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Full text of "La cité de Sainte-Cunégonde de Montréal [microforme] : notes et souvenirs"

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IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


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^  A 


1.0 


i.i 


1.25 


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If  lU    II  2.2 

;:  lis  112.0 


1.4 


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7 


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Photographie 

Sdenœs 

Corporation 


23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  MS80 

(716)872-4503 


CIHM/ICMH 

Microfiche 

Séries. 


CIHfVI/ICMH 
Collection  de 
microfiches. 


Canadian  Inatitute  for  Hiatorical  Microraproductiona 


Inatitut  canadian  da  microraproductiona  hiatoriquaa 


1980 


T«ehnieal  and  Bibliographie  Notas/Notas  tachniquaa  at  bibliographiquaa 


Tha  Inatituta  haa  attamptad  to  obtain  tha  i>att 
orig^ial  copy  availabia  for  fiiming.  Faaturaa  of  thia 
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raproduction.  or  which  may  aignificantly  changa 
tha  uaual  mathod  of  fiiming.  ara  chacicad  baiow. 


D 


n 


D 
D 


D 


Coiourad  covara/ 
Couvartura  da  coulaur 


|~~|   Covara  damagad/ 


Couvartura  andommagéa 


Covara  raatorad  and/or  iaminatad/ 
Couvartura  raatauréa  at/ou  pallicuiéa 


I      I   Covar  titia  miaaing/ 


La  titra  da  couvartura  manqua 


I     I   Coiourad  mapa/ 


Cartaa  géographiquaa  an  coulaur 


□   Coiourad  ink  (i.a.  othar  than  blua  or  blacit)/ 
Encra  da  coulaur  (i.a.  autra  qua  blaua  ou  noiral 

I      I   Coiourad  plataa  and/or  iiiuatrationa/ 


D 


Planchas  at/ou  illustrations  an  coulaur 

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along  intarior  margin/ 

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Blank  laavas  addad  during  rastoration  may 
appaar  within  tha  taxt.  Whanavar  possibla.  thasa 
hava  baan  omittad  from  fiiming/ 
Il  sa  paut  qua  cartainaa  pagas  blanchas  ajoutéas 
lors  d'una  rastauratlon  apparaissant  dans  la  taxta. 
mais,  lorsqua  cala  était  possible,  cas  pagas  n'ont 
pas  été  filméas. 

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L'Institut  a  microfilmé  la  maillaur  exemplaire 
qu'il  lui  a  été  poaaibie  de  se  procurer.  Les  détails 
da  cet  exemplaire  qui  aont  peut-être  uniqjea  du 
point  de  vue  bibliographique,  qui  peuvem  modifier 
une  iraage  reproduite,  ou  qui  peuvent  exiger  une 
modification  dans  la  méthode  normale  de  filmage 
aont  indiquée  ci-deasous. 


r~~|   Coiourad  pagea/ 


D 

D 


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I      I  Pagas  damagad/ 

I      I  Pages  restored  and/or  iaminatad/ 

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26X 


30X 


y 


12X 


16X 


20X 


a4X 


28X 


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plua  grand  soin,  compta  tanu  da  la  condition  at 
da  la  nattaté  da  l'axamplaira  filmé,  at  an 
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tha  last  paga  with  a  printad  or  illustratad  impras- 
sion,  or  tha  back  covar  whan  appropriata.  AH 
othar  original  copias  ara  filmad  baginning  on  tha 
f  irst  paga  with  a  printad  or  illustratad  impras- 
sion,  and  anding  on  tha  last  paga  with  a  printad 
or  illustratad  imprassion. 


Las  axampiairas  originaux  dont  la  couvartura  en 
papiar  ast  imprimés  sont  filmés  an  commançant 
par  la  pramiar  plat  at  an  tarminant  soit  par  la 
darniéra  paga  qui  comporta  una  amprainta 
d'imprassion  ou  d'illustration,  soit  par  la  sacond 
plat,  salon  la  cas.  Tous  las  autras  axampiairas 
originaux  aont  filmés  an  commançant  par  la 
pramiéra  paga  qui  comporta  una  amprainta 
d'imprassion  ou  d'illustration  «t  an  tarminant  par 
la  darniéra  paga  qui  comporta  una  talla 
amprainta. 


Tha  last  racorded  frama  on  aach  microficha 
shall  contain  tha  symbol  — ^-(maaning  "CON- 
TINUED"),  or  tha  symbol  V  (maaning  "END"), 
whichavar  applias. 


Un  das  symbolas  suivants  apparaîtra  sur  la 
darniéra  imaga  du  chaqua  microficha.  salon  la 
cas:  la  symbola  — ►  signifia  "A  SUIVRE",  le 
symbola  V  signifia  "FIN". 


Maps,  plates,  charts,  etc.,  may  be  filmed  at 
différent  réduction  ratios.  Those  too  large  to  be 
entirely  included  in  one  exposure  are  filmed 
beginning  in  the  upper  left  hand  corner,  left  to 
right  and  top  to  bottom,  as  many  framas  as 
raquired.  The  following  diagrams  illustrate  the 
method: 


Les  cartes,  planches,  tableaux,  etc.,  peuvent  être 
filmés  é  des  taux  de  réduction  différents. 
Lorsque  le  document  est  trop  grand  pour  être 
reproduit  en  un  seul  cliché,  il  est  filmé  à  partir 
de  l'angle  supérieur  gauche,  de  gauche  à  droite, 
et  de  haut  en  bas,  en  prenant  le  nombre 
d'images  nécessaire.  Les  diagrammes  suivants 
illustrent  la  méthode. 


1 

2 

3 

1 

2 

3 

4 

5 

6 

Canal  Lachine 
Plan  db  la  Ville,    {^m 


"'^'''■'^'•''l'Wi'?!!!" 


LA     CITE 


-DE- 


SAINTE  -  cunegonde; 


-DE 


MONTREAL. 


JNote 


S  ei  (DeuveniFS 


PAR 


E.  Z.  MASSICOTTE. 

a» 

Avec  illustrations^lde  Edmond  J.  Massicotte. 


J.    STANLEY    HOULS,    Bditeur. 

1893. 


A 


H3 


KiaSf'AB:^  e=«rtM*^,w 


FONDATION. 


L'eapiit  des  f  ondateun  est  un  bien  —  c'est  le  nAtre. 
Heureux  celui  qui  l'a.  qui  l'applique  au  pays  ! 
n  ouvre  une  carrière,  il  se  consacre  apôtre. 
Préparant  l'avenir  qui  luira  pour  ses  flls. 

Bhnjamin  Sultb. 


T  'histoire  de  Sainte-Cunégonde  ne  se  perd  pas 
\P  dans  îa  nuit  des  temps  !  A  l'époque  de  la 
^"^  fameuse  guerre  qui  se  termina  par  la  ces- 
sion du  Canada  à  l'Angleterre,  il  ne  devait  paa 
même  exister  une  seule  habitation  sur  l'étendue 
de  terre  ob  elle  grandit  actuellement. 

Cette  probabilité  m'est  suggérée  par  un  écrit  de 
S.  E*  Dawson  que  je  résume  ainsi  :  Le  général 
Amherst  en  faisant  halte,  avec  sa  nombreuse 
armée,  près  du  fort  de  la  montagne,  situé  sur  le 
coteau  nord  de  notre  ville,  vit  toute  la  surface  qui 
s'étendait  devant  lui  jusqu'aux  fortifications  de 
Montréal,  couverte  de  champs  de  maïs,  de  vergers 
et  d'arbustes. 


Le  Heu  ob  naquit  notre  fière  petite  ville,  n'a 
donc  aucune  importance  historique. 

Tout  au  plus  peut- on  dire  qu'il  fut  témoin  du 
passage  de  Jacques  Cartier,  lors  de  sa  visite  à  la 
bourgade  d'Hochelaga  en  1535  (carie  révérend 
abbé  Proulx  prétend  que  le  découvreur  du  Canada 
ne  débarqua  pas  au  pied  du  courant  mais  au  pied 
du  4lault  St.  Louis.  Il  prétend  de  plus  que  la 
bourgade  se  trouvait  près  du  site  de  la  catbédrale 
St.  Pierre.)  Jacques  Cartier  eut  donc  à  traverser 
les  paroisses  St.  Paul,  St.  Henri,  Ste.  Cunégonde 
et  St.  Joseph. 

Plus  tard,  notre  coin  de  terre  ignorée,  a  dû 
encore  être  témoin  des  marches  et  contremarches 
des  soldats  français  et  des  guerriers  sauvages  ;  des 
détachements  américains  en  17751  des  armées  an- 
glaises et  américaines  en  1812-13-14.  Quo'qu'il 
en  soit,  Sainte- Cunégonde  est  une  véritable  démo- 
crate, et  son  origine  n'a  rien  de  particulier  ni  sous 
le  rapport  historique,  ni  sous  le  rapport  religieux. 
Ce  qu'elle  possède  aujourd'hui  elle  l'a  acquis  par 
son  travail. 

Le  terrain,  d'abord  la  propriété  du  séminaire  et 

des  sœurs  grises  était  en   partie  boisée.    Le  reste 

formait  une  savane  qui  se   prolongeait  jusqu'au 

«q-^are  Chaboillez  et   qu'on  appelait  la    "Petite 

Bourgogne." 

Quelques  riches  citadins  recherchant  la  tranqui- 


Mmmsmfsum'^' 


OHAS.  F.  LALONDE, 

Premier  mairelde  Sto.  (hinégonde.    Ancien  président  de> 
l'association  St.  Jean-Baptiste.    Echcrin. 


lité,  quelques  individus  prévoyant  sa  valeur  future, 
s'y  établirent  et  devinrent  ainsi  les  pionniers  de 
notre  minuscule  cité. 

]>  branle-bas  fut  donné  par  la  construction  du 
canal  Machine.  **  Le  chemin  du  roi  "  (rue {Notre 
Dame,)  qui  le  longeait,  quoiqu'à  une  certaine  dis- 
tance, dut,  sans  doute,  par  ce  fait,  devenir  de  plus 
en  plus  fréquenté.  Ceci  contribua  pour  sa  part,  à 
rétablissement  de  quelques  personnes. 


RESIDENCE  GILBERT. 
(At^jourd'hui  résidence  de  C.  F.  Lalondb.) 


Alors,  les  possesseurs  du  "chemin  du  roi'* 
leifirent  macadamiser  en  neuf.  Pour  cela,  ils  se 
servirent  du  gravier  d'une  éminence  de  cailloux 
qui  existait  entre  les  rues  Pulford,  Canning  et 
Workman,  mais  ils  en  prirent  une  telle  quantité 


7 


qu'il  resta  une  excavation  assez  profonde.  Les 
eaux  pluviales  formèrent  une  lagune  qui  reçut  le 
nom  de  **  Gravel  Pitt."  De  là,  vient  ce  nom  de 
**  Gravel  town  "  que  l'on  donna,  au  début,  à  Tamas 
de  résidences  construites  dans  cette  localité. 

Vers  1840,  SainteCunégonde  ne  comptait  encore 
que  les  habitants  suivants  : 

10  M.  Coderre,  employé  à  la  barrière  de  péage, 
érigée  près  de  la  rue  Fulford.  M.  Coderre  avait 
succédé  à  spn  beau-père,  M.  Barollet. 

2<>  M.  Quinn,  qui  possédait  une  maisonnette 
prés  de  la  rue  Dominion. 

30  M.  Gilbert,  dont  la  résidence  est  aujourd'hui 
occupée  par  M.  C.  F.  Lalonde. 

40  M.  Louis  Fortin  résidant  en  face  du  précé- 
dent* 

50  M.  Courville  qui  tenait  un  hôtel  dans  une 
maisonnette  située  au  coin  des  rues  Vinet  et  Notre 
Dame.  A  côté  se  trouvait  une  grande  bâtisse  de 
pierre  qu'on  appelait  "  la  poudrière." 

60  M.  Brewster  dont  la  demeure  seigneuriale 
sert  de  nos  jours  de  maison  de  charité. 

70  M.  Herdell,  employé  au  moulin  Brewster, 
(maintenant  le  Mona  Saw  MilL) 

80  et  9<^  MM.  Descarries  et  Campbell.  Leurs 
maisons  existent  encore  rue  Notre  Dame,  prés  de 
la  rue  Lévis. 

Ce  sont  là  les  fondateurs  de  Ste.  Cunégonde, 


8 


I/Curs  noms,  je  le  crois,  ne  seront  pas  transmis^à 
une  postérité  très  reculée,  et  personne  ne  songera 
à  leur  élever  des  monuments.  Cependant,  il  est 
bon  de  conserver  au  moins  leur  souvenir,  car  il 
fallait  alors  un  certain  courage  pour  avoir  feu  et 
lieu  sur  le  "  chemin  de  Lachine." 

I^a  justice  n'avait  pas  les  bras  longs  et  il  suffi- 
sait, h  certaine  gens,  d'être  en  dehors  des  limites 
de  la  cité  de  Maisonneuve  pour  se  croire  tout 
permis. 

Je  n'en  veux  pour  preuve  que  le  fait  suivant, 
rapporté  dans  une  chronique  fort  curieuse  inti- 
tulée :  "Notes  diverses  sur  le  Bas-Canada  par 
Amury  Girod  "  : 

*'Au  mois  de  septembre  1833  eurent  lieu  les 
**  courses  de  chevaux  à  la  rivière  St.  Pierre, 
"  paroisse  de  Montréal.  Comme  à  l'ordinaire  il 
"  y  eut  un  grand  concours  de  spectateurs.  Des 
**  soldats  du  24ème  régiment  (en  garnison  à  Mont- 
**  réal)  armés  de  leurs  baïonnettes  et  de  bâtons  s'y 
"  trouvèrent  aussi.  Dés  le  premier  jour  il  se 
"  manifesta  une  insolence  si  inouïe  de  la  part  des 
"  soldats,  que  personne  ne  douta  que  l'objet  fut 
"  d'exciter  du  trouble  et  d'insulter  les  citoyens, 
**  pour  en  venir  aux  mains  avec  eux.  Le  dix 
"  septembre  enfin,  eut  lieu  l'excès  qui  mit  fin 
"  aux  jours  d'un  paisible  citoyen,  Salomon  Bar- 
**  beau,  qui,  d'après  tous,  n'avait  pris  aucune  part 
*'  aux  rixes  et  querelles  qui,  ce  jour,  comme  les 
'*  deux  jours  précédents,  avaient  eu  lieu  entre  les 
**  troupes  et  les  bourgeois.    Un  soldat  demanda 


*<*«l*Fii"l" 


F-W^ 


-'— ■  'X  '  '  ^1' 


s.  DELISLE 

Deuxièino  maire  de  Ste-Cunégonde.     Ancien  marguillier.    J(*ré- 

mier  président  de  l'a ssotiation  St.  Jean-Baptiste.    Ancien 

conimiHsaire  d'école.    Echevin. 


lO 


aux  Canadiens  de  leur  donner  le  plus  fort  d'entre 
eux,  pour  se  mesurer  avec  lui.  Un  Canadien, 
là-dessus,  s'était  pris  aved  un  sergent  du  régi- 
ment, qui  appela  immédiatement  à  son  secours 
ses  hommes  et  commanda  l'attaque.  Quand 
avec  une  lâcheté  indigne  d'un  militaire  an- 
glais, les  soldats  commencèrent  aussitôt  à  se 
servir  de  leurs  baïonnettes  contre  les  citoyens, 
ceux-ci  prirent  la  fuite  et  furent  vivement  pour- 
suivis par  leurs  adversaires.  Salomon  Barbeau, 
pour  se  sauver  de  toute  compagnie  qui  se  per- 
mettait des  excès  fut  du  nombre  des  fuyards.  Il 
fut  cependant  le  seul  qui  fut  atteint  par  l'arme 
d'un  militaire  qui  la  lui  enfonça  dans  les  reins, 
et  après  Ten  avoir  retirée,  l'en  frappa  sur  la  tête 
avec  la  poignée.  Barbeau  était  alors  renversé 
par  terre.  Non  contents  de  ce  crime,  plusieurs 
soldats  lui  assénèrent  encore  des  coups  de  bâtons 
et  le  foulèrent  aux  pieds,  en  criant  :  **  C'est  un 
Canadien,  maintenant  nous  l'avons."  Le  traite- 
ment fut  si  atroce,  qu'un  sergent,  quelqu' animé 
qu'il  fut,  cria  enfin  de  cesser,  parceque  c'en 
était  assez.  Un  sous  o^cier,  James  Price,  ne  se 
trouva  éloigné  de  Barbeau  lors  de  cet  outrage, 
qu'à  la  distance  de  peu  de  pas  ;  mais  il  n'inter- 
posa nullement  son  autorité  pour  arrêter  les 
excès  des  soldats. 

*'  Du  moment  que  Barbeau  eut  reçu  cette  bles- 
sure, il  ne  fit  que  languir  jusqu'au  dix-sept 
novembre  i833,date  de  sa  mort  à  l'hôpital.  Quoi- 
que la  presse  eut  averti  le  gouvernement  de 
ce  qui  avait  eu  lieu  aux  courses,  l'exécutif  ne 
jugea  pas  à  propos  de  s'en  enquérir,  ni  de  répri- 
mer l'insolence  militaire" 


fort  d'entre 

Canadien, 
nt  du  régi- 
on  secours 
-;     Quand 
litaire   an- 
witôt  à  se 

citoyens, 
nent  pour- 
a  Barbeau, 
ui  seper- 
uyards.  Il 
par  l'arme 

les  reins, 
sur  la  tête 

renversé 
plusieurs 
de  bâtons 
*  C'est  un 
te  traite- 
qu'animé 
[que  c'en 
ice,  ne  se 
outrage, 

n'inter- 
rêter  les 

tte  bles- 
iix-sept 
1-  Quoi- 
nent  de 
:utif  ne 
te  répri- 


II. 


DESSERTE  ET  PAROISSE. 


Il  eut  évident  que  la  conHtitution  ée  la 
paroisHe  canadienne,  an  milieu  des 
canadieniï,  a«it  à  la  foin  comme 
action  religieuse  par  la  morale 
qu'elle  accroit  en  chaque  individu 
et  comme  action   organisatrice. 

—Rameau. 


T<5Jers  1850,  Alexandre  Delisle,  percepteur  des 
W  douanes  à  Montréal  et  William  Workman, 
maire  de  la  même  ville,  achetèrent,  con- 
jointement, de  l'honorable  F.  Quesnel,  un  grand 
terrain  s'étendant  des  limites  ouest  de  Montréal 
jusqu'à  la  gare  de  St.  Henri.  Ils  le  divisèrent  en 
lots,  tracèrent  des  voies  publiques,  firent  des 
égouts  en  brique  dans  les  rues  Richelieu,  Albert 
et  St  Jacques,  et  construisirent  même  un  marché 
au  coin  des  rues  Vinet  et  St.  Jacques. 

Ces  travaux  de  voirie  et  d'assainissement  eurent 
r effet  prévu.  La  population  commença  à  affluer. 
KUe  venait  des  districts  de  Québec,  des  comtés  du 
sud  et  des  régions  du  nord  et  de  l'ouest. 


Kl iTtHL 


12 


Les  Brunet,  les  Bougie,  les  Barsalou,  les  Duro- 
cher,  les  Delisle,  les  Doré,  les  Geoffriou,  les  Morin, 
les  Poirier,  les  Provost,  les  Qitenneville,  les  Rivet, 
les  Vallée,  etc.,  arrivèrent  alors,  apportant  leur 
courage,  leurs  forces,  et  leurs  économies.  Des 
maisons  surgirent  comme  par  enchantement  sur 
toutes  les  rues.  Elles  s'alignèrent  les  unes  à  la 
suite  des  autres,  humbles  et  modestes.  L,e  tout 
forma  un  faubourg  qui  fut  baptisé  du  nom  de 
*' Village  Delisle." 

A  cette  époque  les  chantiers  de  Cantin  étaient 
dans  une  grande  activité.  La  construction  des 
navires  et  les  réparations  aux  bâtiments  qui 
avaient  été  avariés  dans  leurs  courses,  à  travers 
nos  fleuves  et  nos  lacs,  donnaient  de  l'ouvrage  à 
un  nombre  considérable  de  travailleurs. 

Les  laminoirs,  situés  dans  le  voisinage,  commen- 
çaient à  vomir  leur  noire  fumée. 

Enfin,  l'espérance  d'un  aveni/  de  plus  en  plus 
prospère  mettait  de  l'ardeur  dans  tous  les  cœurs. 

Cette  population  se  trouvait  à  faire  partie  de  St. 
Henri,  pour  les  écoles,  les  fins  religieuses  et  mu- 
nicipales. Mais,  que  d'inconvénients!  que  de 
difficultés  !  Un  vaste  espace  inhabité,  séparait  le 
nouveau  village  de  la  ville  St.  Henri. 

Aussi,  de  bonne  heure,  les  résidants  du  village 
delisle  se  mirent-ils  à  rêver  leur  indépendance  ? 
Ils  prirent  d'abord,  la  direction  de  l'instruction 


13 


>  les  Durc- 
ies Morin, 
,  les  Rivet, 
ortant  leur 
lies.      Des 
ement  sur 
unes  à  la 
he  tout 
u  nom  de 


l: 


tiu  étaient 
action  des 
lents  qui 
à  travers 
ouvrage  à 

commen- 

s  eu  plus 

s  cœurs. 

ie  de  St. 
et  mu- 
que  de 

tarait  le 


H.  MORIN 

TroUième  maire  de  Ste-Cunégonde.    Ancien  marguillier. 
Ancien  commissaire  d'école.    Echevin. 


village 
idance  ? 
ructlon 


H 


de  leurs  enfants  en  se  faisant  ériger  en  municipa- 
lité scolaire  distincte.  Ce  dont  les  habitants  de 
St.  Henri  voulurent  les  punir  en  leur  imposant 
une  taxe  exborbitante,  avant  de  leur  rendre  la 
liberté. 

Nos  habitants  souffraient  encore  de  se  trouver 
sans  église  et  d'être  obligés  de  courir  à  travers  les 
champs,  à  St.  Henri,  pour  avoir  les  secours  de  la 
religion.  Ils  demandèrent  donc  humblement,  à 
Mgr.  Ig.  Bourget,  alors  évêque  de  Montréal,  de 
leur  donner  un  prêtre  qui  serait  leur  ange  conduc- 
teur, leur  chef  et  leur  guide  dans  les  œuvres 
qu'ils  auraient  à  accomplir.  C'était  courir  au- 
devant  des  désirs  du  pieux  évêque  de  Montréal 
qui  venait  de  diviser  l'immense  paroisse  de  Notre- 
Dame.  Remarquons  en  passant,  combien  cette 
idée  de  Mgr.  Bourget  a  été  féconde,  et  quels  fruits 
merveilleux  elle  a  donnés.  Nonseulement  elle  a 
contribué  à  faciliter  la  tâche  des  pasteurs  en  mul- 
tipliant, autour  de  sa  ville  épiscopale,  des  églises 
oU  le  peuple  est  instruit  des  vérités  du  salut,  mais 
elle  a  aussi  servi  à  l'agrandissement  de  notre  mé- 
tropole canadienne.  Elle  a  permis  la  formation 
rapide  de  faubourgs  qui  se  sont  groupés  autour  de 
la  ville  de  Maisonneuve  comme  les  petits  oiseaux 
sous  l'aile  de  leur  mère. 

Monsieur  François  Joseph  Prud'homme,  curé 
de  Ste.  Sophie,  fut  choisi  pour  fonder  une  desserte 
dans  le  nouveau  faubourg  (1874). 


15 


J.  H.  DORE 

Quatrième  maire  de  Ste-Cunégonde.     Ancien  marguillier.    C3oitt> 

mistuiire  d'école.     Ancien  président  de  Ta^Kociation 

St.  Jean-Baptiate.    Echevin. 


i6 


Tremblant  à  la  vue  du  lourd  fardeau  qu'où 
voulait  lui  imposer,  mais  aussi  plein  de  confiance 
en  Dieu,  il  vint  commencer  ses  travaux  apostoli- 
•ques. 

Il  s'acquitta  de  son  ministère  avec  un  zèle,  une 
patience  et  un  dévouement  qui  en  peu  de  mois 
minèrent  sa  santé  et  le  forcèrent  de  demander  à 
-son  évêque  son  rappel  à  la  campagne.  Ce  qui  lui 
fut  accordé  durant  l'été  de  1875. 

Mgr.  Bourget  nomma  à  sa  place  Monsieur 
Alphonse  Séguin,  alors  curé  de  St.  André  d'Ar- 
genteuil.  Jeune,  robuste,  exercé  déjà  au  minis- 
tère pastoral.  M-  Séguin  laissait  entrevoir  qu'il 
pourrait  rendre  à  la  desserte  de  nombreux  et  pré- 
•  cieux  services. 

Il  prit  la  direction  de  sa  mission  à  la  fin  d'oc- 
.tobre  1875. 

Au  milieu  de  décembre,  le  faubourg  fut  érigé 
cafioniquement  en  paroisse,  sous  le  vocable  de 
Ste.  Cunégonde,  impératrice,  femme  de  St.  Henri. 

Il  manquait  encore  une  chose  au  bonheur  de 
ces  paroissiens,  c'était  :  leur  liberté  complète. 
-  Des  démarches  faites  en  1875  étaient  restées 
infructueuses,  en  présence  d'une  trop  forte  oppo- 
sition venue  de  St.  Henri. 

A  l'automne  de  1876,  MM.  Hubert  Morin  et 
Chas.  F.  Lalonde,  prièrent  leur  curé  de  descendre 
à  Québec, pour  leur  aider  à  obtenir  de  la  législature 


17 


provinciale,  la  liberté  convoitée  depuis  si  long- 
temps. Grâce  au  puissant  concours  de  Mgr. 
Labelle,  ce  bienveillant  protecteur  des  petits  et 
des  faibles,  le  point  tut  gagné  et  les  officiers  mu- 
nicipaux de  St.  Henri  s'en  retournèrent  dans  leur 
pays  cacher  leur  insuccès. 

Les  réjouissances  furent  grandes,  à  Ste.  Cuné- 
gonde,  quand  les  citoyens  apprirent  qu'ils  allaient 
administrérleurs  affaires  eux-mêmes. 

Nous  allons  suivre  les  habitants  de  cette  nou- 
velle paroisse  et  examiner  quel  usage  ils  vont  faire 
des  libertés  qu'ils  viennent  de  conquérir. 


III. 


VILLAGE  ET  VILLE. 


Une  éen  cIiomoh  le»  pUit«  intérotMantes 
pour  robHorvatour  iiitelli^^ont,  sur- 
tout pour  1  économiste  ot  l'homme 
d état,  cent  à  coup  sûr  i établisHe- 
meiit  graduel  d'un  canton,  la  for- 
mation d'une  paroiHHe.d'un  vUlago, 
d'une  ville.— A.  tiBRiN-L.uoiK. 


Il  tallut,  tout  d'abord,  procéder  à  l'élection  des 
conseillers.  M  J.  O.  Villeneuve,  alors  préfet 
du  comté  d'Hochelaga,  qu'il  devait,  plus 
tard,  représenter  à  la  législature  provinciale, 
nomma  M.  Frs.  Corbeille,  marchand  de  ferronne- 
ries,  pour  la  présider.  La  date  en  fut  fixée  au  i6 
janvier  I877. 

Le  lieu  choisi  pour  enregistrer  les  votes,  était 
la  maison  de  M.  H.  St.  Denis,  coin  des  rues 
Notre  Dame  et  Dominion. 

Tous  les  anciens  se  rappellent  cette  lutte 
avec  un  sourire  de  satisfaction,  car  elle  fut  home» 
rique.  Quatorze  candidats,  parmi  lesquels  se 
trouvaitiÉrhonorableCoursol,  je  crois,  étaient  sur 


20 


les  rangs,  et  jamais,  peut-être,  une  élection  muni- 
cipale provoqua  pareille  excitation.  On  travail- 
lait avec  une  ardeur  incroyable.  Le  premier  jour 
du  vote,  tout  se  passa  assez  bien,  mais  le  second 
jour,  les  esprits  étant  surexités  outre-mesure,  les 
partisans  en  vinrent  aux  mains,  dans  Tenceinte  du 
"  pôll."  Le  poêle  fut  renversé,  le  feu  se  commu- 
niqua à  l'édifice  et  l'on  fut  obligé  d'appeler  les 
pompiers  de  St.  Henri.  Cela  rappelait,  en  partie, 
les  élections  parlementaires  d'avant  1837,  alors 
qu'elles  étaient  presque  toutes  signalées  par  des 
émeutes.  Heureusement,  le  temps  a  pacifié  les 
électeurs  et  aujourd'hui  tout  se  passe  dans  la 
plus  grande  tranquillité. 

Le  22  janvier  suivant,  fut  tenue  la  première 
assemblée  du  Conseil,  dans  l'école  de  la  rue 
Deiisle.  M.  le  notaire  Desrivières  agissait  comme 
secrétaire  pto  tempote . 

Notre    populaire    concitoyen,    M.   Charles   K. 

« 

Lalonde,  y  fut  nommé  maire.  Il  conserva  ce 
poste  honorifique  durant  cinq  années  consécutives. 
Ce.fait  est  un  de  ceux  qu'il  suffit  de  mentionner 
dans  la  vie  d'un  homme,  pour  prouver  qu'il  eut 
des  qualités  indéniables  et  une  grande  influence. 
Le  sept  février  de  la  même  année,  les  conseillers 
choisirent  M.  Isaïe  Rainville,  notaire,  pour  rem- 
plir la  charge  de  secrétaire- trésorier  et  M.  Alexis 
Coderre,  celle  de  chef  de  police.    Ici,  (dans  l'ordre 


21 


ebrOQologîque)  se  place  un  incident  qui  montre 
combien  la  race  canadienne-française  a  toujours 
tenuF  à  vivre  en  harmonie  avec  les  autres  races  et 
à  leur  accorder  le  **fairplay"  qui  trop  souvent 
lui  est  refusé.  Pas  un  seul  anglais  avait  été  élu 
au  conseil,  mais,  comme  leurs  intérêts  étaient 
nombreux,  il  fut  résolu  entre  les  conseillers  de 
tirer  au  sort  afin  de  créfr  une  vacance,  et  per- 
mettre la  nomination  d'un  concitoyen  d'origine 
britimiique.  Le  hasard  désigna  M.  Julien  Marti- 
neau  qui  se  retira  noblement,  et  le  12  février  M. 
J.  Luttrell  était  appelé  à  le  remplacer. 

Quelques  jours  plus  tard,  on  louait  la  maison 
Brewster,  pour  y  installer  les  bureaux  de  la  cor- 
poration ainsi  que  les  postes  de  pompiers  et 
d'agents  de  police.  Une  pompe  à  incendie  et 
un  dévidoir  furent  achetés,  afin  d'être  en  état 
de  combattre  victorieiisement  l'élément  destruc- 
teur qui  faisait,  parmi  nous,  de  terribles  ravages. 

Le  village  de  S'e.  Cunégonde  n'existait  civile- 
ment que  depuis  une  année  lorsc,u'il  fut  question 
de  la  construction  d'un  aqueduc. 

Depuis  un  certain  temps,  l'eau  était  servieaux 
habitants  par  des  individus  qui  la  vendaient  au 
seau.  Ce  système  présentait  une  foule  d'incon- 
vénients. Il  était  onéreux,  très  incommode  en 
hiver,  et  l'eau  n'était  pas  toujours  potable  et 
pure,  car  on  la  puisait  généralement  dans  le 
canal. 


22 


Mais,  construire  nu  aqueduc,  était  une  entre* 
prise  énorme  alors,  et  les  municipalités  environ- 
nantes avaieut  teculé  en  face  des  difficultés 
imaginaires  ou  réelles  que  présentait  le  projet* 

Néanmoins,  toujours  audacieux,  ou  plutôt,  sui- 
vant le  progrès  pas  à  pas,  notre  conseil  fut  en 
faveur  d'une  telle  entreprise,  et,  c'est  une  de  ses 
actions  les  plus  louables.  Les  conseillers  n'envi- 
sagèrent que  le  grand  bien  que  notre  population 
en  retirerait  et  l'augmentation  de  valeur  que  cela 
donnerait  aux  propriétés  immobilières. 


POETEUK    DKAU. 

les  travaux  furent  confiés  à  MM.  Berger  et 
Béique.  Poussés  rapidement,  ils  furent  termin'es 
en  1879.  Le  24  décembre,  la  veille  de  Noël, 
Teau  fut  introd  uite  pour  la  première  lois  dans  les 
tuyaux. 

L*édifice  qui  renfermait  les  machines  s'éle- 
vait sur  la  rive  nord  de   notre  beau  St.  Laurent, 


ÎS 


HOTEL-DE-VILLE. 


.^•^^^  m  >• 


•» 


24 


vis-à-^is  l'île  des  Sœurs,  dans  un  endroit  très  pitto- 
resque. L'eau  puisée  au  pied  du  rapide  Saint- 
Louis  était  fraîche  et  limpide. 

Le  26  mars  1877,  la  corporation  acheta  l'ancienne 
église  St.  Jude  et  l'école  y  attenant  pour  les  con- 
vertir en  un  hôtel  de  ville  et  y  établir  des  postes 
de  pompiers  et  de  gardiens  de  la  paix,  plus  eu 
rapport  avec  notre  situation  financière,  car  déjà 
la  valeur  de  la  propriété  immobilière  était  de 
$1,163,000  et  la  population  de  4,084  âmes.  Placé 
au  coin  des  rues  Vinet  et  VVorkman,  le  nouvel 
hôtel  de  ville  se  trouvait  presqu'au  centre  de  la 
municipalité,  conséquemment  bien  situé  pour  les 
affaires.  Les  protestants  se  bâtirent  une  autre 
église,  en  pierre,  plus  jolie,  au  coin  de  la  rue 
Coursol  et  de  la  rue  Vinet. 

Peu  de  temps  après,  M.  C.  F.  Porlier  fut  nom- 
mé secrétaire- trésorier  eu  remplacement  de  M. 
Rain ville.  Il  conserva  cette  position  jusqu'en 
1884,  époque  à  laquelle  il  démissionna  et  devint 
percepteur  des  tq|,xes  d'eau  jusqu'en  1889,  puis 
surintendant  de  l'aqueduc,  fonction  qu'il  remplit 
depuis  lors.  Dans  sa  charge  de  secrétaire  il  fut 
remplacé  par  M.  G-  N.  Ducharme» 

A  peine  ce  dernier  était  -il  au  fait  des  devoirs  de 
sa  nouvelle  situation  qu'il  commença  à  préparer 
la  charte  "d'incorporation"  du  village  de  Ste. 
Cunégonde    "  en  ville,"  et  le  24  juillet   1887   la 


25 


chose  était  accomplie  Immédiatement,  le  couseiî 
décida  de  faire  commencer  les  travaux  de  la  pose 
des  canaux  d'égouts.  Cette  mesure  sanitaire  et 
d'utilité  publique,  indispensable  de  nos  jours, 
provoqua  un  nouvel  élan  vers  la  prospérité,  donna 
plus  d'encouragement  aux  locataires,  et  partant 
aux  propriétaires.  Aussi  voyons-nous  construc- 
tions et  lots  atteindre  le  chiffre  de  $1,375,020- 

Afin  de  rendre  plus  important  les  abords  de 
notre  magnifique  temple,  d'en  faire  voir  les  majes- 
tueuses proportions,  il  fut  en  i885,  proposé  et 
adopté  de  convertir  en  square  le  lopin  de  terre  sis  au 
coin  des  rues  St.  Jacques  et  Vinet.  On  ajoutait 
que  plus  tard,  sur  ce  petit  square,  on  pourrait  élever 
un  monument  quelconque.  Eh  bien  !  citoyens,  le 
moment  semble  venu  de  mettre  votre  idée  à  exécu- 
tion. St.  Henri,  la  ville  voisine,  a  élevé  une  statue  au 
découvreur  du  Canada,  élevons  en  une  à  un  autre 

héros,  afin  que  chacune  dts  places  publiques  de  la 
métropole  canadienne  et  de  ses  environs  puisse 
présenter  au  regard,  une  page  de  notre  meiveil- 
leu.se  histoire,  écrite  sur  le  bronze  et  le  granit. 

A  partir  de  1886,  Sainte-Cunégonde  entre  dans 
une  ère  prospère  sans  égale.  Le  Grand  Tronc  lui 
accorde  une  petite  gare,  la  Banque  Jaccjues  Cartier 
place  une  succursale  ;  les  rues  sont  éclairées  à  la 
lumière  électrique,  les  noms  des  rues  insignifiants 
sont  remplacés  par  des  noms  sonores  et  bien  his- 
toriques, on  parle  d'acheter  l'aqueduc,  et  finale- 
ment, le  21  mai  1890,  la  ville  devient  cité. 


IV 


LA  CITE. 


Moi,  je  t'aime,  ô  ma  ville  chérie  et  je 
voudrais  avoir  une  plume  assez 
éloquente  pour  te  faire  aimer  de 
tous!....— Marik  Routhiek. 


ainte-Cunégonde  actuelle  est  probablement,  la 
plus  petite  cité  de  la  confédération. 
Sa  superficie  est  de  centfvingt-cinq  acres 
au  plus  !  Sa  surface  ressemble  à  celle  d'un  triangle 
isocèle  dont  le  canal  serait  la  base,  Montréal  un 
côté,  et  Saint- Henri  l'autre  côté. 

Malgré  sont  exiguité,  elle  n'en  est  pas  moins 
florissante,  comme  nous  venons  de  le  voir,  parce- 
qu'elle  a  l'avantage  de  renfermer  dans  son  sein 
des  hommes  qui  se  sont  emparés  de  la  barque 
municipale  pour  la  conduire  vers  le  port  désiré. 

Le  fait  que  dans  le  temps  relativement  restreint 
qui  s'écoule  depuis  sa  fondation  jusqu'à  nos  jours, 
Sainte-Cuuégonde  ait  parfaire  tant  de  progrésHest 
excessivement  rare  en  ce  pays. 


28 


Certes  ceux  qui  s'étaient  dévoués  aux  intérêts  de 
notre  cité  pouvaient  être  fiers  et  se  reposer  sur 
leurs  lauriers.  -  Ils  ue  le  firent  pas,  au  contraire, 
ils  continuèrent  à  travailler  à  son  embellissement. 
L^s  rues  deviennent  éclairées  par  la  lumière  à 
arc,  son  aqueduc  est  vendu,  puis  on  emploie 
l'argent  à  paver  nos  rues  en  asphalte,  bientôt  la 
rue  Notre  Dame  sera  élargie,  et  nos  voies  publi- 
ques ressembleront  à  celles  du  centre  de  Montréal. 
'  Eu  devenant  cité,  Sainte-Cunégonde  n'a  pas 
voulu  rester  ea  arrière  de  ces  co-soeurs  sous  le 
rapport  judiciaire.  Aussi  s'est-elle  créé  un  tribunal 
correctionnel,  dont  la  présidence  a  été  confié  à  un 
jeune  avocat  de  beaucoup  de  talents,  M-  F.  X. 
Du!  uii. 

Ce  mot  avocat,  me  remet  en  mémoire  que  le 
patriote  L-  O.  David,  greffier  de  la  cité  de  Mont- 
réal et  président  de  l'Association  St  Jean-Baptiste 
a  été  longtemps  l'avocat  de  notre  cité.  Aujour- 
d'hui c'est  M.  J.  Adam  l'ex-associé  de  l'Honorable 
George  Duhamel. 

Mais  revenons  au  sujet  de  tout-à-l'heure.  Il 
semble  que  le  repos  soit  impossible  aux  natures 
d'élite  :  le  travail  est  leur  vie.  Si  le  théâtre  sur 
lequel  nos  hommes  d'action  tels  que  MM^ 
Lalonde,  Delisle,  Hénault  et  nos  autres  conseillers 
se  sont  montrés  à  la  hauteur  de  leur  tâche  eut  été 
plus  grand,  nul  doute  que  des  honneurs  considéra- 


I  ^^CS(BK!WSSB*H1BII 


29 


r'îçw^'ï^r^'"  '■"  '~x 


LSt  J.    ^>,     . ^., 


L.  H.  HENAULT 

Cinquième  maire  de  Ste-Cunégonde.    Echievin 


30 


61es  seraient  venus  s'ajouter  à  la  joie  qu'ils  éprou- 
vaient de  la  pleine  réussite  de  leurs  entreprises. 
Néanmoins  cette  satisfaction  extérieure  que  cer- 
taines gens  recherchent,  n'a  pas  autant  de  prix 
pour  les  hommes  detmés  d'orgueil  et  d'ambition 
malsaine. 

Leur  seul  but  était  d'élever  une  cité  prospère,  de 
la  couvrir  de  monuments  à  la  gloire  de  l'humanité, 
dîi  travail,  Dieu  leur  a  permis  de  l'atteindre  ;  que 
pouvaient-ils  désirer  de  plus  ? 

Aujourd'hui  Sainte-Cunégonde  compte  plusieurs 
ateliers  donnant  la  vie  à  de  nombreuses  familles  en 
échange  du  travail  manuel. 

Mentionnons  en  passant  : 

La  "New  York  Sewing  Machine  Co." 
La  "  Montréal  Rolling  Mills  Co." 
La  "  Mitchell  Brass  Foundry." 
La  "  Davidson  &  Co.," 

et  les  autres  de  moindre  importance  comme  les 
chantiers  Cantin  ;  la  *'  Dominion  Wadding  Co.." 
la  "  McCaskill  Varnish  Factory,  "  la  fonderie 
Finlay  ;  les  moulins  à  scie  de  Ward,  Rutherford  ; 
Aquin  &Itzweire,  enfin  "  Luttrell  Biscuit  Bakery,*' 
les  eiîtrepots  de  glace  :  Hénault  Leroux,  Fortin, 
'UvIceCo." 

s^i^&cile  courte  énumération  est  suffisante  pour 
»1;;  i.  ^trer  quels  développements  l'industrie  a 
pris  ICI. 


H 


3î 


En  outre,  le  commerce  est  des  plus  florissants,- 
les  chalands  sont  nombreux  la  misère  réduite  à  sa 
plus  simple  expression.  Voyez  nos  magasins  la 
variété  et  la  richesse  se  côtoient. 

La  plupart  de  nos  rues  présentent  une  jolie  ap- 
parence.    Animées  dans  le  quartier  commercial, 
tout-à  fait   paisible  et  opulente  dans   le  quartier 
fashionable,    peu    bruyante    dans     les    quartiers- 
ouvriers. 


SCEAU  DE  LA  CITE. 


Nulle  part  nous  avons  de  ces  coins  sordides  oîi 
le  regard  se  porte  avec  dégoût.  Après  avoir  par- 
couru la  ville,  après  avoir  jeté  un  coup  d'oeil 
partout,  il  est  facile  de  s'apercevoir  que  les  échevins 
ont  fait  noblement  leur  devoir,  mais  si  je  ne  men- 
tionnais pas  spécialement  M^.  G.  N.  Ducharme, 
je  commettrais  une  grave  injustice.      En  effet. 


32 


quiconque  connait  les  obligations  d'un  secrétaire- 
trésorier  de  municipalité,  sait  quelle  influence  cet 
homme  exerce  sur  les  destinées  du  lieu  dont  les 
intérêts  lui  sont  confiés. 

C'est  lui  qui  indique  le  chemin  que  la  barque 
municipale  doit  suivre.  Lorsqu'il  est  intelligent, 
lorsqu'il  est  honnête,  lorsque  les  conseillers  savent 
qu'ils  ont  the  tight  man  in  ihe  iight place  qui  les 
conduira  sûrement,  il  est  rare  qu'ils  ne  le  consul- 
tent pas,  qu'ils  ne  se  rangent  pas  même  à  son  avis. 

I^es  élus  du  peuple  étaient  expérimentés,  leur 
secrétaire  un  homme  dévoué,  un  travailleur,  ils  se 
^comprirent.  Dès  lors  l'entente  régna  dans  le  con- 
seil . 

lyOin  d'être  défavorable,  cela  servi  à  notre  avan- 
cement. 

Si,  de  nos  jours,  la  question  de  l'annexion  à  la 
grande  ville  de  Montréal,  est  agitée  plus  que  jamais, 
ce  n'est  qu'un  effet  de  la  destinée  à  laquelle  sont 
soumis  les  faubourgs  des  grands  centres. 

C'est  inévitable,  tôt  ou  tard  nous  disparaîtrons, 
inconnus,  engloutis  par  notre  colossale  rivale, 
pareillement  aux  fleuves  qui  se  mêlent  à  l'océan 
sans  laisser  de  trace. 

Toutefois,  ceux  qui  ont  travaillé  à  la  création 
de  Sainte  -  Cunégonde,  à  son  agrandissement, 
pourront  dire  avec  fierté,  que  par  leur  énergie,  ex- 
istait une  fière  cité  ayant  une  population  d'une 


33 


\ 

J 


G.  N.  DUCHARME 

Président  actuel  de  l'aSBociation  8t.  Jean -Baptiste. 
Greffier  de  la  cité. 


34 


dizaine  de  mille  personnes  où,   un   demi   siècle 

auparavant,  se  voyait  un  champ  inculte. 

En  terminant  ce  chapitre  nous  nous  faisons  un 

devoir  de  donner  le  tableau  du  conseil  municipal 

et  de  ses  officiers  pour  l'année  1893  • 

L.  H.  Hénault,  Maire. 

J.  A.  R.  Léonard,  Pro-maire. 


QUARTIER  NORD. 

Jos.  Luttrell. 

M.  E.  Lymburner. 

QUARTIEK    EST. 

A.  s.  Delisle. 
ly.  H.  Hénault, 


QUARTIER  SUD. 

C.  F.  Lalonde. 
J.  H.  Doré. 

QUARTIER  OUEST. 

H.  Morin. 

J.  B.  Du  rocher. 


J.  A.  R.  Léonard, 

OFFICIERS  DE  LA  CORPORATION. 

F.  X.  Dupais,  Recorder. 

G.  N.  Ducharme,  Greffier  et  trésorier. 

h  ^  S?^^r^"^'  1    Auditeurs  de  la  cité. 
T.  G-  Leders,     ) 

Jos.  Adam,  Avocat  de  la  cité. 

Jos.  Page,   Chef  du  département  de  feu 

et  police. 

Th.  Cypihot,  Médecin  de  la  cité. 

J.  E.  Vanier,  Ingénieur  civil  de  la  cité. 

J  Cousineau,  Sous-chef  du  dep.  de  police- 

Adol.  Binette,  Sous-chef  du  dep.  de  feu. 

COMMISSION  LOCALE  d' HYGIENE, 

Jos.  H.  Thibert,  Président 

J.  Luttrell,  A.  S.  Delisle,  Hubert  Morin, 

BURFAU  DES  EVALUATEURS. 

A.Piché.  E.  Marchand,  J.  H.  Thibert, 
J.  A.  Gougeon. 


V. 


PRETRE  ET  CITOYEN. 


'  Apres  Dieu,  tout  pour  mou  pays .  "  Voilà 
Diou,  eu  eifet,  la  devise  de  l'admirable 
clergé  du  Canada. 

Lk  Comte  F.  dk  Foucault. 


I      'existence  du   peuple    canadien  français    est 

jP     intimement  liée   à  celle  du   clergé.     L'un 

par  l'autre   a  vécu.     Ils  se  sont  aidés,  se 

sont   soutenus.      Si   nous  avons  conservé   notre 

religion,  notre  langue,  nos  mœurs,  c'est   grâce  à 

lui.     Qui  peut  le  nier  ? 

Notre  histoire,  "  écrin  de  perles  ignorées  "  a  dit 
Fréchette,  pages  héroiques,  s'il  en  fit  jamais,  est 
un  long  et  brillant  témoignage  en  faveur  de  cette 
réflexion. 

Sous  la  domination  française,  les  missionnaires 
conquirent  ce  pays  au  christianisme.  Après  la 
conquête,  nos  prêtres,  uouwaux  pasteurs,  ras- 
semblent leurs  brebis,  les  gardent  sous  leur  pro- 
tection, les  préservent  des  contacts  dangereux. 


i 


36 


Sous  eux,  une  nation  forte,  saine,  religieuse, 
morale,  grandit,  s'élève  comme  un  arbre  vigou- 
reux. Ses  enfants  débordent  de  leur  territoire 
envahissent  les  pays  limitrophes  et  vont  porter  au 
loin  les  semences  de  la  foi  et  leur  énergie  pour  le 
travail. 

Aussi,  le  prêtre  ne  s'est  pas  borné  à  veiller  à  nos 
intérêts  religieux.     Au  contraire,  dans  la  plupart 
des  paroisses,  le  prêtre  s'est  identifié  avec  les  pro- 
.  grès  matériels  de  la  place. 

C'est  ce  qu'a  fait  notre  curé.  Son  action  bien- 
faisante au  milieu  de  nous  a  été  si  forte  qu'il 
semble  avoir  inspiré  et  fécondé  toutes  les  œuvres. 

On  le  trouve  partout,  indiquant  ce  qu'il  y  a  à 
faire,  suggérant  les  moyens  pour  y  parvenir,  don- 
nant libéralement  son  temps,  ses  sueurs  et  ses 
épargnes  pour  p  arriver  plus  tôt  au  but. 

J'ai  donc  cru  devoir  placer  une  notice  biogra- 
phique sur^'abbé  A.  Séguin. 

Semblable  au  papillon  qui,  dans  un  jardin  ne  se 
pose  qu'un  instant  sur  chaque  fleur,  ma  plume  ne 
fera  qu'effleurer  les  différentes  phases  de  la  vie  et 
des  travaux  de  notre  curé  dévoué. 

M-  Séguin  est  né  à  Rigaud,  comté  de  Vaudreuil, 
le  28  octobre  1842,  et  reçut  au  baptême  le  nom 
d'Alphonse.  Son  père,  un  brave  et  riche  cultiva- 
teur, s'appelait  Pierre  Séguin  et  sa  mère  Adélaïde 
Sabourin. 


2^7 


■■7M^t»<m'^'^'*~'i7"-^-u.é^\     -wr. 


Abbe.  a.  SEGUIN 

Premier  curé  de  Ste-Ciuiégondc. 


3» 


Il  fit  ses  études  à  Sainte  Thérèse  ce  Blainvîlle, 
oli  des  prêtres  vertueux  développèrent  par  leurs 
exemples  et  par  leurs  leçons  les  semences  de 
vertus  que  Dieu  avait  mises  dans  son  cœur.  Ayant 
terminé  sa  philosophie,  il  résolut  d'entrer  dans 
l'état  ecclésiastique  et  commença  sa  théologie  au 
séminaire  de  Montréal,  d';  li  il  fut  retiré  après  dix- 
huit  mois,  pour  aller  demeurer  à  l'évêché. 

Le  28  Septembre  1867,  il  se  présenta  à  l'ordina- 
tion et  fut  promu  au  sacerdoce  le  jour  de  la  Nati- 
vité de  la  Sainte  Vierge,  par  Mgr.  Bourget  dans 
la  cathédrale  de  Montréal. 

Le  jeune  abbé  Séguin  fut  nommé  en  octobre  de 
la  même  année,  vicaire   à  Saint- Jean  d'Iberville. 

Trois  ans  plus  tard,  il  était  envoyé  à  Verchères 
oïl  son  irère  aine  remplissait  les  fonctions  de  curé. 

Son  séjour  y  fut  de  courte  durée,  car  nos  zouaves 
canadiens  venaient  d'arriver  de  Rome  et  quelques- 
uns  d'entre-eux  se  sentant  des  goûts  pour  la  vie 
champêtre  résolurent  de  fonder  sous  la  protection^ 
de  l'autorité  ecclésiastique  une  colonie  au  milieu 
de  nos  forêts. 

Les  bords  du  lac  Mégantic,  sur  les  confins  des 
diocèses  de  Québec  et  Trois-Rivières,  dans  le 
comté  de  Compton,  furent  choisis,  à  cause  de  leurs 
riants  paysages,  pour  en  être  le  berceau. 

M.  A.  Séguin  fut  chargé  de  les  y  conduire.  Ils 
partirent  de  Montréal  une  quinzaine,  le  18  avril 


39 


1871  et  arrivèrent,  après  trois  jours  de  marche 
pénible,  au  fameux  lac,  encore  couvert  de  glace. 
La  neige  tombait  par  gros  flocons,  le  ciel  était 
sombre,  la  bise  soufflait,  froide,  à  travers  la  forêt 
dénudée,  le  spectacle  faisait  mal  au  cœur. 

Lacune  rude  tache  attendait  notre  jeune  mission- 
naire. L'organisation  de  la  nouvelle  colonie  était 
difficile.  Les  pionuie:^  arrivaient  lentement  à 
cause  de  la  distance  et  des  mauvais  chemins  ;  la 
distribution  des  terres  rencontrait  de  l'opposition 
de  la  part  de  squatters  qui  affirmaient  avec  menaces 
avoir  retenu  à  l'avance  les  lots  qui  étaient  donnés 
aux  zouaves. 

Il  fallut  aller  à  Québec,  à  Montréal,  à  Sher- 
brooke et  ailleurs  pour  faire  lever  tous  les  obstacles. 

Au  milieu  de  ces'  difficultés,  M.  Séguin  veillait 
à  la  construction  d'une  maison  pour  le  mission- 
naire et  les  colons,  puis  d'une  chapelle  pour  les 
exercices  du  culte. 

Six  mois  après,  toute  la  colonie  était  enfin  orga- 
nisée. De  nouveaux  colons  arrivaient  tous  les 
jours,  et  Piopolis,  comme  on  avait  baptisé  l'en- 
droit en  souvenir  de  Pie  IX,  devenait  un  centre 
d'activité. 

Six  paroisses  ou  missions  sont  aujourd'hui  sorties 
de  son  sein 

Monsieur  Séguin  remit  sa  mission  entre  les 
mains  d'un  prêtre  de  Trois- Rivières  et  revint  à 


Il 


40 


Montréal  après  avoir  accompli  cette  bonne  et 
grande  œuvre. 

En  février  1872,  M.  Séguin  fut  appelé  à  la  cure 
de  Saint- André  d'Argenteuil  qui  venait  d'être  cédée 
par  les  clercs  de  St.  Viateur  à  Mgr.  de  Montréal. 
Il  trouva  une  vieille  sacristie  et  une  église  bien 
trop  petite  pour  loger  tous  les  ndèles. 

Il  se  remet  résolument  à  l'œuvre,  bâtit  une  nou- 
velle sacristie,  allonge  l'église  de  trente  pieds, 
refait  les  fenêtres  et  les  portes,  pose  une  nouvelle 
couverture,  surmonte  le  tout  d'un  clocher. 

Entre  temps,  il  visite  sa  paroisse  et  réorganise 
les  écoles.  Il  se  rend  même  au  village  de  L^achute 
011  il  trouve  un  petit  noyau  de  catholiques  perdu 
au  milieu  d'une  population  protestante  assez  into- 
lérante. Voyant  leur  détresse,  le  curé  loue  une 
école  méthodiste  pour  y  dire  la  messe  tous  les 
dimanches  ;  cela  cause  un  émoi  à  certains  sec- 
taires fanatiques  de  Lachute  qui  bientôt  mettent 
.  le  feu  à  la  dite  chapelle.  Mais,  c'est  en  vain, 
l'œuvre  de  Dieu  ne  périt  pas.  Une  belle  église 
sortira  des  cendres  de  la  chapelle  primitive.  A.  M. 
l'abbé  J.  D.  Dubois,  aujourd'hui  curé  de  la  paroisse 
du  St.  Esprit,  fut  confié  le  gouvernement  de  cette 
église  naissante. 

M .  l'abbé  Séguin  était  à  faire  décorer  l'intérieur 
de  son  église  de  Saint-André  quand,  au  milieu  de 
l'été  de  1875,  il  fut  appelé  à  Sainte-Cunégonde. 


41 


et 


Dans  la  force  de  l'âge,  plein  de  zèle,  de  dévoue- 
ment et  de  patriotisme,  accoutumé  aux  durs  travaux 
de  fondation,  ce  prêtre  était  celui  que  la  Provi- 
dence avait  choisi  pour  la  direction  de  Sainte- 
Cunégonde.     Il  fut  donc  notre  premier  curé. 

Quelques  lecteurs,  en  voyant  cette  dernière 
phrases,  vont  peut-être  répéter  ce  que  d'anciens 
citoyens  me  disaient,  à  savoir  :  que  la  cure  avait 
été  établie  ici,  durant  le  séjour  de  M.  Pru- 
d'homme? 

Cette  opinion  est  facilement  mise  à  néant  par  le 
fait  que  tous  les  actes  de  baptême  et  de  mariage 
écrits  par  le  Rev.  M.  Prud'homme  sont  datés  de 
St.  Henri,  ensuite  par  la  pièce  officielle  suivante 
qui  démontre  que  l'érection  canonique  de  notre 
paroisse  n'a  eu  lieu  qu'en  décembre  1875,  alors 
que  M.  A.  Séguin  avait  remplacé  son  prédéces- 
seur depuis  quatre  ou  cinq  mois: 

"  Ignace  Bourget,  par  la  miséricorde  de  Dieu 
**  et  la  grâce  du  St.  Siège  Apostolique  Evéque  de 
*'  de  Montréal  etc.,  etc.,  etc. 

"  A  tous  ceux  qui  les  présentes  verront  savoir 
"  faisons  que  vu  i©  la  Requête  en  date  du  quatorze 
'juillet  dernier  à  nous  présentée  par  les  habitants 
"  francs  tenanciers  de  la  Desserte  de  Ste.  Cuné- 
'*  gonde  faisant  partie  de  la  paroisse  de  St.  Henri 
'*  des  Tanneries,  dans  le  comté  d'Hochelaga,  du 
"  District  de  Montréal,  de  Notre  Diocèse,  lesquels 
*'  demandent  que  leur  territoire   formant  la  dite 


42 


desserte  de  Ste.  Ciinëgonde  soit  détaché  de  la 
dite  paroisse  de  St.  Henri  des  Tanneries  et  ca- 
noniquement  érigée  en  paroisse  séparée  ;  ?«>  la 
commission  spéciale  en  date  du  vingt-sept 
novembre  dernier  que  Nous  avons  donnée  sur  la 
dite  Requête  à  M.  Joseph  .*'éguin  chanoine  de 
Notre  Cathédrale,  pour  après  dues  Notices  don- 
nées aux  intéresî^és  se  transporter  sur  les  lieux,  y 
véiifier  les  faits  et  les  allégués  de  la  dite  Requête, 
la  convenance  de  faire  la  dite  érection  et  du  tout 
nous  faire  son  rapport  par  écrit  ;  30  la  procédure 
du  dit  M.  Joseph  Séguin,  Notre  Député  susdit  ; 
40  les  Notices  qu'il  en  a  données  aux  intéressés  ; 
50  le  rppport  légal  et  par  écrit  qu'il  nous  a  fait 
le  neuf  décembre  courant  constatant  les  faits  et 
les  allégués  de  la  dite  Requête,  la  majorité  des 
habitants  francs  tenanciers  du  sus  dit  territoire 
ainsi  que  la  convenance  de  faire  la  dite  érection 
canonique. 

"  En  conséquence  de  tout  cela,  le  Saint  Nom 
de  Dieu  invoqué,  dérogeant  au  décret  par  lequel 
la  dite  paroisse  de  Saint- Henri  des  Tanneries  a 
été  érigée  le  deux  juillet  mil  huit  cent  soixante- 
quatorze,  Nous  avons  détaché  et  détachons  par 
les  présentes  de  la  dite  paroisse  de  St.  Henri  des 
Tanneries,  érigé  et  érigeons  aussi  pnr  les  présen- 
tes en  titre  de  Cure  et  de  paroisse  séparée  sous 
le  titulaire  de  Ste.  Cunégonde  dont  la  fête  se 
célèbre  chaque  année  le  trois  du  mois  de  mars, 
tout  le  territoire  décrit  et  borné  comme  suit, 
savoir  :  Comprendra  la  dite  nouvelle  paroisse  de 
Ste.  Cunégonde  la  partie  Est  de  St.  Henri  des 
Tanneries  et  sera  borné  au  Sud  par  le  Canal  de 
Lachine,   depuis  la   rue     Atwater     jusqu'aux 


43 


limites  actuelles  de  la  ville  de  Montréal  depuis 
le  Canal  de  Lachine  jusqu'à  la  rue  Dorchester, 
au  Nord  par  une  ligne  passant  par  le  milieu  de 
la  rue  Dorchester  et  se  prolongeant  des  limites 
de  la  dite  ville  de  Montréal  jusqu'à  la  rue  At- 
water,  et  à  l'Ouest  par  une  ligne  passant  par  le 
milieu  de  la  rue  Atwater  et  se  prolongeant 
depuis  la  rue  Dorchester  jusqu'au  Canal  de  La- 
chine, sujette  la  dite  nouvelle  paroisse  aux  dis- 
positions exprimées  dans  le  décret  d'érections  de 
ia  susdite  paroisse  de  St.  Henri  des  Tanneries 
tel  qu'amendé  par  le  Saint  Siège  et  publié  dans 
la  dite  paroisse  en  mil  huit  cent  soxante-qua- 
torze." 

"  Pour  être  la  dite  cure  et  paroisse  de  Ste. 
-Cunégonde  sous  notre  entière  juridiction  spiritu- 
elle, à  la  charge  par  les  curés  ou  desservants  qui 
y  seront  placés  par  Nous  ou  Nos  successeurs 
de  se  conformer  en  tout  aux  règles  de  discipline 
établies  dans  ce  Diocèse,  spécialement  d'admi- 
nistrer les  sacrements  de  l'église,  la  parole  de 
Dieu  et  les  autres  secours  de  la  religion  aux 
fidèles  de  la  dite  paroisse  ;  enjoyons  à  ceux-ci 
de  payer  aux  dits  curés  ou  desservants  les  dîmes 
et  les  oblations  telles  que  usitées  et  autorisées 
dans  ce  Diocèse,  de  leur  porter  respect  et  obéis- 
sance dans  toutes  les  choses  qui  appartiennent 
à  la  religion  ou  qui  intéressent  le  salut  éternel. 

"  Sera  le  présent  Décret  Cano- 
*'  nique  ou  une  vraie  copie 
'•  d'icelui,  lu  et  publié  au 
"  prône  de  la  messe  parois- 
"  siale  des  deux  susdites  pa- 
"  roisses  le  premier  dimanche 
après  la  réception. 


«< 


T^      j 


44 

Donné  à  Montréal  le  onze  du 
"  mois  de  décembre  mil  huit 
"  cent  soixante-quinze,  sous 
**  Notre  Seing  et  Sceau  et  le 
'*  Contre  Seing  de  Notre  Se- 
"  cré taire. 

t  ÎG,  Ev.  DE  Montréal. 


P(    )   ^^  inseigneur, 


J,  O.  Pare, 

Chan-Secré  taire. 

'*  Je,  soussigné,  curé  de  ia  paroisse  de  St.  Henri 
**  des  Tanneries,  certifie  avoir  lu  et  publié  le  dé- 
"  cret  ci- dessus  et  d'autre  part,  au  prône  de  la 
*'  messe  paroissiale,  dimanche  le  douzième  jour  de 
•'  décembre  mil  huit  cent  soixante-quinze. 

*'  En  foi  de  quoi,  j'ai  signé  le  présent  certificat 
*'  au  dit  lieu  de  St.  Henry  des  Tanneries,  le  douze 
*'  décembre  mil  huit  cent  soixante-quinze. 

Jcs.  Gratton,  Ptre.  Curé. 


Le  prêtre  entreprenant  qui  venait  s'établir  au 
milieu  de  nous,  se  préoccupa  nullement  des  peines 
et  des  fatigues  qu'il  lui  faudrait  endurer  pour 
arriver  à  son  but  L'âme  remplie  de  nobles  aspi- 
rations, il  voulait  doter  ses  ouailles  d'œuvres  ad 
majorent  dei  gloriam.  "Jamais  le  révérend  Sé- 
guin se  laissa  rebuter  par  la  faiblesse  de  ses  res- 
sources.    Dieu  lui  inspira  une  profonde  confiance 


45 


et  le  digne  curé  savait  qu'avec  l'appui  du  Ciel,  il 
pourrait  réaliser  bientôt  son  rêve  le  plus  cher,  qui 
était  de  doter  Sainte-Cunégonde  d'une  église  oU 
les  fidèles  pussent  tremper  leurs  âmes,  contre  les 
faiblesses  de  la  vie,  et  dans  un  saint  concert 
adresser  à  Dieu  leurs  ferventes  prières.  '  ' 

Tout  d'abord  il  s'occupa  de  la  fondation  d'une 
fabrique,  comme  le  document  suivant  en  fait  foi  : 

ORDONNANCE  DE 

Mgr.  iv'EvEQUE  de  Montréal, 

Etabussant  une  Fabrique  dans  la  Paroisse 

T>H  Sainte   Cunegonde. 

IGNACE  BOURGET 

Par  la  Grâce  de  Dieu  et  du  Si^ge 

Apostolique 

EvEQUE  DE  Montréal- 

Etc.,  Etc.,  Etc. 

"  Vu  que  la  Paroisse  de  Ste.  Cunegonde  doit 
**  aux  termes  des  Décrets  | Apostoliques  qui  ont 
*'  déterminé  le  démembrement,  de  la  Paroisse  de 
*^  Notre  Dame  de  Montréal,  avoir  une  Fabrique 
'  '  pour  la  bonne  administration  de  ses  revenus  ; 

*'  Vu  que  pour  la  formation  d'une  telle  Fabrique 
**  etle  régime  de  son  administration  il.convient  et 
**  qu'il  est  même  nécessaire  d'adopter  les  formes 
"**  suivies  pour  la  création  de  l'administration  de  la 
*'  Fabrique  de  l'Eglise  mère  dont  elle  a  été  dé- 
"**  membrée  ; 


i 


iil    ! 


46 


**  Vu  que  conformément  à  une  Ordonnance  de 
Mgr.  François  de  Laval,  Evêque  de  Pétrée  et 
alors  Vicaire  Apostolique  de  la  Nouvelle  France, 
en  date  du  cinq  décembre  mil  six  cent  soixante, 
l'on  y  convoque  des  assemblées  tant  des  anciens 
que  des  nouveaux  Margtiilliers,  soit  pour  la  red- 
dition des  comptes  et  autr''  3  affaires  qui  concer- 
nent l'avantage  de  la  Paroisse,  et  le  bien  de 
l'Eglise  paroissiale, 

"  Nous  avons,  le  Saint  Nom  de  Dieu  invoqué, 
et  de  l'avis  de  N.  V  F.  les  Chanoines  de  Notre 
Cathédrale,  ordonné,  réglé,  statué,  ordonnons, 
réglons,  statuons  C^  qui  suit  : 

"10  Pour  nous  conformer  au  Décrets  Apostoli- 
que du  trente  juillet  mil  huit  cent  soixante- 
quatorze.  Nous  établissons  une  Fabrique  dans  la 

Paroisse  de  Ste.  Cunégonde,  régulièrement 
démembrée  de  celle  de  St.  Henri  des  Tanneries, 
dans  le  tomté  d'Hochelaga. 

"  2^  Cette  Fabrique  se  formera  du  Curé  qui  en 
sera  le  Président  né  et  des  Marguilliers  qui 
seront  élus  comme  il  va  être  dit  dans  le  nombre 
suivant  ; 

"  30  A  une  assemblée  de  tous  les  Paroissiens 
tenant  feu  et  lieu,  convoquée  au  Prône  de  la 
messe  paroissiale  par  le  Curé  ou  autre  Prêtre 
faisant  l'office,  pendant  deux  Dimanches  consé- 
cutifs, tenue  au  lieu  indiqué,  et  annoncé  par  le 
son  de  la  cloche,  seront  élus,  à  la  pluralité  des 
voix,  douze  paroissiens  propriétaires  et  domici- 
liés ayant  toutes  les  qualités  requises,  selon 
l'usage,  pour  remplir  l'office  de  Marguilliers, 
lesquels  seuls,  sous  la  présidence  du  curé,  pro- 


47 


t( 
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céderont  à  l'élection  pour  former  avec  le  dit  Curé,- 
l'œuvre  de  la  Fabrique  de  la  dite  Paroisse. 
*'  40  l'on  convoquera,  en  la  manière  ordinaire, 
c'est-à  dire  pendant  deux  Dimanches  consécutifs, 
les  anciens  et  nouveaux  marguilliers  chaque 
fois  qu'il  sera  question  d'en  élire  un,  de  recevoir 
les  comptes  (e  quelque  marguillier  sorti  de 
charge,  de  traiter  quelques  affaires  concernant 
le  bien  de  la  Paroisse  ou  celui  de  l'église  Pa- 
roissiale. 

"  5°  Il   sera  libre   à   l'assemblée   de   Fabrique 
ainsi    convoquée    d'élire    -chaque    année   pour 


Ancien  Presbytère. 


(< 


nouveau  marguillier  un  de  ceux  qui  ont  été 
appelés  par  la  paroisse,  à  nommer  les  trois  pre- 
miers marguilliers  d'icelle  paroisse.  Au  reste 
ces  douze  électeurs  seront  considérés,  leur  vie 
durant,  comme  anciens  marguilliers. 
"  60  Des  actes  de  délibérations  de  Fabrique,  de 
reddition  de  comptes  et  autres,  seront  faits  et 
portés  sur  des  livres  ou  Registres  authentiques 
qui  doivent  être  soigneusement  conservés  aux 
archives  de  la  dite  Paroisse. 


48 


«< 
II 

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41 
II 

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II 


"  7°  8era  la  dite  Fabrique  sous  notre  pleine  et 
entière  juridiction  et  relie  de^uccesseurs  les 
Evèquej/  et  gouvernée  selon  les  règles  canoni- 
ques en  usage  dans  ce  pays. 
"  Sera  la  présente  ordonnance  lue  au  Prône  de 
la  messe  paroissiale  de  la  Paroisse  de  Sainte- 
Cunégonde,  Dimanche  le  vingt- troisième  jour 
de  janvier  courant. 

••  Donné  à  Montréal  le  vingt  deuxième  jour  de 
janvier  de  Tannée  mil  huit  cent  soixante-seize 
sous  notre  seing  et  le  contre  seing  de  notre 
se'cre'taire  " 

t  Ig.  Ev.  de  Montréal. 

T   O.  Pare  Chan-Sécrétaire. 


Aussitôt,  ce  corps,  sous  la  conduite  de  son  pré- 
sident, quoique  les  revenus  de  la  paroisse  fussent 
très  faibles,  commença  cette  série  de  travaux  qui 
étonnent  nos  voisins. 

Les  paroissiens  reconnaissant  les  talents  et  la 
haute  compétence  de  leur  pasteur,  admirant  son 
courage,  son  ardeur,  son  activité,  répondirent 
avec  joie  à  ses  appels.  L,eur  générosité  ne  connut 
pas  de  bornes.  En  présence  des  succès  de  son 
délégué,  Sa  Grandeur  l'évêque  de  Montréal  lui 
écrivait  la  lettre  suivante  qui  démontre  que  le  chef 
du  diocèse  connaissait  parfaitement  son  inférieur 
dans  l'ordre  hiérarchique  : 


y 


49 

MoNTREAi,,  14  mars,  1876. 

Monsieur  le  Cure, 

\. 

Eu  réponse  à  votre  dernière 
je  ne  puis  que  vous  encourager  à  promouvoir  de 
toutes  vos  forces,  en  comptant  sur  le  zèle  de  vos 
marguilliers,  et  la  bonne  volonté  de  vos  paroissiens, 
les  intérêts  matériels  et  spirituels  de  votre  nouvelle 
paroisse,  où  tout  est  à  faire. 

Votre  Sainte  Patrone,  la  Bienheureuse  Cuné- 
gonde  qui,  en  société  avec  son  glorieux  Epoux 
St.  Henri,  a  fondé  tant  d'établissements  religieux 
viendra,  n'en  doutez  pas,  au  secours  de  la  seule 
paroisse  qui  dans  ce  pays,  est  dédiée  à  son  hon- 
neur. 

Dans  ce  ferme  espoir,  je  demeure  bien  sincère- 
ment. Monsieur, 

Votre  très  humble  et  obéissant  seviteur. 

t  Ig.  Ev.  de  Montréal, 

M.  A.  Seguin,  Ptre., 
Curé  de  Ste.  Cunégonde. 


Prêtre,  le  M.  A.  Séguin,  avec  le  concours  des 
fidèles,  mit  à  exécution  les  recommandations  de 
son    supérieur.       D'année    en   année   surgirent, 


50 


d'abord  une  église,  puis  une  f'cole  pour  les  gar- 
çon.*, une* académie  pour  les  filles,  un  pensionnat 
aussi  pour  les  filles,  une  maison  de  charité,  un 
presbytère.  Des  congrégations  furent  fondées  : 
celle  de  la  Sainte-Vierge  pour  les  hommes  et  les 
jeunes  gens,  celle  de  Sainte- Anne  pour  les  Dames, 
celle  des  Enfants  de  Marie  pour  les  demoiselles, 
enfin  l'archiconfre'rie  du  Saint- Rosaire  et  l'Union 
de  prière  pour  les  deux  sexes. 

Citoyen,  il  a  aidé  de  sescoUvSeils  sages,  prudents, 
raisonnes,  nos  hommes  publics.  Il  a  pris  une  part 
active  à  nos  intérêts  matérieKs.  De  sorte  qu'il 
peut  être  considéré  comme  un  des  promoteurs  de 
notre  cité.  Que  de  choses  nous  n'aurions  pas  sans 
sa  persistance  à  les  demander  ? 

Depuis  dix-huit  ans  qu'il  est  au'  milieu  de  nous, 
notre  curé  s'est  fait  chérir  et  considérer  par  ses 
paroissiens.  De  là  l'autorité  qu'il  s'est  acquis,  et 
dont  il  se  sert  pour  ramener  au  bercail  les  brebis 
égarées,  pour  consoler  et  guérir  les  âmes  malades. 

Dans  la  chaire,  ses  instructions  sont  écoutées 
avec  soin,  non  pas  parcequ'elles  renferment  de 
grands  mouvements  oratoires,  des  ornements  re- 
cherchés, des  artifices  puérils  et  frivoles,  mais  bien 
parcequ'elles  sont  comtes,  familières  et  à  la  portée 
des  espiits. 

L'abbé  ^é^uin  **  a  le  taUnt  assez  rare  de  pou- 
voir traiter  les  questions  les  plus  élevées  dans  un 


5> 


langage  simple.     C'est  par  les  images  saisissantes 
qu'il  tient  éveillé  l'attention  des  auditeurs." 

Maintenant  que  j'ai  raconté  une  partie  de  son 
voyage  sur  cette  terre,  que  j'ai  indiqué  sommaire- 
ment ses  œuvres,  qu'on  me  laisse  citer  en  termi- 
nant, le  paragraphe  suivant,  qui  peint  d'une 
manière  admirable  celui  qui  a  été  le  sujet  de  ce 
chapitre: 

*'  Au  physique,  il  est  des  plus  distingués  ;  de 
haute  stature,  la  tête  large,  le  front  vaste,  la  poi- 
trine forte,  l'œil  vif  et  qui  semble  scruter  les  pen- 
sées les. plus  intimes  des  autres,  la  lèvre  moqueuse, 
le  sourire  fin.  Une  physionomie  énergique, 
décidée,  mais  tendre,  lui  donne  je  ne  sais  quel 
ensemble  de  gravité,  d'autoritc  de  mansuétude. 
Sa  vivacité  naturelle  se  manifeste  parfois  sur  sa 
figure —mais  c'est  l'éclair — la  volonté  et  la  réflex- 
ion y  ramène  à  l'instant  une  habituelle  placidité.'* 


52 


Prksbyteke  Actuel. 


53 


POST  SCRIPTUM. 


Le  chapitre  précédent  était  écrit  et  même  sous 
presse  quand  la  mort  qui  aequo  puisât  pede  nous  a 
enlevé  notre  excellent  curé  après  une  longue  et 
pénible  maladie,  le  dix-neuvième  jour  de  mai,  mil 
huit  cent  quatre-vingt-treize. 

C'est  une  perte  douloureuse  pour  nous  tous  et 
le  souvenir  de  notre  père  spirituel  vivra  longtemps 
dans  le  cœur  de  ses  enfants. 

S'il  a  été  frappé  au  moment  où  il  commençait  à 
jouir  paisiblement  du  fruit  de  ses  nombreux  tra- 
vaux, c'est  que  Dieu  avait  d'autres  vues  sur  son 
serviteur.  Sans  doute  il  lui  réserve  une  récom- 
pense plus  grande  là-haut. 

Voici  le  compte-rendu  des  funérailles  qui  ont  eu 
lieu,  lundi  le  22  mai  : 

"Les  obsèques  de  feu  messire  Alphonse  Séguin, 
"  curé  de  Ste-Cunégonde,  ont  eu  lieu  ce  matin, 
"  à  l'église  de  la  paroisse. 

*'  Le  temple  disparaissait  sous  d'épaisses  teu- 
"  tures  de  deuil,  noires  et  violettes.  Au  des«î'>us 
d'un  baldaquin  dressé  dans  la  nef  reposaient  les 
restes  mortels  du  vénéré  pasteur  qui  a  doté  Ste- 
Cunégonde  de  son  temple  superbe,  de  sa  rési- 
dence curiale,  de  ses  écoles  et  qui  a  2té  pendant 
tant  de  temps  l'âme  dirigeante  et  le  père  bien- 
aimé  de  cette  importante  municipalité  cana- 
dienne française. 


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"  L'église  était  bondée  de  fidèles  accourus  pour 
'  pour  voir  une  dernière  lois  les  traits  du  pasteur 
'  défunt. 

"  M.  l'abbé  Séguin  reposait  sur  un  catafalque 

*  modeste  et  portait  les  ornements  sacerdotaux 
'  violets. 

"  C'est  S.  G.  Mgr.  Lorrain,  évêque  de  Pontiac, 
'  qui  a  officié,  assisté  de  M.  l'abbé  Nepveu,  comme 
'  prêtre  assistant,  et  de  MM.  les  abbés  Fortin  et 
'  Lessard,  comme  diacre  et  sous-diacre. 

**  M.   l'abbé   Fayette   agissait    en    qualité    de 

*  maître  de  cérémonie. 

**  Les  offices  d'acolyte  et  de  thuriféraire  étaient 

*  remplis  par  des  prêtres. 

*'  Mgr'  l'archevêque  Fabre  occupait  un  fauteuil 

*  dans  le  chœur.  Il  était  accompagné  de  MM. 
'  les  chanoines  Racicot,  Archambault,  Proulx, 
'  Piché  et  Savariat. 

"  C'est  Sa  Grandeur  qui  a  donné  l'absoute. 
"  Parmi   les   prêtres  présents,  nous  avons  re- 
marqué : 

"  MM  les  abbés  Nantel,  supérieur  du  séminaire 
'  de  Sainte-Thérèse  ;  R.  P.  Jodoin,  O  M.L,  supé- 
'  rieur  de  la  résidence  de  St- Pierre  ;  P.  Laroque, 

*  de  la  cathédrale  de  St-Hyacinthe  ;  A.  Plantin, 

*  de  la  cathédrale  d'Ottawa  ;  F.  Keid,  de  la 
'  cathédrale  de  Valleyfield  ;    P.  Lelandais,  direc- 

*  teurdu  collège  de  Montréal  ;  P.  Deguire,  P.S.S., 
'  curé  de  St-Jacques  ;  Loncrgan,  curé  de  Ste- 
'  Brigide  ;    Auclair,  curé  de  Saint-Jean-Baptiste  ; 

*  I  éclair,  curé  de  Saint-Joseph  ;  Adam,  curé  du 
'  Sacré-Cœur  ;  H .  Brissette,  curé  d'Hochelaga  ; 
'  G,  Lesage,  curé  du  Coteau  St-Lonis  ;  L.  A.  De- 


55 


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quoi,  curé  de   Lanoraie  ;  N.    Maréchal,   c  iré  de 
N.-D.    de    Grâces  ;  Dîcary,  curé   de  St-Henry  ; 

C.  Larocques,  curé  de  St- Louis  :  La  vallée,  curé 
de  St  Vincent  de  Paul  ;  H.  Lecours,  curé  de  la 
Longue-Pointe  ;  A.  Brault,  curé  de  la  Côte  St- 
Paul  ;  J.  li.  Bourget,  curé  de  Ste- Geneviève  ; 
J.  O.  Dubois,  curé  du  St-Esprit  ;  J-  N.  Mathieu, 
curé  de  St-Basile  ;  J  Prinieau  curé  de  Boucher- 
ville  :  RR  Pr».  Fulcrau  et  Augustin,  francis- 
cains ;  P  Dubuc,  ancien  curé  ;  A.  Dugas,  cha- 
pelain de  la  prison  des  femmes  ;  A.  Carrière, 
desservant,  Pointe  St-Charles  ;  P.  O.  Renaud, 
ancien  c^iré  ,  J.  O.  Roussin,  curé  de  Ste-Eliza- 
beth  ;  R.  P.  Schmidt,  SJ.  ;  J.  St-Aubin,  curé 
de  Ste-Rose  ;  J.  O.   Godin.   curé  de  Vaudreuil  ; 

D.  Chevrier,  P. S  S  ;  C  Durocher,  procureur, 
collège  Bourget  ;  G.  Chevrefils,  curé  de  Ste- 
Anne  du  Bout  de  l'Ile  ;  J.  Morin,  curé  de  Saint- 
Jacques  le  Mineur  ;  l'abbé  Verrault,  de  l'Ecole 
Normale  Jacques-Cartier  ;  E  Tallet,  P  S  S.  ;  J. 
A.  Renaud,  C.S.C  ;  J.  D.  Renaud,  ancien  curé  ; 
K.  H.  Siiuard,  rédemptoriste  ;  J.  E  Donnelly, 
curé  de  St.  Antoine  ,  Z.  Delinelle,  chap  lain  du 
Bon  Pasteur;  P.  D  Jacques,  dominicain  de  St- 
Hyacinthe;  R  P.  Filiatreault,  S.  J.  ;  R.  P. 
iieaudet,  de  St.  Laurent;  H.  Legault,  O.MI  ; 
P.  P.  Nolin,  SJ.  ;  J.  A.  Larose, ciré  de  Laprai- 
rie  ;  J.  xMartin,  Chatham  ;  L-  J.  Piché,  curé  de 
Terre oonne  ;  H  Marre  P  S.S.  ;  Tassé  curé  de 
Longueuil  ;  Perrault,  ancien  curé  ;  G.  LePail- 
Icur,  curé  de  Maisonneuve  ;  J.  C  Daignault,  curé 
de  Ste-Julie  ;  M.  Leblanc,  curé  de  St-Martin  ; 
Aug.  Billon,  rédemptoriste  ;  C.  Laforce,  vicaire, 
Stjoseph  ;  L-  Cousiuea  i,   de  la  cathédrale  ;  M- 


56 


Delavigne,  P.  S.  S  ,  directeur  du  séminaire  de 
«philosophie;  A  If  ^oule,  curé  de  St.  Léouard 
de  Port  Maurice  ;  V.  Dupuis,  curé  de  St-Valen- 
tin  ;  D.  A.  Sauvé,  d'Ottawa  ;  Elie  Poitras,  vi- 
caire à  St.  Jean  ;  G.  Brunet,  procureur  du  sémi- 
naire de  Ste-Thérèse  ;  D.  Leduc,  Poutiac  ;  Jos. 
Deniers,  chapelain  des  Sœurs  de  Ste-Croix  à  St- 
Laurent  ;  R.  P.  I.auzon,  O.M.I ,  Hull  ;  M.  Gau- 
det,  curé  de  Lacadie  ;  J.  B.  Jobin,  vicaire  à  St- 
Turcot  du  Sacré-Cœur  ;  F.  R.  Plante,  de  la 
Pointe-Claire  ;  Jos.  Léonard,  curé  de  Bres- 
ford,  South  Dakota,  et  les  vicaires  de  Ste-Cuné- 
gonde. 

*'  Parmi  les  laïques,  on  remarquait  en  avant  : 
MM.  Villeneuve,  M.P.P.,  Hochelaga  ;  le  Dr. 
Cholette,  M  P.P.,  Vaudreuil,  les  anciens  et  les 
nouveaux  marguilliers,  ainsi  que  le  conseil 
municipal  en  corps  et  le  greffier  de  la  munici- 
palité. 

*'  Le  cercle  Molière,  de  Ste-Cunégonde,  était  re- 
présenté à  la  cérémonie  funèbre  par  une  déléga- 
tion composée  du  président,  du  secrétaire  et  de 
quelques  membres  ayant  leurs  insignes  parées  de 
deuil.  Le  chef  de  police  y  assistait  aussi  avec 
quelques  constables. 

'*  Le  chœur  de  Ste-Cunégonde,  auquel  s'était 
joint  un  grand  nombre  d'amateurs,  a  chanté  la 
messe  des  morts  de  Perrault,  sous  la  direction 
de  M.  F.  X.  Thériault. 

"  Après  le  service,  on  a  transporté  les  restes  du 
vénérable  défunt  dan^  le  soubassement  pour  les 
déposer  dans  le  tombeau  C'est  M.  George 
Richot,  entrepreneur  de  pompes  funèbres,  qui 


57 


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a  fait  l'enterrement  et  embaumé  le  corps.  Le 
tombeau  qui  est  en  brique  est  enveloppé  dans 
dix- huit  pouces  de  ciment. 

'*  Il  a  6  pieds  lo  pouces  de  longueur  sur  2  pieds 
8  pouces  de  largeur  à  l'intérieur.  Les  murs  ont 
un  pied  d'épaisseur  et  neuf  pieds  de  longueur  à 
l'intérieur.  La  fondation  est  en  pierre  et  a  deux 
pieds  d'épaisseur.  La  bière  est  en  fonte  d'un 
quart  de  pouce  d'épaisseur.  On  a  gravé  sur  une 
plaque  d'argent  attachée  au  cercueil  ce  qui  suit: 


REVEREND  Alphonse  Seguin,  decede  le 

19  MAI,    AGE   DE   50   ANS 


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"  Dans  la  pièce  où  repose  maintenant  le  corps 
du  regretté  curé,  on  n'a  admis  que  les  parents, 
les  marguilliers  quelques  membres  du  clergé. 
L'intérieur  du  cercueil  est  bourré  en  satin. 

"  La  plupart  des  magasins  sont  fermés  et  des 
drapeaux  flottent  à  mi  mât  s'ir  les  édifices  publics 
et  sur  plusieurs  résidences  privées. 

'*  MM.  Paul  et  Louis  Desjardins,  marchands, 
ont  paré  leurs  vitrines  d'ornements  de  deuils, 
avec  au  centre  le  portrait  du  regretté  défunt.  Cà 
et  là  on  lit  des  inscription«î  touchantes  et  qui 
peignent  bien  la  tristesse  des  paroissiens  soudai- 
nement privés  d'un  directeur  aimé. 

*'  M.  l'abbé  Séguin,  a  légué  presque  tous  ses 
bien,  .«oit  cinq  à  six  mille  piastres  à  la  maison  de 
charité  des  sœur  Grises,  de  Ste-Cunégonde,  et 
sa  bibliothèque  au  séminaire  de  ^  .e-Thérëse. 


58 


LE  SECOND  CURE  DE  STE-CUNEGONDE. 


M.  l'abbé  Eugène  F.  X.  Ecrément  qui  vient 
d'être  nommé  pour  succéder  à  notre  premier  curé 
est  naturellement  peu  connu  de  ses  nouveaux  pa- 
roissiens. J'aurais  voulu  donner  une  notice  bio- 
graphique complète,  mais  c'était  matériellement 
impossible,  je  me  borne  donc  à  donner  les  dates 
marquantes  de  sa  vie. 

Monsieur  Ecrément  est  né,  à  Saint-Jacques 
l'Acliigan,  le  30  novembre  1850.  Il  a  fait  ses 
études  au  collège  de  l'Assomption.  Ordonné 
prêtre  le  10  juin  1876,  a  Montréal,  il  devint  ensuite 
professeur  au  Collège  de  l'Assomption,  puis  cha- 
pelain des  sœurs  des  S.S.  Noms  de  Jésus  Marie  à 
Hochelaga,  enfin  curé  de  Sainte-Julienne,  comté 
de  Montcalm. 


\ 


VI. 


L'EGLISE. 


Dieu  pronicL  une  ininiortello  récom- 
pense h  ceux  qui  lui  élèveront  un 
temple  de  bon  cœur. 

R.  P.  Lalvndk,  S.J. 


Dans  cent  ans,  lorsque  le  voyageur  dirigera  ses 
pas  dans  la  Province  de  Québec,  il  sera 
étonné  du  nombre  prodigieux,  de  la  oeauté, 
de  la  magnificence  des  temples  élevés  à  la  gloire 
du  Très-Haut. 

Le  rs  masses  imposantes  seront  les  témoins 
indéniables  de  la  piété,  de  la  ferveur  du  peuple 
canadien-français.  Nos  monuments  religieux 
s'associeront  aux  monuments  historiques  jour 
montrer  une  fois  de  plus  que  la  religicn  et  la  gloire 
sont  des  compagnes  inséparables. 

Que  l'on  consulte  lis  annales  de  tous  les  pays  et 
l'on  verra  que  depuis  l'existence  des  nations 
l'apogée  de  leur  grandeur  a  toujours  coir.cidé  avec 
la  pleine  florescence  du  culte. 


6o 


C'est  que  la  foi  soulève  les  montagnes,  c'est  que 
la  foi  eu  portant  les  cœurs  vers  Dieu  les  rend 
cnpable  des  plus  belles  actions. 

Multiplions  donc  les  sanctuaire^,  couvrons  notre 
pays  de  lieux-saint«,  afin  qu'ils  attestent  notre 
croyance  d'une  manière  grandiose  à  nos  arrières- 
petits  enfants.    ' 

Parmi  ces  églises,  celle  de  Ste-Cunégonde  ne 
sera  pas  classée  dans  la  dernière  catégorie  sous  le 
rapport  matériel,  car  son  "  architecture,  d'ordre 
corinthien,  lui  imprime  un  cachet  de  simplicité  et 
de  grâce,  en  harmonie  avec  le  charactère  humble 
mais  sublime  du  christianisme  ;  et  l'on  compren- 
dra de  suite  quelle  douce  impression  les  fidèles 
devaient  ressentir  sous  ces  voûtes  embellies  par 
l'art  et  consacrées  par  la  prière." 
■  Sa  construction  est  récente  pui.squ'en  1874,  une 
simple  chapelle  temporaire  existait.  Cette  cha- 
pelle était  la  "  Wiudstanlej^  Hall,"  .située  rue  De- 
lisle,  à  quelques  pas  de  la  rue  Dominion.  Le  12 
avril  1874,  Mgr.  E.  C  Fabre,  evêque  de  Gratiana- 
polis,  alors  coadjuteur  de  Mgr.  Bourget,  fit  la 
bénédiction  de  cette  modeste  chapelle.  La  bâtisse 
en  question,  qui,  précédemment  était  un  lieu  de 
réunions  proianes  ne  jouit  pas  de  suite  de  la  faveur 
du  public. 

Bien  des  fidèles  avaient  murmuré  contre  l'auto- 
rité ecclésiastique,  à  propos  de  ce  choix,  car,  dans 


6i 


leur  foi  naïve,  ils  s'iniagiuaieot  que  le  maître 
suprême  ne  devaieut  pas  accepter  les  prières  qui 
lui  étaient  offertes  là,  parceque  la  dite  chapelle 
avait  été  élevée  par  des  protestants,  parcequ'ayant 
changé  de  destination  elle  était  devenue  salle 
publique  de  jeux  et  de  dances. 

Comme  bien  on  le  pense,  dès  le  début,  les 
choses  les  plus  nécessaires  manquaient  pour  les 
cérémonies  du  culte.     Pour  obvier  à  tout,  Mes- 


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SOUBASSEMKNT   DK   L'KgLISE. 


dames  J.  H.  Doré  et  Hubert  Charron  visitèrent 
les  familles,  et  amassèrent  une  jolie  somme.  Leur 
dévouement  porta  ses  fruits,  et  bientôt  les  minis- 
du  Seigneur  se  trouvaient  en  mesure  de  célébrer 
les  saints  mystères  avec  un  peu  d'éclat. 

Lorsque  M.  Séguin  arriva  ici,  la  desserte  avait 
pris  de  l'extension  et  la  chapelle  commençait  à  se 
faire  petite.     Il  y  fit  faire  diverses  améliorations, 


62 


mais  les  fidèles  soupiraient  après  un  changement. 
Aussi  accueillit-on  avec  enthousiasme  le  projet 
d'érection  d'un  nouveau  temple,  dû  à  l'initiative 
de  M.  le  curé  et  des  marguilliers  parmi  lesquels 
nous  nommerons  MM.  G.  H.  Doré,  H.  Morin  et 
Guillaume  Bonneville,  les  premiers  marguilliers  au 
banc  d'œuvre. 

Déjà  sous  Messire  Prud'homme  on  avait  acheté 
un  terrain  au  coin  des  rues  Bonaventure  et  Vinet, 
(jui  semblait  marqué  par  la  divine  Providence 
pour  devenir  l'emplacement  d'un  sanctuaire  béni. 

MM.  Delisle  et  Workman  y  avait  construit  un 
marché,  mais  il  fut  détruit  quelques  temps  après 
par  un  incendie.  Il  fut  reconstruit,  mais  un  coup 
de  veut  l'abattit  bientôt.  Cela  parut  tellement 
surnaturel  qu'on  laissa  le  lot  vacant,  et  lorsqu'il 
fut  question  de  choisir  un  endroit  pour  asseoir  un 
temple  chrétien,  ce  fut  sur  lui  qu'on  jeta  les  yeux 
persuadé  que  Dieu  le  voulait  ainsi. 

La  modicité  des  ressources  empêcha  de  pousser 
les  choses  plus  loin  et  ce  ne  fut  qu'à  l'arrivée  de 
notre  curé  que  l'on  donna  suite  au  projet. 

Les  travaux  commencèrent  au  printemps  de 
1877  et  la  bénédiction  de  la  première  pierre  eut 
lieu  au  mois  de  mai  suivant. 

Ce  fut  une  fête  impo.sante  et  qui  fait  époque 
dans  l'histoire  de  cette  paroisse.  Des  anciens  se 
rappellent  encore  le  touchant  sermon  de  cirçons- 


63 


tance  donné  par  M.  Roulleau,  depuis  curé  de  St- 
Charles.  La  chaire  n'était  autre  que  le  monticule 
de  terre  enlevée  pour  faire  place  aux  fondations. 
Les  registres  en  donnent  la  relation  suivante  : 

BENEDICTION 

DE   LA    Première    Pierre   de    l'Eglise 

DE    Sainte  -  Cunegonde 


"  Le  treizième  jour  de  mai  de  l'an  de  Notre  Sei- 
gneur mil  huit  cent  soixante-dix-sept,  Nous 
soussigné  Edouard  Charles  Evêque  de  Montréal 
avons  fait  la  bénédiction  solennelle  d'une  pierre 
de  la  nouvelle  église  paroissiale  de  Ste-Cuné- 
gonde.  Cet  édifice  d'une  longueur  de  cent 
cinquante  pieds  par  soixante-douze  pieds  de 
largeur,  érigée  à  l'encoignure  des  rues  St-Bona- 
venture  et  Vinet,  répondra  mieux  que  l'ancienne 
chapelle  aux  besoins  croissants  d'une  nom- 
breuse population. 

"  Cette  imposante  cérémonie  a  eu  lieu  au  milieu 
d'un  immense  concours  de  peuple,  d'un  grand 
nombre  de  membres  du  clergé  et  de  citoyens 
marquants  qui  ont  signé  avec  nous. 

A.  Séguin,  Ptre. 

H.  Brissette,  Ptre. 

L.  J.  Adam,  vicaire  au  Sacré-Cœur. 

Louis  Leduc,  Ptre.  de  l'évêché  de  Montréal. 

D.  Leduc,  vicaire,   au  St-Enfant  de   Jésus, 

(Mile-End.) 
Silfrid  Delisle. 

Hubert  Morin,  marguillier  en  charge. 
J.  B.  Larue,  Ptre.,  S.J. 


64 


I 


]  ouis  Beaubien,  M. P.P.,  orateur  de  l'assem- 
blée législative  de  Québec, 

A.  M.  Delisle. 

Charles  J.   Coursol,   Juge  des  Sessions  de  la 
Paix. 
.  Jos.  Gratton,  Ptre.,  curé  de  St- Henri. 

N.  Piché,  Ptre.,  curé  de  Lachine 

Duncan  MacDonald,  entrepreneur  du  chemin 
de  fer  du  Nord. 
.Alphonse  Desjardins,  M. P. 

F.    P.   Beauchamp,  Ptre.,  vicaire  de  N.-D.  de 
Grâce. 

1*.  B.  Bourget,  Ptre.,  vicaire  de  St.  Henri  des 
Tanneries. 

Charles  P.  Beaubien,  Ptre.,  curé  de  St-Paul. 

Alp.  Tranchemontagne,  curé  de  St-Joseph. 

J,  Archambault,  Ptre.,  S.S. 

L.  J  Piché,  Ptre.,  curé  de  Terrebonne. 

X.  J-  Lafortinie.  Ptre. 

-C  F.  Laloude  maire  de  Ste-Cunégonde. 

T.  K.  Kainville,  N.P. 

I.  L.  Desjardins. 

Paul  Desjardins. 

Napoléon  Payette. 

•Guillaume  Bonneville. 

Jules  Perrault. 

Joseph  Corbeille. 

N   Poirier,  entrepreneur. 

M.  Poirier,  do. 

S.  Kouleau,  Ptre.,  préfet  des  étuies  du  Sémi- 
naire de  Ste-Thérèse. 

>'rançois  Corbeille- 

t  Ed.  Chs.,  Ev.  de  Moutiéal. 


65 


i^^ëEir 


L  EGLISE— (EXTERIEUR) 


66 


Les  grandes  cérémonies  du  catholicisme,  avec 
leur  solennité  majestueuse,  laissent  dans  l'esprit 
des  souvenirs  ineffaçables.  Lors  de  cette  bénédic- 
tion j'étais  encore  enfant  et  cependant  je  me  la 
rappelle  parfaitement. 

Quelle  affluence  de  fidèles,  quelle  foule  recueil- 
lie, les  abords  de  la  maison  du  Seigneur  ne  virent- 
ils  pas  en  ce  jour?  Que  de  prières  s'élancèrent 
vers  le  trôi  e  du  Dieu  fort  pour  la  ratification  des 
paroles  prononcées  par  son  représentant. 

Quelle  joie  dans  les  cœurs  !  Quelles  douces 
espérances  en  pensant  que  tous  verraient  bientôt 
un  clocher  béni  porter,  jusque  vers  les  nues,  le 
signe  de  la  Rédemption  ! 

Le  Canadien-français  tient  beaucoup  à  son  église 
paroissiale  et  ça  se  comprend  :  Premièrement  elle 
est  la  demeure  du  Verbe  éternel,  secondement 
c'est  là  que  s'accomplissent  les  actions  les  plus 
importantes  de  son  passage  ici-bas. 

A  peine  est-il  entré  dans  la  vie,  qu'il  est  porté 
sur  les  fonds  baptismaux  ;  plus  tard,  il  s'approche 
de  la  saint»  table  et  reçoit  le  corps  de  son  divin 
Sauveur  ;  plus  tard  encore,  il  vient  implorer  du 
Ciel  les  grâces  nécessaires  pour  bien  vivre  en  l'état 
du  m  adage  ;  enfin,  lorsque  la  mort  a  rendu  froide 
son  enveloppe  matérielle,  lorsque  son  âme  va 
paraître  devant  le  Juge  suprême,  c'est  là,  toujours 
là,  que  ses  dépouilles  mortelles  viennent  pour  la 


67 


in 

Lu 


la. 


dernière  fois  entendre  les  chants    plaintifs,   les 
accents  émus  du  pasteur,  des  parents,  des  amis  ! 

Il  a  donc  raison  de  Taimer  si  elle  existe,  de  la 
de'sirer,  dans  le  cas  contraire. 

Hélas  !    plusieurs    ne   purent  voir  se  réaliser 
leurs  souhaits,  car  le  soubassement  terminé,  vers 
la  fin  de  septembre,  il  fallut  s'arrêter  là.   I^es  fonds 
n'étaient  pas  sufiisants  pour  continuer  et  monsieur 
le  curé  ne  voulait  pas  trop  endetter  la  paroisse. 

Presqu'une  décade  devait  s'écouler  avant  la 
réalisation  de  l'entreprise. 

Le  trente  septembre  1877,  f^te  de  saint  Jérôme, 
fut  chantée,  dans  ce  soubassement,   la  première 
messe.     L'officiant  était  le  R.  M.  J.  Gratton,  curé 
de  Saint-Henri. 

L'ancienne  chapelle  fut  abandonnée  et  devint 
un  théâtre. 

Après  une  attente  qui  parut  bien  longue  et 
durant  laquelle  les  administrateurs  de  la  paroisse 
firent  des  économies,  il  fut  décidé  de  continuer  les 
travaux  au  mois  de  mars  1885. 

M.  Victor  Roy,  était  l'architecte  ;  MM.  Roy, 
H.  Fauteux  et  Joseph  Giroux,  les  entrepreneurs. 

Quelques  mois  après,  l'extérieur  de  cet  édifice 
superbe,  aux  longs  pans  eu  pierre  de  rang,  à  la 
iaçade  en  pierre  de  taille  et  bosselée,  était  terminé. 

A  deux  cent  vingt- neuf  pieds  du  sol,  le  clocher 
supportait  l'instrument  de  supplice  du  Fils  de 
Dieu. 


68 


"L'habile  architecte  de  ce  monument  avait  le 
droit  d'être  fier  de  son  œuvre  ;  la  flèche  élancée  et 
hardie,  le  mélange  original  du  romain  et  du  corin- 
thien étonnaient  tout  d'abord  le  visiteur,  mais  peu 
à  peu,  l'œil  en  se  reposant,  comparait,  rapprochait 
telle  partie  de  telle  autre  et  l'esprit  finissait  par 
conclure  à  une  très  gracieuse  disposition  et  à  une 
liarmonie  qui  est  due  plus  à  la  combinaison  qu'à 
l'unité  du  style." 

La  décoration  intérieure  fut  confiée  à  M.  F. 
Meloche,  artiste,  dont  l'avenir  est  brillant  si  l'on 
en  juge  par  les  peintures  à  fresque  qui  ornent  et 
embellissent  ce  sanctuaire. 

Le  ton  de  ces  décorations  est  sobre,  et  la  *  *  teinte 
violacée-grisâtre  imprime  à  l'ensemble  un  cachet 
de  mystère  en  rapport  avec  l'humilité  et  la  prière." 

Le  coût  total  $60,000.  Pour  réaliser  ce 
ce  montant,  les  marguilliers  décidèrent  de  prendre 
le  mode  suivant  :  $20,000  prises  à  même  les  reve- 
nus de  la  fabrique  ;  $20,000  de  répartitions  impo- 
sées aux  propriétaires  et  $20,000  payées  par  con- 
tributions volontaires,  par  quêtes  faites  à  domi- 
ciles tous  les  dimanches  et  par  collectes  mensuelles 
aux  messes. 

*•  Pour  réussir  avec  ces  moyens  il  fallait  du 
dévouement  et  des  sacrifices.  Ces  choses  n'ont 
pas  fait  défaut.  Le  curé  s'est  dévoué,  les  fidèles 
ont  fait  des  sacrifices  et  tout  a  réussi.      Tels  sont 


69 

les  résultats  d'une  action  commune  entre  le  pas- 
teur et  son  troupeau.'* 

I.ES  TABLEAUX. 

Un  chapitre  sur  notre  église  ne  serait  pas  com- 
plet sans  une  description  et  une  explication  de 
de  chacun  de  ses  tableaux.  Nous  avons  donc  cm. 
faire  plaisir  au  lecteur  en  donnant  les  détails  qui 
vont  suivre  et  que  nous  avons  puisé  dans  les  Petits- 
BoUandistes  ainsi  que  dans  certain  article  de  jour- 
nal paru,  lors  de  l'inauguration  du  temple  dont: 
nous  parlons. 

Pénétrons  par  la  porte  centrale  et  prenons  la: 
première   allée.      Après  avoir  fait  quelques  pas- 
nous  nous  trouvons  en  beau  lieu  pour  tout  voir. 
Ce  qui  frappe  tout  d'abord  c'est  la  voûte  en  forme 
de  croix  supportée  par  des  colonnes. 

"  Les  colonnades  intérieures  qui  fixent  les  bas 
côtés  de  droite  et  gauche  sont  remarquables  par 
l'élégance  de  leurs  proportions.  Le  plîn-dntre est 
roman.  Pour  rester  en  parfait  accord  avec  la 
sobriété  générale  des  peintures,  le  piédestal  et 
l'entablement  seuls  sont  ornés,  le  fut  est  d*ane 
teinte  pale."' 

A  l'arrière  de  l'église  sont  deux  jubés  superpo- 
ses.  L'un  contient  des  bancs  comme  la  nef,  l'autre 
est  réservé  pour  les  chantres  et  l'orgue. 

Chaque  côté  du  chœur  se  voient  deux  tribunes 
destinées  aux  religieuses  et  à  leurs  élèves* 


Mm 


70 


Ces  premiers  détails  perçus  notre  regard  s'arrête 
volontiers  sur  la  chaire,  il  s'y  repose  agréablement 
même.  Quel  travail  dans  ces  bois  fouillés  avec 
art,  recouverts  d'une  peinture  aux  tons  clairs  qui 
s'harmonise  pleinement  avec  les  trois  autels.  Faits 
par  le  même  sculpteur,  ces  autels  sont  de  petits 
bijoux  qui  font  honneur  à  M.  Benoit.  Ensuite 
notre  pensée  et  nos  yeux  se  tournent  vers  les  pein- 
tures décoratives  et  rien  ne  peut  les  détacher. 
Profitons  en  pour  les  guider  méthodiquement. 

Passons  à  l'examen  des  tableaux  de  la  voûte. 
C'est  une  illustration  des  principaux  événements 
de  la  vie  de  notre  patronne- 

ler  TA  BISEAU  (côté  droit  du  chœur.  ) 

Ici  nous  voyons  -dainte^Cunégonde,  princesse 
illustre,  fille  de  Siffroi  ou  Sigefroi,  premier  comte 
du  Luxembourg,  de  la  maison  des  comtes  Palatins 
de  la  Mosselle,  agenouillée  et  se  consacrant  à  Dieu, 
dès  sa  plus  tendre  jeunesse  en  lui  vouant  sa 
virginité. 

2eme  tabi^eau  (idem) 

Ayant  épousé  l'empereur  Herri  II  elle  accom- 
pagna son  mari  à  Rome  en  10 14  et  y  reçut  avec 
lui  la  couronne  impériale  des  mains  de  Benoît 
VIII. 

On  ne  peut  être  étonné  de  trouver -d^ainte^Cuné- 
gonde  mariée  après  le  vœu  qu'elle  avait  fait,  mais 
il  faut  remarquer  que  ces  saints  époux,  d'un  cou- 


7' 


WiND  rrANLKY  Hall. 


72 


sentcment  mutuel,  ont  toujours  gardé  la  conti- 
nence et  vécu  ensemble  comme  frère  et  sœur. 

3ème.  tableau  (près  de  la  nef.) 

Malgré  sa  grande  vertu  des  courtisans  envieux 
et  jaloux  avaient  diffamé  ^aintef  Cunégonde  aux 
yeux  de  l'empereur.  Celui-ci  la  condamna  à 
marcher  pieds  nus  sur  des  socs  de  charrues  tout 
embrasés.  Elle  se  soumet  à  cette  terrible  épreuve, 
mais  elle  sort  victorieuse.  Par  ce  moyen  Dieu 
confondit  la  méchanceté  de  ceux  qui  osèrent  ac- 
cuser l'innocence  de  cette  vierge  de  Jésus-Christ. 
Sa  vertu  n'en  brillât  qu'avec  plus  d'éclat  et  le 
Seigneur  fut  glorifié  dans  sa  servante. 

4ème  tabi^eau  (2ème  de  la  nef) 

Saintes  Cunégonde,  l'esprit  continuellement 
tourné  vers  ce  qui  peut  plaire  à  son  divin  Maître 
fait  l'aumône  distribue,  à  pleines  mains  les  ri- 
chesses qu'elle  avait  reçues.  Elle  donne  des  con- 
seils aux  uns,  console  les  autres,  cherche  en  un 
mot  à  soulager  toutes  les  misères  humaines. 

5ème  tabi^eau  (3ème  de  la  nef.) 

Sainte-lfCunégonde  dans  ce  tableau  continue  ses 
œuvres  admirables.  Cette  impératrice  dédaignant 
le  faux  décorum  dont  s'entoure  les  nobles  de  nos 
jours,  était  animée  du  plus  grand  zèle  pour  les 
malheureux.  Elle  se  fait  un  devoir  de  visiter  les 
pauvres  honteux,  de  leur  porter  des  secours,  bien 


72, 

plus,  elle  visite  les  malades  et  tâche  d'adoucir 
leurs  maux. 

6ème  tablbau  (côté  gauche  de  la  nef.) 

Lorsque  l'empereur  Henri  qui  avait  toujours 
été  fidèle  gardien  de  la  chasteté  de  cette  heureuse 
princesse,  l'eut  laissée  vierge  entre  les  mains  de 
Jésus-Christ  (1024)  ainsi  qu'il  l'avait  reçue  de  lui 
et  fut  allé  jouir  des  félicités  étemelles,  vers  les- 
quelles il  avait  toujours  soupiré,  cette  sainte 
femme  continua  avec  la  même  application  d'un 
côté  à  protéger  les  églises  qu'elle  avait  fondées  et 
les  personnes  religieuses  qu'elle  y  avait  assem- 
blées pour  le  service  de  Dieu  et  de  l'autre  à  se 
perfectionner  elle-même  par  la  victoire  qu'elle 
remportait  sur  ses  appétits  et  par  l'acquisition  des 
vertus  les  plus  éminentes.  C'étaient  là  que  ten- 
daient ses  veilles  et  ses  oraisons,  et  comme  durant 
le  jour  elle  imitait  la  vie  active  de  Marthe,  elle 
s'exerçait  pendant  la  nuit  à  la  vie  contemplative 
avec  Marie.  Enfin  elle  prend  la  résolution  de 
devenir  l' épouse  de  Dieu. 

7ème  tabi^eau  (idem) 

Un  an  après  la  mort  de  l'empereur  Henri,  se 
voyant  déchargée  de  tous  les  soins  de  la  terre  par 
l'élection  de  Conrad,  qui  fut  élevé  à  l'empire,  elle 
fit  consacrer,  par  des  archevêques,  l'église  du  Re^ 
fuge  qu'elle  avait  fondée  ;   et,  au  milieu  de  la 


i    74 


tîiesse,  étant  velue  en  impératrice  et  parée  de  tous 
les  ornements  qui  conviennent  à  une  si  éminente 
dignité  elle  offrit,  sur  le  grand  autel,  un  morceau 
•de  la  vraie  croix  qui,  bien  que  petit,  était  néan- 
moins un  des  plus  grands  trésors  qu'elle  eut  pu 
offrir.  Après  qu'on  eut  lu  l'évangile,  ob  il  est 
parlé  de  Zachée,  qui  monta  sur  un  arbre  pour 
(rri/^  Jésus- Christ  et  qui  mérita  de  le  recevoir  en  son 
logis  et  d'être  honoré  de  sa  bénédiction,  elle  se  dé- 
pouilla de  ses  ornements  superbes,  reçut  la  béné- 
diction épiscopale,  et  se  revêtit  de  l'habit  de  reli- 
gion qu'elle  avait  fait  de  ses  propres  mains.  On  lui 
•coupa  les  cheveux,  qui  furent  gardés  avec  une 
grande  vénération  dans  le  monastère  ;  l'évêque  lui 
mit  le  voile  sur  la  tête  et  lui  donna  l'anneau  pour 
gage  delà  fidélité  qu'elle  devait  garder  inviolable- 
ment  à  son  divin  Epoux.  Nul  des  assistants  ne 
put  voir  ce  qui  se  passait  sans  verser  des  larmes 
-de  joie  pour  cette  princesse  et  de  douleur  pour 
:Soi-même. 

Sème  TABLEAU  (ïdem.) 

La  réputation  de  sainteté  dont  jouissait  cette 
pieuse  servante  de  l'Eternel  attirait  sur  ses  pas 
^rand  nombre  de  malades  qui  lui  demandaient 
d'obtenir  leur  guérison.  Ici  nous  la  voyons  opé- 
rer un  miracle  éclatant  en  rendant  l'usage  de  ses 
membres  à  un  paralytique. 


75 


L'EGLISE-(INTKRIEUR) 


76 


çème  TABLEAU  (côté  gauche  du  chœur.) 

Uue  nuit  après  de  lougues  prières,  le  sommeil 
commençant  à  l'accabler,  elle  s'était  mise  au  lit, 
qui  n'était  qu'une  simple  paillasse  couverte  d'un 
cilice  ;  la  religieuse,  qui  avait  coutume  de  lui  lire 
l'Ecriture  sainte,  s'endormit  aussi  et  laissa  tomber 
la  chandelle  qu'elle  avait  entre  les  mains.  Le  feu 
ayant  gdgné  la  paillasse,  y  prit  aussitôt  et  com- 
mença par  le  bruit  qu'il  fit  à  réveiller  les  autres 
religieuses.  I^a  sainte  s' étant  aussi  éveillée  se 
trouva  au  milieu  des  flammes  ;  elle  eut  recours  à 
ses  armes  ordinaires  :  la  prière,  fit  le  signe  de  la 
croix,  et  le  feu  s'éteignit  à  l'instant  même,  sans 
avoir  touché  le  moins  du  monde  à  ses  habits, 
toutes  les  religieuses  assemblées  remercièrent  le 
Ciel  et  glorifièrent  la  Providence  pour  ce  nouveau 
prodige. 

loôme  TABLEAU  (idem.) 

Quand  elle  eut  passé  quinze  années  en  religion, 
avec  tant  d'humilité  et  de  piété  qu'elle  était  admi- 
rée de  tout  le  monde,  son  extrême  abstinence,  ses 
prières  et  ses  veilles  continuelles  la  firent  enfin 
tomber  dans  une  telle  langueur  et  ensuite  dans 
une  si  grande  maladie,  qu'il  ne  lui  restait  plus  de 
force.  Mais  plus  son  corps  s'affaiblissait  au  dehors, 
plus  son  esprit  se  fortifiait  au  dedans,  et  les  louan- 
ges de  Dieu  étaient  continuellement  en  sa  bouche. 

Le  bruit  de  l'extrémité  où  elle  était  ne  remplit 


n 


s 
e 


pas  seulement  de  douleur  toutes  ces  bonnes  reli- 
gieuses, mais  aussi  les  personnes  de  toute  condi- 
tion de  la  ville.  Lorsqu'elle  fut  près  de  rendre 
l'esprit  et  qu'on  récitait  déjà  les  prières  des  ago- 
nisants, ayant  aperçu  que  l'on  préparait  un  drap 
mortuaire  brodé  d'or  pour  mettre  sur  son  cercueil, 
elle  fut  si  surprise  de  se  voir  traiter  comme  impé- 
ratrice, et  non  comme  pauvre  religieuse,  que  son 
visage,  qui  paraissait  gai  à  cause  de  la  joie  qu'elle 
ressentait  de  la  venue  de  Jesus-Christ  son  Epoux 
changea  aussitôt,  elle  fit  signe  de  la  main  et  dit  : 
"  Cet  ornement  ne  me  convient  pas  ;  ôtez-le  d'ici. 
Lorsque  j'ai  épousé  un  homme  mortel,  j'ai  porté 
de  riches  habits  ;  mais  le  pauvre  habit  que  j'ai 
maintenant  est  celui  d'une  épouse  de  Jésus-Christ  ; 
ne  cherchez  donc  point  d'autres  ornements  pour 
couvrir  mon  corps,  et  enterrez-le  auprès  de  celui 
de  mon  frère  et  de  mon  seigneur  l'empereur  Hen- 
ri, qui  m'appelle,  je  le  vois.  Sa  vie  finit  avec  ces 
paroles,  et  elle  rendit  son  âme  à  Dieu,  l'an  1040. 

*  * 
Ces  tableaux  dont  nous  venons  de  donner  les 
sujets,  sont  d'une  teinte  grise  nuancée  du  pâle  au 
foncé  selon  les  besoins  des  clairs  obscurs.  Mais, 
il  y  en  a  trois  autres,  un  derrière  chaque  autel,  en 
couleurs  voyantes  qui  par  leur  beauté  ne  sont  pas 
les  moins  dignes  d'attention.  Le  premier  est  ce- 
lui du  sanctuaire  au-dessus  du  maitie  LUiel,  c'est 


78 


l'apothéose  de  SAINTEfCUNEGCNDK 

il  représente  une  femme  debout  sur  des  nuages, 
entourée  de  trois  compagnes  et  montant  au  ciel. 

Cette  femme  vêtue  d'habits  royaux,  la  couronne 
sur  la  tête,  c'est  sainte  Cunégonde,  ses  yeux  levés 
vers  sa  nouvelle  patrie  semble  déjà  voir  le  séjour 
des  heureux.  Un  sourire  (imperceptible  de  bon- 
heur erre  sur  ses  lèvres. 

Ses  trois  compagnes  sont  les  vertus  théologales 
et  leurs  emblèmes  symboliques.  Elles  conduisent 
aux  demeures  éternelles  celle  rjui  leur  avait  voué 
toute  sa  vie  en  les  pratiquant  à  un  degré  sublime. 

Au  bas  du  tableau  on  voit  une  ville,  des  châ- 
teaux, des  demeures  élégantes  simulant  le  séjour 
des  mortels  qu'elle  quitte  pour  le  paradis  des 
immortels. 

A  droite  du  sanctuaire  est  un  autre  tableau  en 
couleur  dont  les  personnages  sont  saint  Joseph  et 
l'enfant  Jésus. 

A  gauche,  le  dernier  du*  même  genre,  illustre,, 
l'apparition  de  Notre-Dame  du  Rosaire  à>|feint 
Dominique. 

Dans  les  enfoncements  formant  la  croix  de  la 
voûte,  l'on  voit  des  anges  portant  des  banderoles 
avec  les  inscriptions  suivantes  :  Beati  miséricordes 
et  Uni  quique  seaindum  opéra  ejus  ;  Laudent  eam 
in  portes  ejus  ;  Thesaurizate  vobis,  thesauros  [in 
cœlo. 


79 


lint 


la 
rôles 
)rdes 
\eam 
\s  [in 


Au  bas  des  fenêtres  se  trouvent  les  inscriptions' 
suivantes:  Propittus  esto  mihi  p€ccatori\  magnus 
dominus  el  lalaubilis  nimis. 

Il  reste  encore  comme  peinture  décorative,  un 
bon  nombre  de  figures  symboliques  ;  tels  que 
colombes,  cœurs  transpercés  par  la  croix,  vases  de 
fleurs»  livres  ouverts  etc.,  etc.  Les  emblèmes  du 
chœur  se  rapportent  tous  à  la  divine  Eucharistie  ; . 
tels  sont  les  grappes  de  raisin,  les  épis  de  froment,, 
les  agneaux  etc. 

Nous  terminerons  en  donnant  les  inscriptions* 
de  la  nef  et  du  chœur. 

Au-dessus  du  grand  autel  est  écrit  en  lettre  d'or  : 
Alléluia  quontam  tegnavit  Dominus  Deus  nasiet 
omnipotens . 

Dans  la  nef,  côté  droit  :  Domum  tuant  domine 
decet  sanctitudo  in  longitudinem  dieruni  ; 

Ecce  tabernaculum  Dei  cum  hominibus  et  habita^ 
bit  cum  eis. 

Introibo  domum  tuam^  adorabo  ad  templum  sanc- 
tum  tuam  in  tempore  tuo  drantibus  in  loco  isto^  di-- 
mitte  peccato  propntti  lui  Deus. 

Côté  gauche  :  Vere  non  est  hic  aluid  nisi  domum' 
Dei  et  porta  coeli  ; 

Templum  enim  Deus  sanctum  est  quodestis  vos  :. 
Domus  mea^  domus  oratioyiis  vocabitur^  dixit  Do- 
minus Eligi  locum  istum,  mihi  in  domum  sacrifiai. 

Près  de  Torgue  :  Laudate   Dominum  in  sanctis: 


8o 


£JiiSy  Laudate  eum  in  Firmamento  virtutes  ejus  : 
P.  S.,  cl.  I. 

Laudate  eum  in  sono  tubae  :  Laudate  eum  in 
J>5alterio  et  cithara.     Es.,  cl.  3. 

Laudate  eum  in  tympano  et  choro  :  Laudate  eum 
An  choris  et  orgayio  Ps.  Cl.  4. 

Laudate  eum  in  cymbolis  be7ieso7iantibus  ;  Lau- 
date eum  in  cymbolis  jubilationis.     Ps.,  cl.  5. 

Avant  de  terminer  disons  que  le  soubassement 
contient  une  chapelle  à  l'usage  des  différentes  con- 
grégations la  chambre  des  fournaises,  de  spacieu- 
ses sacristie,  le  baptistère  et  les  confessionnaux. 
Eu  outre  les  enfants  y  ont  une  messe  spéciale  le 
dimanche. 


! 


|.:.i.E! 


vu. 


CHARITE. 


C'est  en  visitant  les  pauvres  que  nous 
nous  réchauffons  le  cœur,  que  noua 
devenons  meilleurs  chrétiens,  et 
par  là  des  hommes  plus  complets. 
Que  de  bonnes  et  utiles  leçons  nous 
recevons  dans  ces  tristes  demeures  ! 
Que  d'enseignements  précieux  nous 
trouvons  dans  le  spectacle  quoti- 
dien de  toutes  ces  misères,  de  tou- 
tes ces  souffrances  !  Quelle  philo- 
sophie, à  la  fois  élevée  et  pratique 
nous  est  aussi  inculquée  presqu'à 
notre  insu!    Johkpiï  Desrosikrs. 


'il  est  au  monde  une  société  dont  l'œuvre  soit 
en  harmonie  avec  la  doctrine  évangélique 
c'est  bien  celle  de  Saint-Vincent  de  Paul  ! 
Quelle  vertu  peut  être  plus  agréable  à  Dieu  que 
la  charité,  surtout  lorsque  nous  voyons  son  divin 
Fils  la  pratiquer,  et  ne  pas  cesser  de  la  recomman- 
der à  ses  disciples  ? 

Dans  une  lettre  pastorale,  le  second  évêque  de 
ce  diocèse  disait  aux  fidèles  ces  paroles  mémo- 
rables :  *  *  Votre  charité  est  un  présent  plus  pré- 
cieux aux  yeux  de  Jésus-Christ  que  ne  le  fut  l'or 


82 


des  mages."  Dès  la  fondation  d'une  paroisse  il 
nous  semble  qu'elle  doit  être  établie,  parceque  les 
pauvres  sont  de  tous  temps  et  de  tous  lieux. 
C'est  ce  que  l'on  a  compris  ici,  car  la  société 
Saint-Vincent  de  Paul  eut  une  section  sous  le  pre- 
mier desservant  M.  Prud'homme. 

Personne  n'ignore  le  bien  que  cette  association 
de  charité  a  fait  au  milieu  /le  nous.  Si  le  con- 
traire existait  il  nous  suffirait  de  placer  les  cinq 
articles  de  son  règlement  qui  définissent  parfaite- 
ment sa  fin. 

Ces  articles  se  lisent  comme  suit  : 

lo  De  maintenir  ses  membres  par  des  exemples 
et  des  conseils,  dans  la  pratique  d'une  vie  chré- 
tienne ; 

20  De  visiter  les  pauvres  à  domicile,  de  leur 
porter  des  secours  en  nature,  de  leur  donner  aussi 
des  consolations  religieuses  nous  souvenant  de  ces 
paroles  de  notre  Maître  :  Non  m  solo  pane  vivit 
homOy  sed  in  omni  verbo  qvod  procedit  de  ore  Dei  ; 

3°  De  nous  appliquer,  selon  nos  facultés  et  le 
temps  que  nous  avons  à  l'instruction  élémentaire 
et  chrétienne  des  enfants  pauvres  soient  libres, 
soient  prisonniers,  ce  que  nous  aurons  fait  pour  le 
plus  petit  d'entre  nos  frères  Je'sus-Christ  nous  a 
promis  qu'il  se  le  tiendra  pour  fait  à  lui-même  ; 

4°  De  répandre  des  livres  moraux  et  religieux  ; 

5°  De  nous  prêter  à  toutes  sortes  d'autres  œu- 


UL. 


83 

vres  charitables  auxquelles  pourraient  suffirent 
nos  ressources,  en  ne  s'éloignant  pas  du  but  pre- 
mier de  la  société  et  pour  lesquelles  elle  provo- 
querait notre  concours  sur  la  proposition  de  ses 
directeurs. 

Ne  sont-ils  pas  admirables  ces  devoirs  tracés  ea 
quelques  lignes  ? 

N'est-il  pas  consolant  de  voir  nos  premiers  ci- 
toyens se  réunir  pour  faire  l'aumône,  et  distribuer 
aux  familles  éprouvées,  les  vivres  qui  les  préser- 
veront de  la  mort  et  les  conserveront  dans  le  che- 
min de  la  vertu.  La  faim  et  le  froid  sont  des 
mauvais  conseillers  qui  ont  fait  commettre  bien 
des  crimes. 

La  religion  catholique  seule  pouvait  inspirer  ces 
actions  qui  nous  paraissent  simples  et  toutes  na- 
turelles, mais  cette  simplicité  elle-même  touche  au 

sublime. 

Pratiquer  cette  vertu  avec  ostentation,  ou  pour 

en  retirer  bénéfice,  c'est  lui  enlever  tout  son  mé- 
rite ;  voilà  pourquoi  les  membres  de  notre  société 
ont  toujours  essayé  de  cacher  le  bien  qu'ils  fai- 
saient. 

Ils  ont  agi  en  conformité  avec  les  enseignements 
du  Maître  qui  disait  :  La  main  gauche  doit  igno- 
rer ce  que  donne  la  main  droite  ! 

D'un  autre  côté  faire  la  charité,  surtout,  visiter 
les  pauvres,  est  un  puissant  moyen  de  rester  dans 
la  bonne  voie. 


84 


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85 


La  conférence  Sainte-Cunégonde  de  la  société 
Saint- Vincent  de  Paul  a  été  fondée  en  1875  par 
M.  J.  F.  Prud'homme  qui  en  fut  le  chapelain.. 

J'ai  pu  me  procurer  le  tableau  des  premiers  di- 
gnitaires je  le  publie  avec  plaisir  : 

Président,  Zéphirin  Lanctot  ;  ler  vice-président, 
Frs.  Payette  ;  2ième  vice-président,  A.  Piché;  se- 
crétaire, Guillaume  Bonneville  ;  trésorier,  M. 
Dussault. 

Depuis  lors,  les  présidents  ont  été  MM.  F- 
Payette,  (1877);  J.  O.  Delisle,  (1878)  ;  J.  Juneau,, 
(1884)  ;  F.-X.  Chadillon,  (1888). 

Comme  je  le  disais  plus  haut,  le  bien  qu'on  a 
fait  a  été  tenu  caché  et  peu  parmi  nous  savent  le 
montant  même  approximatif,  des  sommes  qui  ont 
été  distribuées  ici  là  ;  peu  savent  le  nombre  de 
personnes  qui  ont  été  secourues. 

Quel  sera  donc  l'étonnement  lorsqu'on  saura 
que  500  dollars  ont  été  donnés,  en  moyenne,  an- 
nuellement, que  près  de  3,600  adultes  et  enfants 
ont  été  secourus  depuis  la  fondation  ? 

N'est-ce  pas  que  voilcà  une  œuvre  méritoire,  (.t 
que  nous  tous,  paroissiens,  devions  des  félicita- 
tions, tant  aux  dignilaires  et  aux  membres  du 
passé  qu'à  ceux  du  présent  ?  N'est-ce  pas  que 
nous  tous,  devons  encourager  cette  œuvre  de 
toutes  nos  forces  et  seconder  puissamment  le 
comité  actuel  qui  est  composé  d'hommes  digues 


86 


de  notre  confiance,  nommément  :  MM.  F.  X.  Cha- 
dillon,  le  président  ;  G.  Rousseau,  le  ler  vice-pré- 
sident ;  J.  Bélair  sr,  le  2ième  vice-président  ;  Ed- 
gar Chrétien,  le  secrétaire  correspondant  ;  H. 
Mouette,  le  secrétaire  archiviste  et  Roch  Thibau- 
deau,  le  trésorier  ? 

Mais  lorsqu'une  paroisse  commence  à  prospérer, 
là,  ne  doit  pas]  se  borner  son  amour  pour  les  dés- 
hérités. Il  lui  [faut  voir  à  l'établissement  d'un 
refuge,  d'un  toit  pour  abriter  ceux  qui  ont  été  trop 
cruellement  blessés,  dans  le  combat  de  la  vie. 


Temple  St.  Jude  Actuel 

C'est  ce  que  notre  digne  curé  a  compris,  c'est 
•ce  à  quoi  il  a  tâché  de  remédier  avec  l'aide  de  ci- 
toyens généreux. 


87 


La  plupart  de  nos  hommes  de  professions  libé- 
rales et  de  nos  marchands  se  mirent  en  tête  du 
mouvement  et  s'engagèrent  à  fournir  les  fonds  né- 
cessaires pour  son  fonctionnement. 

Un  bureau  de  direction  fut  nommé  et  M.  le  no- 
taire Dorval  fut  prié  d'agir  comme  secrétaire. 

Toutefois  les  ressources  n'étaient  pas  suffisantes 
pour  construire  un  édifice  spécial  et  les  directeurs 
ne  voulaient  pas  s'endetter  plus  que  ce  que  la 
prudence  commandait. 

On  se  décida  d'acheter  une  de  nos  rares  mai- 
sons historiques  encore  debout  et  qui  fut  tour  à 
tour  la  résidence  de  M.  Brewster,  le  poste  des 
pompiers,  puis  une  école  anglaise. 

Des  réparations  considérables  furent  faites  et 
des  braves  et  saintes  filles  de  madame  d' Youville 
vinrent  s'y  installer. 

Elles  font  là  une  œuvre  pleine  d'abnégation  et 
de  sacrifices,  une  œuvre  qui  leur  a  valu  l'admira- 
tion des  gens  du  monde. 

Les  sœurs  en  outre,  se  chargèrent  de  l'éduca- 
tion des  enfants  de  cinq  à  sept  ans  avec  tant  de 
tact,  de  patience,  de  dévouement  que  bientôt  le 
nombre  des  jeunes  élèves  devint  considérable,  car 
leur  manière  de  diriger  l'enfance  est  étonnante. 

Voyant  cela  la  commission  scolaire  décida  de 
payer  une  somme  de  deux  cent  cinquante  piastres 
par  année,  aux  religieuses,  en  reconnaissance  des 


i 


88 


services  qu'elles  rendent  à  l'instruction  publique. 
C'était   certainement  le  moins  qu'on   pouvait 
faire   et   pas  une  voix,  j'en   suis  persuadé,  s'est 
élevée  contre  le  paiement  de  cette  gratification. 


VIII. 


NOS  MAISONS  D'EDUCATION. 


C'est  à  l'éducation  religieuse  et  chré- 
tienne, à  l'éducation  rationelle  et 
pratique  que  doivent  tendre  nos 
efTorts.— J.-B.  Meilleur. 


T  e  9  Septembre  1870,  deux  religieuses  de 
I  p  "  Ste-Anne  se  rendaient  à  une  modeste 
J— i  **  maison  de  la  rue  Richelieu  pour  y  faire 
"  l'école. 

Deux  petites  pièces,  à  un  premier  étage  avaient 
"  été  mises  à  la  disposition  des  institutrices. 

'*  L'ameublement  consistait  en  un  gros  poêle, 
'  quelques  tables  d'école  et  des  bancs.  Il  n'y  avait 
'  pas  même  de  chaises  pour  les  religieuses   qui 

*  durent  faire  la  classe  debout,  durant  plusieurs 
'  jours. 

"  Les  sœurs  trouvèrent  les  enfants  dans  un  état 

*  d'ignorance  absolue,  sur  176,  une  douzaine  pou- 
'  vaient  lire  couramment  !  Cependant  ces  pauvres 
'  enfantsdont  l'instruction  avait  été  préalablement 
'  si  négligée  devinrent  bientôt  dts  modèles  d'ap- 
'  plication  en  tout. 

"  On  les  voyait  affectueux,  remplis  d'attention 

*  pour  les  bonnes  sœurs  qui  de   leur    côté    les 

*  payaient  bien  de  retour. 
Une  des  religieuses  de  ce  temps-là,  rend  le  té- 


t  ( 


90 


moignage  suivant  sur  ses  chers  élèves  :  "  Par- 
mi les  centaines  d'enfants  qui  sont  passés  dans 
mes  dasses  depuis  1870,  ce  sont  ceux  de  Sainte- 
Cunégonde  qui  ont  gardé  la  meilleure  place 
dans  mon  affection.  Je  ne  puis  me  rappeler  leur 
préparation  fervente  à  la  première  communion, 
leur  religieuse  attention  au  cathéchisme,  sans 
être  profondément  touchée." 
"  Le  local  étant  devenu  trop  étroit  le  premier 
août  187 1,  MM.  les  commissaires  louèrent  une 
autre  maison  située  rue  Notre-Dame,  près  de  la 
rue  Vinet.  Afin  de  donner  une  idée  de  l'insa- 
lubrité de  ce  local  qui  n'était  pas  à  moitié  ter- 
miné, les  sœurs  qui  l'ont  habité  disent  ;  "  Qu'il 
n'était  pas  besoin  de  sortir  pour  connaître  l'état 
de  la  température  !  " 

"  A  la  réouverture  des  classes  en  1871,  l'école 
fut  transférée  dans  une  maison  plus  confortable 
de  la  rue  Delisle.  On  y  avait  quatre  grandes 
classes  bien  aérées  et  bien  éclairées  ;  quatre  ins- 
titutrices donnaient  l'instruction  à  496  enfants." 

Trois  ans  plus  tard  on  pouvait  enregistrer  695 
élèves 

Ces  diverses  écoles  avaient  été  sous  le  contrôle 
de  Saint-Henri,  car  ce  fut  le  16  juillet  1875  seule- 
ment que  son  Excellence  le  lieutenant-gouverneur 
voulu  bien  par  un  ordre  en  conseil  nous  ériger  en 
municipalité  scolaire  distincte,  sous  le  nom  de 
"  Village  Delisle"  et,  lorsqu'on  contemple  aujour- 
d'hui nos  magnifiques  et  spacieuses  maisons  d'é- 
ducation, on  ne  conçoit  pas  tout  le  travail  qui 
s'est  effectué  en  un  laps  de  temps  aussi  court. 


91 


C'est  qu'ici  encore,  comme  dans  les  autres  œu- 
vres, nos  hommes  d'action  y  ont  mis  toute  l'ardeur 
qu'ils  possédaient,  c'est  que  nos  écoles  tenues  sur 
un  haut  pied  ont  su  attirer  la  jeunesse  studieuse. 
Mais,  les  débuts  ont  été  rudes  et  il  ne  faut  pas  ju- 
ger du  résultat  par  les  commencements. 

Même  après  l'établissement  de  l'école  de  la  rue 
Delisle  (école  aujourd'hui  disparue)  les  sœurs  de 
Ste-Anne,  n'eurent  pas  toutes  leurs  aises,  pour  me 
servir  d'une  expression  courante,  et  je  ne  puis  me 
rappeler  sans  émotion  le  temps  oU  ces  courageuses 
femmes  partaient  de  la  paroisse  Saint- Henri  pour 
venir  chaque  matin  et  par  toutes  saisons  remplir 
leur  tâche  ardue  :  former  de  jeunes  intelligences, 
préparer  des  enfants  pour  les  luttes  de  la  vie  ! 
Leur  dévouement  fut  admirable  et  j'éprouve  en 
leur  consacrant  ces  lignes,  un  sentiment  de  satis- 
faction d'autant  plus  grand,  que  moi-même  je  fus 
un  de  leurs  élèves  à  cette  époque. 

'*  En  1876,  la  municipalité  enleva  aux  religieu- 
*'  ses  l'enseignement,  pour  le  donner  à  mesdemoi- 
"  selles  Desrivières,  mais  on  s'en  repentit  bientôt, 
"  et  l'année  suivante  les  sœurs  furent  instamment 
•  '  priées  de  venir  reprendre  leurs  anciennes  classes. 
"  La  communauté  accepta,  mais  à  la  condition  de 
'*  ne  recevoir  que  les  filles." 

L'on  fut  donc  obligé  de  nommer  deux  institu- 
teurs :  MM.  L.  Valiquette  et  L.  Demers. 

Ici  finit  pour  la  municipalité  la  période  de  ta- 


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Photographie 

Sciences 

Corporation 


23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  14580 

(716)  872-4503 


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93 


tonnements  et  d'essais  plus  ou  moins  fructueux. 

Néanmoius,  il  serait  inutile  de  le  nier,  l'ère  de 
progrès  date  de  l'entrée,  dans  la  commission  sco- 
laire, de  notre  digne  et  dévoué  curé  en  1877. 

Nous  pouvons  donc  répéter,  avec  à  propos,  les 
paroles  de  M.  Emile  Jacotot,  un  ancien  professeur 
dans  cette  province» 

*'  Nos  écoles  n'ont  pas  déplus  chauds  zélateurs, 
ni  de  plus  fermes  soutiens  que  les  vénérables  pas- 
teurs de  l'Eglise,  à  quelque  degré  qu'ils  soient 
placés." 

De  suite,  le  nom  de  *'  Village  Delisle  fut  chan- 
gé pour  celui  de  "Village  Ste-Cunégonde  "  qui 
semble  nous  avoir  porté  bonheur  ;  les  sœurs  de 
Ste-Anne  acceptèrent  les  propositions  de  nos  com- 
missaires et  vinrent  s'installer  sur  la  rue  Delisle 
et  les  professeurs  laïques,  dans  la  maison  de  M. 
Buchanon,  coin  des  rues  Vinet  et  Bonaventure. 

Un  an  s'était  à  peine  écoulé  que  déjà  l'on  en- 
treprenait la  construction  d'une  académie  pour  les 
jeunes  filles  sur  la  rue  Albert,  afin  d'être  en  me- 
sure de  pouvoir  loger  décemment  nos  religieuses. 
**  A  dater  de  ce  moment,  l'académie  de  Sainte- 
Cunégonde,  devint  une  maison  distincte.  Les 
neuf  religieuses  formant  le  personnel  avaient  sous 
leurs  soins  sept  classes." 

Ea  même  année,  M.  G.  N.  Ducharme  succéda  à 


94 


M.  le  uotaire  Desrivières,  dans  la  charge  de  secré- 
taire trésorier  de  la  commission. 

Les  choses  marchèrent  ainsi,  sans  beaucoup  de 
changement,  durant  quelque  temps,  si  ce  n'est 
qu'on  fit  faire  une  allonge  à  l'académie  de  la  rue 
Albert  et  qu'on  en  céda  aux  religieuses,  la  jouis- 
sance et  l'tisufruit,  afin  de  leur  permettre  de  pren- 
dre des  pensionnaires  et  de  rencontrer  tous  les 
besoins  qui  se  feraient  sentir. 

En  1883.  fut  enfin  voté  l'achat  d'un  terrain  pour 
la  construction  d'un  collège,  coin  des  rues  Vinet 
et  Duvemay. 

Ou  voulait  y  ériger  une  bâtisse  capable  de  con> 
tenir  tous  les  enfants  du  sexe  masculin  de  la  pa- 
roisse, en  état  de  suivre  les  classes. 

Le  contrat  fut  accordé  à  M.  H.  Pauteux  au  prix 
de  $15,000.  Bientôt  le  collège  des  garçons  fut  en 
état  de  recevoir  les  élèves.  Les  professeurs  étaient 
laïques.  lien  fut  ainsi  jusqu'en  1887T époque  à 
laquelle  on  confia  l'instruction  aux  frères  des 
écoles  chrétiennes.  Une  lacune  impardonnable 
existerait  dans  ce  volume  si  je  ne  parlais  particu- 
lièrement de  M.  J.  P.  Vébert  dont  le  passage  dans 
cette  institution  fut  très  remarqué. 

Afin  qu'on  ne  me  taxe  pas  de  partialité,  je  vais 
reproduire  ce  que  disait  un  journal  à  l'occasion 
de  son  départ: 


95 


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DANS  I.A  BANLIEUE. 

"  Comme  nous  l'avons  annoncé  depuis  long- 
temps, les  Frères  vont  prendre  à  T automne,  Ta 
direction  de  T école  des  garçons  à  Ste-Cuné« 
gonde.  Depuis  la  fondation  de  cette  école,  ce 
soin  était  confié  à  des  maîtres  laïques  sous  la 
haute  direction  de  MM.  les  commissaires  et  les 
différents  professeurs  étaient  chargés  chacun  du 
devoir  de  sa  classe,  sous  la  direction  de  l'un  des 
prêtres  de  la  paroisse. 

*'  Au  nombre  des  mattres  enseignants  se  trou- 
vait M.  Vébert,  maître  de  première  classe.  Ce 
monsieur,  par  son  talent  et  ses  capacités  était 
considéré  comme  principal  de  l'école  bien  que 
MM.  les  commissaires  n'aient  jamais  voulu  lui 
accorder  ce  titre  d'une  manière  officielle* 
*'  M.  Vébert  était  très  estimé  dans  la  localité  et 
tous  regrettent  son  départ.  En  perdant  son  pre- 
mier maître,  l'école  perd  un  homme  instruit  et 
très  dévoué  à  l'accomplissement  de  ses  devoirs 
de  professeur.  M.  Vébert  est  un  français  venu 
au  Canada  après  la  guerre  de  1870.  Il  est  lor- 
rain et,  en  vrai  français,  il  a  préféré  l'exil  volon- 
taire au  joug  prussien,  ce  dont  nous  le  félicitons 
de  tout  cœur.  Il  a  adopté  le  Canada  comme  sa 
patrie,  car  il  s'est  marié  ici  avec  une  canadienne, 
ce  qui  l'a  rendu  définitivement  un  des  nôtres. 
*'  En  quittant  Ste-Cunégonde,  un  homme  de  ta- 
lent comme  notre  ami,  n'eut  pas  de  difficulté  à 
se  placer,  et  à  peine  son  départ  était-il  connu, 
que  MM.  les  commissaires  d'école  du  Sault-au- 
Récollet,  le  retenait  pour  la  direction  de  l'une 
de  leurs  écoles. 


96 


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*'  Nous  souhaitons  à  M.  Vébert  dans  sa  nou- 
velle position,  tout  le  succès  que  lui  méritent 
ses  talents  et  nous  félicitons  les  citoyens  du 
San t-au- Récollet  de  leur  bonne  aubaine. 

**  N'oublions  pas  non  plus  de  dire  que  le  cercle 
dramatique  de  Ste-Cunégonde,  en  perdant  M. 
Vébert  perd  son  meilleur  acteur,  soit  dit,  sans 
déprécier  les  autres  qui,  dans  l'occasion,  s'ac- 
quittent bien  de  leur  rôle.  "   '  V* 

"  Outre  cela  il  a  doté  l'éddle  d'une  foule  de  ta* 
bleaux  et  scènes  évalués  à  plusieurs  cents  pias- 
tres ;  car  i\  était  un  véritaole  artiste  dans  cet 
art. 

•*  La  modestie  de  M  Vébert  sera  peut-être  bles- 
sée de  ces  quelques  lignes  que  nous  lui  consa- 
crons, mais  nous  le  prions  de  les  regarder  comme 
un  juste  tribut  de  reconnaissance,  dû  à  son  dé- 
vouement et  'ci  ses  capacités,  et  aussi  comme  un 
acte  de  remerciement  bien  mérité  pour  les  ser- 
vices qu'il  a  rendus  à  ses  nouveaux  compa- 
triotes."— Etefiiiard  1887. 

Ajoutons  ici,  entre  parenthèse,  que  M.  Vébert 
nous  est  revenu  au  mois  de  jtiin  cette  année  pour 
entrer  au  service  de  la  corporation.  di^^stiio 

Les  Frères  sous  la  direction  du  frère  M^mftww 
continuèrent  avec  succès  les  travaux  de  leurs  de- 
vanciers. L'enseignement  tut  posé  sur  des  bases 
solides  bien  nationales  et  bien  chrétiennes.  Au- 
jourd'hui,  la  direction  est  confiée  au  frère  TJlric, 
mais  ce  changement  n'a  pas  porté  atteinte  à  la 
marche  ascetisionnelle,  loin  de  là. 


98 


PENSIONNAT  STE-ANGKLB. 


99 


Tous  les  jours  les  parents  et  les  visiteurs  sont 
étonnés  des  ouvrages  faits  par  les  enfants  qui  fré- 
quentent cette  école  et  l'on  peut  sans  crainte  dire 
que  ses  classes  ne  sont  pas  surpassées  par  les 
classes  similaires  de  la  pit>vince. 

Le  dessin  et  la  peinture  y  sont  en  honneur  et 
chaque  année  ^exposition  des^  taj^leaux  attirent 
une  foule  considérable  Bref,  les  Frères  se  sont  ac- 
quis l'estime  eX  la  confiance  de  tous  les  parents. 

Mais  faisons  un  pas  en  arrière  et  reprenons 
notre  récit,  à  l'anui^e  18S3.  '.'L'académie  de  la 
rue  Aloert  étant  devenue  insuffisante  les  com- 
missaires de  concert  avec  le^  religieuses  réso- 
lurent d'ajouter  une  seconde  bâtisse  de  40  x  45, 
et  à  trois  étages.  Cet  agrandiçsçncient  terminé, 
Sa  Grandeur.  Mgr.  df  Montréal' permit  aux 
sœurs  d'ouvrir  U9  pensionnât  pour  les  enfants 
de  la  patt)isse  seulement.  L'^ticoM^^^ement  ne 
fit  pas  défaut,  30  de  nos  meilleures  familles 
s'empressèrent  de  placer  leurs  filles  dans  le 
nouveau  pensionnat  ;  et  le  nombre  des  élèves 
s'éleva  bientôt  à  375.  Cependant  on  se  trouva 
encore  à  l'étroit  ;  alors  il  devint  urgent  de  régu- 
lariser le  toit  de  la  première  bâtisse,  c'est-à-dire 
de  la  changer  en  un  toit  français,  comme  celui 
de  la  dernière  construction,  ce  qui  donna  dans 
cette  partie  de  la  maison,  tout  l'espace  d'un 
étage.  Les  travaux  commencèrent  le  28  juin 
1885,  et  se  terminèrent  au  mois  de  septembre 
suivant.  Ce  nouvel  agrandissement  bien  que 
considérable  ne  suffisait  pas  encore  aux  besoins 
de  la  localité,  et  définitivement,  il  fallut  songer 


ICX3 


..  .^^^^>>- 


MM      ' 


ECOLE  DB  LA  RUR  DEUBLB. 


lOl 


«I 


à  construire  une  maison  uniquement  destinée 
pour  un  pensionnat,  tandis  que,  la  maison  de  la 
*'  rue  Albert  continuerait  son  œuvre  comme  aca- 
"  demie  et  externat.  C'était  une  entreprise  bardie 
'*  au  point  de  vue  matériel;  les  ressources  man- 
*'  quaient  absolument,  et  des  obstacles  de  tous 
"  eenres  semblaient  se  réunir  pour  empêcher 
"  rezécution  d'un  tel  projet.  Mais  que  sont 
**  toutes  les  difficultés  du  monde  en  fiûre  de  la 
**  volonté  de  Dieu." 

£n  1886,  disent  les  archives,  le  couvent  de  la 
rue  '*  Albert  étant  devenu  trop  petit  pour  recevoir 
'*  les  filles  de  la  municipahté»  après  plusieurs 
*'  écrits  et  pourparlers  avec  les  commissaires,  les 
**  sœurs  ayant  fait  l'acquisition  d'un  terrain  sur 
"  la  rue  Saint  Antoine  et  y  ayant  depuis  construit 
**  une  grande  et  magnifique  maison  pour  l'éduca- 
"  tion  primaire  et  supérieure  da9^>fiUes  de  la  pa- 
**  roisse,  il  est  urgent  de  venir  en  àiïte"<«iax' sœurs 
*Vpour  maintenir  la  dite  maison." 

Les  sœurs  venaient  d'élever  ce  splendide  pen- 
sionnat Ste-Angéle  qui  est  l'orgueil  des  Sainte- 
Cunégondois.  L'aide  leur  fut  donné,  et  le  réiul- 
tat  a  dépassé  nos  espérances,  car  cette  maison 
compte  aujourd'hui  220  élèves. 

Nous  nous  trouvons  donc  avoir,  maintenant,  un 
collège,  une  académie  et  un  pensionnat  Ces  trois 
maisons  d'éducation  sont  très  bien  édifiées,  leur 
aspect  est  charmeur,  le  but  pour  lequel  elles  ont 
été  construites  est  consolant. 

Honneur  en  soit  rendu  à  nos  braves  commis- 


•  <l 


I02 


saires,  et  que  leurs  noms  (voir  appendice)  restent 
dans  la  mémoire  de  ceux  qui  s  intéressent  au  sort 
des  jeunes,  Tsspoir  de  la  patrie. 


.f 


IX. 


PATRIOTISME  et  BIENFAISANCE 


La  fondation  de  la  St.  Joan-Baptiste, 
no  réveillait   pas  l'idée  nationale, 

fmlHqu'olle  était  restée  vivace  daoH 
w  ciBiirN,   mais  elle  l'appelait  à 
l'action,  activait  Ha  flamme. 

L.  HON.  J.  A.  ClIAl'LBAU. 

L'association  libre  s'organisant  pour 
tirer  parti  doH  cotisations  de  tous 
et  les  utilisant  au  profit  de  chacun  : 
voilà  une  combinaison  admirable 
qui  réunit  les  avantages  de  la  solid- 
arité à  ceux  do  l'initiative  particu- 
lière. 

.  Adolphr  Costb. 


l'Association  St  Jeai^-Baptiste. 

-JL. 


TOUS  mes  compatriotes  adultes  savent  ce  que 
c'est  qfie  l'Association  St.  Jean-Baptiste.  Ils 
en  connaissent  l'histoire  et  le  but.    Aussi  en 
faisant  précéder  l'histoire  de  notre  section  d'un  résu- 


I04 


mé  historique  de  l'Association  en  général,  mon  in- 
tention n'a  été  que  de  m'adresser  aux  jeunes,  car  ce 
volume  est,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  destiné  à  l'ado- 
lescence, comme  à  l'âge  mur  comme  à  la  veillesse. 
C'est  donc  là  mon  excuse  vis-à-vis  ces  derniers. 
"  L'Association  St.  Jean-Baptiste  fut  fondé  à 

**  Montréal  par  Ludger  Duvemay." 

**  Elle  célébra  pour  la  première  fois  la  fête  de 
**  son  patron,  le  24  juin  1834." 

"  Le  premier  banquet  national  qui  eut  lieu  ce 
"  jour  là,  lut  tenu  dans  le  jardin  de  M.  John  Me- 
**  Donell,  rue  St.  Antoine,  sous  la  présidence  de 
**  M.  le  commandeur  Viger,  alors  maire  de  Mont- 
"  réal. 
.   "  La  chanson  patriotique  devenue  si  populaire  : 

**  COMME  I<B  DIT  UN  VIEIL  ADAGB  " 

'Vfut  composée  pour  la  circonstance  et  chantée  à 
*^  ce  banquet  par  Sir  George  Etienne  Cartier,  alors 
''  étudiant  en  droit. 

"  La  célébration  annuelle  de  la  fête  nationale 
''  fut  interrompue  par  l'insurrection  de  1837  et 
"  l'exil  des  patriotes  Canadiens-Français  au  nom- 
"  bre  desquels  était  le  fondateur  de  l'association." 

*'  A  son  retour  de  l'exil  en  1842,  M.  Duvemay 
**  réorganisa  cette  société,  avec  le  concours  des 
''  principaux  citoyens  d'origine  française  de  cette 
"  cité.  La  première  assemblée  générale  pour 
*'  l'adoption  des  règlements  et  l'élection  des 
"  officiers  fut  tenue,  le  6  juin  1843,  ^^^^  u"  salon 
**  du  marché  Ste.  Anne,  sous  la  présidence  de 
**  l'Hon.  D.  B.  Viger,  Sir  George  Etienne  Cartier 
*'  agissant   comme  secrétaire » . . 


105 


"  Aujour'dhui  les  sociétés  St.  Jean- Baptiste  se 
"  comptent  p^r  centaines,  et  l'on  a  pu  se  former 
'*  une  idée  de  leur  nombre  et  de  leur  vitalité  aux 
'*  trois  grandes  fêtes  qui  ont  été  célébrées  à  Mont- 
**  réal,  en  1874  et  1884.  et  à  Québec  en  i83o. 

Maintenant,  quel  était  le  but  des  promoteurs  de 
cette  vaste  association  ?    Le  voici  : 

**  1°  Unir  entre  eux  tous  les  Canadiens  ; 

**  20  De  leur  fournir  un  motif  de  réunion  et  Toc- 
**  casion  de  fraterniser  et  de  se  mieux  connaître  ; 

**  30  De  cimenter  l'union  qui  doit  régner  entre 
*'  les  membres  d'une  même  famille  ; 

<<  40  De  promouvoir  par  toutes  les  voies  les  inté- 
'*  rets  nationaux  et  industriels  de  la  population 
*'  canadienne  du  pays  et  des  membres  de  l'associa^ 
**  tion  en  particulier  ; 

"5°  Enfin,  d'engager  tous  ceux  qui  en  feront 
'*  partie  à  pratiquer  mutuellement  tout  ce  que 
*'  l'konneur  et  la  fraternité  prescrivent  aux  enfants 
'*  d'une  même  patrie.    Et  pour  l'efficacité  et  la 


'*  chaque  année. 

Voilà  le  but  magnifique  de  notre  belle  associ- 
ation nationale. 

Si  la  race  canadienne-française,  passe  à  travers 
les  obstacles  qu'on  lui  stfeite  continuellement  ;  si 
plus  tard  elle  résiste  encore  et  sort  vainqueur  elle 
le  devra  en  grande  partie  à  l'inspiration  du  grand 
Canadien:  Duvernay. 


io6 


EXPLICATION  DE  LA   GRAVURE    FAISANT 

FACE. 


I 

2 

3 

4 

5 
6 


h.  monette. 
Chs.   Lortie.  . 
C.  St.Amour. 

J.  O.  A.  PAfiE. 
J.  N.  LUSSIER. 
G.     COURVILLE. 

A.  Campeau,  M.D. 


r 


! 


io8 


La  section  Sainte-Cuuégonde  a  été  foudée  ici  en 
1878,  alors  que  M.  A.  Séguin,  curé,  convoqua 
les  citoyens  à  une  assemblée  tenue  dans  l'anciennç 
chapelle.  Elle  eut  pour  premier  président,  notre 
estimé  concitoyen  S.  Delisle. 

D'année  en  année  son  œuvre  se  poursuivit  et 
dans  toutes  les  ^réunions  populaires  oU  rotre 
nationalité  s'est,  â'fflrmée,  notre  section  a  toujour^ 
paru  avec  avantage,  dirigée  qu'elle  était  par  deà 
hommes  capables,  cotti:ae  le  prouve  le  tableau  de^ 
élections  annuelles  que  nous  donnons  à  la  fin  dû 
volume.  -:  ; 

En  1884,  aux  noces  d'or  de  l'association,  Sainte- 
Cunégonde  marchait  en  tête  de  l'immense  proces- 
sion du  25  juin;  A  ce  propos  nous  allons  citer  les 
lignes  que  lui  a  consacré  M.  P.  Ph.  Charettel 
l'auteur  du  compte  rendu  officiel  des  lêtes  de 
1884: 

"  La  section  de  Sainte-Cunégonde,  escortée  de 
*'  deux  drapeaux  tricolores,  et  ôuîvie  de  son  corp$ 
**  de  musique,  suivait  la  bannière  die  l'Àssociationj. 
**  Après  la  musique  venait  le  char  allégorique  dé 
la  section.  Ce  char  représentait  une  cabane  de 
'*  Sauvages  dans  la  forêt 

"  Il  était  juste  qu'en  ce  jour  solonnel,  oli  l'on 
**  devait  faire  passer  sous  les  yeux  du  peuple  cana- 
dien, les  grands  traits  de  l'histoire  de  notre 
Canada,  il  était  juste,  disons  nous,  qu'une  placé 
fut  réservée  aux  premiers  habitants  du  sol  qu^ 
"  nous  avons  les  premiers  défrichë^et  colonisé.  Ce 
**  char  était  échu  en  partage  à  Stl^'Cunégonde . . .  ' 


4  l 


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I09 


*'  Les  deux  côtés  du  char  de  cette  section  repré- 
sentaient les  bords  d'une  rivière,  des  herbes 
sauvages,  etc.  La  cabane  était  placée  au  centre 
du  char.  En  arriére  du  char  était  un  canot 
d'écorce  et  ses  avirons  en  sautoir,  soutenus  par 
des  pieuxy  et  le  tout  était  orné  de  tomahawks 
et  autres  trophées  sauvages.  Sur  le  devant  de 
la  cabane,  une  bande  de  sauvages  Hurons  de 
Lorette,  près  de  Québec,  étaient  assis  fumant  le 
calumet  de  la  paix>  Le  toHt  était  surmonté 
d'une  tête  d'orignal. 

*'  L'on  voyait  à  bord  de  ce  char,  sauvages,  sau- 
vagesses  et  sauvagerons,  tous  occupés  aUx 'tra- 
vaux que  se  partageaient  ces-peuplades  intéres- 
santes, avant  et  dans  les  premiers  temps  de  la 
colonie."  -, 

La  section  cessa  de  se  réunir  après  1884,  son 
action  n'étant  plus  nécessaire,  mais  elle  vient  de 
Tenaitre  de  ses  cendres  plus  vivace  que  jamais  et 
•elle  s'est  donné  un  comité  d'hommes  sérieux  qui 
désirent  mener  les  choses  à  bien. 
Il  se  compose  comme  suit  : 
Président:  G-  N.  Ducharme  ;  ler  vice-président, 
C  F.  Porlier  ;  2ième  vice-président  :  Th.  Cypihot, 
M.D.  ;  secrétaire:  E.  Z.  Massicotte,  E.  E.  D.;  tré- 
sorier: L.  Z.  Mathieu  ;  ler  com.-ord.:  Paul  Desjar- 
dins ;  2ième  com.-ord  :  O.  Brunette  ;  3ième  com.- 
ord.:  O.  Hénault. 


■1 

lii 


no 


Ordre  des  Forestiers  Catholiques. 


La  cour  Ste-Cunégonde  n©  162,  de  l'Ordre  des 
forestiers  catholiques  a  été  fondée  le  ler  juin  1890, 
par  M.  le  docteur  J.  P.  Péladeau. 

Personne  n'ignore,  quelle  importance,  les  socié- 
tés de  secours  mutuels  et  de  bienfaisance  ont  prise 
durant  ces  dernières  années  ? 

Le  père  de  famille  a  enfin  compris  que  là  était 
le  salut  des  êtres  faibles  qu'il  laissait  lorsque  la 
mort  le  frappait. 

Au  nombre  des  sociétés  les  plus  répandues  dans 
la  province  est  l'Ordre  des  forestiers  catholiques, 
dont  la  cour  suprême  est  à  Chicago. 

Cet  ordre  en  opération  depuis  un  petit  nombre 
d'années  seulement  a  déjà  rencontré  un  joli  suc- 
cès. Chaque  jour  les  journaux  nous  apprennent 
que  de  nouvelles  cours  se  forment  ici  et  là.  Dans 
le  journal  de  la  société,  le  C.  O.  F.  Guide  les 
membres  ont  le  droit  d'écrire  dans  leur  langue  res- 


III 


pective.  Aussi  voyons-nous  des  articles  anglaiâ» 
allemands,  français.  Cela  donne  une  haute  idée 
de  la  fraternité  qui  existe  dans  cet  ordre,  où  les 
nationalités  difiércntes  sont  traitées  sur  un  point 
d'égalité. 

Au  début,  la  cour  Ste-Cunégonde  n'avait  que 
45  membres,  aujourd'hui  elle  en  compte  124* 
Comme  on  le  voit,  elle  a  fait  de  sensibles  progrés. 
Son  premier  chef  ranger  a  été  M.  Hermas  Monette» 
le  second  M.  Chs.  T.  Poirier. 

Les  dignitaires  actuels  sont  : 

Chef-ranger:  H.  Mouette  ;  député  haut  chef  ran- 
ger: A.  C.  St- Amour  ;  vice  chef  ranger:  Chs.  Sor- 
tie ;  sec.-arch.:  J.  O.  A.  Page  ;  sec.-fin.:  J.  N.  Lus- 
sier  ;  trésorier  :  C  Courville  ;  médecin  :  A.  Cam- 
peau,  M.  D.  Syndics  :  L.  Ethier  ;  P.  Mouette  ; 
J.  Foisy  ;  conducteurs  :  M.  Laniel  ;  G.  Mathieu 
Sentinelles  :  O.  Brisebois  ;  F.  Gagnon. 

Nous  publions  ci-contre  le  portrait  des  princi- 
paux officiers. 


112 


OrLRR  INDEPENDANT  DES  FORESTIERS. 


La  cour  St-Roch  no  701  a  été  fondée  le  8  dé- 
cembre 1890  avec  dix-huit  membres  et  elle  a  été 
instituée  par  le  haut  chef  de  la  province  M.  P. 
Strathearn.  L'Ordre  indépendant  qui  a  été  fondé 
eu  1874,  incorporé  en  1881,  est  une  des  plus  puis- 
sautes  association  de  bienfaisance  du  monde  en- 
tier. Il  a  des  ramifications  presque  partout,  en 
Amérique,  en  Angleterre,  etc.  Au  mois  de  mai 
dernier,  le  nombre  total  de  ses  membres  était  de 
45,925  et  le  fonds  de  réserve  de  $665,911,40. 

Son  progrès  dans  cette  province  a  été  très  ra- 
pide, car  son  système  est  basé  sur  celui  des  assu- 
rances sur  la  vie,  c'est-à-dire  que  les  taux  sont  fixes 
et  suivant  l'âge.  Ces  taux  sont  cependant  beau- 
coup plus  bas  que  ceux  des  assurances  régulières, 
parce  que  le  travail  de  recrutement  se  fait  par  les 


ïï3 


amis»  par  les  membres  dévoués,  tandis  que  dans 
les  assurances  il  se  fait  par  des  agents  à  gros 
salaires. 

La  cour  St-Roch  compte  aujourd'hui  125  fores- 
tiers et  son  comité  est  comme  suit  : 

T.  Cypihot.  M.D.,  chef  forestier  ;  A.  C.  Décary, 
N.  P.,  ex-chef  forestier  ;  Ls  Fortin,  député  haut 
chef  forestier;  Dr.  H.  Pépin,  vice-chef  fores- 
tier ;  E.  Z.  Massicotte,  E.E.D.,  sec.-arch.  ;  J.  H. 
Thibert,  sec.-fin.  ;  Paul  Desjardins,  trésorier  ;  O. 
Auger,  1er  garde  forestier  ;  Ls.  Belhunieur,  2ème 
garde  forestier  ;  A.  Boucher,  sentinelle  intérieure  ; 
D.  Yacoloff,  sentinelle  extérieure. 

I^  lecteur  remarquera  sans  doute  que  je  ne 
donne  que  cinq  portraits  des  dignitaires  de  cette 
cour,  mais  qu'il  veuille  bien  ne  pas  m'en  tenir 
compte,  car  des  circonstances  incontrôlables  m'ont 
forcé  d'agir  ainsi. 


114 


L'AtuANCE  Nationale. 


Depuis  longtemps,  les  Canadiens-français  dési- 
raient avoir  une  association  de  bienfaisance  basée 
sur  le  système  si  fécond,  si  admirable  de  l'Ordre 
indépendant  des  forestiers,  mais  personne  n'osait 
prendre  l'initiative. 

La  tâche  était  ardue  !  Cependant  elle  ne  fit  pas 
peur  à  notre  actif  concitoyen  M.  Théo.  Cypihot^ 
M.  D.  A  force  de  démarches  il  réussi  à  réunir  un 
nombre  suffisant  de  capitalistes  canadiens-français 
pour  fonder  l'association  qu'il  rêvait.  Tous  les 
obstacles  furent  renversés  et  les  voies  aplanies. 
Aujourd'hui  l'Alliance  est  appelée  à  réunir  les  Ca- 
nadiens sous  un  même  égide. 

Voici  comment  un  journal,  accueillait  la  nou- 
velle de  sa  fondation  : 


'15 


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"  lye  réveil  national  des  nôtres  s'affirme  de 
mieux  eu  mieux.  Presqu'en  mOme  temps  que 
La  Croix  de  Montréal,  une  nouvelle  société 
de  bienfaisance  vient  de  se  constituer,  avec  le 
même  programme  à  peu  près  que  notre  journal. 
Travailler  a  la  ptopagation  de  la  langue  frati' 
caise  et  a  la  consolidation  des  institutions  civiles 
et  religieuses  de  la  nation  canadiefine française, 
"  L'Alliance  Nationale,  née  de  patriotiques 
aspirations,  semble  appelée  à  avoir  les  plus  con- 
solants résultats.  Elle  sera  un  lien  puissant 
d'union,  par  la  communauté  des  intérêts  les  plus 
sacrés,  entre  tous  les  fils  dispersés  en  Amérique, 
de  la  grande  famille  canadienne-française- 
*  '  Aussi,  dés  ses  débuts,  a-t-elle  rencontré  les 
plus  chaudes  sympathies,  parmi  nos  compa- 
triotes. Grands  et  petits  se  sont  donné  la  main 
pour  travailler  à  assurer  son  succès.  A  peine 
compte-t-elle  un  mois  d'existence  et  déjà  un 
brillant  avenir  sourit  à  .ses  premiers  efforts. 
"  Les  chefs  de  notre  nationalité  ont  compris 
toute  l'importance  d'une  institution  de  ce  genre 
pour  favoriser  notre  développement  économique 
comme  race  distincte.  Parmi  ceux  qui  se  sont 
inscrits  comme  fondateurs,  premiers  et  insignes 
zélateurs  de  cette  belle  œuvre,  il  fait  plaisir  de 
relevé*-  les  noms  d'un  bon  nombre  de  Canadiens 
français  des  plus  distingués. 
'*  De  son  côté  le  peuple,  dans  son  bon  sens  inné, 
a  eu  bien  vite  fait  de  saisir  l'opportunité  de  cette 
fondation,  à  l'aurore  des  jours  critiques  que  notre 
race  est  menacée  d'avoir  à  traverser.  Il  ne  lui 
a  pas  ménagé  son  libéral  encouragement,  lui 
qui  sait  généralement  bien  deviner  les  entre- 


ii6 


EXPLICATION    DE  LA  GRAVURE   FAISANT 

FACE. 


I.     Théo.  Cypihot,  M.D., 

Haut-médecin  et  chef-forestiier  de  l'ordre 
Indépendant  des  fore^tierH.  Médecin 
en  chef  de  l'alliance  nationale. 

H.  Pépin,  dentiste. 
E.  Z.  Massicotte,  E.E.D. 
J.  H.  Thibert. 
Paul  Desjardins. 


2. 

3- 
4. 
5- 


N,B. — V auteur  regrette  de  rC avoir  pas  pu  se  prO' 
curer  les  portraits  des  autres  dignitaires. 


ii8 


prises  véritablement  nationales.  Les  recrues 
affluent  dans  les  rangs  de  la  nouvelle  association 
bienfaisante.  De  nombreux  cercles  de  h'Al- 
liance  Nationale  sont  déjà  établis  ou  en  voie  de 
formation.  Puisse  le  flot  aller  toujours  gros- 
sissant ! 

*'  Monseigneur  l'archevêque  de  Montréal  a  bien 
voulu  accorder  à  cette  jeune  institution  la  faveur 
de  son  haut  patronage.  C'est  une  attestation 
non  équivoque  de  l'intérêt  qu'elle  est  digne 
d'inspirer. 

"  Nous  n'avons  fait  que  présenter,  pour  cette 
fois,  à  nos  lecteurs  cette  naissante  institution  et 
esquisser  rapidement  ses  traits  caractéristiques. 
Il  nous  sera  fort  agréable  d'y  revenir,  de  temps 
à  autre,  pour  exposer  plus  en  détail  tous  les 
avantages  qu'elle  présente  à  nos  frères  par  la 
langue  et  à  nos  frères  en  la  foi." 

Cette  société  qui  n'a  été  incorporée  que  cette 
année  a  un  bureau  de  direction  général  composé 
de  nos  premiers  citoyens.     Voyez  : 

KXKCUTIF. 


S.  G.  Mgr  ED.-C.  Fabre,  Président  Houoraiie. 

H.  LaporTE,  Président  Général. 

J.  M.  WiLSON,  Vice-Président  Général, 

L.  J.  D.  Papixeau,  Secrétaire  Général. 

A.  St-Cyr,  Trésorier  Général,. 

T.  Cypihot,  Médecin  en  chef. 

S.  Beaudin,  C  R.,  Aviseur  Légal. 


119 


A.  C.  Decary,  Directeur. 
J.  R.   Savignac, 
Joseph  Contant, 
N.  E.  Hamilton, 

h.  C.  RiVARD. 


1 1 


K 


il 


(i 


Pour  rendre  cet  exposé  historique  complet, 
nous  devons  mettre  devant  le  public  les  princi- 
pales clauses  de  sa  constitution,  les  voici  : 

"  Cette  Association  a  pour  titre  :  i,* Alliance 
'  Nationale  ;  pour  patron  :  St-Louis  de  Fran- 
*.  CE,  pour  devise  :    Vi7tcit  coîicordia  fratrum. 

"  Le  but  de  cette  nouvelle  société  de  bienfai- 
'  sance  est  ainsi  résumé  dans  les  statuts  : 

"  Elle  a  pour  but  l'union  des  catholiques  par- 
'  lant  la  langue  française  dans  une  commune 
'  pensée  de  secours  mutuels  et  de  progrès  de  leurs 

*  intérêts  matériels  et  moraux,  tous  sains  de  corps, 
'  recommandables  par  leur  moralité  et  leur  posi- 

*  tion  sociale  ; 

"  Pour  parvenir  à  cette  fin  l'association  adopte 
'  les  moyens  suivants  . 

"  i^  Aider  matériellement  et  moralement  ses 
'  membres,  pécuniairement  leur  famille  et  leurs 
'  héritiers  ; 

"  2°  Développer  l'éducation  morale  et  intellec- 
'  tuelle  de  ses  membres  ; 

a  3°  Travailler  à  la  propagation  de  la  langue 
'  française  et  à  la  consolidation  des  institutions 
'  civiles  et  religieuses  de  la  nationalité    cana- 

*  dienne-française  ; 

"4°  Créer  des  caisses  locales,  chargées  de  don- 
'''uer  des  secours  aux  membres  malades  de  l'as* 


s- 


I20 


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Cl 


I* 


sociation  qui  y  serout  inscrits,  ($5.00  par  se- 
maine) et  de  payer  leurs  frais  funéraires  ; 

'*  5°  Etablir  une  caisse  assurant  aux  membres 
ou  à  leurs  héritiers  et  bénéficiaires  les  avantages 
suivants  : 

(a  ;  Une  indemnité  à  ceux  de  ses  membres  at- 
teints d'infirmité  absolue  et  d'un  caractère  per- 
manent causée  par  maladie  ou  accident  ; 

*'  {b)  Une  pension  annuelle  aux  membres  ayant 
atteint  70  ans  ; 

"  (0  Une  indemnité,  au  moment  du  décès  du 
sociétaire,  à  ses  héritiers  ou  à  ses  bénéficiaires, 
(de  5C0,  1,000  ou  2,000  piastres  au  choix  du 
sociétaire)  ; 

**  {d)  Une  indemnité  aux  héritiers  ou  bénéfi- 
ciaires d'un  membre  qui,  après  avoir  pendant 
dix;^ans  rempli  toutes  ses  obligations  comme 
sociétaire,  s'est  retiré  de  l'association. 

"  Les  contributions  sont  acquittées  d'après  un 
taux  qui  ne  varie  pas.  Elles  sont  graduées 
selon  l'âge  des  membres  et  elles  sont  établies  de 
'*  manière  à  ce  que  la  société  puisse  réaliser  une 
**  réserve  destinée  à  assurer  le  paiement  des  béné- 
"  fices  au  profit  des  membres  âgés  et  des  inva- 
"  lides. 

"  Capital  souscrit  par  les  fondateurs,  $io,coo. 

Afin  de  pouvoir  se  propager  plus  facilement, 
l'Alliance  se  subdivise  par  cercles.  Celui  de  Sainte- 
Cunégonde  a  pris  le  nom  de  cercle  Mont- Royal  n^ 
2.  Aux  dernières  élections  les  membres  suivants 
ont  été  nommés  pour  former  le  comité  de  régie  : 


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II 


II 


121 


Président:  Placide  Décarv  •  vit*  ..,^.  m    .    „ 

Monette  ;  sec.-arch.:  E.  Sé-^Z^T'   ^^ 

trésorier:  H.  FauteuxTSnUr  il   •?«"""' 
missair^-    V     t       •     ™eaecin.  u.  I^alonde  ;  com- 

SôTn  "^P""""'   «'^  '•  «t«Hiucteu;:   A. 


X 


THEATRE  ET  AMUSEMENTS. 


Durant  la  vie  il  est  impossible  de  tou-^ 
jourR  rester  sérieux  ou  affairé  ;  il 
faut  rire  et  se  distraire  de  temps  à 
autre.— Jean  Nokl. 


Bn  1878,  la  corporation  du  village  accorda,  à 
M.  M.  Beaudoin  et  Despaties  la  permission 
d'établir  un  ro7id  de  courses  en  vélocipède 
sur  un  terrain  vacant,  situé  au  coin  des  rues  Wil- 
liam et  Napoléon. 

Ces  lieux  d'amusements  étaient  en  grande  faveur 
à  cette  époque  et  il  en  existait  un  peu  partout. 

Disons  en  passant  que  le  plus  fameux  fut  celui 
du  village  St.  Jean-Baptiste  où  se  réunissait  hetK 
domadairement  tout  ce  que  Montréal  comptait  de 
célébrités^dans  le  monde  du  sport. 

V attraction  consistait  en  courses  de  vélocipè- 
distes  entremêlées  de  jeux  athlétiques  et  acroba* 
tiques. 

Notre  peuple  a  toujours  eu  un  penchant  pour 
les  exercises  physiques.  L'histoire  est  là  pour  le 
témoigner. 


124 


D'ailleurs  nos  hommes  forts,  nos  athlètes,  nos 
accrobates  ont  parcouru  un  peu  tous  les  pays  et 

partout  on  les  a  acclamés. 

Cet  état  de  choses  étant  donné  on  peut  s'imagi- 
ner avec  quelle  enthousiasme  la  foule  se  portait  à 
ces  sortes  de  spectacles  qui  ont  été  renouvelés  de- 
puis au  Parc  Sohmer  avec  tant  de  succès. 


*_-;ç^^'^J^IÏ^  ^'^ 


^  à  vignette  ti-dessus  donne  une  excellente 
d  j  '   >:!.  rond  qu'on  construisit  ici. 

'^  !:  has  des  gradins  existait  une  voie  circulaire 
suï  laciaelle  les  vélocipèdistes  prenaient  leurs 
ébats. 


'25 


Au  centre,  dans  l'espace  libre,  s'élevait  une 
espèce  d'estrade  avec  toit,  pour  les  acrobates. 

Les  représentations  se  donnaient  le  dimanches 
et  les  jours  de  fête,  durant  l'après-midi.  Le  droit 
d'entrée  étant  de  dix  cents  les  spectateurs  étaient 
nombreux. 

Une  après-midi  que  l'affluence  était  pins  consi- 
dérable que  d'habitude,  les  gradins  cédèrent  sous 
le  poids  énorme  qu'ils  supportaient  et  une  panique 
se  produisit. 

Heureusement,  aucun  accident  grave  ne  fut  en- 
registré, cependant  pour  une  cause  ou  pour  une 
autre  la  chose  fut  abandonnée  pour  toujours. 

C'est  alors  que  notre  théâtre  daigna  faire  son 
apparition. 

La  seule  salle  qui  existait  était  la  '  '  Windstan- 
ley  Hall,"  dont  les  changements  de  destination 
sont  nombreux  et  des  plus  opposés 

Quelques  pièces  furent  jouées  là  avec  un  certain 
succès. 

Après  la  construction  de  l'école  des  garçons, 
rue  Vinet,  il  fut  décidé  de  faire  une  salle  propre 
aux  séances  dramatiques  dans  l'étage  supérieur 
de  la  bâtisse.  Cette  idée  rencontra  d'autant  mieux 
l'approbation  de  tous,  que  la  dite  salle  pouvait  en 
même  temps  servir  à  plusieurs  fins  scolaires. 

Son  ouverture  au  public  date  du  i6  juin  1884. 

A  cette  occasion  on  y  donna  une  grande  et  re- 


126 


■    1 

! 


marquable  représentation  du  drame  en  cinq  actes 
intitulé  :  *  '  Les  pirates  de  la  savane." 

Les  amateurs  étaient  recrutés  parmi  la  jeunesse 
intelligente  aidée  par  quelques  vétérans  de  la 
scène. 

Plusieurs  se  révélèrent  acteurs  de  talent  en  cette 
circonstance  et  les  décors  peints  spécialement  pour 
la  pièce  par  M.  Bélanger,  vicaire,  ne  contribuèrent 
pas  pour  peu  au  succès  étourdissant  qui  couronna 
les  efforts  de  chacun. 

Le  i6  février  1885,  les  amateurs  enthousiasmés 
de  leur  réussite  entreprirent  de  jouer  un  drame  à 
sensation,  tenant  à  la  fois  de  la  sorcellerie  et  de 
Toper». 

Cette  pièce  bizarre,  mais  dont  l'effet  est  im- 
mense et  des  plus  saisissants,  avait  un  nom  bien 
sonore  et  bien  harmonieux  :  "Andalouma." 

L'auteur,  un  missionnaire  du  continent  des  noirs, 
avait  voulu  rendre  les  scènes  les  plus  caractéris- 
tiques de  la  vie  africaine.  Il  avait  voulu  mettre 
sous  les  yeux  des  blancs,  les  horreurs  qui  se  com- 
mettent chaque  jour  là-bas  ?  En  un  mot,  il  vou- 
lait contribuer,  dans  la  mesure  de  ses  forces,  à  la 
grande  œuvre  du  cardinal  Lavigerie,  en  intéres- 
sant la  race  française  au  sort  des  malheureux 
nègres. 

Toutefois,  je  crois  qu'il  ne  s'attendait  pas  à  ce 
que  son  drame  fut  interprété  sur  la  scène,  car  il 


127 


•^Cs!^^^-^>^'^-^ -■■■  f-'-  :-   '  < 
g^-^^  ^-v^fcfe^r ■■■.,.j::r:-'-< '':. 1 


LE  THEATRE  STE-CUNEGONDE  DURANT  LA  REPRESEN- 
TATION  DE  "LA  FLEUR  DE  LYS." 


128 


était  hérissé  de  difficultés  de  toutes  sortes  et  il  ne 
r  avait  publié  que  dans  les  "Annales  de  la  propa- 
gation de  la  foi." 

Comme  je  l'ai  dit,  nos  amateurs  entreprirent  de 
jouer  câ  drame.  C'était  audacieux  !  Néanmoins, 
sous  l'habile  direction  de  M.  J,  P.  Vébert,  ils  rem- 
portèrent un  nouveau  succès,  ce  qui  fut  loin  de 
nuire  à  leur  réputation..  , 

Andalouma,  a  été  répétée  trois  ou  quatre  fois 
dans  la  suite,  et  toujours  elle  a  -enlevé  les  applau- 
dissements sincères  des  spectateurs. 

Le  25  juin,  de  la  même  année,  on  joua  :  "Jean 
le  maudit  "  et  les  "  Martins  pêcheurs." 

La  soirée  fut  solennelle.  L'honorable  Gédéon 
Ouimet,  surintendant  de  l'instruction  publique, 
était  présent.  Les  acteurs  méritèrent  ses  félicita- 
tions. 

La  séance  qui  suivit  (24  août  1885),  n'eut  pas  le 
même  sort.  *'  La  Vengeance  de  Dieu,"  petit  drame 
en  quatre  actes  suivit  du  "  Médecin  malgré  lui,  '  ' 
comédie  en  trois  actes  firent  peu  d'impression  sur 
le  public. 

Nos  amateurs  prirent  une  éclatante  revanche, 
le  sept  mars  1886  avec  'W Homme  de  la  foret  noire 
et  Tip^ruche  yoiMt^s  au  profit  des  pauvres  de  la  pa- 
roisse. La  richesse  des  costumes,  la  beauté  des 
décors,  le  jeu  facile  des  acteurs  en  firent  une  des 
plus  jolies  soirées. 


129 


A  la  suite,  on  représenta  tous  les  principaux 
drames  pour  hommes,  avec  autant  de  bonheur. 
Mentionnons  en  passant  :  Les  boucaniert  en  1887  ; 
Les  enfants  du  capitaine  Grant  en  1887  ;  Le  nau- 
frage de  la  Méduse.  Un  drame  a  la  Bastille  en 
1890  puis  les  Crampons  de  sauvetage. 

Cette  pièce  clos  la  série  de  réprésentation  don- 
nées par  ceux  qui  s'intitulaient  les  amateurs  de 
Sainte-Cunégonde. 

Ces  amateurs  recrutés  un  peu  partout,  ne 
■  s'étaient  jamais  formés  en  société  régulière.  Aussi 
une  foule  d'inconvénients  en  résultaient 

Dans  le  but  de  remédier  à  cet  état  de  chose,  une 
assemblée  des  anciens  amateurs  eut  lieu  et  l'on 
décida,  la  formation  d'un  cercle  qui  prit  le  nom 
célèbre  de  Molière. 


Ce  nouveau  cercle  se  proposait,  sous  la  prési- 
dence de  M.  Coursolle  e:  la  direction  de  M.  J.  B. 
Tremblay  non-seulement  de  s'amuser  mais  aussi 
de  s'intruire  en  donnant  des   conférences.     Des 


I30 


circonstances  imprévues  l'empêchèrent  de  met- 
tre ce  dernier  projet  à  exécution.  Les  pièces 
suivantes  furent  jou^fe  avec  beaucoup  d'entrain: 
Robert  Macaire  ;  Le  fils  AdopHf\  Les  Nuits  de  ta 
Seine  ;  Une  cause  celebte  ;  Le  Marquis  de  la  Gre- 
nauillere  ;  et  Andalouma . 

Cette  année,  les  conférences  ne  seront  pas  lais- 
sées de  côté  et  seront  suivies  avec  intérêt,  nous 
n'en  douto^  .•  pas. 

D'ailleurs,  les  citoyens  sont  fiers  de  leur  cercle 
et  sont  Heureux  de  l'encourager  parce  que  les 
amateurs  qui  le  composent  se  sont  toujours  fait 
un  devoir  de  leur  donner  des  drames  irrépro- 
chables, d'une  manière  digne. 

Le  comité  est  composé  comme  suit  : 

J.  Coursolle,  président;  J.  O.  A.  Page,  secrétaire; 
J.  Alfred  Naud,  gérant  ;  N.  N.  Poirier,  régisseur. 

SAI.LE  Fautkux.  Dernièrement  M.  Hercule 
Pauteux,  l'un  de  nos  hommes  les  plus  vraiment 
entreprenants  a  conçu  l'idée  de  faire  un  théâtre, 
situé  rue  Vinet.  Il  en  a  fait  une  salle  coquette, 
oîi  les  élèves  de  Mlle  Boucher  ont  joué  avec  suc- 
cès ainsi  que  le  cercle  I^amartine.  Cette  salle  est 
aussi  le  lieu  de  réunion  de  nos  diverses  sociétés 
de  bienfaisance* 

Club  de  raquettes  :  Naguère  nous  avions 
deux  clubs  de  raquettes  :  Le  club  Œtoile  et  le 
club  des  Chasseurs  Canadiens^  mais  tous  deux,  si 


IL 


'31 
*t^  perfectionne  continuellement  dans  l'art  mû- 


XI. 


POST  FACE. 


C'est  icy  un  livre  de  bonne  foy. 
Michel  de  Montaigne. 


"l  ecteurs  !  je  vo"s  ai  donné  Thistorique  de  notre 
IP  ville,  je  vous  ai  initié  à  ses  changements, 
je  vous  ai  montré  ses  beautés,  je  vous  ai  in- 
diqué ses  hommes  d'élite  et  leurs  œuvres  ;  j'ai 
tâché  d'en  rendre  la  lecture  aussi  attrayante  que 
possible. 

Si  je  n'ai  pas  réussi,  pardonnez  en  faveur  de 
mon  inexpérience  et  des  travaux  que  ce  livre  m'a 
coûtés. 


-iH^ 


■^  «  Qppefîdie©  •  ]h- 


^•f^- 


^. 


NOS  HOMMES  PUBLICS. 


Leurs  vies,  li^borieuses  et  généreuses 
seront  longtemps,  dans  l'avenir, 
l'exemplcr  de  la  jeunesse  cana- 
dienne.—M,  O 


M- 


cours  de  Texposé  historique  précédent,  il 
a  été  si  souvent  question  de  nos  hommes 
publics  que  j'ai  cru  remplir  un  devoir  en 
donnant  ici  un  résumé  de  leur  vie  active  et  méri- 
toire. 

Ce  seront  les  pages  oii  la  jeunesse  pourra  trou- 
ver de  grands  et  beaux  exemples  de  ce  que  peuvent 
le  travail,  la  constance  et  l'intelligence.  Elle  pour- 
ra venir  y  puiser  de  quoi  ranimer  son  courage  si 
le  combat  de  la  vie  lui  semble  trop  rude,  car  la 
plupart  de  nos  hommes  publics  sont  partis  pau- 
vres au  bas  de  l'échelle  sociale  et  ils  ont  amélioré 
leur  situation  à  force  d'économie  et  de  sagesse. 

Rien,  je  crois,  ne  peut  être  plus  profitable  aux 
jeunes  générations.  Sans  vouloir  faire  de  compa- 
raisons oiseuses,  je  dirai  qu'autrefois  on  foiçait 
presque  l'adolescence  à  lire  la  vie  des  héros  grecs  et 
romains  pour  lui  élever  le  cœur  et  grandir  ses  as- 
pirations 


^. 


138 


Pour  nous,  ce  qu'il  faut,  c'est  de  faire  de  nos 
enfants,  des  patriotes  et  des  citoyens  intègres,  et 
la  vie  de  leurs  pères,  de  leurs  devanciers,  suffit 
amplement. 

Afin  de  ne  blesser  les  susceptibilités  de  per- 
sonnes j'ai  tâché  d'être  impartial  et  modéré  dans 
la  mesure  du  possible. 


^àl 


L'HONORABLE  MICHEL  JOSEPH 
CHARLES  COURSOL. 

L'Hon.  Coursol  s'est  trouvé  assez  intimemeat 
lié  avec  notre  histoire  pour  qu'il  nous  soit  impos- 
sible de  passer  son  nom  sous  silence. 

Voici  des  notes  biographiques  puisées  dans  le 
Monde  Illustre  et  dans  un  petit  volume  intitulé  : 
"  Souvenir  du  24  juin  1874"  î 

L'honorable  Coursol,  fils  de  Michel  Coursol,  un 
officier  de  la  compagnie  de  la  Baie  d'Hudson  était 
né  à  Malden,  province  d'Ontario.  P:.r  sa  mère  il 
était  petit-fils  de  l'Hon.  F.  A.  Quesnel  et  arrière 
petit-fils  de  Joseph  Quesnel  le  populaire  chanson- 
nier canadien.  Après  un  cours  d'étude  brillant,  il 
étudia  le  droit  et  fut  admis  au  barreau  en  1841. 
Il  épousa  quelque  temps  après  mademoiselle  Ta- 
ché, fille  de  Sir  Pascal  Taché.  ^  • 

C'était  à  une  époque  oii  les  luttes  politiques 
étaient  ardentes, 

M.  Coursol  prit  place  au  premier  rang  parmi  les 
défenseurs  de  la  cause  libérale  et  nationale,  dont 
I^afontaine  était  le  chef  distingué.  Il  se  fit  une 
grande  réputation  de  patriotisme  et  d'éuergie  et  la 
justifia  en  p!u3  d'uue  occasion. 


140 


En  1841,  dans  l'élection  de  I^eslie  et  Delisle,  il 
était  à  la  tête  des  Canadiens  dans  1  émeute  qui  eut 
lieu  à  St-Laurent. 

Dans  les  élections  de  1848  on  le  trouve  parmi 
les  jeunes  gens  les  plus  courageux  de  l'époque, 
faisant  des  discours  sur  les  places  publiques  et  le 
coup  de  feu  dans  les  rues  de  Montréal  en  faveur 
du  parti  libéral. 

Il  fut  nommé  coronaire  la  même  année  et  se  dis- 
tingua en  cette  qualité,  dans  l'enquête  qui  eut  lieu 
sur  le  corps  de  Mason  tué  au  moment  011,  à  la  tête 
d'une  bande  d'émeu tiers,  il  franchissait  la  grille 
du  jardin  conduisant  à  la  demeure  du  Dr.  Taché. 

L'enquête  se  faisait  à  l'hôtel  I^elson  sous  la  di- 
rection de  MM.  Jones  et  Coursol.  M.  Lafontaine 
appelé  comme  témoin  était  à  donner  son  témoi- 
gnage lorsque  les  cris  de  "au  feu  !  au  feu  !"  re- 
tentirent. Quelques  minutes  après,  la  maison 
était  enveloppée  dans  un  tourbillon  de  flammes  et 
de  fumée  ;  les  orangistes  avaient  mis  le  feu  à  l'hôtel 
dans  l'intention  de  se  venger  de  Lafontaine.  La 
situation  était  critique,  les  émeutiers  rassemblés 
autour  de  l'hôtel  menaçaient  de  tuer  M.  Lafon- 
taine. M.  Coursol  le  prit  sous  sa  protection,  il 
sortit  bras  dessus  bras  dessous  avec  lui  et  le  con- 
duisit, à  travers  la  foule,  en  lieu  sûr. 

Parmi  les  nombreuses  qualités  qui  enrichissaient 
son  grand  cœur,  M.  Coursol  possédait  une  bra- 


141 


voure  proverbiale  et  dont  l'exemple  plus  haut 
donné  peut  être  suivi  de  bien  d'autres. 

En  1849,  on  le  vit,  au  beau  milieu  d'une  écha- 
fourrée,  fendre  à  cheval,  la  foule  ameutée,  saisir, 
un  dans  chaque  main,  deux  des  principaux  me- 
neurs et  imposer  respect  à  cette  populace  en  fureur, 
et  traîner  lui-même,  hors  de  la  bagarre,  ces  deux 
fieffées  canailles. 

Il  fonda  le  régiment  des  chasseurs  canadiens, 
fut  maire  de  Montréal  en  1871  et  1872,  député  de 
Montréal-est  en  1878,  82,  87. 

En  1877  il  fut  élu  conseiller  à  Ste-Cunégonde 
et  aida  de  ses  conseils  nos  hommes  publics  d'alors. 


L.  H.  HENAULT. 

Notre  estimé  maire  est  né  le  22  décembre  1837 
à  Berthier.  Dés  T adolescence  il  s'initia  aux 
affaires  et  aux  spéculations.  Vers  1858  il  com- 
mença à  exporter  du  foin  pressé  aux  Ktats-Ùnis, 
et  nous  croyons  qu'il  est  le  premier  qui  ait  fait  ce 
genre  de  commerce  lequel  a  donné  par  la  suite 
d'excellents  résultats. 

En  1863  il  se  fit  marchand  de  glace  et  épicier. 
Mais  ces  deux  choses  ne  suffisaient  pas  à  son  acti- 
vité et  le  fait  est  qu'il  a  essayé  un  peu  de  tout. 

Devenu  notre  citoyen  en  1875,  deux  ans  plus 
tard,  lors  de  la  formation  du  premier  conseil  il  fut 
un  des  heureux  vainqueurs  de  la  lutte  dont  nous 
avons  parlé  au  chapitre  III. 

M.  Hénault,  à  qui  la  fortune  a  souri,  est  d'un 
caractère  entreprenant,  mais  positif.  C'est  sous 
lui  que  se  sont  faites  les  améliorations  les  plus 
importantes  de  notre  municipalité. 

Maire  de  Sainte-Cunégonde  depuis  quatre  ans, 
il  est  probable  que  les  électeurs  le  voudront  encore 
au  poste  tant  que  nous  ne  serons  pas  liés  à  la  cité 
de  Montréal,  ce  qui  ne  peut  tarder. 

I^  maire  Hénault,  selon  l'appellation  populaire, 
est  aussi  directeur  de  la   "Standard  light  and 


'43 

chands  de  glkœ    memW  h'  T*^"'""  ^^  «»"- 


144 
CHS.  FERDINAND  LALONDE. 

Durant  longtemps  le  plus  populaire  de  nos  con- 
citpyens  fut  sans  contredit  M.  Charles  Ferdinand 
Lalonde.  Son  nom  est  intimement  lié  avec  l'his- 
loire  de  Sainte-Cunégonde,  dont  il  fut  le  premier 
«laire  et  l'un  des  plus  zélés  conseillers.  Cette 
charge  importante  de  la  mairie,  il  l'occupa  pen- 
'  dant  un  laps  de  cinq  années  et  comme  les  con- 
seillers au  début  du  sixième  terme,  étaient  parta- 
gés également  pour  sa  rénomination,  il  vota  contre 
^i  et  M.  S.  Delisle  fut  élu. 

M.  Lalonde  est  né  à  Vaudreuil  en  1834,  le  14 
ievrier.  Après  avoir  séjourné  aux  Etats-Unis  de 
1849  a  1854  il  revint  à  Montréal  et  se  fit  fabri- 
i^uant  de  broquettes. 

Cependant  craignant  de  ne  pas  faire  fortune  il 
tss  mii  dans  le  commerce  de  nouveautés,  mais  il 
abandonna  pour  se  livrer  exclusivement  à  son  in- 
dustrie et  il  a  eu  bon  flair,  car  elle  lui  a  donné  la 
fortune. 

On  peut  dire  sans  crainte  qu'il  a  été  l'un  des 
principaux  promoteurs  de  notre  jolie  cité. 
D'ailleurs  ceux  qui  ont  lu  les  pages  spécialement 
consacrées  aux  œuvres  civiles  de  notre  municipa- 
lité ont  dû  voir  qu'il  a  été  mêlé  à  tous  ses  actes 
importants. 


145 
S.  DELISLE. 


André  iSilfrid  Delisle  est  né  à  Portneuf  le  lo 
novembre  1841.  Son  père  était  capitaine  et  pro- 
priétaire de  vaisseau.  II  reçut  une  partie  de  son 
instruction  dans  les  écoles  des  frères  à  Québec. 
A  quatorze  ans  on  le  trouve  employé  dans  le  ma- 
gasin de  nouveautés  de  M.  A.  C.  Merrill,  mainte- 
nant marchand  de  tapis  à  Montréal.  Quatre  ans 
plus  tard  il  vint  dans  la  métropole.  Son  séjour 
ne  le  satisfit  pas,  car  il  partit  pour  les  Etats-Unis. 
Mais,  la  nostalgie  provoqua  un  prompt  retour  et  à 
24  ans  nous  le  voyons  établi  à  son  compte  comme 
épicier,  sur  la  rue  Dorchester. 

M.  Delisle  s'est  beaucoup  occupé  de  milice  du- 
rant un  certain  temps  et  il  a  su,  là  aussi,  se  créer 
une  place  aussi  enviable  que  celle  qu'il  occupe 
dans  le  monde  des  affaires. 

'  En  février  1866,  il  obtint  son  certificat  de  l'école 
militaire,  puis  il  fut  nommé  enseigne  dans  la 
yième  compagnie  des  fameux  Chasseurs  canadiens, 
la  même  année.  Promu  au  grade  de  lieutenant 
en  1868,  il  servi  sous  le  colonel  Coursol,  lors  de 
l'invasion  des  Féniens.  M.  Delisle  fui  aussi  l'un 
des  officiers  fondateurs  du  65ième  bataillon  dont 
il  devint  capitaine  de  la  quatrième  compagnie  en 
1869,  grade  qu'il  conserva  jusqu'en  1877,  alors 
qu'il  se  retira. 


146 


Etabli  à  Sainte-Cunégonde  en  1871  il  y  est  tou- 
jours demeuré  depuis.  Elu  conseiller  de  la  ville 
Saint-Henri  en  1873  pour  représenter  là- bas,  notre 
village  naissant,  il  fut  président  du  comité  du  feu. 
Lors  de  la  formation  de  notre  conseil,  il  en  devint 
membre  et  a  toujours  continué  à  en  faire  partie 
jusqu'à  ce  jour.  Il  a  été  maire  pendant  deux  ans, 
a  organisé  avec  l'abbé  Séguin  notre  section  de 
l'association  St- Jean- Baptiste  dont  il  fut  le  pre- 
mier président  luge  de  paix,  et  commissaire  il  a 
siégé  longtemps  à  la  cour  locale. 

En  1880,  conseillé  par  Mgr  Labelle,  il  acheta 
les  plus  beaux  pouvoirs  d'eau  de  Saint- Jérôme  et 
en  société  avec  son  cousin  J.  U.  Delisle  y  cons- 
truisit un  des  premiers  moulins  à  pulpe  du  pays, 
lequel  a  pris  beaucoup  d'importance.  Ce  moulin 
vient  d'être  revendu  pour  une  somme  considé- 
rable. Depuis,  il  s'occupe,  avec  son  ami  M.  H. 
Morin,  de  spéculation  sur  les  biens  immobiliers. 


147 
H.  MORIN. 

Le  6  janvier  1839,  naissait  à  Deschambault 
comté  de  Portneuf,  celui  qui  devait  être  notre 
troisième  maire  et  l'un  de  nos  citoyens  les  plus 
remarquables. 

Arrivé  à  Montréal  à  l'âge  de  20  ans,  il  débuta 
dans  le  commerce  d'épicerie,  comme  simple  com- 
mis, puis  il  prit  magasin  dans  le  faubourg  Qué- 
bec. De  là,  il  vint  s'établir  dans  le  faubomrg  Qué- 
bec 011  il  demeura  six  ans,  puis  à  Sainte-Cuné- 
gonde,  coin  des  rues  Vinet  et  Workman,  où  il 
résida  23  ans. 

Durant  son  séjour  ici,  il  a  occupé  presque  tous 
les  postes  de  confiance  ou  honorifique  qui  peuvent 
être  accordés  à  un  citoyen. 

Il  fut  au  nombre  des  premiers  membres  du  con- 
seil de  la  fabrique,  et  marguillier  en  charge  en 
1877.  La  même  année  il  devenait  conseiller,  plus 
tard  syndic  pour  la  construction  de  la  nouvelle 
église  et  maire  de  notre  ville  pendant  quatre  ans. 

Le  18  août  1869,  il  épousait  mademoiselle  Marie 
Desloges,  de  Notre-Dame  de  Grâce.  De  ce  ma- 
riage naquit  treize  enfants  dont  9  sont  encore 
vivants. 

M.  Morin  a  toujours  su  mériter  et  conserver  l'es- 
time "de  ses  compatriotes.  Il  a  fait  partie  de  cette 
pléiade  d'hommes  qui  a  fait  progresser  notre  ville 
et  l'a  lancée  vers  la  ifospérité. 


148 


J.  H.  DORE. 

M.  Doré  aura  54  ans  le  4  novembre  prochain. 
Il  est' né  à  Saint* Eustache  comté  des  Deux- 
Montagnes. 

A  trente-trois  ans  il  était  commis  chez  Merrill, 
puis  chez  Morgan.  Il  se  fit  épicier,  puis  marchand 
de  nouveautés.  C^est  un  de  nos  premiers  citoyens 
sous  tous  les  rapports.  Il  a  été  représentant  du 
village  Delisle,  à  St- Henri  ;  il  a  été  même  maire, 
de  l'immense  paroisse  de  Saint-Henri,  à  cette 
époque. 

C'est  le  premier  marguillier  en  charge,  puis- 
qu'il fut  nommé  en  1876.  Il  est  échevin  depuis 
1887,  je  crois,  dans  tous  les  cas,  il  a  été  notre  qua- 
trième maire  dans  l'ordre  chronologique. 

M.  Doré,  étant  un  de  nos  plus  anciens  citoyens, 
est  connu  de  tous,  et  il  est  inutile  de  faire  l'énu- 
mération  des  nombreuses  qualités  qui  le  distin- 
guent. 

Ajoutons  en  terminant,  qu'il  a  été  président  de 
l'association  St- Jean-Baptiste  durant  deux  années. 


149 


J.  A.  R.  LEONARD    M.  D. 

Il  naquit  en  1852,  le  13  août,  à  Saint- Vincent  de 
Paul,  comté  de  Laval.  Aptes  avoir  fait  son  cours 
classique  au  collège  Sainte-Marie  il  étudia  la 
médecine  au  collège  de  médecine  et  de  chirurgie 
Victoria  d'oli  il  sortit  en  1876. 

Il  débuta  immédiatement  à  Sainte-Cunégondc; 
puis  alla  à  Saint- Jean- Chrysostôme  et  revint  1 
Sainte-Cunégonde  pour  s'y  établir  définitivement 

En  I880  il  représenta  la  section  Sainte-Cuné- 
gonde de  l'association  St- Jean- Baptiste,  à  Québec. 
Il  occupait  la  charge  de  ler  vice-président  dans 
notre  section. 

M.  Léonard  a  aussi  représenté  à  la  chambre  lé- 
gislative, le  collège  de  médecine  et  chirurgie,  lors 
de  la  passation  du  bill  médical-  Il  est  écht^vin 
depuis  1891,  et  a  eu  à  soutenir  la  lutte  la  plus  for- 
midable. Le  mouvement  annexioniste  débutait 
alors  et  les  partis  étaient  tiès  tranchés. 

C'est  actuellement  notre  pro-maire. 

Homme  sérieux  et  pratique  il  a  su  se  créer  une 
position  enviable  qu'il  ne  doit  qu'à  ses  efforts  per- 
sonnels. 


I50 


MARCEL  E.  LYMBURNER. 


C'est  dans  le  joli  village  de  Saint-Stanislas  ad- 
mirablement bien  situé  sur  les  bords  de  la  rivière 
Batiscan,  qu'est  né  celui  qui  fait  le  sujet  de  cette 
notice,  le  22  octobre  1836. 

A  17  ans,  saisi  par  cette  fièvre  d'émigration  qui 
est  en  train  de  dépeupler,  presque  entièrement,  le 
beau  comté  de  Champlain,  il  se  rendit  aux  Etats- 
Unis  ou  il  apprit  son  métier,  puis  vint  à  Montréal 
et  s'acheta  un  atelier. 

En  1867,  il  demeurait  à  Sainte-Cunégonde,  et  il 
représenta,  notre  localilé  au  conseil  de  Saint-Henri. 
Il  nous  quitta  pour  revenir  il  n'y  a  que  sept  ou 
huit  ans. 

Presque  tous  les  postes  d'honneur,  lui  ont  été 
donnés  à  la  fois  ;  commissaire  d'école  depuis  1891, 
il  a  été  ensuite  juge  de  paix  ;  il  est  dans  le  conseil 
depuis  janvier  1893  et  sera  marguillier  en  charge 
l'année  prochaine. 


151 


JOSEPH    LUTTRELL. 

M.  Luttrell  est  né  le  5  novembre  1840,  en  Ire- 
lande.  Il  n'avait  que  quatorze  ans  quand  il  vint 
dans  le  pays.  Il  s'est  mis  dans  le  commerce  vf.rs 
l'année  1868,  et  demeure  avçc  nous  depuis  1875. 
Il  fit  partie  du  conseil  en  1877  et  il  a  été  de  nou- 
veau réélu  en  1892.  En  1882  il  représenta  le  con- 
seil à  la  législature  ce  Québec  au  sujet  de  certains 
règlements  que  la  cité  de  Montréal  présentaient  à  la 
chambre  législative  et  qui  concernaient  les  muni- 
cipalités environnantes. 

M.  Luttrell  est  à  la  tête  d'un  établissement  assez 
considérable,  et  ses  employés  la  plupart  Cana- 
diens-français n'ont  qu'à  se  louer  de  leur  patron. 
Je  cueille  à  tout  hasard,  l'entrefilet  suivant  paru 
dans  un  journal  de  Montréal  il  y  a  quelques  an- 
nées pour  appuyer  mon  dire  : 

Les  employés  de  M.  Luttrell,  manufacturier  de 
Sainte-Cunégonde,  se  sont  rendus  auprès  de  leur 
patron,  mercredi  soir,  et  lui  ont  présenté  une  belle 
adresse  et  une  magnifique  pipe  en  écume  de  mer, 
comme  cadeau  du  jour  de  l'an. 

M.  Luttrell  est  connu  par  sa  libéralité  envers 
ses  employés,  qui  sont  presque  tous  Canadiens- 
français  ;  aussi  ces  derniers  ont-ils  tenu  à  lui  en 
témoigner  leur  reconnaissance. 


'52 


J.-B.  DUROCHER. 

Joseph  Brien  dit  Durocher  naquit  à  Chambly  le 
25  avril  1838. 

A  quatorze  ans  il  était  à  Montréal  oli  il  appre- 
nait le  métier  de  mécanicien. 

Il  est  chef  d'atelier  depuis  21  ans  chez  George 
Brush  propriétaire  de  la  '*  Eagle  foundry." 

Il  est  membre  du  conseil  depuis  4  ans  ;  il  a  été 
trois  ans  commissaire  d'école,  et  il  est  marguillier 
depuis  1884. 

C'est  un  citoyen  honorable  qui  a  su  faire  son 
chemin. 


153 

GUILLAUME   NARCISSE 
DUCHARME. 

Il  est  né  sur  les  bords  de  la  rivière  Château- 
guay,  dans  le  village  du  même  nom,  le  3  janvier 
1851. 

Il  fut  commis  depuis  Tâge  de  15  ans  jusqu'à 
celui  de  31  ans.  En  1S78,  il  était  nommé  secré- 
taire-trésorier de  la  commission  scolaire,  et  en 
i884  il  était  promu  à  la  même  charge  pour  la  ville. 
Sa  nomination  de  gérant  de  la  succursale  de  la 
banque  Jacques-Cartier  date  de  1887. 

Il  épousa  mademoiselle  Rivet  en  1880. 

Tous  les  citoyens  le  connaissent  et  savent  quel 
homme  actif  et  travailleur  il  est.  Pauvre  au  com- 
mencement de  sa  carrière  il  a  réussi  à  force  de  tra- 
vail à  s'assurer  le  bien-être.  M.  Ducharme  est  un 
financier  dans  le  sens  du  mot  et  ses  qualités  ont 
été  reconnues.  Il  est  actuellement  président  de  la 
"  North  American  Mining  Co,"  vice-président  de 
la  **  Standard  light  and  Power  Co  ,"  directeur  de 
la  '*  Citizens  light  and  Power  Co.,"  membre  du 
Board  of  trade  et  de  la  Chambre  de  commerce. 

Dans  la  société  St.  Jean-Baptiste  après  avoir  oc- 
cupé diverses  charges,  dans  les  années  passées,  il 
a  été  nommé  cette  année  président. 

Jeune  encore,  il  a  droit  d'escompter  l'avenir  et 
nous  ne  doutons  pas  de  son  succès. 


154 


HERCULE  FAUTEUX. 

Né  à  Saint-Benoit,  comté  des  Deux-Montagnes, 
le  4  mars  1842,  il  demeure  à  Sainte-Cunégonde 
depuis  vingt-cinq  ans.  Il  arriva  ici  dans  l'inten- 
tion de  travailler  de  son  métier  de  menuisier  pour 
le  compte  des  autres,  mais  bientôt  il  eut  assez  d'i- 
nitiative personnelle  pour  entreprendre  lui  même 
€t  c'est  là  qu'il  a  réussi.  Aujourd'hui  il  est  à  la 
tête  d'une  manufacture  de  châssis,  portes,  etc., 
d'un  magasin  de  ferronneries.  Parmi  les  édifices 
remarquables  dont  il  a  entrepris  la  construction, 
citons  : 

ly'église  Sainte-Cunégonde,  le  collège  et  le  pen- 
sionnat Sainte-Angèle. 

M.  Fauteux  a  été  marguillier  en  charge  en  1890 
€t  commissaire  d'école  depuis  1883,  si  je  ne  me 
trompe. 

Il  est  actuellement  président  de  la  commission 
scolaire.  C'est  un  homme  d'affaire  dans  le  sens 
propre  du  mot. 


155 
THEO.  CYPIHOT,  M.  D. 

M.  le  docteur  Cypihot  ;  est  un  de  nos  rares  ci- 
toyens dont  la  naissance  a  eu  lieu  à  Montréal 
Elle  remonte  à  la  date  du  26  avril  1860. 

Il  a  fait  son  cours  classique  à  Sainte-Thérèse  de 
Blainville,  puis  il  entra  au  collège  de  médecine  et 
de  chirurgie  de  Montréal.  Reçu  médecin  en  1880, 
il  alla  pratiquer  sa  profession  deux  ans  aux  Etats- 
Unis  puis  vint  s'établir  à  Sainte-Cunégonde  ob  il 
est  toujours  demeuré  depuis.  C'est  le  premier 
médecin  qui  ait  fait  partie  de  notre  commission 

locale  d'hygiène  fondée  en  1885,  lors  de  la  fameuse 
épidémie  de  la  petite  vérole. 

Il  a  été  juge  de  paix,  et  a  fait  partie  de  la  cour 
des  commissaires  pour  la  décision  sommaire  des 
petites  causes. 

Dans  l'Ordre  indépendant  des  forestiers,  il  est 
chef  forestier  de  la  Cour  St.  Roch  n°  701,  et 
médecin  de  la  Haute  Cour  de  la  province. 

C'est  aussi  lui  qui  eut  la  grande  et  patriotique 
idée  de  la  fondation  de  l'Alliance  nationale,  société 
qui  est  appelée  à  faire  tant  de  biens  parmi  nos 
compatriotes. 

Il  a  épousé  mademoiselle  Flora  Cadieux.  M. 
Cypihot,  est  enfin  l'un  des  membres  de  la  commis- 
sion scolaire  et  à  ce  dernier  titre  il  a  bien  mérité 
de  ses  concitoyens* 


156 


PAUL  DESJARDINS. 

Il  naquit  le  14  décembre  1841,  à  Saint-Ei^stache, 
comté  des  Deux-Montagnes. 

A  l'âge  de  27  ans,  on  le  voit  à  Montréal  débutant 
dans  le  commerce  de  nouveautés.  Longtemps  il 
fut  employé  chez  MM.  A.  Provost  et  Cie.,  comme 
acheteur  en  Europe,  puis,  comme  acheteur  aux 
Etats-Unis. 

Il  ouvrit  un  magasin,  rue  Sainte-Catherine,  en- 
suite à  Sainte-Cunégonde  en  société  avec  son  frère 
Louis. 

M.  Paul  Desjardins  a  été  marguillier  en  charge 
dans  le  cours  de  l'année  1887,  et  conseiller  en 
1885. 

Dans  l'association  St.  Jean-Baptiste  il  a  presque 
toujours  fait  partie  du  comité  de  régie  dans  la 
charge  de  commissaire-ordonnateur.  Il  est  tréso- 
rier de  la  Cour  St.  Roch,  n°  701. 

Patriote  dans  l'âme,  citoyen  généreux  et  dévoué, 
on  le  voit  dans  tous  les  mouvements  dont  le  mo- 
bile est  le  patriotisme  ou  la  charité. 


157 


F.-X  DU  PUIS,  Avocat. 

Né  le  28  Septembre  1860,  à  Saint-Anicet  comté 
de  Huntingdon. 

Il  commença  son  cours  au  collège  de  Montréal 
mais  il  abandonna  en  belles-lettres  pour  étudier 
avec  M.  l'abbé  Chandonnet. 

Comme  il  se  destinait  au  barreau,  il  devint  le 
clerc  de  l'Hon.  J.  E.  Robidoux  et  fut  reçu  avocat 
le  17  janvier  1885. 

Il  demeure  à  Sainte-Cunégonde  depuis  le  ler 
mai  1889  et  il  est  recorder  depuis  le  17  avril  1891. 

Avocat  de  talent  et  d'avenir,  il  est  en  société 
avec  M.  Lussier.    lycur  bureau  est  très  achalandé. 

M.  Dupuis  est  marié  à  mademoiselle  Azilda 
McGown  de  Ste-Martine  dans  le  comté  de  Cha- 
teauguay. 


158 


J.  O.  DORVAL   N.P. 

Né  le  26  juin  1856,  M.  Dorval  commença  son 
cours  au  collège  de  Montréal,  et  le  termina  à  St- 
Hyacinthe. 

Il  a  étudié  le  notariat  sous  MM.  Papineau  et 
Durand  et  fut  admis  dans  cette  profession  le  3  oc- 
tobre 1879.  Depuis  il  a  toujours  pratiqué  à  Mont- 
réal, mais  il  réside  avec  nous  depuis  1881. 

C'est  le  greffier  de  notre  cour  des  commissaires, 
et  le  notaire  habituel  de  la  corporation. 

11  est  membre  de  la  chambre  des  notaires. 

En  1880  il  épousa  mademoiselle  Alphonsine 
Perrault.  ' 

M.  Dorval,  fait  honneur  à  sa  profession  et  il  est 
un  de  nos  citoyens  les  plus  en  vue. 


/■ 


159 


LOUIS  FORTIN. 


Naquit  en  1840,  le  5  février»  à  Montréal,  est  fils 
de  François  Fortin,  entrepreneur  de  Montréal. 
En  1863  il  se  bâtit  dans  nos  limites  actuelles  une 
petite  maison  dont  il  est  parlé  dans  le  premier 
chapitre.  Il  alla  demeurer  ensuite  prés  de  la  rue 
Du  Moulin,  puis  à  sa  résidence  d'aujourd'hui. 

M  Fortin  nous  représenta  au  conseil  de  Saint* 
Henri  durant  cinq  ans  et  à  la  commission  scolaire 
du  même  lieu  durant  deux  ans  ;  puis  au  conseil 
deSte  Cunégonde  durant  quatre  ans.  Ses  élections 
lui  furent  toujours  chaudement  contestées*  Une 
année  même  il  dut  en  subir  trois. 

M.  Fortin  s'est  toujours  occupé  de  navigation 
et  de  commerce  en  général.  Pendant  quelques 
temps  il  forma  avec  l'aide  de  M.  Cantin  et  de 
quelques  autres  la  Forwarding  Co.,  mais  cela  fut 
abandonné. 

C'est  un  membre  de  l'Ordre  indépendant  des  fo- 
restiers et  il  est  député  haut  chef  forestier  de  la 
Cour  St.  Roch  depuis  trois  ans. 


i6o 


\ 


ALEXIS  PICHE. 


Alexis  Piché,  qui  fut  l'un  der.  premiers  à  se 
construire  une  résidence  dans  cet  endroit-ci  est  né 
le  ler  novembre  1831  à  Repentigny  dans  le  comté 
de  l'Assomption.  Dès  l'âge  de  vingt-sept  ans  il 
vint  à  Sainte-Cunégonde  oU  il  s'occupa  sans  re- 
lâche de  son  métier  de  menuisier. 

Il  fut  trois  ans  conseiller  à  Caint-Henri,  et 
quatre  ans  à  Sainte-Cunégonde  II  est  aussi  l'un 
des  premiers  membres  du  conseil  de  la  fabrique. 
Citoyen  paisible,  honnête  et  laborieux  il  s'est  ga- 
^é  une  modeste  aisance  dont  il  jouit  tranquille- 
ment. 


i6i 


GUILLAUME  BONNEVILLE. 


se 
Qé 
ité 
il 
re- 


C'est  à  I^aprairie,  qu'est  né  le  14  Août  1833, 
M.  Guillaume  Bonneville.  Vers  1853  il  partait 
pour  les  Etats-Unis  et  revenait  à  Montréal  en 
1861.  Il  entra  au  service  du  Grand  Tronc  et  ne  le 
quitta  plus. 

M.  Bonneville  a  occupé  presque  tous  les  postes 

d'honneur. 
Il  a  été  l'un  des  premiers  membres  du  conseil 

de  la  Fabrique  ;  élu  conseiller  en  1881/ il  y  de- 
meura jusqu'en  1888  ;  il  fut  marguillier  en  charge 
en  1878  et  commissaire  d'école  en  avril  1878,  et 
de  plus  j  uge  de  paix. 
C'est  un  de  nos  citoyens  les  plus  honorables. 


l62 


FRANÇOIS    PAYETTE. 

M.  François  Fayette  est  né  en  1841,  le  ler  jan- 
vier, à  Repentigny,  comté  de  l'Assomption.  Il 
vint  à  Montréal  à  Tâge  de  21  ans,  et  douze  mois 
plus  tard  il  s'établissait  à  Sainte-Cunégonde  pour 
taire  le  commerce  de  meubles.  Il  a  été  un  des 
premiers  à  se  construire  une  maison  dans  notre 
localité. 

En  1877,  il  ^ut  élu  échevin,  et  en  1881,  mar- 
guillier  en  charge,  et  en  1885  commissaire  d'école. 
Il  est  parti  d'avec  nous  depuis  1888,  je  crois. 


V 


Jt63 


ALEXIS  GODERRE. 


M.  Goderre  aura  soixante-dix  ans  k  26  juin 
1893,  il  est  donc  né  en  1823.  C'est  à  Montréal 
qu'il  vint  au  monde  et  dès  Tâge  de  vingt-deux 
s'établit  à  Ste-Cunégonde  qui  n'était  alors  que 
dans  sa  période  première  de  fondation.  Gardien 
de  la  banière  avec  M.  Barollet,  il  conuait  l'his- 
toire de  Ste-Cunégonde  et  pour  avoir  assisté 
à  son  développement  et  pour  y  avoir  participé. 
En  effet  M.  A.  Goderre  a  été  échevin,  marguillier 
et  chef  de  police  et  de  pompiers. 


i64 


CHARLES  F.  PORLIER. 

Monsieur  Porlier  naquit  à  Chambly  le  ler  oc- 
tobre 1847  ^t  vint  à  Montréal  vers  1870  et  s'enga- 
gea commis  dans  un  magasin  de  nouveautés. 

En  1875  il  ouvrit  un  magasin  dans  cette  localité 
et  fit  le  commerce  de  chaussures.  En  février  1876 
il  présenta  avec  d'autres  citoyens  une  requête  au 
gouvernement  fédéral  pour  l'établissement  d'un 
bureau  de  poste  et  fut  nommé  maître  de  poste, 
charge  qu'il  conserva  jusqu'en  1882.  En  1881  il 
devint  le  secrétaire-trésorier  de  la  municipalité  ; 
en  1883  comptable  de  l'aqueduc  et  en  1889  surin- 
tendant des  aqueducs  de  Sainte-Cunégonde  et  de 
Saint- Henri. 

Au  physique  c'est  un  homme  bien  bâti,  et  au 
moral  un  excellent  caractère. 


mmUrn. 


i65 


JACQUES   DUTOUR. 

Il  est  né  à  Saint-Antoine  dans  le  comté  de 
Richelieu,  le  ii  novembre  1822- 

Parti  à  dix-huit  ans  pour  les  Etats-Unis,  il  de* 
meura  longtemps  dans  l'état  de  New  York. 

En  1856,  il  revint  dans  le  pays  et  s'établit  à 
Sainte-Cunégonde  dans  le  cours  de  l'année  1870. 
Il  est  donc  citoyen  de  notre  cité  depuis  25  ans. 

M.  Dutour  fut  élu  conseiller  en  1892.  Deux 
ans  auparavant  il  avait  été  nommé  commissaire 
d'école. 

Brave  citoyen,  travailleur  économe,  il  s'est 
amassé  une  petite  fortune  dont  il  jouit  mainte- 
nant en  paix. 


i66 


FRS.-X.    LAMONTAGNE. 

C'est  à  Verchères,  le  29  novembre  1829  que 
naquit  M.  Iramontagne  et  voilà  déjà  vingt-huit 
années  qu'il  réside  au  milieu  de  nous .  Serre-frein 
au  Grand  Tronc  depuis  longtemps,  sa  vie  s'est 
écoulée  paisible  dans  cette  cité  qu'il  a  vu  grandir 
et  s'élever  avec  joie. 

Il  a  fait  partie  de  la  commission  scolaire  durant 
trois  années. 


V 


i67 


CHRISTOPHE   GEOFFRION. 

rinnt!  ?'*''"^f  '"  "^J""'^*  '«33.  il  avait  trente- 
cm,  ans  lorsqu'il  vint  à  Sainte-Cunégonde  pour 
faire  le  commerce  de  bois  et  de  lait. 

Il  a  fait  partie  du  conseil  de  1886  à  1889. 

C;^t  un  brave  et  honnête  citoyen  ouï  jouit 
paisiblement  du  fruit  de  ses  épargna. 


i68 


JOSEPH    CHABOT. 

Naquit  à  St-Jean  d'Iberville  le  12  septembre 
1850  et  vint  à  Montréal  en  avril  1872.  Il  se  déci- 
da à  tenter  fortune  dans  le  commerce  de  lait  de 
1872  à  81,  ensuite  dans  celui  de  grains  de  1881  à 
1891.  Entre  temps  il  s'était  établi  à  Sainte-Cu- 
négonde.  Voilà  deux  ans  maintenant  qu'il  est 
retiré  des  affaires. 

Il  a  fait  partie  du  conseil  durant  un  certain 
temps  à  compter  de  1885. 


i69 


JOSEPH  DESPAROIS. 

Monsieur  Joseph  Desparois  naquit  à  Château- 
guay  le  six  janvier  mil  huit  cent  quarante. 

Dès  l'âge  de  quinze  ans  il  était  à  Montréal  et 
apprenait  le  métier  de  charpentier.  Lorsqu'il  vint 
s'établir  à  Sainte-Cunégonde  il  était  déjà  entrepre- 
neur. 

M.  J.  Desparois  a  fait  partie  de  la  commission 

scolaire  lors  de  notre  séparation  d'avec  Saint- 
Henri.  Il  y  revint  de  nouveau  en  1888  pour  un 
an 


170 


J.   H.    THIBERT. 

M.  Thibert  est  né  le  17  iévrier  1854  dans  la  pa- 
roisse de  Sainte-Philomène,  comté  de  Château- 
guay. 

Il  vint  à  Montréal  en  1875  et  se  fit  maître-bou- 
langer, puis  épicier.  Il  sut  conduire  ses  affaires 
assez  bien  pour  se  gagner  une  modeste  aisance  en 
peu  de  temps. 

Aujourd'hui,  il  est  assistant-secrétaire  général 
de  l'Alliance  nationale  ;  président  de  la  commission 
locale  d'hygiène  et  évaluateur à SainteCunégonde 

et  secrétaire-financier  de  la  Cour  Tt-Roch  de  l'Or- 
dre indépendant  des  forestiers. 

Très  actif  s'en  tendant  bien  aux  travaux  méti- 
culeux des  sociétés  de  bienfaisance,  TAlliance  na- 
tionale a  fait  une  véritable  acquisition  en  le  nom- 
mant au  poste  qu'il  occupe. 


171 


FELIX  DESPAROIS. 

Ce  monsieur  est  né  à  Chateauguay  le  17  no- 
vembre 1836.  Arrivé  à  Montréal  en  1 851,  il  se 
livra  au  métier  de  charpentier*menuisier. 

Il  a  été  marguillier  en  charge  en  1882.  Citoyen 
paisible  ne  recherchant  que  la  tranquillité,  il  s'est 
toujours  tenu  en  dehors  des  affair'^s  publiques. 


ADOLPHE  MARCIL. 

Un  de  nos  plus  braves  et  plus  anciens  citoyens 
qui  s'est  attiré  Testime  de  tous.  Né  à  Montréal, 
il  est  fils  de  M.  Marcil  épicier  l'un  des  pionniers 
du  faubourg  St-Joseph. 

Il  fut  marguillier  en  charge  en  1883  et  premier 
vice-président  de  l'association  St-Jean-Baptiste  en 
1884. 


172 


NARCISSE   LAPOINTE. 

Né  le  30  octobre  1849,  à  Saint-Michel,  comté  de 
Bellechasse.  Parti  de  la  maison  paternelle  à  16 
ans,  il  s'en  alla  aux  Etats-Unis  oU  il  exerça  le 
métier  de  menuisier  durant  six  ans. 

Lorsqu'il  vint  à  Montréal,  il  continua  à  tra- 
vailler de  son  métier  jusqu'en  1875,  alors  qu'il  se 
fit  marchand  épicier  au  coin  des  rues  Dominion 
et  St-Jacques.  En  1872,  il  avait  épousé  mademoi- 
selle Azilda  Verdon.  De  ce  mariage  naquit  quatre 
enfants  dont  trois  sont  encore  vivants. 

Vers  l'année  1884,  il  se  plaça  au  coin  des  rues 
Dominion  et  Quesnel,  oii  il  demeure  encore. 

M.  Lapointe  a  été  marguillier  en  charge  pen- 
dant l'année  1891.  C'est  un  des  fondateurs  de  la 
société  St- Vincent  de  Paul,  de  ja  congrégation  de 
la  Sainte-Vierge,  et  de  l'Alliance  nationale  dont  il 
est  le  commissaire-ordonnateur. 

Il  appartient  aux  Artisans  canadiens  depuis 
1888. 


^7i 


J.-B.  BROUILLETTE. 

Né  à  Saint- Jean-Baptiste  de  Rou ville,  le  14  fé- 
vrier 1850,  il  avait  23  ans  quand  il  vint  à  Mont- 
réal. Il  s'est  toujours  occupé  de  son  métier  de 
menuisier.  Il  est  entrepreneur  depuis  longtemps 
déjà. 

C'est  le  marguillier  en  charge  actuel.  Il  a  été 
évaluateur  de  notre  cité  durant  deux  ans. 

A  36  ans,  il  fut  admis  dans  la  société  Saint- 
Joseph,  et  deux  ans  plus  tard  dans  la  société  des 
Artisans  canadiens-français. 

C'est  un  homme  actif  et  dévoué  qui  poursuit 
son  chemin  sans  s'occuper  des  obstacles. 


174 


F.-X  CHADILLON. 

M.  Chadillon  est  né  à  la  Pointe-aux-Trembîes 
de  Montréal  en  1855.  Il  partit  pour  Montréal  afin 
d'améliorer  sa  position  le  28  mai  1873.  Après 
avoir  été  longtemps  commis  dans  une  épicerie,  il 
ouvrit  un  magasin  à  son  compte  en  1883, 

Homme  zélé  dans  la  force  du  mot,  il  n'a  pas 
cessé  de  faire  partie  de  la  société  Saint-Vincent  de 
Paul  depuis  sa  fondation.  Il  en  a  été  secrétaire 
de  1877  à  1883  et  président  depuis  1885  à  1888. 


'75 


moïse  lemieux 

Il  est  né  à  Laprairie  le  21  mai  1835.    Après 
avoir  tenté  fortune  pendant  une  dizaine  d'années 

Montrta"!  ^°'''"^'  "  ^'*  ^^°"  ^'^^^^"  ^ 

Vers  1873  il  commença  à  s'occuper  de  son  mé- 

Uer  à  son  compte  et  réussit  à  s'étabiir  définitive- 

4.  "/f  ,?'^''?"'"'"  *"  '^^■'^-    Citoyen  intègre  il 
louit  de  1  estime  de  tous  ceux  qui  le  connais^nt.  • . 


176 


LOUIS  DESJARDINS. 

•  Né  à  Saint- Eustache  le  9  février  1846,  il  était  à 
Montréal  en  1867  et  s'établissait  à  Sainte  Cuné- 
gonde  en  1873  en  société  avec  son  frère  Paul.  Il 
en  fut  ainsi' jusqu'à  l'année  1882.  A  partir  de  là, 
ils  firent  le  commerce  de  tiouveautés  séparément. 

M.  Louis  Desjardins  qui  est  un  de  nos  citoyens 
les  plus  dévoués  dans  les  œuvres  où  le  concours 
de  chacun  ^st  demandé,  est  très  estimé  ici. 

Il  a  fait  partie  de  la  commission  scolaire  de 
1882  A  1892. 


^11 


OCTAVE  PROVOST. 


Né  le  13  avril  i8f8,  à  Sainte-Rose,  comté  de 
Laval,  il  était  déjà  marchand  et  manufacturier  à 
l'âge  de  vingt-cinq  ans.  ^ 

Bien  que    l'instruction    lui   fit  défaut,    il   n'en 
réussit  pas  moins  et  il  se  vit  durant  un  certain  ^ 
temps  à  la  tête  d'un  commerce  considérable. 

Il  e'tait  propriétaire  à  Sainte-Cunégonde  dès 
1869,  mais  il  ne  vint  y  demeurer  qu'en  1880,  je 
crois,  après  avoir  abandonné  la  vie  active.  C'est 
un  brave  homme  estimé  de  tous  ses  concitoyens  et 
qui  a  rempli  durant  longtemps  la  charge  de  juge 
de  paix.  Il  s'est  de  plus  beaucoup  intéressé  i\  la 
fondation  d'une  maison  de  charité  dans  cette  pa- 
roisse et  il  a  fait  un  don  généreux  pour  son  éta- 
blissement. 


178 


NARCISSE    MOREAU. 

Naquit  le  20  septembre  1828  dans  une  campagne 
environnante.  Il  vint  à  Montréal  pour  y  pratiquer 
son  métier  et  il  fut  contremaître  menuisier  jus- 
qu'en 1874.  Durant  son  séjour  à  Sainte-Cunégonde 
M.  Moreau  a  été  commissaire  d'école  quatre  ans, 
à  partir  de  1879.  Il  entra  au  conseil  en  1882  et 
resta  jusqu'en  1885. 

C'est  encore  un  de  nos  citoyens  modèles  qui, 
parti  pauvre  du  bas  de  l'échelle  sociale,  se  créa 
une  position  par  ses  épargnes  et  sa  bonne  conduite. 

Il  est  mort  au  moment  ou  il  jouissait  pleinement 
du  fruit  de  ses  travaux  le  30  mai  1889. 


..lA:»' 


%' 


179 


J-BTE.  BASTIEN   dit  LAPRAIRIE. 

II  naquit  à  Machine  le  ,8  avril  ,825  et  n'avait 

i^Tanir^air^-'^'^-o-.::--; 

^  JUst  décédé  à  Sainte.Cunégonde  le  .5  avril 


iSo 


PLACIDE  DECARY. 

Né  à  Dorval  le  8  décembre  1850,  fit  ses  études 
au  collège  Ste-Marie  et  son  apprentissage  d'horlo- 
ger chez  White.  Il  alla  passer  un  an  à  Québec 
puis  vint  s'établir  à  Montréal,  n'ayant  que  vingt- 
deux  ans.  Marié  en  1873  ^  Victorine  Hurtubise. 
Il  n'est  établi  à  Ste-Cunégonde  que  depuis  1892. 
Il  fut  le  premier  vice-président  de  l'Union  Saint- 
Joseph  en  1851  et  en  1852  il  en  devint  président. 
En  1886  il  a  été  président  de  l'Union  St-Pierre. 
C'est  aussi  un  membre  de  l'ordre  des  forestiers 
catholiques  et  de  l'Alliance  nationale,  dont  il  est 
président  du  Cercle  Mont-Royal  No.  2. 


KffHnaenw 


i8i 


L.  Z.  MATHIEU. 

Né  à  Québec  en  .851,  le  .5  novembre,  M.  louis 
Zeph.rm  Mathieu  n'avait  que  dix  sept  ans  lors- 
qu  11  vint  travailler  de  son  métier  de  peintre,  à 
Montréal.  *■ 

Déjà  il  entreprenait  en  1879.  et  vint  résider  à 
Ste-Cunégonde  vers  1882.  Ses  affaires  n'ont  fait 
que  prospérer  depuis. 

M.  Mathieu  a  été  le  président  de  l'Union  St- 
Joseph  de  Saint-Henri,  et  il  est  l'actif  et  dévoué 
trésorier  actuel  de  l'association  St-Jean-B.iptiste 


l82 


J.  U.  LALONDE  M.  D. 

C'est  à  Beauharnois,  qu'est  né  M.  Joseph  Ulric 
Lalonde,  en  1862,  le  27  juillet. 

Après  avoir  fait  un  cours  classique  au  collège 
de  Montréal,  il  fit  ses  études  médicales  à  l'Univer- 
sité Laval,  et  fut  admis  à  la  pratique  en  1891 . 

Durant  sa  vie  d'étudiant  il  fut  l'un  des  membres 
les  plus  actifs  du  fameux  cercle  Ville-Marie  de 
Montréal.  Il  a  occupé  dans  ce  cercle  différentes 
charges,  et  s'est  montré  à  la  hauteur  de  sa  posi- 
tion. 

Entré  interne  à  l'hôpital  Notre-Dame  en  1890  il 
y  resta  un  an. 

Après  son  admission  M.  Lalonde  s'établit  d'a- 
bord à  Montréal  puis  vint  à  Sainte-Cunégonde. 

Il  est  médecin  de  la  Cour  St-Joseph  de  l'Ordre 
des  forestiers  catholiques  ;  médecin  examinateur 
des  Artisans  canadiens-français,  pour  notre  locali- 
té et  médecin  du  cercle  Mont- Royal  de  l'Alliance 
nationale. 


'83 


MICHEL  LANIEL. 

Sa  naissance  est  en  date  du  30  octobre  r840,  à 
Ste-Geneviève.  Vers  1864,  il  faisait  le  commerce 
d  epicene  la-bas.  En  1869,  il  vint  continuer  son 
négoce  jusqu'en  1872,  à  Montréal,  et  de  72  jusqu'à 
aujourd'hui  dans  Sainte-Cunégonde.  Il  fut  mar- 
guUl.er  en  charge  en  1886  et  élu  conseiller  la 
même  année. 


i84 


GODFROI   COURVILLK. 


Né  à  la  Pointe-Claire  le  20  juin  1861,  il  partit 
jeune  de  sa  place  natale  pour  notre  cité.  Il  apprit 
le  métier  de  boucher,  qu.'il  pratique  encore. 

Brave  et  honnête  citoyen  M.  Courville  fait  par- 
tie de  la  commission  scolaire  depuis  1884  et  fut 
marguillier  en  charge  en  1892. 

Il  est  aussi  membre  de  l'Ordre  des  forestiers 
catholiques  et  le  trésorier  de  la  Cour  Ste-Cuné- 
gonde  depuis  1892. 


i«5 


JOSEPH    ALPHONSE    GOUGEON. 

Né  à  la  Côte-des-Neiges  le  14  octobre  1844  et 
venu  à  Montréal  en  1865. 

S'est  occupé  du  commerce  d'épiceries  de  1874  :\ 
1887  et  du  commerce  de  provisions  de  1887  à  1892. 

M.  Gougeon  est  membre  de  la  société  St-Vin- 
cent  de  Paul  depuis  sa  fondation  et  il  a  été  mar- 
guillier  en  charge  en  1885. 


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Corporation 


23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N. Y.  M5S0 

(716)  873-4503 


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i86 


J.  N.  H.  CAMPEAU. 

Joseph  Napoléon  Henri  Campeau  naquit  à 
Rigaud  le  7  août  1868,  et  fit  ses  études  au  collège 
Bourget,  à  Rigaud. 

Il  suivit  les  cours  de  l'école  de  médecine  et  de 
chirurgie  de  Montréal  et  fut  admis  à  la  pratique 
de  la  médecine  en  1890. 

M  Campeau  demeure  ici  depuis. 

C'est  le  populaire  et  digne  médecin  de  la  cour 
Ste-Cunégonde  de  l'Ordre  des  forestiers  catho- 
liques. 


i87 


PIERRE  BEAUCHEMIN. 

Né  à  Beloeil  le  ler  février  1833.  «  fot  d'abord 
culuvateur  à  Chambly  et  da«s  1^  canipa«es  en 
v.ronnantes.    A  partir  de  ,858.  il  devint'Jrép^ 
au  fret  a  Longueuil  pour  le  Grand  Tronc  et  il 
«xupacetteposUion jusqu'à  ces  derniers  temps 
En  ,860  .1  v,nt  demeurer  à  Montréal.    M.  Beau 
chemin  a  été  marguillier  en  charge  en  ,888.  C^t 
un  partisan  dévoué  de  l'annexion. 


i88 


lEAN  PIERRE  VEBERT. 

M.  Vébert  est  né  à  Mailing,  en  Lorraine,  le  ler 
octobre  1854.  Venu  au  Canada  depuis  1874,  il 
n'est  dans  renseignement  que  depuis  quatorze  ans. 
Après  avoir  demeuré  quatre  ans  au  milieu  de 
nous  il  s'en  alla  à  Bordeaux,  Sault-au-RécoUet. 

Il  nous  est  revenu  depuis  le  mois  de  juin  pour 
occuper  la  charge  d'assistant  greffier  de  la  cité. 


iSg 


MICHEL  VALLEE. 

M.  Vallée  qui  est  un  des  pionniers  de  la  local.v* 


190 


LOUIS  BERUBE. 


Jean-Marie  Louis  Bérubé,  naquit  à  Ste-Anne  de 
Lapocatiére  le  25  janvier  1846,  et  résolut  de  venir 
dans  la  métropole  en  I867.  Il  s'y  occupa  et  s'oc- 
cupe encore  de  son  métier  :  peintre  polisseur. 

Il  appartient  à  la  cour  Ste-Cunégonde  de  l'Ordre 
des  forestiers  catholiques,  depuis  sa  fondation. 

Kn  1883,  comme  l'association  St-Jean-Baptiste 
voulait  donner  satisfaction  à  toutes  les  classes  qui 
en  faisaient  partie,  M.  Ls.  Bérubé  fut  élu  prési- 
dent de  notre  section,  car  c'était  le  tour  de  la  classe 
des  arts  et  métiers  d'il  voir  un  président. 

Il  fît  son  devoir  dignement  et  se  montra  à  la 
hauteur  de  sa  position. 


191 


JOSEPH   PAGE. 

Il  aura  46  ans  le  22  juillet  prochain.  Né  à 
Saint-Jérôme,  comté  de  Terrebonne,  est  à  Mont- 
réal depuis  trente-cinq  ans. 

Il  fut  durant  longtemps  marchand  de  tabac,  au 
coin  des  rues  Vinet  et  Richelieu,  puis  il  abandon- 
na  pour  entrer  dans  la  police  maritime. 

Vers  1884  il  fut  nommé  chef  des  départements 
du  feu  et  de  la  police  ici, 

Il  est  de  plus  inspecteur  de  voirie. 

Il  a  su  gagné  l'estime  des  contribuables  par  son 
activité,  et  son  affabilité. 


192 

Voici  les  noms  des  MM.  du  clergé  qui  ont  passé 
par  Ste-Cunégonde. 

F.  J.  Prud'homme,  desservant. 

J.  O.  Sauvé,  *' 

L  J.  Adam, 

A.  Séguin,  premier  curé. 

J.  O.  Dubois,  vicaire. 

A.  Gauthier, 

H.  Brissette, 

P.  J.  Brady, 

D.  Leduc, 
J.  P.  Kiernau, 
P.  H.  Delahanty 
U.  Morache, 
J.  A.  Bélanger, 
T.  J.  Savaria, 
J.  E.  Goderre, 
A.  Desnoyers, 
P.  Langlois, 

E.  Lessard, 
J.A.Castonguay 
E.F.  Boudreau, 

F.  X.  Plante, 
T.  Nepveu, 
J.  S.  Fortin, 

D.  Picotte, 
Chs.  Tessier, 
O.  Mongenais, 
A.  Meunier, 
J.  A.  Bélanger, 
A.  Corbeil, 
P.  Moulin, 
M.  Geofifrion, 

E.  F.  X.  Ecrément,  deuxième  curé. 
Didier  Côté,  vicaire. 


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ssé 


Ï93 


Fabrîue^f'  P''^""^^«  '"^«^bres  du  Conseil  de  la 

Guillaume  Bouneville. 
Jules  Perreault 
Hubert  Morin. 

Jean-Baptiste  Uprairie. 
Alexis  Goderre 
Alexis  Piché. 
Hilaire  Doré. 
François  Fayette. 
Joseph  Uplante. 
Théophile  t'Hébréux 
Josepl,  Corbeille. 
Moïse  Roy. 


194 


lyiste  des  marguillers. 

J.H.  Doré. 

Hubert  Morin 

Guillaume  Bonneville 

Alexis  Piché 

Silfrid  Delisle 

François  Fayette 

Félix  Desparois 

Adolphe  Mardi 

Joseph  Brien  Durocher 

J.  Alphonse  Gougeon 

Michel  Laniel 

Paul  Desjardins 

Pierre  Beauchemin 

Moïse  lyemieux 

Hercule  Fauteux , 

Narcisse  Lapoiute 

Godfroi  Courville 

J.  B.  Brouillette 

Marcel  E-  I<ymbumer 


1876 

1877 

1878 

1879 

1880 

1881 

1882 

1883 

1884 

1885 

18S6 

1887 

1F88 

1889 

1890 

1891 

1892 

1893 
1894 


195 


Liste  des  citoyens  qui  se  s^nt  succédés  au  Con- 
seil de  ville. 


Hon.  Chs.  J.  Coursol 

C.  F.  Lalonde 

H.  Morin 

S.  Delisle 

Frs.  Fayette 

J.  Martineau 

Ls.  Bernier 

Jos.  Luttrell 

H.  Hénault 

A.  Goderre 

A.  Fiché 

O.  Deslauriers 

I^s.  Fortin 

G.  Bonneville 

Ls.  Roy 

N.  Moreau 

Jacques  Du  tour 

Jos.  Chabot 

Paul  Desjardins 

C.  Geoffrion 

H.  Doré 

M.  Laniel 

J.  B.  Durocher 

J.  A  R.  Léonard .... 
M.  E.  Lymburner. . . 


1877 


1878 
1879 
1880 
1880 
1881 
1881 
1882 


1 1 

<  ( 


1885 

<  c 

1886 
1887 

1889 
I89I 

1893 


1er    maire 
2èine    '* 
3ème 
4éme 
S^rae 


<< 
<t 
il 


196 

Les  maires. 

Durée 

C  F.  Lalonde 5  ans. 

S.Delisle 2     " 

H.  Morin 4 

J.  H.  Doré I 

L*  H.  Hénault 4 


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Les  commissaires  des  écoles  catholiques. 

Révd.  F.  h.  T.  Adam . , Août 

J.  H.  Doré ♦* 

Edmond  Brown 

S.  Delisle 

Michel  Vallée 

H.  Morin Mars 

J.  B.  Laprairie Juillet 

F.  X.  Lamontagne " 

Révd.  A.  Séguin Mars 

J.  Desparois Juillet 

G.  Bonneville -^ Avril 


II 


II 


II 


N.  Moreau Jui 

C.  GeofFriou 

Jacques  Dutour 

Ls.  Desjardins 

J.  Durocher 

H.  Fauteux 

G.  Courville 

F.  Fayette 

J.  Desparois 

T.  Cypihot 

M.  Lymburner  


let 


1875 


II 


II 


M 


II 


1876 


II 


li 


1877 


II 


1878 
1879 


I  > 


1880 
1882 

1883 

1884 

1885 

1888 

I89I 
II 


197 


ASSOCIATION  ST.  JEAN-BAPTISTE- 
Section  Stf.-Cunkgonde. 


Elections  de  1878. 

Président  :  S.  Delisle. 

ler  Vice-Président  :  H.  Morin. 

2iénie  Vice- Président  :  F.-X.  Bourdon. 

Secrétaire  :  I.  Rainville,  N.  P. 

Trésorier  :  F -X.  Desjardins, 
ler  Commissaire-Ordonnateur  :  Narcisse  Moreau. 
2iéme         "  •*  :  Joseph  Chabot. 

3ième        *'  **  :  Inouïs  Bérubé. 

Elections  de  1879. 

Président  :  S.  Delisle. 

ler  Vice- Président  :  H.  Morin. 

2ième  Vice- Président  :  G  N.  Ducharme. 

Secrétaire  :  I.  Rainville,  N.  P. 

Trésorier  :  F.-X.  Desjardins. 

Commissaire-Ordonnateur  :  J.A.  Porlier. 

Elections  de  1880. 

Président  :  S.  Delisle. 

ler  Vice  Président  :  J.A.  R.  Léonard,  M.D. 
2ième  Vice-Président  :  Chs.  F.  Porlier. 
Secrétaire  :  ly.  Rainville,  N.  P. 
Trésorier  :  J.  T.  Bourcier. 
Commissaire-Ordonnateur  :  Henri  Laverdure. 


198 


Elections  DE  1881. 

Président  :  J.  H.  Doré, 
ler  Vice-Président  :  Chs.  F.  Porlier. 
2iètne  Vice-Président  :  Ls  Bérubé. 
Secrétaire  :  F.-X.  Desjardins. 
Trésorier  :  J.  T.  Bourcier. 
Commissaire-Ordonnateur  :  Henri  Laverdure. 

Elections  de  1882. 

Président  :  J.  H.  Doré, 
ler  Vice- Président  :  Chs.  F.  Porl'er 
2ième  Vice-Président  :  Ls  Bérubé. 
Secrétaire  :  F.  X.  Desjardins. 
Trésorier  :  J  T.  Bourcier. 
Commissaire-Ordonnateur  :  Paul  Desjardins. 

iiLECTiONS  DE   1883. 

Président  :  L'î  Bérubé. 
ler  Vice- Président  :  G.  N.  Ducharme. 
2ième  Vice-présid   :  JA.R.  Léonard,  M.  D. 
Secrétaire  :  F.-X.  Desjardins. 
Trésorier  :  H.  Ladouceur. 
Commissaire-Ordonnateur  :  Paul  Desjardins. 

Elections  de  1884. 

Président:  C.  F.  LaloLde. 
ler  Vice-Président  :  A.  Marcil. 
2ième  Vice-Président  :  O.  Provost. 
Secrétaire  :  J.  J.  Beauchamp. 
Trésorier:  G  N.  Ducharme. 
Commissaire-Ordonnateur:  H.  Laverdure. 


TABLE  DES  GRAVURES. 

Page, 

Plan  de  la  cité 

C.  F.  Lalonde 5 

Résidence  Gilbert 6 

S.  Delisle 9 

H.  Morin 13 

J.  H.  Doré 15 

Porteur  d'eau 22 

Hôtel  de  ville 23 

L.  H.  Hénault 29 

Sceau  de  la  cité 31 

G.  N.  Ducharme 33 

M.  l'abbé  A.  Séjçuin 37 

Ancien  presbytère 47 

Presbytère  actuel 62 

Soubassement  de  l'église 61 

L'église  (extérieur) 65 

Windstanley  Hall 71 

L'église  (intérieur) 75 

Maison  de  charité 84 

Temple  St.  Jude  actuel 86 

Collège 02 

Académie  des  jeunes  filles 96 

Pensionnat  Ste-Angèle 98 

Ecole  de  la  rue  ûelisle KK) 

Sceau  de  l'Association  St.  Jean-Baptiste KHa 

Cour  Ste-Cunégonde 107 

Sceau  des  Forestiers  catholiques 110 

Sceau  des  Forestiers  indépendants 112 

Sceau  de  l'Alliance  nationale 114 

Cour  St.  Roch 117 

Rond  de  course 124 

Le  théâtre  de  Ste-Cunégonde 127 

Sceau  du  cercle  Molière 129 


TABLE  DES  MATIERES. 

nu               ,  Page. 

(^hap.  I.~Fondation.   

•  • J5, 

II.—Desserte  et  paroisse jj 

Ill.-Village  et  ville jg 

IV.— La  cité.. 

27 

^•—Prêtre  et  citoyen o^ 

VI.-L'egli«e .*.  m 

Vll.-Charite.. 

81 

VIII. -Nos  maisons  d'éducation . . . . , ^ 

IX.-Patriotisme  et  bienfaisance n^ 

X.— Théâtre  et  amusements y2:.^ 

XI.— Postface ,.^, 

Appendice. 

ommes  publics.. 

13 

des  gravures 


Nos 
TabI 


\ 


ERRATA. 


Un^auteur  ne  devrait  jamain  avoir  l'ombre  d'une  excutic  pour 
lui  permettre  do  placer  une  liate  d'errata  dans  un  volume,  je  le 
sain,  Tout  do  même,  je  me  présente  avec  une  excuse,  comptant 
8ur  l'indulgence  de  mes  lecteurs. 

A  l'époque  de  la  correction  des  épreuves  j'étais  malade  et  je^nie 
suis  vu  dans  l'obligation  de  faire  faire  ce  travail  par  des  étrangers 
qui  n'y  ont  pas  apporté  toute  l'attention  voulue. 

De  là  cette  liste  des  fautes  les  plus  apparentes. 


Page.4,  boisée 
"     6,  rue  (Notre-Dame) 
"     8,  certaine  gens 
'*     8,  bas-Canada 
*'   11,  canadiens 
**   28,  Honorable 
*'   36,  L'abbé 
"   38,  Septembre 
"   48,  celle  de 

successeurs 
les  Evéquc 
*'   51,  éveillé 
**   51,  ramène 
**   57,  les  marguil 

liers  quelques 
"  61,  devaient 
"  68,  le  coût  total 
"  69,  puisé 
*•  69,  plin-cintre 
"   69,  fut 
"   70,  voûte 
"   70,  événements 
"   70,  Sainte-C... 
**   70,  On  ne  peut  être 
"   70,  Sainte-C... 
♦*   72,  id 
"   72,  brillât 
"   72,  s'entoure 
"   74,  pour  Jésus-Christ 
"   76,  toutes  les 
"   78,  Saint  Dom 

80,  sacristie 

85,  ici  là 

90,  Sainte-C... 

97,  Maurilius 

104,  historique  de  l'As. 
"108,  consacré 
*•  114,  réussi 


lire  :  boisé. 

'•    :  (rue  Notre-Dame.) 

"    :  certaines  gens. 

**    :  Bas-Canada. 

**    :  Canadiens. 

"    :  honorable. 

"    :  l'abbé. 

*'    :  septembre. 
'*    :  celle  de  nos 
siuîcesseurs  les 
Evalues. 
"    :  éveillé. 
"    :  rantènent. 
"    :  les  marguilliers 

et  quehiues. 
"    :  devait. 

'*    :  Le  coût  total  était  de 
"    :  puisés. 
"    :  plein-ceintre. 
"    :  fût. 
"    :  voûte, 
'*    :  événements. 
"    :  sainte-C... 
"    :  On  peut  être.        ,^ 
"    :  sainte  C... 

id. 
"    :  brilla. 
"    :  s'entourent. 
"    :  pour  voir  J.-C. 
"    :  Toutes  les. 
"    :  saint  D... 
"    :  sacristies. 
*    :  ici  et  là. 
"    :  sainte  C... 
"    :  Moderatus. 

:  historique  sur  l'As. 
"    :  consacrées. 
"    ;  réussit.