peu  fragmentée,  ce  qui  impose  i  la  carte  une 
date  plus  récente  que  les  précédentes.  La  côte  occidentale  du 
continent  est  complète,  du  cap  Horn  jusqu'au  golfe  de  Californie, 
lequel  est  nettement  tracé  avec  sa  péninsule,  comme  dans  la 
carte  faite  ;i  Mexico  en  1 541  par  Domingo  del  Castillo '.  Par 
contre,  un  large  détroit,  à  la  hauteur  de  celui  de  Davis,  traverse 
le  continent  dans  toute  sa  largeur,  pour  venir  aboutir  à 
l'Océan  Pacifique. 

Cette  belle  carte,  qui  n'est  malheureusement  ni  signée  ni  datée, 
est  conservée  aux  archives  du  dépôt  des  cartes  et  plans  de  la 
iMarine,  à  Paris  ". 


31 


CARTli   DE  NICOLAS   Dli   NICOLAY. 


■es 
II 


L'Artc  de  Navi'gdr  de  Pedro  de  Médina  devint  bientôt  aprè 
la  publication  de  cet  ouvrage  à  Valladolid  en  1545  ' 
un  livre  classique  partout  en  Lurope.  La  première  tra- 
duction en  langue  étrangère  fut  celle  que  donna  Nicolas  de 
Nicolay,  à  Lyon  en  1553  '. 

1.  Elle  est  reproduite  dans  Lorcnzana,  Histoiiu  Je  Xiicva  EsjHitui.  Mexico, 
1770,  in-fol. 

2.  Archives  du  premier  étage,  portefeuille  I,  pièce  4. 

3.  n.  A.  y.  i\'"266. 

4.  L'Art  (/<■  iiavis^iur  île  Pierre  île  Médiiie...  Inidiiit  du  aislillun  en  fraïuvy.s-, 
Iii-folio.  La  planche  a  été  copiée,  mais  imparfaitement,  pour  l'édition  de 
Rouen,  1)73,  in-4''. 


1553. 


340 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CAlîOT 


D;ms  l'cdition  espagnole  il  y  a  une  mappemonde  que  Pedro  de 
Médina  reproduisit  dans  son  IJl'ivdf  i;nimlc:^(isy  cosas  mcmorablcs 
ih'  Jispiinti,  mais  ce  ne  fut  pas  celle  que  Nicolay  adopta  pour  sa 
traduction.  Le  savant  Daupliinois  en  dressa  une  expressément, 
qui  est  supérieure,  pour  l'exécution  et  l'exactitude,  à  la  carte  du 
fameux  cosmographe  espagnol.  C'est  une  carte  de  o™,3o  X 
o"\20,  gravée,  et  portant  la  signature:  «  N.  Kicolay  du  ditiil- 
phinc  Gcogr.  du  Kov.  »  On  y  lit  les  noms  de  Tcrrit  de  liihonuior, 
C.  llcrmoso,  Ticna  de  Bacalaos,  Ticrra  de  los  Brctoiws.  L'île  de 
Terre-Neuve  est  détachée  du  continent,  mais  morcelée.  Le  frag- 
ment le  plus  septentrional  de  ladite  ile  porte  le  nom  de  S.  Juan, 
et,  dans  la  partie  la  plus  méridionale,  également  sur  un  îlot,  on 
lit  :  c.  Ras.  L'entrée  du  golfe  Safnt-Laurcnt  est  bien  définie. 

Les  dimensions  de  cette  carte  sont  trop  exiguës  pour  nous  être 
d'un  grand  secours,  mais  il  nous  reste  si  peu  des  œuvres  des  pre- 
miers cartographes  français,  que  nous  avons  cru  utile  de  men- 
tionner la  mappemonde  de  Nicolay.  C'est  aussi  un  exemple  de 
la  persistance  de  l'influence  de  l'hydrographie  lusitanienne  en 
France  au  xvi'=  siècle.  Le  lecteur  remarquera  que  la  carte  du  géo- 
graphe dauphinois  n'a  pas  été  copiée  entièrement  sur  celle  de 
Médina,  bien  qu'insérée  dans  une  traduction  de  l'ouvrage  le  plus 
célèbre  de  ce  fameux  cosmographe,  et  quoique  contenant  des 
noms  espagnols.  Ainsi,  sur  la  mappemonde  de  ce  dernier,  Terre- 
Neuve  est  encore  soudée  au  continent,  et  on  n'y  lit  pas  tous  les 
noms  qui  se  trouvent  sur  la  carte  française.  Nicolay  a  donc  fait 
usage  de  documents  que  son  modèle  n'a  pas  connus  '. 

Nicolas  de  Nicolay,  sieur  d'Arfevîlle,  était  dessinateur  excellent 
et  cosmographe  instruit.  Aussi  devons-nous  regretter  que  sa  AViv/ 


1.  M.  Kohi  [Disanvry,  pi.  XVII,  4,  p.  317)  donne  un  extrait  d'une  carte 
de  <i  NicoUo  dcl  Dolfinato,  »  ajoutée  à  des  «  X(ivii;iitwiii  dd  iiiomlo  iitiovo,  » 
qui  auraient  <!té  imprimées  i  Venise  en  1560.  l'eut-être  ne  s'agit-il  que  de 
l'édition  italienne  des  Kavigiaiciis  d  ivri-^iinatious  oricnlalcs  de  Nicolay, 
donnée  à  Venise  par  Ziletti  (imprimée  par  Aide)  en  1580,  et  qui  aurait 
contenu  la  carte  que  nous  venons  de  décrire. 


JEAN  El"  SI-RASTIEN'  CABOT 


24 1 


(7  cxtjvisilu  dcscriplio  iiniii^'dlioiiini  (tr  pittcciputs  luviidi  parles  nrciis 
ihTiiicala  pcr  Nicolaiiii  Nicoliti  dclphiiutl  puiorcm  et  Cnv^mpJwm  ', 
no  se  .  jntiniic  pus  au  delà  delà  longitude  des  Açorcs. 


33 


ATLAS  DE  GUILLAUME  LE  TESTU. 


C'est  un  magnifique  recueil  de  o"',53  x  o"',37,  composé 
de   59  feuillets,   et  dont  les   cartes,   sur   papier,   sont; 
somptueusement  enluminées.  Il  porte  ce  titre  : 
Cosiuogrciphic  u;:ivcrsi-Uc    selon  les  Navii^uilciirs,    Ttinl  anciens 
Que  modernes  :  Par  Guillaume  Le  Testn  pilolle  en  La  Mer  du 
poneiit  :  De  La  vil  Je  Fraitcoyse  de  grâce  \Le  Havre']. 
Au  feuillet  viii,  on  lit  : 

'(  Ce  liiirc  fvt  achevé  Par  Giiiltaiime  Le  Teslti.  Le  cinqiesmc  Jour 
dapiiril  ijjjiÂnant pasqnes». 

On  conserve  ce  beau  manuscrit  à  la  bibliothèque  du  minis- 
tère de  la  Guerre  ;\  Paris,  sous  la  rubrique  D.  2  /2. 14. 

Consulter  les  cartes  V,  LUI,  LVII  et  LVIII,  lesquelles  trai- 
tent des  régions  septentrionales  du  nouveau  continent. 
On  y  remarque,  pour  le  golfe  Saint-Laurent  et  l'île  duCap- 

1.  Eti  deux  t  euillcs  jcsus.  Biblioth.  Nationale  de  Paris.  Départ,  des  carte, 
l'ort.  221,  N"  SU?- 

2.  Barbie  du  Bocage  dans  sa  description  de  cette  carte  qui,  au  coninience- 
nient  de  ce  siècle,  attira  beaucoup  l'attention  ;\  cause  des  délincations  de 
<•  7avc  la  grande,  »  croyait  que  Le  Testu  était  de  Grasse  dans  le  Var  ;  mais 
il  s'agit  bien  du  Havre,  nonimé  d'abord  l'iainvisf  ilc  Giiur  par  Fransois  !'•■% 
au  lieu  de  l'nmscisiopoUs  que  proposaient  les  savants.  Mjnoiics  de  lu  loiula- 
lioii  et  origine  (le  la  ville  fntiifoise  de  Ci  tue  conij'osc:^  far  Gidlltiiiiiic  de  Miineilles, 
publiés  par  M.  Morlent.  Le  Havre,  1847,  brochure  in-j". 

16 


I555- 


2ii  |1:AN  LT  SliDASTIliN  CADOl 

lîreton,  des  contour-,  qui  sont  lu-aucoiip  plus  exacts  que  ceux  des 
cartes  postérieures.  (!e  n'est  cependant  pas  l'cvuvrc  originale 
d'un  cartoi^raplie  de  Trance,  mais  l'adaptation  d'un  planisphère 
portugais  auquel  quelques  noms  tVani;ais  ont  été  ajoutés. 
Presque  toutes  les  appellations  sont  purement  lusitaniennes. 

L'intérêt  de  cette  carte,  pour  le  sujet  qui  nous  occupe,  con- 
siste surtout  dans  la  preuve  qu'elle  nous  otVre  de  la  persistance 
de  riiydrograpliie  portugaise,  et  de  son  iniluoncc  sur  la  carto- 
graphie française  ;  car  il  s'agit  ici  d'un  portulan  dédié  ;i  l'amiral 
Coligny,  et.  cependant,  le  cartographe  ne  s'est  même  pas  donné 
la  peine  de  iVaticiser  les  noms  qu'on  relève  sur  les  possessions 
li'ançaises  dans  le  Nouveau-Monde. 

C'est  une  des  rares  cartes  de  cette  époque  où  se  lit  le  nom  de 
i(  l'ittucica  »  ;  écho  lointain  des  découvertes  attribuées  i  Verraz- 
zano.  L'ile  du  Prince-Hdward  y  est  appelée //<■  f/(/^(V/.v  ;  corruption 
de  hic  Ah^iiy,  nom  donné  par  Cartier. 

Nous  ne  savons  plus  où  nous  avons  lu  que  Le  Testu  avait  été 
le  compagnon  d'André  Thcvet  dans  le  voyage  de  ce  dernier  en 
Amérique.  Thcvet  s'embarqua  avec  Durand  de  Villegagnon, 
lequel  mit  à  la  voile  le  12  juillet  1555,  et,  comme  le  portulan 
précité  est  daté  du  5  avril  1)55,  on  ne  saurait  y  chercher 
des  renseignements  de  visii^  ni  s'en  servir  pour  élucider  les  des- 
criptions de  l'Amérique  septentrionale  qu'on  lit  dans  les  Singii- 
hiiik:;^  ik lu  Fiance  Aiil(tirti(jiit'  et  dans  la  Cosmogntphic  de  Thevet. 
Ce  serait  plutôt  la  mappemonde  manuscrite  suivante,  que  le 
lecteur  devrait  consulter. 

Celle  carie  fui  poiiiclraile  lin  loiile  perfeclioii  TanI  de  Ltlilade 
ijiie  h>ni^ilinle  Par  moi  Giiillaiiiiie  L-  7'eslii  Pilolle  Royal  NatiJ 
lie  la  ville  J-raiieoyse  de  ^jrace...  Fui  achevée  le  2)  jour,  de 
May  1)66. 

Celle-ci  est  de  r",iS  X  o"',79  sur  vélin,  non  coloriée.  On  la 
conserve  au  bureau  des  cartes  du  ministère  des  Afiiùrcs  Étran- 
gères, ;\  Paris. 


JLAN  l.I  SLHAbUl.N  LAUUT 


213 


34 


ATLAS   DE   DILGO  IIOMCM. 


Li:s  cartes  de    ce    cosmof^raplic  lusitano-vciiiticii   jouissent  (^'/Val  ISS^. 
d'une  trop  Jurande  réputation  pour  que  nous  néiilitzioiis  _ 
de  signaler  un  très  curieux  atlas  anonyme  qui  est  certai- 
nement son  ivuvre. 

Ce  recueil  est  sur  parchemin,  composé  de  huit  feuilles,  de 
i"',25  X  r",io.  Il  ne  porte  aucune  date,  n'étant  pas  terminé 
(comme  on  le  voit  par  les  banderoles  et  la  bordure  dans  cer- 
taines parties),  mais  la  configuration  générale  des  côtes,  les 
dimensions,  les  positions  et  les  légendes,  notamment  celles-ci: 
"  Desertùbusoz  »  (^Dcscrliim  biisoium)^  <<  'l'erraagricule  »  [Libin- 
i/('r),"Marc  leparaniatiiT  "  (!''),  "^C.  de  bcrtoens  »  ((,".  des  Inrloiis), 
«  Beu  sabloni  »  ('Bhiiic  snHoii).  etc.,  etc.,  rappellent  trop  le  bel 
Atlas  du  Hritish  Muséum  ',  pour  ne  pas  provenir  de  la  même 
main.  Or,  ce  dernier  porte  l'inscription  suivante  :  «  Dii^'iis  Ho- 
iiii'ii,  cosiiiogniphiis  fccil  hoc  opits  niiiio  sttliilis  i ))S.  «  On  peut 
aussi  comparer  l'atlas  qui  est  devant  nous  avec  celui  de  1560 
de  la  Marciana  *. 

Tout  ce  que  nous  savons  de  ce  cartographe,  c'est  qu'il  était 
Portugais  et  établi  à  Venise.  Nicolas  Antonio  cite  de  lui  une 
carte  nautique  de  l'Europe  '.On  mentionne  aussi  de  Homem  des 


1.  Add,  541)  A. 

2.  «  Di(i;iis  Ih'iiivm  tViiiiogrulhtis  me  fccil  oimo  ticiiiiiii  jjOu.  «  Clasïf  IV, 
Codex  64. 

3.  n  Didacus  llonicni,  Lusitar.us,  auclor  laudatur  :  lluropa'  mui'^aliouis 
ciijiiidiim  Descripiioiiis  Luliiuc.  Aiino  miiL.mx,  Cardoius.  «  Uillicliica  liis- 
paiM  Xovii,  t.  I,  p.  289.  / 


2\\  IHAN  i;r  si;hastii;n'  cahot 

atlas  de  i))S  ',  i))9\  i)^"  \  i)(^9'  ^"t  I57J  '•  ("cUii  iiiic 
nous  citons  est  conserve  i  la  liibliotlièqiie  nationale  de  l'aris  ' . 
Ce  qui  lui  donne  de  l'intérOt  pour  nous,  c'est  la  conlij;uration  de 
l'ile  du  Cap-Breton,  ici  anonyinc,  et  l'ile  du  l'riiice-lîdward, 
nommée  «  illc  tic  siil'lÎK's,  »  toutes  deux  assez  exactement 
tracées,  et  Terre-Neuve,  entin  d'un  seul  morceau,  mais  avec  le 
détroit  de  Delle-Isle  placé  de  l'ebt  ii  l'ouest. 


35 


MAPri.MDNDU    l)l;   ANDUliAS    HOMO. 


n59'  y^^hTTi;  carte  superbe  a  été  fractionnée  en  dix  feuilles  de 

-_   I  G"', 77  X  o"',62,  reliées  dans  un  atlas  factice.  Hlle  est 

V--^   sur  vélin,  richement  et  artistiquement  enluminée.  On  y 
relève  ce  titre  : 

Univcrsti  (ic  Niin^^'iil'ilis  totivs  Tcrmrvm  Orhis  Dcscriplio  'cvin 
omnibus  torlvhvs  yiisvlis  flvviis. 
\Jn  cartouche  porte  la  sit;nature  suivante  : 
Aiuhciu Homo,  Cosmoi^niphvs  I.vsiliiiivs,  me  facichit.  Anlvcrpiite 
ttitiio  Milli'ssiino  Qviiii^'enlrsiiiio.  QviiuiiYi;i\uiiio,  Nono. 

Cette  carte  a  été  faite  avec  des  éléments  semblables  .\  ci.iis 
qu'a  employés  Diego  Honiem,  c'est-à-dire  que  les  cosmographes 

1.  Conserve  i  l'Arsenal  de  Venise;  Jlt.  So,-.  l.igur:  IV,  ci.xvu. 

2.  «  ''Diiviis  Home  Cosmographiis  luc  jWit  tih.'  suliilis.  i  ji'j-   "  Bibl.  nat.  de 
r.iris,  Dép.  des  Cartes,  G.  4,  877. 

3.  Bibliothètiue   nationale  de  Parme.  In  vent.  N"  .)0.   Matkovic,  cité  par 
M.  Uzielli. 

4.  Carte  de  la  partie  orientale  de  la    Méditerranée.  ]5ibliot.  du  Collège 
Romain;  Uzielli.  J-Liico,  n"  22^.). 

5.  n  Dic!;ii:i  Ixniic  (Vsiiioi;ial^hiis  liisiliiiiiis   lail  iviicliis  iitio  a  hutii    Virginia 
lij.f.  »  Bibl.  nat.  de  l'aris,  B.  i\.\b. 

6.  Département  des  caries,  n"  1,021  a.  Acheté  de  M.  de  Hennin  en  184 1 
au  prix  de  80  francs. 


M'AN  r.T  SlilUSTIllN  CAHOT 


-^»i 


portiij^ais,  ijinls  fussent  étaWis  "i  Venise  ou  .'i  Anvers,  cherchaient 
encore  en  Fortnj^ai.  dans  la  seconJc  moitié  du  \vr  sicclc,  le  pro- 
totype do  toutes  leurs  cartes. 

La  nomenclature  est  absolument  portuj^aisc,  ou,  pour  les  noms 
tVansais.  lusitanisée:  Sniiicnoii  (Sa^uenav),  t^olrsnir  (An^oulème), 
hoih-itns  (t)rléans).  etc.  Des  emprunts  directs  .'i  une  carte  iVan- 
tj-aise  se  détèlent  dans  les  désignations  de  "  Sep.  isics,  h'  Ivan  pais, 
milles  (leciiivie,  pais  tie  Iciiialc, cap  ilc  Icnialc  »,ctc.  C'est  surtout 
dans  la  région  que  nous  appelons  aujourd'hui  Labrador,  qu'on 
relève  ces  noms.  C'omnic  on  les  lit  aussi  dans  Homem,  et  que  s.i 
carte  n'est  que  d'une  année  antérieure  à  celle  de  Homo,  ces  deu\ 
cosmographes  ont  très  probablement  suivi  un  même  modèle, 
lequel  nous  ne  connaissons  pas  encore. 

Ce  planisphère  est  conservé  au  département  des  cartes  du  mi- 
nistère  des  Affaires  Htrangères  à  l'aris. 


36 


TRACMKNT   DF.   CARTF.   ESPAGNOLE. 

C'est  un  lambeau  de  parchemin,  de  o"',5o  X  o'",3), 
récemment  découvert  à  Madrid  dans  la  couverture  d'un 
recueil  de  pièces  concernant  les  Jésuites  '.  Cette  carte, 
dont  on  ignore  les  dimensions  originelles,  ne  couvre  plus  que 
l'espace  compris  sur  nos  mappemondes  entre  les  47''  et  5  a"  de- 
grés de  latitude  nord  et  les  59'  et  73"-'  degrés  de  longitude.  La 
déchirure  commence  à  l'extrémité  de  l'île  du  Cap-Breton. 
La  configuration  générale  est  celle  des  cartes  lusitano-françaises 


I.  Elle  a  ttc  reproduite  en  f.ic-siniilé  par  M.  C.  F.  Duro,  Ami  Jf  .NV, 
Madrid,  1881,  in-8,  d'après  l'original  conservé  ;\  la  bibliothèque  de  l'Aca- 
démie d'Histoire  à  Madrid. 


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246 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CA150T 


de  la  sccoiulo  moitic  du  xvi''  siècle,  mais  tract'c  avec  une  sûreté 
de  main  qui  indique  une  date  très  postérieure  aux  planisphères 
de  Cabot  et  de  Gutierre/.  Malheureusement,  ce  qu'on  peut  ap- 
peler la  pierre  de  touche  pour  l'ancienne  cartographie  de  l'Amé- 
rique septentrionale,  c'est-à-dire,  les  îles  de  Terre-Neuve  et  du 
Cap-Breton,  avec  ou  sans  les  détroits  de  Belle-Isle  et  de  Canso, 
manque  dans  cette  carte.  Les  noms  et  les  léi;endes  y  sont  aussi 
très  rares,  puisque  nous  n'en  relevons  que  dix-sept.  Ce  sont,  en 
suivant  le  golfe  Saint-Laurent,  <^'olcsiik;  dmada,  j"  de  orljcus, 
l'irltvi,  asloiiît,  thjiii  iniirinv  iiiiichos Ivanccsca  dchïthrc,  dtiiiijâ,  R.  de 
stujiiinay,  S.  jiiiiii  (?)  ers  (?)  ^/V/('  \slns,  Iniya  de  sd  lorcnço,  las  iiiiicIms 
yshis,  c.  de  Ireiiot,  lierra  de  lodii  Renié hniça.  L'entrée  du  grand 
golfe,  entre  Terre-Neuve  et  les  îles  de  la  Madeleine,  est  dénom- 
mée ,j,'o//()  (/(■  l'irlones,  et  on  lit,  i\  la  partie  supérieure  d'un  pro- 
montoire, qui  paraît  être  l'extrémité  de  l'île  du  Cap-Breton,  les 
mots  :  V"  (/('  Sâliiii^o. 

Cette  carte  est  incontestablement  de  facture  espagnole,  mais 
ses  éléments  sont  empruntés  ;i  un  cartograplie  portugais,  qui, 
lui-même,  n'a  fait  que  suivre  une  carte  française  :  les  noms 
lïAiisj^oiilenie,  à' île  d'Orléans,  de  Sagiieiiay,  h\,  surtout  oîi  ils  sont 
placés,  le  prouvent,  tandis  que  les  formes  «i;olesiiie  «  et  «  siiijiieiitii  »  ' 
(avec  un  </)  établissent  leur  filiation  lusitanienne.  La  légende  : 
«  Ici  beaucoup  de  français  moururent  de  faim,  »nous  permet,  ce 
semble,  de  fixer  la  date  avant  laquelle  cette  carte  ne  peut  avoir 
été  dressée. 

Il  y  a  plusieurs  malheurs  de  ce  genre  rapportés  par  les  histo- 
riens. Le  premier  arriva  au  cours  du  second  voyage  de  Jacques 
Cartier,  en  décembre  1555.  Il  coûta  la  vie  h.  vingt-cinq  de  ses 
hommes  ;  mais  ce  fut  par  suite  d'une  maladie  contagieuse,  com- 
muniquée par  les  sauvages,  comme  il  appert  d'un  des  chapitres 
du  Hiief  Récit  ',  commençant  ainsi  :  «  D'une  grosse  maladie  qui 


1.  Cartes  de  Vallard,  de  Ilomem  et  du  de^pot  de  la  Marine. 

2.  Edition  de  Tross.  Paris,  186},  in-8,  f.  54,  verso. 


JHAN  ET  SÉnASTir.\  CAHOT 


217 


;i  esté  au  peuple  de  Stad.icone,  de  laquelle  pour  les  auoir  fréquen- 
te/ en  auons  esté  imbouez,  tellement  qu'il  es  mort  de  noz  gens 
iusques  au  nombre  de  uinp;t  cinq.  » 

Le  désastre  essu\é  par  les  .gens  de  Roberval,  au  premier  abord, 
semble  mieux   répondre  ;\  la  légende  cartographique  précitée. 

Aussitôt  arrivé  au  Saint  Laurent,  dans  l'automne  de  15.11, 
Roberval  avait  fait  construire  sur  les  bords  du  fleuve,  en 
amont  de  l'île  d'Orléans,  une  petite  fortification,  qu'il  nomma  le 
1-ort  deFranceroy  ou  de  l'rançois-roy  ',  et  où  on  établit  un  pre- 
mier campement,  en  attendant  le  retour  de  Senneterre  parti  pour 
chercher  dos  secours.  Ce  fut  alors  que,  selon  le  récit  attribué  à 
Roberval  par  llakluyt,  une  maladie  éclata  parmi  ses  hommes, 
et  cinquante  en  moururent  '.  Cette  catastrophe  a  dû  arriver  entre 
le  premier  départ  de  Senneterre  et  son  retour  au  Canada,  pendant 
l'hiver  de  1541-^2. 

Nous  ne  croyons  pas  que  la  légende  vise  le  malheur  do  Rober- 
val, car  le  lieu  où  la  carte  espagnole  fixe  cet  événement,  est  en 
aval  de  l'île  d'Orléans,  tandis  que  le  fort  de  h'rance-Roy  était 
quatre  lieues  en  amont  '.  Us  ne  moururent  pas  non  plus  de  faim, 
mais  du  scorbut,  comme  le  démontre  la  description  qu'on  lit 
dans  Hakluyt  '*. 

Lorsque  le  marquis  delà  Roche  revint  du  Canada,  en  i)9S. 
il  abandonna  environ  cinquante  de  ses  hommes,  dont  on/e  seu- 
lement survécurent  à  Ut  faim  et  aux  privations  ;  mais  ce  fut  à  l'ile 

,.  ,.  -l'Iif  l'oil  of  Fiutur-ioy  Shiinls  In  ./;  ./.v/vc  mi.l  ,•/;,•  Jirsl  IkuI  oI  h 
,kgm-.  »  Routier  ilc  Iclum  Alfoncc.  dans  ll.il<luvt,  t.  111.  p.  259.  Voir 
.-lussi  la  localité  de  rntmiivy  sur  la  carte  dite  de  Henri  II.  et  l'enclos  palis- 
s.adéde  celle  de  Vallard. 

2.  ..  or  the  Fort  of  rraiice-Roy.  In  Ihc  end  iiutny  0)  cv/c />■•»/'/,■  /,//  sid;- 
of  a  miain  ilis.wc  in  Ihcir  /,w«,  ;  ;■»«,  uml  Slowndv,  v,.  //.„/  //vv  s.vninl 
lolvdifriniil  ofall  thiv  lynnncs,  ami  Iheic  dy,\l  ll.viwf  nh'iil  Jij'lic.  »  lialiiuyt, 
PrimijK  \\ivii;.,i.  111,  p.  2.\u 

3.  «  f.wor /,•.(.■".■>■  ;/V,v/(r.i/./  ofti.v  hk  of  Oikans.  »  llaidiiyt,  /'/w//-. 
Kiii'ig.,  t.  m,  p.  2.|i. 

4.  Ihiiliiii. 


i 

1 

1  j. 

i.|S 


JHAN  HT  SÉnASTlF.N  CABOT 


de  Sable  ',  au  sud  du  cap  Breton,  et  non  sur  les  bords  du  Saint- 
Laurent,  que  périrent  ces  malheureux. 

A  la  tin  du  wi"^  siècle,  Henri  I\'  ayant  accorde  des  lettres-pa- 
tentes à  un  capitaine  de  Honfleur  nommé  Chauvin,  pour  coloni- 
ser le  Canada  -,  ce  dernier  équipa  une  expédition  et  partit  pour 
le  Nouveau-Monde  avec  Dupont-Gravé  et  Pierre  du  Gaa,  sieur 
de  Monts.  Après  avoir  remonté  le  Saint-Laurent,  il  s'arrêta  à 
un  endroit  appelé  Tadoussac,  «  quatre  vingt  dix  lieiies  h.  mont 
la  riuière  %  »  y  débarqua  seize  de  ses  hommes,  et,  après  avoir 
recueilli  une  certaine  quantité  de  pelleteries,  retourna  en  France 
sans  plus  se  soucier  de  ces  infortunés.  Onze  de  ceux-ci  mou- 
rurent de  faim  et  de  misère  '. 

Le  lieu  où  se  trouvait  leur  misérable  baraque  est  sur  les  bords 
du  Saint-Laurent,  en  aval  de  l'ile  d'Orléans,  mais,  il  f;iut  le 
reconnaître,  plus  éloigné  que  ne  le  porte  la  carte  espagnole,  et  à 
l'est  du  Saguenay.  Aussi  n'osons-nous  pas  affirmer  qu'elle  vise 
même  cet  événement,  qui  est  de  Tannée  1599. 

Ce  qui  porte  aussi  à  penser  que  cette  carte  est  plus  récente 
que  les  expéditions  de  Roberval  et  de  la  Roche,  c'est  le  grand 
nombre  de  localités  oii  des  maisons  et  des  tourelles  ont    été 


1.  (1  Ainsi  réduits  en  toute  extrémité  pour  la  stérilité  dudit  pays  avoient 
été  contraincts  de  se  nourrir  et  sustenter  de  la  chair  des  bestes  sauvages 
...nestant  neantmoins  dudit  nombre  de  quarante  ou  cinquante  hommes 
restez  que  les  unze  qui  sont  présents.  »  Anrt  rcmlu  contre  Ckfilhostel  qui 
ramemi  en  France  les  hommes  restant  des  4$  ou  jo  laissés  par  le  marquis  de  la 
Roche  dans  l'ile  de  Sable.  27  novembre  1603.  MS.  archives  du  Parlement 
de  Rouen.  Registre  d'audience,  n»  i.  Voir  aussi  E.  Gosselin,  Nouvelles 
Glanes  historiques  Xornuindes,  p.  16. 

2.  Pour  ce  Chauvin,  voyez  nos  Xoles  sur  la  Nouvelle-France,  p.  18. 

3.  Champlain,  éd.  de  Québec,  p.  697. 

4.  «  Nos  hyuernans  consomment  en  bref  ce  peu  qu'ils  auoient..  c'estoit 
la  cour  du  Roy  i'etault;  chacun  vouloit  commander;  la  paresse  et  fainéan- 
tise, auec  les  maladies  qui  les  surprirent,  ils  se  trouuerent  réduits  en  de 
grandes  nécessitez...;  les  vnze  moururent  misérablement  ».  Champlain, 
Les  l'oya^'es  de  la  Nouvelle  France,  Paris,  1632,  in-4,  chap.  vi. 


JEAN  F.T  Sl-RASTIEN  CABOT 


219 


Jcssinccs  pour  figurer  des  villages.  Il  n'y  en  a  pas  moins  de  dix- 
sept,  dont  six  en  Gaspésie  et  deux  au  sud  de  la  baie  des  Chaleurs. 
Or,  non  seulement  ni  Cartier,  ni  Robcrval,  ni  de  la  Roche  ne 
construisirent  d'habitations,  excepté  à  l'île  de  Sable  et  à  Char- 
lebourg  ou  à  France-roy,  mais  ils  ne  firent  aucune  excursion  dans 
l'intérieur  des  terres  à  l'est  du  Saint-Laurent,  et  tous  les  Français 
qu'ils  avaient  amenés  périrent  ou  revinrent  en  France.  C'est-i- 
dire  que  si  même  ces  dessins  avaient  eu  pour  but  d'indiquer  des 
villages  d'Indiens,  —  ce  qui  nous  paraît  peu  probable,  étant 
donnée  la  forme  des  bâtisses,  —  les  Français  ne  devaient  en  rien 
savoir.  Il  fiut  arriver  aux  expéditions  de  Poutrincourt  et  de 
Champlain,  dans  les  premières  vingt-cinq  années  du  xvii=  siècle, 
pour  trouver  des  habitations  d'Européens  dans  ces  pays. 

Cette  carte  est  donc,  à  notre  avis,  postérieure  i\  l'an  1603; 
d'ailleurs,  la  précision  relative  des  contours,  l'ampleur  du  lavis, 
la  main-d'œuvre  en  général,  rappellent  plutôt  la  cartographie  du 
xvii»  siècle  que  celle  du  temps  de  Henri  II,  plus  fine,  mais 
sèche  et  d'une  calligraphie  ditférente. 


37 


CARTE  ATTRIBUEE  A  JEHAN    DENYS. 


ON  lit  dans  la  collection  de  voyages  de  Ramusio  :  «  Sono 
dira  ;j  (Viiii  che  vn  naiiilio  d'Onfleiir,  dcl  qiiak  cra 
Capilaiio  Giomumi  Dionisio,  e  il  Pilotto   Gamarto  di 
Roaiio  priiiianienk  v'andô  ' .  » 

Ce  court  paragraphe  du  compilateur  vénitien,  traduisant  un 


I.  Édition  de  1565,  t.  III,  f.  425-  F- 


fi' 


350 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CAHOT 


l't 


récit  rédige  en  1539  par  un  capitaine  dieppois  non  nommé,  est 
i  peu  près  tout  ce  qu'on  sait  de  Jehan  Denis  de  Ilonfleur  qui, 
en  1506  ',  aurait  exploré  le  littoral  du  Canada  et,  avant  l'année 
15 19,  une  certaine  partie  du  Brésil,  qu'il  aurait  même  décou- 
verte '.  Quant  aux  <<  bons  Mémoires  »  où  Charlevoix  a  pris 
l'assertion  que  le  capitaine  normand  <i  avoit  tracé  une  carte  du 
golfe  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de  S.  Laurent  ^  »  nous  n'a- 
vons pu  les  retrouver.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  carte  a  été  vaine- 
ment cherchée  par  tous  les  écrivains  qui,  depuis  le  savant 
jésuite,  se  sont  occupés  de  la  Nouvelle-1-rancc.  Aussi,  grande 
fut  notre  surprise  lorsque  nous  lûmes  dans  le  catalogue  de  la 
bibliothèque  du  Parlement  canadien',  un  titre  ainsi  conçu  : 

«  Caiic  (le  l'embouchure  du  Sl-Liuretit  ftiile  et  copiée  sur  une 
écorce  de  bois  de  Imuleau^  envoyée  du  Canada,  har  Jehan  Denys;  une 
feuille,  ijoS.  » 

Sur  notre  demande,  M.  L. -P. -Sylvain,  conservateur  des  archives 
canadiennes,  a  eu  l'obligeance  de  nous  en  envoyer  un  tracé,  fiiit 
d'après  le  calque  pris  en  1854  par  M.  P.-L.  Morin  sur  l'ori- 
ginal, alors  conservé  au  dépôt  des  cartes  et  plans  du  minis- 
tère de  la  Guerre  à  Paris,  «  enveloppé  dans  un  morceau  de 
satin  et  déposé  bien  précieusement  dans  une  boîte.  »  Nous 
croyons  à  peine  utile  d'ajouter  que  notre  premier  soin  fut  de 
rechercher  cette  boîte  et  son  curieux  contenu.  On  ne  sait  ce  que 
l'un  et  l'autre  sont  devenus. 

Selon  notre  tracé,  cette  carte  est  de  25  centimètres  dans  les 


1.  li 'Discorso  (alto  del  //;<;.  »  Ramusio.  loc.  cil.,  f.  417,  F.  On  arrive 
■\  celte  date  de  1506,  en  déduisant  les  trente-trois  années  écoulées,  anté- 
rieurement ■\  l'époque  où,  selon  Ramusio,  l'auteur  écrivait  le  récit  publié 
dans  la  Rmrolla. 

2.  H  L'aïtru  parte  (de  h  terra  tlel  Brésil)  fit  scoperta  per  viio  de  Houfleiir  clsia- 
viato  Dionisio  di  Hoiifleiir  da  veiili  anni  in  quà  »,  dit  en  1539  '*-'  grand  capi- 
taine dieppois  dont  le  compilateur  vénitien  public  le  Discorso, 

3.  Hist.  delà  Nouvelle- Fra me,  1744,  in-4'',  p.  4. 

4.  1858,  in-8,  p.  1191. 


JEAN  ET  StBASTIl-N  CABOT 


ast 


deux  sens,  et  clic  porte  la  Id-gendc  suivante  :  -  Emlmchnre  du 
ikmu'dc  Si  Luirent  sur  vm  Fxorce  de  Bois  cnuoiee  de  Canada  ».  Au 
dessous,  on  lit  :  Jehan  Dcnys  i)n6. 

C'est  une  excellente  carte  de  la  Gaspésie,  avec  é-chelles  de  dis- 
tances et  de  latitude,  telle  qu'un  habile  cartographe  du  commen- 
cement du  xviii'  sitde  eût  pu  la  tracer.  On  y  voit  jusqu'afl 
..  Banc  aux  Orphelins.  »  Les  légendes  sont  celles  quisclisem  sur 
les  cartes  du  siècle   dernier  :  Partie  de  Isie  Jlnticosty  ditte  de 
l'Assvmpticm,  Partie  dv  Plnre  de  Canada  dict  de  S.  Livrent,  Monts 
N.  Dame,  R.  Douce,  cap  des  i?();^iV/-5,  Gaspay,  I.  platte.  Baye  des 
Molues,  Cap  despoir,  port  Dameline,  Pake,  port  Daniel,  cap  à  l'An- 
i^lois,R.  de  Si  Sauueur,  Miscou.  La  seule  désignation  insolite  est 
celle  de  la  baie  des  Chaleurs,  ici  nommée  "Baye  de  la  Chaudière. 
Sur  le  littoral  septentrional  de  la  Gaspésie,  on  lit  :  Ance  Dveje 
(Anciennes  Défences  ?). 

Cette  carte  est  absolument  apocryphe. 


38 


CARTE  d' ANDRÉ  THEVET. 


C'est  une  mappemonde  gravée,  ainsi  décrite  par  M.  d'Ave- 
zac'.  «  Projection  en  deux  hémisphères  de   36  centi-  . 
mètres  de  rayon,  cum  privilégia  Pontifias  et  Scnalus 
Veneli  Michaelis  Trami:sini  formis,  M.  D.  LIllI  (Julius  de  Mnsis 
Vend,  in  œs  incidit,  M.  D.  LIIII).   » 

Nous  ne  citons  cette  carte  que  parce  que  Thcvet  a  lui-même 
visité  les  régions  septentrionales  du  Nouveau-Monde.  Notons 


Ï553- 


I.  Coup  d'ivil  historique  sur  la  projection  des  cartes  </<•  i,'<v(,'n//)/;/«!,  Paris,  1863, 
n-8,  p.  73,  n»  8. 


25: 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


cependant  que  ce  ne  fut  qu'en  1555-56.  Le  crédule  cordelier 
a  public  d'autres  cartes,  notamment  la  mappemonde  qui  accom- 
pagne sa  Cosmographie  universelle^  et  celle  mûmM^c:  Le  Nouveaii- 
Mûiide  descùvvert  et  iUvsIrè  de  mstre  temps,  publiée  ;\  Paris  par 
Guillaume  Chaudière  en  1581,  mais  ces  cartes,  qui  peuvent 
être  curieuses  au  point  de  vue  de  la  projection  *,  sont  sans 
intérêt  pour  nous. 

1.  P.iris,  1575,  2  tomes  in-folio. 

2.  Il  paraît  même  que  la  mappemonde  en  deux  hémisphères  qui  accom- 
pagne la  Cosiiioi;riiphie,  est  donnée  par  Jacques  Sévert  comme  type  spécial. 
[Deorhiscalol'liici,  Taris,  1598,  iii-lol.,  cité  par  M.  D'Avezac,  loc.  cit.) 


f  • 


:F 


I 


CHRONOLOGIE 


NOTES 

POUR    SERVIR    A    LN'E    CHRONOLOGIE 
DES    VOYAGES    AU    NORU    DE    l'iLE    DU    CAl'-HRETON 

Dli 
1497     A     1530. 


1497- 

Jean  et  Sùiustikn  Cabot.  Quatre  ou  cinq  petits  navires  qui 
partirent  de  Bristol  au  commencement  déniai  1497,  atterrirent 
au  continent  du  Nouveau-Monde  le  24  juin,  et  revinrent  à  Bristol 
à  la  fin  de  juillet  de  la  même  année. 

Supra,  cluipilrcs  vi-vii. 


1498. 

Jean-  et  Sébastien  Cabot.  Second  voyage.  Cinq  navires,  lis 
mirent  à  la  voile  après  le  i'^'"  avril  1498,  et  étaient  attendus  en 
Angleterre  au  mois  de  septembre  suivant.  C'est  tout  ce  qu'on 
sait  de  ce  voyage. 

Siipni,  clupilrc  x. 


a$6 


Ji;.\N  KT  SlinASTIEN  CAHOT 


1498. 

Î.ansi.otTiurkii.i..  Henry  \'II  lui  prêta,  le  22  mars  1498,  envi- 
ron 70  livres  sterling  pour  équiper,  ce  semble,  un  navire  qui  de- 
vait se  rendre  à  la  nouvelle  île. 

«  Mali  h  22.  To  Lanslot  TbirkillofLoniloii,  iipoii  a  pirsifor  bis 
shipp  goiiig  hnvards  thc iirw Iliiiulc L.  20'.  »  Il  ne  s'agit  probable- 
ment que  d'un  des  navires  de  l'expédition  des  Cabot  précitée. 
On  s'explique  difficilement  que  Henry  VII  eût  encoui'agé,  à  cette 
date,  un  voyage  rival  de  celui  qu'allaient  entreprendre  ces  n.ivi- 
gateurs  après  une  découverte  aussi  notable. 

On  retrouve  ce  Launcelot  Tliirkill  ;\  Londres  en   1501  '. 


1.  Exarplii  Histoiiùi,  or  llliislitilioiis  i\j'  tiiigUsh  Hisloiy  par  N. II.  Nicolas). 
Loiidon,  iiSji,in-8.  p.  116. 

2.  C.  Dcsimoiii,  hilcnio  ii  (lioiuiiiii  Ctihclo,  p,  6: . 
SiH^ra,  page  102. 

Aulè  1)00. 

Gaspau  CoRTHRr.AL.  Premier  voyage  ou  tentative  dans  la  direc- 
tion du  nord-ouest,  confirmée  par  une  phrase  des  lettres-pa- 
tentes datées  de  Cintra  le  12  mai  1500.  Dans  ce  document,  le 
roi  Manoel,  en  concédant  à  Gaspard  Cortereal  les  îles  et  terres 
fermes  que  ce  dernier  pourrait  découvrir  au  cours  du  voyage 
qu'il  se  propose  d'entreprendre,  rappelle  qu'il  en  a  déj;\  cherché 
de  son  chef  et  i  ses  dépens  :  «  A  quamtos  esta  nosa  caria  de  doa- 
çaaoïii  vircin  fiiiciiios  sahr  ijtic  por  qmrmlo  j:;tnpar  cortcrmtll  fidal- 
gito  da  nosa  rasa  os  dias  pasados  se  Irahallmi  pcr  sy  c  a  sua  nisia 
coin  tiauyos  e  homes  de  hiisear  e  descubrir  c  achar  coin  tnnylo  seii 
trahalho  c  despesa  de  sua  fa:^etiida  e  peryguo  de  sua  pesoa  algumas 
il  ha  s  e  terra  finiic...  '  » 

Cette  première  expédition,  infructueuse,  ce  semble,  ne  doit 
pas  être  confondue  avec  celle  qui,  selon  Damiano  de  Goes  -, 


JLAN  f;t  si:nASïii;s  cabot 


257 


appareilla  de  Lisbonne  au  commencement  du  printemps  de  l'an 
1500,  laquelle  estauisi  dilVérente  de  l'expédition  dont  l'asqualigo 
nous  a  conservé  une  relation  ',  puisque  cette  dernière,  selon 
Cantino,  ne  partit  du  Portugal  qu'en  janvier  1501. 

1.  FuACANZio    u.\  MoNiAi.iiODUo,  /'i/('.(/   Xoiuimaili-  Kiliiiiiali,    Viccntij, 
i-,07,  in-.),  lib.  VI,  cap.  t:xxxvi. 

2.  Damiano  du  Cioi.s,  ChioiiicdJo  l'ilii .  Rn  <h<in  Lmaiiivl.  Lisboa,  Ij66, 
in-fol..  t.  I,  f.  6s. 

}.  E.  A.  i)K  Bkttincolut,  Di'scohlimnlo.i,  giinraie  coiiqncslas  dos  Poilu- 
i;iif^es  em  tenus  do  nltiumar  ;  Usbo.i,  1881,  in-4,  lithûgnphic,  t.  I,  p.  137. 


1)00*. 

Gasi'ar  Cokti;ru.\l.  Deuxième  voyage.  Pietro  Pasqualigo, 
ambassadeur  de  la  république  de  Venise  auprès  de  Munoel,  dans 
une  lettre  datée  de  Lisbonne  le  19  octobre  1501,  rendant 
compte  de  l'arrivée  d'une  des  caravelles  de  Cortercal,  dit  que 
ce  dernier  vient  de  découvrir  une  terre  ferme,  laquelle  est  le 
prolongement  d'une  contrée  qu'il  avait  trouvée  au  septentrion 
l'année  précédente  :  <>  sia  lom  jcrma  la  qiial  coiiihinc  in  iina 
altra  terra  che  lano  passato,  fo  discopcrta  sotto  la  tramonUvia\  » 

Gaspar  Cortercal  lit  donc  une  expédition,  couronnée  de 
succès,  avant  celle  dont  Pasqualigo  signale  le  retour  à  Lisbonne 
en  octobre  1501. 

Le  hardi  navigateur  était  revenu  en  Portugal  de  sa  première 
tentative  avant  le  12  mai  1500,  comme  il  appert  des  lettres- 
patentes  octroyées  sous  cette  date.  Il  partit  de  nouveau  pour  le 
nord-ouest  dans  le  mois  de  janvier  1 501 ,  aux  termes  de  la  dépèche 

♦.  JuAX  DoKNi;i.os  ou  DoRvnios.  N.iv:urotc  {Cohwion  tk  l'ùiys,  t.  III, 
p.  41  et  77\  suppose  que  l.i  kitiu  ik-s  Rois  Catholiques  du  (1  iii.ii  ijoo. 
invitant  Dornclos  à  venir  .1  la  cour  pour  s'expliquer  au  sujet  li'un  projet  de 
vova"e  M  ùiksciihrir  con  ciaios  luuros  jvr  iiii,'.shu  iikiriS  »,  a  liait  .1  une  expé- 
dition aux  pays  découverts  par  Jean  et  Sébastien  Cabot.  Ce  n'est  qu'une 
hypothèse,  et  on  ne  sait  de  ce  projet  que  ce  qu'en  dit  la  lettre  précitée. 


2SH 


JEAN  El'  SEhASTŒN  CABOT 


de  r.iinli.isviJcLiraii  duc  de  l'crrarc  '.  C'est  donc  entre  mai  1500 
et  janvier  1501,  que  Gisp.ir  Cortereal  entreprit  s.i  seconde 
expédition.  Daniiuiio  de  Goes  dit  que  ce  fut  au  commencement 
du  printemps  de  l'an  1 500  :  «  dniwii  hua  itao  coin  hu  ijiuil  brut 
esqiiipiula  Jci^cnW,  c  tic  toJo  ho  mais  nrassario,  pnitio  do  porto  Je 
Lislh)aiiocoiiu\v  do  vcn'w  do aniio  de  inil,c  titiinhctos^.  »  Le  chroni- 
queur portugais  fait  erreur  quant  à  l'époque,  car  cette  expédition 
ne  fut  autorisée,  évidemment,  que  par  la  Ciirtu  de  Douçuo  pré- 
citée, laquelle  ne  fut  signée  que  le  12  mai  1500,  à  Cintra. 

On  doit  donc  admettre  que  Gaspar  Cortereal  lit  trois  voyages  : 

Le  premier,  simple  tentative  sans  résultats,  avant  mai  1500. 

Le  second,  entre  mai  et  décembre  de  cette  année.  C'estcelui- 
ci  qui  est  l'objet  du  présent  chapitre. 

Le  troisième,  entrepris  au  mois  de  janvier  1301,  où  le  hardi 
navi'Mteur  perdit  la  vie,  et  que  nous  décrivons  dans  le  chapitre 
suivant. 

On  a  attribué  le  second  voyage  h.  des  Vénitiens,  mais  Diddle  a 
démontré  '  que  la  phrase  «  conjuncla  cuidaiii  phigiO  alias  a  Nostris 
peragratiC^^,  \^i-cicc  à  Pasqualigo, n'est  qu  une  interpolation  d'Ar- 
chan^clo  Madrignano,  auteur  de  la  traduction  latine  si  inexacte 
des  Paesi  '-. 

Le  peu  qu'on  sait  de  ce  second  voyage  cjt  dérivé  de  Galvam 
et  de  Goes.  Galvam  dit  : 

«  Parlio  da  Ilha  Teiceira  coin  dons  navios  annados  a  sua  custa, 
foy  à  quelle  cliiiia  que  esta  debaixo  do  Notte  cm  cincoenta  graos  dal- 
ttira.  Ile  terra  que  se  agora  chaîna  de  jCu  nome,  torttou  a  salvanunto 
a  CidadedeLisboa\  » 

De  Goes  ne  f;iit  pas  partir  Gaspar  Cortereal  de  Terceire,  mais 
de  Lisbonne  ;  et  il  ajoute  ;  «  110  coiiwço  do  verain  do  anno  de  mil 
e  quinentos.  Ncsta  viagein  descobrio  pera  qiiella  banda  do  Norte, 
huma  terra  que  par  ser  miiitofrescae  de  grandes  aruoredos,  comoo  sao 
todas  as  que  ja:^ein  pera  aquella  banda  Ihepos  nome  terra  verdc.e 
cjstcou  huma  boa  parte  délia  se  tornou  ao  regw.  » 

Dans  la  plus  ancienne  carte  portugaise  connue  \h  «  Terra  de 


JEAN  ET  SliRASTlES  CABOT 


yy) 


cortte  Ri-all  »  est,  en  ctlct,  entre  le  jo"  et  le  s  y'  noi\l,  position 
qu'on  retrouve  dans  les  cartes  de  niènie  origine  delà  première 
moitié  du  XVI'  siècle.  Comme  .'i  l'époque  où  elles  turent  dressées 
ri'.e  de  Terre-Neuve  se  soudait  toujours  au  continent,  c'est  pro- 
bablement au  littoral  de  cette  île,  à  la  hauteur  du  cap  Saint-Jean, 
que  Gaspar  Cortereal  atterrit  vers  juin  i  )()(). 

2.  Ai.iiEKTO  Cantino,  DcpCvlic  du  17  octobre  i  i<ii  ;  nifia,  p    202. 

I.  FlIAC.  I)A  MONTALIIOUUC),  /iV.  fil. 

5.  Arciiasi;.  Maurk.nano,    lliiurniiiiiii   lWliii;alhiisiiiiii  c  l.nsiliviia   i'i 
Indiuiii...  Mcdiol.mi,  150H,  in-fol.,  cap.  cxxv.  f.  t.xxx. 

6.  A.NT.   Gai.vam,   'Ihiliido  dos  Disail'iinifiilt's  tiiilij^os,  e  iin'iLrnos.  Lisbiu, 
1731,  in-fol.,  p.  }6. 

}.  DaMIANO  I'K  GiiKS,   h'i\  lit,,  (.   65. 

4.  BiUDLE,  W  Meiiloir  of  Ciibot,  p.  252. 

7.  Supra,  page  161,  N"  5. 


I3OI. 

Gaspar  Corti-real.  Troisième  voyage. 

L'expédition  coinprenait  trois  navires  :  ((  pailint  dcshi  cidadc 
coiii  trcs  tiavyos  a  ikscobrir  terra  iicn'u  '  » 

L'escadrille  mit  à  la  voile,  de  Lisbonne,  au  mois  de  janvier 
1501  :  «  Già  [au  17  octobre  1501]  soti  iioie  mcsi  passait  cbc  qucsto 
Seretiissiiiio  Ré tttandJ....\  » 

1.  Pasqualigo  et  Cantino  ne  parlent  que  de  deux  navires:  «  iiini  de  k  doc 
Caravi'llf,  »  et  «  viaiido  diii  ligni;  »  mais  dans  la  curta  du  15  janvier  1502, 
cittie  par  Kunstmann  [Die  Enldakiiiig,  p.  93,  note  120  tt  où  nous  prenons 
notre  texte,  le  roi  Manoel  dit  que  deu.\  seulement  sur  liais  des  navires 
qu'il  avait  expédiés  étaient  retournés  au  poit:  «  (uia  dias  que  fui  tira  desUi 
cidade  com  Ires  navyos  a  descobrir  terra  nova  du  quai  ja  liiiha  aelmda  jarlc  dellae 
como  depuis  de pasado  tempo  vieram  dous  dites  navios  aa  dila  eidade  avcria  cin- 
quo  meses.  » 

2.  Dépèche  d'Alberto  Cantino.  Pasqualigo  dit  :  «  laniio  passato.  »  En  Por- 
tugal, à  dater  de  1420,  ainsi  qu'à  Rome  et  dans  presque  toutes  les  villes 
d'Italie,  depuis  le  xm*  siècle,  l'année  commençait  le  jour  de  Noël,  mais 


200 


JHAN  liT  SÉBASTIEN  CABOT 


m 


'  I 


Le  vent  les  poussa  clins  l.i  même  direction  pendant  quatre 
mois  :  <(  qiuitro  incsi  conliniii,  sciiiprc pcr  qiicllo  veiito  et  a  qud  polo 
itiininanio  '.  »  sans  amener  aucune  découverte. 

Au  commencement  du  cinquième  mois,  ils  rencontrèrent  de 
fortes  banquises  :  a  d  iiitracti  iicl  qtdnto  mcsc  volcmlo  pure  iitanti 
si\i;iiin\  dicono  chc  rilrovanio  masse  (grandissime  de  concreta  neve 
aiidare  mossc  da  loiide  sopra  il  mare  a  fallu.  >> 

Le  second  jour  de  cette  rencontre,  les  glaces  ayant  empêché 
de  passer  outre,  ils  virèrent  le  cap  au  nord-ouest  :  »  nel  seconda 
giorno  del  qiialc  riirovarno  cl  mar  gclalo  et  constrecti  kl  abandonare 
la  impresa,  cominciarno  a  circondare  verso  maestro  et  poncnte.  » 

Ils  naviguèrent  dans  cette  direction  par  un  beau  temps  pendant 
trois  mois  :  «  ove  tre  mesi  sempre  con  bon  tempo  a  qiiella  volta 
continuarno.  » 

Le  premier  jour  du  quatrième  mois,  ils  aperçurent,  entre  le 
nord -ouest  et  l'ouest;,  une  grande  contrée  :  <>  et  nel  primo  giorno 
dcl quarto  mes  heberno  visia,  Jra  questi  dui  venti,  d'un  grandissimo 
paese.  »  abordèrent  :  x  se  acostarno,  »  voguèrent  sur  plusieurs 
grands  fleuves  d'eau  douce  (^/V),  et,  par  l'un  d'eux,  à  environ  une 
lieue  de  la  mer,  ils  entrèrent  dans  le  pays  :  »  et  correndo  nwlti  et 


comme  Pasqualigo  était  VL^niticii,  il  doit  l'avoir  lait  dater  du  i'-'  janvier 
et,  alors,  son  niiilcsinio  se  rapproche  sensiblcinciit  de  celui  de  Caiitiiio,  car 
il  peut  se  reporter  à  la  dernière  semaine  de  décembre  1500.  Qiiant  à  la  date 
que  donne  Damianode  Goes  ;  "  ;w  diiiio  MDL.  Ihiitiodc  UsIku  ahos  \v  dias 
do  mes  de  Maio  ^{ChiOHiCitdoJ.Rcid.Manocl,  cap.  lxvi,  f.  65  verso),  elle  est 
inadmissible  au  regard  surtout  des  assertions  des  deux  témoins  oculaires  pn!- 
cités.  Il  y  a  aussi  dans  la  Caria  par  laquelle  le  ro'  Manoel  lait  une  donation 
à  un  aïKien  compagnon  de  Cortereal,   Joam  Mai  une  phrase,  au  futur, 

qui  semble  indiquer  que  le  27  janvier  i  joi,  Gasp.n  vJoucreal  était  en  mer  : 
«  a'^uai'daiido  fiosao  mu'ilo  serviço  que  de  Gaspar  Coi  le  Rcall  tcmos  reccbulo  no  des- 
cohrimeiito  da  teira  anminciada  e  ao  deante  esperamos  receber  pcto quai  lie  nteic 
cedor  de  por  elb  llie  fuieriiieis  todu  viereee  ■•  aerecentameiilo  e  iny  aqueltcs  que  110 
dilo  descol'iit'ieiilo  I.'o  ajudaraiit  c  despeiideram...  ».  Sr.  J.  I.  de  Urito  Rebelle, 
LhnsV.tfchivo  dos  Adores,  Tonta  Delgada,  itSi,  t.  III,  no  XV,  p.  196. 

I.  Toutes  les  citations  suivantes,  données  sans  référence,  se  rapportent  i 
la  dépêche  de  Cantino,  que  nous  publions  in  extenso  ci-après. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


261 


i;ranJi  fiumi  dolci  pcr  qucUa  rci^ionc  al  mon;  pcr  uno  de  epsi,  Jcr.u 
ma  kgba  fia  terra  intrartio.  » 

L;\,  ils  s'emparèrent  par  force  d'environ  cinquante  habitants 
des  deux  sexes  :  -.  7)<;i,'//  hoiiiiiii  </  </<■  k  domn- ik  (jucsk  locho  w 
pii^Jianio  cirrha  da  cinquaiila  pcr  Jor:ia  .  » 

Cortereal  renvoya  alors  en  Portugal  deux  des  navires,^  comp- 
tant, avec  le  troisième,  explorer  lui-même  la  côte  afin  de  s'assurer 
si  ce  pays  était  une  île  ou  bien  la  terre  ferme  :  «  ha  dcUkrato 
iwdar  tanlo pcr  qiieUa  Costa,  chc  vole  Uilaukrc  se  qucUa  èiimtht,  0 

pur  terra  ferma.  »  .11 

On  ne  le  revit  jamais;  mais  un  des  deux  navires,  ayant  a  bord 
sept  des  naturels,  hommes,  femmes  et  enfants,  arriva  à  Lisbonne 
ie  8  octobre  1501.  <'^</;>.  T///.  del  présente  arivoqiii  unade  le  doe 
Caravelle...  Hanno  conducti  qui  VU.  Ira  bonihii  et  jemcue  et  puttt 
de  fyHc///',»  annonçant  l'arrivùe,  d'heure  en  heure,  du  second 
navire  avec  cinquante  autres  sauvages  :  «  et  cum  laltra  Caravella 
che  se  aspecta  d'hora  in  bora  ne  vieil  allii  eiiiqiujnta  ' .  » 

Trois  jours  après,  le  1 1  octobre,  cette  seconde  caravelle,  avec 
sa  cargaison  humaine,  fit  aussi  son  entrée  dans  le  port  de  Lis- 
bonne. La  traversée,  au  retour,  avait  été  de  un  mois,  et  le  par- 
cours, de  2.800  milles».  «-  Qiiesto  iiaviglio  è  veiiuto  di  la  a  qua  m 
un  viesc,  et  dicono  esservi  2S00  milia  de  distaïUia.  » 

Pietro  Pasqualigo,  ayant  été  témoin  de  l'arrivée  de  la  première 
de  ces  caravelles,  en  rendit  compte  onze  jours  après  à  ses  frères. 
C'est  ce  récit,  publié  d'abcrd  à  Vicence  en  1507,  dans  les  Paesi 
Nouawente  Retrouati,  et,  l'année  suivante,  traduit  en  latin  par 
Archancrelo  Madrignano,  en  allemand  par  Jost  Ruchamer,  en 
bas-allemand  à  Nuremberg,  et  vers  1 5 1 S .  en  français  par  Martin 

I.  Lettre  de  Pasqualigo  à  SCS  frères. 

2  Pasqualigo  dit  que  le  pays  alors  découvert  était  situ(^  au  nord-ouest,  i 
une"  distance  de  2000  milles  du  Portugal,  et  que  l'escadrille  de  Gaspar  Cor- 
tereal avait  longé  de  six  à  sept  cents  milles  de  côte  :  «  .1  M.  '"'^'"'  /^"^^  ''" 
q,ri  ira  maestro  et  ponente...  per  h  costa  de  ta  quaî  scorseno  for»  mtglwXiC  m 
DCCC.  ne  mai  trcn.'oreno  fin.  » 


262  JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

du  Redouer  à  Paris  ',  qui  a  servi  de  base  jusqu'ici  aux  descrip- 
tions du  voyage  de  Gaspar  Cortereal. 

Aussitôt  que  le  commandant  de  la  caravelle  arrivée  le  i  r 
octobre  eut  débarqué,  il  alla  rendre  compte  au  roiManoeldu 
résultat  de  l'expédition.  Alberto  Cantino,  ambassadeur  d'Hercule 
d'Esté,  duc  de  Ferrarc,  se  trouvait  présent  à  l'entrevue  et  enten- 
dit le  récit  que  fit  le  capitaine.  Après  avoir  été  voir,  toucher  et 
contempler:  «  li  qmli  iôvisto,  tochi  et  contemplali  »  les  malheureux 
dont  on  allait  faire  «  les  meilleurs  esclaves  qu'on  eut  vu  jus- 
qu'alors —  //  hoimui  ch'  scranno  pcr  exccllmtia  da  Jatiga,  et  gli 
meglior  schiavi  se  habia  hauti  sin  hora,  »  Cantino  envoya,  le  19 
octobre,  à  son  souverain,  une  dépêciie  relatant  ce  qu'il  lui  avait 
été  donné  de  voir  et  d'entendre. 

Grâce  aux  efforts  infiitigables  de  savants  dévoués  -,  nous  avons 
la  bonne  fortune  de  présenter  à  nos  lecteurs  le  récit  inédit  et 
authentique  d'Alberto  Cantino,  obligeamment  relevé  à  notre  re- 
quête sur  le  texte  original,  conservé  aux  archives  d'État  de 
Modène,  par  M.  Césare  Foucard,  directeur  de  ce  célèbre  dépôt. 

((  7//.™"=  et  Ex."'"  Prtnceps  et  Domine  mi  singularissime  : 
Già  son  nove  mesi  passati  che  questo  Serenissimo  Ré  mandô 
aile  parte  de  tramontana  dui  legni  ben  armati,  solumper  cercharc 
sepossibil  fusse,  che  a  quella  parte  vi  si  possesse  ritrovare  terre 
ov.  Insuie  alcune,  cusi  hora  alli  undece  del  présente  salvo,  et  con 
preda  uno  de  epsiè  ritornato,  et  ha  portato  gente  et  nove,  le  quale 
non  me  ha  parso  che  scncia  sentita  de  V.  Ex.  debbiano  passare,  et 
cusi  precisamente  tutto  quello  quai  fù  per  il  capitan  al  Re,  me  pre- 
sente,racontato  qui  di  sotto  distintamente  scrivo.  In  prima  racon- 
tano  che  partitiche  furon  del  porto  de  Lisbona,  quatro  mesi  conti- 


1.  B.  A.  r.  N«8  57,  58,  83,  et  Aihtitiotis,'t^o»  29,  48  et  71. 

2.  MM.  Dalla  Vedova,  Uzielli  et  Malvano,  de  Rome,  Vincenzo  Promis,  de 
Turin,  et  G.  W.  Wurtz,  secrétaire  de  la  légatioa  des  États-Unis  à  Rome, 
à  qui  nous  adressons  nos  remerciements  les  plus  sincères. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


263 


nui,  sèmpre  per  quelle  vento  et  a  quel  polo  caminarno,  ne  mai  in 
tutto  questo  spacio  heberno  vista  de  cosa  alcuna;  et  intracti  nel 
quinto  mese  volcndo  pure  inanti  scguire,  dicono,  chc  ritrovarno 
masse  grandissime  de  concreta  neve  andare  moise  da  londo  sopra 
il  mare  a  galla;  da  la  summità  de  le  quale  pcr  la  potentia  del 
sole  una  dolce  et  chiara  aqua  se  dissolvea,  et  disciolta  pcr  cana- 
leti  da  epsa  facti  ruinando  al  basso  qui  cadca,  onde,  che  havcndo 
gia  le  nave  bisogno  de  acqua,  con  li  battelli  a  quelle  se  acostarno, 
et  per  quanto  fu  a  lor  necessario  ne  prenderno .  et  tcmendo  de 
stare  in  quel  locho  per  il  loro  présente  periculo  vc'seno  tornare 
indrieto,  ma  pur  aiutati  da  speranza,  deliberarno,  tome  meglio 
potesseno,  andare  anchora  alcun  giorno  inanii,  et  posscronsi  al 
viaggio ,  nel  seconde  giorno  del  quale  ritrovarno  el  mar  gclato  et 
constrecii  ha  abandonare  la  impresa,  cominciarno  a  clrcondare 
verso   maestro    et    ponente,   ove    tre    niesi  sempre  con  bon 
tempo,  a  quella  volta  continuarno.  Et  nel  primo  giorno  del 
quarto  mese  heberno  vista,  fra  questi  dui  venti,  dun  grandis- 
sime paese,  al  quale  con  grandissima  allegreza  se  acostarno,  et 
correndo  molti  et  grandi  fiumi  dolci  per  quella  regione  al  mare, 
per  uno  de  epsi,  forsi  una  legha  fra  terra  intrarno;  et  in  quella 
dismontati  trovarno  copia  de  suavissimi  et  diversi  fructi,  et  albori, 
et  pini  de  si  smisurata  alteza  et  grosseza,  che  screbbeuo  troppo 
per  arbore  de  la  piu  gran  nave  che  vadi  in  marc.  Ivi  non  nasce 
biada  dalcuna  sorte,  ma  gli  hemini  di  quel  paese,  dicono  non 
vivere  se  non  di  piscasone  et  caza  de  animali,  deli  quali  el  paese 
abonda,  cioè  cervi  grandissimi  vestiti  di  longissimo  pelo,  le  pelle 
de  li  quali  usano  per  veste,  ne  f;uino  case  et  barche  ;  et  cusi  lupi 
volpe,  tigri  et  zebellini.  Affermano  esservi,  che  mi  pare  miraculé, 
tantifalcuni  peregrini,  quante  passare  sono  nel  nostro  paese,  ce  io 
ne  ho  veduti,  et  sono  belletissimi.  Degli  hemini  et  de  le  donne  de 
queste  loche  nepigliarnocirchadacinquantaper  forza,  elhannoli 
portatial  Re,  H  quali  io  ho  visti,  techi  et  contemplati,  et  comin- 
ciande  alla  loro  grandeza,  dico  che  sono  alquanto  più  grandi  del 
nostro  naturale,  com  membre  correspondevole  et  ben  formate,  li 


l-l 


264 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Il  > 

1!^ 


i 


\\  '• 


capillidemaschij  sono  longi,  qiianto  noi  altri  usiamo,  ctpendeno 
concerte  inhanelate  volveture,  et  lianno  il  volto  con  gran  signi 
segnato,  et  li  scgni  sono  como  quelli  de  li  Indiani,  gli  occhi  suoi 
traniio  al  verdc,  dali  quali  quando  guardano,  dona  un  gran  fireza 
a  tutto  il  viso  :  la  voce  non  se  intendc,  ma  pcr  cio  in  se  non  ha 
alcunaaspreza  anci  pin  presto  è  humana,  la  condictione  et  gesti 
loroson  mansuetissimi,rideno  assaie  dimostrano  summo  piacere, 
etquesto  è  quantoalli  homini.La  dona  ha  piccole  poppe  etbelis- 
simo  corpo,  et  tien  un  viso  assai  gcntilcsco,  il  colore  de  le  quale 
più  presto  se  puô  dire  biancho  cha  altro,  ma  il  maschio  e  assai 
più  negro.  Insumma.salvo  che  la  teribile  guardadura  de  liiomo, 
in  ogni  altra  cosa  mi  pareno  equali  alla  imagine  et  similitudine 
nostra.  Da  ogni  parte  sono  nudi,  salvo  che  le  membra  vergo- 
gnose,  che  con  una  pelle  di  sopradicti  cervi  se  tengon  coperti. 
Non  hanno  arme,  ne  ferro  niuno,  ma  cio  che  lavorano,  et  ciô 
che  f;inno,  flmno  con  durissime  piètre  aguze,  con  le  quale  non  è 
cosa  si  dura  che  non  taglino.  Qiiesto  naviglio  è  venuto  di  la 
a  qua  in  un  mese,  et  dicono  esservi  2800.  milia  de  distantia; 
laltro  compagno  ha  deliberato  andar  tanto  per  quella  costa,  che 
vole  intendere  se  quella  è  insula,  o  pur  terra  ferma.  Et  cusi  il  Re 
con  molto  desiderio  et  quelle  et  altri  aspecta,  li  quali  venuti  che 
siano,  et  portando  cosa  degna  di  V.  Ex.''''^  subito  ne  darù  notitia 
a  quella... 

Lishona;,  dieXVIJ  octohris  ijoi. 
III.  et  Ex.  Duc.  D.  F. 

Scrvitor  Albertus  Cantinvs. 
Au  verso  : 

(f  ///."'°  Prtncipi  et  Ev.™"  Domino  Domino  Herculi  Estemi  Duci 
Ferrarie  dignissimo  ac  domino  meo  singularissimo. 

Ferrarie  ' .  » 


1 


I.  Manuscrit  des  Archives  d'Etat  à  Modèae.  —Cancelleria  Ducale.  Dispacci 
lUiUa  Spagna. 


yv'. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


aé$ 


Qiioiquc  d'une  importance  qui  ne  saurait  échapper  au  lecteur, 
ce  document  ne  permet  pas  encore  de  préciser  l'atterrissage  de 
Gaspar  Cortereal  en  1 5  o  i . 

Pour  des  raisons  que  nous  exposerons  dans  un  travail  d'en- 
semble sur  les  expéditions  de  ce  navigateur,  deux  hypothèses 
seulement  nous  paraissent  admissibles.  La  première  est  qu'au 
cours  de  son  troisième  voyage,  vers  le  printemps  de  l'année 
1501.  Gaspar  Cortereal,  longeant  la  côte  supérieure  du  Labra- 
dor, est  remonté  jusqu'à  l'entrée  du  détroit  d'Hudson,  et  que 
les  rivières  mentionnées  dans  le  récit  rapporté  parCantino,  sont 
celles  qui  viennent  se  jeter  dans  la  baie  Ungava.  L'autre  suppo- 
sition est  qu'après  avoir  atterri  à  la  partie  la  plus  septentrionale 
de  l'île  de  Terre-Neuve,  il  entra  dans  le  golfe  Saint-Laurent  par 
le  détroit  de  Belle-Isle,  et  que  les  «  molli  cl  grandi  fmmi  »  en 
question  sont  les  nombreuses  rivières  qu'on  compte  de  ce  détroit 
jusqu'au  fleuve  Saint-Laurent. 

En  attendant  qu'il  nous  ait  été  donné  d'examiner  la  carte  en- 
voyée par  Alberto  Cantino  à  son  souverain,  c'est  vers  cette  der- 
nière hypothèse  que  nous  penchons. 

Après  Cantino  et  Pasqualigo,  Lopez  de  Gomara,  qui  écrivait 
vers  1351,  est,  à  notre  connaissance,  l'écrivain  le  plus  ancien 
qui  parle  des  Cortereal.  Il  place  sous  l'année  1500  les  événements 
de  1501,  puisque  son  récit  mentionne  que  «  tomùpor  esclaves 
hasta  scscnta  homhres  de  aquclhi  licrra  '.  »  Nous  croyons  que  sa 
seule  autorité  est  la  traduction  latine  de  la  lettre  de  Pasqualigo. 
L'assertion  :  «  Dejô  su  nombre  â  las  islas  que  estân  â  la  boca  del 
golfo  Cuadradoy  en  mas  de  cinquenta  grades,  »  est  une  inférence 
tirée  de  quelque  carte  lusitano-espagnole  encore  inconnue. 

Le  récit  de  Ramusio  '  a  également  pour  base  la  lettre  de  Pas- 
qualigo, commentée  au  moyen  de  cartes  portugaises  ou  espa- 


1.  Primera  y  segunda  parte  de  la  Historia  General  de  las  Indias,    Çara- 
goça,  1552,  in-fol.  ;  p.  177  de  l'édition  de  Vedia. 

2.  ^a«oi/fl,t.  III,  f.  417A. 


i66 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


gnoles,  sinon  lusitano-françaises,  comme  la  phrase  «  vn  gran 
fiumc  detto  di  San  Loren:^o,  »  porte  à  le  croire. 

Les  écrivains  portugais  ne  sont  pas  mieux  informés. 

Galvam  ne  dit,  concern;int  cette  expédition,  que  :  «  seperdeo  o 
navio  etn  que  elle  hia  e  o  oiiiro  iornou  a  Portugal  ' .  »  Damiano  de 
Goes  est  aussi  bref  :  «  partio  de  Lishoa  aos  xv  dias  do  mes  de  tnaio, 
mas  0  que  nesia  viagem  passou  se  natn  sale,  porqiie  nuiica  mais 
apparccco,  ncni  se  seule  délie  voua  '.  »  Osorio  en  sait  encore  moins 
que  Goes  :  u  riirsos  atino  UDi  se  in  eandem  regiomm  contulil  ut 
latins  litora  illins  omnia  pcrvagarctnr  et  gentis  mores  et  insiituta 
perdisceret.  Sed  quid  illi  acciderit,  anl  quo  faio  absumptus  fuerit 
mtnquam  scirepotuit  '.  » 

C'est  donc  seulement  dans  les  dépêches  de  Pasqualigo  et  de 
Cantino,  commentées  h  l'aide  de  la  carte  envoyée  par  ce  dernier 
au  duc  de  Ferrare,  que  le  critique  devra,  dorénavant,  chercher 
les  éléments  d'une  histoire  analytique  de  ce  mémorable  voyage. 

1.  Akt.  Galvam.  Tratado,  Lisboa,  173 1,  p.  }6. 

2    Dam.  de  Goes.  Chronica  doRd  doniManod,  1. 1,  f.  65  v. 

3.  Osorio.  De  rebusEmvianuel.,  Olyssif.,  1571,  in-fol.,  lib.  11. 


I5OI 


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16  i 


tli' 


Expédition  akglo-portugaise.  Nous  ne  la  connaissons  que 
d'après  les  lettres-patentes  octroyées  le  19  mars  1501  par 
Henry  VII  à  Richard  Warde,Thomas  Ashehurst  et  John  Thomas, 
marchands  de  Bristol,  associés  à  Joâo  Fernandez,  Francisco  Fer- 
nandez  et  Joâo  Gonzalès,  gentilshommes  des  Açores:  «  Armigeris 


*.  Alonsode  Hojeda.  Expédition  projetée  le  28  juillet  1501,  et  autorisée 
le  8  juin  suivant  :  «  kicia  la  parle  donde  se  ha  sabido  que  desaihrian  los  Inghscs  u. 
Navarrete.  Colcccion  de  los  viages,  t.  III,  p.  86.  Ce  voyage  ne  semble  être 
resté  qu'à  l'état  de  projet. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


367 


in  Insnlis  de  Stirrys  (sic)  sub  obedkncia  Régis  Porlugalice  ori- 
undis\  ))  On  doute  même  que  ces  lettres-patentes  aient  été 
suivies  d'offct,  au  moins  en  1501.  La  conclusion  paraît  autre 
lorsqu'on  rapproche  de  ces  lettres-patentes,  l'émargement  sui- 
vant, copié  sur  les  registres  de  l'intendance  royale  :  «  1^02.  Jan. 
7.  To  men  ofBristoll  tbat  foiinde  Thisle...  L.  y-.  » 

1.  BiDDLE,  Mfinoir of  Cabot,  p.  312-320. 

2.  Excerpta  Hislorka.  Privy  piirse  expcnsa  of  Henry  VU,  p.  126. 


1502. 

Seconde  expédition  ANGLo-roRTUcAisE,  en  vertu  des  lettres- 
patentes  octroyées  par  Henry  VII,  le  9  décembre  1502  ',  ù 
Thomas  Ashehurst,  Joâo  Gonzalës,  Francisco  Fernandez  et 
Hugh  Elliott. 

C'est  probablement  à  cette  expédition  que  se  rapporte  l'émar- 
gement suivant  :  «  1)0}.  Sept.  jo.  To  the  merchauls  of  Ihisloll 
ihat  bave  bene  in  the  Ncwefoiinde  Laiindc.  L.  20  -.  »  C'est 
aussi  cellcj  ce  semble,  dont  fit  partie  Nicholas  Thorne,  père  de 
Robert,  puisqu'il  eut  pour  compagnon  de  voyage  un  «  inerchant 
ofBristowe  named  Hiigh  Eliot  '.  » 

1.  Rymeu.  Fivdira,  Hagx>  comitis,  1741,  iii-fol.,  t.  V,  Pars  iv,  p.  186, 

2.  Hakluït,  PrincipaU  Navig.,x.  I,  p.  219. 

3.  Excerpta  Historica,  p.  129. 
Supra,  page  176. 


1502. 


Miguel  Cortereal,  chet  des  huissiers  du  roi  :  «  Porteiro  ni  or 
do  Senhor  Rci  D.  Manoel.  »  Comme  il  appert  de  sa  lettre  à 
Christovam  Lopez,   Miguel  Cortereal,    avant  le   mois   d'août 


:68 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


1501,  avait  arme  une  expédition,  pour  laquelle  le  roi  Manoel 
accorda  d'abord  un  équipage  de  cinquante  hommes,  qui  plus 
tard,  fut  porté  à  quatre-vingts  '.  Ce  voyage  resta  ;\  l'état  de  pro- 
jet, et  ce  ne  fut  qu'en  vertu  de  lettres-patentes  octroyées  le  15 
janvier  1502,  que  Miguel,  ;\  son  tour,  prit  la  mer.  Ces  lettres 
lui  concédaient  la  moitié  des  terres-fermes  et  des  îles  trouvées 
par  son  frère  Gaspar,  et  celles  qu'il  ponnaitlui-mémc  découvrir. 

Il  partit  donc  (non  dans  le  seul  but  de  retrouver  son  frère, 
dont  on  était  sans  nouvelles),  le  10  mai  1502,  avec  deux  navires, 
dit  Gocs  :  «  Part  h  de  Lishoa  ahos  dcy  dias  de  Maio  deM.  D.  n" 
com  diias  naos  scm  niinra  dcllc  se  mais  haticr  noiia^.  » 

Galvam  relate  que  l'expédition  était  composée  de  trois  cara- 
velles, et  que,  s'il  est  vrai  que  celle  montée  par  Miguel  Cortereal 
ne  revint  jamais,  les  deux  autres  retournèrent  à  Lisbonne.  Il 
ajoute  même  cette  circonstance  que  lorsque  la  flottille  arriva  au 
Nouveau-Monde,  les  trois  navires  décidèrent  d'explorer  chacun 
séparément  les  fleuves  de  cette  contrée,  et  de  se  retrouver  au 
point  de  départie  20  août  (1502);  ce  que  firent  deux  des  cara- 
velles, lesquelles,  après  avoir  Minement  attendu  celle  de  Gaspar 
Cortereal,  virèrent  de  bord  pour  revenir  en  Portugal  : 

«  Foy  ein  busca  cum  très  navios  armadosa  sua  custa.  Chega  dos  à 
quelle  Costa,  cotuo  virao  mtiilas  bocas  de  rios,  e  abras,  entrou  coda 
hum  pela  sua,  com  Regimeiito  que  se  ajuntassem  todos  até  vinte  dias 
do  ntei  Dagosto:  os  dous  navios  assi  of^erao.  E  vendo  quenaoïnnha 
Miguel  Cortereal  ao  pra:^,  nem  despois  algum  tempo,  se  tomarad  a 
este  Reyno,  sem  nunca  mais  délie  se  saber  nova,  nem  ficar  outra 
memoria,  se  nao  charmase  esta  terra  dos  Carte  Reaes  ainda  agora'.  » 

Le  lecteur  remarquera  que,  selon  Galvam,  l'expédition  éjait 
composée,  non  de  deux  navires,  comme  le  dit  Goes,  mais  de 


I.  a" Quanào  armey  em  tixboa  eti  tomei  mantimentos  pera  très  meses  S.  pera 
cimquanta  homens  e  depois  maiidou  d  Rey  noso  Senhor  que  tomase  mais  trinta 
homens. ...  Feito  aos  seis  dias  dagosto  de quittbentos  e  1mm.  (signé)  Miguel  Cortt 
Rtallv,  MS.  cité  par  Kunstmann,  p.  93,  dote  119. 


JliAN  ET  SliBASTIF.N  CABOT 


2Ùq 


trois,  sur  lesquels  deux  revinrent  à  Lisbonne.  Il  importe  aussi  de 
noter  qu'ici,  encore,  on  mentionne  un  grand  nombre  de  rivières: 
«  muitas  bocas  de  rios,  »  —  ce  qui  n'est  pas  un  des  traits  distinctifs 
de  la  côte  septentrionale  du  Labrador. 

2.  Ant.  Galvam.  Tiatihlo,  page  36. 

3.  Dam.  deGoes,  hu-.  cit.,  C.  6)  vurso, 

1303. 

Expédition  portugaise  envoyée  par  le  roi  Manoel  à  la  recher- 
che des  Cortereal.  Composée  de  deux  navires,  elle  revint  à  Lis- 
bonne sans  avoir  trouvé  aucune  trace  des  malheureux  naviga- 
teurs. Ce  serait  .alors  que  la  province  de  Terra  Km/i?  aurait  pris 
le  nom  de  Terra  de  los  Corlercales  : 

«  No  scgtiintc  de  M.  D.  III.  iiiandoii  duas  naos  armadas  a  sua 
Costa  buscalos,  mas  nem  de  hum  iiem  do  otitro  se  pode  minca  saber 
onde  nem  como  de perderam  pelo  que  se  pos  âtjuella  prouincia  da  terra 
ver  de  onde  se  cré  que  estes  dous  irmaos  perderâo,  a  terra  dos  cor  te 
Reaes  '.  » 

«  Ce  fut  Vasco  Eannès  Cortereal,  leur  frère,  alcade  de  Tavira 
et  gouverneur  des  îles  Saint-George  et  Tcrcère,  qui  hérita  des 
privilèges  que  la  couronne  avait  concédés  ',1  ses  deux  frères,  et  il 
devint  capitaine  donataire  de  la  Terre-Neuve  des  Cortereal.  Ce  titre 
passa  ensuite  à  Dona  Marguerite  Cortereal,  héritière  de  la  maison, 
qui  le  transmit  à  D.  Christovam  de  Moura,  marquis  de  Castel- 
Rodrigo,  qui  prit  aussi  le  titre  de  seigneur  de  Terre-Neuve  '.  » 

1.  DAMiANODii  GoES,  lûc,  cH .,  f.  6),  vcrso. 

2.  Fer;)Inand  Denis,  Bios;rapl)k  Générale  (de  Hocfcr). 


1503. 

SÉBASTIEN  Cabot.  Troisième  voyage  qu'on  ne  connaît  que  par 
une  déduction  tirée  d'une  phrase  de  la  Chronique  de  labyan, 
citée  par  Stow  et  par  Hakluyt,  où  il  est  dit  qu'on  présenta  à 


IJO 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Henrj'  VII,  en  la  dix-luiiticme  année  de  son  règne,  trois  sauvages 
pris  dans  les  îles  nouvellement  découvertes  par  Sébastien  Cabot. 
Supra,  chapitre  XI,  pages  ic6-io8. 


1503. 

ExptniTioN  ANGLAISE  qu'impHque  la  récompense  donnée  par 
Henry  VII,  le  17  novembre  1503.  i'i  un  individu  qui  lui  avait 
rapporté  des  éperviers  de  l'ile  nouvellement  découverte;  «  1503. 
Nov.  17.  To  onc  that  hroiight  haivkes  front  tbe  Neivfmttded  Is- 
laud  '.  I.  L.  " 

Peut  être  ne  s'agit-il  ici  que  de  l'expédition  entreprise  en 
vertu  des  lettres-patentes  du  9  ddcembre  1502  précitées. 


1 .  Excerpta  Ilisloiica,  p. 


Circa  1503. 


Expédition  anglaise,  citée  par  Thcvet.  Parlant  des  Baca- 
llaos,  ce  chroniqueur,  peu  digne  de  foi,  rapporte  que  Cabot 
«  Sébastian  Babate  »,  comme  il  l'appelle,  persuada  Henry  VII 
«  de  peupler  le  pais  de  nouveaus  habitans  et  dresser  là  une 
Nouvelle-Angleterre,  ce  qu'il  n'exécuta  pas;  vray  est  qu'il  mist 
bien  trois  cents  hommes  en  terre,  du  costé  d'Irlande  au  Nort,  ou 
le  froid  fist  mourir  presque  t  lute  sa  compagnie,  encore  que  ce 
fust  au  moys  de  juillet.  » 

I.  THV/hr.  Shigiilmitei  de  la  France  Antarctique.  Paris,  1558,  in-4,  cap. 
Lxxiv,  p.  148. 

1504. 

Expédition  anglaise,  démontrée  par  la  mention  d'une  gratifi- 
cation de  2  livres  sterling  à  un  prêtre  qui  se  rendait  à  l'île  nou- 
velle :  «  IS04-  April  S.  To  a  preste  that  goeth  to  the  new  Ilande\ 
i.  2.  » 

I.  Excerpta  Historica,  p.  131. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


•71 


1504. 

Voyages  des  Bretons.  Lorsque  le  critique  relève  sur  la  carte 
de  Juan  de  la  Cosa  les  ligendcs  :  «  Cavodc  Iiii;lalerra  »  et  «  Mur 
desctibierta  por  Inglcses,  »  ou  sur  celle  de  Johanncs  Ruysch  : 
«  C.  de  Portogcsi,  »  la  premit-re  pensée  qui  lui  vient  i l'esprit,  c'est 
que  les  Anglais  ont  abordé  dans  ces  régions  avant  l'an  1 500.   et 
que  les  Portugais  visitèrent  ces  côtes  antérieurement  îi  l'année 
1508.  En  effet,  nous  l'avons  vu,  des  documents  authentiques 
démontrent  la  présence  des  Cabot  et  des  Cortereal  dans  ces 
parages  aux  époques  indiquées.  C'est  par  un  raisonnement  iden- 
tique que  nous  arrivons  à  étro  persuadé  que  les  Bretons  atter- 
rirent au  littoral  de  l'Amérique  septentrionale  dans  les  premières 
années  du  xvi"  siècle.  Les  anciennes  cartes  portugaises  et  lusi- 
tano-espagnolcs  portent,  sur  la  péninsule  qui  forme  le  côté  mé- 
ridional de  l'entrée  du  golfe  Saint- Laurent,  les  appellations  : 
c,  do  bretâos,  »  et  «  tierra  de  los  hrdoncs.  »  La  première  fois, 
cependant,  que  nous  relevons  une  légende  de  ce  genre,  c'est  sur 
le  n"  IV  de  Kunstmann',  caite  dressée  avant  l'année  1520.  On 
lit,  sur  la  côte  de  la  Nouvelle-Ecosse  :  <(  terra  q  foy  desciibierta 
por  bertomcs.  » 

Cette  inscription  est  la  meilleure  preuve  de  la  présence  des 
Bretons  dans  ces  régions.  Quant  i  des  dates,  des  noms,  des 
détails  ou  des  cartes  bretonnes  concernant  leurs  voyages  à  celte 
époque  reculée,  on  n'en  n'a  pas  encore  trouvé.  Il  se  pourrait, 
cependant,  que  les  archives  des  ports  et  de  l'amirauté  de  Breta- 
gne, imparfaitement  explorées  jusqu'ici,  recelassent  des  docu- 
ments de  nature  à  nous  éclairer  sur  les  premières  expéditions 
des  pêcheurs  bretons  au  cap  qui  porte  encore  le  nom  de  leur 
pays.  Selon  le  récit  du  «  Gran  capitano  Francese,  »  rapporté  par 
Ramusio,  ces  voyages  remonteraient  à  l'année  1504  :  k  Detta 
terra  è  stata  scoperta  da  jj  anni  in  quà  ciod  quella  parte  che  cotre 

1.  Su/ra,  N»9,  page  167. 


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(716)  872-4503 


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272 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


huante  et  ponentc  per  li  Brettoiii  et  Nontiandi,  pcr  la  quai  causa  è 
chiamata  qussta  ticrra  il  capodelli  Bietioiii^.  «Rappelons,  à  ce 
sujet,  que  les  Espagnols,  dès  leurs  premiers  projets  d'expéditions 
dans  ces  régions,  devaient  employer  des  pilotes  bretons.  Ainsi, 
dans  la  cédule  de  la  reine  Jeanne  précitée,  on  impose  à  Juan 
de  Agramonte  d'embarquer  des  pilotes  de  Bretagne,  qu'il  dut 
même  aller  chercher  dans  leur  pays  :  «  ccebto  que  dos  pilotas  que 
lla'aredes  seau  hretones...  Que  par  cuanio  vos  habcis  de  ir por  los 
pilotas  que  con  vos  han  de  ir  al  dicho  via  je  à  Brctana  ^..  » 

1.  Ramusio,  Raccûlta,  tome  III,  f.  432  v.  La  phrase  de  Wytfleit  :  «  Britoiies 
et  Normani  anno  a  Chiislo  mto  M,CCCCC,IIJI  bas  terras  invcuere.»  (Ùcscript. 
Ptotem.  Aiigmcnt.,  Lovan.,  1598,  iu-fol,,  p.  185)  est  empruntée  .\  Ramusio. 

2.  Navarrete,  Cokccion  âc  viages,  t.  III,  p.  123. 


1505- 

Expédition  anglo-portugaise,  ou  qui  avait  des  Portugais  à 
bord,  comme  il  résulte  de  la  gratification  accordée  par  Henry  VII, 
le  25  août  1505,  à  des  gens  de  cette  nation  qui,  des  îles  nouvel- 
lement découvertes,  lui  avaient  rapporté  des  pivers  et  des  chats 
sauvages  ;  «  i^O).  Sept.  (?)  2;.  To  Portyitgales  tbat  brought 
popyngais  andcatts  afthe  mountaignc  ivith  other  S  tuf  to  the  Kiiiges 
grâce,  L.  j.  »  Cet  article  suit  la  mention  de  13  shillings  4  de- 
niers remboursés  à  un  nommé  Clays,  pour  avoir  porté  à  Riche- 
mond  ((  wylde  catts  and  popyngays  af -thc  Neufaund  Island  ». 

Excepta  Histm-ica,  p.  133. 


1506.. 

PûcHi-URS  PORTUGAIS.  Ordonnance  de  Manoel,  roi  de  Portu- 
gal, datée  de  Leiria,  le  14  octobre  1506,  concernant  la  perce- 


iill  i 


Circa  1506. 

Jean  Denys  et  Gamart,  de  Rouen.  Cette  date  n'est  qu'ap- 
proximative; le  texte  suivant,  le  seul  connu  où  il  soit  question 
de  ce  voyage,  permettant  seulement  de  la  déduire  du  fait 
que  le  «  Gran  capiton  franccsc,  »,  qui  dit,  en  l'année  1539, 
que  l'expédition  eut  lieu  «  il  y  a  environ  trente-trois  ans  — 
Sono  dira  )}  anni  chc  vu  nanUio  d'Onjhur,  dd  qiiak  ira  Capi- 
tano  Giomnni  T)ionisio,  et  il  Pilotlo  Gamarto  di  Roano  prima- 
niente  v'andô.  » 

Selon  la  même  autorité,  un  certain  Dcnys,  de  Honfleur,  aurait 
découvert  une  partie  du  Brésil  avant  1519.-  «  L'aJira  parte  [de  la 
terra  del  Brésil],  fu  scoperta  per  vno  de  Honjleur  chianiato  Diouisio 
di  Honfleur  da  venti  anni  in  quà.  » 

—  Ramusio,  Raccolta,  1565,  t.  III,  f.  423,  d,  426,  d. 

—  Supra,  page  249,  n"  5. 


IS06. 


Le  Capitaine  Vhlasco.  Voyage  au  fleuve  Saint-Laurent. 
«  Vers  les  terres  de  Labrador  et  Canada,  il  y  eut  vn  capi- 
taine Velasco  Espagne'  qui  passant  cette  coste  entra  en  la 
riuiere  de  Canada  ou  de  Saint-Laurens    »,  rapporte   Vincent 

le   Blanc,   ou  celui  qui  tint  la  plume  pour  lui. 

18 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT  275 

tion  d'un  droit  iiscal  sur  le  poisson  apporté  de  Terre-Neuve  ; 
((  0  dizinio  do  Pescado  da  Terra-Nova.  >- 

—  Atvarà  diris'ido  n  Dioi^o  Biaiul'io.  MS.  cité  par Constanlino  Botdho  de 
Laccrda  Lobo,  Dccadi'ucia  das  Pcscaritis  de  l'oiliindl  dans  les  Mcmoiias  Ecoiio- 
micas  da  Academhi  Real  das  Sciciicias  de  Lishoa,  t.  Mil,  p.  338, 


274 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Nous  ne  savons  sur  quelle  autorité  Charlcvoix  s'appuit"; 
pour  fixer  ce  voyage  à  l'année  1506.  Le  Blanc,  ou,  plutôt, 
Bergeron  ou  même  Louis  Coulon,  ne  donne  aucune  date. 

—  Vincent  le  Bl.vnc,  Ij:s  Voyages  fiWL'vx  du  sicvr  Vincent  Le  Blanc  Mar- 
seillais. Paris,  1649,  iu-4,  Part.  III,  p.  6}. 

—  Chaki.e\'ois,  Histoire  et  description  «éiiérale  de  la  Xotivelle  France,  Pari-, 
1744,  m-4,  t.  I,  p.  4. 


1508. 

Thomas  Aubi-rt.  C'est  encore  à  Ramusio  qu'il  faut  em- 
prunter tout  ce  qu'on  sait  sur  ce  navigateur  dieppois  : 

((  N'cU'anno  ijoS  vn  naiiUio  di  Dicppa  detio  la  Penscc,  il 
qiialc  cra  gia  di  Gioiian  Ango  padre  del  Monsigrtor  lo  Capilano  et 
Fisconle  di  Dicppa  vaiidô,  sendo  maestro  otier  patron  di  delta 
nave  maestro  Thomaso  Aiibert,  et  fa  il  primo  che  condiisse  qui 
le  genli  del  dello  paese.  » 

a 

—  Ramusio,  Loc.  cil. 


1509*. 

Expédition  nokmaxdh  qui   débarqua  à  Rouen  ;     «  septem 
homines  syluestres  ex  ea  insida  {qiuc  terra  noua  decit).  » 


—  EisÈBE  DE  Césauke,  CbronicûH,  Paris,  15 12,  in-4,  f.  172. 

—  B.  A.  V.,  Additions,  n"  45,  p.  57- 

*  Juan  de  Ahkamonte,  de  Lerida.  Le  contrat  foit  avec  ce  Catalan  par 
Ferdinand  d'Aragon,  confirmé  par  la  reine  Jeanne  en  octobre  151 1,  pour 
Cl  ircon  dos  navios  de  naiurales  de  cslos  reinos...  para  ira  saber  el  secrète  de  la 
tierra  nneva  y>,  ne  paraît  pas  avoir  été  suivi  d'effet.  —  Navarrete.  Coleccion 
devia^^es,  t.  III,  p.  122  127. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


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1516. 

SÉBASTIEN  Cabot.  Ce  voyage,  pour  le  compte  de  l'F.spa- 
gnc,  était  en  préparation  au  mois  de  mars  15 16  «  E.xpcc- 
tatqiic  indics  ut  muii^ia  sihi  pivailur,  quihits  aicamtm  hoc 
naluvcc  lateiis  hnn  lamlcin  dctcgalur.  Martio  mciisc  amn  fiiliiri 
MDXVI  piilo  ad  cxploraudum  disccssurum.  »  Il  ne  paraît  pas 
avo'r  été  accompli. 

—  Pedro  Mautyr  D'ANCHir.RA.  Dirad.  III,  lib.  vi,  f.  56  a,  de  l'édit  de 
Basic,  1533,  et  p.  233  de  celle  de  Paris,  1587. 

—  Supra,  p.  il 3. 

I517-I518*. 

Thomas  Pert  et  Sebastien  Cabot.  Expédition  pour  le 
compte  de  l'Angleterre,  mais  qui  aurait  avorté  à  cause  de 
la  pusillanimité  de  l'amiral  Pert  ;  »  ivh-se  Jayiit  hcart  ivas  ihc 
cause  that  ihat  voiagc  took  nom  cffecl.  «  On  ne  sait  s'il  faut 
conclure  de  ce  passage  que  le  voyage  avorta  au  Nouveau- 
Monde  même,  ou  bien  si  ce  lut  dans  le  port  où  s'équipait 
l'expédition. 

—  Richard  Euen.  Trcalies  oj  Ihc  KaiC  Imiui  in'lb  other  KnLlciimlhiinh's 
and  Ihimks,  Lond.,  1553,  i»-4,  dédicace. 

—  Siipiii,  p.  113-115. 

Aiiic  1321. 

JoÂo  Alvares  Fagundes.  Les  expéditions  de  ce  gentilhomme 
portugais    résultent   d'une   Carta  de  Doaçïio,   du  roi  Manocl, 

*  Expédition  des  Anglais  «  que  fiuroii  a  reconoccr  à  hs  Ihiailkios,  »  pla- 
cée par  Herrera  (Decad.  Il,  lib.  v,  cap.  m,  p.  114),  sous  la  date  de  15 19. 
Ce  chroniqueur,  à  notre  avis,  l'ait  confusion  avec  le  voyage  de  1527,  cité 
ci-après. 


276 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


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datée  de  Lisbonne,  le  13  mars  1521,  dans  laquelle  il  est  dit  que 
le  roi  ayant  promis  ;\  Pagundes,  par  une  ccdule  antérieure,  la 
seigneurie  des  îles  et  terres  qu'il  découvrirait,  cette  condition 
se  trouvant  réalisée,  le  roi  lui  octroyait  :  »  la  terre  dite  ferme, 
à  partir  de  la  ligne  de  démarcation  qui  sépare  les  possessions 
de  la  couronne  de  Castillc,  du  côté  du  Sud,  jusqu'à  la  terre 
découverte  par  les  Cortereal  ;  en  plus,  la  baie  d'Auguoada,  sur 
la  côte  nord-est  et  sud-est.  les  îles  auquelles  Fagundes  a 
donné  son  propre  nom  :  «  a  que  elle  pos  nome  ffagiimdas  », 
c'est-i-dire  :  Sam  loain,  Sam  Pedro,  Santa  Ana  et  Santo  Anlo- 
iiio  ;  l'archipel  de  Sain  Pantdioin  avec  l'île  de  Pitigiiocni,  et 
les  îles  des  Onze-Mille-Vicrgcs  et  l'île  de  Santa  Cn<i,  qui  est 
tout  près  du  banc,  et  une  autre  ile  qui  s'appelle  Santa-Ana,  aper- 
çue mais  non  encore  revendiquée  :  «  qticfoy  vistra  c  non  apadro- 
ada  '  » . 

M.  Do  Canto  a  l'obligeance  d'appeler  notre  attention  sur  un 
ancien  manuscrit  généalogique,  où  il  est  dit  que  «  Joao  Ale- 
varez  Fagundes  a  découvert  la  «  Terra-Nova^  »  contrée  aujour- 
d'hui appelée  «  Cabo  Bretào,  »  que  le  roi  la  lui  concéda,  et  qu'il 
y  établit  des  pêcheries  de  'Bacalhaos,  qui  devinrent  très  lucra- 
tives pour  le  Portugal.  »  Ces  assertions  concordent  avec  ce 
que  nous  rapportons,  d'après  Francisco  de  Souza  (w/m,  subanno 
1525),  car  Fagundes  était  de  Viana.  Rappelons,  cependant, 
que  selon  l'ordonnance  de  Leiria,  précitée,  des  pêcheries  por- 
tugaises existaient  déjà  à  la  <<  Tcrra-Ncva  »  en  1506. 

A  l'appui  des  prétentions  de  Fagundes,  M.  de  Bettencourt 
publie  une  carte  extraite  de  l'Atlas  manuscrit  de  Lazaro  Luiz, 
lequel  fut  construit  en  1563. 

Dans  cette  carte,  l'île  de  Terre-Neuve  n'est  pas  fragmentée, 

I .  <(  Ssc^iiiido  vimospir  0  ililo  dlinint  pof  iicin  ilo  qiiull  uliiara  elle  foy  a  ikscol>rir 
terras  e  ilhas  hati  dita  parle  iielle  conteiido  e  ora  nos  ffe\  ccrio  per  testemnnhas 
diiias  di'ffce  que  elle  achara  as  terras  e  ilhas  sscgmntes,  a  saber,  a  terra  que  sse  di:^ 
ser  ffirnie...  Dada...  lixhoa  aos  xui  dias  de  Marco.  Mannell  da  fonsseca  a  ffei 
niiiio  deinill  v'  xxi.  »  Lettre  royale  publiée  par  M.  de  Bettencourt. 


'jEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


277 


et  le  détroit  qui  la  sépare  du  continent  porte  le  nom  de  hella 
Ilha.  Le  Saint-Laurent,  la  péninsule  gaspésienne,  Anticosu  et 
l'île  du  Prince-Edward  sont  à  leur  place.  Il  n'y  a  pas  d  île 
Saint-Jean  dans  l'Atlantique,  mais  le  détroit  de  Canso  est  omis. 
Comme  dans  la  carte  de  Desceliers  de  1550,  une  grande  île 
imaginaire,  conception  erronée  de  la  péninsule  étranglée  entre 
les  baies  de  Fortune  et  de  Plaisance,  bloque  en  partie  l'entrée 
méridionale  du  golfe  Saint-Laurent.  Nous  avons  ici,  évidem- 
ment, une  carte  non  lusitano-françaisc,  mais  franco-lusitanienne  ; 
ce  qui  n'est  pas  précisément  la  même  chose. 

La  partie  véritablement  curieuse  est  la  Nouvelle-Ecosse, 
émaillée  de  pavillons  espagnols,  et  portant  cette  légende  : 
..  A  terra  T>oo  laurador  q  descobrio  Joaom  Aluerei  [Fagundes]», 
mais,  ce  qui  implique  une  contradiction,  c'est,  sur  le  littoral  de 
ce  pays  même,  l'inscription  :  «  costa  que  descobrio esteuào  gumes.  « 

M.  de  Bettencourt  dit  que  sur  la  carte  qui  accompagne  le 
Brm  tratado  de  Marinharia  (MS.  sur  vélin  de  la  bibliothèque  de 
M.  le  duc  de  Palmella,  mais  dont  nous  ne  connaissons  pas  la  date) 
«  veem-se  a  Santa  Crui  a  San  Pedro  e  a  Fai^mida.  »  Nous  n'avons 
relevé  ce  nom  de  «  fagiida  >«  que  sur  la  carte  de  Ferdinando 
Vaz  Dourado,  dressée  en  1571  ',  où  il  est  donné  à  un  îlot  ima- 
ginaire, situé  dans  l'Atlantique  entre  deux  îles  de  Santa  Cru:^, 
non  moins  problématiques,  par  43°  30'  de  latitude  nord. 

—  E.  A.  DE  Bettencoi.'RT.  'Descohrmentos,  giierras  e  cotiqtiistas  dos  Porlu- 
gueses  ein  terras  do  Ultramar  nos  seailos  xv  e  xvi.  Lisboa  {sine  anno  sed  iSSi) 
lithographie,  in-4,  t.  I.  p.  152-135. 

—  BoMim  daSociedade  de  Geographia  de  Lisboa.  ?ono,  node  décembre  1877, 

p.  72. 

Antè   1523. 

Lucas  VAsauEz  de  Ayllon,  est  surtout  noté  pour  son  expédi- 
tion de  1526  àChicora,  région  située  au  sud  de  40»  nord.  Anté- 

1.  Kunstmann,  planche  X. 


27S 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT' 


*'; 


1 


riciircniem,  il  fit  un  voyage  au  nouveau  continent,  et,  comme 
une  phrase  de  la  convention  conclue  entre  Charles-Quint  et  lui 
le  12  juin  1523,  nous  est  donnée  comme  portant  concession 
de  "  (/('.>  pcsqiicr'uts  de  baccalaos  Un  qtiî'l  schalc,  ->  on  doit  s'en- 
quérir si  véritablement  Ayllon  visita  le  pays  des  morues. 

Tout  ce  que  nous  savons  de  cette  première  expédition  est 
relaté  dans  la  convention  précitée.  Il  appert  de  ce  document  que 
deux  caravelles  appartenant  i\  Lucas  Vasqucz  de  Ayllon,  au 
licencié  Matienzo,  tous  deux  conseillers  à  la  courd'FIispaniola, 
et  à  Diego  Caballero,  greffier  d'icelle,  découvrirent  une 
«  licrra  de  que  hiishi  culimccs  no  se  Iciiiit  nolicia  â  la  parle  (kl  norte, 
la  citai  dicha  licrra  di\  que  eslâ  en  Ireinta  y  cinco,  y  Ireinla  y  seis, 
y  Ireinla  y  siete  i,'rndos  norle-snr  con  la  isla  Espaïiola.  «La  région 
qui  se  trouve  entre  les  35°  et  37"  nord,  ne  nous  reporte  qu'îi  la 
Virginie.  C'est,  d'ailleurs,  la  latitude  que  lui  donnent  les  cartes  de 
Garcia  de  Toreno  et  de  Ribeiro.  L'anonyme  de  Weimar  place 
le  nom  de  Ayllon  un  peu  plus  au  sud.  Qiiant  aux  pêcheries  en 
question,  la  cédule  concède  le  monopole  de  la  pêche  dans  les 
deux  localités  qu'Ayllon  désignera,  et  le  nom  de  baccalaos  n'est 
pas  mentionné  :  «  dos  pcsquerias  dislinlas  é  aparladas  en  la  dicha 
licrra  ciiales  vos  senàlaredes  ' .  » 

La  deuxième  expédition,  partie  de  Puerto  de  Plata  au  milieu 
de  juillet  1526,  n'atteignit  que  la  rivière  «  Gnaldape,  »  située  de 
40  à  45  lieues  du  if  Jordan-»,  fleuve  que  Oviedo  place  «  en 
Ireynta  é  ircsgrados  c  dos  krçiosdesla  parle  de  la  linea  equinoçial.  » 

—  PEimo  Martyr.  Dccad.  VIII,  cap.  11. 

—  0\iEDO,  Histoiid  General,  lib.  xxxvii,  cip.  1,  t.  III,  p.  625-628. 


1523. 

Giovanni  d.v  Verkazzano.  Selon  l'opinion  commune,  ce  navi- 
gateur aurait  été  envoyé  par  François  I"  à  la  recherche  d'un 

I.  Navarrete,  Cokccioii,  t.  III,  p.  153,  158. 


ir 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CAnOT 


279 


passage  au  Cathay  par  l'ouest.  L'expédition,  composée  de  quatre 
navires,  serait  partie  de  Dieppe  à  la  fin  de  l'année  1523.  aurait 
perdu  deux  vaisseaux  sur  les  côtes  de  Bretagne,  un  troisième 
par  une  attaque  des  T.spagnols,  et  Verra/zano,  mettant  i  la  voile 
des  environs  de  Madère,  avec  le  dernier,  appelé  la  7J(r///'/w, 
le  17  janvier  1524,  aurait  traversé  l'Atlantique,  atterri  le  yjnars 
suivant  près  de  Wilminton,  rangé  la  côte  jusqu'à  Tetre-Neuve, 
d'où  il  serait  revenu  à  Dieppe  au  commencement  de  juillet 
1524.  Sans  nous  prononcer  pour  ou  contre  l'authenticité  de  ce 
récit,  nous  donnerons  seulement  aujourd'hui  la  liste  des  docu- 
ments du  xvi"  siècle  se  rapportant  à  Verrazzano,  quitte  à  y  reve- 
nir un  jour  avec  des  renseignements  nouveaux  : 

—  Mappemonde  de  Hieronymo  da  Vcrrazzaiio,  siipni,  N"  15,  p.  180. 

—  Carte  de  Maggiolo,  siipui,  N"  13.  p.  I77- 

-  Globe  en  cuivre  gravé'  :  Eifhmynvs  Vlpiv^  dc^rihchu  amio  soh-hs 
M.  D.  XUI  ,:\  Venise?)  Conservé  A  la  bibliothèque  de  la  Société  Historique 
de  New- York;  reproduit  par  Buckingham  Sniitli.. 

-  Dans  les  MSS.  de  Hakluyt,  qui  se  trouvent  A  la  bibliothèque  de  sir 
Thomas  Phillips,  il  est  question  de  «  a  wi^^bliehui','  ohic  im>ppe  in  pm-hnwulc 
imuk  as  it  shouhk  snm;  hy  VernKanm,  mniv  in  Ih'  custOilie  c{  Mr.  Midkicl 
Loch:  »  Kohi,  Disconry,  p.  291,  note. 

-  1523  25  avril.  Lclhr  of  JoHo  ,1a  Silveira.  the  Portwrucsc  Awhma.W  n, 
Franc;  to  Kiiig  Dow  Jclo  111.  MS.  Torrc  do  Towh,  Corp.  Chron.  Porl.  1. 

Ma.  20.  Doc.  S4-  ,^,     „       •   ,  i,'„. 

Publié  en  anglais  seulement,  par  M.  H.  C.  Murphy,  Vhc  Uyai^coj  U- 

n,^-<(»(P,  New-York,  1875,  p.  162-163.  ^    1     v  r-hiina 

-  1523,  16  juin.  Ulhr  ofAhnso  Davik  lo  the  Emperor  Charles  l  ,uhUn^ 
to  the  capture  of  the  Treasure  seul  from  Mexico  /.v  CV/«.  Murphy,  toc  u/., 

^'~\s2A,  8  juillet.  Relatiouedi  Gionmni  da  Verra'^^auo  Fion-ulino_ 'klk 
terra  per  lui  scoperta  iu  nome  di  sua  Maeslà,  scrilta  in  Dieppa.  '^''''■^''^■^^l 
di  Francia  Fiaucesco  primo,  Ramusio,  Raccolla,  t.  III,  f.  420--p2;  <-    ■  ' ' 
vie  Slorico  Italiavo,  de  Vieusseux,  1853.  t.  IX,  n"  28  de  1  appendice,  d  ap 
un  texte  manuscrit  de  la  Magliabechinna,  N»  89.  classe  x.ii,  signale  par 
Tiraboschi  (Hist.  Let.  Ital.,  t.  VII,  p.  261).  „  ,    ,  •  • 

-  1524,  4  août.  Lettera  di  Fernando  Carli  a  suo  padre,  dans  \  Arclnvio 
S/onVo //a//a«o.  Florence,  1853,  t.  IX,  p.  53-S-  ,,      ,     ,    ij„„c 

_  T52S,  pénultième  jour  de  septembre.  Acte  par  Ic-^uelZanob.  de  Rous- 


aSg 


JKAN  ET  SÉBASTIF-N  CABOT 


sday  cautionne  Mcssirc  Jcliai'i  de  Vcrrassanc.  (M.  U.  F.  de  Costa,   yemt{- 
Ziino  Ihf  I-xphrcr,  Nc\v-Yoil<,  1881,  in  4.) 

—  Cin\i  I  j26.  Contrat  entre  IMiilippe  de  Chabot  (nomniiî  amiral  le  25 
mars  152s,  deux  jours  avant  le  commencement  de  l'amiée  légale  de  1526; 
«  baron  d'Apreniont,  ciievalier  de  l'ordre  du  Roi,  son  gouuerneur  et  lieute- 
nant-général de  Bourgoingne,  admirai  de  l'rance  et  de  Brelaigne  »  et  «  Jehan 
Ango,  Jehan  de  Varesam,  principalle  pilote  »  etc.  MS.  Bibl.  nationale, 
Fontette,  t.  XXI,  770,  loi.  60;  texte  revu  sur  l'original  et  publié  par 
M.  Murphy  ;  loc.cil.,  p.  158-159. 

—  1526,  II  et  12  mai.  Procurations  données  par  «  Messiro  Jehan  de 
Varasenne,  capitaine  des  navires  esquippez  pour  aller  au  voyage  des  Indes  » 
A  "  Jerosme  de  Varasenne  son  l'rère  et  héritier.  »  à  Zanobis  de  Rousselay  et 
d  Adam  Godetlroy,  bourgeois  de  Rouen.  Reiw  critique  d'Histoire  et  de  Litté- 
rature. Paris,  1876,  N"  i,  p.  22-23. 

—  1 526-1 527.  Statemeut  Coiicerniiif;  the  French  Vesseh  of  IVar  whicb  Cniise 
th.'  Scii  ofSpiiiii.  Murphy,  hc.  cit.,  p.  165. 

—  1527,  oct.  Li'tter  of  the  Judt;,-  of  Cadix,  in  Aiiswer  to  a  Royal  Missive 
Slatiii};  l'y  iclioin  Juan  Florin  was  Captined,  and  bis  Execution.  Murphy,  loc. 
cit. y  p.  168-69. 

—  1527,  octobre.  L'ttcr  from  the  Juds^e  of  Cadix  to  Charles  V,  giving  the 
\iinies  of  the  Principal  Tenons  Captnred  with  Juan  Florin  and  oj  bis  Death. 
MS.  des  Archives  des  Indes  à  Séville.  Estado.  Legajo  ij,  fol.  346.  Murphy, 
loc.  cit.,  p..  167. 

—  I537>  '3  octobre.  De  le  leltere  fumiliari  del  commendatore  Annihal  Caro, 
Venetia,  1581,  t.  I,  p.  6-7,  lettre  datée  du  13  octobre  1S37,  signalée  par 
Tiraboschi,  Sloria  délia  Lilterat.  Ital.,  Modena,  1791,  t.  VII,  Part.  I,  cap.  vi , 
p.  263. 

Pedro  Martyr  d'An^hiera.  Opns  Epist.,  Amstelod.  1670,  in-fol.,  Epist. 

DCCLXXI,  DCCLXXIX,  DCCC. 

Le  Gran  Capituno  di  mare,  dans  Ramusio,  Raccolta,  t.  III,  f.  423   F. 

LopEz  DE  GoMARA.  Primera  y  seg^nda  parte  de  la  historia  gênerai  de  las 
/«i/Vai,  Caragoça,  1553,  in-fol.,  f.  lxxxvii. 

Beknal  Diaz,  Verdadera  Historia  de  los  sucesos  de  h  conquista  de  la  Nueva 
Espana.  Madrid,  cd.  de  Vedia.  cap.  eux,  p.  206. 

Herrera.  Decad.,  III,  lib.  iv,  cap.  xx,  lib.  vi,  cap.  ix.  Pourquoi  le 
nomme-t-il  «  Florin  de  la  Rochela  ?  » 

A.  GoNZALFS  DE  Barcia.  Ensayo  CroHologico  para  la  Historia  gênerai  de  la 
Florida  :  por  Don  Gabriel  de  Cardenas  y  Cano  (pseudonyme^.  Madrid,  i  723, 
in-fol.,  f.  8. 

G.  P.  (Giuseppi  Pelli).  Elogio  di  Giovanni  da  Verrazano  Florentino  Sco- 


JEAN  l-T  SEBASTIEN  CABOT 


2lil 


pritoreikUaWuova  Fiamiiincl  S,rolo  XVI.  Eircnzc,  1769,111-8.  l'our  ren- 
seignements concrnant  sa  famille. 

J.  OK  ViKRA  Y  Clavijo.  Nolicius  (/>■  hi  Hisloiiu  General  de  Us  Uksde  CÀiita- 
ria  ;  Madrid,  1772,  in-8,  t.  II,  cap.  xii,  p.  29.J.  D'après  l'histoire  manus- 
crite de  l'edro  Augustin  del  Castillo. 

G.  VV.  GntLNE.  Hislon'cal  Sliulics.  New-York,  iH^o,  in-12. 

Arcangeli,  Letlera  di  Giovanni  l'enanano...  piecedtik  du  un  disawso,  dans 
VArchivio  Stoiico,  1853,  t.  IX,  appendice,  n»  28.  Texte  et  renseignements 
biographiques. 

liucKiNuiiAM  Smith.  Anlnquiry  iiilo  Ihe  authenlieity  o( docnmenis  conccr- 
ning  a  discwery  in  Norlh  America  daimed  to  hâve  been  made  hy  Verranano. 
New- York,  1864.  in-4. 

CoRNELio  Desimoni.  //  viaggio  di  Giovanni  yerranano.  Firen/.e,  1877. 
in-8. 

—  Du  mûme,  Inlorno  al  Fhrentino  Giovanni  Verrazzdno.  Studio  Seconda. 
Genova,  1881,  in-8. 

—  Du  même,  Allô  Studio  Secondo.  Inlorno  a  Giovanni  l'cira^^iano.  Appen- 
dice III  (Genova,  1882^  in-8. 


1524. 

Navire  rouennais  capturti  au  retour  avec  sa  cargaison  de 
morues  de  Terre-Neuve,  par  Christopher  Coo,  capitaine  anglais. 

—  J.  S.  Brewer,  loc.  cit.,  t.  IV,  Part.  I,  p.  3  5.  N»  83.  List  of  priies  laken 
hyCaptain  Coo  since  kavJig  the  Tames  on  Jan.  22,  7/2./. 


Anié  1525. 


Deux  navires  portugais  perdus  au  Labrador  sous  le  règne 
du  roi  de  Portugal  Joâo  III. 

Ce  monarque  régna  du  19  décembre  1521  au  11  juin  1557. 
C'est  en  1541  que  Joao  relata  ce  fliit  qui  se  serait  passé  alors 
qu'il  était  sur  le  trône,  et  qu'il  a  soin  de  ne  pas  confondre 


98» 


JHAN  r-T  StnAS-IIMN  CABOT 


avec  les  voyages  de  Gaspar  et  de  Miguel  Cortereal  :  «  Ko  quioc 
cnvùir  (illti  ktjch's,  ponjin'  si'  le  pcrtlicmn  dos,  sin  otro  ijiic  liivo 
la  niisiiiii  siicrtc  en  licinpo  dcl  ny  '7J.  Manuel.  »  On  peut  placer  ce 
naufrage  entre  la  donation  faite  à  l'agundos  et  la  colonisation  par 
les  gens  de  Viana. 

—  Ciirlii  iliii);i(la  pori'l  F.iiil'iijailor  fii  Fortiigul  ni  Coiin'iitliulor niayor  de  Cas- 
tilhi.  ij.ft.  MS.  lie  l.i  collection  Mufioz,  t.  LXXXII,  loi.  209,  citii  par 
M.  Duro,  Antiilf  Noi',  p.  316. 


1525. 

Colonisation  de  l'ii.e  du  Cap-Breton  par  des  Portugais  du 
port  de  ^'iana. 

1.  Francisco  deSoiza,  linliulo  dus  Uhas  Noinis,  Ponta  Ddgada,   1877, 
in-8,  p.  s. 


1525. 

EsTEVAM  GoMEZ.  Selon  Barros  ',  ce  navigateur  aurait  émigré 
du  Portugal  en  même  temps  que  Magellan  et  avec  ce  dernier. 
Son  langage  porte  même  à  croire  que  des  liens  de  flimille  unis- 
saient les  deux  transfuges.  A  deux  reprises,  Galvam  dit  que 
Goincz  était  de  Porto  :  Gotnc:^(lo  Porto  Portngiics  -,  »  et  le  lecteur 
n'ignore  pas  que  Magellan  s'intitulait  :«  vecino  de  Porto  ^  » 

Ce  serait  donc  avant  le  20  octobre  1517,  date  de  la  lettre  par 

1 .  ff  Em  que  entrauHo  aigus  Portugueses  delks  parentes  dette  Ferwlo  de  Maga- 
ttiùes,  asi  como  Diiarle  Barhosa  su  cunlmdo,  e  Atuavo  de  Mesquita,  e  Estaiio 
Gomei,  e  Mo  RodrigueiCaruattio,  amhos  pitolûs.  »  Decad.  III,  lib.  v,  cap. 
vin,  t.  II,  f.  141  de  l'tidit.  de  Lisbonne,  1628,  in-fol. 

2.  Tralado,  173 1,  p.  56  et  67. 

3.  Dans  son  testament  du  24  août  15 19,  Argensola  et  Navarrete  le  disent 
natil  de  Porto.  Le  ftit  est  qu'on  ne  sait  pas  exaciement  où  il  est  né. 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 


28) 


laquelle  Magellan,  dcScvillo,  ofTrc  ses  scrvires  i  Charlcs-Q.uitu, 
que  Gomez  serait  venu  en  lispagnc.  La  première  fois,  cepen- 
dant, que  ce  dernier  apparaît  dans  les  documents,  c'est  le  lo 
février  1518.  A  cette  date,  une  cédule  royale,  entérinée  à  Val- 
ladolid  le  nomme,  lui,  on/.iènie  ',  pilote  de  S.  M.  :  «  Nombnisc  a 
Eslcvivi  GoiiiciPoiiii^'iic::^,  Tilotocon  jo^ooo  m.  *.  » 

Nous  ne  croyons  guère  ;\  cette  haine  invétérée  que,  d'après  An- 
tonio Pigafetta ',  Gomez  aurait  portée  à  Magellan  pour  avoir  été 
supplanté  dans  la  fameuse  entreprise  qu'il  serait  venu  offrir  l\ 
riîspagne  avant  lui.  Magellan  ne  l'eût  pas  accepté  comme  pilote 
de  la  Triniclihl,  navire  que  montait  le  grand  navigateur  \  D'ail- 
leurs, nous  avons  vu  que  Gomez  vint  en  Espagne  non  avant 
Magellan,  mais  en  même  temps  que  lui. 

Parti  de  San  Lucar,  le  27  septembre  15 19,  Gomez  revint  à 
Séville  le  6  mai  1 5 2 1 ''.  Selon  Herrera  ",  il  fut  emprisonné  en 
débarquant,  mais  immédiatement  relâché,  puisque  nous  le 
voyons  figurer  comme  pilote  à  bord  de  l'escadre^  commandée 
par  Pedro  Manrique  qui  attaqua  les  corsaires  français  à  la  hau- 
teur du  cap  Saint-Vincent  le  24  juin  1521. 

Gomez  avec  au  moins  sept  autres  pilotes,  cosmographes  et 
cartographes,  fut  chargé  de  représenter  l'Espagne  à  la  confé- 


i.Juan  Scrrano,  Juan  Vcspuclio,  Vasco  Gallcgo,  Francisco  de  Soto, 
Francisco  de  Torrcs,  Andrcs  Garcia  Nifio,  Andrcs  de  San  Martin,  Andrcs  de 
Morales  et  Juan  Rodriguez  de  Mafra,  émargent  comme  pilotes  de  S.  M.  le 
6  mai  15 19,  après  avoir  émargé  le  30  août  1515  et  le  23  juillet  15 16.  Colec. 
Mufioz,  A.  102  et  A.  103. 

2.  Libio  Je  Tiliilos  i  Mercedes,  Colec.  Mufioz,  A.  103,  f.  84. 

3.  «  Egli  chiiimavdsi  Stcfiino  Gomes,  che  molto  diava  il  Capitaito  Générale 
il  ciii  progello  fiillo  alla  Corle  di  Spagiia  cru  slulo  cagione  che  ÏImperalore  non 
assidiisse  a  lui  akiiiie  caravelle  per  iscoprire  utiove  terre.  »  Pigafetta,  Primo  viag- 
gio  iiitoriio  al  gloho ;  Milano,  1800,  in-4,  p.  38. 

4.  Navarrete,  t.  IV,  p.  12. 

5.  Ibidem,  p.  201 . 

6.  Herrera,  Decad.  III,  lib.  1,  cap.  iv,  p.  7. 

7.  Ibidem,  cap.  xv,  p.  23. 


284 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


rence  de  Badajoz.  Mais  c'est  à  tort  qu'on  lui  fait  jouer  un  rôle 
important  dans  cette  junte.  Il  y  ^-iégea  à  peine,  car,  le  21  mars 
1524,  Cliarlcs-Qiiint  lui  substitua  le  religieux  dominicain 
Tomâs  Durân,  alléguant  que  les  services  de  Gomez  lui  étaient 
nécessaires  ailleurs  '. 

Il  s'agissait  évidemment  de  ce  fameux  voyage  dans  la  direction 
du  nord-ouest,  i  la  recherche  d'un  passage  au  Cathay,  dont  le 
projet  remontait  à  l'année  1523  '. 

Nous  ne  possédons  que  très  peu  de  renseignements  sur  ce 
voyage.  La  relation  que  dut  en  faire  Gomez  n'a  pas  été  retrou- 
vée, bien  que  Buckingham  Smith  assure  '  qu'elle  se  trouve 
dans  VIsIariu  gcncraJ  inédit  de  Cespedes. 

M.  Cactano  Rosell,  directeur  de  la  bibliothèque  nationale  de 
Madrid,  qui  a  eu  l'extrême  obligeance  d'examiner  ce  manuscrit 


/ 


1 .  Le  nom  de  Estevan  Gomez  figure  dans  la  lettre  adressée  à  Charles- 
Ouint  par  les  juges  espagnols  de  Badajoz  le  25  avril  1524,  après  les  noms 
de  Hernando  Colon,  du  docieur  Salaya,  de  Sébastien  Cabot,  du  bachelier 
Tarragona,  de  Toniàs  Duran,  de  Pedro  Ruiz  de  Villcgas,  de  Juan  Vespuche, 
du  maestro  Salazar,  de  Juan  Sébastian  del  Cano,  de  Martin  Mendez,  de 
Pedro  {sic)  Ribeyro,  et  de  Nuno  Garcia.  (Andres  Garcia  de  Cespedes,  Retii- 
miftito  de  Natif s^aiion  mamio  ktiir  el  tri,  Madrid,  1606,  in-fol.,  f.  152.) 
Cependant  les  extraits  de  Mufioz  citent  bien  :  «  la  rcvocacion  de  Estehan  Go- 
nh\,  que  no  entienda  en  ello poiqiie  se  ha  de  oeupar  en  cosas  de  niiestro  servicio, 
y  nomhamieiiio  en  su  liigar  de  Fr.  Tomàs  Duran,  con  fecha  de  Burgos  2oMai:o 
1)24.  »  Navarrete,  t.  IV,  p.  355. 

2.  Herrera,  Decad.  m,  lib.  iv,  cap.  xx,  p.  143. 

3.  Heiuaudo  MageUanes  and  Estevam  Gomez,  mémoire  lu  le  5  juin  1866, 
devant  la  Société  Historique  de  New-York,  citéparM.  Brevoort,  Verraizano, 
p.  81 ,  Quant  i\  ÏLlario  gênerai  de  todas  las  islas  del  mundo,  dirigido  <i  la  S.  C. 
R.  M.  del  rey  D.  Philipe  Xlro.  Sr.  par  Andres  Garcia  Cespedes,  su  cosm  grafo 
viayor.Afw  ijçS,  il  n'est  pas  perdu.  C'est  unMS.  in-fol.,  de  351  ff.  conte- 
nant 109  cartes  coloriées.  La  carte  3  expose  les  «  Coslas  del  Canada  y  Labra- 
dor, Seiialando  las  lierrus  descubiertas  por  el  Ucenciado  Ayllon  y  por  el  pilota  Es- 
têban  Gome:;^.  »  Cespedes,  dans  son  Regimieuto  (1".  148  recio),  parle  de  la 
«  Carta  que  ri  de  Esteuan  Goinei  Portugues,  »  mais  il  ne  s'agit  que  d'une  carte 
concernant  les  Moluques.  Vlslario  de  Cespedes  est  conservé  à  la  bibliothè- 
que nationale  de  Madrid, I,  92. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


285 


h  notre  requcte,  n'y  a  pas  trouve  la  relation  que  Gomez  aurait 
faite  de  son  voyage.  Cependant,  au  feuillet  297,  il  est  question  de 
ce  navigateur,  et  en  des  ternies  qui  indiquent  une  connaissance 
lit' visu  d'un  de  ses  écrits.  A  la  fin  de  la  description  que  donne 
Cespcdes  de  «  la  Isladc  S.  Juan  »,  ce  cosinographe  ajoute:  «  lui 
la  baya  que  dixinios  ilainaisc  de  los  l>refoiies  y  en  mitcims  carias  de 
uave^^ar  a  ios prineipios,  ijuando  esta  tiena  se  ro/wc;;-*)  à  deseui>rir  se 
ponia  assi,  liasta  que  cslevan  gonic:^  piiolo  truxo  esta  reiacion  aigo 
dise  repart  le  de  la  que  se  ténia,  que  es  eslar  esta  ysla  uô  en  la  baya  do 
de:^ian  que  eslaua,  sino  junio  a  esta  tierra  do  at^ora  esta,  de  la  quai 
ysla  no  ay  cosa  que  de  contar  sea,  salua  ql.  dicho  esteuan  f^^onie::^  pilota 
Dizi-  que  à  la  passada  por  ella  vido  muchos  humas  'en  ella  y  seîiales 
de  ser  habilada  l}a:^sse  una  canal  entre  ella  y  tierra  firme  llamada 
canal  de  San  Julian  de  cinco  6  seys  léguas  de  ancho. . .  » 

Au  feuillet  298,  on  lit  :  «  en  el  quai  \viaje\  esluvo  die:;^  mescs, 
deutro  de  los  quales  descubriô  por  esta  Costa  gran  numéro  de  Yslasjun- 
tas  al  continente  y  principal  mente  un  rio  muy  ancho  y  caudaloso  que 
el puso  nôbre  de  los gamos...  » 

Il  est  il  regretter  que  Cespedes  ait  consulté  pour  sa  description 
«  muchas  cartas  de  navegar,  »  et  qu'il  ne  s'en  soit  pas  tenu  exclu- 
sivement au  récit  de  Gomez,  car  l'extrait  ci-dessus  dénote 
une  tentative  de  concordance  qui  augmente  la  confusion  dans 
un  sujet  déjà  si  obscur. 

Qiielle  est  cette  «  baya  de  los  bretones  ?  »  On  connaissait  une 
tierra  de  los  bretones  et  un  Cabo  de  los  bretones  voire  une  Entrée 
des  'Hrctons  et  une  Isola  de  Bretoni,  mais  c'est  la  seule  fois  que 
mention  est  faite  d'une  baie  de  ce  nom.  Comme  dans  toutes 
les  cartes  du  xvi'^  siècle,  ce  qu'on  attribue  aux  Bretons  e;t  la 
région  septentrionale  de  la  Nouvelle-Ecosse,  cette  «  baya  de 
los  bretones  »  ne  peut  être  que  l'entrée  méridionale  du  golfe  Saint- 
Laurent.  Or,  il  paraît,  d'après  Cespedes,  que,  avant  l'exploration 
de  Gomez,  on  plaçait  la  fameuse  île  de  Saint-Jean  dans  l'inté- 
rieur de  ladite  baie  :  «  en  la  baya  do  de:;jau  que  estaiia  >i  ;  mais  ce 
navigateur  aurait  rapporté  que  cette  île  est  adjacente  à  la  terre  et 


^ 


I 


286 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


non  dans  la  baie  :  «  es  csUtysht  m  en  la  hnyadodeiian  qtieeslaua, 
siitojiiulod  esta  tieira.»  Il  est  aussi  digne  de  remarque,  que 
Gomez  relève  entre  cette  île  et  la  terre,  un  canal  de  cinq  à  six 
lieues  de  large,  qu'il  nomme  «  eaiinl  de  San  Juliaii.  »  Encore 


un  nom  nouveau  ; 

Si  Cespedcs  ne  donnait  pas  un  travail  rectificatif,  h  l'effet  de 
sortir  l'île  de  Saint-Jean  de  l'intérieur  du  golfe  Saint-Laurent 
pour  la  rejeter  dans  l'Atlantique,  nous  serions  disposé  à  croire 
que  son  canal  est  le  détroit  de  Northuniberland,  sa  terre,  la  côte 
nord-ouest  de  la  Nouvelle-Ecosse,  et  son  île  Saint-Jean,  l'île  du 
Prince-Edward.  Dans  ce  cas,  Gomez,  avant  tout  autre  naviga- 
teur, aurait  navigué  dans  l'intérieur  du  golfe  Saint-Laurent. 
Mais,  étant  donné  la  position  qu'il  attribue  à  l'île  Saint- 
Jean,  on  est  fondé  à  se  demander  si,  dans  cette  dernière,  il  ne 
faut  pas  voir  autre  chose  que  l'île  imaginaire  empruntée  par 
tant  de  cartographes  à  l'hydrographie  portugaise  de  l'époque. 
Cette  question  est  trop  grave,  cependant,  pour  que  nous  nous 
contentions  d'une  pure  hypothèse.  Notre  esprit  est  rebelle  à 
l'idée  de  ne  pas  chercher  une  autre  explication. 

Gomez  parle  d'un  canal  de  cinq  h.  six  lieues  de  large.  Est-ce 
une  conséquence  simplement  dérivée  des  cartes  lusitaniennes, 
ou  bien  n'est-ce  pas  le  résultat  d'une  exploration  du  détroit  de 
Canso  ?  Cette  interprétation  peut  être  la  vraie  ;  mais,  pour  des 
raisonsdéjà  données,  nous  hésitons  à  l'admettre;  car,  dans  ce  cas, 
l'île  Saint-Jean  de'  Gomez  serait  l'immense  étendue  qui  porte 
le  nom  d'île  du  Cap-Breton,  et,  alors,  les  cartes  sévillanes  n'au- 
raient pas  manqué  de  tracer  non  seulement  le  détroit  de  Canso, 
mais  aussi  l'île  du  Prince-Edward,  que  Gomez  ne  pouvait  éviter 
de  remarquer  en  débouchant  du  canal. 

En  résumé,  nous  ne  croyons  pas  que  la  description  que  Ccs- 
pedes  attribue  à  Gomez  provienne  d'une  exploration  positive. 
Ce  n'est,  à  notre  avis,  qu'une  déduction,  plus  ou  moins  arbi- 
traire, des  premières  cartes  lusitaniennes.  Notons,  enfin,  que, 
selon  l'habile  cosmographe,  c'est  à  Gomez  que  revient  le  mérite 


il 


JEAN  HT  SÉBASTIEN  CABOT 


287 


d'avoir  découvert  la  fameuse  rivière  de  los  Gainos,  c'est-à-dire 
l'estuaire  du  Penobscot.  Nous  n'y  contredirons  pas,  tout  en 
remarquant  que  cet  estuaire,  en  la  forme  que  lui  donne  Ribeiro 
et  :ous  ses  imitateurs,  se  voit  djjà  dans  la  carte  de  Weimar  de 
1527,  laquelle  omet  le  nom  de  Gomez,  quoique  rappelant  ceux 
de  Garay,  de  Narvaez  et  de  Ayllon. 

On  ne  peut  plus  guère  juger  de  cette  expédition  que  par  de 
brèves   allusions,   semées   dans  les   écrits   de    Pedro   Martyr, 
d'Oviedo,  de  Galvam  ',  et  par  une  légende  inscrite  pour  la  pre- 
mière fois  surles  cartes  de  Garcia  de  Torenoet  de  Diego  Ribeiro. 
Pour  arriver  à  se  rendre  compte  de  cette  expédition,  il  importe, 
d'abord,  de  préciser  sinon  le  projet  que  Gomez  avait  conçu,  au 
moins  les  intentions  qu'il  aurait  manifestées.  Selon  Pedro  Martyr, 
Gomez  se  proposait  de  découvrir  un  détroit  pour  aller  au  Cathay, 
lequel  il  plaçait  entre  les  Bacallaos  et  la  Floride  :  aDccrctiiinqiio- 
que  est,  vt  Stcphaiitis  quidam  Gomc:^  arlis  et  ipsc  iitaritiiiuc  pcritiis 
alia  via  tcndat  qita  se  iiiqnit  repertunim  iiiler  ^accalaos  et  floridas 
iam  diii  nostras  terras  iter  ad  Cataiam  '. 

L'expédition  ne  consistait  qu'en  une  seule  caravelle  :  «  citni 
vna  missitm  caraucUa  dixi  adfrduni  alind  iiiler  Jloridain  tellurein 
et  'Baclmlaos  satis  Iritos  qiucreuditm  ''.  » 

Elle  appareilla  delà  Corogne.  En  quelle  année  ? 
Navarrete  mentionne  ''  une  cédule  royale  datée  de  Valladolid 
du  10  février  1525,  par  laquelle  Gomez  est  nommé  pilote  de 
S.  M.,  aux  appointements  de  30,000  maravédis,  d'où  l'on  infère 
qu'immédiatement  après  il  prit  la  mer. 

Nous  ne  croyons  pas  que  cette  cédule  comporte  les  consé- 
quences qu'on  en  tire.  Il  faudrait  d'abord  s'assurer  si  Navarrete 


1.  Lu  chapitre  que  Gomara  consacre  à  domcz  (Histoiia  de  tas  /«J/iW,  éd. 
de  Vcdia,  p.  178)  n'est  qu'un  amalgame  de  Martyr  et  d'Oviedo. 

2.  P.  Martyr.  De  Orbe  Noiio,  Compluti,  1530,  in-fol.,  decad.  VI,  cap.  s, 
f.  xc  V. 

3.  Idem,  dec.  VIII.  cap.  x,  f.  cxvii. 

4.  Navarrete,  t.  III,  p.  179. 


28S 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


ne  fait  pas  confusion  avec  la  cédule  du  lo  février  1518  précitée. 
Si,  au  contraire,  il  ne  s'est  pas  trompé,  on  doit  examiner  s'il  ne 
s'agit  pas  seulement  d'un  ordonnancement  annuel  des  appointe- 
ments de  Gomez  comme  pilote,  du  genre  des  émargements  qu'on 
relève  sur  les  livres  de  compte  du  D'  Sancho  de  Matienzo  pour 
l'année  1519  '.  Ce  doute  est  d'autant  permis  que  Navarrete  ne 
donne  pas  le  texte  de  la  cédule.  Dans  le  texte  original  du  rapport 
fait  à  Charles-Quint,  lors  du  retour  de  Gomez,  tel  que  le  rap- 
porte Oviedo,  Gomez  ne  serait  pas  parti  après  février  1525, 
mais  bien  en  1524. 

Ce  rapport  commence  ainsi  : 

«  Depuis  que  V.  M.  se  trouve  en  cette  ville  de  Tolède,  est 
arrivé  ici,  au  mois  de  novembre,  le  pilote  Estevan  Gomez, 
lequel,  par  l'ordre  de  V.  M.,  fut  dans  la  région  septentrionale 
en  l'année  passée  de  1 524  :  —  cl  quai  en  cl  vAno  pasado  de  1 524. 
por  mamlado  de  V.  Mag.fiieà  la  parte  dcl  Noric*.  »  Rappelons 
que  cet  extrait  se  trouve  consigné  dans  le  Sumario  d'Oviedo, 
lequel  porte  au  titre  que  l'impression  de  cet  ouvrage  fut  termi- 
née le  15  février  1526  \  Étant  donné  le  temps  rîécessaire  pour 
publier  à  cette  époque  un  volume  in-folio,  et  le  fait  que  le  pas- 
sage en  question  se  trouve  au  commencement  du  livre,  on  peut 
admettre  qu'il  fut  écriten  1 5  25 ,  et  que  la  phrase  «  clam  passade  » 
se  rapporte  bien  à  1524.  Pour  être  complet,  nous  devons  cepen- 
dant rappeler  aussi  qu'Oviedo,  dans  son  Historia  General,  écrite 
quatorze  ans  après  le  Sumario,  relate  que  Gomez  fit  sa  décou- 
verte en  1525  :  «  descubriô  el  pilolo  Eskban  Gotiu'i,  el  aho  de 
mille  è  quinienios  y  veiiile  y  çitico  avos  '\  »  Enfin,  Diego  Ribeiro, 
dans  sa  carte  de  1529,  dit  aussi  :  «  laquai  descubriô  pormatidado 
de  su  mag.  el  ano  de  1525.  » 


1.  MSS.  Colcc.  Munoz,  A.  102,  fol.  49  v, 

2.  Oviedo,  Sumario,  éd.  deBarcia,  cap.  x,  p.  16. 

3.  «Se  acal'o  en  la  cilnhul  ik  ToIùIo  u,  xv,  liks  del  mes  ih  Hehrcio.deA.  D. 
sxvj  iDWS.  »  B.  A.  V.,  N"  139. 

4.  Oviedo,  Histona  Gcucral,  lib.  xxi,  cap.  x,  t.  II,  p.  147. 


JKAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


289 


Ces  dates   peuvent  se   concilier  en  admettant   que  Gomez 
appareilla  de  la  Corogne  i\  la  fin  de  l'année  1524,  qu'il  atterrit 
en  1525,  et  qu'il  revint  h.  son  port  de  départ  au  mois  de  novem- 
bre 1525.  Ce  qu'on  peut  opposer  à  notre  concordance,  c'est  que 
Pedro  Martyr  dit  que  le  voyage  dura  dix  mois  :  «  h  me  rcto  m 
que  a  se  prouiisso  Cataio  rcpertis  rcf^ressus  est  hilni  mensem  dcei- 
mtima  diseessn  '.  «  Or,  comme  Gomez  retourna  en  novembre 
1525,  pour  être  d'accord  avec  Pedro  Martyr,  il  faudrait  placer 
son  départ  au  mois  de  janvier  de  cette  même  année. 
Quelle  fut  l'étendue  de  sa  découverte  ? 
Les  renseignements  les  plus  anciens  sont  consignés  dans  ce 
même  Sumar'io  d'Ovicdo  : 

<i  Gomez  se  rendit  \  la  partie  du  nord,  y  trouva  une  grande 
terre  qui  faisait  suite  ;\  celle  qu'on  nomme  des  Bacallaos,  con- 
tinua i\  l'ouest,  par  40"  et  41°  —  fiie  à  laparkdel  Norle,  i  hallô 
tittieha  Tienci,  eonliituada  eon  la  que  se  llatiia  de  los  Bacallaos, 
discurrieudo  al  Occidente,  i  pucsta  en  quarenia  Grades,  i  quarenta 
i  vno*.  » 

Dans  son  Historia  General,  alors  qu'il  avait  les  cartes  de  Diego 
Ribeiro  et  d'Alonso  de  Chaves  sous  les  yeux,  Oviedo  recule  cette 
limite  jusqu'à  42"  30'  :  «  desde  quarenia  é  tin  grades  hasla  quarenta 
édosy  medio^.  »  Cette  modification  est  la  preuve,  à  nos  yeux, 
que  les  latitudes  données  parce  chroniqueur  ne  reposent  pas  sur 
des  preuves  documentaires,  et,  qu'en  fin  de  compte,  c'est  au 
planisphère  de  Ribeiro  que  le  critique  doit  emprunter  ses  ren- 
seignements sur  la  position  des  régions  découvertes  par  Este- 
van  Gomez.  Cet  habile  cartographe  les  localise  entre  45"  et  53" 
de  latitude  nord.  Garcia  de  Toreno  inscrit  le  nom  de  Gomez  un 
peu  au  nord  du  grand  estuaire,  lequel  est  censé  représenter  la 
baie  du  Penobscot,  par  45».  Ce  serait  donc  la  Nouvelle-Hcosse 


!.  Pedro  Martyr,  hc.  cit.,  decad.  VIII,  cap.  x,  f.  cxvii. 

2.  Oviedo,  Sumario,  p.  16. 

3.  Historia  General,  toc.  cit. 


»9 


290  JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

qu'il  faudrait  attribuer  à  notre  navigat'Jiir,  car  l'absence  de  la 
{grande  baie  de  l'undy  sur  toutes  les  cartes  sévillanes  ne  permet 
pas  de  reporter  sa  découverte  plus  à  l'ouest. 

Antonio  Galvam  donne  un  récit  différent'.  Selon  cet  histo- 
rien, le  comte  l'ernando  d'Andrade,  le  D'  Beltram,  et  un  com- 
merçant qu'il  appelle  Christoval  de  Sarro  (mais  qui  doit  être 
Christoval  de  Haro,  riche  armateur  d'Anvers,  lequel  après  avoir 
eu  un  comptoir  i  Lisbonne  vint  s'établir  à  Séville  en  15 19'),  !i 
leurs  frais^  fournirent  à  Gomez  unegaléace  pour  cette  expédition. 

D'un  port  de  Galice,  Gomez  se  serait  rendu  à  Cuba,  d'où  il 
aurait  été  à  la  péninsule  lloridienne,  et,  alors,  ne  naviguant  que 
de  jour  pour  éviter  les  écueils  d'un  pays  inconnu,  il  aurait 
remonté  jusqu'au  cap  Race,  par  44"  de  latitude  nord,  et,  de  ce 
point,  il  serait  revenu  à  la  Corogne  après  une  absence  de  dix 
mois,  avec  une  cargaison  d'esclaves. 

On  retrouve  dans  certaines  parties  du  récit  de  Galvam  les 
traces  d'emprunts  faits  à  Pedro  Martyr,  par  exemple  l'anecdote 
fondée  sur  le  calembourg  :  «  cschuws  eniin  Hispamiin  idioina  scnios 
(ippclhit,  et  ^^ariophyllos  nitucitpal  clauos,  »  mais  nous  n'avons  pu 
découvrir  ses  autres  sources  d'information. 

—  P.  Mautyu  rj'A.NGHiiiRA.  De  Orbe  Noiio.  Compluti,  1530,  in-fol., 
Dcciid.  \T,  cap.  x,  Dccad.  VIII,  cap.  x,  f.  xc,  cxviii. 

—  OviLDO,  Niitiiral  liystoria  île  las  Indias  (ou  Sitmario).  Tolcdo,  1526, 
iii-fol.,  cap.   X,  f.  xiv,  Hisloria  General,  lib.  xxi,  cap.  ix,  x,  t.  II,   p.    147. 


1.  u  Xo  inisino  aiiiio  ihi  Erade  1S2J,  e  partie  0  Pilolo  Estemlo  Goiiiei  do 
Porto  contra  a  inirledo  Norte....  iiain  Iliefultou  0  Coude  D.  Fernando  Dandrade, 
eo  Doiilor  'Beltnto,  eo  mcrcador  Cliristouùo  de  Sarro  [sic],  que  lliearmarilo  hum 
gateuô  pera  este  descobrimento  tain  desejado....  Part  10  de  Gali:(ii,foy  toinar  ha  iVia 
du  Cuba  e  a  ponta  da  Florida,  vaitega  ndo  de  dia  por  miâ  saber  a  terra,  c  ver  cm 
loda  baia,  angra,  rio,  cnscada  se  passava  a  outra  banda,  di\  que  chegardo  ao  Oibo 
Kaso,  que  est  aa  da  parte  do  Norte,  cm  quorentu  e  quatro  graos  ddltura,  donde 
tomaraoa  Cidade  de  Crunha,  carregar  descrauos.  ,  Esteuad  Gomc\pior  der  mczes 
nocaminho.  »  Antonio  Galvam,  Tratado,  p.  67-68. 

2.  Navarrctc,  t.  1\,  p.  lxxiv. 


JEAN  ET  SI'BASTIEN  CABOT 


291 


Ce  chroniqueur  paraît  avoir  consacré  un  cliapitrc  plus  étendu  au  voyage  de 
Gomcz  :  «  /.o  i]iial  siulini  iulchmlc,  en  oliii  J'iirlc  nuis  cjvrliaia»  (Icc.  cil.)  ;  mais 
il  n'a  pu  être  retrouvé. 

—  Ant.  Galvam.  Tnilmlo,  Lisboa,  17}  i,  in-loi  ,  p.  67  68. 

—  Heruuha,  Decad.  II,  lib.  m,  cap.  vu;  Dccad.  JIl,  lib.  i,  cap.  xiv;  lib. 
cap.  IV,  xx;  lib.  vi,  cap.  1;  lib.  vni,  cap.  viiu 


1526. 

Nicolas  Don,  Breton,  avec  trente  matelots,  aux  pêcheries  des 
Bacallaos  .  «  Escrivio  Al  Empmuicr,  Nicolas  Don,  nciliinil  de 
Brclaîui,  que  iaido  cou  Ircinlu  Maiiiiavs  à  la  Pcsqucria  de  Baccal- 
jaos.  » 

Selon  M.  Brevoort,  au  lieu  de  Don,  il  faudrait  lire  d'Aiinis. 

—  Herkkra,  Decad.  111,  lib.  x,  cap.  ix,  t.  II,  p.  289. 


1527. 

Onze  navires  normands,  un  breton  et  deux  portugais,  ren- 
contrés par  John  Rut  dans  la  baie  de  Saint-Jean,  le  3  août  1527, 
occupés  à  pêcher  le  poisson  :  «  The  third  day  of  Atigusl  we  cnte- 
red  itilo  a  };ocd  Haveu,  caUcd  Saint-Jolm,  and  ibère  wefound  elevcn 
saile  ofNcinians,  cnc'Bliliaine,  and  livo  Portugal!  Barhcs,  and  ail 
a  /isinng.  » 

Ce  qui  semble  faire  supposer  que  lo  capitaine  anglais  accosté 
par  Ginés  Navarro  était  Rut,  c'est  que  ce  dernier  rapporte  égale- 
ment avoir  rencontré  des  navires  de  nations  diverses  occupés  à 
la  pêche  au  pays  des  morues  ;  seulement,  au  lieu  de  quinze 
navires,  cette  fois,  il  y  en  a  cinquante  :  «  Ciiyo  capitan  déclara 
que  habia  ido  a  rcconcccr  los  bacallaos  y  halle  alli  unas  cincuerta 
iiaos  caskllams,  éfrancesas,  é  portugucsas,que  estaluw  pcscando.  » 


292 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CAUOT 


—  John  Rut,  lettre  précitée. 

—  GiNi';s  Navakro,  MS.  de  la  collect.  Munoz,  t.  LXXVII,  f.  19,  cité 
par  M.  Duro,  Arca  de  Noi',  p.  316. 


1527. 

John  Rut.  Expédition  sous  pavillon  anglais.  Ce  navigateur 
était  de  Ratcliff  :  «  John  Rut  of  Ratclif,  Ycoman  of  the  crown  ',  » 
et,  ce  semble,  très  illettré  ».  De  décembre  1512  à  juillet  1513, 
il  servit  en  qualité  de  second  («  maslcr  »)  à  bord  de  la  Gabridl 
Royal,  et  passa  ensuite  sur  la  Maria  deLorcla^.  Le  27  mai  1527  *, 
Rut  reçut  de  Henry  VIII  une  pension  de  10  livres  sterling,  et, 
le  10  juin  suivant  °,  de  Portsmouth,  il  appareilla  avec  deux 
navires,  le  Samson  et  h  Mary  of  Guilford.  Nous  ne  savons  si 
lord  Edmond  Howard,  qui  avait  supplié  Wolsey  "  de  l'employer 
dans  l'expédition  qui  se  préparait  alors  pour  Terre-Neuve,  afin 
de  pouvoir  donner  à  boire  et  h  manger  ises  enfants  :  «  and  sofind 
bis  u'ife  and  children  mcat  and  drink,  »  était  à  bord. 

Par  le  53"  de  latitude  nord,  les  deux  navires  rencontrèrent 
de  nombreuses  banquises  :  «  niany  grcat  Jlands  oj  Icc.  »  Virant 
de  bord,  ils  se  dirigèrent  du  côté  du  sud,  atterrirent  au  conti- 


1.  J.  S.  Brewer,  Ci)/t'«rfiir,  'Domalicaiid  Foreign,  N0321}. 

2.  '■'John   Riiluril  this  Lctter  to  King  Hcnrie  in  biul\  EngUsh  ami  worse 
ixriliiig.  »  Purclias,  Tilgrimuge,  t.  III,  p.  809. 

3.  J.  S.  Brewer,  lor.  cit.,  N°"  3591,  3977-  398»,  4377' 

4.  Cette  date,  empruntée  aux  Cakndars,  nous  fait  douter  de  l'exactitude 
de  celle  que  Halle  auribue  au  départ  de  Rut,  de  la  Tamise  :  «  Ftirtb  tbey  set 
ont  of  tbe  Thamcs  the  twentie  day  of  May  ;  »  à  moins  que  le  brevet  ne  lui  ait 
été  expédié  à  Portsmouth. 

5.  «  Exivlmus  a  Pleiniit  qua  fuit  xjuiiii.  »  Leure  de  Albertus  de  Prato, 
citée  par  Purchas. 

6.  J.  S.  Brewer,  loc.  cit.,  N"  3731. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


293 


ncnt  par  52"  ',  et  descendirent  jusqu'au  cap  de  Bas  ou  de  Raz. 
Ils  continuaient  leur  route  de  conserve,  lorsque  dans  la  nuit  du 
I"  juillet  une  violente  tempête  les  sépara,  et  plus  jamais  on 
n'entendit  parler  du  Sanison.  Aussi  ne  savons-nous  sur  quelles 
autorités  Frobisher  se  fondait  lorsqu'il  dit  à  Hakluyt  que  ce 
navire  sombra  :  «  in  a  danscmis  Giilph,  ahmt  ihe  gmit  opmtijy, 
hdwcem  tbcNorlh  paris  of  Nmfoimdland  and  tbc  Coitutry  latclycal- 
kd  by  hcr  Majcslie,Meta  Incognila  *.  »  .  .    -i 

Le  3  août,  Rut  vint  jeter  l'ancre  au  port  Saint-Jean,  d  où  il 
comptait  aller  au  cap  Speer  (le  Cavo  da  Espéra  des  cartes  portu- 
gaises), afin  d'y  rencontrer  l'autre  navire,  qui,  selon  un  arrange- 
ment préalable,  devait  y  chercher  refuge  en  cas  de  tempête  et 
attendre  son  compagnon  pendant  six  semaines. 

Hakluyt  dit  avoir  appris  que  John  Rut  et  la  Mary  ofGiiilford 
revinrent  en  Angleterre  au  commencement  d'octobre  1 5 27. 

Ce  bref  récit,  qui  renferme  à  peu  près  tout  ce  qu'on  sait  du 
voyage  de  ce  navigateur,  est  emprunté  à  la  lettre  qu'il  écrivit  à 
Henry  VIII,  le  3  août,  jour  de  son  arrivée  au  port  de  Saint-Jean 
de  Terre-Neuve,  laquelle  est  confirmée  par  une  autre  lettre, 
adressée  aussi  de  ce  port,  le  10  du  même  mois,  au  cardinal 
Wolsey  par  Albertus  dePrato  \  chanoine  de  l'église  Saint-Paul, 
de  Londres,  riche  et  savant  mathématicien  '',  qui  accompagnait 
Rut  sur  la  MaryoJ  Giiilford,  lettre  dont  nous  n'avons,  malheu- 


1 .  Au  Labrador,  si  sa  latitude  est  exacte . 

2.  Selon  la  carte  de  Michael  Lok,  cette  Mvta  nicoffuita,  se  trouve  par  68» 
de  latitude  nord,  et  le  <•  ihwgerous  Gulpb  ..  ne  peut  guère  être  que  la  baie 
de  BaCfin.  Or,  la  lettre  de  Rut  donne  à  entendre  que  la  tempête  qui  sépara 
la  Mary  of  Guiljonl  de  son  compagnon,  c^data  lorsque,  ayant  qu  tte  lo  cap 
Race,  ils  naviguaient  au  sud,  c'est-i-dire  à  plus  de  vingt  degrés  du  lieu  ou 
Frobisher  localise  le  naufrage  en  question. 

3.  «  Apud  a  Baya  Saint  Johan  in  Terris  Novis  diè  x  Augusti  1527  ^«•'■■ 
Pair.  vest.  hiimilis  scrvus,  Alkrlus  de  Prato;  »  Purchas,  t.  111,  p.   809. 

4.  i<A  Canon  ofSt.  Paulin  Loiidon,  u'hich  was  agréât  Malhematician,  ami 
a  Man  indiicdivilhwealth  »;  Hakluyt,  Priucip.  Kavig.,  t.  III,  p.  129. 


294  JEAN  ET  SÉDASTll-N  CABOT 

reuscincnt,  que  l'adresse,  la  date  et  les  deux  premières  phrases. 

—  Kdward  Hallf, C/inm/i/i-,  LoiiJon,  1550,  t,  II,  f.  158,  cl,  d'après 
lui,  servilement,  Guafton',  Chiviikle,  LonJon,  1569,  p.  1149  (et  p.  724  ci 
t.  II,  p.  393,  des  réimpressions  de  sir  lleniy  Ellis)  consacrent  \  ce  voyage, 
(sans  nommer  Rut)  cinq  lign-s,  copiées  par  Hakluyt,  l'iincipall  Navitrations, 
t.  III,  p.  129.  A  la  brè-.c  mention  empruntée  \  os  deux  liistoriens  (dont 
certains  critiques  font  des  navigateurs),  llaiiluyt  ajoute  quelques  détails  qu'il 
déclare  tenir  désir  Martin  l-robishcr  et  de  Richard  Allen. 

—  PuRciiAS,  His  Pili^riimij^'i;  London,  1625,  in-fol.,  t.  III,  p.  809,  et 
t.  V,  p.  82:. 

1527. 

Maître  GRum;.  Deux  navires,  partis  de  Portsmouth  le  10 
juin  1527,  lesquels  atterrirent  au  cap  de  Bas  (i/V)  le  21  juillet. 
La  mention  de  ce  voyage  est  empruntée  à  Purchas,  qui  dit 
l'avoir  relevée  au  dos  de  la  lettre  de  Rut  précitée  :  «  A  mémoran- 
dum îvcts  cmhrscd  on  ihc  original  thaï  Mastcr  Gnilvs  tiuo  ships  hit 
Portsmouth  10  ">  Junc  and  arrivcd  at  Cap  de  Bas  21  July,  which 
îvas  ihcjirsl  land  a/ter  kaving  Selle.  » 

Il  est  possible  que  cette  expédition  ne  soit  que  celle  de  John 
Rut.  En  douter,  c'est  supposer  que  quatre  navires,  au  lieu  de 
deux  seulement,  commandés  par  paires,  appareillèrent  ensemble 
de  Plymouth  et  atterrirent  le  même  jour  au  cap  de  Bas  ou  de 
Raz.  Notons,  cependant,  que  les  termes  du  mémorandum  relevé 
par  Purchas  :  <(  Master  Grubc's  iwo  ships,  »  impliquent  que  deux 
des  navires  étaient  commandés  non  par  John  Rut,  mais  par  un 
marin  du  nom  de  Grube  '  ;  et  que,  selon  sir  Martin  Frobisher 
qui,  né  en  1594,  était  contemporain  de  l'expédition  de  Rut,  un 
des  navires  se  nommait  \eDominns  Vobiscum  -. 

—  Purchas,  loc.  cit. 

1.  Nous  n'avons  pu  retrouver  ce  nom  dans  aucun  des  Calendars. 

2.  i'  And  il  hath  bcen  lolile  me  hy  sir  Martine  Frohishr,  and  M.  Richard 
Altcn...  that  one  of  the  sliips  u'as  catlcd  tlic  Dominus  Vobiscum  ».  Hakluyt, 
loc.  cit. 


JEAN  ET  SnnASTIEN  CADO  T 


m 


1527. 

Navire  DU  ROI  n'ANGLF.Tr.RRi-,  que  Cin6sNavnrro  rencontrai 
l'île  de  la  Mona,  et  dont  le  capitaine  relata  avoir  été  avec  un 
autre  navire  à  la  découverte  du  pays  du  Grand  Khan,  «  por  ht 

mar  ilcl  Noric.  « 

Une  missive  adressée  à  Charles-Quint  par  l'Audience  de  His- 
paniola  le  19  novembre  1527  ',  rapporte  la  capture  d'un  navire 
anglais,  dont  le  capitaine  aurait  déclaré  avoir  été  <(  à  momccr  los 
luicallaos.  «  C'est  probablement  celui  dont  nous  parlons  et  le  même 
que  cite  Oviedo*  (bien  que  selon  cet  historien  le  navire  venait 
du  Brésil).  Ce  ne  saurait  être  cependant  John  Rut,  si  l'assertion 
de  Ilakluyt  que  le  Mnry  of  Giiilford  revint  en  Angleterre  au 
mois  d'octobre  1527  est  exacte,  puisque  la  présence  dudit  "n-r- 
sario  high'S  »  est  signalée  aux  Antilles  en  novembre,  et  que  l'en- 
quête faite  à  ce  sujet  est  datée  du  8  décembre  1527  \  Notons, 
cependant,  qu'il  n'est  plus  question  de  John  Rut  après  sa  lettre 
du  3  août  1527,  et  que  les  CalmUns,  domcslic  mil  jorcipi,  ne  (ont 
mention  ni  de  largesse  ni  d'émargement  dont  il  aurait  bénéficié. 
Cette  omission  dans  des  documents  si  complets,  et  le  fait  que 
Hakluyt'*  ne  parle  du  retour  de  Rut  que  comme  un  on-dit,  per- 
mettent de  supposer  qu'il  ne  revint  pas  en  Angleterre  à  cette 
époque,  et  même  qu'il  décéda  au  cours  de  ce  voyage. 

Comme  Herrera,  en  'donnant  des  détails  sur  l'expédition 
dudit  capitaine  anglais,  cite  Ginès  Navarro,  et  que  les  documents 
ori-inaux  sont  tousd.atés  de  1527,  c'est  à  tort  que  ce  choniqueur 
lui^issignc  la  date  de  15 19.  Selon  Herrera,  le  pilote  de  la  cara- 


1.  MS.  de  la  collcct.  Muïïoz,  t.  LXXVII.  f.  19.  citù  pnr  M.  Duro.  Arca 

(k  Noi',  p.  316. 

2.  Historia  General,  lib.  XIX,  wp.  xin,  t   I,  p.  611. 

3.  Lista  de  la  Exposicion  Americanista,  B.  125 

4.  Priiicipall  Navigations,  t.  III,  p.  129. 


296 


JHAN  ET  SEBASTIEN  CADOT 


vcllo  an^^laisc  était  Picinontais  et  il  aurait  titc  tue  par  les  natu- 
rels du  nouveau  continent. 

—  GiNfs  Navarro.  Rilacwii  qiw  dio  Aaùodc  tJiS,  (kl  siictso  Je  un  tiavio 
ili'l  Rey  de  Iw^hiteini,  que  hahieiulo  salido  de  tilli  eou  otroal  desciihiimieiilo  de  lit 
licrru  del  Gran  Cun  pcr  la  mur  del  Noiie,  y  110  j^iidietido  iei;iiir  su  nufei;acion  jvi 
hi  hielos,  arribo  a  lu  islu  de  la  Miuia,  yeiido  en  demanda  de  la  Espaiiola.  MS. 
citii  par  Nav.irrctL-,  lUbliol.  Ataritima,  t.  I,  p.  585. 

—  Hlrueua,  dccaJ.  II,  lib.  v,  cap.  m,  p.  115. 


Circa    1528. 


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V 


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ty*' 


Lr  Baron  de  Lery  débarque  des  bestiaux  à  l'ilc  de  Sable. 
Parlant  de  l'expédition  du  marquis  de  la  Roche,  Lescarbot  dit  : 
((  et  demeurèrent  li  |en  l'ile  de  Sable,  qui  est  à  vingt  lieues  de 
terre  ferme  vn  peu  plus  au  Sud  que  le  Cap-Hreton,  c'est  ;\  sçavoir 
par  les  quarante-quatre  degre/J  ses  hommes  l'espace  de  cinq  ans, 
vivans  de  poissons  et  du  laictage  de  quelques  vaches  qui  y  furent 
portées  il  y  a  environ  quatre-vings  ans  au  temps  du  Roy  Fran- 
çois I.  par  le  Sieur  Baron  de  Leri  et  de  Sainct-Iust,  Vicomte  de 
Gueu.  » 

Comme  le  privilège  du  livre  où  est  consignée  cette  mention 
est  du  21  novembre  1608,  en  reculant  cette  date  de  quatre-vingts 
ans,  on  atteint  l'année  1 528.  Cette  dernière  date  ne  doit  pas  être 
très  éloignée  de  la  composition  de  son  Histoire,  qu'il  écrivit  sans 
doute  à  son  retour  en  France.  Or,  Lescarbot,  parti  de  la  Rochelle 
sur  le  Joms,  avec  Pontraincourt,  le  13  mai  1606,  était  de  retour 
il  Saint-Malo  en  octobre  1607  '.Il  est  le  seul  écrivain  qui  fasse 
mention  de  ce  voyage,  et  rien  n'est  venu  corroborer  son  récit. 
Nous  avons  fait  d'activés  recherches,  en  dirigeant  nos  fouilles  du 
côté  des  Lery  issus  des  Cauchon  de  Champagne  et  de  ceux  qui 


I.  Notes  sur  la  Nouvelle-France,  p    19. 


JEAN  ET  SliUASlIEN  CAHOT  a97 

Jcrivcnt  leur  origine  des  Rouvilie  (ex-Gougcul)  île  Normandie, 
mais  sans  succc's. 

—  Lescahbot,  Hisloin  Je  lu  Koiifi'lL'  l'iana;  Paris,  1612,  iii-8,  p,  aa. 

1534' 

Jacques  Cartier.  Premier  voyage,  du  20  avril  1534  au  5  sep- 
tembre suivant. 

—  5///>n;,  pages  78-79. 


I535-I536. 

Jacques  Cartier.  Second  voyage,  du  19  mai  153 S  ii"  16 
juillet  1536. 


Siipia,  paj^c  78. 


1536. 


Maître  HoRE.  Voyage  pour  le  compte  de  l'Angleterre  au  cap 
Breton  et  i\  Terre-Neuve,  d'avril  i\  octobre  1536.  L'expédition 
était  composée  de  deux  navires,  la  Tihiitie  et  le  Minion,  et  de 
cent  vingt  personnes.  A  l'île  des  Pingouins  (?)  sur  la  côte  de 
Terre-Neuve,  leur  détresse  fut  telle  que  l'un  d'eux  tua  et  man- 
gea son  compagnon.  Ils  allaient  s'entre-dévorer  tous,  lorsqu'un 
navire  français,  dont  ils  s'emparèrent,  arriva  à  temps  pour  mettre 
fin  i  ces  scènes  de  cannibales. 

Il  est  question,  sous  la  date  du  17  avril  1557  '.  J'"»  capitaine 
Hores,  mais  nous  ne  saurions  dire  si  c'est  le  même. 

—  Hakluyt,  PtiucipaU  Nuvigalions,  t.  III.  p.  129- iji. 

I.  W.  B.  Turnbull,  Calendar,  1 533-1 5S8,  p.  298. 


298 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


1536. 

Navire  Français  spolié  dans  les  parages  de  Terre-Neuve  par 
le  maître  Hore  ci-dessus  mentionné,  et  «  inaiiy  gentlcmot  of  ihc 
Inns  of  Court,  and  of  ihc  Chauccric  »,  c'est-à-dire,  des  avocats  et 
des  avoués.  Le  capitaine  français  fut  indemnisé  par  Henri  VIII. 

—  Hakluyt,  /lie.  cit. 

1554- 

Navire  Rochellois  rencontré  à  la  rivière  St-Jacques  par  Car- 
tier le  1 2  juin  1 5  34  :  '<  Il  y  a  vnc  aultre  bonne  ripuiere  plus  grande, 
où  il  y  a  pluseurs  saulmons;  nous  la  nonmasmes  la  ripuiere 
Sainct  Jacques.  Estans  ;x  icelle,  nous  aperseumes  vng  grant  na- 
uire  qui  cstoit  de  la  Rochelle,  qui  auoit  passé  la  nuyt  [cherchant] 
le  hable  de  Brest,  où  il  pensoit  aller  faire  sa  pcscherie;  et  ne 
sçauoientoù  ils  estoient  '.  » 

Comme  il  est  de  tradition  ■  que  les  archives  des  Charentes 
renferment  des  documents  établissant  que  des  pêcheurs  rochel- 
lois seraient  allés  ;\  Terre-Neuve  même  avant  Colomb,  nous 
avons  cherché  à  instituer  des  recherches  ;\  la  Rochelle.  Il  n'y  a 
rien  de   fondé    dans  cette   croyance.  La  bibliothèque  et  les 


1.  Relation  ori'^iuiilc  >hi  voyagiile  Jacques  Cartier,  Vms,  Tross,  1867,  in-8, 
p.  II. 

2.  Cette  tradition  n'a  probablement  pas  d'autre  origine  que  la  plirase  de 
Thevet  :  «  Quelques  huict  lieues  de  là  tirant  tousjours  de  la  part  de  septen- 
trion nous  apparoist  une  grand'terre  nommiîe  de  Courtreal  descouverte  l'an 
mil  cinq  cens  un  par  un  capitaine  nommé  Courtreal,  Portugais  de  nation, 
toutesfois  que  quatorze  ans  auparavant  elle  cust  esté  visitée  par  quelques 
capitaines  Rochelois  de  la  part  du  gouKc  de  Merosre  (?)  »  ;  Cosmographie 
universelle,  1875,  in-fol.,  liv.  xxni,  i".  1022.  «  Falsu  pro  veris  snninia 
fiducia  semper  scrihcrel  n,  dit  de  Thou  en  parlant  de  Thevet;  Historia,  Aurc- 
lian.,  1626,  in-fol.,  lib.  xvi,  t.  I,  p.  502  a. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


299 


archives  de  cette  ville  furent  confisquées  par  le  cardinal  de 
Richelieu  en  1628;  et  les  dépôts  reconstitués  ne  contiennent 
que  des  documents  postérieurs  i\  cette  date,  ou  les  copies  qui 
servirent  à  VHistoirc  d:  la  %ochdk  du  P.  Arcère. 


1539- 

ExpfiniTiON  ROcnELLOisE.  Prêt  ;\  la  grosse  de  200  livres  fait  le 
23  avril  1539,  devant  B.  Pelloquin  et  Fr.  Bcrault,  notaires  \  La 
Rochelle,  par  Guillaume  du  Jau,  marchand  et  bourgeois  de  La 
Rochelle,  i  Robin  de  Gerauby,  maître  de  la  Catherine  de  Saiul- 
Jeanik  Luc,  du  port  de  80  tonneaux  environ,  sur  le  point  d'aller 
pêcher  les  »  mollues  i  la  terre  nefve  '  » . 


1539- 

Expédition  rochelloise.  Prêt  -i  la  grosse  de  32  livres  10  sols, 
fait  le  28  mai  1539  devant  M°  Pelloquin,  i\  Pierre  Dencbault, 
bourgeois  et  marchand  de  La  Rochelle,  par  le  même  du  Jau,  sur 
un  navire  qui  était  alors  \  la  (f  terre  nefve  »,  nommé  le  Nicolas 
de  La  Rochelle,  maitre  Jannert,  Janvert  ou  Jauvcrt  de  Sanchc  ' . 


Alite  1539*. 

Le  Cran  capitano  del  mare  Francese,  dont  Ramusio  nous  a 
•conservé  le  récit,  mais  traduit  en  italien.  Parti  de  Dieppe  avec 
deux  navires,"  ce  capitaine  anonyme  se  rendit  d'abord  à  la  Nou- 

I ,  Renseignements  obligeamment  communiqués  par  M.  Musset,  biblio- 
thiicaire  de  la  ville  de  La  Rochelle. 

♦  Nous  omettons  l'expédition  de  Hernando  de  Soto  (iSî8-i543\  car  il 
n'atteignit  que  58»  de  latitude  nord. 


3  00 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


velle-Francc,  «  da  gradi  40  fino  a  gradi  ^7  sotto  il  polo  artîco  », 
d'où  il  alla  au  Brésil,  à  la  Guinée,  ;\  Madagascar  et  à  Sumatra.  Ce 
voyage  fut  accompli  après  la  première  expédition  de  Jacques 
Cartier,  puisque  dans  ce  récit  il  est  fait  mention  du  «  golfo  delli 
Castelli  »,  c'est-à-dire  du  détroit  de  Belle-Isle,  découvert  et 
nommé  par  Cartier  le  27  mai  1534:  «  l'entrée  de  la  baye  des 
Chasteaulx'.  » 

Quel  est  ce  «  grand  capitaine  de  mer  français  du  port  de 
Dieppe  ?  ;) 

Selon  Estancclin'  et  d'autres  écrivains,  ce  serait  Jean  Parmcn- 
tier.  C'est  impossible. 

Le  récit  du  «  Gmn  Capitano  »  fut  rédigé  par  lui-même  en  l'an- 
née 1539  '<  una  scrillura,  ô  vogliamodir  discorso  faito  del  ijjp  d'un 
grau  Capitano  Francese. . .  doue  descriue  il  viaggio,  che  si  fa  alla  terra 
del  Brasil. . .  » .  Cette  date  est  confirmée  par  les  propres  paroles, 
de  ce  navigateur,  quand  il  dit  que  le  voyage  de  Jean  Denys  fut 
effectué  il  y  a  environ  trente-trois  ans  :  «  e  sono  circa  }}  anni  », 
et  qu'à  l'époque  de  son  récit,  quinze  années  s'étaient  écoulées 
depuis  que  Verrazzano  avait  découvert  la  côte  qui  s'étend  du  cap 
Breton  à  la  Floride  :  «  hhjual  Costa  fu  scopertai')  anni  fa  per  vicsser 
Giovanni  da  Vera:;^ano.  »  Enfin,  il  ajoute  que,  son  voyage  ter- 
miné, il  revint  avec  une  cargaison  dans  ses  foyers  :  «  carico  di 
spccie  ritorno  a  casa'\  » 

Or,  à  la  Description  Nowelle  des  Merveille. ,  poème  de  Jean  Par- 
mentier,  publié  à  Paris  en  1531  *,  Pierre  Crignon  ajoute  une 
Déplorât  ion  sur  la  mort  de  Jan  et  de  Raoul  Parmcr.lier'^  dont  il  fut 
'<  le  compaignon  en  ladicte  navigation  »  ;  et,  dans  cette  sorte 
d'élégie,  le  poète  dieppois  dit  que  les  deux  Parmcntier  moururent 


1.  Retalion  oiigiuate  du  voyage  de  Jacques  Cartier,  p.  5, 

2.  Rect)erc1ies,  p.  191. 

3.  Raccolta,  t.  III,  f.  417,  F. 
4.  B.  A.  V.  Additions,  N"  96. 

5.  Voir  aussi  r£/'i7()//j;'(/m  loannis  Parfuetitierii  qvi  in  Samotljiacia  perijt, 
omposOe  par  Morrhy  des  Champs,  l'imprimeur  du  livre. 


JEAN  ET  SI-BASTIEN  CABOT  301 

aux  Indes  «  en  l'an  mil.  D.  XXIX.  •>  Cette  assertion  est  con- 
firmée par  le  texte  même  du  journal  de  bord  de  la  Pensa,  où  il 
est  dit  que  k  Jean  Parmentier  commença  la  danse  et  trépassa  de  ce 
siècle  la  vigile  Sainte  Barbe  troisième  jour  de  décembre  !  1529]  ». 
Le  grand  capitaine  de  mer  qui  écrivit  le  Discorso  en  1539  n'est 
donc  pas  Jean  Parmentier,  mort  dix  ans  auparavant. 

Et  puisque  il  est  ici  question  de  ce  dernier  navigateur,  qu'on 
nous  permette  une  courte  digression. 

M.  Tarbé,  libraire  iH  Sens,  avait  hérité  de  son  frère,  négociant 
à  Rouen,  d'un  manuscrit  intitulé  Voyage  des  Dieppois.  Il  le  com- 
muniqua à  M.  Estancelin,  qui  le  publia  en  1832.  Selon  ce  dernier: 
<i  l'écriture,  l'espèce  et  la  qualité  du  papier,  sont  bien  constam- 
ment du  temps  même  de  l'expédition  ;  on  peut  aller  plus  loin  et 
conjecturer  avec  quelque  raison  qu'il  est  autographe  ». 
*  Nous  avons  vu  passer  en  vente  publique,  le  3  mars  1882  ',  à 
Paris,  un  manuscrit  sur  papier  du  format  in-4",  de  31  feuillets 
non  chiffrés,  d'une  écriture  du  xvi"  siècle,  portant  ce  titre  : 
«  Vciage  aux  Indes  orienlalles,  diepe,  529.  »  Quant  au  texte,  saut 
dans  l'orthographe  de  certains  mots,  modernisés  par  Estancelin, 
de  la  phrase  :  «  Mémoire  que  nous  Issismes  du  Haure  de  Dieppe 
ce  jour  de  pasques  28"'"  jour  de  mars  1529  »  à  «  fismes  Voille 
•au  ouest-sur-ouest  pour  retourner  a  nostre  pais  »,  il  est  en  tout 
semblable  à  l'imprimé  de  1832.  Nous  ne  saurions  dire,  cepen- 
dant, si  le  manuscrit  de  la  vente  Chenest,  et  celui  publié  par 
Estancelin,  ne  font  qu'un. 

M.  Charles  Schefer,  le  s.ivant  orientaliste,  possède  un  manus- 
crit de  ce  voyage  de  Parmentier,  bien  autrement  complet  que 
celui  que  nous  venons  de  citer. 

Ce  précieux  écrit  est  de  o'",i8  xo"',ii  carré,  sur  papier 
oriental  de  différentes  couleurs,  d'une  écriture  très  nette  du  xvm" 


;  i 


1.  Catalogue  di'S  livres...  cowposaiit  lu  l'ibliolhêqiie d'un  amalciir  [M.  Clicncst]. 
Paris,  Labittc,  1882,  N"  24. 


502 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


sic-clc.  Il  contient  71  feuillets  non  chiftVés,  divisés,  sous  la  même 
couverture,  en  deux  volumes  intitulés:  Navigalion  île  Jean  Par- 
inciilicr. 

Le  premier  volume  commence  par  une  épître  de  quatre  pages, 
adressée  à  un  homme  de  qualité  dont  on  ne  donne  ni  le  nom  ni 
le  titre,  et  se  terminant  ainsi  : 

«  Monseigneur,  qu'il  vous  donne  en  la  sienne  bonne,  longue 
et  heureuse  vie.  écript  i  Dieppe  le  18.  jour  de  décembre  1575. 
de  par  le. 

K  Votre  très  humble  et  très  obéissant 

«  Serviteur  îi  jamais. 

«  Guillaume  le  féure.  » 

Dans  cette  épitre,  Lefèvre  rappelant  la  «  découuerte  faite  par 
Jean  et  Raoul  dits  Parmentiers  aux  nauires  de  la  Pensée  et  du 
Sacre  de  Dieppe,  y  a  quarante-cinq  ans  ou  environ  » ,  s'excuse 
d'avoir  été  si  longtemps  à  l'envoyer,  en  donnant  pour  raison  de  ce 
retard  qu'il  lui  «  a  fallu  changer  plusieurs  fois  le  Hure,  pour  ce  que 
la  Nauigation  depuis  leur  partement  de  Dieppe  jusqu'à  l'île  St- 
Laurens  et  l'ile  St-Mathias  n'étoient  en  leur  degré  »  et  qu'il  lui  a 
«  conuenu  les  y  mettre  et  par  ordre  ».  Il  ajoute  :  «  et  pour  ce  que 
je  ne  trouuc  rien  du  retour  dudit  voyage  par  écrit,  je  me  suis  in- 
formé et  ay  trouué  un  nommé  Jean  Pastriel  ''  ancien  marinier 
âgé  de  quatre-vingts  ans,  lequel  étoit  pannetierau  dit  voyage  dans 
le  Sacre,  auquel  j'ay  fait  lecture  par  plusieurs  fois  de  ladite  naui- 
gation pour  voir  s'il  se  trouueroit  conforme  à  ce  qu'il  en  auoit 
veu,  lequel  pour  estre  de  bon  entendement  m'a  f;iit  réponse  que 
tout  ce  qui  étoit  au  liure  étoit  vray,  et  m'a  dit  que  le  secret 
de  la  nauigation  étoit  gardé  par  les  Parmentiers,  et  que  nul 
desdits  deux  vaisseaux  ne  le  pouuoit  entendre  sinon  après  leur 
decez,  a  été  regardé  à  leurs  papiers.  » 

Après  cette  épître,  commence  le  Discours  de  la  nauigation  de 
Jean  et  Raoul  Parmcnlicr,  par  ce  paragraphe  :  «  Premièrement, 


I.  Ailleurs,  il  le  nomme  «  Plastrier.  » 


JEAN  l'T  SÉBASTIEN  CABOT 


303 


Nous  Issasmcs  du  luiurc  de  Dieppe  le  jour  de  Pasques  28.  )our de 
Mars  1529.  cnuiron  deux  heures  après  midy  que  notre  net    a 
Pensée  fut  mise  en  rade  honnestement,  sans  toucher,  mais  le 
Sacre  toucha  et  ne  put  issir  de  cette  marée  et  issit  et  fut  mis  en 
rade  la  marée  cnsuiuant  après  midy.  " 
Le  discours  se  termine  par  la  phrase  suivante  : 
«  Pour  CCS  raisons  et  plusieurs  autres,  le  samedi  22^  jour  de 
Janvier,  nousdéradàmes,  etfimes  voile  au  ouest  Sur  ouest,  pour 
retourner  en  n'^'^^pays.  » 

Au  cours  du  récit  même,  on  relève  des  noms  et  des  passages 
entiers  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  le  texte  d'Estancelin,  preuve 
nue  ce  dernier  non  seulement  n'est  pas  l'original,  maisquila 
été  copié  sur  un  manuscrit  incomplet,  d'une  facture  postérieure  a 

l'année  157).  »r     •      •      j    r 

Le  deuxième  volume,  également  intitulé  :  «  Nav,^alun,dc  Jean 

Tamcnticr,  et  que  n'a  pas  connu  Hstancelin,  contient  un  Mcmrc 

de  a  qui  est  conlenu  en  Vik  de  Saincl  Domingo , où  il  est  question  d  un 

.  engin  de  sucre  appartenant  à  un  qui  se  dit  Jouan  Cauaher  ». 

L'ouvrage  se  termine  par  un  chapitre  :  «  De  ec  qm  sensuil  depun 

la  KiviSc  sramle,  jnsques  à  Feni.mt;  »  dans  lequel  on  rapporte 

que  c<  auprès  du  nombre  de  Dios  du  côté  de  l'est,  ily  a  une  n- 

uière,  qu'on  appelle  Riuière  Françoise,  Ui  ou  1    y  a  une  petite 

playa,  les  grands  nauires  y  mouillent  l'ancre  quelquefois. .. 

Cet  intéressant  manuscrit  sera  prochainement  publie  dans  la 

série  de  voyages  dont  le  présent  volume  fait  partie . 

-  Ramus.o,  Terio  volume  dcUe  Navigationi.  Venct,  1565,  >n-fol.,  f.  417 

et  A2i-A%â..  avec  quatre  cartes.  . 

-Etrtcuu^:%cchcrchcs  sur  les  voyages  et  découvertes  des  navigateurs  nor- 
mands; Paris,  1832,  ia-8,  p.  i9)-240.  pour  texte  et  traduction. 


jo.t 


JHAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


154I. 

Jacques  Cartier.  Troisième  voyage,  du  23  mai  1541  i  une 
époque  antérieure  au  mois  d'octobre  1542. 

—  Supra,  pages  215-214. 

I54I. 

Ares  de  Sea.  Expédition  du  25  juillet  1541  au  17  novembre, 
envoyée  par  Charles-Quint  :  «  A  Sdvr  lo  (jiic  havia  hccho  por  iilla 
\iiiia  licrni  que  se  Uamuba  Cauadu\  nu  ciipihtn  Fiances  que  se  dice 
Jaques  Cartier  ». 

—  5«y')fl,pagc  146, 

1541-1544. 
RoBKRVAL.  Expédition  du  22  août  1541  à  juin  1544. 


—  Supra,  pages  211-215. 


I54O-I54I, 


Diego  Maldonado  et  Gomez  Arias.  «  No  dejaron  corrcr  h 
Costa,  por  la  vanda  dcl  Oriente  hasta  la  tierra  de  Baccallaos.  » 

—    Garcilasso  de  la  VtGA,Lfl  Flcriik  M  Inca.  Lisbona,  1605,  in-4,  lib. 
VT,  cap.  XX. 


I54I. 

Portugais  avec  qui  les  gens  de  Roberval  se  prirent  de  querelle 
en  arrivant  au  détroit  de  Belle-Isle  :  «  A  quarreïl  hetivcene  some 
of  his  countrymen  and  certain  Portugais.  » 

—  HakluyTi  Principdll  Navi^^atioiis,  t.  III,  p.  241. 


ji:an  lt  Sébastien  cabot 


305 


1343- 

Jacql'us  Cartii;u.  Qiuilriciuc  voyage,  pour  rapatrier  Rubcrval. 
—  6';//;  .1,  page  215. 

1345- 

Matias  m-.  EciiLvi;n:,  cliarpcnticr  espagnol  à  bord  d'un  navire 
français  :  «  Ilalnciulo  ilcsciihinlo  los  framcscs  ît  Ticrraniicva,  Uni 
prospcros  de  halknas  d  baccakos  ccha  del  iwo  i)in,  iiiiii^nii  cspiiîwl 
hiihia  tmrgitdo  alli  btisln  d  aho  de  i^-ij,  eu  que  cl  piloio  Malins  de 
Echcvctc  mi  padre,  sicndo  de  cdad  de  qiiiinx  (Uios,  por  airliiilciv  de 
mia  nao  de  Ziilnhitru  f?],  de  Frnncia,  del  aipiUvi  Ma  il  in  One  [?J 
habian  Uegado  por  ballemu  cl  bacdlhws.-n 

—  Mnmhil  dA  hijc  de  Matins  de  Echvctc,  MS.  de  la  collection  Vargas 
VoncQ,l.ej;.  111,  Hibliot.  de  l'Acidémie  d'Hi.stoiieà  Madrid,  cité  parM.  Dlho, 
Arca  de  Koc.  p.  313  et^o5.  Une  citation  du  Dicciciiario  i:iv:;nilîiv  de  Madoz 
(t.  XVI,  art.  Zaïiwi),  relevée  par  M.  Duro  [Ai en  de  Koé,  p.  295),  semble 
indiquer  que  Eclievcte,  le  navigateur,  se  iicniii.ait  non  Matias  mais  Carlin. 

1549- 

Jacobo  dk  Ibaceta,  patron  de  navire  éciuipé  pour  la  pèèhe  de 
Terre-Neuve,  demande,  le  23  mars  1549,  des  ornements  à  l'usage 
d'un  prêtre  qui  se  trouvait  à  bord,  afin  que  ce  dernier  pût  dire 
la  messe  dans  ce  pays. 

—  MS.  de  la  collection  Vargas  Ponce,  cité  par  M.  Duro,  Ami  de  Koé, 
p.  295  et  405. 


20 


îo6 


11;AN  l'T  SliBASTlUN  CABOT 


1550. 

Juan  du  Ukdaire  :  «  Uiia  nota  piwsla  por  Varias  Pouce  en  su 
colcccion  de  docitmentoa  imliea  que  en  los  aiehivos  municipal  0  parro- 
qnial  de  ht  villa  de  Orio  hay  apniiles  de  Jiecnenles  viajes  hechos  à 
Tenanova  desdc  cl  anode  is^o,  noinlmindose  los  navios  y  carabelus 
y  sus  capilancs,  entre  ellos  un  Juan  de  Urdairc,  que  en  iSJO  cmpciô 
por  capitan  ballcnero,  ctfuémas  larde  célèbre  al  mirante.  » 


—  MS.  Je  la  Bibliothèque  de  l'Académie  d'histoire  à  Madrid.  —  L'i',  ;, 
num,  101  ;  cité  par  M.  Duro,  Arcade  Noi\  p.  295. 


APPENDICES 


APPENDICES 


I 

Lettres  de  naturalisation  accordées  a  Jean  Cahot. 

«  Quod  fuit  privilegium  civilitatis  de  intus  et  extra  loani  Ca- 
boto  per  habitationem  annorum  XV,  iuxta  consuctum. 
Départe  149.  De  non  o.  Non  siticeri  0.  »  ^ 

(Archives  d'État.Vcnise;  5<.v/rt/o  Tenu,  1473  -77.  t.VII,p.i09  ). 


1476. 
28  mars. 


II 

Lettres  de  naturalisation  accordées  a  Fontana  et  autres. 

«  Nicolaus  Tronus  Dei  gratia  Dux  Vcnctiarum  etc.  Univcrsis   1472-I  50I. 
et  singulis  tam  amicis  qunm  fidclibus,  et  tam  praescntibus  quani  , 
futuris,  presens  privilegium  inspecturis,  salutem  et  sincère  dilcc- 

tionis  affectum. 

Notum  vobis  fieri  volumus  per  praescntem  paginam,  quod 
cum  imer  cetera,  que  in  mente  nostra  revolvimus,  attcndamus 


I.  Public  pour  la  premicrc  fois  par  Ronianin,  5/û;((I  dûCumcnUiladi  Vcneiia, 

t.  IV,  p.  453. 


JIO 


JEAN  ET  SfiRASTIEN  CABOT 


prccipuc  nostroriiin  siilHlitorum  et  fKk'Iiinn  ilcvotoriim  tract.irc 
propciisiiis  conioil.i  et  utili.i  s.ilubritcr  procurarc.  Ciiin  hoc  Ux- 
ccllciuic  iiostrc  ik'cus  aspiciat  et  lldcliuiu  dcvotio  utiliiis  pcr 
tractata  iii  nostrac  lidclitatis  et  dcvotionis  constaïuia  fcrvcntiiis 
soliclctiir.  Diixiinus  volcntw'S  bcncficia  rccompcnsarc  pro  mcritis 
statiK'iulum  : 

Q.iioi.1  quicumquc  annis  XV  vol  iiule  supra,  Vonctiis  continue 
habitnssct;  factioncs  et  onera  nostri  doniiiiij  ipso  tcmporc  sub- 
cunilo,  a  modo  civis  et  Venetus  nostcr  esset;  et  Citadinatus 
Veiictiarum  privik';;io  et  alijs  beneficiis,  libertatibuset  imnninita- 
tibus,  i]uibus  alij  Veneti  et  cives  nostri  utuntur  et  ^Mudeut  perpetuo 
et  ubilibct  cont^auderet.  Undc  cuni  providus  vir,  Aluisius  l'on- 
tana,  olini  de  Perganio,  nunc  habitator  Venctiariim  in  contrata 
Sancti  Juliani,  sicul  k\<;itiniis  et  niaiiifestis  probationibus  pcr 
provisores  nostri  Comunis  dilii^enter  exaniinatis,  nobis  innotuit 
annis  XV  \'enetiis  continuani  habitationcm  habucrit,  crt;a  nos 
et  ducatuni  nostruni,  fideliter  et  laudabilitcr  sub  devotionis 
intei;ritate  se  gercns  et  subicns  continue  factioncs  et  oncra  nostri 
doniinij,di_L;na  remunerationc  proscqucntes,  eundeni  ipsuni  Alui- 
sium  Fontana  consiliorum  etordinamentoruni  nostroruni,  neccs- 
saria  sokmnitatc  scrvata,  in  venetum  et  civem  nostrum  de  intus 
et  extra  recepinnis  atque  et  recipinuis,  et  Venetum  et  civem  nos- 
trum, de  intus  et  extra,  fecimus  et  facimus,  et  pro  Vencto  et  cive 
nostro  in  Venctiis  et  extra,  habere  et  tractarc,  ac  liaberi  voUniuis, 
et  ubique  tractari  Ita  quod  sint:;ulis  libcrtatibus,  bcneficis  et 
immunitatibus,  quibus  alii  veneti  et  cives  nostri  de  intus  et  extra 
utuntur  et  i^audent,  idem  AUiisius  in  Venetijs  et  extra,  libère 
gaudeat  de  cetero  et  utatur.  Intelligendo,  quod  pcr  mare,  et  in 
fontico  theutonicorum,  seu  cum  theotonicis,  mercari;  seu  mer- 
cari  facere  non  possit,  nisi  de  tanto  quanto  fecerit  imprestita 
nostro  dominio  in  anno.  In  cuius  rei  fidcm  et  cvidentiam  pknio- 
rem,  prcsens  privik^gium  fieri  jussimus  et  bulla  nostra  plumbea 
pendente  muniri. 

Datum  in  nostro  ducak"  Palatio,  Anno  domini  incarnationis, 


JHAN  liT  .Sl'lîASTIIiN  CAHOT 


J" 


niillcsimo  quadriiif^ciitcsimo  scptiia^csimo  sccUiiJo,  mcnsis  Au- 
f^iisti  ilic  uiulcciiiu)  iiulictionc  Q.iiint.1. 

Similc  privilc^iiini  f.ictiim  fuit  proviJo  viro  Johnnni  Jncobi 
qui  fuit  do  pciis.uiro  miiic  liabitatori  N'ciu'ti.iniiii  tcmporc  Scrc- 
nissimi  priiitipis  liommi  Xicol.ii  MiircL'lli  Iiicliti  diicis  N'c-iictia- 
riim  ctc,  siib  bulla  plumblca  MCCCCLXXIII  meiisis  Octiibris 
die  XXIII  Iiulictionc  \'II. 

Similc  piivilc^iuin  factiiin  fuit  provido  viro  Martino  l'ij^iiii  qui 
fuit  de  Mcdiolaiii)  habitatori  Veiictiarum  tcmporc  Scrciiis-iimi 
Principis  doiniui  Xicolai  Marcello  iMCCCCLXXIlII  die  quarto 
Julii  IndictioiieVII. 

Simile  privile^ium  factuni  fuit  provido  viro  Antonio  Gulielnii 
Calderario  de  Coluinbis  qui  fuit  de  lîalabio  districtus  Mediolaiii 
liabitatori  N'euetiarum  teiiipore  Sereuissiini  Priiicipis  douiiui 
Pétri  Mocciii^o  sub  bulla  plumbea  MCCCCLXXV  iiicubi  Maii 
die  quiiito  ludietionc  Octava. 

Simile  privilegium  factum  fuit  provido  viro  Joanni  Rartholomei 
de  Brixia  liabitatori  Vcuetiaruni  tenipore  Sereiiissimi  Priucipis 
domiui  Kieolai  Marcello  MCCCC  LXXIIII  die  xvu  Maii,  Indic- 
tione  VII. 

Simile  privilti;ium  factum  fuit  probo  et  prudenti  viro  Joamw 
pctro  de  Turco  qui  fuit  de  Navaria  liabitatori  Venetiaruni  tem- 
pore  Screnissimi  Priucipis  Domini  Joaniiis  Moceiiigo  die  xxu»-!" 
Augusti  i.}8o. 

Simile  privilegium  factum  fuit  Bartbolomco  Antonii  Casarolo 
die  xviii  augusti  1481. 

Simile  privilegium  fiictum  fuit  Bcrnardo  Bartholomci  de  Per- 
gamo  die  28  septembris  1.184. 

Simile  privilegium  factuni  fuit  Zacbaric  de  panti  de  lodi  die 
28  septembris  1484. 

Simile  privilegium  factum  fuit  Bénédicte  Lancclloti  fontana 
die  28  .septembris  1484. 

Simile  privilegium  Hictum  fuit  Joanni  Sebastiano  et  Stcfano 
fratribus  die  28  sept.  1484. 


Jla 


JEAN  HT  SÉBASTIEN  CABOT 


1496. 
5  mars. 


Simile  prîvilcgium  factum  fuit  Raphaeli  quondam  Antoni  de 
ardiconibus  (Jic  12  fcbriiarii  1484. 

Similc  privilegium  tactiim  fuit  M.  Stcfano  Nicolai  Aurifici. 
bulla  aurca  die  26  fcbruarii  1484. 

Similc  priviiegium  factum  fuit  Joanni  Caboto  sub  duce  supras- 
cripto  1476. 

Similc  priviiegium  factum  fuit  Domiiiico  Joanni  de  la  Cisio 
sub  die  XVIII  jannuari  1498.  ' 

Similc  priviiegium  factum  fuit  Jacobo  Deblandratis  sub  die 
XXVII  judii  1500. 

^  Similc  priviiegium  factum  fuit  Jonmi  Jacobo  grismasco  pa- 
piensi  die  17  augusti  1501.  » 
(Arch.  d'État,  Venise,  LibrùPiiviksi,  t.  II,  p.  53'). 


III 

PÛTiTioN  DE  Jean  Cabot  et  de  ses  fils. 

«  Mémorandum  qiwd  quhilo  die  mardi  aniio  regni  régis  Heur  ici 
seplimi  iindeci'iin)  isia  billa  delibcrala  fuit  domino  Cancellario 
AngJiw  aptid   IVcsiinonastcrinm  exeqiicnda. 


«  To  the  kyng  our  souvereigne  lord 

Please  it  your  highnes  of  your  moste  noble  and  haboundant 
grâce  to  graunt  unto  John  Cabotto  citezen  of  Vencs,  Lewes,  Sc- 
bcstyan  and  Sancto  his  sonncys  your  gracious  lettres  patentes 
undcr  your  grete  sealc  in  due  forme  to  be  made  according  to 


I,  Nous  empruntons  le  libellé  des  considérants  à  M.  C.  Bullo,  La  Ver  a 
Pdtriu  lU  Niivlo  de'  Coiili  r  di  Giovanni  Cabato,  Cliioggia,  1880,  p.  59,  60. 
La  seconde  partie  nous  a  été  obligeamment  fournie  par  M.  le  surintendant 
Cechetti,  qui,  ;\  notre  demande,  a  bien  voulu  la  relever  sur  le  texte  original 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


313 


thetenourhcreaftcrcnsuyng.  Andthcy  shallduring  thcir  lyvcs 
pray  to  god  tor  the  prosporous  continiuncc  of  your  moste 
noble  and  royale  astatc  long  to  cnduer. 

R  (ex)  omnibus  ad  quos  etc.  salutem.  Notum  sit  et  manifes- 
tuin  quod  dcdimus  etc.  » 

(Public  Record  Oflkc,  Londres,  Chanccry  signcd  Bill .  suhmmo 

n- Henry  ni,  n'  51'). 


IV 


Lettres-Patentes  accordées  a  Jean  Cabot  et  a  ses  fils. 


m 


«  Projohanrie  Cahot  ctfiliis  suis. 
Super  Terra  Inco^nila  Invesliganda. 

«  Rex  omnibus  ad  quos,  etc.  Salutem. 

NOTUM  SIT  et  manifestum  quod  dedimus  et  concessimus,  ac 
per  présentes  damus  et  conccdimus,  pro  nobis  et  hx-redibus  nos- 
tris,  dilectis  nobis  Jobanni  Cahlio  civi  Veactiarum,  ac  Lodovico 
Selmliano  et  Sanclo,  filiis  dicti  Johannis,  et  corum  ac  cu)uslibet 
eorum  ha^redibus  et  deputatis,  plenam  ac  liberam  auctoritatem, 
facultatem  et  potestatcm  navigandi  ad  omnes  partes,  regioncs  et 
sinus  maris  orientalis,  occidentalis,  et  septentrionalis,  sub  ban- 
neris,  vexiUis  et  insigniis  nostris,  cum  quinque  navibus  sive  iia- 
vigiis,  cujuscumque  portiturai  et  qualitatis  existant,  et  cum  tôt 
ct^tantis  nantis  et  hominibus,  quot  et  quantis  in  dictis  navibus 
secum  ducere  voluerint,  suis  et  eorum  propriis  sumptibus  et  ex- 

pensis. 

Ad  invetiiendiini,  discooperiendum  et  investigandum  quascumque 
insulas,  patrias,  rcgiones  sive  provincias  gentilium  et  infidelium  in 

I,  Publié  pour  la  première  fois  par  M.  C.  Dcsimoni,  Inlùrno  a  Giovanni 
Cal'olo,  Genova,  1881,  p,  47. 


1496. 
5  mars. 


•'Il 
m 


314  JEAN  ET  SËRASTIEN  CABOT 

quaciiwquc parte  miindi posiUis,  qii.r  cbrislianis  omnibus  mite  hec  tem- 
ponifucniul  îiuogniLc. 

Conccssimus  ctiam  ci.sdcm  et  corum  cuilibct,  corumquc  et 
cujuslibct  coriim  liorcdibus  et  dcjnitatis,  ac  liccntiam  dcilimus 
afilgcndi  pntdictas  banncras  nostras  et  insiynia  in  quaciimque 
villa,  oppido,  Castro,  insida  seii  terra  lirnia  a  se  noviter  invemis. 

Et  qiiod  pritnomiiiati  Johanucs  et  fîlii  ejusdem,  seu  h;vredes  et 
corum  deputati  quascumquc  hujusmodi  villas,  castra,  oppida  et 
insulas  a  se  inventas,  qiuu  subjugari  occiipari  et  possideri  possint, 
subjugare,  occupare  etpossidere  valeant,  tamqiiam  vasalli  nostri 
et  giibeniatores,  locatcnentes  et  deputati  eorundem,  dominium, 
titulum  et  jurisdictioneni  corunuiem  villarum,  castrorum,  oppido- 
rum,  insularum,ac  terra:  firm;u  sic  inventorum,Nobisacquirendo; 
Ita  tamen  ut  ex  omnibus  fructubus,  proficuis,  cmolumentis, 
commodis,  lucris  et  obventionibus,  ex  Inijusmodi  navigatione 
provenientibus,  pnefati  Johannes  etiîlii,  ac  heredes  et  eorum  de- 
putati teneanturctsintobligati  nobis,  pro  omni  viagiosuo,  totiens 
quotiens  ad  portum  nostrum  Bristolliic  applicuerint,  ad  quem 
omnino  applicare  teneantur  et  sint  astricti,  deductis  omnibus 
sumptibus  et  impensis  neccssariis  pcr  eosdcm  lactis,  qitiutain 
parlein  totiiis  capitaiis  Incri  siii  fncli  sive  in  mercibus  sive  in 
pecuniis  pcrsolverc. 

Dantes  nos  et  concedentes  eisdem  suisquc  iKuredibus  etdepii- 
tatis  ut  ab  omni  solutione  custumarum  omnium  et  singularum 
bonorum  ac  mcrcium,  quas  sccum  reportarint  ab  illis  locis  sic 
noviter  inventis,  liberi  sint  et  immunes. 

Et  insuper  dedimus  et  concessimus  eisdem  ac  suis  heredibus 
et  deputatis,  quod  terra:  omnes  firma:,  insulx,  vilhc,  oppida, 
castra,  et  loca  quivcumquc,  a  se  inventa,  quotquot  ab  eis  inve- 
niri  contigerit,  non  possint  ab  aliis  quibusvis  nostris  subditis  fre- 
quentari  seu  visitari,  absquc  \\centhpi\r<licto>iiin  Johannis  et  ejus 
filiorum,  suorumquc  dcputatorum,  sub  piuna  amissionis  tam  na- 
vium  sive  navigioruni  quam  bonorum  omnium  quorumcumquc 
ad  ea  locasjc  inventa  navigare  pra.'sumcntium. 


[ 


H' 


JEAN  ET  SÉ13ASTIEN  CABOT 


31s 


Volcntcs  et  strictissimc  mandantes  omnibus  et  singulis  nostris 
subditis,  tam  intcrm  quam  in  marc  constitiitis,  ut pnrfitloJobiVinî 
et  cjus  filiis  ac  dcputatis  bonam  assistontiam  faciant,  et  t;nn  in 
armandis  navibus  scu  navigiis,  quam  in  provisionc  commeatus  et 
victualium  pro  sua  pecunia  cmendorum,  atquc  aliarum  rcrum 
sibi  providendarum,  suos  omnes  favores  et  auxilia  impartiantur. 

In  eu") us  etc. 

Teste  Rege  apud  Wcslmonaskrium  quinto  die  Martii. 

Pcr  ipsiini  Reççni.   i> 

(Public  Record  Office,  Londres.  Fraicb.  Roll.  siih  niiiio  11  — 
Henry  VII.  uwmhran.  2;,  et  raUiil  Roll,  suh miuo  4  -  Edward  VI. 
P.  6,  incinhr.  10'.) 


I 


V 


DÈPÛciii-  Di;s  Rois-Catiiolicues  a  Ruy  Gonzali-sdi- Puhbla, 

LI-.UK    AMBASSADF.UR    A    LONDRES. 

«  Qiianto  a  lo  que  desis  que  alla  es  yda  une  como  colon  para 
poner  al  Rey  deynglaterra  en  otro  negocio  como  el  de  lasyndias 
syn  perjuysio  de  espafia  ni  de  portogal  sy  asy  le  acude  a  el  como  . 
a  nosotros  lo  de  las  yndias  bien  librado  estara  crehemos  que  esto 
sera  cchadiso  dcl  Rey  de  françia  por  poner  en  esto  al  Rey  de 
ynglaterra  para  le  apartar  de  otros  negocios  mirad  que  procureis 
que  en  este  ny  enlo  semejante  no  Resciba  cngano  el  Rey  de 
ynglaterra  que  por  quantas  partes  pudicren  trabajaran  los  franccses 
de  gelo  hazer.  y  estas  cosjs  semejantes  son  cosas  muy  ynçiertas 
y  taies  que  para  agora  no  conviene  entender  en  ellas.  y  tanbien 

mirad  que  aquellas  '■' no  se  puede  entender  en  esto  syn 

pcrjuisio  nuestro  o  del  Rey  de  portogal.  » 

1.  Public  pour  l.i  prcmiùrc  iois  par  Rymcr,  Fa'thni,  1741,  t.  V,  P.  IV,  p.  89. 

2.  Lacune  dans  l'original. 


1496 

28  mars. 


Îi6 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Torlosn,  ît  2S  de  Mar:^ulc  I4')6.  » 

(Simancas,  Estado  ;  Ccipiltilacioiics   cou   Iiiglakrrn,    Lee;.   2° 
fol.  i6'.) 


VI 


RÉCIT    CONTEMPORAIN'. 


1497. 


«  In  nmo  13  Heur.  VII. — This  ycre  the  Kyng  at  the  besy  requcst 
and  supplicacion  of  a  Straungcr  vcnisian,  which  by  a  Cœart 
madc  hym  self  expert  in  knowyng  of  the  world  causcd  the  Kyng 
to  manne  a  ship  w'  vytaill  and  othcr  nccessairics  for  to  scche  an 
lland  wheryn  the  said  Straunger  surmysed  to  begrctc  commo- 
ditics  :  w'wliicli  ship  by  tlic  Kyngcs  grâce  so  Rygged  wcnt  3  or 
4  moo  owte  of  Bristowc,  tlie  said  Straunger  beyng  Conditor  of 
the  saide  Flete,  wheryn  dyuers  mercliauntes  as  well  of  London 
as  Bristow  aventurcd  goodes  and  sleiglit  merchaundises,  which 
departed  from  the  West  Cuntrc}'  in  the  bcgynnyng  of  Somer, 
but  to  tiiis  présent  moncth  came  nevir  Knowlege  of  their 
e.xployt.  » 

(M5.  Coll.  VileUius,  \\\\,  f.  i73.British  Muséum".) 

M.  Gairdner,  dont  hi  compétence  en  ces  matières  est  univer- 
sellement reconnue,  dit  que  l'extrait  ci-dessus  provient  d'une 


1.  Nous  devons  ce  texte  à  l'obligeance  de  notre  ami,  M.  le  gcneTal 
Fairchild,  ministre  plénipotentiaire  des  États-Unis  ;\  Madrid,  qui  l'a  obtenu 
du  Senor  Don  Prancisco  Dias,  directeur  des  archives  de  Simancas,  et  i  celle 
de  M,  Alfred  Kingston,  du  Public  Record  Office,  qui  a  bien  voulu  le  copier 
sur  le  texte  recueilli  par  Bergenroth.  Il  a  été  publié  en  anglais  dans  les 
CakmJars  de  ce  dernier,  1. 1,  p.  89. 

2.  Ce  texte  a  été  obligeamment  copié  pour  nous  sur  l'original  par  Miss 
L.  Toulmine  Smith. 


JHAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


3«7 


chronique  qui  est  cvldcmmcnt  contemporaine  de  l'événement,  et, 
dans  une  lettre,  ce  savant  paléographe  ajoute  :  ><  The  ùirly  part  qf 
this  chrouick  is  dcrivcd  front  ii  common  source  u'ilh  several  olhcr 
Lvnlon  Chronicles,  siich  as  Greirory's,  priiited  [par  M.  Gairdner| 
in  Ihe  «  Collections  of"  a  London  Citizen.  »  The  hiller  pari  bas 
somethiitg  in  conmon  luilh  Fahyan,  but  ihere  is  a  t^'ood  dcal  in  il  Jor 
Ihe  reign  of  Henry  VII  noi  lo  befoimd  in  any  prinled  source.  » 

Ce  MS.  porte  sur  une  feuille  volante  (d'une  autre  écriture)  le 
titre  suivant  :  «  Cronicon  rcgiim  AnglicC  et  séries  niaioniin  et  vice 
comiltiin  Civilalis  London  ah  anno  primo  Hcnrici  terliïi  ad  amiitm 
priniiini  Hen.  S''''.  » 

VI  B 

Extrait  de  la  Chroniope  de  Robert  Fabyan,  selon  Stow. 

In  aiiiio        ;      i;\ns  yearc  one  Sébastian  Gabato  a  genoas 
14  Heur.  vin.    ^q^^q  borm-  [n  Brislolu  professing  himselfe  to 


be  experte  in  knowledge  of  the  circute  of  thc  worlde  and  Ilandes 
ot  the  same,  as  by  his  Charts  and  other  reasonable  démons- 
trations he  shewed,  causcd  the  King  to  man  and  victual  a 
shippc  at  Tirisloiu  to  search  for  an  Ilande  whichc  he  Knewc 
to  be  replenished  with  ricli  commodities  :  in  the  ship  diverse 
merchauntes  of  London  adventured  smal  stockes,  and  in  the 
Company  of  this  shippe,  sayled  also  out  of  Brislaw  three  or 


1497. 


I.  La  14=  année  du  rcgne  de  Henry  VII  comprend  du  21  août  1498  au 
21  août  1499.  Ce  serait  donc,  si  l'on  prenait  le  texte  de  Stow  ;\  la  lettre, 
après  la  première  de  ces  deux  dates  que  l'expédition  aurait  mis  à  la  voile. 
Nous  pensons  que  Stow  a  eu  en  vue  l'aimée  julienne,  malgré  la  rubrique 
portée  en  manchette  ;  car  Hakluyt,  qui  donne  cet  extrait  aussi  d'après  I-a- 
byan,  assigne  à  cet  événement  la  date  de  la  «  1 3  yere  of  King  Henrie  the 
VII  »,  la  seule  exacte. 


3i8 


JHAN  ET  SlilîASriEN  CADOI' 


foiirc  smal   shippcs   frauglit  with   sliqlit  and  i^rossc   warcs  as 
course  clotli,  Caps,  Laces,  points  and  sucli  othcr  ...» 

(Joiix  Stow,  T/jc  Chroiiiclcsof  nn^'laml,  London,  1580,  in-.|", 
p.  862.) 

La  lin  du  paragraphe,  empruntée  à  une  autre  autorité  que 
l'abyan,  est  comme  suit  : 

«  Sir  llumlVcy  Gilbert  Kin^lit  in  liis  boclic  iiititulcd  a  liiscoveric  Ibr  a  ticwc 
passage  tu  ('aUiiu  writetli  ilius,  Sébastian  Ciabato,  by  liys  personall  expé- 
rience and  travaile  luitli  set  forth  and  diseribed  tliis  passaj^e  in  liis  Chartes, 
vliielie  are  yel  lo  be  Seene  in  y<^  qi'.eenes  Mujesties  privie  Gallerie,  at 
//  liitc  Ihill,  wlio  was  sent  to  niai<e  tiiis  discoverie  by  Idng  Iletnic  thc 
scventh.  and  entred  tlie  sanie  fret,  allirniint;,  yi  he  sayied  very  for  Westward 
wvtli  a  qiiarter  ol"  tlie  Xorth  on  tlie  Northside  ol  'l'iiid  Je  l.ahiador,  tlie 
t'ieventh  ol"  June,  until  lie  came  to  tlie  septentrial  latitude  of  67  1/2  degrees, 
and  linding  thc  seas  stil  open,  sayd,  y'  lie  niiglit  and  would  liave  gonc  to 
CiUaia  il'  thc  iiiiinitie  ci  thc  Maistcr  and  Marincrs  had  not  bcne.  " 


Vie 


Extrait  di-  la  CiiuoNiauE  dh  Fabyan,  selon  Hakluyt. 


Anic  1497.        "  •^  note  of  Sébastian  Cabotes  Voyage  of  Discovcric,  taken 
_         out  of  an  Old  Chronicle,  written  by  Robert  Fabyan,  sometime 
Alderman  of  London,  which  is  in  the  custodie  of  John  Stowc, 
citizen,  a  diligent  searcher  and  préserver  ofanticiuities. 

In  the  13  yerc         'Y\ùs  ycerc  thc  King  (by  meanes  of  a  Vene- 

ofKing  Henné     ^^^^^    which   made   himselfe    very  expert  and 

jhcJVII,  149^  ■    cunning  in  Knowledge   of  the  circuit   of  the 

worlde,  and    ilandes   of  the   same  as  by  a  carde,  and  other 

démonstrations  reasonable  hce  shewed)  caused  to  man  and 


I.  La  13°  année  du  règne  de  Henry  VII  se  termine  au  21  août  1498. 


JKAN  12T  S)-BASTIliN  CABOT 


519 


victLiallii  shippo  at  Hiistow  to  scarcU  for  un  iLuklo,  wliicho  hcc 
saidc  hcc  Kncwc  wcll  was  riche,  and  rcplciiishcd  whii  riche 
commoditics.  Which  Ship  thus  iiKinncd  and  victuallcd  at  thc 
Kingcs  cost,  divers  marchants  of  London  vcnturcd,  in  hcr  sniall 
stockes,  hcing  in  hcr,  as  chicfc  Ruronc,  tiic  saidc  Vcnctiaii.  And 
Bristow.  1  in  thc  companic  of  thc  said  shippc  saylcd  also  ont 
of  Bristowc,  thrcc  or  fonre  sniall  ships,  frauglit  withslcight  and 
grosso  mcrchandi/.cs  as  conrsc  clotli,  Caps,  laces,  points,  and 
othcr  trilles,  and  so  departed  from  Bristowc  in 
William  l'urchas  •  ^^^^  1,  •,„„;  ^f  May:  of  whoni  in  thisMaiors 
Maior  01  London.     .  "  ',  ... 

-  tnnc  rcturncd  no  tidnigs.  » 

(H.XKLUYT,  Divers  voyages  louching  ihc  discoiicric  oj  Ameriea, 
London,  1582,  in-.f .) 


VII 


LÙGliNDlOS    DE   LA   C.VKTE    DH    SÉb.^STlLN    C.VUOT    Dli    l)-\[. 


N"  8.  Esta  ticrra  fuc  dcscubicrta  por  loan  Ca- 
boto  Vcncciano,  y  Sébastian  Cabote  su  hijo,  anno  ^. 
dcl  nascimicnto  de  nucstro  Saluador  Icsu  i  Christo  , 
de  M.CCCC.XCllll.  a  ueinte  y  quatro   de  lunio  \ 
porla  mannana,  ala  quai  pusieroii  nôbre  prima  tierra 


î .  William  Purchas  fut  lord-m.iirc  de  Londres,  du  28  OLtobre   1497  au 
2S  ociobrc  1498. 

2.  Le  24  juin  1497  est  tombé  un  samedi. 


M 


320 


Jl-AN  HT  Sl'BASTIEN  CABOT 


uista,  y  a  una  ishi  i^nidc  que  I  esta  par  de  la  dha 
tierra  ',  le  pusieron  nombre  sant  loan,  por  auer 
sido  desciibierta  el  niismo  dia  la  gcnte  délia  andaii 
uestidos  depieles  de  animales,  iisan  en  sus  guerras 
arcos,  y  fléchas,  lanças,  y  dardos,  y  unas  porras  de 
palo,  y  hondas.  Es  tierra  nuiy  steril,  ay  en  ella  mu- 
chos  orsos  plancos,  y  cieruos  nniy  grades  como 
cauallos  y  otras  muchas  animales  y  semeiantemëte 
ay  pescado  infmito,  sollos,  salmôes,  lenguados,  muy 
grandes  de  uara  enlargo  y  otras  muchas  diuersidades 
de  pcscados,  y  la  mayor  muititud  dellos  se  dizen 
baccalaos,  y  asi  mismo  ay  enla  dha  tierra  Halcones 
prietos  como  cucruos  Aguillas,  Perdices,  Pardillas, 
y  otras  muchas  aues  de  diuersas  maneras.  | 

N°  8.  Tcrram  hanc  olim  nobis  clausam,  ape- 
ruit  loannes  Cabotus  Venctus,  necnô  Sebastianus 
Cabotus  cius  filius,  anno  ab  orbe  redem  =  ^  pto  1494. 
die  uero  24.  lulij  [sic),  hora  5.  sub  diluculo,  quâ  terril 
primû  uisam  appellarût,  &  Insula  quanda  magnâ  ei 
oppositâ,  Insuhï  diui  lo  |  annis  nominarùt,  quippe 
quoc  solenni  die  festo  diui  loannis  aperta  fuit.  Huius 
terrç  incolç  pellibus  animaliïi  induiïtur,  arcû  in  bello, 
sa  =  '1  gittis,  hastis  spiculis,  clauis  ligneis,  &  fundis 
utûtur  :  sterilis  incultâq?  tellus  fuit,  Iconibus,  ursis 
albis,  proceris'cp  ceruis,   piscibus  innume  |   ris  lupis 


I.  «  Esta  jar  de  lii  diihi  lima  »,  paraît  vouloir  dire  que  cette  grande  île 
se  trouvait  sur  une  ligne  parallèle  à  ladite  terre,  tandis  que  les  mots  de  la 
jégende  latine  «  ci  opposilu  »  ou  v  El  advciso  situ  »,  selon  l'édition  de  15.17, 
disent  qu'elle  se  trouvait  en  l'ace. 


jn.w  nr  si-rastien  cabot 


jai 


!1 


scilicct,  saliiionibus,  &.  iiij^ctibus  solcis  unius  ulnç 
lôgitudine,  alijs'c]?  diucrsis  pisciii  i;cncribus  abiRlat, 
horïi  aùt  niaxinia  copia  est,  (.];  uuli;us  lîacallios 
appcllat,  ad  hçc  insunt  accipitrcs  nigri  coruorii 
siiiiilcs,  aquihf,  pcrdiccsV]5  liisco  colore  ali;i.'\]î  diuersii; 
uolucrcs. 

Il  est  utile  de  r;ipprochcr  tic  cette  version  hitine,  celle  que 
donne  Ilakluyt,  d'après  rexcniplaire  de  la  carte  de  Cabot  \u 
par  lui  en  1599  (et  même  en  1582).  dans  la  i;alerie  particu- 
lière du  roi  d'Anyletcrre  à  Westminster. 


«  Anno  Domini  1.197,  Cabotas  Vcnctiis,  et  illius  iîlius  cam 
tcrram  fecerunt  pcrviam,  quani  nulUis  priùs  adiré  ausiis  fuit,  die 
24  Junii,  circiter  lioram  quintam  beneinanè. 

Hanc  autcm  appellavit  Terram  priniiini  visam,  credo  quod  ex 
mari  in  cam  partem  priniùm  oculos  injecerat. 

Kanique  ex  adverso  sita  est  insula,  cam  appellavit  Insulani 
Divi  Joannis,  hac  opinor  ratione,  quod  aperta  fuit  eo  die  qui  est 
sacer  Diuo  Joanni  Baptista-  :  Hujus  incohe  pelles  animaliuni  exu- 
viasquc  fcrarum  pro  indumentis  habent,  easquc  tanli  fliciunt, 
quanti  nos  vestes  prcciosissimas.  Cùm  belluni  gerunt,  utuntur 
arcu,  sagittis,  hastis,  spcculis,  clavis  ligneis  et  fundis.  Tellus 
sterilisest,  neque  ullos  fructus  aflert,  ex  quo  fit,  ut  ursis  albo  co- 
lore, et  cervis  inusitat.v  apud  nos  niagnitudinis  referta  sit  :  pisci- 
bus  abundat  iisque  sane  magnis,  qualcs  sunt  lupi  marini  et  quos 
snlmoncs  vulgus  appellat;  soleœ  autem  reperiuntur  tam  longiv, 
ut  ulnx-  mensuram  excédant.  Impriniis  autcm  magna  est  copia 
corum  piscium,  quos  vulgari  sermone  vocant  Hacallaos.  Gi- 
gnuntur  in  ea  insula  accipitres  ita  nigri,  ut  corvoruni  similitudi- 
ncm  niirum  in  modum  exprimant,  perdices  autem  et  aquihe  sunt 
nigri  coloris,  b 

2[ 


jiAN  i;r  suiiAsniix  (Mum- 


VllI 


Lurrup:  ni'.  Loui.nzo  I'asiiualk-o,  Ani<ussi;r.  a  sus  ruÙRUS. 


1497- 
23  août. 


«  L'c  vcnuto  sto  nostro  VciKtiano  chc  aiulo  con  uno  nav'u^lio 
do  Bristo  :\  trovAr  Ixolo  iiovc,  c  dicc  havcr  trovato  lige  700  lon- 
lan,  de  qui  .Tcrrafcrnui  cl  pacxc  dcl  Grain  Cam.  andato  pcr  la 
Costa  li-c  300,  0  cIk'  e  dcsmontato  e  non  a  visto  pcrsona  al- 
•Hun    ma  a  portato  qui  al  rc  ccrti  lazi  cirera  tesi  per  prender 
salvadcxinc,  c  uno  ago  da  far  rede  c  a  trovato  certi  albon  ta-uiti, 
si  che  pcr  questo  iudicha  che  ze  pcrsonc.  Vene  m  navo  pcr 
dubito  et  e  stato  mcxi  trc  sul  viazo  e  questo  c  certo,  e  al  tornar 
aldrcto  a  visto  do  ixole  ma  non  ha  voluto  desender  pcr  non  per- 
dcr  tempo  che  la  vituaria  li  mancava.  Sto  re  ne  ha  buto  grande 
piacer  e  dise  che  le  aque  c  stanche  e  non  hano  corso  come 
qui.  r.l  re  le  ha  promesso  a  tempo  novo  navil  X  e  arniati  come 
lui  vorà  ed  ali  dato  tutti  i  presonieri  da  traditori  in  fuora  chc 
vadano  con  lui  come  lui  a  rechiesto  e  ali  dato  danari  tazi  bona 
ziera  Tmo  a  quel  tempo  e  con  so  moier  venitiana  e  con  so  iioli 
a  Bristo.  El  quai  se  chiama  Zuam  Talbot  c   chiamasi  cl  gran 
armirante  e  vienli  fato  grande  honor  e  va  vcstito  de  seda  e  sti 
Iivdcxi  li  vano  driedo  a  mo  pazi  c  pur  ne  volesc  tanti  quanti 
navrebe  con  lui  c  etiam  molti  de  nostri  furfanti.  Sto  inventor 
de  queste  cosc  a  impiantato  suli  terreni  a  trovato  una  gran  f 
con  una  bandiera  de  Ingeltcra  e  una  de  San  Marco  per  esr,erc 
lui  Vcnetiano,  si  che  cl  nostro  confldone  se  steso  molto  m  qui. 

Lmini,  2}  Aovslo  /./v7-  '> 

(Marin  SANuro,  Diarii,  sous  la  date  du  1 1  octobre  1497,  t.  1, 
toi  374,  V.  M  S.  de  la  Marciana'.) 

1.  lm,,ruiic  pour  la  pr.-niicic  lois  p.ir  .M.  \Usxdon  BroWii,  /?«A'â''"^''' !"•  '• 
p.  99;  et,  ai  .uj-lais,  J.ms  sw  CuLmliin,  t.  1.  p.  262,  n"  752. 


JUAN  !■  r  SÙUASTiliN  CA15UI' 


ii^ 


«...  Oltre  .1  ciù  nlcuni  mcsi  dopo  S.  Macstà  maiulo  un  \ y- 
ncziano  chc  c  un  distinto  niariimio,  c  chc  avcva  niolta  capacità 
ncllc  scopci-ic  ai  niiovc  isole,  cd  c  ritorn.Uo  salvo,  cd  ha  scopcrii.  . 
duc  isole  Icrtili  molto  grandi,  avcndo  dcl  pari  scopcrti.  le  scttc 
città  quattrocento  U-he  dall' Inolulterra  dalla  parte  verso  oeei- 
dente.  au^sti  tosto  estcrnô  a  S.  M.  l'inten/ione  diniandarlo  cou 
quindici  o  ventibastinienti...  LoiiJnt,  2./  //^'ov/o  /./yy.  » 

(Archives  desSfor/a,  Milan'.) 
L'orii;inal.  paraît-il,  n\i  pu  Ctiv  retrouve  dans  les  archives 
milanaires.  Nous  crovons  donc  utile  de  reproduire  la  copie  que 
M.  Kini^ston  a  eu  l'obli«;eance  de  prendre  sur  le  texte  envoyé 
par  M.  ilawdon  Brown  au  Public  Record  OHice  : 

'  (<  Item  la  Ma-esta  de  Re  sono  niesi  passate  havia  niandato 
uno  Veneciano  el  quel  e  molto  bono  marinare  et  a  bo'.ia  scientia 
de  trovare  insuie  nove.  e  ritornato  a  salvamento  et  a  ritrovato 
duc  insuie  nove  -vandissime  et  iVuctilVere  et  etiam  trovato  le 
septc  citade  lontane  da  l'insula  de  ln>;literra  !e-e  .[oo  per  lo 
camino  de  poncnte  :  la  Maesta  de  Re  questo  primo  bono  tempo 
uli  vole  mandare  XV  in  XX  navili.  '' 


1497- 
24  août. 


I.  Publié  ci>    anglais  par  M.  UaNvdon  Brown,  Qikiular,  t.  III,  p.  260, 
no  7)0,  et  en  italien  par  M.  lUiUo,  /iv.  cil. 


1 

il 

r 

il  > 

! 

IX 


Dtptciic  or.  Raimondo  di  Soncino  au  duc  di.  NUian. 


^ 


iM  JBAN  r.T  StBASTIEN  CAlk)!' 

X 

DlXXlt.MIi  DUPÛCIlli  t)li  UaIMONDO  DI  SoNCINO  au  nue  DU  MlLAM. 

<<  Illiisliissimo  cl  cxri'lli'iilissinio  sit^nor  iiiio. 

I.}9y.  <' l'orsi  chc  tri  t.uitc  OLtiipatioiic  dcNM'.x.  non  li  sar.\  inolcsto 

iS  déccinbiv.    "it^'"doiv  comc  qiiL'st.i  Macst.'i  lui  ^iiacli-^naio  ima  parte  de  Asia 
-  scnza  colpodc  spada.  In  i.]ncsto  rcgno  c  iino  popiilarc  Vcnctiani) 

cliianiato  niosscr  Zoannc  (laliDto  de  gentilc  int^cnio.  pcritissinio 
delà  navi^atione,  el  (.]iiale  vi^to  ehe  li  serenissinii  Ke  prima  de 
P()rtUL;allopc)i  deSpa^na  liamio  oeciipati)  isole  inco^iiite,  deliberi) 
lare  nno  siniile  act.]iiist()  per  dicta  Maestà.  lid  inipetrato  privilej^j 
regij,  clic  kitile  doiuinio  de  quanto  el  trovasse  fossi  siio,  purcliè 
lo  diretto  se  réserva  alla  Corona,  cum  imo  piccolo  naviglio  c 
X\'II1  persone  se  pose  ala  lortnna,  et  partitosi  da  Bristo  porto 
occidentale  de  qiiesto  reL;no  et  passato  Ibernia  più  occidentale,  e 
poi  alzatosi  verso  el  septentrioiie,  comenciô  ad  navigarc  aie  parte 
orientale,  lassandosi  (ira  qiialclic  giorni)  la  tramontana  ad  mano 
drita.  et  havendo  assai  crrato,  intine  capitoe  in  terra  ferma,  dove 
posto  la  bandera  regia,  et  tolto  la  possessione  per  qiiesta  Alteza, 
et  prcso  certi  segnali,  se  ne  retornato.  Al  ditto  messer  Zoanne, 
como  alienigena  et  povero,  non  saria  creduto,  se  licompagni  clii 
sono  quasi  tutti  inglesi,  et  da  lîristo  non  testiiicassero  ciô  che 
lui  dice  essere  vero.  Msso  messer  Zoanne  lia  la  descriptione  del 
mondo  in  una  carta,  et  aiiclie  in  una  spliera  solida  che  lui  ha 
fatto  et  demostra  dove  è  capitato,  et  andando  verso  cl  levante  ha 
passato  assai  el  paese  del  Tauais.  lit  dicono  che  la  è  terra  optima 
et  tempenua,  et  estimanno  che  vi  nasca  cl  brasilio  et  le  sete,  et 
allermanno  che  quello  mare  è  coperto  de  pessi  li  quali  se  pren- 
denno  non  solo  cum  la  rete,  ma  cum  le  ciste,  essendoli  alligato 
uno  saxo  ad  cio  che  la  cista  se  impozi  in  laqua,  et  questo  io  Iho 
oldito  narrare  al  dicto  messer  Zoanne. 


I 


JEAN 


siinASTir.N  CAnoT 


v\ 


«  lit  ilitti  Iii};Icsi  suoi  coiiip;i,i;iii  dic^no  clic  portaraiiiio  taiiti 
pcssi  clic  qucsto  rc,L;iio  non  Ii.ucr.i  pii'i  liiso.;n(i  do  Isl.iiul.i,  ilcl 
qiKilc  p.icsc  vciic  uiia  i;r.inJishiiii.i  iiicrc.ititi.i  ili'  pcssi  clic  si 
cliiamaniu)  stoclilissi.  M.i  mcsscr  Zoaiinc  lia  posto  l'aiiimo  aJ 
maj^ior  cosa  perche  pensa,  ila  qiicllo  ioco  occiipato  anJarsciic 
scniprc  a  Riva  Kiva  pin  verso  el  Levante,  tantd  cliel  sia  al  oppu- 
sito  de  iina  Isola  da  lui  cliiaiiiata  (apaii^'o,  posta  in  la  rcL;ioiic 
cquinoctiale,  dovc  crede  clie  nasc.uio  tiittcle  speciariedcl  nuiiulo 
et  anclic  le  j;ioie,  et  dicc  che  altre  volte  esso  è  stato  alla  Mccclia, 
dove  per  caravane  de  luiitani  paesi  sono  porta'e  le  spcciaric, 
et  doiiiaiidati  qnelli  clic  le  portanno,  dove  nascono  ditle  spcciaric, 
rt'spondcnno  clie  non  sanno,  ma  chc  veiii;hono  cuin  questa 
niercantia  da  luntani  paesi  ad  casa  sna  altfe  caravane,  le  qualc 
ancora  dicono  chc  ad  loro  sono  portatc  da  altrc  rcniote  re_<;ioni. 
Kt  la  questo  arguniento  chc  se  li  oricntali  aticrnianiio  ali  nieri- 

"onali  che  qiicstc  cosc  vciii^hono  loiitano  da  loto,  et  cosi  da 
iiio  in  mano,  prcsupposta  la  rotuiulità  délia  terra,  c  neccssario 
chc  li  ultimi  le  tolliano  al  scptentrionc  verso  l'occidcntc.  lu 
diccllo  per  modo  che  non  nie  costando  iiiù  como  Costa,  ancora 
iolo  credo,  lit  chc  è  nia<^}.Mor  cosa,  qiiesta  macstîi  clie  è  savia  et 
non  prodif^a,  ancora  Ici  li  prcsta  qiialchc  fedc,  perche  do  poi  clicl 
è  tornato,  li  dà  asai  bona  provisionc  conic  csso  Mcsscr  Zoannc 
me  dicc.  Et  a  tempo  novo  se  dicc  chc  la  Macst.\  prcfata  armar.'i 
alcuni  navilij,  et  nltra  li  dar."i  tutti  li  malfatori  et  andarano  in 
quelle  pacsc  ad  lare  nna  colonia,  mcdiantc  la  qualc  sperano  de 
farc  in  Londres  mai;ii)rfondaco  de  spcciaric  chc  sia  in  AlexanJria. 
Lt  li  principali  deirimprcsa  sono  de  Bristo,  grandi  marinari  li 
quali  hora  chc  sanno  dovc  andarc,  dicono  che  L'i  non  c  naviga- 
tione  de  piii  chc  XV  giorni,  ne  hanno  mai  fortuna  conic  abban- 
donano  Ibernia.  Ho  ancora  parlato  cum  uno  Horgognone 
compagno  di  mess.  Zoannc  chi  alTerma  tutto,  et  vole  tornarci 
perche  lo  armirante  (chc  già  mcsscr  Zoannc  cosi  se  intitula)  liha 
donato  una  Isola  ;  et  ne  ha  donato  una  altra  ad  un  suo  barbcro  da 
castione  Gcnovesc,  et  intrambi  se  reputanno  Conti,  ne  monsignor 


t' 


! 


326 


JI-AN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Larmirantc  se  estima  manco  do  principe.  Credo  ancora  andarano 
CLim  qucsto  passagyio  alcun  poveri  frati  Italianili  quali  tutti  lianno 
promissione  de  Vescovati.  Ht  pcr  csscre  io  fatto  amico  de  Larmi- 
rante,  quando  volossi  andarvi,  haverei  uno  Archivescovato,  ma 
ho  pensato  chel  sia  più  securacosali  bcncficij  quali  V.  Ex.  me  ha 
reservati,  et  pcrhô  supplicochc  quando  vacassero  in  mia  abscntia 
la  me  faccia  dare  la  possessione,  ordenando  fra  qucsto  megio 
dove  bisogna,  che  non  me  siano  tolti  da  altri,  li  quali  per  essere 
presenti  pos.ono  essere  piû  diligenti  di  me,  cl  quale  sono  redutto 
in  questo  pacsc  ad  mangiarc  ogni  pasto  de  X  o  XII  vivande,  et 
stare  tre  horc  ad  tavola  pcr  volta  ogni  giorno  due  volte  per  amorc 
de'  Vostra  Exccllentia.  A  la  quale  humilmentc  me  recomando. 
Londonix-  XVIII  Decem.  1497. 

Eccelentix  ^'est^e 

Hiimilissimus  Scrvtis. 

Raimundus.  » 
(Arch.  d'Etat,  Milan.  Polcnic  Eslcrc,  ht^hillcna  14c}'],  dccmh.') 


I.  Public  d;ins  XAnniiaiio  siiciililh\\  Milan,  1866,  p.  700.  Nous  em- 
pruntons notre  tc'xto  à  Vliiloiiio  de  M.  Desinioni,  qui  ;i  publié  le  sien  d'après 
une  copie  coll.uioiinJe  sur  l'original  p,\r  M.  le  suriraend.int  des  archives 
d'Etat  à  Milan. 


p 


JKAN  ET  Sl-BASTIl-N  CAIKVI' 


XI 


SECONDF.sLr.TTRES-PATENTi-s.\ccoRDi:i;s  A  Ji:an  Cadot. 


^  1 


I 


«  Mcmorandiim  quod  Iciliu  die  Irhiiiirii  amio  nyjii  rci^is  llcintd 
scptiuti  xiij  isla  hilla  dcUbcmla  fiiil  domino  Cancclhuio  Ani^liw 
(ipiid  IVeslmonaskrîttm  c.xcqiiciidii.  i 

To  thc  kyngc 
Plcas  it  yoiir  Highncssc,  of  vour  mostc  noMc  and  habuiuluint 
grâce,  to  grauntc  to  John  Kabotto,  Vcnccianc,  yoiir  gracions 
lettres  patents  in  duc  forme  to  be  niade,  accordyng  to  the  ténor 
hercaftcr  ensuyng,  and  he  shal  continiially  prayc  to  god  for  the 
prescruacion  of  yoiir  mostc   noble  and  roialc  astate  longe  to 

endure. 

H  (en)  R  Qais)  Rex. 

To  ail  mcnto  whom  thics  prcsentis  sliall  corne  send  greting; 
knowc  ye  that  \vc  of  our  grâce  cspcciall  and  for  dyvers  causis 
us  moviiig  we  havc  given  nnd  graunten  and  by  thics  presentis 
yevc  and  grauntc  to  our  well  belovcd  John  Kabotto  Venician 
sufliciente  auctorite  and  power  that  he  by  hyni  lus  deputie  or 
deputiessufiîcient  may  take  athis  pleasurc  vjl-nglisshe  shippesin 
any  poorte  or  portes  or  other  place  within  this  our  rcalme  of 
Ingland  or  obeisauncc  to  that  and  if  thc  said  shippes  be  of  the 
bourdeyn  of  CC  tonnes  or  under  with  their  apparaill  requisite 
and  necessarie  for  thc  safcconductof  the  seid  shippes,  and  thcym 
convey  and  lede  to  ihc  Londe  and  Iles  of  late  founde  by  the  seid 
John  in  cure  name  and  by  oure  conimaundementc,  payng  tor 
thcym  and  evcry  of  thcym  as  and  if  \ve  should  in  or  for  our 
owen  cause  paye  and  noon  otherwisc. 


1498. 
3  février 


i." 


338 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Aiul  that  thc scid  John  by  hym  liis  dcpullc or  dcputies  sufficicntc 
niayc  take  and  rcccyvc  into  tlie  scid  shippcs  and  evcry  of  tlieyni 
ail  siichc  maistCTs  maryncrs  pages  and  our  subjects,  as  of  tlicyr 
owcn  frce  willc  woll  goo  and  passe  with  hym  in  the  same  shippcs 
to  the  scid  Londe  or  Iles  witlioutc  any  impedymcnte  lett  or  per- 
turbance  of  any  of  our  officcis  or  ministres  or  subjcctcs  whatsocvir 
tliey  bc  by  tlieym  to  thc  scid  subjectes  or  any  of  thcym  passing 
with  thc  scid  Joiin  in  thc  seid  shippcs  to  the  seid  Londe  or  Iles 
to  be  doon  or  suffcr  to  be  doon  or  attempted.  Yeving  in  com- 
maundcmenttoalland  every  our  oflicers  ministres  and  subjectes 
seying  or  herying  thics  our  lettres  patents,  ^vithoute  anyc  ferthcr 
commaundcmcntby  us  to  thcym  or  any  of  thcym  to  be  geven, 
to  perfourme  and  socour  the  scid  John,  his  dcputic  and  ail  our 
seid  subjectes  to  passynge  with  him  according  to  the  ténor  of  thics 
our  lettres  patentis.  Any  statutc,  acte  or  ordcnaunce  to  thc 
contrarye  made  or  to  be  made  in  any  wisc  notwithstanding.  » 

(Public  Record  Office.  Chamcry  sii^mi  bill ,  sub  amio  ij-Hciiri 
FII,n°6\) 


XII 


DÉPÊCHE  DE  RUY  GOMZALÈS  DE  PUEBLA  AUX  RoIS-CaTHOLICLUES. 

«  El  Rey  de  Inglaterra  cmbio  cinco  naos  armadas  con  otro  gc- 

novcs  como  Colon  a  btiscar  la  Isla  de  Brasil  y  las  vicinidades, 

fucron  provcy  dos  por  un  aùo.  Dicen  que  scran  venidos  para  al 

1498.         el  Scpticmbre.  Vista  la  dcrrota  que  llcvan  allô  que  lo  que  buscan 

25  juillet?      '-'^  ^°  1"^  Vuestras  Altczas  poseen.  El  Rcy  me  ha  fablado  algu- 


I.  Découvert  et  public  par  Biddlc  yMnnoir  oj  Schasl.  Cahol,  185 1,  p.  76-77). 
Nous  adoptons  le  texte  revu  sur  l'original  par  Miss  L.  Toulmine  Smith,  et 
inséré  dans  VJiilonici  de  M.  Desimoni,  p.  56. 


JEAN  ET  SEBASTIEN'  CABOT 


Î29 


nas  vcccs  sobrcllo  cspcra  haver  muy  gran  intéresse.  Crco  que  no 
hay  de  aqui  alla  CCCC  léguas.  » 
(Public  Record  Oflicc,  à  Londres'.) 


XIII 
DèpfeciiE  DE  Pkdro  de  Ayala  .\ux  Rois-Catholiclues. 

«  Bien  creo,  Vucstras  Altezas  an  oido,  como  cl  rey  de  Yngla- 
terra  lu  fecho  armada  para  descubrir  ciertas  islas  y  tierra  firme 
que  le  han  ccrtilîcado  hallaron  ciertos  que  de  Bristol  armaron  ano  , 
passade  para  lo  mismo .  Yo  hc  visto  la  carta  que  ha  feclio  el  in- 
ventador  que  es  otro  genoves  como  Colon  que  ha  estado  en  Se- 
villa  y  en  Lisbona  procurando  haver  quien  le  ayudasse  a  esta 
invcncion.  Los  de  Bristol,  ha  sicte  anos  quecada  ano  an  armado 
dos,  très,  cuatro  caravelas  para  ir  a  buscar  la  isla  del  Brasil  y  las 
siete  ciudades  con  la  fantasia  deste  Ginoves.  El  rey  detcrmino  de 
enbiar  porque  el  ano  passado  le  truxo  certenidad  que  havian  hal- 
lado  tierra.  Del  armada  que  hizo  que  fueron  cinco  naos  fueron 
avitallados  por  un  ano.  Ha  vcnido  nueva,  la  una  en  que  iva  un 
otro  Fai  {sic  pro  Fray  ?)  Buil  aporto  en  Irlanda  con  gran  tor- 
mento  rotto  el  navio. 

«  El  ginoves  tiro  su  camino.  Yo,  vista  la  derrota  que  lie  van  y  la 
cantitad  del  camino  hallo  que  es  lo  que  han  hallado  o  buscan  lo 
que  Vuestras  Altezas  poseen,  porque  es  al  cabo  que  a  Vuestras 
Altezas  capo  por  la  convencion  con  Portugal.  Sperase  seran  ve- 
nidos  para  el  Setiembre.  Hago  lo  saber  a  Vuestras  Altezas.  El  Rey 
de  Ynglaterrame  ha  fablado  algunas  vezes  sobre  ello.  Spero  aver 
muy  gran  interesse.  Creo  no  ay  quatro  cientos  léguas.  Lo  le  dixe, 

I.  Cet  extrait,  pris  sur  les  copies  rapportées  de  Simancas  par  Bergenroth, 
nous  a  été  obligeamment  envoyé  du  Public  Record  Oflicc  par  M.  Kingston. 
Nous  ne  connaissons  pas  la  date  de  cette  dépêche,  mais  elle  a  dû  être 
adressée  en  même  temps  que  la  su'vante. 


1498. 
25  juillet. 


a 


JJO 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 


creya  crnn  lashalladas  por  Viicstras  Altczas,  y  aun  le  dia  la  una 
razon,  no  lo  qucrria.  Porqiic  crco,  Vucstras  Altczas  ya  tcndran 
aviso  de  todo  lo  y  asyniisnio  al  carta  o  mapa  nnindi  que  este  ha 
fecho,  yo  no  la  cnbio  agora,  que  aqui  la  ay,  y  a  mi  ver  bien  f;ilsa 
por  dar  a  cntender,  no  son  de  las  islas  dichas.  » 

(S'muncas,  Esliuh,  Triitado cou Inglalcrra.  L'gajo  2'.) 


XIV 

Extrait  de  la  Chronique  de  Fabvan  concernant  le  troisième 

VOYAGE  (présumé)  DE  SÉBASTIEN  CaBOT,  SELON  StOW. 


1502. 


18.  HcûrTvill  «  Thys  ycare,  vvcrc  brought  vnto  tlie  kyng 
A.  D.  1,02  '.  three  men  taken  in  thc  ncw  foundc  Ilands,  by 
Sébastian  Gahalo,  bcfore  namcd  in  Anno  1468  (.v/r),  tbese  men 
were  clothcd  in  Beastcs  skinnes,  and  eate  raw  Tlesh,  but  spake 
such  a  languagc  as  no  man  could  vndcrstand  them,  of  the 
vvhich  three  men,  two  of  them  wcre  seene  in  the  Kings  Court 
at  JVesliiiiuskr  two  yeares  aftcr,  clothed,  like  Englishmm,  and 
could  not  bec  disccrned  from  Eiiglisbmeii.  » 

(Stow,  Chrouiclc,  Lond.,  1580,  p.  875-.) 


1.  Notre  texte  provient  des  copies  dépostîes  au  Public  Record  Office  par 
l'eu  Bergenroth,  qui  a  publié  cette  dépèclic  en  anglais  dans  ses  Cakudars, 
t.  I,  p.  176-177,  11"  210. 

2.  Dans  l'édition  de  1605,  la  dernière  publiée  du  vivant  de  Stow,  il  y  a 
en  marge  :  «  Roh.  Fabiaii  An.  irt;.  iS.  »  citation  qu'on  retrouve  dans  ks 
éditions  préparées  par  Edmond  Ilowes  [Aniiuks]  en  1605  et  1631.  Nous 
n'avons  pas  trouvé  celle  de  1600  mentionnée  par  Lowndes. 


} 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABO  T 


131 


XV 


Emargement  de  Cabot  pour  une  carte  m  vrinr. 

«  Paid  Sébastian  Cabot.  Making  of  a  carde  of  Gascoignc  and 

Guyon,  20  s.  » 
(J.  S.  Brewcr,  Cuknditr  domestic  and  forcisn.   Henry    VUL 

London,  1864,  in-8,  t.  II,  Pari  II,  p.  i-IS^-) 


1512. 

mai. 


XV  lî 

Lettre  de  Ferdinand  d'Aragon  concernant  Cabot. 

«  R.  il  Mi  loi-  de  Ulihy  Capitan  R.  de  Ynijl".  i  5  1 2. 

Hc  sabido  que  vicne  en  vtr.â  compania  Sébastian  Cabote  In-    ^^  septembre, 
gles,  e  porque  yo  quiero  saber  del  cosas  de  ntro  servicio,  le  ________ 

enbiareis  a  do  cstoi. 

Logrono,  13  Sef^  512. 

Concli  [illo]. 

Obpo.  [de  Palencia].  » 

(MS.  de  la  bib'.iot.  de  l'Académie  d'Histoire  à  Madrid,  col- 
lection Muùoz,  t.  XC,  fol.  109  verso.) 


XVI 

Lettre  de  Ferdin.\nd  d'Aragon  a  Cabot. 


«  R.  à  Sébastian  Cabolo.  _  15 12. 

Sabcis  que  en  Burgos  os  hablarôn  de  mi  parte  Conchillos  i  el   ^^  g^jp^embre 
Je  Palencia  sobre  la  navegacion  a  les  Bacallos,  e  ofrecis-     ^ 


Obp.  de 


jj,  JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

tels  scrviruos  escribicndo  yo  â  Milor  de  Illiby,  ntro  capitan  : 
helc  escrito  y  con  su  licencia  véniel,  â  do  cstoi. 

Logroflo,  13  Sept''.  512.  » 

{Ibidem,  (ol.  115.) 

XVII 

Lettre  de  Ferdinand  d'Aragon  concernant  Cabot. 


i     I 


'  5  '  t  A  Sebasdan  Cabote  Ingles  he  hecho  merced  de  utro  Cap  an 

^  "'^^Q^'"'-'-      de  mar  con  50,000  mrs.  de  Salarie  los  que  les  pagarcis  annualm 
"^"^^"""~"  en  la  forma  acostumbrada. 

Logrefie,  2oOct'^  512. 

Conch. 

Obpe.   » 

{Ibidem. ) 

XVIII 

Lettre  de  Ferdinand  d'Aragon  concernant  Cabot. 

((  El  Rci  D.  Luis  Caro  ntro  Enibajador,  etc. 
'5't  Sébastian  Cabote,  ùtro  Capitan  va  a  penet  recaudo  en  su 

^°  °''°^''-     hacienda;  a  traer  su  imijer  i  casa  :  favoreced  su  bueno  y  brève 

despacho. 

Logrofie,  20  0cr  512.» 

{Ibidem' .) 

•        •  , .  Nous  devons  une  copie  des  quatre  documents  qui  précèdent,  à  Tobli- 

geance  de  M'i-^  Isolina  de  Cesaris,  de  Madrid. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


335 


XVIII  A 


Emargement  de  Sébastien  Cabot. 


«  En  6.  Marzo  514.  se  dan  a  Scbast.  Cabot  50  ducados  en 
cuenta  dcl  salario  que  se  le  ha  de  dar,  con  que  fucsc  a  hi  Corte 
a  consultar  con  S.  A.  las  cosa>  del  viaje  que  ha  de  Uevar  a  des-  , 
cubrir 18750 

Ceduladc26  Marzo  514.  Supone  rccibido  Capîtan  para  las 
cosasdcmaraSebast.  Caboto  Ingles  con  50,000  i  se  manda 
que  por  quanto  estava  aderezando  cosas  de  su  casa  i  hacienda 
para  vcnirze,  le  pagucn  enteramcnte  cl  salario  dcsdc  que  lue 
rccibido  hasta  que  vino  i  se  presentô.  » 

«  En  7.  Abril  se  le  libraron  13,637  1/2  mrs.  a  complimiento 
de  76,637  1/2  de  su  quitacion  de  Capitan  de  S,  A.  desde  20  Oc- 
tubre  512.  hasta  fin  de  Abril  514.  a  razon  de  50,000  por  aùo. 
En  Londres  havia  rccibido  de  D.  Luis  Carros  Embajador  44,250. 
En  1 1  Mayo  se  le  libro  un  lercio  adelantado  de  su  salario  por 
estar  gastado  de  su  venida  de  Londres,  i  havcr  enbiado  a  traer 


1514. 

26  mars. 


(Extrait  des  MSS.  de  Muùoz,  fol.  519.) 


XVIII  B 


Emargements  de  Sébastien  Cabot. 


«  En  30.  Agosto  a  Seb.  Caboto  Capitan  de  mar  40,267  1/2 
mfs.  por  Ccdula  Real  para  que  se  le  pagase  el  salario  de  9.  mcses 


1515. 

30  août. 


I.  Nous  pensons  que  c'est  sous  l'année  1514  qu'il  faut  insérer  cet  extrait 
qui,  dans  l'original,  est  matricule  sous  l'année  15 12. 


Î34 


jr.AN  ET  SÉHASTIliN'  CABOT 


i  20.  dias  que  se  le  dcjaron  de  pagar  el  ailo  que  tue  rccibido  a 
dicho  oficio  con  salario  de  50,000.  Adcmas  sin  1/3  dcsto  aùo  : 

—  Nombransc  este  ano  Pilotos  de  S.  A.  con  sucldo,  Solis 
niayor  —  Scb.  Cabot  —  Andrcs  de  S.  Martin  —  Juan  \'espu- 
chc  —  Juan  Scrrano  —  Andres  Garcia  Nino  —  Francisco  Coto 
—  Francisco  de  Torrcs  —  Vasco  Gallego.  » 

(Extrait  des  MSS.  de  Munoz'.) 


XVIII  c 


Emargements  de  Sébastien  Cabot. 


15 19. 

6  mai. 


«  Pilotos  dcl  Rci.  Mayo  6. 

—  A  Andrcs  de  San  Martin,  Francisco  de  Soto,  Juan  Scrrano, 
a  cada  10,000  por  cl  1/3  de  sus  salarios. 

—  A  Sébastian  Gabot,  Capitan  c  Piloto  mayor,  25 ,000  por  1/3 
de  su  salario. 

—  A  Andrcs  Nino,  Vasco  Gallego.  Juan  Rodriguez  do  Ma- 
fra,  Estevan  Gomez,  Juan  Vespuche,  Francisco  de  Torrcs,  Pilo- 
tos de  S,  A.  los  1/3  de  sus  salarios.  » 

(Cneiiia  dcl  Dr.  Samho  ilc  Maticii:;p,  Tcsorcro  de  la  Casa  de  Sc- 
villa.  SI ;-!<;.  Extrait  des  MSS.  de  Munoz'.) 


1.  Les  pilotes  de  S.  A.  srniblciit  n'avoir  été  nommés  que  pour  une 
année,  car  nous  voyons  les  pilotes  mentionnés  ci-dessus  renommés  par 
des  cédules  loyales  de  15 16  et  1518.  C'est  dans  cette  dernière  que  se  voit 
ajouté  le  nom  de  Estevan  Gomez. 

2.  A  rapprocher  cette  date  de  15 19.  de  ce  que  Cabot  raconte  de  son 
entrevue  à  Londres  avec  le  cardinal  Wolsey;  Supra  pa^je  116,  et  appendice. 


Jl'.AN  HT  SRBASTinN  CABOT 


33Î 


XIX 


Extrait  dhs  Dùcadls  du  Pldro  Martyr  d'Angiukra. 


((  Scriitatiis  est  cas  Scbastianusq  uidam  Cabotas  j^cncro  Vcnctiis, 
scd  à  parcntibus  iii  Britanniam  iiisulam,  tciulentibus  (uti  moris 
est  Vciictorum,   qui  commcrcii    cuisa   tcrrarû  omtiiiiin   nuit 
hospitcs)  transportatus  pciic  intans.  Duo  is  sibi  navigia  propria 
pccunia  in  Britannia  ipsa  instruxit,  et  primo  tendcns  cum  liomi- 
nibus  tcrccntûm  ad  septcntrioneni,  doncc  etiam  Julio  mensc, 
vastas  repcrcrit  glaciales  moles  pelago  natantes  et  lucem  ferè  pcr- 
petuam,  tellure  tamen  libéra  gelu  liquefacto.  Quare  coactus  iuit, 
uti  ait,  vêla  vertere  et  occidentem  sequi  telenditque  tamen  ad 
meridiem,  littore  scse  incurvante,  ut  Ilerculei  freti  latitudinis 
ferè  gradus  ;vquarit  ad  occidentemque  profcctus  tantum  est,  ut 
Cubam  insulam  à  heua  longitudine  graduum  penè  parem  habue- 
rit.  Is  ea  littora  percurrens  qux'  Bacallaos  appellauit,  cosdem  se 
repcrisse  aquarum,  sed  lenes  delapsus  ad  occidentem  ait,  quos 
Castcllani  méridionales  suas  rcgioncs  adnavigantes  inucniunt. 
Ergo  non  modo  vcrisimilius,  sed  neccssario  concludcndum  est, 
vastos  inter  utranque  ignotam  hactenus  tellurem  jacere  hiatus, 
qui  uiam  pr;ubeant  aquis  ab  oriente  cadentibus  in  occidentem. 
Qiuis  arbitror  impulsa  cœlorum  circulariter  agi  in  gyrum  circa 
terrx'  globum  :  non  autcm  Demogorgone  anhalentc  vomi,  absor- 
berique  ut  nonnulli  senserunt  :  quod  influxu  et  refluxu  forsan 
assentire  daretur.  Baccallaos  Cabottus  ipsc  terras  illas  appellavit, 
eo  quod  in  earum  pelago  tantam  repererit  magnoram  quorun- 
dam  piscium  tynnos  ;emulantium,  sic  vocatorum  ab  indigenis, 
multitudinem  ut  etiam  illi  navigia  interdum  detardarent.  Earum 
regionum  homines  pellibus  tantum  coopertos  reperiebat,  ratio- 
nis  haadquaquam  expertes.  Ursorum  incsse  regionibus  copiam 
ingcntem  rcfert,  qui  et  ipsi  piscibus  vescantur.  Inter  dcnsa 


ibi 


■ 


i3'^ 


JEAN  ET  SÉUASTIEN  CABOT 


iianquc  piscium  illorum  agmina  scsc  immcrgunt  iirsi  et  siiigulos 
singuli  complcxos  unguibiisi]iic  intcr  squamas  immibsis  in  tcrram 
raptant  et  comcdiint.  Proptcrca  minime  noxios  hominibus  ursos 
esse  ait.  Orichalcum  in  plerisqiic  locis  se  vidisse  apml  incolas 
pnt'dicant.  ramiliarem  habco  domi  Cabottum  ipsum,  et  contu- 
bernalem  interdum.  Vocatus  nanqiie  ex  Britannia  à  rcgc  nostro 
catholico  post  Henrici  majoris  Britanniic  régis  mortem,  concu- 
rialis  noster  est  expi'ctatque  in  dies  ut  navigia  sibi  parentiir, 
qiiibiis  arcanum  hoc  natunv  latens  jam  tandem  dctcgatiir.  Martio 
mense  anni  lutiiri  MDXVI  piito  ad  explorandiim  discessiirum. 
Qiuv  succèdent,  tua  Sanctitas  per  me  intelliget,  modo  viverc 
detur.  Ex  Castellanis  non  desunt,  qui  Cabottum  primum  fuisse 
Baccalaorum,  repcrtorem  negcnt  tantumque  ad  occidentcm  teten- 
dissc  minime  assentiuntur.  De  laucibus  et  Cabotto  iam  fatis.  » 

(Pi:duo  Maktyk  D'A\Giin;KA,  De  Orbe  Nouo  Décades,  Paris, 
1587,  in-8.  Decad.  III,  lib.  VI,  p.  232-233.) 


XX 


RûciT  Di;  l'Anonymu  du  Ramusio. 


c(  Et  fatto  alquanto  di  pausa,  voltatosi  verso  di  noi  disse,  Non 
sapete  à  qucsto  proposito  d'andare  à  trouar  l'Indie  pel  vento  di 
maestro,  quel  che  fece  gia  un  vostro  cittadino  Venetiano,  ch'è 
cosi  valente  et  patrico  délie  cose  pertinent!  alla  navigationc  et  alla 
cosmographia,  ch'in  Spagna  al  présente  non  v'è  un  suo  pari,  la 
sua  virti'i  l"ha  fatto  preporrc  îitutii  li  pilotti  che  navigano  all'Indie 
occidentali,  che  senza  sua  licenza  non  possonotar  quell'  essercitio 
et  per  qucsto  lo  chiamano  Pilotto  maggiorc.  Et  rispondendo  noi, 
che  non  lo  sapevamo,  continué,  dicendo,  che  ritrovandosi  già 
alunic  anni  nella  citta  di  Siviglia  tt  desiderando  di  saper  di  quelle 
navigationi  de  Castigliani,  gli  fù  detto,  che  v'era  un  gran  valent' 


I 


JliAN  \-:r  SI'lJASilliN  CAHOT 


n; 


luiomo  Vcnctiano  chc  li.uca  l  caricodi  quelle,  nominato'l  sii^iiDr 
Scbastiano  Caboto,  ilcjual  sapev;»  far  carte  marine  di  sua  inano,  et 
intcndeva  Tarte  del  navigare  piu  cli'alcun'altro.  subito  vi)lsi  essere 
col  detto,  et  lo  trouai  uiia  gentilissiuia  pcrsona  et  cortcse,  clie  nii 
fece  gran  carezze,  et  mostroiniiii  moite  cose,  et  Ira  l'allre  un 
Mapamondo  grande  colle  navigation!  particolari,  si  di   l'orio- 
ghesi,  conie  di  Castigliani  et  nn  disse  che  sendosi  partito  suo  pa- 
dre  da  Venetia  gia  molti  anni,  et  andato  i\  stare  in  Ingliilterra  ;i 
far  mercantie  lo  menci  seco  nella  citt.'i  di  I.ondra,  che  egli  era 
assai  giovane  non  gia  perô  che  non  havcsse  imparato  et  littere 
d'humanità,  et  lasphcra.  mori  il  padre  in  quel  tempo  chc  venne 
noua  che  'l  signor  don  Christophoro  Colombo  Genovese  havea 
scoperta  la  costa  dell'  Indie,  et  se  ne  parlava  grandeniente  per 
tutta  la  cortc  del  Ile  Ilenrico  vij,  che  allhora  regnava,  dicendosi 
chc  era  stata  cosa  piu  tosto  divina  che  humana  l'haver  trovata 
quellavia  mai  piu  saputa,  d'andare  in  Oriente,  dovc  nascono  le 
spctie.  per  ilche  mi  nacque  un  desiderio  grande,  anzi  un  ardor 
nel  core  di  voler  far  anchora  io  qualche  cosa  scgnalata,  et  sa- 
pcndo  per  ragion  délia  sphera,  ches'ionavigassi  per  via  del  vento 
di  maestro,  haveria  minor  cammino  à  trovar  l'Iudie,  subito  leci 
intender  questo  mio  pcnsiero  alla  Maestà  del  Re,  ilqual  fu  molto 
contente,  et  mi  armô  due  caravelle  di  tutto  cio  chc  era  dibisogno, 
et  fu  del  mille  quatrocento  novantasei  nel  principio  délia  state  et 
cominciai  a  navigar  verso  maestro  pcnsando  di  non  trovar  terra 
se  non  quella  dove  è  il  Cataio,  et  di  li  poi  voltar  verso  le  Indie  : 
ma  in  capo  d'alquanti  giorni  la  discopcrsi,  chccorreva  verso  tra- 
montana,  che  mi  fu  d'infinito  dispiacere.  et  pur  andandodietro  la 
Costa  per  vederc  s'io  poteva  trovar  qualche  golfo,  che  voltasse, 
non  vi  fu  mai  ordinc,  che  andato  sin  a  gradi  cinquantasei  sotto 
il  nostro  polo  vedendo  che  quivi  la  costa  voltaua  verso  levante, 
dispcrato  ditrovarlo,  me  ne  tornai  ;i  dietro  ariconoscere  anchoia 
la  detta  costa  dalla  parte  verso  l'equinottiale,  sempre  cou  inten- 
tione  di  trovar  passaggio  aile  Indie,  et  venni  siiio  à  quella  parte 
che  chiamano  al  présente  la  Florida,  et  mancandomi  gia  la  vetto- 


c 


]]H  JHAN  liT  sfillASriIiN  CAHOT 

va^Iia,  picsi  partito  ili  ritorn.iriiK'iic  in  In<;liiltcrra  :  Jovc  niiinto 
trovai  ^raiulissimi  timuilti  di  popoli  sollcvati,  et  dclla  ^ucrra  in 
Scmia  :  no  pin  cra  in  considcratioiic  alciina  in  navij;arc  à  qiicstc 
parti,  pcr  ilclic  nie  ne  vciini  in  Spa^na  ai  \{c  Catholici),  et  alla 
Kcj^ina  Is.iliclla  i  qiiali  haveiuli)  intcso  cm  cIk-  io  liavcua  fatto, 
nii  iacci)lscri),  et  mi  diedeio  Inuma  provisione  laecendonii  na- 
vi^ar  dictro  la  costa  del  Mresil,  per  volerla  scoprirc,  sopra  la  quai 
trovato  un  ^rossissinio,  et  larj^iiissinu)  fuinic,  dctto  al  présente 
délia  Plata,  lo  volsi  navij;are,  et  aiulai  all'insu  per  queilo  pin 
disecento  le^lie  trovandolo  senipre  bellissiini),  et  liabitato  da 
inlliiiti  popoli,  clic  per  niaraviglia  correv.ino  à  vedernii,  et  in 
queilo  sboccavaiio  tanti  liumi,  clie  non  si  potria  credere.  leei 
poi  moite  altie  navii^attit)ni,  le  quali  preternietto,  et  trovaii- 
doini  alla  fine  vecchio  volsi  riposare  essendosi  allevati  tanti 
pratielii,  et  valenti  marinari  j^iovani ,  et  liora  me  ne  sto  con 
arico  che  voi  sapete,  <;odendo  il  iVutto  délie  mie  l'atiche.  Questo 
è  quanto  '.       itesi  dal  sij^nor  Sebastiano  Caboto.  » 

ÇPriiiu'  l'oliiiuc  ilcllc  Navi^'Ulioiii  cl  V'nts^i^i,  Venetia,  1550-53, 
f.  .fM.v"'.)^  ^ 

Ricliard  lîdeii  dit,  sans  hésiter,  que  l'interlocuteur  de  Cabot, 
dans  ce  récit,  était  Galeas  Butrigari,  le  lé},'at  du  pape,  qui  aurait 
même  rapporté  la  conversation.  Ce  prélat  bolonais  dr'  ait  être 
mortdepuis  longtemps, puiiiqn'il  était  déjà  léj;at  en  1509  :  «  //oy, 
Miccr  Giilcii^^o;  liUiJii  en  lus  an  las  Je  CisiiiTos  coiiio  Nunrio.  '  " 
Marco  l-'oscarini  assure,  parait-il  ',  que  ce  gentilhomme  était  de 
Mantoue  et  se  nommait  Gianyiacomo  Bardolo.  L'opinion  du 


1.  Le  lecteur  trouvera  une  excellente  traduction  en  français  de  ce  récit  dans 
l'édition  franijaise  qu'a  donné  Urbain  Cliauveton  de  la  Historid  de  Ben/.oni: 
UisUiiie  XovviUedv  Xovivav  Momk.  S.  l.  (Genèvej  Ij79,  in-S. 

2.  Liste  des  lé<;ats  apostoliques  en  Lspagnc,  dans  l'Historiu  cccksiastUa  de 
Espiiiia,  tome  VI. 

3.  MS.  N"  6142  de  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne,  cité  par  M.  Carlo 
Bullo,  Lii  veia  Palria  di  N.  dc'Conli  e  di  Ghi'amii  Caboto.  Chioggia,  1880, 
in-4,  p.  x.wiir. 


JEAN  ET  StBASTIEN  CAHOT 


339 


savant  doge  n'est  qu'une  infcrcncc,  tirée  de  ce  que  Giunti  '  le 
qualifie  de  Mantouaii,  et  du  lait  que  l'un  des  interlocuteurs 
iinaj^inaires  du  dialogue  N(iii};i-tiiis  sivc  ilc  PoclUa,  dédié  par 
Irascator  \  Rainusio  *,  est  désigné  sur  le  nom  de  «  loaiuKs  Jaco- 
kts  litinliih,  Matilmmus  civis.,  » 

Ramusio  était  en  correspondance  avec  Sébastien  Cabot  depuis 
de  longues  années  puisque  dans  son  'Discorso,  daté  du  20  juin 
1553,  il  dit  :  I'  coiiif  mi  Jk  scrilto,  gia  molli  unui  sono,  dal  sii^tior 
Scbaslian  Cahoto  ».  Il  est  assez  curieux  de  voir  que  ce  fut  aussi  ;i 
Ramusio,  alors  secrétaire  du  Conseil  des  Dix,  que  l'ambassadeur 
d'Angletcr'c  à  Venise  remit,  le  12  septembre  15  51,  les  pièces 
que  Cabot  avait  envoyées  pour  faire  valoir  sa  réclamation  au 
sujet  de  la  dot  de  sa  mère '.Certains  écrivains  ont  pris  cette  récla- 
mation au  sérieux,  s.ins  se  douter  que  c'était  un  simple  prétexte 
pour  masquer  une  nouvelle  trahison  de  Cabot,  qui  voulait  venir 
à  Venise,  afin  de  dévoiler  aux  Dix  un  prétendu  passage  au 
Cathay,  dont  il  aurait  trouvé  le  secret  pendant  qu'il  était  au 
service  de  Cliarles-Qyint. 

XXI 

Extrait  de  l'ouvragi-  dk  Zii;gler. 

«  Petrus  Martyr  Mediolonensis  in  hispanicis  navigationibus 
scribit,  Antoninum  quendam  cabotum  soluentem  a  Britannia, 
navigasse  continue  versus  scptentrionem  quoad  incideret  in 
crustas  glatiales  mcnse  Julio,  inde  crgo  conversum  remigassc 
continue  secundum  littus  sese  incurvans  austrum  versus,  donec 
veniret  ad  situm  contra  Hispaniam  supra  cubam  insulam  caniba- 
lum.  QiicG  narratio  non  nihil  caus;v  dédit  mihi  ut  Gronlandiam 


1.  RaccoUd  de  Ramusio,  édit.  de  1613. 

2.  Hieion,  Fracasior.  Opéra  oiiinia,  Vcnet.,  Junta,  1584,  in-4,  p.  ii2. 

3.  CaUudar,  Foreign  Saies,  t.  I,  p.  171. 


M 


340  JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

ultia  Huitsarch  proniontorium  cxtcndcrcm  ad  contincntcm  Lapo- 
n'uv,  siipni  Viiardhus  custrum,  et  id  fcci  cô  libcntius  quod  et  se- 
nior Arcliiepiscopus  Nidrosiensis  constanter  aliirmabat,  marc  illic 
in  anconem  curvari.  Accessit  id  quoque  quod  Lapones  conscn- 
tiiiiit  ijsdein  studiis  magicis,  et  religioneni  cliristianam  neque  scc- 
tantiir  nccqiic  refugiunt,  pcr  qiuu  ego  existimavi  istam  simililu- 
dincm  utrique  gcnti  acciderc,  quia  sesc  contingeret  per  contincn- 
tem.   Distantic-c  quoque  videntur  non  refragari,  schœni  cnim 
intersunt  unter  utranque  gentem  non  integri  duccnti  Fecit.  et 
hoc  ad  coniecturam  quod  cabotus  fertur  in  glaliem  incidissc.  Et 
quamvis  do  niense  Julio  contendam  non  bcne  relatum  esse,  adeo 
si  sub  polo  quoque  ipso  navigatum  foret,  ob  ea  qux  in  cam  rem 
antea   disservimus  :    tamen  quia  aliquo  tempore  per  glatiem 
navigavit,  id  testatur  quod  non  per  mare  vastum,  sed  propinquis 
littoribus  in  sinus  formam  comprehensum  navigarit,  quando  ob 
eandem  causani  sinus  GotUanus  concrescat,  quoniam  strictus 
est,  et  ikiviorum  plurium  et  magnorum  ostia  fiilsam  naturam 
in  parva  copia  superant.  Inter  autem  Nordvegiam  et  Islandiam 
non  concrescit  ex  diversa  causa,  quoniam  vis  dulcium  aquarum 
illic  supcratur  i\  vastitatc  natunt  fals;e,  Fama  est  :  sed  incerto 
hactenus  auctorc  :  quod  Hispani  aducerigent  hoc  tempore  Gron- 
landiam  et  quam  dicant  terram  viridem  :  argumcntum  eius  esse 
aiunt,  Merces  quasdam  exportatas  ab  his,  et  recognitas  que  lorcnt 
rcrum  quales  apud  Gronlandiam  reperiuntur.  A  septentrione  per- 
tingit  ad  terram  incognitam  sub  polo  unde  etiamveniunt  in  hanc 
Pigméi  predatores.  Qiiod  etiam  argumentum  fuerit  terras  subpo- 
lares  habitari  igint  Chersonncsi.  » 

(Jacob.  Ziegler,  Opcra  Varia,  Argentorati,  1532,  in-fol.,  dans 
le  chapitre  Jj  Schomiia,  f.  xcii,  verso.) 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


311 


XXII 


Extrait  di:  i.'Histoiri:  ni:  Gomaka. 


«  Qui  en  mas  noticia  trnxo  dcsta  ticrra  fuc  Sébastian  Gaboto 
Veneciano.  Kl  quai  arnio  dos  navios  en  Inglaterra  do  tratava 
desde  pequcfio,  a  costa  del  Rcy  1-nrique  Scptinio,  que  desseava 
contratar  en  la  especiera  como  hazia  el  rey  d'Portugal.  Otros 
disen  que  a  su  Costa,  y'  que  pronietio  al  rey  I-'nrique  de  ir  |)or 
cl  norte  al  Catayo  y  traer  de  alla  espccicras  en  menos  tiempo  que 
Portugueses  por  el  Sur.  Y  va  tambien  por  saber  que  tierra  eran 
las  Indias  para  poblar.  Llcvo  trezientos  hombres  y  camino  la 
buelta  de  Islandia  sobre  cabo  del  Labrador,   Iiasta  se  poner  en 
cinquenta  y  ocho  grados.  Aunque  el  dize  mucho  mas  contando 
como  avia  por  el  mes  de  Julio  tanto  frio  y  pedaços  de  yelo  que 
no  oso  passar  mas  adelante,  y  que  los  dias  eran  grandissimos  y 
quasi  sin  noche  y  las  noches  muy  claras.  Es  cierte  que  a  sesenta 
grados  son  los  dias  de  diez  y  ocho  horas,  Diendo  pues  Gabota 
la  frialdad  y  estraneza  de  la  tierra,  dio  la  buelta  hazta  ponientc 
y  rchaziendose  en  los  Baccalaos  corrio  la  costa  hasta  treynta  y 
ochos  grados  y  tornose  de  alli  a  Inglaterra.  » 

(Jjopcidc  Goiiiam,  Primera  y  Scgumk parte  de  la  Hisloria  i^eiieral 
de  las  Ind'un.  Çaragoça,  1552,  in-fol.  Part.  I,  cap.  de  los  Baeal- 
laos.) 


342 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


XXIII 


Extrait  du  Traité  d'Antonio  GalVâo. 


«  No  anno  de  1496   achandose  hum  Venezeano  por  nome 
Sebastiano  Gaboto  em  Inglaterra,  et  ouuindo  noua  de  tam  nouo 
descobrimento  como  este  era  :  et  vendo  cm  huma  poma  como 
estas  jlhas  acima  ditas  estano  quasi  em  hum  paralelo  et  altura, 
et  muyto  mais  perto  de  sua  terra  huma  a  outra,  que  de  Portu- 
gal nem  Castella,  o  amostron  a  el  Rey  dom  Annriquc  o  septimo 
de  que  elle  ficou  tam  satisfeito  que  mandou  logo  armar  dous 
nauios,  partio  na  primavera  com  trezentos  companheiros,  fez  seu 
caminho  a  Loeste  a  vista  da  terra,  et  quarenta  et  cinco  graos 
d' altura  da  parte  donorte,  forano  por  ella  ate  sessenta  onde  os 
diam  sam  de  dezoyto  horas,  et  as  noytes  muy  claras  et  serenas. 
Auia  aqui  muyta  frialdade  et  ilhas  de  neue  que  nao  achauam 
grandes  regelos,  do  que  tambem  se  arreceauam.  E  como  daqui 
por  dianta  tornasse  a  costa  ao  levante,  fizeramose  na  outra  volta 
ao  longo  délia  descobrindo  toda  a  baya,  rio,  enseada,  p'ra  ver 
se  passaua  da  outra  banda,  et  foram  assi  diminuindo  n'altura 
ate  trinta  et  oyto  graos,  donde  setornaram  a  Inglaterra.  Outros 
querem  dizer  que  chegasse  a  ponta  da  Florida  que  esta  em  vinte 
cinco  graos.  » 

(  Tratado  que  compas  0  nobre  e  notauel  capitano  Antonio  Gahao . . . 
Lisboa,  Joham  de  Barriera,  1563,  12°.) 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


543 


XXIV 


Extrait  du  «  Discourse  »  de  sir  Humphrey  Gilbert. 

«  Furtliermore,  Sébastian  Cabota  by  his  pcrsonall  expérience, 
and  trauell,  hatli  set  foorth,  and  described  this  passage,  in  his 
Charts,  whiche  are  yet  lo  be  seene,  in  the  Oiicenes  Maiesties 
priuie  Gallcrie,  at  Whitheall,  who  was  sent  to  make  this  disco- 
verie  by  king  Ilenrie  the  seaucnth,  and  entred  the  same  fret: 
affirming,  thathe  sailed  very  ûir  wcstward,  with  a  quarter  of  the 
North,  on  the  north  side  of  Terra  de  Labrador  the  eleuenth  of 
June,  vntil  he  came  to  the  septentrional  latitude  of  67  1/2 
degrces  and  finding  the  Seas  still  open,  said,  that  he  might,  and 
would  hâve  gone  to  Cataia,  if  the  mutinie  of  the  Maister  and 
Mariners  had  not  ben.  » 

(^A  Discovrse  oj  a  Discoiicric  for  a  ncw  Passage  lo  Cataia, 
London,  1576,  in-4,  sign.  oiii.) 


i 


XXV 


Extrait  de  Thevet 


«  Depuis'  vn  vénitien  entreprint  ce  voiage  sur  l'authoritc 
d'Henry  septiesme  de  ce  nom  Roy  d'Angleterre,  lequel  passa 
iusque  a  soixante  sept  degrés.  » 

(ic  grand  Insulaire  et  Pilotage  d'Amhè  Theiicl  Augoimoisin, 


I.  Thevet  fait  allusion  au  voyage  de  Gaspar  Cortereal  qui,  selon   cet  écri- 
vain, aurait  prt^cédé  celui  de  Cabot. 


344 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Cosinographe  du  Roy  ',  MS.  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  fonds 
français,  n"  15,452,  t.  I,  f  143.) 

«  Elle  fut  découverte  premièrement  par  Sébastian  Babate 
Anglois  lequel  persuada  au  Roy  d'Angleterre  Henry  Septiesme 
qu'il  iroit  aisément  par  la  au  pais  de  Catay  vers  le  Nort  et  par  ce 
moyen  trouveroit  cspiceries  et  autres  choses  aussi  bien  que  le 
Roy  de  Portugal  aux  Indes,  joint  qu'il  se  proposoit  aller  au  Peru 
et  Amérique  pour  peupler  le  pais  de  nouveaus  habitans  et  dresser 
la  une  Nouvelle  Angleterre,  ce  que  n'exécuta;  vray  est  qu'il  mist 
bien  trois  cens  hommes  en  terre  du  costé  d'Irlande  au  Nort  ou  le 
froid  fist  mourir  presque  toute  sa  compagnie  encore  que  ce  fust 
au  moys  de  Juillet.  Depuis  Jaques  duartier  (ainsi  que  luy  mesme 
m'a  recité)  fist  deux  fois  le  voyage  en  ce  pays  la,  c'est  à  scavoir 
l'an  mil  cinq  cens  trente  quatre  et  mil  cinq  cens  trente  cinq  ». 
{Siiii^iihirih':^  de  lu  France  AitUtrclùjiie,  Paris,  1558,  in-4,  cap. 
Lxxiv,  f.  148.) 


XXVI 


Dûi'ùcHE  DU  Conseil  des  Dix  a  Gaspard  Contarini  ' 


1522. 


((  Oialori  nosiro  àpiid  Cacsarmin  et  Cattolicain  Maiestatem. 


Il  septembre.       Zonse  l'altro  giorno  de  qui  uno  Don  hierolamo  di  Marin  de 
-  Bucignolo   Rhaguseo,  quale  venuto  alla  presentia  delli  Capi  del 


1.  Cet  ouvrage  est  postérieur  à  la  Cosmographie  imprimée  en  1545, 
qu'il  cite  (f.  145  verso). 

2.  Gasparo  Contarini  fut  nommé  ambassadeur  auprès  de  Charles-Quint  en 
Allemagne  au  commencement  de  1521,  et,  l'année  suivante,  en  Espagne. 
Il  y  devint  le  compagnon  de  Pedro  Martyr  d'Anghiera.  [Rclaiioiii  degli 
Ambascialoii  Veueli,  l-'irenze,  1840,  in-8  ;  t.  IV,  Série  I,  t.  II,  p.  6 et  54.) 


m 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


Î4Î 


Consiglio  nostro  di  Dieci  Disse  esser  sta  mandato  pcr  uno  Sébas- 
tian Cabotto,  che  dice  esser  di  questa  ckù  nostra,  et  al  présente 
habita  in  Sybilia,  dove  par  habbi  provvision  da  quella  Ccsarea  et 
Cattolica  Maestà  pcr  suo  pedota  major  in  le  navigation  del  disco- 
prir  terre  nove.  Et  pcr  nome  di  quelle  referi  quanto  per  la  inserta 
déposition  sua  vederete,  dalla  quale  ancorchè  ne  appari  non 
poter  prestare  molta  fede,  pure  per  esser  de  la  importantia  le  non 
havremmo  dovuto  refiutare  la  oblation  ne  fa  epso  Sébastian  de 
poter  venir  de  qui  alla  presentia  nostra,  per  dichiarirne  quanto  li 
va  per  mente  in  la  materia  propostane.  Unde  siamo  sta  contenti 
che  el  ditto  Hierolamo  li  rescrivi  nel  modo  che  per  le  sue  incluse 
vederete  ;  volemo  adunque  et  noi  detti  capi  del  Consiglio  nostro 
dci  Dieci  ne  commettcmo,  che cunogni diligente  ma cauta forma, 
provriasi  di  intender  se  il  predetto  Sabastian  fusse  in  quella  corte 
aut  per  venirlide  brève,  nel  quai  caso  fiiciano  venirlo  ad  voi,  et 
consignarli  dette  lettere  a  lui  dirrective,  le  quali  per  ogni  bon 
rispecto,  haveriamo  fatto  allcgar  ad  altre  indriciate  al  fidelissimo 
servitor  vostro,  che  pur  staranno'in  le  presenti.  Ne  in  lui  dimon- 
strarete  saper  alcuna  cosa  di  tal  materia,  nisi  in  caso  che  el  se 
scoprisse  cun  voi,  nel  quai,  siamo  ben  contenti  li  dichiariate  el 
tuto,  cun  vedcr  de  sottrazer  quel  più  potersi  del  sentimento  suo, 
et  quando  vedesse  elsimovesse  cun  bon  fondamento,  et  sensibile, 
lo  conforterete  ad  venir  di  qui,  perche  non  solum  siamo  volenti 
ch'el  venga  sicuramente,  ma  lo  vederemo  molto  volentieri. 
Quando  autem  el  non  fusse  di  li  in  corte,  et  nunc  per  venirle,  ma 
si  ritrovasse  in  SybiHa,  darete  ogni  opéra  di  mandarli  tutte  lettere 
per  via  che  siate  sicuro  le  gel  capitino  in  mano  propria.  Demos- 
trando  a  quello  per  cui  le  mandaste,  che  vi  siano  sta  inviate  da 
alcun  vostro  particolar  de  qui,  et  di  ogni  sucesso  ne  darete  adviso 
a  detti  Capi  del  Consiglio  nostro  di  Dieci.  Demum  havendo  nui 
ricevuto  npvamente  lettere  dal  capitano  gênerai  de  5  dell'  instante 
di  Candia  cun  advisi  de  le  cose  da  Rhodi,  vi  mandiamo  juxta  il 
solito  li  summarij,  accioli  comunichiate  de  more  a  quella  Cesarea 


j^g  JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 

.-t  Cattolica  Macstà,  Magnifico  Gran  Canccllier,  Rcvercndo  Epis- 


ct 


copo  de  Valcnza,  et  altri  chc  vi  apparcrano.  _ 

(Lecta  universoCoUcgio). 

Iulianus  Gradonico  C  C  f 
Andreus  Mudesco  C.  C.  f 
Dominicus  Capclo  C  C.  f  » 

(Archives  d'État,  Venise,  Capi  ciel  ConsigVio  dci  X.  Ulterc  Sotto- 
scntte,FikaN.  J,  /;22.') 


XXVII 

RÉCOMPENSE  ACCORDÉE  AU  RaGUSIEN. 

1^22.  ^010  27  Scptemhris  in  CoJlcgio  Inlervemmtihiscthdiotanti 
^  ^  ^  ^  *        hus,  T>onmis  CapitHms  Wustrissimis  Concilii  X. 
27  septembre,      ^j^^j  ^.^  .^^^^  ^j  Camerlengo  dcl  Consiglio  nostro  dei  X, 
=— =  che  dei  denari  délia  cassa  sua,  dar  debbi  in  donc  ducat,  v.nti  a 
Domino  Hieronimo  de  Marin  Raguseo  pro  bona  causa. 

Facto  mandato. 

-f  16 
—  4 

(Archiva d'État,  Venise,  Capi  Consigîiodci  Dicci.  Ulterc  SoUo- 
scritte,  Filxa  N.  ;.  ir-2-) 


I  Nous  empruntons  le  texte  italien  de  cette  dépêche  et  des  huit  suivantes  ù 
M    C   BullcL.  cit.,  pp.  61-70.  M.  R..wdon  Brown.  le  P--^^^^^^^^^^^^ 
sanscrites  pour  le  Public  Record  Office,  et  traduites  en  angla.s,  Cahnda,,  t. 
III, No.  SS7,  SS».  607,  632,  666,  670,  750,  mS.  t.  v.  N»  711. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


J47 


XXVIII 


DèPÊCHE  DE  CONTARINI  AU  SÉNAT  DE  VeNISE. 


1)22. 


<(  Screnissiinc  Princeps  et  ExccUcntissimi  T)omini, 

La  tcrza  vîgilia  di  natale  cum  la  débita  riverentla  mîa  recovî  le 
lettere  di  Vostra  Scrcnità  date  fino  adi  27  scptembrio  per  le  quali 
quella  mi  significa  la  cxpositionc  fatali  da  Ilieronimo  Raguseo  '  "-'^^'i"  fi-'- 
per  nome  di  Sébastian  Caboto  et  commettemi  che  essendo  qui 
a  la  Corte  io  li  debba  apresentar  quella  lettcra  et  facendomi 
lui  moto  alcuno,  che  io  li  debba  aprir  il  tuto  et  parendo  le  cose 
proposte  da  lui  fiictibile  che  io  Io  exhorti  a  venir  ali  piedi  di  Vos- 
tra Screniti.  Horper  dar  executione  a  prefate  lettere,  fecidex- 
tramente  intender  se  costui  era  a  la  Corte  et  inteso  chel  era  qui, 
et  la  stantia  sua,  li  mandai  a  dir  che  el  secretario  mio  li  haveva 
da  dar  una  lettcra  inviatale  da  un  suo  amico  et  che  volendo  el  se 
transferisse  allô  allogiamento  mio. 

Costui  inteso  questo  rispose  a  quel  servitor  mioche  cl  veniria, 
et  cussi  la  vigilia  di  Natale  venne  al  hora  del  disnvr.  Io  ritiratomi 
con  lui,  li  detti  la  lettera,  lui  la  lesse  et  legiendola  si  messe  tutto 
di  colore.  Da  poij  letta,  stete  cussi  un  pocheto  senza  dirmi  altro 
quasi  sbigotito  et  dubio.  Alhora  io  li  dissi  quando  che  el  volesse 
risponder  a  dicte  lettere  over  farme  intender  qualche  cosa  che  el 
volesse  che  io  scrivesse  a  chi  me  l' havea  inviata  che  io  era  prompto 
a  fiirli  aver  bon  recapito.  Lui  assecurato  alhora  me  disse.  Io  già 
parlai  a  Io  ambassator  délia  Illustrissima  Signoria  in  Ingelterra  per 
la  affectione  che  io  ho  a  la  patria  cum  queste  terre  novamente 
trovate  de  le  quale  io  ho  modo  di  dar  gran  utile  a  quella  terra,  et 
hora  di  questo  mi  vien  scripto,  corne  dovete  saper  anchor  vuj, 
ma  vi  prego  quanto  posso  che  la  cosa  sij  sécréta  perche  a  me  an- 
derebbe  la  vita.  Io  alhora  li  dissi  che  io  sapeva  il  tutto  molto  bene 
et  disseli  corne  il  Raguseo  era  stato  al  Tribunal  de  li  Exellentis- 


Î48 


JEAN  ET  Sf-BASTIEN  CABOT 


simi  Signori  Capi  et  che  da  quel  Magistrato  sccrctissimo  io  havca 
habuto  adviso  del  tutto  et  che  per  lui  mi  cra  sta  inviata  quella  Ict- 
tera,  ma  perché  havca  meco  a  pranso  alcuni  gentilhuomini  che 
non  era  comodo  che  in  quel  hora  parlassemo  insieme,  ma  la  sera 
al  tardo  ritornando  piu  comodamente  ad  longum  ragionassemo 
insieme,  et  cussi  partito,  la  seraritornô  circa  ad  un  hora  di  noctc 
et  rechlusi  soli  iu  la  mia  caméra  me  disse  :  Signor  Ambassator  per 
dirve  il  tuto  io  naqui  a  Venetia  ma  sum  nutrito  in  Ingelterra  et 
poij  veni  al  servitio  diquesti  Re  Catholici  de  Hispania,  et  dal  Re 
Ferdinando  fui  facto  Capitano  cum  provisionc  di  50  m.  maravc- 
dis,  poi)  fui  faito  da  questo  Re  présente  piloto  major  cum  pro- 
visionc di  altri  50  m.  maravedis,  et  per  adiuto  di  cosemida  poij 
25  m.  maravedis  che  sono  in  tutto  125  m.  maravedis,  possono 
valcr  circa  ducati  300.  Hor  ritrovandomi  ja  tre  anni,  salvo  il  vero, 
inIngelterra,quelRevcrendissimoCardinalmivoleaf\irgrandipar- 
titi  cheio  navigasse  cum  una  sua  armada  perdiscoprirpaesi  novi 
la  quale  cra  quasi  in  ordine,  et  haveano  préparât!  per  spender  in 
essa  ducati  30  m.  Io  li  risposi  che  essendo  al  servitio  di  questâ 
Maestà,  senza  sua  liccntia  non  Io  poteva servire,  ma  c.ehaverido 
bona  licentia  di  qui  io  cl  serviria.  In  quelli  giorni  ragionando 
cum  uno  frate  Stragliano  Collona  vencto  cum  il  quale  havca  ami- 
citia  grande,  mifu  dicto  dal  prefato  frate  :  Messer  Sebastiano  vui 
vi  affaticati  cussî  grandemente  per  far  beneficio  a  genti  externe 
non  vi  aricordate  délia  vostra  terra,  non  séria  possibile  che  etiam 
lei  havesse  qualche  utilità  da  vuj.  Alhora  io  mi  risenti  tutto  nel 
core  et  li  risposi  che  penseria  sopra  ciô.  Et  cussi  ritornato  a  lui 
il  giorno  seguente  li  dissi  che  io  haveva  modo  di  far  quella  Città 
partecipe  di  questanavigatione,  et  dimostrarli  via  per  la  quale  era 
per  haver  grande  utilità,  come  è  il  vero  che  io  l' ho  ritrovata,  et 
cussi  perché  servendo  cl  Re  d'Angeltcrra  non  poteva  più  bene- 
ficiar  la  patria  mia,  io  scrissi  alla  Maestà  Cesarea  che  non  me 
desse  per  niente  licentia  che  servisse  il  Rc  de  Engelterra  perché  li 
saria  de  danno  grande,  immo  che  subito  me  rivocasse,  et  cussi 
rivocato  et  ritornato  essendo  in  Sibilla  contraxi  grande  amicitia 


Jl-AN  LT  SliBASTlEN  CABOT 


Î49 


cum  qucsto  Ragusco,  il  qualc  honi  mi  scrivc,  diccndomi  lui  clie 
cl  dcvca  transfcrirsc  ;i  Vcnctiii,  mi  slarj^ai  cum  lui  et  li  commissi 
elle  qucsta  cosa  non  la  dovcssc  manifcsiarc  ad  altri  ciic  ali  Capi 
di  X.  et  cussi  mi  jurù  Sacramcnlo.  lo  li  rcspusi  prima  laudando 
grandcmcntc  l'affccto  suo  verso  la  patria,  poij  li  dissi  clicl 
Ragusco  cra  stato  a  li  ExccUcntissimi  Signori  Capi,  et  clie  io  da 
quel  Magistrato  havea  habuto  Icttere  supra  questa  niateria  et 
commissione  che  dovcse  esserc  cum  lui  et  intcnder  il  modo  clic 
lui  se  havea  immaginato  et  significarlo  a  Suc  Excellcntissimc 
Signorie  et  che  poij  lui  potria  andarli  in  persona  Ma  rispose  che 
lui  non  era  pcr  manifcstar  il  pcnsier  suo  ad  altri  che  a  li  lixcellen- 
tissimi  Signori  Capi,  et  chel  cra  per  transferirsse  a  Venctia, 
richicsta  prima  licentia  da  Cesare  cum  qucsta  excusatione  di  la 
ricupcratione  dila  dote  di  sua  madré,  di  la  quai  cosa  se  faria  che 
lo  episcopo  di  Burgos  et  il  niagniiîco  Cancellicr  me  parleriano  et 
me  instariano  che  io  scrivessc  in  favor  suo  a  la  Screnità  Vostra. 
Io  li  dissi  che  volendo  venir  lui  a  Venetia  io  laudava  qucsto  modo 
che  il  mi  diccva  di  chicder  licentia  etc.  Qiianto  poij  chcl  non  mi 
volessc  manifcstar  il  pcnsier  suo,  che  io  non  poteva  voler  più  di 
quel  che  lui  volca,  ma  che  ben  mi  pareva  di  dirli  qucstc  parole  et 
cussi  dissi  che  in  ogni  dcliberatione  bisognava  considerar  duc 
cosc,  r  una  era  se  qucUa  impressa  a  la  qualc  1'  honio  se  mettcria 
cum  utilita,  poij  sel  cra  possibilc,  et  che  qucsta  imprcsa  de  la 
quai  ragionavano  io  era  certo  che  riusccndo  1'  havea  esser  utile. 
Ma  che  quanto  alla  possibilità  io  era  molto  dubbio,  perché  mi 
havea  pur  dilectato  un  pocho  de  geographia,  et  considerando  il 
sito  di  Venetia,  io  non  ritrovava  via  alcuna  a  qucsta  navigazione 
perche  el  bisognava  ovcr  navigar  cum  navilij  flicti  a  Venetia  over 
liirli  hr  for  dil  strctto,  in  altro  loco;  flicendoli  à  Venetia  era 
necessario  uscirfor  del  strctto  deZibilterrapcr  venire  ncl  Oceano, 
al  che  havenJo  contrarij  il  lie  di  Portogallo  et  il  Rc  di  Spagna 
era  impossibilc  che  la  cosa  riuscisse.  Facendo  li  navilij  for  de 
Venetia  non  se  potevano  far  se  non  a  la  volta  del  mar  oceano  de 
mezogiorno,  ne  altro  loco  era  se  non  il  mar  rosso,  al  che  ne 


}5« 


JI-AN  ET  SEBASTIEN  CABOT 


crano  iiiliiiiti  coiitrarij  perche  prima  biso^^nava  havcr  iiitclli^cntia 
ciiin  cl  sig.  Tiirclu),  poij  li  pcr  la  pcmiria  de  li  Icgnami  cra 
impossibilc  far  navilij.  Poij  qiiando  ben  si  faccsscno  csscndo  le 
fi)rtez/e  et  armatc  di  Portof^alio,  non  era  possibilc  continiiar 
quclia  iiavii;atione.  Poij  clii  volea  fabricar  navilij  qui  supra  l'oceano 
septentrionale  discorendo  da  la  Spagna  a  la  Datia  et  poij  pii'i  in  la 
anchora,  io  non  li  vedeva  rrodo,  maxime  essendo  la  Germania  a 
la  obedientia  dcl  Imperatorc.  La  via  poij  di  condure  merce  da 
Venetia  a  quelli  navilij,  et  da  li  navilij  le  specie  et  altre  cosc  a 
Venitia  io  non  li  vedeva  via  alcuna,  tuta  volta  perche  essendo  lui 
valcnthuomo  in  questa  materia,  io  mi  riportava  a  lui.  Me  rispose 
vuj  avcte  ben  discorso,  et  in  verit;\  ne  cum  navilij  facti  a  V'cnctia 
ne  etiam  per  la  via  del  Mar  rosso  io  non  vedo  modo  alcuno.  Ma 
ce  altra  via  non  sollum  possibile  ma  facile  et  di  far  navilij  et  de 
condur  merce  da  Venetia  al  porto,  et  dal  porto  a  \'enetia  spetie, 
oro  et  altre  cose  chc  io  so  perche  io  ho  navigato  tutti  quelli  pacsi 
et  80  ben  il  tuto,  immo  vi  dico  che  non  vulsi  tor  il  partido  de  il 
Re  de  Engclterra  per  beneficiar  la  patria,  perche  se  tolleva  quel 
partido  non  restava  poi  via  alcuna  per  Venetia.  Io  strinsi  le  spalle 
et  benche  a  me  la  cosa  pari  impossibile,  pur  nonvoisi  dissuaderlo 
chel  venissc  a  li  piedi  di  Vostra  Celsitudinc,  ne  anche  cl  suas! 
perché  la  possibilité  è  molto  piii  ampla  de  quel  che  l'homo 
spesse  fiate  crede.  Costui  poij  qui  ha  grande  fama,  et  cussi  alhorà 
se  parti.  Il  giorno  poij  di  San  Zuane  la  sera  vene  a  trovarme  per 
far  riconzar  alcune  parole  in  le  lettere  del  Raguseo,  délie  quai 
dubitava  che  costoro  non  prendesscno  suspccto,  et  cussi  da  une 
nostro  veronese  mio  intrinseco  fu  rescripta  et  riformata  la  lettera. 
Lui  ragionando  cum  me  de  moite  cose  di  gcographia  fra  le  altre 
me  disse  uno  modo  che  l' havea  observato  per  la  via  del  bossolo 
di  cognosser  la  distantia  fra  due  lochi  da  levante  al  poncntc,  molto 
bello  ne  mai  più  observato  da  altri,  come  da  lui  venendo  Vostra 
Serenità  potrà  intender.  Poij  ragionando  pur  cum  lui  circa  la 
materia  principal  nostra  et  dcxtramcnte  ripetendoli  io  le  difficultà, 
me  clisse  et  io  vi  dico  che  îa  via  et  il  modo  è  facile.  Anderô  a 


JUAN  HT  SlinASTlliN'  CAIJOT 


3i« 


Vcnctia  a  niic  spcsc,  nie  udirano  ne  piaccndoli  cl  modo  pcr  me 
cxco^itato,  in  mi  ritornerô  pur  a  mie  spese,  et  fecemi  instantia  clic 
io  tcnesse  la  cosa  sécréta.  Q.ue,sta  è  stata  la  executione  che  io  ho 
facto.  Vostra  Sereniti,  la  udirà,  et  cum  la  sapientia  siui  fari  quel 
iuditio  che  li  paren'i. 

Vallijoleti,  Die  ultimo  Decembris,  1522.» 

{Bibliût,  Maiciuiut.  II.  Cl.  Vil,  Cod.  MlX.carl.  281-28}.) 


XXIX 


1^ 


DÛPÊCIIU  DL  CONTARINI  AU  SÉNAT  Dli  VliNISE. 

«  Scrcnissimc  Piinccps  et  ExccUmtissimi  Domiiii.  1  5 2 3 . 

Quel  Sébastian  Cabot  del  quale  vostre  Hxcellentie  nie  impose  „  ^^^^^^ 
a  parlarli  circa  le  cose  de  le  spiziarie  et  da  me  cussi  exeguito  come  S5^;5=ss5si.,i5 
per  mie  di  x.  zener  li  signilkai,  è  stato  più  volte  da  poij  ad  me 
sempre  fiicendomi  intender  la  disposition  sua  esser  di  venir  exeguir 
quanto  l' havria  in  animo  di  operar  per  Vostra  Celsitudine  in  tal 
materia  de  specie.  Tandem  hozi  venuto  ad  trovarmi,  se  ha  risolto 
non  poter  per  hora  dimandare  licentia  dubitando  che  non  Io  toles- 
seno  per  suspccto  che  el  volesse  andare  in  Engelterra,  et  che  pero 
li  era  necessario  anchor  per  tre  mesi  scorer,  quai  passati  al  tuto 
era  pcr  venir  a  li  piedi  di  vostra  lUustrissima  Signoria,  pregandola 
che  intérim  la  vogli  scriver  una  lettera  in  la  forma  de  l' altra  li  fu 
mandata  et  solicitarlo  a  venir  de  li  a  Venctia  per  expedir  le  cose 
sue  arzio  monstrandola,  de  qui  li  fusse  più  liberamentc  concesso 
licentia.  Scrivo  a  vostra  Celsitudine  quanto  che  lui  Sebastiano  mi 
ha  dichiarito  et  ricercato,  quella  disponerà  quanto  li  piaccri. 

Vallijoleti  Die  7  Martij  1523.  » 

[Lûc.  cit.,  cart.  2S<).) 


'S 


IM  JLAN  ET  SllUASTIEN  CABOT 

XXX 

DÛ'îiCIlli  DU  CONSIiU,  DliS  Dix  A  CoNIAUINI. 

«  Scr  Qjspiuo  Coulivciio  Onitori  uosiro  apiuî  Ccsimam  Maicshitm. 

1323.  Kiccvcssimo  in  qucsti  giorni  passati  le  vostrc  dircttivc  a  li  Capi 

28  uril  ""'^^  Consi<j;lio  iiostro  dci  Dict'i,  de  ultinio  Diccmbrc  prossiino 
'  pretcrito,  pcr  le  quali  iiitendesseiiu)  tutto  il  colloquio  liavuto  cuin 
Sebastiaiio  Cabotto  ne  la  materia  de  le  specie,  nel  chc  in  vecc 
cuni  sumnia  priidentia,  et  bon  modo  vi  sete  govemato,  et  non 
potcmo,  se  non  grandenicntc  conimendare  il  studio  et  dili<,'en/a 
vostra.  Dapoi  habianio  ricepiito  altre  vostre  de  7  Mar/o  preterito, 
per  le  quai  vedemo  la  risolutione  in  ch'  era  riniasto  esso  Seba- 
stiano,  de  non  peter  venir  qui  fino  a  tre  mesi;  et  che  poi  al  tuto 
l'era  per  vinir,  recliicdendo  dicl  se  li  faci  de  qui  scriver  uni: 
lettera  in  la  forma  délie  précèdent!  per  le  cose  sue,  aciô  cbe  cum 
quella  al  tempo  predicto  possi  licitamentc  partirsi  de  li.  Unde  per 
satisfactione  sua  habiamo  f\itto  far  una  altra  lettera  in  nonic  di 
quelle  Hieronymo  de  Marino  da  Kiiagusi,  che  qui  vene  ad  flirne 
la  relatione  di  tal  cose,  et  mandovela  qui  inserta  nel  mazzo  del 
Circunspecto  Secretario  vostro,  si  conie  fu  facto  délie  précèdent!, 
la  quai  consignarete  al  dite  Caboto  semotis  arbitris,  suadendolo 
che  el  se  ne  vengi  qui,  si  corne  el  vi  ha  promesse  de  far,  perché 
sempre  el  sarà  ben  veduto  da  noi  :  et  cusi  eseguirete  dandene 
adviso  a  li  capi  antedicti,  et  se  al  zonzer  de  queste  il  prefacto 
Cabotto  non  se  retrovasse  de  li  in  Corte,  mandereteli  la  lettera 
sua  dove  el  se  ritroverà.  Tutta  via  per  meze  fîdo  et  securo  siche 
la  ge  capiti  in  mano  ;  denotandovi  che  li  dite  Hierenimo  Marino 
al  présente  non  se  retrova  qui  in  Venezia,  ne  sapenio  dove  cl  sii, 


JEAN  ni  SlillASTIEN  CABOT 


iM 


ancor  clic  le  Icttcrc  de  csso  Ilicroniiiu)  apparino  date  qui  iii 
Vcnczia.  Il  clic  diccmopcr  vostra  instriictionc. 

AnJivas  Fi)sc.ircmis  C  C.  Xm. 

jacolnis  Michacl  C,  C  Xiii  subscrip. 

Andréas  l-osciilus  C.  C  Xin  subscrip. 

Lecta  Doininis  Sapieiuibus  utiiiisquc  luaiuis  scmotis  cetcris  et 
ctiani  Doniinis  Cunsiliariis. 

Lecta  Doiniius  Capitibus.  " 
{IbUlem) 


XXXI 


Llttki:  or  Ragusii;n  a  CAUor. 


ti  Liilcnr  sciipliC  iiomiiw  Ilicivnynii  tli  Mai iiio  Hha^ttsci 
ad  Si'lhistianiiin  Cabolo  in  llispaniam  exislcitlcm. 

Spcctabilc  Mcsser  Sebastiaiio.  —  Za  alciini  mcsi  zonto  chc  io 
fui  qui  in  Venctia  vi  scrissi  quanto  haveva  operato  per  inquirir 
dovesi  trovano  de  li  béni  vostri,  nel  clie  io  liebbi  bone  paroUe  in  _ 
cadauno  loco,  et  nii  fii  dato  bona  speranza  de  recuperar  la  dote 
di  vostra  madré,  ctameda,  unde  non  dubito  che  si  vui  fosti  venuto 
qui  havercsti  za  conseguito  quanto  è  il  vostro  desiderio  ;  et  per 
tamo  per  Io  amor  vi  porto,  et  per  il  bcneficio,  et  utile  ve  sio 
cxhortar  ad  non  vi  manchar  a  vui  nicdesimo,  ma  transfcrive  qui 
a  Vcnetia,  dove  non  dubito  impetrarete  il  tutto,  et  non  tardarete 
ad  venir  qui,  perché  la  ameda  vostra  è  molto  vecchia,  et  man- 
cando  lei,  haveresti  poi  grandissima  fatica  a  inquirir  et  recuperar 
il  vostro;  pero  ve  conforto  ad  mettervi  in  camino  più  presto 
potete.  Altro  non  vi  dico  per  hora  a  vui  mi  offro  per  semprc. 

Venetiis,  Die  aSAprilis  1525.     • 

^ostro  hieronimo  de  Marino.  » 
{Capiilcl  Cotisiglio  de  Dicci.  Lcllcre  sottoscritte.  F/7^rt  AT.  6). 


1323. 

28  avril. 


SI 


3Î4 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


XXXII 


DÉPÊCHE   DE   CONTARINI. 


1525. 

26  juillet. 


Scrcnissime  Pmiccps  et  cxcelkntissimi  Domiiii. 

«  Cum  la  posta  vcnuta  de  Italia  pcr  qui,  corne  in  le  comune  fa- 
cio  mentione  por  via  da  Roma,  ricevi  cum  la  solita  rivercntia 
mia  Ictterc  suc  de  23  April  pcr  le  quai  Vostra  Scrcnità  dandomc 
adviso  dil  ricever  de  le  mie  scripteli  circa  la  executione  facta  cum 
Sebastiano  Caboto  etc.,  me  subgionge  chc  iterum  la  invia  altrc 
lettere  a  lui  Sebastiano  a  nome  di  quel  Hieronimo  de  Ragusi 
iuxta  la  richlesta  sua  et  cussi  ho  ritrovato  in  le  publiche  esse 
lettere.  La  bona  sorte  volse,  che  esscndo  lui  Sebastiano  in  Sibi- 
lia  due  giorni  da  poij  il  ricevir  de  le  lettere,  ritornô  de  qui  al 
quai  consignato  le  sue  lo  exortai  a  venirsene  li.  Disseme  che  in 
altro  non  era  il  pensier  suo  et  a  questo  fine  era  venuto  de  qui.  Da 
poij  mi  ha  parlato  dicendo  chel  procura  cum  questi  del  Consiglio 
Cesareo  di  havcr  liccntia  di  conferirse  de  11,  et  cheetiam  parlino 
a  me  in  commendatione  sua.  Questo  è  quanto  ho  da  lui,  de 
quanto  seguirà  Vostra  Serenità  ne  sarà  advisata. 

Vallijolcti,  Die  26  Julij  1523.  » 

{Ibidem,  cari.  302.) 


XXXII A 
Payement  concernant  Cabot. 


1524. 

18  février. 


«  Item  paide  the  xviii,i,  day  of  feb.  to  John  Goderyk  of  Tory 
in  the  countie  of  Cornewall  drap  in  full  satysHicon  and  récom- 
penses of  his  charge  costis  and  labour  conductyng  of  Sébastian 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CABOT 


))  ) 


Cabote  mastcr  of  thc  Pylotcs  in  Spayiic  to  London  at  thc  rcqucst 
of  tlic  tcstator  by  Indcnturc  of  covenauntcs  —  43  s.  4  d.   <> 

(Expcnscs  ofthe  fanerai  of  sir  Thos.  hrivll,  Knt.  of  thc  parler, 
zL'ho  clii'd  al  bis  iiiatior  of  Ehyni^cs,  inEudficld,  Middlcscx,  2;  May 
1S24,  paid  hy  his  cxi-culors.  ].  S.  Brcwcr,  Calciidar  Domcslic  aud 
forci^'H,  Henry  VIII.  t.  IV,  Part  I.  p.  154,  N"  366  '.) 

XXXII H 

TrANSI'ERÏ    a   la   lEMME   DE  CaBOT   DES   Al'I'OlNTCMliNTS 
DU   SON    MARI. 


<(  Ccdula  de  Tolcdo  25  Octobre  25.  Por  quanto  Caboto  ha         I)-)- 
rcnunciado  en  Catalina  Mcdrano  su  muger  les  25.000.   de  su     25  octobre, 
ayuda  de  costa,  suplicando  que  como  él  los  ténia  por  su  vida,  2=;=^^=:== 
los  goce  ella  por  la  suya  délia  :  «  por  que  si  Dios  fuese  servido 
que  el  muriese  eu  el  viaje  c  armada  que  agora  hacc  por  nuestro 
mandado  i  en  nuestro  servicio  al  descubrimiento  de  las  islas  de 
Tarsis  e  Ofir  e  al  Catayo  oriental,  tenga  su  muger  cso  para  man- 
tenerse.  Asi  se  manda.  » 

(Extrait  des  MSS.  de  Munoz  :  Indias,  1 524-1 526,  77.  Est. 
23.  gr.  fol.  165,  verso  ".) 

1.  Il  ne  s'ensuit  pas,  comme  nous  l'avons  dit  (supra,  p.  122)  que  Sebastien 
Cabot  soit  venu  assister  aux  obsèques  de  sir  Thomas  Lovell.  II  ne  s'agit  ici 
que  d'une  somme  payOc  au  nonmié  Jolni  Goderyk  pour  avenir  amené  Cabot 
à  Londres,  par  l'ordre  et  du  vivant  du  décédé.  Miss  L.  Toulmine  Smith,  qui 
a  eu  la  bonté  d'examiner  A  notre  requête  le  testament  de  sir  Thomas,  n'y  a 
relevé  aucune  mention  de  Cabot. 

2.  Obtenu  pour  nous  de  M.  le  secrétaire  de  l'Académie  royale  d'Histoire 
à  Madrid,  par  les  bons  soins  de  M.  Dwighl  T.  Reed,  chargé  d'affaires  des 
Etats-Unis  en  Espagne  »  Nous  ne  savons  si  cet  extrait  foit  double  emploi 
avec  celui-ci,  inséré  dans  la  collection  Muûoz  sous  l'année  1523  (sic). 
«  Cedith  Tokdo.  2^  octobre.  A  Calaliiia  de  Medrano  iiiiigcr  de  S.  Cabolo  se  pa- 
Ijuen  antialmcnte  2;o  qtics  la  ayuda  de  costa  de  Cavelo  (sic)  de  la  que  hi\o  rcnun- 
ciaron  en  ella,  » 


356 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


XXXIII 

LÉGENDE  DE   LA   CaRTK   DE    1544  CONCERNANT   l'exPÉDITION 

DE  Cabot  a  la  Plata. 

«  Llaman  los  Indios  a  este  grau  Rio  cl  Roy  humai,  en  Castel- 
Imo  el  Rio  de  la  Plata  toml  este  nombre  del  Rio  humai  el 
quai  es  in  Rio  muy  candaloso  que  entra  en  el  gran  Rio  de 
Parama  descubriolo  Joan  Diaz  de  Solis  piloto  mayor  de  los 
catholicos  reyes  de  gloriosa  inemoria  y  descubrio  hasta   una 
isla  que  el  dicho  Joan  Diaz  puso  nombre  h  isla  de  Martm 
Garcia,  porque  enella  entierro  un  marincro,  q  se  decia  Martin 
Garzia,  la  quai  dicha  isla  esta  obra  treynta  léguas  arriba  de  la 
boca  deste  Rio  y  coste  le  bien  caro  el  dicho,  descubnmentio, 
porque  los  syndios  de  la  dhatierra  lo  mataron  y  lo  comieroii,  y 
despues  passados  muchos  Annos  lo  boluio  a  hallar  Sébastian  Ca- 
bote Capitan  y  Piloto  mayor  de  S.  ce.  m.  del  Imperador  don 
Carlos  quinto  deste  nombre,  y  Rey  nuestro  scnnor,  el  quai  yua 
por  Capitan  gênerai  de  una  armada  que  su  maiestad  mando  hazer 
para  el  descubrimëto  de  Tarsis,  y  Osir,  y  Catayo  Oriental  el 
qua  dho  capitan  Sebastia  Caboto  uino  a  es  te  Rio  por  caso  for- 
tuito,  porque  la  nao  capitana  en  q  yua  sele  perdio,  y  uisto  que  no 
podia  seguir  el  dho  su  uiaie,  accordo  de  descubrir  con  lagete  que 
Iluaua  el  dicho  Rio,  uista  la  grandissima  relacion,  que  los  Indios 
de  la  tierra  le  dieron  de  la  grâdissima  riqueza  de  oro,  y  plata, 
que  enla  dha  tierra  auia,  y  no  sin  grâdissima  trabaio  y  hambre,  y 
pcligros  asi  de  su  persona  comode  los  q  conel  yuan,  y  procuro  el 
dho  capitan  de  hazer  cerca  del  dicho  rio  algunas  poblatioes  de  la 
gete  q  lleuo  de  espana.  Este  Rio  es  mayor  q  nynguno  de  quatos 
acase  conoscen  tiene  de  ëncho  enla  entrada,  q  entra  enla  mar, 
ueinte  y  cinco  léguas,  y  treziëtas  léguas  arri  ba  de  la  dha  entrada, 
tiene  dos  léguas,  en  ancho  la  causa  de  ser  tan  grade  y  podero  so. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


357 


es  q  entrât!  enel  otros  muchos  rios  grades  y  canda  los  Es  rio  de 
insinitissimo  pescado,  y  cl  meior  q  ay  enel  mûdo,  la  gëte  en 
llegâdo  aq  lia  terra  quiso  connoscer  si  era  fertil,  y  apareiada  pa 
ra  labrary  lleuar  pan  y  senbraron  en  el  mesde  setiembre  LU. 
granos  de  tigro  q  no  se  hallo  mas  enlas  naos  y  cogierô  luego  enel 
mes  de  deziembre  cinqucta,  y  do  mill  granos  de  tigro,  q  esta 
misma  fertilitad se  hallo  entodas  las  otras  semillas,  Losq  en aqucUa 
tierra  biuc  dizen  que  no  lexos  de  ay  en  la  tierra  a  dentro  q  ay 
unas  grades  sierras  de  donde  sacan  insinitissimo  oro,  y  q  mas 
adelante  enlas  misma  sierras,  sacam  insinitc.  plata.  Ay  en  esta 
tierra  unas  aucias  grandes  como  asno  comuues,  de  figura  de 
camelbos,  saluo  q  tienen  lalana  tan  sina  comoseda,  y  otras  muy 
diuersas  animales.  Lagente  de  la  dha  tierra  es  muy  discrète  entre 
si,  porque  los  q  biuen  enlas  aidas  de  las  sicr  ras  son  blancos 
como  nos  otros,  y  los  q  estan  hazia  la  Ribera  del  rio,   son  mor 
nos.  Algunos  dellos  dizcn  q  enlas  dhas  sierras  ay  hombres  que 
tienen  el  Rostro  como  de  pcrro  y  otros  de  la  rodilla  abaxo  como 
de  Abestruz  y  que  estos  son  grandes  trabaiadores,  y  q  cogen  mu- 
cho  mays  de  que  hazen  pan  y  uino  del,  otras  muchas  cosas  dizen 
de  aquella  tierra  que  no  se  pone  aquy  porno  ser  prolixas.  » 

Documents  à  consulter  concernant  cette  expédition  :  > 

—  ANDREA  Navagero,  Dépêche  du  21  sept.  1525-  -  R^wdon  Brown, 
Cakiidar,  t.  III,  N"  115. 

—  ReJaiioni  di  Amhasciatori  Veudi,  t.  IV,  2=  série,  t.  II,  p.  9. 

—  Hernando  Cortïs,  Carta  û  los  individuos  de  la  Armada  de  Sébastian  Ca- 
hota, que  habian  salido para  el  Maluco, para  que  le  iiifoiwaten  de  sus  sucesos, 
y  ofreciéndoles  aiixilios.  28  mai  1527.  —  Navarrete,  Cokccion,  t.  V,    page 

456. 

—  Hernando  Cortes.  Carta  ù  Sébastian  Cabota  communiciindok  las  Crdenes 
del  Emperador  para  sacarrer  la  ^4rmada  que  Ihi'ù  al  Maluco  y  la  de  Loaisa. 
28  mai  1527.  —  Navarrete,  loc.  cit.,  p.  457. 

—  Diego  Garcia.  Relaciou  y  derroterade  DiegoGarcia^que  saliô  de  la  Cai-uûa 
en  i;  de  Eiiera  de  1^26,  en  el  viar  Ocèana,  y  Ikgo  en  2y  al  riaParand,  donde 
vavegé  muchas  léguas  tierra  adenlro,  yencanlrô  la  armada  de  Sébastian  Gahoto. 

—  Atiade  que  1$  anos  antes  hahia  esiado  alii,yhabia  descubierta  aquellas  tierras, 


3)« 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


de  (hiide  trajo  ^rait  porcion  ik  plata  —  1527.»  —  MS.  dos  Archives  des 
Indes,  citii  dans  la  Listd,  B.  761. 

—  Luis  Ramirez.  Lettre  datée  de  San  Salvador,  10  juillet  1528.  —  MS.  de 
l'Escurial.  publié  par  M.  de  Varnhagcn,  dans  la  Revista  Tihneiisal.  Rio  de 
Janeiro,  1852,  t.  XV,  p.  14-41. 

—  SiMÂo  Alfonso.  Lettre  datée  de  Séville  —  août  1530.  —  A.  de  Varn- 
hagcn,   Historia  Genû  do  Bmiil,  Madrid,  1854,  in-4,  t.  I,  p.  439. 

—  Requcrimii'ulo  que bixp  eu  cl puciio  de  San  Viccule  del  'BiMiil,  à  su  vuelta del 
Roi  de  laPlala  para  Espafia  eu  luar^o  de  i^jo,  dFrancisco  de  Rojas,  capilan 
de  la  uao  Tiiuidad  de  su  armada,  li  quieu  bahiéudole  dejado  en  el pucrio  de 
'Palos  como  esclavo  de  iiu  iudio,  le  halhi  libre  en  el  dicho  de  San  Ficente,  y 
quiso  Gaboto  que  se  cmbarcase  en  la  uao  Sanla  Maria  del  Espinar,  que  él 
moutaba.  —  MS.  des  Archives  des  Indes,  cité  par  Navarreie,  Dihliot. 
Maritiwa,  t.  II,  p.  699. 

—  FuANCESCO  DU  RojAS.  lulerroi^alorio  que  presenlô  eu  Ocana  !i  2  de  novicm- 
bre  de  1S)0.  Sobre  el  desfrraeiado  suceso  de  la  armada  de  Sébastian  Cabolo,  que 
salin  de  San  !.■  car  para  el  Maluco  el  ano  de  i}2S,  y  de  las  vejaciones  que  hi^i 
al  mismo  Roxas,  —  MS.  cité  par  Navarretc,  loc.  cit. 

—  Dos  relaciones  de  probanias  en  el  pleito  entre  Sébastian  Caboto  y  Catalina 
Vasque^,  madré  de  Martin  Mende:,  tcnientc  que  Juè  en  la  Expedicion  al  Maluco 
con  el  dicho  Caboto.  —  M  S.  cité  dans  la  Lista,  B.  55. 

—  Sébastian  Caboto.  Caria  al  Secretario  de  S.  M.  Juan  de  Samano.  Séville, 
24  juin  1533.  —  MS.  des  Archives  des  Indes,  cité  dans  la  Lista,  B.  53. 


XXXIV 

Extrait  des  minutes  du  Conseil  Privé  d'Edouard  VI. 


1547- 
9  octobre. 


<(  Octohcr  f\  IS47- 

Mr.  Peckham  had  Warrant  for  100  //for  the  transporting of 
.  onc  Sliabot  {sic)  a  Pilot  to  corne  out  of  Hispain  to  serve  and 
inhabit  in  England  ' .  » 


I.  Obligeamment  copié  sur  l'original  par  M.  Henry  Recve,  greffier  du 
Conseil  privé  d  Londres. 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


359 


XXXIV  A 

DÙPÛciiE  DF.S  Ambassadeurs  anglais  concernant  Cabot. 

.c  And  flirthcr  whcrc  as  onc  Sébastian  Cabote  gcnerall  p[ilot]        1 549. 
of  the  cmpcrours  Indias  is  prcsently  in  England  forasmuch  as  he        ,^^^.^„^i,,^, 
cannot  stand  the  king  your  Mr.  in  any  greate  [stead]  seing  he  _____ 
hath  smale  practisc  in  thèse  sees  and  is  a  vfcriej  nccessary  man 
for  the  empereur  whose  servaunt  he  is  1  and  ?1  hath  a  pencion  of 
hvm  his  ma-  desyrcth  sume  ordre  fto]  betaken  for  his  sending 
over  in  suche  sorte  as  his  [ma'-j  Ambassadeur  shall  at  better 
length  déclare  vnto  the  king  your  Mr's  counsell  ».  _  • 

(CollonM.Galhall  XII,  Jo.  124.  Despatcb  from  s,r  Thos. 
Chcync  aud  sir  Pbil.  Hohy,  English  ainbasmdors  io  Charles  V. ,  lo 
the  'Privy  Coimcil.  "Briissds,  2S  nov.  ij4<j.) 


XXXIVb 


RÉPONSE  DE  Cabot.  ' 

..  And  as  for  Sébastian  Cabot  answerc  was  first  made  to  the  said 
Amb'-,  that  he  was  net  deteincd  hcere  by  vs,  but  that  he  of 
himself  refused  to  go  either  into  Spayne  or  to  the  emp",  and  , 
that  he  being  of  that  mind  and  the  kinges  subiccte,  no  reason 
nor  eqmtie  N;-olde  tliat  lie  sludde  bc  forced  or  compelled  togo 
a^ainst  his  wiU.  Vpon  the  ^^-"  aunswere,  the  said  _  Am''-  said, 
that  if  this  wereCabottcs  aunswere  then  he  rcquircd  that  the 
sVid  Cabot  in  the  présence  of  some  one  ^vhom  we  could  appointe 
mioht  spek  Nvith  the  said  Amb"-  and  deckirc  vnto  him  this  to  be 


1550. 

21  avril. 


360 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


lus  mind  and  aunswcre  whcrunto  we  condescended,  and  at  ihc 
last,  sent  the  said  Cabot  \v'.  Richard  Shcllcy  to  thembassador. 
Who  as  the  said  Shelley  liatlie  madc  report  to  vs,  affirmed  to 
the  said  Amb'*'"'  that  he  was  not  mindcd  to  go  neither  into  Spayne 
nor  to  thcmp"  Nevertheles  hauing  knowlcge  o(  certain  thinges 
verie  necessarie  for  the  Emp°"  knowlcge,  he  was  well  contented 
for  the  good  well  he  bcre  themp"''  to  write  lus  mind  vnto  him, 
or  déclare  the  same  hère  to  enie  such  as  shuidc  be  appointed  to 
heare  him.  Whcrvnto  the  said  Anib''°'  asked  the  said  Cabot,  in 
case  the  Kinges  ma"«  or  we  shuld  command  him  to  go  to  themp"' 
whether  thcn  he  wold  not  do  it  ?  Wherunto  Cabot  madc  aunswcre 
as  Shelley  rcportethe  that  if  the  kinges  highnes  or  we  did  com- 
mand him  so  to  do,  then  ke  knew  wel  inoughe  what  he  hadto  do. 
But  it  semeth  that  the  amb''"''  tooke  this  aunswere  of  Cabot  to 
Sound  as  though  Cabot  had  aunswered,  that  being  commanded 
by  the  kinges  highnes  or  vs  that  then  he  wolde  be  contented  tg 
go  to  the  emp"  wherin  we  rcken  the  said  Amb''"''  to  be  deceived, 
for  that  the  said  Cabot  had  diuers  times  bcfore  declared  vnto  vs 
that  he  was  fullie  determined  notto  go  hcns  at.ill. 
Grenewich,  21  april  1550.  The  counsail  to  Sir  Ph.  H.  » 
(British  Muséum,  HarleyanMss.  523.  f.  9.) 


XXXIV  c 


Émargement  de  Cabot. 


1550. 


i<  An  acquittaunce  to  the  Treasurer  and  Barons  of  Thexcheker 
for  the  payment  of  diuerse  somes  of  monic  by  the  counsailes  war- 
rant as  foUoweth,  from  tho  feast  of  Easter  an"  4  Ed.  VI  untill 
michalmas  foUowing  »  f"  66,  etc.  «  To  Sébastian  Cabote  icjli  by 
way  of  the  K.  M.  rewarde.  » 

(Roy.  j5C.  XXIV,  f.  66  et  68.) 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


361 


XXXV 


DÉPÊCHE  DU  Conseil  des  Dix  a  Giacomo  Soranzo  ,  ambassadeur 

EN  Angleterre. 

«  Perle  lottere  vostre  de'17  del  mese  pnssato  indriciatc  alli        l$5l. 
Capi  del  Consiglio  nostro  di  Dieci,  havemo  intcso  quell  oche  vi  è   ^  ^  septembre, 
occorso  di  avvisarne  in  materia  del  fedelissimo  nostro  Sebastiano       '" 
Gaboto,  il  che  mi  è  stato  molto  grato,  e  vi  laudamo  délia  dili- 
^entia  che  avete  usato  in  darne  particolar  informatione  délie  qua- 
lité e  conditioni  soe  ;  in  risposta  délie  quali  vi  dicemo  che  li  dob- 
biate  far  intendere  che  questa  sua  offerta  ne  è  stata  gratissima, 
usandole  quelle  bone  parole  che  vi  parerano  per  la  prudentia 
vbstra  ;  et  quanto  alla  richiesta  che  vi  è  stata  fata  da  quel  Signori 
circa  li  crediti  che  prétende,  e  ricuperatione  de  béni,  li  rispon- 
derete  che  noi  desideramo  in  tutto  quello   che  potemo  far  cosa 
grata  a  quella  Maestà,  e  a  loro  Signorie  ma  che  non  essendo  il  detto 
Cabota  conosciuto  da  alciino  de  qui,  saria  neccessario  che  esso  me- 
desimo  venisse  per  giustificare  la  sua  persona  et  le  ragion  sue, 
essendo  quelle  cose  di  che  si  parla  molto  vecchie,  e  questo  is- 
tesso  havemo  risposto  al  Magnifico  Ambasciator  di  quella  Mae- 
stà, il  quale  di  ciô  ne  ha  fatto  instantia  in  conformité  délie  lettere 
vostre,  perô  anchora  ad  esso  Gaboto  farete  intender  il  tutto. 
Con  questa  occasione  possa  dimandare  et  ottenere  la  licentia  di 
venire,  la  quale  vederete,  che  il  procuri  di  avère,  transferendosi 
di  qui  quanto  più  presto  potrà,  ne  restarete  perô  in  questo  mezo 
di  sforzarvi  di  intendere  da  lui  più  avanti  quel  maggior  partico- 
lari  che  potrete  dir,  e  il  disegno  suo  di  questa  navigatione,  dando 
del  tutto  particolare  notitia  alli  Capi. 
f  25     —  2     —  0  >' 
(Archives  d'État,  Venise,  Consiglio  dei  Dieci,  Parti  Secrète, 

Fika,  N.  S,  ISSI-S4-) 


)6j 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


XXXVI 

DÉPÊciiK  DU  RÈv'  Peter  Vannhs,  ambassadeur 
d'Angleterre  a  Venise. 


1 5  5  î .  "  To  thc  Council  : 

,   ^        ...Touching  Scbasmn  Cabot'smatter,  concerning  whîcli  tlic 

^'^^  ^  Vcnctian  Anibassador  lias  also  written,  hc  has  rccommandcd  thc 

same  to  thc  Seigniory,  and  in  thcir  présence  deUvered  to  one  of 
their  secretaries  Baptista  Ramusio,  whom  Cabot  put  in  trust, 
such  évidences  as  came  to  his  hands.  Thc  Seigniory  were  wcl 
pleascd  that  one  of  their  subjects  by  service  and  virtue  should 
deserve  the  Council's  good  will  and  favour  ;  and  although  this 
matter  is  about  50  yars  old,  and  by  the  death  of  men,  decayingof 
houses  and  perishing  of  writings,  as  well  as  his  own  absence  it 
were  hard  to  corne  to  any  assured  knowledge  thereof,  they  havel 
commanded  Ramusio  to  ensearch  with  diligence  any  way  and 
knowledge  possible  that  may  stand  to  the  said  Sebastian's  profit 
and  obtaining  of  right.  » 

{Forcign  Calcndar,  publié  par  M.  W""  B.  Turnbull,  Lond., 
i86i,p.  171,  No  444.) 


XXXVII 

Lettre  de  Charles-Quint  a  Marie  Tudor. 

j  p  p  ,  «  Très  haulte  très  excellente  et  très  puissante  princesse  nostre 

très  chiere  et  très  amee  bonne  seur  et  cousine  Pour  ce  que  desi- 

9  septembre.    ^^^^^^^  communiquer  aucuns  affaires  concernans  la  sheurete  de 

^=='  la  nauigation  de  noz  Royaulmes  et  pays  auec  le  capitaine  cabote 

cideuant  pilote  de  noz  Royaulmes  despaigne,  et  lequel  de  nostre 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


J«J 


grc  et  consentement  sest  puis  aucunes  années  passe  en  Angleterre 
nous  vous  requérons  bien  affectueusement  donner  congé  audit 
cabote  et  luy  permecter  venir  deuers  nous,  pour  auec  luy  com- 
muniquer sur  ce  que  dessus  Et  vous  nous  ferez  en  ce  très  agréable 
plesir  selon  qu'auons  en  charge  a  noz  ambassadeurs  deuers  vous 
le  vous  déclarer  plus  particulièrement.  Atant  très  haulte  très 
excellente  et  très  puissante  princesse  nre  très  chiere  et  tros  amee 
bonne  seur  et  cousine  nous  prions  le  créateur  vous  auoir  en  sa 
très  saincte  et  digne  garde.  A  Mons  en  Haynnau  le  ix°  de  sep- 
tembre 1553. 

vfe  bon  frère  et  cousin  Charles.  Bauù. 

A  très  haulte  très  excellente  et  très  puissante  princesse  nre  très 
chiere  et  très  amee  bonne   seur  et  cousine  la  Royne  dangle- 

terre.» 

(Publié  en  extrait  et  en  anglais  par  M.  W.  B.  TurnbuU,  dans 
les  Caïcndars  Forcign,  1553-58.  1. 1,  No  31,  p.  10  '•) 


XXXVII  A 

Extrait  de  la  Chroniciue  dite  de  Lancluet. 

«  In  this  meane  whyle  there  were  threc  noble  shyppes  furny- 
shed  for  the  great  aduenture  of  the  unknowen  viage  into  the 
caste  by  the  northseas.  The  great  encourager  of  this  viage-  was 


Siih  atitio 
1553- 


I  La  phrase  «  de  nostre  gre  et  consentement  »,  n'est  ici  qu'un  euphé- 
misme pour  masquer  l'amour-propre  blessé  de  Charles- Quint,  car,  lorsqu'en 
novembre  1549,  ce  monarque  réclama  à  sir  Thomas  Cheyney  le  renvoi  de 
Cabot  en  Espagne,  il  le  fit  du  ton  d'un  maître  qui  exige  le  retour  d  un 
homme  ;\  ses  gages  :  «  He  is  my  servant,  he  bas  a  pension  of  me.  ,>  D'ailleurs, 
l'ordonnance  rendue  par  le  conseil  privé  le  9  octobre  1547.  ^'t  q"^  Cabot 
quitta  alors  l'Espagne  «  to  serve  ami  inhahit  in  England.  » 

Supra,  pages  127-128. 

Supra,  appendice  XXXIV. 


)64 


IHAN  F.T  SfinASTIEN  CABOT 


Sébastian  Gaboto,  an  cnglishcman,  borne  at  Bristow,  but  a  Ge- 
noways  sonne.  Thèse  shyps  dyd  shortly  after  passe  pullantly 
by  Grencwiche  in  the  kynges  présence,  one  of  tlie  niaryners 
standyng  vpon  themayne  topmaste  ofonc  of  them.  » 

(Lanqui-t,  CoopI'R  et  Ckowluy.  An  npilomcof  croiiiclcs,Lon- 
don,  Thomas  Marshe,  1559,  siih  amto  isi2.) 


Siih  anno 


XXXVII  H 

KXTRAIT   DF.   I.A   CllRONiaUF.   DE   GrAFTON. 

«  About  this  time  there  werc  thrce  noble  ships  set  forth  and 

furnished  for  tlie  great  aducnture  of  the  vnknowne  voyage  into 

1553-        the  East,  by  the  North  seas.  The  grcat  doer  and  encourager  of 

=— '  Nvhich  voyage  was  Sébastian  Gaboto  an  Englishe  man,  borne  at 

Bristow,  but  Nvas  the  sonne  ofaGenoway.  Tlicse  shipcsatthe 

last  arrived  in  the  country  of  Muscouia,  not  without  great  los- 

seanddanger.andnamely  of  theircaptain,  Nvhowas  a  Nvorthy  and 

aduenterous  gentlema  called  sir  HughWilloughby,  Kn.ght,  who 

beyng  tossed  and  driuen  by  tcmpest,  hee  Nvas  at  the  last  found 

in  his  ship  frosen  to  death  and  ail  his  pcople.  But  now  the  said 

voyage  and  tradc  is  greatly  aduanced...  •• 

(Grafton,  a  Chmnclc  at  larsc,  London,  1 569,  m-folio.) 


Sub  anno 
1553- 


XXXVII  c 

Extrait  de  la  Chroniciue  de  Holinshf.d. 

^]^j>/7  «  About  this  time  there  were  threc  notable  ships 
An.  Reg.  è}  set  forth  and  furnished  for  the  great  aduenture  of  the 
;;nknowne  voyage  into  the  eastby  y  north  seas.  The  great  doer 


JKAN  liT  SliBASTIUN  CABOT 


!«î 


and  encourager  of  whkh  voiagc  was  Sébastian  Caboto  an  En- 
glishniâ  boin  at  Bristow,  but  was  tlic  son  ofaGcnowaics.  Thèse 
ships  at  the  last  arriued  in  the  coCitrie  of  Moscoiiia  not  without 
great  lossc  and  danger,  and  namely  of  theircaptaine,  whowas  a 
worthic  and  aduenturous  gentleman  called  sir  Hugh  Willoughby 
knight  who  being  tossed  and  driuen  by  lempest,  lie  was  at  the 
last  founde  in  his  ship  frosen  to  dcath  and  ail  lus  peuple.  But 
now  the  sayde  voyage  and  trade  his  greatly  aduanccd...  » 

(HoLiNSHED,  The  Chronicles  of  Englamlc,  Scollamh;  ami  In- 
/</m/f,  London,  1577,  in-fol.  t.  II,  p.  I7M-) 


XXXVII  D 


Extrait  nr:  la  Chronique  de  Stow. 


7  Ed\vrvi7i  "  The  twcntith  of  May,  by  the  encouragement  of 
A.  D.  1553'.  one  Sébastian  Caholte  three  great  ships  wel  furnishcd 
werc  scttc  forthe  for  the  aduenture  of  the  vnknowen  voyage  to 
Miiscovia,  and  other  easte  partes  by  the  North  Seas,  diuers  mer- 
chants  and  other  bcing  free  of  that  voyage,  ycelded  towards  the 
charges  of  the  samc  hue  and  twentie  pounds  apeece.  Sir  George 
Hanies  and   sir    IFHliam  Garrard  being  y"  principall  docrs 

therein.  » 

(Stow,  Chronicle,  Loai.,  1580,  p.  1057.) 


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Photographie 

Sciences 
Corporation 


23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.  Y.  14580 

(716)  872-4503 


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6^ 


366 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


XXXVIII 

Lettres-patentes  nommant  Cabot  gouverneur  de  la 
Compagnie  des  Merchant  Advunturbrs, 


1555'  *'  P'^^^  •  26  1555.  Wcsminster. 

26  février.         Letters  patent  constituting  William  marquis  of  Westminster 

==5=  and  otliers  a  body  corporate,  by  name  of  Merchant  Aduenturers 

of  England  for  discovery  of  lands,  territories  etc,  unknown  and 

not  before  frequentcd,  etc    S[ebastian]  C[abot]  to  bc  thc  first 

Governor.  » 

(R.  Lemon,  Cakndaroj'DomcslicSialc  Papas.  1547-80.  Tome 
I,p.  65.) 


BIBLIOGRAPHIE 


BIBLIOGRAPHIE 


:Nous  n'ivons  inscrè  dans  celte  bibliographie  que  les  omr.iKCS  ;  i"  conccrn.im  les  Cibot  écrits  p.tr  leurs 
contemporains  i  2"  consacres  exclusivement  i  ces  navigateurs;  j- contenant , les  assertions  ou  des  inJi  • 
cations  qui  ne  se  trouvent  pas  ailleurs.) 


I  ! 


I  1.\ngiiieka(Pi;uro  Martyr  u').  1457- 
1526.  De  Orbe  Koiio  Dcauks.  Alcala, 
15 16,  ia-lbl. 

Cf.,  dans  l'édition  de  liâle,  i,-;j,  in-fol., 
dccad.  Il,  lib.  VI,  f.  5;,  verso;  ef,  édition  de 
Paris,  1SS7,  decad.  VII,  cap.  vi,  p    .t.;;.49,S. 

[2]  ZiEGLER  (Jean).  1480-1549.  Qpcra 
varia.  Argent  ,  1532,  in-Col. 

Cf.  le  chapitre  Schoinii.,,  f.  x.  ii,  et  la  carie  ; 
bien  que  le  passage  concernant  Cabot  ne  soit 
qu'une  interprétation  arbitraire  du  récit  donné 
par  Pedro  Martyr. 

[3J  Kamlsio  (J.-B.).  1485-1557.  Primo 
voli'iiie  dclli'  Navii;(itioni  d  J'iiu^nri. 
Venctia,  1550,  in-lol. 

Cf.  du  verso  du  f.  .(14,  au  recto  du  f.  41;, 
pouf  le  récit  de  l'anonyme  dit  de  Mantoue  ;  et 
tes  le  t.  m,  de  l'édaion  de  1^6;,  s,.Mérae  p. 
Je  la  prélacc,  et  f.  41-. 


|4l  Go.MARA  :F  Lopez  de}.  1310-1560. 
PriiihTU  y  siviiihld  parle  de  la  liisloriu 
i^fiicral  de  las  Iiulias.  Çaragoça,  1552, 
in-ibl. 

Cf   Part  I,  cap.   I.u!  B.halhs,  t.  1,  p.  177,  de 
l'édition  de  Vedia,  .Madrid,  185S. 

[5]  EDEN(RiLhard).  A  Ireatyseof  the iieive 
liidia,  -wilH  olbcr  iieiu  foiiiide  landes 
ami  llaiides,  as  ivell  easlicarde  as  icesl- 
zuarde,  as  they  are  Iciioiwn  ami  foiiud 
m  thèse  oiiredayes,  aj'ler  the  descripcion 
of  Sébastian  Munster  in  bis  boke  of 
universall  Cosnuwrapbie...  London  , 
I553i  in^i6. 

Kémiprimé  en  i  ;74,  dit  Lowiides  (art.  Mmis- 
Ici].  Cf.  la  dédicace  au  duc  de  Norihumberland. 

[6]  Angiiiera  (Pkdro  Martyr  d').  Tbe 
Décades  oj  tbe  Xeic  U'orjde.....  Irans- 
24 


I 

il 


r 


JliAN  [il  SI'BASTIliN  CAliOT 


hilal  iiilo  Ei{i;lyi.sl.v  hy'RnhiiiiUlùhii. 
Loiuloii,  1)5  5,  '"'4' 

CJ.  (.  ii«,  119,  1;;. 

[7i  'J'iiEviiT  (AiidrO).  15115-1590.5///!,'"- 
Icirik:  lU'  la  l-iuiu\'  Anluicliqiw .  Paris, 
15  58,  ia-8. 

Cf.  {.  14S.  Ce  court  extrait  .1  cviilcmmcnt 
four  base  le  passage  Je  Gomara  ]>rtcité.  Voyez 
aussi  sa  i'oiDiogrnj'hic  uuivcrsclk,  Paris,  i>7i, 
livre  WIIl,  f,  1022,  cl  le  Grand  hniiUnrc, 
MS,  précité. 

[8]  LANtiULTi'riiomas;.  1521-1545.  An 
hj'iluiiic  ()/  croiiiclcs.  Coiitcyiiiiii^c  Ihc 
wholc  discoiirsc  of  Ihe  liislonei  as  i^cll 
oj  Ibis  realiiic  of  Eiii;laiiil  as  ail  olhcr 
counlnys,  ^alhcml  oui  of  iiiosl  proba- 
ble aiicloiirs.  Fiislc  by  'l'iiomas  Laii- 
quct,  from  Ihe  bei^uniiiiig  of  Ihe  uvilJe 
lo  Ihe  iiicariiacion  of  Chrisie,  Secoudely 
to  Ihe  reii^ue  of  our  soueiaigiie  lord kiiii; 
Edward  Ihe  sixt  by  Thomas  Coopcr, 
and  thirdly  lo  Ihe  reii;neof  our  soneraii^ne 
Ladye  Qiiene  EUiabelb,  by  Robert  Crow- 
Icy.  Anno  1559.  Loiidini,  lux'dibus 
Thoma;  Marshc. 

Iniprinled  al  Loiidon  by  William 
Seres  al  Ihe  wcsle  eiide  of  l'oiiles  loivard 
Lndgale  al  Ihe  signe  of  Ihe  Hedgebogge 
and  are  Ibère  lo  be  solde.  ij)ij  The. 
V.   daye  of  Apryll.   iu-4. 

C/.  le  passage  ^ub  lïuiio  1,^2.  Comme  l.an- 
quet  mourut  en  i>i),  il  ne  peut  être  question, 
naiureliement,  de  Cabot  au  sujet  de  ce  voyage, 
dans  l'édition  princeps  de  i>49.  Les  stulesédi- 
tiens  que  nous  ayons  pu  examiner  sont  celles 
de  liiy  précitée,  i)6o  et  i>6;.  Dans  ces  deux 
dernières,  on  Ut  seulement  «  Sihitslian  Cahot  boni 
tu  liriitoîl  »,  et  les  molsu  Oiiioiiays  sovue  »  sont 
omis. 

[9]  G.\LV.Ào(Ainonio'.  \  1557.  Tralado 
One  eonipos, . .  dos  diiiersos  e desnayrados 


caniinbos,  por  onde  nos  lenipos  passados 
a  piinenla  e  espeeearia  veyo  da  Indiu... 
Lisboa,  15(53,111-8.  Cf.  f.  29  c. 
Jdeniopns.  Lisho.1,  1731,  in-lblio. 

[10]  GuAiTON  ^Richard),  .-l  Cbroniele  al 
large  and  nieere  Ilislory  of  ihe  tAf- 
jayres  of  Enghiud  and  Kyiiges  of  Ihe 
Sanie.  Londoii,  1569,  iii-folio. 

Dans  cette  édition  le  fassj);e  se  trouve  au  t.  Il, 
p.  >)2  3.  Dans  l'éJ.  d'Kllis,  Lond  ,  1809,  in-4,  le 
passage  est  .\  la  p.  îj2  du  tome  11.  Il  se  trouve 
aussi,  avec  des  variantes,  dans  les  .tbnJj^mcuts 
que  Cralton  publia  de  1565  à  ij;-..  Voir  f.  i-.( 
rcctoei  verso  de  l'.#i-i,/j'(m-i//,  Londini,  1571.  Il 
omet  de  parler  de  Cabot  dans  sa  continuation 
delà  chronique  de  llardyng. 

[il]  GiLiitKT  (5/V  nLiniphrcy). .-/  Dis- 
covrse  of  a  Discouerie  for  a  new  Pas- 
sage toCalaia.  London,  1576,  in-4. 

[12]  Srow  (John).  The  Cbroniele  oj  Un- 
gland,  from  Brûle  vnlo  Ibis  présent 
yeare  of  Christ  ijSu.  London,  1580, 
in-4. 

O- F-  **7-,  sous  la  rubrique  marginale  fliiHi) 
"i'-  '1,  et  p.  «7;.  Hdit.de  iCii;,  à  la  page  804. 
Dans  celle  de  1631,  à  la  p.  477,  où,  par  une 
erreur  d'imptessioii,  la  dote  de  14S9  est  mise 
pour  149.S.  Le  passage  concernant  Cabot  ne  se 
trouve  dans  aucun  des  Siimmaiics,  publiés  par  le 
même  auteur  h  dater  de  i;6i.  Il  apparaît  pour 
la  première  fois  dans  la  première  édition  précités 
de  la  ChroiiUlc, 

[13]  Taisnier  (,lcan).J  very  necessarie 
and  profitable  Booke  conceruing  naviga- 
tion, compiled  in  Latin  byJoannes  Tais- 
nierus...  Tnwslaled  inlo  Englisbe  by 
RiebardEden.  London,  i.  a.  in-4. 

Cf.  l'épitrc  dédicatoire  à  W.  Winter,  pour  un 
bref  récit  des  derniers  moments  de  Sébasti^ii 
Cabot.  Cet  ouvrage  est  postérieur  à  l'année 
')73>  puisqu'il  y  est  fait  mention  de  la  mort  de 
Uesson,  arrivée  en  cette  année. 


JEAN  ET  SEBASTIEN  CAliOT 


571 


[14]  Il AKLUYT  (Richard).  "Divers  voyages 
toHihing  Ibe  iliscoiieiie  of  America. 
Loiulon,  1582,  iii-4,  2  canes. 

[15]  Sanuto  (M.  Livio).  Geoi;raJia  dis- 
liiila  in  XII  Hhri.  Vincgia,  1588,  in- 
fol. 

Cf.  le  livre  I,  f.  2  recto,  où.  A  l'occasion  de 
l'inclinaison  de  l'aiguille  aimantic,  Sanuto  relate 
ce  que  Guido  Gianneti  da  Fano  aurait  entendu 
Cabot  révéler  au  roi  d'Angleterre  touchant  les 
variations  de  la  boussole.  Voir  aussi  les  rensei- 
gnements supplémentaires  obtenus  de  liartolomeo 
Compagni,  par  l'entremise  dudit  Gnido.  Il  est 
aussi  souvent  question  d'une  carte,  qui  peut 
être  celle  de  i)44. 

[i6j  Hakluvt  (Richard).  The  Third  uiul 
ImsI  Foh'iiieoflJie  Foyages,  Kavigalioiis, 
Jnifjhjiies,  and  Discotieries  of  the  En- 
glish  Nation.  London,  1600,  in-fol. 

'/•  p.  $  !''l'iitur.  Rcimpiimé,  London,  1809- 
12,  in-4, 

[17]  Galv.îo  (Ant.).Tl!c  Discoveries  p/ 
Ihc  World  front  theirfirsl  originall  vnio 
the  ycere  of  onr  Lord  ijjj,...  publish- 
ed  in  English  hy  Richard  Haklnyt. 
London,  1601,  in-4. 

Republié  par  la  Hakluyl  Society  avec  le  texte 
portugais.  London,  1862,  in-S. 

[18]  De  Trotsmoedige  Scheeps-Togt  van 
Sébastian  Gaboto,  Met  3  Scheepen  en  veel 
Adelijke  Manschap  ondertioonien  na  de 
Mohiccos,  door  veel  tegenspoeden  en 
onknnde  aan  Rio  de  la  Plata  mistiikt... 
Leyden,  1707,  in- 8. 

Dans  la  collection  de  P.  van  der  Aa  :  Naaidru- 
rige  versomtling  der  Geâenk-u'aaniigite  Reyscn  u,i 
OosI  en  Wesl-lnâien  ..  Vol.  42.-Réinip.  dans  la 
collection  in-folio,  1727,  du  même  libraire. 

[19]  Strype  (John).  Ecchsiastical  Me- 
morials.  London,  1721-33,  in-fol. 

C/.  dans  l'édition  d'0.\ford,  1822,   in-8,  t.II, 


parti,  p,  296;  t.  II,  part  II.  p.  76,  77,  .,j  j 
t  III,  parti,  p,  \io.  Strype  jouit  en  Angleterre 
d'une  très  grande  réputation  d'e.\aciitudc,  bien 
qu'il  n'indique  pas  ses  sources.  On  lui  a  néan- 
moins contesté  son  principal  mérite  ;  voyez  les 
autorités  citées  par  Allibone. 

[20]  Rymek  (Thomas).  Fa-dera.Conven- 
lianes,  liller.e...  inler  reges  Angli.e, 
llagiï  Coniitis,  1741,  in-fol. 

(f.  t.  V,  pars  IV,  p.  89;  t.  VI,  pars  lV,p..|o 
Cl  S). 

[21]  Sloria  degli  Stabilinicnli  Ettropei  in 
America, 

Article  anonyme  inséré  dans  la  Mhiemi,  jour- 
nal publié  à  Venise  en  février  17^3,  No.  ^t^  C.f, 
le  passage,  p.  218  :  ne  coslutile  finm  e  iiuliMlala 
rhngli  (Sebast.  Cabot)  fosse  Yrtieuatio  e  ,li  fiU 
iitserir  jmsittmoctx  essonaqiie  a  Cailello,  «Cité  par 
M.  Pasini. 

|22]    WiLLELMUS     DE    WoRCESTRE    (oU 

BoroNER)  141 5  —  circa  1491.  Itinera- 
riiim  siiv  liber  rertim  niemorabilinm  ; 
dans  les  Itineraria  publics  par  Na- 
smith;  Cantabr.,  1778,  in-8. 

Cf.  p.  267,  pour  les  premières  expéditions 
des  gens  de  Bristol  à  l'ouest  par  mer  (sou.t  Tho- 
mas Lloyd  ou  Llydo  en  i.(8o;  supra,  p.  44). 
Les  Annciîcs  rettim  Aii^Iiciirnm  de  ce  même 
William  de  Worcestre  (publiées  par  Hearne, 
Oxon,  1728,  in-8,  t.II,  p.  423  jfy.)necon- 
tiennent  rien  sur  Cabot  ou  d'autres  navigateurs, 
bien  que  ce  chroniqueur  ne  mourut  pas  en  1480, 
comme  on  le  croit  généralement,  puisqu'il  rap- 
porte la  mort  de  Richard  Aillington  arrivée  en 
1491.  (Wiiii<i/«,  t.  II,  p.  519).  LeMS.  de  Cam- 
bridge [Corpus  Chrisli,  No.  210,  p.  195)  est  de  ta 
main  de  Robert  Talbot,  qui  mourut  en  i;s8, 

[23I  Campbell  (John).  Lires  of  the 
Tritish  Admirais.  London,  1781, 
in-8. 

Cf.  JJistorical  memoirs  of  Sir  John  Cnl'Ol,  t.  I, 
p.  2)9.  sf'j.f  et  notes  p.  310. 


37^ 


JEAN  ET  SÉBASTIEN  CABOT 


I24I  MoRONuGactano).  Aiiiiiiiilc  l'fiuio 
istnitlivo  c  diliilavlc.  \'ciiçzia,  prcbso 
Torre,  1786. 

Cf.  p.  138.       nasc  Ju travail  Je  M.  C.  liullo. 

[asiBAURtïT  (Wni).  The  Hisloiy  und 
Antiquitics  oj'lhc  Cily  of  Brislol,  coiii- 
pih'djrom  un'oiiKil  Rcioids  itiul  aull.vii- 
lic  Muiiiisaipls  iii  public  offices  or  pii- 
vatchaiids.  Bristol,  1789,  in-4. 

Cf.  p.  172,  pour  l'assertion  que  «  /n  llic  ycnr 
14')^,  Ihe  2.ilh  of  Julie,  ou  Si  Jolm's  iloys,  tuM 
Ntu' foiiiiilloihl  foiiihi  l'y  lliislol  me»,  ni  a  ihiji 
iiilktt  llx  Mall/xxc.  » 

[26J  Si'YKR  (Samuel).  Manoirs,  bislcri- 
Ciil  and  topogniphical  of  Bristol.  Bris- 
tol, 1821-23,  in-4. 

Cf.  t,  II,  p,  308,  pour  un  bref  extrait  d'un 
Ciilniilar  manuscrit  de  Bristol,  relatant,  sous 
l'annie  l-)>;9,  une  expédition  de  Sebastien  Cabot, 

[27I  Exccrpta  Historica,  or  llliislralioiis 
of  English  Hislory  [par  N.  H.  Nico- 
las] London,  183 1,  in-8. 

Cf.  p  iij,  \\G,  117.  L'édition  de  1S3;  n'est 
que  celle-ci  avec  un  nouveau  titre. 

[28],  A  Mcnwir  of  Scbastian  Cuhot ; 
u'ith  a  rcvieiu  of  tlic  hislory  of  viari- 
liinc  discovcry,  lUiislntted  by  documents 
jroin  llic  rolls  note  Jirsl  published  [par 
Richard  Biddli;).  Philadelpliia.  l'ii- 
hlished  by  Ciiny  and  Leii,  183 1,  in-8, 
vin  et  327  p,  et  portrait  de  Sébastien 
Cabot  en  une  grande  estampe  pliée. 
—  Idem  opiis,  London  :  Hiirst,Cijaiice 
and  Co.,  1831,  in-8,  pp.  viii  et  333, 
avec  une  liste  d'errata  sur  une  petite 
feuille  volante. 

I. es  deux  éditions  de  BidJle  se  trouvent  au 
Itritish  Muséum;  le  texte  est  le  même,  mais  les 
impiimcurs  et  les  caractères  sont  différents.  Ni 
l'un  ni   l'autre    de    ces    ex,    n'a    le  portrait  de 


Cabot.  —  I.cd.  de   iKjj  ne  se  trouve  pas   au 
llritish  Muséum. 

Ces  deux  éditions  furent  faite»  simultanément. 
11  est  de  tradition  aux  lùats.Unis  que  l'auteur, 
blessé  des  criliquis  dont  son  ouvra);e  élail  l'objet 
delà  part  du  Col,  Peter  lorce,  donna  l'ordre  de 
détruire  les  deux  éditions.  L'édition  américaine 
fut  mise  en  grande  partie  an  pilon  ;  de  li\  son 
extrême  rareté.  Quant  i  l'édition  de  Londres, 
l'ordre  arriva  lorsqu'elle  était  presque  entièrement 
écoulée.  On  en  cite  néaimioins  une  deuxième 
édition  faite  dans  cette  ville,  eniSsi,  mais  que 
nous  n'avons  jamais  rencontrée.  Richard  Biddie 
était  un  riclic  avocat  du  bar.eau  de  Pittsburg,  qui 
semble  avoir  voulu  d'abord  écrire  une  liistoi 
plus  considérable;  mais  .lyant  liite.ce  semble,  u. 
démontrer  le  peu  de  valeur  de  l'article  consacré 
îy  Cabot  danî  la  llioi;r,iJ^hie  Viiiierscllc,  dite  de 
Micliaud,   il  publia  ce  Meiiwir, 

C'est  un  des  rares  essais  de  critique  liistorique 
écrits  aux  lùats-Unis,  et  le  premier.  On  y  dis- 
tingue une  étude  patiente  et  consciencieuse  des 
documents  originaux,  tant  manuscrits  qu'impri- 
més, et  de  l'analyse.  Malheureusement,  la 
thèse  que  Biddie  soutient,  c'est-i^-dire  que  Jean  « 
Cabot  n'est  pour  rien  dans  ces  découvertes,  et 
que  le  mérite  en  revient  exclusivement  à 
Sébastien,  est  insoutenable,  surtout  en  présence 
des  relations  des  ambassadeurs  espagnols  et  vé- 
nitiens publiées  depuis.  Kous  devons  également 
avouer  que  l'ordonnance  du  livre  est  fautive,  et 
qu'il  régne  en  certaines  parties  une  confusion 
dans  les  preuves  et  un  manque  de  méthode 
dans  la  manière  de  les  présenter,  qui  nuisent 
au  mérite  réel  du  livre. 

Quant  au  portrait  de  Cibot  phicé  en  tétc  du 
rouvr.ige,  il  fut  .acheté  au  prix  de  L.  r;oo,  avet 
1.1  planche  qu'en  firent  graver  en  iSj-t  les  héri- 
tiers de  M.  Charlos.Joseph  Horford.  Ce  curieux 
tableau,  attribué,  à  tort,  à  Holbein,  fut  détruit 
lors  de  l'incendie  de  Pitlsburg,  il  y  a  une  qua- 
rantaine d'années, 

[29]  Tytllr  (P.-F.).  Historien}  Vieiv 
of  Ihc  progress  of  discovcry  on  the  more 
Kortliern  coasts  of  America,  Edinburg, 
1832,  in-8. 

('/.  Appendice,  p,  \\~|•^.\^,  en  réponse  .'i  Bid- 
die. Souvent  réimprime  ù&WiYUiUitburgh  Cubîiid 
Library. 


jf;an  et  sfbastifn  cahot 


I30]  RuoWK  (H;i\vd(in).  Rtii;t;inii;Ii snlln 
vila  e  siillf  opnc  di  Mmin  Smiiilo. 
Vciit'/ia,  1837,  in-8. 

Cf.  Part  I,  p.  99. 

I31I  CiiENEYCEdward).  Nollccsavicmi- 
iiig  John  Ctibol  ami  bis  sou  Sebasliaii, 
traiisciihed  aiitl  Iniiislnlùl  fivni  orii^i- 
mil  maiiiisciipls  in  the  Mairiana  IJ- 
l'rary  al  Vniice  hy  Ramion  lirmv. 
London,  1856. 

Communication  faite  à  la  Philobitlhu  Socith. 
I-'autcur  donne  comme  autoril(5  pour  l'extrait 
concernant  rembarquement  sur  le  M.itihr.v, 
piiblii  par  \V.  liarrett,  .,  Kobert  Fabyan  »,  nous 
ne  savons  sur  quelles  preuves.  Traduit  en  italien, 
dans  la  brochure  de  M.  Piisini,  p.  j;. 

[32!  D'AvKZAC.  u  Sébasiim  Cahot...  » 
Note  K  de  l'article  intitule  C(i/;j/i/cV(/- 
tioHS  gibp-aphiijues  sur  l'hisloin'  du 
Brésil,  publiiî  dan.s  le  Btdktin  de  la 
Socii'h'  de  Givi^'rapbic,  de  Paris,  août 
et  sept.  i8)7,  p.  266-278. 

[33]  Lires  of  Baron  Slailvn,  Sdmtian  Ca- 
hot and  William  Eaton.  New- York, 
Harperand  Brothers,  s.  a.,  pet.  in-8. 

Forme  le  vol.  IX  de  :  Tlie  Lihary  o{  AmcrUaii 
"Biography,  conJucItd  h  JareJ  Spmh's.  Le  portrait 
de  S.  Cabot  sert  de  frontispice.  —  The  lifc  of 
Sébastian  Cahot  occupe  les  pp.  89-162;  elle  est 
de  M.  Charles  I/.mmnl,  Jr. 

[34]  TuRNBULL  (Wm.  B.).  Calmdar  oj 
s  taie  papers.  Foreign  séries.  Reign  of 
Edward  T/.  London,  i86i,in-8. 

Cf.  t.  I,  p.  171,  Ko  44.1,  et  t.  Il,  p.  10, 
No.  31,  Si  les  Caletlilars  de  Bergenroth  et  de 
Rawdon  Brown  donnent  les  dépèches  envoyées 
par  les  ambassadeurs  étrangers  i  leur  propre 
gouvernement,  les  Calrmlais  des  l'oreign  Séries 
contiennent  les  pièces  adtessies  par  les  ambass,i- 
deurs  anglais  ou  les  gouvernements  étrangers 
aux  rois  d'Angleterre  et  à  leurs  ministres.  Nous 
ne  voyons  pas  qu'on  ait  conservé  II  Londres  Je 


Î7Î 

documents  de  cette  nature  antérieurs  à  la  fin  d  1 
i-à-nc  ilo  llenry  VIII. 

Voir  également  J,  S.  Breuer.  I.eller,  „i,l 
Paj^rsjoreiiuan.l  Jome'lic,  Henry  T///.  London, 
i.S/o;  t    IV,  pars  |,  p.  m. 

i3)l  Bi;i(Cii:N'Ro-ni  (G,  A.).  Cahndar  of 
Littcrs,  Despatches  and  State  juipers  re- 
latinc;  to  the  mi'ociations  hetim-n  En- 
l^laml  and  Spain,  preserved  in  the 
archives  at  Siwancas  and  elsewhere 
London,  1842,  in-8. 

[36]  Brow.n  (Rawdon).  Calendar  0/ 
.State  papers  ami  mannscripts  relatini; 
to  Enolishajfairs.  existimr  in  the  archi- 
ves and  collections  of  Venice,  ami  in 
olher  lihraiies  of  Xorthern  Itah.Lon- 
don,  1864-1869. 

Cf.  1. 1,  Nos.  445,  4;,,  750,  752;  ,.  III,  Nos. 
SÎ7i)>S,  ('«T.  6i4,  (569,  (^-o.  710,  m;;  t.  V, 
No.  711. 

[37I  Annnario  Scienlifico  pour  l'aniK-e 
1865.  Milano,  1866. 

Cf.  p.  100,  texte  original  de  la  lettre  de  Rai- 
mondo  di  Soncino,  du  18  décembre  1497, 

[38]  Hai.e{E.-H.1.  Relmt  of  the  Coiincil , 
(lans  les  Proceedings  of  the  American 
Antiqnarian  Society  at  the  annual  meet- 
ing, lield  in  U'orcester,  oct.  21,  i86j . 
Cambridge,    1866,  in-8. 
Cf.  p. 19.27. 

I39]  Hale(E.-E.).  Remarhson  M.  'Ber- 
genroth's  Letter,  dans  les  Troccedings 
of  the  Ain^'rican  Auliq.  Soc.  pour 
avril  1867,  p.  38-42. 

[40]  De.\nf.  (Charles).  Remarh  on  Se- 
hastian  Cabot's  Mappe-Monde.(Repi-int- 
ed  front  the  proccedings  of  the  Ameri- 
can xAntiqiiarian  Society,  for  April, 
7l^'^7.1  Cambridge,  1867,  in-8. 


374 


JEAN  ET  SÉBASTiRN  CABOT 


[41]  Bhevooiit  (].  Carson).  Farly 
voyages  fnmi  F.iirolv  to  AmtriCit.  joint 
Cabot' s  voyage  0)  i^()y. 

Article  publiidans  \'Hiiloiit,il  Magatint  pnur 
mars  iSdït,  p.  i39-i;s,  6  dociimema,  fac-similé 
d'une  «ection  de  la  carte  du  i\.\\. 

[42]  D'AviiZAC.  Les  vavigalious  tcm'- 
neuvicmifs  de  Jean  et  Si'baslieii  Cabot. 
Lettre  au  Rév.  Léominl  Woods.  Lue  en 
communication  à  la  si'ance  tn'niesti  telle 
des  cinq  académies  de  l'Institut  de 
France,  le  6  octobre  iS6ç.  Paris,  1869, 
in-8. 

Traduite  en  anglais  et  insérée  dans  te  t,  I, 
de  la  Dociinunlary  Hislory  of  ihr  Slale  of  Munie, 
p.  S0J-ii4. 

[43]  NiCHOLLS  (J.-F.).  The  remarhible 
life,  adventures  and  discozwries  of  Sé- 
bastian Cal'ot  of  Bristol,  the  founder  oj 
Great  Britains  maritime  poicer,  disco- 
verer  of  America  and  ils  Jirst  colonizer. 
Londoii,  1869,  pet.  in-4,  portrait  de 
Sebastien  Cabot  et  carte. 

[44]  Stevi-ns  (Henry).  Sébastian  Cabot 
—  John  Cabot  =  O.  Boston,  1870, 
in-i6  carré'. 

[45]  D'AvEZAc.  Examen  critique  d'un 
ouvrage  iutitulè  Tlie  remarkable  hfe... 
of  Sébastian  Cabot  of  Bristol...  by  f, 
1-.  Nicholls... 

Tiriige  à  part,  de  7  p,,  de  l'article  inséré  dans 
la^n/iie  iritiqur d'Iuiloire  cl  île  lilUralure,  2}  avril 
1870. 

I46I  Major  (Richard  Henry).  Tlie  true 
date  of  tlie  English  Discovery  of  the 
American  Continent  under  John  and 
Sébastian  Cabot.  A  Letter  addressed  by 
Ricliard  Henry  Major,  Esq.  F.  S.  A., 
to  C.  S.  Percn'al,  Esq.  LL.  D. 

Publié  dans  VArchmhgia  or  MisceILtntoiis  Tracis 
rilaling  lo  Anliijuilie!,  t.  XLIII,  London,  1870, 
in-+,  p.  16. 


|47|  Hem  WAi.D  (Friedrich  von),  Sébas- 
tian Cabot.  Vortrag  gehallen  am  i-j 
mai  iSjQ,  in  der  KK.  geographischen 
Gesellsehaft  ;u  ll'ien.  Berlin,  1871, 
in-H. 

[48J  DnsiMO.N!  (Corneho).  Siigli  Scopri- 
tori  Genovesi  del  medio  evo,  dans  le 
Giornale  Lignstico,  Genova,  1874. 
''/■  p.  •)). 

|49|  KiDER  (Frederick).  The  Discovery 
of  America  by  fohn  Cabot.  Printed 
for  private  circulation.  Boston,  1878, 
in-8,  15  p.  et  deux  cartes,  l'une  sur 
feuille  sépartio,  l'autre  intercalt*c  ii  la 
p.  12. 

Tirage  à  part  du  Nno  lîiiglainl  llinnricil  mitl 
Gfiicriil  Rtgislir,  pour  octobre  1878. 

I50I  Hugues  (L.).  L-  Navigaiioni  di  G. 
e  S,  Cabotto.  Memoria.  Ronia,  1879, 
in-8. 

Hxtralt  des  Mtmorit  (W/.i  Socieli)  Geograjita,  de 
Rome,  I.  I,  pars  III, 

I5:]  /  Navigatori  al  Polo  Antartico  (par 
M.  LuiGi  P.vsiN'i).  Venezia,  1880, 
in-8. 

[52]  Reumont  (Alfred).  I  due  Caboto. 
Cenui  storico-critici.  Firenze,  1880, 
in-8. 

I53]  BuLLo  CCarlo).  La  vera  Patria  di 
Nicolode'  Conli  e  di  Giovanni  Caboto. 
Stndj  e  Document i.  Chioggia,  1880, 
in-4  ;  13  documents. 

[54]  Desimoni  CCornelio).  Inlorno  a 
Giovanni  Caboto  genovese  scopritore 
del  Labrador  e  ii  altre  regiom  delP  Alta 
America  seltentrionalc.  Documenti pub- 


' 


JI'.W  l'T  SI'.KASTIIV  CAIU)!' 


)/  > 


liliiiiti  ni  iUii'itrali,   (îciiova,    i8Si, 
Rf.  iii-8;  \.\  documents. 

l-.xtrail  >lii  t.  \'V  ilcj  Alli  ,klLi  Sunrhl  I.ifiin 
lit  Ultititt  Ptilria. 

\)S]  Zi  RI  (Aiigusto).  (ikmviiii  f  Sil'iK- 
liiiiio  CiiholiK  Xoliiir,  Koina,  iMSi. 
iii-H,  une  carte. 

Hxlrait  delà  Rlviil,i  .\f,iiiiilina,  mars  iHRi. 

]56|BARUrRA  Pi;z/i  (C^arlo).  Di  Cio^ 
vtium  C.aholo  rivchlori'  dcl  .u'Ilriiliio- 
vali'  fiiiisitiv  tl'Aiiieiiiii,  ccn  (lociiiiicnti 
iiifdili  l'sisleiili  lui  KR.  iiirhivj  di 
Sidio  (li  Miliiiio.  \'cnc/.h,  18H1, 
in-4. 

Portrait    de    IVtitnisic    de    )e.in    C.ibot    tine- 
ment  gravé  sur  acier  par  rameur  delà  Inocliure, 


l.Kiuille  n'est  pas  dans  le  commerce  les  docu- 
ments «ont  la  leitie  dt  R.iiiriMido  de' Kaimondi 
;di  Sonciuo  ;  du  IS  dùcombre  i  ).);,  publiée,  croyni.s 
nous,  pour  la  première  lois,  par  M.  Pez/i,  et 
deu.v  Icilics  conceriiaul  (jiiillaunie  de  (^i.^enove, 
dit  Colombo. 

'57I  DoMi;Aun  (G.).  /  Cihoio  di  Pmio 
M,iiiii;ii',  dans  Ld  l'ivriii;iii,  jour- 
nal liuKloniadaiic  de  Porto  Maiiri- 
zio,  Anno  11,  Nos.  Ji^^s  19  et  26  no- 
vembre iS8t. 

Voiraussi  pour  celte  ntliibution  savonisienne, 
Danielle  Morcliio,  //  SLnu,ii,<  llitli.iuo,  p.  iii|. 

|)8|  ConTAMiiEiiT  (Richard!,  jctiii  ,i 
S,'l'iiilirn  Cahol.  l'iililié  dans  17-.'\- 
ploiiilum.  Kfviir  (/,ï  roiKiiu'Ii's  ,/,•  A; 
civilisai  ion.  P.iris,  1HH2,  t.  XIII, 
X".  267. 


INDEX 


INDEX 


A  A  (Pietervander),  369. 
DAMS  (Clément),  126,  154, 

ISS,  156. 

Affonso  (Simâo),  124,  358. 
Agnese  (Battista),  144,  145, 188, 

189,  191,192,  193. I94>200, 

235. 
Agramonte  (Juan  de),  112,  272, 

274' 
AiLLiNGTON  (Richard),  369. 

Alcazaba  de  Sotomayor  (Simon 
de),  141,  163,  173. 

Alde,  240. 

Alfonce,  Allefonsce,  Allo- 
FONSCE,  Alphokso  (Jean,  Jehan 
et  Juan),  200,  205,  206,  207, 
208,  209,  211,  214, 228, 229, 
247. 

Allen  (Richard),  294. 

Allibone,  369. 


Altamira  [Duc  d'),  165. 

Alvarez  (Sebastien),  141,  163. 

AMATDiSANFiLiPPo(5'r.  Pietro), 
,  158,  188. 

Ames,  24. 

Andagoya  (Pascual  de),  170, 

ANDRADF.(C"Fcrnando),i47, 290. 

Anghiera  (Pedro  Martyr  d'j,  16, 
36,  37.  38,  42,  49.  62,  6^, 
7S,  94,  104,  109,  113,  122, 
123,  14s, 168, 169, 170, 17s, 
27s,  278,280,287.289,  290, 

335.  336,  339.  344.367- 
ANGo(Jean,  Jehan,  Giouun)  195, 

274,  280. 
Annebaut  {Maréchal  d'),  198. 
Anonyme  de  Mantoue  ou  de  Ra- 

musio,  42,  99,  336,367. 
Antonio  (Nicolas),    173,   236, 

243. 


38o 


INDEX 


Antonei-u,  373. 
Anvilli;  (d'),  181. 
Apian,  152. 

Apremont  {B""  d').  280. 
Arcaxgeli,  281. 
Arcùre  {!c  Père),  299. 
Ares  DE  Sea,  146,  304. 
Argensola,  282. 
Arias  (Gomez),  71, 304. 
Arnold  (Richard),  15. 
Arras(Granvelle,  cvcqiieà''),!  27 . 
Arthur  {Prhu'e  de  Calles),  19. 
Arundel  (C,  d'),  47,  126. 
Ashuhurst  (Thomas),  266,  267. 
Aubert  (Thomas),  83,  274. 
Auxii.hon,  voyez  Seweterre. 
AvEZAC  {Mr.  d'),  36,  80,  152, 

166,  182,  206,210,215,216, 

251,  252,  371,  372. 
Ayala  (Pedro  de),   14,   18,  20, 

21,  22,  44,  47,  59i  60,  62, 

100,  102,  104,  150,  329. 
AvLLON  (Lucas  Vasquez  de),  71, 

73,  171,277,278,287. 

Bacon,  i,  21. 
ABATE    OU    Cabot    (Sébas- 
tien), 270. 
Balboa  (Vasco  Nunez),  168. 
Baltasar  GiNOVES,  189. 

BaRBEROUSSÉ,   221. 

Barbosa  (Duarte),  282. 
Barcia  (Gonzalès),73,  207,  208, 
280. 


Bardoi.0  (Giangiacomo),  338. 
Barlow  {Mr.  S.  L.  M.),  164. 
Barnes  [Sir  Georges),  27,  365. 
Barrett  (William),  51,  369. 
Barriera  (Joham),  342. 
Barros,   162,  163,  188,282. 
Barthoi,o.mi;o   (Bcrnardo),   311. 
»       »         (Giovanni),  311. 
Baschet  (Af;-.  Armand),  3. 
Bastidas  (Rodrigo  de)  ,53. 
Baué,  363. 

BaUTISTA  GiNOVES,  188. 

Bautista  (Juan),  188. 
Bayfield  {Cap'") y  65. 
Beaupepaire  (de),  217. 
Becker,  172. 
Bedford  {Earl  of),  154. 
Bellero.  152. 
Belleval,  212. 
B^LLORo  (G.  B.),  73. 
Beltram  (D'),  290. 
Beneventanus    (Marcus),    164, 

165. 
Benoist  (Z)'),  190. 
Benzoni,  338. 
Berault  (Fr.),  299. 
Berchet  {Sr.  G.),  189. 
Bergenroth  (G.  A.),    19,  iio, 

316,  329,  330,  371. 
Bergeron,  274. 

Bermudez  (Cean),  2,  32,  173. 
Bernaldez,  iio. 
Berteli  (Ferando),  237. 
Bessom  (Jacob),  132,  368. 


INDEX 


581 


Bl-TTENCOURT  {Sr.  E.  A.  de),  76, 

257,  277. 

BioDLE  (Richard),  2,  14,  20,  29, 
30,31,47,76,108,114,  117, 
127,  142,  186,256,259,267, 
328,  370. 

Blackstonh  (^/VWilliain)  ,39,40. 

Bocage  (Barbie  uu),  147,  148, 
219,  241. 

BoRGiA  {C(trdiiial),  179. 

BosELLi  {Mr.),  153. 

Bossis  (de),  190.* 

BoTELHO,  voyez  Lacerda. 

BoTONER,  voyez  W"'  de  Worces- 

TRE. 
BOUCHETTE,  65. 
BOULENGUR  (Louis),   182. 

Bradley  (Thomas),  102. 
Brand  (Sébastien),  16. 
BrandÂo  (Diogo),  145,  275. 
Breton  {D'-),  19,  217. 
Brev.-er  (Air.  J.  S.),   122,  281, 

292,  331»  355- 
Brevoort  {Mr.  J.  Carson),  94, 

197,  180,  i8r,  284,291,371. 
BRiON(de),  198. 

Brito  REUELLo(5r.  J.I.  de),  260. 
Brown  {Mr.  Ruwdon),  2,  21,  36, 

38,  59,  123,  129,  131,  135, 

322,    323,    346,    357,    370, 

371. 
Brunet,  208, 222. 
BuïL  (Bcmardo),  io2,  329. 
BuLLO  (5/-.  Carlo),  11,  ^6,  41, 


123,  135,312,322,338,346, 

369,  372. 
Bure  (de),  198. 
BuRROUGii  (Stephen),  127,  128, 

130,  131. 
BusiGNOLO    (Hieronymo    Marin 

de),  voyez  Marin. 
BuTRiGARi  (Galeas),  338. 

BuTTNER,   178. 

CABOT  (Lewes  et  Ludovic)  ,37, 
39,  13s,  136,  312,  313. 
Cabot  (Sanche  et  Sancto),  37, 

39,  135,  136,  312,  313. 
Cabota  ou  Cabot  (Sebastien), 

127,  131. 
Cabote  ou  Cabot  (Sébastien), 

68,94,  127,  128. 
Caboti  ou  Cabot  (Jean),  85. 
Caboto  ou  Cabot  (Jean),  11, 

12,  13,48,  55,  6r. 
Caboto    ou  Cabot  (Sébastien), 

48,  55,67,93,112,123,  124, 

125,  151,  152. 
Cabotte  ou  Cabot  (Sébastien), 

28,32,38. 
Caboïto  ou  Cabot  (Jean),  39. 
Cabotus  ou  Cabot  (Jean),  155. 
Cabotus  ou  Cabot  (Sébastien), 

132,155. 
Cabr.\l,  159. 
Calbot  ou  Cabot  (Jean),  48, 59, 

6r,  ICI. 
Cami'Bell  (John),  135,  369. 


382 


INDLX 


Cano  (Juan  Sébastian  del),  170. 
284. 

Cantino  (Alberto),  143,  158, 
i$9,  160,  161,  163,257,259, 
260,  262,  265,  266. 

Canto  {Sr.  Ernesto  do),  76,  184, 
276. 

Capelo  (Dominicus),  346. 

Capello  (Simone),  73. 

Capotto  ou  Cabot,  i  i  . 

Carbonieri,  158. 

CARDiiNAS  [T)on  Gabriel),  280. 

Carli  (Fernando),  135,  279. 

Caro  (Annibal),  280. 

Carroz  (Luis),  134,  333. 

Carter  (John),  102. 

Cartier  (Jacques),  70,  74,  75, 
77' 78,  79>  81,  82,  83,  145, 
146,  149, 184,187,  192,  194, 
199,  200,  204,205,211,  213, 
214-,  215,217,223,227,228, 
229,230,  234,235,238,242, 
246,  249,297,298,  300,304, 

305.  344- 
Carvalho  (JoâoRodrigucz), 282. 

Casarolo  (Bartholomeo  Anto- 
nio), 311. 

Casas  (Bartolomeo  de  las),  53. 

Castaldi,  voyez  Gastaldi. 

Castellani  (C),  237. 

Castel  Rodrigo  [Manjuis  de), 
voyez  Moura. 

Castillo  (Domingo  del),  239. 
—     (Pedro  Augustin  del),  281. 


Catherine  d'Aragon,  19. 

C.vL'ciiON,  296. 

Cavalier  (Jean  ou  Jouan),  303. 

Cazenove  (Guillaume  de,  dit  Co- 
lombo), 373 . 

Caxton, 16. 

Cechetti  {Sr.),  312. 

Celaya  (Sancho  de),  174. 

CELiERs(des),  voyez  Desceliers. 

Ceres,  voyez  Seres. 

Cerezo  (Maria),  122. 

Cesaris  [Mlle  Isolina  de),  332. 

Cespedes  (Andres  Garcia  de), 
284,285,  286. 

Chabot  (Philippe  de),  198, 
280. 

Cha'Botto,  II, 

Ciiallaves  (de),  229. 

Champlain,  248,  249. 

Champs  (Morrhy  des),  300. 

Chancellor  (Richard),  15,  30, 
155- 

ClIAULES-QuiNT,  37,  54,  68,  82, 

83,  91,  92,  115,  116,  117, 
118, 122,123, 124, 125, 127, 
128, 129, 130, 134, 141, 145, 

146,   1)2,  163,  169,173,  174, 
177.   190,  194,214,221,234, 
235,  278,279,  280,283,284, 
288,295,304,339,362. 
ClIARLEVOIX,  215,  250,  274. 

Chaudière  (Guillaume),  252. 
CiiAUVETON  (Urbain),  338. 
Chauvin,  248. 


INDBX 


5«5 


CiiAVlis  (Alonso  de),  67,  70.  71, 
73'7h9i.95'i25.  127.  173, 
194,232,233,  234,  289. 

CilEl-DHOSTIX.    248. 

CiiENEST  (Mr.),  301. 

Cheyne    {Sir   Thomas),    359, 

363. 
Cheyney  {Mr.  Edward),  1 27, 370. 
Chytrœus,  voyez  Kochuafe. 
Cii-UENTES  (Pedro  de),  188. 
Cisio  (Dominico  Giovanni  de  la), 

312. 
Clamorgan (Jehan  de),  148,  205 , 

206. 
Ci-AYs,  272. 
ClI^de  (De  la;,  147. 
CLVG}iY  (Seigneur  de),  190. 
CocK  (Hicronymo),  236. 
CoLiGNY,  242. 
Colomb  (Christophe),  12, 14, 15, 

20,22,  35,45,46,57,58,64, 

159,  298,  328,329,  337. 
Colomb  (Fernand),  69,  173,  284. 
Colombo  (Christophoro) ,  voyez 

Colomb  (Christophe). 
Colon.  Voyez  Colomb  (Chr.). 
CoLUMBiS  (Antonio  GuHehno  de), 

311. 
CoMi'AGXi  (Bartolonico),  369. 

CONCIIILLOS      (Lope),     71,     III, 

331. 
CoNiLANS  (Jehan  de),  205. 
CoN3('D^),  190. 
CoNTAKiNi  (Gasparo),  i,  37,  38, 


41,  115,  118,  119,  120,  121, 

344.  347.  351.  352,  3)4- 
CoNTi  (Nicolù),  123. 
Coo  (Christopher),  281. 
CooPER  (Thomas),  22,  23,  24, 

264,  368. 

CoRTAMBERT  (Af .  Richard),  373. 

Corti;ri:al  et  Corte-Real  (Gas- 
par),  72,  75,  90,  142,  143, 
160,  162, 184, 186, 187, 256, 
257,  258,  259,260,261,262, 

265,  267,  268,  269, 276, 282, 
298. 

—  (Marguerite),   269. 

—  (Miguel),  162,  268, 
276,  282 

—  (Vasco  Eannès),269. 
Coûtes  (Hernando),  357. 
CosA  (Juan  de  la),  52,  53,  103, 

140,  156,  271. 
CossiN  (Jehan),  17. 
Costa  [Reif'.  B.  F.  de),  2S0. 
CoTTON  (Robert),  16,  359. 
CoTO  (Francisco),  334. 
CouLON  (Louis),  274. 
CuAWi-OKD  ET  Balcarres  {C"  de), 

210,  216,  218. 

CuEMEUR  {M(tsler),  79. 
Crignon  (Pierre),  300. 
Croli-,  voyez  Crowley. 
Crowley  (Robert),  i,   23,  24. 
25,  28,32,33,  34,  364,568. 


;.S.| 


INDIiX 


DALLA    VeDOVA     (..SV.),     155, 
262. 

Davila  (Alonso),  279. 
Deaxe  (M/-.  Charles),  153,  371. 
DELisLE(Afr.  Ltiopold),  148,  229. 
Di;nebai:lt  (Pierre),  299. 
Denis  {Mr.  FerJinami),  206,  269, 
Denys  (Jehan),   83,  238,   2.19, 

250,251,273,300. 
Desceliers  (Pierre),   148,  .194, 

195,  196, 197, 205,210, 216, 

217,218,219,  229,230,  277. 
Desciiellilrs,  voy.  Desceliers. 
Desimoni  {Sr.  Cornclio),  2,  12, 

I4>  37'59.73>  166,169,  177, 

181,256,  281,313,326,328, 

572. 
Dhsliens  (Nicolas),  217. 
Desmarcluets,  194,  217. 
DiAs(DoH  Francisco),  316. 
Diaz  (Bernai),  280. 
Dolfinato  (NicoUo  del),  voyez 

Nicol.\ï. 
Don  ou  d'Aunis  (Nicolas),  291, 
DoN.\(C"),  189. 
Doxe.\ud  {S' g.),  12,  373, 
Dorxelos  ou  Dorvelos  Juan) 

257. 
DoRSET  [M''  de),  voyez  Grey. 
DouR.VDO  ^Ferdinando  Vaz),  277. 
Dupont  (Jean),  216. 
Dupont-Gravi-,  248. 
DupRAT,  210. 
DuRAN  (Tomâs),  122,  284. 


DuRo(;sV.  C.  F.),  75,  83,  146. 
232,  245,282,292,295,303, 
306, 

DwiGHT  (A/r.  T.  Reed),  355. 

EnNER,'l72. 
ciiEVETE  (Matias  ou  Martin), 
305. 

Eden  (Richard),  i,   16,  26,  31, 

36,  37.  94'   113.   "4.    132, 

133.154.275,338,  367,368. 
Edward  VI,  22,  25,27, 126, 127, 

125,  128,  131,  315. 
Eliot  ou  Elliot  (Hugh),    92, 

267. 
Elisabeth  (la  reine),  22,  23,  3 68. 
Ellis  {Sir  Henry),  17,  29,  294, 

368. 
ENRiauE  Septimo,  voyez  Henry 

VII. 
Ercole  {Duc),  voyez  Este. 
EsPADA  {Sr.  Jmenezdela),  1,15, 

235. 
Este  (Hercule  d'),  143,  156,  159, 

262. 

ESTANCELIN,  I94,  30O,  30I,  303. 

EusiiBE  DE  Clsarée,  274. 

FabianouFabyan  (Robert),  25, 
So,   3i>   32,  33.   34.  50, 
100, 106,  107,  150,269,317, 
318,  330. 
FAGUNDEs(JoiioAlvarcs}^  76, 275, 
-76,277. 


INDEX 


38S 


Paillon  [Abbé],  212. 
I'airchild  {Général  Lucîus  M.)i 

316. 
Falkiro  (Franccsco),  76,  14t. 
1-ALEiRO  (Ruy),  141. 
Fano  (Guido  Gianncti  da),  153, 

369. 
Ferdinand-le-Catholiq.ue,    14, 

15,  57,71,100,110,111,112, 

113, 118, 274, 331, 332. 

Fernande/,  et  Fernandus  (Fran- 
cisco), 76, 142, 186, 266, 267. 
—        (Joao),76,i42, 186, 
266. 

Ferro  (Marco),  4. 

FiGixi  (Martine),  311. 

Fine  (Oronce),   148,   181,   183, 
205. 

Fischer  {Dr.  Théobald),  158.  - v — /  •  j-  >  ^   - 

Florin   (Juan),    voyez    Verraz-     Gallego   (Vasco),     174,    283, 
ZAN0,  280.  334- 

FoNSECA(JuanRodriguezdc),  71,      Galliccioli  (Giambattista),  3. 

Galvam  et  GalvÂo  (Ant.),   i, 


FouRNiER  {le  Pêre)^  216. 
Françols  P',  77,  80,  91,  147. 

149,  195, 198,205,206,210, 

214,  222,227,278,  279,296, 

230. 
Francluelin  (J.  B.L.),  216. 
Fracastor  (Hieronym.).    236, 

239. 

FRElKE(Joao),  220. 

Frère  (Mr.  Edouard),  223. 
Frobisher   (Martin),  293,  294. 

GABATO  ou  Cabot    (Sébas- 
tian), 17,  28,  30,33. 
Gaboti:s  ou  Cabot  (Sébastian), 

29. 
Gaboto  ou  Cabot  (Sébastian), 

16,  17,  23,  32,  106. 
Gairdner(M;'.),  316,  317, 


III,  121,  129 
FoNSSECA  (Manuel  da),  276. 
FoNTANA  (Alvisius),  5,  6,  8,  10, 

309,310. 

FONTETTE,  79. 

Force  {Colonel  Peter) ,  370. 
FoRLANi  (Paulo),  237. 
FoRNARi  (Cipriano  de),  21. 
FoscARiNi  (Andréas),  353. 

—        (Marco),  338. 
FoscuLUs  (Andréas),  353. 
FoucARD  {Sr.  Cesare),  262. 


63,  187,  258,  259,  266,  268, 
269, 282,  287,  290,  291, 342, 
368,  369. 

Gama  (Vasco  de),  159. 

Gamart,  249,  273. 

Gamarto,  voy.  Gamart. 

Garay,  287. 

Garcl\  DEToRENo(Nuno),  142, 
145,  161,  168, 169,  170,171, 
174,  175,  176,  179,193,200, 
234,  278,284,287,289,  357. 

2) 


}86 


INDEX 


Gaucia  (Diego),  357.  Gradonico  (Juliamis),  346. 

GARRARD(5/r William),  27,  365.  CJRArro\  (Richard).   15,  16,17. 

Garret  (William),  28.  18,  21,  24,  25,  27,  28,  34. 

Gastaldi  et  Castaldi  (Jacopo),  36,  294,  364,  368 

82,  236,  237.  Grandmaison  [Mr.],  198. 

GuRAUBY  (Robin  de),  299.  Greene  (^Mr.  G.  W.),28i. 

Gesio  ou  Gessio  (Juan  Bautista),  Gregory,  317, 

151.  Grenvillh,  27. 

Gesner,  236.  Grey  (Thomas,  Ai</ny«/V de Dor- 

Ghillany,  157,  165.  set),  no. 

GiABUTO  ou  Cabot,  ii.  Grimasco  (Gian-Giacomo),  312. 

Gilbert   (5/>  Humphrey),   33.  Growte  (John),  79. 

72,  76,  114.   154,  156,  318,  Grube,  294. 


343,  368. 

GlUNTI,  339. 

Godeffroy  (Adam),  280. 
GoDERYK  (John),  354. 
GoDWiN  (Francis),  15. 
GoES  (Damiam  de),  256,  257, 
258,  259,  260,  266, 268, 269. 


Gryn.ïus,  148. 

GuA  (Pierre  du,  sieur  de  Monts], 

248. 
GuÉRARD  (Jean),  216. 
GuiBÉ  [Cardiml],  164. 

GUNSOLUS    ou  GONZALÈS    (JoHo), 

76, 142. 


GoMARA  (Lopez  de),  i,  31,  49,     Gutierrez  (Diego),  67,  125, 147, 

63,  170,  280,  287,  341,  367,  152,  184,  196,  232,  233,  235, 

368.  236,  246. 

GoMEZ  (Estcvan  ou  Estevâo),  71 ,     Gutierrez  (Diego,  le  jeune),  127, 

73,  76,  170,   171,  193,  200,         231. 

282,  283, 284,  285,  286, 287, 

288,  289,  290,  291,  334. 
GoNZALÈs  (Joâo  ou  Juan),  142, 

186,  26e,  267. 
GoNZALÈs  (Ruy),  45. 

GOSSELIN  (E.),  212,  213,  248. 

Gotha  {Duc  de  Saxe-Cobourg), 
189. 

GOUGEUL,  297. 


GuzMAN  (Nuiio  de) ,  125 

H 


AKLUYT  (Richard),  1.21,28. 
30,31,32.33,34,50,72, 
75.  79,  91»  92,  93i  106,  107. 
114,126,  127, 131, 132,  135, 
150.  154, 155,  156, 174.176, 
206,  207,  211,  213,  214,  247, 
267,269,279,293,  294,  295, 


INDEX 


J«7 


297,298,  304,  317.  31^"^'  319. 

321,  369. 
Halle   (Edward),    15,   16,   21, 

24,25,  294. 
Halev/?^''.  H.E.),37i. 
Hardy  {Sir  Thomas),  129. 
Hardying  (Joliii),  15. 
Hauley,    77,    128,    147,   148, 

149.  193.  I95'209,23i. 
Haro  (Christ0v.1l  de),  290. 
Harpsfeild  (John),  15. 
Hearnu,  369. 
Hauslab  {General  de),  182. 
Hayward  {Mr.  Charles),  371. 
Heinemann  (/>.  O.  von),  185 


Hekhor:;,  153. 
Hekedia  iSr.  R.  de),  165. 
Herkura,  53,69,  112,  113,123, 

141,163,  168,170,  173.  275. 

280,  283,284,291,295,  296. 
HoiiY  {Sir  PhiHp),  128,  359. 
Hœper,  269. 
HojEDA  (Alonsodc),  53,  266.    ^ 

HOLBEIN,   118,  370. 

HoLiNSHED  (Ralpli\  I,  17,  18, 
21,    25,    26,   27,    28,   34,  36, 

III,  364, 365. 

HoMEM  (Diego,  Diegus,  Dida- 
cus),  76,  193,  240,  243,  244, 
245. 


Hellwald  {Mr.  Friedrich  von),      Homo  (Andréas),  76,244. 


372. 
Hennin  {Mr.  de),  153,  161,244. 
Henri  II,  76,  77,  81,  82,   83. 

84, 148,  149.  195,  198,  209, 

210,   215,   219,    220,    247, 

249. 
Henri  IV,  248. 
Henri  VI,  iio. 


Hore  {Master),  297,  298. 

HoRES,  297. 

HoREORD  {Mr.  Charles-Joseph). 

370. 
Howard  {Lord  Edmond),  292. 
Hugues  {Prof.  L.)  ,  372. 
Humbold  (Alexandre  de),   157, 

172. 
Hume,  no. 


Henry  VII,  i,  17,  19,  21,  29. 

31.  36,  39.  45.46,  47.50»  51.     HuTH  {Mr.  Henry),  189. 
57,  76,  92,  100,    loi,  102.     Huttich  (Johannesi,  181. 
106,  107,108,  114,  142,157, 

IBACETA  (Jacobo  de),  305. 
RWIN  (C),   132. 

Isabelle-la-C.\tholiq,ue,  14, 15. 
100, 338. 


I«6, 

266 

270, 

272, 

313. 

315. 

316, 

317. 

318, 

327. 

328. 

330. 

337. 

341. 

Henry  VIII, 

24,2 

9,  33 

,91. 

113. 

114. 

"5. 

176, 

177. 

201, 

292, 

293, 

298, 

317. 

331. 

371 

1 

)M 


INDliX 


JACQUES  I,   26. 
ACQuns  IV  {Koi  d'Écossc),  20, 

21. 

Jalobert  (Marc),  211,  214. 
Jamert  ou  Jauvert  (Sanclic). 
299. 

Jaruy  (Nicolas),  2 16. 

Jau  (Guillaume  du),  299. 

Jav  (John),  44. 

Jeanne  (/c  /?,■///<■),  m,  272, 274. 

JoÂoIII,  145,  i|7.  279,  2S1. 

JoMARD,  77,  80,  153,  157,  1 98, 

210,  215,  216,  218. 
Joyeuse  CDwr  de),  206. 
JuanBautista  Ginoves,  188. 
Jules  II,  1 10, 164. 
Junquera  {Sr.  S.  Perez).  189. 


KABOTTo  ou  Cabot  (Jean),  2, 
47,  58. 
Kelton  (Arthur),  15. 
KiDDER(Mr.  Frederick),  372. 
Kingston    {Mr.    Alfred),   316, 


2->5       329. 


.i-3 


KocHHAEF  OU  CiivTK.Eus  (Na- 
than), 153, 154, 155. 156. 

KoHL  (J.G.).  43,  55,  68,  69, 
77,  82,  92,  104,  115.  1^3, 
i53>  157-161,162,  163,  165, 
167,  172,178,  179,185,189, 
190,193,  218,219,  220,237, 
240.  279. 

KuNSTMANN  (iV//.  Friedrich),  140, 


143, i6r,  162, 164,  167, 190, 
234,  259,  268,271,  277. 

LABANOiT  [Prince],  189. 
ABITTE  (Mr.)  301. 

Laborde  {Mr.  de),  223. 
Lacekda  Lobo  (Constantino  I3(v 

TEI.HO  de),  275. 
Lancellati  (Benedicto),  311. 
Landsdowne,  127. 
Lanquet  ou  La\qui:tte  (Tho- 
mas). 16. 18,22,  23,  25.27, 
36.  128,  363.  364,  368. 
La  Vaeui-ke  {'Duc  de),  148,  19S, 

222. 
Le  Blanc  (Vincent),  273,  274. 
LeEjLeyou  Leigii  [Dr.  Fdward), 

91,  176,  177. 
Le  Clekcq,  216. 
Leeèvre  (Guillaume),  302. 
Legoupil  (Robert),  215. 
Leguina  {Sr.  Enriquc  de),  53. 
Lelewell,  157.  172,  178. 
Lemon(A//-.  R.),  366. 
LENox(Afr.  James),  17. 
Le  Prince,  153. 
LÉRY  [Tiaron  de),  84.  296. 
Lescarbot    (Marc),    79,    296, 
297. 

LiBRI,   132,  220. 

Lilly  (George),  15. 

LiKAGE,  voyez  Veitia  ou  Veytia. 

Lindenau,  172. 

LlTTRÉ,  75. 


INDEX 


389 


Li.YDF.  OU  I.i.oYtl  (Thomas\  44, 

59,  369, 
LocKi:ouLoK(MichaeI),279,293. 
LoNDONO,  20. 
Loi'iiz  (Christovâo),  269. 
Loui;no  (Nino  Garzia  de),  voyez 

Garcia  di;  Toreno. 

LORUNZANA  {Évétjllf),  2}<), 
LOTTIN',  223. 

Louis  XII,  no. 

Lovi-i.L  (5;/ Thomas),  122,  355. 
LowNDES,  330,  367. 
LuBBLER  {Mr.),  75. 

LUD0V1C-I.I>M0RE,  21. 

Luiz  (Lazare),  276. 

MACHYN,    27. 
ADUiGN'ANO    (Arcliangclo) , 
258,  259,  261. 
Madoz,  305. 
Mafra  (Juan  Rudriguez),   174, 

334- 
Magellan  ou  Magalhaes  (Fer- 

niîo).  73»  7^>  Ï41.  188,  189,  Mattiolo  (Pictro),  237. 

282,  283.  Médina  (Pedro  de),    125,   127, 

MAGGioLo(Vesconte  de),  i,  65,  232,  239,240. 

82,  165,  166,  167,  177,  187,  Medrano  (Catalina),  109,  134, 

279-  355- 

M.\jor    {Mr.    Richard    Henry),     Mendez    (Martin),     124,     284, 

216,372.  358- 

Maldonado  (Diego),  71, 304.  Menendez  (Pedro),  207,  208. 

Mallart,  Mallard,  Maillart,  Mendo  Trigoso  (Scbast.  F.  dj), 

et   Maillard  (Jehan)  ,   222,         143. 

223,  227,  228,  229.  Menezes  (Amrique  de),  188. 


Malti:-Brun  (V.  A.),  197,  202, 
219. 

Malvano,  262. 

Manno  iSr.  A.),  237. 

Mancml  A'('/),76,  141, 143,  146, 
25^'.  257, 259,  260,  262,267, 
268,  269,  272,  275,  2S2. 

MANRiauE  (Pedro',  283. 

MARcr.iLLi;s  (Guillaume  de),  24 1 

Marcello  iNicohO,  311. 

Marin'o   (Ilieronymo  de),    118, 

135.  346,352,  333.  354- 
Marnée  (Jean  de),  206, 207, 208. 
Marshi:  (Thomas),  23,  24,  364, 

368. 
MARTiNs(Joam),  260. 
Martius  {Mr.  de),  153. 
Martyr    (  Pedro) ,    voyez   Ak- 

GllIERA. 

Mary  {Reine),  ^j. 
Matkovic  (P.i,  189,  244. 
Matienzo   {Dr.    Sancho),   278, 
288,  334. 


J 


390 


iNni:x 


Mi'.Tî.nF.N  (F.min.uuul),  15}. 
MuncATOR,  83,  90,  197. 
MiisQUiTA  (Alviiro),  282. 
Mr.xiA  (Pcilri)  .  12),  232. 
MiciiAi'i.  (Jacobusi,  353, 

MlCIIAUD,    370. 
MiLLIN,   147,  219. 

Mocr.Nir.n  (Pictro\  311. 

MoNTAi.noDDo    I  FiMcaii/id   du), 
257,  259. 

MONTOKIT,  78. 

MoNTi-snocA  (Martin),  67. 
M()RAi.i;s  (A mires  de),  283. 
Mouciiio  (Daniollc),  373. 
MoRr.AU,  75,  79. 
MoRiN  (A/;-.  P.  L.),  250. 
MouoNi  (Gactano),  369. 
MoKKiiY  i)i;s  Champs,  300. 
MoRLi-NT  {Mr.),  241. 
MouRA  (Cliristovam  lic),  269. 
MiDESco  (Andrcus),  346. 
Mui.i.HR  (Mr.  Frcdcril;),  154, 1S3. 
MuNoz,  83.  331,  333.334,  355. 
MuNSTJ-.R  (Sebastien),  367. 

MURATORI,  160. 

MuKPHY  {Mr.  Henry  C),    279, 

280,  281. 
MuRR  (de),  i6r,  172. 
Musset  (Ma.),  299. 

NARVAEz,  287. 
ASMITIl,  369. 

Navagero  '  (Andréa),    41,    123, 
136,  357- 


Navahretf.    (  Martin    l'ernandcz 

tie),  45.  53.  67.  ^9.  90.  109. 
112,  113, 115, 122,  124,  125, 
134, I  |i, 163,  169,  170,  173, 
174,  179,  18S.  213. 232. 23s, 
257.  266,  272.  274.  278, 282, 
283,  287,288,  290,  296, 357. 
3S8. 

NAVARRo(Giné.s),  291,  292.  295, 
296. 

Nr.c.Ri  (Cristoforo),  229. 

Niciioi.i.s  {Mr.  J.  F  ),  36,  372. 

NiciioLs  {Mr.  J.  G  ),  128. 

Nicolas  (N.  M.),  256,  370. 

Nicoi.AY  (Nicolas  de,  sieur  d'Ar- 
feville),  148,  239,  240,  241. 

NiCOLSON  {ElVqUC  W'".),  22. 

NiNo(Andrés Garcia),  283,  334. 
Noël  (lîticnnc),  211,214. 

—  (Jacques),  79. 
NoLi  (Agostini),  167. 
Northumberland   (Dudley,  duc 

de),  113,  114. 

One  (Martin),  305. 
NGANIA  {Sr.  Ferd  ),    158, 
189 
Ortelius,  153,  236. 

OSORIO,  266. 

OvANDo(Juan  de),  151, 

OviEDO  (Gonzalo  Fernandez  de), 
16,  70,  73.74.  95.  145.  168, 
Ï79.  233-  234,278,287,288, 
289,  260,  295. 


INDr.N 


Wl 


PAGANO  (MiUtCo),    217. 
ALKSTRINA  OU  PlI.i:srKlNA(Sal- 

vatforcUlc'l,  76,  161. 
Pai,mi:i.i,a  iliir  Jo),  277. 
I'ancai.do  (Leone),  73,  189. 
Paris  (A//-.  Paulin),  153. 
Parmhntihr  (Jean).  22S.  300, 
301,  302,  303. 

—    (Raoul),  300,  302.  360. 
Fasini  [Sr.  Lui^i),   II,  59.  n»- 

369,  372. 
Pastriel  et   Plastrikk  (Jean), 

302. 
PAsauALUi.>(I,orenzo),  1,47,  49, 
SI.  56,  57.  59.  61,  87,  97, 
TOI,  135,  322. 

—     (Pictro),  186.  257,25s, 
259,  260,  261,  265,  266. 
Pk.kiiam,  358. 
Pi:i.u  (Ciiuseppi),  280. 
Pelloq.L'1n  (B  ),  299. 
l'ERT  (5;>  Thomas),  113,  114, 

115.  275- 
Peschki,  (Oscar),  161,  163. 

Petit  (Jehan),  181. 

Vf.7.7.1  (5r.  Carlo  Barrera),  373. 

PmuppE  II,  47,  145,  151,  174. 

190,  191,  192,  194,  232. 
Phillips (5;>  Thomas),  148,  220, 

279. 

PlGAFETTA  (Autonio),  283. 

Ponce  (Vargas),  305,  306. 
poutraincourt,  249,  206. 
Poyet,  213. 


Prato  (Albcrtus  ilc),  292,  293. 
Pi</;  (Caillot  du),  181. 
Progii,  (Mr.  Otto),  161. 
Piu\Mis(.SV.  Vincenzo),  169,  237, 

262. 
Pur.BLA  (lUiy  Gonzalès  de),  13, 

14,  iS,  19,20,  21,  16,47,  )7. 

58,  62,  102,  104,  150,  22S, 

315- 
PtuciiAs (Samuel).  75,  154,  156, 

292,  293,  294. 

Plirciias  (William).  319. 

PvNsoN,  29. 


q: 


uautip.r    (Jacques) ,  voyez 
Cartier. 


RAiMOSDi    (  Raimondo  de  ) . 
150.  373- 
Ramèe  (Mr.  Alfred),  212,   213, 

215. 

Ramiri;z  (Luis),  358. 

Ramlsio  (Baptista),  i,  36,  42, 
44,  46,  49,  62,  63,  78,  99, 
103,  114, 125,  151,  168,  171, 
175.  184,  193,228,  236,249, 
250,  265,  271,272,  273,274, 
279,  280,  299,  303.336-339- 
362.  367. 

Rasteli-,  29. 

Rebello,  voyez  Brito. 

Ridouer  (Martin  du),  262. 


392 


INDEX 


Reevf.  {Mr.  Henry),  358. 
llF.iNr.i,  (.lorgc\    75,    II!»    17 1- 

179. 
Reinhi,  (Pedro  ou  Pero),  70,  76, 

141,  143,  162,  163,  174,  179- 

191. 
Rf.umont  (Mr.  Alfred  de),    372. 

RiBERO,  RlBEIUO,   Rinl-YRO    Ct  1^ 


Rothschild  {Boroii  Edmond  de), 

190,  191- 
Rorz  (John),  77,  147,  148,  196, 

20  [,  203,  204,  205,  209,  220, 

231. 
Roi-ssi:i..\Y    (Zanobis    de),  279, 

280. 
Rovvii.i.E,  297. 


vERO  (Die-o),  I,  67,  69,  70>  Rl-chamkr  (jost^  261. 

72,  76,  89,  91,  95.  105,  141,  Ruï  (John),  75.  89,  291,  292, 

171,173,  I78>  179,  187,193,  293,294.295. 

19^,200,234,278,284.287,  Rl-ysch  (Johanncs),   164,    165, 

289.  -''• 

Ribeyro  (Pedro),  voyez  RiBimo  Ky.nm.r  (Thom.is),  2,  20,  37,  92, 

Çp\^ao).  I"^'   11°'   ni.  267,  315,  369. 

Richard  III,  29. 

Richelieu  (Gm//Vw/ de),  299. 

Riva  (Giacomo  da\  10.  qagornmno  (Giov.),  S.  10. 

ROBERTET  (Jacques),  182.  Oaora  (Ramon  de  la),  157. 

ROBERVAL  (Jean-François   de  la  Saincti:  Marthe  (Scevole  de), 

Roque,  5r;>w»r  de),  75,  83,  208. 

146  207,  210,  211,  212.  213.  Saint-Gelais  (MixLiNde),  208. 

214!  215.  216,  219,  230,  247,  Salaya  {Dr.   Sancho  de).   174, 

248,  249.  304-  ~^-^' 

Roche  {Maroms    de    la),    245,  Sai.azar,  2^4. 

247,248,296-  Salvat,  voyez  Palestrin'A. 

RocHELA   (Florin  de  la),  voyez  Samano  (Juan  de),  124. 

Vfrr.\7z\no.  î^axdi  (Vettore),  3, 4,  5>  9.  10. 

ROFFET  (Ponce),  78.  ^an  Filippo,  voj-cz  Amat. 

Rojas  (Francisco  de),  124.  San  Martino  (Andres  de),  234, 

RoMAN.'N(Samuele),  3,  6,  509.  283.                        ,.    ^     ^ 

Rosi;ll  (S\  Caetano\  284.  Santa  C'.X'z  (Alonso  de),  67,  69 . 

RosELu(Pietro),  161.  127,  173. 

RossoTO (Andréa),  236.  SANTAREM(r«  de), 205,  206,220. 


IXDEX 


Î93 


S 


Sanuto  (Marin),  322. 
Sanuto  (Livio),  155,  369. 
SARDii-.ur.  (GuYON  de),  i.i8. 
Saykk  (Samuel),  370. 
Sarro   (  Christovào  de  \    voyez 

Haro. 
Shabot  ou  Cabot  (Sébastien), 

126. 
Scm-n-R  (Af/-.  Charles),  301. 
Sciiii.LKU,  75. 
Sciimi-.lli:k,  162, 
Sea  (Ares  de),  voyez  Ani;s 


SoRAKZo(Giacomo).  129,  361. 

SouiN  (Germain),  205. 

SoTo  (Francisco  de),  283,  334. 

—  (Hernando  de).  299. 

SOTOMAYOK,  voyez  Al.C.AZABA. 

SouzA  (Francisco  de),  76,  276, 

282. 
Si'ARKus  (Jared),  371. 
Si'iNOLA  (Antonio),  21. 

—  (Benedctto),  21. 

—  (Francesco),  21. 
Si'iTZUR  (Mr.  F.)  145,  190,  194. 


Secalart (Paulin), 81,  205,  208.      Sprungel  (Mathieu),  178. 


Seignhlay,  216. 

Senneterrk  (Paul   d'AuxiMiox, 

st'ii^tieiir  de),   207,  212,  215, 

247. 
Seres  ht  Ceres  (William),   23» 

24,  368. 
Serrano  (Juan),  283,  334. 
Severt  (Jacques).  236,252. 
Si-ORZA,  323. 
SnEi.LEY  (Richard),  360. 
SiLVEiRA  (Joâo  da),  279, 


Staglieno  [M".  Marcello),  169. 

Steei.sio,  152, 

Stevens  {Mr.  Henry),  372. 

STiERNnooK(J.),  40. 

STOw(Jolin),  I,  15,  17,  18,  26^ 
28,  29,  30,  31,  32,  33,  34, 
36,  50,  100,  106,  117,  176, 
269,317,318,330,  365,  368. 

Stragi.iano  Collona,  348. 

Strype  (John),  15,  26,  68,  iio, 
128, 131, 369. 


Smith  (Mm  L.  Toulmine),  203,     Sylva  (Miguel  da),  147. 

316,  318,355.  Sylvain.  (Mr.  L. P.),  250. 

—     (Buckingham),  81,  146, 

213,  279,  281,  284. 
SoLA  (5r.  Urcole),  160. 
SoLis(Juan  Dias  de),  72,  115, 

173.  334.356- 
SoNCiNO  (Raimondo  di),  i,  13, 
21,  43,  46,  48,  49,  50,  59, 
61,  ICI,  323,  324,  371. 


TABiA  (Zoanc  Battista  de),  21. 
AlSNIERCtTAlSNIERUS  (Jcan), 

26,  132,  368. 
Talbot  ou  Cabot  (Zuam),  59, 

322. 
Talbot  (Robert),  369. 
Talle  de  YRAND  {Prince),  219. 


394 


INDEX 


Tarbù  (Mr.)  301. 
Tarragona,  284. 
Taylor  {Baroiij,  220. 
Tentori  (Cnstoforo),3,  5,  9. 
Testu  (Guillaume  le),  241,  242. 
Thevet  (André),  206,  216,  242, 

251,  270,  298,  343,  368. 
Thifkill  (Launcdot),  102,  256. 
Thomas  (John),  266. 
T110MASSY  (Raymond),  89,  164, 

178,  179,  180. 
TiiORNE  (Nicholas),  267. 
Thorne  (Robert),   19,   91.  92. 

93,  176,  267. 
Thou  (de),  298. 

TiRABOSCHI,   160,  279,  280. 

ToRENO,  voyez  Garcia. 
ToRRES  (Francisco  de),  283,  334. 
T0SCANELLI,  45. 
TosiNUS  (Evangelista),  164. 
Tramesini  (Michaël),  251. 
Tronus  (Nicolaus),  309. 
Tross(H.),  7),  152,  182,  199, 

212,  246. 
TuDOR  (Marie),  25,  130,  362. 


V 


'•AIXARD   (Nicolas),  76,    82, 

148, 195,219, 230, 246, 
247. 

Valois  (Henri  de),  198,  21?. 
Vannes  (Peter),  129,  362. 
Varasenne,  Varrassane  et  Vare- 
SAM  (Jehan  de),  voyez  Ver- 

RAZ7.AN0. 

Vargas  Ponce,  voyez  Ponce. 
Varnhagkn  (A.  de),  124,  358. 
VAsauEZ  (Catalina),  124,  358. 
Vasseur  (Guillaume  le),  216. 
Vaulx  (Jacques  de),  205,  206. 
VEDiA(iV.  E.  de),  170,  295 ,  367 . 
Vega  (Garcilasso  de  la),  304. 

VeITIA  LiNAGE,  90,   173. 

Velasco,  273. 
Vendramino  (Andréa),  35. 
Verrazzano     (Giovanni),     177, 

181,  187,  192,  199,238,242, 

278,  279,  280,  281,  284,  300. 
Verrazzano  (Hieronymo),  180, 

184. 
Vrsconte  de  Maggiolo,  voyez 

M^ggiolo. 


TuRCO  (Giovanni    Pietro    de)^     Vespuce  (Améric),  15,  90,  122, 

141,  165,   169,  174. 
Vespuce   et    Vespuche    (Juan), 


3" 


TuRNBULL(Mr.W.B.),  362, 363, 
371. 

ULIBY,  voyez  Willoughby. 
RDAiRE  (Juan  de),  306. 
UziELLi(5r.  G.),  1,66.  158. 170, 
244,262. 


122,  141,  169,  173,683,284, 

334- 
ViERA  Y  Clavijo  (}.  de),  281. 

Viegas  (Gaspar),  76,  77'    183, 

184, 187,  196,^34. 

Vieusseux,  279. 


INDEX 


i9) 


ViLLARAOuT,  voyez  Caruoz.  Worde  (Wynken  de),  l6. 

ViLLEGAGNON  (Durand  de),  242.      Worthington  (William^,   132, 
ViLLEGAS  (Pedro  Ruiz  de),  174,  133. 


Wriotiiesley,  129. 
WuRTz  [Mr.  G.  W.),  262. 
WuTTKE  {Mr.  H.),  169. 
Wytfleit,  272. 


284. 

WAI.KENAER  {BdlVH  de),   I57. 
ARDE  (Richard),  266. 
Webster,  94. 

Wechel  (Christian),   181,   182. 
Weimar  (Gr''.diicde  Saxe),  192. 
Weiner  (D;-.  Charles),  190. 
WiLLES  (Richard),  31,  154, 
WiLLOUGHBY  [Sir  Hugli),  1 5,  27, 
28,  32,  III,   130,  155,   331, 
332,364,365. 
Winchester  (Mrt;-<7///j  de),  47. 
Winter(W.),  368. 
WoLSEY  {Cardinal),    116,    292, 

293.  334- 
Woods  {Rcv'.  Léonard),  371. 
Worcestre  (William    Botoner     Zii.etti,  240. 

ou  de),  44,  369.  Zeri  (Sr.  Augusto),  372. 


XIMENES     {Cardinal) ,     113, 
115. 

ZACco  (Bartolomeo),  237. 
ACH  {Baron  de),  172. 
Zacharie,  311. 
Zarco  DEL  Valle  {Sr.  M.  R.). 

235. 
ZiEGLER  (Jacob),  63,   339,    340, 

367. 


ERRATA 


Pjpcs. 

2,  ligne 25,  au  lieu  de  RagguaU, 
12,    —  i9,         --       Sciopitori, 
15,    —    9.  -       John  Hardyng^ 

17,  note   I,  -       XXXII  b, 

17,    -    2,         -       XXXII  G, 
22,  ligne  19,  supprimez  mas. 
2),  note    i,au  lieu  de  XXXII  a, 


lisez 


25, 

— 

I. 

27. 

— 

2; 

30- 

3). 

ligne 

5. 

ib, 

note 

I, 

37. 

— • 

1 

37. 

— 

3i 

3«, 

— 

I, 

39,  ligne28, 

40,  —  10,  supprimez  ou  français, 

41,  note  I,  au  lieu  de XXIII, 
46,-1,  -  XVII, 
52, ligne  16, au  lieu  de  150, 


XXXII  u, 

XXXII  D, 

rapporter  la  note  à  la  ligne  i  )  de 

Vendramerio,  — 

XXXII  A,  B,  c, 

XXIII,  — 

XXI,  — 

Oceanieis,  — 

Blakstone.  — 


61, 

note 

I, 

62, 

— 

3. 

63, 

— 

I, 

63. 

— 

2, 

71. 

— 

1, 

73. 

— 

I. 

71. 

— 

I. 

74, 

— 

I, 

75. 

ligne 

5, 

76, 

note 

2, 

85. 

— 

I, 

III, 

— . 

I, 

ni, 

— 

6, 

115. 

ligne 

29. 

115. 

— 

30. 

118 

— 

27. 

VII, 

XV, 

append.  XVII, 

XVI,  XVIII  et  XIX, 

Je  gtias, 
en  1520, 
33e  degré  N. 
ensciiams, 

les  Cortereal,  qui  à  leurre- 
tour  firent 
wiich,  Cassiiig, 
aliqtto  tant, 
XV, 
XV, 
salv  oil, 
coine, 
di  cose, 


RaggiiagU, 
Scoprilori. 
John  Hardyng*. 
XXXVII  B. 
XXXVII  c. 

XXXVII  A. 
XXXVII  1). 
XXXVII  D. 
la  p.  31. 
Vendramino. 
XXXVII  A,   B,  c, 
XXVIII. 
XXVI. 
Oceanieis. 
Blackstone. 

XXVIII. 
XX. 

1500. 

VIII. 

XIX. 

XX. 

XXI,  XXII,  et  XXIII. 

liguas. 

avant  1523. 

37c  degré  N. 

ensenadas . 

Gaspar  Cortereal  qui  fit. 
xvhich,  passing. 
aliquautam. 
XV  B. 
XV  B 

salvo  il. 
con. 
di  coste. 


39^  ERRATA 

121,  note    I,  au  lieu  de  XXVII,  XXX.  lisez 

122,  ligne  i-l,  supprimez  m  insérée  dans  le  testament.  » 
12  j,     --  ijau  lieu  de  de  la  S.  <v.  m.,  lisez 
127,     —  12,  supprimez  sulireptieement. 

127,  —  22,  au  lieu  de  d'Arras,  lisez 

128,  note    I,  ajoutez:   Appi.nd.  XXXIV  a. 

128,    —    2, au  lieu  de  ^5^  lisez 

128,-2,        —       CIXXXIX, 

128,     —    .(,  ajoutez  :    XXXIV  c. 

130,  ligne  23,  au  lieu  de  6  lévrier, 

132,    _i5eti7.- 

134,  note  I, 


—    2. 


187,  note  2, 
191,  ligne  1, 
199,  -  28, 
203,  —  I, 
203,  note  I, 
206,  ligne  34, 
218, 
218, 

235. 
256, 
256, 

257 

258, 

258, 

258, 

258, 

259. 

259- 
260. 

266, 
266, 
267, 
267, 


Éden, 

XV.  _ 

siispirboso,  — 

première, 

14  octobre,  — 

Sebast.l-.  deMendoTrigoso,  — 

n°  18.  — 

Sni\o, 

I'orlcii;k'si, 

append.  XXI,  — 

—  2,          -       M.  Yniénez,  — 

—  20,         —       til, 

—  23  et  29,—       Orano,  — 

—  10,        —       o"'  107,  — 

—  3I1         —        Yiibrisl'crùhl,  — 

—  I4i         --        orgiiie,  — 

—  20,       .  —       décembre, 

—  3,                   portugais,  — 
4,-6, 

Galvanî,  — 

acture,  — 

Bristisii,  — 

miss,  — 

miss,  — 

1875,  _ 
el  Belcarrcs, 


141,  ligne  20, 

142,  —  12, 
145,     —    [, 

143,  note  I, 
M),  -  4, 
147,  —  3, 
151,  ligne  s, 
151,  note  1, 
151,  —  2, 
152, 

159. 
168, 

169, 
170, 
170, 

179. 
181, 


—  28. 

—  23, 

—  29. 

—  6, 
3» 

—  4 


5,  après  Sigismond,  supprimez  la  virgule, 


M.  Jmenez, 

ikhliiuioin , 
Damiano, 


printemps, 


lisez  : 


—  supprimez  les  lignes  7-9. 

—  25,  au  lieu  de  Noilc, 


13, 
-27, 
-24, 

—  5, 

—  9> 

—  10, 

—  2S. 


—       Damiano, 
que, 
Damiano, 


rursos, 

Portugaise, 
m 'or, 


:  XXVI,  XXXI. 

:  de  la  S,  c.  c.  m. 

:  Granvelle,  évéque  d'Arras. 

:  553.  fol   6. 
CXXXIX,  app.  XXXIV  u. 

26  février. 

lîden. 

XVIil. 

sospei'hoso, 
seconde. 
14  octobre  1506. 
C.Botellio  deLacerdaLobo 
no  19. 
Siri'ii,o. 
Poito<;l>esi . 
apnend.  XX. 
.•>'   Jimenez. 
l.lk. 
Oran . 
i™  07. 

Jahii'sheiicbt . 
origine, 
novembre. 
Portugais. 
16. 

Galvam. 
facture. 
British. 
Miss, 
Miss. 

1575- 

et  Balcarres. 

M.  Jimenez. 

doaçaom. 

Damiam. 


(ité. 

norte. 
Damiam. 
que. 
Damiam. 

)) 
rtirstis. 
Portugaise. 
mor. 


ERRATA 


l'.ia 


399 


2(iS,  Iigiic2i,  au  lieu  de  C7y.',/  dos, 


268, 

2(i«, 

269, 
269, 
269, 
275. 

27), 

276, 
278, 
279. 

283, 
289, 

290, 


22, 


290,  note    1, 

29",    -       I, 
290,       -    I, 

290.  -    I, 

291,  ligne  2  j. 
294, 
294, 
29s, 
296, 
296, 
298, 
29S, 


'(  (Jiifll,; 

ihaniiiise, 

Costa, 

de  J'irdcniiii, 

illlKIOS, 

iiidit's, 

liiin,  _ 

viitia,  _ 

Si'iuthicdes , 

Wilminton,  _ 

iHûlto  diiii'ti, 

Is  iicc  irlo,  _ 

(/(■/•,  _ 

tiiisiiii',  _. 

riisaidii, 

l'stihi,  

ciiicucrld, 

—  3,  avant  72.1  ajoutez  t.  I.  __ 

—  27,  supprimez  ..  né  |mortj  en  1594  „  jusqu'à 


-  27. 

-  16, 

—  3. 
•-    4, 

—  14, 

—  21, 

—  7. 
-28, 

—  5. 

—  35, 


lise/.  :  Clygados 

—  iiiiiicUa, 

—  Clh 


mimtrso . 
ctisla. 

se  pcidcniii. 
irniilos. 
///  dics. 
j'dllt . 

l'iiiii. 

Sii'iahvi-dt's. 
Wilmington. 
iiiollo  odiiiva. 
Is  iicc  fnto. 
dei. 
incsiiio. 
l'iiseada. 
es  là. 

ciiictienla. 


~  12,  au  lieu  de  le  Mary  of  Giiiljonl, 


-  2\, 
22 


lisez 


H, 
300,  note    5, 
3 15,  ligne  15, 
316, 
316, 
318. 
318, 
320, 
321, 


-  4, 

-  23, 

--    5, 
-16, 

-  12, 

-  3, 


"  Kut.  » 

:  la  Mary  o/Giiilford. 

cette  première. 

l'Histoire  de  Lescarbot. 

Navire  français. 

Navire  rochellois. 

compose^. 
ydo. 

VI  A. 

de  Don  Francisco  Diaz. 

/^night. 

iiiinii'.ie. 

biiccallaos. 


329, 
529, 
332, 

3J2, 

335, 

335, 

336, 

358, 

33«, 

34r, 

341, 

341, 

342, 

548, 

352, 

356, 


cette  dernière, 

son  Histoire, 

Navire  Français, 

Navire  Rochellois, 

omposiSe,  _ 

\'da,  __ 

Vl,  __ 

du  Senor  Don  Francisco  Dias ,  -  - 

Kmgt,           ,  

iminitie,  _ 

baccalaos,  .           __ 

<!'  - 

Rai\^'iiali  P.  I.,  __ 

rapo,  __ 

SjH'ro, 

Lo,  

scrviruos,  

2,  après  licentia  véniel  ajouter  (?) 
—    3,  supprimez  la  virgule  après  insnlam. 
4,  --        ;;/;//, 

^"  27,         —        ahiiiic,  

24,        —       citada,  _ 

~  30,       ajoutez  Vicente  de  la  Fuente  ivitit  W/.-/  -',•■   'f'-    ,■      ,    r- 

-    I,  au  liai  de  qui  en,                       '  ''  "  {^^'f .'"."''"""'""  '''  ^'P'""' 


322,  note    I, 
329,  lignc22, 
24, 


-  -  25, 

—  I. 


qs. 

R(ij;giuii;U,  P.  I. 

ciilv. 

Shcra, 

Yo. 

scrviruos. 


Slllll, 

alcniii. 
ciladû. 


7 

-  13, 

-  6, 
12, 

-     ■         T 

-  I. 


Y  va, 
cierle, 
amostron, 
di  cose, 
Casparo, 
Roy  humai. 


iscz  •.qiiicii. 
—     Yva. 


—  cicrto. 

—  amostron. 

—  di  costc. 

—  Gasparo. 

—  Ryo  huruai. 


Papes. 

3S6.1 

gni. 

3. 

3S6, 

— 

4> 

356, 

15. 

356. 

— 

18, 

3S6, 

— 

21, 

3S6, 

— 

24. 

3S6, 

— 

27. 

— 

I. 

— 

2, 

— 

3. 

— 

4, 

— 

S, 

— 

6, 

— 

7. 

— 

9. 

— 

10, 

— 

II, 

— 

12, 

— 

13. 

357     » 

— 

14. 

— • 

15. 

366! 

— 

3. 

ERRATA 


au  lieu  Je 


in, 

Pai'Jtna, 

Osir, 

accordo, 

gradissinin, 

getc,  L'spana, 

podcro'  so, 

canda  los, 

insinitissinio, 

terra,  coniiosccr, 

labrary, 

tigro, 

tigro,  cinqucta, 

itisiimissiino, 
Sacani,  insinita, 
asno, 
camclbos, 
discrète, 
Sier  ras, 
mornos, 
Wesminstcr, 


sina, 


lisez  ; 


un. 

l'ara  lia. 

Olir. 

acordo. 

gràdissimo. 

gëte,  espana. 

poderoso. 

candalos. 

infuiitissimo. 

tierra,  conoscer. 

labrar  y. 

trigo. 

trigo,  cinquëta. 

M- 

iniinitissimo. 

Sacan,  iiiliniia. 

asnos. 

camellos,  fina. 

diferete. 

sierras. 

niorcnos. 

Westminster. 


I.  I.cs  .lutrcs  f.MilL'S  que  le  lecteur  renianiuer.i  J.iiis  l.i   légcnile  esp.i(;n(ile  île   l.i   c.irle  île  Cilmt,  cl  qui 
n'ont  pas  été  relevées  ici,  se  iroiueiit  il.ms  l'iM-ininal.    lUlcs  iténiumreut    que  ces  léfenJeb  ont  été  inipriniées 


ilans  un  pays  où  la  langue  espagnole  n'était  p.'.i  usitée. 


ERRATA 
i'i(;i        Lignes  5  et  6,  au  lieu  de  detwen, 


1  .i};i  Llf^llLS    ) 

en  regard  —      12 


lisez  :  bhtwi;i.n. 
—  Introduction',      —    Introuuccion. 

lu  titre.     (        —     —  —  OHR.\S,  —     OllR.'^S. 

Page  215.  1.5,     -  Robcrva,  -      Roberval. 

—     39)'  1-  35.  —  Talli;  de  YRAND,    —    Talllyra.ni>  ^Pn'wc  de). 


ANGLKS,    I.MP.   BURDIN   ET  C'e. 


Il 


)t,   et  qui 


V  de)