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Full text of "Discours de M. C.-A. Angers, M.P. sur le bill réparateur, Manitoba [microforme] : Ottawa, jeudi, 19 mars, 1896"

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1.25      1.4     |i.6 

4 6"     

► 

Photographie 

Sdences 

Corporation 


23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  14580 

(716)  872-4503 


\ 


"^" 


i/.A 


CIHM/ICMH 

Microfiche 

Séries. 


CIHM/ICMH 
Collection  de 
microfiches. 


Canadian  Instituts  for  Historical  Microreproductions  /  Institut  canadien  de  microreproductions  historiauss 

\ 


Technical  and  Bibliographie  Notas/Notas  tachniquas  ex  bibliographiquaa 


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tha  usual  mathod  of  filming.  ara  chackad  balow. 


□    Colourad  covars/ 
Couvartura  da  coulaur 


I      I    Covars  damagad/ 


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Couvartura  andommagéa 


Covars  rastorad  and/or  laminatad/ 
Couvartura  rastauréa  at/ou  palliculéa 


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La  titra  da  couvartura  manqua 


□    Colourad  maps/ 
Cartas  géographiquas  an  coulaur 


D 


Colourad  ink  (i.a.  othar  than  blua  or  biack)/ 
Encra  da  coulaur  (i.a.  autra  qua  blaua  ou  noiral 


I      I    Colourad  platas  and/or  illustrations/ 


Planchaa  at/ou  illustrations  an  couleur 

Sound  with  othar  matarial/ 
Ralié  avac  d'autras  documants 

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hava  baan  omitted  from  filming/ 
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mais,  lorsque  cela  était  possible,  ces  pages  n'ont 
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de  cet  exemplaire  qui  sont  peut-être  uniques  du 
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sont  indiqués  ci-dessous. 


|~~1   Coioured  pages/ 


D 
D 
0 
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D 


n 


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Pages  restored  and/or  laminatad/ 
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etc.,  ont  été  filmées  à  nouveau  de  façon  à 
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shall  contain  the  symbol  — ^-(meaning  "CON- 
TINUEO").  or  the  symbol  V  (meaning  "END"), 
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cas:  le  symbole  — *>  signifie  "A  SUIVRE  ",  le 
symbole  V  signifie  "FIN". 


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Maps,  plates,  charte,  etc.,  may  be  filmed  et 
différent  réduction  ratios.  Those  too  large  to  b« 
entirely  included  in  one  exposure  are  filmed 
beginning  in  the  upper  left  hand  corner,  left  to 
right  and  top  to  bottom,  as  many  frames  as 
required.  The  following  diagrams  illustrate  the 
method: 


1 

t 

2 

3 

Les  cartes,  planches,  tableaux,  etc.,  peuvent  être 
filmés  è  des  taux  de  réduction  différents. 
Lorsque  le  document  est  trop  grand  pour  être 
reproduit  en  un  seul  cliché,  il  est  filmé  à  partir 
de  l'angle  supérieur  gauche,  de  gauche  è  droite, 
et  de  haut  en  bas.  en  prenant  le  nombre 
d'images  nécessaire.  Les  diagrammes  suivants 
illustrant  la  méthode. 


1 

2 

3 

4 

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6 

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jBéb^rt$  ôe$  Communes 


SIXIÈME  SESSION-SEPTIÈME  PARLEMENT 


DISCOURS  DE  M.  C.-A.  ANGERS,  M.P. 


SUR   LE 


BILL  REPARATEUR, 


OTTAWA,  JEUDI,  19  MARS  1806 


M.  ANGERS  :  M.  l'Orateur,  je  crois  que  les 
revers  de  Jacques-Cartier,  de  Montréal-centre,  et 
autres  lieux  avaient  rendu  le  ministère  très  défiant. 
Les  électeurs  se  montraient  par  trop  féroces,  au 
désir  de  ces  messieurs,  pour  les  candidats  prenant 
sur  leurs  épaules,  le  poids  des  fautes  ministérielles 
depuis  dix-sept  ans. 

Après  beaucoup  d'hésitations,  il  fallut  se  résigner 
pourtant  à  subir  l'élection  à  Cliarlevoix.  Mais  ou 
crut  prudent  de  changer  de  tactique.  Le  candidat 
du  gouvernement  fut  déguisé  en  candidat  libéral — 
et  jusqu'au  dernier  jour,  mon  adversaire  condamna 
absolument  la  politique  fiscale  et  administrative  de 
la  présente  administration.  Et  vraimexit,  ce  fut  un 
spectable  amu-sant  et  comique,  de  voir  les  deux 
gouvernements  (celui  de  Québec  se  mit  rte  la  par- 
tie) unir  leurs  forces  dans  un  effort  puissant  pour 
faire  élire,  disait-on,  un  député  hostile  au  ministère. 
Pour  donner  le  change  à  l'opinion,  on  s'efforça  d'at- 
tirer l'attention  sur  une  question  uni(jue — la  ques- 
tion des  écoles  du  Manitoba.  Alon  adversaire  de- 
vait en  être  le  sauveur  ;  moi,  l'ennemi. 

Mon  programme,  pourtant,  était  bien  acceptable. 
Je  disais,  et  les  arguments  ne  me  manquaient  point 
pour  l'établir  :  le  gouvernement  ne  nous  rendra 
point  justice  ;  mais  si  contre  toute  apparence,  une 
loi  réparatrice  (Umnant  couq)lète  justice,  est  pré- 
sentée, je  l'appuierai.  J'ajoutais  aussi  nue  dans 
mon  opinion,  cette  (piestion  ne  serait  réglée  d'une 
manière  équitable  que  par  l'iionorable  clief  de  l'op- 
position. 

Monseigneur  de  Chicoutimi,  mis  faussement  sous 
l'impression  ((ue  mon  progrannne  était  liostile  au 
rétablissement  <les  écoles  séparées,  moins  de  trois 
jours  avant  la  votation,  télégra|)hia,  iV  messieurs  les 
curé.^  de  mon  .jomté,  ((ue  c'était,  pour  les  électeurs, 
un  strict  devoir  de  conscience  de  ne  donner  leurs 
votes  qu'à  un  candidat  promettant  form'^llement  et 

A    1 


positivement  d'appuyer,  à  la  présente  session,  une 
loi  réparatrice  qui  aurait  été  approuvée  par  l'auto- 
rité ecclésiastique.  Bien  à  regret,  M.  l'Orateur, 
je  crus,  de  très  bonne  foi,  ne  pouvoir  me  rendre  à 
cotte  injonction  tardive  et  sommaire.  Mon  dévoue- 
ment tout  entier  était  acquis  à  la  cause  des  catho- 
liques, mais  il  me  parut  peu  équitable  que  d'avance, 
on  me  fit  promettre  mon  vote  en  faveur  d'une  loi 
que  je  désapprouverais  peut-être  formelienient. 

La  majorité  des  électeurs  fut  d'opinion  que  je 
protégerais  aussi  efficacement,  que  mon  adversaire, 
promettant  plus,  1 1  cause  de  la  minorité,  et  je  fus 
élu  député  de  Cliarlevoix. 

J'aborde  maintenant  la  question  qui  fait  le  sujet 
du  présent  débat. 

Et  je  déclare  tout  d'abord  qu'à  mon  avis,  le  gou- 
vernement manitobain,  en  abolissant  les  écoles  sé- 
parées en  1890,  a  commis  un  acte  injuste,  oppressif 
et  contraire  aux  intérêts  du  pays. 

Injuste  et  oppresnif,  parce  (ju'il  a  privé  les  catho- 
liques du  Manitoba  du  droit  à  leurs  écoles  confes- 
sionnelles, contrairement  il  l'esprit,  sinonà  la  lettre 
du  pacte  intervenu  en  1870  et  à  la  loi  de  1871  ; 
parce  qu'il  a  imposé  à  la  minorité,  en  violation  dos 
garanties  stipulées  et  qu'on  avait  sans  nul  doute 
promises,  un  système  d  écoles  communes  et  prati- 
quement protestantes,  qui  répugne  absolument  à  la 
conscience  des  catholiques. 

Coiilraire  aux  intMtx  du  payn,  parce  que  cette 
violation  de  la  garantie  promise,  a  soulevé  outre 
mesure,  les  |)réjugés  de  race  et  de  religion  ;  a 
fait  dépenser  inutilement  beaucoup  de  farces  vives 
et  un  temps  précieux  qu'on  eilt  pu  employer  si  uti- 
lement il  promouvoir  1  intérêt  général. 

Et  cette  cou(hdte  devient  plus  odieuse  encore 
quand  on  en  découvre  les  niotita  vérit'vl)les  : 

Commencer  l'exécution  du  virogramme  anti- 
français  et  anti-catholique  (juc  l'honorable  député 


de  Simcoe-nord  (M.  McCarthy)  formulait  à  Barrie 
et  k  Portage  de  la  Prairie  dès  1889,  quand  il  disait  : 
"Que  la  langue  française  et  les  écoles  confession- 
nelles sont  une  entrave  et  un  danger  pour  l'avenir 
du  Canada  ; " 

S'assurer,  en  soulevant  les  passions  et  les  pré- 
jugés sectaires,  une  majorité  qui  permît  au  gouver- 
nement Greenway  de  conserver  le  pouvoir,  qu'il 
n'avait  pris  pourtant  que  par  le  vote  des  catho- 
liques rassurés  et  séduits  par  la  promesse  que  leurs 
écoles  confessionnelles  seraient  maintenues. 

Je  sais  que  dans  l'exposé  de  son  programme, 
l'honorable  député  de  Simcoe-nord,  prétend  que  les 
écoles  publiques  doivent  être  non  confessionnelles 
c'est-à-dire,  neutres,  et  que,  conséqueiiiment,  les 
catholiques  ne  peuvent  pas  y  objecter. 

L'honorable  député  oublie  ou  ignore  : 

Que  les  oatboliciues  ne  conçoivent  pas  l'école  sans  l'en- 
seignement religieux  :  c'est  pour  eux  non  seulement  de 
traaition'i  mais  encore  4e  précepte  positif.  Ils  ne  peuvent 
approuver  un  système  d'édacation  placé  on  dehors  de  la 
foi  catholique  et  de  l'autorité  de  l'Eglise,  et  qui  n'a  pour 
but,  ou  du  moins  pour  but  principal,  que  la  connaissance 
des  choses  purement  nai  irelles. 

L'enseignement  re^  'iux  et  l'enseignement  pro- 
fane doivent  opérer  de  concert,  le  premier  pour 
former  la  conscience  et  le  cœur,  le  second,  l'intelli- 
gence ;  de  cette  action  conjointe  résulte  l'éducation 
complète. 

Et  pour  justifier  notre  opposition  à  l'école  sans 
Dieu,  nous  pouvons  invoqur  l'autorité  des  siècles. 
J'emprunte  quelques  témoignages  d'une  étude  sur 
ce  sujet  : 

L'objet  de  l'éducation,  dit  Platon,  est  de  procurer  au 
corps  la  force  qu'il  doit  avoir,  et  à  l'Ame  la  perfection 
dont  elle  est  susceptible. 

Platon  no  se  borne  pas  à  d<''finir  l'objet  de  l'éducation  ; 
il  donne  aussi  des  prétextes;  il  veut  que  ronfiiiioe  soit 
initiée  do  bonne  heure  à  la  connaissance  de  la  divinité 
par  "  les  fables,  la  tragédie,  l'ode  et  l'épopée." 

Le  sentiment  populaire  s'affirme  avec  une  lugubre  et 
navrante  in»°3sité  dans  le  supplice  do  Socrate.  Sur  le 
simple  soupçon  d'avoir  attaqué  dans  son  enseignement, 
les  dieux  de  la  patrie,  ses  concitoyens  le  condamnent  à 
la  mort. 

Plutarque  disait  : 

"  Une  bonne  éducation  est  la  source  et  la  racine  d'une 
vie  vertueuse. 

"  Si  les  écoles,  en  donnant  l'instruction,  ajoute  Quinti- 
lien,  devaient  corrompre  les  mœurs,  je  n'hésite  pas  à  dire 
qu'il  faudrait  préférer  la  vertu  au  savoir." 

La  pensée  de  ces  maîtres  de  la  science  païenne  est  le 
reflet  des  mœurs  ot  les  idées  de  leur  siècle.  Pj'thagore  et 
Xénophon,  Zoroastre  et  >  oudha,  los  Phéniciens  et  les 
Egyptiens,  les  Perses  et  les  Indous,  tous  font  des  dieux  et 
de  la  vertu,  les  objets  principaux  de  l'éducation. 

Donnez  tout  îl  1  homme  excepté  la  vertu,  vous  n'aurez 
rien  fait  pour  son  bonheur,  s'écrie  Platon. 

Aux  premières  époques  de  l'histoire  romaine,  on  était 
tellement  pénétré  de  la  nécessité  do  l'intervention  de  la 
divinité  dans  tous  les  actes  de  la  jeunesse,  que  les  croyan- 
ces populaires  plaçaient  deux  déesses  il  côté  do  l'onfant, 
quand  il  sortait  de  la  maison,  et  deux  autres  quand  il  y 
rentrait. 

Sparte  veut  se  constituer  en  dehors  de  ces  traditions, 
mais  Platon  lui  fait  en  ces  termes  la  leçon  :  "  Votre  jeu- 
nesse est  semblable  il  une  troupe  de  poulains  qu'on  fait 
paître  ensemble  dans  la  prairie  sous  un  gardien  commun." 

Je  pourrais,  .VL  l'Orateur,  multiplier  ces  cita- 
tions pour  démontrer  plus  amplemuiit  encore, 
l'erreur  commise  par  ce.  <.'>,iiis  partisima  des  théories 
moiiernes  Hur  l'éducation,  (jui  voudraient  bannir 
l'enseignement  religieux  de  Técnle.  Jo  pourrais, 
par  exemple,  citer  l'opinion  «le  protestants,  comme 
Guizot,  Jules  Simon  et  bien  d'autres.  .l'ajouterai 
seulement,  comme  se  rapportant  plus  directement 


à  la  question  qu'il  s'agit  de  débattre,  les  citations 
suivantes  : 

De  lord  Salisbury  : 

Nombre  do  personnes  ont  inventé  ce  qui  s'ai)pello  une 
religion  compressible  brevetée,  qui  peut  être  introduite 
de  force  dans  toutes  les  consciences,  au  moyen  d'une  légi'ro 
compression  ;  et  elles  tiennent  iV  ce  que  soit  lu  seule  reli- 
gion ciuseignéo  dan»  les  éi'oles  du  pays.  Ce  que  je  veux 
graver  dans  votre  esprit,  c'est  que  si  vous  admettez  cette 
théorie,  vous  allumez  une  guerre  de  religion  dont  vous  ne 
verrez  jamais  l'issue.  En  fait  d'éducation  religieuse,  il 
n'y  a  qu'un  principe  sûr  auquel  vous  deviez  vous  cram- 
ponner et  qu'il  faut  impitoyablement  appliquer,  à  ren- 
contre do  toutes  les  raisons  do  convenance  et  des  faits 
constatés  par  les  fonctionnaires  de  l'Etat  ;  c'est  qu'un 
père  de  famille,  à  moins  d'être  déchu  de  son  droit  par 
suite  d'actes  criminels  a  le  droit  indéniable  de  déterminer 
l'enseignement  que  son  enfant  doit  recevoir  sur  le  plus 
suint  et  le  plus  important  des  .sujets.  C'est  un  droit  que 
nulle  raison  de  convenance  ne  saurait  écarter  ;  un  droit 
que  nulle  raison  d'Etat  ne  saurait  vous  autoriser  à  élimi- 
ner, et  par  conséquent,  je  vous  demande  de  vous  occuper 
sérieu.sement  de  cette  question  de  l'enseignement  contes- 
sionnol.  C'est  une  question  grosse  de  dangers  et  d'cra- 
barru»  ;  mais  il  no  vous  sera  possible  de  parer  au  danger 
qu'en  allant  tout  droit  à  sa  rencontre,  ot  en  déclarant  que 
la  prérogutivR  du  pi*ro  de  famille,  sauf  le  cas  où  il  est 
convaincu  de  crime,  ne  saurait  lui  être  enlevée  par 
l'Etat. 

De  lord  Derby  : 

On  doit  regarder  l'éducation  publique  comme  insépa- 
rable de  la  religion. 

De  M.  Gladstone: 

Tout  système  qui  relègue  l'éducation  religieuse  à  l'ar- 
rière-plan est  pernicieux. 

De  l'honorable  Edward  lilake,  à  la  Chambre  de» 
Communes,  le  29  mai  1872  : 

Bien  que,  de  fait,  le  système  d'écoles  onnfessionnelles 
n'eut  pas  d'existence  légale,  toutefois  l'enseignement 
religieux  jouissait  vii-tucllemont  dans  les  écoles  do  la 
rconnoaissance  de  l'Etat  ;  et  quant  à  lui  (M.  filako)  il 
regrette,  profondement  la  ligne  de  conduite  suivie  par  la 
législnture  du  Nouveau-Brunswick,  on  insérant  dans  la 
nouvelle  loi  scolaire  un  article  stipulant  que  toutes  les 
écoles,  sous  l'empire  de  cette  loi.soraientnon-confession- 
nello.  Cette  modiflcatirm  de  la  loi  était  d'une  application 
fort  sévère  il  l'endroit  des  catholiques,  ot  inutile,  comme 
satisfaction  apportée  aux  scrupules  des  protestants. 

De  l'honorable  M.  Laurier,  .'i  la  Chambre  des 
Communes,  le  17  juillet  189.").     Hniimt-d,  p.  1701  : 

Si  les  écoles  sont  protestantes,  tout  le  monde  conviendra 
que  le  gouvernement  doit  intervenir  incessamment  et 
mettre  fin  i\  l'outrage.  Si  les  écoles  no  sont  pus  protes- 
tantes mais  communes,  elles  sont  encore  désagréables 
aux  catholiques.  Et  pourquoi  ?  Parce  (juo  d'après  la  doc- 
trine catholique,  l'enseinnomont  profane  et  l'enseigne- 
ment religieux  doivent  marcher  do  pair.  On  peut  sans 
doute  alléguer  que  c'est  là  un  préjugé  dont  il  no  faut  pas 
tenir  compte  ;  on  peut  dire  que  les  catholiques  devraient 
se  contenter  de  l'enseignement  profane,  de  la  lecture,  de 
l'histoire,  de  la  géographie  et  ainsi  de  suite.  Mais  si  los 
catholiques  sont  convaincus,  dans  leur  âino  et  conscience, 
do  la  nécessité  de  l'enseignement  religieux  il  l'école, 
enseignement  qu'ils  estimentessontiel  et  nécessaire,  peut- 
on  leur  en  faire  un  crime  'l 

Du  Sa  («randour  l'arcliovôquo  de  la  Terre  de 
Rupert,  danâ  son  adrchso  au  Synode,  un  1889javftnt 
l'abolition  des  écoles  .sépurécs  iiu  Manitoba  : 

Avec  les  restrictions  voulues,  je  no  vois  qu'une  mesure 
de  justice,  et  non  pas  une  injustice  dans  les  écoles  sépa- 
rées, et  je  ne  crois  pas  qu'il  soil  facile  do  les  faire  dispa- 
raître. Toutefois,  les  catholique-,  bien  qu'ils  puissent 
tomber  d'accord  avec  les  protestants  sur  les  matières 
relevant  de  renseignement  religieux,  no  veulent  pas 
accepter  d'institutions  de  croyance  différente  de  la  leur. 
La  grande  majorité  des  enfiinls  ciitholinucs fréquenteront 
leurs  propres  écoles  privées,  tout  intérieures  qu'elles 
soient,  plutrtt  que  de  i'ré(|uontor  los  écoles  do  l'Etat  oii 
l'enseignement  n'est  pas  confié  à  des  instituteurs  catho- 
liques romains,  abstraction  faite  de  l'enseignement  reli- 
gieux. S'il  n'y  u  pas  d'enseignement  religieux,  leur  disap- 


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probation  n'en  sera  que  plus  ncccntui'o.    Le  jour  viendra 
où  lep  partis  politinucs  constateront  que  cette  instruction 

Profane  d'une  qualité  infrrieure,  tourne  au  détriment  de 
liltat.  Que  c'est  une  injustice  de  forcer  la  poi>ulatiun 
oatlioliquo  à  payer  l'impôt  pour  le  maintien  des  écoles  de 
l'Etat,  bien  qu'elle  ne  reçoive  pus  d'aide  pour  ses  écoles 
privées.  Et  les  écoles  séparées  reviendront  sous  une 
forme,  qui  prêtera  peut-être  iv  la  critique. 

De  M.  Soincrset,  surintendant  des  écoles  protes- 
tantes, en  1888,  sous  le  gouvernement  Greenway  : 

Relativement  au  fonctionnement  du  système  scolaire 
durant  les  dix-sept  années  écoulées,  je  ferai  observer  que 
l'administration  de»  ônoles  de  la  province  n'a  pas  donné 
lieu  au  moindre  de  ces  oliocs  et  de  ces  froissements  qui 
ont  causé  tant  de  troubles  et  de  luttes  acharnées  dans  les 
autres  provinces  de  la  Confédération L'his- 
toire passée  de  la  province  nous  autorise  à  espérer  ^ue 
pleine  justice  sera  rendue  aux  divers  éléments  et  qu'ainsi 
se  perpétuera  l'harmonie  qui  règne  actuellement. 

Du  Dr  (Juldwiii  Sinitli,  dans  sa  lettre  au  Wiiini- 
pe<j  Triimne,  le  '22  aoftt  1894  : 

C'est  le  devoir  de  tout  homme  do  procurer  l'éducation 
.out  aussi  bien  que  la  nourriture  et  le  vêtement  aux 
enfants  auxquels  il  donne  l'existence.  C'est  le  droit  et  le 
devoir  de  tout  homme  de  faire  donner  à  ses  enfants  l'ins- 
truotion  qu'il  juKc  la  meilleure.  Voilà,  ce  nous  semble. 
deux  propositions  évidentes.  Mais  mitre  système  d'écoles 

Subliques,  à  la  poursuite  de  c«  nue  ses  autours  et  ses 
éfenseurs  appellent  un  système  plus  élevé,  mot  ces  deux 
propositions  de  côté  ;  et  telle  est  l'origine  des  troubles 
actuels. 

Mais  on  me  dira  :  celui  qui,  pour  raisons  de  conscience, 
désapprouve  notre  système,  a  pleine  liberté  d'établir  dos 
écoles  libres.  Mais,  dans  ce  cas-là,  on  ne  serait  guèie 
justifiable  de  forcer  l'individu  en  question  h  payer  la  taxe 
scolaire.  En  le  forçant  à  payer  cette  taxe,  on  lui  enlève 
le  moyen  d'établir  son  école  libre,  ec  en  outre,  on  fait 
violence  î»  ses  principes  en  l'oliligeant  îl  contribuer  au 
maintien  d'un  système  d'éducation  qu'il  désapprouve. 
Quand  les  catholiques  nous  disent  qu'ils  désiren'  que 
1  éducation  do  leurs  enfants  repose  .«ur  la  morale,  for- 
mulent-ils donc  une  demande  déraisonnable  ?  Quand  ils 
prétendent  que  notre  système  d'éi-  les  publiques  ne  repose 
point  sur  la  morale,  est-il  si  fitoilc  .le  prouver  qu'ils  se 
trompent  ? 

L'honorable  député  de  fSinio<n-  nord  aduiettra 
donc  que  pour  la  conscience  catiioliiiue,  \tt  fuit  seul 
de  vouloir  lui  imposer  des  écoles  neutres,  constitue 
lin  grief  (|ui  ne  peut  être  toléré. 

J  entendais,  l'autre  jour,  cet  honorable  dé|)uté 
s'écrier  dans  son  discours  :  "Où  smit  les  griefs'"?  Les 
griefs,  M.  l'Orateur,  je  les  trouve  dan.s  le  fait  de 
priver  une  population  catlioll(|ue  des  écoles  aux- 
nucllea  elle  a  droit  ;  dans  le  fait  (ju'elle  est  forcée 
d'envoyer  ses  enfants  à  des  écoles  où  l'onseigneinent 
est  protestant  ou  neutre. 

Kt  d'ailleurs,  les  lords  du  Conseil  privé  ont 
adnrts  le  bien-fondé  de  ces  griefs,  en  disant  dans 
eur  jugement  : 

Il  est  vrai  que  les  oxorcioes  religieux  prescrits  pour  les 
écolei  publiques  ne  sont  pus  pour  ôtro  distinctoniont  pro- 
testants, puisqu'ils  doiventôtro  "  non  confessionnels  ",  et 
Îuo  tout  parent  peut  empôehcrque  son  enfant  y  assiste 
1  peut  y  avoir  aussi  beaucoup  de  jiersonnes  qui  partagent 
l'avis  exprimé  dans  l'un  des  alhdavits  de  lu  cause  do 
lîarrett,  que  les  catholi(|Ues  romains  ne  devriiient  con- 
Boienoieusenieut  «voir  iiueiine  objection  à  fréquenter 
ces  écoles,  s'il  est  pourvu  nilleuis  ù  de  sutrisants  moyens 
de  leur  doinier  l'éducation  momie  et  roligieuso  qu'ils 
veulent  avoir.  Mais  tout  cela  est  hors  de  propos,  Kn  fait, 
l'objection  dos  catholiques  romains  à  di'S  écoles  comme 
celles  (lui  reçoivent  seules  la  subvention  do  l'Etat  soua 
l'autorité  de  l'acte  do  IS'.iO,  est  consciencieuse  et  solidement 
fondée. 

Jo  suis  iieureux  de  dénuiutrer  à  l'iiouorable 
déj.uté  de  Sinu'oe  nord,  par  ces  autorités  nom- 
breuses, (rue  ses  théories  sont  comlaiimablos,  mal- 
saines, iujustc»,  et  (lu'elU  s  ont  été  reconnues  telles 
mm  seulement  ))ar  les  anciens,  miiis  par  les  mo- 
dernes ;  même  par  Icj  juges  prolestants  du  Conseil 
privé. 


Et  dans  l'espérance  de  ramener  peut-être,  par 
l'intérêt,  l'honorable  député,  k  la  tolérance,  qu'il 
eut  mieux  fait  de  ne  pas  abandonner,  je  lui  rap- 
pellerai l'opinion  de  sir  J.-A.  Maedonald,  qu^l 
admira  et  désira  imiter  dans  son  rôle  de  grand 
dominateur  d'hommes  : 

A  nulle  époque  de  sa  carrière,  dit  M.  Pope,  dans  sa  bio- 
graphie, il  n'eut  de  sympathie  pour  cette  farouche  into- 
lérance de  tout  ce  qui  est  français  ou  catholique,  intolé- 
rance qui,  à  l'heure  actuelle,  se  propage  dans  la  province 
de  l'Ontario. 

Ce  procédé  de  sir  John-A.  Maedonald,  s'il  était 
adopté  par  l'honorable  député  de  Siincoe-nord, 
prouverait  chez  lui,  une  largeur  de  vues  plus  digne 
d'un  iionnne  d'Etat,  et  hii  permettrait  peut-être 
de  satisfaire  dés  ambitions  déçues  jusqu'ici,  mais 
qui  probablement  ne  sont  pas  mortes. 

Il  me  semble,  M.  l'Orateur,  que  pour  quiconque 
veut  étudier  cette  question  des  écoles,  il  importe 
de  se  demander  tout  d'abord  si,  dans  l'Acte  du 
Manitoba,  lors  les  négociations  préliminaires,  on 
eut  l'intention  de  garantir  aux  catholiques  leurs 
écoles  confessionnelles. 

Il  est  un  fait  incontestable,  c'est  qu'avant  1870, 
les  catholiipies  avaient  de  fait,  leurs  écoles  séparées, 
et  que  leurs  délégués  stipulèrent  qu'elles  leur 
seraient  conservées. 

Et  je  ne  puis  mieux  faire  que  de  citer  les  paroles 
de  l'honorable  juge  Fournier,  en  cour  Suprême, 
motivant  son  jugement  sur  la  question  d'appel  au 
gouverneur  en  conseil. 

Quel  était  l'état  de  choses  dans  le  territoire  dont  on 
était  alors  en  train  de  former  la  province  du  Manitoba? 
Comme  je  l'ai  déjà  dit  dans  la  cause  deBarrettu»  Winni- 
peii,  une  insurrection  avait  jeté  le  pays  dans  une  violenta 
agitation,  enflammé  les  passions  i-eligieuses et  nationales, 
et  causé  le  plus  grand  désordre  qui  rendit  nécessaire 
l'intervention  du  gouvernement  fédéral. 

Au  point  oii  en  étaient  les  choses,  le  2  mars  1870,  le 
gouvernement  d'Assiniboïa,  afin  d'appaiser  la  population, 
nomma  le  révérend  M.  Ritchot  et  MM.  Black  et  Scott 
délégués  conjoints  auprès  du  gouvernement  d'Ottawa, 
ponr  conférer  avec  lui  et  négocier  les  conditions  aux- 
quelles leshabitnnts  de  l'Assiiiiboïa  consentiraient  àen- 
trerdans  la  confédération  avec  les  provinces  du  Canada. 

M.  Ritchot  reçut  instruotionsde  partir  immédiatement 
pour  Ottawa  avec  MM.  Black  et  Scott,  dans  le  but  d'enta- 
mer des  négociations  au  sujet  de  leur  mission  auprès  du 
gouvernement  fédéral . 

A  Icurarrivée,  il  Ottawa,  les  trois  délégués,MM. Ritchot, 
Black  et  Scott,  reçurent,  le  i")  avril  187",  de  l'honorable 
M.  Ilowe,  secrétaire  d'Etat  d'alors  pour  le  Dominion  du 
Canada,  une  lettre  les  informant  que  l'honorable  sir 
John-A.  Maedonald  et  sir  George  Cartier  avaient  été 
autorisés  par  le  gouvernement  du  Canada,  à  conférer  avec 
eux  au  sujet  de  leur  mission,  et  qu'ils  étaicr.t  prêts  à  les 
recevoir. 

Le  révérend  M.  Ritchot  était  le  porteur  des  conditions 
auxquelles  les  délégués  étaient  autorisés  à  consentir, 
pour  les  habitants  de  l'Assiniboïa,  à  entrer  dans  la  Con- 
fédération comme  province  distincte.  Ces  faits  ressortont 
de  la  pièce. L  des  ilooinnents  do  la  session  de  18U8,  ?&d,  et 
nous  voyons  dans  la  pièce  N  des  mêmes  documents  que 
les  conditions  énoncées  aux  articles  5  et  7  se  lisent  ainsi, 
savoir  :— 

5.  Que  toutes  les  propriétés  et  tous  les  droits  et  privi- 
lèges possédés,  seront  respectés,  et  que  l'établissement  et 
règlement  des  coutumes,  usages  et  privilèges  ser  )nt  laisséi 
à  la  seule  décision  de  la  législature  locale. 

7.  Que  les  écolcH  seront  séparées  et  que  les  deniers  des- 
tinés Mux  écoles,  seront  partagés  entre  les  différentes 
communions  religieuses,  au  jimniiit  de  leurs  population! 
respectives. 

Or,  après  nue  des  négociations  eussent  été  poursuivies, 
et  après  qu'il  out  été  reçu  des  dépêches  et  dos  Instruotinns 
du  gouvernement  impérial  au  gouvernement  canadien 
relativement  à  l'entrée  de  la  province  du  Manitoba  dans 
la  ('(infédération,  l'Acte  constituant  le  Manitoba  fut 
rédigé  et  l'article  '22y  fut  inséré  comme  garantie  satisfai- 
sante de  ces  droits  et  privilèges  relativement  aux  choses 
de  l'éducation,  embrassées  par  les  articles  5  et  7  précités. 
Et,  jusqu'en  18!H),  les  habitants  do  la  province  du  Mani- 


toba,  Jouirent  de  oea  droits  et  priTilègea,  en  vertu  du  dit 
Article  22  et  de  loia  locales  rendues  en  conformité  de  cet 
article. 

Maintenant,  il  semble  par  la  décision  du  comité  jndi- 
oiaire  du  Conseil  privé  dans  la  cause  de  Barrett  ti«  Win- 
nipegiQue  bien  auo  les  délégués  du  Nord-Ouest  et  le  par- 
lement du  Canada  crurent  que  les  habitants  de  l'Assini- 
boïa  avaient,  avant  l'union,  par  la  loi  ou  par  la  coutume, 
certains  droits  et  privilèges  en  matière  d'écoles  confes- 
sionnelles, puisque  les  mots  employés  dans  la  sous-section 
1  de  cet  article  22  sont  conféréa,  lora  de  Vuni-n  par  la  loi 
ou  par  la  coutume,  à  aucune  clatue  particulière  deper- 
lonne*  dan»  la  province,  ces  habitants  n'avaient  défait, 
par  la  loi,  aucun  tel  droit  ou  privilège  en  matière  d'écoles 
oonfessionnelles,  et  que,  par  conséquent,  cette  sous-section 
le  tronve,poar  ainsi  dire,  effacée  de  l'acte  constituant  le 
Manitoba,  par  autorité  judiciaire. 

L'article  22  de  l'Acte  du  Manitoba  est  rédigé 
dans  les  termes  qui  suivent  : 

Article22.  Dans  la  province,  la  législature  pourra  exclu- 
sivement décréter  des  lois  relatives  à  l'éducation,  sujet- 
tes et  conformes  aux  dispositions  suivantes  : 

1.  Riei.  dans  ces  lois  ne  devra  çréjudioier  à  aucun  droit 
on  privilège  conféré,  lors  de  l'union,  par  la  loi  ou  par  la 
coutume,  à  aucune  classe  particulière  do  personnes  dans 
la  province,  relativement  aux  écoles  séparées  (denomina- 
Uonal  eehooU). 

2.  Il  pourra  Atre  interjeté  appel  au  gouverneur  général 
en  conseil  de  tout  acte  ou  décision  de  la  législature  de  la 
province  ou  de  toute  autorité  provinciale  affectant  quel- 
qu'un des  droits  ou  privilèges  de  la  minorité  protestante 
ou  catholique  romaine  des  sujets  de  Sa  Majesté  relative- 
ment à  l'éducation. 

Je  ne  veux  point  entrer  dans  le  détail  de  toutes 
les  preuves  et  présomptions  déjà  mentionnées  par 
plusieurs  des  honorables  membirea  qui  m'ont  pré- 
cédé, à  l'appui  de  l'interprétation  que  j'adopte. 

J'y  ajouterai  seulement  : 

Que  la  question  des  écoles  du  Non  veau-Brunswick 
soulevait  déjà  l'opinion — que  les  droits  des  catlio- 
liqaes  y  étaient  mis  en  péril,  par  le  fait  que  leurs 
écoles  confessionnelles  en  1867,  n'y  existaient  que 
de  Jacto — que  l'Acte  de  la  Confédération  sauvegar- 
dait seulement  les  droits  ou  privilèges  con/ërénlors 
de  l'union  par  la  loi. 

Il  parait  donc  absolument  probable,  t|u'éclairés 
par  ce  diâérend,  qui  venait  de  surgir,  on  voulut 
protéger  et  garantir  ces  écoles  catiioliques  et  pro- 
testantes existant  de  fait  au  Manitoba,  en  ajou- 
tant aux  mots  :  "  par  la  loi  ",  "ou  par  la  coutume." 

Un  extrait  du  Hantiard  du  Globe,,  rapportant  la 
discussion  de  l'Acte  du  Manitoba  devant  ce  parle- 
ment, peut  être  aussi  cité  : — 

M.  Oliver  propose  en  amendement  que  la  clause  rela- 
tive aux  écoles  soit  supprimée. 

L'honorable  M.  Cliauvenu  s'oppose  à  l'amendement  et 
exprime  l'esroir  qu'il  ne  sera  pas  adopté.  Il  est  désirnblr 
dit-il  de  protéger  la  minorité  du  Miini'oba  contre  le  fléiiu 
des  discorilts  religieuses  en  matière d'éduoatinn.  II  n'y  a 
pas  de  meilleur  modèle  à  suivre  il  cet  égard  que  l'Acte 
d'Union,  q^ui  accorde  pleine  protection  aux  minorités.  Il 
est  impossible  de  prévoir  leçiuel,  du  groupe  protestant  ou 
du  groupe  catholique,  constituera  la  majorité.  Si  la  popu- 
lation destinée  à  peupler  cette  province  vient  d'au  delà 
des  mers,  alors  les  protestants  seront  eii  majorité.  Si, 
d'a>:tre  part,  ainsi  qu'on  l'a  affirmé,  le  Manitoba  doit  être 
un  canton  de  réserve  pour  la  race  française,  alors  les 
catholiques  seront  en  majorité.  Heu  importe  la  race  qui 
formera  la  majorité,  car  son  unique  désir,  dit-il,  est  que 
la  nouvelle  province  reste  étrangère  aux  discussinns  qui 
ont  causé  tant  de  tort  à  l'ancienne  province  du  Canada. 
Le  monde  entier  a  les  yeux  sur  nous  et  le  problème  qu'il 
s'agit  de  résoudre  est  de  savoir  s'il  est  po.asiblu  h  doux 
populations  chrétiennes,  de  force  numérique  à  peu  près 
égale,  de  vivre  ensemble  sous  l'égide  île  la  constitution 
anglaise.  A  son  avis,  la  solution  de  ce  problème  est  facile. 

L'honorable  M.  MoDougall  dit  que  l'article,  s'il  n'est 
pas  supprimé,  nura  nour  effet  do  fixer  une  lé,iislation  qu'il 
»era  impossible  à  la  législiilure  locale  de  modifier  a 
l'avenir,  et  qu'il  serait  pri^férable  de  reinctlre  la  question 
à  la  décision  de  l'autorité  provinciale,  comme  cela  se 
ratique  dans  les  antres  provinces.  Il  est  prêt,  cumme 
ion  honorable  ami,  à  accorder  à  la  province  les  mêmes 


pouvoirs  qn'aux  autres  {.rovinoes,  et  c'est  pour  cela  qu'il 
désire  biffer  l'article  en  question. 

Sir  George  Etienne  Cartier  signale  les  circonstances  qui 
ont  préaidé  à  l'établis- emont  do  la  colonie  de  la  Uivière 
Rouge  et  les  concessions  de  terres  faites  au  clergé  pour  lei 
fins  de  l'éducation. 

M.  Mackenzie  se  déclare  prêt  à  donner  juridiction 
exclusive  à  la  ijrovince  en  matière  d'éducation.  L'Aote 
de  l'Amérique  Britannique  ilu  Nord  accorde  aux  mino- 
i'ités  toute  la  protection  nécessaire,et  les  autorités  locales 
comprennent  mieux  les  besoins  de  leur  province  que  la 
légisKnture  fédérale.  Il  faut  à  tout  prix  éviter  de  trans- 
porter dans  cette  nouvelle  province  les  discussions  funeatei 
qui  ont  fait  tant  de  mal  aux  autres  provinoea,  et  il  eapère 
que  l'amendement  sera  adopté. 

A  la  suite  d'un  débat  prolongé,  l'amendement  est  mis 
aux  voix  et  rejeté  par  81  voix  contre  30. 

Il  semble  donc  évident  que  l'intention  du  législa- 
teur, conformément  à  l'entente  intervenue  entre  les 
délégués  manitobains  et  les  représentants  du  gou- 
vernement du  Canada,  était  de  garantir  que  les 
écoles  confessionnelles  existantes  seraient  mainte- 
nues. 

Et  pour  démontrer  plus  amplement  que  ce  fut 
bien  l'interprétation  que  l'on  donna  généralement 
aux  dispositions  de  cet  acte,  je  me  permettrai  de 
citer  un  article  du  journal  The  New  Nation,  publié  à 
Fort-Garry,  en  date  du  10  juin  1870,  dans  lequel 
on  disait  : 

La  loi  constitutive  de  la  nouvelle  province  est  imprimée. 

Et  après  avoir  énuméré  les  différentes  parties  de 
l'Acte,  on  ajoutait  : 

Il  est  spécialement  décrété  que  nulle  législation  provin- 
ciale ne  portera  de  loi  préjudiciable  aux  écoles  confes- 
sionnelles, soit  protestantes  soit  cathrliques.  Il  pourra 
ê're  interjeté  appel  au  gouverneur  général  en  conseil 
contre  toute  loi  qui  violerait  cette  prescription,  et,  ai  la 
chose  est  nécessaire  pour  appliquer  sa  décision,  on  pourra 
invoquer  les  pouvoirs  du  gouvernement  du  Canada,  qui 
portera  une  loi,  afin  d'assurer  l'exécution  de  cette  déoi- 
aion. 

Et  le  24  juin  1870  la  législature  du  Manitoba, 
confiante  dans  les  garanties  stipulées,  accepta  de 
faire  partie  de  la  Confédération. 

Enfin  le  Conseil  privé  d'Angleterre,  par  la  bou- 
che même  du  lord  chancelier,  a  admis  que  telle 
avait  été  l'intention.  Voici  ces  paroles  du  lord 
chancelier  : — 

Il  n'y,a  pas  de  doute  que  l'objet  du  sous-artiole  premier 
de  l'article  vingt-deux,  était  de  protéger  les  écoles  confes- 
sionnelles, et  qu'il  convenait  d'avoir  égard  il  l'intention 
do  la  législature  et  des  circonstances  environnantes  en 
interprétant  la  loi. 

Mais  ce  jugement  n'en  abroge  pas  moins  ensuite 
de  par  autorité  judiciaire,  la  sous-section  2  de  l'ar- 
ticle 22  (le  l'Acte  du  Manitoba  ;  ce  que  les  nobles 
lords  n'eussent  point  fait,  s'ils  eussent  compris  que 
les  mots  "écoles  séparées"  signifient  très  claire- 
ment de  par  l'usajje,  les  faits  et  l'intention  :  '  '  écoles 
confessionnelles. 

N'cst-il  pas  vrai,  monsieur,  que  si  l'on  réunit 
toutes  ces  circonstances,  on  arrive  à  composer  un 
faisceau  de  iireuves  et  de  présomptions  absolument 
convaincantes.  Bien  des  hoinmcs  ont  été  envoyés  à 
l'échafaud,  par  des  ju^es  consciencieux,  quand  la 
preuve  et  les  présompticis  établissant  leur  crime, 
étaient  moins  fortes  et  concordantes. 

Je  comprends,  (ju'au  point  de  vue  strictement 
légal,  il  faut  admettre  la  constitutionnalité  de  ces 
lois  de  1890  ;  il  y  a  chose  jugée.  Mais  si  ces  lois  de 
1890  n'ont  pu  être  déclarées  constitutionnelles  que 
grâce  à  une  rédaction  défectueuse  de  l'Acte  du 
Manitoba  ou  à  une  erreur  d'interprétation  de  l'au- 
torité judiciaire,  les  appels  du  Manitoba  au  respect 
de  l'autonomie  ne  reposent  donc  que  sur  une  consti- 


ol 
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sal 
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lois  de 
es  que 
cte  du 
le  l'au- 
respect 
oonsti- 


tutionnalité  apparente,  et  injuste.  Et  de  l'injustice 
commise  devrait  donc  résulter,  même  chez  les  par- 
tisans outres  de  l'autonomie  des  provinces,  une  en- 
tière sympathie  pour  la  minorité  opprimée. 

Un  particulier,  qui  par  la  lettre  d'un  contrat, 
mais  contrairement  à  l'intention  évidente,  tenterait 
de  se  procurer  un  avantage  injuste,  encourrerait  le 
mépris.  Pourquoi  un  gouvernement  mériterait-il 
plus  d'indulgence  ? 

D'ailleurs,  supposant  ces  lois  de  1890,  équita- 
blement  déclarées  constitutionnelles,  l'intervention 
que  réclame  la  minorité,  n'attac]uerait  en  aucune 
faç^n  l'autonomie  provinciale.  Les  principes  qui 
déterminent  cette  autonomie,  vous  les  trouvez, 
monsieur,  dans  l'Acte  de  la  confédération  ;  et 
dans  ce  même  acte  aussi,  vous  découvrez  cette 
disposition  reproduite  à  l'articie  22  de  l'Acte  du 
Manitoba,  qui  permet  au  pouvoir  central  d'inter- 
venir pour  restituer  à  la  minorité,  les  privilèges  lui 
résultant  de  la  loi  de  1871. 

Mais  pour  pallier  l'injustice  du  gouvernement  du 
Manitoba,  on  dit  que  l'intérêt  public  exigeait 
cette  réforme  ;  que  les  écoles  catholiques  étaient 
inférieures. 

Rien  d'étonnant,  M.  l'Orateur,  que  dans  un  pays 
nouveau,  pux  ressources  limitées,  avec  une  popu- 
lation disséminée  sur  un  immense  territoire,  rien 
d'étonnant,  dis-je,  que  ces  -écoles  ne  fussent  point 
sur  un  pied  supérieur.  Tout  de  même  l'exagération 
a  été  manifeste,  et  en  voici  quelques  témoignages. 
Je  les  trouve  au  pamphlet  de  M.  Ewart,  en  réponse 
à  M.  Wade  :— 

(1)  En  1883,  (sept  ans  avant  quo  la  loi  abolissant  les 
écoles  afSnaroos  eût  6t6  port(5e)  à.  une  exposition  r(5gionnle 
faite  au  Portnge  la  Prairie,  les  catholiques  obtinrent  des 
témoifcnages  fort  flatteurs  de  l'excellenoe  de  leurs  travaux 
scolaires,  et  il  leur  fut  décerné  des  prix  ot  des  diplômes. 

(2)  En  1886,  à  l'Exposition  des  indos  et  des  colonies,  qui 
eut  lieu  à  Londres,  Angleterre,  les  catholiques  exposèrent 
les  résultats  de  leurs  travaux  et  l'excollonco  de  ces 
travaux  fut  hautement  appréciée.  La  "  Canadien  Gazette 
du  4  novembre  1886  remarquait  que  l'exposition  provin- 
ciale dénotait  "  qu'il  existe  un  système  scolaire  qui,  tout 
on  respectant  lu  foi  et  les  convictions  religieuses  de  la 
population,  offre  à  tous  une  éducation  de  nature  à  rendre 
l'enfant  qui  jouit  de  ses  bienfaits,  capable  d'atteindre  aux 
plus  hautes  positions  sociales. 

L'honorable  sénateur  Bernier,  (|ui  fut  surinten- 
dant des  écoles  catholiques  du  Manitoba,  disait  au 
Sénat,  le  25  juin  1895  : 

Avant  que  le  gouvernement  du  Manitoba  eut  fait  con- 
naître sa  politique  à  ce  sujet  en  188i),  jamais  il  n'avait  été 
question  de  la  prôtenduo  infériorité  do  nos  écoles,  jamais 
on  ne  nous  avait,  adressé  la  moindre  insinuation,  le 
moindre  bl&me.  la  moindre  allusion  touchant  les  incon- 
vénients censés  exister,  ou  touchant  les  améliorations 
désirables  à,  apporter  à  ce  système. 

M.  MorrisRon,  un  orangiste,  qui  fut  pendant 
quelque  temps  inspecteur  des  écoles  protestantes  au 
Manitoba,  donne  le  témoignage  suivant  : 

Durant  toute  cette  période,  de  1871  i\  ISRS,  jamais  il  ne 
80  produisit  une  seule  plainte  contre  le  fonctionnement 
du  système  des  écoles  séparées. 

Et  j'ai  réservé  pour  la  fin,  le  témoignage  le  moins 
suspect,  celui  de  l'iumorable  député  de  Winnipeg, 
(M.  Martin),  (lui,  procureur  général  du  Manitoba, 
introduisant  .'i  la  législature,  le  bill  décrétant  l'abo- 
lition des  écoles  séparées,  disait  : 

Le  gouvernement  estiinequ'il  a  une  dette  de  reconnais- 
sance envers  ceux  qui,  de  temps  A  autre,  pendant  nombre 
d'années,  ont  contribué,  à  titre  de  membres  du  conseil  ii 
diriger  et  façonner  les  affaires  scolaires.  Il  est  résulté 
do  ces  travaux,  librement  entrepris,  une  grande  somme 
do  bien.    L'initiative  prise  par  le  gouvornoment  n'u  pas 


été  provoquée  par  leur  mécontentement  au  snjet  de 
l'administration  des  affaires  du  département  sous  ce 
système,  mais  parce  qu'ils  étaient  mécontents  du  système 
lui-même.— (^ee  Preu»,  5  mars  1890.) 

Comparons  maintenant,  monsieur,  les  écoles 
catholiques,  soutenues  en  1892,  par  de  pauvres 
gens  payant  double  taxe,  avec  ces  écoles  communes, 
qui  devaient  faire  marcher  d'un  pas  si  rapide  dans 
la  voie  du  progrès,  et  généreusement  subventionnées 
au  moyen  d'octrois  législatifs. 

En  1892,  le  gouvernement  Greenway  nomma  M. 
A.-L.  Young  pour  faire  l'inspection  des  écoles 
catholiques.  Ce  rapport  fut  considéré  par  ces  der- 
niers comme  très  injuste.  Il  parait  sûr  qu'il  ne 
dût  point  les  favoriser. 

Je  cite  quelques  extraits  du  rapport  de  M. 
Young  : 

J'ai  l'honneur  de  soumettre  le  rapport  suivant  sur  les 
écoles  que  j'ai  visitées  durant  la  dernière  partie  de  1892  : 

Pendant  les  trois  derniers  mois,  j'ai  visité  audelà  do 
cinquante  districts,  dont  la  plupart  se  trouvait  dans  les 
établissements  français  le  long  de  la  rivière  Rouge,  de 
l'Assiniboino  de  la  Seine  et  de  la  rivière  au  Rat,  écoles 
qui  se  trouvaient  autrefois  sous  la  juridiction  de  la  section 
catholique  du  conseil  d'Instruction. 

Nombre  d'écoles  n'ont  pas  le  nombre  de  sièges  voulus  ; 
quelques-unes  sV  peine  sont  pourvues  de  pupitres  brevetés, 
mais,  dans  la  plupart  de  ces  écoles,  on  se  sert  encore  de 
pupitres  et  de  oancs  ru.stiques. 

Règle  générale,  les  tableaux  noirs  sont  beaucoup  trop 
petits,  et  dans  bien  dos  cas  de  mauvaise  qualité.  A  deux 
ou  trois  exceptions  près,  toutes  les  écoles  que  j'ai  visitées 
possédaient  d'oxcellentes  cartes  géographiques. 

Cinq  écoles,  prétend-on,  sont  tenues  en  conformité  de  la 
loi  des  écoles  publiques  de  189(),  relativement  aux  exer- 
cices rolij^ieux.  Trois  de  ces  écoles  sont  confiées  à  des 
Instituteurs  porteurs  de  brevets  de  première  classe,  une 
autre  à  un  instituteur  d'étentcur  d'un  brevet  do  deuxième 
classe,  et  la  cinquième  à  un  instituteur  porteur  d'un 
brevet  de  troisième  cbsse  ;  cinquante  pour  cent  des  insti- 
tuteurs que  j'ai  visités  sont  porteurs  de  brevets  de  .pre- 
mière classe,  vingt  pour  cinq,  de  brevets  de  deuxième 
classe  ot  dix  pniiT  cent,  de  brevets  de  troisième  classe. 
Vingt  pour  cent,  à  peu  près,  enseignent  sans  Ijrevcts,  et 
ce  sont  de  jeunes  filles  qui  ont  fait  leur  cours  dans  les 
différents  couvents  qui  ont  ooinmeiicé  à  enseigner, depuis 
la  fermeture  de  l'Ecole  No»ni!ile  de  Siiint-Boiiiface. 

Parmi  les  écoles  quo  j'ai  visitées,  six  sont  sous  les  soins 
de  professeurs  du  sexe  masculin.  Les  traitements  payés, 
sont  universellement  très  bas. 

La  moyenne  des  élèves  portés  sur  le  registre  d'inscrip- 
tion est  d'environ  trente  par  école,  quelques  unes  des 
plus  importantes  comptant  de  cent  à  cent  cinquante 
élèves. 

A  fort  peu  d'exceptions  près,  l'anglais  s'enseigne  dans 
toutes  les  écoles.  Les  parents  et  les  commissaires  recon- 
naissent l'importance  de  faire  apprendre  l'anglais  à  leurs 
enfants;  par  conséquent,  les  instituteurs,  qui  ont  une 
connaissance  suffisante  de  l'anglais  pour  l'enseigner  avec 
succès,  sont  beaucoup  plus  recherchés  et  reçoivent  une 
rémunération  plus  élevée  qne  ceux  qui  ne  comprennent 

3ue  lo  français.  Règle  générale,  les  élèves  lisent  et  tra- 
uisont  l'anglais  d'une  manière  fort  passable. 

Au  couvent  de  Sainte-Anne,  oii,  grâce  à  la  courtoisie 
du  révérend  Père  (îiroux  et  des  Sœurs  do  l'institution,  il 
m'a  été  denné  d'examiner  les  travaux  scolaires,  j  ai 
remarqué  que  les  classes  supérieures  étaient  beaucoup 
plus  avancées  en  anglais,  et  que  leur  prononciation  était 
exceptionnellement  bonne. 

Au  sujet  do  la  lecture  française,  l'expression  laisse 
encore  beaucoup  à  désirer.  L'arithmétique  accapare 
l'attention  des  institutrices  ;  le  succès  dans  cette  branche 
serait,  toutefois,  bien  plus  marquant,  si  les  écoles  possé- 
daient un  nombre  suffisant  do  tar.leaux  noirs. 

L'œuvre  des  élèves  les  plus  avancés  en  composition,  en 
versions  anglaise  et  française,  en  art  épistolairo,  leur  fait 
beaucoup  d'honneur.  Règle  générale,  les  livres  consa- 
crés à  ce  tr  /ail  spécial,  sont  d'une  irréprochable  propreté, 
et  font  honneur  à  la  fois  aux  élèves  et  aux  maîtres. 

Dans  renseignement  de  la  géograghie,  on  fuit  usage  de 
cartes,  article  dont  les  écoles  sont  abondamment  pour- 
vues. 

Un  trait  remarquable  de  ces  écoles  est  le  chiffre  res- 
treint de  garçons  dans  les  plus  hautes  clisses. 

Voyons  maintenant,  les  rapports  d'inspections 
des  écoles  publi([ucs  en  1894. 


6 


Je  prends  le  rapport  de  M.  MoCalinan,  et  je  cite 
les  lignes  suivantes  : 

La  fréquentation  irr<<Ku1ière  des  écoles  dans  la  majorité 
des  eus,  est  un  fait  déplorable. 

Sur  cent  quarante  instituteurs  dans  cette  division,  dix- 
neuf  sont  porteurs  do  brevets  de  première  classe, soixante 
et  quinze  sont  porteurs  de  brevets  de  deuxtèmo  olpsse,  et 
treete-neuf,  de  brevets  de  troisième  classe,  et  sept  sont 
porteurs  de  permis. 

Vingt-cinq  instituteurs,  environ  dix-huit  pour  cent  du 
chiffre  total,  n'ont  ni  expérience  ni  science  pédagogique. 

Dans  les  classes  avancées,  on  fait  trop  peu  attention  au 
mécanisme  delà  lecture,  et  l'articulation  indistincte  et 
obscure  n'est  que  trop  commune.  On  est  loin  de  donner 
à  l'écriture  toute  l'attention  qu'elle  mérite;  aussi  les 
résultats  sont-ils  médiocres.  En  fait  de  géographie,  les 
instituteurs  sont  re  jetés  on  arrière  par  l'absence  d'ouvrage 
de  référence.  En  fait  de  musique,  malgré  que  cette 
branche  ait  fait  partie  du  cours  d  intitruction  aux  écoles 
normales  provinciales  et  locales,  ces  deux  ERinées passées, 
l'enseignement  en  est  passablementintermittant. 

Dans  le  rapport  de  M.  S.-E.  Lang,  inspecteur  de 
la  division  nord-ouest,  je  lis  ce  qui  suit  : 

Il  serait  peut-être  exact  de  dire  que  les  deux  tiers  des 
instituteurs  enseignent  d'une  manière  passable.  Quant 
à  l'autre  tiers,  une  moitié  enseigne  très  bien,  tandis  qu'il 
faut  classer  l'autre  partie  comme  très  médiocre  et  mémo 
au-deSsous  du  médiocre,  dans  quelques  cas.  Les  maigres 
résultats  obtenus  en  arithmétique  sont  probablement  dûs 
à  ce  que  l'on  se  méprend  sur  la  nature  de  la  science  des 
nombres.  Il  n'est  pas  étonnant  de  constater  les  médiocres 
résultats  obtenus,  dans  bien  des  cas  on  arithmétique  dans 
les  classes  avancées,  quand  on  songe  que  cet  enseigne- 
ment repose  sur  des  connaitsances  pédagogiques  très  mé- 
diocres. En  fait  d'histoire  et  de  géographie,  on  remarque 
avec  peine  que  les  instituteurs  ne  sont  pas  indépendants 
de  leurs  livres  classiques. 

Dans  ce  district,  il  n'y  a  que  quatre  instituteurs  qui 
soient  porteurs  de  brevets  de  première  classe  ;  cinquante- 
huit  sont  porteur:  de  brevets  do  deuxième  classe,  et 
soixante-huit,  de  troisième  classe  ;  et  dix-huit  enseignent 
sans  brevets. 

Dans  le  rapport  de  189.3  du  même  M.  Lang,  je 
trouve  encore  les  lignes  suivantes:^ 

Dans  presque  chaque  école  de  cette  division,  on  a  tenté 
une  épreuve  pour  constater  combien  d'élèves  au-dessus 
du  second  digré  nourniient  employer  correctement  les 
participes  passés  de  l'auxiliaire  ao,  et  dos  verbes  voir  et 
«'a»»(?oir,  et  l'on  contata  qu'il  peu  près  quatre-vingt-di.x- 
neuf  pour  cent  en  ignoraient  le  véritable  emploi. 

Et  M.  Hest,  l'inspecteur  do  la  divi.sion  sud,  dé- 
clare ce  ()ui  suit  : 

Je  regrette  d'avoir  à  faire  un  rapport  défavorable  à 
l'état  des  cours  et  des  terrains  attenants  iiux  écoles.  Les 
classes  élémentaires  manquent  des  appareils  nécessaires 
à  l'enseignement,  et  les  dusses  supérieures,  de  livres  de 
référence.  Dans  la  plupart  des  cas,  le  remède  e«t  entre 
les  mains  des  instituteurs. 

Les  instituteurs  auxquels  sont  confiées  ces  écoles  sont 
porteurs  de  brevets  de  tout  degré,  et  représentent  tous  les 
ordres  de  mérite  pédngogiquo,  partant  du  sommet  même 
de  l'échelle  du  mérite  moral  et  professionnel  jusqu'au 
dernier  échelon  de  la  compétence,  de  l'expérience  et  des 
aptitudes  à  l'enseignement. 

La  lecture  dans  ces  écoles  est  très  peu  satisfaisante. 

Et  M.  Rose,  l'inspecteur  de  la  division  sud-ouest 
dit: 

Il  est  regrettable  de  voir  la  négligence  dont  font  preuve 
les  commissaires  et  les  contribuables,  dans  l'entretien  des 

firopriétés.  L'irrégularité  de  l'assistance  est  un  des  traits 
es  plus  découriigeants  do  nos  écnlos  rurales.  Nombre 
d'enfants,  h  l'heure  qu'il  est,  grandissent  sans  même 
apprendre  les  éléments  do  l'instruction  donnée  dans  les 
écoles  publiques.  J'ai  visité  une  école  oii,  dans  l'espace 
de  six  semaines,  pas  un  seul  enfant  no  f'.'tai*  orésenté. 
L'institutenr  se  rendait  h  l'école  tous  les  matins,  et  tou- 
chait son  traitement  de  $40  par  mois.  Le  temps  est  arrivé, 
j'espère,  où  l'on  peut  sans  danger  mettre  un  terme  à  la 
pratique  oonsistant  i\  permettre  h  des  personnes  sans 
éducation  pédagogique  et  sans  expérience,  de  se  livrer  à 
l'enseignement.  Quoiqu'il  en  soit,  il  serait  infiniment 
mieux,  dans  le  cas  de  pénurie  de  professeurs,  do  prolonger 
la  durée  deb  brevets  des  instituteurs  formés  il  l'snseigne- 


ment  et  expérimentés,  plutât  que  de  permettre  à  des 
jeunes  filles  de  seize  ans  et  à.  des  jeunes  gens  de  dix-huit 
ans,  sans  éducation  pédagogique,  dénués  d'expérience,  et 
ne  possédant  que  la  stricte  mesure  de  connaissances  né- 
cessaires pour  subir  un  examen  de  troisième  classe,  de 
s'imposer  au  publie,  simplement  pour  toucher  leur  salaire 
et  faire  perdre  les  heures  précieuses  de  la  matinée  aux 
enfants  assez  malheureux  pour  être  confiés  à  leurs  soins. 
En  général,  il  vaudrait  mieux  fermer  les  écoles  que  d'en- 
gager de  tels  instituteurs. 

Je  réclame  l'indulgence  de  la  Chambre  pour 
avoir  cité  aussi  abondamment  sur  ce  point  ;  mais 
j'ai  cru  qu'il  était  juste  de  revendiquer  la  répu- 
tation des  écoles  séparées  et  catholiques,  qu'après 
leur  abolition,  oh  prétendit  avoir  été  si  inférieures. 
Ces  citations  m'ont  aussi  paru  opportunes  parce 
que  j'ai  entendu  plusieurs  députés  déclarer  que  le 
maintien  des  écoles  communes  ou  publiques,  aurait 
poui  résultat  de  donner  aux  enfants  catholiiiues  un 
enseignement  beaucoup  plus  avantageux. 

Et  comparant  ces  témoignages,  notablement 
favorables  anx  écoles  séparées,  à  ces  rapports 
officiels  un  peu  désastreux  pour  les  écoles  publi- 
ques, je  me  demande  maintenant,  si,  franchement, 
il  valait  la  peine  de  commettre  une  injustice  aussi 
criante,  de  soulever  autant  de  préjugés,  de  mettre 
en  péril  la  paix  et  l'harmonie  dans  le  Dominion, 
pour  atteindre  d'aussi  maigres  résultats. 

Et  afin  de  démontrer  qu  ilne  suttit  pas  de  bannir 
l'enseignement  religieux  des  écoles,  pour  en  assurer 
le  succès,  permettez  <)ue  je  rappelle,  M.  l'Orateur, 
ce  qui  arriva  en  France,  où  l'on  a  réussi  malheureu- 
sement à  séculariser  l'enseignement.  La  sti'tisticjue 
que  je  m'en  vais  citer,  est  extraite  d'un  journal  pro- 
testant, The  Church  Jleriew,  qui  en  1890,  disait  : 

Sur  .^39  élèves  qui,  à  l'exposition  de  Paris,  en  1878  ob- 
tinrent dos  médailles  d'honneur,  242  étaient  des  élèves 
des  Frères  des  Ecoles  Chrétiennes. 

Que  de  1847  à  1877,  à  1,447  expositions  ou  concours,  les 
Frères  des  Ecoles  Chrétiennes  remportèrent  dans  1,145. 
Cependant,  les  candidats  sortant  des  écoles  publiques, 
étaient  en  plus  grand  nombres  et  ces  écoles  avaient  reçu 
un  subside  ofiioiel,  se  chiffrant  chaque  année  à  4O,0OO,u0U 
de  francs. 

Mais  avant  de  quitter  ce  sujet,  je  crois  à  {)ropos, 
M.  l'Orateur,  de  dire  aussi  (iueli|Ues  mots  en  faveur 
des  écoles  do  ma  province  ;  un  honorable  député 
ayant  cru  devoir  dénoncer  ces  écoles  dans  cette 
Cliambre. 

M.  GIROUARD  :  Quel  est  le  nom  de  ce  député  ? 

M.  ANCîERS  :  Je  sais  que  l'enseignement  dans 
nos  écoles  n'est  pas  parfait,  qu'il  y  a  encore  des  pro- 
grès à  réalistr  ;  mais  je  crois  qu'il  est  juste  de  tenir 
compte  des  circonstances  difficiles  et  ingrates  où  la 
pi'oviucedeQuéheo  <lùt  se  développer.  L'émigration 
de  tant  de  personnes  instruites,  provoquée  par  la 
cession  du  pays  à  l'Angleterre  ;  toutes  ces  luttes 
pour  repousser  l'anglicisation  et  obtenir  le  gouver- 
nement responsable  ;  ces  entraves  apportées  par  un 
gouvernement  hostile,  à  notre  développement  ;  le 
mancjue  d'orgaiiisati(m  scolaire  etiicace  jusqu'en 
184'2  ;  rabsonce  de  moyens  pécuniaires,  suffiraient 
à  exi)li(|uer  une  situation  moins  enviable  encore. 
Il  faut  aussi  tenir  compte  de  l'apathie  (juo  l'on 
constate  dans  beaucoup  (le  nos  campagnes  relative- 
ment à  l'éducation,  apathie  qui  tend  h  disparaître. 
Mais  sommes-nous  restés  stationnairea?  Non,  mon- 
sieur ;  et  la  jireuve  du  lorrain  gagné,  nous  la  trouvons 
(hius  les  recensements  de  1871,  18H1,  1891.  ("'est 
nous,  de  la  province  de  ynébec,  qui  jn-ogressons.  De 
1871  à  1891,  noui?  avons  réalisé  un  progrés  de  fi-29 
par  100  dans  le  nombre  des  pei'sonnes  sachant  lire 


lana 
jiro- 
tonir 
iii  la 
vtion 
jar  la 
li\tteB 
luver- 
)ar  un 
lit;  le 
qu'en 
aient 
neove. 
l'on 
lative- 
•aîtro. 
U!on- 
uvons 
(Test 
na.  De 
le  6-29 
Mi  lire 


et  ëcrire  ;  tandis  (jn'Ontario  n'a  gagné  que  0'8ô 
pour  cent  ;  la  Noiivelle-Kcosse,  3'03  pour  cent  et 
(lue  le  Nouveau-Brunswick  pays  par  excellence 
(les  écoles  communes,  a  perilu  ()'54  pour  10(). 
Aussi  en  1891,  la  proportion  des  enfants  au-dessous 
de  10  ans,  ne  sachant  ni  lire  ni  écrire,  était-elle 
pour  Ontario,  de  71  "64  pour  KK);  Québec,  SO'll  ; 
Nouvelle-Kcosse,  74"71  et  le  Noiiveau-Brunswick, 
7S'38.  Ces  statistiquefi,  \J  l'Orateur,  u'indiquent- 
elles  pas  assez  clairement  qu\n  effet,  c'est  nous  qui 
avançons  ;  et  qu«  bientôt,  la  grande  et  un  peu 
hautaine  province  il'Ontario,  n'occupera  plus  le 
premier  rang  pour  l'instruction  primaire.  Quant 
à  l'enseignement  supérieur  on  admet  que  nous  l'em- 
portons depuis  longtemps. 

On  a  attaqué  notre  système  d'instruction,  en 
lui-même.  Je  diflFère  d'opinion  avec  l'honorable 
député.  Je  dis  que  le  système,  dans  son  ensemble, 
est  bon,  et  qu'il  ne  lui  faut  que  (pielques  modi- 
fications. Kt  comme  preuve,  on  me  permettra  de 
parler  ((uelque  peu  des  succès  que  nos  écoles  ont 
remportés  à  l'exposition  de  Cliicago  où  les  écoles 
protestantes  étaient  très  peu  représentées. 

Je  remarque  d'abord  que  les  cin(|uante-cinq  rap- 
ports annuels  du  surintendant  de  l'instruction 
publique,  ont  été  couronnés.  Il  a  été  reconnu  qu'ils 
renfermaient  les  renseignements  les  plus  utiles. 
N'y  a-t-il  pas  là  l'indice  que  nous  comprenons  quel- 
que peu  le  progrès  en  matière  d'enseignement 
scolaire  ? 

Le  22  août  1893,  M.  Serrurier,  le  représentant  du 
gouvernement  français,  à  cette  exposition,  écrivait 
au  président  de  la  section  de  l'instruction  publique 
de  la  province  de  Québec  : 

Je  tiens  à  vous  exprimer  toute  la  satislaction  que  j'ai 
éprouvée  en  visitant  votre  exposition  scolaire....  Vos 
cahiers  sont  les  soûls,  je  crois,  qui  portent  en  tête,  d'une 
manière  complète,  précise  et  claire,  les  renseignements 
indiquant  l'école,  la  classe,  le  nombre  des  élèves,  l'àgo, 
etc.  Vos  procédés  sont  tellement  les  nôtres,  qu'un  instant 
j'ai  cru  me  trouver  en  France. 

Le  correspondant  du  Dnil)/  Sun,  journal  protes- 
tant de  Saint- Jean,  N.-B.,  le  29  août,  nous  rendait 
le  témoignage  suivant  : 

En  fait  de  dessin,  de  calligraphie,  pour  ce  qui  regarde 
l'instruction  des  aveugles  et  dos  sourds-muets,  et  en 
général  pour  tout  ce  qui  sert  à  l'avancement  d'un  pays  en 
matière  d'éducaiion,  les  écoles  do  Québec  sont  aujour- 
d'hui au  premier  rang. 

Voyons  encore  l'opinion  de  M.  Morton,  qui  fut 
préposé  à  tout  le  département  de  l'éducation  du 
Canada,  par  le  gouvernement  fédéral. 

C'est  l'opinion  générale  ici,  M.  le  ministre,  que  la  pro- 
vince de  Québec  a  fait  une  excellente  exçosition,  spécia- 
lement en  ce  qui  regarde  les  travaux  pratiques  de  chaque 
jour  dans  les  classes.  Les  exhibits  dos  écoles  des  Frères, 
spécialement  la  calligraphie,  le  dessin,  les  devoirs  du 
cours  commercial,  sont  beaucoup  admires.  Les  échan- 
tillons des  écoles  des  soeurs  attirent  un  grand  nombre 
d'admirateurs  et  d'admiratrices.  Tous  les  éducateurs 
qui  ont  visité  ce  département  ne  tari.ssont  point  d'éloges 
sur  les  travaux  qu'ils  voient.  La  province  de  Québec 
peut  être  flèro  de  son  exposition. 

Le  Catholic  Journal  publié  à  Chicago  même,  fai- 
.snit  l'appréf^iation  suivante  : — 

La  province  de  Québec  a  une  belle  exposition,  merci  il 
ses  écoles  privées  et  séparées.  Incontestablement,  les 
écoles  catholiques  ont  In  part  du  lion.  Leurs  contribu- 
tions .«ont  non  seulement  nombreuses  mais  variées,  et 
dans  plusieurs  cas,  très  bien  faites.  Dans  les  écoles  des 
filles,  nous  recommandons  pour  la  netteté  et  la  justesse,  le 
couvent  des  Ursulines  îl  Québec,  pour  le  stylo  et  la  variété, 
le  couvent  de  Stanstead,  pendant  que  pour  le  parfait  du 
fini,  nous  accorderions  la  palme  nu  couvent  de  la  Congré- 
gation do  Notre-Dame  il  Montréal.  Une  exposition  carac- 


téristique est  celle  de  l'Institut  des  Sourdes-Muettes  des 
Soeurs  de  Charité,  près  de  Montréal.  Elle  comprend 
plusieurs  échantillons  de  travaux  manuels  et  intelleotuelc 
enseignés  dans  les  divers  départements. 

Plus  loin,  le  même  journal  ajoutait  : 

Les  provinces  canadiennes  ont  des  oxhibilR  très  remar- 
quables dans  chacun  des  grands  palais  industriels,  maia 
aucuns  ne  montrent  mieux  les  progrès  du  peuple,  que  ceux 
de  son  système  d'éducation. 

Et  la  Gimlta  Calho/ica  de  Rome,  livraison  de 
novembre  1893  s'eqprimait  comme  suit  : 

Vn  des  traits  caracléristiques  à  remarquer  dans  le 
département  de  la  province  de  Québec,  ce  sont  les 
devoirs  des  élèves  avec  les  corrections  faites  par  les 
maîtres.  Plusieurs  tables  étaient  couvertes  de  ces  inté- 
ressantes productiom).  Les  ooinmissaire-i  catholiques  de 
Montréal  exposèrent  de  cette  manière  les  devoirs  de 
toute  l'année  scolaire.  L'école  polylechnique  do  la  même 
ville  en  avait  fait  autant,  ainsi  que  le  collège  de  Sher- 
brooke dirigé  par  des  prêtres  séculiers,  et  le  petit  sémi- 
niiire  de  la  même  localité. 

L'Ecole  Normale  de  Québec  occupe  une  place  d'hon- 
neur. L'enseignement,  dans  cette  institution,  est  confié 
à  des  professeurs  laliiues,  sous  la  haute  surveillance  d'un 
prêtre  qui  porte  le  titre  de  principal  ;  les  élèves  institu- 
trices sont  sous  la  direction  des  religieuses  Ursulines, 
tout  en  suivant  les  classes  de  professeurs. 

Les  travaux  des  Frères  do  la  Doctrine  chrétienne  no 
manquent  pas  de  variété  ni  de  mérite,  surtout  en 
calligraphie,  en  carijotères  ornés  pour  diplômes  et 
en  desi-ins  d'ingénieur  et  de  oomptabilité.  Les 
Frères  de  la  Croix,  les  Frères  du  Patronage  do 
Saint-Vincent  de  Paul  de  Québec,  les  Maristes,  les 
Frères  de  Saint-Uabriel  de  l'Instruction  chréiionno,  ceux 
du  Sacré-Coeur,  nous  émerveillent  par  l'étonnante  multi- 
plicité de  leurs  iravoux  et  productions  gradués  qui  font 
preuve  d'une  abondance  de  forces  pédagogiques,  égalées 
seulement  par  les  inépuisables  catalogues  des  couvents. 

Je  dirai  do  plus  que  les  écoles  cntnoliques  duCnnada 
ont  remporté  la  pilmo  sur  toutes  les  nôtres  desEtuts- 
Unis,  pour  les  travaux  industriels. 

Je  pourrais  ajouter  d'autres  citations  à  celles 
(lueje  viens  de  faire,  mais  elles  seraient  inutiles  ; 
je  mentionnerai  seulement  que  soixante-quinze  mé- 
dailles furent  accordées  à  la  province  de  Québec  et 
quarante-cinq,  .'i  Ontario.  Il  me  semble,  monsieur, 
qu'en  face  de  ces  témoignages  flatteurs  et  désinté- 
ressés, il  est  injuste  de  prétendre  que  le  système 
il'enseignemcnt  dans  la  province  de  Québec,  est  un 
système  arriéré  où  tout  est  à  refaire. 

En  1850,  l'Angleterre,  pays  riolie  et  soi- 
disant  progressif  par  excellence,  avait  encore  .W 
pour  100  die  sa  population  ne  sachant  ni  lire  ni 
écrire;  et  le  petit  tableau  suivant,  indique  qu'il  lui 
reste  quelques  progrès  i\  faire.  Ces  statistiques  qui 
indiquent  le  degré  actuel  d'instruction  dans  cer- 
tains pays  d'Europe,  sont  extraites  de  l'encyclo- 
pédie britannique,  vol.,  VIII,  p.  711. 

-.                    ^    .  PrntoQ  Ecoliers 

Pays.             Catholiques.  f,f,,.,  par  1,000 
'""''•    habitants. 

Suisse 1,084,400  1,577,700  LT. 

Empire  allemand 14,S(i7,.ï0O  25,G30,7m  1,52 

Luxembourg 1!)7,000  400  142 

Norvège ,350  1,704,800  138 

Suèdo.. 600  4,'2(),S,80O  138 

Hollande 1,31.3,000  2.198,000  136 

Danemark 1,900  1,865,000  135 

France ,35,,'W8,000  610,800  131 

Belgique 4,980,000  15,000  123 

Autriche 27,904,.SOO  .•?,571,000  100 

«rande-Bretagne 5,,'i00,()00  2."),900,0OO  8,3 

Espagne 16,500,000        82 

Italie  26,750,000  35,000  70 

On  remarquera  que  la  Suisse,  ayant  une  popula- 
tion mixte,  cimime  celle  du  Canada,  est  en  tête  de 
la  liste,  et  ciue  le  Luxembourg,  la  France  et  la  Bel- 
gique, pays  catlioliquea,  sont  de  beaucoup  en  avant 
de  l'Angleterre. 


L'acte  de  1800,  déclaré  constitutionnel,  il  ne 
restait  plus  à  la  minorité  catholique  d'autre  res- 
source, que  la  voie  de  l'appel  au  gouverneur  géné- 
ral en  conseil,  conformément  à  la  sous-section  2, 
article  22  de  l'Acte  du  Manitoba  pour  se  faire 
restituer  les  droits  et  privilèges  conférés  par  les 
lois    de  1871. 

Les  honorables  ministres  crurent  encore  devoir 
imposer  aux  catholiques,  les  délais  d'un  appel  au 
Conseil  privé,  aux  tins  île  déterminer  ce  droit  d'ap- 
pel. Finalement,  l'appel  fut  entendu,  et  le  21  mars 
1895,  un  ordre  remédiateur  fut  adopté.  Cet  ordre 
enjoignait  au  gouveinement  du  .Manitoba  de  resti- 
tuer aux  catholiques  : 

(a)  Le  droit  de  construire,  entretenir,  garnir  de  mobi- 
lier, gérer,  conduire  et  soutenir  les  écoles  catholiques  ro- 
maines de  la  manière  prif'vue  aux  notes  que  les  doux 
statuts  susmentionnés  de  IS'.X)  ont  abroK('>s  ; 

(î)  Le  droit  il  une  quote-part  de  toute  subvention  faite 
sur  les  fonds  publics  pour  les  besoins  de  l'instruction  pu- 
blique ; 

(c)  Le  droit,  pour  les  oatholiquos  romains  qui  contribue- 
ront à  soutenir  les  écoles  catholiques  romaines,  d'âtre 
exem|>té8  de  tons  paiements  ou  contributions  destinés  au 
maintien  d'autres  écoles. 

Cet  arrêté  ministériel  fut  aussitôt  signifié  au  gou- 
vernement Greenway. 

Mais  avant  de  procéder  plus  loin,  je  formulerai 
quelques  griefs  contre  le  gouvernement. 

Je  le  tiens  responsable  de  l'agitation  profonde 
qui  bouleverse  le  pays,  et  dans  une  large  mesure, 
ae  l'injustice  soufiferte  par  la  minorité  au  Manitoba, 
et  voici  pourquoi  : 

En  1870,  les  catholi()ues  étaient  la  majorité  au 
Manitoba,  et  c'était  l'espoir  raisonnable  de  tous  les 
amis  de  l'élément  canadien-français,  que  cette  pro- 
vince resterait  française.  Pourquoi  ces  espérances 
ont-elles  été  déçues  ?  Pour  une  raison  bien  simple, 
monsieur.  Le  gouvernement  par  sa  politii|ue  inin- 
telligente et  anti-canadienne  et  française,  est  la 
cause  de  ce  malheur.  Au  lieu  de  diriger  vers  ce 
nouveau  territoire  plein  de  promesses,  en  les  y 
attirant  par  des  encouragements  judicieux,  les 
Canadiens  de  la  province  de  Québec,  qui  énii- 
graient  en  masse  aux  Etats-Unis,  le  gouverne- 
ment dépensa  plus  de  ^3,000,000  depuis  12  ans, 
pour  faire  venir  dans  cette  province,  qu'on  devait 
garder  française,  des  Mennonites,  etc.,  etc.  Et 
encore,  faut-il  ajouter  qu'un  grand  nombre  de 
ces  immigrants,  après  avoir  profité  des  primes 
payées  et  des  avantages  ofiferts,  ont-  passé  aux 
Etats-Unis. 

.  N'y  a-tt-il  pas,  Monsieur,  dans  ce  mépris  systé- 
matique de  l'élément  canadien  français,  une  excel- 
lente raison  pour  faire  condamner  la  présente 
administration,  dans  la  province  de  Qui'bec  ? 

Le  gouvernement  a  aussi  refusé  injustement  de 
se  reni're  aux  pressantes  demandes  des  catliolitjues, 
en  appliquant  le  désaveu — le  désaveu,  c'était  un 
moyen  péremptoire  de  réparer  l'injustice — pour- 
quoi ne  l'a-t-on  pas  ajipliqué  ?  Par  la  crainte  (k 
causer  de  l'agitation  ?  Mais  pour  [.rotéger  la 
Compagnie  du  Pacifi(iue,  on  mettait  bien,  x'ers  le 
même  temps,  la  même  province,  h  deux  doigts 
d'une  révolution,  en  désavouant  i\  deux  reprises,  la 
loi  des  chemins  de  fer  de  la  vallée  de  la  Rivière 
Bouge. 

Quatre  lois  furent  passées  à  la  session  de  la 
législature  du  Manitoba  en  1890  :^cette  loi  des 
écoles —une  loi  abolissant  très  injustement  et  illé- 
galement l'usage  orticiel  de  la  langue  française, — 


une  autre  réglant  la  quarantaine  des  bestiaux,  et 
une  ijuatrième  concernant  les  sociétés. 

Deux  de  ces  lois,  outre  l'injustice  criante  qu'elles 
comportaient,  par  le  principe  consacré,  pouvaient 
mettre  en  péril  la  paix  du  pays,  l'existence  même 
de  la  Confédération. 

Tout  naturellement,  on  eiit  cru  oua  le  gouverne- 
ment, pour  protéger  les  droits  des  faibles  et  tant 
d'intérêts  importants,  <lésavouerait  les  deux  pre- 
mières. Pas  du  tout;  ce  fut  les  deux  dernières  qa'il 
désavoua  ;  prouvant  par  là,  qu'il  s'intéressait  davan- 
tage aux  bestiaux  du  Nord-Ouest  qu'aux  Cana- 
diens-français et  catholiques.  P]st-il  injuste  de 
croire  que  si  la  compagnie  du  chemin  de  fer  du  Pa- 
cifique eftt  désiré  le  désaveu,  on  l'ei^t  appliqué 
énergiquement ? 

Il  est  certain  que  le  gouvernement  a  commis  une 
lourde  erreur,  que  le  désaveu  aurait  dû  être  appli- 
qué ;  et  que  l'agitation  qu'il  faut  maintenant  subir 
et  contrôler  est  neaucoup  plus  intense  que  l'agita- 
tion ({u'aurait  pu  produire  le  désaveu. 

Et  d'ailleurs,  supposant  même  qu'une  loi  répara- 
trice puisse  être  passée,  sera-t-il  possible  de  con- 
férer par  cette  loi  absolument  tous  les  droits  enlevés 
aux  catholiques  ?  Assurément  non. 

L'honorable  député  de  Chicoutimi  disait,  il  y  a  un 
instant,  que  le  gouvernement  était  justifiable  de  ne 
pas  avoir  désavoué  la  loi  parce  qu'elle  était  avanta- 
geuse pour  les  dix-neuf  vingtièmes  de  la  population. 
Je  crois  que  l'honorable  député,  de  très  bonne  foi  du 
reste,  a  exagéré  la  proportion  de  ceux  qui  profitent 
des  lois  de  1890  ;  mais  ses  chiflfres,  fussent-ils 
rigoureusement  exacts,  n'empêcheraient  pas  son 
raisonnement  d'être  mam-ais.  La  question  à  exa- 
miner est  celle-ci  :  y  a-t-il  eu  quelqu'un  de  lésé  par 
cette  loi?  Si  on  répond  dans  l'aflirniative,  une  injus- 
tice a  été  commise,  quand  même  la  loi  aurait  été 
favorable  à  une  majorité.  L'équité  imposait  donc 
au  gouvernement  l'obligation  de  faire  disparaître 
l'injustice.  Et  le  gouvernement  Greenway  éclairé 
par  ce  désaveu  eût  très  probablement  compris  qu'il 
ne  peuvait'iégislater  qu'en  respectant  les  droits  et 
privilèges  de  la  minorité. 

On  allègue  aussi  une  motion  de  l'honorable  M. 
Hlake,  suggérant  d'adopter  une  loi  pour  j:)erinettre 
de  consulter  la  cour  Suprême,  dans  diverses  circons- 
tances, et  notamment,  danslesmatièresd'éducation. 
('ette  motion  n'avait  pour  but  que  de  créer  une 
faculté,  et  on  a  exagéré  en  disant  qu'elle  -impo- 
sait la  référence.  Mais,  prenons  la  situation  telle 
que  les  amis  du  gouvernement  la  représentent,  et 
supposons  que  cette  motion  ait  justifié  le  gouverne- 
ment de  consulter  les  tribunaux  avant  le  désaveu. 
Alors,  les  ministres  ne  devaient  pas  oublier  qu'une 
minorité  souffrait  ;  qu'un  pacte  solennel  avait  été 
violé.  Immédiatement  après  la  suggestion  de  M. 
Blake,  s'ils  la  trou  /aient  sage,  ne  devaient-ils  pas 
faire  adopter  une  loi  pour  consulter  l'autorité  judi- 
ciaire, afin  de  pouvoir  agir  avant  l'expiration  du 
délai  accordé  pour  le  désaveu,  délai  qui  n'expirait 
qu'en  mars  1891  ?  Et  fait  très  important,  auquel 
le  ministère  ne  peut  échapper,  il  restait  un  délai 
snffisant  pendant  la  session  de  1890,  pour  permettre 
au  gouvernement  de  faire  adopter  mie  loi  qui  l'au- 
torisât à  consulter  la  cour  Suprême. 

Je  dis  donc,  sans  crainte  d'être  contredit,  qu'il  y 
a  eu  dans  la  conduite  des  honorables  ministres 
une  négligence  coupable.  Et  j'ajoute  que  le  gouver- 
nement mérite  une  censure  d'autant  plus  .sévère 
pour  sa  négligence,  qu'aujourd'hui,  il  vient  propo- 
ser à  cette  Chambre,  une  loi, — je  ne  veux  pas  mal- 


/il  y 

ktres 
[ver- 

Ivère 

S. 


traiter  le  ministère  outre  mesure— que  je  qua- 
lifierai de  regrettablemeiit  inefficace.  Aujourd'hui, 
surtout,  s'ils  n'acceptent  point  les  amendements 
nécessaires  pour  (jiie  justice  complète  soit  rendue, 
nous  sommes  en  mesure  de  dire  à  ces  messieurs  : 
l'état  de  choses  existant,  que  vous  vous  déclarez 
incapables  ou  non  désireux  de  contrôler,  constitue 
contre  vous  un  acte  d'accusation  très-sérieux  dont 
il  faudra  rendre  compte  ilevant  l'électorat. 

Mais  la  raison  de  cette  négligence,  M.  l'Orateur, 
il  est  facile  de  la  «découvrir  ;  c'est  que  la  justice 
était  reléguée  à  l'arrière-plan.  ('e  que  l'on  voulait 
sauvegarder  d'almrd,  c'était  l'intérêt  du  parti  ;  la 
minorité  pouvait  bien  gémir  encore  sous  l'oppres- 
sion, pourvu  oue  le  ministère  fut  victorieux.  Et 
l'on  précipita  les  élections  de  1891,  avant  l'expira- 
tion du  délai  accordé  pour  désavouer,  faisant  dou- 
ble coup,  par  cette  lactique  indigne  ;  captant  le 
vote  catholi(iue  par  l'espérance  du  désaveu,  et  le 
\-ote  protestant,  par  l'assurance  contraire. 

Les  élections  gagnées,  pour  faire  oublier  ce  désa- 
veu qui  s'envolait,  la  loi  réparatrice  fut  promise 
comme  panacée  à  tous  les  maux. 

Mais  avant  que  le  Conseil  privé  rendit  jugement 
pour  reconnaître  le  droit  d'appel  devant  le  gouver- 
neur en  conseil,  le  ministère  prouva  encore  sou 
dessein  bien  arrêté  de  ne  pas  apporter  remède,  par 
le  refus,  en  dépit  de  tant  de  pétitions  et  de  requêtes, 
<le  désavouer  la  loi  de  1894,  qui  avait  encore  ajouté 
et  beaucoup,  à  l'injustice  commise  en  1890.  Il  y 
avait  pourtant  des  raisons  très  spéciales  pour  pro- 
voquer ce  désaveu. 

Le  Conseil  privé  avait,  contre  toute  attente,  dé- 
claré constitutionnelle  la  loi  de  189();  et  il  était 
alors  évident  que  par  la  loi  réparatrice  projetée  on 
ne  pouvait  annuler  cette  loi  de  1894,  non  men- 
tionnée dans  l'appel  devant  le  gouverneur  en  con- 
seil. 

L'on  pouvait  même  douter  sérieusement  que 
l'appel  au  gouverneur  général  en  conseil  fftt  ouvert 
aux  catholiques. 

Et  enfin  je  reproche  encore  au  ministère  d'avoir, 
par  un  retard  de  deux  mois,  tout  h  fait  inexplicable 
si  ces  messieurs  sont  sincères,  compromis  peut-être 
irrévocablement  le  sort  de  cette  loi  réparatrice  du- 
rant la  présente  session. 

Le  gouvernement  (ireenway  refusant  toujours  de 
s'exécuter,  pour  donner  suite  à  l'ordre  reniédiateur, 
une  session  fut  convoquée  en  juillet  dernier,  et  on 
constata  alors  une  forte  division  dans  le  cabinet. 
Certains  ministres  s'opposaient  ii  ce  que  la  justice 
eût  son  cours. 

L'honorable  ministre  de  l'Agriculture,  le  ministre 
des  Travaux  publics  et  le  ministre  des  Postes,  indi- 
gnés, abandonnèrent  leurs  portefeuilles.  Trois  jours 
après,  le  ministre  des  Postes  et  le  ministre  des  Tra- 
vaux publics  reprenaient  ces  mêmes  portefeuilles, 
déclarant  qu'ils  avaient  reçu  des  garanties  addi- 
tionnelles. Pour  ma  part,  il  me  semble  ])robable 
que  ces  garanties  additionnelles  ont  été  enlevées 
depuis. 

L'iionorable  M.  Angers,  convaincu,  qu'il  n'y 
avait  plus  de  justice  à  attendre,  avec  un  désin- 
téressement qui  l'iiouore,  refusa  de  revenir.  Et  de 
ce  jour,  beaucoup  d'amis  de  la  minorité,  com- 
prirent que  l'élément  hostile  à  la  cause  des 
catholi(|ues  triomphait  dans  le  cabinet.  Cepen- 
dant, rijonorable  ministre  des  Finances  déclara  au 
nom  du  ministère  :  "Qu'une  session  serait  convo- 
quée le  2  janvier  dernier,"  pour  régler  enfin  cette 
éternelle  (juestion,  aliirmantde  nouveau  :  "Que  le 

A   2 


mitystère  serait  alors  en  mesure  <1e  présenter  et  de 
faire  décréter  une  législation  de  nature  à  porter 
remède,  dans  une  juste  mesure,  aux  griefs  de  la 
minorité,  et  qui  serait  basée  sur  le  jugement  du  Con- 
seil privé  et  sur  l'arrêté  ministériel  du  2]  mari 
I89.'>." 

Cette  déclaration  engageait  de  nouveau  l'hon- 
neur de  la  Couronne  et  du  ministère. 

Le  2  janvier,  le  discours  du  trône  fut  lu  ;  la  loi 
l'éparatrice  était  encore  promise.  Sur  proposition 
du  gouvernement,  le  parlement  fut  ajourné  au  7 
janvier. 

Et,  alors,  se  traduisit  dans  toute  sa  violence, 
l'opposition  à  ce  que  justice  fut  rendue  à  la  mino- 
rité du  Manitoba.  .  ïjept  des  ministres,  pour  tuer 
leur  chef,  et  avec  lui  cette  loi  réparatrice  si  solen- 
nellement promise,  résignèrent  leurs  portefeuilles. 
Le  premier  ministre,  sans  exagérer,  les  qualifia  de 
traîtres  à  leur  serment  et  à  leurs  devoirs. 

Le  Moniteur  de  Léri»,  journal  conservateur, 
rédigé  par  un  membre  important  de  l'autre 
Chambre,  et  reflétant  assez  fidèlement  les  opinions 
et  les  idées  de  l'honorable  M.  Angers,  dans  un 
article  ayant  pour  titre  "  Nos  Al/idi,''  résuma  la 
situation  par  les  lignes  suivantes  : 

La  défeoUon  de  MM.  Fnster,  Ha^ceart,  Montague  et 
de  leur»  collègues  eat  un  fait  trop  important  pour  que 
nous  n'ajoutions  pas  un  mot  à  ce  que  nous  en  ait  notre 
correspondant  parlementaire.  Il  n'y  a  pas  âge  cacher 
la  gravité  de  1»  situation. 

La  trahison  du  parti  tory  d'Ontario  laisse  les  conser- 
teurs  do  Çut'bec  sans  alliés  dans  la  Chambre. 

Nos  amis  do  quarante  ans  nous  abandon  nent  au  moment 
même  oii  nous  avons  besoin  d'eux  pour  faire  respecter  la 
constitution  et  pour  faire  triompher  les  droits  de  la  mino- 
rité. 

Ils  se  séparent  de  nous  et  leur  séparatioo  rêvât  tous  les 
caractères  d'une  lâche  trahison.  Noua  ne  les  avons  pat 
abandonnés,  ce  sont  eux  qui  brisent  violemment  les  lieni 
qui  nous  unissaient. 

L'histoire  doit-elle  se  répéter? 

Nous  l'ignorons.  Ce  que  nous  savons,  c'est  que  le  parti 
conservateur  a  été  odieusement  abandonné,  Iftohement 
trahi  par  ses  alliés  des  autres  provinces. 

Il  nous  faut  chercher  des  alliés  ailleurs. 

Quelques  jours  plus  tard,  l'amour  du  pouvoir, 
plus  fort  que  le  sentiment  des  convenances  parle- 
mentaires et  même  des  convenances  ordinaires, 
ramena  six  de  ces  honorables  messieurs  à  leurs  sièges 
de  ministres.  Ce  retour  ne  j)arut  guère  rassurant 
pour  la  cause  des  catholiques.  Je  nie  trouvais  alors 
en  pleine  lutte  électorale,  et  je  relatai  à  mes  élec- 
teurs plusieurs  des  circonstances  que  je  viens  de 
mentionner.  ,Jo  constatai  t|ue  ces  hommes  simples 
et  droits,  peu  au  fait  des  roueries  de  la  politique, 
ravalée  par  le  fanatisme  et  l'intérêt,  parurent  abso- 
lument sui-pris  de  ce  retour  et  peu  disposé  à  croire 
que  tout  cela  pût  être  favorable  aux  intérêts  de  la 
minorité. 

Enfin,  M.  l'Orateur,  après  deux  mois  de  session 
absolument  perdus  pour  la  tjuestion  dos  écoles, 
cette  loi  réparatrice  si  souvent  promise  fc^  si  impa- 
tiemment attendue,  fut  disposée  devant  la  Cluimbre 
Une  évoluti(m,  pr()VO(iuéo  par  je  ne  sais  quelle 
influence,  sembla  rap|>rocher,  de.s  ministres  dis- 
posés à  rendre  justice,  ceux  (jui  s'y  opposaient. 

Quant  à  la  loi  elle-même,  je  ne  veux  pas  être 
trr)p  sévère.  Enfant  de  tant  de  divisions,  d'hésita- 
tions et  d'alarmes,  elle  est  moins  uuiuvaise  (|ue 
quelques-uns  la  représentent,  et  beaucouf»  moins 
bonne  c(ue  ses  auteurs  voudraient  nous  le  faire 
croire. 

Franchement  si  les  honorables  ministres  désirent, 
comme  ils  l'ont  déclaré  ici  avec  beaucoup  d'emphase, 


10 


f/ 


voir  len  catholiques  restaurés  dans  leurs  droits,  i'^ 
ne  doivent  pua  être  absolument  satisfaits  de  leur 
œuvre.  Engendrée  sous  l'empire  de  la  peur,  de  la 
peur  de  l'électorat,  cette  loi  distribue  la  justice 
avec  une  mesquinerie  qui  peut  la  rendre  inconsti- 
tutionnelle et  en  enlève  notablement  l'etfet  pratique. 

Et  sans  vouloir  entrer  dans  l'examen  de  tous  ses 
points  faibles,  ce  qui  pourra  se  faire  en  comité,  je 
ferai  remarquer  que  l'ordre  remédiatcur  promettait 
trois  choses  ;  que  In  promesse  de  ces  trois  choses  fut 
renouvelée  en  juillet  dernier  par  l'honorable  minis- 
tre des  Finances,  parlant  alors  au  nom  de  la  Cou- 
ronne et  du  ministère  :  et  cependant  la  loi  répara- 
trice n'en  donne  que  deux.  Cette  loi  ne  pourvoit  à 
aucun  octroi  législatif,  bien  que  l'arrêté  minis- 
tériel reconnût  à  la  minorité  "  le  droit  aune  quote- 
part  de  toute  subvention  faite  sur  les  fonds  publics, 
pour  les  besoins  de  l'instruction  publique." 

Cette  omission  est  d'autant  plus  inexplicable, 
qu'elle  constitue  une  innonstitutionnalité  et  une 
grave  injustice. 

Une  inconstitutionnalité,  puisque  la  loi  répara- 
trice doitêtre  calquée  sur  l'ordre  remédiateur. 

Une  injustice,  puisqu'elle  n'accorde  pas  aux  ca- 
tholiques la  part  d'octrois  à  laquelle  ils  ont  droit,  et 
qui  leur  a  éié  solennellement  promise. 

Cette  loi  ne  déclare  uiême  pas  qu'ils  auront  droit 
à  leur  part  des  argents  votés,  pour  le  soutien  des 
écoles,  par  la  législature  du  Mauitoba.  La  clause 
74  du  bill  signifie  seulement  :  si  le  gouverne- 
ment du  Mauitoba  vote  de  l'argent  pour  les 
écoles  séparées,  les  catholiq\ies  pourront  1  aciiepter 
et  le  porter  au  crédit  du  bureau  d'éducation.  Il  y  a 
là  une  lacune  excessi  t'émeut  importante  et  malheu- 
reuse. Je  crois  ([ue  les  ministres  étaient  obligés, 
par  leurs  promesses,  de  pourvoir  à  cette  subven- 
tion, et  je  ni'expli(]ue  difficilement  qu'ils  aient  pu 
l'omettre.  Cette  omission  est  d'autant  plus  regret- 
table, que  la  clause  du  bill  permettant  aux  catholi- 
ques, sur  simple  avis,  de  joindre  les  écoles  publi- 
ques, peut  tuer  les  écoles  séparées  ;  vu  que  cette 
faculté  d'échapper  à  des  taxes  onéreuses,  à  volonté, 
sera  une  tentation  qui,  très  prochainement,  les 
poussera  en  très  grand  nombre  et  forcément  ve,3 
les  écoles  publiques. 

Il  est  donc  indispensable  que  la  section  74  soit 
amendée  de  façon  à  assurer  aux  catholiques,  à 
même  l'argent  des  terres  fédérales  réservées  pour 
l'éducation,  un  octroi  pour  leurs  écoles,  si  le  gou- 
vernement du  Manitoba  persiste  dans  son  refus. 
Cet  amendement  est  facile.  Chafjue  année  le  gou- 
vernement fédéral  paie  au  Manitoba,  pour  le  sou- 
tien des  écoles,  l'intérêt  du  prix  de  la  vente  de  ces 
terres  ;  cet  intérêt  s'élève  à  un  montant  considé- 
rable ;  <jui  empêche  de  déchirer  (jue  telle  propor- 
tion de  cet  argent  appartiendra  aux  é(!oles  sépa- 
rées ? 

Un  avis  d'amendement,  ilans  ce  sens,  a  été  donné 
I>ar  un  honorable  député  de  cette  Chambre.  Les 
ministres  ne  devront  pas  s'objecter  à  cet  amende- 
ment, [jas  plus  qu'à  tous  ceux  qui  seront  jugés 
nécessaires  pour  rendre  la  loi  aussi  efficace  (jue  pos- 
sible. Je  sais  que  les  ministres  favorables  à  un 
règlement  équitable  de  la  (juestion  accepteront 
prol)abIement  ces  amendements  ;  mais  les  autres, 
ceux  qui  ne  reculaient  point  devant  une  trahison, 
il  y  a  a  peine  deux  mois,  les  accepteront-ils?. .  .  . 

Depuis  plusieurs  jours  on  entend,  ces  honorables 
messieurs  clianter,  avec  un  ensemble  touchant,  un 
hymne  à  la  justice.  Les  déclarations  emphatiques 
ne  suffisent  point.     La  question  est  bien  simple  : 


une  minorité  a  été  sacrifiée  au  fanatisme  de  quel- 
ques-uns. Réparerons-nous  l'injustice  commise  aussi 
complètement  que  le  permet  la  constitution  ?  Les 
amendements  qui  seront  soumis  à  cette  Chambre 
par  l'honorable  député  de  Bagot  (^L  Dupont)  four- 
niront une  occasion  excellente  à  ces  messieurs  de 
prouver  leur  sincérité.  Autrement,  si  l'on  refu- 
sait, se  trouveraient  malheureusement  justifiés, 
ceux  qui  prétendent  et  non  sans  vraisemblance, 
que  nous  assistons  à  une  con)édie,  comédie  bien 
lugubre  en  vérité,  et  <]ui  aura  coilté  près  de  $6(K),00() 
au  pays.  Et  cette  comédie  prouvée,  établirait  que 
toutes  ces  poses,  à  un-  déni  de  justice,  ont  ajouté 
une  très  grande  hypocrisie.  Et  j'exprime  encore 
mon  vif  regret,  et  ma  surprise  que  le  gouvernement 
si  désireux, — les  ministres  le  déclarent — de  faire 
adopter  cette  loi  réparatrice,  aient  perdu  deux  mois 
au  début  de  cette  Session.  !Si  malheureusent  la  loi 
ne  pouvait  être  p.assée,  la  responsabilité  du  minis- 
tère ne  serait  elle  pas  énorme V 

L'honorable  n)inistre  des  Finances  disait  l'antre 
jour,  avec  une  apparente  satisfaction  :  "Ce  bill  ne 
consacre-t-il  pas  un  principe— le  principe  des  écoles 
"éparées"?  Oui,  M.  l'Orateur,  le  principe  est  con- 
sacré, mais  pour  que  l'on  puisse  tirer  de  ce  principe 
les  applications  pratiques  iju'il  comporte,  il  faut  y 
ajouter  ce  qui  a  été  omis  :  l'argent. 

Mais  on  dira  peut-être,  que  la  clause  112,  si  le 
Manitoba  ne  se  soumet  point,  on  pourra  plus  tard 
remédier  aux  défauts  de  la  loi  et  la  complétei'. 
Cela  me  paraît  un  enfantillage.  Cette  loi 
passée,  la  juridiction  du  parlement  sera  épuisée  ; 
il  faudra  donc  recourir  à  un  nouvel  appel,  recfmi- 
mencer  l'agitation,  sans  être  sûr  encore,  ([ue  le 
refus  de  l'octroi  par  le  Munitoba,  constituera  un 
nouveau  grief,  qui  permettra  îi  ce  parlement  de 
législater. 

Et  supposant,  ce  qu'il  Dieu  ne  plaise,  que  ces 
messieurs  fussent  maintenus  au  pouvoir  pour  cinq 
ans  encore,  plusieurs  d'entre  eux,  le  danger  passé, 
perdront  très-certainement  de  vue  les  principes  de 
justice  qu'ils  proclament  si  éloquenmient  aujour- 
d'hui. L'expérience  de  cinq  années  est  là  pour 
nous  rendre  défiants,  pour  nous  prouver  que  cer- 
tains ministères,  comme  certains  individus,  font 
passer  leurs  intérêts  et  leurs  préjugés  avant  le 
devoir. 

Cependant,  pour  ma  part,  fermant  les  yeux  à 
tant  d'indices  compromettants,  je  vais  donner  cré- 
dit aux  ministres  jusqu'à  ce  qu'ils  m'aient  encore 
plus  clairement  prouvé  (lue  je  me  trompe  en  ajou- 
tant foi  à  la  sincérité  de  leurs  déclarations.  Et  me 
réservant,  M.  l'Orateur,  ma  lib«trté  d'appréciation 
à  la  troisième  lecture,  je  voterai  la  seconde  lecture 
maintenant  : 

Parce  que  j'ai  déclaré  à  mes  électeurs  que  j'ap- 
puierais une  loi  réparatrice  donnant  complète  jus- 
tice, et  ()u'à  mon  avis,  il  v  aurait  contradiction  à 
repousser  du  comité,  où  il  peut  être  amélioré,  un 
bill  qui,  tout  incomplet  qu'il  est  maintenant,  n'en 
consacre  pas  moins  le  principe  de  l'intervention 
avec  certains  avantages  pour  les  catholiques  ; 

Parce  (|ue  le  mode  d'intervention  au  moyen 
d'une  législation  remédiatrice,  pourvu  qu'on  la 
puisse  rendre  complète  et  efficace,  reçoit  mon 
approbation  ; 

Parce  «jue  les  parties  intéressées  semblent  désirer 
l'adoption  de  cette  loi,  pourvu,  il  me  semble,  qu'elle 
soit  rendue  effit'uce  par  le  travail  du  comité  ; 

Parce  que  j'espère  encore  (|ue  nous  pourrons 
forcer   le    ministère    à   dégager    sa    promesse    en 


11 


moyeu 

'oii  Ift 

mon 

.Irsirer 
(lu'elle 


acceptant  les  amendements  qui  s'imposent  pour 
rendre  la  loi  complète  ; 

Parce  qu'une  bonne  loi  réparatrice  serait  une 
leçon  salutaire  donnée  à  ce  gouvernement  du  Ma- 
uitôba,  arrogant,  autoritaire  et  injuste  ; 

Parce  qu'il  importe  de  faire  disparaître  au  plus 
tôt  de  la  scène  politique,  cette  épineuse  ques- 
tion. 

L'honorable  ministre  des  Finances  disait  en  ter- 
minant son  discours:  "Rendons  justice  à  cette 
faible  et.  patiente  minorité.  "  Oui,  rendons  justice, 
inaisquecette  justice  soit  complète,  qu'elle  soit  géné- 
reuse, afin  de  prouver  que  le  pacte  de  la  Confédéra- 
tion n'est  pas  une  duperie  ;  .aie  les  minorités 
peuvent  s'abriter  sans  crainte  ît  1  ombre  du  drapeau 
canadien  et  du  fair  play  britannique  ;  que  cette 
justice  ne  soit  pas  seulement  "L'or  dans  la  pépite." 
suivant  l'expression  du  même  honorable  monsieur, 
et  peut-être  aussi,  le  secret  désir  de  plusieurs 
membres  du  gouvernement. 

11  me  fait  peine  vraiment,  M.  l'Orateur,  d'avoir  à 
me  séparer  de  l'honorable  chef  de  l'opposition  et  de 
la  plupart  de  mes  amis  politiques.  Mais  je  com- 
prends que  cette  question  des  écoles  n'a  point  un 
caractère  politique  ;  ([u'elle  ne  fait  pas  partie  du 
programme  libéral. 

Je  n'en  accorde  pas  moins  ma  continiiue  à  riioinme 
distingué  que  j'ai  l'honneur  de  reconnaître  comme 
chef  ;  je  n  en  rends  pas  moins  justice  j'i  la  droiture 
de  ses  intentions. 

Je  sais  que  l'iittitude  prise  par  l'honorable  chef 
de  l'opposition,  est  sévèrement  appréciée  par  plu- 
sieurs. Mais  n'est-il  pas  juste  de  remarquer,  qu'il 
comidère  cette  loi  comme  devant  être  pratiquement 


ineificace  ;  qu'il  est  convaincu  que  la  conciliation 
judicieusement  pratiquée,  pourrait  amenerencore  un 
règlement  satisfaisant  :  que,  chef  d'un  grand  parti 
politique,  il  eût  peut-être-  commis  une  faute,  au 
détriment  des  ca'''holiques,  en  adoptant  comme 
remède,  une  loi  réjiaratrice  incomplète  que  nos 
alliés,  les  libéraux  anglais,  considèient  prématurée, 
surtout  quand  ces  alliés  ont  été  depuis  longtemps, 
les  défenseurs  dévoués  des  intérêts  catholiques, 
contre  plusieurs  de  (leux  qui  s'en  déclarent,  aujour- 
d'hui les  champions,  et  quand  ces  alliés  peuvent 
nous  être  encore  si  utiles  à  l'avenir. 

Je  regrette  que  l'honorable  chef  de  l'opposition 
n'ait  pas  été  au  pouvoir  ù  la  place  de  ces  messieurs 
depuis  1890.  J'ai  confiance  qu'il  eût  mieux  com- 
pris l'importance  de,  faire  rendre  justice  h  la  mino- 
rité, depuis  longtemps  «léjà  ;  qu'avec  la  hauteur 
de  vue  qui  le  distingue  comme  homme  d'Etat,  il 
eût  comp:is  davantage  les  besoins  de  la  situaticm, 
l'importance  de  la  diplomatie  et  de  la  conciliation 
dès  le  début.  Et,  si  ces  messieurs,  qui  siègent  sur 
les  banquettes  niinintérielles,  refusaient  <le  rendre 
justice,  négligeaient  de  faire  adopter  la  loi  répara- 
trice avec  les  amendements  convenables,  et  que  la 
cause  des  catholiques  fut  remise  entre  les  mains  de 
l'honorable  chef  de  l'opposition,  appelé  ^  leur  suc- 
cétler  au  pouvoir,  je  regarderais  l'avenir  avec  con- 
fiance, bien  c<mvaiucu  qu'il  saurait,  avec  l'aide  de 
son  parti,  protéger  efficacement  l«:s  droits  de  la 
minorité. 

Je  termine  ces  trop  longues  observations,  M. 
l'Orateur,  en  remerciant  les  nonorables  députés  de 
cette  Chambre  de  la  bienveillance  avec  laquelle  ils 
m'ont  écouté. 


lurrons 
sse    eu