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D
D
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Couvartura andommagéa
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D
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I I Colourad platas and/or illustrations/
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TINUEO"). or the symbol V (meaning "END"),
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cas: le symbole — *> signifie "A SUIVRE ", le
symbole V signifie "FIN".
ata
ilure,
]
X
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différent réduction ratios. Those too large to b«
entirely included in one exposure are filmed
beginning in the upper left hand corner, left to
right and top to bottom, as many frames as
required. The following diagrams illustrate the
method:
1
t
2
3
Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être
filmés è des taux de réduction différents.
Lorsque le document est trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir
de l'angle supérieur gauche, de gauche è droite,
et de haut en bas. en prenant le nombre
d'images nécessaire. Les diagrammes suivants
illustrant la méthode.
1
2
3
4
•
6
tu $c<^^ cù, 9f.C. -^-v
' R.M.E.
3. rue àe V^'^'"
jBéb^rt$ ôe$ Communes
SIXIÈME SESSION-SEPTIÈME PARLEMENT
DISCOURS DE M. C.-A. ANGERS, M.P.
SUR LE
BILL REPARATEUR,
OTTAWA, JEUDI, 19 MARS 1806
M. ANGERS : M. l'Orateur, je crois que les
revers de Jacques-Cartier, de Montréal-centre, et
autres lieux avaient rendu le ministère très défiant.
Les électeurs se montraient par trop féroces, au
désir de ces messieurs, pour les candidats prenant
sur leurs épaules, le poids des fautes ministérielles
depuis dix-sept ans.
Après beaucoup d'hésitations, il fallut se résigner
pourtant à subir l'élection à Cliarlevoix. Mais ou
crut prudent de changer de tactique. Le candidat
du gouvernement fut déguisé en candidat libéral —
et jusqu'au dernier jour, mon adversaire condamna
absolument la politique fiscale et administrative de
la présente administration. Et vraimexit, ce fut un
spectable amu-sant et comique, de voir les deux
gouvernements (celui de Québec se mit rte la par-
tie) unir leurs forces dans un effort puissant pour
faire élire, disait-on, un député hostile au ministère.
Pour donner le change à l'opinion, on s'efforça d'at-
tirer l'attention sur une question uni(jue — la ques-
tion des écoles du Manitoba. Alon adversaire de-
vait en être le sauveur ; moi, l'ennemi.
Mon programme, pourtant, était bien acceptable.
Je disais, et les arguments ne me manquaient point
pour l'établir : le gouvernement ne nous rendra
point justice ; mais si contre toute apparence, une
loi réparatrice (Umnant couq)lète justice, est pré-
sentée, je l'appuierai. J'ajoutais aussi nue dans
mon opinion, cette (piestion ne serait réglée d'une
manière équitable que par l'iionorable clief de l'op-
position.
Monseigneur de Chicoutimi, mis faussement sous
l'impression ((ue mon progrannne était liostile au
rétablissement <les écoles séparées, moins de trois
jours avant la votation, télégra|)hia, iV messieurs les
curé.^ de mon .jomté, ((ue c'était, pour les électeurs,
un strict devoir de conscience de ne donner leurs
votes qu'à un candidat promettant form'^llement et
A 1
positivement d'appuyer, à la présente session, une
loi réparatrice qui aurait été approuvée par l'auto-
rité ecclésiastique. Bien à regret, M. l'Orateur,
je crus, de très bonne foi, ne pouvoir me rendre à
cotte injonction tardive et sommaire. Mon dévoue-
ment tout entier était acquis à la cause des catho-
liques, mais il me parut peu équitable que d'avance,
on me fit promettre mon vote en faveur d'une loi
que je désapprouverais peut-être formelienient.
La majorité des électeurs fut d'opinion que je
protégerais aussi efficacement, que mon adversaire,
promettant plus, 1 1 cause de la minorité, et je fus
élu député de Cliarlevoix.
J'aborde maintenant la question qui fait le sujet
du présent débat.
Et je déclare tout d'abord qu'à mon avis, le gou-
vernement manitobain, en abolissant les écoles sé-
parées en 1890, a commis un acte injuste, oppressif
et contraire aux intérêts du pays.
Injuste et oppresnif, parce (ju'il a privé les catho-
liques du Manitoba du droit à leurs écoles confes-
sionnelles, contrairement il l'esprit, sinonà la lettre
du pacte intervenu en 1870 et à la loi de 1871 ;
parce qu'il a imposé à la minorité, en violation dos
garanties stipulées et qu'on avait sans nul doute
promises, un système d écoles communes et prati-
quement protestantes, qui répugne absolument à la
conscience des catholiques.
Coiilraire aux intMtx du payn, parce que cette
violation de la garantie promise, a soulevé outre
mesure, les |)réjugés de race et de religion ; a
fait dépenser inutilement beaucoup de farces vives
et un temps précieux qu'on eilt pu employer si uti-
lement il promouvoir 1 intérêt général.
Et cette cou(hdte devient plus odieuse encore
quand on en découvre les niotita vérit'vl)les :
Commencer l'exécution du virogramme anti-
français et anti-catholique (juc l'honorable député
de Simcoe-nord (M. McCarthy) formulait à Barrie
et k Portage de la Prairie dès 1889, quand il disait :
"Que la langue française et les écoles confession-
nelles sont une entrave et un danger pour l'avenir
du Canada ; "
S'assurer, en soulevant les passions et les pré-
jugés sectaires, une majorité qui permît au gouver-
nement Greenway de conserver le pouvoir, qu'il
n'avait pris pourtant que par le vote des catho-
liques rassurés et séduits par la promesse que leurs
écoles confessionnelles seraient maintenues.
Je sais que dans l'exposé de son programme,
l'honorable député de Simcoe-nord, prétend que les
écoles publiques doivent être non confessionnelles
c'est-à-dire, neutres, et que, conséqueiiiment, les
catholiques ne peuvent pas y objecter.
L'honorable député oublie ou ignore :
Que les oatboliciues ne conçoivent pas l'école sans l'en-
seignement religieux : c'est pour eux non seulement de
traaition'i mais encore 4e précepte positif. Ils ne peuvent
approuver un système d'édacation placé on dehors de la
foi catholique et de l'autorité de l'Eglise, et qui n'a pour
but, ou du moins pour but principal, que la connaissance
des choses purement nai irelles.
L'enseignement re^ 'iux et l'enseignement pro-
fane doivent opérer de concert, le premier pour
former la conscience et le cœur, le second, l'intelli-
gence ; de cette action conjointe résulte l'éducation
complète.
Et pour justifier notre opposition à l'école sans
Dieu, nous pouvons invoqur l'autorité des siècles.
J'emprunte quelques témoignages d'une étude sur
ce sujet :
L'objet de l'éducation, dit Platon, est de procurer au
corps la force qu'il doit avoir, et à l'Ame la perfection
dont elle est susceptible.
Platon no se borne pas à d<''finir l'objet de l'éducation ;
il donne aussi des prétextes; il veut que ronfiiiioe soit
initiée do bonne heure à la connaissance de la divinité
par " les fables, la tragédie, l'ode et l'épopée."
Le sentiment populaire s'affirme avec une lugubre et
navrante in»°3sité dans le supplice do Socrate. Sur le
simple soupçon d'avoir attaqué dans son enseignement,
les dieux de la patrie, ses concitoyens le condamnent à
la mort.
Plutarque disait :
" Une bonne éducation est la source et la racine d'une
vie vertueuse.
" Si les écoles, en donnant l'instruction, ajoute Quinti-
lien, devaient corrompre les mœurs, je n'hésite pas à dire
qu'il faudrait préférer la vertu au savoir."
La pensée de ces maîtres de la science païenne est le
reflet des mœurs ot les idées de leur siècle. Pj'thagore et
Xénophon, Zoroastre et > oudha, los Phéniciens et les
Egyptiens, les Perses et les Indous, tous font des dieux et
de la vertu, les objets principaux de l'éducation.
Donnez tout îl 1 homme excepté la vertu, vous n'aurez
rien fait pour son bonheur, s'écrie Platon.
Aux premières époques de l'histoire romaine, on était
tellement pénétré de la nécessité do l'intervention de la
divinité dans tous les actes de la jeunesse, que les croyan-
ces populaires plaçaient deux déesses il côté do l'onfant,
quand il sortait de la maison, et deux autres quand il y
rentrait.
Sparte veut se constituer en dehors de ces traditions,
mais Platon lui fait en ces termes la leçon : " Votre jeu-
nesse est semblable il une troupe de poulains qu'on fait
paître ensemble dans la prairie sous un gardien commun."
Je pourrais, .VL l'Orateur, multiplier ces cita-
tions pour démontrer plus amplemuiit encore,
l'erreur commise par ce. <.'>,iiis partisima des théories
moiiernes Hur l'éducation, (jui voudraient bannir
l'enseignement religieux de Técnle. Jo pourrais,
par exemple, citer l'opinion «le protestants, comme
Guizot, Jules Simon et bien d'autres. .l'ajouterai
seulement, comme se rapportant plus directement
à la question qu'il s'agit de débattre, les citations
suivantes :
De lord Salisbury :
Nombre do personnes ont inventé ce qui s'ai)pello une
religion compressible brevetée, qui peut être introduite
de force dans toutes les consciences, au moyen d'une légi'ro
compression ; et elles tiennent iV ce que soit lu seule reli-
gion ciuseignéo dan» les éi'oles du pays. Ce que je veux
graver dans votre esprit, c'est que si vous admettez cette
théorie, vous allumez une guerre de religion dont vous ne
verrez jamais l'issue. En fait d'éducation religieuse, il
n'y a qu'un principe sûr auquel vous deviez vous cram-
ponner et qu'il faut impitoyablement appliquer, à ren-
contre do toutes les raisons do convenance et des faits
constatés par les fonctionnaires de l'Etat ; c'est qu'un
père de famille, à moins d'être déchu de son droit par
suite d'actes criminels a le droit indéniable de déterminer
l'enseignement que son enfant doit recevoir sur le plus
suint et le plus important des .sujets. C'est un droit que
nulle raison de convenance ne saurait écarter ; un droit
que nulle raison d'Etat ne saurait vous autoriser à élimi-
ner, et par conséquent, je vous demande de vous occuper
sérieu.sement de cette question de l'enseignement contes-
sionnol. C'est une question grosse de dangers et d'cra-
barru» ; mais il no vous sera possible de parer au danger
qu'en allant tout droit à sa rencontre, ot en déclarant que
la prérogutivR du pi*ro de famille, sauf le cas où il est
convaincu de crime, ne saurait lui être enlevée par
l'Etat.
De lord Derby :
On doit regarder l'éducation publique comme insépa-
rable de la religion.
De M. Gladstone:
Tout système qui relègue l'éducation religieuse à l'ar-
rière-plan est pernicieux.
De l'honorable Edward lilake, à la Chambre de»
Communes, le 29 mai 1872 :
Bien que, de fait, le système d'écoles onnfessionnelles
n'eut pas d'existence légale, toutefois l'enseignement
religieux jouissait vii-tucllemont dans les écoles do la
rconnoaissance de l'Etat ; et quant à lui (M. filako) il
regrette, profondement la ligne de conduite suivie par la
législnture du Nouveau-Brunswick, on insérant dans la
nouvelle loi scolaire un article stipulant que toutes les
écoles, sous l'empire de cette loi.soraientnon-confession-
nello. Cette modiflcatirm de la loi était d'une application
fort sévère il l'endroit des catholiques, ot inutile, comme
satisfaction apportée aux scrupules des protestants.
De l'honorable M. Laurier, .'i la Chambre des
Communes, le 17 juillet 189."). Hniimt-d, p. 1701 :
Si les écoles sont protestantes, tout le monde conviendra
que le gouvernement doit intervenir incessamment et
mettre fin i\ l'outrage. Si les écoles no sont pus protes-
tantes mais communes, elles sont encore désagréables
aux catholiques. Et pourquoi ? Parce (juo d'après la doc-
trine catholique, l'enseinnomont profane et l'enseigne-
ment religieux doivent marcher do pair. On peut sans
doute alléguer que c'est là un préjugé dont il no faut pas
tenir compte ; on peut dire que les catholiques devraient
se contenter de l'enseignement profane, de la lecture, de
l'histoire, de la géographie et ainsi de suite. Mais si los
catholiques sont convaincus, dans leur âino et conscience,
do la nécessité de l'enseignement religieux il l'école,
enseignement qu'ils estimentessontiel et nécessaire, peut-
on leur en faire un crime 'l
Du Sa («randour l'arcliovôquo de la Terre de
Rupert, danâ son adrchso au Synode, un 1889javftnt
l'abolition des écoles .sépurécs iiu Manitoba :
Avec les restrictions voulues, je no vois qu'une mesure
de justice, et non pas une injustice dans les écoles sépa-
rées, et je ne crois pas qu'il soil facile do les faire dispa-
raître. Toutefois, les catholique-, bien qu'ils puissent
tomber d'accord avec les protestants sur les matières
relevant de renseignement religieux, no veulent pas
accepter d'institutions de croyance différente de la leur.
La grande majorité des enfiinls ciitholinucs fréquenteront
leurs propres écoles privées, tout intérieures qu'elles
soient, plutrtt que de i'ré(|uontor los écoles do l'Etat oii
l'enseignement n'est pas confié à des instituteurs catho-
liques romains, abstraction faite de l'enseignement reli-
gieux. S'il n'y u pas d'enseignement religieux, leur disap-
éo(
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la luur.
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Iqu'ello»
■^Itat oU
oatho-
int ruU-
Ir dlaap-
probation n'en sera que plus ncccntui'o. Le jour viendra
où lep partis politinucs constateront que cette instruction
Profane d'une qualité infrrieure, tourne au détriment de
liltat. Que c'est une injustice de forcer la poi>ulatiun
oatlioliquo à payer l'impôt pour le maintien des écoles de
l'Etat, bien qu'elle ne reçoive pus d'aide pour ses écoles
privées. Et les écoles séparées reviendront sous une
forme, qui prêtera peut-être iv la critique.
De M. Soincrset, surintendant des écoles protes-
tantes, en 1888, sous le gouvernement Greenway :
Relativement au fonctionnement du système scolaire
durant les dix-sept années écoulées, je ferai observer que
l'administration de» ônoles de la province n'a pas donné
lieu au moindre de ces oliocs et de ces froissements qui
ont causé tant de troubles et de luttes acharnées dans les
autres provinces de la Confédération L'his-
toire passée de la province nous autorise à espérer ^ue
pleine justice sera rendue aux divers éléments et qu'ainsi
se perpétuera l'harmonie qui règne actuellement.
Du Dr (Juldwiii Sinitli, dans sa lettre au Wiiini-
pe<j Triimne, le '22 aoftt 1894 :
C'est le devoir de tout homme do procurer l'éducation
.out aussi bien que la nourriture et le vêtement aux
enfants auxquels il donne l'existence. C'est le droit et le
devoir de tout homme de faire donner à ses enfants l'ins-
truotion qu'il juKc la meilleure. Voilà, ce nous semble.
deux propositions évidentes. Mais mitre système d'écoles
Subliques, à la poursuite de c« nue ses autours et ses
éfenseurs appellent un système plus élevé, mot ces deux
propositions de côté ; et telle est l'origine des troubles
actuels.
Mais on me dira : celui qui, pour raisons de conscience,
désapprouve notre système, a pleine liberté d'établir dos
écoles libres. Mais, dans ce cas-là, on ne serait guèie
justifiable de forcer l'individu en question h payer la taxe
scolaire. En le forçant à payer cette taxe, on lui enlève
le moyen d'établir son école libre, ec en outre, on fait
violence î» ses principes en l'oliligeant îl contribuer au
maintien d'un système d'éducation qu'il désapprouve.
Quand les catholiques nous disent qu'ils désiren' que
1 éducation do leurs enfants repose .«ur la morale, for-
mulent-ils donc une demande déraisonnable ? Quand ils
prétendent que notre système d'éi- les publiques ne repose
point sur la morale, est-il si fitoilc .le prouver qu'ils se
trompent ?
L'honorable député de fSinio<n- nord aduiettra
donc que pour la conscience catiioliiiue, \tt fuit seul
de vouloir lui imposer des écoles neutres, constitue
lin grief (|ui ne peut être toléré.
J entendais, l'autre jour, cet honorable dé|)uté
s'écrier dans son discours : "Où smit les griefs'"? Les
griefs, M. l'Orateur, je les trouve dan.s le fait de
priver une population catlioll(|ue des écoles aux-
nucllea elle a droit ; dans le fait (ju'elle est forcée
d'envoyer ses enfants à des écoles où l'onseigneinent
est protestant ou neutre.
Kt d'ailleurs, les lords du Conseil privé ont
adnrts le bien-fondé de ces griefs, en disant dans
eur jugement :
Il est vrai que les oxorcioes religieux prescrits pour les
écolei publiques ne sont pus pour ôtro distinctoniont pro-
testants, puisqu'ils doiventôtro " non confessionnels ", et
Îuo tout parent peut empôehcrque son enfant y assiste
1 peut y avoir aussi beaucoup de jiersonnes qui partagent
l'avis exprimé dans l'un des alhdavits de lu cause do
lîarrett, que les catholi(|Ues romains ne devriiient con-
Boienoieusenieut «voir iiueiine objection à fréquenter
ces écoles, s'il est pourvu nilleuis ù de sutrisants moyens
de leur doinier l'éducation momie et roligieuso qu'ils
veulent avoir. Mais tout cela est hors de propos, Kn fait,
l'objection dos catholiques romains à di'S écoles comme
celles (lui reçoivent seules la subvention do l'Etat soua
l'autorité de l'acte do IS'.iO, est consciencieuse et solidement
fondée.
Jo suis iieureux de dénuiutrer à l'iiouorable
déj.uté de Sinu'oe nord, par ces autorités nom-
breuses, (rue ses théories sont comlaiimablos, mal-
saines, iujustc», et (lu'elU s ont été reconnues telles
mm seulement ))ar les anciens, miiis par les mo-
dernes ; même par Icj juges prolestants du Conseil
privé.
Et dans l'espérance de ramener peut-être, par
l'intérêt, l'honorable député, k la tolérance, qu'il
eut mieux fait de ne pas abandonner, je lui rap-
pellerai l'opinion de sir J.-A. Maedonald, qu^l
admira et désira imiter dans son rôle de grand
dominateur d'hommes :
A nulle époque de sa carrière, dit M. Pope, dans sa bio-
graphie, il n'eut de sympathie pour cette farouche into-
lérance de tout ce qui est français ou catholique, intolé-
rance qui, à l'heure actuelle, se propage dans la province
de l'Ontario.
Ce procédé de sir John-A. Maedonald, s'il était
adopté par l'honorable député de Siincoe-nord,
prouverait chez lui, une largeur de vues plus digne
d'un iionnne d'Etat, et hii permettrait peut-être
de satisfaire dés ambitions déçues jusqu'ici, mais
qui probablement ne sont pas mortes.
Il me semble, M. l'Orateur, que pour quiconque
veut étudier cette question des écoles, il importe
de se demander tout d'abord si, dans l'Acte du
Manitoba, lors les négociations préliminaires, on
eut l'intention de garantir aux catholiques leurs
écoles confessionnelles.
Il est un fait incontestable, c'est qu'avant 1870,
les catholiipies avaient de fait, leurs écoles séparées,
et que leurs délégués stipulèrent qu'elles leur
seraient conservées.
Et je ne puis mieux faire que de citer les paroles
de l'honorable juge Fournier, en cour Suprême,
motivant son jugement sur la question d'appel au
gouverneur en conseil.
Quel était l'état de choses dans le territoire dont on
était alors en train de former la province du Manitoba?
Comme je l'ai déjà dit dans la cause deBarrettu» Winni-
peii, une insurrection avait jeté le pays dans une violenta
agitation, enflammé les passions i-eligieuses et nationales,
et causé le plus grand désordre qui rendit nécessaire
l'intervention du gouvernement fédéral.
Au point oii en étaient les choses, le 2 mars 1870, le
gouvernement d'Assiniboïa, afin d'appaiser la population,
nomma le révérend M. Ritchot et MM. Black et Scott
délégués conjoints auprès du gouvernement d'Ottawa,
ponr conférer avec lui et négocier les conditions aux-
quelles leshabitnnts de l'Assiiiiboïa consentiraient àen-
trerdans la confédération avec les provinces du Canada.
M. Ritchot reçut instruotionsde partir immédiatement
pour Ottawa avec MM. Black et Scott, dans le but d'enta-
mer des négociations au sujet de leur mission auprès du
gouvernement fédéral .
A Icurarrivée, il Ottawa, les trois délégués,MM. Ritchot,
Black et Scott, reçurent, le i") avril 187", de l'honorable
M. Ilowe, secrétaire d'Etat d'alors pour le Dominion du
Canada, une lettre les informant que l'honorable sir
John-A. Maedonald et sir George Cartier avaient été
autorisés par le gouvernement du Canada, à conférer avec
eux au sujet de leur mission, et qu'ils étaicr.t prêts à les
recevoir.
Le révérend M. Ritchot était le porteur des conditions
auxquelles les délégués étaient autorisés à consentir,
pour les habitants de l'Assiniboïa, à entrer dans la Con-
fédération comme province distincte. Ces faits ressortont
de la pièce. L des ilooinnents do la session de 18U8, ?&d, et
nous voyons dans la pièce N des mêmes documents que
les conditions énoncées aux articles 5 et 7 se lisent ainsi,
savoir :—
5. Que toutes les propriétés et tous les droits et privi-
lèges possédés, seront respectés, et que l'établissement et
règlement des coutumes, usages et privilèges ser )nt laisséi
à la seule décision de la législature locale.
7. Que les écolcH seront séparées et que les deniers des-
tinés Mux écoles, seront partagés entre les différentes
communions religieuses, au jimniiit de leurs population!
respectives.
Or, après nue des négociations eussent été poursuivies,
et après qu'il out été reçu des dépêches et dos Instruotinns
du gouvernement impérial au gouvernement canadien
relativement à l'entrée de la province du Manitoba dans
la ('(infédération, l'Acte constituant le Manitoba fut
rédigé et l'article '22y fut inséré comme garantie satisfai-
sante de ces droits et privilèges relativement aux choses
de l'éducation, embrassées par les articles 5 et 7 précités.
Et, jusqu'en 18!H), les habitants do la province du Mani-
toba, Jouirent de oea droits et priTilègea, en vertu du dit
Article 22 et de loia locales rendues en conformité de cet
article.
Maintenant, il semble par la décision du comité jndi-
oiaire du Conseil privé dans la cause de Barrett ti« Win-
nipegiQue bien auo les délégués du Nord-Ouest et le par-
lement du Canada crurent que les habitants de l'Assini-
boïa avaient, avant l'union, par la loi ou par la coutume,
certains droits et privilèges en matière d'écoles confes-
sionnelles, puisque les mots employés dans la sous-section
1 de cet article 22 sont conféréa, lora de Vuni-n par la loi
ou par la coutume, à aucune clatue particulière deper-
lonne* dan» la province, ces habitants n'avaient défait,
par la loi, aucun tel droit ou privilège en matière d'écoles
oonfessionnelles, et que, par conséquent, cette sous-section
le tronve,poar ainsi dire, effacée de l'acte constituant le
Manitoba, par autorité judiciaire.
L'article 22 de l'Acte du Manitoba est rédigé
dans les termes qui suivent :
Article22. Dans la province, la législature pourra exclu-
sivement décréter des lois relatives à l'éducation, sujet-
tes et conformes aux dispositions suivantes :
1. Riei. dans ces lois ne devra çréjudioier à aucun droit
on privilège conféré, lors de l'union, par la loi ou par la
coutume, à aucune classe particulière do personnes dans
la province, relativement aux écoles séparées (denomina-
Uonal eehooU).
2. Il pourra Atre interjeté appel au gouverneur général
en conseil de tout acte ou décision de la législature de la
province ou de toute autorité provinciale affectant quel-
qu'un des droits ou privilèges de la minorité protestante
ou catholique romaine des sujets de Sa Majesté relative-
ment à l'éducation.
Je ne veux point entrer dans le détail de toutes
les preuves et présomptions déjà mentionnées par
plusieurs des honorables membirea qui m'ont pré-
cédé, à l'appui de l'interprétation que j'adopte.
J'y ajouterai seulement :
Que la question des écoles du Non veau-Brunswick
soulevait déjà l'opinion — que les droits des catlio-
liqaes y étaient mis en péril, par le fait que leurs
écoles confessionnelles en 1867, n'y existaient que
de Jacto — que l'Acte de la Confédération sauvegar-
dait seulement les droits ou privilèges con/ërénlors
de l'union par la loi.
Il parait donc absolument probable, t|u'éclairés
par ce diâérend, qui venait de surgir, on voulut
protéger et garantir ces écoles catiioliques et pro-
testantes existant de fait au Manitoba, en ajou-
tant aux mots : " par la loi ", "ou par la coutume."
Un extrait du Hantiard du Globe,, rapportant la
discussion de l'Acte du Manitoba devant ce parle-
ment, peut être aussi cité : —
M. Oliver propose en amendement que la clause rela-
tive aux écoles soit supprimée.
L'honorable M. Cliauvenu s'oppose à l'amendement et
exprime l'esroir qu'il ne sera pas adopté. Il est désirnblr
dit-il de protéger la minorité du Miini'oba contre le fléiiu
des discorilts religieuses en matière d'éduoatinn. II n'y a
pas de meilleur modèle à suivre il cet égard que l'Acte
d'Union, q^ui accorde pleine protection aux minorités. Il
est impossible de prévoir leçiuel, du groupe protestant ou
du groupe catholique, constituera la majorité. Si la popu-
lation destinée à peupler cette province vient d'au delà
des mers, alors les protestants seront eii majorité. Si,
d'a>:tre part, ainsi qu'on l'a affirmé, le Manitoba doit être
un canton de réserve pour la race française, alors les
catholiques seront en majorité. Heu importe la race qui
formera la majorité, car son unique désir, dit-il, est que
la nouvelle province reste étrangère aux discussinns qui
ont causé tant de tort à l'ancienne province du Canada.
Le monde entier a les yeux sur nous et le problème qu'il
s'agit de résoudre est de savoir s'il est po.asiblu h doux
populations chrétiennes, de force numérique à peu près
égale, de vivre ensemble sous l'égide île la constitution
anglaise. A son avis, la solution de ce problème est facile.
L'honorable M. MoDougall dit que l'article, s'il n'est
pas supprimé, nura nour effet do fixer une lé,iislation qu'il
»era impossible à la législiilure locale de modifier a
l'avenir, et qu'il serait pri^férable de reinctlre la question
à la décision de l'autorité provinciale, comme cela se
ratique dans les antres provinces. Il est prêt, cumme
ion honorable ami, à accorder à la province les mêmes
pouvoirs qn'aux autres {.rovinoes, et c'est pour cela qu'il
désire biffer l'article en question.
Sir George Etienne Cartier signale les circonstances qui
ont préaidé à l'établis- emont do la colonie de la Uivière
Rouge et les concessions de terres faites au clergé pour lei
fins de l'éducation.
M. Mackenzie se déclare prêt à donner juridiction
exclusive à la ijrovince en matière d'éducation. L'Aote
de l'Amérique Britannique ilu Nord accorde aux mino-
i'ités toute la protection nécessaire,et les autorités locales
comprennent mieux les besoins de leur province que la
légisKnture fédérale. Il faut à tout prix éviter de trans-
porter dans cette nouvelle province les discussions funeatei
qui ont fait tant de mal aux autres provinoea, et il eapère
que l'amendement sera adopté.
A la suite d'un débat prolongé, l'amendement est mis
aux voix et rejeté par 81 voix contre 30.
Il semble donc évident que l'intention du législa-
teur, conformément à l'entente intervenue entre les
délégués manitobains et les représentants du gou-
vernement du Canada, était de garantir que les
écoles confessionnelles existantes seraient mainte-
nues.
Et pour démontrer plus amplement que ce fut
bien l'interprétation que l'on donna généralement
aux dispositions de cet acte, je me permettrai de
citer un article du journal The New Nation, publié à
Fort-Garry, en date du 10 juin 1870, dans lequel
on disait :
La loi constitutive de la nouvelle province est imprimée.
Et après avoir énuméré les différentes parties de
l'Acte, on ajoutait :
Il est spécialement décrété que nulle législation provin-
ciale ne portera de loi préjudiciable aux écoles confes-
sionnelles, soit protestantes soit cathrliques. Il pourra
ê're interjeté appel au gouverneur général en conseil
contre toute loi qui violerait cette prescription, et, ai la
chose est nécessaire pour appliquer sa décision, on pourra
invoquer les pouvoirs du gouvernement du Canada, qui
portera une loi, afin d'assurer l'exécution de cette déoi-
aion.
Et le 24 juin 1870 la législature du Manitoba,
confiante dans les garanties stipulées, accepta de
faire partie de la Confédération.
Enfin le Conseil privé d'Angleterre, par la bou-
che même du lord chancelier, a admis que telle
avait été l'intention. Voici ces paroles du lord
chancelier : —
Il n'y,a pas de doute que l'objet du sous-artiole premier
de l'article vingt-deux, était de protéger les écoles confes-
sionnelles, et qu'il convenait d'avoir égard il l'intention
do la législature et des circonstances environnantes en
interprétant la loi.
Mais ce jugement n'en abroge pas moins ensuite
de par autorité judiciaire, la sous-section 2 de l'ar-
ticle 22 (le l'Acte du Manitoba ; ce que les nobles
lords n'eussent point fait, s'ils eussent compris que
les mots "écoles séparées" signifient très claire-
ment de par l'usajje, les faits et l'intention : ' ' écoles
confessionnelles.
N'cst-il pas vrai, monsieur, que si l'on réunit
toutes ces circonstances, on arrive à composer un
faisceau de iireuves et de présomptions absolument
convaincantes. Bien des hoinmcs ont été envoyés à
l'échafaud, par des ju^es consciencieux, quand la
preuve et les présompticis établissant leur crime,
étaient moins fortes et concordantes.
Je comprends, (ju'au point de vue strictement
légal, il faut admettre la constitutionnalité de ces
lois de 1890 ; il y a chose jugée. Mais si ces lois de
1890 n'ont pu être déclarées constitutionnelles que
grâce à une rédaction défectueuse de l'Acte du
Manitoba ou à une erreur d'interprétation de l'au-
torité judiciaire, les appels du Manitoba au respect
de l'autonomie ne reposent donc que sur une consti-
ol
ni
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crime,
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le l'au-
respect
oonsti-
tutionnalité apparente, et injuste. Et de l'injustice
commise devrait donc résulter, même chez les par-
tisans outres de l'autonomie des provinces, une en-
tière sympathie pour la minorité opprimée.
Un particulier, qui par la lettre d'un contrat,
mais contrairement à l'intention évidente, tenterait
de se procurer un avantage injuste, encourrerait le
mépris. Pourquoi un gouvernement mériterait-il
plus d'indulgence ?
D'ailleurs, supposant ces lois de 1890, équita-
blement déclarées constitutionnelles, l'intervention
que réclame la minorité, n'attac]uerait en aucune
faç^n l'autonomie provinciale. Les principes qui
déterminent cette autonomie, vous les trouvez,
monsieur, dans l'Acte de la confédération ; et
dans ce même acte aussi, vous découvrez cette
disposition reproduite à l'articie 22 de l'Acte du
Manitoba, qui permet au pouvoir central d'inter-
venir pour restituer à la minorité, les privilèges lui
résultant de la loi de 1871.
Mais pour pallier l'injustice du gouvernement du
Manitoba, on dit que l'intérêt public exigeait
cette réforme ; que les écoles catholiques étaient
inférieures.
Rien d'étonnant, M. l'Orateur, que dans un pays
nouveau, pux ressources limitées, avec une popu-
lation disséminée sur un immense territoire, rien
d'étonnant, dis-je, que ces -écoles ne fussent point
sur un pied supérieur. Tout de même l'exagération
a été manifeste, et en voici quelques témoignages.
Je les trouve au pamphlet de M. Ewart, en réponse
à M. Wade :—
(1) En 1883, (sept ans avant quo la loi abolissant les
écoles afSnaroos eût 6t6 port(5e) à. une exposition r(5gionnle
faite au Portnge la Prairie, les catholiques obtinrent des
témoifcnages fort flatteurs de l'excellenoe de leurs travaux
scolaires, et il leur fut décerné des prix ot des diplômes.
(2) En 1886, à l'Exposition des indos et des colonies, qui
eut lieu à Londres, Angleterre, les catholiques exposèrent
les résultats de leurs travaux et l'excollonco de ces
travaux fut hautement appréciée. La " Canadien Gazette
du 4 novembre 1886 remarquait que l'exposition provin-
ciale dénotait " qu'il existe un système scolaire qui, tout
on respectant lu foi et les convictions religieuses de la
population, offre à tous une éducation de nature à rendre
l'enfant qui jouit de ses bienfaits, capable d'atteindre aux
plus hautes positions sociales.
L'honorable sénateur Bernier, (|ui fut surinten-
dant des écoles catholiques du Manitoba, disait au
Sénat, le 25 juin 1895 :
Avant que le gouvernement du Manitoba eut fait con-
naître sa politique à ce sujet en 188i), jamais il n'avait été
question de la prôtenduo infériorité do nos écoles, jamais
on ne nous avait, adressé la moindre insinuation, le
moindre bl&me. la moindre allusion touchant les incon-
vénients censés exister, ou touchant les améliorations
désirables à, apporter à ce système.
M. MorrisRon, un orangiste, qui fut pendant
quelque temps inspecteur des écoles protestantes au
Manitoba, donne le témoignage suivant :
Durant toute cette période, de 1871 i\ ISRS, jamais il ne
80 produisit une seule plainte contre le fonctionnement
du système des écoles séparées.
Et j'ai réservé pour la fin, le témoignage le moins
suspect, celui de l'iumorable député de Winnipeg,
(M. Martin), (lui, procureur général du Manitoba,
introduisant .'i la législature, le bill décrétant l'abo-
lition des écoles séparées, disait :
Le gouvernement estiinequ'il a une dette de reconnais-
sance envers ceux qui, de temps A autre, pendant nombre
d'années, ont contribué, à titre de membres du conseil ii
diriger et façonner les affaires scolaires. Il est résulté
do ces travaux, librement entrepris, une grande somme
do bien. L'initiative prise par le gouvornoment n'u pas
été provoquée par leur mécontentement au snjet de
l'administration des affaires du département sous ce
système, mais parce qu'ils étaient mécontents du système
lui-même.— (^ee Preu», 5 mars 1890.)
Comparons maintenant, monsieur, les écoles
catholiques, soutenues en 1892, par de pauvres
gens payant double taxe, avec ces écoles communes,
qui devaient faire marcher d'un pas si rapide dans
la voie du progrès, et généreusement subventionnées
au moyen d'octrois législatifs.
En 1892, le gouvernement Greenway nomma M.
A.-L. Young pour faire l'inspection des écoles
catholiques. Ce rapport fut considéré par ces der-
niers comme très injuste. Il parait sûr qu'il ne
dût point les favoriser.
Je cite quelques extraits du rapport de M.
Young :
J'ai l'honneur de soumettre le rapport suivant sur les
écoles que j'ai visitées durant la dernière partie de 1892 :
Pendant les trois derniers mois, j'ai visité audelà do
cinquante districts, dont la plupart se trouvait dans les
établissements français le long de la rivière Rouge, de
l'Assiniboino de la Seine et de la rivière au Rat, écoles
qui se trouvaient autrefois sous la juridiction de la section
catholique du conseil d'Instruction.
Nombre d'écoles n'ont pas le nombre de sièges voulus ;
quelques-unes sV peine sont pourvues de pupitres brevetés,
mais, dans la plupart de ces écoles, on se sert encore de
pupitres et de oancs ru.stiques.
Règle générale, les tableaux noirs sont beaucoup trop
petits, et dans bien dos cas de mauvaise qualité. A deux
ou trois exceptions près, toutes les écoles que j'ai visitées
possédaient d'oxcellentes cartes géographiques.
Cinq écoles, prétend-on, sont tenues en conformité de la
loi des écoles publiques de 189(), relativement aux exer-
cices rolij^ieux. Trois de ces écoles sont confiées à des
Instituteurs porteurs de brevets de première classe, une
autre à un instituteur d'étentcur d'un brevet do deuxième
classe, et la cinquième à un instituteur porteur d'un
brevet de troisième cbsse ; cinquante pour cent des insti-
tuteurs que j'ai visités sont porteurs de brevets de .pre-
mière classe, vingt pour cinq, de brevets de deuxième
classe ot dix pniiT cent, de brevets de troisième classe.
Vingt pour cent, à peu près, enseignent sans Ijrevcts, et
ce sont de jeunes filles qui ont fait leur cours dans les
différents couvents qui ont ooinmeiicé à enseigner, depuis
la fermeture de l'Ecole No»ni!ile de Siiint-Boiiiface.
Parmi les écoles quo j'ai visitées, six sont sous les soins
de professeurs du sexe masculin. Les traitements payés,
sont universellement très bas.
La moyenne des élèves portés sur le registre d'inscrip-
tion est d'environ trente par école, quelques unes des
plus importantes comptant de cent à cent cinquante
élèves.
A fort peu d'exceptions près, l'anglais s'enseigne dans
toutes les écoles. Les parents et les commissaires recon-
naissent l'importance de faire apprendre l'anglais à leurs
enfants; par conséquent, les instituteurs, qui ont une
connaissance suffisante de l'anglais pour l'enseigner avec
succès, sont beaucoup plus recherchés et reçoivent une
rémunération plus élevée qne ceux qui ne comprennent
3ue lo français. Règle générale, les élèves lisent et tra-
uisont l'anglais d'une manière fort passable.
Au couvent de Sainte-Anne, oii, grâce à la courtoisie
du révérend Père (îiroux et des Sœurs do l'institution, il
m'a été denné d'examiner les travaux scolaires, j ai
remarqué que les classes supérieures étaient beaucoup
plus avancées en anglais, et que leur prononciation était
exceptionnellement bonne.
Au sujet do la lecture française, l'expression laisse
encore beaucoup à désirer. L'arithmétique accapare
l'attention des institutrices ; le succès dans cette branche
serait, toutefois, bien plus marquant, si les écoles possé-
daient un nombre suffisant do tar.leaux noirs.
L'œuvre des élèves les plus avancés en composition, en
versions anglaise et française, en art épistolairo, leur fait
beaucoup d'honneur. Règle générale, les livres consa-
crés à ce tr /ail spécial, sont d'une irréprochable propreté,
et font honneur à la fois aux élèves et aux maîtres.
Dans renseignement de la géograghie, on fuit usage de
cartes, article dont les écoles sont abondamment pour-
vues.
Un trait remarquable de ces écoles est le chiffre res-
treint de garçons dans les plus hautes clisses.
Voyons maintenant, les rapports d'inspections
des écoles publi([ucs en 1894.
6
Je prends le rapport de M. MoCalinan, et je cite
les lignes suivantes :
La fréquentation irr<<Ku1ière des écoles dans la majorité
des eus, est un fait déplorable.
Sur cent quarante instituteurs dans cette division, dix-
neuf sont porteurs do brevets de première classe, soixante
et quinze sont porteurs de brevets de deuxtèmo olpsse, et
treete-neuf, de brevets de troisième classe, et sept sont
porteurs de permis.
Vingt-cinq instituteurs, environ dix-huit pour cent du
chiffre total, n'ont ni expérience ni science pédagogique.
Dans les classes avancées, on fait trop peu attention au
mécanisme delà lecture, et l'articulation indistincte et
obscure n'est que trop commune. On est loin de donner
à l'écriture toute l'attention qu'elle mérite; aussi les
résultats sont-ils médiocres. En fait de géographie, les
instituteurs sont re jetés on arrière par l'absence d'ouvrage
de référence. En fait de musique, malgré que cette
branche ait fait partie du cours d intitruction aux écoles
normales provinciales et locales, ces deux ERinées passées,
l'enseignement en est passablementintermittant.
Dans le rapport de M. S.-E. Lang, inspecteur de
la division nord-ouest, je lis ce qui suit :
Il serait peut-être exact de dire que les deux tiers des
instituteurs enseignent d'une manière passable. Quant
à l'autre tiers, une moitié enseigne très bien, tandis qu'il
faut classer l'autre partie comme très médiocre et mémo
au-deSsous du médiocre, dans quelques cas. Les maigres
résultats obtenus en arithmétique sont probablement dûs
à ce que l'on se méprend sur la nature de la science des
nombres. Il n'est pas étonnant de constater les médiocres
résultats obtenus, dans bien des cas on arithmétique dans
les classes avancées, quand on songe que cet enseigne-
ment repose sur des connaitsances pédagogiques très mé-
diocres. En fait d'histoire et de géographie, on remarque
avec peine que les instituteurs ne sont pas indépendants
de leurs livres classiques.
Dans ce district, il n'y a que quatre instituteurs qui
soient porteurs de brevets de première classe ; cinquante-
huit sont porteur: de brevets do deuxième classe, et
soixante-huit, de troisième classe ; et dix-huit enseignent
sans brevets.
Dans le rapport de 189.3 du même M. Lang, je
trouve encore les lignes suivantes:^
Dans presque chaque école de cette division, on a tenté
une épreuve pour constater combien d'élèves au-dessus
du second digré nourniient employer correctement les
participes passés de l'auxiliaire ao, et dos verbes voir et
«'a»»(?oir, et l'on contata qu'il peu près quatre-vingt-di.x-
neuf pour cent en ignoraient le véritable emploi.
Et M. Hest, l'inspecteur do la divi.sion sud, dé-
clare ce ()ui suit :
Je regrette d'avoir à faire un rapport défavorable à
l'état des cours et des terrains attenants iiux écoles. Les
classes élémentaires manquent des appareils nécessaires
à l'enseignement, et les dusses supérieures, de livres de
référence. Dans la plupart des cas, le remède e«t entre
les mains des instituteurs.
Les instituteurs auxquels sont confiées ces écoles sont
porteurs de brevets de tout degré, et représentent tous les
ordres de mérite pédngogiquo, partant du sommet même
de l'échelle du mérite moral et professionnel jusqu'au
dernier échelon de la compétence, de l'expérience et des
aptitudes à l'enseignement.
La lecture dans ces écoles est très peu satisfaisante.
Et M. Rose, l'inspecteur de la division sud-ouest
dit:
Il est regrettable de voir la négligence dont font preuve
les commissaires et les contribuables, dans l'entretien des
firopriétés. L'irrégularité de l'assistance est un des traits
es plus découriigeants do nos écnlos rurales. Nombre
d'enfants, h l'heure qu'il est, grandissent sans même
apprendre les éléments do l'instruction donnée dans les
écoles publiques. J'ai visité une école oii, dans l'espace
de six semaines, pas un seul enfant no f'.'tai* orésenté.
L'institutenr se rendait h l'école tous les matins, et tou-
chait son traitement de $40 par mois. Le temps est arrivé,
j'espère, où l'on peut sans danger mettre un terme à la
pratique oonsistant i\ permettre h des personnes sans
éducation pédagogique et sans expérience, de se livrer à
l'enseignement. Quoiqu'il en soit, il serait infiniment
mieux, dans le cas de pénurie de professeurs, do prolonger
la durée deb brevets des instituteurs formés il l'snseigne-
ment et expérimentés, plutât que de permettre à des
jeunes filles de seize ans et à. des jeunes gens de dix-huit
ans, sans éducation pédagogique, dénués d'expérience, et
ne possédant que la stricte mesure de connaissances né-
cessaires pour subir un examen de troisième classe, de
s'imposer au publie, simplement pour toucher leur salaire
et faire perdre les heures précieuses de la matinée aux
enfants assez malheureux pour être confiés à leurs soins.
En général, il vaudrait mieux fermer les écoles que d'en-
gager de tels instituteurs.
Je réclame l'indulgence de la Chambre pour
avoir cité aussi abondamment sur ce point ; mais
j'ai cru qu'il était juste de revendiquer la répu-
tation des écoles séparées et catholiques, qu'après
leur abolition, oh prétendit avoir été si inférieures.
Ces citations m'ont aussi paru opportunes parce
que j'ai entendu plusieurs députés déclarer que le
maintien des écoles communes ou publiques, aurait
poui résultat de donner aux enfants catholiiiues un
enseignement beaucoup plus avantageux.
Et comparant ces témoignages, notablement
favorables anx écoles séparées, à ces rapports
officiels un peu désastreux pour les écoles publi-
ques, je me demande maintenant, si, franchement,
il valait la peine de commettre une injustice aussi
criante, de soulever autant de préjugés, de mettre
en péril la paix et l'harmonie dans le Dominion,
pour atteindre d'aussi maigres résultats.
Et afin de démontrer qu ilne suttit pas de bannir
l'enseignement religieux des écoles, pour en assurer
le succès, permettez <)ue je rappelle, M. l'Orateur,
ce qui arriva en France, où l'on a réussi malheureu-
sement à séculariser l'enseignement. La sti'tisticjue
que je m'en vais citer, est extraite d'un journal pro-
testant, The Church Jleriew, qui en 1890, disait :
Sur .^39 élèves qui, à l'exposition de Paris, en 1878 ob-
tinrent dos médailles d'honneur, 242 étaient des élèves
des Frères des Ecoles Chrétiennes.
Que de 1847 à 1877, à 1,447 expositions ou concours, les
Frères des Ecoles Chrétiennes remportèrent dans 1,145.
Cependant, les candidats sortant des écoles publiques,
étaient en plus grand nombres et ces écoles avaient reçu
un subside ofiioiel, se chiffrant chaque année à 4O,0OO,u0U
de francs.
Mais avant de quitter ce sujet, je crois à {)ropos,
M. l'Orateur, de dire aussi (iueli|Ues mots en faveur
des écoles do ma province ; un honorable député
ayant cru devoir dénoncer ces écoles dans cette
Cliambre.
M. GIROUARD : Quel est le nom de ce député ?
M. ANCîERS : Je sais que l'enseignement dans
nos écoles n'est pas parfait, qu'il y a encore des pro-
grès à réalistr ; mais je crois qu'il est juste de tenir
compte des circonstances difficiles et ingrates où la
pi'oviucedeQuéheo <lùt se développer. L'émigration
de tant de personnes instruites, provoquée par la
cession du pays à l'Angleterre ; toutes ces luttes
pour repousser l'anglicisation et obtenir le gouver-
nement responsable ; ces entraves apportées par un
gouvernement hostile, à notre développement ; le
mancjue d'orgaiiisati(m scolaire etiicace jusqu'en
184'2 ; rabsonce de moyens pécuniaires, suffiraient
à exi)li(|uer une situation moins enviable encore.
Il faut aussi tenir compte de l'apathie (juo l'on
constate dans beaucoup (le nos campagnes relative-
ment à l'éducation, apathie qui tend h disparaître.
Mais sommes-nous restés stationnairea? Non, mon-
sieur ; et la jireuve du lorrain gagné, nous la trouvons
(hius les recensements de 1871, 18H1, 1891. ("'est
nous, de la province de ynébec, qui jn-ogressons. De
1871 à 1891, noui? avons réalisé un progrés de fi-29
par 100 dans le nombre des pei'sonnes sachant lire
lana
jiro-
tonir
iii la
vtion
jar la
li\tteB
luver-
)ar un
lit; le
qu'en
aient
neove.
l'on
lative-
•aîtro.
U!on-
uvons
(Test
na. De
le 6-29
Mi lire
et ëcrire ; tandis (jn'Ontario n'a gagné que 0'8ô
pour cent ; la Noiivelle-Kcosse, 3'03 pour cent et
(lue le Nouveau-Brunswick pays par excellence
(les écoles communes, a perilu ()'54 pour 10().
Aussi en 1891, la proportion des enfants au-dessous
de 10 ans, ne sachant ni lire ni écrire, était-elle
pour Ontario, de 71 "64 pour KK); Québec, SO'll ;
Nouvelle-Kcosse, 74"71 et le Noiiveau-Brunswick,
7S'38. Ces statistiquefi, \J l'Orateur, u'indiquent-
elles pas assez clairement qu\n effet, c'est nous qui
avançons ; et qu« bientôt, la grande et un peu
hautaine province il'Ontario, n'occupera plus le
premier rang pour l'instruction primaire. Quant
à l'enseignement supérieur on admet que nous l'em-
portons depuis longtemps.
On a attaqué notre système d'instruction, en
lui-même. Je diflFère d'opinion avec l'honorable
député. Je dis que le système, dans son ensemble,
est bon, et qu'il ne lui faut que (pielques modi-
fications. Kt comme preuve, on me permettra de
parler ((uelque peu des succès que nos écoles ont
remportés à l'exposition de Cliicago où les écoles
protestantes étaient très peu représentées.
Je remarque d'abord que les cin(|uante-cinq rap-
ports annuels du surintendant de l'instruction
publique, ont été couronnés. Il a été reconnu qu'ils
renfermaient les renseignements les plus utiles.
N'y a-t-il pas là l'indice que nous comprenons quel-
que peu le progrès en matière d'enseignement
scolaire ?
Le 22 août 1893, M. Serrurier, le représentant du
gouvernement français, à cette exposition, écrivait
au président de la section de l'instruction publique
de la province de Québec :
Je tiens à vous exprimer toute la satislaction que j'ai
éprouvée en visitant votre exposition scolaire.... Vos
cahiers sont les soûls, je crois, qui portent en tête, d'une
manière complète, précise et claire, les renseignements
indiquant l'école, la classe, le nombre des élèves, l'àgo,
etc. Vos procédés sont tellement les nôtres, qu'un instant
j'ai cru me trouver en France.
Le correspondant du Dnil)/ Sun, journal protes-
tant de Saint- Jean, N.-B., le 29 août, nous rendait
le témoignage suivant :
En fait de dessin, de calligraphie, pour ce qui regarde
l'instruction des aveugles et dos sourds-muets, et en
général pour tout ce qui sert à l'avancement d'un pays en
matière d'éducaiion, les écoles do Québec sont aujour-
d'hui au premier rang.
Voyons encore l'opinion de M. Morton, qui fut
préposé à tout le département de l'éducation du
Canada, par le gouvernement fédéral.
C'est l'opinion générale ici, M. le ministre, que la pro-
vince de Québec a fait une excellente exçosition, spécia-
lement en ce qui regarde les travaux pratiques de chaque
jour dans les classes. Les exhibits dos écoles des Frères,
spécialement la calligraphie, le dessin, les devoirs du
cours commercial, sont beaucoup admires. Les échan-
tillons des écoles des soeurs attirent un grand nombre
d'admirateurs et d'admiratrices. Tous les éducateurs
qui ont visité ce département ne tari.ssont point d'éloges
sur les travaux qu'ils voient. La province de Québec
peut être flèro de son exposition.
Le Catholic Journal publié à Chicago même, fai-
.snit l'appréf^iation suivante : —
La province de Québec a une belle exposition, merci il
ses écoles privées et séparées. Incontestablement, les
écoles catholiques ont In part du lion. Leurs contribu-
tions .«ont non seulement nombreuses mais variées, et
dans plusieurs cas, très bien faites. Dans les écoles des
filles, nous recommandons pour la netteté et la justesse, le
couvent des Ursulines îl Québec, pour le stylo et la variété,
le couvent de Stanstead, pendant que pour le parfait du
fini, nous accorderions la palme nu couvent de la Congré-
gation do Notre-Dame il Montréal. Une exposition carac-
téristique est celle de l'Institut des Sourdes-Muettes des
Soeurs de Charité, près de Montréal. Elle comprend
plusieurs échantillons de travaux manuels et intelleotuelc
enseignés dans les divers départements.
Plus loin, le même journal ajoutait :
Les provinces canadiennes ont des oxhibilR très remar-
quables dans chacun des grands palais industriels, maia
aucuns ne montrent mieux les progrès du peuple, que ceux
de son système d'éducation.
Et la Gimlta Calho/ica de Rome, livraison de
novembre 1893 s'eqprimait comme suit :
Vn des traits caracléristiques à remarquer dans le
département de la province de Québec, ce sont les
devoirs des élèves avec les corrections faites par les
maîtres. Plusieurs tables étaient couvertes de ces inté-
ressantes productiom). Les ooinmissaire-i catholiques de
Montréal exposèrent de cette manière les devoirs de
toute l'année scolaire. L'école polylechnique do la même
ville en avait fait autant, ainsi que le collège de Sher-
brooke dirigé par des prêtres séculiers, et le petit sémi-
niiire de la même localité.
L'Ecole Normale de Québec occupe une place d'hon-
neur. L'enseignement, dans cette institution, est confié
à des professeurs laliiues, sous la haute surveillance d'un
prêtre qui porte le titre de principal ; les élèves institu-
trices sont sous la direction des religieuses Ursulines,
tout en suivant les classes de professeurs.
Les travaux des Frères do la Doctrine chrétienne no
manquent pas de variété ni de mérite, surtout en
calligraphie, en carijotères ornés pour diplômes et
en desi-ins d'ingénieur et de oomptabilité. Les
Frères de la Croix, les Frères du Patronage do
Saint-Vincent de Paul de Québec, les Maristes, les
Frères de Saint-Uabriel de l'Instruction chréiionno, ceux
du Sacré-Coeur, nous émerveillent par l'étonnante multi-
plicité de leurs iravoux et productions gradués qui font
preuve d'une abondance de forces pédagogiques, égalées
seulement par les inépuisables catalogues des couvents.
Je dirai do plus que les écoles cntnoliques duCnnada
ont remporté la pilmo sur toutes les nôtres desEtuts-
Unis, pour les travaux industriels.
Je pourrais ajouter d'autres citations à celles
(lueje viens de faire, mais elles seraient inutiles ;
je mentionnerai seulement que soixante-quinze mé-
dailles furent accordées à la province de Québec et
quarante-cinq, .'i Ontario. Il me semble, monsieur,
qu'en face de ces témoignages flatteurs et désinté-
ressés, il est injuste de prétendre que le système
il'enseignemcnt dans la province de Québec, est un
système arriéré où tout est à refaire.
En 1850, l'Angleterre, pays riolie et soi-
disant progressif par excellence, avait encore .W
pour 100 die sa population ne sachant ni lire ni
écrire; et le petit tableau suivant, indique qu'il lui
reste quelques progrès i\ faire. Ces statistiques qui
indiquent le degré actuel d'instruction dans cer-
tains pays d'Europe, sont extraites de l'encyclo-
pédie britannique, vol., VIII, p. 711.
-. ^ . PrntoQ Ecoliers
Pays. Catholiques. f,f,,., par 1,000
'""''• habitants.
Suisse 1,084,400 1,577,700 LT.
Empire allemand 14,S(i7,.ï0O 25,G30,7m 1,52
Luxembourg 1!)7,000 400 142
Norvège ,350 1,704,800 138
Suèdo.. 600 4,'2(),S,80O 138
Hollande 1,31.3,000 2.198,000 136
Danemark 1,900 1,865,000 135
France ,35,,'W8,000 610,800 131
Belgique 4,980,000 15,000 123
Autriche 27,904,.SOO .•?,571,000 100
«rande-Bretagne 5,,'i00,()00 2."),900,0OO 8,3
Espagne 16,500,000 82
Italie 26,750,000 35,000 70
On remarquera que la Suisse, ayant une popula-
tion mixte, cimime celle du Canada, est en tête de
la liste, et ciue le Luxembourg, la France et la Bel-
gique, pays catlioliquea, sont de beaucoup en avant
de l'Angleterre.
L'acte de 1800, déclaré constitutionnel, il ne
restait plus à la minorité catholique d'autre res-
source, que la voie de l'appel au gouverneur géné-
ral en conseil, conformément à la sous-section 2,
article 22 de l'Acte du Manitoba pour se faire
restituer les droits et privilèges conférés par les
lois de 1871.
Les honorables ministres crurent encore devoir
imposer aux catholiques, les délais d'un appel au
Conseil privé, aux tins île déterminer ce droit d'ap-
pel. Finalement, l'appel fut entendu, et le 21 mars
1895, un ordre remédiateur fut adopté. Cet ordre
enjoignait au gouveinement du .Manitoba de resti-
tuer aux catholiques :
(a) Le droit de construire, entretenir, garnir de mobi-
lier, gérer, conduire et soutenir les écoles catholiques ro-
maines de la manière prif'vue aux notes que les doux
statuts susmentionnés de IS'.X) ont abroK('>s ;
(î) Le droit il une quote-part de toute subvention faite
sur les fonds publics pour les besoins de l'instruction pu-
blique ;
(c) Le droit, pour les oatholiquos romains qui contribue-
ront à soutenir les écoles catholiques romaines, d'âtre
exem|>té8 de tons paiements ou contributions destinés au
maintien d'autres écoles.
Cet arrêté ministériel fut aussitôt signifié au gou-
vernement Greenway.
Mais avant de procéder plus loin, je formulerai
quelques griefs contre le gouvernement.
Je le tiens responsable de l'agitation profonde
qui bouleverse le pays, et dans une large mesure,
ae l'injustice soufiferte par la minorité au Manitoba,
et voici pourquoi :
En 1870, les catholi()ues étaient la majorité au
Manitoba, et c'était l'espoir raisonnable de tous les
amis de l'élément canadien-français, que cette pro-
vince resterait française. Pourquoi ces espérances
ont-elles été déçues ? Pour une raison bien simple,
monsieur. Le gouvernement par sa politii|ue inin-
telligente et anti-canadienne et française, est la
cause de ce malheur. Au lieu de diriger vers ce
nouveau territoire plein de promesses, en les y
attirant par des encouragements judicieux, les
Canadiens de la province de Québec, qui énii-
graient en masse aux Etats-Unis, le gouverne-
ment dépensa plus de ^3,000,000 depuis 12 ans,
pour faire venir dans cette province, qu'on devait
garder française, des Mennonites, etc., etc. Et
encore, faut-il ajouter qu'un grand nombre de
ces immigrants, après avoir profité des primes
payées et des avantages ofiferts, ont- passé aux
Etats-Unis.
. N'y a-tt-il pas, Monsieur, dans ce mépris systé-
matique de l'élément canadien français, une excel-
lente raison pour faire condamner la présente
administration, dans la province de Qui'bec ?
Le gouvernement a aussi refusé injustement de
se reni're aux pressantes demandes des catliolitjues,
en appliquant le désaveu — le désaveu, c'était un
moyen péremptoire de réparer l'injustice — pour-
quoi ne l'a-t-on pas ajipliqué ? Par la crainte (k
causer de l'agitation ? Mais pour [.rotéger la
Compagnie du Pacifi(iue, on mettait bien, x'ers le
même temps, la même province, h deux doigts
d'une révolution, en désavouant i\ deux reprises, la
loi des chemins de fer de la vallée de la Rivière
Bouge.
Quatre lois furent passées à la session de la
législature du Manitoba en 1890 :^cette loi des
écoles —une loi abolissant très injustement et illé-
galement l'usage orticiel de la langue française, —
une autre réglant la quarantaine des bestiaux, et
une ijuatrième concernant les sociétés.
Deux de ces lois, outre l'injustice criante qu'elles
comportaient, par le principe consacré, pouvaient
mettre en péril la paix du pays, l'existence même
de la Confédération.
Tout naturellement, on eiit cru oua le gouverne-
ment, pour protéger les droits des faibles et tant
d'intérêts importants, <lésavouerait les deux pre-
mières. Pas du tout; ce fut les deux dernières qa'il
désavoua ; prouvant par là, qu'il s'intéressait davan-
tage aux bestiaux du Nord-Ouest qu'aux Cana-
diens-français et catholiques. P]st-il injuste de
croire que si la compagnie du chemin de fer du Pa-
cifique eftt désiré le désaveu, on l'ei^t appliqué
énergiquement ?
Il est certain que le gouvernement a commis une
lourde erreur, que le désaveu aurait dû être appli-
qué ; et que l'agitation qu'il faut maintenant subir
et contrôler est neaucoup plus intense que l'agita-
tion ({u'aurait pu produire le désaveu.
Et d'ailleurs, supposant même qu'une loi répara-
trice puisse être passée, sera-t-il possible de con-
férer par cette loi absolument tous les droits enlevés
aux catholiques ? Assurément non.
L'honorable député de Chicoutimi disait, il y a un
instant, que le gouvernement était justifiable de ne
pas avoir désavoué la loi parce qu'elle était avanta-
geuse pour les dix-neuf vingtièmes de la population.
Je crois que l'honorable député, de très bonne foi du
reste, a exagéré la proportion de ceux qui profitent
des lois de 1890 ; mais ses chiflfres, fussent-ils
rigoureusement exacts, n'empêcheraient pas son
raisonnement d'être mam-ais. La question à exa-
miner est celle-ci : y a-t-il eu quelqu'un de lésé par
cette loi? Si on répond dans l'aflirniative, une injus-
tice a été commise, quand même la loi aurait été
favorable à une majorité. L'équité imposait donc
au gouvernement l'obligation de faire disparaître
l'injustice. Et le gouvernement Greenway éclairé
par ce désaveu eût très probablement compris qu'il
ne peuvait'iégislater qu'en respectant les droits et
privilèges de la minorité.
On allègue aussi une motion de l'honorable M.
Hlake, suggérant d'adopter une loi pour j:)erinettre
de consulter la cour Suprême, dans diverses circons-
tances, et notamment, danslesmatièresd'éducation.
('ette motion n'avait pour but que de créer une
faculté, et on a exagéré en disant qu'elle -impo-
sait la référence. Mais, prenons la situation telle
que les amis du gouvernement la représentent, et
supposons que cette motion ait justifié le gouverne-
ment de consulter les tribunaux avant le désaveu.
Alors, les ministres ne devaient pas oublier qu'une
minorité souffrait ; qu'un pacte solennel avait été
violé. Immédiatement après la suggestion de M.
Blake, s'ils la trou /aient sage, ne devaient-ils pas
faire adopter une loi pour consulter l'autorité judi-
ciaire, afin de pouvoir agir avant l'expiration du
délai accordé pour le désaveu, délai qui n'expirait
qu'en mars 1891 ? Et fait très important, auquel
le ministère ne peut échapper, il restait un délai
snffisant pendant la session de 1890, pour permettre
au gouvernement de faire adopter mie loi qui l'au-
torisât à consulter la cour Suprême.
Je dis donc, sans crainte d'être contredit, qu'il y
a eu dans la conduite des honorables ministres
une négligence coupable. Et j'ajoute que le gouver-
nement mérite une censure d'autant plus .sévère
pour sa négligence, qu'aujourd'hui, il vient propo-
ser à cette Chambre, une loi, — je ne veux pas mal-
/il y
ktres
[ver-
Ivère
S.
traiter le ministère outre mesure— que je qua-
lifierai de regrettablemeiit inefficace. Aujourd'hui,
surtout, s'ils n'acceptent point les amendements
nécessaires pour (jiie justice complète soit rendue,
nous sommes en mesure de dire à ces messieurs :
l'état de choses existant, que vous vous déclarez
incapables ou non désireux de contrôler, constitue
contre vous un acte d'accusation très-sérieux dont
il faudra rendre compte ilevant l'électorat.
Mais la raison de cette négligence, M. l'Orateur,
il est facile de la «découvrir ; c'est que la justice
était reléguée à l'arrière-plan. ('e que l'on voulait
sauvegarder d'almrd, c'était l'intérêt du parti ; la
minorité pouvait bien gémir encore sous l'oppres-
sion, pourvu oue le ministère fut victorieux. Et
l'on précipita les élections de 1891, avant l'expira-
tion du délai accordé pour désavouer, faisant dou-
ble coup, par cette lactique indigne ; captant le
vote catholi(iue par l'espérance du désaveu, et le
\-ote protestant, par l'assurance contraire.
Les élections gagnées, pour faire oublier ce désa-
veu qui s'envolait, la loi réparatrice fut promise
comme panacée à tous les maux.
Mais avant que le Conseil privé rendit jugement
pour reconnaître le droit d'appel devant le gouver-
neur en conseil, le ministère prouva encore sou
dessein bien arrêté de ne pas apporter remède, par
le refus, en dépit de tant de pétitions et de requêtes,
<le désavouer la loi de 1894, qui avait encore ajouté
et beaucoup, à l'injustice commise en 1890. Il y
avait pourtant des raisons très spéciales pour pro-
voquer ce désaveu.
Le Conseil privé avait, contre toute attente, dé-
claré constitutionnelle la loi de 189(); et il était
alors évident que par la loi réparatrice projetée on
ne pouvait annuler cette loi de 1894, non men-
tionnée dans l'appel devant le gouverneur en con-
seil.
L'on pouvait même douter sérieusement que
l'appel au gouverneur général en conseil fftt ouvert
aux catholiques.
Et enfin je reproche encore au ministère d'avoir,
par un retard de deux mois, tout h fait inexplicable
si ces messieurs sont sincères, compromis peut-être
irrévocablement le sort de cette loi réparatrice du-
rant la présente session.
Le gouvernement (ireenway refusant toujours de
s'exécuter, pour donner suite à l'ordre reniédiateur,
une session fut convoquée en juillet dernier, et on
constata alors une forte division dans le cabinet.
Certains ministres s'opposaient ii ce que la justice
eût son cours.
L'honorable ministre de l'Agriculture, le ministre
des Travaux publics et le ministre des Postes, indi-
gnés, abandonnèrent leurs portefeuilles. Trois jours
après, le ministre des Postes et le ministre des Tra-
vaux publics reprenaient ces mêmes portefeuilles,
déclarant qu'ils avaient reçu des garanties addi-
tionnelles. Pour ma part, il me semble ])robable
que ces garanties additionnelles ont été enlevées
depuis.
L'iionorable M. Angers, convaincu, qu'il n'y
avait plus de justice à attendre, avec un désin-
téressement qui l'iiouore, refusa de revenir. Et de
ce jour, beaucoup d'amis de la minorité, com-
prirent que l'élément hostile à la cause des
catholi(|ues triomphait dans le cabinet. Cepen-
dant, rijonorable ministre des Finances déclara au
nom du ministère : "Qu'une session serait convo-
quée le 2 janvier dernier," pour régler enfin cette
éternelle (juestion, aliirmantde nouveau : "Que le
A 2
mitystère serait alors en mesure <1e présenter et de
faire décréter une législation de nature à porter
remède, dans une juste mesure, aux griefs de la
minorité, et qui serait basée sur le jugement du Con-
seil privé et sur l'arrêté ministériel du 2] mari
I89.'>."
Cette déclaration engageait de nouveau l'hon-
neur de la Couronne et du ministère.
Le 2 janvier, le discours du trône fut lu ; la loi
l'éparatrice était encore promise. Sur proposition
du gouvernement, le parlement fut ajourné au 7
janvier.
Et, alors, se traduisit dans toute sa violence,
l'opposition à ce que justice fut rendue à la mino-
rité du Manitoba. . ïjept des ministres, pour tuer
leur chef, et avec lui cette loi réparatrice si solen-
nellement promise, résignèrent leurs portefeuilles.
Le premier ministre, sans exagérer, les qualifia de
traîtres à leur serment et à leurs devoirs.
Le Moniteur de Léri», journal conservateur,
rédigé par un membre important de l'autre
Chambre, et reflétant assez fidèlement les opinions
et les idées de l'honorable M. Angers, dans un
article ayant pour titre " Nos Al/idi,'' résuma la
situation par les lignes suivantes :
La défeoUon de MM. Fnster, Ha^ceart, Montague et
de leur» collègues eat un fait trop important pour que
nous n'ajoutions pas un mot à ce que nous en ait notre
correspondant parlementaire. Il n'y a pas âge cacher
la gravité de 1» situation.
La trahison du parti tory d'Ontario laisse les conser-
teurs do Çut'bec sans alliés dans la Chambre.
Nos amis do quarante ans nous abandon nent au moment
même oii nous avons besoin d'eux pour faire respecter la
constitution et pour faire triompher les droits de la mino-
rité.
Ils se séparent de nous et leur séparatioo rêvât tous les
caractères d'une lâche trahison. Noua ne les avons pat
abandonnés, ce sont eux qui brisent violemment les lieni
qui nous unissaient.
L'histoire doit-elle se répéter?
Nous l'ignorons. Ce que nous savons, c'est que le parti
conservateur a été odieusement abandonné, Iftohement
trahi par ses alliés des autres provinces.
Il nous faut chercher des alliés ailleurs.
Quelques jours plus tard, l'amour du pouvoir,
plus fort que le sentiment des convenances parle-
mentaires et même des convenances ordinaires,
ramena six de ces honorables messieurs à leurs sièges
de ministres. Ce retour ne j)arut guère rassurant
pour la cause des catholiques. Je nie trouvais alors
en pleine lutte électorale, et je relatai à mes élec-
teurs plusieurs des circonstances que je viens de
mentionner. ,Jo constatai t|ue ces hommes simples
et droits, peu au fait des roueries de la politique,
ravalée par le fanatisme et l'intérêt, parurent abso-
lument sui-pris de ce retour et peu disposé à croire
que tout cela pût être favorable aux intérêts de la
minorité.
Enfin, M. l'Orateur, après deux mois de session
absolument perdus pour la tjuestion dos écoles,
cette loi réparatrice si souvent promise fc^ si impa-
tiemment attendue, fut disposée devant la Cluimbre
Une évoluti(m, pr()VO(iuéo par je ne sais quelle
influence, sembla rap|>rocher, de.s ministres dis-
posés à rendre justice, ceux (jui s'y opposaient.
Quant à la loi elle-même, je ne veux pas être
trr)p sévère. Enfant de tant de divisions, d'hésita-
tions et d'alarmes, elle est moins uuiuvaise (|ue
quelques-uns la représentent, et beaucouf» moins
bonne c(ue ses auteurs voudraient nous le faire
croire.
Franchement si les honorables ministres désirent,
comme ils l'ont déclaré ici avec beaucoup d'emphase,
10
f/
voir len catholiques restaurés dans leurs droits, i'^
ne doivent pua être absolument satisfaits de leur
œuvre. Engendrée sous l'empire de la peur, de la
peur de l'électorat, cette loi distribue la justice
avec une mesquinerie qui peut la rendre inconsti-
tutionnelle et en enlève notablement l'etfet pratique.
Et sans vouloir entrer dans l'examen de tous ses
points faibles, ce qui pourra se faire en comité, je
ferai remarquer que l'ordre remédiatcur promettait
trois choses ; que In promesse de ces trois choses fut
renouvelée en juillet dernier par l'honorable minis-
tre des Finances, parlant alors au nom de la Cou-
ronne et du ministère : et cependant la loi répara-
trice n'en donne que deux. Cette loi ne pourvoit à
aucun octroi législatif, bien que l'arrêté minis-
tériel reconnût à la minorité " le droit aune quote-
part de toute subvention faite sur les fonds publics,
pour les besoins de l'instruction publique."
Cette omission est d'autant plus inexplicable,
qu'elle constitue une innonstitutionnalité et une
grave injustice.
Une inconstitutionnalité, puisque la loi répara-
trice doitêtre calquée sur l'ordre remédiateur.
Une injustice, puisqu'elle n'accorde pas aux ca-
tholiques la part d'octrois à laquelle ils ont droit, et
qui leur a éié solennellement promise.
Cette loi ne déclare uiême pas qu'ils auront droit
à leur part des argents votés, pour le soutien des
écoles, par la législature du Mauitoba. La clause
74 du bill signifie seulement : si le gouverne-
ment du Mauitoba vote de l'argent pour les
écoles séparées, les catholiq\ies pourront 1 aciiepter
et le porter au crédit du bureau d'éducation. Il y a
là une lacune excessi t'émeut importante et malheu-
reuse. Je crois ([ue les ministres étaient obligés,
par leurs promesses, de pourvoir à cette subven-
tion, et je ni'expli(]ue difficilement qu'ils aient pu
l'omettre. Cette omission est d'autant plus regret-
table, que la clause du bill permettant aux catholi-
ques, sur simple avis, de joindre les écoles publi-
ques, peut tuer les écoles séparées ; vu que cette
faculté d'échapper à des taxes onéreuses, à volonté,
sera une tentation qui, très prochainement, les
poussera en très grand nombre et forcément ve,3
les écoles publiques.
Il est donc indispensable que la section 74 soit
amendée de façon à assurer aux catholiques, à
même l'argent des terres fédérales réservées pour
l'éducation, un octroi pour leurs écoles, si le gou-
vernement du Manitoba persiste dans son refus.
Cet amendement est facile. Chafjue année le gou-
vernement fédéral paie au Manitoba, pour le sou-
tien des écoles, l'intérêt du prix de la vente de ces
terres ; cet intérêt s'élève à un montant considé-
rable ; <jui empêche de déchirer (jue telle propor-
tion de cet argent appartiendra aux é(!oles sépa-
rées ?
Un avis d'amendement, ilans ce sens, a été donné
I>ar un honorable député de cette Chambre. Les
ministres ne devront pas s'objecter à cet amende-
ment, [jas plus qu'à tous ceux qui seront jugés
nécessaires pour rendre la loi aussi efficace (jue pos-
sible. Je sais que les ministres favorables à un
règlement équitable de la (juestion accepteront
prol)abIement ces amendements ; mais les autres,
ceux qui ne reculaient point devant une trahison,
il y a a peine deux mois, les accepteront-ils?. . . .
Depuis plusieurs jours on entend, ces honorables
messieurs clianter, avec un ensemble touchant, un
hymne à la justice. Les déclarations emphatiques
ne suffisent point. La question est bien simple :
une minorité a été sacrifiée au fanatisme de quel-
ques-uns. Réparerons-nous l'injustice commise aussi
complètement que le permet la constitution ? Les
amendements qui seront soumis à cette Chambre
par l'honorable député de Bagot (^L Dupont) four-
niront une occasion excellente à ces messieurs de
prouver leur sincérité. Autrement, si l'on refu-
sait, se trouveraient malheureusement justifiés,
ceux qui prétendent et non sans vraisemblance,
que nous assistons à une con)édie, comédie bien
lugubre en vérité, et <]ui aura coilté près de $6(K),00()
au pays. Et cette comédie prouvée, établirait que
toutes ces poses, à un- déni de justice, ont ajouté
une très grande hypocrisie. Et j'exprime encore
mon vif regret, et ma surprise que le gouvernement
si désireux, — les ministres le déclarent — de faire
adopter cette loi réparatrice, aient perdu deux mois
au début de cette Session. !Si malheureusent la loi
ne pouvait être p.assée, la responsabilité du minis-
tère ne serait elle pas énorme V
L'honorable n)inistre des Finances disait l'antre
jour, avec une apparente satisfaction : "Ce bill ne
consacre-t-il pas un principe— le principe des écoles
"éparées"? Oui, M. l'Orateur, le principe est con-
sacré, mais pour que l'on puisse tirer de ce principe
les applications pratiques iju'il comporte, il faut y
ajouter ce qui a été omis : l'argent.
Mais on dira peut-être, que la clause 112, si le
Manitoba ne se soumet point, on pourra plus tard
remédier aux défauts de la loi et la complétei'.
Cela me paraît un enfantillage. Cette loi
passée, la juridiction du parlement sera épuisée ;
il faudra donc recourir à un nouvel appel, recfmi-
mencer l'agitation, sans être sûr encore, ([ue le
refus de l'octroi par le Munitoba, constituera un
nouveau grief, qui permettra îi ce parlement de
législater.
Et supposant, ce qu'il Dieu ne plaise, que ces
messieurs fussent maintenus au pouvoir pour cinq
ans encore, plusieurs d'entre eux, le danger passé,
perdront très-certainement de vue les principes de
justice qu'ils proclament si éloquenmient aujour-
d'hui. L'expérience de cinq années est là pour
nous rendre défiants, pour nous prouver que cer-
tains ministères, comme certains individus, font
passer leurs intérêts et leurs préjugés avant le
devoir.
Cependant, pour ma part, fermant les yeux à
tant d'indices compromettants, je vais donner cré-
dit aux ministres jusqu'à ce qu'ils m'aient encore
plus clairement prouvé (lue je me trompe en ajou-
tant foi à la sincérité de leurs déclarations. Et me
réservant, M. l'Orateur, ma lib«trté d'appréciation
à la troisième lecture, je voterai la seconde lecture
maintenant :
Parce que j'ai déclaré à mes électeurs que j'ap-
puierais une loi réparatrice donnant complète jus-
tice, et ()u'à mon avis, il v aurait contradiction à
repousser du comité, où il peut être amélioré, un
bill qui, tout incomplet qu'il est maintenant, n'en
consacre pas moins le principe de l'intervention
avec certains avantages pour les catholiques ;
Parce (|ue le mode d'intervention au moyen
d'une législation remédiatrice, pourvu qu'on la
puisse rendre complète et efficace, reçoit mon
approbation ;
Parce «jue les parties intéressées semblent désirer
l'adoption de cette loi, pourvu, il me semble, qu'elle
soit rendue effit'uce par le travail du comité ;
Parce que j'espère encore (|ue nous pourrons
forcer le ministère à dégager sa promesse en
11
moyeu
'oii Ift
mon
.Irsirer
(lu'elle
acceptant les amendements qui s'imposent pour
rendre la loi complète ;
Parce qu'une bonne loi réparatrice serait une
leçon salutaire donnée à ce gouvernement du Ma-
uitôba, arrogant, autoritaire et injuste ;
Parce qu'il importe de faire disparaître au plus
tôt de la scène politique, cette épineuse ques-
tion.
L'honorable ministre des Finances disait en ter-
minant son discours: "Rendons justice à cette
faible et. patiente minorité. " Oui, rendons justice,
inaisquecette justice soit complète, qu'elle soit géné-
reuse, afin de prouver que le pacte de la Confédéra-
tion n'est pas une duperie ; .aie les minorités
peuvent s'abriter sans crainte ît 1 ombre du drapeau
canadien et du fair play britannique ; que cette
justice ne soit pas seulement "L'or dans la pépite."
suivant l'expression du même honorable monsieur,
et peut-être aussi, le secret désir de plusieurs
membres du gouvernement.
11 me fait peine vraiment, M. l'Orateur, d'avoir à
me séparer de l'honorable chef de l'opposition et de
la plupart de mes amis politiques. Mais je com-
prends que cette question des écoles n'a point un
caractère politique ; ([u'elle ne fait pas partie du
programme libéral.
Je n'en accorde pas moins ma continiiue à riioinme
distingué que j'ai l'honneur de reconnaître comme
chef ; je n en rends pas moins justice j'i la droiture
de ses intentions.
Je sais que l'iittitude prise par l'honorable chef
de l'opposition, est sévèrement appréciée par plu-
sieurs. Mais n'est-il pas juste de remarquer, qu'il
comidère cette loi comme devant être pratiquement
ineificace ; qu'il est convaincu que la conciliation
judicieusement pratiquée, pourrait amenerencore un
règlement satisfaisant : que, chef d'un grand parti
politique, il eût peut-être- commis une faute, au
détriment des ca'''holiques, en adoptant comme
remède, une loi réjiaratrice incomplète que nos
alliés, les libéraux anglais, considèient prématurée,
surtout quand ces alliés ont été depuis longtemps,
les défenseurs dévoués des intérêts catholiques,
contre plusieurs de (leux qui s'en déclarent, aujour-
d'hui les champions, et quand ces alliés peuvent
nous être encore si utiles à l'avenir.
Je regrette que l'honorable chef de l'opposition
n'ait pas été au pouvoir ù la place de ces messieurs
depuis 1890. J'ai confiance qu'il eût mieux com-
pris l'importance de, faire rendre justice h la mino-
rité, depuis longtemps «léjà ; qu'avec la hauteur
de vue qui le distingue comme homme d'Etat, il
eût comp:is davantage les besoins de la situaticm,
l'importance de la diplomatie et de la conciliation
dès le début. Et, si ces messieurs, qui siègent sur
les banquettes niinintérielles, refusaient <le rendre
justice, négligeaient de faire adopter la loi répara-
trice avec les amendements convenables, et que la
cause des catholiques fut remise entre les mains de
l'honorable chef de l'opposition, appelé ^ leur suc-
cétler au pouvoir, je regarderais l'avenir avec con-
fiance, bien c<mvaiucu qu'il saurait, avec l'aide de
son parti, protéger efficacement l«:s droits de la
minorité.
Je termine ces trop longues observations, M.
l'Orateur, en remerciant les nonorables députés de
cette Chambre de la bienveillance avec laquelle ils
m'ont écouté.
lurrons
sse eu