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Full text of "Mémoire de l'évêque des Trois-Rivières sur les difficultés religieuses en Canada [microforme]"

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TEST  TARGET  (MT-3) 


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Photographie 

Sciences 
Corporation 


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23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.  Y.  14580 

(716)  873-4503 


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CIHM/ICMH 

Microfiche 

Séries. 


CIHM/ICMH 
Collection  de 
microfiches. 


Canadien  Institute  for  Historical  Microreproductions  /  Institut  canadien  de  microreproductions  historiques 


«^ 


Technical  and  Bibliographie  Notes/Notes  techniques  et  bibliographiques 


The  Institute  has  attempted  to  obtain  the  best 
original  copy  available  for  filming.  Features  of  this 
copy  which  may  be  bibliographically  unique, 
which  may  alter  any  of  the  images  in  tne 
reproduction,  or  which  may  sig'^ificantly  change 
the  usual  method  of  filming,  are  checked  below. 


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□ 

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□ 


Coloured  covers/ 
Couverture  de  couleur 

Covers  damaged/ 
Couverture  endommagée 

Covers  restored  and/or  laminated/ 
Couverture  restaurée  et/ou  pelliculée 

Cover  title  missing/ 

Le  titre  de  couverture  manque 

Coloured  maps/ 

Cartes  géographiques  en  couleur 

Coloured  ink  (i.e.  other  than  blue  or  black)/ 
Encre  de  couleur  (i.e.  autre  que  bleue  ou  noire) 

Coloured  plates  and/or  illustrations/ 
Planches  et/ou  illustrations  en  couleur 

Bound  with  other  material/ 
Relié  avec  d'autres  documents 

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along  interior  margin/ 

La  reliure  serrée  peut  causer  de  l'ombre  ou  de  la 
distortion  le  long  de  la  marge  intérieure 

Blank  leaves  added  during  restoration  may 
appear  within  the  text.  Whenever  possible,  thèse 
hâve  been  omitted  from  filming/ 
Il  se  peut  que  certaines  pages  blanches  ajoutées 
lors  d'une  restauration  apparaissent  dans  le  texte, 
mais,  lorsque  cela  était  possible,  ces  pages  n'ont 
pas  été  filmées. 

Additional  comments:/ 
Commentaires  supplémentaires; 


L'Institut  a  microfilmé  le  meilleur  exemplaire 
qu'il  lui  a  été  possible  de  se  procurer.  Les  détails 
de  cet  exemplaire  qui  sont  peut-être  uniques  du 
point  de  vue  bibriographique,  qui  peuvent  modifier 
une  image  reproduite,  ou  qui  peuvent  exiger  une 
modification  dans  la  méthode  normale  de  filmage 
sont  indiqués  ci-dessous. 


□    Coloured  pages/ 
Pages  de  couleur 

□    Pages  damaged/ 
Pages  endommagées 

I      I    Pages  restored  and/or  laminated/ 


Pages  restaurées  et/ou  pelliculées 

Payes  discoloured,  stained  or  foxed/ 
Pages  décolorées,  tachetées  ou  piquées 


□    Pages  detached/ 
Pages  détachées 

□    Showthrough/ 
Transparence 

!      i    Quality  of  print  varies/ 


D 


Qualité  inégale  de  l'impression 

Includes  supplementary  material/ 
Comprend  du  matériel  supplémentaire 

Only  édition  available/ 
Seule  édition  disponible 


Pages  wholly  or  partially  obscured  by  errata 
slips,  tissues,  etc.,  hâve  been  refilmed  to 
ensure  the  bf.h.*^  possible  image/ 
Les  pages  totalement  ou  partiellement 
obscurcies  par  un  feuillet  d'errata,  une  pelure, 
etc.,  ont  été  filmées  à  nouveau  de  façon  à 
obtenir  la  meilleure  image  possible. 


This  item  is  filmed  at  the  réduction  ratio  checked  below/ 

Ce  document  est  filmé  au  taux  de  réduction  indiqué  ci-dessous. 

10X  14X 


18X 


22X 


26X 


30X 


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12X 


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20X 


24X 


28X 


32X 


The  copy  filmed  hère  has  been  reproduced  thanks 
to  the  generosity  of  : 

Morisset  Library 
University  of  Ottawa 


L'exemplaire  filmé  fut  reproduit  grâce  à  la 
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Bibliothèque  iVlorisset 
Université  d'Ottawa 


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of  the  original  copy  and  in  keeping  with  the 
filming  contract  spécifications. 


Les  images  suivantes  ont  été  reproduites  avec  le 
plus  grand  soin,  compte  tenu  de  la  condition  et 
de  la  netteté  de  l'exemplaire  filmé,  et  en 
conformité  avec  les  conditions  du  contrat  de 
filmage. 


Original  copies  in  printed  paper  covers  are  filmed 
beginning  with  the  front  cover  and  ending  on 
the  last  page  with  a  printed  or  illustrated  impres- 
sion, or  the  back  cover  when  appropriate.  AH 
other  original  copies  are  filmed  beginning  on  the 
first  page  with  a  printed  or  illustrated  impres- 
sion, and  ending  on  the  last  page  with  a  pr'nted 
or  illustrated  impression. 


The  last  recorded  frame  on  each  microfiche 
shali  contain  the  symbol  — ^>  (meaning  "COIM- 
TINUED").  or  the  symbol  V  (meanIng  "END"), 
whichever  applies. 


Les  exemplaires  originaux  dont  la  couverture  en 
papier  est  imp/imée  sont  filmés  en  commençant 
par  le  premier  plat  et  en  terminant  soit  par  la 
dernière  page  qui  comporte  une  empreinte 
d'impression  ou  d'illustration,  soit  par  le  second 
plat,  selon  le  cas.  Tous  les  autres  exemplaires 
originaux  sont  filmés  en  commençant  par  la 
première  page  qui  comporte  une  empreinte 
d'impression  ou  d'illustration  et  en  terminant  par 
la  dernière  page  qui  comporte  une  telle 
empreinte. 

Un  des  symboles  suivants  apparaîtra  sur  la 
dernière  image  de  chaque  microfiche,  selon  le 
cas:  !e  symbole  — ^  signifie  "A  SUIVRE  ",  le 
symbole  V  signifie  "FIN". 


Maps,  plates,  charts,  etc.,  may  be  filmed  at 
différent  réduction  ratios.  Those  too  large  to  be 
entirely  included  in  one  exposure  are  filmed 
beginning  i.i  the  upper  left  hand  corner,  left  to 
right  and  top  to  boîtom,  as  many  frames  as 
required.  The  following  diagrams  illustrate  the 
method: 


Les  cartes,  planches,  tableaux,  etc.,  peuvent  être 
filmés  à  des  taux  de  réduction  différents. 
Lorsque  le  document  est  trop  grand  pour  être 
reproduit  en  un  seul  cliché,  il  est  fih/ié  à  partir 
de  l'angle  supérieur  gauche,  de  gauche  à  droite, 
et  de  haut  en  bas,  en  prenant  le  nombre 
d'images  nécessaire.  Les  diagrammes  suivants 
illustrent  la  méthode. 


1 

2 

3 

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2 

3 

4 

5 

6 

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MEMOIRE 


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DE 


L'El'EdliE   DES   TRIIIS-RIÏIEIÎES 


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LES  DIFFICULTES  RELIGIEUSES 


EllSr  C^iKT^ID  A 


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TROI«-RIVIERES 

IMI'RLMERIE  DE  (1.  IJESILETS  .t  Fhèbf.. 

1882. 

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DE    L'EVEQUE    DES    TROIS-RIVIERES 


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LES    DIFFICULTES    RELIGIEUSES    EN    CANADA. 


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4iix  Kiiiiii('iitK«iiiit>w  «ardinaiix 
«!«'  lu  Niurfe  Co„gr<.gati«„  rte  la  Fr«,.affiiii,le. 

E minent issimes  Seio neurs. 

plus  iur.>„»  et  „fom.»te,„.,  q„,  „.  r;,(t,u.h.„t  aux  q«o.,tions  qni  ont  fait  l'obiet 

nirauuo  ,11(1.,,   .  j    laq„,.8|,„„  n,„v,.,»itam..  Ilest  ,-,.rtai.lem,.nt  delà  nl„. 
ha„  e  ,„p„„a„,,.,  pour  la  paix  de  n;.li,„.  d„  Caaada  e.  p„>„  Tav     ir   e   it 

IWilite,  li„tWh„.,.,.e.  ""•  '"  "I'''-»*™- <!•"  pourraient  eu 


Dai 


.«cet  espoir,  je  demeure  av,..-  la  pins  haute  .ousidératiou, 
JJe  Vos  limiiieuct's 


Le  trrs  humble  et  dévuné  serviteur 

t  !..  F.  Kn  .  DE8  Tkois-Rivièues. 


pREMiÈKi':  PAïa'ii-: 

La  Q-u.estio33.  politiq.i:L©. 


I. 


Tristes  ciWMUiuoiccs   de  In  i>,ihliailioti..  dans  la /»rss,\  drs  ])onni,n,h  du    PI  Srpicmhrr 
dernier. 


La  pul)li.ulioii  qu.-  Mur.  l'Aivh.dr  Qiu'Ihm.  m  lail-Mbius  les  .j-uriKinx  pu1)li.'s 
(les  doc-mnt'uts  émaiu\s  dix  St.  Sit'gv.  Ir  18  Si'ptriiil)iv  dmiirr  ri  surtout  des  Ins- 
iru.tions  du  St.  OlFur  donuôcs  eu  ISTti  à  ^Mut.  C'ciiroy,  Drlé^iir  Apostolicpu'  iiu 
Canada,  (Voir  P.  .T.  No.  1)  n  lirand.'iiu'iit  allli^r  l.-s  Catholiciucs  d.'  hi  Province, 
et  a  eaii«('-  un  véritahle  s.andale  dans  le  pays.  Tous  les  ennemis  de  ll-olise,  au 
eontraire,  s'en  sont  réjouis,  parée  qu'ils  y  ont  vu  lun-  humiliation  inlli-ée  à 
l'épiseopat  et  au  eler-é  eatholiciues  de  h.  Province.  V.n  elU't,  par  suit.,  des  ivn- 
seiguemenls  inexacts  et  erronés  sur  les  (piels  sont  l>a.s.\s  ces  Instructions,  les 
Evéques  et  h's  Prêtres  y  sont  dénoncés  connue  étant  la  .nuse  des  troubles  et  du 
malaise  qui  réo-uent  dans  la  Province,  les  premiers  par  ln,rs  discordes  el  disrussions 
toujours  rroissan'es,  et  les  serouds  par  leur  i,m;ére>,re  excessive  dans  les  élections  po'itic/nes, 
et  cowproniellanfe  ponr  l'avenir  de  la  reli'j;ion. 

De  telles  instructicms  n'étaient  pas  destinées  à  la  publicité  quelles  vienn-nl 
de  recevoir,   puiscpi-elles   avaient   été  coulidenti..lles  ."t    nunn(>   secrètes  vis-à-vis 
des  Evéques  qui  Ui' les  ont  connues  qu'en   ISTS.  après   la  mission  du  Délég'ué 
accomplie.  Notre  Métropolitain  en  les  livrant  aux  colonnes  diî  tous  les  journaux 
du  pays,  a  dû  mal  interpréter  la  pensée  du  St.  Sié-e.   Aussi  les  Fidèl.-s  en  ont- 
ils  exprimé  l.uir  étonnement  et  leur  cha-rin,  en  voyant   l.'urs  evéques  et  leurs 
prêtres  ainsi  humiliés  à  la  lace  du  pays  tout  eutier.  Que  v..s  Emces  en  .purent 
p-ir  les  quelques  extraits  suivants  d'une  lettre  ^[W  m'adressait  à  ce  sujet  un 
avocat    très   bon  Catlioli(iue.   de  la  ville  de  Québc.  -  Nous  ne  pouvons  réelle- 
"  meut  comprendre  comnumt  on  a  pu  se  décid(>r  à  publier  cette  lettre  du  Cardi- 
"  nal  Sinij'oni.   Evidemment  elle  n'était  pas  faite  pour  être  livrée  en  i)àture  au 
"  pul)li.-.  Les  instructions  spéciales  et  secrètes  à  M-r  (V.nroy  d'aller  mettre  la  paix 
"  entre  les  Evéques  du  (\uiada  et  de  leur  <-onseiller  la  prudeui'e  vis-à-vis  de  nos 
"  frères  séparés,  pouvaient  très  bit^n   êtri'  communiquées  et  rappelées  aux  Evê- 
"  ques  •  mais  de  là  aller  dire  au  peuple,  par  la  voie  de  la  presse,  que  la  .ause  d<> 
"  tout  son  mal  est  dans  s.'s  Evéques  etc..  etc.  :   voilà  qui   surpasse  no.  mtelli- 


"  iffuccs Nous  ne  fioyoïis  \r.\s  {[\i\'  k'  l'npc  ni  les  Ciinliiiiiux  aicui  t-u  ridt'f 

"  <]U»'  It's  iiiMtriulioiis  à  Miir.  (Oiiroy  luissrni  icxliU'lKiiifiil  livircs  à  lu  i)ul)li<'itr. 
"  Nos  riidiciUlx  SI'  n'-jouissciil  de  la  hmnir  nnhuiiir,  (  (iiiniU'  ils  disent,  de  voir  que 
"  les  l'jVf(|ii('s  .se  soient  mis  dans  une  j)osili(>n  ou  ils  n'iinhairasseiont  plii«  avec 
"  h'iirs  iii(in(/riii('tt/s." 

11  esl  hors  de  donte  (|iie  l;i  pulili' al  ion  de  e,s  iiisl  iiicl  ions,  telle  (jnelle  a 
«'lé  l'aile.  jH)rt('  atteinte  au  respect  et  à  raiilorilé  de>  livi  (pies  et  à  la  légitime  et 
isalutaire  iniluenee  du  Cleiué.  lOn  \(ii<i  une  autre  preUNc  :  ((UehjU's  jours  après 
<'elte  puhliration.  je  recevais  une  dirlr  /ms/ti/r  sur  hi(|Uelle  se  lisait  ce  (|ui  suit  : 
"  Monseiu'iU'Ur.  le  décret  olliciel  de  IJonn-  vous  enjoint  de  vous  nn-ler  de  vos 
'•  all'aires  pendant  les  éleci  ions,  sou>  peine   d'exconiniunieation  du    l'aju'  ;  ainsi 


proli 


lez   de    la    U 


■ç'on   et    souuiei  te/-vous  à    voire   suprieur     (siu'né)  :  In  vrai 


libéral. 


N 


on  senlenuMit  l;i  pnl»lic;i!;on  de  i  l's 


Inst 


ruciioiis  poite  atteinte  a  la  diunitt 


épiscopale    et  au  res])ect    dii  au  cleru'i'.   mais  «Micore   elle  a   mis  le    St.  (Hllce    hii- 
ntradietion  avei'  le  Souverain    l'ontile  qui.  en    \X~ii.  à  ré])0(jue  où 


même  en   co 


lurent  drv'ssées  ces  iustrui'tions.  donnait  un  Hrel'au  l).'i)uté  <|ue  les  l^vé(|ues  de 
la  Province  avaient  envoyé  à  Ifonu'  i)our  rél'uter  les  accusations  i)orlées  contre 
le  Clerti'é.  lîrel'dans  li'quel  Sa  Sainteté  l'aisait  l'éloii'e  de  ces  lHvêqm's  et  de  leur 
Clerii'é,  en  louant  leur  /èl'  à  eiis-iiin  'r  la  vériialde  doctrine  au  peuple  eonlié  à 
leurs  soins  et  à  le  prémunir  (  imtre  les  astucieuses  erreurs  du  libéralisme  dit  ca- 
tlioli(ixu>.   (P.  J.  il.) 

Le  l'ait  de  la  publication  regret tal>le  de  ces  Instructions  du  St.  Ollice,  dans 
la  presse,  a  donc  compromis  du  même  couj)  aux  yeux  du  pays,  le  jirestiu'edu  St. 
Siège  et  des  (VniiiTéti'ations  romaines,  l'autorité  des  l')vé(iiu's  et  la  salutaire  in- 
iluenee du  Clerué. 

Maintenant  on  se  denumde  (juelle  a  pu  être  la  cause  véritable  de  cetti>  con- 
tradiction étonnanto  entre  1(>  Souverain  Pontii'e  (>t  le  St.  Ollice  ?  Comment  celui 
ci  a-t-il  jiu  trouver  (juc  les  l']vé([ues.  ]iar  leurs  discordes,  et  le  clergé  par  son  in- 
gérence excessive  dans  les  élections  jiolitiques.  étaient  la  cause  des  diUicultés 
politieo-religie;ises  qui  ont  surui  en  Canada,  tandis  que  celui-là  a  Jugé  au  con- 
traire que  ces  l']vêques  et  ce  clergé  n'avaient  lait  que  leur  devoir  en  combattant 
avec  zèle  et  courage  li's  i)rincipes  pervers  et  les  tendances  dangereuses  des  libé- 
raux Canadiens  ?  lîvidemnient  <ettt>  anomalie  ne  pouvait  venir  que  des  r(^nsei- 
gnements  contradictoires  qixi  avaient  été  donnés  au  St.  Père  et  au  St.  Office. 


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Diflérctirc  cii/ir  les  rtnsfignemenh  Joiinm  mt  HnHtmiiii   Puu/ffe  H  iriu   (/outivs  an   (.'tinl. 
Fnuirlii. 


Iii>  soimi'  des  icii.st'igiu'iiK'iiis  dimiK's  ;m  ."^ouvcruin  Pontil'c  est  l)ii'n  roumn'. 
piiisqui'  Sa  Siiintct»'-  la  UKMilioniU'  en  tclc  dv  son  lîrcf  :  "  ('»•  que  vous  avt-z  nt- 
"  ti'st»''  i)ar  •'■••rit  et  df  vive  voix,  dit-il,  eu  votre  uoin  et  en  crlni  des  l'rélnl.s  Ca- 
'■  nadiens,  de  votre  eoininuiie  soumission  et  ali'eetiou  envers  ee  sieye  Apostoli- 
"  (jue.  iNous  a  été  1res  agréable.  Vénérable  l"'rére,  surtout  en  ees  temps  on  l'ae- 
"  eord  et  l'union  des  esprits  et  des  eœurs  est  si  m'-ressaire  pour  tirrétcr  le /orrctit 
'■  (les  iiKiii.r  (jiii  nous  t'iivahissenl  et  pour  en  détourner  de  plus  n'rands  encore."  (IV 
.T.  !t.)  Or  cet  accord  et  cette  union  des  éveques.  sur  la  (piestion  politiqut»,  s'é- 
taient établis  par  la  Pastorale  collectiv»'  du  ±1  Seiilenibre  IH7;"),  qiu'  tous  les 
Sull'raiiants  de  la  l'rov.  de  (Québec  avaient  siirnée  avec  bonheur  à  la  suite  de 
leur  Métropolitain  :  (V.  l'.  1.  Xo.  '1)  et  cette  l'aslorale  avait  été  soumise,  par 
riilvê(jue  député,  à  l'apinvciation  de  Sa  Sainteté  qui  en  daigna  l'aire  l'éloge. 

Les  l"]veques.  en  publiant  ce  Bref  et  l'Adresse  qui  l'avait  provoqué.  (P.  J. 
12)  y  donnèrent  leur  pleine  et  entière  adhésion,  et  t-onlirnu'rent  i)ar  là  l'exarti- 
tudo  des  renseiiiueinents  que  leur  13éputé  avait  donnés  au  St.  Père  sur  les  dan- 
gers de  la  situation  au  Canada  et  qui  se  trouvaient  résumés  dans  cette  Adresse. 

Le  Scmverain  Pontiie  se  trouvait  donc  avoir  ionnu  le  véritable  état  des 
choses  p;ir  la  voie  réy-ulière,  celle  des  Evéques  cjue  le  St.  Esprit  a  chargés  de 
veiller  sur  tout  le  troupeau  et  de  uouveriu'r  l'iîlglise  de  Dieu. 

Mais  quelle  a  été  la  soune  des  renseiti'uements  donnés  au  St.  Office  i  Son 
Em.  le  Card.  Franchi  l'indique  dans  une  lettre  du  18  Mai  1876,  à  l'Archevêque 
di'  (^uél;  c,  dans  la([uelle  il  dit  :  "  De  dillérents  côtés,  il  arriA'e  à  cette  S.  Con- 
"  grégation  des  représentations  sur  ce  qui  se  passe  aujoiird'hui  dans  ces  pro- 
"  viuci's  relativi'nient  à  l'intervention  du  clergé  dans  les  élections  politiques- 
"  La  graA'ité  des  laits  qui  se  succèdent  et  les  conséquences  funestes  que  l'excita- 
"  tion  des  es])rits  fera  nécessairement  rejaillir  sur  l'Eglise  du  Canada...  réclame 
"  tout  naturellement  mon  attention  et  exige  (pion  y  apporte  un  prompt  et  effi- 
"  cace  remède.  Par  conséquent  quoique  la  hante  aniorilr  des  remontrances  sus- 
"  dites  et  l(\s  nombreux  documents  dont  elles  sont  appuvées  ne  laissent  aucun 
"  doute  sur  la  vérité  de  l'exposé,  m'aiimoins  je  m'adresse  à  V'.  CI.  pour  avoir  des 
"  informations  exactes  à  ce  sujet,  etc." 

liCs  Evèqu(^s  de  la  Province  ayant  pris  connaissance  de  cette  lettre  trouvè- 
rent la  chose  si  grav(»  qu'ils  jugèrent  nécessaire  de  députer  de  suite   vers  le  St' 


Sil'UT   llll  (le   l('\ir,s     (  nllcii'Ucs    piilll'   V     Ictlll'T    (li'>    iir«U>;it  |()ll>     iill>M    cl  lil  llli'r>,    cl 

cloiiiicr  il  s.  Iv  Imilcs  les  cxpliciitioiis  (jii Vile  imiiiTiiil  cxiiicr  m  ce  sujet. 

Ils  H<lre,ssrri'lit  iillssi  une  >U|>|)li(Hie  au  s.  l'cte  (l,ili>  lii  (|Uelle  ils  (lollliaieiit 
Ull  a|)en;il  de  U«>s  ili  lli  lllt  l's  el  proj  l'sl  aient  c|ieri;'i(lUeinelit  «•outre  les  accusa- 
tions portées  <liins  lOnibre  et  a  leui'  insu  contre  leur  clertié.  soU'rnii;  à  prouver 
((uaiid  (»ii  le  voudrait.  <|ue  sa  conduile  avait  «'-té  tracée  i)ar  les  décrets  des  con«i- 
les  provinciaux  et  déclarant  (piils  n'auriienl  i>as  inaiMpié  de  ramener  à  l'ordrf 
ceux  (pii  >"en  seraient  écartés  :   (!'.  .1.  7) 

l)c  son  cote.  l'Arcliex  c(|ue  de  (^uehec  uriiii  hniua  i  I  (pi'il  sciait  plainl  au 
Card.  l-'ranchi  de  ce  (|u'il  lui  laissait  iy'norer  couipletenieni  la  iiaiure  spéciale 
des  accusations  porti-es,  contre  le  cleriré.  et  (|u'il  lui  avait  dit  entre  autres  choses: 
'■  «^uanlacuiu([ue  sit  auctorilas  eoruni  a  (piilms  reclaniationes  l'act;e  luerint, 
'■  inauditi  non  sunius  conileninaïKli.  Nos  dei'endere  non  iioterinius  (juanidiu 
'■  ill;e  accusationes  nos  lalui'rinl. 

Le  Card.  Kranclii.  i)rié  par  le  député  «les  J'Ivécpies  soussiu'iié.  <le  faire  con- 
naître ces  accusations,  iléciina  de  le  liiire.  en  disant  (pie  les  é\e(pies  de  la  l'ro- 
vince  avaient  altrihué  à  sa  lettre  du  IS  Mai.  uiu'  portée  <pi"elle  iTavail  pas, 
<|u'il  n'avait  pas  eu  rinlention  de  l'orniuler  \in  reproche  conire  la  conduite  du 
clei'jj'é,  et  ijn'il  II' Il  iiniil  juin  iliuriisiilioii  ftiriiinlcr  nmlri  lui.  pour  sa  conduile  dans  les 
I  jectious  politi<JUeS. 

Telle  a  été  la  source  des  renseiuiieiiients  donnt's  à  la  S.  ('  delà  l'roi)..  en 
autant  (jue  les  éve(|ues  ont  i)U  la  connaître  otiicielleinent  :  des  aoiisaleurs  (pii 
se  sont  cachés  (hius  l'onihre  et  (|ui  sont  tUés,  à  leur  insu.  ])orter  contre  le  cleroé 
<le  l(Mite  une  l'rovince  ecclésiasiicpu'  <les  accusations  <j[ui  n'ont  pu  être  contrô- 
lées ni  même  connues. 

Ainsi  d'un  coté,  les  l!]ve([ues  informant  reii'iiliereinenl  le  Souverain  l'on li je 
<'1  la  S.  ('.  de  la  IVoix,  et  repoussant  les  ac<'Usations  jHDiies  contre  leur  cleruv  : 
4le  l'autre,  une  IdihIi'  niilorilé  ([m  se  cache  dans  l'omhre  et  de  nombreux  i/miiiiini/s 
«jui  ne  ix'uvent  être  vus  par  les  intéressés. 

Et  c'est  i-ette  seconde  soui'e  d'ini'ornnitiotis  <pi'on  ac<'epte  comme  la  i)lus 
sure,  rejetant  ctdle  de  Tlipiscopat  :  et  on  n'hésit*'  pas  à  recevoir  comme  l'oiidées 
et  véritables  des  accusations  fort  irrav<'s  portées  contre  tout  un  clerifé  malu'ré 
les  déiiéufations  éneruicpies  des   l'iVe<pies. 

Qiie  savait  S.  E.  de  la  nature  de  cette  intervention  du  cl,.ri>é  dans  les  élec- 
tions politiques  ?  ¥Ah  dit  elle-même  qu'elle  n'en  connaissait  rien  de  précis, 
puis-qu'elle  demande  den  infonudliotis  exuetes  à  ce  sujet  à  Mur.  1  Art'hevéque  qui 
lui  répond  en  se  plaii-iiant  qu'il  ignore  ces  laits,  et  qui  lui  demande  de  les  spé- 
cifier alin  que  l'on  puisse  se  justifier  et  n'être  pas  condamiu'  sans  être  entendu. 

La  ligne  de  conduite  suivie  en  cette  affaire  par  8.  Em.  le  Card  Franchi, 
dont  rhonoral)i]ité  et  la  conscit'ncieu.se  j>ro})ité  n'ont  jamais  ))u  être  .sou])çoiinées 


:*1 


-,fj- 


—  X 


\u\  iiisliiiil.  Il  l(Mii<>ur>  itf  iMiiii'  111(11  riiiimii'  un  inyslcrc  «jU''  y  ii  ;ii  |'ii  m  caImi- 
(lucr  «m'en  iiK'  coiiviii.ii  mit  (|u'il  ii\;iil  iir  iionipc  |)iir  |i'>  lil).';;iux  .  iiiiiHlii'ii.-. 

l'iii   ctlt'l.  ji- suis   (II- MMinc  ifiiiiiin' (|iu'    l'Uoii  (  "iiuilidii,    alors  niiiiisirr   <lu 

("ilhillft     li'dt'ial   (l'OllilWll    ri    rlicl'    (1rs     lilirlilllX    (le     lil    l'iON  .    (le    (^'Ul'l»»''.   'lUI     I' 

pvi'iiiicr  iiviii)  iiiiitc  diiiis  son  joiini.il.  "  Lr  .IhihikiI  ilr  (^tiithi'i"  la  hiiiinisi' 
(lUi'slioli  (le  l'iiillnnirr  iiiilur  cil  |i(inssalil  ses  aiuis  a  cili  r  les  )  )rcl  ii  s  (1('\  ali  I  les 
trilMiiiaiix  civils,  se  vaiilail.  au  iiKHuciii  d'  larriv  (•(•  du  l).'lc!j'Ur  Aposldliiiur  au 
Canada,  d'avoir  lait  relier  a  K'oiur  h's  alluir.  s  polilico-rdi  rieuse^  d^  la  rioviiicc 
de  (Jurlx'c. 

•le  sais  cii-ali'iiK'iit  (|Uc  les  lilnraiix  r( 'laïuairiit  Mi\  l'alil)/'  lîi'iijniiiiu 
l'a(jUi't.  alors  a  Koiuc,  (•oiniiic  celui  (|ui  devait  iairc  I ri(Hii|)lit'r  leur  |>arli.  \dici 
t'onnucnt  s'cxin'iiiiait  alors,  à  ce  sujet.  Mr.  \V.  liaiirier  un  des  cor\  plu's  libéraux  : 
"  Les  I"^vè([ues  Ibnt  un  u'raiid  loi't  a  notre  cause  ;  si  nous  i)ouvioiis  avoir  un  cve- 
"  (jue  lilx'ral,  notre  triomphe  serait  assuré.  On  assure  (pie  Mr.  lîenj.  l'acpiet 
"  doit  revenir  de  Koiiie  I']vè(pie  du  iioiiNcau  diocèse  de  Niiolel.  alors  notre 
"succès  sera  ceitain.  M^r.  IWichex  ctpie  nous  rend  cerlaiiieiiieiil  scr\  ice  en 
"  inclinant  tantôt  d'un  cuti'  tant('il  de  l'autre,  mais  il  n'est  pas  riimiime  (pi'il 
■■  nous  Faut  pour  un  triomi>lie  complet,  il  esi  i  rop  girouette.  "  (sic).  (ICxIniil  d  tnif 
Ir/lrc  'II'  M)in-rr  rcs/irc/nh/c  ilniil  l'oniiimil  ji-iil  r/rr  Jiii/ri/i,  nu  lirsain). 

(''est  pour  moi.  aujourd'hui,  une  coin  iii  ion.  (pie  \;\  linnlr  luihtrilr  dont  parle 
S.  l'hiiineiice  et  \i's  tionihrcii.r  </()r««/f'(//s  apjxnles  à  l'apiuii  des  accusations  coiilre 
le  clevué,  étaient  de  provenance  libérale  et  par  consé(|uent  l'on  suspecte. 

Voici  en  ell'el,  <•(■  que  disent  de  nos  lilxraux  canadiens,  les  l']ve(pies  dans 
leur  rastorale  collective  du  22  Sei)t.  l'-iT-")  :  "Des  hommes  (pii  veulent  vous 
"  tromper.  N.  T.  V.  V..  vous  réiicteiit  (pie  la  religion  n'a  rien  à  voiidaiisla  poli- 
"  tique  ;  qu'il  ne  i'aut  tenir  aucun  com[)1((  des  princiiies  ridiuicux  dans  la  dis- 
"  cussion  des  allaires  politiques  :  ciue  le  C'ieriré  n'a  de  l'onctions  à  reini)lir  (pi'à 
"  ré<i-lise  et  à  la  sueristio  et  que  le  peuph^  doit  en  i)olilique  iiralicpier  l'indépeii- 
"  dance  morlale...  l^es  i)lus  u-raiids  ennemis  du  peuple  sont  donc  l'eux  qui  veu- 
"  lent  bannir  landiuùou  de  la  politicpie  :  car  sous  prétexte  d'airraiichir  le  jK-upli' 
"  de  ce  (ju'ils  ai)p(dlent  la  ///rmuiir  du  prctre.  /ii/Jhinice  indue  iln  /triUrf,  ils  pré])ari>ut 
"  à  ce  mèuu^  peuple  les  chaînes  les  plus  jiesantes  et  les  plus  diliiciles  à  secouer.  " 

N'est-il  pas  évident  que  des  plainles  et  des  accusations  portées  par  un  i)arti 
qui  reui'erme  des  hommes  ainsi  notés  par  l'Episcopat,  doivent  toujours  être 
reçues  avec  urande  déiiauee  et  scrupuleusement  contrtdées  :" 

Les  faits  (pii  suivent  aideront  eneori'  mieux  à  découvrir  la  provenance 
libérale  des  noinhreux  duaimenh  et  le  caractère  de  l;i  IkuiIi'  itiilorité  dont  parle  S.  E. 
Le  Card.  Franchi. 


—  !»  — 


Dfchiiii/iii/is   ilii  Prlr<:tn     A/»is/iiliifiii  nu    sii/rl    ili    Iti    L>llii     l'iis/urn/r  t/ii  -2.1    St/ilfuilin 
ls7.'i.  '/  "  son  iirrinr  un   ('ninn/.i. 

l/'S    rlcclioiis    politiques    (11-    I  ST.'),  (Il)  lis    |;i   l'rov.  :li'  'j'ilchi  T.    ii\ali'lll   I  II'    lo 
\An.-~    liiliiu's  et    les   plus    liln'cs  (pi  •   l'on     l'ill    vues  (IcjHils    Icil'il.'lilp.s.  Lil'ilfi'.s    ;illX 

iiVfrtiss'.iiit'iits  <loiiii' .s  p;ir  les  l'ii-cs  (lu  \'.    ('oiiiil.'  provincial  (l:lll^  Ifur    l'aslo- 
liilc  (lu  '2-  Miii  \f<l'-'>.  cl  iiussi  il  une  loi  plus  cilicacc  de  la  l(''uisliii  urc. 


(  >r  le  n'.sultat  de  ce.s  ('Icclii 


m. s  Ion 


nia  au  dt'.savanlau'e  du  paili  lil)  rai.  cl 


lil)i''iMU.\  cil  j'ui'eiit  lics-irrité.s.  pui.s  il.s  i  (ininieiictrciil  à  s  (''lever  aNci  plus  de 
violence  (pie  juluais  coill  re  Cl  (pl'ils  aj)j>el;de|il  I' i)illiinitr  iii'liK' du  ( 'li  rar.  lis  s;' 
luirent  a  prendre  des  mesures  |)ou;'  iriniier  les  preiies  dc\;iiii  les  iiilmii.iiix 
civils. 

A  la  vue  de  ce.s  menaces,  M^r.  1'.^  r<  iie\  (''(pie  jULi'cn  ]>rudeiii  de  conv<)<iuer 
ses  suliVaii'anls  pour  .irreler.  d'un  c  mnuii  aceoi'd  a  liiiiie  de  ( miduile  à  tenir 
en  ces  circonstances  dilliciles.  11  lut  iinaiiii:'  eiciii  admis,  dniis  celle  r(''union 
des  ('•ve(iues  (pi'un  exposé  clair  et  précis  .  w  hi  ( 'ousl  it  ui  ion  divine  de  l"i']i:'!ise. 
<le  sa  (loi  trille  sur  les  rapports  des  <leii\  puissances,  ei  une  revendication  coura- 
li'cuse  de  ses  droits,  soleiinelleiiieni  recomiMs  par  lesirailés  ei  lu  ( 'oiislitiil  ion 
<lu  pays,  élaieiit  le  moyen  le  |)liis  elli'iu'e  de  i)r(i'év  ■'•  le  dertié  et  de  rernicr  la 
hoiiclie  i'i  SCS  ait\  ei'saires. 

Mii'r.  rArchev('(jue  voulut  bien  se  charger  de  l'aire  lui-même  rine  l'asloiale 
sur  ces  (lonuéeN,  11  le  Ht  avec  une  ,siiret(''  d(-  doctrine,  une  clarté  et  uni  précision 
reniar(jual»les.  Tons  les  suirrauants  de  la  Province  siu'ncient  avec  hoiilieiir  cette 
l'astorale  à  la  suite  de  leur  Métropolitain,  le  2-2  Sepleinl»re  l,s7.").   (T.  .1.  2.) 

Ij'appiirition  de  ce  dociunenl  lil  une  sensation  prol'oiule  dans  le  pays  et  les 
menaces  de  ]K)lU'sllites  contie  les  ])retres  s'appaisereiit  peu-à-peu. 

Mais  un  travail  caché  et  sourd  eommeiK/a  à  se  produire  poui'  atténuer 
l'iniportance  et  l'cH'et  de  ce  doeimieiit.  On  insinuait  liahilemeiil  (pie  la  de  ■trine 
n'eu  était  pas  sure,  (pi'il  s'y  trouvait  des  points  l'aihles  (jui  ne  .seraient  i)as 
approuvés  à  lîonie  et  (ju'il  constituait  une  intervention  excessive  dans  la  jxdi- 
tique.  Tous  ces  dires  propau'és  dans  l'ombre  et  exploités  a\('c  habileté  iiuirent 
l)ar  jeter  un  certain  doute  et  une  certaine  au'itation  dans  les  esprits  ;  on  se 
porta  bienti'jt,  dans  les  écrits  à  (h>  irrands  excès,  tout  en  intriu'uant  de  diverses 
manières  pour  l'aire  revenir  les  évèc^ues  sur  let'rs  pas. 

Mgr.  l'Archevêque  proposa  alors  à  ses  suH'raiiants  de  donner  des  explica- 
tions pour  apaiser  ces  esprits  iu(|uiets.  Mais  h's  Prélats  lui  répondirent  unaninu'- 
ment.  sans  cependant  s'être  consultés,  qu'il  n'en  l'allait  rien  l'aire. 


•'!'ia 

.'.'îliÉ 


3 


Kl 


Voici  la  concl usii>u  de  hi  Icttif  (lUf  je  lui  ixln'ssai  à  «r  sujet,  le  l-">  Ivvricr 
isTi;  (P.  .1.  4.) 

■■  Apres  avoir  uuii'fUU'Ut  rélN'ilu  et  piie.  je  suis  d'avis: 

'■  lo.  (^u'il  faut  s'en  tenir  à  ee  (jue  nous  avons  dil  dans  noire  I.ettre,  elle 
"  etst  sullisaninient  <'laire  et  explicite  pour  tout  luninne  de  bonne  volonté,  et  les 
"  ([uelques  diiiicultés  (|u"elU'  pourrait  i)résen1er  à  certains  esjjrils  peuvent  l'aci- 
■'  lement  se  lever  par  UIU'  explication  verbale  et  i)rivée: 

"  2o.  t^ue  tout  commentaire  coUectil' cpie  nous  donnerions  publi(iuenient. 
'■  ne  pourra  inaiu[Uer  de  soulever  des  inleri)rétations  (jui  ne  i'eront  ({u'auiiiueii- 
"  ter  le  troulile,  et  par  là  même  atténuer  et  nu'ine  paralyser  le  bien  ([ue  cette 
■'  lettre  a  déjà  l'ait  et  (ju'elle  continue  encore  à  l'aire  ; 

■k).  Que  le  teuis  n'est  pas  encore  venu  d'vn  l'aire  nous  mêmes  l'application 
"  directe  iww  /lersoi/ncx  cl  (i/i.r  /xd'fis.  et  (ju'il  eu  résulterait  beaucoup  plus  de  mal 
"  ([ue  de  bien  : 

4().  Qu'il  i'aut  par  conséquent  susj)endre  notre  juiienieiit  public  et  oliicicl  sur 
"  le  i>arti  au  ])o\ivoir  iedéral,  ni  le  condamner,  ni  l'absoudre,  mais  laisser  ce  soin 
■■  à  cluKjue  Hdèle  en  particulier,  à  l'aide  de  la  direction  (pie  nous  lui  avons 
doniu'c  : 

"'  .'xi.  (^u'il  ne  l'aitt  i)oint  non  plus  déclarer  (|ue  nous  avons  eu  l'intention 
'•  <li.'  ue  condamnei  (jui  cpie  ce  soit,  homme  ou  i)arti.  mais  seulement  de  procl;',- 
"  U'er  la  doctrine  et  les  droits  de  l'iv^lise.  la    lettre  le  dit    assez  par  elle   même.   " 

iVur  lever  tout  doxite  ail  sujet  de  cette  i'artorale.  Je  la  soumis,  lors  de  ma 
dépuration  à  Koiue.  en  IHTH,  à  l'attention  bienveillante  du  St.  Sieue.  et  elle 
valui  aux  Evéques  l'approbation  la  plus  llatteuse  de  S.  K.  le  C'ard.  Franchi  et 
les  éloiivs  de  rillustre  Pie  IX  hii-meme.   (P.  .1.  M.) 

C)r  voici  les  déclarations  que  me  lit,  en  deux  circonstances  diliérentes.  M«>-r. 
le  I)éléî>ué  Apostolique,  au  sujet  de  celte  Lettre  Pastorale. 

iJ'abord  il  me  dit  qu'à  son  arrivée  à  Koine,  pour  y  receyoM-  ses  instriictions 
touchant  sa  déléii-ation,  on  lui  avait  proposé  de  l'aire  rapptder  i)ar  les  évé<[ues  de 
la  Province  cette  Lettre  du  -22  Septembre  bST.").  mais  qu'il  avait  refusé  une 
mission  aussi  désagréable  et  que  sur  ce  refus  de  sa  part  on  modilia  ses  instruc- 
tions. 

Au  printemps  de  ]8T>^.  à  la  veille  délections  juditiques  qui  promettaient 
d'être  très  agitées  i>ar  suite  d'un  coui)  d'état  du  Lient,  troiiverneur  d'alors,  je  lis 
connaître  an  Délégué  que  je  me  proposais  de  rapjxder  aux  Fidèles  par  ixne  lettre 
pastorale  leurs  devoirs  d'électi'urs,  et  qu'à  cet  etlét.  je  voulais  fair(>  des  extraits 
de  la  Pastorale  du  22  Sept.  IHTô,  pour  détrvdre  la  fausse  impression  sous  la 
quelle  les  libéraux  avaient  réussi  à  mettre  l'oiiinion  pul)lique,  en  proclamant 
qu'elle  avait  été  révoquée  et  qu'elle  devait  être  regardée  eomnn>  luni  avenue. 

Son  Excellence,  tout  en  reconnaissant  l'opi^ortunité  d'une  Jiettre  Pastorale, 


Il 


nie   (Irloiulit  dt>  //f  n'r/i  rifer  île  lu   Lt'llri:  du   'l'I  Si'ph  iiihrc.  (lisMiit  ijiir   i-i;  srniil    (li^ir 
(lirerteineiit  contre  les  hixlrmiions  du  Sf.  Sir^r. 

Cl'  u"t>st  ])as  tout  ;  Son  l!]xtt'll.ct'.  ni  inritaiit  le  i)i('<l  sur  h' sol  ("auiulii'U, 
tUuis  su  ivpousf  à  uuf  iidrt'ssc  de  bii'uvi'iuu'  (h'  la  part  des  Ciloycns  d'ilalii'ax, 
in'oiioava  les  paroh-s  suivantes  : 

'■  Les  iirinrijin  //errera  i/ni  Irouhletil  I  IC/iro/ir  tnml  /jus  eiiforr  Innrrsc  I  Ocàin.  " 

MyT.  Touroy  n'avait  jamais  visiti-  la  terre  d'Anit'ricjuc,  et  le  ("iuiada  ne  lui 
<'tait  ^iiere  roiinu  avant  sa  ilélé;;'atioii.  Il  ne  pouvait,  eerlainement  p.is  avoir 
<'onstaté  [)ar  lui-niênie  les  courants  d'idées  existant  dans  la  l'rov.  de  QuéUec.  ni 
les  principes  l'iiux  et  les  erreurs  (jui  y  divisaient  les  esprits  depuis  hniii'lenips  ; 
il  fallait  donc.  (|ii'eii  lui  conliaut  s;i  mission,  à  Rome,  on  lui  eut  lait  coiMiaitre 
(|(le  ■•  li's  pl'ilicil)es  pervers  (jui  trouMent  ri']uroi)e  n'ont  p:is  encore  triivel'se 
rUccan. 


Mil 


us  (|Ui  aval!  duiiiie  celle  inloruuit  loii  au  Si.  >ieL;e  .' 
("e  n'était    certaiiieineiil    pas  les   l']ve(pie.s  de  la    Troviiice  (jui   allirmaieiit   ii 


contraire  dans  leurs  Décri't 
épiscopaux.   (  "e  n'était    pas  non  plus 


s  cojiciliairi's.  dans  leuis  maïKlements  et   auiie.s 


actt 


M'u'é   de  la   i)r(p\  iiice  (jUi   était    pres(| 


ne 


unanime  ;i  reconnaître   a\<'c 


l' 


pi.- 


>pal    les  daiiLi'ers  dont  ces    l'niii'strs  erreur.- 


mena/aient  l'avenii' de  noire  pays. 


Celle  inroriiiatioii,  en  toute   évidence,    \enail  commi 


aulres.  de    la 


liiiidr 


(udorilé  dont  pai 


S.  1'^.  le  Card.  Franchi  dans  sa  lettre  du  is  Mai. 


On  a    vu   plus   lu, m    (jue   celte  h^nilc  (uihirilr  s\'\c\\\    donné  la   triste  mission 
«l'accuser  a  taux,  et  dans  l'ombre,   le  clerué  de  la   Province  et  même    les  éve(|Ues. 


en 


suite  celle  d'atla(|Uer  la  l'aslorale  du  'l'I  Sept.  iSTô.    comi 


ne   un   hors-(l  u'uvie 


dont  il  l'allait  même  ne  i)lus  donner  d'extraits. 

(  )r  la  lo<i'i(|ue  poussait  les  dénonciateurs  à  cette  di'rniere  inrorma».i()n.  savoir 
<|ue  le  mal  révolutionnaire  européen  n'avait  iK)iiit  pénétré  che/  nous:  car  après 
avoir  déiiiu'i'é  le  clerti'é,  les  éveijues  l't  les  actes  épiscopaux  (jiii  diiioncaient  trop 
clairement  les  i'unestes  doctrines  du  libéralisme  européen,  il  l'allait  bien  ailirmer 
((ue   ces  doctrines    n'exislaienl    [)as     en    Canada,   (qu'elles   lùtvdktil    jjiis  Irai'vrsé 

,f()C('l'll. 

C'est  ce  (ju'allirmail  positi v«'meni  Mr.  Henj.  l'acjiiel  à  Rome  en  IsTO  comme 
le  prouve  la  lettre  <|ue  j'adressais  à  S.  l']x.  Mu'r.  Aii'no//.i.  alors  secrétaire  de  la 
S.  C.  <le  la  Propai^'ande.  dont  voici  un  extrait,  et  dont  l'oriu'inal  peut  être  trouvé 
dans  les  bureaux  de  la  Propaii'ande.  "  Monseigneur,  \'.  l'excellence  m'a  dil  mer- 
"  cnnli  dernier  que  Mr.  lienj.  l'aiiuet  allirniait  qu'il  n'y  avait  i)as  de  libéi'alisniti 
'■  latholiqiu'.  ou  presque  point,  en  Canada.  Je  tiens  à  donner  à  V.  I'jX.  la  [)reuvo 
"  du  contraire,  et  la  voici  :  etc.,  etc.  " 

On  voit  donc  ])av  cette  lettre  (jue  Mr.  1>.  Paquet  allirniait  devant  la  l'ropa- 
gaude  en  187(5,  ce  (|ue  vint  répéter  Mgr.  le  Délégué  plus  tard  eu  débarquant  sur 


lii  tt'iTf  (lu  C'iinadii.  sav 
IHtiiit  [léuétré  chez  //oits. 


uir 


12 


t//ir  /'S  itriiirijHs  /jrn-i-rs   (jiii  trinihiciil    /' /'J/im/ir  ii'tiniiriil 


Or  l'f'  l'ait  î'tait  coiiti-cdil  :  lo.  l'ar  It's  IVri's  du  V  Concile  ni-oviiuial  di'  is 


/•)■ 


'lo.  l'ar  la  Pastorale  eolleclive  <lu  22  Sei)teiubre  IHTÔ:  ^Jo.  l'ar  le  léuloi^>,■nai>•e 
presqu^'  iTHaiiiiue  du  cleriit'  de  toute  la  Province.  4(».  Par  les  journaux  et  les 
(mitmirs  du  i)arti  libéi'al  (|ui  avaient  procjaiué  tant  de  l'ois,  depuis  I.S4S.  ces  doc- 
triiu's  ])erverses  (|ui  aiziteiit  aujourd'hui  le  vieux  monde,  .hi.  Pju-  hi  sup])li(jiu' 
au  îSt.  Père  (P.  ,1.  T.)  dans  huiuell.'  les  l'^vivjues  du  C'aïuula  disaient  :  ■•^'u  les 
"  ellort.s  inouis  laits  ici  pour  réi)andre  l'uriivenu'nt  le  lihéralisnu'  catholicpu'.  les 
■■  soussisi'nés  8Upi)lient  instamment  Votre  Sainteté  de  condamner.  exi)resscnn'it 

■  i)()ur   iu)tre   Canada,  celte   si'.htile  et    danii'ereuse  erreur  (|ui  menace  de  déraci- 

■  in-r  des  c(r>urs  de  nos  bons   catholi(|ues  tout  sentiment  de  loi  et  de  piété."   (lo. 


Par  l'Adre 


daii 


sse  du   Dcpu 
«Ih 


té    des  l']\é(|Ues  présentée  à    la  même  époipie  au 
•1 


St.    1 


cre 


is  laquelle  il  est  dit  entre  autres  choses:  "  c'est  dejuiis  2")  ans  envii'on  <|Ui' 
■■  les  erreurs  contemporaines  oui  c(nnmeiué  à  l'aire  sentir  leurs  l'utiestes  ell'ets 
etc.,  etc.    (P.  .T.  S.)  "o.  Par    Pie    IX    lui-même.   (|ui.   réiiuliereinent    inl'ormé   par 


11 


!ipiscopa 


t.    d 


isait    dans    son  hre 


de  is 
■Il 


<•> 


N 


ous  avons  ( 


lu  1 


ouer  le 


Zi'h»  avec  lecpu'i  vous  vous  êtes  ellm'ces  de  prémunir  le  nienn'  peuple  contre 
les  astucieuses  erreurs  du  libéralisme  dit  catholi(iue.  d'autant  plus  danLti'reux 
(,'tc.  etc.   " 


Par  conséquent.  S.  l'^x.  le  Délégué   Apostolique.  ))ar  son   assertion,  non 


seu- 


emeu 


t  contredisait   et  les    Evéïiues.  et    le  cleriié  et    les    l'ait 


s.   nniis  enc(n'e,  en 


niant  .soleniudlement  comme  Déléii'ué  Ai>ostoli(jue,  ce  (jue  Pie  IX  venait  d'al'- 
lirnier  ([ue!(|ues  mois  auparavant  dans  un  document  oiticiel.  mettait  le  St.  SiéL>e 
en  contradiction  avec  lui-même. 


IV 


Les  /)ri>/ci/)i'!<  /ien'er!<  (fui  lroiihli'nl  I  /'Jum/ie  f:i:is/rnt   révllrninil  tii  Cdiiiida. 


(V  qui  précède  démontre  clairement  ([u'il  y  a  eu  dt  iix  sources  de  renseiane- 
meiits  auprès  du  St.  Sièiiv,  l'vuu'  réii'ulière  et  en  i)leine  lumière,  celle  des  Kvè- 
ques.  (jui  a  prévalu  auprès  du  Soiiverain  Poutil'e,  et  ruutre  <|ui  a  procédé  dans 
l'ombre  à  l'insu  des  livéquos.  et  ([ui  sembh^  avoir  ])révalu  auprès  des  Cougréga- 
tious  dont  elle  a  surj^ris  la  lionne  loi. 

Depuis  187S,  c.  à.  d..  après  ([ue  les  instructions  doniu''es  par  le  St.  OlRce  au 
Délégué  Apostolicjue  lurent  connues,  il  y  a  eu  d(>s  réclamations  :  le  soussigné, 
en  particulier,  crut  de  son  devoir  de  protester  contre  l'exagération  et  la  l'ausseté 
dos  renseignements  (jui  avaient  servi  de  base  à  ces  instructions,  dans  uiu'  lettre 
eu   date  du  7   Octobre  1H7H,  qu'il  lit   remettre  à  S.  E.  le  Card.   Simeoni  par  les 


1:î 


Kv<'(]U('s  (r()lln\v;u'l  (le  Si.  1 1  vaciiil  lie  liii.-;ilit  à  irl  If  rixxinc  li'Ur  visiltw^^/ ////(/////. 
Miilurr  ft'la  ropiiiioji  Hiciul)!»'  nicon'  ctii'  (]•' lin  diahlt'  aux  l'Ivcciiics  cl  au 
ijcriii'  <!('  In  Province  (le  (jurIxM- :  les  (Incuniciils  t'iii;iuts  le  l-"!  Scplciuhrc  dcr- 
uifi'  t'ii  loin  l'oi.  ,]v  veux  doue  i-ssayci' df  Juslilici'  lo  l-lvi^iucs  cl  le  clcviir  auprès 
(le  \'(>s  l'hiiiutMices. 

.Il'  eouiprends,  lùninenlissiuies  Seiiiiieurs.  (|\U' J'aborde  le  ixiiiil  le  plus  dilli- 
eiledeee  mémoire,  à  eausi' des  préjugés  (|ui  oui  été  soulevés  contre  plusieurs  pré- 
lals  cl  ,'oulre  le  cler'.:é.  en  les  rei)réseutanl  comme  auiinés  dun  zcle  exaiiéré  cl 
imi)ru<lent. 

(V'])eiulauî  la  vérité  (>sl  (pie  ces  l"jvé(|Ues  et  le  cleiii'é  eu  liéjiéral  n'ont  lail 
que  leur  devoir,  ils  n'oiii  lait  (juc  coml>altre.  dans  de  justes  nu'surt  s,  <h's  doc- 
trines et  des  erreurs  coiulam nées  ]>iir  le  St.  Sicor. 

Vax  dénonç'aut  ces  l'unestes  erreurs  et  eu  les  couilKittanl  connue  ils  l'ont 
l'ail,  ces  pi'clals  el  ce  cleriié  u'(' t aient  iioint  dans  l'illusion  et  ne  coinhaltaient 
l)as  des  i'anlunies,  comme  ou  s"es'  plu  à  le  dire,  nniis  ils  étaient  en  présence  d'un 
nnd  et  d  un  dauLicr  (jui  nétaient.  hélas!  (jue  ti'o])  réels,  comme  je  veux  présen- 
tement le  démontrer  à  \ Os  iMuinences. 

(  )u  s'est  plu  à  dire  el  à  répéter  à  l\ome  (jUe  le  //Ixni/isinr  ((hiddicii  n'avait 
rien  de  «ommun  avec  le  libéralisme  n/rojwr//.  et  les  i)remieres  paroles  prononcées 
l)ar  M'/r.  le  J)éléa'ué  Apostoli(pie  en  mettant  le  i)ied  sur  la  tei're  canadienne 
proiivaieiii  (jue  Ton  avait  réussi  à  le  l'aire  cioire  aupns  du  St.  Sieu'c,  i)uis(jue  S. 
Excellence  proclauniit  comme  un  lait  certain  (]Ue  'rs  jni/ici/iis  jurrcrs  t/ui  hanhlciil 
I  l'Jin'(>//('  Il  (ivdictil  jios  riicore  /nivn'sc  I Orrmi. 

\m  vérité  pourtant  est  (jue  ces  priiici/ies  jirrn'is  étaient  d(''jà  acclimatés  au 
Camida  depuis  plus  de»  vinu-t  cimi  ■'i'''^-  *'•  qn''  le  libéralisme  vdiimlifii.  \m\v  ses 
tendances  anii-sociales,  i>ar  sa  haine  de  l'I^iilise.  par  ses  principes  i)ervers.  m- 
diliére  en  rien  du  libéralisme  rnntpcfii. 

Si  par  malheur  ces  erreurs  l'unesies  venaient  a  iircvaloir  dans  noiir  heureu- 
se patrie,  elles  ne  man(|ueraien1  pas  d'at tirer  sur  l'Esilise  du  Canada  les  mêmes 
calamilés  et  les  mêmes  ruines  (pi'elU's  ont  i)roduites  dans  les  diverses  contr(''es 
de  rJilurojx'. 

C'est  eu  1.S4S.  (jue  le  i>-rou]>e  d'hommes  imbus  des  i>rincijies  Taux  et  ])ervers 
dits  i)rinci])es  de  8!i.  apparut  au  Canada,  connue  i)arti,  et  c'est  à  celte  éi)o(iue 
que  se  croyant  assez  forts  ji  ur  répandre  et  l'aire  pivraloir  dans  notre  pays,  leurs 
doctrines  et  leurs  erri'urs.  ils  l'ondéreul  le  jourtnd  "  L'Ari'tiir/'  Ce  journal  l'ut, 
tant  ([u'il  exista,  Torii-ane  olH<'iel  du  parti  libéral  camidien  :  en  voyant  ce 
qu'était  roryaiu",  on  verra  (|ue  le  ])arli  n'était  i)as  seulemeiil  un  parti  poli/itii/e 
mais  surtout  \\n  parli  (tnli-vdlholhini'. 

Il  est  donc  imp(n'tant  (ju'ou  connaisse  ce  j(nxrnal  pour  bien  connaître  (  o 
qu'a  été  le  parti  à  son  début,  comme  il  sera  important  d'étudier  les  jounuiux 
qiti  ont  suc(.'édé  à   "l'Avenir"  pour  suivre  la  marche  du  parti. 


I 


'■'(1 


—  14  — 

Arborant  in't'c  osU'litiitioii  K-  (Iniiiran  lihrrul  «lu  cicu.r  unui'h:  l'Arniir  drljiHa 
])av  le  uiamlt'îstc  (jui  suit  : 

IUtui  unîtes  |«ir  loiiscu-iicc  et  ( 'miiiiliciis-lViiiiriiis  il  iiiiji'iiic  il  iiinis  {M'iriiiit  ilc  Minier  ipn'  les  ((inniiits 
firi  liiipU's  (le  lu  (liMiH"  liilic  c|ili  Sdiiticur  idiiniinl  lilii  le  UKHiilc  rivilist-,  inisM-niii'lit  iiilililcliiclit  ici,  tiilitc  de 
()i)iiv(iii-  tiiiiivci-  lin  lil  I  (iiiiliiririii  Niir  1rs  ti'nis  ilii  iiuiivcaii  iiioiéiIc...  Siims  li'  Milliiif;c'-iini\ii-si'l,  i(ii.llc  m  lii  Im 
i-oiisi'cliitioli  Ir^ritiliic  cl  nitiiilicllc  ili'S  lil'nits  illl  l'iiliviiii'.'  Scui-cc  lil  ;;iiiitlc  iliiiiilc  de  lu  SiUliU-Alll|iiiUlc 
glissiuit  siii  le  Iriiiil  iliiii  Ikiiiiihc.  i|iii  le  l'eni  Soin  eniiii  cl  lé^isluleiii-  île  tuiite  une  nuliniil  Nous  uvoiis  le 
niilllieni' lie  ne  |iiiK  eiiiii|iiiiiilre  iiinsi  le  |iiiissiinl  ilriiit  île  l,i  Sniiveiiiiiieté.  Nmis  |irenilruns  dune  lu  libellé  de 
piélcrer  très-uninient  à  l;i  liiiileiiM'  eunséi  raliuli  de  Itlii;inis.  lelle  i|iii  en  IHlK,  s'éeliapliiiit  liirle  et  |iiiie  de  la 
(loitline  d'un  niilile  pelllile.  l,es  Uiltiuns  umI  jadis  eu  le  Cliri^liaiiisnie,  les  seiemes,  les  mis.  rini|irinieiie  (|>li 
les  tirent  civilisées;  elles  aiiiunl  niaiiitenanl  rcdiiealidii  |Mi|iii!aii'e,  le  c niiiiiieiie  cl  le  siilliai;e  iinivi  isei  qui  le^ 
lerout  lil  lies. 

Après  un  tt'l  di''l)Ut  on  m>  sfra  pas  su^[)^i^  de  voir  n'  journal  s'attaciucr  a 
tous  les  priucipt's  religioux  et  sociaux.  C'V'sl  vr  dont  il  est  l'açile  de  se  eonvain- 
cn'  eu  lisant;  les  extraits  suivants  ; 

•iiiand  après  (|iialrc  siècles  de  |)ei-sècutiiili>-.  la  |i|-esse  liil  |iar\eiiiie  a  liiiiei  les  cliaines  i|iii  la  leiiaiciil  à 
lèciuii.  les  piéjMj;ès  s évainmirelil.  les  privilèircs  de  castes  ilis|iiii'meiii.  la  tnidalilè  ciilillia  le  limil.  la  rn\ailtè 
tKliilia  et  II'  peuple  devint  roi. 

Vllih\  l'tf  livre  de  la  pn  S.-.e.  lelivre  J^I'iiSm'  cnliilue  le  liionde,  iiil\  le  ;;rail(le  c  illlllli'  tmil  ce  ipii  émane  du 
peuple,  leiivie  de  réuéliéialiuli  siiciale.  tl'iiiluplie  de  la  rui.sun  sur  la  Inii  c.  victoire  des  masses  sur  les  individus  1 
I,es  droits  résultant  du  pacte  éternel  lait  entre  Uieii  et  lliomiue.au  jour  de  la  ciéiition.  soia  les  droits  de.  la 
presse  liluc  ;   elle  lien  recoiinait  pas  d'autres  (Afun.  J  .\vril   IMIM). 

A  propos  des  ordres  religieux  : 

Dans  le  siècle  où  nous  sommes,  nous  ne  coiupreiions  pas  l'c.- istcuce  dune  coniniiiiiauté  dlioium;s  ,sc> 
livrant  à  la  \  ie  contemplative  dans  le  ciliée  et  la  liaire  :  c Cst  à  nos  yeux  une  déploraljic  alx'iratioii  du  spirilun- 
lisiue.     Cil  l>éceintire  jH-tS). 


Sur  le  pouvoir  temi)orel  du  Pape  : 


Les  dernières  nouvelles  d'Kiirope  nous  appiciineiit  la  déiliéaiice  du  l'apc  comme  roi  et  la  pnie|amatio;i 
(le  In  répiililiipie  à  iîomc.  .V.<».v  »,i/iitinK  m'cc  iiil/inii.'<iiism''  ci  ri-: /irm'i'l.  '[Ur  mms  n'hésitons  (.as  à  proilaiiier 
coiuine  Kloi'ii'i'-'^  pm'i'  lu  cause  des  nations. 

Aussitcit  ijne  le  peuple  s'apperi;oit  ipi  une  autre  foriue  de  ;;ouverneiiient  lui  serait  plus  a\iinla,i;eiise.  il 
ne  t'ait  iiuV.verciT  un  droit  liuontestalde.  sil  1  ado|ite.  t'es  principes  de  piuveruemeut  sont  vrais  pour  celui  de 
Uimie,  eomine  pour  celui  do  France.  .Vous  avons  regretté  l'emploi  du  inonitoiie  lam  é  par  le  Pape  contre  ceux 
»iui  paiticiperaient  au  piuverneiiienl  nouveau  ;  car  nous  y  trouvons  un  abus  du  pouvoir  sjiirituel  de  iii  part  du 
l'ape,   pour  con.server   une  autorité   temporelle  et   purement  profane.      l/K-li.se   n'a  nullem.nl    lies.iin  de   cette 


souveiuiiiete  piiiir.se  maintenir.     Sii|ipiisons  ipie   l'Ivi^lise  retire  diin 


es  avalitaues  de  .i'  pouvoir   teinpiuTl, 


ce  qui  peut  être  une tTui-Ktion.  nous  nous  demandons  cDmment  il  .se  pourrait  laire  qii..ii  pi'it  oxiucr  des   Italieiii 
«Ml  particulier  les  sacriti.es  de  leurs  droits  politiques  pour  la  commodité  du  risie  des  nati.nis   cliiètietiiies.      Lt 


Italiens,  comme  peuple,  ont  droit  de  se  clioisir  la  lu 


■m.'  de  ;jouviMneiiient   qui  leur  est  la   plus  avanta^'eiis 


leur  consentement  seul  peut  leur  l'iuire  renoncer  i\  ce  droit.     Kux    sei 


ils  sont    les  jup's  de  l'exercieti  de  eu  droit. 


—  lô  — 

FortH  (lu  notre  conviction  niisoiiiu';!',  nous  iittcndons,  en  le  tavoiisuut  iiiitaut  i\nc  nous  i>ouv(ins,  le  tv^tf 
dcH  idcc'H  dôniocrutiqucH.  Nous  l'iiltcnilons  avec  ccrtitiule  ;  car  nous  lu  réiiétons,  cette  doctrini'  ont  le  latioiia- 
linniu  en  politiiiue,  et  In  raition  doit  dominer  le  monde.     (Arenir.  14  Mars  isr.i.; 

Voici  (îoinmeut  VAvenir  isigiiale  les  avertissements  qu'il  reçut  de  lautoriié 
religieuse,  pour  les  doctrines  pernicieuses  qu'il  colportait  dans  le  diocèse  de 
Montréal  : 

Deimlx  longtemps  mais  nous  sommes  apur(,'u  qu'une  partie  notable  du  Clergé  avait  déclaré  une  guerre  ù 
mort  contre  notre  journal  i\  cause  de  ses  principes  iiolitiqws  !  Cette  guerre  ne  remonte  pus  d'hier  :  elle  renio!ite 
l)ien  auilelii  même  de  nos  articles  sur  la  démocratie  en  Italie.     (Arfiiir,  Ifi  -Mai  1S4',I.) 

Nous  sommes  peiné  de  voir  (pie  la  conspiration  (iintre  notre  Journal  émane  de  notre  évé<|ue  ('atliolii|ue 
<le  .Montréal.  (Ar.inr.  14.1iiin  IMl'.i) 

Voilà  bien  la  tactique  de  nos  libéraux  !  Ils  battent  en  brèche  l'Eglise  et 
son  chef,  ils  proclament  les  doctrines  les  plus  perverses  !  et  si  l'Evèque  du  dio- 
cèse les  admoneste  pour  ces  méfaits  ,  si  le  clergé  s'oppose  à  la  ditlusion  de  ce 
mal  au  milieu  de  leurs  ouailles,  de  suite  ils  crient  qu'on  attaque  leurs  princiiu-s 
jiuliti'iiœs  ! 

Tour  se  venger  de  cette  conduite  si  juste  du  clergé,  ils  se  mirent  à  attaquer 
rinstitxition  de  la  dime,  garantie  par  les  traités  de  cession  du  Cana<la  à  l'Anirle- 
terre  : 

.\  la  campagne,  nos  hommes  éclairés  qui  sont  des  docteurs,  des  notaires,  des  instituteurs,  sont  générale, 
ment  dans  les  iKaines  grâces  des  curés,  et  ils  n'osent  point  écrire  |)om'  l'aliolition    des  dimes,   tjint  ils  craignent 

<le  iierdre  cette  amitié  curiale Xe  vaut-il  pas  mieux  être  du  peuple  l't  appartenir  <le  coe\ir  et  de  fait  an 

peuple  que  de  cniindre  cette  aristocratie  à  robe  noire  qui  larcssc  une  journée  et  qui  ne  niuglT  pas  de  frapper  un 
ami  de  la  veille  (.'t  de  le  vouer  au  mépris.  (Arenir.  ,"i  Juillet    I84'..i.) 

Comme  l'autorité  diocésaine  renouvelait  ses  justes  condamnations,  le  parti 
s'écrie  : 


■  m 


Hallions-uous  autoin-  de  notri.'  joiirnal  l'.lr.  o/r.  ilaus  ce  monienl  de  danger,  et  si  nous  scpmmes  proscrits, 
analhéinatizés.  sovons-le  en  masse  ;  mais  (pie  notre  noiulire  fassi^  au  moins  treinliler  les  tyrans,  (pi'ils  portant  des 
loinoures  ou  des /mre.»  .'  (.Iiv;i/y.  IJ  .luilli't  IH4'.i.) 


L'année  suivante  le  comité  de  rédaction  de  cette  feuille,  composé  des  prin-» 
cipaux  chefs  du  porfi-h'hénil,  A'oulant  surexciter  l'opinion  publique,  fit  réi)andre 
à  profusion,  par  le  journal  VAvenir,  un  écrit  vraiment  pamphlétaire,  dans  le  but 
évident  de  déverser  sur  l'action  du  clergé,  les  droits  de  l'Eaflise  et  la  sainteté  de 
ses  institutions,  des  outrages  digne.s  de  la  haine  infernale  de  Voltaire.  En  Ca- 
nada comme  partout  aillexirs,  la  révolution  est  ordurière  de  sou  essence,  et  l'on 
ne  doit  pas  être  surpris  s'il  y  a  des  turpitudes  dans  ces  écrits  que  l'on  est  foreé 
de  passer  sous  silence. 


—  l(i  — 

V^oici  un  long  extrait  d»^  cet  écrit  scandaleux  : 

■  11'  pliiiilu  i)um  l'aboliliou  (IfKiliiiR's,  tiiiit  iiiir  lu  (pif  le  systé'iuu  est  injnslc  en  liii-imiiic,  nue  iiiiiii(|ii  il 
iliMiiic  iui  iliTgé  iiiu'  iiitiiK'iice  indue,  dont  il  ii  tiuit  iilniso  |>oiir  le  nmlluur  du  imys.  l'.t  toutes  les  foudiitiims, 
(lUflies  aient  un  pour  auteurs  le  elergé  im  les  liii(|ues,  ne  sont  elles  pus  une  nouivc  féionde  d'inthienee  punr  le 
eleiKi'',  puisque  eest  lui  «lui  les  (liri).'e  diiKleimiit  ou  indjieeteiiient  ?  J.e  désii'  de  diMMiner  qu'il  il  montré  tou- 
jours et  [lartout  ne  lui  a  jiinmis  liiit  nij'liKer  leii'oyen  puissant  d'iniluenee.  Il  ii  même  osé  prétendre  jiiie  lu 
direetion  de  l'éilueiilion  lui  iipi^Mtenail  de  dmii  divin. 

1,'lIoM.  de  r.oneJKi  ville  (mort  <lepiiis  en  11  liisaTit  les  sa -i-enients)  a  iiarlaitement  eoinpris  à  quoi  t(Mi<Iiiit 
lu  elergé  en  important  ici  eliaipie  année  iiuelipie  eomniunauté  reMirieUse,  quand  il  s'est  opposé  à  divi'rs  reprises, 
en  elmmlire.  à  l'ortroi  d'ai  les  cliiicoriioralion  pour  ces  comminiautés.  Ce  Monsieur  a  senti  comliien  l'accmiiida- 
tion  de  la  propriété  entre  lis  mains  du  clerjié  est  dangereuse  pour  la  lilierté.  et  il  a  le  mérite  d'avoir  le  premier 
jeté  le  cri  d'alarme  dans  le  iiarlement.   1-e  Clergé  Catholique  du  Canada  est  déjà  trop  riche 

On  craint  la  lundére,  et  le  moyen  du  Clergé  poin-  empêcher  la  lumière  c  est  de  ne  donner^ie  l'éduca- 
tion ([Ui  lui  convient  ;  on  craint  la  lumière,  [larceque  la  lundére  amène  l'cxauien,  ipie  la  lumière  ap;.rend  à  [lun- 
ser  soi-même,  que  la  lundére  amène  la  liberté  :  car  il  n'y  a  ([ue  les  peupli's  ignorants  (jid  .«ont  esclaves. 

Les  dimes  constituent  ici  ce  que  l'on  appelle  l'alliance  de  l'IOglisiM't  <le  l'Ktat, alliance  expresse  ou  tai  ite. 
jiar  laquelle  le  pouvoir  soudoie  le  Clergé,  à  condition  ipie  celui-ci,  en  tout  et  toujours,  p'êeheiu  l'obéissance  au 
pouvoir 

l'eu  de  siècles  après  i'etalilis.seuient  du  ehristiani>  Mie,  le  Clergé  dégénéra  de  son  premier  esprit  et,  loin 
de  songer  à  ciétrinie  la  tynmnie  comme  il  y  était  tenu  iiar  sa  mission  de  charité,  il  se  rangea  du  côté  des  tyrans 
qui  pouvaient  lui  donner  pouvoir  et  richesses.  Le  (!lergé  dans  l'opulence  alla  toujours,  dejiuis  lors,  se  corroni- 
pant  davantage.  Lis  l'apes  mettent  de  coté  la  tiare  et  la  croix  pour  pieiidre  le  cas(pie  et  eeiiidn:  l'épée  ■  les 
évêiiues  se  lont  la  guerre  entre  eux  ou  combattent  contre  les  .seigneurs  ;  le.-- moines  [  assent  leur  vie  da  i  la 
richesse  et  loisivité  ;  le  peuple  se  débat  dans  l'agonie  du  désespoir.  Au  Moyen-Age,  dans  le  monde  catholiipie, 
on  ne  voit  plus  de  peiqjle  ;  il  n'y  a  [dus  guère  ipie  des  seigneurs,  des  évêques,  des  moines  puis  des  serl's  (encla- 
ves), att;ichés  ù  la  glèbe,  (|ui  cultivent  la  terre  au  proiil  des  seigneurs  et  du  clergé.  Si  le  déri'glement  dii^clergé 
est  extrême,  l'abrutis.seineiit,  la  dégradation  du  iieiiiile  ne  l'est  pas  moins.  Uien  ne  démontrera  mieux  celle  dé- 
gradation que  le  droit  infâme  ciue  s'arrogeaient  les  seigneurs  sur  les  épou.s.ses  de  leurs  serfs,  la  première  nuit  île 
leurs  noces,  droit  contre  le  quel  on  n  o.'-uit  pas  même  réclamer 

Dans  le  Moyiu-.\ge  qu'on  appeller.iil  mieux  le  règne  des  moines,  tout  était  entre  leurs  mains;  lois,  reli- 
.gion,  gouvernement,  ('était  le  Clergé  qui  faisait  les  lois;  c'était  eneoi'e  lui  (pli  remplissait  les  tribunaux;  il  était 
juge,avocat,  grellier  huissier,  ute.  Lui  seul  savait  lire  et  écrire  ;  souvent  le  souverain  même  ne  pouvait  signer  son 
nom  et  se  contentait  d'ajip.iser  sii  grille.  Le  clergé  avait  su  amener  h;  peuple,  les  grands  et  les  rois  même  à  cet 
état  de  complète  ignorance,  pour  dominer  plus  siiremeiil  dans  l'Etat  e<miine  dans  l'Eglise.  Il  avait  le  pouvoir, 
les  honneur.s,  les  richesses  ;  il  ouvrait  et  fermait  le  ciel  au  moyen  des  indulgencc's  et  des  exeommunieations  ; 
que  lui  fallait-il  de  plus'?  Quelque  cIkisc  encore,  iiuis(iuil  était  soumis  aux  lois  (pi'il  avait  faites,  (jui  n'a  pas 
entendu   parler  du  sabl  lat  '.' 


On  me  dira  peut-être  (pie  les  excès  (jne  je  signale  dans  cet  article  ne  sont  plus  possibles,  grâce  au  pro- 
grès (k^  la  civilisation  et  de  la  idiilosoiihie.  .Je  réponds  que  les  mêmes  causes  produisent  les  même»  elfet.s. 
l'ériclés  et  Cieéron  auraient-ils  pu  jamais  s'imaginer  (pie  leur  belle  patrie  serait  envahie  un  jour  par  des  barba- 
res, et  que  les  l'apes  et  les  moines  y  doinini^raii  nt  un  jour  '!  Qui  peut  dire  ee  que  les  destinées  réservent  au 
t'anada  '.' 


Le  ri'gne  des  |)rêtres  commença  au  régne  dfs  Pharaons,  dans  les  7  années  de  famine.  Les  prêtres  s  empa- 
rèrent des  biens  du  peujile  et  le  tinrent  dans  l'ignorance  et  la  misère  atin  de  le  dominer..  Les  prêtres  dans 
tous  les  temps  ont  su  tirer  parti  de  la  faiblesse  inhérente  à  notre  nature  pour  dominer  et  satisfaire  leurs  pas- 
sions.... Les  idoles  faisaient  l'amour,  les  tilles  étiiient  belles  et  ne  donnaient  le  jour  qu'à  de  faibles  mortels 
fort  ressemblants  aux  prêtres,  (jhei'.  les  l'erses  et  les  lîabyloiiiens,  il  exi.siait  une  allifinee  entre  l'Eglise  et   l'Etat 


—  17  — 

([ni  |i|i>(luisil  ics  nii'inis  liMPliillIlDsilés  ;  les  pldivs  y  LumilIllilliLllt  1rs  ik.iijiK'S.  Les  lniitlVS  de  rillili({uil('  Il  é- 
fuii'iit  l'iiN  iliirliiii.s,  à  lu  vi'i'itc'-;  rniiis  lu  icliu'inii  ilii  prôtif  lu'  liiit  ricii  à  l'iilViiiR',  (IH  Jimv.  1850). 

l'it^  IX  se  iiri'liani  l'i  iciitni  diiiis  lioini-  sur  iKs  iiiDiuniiix  <li'  aiiluvivs  ot  à  tmvclK  lU-.s  Unis  liu  NUig  iiu'il 
Il  luit  iv|iiili<lrc.  (IH  Adiit  ISl'.i), 

l.'lR' iclinioii  i|iii  lu.iu-  .si'tiililir  (111  SI' sdiitciiir.  ii  lii.'siiiii  de  |n'istM  iiti-r  sus  (.'Uin'iiiis.  lu-  piut-Otii' ciu'uiic 
riliiridii  liiussc. 

I/liistciiri'  ilf  la  l'iiiiiiiti'  iiinduiit  une  siiilc  de  slùclis,  est  1  liistoiic  do  t(jiis  les  ciiiiifs  iiui  ont  ilisliimoii' 
riiiiiiwiiiiti  .  Il  n'y  il  (ju'iiii  |iirlr>'  iiipiiblf  do  tiviiipcr  dans  des  proiodcs  aussi  ignolilis  ot  d(int  lu  iJirvtisitô 
liU'tlniit  au  l'an  do  l'opiriidu  puMùpio  lnut  autic  individu!!  (21  .lunv.  IHfid). 

l'ius  lo  niiindo  niaii  lif.  nmins  les  pittros  dovionnont  nooossains  dans  l'onho  moral,  'l'oil.s  los  jours  lau- 
toi'ilo  dos  l'^viMpios  oouiniot  dans  les  oanipaf,'nos  do  liontru.sos  injustioos 

V.n  polili(jUo  il  n'y  a  ni  r<ii,  ni  auli;rito  pour  lior  K's  Iminnii's  ontr'cu.N.  (iil  Mai  IH.'j(i). 


.Tl'  di'inaiulc  pardon  ù  Vos  J'iniiiiciiccs  di;  ti'K  longues  ot  dégoûtantes  cita- 
tions ;  mon  excuse  est  la  nécessité  de  vous  l'aire  (-onnaitre  comment  a  débuté  le 
l)arti  libéral  au  Canada,  do  quels  principes  et  de  quels  sentiments  étaient  ani- 
més à  son  début  s'-s  chefs  et  ses  écrivains,  à  peu  près  tous  alHliés  aux  sociétés 
secrètes,  envers  Tillgliso  Catholique,  le  l'ape,  les  Evè({ues  et  les  Prêtres. 

Cette  franchise  brutale  et  cett(>  expression  claire  et  précise  de  leur  but  anti- 
catholique, révolta  le  sens  reliuùeiix  de  nos  bonnes  populations.  Après  quelques 
années  ces  dénuigogues  comi)rirent  que  pour  auiiiuenter  davantage  le  nombre 
de  leurs  adeptes,  il  l'allait  y  aller  moins  ouvertement  et  déverser  à  plus  jjctite 
dose  le  venin  (h'  leurs  principes  iiervers. 

Ils  i'ondcrent  en  couséquenct;  en  18ô2  un  nouveau  journal  sous  le  litre:  "Le 

Bien  que  décidé  à  se  présenter  à  ses  lecteiirs  plus  déceuunent  que  son  dé- 
A'aiicii'r,  le  nouvel  organe;  du  parti-libéral  débuta  par  un  panégyrique  sans  ré- 
serve de  tous  les  mêlai l s  de  l'Are/iir. 

Voici  comment  le  l\i//s  en  débutant  donne  son  adhésion  au  programme  de 
Y  A  venir  : 


''"■'1 


'i'outos  los  rot'ornirs  pro^'rossivos  ijuo  l'Airiin-  a  douiandoos,  il  (/,>■  l'ui/i')  losdoniandora  onoori'  ol  loujour», 
tant  i|uo  la  nation  no  los  aura  |ias  olitonuos.  Si  l'activ  ito,  lo  ooiu'a^ïo.  la  t'orniotô.  la  roiistanoo,  le  talont  ot  lo  dù- 
vouomont  à  la  oauso  sjicroo  do  la  partrio  sont  dos  j,'arantios  do  suooos,  oi'lul  do  Wlintir  est  assuro.  Nous  tornd- 
noniiis  on  on).;ai;oant  tous  los  atnis  do  la  doniocratio  à  s'alionnor  à  oo  journal  ;  car,  ooninio  lo  dit  lui-niùnio 
VArriiii:  il  ont  temps  (juo  la  population  ranadioruio  (  ompronno  (pi'il  lui  îimt  nooossfiirement  aoutoiiir  un  lion 
n<imliro  do  journaux,  si  ollo  vout  suivro  lo  pro;:ios. 


Ce  souhait  de  VArciiir  ne  s'est  que  trop  malheureusement  rétilisé  ;  car  l'on 
compte  au.jourd'hui  euA'irou  vme  quinzaini'  de  journaux  français  qui  ont  travail- 
lé au  soutien  du  jxnii-.ihcraf,  et  dont  la  moitié  environ  ont  disparu. 

Bientôt  après  sa  fondation,  la  rédaction  du  Pai/s  fut  confiée  à  un  roniiint-ier 
français  nommé  Emile-Chevalier,  qui,  en  prenant  possession  de  cotte  feuille.  Ut 
la  profession  de  foi  que  voici  : 


—  l»  ~ 

.leRtiinc  ([IK' tout  liiiiimic  iHiIitiiiUf  inii  monte  à  l'iiiii'  iIck  tiilniiicn  |iolili(iiics  de  la  inililiiité,  .loit  tout 
d'abord  diro  ce  qu'il  fKt,  ir  (inil  veut.  <c  ù  niiui  il  iispirc.  iivmit  d'rnlrtT  <liins  la  diwuKsioii  ou  l'apiiliciition  di's 
6ventuulitén.  Partant  de  ic  iiriniipc,  Je  débuterai  (lar  uue  sorte  di^  conl'eKsioii  (pii  ne  laissera  aïKiiu  <Kiute  nui- 
mon  compte  aux  démoenites  du  t'uiiada. 

Ce  que  Je  suis  .' — lu  lépublicain-siicialiste. 

Co  que  Je  veux'.' — Des  réi'oilnes  socialistes; 

Ce  ù  quoi  J'us|)ire',' — A  l'abolition  lies  nationalités 

Le  Nentiment  de  clifjnité  (pu  pousse  l'hoinine  à  la  icilierclie  de  l'égalité  des  imiditions  rsl  It^xcrcice  de 
Itt  déinoerntiu.  La  démocratie,  c'i'st  l'état  de  l'iioinine  rendu  à  lui-même,  à  sa  dignité  ;  c'est  l'étut  de  l'humwe  ho 
gouvernant  lui-même,  ne  subissant  d'autre  loi  (pie  celle  de  la  vertu  et  du  respect  d'autrni  et  de  lui-même;  c'est 
la  conquête  de  la  souveraineté,  la  réalisation  des  rêves  de  liberté  (pii.  cpioi(pie  séculairenient  comprimés,  rési- 
dent dans  les  coeurs  de  tous  les  hommes.  (J'ni/x'  :t  .Mars  IH.''):!). 

Son  ratioiialisnu'  tibsolu  clans  la  polititjiif  : 

Nous  avons  toujours  répudié  lalliance  de  la  religion  avec  la  politique,  de  IKglise  avt^c  l'Ktal.  Il  nous  n 
toujours  paru  (pie  c'était  un  crime  de  dresser  Vniilil  à  c(jté  de  la  tiihiiiir,  de  [loursuivre  un  but  liumain  au 
moyen  du  trafic  des  cboses  .saintes.  C'est  pour  cela  (pie,  durant  les  dernières  éleitiolis,  nous  avons  <lélioiicé  les 
tentatives  laites  par  les  amis  du  goiiverneiiiciit,  pour  doiuier  une  couleur  religieuse  à  la  lutte,  et  la  connivence 
de  certains  curés  (pii  se  sont  prêtés  à  l'exécution  de  ce  plan  détestiible;  (/'(///,«.  '1\  Mars  IH,"!")). 

Il  est  à  regretter  (pie  la  religion  soit  introduite  sur  le  terrain  de  la  politique  ;  rien  n'est  [ilus  préjudiciable 
il  nos  propres  intérêts.  C'est  le  comble  de  la  l'olie  (pie  de  ris(pur  l'avenir  d  un  pays  (loiir  le  plaisir  de  faire  triom- 

yihvr  tflli' ou  t'Ili  iloelriiir  rr/it/irii.v Celte  tiimeuse  parole  de  .M.  (leCavour:   "l/Kglisc  dans  l'Ktat  et  non 

1  Etat  dans  l'Kglise,  parole  si  criti(p.iée  et  cependant  si  profondément  juste,  (piaiid  elb:  s'appli(|Ue  à  un  gouver- 
ncHK^nt  régulièrement  oiganisé,  devrait  être  [loiir  nous  toute  une  régie  de  conduite.  Nous  n'avons  qu'à  gagner 
en  adoptant  cette  (l"vi.se.''  {l'iijis,  14  I)ée( ml  re  187o). 


Ce  qwii  dit  du  Concile  dn  Vatican  : 


Le  Synode  actuel  ne  ressemble  en  rien  à  ceux  (pii  l'ont  précédé,  liaiis  la  pensée  du  St.  Siège,  il  n'a 
pas  été  convoqué  pour  extirper  des  liérésies  ou  réforiiur  les  moeurs  du  Clergé.  11  a  été  iiiii(pienient  convoipié, 
(pion  ne  s'y  trompe  jias,  c'est  là  son  but,  pour  étoiitV(  r  le  réveil  de  la  raison,  tir  ce  programme  aussi  insensé 
(pie  despoti(iue  est  en  contradiction  tiagrante  avec  l'état  actuel  du  monde,  et  tout  indiipie  aux  rois  eux  mêmes 
que  si  le  Concile  l'adoptait  par  enthousiasme  et  l  riiiianimité,  (  e  (pii  n'est  pas  vraisemblable  à  présent,  aucun 
état,  aucun  peuple  ne  consentimit  à  l'accepter.  Les  lUn/wa  tJn'mtix  s'etVorcent  de  démontrer  cette  vérité  criante 
aux  ultnnnontainx,  aux  nuirs.  Vous  nous  perdez,  s'écrient-ils,  si  nous  votons  ce  que  vous  nous  iiroposesi.  N(ais  no 
pourrons  retourner  dans  nos  diocèses,  iKais  déclarerons  la  guerre  à  nos  gouvernements  res|pectifs,  nous  achève- 
rons de  détacher  de  nous  ceux  qui  y  tiennent  encore.  Rétléchi.ssez  donc.  Vouloir  ramener  le  inimde  aux  siècles 
passés  est  folie.  L'absolutisme,  la  soif  de  gouverner  V(.us  aveugle.  Vous  êtes  impuissants  contre  la  civilisation. 
Allez  à  elle  au  lieu  de  la  tniiter  en  ennemie.  Si  le  si('cle  (,'st  mauvais,  l'Kglise  est  loin  d'être  parfaite;  cest  Elle 
surtout  qui  a  besoin  de  se  perfectionner,  de  se  rendre  meilleure.  Peine  [lerdue.  A  ses  (jbjcction.s,  les  .lésuites  ré- 
pondent, (et  ce  sont  les  .Jésuites  qui  sont  le  St.  Esprist  du  Coik  ile)  :  Ou  la  Papauté  sera  tout,  ou  Elle  ne  sera 
rien.  Il  ne  convient  pas  à  l'Eglise  de  transiger:  Elh;  doit  s'imposer,  et  elle  s'imposera.  Vous  |)arlez  de  conflits 
de  luttes,  .d'opposition,  tant  mieux.  <iue  l'univers  soit  en  tiammes:  que  la  Hévoluti(ai  promène  partout  son 
brandon,  qu'un  cataclysme  confonde  les  Etats  et  les  peuples:  comme  la  salamandre  sortant  du  feu,  la  Papauté 
revivra  plus  puissiuite  et  jibis  grande  après  cette  crise  t(>rrible.  Nous  voulons  remettre  le  monde  sur  les  i)rinci- 
pes  dont  le  St.  Sic-ge  est  le  gardien  et  sans  les  (piels  la  machine  humaine  va  à  vau-l'eau.  Vos  progrès,  votre  ci. 
vilisation  sont  d'abominableA'liérésies  ;  nous  les  repoussons  énergiquement;  cntr'elles  et  nous,  il  n'est  aucun 
accord  possible, — Ces  réidiques  ne  convaini[uent  nilllemi^nt  les  i'rri/ue,t  lihérnux.  (jui  persuadés  que  la  Curie 
pousse  1(!  Catholicisme  vers  un  abime  sans  fonds,  essay(^nt  d'empêcher  un  désastre,  {l'oijn.  lit  .lunvier  1870). 


—  1!>  — 
Au  moiin'iit  dt'  lu  (It'linitioii  de  l'iiiluiHihiliU'  poiiiilicalt',  il  s'rcric  ; 

l'Iiiisc  à  Uiiii  (iHi'  l(■ll^^  njdiiissjinii'.s  (ilis  l'i-rch  du  Ciiucilc)  ne  soirtil  |la^  lit  simial  du  Si  liiMin;.( /'./v«,  4 
Juin  IHTii). 

I.i's  piissidiis  rilii;iiiiscN  iniiiiii  1  ni  hivriiir  plus  iiuellfs  n'iPiit  idln  !(•  le  |uis.si'.  Il  y  imm  ciikhc  et  li'iii<'iii.s 
«les  (  liiillatims  |,(iiir  |(  s  cxiiloiln-,  l,rs  lidniliifs  sliicôrrs,  riMix  i|iii  siivciil  cDiiiilIrr  les  iH'ccssiti'S  lU-  lu  vie  |ii  " 
litii|ilc  et  civile  nvif  \c>  lusniiis  di'  hl  vif  dr  I  àllir.  ccllX-Ii'!  ITstilciiit  livre  iiiilis  |iiJiii'  |ir(ilé^e|-  les  inas-^es  ecmlic 
les  nliiTI-iltidlls  et    les  e<illl|rlnlN  de  teles  liilles  el   |iiTVerses.    (/'.///.<.   .I.llllll    ISTll). 


Voici   romini'iil    le  jctiiniiii   lilitTiil  Iniilr   les  ('•v('(|Ut'N  caïKidii'iis  i'i    In  iiu'iiu 


diiti'  ; 


I,e  l'upe  se  réeolieilie  ili'  fil'é  nu  de  lui'.-e  avec  les  a -/iralidli-  île  miii  siècle  et  de  -.nii  |ieii|ile.  Se.'  /un- 
tiiiiiiili  iri  m- .ir  r''ciiiirilii  iil  iii,r  ririi.  et,  s'ils  sulil  sincères,  ils  di'\  niiil  liieiiint  id(ai|iler  les  actes  de  celui  ;|irils 
vii'uueî])  de  dèelaicr  InrailliMc.  (lu  le  l'ape  a  tml  d'aci'i'pler  la  situaliim  i|ui  lui  est  laite  à  lîiMue,  nu  l'nii  a  tcut 
ici  de  ui.'duleiiir  une  situalicn  i|Mi  menai  e  perpèluellciui'nl  Inidii'  >  ivil  et  jiuliliijne,  et  aspire  à  le  contiùlei'  au 
Jidui  des  prétendus  principes  rili^ii  u.\,  (/'n'is.  7  (ici.  I,s7ii). 


■«,^1 


L'impii'l.'  (lu  /'^///.s  et  sa  hiiiiu'  de  Tlvj'li.'^t'  pouvcul  ,s('  r(''suint'r  dans  ('('ttt^ 
j)hras(' (|u'il  o.sail  imprimer  imi  ISlî^: 

Le  l'aiie  nest  (pi'uu  mendiant  saneiiiiiaire  ipii  salit  imit  ce  ipi  i|  louiln». 

IjAirilir  cl  le  /'«//.\' .se  i)iil)liaiciit  à  Moutrcal  on  se  trouvaiciil  les  cluds  l(\s 
plus  iullueiits  du  parti  libéral,  mais  il  ne  l'audrait  pas  conclure  (|ue  ce  mouve- 
ment anti-reliifieux  ([ui  s\'-tait  oru'anist'-  dans  cette  métroi)ole  du  Ciinadii  en  1S4S, 
('tait  limitt''  à  cette  n'^^iou.  A\i  contraire  ces  deux  jouruiiux  (jui  t''t;iient  les  ori^'a- 
nes  reconnus  du  iwrti  lil)éral.  irfuxviUent  de  trop  nombreux  abonn's  dans  toute 
l'étendue  de  la  province  de  Québec.  Ce  l'ut  au  point  (jue  Ton  l'onda  un  nouveau 
journal  libéral  à  (Québec  intitulé  1(>  Nutional.  11  parut  eu  is.").)  et  dès  son  début 
il  eut  le  soin  de  se  ran<>'er  sous  l'étendard  de  Y Ai-fiiir. 


m 


Vn  pas  imnii'n^e  a  èlè  lait  de|Hiis  la  l'nndatinn  de  \ .\r  inr  ;  mai,-  la  nmie  est  enccre  l(ai:,'Ue,  et  si  la  ieu- 
nnsst^  se  laissait  endormir,  le  iVnil  de  six  aimées  de  travail  pourrait  être  perdu,  .  ..  Niais  siaili;iiti)iis  donc  siiecèK 
à  iiotri'  eniitVire,  rédiL'é  d'une  manière  à  l'aire  lioiineiir  à  la  presse  franeai,so  et  à  <leveuir  un  ap|aii  reinanpialile 
du  parti  dénidenitiqne,  {XnLuiml.  Il   IJéc.  l.^,")."i). 


Voici  ce  (pi'il  écrivait  sur  Iti  question  italienne  le  1»  Sei)(enibre  18ô(j  ; 

Vous  avez-lu  eemmo  n.iiis  avfc  éimitimi  I  adivsso  i\w.  les  étudiants  d,.  l'aris  uni  iiivovée  aux  journaux 

iingliiis  potir  les  l'élieit.'r  de  leur  zèle  à  prendn.'  en  miiii  lu  cmx-  ilo/i^iiiir.   Ils  rendent  hominau'C  di,sent-ils.  à  la 

puissuiito  îissistaii.o  ipii  leur  a  été  donnée  par  toutes   les  presses  lilavs  de  rjùirope  et   par  la  pre.sse  la  plus  lilav 

<le  toutes,  la  presse  auKlaise,   Nous  leiion.s,   nous  aiis.si,  à   remercier  les  journaux  do   notre  pavs  ijui  ,sas,s..cieiii 


■y^L 


—  2H  — 

«l.ltlh  lil  lllrMIK'  l'il  ilh  |icll' cril.  11  llllf  (Pl'in  11'  «••"•'''•'ll'^l''  l'I'  il'llllis»!'  i|r>  ri  ip|i-i.  i|llillll  nllhlii-  nlHlllli'  lie  M'M 
|ilV(iccil|iiiliii|ih,  hi^'lliui'  |iUH  ipii'  Ir  lli(ilil|p|ir  ilrllliitil' lAs  iniuiniin  ,/.  /il  ri'riihilinii  liilii';ili>i\  est  lir  l'i  lu  iiTulisti" 
lutidll  ilr  liillliK  li'K  liliril('H  i'lllii|M  riilii  •-.  r)lli'  Il  lurisiivr  ses  |ili'(lili'r(iiilis  (■■li(lj,'ii|llrs  |iiilir  ci.'  |irli|ili'  illlillii' 
i|ili  st'iiiit  Kiniv  II  sr«  yi'lix.  i|iliiliil  il  m  »  iikI  /iis  nu  i„ii/„'i  nidrltn;  i-l  i|ili  n'a  iiiis  licMiiii  ilr  m.,  loujini.--  Iriiili- 
linii.--  loli:   rlir  nli'l'ii'lIX  «■"tl'i'  Idiih. 

NoiiH  vi'iiiiiiN  ilmii  ivpiiiiilrc  l'i  nos  t'irii'K  de  'riiriii  (|ui  iiurit  juis  voulu  liiiii'  uni'  iniinitrNtatinn  iiinniin  lil- 
i|iic  cl  |iii'lll(pritliiKi',  lililis  un  iule  ii'lliniinl  et  il,ilii  n  ;  hipih  Vi'niPhH  li'IMilldlt'  l'i  nus  IVitch  di-  Vrnlsr,  ilr  l'inii'lici' 
(Ir  Mllmi.  ili'  liiPlIH',  il'  Nii|ilrK,  (If  rnlriliH',  ilolit  Ir  hilinif  riplltllllnt  l'St  tiliilr  |"|  inU!l'|)n'trr.  Alipis,  II,, Ils 
t'iivipvipiis,  cil  allciiiliiiil  mieux,  un  i  ri  de  s\  iii|ialliic  à  tiiivci-  les  AlpcK. 

Li'  NdlhiKil  l'st  le  diirut'  t'inuK'  de  VAi'niir  i-l  du  l'nijs  eu  jouniiilisjin'  dtino- 
craliquc  t't  sans  Dieu  dans  l'ordre  social.  Voici  coimncul  il  .s'('Xi)iiia('  ii  ce  sujet  : 

NiPllN  iiMp|I>  (■llli^   rnl'illinll   i|llc   le  piètre   ne  (levait    |iaK  se  ll)('!i  r  de   |.(ilili(|lle.  (pie   11'  cllidllp  de  relisei^iUe 

nient  relii,'ieux  n  était  pas  eiiiil  <ni  se  iiii'Iaieiit  et  •-enlre(liipi|iiaieiit  les  passimis  des  iKunines.   Xnii.s  le  repétiiMs 
la  (  liiiire  apparlielil  nu  pi't'tre.  et  iiipIi  ail  Iriliiin^  :  à  la  diseiissiiiii  du  douille  et  de  la  lliiilllle,  et  non  aux  ipiestiims 
de  fli'iiiiirriilif  (III  de  :li .ijiiit).ihii'  /'iih'lii/ii'\    (  \'ili"iiii'.  '!'.'•  ('eldlni'   IS,"i(|;. 

Toujours  la  mémo  tactiqtu' :  ces  bous  libéraux  iiltttqueut  l'I'^ii'lise  et  ses 
enseiii'iuMueuts,  vilipendent  le  Pape,  les  l'jVt-tjues  et  les  prêtres,  et  (juaiid  ceux-ci 
veulent  i)réniunir  les  Fidèles  conliés  à  leurs  soins  contre  ces  sctindales.  et  laire 
voir  les  tendanct-s  anti-calholi(iues  de  ces  laux-lVeres,  de  suite  ceux-ci  les  accu- 
sent de  l'aire  do  la  /loli/if/ite  en  rltaiir. 

Cependant  ces  orii'aiies  du  parti  lilK'ral  pousst'-s  ius(|u"à  hi  révolte  «'ontre 
l'EiiHse  catholique,  ruinés  par  tous  ces  excès  et  cond.imnés  à  plusieurs  reprises 
par  les  évoques  de  la  province  dans  leurs  mandements,  et  spécialement  j)ar  Mti'r. 
Bourget,  évétpu'  de  M()ntréiil.  linireiit  i)ar  tomlx'r  en  discrédit  dans  l'opinion 
publique  tiii  point  <|u"ils  durent  disi);iraitre  les  uns  après  les  autres. 


2."    Erohilioii  ilii  /)iirH  librnil. 


Alors  les  chefs  les  plus  habih-s  tlu  parti  comprirent  (ju'il  fallait  né(;essaire- 
ment  chanu'er  de  tactique,  et  qm^  sans  en  abandonner  l'esprit  et  les  i)rin('ipes 
pervers,  il  fallait  eejiendant  li-s  tenir  dans  l'ombre  et  les  voiler  de  manière  à  ne 
pas  blesser  comme  on  l'avait  ftiit  jusque  là,  le  sentiment  religieux  de  la  popula- 
tion. Ils  allèrent  mènn',  en  inaugurant  cette  nouvelle  tactique,  jusqu'à  vouloir 
changer  le  nom  du  parti,  en  le  désignant  sous  le  nom  de  Parti  nolionul,  et  en 
engageant  les  adeptes  à  ne  plus  parler  du  parti  libéral. 

Cette  tactique  était  habile,  nuiis  elle  avait  li'  défaut  de  n'être  pas  sincère, 
comme  le  prouA'e  la  lettre  suivante  de  l'Ilon.  ^I.  Jette,  l'inspirtiteur  et  le  Chef 
de  ce  nouveau  parti,  publiée  plus  tard  par  Iti  ^linerve  1«>  17  décembre  1877  : 


—  21  — 


l.iirMinCn  IHT  I.  iili  o'I'taill  lioiiiliir  cil'  liiTmililiiN  iiir  (Iriiiiiliilii't'lit  i|i'  iii'(h'I'I||ii  r  île  |iiilitji|iii'  1 1  i|i'  nir 
<lmr;,'iT  «le  |ji /v'ikv/i/hm,//,./// ,/,/  y,»/.'/ /)/,«•/■.//,  1ik  ((iiisriviilciirs  iiviiidil  i'i''iiK«i.  l'u  >'\|i|i,iiiint  Imliilcuii'iit  (li'|iiii>i 
|illlKirllls  iiliMccs,    r>  r!iliii.  .1  ii^'iiiiviii    /■    , /' /A'/'/'«,  ('X|'lillK'('s    eu  ilivtTîii'.s   lilinri^lniii  c  .^  jiiu'    i|IIi'Ii|IIik     lil'iniUX,    i"i 

Nouli'M  T  c!c  niiiv<'s  |in''jii^.'('H  <(iiitri'  le  puili.  liln'iiil 

.Ir  liiiviiiN  l'illllliilidli  (le  Kii/'/"'<in'i  !■  /'■  mniiiii;  et  ji'  IJf  ViMllaJN  rien  klilcr  «<ll|:*  uruir  /'(i/i/'ni/,(iiin,i  ilr  i  cii.X 
<|iij  jii.<'|iit'   \ii  iiviiii'iil  cil  \i\  l'iiiiiiiilli'  ilii  parli. 

I.f  liKillvclnrlll  fjlli'  ji'  lui'  |in)|'iiK)iih  (11'  tc'lilcf  ne  |.oi|Viiil  roussir  i|ii  ii\  ic  /.  m  Kiiiii-  n,i,  Il  I,  III-  ii/iiiiiiliiiliuii. 
(  'tsl  ii|iii's  ,iMiir  III  (  clti'  a|>|>ri>l>aliiiii  l't  avilir  aiimi  rtaMi  icttr  l'iilciiti'  |iiiitaitr  a\  cr  li  ■'  aiiriiiis.  i|iii'  jr  iiir  mis 
a  riiriivi'c  |iiim  iniri/iiiiin  r  !■  imi-t'i  iiiiliuiiiil.  ( 'es  (■olulitimis  ('■lullt  ari  l'i'lc'cs,  J  rlls  Idlltr  llluTtr  i|'a>;il  cullilnr  Jr 
I  rlili-lliiais 


Ainsi  (  (•  \n-H('\\i\\\  iKuii  iKilioiml  nCst  \v,\s  un  iiouvfiiu  i)arti  :  cf  n"f>t  <|u'uiii' 
rr<n'L;';iiii;-iitii)]i  (lu /w/7/  li'hiUuil  (\o\i\  il  ne  ivpudic  iiiuun  des ///-///n/M's  pvn'irx,  ([\\'\ 
JU'  sont  pour  lui  (|U('  des  (ipiiiions  rrixrrlltiblfs  luihilciiiciit  ('Xi)loit(''('s  ])iir  les  coiiscr- 
viitcuts  (!.'|)iiis  plusieurs  i.'iii-.'i's.  I/lIon.  M.  .I<'llt'- n'u  riutciitiou  ili'  sn/i/ilnufiT 
/)irsiii//ir.  I^;'s  \'t''ril!ihl('s  clic''/  du  imrli  lil).rid  scroiil  les  inônu's  :  ils  rontiiiut'ronf 
à  If  diriu'cr  sous  sou  Htuinuii  mnii  :  car  M.  .It'llr  uc  vi'Ut  rien  tenter  sans  l'aitpro- 
hation  de  ceux  (pli  jus(|Ue  là  en  avaient  eu  la  l'onduile.  11  avoue  nieuie  <|u'il  lU' 
pouvait  réussir  dans  celte  tentative  qu'avec  leur  siiiirliiiii  et  leur  a/t/irnhulio/i. 

('"est  donc  hieii  ideiitifpU'Ulent  le  menu'  l)artiavec  les  mêmes  tendances 
danu'ereuses  et  les  mêmes  hommes  pour  iiis/zira/e/irs  et  jxtur  su/ihn/s.  Il  n'y  a  de 
chauii'é  (pie  le  /loni  cl  la  /iirtii//ir. 

Celte  évolution  du  j)arli  libéral  eut  le  succès  (pi'on  en  atlcudail.  elle  lit  un 
iframl  nombre  de  dupes  non  seulemeiii  parmi  nos  bons  catholi<iues,  mais  même 
dans  les  ranus  du  Cierué,  <iui  était  demeuré  jus(iiu'  bi  uni  contre  le  parti  libé- 
ral, non  pas  à  cause  d»;  ses  visées  purement  /«^///////t's,  mais  à  cause  de  son  esprit 
oKli-ciitholiiiiie.  Un  en  vint  Juscpià-dire  :  Il  ii'//  a  ihia  ou  iireMjKt-  imi^  île.  libérulishu'.  en 
Ciuiitihi.  C'est  surtout  do  cette  é\olution  du  ]>arti  libéral  <jue  date  la  division 
dans  les  ranii's  du  Cleri>'é  sur  la  question  politiipie.  J^e  nombre  de  ces  pr<'iies 
ini'atiiéK  des  idées  libérales  demeura  lu'aiimoins  tres-jx-tit,  surtout  parmi  le 
Clergé  pastoral  (jui  était  mieux  à  portée  do  connaître  rinihu'Uce  délétère  des 
do  Iriiu's  libéraK's  sur  les  Fidèles >conliés  à  leurs  soins. 

(Jràce  à  cette  réoriianisalion.  le  nouveau  [)arti  national  obtint  (piehpies 
.succès  dans  les  élei  tioiis  de  IST-,  et  l'on  vit  aussitôt  les  chel's  de  la  vieille  école 
lil)érale  a<'ioiirir,  et  se  mettre  à  la  tète  du  mouv»>meut  sans  rien  désavouer  de 
leurs  erreurs  passées,  et  en  prendre  la  direction  au  ura'.id  toutenlenu'iit  de.s 
nationaux.  A  nn'suriMjue  le  j;u  si- dévoilait,  le  A7///(w/// parlait  de  moins  en  moins 
drs  itti//i>/Ki/i.i:  et  de  plus  eu  jilus  îles  libéntin-.  On  essaya  aussi  pétulant  quelques 
temps  de  doiuu'r  au  parti  libéral  le  n(na  de  parti  ri'foniiis/e  ;  mai.s  cette  nouvelle 
«lénominatiou  prit  encore  moins  <{ue  celle  de  paiii  n(ilhu<il.  Quand  le  parti  eut 
pris  position  dans  le  gouvernement  Icdéral,  on  vit  entrer  dans  le  nouveau 
ministère,  pour  représenter  la  provime  àv  Québec,  les  anciennes  sommités  du 
parti   libéral,  les   honorables  Dorion,  Inmrnier,  Letellier  et  OeoU'rion,  tous  parti- 


oo 


HiiiiM  (Ifs  priiiiipi'N  (|tnit)iriili(|Ui'.s  (11-  \'Arniiiv\  du  /'(<//>;  rt  Irpuili  iciirtiidic 
(li'-liiiitivt'iiM'iit  11-  iiiiiii  {\f  /iiir/i  lihi'rn/  i[n'\\  \nn\c  cucoïc  ;nij(>iinl'liui.  Les  priiiii- 
pinix  (niiiiiii's  (li'imis  M»n  ('volution -ont  ('tf  pour  Ifs  linuimcs  uiodtn's  (hi  piirti 

lilx'lid.  I<'  liiii/  l\i/)/ir.  le  Xiitidiiiil.  lii  'rn'IiHiir.  i\  MdUll'rid.  et  il,  (^Hirltcc,  \' ICrinr- 
iiinn/,  \  ICIi'ilnn\  etc. 

Li-  lin'iulrri'  ti'.'Mi  rnl  de  ces  |cuilli'>  ii  l'Ic  de  nu'iuiyi'r  li-  .scntinicul  catlioli- 
(|Ui'  de  It'urs  lecteurs  (liius  rexi)ressiou  de  leurs  doctrines  libérides.  On  n'y  re- 
trouve jdus  1,1  hrulide  Iriinchise  de  /'An/iir  ni  du  l'ii//s  dans  riillirnuilion  des 
doctrines  revolutioniuiires  et  mil  i-catli()li»|Ues.  Au  conli'aire  ils  iirotesteut  de 
leur  respect  pour  la  reliuion  et  surtoiii  ne  \eulenl  pas  (|u'on  la  lasse  intervenir 
dans  la  politi(|Ue.  Kw  consécpieiice  il.s  s'atta<iuent  au  ("lerue.  et  ils  l'accusent 
d'i'Xercer  sur  les  lideles  un»'  inllueuce  indue,  de  chaniicr  la  i  liaire  en  tribune 
politi<|Ue  etc.  Kn  voici  un  exemple  :  l^es  candidats  libéraux  ayant  été  battus  à 
Montréal,  le  liicn-Piililif  v\\  l'ul  indiiiiié,  et  se  jeta  sur  l'autorité  reliii'ieuse  (pi'il 
a<'cusa.  on  ne  peut  i)lus  Li'rat  uiteiueul,  ifiiillufinr  iinlnr  {'\\  cette  ali'aire.  "  Connue 
■■  il  n'y  a  i)as  de  tribunal  ecclésiasti(|ue  dans  ce  jiays,  et  (|Ue  jus(|u'à  présent  les 
"  autorités  ecclésiasticjues  n'ont  pas  refusé  aux  tribuiuiux  civils  ledroit  de  juiicr 
"  les  prêtres  (|ui  dans  l'exercice  de  leurs  devoir.s,  l'ont  du  tort  à  (iuel(|u'un,  on 
■■  se  demande  si  le  cas  cité  plus  baut  n'est  pas  ordiiuiire  où  le  candidat  peut 
"  poursuivre  de  la  manière  ordinaire."  (liiiii  Piil>lii\  Septembre  IST')). 

Ce  prétendu  parti  modéré  alla  beaucoup  plus  loin,  dans  cette  voie  d'hostili- 
té au  Cler^ié,  (|ue  les  lil)éraux  de  /'Arrt/ir  et  du  l'ai/s.  ils  orii'iiniserent  uiu'  véri- 
table i)ersécution  i^'ontre  les  Cuvés,  sous  prétexte  d'inllueiice  indu<'.  contre  la 
(jiielli' les  Kvècjues  durent  s'élever  dans  leur  Cir.ulaire  au  Cleriiv  du  '22  S,'p- 
tembre  187;").  "  Ces  adversaires  de  la  IJeliii'ion,  (lui  cepencbint  j^réteiideiit  an 
"  titre  de  catlioli()ues,  sont  les  nu'nies  partout  :  ils  ilattent  ceux  de  ses  niini,4res 
"  qix'ils  es])érent  tiaiiiier  à  leur  cause  (les  prêtres  libéraux)  ;  ils  injurient,  ils  ou- 
■'  traî>'ent  les  pretn-s  qui  dénoncent  ou  (]ui  combattent  leurs  desseins  i)ervers. 
"  Ils  les  accusent  d'exercer  une  iiijliiciin'  iiidiir.  de  convertir  la  cliairi'  de  vérité 
"  en  tribune  politi(jue;  ils  osent  (juelques  l'ois  les  traiiu'r  devant  les  tribunaux 
"  civils  poixr  rendre  compte  de  certaines  i'onclions  de  leur  ministère  :  ils  cher- 
"  ('lieront  même,  peut-être,  à  les  forcer  d'accorder  la  sépulture  chrétieniu'  en 
"  dépit  do  l'autorité  ecclésiasti([ue.  " 

Tel  est,  Emiiu'utissimes  Seigneurs,  le  jugement  i)orté  i)ar  les  ll]veques  de 
la  i)rovince  sur  le  prétendu  iKtrti  lilwrnl-i)imU:rc. 

Ces  i'aux  frères  sont  certainement  les  ennemis  les  plus  (bni<>-ereux  de  l'iv 
ji-lise  et  dix  Clerg-é  au  Canada  :  ce  sont  eux  surtout  qui.  au  méi)ris  des  saints  ca- 
nons et  des  défenses  des  Evèques,  ont  trainé  les  Curés  de  phisieurs  comtés 
depuis  5  ans,  devant  les  tribunaux  civils  pour  leur  faire  rendre  compte  de  ce 
(pi'ils  avaient  dit  en  chaire,  les  poursuivant  même  Jus(|ue  dans  le  coni'i'ssional. 

Quant  à  leurs  doctrines  libérales,  elles  étaient  au  fond  les  mêmes  (jue  celles 


—  lia  — 

«If  r Avenir  et  du  Pii.i)s,  (|u'ils  so  iloiiiuiiciit  uiudt'  «le  «h'wiivoiuT.  et  li'iirN  rholM 
\rritiil)lt'N  ('tait'iit  toujours  les  iiiniics  hoiiniifs.  Aiusi  /' Jjrrnnunil  irriviiil  ru 
Hitolu'c  IST."»  t'ii  parlitui  «le  lu  uoiiiiiiiilion  du  juii<'  l'ouiiiifi' a  la  rour  Suprmit' : 

(   iNl  \r  lilirmllhllli'.  vilinl  mis  11  iiiM-,  i|ili  (M  XI  |ii  iMHilir  liiolltc  MU   II-  |.lll.-  liMllt  llll'illinl  du  ll(l^^. 

Le  Siilnmiit.  df  son  cuit',  s'oltjci  la  à  <i'  (|uc  l'on  uiil  de  culf  les  \  rais  chcls 
<lu  pard-lilx'nil,  It-s  aurjcus  rouycs,  cl  il  dil  : 

Aux  \  iiii\  wildalN  lu  ir.  uiii|M-iiKc  ili'  I.  III  1  ipiinmr.  iiil\  iimn  cllr-.  ii'iriir^  h  r.'.i)iiii;ii"Mliic  iliilpnnl,  rr 
lllti'lifllii'liniil  la  lvriilil|MiiM;. 

Il  s'inila  Wcauroup  du  lappoii  d'un  journal  iiitlioli(|Uf  sur  laliain'  df  l'cn- 
Icrri-nieul  dans  li-  ciuifticrc  tallioliijuc  de  rt'X((»Miniuuif  (luil)ord,  ft  il  iitiil  jmr 
lounuT  siiuidalcuscun'ut  en  ridiculi'  la  pciiu'  de  rcxrouiuuiuitulioii,  d'accord 
•  11  cela  avec  s(ju  auii  le  lîivi'  Piihlir: 

l'uni'  ('■lie  t(p|('-|illll.  (lisait   cclli'  llrrlli('Tc   rcllillc.  il    llllll  (Irvicl   di  .>  Vliiic^  |irilli  i|H--,  et   M'XrlM|ili  I     de   l'iali- 

«liicr  If-  ciiscii^iiiiiicnl^  de  IKiiliw. 

l'our  les  libéraux  de  vielle-roche,  (|ui  ctaicul  toujours  \';^\\v  du  parti,  l'or- 
li'aue  reconnu  a  été  la  l^nlrit;  (|ui  est  aujourd'hui  l'orii-aue  olliciellenieut  recon- 
nu de  tout  le  i)arli  lil»cral.  Cette  triste  l'euille  a  pour  rédacteur  et  propriétaire 
un  moine  dél'roqué,  devenu  ai)ostal  i'\  rrain-niaçou. 

Voici  ce  (pi'il  disait  de  lui-uieui('  en  Janvier  ls7>>.  en  réponse  au  Pralirlrur 
Ciiumlien  : 


Kli  bien,  l'idtcitciir.  nililcN  le  à  vos  Icclciirs  ; 
II).  Nous  sdniuii's  rVani-uiiu.'iiU,  (.'t  uiOiiic  iVanr-uiiii.'ciii  av.mir. 
'.'(P.   NiPiis  sipuiiaus  lilptTal.  cl  ukmiic  lilpi'ral  avaiuc. 

::(p.    Nous   soininp'S  liiduiiialciir  ciillioiisiastc  drs   ipriiicljpc^  ik^    In  ivMiluliiPii    iVauçiiisi'.  cl    iiaiti.-.iin  de  la 
(Icclaiatiipii  des  droits  de  riMPiiiiiic, 


l'our  donner  uiu>  idée  dos  principes  de  cette  l'euille  libérale,  il  sullil  de  citer 
l'artiile  suivant  de  l'un  de  ses  conirères.  La  Miiicrre. 


D'un  c(itc'  lu  l'airic  (iv  Montréal,  iiriiicipal  organe  des  lilpéraux  canadiens  fiaïK.ais.  n'a  pas  m\  un  mot  de 
Ipjiinie  ou  (te  rospect  |)()Ui' la  peisieution  dont  les  onli'es  n'Ii.u'iciix  sipiii  victimes  d(!  lu  ]  ail  du  goiivernenient 
a'pnblieaiii  en  Fniliee.  Au  eontmliv.  elle  nu  toujours  en  (pKP  de  rencins  à  liniler  en  son  honneur  et  en  1  Ikjh- 
neiir  de  ceux  (lui  rappiiicnt.  I^a-s  plus  tard  (pie  mardi  dernier,  conseillant  à  ses  lecteurs  de  t'èter  t'muiiverwiire 
<le  lu  lugulire  date  du  14  Juillet,  diito  (pii  ouvrit  l'ùro  des  massiicres  de  la  saiiirlunte  rijvoliition  t'i-aii(;aise,  elle 
disait:  •■  iJeniaiii  sera   ccKljré  lu   l'Otc  iiutionulu  do  lu  Fnilice.  Vax  immense  Jubik' attestera   la  vitalité  (te  la 


—  •14  — 

priindc  iidtiiili  'Hii  a  oté  lu  lluiiiliriin  ilc  la  l'ivilisiiUiPii.  et  iiui  n   /irn/  l' lui  ma  ix  h'  ihxws  lu  vole   (iini-i'ti'  piii    la  it- 
vollltioil.   (Miii-'irr  lîl.hlillct    IHHO.) 

Le  7  Mai  18S0.   l.a  Pa/rie  disait  : 

i^a  J///i(/'(r,  [laiiaiit  du  r(invs|ioiiilaiit  du  Vl'tmr  ;.lm  rie  aveu  uni'  iiaivctù  dcmt  un  Cdiiscillrr  lri;i,^liilir 
<wt  suut  cillJiiblo  :  "  Nous  no  doutons  pas  iiu'avuc  lu  liliiialisniu  (|ui  lu  <listiiii,'uu.  il  auniit  inùtùrù  X'icloi'  1In,:;ii  à 
Vfuillot,  ou  (îaniliuttii  à  I.uuiun  lîiiui,  ou  .lulu  Furry  au  ('onitu  du  Mun.  ' 

Mais  sans  doutu,  liiavu  liouiniu!  ut  nous  ,iii.isi .'  Il  nya  i|iu;  du  piiifonds  iguor.mts  ou  dus  Tartufes  dff 
inùtiur  i)ui  puuvunt  niuttru  uus  lioninius  lu  un  coniiiaiaison. 

],(•  Canada  uatlioli(|Uu, — ajoutu  lu  Muorci, — n'a  liun  à  laijv  avuu  In  h'raiicp  i-i'/'ohiiioiiiinire.  Kuoiituz.  lioin- 
mus  à  lions  iiiin(i|ics  I  Lus  rùvolulionnairus  un  l'iainu  sont  d'aliord  lus  uoniuiunistus  ijui  dùuonuunt  (Jauiliutta. 
les  DumllT  d'Asson,  lus  C'uuuo  d  (  trnano  ut  lus  Cassaitiiau  cjui  rugruttunt  lu  uassu-tùtu  ;  ut  puis  lis  dt!  Mun.  lus 
TjUuiun  du  Mrun,  lus  Cliùsnulong  ut  lus  Vuuillot  ijui  uonsiiirunt  avuu  lus  Chainliord.  \''iilii  lus  lùvoluticjnnaiiis 
fmn(,'uis  du  jour.  I.iljiu  ii\ousilu  lusadoiur;  mais  vous  n'avuz  pas  le  droit  du  nous  lus  imposer:  ut  si  on  lu 
tuntu,  il  y  aura  dus  protustations  ùnurglipu  .^  et  signiliuativus,  soyuz-un  surs!  (^l'ali-ii;.  i  Mai  IHHO). 

Ce  rapide  oxamcn  dt^  la  presse  libérale  démontre  qu'il  existe  réellement  tiu 
Canada  depuis  une  trentaine  d'années  un  parti  qui  s'i-st  donné  la  tristt^  mission 
d'y  l'aire  prévaloir  les  idt'cs  sixbversives  de  la  bnince,  de  battre  en  brèche  les 
doctrines  de  l'illylise  sur  les  rapports  des  deux  puissances  et  d'attaijuer  ouverte- 
ment le  Clerg'é. 

Par  consécjuent  ce  parti,  qui  a  pris  le  nom  de  /xir/i  Uhént',  n'est  pas  seule- 
me.it  un  /xirfi  /lolifù/ue  mais  encore  un  /larli  a/Ui-caflio/hii/f  dont  le  Clergé  a  eu 
raison  de  combatte  les  doctrines  perverses  et  les  tendances  danucreuscs,  alin 
tle  préserver  les  Fidèles  conlies  à  ses  soins,  d'une  séduction  aussi  l'uneste. 


Enseii>-neMenf,  et  diredlun  iloniws  par  les  Emjnes  di:  hi  /irorùirr  de  Québec  loiirlintd  In 
po/iliqm. 


L'enseip-nemiMxt  constant  des  Evé(|ues  de  la  Province  sur  la  tjuestion  (jui 
nous  occupe  ici.  n'a  pas  varié  depuis  iine  trentaine  d'années.  Sans  cesse  leur 
voix  se  fait  entendre  soit  dans  les  Cojiciles,  soit  dtms  les  lettres  pastorales  oix 
autres  documents  pour  prémunir  leixrs  ouailles  contre  un  ennemi  qui  n'est  que 
trop  visible  à  leurs  yeux.  Les  extriiits  suivants  (pie  je  me  permettrai  de  mettre 
fxtus  les  yeux  de  Vos  Eminences,  l'ornient,  si  je  ne  me  trompe,  un  ensemble  de 
))reuve8  bien  difficiles  a  renverser. 

lo.  Extraits  du  Règlement  disciplinaire  adopté  dans  le  second  Concile  pro- 
vincial, en  IHâl. 


l)f  la  l'olitiijw.  I.  Lii  (jli'igé  doit  iliiuh  Kl  vif  i)Ulili<|iio  ut  (iiivOc  ilcmi-incr  ntiiur  (Unis  ks  iiut-Ktioii? 
«|iil  110  touchent  en  rien  iiux  iiiineijies  religieux. 

II.  Il  doit  iiénnnioins  instruire  le  peuple  de  ses  oliliKutions  diiiis  l'exereice  de  ses  droits  livils,  politi- 
ques et  religieux  ;  lur  tous  doivent  stivoir  ipie  iiniind  il  s'aKlt  du  clioix  de  lieprésetitiuits  en  l'iuliineiil,  de 
Maires.  d'Olliciers  niunieipaux.  de  Coniiuissiiires  d'école  ett-.,  ils  doivi'iit  se  pinnoiic  i  u  liiveiir  ilr  ceux  ipii.  de 
lioMUc  loi.  .sont  JilKés  eiipaliles  de  délelidre  cl  de  sonti'iiir  (  es  niénies  droits. 

Ih  sJiiKrniiux.  I.  (juiind  il  einule  de  nmuvais  Journaux  clans  une  jparoi.ssi'.  les  conli.s>curs  doivent  olili- 
tter  leurs  pénitents  à  les  renvoyer,  car  un  mauvais  jiauiial  a  liientôt  g'dé  l'esprit  d'iui  peuple,  ciunnie  une  mal- 
lieureuse  exiié'rionee  ne  l'a  ipie  trop  prouvé. 

II.  ("est  i\  l'Kvéïpic  iju'il  apimrtient  de  Juiicr  de  la  nature  de  ces  mauvais  Journaux,  it  de  dénoncer  an 
cler^'é,  ou  au  peuple,  ceux  ipiou  ne  peut  lire  (Mi  conscienec. 

III.  I.e.s  (,'urés  ne  doivent  ni  nommer,  ni  désif^ner  t'U  chaire  aucun  de  cis  Journaux  .pii  pourraient  se 
)Hihli(.'r  dans  la  province,  sans  y  être  autori.sés  par  une  direction  écrite  de  l'Kvécpie. 

I\'.  Il  va  SUIS  dire  (|ue  les  proj)riétaires.  édilems,  imprin)euis  et  antres  personnes  ipii  (  ontriliueut  direc- 
tcniei.t  et  eriicacement  à  répandre  ces  productions.  Juives  jiar  l'Kvécpie  inimomles.  on  irréliuieu.s<-s.  «int  indi- 
',i\u::i  d'alLSolution. 

\'.  I,e  lle..^oin  duu  Joinuiil  Iraii'.ais,  pour  prop,ii;er  les  lions  priueipi's.  sciait  déplus  en  plus  .sentir.  Ce 
join'nal  rédif;é  par  des  laiipies  instruits  et  (  hrétii'Us  prohiirait  plus  de  fruits,  ((aice  (|U  il  reiieuntreiail  moi]i>  de 
préjui^és  ipie  s'il  était  sous  ICutiérc  <lireilion  du  l'Ier^é.  iiu  aura  done  à  aviM'i'  aux  meilleurs  moyens  à  icndr^ 
ce  nouveau  service  à   1  Kulise. 

I'jU  l'iiLsaiit  cet  te  di'i'iiiiTc  rccoiiiinaiidatiou  eu  i'avfiir  de  la  Presse  c<illi()/iqnc. 
les  Evèiivies  uo  l'aisaii'iit  (jiac  se  ruîilbnm'r  à  la  dirt'ctioii  doiiiu'-c  i)ar  rillu.strc 
rie  IX.  aux  EvèciiH's  du  monde  (îiiticr,  dans  sou  Kucyrli(|ut'  Itifer  JIii//i/)/irs,  au 
sujet  de  reU(Ourai>"eiiieiit  et  de  la  protection  à  a.Torder  aux  éerivains  et  aux 
journal  i s te.s  (  at  holiques. 

■2o.  Extrait  de  la  Lettre  Pastorale  des  Pères  du  orne  Concile  l'iov  incial.  en 
IHt;;?. 


Nous  devons  vous  tain'  connaître  avant  lo\il.  N.  T.  C.  I"..  ipicls  sont,  danses  temps  mauvais,  les 
iiomim's  i|ui  en  veuh'iit  à  vntre  l'oi  ;  (;t  p<un'  cela  nous  n'avons  ipi  à  vous  taire  eiltenilre  la  voix  hien  connue  de 
notre  immortel  j'ontil'i'.  l'i<'  IX.  (pli  nous  dit  à  tous  (pie  ces  terrildes  ennemis  sont  ceux  ipii  armés  du  seeours 
des  sociétés  seerètes  (Les  principaux  ehel's  du  parti  liliéral  appartenaient  à  ces  sociétés  a^llmiu,■ll)le^l  voudraient 
aholii  tout  culte  relif;ieu\  ;  (pii  l'iailent  aux  pieils  les  droits  saeiés  de  rKi.;lise  en  chenhanl  à  la  dominer  injuste- 
ment  (jiii    ne  crai,L;nent    pas  de    piihlier,   pour    tromper   les   peuples,   (pie  le   l'ontil'e  Kouiain   citons   les 

ministres  sai  rés  de  rKi;lise  (loi\-eiil  être  exclus  de  tout  droit,  et  de  tout  domaine  sur  les  liieiis  temporels. 

Ces  l'unestes  erreurs,  et  lieaueoup  d'autres  aussi  pré'Judicialiles.  .se  propagent  dans  le  monde  entier,  d'une 
manière  vraiment  alarmante,  soit  par  les  mauvais  livres  et  les  Journaux  irréligieux,  soit  |iar  les  discours  impies 
«pli  se  (léhitclit  dan.--  les  Irihunes  et  les  chaires  de  pestilence.  Ce  (pi'il  va  déplus  cléplorahlc,  c'est  (picllcs 
UaLTlient  et  pénétieiit  même  dans  les  esprits  relif,'ieux  ipli  ne  sont  pas  sur  leurs  nardcs,  par, c  ipie  ceux  (pii  les 
procl.-iment  ont  i,'rand  soin  de  i  iicher  leurs  noirs  de,ss(^iiis  .sous  les  ihdiors  de  la  rclijrion  (jii  ils  l'ont  semhlant  de 
respecter  pour  mieux  troni|ier  les  simples. 

('e  sont  ces  erreurs  si  séduisantes  (|ue  le  Chel  Suprême  des  pasteurs  ne  cesse,  depuis  dix  année-,,  <[o 
sifxnaler  au  inonde  entier,  pour  ,pie  les  vniis  entants  de  l'Kfjlise  ne  s'exposent  pas  au  damier  d'y  tomher.  Nous 
lie  faisons  donc  (pie  nous  cont'ormer  au  désir  du  Vicaire  de  ,lésus-(  'hrist.  en  appelant  aiij(aii(riiui  votre  attention 
sur  un  sujet  si  important,  et  en  ri'nlant  (pie  les  allocutions  (lontilicaleis  ipii  contiennent  ces  avertissements  sj 
salutiiires  soient  pnhlii'-es  à  la  suite  des  décrets  de  notre  présent  Concile.  Viius  les  éc<uitere2  dom-,  N.  T.  C.  F., 
avec  une  docilité  liliale,  ces  avertissc-ments  imtj'rnels,  lors(pt'ils  vous  seront  ex|ili(pn-K  pur  vos  pasteurs  avec  ce 
zèle  que  vous  leur  connaissez,  et  do.it  Un  vous  donnent  la  preuve  cluwjiie  l'ois  (piil  s'afjit  de  pourvoir  an  hien  de 
VoK  ùnieN, 


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—  2(i  — 

Sy  Jixtrait  dt-  la  Loltiv  Pastorale  de«  Pcrt'K  du  4'""  Concilo  rrovincial  eu 
18t)8.  Sous  le  titre,  Politique  et  Elections,  se  lit  ce  (jui  suit  : 

Des  lioiiiiiR's  i|iii  Miilciit  VdUs  tiuiiii»  r.  N.  '1".  V.  V ..  vous  iv|ii'tiiit  que  lu  rrlijiidii  n'a  vhu  i\  voir  diiiis  In 
|Militi(|iic.  Xi'  pouviiiit  |ias,  (iii  nutsiint  pas  iiiir  la  vérité  de  ir  iiifr(niciit  (|iR'  J.  <'.  doit  un  jour  oxorccr  sur  tous 
les  Imninics.  Ils  viulcnt  en  rcstriindn'  lolijit  A  la  ((induitt' privét'.  Ils  adUHttciit  hii'ii  (|uc,  dans  la  ((HuluitL' 
privé»',  il  n'est  piiK  permis  de  penser  d'une  nianière  déiai>iiinn,.Me.  depailer  cuninie  un  insensé,  d'agir  sans 
vérité,  sans  liinnieur  et  sans  pudeur  ;  ils  veulent  Miii  leecmiiaitre  (pie  le  (.'lergé  a  i-iiiscm  de  demander  au  nom  de 
Dieu  (pie  l'on  s'alistieinie  île  ces  éiiorniités  dans  la  eondiiile  privée.  Mais  du  nuunent  (pi  il  s'agit  de  politiipie' 
ii?s  mêmes  hommes   nous  aec  usent   de  tvrannie  et  de   despoti.sme  intoléiidile.   parce  que  nous  réprouvons   l;i 

licelise  etVréliée  de  tout  /hiik'i;  (le  tout  ilin;  de   tout  /m'ii' ( "est  ainsi  ipie  l'on   s'efforce 

(le  détruire  dans  la  politiiiiie  toute  idée  de  justice,  de  vérité,  de  droit,  d  lioiuu  ur  et  de  relinion. 

Or,  dit  Pie  IX,  là  oii  la  relifiion  est  liannie  de  la  société  i  ivile.  et  la  doctrine  et  l'autorité  de  la  révéla- 
tion divine  rejetées,  la  vraie  notion  de  la  Ju.stice  et  du  droit  Ininiain  s'olisi  urcit  et  se  perd,  et  la  force  matérielli' 
prend  la  [ilace  de  la  justice  et  du  vrai  droit.  (Kiicvi .  8  l)cé.  1kiI4). 

Ainsi  l'on  veut  bannir  Dieu  de  la  soc  iété  civile,  et  s'atfraiicliir  de  .si  lia  sainte  dans  ni  conduite  [lulilicpie. 
L'on  oul>li(j  que  le  même  Dieu  cpii  doit  jujjer  les  individus,  est  aussi  celui  '/ni  iiii/i  lin  /,riij,/,.'<.  (l's.  VII.  0.) 

C'est  depuis  (jue  l'on  a  commencé  </  .v/ y/c  ,■  Cfx  dortriiis.t  /,erri  r.ir.i.  que  notre  pays,  autrefois  si  paisilile  et  si 
heureux,  a  été  le  théâtre  de  scènes  déploraliles  de  violence,  de  d('Sordres  et  de  scandale  de  toute  espèce  dans  les 
élections.  Des  hommes  qui  trouvent  leur  intérêt  iV  éi;arer  le  iieuplc  ont  e.\allé  sjins  UK'siire  sa  liberté  et  son 
indépendance  pour  mieux  réussir  à  le  faire  servir  d'instrument  aveunle  à  leur  ambition.  Ils  ont  d'abord  posé  ce 
fau.\  principe,  contre  leipiel  nous  venons  de  protester,  que  la  relif;ion  n'a  rien  à  faire  dans  la  politique  :  ensuite 
ils  ont  S(Miteiui  ipio  [lour  vous  déteruiiner  dans  U;  choi.\  d'un  candidat,  vous  n'aviez  ]d  autre  refile  à  suivre  ipie 
votre  bon  jdaisir  et  U:  ca]>riee  de  votre  volonté  ;  et  enfin  mettant  de  coté  toute  vérité  et  toute  justice,  ils  en  sont 
venus  ju.scpi'à  permettre  de  dire  et  d'o.ser  tout  ic  que  l'on  croirait  capable  de  i  die  Irioinpher  le  candidat  de  son 
choix. 

Krreurs  monstrueuses.  N.  ']'.  C.  F.;  et  malheur  au  pays  où  elles  viendraient  à  prendre  racine.  Malheur 
au  ^gouvernement  qui  prétend  iv^ruer  .sans  Dieu  :  malheur  au  peuple  qui  dans  l'exercice  de  ses  droits  politiipies 
niéccniiait  le»  lois  impii/seriptibles  de  la  saine  r.usou  et  di;  lu  justici'. 

Dans  le  4'^""'  Concile  les  IVres  lirtnit  un  décret  sur  les  élections  politiques 
et  administratives  dans  leqiiel  ils  tracent  les  de^•oirs  du  clergé  et  des  tidt-des  en 
termes  précis.  C'est  à  ce  décret  <jue  les  instructions  du  St.  office  renvoyent  le 
Clergé  et  les  fidèles  pour  la  conduite  à  tenir  dans  les  élections. 

4."  Décret  du  ô^'"^'  Concile  Provincial  sur  le  Libéralisme   Cutlioliqite,  en  1873. 

liiberalismus  (jatholicus  paiilatini  in  San  li':  Ei  clesiam  intro.nissus  est.  et  in  ea  se  dolose  abseondit, 
sieiit  anti(pius  serpens  in  panidisum.  ut  imprudentes  an  'lias  seducat.  i'ias  ad  l'ructum  arboris  scientiit  boni  et 
mali  manducandum,  insidio.se  impellendo. 

Dec  autem  gratias  agimus  (piod  pessimus  ille  error  parum  communis  sit  in  hae  provincia. 

Attanien  ut  omnino  deleatur,  et  ne  amplius  spargatui.  omnibus  mandaïuus  ut  oves  suis  paHt(mhu8 
piwtores  autem  Vieurio  Christi  et  ejus  doctrina;  thinissimo  adhieieanl,  etc. 

Enfin,  en  1875,  l'Arclievèque  et  tous  les  Evèques  de  la  l'roviuce  Jugèrent 
nécessaire  de  donner  collectivement  la  remarquable  Pastorale  qui  eut  les  résul- 
tats les  plus  heiireux  dans  tout  le  pays,  et  qui  obtint  en  187G  l'approbation  de 
Sa  Sainteté  Pie  IX.  (P.  .T.  2.) 


•21 


Je  prie  hi\mbk'm<Mit  Vos  l-liniiiiMicos  de  parrourir  cette  Li;ttre  Pastorale  du 
22  Septembre  187ô  ;  rien,  mieux  que  <;e  doeumeiit,  ne  prouve  combien  tous  les 
Evèques  de  la  Province  étaient  alarmes  des  doitriiu'.s  perverses  qtii  menavaient 
d'envahir  le  champ  de  notre  Eglise  provinciale. 

Tel  est,  Eininentissimes  Seiiiueurs,  h'  résumé  des  enseif^ncments  et  di-s  di- 
rections donnés  par  les  Evéques  de  la  Provinc»^  de  (Québec  au  clergé  et  lU  lidé- 
les  iionliés  à  leurs  soins  pour  'es  prémunir  contre  les  dangers  des  erreurs  mo- 
dernes. 

Tous  ces  do;  umcnts  épiscopaux  concourent  bien,  avec  ce  <jui  a  été  dit  pré- 
cédemment de  la  presse  libérale,  à  démontrer  <[ue  les  (/orfrimx  perveises  qui  trau- 
h/en/  /'Eitro/ie  oruieii/  rée//eineid  traversé  l'Océon,  et  ([ue  depuis  tri'ute  ans  il  y  a  eu 
au  Canada  un  parti  (jui  n'a  cessé,  et  ne  cesse  encore  de  travailler  à  les  propager 
<lans  les  diverses  classes  de  h\  société,  avei-  un  zèle  et  une  constance  dignes 
d'une  lUi'ilL'ure  cause. 


VI. 


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Q/ir/f/nfy  f<n/s  /in'x  de  no/ré  hisfoirr. 


A.  ces  deux  voies  de  preuves,  savoir;  la  presst^  libérale  et  l'enseiffuement 
«piscopal,  concluant  si  clairement  à  l'existence,  an  Canada,  des  erreurs  anti-re- 
ligieuses qui  désolent  l'ancien  monde,  je  pourrais  en  ajouter  une  autre  ([ui  n'au- 
rait pas  moins  de  force,  celle  de  laits  tirés  de  notre  histoire.  Je  me  bornerai, 
Eiii.  Seianeurs,  à  en  .rl^'ualer  trois,  bii'U  propres,  si  je  ut  me  trompe,  à  l'aii'e  j\i- 
yer  de  l'intensité  du  nuvl  :  lo.  celui  de  l'Institut  Canadien  ;  2o.  cehii  du  in-ocès 
(fuibord;  -îo.  celui  des  poursuites  judiciaires  contre  les  Curés  pour  iniluence 
-spirituelle  indue. 

lo.  Depuis  plusieurs  annét's  existait  à  Montréal  une  so  iété  littéraire,  jwr- 
tant  le  nom  d'Institut  Cauiulien,  <[ui  comi)tait  dans  ses  rangs  un  grand  nombre 
déjeunes  gens  et  d'hommes  distingués,  et  à  la  quelle  la  jeunesse,  au  sortir  des 
collèges,  ambitioniuiit  l'honneur  d'api)artenir. 

Les  chefs  et  les  principaux  menbres  du  jiarti  roui>e — non  sous  leciuel  est 
plus  communément  dcsin-né  chez  nous  le  parti  libéral, — cominirent  ([uelle  force 
ils  pourraient  tirer  de  a'iU'  institution  pour  la  dillusion  de  1(>tus  doctrines;  ils 
travaillèrent  donc  ave-  énergie  à  y  l'aire  iiénétrer  leurs  a<leptcs,  et  bientôt  en 
18Ô0,  se  trouvant  en  majorité,  ils  purent  donner  à  l'Institut  Canadien  la  direc- 
tion ([u'ils  avaient  en  vue. 

Cet  institut  devint  en  peu  d'années  une  véritable  chaire  de  jiesfi/enre,  par  les 
discours  et  les  Coniérences  prétendues  scientilh^ues  qui  s'y  débitaient,  et  par  sa 
bibliothèqut>  impie  et  voltairienne  ouverte  à  tout  le  monde. 


m- 


lii.i 


L'siutoritt'  dioct'saiiif.  ii])ivs  avoir  ossayr  en  vain  di'  les  vaincncr  dans  lo 
droit  chcniiii  l't  au  Ijut  imnnier  do  riiistitution,  nc  vit  ibrct'c  do  roiisurcr 
et  do  coiidamuor  ootto  .so/iotô  d6voyô(>  ot  iiuorriii'il)lo,  dovonno  uiio  vôritahh^ 
ôcolo  d'impiôtô  »'t  do  dônioralisalion.  Eiiiiii  un  dôcrot  du  St.  Olli^c  i-n  dato  du 
14  Juillot  ISi)!».  coiulanuia  l'institut  C'anadion  et  mit  so«  productions  à  l'Indox  ; 
il  l'ut  ^  dôi'ondu  à  tout  catholitjuo  do  ooutinuor  à  on  lairo  partie  souh  peine 
(rcxcominunioation.  Cotto  sontoiico  lut  so]i  coup  d«>  mort. 

Pour  se  vengor  dv  <<'s  ooiulamuations  portées  par  lo  St.  Sioifo  ot  par  ratlt-OMi 
ritô  diocésaine  contre  IMnstitut  Canadien,  l'un  do  ses  chefs  les  plus  importants 
ot  les  plus  avancés,  écrivit  un  pamphlol  aussi  ig]U)blo  qu'impie  qu'il  intitula 
"  La  yrando  ii-uorre  ecclésiastique  "  dans  lequel  il  déversa  lo  mépris,  le  blasphè- 
me, la  calomnie  sirr  tout  ce  qu'il  y  a  (W  plus  saint  et  de  plus  auguste  dans 
l'Egliso.  En  voici  <iuel(|ues  extraits  : 

'■  La  suprématie  du  jm'tre  siti'niiio  toujours  (>t  partout  l'osclavaue  de  la  pen- 
'•  séo  :  elle  signille  par  là  mémo  lo  servage  i»olitiquo.  Qu'était  devenue  la  natio- 
■■  nalité  italienne  sous  lo  régime  papal  '  (Qu'est  devenue  rintolligonce  humaine 
"  sous  la  censure  i)apalo  ^  rourfjuoi  le  domaine  de  l'esprit  était-il  devenu  un 
■'  désert  connue  la  campasiMio  de  liome  :"  Stérilité  partout  ! 

•  L"iiiraillil)ilité  d'un  lu)mme  sur  h-s  questions  do  mœurs  est  la  i)lus  n-rande 
'•  aberration  de  l'histoire,  ("l'st.  a  dit  un  illustre  prêtre  mort  dans  1(>  sein  de 
•■  l'En'liso,  c'est  la  plus  grande  insolence  qui  se  soit  encore  autorisée  du  nom  de 
'•  .lésus-Christ.  ' 

Toutes  les  colères  dos  libéraux  ne  purent  empêcher  le  dit  institut  de  (om- 
bor  dans  le  discrédit  ot  do  périr  misérablement. 

2.0  Le  procès  de  roxcommunié  Uuibord  intenté  à  la  l'abriquo  de  N.  1).  de 
Montréal  par  les  mêmes  hommes,  eut  un  retentissement  énorme  dans  tout  lo 
])avs.  Un  membre  do  l'institut  canadien  avait  refusé  de  se  soumettre  aux  lon- 
<lamnations  portées  contre  cette  société,  et  d'en  sortir.  Etant  mort  dans  vv\  état, 
ot  sans  donner  marque  do  ,  repentir,  la  sépulture  ecclésiastiqiro  lui  fut  refusée 
])ar  l'autorité  religieuse.  Les  libéraux  avancés  saisirent  t'otte  occasion  d'atta- 
(|uer  l'Ea'lise  dans  l'un  d  '  ses  droits  les  plus  sacrés,  l'inviolabilité  do  la  sépultu- 
re chrétioniu*.  droit  garanti  i)ar  la  constitution  dti  pays,  oi  dont  Elle  avait  tou- 
jours joui  sans  conlostation.  Deux  avocats,  coryphés  du  parti  libéral  et  adoptes 
■'élés  do  l'Institut,  M^L  L'odolpho  Lallammo  et.losoph  Dotitro,  se  chargèrent  de 
forcer  la  main  à  l'Eglise,  et  de  l'oldiaer  par  l'autorité  civile  à  laisser  inhumer 
on  terre  sainte  l'ini'ortuné  tluibord  ((ui  on  avait  perdu  le  droit  par  sa  révolte. 
Ils  intentèrent  i^n  conséquence  à  la  fabrique  do  Montréal  un  procès  scandaleux 
autant  que  disi>endieux,  et  on  proiitèrent  pour  émettre  dans  leurs  plaidoyers 
les  doctrines  les  plus  anti-cal holiquos  sur  la  constitution  et  les  droits  de  l'Egli- 
se, et  les  blasphèmes  les  plus  impies.  En  voici  quelques  extraits  : 


—  -^'I  — 


"  La  Fraii  •' uniiL-i' (U' s>'.s  lihi'rl.'vs   i^-allicani^s  est  r^sirc  ciilluiliijui' en  drpit 
■  des  Cardinaux  et  int-uu'  dt's  Piipcs  et  d>',s  C'oiicih's,  cl,  coin  cric  du  houdicr  qui 
'  a  résistr  à  tant  d\'-pn'U\cs,   tllr  ((inU'iuplc  avcf   indiUrrcncc  la  liiiiudf  iiNscni- 
bltv  du  Vatican  (jni  va  cucoii' une   l'ois  csisaycr  en  Aaiu  de  dt  laiiiH'V   l'Apen- 
nin, pour  lue  servir  de  l'exiiression  d'un  évèiiue  l'ranvais. 

"  l^a  division  (en  parties  bénie  et  non  bénie),  di-s  cimetières,  en  vue  de 
nianirester  rap]n'o))ation  ou  rimi)robation  reliuieuse  de  la  conduite  d'un  dérunt. 
est  un  acte  pun-nient  inatéiiel  et  nn  abus  des  l'tjnclions  curides  qui  tombe 
sous  le  contrôle  de  l'autorité  civile.  J/autorité  civile  n'a  januiis  reconnu  à  l'au- 
torité reliuieuse  le  droit  de  llétrir  des  citoyens  honorables  et  en  pleine  posses- 
sion de  leur  état  l'ivil  au  iiionieiit  de  leur  nnn-t.  j)ar  cetti'  division  arbitraire 
des  cimetières. 

■■  L'autorit  '  <'ivile  doit  inrconiKiilre.  In  roitxêrni/ion  t/cs  i-imiiin-f^  (juand  il  s'agit 
d'assurer  aux  morts  le  resjx'ct  (jui  leur  est  du. 

"  Si  l'autorité  reliti'ieuse  veut  bien  consacrer  sans  nécessité  les  cimetières, 
elle  s'expose  de  son  i)r(>pre  uré  à  ce  ([u'elle  api)ellera  peut-être  une  profanation 
de  la  terri'  sai)ite;  nniis  elle  seule  est  responsable  de  cet  inconvénient. 

■■  Le  ( 'vtrc  ne  devient  Cuié  (jue  jnirce  (ju'il  devient  meiubre  de  la  corpora- 
tion ai)pcli'e  /^//j/v'ry/.'r  et,  de  (e  monu'iit.  il  entre  sous  le  contrôle  a))solu  du  pou- 
voir civil.  Le  i)rèîre-curé.  c'est  l'oHicier  i)rincipal  d'une  corporation  (jui  veut 
jjossi'der  et  !M]ministr(>r  des  ))iens  matc'riels.  des  immeuldes,  des  meixbles  })our 
des  besoins  matériels,  des  ch(\ses  absolument  inutiles  au  prêtre. 

■•  Les  ])rélenlions  de  la  dél'ense  sont  l'expression,  la  reiirésentation  d'un 
système.  Ce  système  est  celui  (jui  auite  le  monde  catholi<]ue  en  ce  moment  ; 
c'est  celui  (|ui  tend  à  l'aire  restituer  à  l'ordre  religieux  la  prédominance  que  le 
pauanisnu',  le  l»oudliisnu>  et  le  Christianisme  du  moyen-âuv  avaient  obtenue 
sur  la  soi  iétc,  et  dont  toutes  les  l'oriues  de  culte  ont  si  douloureusement  abu- 
sé; oui,  cette  i^rédomiinnue.  rêvée  i)ar  di's  esprits  dont  l'existem-e  «laiis  notre 
siècle  t'ait  croire  à  la  méteni])sycose.  " 

'■  Les  clients  de  nos  adversaires  n"ai)paraissent  i)as  au  dos.sier,  quoi(|u'ilis 
soitnd  l'ànu',  le  lu'ri',  la  nurlle  et  les  os  de  toute  la  déi'eiist'. 

■'  Il  y  a  dans  le  lutiude  un  cercle  d'hommes  en  consi>iration  pernmnente 
contre  tout  ce  (jui  l'ait  le  bonheur  matériel  et  moral  de  l'humanité;  un  cercle 
d'honanes  qui  se  disent  cath.olicpies  et  (pii  trente  sept  lois  ont  été  proscrits 
par  les  rai)"s  et  les  Princes  d»>  tous  les  pays  catholiques.  Dans  ces  pertvu-ba- 
tions,  le  s'énie  d\i  mal  est  passé  du  ser]>ent  dans  ce  cercle  d'hommes.  Vous  le 
pro.s  rivez,  vous  le  morcelez.  voii.<  le  tranchez  en  cent  mor<  eaux,  pour  le  livrer 
aux  vents  destructeurs,  t-t  lentement,  scmrdement,  sileucieusenuint,  ces  mor- 
ceaux se  cherchent  dans  l'ombre,  de  rArri(]ue  à  l'Europe,  de  l'Asie  à  l'Améri- 
(j\u'  et  le  seri)ent  se  recomi)ose  avet  une  recrudescence  de  venin  et  de  haim* 
•  outre  la  société  chrétienne,  et  lorsfjue  vous  le  croyez  disparu  pour  toujours. 


■1^3 


1;^ 


—  30  — 


lit 


i-,; 


"  (Milouct'  dans  U'H  (Oiirhcs  si'cnlairi's  cb'  rcxi'crntion  des  hoimncs,  vous  voyez 
•■  rc'|iuraitn'  sa  tètf  hid('US(\  vous  ic  voyez  «'tiMidn'  autour  du  tronc  et  des  iiiein- 
'•  hres  de  la  sociét»''  ses  replis  tortueux  et  vis(jueux,  pour  étouder  le  corps  et 
'■  l'inné  de  la  victime  (jui  est  le  monde  civilisé. 

"  Les  clients  de  nos  adversaires,  ce  sont   les  .Icsuitos! 

'•  (\'  sont  eux  (jui,  avec  lex\r  art  iui'ermd,  plaident  i<  i  sous  les  jiouis  des 
•■  curé  et  marsiiiilliers  de  Montréal,  et  qui  en  ce  moment  rient  sovis  eap(>  du  bon 
'■  tour  qu'ils  Jouent  à  toute  la  population  de  la  mettre  ainsi  en  émoi,  sans  <jue  le 
■'  bout  de  leurs  doiuts  y  i>uraisse  ! 

"  Déjà  notre  si^ciété  étreinte  dans  les  rei)lis  du  serpent  allait  expirer  sans 
'•  jeter  le  cri  d'alarme.  C'est  la  main  d'un  mort  qui  la  rappelle  à  la  vie  ;  c'est  (iui- 
"  bord  encore  iiisant  sur  le  sol  (jui  arrachera  le  masque  de  la  défense  ! 

"  Honneur  soit  n-ndu  aux  sauvaii'i's  de  te  (  ontinent,  qui  avaient  commencé 
■  a  supprimer  du  sol  canadien  la  pr*'miere  semence  delà  sainte  Société  de. Jésus! 
■■  Honneur  soit  rendu  a\\  ministère  anu'lais  (jui  les  en  lit  disparaître! 

"  Ihmneur  à  l'Archevêque  de  t^uébei'  (jui  a  entouré  son  diocèse  d'un  cordon 
■'  sanitaire  contre  cette  peste  !" 

Ces  (juehiues  extraits  sufliseiit  pour  donner  une  idée  des  doctriiu's  pcrvci- 
ses  et  de  l'impiété  de  ces  chei's  libéraux,  venu-eurs  de  l'Institut-Canadien.  Ils 
eurent  linalemenl  uain  de  cause  au  tribunal  <  ivil  de  la  Reine,  Guibord  l'ui 
enterré  sous  la  ])rotection  des  ])ayoniiettes  dans  le  cimetière  réservé  aux  Catho- 
liques, morts  eu  paix  ave<'  l'Eglise,  et  la  labrique'de  N.  D.  de  Montréal  condam- 
née à  payer  les  frais  énormes  de  ce  procès. 

ay  Le  troisième  fait  est  celui  de  la  persécution  organisée  contre  le  Cleraé 
en  traduisant  devant  les  tribunaux  civils  les  prêtres  de  quelqxres  comtés  sous 
prétexte  d'inlluence  s/iinfuefle  indue.  Forcer  les  prêtres  à  rendre  compte  devant 
le  tri])unal  civil  de  l'exercice  de  leur  St.  ministère,  des  instructions  données  en 
chaire  à  leurs  ouui^les,  et  les  poursuivre  Jus(|ue  dans  le  secret  inviolable  du  tri- 
bunal de  la  pénitence  en  interrogeant  les  pénitents  sur  ce  (jue  h'ur  avait  dit  le 
<  onfesseiir,  était  <  hose  inouie  dans  les  annales  de  notre  histoire.  Aussi  en 
résulta-t-il  un  s- andale  immense,  contre  le([uel  les  évèques  durent  s'élever:  et 
'es  pro  es  intentés  en  violatioji  des  saints  canons  et  au  mépris  delà  défense 
formelle  et  précise  de  l'autorité  religieriwe  dans  la  pastorale,  et  la  circulaire  du 
22  Septembrt»  187"i,  constituaient  en  mênu'  temps  uiu'  A'iolation  flagrante  des 
droits  les  plus  sacrés  de  l'Eialise.  et  de  lalib(>rté  du  culte  catholique,  garantis  par 
h's  traités  et  par  la  constitution  du  pays. 

Aus'^i  '^rsque  les  prétentions  que  nous  pourrions  appeler  sa'  riléges  de  nos 
li-      .i  ï'i"  été  I  ouronnées  du  succès  par  la  sentence  de  la  Cour  Suprême, 

1    I'    •  •  fat  •'        sta  solennellement  contre  une  telle  interprétation  de  la  loi,  par 


iiue  1, 


Il  date  du  20  Mars  187*7. 


—  .!1  — 

"  A  la  lecture  de  la  senteiici'  leiidue  le  28  Février  dernier  i)ar  la  Cour  Su- 
"  préme  du  Canada,  dans  la  cause  de  l'élection  du  comté  de  Charlevoix,  les 
"  soussignés,  Archevêque  et  évèque  de  la  province  Ecclésiastique  de  Québec 
"  ont  éprouvé  une  douleur  profonde,  que  tous  les  vrais  catholiqiu's  ne  nianque- 
'■  ront  point  de  partager  avei;  eux. 

"  Nous  n'avons  pas  à  Juger  la  valeur  légale  des  arguments  sur  lesquels  se 
'■  sont  appuyés  les  honorables  membres  du  plus  haut  tril)unal  judiciaire  de 
"  notre  pays,  pour  interpréter  avec  tant  de  sévérité  une  loi  d'alleurs  recommau- 
"  dable.  Mais  aussi  il  ne  peut  nous  être  défendu  de  déplorer  le  conllit  que  ce 
"Jugement  constate  entre  la  loi  ainsi  interprétée  et  les  droits  imprescriptibles 
'■  di'  riîglise  catholi([ue,  exposés  dans  notri'  pastorale  commune  du  22  Septembre 
187Ô. 

"  L'interprétation  si  rigoureuse  et  si  absolue  donnée  à  la  loi  électorale,  si 
"  elle  est  poussée  jus([ue  dans  ses  dernières  conséquences,  irait  Jusqu'à  priver 
"  l'Eglise  calholi<jue  d'un  droit  sacre,  d'un  droit  (jue  la  nature  elle-mèmi'  confè- 
"  re  à  toitte  société  et  même  à  tout  iiulividu,  d'un  droit  enlin  que  les  codes  de 
'■  toutes  les  nations  reuardeut  comme  indiscutable;  ce  droit,  c'est  celui  de  légiti- 
■■  me  défense 

"  C^uand  don<'  nous  voyons  la  liberté  de  l'Eu'lise  et  sa  dignité  méconnues, 
■'  il  111'  ])cut  être  permis  à  ses  enfants  et  encore  moins  à  ses  pasteiirs  de  garder 
■'  un  silence  qui  équivaudrait  à  une  trahison.  " 

Tout  le  monde  sait  que  Jamais  pareilles  plaintes  n'ont  été  j^ortées  contre 
notre  ilergé  par  les  protestants,  qui  comprennent  en  cela,  mieux  que  ces  catho- 
li(|ues  fourvoyés  par  les  priiK  ipes  gallicans  et  libéraux,  ce  cjue  doit  être  la  li- 
berté du  culte  religieux.  Pourquoi  faut-il  avoir  à  ajouter  qxi'il  s'est  trouvé  des 
prêtres  assez  infatu-'s  de  «-es  erreurs,  pour  a])prouver  de  tels  procès,  (>t  encoura- 
ger ceux  (jui  les  suscitaient. 

11  est  à  nnuaniuer  (pie  si  la  //finrrsion.  de  l'Institut  Canadien,  et  \;i  profana- 
tioh  du  (  imetière  catholique  par  l'inhumation  forcée  de  l'excommunié  Guibord 
ont  été  l'teuvre  des  libéraux  avancés  de  l'école  de  V Avenir  et  du  /'////.s;  la  persé- 
cittion  légale  exercée  <  outre  le  Clergé  sous  prétexte  d'inlluence  spirituelle  indue 
a  été  surtout  l'œuvre  des  libéraux  catholiques  modérés,  de  l'école  de  V Eviiiement 
et  de  V Elerlaiir  de  Québec. 

Donc  en  résumé,  les  programmes  et  la  presse  de  l'école  libérale,  les  faits  et 
ffcstes  de  ses  'hefs,  les  documents  épiscoi)aitx  pour  les  combattre  et  préserver 
les  fidèles  de  leurs  séductions,  s'unissent  également  pour  constater  que  "  lesprin- 
"  ripes  pervers  (jui,  troiihleid  l'Europe  ont  réellement  traversé  l'Océan,  et  depuis  trente 
'■  ans  environ  les  erreurs  contemporaines  ont  réellement  commencé  à  faire  sen- 
"  tir  leurs  funestes  elfets  dans  les  élections  populaires  et  à  leur  donner  un  ca- 


i  ;î^ 


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"  ractrn'  hifu  pronoïKn''  d'hostilit»''  roiitrc  rK<>liso,  do  la  part  do  ccrtiiins  cîilho- 
"  li(iuos  iiillwcuts  de  la  Proviiico  ;  qu'ils  ont  lonnr  un  ]>arti  <'t  loudi'  des  joui- 
"  naux  qui  se  «ont  donnt'-s  la  triste  mission  de  iairc  prévaloir  en  Caiia  l;i  les 
"  idées  subversives  de  la  France,  de  battre  en  brèche  les  doctrines  de  l'I'lii'lise 
"  sur  les  rapports  des  deux  i)uissances.  et  d'attaqxu'r  oiivertement  le  clergé.  " 

Ce  fait  douloureux  s'explique  iacilenient,  J']niinentissinics  Seio-nevirs,  pour 
^eux  qui  connaissent  les  rajjptn'ts  intimes  du  Canada  français  et  eatholi(iue,  avt;  • 
son  ancienne  mère  Patrie. 

Les  hommes  vivant  de  la  plume  étant  encore  très  rares  cheK  nous,  et  notre 
littérature  nationale  n'étant  (>ui(>re  (|u"à  son  berceau,  toutes  les  classes  de  hi 
société  s'aliiuentent  aux  productions  littéraires,  scient ili(|Ues  et  i)hilosophi(jues 
de  la  l'rance  ;  chaque  courrier  transatl:inti(|ue  nous  iii>porte  les  i)roducti()ns  de 
la  presse  (luotidienne  française  de  toutes  les  couleurs  et  de  tous  li's  i)rin  ii)es 
politi(pies.  reliu'ieux  et  soriaux.  Kieii  d'étouniiut,  jiar  conséipunt.  de  retrouver 
exactement  au  Canada  les  courants  d'idées  les  plus  nialsaiiirs  et  les  plus  révo- 
liitionnaires  de  la  France  et  de  la  IJelu-icpn',  tout  aussi  bien  (juc  les  principes 
véritablement  chrétiens  et  catholi([ues. 

Nous  devons  cepeiulant  à  la  vérité  de  dire  (pie  ces  erreurs  imi)ortées  dv 
l'étranuvr  n'ont  \n\  qixe  didiciiement  Juscju'à  ce  jour,  i)rendre  racine  sur  le  sol 
Canadien;  mais  nul  (hnite  que  si  un  (i>il  viiiilant  ne  les  surveille  et  si  ixnemain 
ferme  ne  s'applicpu'  à  les  arracher  à  mesure  qu'elles  semldeiit  prendre  consis- 
tance chi'/;  nos  populations  encore  si  ridiyienses,  elles  ne  linisseiit  par  i)roduire 
ici  les  désastres  et  les  ruines  qu'elles  jm)duisent  ailleurs. 


VII. 

Incxdrlifudrs  ef  erreurs  i/(i>is  h'ii  faih  mniliniuios   ' 
rhuis  les  itis/ntrfions  du   Sf.  0[fice. 

lo.   Discorde  dca   Evrqurs  entre  rii.r. 

La  première  cause  de  nos  difRcultés  jxditico-reliu'ieuses  mentionnée  dans 
les  instructions  du  St.  Olfice  à  M^-r.  le  Déléirué  (>st  la  dhœrde  ou  la  division  don 
évèques  entre  eux  sur  la  question  politique.  Voici  comment  s'exprime  le  Docu- 
ment :  "  Or  la  caxise  de  si  a'raves  inconvénients  se  trouve  dans  la  division  de 
"  ces  Evèques  entre  eux,  tant  au  sujet  de  la  question  politique  qu'au  sujet  d'au- 
"  très  questions  qui  s'acçitent  en  ce  moment  au  Canada.  Afin  donc  de  mettre  un 
"  terme  à  ces  dissensions  si  re^-rettables,  il  sera  nécessaire  ([ue  ces  Evè(pies,  de 


"  coiict'rt  avec  Mur.  le  J)^!!'^!!!''  Ai)o.st()li(iiu,'  cuvoyi' au  C'anudii,  s'i'iitciidi'iii  i)()ur 
"  (It'tcrininfr  uin'  li'jin'  di'  condiiiU'  uiiilornu'  à  suivre  par  tous  et  rliaïuu  d'eux 
"  à  rt'ii'iird  des  parlis  i)(>lili([u<'s.  " 

Examinons  d'al)ord  les  laits  (|ui^oiit  occasioiir  ces  divi'rii'cuccs  d'opinion 
cntrt'  les  r\('(|tii's,  ft  sur  (pli  doit  en  rrtonilx'r  la  rcsponsahilité. 

Li'  pn  niicr  de  ces  l'aits  est  le  désaveu  qu'à  lait  Mu'r.  l'Arcliovi^quc  d'un  ar- 
ticle de  Journal  publié  sous  le  titre  de  l'roi>'ntiiiiii<-  (W/zoZ/V////' dans  le  "Journal 
des  Trois-Rivieres"  le  20  Avril  IHTI  (P.  J.  \.  XVI) 

t'our  hieii  api)ré(ier  ect  acte  de  Mui'.  !"Arclieve<jue.  il  sera  utile  de  rappeler 
la  rèii'le  étahlie  dans  la  proviu'c  pour  la  siirreilhinre  des  journaux,  et  aussi  la 
demande  (L-s  l'cres  du  2d  CoiU'ile  de  (Québec  de  fonder  une ///vn.sv  cillioHijnc.  Voici 
le  règlement  du  'là  ("oncilc  provincial  sur  ces  deux  sujets  : 

■■  2o.  C'est  à  \'rrf'i///r  (pi'il  appnrtient  de  juu'er  de  la  nature  de  ces  mauvais 
'■journaux,  et  de  dénoncei'  au  <'leri>'é.  ou  au  peuple,  ceux  (pi'on  ne  ])eut  lire  en 
"  cons  ience. 

'■  ")o.  Le  besoin  d'un  Journal  iVnnçais.  ])our  i)ropau'er  les  bons  i)rincii)es.  se 
'■  l'ait  de  jilus  en  ])lus  sentir.  Ce  journal,  rn/iii-r  pur  i/i's  /ti'ii/nt's  iiistniilx  vl  clirrlirHx. 
'■  produirait  plus  de  fruits,  i)ar  ce  (ju'il  rencontreniit  moins  de  i)ri'juués  (lue  s'il 
"  était  sous  l'entière  direction  du  clerii'é.  On  aura  donc  à  aviser  aux  meilleurs 
"  moyens  de  rendre  ce  service  à  la  reliu;'ion,  " 

Pour  r>'[)()ndi'e  à  cette  demande  des  Pères  du  2d  Coiu-ile  de  (v'Ui'bec,   si  con- 
forme à  la  recommandation  du  Souverain   Pontil'e  Pie  IX  diins  .son  Encyclique 
"  Iiilcr  nnfUi/ilices''  aux  évêcpaes  du  monde  entier  en  faveur  des  écrivains  et  des 
j()i>n/ii/is/rs  c<itli<)/ii///fs,  il  s'est  fondé  en  peu  d'années,  dans  la  jM-ovince  de  (Québec, 
trois  Journaux  en  ce  sens,  l'un  à  (Juébe  •,  Lt;  Coitrni'f  tlii  C(tiiu(ht.  l'aiitre  a\ix  Trois- 
Lc  Jo/irtidl  i7rs  Trois-Rii-irn';:.  ]v  troisième  à  Montréal,  Lf  Xoiiredii-Momle. 


lilVleies. 


Ces  journaux   se   sont   appli<piés  à  marcher   tlans  la   mesure  de   leurs  forces 
sur  les  traces  des  u'rniuls  Journaux  à  la  tète  de  presse*  catholicpie  de  l'isurope,  et 
'ombattre  comme  eux   les  erreurs  contemporaines  (pii  cher  liaient  à   s'iui- 


(h 


ilholidues  du  Canad; 


l^lanti'r  au  milieu  des  populations  ca 

Ces  journaux  animés  d'un  esprit  véritablement  catholicpie  ont  en  à  soute- 
nir d(?  rudes  luttes  contre  la  presse  libérale  et  imi)ie  <pie  J'ai  fait  connaitre  plus 
luuit  et  (|ui,  elle,  s'alimentait  à  la  presse  impie  et  libérale  de  la  FraïK'e,  Ils  ont 
eu  aussi  à  lutter  contre  certains  de  leurs  confrères  encore  entachés  de  plusieurs 
erreurs  u'allioanes  répandues  dans  notre  ancieniu'  léo-i.slation  française. 

Quand  il  leur  e.st  arrivé  (h'  manqu(>r  en  quelques  eho.ses  dans  ces  luttes 
ardentes,  ils  n'ont  point  manqué  de  se  conformer  aux  av(M"tissements  qui  leur  ont 
été  donnés  par  qui  de  droit,  selon  la  recommandation  du  même  Souverain  Pon- 
tife. 

Il  est  hors  de  doute  (pie  ces  Journaux  si  franchement  catholiques  ont  rendu 


.^,1 


—  ;{4  — 


de  grandis  scrvit-oH  à  lu  ciiUNt'  de  la  vrritt'-  d  de  In  justic*'  «mi  hiillaii)  eu  hivclu». 
comme  ils  l'ont  iait,  la  mauvaise  prcssi-,  et  en  «Irleiulaiil  eourag'eusement  les 
droits  de  l'Illglise  quand  il  se  sont  trouvés  at(a(|ués. 

L'un  de  ces  journaux  a  même  été  honoré  d'un  IJrel' trcs  éloyieux  du  Souve- 
rain Pontil'e  l'ie  IX,  adressé  à  son  Réda' teur  en  >  hef,  le  chevalier  (îédéon  ])esi- 
lets,  ex-zouave  ponlilical.  Ce  Urel' si  honoral)le  i)our  son  destinataire  était  en  mê- 
me temps  une  approhution  hicii  ))ré(ieuse  de  la  direction  donnée  à  son  joiiniid 
qu'il  venait  de  soumet tr(>  à  l'appréciation  de  Sa  Sainteté. 

C'est  de  l'article  publié  i)ar  ce  journal  en  Avril  l!S71  sous  le  titre  de  Pro- 
grniiunc  Oitlioliqiic,  l't  désavoué  par  Mu'r.  rArchevé(]ue.  queje  val  •naintenant  par- 
ler. Cet  article  aurait  certainement  jiassé  sans  plus  d'éclat  qiie  les  arli'  les  ordi- 
naii'es  de  journaux,  sans  ce  désaveu  inalleudu  et  impossible  à  prévoir,  et  ijui 
cependant  a  provoqué  l'une  des  luttes  les  plus  ardeiiti's  que  l'on  iiit  vues  daiis 
la  presse  canadienne,  et  qui  a  mis  en  lumière,  pour  la  première  l'ois,  une  (lirrr- 
fi-e/ice  d'opinion  entre  les  é\c«|ues  sur  la  question  politicpie. 

Voici  en  qui'lles  circonstances  et  pour  <[uels  motifs  cet  article,  ou  Pro^-nim- 
me  Cufliolù/iie,  fut  rédiiiv  et  publié  dans  le  "journal  des  Trois-Kivières.  " 

La  promulgation  du  décret  conciliaire  de  (jué!)c(  de  iMiH  sur  les  élections 
politiques  ayant  l'ait  connaître  aux  lidèh>s  avec  plus  de  précision  les  devoirs 
que  la  loi  de  Dieu  leur  impose  tomme  électeurs,  un  ( crtain  nom])re  de  catholi- 
ques des  plus  instruits  et  <les  mieux  disi)osés  cruri'iil  (ju'il  pourrait  être  utile 
de  formuler  certaines  règles  pratiques  bas.'es  sur  renseignement  de  ce  décret 
que  les  évè(pies  venaient  d'(^x]ioser  dans  leurs  Man<h'ments.  Ku  consécjuence, 
ils  dressèrent  en  vue  des  élections  (jui  approchaient,  un  assez  court  programme 
qvii  pouvait  se  résumer  à  dire  ([ue  les  électeurs  devaient  donner  leurs  voles  aux 
candidats  qui  s'engageraient  à  respecter  les  droits  et  les  lois  de  ri"]glise,  lors- 
qu'ils agiraient  comme  députés  dans  le  parlenu'ut.  et  à  l'aire  réformer  celles  de 
nos  lois  existantes  (jui  sont  en  désaccord  av(>c  les  lois  divines  et  canoniques  en 
autant  que  les  Evêques  le  demanderaient.  (P.  .1.  N.  XVI). 

Comme  cet  article-programme  paraissait  très  important  aux  yeux  de  ceux 
qm  l'avaient  formulé,  il  fut  soumis  privénuMit  à  l'Evcque  des  Trois-lJivières 
dans  le  dioièse  du  quel  il  devait  être  publié,  et  à  IMgr.  l'Evêque  de  Montréal 
dans  le  diocèse  du  quel  on  voulait  immédiatement  le  reproduire. 

Les  doux  prélats  le  trouvant  parfaitemtmt  orthodox(>  dans  ses  principes,  lé- 
gitime dans  sou  but  i-t  ses  moyens,  ne  blessant  les  droits  d(>  personne,  l'approu- 
vèrent sans  diniculté. 

Il  fut  donc  i^ublié  dans  le  "Journal  des  Trois-Kivières''  comme  article  édi- 
torial  le  20  Avril  1871,  et  fut  immédiat(unent  reproduit,  avec  pleine  et  entière 
adhésion  par  les  six  journaux  suivants  :  le  Nonve.<tii- Moufle,  le  Frofir-Parfc/ir,  V Or- 
dre, le  Courrier  du  Canada,  V Union  des  Cantons  de  ''Est.  et  te  Pionnier  de  Slierhroo/ce. 
Les  députés  de   TAsssemblé(>  léo-islative  commençaient   aussi  à  envoyer  leur 


—  !\:>  — 


iRlht'sioii  à  Cl'  proifriumiu',  lorsijuc  le  "Jl!  du  incuu'  niois,  iniriit  cliiiis  If    ".lounia 
di'  (^ii6bi'«' "  la  k'tliv  suivante  iK'  Mgr.  l'Archi'vt^iiu'  dv  (^m'hoc 


"  ArchcvcclK' (le  Qii.'h.v.  24  Avril  1S71. 


Monsictir, 


"  A  propos  des  (''icitions  prochaines,  1(<  Jo/ir/nil  drs  'I rois- Riririrs  cl  le  Xoit- 
"  renu-Moii'/r  ont  juihlic  un  prosjraniinc  /xi/i/ù/iir  à  rusiiiic  des  catlioli(pU'.s  de  la 
"  province  de  (Québec. 

■'  .le  crois  devoir  vous  informer  qno  co  prou-raninie  ne  m'a  ('-lé  connu  <|Uf 
"  i>nr  les  journaux,  et  ([ue  \vav  ( onsccpient  il  a  le  urave  inconvénient  d'avoir  été 
"  forniulé  en  dehors  de  toute  participation  de  l'épiscopat.  Je  déclare  donc  (jii'il 
"  no  suurait  autoriser  au  •un  membre  du  cler<>'é  de  l'archidiocèse  à  dépasser  les 
"  limites  tra'ées  par  le  <juatrième  coui'ile  de  (Québec  et  (pic  je  vous  ai  rappor- 
'■  tces  dans  ma  circulaire  du  ^^  courant. 


(sia'ué) 


t  K.  A.  Arche ve(|Ue  de  Québec 


Le  même  Jour  Mi^r.  l'Archcvéïjue  é<'rivait  à  l'un  de  ses  sullrayants  : 

'• l'ai  envoyé  ce  matin  à  rim])rimeur  une  ])elite  circulaire  an  Clerc'é  où 

"  je />/"i//^'.s7(;  indirectement  contre  cet  érit.  Vous  en  recevrc/:  coj^ie  ces  jours-ci, 
"  j't>spcre  que  vmisen  serez  content,  l'ille  sera  aussi  publié  dans  nos  journaux  de 
"  Québe',  alin  (pie  personne  n'i'U  prétexte  iunorance.  l'ne  couple  encore  de  protes- 
"  tations  indire -tes  de  ce  li'enre,  et  toute  cette  <j;r(inile  /iiar/ii/ie  montée  à  gnitids frais 
"  (/(lus  une  dssenihhJr  tenue  an  tiiiredii  de  ...  se  f/('tr(i(/iier(i  (/'cl/c  iiK-iiie.  " 

Le  mènu>  suUVaii'ant  en  communiiiuant  à  son  clerû'é  son  adhésion  à  la  pro- 
testation indirecte  de  rArchevé([Uc,  disait  ; 

"  Des  informations  des  plus  positives  me  permettent  de  vous  dire  que  cette 
"  circulaire  doit  s'int<'rprèter  dans  le  si'us  d'un  désaveu  du  programme  politi- 
"  ({ue  dont  il  est  (question,  et  c'est  eu  lui  attribuant  ce  sens  que  je  vous  en 
"  donne  communication  ollicielle.  " 

A  ces  doux  protestations  épiscopales  s'y  ajouta  une  troisième,  ce  qui  divi- 
sait é<>"alement  les  évêquos. 

Voici  maintenant  quelques  observations  que  je  soumets  humblement  à  l'ap- 
préciation de  Vos  Eminences  sur  ct'tte  protestation  inattendue  et  impossible  à 
prévoir  de  la  part  de  Mgr.  l'Archevêque. 

lo.  Sur  sept  journaux  qui  aA'aieut  publié  le  programme  en  y  donnant  leur 
pleine   adhésion,  i)ourquoi  le   INIétropolitain   ne   dé.signe-t-il  que  le  Joi<rmd  des 


■t.% 


-1;^ 


■'m 


—  «tJ  — 


Tnn'x' Riririrs  rt  It'  Nonvfnn-Miimfr  ([\i'\  seuls  nviiit'iil  soumis  ci't  ri-r'w  i\  leur  Ordi- 
Uiiin'  iiviint  de  If  |)ul»li('r  ' 

2(1.  J'()ur(|U(ii  aussi  S.  (1.  irnsnr:\i\-lA\\i' iiniiniiriiicii/  rcs  (l.'ux  Jotiriiiiux  (|iif 
la  n'U'li' (liscipliiiiiii't' (les  l'crcs  du  :j(l  ('Diicilc  <li'  (^Mu'dn' •  de  is.Vt,  nicttiiil  sous 
lii  siirvcilliiiu'c  iiinin'ilnilr  dr  Irurs  ('\i'(|Ui's  diocrsiiins  '. 

Si  rAlch('\  ('«lUi'  riil  ohsiM  VI'  ii'tti'  li'Llli'  »'t  pnrlr  su  |iiiiilih'  aux  di'UX  rvi"^- 
(jut's  cliarurs  de  la  sui'N'i'illancc  de  «es  journaux,  au  lieu  d'i'U  saisir  l'opinion  i)U- 
l)li(|Uc,  il  aurai!  d'alxnd  rx  itr  la  urasc  erreur  de  l'ait  dans  la  (juelle  i!  est  loinhé 
«Ml  disant  (jue  cet  érril  avait  If  a  rare  nicdnrciiiiiit  d'arniv  r/i'  Ihrnni/fnt  (/flmrs  i/c  Isiulc 
/iiniiri/iiifinH  i/r  /'r/iis((i/i(i/  ;  ee  (|ui  était  niatériellenienl  A//'./-.  i)uis(|u'il  avait  re(;u 
rn/i/irnhii/iot/  de  ri'iVe<|Ue  respeel  il' de  rliaruii  de  ces  journaux.  Il  aurait  évité  en 
second  lieu  une  urave  iiijiiMin'  envers  ces  deux  Journaux  catlioli(|ues  ([ui  étaient 
ccrtaincnient  en  ri'u'le  avec  ra\itorite  reli^'icuse  pour  cet  écrit,  comine  il  \ieut 
d'être  dit,  et  surtout  le  Métropolitain  aurait  évité  de  l'aire  éclater  un  ilrsiircanl 
aussi  reirrettalde  dans  l'épiscopat  de  la  l'ro\  iiice. 

.■]().    Mii'r.  r.\rclieve(jue  est  lomhé   dans    une  autre  errcui'  de  l'ait   en  «lisant 

cjuc  ce  i)r()u'raninie  /i(ili/ii/nf  était  une  '^-rdiiilr  iiincliii/f  iiiniiti'c  n  iiiuurh Jnii:<  t/ai/s  tnic 
(issniihlrf  liinic  mi  hnrfuii  dr..^ 

(  "est-i'i-dire,  ([ue  c'était  le  proyrainiiie  d'un  nouveau  parti  politi(pie  (pie  les 
auteurs  de  cet  écrit  avaient  rinteiiiion  de  l'ornier.' 

La  vérité  est  (pi'il  n'en  était  rien,  coianie  l'ont  déclaré  soleniudlenicnt,  sous 
la  foi  du  Serment,  les  auteurs  nu'nies  de  ce  proa'ranniie,  allii'mant  qu'ils  n'ont 
point  eu  l'intention  de  l'ormer  un  nouveau  parti  politi(iU',  mais  tout  au  con- 
traire de  rendre  plus  nui  le  i)arti  conservateur  (pi'ils  reconiuussaient  comme  le 
seul  dont  les  principes  et  les  traditions  i)ouvaient  nous  assurer  la  i>lénitude  de 
de  nos  droits  r(di<>'ieux  et  nationnaux  ;  et  (|u"il  était  éu'alenu-nl  faux  (pie  le  i^ro- 
ijframme  catholiciue  eût  été  une  ^j,-riini/t'  iikicIuhc  iiio/i/re  ô  i^'viiii'b  frais,  i/m/s  une  us- 
seinhlce  tcnui'  (Ui  hiirnui 

Rien  de  semblable  n'a  eu  lieu,  et  ces  prétendus  l'iiits  n'ont  jamais  existé. 

En  agissant  avec  moins  de  précipitation,  et  en  i)renant  le  temiw  de  se  ren- 
seit^ner  avec  exactitude  sur  ces  l'aits,  MiiT.  rArchevê([ue  se  serait  facilement 
convaincii,  comme  les  évêqui>s  de  Montréal  e!  des  Trois-lÀivières,  <[ue  ce  pro- 
«•■ramme  n'avait  ni  l'importance  ni  la.  por.MMjne  .es  hommes  politicpies  intéres- 
sés s'efror(,:aient  à  tort  de  lui  imputer:  S.  (1.  ik-  se  serait  pas  exposée  à  avancer 
dans  un  docunuMit  officiel  des  assertions  /■f//^s'.s'es  «|ui  ont  eu  les  conséquiMices  les 
plus  déplorables  et  mômes  fort  injustes  pour  les  aiitoiirs  de  ce  prouramme, 
hommes  de  la  plus  haute  respectabilité. 

A  la  suite  de  ce  désaveu  de  Mii'r.  l'Archevêque  et  de  ses  dtuix  sulfrayaiits, 
les  jouru  uix  libéraux  attaquèrent  avec  violene»^  les  aiitinxrs  du  programme  et 
leurs  amis  qu'ils  désijynèrent  sous  le  nom  de  Pro<:çranii)nsfes,  émettant  en  même 
t«>mps  les  doctrines  les  plus  opposées  aux  droits  de  l'Eu'lise. 


—  ni  - 


l)«'ux  jouniaux  (  oii.sfrviilfurN  si'ulciuciil  liit'iit  (  <lin  a  la  ihts.'-c  liliiiiilc 
«liiiis  (('tic  l('V(''c  (le  Intuclicrs.  l'un  (11-  Mdiitrcal,  di'jii  i  (•iMpromis  [liir  son  oppo- 
.siliiMi  à  rimt()rit(''  (li()i'('',saiiu'  dans  l'allain'  de  la  ili\  isioii  de  l.i  paroisse  de  N.  I*. 
de  Mi niivi'iil,  i'[  \y' J(i/iri/ii/ (/f  (Jitùhrr  (^n'i  pa»a  peu  de  Icinps  ai)n's  dans  le  camp 
liix'i'al.  Ce  dernier  surtout  l'ut  d'une  \  iolemc  exi renie,  non  seulement  à  r('uiird 
des  auteurs  du  proii'rammc,  mais  aussi  à  IV'ii'ard  des  ('■ve(pics  de  Montr(''al  et  des 
'l'rois-Kiviircs,  (jui  avaient  du  en  jusiice  rendre  pul)li<juc  l'appinlialion  pri\cc 
((U'ils  avaient  donnée  à  ce  pro^iianimc,  alin  d'en  proléucr  les  auteurs  contre  les 
alla(iues  aussi  violentes  (ju'iiijustes  de  leurs  advcisaii'cs.  Ce  journal  alla  jusipi'.i 
accuser  ('(.-.  deux  i)rcjats  de  coiuliiirc  l'iOiilise  du  Canada  au  siiiismr.  et  à  leur 
lancer  la  mal(''diclii»n  du  prophète  :  "  l'ir  /iinn'nri/f/is  i/ni  (/isjn'r<>-inif  yrri:/'//*  .'  " 

l'ît  le  Mi''tropolilain,  si  scxcre  à  l'cu'ard  du  Jotirnal  i/is  'l'ruis-llirirns  i'i  du 
Ni)iiv((i'i-Miiiiili'  (|ui  ne  relevaient  point  de  sa  juridiction,  n'eut  pas  un  mot  de 
Manie  pour  d(''i'en(lrc  ses  c(dlcii'Ucs  cont  l'e  de  telles  injui'cs  (jui  s'impi'inuiicnt  à 
la  porte  de  s(in  i)alais  dans  un  Journal  eniim'inenl  snus  sa  sur\  cillan'e. 

('cl)cn(lant  (ju'v  avait-il  de  r(''|)r('liensil)le  dans  ce  proii'rammc  '  Nous  le 
disons  sans  crainte,  lîien.  |j'',.<  principes  en  (''talent  inatta()Ual)les,  le  hut  l('"iili- 
me,  les  moyens  justes  et  lionui'tcs,  aie  Messaiit  le,>  droits  de  i)ersoniie.  \dila 
comment  il  a  ('-lé  juu'é  par  les  tlu''o!o!.i'iciis  les  plus  (listin!i'U(''S  à  rexamen  des 
([Uels  il  a  ('-tT'  soumis. 

l'hilin  l'aU'aire  ayant  ('•!('•  déréri'-c  au  St.  Si(''i:'e  par  Vi'sw  rArelievc.|ue  liii- 
uieme,  voici  couiuKiit  les  l']ni ineiil issiuies  l'ercs,  in(|uisilcurs  généraux  et  le 
Card.  J'atri/i  ont  Jimv  la  cour/. i/intidioit  du  programme  calli(>li(jue  l'aile  dans  les 
j(mriiaux  par  Sa  Ciraiideiir  : 

■■ l']t  les  mêmes   l'hninentissimes    IV'res  ndiit    pas  cru  devoir  approu- 

■'  ver  votre  coiiduile,  S(i//s  //o/z/r  /ri)//  /in'n'//i/ri:  en  coudamnani  dans  les  journaux 
"  le  proi^ramuie  concernant  les  (''Km'I  ions  politi(|ues:  coii<hiil(;  iini  a  rtr  lu  so/trir  i/r 
■'  tiu/f  (le  (/ii'hiofis.  " 

Ainsi  donc  la  respoiisabilitt''  des  divisions  qui  ont  ('•daté  entre  les  c\é(pi('s 
au  sujet  du  ])r()U'ramme  catholii^ue  retomlx'  sur  Mu'r.  rArclievè(jue  el  non  sur 
les  évé([ues  de  Montréal  el  des  Trois-Ui\  iéres  (jui  Tout  ap])rouvé  i>rivcment. 
.sans  ])ouvoir  soup^'ouner  rattitiule  si  reiirett.ihle  (|ue  i)reiidrait  leui  Métropoli- 
tain sur  ce  document. 

"  De  j)lus,  coutiiuu'  S.  M  ;  ils  ont  pensé  devoir  imposi'r  silence,  à  chacun 
"  de  vous  sur  le  prou'ramme  catholi(iue  en  (pu'stion  et  sur  tout  ce  (|ui  jx'Ut  s'y 
"  rattacher.  Mais  que  tous  les  évèqixes,  alin  de  procurer  i),..'mi  les  lidèles  l'ac- 
"  cord  des  esprits  au  sujet  des  élections  polit i(|ues,  se  conduisent  d'ai^rès  ce 
"  ((ui  a  été  saucemont  et  prudemment  réii'lé  et  ordonné  dans  les  conciles  provin- 
ciaux. "  (T.  .T.  N.  XVII). 

Ainsi 


pro^•ramnle 


lique 


anine. 


l>rudence  et  pour  appaiser  l'irritation  des  esprits  à  ce  sujet,  la  S.  C.  de  l'Iiupii- 


—  8«  — 

sitioii  iinpost!  iUix  ('■vrciucs  Ir  sik'iict'  sur  ic  <lociimout.  Cela  n'a  piis  ciiqx't'ht'' 
Mgr.  rArchevêqiK,'  de  dc-clarcv  à  sou  rlorgô  on  retraite,  après  la  réeeptiou  de 
cette  lettre  du  C'ard.  l'atrizi.  "  fine  Ir  proirrainme  aif/io/if/iie  ariiit  vfé  rji/fé  par  Ro)iie 
du  bonnet  des  conddinnéA.  " 

Cette  défense  du  St.  Siège  d'ailleurs  a  été  iidèlement  ol>servée  jusqu'à  l'été 
dernier,  où  la  presse  libérale  est  venue  réallirmer  la  prétendue  condamnation 
du  programme,  et  a  provoqué  la  pu))li(ation  dans  les  journaux  de  la  lelln'  de 
S.  E.  le  Card.  Patrizi  à  ce  sujet. 

Tel  est,  Eniinentissimes  Seiii'ueurs,  l'exposé  succint  et  fidèle  de  ce  grave  in- 
cident dn  /iiriiinniiiiie  ni/liolù/iir  qui  a  en  tnnt  de  reteiilissement  dans  la  proviiu-e 
de  Quél)ec,  et  qui  y  a  tait  éclater  pour  la  i)reniière  lois  un  dvHdcvord  entre  les 
évêques  sur  la  question  politique,  l'n  des  caractères  les  plus  saillants  de  cet 
incident  a  élé  la  violence  injuste  avec  la  ({Uejle  les  libéraux  catholiques,  tant 
du  parti  libéral  vque  du  parii  conservateur,  ont  iioursuix  i  et  poursuivent  encore 
les  auteixrs  de  ce  programme,  même  jus(|u'à  leur  causer  de  graves  donimau-es 
dans  bnirs  alVaircs  privées,  ce  (|ui  ne  se  voit  j>as  ordinairement  dans  les  luttes 
sur  les  autres  (|uestious  politifiues. 


lio.    hdil.  Minidrnitnl  du  i*.')    Mai  iST'i. 


Le  second  fait  qui  a  causé  une  nouvelle  divergence  dopinion  entre  les  évê- 
ques a  été  le  Mandement  ({ue  Mtrr.  Taschereau  a  publié  le  2ô  Mai  1.87(J,  pour 
donner  une  nouvelle  direction  au  clergé  et  aux  li(lèl(\s  de  son  diocèse  dans  les 
élc'ctions. 

La  violence  avec  la  (piclle  les  li])éraux  alta(pu~'rent  h'  clerué  ai)rès  les  élec- 
tions de  18T">  et  les  menaces  de  poursuite  fju'il.'-j  faisaient  entendre  contre  les 
prêtres  sous  le  prétexte  d'une  préleudiie  inlluence  spirituelle  indue,  ainsi  que 
je  l'ai  dit  plus  haut,  tirent  comprendre  aux  évé([ues  la  nécessité  d'une  entente 
commune  sur  la  question  politique,  et  de  donner  au  clergé  et  aux  lidèles  de  toute 
la  province  iine  direction  nnifonne  sur  la  conduite  à  tenir  dans  les  élections  po- 
litit^ues.  C'est  ce  qu'ils  tirent  dans  la  Tastorale  àw  22  Septembre  llST")  et  dans 
la  Circulaire  au  clergé  qui  l'accompagnait.  Ces  deux  documents  produisirent 
les  heureux  résultat     m'en  att  ndaient  les  Prélats.   (P.  .T.  X.  11  et  111). 

Cependant  les  libéraux  (pii  étaient  demeurés  convaiiuus  depuis  l'incident 
du  lU'ogramme  catholique  (pu*  l'Archevêcpie  K'ur  était  favorable,  virent  ave<^ 
chagrin  que  le  Métropolitain  s'était  rallié  courageusement  à  ses  sufl'ragants  dans 
la  Pastorale  du  22  Sej)tembre  qu'il  avait  lui-même  rédigée  et  signée  avec  eux 
et  <\\\i  était,  de  fait,  eu  harmonie  parfaite  avec  les  i)rincipes  de  ce  proL>-ramme 
si  violemment  combattu.  C'est  ce  que  comprenaient  les  hommes  capables  d'en 
juger  et  (|ui  se  le  disaii'nt  tout  haut.   Mais  l'union  des  Ev?(jues  (|ui  avaient  i)u- 


—  S^t  - 

blié  (•ollei'tivemciit  ce  document  était  une  force  que  les  libéraux  auraient  l'ssayé 
en  vain  de  combattre  ouvertement  et  directemeiit. 

Ils  reprirent  donc  leur  tactique  ténébreuse  et  hypocrite,  ils  attaquèrent 
dans  l'ombre  cette  Pastorale  en  soulevant  dt^s  doutes  sur  ces  principes  et  des 
objections  sur  sa  mise  en  pratique,  en  les  faisant  parvenir  habilement  aux  oreil- 
les de  l'Archevêque.  Ils  firent  si  bien  qu'au  mois  de  Février  suivant,  8.  G.  était 
déjà  ébranlée,  et  croyait  qu'il  serait  bon,  pour  apaiser  ces  esprits  inquiets,  de 
donner  collectivement  des  explications  sur  ce  document.  Les  suH'ragants  sa- 
vaient que  c'était  inutile,  par  ce  que  les  libéraux  ne  comprenaient  que  trop 
bien  cette  Pastorale  qui  condamnait  avec  tant  de  clarté  et  de  précision  levirs 
princij)es  pervers  et  leurs  tendances  dangereuses,  et  qu'ils  ne  pouvaient  échap- 
per à  l'application  qu'en  feraient  les  fidèles.  Voilà  pourquoi  ils  auraient  voulu 
arracher  à  la  bonne  foi  des  évèques  quelques  explications  qui  leur  auraient  piT- 
mis  de  la  commenti'r  de  manière  à  lui  faire  dire  ce  qu'ils  désiraient,  c-a-d,  le 
contraire  de  ce  que  <;es  Prélats  y  aA'aient  clairement  enseigné.  C'est  ce  que  ces 
derniers  comprirent  :  aussi  se  donnèrent-ils  garde  de  donner  dans  le  piège,  et 
sans  s'être  consultés,  ils  répondirent  à  leur  Métropolitain  qu'il  n'en  fallait  rien 
faire. 

Ce  que  les  libéraux  désiraient  surtout,  c'était  qiu;  les  évèques  missent  en 
qurlque  manière  les  deux  partis  politiques,  au  point  de  vue  des  principes,  sur 
un  pied  d'égalité  devant  les  fidàles.  Or  une  telle  déclaration  de  la  part  des  évè- 
([ues  n'était  ni  prudente,  ni  conforme  à  la  vérité,  ni  juste  ;  et  ces  Prélats  trou- 
vènmt  plus  sage  de  suivre  la  conduite  du  Saint  Siège  en  se  tenant  dans  la  ré- 
gion des  princij^es,  sans  descendre  sur  le  terrain  des  personnes  ou  des  partis  po- 
litiqiies,  et  que  par  conséquent  il  fallait  se  contenter  dans  les  circonstances  pré- 
sentes de  faire  connaître  aux  fidèles  les  doctrines  dangereuses,  et  les  principes 
mauvais  et  condamnés,  afin  de  les  prémunir  contre  les  dangers  de  la  séduction 
des  erreurs  courantes  ;  mais  leur  laisser  le  soin  d'en  faire  eux  mêmes  l'applica- 
tion aux  hommes  ou  aux  partis  politiques.  C'est  dans  ce  sens  que  je  répondis  à 
Mgr.  l'Archevêque,  le  2(3  Mars  1870  : 

"  4o.  Examinons  d'abord  la  portée  de  la  Pastorale  sur  ce  point,  et  voyons 
"  en  quel  sens  et  comment  la  condamnation  qu'elle  portait,  pouvait  atteindre 
"  tin  individu  ou  un  parti  i)oliti(]iœ. 

"  Ce  document  contient  la  condamnation  formelle  et  précise  des  doctrines 
"  libérales  et  mtholico-lihérales  ;  par  conséquent  un  individu  ou  un  parti  politique 
"  imbu  de  ces  doctrines  condamnées,  qui  les  suit  dans  la  pratique,  et  qui  s'ef- 
"  force  de  les  faire  prévaloir,  tombe  certainement  sous  le  coup  de  cette  condam- 
"  nation  ;  mais  comment  ?  de  quelle  manière  ?  Il  y  tombe  indirectement  et  par 
"  voie  d'interprétation. 

"  ho.  Les  évèques  n'ont  pas  jutré  pru<lent  ni  pratii-able  de  faire  eux  mêmes 


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—  40  — 

'■  l'appliration  directe  cl  oxplicite  do  cette  condamnation  aux  individus  et  aux 
"  partis  politiques  c^ui  jiouvaieut  se  trouver  eu  défaut  et  imbus  de  ces  doctrines 
"  funestes  et  de  ces  erreurs  ;  mais  ils  ont  laissé  ce  soin  à  la  conscience  de  cha- 
"  cun,  en  leur  traçant  cependant  des  rès'les  sûres  pour  les  conduire  dans  l'ac- 
"  comidissement  de  c(^  devoir  etc.  "  (P.  .1.  N.  V) 

Telle  est,  Eminentissimes  ïSeis'neurs,  la  ligne  di»  conduite  que  je  me  suis 
toujours  eti'orcé  de  suivre  dans  mon  diocèse  et  que  je  n'ai  point  cessé  de  r  •.  om- 
mander  ;Vmon  clerné  ;  aiissi  nous  avons  toujoiars  eu,  dans  mon  diocèse,  la  paix 
sous  ce  rapport  jusqu'à  présent. 

Nonobstant  l'avis  de  ces  sutlragants  de  s'en  tenir  à  la  Pastorale  du  22  Sep- 
tembre sans  donner  ancnine  explication  ni  commentaire,  le  Métropolitain  jugea 
à  propos  de  le  faire  seul  ;  et  le  25  Mai  1870  il  publia  un  Mandement  dans  le 
quel  il  omit  tout  ce  qiie  la  Pastorale  du  22  Septembre  signalait  anx  lidéles  sur 
les  dangers  des  erreurs  libérales  courantes  et  condamnées  par  h»  8t.  Siège,  et  il 
y  mit  visiblement  sur  un  pied  d"éi>-alité  les  deux  partis  politiques,  et  ferma  la 
bouche  à  son  clerué  en  lui  ordonnant  de  lire  ce  ^landeinent  "sans  coDinientaires 
"  aucuns,  ni  avant,  ni  pendant,  ni  après  la  lecture.  " 

L'apparition  de  ces  Mandement  produisit  un  sentiment  pénible  dans  le 
<'lergé  et  surtout  dans  le  clergé  du  diocèse  de  Qixébec,  qui  se  sentait  hiimilié  v.i 
<'ompromis  par  le  sileiu'e  forcé  qii'on  hii  imposait,  et  cela  dans  le  temps  préci- 
sément ou  plusieurs  de  ses  membres  étaient  traînés  devant  les  tribunaux  civils 
sous  prétexte  d'iuUuence  spiritixelh;  indue;  ce  qui  pouvait  être  interprété  parle 
tribunal  comme  une  rei-onnaissance  de  culpabilité  de  la  part  de  leur  Ordiiuure. 
Tous  les  })ons  catholicjues  qui  avaient  été  si  heureux  l'année  précédente  de  voir 
la  concorde  rétablie  entre  les  évêques  par  la  Pastorale  du  22  Septi'Uibre,  lurent 
aussi  grandement  allligés  de  voir  l'Archevêque  se  séparer  de  nouveau  des  au- 
tres évêques  et  donner  à  son  clergé  une  autre  direction  à  suivre  au  sujet  des 
élections  et  diilérente  de  celle  donnée  tmanimemi'nt  par  l'épiscopat  l'année  pré- 
cédente. Il  en  fut  de  même  à  plus  forte  raison  des  sulfragants.  Dans  une  assem- 
blée qui  eut  lieu  quelcpaes  joTirs  après  la  publication  de  ce  Mandement  au  quel 
aucun  d'eux  ne  s'était  attendu,  ils  lui  exprimèrent  tous  d'une  voix  la  surprise 
qu'ils  en  avaient  éprouvé,  et  le  chagrin  avec  le  (juel  ils  voyaient  leur  Métropo- 
litain se  séparer  d'eux  sur  um^  (question  ou  l'aicord  et  l'unanimité  des  évêques 
étaient  indispensables  au  maintien  de  leur  autorité,  et  à  l'eillcacité  de  la  direc- 
tion qu'ils  avaient  donnée  aux  lidèles  sur  ce  grave  sujet. 

Par  contre,  ce  Mandement  i)orta  la  juljilation  dans  le  lamp  des  libéraux,  et 
quel<iues  uns  annoncèrent  nu^me  d'avance  que  leur  j^arti  allait  enlin  être  réha- 
bilité par  la  plus  haute  autorité  religieuse  du  pays.  A  l'apparition  du  Mande- 
ment le  "Journal  de  Québec"  emboucha  le  premier  la  trompette  et  annonça 
([ue  ce  document  émanant  du  chef  de  la  hiérarchie  ecclésiastique  devait  seul 
désormais  faire  autorité,  qu'il  remplaçait  la  Pastorale  du  22  Septembre,  qui  devait 
à  l'ave  nir  être  regardée  comme  non  avenue. 


/ 


41 


Ce  fut  au  point  que  K'  Métvopolitiiiu  kc  .sentit  oljliiié  de  i)i'otester  contre  les 
assertions  hardies  de  cette  feuille  libérale,  et  de  lui  adress(;r,  le  8  Juillet,  une 
lettre  dans  la  quelle  on  lit  entr'autres  choses  ce  qui  suit  ; 

"  Dans  votre  nunn'ro  du  21  de  Juin vous  alfirmez  que  mon  mandement 

"  du  2ô  Mai  dernier  reinjt/are  le  Mandement  du  22  Septembre  187.). 

■'  Je  crois  devoir  protester  contre  cette  expression  qui  insinue  que  j'ai  re- 
"  gretté  et  révoqué  la  dite  Pastorale  collective.  Les  /iri/inpes  qui  y  sont  contenus 
"  sont,  à  mes  yeux,  trop  vrais  et  tio])  certains,  j^our  que  je  songe  jamais  à  re- 
"  grett;'r  de  l'avoir  sin'née,  et  à  la  remplacer  par  un  autre.  "' 

Ce  fut  en  vain  <jue  S.  G.  protesta  contre  les  assertions  de  la  presse  libérale  ; 
tout  le  monde  voyait  et  comprenait  que  si  les  prinripfs  étaient  les  mêmes  dans 
les  deux  documents,  la  direction  donnée  était  fort  dilicrente.  Le  silence  gardé 
sur  les  erreurs  libérales,  et  imposé  au  ch'rgé  sur  les  explications  à  donner  aux 
Hdèles  sur  ce  sujet,  faisait  du  Mandement  de  rArchevéque  un  document  con- 
traire à  la  Pastorale  collective  de  l'épisiopat  de  la  province.  Voilà  ce  que  tout 
le  monde  comprenait  clairement,  ce  (jiii  contristait  le  clergé  et  les  lidêles  les 
plus  éclairés,  et  «pli  réjouissait  graiulement  les  lil)eraux  et  tous  les  ennemis  de 
rEii'lise.  L'Aivhevêcpie  en  désaccord  avec  tous  les  sull'ragnnts,  et  le  clergé  de 
l'Archidiocèse  bailloiiné,  était  pour  eux  une  trop  belle  aubaine  pour  n'en  point 
proliter.  Aussi  vit -on  leur  hardiesse  redoul)ler  dans  les  jjoursuites  scandaleuses 
contre  le  clergé  sous  le  prétexte  d'inlluence  spirituelle  indue. 

Je  suis  convaincu  que  si  le  Métropolitain  s'en  était  fermement  tenu,  lomme 
ses  suflraïants,  à  la  Pastorale  du  22  Septeml)re,  et  eût  retenu  à  son  tribunal  les 
]ilaintes  ([ui  y  avaii'iit  été  j)ortées  contre  qu(;lques  prêtres,  au  lieu  d(>  les  laisser 
aller  au  tribunal  civil  sans  aixcune  réclamation,  l'on  n'aurait  pas  eu  le  triste  spec- 
tacle des  procès  scaiulaleux  de  l'inllueni-e  spirituelh'  ijidue. 

De  plus  en  se  séjjarant  ainsi  des  autres  évéques  sur  une  question  aussi  gra- 
ve, iNIgr.  l'Archevêque  a  agi  contrairement  à  la  défense  du  St.  Olfice  ainsi  expri- 
mée dans  la  lettre  de  iS.  fi.  le  Card.  Patrizi,  citée  à  l'octuision  du  programme  ca- 
tholique : 

'■  Mais  alin  de  prévenir  le  retour  de  ces  maux,  et  d'éloigner  toute  occasion 
"  et  sujet  de  discorde,  les  mêmes  Pères  Eminentissimes,  en  vertu  de  leur  autori- 
"  té  et  au  nom  du  St.  Siège  défendent  strictement  à  votre  Grandeur,  et  aux  au- 
*■  très  évéques  de  la  province  de  ne  rien  pul)lier  à  l'avenir  qui  paraisse  indiquer 
'■  un  dissentiment  ou  une  divergence  d'opinion.  " 

Voilà,  liminentissimes  Seigneurs,  les  deux  seuls  faits  qui  aient  pu  servir  de 
base  à  «e  qui  est  dit  dans  les  instructions  du  St.  Olhce  données  au  Délégué 
apostolique  eu  1876  ;  "'  Que  la  cause  de  si  graves  inconvénients  se  trouve  dans 
"  la  division  de  ces  Evoques  entr'eux,  tant  au  sujet  de  la  question  politique 
"  qu'au  suji't  d'autres  questions  qui  s'agitent  en  ce  moment  au  Canada.  " 

Permettez-moi  de  le  dire.  Eminentissimes  Seigneurs,  là  n'est  point  la  pre- 


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mièro  cansi'  de  nos  difficultés  ;  la  véritable  cause  se  trouve  dans  les  influences 
diverses  que  subit  à  son  insu,  je  pense  bien,  Mgr.  l'Archevêque,  et  qui  l'incli- 
nent tantôt  à  marcher  avec  ses  siifl'ragants,  et  tantôt  à  favoriser  les  libéraux. 
Voilà  ce  que  tout  le  monde  reraar([ue  et  que  beaucoup  ne  se  gênent  pas  de  dire. 
Les  protestants  eux  mêmes  le  remarquent,  comme  le  prouve  l'extrait  suivant  d'un 
joiirnal  anglais  de  Montréal  : 

"  Pour  Mgr.  ïaschereau  qui  parait  toujours  prêt  à  favoriser  les /<6errt«.r,  ou  à 
"  sacrifier  à  la  ibis  ses  convictions  et  ses  amis  aux  bi<j^oi.s  ;  proclamant  à  un  mo- 
"  meut  des  ordres  éclairés,  ei  s'humiliant  ensuite  devant  les  évêques  Lallèche  et 
"  Langevin,  c'est  un  rude  coup.  " 

On  se  rappelle  axissi  les  paroles  du  chef  libéral  M.  Laurier  citées  plus  haut. 
'•  Monseigneur  l'Archevêque  nous  rend  certainement  service  en  inclinant  tantôt 
"  d'un  côté  et  tantôt  de  l'autre  ;  mais  il  n'est  pas  l'homme  qu'il  nous  faut  pour 
"  un  triomphe  complet,  il  est  trop  girouette  !  " 

Vos  Eminences  pourront  voir  par  cet  exposé  ce  qu'il  y  a  d'inexact  dans  le 
reproche  fait  aux  éA'è(iues,  et  juger  sur  qiai  doit  en  tomber  la  responsabilité. 

•2o.   La  trop  ^nui'ie  ingérence  du  clergé  lidns  lu  polilkjiie. 


La  seconde  cause  des  difficultés  religieuses  au  Canada,  mentionnée  dans  les 
instriictions  du  St.  Office,  est  hi  trop  grande  tpgérence  du  clergé  dans  /es  affam  s  poli- 
tiques, sans  se  soucier  assez  de  la  prudence  pastorale. 

Ici  encore  examinons  les  faits  sur  les  quels  repose  cette  acciisation.  Voici 
le  premier  mentionné  dans  ces  instnictions  : 

"  l'ar  conséquent  ceux  là  font  mal  qui,  sans  autre  fondement,  déclarent 
'•  être  condamné  par  l'Eglise  un  des  partis  politiques  du  Cana4a,  à  savoir  le 
"  le  parti  appelé  Réformiste,  parti  ci  devant  chaudement  appuyé  même  par  quel- 
"  ques  évêques.  " 

Il  y  a  dans  cette  accusation  une  confusion  qixi  a  été  faite  sans  doute  pour 
tromper  le  St.  Office.  En  effet,  il  s'agit  ici  du  clergé  de  la  province  de  Québec 
et  non  de  celui  de  la  province  d'Ontario.  Or  il  n'y  a  point  de  parti  politique 
appelé  '"Réformiste''  dans  la  province  de  Québec,  et  jamais  aucun  évêque  de 
cette  provin<'e  n'y  a  appuyé  un  tel  parti  qui  n'y  existe  point.  Le  parti  Réformiste 
appartient  à  la  provini'e  d'Ontario  ;  il  ne  faut  point  le  confondre  avec  le  parti 
libéral  de  Québec  dont  les  principes  sont  bien  plus  dangereux,  imisque  le  parti 
libéral  de  la  province  de  Québec  a  les  mêmes  principes  que  le  parti  libéral  de  la 
l'^rance,  ttndis  (jne  le  ]>arti  Réformiste  d'Ontario  répond  au  parti  whig  de  l'An- 
•re. 


ffl 


Ainsi  ceux  qui  ont  accusé  les  prêtres  de  la  province  de  Québec  d'avoir  dit 


que   l'Eglise  a   condamné  le  parti  Réformiste  qui   av 


par  (|uel(|ues  évêipies,    ont   porté   une  accusation 


été  chaudement  appuyé 
fausse  contre  ces  prêtres,  et 


4;^ 


liouii)/ le  St.Ollici'.  La  [)uhlii!ili<iii  dr  (cltc  l'aiiNsc  a'cusat  ion  dans  la  i)rfssi' 
«•aiuulii'iiuc  a  UKHitiv  à  rt'-vidrir.c  »  oniimiil  on  a\ail  rriissi  à  induin'  di  crrriir 
le  St.  Sic'i'i'  •^ur  dos  laits  aussi  liTavcsl 

Mais  le  (  Ici'iiv  de  la  l'roviiirc  de  (^u'in-"  a-t-ii  r/'cllciiiciit  d>''i)ass>''  li's  vcLflrs 
prcs'i-ilcs  ])ar  1>'  coii:  ilc  i)roviiii  ial  do  \><<\^.  au  (juol  r.'l":-cut  li's  instructions  du 
St.  (  *lii  ('  :"  \'oi  i  la  rrponsc  <|uc  l'ont  l"s  rvtcju-.'s  à  .riti'  (|Ui'siion  dan.s  leur  siip- 
pli(luo  du  !••;  Juillot  1ST(Î:  (T.  .1.  Xo.  Vil.) 

"  Los  soussiu'ii 's  so  roiiMi'di'ut  ( oniiiir  strirtonioiit  ohliu'os  do  iv 'lanior  i  oii- 
"  tro  ci'tlo  assertion  ;  ot  ils  dô.laront  l'orniolloniont  à  Votre  Saintolé  ([w  la  S. 
"  ConuTÔuation  a  éié  certain. mont  induite  on  orr-ur.  on  prêtant  rcu'eillo  à  des 
■■  lioninios  (|ui  se  tiennent  o:i  liés  diuis  Tonihio,  pour  i)orior  uin'  a  ■(  usalion  aussi 
■■  odieuse  eontro  le  <  lor^v  de  toute  une  i)Voviu  ■o  (jui.  liTàco  à  Dieu,  est  atta^'hé  a 
"  SOS  devoirs.  Ils  se  l'ont  Torts  df  j)i-ou\i'!'  (jue  la  <  oiiduito  do  leur  eloru'',  pen- 
"  daut  l(_'s  éleetions.  a  été  celle  frari'f  piir  /ts  ilicirh  ih'  /r//rs  cDi/ci/rs  pruriii' iaux 
"  sur  ce  sujet,  les  (piols  n'ont  été  [)ul)lié,s  ([u'ai>ros  roxaineii  (jui  en  ii  été  l'ait  [)ar 
"  le  St.  Siè'j'e.  Si  (iuel(jues  pi'ol res  eussent  été  Juridi(jU"iuonl  (Dinaincus  d'avoir 
'■  oublié  ces  r<'iilos  si  saii'os,  ils  on  auiai"nt  été  coiiaiiicnieiit  rt'])viiii;indés  par 
"  leurs  évo([Uos  rospoctil's.  "' 

.ruduiots  que  dans  quelques  cas  isolés,  <iuol(pios  prêtres  ont  pu  aller  trop 
loin,  et  dépasser  les  limites  (pii  leur  étaient  [)ros  rites;  mais  je  n"hésito  j)as  à 
dire  (|uo  le  nondm'  i.'n  est  peu  cousidôrahle,  comparé  à  la  masse  du  oloriiv  do  la 
proviiico  ({ui  a  toujours  rem[)li  iideloiiienl  son  devoir.  11  y  a\ait  t'ausseté  et  in- 
justi-e  à  le  ro])réseiiter  ainsi  devant  le  St.  Sioiio  coniuie  (  (iu])alile  de  la  l'auto 
comiuiso  ])ar  ([uehpu's  uns  de  ses  membres  soulomout,  et  dont  il  ne  pouvait  au- 
cunomout  otro  tenu  ri'sponsahlo.  D'ailleurs  il  était  l'acilo  do  roiuédior  à  ces  écarl.s 
particuliers  on  portant  ces  plaintes  doviiut  l'autorité  diooosaiuo  ;  nuiis  les  aoi-u- 
satours  s'en  sont  bien  doniu''  u'arde  à  cause  dos  oxauérations  ot  mémo  des  nuMi- 
sonii'os  sur  les  (piels  il  leur  l'allait  les  ap])uyor  i)()ur  leur  doi\nor  au  moins  uiu> 
apparon  ('  do  vérité  et  d  ■  li'ravité.  ("est  ce  (pie  constatent  les  évo(iui's  do  la  pro- 
vince dans  la  circidairo  au  i  ler^ié  du  'l'I  Se])lombro  187-")  : 

"  Ces  adversaires  de  la  reiijicn.  qui  cepoiulant  prétendent  au  titre  d"  oa- 
"  tholiquo,  sout  les  uu^'Uios  partout:  ils  llattont  ceux  di'  ses  minislros  (pi'ils 
"espèrent  u'aii-uor  à  leur  cause  ;  ils  injurient,  ils  outraii'ont  les  i)réir"s  cpii  dé- 
"  nonoont  ou  ooiubattont  leurs  desseins  pervers.  Ils  les  accusent  d'oxoroor  uno 
"  iiilluonco  iuduo,  do  convenir  la  dioire  de  vérité  ou  tribune  politi(juo  ;  ils 
"  csont  quolcjuos  l'ois  les  traiiu-r  devant  les  tribunaux  civils  pour  roiuiro  compte 
"  do  oortainos  roiiotions  do  leur  miuiston-.  '" 

Il  est  iaoilo  de  comproiulro  que  si  nos  libéraux  canadious,  a'nsi  notés  par 
l'épiscopat  dans  un  document  oili 'iol,  traitent  do  la  sorte  do  l)ons  ot  saints  prê- 
tres qui  no  l'ont  (juo  renqilir  <ouragousi'nu'nt  leur  dovoir,  ils  no  se  gênent  pas 
d'oxagêror  ot  d'onveniinor  les   mancjuomoiits   qu'ils  peuvent   remar(jUor  chez 


jama 


BBm 


44 


qiU'hiucK  autres  iiioiiLs  prudents.  Aussi  est-il  arrivé  que  mis  (Mi  demeure  par 
l'Evê(iue  de  i>rouver  leurs  iiecusaiions,  ils  ont  à  peu  près  toujours  décliné  de  lo 
faire.  Vos  l'iminences  comprendront  l'acilenienl  i)ar  là.  avec  (|uelle  déllance  de 
tels  accusateurs  doivent  être  écoutés  lorscju'ils  se  ca  •lieiil  dans  l'ombi'e  pour 
l'aire  leurs  dénonciations. 

Une  autre  accusation  conirc  le  cleru'é  est  d'avoir  HDitniié  r,/  c/iiirr  les  person- 
nes pour  los  discréditer,  à  l'occasion  des  élections. 

Cette  accusation  est  encore  phis  dénuée  do  l'ondenient  que  la  première. 

Il  n'est  pas  à  ma  connaissam-e  (jue  i)arei!  l'ait  soit  arrivé,  ni  dans  mon 
diocèse  ni  ailleurs. 

Le  t'ait  est  (ju'il  n't'st  pas  un  Prêtre  qui  se  croirait  autorisé  à  nommer  (|uel- 
qu'un  en  chaire,  sans  la  permission  de  son  Evéque,  même  dans  le  cas  où  un 
candi<lat  menacerait  ostensiblement  d'être  hostile  à  riil<>'lise. 

Voilà,  liminentissimes  Seiii'ueurs.  ce  qui  en  est  de  ces  a-cusntions  d'inii-é- 
ronce  exces.sive  du  c!erLr>'  de  la  province  de  Québec  dans  les  élections  politi([Ues. 

C\'  clern'é  comm.»  corps  à  rempli  fur-lem  'iit  son  devoir.  I>i  censure  dont  il 
est  frapp''  dans  les  in-tru  tiou'^  '•■  St.  OlFice  et  (jui  a  été  publiée  dans  lés  jour- 
naux, l'a  «^randein'Mit  conùrisLc  ci  humilié  à  la  l'a"  •  du  pays,  t-t  paralysera  en 
grande  partie  la  salut:  ire  iullui'nc(>  ([u'il  a  si  l''u:itini  'Uient  exi'rcée  jusqu'i  'i, 
pour  le  i)lus  tiTand  bien  de  V\.  'ise  i  la  |)r(n'ince.  Les  catholiques  en  «géné- 
ral en  ont  été  alliiii'és  ;  mais  les  enneini.-  du  prétrt>  y  ont  applaudi  et  leur  auilace 
en  a  redoublé.  J'apprends  de  source  certaine  (|ue  dans  les  élections  (|ui  viennent 
d'avoir  lien,  en  Décenibn;  dernier,  l'on  a  entendu,  par  les  rues  d'une  ville  toute 
catholi(iue,  les  libéraux  los  plus  ardents  crier  :  "à  bas  les  Jésuites!  à  bas  la 
saint  Vincent  de  Paul  !  à  bas  les  Coni^rée-anistes  !  à  bas  le  cordon  de  St.  François 
etc.  !  C'est  nue  impiété  dont  on  n'avait  pas  eui'ore  été  tém')in  et  dont  [);>rsonne 
n'aurait  osé  se  rendre  coupable,  si  on  n'avait  p.is  cru  qu;-  la  conduito  du  clergé 
a  été  irrandeinent  blâmée  par  h;  St.  Siège. 

S'il  faut  reconnaître  (jue  la  principale  causo  qui  ait  contribué  à  faire  n^- 
pousser  le  parti  libéral  aux  élections  ([ui  viennent  d'avoir  lieu,  soit  l'incapacité 
de  ses  chefs  durant  le  pou  de  temps  qu'ils  ont  été  au  ])ouvoir.  il  n'y  a  pas  do 
doute  ({u'uni^  autre  cause  a  été  l'indis-nité  des  poursuites  que  ce  parti  a  été  le 
seul  à  intenter  contre  le  cleruv  sous  h;  j)rétexte  d'ù/jl/ie/icf  indiif.  ;  nos  bons  catho- 
liques encore  si  nombreux  dans  la  province,  ont  vonlti  protester  par  là  contre 
les  fausses  accusations  portées  contre  leixrs  prêtres,  et  les  venger  des  persécu- 
tions aux  quellt>s  ils  ont  été  en  butte  de  la  part  des  libéraux.  C'est  ce  qui  a  paru 
surtout  visiblement  dans  les  comtés  et  dans  les  paroisses  mêmes  où  ont  eu  lieu 
ces  persécutions,  et  dans  les  qiiels  les  libéraux  se  sont  trouvés  en  jdus  petit 
nombre  c[ue  jamais.  En  vain  ceux  ci  ont-ils  essayé  en  quelques  endroits  d'invo- 
(|uer  les  décrets  en  leur  faveur,  nos  bons  lidèlos  n'en  ont  voulu  rien  croire  cette 
fois. 


—  4.">  - 

Tt'ls  sont,  Emineiitissinu's  SoiiTiicurs.  It's  laits  et  les  observations  que  je 
«■rois  devoir  soumettre  à  votre  saii'e  et  justes  appréciât  ion,  pour  la  justification 
du  clerué  de  la  province  de  Qué))ec  «jui  a  été  si  injustement  représenté  et  accu- 
sé devant  le  St.  Sièye.  Ce  clercjé  dans  son  ensemble  est  bon,  instniit,  laborieux, 
et  zélé  pour  ct>  qui  rey-arde  son  St.  ministère,  et  puisqm;  rar])re  doit  se  Juu'er  à 
son  fruit,  que  l'on  nous  montre  aujourd'hui  un  peuple  plus  franchement  catho- 
lique, jilus  lidèle  à  ses  devoirs  religieux  et  plus  attaché  au  St.  Siège  que  le  peu- 
ple Canadien.  Voi'à  le  témoignage  que  je  suis  heureux  de  rendre  en  cette  cir- 
constance  au  clerifé  de  la  j)rovince  di^  Québec. 


VIII 

Cerliiins  iiicmhres  du  Cln-'^è  encore  nrniiioi 
lie  siiiiiérer  lioji  dans  les  élections  politiques. 


Les  Décrets  de  Rome  ont  été  piibliés  à  l'occasion  d'une  nouvelle  plainte 
portée  contre  hî  clergé  au  sujet  de  son  ingérence  trop  grande  dans  les  élections  : 
voici  en  etl'et  comment  cette  accusation  est  exposée  dans  le  texte  même  du  dé- 
cret : 

"  Il  est  arrivé  à  la  connaissance  de  cette  Sacrée  Congrégation  de  la  l'ropa- 
"  gaiule  q\ie  dans  votre  province  certains  membres  du  clergé  et  du  corj)s  sécu- 
*'  lier  continuent  à  s'ingérer  trop  dans  les  élections  politiques,  en  se  servant  soit 
'■  de  la  chaire,  soit  des  journaux  i-t  autres  publications.  " 

Or  qu'en  est-il  de  cette  nouvelle  accusation  ?  C'est  ce  que  je  vais  examiner 
présentement  espérant  démontrer  (pi'elle  est  encore  moins  l'ondée  que  la  pre- 
mière. 

Observons  d'abord  que  les  dernières  élections  qui  avaient  eu  lieu  dans  la 
j)rovince  de  Québec  s'étaient  faites  au  1er  de  Mai  1878,  et  pour  ainsi  dire  sous 
les  yeux  mêmes  du  Délégué  apostolique  qui  était  encore  au  Canada.  Pourquoi 
donc  l'accusation  contre  ces  membres  du  clergé  n'a-t-elle  pas  été  portée  au  tri- 
bunal de  Son  Excellence  qui,  étant  sur  les  lieux,  pouvait  avec  la  plus  grande 
facilité  faire  une  enquête  convenable,  entendre  la  plainte  des  accusateurs  et  la 
défense  des  accusés,  et,  après  un  examen  contradictoire  en  présence  des  partis, 
rendre  un  jugement  prudent  et  équitable  qui  aurait  donné  satisfaction  à  tout 
le  monde.  Pourquoi  au  contraire  attendre  à  la  quatrième  année  après  les  pré- 
tendus délits  et  surtout  à  la  veille  de  nouvelles  élections,  pour  porter  cette  plain- 
te à  lîome  à  l'insu  des  intéressés,  et  dans  le  temps  où  tout  était  rentré  dans  le 
<alme  depuis  longtemps  ? 

Il  est  certain  que  personne  ne  s'attendait  à  une  telle  plainte.   Les   Décrets 


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—  40 


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aux  (picls  elle  il  «lomif  licii  oui  raiisr  diiiis  la  i)r()viii(('  iiutiiiil  de  Miri)risr  <[Xh> 
r»'cliit  (II!  la  luudi'c  jmr  un  ciil  serein. 

Ou  s'iittendait  uiii(iueiiieiit  a  i|Uel(nie  mesure  toucliniil  l;i  (juisiinii  uiiiver- 
Kitairt' t't  la  su'i  ursale  de  M()iiir(;d,  aussi  le  Uéirel  sui'  relie  (|iies(i(iu  n'a  sitr.- 
pris  personne  et  l'on  s'alleiidait  uénéraleineiit  à  ce  (ju'il  a  reulé.  e'esl -à-dire  au 
inainlit'u  du  s/ii//i  iiim.  en  jillendaiit  ia  soliilion  des  dillic  ull/s  léualfs  l'I''-  Mais 
de  la  ([uestion  ])olili<|ue  et  des  plniiiles  contre  l-  eleri;'é  !  l'ersoiine  n'y  sonu'eail. 
J'ai  ri'iiTetté  beaucoup  (|ue  Mii'r.  l'Ari  lievê(jue  ne  se  soit  pas  rendu  à  la  demande 
(pie  lui  a  i'aite  ^\<xx.  ri',]vr(pie  d'Ottawa  de  réunir  les  Me(pies  de  la  province 
avant  le  dipart  de  ses  déi)Ut{'s  jjour  IJonie.  alin  de  s'enti'iidi'e  sur  les  (lueslious 
à  soumettre  au  St.  SieU'e,  et  sur  les  mesures  à  deliiandel'. 

Pour  ma  part,  je  déclare  i>i  ipie  si  j'eusse  pu  soiqx/oniier  (pie  l'on  soulève- 
rait de  nouveau  la  (piesîion  imlitiipie  et  iV'^  pliiintes  .outre  le  clei''i'é,  je  n'aurais 
pas  hésité  à  j)rendre  le  chemin  de  la  ville  éleriu'lle  en  même  temi»s  (jue  les  dé- 
putés (h'  ^\'IY.  l'.Arehevécpie.  alin  d'y  disc\iter  <-ontrailictoireinent  ces  <>'ravi\s 
(pu'stions,  et  d'éclairer  autant  (jUe  ])ossil)le  le  IriUunal  (jui  devait  les  juyer,  sur 
les  i'aits  et  circoi;-^'''!'..  es  (pii  s'v  rattaclieiil . 

Mais  v  avait-il  ii'ellement  nécessité  de  poi-lei'  cette  jjlainte  au  .'*^t.  Sie^e  :"  Je 
ne  le  lielise  nullement. 

Dabord  il  y  avait  plus  de  trois  ans  (pie  la  (aute.  si  faute  il  y  a  eu,  avait  été 
commise,  comme  on  vient  de  le  \(iir,  et  tout  était  rentré  dans  le  calme  depuis 
lunulemj)s. 

Puis  le  nombre  de  ces  prcires  incriminés  étant  iort  restreint,  il  eut  t'ie 
f'acil(>  de  les  ])rémunir  (onirede  nouvelles  imprudences  j)ar  des  i'.dmonitions 
convenables  et  données  privément. 

Kn  ell't't  il  i'iit  c(mstaté  dans  la  i)remiere  réunion  ih->^  l'^véïpies  (pii  eut  lieu 
après  la  publicatimi  de  <es  ]  )écrels  (|u"aucun  de  ces  ])rélats,  à  rexcej)tion  de 
deux,  n'avait  di'  reiu'oches  à  l'aiic  à  leur  cler<>-é  sur  ce  sujet.  L'un  des  doux, 
IMiiT.  l'Kvéquo  de  Sherbrooke,  reconnut  (pi'un  seul  ])rélre  d(>  son  diocèse  était 
allé  tro])  loin,  mais  d'une  nuuiière  peu  lirave  ([u'il  l'ut  i'acile  de  réyh'r.  H  ne 
Testait  donc  (pu»  le  diocèse  de  Montréal  où  avait  eu  lieu  le  fameux  procès  d'in- 
fluence s])ii'ituelle  indue  contre  certains  curés  du  coinlr  dr  Brrlliicr.  ("était  un 
supivnie  ell'ort  (ju'avait  t(>nté  le  ])arti  libéral  pour  intimider  de  ])lus  en  ]>lus  le 
ch^r^'é  et  lui  former  délinitivenient  la  bouche  sixr  la  (piestion  des  élections.  Or 
dans  co  comté  il  n'y  a  qiu»  neuf  curés,  (h>nt  train  soulenu'ut  ont  été  juo'és  par  les 
libéraux  assez  comiiromis  pour  ch)nner  prise  devant  le  trilumal  civil.  Les  .sv'.v; 
autres  ciirés  ne  furent  point  inquiétés,  par  ce  ({ue  leurs  adversaires  n'avaient 
riou,  ou  que  des  choses  fort  léo-èros  à  leur  roprochor. 

Voilà  donc,  d'aju'ès  le  dossier  de  la  poursuite,  le  nombre  de  prêtres  i  ontr;> 
les  quels  il  y  a  ou  (h'.s  ]»laintes  formulées  pour  s'être  trop  in^'érés  dans  les  élec- 
tions ]iolitiqnes  ! 


—  41 


.It"  U'  (Iciiiaiidf  à  V'os  Eminciii  t's  si  cctti'  dt-viatioii  dfîs  rci^lt-s  pur  trois  on 
(|Uiitrt'  ])rt'trt's  ([ui  iinniifiit  iiiim(|ur  de  pnidfiK  c,  ('lait  hii'ii  un  niolil' sullisaiit 
l)our  aller,  a])rt's  cjuatrc  ans  cl  lorsque  loul  «'lail  ou])lié.  jxnter  une  ai'  usation 
deA'ant  la  S.  ('.  de  la  l'ropau'ande  el  i)rov()(pier  des  décrets  dont  la  publication 
dans  les  journaux  devait  ri'jaillir  si  tristenient  sur  le  ileryé  tout  entier. 

Il  est  lacile  de  voir  par  là  «pic  Son  lOxcellence  Myr.  Masotti,  Secrétaire  de 
la  l'ropau'ande,  avait  été  certainement  induit  en  erreur,  qiiand  il  m'a  dit  en 
présence'  de  M.  Iv  Moreau,  Curé  du  dio.  èse  de  Montréal,  dans  rentn^vue  (pie 
j'eus  avec  lui  le  2-'J  Novembre  dernier,  (pie  "  Q«(//v^w/t' "  Curés  avaient  rel'usé 
ïtihsohi/itiii  et  les  ptii/ziex  aux  élei  teurs  qui  n'avaient  i)as  V(mlu  voter  selon  leurs 
vues!  Aussi  Je  n'hésitai  pas  à  dé' larer  de  suite  à  Son  l'excellence  (pri'^lle  avait 
été  certainement  mal  rcnseiu'iiée,  et  (jue  ceux  <jui  avaient  porté  iine  telle  arcu- 
sation  contre  le  cleruv  canadien  l'avaient  calomnié.  Je  proteste  de  nouveau 
devant  vous,  l'jminiuilissimes  S.'iLi'neurs,  contnf  une  a'cusation  aussi  fausse  et 
aussi  injurieuse  à  l'adresse  de  jiotre  clcriiv,  et  au  ministère  sacré  (ju'il  exerce 
dans  le  trii)umd  de  la  i)énilence. 

Je  dois  sin-miler  à  l'attention  de  Vos  Eminences  un  pamphlet  intitulé  "  Co/i- 
lesfn/iou  lU' rélertnm  i/p  Brr/lrrr,  J/(// 1S7S.  "  Ce  pamphlet  a  été  imprimé  dans  le 
but  évident  de  déniifrer  les  prêtres  de  ce  comté,  et  il  a  pu  iiuluire  la  S.  C.  de  la 
l'roïKig'ande  en  erreur,  s'il  lui  a  été  remis  comme  un  do -mnent  digne  de  loi. 
En  etl'et.  Son  Honneur  le  Juge  Matlhiini,  (pii  était  alors  l'un  des  avo.ats  dans 
ce  procès,  m'a  l'ait  connaître  dans  une  lettre  du  21!  Octobre  dernier  (jue  ce  pam- 
phlet avait  été  mis  de  coté  par  la  cour  civile  comme  ne  pouvant  j)oint  servir  à 
la  preuve,  à  cause  de  ses  iiU'xactitvules  et  de  .ses  variantes  vis-à-vis  de  la  vérita- 
ble jireuve.  La  S.  C.  de  la  Propag'and(>  ne  pourrait  eertainem"nt  point  accepter 
comme  pièee  probante,  un  document  (pie  la  cour  canadienne  elle  même,  à  la 
demande  des  intéressés,  a  jugé  indigne  de  coniianee  et  mis  de  i  ()té.  (P.  J.  No. 
XVIII). 

Mais  ces  pnHre.s  ainsi  accusés  d'ingérence  exct>ssive  dans  les  élections  poli- 
tiques, sout-iL»  V(''(dlement  aussi  couiiables  (pie  leurs  adversaires  ont  essayé  de 
le  l'aire  croire  dai  s  le  pro.'ès  (ju'ils  leur  ont  intenté  :  C'est  ce  (pii  est  loin  d'avoir 
été  prouvé  clairement,  et  voici  quehjues  preiiV(>s  bien  projires  à  atténuer  les 
fautes  que  les  libéraux  ont  voulu  leur  imputer,  et  à  prouver  les  mauvais  senti- 
ments dont  ces  adversaires  étaient  animés  à  leur  égard  à  cause  de  la  défaite 
qu'ils  venaient  d'essuyer  dans  cette  élection.  Ce  sont  des  extraits  de  la  recjuête 
que  les  Curés  incriminés  ont  adressée  à  l'épiscopat  de  la  province  pendant  ce 
procès,  pour  lui  demander  direction  et  })rotection  en  ces  difilciles  circonstances. 
Voici  outr'autres  choses  ce  que  disent  ces  prêtres  dans  cette  requête  : 

"  Toutes  les  personnes  engagés  dans  cette  contestation,  plaideurs,  avocats 
"  et  jixgt^R  se  font  gloire  d'appartenir  à  la  St  Eglise  catholique  et  ils  s'en  disent 
"  mêm(>  l<»s  fils  respectueux  et  obéissants 


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"  Dîins  le  cours  du  plnidoycr  phisiciiis  iivoctits  et  tômoins  ni  innnircsti' un 
"  iiu'pris  scandiiU'ux  pour  li's  rt'ii'lcs  de  riCiilisc  et  lu  pcrsomu'  dr  si's  uiinistros, 
"  au  point  <|Ui'  des  prott'stiints  pri-sciits  en  ont  rlr  .s(  andalisi's,  ot  (juc  l'un  d'eux 
"  a  dt'îclaré  qu'il  ne  pouvait  ('ouii)rend.re  coninient  des  catholicjue.s  traitaient 
'•  ainsi  leurs  ])relres,  et  (ju'eux,  les  prolestants,  entendaient  autrement  le  res- 
"  peet  du  aux  ministres  de  la  religion  et  (pi'ils  r(»l)ser\"aient  mieux. 

'■  Kn  présenre  de  ees  princiiM's  erronnés  soutenus  par  des  eallioli(iues  ins- 
"  truits,  de  ees  accusations  des  paroissiens  contre  leurs  <"urés,  et  de  toute  e(;tto 
"  conduite  scandaleuse,  ncnis  devons  déclarer  à  Vos  (Irandeurs  (jue  nous  avons 
"  suivi,  dans  nos  instrm'tions,  aussi  lidèlenu'ut  (ju'il  nous  a  été  possible  l'ensei- 
"  «çnement,  la  diro(  tiou  et  les  injonctions  (jui  nous  ont  été  donnés  dans  les  do- 
"  eunu'uts  émanés  du  St.  Sièu»',  les  décrets  de  vos  coni  iles  i)rovinriaux  et  no- 
"  taniment  du  4''""'  concile  sur  les  élections  j)oliti(jues,  dans  les  lettres  coUecti- 
•'  ves  de  Vos  (rrandi'urs  sur  cet  inii)ortant  sujet  et  spécialement  celles  du  22  de 
"Septembre'  1  S?;')  et  du  11  Octobre  ISTÎ,  ainsi  (jue  celle  de  iu)tre  éveque.  En 
'■  un  mot  nous  avons  rempli  au  meilleur  de  notre  conscience  nos  devoirs  do 
"  bons  et  lidèles  pasteurs  Mour  bien  l'aire  ct)mprendn^  à  nos  paroissiens  les  de- 
"  voirs  ([ue  la  loi  de  Dieu  leur  impose  comme  électeurs,  lît  les  prémunir  contre 
"  les  danuers  et  les  séductions  aux  ([uels  ils  sont  exposés  en  ees  tt>mps  d'excita- 
"  tiou  et  de  vertiy'e.  Voilà  le  lémoiiinaye  (|ue  nous  rend  notre  conscience  et  ce 
"  que  nous  croyons  jiouvoir  prouver  devant  Vos  (rrandeurs  quand  Jilles  le  dési- 
"  reront 

"  Le  but  évident  de  ces  ])oursuites  est  de  fermer  la  boucbe  du  |irétre  sur 
"  les  désordres,  et  les  erreurs  d<^  toutes  sortes  qne  l'ignen-ance  ou  la  baine  de  la 
"  religion  font  commettre  et  débiter  en  ces  jours  mauvais 

"  C'est  pour  avoir  obéi  à  ces  injonctions  solennelles  de  nos  évèques  que 
"  nous  sommes  aujourd'hui  traiiu'-s  devant  b's  tribunaux  laies  par  queb^ues  uns 
"  de  nos  paroissiens  éu'arés  et  infatués  des  erreurs  courantes,  jxiur  y  être  forcés 
"  juridiquement  à  rendre  compte  de  nos  paroles  dans  l'accomplissement  de 
"  notre  ministère  sacré  ;  et"cela  malifré  les  défenses  de  l'Eylise  etc.  " 

Les  évèques  apiès  avoir  pris  connaissance  de  cette  requête  et  en  avoir  déli- 
béré entr'eux,  n'ont  point  jugé  nécessaire  de  faire  l'enquête  demandée  par  ces 
prêtres  ;  c'était  par  là  même  accepter,  au  moins  implicitement,  leur  justilication, 
et  la  sincérité  de  la  déclaration  qu'ils  y  faisaient  d'avoir  rempli  leur  devoir  do 
pasteurs  au  meilleur  île  leur  conscieuce. 

De  leur  coté,  les  paroissiens  ont  voulu  aussi  protester  contre  les  a<'cusations 
de  prétendue  inllueuce  spirituelle  indue  portées  contre  leurs  Curés  par  les  libé- 
raux, en  votant  en  plus  grand  nombre  qu'auparavant  contre  ces  mêmes  libéraux 
dans  la  nouvelle  élection  qui  suivit  cette  contestatien. 

Voilà,  Eminentissimes  Seigneurs,  à  quelles  minimes  proportions  se  réduit 
Taccusation  qui  a  été  portée  devant  la  S.  C.  de  la  Propagande,  l'été  dernier,  cou- 


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.-  41»  — 

tr<^  cortiiins  mi-iu))n'M  du  ilcriiT  tlf  la  proviin»*  tlt-  (^iu'Ih'c  «rini^éri'iuf  l'XcosNJvt' 
tUiiiH  les  élections,  tant  pour  le  nomhiv  (!*'«  coupables  (jiio  pour  la  gravité  des 
fautes  qu'on  a  voulu  leur  imputer. 

On  est  mènu^  allé  plus  loin  dans  les  l)écr«'ts,  on  s'y  est  plaint  de  ee  que  lo. 
cor/)S  si!cn/iei'  eontiniiait  lui  aussi  à  s'inyérer  trop  dans  les  élections  politi(iues  en 
se  servant  des  journiiux  et  autres  i>ul)li(ations. 

J'avouti  qu'il  est  diilicile  df  «oniprendre  cette  aecusation,  et  (piel  t'st  le 
eorps  séculier  sur  qui  elle  doit  retoniher.  Uiu'  telle  aecusation  me  parait  bien 
dilftcile  a  soutenir  devant  la  libert';  pleine  et  entière  que  la  Constitution  de 
notre  pays  accorde  à  tous  les  citoyens  sans  distinction,  de  prendre  part  aux  élec- 
tions politiques  par  la  presse  ou  par  tout  autre  moyen  que  la  loi  ne  réprouve 
point. 


IX. 


Court usioti  de  lu  pn'^mri'  partir. 


Tels  sont  les  faits  et  les  observations  que  je  prends  la  liberté  de  soumettre  à 
l'attention  de  Vos  Emineiices  sur  les  renseignements  donnes  au  St.  Siège  en 
1870  et  1881,  et  qui  ont  servi  de  base  aii](  instructions  du  St.  Ollico  données  au 
Délégué  apostolique  du  Canada  et  aux  Décrets  de  la  S.  Congrégation  de  la  Pro- 
pagande du  18  Septembre  di-rnier.  11  en  ressort  évidi'unnent  que  ces  renseigne- 
ments sont  en  bien  des  points  exagérésT^Tionnés,  t;t  même  faux  ;  c'est  cq  que 
prouvent  les  do.uments  officiels  que  j'ai  cités.  J'ai  aussi  exposé  dans  sa  triste 
réalité  l'invasion  formidable  dans  notre  heureuse  patrie  des  erreurs  modernes 
qui  désolent  l'Europe,  et  les  eliorts  lamentables  que  des  hommes  dévoyés  font 
depuis  des  années  pour  les  y  implanter  au  cœur  môme  de  notre  bon  peuple. 

Tant  que  les  rangs  du  clergé  ont  été  bien  unis,  il  a  été  assez  facile  d'en  ar- 
rêter les  progrès  ;  mais  aujourd'hui  il  est  impossible  de  se  le  cacher,  ces  subti- 
les erreurs  ont  pénétré  jusque  dans  les  rangs  du  Sanctuaire,  «-omme  le  serpent 
dans  le  jardin  d'Eden  :  c'est  ce  que  disent  les  i)ères  du  cinquième  concile  pro- 
vincial de  Québec.  Aussi  tous  les  esprits  les  plus  clairvoyants,  tant  dans  le 
clergé  que  parmi  les  laïcs,  en  sont-ils  effrayés  "f  tous  s'accordent  à  dire,  qu'à 
moins  d'un  secours  providentiel  qui  nous  pcnn-tte  d'enrayer  ce  fatal  mouve- 
ment, nous  avançons  rapidement  dans  les  voies  révolutionnaires  de  la  France 
et  de  la  Belgique,  et  que  nous  tomberons  plus  tôt  qu'on  ne  le  pense  dans  le  mê- 
me abîme. 

Pour  quiconque  sait  observer  la  mari;he  des  faits  et  saisir  le  fil  conducteur 
qui  les  dirige,  il  est  visible  que  l'influence  maçonnique  est  la  grande  force  qui 
rallie  les  ennemis  de  l'Eglise  au  Canada  comme  ailleurs,  et  leur  indique  les 
points  qu'ils  faut  battre  en  brèche. 


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Ht  tout  l<'  iiKiudf  suit  (|tu'  lii  u'iaiitlt'  loi-ci*  du  Ciit holit'isiiic  iliiiis  lt>  Ciiiiadii 
a  t'Ii-  riiillufiirc  i)r(''i)()n(U''raiitt'  <lu  clciiiv,  c'csi  un  l'ail  patent  de  notre  histoire. 
I']h,  l)i('ii  t'est  à  eette  iiilluen  e  salutaire  (|ue  s'alta(Hie  Penneini  depuis  une 
dizaine  d'années,  et  c'est  dans  ce  but  (ju'il  a  l'ait  tant  d'ell'oils  pour  induire  le 
St.  Sièti'e  en  (MTeur  sur  le  véritable  état  di's  choses  en  notre  jjays.  et  1  amener, 
s'il  était  possil)K',  à  (jiud(jue  mesure  (pii  put  lui  être  l'avorable.  et  surtout  à  l'er- 
mer  lu  bouche  du  }»relre. 

Voici  un  extrait  di'  la  l'nfn'r  de  Montréal  du  \2  Décembre  dernier  (jui  laisse 
apercevoir  ce    plan  bien  clairement.    Vos  l'hninences  ont    vu  plus  haut   (pu^  <•*' 
journal  est  l'oryane  reconnu  du  parti  libéral  et  (|u'il  est  rédigé  par  un  fran<-i 
von.   Dans  un  article  intitulé  "  La  dernière  lutte  "  il  dit  : 

■'  Nous  croyons,  comme  la  ])lui)art  de  nos  amis,  (jue  les  récentes  décisions 
"  de  l'autorité  romaine  n'ont  pas  eu  tout  l'ellet  (pi'on  en  espérait.  Croire  que 
"  dans  resjiace  de  (juelques  semaines,  on  va  dissiper  des  préjugés  enracinés  par 
"  vinyt-cin(i  années  (U'  lutte,  rassurer  les  cous  ienccs,  rétablir  la  paix  et  la  con- 
"  corde,  c'était  une  illusion  (pli  n'a  u'ermé  dans  la  tête  de  personiu'. 

" L'ho)U)ral)lo  M.  Laurier  (chel' libéral)  avait    raison  de  dire  deriiiére- 

"  ment,   aune   séance  du  '' C/ith /i(inon(i/"   tjue    les  derniers  décrets  poutilicaux 
"  n'auraient  pas  un  ell'et  immédiat. 

"  On  ne  peut  pas  exiii'er  du  clerii"é  (pi'il  pre(  lie  la  <  anse  du  libéralisme. 
"  Nous  avons  obtenu  justice  à  lîome,  et  nous  devons  nous  en  tenir  là  pour  le 
"  moment.  " 

Voilà  comment  le  rédacteur  rraiic-maçoii  de  la  Pa/rie  et  un  des  chefs  li 
raux.  interprètent  les  décrets  dti  l;5  Sc^jtembre  sur  li's  élections  ;  c'est  la  réhu.,. 
litation  du  parti  libéral.  D'après  eux,  les  évéques  et  le  derj^é  qui  n'ont  cessé 
depuis  2")  ans  de  combattre  les  tendances  dani!,'ereuses  et  les  mauvais  principes 
de  ce  parti  anti-reliuitnix  ont  eu  tort,  ont  fourvoyé  le  i^tMiple,  (>t  il  faudra  du 
temps  aux  décrets  même  de  Rome  pour  le  ramener  à  des  idées  de  paix  et  de 
conciliation. 

C'est  ainsi  que  hi  franc-maçonnerie  essaie  hypocritement  de  ruiner  l'influ- 
ence  des  évèques  et  dvi  clerj>v  par  l'autorité  du  St  Siège  lui-même,  en  interprê- 
tant à  sa  guise  ses  décrets. 

Voilà,  Emiuentissimes  Seigneurs,  le  mal  dont  l'Eglise  du  Canada  souffre  le 
plus  et  qui  est  pour  elle  le  danger  le  plus  grave  ;  et  c'est  du  St.  Siège  que  nous 
en  attendons  le  remède  et  la  guérison. 


DiaiXlLMl..    l'AK  1  IL. 

Q-u-Ostlon  d.e  l'in.f  l-aer).ce-irLâ.\:x«. 


DirhintlHiii  'le  /Wnlirrci/iir  H  dts  l'Jn'i/iirs 
ilv  In  l'ioriiicf  <:cc/dsiiis//ij//f  dr  (^imltrr,  iiii  si/jft  df  la  loi  é/aiorti/f. 


Lii  iirrinici'c  jxuiisiiili'  (jui  iiil  i\r  iiilriitt'c  (lc\  aiil  les  *rihii)i;iu.\.  civils 
•  ■ontri'  le  iliiyr  pour  iivoir  cxcr  •»'■  sur  les  ('■lecteurs  une  inll'.ieuce-indue  eu  alm- 
sMiil  (le  la  (  liaire  ou  aulreuieul.  est  celle  (jui  eul  lieu  (laus  le  couitt'  (le  ('havk?- 
voix.  diocèse  (le  (^ur'l)ec.  eu  l<s7(i.  La  [jopulatiou  (le  ce  i oiutt-  est  à  peu  l)rès 
toute  (•alluili(|U(\  cl  toutes  les  ixrsoiuies  ([iii  ont  pris  i)arl  à  cette  iwursuite, 
accusateurs,  ttiuoins  et  avocats  ('taieiii  aussi  (  atholi(jues.  ("est  un  l'ait  reniar- 
(juahle  (pie  toutes  les  jxiiirsui'  'S  ainsi  laites  j'usipi  à  ce  joui- contre  le  cleriiv,  ont 
ét(''  le  lait  (rhoiniues  cal liolinues  ai)parteiianl  au  parti  lihéral.  .lanuiis  les  callio- 
li(pu's  non  lihéraux  ni  les  prolesiaiils  n'ont  porh'-  de  seiuMalilts  ])laiiites  contn* 
les  i)r('tres. 

La  [)laiut(!  (les  libéraux  contre  les  curi's  de  f'iuirlevoix  fut  d'abord  port(^'e 
uu  tril)uiuil  de  ^[gr.  rArchev("'(pU' de  (^ui'hec  ("('fait  n'-irulier ;  et  s'ils  eussent 
cortinué  dans  cett(^  direction,  ils  auraient  eu  l'avantaiiv  d'obtenir  justice  sans 
violer  les  règles  de  l'jilu-lise,  et  sans  )uan(pier  au  respe(  t  qu'ils  devaieut,  conune 
catholi([Ues,  au  caracl('re  sacrt''  du  prcire  et  à  son  saint  ministère.  Myr.  l'Arche- 
V(''(iiu'  re(,'ut  sans  dillicult(''  cette  pi:, iule  et  lit  conmieiK  er  une  eufpu'-te  n'-gulicre 
sur  les  i'aits  iucriuiiiu'-s,  aliu  de  constater  jus(prà  (piel  poiiit  les  all(''L;'Ui''s  (''laient 
l'ondC-s,  et  de  rendre  ensuite  justice  à  (pu  (b-  droit. 

Ce  l'ut  alors  (|ue  8a  CJrandeur  dcuauda  l'opinion  de  ses  sufFra^'ants  sur 
t;ett(!  ('-pineuse  aH'aire,  et  que  je  lui  a('ressai  la  lettr(>  n^jiroduite  aux  pièces  justi- 
lieaiives  N.*^  Y  en  date  du  2(>  Mar.s  1:<"(),  et  (]tie.ie  l)rie   Vos  Eniinences  d(^  lire. 

Les  accusateurs  craiu'nant  sans  doute  de  ne  pas  atteindre  leur  but,  par 
cettt!  voie,  et  redoutant  la  lumière  et  rint('gril('!  de  ce  tril)\xnal,  i^n  retirèrent 
bieut(jt  après  leur  cause,  sous  le  pr.'texle  liy]iocrite  de  la  porter  au  tiihiiiKil  supé- 
rieur d»  St..  Sicile;  mais  en  réalité'  i)our  en  saisir  le  tribunal  civil  maigri;  la  di'd'ense 
(ju'en  avaient  laite  les  t'vèriues  dans  leur  dernière  Pastorale,  et  au  mépris  dse 
Sts.  Canons. 


m: 

''■ri 


52 


J'ai  regretté  (juo  Mgr.  rArchevf(|iit'  n'ait  pas  loiitiiuié  avec  fermeté,  en 
cette  cinonstan»  (',  l'eiiqixête  qu'il  avait  conimeiuée  ;  et  (ju'il  n'ait  pas  délendu 
etrictement  aux  plaignants,  au  nom  de  l'obéissance  (piils  lui  devaient  comme 
catholiques  et  dio  -ésains,  d'i'u  agir  ainsi.  Le  tribunal  civil  fut  donc  saisi  de 
l'affaire,  et  il  ne  fut  plus  question  de  leur  appel  à  Kome. 

La  <'Our  en  première  instance,  présidée  par  un  juge  catholique  éclairé  sur 
les  droits  imprescriptibles  de  l'Eglise,  garantis  par  les  Traités  et  la  Constitu- 
tion, renvoya  cette  plainte  en  .se  déclarant  in<  ompétent  à  ju<i'er  en  matière 
spirituelle  ;  et  la  cause  fut  portée  à  la  cour  Suprême  ([ui  donna  yain  de  cause 
aux  libéraux  contre  les  Curés.  Cette  sentence  définitive  motivée  de  la  manière 
la  plus  contraire  aux  droits  et  aux  l'useignements  de  l'Eglist»,  par  un  juge 
eatholique,Jétablissait  clairement  la  compéten  e  du  tribunal  civil  à  juger  les 
actes  du  ministère  sacerdotal.  Aussi  ce  jugeniiMit  du  plus  haut  tribunal  produi- 
sit-il une  sensation  profonde  dans  tout  le  pays. 

Les  Evècjues  qui  plus  qiie  tout  autre  en  compreiiaient  la  triste  portée, 
n'hésitèrent  pas  à  élever  la  voix  et  à  protester  contre  une  telle  interprétation  de 
la  loi  qui  constitxiait  une  violation  di's  droits  les  plus  sacrés  de  l'Eolisc  catholi- 
que et  portait  une  grave  atteinte  à  la  liberté  du  culte  (  atholique.  Ils  firent  à 
cet  effet  une  "  Dirhinifion  "  (pii  fut  publiée  dans  tous  les  journaux  de  la  i>rovin- 
ce.   (Voir  P.  J.  XIX). 

Les  libéraux  ne  tinrent  point  compte  de  cette  déclaration  des  évé([ues^ 
forts  de  l'appui  que  leur  donnait  la  sentence  de  la  cour  suprême,  ils  continuè- 
rent leurs  poursuites  contre  le  <lern-é  dans  plusieurs  autres  comtés. 

La  dernière  fixt  celle  dtx  comté  do  Berthier  en  1H7H.  Elle  fut  aussi  l'une 
des  plus  scandaleuses.  Les  a  cusateurs  poursuivirent  le  prêtre  jusque  dans  le 
coufessional  en  interrogeant  les  pénitents  sur  ce  qui  leur  avait  été  dit  en  confes- 
sion, au  sujet  des  élections.  Plusieurs  avo  ats  émirent  les  doctrines  les  plus 
opposées  à  l'enseignement  et  aux  droits  de  l'Eglise,  et  finalement  la  coxxr  lexxr 
donna  em^ore  gain  de  (;axxse  <ontre  les  Curés. 

La  presse  libérale  en  prit  occasion  pour  dénigrer  le  clergé  avec  plxxs 
d'acharnement  qixe  jamais,  et  pour  établir  en  principt^  le  droit  de  l'autorité 
civile  à  jxxger  les  prêtres  dans  l'exercice  de  lexxr  St.  ministère. 

De  leur  coté,  les  évêcpxes  protestèrent  de  noxxveaxx  dans  une  lettre  pasto- 
rale, en  date  du  1er  .Txxin  187!\  où  ils  rap-  i"nt  axxx  fidèles  le  respect  dû  a  a  cou- 
fessional, la  protection  et  l'immunité  at  l'Eglise  coxxvre  le  prêtre  dans  les 
fonctions  qxx'il  y  exerce. 

Ppxxr  arrêter  un  pareil  s«'andale,  et  dissiper  ces  erreurs  en  même  temps 
que  pour  préparer  l'opinion  pxxbliqxxe  à  faire  droit  enfin  à  la  demande  si  juste 
des  évêques,  d'amender  xxne  loi  qui  comportait  d'axxssi  tristes  conséqxxenccs, 
j'exposai  dans  xxne  brochxxre  anonyme  la  doctrine  de  l'Eglise  sur  les  immxxnités 
du  prêtre    Ce  petit  travail  reçut  l'aitueil  bienveillant  des  évêques,  comme  Vos 


Eminences  peuvent  le  voir  par  les  lettres  d'approbotion  et  deiuourag-ement 
qii'ils  m'adressèrent  en  réponse  à  l'exi'inplaire  que  je  leur  en  avais  adressé  ;  (V. 
P.  .T.  Lettre  des  Evèques  No.  XX.)  il  l'ut  aussi  très  bien  arcueilli  du  publie. 
J'en  adressai  privémeM  quelqxies  exemplaires  au  premier  ministre  du  souver- 
nemont  et  à  quelques  députés  en  les  priant  dérégler  aussitôt  qu'il  serait  possi- 
ble cette  grave  question  conforménuMit   à  la  dinnande  des  évéques. 

.T'aA'ais  la  conviction  qu'en  faisant  (■(•  travail  et  en  adressant  ces  deman- 
des, je  remplissais  le  devoir  d'un  évèque,  qui  (\st  obligé  avant  tout  de  combattre 
l'erreur  eu  im'chant  la  vérité  et  de  défendre  la  liberté  de  l'Eglise  ;  de  plus 
j'avais  la  certitude  de  l'assentiment  de  mes  collèn'ues  dans  l'épiscopat  de  la 
province,  comme  le  prouvent  les  lettres  en  tête  de  mon  opuscule  sur  Vlrifl  x/>ir. 
indi(e.  Or  c'est  pour  avoir  rempli  ce  devoir  que  j'ai  été  dénoncé  faussement  à  la 
S.  C.  de  la  Propagande,  et  censviré  à  la  face  du  pays  (^omme  ayant  manqué  aux 
règle'!  de  la  prudence  et  commis  un  acte  répréhensible  et  diirne  de  blâme. 


i  ■'•■■: 


m 


■iUjI 


II. 


Fiivj-  ie»xei<riienienf  <l.i>tn<i:  à  In  S.  C  'le  lu  Propnçrnnih 
sur  1(1  f/iieslii»!  île  I  iiifliienre  imltie. 


■ 


Voici  comment  s'exprime  à  ce  sujet  S.  Eminence  le  Card.  Préfet  de  la  Pro- 
pagande dans  sa  lettre  à  M<rr.  rAnhevéque  de  Québec  en  date  du  13  Septem- 
bre 1881  : 

"  Il  est  égalemimt  connu  de  la  susdite  Congrégation  que  artaiti  suffra^unt 
"  de  Votre  Seigneurie  cherche  acliieltenient  à  recourir  au  jiarlement,  pour  faire 
"  modifier  la  loi  des  élections  relativement  à  l'inlluence  dite  iiulue.  " 

Le  suffragant  en  qni'stiou  ne  peut-être  que  l'évêque  des  Trois-Rivières,  car 
il  est  le  seul  qui  ait  écrit  dans  ce  sens  au  premier  ministre  du  gouvernemtmt  et 
à  quelques  députés,  en  leur  adressant  un  exemplaire  de  labrochiire  qu'il  venait 
de  publier,  sous  le  voile  de  l'anonyme,  sur  l'influeni'e  indue.  Or  ces  li'ttres 
n'avait  rien  d'o/firiel  ni  de  public,  c'était  une  atlaire  toute  privée  et  d'une  nature 
enrifidentielle. 

De  plus  cette  demande  privée,  avait  été  retirée,  dès  le  6  Mai,  alors  qu'il  vint 
à  sa  connaissance  que  quelques  évêques,  sur  les  remontrances  de  Mgr.  l'Arche- 
vêque, avaient  l'hangé  d'opinion.  (Voir  P.  .T.  No.  XX.) 

Après  avoir  ainsi  retiré,  le  tî  Mai,  sa  demande  au  sujet  de  la  loi  électorale^ 
le  suffragant  en  question  n'a  fait  aucune  autre  démarche  à  <e  sujet.  C'est  donc 
à  tort  et  à  faux  qu'on  est  venu  l'accuser  devant  la  S.  C.  de  la  Propatrande  au 
mois  de  Septembre  suivant,  de  chercher  nctuellement  à  recourir  au  parlement  pour 
faire  modifier  cette  loi. 


«M 


—  .>4  — 

Vous  (•uiui)n'n(lic'Z  fafiJi'iui'iU,  Euiiiu'ntiKsiincs  >Si'ig'ut'urs,  que  la  publicité 
regivttablo  donnt'-o  à  celte  aeeuîsation,  a  l'ait  poser  sur  lui  une  censure  imméritée 
à  la  face  du  pays  tout  entier,  l't  a  causé  un  préjudice  réel  et  dommageable  à  son 
autorité  épiscoinde.  C'est  donc  avec  raison  qu'il  vient  aujourd'hui  s'en  plaindre 
devant  votre  auguste  trihunnl,  et  réclamer  In  protection  et  In  justice  à  ln(|nelle 
il  croit  avoir  droit. 


m. 


m 


Position  de  l'Eglise  c(illi(ili<j/ie  dans  la  j/rori/tcr  de  Québec,  en  droit  et  enjitil. 

La  grande  raison  de  Mur.  rArchevèque  de  (^uél)ec  pour  ne  jias  faire  m'^^i^- 
der  la  loi  de  l'inllueuci'  indue,  est  surtout  la  crainte  des  protestants  (|u  ,ie 
voudront  point  consentir  à  un  tel  amendement.  C'i'st  aussi  la  même  raison  (jui 
a  été  allégué»!  en  ISTtî,  contre  l'ingérence  du  clergé  dans  les  élections  politiques. 
Or  c'est  un  lait  bien  connu  de  tout  le  monde  en  Canada  et  surtout  dans  la  pro- 
vince de  (Québec,  ([ue  les  pro[(>stants  ont  toujours  vécu  daus  les  meilleurs  ter- 
mes aA'ee  les  catholiques,  et  cpie  januiis  ils  ne  se  sont  ))l;iints  de  rintervention 
dos  prêtres  dans  la  polit i(iue. 

C'est  aussi  un  fait  ([Uc  rnmendement  à  la  loi  électorale  en  (|uestion  n'a 
rien  de  blessant  i)our  eux  puistju'ils  en  bénélicieront  comme  les  catholiques, 
ainsi  (]ue  le  dit  ^Igr.  de  Kimouski  dans  sa  lettre  du  ô  Février  à  Mgr.  l'Arche- 
vêque : 

"  Au  reste  comment  les  protestanis  pounaient-ils  être  jalon  r,  puisque 
"  l'ainendement  s'n])pli(prerailà  leurs  ministres  comme  aux  prêtres  catholiques:"' 

Cette  crainte  chiméricpie  est  une  t;!cti(jue  déloyale  des  libéraux  qui,  de  fait 
ont  cherché  bien  des  fois  à  soulever  la  fanatisme  i)rotestant  contre  leurs  frères 
catholi(pu's  (juand  ceux-ci  combattaient  leurs  tendances  libérales  l't  leurs  projets 
hostiles  à  la  liljerté  de  l'Eglise  et  de  ses  ministres.  Alors  ils  jetaient  hypocrite- 
ment le  cri  d'alarme,  et  ils  disaient  aux  protestants  ([ue  les  rilniinonl/iins,  en 
voulai<'nt  à  leur  liberté  religieuse.  Or  la  vérité  était  <]ue  ces  i'Ilriniionlnins,  (pii 
n'étaient  que  les  catholiques  non  infatués  des  fausses  idé(>s  modernes,  c'est-à- 
dire,  des  erreurs  libérales  et  iivlhrtines,  n'en  voulaient  nullement  à  la  liberté  reli- 
gieuse des  protestants  ;  mais  qu'ils  ne  faisaient  (jue  réclamer  pour  l'Eglist^  ca- 
tholique la  liberté  de  se  régir  et  (h'  se  gouvenu'r  d'après  ses  propres  lois,  etcou- 
i'ormément  aux  rites  de  l'ICglise  de  Rome,  selon  h^  droit  et  la  garantie  que  leur 
en  doniuiient  les  traités. 

l*]n  ell'et  lorsque  h  Canada  eut  été  dénnitivement  cédé  à  l'.Vnglelerre  par  le 
traité  de  Paris  le  10  Février  lîOo,  le  libre  exercice  de  In  reliLiion  catholiiiue  y 
fut  solenuidlement  stipulé  et  liarnnti  pnr  les  capitulations  de  Qu.'1)e(>  et  <le 
Montréal,  et  par  le  traité  lui-même  dnns  lequel  on  lit    cette  clause  à  l'article  4  : 


5Ô 


"  Sa  Majesté  Hritaiiiii<|iie,  dv  sou  lôtt-,  cousont  à  accorder  la  liberté  de  la 
*'  reliû'ion  «atholiciiic  aux  habitants  du  Canada.  Elle  donnera  en  conséquence 
"  les  ordres  les  plus  ellicaces  pour  que  ses  nouveaux  sujets  catholiques  romains 
*'  puissent  professer  le  culte  de  leur  rcliu'ion,  selon  les  rites  de  l'Eglise  de  Rome, 
"  autant  que  les  lois  de  rAnuleterri'  le  permettent.  " 

Par  celte  restriction  l'I^^iilise  <  atholique  icssa  d'être  reliiiion  d'état  dans  la 
colonie,  mais  elle  ne  fut  ]K)int  sujt'lt<>  aux  lois  p'-nales  «le  rAiiu'U'terre.  Elle  fut 
mise  sur  un  pied  d'étiiilité  nvec  les  autres  di'nominalions  reliu'ieiises  reconnues 
par  l'Etat,  et  dont  llital  nMonnait  à  cha<'uue  le  dnn'/  de  se  n'-'^-ir  el  fj^oKvrnier 
ff  après  ses  propres  /ois 

Quelques  uns  (b's  aiurhiis  (pii  s'éuiblirent  ensuite  dims  le  pays  tiiivaillcrcnt 
à  faire  introduire  dans  le  Canada  les  lois  anglaises,  et  à  éliminer  au  nom  de  In 
loi,  tous  les  i/roi/s  et  jjrin'léiics  de  ri']<rlise  catholique.  Mais  leurs  efforts  échouè- 
rent devant  la  ri<>'i/nnri'  et  la  /("/v//c/e  des  évèques  et  du  clerg'',  et  devant  le  prin- 
cipe fondamental  de  notre  constitution  politicpii^  qui  fut  de  nouveau  solennelle- 
mont  proclamé  dan<  les  termes  suivants  par  la  législature  Canadienne  en 
18Ô1  : 

"  Attendu  (]Ue  radmission  de  l'é^'alité,  aux  yeux  de  la  loi.  de  toutes  les 
"  dénominations  reliuieuses  est  un  principe  rc  onnu  de  la  législature  coloniale  ; 
'■  attendu  que  dans  l'état  de  lu,  conduite  de  cette  provin  e,  à  la  quelle  il  est 
"  particulièrement  a]>plicable,  il  est  à  désirer  (]ui'  ce  princii)e  re^'oive  la  sanc- 
"  tion  directe  de  l"asseml)lée  léiiislative  (pii  reconnait  et  déclare  qu'il  est  le 
'"  prinripe Jhu'l'iineiitiil  de  notre  i)oliti<[ue  civile  :  à  ces  caus(>s,  (pi'il  .soit  déclaré, 
"  et  statué  par  la  Très  Ex  cliente  Majesté  «le  lu  Ueine,  par  et  de  l'avis  et  con- 
*' sentemenl  du  C(>ns«>il  léu'islatil' et  «le  rAss'Mubl'e  léirislative  «h' la  j^rovince 
*'  du  Canada  (onstituée  et  assemblée  eu  vertu  et  sous  l'autorité  d'un  a 'te  passé 
'•  dans  le  iiarlement  du  rovaume  uni  «le  la  (lran<le  Ih-etaiiiie  et  de  l'Irlande 
"  intitulé  : — A  i"  pour  réunir  les  provinces  du  Haut  et  du  IJas  Caïuida,  et  pour 
"le  gouvernement  du  Canada: — et  il  est  parle  présent  déclaré  et  statué  par 
*'  l'autorité  susdite  fjne  le  li1)re  exercice  et  la  j«missance  «h»  la  profession  et  du 
"  culte  religieux,  sans  distiurtii.n  ni  ])rc|éi'en.e,  mais  de  manière  à  ne  pas  servir 
'■  d'ex  lise  à  des  a't's  -l'une  li  eme  outrée,  ni  de  jiistilicatien  «h»  i)rati([u«!s 
"  incoinpatil)lt>s  avee  la  paix  et  la  sécurité  de  cette  proviui'e,  .sont  permis  i)ar  la 
■'  «'onstitution  et  les  lois  «h»  rette  provinee.  à  tous  les  sujets  de  Sa  Majesté  en 
"  icelles.  "  (14  Vict.  .-hai).  17). 

Cette  déclaration  énonei^  trois  i)rincip.'s  «[ui  ressortent  d'ailleurs  de  toute 
notre  l'-iiislation  :  1.*'  (^ue  la  Constituti«)n  et  les  lois  de  cette  province  irarautis- 
sent  à  t«)us  les  sujets  «le  sa  majesté  le  droit  d'exercer  librement  leur  reliirion. 
2."  Que  la  seule  restriction  «]u'elles  y  apportent,  résulterait  "  ^/'w«fl  licence  outrée, 
OH  (le  pr(iH(ptes  incoiii/tiifih/es  arec  la  pair  cl  'a  sécurité  fie  f  a  prorince.'"  ^.'^  Que  la  loi 
a,<'eorde  une  prote  tion  égale,  sans  //isfiticHoas  ni  prrféretice,  à  toiites  les  dénomina- 
tifjus  reliffieu.ses. 


■^#ê 


—  56  — 

Or  dit  Portails,  7///  n'i-lmt  /iif<  un  UUfamonlnin,  "  ([Uiiiid  un.'  ii'lijjfiou  (.'«t  ad- 
"  mise,  ou  aduii't  par  raisou  do  coust'Miui'u  •(',  les  priucipes  ot  les  rôgk's  d'apros 
"  les  quelles  elle  se  m'ouverue.  " 

Il  est  donc  liors  de  doute  que  les  traités  el  la  Constitution  de  notre  pays 
accordent  et  garantissent  à  l'Eglise  oatholiciuc  la  pleine  et  entière  liberté  de 
son  culte,  et  qu'il  Uf  tient  véri(;il)l('uient  qu'aux  eatholi(iues  de  la  province  de 
Québec  qui  Ibrnu'nt  i'ininiense  majorité  de  la  i)()pulation,  de  conserver  ce  pré- 
cieux trésor  des  libertés  de  l'Iiglise  que  nous  ont  léguées  nos  Pérès  et  d'en  l'aire 
disparaître  les  quelques  entraves  qu'y  ont  fait  pénétrer  les  erreurs  galli  ânes. 

En  fait,  nous  avons  toujours  joui  de  ces  libertés  à  peu  d'ex^'cptions  prés,  el 
les  tentatives  d(>s  protestants  pour  y  porter  atteinte  dans  h's  premiers  temps  de 
la  colonie,  ont  toujours  été  repoussées  vietorieusenient  et  ellicacement  ;  deiiuis 
longti-mps  ils  ont  renoncé  à  ces  idées  d"oi)prinier  li's  <atholi(]ues,  et  nous  vivons 
avec  eux  paisiblenu'ut  et  dans  les  meilleurs  termes.  J)"ailleuis  que  pourraient- 
ils  faire  dans  une  population  où  ils  ne  i  omptent  que  pour  xin  dixième,  et  dans 
une  législature  où  ils  iu\  pinivent  envoyer  (jue  H  ou  11  d.'i)utés  sur  (!').  Il  est  doue 
évident  qu'en  /i///  comme  en  iirnil  l'Iilglise  catholique,  dans  la  provinet-  de  Qué- 
bec, n'a  rien  à  craimlre  des  protestants.  Toutes  les  craintes  (jue  les  libéraux 
chen'iuMJt  à  soulever  de  ce  i-oté,  n'ont  rien  de  réel  :  ce  n'i'sl  qu'une  tacti(|U(! 
déloyali'  de  leur  part,  à  laquelle  ils  ont  recours  pour  grossir  leurs  ranii's,  eu 
trompant  iu)s  compatriotes  de  croyance  diil'érente.  Ainsi,  le  véritable  danger 
pour  nous  ne  vient  nullement  de  la  part  des  protestants;  uuiis  il  vient  réelle- 
ment de  la  part  des  lil)éraux  (pii  ont  jeté  la  division  dans  K-s  ranii's  catholiques, 
en  (•herchant  à  ré]>andre  i)armi  l'ux  des  doctrines  opi)osées  à  l'enseiiiMiemeiit 
de  l'Eglise  et  à  sa  liberté.  Ce  danu'cr  est  devenu  forniidal)le  surtout  depuis 
qu'ils  ont  réussi  à  pénétrer  Jusijiu'  dans  les  rann's  du  Sanetuaire,  et  à  se  déi>'ui- 
ser  si  bien,  comme  dit  l'illustre  Pie  IX.  "(pie  par  une  apparence  extérieure  de. 
"  piété  ils  trompent  l)eaucoup  d'hommes  honnêtes,  et  <]U<',  les  portant  à  s'éloi- 
"  g'uer  de  la  saine  doctrine,  nommément  dans  les  questions  (jui,  à  première  vue, 
"  semblent  plutùt  concerner  le  jiouvoir  civil  «pie  l'ecclésiastique,  elles  ali'aildis- 
"  sent  la  foi,  rompent  l'unité,  divisent  les  forces  catholi(pu's.  et  fournissent  un 
"  aide  très  efficace  aux  ennemis  de  l'Eglise,  qui  enseignent  les  mêmes  erreurs, 
"  quoique  avec  plus  de  déveloiq)ement  et  d'impudence,  ot  anu'uent  insensible- 
"  ment  les  (>spriis  à  partager  leurs  desseins  pervers.  "  (P.  .1.  Xo.  IX) 

Il  était  impossible  d'exprimer  avec  plus  d'exactitude?  ce  (jui  se  passe  dans 
notre  pays  dcqniis  une  dou/aine  d'années,  c'est-à-dire  depuis  l'évolution  du 
parti  libéral  et  l'apparition  des  lihvnuix  vnihniiqiicx  modih-cs  I 


€.- 


TF^OISIEME   PARTIE. 

Q'U.estioii  •u.3:iiversitaire. 


Emim'utissimcs  Stuii-iu'urs,  p(jnr  m-  i>iis  proloniror  dé'ini'suri'mont  ce  mé- 
moire déjà  peut  être  trop  loua',  à  «ausi'  du  dévcloppoiiifiit  (ju'il  a  fallu  doiinorà 
(M-  (jui  n'ii'ardait.  la  quosiion  p()liti<|U(\  jr  iriiidiqucrni  ici  (juc  sommairomout,  les 
principaux  laits  ([Ui' je  crois  ulilc  dr  souiii('ttn>  à  l'attention  de  Vos  Emineuci's 
au  sujet  do  l'Université  Laval,  me  réservant  de  vous  donner  de  vive  voix  les 
ronsi?iL!:ii  'ments  accessoires  et  de  vous  communiciuer  les  documents  qui  leur 
servent  d'appui. 

Je  dois  dire  d'abord  que  la  décision  de  Sa  Sainteté  maintenant  le  décret  du 
1er  de  Février  1S70,  au  sujet  de  la  .Succursale  de  Montréal  a  été  re^'ue  avec  res- 
pect et  soumission  (  omme  il  convient  pour  tout  document  émané  du  St.  Sièiçe, 
et  même  que  l'on  s'attendait  li'éncralcuient  à  cette  décision.  Ou  comprenait 
qu'il  était  dillicile  de  chauii'er  le  ahilii  (///o  sur  cette  y^rave  question  avant  la 
.solution  des  diliicultés  lé<>'ales  et  constitutionnelles  relatives  à  la  charte  rovale 
ot  à  la  loi  de  (Québec.  Je  remar(j[U(M'ai  seulement  que  ce  décret  du  1er  Février 
187t)  n'a  pas  été  exécuté  comme  il  est  près  rit,  et  que  c'est  là  la  cause  i)rincipa- 
lo  des  difficultés  qui  ont  suru'i  ensuite  entre  ri*]cole  de  MétU'cint^  et  l'T  niveisiié 
Laval. 

lo.  L'Université  Laval  a  été  saluée  avec  bonheur  à  l'époque  de  sa  fonda- 
tion par  les  évèques,  le  cleru'é  et  les  <'ath(>li(iues  de  la  province  de  Quéliec.  Le 
besoin  d'une  institution  catlioli(iUe  de  ce  L>'enr(>  se  faisait  sentir  depuis  lonsj- 
temps  .•  tous  avaient  la  conlianc  e  que  cette  université  fondée  par  le  plus  ancien 
séminiiire.  (]ui  avait  si  bien  mi'rité  du  ]iays,  donnerait  à  la  jt'unesse  ([ui  en  sui- 
vrait les  cours,  cette  éducation  prol'essioniu'lle  forte  et  catholi(jue  (|ui  lui  piT- 
mettrait  de  î>'ai>'ner  honorablement  sa  vie  <lans  les  dillV rentes  positions  .sociales 
où  l'appellerait  la  rrovidence.  et  l'ournirait  à  la  classe  diriu'eante  de  la  société 
les  hommes  les  mieux  (jualitiés  i)our  la  ])rotecti()U  et  la  défense  de  nos  intérêts 
relia'ieux  et  nationaux. 

Voilà  les  sentiments  <le  sympathie  et  de  conhance  avec  h\s  quels  les  catho- 
liques de  la  province  ont  accueilli  l'Université  Laval  à  sa  naissance. 

2o.  Apres  plus  de  2')  ans  d'existence  peut-on  dire  qu'elle  a  pleinement 
répondu  à  cette  juste  attente  et  qu'elle  a  réalisé  d'aussi  belles  espérances? 

Tout  eu  reconnai.ssant  les  urands  et  e'énéreux  sacrifices  <ju'elle  a  faits  et  le 
bien  (|\i'elle  a  réalisé,  la  vérité  nous  force  à  dire  qu'il  y  a  eu  déception  sous 
quelques  rapports  très  importants;  (lu'il  s'en  est  suivi  un  malaise  fort  rei^retta- 
ble,  et  (|ue  la  confiance  et  les  sympathies  qu'on  lui  avait  d'abord  données,  sont 


m 


■  M  6 


-  .38  — 

r 

alléi?.s,  en  (liiiiiiiuiint    piui  à  jifu.    Des  plaintes  is'cii  sont  suivies  plusieuis   l'ois 
pendant  ee  temps,  et  ont  même  été  portées  jiistju'uu  St.  Siè^'e. 

80.  En  lin  Topposition  que  ci'tte  institution  a  rencontrée  l'année!  dernière, 
à  la  demandt!  (ju'elle  a  laite  au  parlenu-nt  canadien  d'une  loi  l'antorisant  à  mul- 
tiplier ses  (îhaires  dans  les  limites  de  la  province  de  (Québec,  a  mis  en  évidence 
deux  laits  bien  u'raves  :  c'est  (jue  la  u'rande  majorité  du  cler^•é  lui  avait  retiré 
ses  sympathies  ei  sa  couHance,  et  lui  était  opposée,  ainsi  qu'un  très  oraïul  nom- 
bre di'  nos  catholi([ues  les  plus  n'speitai)les.  Au  (  ontraire,  les  libéraux  l'ont 
appuvée  incsqu'unaniniement  de  leurs  jdus  chaudes  sympathies,  et  le  parti 
libéral  a  en  (quelque  sorte  identifié  sa  ])roi)re  cause  avec  celle  de  l'iniversité. 
Ijcs  protestants  eux-mêmes  et  les  rrancs-maçons  dont  le  nonibn-,  hélas!  est  déjà 
bien  trop  <>'rand  [)armi  nos  catholiques,  lui  ont  été  iavorables  et  sympathi<ixres  ! 
Voilà  certes  denx  laits  bien  <>raves  et  (jui  demandent  explication.  Comment  se 
l'ait-il  (jue  la  pri-miere  institution  catlioliqu*'  du  i)ays  ait  perdu  les  sympathies 
et  la  conliam  e  de  la  irrande  majorité  du  ch-riié  de  la  province  fcnite  entière, 
tandis  que  les  ennemis  de  l'Eiilise  lui  sont  devenus  visiblement  Iavorables  et 
syuïpathi(|Ues  ' 

Voici  dans  mon  opinion  les  principales  causes  de  ce  chauLiement  étraiiiie. 

I.  Coiii/Mpsifioi/  lin  f/rrsDii/iet  ri  ni^ri'j;tii'iii('ul . — Tout  le  luoiule  s'attendait  (jue 
l'Université  l.,aval  serait  orii'anisée  conl'ornu'menl  aux  rcu^lcs  dr  l'I'lLilise  et  (jue 
par  conséquent  l'enseiii'neiueut  y  serait  conlié  diins  toutes  les  chaires  à  di's  pro- 
fesseurs (■(ilh<ilit//ies  dont  la  siircté  de  doctrine  ne  laisserait  rien  à  désirer.  Or  t  1 
n'a  pas  été  le  cas.  Tout  le  monde  sait  (|ue  des  .  haires  de  droit  et  de  mideci]ic 
ont  été  confiées  à  des  professeurs  jirotestants  et  nu-me  l'rnncs-maçoiis.  C'est  vrai 
que  l'on  a  préteiuln  (jiK»  ces  hommes  n'oH'raient  aucun  daniicr  pour  la  jeunes.se 
qui  leur  était  conliée.  Mais  l'expérieii  e  a  démontré  (pie  des  élèves  ont  été  solli- 
cités par  certain  professeur  d'entrer  dans  la  franc-maçonnerie,  et  (pie  d'autres 
ont  entendu  leurs  professeurs  protestants  tourner  en  ridicuh;  certaines  prati- 
ques do  l'Eu'lise  cathfdi([ue,  et  dire  par  exemple,  (pie  li-s  extases  de  Ste.  Thérèse 
et  autres  étaient  des  cas  d'hystérie. 

Parmi  les  professeurs  catholiques,  il  s'en  est  trouvé  (pii  étaient  entachés 
d'erreurs  «gallicanes  et  (|ui  ont  ensei<>iié  purenuMit  et  simplement  la  doctrine  du 
léii'iste  Pothier  sur  le  mariauc.  D'autres  étaient  lujtoirement  connus  pour  leurs 
principes  lil)éraux  et  ont  compté  parmi  les  chefs  du  ])arti.  C'est  de  ces  profes- 
seurs libéraux  que  les  évê(|ues  ont  dit  dans  huir  supplique  eu  1<S70  : 

"  Kien  ne  leur  sera  ])lus  facile  de  prouver  à  Votï'e  Sainteté  qu'en  recom- 
"  mandant  ainsi  aux  Professeurs  de  la  dite  Université  Laval  de  ne  point  s'im- 
"  miscer  activement  dans  les  élections,  ils  n'ont  eu  intention  que  de  prévenir 
"  un  i^rnnd  scanduh',  cidui  de  laisser  marcher  à  la  /e/p  i/es  lihcronx,  qui  foulaient 
"  aux  pieds  leurs  Mandements  et  l<>urs  Lettres  pastorales  tra^-ant  aux  fidèhvs  les 


—  ÔJ« 


'  ■  y 


"  règles  qu'ils  avaient  à  suivre  pour  taire  de  Iwiines  élections,  des  hommes  dont 
"  l'inllueuce  pouvait  être  d'autant  plus  funeste  qu'elle  paraissait  soutenu»'  de 
"  l'autorité  de  la  dite  Université.  "  (P.  J.  No.  VII.) 

Malgré  les  réclamations  des  évèques  et  les  promesses  de  Mgr.  le  Délégué  d»' 
faire  renvoyer  ces  Professeurs  comproiiitUunts  pour  l'honneur  d»*  l'Université,  on 
n'en  a  rien  fait,  ils  sont  en<ore  aujourd'hui  à  leur  poste. 

Ces  tendances  libérales  ont  même  pénétré  juscjxie  dans  les  rangs  des  prêtres 
de  l'Université,  et  c'est  là  sans  contredit  ce  qui  a  le  i)lus  contribué  au  malaise 
profond  qui  règne  aujourd'hui  dans  le  clergé  de  toute  la  province  à  cause  du 
prestige  et  de  l'inlluence  dt' ces  jirètres,  non  scnilement  sur  les  élèves  du  sanc, 
tuaire  et  sur  les  hues  instruits,  mais  sur  Mgr.  l'Archevêque  lui-même,  <(ui  repose 
en  eux  une  grande  conliancc.  On  croit  généralement  qu«'  c'est  par  suite  de 
cette  influence  (jue  Mgr.  l'Archevêque  s'est  séparé  plusieurs  fois  de  ses  sutlVa- 
gauts  sur  des  questions  très  importantes. 

Le  cli'riié  de  la  province  s'est  donc  alarmé  ave<'  raison  en  voyant  l'ensei- 
gnement xiniversitaire  ainsi  confié  à  des  professeurs  de  toute  croyance  religieu- 
se, et  de  tout  principe  poliii(iue-relii>'ieux.  Les  évê([ues  eux-mêmes  ont  plusieurs 
fois  exprimé  leur  niaïupie  de  confiance  en  ({uehjues  uns  de  ce.s  professeurs  dont 
ils  (mt  demandé  en  vain  le  renvoi. 

II.  Ijf  d('ri>-c  (laiisc  d'igiioniiiif. — Un  autre  l'ait  qui  n'a  pas  peu  <'oniribuc  a 
faire  perdre  à  l'Université  les  sympathies  du  clergé,  <,■'>  '"^''  ï'i  conduite  de  quel- 
qui'S  uns  de  ses  directeurs  à  son  égard.  Le  clergé  avait  le  droit  d'attendre  de 
cette  institution  appui  et  protection  dans  les  dilhcultés  (|u'il  rencontrait  dans 
l'exercice  de  son  saint  ministère,  et  suitout  dans  les  luttes  qu'il  avait  à  soutenir 
pour  préserver  les  fidèles  confiés  à  ses  .soins,  des  erreurs  séduisantes  des  ennemis 
plus  ou  moins  avoués  de  l'Eglise.  Or  loin  de  l'aider  dans  ces  combats  (ju'il  sou- 
tenait autant  que  possible  conformément  aux  directions  données  par  les  t've- 
ques,  ces  prêtres  de  l'Univi'rsité  ne  se  gênaient  pas  de  les  contrecarrer  et  d'accu- 
ser les  <urés  iMi  général  d'être  des  iffJiorants.  Ces  accusations  d'ignorance  contre 
le  clergé  canadien  ont  même  été  portées  jus(iu'h  Rome,  c'est  de  Mgr.  le  Délégué 
lui-même  que  je  le  tiens.  Vos  Emi]ien<'es  comprendront  facilement  combien  de 
telles  accusations  étaient  déplacées  et  propres  à  discréditer  ce  clergé  et  à  le  rui- 
ner dans  la  confiance  des  populations.  Elles  étaient  d'ailleurs  injustes,  comme 
j'ai  eu  occasion  de  le  dire  plus  haut,  car  le  clergé  canadien  est  t-ertaint^ment 
aussi  instruit  (jue  le  clergé  di!s  autres  pays  catholiques;  c'est  le  témoignage  que 
des  religieux  très  compétents  lui  ont  rendu, 

III.  Prori's  iioiir  in/l/fc/ire  iw/ue. — Mais  le  fait  le  plus  grave  a  été  <'elui  des 
prof«'sstîurs  hiKiues  de  l'Université  qui  ont  été  les  premiers  à  pouniiivre  tes  curés 
devant  les  tribunaux  «-ivils  sous  le  prétexte  d'influt;nce  spiritui'lle  indue  exercée 


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Kur  It'urH  ouiiillfs,  nu  sujet  du  vote  élcftonil.  ("'chl  asisuréuu'Jit  l'un  des  plus 
«grands  sr-andalcs  donnés  à  nos  rcliiçiL'Usi's  i)opulations.  11  est  l)it'n  rt'yrettahlt' 
d'avoir  à  dire  que  c'était  avec  rasscntinicnt  au  moins  tacite  des  prêtres  de  l'U- 
niversité, qui  n'ont  ])as  eu  un  mot  de  blâme  poiu'  xine  telle  conduite  de  leurs 
prolessours.  lors(ju"il  leur  était  si  i'acile  de  les  arrêter  dans  ( ctte  triste  voie.  Bien 
loin  de  là,  queUpies  uns  ont  été  Juscjuà  les  en  iéliciter. 

Ces  laits,  Eminentissinies  Seigneurs,  sont  plus  <|iu'  suflisants  pour  expli- 
quer comment  l'Unix eisilé  Laval  a  perdu  la  coniiaiu-e  et  U's  synipatliies  de  la 
f>Tande  majorité  pour  ne  ])as  diri'  de  la  prestiue  totalité  du  clergé  de  la  province, 
et  d'un  grand  nombre  de  nos  meilleurs  callioli(jues. 

Ils  expliquent  en  même  texnps  pourquoi  les  i)rotestanls  et  les  francs- 
maçons  leur  sont  devenus  ravora))les.  Car  (jue  ])ouvaient-ils  espérer  de  plus 
d'une  institution  catholique  que  d'avoir  quelqiu's-uns  des  leurs  assis  dans  ses 
chaires  et  d'y  donner  un  enseignement  jjour  le  moins  rationaliste,  c'est-à-dire, 
que  des  'lèves  de  toutes  croyances  pouvaient  également  entendre. 

Ce  sont  ces  laits  qui  subsistent  di'puis  des  années,  et  (outre  les  quels  les 
évèques  ont  en  vain  réclamé,  qui  ont  contribixé  plus  (|ue  tout  le  reste  à  rendre 
l'Université  impopulaire,  et  à  produire  le  malaise  profond  qui  règne  parmi  les 
catholiques  de  la  province,  et  (pli  ont  aussi  grandement  contribué  à  produire 
les  dithcultés  qui  ont  surui  au  sujet  de  la  Succursale,  .Je  suis  intimement  con- 
vaincu que  si  l'Lniversité  J^avai  eût  pleinement  répondvi  aux  espérances  qut^ 
l'on  avait  reposées  en  elle,  et  donné  complète  satisi'a.  tion  au  sentiment  catholi- 
que de  la  province,  nous  n'aurions  point  eu  les  dilhcviltés  si  regrettables  qui 
ont  si  souvent  agité  les  esprits  depuis  une  ([uinzaini'  d'années,  et  que  cett«'  ins- 
titution en  aiirait  grandement  bénélicié. 

Au  jugement  de  la  presijue  totalité  du  clergé,  tant  séculier  que  régulier  et 
des  catholiques  les  plus  éclairés  de  la  province,  ces  tendances  libérales  d'un 
certain  nombre  de  professeurs  tant  laïques  (pie  prêtres  de  cette  institution  cons- 
tituent un  véritable  danger  pour  l'avenir  religieux  de  notre  pays,  en  l'incli- 
nant à  suivre  la  voie  qui  a  conduit  la  France  et  la  Belgique  dans  l'abime  où 
nous  les  voyons  si  péniblement  se  débattre  aujourd'hui 

Dans  l'exposé  des  faits  et  des  observations  contenus  dans  ce  mémoire,  j'ai 
accompli  un  devoir  qui  m'a  été  excessivement  pénible  et  devant  lequel  j'ai  re- 
culé longtemps  ;  la  conviction  que  le  bien  de  l'Eglise  du  Canada  le  demandait, 
a  pu  seule  me  décider  à  surmonter  la  répugnance  que  j'éprouvais.  J'ai  tout  ex- 
posé avec  la  plus  scrupuleuse  exactitude  et  conformément  à  la  vérité  autant 
qu'il  m'a  été  possible  de  la  connaître. 

Maintenant,  en  conformité  à  ce  que  m'a  dit  le  St.  Père  dans  l'aiidience  que 


-61  - 

Sa  Stiintett'  a  dai^-né  m 'ai  •corder,  de  mettre  par  éerit  ce  que  j'avais  à  dire  sur  les 
difiicultés  de  notre  province,  et  de  le  remettre  à  Son  Eminence  le  Card.  Préf.  de 
la  Propagande  ou  à  quelqu'un  des  Cardinaux  de  cette  S.  C'onoré«ation,Jedépose 
le  tout  entre  vos  nuiins,  Eminentissimes  Seigneurs,  en  vous  priant  d'étudier 
avec  patience  et  honte  ces  causes  du  mal  dont  souflre  l'Eglise  du  Canada,  et  de 
les  faire  connaître  au  Père  commun  de  nos  Ames,  afin  qu'il  puisse  y  appliquer 
le  remède  1(«  plus  ellicace  pour  en  opérer  la  guérisou. 

Quelque  soit  ce  remède,  je  l'accepterai  pour  ma  part  avec  une  parfaite  sou- 
mission et  je  m'y  conformerai  avec  la  fidélité  la  plus  sincère. 

Lp  foiff  liumb/einenf  soumis, 

i  h.  F    Ev.  DES  Tkois-Rivikrkr 


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PIECES    JUSTIFICATIVES 


Dncument»  émanés  du  tiaitit-Sièffe,  If  \'\  Sr/iteinhre  1881. 

{Traduction.) 

A   MoNSKKINKUK  Al.KXAXDHK  TASCllKKK.Vt:, 

Airh(>vt'(jlli'  (1(>  (^ll(''btM'. 


Illiistrissinit'  et  Hrvt'n'iulissinu'  Soii>n('ur, 

Il  est  vonu  à  la  (•onnai.ssanct'  do  la  SarriV  CoU!jr(''ij'ation  do  la  Propairande 
qiio  dans  Aotrc  rroviiico  cortiuiis  iiicnibics  du  ilcruv  i-t  du  corps  st'-culicr  eonti- 
niTont  à  s'insérer  trop  dans  les  t'icctions  poliliqucs,  eu  se  sorvanl  soit  de  la 
chaire,  soit  des  jouruaxix  et  autres  publications. 

Il  est  ci>aleinent  connix  de  la  susdite  S.  Coniirégation  que  certain  sull'ragant 
de  Votre  Seii>neurie  cherche  actuellement  à  recourir  au  Parlement,  pour  l'aire 
modiii'  r  la  loi  des  élections  relativement  à  l'iiilluence  dite  indue. 

Or  pour  ce  qui  coni-erne  le  premier  point,  je  m'empres.se  de  rappeler  à 
Votre  Seigneurie  (|ue  déjà  en  l'année  187(5,  la  Suprême  Congrégation  du  Saint 
Office  a  émané  l'instruction  suivante  : 

'■  Il  faxit  faire  entendre  aux  Evèques  du  Canada  que  le  Saint-Siège  recon- 
naît parlait(>m(>nt  l'extrême  gravité  des  laits  rapportés  par  eux,  et  qu'il  y  a  à 
déplorer  particulièrement  le  tort  dont  en  souU'nait  l'autorité  du  clergé  et  le 
saint  ministère.  C'est  iwurtjuoi  afin  de  réparer  de  si  grands  dommages,  il  faut 
Kurtoutfcen  extirper  la  racine.  Or  la  i-ause  de  si  graves  inconvénients  se  trouve 
dans  la  division  de  ces  Evccpies  entre  eux,  tant  au  sujet  de  la  question  politi- 
que qu'au  sujet  d'autres  (lucstions  (jui  s'agitent  en  c«'  moment  au  Canada.  Alin 
donc  de  mettre  un  terme  à  ces  dissi'nsions  si  rei,rettables,  il  sera  nécessaire  que 
ces  Kvéques,  de  coni'ert  avec  Monseiji'ueur  le  iJélégué  Apostolique  envoyé  au 
Canada,  s'entendent  ])our  déterminer  une  ligne  de  conduite  uniforme  à  suivre 
par  tous  et  chacun  d'eux  à  l'égard  des  partis  politif^ues. 

Une  autre  cause  des  mêmes  inionvénients  se  trouve  dans  l'inarérence 
trop  grande  du  clergé  dans  les  all'aires  politiques,  sans  se  soucier  assez  do  la 
prudeui'e  pastorale.   Le  remède  convenable  à  cet  excès  de  zèle,  c'est  de  rapi>eler 


■  JH 


64  - 


à  ces  Evêqwos  ce  qui  hîur  a  déjà  été  reiominandé  par  cotto  Sixprt'^inc  Congréga- 
tion, morcTodi,  29  Juillet  18T4,  à  savoir  que,  à  l'oecasiou  des  élections  ^loliti- 
ques,  ils  se  conforment,  dans  leurs  eonseils  aux  électeurs,  à  ce  qui  se  trouve 
décrété  dans  le  Concile  Trovincial  de  18(38.  11  iaudra  ajoxiter  que  l'Eglise,  en 
condamnant  le  libéralisme,  n'entend  pas  frapper  tous  et  chacxxn  des  partis  poli- 
tiques, qui  par  hasard  s'appellent  Hhérmix,  puisque  les  décisions  de  l'Eglise  se 
rapportent  à  certaines  erreurs  opposées  à  la  doctrine  catholique,  et  non  pas  à 
un  parti  politique  quelconque  déterminé,  et  que  i)ar  conséquent  ceux-là  font 
mal  qui,  sans  avitre  fondement,  déclart-nt  être  condamné  par  l'Eglise  un  des 
partis  politi(jues  du  Canada,  à  savoir  ie  parti  appelé  réjonnis/e,  jiarti  ci-devant 
chaudement  appuyé  même  par  quel((u  -s  Evéques. 

"  Enfin  pour  ce  qui  regarde  l'ohjct  principal  des  doutes  proi)oscs,  à  savoir 
quelle  mesure  il  y  a  à  nrendic  relativement  aux  catholi(iucs  ([ui,  pour  cause  de 
prétendiie  ingérence  indue  du  clergé  dans  les  élc(  lions  i)olitiques,  recourent  au 
tribunal  <  ivil,  on  ne  peut  donner  à  ce  sujet  une  règle  gciurale  aux  Evéques,  et 
il  appartiendra  en  conséquence  à  qui  eu  a  l'ollice.  de  j)ourvoir,  dans  chaque  <  as, 
à  la  conscience  de  celui  qiii  a  fait  ce  re(  ours,  (jue  les  Evé(|ues  prennent  donc 
les  mesures  nécessaires  pour  sauveii'arder  l'hoiineur  du  clergé,  ayant  soin  surtout 
d'empêcher  autant  que  possible  (|ue  des  personnes  ecclésiastiques  soient  o])li- 
gées  de  comparaître  devant  le  juge  laïque, 

"  Il  faudra  enfin  exhorter  les  Evêques  à  observer  par  rapport  aux  affaires 
politiqiu^s  la  plus  grande  réserve,  eu  égard  partici;lièrement  au  danger  qii'il  y  a 
de  provoquer  à  une  guerre  violente  contre  l'Eglise  les  protestants  déjà  inquiets 
et  irrités  contre  le  clergé  sous  prétexte  d'ingérence  indue  dans  les  élections 
politiqvies. 

"  En  outre,  il  faut  faire  en  sorte  que  le  clergé  évite  toujoiirs  de  nommer  les 
personnes  en  chaire,  encore  bien  plus  si  (  'est  pour  les  discréditer  à  l'occasion 
des  élections,  et  qvi'il  ne  se  serve  jamais  de  l'influence  du  ministère  ecclésiasti- 
que pour  des  fins  particulières,  si  ce  n'est  lorsque  les  candidats  pourraient  de- 
venir nuisibles  aux  vrais  intérêts  de  l'Eglise.  " 

Conformément  à  cette  instruction,  \"otre  Seigneurie  doit  faire  connaitre 
sans  retard  à  tous  ses  suHragants,  au  clergé  et  à  tous  ceux  qu(>  cela  concerne, 
que  c'est  l'intention  du  Saint  Père  que  les  susdites  prescriptions  du  Saint 
Office  soient  rigoureusement  observées. 

Pour  ce  qui  a  rapport  au  second  point.  Votre  Seigneurie  devra  notifier  à 
chacun  des  suff'ragants,  de  la  part  de  Sa  Sainteté,  qiie  chacun  des  Prélats  indi- 
vidviellement  ait  à  s'al)stenir  d'agiter  ou  de  faire  agiter  soit  dans  le  Parlement, 
soit  dans  la  presse,  la  question  de  la  modification  de  la  loi  concernant  la  dite 
influence  indue.  Que  s'il  arrivait  une  époque  où  les  évêques  réunis  jvtgeassent 
tous  ensemble  que  le  temps  opportun  est  venu  de  faire  la  susdite  demande,  ils 


f 


—  65  — 

devront  d'abord  recourir  à  cette  Sacrée  Congrégation  pour  en  recevoir  les  ins- 
tructions convenables. 

Dans  cette  pensée,  je  prie  le  Seigneur  qu'il  vous  prodigue  tous  les  biens. 
Rome,  Palais  de  la  Propagande.  13  Septembre  1881. 
De  Votre  Seigneurie 

Le  très-aifectionné  serviteur, 

Jean  Cardinal  Siméoni, 

Préfet, 

1.  MAHt)TTl,  Secrétaire. 


(Tradudum.) 

Illustrissime  et  lîévcrcndissime  Seigneur, 

Le  Saint  IVrc,  ayant  mis  à  l'examen  la  question  soulevée  de  nouveau  au 
sujet  de  l'Université  Laval  et  de  la  succursale  établie  à  Montréal,  a  ordonné 
expressément,  dans  l'audience  extraordinaire  d'hier.  t(>nue  pour  traiter  unique- 
ment de  cette  affaire,  de  signifier  à  Votre  Seigneurie  que  c'e,vt  sa  volonté  décidée 
que  l'on  doit  s'en  tenir  au  décret  de  cette  Sacrée  Congrégation,  émané  le  pre- 
mier jour  de  février  1870,  et  continuer  à  y  donner  exécution. 

Votre  Seigneurie  reste  par  conséquent  chargée  de  communiquer  cet  ordio 
du  Pape  à  tous  ses  suffraufants. 

Sa  Sainteté  nourrit  la  confiance  que  le  clergé  et  le  peuple  catholique  du 
Canada,  dont  Elle  a  toujours  reyu  les  preuves  les  plus  éclatantes  de  dévouement 
et  d'fittachement  au  Saint-Siège,  se  conformeront  unanimement  à  ses  ordres 
susdits  et  que  les  diAers  prélats  travailleront  sans  relâche  à  ramen(T  dans  les 
esprits  la  concorde  et  la  paix. 

Maintenant,  je  prie  le  Seigneur  de  vous  accorder  longue  vie  et  bonheur. 

Kome,  Palais  de  la  Propagande.  13  Septembre  1881. 
De  Votre  Seigneuri(\ 

Le  très  ati'ectueux  serviteur, 


Jean  Cardinal  Simeoni, 


Préfet. 


I.  Masotti,  Secrétaire. 


Monseigneur  l'Archevêque  de  Québec, 


-  «6 


iT.     II. 


LETTRE     PASTORALE 


m 


DES 


EVEQUES    DE    LA    PROVINCE    ECCLESIASTIQUE 


DE 


Q,TJEBEO. 


22  Septembre  1875. 

Nous,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  Saint-Siège  Apostolique, 
Archevêque,  Evoques  et  Administrateur  des  diocèses  de  la  Province  Ei^'lésias- 
tique  de  Québec, 

Au  clergé  sêcidier  et  régulier,  et  à  toux  lex  fidèles  dt  la  dite  Province,  Salut  et  BiUiédirtion 
en  Notre-Seii2;neur, 


Pour  remplir  notre  devoir  de  Pasteurs,  nous  venons,  Nos  Très  Chers  Frères, 
vous  adresser  la  parole  sur  plusieurs  questions  très  importantes  que  diverses 
circonstances  ont  fait  surgir. 

I. 

Pouvoirs  de  l'Eglise. 

Qttimm/ue  vent  être  muvé,  dit  le  Symbole  de  Suint  Athanase,  doit  tenir  la  foi. 
catholique  ;  quicumque  vult  salvus  esse,  necesse  est  ut  leneat  caltiolicam  fideiii.  Et  pour 
arriver  à  la  connaissance  certaine  de  cette  foi  sans  laquelle  il  est  iin/msihtc  de  plaire 
à  Dieu;  sine  fuie  imf)ossilHle  est  placere  Deo  (lloh.  XI.  6.),  il  faut  écouter  l'Eglise 
dans  laquelle  J.  C.  lui-même  enseigne  et  hors  de  laquelle  on  ne  peut  trouver 
qu'erreur,  doute  et  incertitude,  car  elle  est  rE>>iise  du  Dieu  vivant,  la  colonne  et  le 
soutien  delà  vérité;  Ecclesia  Dei  viri,  columna  et  firmament  uni  reritalis  (I.  Tim.  III. 
15).  Elle  a  reçu  mission  d'enaeigner  à  toutes  les  nations  tous  les  commandements  de 
Jésus- Cil rist  ;  Doœle  onines  fientes  servare  oinnia  quœcumque  manduvi  vohis  (Mat. 
XXVIII,  20.). 


—  bT 


Pour  remplir  cette  sublime  et  difficile  mission,  il  fallait  que  l'Eglise  fût 
constituée  par  son  divin  fondateur  sous  forme  de  société  parfaite  en  elle-même, 
distincte  et  indépendante  de  la  société  civile. 

Une  société  quelconque  ne  peut  subsister  si  elle  n'a  des  lois,  et  par  consé- 
quent des  législateurs,  des  juges  et  une  puissance  propre  de  faire  respecter  ses 
lois;  l'Eglise  a  donc  nécessairement  re^-u  de  son  fondateur,  autorité  sur  ses 
enfants  pour  maintenir  l'ordre  et  l'unité.  Nier  «-ctte  autorité,  ce  serait  nier  la 
sagesse  du  Fils  de  Dieu.  Subordonner  cette  autorité  à  la  puissani:e  civile,  ce 
serait  donner  raison  à  Néron  et  à  Dioclétien  (tontre  ces  millions  de  chrétiens  qui 
ont  mieux  aimé  mourir  que  de  trahir  leur  foi  ;  ce  serait  donner  raison  à  l'ilate 
et  à  lîérode  contre  Jésus-Christ  lui-même  ! 

Non-seulent  l'iîglise  est  indépendante  de  la  société  civile,  mais  elle  lui  est 
supérieure  par  son  origine,  par  son  étendue  et  par  sa  fin. 

Sans  doute,  la  so.iété  civile  a  sa  racine  dans  la  volonté  de  Dieu,  qui  a  réglé 
que  les  hommes  vivraient  cil  société  ;  mais  les  formes  d(>  la  société  civile  varient 
avec  les  temps  et  l<\s  lieux  ;  l'Eglise  est  née  du  sang  de  Dieu  sur  le  Calvaire, 
elle  a  reçu  direct<'ment  de  sa  bouche  son  immuable  constitution  et  nulle  puis- 
sani'e  sur  la  terre  ne  peut  en  altérer  la  forme. 

Une  société  civile  n'embrasse  (ju'un  peuple  ;  l'Egli.se  a  reçu  en  domaine  la 
terre  entière;  Jésus-Christ  lui  a  donné  mission  (fensfii^ner  loulcs  les  nn/iomt; 
dorele  ointiex  i^ettlea  (Mat.  XXVIII.  20.);  l'Etat  est  donc  dans  l'Eglise  et  non  pas 
l'Eglise  dans  l'Etat. 

La  Hn  de  l'Eiilise  est  le  bonheur  éternel  des  âmes,  fin  suprême  et  dernière 
de  l'homme  ;  la  société  civile  a  pour  fin  le  bonheur  temporel  des  peuples.  Par 
la  nature  mènu!  des  choses,  la  so  iété  civile  se  trouve  indireclement,  mais  vérita- 
blement, subordonnée  ;  car  non  seulement  elle  doit  s'abstenir  de  tout  ce  qui 
petit  mettre  obstacle  :'»  la  fin  dernière  et  suprême  de  l'homme,  mais  encore,  elle 
doit  aid(T  l'Eglisi'  '  ns  sa  mission  divine,  et  au  besoin  la  protéger  et  la 
défendre.  Et  d'ailleurs  n'est-il  pas  évident  que  le  bonheur  même  temporel  des 
peuples  dépend  de  la  vérité,  de  la  justice,  de  la  morale  et  par  conséquent,  de 
toutes  ces  vérités  dont  le  trésor  est  confié  à  l'Eglise  :?  L'expérience  des  cent  der- 
nières années  nous  apprend  qu'il  n'y  a  plus  ni  repos,  ni  stabilité,  pour  les 
peuples  qui  ont  se.oué  le  joug  de  la  religion  dont  l'Eglise  est  la  seule  véritable 
liardienne. 

Cette  subordination  n'empêche  point  que  ces  sociétés  ne  soient  distinctes  à 
cause  de  leurs  fins  et  indépendantes  «hacune  dans  sa  sphère  propre.  Mais  du 
moment   qu'une  question   toiK'he  à  la  foi  ou  à  la  morale  ou  à  la  constitution 


—  «8  — 

divine  de  l'Eglise,  à  son  indépendaïue,  ou  à  ce  qui  lui  est  nécessaire  pour  rem- 
plir sa  mission  spirituelle,  c'est  à  l'Eg-lise  seule  à  juger,  car  à  elle  seule  Jésus- 
Christ  a  dit  :  Tout  pouvoir  m'a  été /Ion né  dnnt  ft;  i-iel  et  sur  In  terre...  Comme  mon 
Père  m\i  enuoi/é,  ainsi  je  vous  envoie...  Al'ez  flt>nr,  enseignez  toutes  les  nations...  Celui 
qvi  vous  écoute  m'évoute  moi-nie^me,  et  celui  qui  vous  méprise  me  méprise,  et  celui  qui  me 
méprise,  méprise  celui  qui  m'a  envoifé...  Celui  qui  n'écoute  pas  l'Eglise  mérite  détre  consi- 
déré comme  un  païen  et  un  publicuiu  (S.  Mat.  XXVIII.  18  et  1!).  S.  Jean  XX.  21. 
Mat.  XVIII.  17.) 

Mais  en  revendiquant  ainsi  les  droits  de  l'Eglise  catholique  sur  ses  enfants, 
nous  ne  prétendons  nullement  envahir  ou  entraver  les  droits  civils  ds  nos  frères 
séparés,  avec  lesquels  nous  serons  toujours  heureux  de  conserver  les  meilleurs 
rapports  dans  l'avenir,  comme  dans  le  passé.  Les  principes  que  uoits  exposons 
ne  sont  pas  nouveaux  ;  ils  sont  aussi  anciens  que  l'Eglise  elle-même.  Si  nous  le 
rappelons  aujourd'hui,  c'est  que  certains  catholiques  paraissent  les  avoir  mis  en 
oubli. 


II. 


Constitution  de  l'Eglise. 


Le  pouvoir  de  législater  et  déjuger  dan.s  l'Eglise  existe  au  suprèmt^  degr,- 
dans  le  Souverain  Pontife,  le  successu;   de  saint  Pierre,   à  qui  Jésus-Christ  iP 
confié  les  clefs  du  royaume  des  cieux  et  ordonné  de  <onfirmer  ses  frères. 

Les  Conciles  géiuratix  convcxjués,  présidés  et  confirmés  par  le  Pape,  ont  ce 
même  pouvoir. 

Les  Evéqnes  ont  été  établis  par  le  Saint  Esprit  pour  régir  l'Eglise  de  Dieu  ;  Spiritus 
Sanclusposuit  Episcopos  regere  Ecclesiam  Dei  (Act.  XX.  28.);  ils  ont  dans  leurs  diocèses 
respectifs  pouvoir  d'enseigner,  de  commander,  déjuger;  pouvoir  néanmoins 
subordonné  à  celui  du  chef  de  l'Eglise,  en  qui  seul  réside  la  plénitude  de  la 
puissance  apostolique  et  l'infaillibilité  doctrinale.  Prêtres  et  laïques  doivent 
aux  Evêques  la  docilité,  le  respect  et  l'obéissance. 

Chaque  prêtre,  à  (npn  tour,  lorsqu'il  a  reçu  de  son  Evêque  la  mission  de 
prêcher  et  d'administrer  les  seccurs  spirituels  à  un  certain  nombni  de  fidèles,  a 
un  droit  rigoureux  au  respect,  à  l'amour  et  à  l'obéissance  de  ceux  dont  les  inté- 
rêts spirituels  sont  confiés  à  sa  sollicitude  pastorale. 

Tel  est  le  plan  divin  de  cette  Eglise  catholique  que  Jésus-Christ  a  revêtue 
do  sa  i^uissance  ;  telle  est  cette  Hiérarchie  Ecclésiastique  qui,  dans  son  ensem- 
ble admirable,  nous  montre  une  société  parfaitement  organisée  et  capable 
d'atteindre  sûrement  .sa  fin,  qui  est  le  salut  éternel  de  chacun  de  s«>s  innombra- 


—  «J»  — 

blés  eulauts,  île  toute  tribu,  de  toute  langue,  de  tout  peuple  et  de  toute  nation  ;  ex  oinni 
tribu,  et  linguù,  et  populo  et  natione  (Apoc.  V.  9.). 


III. 


Le  libéralisme    catholique. 


L«^  libéralisme  catholique,  dit  Pie  IX,  est  reunemi  le  plus  acharné  et  le 
plus  danî»-ereux  de  la  divine  constitution  de  l'Eglise.  Semblable  au  serpent  qui 
se  glissa  dans  le  paradis  terrestre  pour  tenter  et  faire  déchoir  la  race  humaine, 
il  présente  aux  eniants  d'Adam  l'appât  trompeur  d'une  certaine  liberté,  d'une 
certaine  science  du  bien  et  du  mal  :  liberté  et  science  qui  aboutissent  à  la  mort. 
Il  tente  de  se  glisser  imperceptiblement  dans  les  lieux  les  plus  saints  :  il  fascine 
les  yeux  les  plus  clairvoyants  ;  il  empoisonn  s  les  cœurs  les  plus  simples,  pour 
l>eu  que  l'on  chancelle  dans  la  loi  à  l'autorité  du  Souverain  Pontife. 

Les  j)artiKans  de  cette  ernnir  subtile  concentrent  toutes  leurs  forces  pour 
briser  les  liens  qui  unissent  les  peuples  aux  Evètjues  et  les  Eveques  au  Vicaire 
de  Jésus-Christ,  lis  applaudissent  à  l'autorité  civile  chaque  fois  qu'elle  envahit 
le  sanctuaire  ;  ils  cht^nhent  par  tous  les  moyens  à  induir»;  les  fidèles  à  tolérer, 
sinon  à  approuver,  des  lois  iniques.  Ennemis  d'autant  plus  dangereux  que 
souvent,  sans  même  en  avoir  la  conscience,  ils  favorisent  les  doitrines  les  plus 
perverses,  (juc  Pie  IX  a  si  bien  caractérisées  en  les  appelant  une  ivnriliation 
chimérique  de  la  l'crifé  tirer  l'erreur. 

Le  libéral  catholiqm^  se  rassiare  parce  qu'il  a  .'ncore  certains  prin(;ipes 
«•atholi<iues,  certaines  pratiques  de  piété,  un  certain  fond  de  foi  et  d'attache- 
ment à  l'Eglise,  mais  il  ferme  soigneusement  les  yeux  sur  l'abime  creu.sé  dans 
son  cœur  par  l'erreur  qui  le  dévore  en  silence.  Il  vante  encore  à  tout  venant 
ses  convictions  religieuses  et  s"  lâche  quand  on  l'avertit  qu'il  a  d<>s  principes 
dangereux  :  il  est  peut-être  siiîcére  dans  son  aveuglement.  Dieu  seul  le  sait  ! 
Mais  à  côté  de  toutes  ces  belles  apparences,  il  y  a  un  grand  fond  d'orgueil  qui 
lui  laisse  croire  qu'il  a  plus  de  prudence  et  de  sagesse  (|ue  ceux  à  qui  le  Saint- 
Esprit  donne  mission  et  grâce  pour  enseigner  et  goiwerjier  le  peuple  fidèle  :  on 
le  verra  censurer  sans  scrupule  les  actes  et  les  documents  de  l'autorité  religieu 
se  la  plus  élevée.  Sous  prétexte  d'enlever  la  cause  des  dissensions  et  de  conci- 
lier avec  l'évangile  les  progrès  de  la  soiiété  actuelle,  il  se  met  au  service  de 
César  et  de  ceux  qVj  inventent  de  prétendus  droits  en  faveur  d'une  fausse 
liberté  :  comme  si  les  ténèbres  pouvaient  coexister  avec  la  lumière  et  (-omme  si  la 
vérité  ne  «-essait  pas  d'être  la  vérité  dès  (|u'on  lui  fait  violence,  en  la  détournant 
de  sa  véritable  siguiiicationet  en  la  dépouillant  de  cette  immutabilité  inhérente 
à  sa  nature  ! 


—  70  — 

En  présence  de  cinq  brolis  apostoliques  qni  dénoment  /e  tihcrn/isnie  mlholique 
comme  absolunn'nt  ineompatiMe  avec  la  doctrine  de  l'Eglise,  qixoiqu'il  ne  soit 
pas  encore  formellement  condamné  comme  hérétique,  il  ne  peut  plus  être  per- 
mis en  conscience  d'être  un  libéral  mlliofùjue. 


IV. 


La  politique  catholique. 


Un  des  plus  puissants  irénies  qui  aient  paru  sur  la  terre.  Saint  Thomas 
d'Aquin,  a''délini  In  foi  en  général  :  "  QuîPdam  rationis  ordinatio  ad  bonum 
"  commune  et  ah  eo  qui  cnram  commiinitatis  habel,  promulgata.  La  loi  est  \\n 
"  règlement  dicté  par  la  raison  poixr  le  bien  commun,  et  promulgué  par  celui 
"  qui  a  le  soin  de  la  société.  " 

L'Eglise  catholique  reconnaît  dans  cette  courte  délinilion  tous  les  traits 
d'une  politique  chrétienne. 

Le  bien  mmmun  en  est  la  (in  unique  et  suprême. 

La  raison  doit  être  la  source  de  la  loi.'  La  raison,  c'est-à-dire,  la  conibrmité 
des  moyens  à  employer,  non  seulement  avec  la  Un  à  atteindre,  mais  aussi  ave<; 
la  justice  et  la  morale  ;  la  raison,  et  non  pas  l'esprit  départi,  non  jvas  l'inten- 
tion de  se  maintenir  au  pouvoir,  non  pas  la  volonté  de  nuire  au  parti  opposé. 

L'aufori/é  qui  impose  la  loi  est  i«'i  admirablement  délinitv  Le  Saint-Esprit 
nous  la  représente  souvent  comme  portant  le  slaivi'  et  prête  à  i'rai>per  quicon- 
que refuse  de  lui  rendre  honneur,  crainte  et  tribut  ;  c'est  ainsi  (qu'elle  doit 
apparaître  aux  peui)les.  comme  niiiiisfre  des  reni<riiNres  de  Dieu  contre  ceux  (jui foui  le 
mal;  Dei  minisfer  est,  rindex  in  iram  ei  (/ui  undum  uixit  (Kom.  XIII.  4.)  Mais  notre 
Saint  Docteur  considérant  l'autorité  dans  la  personne  qui  en  est  revêtue,  lui 
trace  ses  devoirs  en  même  temps  qu'il  délitiit  ses  droits:  "  A  vous,  ô  princes,  ô 
''  législateurs,  a  été  coniié  le  soin  de  la  société  ;  qui  curam  soc.iehdis  liahel  :  ce  n'est 
"  pas  pour  contentt'r  votre  ambition,  voue  soif  des  honneurs  et  des  richesses, 
"  que  l'autorité  a  été  donnée  :  c'est  une  charge,  une  obligation,  un  devoir  qui 
''  vous  est  imposé.  " 


Politique  vraiment  divine  !  Oh  !  qu'elle  laisse  bien  loin  derrière  elle,  cette 
fausse  et  souverainement  déraisonnable  politi(jue,  qui  'lait  des  plus  graves 
intérêts  d'un  peuple  comnuî  un  jouet  d'enfant  avec  lequel  des  partisans  aveu- 
gles cherchent  à  s'amuser,  à  s'enrichir,  à  se  supplanter  mutuellement  ' 

Ix)in  de  nous  la  pensée  de  méconnaître    les  avantages  du  régime  constitu- 


-71  — 

tionnel  cousidéré  en  lui-même,  et  par  coUBéqueiit,  l'utilité  de  wh  distinctions 
de  partis,  qui  se  tiennent  les  uns  les  autres  en  éehee  pour  signaler  et  arrêter  les 
écarts  du  pouvoir.  Ce  que  nous  déplorons,  ce  que  nous  condamnons,  c'est  l'abus 
que  l'on  en  fait  ;  c'est  la  prétention  que  la  politique  réduite  aux  mesquines 
et  ridicules  proportions  d'intérêts  de  parti,  devienne  ta  rè'^le  SHjtT'^me  de  toute 
administration  publiqxie,  que /ow/ .sot/  fH»tr  le  fiarti  et  rien  itonr /e  bien  romnniti; 
rien  pour  rel/e  soriefé  tlont  on  a  le  soin.  Ce  que  nous  condamnons  encore,  c'est  que 
l'on  se  permette  de  dire  et  d'oser  tout  ce  qui  peut  servir  au  triomphe  d'un 
l^arti.  Préfet  l'oreille  <i  ineit  juirolex,  dit  le  Saint-Esprit  (Sagesse  VI).  iw/s  (/ui  gouver- 
nez In  mnlldiide,  ronsit/érez  (/ne  vous  avez  reçu  la  puissanee  du  Très-Haut,  qui  interrogera 
vos  fcuvres,  scrutera  même  vos  pensées  ;  parce  f/u  étant  les  ministres  île  son  roi/aume,  vous 
navez  pas  fi'ardé  la  loi  de  la  Justice,  ni  marché  selon  sa  volonté.  Aussi  viendra-t-U  à  vous 
d'une  manière  efroynhle  futur  vous  fu'^er  avec  une  e.rtréme  rifr-ueur. 


Le  rôle  du  clergé  dans  la  politique. 


Des  hommes  qui  veulent  a'ous  tromper.  Nos  Très  Chers  Frères,  vous  répè- 
tent qutî  la  religion  n'a  rien  à  voir  dans  la  politique  ;  qu'il  ne  faut  tenir  aucun 
compte  des  principes  religieux  dans  la  discussion  des  affaires  publiques  ;  que  le 
clergé  n'a  de  fonctions  à  remplir  qu'à  l'église  et  à  la  sa<ristie  et  que  le  peuple 
doit  en  politi(|ue  pratiquer  l'indépendance  morah;  ! 

Erreurs  monstrueuses.  Nos  Très  Chers  Frères,  et  malheur  au  pays  où  elles 
viendraient  à  prendre  raine!  fin  excluant  le  clergé,  on  exclut  l'Eglise,  et  en 
mettant  de  côté  l'Eglise,  on  se  prive  de  tout  (!e  t|u'elle  renferme  de  salutaire  et 
d'immuable  :  Dieii,  la  morale,  la  justice,  la  vérité,  et  quand  on  a  fait  ainsi  main 
basse  sur  tout  le  reste,  on  n'a  plus  à  compter  qu'avec  la  force! 

Tout  homme  qui  a  son  salut  à  cœur  doit  régler  ses  actes  selon  la  loi  divine 
dont  la  religion  est  l'expression  et  la  gardienne.  Qui  ne  comprendra  quelle 
justice  et  quelle  rectitude  régneraient  partout,  si  les  gouvernants  et  les  peuples 
avaient  toujours  devant  les  yeux  cette  loi  divine  qui  est  l'équité  même,  et  «e 
jugement  formidable  qu'ils  auront  à  subir  un  jour  devsnt  celui  au  regard  et  au 
bras  de  qui  personne  ne  saurait  ét^happer  f  Les  plus  grands  ennemis  du  peuple 
sont  donc  ceux  qui  veulent  bannir  la  religion  de  la  politique  ;  car  sous  prétexte 
d'affranchir  le  peuple  de  ce  qu'ils  appellent  la  tyrannie  du  prêtre,  Vinfiuence  indue 
du  prêtre,  ils  préparent  à  ce  même  peuple  les  chaînes  les  plus  pesantes  et  les 
plus  difficiles  à  secouer  :   ils  mettent  la  force  au  dessus  du  droit  et  ôtent  à  la 


iZ  — 


piiissaniM»  civil»'   le  sml  frfin   iiionil  (pii   piiisst*  l'oiiijx'thtT  de  <l<''ij«''uéror  on 
<lesi)oti.siiu>  et  en  tyrannie  ! 

On  vent  reléunî^r  le  prêtre  (ItiiiK  la  sacristie  ! 

Pourquoi  '.  Est-ce  parce  qu'il  a  pnisé  dans  ses  études  des  noti(»ns  saines  et 
certaines  sur  les  droits  et  les  devoirs  de  chacun  des  fidèles  confiés  à  ses  soins  '. 
Est-ce  parce  qu'il  sacrifie  ses  ressources,  son  temjis.  sa  santé,  sa  vie  même  pour 
le  bien  de  ses  semhlaldes  :" 

N'est-il  pas  citoyen  au  même  titre  (|Ue  les  autres  i  Eh  quoi  !  h'  premier  v«'nu 
peut  écrire,  parler  et  agir  ;  on  voit  quelqiiel'ois  afilner  vers  un  comté,  ou  une 
poroissse,  des  étrani^ers  (pii  viennent  pour  y  l'aire  i)révaloir  leurs  opinions  poli- 
tiques :  seul  le  prêtre  ne  pourra  i)arler  et  écrire  !  il  sera  permis  à  (juiconque  le 
A'eut  de  venir  dans  une  paroisse  débiter  toutes  sortes  de  principes,  et  le  prêtre 
qui  est  au  milieu  de  ses  enlants  n'aura  aucun  droit  de  i>arler,  aucun  droit  de 
protester  contre  les  énormités  (|u'on  leur  apjwrte  ! 

Tel  (jui  aujourd'hui  <rie  très  fort  (juc  le  prêtre  n'a  rien  à  voir  dans  la  poli- 
tique, troitvait  na«iuér«'  cette  iniluence  salutaire;  tel  qui  nio  aujourd'hui  la 
compétence  du  cleri^é  dans  ces  (piestions  exaltait  jadis  la  sûroté  «le  princii)es 
que  donne  à  un  homme  l'étude  de  la  morale  chrétiejine!  D'où  vient  ce  chana'e- 
ment,  sinon  de  ce  qui^  l'on  sent  ai>ir  contre  soi  cette  infiuencc  (pie  l'on  a  la 
conscience  de  ne  plus  mériter  " 

Sans  doute,  N.  T.  ('.  K.,  l'exercice  de  tous  les  droits  de  citoyen  par  un  prê- 
tre n'est  pas  toujours  oi)portun,  il  peut  même  avoir  ses  inconvénients  et  ses 
dangers;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  (pie  c'est  àll'Eiilise  seule  qix'il  appartient  de 
donner  à  ses  ministres  les  instructions  (pi'elle  jtige  convenables,  et  à  reprendre 
ceux  qui  s'en  écartent,  et  les  évêques  (h;  trctte  Province  u'(jnt  pas  uian(jué  à 
leur  devoir  sur  ce  point. 

Jusqu'ici  nous  avons  considéré  le  prêtre  comme  citovi^n  en  parlant  politi- 
que en  sou  propre  et  privé  nom,  c«iii»iae  tout  autri'  membre  de  la  société  civile. 

Y  a-t-il  des  questions  où  l'Evêque  et  le  prêtre  puissent,  et  même  (piehiue- 
fois  doivent  intervenir  au  nom  de  la  rtdiuion  '. 

Nous  répondons  sans  hésitation  :  Oui.  il  y  a  des  (^uesti(ms  jwlitiques  où  le 
clergé  peut  et  même  doit  intervenir  au  nom  de  la  religion  La  règle  de  ce  droit 
et  de  ce  devoir  se  trouve  dans  la  distinction  m(>me  que  nous  avons  (h'-jà  signa- 
UV,  entre  l'Eglise  et  l'Etat. 

Il  y  a  en  eflet  des  questions  politiques  qui  touchent  aux  intérêts  spirituels 
des  âmes,  soit  parce  (|u'elles  ont  rai)port  à  la    loi  ou  à  la   morale,   soit  jiarce 


-  Ta  - 

qu'elles  peuvent   all'ei-ter  la  lil>erté,    riiulépeiKluiue  ou   l'existenc»'  de  l'EgliKe, 
même  soun  le  rapport  temporel. 

Il  i>eut  se  présenter  un  etindidut  dont  le  programme  soit  hostile  à  l'Hiçlise, 
nu  bien  les  ant«'*eédents  soient  tels  cpie  sa  candidature  soit  une  menace  pour  <es 
mêmes  intérêts. 

De  même  un  parti  politi(ju«*  peut-être  jugé  dani,'ereux,  non  seulement  par 
son  proy^rainme  et  par  ses  antécédents,  mais  encore  par  les  programmes  et  les 
antécédents  particuliers  de  ses  chels,  de  ses  principaux  membres  et  de  sa  presse, 
si  ce  parti  ne  les  désavoue  point  et  ne  se  sépare  point  délinitivement  d'eux, 
dans  le  cas  où  ils  persistent  dans  leur  erreur  après  en  avoir  été  avertis. 

Dans  ces  cas,  un  catholitiue,  peut-il,  sans  renii^r  sa  foi,  sans  se  montrer  hos- 
tile à  l'Eiilise  dont  il  est  membre,  un  catholi(jue,  peut-il,  disons-nous,  refuser  à 
l'Hs^lise  le  droit  ih'  se  défe"  're,  ou  plutôt  de  défendre  les  intérêts  spirituels  des 
Ames  ([ui  lui  sont  conliées  !  Mais  l'Eglise  parle,  agit  et  combat  par  son  clergé,  et 
refuser  ces  droits  au  clergé,  c'est  les  refuser  à  l'Eglise. 

Alors  \o  prêtre  et  l'Evêque  peuvent  eu  tout»  justice  et  doivent  en  toute 
«conscience  élever  la  voix,  signaler  le  danger,  déclarer  avec  autorité  que  voter 
en  tel  sens  est  un  péché,  que  faire  tel  acte  expose  aux  censures  de  l'Eglise.  Ils 
peuvent  et  doivent  parler  non-s«'ulement  aux  électeurs  et  aux  candidats,  mais 
même  aux  autorités  constituées,  car  le  devoir  d«'  tout  homme  qui  veut  sauver 
son  àme,  est  tracé  par  la  loi  divine  ;  et  l'Eglise,  comme  une  bonne  mère  doit  à 
tous  ses  enfants,  de  quelque  rang  <ju'ils  soient,  lamour,  et,  par  conséquent,  la 
vigilance  spirituelle.  Ce  n'est  donc  point  convertir  la  chaire  en  tribune  politi- 
que que  d'éclairer  la  «"onscience  des  lidèles  sur  toutes  ces  questions  où  le  salut 
se  trouve  intéressé. 

Sans  doute,  N.  T.  ('.  F.,  de  semblables  questions  ne  se  présentent  pas  tous 
les  jours;  mais  le  droit  n'en  est  pas  moins  certain. 

Il  est  évident,  par  la  nature  même  de  la  «juestion,  qu'à  l'Eglise  seule  doit 
appartenir  l'appréciation  de.s  circonstances  où  il  faut  élever  la  voix  en  faveur 
de  la  foi  et  de  la  morale  chrétienne. 

L'on  objectera  peut-être  (|VH'  le  prêtre  est  exposé  comme  tout  homme  à 
déjjasser  la  limite  qui  lui  est  assignée  et  qu'alors  (c'est  à  l'Etat  à  le  faire  rentrer 
dans  le  devoir.  •  ^^ 

A  cela  nous  répoudrons  d'abord  que  c'est  faire  gratuitement  injure  à  l'Egli- 
se entière  qiie  de  supposer  qu'il  n'y  a  jias  dans  sa  hiérarchie  un  remède  à 
l'injustice  ou  à  l'erreur  d'un  de  ses  ministres.  En  effet,  l'Eglise  a  ses  tribunaux 
régulièrement  constitués,  et  si  quelqu'un  croit  avoir  droit  de  se  plaindre  d'un 
ministre  de  l'Eglise,  ce  n'est  pas  au  tribunal  civil  qu'il  doit  le  citer,  mais  bien 


'■'1 


_  71  — 

au  «rihunivl  t'ccIt'KiiisticjU»',  seul  cuiiipftt'iit  à  Juift-r  la  (lortriiic  cl  Ick  actcK  «lu 
l'nMrc.  Voilà  ponrciuoi  l'ic  IX,  duiiN  nu  Imllc  A/iosfolinr  Stf/is,  octobrt'  IKH!), 
(l(''('lan'  frappt's  d'unt'  excommunication  majeure  ceux  (jui  ol)liyent  directement 
les  Juges  laïques  à  citer  devant  leur  tribunal  les  personnes  ecclésiastifiues, 
contre  les  dispositions  du  droit  canoni(jue. 

Kn  second  lieu,  ([ixand  llitat  envahira  les  droits  de  TEulise.  l'oulera  aux 
pieds  ses  privilèges  les  plus  sacr»''8,  comme  cela  arrive  aujourd'hui  en  Italie,  en 
Allemai^ne  et  en  Suisse,  jie  serait-ce  pas  le  comhie  de  la  dérision  <|u»'  de  donner 
à  ce  nn^'uie  Etat  le  <lroit  de  bâillonner  sa  victime  f 

Kn  troisième  lieu,  si  Ion  pose  en    princii>e  qu'un   ])ouvoir  n'existe   pas 
parce  (ju'il  peut  arriver  (jue  quehju'un  en  almse.  il  i'audiii  nier  t<ms  les  i)ouvoirN 
i'ivils.  <ar  tous  ceux  «[ui  on  sont  revêtus  sont  faillibles. 


VI 


La  presse  et  ses  devoirs. 


Dans  notre  siècle,  la  j)resse  joue  un  rôle  dont  on  ne  peut  .se  dissimuler 
l'importance  povir  le  bien  comme  pour  le  mal.  L'ICulise  ne  saurait  demeurer 
spectatrice  indiH'érente  de  ces  luttes  journalières  qui  se  lont  soit  dans  les  livres, 
soit  dans  les  journaux.  Ces  écrits  que  la  presse  éterniise  en  (juelque  sorte  et 
Jette  aux  quatre  vents  du  ciel,  .sont  bien  autrement  l'é»  ouds,  pour  l'édilicalion 
ou  le  scandale,  qu'une  parole  prescju'aussitôt  ouliliée  qu'entendue  j)ar  un  petit 
nombre  d'auditeurs.  Honneur  et  nloire  à  ceS"  et  ri  vain  s  catholi.j'.ies  qui  se  pro- 
posent aAant  tout  de  propager  (>t  de  défendre  la  vérité  ;  qui  approfoiulissent 
avec  un  soin  scrupuleux  les  questions  importantes  qu'ils  sont  api)elés  à  traiter  ! 
Mais  que  répondront  au  Soixverain  .lu<>'e  les  écrivains  pour  (jui  la  politique 
telle  qu'ils  l'entendent,  c'est-à-dire  l'intérêt  de  leur  parti,  est  la  rèyle  suprême; 
qui  voudraient  faire  dt?  cette  Epouse  du  Christ,  la  vile  esclave  de  C-ésar  ;  (jui 
négligent  ou  même  méprisent  les  avis  de  ceux  <jixi'  Jésus-Christ  a  chargés 
d'enseigner  les  vérités  de  la  religion  ! 

Les  devoirs  de  la  presse,  tels  que  tracés  par  notre  dernier  Concile  de  Qué- 
bec, peuvent  se  résumer  ainsi  :  1*^  Traiter  toujours  ses  adversaires  avec  charité, 
modératiÉlfet  respect,  car  le  zèle  pour  la  vérité  ne  saurait  excuser  aucun  excès 
de  langage  ;  2o  Juger  ses  adversaires  avec  impartialité  et  Justice,  comme  on 
voudrait  être  jugé  soi-même;  3o  ne  point  se  hâter  de  condamner  avant  d'avoir 
bien  examiné  toutes  choses  ;  4o  prendre  en  bonne  part  ce  qui  est  ambigu  ;  5o 
éviter  les  railleries,  les  sarcasmes,  les  suppositions  injurieuses  à  la  réputation. 
l'.'s  a'<'Usations  mal  fondées,  l'imputation  d'intention  que  Dieu  seul  connaît. 


-75  — 

Ce  qm.'  l'Eglise  n'a  point  londamiié,  on  peut  l)i»'n  le  (•(•nibuttrf.  mais  non 
pUN  le  mal  noter. 

(^uand  il  s'agit  des  autorités  K<rlésiasti(|UeN  ou  Civiles,  le  langage  doit 
toujours  être  convenable  et  respectueux. 

Il  ne  faut  pas  traduire  devant  le  trihuiuil  incompétent  de  l'opinion  puhli- 
<|ue  des  établissements  dont  h's  Evé(pies  sont  les  protecteurs  et  les  juges  natu- 
rels. 

Ajoutons  que  le  prêtre,  et  à  plus  i'orte  raison.  l'Evécpie  dans  l'exercice  de 
son  ministère,  nè'st  pas  justiciable  de  l'opinion  publique,  mais  de  ses  seuls 
supérieurs  hiérarihi([ues.  Si  quelqu'un  croit  avoir  droit  de  se  plaindre,  il  peut 
toujours  le  faire  devant  ceux  qui  ont  droit  de  lui  rendre  justice  ;  du  prêtre  on 
peut  appeler  à  l'Evêque,  de  celui-ci  à  l'Archevêque  et  de  rArchevê(|ue  au  Sou- 
v(ïrain  l'ontif'e  ;  mais  il  ne  peut  jamais  être  permis  de  répéter  sur  les  journaux 
les  milles  (;t  mille  bruits  que  les  excitations  politiques  font  {surgir  comme  les 
vagues  d'une  mer  eu  furie. 

Il  ne  faut  pas  non  plus  oublier  que  si  les  lois  parti«ulières  faites  par  un 
Evèque  n'obligent  pas  eu  dehors  de  son  diocèse,  les  principes  qu'il  expose  dans 
ses  lettres  pastorales  sont  de  tous  les  temps  et  de  tous  les  lieux.  8i  quelqi\'un, 
ec^'lésiastique  ou  laïque,  se  croit  en  droit  de  ne  pas  écouter  la  voix  d'un  pasteur 
qui   n'est  pas  le  sien,  il  n'a  pas   le  droit  pour  cela  de  le  critiquer  et  de  le  juger. 


Vil 


Du  Serment. 


En  entrant  dans  l'exercice  de  leur  charge,  les  fonctionnaires  publics  sont 
tenus  à  prêter  ce  <ju'on  appelle  un  aennent  (f(if/ice.  Ils  promettent  solennelle- 
ment, en  présence  de  Dieu  Tout-Puissant,  de  remplir  avec  exactitude  certains 
devoirs  qui  leur  sont  imposés.  Ce  n'est  pas  une  vaine  formule,  une  promesse 
vide  de  sens,  mais  une  obligation  des  plus  graves  et  qui  dure  aussi  longtemps 
<iue  l'on  est  eu  office.  Ce  doit  être  l'objet  d'un  examen  de  conscience  spécial  et 
sérieux  quand  on  se  prépare  à  s'approcher  des  sacrements. 

Si  l'on  doit  respecter  le  serment  eu  soi-même,  on  ne  doit  pas  moins  le  res- 
pecter dans  les  autres.  Nous  saisissons  cette  occasion  pour  cendamuer  comme 
une  impiété  et  une  espèce  de  scandale  la  pratique  de  certains  hommes  de  loi 
qui,  poTir  les  besoins  de  leur  cause,  ne  «-raignent  point  de  transquestionner  les 
témoins  jusqu'au  point  de  les  embrouiller  et  de  les  faire  contredire  et  parjurer. 


:| 


iC — 


Il  lu-  sullit  jms  (lu'nn»'  cimsc  soit  homi»'  ;  il  fiiiit  (|u»'  les  luoyiis  t'inployi'N  pour 
la  fiiirt'  triiimphi-r  soient  tonl'oruit's  aux  relies  imiiiual)l«'s  de  la  vérité,  df  lu 
justicf  »»t  tli'  la  charité 


Vin 


De  la  Sépulture  ecclésiastique. 


La  séf/itffitrr  ffc/i-iiiixtii/Hf  n'a  pas.  sans  douli',  le  nicnn'  d<'<»-r4  df  saiiUrté  qun 
les  sucroincnts,  mais  «dit-  n'en  appartient  pas  moins  toute  entier»!  et  unicpiement 
au  ju^'ement  de  l'Kirlise  Nous  voulons  parler  de  lu  sr/nilfiire  Hcih'sins/it/iif;  telle  «pie 
définie  et  réi^lée  i)ai  les  lois  lanonicjues,  r'est-à-dire,  non-seulement  les  prières 
et  les  rites  reliy-ieux  qui  accompaiiHent  les  lunérailles,  mais  aussi  le  lieu  saueti- 
tilié  et  consacré  spécialement  j>ar  des  prières  et  des  hénédictions,  pour  la  sépul- 
ture de  i-eux  qui  meurent  dans  la  paix  de  l'Eiilise  cath(»li(|ue. 

Ntxlle  puissance  temporelle  ne  peut  i)rescrire  à  ri'ii>lise  de  venir  prier  sur 
la  tombe  d"uu  mort  qu'elle  a  Juyé  indiuiie  de  ses  prières;  c'est  un  attentat 
sacriléije  que  de  violer  par  la  i'orce  la  sainteté  de  la  terre  consacrée  par  les  priè- 
res i't  les  bénédictions  de  ri''i>'li>*»*- 

On  dira  peut-être  (jue  la  privation  des  honneurs  de  la  sépulture  ecclésiasti- 
que emporte  une  dégradation  et  une  inl'amie,  et  (ju'ainsi  considérée  «die  est  du 
ressort  de  l'autorité  civile  chargée  de  protéger  l'honneur  des  citoyens. 

Nous  répondons  que  le  déshonneur  et  l'infamie  sont  plutôt  dans  la  révol- 
te d'un  enl'ant  contre  sa  mère  et  (pie  rien  ne  peut  laver  la  tache  d'une  désobéis- 
sauce  grave  qui  persévère  jus(pi'à  la  mort.  Tous  les  procès,  tous  les  appels, 
toutes  les  sentences  du  monde,  ne  i'erout  que  doniu'r  un  plus  graïul  retentisse- 
ment à  la  faute  et  rendre  la  dégradation  et  l'infamie  plus  notoires  et  plusdéj^lo- 
rables  aux  yeux  des  vrais  catholi<iues. 

./t'SWA-C/tmV,  dit  r  Apôtre  S.  Paul,  a  ai  in  é  son  l'Jiilise  et  s'est  firré  fni-niènie  />oiir 
elle  (Eph.  V.  20).  A  l'exemple  de  notre  divin  Maître  et  Modèle,  rien  ne  doit 
nous  être  plus  cher  eu  i-e  monde  (jue  cette  même  ICglise,  dont  nons  sommes  les 
membres  sous  un  même  chef  qui  est  Jésus-Christ.  Elle  est  notre  mère,  puis- 
qu'elles nous  a  engendrés  à  la  vie  de  la  grâce,  nous  devons  l'aimer  d'un  amour 
filial,  nous  réjouir  de  ses  triomphes,  partager  ses  tristesses  et  au  besoin  élever 
la  voix  pour  la  défendre.  Quand  donc  nous  voyons  sa  liberté  et  sa  dignité  mé- 
connues, il  ne  peut  être  permis  à  ses  enfants,  et  encore  moins  à  ses  pasteurs,  de 
garder  un  silence  qui  équivaudrait  à  une  trahison. 

La  sainte  Eglise  Catholique,  fidèle  "aux  enseignements  de  son  Divin  Maî- 
tre, apprend  à  ses  enfants  à  rendre  à  César  ce  qui  est  à  César  et  à  Dieu  re  qui  est  a 
Dien  (Matt.  XXII.  21.)  Elle  leur  répète  avec  le  grand  Apôtre  :   Reniiez  ù  chacun  re 


t  « 


t/Hi  lui  fsf  tlft  ;  Ir  tiibiil  n  t/iii  If  fn'hiif .  t'iiii/iôf  li  qui  l'iiiipAI  .  hi  nuinilf  l'i  qui  ht  nninlf , 
riiittiiirur  II  ijin  riuuiiit'ur  (IJuiii.  XIII,  7  )  ('••  <li'Voir  de  justit'  et  «If  icspi'ct  (nrdlf 
III'  (('s.st'  (II-  j)r()i  IiiiinT.  t  H»'  il  plu.»  que  pcrsiiiiiK'  If  droit  d'nUfiitln'  (ju'oii 
l'iici  (iiiiiiiiia  à  son  rgard  et  tju'oii  rnidra  a  l'ICulis*'  de  iJiiu  i  c  <|ui  est  à  l'I'jU'liKt» 
dt'  IHcii. 

Or,  N.  T.  ('.  K.,  nous  devons  li- dip'  avec  <loulfUr,  une  atiain-  triistt'iiU'Ut 
crlchrt'  nous  prouve  «pif  rj'îulisf  Calholitpif  du  Caiiiulii  cnI  nicnaiiS' dans  sa 
liberté  et  ses  droits  les  plus  pn'-eieux.  l']t  ee  (pli  iiiel  |e  ( omble  à  notre  allliction. 
e'tjst  (|Ue  rii'^lise  peut  dire  eouillli'  le  prophète  ;./'// //o/o//  i/t-' riifiitits,  /r  hs  ni 
iDiiiblrs  ilr  hini'iiih  il  ils  iii'oiil  iin/irisr  .  HUds  vniilrivi  il  i:iiilliit'i,  i/isi  initnii  s/iriri'iiiiil 
nir  (Isaie  1,  '2)  !  Les  premiers  auteurs  de  eet  attentat  ont  et»''  élevés  sur  les 
ireiioux  «l'une  more  <  atholi(jue,  ils  se  sont  assis  dans  h'ur  enriuiee  à  la  table 
saiiih',  ils  ont  reyn  le  i  ara»  tère  inellaviibK'  de  la  ( onlirmation,  ot  encore  aujour- 
d'hui, maltiré  leur  ré\«,ite.  ils  se  disent  catholicjUes  pour  avoir  le  droit  de  l'aire 
ouvrir  par  la  f"ore«>  l'entrée  d'un  cimetière  consacré  par  les  prières  de  l'En-lise  et 
«lestiné  par  elle  à  la  sépultun'  de  ses  enfants  lidèlcH. 

l'our  défçuiser  cette  usurpation  criminelle  on  a  invo(jué  les  prétendues 
/ihcrtés  fiiillirnnes,  comme  si  l'unité  catholicpie  l'ondée  par  Jésus-Christ  sur  l'auto- 
rité sui)rème  de  Pierreet  de  ses  suc( oseiirs,  n'était  <pi'un  vain  nom  !  Qu'est-ce  eu 
ell'et  (ju'une  autorité  (ontre  hupielle  il  sera't  permis  au  sujet  do  se  pourvoir  en 
invocjuant  ses  lilxrlijs  !  (^uel  prince,  (juelle  républicpie  voudrait  reconnaître  un 
l)areil  i)rinci])e  invoqué  par  une  i>rovince,  maluré  les  déclarations  cent  l'ois  répé- 
tées de  la  constitution  et  des  tribunaux  suprêmes  de  l'é.at  ^ 

Qui'  ceux  qui  sont  en  «lehoi.>  de  l'ivjlise  trouvent  de  pareils  principes  bons 
et  admiraldes,  nous  ne  pouvons  noixs  en  étonner  ;  car  ils  ne  croient  pas  à  cette 
autorité  qui  l'ait  le  fondement  de  l'Iilalise  catholitjue.  Mais  que  des  hommes  qui 
osent  encore  se  dire  enfants  de  l'Eulise  en  méconnaissant  jusqu'à  ce  point 
l'enseiii'nement  et  la  hiéran  hie,  c'est  une  incoïK.'evable  erreur. 

Ceux  qui  ont  commencé,  soutenu,  ou  eiicourai^é  par  leurs  souscriptions,  cet 
inipialiliable  attentat  i-ontre  les  droits  les  i)lus  certains  de  l'Eglise,  nous  les 
tenons  pour  coupal)les  d'une  révolte  ouverte  contre  l'Eg'Hse  et  d'une  grave 
injustice  dont  ils  ne  peuvi-nt  recevoir  le  i)aiilon,  s'ils  ne  s'efforcent  de  la  réparer 
par  t:>us  les  moyens  eu  leur  pouvoir. 

Nous  invitons  tous  les  vérital)les  enfants  de  l'Eglise  à  demander  au  Cœur 
Divin  de  Notre-Seigneur  d'avoir  j)itié  de  ceux  qui  se  sont  ainsi  égarés  des  sen- 
tiers de  la  foi  et  de  la  justice,  afin  que  reconnaissant  leur  péché  et  le  réparant 
ils  obtiennent  miséricorde. 


f* 


•i 


—  78  — 

Tels  sont,  N.  ï.  ('.  1'..  K's  avis  inipoitants  qui!  nous  croyons  devoir  vous 
donner  dans  les  cirtonstaïues  a 'tuelles. 

Déliez- vous  surtout  de  «e  libéruUsme  qui  vevit  se  décorer  du  beau  nom  de 
rtttholiqiie  pour  accomplir  plus  sûrement  sou  œuvre  criminelle.  Vous  le  recon- 
naitrez  ■acilement  à  la  peinture  qu'en  a  laite  souvent  le  Souverain  Pontife  : 
1»  Etions  pour  asservir  l'Eglise  à  l'Etat  ;  2"  tentatives  incessantes  pour  briser 
les  liens  qui  unissent  les  Enfants  de  l'Eg-lise  entre  eux  et  avec  le  clergé  :  3*^  al- 
liau'i  monstruexise  de  la  vérité  ave.-  l'erreur,  sous  prétexte  de  concilier  toutes 
choses  et  d'éviter  des  conflits  ;  4o  enfin,  illusion  et  quelquefois  hypocrisie,  qui 
sous  des  dehors  religieux  '•'  'e  belles  protestations  de  soumission  à  l'Eglise, 
<;-i'hi   un  orgueil  sans  mesure. 

8ouvene/^-vous  ([ue  la  véritable  politique  chrétienne  n'a  qu'un  but  qui  est 
le  !neM  /iiiblir,  (ju'un  seul  iiioi/e^  qui  est  la  cf)nformité  parfaite  des  lois  avec  la  vé- 
rité Cl  la  justii-e.- 

^  -  Respectez  le  serment  comme  un  acte  i  -ligieux  de  grande  importance  :  avant 
>l:  le  pieiei-,  examinez  bien  si  la  formule  est  vraie  «'u  tous  points  au  meilleur 
de  votre  connaissance  :  accomplissez  scrupuleusement  les  devoirs  de  votre  ser- 
ment d'otfice  et  gardez-vous  d'induire  votre  prochain  au  parjure. 

Sera  le  iM'ésent  mandement  lu  et  publié  au  prone  de  toutes  les  églises  et 
(d\apelles  de  paroisses  et  de  missions  où  se  fut  l'OlRo  public,  le  premier 
dimanche  après  sa  réception. 

« 

Donné  sous  nos  signatures,  le  sceau  de  l'Archidiocese  et  le  contre-seing  du 
secrétaire  de  l'ArcheA-èché,  le  ving-deux  septembre  mil  huit  cent  soixante- 
quinze 

t    E.  A.  .VU("H.  n!3  QUÉBEC. 

t    Ï0-.  EV.  DE  .MONTKÉAL, 

t    L.  F.  EV.  DES  TUOIS-KIVIKRES, 

t   JEAN  EV.  1)K  S    (K  DIÎ  UIMOrsKI, 

t    E.  C.  EV.  DE  (HUTlANOl'OMS, 

t  ANTOINE,  i':v.  DE  sHEUimooicE,  • 

t   J.  THOMAS  EV,  D'OTT.VWA, 

L.  Z.  MOKEAU  l'TKE.  ADM.  DE  S,  HYACINTHE, 

Par  Messeigiunivs. 

C.-A.  Collet,  Ptre. 

Secrétaire. 


- 


79 


osr.  III, 


CirruldixL  iks  Errijiirs  //>;  lu  l'niri/ne  rrilvMitnlique  dv.  Qiiéher 
au  rlers«:  (/*'  la  ilile  l'roi'ince. 


■22  S('iitoiii1)vo  IHTô. 


Mi:ssiKri!s, 


Apres  avoir  lulrcssc''  mux  l""i(li'li's  (|ui  .Vous  sont  (;ûufu''s,  les  iMstrrtftions  et 
U'.s  îivis  (juc  in''C('!ssi.sU'nt  les  cir' oustaiircs  où  nous  nous  trouvons,  Xous  croyonn 
cK-  nolri'  devoir  de  douiicr  aussi  au  licriiv  dcts  rciilt's  de  condtiilc  (|ui  puissent 
le  diriiicr  au  milieu  des  dilli   ultés    di'  l'iieure  ])résente. 

Avant  tout,  Xous  insisterons  sur  l'union  (jui  doit  réiiiu'r  entre  tons  les 
nu'Uibres  de  l'ordre  sa  crdotid.  Cette  harmonie  l'era  notre  i'oree  dans  Tavenir 
eonime  elle  Tu  t'aiti'  i)ar  le  [)assé.  (""est  à  elle  (jue  l.'  cleriré  «loit  en  'j'rande  jiartie 
la  salutaire  inihlence  (ju'il  exerfe  sur  le  peuple.  Fuis  lotis  eilsi'mhle  de  ru>ur 
et  d'esprit,  de  selllimenls  et  de  pensées.,  sous  la  direction  de  ses  .  Iiefs.  les  prê- 
tres l'orment  comme  un  tout  eomi)let,  lioniou'eue  et  in<livisiltle,  (omme  une 
phalan'4'e  imp^'nélrahle  et  invincihle:  ^'  /(t  cits/rorinn  «irit-x  ori/iii'i/u  "  (Caiit.  \  1.  '.*.). 
Dans  la  vcritiihle  l'^iilise  seule  })eut  ainsi  exister,  non  seulement  l'unité  de  Foi, 
mais  eni'ore  runité  de  discipline  :  "•  ()/)srn'ii/ilifi  ciiiui  lidfc  im/nhi,/  es/  /rsscni  /ilioniDi 
Eiclrsid','  nous  dit  l'immortel  l'ie  1\.  Cette  helie  iinioii  scidc  iloiine  a  l'ivi'lise 
la  puissance  de  rei>ousser  la  i'ureur,  la  ruse  et  l'auda  c  de  ses  ennemis:  "  ijsd 
(■nii<lihnl  ii/i'.r/)ii^-/iiihîl(;ni  riiii  iil.tiii  iinilulis,  (/iiir  suht  n-liin/rri'  />iii('^/  osur/ini  lili/is  fitra- 
mii,  (lolinii,  iiii'/in'iiiii.  "  Voilà  aussi  pourcjuoi  l'Aputrc  S.  Paul  nous  dit  ;  (^iidiI  fi 
ifiriri'iii  i/i(ir</r/is  et  (\niif//i/is.  rir/i/r  iir  ah  iiiricrin  (■<ii/s/niiiiiiu'//i  ((ial.  \  .   !")). 

.Vl)  !  messieurs,  le.s  adversaires  du  C'!eri>v  et  de  la  Keliiiion  l'ont  hien  com- 
[)ris  partout,  ici  comme  ailK'Urs  ;  aussi  ont-ils  loiiceiilré  tous  leurs  elldrts  pour 
diviser  les  esprits,  pour  romi)re  l'unité,  et  all'aihlir  ainsi  des  l'or^  es  qui  toutes dtî 


meert    de\-raient    être  diri 


U'ces   ( 


•onire    l'ennemi   commun:    "  ifissoriiinl   luiinios, 


inii/ii/fiit  f/isrrr/i/N//,  nnsi/i/r  roii/'iiicliin  o/i/im/ni'/'is  (idrcrsui iis  iiiliiimuil.  "  Va  le  moyen 
le  plus  direct,  le  plus  assuré,  (juils  ado|)tent  pour  opérer  cette  nndheuieiise, 
cette  désastreuse  division,  dons  les  ranii's  du  ('lergv,  c'est  de  briser  d'ahord  i.-s 
liens  ([ui  unissent  l(>s  peuples  aux  l'^vètjues.  pour  essayi-r  ensuite  de  ridàcher 
ceux  (|ui  unissent  les  l'héques  au  Vicaire  de  .lésus-Christ  :  ^' oinm-s  l'jrc/csùc  lins- 
tiinii  iiiiicliiiHi/iDiif':^  II)  s/irrdiii/,  /il...  vinriila Ji'iiiiganl  iptuapo/iiilos  Ijjiisiopis,  J'Jjx'sro/io.'^ 
ikrnintiiit  C/in's/i  ricano.  " 


V 


renons   yarde,  .Messieurs,   (jue  (|nel(jues-utis  de   notre  ( orps.   sous  des  pn 


textes  i)lus  ou    moins  spécieux,    ne  viennent    à    seconder  les  desseins  perfides  de 


nos  lui 


l>il 


es  ennemis,  en  h  ur  teiK 


laiit 


uiu'  main  aime 


(innaim  ris  »ianiini  fiorri- 


80  — 


gèrent,  "  i*n  se  séparant  de  leurs  oonlrèros  t-t  do  leurs  supérieurs.  Toute  maison 
divisée  contre  elle-même  ne  subsistera  point,  nous  dit  le  divin  Maitre  :  "  oinnis.. 
(lomustlirisd  roiitra  se  non  Ktahit"'  {'^.  Matthieu,  XII  2ô.)  Qu'ati  contraire  tous  les 
membres  de  la  sainte  tribu  dans  chaque  diocèse  se  serrent  autour  de  leur  Evè- 
que  ;  qu'ils  acceptent  son  lommandement  et  marchent  à  sa  suite.  "  Olmlile  jiur- 
fiosifis  iv'.sVm  €l  subjnrrle  ris  (IIé])r.  XI II.  17.). 

A  »'ette  docilité  lilialf  vous  joindrez  constamment  le  respcc  t  :  le  sont  deux 
devoirs  inséparables.  "  Pntmiith  mihi  reverenHaiii  vl  obetlinilùtm  ? — J'romUo."  (l'on- 
tifical)  Quelque  soit  ràire,  c|uelle  (|ue  soit  la  science,  quelle  que  soit  la  capacité 
d'un  prt>4^>,  jamais  il  ne  lui  est  permis  de  se  substituer  à  ses  sui)crieurs  ecclé- 
siastiques pour  LTuidcr  soit  le  ('leriiv.  woit  les  lidêles,  d'ériirer.  poiir  ainsi  dire, 
chaire  contre  chiiirr.  de  »  riticpier,  de  <'ensurer,  «le  jui^er  Ivs  actes  ou  les  docu- 
ments épiscopaux.  et  dar  •outumer  ainsi  le  jx  uple  a  en  tain'  peu  de  cas,  à  les 
soumettre  lui-même  à  son  juirenient  prive.  Jamais  les  talents  ni  les  ( oniiais- 
sances  ne  donnent  droit  de  mépriser  l'autorité  sur  eeux  (jui  ont  re^u  d'en  haut 
la  mission  et  la  ijrafe  pour  irouvern<T  lEu-lise  de  Dieu  :  "  hilld/osf/i/c  SKpiibiui' 
renti»  /rrn(/rn/i<iri's  «p  i/la  a'iisrrf  ciii  iiecnliuirel  iif'ritmr  //ninnssuDi  tiul  liriiiiun  itiixiliiini 
L'ell'et  naturel  de  ees  criticiues  •••*it  tl\  l^ranler  le  >wiinltiire  pouvoir  de  l'EDiseopal 
•»t  d'amener  iiiiie  dé])loral)le  ;xu.ar»'huie  :  Ubi  mtn  es/  iiiibt:rniifi)r.  /xi/ni/ns  rornid. 
(Prov  XI.  14.)  ("ar.  d'après  St.  Cypintu.,  il  n'y  a  qu  un  [)iseo])iit.  ])artaj.ré  entre 
différents  membres,  d«mt  chaeiiu  j-int^'-d.-  -oli  '^ir'in  m  une  partie  :  "  IC/nsfn/hi/itx 
uniis  fsf.  (UJtia  (i  xiMfJ^if/i/s  m  soliiiuin  /»irs  fuciur     i '•    >i    iiiili'  l'jCcleKia^.) 

D'ailleurs,  Mt's.^i^  ;--.  -.  iiou>  iiMcoii-  aux  r-'rn.mi.s  laïques  les  reu'les  à 
obtserver  dans  les  polémi(|raies,  les  jn'i '■ -•  ••lUiîLii  nt-ils  s'en  croi''' allranchis  ? 
Si  noun  rappelons  au  p»-vii,)le  l'obi luattoa  qu'il  » 4«-  se  soumettre  à  l'enseiyne- 
fli**mt  (.W  ses  pasteurs  dans  tiout  '  ~  >  ^  -■  -  (ir,î  i  ":eui  directenuMit  ou  iiidi- 
aH*t-rii-iu«-^nt  la  mniorai''  !  -  '>ns.  i  .  .  ;  ,.„;■  ruii>  ju-  'a  lî'liirion,  soit  dans  sa 
vi^  3«nv<»e.  st»lt  dailS  s;,  .  1 
V    UOs     1>-  T  'S   W 


1»1' 


'  N'«w- 

>  «t  éttm  AkKtn  1 1 
fe  srmt  sowvwat  dw  ii 
k>nifleni,>'  .^ue  nt^ur  lit:  ':■■ 
ie  faire  impunément 


i'iii  li'ji'-      ne   devons-H'    .-  ^  .,>   a  jilus   forte  raison 

e  >•  -loii     lii  mèni'    iIj  l'érnuce  '-   ur  nos  juire- 

s  11    :if  [ilus  «le  Tiieiil's  de  leur  dire  :  Déiioz- 

Ti-'     lUi.  |Mir  lenr-  leur.^  amis,   soutiennent 

fida.RHiÉf'K  par  l'Eir.;  ianirereùx  à  la  so<i'.té^ 

;i   bes  :    ils  dér     -\\     ieurs    tendaiiecs  aussi 

ils  He  démjiwqueu..  liws  qu  lis  <roient  pomoir 


11 


■:.  I 


(Vs  adversa'-  -  ie  la  Keli<rioM.  «pli  <eptMidant  prétendent  au  titre  de  catho- 
UqiV"*.  sont  les  ih  m  ^  partout  :  ils  tlattent  ceux  «le  .ses  ministres  qu'ils  t>si)èrent 
gBtfSawr  h  l«>«r  ause  .  i.U  injurient,  ils  outraucnt  les  prêtres  (|ui  d^nomentou 
^ni  «^)mbatf  iil  Iimitx  «LeRHi^ins  j>ervevs.  Us  les  accusi'Ut  d'exer«er  u  'e  inllueuie 
lit»»  '««Mvert.ir  !4i  (  haire  di-  v-ri(é  en    tribune  politi(|ue  ;   ils  osent  «piel(|ne- 


—  81  — 


fois  U'K  trainor  di'vaiit  les  tribunaux  civils  pour  rendre  compte  de  certaines 
fonctions  de  leur  mi  listère  ;  ils  chercheront  même  peut-être  à  les  forcer  d'accor- 
der la  sépulture  chrétienne  en  dépit  de  l'autorité  ecclésiaBtique. 

lîn  présence  de  semblables  menaces,  plusieurs  d'entre  vous,  Messieurs, 
Nous  ont  deman.lé  di^  leur  tracer  une  ligne  de  conduite.  Elle  est  clairement 
indi(juée  par  les  règles  canon icpios. 

1'^  Un  prêtre,  accusé  d'avoir  exert-é  une  injliicnre  indue  dans  une  élection 
pour  avoir  n-mpli  qiielque  fonction  ou  donné  des  avis  ou  des  conseils,  comme 
prédicateur,  confesseur  ou  pasteur,  et  cité  pour  cela  en  justi(>e,  devrait  récuser 
respc.  tueuscuient.  mais  fermement,  la  compétence  du  tribunal  civil,  et  invoquer 
le  recours  au  tribunal  ecdésiastiqiu'. 

2'^   Un  prêtre  qui,  ayant  suivi  exactement  k  ">  décrets  des  Coniiles   Provin 
ciaux  et  les  Ordonnances  de  son  Eve<jue,  serait    néanmoins  condamné  pour  in- 
tliu'nri'  in  iite  par  le  tribunal  civil,  devrait  souifrir  patiemment  cette  persécution, 
par  amour  pour  la  Sainte  Eglise. 

Avant  de  terminer  cette  circiilaire,  Nous  pensons  à  propos  de  vous  répéter 
Messieurs,  les  sages  prescriptions  du  IXme  décret  du  (Quatrième  Concile  de 
(Québec.  Dans  les  circonstances  ordinaires,,  bornez-vous  à  dévelojjper  à  votre 
peuple  les  règles  générales  (pai  doivent  le  guider  dans  les  élections  :  '  nec  ultra 
prorrdanl  in  rircnnis/'inliis  ronsneds.  S'il  se  présente  (juelques  circonstances  parti- 
l'ulières  ou  extraordinaires,  ayi'z  )>ien  soin  de  ne  rien  diri-,  de  ne  rien  l'aire,  sans 
avoir  consulté  votre  E,é(jue  :   ''  no-  (piiilquam  mo/innlnr  inronan'ln  J'J/n'sro/x). 

Dans  notre  i»astorale  nous  insistons  l'ortement  sur  les  droits  du  Clergé 
comme  citoyen,  i)arce  (jue  ses  ennemis  veulent  le  lui  dénier  pour  lui  l't"-mer  la 
bouche  en  tout  temps  ;  nuiis  l'exercice  de  ct\s  droits,  comnu'  do  beaucoup  d'au- 
tres, se  trouve  nécessairement  restreint  par  les  règles  que  vous  imjw.sent  vos 
supérieurs  ecclésiasti(ju.'s,  à  (jui  seuls  il  apparti<Mit  de  juger  jus(ju'à  quel  point 
il  est  oi>portun  d'en  user.  Le  (lc(  ret  du  (^u;itricme  Concile  de  Québec  est  h\oA 
clair  et  l)ien  formel  sur  c(>  sujet. 

Notre  pastorale  expose  éirahMuent  en  (juel  cas  le  prêtre  peut  et  doit  élevi'r 
la  voix,  non  seulement  comme  citoyen,  mais  aitssi  commi»  ministre  de  la  reli- 
gion :  nous  croyons  utile  de  voiis  faire  rcmarcjuer  que.  même  dans  cp3  circons 
tances,  vous  devez,  avant  tout  prendre  lavis  et  l'ordre  de  votre  Evêque,  car  ces 
questions  sont  toujours  de  la  plus  arrande  importance  et  ell(>s  tombent  a  fortiori 
sous  la  restriction  imposée  par  notre  (^Hiatrione  Concile. 

Les  dilHcultés  actixelles  d'^ivent  aussi  fiiire  sejîtir  à  chacun  devons  l'impor- 
tance des  re<'oinniandations  contenues  dans  h'  XVIIIe  décret  de  notre  Cinquième 
Concil(>  :  illud  (bxrdunt  (h^  i)récédent;  pm/lcnlrr,  hreritfr,  rlnre.  et  praTin  matiira  prapn- 
ralionr,  et  dum  animi  quieli  sunf.  suis  ovibus  explicent  anteipmm  de  efectioiiibuifaciendis  aga- 
fur  " 


fi' 


II 


—  8-J  — 

S'il  est  uét't'.ssiiirt!  de  uicttre  les  Hd'-lcs  on  liiirdf  loiitrf  les  mauvaises  doc- 
trines sociales  et  reliii-icnscs,  et  de  les  instruire  des  vrais  principes,  ar  si  bien 
([ue  des  devoirs  imimsi-s  à  leur  conscience,  jiour  le  choix  d'un  <'audidat  et  le 
vote  qu'ils  ont  à  donm-r  :  d'x\ii  autre  coté,  il  est  aisé  de  conii)rcndre  qu'il  l'aul 
s'abstenir  di'  traiter  en  chaire  de  (juestions  purement  (iMuporelli's  cl  prol'ancs,  cl 
d'y  adri'sser  des  injures  ou  des  personnalités  à  cpii  (pic  ce  soit,  connue  le  dit 
notre  Premier  Concile  dans  les  avis  qu'il  donne  aux  i)rcdicaleurs.  (Dét  ret  W 
No  8,).  • 

Ordinairement  même  il  convient  à  un  prètn^  de  ne  pas  se  mêler  a'tivenient 
aux  luttes  de  partis:  sa  considération  et  son  caractère  seraient  exposés  à  n'v 
rien  trai^ner.  Bien  i>lus,  (j^uaiul,  à  raison  des  priu'ipes,  <les  antécédents  ou  des 
alliances  compromettantes  de  qiielque  candidat,  il  sera  ohliuv  <le  se  i)ro)i()Mcer 
dans  l'intérêt  de  la  reliii-ion  et  de  hi  patrie,  sa.  paioh'  aura  beaucoup  plus  de 
poids  et  d'autorité,  s'il  ne  l'a  pas  j)r()dinuéc  inutilement. 

Puissent,  Messieurs,  «es  avertissements  paternels,  ce.s  directions  cpie  noi.e 
charge  pastoralt>  Nous  l'Uifan'e  à  vous  adresser,  contribuer  à  rétablir  comiilcte- 
tement  cet  esprit  de  <'orps.  cette  union  de  l'aiiiillc.  (pii  a  toujours  dislinuué  le 
Cleru'é  Canadien,  celte  uniTormilé  di'  parole  \  I  d'à  lion  (pii  lui  a  permis  (,1e 
rendre  à  notre  (dier  pays  des  services  si  nombrv'ux  !  l*uissiez-vous  tous  n'avoir 
(ju'un  cœur  et  (ju'une  àiri<'  avec  vos  l'^vécjues,  conime  \(>s  l-lvécpies  sont  étroite- 
ment unis  entre  eux  et  a',  ce  le  Chid' Suprême  de  l'I'ÎLilise,  par  une  i>arl'aite  <  om- 
munaulé  de  vues  et  de  s'utinu'iits  1 

C'est  dans  cet  es])oir  ([Ue  Nous  vous  bénissons  ailéctuenseun'Ul  ainsi  (pie 
les  Fidèles  coniiés  à  vos  soins. 


t  E.-A.,  vucii.  ni':  liiKiu'.c, 

t  10.,  i:v.  1)1",  MdNiiîK.vi,. 

t  L.-F.  i-:v.  i)i:s  •n;()is-KiviKi;i':s, 

t  JE.W  i:v.  DK  s.  (',.  m-;  i;im(ii-ski. 

t  Fi.  C.  i':v.  ni',  (iuvn.woi'oi.is, 

t  ANTOIXiil,   KV.   DK  SlIKllHJlODKr., 

t  J.  THOMAS  KV,   D'OTTAW.V. 

L.  Z.  MOREAU  pi'i.'K.  \i)M.  UK  s.  iivacintiik. 


—  83  — 
LETTRE  DE  Mgr.  L.  V    LAILECIIE  EV.  DES  TR0I8-RIVIERES. 


\  SÉMINAIRE  UE8   TroKS-Ri VlKRES, 

j  i;^  Févri.T  IH\\. 


A  Mgr    K    A    Tiisr/ii'irnié.  Arrhev^qur  lir  Qiirhpi. 


•■< 


MonspisrntMir. 

Notre  lettre  du  'l'I  Septeinljfe  est  un  expitsé  ilair  et  préeis  de  la  doetritie 
<iitholi(jue  sur  lu  (Hie.stii)ii  si  dillicile  des  raijports  de  l'I'ltçlise  et  de  l'Etat.  Elle 
est  de  plus  une  alHniiatioii  des  droits  de  l'Eiilise  en  cette  ordre  de  chose.  »'t  une 
reveudieation  4-ouraireuse  de  ses  droits  contre  les  empiétements  et  aussi  contre 
les  lâchetés  du  libéralisme  '-atholiiiue.  Or  la  doctrine  et  les  droits  atlirmés 
dans  ce  document  sont  tellement  clairs  et  précis,  (jue  les  adversaires  ont  été 
comme  étourdis  et  chlouis.  et  (|u"aiicnii  n'a  osé  les  atta(juerde  Iront.  Ils  ont  iTU 
<|u'une  attacjue  indirecte  aurait  phis  de  r-hance.  et  ils  ont  toiiriu'  leurs  retrards 
vers  h'  protestantisme,  souillant  de  ce  c»  t'  '  ■  i'eu  de  la  discorde  et  attisant  le  l'a- 
natisme.  Mais  tout  ce  tapaue  n'ahoutira  pas  à  uraiid  chose  ;  car  le  document 
est  là.  il  parle  par  lui-même  et  prouve  à  ({ui  veut  le  consulter  loyalement  (pie 
nous  n'avons  blessé  les  droits  de  personne  :  mais  (jue  nous  nous  en  sommes 
tenus  strictement  aux  droits  de  la  déleuse,  en  alUrmant  la  doctrine  catholi(pie 
e|  en  reveiuli(iuant  se  droits  là  mi  ils  étaient  atta(jués,  et  en  tra\'ant  aux  fidèles 
confiés  à  nos  soins  des  renies  di-  conduite  sur  ces  (|uestious,  pour  la  sûreté  de 
leur  conscience  et  rac(|uit  <le  leirs  devoirs  envers  la  sainte  Ecrlise. 

Va  nous  nous  en  somiin-.>  tenus  la.  Nous  avons  cru  (juil  était  mieux  de  ne 
pas  descendre  sur  le  terrain  des  faits  et  des  persoujies  jiour  y  l'aire  ra[)plication 
de  ces  priiu'-ipes  ;  nous  avons  cru  (pi'il  l'allail  mi.'ux  en  laisser  le  .soin  à  la  cons- 
cieuce  d"s  fidèles  sous  la  direction  de  leurs  l'asteurs  respectifs  conformément 
aux  relaies  (jue  nous  h-ur  avi(>iis  déjà  données 

Depuis,  les  adversaires  oui  .ru  trouver  une  'Uoniic  l'ortune  dans  la  lettre  de 
Moiisei<;-ni'ur  r.\rcheve(jue  de  Toronto  qu'ils  ont  interprétée  dans  un  sens  favo- 
rable au  u'ouveriiement  de  Mr.  McKenzii'.  et  de  là  les  ellorts  (ju'ilsont  faits  pour 
Jeter  <hi  trouble  et  de  l'hésitation  dans  les  esprits.  Mais  (>n  réalité  cette  lettre 
ne  fait  <|u'exposer  la  nu-me  (Utctriiie  (pie  la  n('»tfê~î>t''( oiistater  le  fait  regrettable 
<]ue  de8  l'asteurs  auraient  été  trop  loin  dans  leurs  instnn  tions.  i)uis(|u"il  a  fallu 


% 


'?? 


—  84  — 

les  nvortir  <lt>  ju*  pas  «rhanacr  la  <hairp  sacrer  en  trihnno  politiciur».  Tel  n'ost 
n'est  point  le  i-as  ici,  et  les  «lueWjue.s  écarts  (|ui  ont  |)ii  se  i)rodnire  ont  pu  être 
tueilemenl  corrii^és  par  (pielques  avis  particuliers. 

Apres  avoir  mûrement  rélléchi  et  prié  Je  suis  d'avis  1"  Qu'il  l'aul  s'en 
tenir  à  ce  que  nous  avons  dit  dans  notre  lettre,  elle  est  suiiisamnient  claire  cl 
explicite  i/)ur  tout  homme  de  bonne  volonté,  et  les  (luelques  diihcultés  qu'elle 
pourrait  présenter  a  i  ertains  esprits,  peuvent  facilement  se  lever  par  une  ex- 
plication verbale  et  ])rivce  : 

'2".  Que  tout  commeniaire  coUeciir  que  nous  donnerions  publiquement  ne 
pourra  mancjuer  île  soulever  tb's  interprétations  qui  ne  l'eroiit  qu'auirmeiiter  le 
trouble,  et  par  la  même  atténuer  cl  même  i)aralyser  le  bien  que  cette  lettre  a 
déjà  l'ait  et  (ju'elie  continue  encore  à  l'aire  : 

8*^.  (,^ue  le  temps  n'est  pas  encore  venu  d'en  faire  nous  même  l'application 
directe  aux  partis,  et  (ju'il  en  résulterait  beaucouj)  plus  de  mal  (|ue  de  bien  ; 

4".  (^u'il  laut,  par  conséquent,  suspendre  notre  juuement  public  et  olHciel 
sur  le  parti  au  pouvoir  l'édéral,  ni  le  condamner  ni  l'absoudre,  mais  lais.ser  ce 
soin  à  cha(iue  lidele  en  particulier,  à  l'aide  de  la  direction  (pu-  nous  lui  avons 
donnée  ; 

ô*-'.  Qu'il  ne  faut  point  non  plus  déclarer  (pic  lunis  n'avons  i)as  eu  l'intention 
de  ne  condamner  qui  (|ue  ce  soit,  homme  ou  parti,  mais  seulement  de  proclamer 
la  doctrine  et  les  droits  de  l'ivjlise,  la  lettre  le  dit  assez  par  elle-même. 

Hn  résumé  donc,  je  suis  d'opinion  ({ue  le  silence  est  le  meilleur  parti  pour 
le  présent. 

Le  tout  humblement  soumis. 

Bien  cordialement. 

De  Votre  Urandeur. 

le  tout  dévoué  et  obéissant  serviteur. 

t  L.   I'    l']v    DKs  'I'U(Ms-I\1viki;f:s. 


[^ 


—  86  — 
iT.  T7". 


LETTRK  Dfi  MOK  L  F.  l.AFLKCJIE,  KV.  DES  THOIS-KIVIÈIIES. 


Sr.MINAIKK  OKS  TkOIS-|{1  VlkR  Eh, 

•J«i  Maris  187ti. 


^/ir»-,  E  A.  Tmrlicienu,  Arrhevpque  île  Qi/éhn 


Monsoig^nour, 

V.  G.  nous  ayaiil  parlé  des  accusatiojis  \toTtOes  rontre  (|Uolqut's  prêtres  du 
.•omté  de  Charlevoix.  jc'  .-rois  répondre  à  son  désir  .'u  hii  faisant  .-onnaitre  mon 
opinion  sur  cette  difficile  affaire. 

lo.  Ces  prêtres  sont  micuses  d'avoir  exen-é  un.'  iniluen.e  indue  sur  leurs 
paroissiens  en  disant  en  chaire  que  les  Evèques  dv  la  IVovin.e  de  Québe.' 
avaient  eondamné  le  parti  libéral  dans  leur  lettre  du  22  Septembre  dernier. 

2o.  Il  me  parait  évident  que  M.  Tremblay,  la.vusali.ur,  doit  dabord  faire 
In  preuve  de  ses  allé-ués  de  manière  à  lever  et  à  dissiper  tout  doute.  Or  on  me 
dit  .^ue  ses  avancés  et  ses  témoins  sont  contredits  i-t  même  niés  formellement 
I>ar  les  accusés  qui  ont  des  témoins  à  leur  appui.  De  ces  accusations  .ontn- 
dites  et  de  ces  preuves  contradictoires,  il  n-ssort  un  doute  sérieux.  Le  parti  !.• 
t)lus  prudent  a  prendre  .mi  ce  .-as.  est  de  suspendre  le  jugement  jus.iuïi  ce  .,uc 
les  doutes  soient  dissipés  par  une  enquet.-  -onvenable  faite  sur  les  lieux,  alin  de 
t)ien  établir  les  faits 

;^o.  Suppose  que  Icnquete  laite,  laecusatioil  se  tcouve  dûment  prouvée 
vient  alors  la  question  de  droit.  Ces  curés  en  disant  en  .haire  a  leurs  parois- 
siens que  les  Evèques  de  la  l'rovince  avaient  .ondamné  dans  leur  lettre  pasto- 
rale le  parti  libéral,   ont-ils  réellement   exen.-é  une  inlluence  indue  sur  <-es   fidè- 


les ( 


4o.  Examim.ns  d'abord  la  portée  de  ecitr  lettre  pastorale  sur  ce  point,  et 
voyons  en  ({uels  sens  et  comment  la  condamnati...i  .juelle  portait  pouvait 
atteindre  un  individu  ou  un  parli  poHtiqiu'. 

Ce  document  contient   la  condamnation    formelle  .-t  précise  des  doctrines 
lihéralei   el   nUhnlico-libfrales:   par  conséquent  un    individu  ou  un  parti    politique 
nnbndccesdoeirines  condamnées,  qui    les  suit  dans  la    prafi<,ue.  ,,ui  s'efforce 


mm 


Hti 


do  U'K  fairt'  pirviiloir,  tombe  ('crtaiiH'iiu'nt  sons  le  coup  de  roiit'  condainnatioii  ; 
mais  fomviii'iit  !  \)r  (lUi'llc  manier»'  :"  Il  y  touil)e  iiidireitement  et  par  voie  d'in- 
terj)rélation. 

ôo.  Ijes  livtvjnes  n'ont  pas  juiré  prudent  ni  pratieaMe  de  l'aire  eux-mêmes 
l'uppliration  direete  et  explicite  de  celle  condamnation  anx  individus  et  aux 
partis  polili(|ues  (|ni  i)ouvaient  se  trouver  en  déi'aul  et  inihus  de  ces  doctrines 
l'tinestes  et  de  ces  erreurs:  mais  ils  ont  laissé  ce  soin  à  la  conscience  de  chacun, 
en  leur  trac/ant  cepi-ndant  des  règles  sures  ])our  les  conduire  dans  l'accomplisse- 
ment de  ce  devoir  ijui  a  une  <>ran<le  aiialoiiie  avec  1«'  verdiiM    des  jurés. 

(»o.  Maintenant  ces  curés  en  lisant  la  lettre  i)astorale  a  leurs  paroissiens  et 
en  la  leur  explicpiant  ati  meilleur  de  Itnir  capacité,  remplissaient  une  fonction 
(pli  a  aussi  de  l'analouie  avec  celle  du  Juu'e  (}ui  l'ait  sa  charge,  aux  jurés  afin  de 
les  aider  à  bien  remplir  leur  devoir.  Or  la  loi  civile  laisse  ici  une  yranile  lati- 
tude aux  juyes  dansées  sortes  d'adresse,  ])arce  (piils  sont  les  guides  naturels 
des  jurés  qixi  ont  tant  besoin  d'être  éclairés  en  ces  monu-nts  solennels  oii  ils  ont 
à  décider  du  sort  de  leurs  semblables,  et  surtout  la  loi  leur  accorde  sa  haute 
I)rotei'lion.  iNul  doute  (pie  l'Kiilise  n'accorde  a  ses  pasteurs  une  latitude  et  une 
proti.'clioii  convenables  dans  les  instructions  et  directions  (pi'ils  ont  à  donner 
aux  lideles  (pii  leur  sont  conlies.  pour  reconnaître  l'erreur  on  elle  se  trouve  et 
la  repousser  dans  la  nu'sure  de  leurs  i'orces. 

lo.  Ces  cures  ont-ils  donc  été  trop  loin,  et  ont-ils  c(Hnnus  un  ade  criminel 
en  disant  en  chaire  (pie  la  lettre  pastorale  conduiunait  1»^  parti  libéral. 

Je  réponds:  ils  ont  été  trop  loin,  mais  ils  n'ont  pas  commis  un  acte  cri- 
minel, ni  exercé  une  iniluence  indue. 

80.  lit  d'abord  ils  ont  été  trop  loin,  parce  (pi'un  règlement  disciplinaire 
dt»  nos  conciles  leur  dél'eiidait  d'aller  plus  loin  (pie  l'exiKisé  des  principes,  sans 
consulter  l'Ordinaire  {itironsnl/o  J-J/)isro/ii)},  et  ils  ont  maïupié  à  ce  règlement  en 
l'aisant  ainsi  une  application  des  principes  à  un  parti  politique  sans  avoir  con- 
sulté leur  Archevc(jiie. 

i>o.  l'jii  second  lieu,  ils  n  ont  point  l'ait  un  acte  criminel,  ni  exercé  une  in- 
fluence indue.  Les  hdehis  venaient  d'entendre  la  lecture  ^u  cette  lettre  ;  ils 
pouvaient  la  relire  sur  l(\s  journaux,  et  ils  étaient  certains  (pi  die  ne  contenait 
point  la  condamnation  directe  et  explicite  d'un  individu  ou  d'un  parti  politi- 
([ue  quelcoiwjue.  Il  leur  restait  donc  a  conclure  (ju'il  ne  pouvait  s'agir  (jue 
d'une  condamnation  indirecte  et  interprétative,  (jui  dan^  l'opinion  et  au  juge- 
ment de  leur  cure  s'ai»pliquait  au  parti  libéral  en  question  ;  et  que,  par  consé- 
(pient,  cette  opinion,  toute  resi)ectable  (pi'elle  l'ùt,  n'était  pour  eux  ([u'un  con- 
seil (jui  ne  leur  (Jtait  i)oint  la  liberté  de  porter  un  autre  jugement,  s'ils 
croyaient  que  le  parti  libéral  n'est  pas  imbu  des  erreurs  condanmées  par  la 
lettre  pastorale.    L'opinion  de  ces  cun^s  ainsi  manifestée  en  chaire  n'est  pas  plu« 


-  87  — 
aux  juri's.  .1 'r^^-    "»'"»"«  MU' (liijiN  leur //(«/y,. 

'""  i'"'"-  'l'^'ii  y  -.1  u,„.  ,■»//».„„,„,/„,,  il  ,,„„i,„i,  ,,,„ „,,..  „„,„.„, 

»u.él.,...„r»  :         ;f    ''        '''^  "!'  "'"■'.'I"-  •■'' a-inival,.,,,.   ,,„i„„„ 

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....  .-^■.:;:>,::;;r;;';ann^.:r'"""'  "'■  "'-  ''""^  '•■■*"^ ' 

H.r,„ ,.,.  „„.„,;■;:.:,  ::,'::;,;:rr  :;;;:::r •■ '- '•^-  '■■  ->'-'  '- 

'i<'"    i.'s  plus  sinwn.s  .m,  ' -i^^uninr,.  ,1,.  m..,.  ..siun.  .t   .l.  ,uon  .fi;..- 

t   1..    I'".     \\\.   HKS  TIJnlS-IMVlKlîKS 


à 


3>T.  T^I. 


.¥.«'A'./o./  ,/.  .1/...  r.\rrl,n-r,,ue  ,1e  (^hr,:  V.  ,/./,  ..^  j/,, 


l«7fi. 


ELZEAR  ALEXANDRE  TASCHEREAU. 

Assista»/  (lu  Lrone  Poutilinii.  x"trif.i, 

Ar.'UiUiJÉSÉcrMKH  KTKK(UMKli    HT  À  T.  Xls  l.Ks    FIOKMsnr    ,-.. 
l»-  Wl'KHU,  ,suu   ,    „T  HK.VKD.CTIO.V   H.N    \„TK,.:  SKI.iNKUK. 

I...  gra.>d,.  ,.rr„ar  d..»   t..,„i«  mo,!,.,-.,,..   „.„d  à  l,a„„i,-  l)i,.„  ,,,.1.,  .,.  i-,^ 

•■""•■  '"  "  ■•'""■■'■  '""'■-'  ^ '-■••  .■■  I»  -'-"■...  :  o„  a,„.„.t  hi.  :  :.!„;:.::';i: 


—  H8  — 

moins,  la  vérité  de  i-o  jiifr,.nn>iit  «pu-  .R-HUN-Clirisl  doit  mi  jours  cxori'cr  sur  tous 
It's  hoiumi'K.  irii\is  nu  vent  en  rcstrciiidn'  lojt't  à  la  foiidiiilt'  pri\'(''t'.  L'on  fiuhlif 
qm'  le  uicnii'  Dieu  «pii  doit  juiicr  les  individus,  est  ausni  («'lui  «jui  .juift-  Ws  pou- 
pies  (Ps.  Vil,  '.')  »'t  qu'il  t'xcrtt'ra  un  juut'UU'nt  terril»!»'  sur  «-.eux  (jui  irouvernent 
(Satresse  V  I  ti),  connue  sur  ct'ux  (|ui  son!  «••ouverués.  .\ut-un  homme  n'en  sera 
exempt. 

11  juyera  donc  les  candidats  ;  il  jnuera  les  électeurs  ;  il  Jugera  tous  ceux  <|ui 
prennent  part  aux  électiouis  de  quelcpie  manière  (jue  ce  soit,  il  vous  dennmdera 
compte  de  vos  intentions,  de  votre  choix,  de  vi»tre  suli'ra^•e,  de  vos  paroleis,  de 
vos  actes,  dans  ÏKirrcur  de  ce  droit  important  de  vote  que  la  «;onstitution  de 
notre  pays  vous  accorde  et  vous  garantit.  Dieu  vous  deinaïulera  donc  un  Jour 
pour  (jui,  pour(|uoi  et  comment  vous  aurez  us»'  de  ce  droit  :"  l'as  une  pande  pas 
une  démandu'  i)as  une  pi'uséi'  si  cachée  (jii'elle  puisse  être  dans  votie  cù'ur 
n'échappera  à  son  umI  scrutateur. 

Il  est  donc  souverainement  important,  N.  1".  C.  K..  que  durant  cette  élec- 
tion (pli  va  avoir  lieu  prochainement,  vtuis  observiez  si  bien  les  lois  de  la 
sobriété,  de  la  justice,  de  la  charité,  de  la- vérité,  de  la  prudence,  qu'à  l'heure  de 
votre  mort  votre  conscience  n'ait  rien  a  vous  reprocher. 

Vous  ainu'z  v»^lr»'  i»ays,  .\.  T.  (,'.  F.,  ce  sentiment  que  la  miture  a  mis  dans 
votre  cœur,  la  religion  rapi)rouve  et  le  saiictilie  La  religit»n  va  encore  plu» 
loin,  «ar  en  vous  mettant  sous  les  yeux  la  loi  divine,  elle  vous  procure  le  moytïii 
infaillible  d'assurer  à  votre  i)atrie  ce  repos,  cette  stabilité  cette  liberté  véritable, 
qui  ne  peuvent  se  tnniver  ailleurs  que  dans  la  vérité,  la  justii-e  et  la  charité. 

Durant  cette  élection  il  Tant  éviter  certains  désordres,  et  observer  certaines 
règles  de  j^rudence  pour  ne  pas  se  tromper. 

I. — t^LEliS    .«ioNT    l,i;s    DKSDllDlUiS    A    KVirKK    Dllî.Wl'    I>KS    KliKCTIONS  ! 

Souvenez-vous.  N.  T.  ('.  F..  (|ue  tout  ce  qui  est  détendu  en  temps  ordinaire, 
est  également  détendu  durant  les  élections.  Bien  plus  ou  peut  dire  en  toute 
vérité  que  les  fautes  commises  à  l'occasion  des  élections,  cojitre  la  vérité,  con- 
tre la  Jvistice,  contre  la  charité,  contre  la  tempérance,  sont  plus  graves,  à  cause 
des  conséquen«es  qui  en  résultent,  non-seulement  contre  le  prochain,  mais  aussi 
contre  le  pays  tout  entier. 

1.  Vous  savez  (jue  c'est  un  péché  mortel  de  l'aire  un  faux  serment.  N'allez 
donc  pas  vous  parjurer  durant  l'élection. 

C-'est  un  énorme  scandale  que  d'engairer  (juehiu'uuà  faire  un  faux  serment. 

Le  parjure  est  un  cas  ré.servé  divns  cette   province,  c'est-à-dire  (pui  ceux  qui 


_  «ft_ 


niit  »'U  hi  malhenr  (U»  «en  rendre  («mpahlc.  ne  peuvent  en  recevoir  l'ubsolution 
f|ne  «le  l'Evêqne  ou  de  Son  Grand  Vicaire,  ou  d'un  pr«^tre  spécialement  autorisé 
p(»ur  cela.  I>*s  Kvè(|ues  assemblés  en  Con«iles  ont  jniré  qu'il  en  devait  être  ainsi, 
aiin  (jue  l'on  t-onipreniie  bien  (pTelle  est  lénorniité  de  ce  péché  <lu  parjure,  (pli 
appelle  eu  ténioif|natfe  du  mensonge,  le  Dieu  de  toute  vérité  et  de  toute  majes- 
té. 

Le  nieusonm'e  n'a  pas  sans  doute  la  même  gravité  (juc  le  parjure,  mais  il 
[•eut  t'acilemcnt  devenir  un  péché  mortel,  à  cause  des  eonsétiuences.  \e  faites 
pas  de  colomnies  contre  votre  prochain,  ne  répétez  les  culoinnies,  (pie  V(ms 
aurez,  entondus.  Vous  n'aimen  pas  ipi'on  vous  trompe  par  des  mensonges  ;  ne 
trompez  pas  vous-mêmes  les  autres.  Vous  n'aiine/  i)as  (ju'on  dise  des  calomnies 
contre  vous;  n^  calomniez  pas  V()tre  prochain. 

2.  livitez  toute  violence  en  temps  d'élection.  Vous  voulez,  avec  raison,  (pie 
Ton  nîsjx'cte  votre  liberté  ;  respectez  celle  des  autres.  Ne  faites  pas  à  autrui  c^- (pie 
vous  ne  voulez  pas  ([u'on  vous  fssse.  Donc,  point  de  vi(dence,  point  de  menaces. 
Ceux  (pli  ont  recours  a  ces  nioy(tns  p(uir  faire  triom|>her  leur  candidat,  seront 
tôt  ou  tard  punis  de  la  même  manière,  car  la  justice  de  Dieu  rend  a  chinun  ce 
•pli  lui  est  du. 

;».  Toujours  rivrotrnerie  est  un  vice  dci>radant  .  mais  oj  temps  d'élection, 
elle  doit  être  évitt'e  avec  plus  de  soin,    ha  rai.son  en  est  bien  claire. 

U'  droit  de  voter  est  un  droit  noble  et  important,  il  doit  donc  être  exercé 
en  toute  liberté  d'esprit  et  eji  connaissance  de  cause.  Celui  (pli  a  le  malheur  de 
s'enivrer  ne  sait  ]»lus  ce  qu'il  fait,  ni  ce  (pi'il  dit,  et,  i)ar  conséquent,  il  ne  peut 
pas  donner  son  suHrage  en  homme  raisonnable.  Déplus  l'expérience  démontre 
que  riirtempérance  est  la  cause  de  bien  des  parjures,  des  violences  et  ([uehpie- 
fois  même  de  batailles  sanglantes. 

4.  .Ne  vend(}Z  pas  votre  voix.  Celui  «pii  vend  sa  voix,  se  d(''shonore  lui- 
même  :  il  .xe  (b'-grade  et  s'avilit,  car  il  devient  l'eschne  de  iclui  (pli  l'acheté. 

Le  droit  de  voter  est  trop  noble  et  trop  important  pour  être  l'objet  d'un 
pareil  marché. 

V^endre  sa  voix.  N.  T.  C.  K.,  c'est  un-  trahison  contre  le  bien  public:  car 
c'est  une  faute  qui  t(.'nd  à  abaisser  le  cara'tere  d'un  peuple,  c'est  un  moyen  de 
favoriser  un  candidat  (pie  l'on  juge  i.idigne  (h*  s(»n  suH'rauc,  c'est  exposer  le  pays 
à  être  mal  gouverné. 

Vendre  sa  voix,  c'est  montrer  qu'on  ne  sait  ;)as  ce  (jue  c'est  (pie  d'être  élec- 
teur, qu'on  est  indigne  et  incapable  d'exercer  le  noble  droit  attaché  à  ce  titnî. 

Vendre  sa  voix  c;'est  s'exposer  au  danger  du  parjure. 

Voilà  pourquoi,  N.  T.  C.  F.,  vendre  sa  voix  (?8t  un  péché  grave  de  sa  natu- 
re, et  ceux  (pii  ont  le  malhenr  de  s'en  rendre  coupables,  doivent  s'en  confesser 
et  en  avoir  une  i-ontrili(m  sincère. 


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23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  14580 

(7]6)  872-4 S03 


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Qxw^  l'aul-il  ptMiser  <lo  iciix  «jui  ri'v<>ivcnt  <U'  rargvut  ixmr  lU'  pas  aller  vo- 
ter ! 

Ils  se  dégradent  eux-mêmes  ;  ils  l'ont  un  acte  souverainement  déraisonna- 
bles, puisqu'il  reçoivent  de  l'argent  pour  ne  rien  faire.  e1  (iuel<juefois  même 
pour  omettre  un  devoir  important.  Kn  etiet  c'est  un  moyen  de  favoriser  indi- 
rectement un  candidat  en  (jui  l'on  n'a  i)as  conlianc c:  au  <'ontraire.  on  prive  d'un 
sulfraire  un  homme  (juc   l'on  en  croit  digne:   c'est  donc  une   véritable  trahison. 

Quand  on  ainu'  son  pays,  N.  T.  C.  K.  comme  tout  bon  chrétien  doit  le  faire, 
on  s'occupe  avec  joie  et  avec  zèle  de  tout  ce  (jui  peut  contribuer  à  sa  prospérité. 
Un  vrai  patriote  m»  craint  pas  la  peine  et  le  trouble  quelquefois  nécessaires 
pour  (-ela.  Il  ne  craint  pas  non  plus  les  menaces  et  l^s  violences  des  gens  sans 
principes,  qui  ne  reculent  devant  aucun  moyen. 

11  faut  don*-  éviter  le  i)arjure,  le  mensonge,  la  calomni(^  la  violence,  l'in- 
tempéraii«'e,  la  vente  de  votre  suffrage.  Kest"  une  autre  question  bien  impor- 
tante à  traiter. 

II. — (^UEI.S    SO.VT  1-KS    M(l^  IvXS    A    l'UKiNDRK    l'Ofl!    XK    PAS    VOI'S    TIÎO.MPICH    1)A.\.>< 

VOTKK    CHOl.V  ' 


Nous  ne  venons  pas,  X.  T.  C  1*..  vous  dire  de  voler  pour  tel  parti  nu 
pour  tel  Candidat,  plutôt  (pie  j)our  ttd  autre,  truand  des  circonstances  excep- 
tionnelles exigeront  que  nous  élevions  la  voix,  avec  autorité,  pour  vous  sig-naler 
<iuelque  danger,  pour  votre  foi,  ou  pour  les  saintes  régies  de  ia  morale,  ou  poiir 
les  droits  inprescriptibles  de  la  Sainte  Eglise,  nous  espérons  que  Dieu  nous  fera 
la  grâce  de  ne  i)as  manquer  à  notre  devoir  de  ])asteur.  ei  iu)us  avons  la  conlian- 
ce  que  vous  éi-oitteri'z  notre  voix.  Notre  unique  but,  dans  la  présente  pastorale, 
est  de  vous  exposer  les  règles  générales  de  prudence  chrétienne  qui  doivent 
voi;s  guider  dans  toutes  les  élections. 

lo  Des  lois  sévères  mais  très  sages,  ont  été  faites  pour  assurer  la  liberté  ei 
la  pureté  des  élections  ;  observez  les  lidèlement,  N.  T.  C.  F.,  non  pas  seulement 
par  la  crainte  des  peines  sont  portées  contre  ceux  (jui  les  enfreignent,  nuiis 
])ar  amour  pour  votre  comté  et  pour  votre  pays,  que  ces  lois  protègent,  et  par 
respect  pour  l'autorité  d'où  elles  émanent. 

2o  En  même  tei)i])s  que  la  Constitution  vous  donne  le  droit  et  la  liberté  de 
choisir  celui  qui  vous  représentera  en  Parlement,  Dieu  vous  fait  une  obligation 
de  n'user  Je  cette  liberté  et  de  ce  droit,  (jue  dans  la  vue  du  plus  grand  bien  du 
pays  ;  ca.'  c'est  à  <e  plus  grand  bien  que  doit  tendre  toute  i)oliti(pie,  et,  par  con- 
séquent  toute  élection. 

Vous  devez  donc  ne  donner  votre  sulï"rag»>  qu'à  des  hommes  (pie  vous  jugez 
capables  de  le  i)rocurer,  et  sincèrement  disposés  à  le  faire. 


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8()  De  là  suit  uiio  axitro  obligation  pour  vous  :  '^elle  de  vous  appliquer  à 
«"ounaitre  «-eux  ([ui  briguent  vos  suffrages.  Vous  seriez  bien  imprudents  si  vous 
donniez  votre  voix  au  juiMnicr  venu  (pii  •se  présente  avec  de  belles  paroles  et  de 
grandes  promesses,  saii:  vous  mettre  en  peine  de  sa  capacité  et  surtout  de  ses 
principes.  Examinez  avec  soin  juscju'à  quel  point  vous  pouvez  compter  sur  cha- 
fpie  Candidat  pour  la  protection  de  vos  rutért^ts  religieux,  aussi  bien  (jue  de  vos 
intérêts  temporels.  Xous  disons  ms  intérêts  reli^^ie.iix,  car,  N.  T.  C.  F.,  si  vous  avez 
à  cœur  votre  salut,  vous  devez  tenir  compte  de  ces  intérêts  religieiix  dans  une 
<nroonstanee  aussi  solennelle. 

Lorsque  les  Candidats,  ou  leurs  amis,  viendront  vous  exposer  leurs  propres 
principes  et  combattre  ceixx  de  leurs  adversaires,  écoutez  les  avec  l'attention  que 
mérite  l'importance  de  l'affaire,  et  avec  la  politesse  que  commande  la  charité 
<"hrétienne.  I<l<-outez  les  sans  prévention  et  sans  parti-pris  ;  soyez  disposés  à 
renoncer  à  votre  erreur,  dès  (juc  vous  l'aurez  reconnue.  8oyez  calmes  et  tran- 
quilles pour  juger  en  connaissance  de  cause.  Il  y  va  de  votre  honneur  et  «le 
relui  de  A'otre  paroisse;  il  y  va  aussi  de  votre  cons<'ience.  l),ins  le  doute,  con- 
sultez quehpie  personne  de  conliance. 

4.  Tout  en  observant  ces  règles  dictées  par  la  prudence  et  par  l'obéissance, 
n'otibliez  pas,  N.  T.  C.  F.,  de  demander  à  Dieu  d'éclairer  tous  ceux  qui  pren- 
lU'nt  part  à  l'élection,  les  (-andidats,  les  électeurs,  les  officiers  chargés  d'y  faire 
observer  les  lois.  Demandez  pour  vous-même  la  «fràce  de  bien  connaitre  ce  fjue 
vous  avez  à  taire  et  d'éviter  avec  soin  tous  les  dangers  «pie  présentent  ces  temps 
d'excitation  et  de  trouble.  Invitez  vos  familles  à  prier  afin  «{u'avec  la  bénédic- 
tion de  Dieu,  cette  élection  tourne  au  plus  yrand  bien  spirituel  et  temporel  de 
notre  chère  jiatrie. 

Ce  serait  même  une  excellente  chose  si  les  électeurs,  sans  distinction  de 
partis  politiques,  s'ent«»ndaient  pour  faire  célébrer  une  messe  solennelle  à  «îette 
intention.  Qixoique  divisés  sur  la  politique  de  ce  monde,  en  c«'  qui  touche  uni- 
«|uement  aux  intt'rêts  temportds,  les  cœurs  vraiment  catholiqut^s,  parfaitement 
unis  par  une  mêm«'  foi  en  «-e  «pii  touche  à  la  religion,  ne  doivent  pas  cesser 
<rêtre  unis  par  les  liens  d'une  charité  sin«'ère  ;  ils  doivent  pouvoir  se  rencon- 
trer avec  joie,  avec  confiance,  avec  cette  f«)i.  et  cette  charité,  aux  pieds  des  au- 
tels, où  Notre  Seigneur  s'imolc  |)()ur  le  salut  de  tous. 


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14 


C03SrOXjXJSIO^T. 


Pour  résumer  »'n  peu  «le  nu)ts toute  «ette  instructi«)n.  nous  vous  invitons,  N 
T.  C.  F.,  à  vous  conduire  durant  «^ette  élection  avec  tant  de  prudence,  de  modéra- 
tion, de  véritt',  «le  sobriété,  de  justice  et  de  charité  que  votre  consciem-e  n'ait  ensui- 
».•  rien  à  vous  reprocher.  Notre  Seii>-neur  nous  demaufle  à  quoi  servira  d'amw  ^af^né 


—  îtli  — 

l'itiiivers  eiUicr  ,</  /"(w  /lert/  son  thiir  f  (S.  Mat.  X\'l.  2ls.)  A  (juoi  vous  servirait,  >..  T. 
C  F.,  d'avoir gagiit'  nue  éleitioii  par  (lt'.s  moyens  déi'endns,  la  irandt',  lejnenson- 
ge.la  violence  la  ('orrui)tion  :"  toiit  pét;hé,  dit  l'Apôtre   S.  Taul,  prodnit  la  mort, 

tinisi    Ulorum  mors la  récompense  dn  péché  c'est  la  mort:  s/i/ien'/in  /ifrrufi  mors. 

(Rom.  V  21  et  23.) 

La  fidèle  observation  des  avis  que  nous  venons  de  vous  donner,  vous 
évitera  bien  des  remords,  fera  le  bonheiir  de  vos  l'amilles  l'honneur  de  votre 
paroisse  et  de  votre  comté  et  la  prospérité  du  pays  tout  entier.  Ltis  bonnes  élec- 
tions font  les  bons  membres,  les  bons  députes  lojit  les  bonnes  lois  et  les  bonnes 
lois  l'ont  le  bonheur  d'un  peuple. 

Sera  le  présent  uumdement  lu  (/;)  au  proue  des  paroisses  ou  missions,  où 
doit  avoir  lieu  une  élei;tion,  une  première  lois  lorsqu'il  en  sera  sérieusement 
(piestion  ;  une  seconde  l'ois  le  dimanche  ou  jour  de  l'ete  d'obligation,  qui  prét-e- 
dera  immédiatement  la  votation.     (r) 

Donné  à  (Québec  sous  notre  seing,  le  sceau  de  l'Aivliidiocese  et  le  contre- 
seing de  notre  Secrétaire,  en  la  i'ète  de  l'Ascension  de  Notre-Seigneur,  le  vingt- 
cinquième  jour  de  Mai,  mil  huit  cent  soixante-seize. 

t  E,  A.  AkCH.   1)K  QlÉBE<!. 

Par  Monseigneur, 

('.  A.  COLLET,  V'VHK 

Secrétaire. 


(b)  Lfiitciiu'iil  l't  .v,/H.v  co/HWfw/i/Mf.f  aiiciiii.s  ni  iivant.  ni  pcnihiiit.  ni  ii])!!'»  lu  loi'tiui^  .\Vc  idha  iirm-r^ 
dant  (jKtroclii)  ni  i:iic>iiiiiiiiiiitiii>  ronmitlis ;  ft  si  (juir  /Kirticu/idrrx  tint  rxiritunliiHin»  nrciiirniit  ni''iiin.iliiii(iw,  nnui- 
me  rareaiil  >ir  quiâqunm  iiirniiniillo  iiid/idiiliir  J-.'fH/ii'ti/ni  (llOciTt    IX,  du  4c  (Joncile.J 

((•)  Si  iluns  rintirvailc  cnln»  les  doux  IcctuicN,  quehiue  désoriliv  à  lifii  diiriN  lu  paroisse,  M.  le  (Jure  rap- 
pellera en  peu  de  mot    la  pari  ic  du  ujandcnienl  ipii  y  a  rapport,  et  la  lira  au  besoin. 


nsr.  T7-II. 


Supplique  ''  Notre  T.  H.  sSeigneur  et  Père  le  Pape  Pie  IX. 


Très  SAiNT-rÈEE, 

Nous,  soussigiu's,  Evèq\U!s  suti'ragants  de  la  Province  Métropolitaine  de 
Québec,  humblement  prosternés  aux  pieds  de  Votre  Sainteté,  que  nous  baisons 
avec  une  profonde  vénération,  prenons  la  respectueuse  liberté  de  Lui  exposer, 
eu  toiite  confiance  et  humilité,  que  Nous  Nous   trouvons  gravement  comin-omis 


m 


jinx  yeux  de  la  vS.  CV^ngrégatioii  de  la  Propagande  par  (certains  ra]>ports  qui  y 
auraient  été  faits  contre  nous.  C'est  toutelois  en  ])rotestant  de  tout  notre  cœur 
•  jue  nous  professons  un  i)rofond  respect  pour  toutes  les  Conijrégations  romaines 
en  général,  et  pour  cette  Sainte  Congréyation  de  la  rroj)agaude  en  particulier, 
que  nous  le  faisons. 

lo  Une  lettre  de  Son  Emineiice,  le  Cardinal  J'rélet  de  cette  Sainte  Congré- 
tfation,  écrite  le  18  Mai  dernier,  et  dont  copie  a  été  envoyée  à  chacun  de  nous, 
nous  fait  connaître  que  des  rapports  y  auraient  été  laits  par  difl'éreiits  person- 
nages, tendant  à  y  faire  croire  (pie  le  cleriié  de  la  l'rovince  aurait  «iravement 
compromis  les  intérêts  de  la  religion  en  intervenant  dans  les  élections  politi- 
<jues. 

Les  soussignés  se  regardent  comme  strictement  obligés  de  réclamer  contre 
«ette  assertion  ;  et  ils  déclarent  formellement  à  Votre  Sainteté  que  la  Sai-rée 
Conarégation  a  été  certainement  induite  en  erreur,  en  prêtant  l'oreille  ;'i  <les 
hommes  qui  se  tiennent  cachés  dans  l'ombre,  pour  i>orter  une  accusation  aussi 
odieuse  contre  le  Cleriié  de  toute  une  Province  ([ui,  i>'râ<e  à  Dieu,  est  attaché  à 
ses  devoirs.  Ils  se  font  forts  de  prouver  (jue  la  conduite  du  Cleriré.  j)endant  les 
élections,  a  été  celle  tracée  par  les  décrets  de  leurs  conciles  provinciaux  sixr  ce 
sujet,  le.scpiels  iront  été  publiés  (ju'aprè^  l'examen  (jui  en  a  été  fait  par  le  St. 
Sièire.  Si  (juehiues  jirètres  eussent  été  juridiquement  convaincus  d'avoir  oublié 
ces  reffles  si  sages,  ils  en  auraient  été  certainement  réjirimandés  par  leurs  Evè- 
ques  resi)ectifs. 

2*^.  Le  dit  Cardinal  Préfet  dans  une  autre  lettre  écrite  à  S.  Cr.  Mgr  l'Arche- 
vé(|ue  de  Québec,  le  '2\)  Mai,  et  communiqiiét»  à  chacun  <h's  Evéques  soiissiiiiiés. 
uîentionne  certaines  résolutions  ])rises  ])ar  eux  par  /csq/iflles  il  est  défendu  nii.r  pro- 
ffssfttrs  de  l' IJtiivcrAili'  rdiliolitjne  de  Laval  de  x'ii/niiiscer  acticeinent  dans  les  affaires  fiolili- 
i/ues  du  Canada. 

Les  Soussignés  se  regardent  comme  profondément  humiliés  d'avoir  à 
répondre  à  dei>  accusations  si  dénuées  de  tout  sentiment  des  plus  simples  con- 
venances et  présentées  sous  des  formes  odieuses  et  compromettantes  pour  le 
caractère  sacré  dont  ils  sont  revètixs. 

Permettez-leur    de    remar(juer  que  les    l']vé(jues     n'ont  jamais   ordauné   à 
l'Université  d'empêcher   ses  Professeurs   de  se  mêler   de   politique,    mais  recoin 
mande  ;  et  cela  à  la  demande  formelle  de  (juehjues-uns  des   Profetseurs- Prêtres 
de  rUniversité-Laval. 

liien  ne  leur  sera  plus  facile  de  prouver  k  Votre  Sainteté  qu'en  rerottiuian- 
dant  ainsi  aux  Professeurs  de  la  dite  Université-Laval  d(^  ne  point  s'immiscer 
activement  dans  les  élections,  ils  n'ont  eu  intention  que  de  prévenir  un  tJès 
grand  scandale,  celui  de  laisser  marcher  à  la  tête  des  libéraux,  qui  foulaient  aux 
pieds  leurs  Mandements  et  leurs  Lettres  Pastorales  traçant  aux  Fidèles  les 
règles  <pi'ils  avaient  à  suivre  j)our  laire   de  bonnes  élections,   des  hommes  dont 


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riiilhuMicc   pouvait  être  dautiiiU   plus   l'uin'slr   ((u'cllf    paniissiiil   Koutt'iiuc  df 
riuitoriti- df  la  dite  Université. 

Eu  atti'iidaut,  ils  croient  (U-Noir  l'aire  observer  à  N'olre  Sainteté  ([uaiirès  le 
premier  désir  exprimé  au  Séminaire,  sur  (pii  seul  repose  toute  la  responsabilité 
des  laits  et  jçesles  de  l'Université- Laval,  de  veiller  à  ce  ([ue  s(>s  Proiesseiirs  ne  se 
•  ompromissent  plus  dans  les  élections,  comme  ils  avaient  lait  précédemment,  il 
s'écoula  un  an  entier,  sans  (ju'aïuune  réponse  ait  été  doniM''e  jiux  soussianés. 

Une  seconde  recommandation,  donnée  en  '' ;>  ternu-s  plus  exj)licites,  comme 
<le  juste,  demeura  encore  un  an  sans  réponse.  Cette  réponse  l'ut  évasive  et 
ii'étail  au  l'ond  cpiun  relus  de  .se  conTormer  au  désir  des  soussiiînés  dont  on  est 
allé  se  plaindre  à  Rome.  Les  priuc  ipaux  motil's  alléyués  dans  cette  réponse  du 
Recteur,  pour  justilier  ce  refus,  sont  au  i'ono  ceux  (pii  t)nt  été  formulés  devant 
la  S.  Con<ifréj4"ation  comme  sujet  de  plaintes  contre  les  soussi<>'nés. 

Rien  de  ])lus  futile  et  de  plus  faux  (pie  ces  alléjjués.  Car.  à  (Mitendre  ces 
accusateurs,  l'Université-Laval  serait  exposée  à  tomber  si  on  en  éloignait  c(>s 
professeurs.  Or  il  n'en  est  rien  du  tout  :  mais,  ce  tpi'il  y  ii  de  certain,  c'est  (pie 
cette  institution  Jouirait  davantaire  de  la  conlijince  des  familles  si  tous  ses  })ro- 
fesseurs  avaient  la  conliance  des  Evèques.  Malheureusement,  ce  n'est  pas  le 
cas:  les  soussianés  ont  la  douleur  d'admettre  ce  fait  regrettable.  Pour  ce  (jui 
les  regarde,  ils  ont  Uni  par  déclarer  (piils  ne  voulaient  plus  riei»  avoir  à  (U'Mnè- 
ler  avec  cette  Université. 

3o.  Dans  sa  dite  lettre  du  IS  Mai  (l(>rnier,  Son  Lminence  s'adresse  à  S.  (r. 
Mgr.  l'Archevêque  de  Québec,  /loiir  tiroir  des  infonmi fions  exactes,  concernant  les 
prétendus  troubles  occasioniu's  par  l'intervention  du  Clergé  de  la  Province 
dans  les  élections  politi([ues,  ef  pour  n/i/n-eniire  île  l/ii  </uels  moi/eus  de  prudeme  sa 
soff  esse  suggère  pour  éloi<xner  les  f/i(/irtilfés  <fiti  se  son/  présentées. 

Ce  n'est  pas  dans  une  simple  supj>lique  comme  celle-ci,  que  les  soussignés 
peuvent  faire  un  exposé  complet  de  cette  malheureuse  affaire,  pour  (jue  Votre 
Sainteté  puisse  l'apprécier  à  sa  juste  valeur.  Mais  ils  le  feront  dans  un  Mémoi- 
re particulier  ;  et  forts  de  la  justice  de  leurs  réclamations,  ils  ont  la  pleine  con- 
fiance de  pouvoir  lui  présenter  cette  question,  (jui  est  si  fort  embrouillée,  sous 
un  jour  si  lumineux,  que  ce  mémoire  devra  paraître  aux  yeux  des  gens  sans 
préjugés,  vraiment  inatta(p;able. 

Ils  croient  devoir,  en  attendant,   présenter  ici  à  Votre  Sainteté  quelques 
.  observations  générales  ([ui  lui  donneront  toute  la  clef  de  cette  sérieuse  difficul- 
té. 

Vers  la  lin  de  l'année  dernière,  nos  libéraux  se  montrant  plus  excités,  quel- 
ques Evoques  proposèrent  à  S.  U,  Mgr.  l'Archevêque  de  s'entendre  avec  ses 
SufTragants,  pour  donner  une  lettre  collective,  qui  serait  publiée  dans  toute  la 
Province,  afin  de  fermer  la  bouche  à  ceux  qui,  pour  s'autoriser  dans  leurs 
fausses  opinions,  trouvent  toujours  des  prétextes  de  se  soustraire  à  l'enseigne- 


!».')  — 


?a''iit  (le  Jcur   l']vc(juc.  en  iiivoiniiiiil  l'auloritr  dr  cnu^lqucis  autroK  Evêqued  dont 
inalhciuvusi'inrnt  ils  iihusciil  jxmr  iroiiiix'v  le  Itoii  pcui)U'. 

L  Anlu'vnpu'  acquie.sva  volontiers  à  .rll.'  1)101;  ition,  cl  il  voulut  bien  à 
lii  j)ricrt' (le  wcs  sullraii'aiitn.  rédin-t.)-  lui-nu  iiic  ci'lli'  lettiv  Pastorale  qui  l'ut 
•  •n.suitc  «ouscrite  de  ^•^alld  .'OMir  par  lous  ses  Sullhia'ants  et  publiée  le  22  Sej)- 
fenibre  1H7-).  Votn-  Sainteté  en  juuvra  l']llr-nifnie  ;  car  une  coi)ic  de  cette  lettre 
est  soumise  avec  la  i)résentc  Supplicjue.  a  ses  sa,Li-cs  a|)])réciatious. 

Mais  pendant  qui'  la  masse  du  Cleriic  et  de.s  Ix.ns  Catholiques  dans  toute 
la  Province  ap])laxulissaienl  à  cet  im]M>rtan1  docunu'ul.  les  libéraux,  qui  y 
voyaient  la  condamnation  de  leurs  principes  et  la  ruine  de  leur  parti  se  portè- 
rent, <lajis  leurs  écrits  à  des  excès  inouis.  Comme  ce  moyen  ne  leur  réussissait 
]>as,  ils  cmployei'cnt  toutes  sortes  <rintrii;ues  cl  d'autres  moyens  condamnables 
jv  ..r  faire  revenir  les  I']\e(|ues  sur  leurs  pus. 

L  Arche\('(jue.  à  ce  (ju'd  parait,  lut  ébranle  par  toutes  les  menées  secrètes 
qui  se  tramaient  autour  de  lui  pour  le  detournerde  l:i  voie  dans  Uupu'lle  il  était 
entré  si  yciicreusement  avec  ses  suliVan'aul s. 

Il  prcla  I  oreilk'  aux  propositions  (|ui  lui  lurent  laites  de  modiiier  la  dite 
JiCttre  l'aslojale,  ou  ])lutût  de  la  reL!'arder  comme  non  avenue. 

Mais  comme  il  ne  pouvait  modiiier  seul  une  lettre  qui  était  entrée  dans  le 
domaine  public  revêtue  des  siuiiatures  de  tout  l'Episcopat  de  la  Provinc«>,  il 
«■omprit  qu'il  devait  avant  tout  travailler  à  avoir  le  concours  de  ses  suti'ra<^ants. 
Il  leur  proposa  donc  son  projet.  Mais  tous  d'une  voix  unanime,  lui  répondirejit 
<]Ue  la  ()osition  qu'ils  avaient  prise  dans  leur  lettre  collective,  qui  n'est  que  le 
résumé  des  documents  du  S(-Siéye  et  des  JJécrets  de  nos  conciles  provinciaux, 
leur  paraissait  si  Juste  et  ,>i  iionorable  pour  l'Eglise,  (qu'ils  n'entendaient  nulle- 
nuMit  la  (piitter.  et  qu'ils  voulaient  à  tout  prix  s'y  lixer. 

Là-dessus,  l'An  lieve(|ue  juuea  que  le  seul  moyen  possible  de  se  tirer  de 
l'embarras  que  lui  suscitaient  ses  amis  était  d'adresser  au  clergé  et  au  peuple 
de  son  Archidiocése  un  Mandement  dans  lequel  il  omit  tout  ce  qui  avait  rap- 
jjort  au  libéralisme  Catholique,  et  il  en  l'ormula  l'exécution  de  manière  à  impo- 
ser silence  au  Clergé,  ou  à  ne  lui  i)ermettre  que  des  choses  qui  n'embarrasse- 
raient nullement  les  libéraux,  qiii.  par  là.  demeuraient  maîtres  du  churûi)  ^'' 
bataille. 

Tel  est  le  point  de  la  diiliculté  (pia  prétendu  trancher  8.  Em.  le  Cardinal 
Préfet,  en  chargeant  l'Archevêque  seul,  à  l'exclusion  de  ses  SufFragants,  de 
l'aire  les  suggestions  que,  dans  sa  sagesse,  il  trouvt'rait  convenables  et  projires 
à  l'aire  cesser  ces  dilli»ultés.  11  est  facile  de  s'apercevoir  que  l'Archevêque  est 
appelé  ici  à  juger  sa  proi)re  cause. 

Quoiipi'il  en  soit,  Votre   Sainteté  conclut  facilement  que  l'Archevêque,  ati 


|)  4. 


—  on  — 

lieu  de  sciutoiiir  *'t  dv  protéger  ses  sullVîmiiuts,  dans  lu  ciiusc  (jii'ils  s'i'laii'iit 
l'iigagés,  d'un  couuniin  accord,  à  dédcndrc.  les  abandonna  à  la  l'uri'ur  des  lilx'- 
riuix. Aussi  se  sont-ils  portes  à  toiitos  sortes  d'excès  dans  des  écrits  l'iiribonds 
publiés  sur  ce  sujet,  dans  leurs  journaux. 

Il  s'est  montré  également  l'aihle,  quand  il  fallu  venger  ses  mêmes  sutl'ra- 
gants,  quand  il  a  vu  l'Université-Laval  les  traiter  avec  \in  méj)ris  alfecté  :  après 
s'ètri'  uni  à  eux  ))our  demander  (pie  le  Séminaire  de  Québec  ne  j)ermit  pas  aux 
Professeurs  de  Laval  de  se  nu'ler  artivemont  des  él, 'étions,  il  a  (ini  i)ar  les 
abandonner,  et  par  approuver  h's  démarcbes  de  l'Université  cf)ntre  les  vues  des 
Evèques. 

Toutes  ces  observations  sont,  «'omme  de  raison,  abandonnées  aux  ap])récia- 
ciatious  de  la  Suprême  sau'ess(^  de  Votre  Sainteté. 

Tout  ce  que  les  Soussignés  attendent  aujoui  d'hui  de  Votre  Sainteté,  c'est 
que  Vous  daigniez  recevoir  avec  votn»  bonté  paternelle  Monsein'ueur  Lallèche. 
Evèque  des  Trois-Kivières,  qui  veut  bii'U  consentir  à  faire  le  voyage  de  la  Ville 
Sainte,  pour  Lui  donner  toutes  les  exidications  (jui  Lui  sont  nécessaires  ponr 
(lu'Elle  puisse^  leur  rendre  la  justi<-e  cpi'ils  croient  mériter  du  Saint-Siège  (pi'ils 
vénèrent  et  honorent  d'un  culte  vraiment  filial. 

Ils  croient  devoir  déclarer  en  même  temps  (pi'ils  reposent  toute  conliaui'c 
dans  la  prudence,  l'impartialité  et  les  intentions  droites  de  <•(■  diu'ii.e  Evé(pie. 
Us  supplient  en  consèquem-e  Votre  Sainteté  de  vouloir  bien  croire  (ju'il  est  au- 
torisé par  eux  ù  Lui  exprimer  leurs  vrais  sentiments  sur  les  (piestions  (pi'il  est 
char<>v  d'exposer  au  St-Siége  pour  le  plus  grand  bien  des  l*]<i|ises  conliées  à 
leurs  soins. 

En  recommandant  ainsi  à  Votre  bonté  paternelle  leur  bien-aimé  Frère, 
porteur  de  la  présente  Supplique,  ils  vous  conjurent.  Très-Saint-Père,  de  vouloir 
bien  en  exauçant  leurs  prières,  les  bénir  toxis,  ave<'  leur  Clergé  et  les  Fidèles 
confiés  à  lexirs  soins. 

Vu  les  eft'orts  inouis  faits  ici  pour  répandre  furtivement  le  libéralisme  ca- 
tholique, les  Soussignés  supplient  instamment  Votre  Sainteté  de  condamner 
expressément  pour  notre  Canada  «-ette  subtile  et  dangereus(^  erreur  qui  meiuice 
de  déraciner  des  cœurs  de  nos  bous  catholiques,  tout  sentiment  d(>  foi  et  de  piété. 
Par  cette  condamnation  solennelle.  Votre  Sainteté  couronnerait  glorieusement 
les  combats  qu'lîlle  livre  à  ce  funeste  libéralismi^  depuis  tant  d'années  avec 
une  vigueur  vraiment  apostoliqu(>. 
Montréal,  le  V\  Juillet  187H. 

(Signés)  t  ICrNACE,  Ev.  dk  Montiîi^ai.. 

"      t  EDOUAKl)  CHS.  liv.  w.  Giiatianopoms. 

"      t  ANTOINE,  Ev,  dk  SiiKiiiUiooKE. 

"      t  .TEAN  THOMAS,  Ev.  d'Ottawa. 

"      t  LOUIS-ZEPHIIJIN,  Ev.  dk  St-Hvacinthiv 


~  î»?  - 

Adresse  ù  .Vohr  T.  s    l\rr  h   Piiii,   m,   IX.par  .\Tirr.  LitjUrhi 
ihytiilr  /mr  /rs   f'Jrryi/rs  dr  in   l\iirinrr  ilr  <^)iii'bP('. 


Ti;Ks-S.\i.\T-ri:i;K. 

L'I'hcciuc  (les  Tn)is-Hivicri>s.  soussiiriit-.  (U-pnté  v<»rs  le  St.  Siège  par  ses 
Vi'nt'-riihli's  Frères  et  Collenvies  de  hi  l'roviin'e  de  (^uéber  pour  donner  cortiii- 
nes  inrorniatioiis  deniandt-es  par  Son  Kininence  le  Ciirdinal  A.  Franchi,  IVI'. 
de  la  l'ropauande,  dans  nue  lettre  dii  18  Mai  dernier,  est  hexireux  de  proliter 
de  ei"  voyat>v  au  tombeau  des  SS.  Apulres  pour  déposer  aux  i)i('ds  de  Votre 
Haititiuli*  rexi)ressi(m  des  vœux  cpie  tous  les  Kvèqucs  d-  la  Province  de  Qu«V 
l>oc  ne  cessent  d'adresser  au  ciel  pour  la  conservati(»n  de  vos  Jours  précieux, 
l'assurance  de  leur  profond  respect  jiour  Votre  i)ersonne  sacrée,  et  de  leur  atta- 
<'htMn(Mi1  iilial  et  inél)ranl;d)le  à  la  Chaire  de   Pierre. 

("est  aussi  un  bonheur  pour  lui  d'avoir  cette  oi'casion  de  l'aire  connaitre  à 
Votre  Sainteté  le  rcsjxM't  avec  letiucl  ces  Vénérables  Prélats  reçoivent,  et  la 
fidélité  avt-c  huiuelle  ils  suivent  les  enseiî»-nements  et  les  directions  cjue  Votn- 
Sainteté  ne  cesse  de  donner  au  monde  entier  pour  lui  siu'ualer  les  erreurs  con- 
temporaines et  les  abîmes  insondables  où  elles  conduisent  infailliblement  les 
sociétés  humaines  (|ui  s'en  laissent  inl'atuer. 

Dau.s  cette  voix  du  successeur  de  l'ierre  dénonçant  au  peuple  chrétien  ses 
éii'arements  et  ses  prévarications,  nous  aimons  à  reconnaître  la  voix  du  Prophète 
Fidèles  à  qui  le  Soii>-neur  disait  :  chima,  ne  resse<,  fp/usi'  tuba  e.mlta  mweiii  hinm. 
nnuiinlia  /ia/)iil(>  iiiru  sce/ern  mniin  el  ihmiii  Juroh  pccmld  eoniin,  {la.  58)  Nous  aimons 
aussi  à  y  entendre  un  écho  de  la  voix  du  (rrand  Apôtr(>  des  nations  disant  à  son 
disciple  Timothée,  (>,t  dans  sa  personne  aux  lilvéques  de  tous  les  temps:  "  Prœdi- 
rii  rerhiim,  iiis/a.  o/ipi>r//ine,  iin/ior/Ntif,  arij:in;  ohM'.rra,  inrrepn.  iii  om ni  initient ia  el  dor- 
frin'i.  Elit  ennn  tem/i/i^  rum  miiam  ilnr.li-inim  wia  i^iiMinehiinL  se//  (ul  sna  deùderia  cou- 
eerrahiinl  sil)i  iii'ii^istrDS  pnirieufes  <inrihns,  n  verita/e  t/mlein  ai^eiient.  ad  fat)ul<is  aiitem 
fonvertentirr  {'1  Tim.   IV). 

Oui,  Irès-Saint  Père,  les  Fvecjues  du  Canada  rei'uillent  avec  h>  même 
respect  que  le  disciple  de  St.  Paul  les  enseionemeuts  admirables  et  les  coura- 
U-eux  avertissements  qui  leur  viennent  constamment  de  la  Chaire  Apostolique  : 
et,  si  j'ose  le  dire,  ils  s'applicjuent  avec  le  même  zèle  et  la  même  prudence  à  les 
faire  passer  dans  les  âmes  des  Fidèles  confiés  à  leurs  soins,  afin  de  leur  donner 
la  véritable  xeienre  du  saint  des  sociélA'i,  aussi  bien  que  celle  du  salut  des  indivi- 
dus. "  Ad  dnndam  scienlinin  sit/utis  /jleh>  e/us,  in  remissionem  iieœalorum  eorum.  / 

C\^st  ce  (ju'il  lui  serait  facile  de  faire  voir  à  Votre  Béatitude,  en  Lui  expo- 


-     !tH  — 

sauf  ln'icvi'uu'iil  (iiit'l(jui's  cxiniils  fie  Inus  ndcs  Episropaux,  nu  ils  se  .ont 
appliinu's  à  (iDimcr  <'('f  (•usciiriu'iiii'iit  et  à  tiiucr  es  ivulcs  de  priKlciict'  (|uc  li- 
(Mcrift'  t't  les  Kidclt'w  (loivciil  siiivii'  (hiiis  1  iiccoiiiplisst'iiii'iit  de  ces  devoirs  im- 
])orlants.  Maiis  l'oinitie  leur  dernier  d(i(  muent  eolle(:tir  udi"«'Kse  au('leru'é  et  à 
tous  les  Kidt'U's  de  la  l'rovilire  est  UM  résumé  précis  de  ces  eiiseii>neiiiei)ts  et 
de  ces  r('<>'les,  il  suHira  d'en  mettre  (|Uel(|Ues  jiassiiyes  sous  les  yeux  de  \'uirc 
Sainteté,  pour  cju'l'ille  puisse  juii-er  de  leur  zelc  et  de  leur  lidéliie  à  (riUismettrc 
à   leurs  ouailles  les  eiiseiiiiiemeills  de  l:i  Cliiiiie   Aposloliijue. 

Les  fruits  précieux  el  altoiidiiiits  (|ue  noire  lieureuse  patrie  en  m  recui'illis 
jus<iu"à  présent  pour  le  luiiinlien  de  Tordre,  le  respect  de  l'aulorité,  Iti  soumis- 
sion à  l'l!]i>'lise  el  la  i)rotection  de  ses  droits  ont  suraboudamnienl  i)rouvé  lu 
saiivsse  et  ridliciicité  saiutîiire  de  ces  enseiiiiienieiits.  "  Hfuif/is  /xi/m/iis  cii/its  Doini- 
/i/ts  Drusfjiis  l's/ !  "  Le  ])etit  peuple  Caiiadieii  est  |>eul-etre  celui  de  toute  hi 
ii-raiule  famille  Catholitpie  ([ui  jouit  aujourd'hui  de  la  plus  véritable  et  de  l;i 
plus  complète  ld)erté  reli<i'ieuse.  ii'riice  à  sa  iidélilé  à  suivre  les  euseiuJienu'lils 
salutuires  de  ses  ])reniiers  l'asteurs. 

Ce  ii"est  pas,  Tres-Saint  J'ére,  ([ue  le  souille  de  /a  f^'raiii/f  i-rmir  iti/z/nii/ioruli/i 
ne  se  soit  fait  sentir  dans  In  vallée  de  notre  «iraiid  lleuve.  el  (pie  la  rai.r  ri/clinii- 
teressestles  )<irenes  lihiU'oles  n'ait  l'ait  entendre  ses  échos  sur  les  bords  du  St.  J^au- 
rent,  et  n'ait  mOnie  péiu'tré  juscpu'  dans  la  profondeur  de  nos  forets!  ^Lus  li'race 
à  la  vii>'ilance  des  Premiers  l'asteurs.  uràce  nu  /ele  échiiré  de  leurs  diiiJies  coo- 
pérateurs  dans  le  St.  Ministère,  le  nombre  des  victimes  de  cette  su})lile  et  sé- 
duisante erreur  est  encore  assez  restreint,  et  la  masse  de  notre  peuple  est  de- 
nienrée  profondénu'ut  attachée  à  Notre-Meie  hi  Sainte  Eiilise  C'idholitjue  et 
lidèlement  soumise  à  tous  les  eiisei<>nenien(s  de  \'icaire  de  N.  S.  .1.  (". 

C'est  depuis  25  ans  environ  (jue  les  erreurs  contemporaines  ont  commencé 
à  faire  sentir  leurs  funest<»s  eil'ets  dans  les  élections  i)o})ulaires,  et  à  leur  doniu-r 
un  caractère  bien  prononcé  d'hostilité  contre  Tlialise  de  la  ])art  de  certains  Ca- 
tholiqi;es  iniluents  de  la  Proviiue.  Ils  foruu'rent  un  parti  et  fondèrent  des 
journaux  qui  se  donnèrent  la  mission  de  faire  prévaloir  en  Canada  les  idées 
subversives  do  la  France,  de  battre  en  brèche  les  d(»ctrines  de  l'La'lise  sur  les 
rapports  des  deux  Puissances,  et  d'attaquer  ouvertement  le  Clerué. 

Les  Kvéques  justement  alarmés  de  cette  tentative  hardie  (.'t  inouïe  jusque 
là,  AW  milieu  de  nos  relii>'ieuses  populations,  jetèrent  le  cri  d'alarme,  et  ils  ne 
cessèrent  depuis  de  surveiller  les  allures  et  les  menées  dt*  ces  dangereux  enne- 
mis de  la  l'oi  de  leur  peuple,  alin  de  déjouer  leurs  plans  et  de  faire  échouer 
leurs  tentatives  hypocrites  ]>our  tromper  la  bonne  foi  et  accaparer  la  conliauce 
de  notre  bon  peuple.  Dans  leurs  I^ettres  Pastorales,  dans  leurs  Mandements, 
dans  leurs  Décrets  de  leurs  Conciles  provinciaux,  il  est  facile  de  voir  avec 
(juel  zèle  et  (p\elle  assiduité  ils  veillaient  à  la  garde  de  leurs  troupeaux. 


—  on  — 


\  litre  Siiiiitvir  piMil  t'ii  ;ivnir  un  api'iiMi  dans  les  fxlrails  .siiivauiN  de  hiir 
ili'i'iiierc  ijfttn!  Piistorult'  collcctiN  c,  (|uil,s  jugèrent  luVi'.ssjiin'  d'iulrcsscr  à  Ions 
les  ( 'atholiqucs  (1(>  1,1  l'roviii  c  iiu  mois  de  Si'i)l('inl)i(' (leniicr.  pour  les  prému- 
nir <()iitre  d«'  nouveaux  danuers.  Ce  document  important  résume  avee  rhirté 
et  |)réeision  les  ensi'iirnements  et  les  directions  donnés  jtis(|ue-là.  Il  commence 
par  ra]>pi'ler  la  constitution  divine  de  l'Ivj'Iise,  sou  autorité,  sa  mission  dans  le 
monde. 

"  l'our  remplir.  \  est-il  dit.  cette  sul)lime  ci  dillicile  mission,  il  fallait,  cpie 
'■  ri'je'lise  lïil  constituée  par  son  divin  l'ondateur  sous  l'orme  de  siM'iété  parlaitc 
'■  l'U  (die-méme,  «listincte  et  indé|)eHdante  de  la  société  civile. 

"  Fne  siM'iété  (jU(di'on(jue  ne  [)eut  suhsister  si  cdle  n'a  des  lois,  et  par  con- 
'■  sécjueiit  des  lée'islateurs.  des  juives  et  une  puissance  propre  à  l'aire  respecter 
■•  ses  lois  :   rillglise  a   donc  nécessairement    reçu  de   son  t'ondateui',    autorité  sur 

■  ses  enfants   pour  maintenir   l'ordre  et    l'unité.   Nier   <('tte   autorité,   ce  serait 
■■  nier    la  saii'csse   du  l''il.s    de  Dieu.    Subordonner  cette   autorité  à   la   puissance 

civile,  ce  serait  donner  raison  à  Néron  et  à  Dioclétien  contre  ces  millions  de 
'■  e  irétiens  (pli  ont  mieux  aimé  mourii'  que  de  trahir  leur  foi  :  ce  serait  donner 
"  raison  à  l'ilate  et  a  llérode  contri'  .lésus-Christ  lui-nu'me  ! 

■'  N(.)n  seulement  l'itlg'lise  est  indé[)endante  de  la  .société  civile,  mais  elle 
"  lui  est  supérieure  par  son  origine,  par  son  étendue  et  par   sa  lin 

"  l'ne  so -lété  civile  n'ei'i))rasse  (ju'un  peuple;  l'J'jU'lis»»  a  reçu  en  domaine 
'■  la  terre  t>ntière  ;  Jésus-Christ  lui  a  donné  mission  (t'fnsf'i'>iif'r  fo/i/ra^  ie,i  iidliotis; 
"  (lorelc  oinnrs  iTfjjit,'^   (Mat.  XXVIII.    '10.)  \  l'Ktat   est  donc  dans  l'Kglise,  (>t    non 

■  pas  l'Eii'iise  dans  Tl^tat. 

"  Cette  subordination  n'empécho  point  (pie  ces  sociétés  ne  soient  distinctes 

■  à  cause  de  leurs  lins  et  indépendantes  chacune  dans   sa  sphère  propre.    Mais 
"  du  moment  qu'une  question  touihe   à  la  foi  ou   à  la  morale   ou  à  la  (;onstitu- 

■  tion  divine  de  Tlilclise,  à  son   indépendance,   ou  à  ce  {|ui  lui   est  nécessaire 
"  pour  remplir  sa  mission  sinrituelle,  c'est  à  l'I'jglise  seule  à  jugei*.  etc. 

"  Mais  en  revendiquant  ainsi  les  droits  de  riiglise  catholique  sur  ses 
"  enfants,  nous  ne  prétendons  nullement  envahir  ou  entraver  les  droits  civils 
"  de  nos  frères  séparés,  avec  les(|U(ds  nous  serons  toujoiirs  Innireux  de  conser- 
"  ver  les  meilleurs  rapiwrts  dans  l'avenir,  comme  dans  le  passé.  Les  principes 
"  que  nous  exposons  ne  ,sout  pas  nouveaux  ;  ils  sont  aussi  anciens  que  l'Eglis  • 
"  ellomôme.  Si  nous  les  rappelons  aujourd'hui,  c'est  que  certains  catholiques 
"  paraissent  les  avoir  mis  en  oubli. 

"  Le  pouvoir  de  législater  et  de  juger  dans  l'Kgiise  existe  au  suprême 
"  degré  dans  le  Souverain  Pontife,  le  successeur  de  saint  Pierre,  à  qui  Jésus- 
"  Christ  a  confié  les  clel's  du  royaume  des  cieux  et  ordonné  de  confirmer  ses 
''  frères. 


100    - 


'■  Les  ('(iiicilfs  i-i'iHTiMix   <(ni\<>((ucs   prr.sidéN  cl  coiiliriut's  |>iir  le  \*,\\n'.  ont 
t't'  nirint'  pouvoir. 

"  L(^s    l!lv«h|iic.s  ont  ('ir   cliilili.s    pur   le  Siiiiii - Iv^prii    iMiiir    rt'uir  l'IOylis»'   de 
Dieu;  ils  ont  dans  leurs  (lioc-scs    icspcctiis  pouvoir  dt'nsi'inin'r.  de  cominim- 
lUr,  dt>  Juifcr  ;  pouvoir  n»''iiiuiioins  sulxjrdoiiné  à    «dui  du  clud'di-  rHylisc.  cii 
(jui  seul  réside  in  plt'-nitiulc  <\v  hi  puissaur.'  iiposinli(|ut'  et  riiifiiiHihilité   doc 
triunic.     l'rctvi's    cl    hiupics    d.>i\ciit    aux    l'îv 
l'ohcissiiiicc. 


I'îvc(jucs    la    docilitc.    le    respect     cl 


■  ("hiupie  prctre,  a  son  tour,  lorsipiil  a  re(,'u   de  sou    l']vè(|ue  la  mission   de 
preclu-r  e)  d'administrer  les  secours  spirituels  a  un  certain  noinhre  de  iideles. 
"  a  un  droit  ri<i(tureux    au  respect,  à  ]"anu»ur  l't  à  l'obéissance  de  ceux  dont   les 
"  intérêts  spirituels  .sont  conliés  à  sa  sollicitude  pastorale. 

"  Tel  est  le  plan  divin  de  l'Eii'lise  callioli(pie  (pie  .Iésus-( 'lirisl  a  revêtue  de 
■■  sa  puissance,  etc.. 

Après  avoir  ainsi  rapi)elé  la  Constitution  di\ine  de  l'IOiilise.  .son  autorité, 
sa  nnssion  dans  le  monde,  les  l'ivéques  de  la  l'rovini'c  ont  Ju<>é  (pi'il  était 
nécessaire  do  siirnalt'r  aux  Fidèles  l'erreur  aciuell<'  (pii  l'attaipie  le  ])lus  directe- 
mont,  et  qui  t'ait  tant  d'ell'orts  i-n  ci'  temps  pour  s'implanter  au  milieu  d'i'ux. 
Voifi  en  quels  termes  ils  le  l'ont  : 

"  Le  libéralisme  catliolitiue,  dit  Pie  l.\.  est  reiinemi  li'  plus  acharné  et  le 
'■plus  dan<>'ereux  de  la  divine  constitui  ion  de  i'1'îii'lise.  Semblable  au  serpent 
"qui  se  ii'lissa  dans  le  paradis  terrestre  pour  tenter  et  l'aire  déchoir  la  race 
"  humaine,  il  présente  aux  enl'ants  d'Adam  rap[)at  trompeur  d'unt>  certaine 
"science  du  bien  et  du  mal  ;  liberté  et  science  qui  aboutis.sent  à  la  nu)rt.  11 
■'  tente  de  se  glisst>r  imi)erceptiblmnent  dans  les  lieux  les  plus  saints  ;  il  facine 
"  les  yeux  les  plus  (dairvoyants  ;  il  empoisonne  h's  cœurs  les  plus  simj)les,  pour 
■'  peu  que  l'on  ehancelle  <hins  la  i'oi  à  l'autorité  du  Souverain  Pontil'e. 

"  Les  partisans  de  cette  erreur  subtile  concentrent    toutes  leurs  forces   pour 

"  briser   les  liens  qui  unissent  les  peuples  aux  Kvêques  et  les  ICvèqes  an  Vicaire 

"  de  .lésus-Christ.  Ils  applaudissent  à  l'autorité  civile  cluniue  l'ois  qu'elle  envahit 

"  le  sanctuaire;  ils  cherchent  par  tous  les  moyens  à  induire  les  lid'des  à  tolérer, 

■  sinon  à  approuver,  des  lois  iui([ues 

"  En  présenci'  de  cinq  bnd's  apostoliciues  qui  dénoncent  le  lihénilisiiie  ciUholi- 
••  ijur  comme  absolument  incompatible  iivec  la  doctrine  de  l'Eglise,  quoiqu'il  ne 
"  soit  pas  encore  formellement  coiulamné  comme  hérétique,  il  lu'  peut  plus  être 
"  jiermis  en  coust'ieuce  d'être  un  libéntl  aifholùjtie.^' 

Après  ce  sigiudemeiit  de  la  grande  erreur  coiitemporaine,  les  Evèques  sus- 
dits exposent  l)rièvement,  d'après  St.  Thomas,  les  traits  d'une  politique  vrai- 
ment chrétienne.  Fuis  ils  établissent  les  droitx  et  les  devoirs  du  Prêtre  dans  cet 
ordre  de  choses,  et  les  règles  de  prudence  (pii  doivent  guider  sa  conduite  sur  ce 
t.^rrain  motivant. 


Kil    - 


"  I)i'.s  liniiiincis  (liNt'iil-ils.  f|ui  \  cillent  nous  li'ompcr,  Xos  'l'tcs  Clu-rs  l'iiio, 

••  vniis  rrixfciit  (|ui'   la  rcliuion  nu   rien  à  voir  diiiiN  In   poiiliiiuc  ;  ()u"il  iic   l'iiiil 

H'iiir  luicmi   r()nij)lc   des  priiuipi'x   rcliiiicux  «Umin   la  disciissioii  des  alliiirt'.» 

pul)li(Hics  ;  (|ii('  le  clcrtiv  n'a  de  foiictioiis  à  rrmi)lir  (\nh  iT-iilisc  cj,  à  la  sacriis- 

tii',  l'I  (HIC  le  pcu|)|c  doit  cil  p()lili(|uc  pi'aii(|ucr  riiidcpciidaiicc  morale! 

"  ICrrciirs  iiionstnicuscs,  Nos  Tycs  ("licrs  JM-crcs,  ci  mallicur  au  pavs  ou 
■•elles  viendraient  a  |ireiidic  racim- !  Imi  excluant  le  .  Icruv,  on  exclul  ri']L;li-ie. 
■■  et  en  nicttaiil  de  retc  l'j'îu'li.se.  on  Si'  |-ri\c  de  tout  ce  (pfelle  reiircrnic  de  salil- 
•■  taire  et  d'ininniahlc,    iJicu.    la  morale,    la  jnstiee,    la  \érité;  et    (piaiid  on    l'ail 

■  ainsi  main  ])asse  sur  tout  le  reste,  on  n'a  plus  à  compter  (|u'avec  la  l'oree  ! 

<  Mii.  il  y  a  des  <|ucstions  polili(|ues  on  li-   cleriié  [jcut  et  meine  doit  inier- 

■■  venir   au  nom    de  la  reliiiion.     La  reyic  de  ce  droit   et  de   ce  devoir  se   tnnivc 

•  dans  la   distinction   même  (pie  nous  a\(nis  ([('•jà   sitinalée.   entre   ri'jLjlisc  cl 

••  notai. 

■'  Il  y  a  en  elicl  des  (jucstious  iioliti(|ucs  (pli  touchci  ;  aux  int('rets  spiri- 
■■  liiels  des  âmes,  soit  i)arce<iu'cllcs  ont  rappoi't  à  la  loi  on  à  la  morale,  '-oit  |)ai- 
•■  cc(pi'elles  peuvent  ailecter  la  lilicrt('-.  rindéix'iidaii        )U  iCxisteiK     <le  nCylisc  . 

■  ni«''Uie  sous  le  ra;)p()rt  temporel  

"  L'on  ol)jcclera  p(Mit  ctre  «pie  le   pri'tve  est   exiiosr  coinmo  tout  homme,   à 

■  d(''pas>i'r  la  liniile  (|ui  lui  est  assin-in'c.  et  (pTalors  c'est  à  l'Ktat  à    le  l'aire  ren- 
trer dans  le  devoir. 

■■  A  cela  nous  rt''i)ondrons  d'ahord  i\\io  c'est  l'aire  i>'ratiiitement  injure  n 
"  ri']u'lis(,'  entière  ([ue  de  supj^oser  (ju'il  n'y  a  pas  dans  sa  hiérarchie  an  remède 
'■  il  l'injustice  on  à  l'erreur  d'un  de  ses  ministres,  lin  elf'et,  j'Kii'lise  a  ses  tribxi- 
'■  naux  n''H'ulièrement  constitixés,  et  si  quelqu'un  croit  avoir  droit  de  se  ))Iain- 
"  dre  d'un  ministre  de  rEu-lise,  ce  n'est  ])as  iui  tribunal  civil  (|u'il  doit  le  citer 
'■  mais  bien  au  tribunal  ecch''siasti(|ue,  seul  (ompétent  à  juo'<'i'  h'  doctrine  et  les 
'■  actes  du  Prêt  ri  s 

linlin,  Très  Saint  IV-re,  dans  une  Lettre  Circulaire  au  Cleriré  aeeompa- 
ffiianl  cette  I^etlre  Pastorale,  les  l'^A'êques  de  la  Province  donnent  des  avis 
très-importants  à  leurs  Prêtres  sur  la  prudence  (ju'ils  doivent  apporter  dans 
rao<'omplis.sement  lU'  ces  dev«^rs  dilliciles,  et  ils  recommandent  de  s'en  tenir 
aux  saq-es  prescriptions  du  4e  Concile  de  (Québec  :  "  Nous  pensons  à  propos, 
"  disent-ils,  de  vous  répéter,  Messiexirs,  les  sages  prescriptions  du  IXe  décret  du 
"  Quatrième  Coiu'ile  de  Québec.  Dans  les  circonstances  ordinaires,  bornez-vous 
"  à  développer  à  votre  peuple  les  rèi^les  o-éuérales  ijui  doivent  le  guider  dans  ll^s 
"  élections  :  "  i>er  iilfm  procfu/aiil  in  circiiiiisfnnfiis  fot/sitetis  ".  S'il  se  présente 
"  quelques  circonstances  particulières  ou  extraordinaires,  ayez  bien  soin  de  ne 
"  rien  dire,  de  ne  rien  l'aire,  sans  avoir  consulté  votre  Evèque  :  iier  (juù/(/mm  nui' 
"  Imuliir  inroni^ulto  Ei>isi;nt"> 


■"fj 


i 


—  102    - 

■'  Un  prêtre  tjui,  ayant  suivi  t'xactcuitMit  les  flrcn't.s  dos  Conciles  Provin- 
"  (.'iaiix  et  les  Ordounanees  de  sou  Evéqiie,  serait  néanmoins  condannié  pour 
"  injtue/we  indue  par  le  tribunal  civil,  devrait  soulirir  i)aliernuien1  cette  persécu- 
"  tien,  par  amour  ])ovir  la  sainte  Eglise  ". 

Le  so'.issig-ué  comprend  qu'il  doit  demander  pardon  à  Votre  Paternité  pour 
ces  longues  citations.  11  espèn'  néanmoins  ([ue  le  désir  de  bien  l'aire  connaître 
à  Votr»'  Sainteté  les  sentiments  de  dévouement  de  l'I'^piscopat.  du  C'ieru'é  et  di; 
peuple  Canadien  à  la  C-haire  Apostolique,  ainsi  que  leur  lidélité  à  suivre  sec 
enseignements,  lui  servira  d'exeuse. 

Eu  etl'et,  Très-8aint  Péri;,  si  votre  cœur  est  souvent  contristé  par  l'indocili- 
té d'un  nombre,  hélas  !  bien  trop  urand  de  vos  entants,  les  témoignages  de 
ranu)ur  et  de  la  docilité,  même  des  plus  j)etits  et  des  plus  éloiirnés,  ne  peuvejit 
manquer  d'api)orti'r  (quelque  lonsolation  à  votre  cceur  dans  ses  graiules  tribula- 
tions. 

Dans  l'espoir  que  cette  expression  du  respect,  du  dévouement  et  de  ratta- 
chement iiu'îbraulable  de  l'Archevêque  et  des  EvêqiU's  de  la  l'rovince  de  (^)né- 
bec  sera  agréée  de  Votre  Sainteté,  le  soussigné,  prosterné  à  s(>s  pieds,  implore 
avec  coutiance  povir  eux,  pour  leur  Clergé  et  levtr  peuple  la  Bénédiction  Apos- 
tolique, et  demeure  ave<'  la  plus  sin(  ère  gratitude  et  le  phis  prol'oiul  resjjcct, 
De  Votre  Sainteté, 

Le  Trcs-humble  l'I  Très-obéissant  Fils 

en  Notre  Seigneyr  Jésus-Christ, 
t  L.  F.  Eviiqui:  niis  Tuois-Riviiiuiis. 


InT.    I 


BREF   DE  NOTRE  SAINT-PERE   LE    PAPE 


L'EVEOUE  DES  THOIS-RIVIERES 


{Traduction}    / 


A  Notre  Vénérable  Frère 

Louis,  FJvêque  des  Trois-Kivieres. 


r=iE  is:,  r'-A^I^E. 


Vénérable  F'rère,  Salut  et  IJénédiction  Apostolique.  (!e  (jue  vous  avez 
attesté  par  écrit  et  de  vive  voix,  en  votre  propre  nom  et  en  celui  des  avitres 
Prélats  Canadiens,  de   votre  commune  soumission  et  affection  envers  ce  Siège 


—  103  — 

Apostolique  Nous  a  .Hé  très-agn-able.  Véuérubl.  Frère,  «urtont  en  œ.  temps  où 
acvoi-d  et   1  union   des  .«prits  et   des  cœurs  est  si   nécessaire  pour   arrêter  le 
torrent  des  maux  qui  non.  envahissent  et  pour  en  détourner  de   plus  o-rands 
aurore     Xous  nous  sommes  principalement  réjoui   du  soin  que   vous   prene. 
d  incul(,uer  nu  peuple  la  saine  doctrine  et  de  lui  expliquer  .e  qui   re-arde  la 
nature,  la  constitution,  l'autorité,  les  droits  de  l'Eglise,  dont  on  a  coutume  de 
pervertir  très  subtilement  la  notion   pour  tromper  les  Fidèles  :   et  N.us  avons 
<iu  louer  le  zèle  ave<.   lequel  vous  vous  êtes  eflbrcés  de  prémunir  le  mêuie  peu- 
ple <.ontre  les  astucieuses  erreurs  du  lihéralmue  dit  catholique,  d'autant  ,>ius  dan- 
gereuses «ivie,  par  um'  apparence  extérieure  de  piété,   elles  trompent   beaucoup 
d  homnu^^  honnêtes,  et  que,  les  portant  à  s'éloigner  de  la  saine  do<-trine  nom- 
mément dans  les  questions   qui,  à  première  vue.   semblent  concerner  plutôt  lo 
pouvoir  <nil  que   lecclésiastiqu..,   elles  aflaibli«sent   la  foi,   rompent   l'unité 
(.visent  les  tbrces  .  atholiques,  et  fournissent  une  aide  très  efficace  aux  ennemis 
de  1  liglise,   qui  enseignent   les  mêmes  erreurs,    quoique  avec  plus  de  dévelop- 
pements   et  d'impudence,   et  amènent  insensiblement    les  esprits  à    partager 
eurs  desseins  pervers.  Nous  vous  ftli.itons  donc,  et  Nous  souhaitons  que  vous 
travaillez  toujours  à  dévoiler  leurs   pièges  et   à  instruire  le  peuple  avec  une 
semblable  ardeur,  un  pareil  dis.-ernement  et  avec  une  concorde  qui   montre  à 
tous  votre  charité  mutuelle,  et  prouve  que  <-hacun   de  vous  ne  pense,   ne  dit  et 
n  enseigne  qu'uiu»  seule  et  même  <hose.  Or,  ceci  arrivera  de  soi-même,  si  vous 
vous  appliquez  à  nourrir  soigneusement  en  vous  ce  dévouement  à  cette  Chaire 
de  Pierre,  maîtres..^  de  la  vérité,  que   vous  professez  en   termes  si  forts  et  si 
affectueux.  Nous  vous  le  souhaitions  à  tous,   en  même   temps  que,  .omme  au- 
gure des  faveurs  divines  et  comme  gage  de  Notre  particulière  bienveillance 
Nous  vous  accordons  de  tout  <œur  la  Bénédiction  Apostolique,  à  vous,  Véné- 
rable trère,  et  à  chacun  des  Evêques  Canadiens,  ainsi  qu'à  leurs  diocèses. 

Donné  à  St.  Pierre  de  Rome,  le  28  Septembre   1876,  de  notre  Pontificat  la 
trente-unième  année. 


1 

m 


PIE  IX,  PAPE, 


e- 


—  104    - 
LHTTKK  l'ASTOlULK  DE  AKUi.  LEVEQUE  DES  TKOIS-RIVIETES 

I'tUJM  VNT  f.\  BhEK    ApoSTOLIQUK    V    Ll'l   AHHKSSK. 


Tioifs-Jilivicivs,  1°    \ov»MTibre  I87fi. 

A»  C/pror^  nu.r  Coniniioinul.és  rp/iijiieuses  et  à  fous  /es  Fif/è/ps  <Ip. 
NotfP  Diocpse  Suhit  rf  lipiialittiini  pu  N.  N.  ./.  C. 


Nos  Très  Ciiehs  Fkkhes. 

Nous  nous  l'iii«(tns  un  dt'voir  aujourd'hui  dt>  porter  à  votro  ronnaissanci'  lo 
IJrt'f  Apostolique  (|ue  Notre  Très  Saint  Père  le  l'ap(>  o  daigiu'-  Nous  adresser 
pendant  Notre  séjour  dans  la  Ville  éternelle.  Pour  bien  vous  taire  comprendre 
le  véritable  sens  de  ce  vénérable  document,  et  l'importance  (jne  nous  devons  v 
attai'her,  il  t\st  nécessaire  devons  exjioser  les  cir«  oïistiinces  dans  lesquelles  il 
Nous  a  été  adressé. 

Vous  vous  rappelez  sans  doute,  N.  T.  ('.  F.,  les  «lanieurs  qui  se  sont  éle- 
vées contre  le  Clergé,  à  la  suite  des  élections  pour  la  Provinc»'  de  Québec  eu 
1875,  et  les  menaces  de  jjoiirsuites  Judiciaires  contre  les  Prêtres  pour  influence 
indue,  qui  so  taisaient  entendre  de  coté  et  d'autres.  Les  Evéques,  alarmés  de 
cette  recrudescence  de  haine,  comprirent  qu'il  était  nécessaire  d'éclairer  les 
tidèles  sur  la  gravité  des  questions  soulevées,  qui  ne  touchaient  à  rien  moins 
qu'à  la  constitution  de  l'Eglise,  à  ses  droits  rnprescriptibles,  à  sa  mission  divi- 
ne ;  car  c'était  la  liberté  de  la  prédication  évangélique  que  l'on  menaçait,  et 
que  l'on  voulait  soumettre  au  juuement  des  tribunaux  <ivils,  contrairement  à 
toxxtes  les  défenses  et  censures  de  l'Eglise.  En  conséqueiu-e  ils  adressèrent,  le 
2'2  Septembre  1875,  une  Lettre  Pastorale  collective  aux  catholiques  de  toute  la 
Province  de  (Québec,  contenant  un  exposé  clair  et  précis  de  la  constitution 
divine  de  l'Eglise,  de  ses  droits  et  de  sa  mission  diA'ine  dans  le  monde,  et  une 
revendication  (  ourageuse  de  ces  mêmes  droits. 

L'apparition  de  ce  document  imi>ortant  lit  une  sensation  profonde,  appaisa 
les  clameurs,  et  lit  taire,  pour  le  monient,  les  menaces  de  poursuite  (>ontre  les 
Prêtres.  Mais  un  travail  se  commença  alors  contre  cette  I^ettre  Pastorale,  que 
les  adversaires  n'osaient  point  attaquer  ouvertement.  Ils  s'appliquèrent  à  mi- 
ner son  autorité,  et  à  paralyser  le  bien  qu'elle  opérait,  en  jetant  habilement, 
dans  l'ombre,  des  doutes  sur  sa  parfaite  orthodoxie,  et  en  s'effbrçaiit  de  la  faire 
regarder  comme  une  intervei»tion  indui*  dans  le  domaine  politiciue. 


—  105  — 

Ou  faisait  mémi'  courir  lo  bruit  que  lo  8t.  Siège  pourrait  bien  la  ceiisurer 
*»t  allait  donner  un  Mnnifuin  sévère  aux  Evêques  de  la  Province.  Bien  que 
toutes  ces  rumeurs  fussent  sans  fondement,  il  s'en  suivit  néanmoins  un  malaise 
dans  un  j>rand  nombre  d'esprits,  et  un  certain  doixte  sur  la  sûreté  de  la  doctri- 
ne de  <'e  o-rave  document. 

Eu  même  temps  on  faisait  auprès  du  St.  Siège  des  rapports  grandement 
exagérés,  et  même  entièrement  faux,  contre  le  Clergé  de  toute  la  Province.  On 
le  représentait  connue  intervenant  d'une  manière  tout-à-fait  inconvenante  dans 
les  élections  politicjues,  et  comme  agissant  avec  tant  d'imprudence  qu'il  «-om- 
promettait  1  avenir  de  la  religion  en  ce  pays. 

Ce  lut  au  point  qiu^  S.  E.  le  Cardinal  A.  Franchi,  Préf  de  la  S.  ('.  de  la 
Propauraude,  crut  devoir  eu  éc.-rii'e  à  Mgr.  l'Archevêque  de  Québec,  et  demander 
des  nMiseignements  précis  à  ce  sujet. 

Cette  information  olHcielle  du  St.  Siège  lit  comprendre  aux  Evéques  de  la 
Province  (ju'il  y  avait  (]Uelque  (those  de  réel  dans  les  rumeurs  malveillantes 
que  certains  personnages  inconnus  faisaient  circuler  contre  eux  et  leur  Clergé, 
et  que  leur  devoir  était  d'éclairer  au  pltis  tôt  le  St.  Siège  sur  toutes  ces  menées 
d'adveisaires  qui  avaient  le  soin  de  se  cacher  dans  l'ombre.  Ils  décidèrent  que 
le  meilleur  moyen  à  cet  elfet  était  de  députer  l'un  de  leurs  Collègues  auprès  de 
la  Chaire  Apostoli(iue,  avec  mission  de  répondre  à  toutes  les  plaintes  et  accusa- 
tions portées  contre  eux-mêmes  et  contre  le  Clergé  de  la  Province,  et  de  faire 
connaître  le  véritable  état  des  esprits  et  des  choses  dans  la  Province  e(;clèsiasti- 
que  de  Québec. 

Le  choix  de  ce  Député  tomba  sur  Nous.  Malgré  la  conviction  où  N()U> 
étions  de  Notre  incapacité  pour  mener  à  bonne  hu  une  mission  aussi  épineuse. 
Nous  dûmes  Nous  ^-  résigner,  et  faire  ce  sacrilice  pour  le  bien  de  TEglis*  du 
Canada. 

Tel  a  été,  N.-T.-C.-F.,  le  motif  véritable,  et  le  })Ut  de  Notre  voyage  à  la 
Ville  Sainte;  et  Nous  devons  repousser  ici  les  insinuations  malveillantes,  par 
lesquelles  on  attribuait  un  tout  autre  motif  à  ce  voyage. 

A  Notre  grand  étonnement,  personne  ne  se  présenta  pour  soutenir  les 
plaintes  et  accusations  portées  devant  u^  S.  C.  de  la  Projjagande. 

Cependant,  Nous  avons  compris  que  Notre  devoir  étf'tde  présenter  à  cet 
aixgixste  tribunal  une  justification  complète  des  Evêques  et  du  Clergé  de  la 
Province.  C'est  ce  que  Nous  avons  fait  dans  un  mémoire  où  Nous  avons  exposé 
d'après  les  documents  officiels  ;  Uèglements  disciplinaires,  Lettres  Pastorales, 
Mandements  et  Conciles  Provinciaux,  les  enseignements  donnés  aux  Fidèles 
par  les  Evêques  depuis  plus  de  vingt  ans,  sur  les  devoirs  que  la  religion  leur 
prescrit,  comme  citoyens,  dans  l'ordre  »!ivil  et  politique,  ainsi  que  les  règles  de 
ccmduite  tracées  au  Clereré  dans  cet  ordre  de  devoirs. 


—  100 


I'' 

II 


s.  K.  h'  rrt'ft't  (le  hi  S.  ('.  (le  la  l'ropagiUKl»',  après  avoir  pris  <oniiaissaiico 
dt»  00  mémoire,  n'a  i)as  hésité  à  Nous  déclarer  qiu*  ccis  eiiscigiicnionts  étaient 
parfaitement  conforines  à  ceux  du  î^t.  Siéire,  dont  ils  n'étaient  que  l'éi  ho  fidèle 
et  souvent  textuel,  et  (j^ie  les  règles  de  conduite  données  au  (Merii-é  sur  la  ma- 
nière d'instruire  et  de  dirisi'er  les  Fidèles  dans  ra<'comi)lissement  de  leurs 
devoirs  politiques,  étaient  aussi  tres-snacs,  et  que  les  uns  et  les  autres  avaient 
même  reçu  l'approbation  directe  du  St.  Siège  dans  les  décrtîts  des  Conciles  Pro- 
A'inciaux. 

Nous  avons  aussi  exjwsé  avec  fjuel  soin  les  Kvé(iues  se  sont  appli([ués  à 
combattre  les  doctrines  libérali'S.  (ju»'  l'on  chendiait  à  répandre  au  milieu  des 
pojiiilations  conliées  à  leurs  soiiis,  et  comment  leur  vig-ilance  à  surveiller  les 
menées  de  ces  adversaires  de  la  vérité  ii  presque  toujours  réussi  à  déjouer  leurs 
plans,  (^t  empêcher  l'expansion  de  ces  doctrines  séduisantes. 

Dans  un  autre  mémoire,  Nous  avons  démontré  combien  étaient  nécessaires 
ces  mesures  prises  par  les  Evéques  contre  le  libéralisme,  en  taisant  l'histoire 
des  doctrines  libérales  depuis  1848,  d'après  leurs  journaux,  leurs  orateurs,  et  les 
actes  de  leurs  chels  ;  et  comment  (««tte  erreur.  (|ui  s'était  d'abord  présentée  dans 
le  pays  avec  toute  linipudence  du  libéralisme  radical  de  la  vieille  P'rance,  se 
vit  forcée  de  battre  en  retraite  devant  l'attitude  ferme  de  l'Episcopat  et  du 
Clergé,  et  comment  elle  lut  forcée  d'en  venir  ijcu  à  peu  aux  allures  adoucies  du 
libéralisme  catholique,  atin  de  tromper  plus  facilement  les  Ames  droites,  mais 
trop  conllantes,  de  nos  bons  Fidèles.  eH(  ore  trop  religieux  généralement  pour 
accepter  sciemment  cette  funeste  erreur. 

Nou'  avons  ensuite  démontré  par  le  ôième  Concile  de  Qiu'bei-,  et  la  Lettre 
collective  du  22  Septembre  1875,  qui  dénoncent  et  condamnent  solennellement 
le  libéralisme  catholique,  qiie  cette  erreur  est  aujourd'hui,  au  jugement  des  livé- 
ques,  le  grand  danger  pour  l'Eglise  du  Canada,  et  que  la^)resque  totalité  du 
Clergé  et  des  Catholiques   les  plus  éclairés  de  la  Province  en  jugent   de  même. 

Après  cette  jixstilication  de  la  conduite  des  F]vêqiies  et  du  Clergé  de  la  Pro- 
vince, jugée  pleinement  suffisante  par  lEminentissime  Préfet  de  la  8.  (  •.  de  la 
Propagande,  Nous  lui  avons  fait  i oniiaitre  la  guerre  sourde  faite  à  la  Pastorale 
du  22  Septembre,  le  malaise  qi;i  en  était  résulté  chez  plusieurs,  et  les  avanta- 
ges que  les  libéraux  Catholiciues.  qu'elle  avait  attérés,  s'efforçaient  d'en  tirer 
pour  paralyser  tout  le  bien  qu'elle  opérait. 

S.  lilminence  Nous  répondit  qu'Elle  connaissait  ce  dociiment  important, 
que  non  seulement  la  doctrine  en  était  parfaitement  sûre  et  conforme  aux  en- 
seignements du  St.  Siège,  mais  que  la  rédaction  en  était  fort  remarqiiable  par 
la  clarté  et  la  précision.  Elle  m'engagea  à  présenter  une  adresse  au  St.  Père 
pour  lui  exposer  brièvement  la  situation  de  l'Eglise  au  Canada,  et  la  conduite 
tenue  par  les  Evêques  dans  les  circonstances  difficiles  où  ils  se  trouvent,  et 
donner  occasion  à  Sa  Sainteté  d'approuver  cette  Lettre. 


X 


—  l(»7  — 

MftT.  Agiiozzi,  Pro-St'rn'tairp  do  la  S.  ('.  de  la  I'roi)agaiule.  à  (jxai  Nous 
nAons  oxpos»''  longuoinent  tout  ce  qni  s*-  passait  dans  la  province,  c*  notamment 
les  circonstances  relatives  à  cette  Lettre  Pastorale,  Nous  l'xprima  non  seulement 
sa  pleine  et  entière  approbation  de  ce  document,  comme  avait  f.it  TEminentis- 
8ime  IVéfet,  mais  <Mi<ore  qu'il  la  trouvait  un  magnilique  expose  de  la  Constitu- 
tion divine  de  l'Ealise,  do  jses  droits,  de  sa  mission  dans  le  mon  le,  et  de  sa  doc- 
trine contre  K's  erreurs  libérales.  Son  Excellence  Nous  eni?ag-ea  ai  ssi  à  présenter 
une  adresse  au  St.  l'ère  pour  lui  lonmir  une  oci-asion  d'en  taire  l'élo^-e  dans  la 
réponse  (|iie  Sa  Sainteté  daisiiierait  Nous  faire. 

Nous  avions  drjà  exposé  à  Sa  Sainteté  ces  choses  de  vive  voix  dans  l'au- 
dience i)rivée  qu'l'^Ue  avait  daigné  nous  ac<'order  ;  mais  Nous  avons  comi>ris 
c|u'il  était  tout-à-l'ait  i  onvenable  de  le  Taire  par  écrit,  et  un  ])eu  ])lus  au  long', 
<'onl'orménu'nt  aux  sayes  conseils  de  S.  Em.  le  l'rél'et.  et  de  Mgr.  le  l'ro-Secré- 
laire  de  la  S.  ('.  <le  la  l'roj)agande. 

C'est  cette  a<lresise  à  Notre  Très  St.  l'cre  le  Pape,  et  le  Hrel'  Apostolitjue 
qu'il  a  daiii'ué  Nous  adresser  <'n  réponse,  que  Nous  avons  la  consolation  de  vous 
coniniuni(iiUM'  aujfiurd'hui.  Nous  vous  exhortons  à  en  écouter  attentivement 
la  lecture.  A'ous  y  verrez  que  le  Chel' infaillible  de  l'Eglise  approuve  pleine- 
ment le  zèle  de  vos  Tremiers  Pasteurs  à  vous  enseigner  la  saine  doctrine,  dont 
l'exposé  lui  est  l'ait  par  la  citation  même  textuelle  de  leur  Lettre  Pastorale  du 
2'I  Septembre  ISTâ,  et  (jue  Sa  Sainteté  loue  hautem<'nt  leur  zèle  à  coml>attre  les 
<Mreurs  libérales,  et  (ju'EUe  y  renoiivelle  la  <  ondamiuition  formelle  du  libéialis- 
nie  catholi(|U«'.  en  le  désignant  par  les  caractères  les  i)lus  propres  à  nous  le 
l'aire  reconnaître  ici.  Elle  termine  en  exhortant  les  Evêques  à  lontinuer  de 
nu^me.  dans  la  concorde  et  l'union,  à  travailler  au  salut  des  peuples  conilés  à 
leurs  soins,  en  les  préservant  de  ces  erreurs  dangereuses,  et  leur  donne,  ainsi 
<iu'à  leurs  ouailles,  la  bénédiction  Aiwstolifiue. 

Ai)res  une  aussi  haute  upiSrobation  di's  mesures  prises  j)ar  vos  Evéques 
pour  \ous  diria'er  siirement  dans  les  sentiers  de  la  vérité  et  du  devoir,  en  (;es 
temps  mauvais  (jue  nous  traversons,  il  ne  noiis  reste  })lus.  N.  T.  C.  F.  qu'à  vous 
exhorter  instamment  à  suivre  avec  um-  grande  lidélité  ces  enseignement  et  ces 
règles  de  ctmduite  <pxe  Nous  vous  avons  donnés  collectivement  avec  Nos  Véné- 
rables Collègues,  dans  Nos  Mandements,  dans  Nos  Conciles  provinciaux,  et 
notamment  en  dernier  lieu  dans  Notre  l^ettre  Pastorale  de  Septembre  1875! 

Sera  Notre  i)résente  Lettre  Pastorale  lue  au  prône  de  la  messse  paroissiale, 
ainsi  que  l'adresse  au  vSt.  Père  et  le  Bref  Apostolique  qui  l'accompagnent,  dans 
toutes  les  églises  et  chapelles  où  se  fait  l'office  divin,  et  en  Chapitre  dans  les 
(Communautés  religieuses  le  ])remier  diman<'he  après  sa  réce])tion. 


U    4- 


—  lOS  ~~ 

Donné  aux  Trois-Kivières,  sous  Notre  Ki'inff  et  sreuu  et  le  conln-sviug- de 
Notre  Secrétaire  en  la  fête  de  tous  les  Saints,  .v  premier  de  Novembre  mil  huit 
cent-soixante-seize. 

t  !■•  F.  Ev.  DKs  Th(iis-Ktvikkks 

Piir  ordre. 

I']n.  LiNo.  Ptrk 

Secrétaire. 


3sr.  2^1. 


|:^'- 


LETTRK  PASTdliAl.l.;  DKS   KVEvl'KS  DK    |.a  PlioVlNcK  KCCI.KSI.VSTIQII-:  LK  glEltEÇ. 


Irl; 


11  Octobre  J«77. 

Nous,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  i-ràce  du  St.  Siéav   Ap..stoli,,ue   Ar- 
chevêque et  Evèques  de  la  Province  Kr,lésiasti(|uc  de  (,)uci),.c. 

Au  lierre  Mrvlm;  et  réii„lin.  H  o  Ions  /esJifMcs  r/c  h,  <lth'  rroriinr. 
l<aliit  et  Heni'divlioii  ni  Nohr-Sf-ii>;iieiir 
t 

La  gravité  des  événements  qui  se  sont  succédé  depuis  hvs  dernières  é],.,- 
tions  générales  et  les  diilicult^'s  nombreuses  et  diverses  auxquelh>s  ils  ont 
donné  lieu.  Nous  font  un  devoir  de  vous  rappeler  brièvement,  Nos  Très  Chers 
Frères,  les  principes  c-t  les  règles  de  conduite  qui  vous  ont  été  donnés  jusqu'à 
présents  dans  nos  Conciles,  nos  .ir.ulaires  et  nos  Pastorales,  .-t  notamment  dans 
celle  du  22  septembre  187ô. 

Le  neuvième  décret  du  Quatrième  Omcik.,  en  18G«,  expose  c-n  cvs  termes  vos 

obligations  comme  électeurs  :    "  (Ju.  les  Pasteurs   instruisent  aver  soin  les   Fi- 

"  deles  sur  leurs  devoirs  dans  les  élections  ;  qu'ils  leur  inculquent  fortement  que 

la  même  loi  qui  confère  aux  citoyens  le  droit  de  suffrage,  four  impose  en  même 

'  temps  la  grave  obligation  de  donn..r  ce  sufirage  quand  .'est  né.vssaire  et  cela 

'•  toujours  suivant  leur  conscii-nce,  sous  le  reo,,rd  de  Di.-u  et  pour  le  pluso-rand 

■bien   de  la  religfon  et  de  la  patrie;  qu'eu  conséquen.e,   les   électeurs"  sont 

^  toujours  obligés  en  cons.ience  devant  Dieu,  d,.  donner  leur  suHra-e  au  candi- 

'  dat  qu'ils  jugent  être  véritablement  honnête  et  .apable  de  bien  s'acquitter  d.^ 

"    a  charge  si  importante  qui  lui  est  confiée,  savoir  de  veiller  au  bien  de  la  re- 

"  ligion  et  de   l'I^at.  et  de  travailler  fidèlem.Mit  A   fo  promouvoir  .-t  à  le  sauve- 

"  trarder.  "    ' 


ton  — 


Ijt'M  Pèrt's  dp  mriiic  (Vmciic  s'élèvent  aussi  avec   force  contre  les  désordres 

lamentables  des  élections  et  llétrissent  énerg'iquenient  la  corru})tion  électorale. 

"  Que  les  prêtres,  ministres  du  Seigneur,  disfiit-ils,  élevc^nt  dou<'  la  voix  contre 

.  "  un  si  ii'rand  renversement  de  toiis  les  principes  rie  la  religion  et  de  la  morale. 

"  contre  une  prévarication  aussi  criminelle  et  aussi  funeste.  " 

liln  1S73,  Nous  avons  juué  (|u'il  était  nécessaire  de  vous  prémunir  contre 
les  dangers  des  doctriiu's  (  ntholiro-lihijrdlfs.  Pour  cela,  Notre  Cinquième  (V)ni:ile, 
employant  les  propres  t-xpressions  du  Souverain  Pontife,  vous  a  fait  <'onnaitre 
les  caractères  et  les  suites  fuiH'stes  de  celte  «i'rande  erreur  des  temps   modernes. 

l'inlin,  Notre  Pastorale  du  'l'I  sei)tembre  1875,  a  exposé  plus  au  long  les 
mêmes  enseiiinemeiits.  (>t  aous  a  mis  de  nouveau  en  garde  <ontre  le  péril.  Cette 
Pastorale  déj^séi-  |)ar  l'un  de  nous  aux  ))ieds  du  Soixverain  Pontife.  Nous  a  valu 
les  éloges  et  les  encouragements  de  l'Immortel  Pie  IX. 

.Malheureusement  et  contre  notre  intention,  (juelques  uns  ont  crus  voir 
dans  ce  document  un  abandon  de  la  région  des  principes  pour  descendre  sur  le 
terrain  des  personnes  et  des  partis  i^olitiques.  \ous  avons  voulu  vous  exposer 
la  vraie  doctrine  sur  la  constitution  et  les  droits  de  l'Eglise,  sur  les  droits  et  les 
devfiirs  du  clerii'é  <l;ins  la  société,  sur  les  obligations  de  la  presse  catholi(|uc 
et  sur  la  sainteté  du  serment,  t(>l  a  été  notre  unique  but.  telle  est  encore  notre 
intention,  lui  cela  nous  suivons  l'exemple  du  Saint  Siéffe,  rjui.  en  <'ondamiuint 
les  erreurs  du  Libéralisme  (\itholique,  s'est  abstenu  de  signaler  les  personnes 
ou  les  partis  politi<|ues.  Ils  n'existe  en  elfet  aucun  act(>  Pontifical  condamnant 
un  parti  [K)liti(|ue  (pielcon(|ue  ;  toutes  les  condamnations  émanées  jus(ju'à  présent 
cette  de  source  vénéral)le.se  rapportent  seulement  aux  CnflioUques-lihémHXt^t  à  leurs 
principes,  et  c'est  dans  ce  sens  (jue  l'on  doit  entendre  le  Bref  adressé  en  sep- 
tembre 1S7()  à  l'un  de  nous.  A  l'exemiile  du  Souverain  Pontife  et  suivant  la 
sage  pres(  rii)tion  de  Xotre  Quatrième  Concile,  nous  laissons  à  la  conscience  de 
chacun  de  jim'er,  sous  le  l'euard  de  Dieu,  quels  .sont  les  hommes  ([ue  ces  con- 
damnations peuvent  atteindre,  quelque  soit  dailleurs  le  parti  pjliti(jue  auqxud 
ils  appartiennent. 

En  portant  ce  Jugement  sur  le  prochain,  «dlbrcez-vous  tou.jours,  N.  T.  C.  F., 
de  pratiqiU'r  cette  modération  et  cette  justice  avec  lesquelles  vous  voulez  vous- 
mêmes  être  jugés  par  les  hommes  et  surtout  par  le  juge  Souverain  des  vivants 
et  des  morts.  Tout  en  prenant  aiix  questions  politicpu's  de  votre  patrie  l'intérêt 
qu'elles  méritent,  tout  (m  essayant  d'apprécic^r  à  leur  juste  valeur  les  person- 
nes, les  actes  et  les  choses,  soyez  toujotirs  inquiets  pour  vous-mêmes,  de  peiir 
que  les  affaires  du  temps  qui  passe  avec  la  rapidité  de  l'éclair,  ne  voiis  fassent 
oublier  l'unique  <hose  nécessaire,  c.-à-d..  cette  éternité  qui  ue  passe  point  et 
<jui  est  votre  fin  dernière. 

La  prière  (|ui  nous  fait  approcher  du  trône  de  la  miséricorde  ave<'  confiance 
'^t  humilité,   nous  obtiendra    infiiillibhunent  à  tous  cette  crainte  salutaire  avec 


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—  110  — 

lîujncjl»'  nous  (levons,  à  diiuivu'  instant  de  notre  vie,  traviiiller  à  notre  salut. 
Ce  commerce  intime  avec  le  Dieu  de  toute  charité  ci  de  la  paix  véritiil)le,donnerii 
à  vos  âmes  ce  calme  dont  elli-  a  besoin  en  tout  temiis;  mais  surtout  dans  les 
circonstances  solennelles  et  si  importantes,  où  axuis  êtes  apiii'l«''s  à  exercer  le 
y-rand  et  noble  droit  d(^  suiiVage.  Puisez  donc  souvent  à  cette  source  intarissable 
de  grâce  et  de  bém'dictions  même  tenipondles,  et  le  Dieu  de  paix  et  de  miséri- 
corde  sera  avec  vous  dans  le  temps  et  l'éteiiiité.  Amen. 

Sera  le  présent  mandement  lu  et  pul>lié  au  prone  de  toutes  les  c<)'lises  et 
chapelles  de  paroisses  et  de  missions  où  se  fait  Totricc,  le  jiremier  dimanche 
ai)res  sa  réception. 

Donné  à  (Québec  sous  nos  siynalures.  le  sceau  de  l'Anhidiocèse  et  le  con- 
tre-seiny-  du  secrétaire  de  TArchevéché,  le  on/e  octol)re  mil  huit  cent  soixante 
dix-sept. 

t  E.-A.,  Ahch.  i)k  (.^rÉiJKc, 

t  Îj.-F..  Ev.  dks  Ti!()Ts-l{iviKin;.<. 

t  JEAN,  Ev,  i)K  S.  (1.  i)K  Ki.-MofsKi, 

t  EDOUAKD-CHS.,  Ev.  dk  Montré.vl. 

t  ANTOINE,  Ev.  dk  SiiKiniRooKK. 

t  .T.-TH0MA8,  Ev.  n'0TTA\v.4, 

t  L.-Z.,  Ev.  m-.  St.  irv.AciNTiii-:. 

Par  MesseiyiuMirs. 

C.-A.  CuLLin-,  Ptre. 

Secrétaire. 


3sr.  22:11. 


II'.' 


Extrait  de  lu  LeJ/re  Pasloniie  ik  Mgr.  Fahre  IJv.  de  Mo/i/réal  pnblianl 
le  Bref  Aiiostolique  du  18  Septembre  187H. 

A  la  suite  des  élections  de  1875  et  des  scandaleuses  discussions  qu'elles 
occasionnèrent,  les  Evéques  de  la  Province  de  Québec  adressèrent  à  tous  l(>s 
fidèles  confiés  à  leurs  soins,  sous  la  date  du  22  septembre  de  la  même  année, 
\ine  Lettre  Pastorale  CollectiAe,  dans  la  quelle  ils  traitaient  de  la  Constitution 
et  des  droits  de  l'Eglise  et  signalaient  les  dangers  du  libéralisme  Catholique. 
Cette  Lettre  accueillie  avec  respect,  fit  cesser  les  clameurs  et  h^s  discussions. 
Mais  certains  esprits  gênés  dans  l'exécution  de  leurs  projets,  [)ar  l'enseigne- 
ment ([ui  V  était  donné,  entreprirent  bientôt  d'en  atténuer  la  portée  et  la  valeur 


—  111  — 


•  '11  iiisinuiint  (|u"(>lK'  lu^  conltMiait  pas  la  véritabli^  doitrino  ot  qu'eilt»  pourrait 
ineiiK'  (Hro  coiulanmcc  à  Ifonie.  ("(-tait  vin  Jiouvt'uu  scaïuiah',  non  moins  araïul 
<1U('  relui  quo  les  Evèijut's  avaient  voulu  arrêter  par  leur  Lettre  Collective,  puis 
qu'il  avait  pour  lonséquence.  non  seuleuient  d'allaiblir  l'autorité  de  a'os  pre- 
miers pasteurs,  mais  encore  d'entretiMiir  dans  l)ien  des  âmes  les  doutes  et  les 
inquiétudes  les  plus  araves.  Pour  porter  remède  à  ce  scaiidah*:  les  lilvéques  de 
la  Province  crurent  devoir  recourir  à  l'autorité  du  Vicaire  de  Jésus-Christ.  Ils 
députèrent  auprès  du  t*îi.  Siéyc,  Myr.  Ijallèche,  Evécpie  de  Trois-Kivières,  avec 
la  mission  spéciale  d'exposer  au  Saint-Père  l'état  de  l'iîy'lise  dans  celte  Province, 
de  lui  soumettre  l'enseit^nement  donné  par  les  Eve([ues  au  Cleru^é  et  aux  lidèles 
(M  en  ])articulier  la  Lettre  l'astorale  du  22  septembre  187''). 

Myr  Lalleche  sut  remplir  cette  importante  mission  avec  un  /èle  el  une 
iidélité  au-di'ssus  de  tout  éloye. 

C'est  après  avoir  connu  le  l)ut  du  vojTiii'e  de  notre  vénérable  Collei>'ue, 
après  avoir  recui'illi  <le  ses  levri's  les  renseiu'iiements  nécessaires,  après  avoir 
examiné  la  ijettri;  collective  du  22  sei)tembre  1S7-"),  (jue  X.  8.  P.  le  Pape  en  ré- 
ponse à  une  Adresse  très-n!mar(juable.  dai<>'na  lui  remettre  li'  Uret'  Apostoliipie 
(jue  nous  i»ortons  aujourd'hui  à  votre  connainsance.  C'est  un  docunu'iU  d'tuii' 
très-haute  imi^ortance  sous  les  eir<;onstances  (jue  nous    venons  de   vous  exposer. 

Le  premier  poini  qui  ne  man([uera  pas  d'attirer  votre altt-ntion,  N.  T.  C  F., 
en  attendant  la  leduie  de  ce  document,  c'est  l'éloi^e  et  l'approbation  (pie  le 
.Saint-Père  dain'nc  accorder  aux  Evèques  de  cette  Proviiu'c  au  sujet  de  la  durhi- 
Hv  (pi'ils  ont  enseiti'née  sur  les  droits  de  ri']g'lise,  et  au  sujet  du  zr'e  (pi'ils  ont 
déployé  i)wur  jm-munir  les  lidèles  contre  les  danii'crs  du  libéralisnu'  catholi(jue. 
'■  Nou:<  iioxA  >t())ninfs  Driwip/tleini;//!  rc/o  in\  dit  le  tSaint-Père,  du  aoiu  (jnr  rmis  iiretirt 
"  tChiiulqut'r  un  pt:u/)lfs  les  siinii's  t/Diirif/fs  il  de  lui  p.r/)/ii//if'r  ce  (/m  reii'urde  l<i  t/fd/irr.  lu 
"  amslilulioii.  l'uiitordé.  les  droda  de  /" /v <,'■//>>',  di)nl  on  n  coidiniie  de  /lerrer/ir  /nn  sNh/dr- 
"  inenf  Jti  notion  jtonr  /nitii/ier  le.<  lidèlea  ;  el  nons  m-nns  dû  l"ner  le  zèle  netr  le<inel  rons 
'■  mns  êtes  efforcés  de  /n-eninnir  le  //".nji/e  contre  les  nslnrienscs  erreurs  dit  lil)cralisine  dit 
"  ciillioliqne  ". 

Nous  laissons  de  coté  tout  ce  (|u'il  v  a  de  particulièrement  élogieixx  el 
consolant  dans  ces  paroles  pour  vos  premiers  Pasteurs,  et  nous  ne  voulons  y 
voir  potir  le  moment  (|ue  le  jui>-ement  du  Vicaire  infaillible  de  Jésus-Christ, 
approuvant  leur  doctrine  et  louant  leur  zèle  Kemarque'/,  N.  T.  C.  F.,  que  ce 
jitgement  ne  fut  pas  porté  à  l'o 'casion  d'assertions  vagues  et  sans  fondement, 
mais  sur  un  (idèle  exposé  des  faits,  a])puyé  de  preuves  authentiques,  et  en  par- 
ticulier, après  un  sérieux  examen  de  la  Lettre  Pastorale  colle<'tive  des  Evèques 
de  cette  Province,  en  date  dti  22  septeml)r(>  ISTâ,  qui  est  comtue  un  résumé  (h' 
leur  enseignement  et  de  la  sage  direction  qu'ils  ont  donnée  au  clergé  et  aux 


vt 

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V-r 


lidolcs.  ("est  donc  un  (•vcncnicnt  (ruiif  haut.'  iniportan' .'  pour  iidir.'  I'im\  in<i', 
(|iu'  ce  coup  d'd'il  <lu  N'iciurt'  de  .Icsus-Christ  sur  les  traviiux  cl  Icn  lutti's  de 
VON  l'astfurs  pour  la  dclcnsc  (h-s  droilu  sa'rt's  de  ri'^uli.se  ;  que  ces  retnaniua- 
l)les  paroles  qu'il  a  daiyiu-  leur  adresser  pour  soutenir  et  l'ortilier  lenr  courage  : 
un  évènenieut  qui  doit  reini)lir  de  joie  et  de  reconnaissance  le  co'ur  <le  tous 
les  lidcles.  Li's  conséquences  de  ces  paroles  de  N.  S.  P.  le  Pape  sont  laciles  à 
saisir.  Tout  ce  (jue  les  Evèques  ont  ensein'iié  dans  leur  Lettre  collective,  si 
remarcjuable  par  sa  clarté  cl  sa  précision,  touchant  le  pouvoir  et  les  droits  de 
ri'îiïlise.  U'  libéralisme-catholique  ci  le  rolc  du  clersi^é  dans  la  politique,  les 
devoirs  de  la  presse  et  la  saîtlteté  du  serment,  est  la  véritable  doitrinede  l'Illiili- 
se.  Le  zèle  qu'ils  ont  mis  à  repousser  les  erreurs  du  libéralisme  dit  <'atholi(|u<', 
aliu  de  les  taire  disparaître  de  notre  itdiiiieuse  Province,  était  selon  l'ordre  et 
conl'orme!  au  devoir  de  la  viii'ilance  pastorale.  Nous  aimons  à  vous  sii^naler 
siM'cialement  ces  conséi^uences  pour  ([u'elles  n'échîippiMit  à  personne,  parce 
(ju'elles  réduisent  à  néant  tous  les  doutes,  toutes  les  nuUheureuses  insinxiations 
que  l'on  a  cherché  à  réi)an<lre  i)arini*  vous,  dans  le  but  d'alliiiblir  l'autorité  de 
reiiseiuiieuuMit  de  vos  Pasteurs  ;  parce  (pi'elles  sont  de  Jiature  à  rétablir  le 
calme  et  la  paix  dans  les,(\spri!s,  et  à  démontrer  une  lois  de  plus(jue  la  conlian- 
ce  (]ue  vous  repose/  dans  weux  que  ri']ulise  à  préfjosés  à  la  uarile  de  vos  inté- 
rêts si)irituels.  est  bien  méritée. 

Après  cette  approbation  donnée  à  la.  doctrine  enseiu'iiée  par  vos  Kvétjues. 
après  cet  éloge  de  leur  zèle,  N.  S.  P.  le  Pape  nous  indique  les  mar([ues  et  le 
caraitère  du  libéralisme-catholique,  (pii  cherche  depuis  i)lusieurs  aniu'es  à 
s'implanter  dans  l'Eglise  comme  les  mau\  aises  herbes  dans  un  champ.  "  Lfs 
"astucieuses  erreurs  du  libéralisme,  à\i-\\,  sohI  ir<iiiliiiil  //lus  dangereuses  </ue, /)(ir  uuc 
"  appurence  extérieure  de  piété,  elles'lrompent  beauru/i/)  d'Iuituines  lionnétes  i;t  les  eutraineut 
"  à  s'écarter  de  la  saine  doctrine''.  Ces  j)aroles  et  <'elles  qui  les  suivent  sont  plei- 
nes de  lumière.  Elles  nous  révèlent  la  l'orme  la  plus  ordinaire  de  cette  errinir, 
les  points  sur  lesquels  elle  dirige  le  plus  souvent  ses  attaques  et  ses  effets  rui- 
neux dans  les  âmes.  Partout,  ceux  qui  sont  imbus  de  ces  dangerinises  erreurs 
protestent  de  leur  foi,  de  leur  soumission  à  l'Eglise,  de  leur  dévouement  à  la 
défense  de  ses  droits.  [Is  parlent  au  nom  de  la  prudence,  de  la  sagesse,  de  la 
charité,  de  la  paix,  aii  nom  même  des  plus  chers  intérêts  de  l'EglLse,  et  soiis  ces 
dehors  séduisants,  se  t'ont  les  ajxjtres  et  les  défendeurs  d'une  tolérance  qui  nu- 
rait  pour  résultat  d'empêcher  l'iilg'lisi'  de  .lésus-Christ  d'aifirmer  la  vérité  en 
fai-e  de  l'erreur.  La  lumière  de  la  vérité  les  elIVaye,  et  même,  lors(ju'ellede.scend 
des  hauteurs  sereines  de  la  (-haire  Apostolique,  elle  leur  .semble  menaçante 
comme  la  foudre.  Ce  qu'ils  aiment,  c'est  un  langage  mitigé  qui  n'offusque 
point  l'erreur,  c'est  un  demi-jour  qui  est  comme  l'alliance  de  la  himière  et  des 
ténèbres.  Le  droit  de  l'Eglise  et  de  la  vérité  ne  leur  paraissent  pas  tellement 
sacrés  qu'ils  ne  puissent  être  sacrifiés  pour  le  bien  de  la  paix,  et  les  restrictions 


—  118  — 

«•t  \vs  iMitiiivt's  (jMt'  I»'  pouvoir  livil  int-l  soiivt'iit  à  sa  lihcrt»''  no  «ont  A  Ifiirs 
yeux  (Hi'iin  tt'mi>t''riiineu(  nrct-ssiiivi'  à  In  liiiindt'  imissaiic»'  dont  .I»''SUH-(Mirist  l'u 
investit'.  Mais  leurs  i(U'es.  leurs  j)iin(ii)i>(s  sont-ils  signalés  <(>mni('  •lanufercux  et 
r('])ouss»''.s  par  ci'ux  (jui  «ont  chargés  de  londuire  rKirlisc,  ils  ni<»ntrent  alors 
une  ténai'ité  dans  leurs  opinions,  une  obstination  (jui  étonne  et  (jui  n'a  d'égal»} 
<|ne  II)  subtilité  (ju'ils  savent  ent[)loyer  pour  interpréter  toujours  en  leur  tavetir 
les  décisions  qui  les  condanment.  ("est  toujours  ainsi,  ati  nu)yen  de  démonstra- 
tion de  zèle  pour  les  intérêts  de  riCijflise.  que  les  fauteurs  du  lihéralisnie-catlu»- 
licpie  troniiient  lieaueoup  d'honinies  honnêtes,  et  (ju'ils  les  amènent  à  partager 
leurs  erreurs  :  c'est  sous  les  appareiu't'i'  extérietires  de  la  relitiion.  de  la  i>iété 
<iu'ils  sènu'iit  l'ivraie  dans  le  champ  du  p(  "e  de  famille.  Nous  n'hésitons  i)as, 
N.  T.  ('.  F.  à  dire  hautement  que  ceux  (|;i  propaifent  ces  erreurs  trahissent 
rblali.se  leur  mère,  ([u'ils  trahissent  les  intérêts  eutholi(iues,  et  iU)Us  ajouterons 
avec  l'Apotre  St. -Jacques,  (jiie  leur  sajfesse  lU'  vient  i)as  d'en  haut,  mais  qu'elle 
est  une  sagesse  terrestre,  charnelle  et  diabolique  :  "  .VfW  esf  fuiitifs^n  sii/tietifio  t/fsur- 
.«///«  descende  n»,  sed  terreua,  ntiiiiialh.  dùtholivu.   (8t.-.Iacq.,  III.  15). 

Pour  se  convaincre  (jue  le  lil)éralisme  catholique  est  une  véritable  trahison 
envers  l'Kali.se,  il  sutiil  de  considérer  les  funestes  efl'ets  qu'il  produit.  C'est  un 
moyeu  sur  de  rai)précier.  de  le  juger  :  car,  lums  dit  Jésus-Christ,  parlant  de 
ceux  ([ui  viennent  à  nous  sous  de  trompeuses  api)artuu'es,  c'«'st  à  leurs  fruits 
que  vous  les  rcconmiitre/  :  "  Ex  fructihiis  eortim  roii-nosce/is  eos.  "  Or.  quels  sont  les 
fruits,  les  ell'ets  des  doctrines  du  libéralisme  catholiijue  ?  Notre  Saint- l'ère  le 
Pape  les  signale  dans  les  termes  suivants:  "  I'J//ex  oj/aihlitsetd  la  foi.  romiient  Cioii- 
lé,  divisent  /es  forées  rfdliolitjnes  el  fournissent  un  aide  très-e(/ie(ice  aux  ennemis  de  l' Eiilise, 
qui  ensei'^-nenl  les  iiirnies  erreurs,  quoique  avec  plus  de  diire/op/iement  et  if  impudence,  et 
amènent  inseusih/enient  les  es/irils  ù  partager  leurs  desseins  pervers.  " 

Ces  paroles  du  Vicaire  de  Jésus-Christ  .sont  si  claires,  si  formelles,  (ju'elles 
lionl  besoin  d'aucune  exi)lication.  Les  doctrines  qui  produisent  ces  funestes 
effets  sont  jugées. 


^■ 


—  114  — 

isr.  2CIII. 

Mandoinont  ih'  ^ï'J;r.  l'I.-A.  Tiisrlirirni/  Art'lirnr(fnr  île    Qui'bn\  i)n)iiiiilirii(inl  lu  rrjKnisi 
ilii   Si»irn-iiifi-l'i»ifiji'  "   une  u'/irsse  /inJuentée  /»ir  Mi^r.    l' l'/rà/iir  i/rs    Trois-  liii'ii- 

rrs 


Kl.ZKAll-Al,K\ANl)HK    TAtifllEUAU, 

l'iir  la  miKt'rirortlf  de  Difu  ft  lu  •^riirc  (hi  Sainl-Sifu'o  Apnstoliinic,  Aichc- 
vt't|U('  (Ir  (^u»''l)t'c,  Assistant  an  Tinin-  IVuitiliiiil. 

Au    Cfcrur  Si'Ciilirr   cl  Rf^'/iliir.    nii.r  (  'niiiiiiiiiKiiilrn    llrlii^-ir/isrs  li    U  Imi-i    les  Fi/lilra   i/r 
l' Arrhiiliiursf.  ilr  (^>itt'l)ii\  Sdliil  cl  liciliilicliiiii  en  Ni)lre-M'j:;iiciir. 

Huraiit  un  ivicnt  voyai,»-*' à  K'oinc,  Notn- N'rni'raMf  ( 'nllrii'u»',  Mi>t.  riivripic 
(les  Trois-lviviijn's,  a  pn'scntt'  au  Sainl-l'cn'  une  adresse  dans  la(|U('ilc  il  exposait 
It's  BentiinenlH  d'ali'cetiou  ot  de  dévouement  cpie  le  cleiué  («t  les  lidèN-s  de  (et  te 
rrovince  ont  toujours  eus  envers  le  Saint-Sieii'e  ;  il  a  l'ait  aussi  conuaitre  les 
mesures  (jue  les  i'iVecjues  ont  piises  de  eoiirert.  pour  prémunir  leurs  difn  ésains 
eontre  les  erreurs  du  llhiirtilisnic  cnlholiiiiic.  Vous  allex  bientôt  entendre  la  lecture 
de  cette  adresse,  ainsi  (|ue  de  la  lépoiise  ipi'y  a  laite  le  Sainl-l'ére.  Comme  ces 
deux  documents  sont  assez  clairs  par  eux-mêmes,  je  n'y  ajouterai  qu'iin  petit 
uombre  de  leuuirques. 

Dans  l'adresse  vous  trouverez.  Nos  Très  Chers  h'reii's.  plusieurs  extraits 
assez  lons^s  do  la  pastorale  collective  des  Jî]vè(pies  de  cette  Province,  en  date  du 
22  septembre  IK7.'>.  Ces  extraits  nous  domu'iit  la  ciel' de  la  réponse  du  8aint- 
Père,  qui.  sans  nomnun'  cette  ])astorale.  en  résume  et  eu  ajïprouve  avec  éloae,  la 
doctrine  sur  le  lihcmlisnie  nilholii/iip  et  sur  la  nature,  la  constitution,  l'autorité  er 
les  droits  de  T Euli.se.  Il  lou<'  aussi  le  zèle  et  l'accord  avec  lescpiels  les  l'jvècpies 
fie  cette  Province  se  sont  ofl'orcés  de  VOUS  prémunir  contre  les  astucieuses  doi- 
triues  de  ce  lihérn Usine  cnlIioHque  "d'aiitant  plus  danu-ereuses  que  les  autres,  dii- 
■  il.  que  cachées  sous  une  apparence  extérieure  de  piété,  elles  trompent  heau- 
'■  coup  d'ames  honnêtes. 

"  Vous  le  reconnaîtrez  l'acileuient  disent  les  livècjues,  dans  leur  pastorale 
"  collective,  à  la  peiutiTre  (pi'en  a  laite  sinivent  le  Souverain  Poutil'e  :  lo  Etl'orts 
■'  pour  asservir  l'Eglise  à  l'Etat  :  2o  tentatives  incessantes  pour  briser  les  liens 
"  qui  unissent  les  enl'ants  de  l'I^^Lilise  entre  eux  et  avec  le  clergé  ;  3o  alliaiKv 
"  monstruexxse  de  la  vérité  avec  l'erreur,  sous  prétexte  de  concilier  toutes  choses 
"  et  d'éviter  des  conllits  :  4o  en  lin.  illusion  et  qneh^uelbis  hypocrisie,  qui,  sous 
"  des  dehors  religieux  et  de  belles  protestations  de  soumission  à  l'Eulise,  cache 
'    un  orcueil  .sans  mesure.  " 


—  115  — 

l"]ij  vuuH  piirliinl  aiiiNi,  N.  T.  ('.  F.,  le  Sniiit-IV-rf  et  vos  l<]v("'(ni('«  n'ont  eu 
vti«'  (|ut'  11'  snlut  (le  VON  fttnt'8  :  TK^iliN»',  connue  iiuf  hoiui»'  inorc.  ne  «roit  pou- 
voir mieux  vous  tt''inoiufn('r  sou  nM'crtion,  (ju'cn  vous  oxi)os!iut  Icn  vt'-rit^'s  que 
vous  tiv«'Z  à  prutiijUi'r,  ct^cs  (>rn'urs  coulrt'  lesquelles  vous  devez  vous  mettre 
«Ml  u^iirde,  non  seulement  dans  votre  vie  privée,  uuiis  aussi  dans  votre  vie  soeiii- 
li'  et  politi(|Ue 

Kn  i-e  <pii  reirarde  unicpiement  l'ordre  temi)orel.  l'J'iLrliNe  respecte  et  même 
protège  la  liberté  d'opinion  et  d'action  de  ses  enfants,  dans  les  limites  toutefois 
<le  la  vérité,  de  la  justice,  de  la  charité  ;  car  la  vérilal)lt^  liberté  n'est  pus  dans 
uuiî  licence  ellrénée.  Mais,  comme  vous  le  savez,  N.  T.  C.  F.,  il  y  a  des  (pu's- 
ti()ns  qui  toudieut  aux  intérêts  spiritueln  de  vos  âmes,  et  l'Eiflise  n'y  peut 
demeurer  indilléreute.  El  certes!  personne  n'est  plus  intéressé  que  vous  mêmes 
à  reconnaître  et  à  délêndre  au  besoin,  cette  salutaire  vii^'ilanee  que  l'Eglise  doit 
cxercHT  sur  tout  ce  qui  iK'Ut  nu'ttre  en  danger  votre  salut  éternel.  Eu  toute 
occasion,  conduisez  vous  avec  tant  de  prudence,  de  modération,  de  vérité,  de 
justice  et  de  charité,  (jne  votre  <'<»nscience  n'ait  ensuite  rien  à  vous  rejiro- 
<her. 

La  bénédiction  Apostolique  (jue  le  Saint-Père  nous  donne  à  tous  avec  tant 
d'atl'ection,  doit  être,  N.  ï.  C.  K.,  un  nouveau  motii'de  nous  attacher  de  plus  en 
jilus  à  aimer  et  à  suivre  celui  à  qui  Jésus-Christ  a  confié  le  gouvernement  de 
Non  lîglise.  Prions  sans  cesse  pour  ce  père  bien-aimé,  aujourd'hui  vi<time  de  la 
plus  cruelle  et  de  la  plus  injuste  persécution,  et  ell'orçons-nous  de  le  consoler 
par  notre  docilité  et  notre  atlectiou. 

Sera  le  présent  mandemiMit,  avec  l'adresse  présentée  au  Saint-Père  et  la  tra- 
duction de  la  réponse,  lu  et  publié  au  prône  de  toutes  les  églises  et  chapelles  on 
se  fait  l'offii'o  public,  et  en  chapitre  dans  les  communautés  religieuses,  le  pre- 
mier dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Québec,  sous  notre  seing,  le  sceau  de  TArchidiocèse  et  le  contre- 
seing de  notre  Secrétaire,  le  2*7  octobre  mil  huit  cent  soixante  seize. 

t  E.  A.  Arch.  de  Qukbeo. 


'» 


i 


Par  Monseigneur, 

C.-A.  Collet,  Ptre. 

Secrétaire, 


—  110  — 

Lettre  de  M.  A',..  A  Sou  EmiiiP/irr.  le  ConSniil ./,  Siitienta 
Préfet  (le  la  S.   ('.  de  la  Propagaiiile. 


\u 


K.MINliiN'Ci:. 


Kn  ma  qualité  do  journaliste  catholicjiie  ji'  prouds  la  respectueuse  liberté  de 
vous  liiire  priv'ément,  siir  les  ali'aires  du  Canada,  certaines  observatioiis/qui, 
rendues  publiijues,  causeraient  peut-être  i)lus  de  tort  que  de  bien.  Il  est  ururent, 
je  crois,  dans  l'intérêt  de  la  sainte  Ealise  catholique  et  dans  celui  de  notre  peu- 
ple, que  Votre  Emineuce  soit  exactement  renseig'néi\  sur  la  situation  de  notre 
pays.  L?  récente  publication,  dans  les  jouriuiux  de  Québec,  d'un  document 
émaiu''  de  la  S.  ('.  de  la  Propagande,  m'a  clairement  déurontré  et  a  démontré 
également  à  tout  le  mond(^  ici,  (jue  Votre  Emineuce  et  la  Propagande  avaient 
été  induites  en  erreur  sur  les  ali'aires  de  notre  pays  par  des  personnes  influen- 
tes  mais  peu  scrupule. fses.  L"s  agissements  de  ceux  qui  ont  ainsi  trompé  Votre 
Emineuce  et  la  8.  C.  de  la  Proi)agande  sont  tellimient  enveloppés  de  ténèbres  que 
Ion  ne  peut  s'empêcher  d'y  voir  la  main  de  la  l'ranc-maçoniierie  (jui  prend  raci- 
ne dans  notre  jeune  pays  et  qui  a  déjà  lait  parmi  nous  de  trop  nombreuses  vic- 
times. 

Je  ne  diseviterai  pas  l'acte  de  Mi'"  l'Archevêque  de  Québec  qui,  en  livrant 
à  la  publicité  des  documents  destinés  uniquement  au  clergé,  a  porté  un  coup 
terrible  à  l'inlluenee  de  l'épiscopat  et  des  prêtres  ;  d'autres  plur->  autorisés  que 
moi,  vous  ont,  sans  doute,  fait  des  repré.sentations  à  ce  sujet.  .T'ai)pellerai  seule- 
ment votre  attention  sur  ce  fait  grave  :  Mgr  l'Arclievêtjue  a  fait  ])Ui>lier  ces 
documents,  bien  qu'il  n'ait  pu  ignorer  qu'ils  sont  basés  sur  des  renseignements 
tout  à  fait  inexacts.  Il  a  ainsi  exposé  la  S.  C  de  la  Propagande  aux  railleri(!s  du 
peuple  qui  ne  voit  que  le  fait,  évident  pour  tout  le  monde,  ([ue  les  documents 
reposent  sur  des  données  inexactes. 

D'abord,  il  est  absolument  inexact  de  dire  que  certains  membres  du  clergé 
"  continuent  à  s'ingérer  trop  dans  les  élections  politiques.  "'  Il  y  a  eu  peut-être, 
dans  le  passé,  quelques  écarts  de  langage  commis  par  un  très  petit  nombre  de 
ijiêvres  dans  le  diocèse  de  Québec  et  dans  celui  de  ^lontréal,  bien  que  la  chose 
n'ait  jamais  été  cfiuoniquement  constatée.  Mais  chose  certaine,  c'est  que  ces 
abus,  si  réellement  abus  il  y  avait,  étaient  extrêmement  rares.  Du  reste,  il  n'y 
a  eu  aucune  plainte  faite  contre  un  seul  membre  du  clergé  depuis  1878.  Tout 
était  calme,  sous  ce  rapport,  et  le  document  de  la  8.  C.  de  la  Propagande  est 
tombé  comme  un  coup  de  foudre  d'un  ciel  sans  nuages. 

A  propos  de  la  prétendue   ingérence  du  clergé  dans  les  élections,  je  crois 


-U1 


divoir  fiiii»»  rciiuirquer  à  V^otro  Eiuineiice  que  jamais  une  seule  plainte  n'a  été 
formulée  contre  les  prêtres  du  diocèse  des  Trois-Rivières.  Le  clergé  de  ce  diocè- 
se a  toujours  su  rester  dans  les  limites  de  la  prudein-e,  et  cependant  les  catholi- 
(|ues  libéraux  accusent  Mgr  Lallèche,  évèque  de  ce  diocèse,  d'ètro  ia  cause  de 
toutes  nos  diflicultés  et  de  susciter  des  embarras  à  l'Eglise  par  ses  exagérations, 
(.'ommcnt  sv^  l'ait-il  (jue  le  clerijé  des  Trois-liivières,  qui  est  pourtant  étroitement 
uni  à  son  évéquc,  soit  si  sage,  si  Mur  Lallèche  manque  de  prudence  ?  Voilà  une 
question  qu(^  maints  catholiques  se  posent  en  ce  moment. 

Li'  document  parle  d'un  certain  sutFragant  de  Mgr  l'Archevêque  qui  "  cher- 
chv^  actuellement  à  recourir  au  parlement  pour  faire  modifier  la  loi  des  élections 
relativement  à  l'iulluence  dite  indue.  "  Tout  le  monde  à  compris  qu'il  s'agis- 
sait de  Mgr  Lallèche,  le  plus  savant  et  le  plus  zélé  de  tous  nos  évèqxxes,  parce 
que  ce  digne  prélat  est  reconnu  ici  comme  le  grand  défenseur  des  droits  de 
l'Eglise.  Mais  il  est  connu  des  membres  de  la  législature  que  Mgr  Lallèche  n'a 
fait  aucune  démarche  déplacée,  ni  même  publique,  pour  obtenir  l'amendement 
di>  la  loi  électorale,  et  qu'il  s'est  désisté  des  efforts  qu'il  faisait  privément,  et 
avec  l'appui  de  la  majorité  de  ses  <ollègucs  pour  régler  cette  difficulté,  du 
raomiMit  (|u'il  a  constata  que  Mgr  l'Ari'hevèque  s'y  opposait  pour  des  raisons 
inexpli 'ables.  En  ell'ct,  sans  l'opposition  étrange  de  Mgr  l' Arche vêqiie,  cette 
question  aurait  été  réglée  facilement  à  la  dernière  session  de  notre  législature. 
Tout  le  monde  croyait  qu'un  projet  de  loi  serait  déposé  pour  amender,  ou  plu- 
tôt pour  explicpier  ia  loi  des  élections,  et  qu'il  serait  voté  à  une  très  forte  mf.jo- 
aité,  peut-être  même  à  l'unanimité  des  voix. 

C'est  i<i  le  lieu  de  relever  une  atxtre  grave  erreur  dans  laquelle  on  a  fait 
tomber  le  ïSaint-Olhce.  Les  protestants  ne  sont  nullement  "  irrités  et  inquiets  " 
à  cause  de  l'action  du  clergé.  Vous  ne  trouveriez  pas  ici  un  seul  protestant  sin- 
cère et  honnête  qui  le  dirait,  ni  un  seul  catholiqixe  qixi  oserai^  signer  une  pa- 
reille déclaration.  Jamais  un  protestant  ne  s'est  plaint  de  la  conduite  du  clergé 
en  temps  d'éK^tions.  Toutes  les  plaintes  qui  ont  été  portées  à  ce  sujet  l'ont  été 
par  des  l'atholiqiies  libénmx.  Les  meilleurs  rapports  qu'il  soit  possible  d'ima- 
giner existent  entre  les  protestants  et  le  clergé  catholique  qui  est  certainement 
plus  respecté  par  nos  frères  séparés  que  par  un  certain  nombre  de  prétendus 
catholiqixes,  imbus  des  idées  malsaines  qui  ont  actuellement  cours  en  France. 

A  Rome  on  est  évidemment  sous  l'impression  que  les  catholiques  ne  cons- 
tituent qu'une  infirme  minorité  de  la  pop\ilation  du  Canada.  C'est  une 
très  grande  erreur  qu'il  convient  de  dissiper.  Dans  toute  la  confédération  cana- 
dienne, ils  forment  plus  du  titn-s  de  la  population,  et  dans  la  province  de  Qué- 
ils  sont  en  très  grande  majorité.  D'après  le  recensement  officiel  de  1871,  il  y 
avait,  dans  la  province  de  Québec,  sur  la  population  totale  de  1,191,516,  pas 
moins  de  1,019,859  catholifjues  !  Et  depuis  cettte  date  la  proportion  des  ca- 
tholiqiies  a  plutôt  augmenté  que  diminué. 


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In-. 


—  118  — 

liîi  proviiKH'  tld  Qu^bt'c,  (iomin<'  K's  autres  proviin'i's  qui  forracnt  laroufédé- 
riition  canadieniu',  ost  uu  état  autoiiotn»',  ayant  unt^  lôuislature  dont  les  pouvoirs 
sont  très  t'-toudus.  ("est  ainsi,  que,  en  vertu  de  l'acte  impérial  de  18()7,  établis- 
sant la  contédération,  les  léijislatures  provinciales  ont  seules  le  pouvoir  de  voter 
des  lois  sur  l'administration  de  la  justice  dans  chaque  province,  la  célébration  du 
maria<;e,  l'éducation,  la  propriété,  les  droits  civils,  et  une  foule  d'autres  sujetsi 
moins  importants.  Nous  aurions  pu  nous  tçouvernei  toujours,  dans  la  province 
de  Québec,  en  harmonie  complète  avec  les  enseiynemiînts  de  l'Eglise,  et  nous 
l'aurions  lait  sans  les  intrigues  de  certains  prêtre  libéraux  du  Séminaire  de  Qiu*- 
bec  et  de  l'Université  Laval  qui  exercent  sur  Mgr  l'Archevêque  une  funeste  influ- 
ence, et  qui  ont  réussi  à  séparer  Sa  (Irandeur  de  ses  sufl'ragants  sur  les  ques- 
tion, politico-relisrieuses.  C'est  ma  ferme  conviction,  et  cette  conviction  est  par- 
tagée par  un  très  grand  nombre  de  catholiques,  que  nous  n'aurons  point  de  paix 
ici,  que  nous  ne  verrons  point  la  tin  de  nos  diilicultés  ndigieuses,  tant  que  Mgr 
Taschereau  sera  archevêque  de  Québec,  ou  du  moins  tant  (ju'il  n'aura  pas  un  , 
chapitre  (^ui  puisse  neutraliser  l'influence  des  messieurs  du  Sémiiuiire  qui  sont 
ses  seuls  conseillers. 


Eu  dernier  lieu,  je  dois  faire  remanjuer  à  Votre  Eminence  que  la  publica- 
tion du  doiumeut  émané  de  la  S.  C.  de  la  Propagande,  concernant  la  conduite 
du  clergé,  a  non  seulement  profondément  allligé  tous  les  vrais  catholiques,  mais 
a  aussi  grandement  réjoui  les  catholiques  libéraux,  qiu^  l'on  trouve  dans  les  deux 
partis  politiques,  les  francs-maçons  dont  le  nombre,  l'influence  et  l'audace  aug- 
mentent rapidement,  et  enfin  les  protestants,  qui  sont  très  étonnés  de  voir  la 
grande  influence  qu'ils  semblent  exercer  à  liome.  Votre  Emiuence  peut  être 
persuadée  d'une  chose,  c'est  que  les  protestants,  qui  n'étaient  pas  "irrités,"  sont 
déjà  devenus  fort  insolents  et  agressifs,  comme  Votre  Eminence  peut  le  voir  par 
l'extrait  siiivant  T^ue  je  fais  du  Witness  de  Montréal,  qui  est  le  principal  organe 
des  protestants  de  la  province  de  Québec. 

"  Le  Pontife  actuel  a  fait  preuve  de  libéralité  et  de  prudence  dans  chacun 
de  ses  actes  jusqu'ici.  L'Archevêque  vient  de  rendre  publiciues  deux  lettres  de 
Rome  dans  lesquelles  les  évoques  ultramontains  dvi  Can.ada,  qui  ont  môme  dé- 
passé Pie  IX  dans  son  temps,  reçoivent  la  meilleure  rebufiade  qu'ils  aient  ja- 
mais reçue  de  leur  vie.  On  leur  dit  qu'ils  ne  doivent  pas  se  mêler  de  politiqxie 
et  l'une  des  raisons  invoquées,  c'est  que  les  protestants  sont  irrités  par  l'influence 
qu'ils  exerce^^t,  et  qu'ils  ne  doivent  pas  confondre  le  parti  libéral  ou  réformiste 
du  Canada  avec  le  libéralisme  condamné  par  les  Syllabus  ;  on  leur  dit  encore 
qu'ils  doivent  coixrber  le  front  devant  l'Université-Laval  dont  les  tendances 
constitutionnelles  ont  excité  leur  jalousie.  Le  cardinal  Siraéoni[nous  dit  que  l'un 
de  ces  évêques  ultramontains  était  sur  le  point  de  chercher  à  se  faire  élire  mem- 
bre de  la  législature  pour  mieux  exercer  son  influence  afin  de  faire  amender   la 


—  119  — 
W  électorale,  etni.*,„i.  au  «i,™,,,  lui  et  se.  ,.„„è,„e.  d'une  „.„i,.e  Wt 
Ma,uteaa„t,  »i  Vot,,,  Kuiinenee  ,„e  demande  si  je  puis  prouver  toutes  les 

m™,™,  ..hn  que   k  rei»},se  so,t  parfaitement  lihre,  nue  eirculaire  àTous  et    i 
«haeuudes  prêtres  séeuliers  e,  réguliers  delà    Provinee  de  Québee  W    L' 
mettant  une  séné  de  questions  sur  les  .IT.ires  du  Canada,  et  je  ut 'cl  „s  1 
d  ,*mer  ,p,e  l,m.nense  majorité  du  clergé  répondra  dans  le  se„.:Tcet:: 

.^rcm;:,:,''ï;';ir:tT„ÏTr'  ''"';."""';■  ™  """"  f™'*'^"'  -'■>  '^  -«-  -- 

.rai  rhoinioiir  d'être, 

j  de  Votre  Emiuence, 

Le  très  humble  et  respeetuex  serviteur, 
<VUf'oe<\  28  o<'tobn>  1881: 

X 


:i>T.  22:-v. 


(  Affiliât  if) 

CANADA  TROVINCE   DE  QUEBEl,. 

<'ITK    ET    DISTRICT   DK    QTTÉBE(\ 


r.nt«'ll]^  ■'■■  i'^*"  ^"  ;i«- de  Québec,  journaliste,  déclare  «olouneilement  que  les 
hut  allègues  dan«  la  lettre  imprimée  ci-anuexée  sont  vrais  au  meilleur  de  ma 
connaissance  et  de  mon  jugement. 

Et  je  fais  cette  déclaration  solennelle  la  croyant  consciencieusement   vraie 
e   en  vertu  de  1  Acte  3    Victoria,  passé  dans  la  trente  septième  année  du  règne 

Prise,  attestée  et  signée  devant  moi,  à  la  cité  de  Québec  e<8me  octobre  1881. 

Et  j'ai  signé  : 

J.  D.  Brousseaît. 

Maire  de  Québec 


—  120  — 

3sr.  zs"vi. 


P  R  0  G  R  A  M  M  E   VA  T  H  O  h  I  Q  U  h 


I.KS    l'ROCH.VIiVES    ELKCTIONS. 


Notro  pays,  .sonmiis  an  réifime  coiistitutioimt'l,  aura  dans  peu  de  temps  à 
choisir  ses  représentants.  Ce  simple  fait  soulève  nécessairement  nue-  question 
(pie  notre  devoir  de  journalistes  catholiques  nous  oblige  de  résoudre,  et  cette 
question  doit  se  poser  comme  siiit  : 

Qvu^lle  doit  être  l'action  des  électeurs  (tatholiques  dans  la  lutte  qui  se  pré- 
pare, et  f[ueile  doit  être  leur  ligne  de  conduite  dans  le  choix  des  candidats  qui 
solliciteront  leurs  suHVages  :" 

Nous  croyons  pouvoir  répondre  à  cette  question  d'une  inanière  satisfaisan- 
te en  donnant  quelque  développement  aux  idées  exprimées  par  Sa  (irandeur 
Mgr  TEvèqvie  des  Trois-Kivières  dans  sa  dernière  Lettn?  Pastorale. 

Voici  les  ligues  que  nous  y  trouvons  : 

"  Les  hommes  t|ue  vous  envoyez  vous  représejiter  dans  la  Législature^  sont 
'■  t'hargés  de  protéger  et  de  défendre  vos  intérêts  religieux,  selon  l'esprit  de 
"  l'iilglise,  autant  que  de  promouvoir  et  sauvegarder  vos  intérêts  temporels.  Car 
"  les  lois  civiles  sont  nécessairement  en  rapport  sur  un  grand  nombre  de  points 
"  avec  la  religion.  C'est  ce  (jue  les  Pères  du  Concile  disent  clairement  dans  leur 
"  décret. 

"  Vous  devez  donc  vous  assurer  prudemment  que  le  candidat  à  qui  voiis 
"  donnez  vos  suffrages  est  dûment  (pialilié  sous  ce  double  rapport  et  qu'il  offre, 
'■  moralement  parlant,  toutes  les  garanties  convenables  pour  la  protection  de 
"  ces  graves  intérêts. 

"  Nous  devons  sans  doute  rendri*  grAce  à  Dieu,  de  la  pleine  et  entière  liber- 
"  té  que  la  constitiition  de  notre  pays  accorde  en  droit  au  culte  catholique  de 
"  se  régir  et  de  se  gouverner  conformément  aiix  règles  de  l'Eglise.  C'est  par  un 
"  choix  judicieux  de  vos  législateurs  que  vous  pourrez  vous  assurer  la  conser- 
"  vatiou  et  la  jouissance  de  cette  liberté  la  plus  précieuse  de  toutes,  et  qui  don- 
"  ne  à  vos  premiers  pasteiirs  l'immense  avantage  de  pouvoir  gouverner  l'Eglise 
"  du  Canada,  selon  les  prescriptions  et  directions  immédiates  du  Saint-Siège  et 
"  de  l'Eglise  romaine,  la  mère  et  la  maîtresse  de  toutes  les  églises.  " 

Ces  conseils,  "flrctés  par  la  sagesse,  seront  compris,  nous  l'espérons,  par  tous 
les  électeurs  catholiques  de  la  province  de  Québe<\  Il  est  impossible  de  le  nier, 
la  pflîitiqut?  se  relie  étroitement  à  la  religion,  et  la  séparation  de  l'Eglise  et  de 
l'Etat  est  une  doctrine  absurde  et  impie.  Cela  est  particulièrement  vrai  <lu  régi- 


121 


me  fonstilutioum'l  ([\ù,  attribuant   au  parlement   tout  pouvoir  (!«•  législation 
mot   aux  mains  d<>  wnx  qui  le  composent  une  arme  à   double  tranchant  qiii 
iwurrait  être  terrible. 

C'est  pourquoi  il  est  u«'-cessaire  que  ceux  qui  exercent  ce  pouvoir  législatif 
soit  en  parlait  accord  avec  le«  enseig'uements  de  l'Eglise.  C'est  pourquoi  il  est 
tlu  devoir  des  électeurs  catholiques  de  choisir  pour  leurs  représentants  des 
hommes  dont  les  principes  soient  i)ariaitement  sains  et  sûrs. 

L'adhésion  pleine  et  entière  aux  doctrines  catholiques  romaines  eu  religion, 
en  politique  et  eu  économie  sociale,  doit  être  la  première  et  la  principale  qualifi- 
cation (jue  les  élerteurs  catholiques  devront  exiger  du  t'andidat  catholique. 
C'est   le  critérium  le  plus  sûr  qui  devra  leur  servir  à  Juger  les  hommes  et   les 

vhoses. 

On  coni])rend  qu'il  ne  peut  être  ici  (pu^stion  des  protestants  auxquels  nous 
laissons  la  mèiue  liberté  que  nous  réclamons  pour  nous  mêmes. 

Ces  prémisses  posées,  il  est  facile  d'en  déduire  des  conséquences  qui  servi- 
ront de  guide  aux  électeurs.  Mais  pour  étal)lir  des  règles  pratiques,  dont  l'ap- 
plication soit  fa<'ile,  il  faut  tenir  compte  des  circonstances  particulières  où  notre 
paj^s  est  placé,  des  partis  politiques  (pli  s'y  sont   formés  et  de  leurs  antécédents. 

Nous  appartenons  en  i)rincipe  au  parti  conservateur,  c'est-à-dire  à  cehxi 
qui  s'est  constitué  le  défenseur  de  l'autorité  sociale.  C'est  assez  dire  que  par  le 
parti  conserua/ei/r  nous  n'entendons  pas  toule  réunion  d'hommes  n'ayant  d'autre 
lieji  que  celui  de  l'intérêt  et  de  l'ambition  personnelle,  mais  un  groupe  d'hom- 
mes professant  sincèrement  les  mêmes  principes  de  religion  et  de  nationali- 
té, conservant  dans  leur  intégrité  les  traditions  du  vieux  parti  conservateur 
qui  se  résument  dans  un  attachement  inviolable  aux  intérêts  nationaux  du 
Eas-Caïuida. 

Dans  la  situation  politi([ue  de  notre  pays,  le  parti  conservateur  étant  le 
seul  qui  offre  des  garanties  sérieuses  aux  intérêts  religieux,  nous  regardons 
comme  un  devoir  d'appuyer  loyalement  les  hommes  placés  à  sa  tête. 

Mais  ce  loyal  appui  doit  être  subordonné  aux  intérêts  religieux  que  nous 
ne  devons  jamais  piM-dre  de  vue.  Si  donc  il  existe  dans  nos  lois  des  lacunes, 
des  ambiguïtés  ou  des  dispositions  qui  mettent  en  péril  les  intérêts  des  catholi- 
ques, nous  devons  exiger  de  nos  candidats  un  engagement  formel  de  travailler 
à  faire  disparaître  ces  défauts  de  notre  législation. 

Ainsi,  la  presse  religieuse  se  plaint  avec  raison  que  nos  lois  sur  le  mariage, 
sur  l'éducation,  sur  l'érection  des  paroisses  et  sur  les  registres  de  l'état  civil, 
sont  défectueuses  en  ce  qu'elles  blessent  les  droits  de  l'Eglise,  gênent  sa  liberté, 
entravent  son  administration  ou  peuvent  prêter  à  des  interprétations  hostiles. 
Cet  état  de  choses  i^ipose  aux  dépiités   catholiques  le  devoir  de  les  changer  et 


—  V2-I~ 


modifit'i-  8olon  ([xw  Nos  StMji'ixt'iirN  les  Evèqvu's  <lo  la  l'roviiife  pourmieiit  lo 
(lomandor  aliii  dt;  los  nu'ttre  t'ii  harmonie  avec  les  doctrines  de  l'Eglise  catholi- 
([ue  romaine.  Or.  pour  que  les  députés  s'acquittent  plus  dilijOfemment  de  ce. 
devoir,  les  électeurs  doivent  en  faire  une  condition  de  leur  appui.  C'est  le 
devoir  des  électeurs,  de  n'accorder  leurs  suHrages  qu'à  ceux  qui  veulent  se 
conlornier  entièrement  aux  enseignements  de  l'Eglise  relativement  à  ces  matiè- 
res. 

(.'oncluoni^  donc  en  adoptant  les  règles  générales  suivantes  dans  certains 
cas  donnés. 

lo.  Si  la  lutte  se  l'ait  entre  deux  conservateurs,  il  va  sans  .dire  que  nous 
appuirons  celui  (pii  acceptera  le  ]>rogranime  que  nous  venons  de  tracer. 

2o.  Si,  mx  contraire,  elle  se  trouve  engagée  entn^  un  conservateur  d'une 
nuance  <|uelconque  et  un  adepte  <le  l'école  libérale,  nos  sympathies  actives 
seront  pour  le  premier. 

3o.  Si  les  .seuls  candidats  (jui  s'oU'rent  à  nos  sutlrages  dans  un  comté  sont 
tous  libéraux  ou  oppositionnistes,  nous  devons  choisir  celui  qui  souscrira  à  nos 
conditions. 

4o.  Enfin,  dans  le  cas  où  la  contestation  serait  engagée  entre  un  conserva- 
teur rejetant  notre  programme,  et  un  oppositionniste  quand  même  rac«;eptant, 
la  position  serait  plus  délicate. 

Voter  pour  le  premier,  serait  nous  mettre  en  contradiction  avec  la  doctrine 
que  nous  venons  d'exposer.  Voter  pour  le  second,  serait  mettre  en  péril  ce  parti 
conservateur  que  nous  voudrions  voir  puissant.  Quel  parti  prendre  entre  ces 
deux  dangers  ?  Nous  conseillerons  -ilors  l'abstention  des  électeurs  catholiques. 

On  comprend  néanmoins  ue  ces  règles  posées  laissent  encore  aux  électeurs 
une  certaine  liberté  d'action  qui  dépendra  des  circonstances  particulières  de 
chaque  comté  et  des  antécédents  de  chaque  candidat.  Au  reste,  nous  avons 
tenu  à  mettre  surtout  en  évidence  les  convictions  et  les  qualifications  religieu- 
ses que  les  électeurs  doivent  exiger  de  ceux  qu.i  sollicitent  leurs  suffrages.  Il 
est  utile  d'ajouter  cjue  pour  taire  prévaloir  leurs  convictions  religieuses  il  faut 
chez  les  députés  l'intelligence  et  l'instruction.  Après  s'être  assuré  des  princi- 
pes religieux  des  candidats,  il  faudra  donc  en  second  lieu  s'eff'orcer  de  faire 
parvenir  en  chambre  la  plus  grande  somme  possible  d'intelligence  et  d'instruc- 
tion. 

''onc  toute  a<!tion  ministérielle  qui  tendrait  à  éliminer 

'  -^  hommes  capables  de   rendre  service  à  la   cause 

v:^:i- le  prétexte  qu'ils  gêneraient  quelques  ambitions. 

(•'<    e  nullités  dociles  et  impuissantes  serait  certaine- 


Nous  répro''  ^  '■■ 
de  l'arène  p"       >< 
catholique  ei        ,   ' 
Composer  la  repitt 
ment  un  gra:id  mal  qu'il  faut  éviter. 


.i.C, 

■  a 


—  123  — 

"  Eji  dt'ux  mol 8,  nous  voulons  sauvegarder  à  la  fois  riionneur  de  la  Patrie 
et  la  liberté  de  l'Eglise,  et  tout  notre  programme  peut  se  résumer  dans  ee  motto  ; 

"Re'io-toti  cl  Piilrie.  " 


L  K  T  T  K  1-:  1  )  U  ('  A  K  ])  I  ^'  A  L  V  A  T  Kl  Z  1 

A    l/AliCIlKAKQfK    DE    QITÉUEC. 


Illiislrissiiiic  ri  RerémiiUsshiiP  .SV.7i,''ffP//r  fl  frère, 

D"ai)r(',s  ee  (jue  nous  a  exposé  Votre  (.Irandeur  au  sujet  du  Programme  dit 
Cntliolifjite  qui  a  pour  but  de  diriger  les  élections  politi(|ues  dans  votre  Provin- 
ce, les  Eminentissimes  Pèn^s,  Inquisiteurs  (rénéraux  iiwc  moi,  ont  vu  avec 
étonnemeiit  et  douleur  que  des  contestations  et  des  divisions,  rendues  publi- 
ques par  les  journaux,  ont  existé  et  existent  em-orc  entre  vous  et  les  autres 
évèques. 

Vous  comprendrez  lacilement  tout  i'étounenient  et  le  préjudice  qu'une 
telle  conduite  est  de  nature  à  produiri'  parmi  les  iidèles,  puisque  les  Evèques 
devraient,  au  contraire,  par  la  conformité  de  leur  doctrine  et  de  leurs  actes  gui- 
<ler,  i>our  1(>  l)ien  de  la  rtdigion  et  de  la  société,  les  iidèles  eux-mêmes  dans  une 
<T'Uvre  de  si  ffrande  iniportan<'e.  Et  les  niém(\s  Eminentissimes  Pères  n'ont  pas 
cru  devoir  api)rouver  votre  (^onduitcî  peut-être  trop  précipitée  en  condamnant 
dans  lt>s  journaux  le  Programme  concernant  les  élections  politiques  :  conduite 
<|ui  a  été  la  source  de  tant  de  divisions. 

Mais  pour  empêcher  ce  mal  et  i)our  éloigner  toute  occasion  et  tout  motif  dt; 
désordre,  les  mêmes  Eminentissimes  Pères,  en  vertu  de  leur  autorité  et  au  nom 
du  Saint-Siège,  défendent  strictement  à  Votre  (irandeur  et  aux  autres  Evèques 
de  la  Province  de  ne  rien  oublier  qui  laissi»  soupçonner  une  division  ou  une 
divergence  d'oi)inion  (>ntre  vous. 

De  plus,  ils  ont  i)ensé  dcA'oir  imposer  silence  à  chacixn  de  vous  sur  le  Pro- 
gramme Catholique  en  question  et  sur  tout  ce  qui  peut  s'y  rattacher.  Mais  que 
tous  les  Evê(|ues,  aiin  de  procurer  parmi  les  Iidèles  l'accord  des  esprits  au  sujet 
des  élections  politiques,  se  conduisent  d'après  ce  qui  a  été  sagement  et  prudem- 
ment réglé  et  ordonné  dans  les  Conciles  proviciaux. 

Enlin,  cette  suprême»  Congrégation  espère  que,  vu  le  zèle  dont^  Votre 
O-randeur  et  les  autres  Evèques  sont  animés,  le  désaccord  qui  a  paru  jusqu'à  ce 
jour,  disparaîtra  complètement,  <'t  que,  dans  la  direction   des  iidèles,  pour  tout 


'  V>1 


—  124  — 

ri'  qui  regarde   riulministration   (iew  diocèse. ,   on  ne  reintminera   iilvis  en   vous 
tous  qu'une  seixle  el  même  manière  d'exposer  la  doi^trine  sacrée. 

En  attendant,  je  prie  Dieu  de  vous  accorder  en  tout  prospérité  et  bonheur. 

De  Votri'  Grandeur, 

JiC  l'rère  très  dévoué, 

C.  Caiu).  Pathizi. 
Kome,  le  4  août  1S74. 


1.^' 


3Sr.  2^-^111.. 


LETTRE  DE  L'HONORABLE  JUGE  MATHIEU 


.Toliette,  2(1  O.tobre  ISKl. 


Monseia^neur  La/lèclit:  Evéque  ries  Tr<>n-JiirHre!<. 


■ff 


MONSEIONEUH, 

Monsieur  Moreau  m'a  prié  d'ini'ormer  Votre  Grandeur  si  le  pamphlet  pu- 
blié par  les  amis  des  Pétitionnaires  dans  la  contestation  de  l'élection  de  Ber- 
thier  contenait  exactement  la  preuve  laite  par  les  Pétitionnaires  dans  cette 
cause  ;  je  dois  dire  à  Votre  Grandeur  vque  ce  pamphlet,  quoique  contenant  la 
substance  de  la  preuve  faite,  n'est  cependant  pa«  exacte.  Il  y  a  bien  des  variantes 
que  j'ai  remarquées  en  le  taisant  comparer  avant  la  plaidoirie  dans  cette  cause, 
et  lorsque  la  cause  a  été  plaidée  devant  la  cour  de  Révision,  sur  demande  des 
Juges  s'ils  povivaient  se  servir  de  ce  pamphlet  i^our  l'examen  de  la  preuve,  il  a 
été  admis  qu'ils  n'en  pouvaient  faire  usage. 

J'ai  l'houneiir  d'être, 

De  Votre  Grandeur, 

Le  très-humble  et  obéissant  serviteur 

M.  Mathieu. 


—  12.')  — 

3sr.  22:122:. 

riECliS  RELATIVES  A   LA  QUESTION  DK  LINFLUENCE  INDUE, 


])É("I.AHATIt)N   DE  l/AUt'Ilp:vfcQl  K  i:i'  DKS  kVÊQTîKS  DE  I.A  l'KOVINCK  ECCliSîSIASTI- 
qUK  DK  QUKHKC,  AI'  SUJET  DK   LA   [.CI   KliECTORAIiE. 

A  lu  lectiirc  dt'  la  isonteuci'  rciulut'  le  :^S  l'évricîr  cU'rnier  par  la  Cour  Sxiprô- 
ino  du  Canada,  dans  la  cause  de  l'éK'clion  du  l'onité  de  Charlevoix,  les  soussi- 
çnés,  Archevt^que  et  Ev('(]Ut's  de  la  jiroviiK'e  licclésiastique  de  Qu(''bo<'  oui 
éprouvé  uuiî  douleur  profonde,  (pie  tous  les  vrais  catholiques  ne  manqueront 
point  de  partajrer  avec  eux, 

Nous  n'avtJMs  pas  à  juger  des  ar<ruments  sur  lesquels  se  sont  appuyés  les 
honorables  nu'inl)res  du  plus  haut  tribunal  judiciaire  de  notre  pays,  pour  inter- 
préter avec  tant  de  sévérité  i\ne  loi  d'ailleurs  recommandable.  Mais  aussi  il  ne 
})eut  nons  être  dél'endu  de  déplorer  le  conllit  que  ce  jup'ement  constate  entre  la 
loi  ainsi  interprétée  et  les  droits  imprescriptibles  de  l'Eglise  catholique,  exjjosés 
dans  notre  i)astorable  commune  du  22  septembre  187ô. 

Ijoin  de  nous  la  volonté  d'accuser  les  intentions  de  ceux  qui  ont  rédigé  et 
voté  la  loi  élei  torale  en  question.  Si  l'on  avait  connu  et  piévu  l'interprétation 
absolue  (jiu'  cette  loi  recevrait,  nous  croyons  que  des  réclamations  nombreuses 
se  seraient  Jointes  aux  nôtres  poiir  conserver  aux  lidèles  le  droit  imprescriptible 
de  demander  à  leurs  pasteurs  et  d'en  recevoir  la  direction  dont  leur  conscience 
peut  avoir  besoin,  dans  l'accomplissement  d'un  deA'oir  aussi  important. 

Mais  (juaud  les  inconvénients  d'un  texte  de  loi  se  manifestent  au  grand 
joiir,  le  législateur,  s'il  lu'  [)eut  remédier  au  passé,  a  toujours  devant  lui  la  res- 
soiirt'e  de  pourvoir  à  l'avenir.  Témoin  les  amendements  tiui  se  fout  chaque 
anunée  aux  lois  rédigées  primitivement  avec  le  plus  de  soin,  et  avec  les  meil- 
leures intentions  possibles. 

Dans  notre  Pastorale  du  22  Septembre  1875  (§  VIII),  nous  disions  à  propos 
d'un  jugement  rendii  di.ns  une  cause  célèbre  : 

•'  Jésus-Christ,  dit  rAi)ôtre,  ti  aimé  son  E<i;Use  et  s'est  livré  lui-même  pour  elle 
"  (Eph.  V.  25).  A  l'exemple  de  notre  Divin  Maître  et  Modèle,  rien  ne  doit  nous 
"  être  plus  cher  en  ce  monde  c|ue  cette  même  Eglise,  dont  nous  sommes  les 
■'  membres  sous  un  même  chef  (jui  est  Jésus-Christ.  Elle  est  notre  mère,  puis- 
"  qu'elle  nous  a  engendrés  (^la  vie  de  la  grâce;  nous  devons  Taimer  d'un  amovir 
"  iilial,  nous  réjouir  de  ses  triomphes,  partager  ses  tristesses  et  au  besoin  élec- 
''  ver  la  voix  pour  la  défendre. 

"  (juand  donc  nous   voyons  sa  liberté  et  sa  dignité  méconnues,   il  ne   peut 


é 


I 

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i 


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—  12<i 


"  (''trt'  luTiiiis  à  sfh  t'iil'îints  et    curorc  moins  à  ses   piistcurs  de  u'nrdcr   un  silcn  c 
"  (|ui  iVjuiviUidriiit  m  une  traliisoii. 

"  La  Suintf  l'^irlist-  Catholiijuc,  lidèlr  aux  i'nsii«'n(.iii,.ii(N  de  son  Divin  Mai- 
"  tro,  apprend  à  ses  curants  ù  n'itilir  ù  Crsur  cr  tjin  rs/  n  C'csfir,  rt  à  Dieu  ce  qui  eut  à 
■  Difti.  (Malt.  XXII.  '21.)  Kl!»'  K'iir  ré])è1('  avec  le  yrand  Aixitrc:  [uutfez  <)  rha- 
nui  rr  qui  lui  est  du  ;  Ir  tribut  <'  qui  le  IrihuI,  l'iui/iôt  ù  qtii  r impôt,  la  rnu/ite  <'i  qui  lu 
rrtiinle,  l'honneur  ù  qui  l'honneur  (l{oin.  XIII.  7).  Ce  devoir  de  Jusiicc  et  de  resjx'ci 
(|u'tdl('  ne  cesse  de  proclamer,  tdle  a  plus  <|Ue  personne  le  droit  d'attendre  (jii'on 
racer)TUj)lira  à  son  é<.'"ard  et  (jii'on  rendra,  à  l'I'jU'lise  de  Dieu  ce  «pii  est  à  1  I<]i;-li- 
se  de  Dieu. 

Dans  le  cas  dont  il  .s'ag'issait  alors  et  qxii  louchait  à  une  ren'le  discii)liiuure 
de  lEclise,  nous  a\ous  v\i  avec  bonheur  la  Lc<;islature  de  la  l'roviiice  de  Qué- 
bec, s'emi)resser  de  mettre  la  loi  ci\  ile  en  accord  avec  la  loi  ecclésiasti(|Ue  .sur 
<•(•  point  important  de  <liscij)line,  alin  de  prévenir  tout  conilit  entre  les  deux 
autorités  et  d'assurer  à  l'Eglise  la  protection  que  lui  garantit  notrt'  constitii- 
tion. 

Nous  avons  la  conliance  (pie  la  menit  bii'uveillance  et  la  niciiie  justice 
■seront  manifestées  aux  catholiques  dans  le  ca.s  |)résent. 

L'interprétation  si  rigoureuse  et  .si  a})solui'  dcninée  à  la  loi  électorale,  si 
elle  est  poussée  jusque  dans  ses  dernières  ( onséquenees,  irait  ju.sqii'à  iniver 
l'Eglise  catholique  d'un  droit  sacré,  d'un  droit  ([ue  la  nature  elle-même  cojilére 
à  toute  société  et  mémo  à  tout  individu,  d'un  droit  enlin  qu«'  les  code-s  detoiites 
les  initions  regardent  comme  indiscutal)le  :  ce  droit,  c'est  celui  de  légitime  dé- 
l'euse. 

Supposons  un  <andidat  ou  un  i)arti  qui  ailii  lie  ouverb-nn-nt  l'intention  de 
(létri\ire  l'Eglise  catholicpie  ;  n'est-il  i)as  évident  (ju'aucun  calholi(|ue  ne  ]>our- 
rait,  bans  commettre  un  grave  i)éehé.  voter  en  faveur  d'un  tel  candidat  ou  d'un 
tel  parti  ?  Et  dans  ce  cas,  que  nous  ne  supposons  ici  que  pour  rendre  notre  pen- 
sée plus  évidente,  dans  ce  cas,  disons-noiis,  est-il  conforme  aiix  notions  les  plus 
élémentaires  de  la  justice  et  de  la  raison,  (pu-  le  i)re1re  soit  condamné  à  garder 
le  silence,  où  à  ne  faire  entendre  que  des  timides  conseils,  des  avis,  des  recom- 
mandatio)is,  des  exhortations,  sansdire  carrément  quel  est  le  devoir  strict  et 
rigoureux  d'iin  enfant  de  l'Eglise  Catholique  ^ 

C'est  cependant  la  conséquence  (pli  nous  semble  résult(>r  de  ce  ])assage  du 
jugement  en  (question  : 

"  .T'admets,  sans  la  moindre  hésitation  et  avec  la  plus  sincèn»  conviction,  le 
"  droit  du  prêtre  catholique  à  la  pr('*dication,  à  la  définition  du  douint;  religieux 
"  et  de  tovit  point  de  discipline  ecclésiastique.  .Te  lui  nie  dans  le  cas  présent, 
"  comme  dans  tout  autre  semblable,  le  droit  d'indiquer  un  individu  ou  un  parti 


-  1  ;i7  — 

*'  politique,  cf  do  sijmuli'r  et  vouer  l'un  ou  l'HUtre  n   l'indii^iuition  i)ul)li<iut'  eu 
"  raciiisinit  (le  lUxTiilisuic  ciitholiquc  ou  dt'  toute  "aulrt'  erreur  religieuse.  " 

l'^t  tsurtout  je  lui  nie  le   droit  de  dire  (pu»  celui  (jui  eontrihuerait  j'i    l'élee- 
tion  de  tel  ciindidiit  eonimeltrait  un  i)éihé  yrave.  " 

Ainsi,  d'un  (été,  liberté  absolue  d'atta(|uer  l'I'^g-liNe  eatholique  ;  de  l'autre 
inipo.ssil)le  à  celle-ci  de  se  défendre.  "  ou  j)'utot  de  défendre  les  intérêts  spiri- 
"  ttiels  desâuies  (jui  lui  sont  «onfiées  !  Mais  l'Kolis,.  parle,  agit  <'t  combat  par  son 
'•  clergé,  et  refuser  rvs  droits  au  clergé,  c'est  les  refuser  à  l'iiglise.  "  (Pastorale 
du   22  se])teTnbre  187;')  U\) 

Hst-ce  juste  ? 

Kn  récliinjaut  ainsi  pour  l'Kiilise  le  droit  de  propre  défense,  nous  ne  pré- 
tendons nullement  exclure  des  suffrages  ciitholicpies,  tout  candidat  appartenant 
à  uiu>  croyance  ditférente,  imbu  d'une  erreur  religieuse  qiU!lcon<iue.  Sans  dou- 
te, toutes  les  erreurs  sont  rejetét-s  et  comlamnées  ])ar  l'Eglise  :  mais  toutes  n'of- 
frent pas  le  même  danger  pour  elle.  î/histoire  de  notre  Province  montre  claire- 
ment qiie  telle  n'a  jamais  été  la  prétention  du  clergé.  Des  comtés  catholiques 
ont  assez  souvent  élu  des  membres  protestants,  tandis  (|ue  les  comtés  protes- 
tants, ici  ou  ailleurs,  n'ont  pres(pie  jamais  envoyé  de  catholi(|ue8  au  parle- 
mont. 

Kn  présence  de  la  jmsition  faite  au  clergé  par  cette  sentence  du  plus  haut 
tribunal  judiciaire  du  pays,  nous  n'avons  i)u  nous  dispenser  d'élever  la  voix 
])our  sauv(\gard(^r  un  droit  satn-é  et  nécessaire  de  l'Kglise  Catholique,  et  pour 
demander  que  nos  Législateurs  dans  leur  sagesse  et  leur  désir  de  rendre  .justice 
à  tous,  apportent  à  cet  état  de  cho.ses  nu  remède  conveimble. 

Province  de  Québec,  2(1  mars  1877. 

f  E.  A.  Arch.  de  Québec. 

t  h.  F.  Ev.  des  Ïrois-Rivières, 

t  JEAN,  Ev.  de  Sï.  G  de  Rimouski, 

t  EDOUARD  CHS  Ev  de  Montréal. 

t  ANTOINE  Ev.  de  Sherbrooke, 

t  .T.  THOMAS,  Ev.  d'Ottawa, 

t  L.  Z.  Ev.  de  St.  Hyacinthe. 


il 


—  1  is  — 

3sr.  3Z22:. 


I.KTTKK  1)K  M(ÎK.  L.  K.  LAKI.KCllK.  i:\  .  KKS  TWOIS-KIVIHKKS. 

St'iiiinain'  dfH  TroiM-RivioreN 
21  Dnvmbn-  IHHO, 

M^rr.  E.  A.  l'itarlu'rfiiit. 

Airhemiiir  <k  Quéhi'c.  , 

Monsoiiïiu'ur, 

U.  .hnirml  (ks  Troh-Riri^rrsii  mis  en  hro.-hur.' les  articles  qu'il  a  puMic's 
dornièromont  8ur  17«///^r//rf'  Spirilurlh'  In,//»;  ot  je  ine  lais  un  devoir  d'en  adres- 
Her  xm  exemplaire  à  V.  Cî.,  persuadé  quelle  !.■  panourra  avi".'  intérêt.  Ces  nvi}- 
ele8  me  paraissent  propres  à  éclairer  Topinion  publique  mr  ces  nu.tien.s  si  peu 
connues  et  à  la  préparer  à  bien  recevoir  l'ame.ulement  (pie, nous  avons  (b'Uian- 
dé,  il  y  a  phts  de  deux  ans,  dans  notre  Déclaration,  à  la  suite  du  juuvmeni  de  la 
Cour  Suprême,  dans  la  conti>station  de  C'harlevoix. 

Je  tiens  de  bonne  source  qu'un  des  membr.^s  les  plus  inihients  du  gouver- 
nement de  Québec,  a  déclaré  qu'il  était  prêt  à  l'aire  ce  ••hangement  à  la  loi  élec- 
torale si  les  Evêqnes  en  manii'estaieni  le  désir.  J.,'  .rois  le  temps  venii,  et  sans 
agir  publiquement,  mais  en  informant  privément  le  ministère  que  nous  désirons 
que  cette  loi  soit  amendée  comme  nous  en  avons  «léjà  exprimé  le  désir,  la  chose 
se  fera  sans  diflii;ulté.  C'est  ce  qiu',  pour  ma  part,  je  prie  Votre  Cirandeur  de 
l'aire.  Nous  dégagerons  ainsi  notre  responsabilité  devant  l'opinion  pubhque, 
qui  croit  général(>menl  cpie  la  chose  dépend  des  Evêques,  d'après  ce  (lui  s'est 
passé  le  printemps  dernier,  et  nous  n'aurons  plus  le  triste  spectacle  des  scènes 

de  Berthier. 

Dans  cet  espoir,  je  demeure  comme  toujours,  votre  tout  dévoué  serviteur, 

t  L.  F.  Ev.  UErt  TROI8-K1VIKRES. 


LETTRE  DEMGK.  J.  LANGEVIN  EV.  DE  ST-(IEKMA1N  DE  KiMOUSKI, 

Evèché  de  St-Ciermain  de  Rimouski 
21  Janvier  1881. 

Mgr  C  Archevêque  de  Qiiéher. 

Monseigneur, 

Je  partage  l'opinion  de  Mgr.  Laflèche  sur  l'opportunité  de  faire  amender  la 
loi  électorale  à  propos  de  la  prétendue  "  Influence  indue  spirituelle"  :   car,  si  le 


—  l-J'.t  — 

prciiiicrf  se  chiirjff  «le  ii'ttc  mchun',  uii  .s'rn>.Mi;t' à  lintpuycr,  jf  suis   pcrsuiKlc 
cju't'llt'  Ncrii  liK'ilt'mfiit  luloptiH". 

<^iiiiu  uu  (laiiirtT  (|iif  tt'llf  iiiodilicatiuii,  ou  plutôt  r.rp/inifioH,  de  la  loi  »'1»m- 
torai»',  Mf  soit  pas  ralilit'-o  par  le  (JouvoriH'Ur  (ù'iu-ral  ou  i)ar  la  lit-int',  je  le  trois 
itnairinairi',  D'ailU-urs,  sil  (-tait  rn'l,  il  existerait  toujours,  et  à  ce  (■<iiiii)to-lii. 
iu)us  aurions  deituiiulé  une  chose  impossible  et  iiu»x«''cutahle  par  nntn't/ér/amfion 
rol/eitii't;  ce  serait  assez  curieux. 

.If  prends  note  de  la  persu;isif>n  où  est  v.  o.  que,  si  cet  amendonient  désiré 
et  demandé  par  toiit  ri']piscoi)at  de  la  Province  éprouve  de  l'opposition,  ce  sera 
de  la  part  de  nos  /ihrraii.r.  .l'en  couchis,  pour  mon  compte,  que  l(>ur  libéralisme 
n'est  pas  niiH/ilfiiifiif  [»oliti(jue,  et  (ju'il  l'st  beaucoup  plus  dangereux  (jUe  quel- 
<|U08-uns  ne  semblent  penser. 

.Je  sui«,  au  reste,  d'avis  (jue,  sur  des  qiu'stious  si  importantes,  il  n'est  pas 
possible  de  mnis  lUiteudre  i)ar  Irffrrs,  siuis  avoir  l'occasion  d'en  délibérer  ensem- 
ble et  d'cchanH'er  mutuellement  nos  sentiments  et  nos  viu's.  hormis  le  cas  où  il 
y  aurait  unanimité  ou  iiiiim-imnnimilr. 

Veuillez  agréer  etc, 

(Siîjrné)  t  .IIUN,  Rv.  de  S.  Vr   Rimouski 


IdaTRK   \m  Mou.  MOKKAr   KVItKnni  PK  ST.  HYACINTHE, 

St.  Hyacinthe.  28  .lanvier  ISSI, 

A  MiT,:  L.  F.  Lntirriie, 

l'k'èqite  (/('S  Trois-  Ririi'res. 


Monseigneur. 

.l'ai  reçii  hier  la  lettre  de  Votn?  (Irandeur  du  21  courant,  et  la  brochure 
dont  elle  a  bien  voulu  raccorai)airner.  \r(Mci  à  V^otre  (rrandeur  de  cette  bien- 
veillante attention. 

.le  parcourrai  cette  brochure,  dont  J'ai  déjà  lu  ([uelques  extraits  dans  les 
Journaux,  avec  d'autant  plus  de  plaisir  et  d'intérêt,  qu'elle  traite  d'une  ques- 
tion acïtuelle  très-importante  et  que  Je  la  sais  sortie  de  la  plume  facile  de  Votre 
(rrandeur.  Que  le  ciel  vous  récompense  au  c(^ntuple,  vénéré  Seigneur,  de  votre 
zèle  si  édifiant  pour  vos  co-provinciaux  et  pour  tous  les  fidèles  du  Canada,  à  re- 
vendiquer avec  une  telle  fermeté  et  sûreté  de  principes,  les  droits  sacrés  inalié- 
nables de  l'Eglise  et  les  saintes  immunités  de  ses  ministres. 

.Te  suis  entièrement  de  l'avis  de  votre  Grandeur,  que  le  temps  est  arrivé 
pour  l'Episcopat  de  cette  Province  de  solliciter  vivement  un   amendement  à  la 


—  180  — 

loi  dt's  rltH'tioiis  sxir  l'iiTtick'  dv  riiilku'iico  indue,  alin  (|U('  des  scniidalos  comino 
coux  de  Cliarh'voix  et  do  Berthicr  uo  se  roiiouvdhMJt  plus.  Los  circonstaucos.  à 
mou  avis,  no  pouvi'ut  ôlro  plus  l'avorahlos  pour  obtonir  do  iiotro  Loii-islatur<^ 
Proviuoialo  uiu'  dôdaratiou  do  principos  qui  mettra  Hn  aux  monoos  do  nos 
pauvres  catholiquos  libéraux. 

Vouilloz  mo  oroiro  hiou  rospoctuousomoul. 
do  Votro  (Irandour, 
Lo  tout  dovouo  ot  l)ion  huniblo  sorxilour. 

t  L.  Z.  Ev.  do  8t-Ilva(intho. 


LICTÏRK  i)lî  M(U{.  ANVOIXE  RACINE,  EVEQL'E  J)E  SllElilUiUOKE. 

Shorbrooko,  -24  .I.auvior  ISSl. 

A  MoH'ingni'ur  L.  F.  Laflcrl\i\ 

Evcque  tien  Tmi^-Riiim-cs. 

Monsoiffuour, 


II: 


.l'ai  roeu  un  oxomplairo  do  la  brocluu'o  iutitulôo  ;  "  L'iniluonco  indixo 
(spiritxxello)  devant  la  liborto  roligiouso  ot<Mvilo,  ";  jo  vous  prie  d'agréer  mos 
remerciements  et  mes  i'élioitations. 

Vous  avez  magistralemout  démasqué  les  artiUco»  au  moyen  desquels 
plusieurs  catholiques,  sous  le  prétexte  séduisant  do  mieux  s(>rvir  l'Eglise,  sont 
eutrainés  hors  de  la  voie  do  la  vérité  catholi(|ue.  Vous  leur  avez,  démontré,  dans 
dos  articles  pleins  de  vigueur  ;  qu'il  faut  remonter  Juy<|u'à  lasowree  do  ];i  vérité, 
et  qu'il  faut  ehoroher  la  vérité  là  seulement  nù  elle  peut  se  trouver,  c.-à-d.,  dans 
l'enseiguemout  de  l'Eglise. 

Ces  articles  sont  propres  à  éclairer  l'opinion  ])ublique  sur  cotte  grave  (pu's- 
tion  et  H  la  préparer  au  changement  demandé  i)ar  les  livécpu's  dans  leur  "  Dé- 
claratiou  du  2t)  Mars  1877.  "  ;  i  suite  du  jugement  de  la  Cour  Suprême,  sur 
rélection  contestée  de  Charlevoix. 

Dans  mon  humble  opinion,  si  rien  (d'ici  là)  n'y  met  obstacle,  il  laut  profi- 
ter do  la  prochaine  réunion  des  chambres  pour  obtenir  l'amendement  de  la  loi 
électorale,  sur  ce  point  important. 

Veuillez  agréer  Monseigneur, 

L'hommage  de  mes  sentiments  dévoués  eu  N.  S.  .1.  C. 

t  ANTOINE,  Ev.  de  Sherbrooke, 


- 1^1  - 

U'^TTIIF  1»E  M<ni.  DOMINIQUE  EACINE,  EVfiQUE  DE  CIIICOUTTMI. 

Chicoutimi,  25  Janvier  1881, 
'       A  S(t  Grandeur  Mgr.  Lajlèche. 

Evé(iue  des  Trois- Rivières^. 

Monseigneur, 

Veuillez  agréer  mes  sincères  r-nnerciements  pour  Tenvoi  de   lu  brochure 
"  L'influence  indue  "  et  de  la  lettre  qui  raccompagne. 

J'ai  lu  avec;  le  plus  vif  intérêt  les  belles  pages  de  c(>tte  brochure  et  je  félii'i- 
te  bien  cordialement  celui  qui  les  a  écrites.   Elles  porteront,  J'en  ai   l'espoir,  les 
heureux   liuits  que  vous  en  attendez.    Mais   Nos   8eigneurs"doivent-ils  par  de 
noiivi'Ues  démarches  préparer  les  ministres  du  gouvernement  de  Québec  à  faire 
voter,  à  la  prochaine  session  du  parlement  provincial,  un  amendement  à   la  loi 
électorale  quant  à  la  partie  qui  concerne  l'iniluence  spirituelle  indue  ?  Cette 
question  a  été  poséi;  le  printemps  dernier  dans  une  réunion  des  Evèques  tenue 
à   l'Archevêché  et.  si  ma  mémoire  est  lidele,  tous  ont  été  unanimes  à  décider 
qu'il  iaillail  s'en  tenir  i'i  la  "  Dédaratnm  des  Ernpm.  "'  Or  je  ne  vois  aucune  raison 
])roi)re  à  nous  luire  revenir  sur  cette  dé.'isiou.    Loin  de  là,    les  articles  si  clairs 
et  si  pleins  de  logique   publiés  dans   un  journal   de  votre    ville,    maintenant 
réunis  en  i,  imphlet  et  (jue  l'opinion  publique  vous  attribue,  font  a.s.sez  voir  aus 
ministres,  aux  déi)utés  et  au  public  en  général  que  les  Evèques  de  lu  Trovince 
désirent  ])lus  que  jamais  voir  amendée  notre  loi  électorale. 

Toutetois,  si  nos  Seigneurs  croient  dans  leur  sagesse  (|ue    le  tem/ms  hniiiendi 
est  arrivé,  je  ne  me  séparerai  {)as  d'eux. 

J'ai  l'honneur  d'être. 

Monseigneur,  de  Votre  t^rand(Hir 

Le  très-humbl»>  serviteur, 
t  DOMINIQUE,  Ev.  ,1e  Chicoutimi 


n 


u 


LETTRE  DE  Mou   .1.  T.  DUHAMEL.  EVEQUE  D'OTTAWA, 

Jilvéché  d'Ottawa, 
le  25  Janvier  1881 
  Sa  Grandeur  Mgr.   La/lrrjir. 

PJvéque  des  Trois- Riiùérc!^ 

Monseigneur, 

J'ai   revu  et  lu  avec  plaisir  le  pamphlet  intitulé  "L'influence  Spirituelle 
Indue"  que  V.  (1.  m'a  envoyé  en  même  temps  que  votre  lettre  du  21  courant 


—  132  — 

Ce  iietit  livre  devra  nécessairement  éclairer  l'opinion  pnbliciue  et  j'espère  que, 
s'il  est  lu  par  ceux  qui  sont  tentés  de  donner  à  l'Etat  un  pouvoir  qu'il  n'a  pas 
et  qui  devrait  tourner  au  détriment  d(>  l'Eglise,  les  vrais  principes  que  doivent 
admettre  les  catholiques  sur  la  matière  dont  il  traite  seront  mieux  connus,  plus 
appréciés  et  mieux  suivis. 

,1e  partage   pleinement  l'opinion   de    V.  (r.  siir  l'opportunité  évidente  de 

demander  au  minstère  de  Québec  de  l'aire  les  changements  nécessaires  à  la  loi 

électorale.  V,  0.  en  parlera  sans  doute  aux   Evêques  à  la  prochaine  assemblée: 

je  me  ferai  un  devoir  d'iippuyer  une  résolution  en  conformité  de  cette  opinion. 

Agréez  Monseigneur  rassuriince  de  mon  dévouement. 

t  .leau  Thomas.  Kv.  d'Ottawa. 


LETÏRlî  DE  M«u  E.  A.  TASCIIEUEAU,  AllClIEVEl^UE  DE  QUEBEC 

Archevêché  de  (Québec, 
2  Févru'r  1881. 

A  3I(rr.  L.  h.  Lijièclie, 

Evèqve  <le>i  Trois- Ri irirres. 


Monseigneiir, 

.le  m'empresse  de  commnniciuer  à  Votre  Cirandeur  le  résumé  des  réponses 
faites  ;uma  lettre  du  28  Janvier  dernier,  sur  l'opportunité  de  demander  au  gou- 
vernement provincial  l'amendement  de  la  loi  électorale  qui  concerne  l'influence 
spirituelle  indue. 

MiXr  l'Evéque  de«  Troi.s- Rivières.  21  Janvier  :  "  Je  crois  le  temps  venu.  " 
M'H'  de  Kimouski,  26  Janvier:  "Je  partage  l'opinion  de  Mgr  Latlèche.  " 
M<'r  d'Ottawa,   2(i  Janvier  :"  Je  partage   pleinement  l'opinion  de  Mgr  des 
Ïrois-Kivières.  " 

Mgr  de  St-Hyacinthe,  2!»  Janvier  :  '•  11  me  semble  qiui  le  temps  est  arrivé 
"  de  presser  nos  députés  d(^  se  mettre  en  nu\sure  de  faire  droit  à  ce  cpie  nous 
"  leur  avons  demandé  dans  notre  protestation  contre  le  jugciment  de  la  Cour 
"  Suprême.  " 

Voilà  donc  quatre  voix  pour  l'affirmative,  les  qiiatre  autres  sont  pour  la 
négative. 

Mgr  de  Montréal,  26  Janvier,  répond  à  l'Archevêque:  "J'adhère  pleiue- 
"  ment  à  l'opinion  ([ue  V.  C.  exprime  dans  sa  lettre  du  28  janvier.  " 

Mur  de  Sherbrooke,  28  janvier  :  "Je  suis   d'opinion  qu'il  ne  serait  pas  iiru- 


—  13;^ 


dont  de  presser  rainendeinoiii   demandé  par  les   Evè(|uos  dans  leur  déclaration 
"  du  26  mars  1877,  "  avec  la  chambre  telle  que  composét'  aujourd'hui.  " 

Mgr  de  (îhicoutimi,  28  Janvier:  ".l'ai  réi)oiidu  à  Mur  des  Trois- Jlivieres 
que  je  m'en  tenais  à  la  décision  unanime  des  Evèques  prise  le  printemps  der- 
nier (1  Juin  1880),  à  l'Archevêché:  mais  (jue  si  NN.  8S,  croyaient  devoir  reve- 
nir sur  ceWe  décision,  ji.'  ne  me  séparerais  ])as  d'eux.  "' 

Pour  ma  pari,  plus  j'y  pense,  plus  je  nie  conliniic  dans  l'opinion  (pie  le 
temps  le  ]ilus  opportun  n'est  pas  venu.  Jo  doute  l'ort  que  le  uiinistéri'  aj)prenant 
que  l'Episcopat  est  éiralement  divisé  sur  l'opportunité  de  la  mesure,  veuille  se 
charger  delà  l'aire  ])asser.  Un  ministre  a  dit  à  (juehpi'uu  qui  me  l'a  rcjx'ic: 
*'  Si  les  Jllvéques  demandent  unanimement  la  mesure,  elle  passera  probable- 
ment, mais  nous  leur  en  laisberons  la  ros])onsal)ilité  j)onr  l'avenir.  '  Cette  paro- 
le doit  nous  donner  à  réiléchir  sur  les  con.«sé(jueuccs  (pie  cet  homme  d'Etat 
prévoit.  Pesons  bien  ces  ''onscqueiices,  de  |)cur  <]uc  nous  cl  ]ios  success(>urs 
n'ayons  un  jour  à  regretter  d'avoir  t'uiinrc  le  mai  eu  voulant  le  i>-uérir. 

Dtqiuis  notre  déclarati(ni  collective  du  2i)  mars  Is77.  iroifs  laits  me  parais- 
.sent  avoir  considér'iblemenl  uiodilié  notre  position. 

l*-'.  Les  instructions  du  Si-Sicile  transn)ises  par  M<rr  Conroy,  r(>comman- 
<laienl  au  clergé  de  se  tenir  en  dehors  des  partis  i)oliti(pies.  A  cela  se  rapporte 
la  consultation  (jue  j'avais  i'aite  à  la  suite  du  procès  de  C'iiarlevoix  sur  la  eoii- 
duiio  à  tenir  envers  ceux  ([ui  avaient  suscité  ce  procès.  Sans  nous  (Injiner  de 
réponse  directe,  la  Propagande  Jious  n.'eonuuande  de  vi'iller  à  re  ;picde  sciubhi- 
bles  plaintes  ne  |)uiss(>nt  se  répéter. 

2*^.  Notre  circulaire  du  1  1  Octobre  1S77.  lidele  écho  des  instructions  du  Si- 
Siège,  tend  à  rendre  impossibles  les  plaintes  p(»ur  iniluciice  ind>ie  sj)irituelle,  et 
par  conséquent,  inutile  la  modification  d'une  loi  bonne  d'ailleurs.  l']n  venant 
aujoiuPhui  demander  cet  a,mendemt>nt,  nous  conl'essons  implieitement  (pic  nous 
ne  voulons  ou  ne  pouvons  pas  mettre  à  exé(-ution  les  instructions  du  St-Sit^ge 
■et  notre  circulaire.  Nous  nous  exposons  à  donner  occasion  aux  i)rotestants,  aux 
libéraux  et  à  plus  d'un  conservateur  de  lire  et  d'écrire  l)ien  des  injur(>s  à  l'I'^pis- 
copat  et  à  l'Eglise  catholique,  de  l'aire  bien  des  récriminations,  de  conce\()ir 
des  jalousies  qui  tc»t  ou  tard  porteront  des  i'ruits  empoLsonm-s,  et  tout  cela  pour 
arriver  à  un  état  de  choses  (pii  existerait  de  l'ait,  sinon  de  droit,  si  les  instruc- 
tions du  St-Siége  et  les  nôtres  étaient  lldèlement  observées  dans  toute  la  pro- 
vince. Ne  serait-ce  pas  payer  trop  cher  pour  avoir  ce  qui  est  déjà  à  notre  por- 
tée ! 

8*^.  l^élecrion  de  Berthier  est  le  troisième  t'ait  (pii  a  iiKjdiiic  noire  j)ositi()u. 
"  Les  curés,  dit  Mgr  de  Sherbrooke,  dans  sa  lettre  ûài  28  Janvier,  ont  désobéi 
"  publiquement  et  scandaleusement  aux  ordonnances  des  Conciles  et  des  l'jvé- 
"  ques.  Je  demande  si  en  pr(''sence  de  tels  actes  de   désobéissance  hdh  /nuiis.  s'il 


I  1 


I; 


'  ■*' . 


—  nu  — 

"  n'y  il  point  une  poim-  grave  à  infliger  à  tous  ceux  qui  à  l'avenir  au  mé})ris 
■•  des  ordonnances  épiscopales  jugent  e.r  ailhedm  inrotuidto  ejrisro/jo,  (pie  h.'s  hotn- 
"  mes  de  tel  parti  politique  ne  peuvent  re<'evoir  les  sacrements?" 

Je  suis  bien  pour  cette  mesure  de  rigueur,  mais  nous  serons  dans  un  cu- 
rieux dilemme  si  nous  demandons  l'amendement  de  la  loi  :  si  nous  piinissons, 
pourquoi  demander  la  révocation  d'une  loi  <jui  dcl'end  ces  actes  ?  Si  nous  ne 
puissons  pus,  c'est  que  lums  ne  voulons  ou  ne  pouvons  pas  arrêter  ces  désor- 
dres. 

Mgr.  de  Sherbrooke  est  d'avis  (jue  nous  demandions  un  Cardinal  Préfet 
une  direction  qui  nous  mette  d'aci-ord.  Je  souscris  volontiers  à  cette  proposi- 
tion. 

Je  prie  V.  Q.  d'agréer  l'assurance  de  mon  dévouement. 

f  E.  A.  Ahcii.  de  QuÉBEr. 


LE'lTllE  DE  MdR  LANOEVIN   ICV.  DE  iiLMOUSKI. 

Kvèchc  de  8t-Uermaiii  de  Kimouski. 
5  lî^vrier  18S1. 

A  Monsf!ii(ti('ur  rAirlwvtyiie  de  Qucher. 
Monseitrneur, 


.le  m'empresse  d(^  répondre  à  la  lettre  circulaire  que  V.  (r.  m'a  l'ait  Thon- 
iieur  de  m'adresser  le  2  de  cv.  mois,  mais  (juc  je  n'ai  rei^ue  (ju'hier  soir. 

Dans  la  question  de  l'amendement  à  notre  loi  électorale  ]>ar  rapi)ort  à  /'/w- 
lliirtice  indue  spirifiiel/e.  je  vois  deux  choses  l»ien  distinctes  : — 

lo  Notre  devoir  de    délendre  les  droits  de  l'Eglise  à  l'égard  de  la   prédica- 
.  lion   et   du  oonl'essional  : — là   dessus  nous   ne  ptmvons  être    divisés,   et  de  l'ait 
nous  avons  do)inés  notre  déclaration  conjointe»  du  2(!  mars  1H77  : — 

"io  L'oi)portunité  dt»  réclamer  une  telle  modilication  //rcsru/eiiietd  : — sur  ce 
dernier  jioint,  V.  (î.  exprime  une  inquiétude  et  t'ait  trois  objections;— 

10  V.  U.  a  peitr  "'  que  nous  et  nos  siiccesseiirs  n'ayons  un  jour  à  regretter 
l'avoir  empiré  le  mal  en  A'oulanl  'e  guérir.  " — Je  ne  comprends  réellement  pas 

cette  crainte.    D'abord,  si    elle  est    fondée,  nous  aurions  dû  y    pejiser  avant  de 
parler.   Puis  quelles  sont  donc  ces  conséqiu'nces  si  effrayantes  { 

11  sérail  simi)lenient  îiéclaré  que,  i)ar  injlneiire  indue  \  la  loi  n'entend  pas  les 
menaces  de  l'onhr  s/iiriluel.  Ceci  empêcherait  uniquement  d'amener  devant  les 
tribunaux  «ivils  les  actes  du  prédicateur  ou  du  confesseur. 


13.S 


2o  Y.  (î.  voit  une  objection  à  notro  action  dans  les  "  Instnictions  du  St- 
8it'ge  à  Mcfr  Conroy.  " — Mais  est-ce  que,  si  nous  avions  eu  ces  Instructions  sous 
les  yeux,  nous  n'aurions  pas  fait  notre  Déclaration  collective  V  D'ailknxrs  tout 
ce  que  disent  ces  Instructions,  c'est  que  le  <;lergt'  ne  doit  pas  se  jeter  impru- 
demment dans  les  luttes  purement  politiques  :  qu'il  ne  doit  nommer  personne 
en  chaire  en  rapport  avec  ces  luttes  :  que  "  l'iniluence  du  ministère  ecclésiasti- 
tpie  ne  s'tMnploie  jamais  pour  des  fins  particulières  "  excepté  quand  il  pourrait  se 
présenter  des  candidats  uimihles  aux  vrais  intérêts  de  f  E}>;lise.  "  L(>s  recommandations 
surtout  (rem/lécher  autant  que  possible  que  les  personnes  erriésiastiques  ne  soient  forcées  à 
comparaître  devant  l^juge  laie.  " — Ce  serait  donc  nous  conformer  à  ces  instructions 
du  St-Sié<>'e  ([ue  d'insister  sur  l'amendtnnent  en  (juestion. 

3o  V.  (r.  voit  une  autre  objection  dans  notre  circulaiie  du  11  Octobre  1877. 
Noiis  y  donnons  à  la  vérité  d(!s  règles  de  prudence  et  de  modération  a  nos  prê- 
tres ;  mais  cette  circulaire  n'empêchera  pas  les  gens  mal  disposés  de  traîner 
decant  les  trilrunaux  civils  pour  prétendue  inlluenc(>  indue  les  curés  dont  ils  seront 
mé<-ontents.  Au  reste  <'omment  les  protestants  pourraient-ils  vtix\/aloux,  puis- 
<iue  l'amendement  s'appliquerait  à  leurs  ministres  comme  aux  prêtres  catholi- 
ques y  Et  encore  les  i^urés  qui  i)bservent  à  la  lettre  nos  instructions,  ne  reste- 
ront-ils pas  t^xposés  à  voir  leur  prônes  et  leurs  st^rmons  examinés,  épilogues  et 
censurés  par  un  juge  laïc,  et  même  leurs  décisions  et  exhortations  au  i-onl'essio- 
ual  ^  Nos  propres  Lettres  Pastorales  n'ont-elles  pas  été  C(»nsidérées  par  certains 
juges  comme  constituant  un  iu:U^  d'influence  indue  spirituelld  :"  N\'nt-i\  pa^  temps 
fie  l'aire  cesser  un  tt'l  état  de  choses  ' 

4o.  L'élect)^!^  de  Ijerthier  est  une  dernière  objection  de  V.  (>.  Mais  dans 
cette  élection  : — -je  vois  moi,  autre  chose  que  certaines  imprudences,  exagéra- 
tions ou  intempérances  de  langage  de  quelques  curés:  je  vois  le  fait  de  juges 
laïcs  et  d'avocats  qui  forcent  les  témoins  à  répondre  sur  l'enseignement  du  prê- 
tre en  chaire  (.'t  sur  sa  direction  au  confessional,  et  tandis  qixe  des  hommes  du 
monde,  des  députés  et  des  journalistes  se  si'uteut  révoltés  de  pareils  méi)ris  des 
choses  saintes  et  des  droits  de  l'Eglise,  des  Evêques  verraient  tot\t  cela  froide- 
ment et  ne  profiteraient  pas  des  bonnes  dispositions  de  nos  législateurs  pour 
mettre  tin  à  de  semblables  abus  ! 

N'avons  nous  donc  pas  écrit  notre  Ijctlre  Pastorale  du  1er  Juin  dernier  sur 
le  respect  du  à  la  parole  de  Dieu  et  au  sacrement  de  Pénitence  ?  Voulons-nous 
revenir  sur  nos  pas  ?  Ce  ne  sont  pas  des  faits  isolés,  quelque  regrettables  qu'ils 
puissent  être,  qui  doivent  nous  faire  hésiter  à  maintenir  les  principes. 

Quant  à  l'opposition  que  l'on  peut  redouter  de  la  part  de  certains  libéraux, 
n'avons  nous  pas  tous  dit  à  la  suite  de  V.  (r.  le  22  Septembre  1875  : — Tel  qui 
crie  aujourd'hui  très  fort  que  le  prêtre  na  rien  à  voir  dans  la  politique,  trouvait  na^-uére 
cette  influence  salutaire,  tel  qui  nie  aujourd'hui  In  compétence   du  cler<ré  d/ins  ces  questions, 


■â 


i! 


I 


l.-Bt 


—  130  — 


e.X(tU<tH  jadis  la  cureté  de  priiiri/ies  qtie  donnr  ')  un  /uininif'  V  élude  de  la  morale  chrétienne} 
D\m  vient  ce  chafçenient  sinon  de  ce  que  l'on  sent  afj^ir  contre  soi  cette  influence  que  Von  a 
conscience  de  ne  plus  vicriler  ^  " 

Ail  nom  du  oiel,  ne  faisons  donc  point  un  ])as  <>n  avant  dans  la  défense  des 
droits  do  l'Eglise  pour  en  faire  toujours  deux  on  arrière  :"  (V'ssons  donc  de  récla- 
mer en  faveur  des  principes,  si  nous  n'osons  jamais  en  appuyer  l'application. 

J'en  viens  maintenant  à  la  pratique: 

lo  Pour  tout  au  monde,  qu'on  ne  sache  pas  dans  le  imblic  que  les  Evèques 
sont  divisés  d'opinion  là  dessus. 

'2o.  Vu  cette  division,  si  elle  doit  persister,  aucun  de  nous,  suivant  moi,  ne 
doit  prendre  l'initiative  de  presser  l'introduction  d<'  ci-tte  mesure  dans  nos 
Chambrt>s  Législatives.? 

80.  Si  avant  qu'elle  ne  soit  présentée,  on  nous  consulte,  je  suis  d'opinion 
que  nous  ne  devons  favoriser,  ou  plutôt  provoquer  cette  démarche,  qu'à  la  <on- 
dit ion  expresse  (///e  V'  ministère  s en^a^e  à  ^  m/H' ■  Un-mcme  lainesure  on  au  moins  n 
l'nppuijer  chaudement.  Sans  cela,  je  ne  crois  jias  «qu'elle  aurait  beaucoup  de  chance 
de  succès. 

4o.  Si  l'on  fait  cette  proposition  en  (,'luu..i)re.  sans  nous  en  i)arler,  et  en 
s'appuyant  seulement  sur  notre  Déclaration  conjointe,  je  ne  vois  ]ias  comment 
nous  pourrions  ne  pas  seconder  le  mouvement,  sans  manquer  grièyement  à  un 
devoir  rigouri'ux,  et  sans  paraître  nous  déjug'er  m:)us  même.  Malgré  (>ela,  je  re- 
garderais comme  bien  imprudente  cette  action  d'un  député  (]ui  présenterait  une 
telle  mesure,  sans  s'assurer  aui)aravant  si  les  Evèques  croieiit  h'  moment 
opportun  ;  il  semblerait  \(niloir  nous  forcer  la  main.  rourrioiÉiR)us  c(q)eiulant 
tirer  de  l'arrière  ? 

'"  ■  Dans  tous  les  las,  c'est  une  question  d'opportunité  que  nous  pouA'ons  cer- 
tainement régler  entre  nous,  sans  en  fatiguer  l'ncore  la  Proi>agande.  Si  nous  ne 
pouvons  nous  mettre  d'accord,  restons  tran(]uilles,  et  attendons  les  événements. 

Veuille/  agréer  Monseisïueur.  l'hommag-e  de  mes  sentiments  respectueux. 


(Signé)  t  Jean  Ey.  di'.  Kimoitski. 

I>.  S. — Permettez-moi  d'exprimer  ici  nia  ferme  persuasion   ({ue,  si  V.  (î.   le 
veut,  cet  amendement  sera  ado})té. 


—  13V  — 
LETTRE  DE  Mou  L.  F.  LAFLECHE,  EV.  DES  TKOIS-RIVIEKFS. 


Séminairt^  des  Trois-Rivières, 
1  Avril  1881. 


(  Privée) 

1  l' flommihie  J.  A.  Cha/i/ein/. 

Premier  Ministre  de  In  Prnw  de  Québec 

Honorable  Monsieur. 


J'ai  riionneur  de  vous  adresser,  en  même  temps  que  la  présente,  un  exem- 
plaire de  la  brochure  sur  l'inltuenee  spirituelle  indue,  dont  Le  Journal  des  Trois- 
Rivières,  vient  de  donner  uiu'  deuxième  édition.  L'auteur  y  a  l'ait  quelques  oor- 
r*M'tions  pour  préciser  davantage  sa  [)ensée  sur  eertains  points,  et  il  y  a  ajouté 
«leux  articles,  lun  intitulé  :  "Un  dernier  mot  à  M.  L.  O.  David,  et  "l'autre  : 
"  Notre  profession  de  ibi  sur  linlaillibilité  rontilicale."  J'ai  la  confiance  que 
vous  voudrez  jeter  iin  coup  d'œil  sur  cet  écrit,  (jui  a  pour  but  de  Jeter  un  peu 
de  lumière  sur  cette  ii-rave  question  qui  touche  à  nos  plus  l'iiers  intérêts  reli- 
gieux, et  que  tous  les  véritaldes  amis  de  la  liberté  relig-ieuse  et  des  droits  de 
l'Eglise  doivent  désirer  comme  les  Evê(^ues  delà  province,  voir  régler  au  plustot 
dans  le  sens  demandé  par  les  Prélats  dans  leur  déclaration  de  -2(5  Mars  1877. 

Dans  mon  humble  opinion,  il  ne  faudrait  pas  traiter  cette  question  au 
l)oint  de  vue  des  partis  politiques,  mais  bien  au  point  de  vue  religieux  et  cons- 
titutionnel :  car  tel  est  son  véritable  caractère. 

Tous  les  amis  de  la  liberté  et  des  droits  de  1" Eglise,  à  (lueb^ue  parti  politi- 
<iue  et  à  quehjue  croyance  religieust»  qu'ils  appartiennent,  doivent  désirer  qiu' 
«•ette  loi  soit  modiliée  de  manière  à  ne  pouvoir  être  étendue  au  domaine  reli- 
gieux ;  et  il  n"y  a  que  ceux  qui  veulent  soumettre  l'Eglise  à  l'Etat  c'est-à-dire 
Dieu  à  César  qui  peuvent  en.  vouloir  le  maintien. 

Par  conséquent,  cette  question  n'ayant  ])oint  essentiellement  le  carai'tère 
politique,  pourrait  Ibrt  bien  n'être  pas  une  question  ministérielle.  Cependant 
si  le  ministère  trouvait  \A\\s  à  ]n-opos  de  s'en  charger,  je  ne  doute  pas  qu'il 
réussirait  à  la,  faire  passer  à  une  grande  majorité,  surtout  à  la  veille  des  élec- 
tions. lUen  peu  de  députés  catholicpies,  quelles  que  .soient  leurs  opinions  libé- 
rales, oseraient  ainsi  se  mettre  en  opposition  directe  avec  l'Episcopat,  qui  a  dé- 
claré solennellement  que  cette  loi  telle  qu'interprétée,  porte  une  atteinte  grave 
à  la  liberté  du  culte  catholique  garantie  par  les  traités  et  la  constitution  du 
pays,  et  viol(>  les  droits  imi)rescriptibles  de  l'Eglise,  rermettez-moi  de  vous  le 
dire,  Mr.  le  Ministre,  vous  pourriez,  en  cette  circonstance,  rendre  un  ser\  ice 
signalé  à  la  religion,  en  exposant  avec  votre  talent  ordinaire,  la  nature  et  les 
droits  de  la  société  religieuse,  sa  liberté  et  son  indépendance  vis-à-vis  la  société 


il 


il 


138  — 


lui 


civi1«>,  les  rai)ports  do  ces  dmix  soririrs,  la  sxihordiniiHon  d(>  l'Etat  à  l'Eyliso  ou 
de  ('('sar  à  Difii,  dans  los  choses  uiixtos.  et  jour  complctc  indépcndamo  dans 
It'j^'hoscs  do  U'ur  domaine  iiroprc.  Cet  exposé  de  principe,  dans  une  telle  <'ir- 
constanco,  ne  manquerait  pas  do  vous  grandir  dans  l'opinion  de  tons  los  vérita- 
])les  catholi(jUos.  des  honnêtes  jn-otostants,  ot  de  tous  les  hommes  bien  pensants 
et  éclairerait  en  morne  tomi)s  un  grand  nombre  de  personnes  ijui  n'ont  jamais 
eu  occasion  do  s'occuj)er  de  ces  sortes  do  ([uostions. 

>Si  vous  pensez  qu'il  est  plus  avantageux  d'en  l'aire  une  question  ouverte  ot 
do  la  l'aire  proposer  par  (pielque  dé])uté,  jo  vous  conseillerais  do  vous  adresser  à 
Mr.  Mathieu  <le  8orel.  Il  est  peut-otro  mieux  préparé  que  tout  autre,  par  los 
études  qu'il  a  faites  pour  défendre  les  prêtres  accusés  dans  la  contestation  do 
Horthior,  et  il  a  pu  juger  par  lui-même  dos  funestes  c<jnséquenct's  ([u'ontraino 
nécossairement  cette  ingéronco  do  l'autorité  civile  dans  le  domaine  religieux. 

Si  la  question  n'est  pas  réii'léo  avant  les  ])ri)chaines  élections,  il  pourrait 
arriver  cpie  los  libéraux  s'en  serviraient  comme  d'une  arnu-  redoutable  oontro 
les  conservateurs.  Ils  iw  manqueront  i)as  de  dire,  s'ils  sont  un  peu  habiles,  que 
ce  sont  les  con.servatours  (jui  ont  fait  passer  cette  loi  de  l'inlluonco  indue,  ot 
(]Uo  malgré  los  interim'tations  funestes  qu'elle  a  reçues,  ot  los  réclamations  des- 
livêques  contre  les  Jugements  qui  l'ont  étendue  au  domaine  religieux,  ou  viola- 
lion  des  droils  do  l'iîlgliso,  l'os  moines  conservateurs  l'ont  constamment  nuiinte- 
nuo,  et  ont  ainsi  rolusé  à  l'Kglise  la  i)rotection  à  laquelle  elle  a  certainement 
droit. 

Je  pense  bi(>n  (jno  vous  roncontrero/  devant  vous  toute  riniluonco  occultt» 
do  la  i'ranc-maçonnerio  ;  (jui  est  déjà  énorme  dans  iH>tre  i)ays,  beaucouj)  plus 
qu'on  ne  le  croit,  et  qu'il  jjourrait  se  fornu^r  uiie  alliance  avi'c  le  fainitisnn^  i)ro 
tostatit  ot  les  lil)éraux  radicaux  ! 

Je  ne  doute  pas  cependant  (jue  vous  ne  triomphiez  do  cotte  opjmsition  (jui 
peut-être  aussi  ne  surgira  pas.  (^uand  les  principes  auront  été  exposés  bien 
clairement,  les  honnêtes  [)rotestants  comi>reiidront  qu'ils  y  sont  intéressés 
comme  les  catholiques  ;  ot  il  sera  diilicilo  pour  les  catholiques  libéraux  de  s'op- 
poser ainsi  carrément  à  la  liberté  do  l'Eglise  demandée  par  les  lîvêques  ot  la 
ffrando,  majorité  do  leurs  co-reliiï-ionuairos. 

Enhn  Je  prie  le  Seigneixr  de  vous  donner  .son  Esi)rit  de  lumière  et  de  force 
pour  mener  ci'tto  affaire  à  l)onno  lin,  et  de  vous  accorder  selon  votre  demande 
les  g-ràres  il'éfnt,  à  vous  et  à  vos  Honorables  collègues,  ot  surtout  la  grâce  d'y 
être  hienjidèle. 

Veuillez  agréez  l'assurance  de  ma  plus  hante  considération,  Monsieur  le 
Ministre,  et  me  croire,  Votre  tout  dévoué  Serviteur. 

t    L-   F.   KV.  DES  ÏROlS-RlVIÈRES. 


—  180  — 


LKTTK'E  DE  MUR  LAFLÈCHE  A  M.  MAïllIEU.  Ech.,  M.  P.  1'. 


t^t'iaiiiairc  des  Trois-Kivit^res, 
♦3  Mai  1881. 


M.  Mnthieii,  En:  M.  P.  P. 


Mon  »'her  Mouwit'ur. 


A(J  inij)ussihi7e  nemn  fenetitr. 

Merci  do  votre  bonne  volonté  ;  le  bon  Dieu  vous  en  tiendra  eompte,  j'en  ai 
la  confiaiu'e,  et  persévérez  dans  .vs  sentiments  ehrétiens  (jui  vous    t'ont  tenii' 
fermement  à   la  liberté    du  eulte  .'atholique  et  au  respect  des  droits  sacrés  di^ 
TEglise.  De  mon  e6té  j'ai  fiiit  ce  que  j'ai  pu  pour  obtenir  le  redressement  d'une 
loi,  dont  l'iuterprétation  a  été  jugée  par  les  Evêques  de   la  province   uiui  viola- 
tion de  cette  liberté  et  de  ces  droits  garantis  par  la  constitution  ;  j'ai  travaillé  à 
démoïvtrer  la  vérité  et  l'exactitude  de  ce  jugi-meut  et  à  é.lairer  à  ce  sujet  l'opi- 
nion  publi<iue;   cm.|   éveques  sur  huit  ont   approuvé  mes   vm-s  sur  la  conv.- 
nan.v    de   faire  régler  au   plus  tôt  ...tte  grave  question  ;    la  députation    y  était 
préparée  et  l'aurait  réglée  sans   diiliculté,  d'après  ce  que  j'ai  appris   de  bonne 
source  :  et  vous  êtes  vous-même  de  cette  opinion.  Et  voilà  que  c(uix  qui   ont  de- 
mandé l'amendemont  de  c^ette  loi,   s'y  reiusent  pour  des  raisons  que  j'ignore  et 
des  craintes  que  je  ne  crois  pas  fondées  ;  mais  cependant,  que  je  respecte",  à  cau- 
se de  l'autorité  dont  ils  sont  revêtus. 

En  conséqueiue,  je  n'insisterai  pas  davantage  à  cause  des  inconvénients 
qui  pourraient  eu  surgir.  Cependant  il  demeure  constant  que  les  l'Jvèques  de  la 
Province  n'ont  pas  changé  d'opinion  sur  la  funeste  interprétation  ih>  cette  loi 
et  qu'ils  désir.'ut  encore  la  voir  amendée.  Voilà  l'essentiel  pour  les  députés. 
La  question  d'opportunité,  ils  peuvent  la  jugt>r  comme  les  éveques,  et  je  pense 
qu'il  aurait  été  mieux  de  ne  pas  les  consulter  à  ce  sujet  le  printemps  dernier,  et 
d'agir.  C'est  encore  mon  avis.  La  députation  connaissant  l'opinion  des  éveques 
sur  hi  perversité  de  cette  loi  telle  qu'interprétée  et  leur  désir  de  la  voir  amen- 
dée, dm-ra  la  faire  amender  aussitôt  (qu'elle  croira  la  chose  possible,  sans  leur  en-^ 
parler  davantage.  ^ 

Je  regrette  profondément   (jue  les  chefs  conservateurs  n'aient  pas   compris 
cela,  et  n'aient  pas  réglé  cette  question  avant  les  prochaines  élections. 
Fasse  le  ciel  qu'ils  n'aient  pas  alors  à  le  rei^retter  ! 
:Sur  ce,  je  prie  Dieu  de  vous  avoir  en  sa  sainte  garde  et  je  dcuneure, 

Votre  tout  dévoué  serviteur. 

t    L.  F.  EV.  DES  TiJOlS-ltiVIÈHKS, 


I 

■1 


m. 


—  140  — 
LETTRE  DE  L'IION.  M.  MATHIEU,  JUGE  DE  LA  COUR  STTI'ÈKIEURE, 

Jolifttt",  2H  oftobn'  IHHl. 

A  Monseigneur  LdjUrhr  Er.  ile.x  Trais- liirièrcs.  ^ 

Moii«L'igneur. 

J'ai  n;vu  dans  le  U'iaps,  votre  lettre  dalée  <lu  (i  niai  (leniier,  (laiis  la  ([Uelle 
vous  me  remerciez  des  etiorts  que  j'avais  laits  pour  l'aire  replier  la  question  de 
riulluenee  indue  eléricale  et  pour  l'aire  amender  l'acte  électoral  de  Qn»''bec  confor- 
mément aux  principes  catholiques  telh  ([ue  délinis  par  le  S.  l'ère  Pie  IX  dans 
le  Syllabus,  et  vous  m'engagiez  à  ne  pas  aller  plus  loin  et  à  renoncer  à  cette 
mesure,  puisque  ceux  qui  l'avaient  demandée,  y  renonvaient  pour  le  présent. 

.l'étais  sous  l'impression  qixe  les  Evèijues  d(!  la  Province  étaient  unanimes 
à  demander  la  i)assation  d(!  cette  mesure  ;  mais  sur  une  remarque  du  Premier 
Ministre,  dans  un  Canctis  dix  parti  auquel  j'appartenais,  j'ai  cru  devoir  commu- 
ni(|uer  avec  Mgr  l'Archevèciue  et  aussi  avec  mon  Evéque  diocésain,  l'Evéque 
de  St.  Hyacinthe.  Ces  deux  Révds.  Seigneurs  m'ont  répondu  (qu'ils  considéraient 
(jue  le  temps  n'était  pas  opportun  pour  présenter  une  telle  mesure.  J'ai  écrit  à 
Votre  Ci  randour  et  je  Inilormais  de  la  réponse  que  j'avais  re^ue  de  Mgr  l'Ar- 
chevêque et  de  Mgr  lEvéque  de  St.  Hyacinthe,  et  c'est  sur  cela  que  Votre 
Grandeur  ma  de  suite  répondu  par  sa  lettre  du  ti  Mai  dernier  commençant  par 
ces  mots  :  "  Ad  tinpossibile  ne/nu  teneliir.  " 

J'ai  regretté  beaucoup  cette  crainte  de  la  part  di'  Mgr.  l'Archevêque  et  de 
l'Evéque  de  St.  Hyacinthe  au  sujet  de  cette  meusure,  qui,  dans  mon  humble 
opinion,  aurait  été  l'acilenuint  adoptée  par  la  Chambre,  si  l'on  eut  été  sous  l'im- 
pression que  les  Evêques  étaient  unanimes  sur  ce  point. 

Je  l'ai  regretté  beaucoup  parce  cpie  j'ai  éprouvé  combien  cette  loi  rend 
fausse  la  position  des  catholiques  désireux  de  se  soumettre  aux  enseignements 
de  l'Eglise. 

Depuis  ce  temps,  je  ne  sache  pas  que  Votre  Grandeur  ait  fait  aucune 
démarche  pour  l'aire  modifier  cette  loi. 


J'ai  l'honneur  d'être,  de  Votre  Grandmir,  le  très  humble  et  obéissant  servi- 


teur. 


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M.  Matihkv. 


APPENDICE 


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i  L'uraiii!  „,. 


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iUliS 


SUR 


LES  DIFFICULTES  RELIGIEUSES  EN  CANADA. 


A.I^3?ElsriDICE 


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MEMOIRE  DE  L'EVEQUE  DES  TROIS-RIVIERES 


liUR 


LES  DIFFICULTES  RELIGIEUSl'S  EN  CANADA. 


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Aux  Ëminentissimes  Cardinaux 
de  la  Sacrée  Oongrégation  de  la  Propagande 


Ëminentissimes  Scijfneurs, 


Le  soussigné,  évêque  des  Trois- Rivières,  demande  respectueusement  à 
Vos  Eminences  la  permission  de  leur  soumettre  les  documents  ci-dessous, 
relativement  aux  difficultés  religieuses  du  Canada,  complétant  et  appuyant 
ce  qu'il  a  eu  l'honneur  de  leur  exposer  dans  le  Mémoire  qu'il  a  mis  devant 
la  S.  C.  de  la  Propagande  au  commencement  de  ce  mois.  Ces  documents 
lui  ont  été  communiqués  par  des  hommes  de  la  plus  haute  respectabilité  et 
des  plus  exactement  renseignés  sur  ce  cju'ils  exposent.  Il  certifie  que  les 
présents  extraits  de  ces  documents  sont  conformes  aux  originaux  qu'il  a  en 
main,  et  qui  seront  communiqués  à  V^os  Eminences  quand  Elles  le  désire- 
ront. 

Il  demeure  avec  la  plus  haute  considération  et  le  plus  profond  respect 
De  Vos  Em.  le  très  humble  et  tout  dévour  serviteur 
+  L  F.  Ev.  des  Trois-Rivières. 
Rome,  le  20  février  1882. 


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142  — 


PREMIER  DOCUMENT. 


ET^T  SOCIA-Xj  IDTJ  (JJLlSlJ^JDJi^ 


Pour  biiîii  comprendra  quelle  eut  aujourd'hui  la  [«oKilion  <le  l'I'liiliso  vis-à- 
A'is  de  l'Etat  au  Canada,  il  est  nécessaire  de  nous  rapjH'Ier  quelle  était  la  légis- 
lation de  ce  pays,  à  répocpxo  où  les  Anglais  en  firent  la  couciuéte,  (JucîIs  ont  été 
sur  elle  les  etlets  de  la  conquête  et  à  qui  il  faut  attribuer  les  funestes  change- 
ments qui  depuis  <e  temps  y  ont  été  introduits. 

I. 

Ehit  social  et  Icgis/ti/ion  ilu  Cunudn  tira/if  ht  roiKiiirtr. 

A  lépoque  de  la  conquête,  la  législation  du  ('anada  n'était  autre  (jut'  cello 
de  l'ancienne  monarclv(ï  Irançaise.  L'Etat  reconnaissait  l'Eglise  comme  société 
i'..;iuc.^  par  Jésus-Christ;  mais  déjà  les  Parlements  travaillaient  ji  la  dépouiller 
sy.  '  matiquenient  de  ses  droits  et  de  ses  libertés.  ]']t  l'énergie  seule  des  pasteurs 
et  des  fidèles  aurait  pu  mettre  alors  un  obstacle  iiux  empiétements  des  hommes 
d'Etat  sur  les  droits  de  l'I'lglise.  Néanmoins  la  législation  était  l'iicore  bonne; 
il  evit  fallu  la  mettn;  à  l'abri  des  influences  parlementaires.  iy]']glise  et  l'Etat 
jcmissaient,  dans  leurs  rapports  mutuels,  de  toute  leur  liberté,  de  toute  leur 
indépendance.  L'Etat  reconnaissait  l'I'lglise  comme  une  vraie  société,  indéjien- 
dante  de  lu  société  civile.  L'ICglise  avait  son  pouvoir  législatif,  judii'iaire  et 
coercitif,  et  l'exerçait  librenu-nt.  L'iitat  lui  était  uni  et  subordonné,  et  recon- 
naissait (jue  c'était  jmur  lui  un  devoir  <le  protéger  la  liberté  et  l'indéiiendance 
de  l'Eglise.  Et  bien  (pie  les  faux  princii)es  du  gallicanisme  eussent  vicié  cette 
législation  si  chrétienne  dans  son  origim»,  néanmoins  l'Eglise  était  toujours 
reconnue  comme  une  société  indépendante,  ayant  le  pouvoir  de  faire  des  lois,  île 
juger  et  d'infliger  des  peines. 

H. 


'    V 


EffeU  de  la  t<>in/urh'  sur  la  légii^lation  du  (  'a/iadti. 

Les  anglais  firent  la  conquête  du  jiays.  liln  vertu  du  traité  complu  entre  la 
France  et  l'Angleterre,  les  Canadiens  conservèrent  la  liberté  de  leur  religion  et 
do  leurs  lois.    Les  Anglais  étaient  jtigés  d'ain'ès  lets  lois  anglaises,  et  les  Canu' 


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Uions-Prançais  d'après  les  lois  frauçaiisos.  Ia's  Protestants  profossaitMit  librement 
leur  reli<i-ion,  et  les  Catholiques  la  leur,  sans  que  les  nus  fussent  subordonnés 
aux  autres.  L'état  social  des  Canadiens-Français  était  donc  libre  et  indépendant 
de  l'état  social  des  Protestants.  Les  uns  et  les  autres  jouissaient  d'une  é^-ale 
liberté  pour  observer  Icxir  religion  et  se  gouverner  d'après  leurs  lois.  Le  Cana- 
da était  un  Etat  catholicjue  si^  gouvernant  d'après  ses  lois  et  relevant  de  la  cou- 
ronne d'Angleterre. 

La  quinzième  année  de  la  reine  Victoria,  la  Constitution  laissant  les  Cana- 
diens-Français se  gouverner  d'après  leurs  lois,  reconnaît  expressément  la  liberté 
des  cultes,  par  consé([uent  donne  aux  Catholicpu's  une  nouvelle  garantie  de 
l'état  social  (|ue  leur  avaient  lussuré  les  traités.  Voici  le  texte  de  la  ('onstitu- 
tion  ; 

"  Attendu  (jue  l'admission  de  l'égalité,  mix  ye\ix  de  la  loi,  de  toutes  les 
dénominations  relisrieuses,  <'sl  un  principe  reconnu  de  la  législation   coloniale  : 

"  Attendu  (jue  dans  l'élatet  la  condition  de  cette  province,  à  huiuelle  il  est 
particulièrement  applicable,  il  est  à  désirer  ijue  ce  primipe  reçoive  la  sanction 
«lirecte  de  l'Assemblée  législative,  (pli  reconnaît  et  déclare  qu'il  est  le  principe 
rondamental  de  notn^  politique  civile:  à  ces  (Causes,  qu'il  soit  déclaré  et  statué 
par  là  très-excellente  majesté  de  la  reine,  ]Kii-  et  de  l'avis  tl  consentement  du 
conseil  législatil' (!t  d»'  l' Assemblée  légi.slativ(^  de  la  province  du  Canada,  cons- 
tituée «'t  assemblée  en  vertu  et  sous  l'autorité  d'un  ai'te  passé  dans  le  Parlement 
du  royaume  uni  de  la  Oiande-Hretagne  et  d'Irlande,  et  intitulé:  "Acte  pour 
réunir  les  provinces  du  Haut  et  Has-Canada,  et  pour  le  gotivenienient  du  Cana- 
da ",  et  il  est  par  le  présent  déclaré  (>t  statué  par  l'autorité  sus-dite,  que  le  libre 
exen-ice  et  la  jouissance  de  la  profession  et  du  culte  religieux,  sans  distinction 
ni  |)rélérence,  mais  di»  manière  à  ne  pas  servir  d'excuse  à  des  actes  d'une  liceiise 
outrée,  ni  de  justilication  de  prati([ues  incompatibles  avec  la  paix  et  la  sûreté 
de  la  province,  sont  permis  par  la  constitution  et  les  lois  de  cette  province,  à 
tous  les  sujets  de  sa  majesté  en  icelle  (14,  1;'),  Vict.  ch.  nr)).  " 

Ija  législature  Has-Canadienne  aflirmait  en  ISâl  (jue  "  l'égalité,  aux  yeux 
de  la  loi,  de  toutes  les  dénominations  religieuses,  est  un  princiin'  reconnu  de  la 
législation  locale,  et  (jue  dans  l'état  et  la  condition  de  cette  province,  à  la(|uelle 
il  est  i>articulierenu'nt  applicable,  il  est  à  désirer  que  ce  principe  reçoive  la 
sanction  dire«-te  de  l'Assemblée  législative,  qui  reconnaît  et  déclare  qu'il  oui  U' 
principe  fondamental  de  notre  politique  sociale.  Elle  déclarait  et  statuait  que  le 
libre  exenice  et  la  jouissance  de  la  profession  et  du  culte  religieux,  sans  dis- 
tinction ni  prèférenct',  mais  de  manier^»  à  ne  pas  servir  d'exi-use  à  des  actes 
d'une  licence  outré(>  ni  de  justilication  de  prati(pies  incompatibles  avec  la  paix 
et  la  sûreté  de  la  province,  sont  permis  par  la  constitution  et  les  lois  de  celte 
province  à  tous  les  sujets  de  sa  majesté  en  icelle  (14,  IT),  Vict.  c.  171). 


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Cette  déclaration  énonce  trois  principes,  qiîl  ressortent  d'ailleurs  de  toute 
notre  législatio)i  :  lo  Que  la  constitution  et  les  lois  de  (-ette  provinse  garantis- 
sent à  tous  les  sujets  de  sa  majesté  le  droit  d'exercer  librement  leur  religion  ; 
2o  Que  la  seule  restriction  qu'elles  y  apportent  résulterait  d'une  licence  outrée 
ou  de  pratiques  incompatibles  avec  la  sûreté  de  la  province  ;  3o  Que  la  loi 
a<-corde  une  protection  égale,  sans  distinction  ni  prétérence,  à  toutes  les  déno- 
minations religieuses.  Tel  est  le  princij)e  fondamental  de  notre  lonstitution 
politique.  (Pagnuelo,  p.  207,  258). 

Portails  lui-même  a  énoncé  le  principe  fondamental  de  la  liberté  des  cultes, 
vers  la  Hn  do  son  vapjjort  sur  le  Coni-ordat  : 

"  Quand  une  religion  est  admise,  on  admet,  par  raison  de  conséquence,  les 
prin«  ipes  et  les  règles  d'après  lesquelleis  elle  se  goiiverne.  " 

Conséquemment,  la  religion  catholiqiu^  étant  admise,  l'Etat  admet  l'aiitori- 
té  qui  la  gouverne,  il  l'admet  telle  qu'elle  est.  et  telle  que  la  vénèrent  tous  les 
peuples  catholiqvu^s.  Cette  puissance  a  un  pouvoir  et  des  attributions  qu'elle  a 
reçues  de  Dieu,  et  qui  ne  dépendent  pas  des  gouvernements  de  la  terre,  et  ceux- 
ci  ne  doivent  pas  avoir  la  prétention  de  les  partager,  ni  de  les  imiter  à  leur  gré. 
(  >r,  parmi  ces  droits  de  l'Eglise,  se  trou  veut  ceux  de  posséder,  d'enseigner,  de 
fonder  des  ordres  religieux,  etc.  En  admettant  donc  la  religion  catholique,  ou 
l'admet  avec  tous  ses  droits  (]ui  ne  peuvent  être  séparés  d'elle.  Tel  est  le  prin- 
cipe de  la  liberté  d'S  (  ultcs. 

Nous  voyons  doue  qu'en  vertu  de  la  constitution  du  Canada,  les  catholi- 
ques restent  dans  la  légalité  et  ne  donnent  aucun  sujet  de  se  plaindre  aux  pro- 
testants en  réclamant  des  lois  qui  tonsacrent  la  liberté  de  l'Eglise, ou  eu  s'oppo- 
sant  à  tout  ce  qui  pourrait  l'entraver.  Notre  condition  sociale  ne  dépend  donc 
en  rien  des  protestants  et  ceux-ci  agiraient  inconstitutionnellement,  s'ils  exi- 
geaient des  catholiques  quelque  chose  de  contraire  aux  droits  de  l'Eglise. 

Que  nos  libéraux-catholiques  n'allèguent  donc  pas  les  concessions  qu'ils 
doivent  faire  aux  protestants.  Les  protestants  nous  laissent  jouir  de  la  liberté 
en  tout  ce  (|ui  regarde  notre  culte.  Que  ceux  qui  gouvernent  le  pays  ne  mettent 
donc  pas  d'entraves  aux  droits  des  catholiqiaes,  comme  ils  se  gardent  bien  d'en 
mettre  aux  prétentions  ndigieuses  des  protestants. 


III. 


L'ex/irH  Uhéml  travaille  ù  faire  dis/iaraUre  'le  noire  nnle 
/los  anriennes  lois  rntholiques. 


Ce  ne  sont  pas  les  protestants,  mais  bien  les  catholiques-libéraux  ([ui   ont 
changé  notre  ancienne  législation  et   violé  les  droits  de  l'Eglise.    Aujourd'hui, 


—  145  — 

ropix)sitiou  aux  réformes  qui  sout  lu'Hcssain's  pcmr  rumottro  los  fatholiques  (mi 
poshK^ssion  (le  leurs  droits  religieux  ne  vient  pas  de  la  part  des  protestants,  mais 
bien  de  la  part  des  eatholiques-libéraixx. 

Remarquons  aussi  que  les  francs-maçons  sont  très-nombreux  au  Canada. 

]jd  liiande  lojre  du  Canada  dirigeait,  en  1865,  cent  trente-neuf  succursales  ; 
<!^uébec  et  Montréal  comiitaient  (piarante-deux  loges.  Le  nombre,  depuis  ce 
temps,  n'a  fait  qu'augmenter.  (1) 

Or  les  frani-s-maçoiis  sout  les  alliés  naturels  des  libéraux.  Ils  les  secondent 
dans  toutes  leurs  mesures  cojitre  les  libertés  de  l'Eglise.  Les  libéraux,  de  leur 
côté,  leur  témoigjient  une  grande  bienveilhuK  e,  et  vont  jusqu'à  les  excuser  en 
disant  que  les  fraiics-niavoiis  de  i  e  pays  sont  bien  différents  de  ceux  d'Europe, 
qu'ils  ne  forment  que  des  sociétés  de  bienfaisance.  C'est  précisément  à  cause  de 
<'ett(>  i'ausse  idée  des  francs-maçons  dxi  Canada  que  des  membres  de  l'Universi- 
*é-Laval  voulaient  faire  iKccpter  à  Rome,  que  le  Souverain-Pontife  déclara  un 
jour  tjue  les  Irancs-mavons  d'Amérique  sont  aussi  mauvais  que  <  eux  d'Europe 
et  qu'ils  t>u  ourent  la  même  <ondainnation. 

Une   autre  preuve  de  l'entente  qu'il  y   a  (Mitre  les  libt'raux  et   les    francs- 
maçons  c'est  (pie,  pendant  plusieurs   années,  des  fraiics-maçons  étaient    profes- 
seurs à   l'Université-Laval,  et  les   libéraux  de  l'Université  prétendaient  justifier 
leur  iirésence  dans  ce  torps  enseignant.    Ne  soyons  donc  pas  étonnés,  si   nous 
allons  voir  prendre  tant  de  mesures  contraiivs  aux  libert(''S  de  l'Eglise. 

Les  protestants  n'auront  pas  besoin  d'y  prendre  part,  les  francs-maçons 
unis  aux  libéraux  catholiques  du  Canada  travailleront  suffisamment  pour  asser- 
vir l'Eglise  à  l'Etat.  ]"jt  jamais  l'Université-Laval  ne  dira  un  mot  pour  réclamer 
«'U  faveur  des  droits  et  des  libertés  de  l'Eglise. 

Une  erreur  généralement  réiiandue  parmi  Icjs  catholi(|ues  du  Canada,  c'est 
<iue  le  vSyllabus  a  été  reçu  dans  le  pays.  Il  a  été  imprimé  dans  les  journaux, 
mais  rejeté  entièrement  par  le  gouvernement.  Aucune  de.s  (}rreurs  qu'il  con- 
<lamne  n'a  été  njetée  de  notre  Code.  Il  suffit  de  rajipeler  quelques  uns  des 
droits  de  l'Eglise,  son  droit  d'acquérir,  de  posséder,  d'administn^-  ses  biens,  de 
diriger  les  écoles  ;  il  suffit  de  ra])peler  les  usuri)ations  sacrilèges  des  biens 
occlésiastique>i  dont  le  gouvernement  est  encore  coupable,  pour  produire  la 
plus  vive  irritation  parmi  les  libéraux-.  atholi(iut>s,  surtout  parmi  ceux  qui  sont 
îiièlés  aux  affaires  du  a-ouvernemeiit. 

Aujourd'hui,  le  Canada  présente  un  peuple  catholique,  soumis  de  tout  son 
4'U'ur  aux  décisions  du  8aint-»"^iège.  mais  dont  U^s  gouvernants,  catholi(pies- 
libéraux,  et  la  législation  admettent  les  faux  principes  condamnés  i>ar  le  8aint- 

«Sièjre. 


(!)   Kii  ISTIi.  le  Canada  coiilptiùt  J'.'l   li'jiiK.  et  en  l»''.i.  il  et)  imiiiitak  .S3,'>. 


—  146  — 

Ceux  qui  gouvernent  se  montrant  souvent  pieux,  fré(juenteut  les  Sacre- 
mentis,  ont  des  égards  pour  le  clergé,  tout  en  tenant  fortement  à  L'ur  faux  i^in- 
cipes. 

Certains  membres  du  elergé,  par  suite  d'une  déplorable  ignorance,  regar- 
dent (;omme  un  droit  acquis  par  l'Etat,  d'imposer  des  lois  et  des  règlements  n 
l'Eglise.  Ijes  témoignages  de  bienveillance  et  d'amitié  que  ces  prêtres  donnent 
à  ces  hommes  d'Etat  libéraux  les  entretiennent  malheureusement  dans  leurs 
funestes  prétentions,  et  leurs  fausses  maximes  sont  justifiées  aux  yeux  d'un 
grand  nombre  d'hommes  simples  qiii  disent  :  si  ces  hommes  d'Etat  avaient  tort, 
ils  ne  seraient  pas  si  intimement  liés  aA'Sc  des  prêtres  distingués.  Et  ainsi  l'in- 
Huence  des  catholiques-libéraux  augmente  toujours  par  une  espèce  de  conniven- 
ce de  plusieurs  membrtis  du  clergé. 

13'autres  prêtres  sont  véritablement  instruits,  ils  sont  loin  d'admettre  de 
faux  principes  sur  les  droits  de  l'Eglise,  mais  par  faiblesse  de  caractère  et  par 
timidité,  ils  n'osent  pas  tenir  ferme  devant  des  hommes  d'Etat  qui  sont  leurs 
amis  et  qui  exercent  une  ffrande  influence  sur  eux. 

Parmi  (>ux,  il  y  en  a  qiii  défendent,  dans  leurs  écrits,  les  vérités  ]>ro(la- 
mées  dans  le  8yllabus  :  mais  il  n'évitent  pas  dans  la  pratique  de  faire  dt>s  con- 
cessions à  l'erreur. 

IV. 

Aperçu  <<^f>néra/  sur  hi  léiris/nfion  nvliielle  du  Cuiid'ln. 


Les  codihcateurs,  au  lieu  de  se  borner  à  résumer  les  anciennes  lois  françai- 
ses, y  ont  ajouté  des  arrêts  des  parlements  et  des  décisions  des  lénMstes,  infectés 
(les  nniximes  parlementaires  et  gallicanes.  Le  code  tout  entier  ayant  été  approu- 
vé par  les  chambres  canadiennes,  il  s'ensuit  que  les  fausses  maximes  parU'nien- 
taires  infectent  iu)tre  législation,  surtout  en  ce  qui  regarde  les  rapports  de 
l'Eglise  et  de  l'Etat. 

Notre  législation  nouvelle  et  nos  hommes  d'Etat  libéraux  ne  reconnaissent 
pas  l'Eglise  comme  ixne  société  indépendante.  Dans  la  partiqiie,  ils  ne  recon- 
naissent pas  au  Souverain- Pontife  le  droit  de  faire  des  lois  qui  obligent  le  gou- 
vernement. Si  ceux  qui  nous  gouvernent  reconnaissaient  au  Pape  ce  droit,  ils 
se  soumettraient  à  lui,  et  au  lieu  de  maintenir  et  de  défendn;  leur  législation, 
ils  en  effaceraient  tout  ce  qui  est  contraire  au  Syllabus. 

D'après  notre  législation  actuelle,  l'Eglise  n'a  pas  par  elle-même  le  droit  de 
l)osséder.  Les  st'ules  corporations  rticonnues  par  le  gouvernement  en  reçoivent 
ce  droit,  et  ce  droit  est  limité.  Il  n'v  a  par  conséquent  plus  do  biens  ecclésias- 
tiques, des  corporations  civiles  ne  pouvant  posséder  que  des  biens  civils.  De  là 
vient  que  des  taxes  peuvent  être  imposées  sur  les  l)ien8  que  possèdent  ces  cor- 


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porations,  ot  ce  n'est  qi\o  par  un  privilège  de  l'Etat  et  non  en  vertu  de  Timmu- 
nité  eeelésiafitiqiie,  que  certaines  corporations  seront  exemptes  de  l'impôt.  Ainsi 
les  évôchés,  les  paroisses,  les  séminaires,  les  maisons  religieuses  existent 
légalement  et  peuvent  lîosséder  comme  corporation  civile,  et  non  comme  cor- 
poration religieuse.  L'état  les  établit  et  leur  donne  des  droits  ;  leur  impose 
des  taxes  ou  les  en  dispense.  Ce  que  l'Etat  établit,  l'Etat  peut  le  supprimer.  Il 
peut  donc  supprimer  les  établissements  religieux  comme  il  supprime  les  éta- 
blissements  civils.  Et  alors  à  qui  appartiexidront  leurs  biens  ? 

L'Eglise  n '(existe  pas  comme  société  indépendante,  elle  ne  peut  donc  pas 
posséder  ;  les  biens  de  ces  corporations  éteintes  ne  peuvent  donc  pas  revenir  à 
l'Eglise,  ils  reviendront  à  l'Etat  comme  biens  abandonnés. 

Liî  gouvernement   agit  encore  aujourd'hui  en  vertu  de  ces  faux  principes. 

Les  Jésuit«'s  et  les  ]ié<'ollets  ayant  cessé  d'exister  au  commencement  de  ce 
i^iècle,  leurs  bi(>ns  sont  revenus  à  l'Etat,  car  l'figlise  n'a  pas  par  elle-même  le 
droit  de  posséder,  lille  ne  possède  que  par  ses  corporations,  disent  les  légistes. 
Les  corporations  n'existent  plus,  l'Eglise  ne  peut  plus  jwsséder  par  elles,  et 
«■es   biens  reviennent  à  l'Etat. 

Ainsi.  I(>  nouveau  code,  en  refusant  de  reconnaître  l'Eglise  comme  une 
société  indépendante,  détruit  l'ancienne  législation,  nie  les  droits  de  l'Eglise  et 
rejette  le  .Syllii))us. 

L'Etat  s'arroge  h'  droit  diî  faire  des  empêchements  dirimants  du  mariage, 
de  prescrire  la  forme  du  mariage,  de  juger  les  causes  matrimoniales  et  de  pro- 
noncer sur  le  lien  conjugal, 

Le  gouvernement,  d'après  nos  anciennes  lois,  devait  protéger  les  lois  ecclé- 
fiiastiques  établies  par  l'autorité  spirituelle  contre  ceux  qui  refusent  de  s'y  sou- 
mettre'. 

Sans  consulter  l'Eglise,  contrairement  à  la  volonté  de  l'Eglise,  l'Etat  abolit 
nos  anciennes  lois  ecclésiastiques,  en  fait  de  nouvelles  et  les  lui  impose.  Il  a 
renoncé  au  rôle  d'être  le  protecteur  et  le  défenseiir  des  lois  de  l'Eglise,  pour 
s'en  faire  le  législateur;  et  on  voit  des  laïques  qui  ne  soupçonnent  même  pas  la 
ionstitution  et  l'organisation  de  l'Eglise,  faire  des  lois  qu'ils  lui  imposent  ;  et 
ils  ont  de  sévères  punitions  ])our  les  chrétiens  lidcles  et  pour  les  prêtres  qui 
oseraient  refuser  de  s'y  soumettre.  L'Etat  ne  reconnaissant  pas  les  ti-ibunaux 
ecclésiastiques,  il  s'ensuit  que  toixtes  les  causes  ecclésiastiques  sont  jugées  par 
les  tribuuiiu.x  laïques  ;  et  les  prêtres,  les  grand- vicaires,  les  Evêques  peuvent 
être  légalement  cités  devant  des  juges  laujues  et  condamnés  par  eux  pour  des 
causes  ecclésiju;tiques.  On  a  vu  des  tribunaux  laïques  examiner  la  validité  des 
lois  de  l'Eglise,  la  validité  des  excommunications,  des  lois  de  l'index,  citer 
devant  eux  des  grands-vicaires,  même  di's  évêques,  pour  des  causes  purement 
*?eclésiasti<jues,  «omuii'  dans  la  cause  Ouibord,  dans  la  cause  de  Poulin  et  Trera- 


t 


—  148  — 

l)lay  ;  <U's  curt'îs  ont  ('ti'  (•oiidainnt''s  à  de  Ibrtt's  amondos  pour  avoir  l)6ni  doK  ma- 
riages de  mineurs  sanw  la  permission  des  parents  ;  bien  qu'avec  la  permission 
del'Evt^que;  et  on  a  entendu  des  juges  l'aire  les  réprimandes  les  plus  sévères 
et  les  plus  ineonvenantes  à  des  eurés  et  à  des  grands-vieaires,  comme  dans 
les  tauses  de  De  Kouville,  de  Miehon. 

Et  néanmoins  ces  grands-vii-aires  et  ces  eurés,  avaient  agi  conlbrmément 
aux  canons  de  l'Eglise. 

Toute  lelte  nouvelle  législation  a  été  imposée  à  l'iilglise  du  Canada  depuis 
l'existence  de  l' Université-Laval  et  aut.-iin  des  membres  de  ses  do<'tes  facultés 
n'a  songé  à  défendre    les  droits  de  l'Eglise. 

Le  mal  a  déjà  fait  de  tels  progrés,  les  faux  principes  sont  tellement  répan- 
dus, que  personne  ne  songe  à  protester  contre  de  pareilles  iniquités,  en  procla- 
mant publiquement  la  vraie  doctrine.  On  trouve  tout  naturel  qru'  l'Eglise  soit 
subordonnée  à  l'Etat,  et  certains  professeurs  de  droit  de  l'Université-Laval,  loin 
de  combattre  ces  doctrines,  les  enseignent,  en  disant  qu'ils  doivent  bien  ensei- 
gner la  loi  telle  qu'elle  est.  Ils  devraient  avant  tout,  enseigner  les  vrais  princi- 
pes et  faire  connaître  à  leurs  élèves  quelles  sont  les  lois  injustes,  parce  qii 'elles 
sont  opposées  à  la  loi  et  aux  droits  de  l'ICglise.  .\insi  ces  élèves  discerneraient 
les  lois  Justes  des  lois  inja.stes. 

Mais  exposer  de  fausses  lois,  sous  prétexte  que  ce  sont  des  lois,  soutenir 
ces  lois  au  lieu  de  les  combattre  sous  prétexte  que  ce  sont  les  lois  du  i)ay^s,  est 
un  procédé  qui  ne  peut  être  adopté  (jue  par  un  professeur  catholique-libéral, 
(lui  met  la  loi  civile  au-dessus  de  la  loi  ecclésiastique.  Ainsi  on  prépare  les 
générations  les  plus  hostiles  aux  droits  de  l'Eglise. 

Le  Code  civil  en  ne  faisant  aucune  mention  de  l'iiglise  comme  société, 
aucune  mention  des  tribunaux  ecclésiastiques,  dépouille  par  sou  silence,  l'Egli- 
se de  tous  les  droits  qu'elle  a  comme  société. 

Dans  notre  parlement  provincial,  la  grande  majorité  est  catholique,  et  au 
lieu  de  protester  contre  les  laux  principes,  souvent  elle  vote  des  lois  anli-catho- 
linues,  par  suite  des  principes  catholiques-libéraux  qui  y  dominent.  Ils  préten- 
dent sauvegarder  l'Eglise,  en  souuu^ttant   le  droit  canonique  au  droit  commun. 

Et  si  notre  législation  est  opposée  aux  droits  de  l'Eglise,  encore  mm  fois, 
ce  n'est  pas  (jue  nous  soyons  opi)rimés  par  les  protestants,  mais  les  catholi(iues- 
libéraux  unis  aux  francs-maçons  croient  agir  avec  beaucoup  de  sagesse,  en 
faisant  aux  protestants  toutes  les  concessions,  même  quand  ceux-ci  n'en  de- 
mandent pas,  et  en  sacriliant  les  principes  catholiques.  Les  i-atholiques-libé- 
raux  sont  plus  à  craindre,  quand  il  s'agit  de  principes,  que  les  protestants  eux- 
mêmes.  Ils  imitent  les  Chambres  libérales  de  France,  d'Italie  et  d'Esjjagne,  et 
leurs  efforts  produiront  infailliblement,   avec  le  temps,   les  mêmes  résultats. 


—  140  — 

Déjà  Tautorit.''  ch"  l'JÎ<rlise  baisse  partout  dans  le  pays.  La  voix  du  Paiie,  pu- 
bliant le  Syllabus,  est  nulle  pour  le  gouverucnicnt  et  pour  la  majorité  dos 
Chambres.  L'Eglise  demande  à  .ses  enfants  qu'ils  respectent  ses  droits  et  ils 
tontiuuent  de  les  méeonnaitre. 

Nos  hommes  d'Etat,  dans  les  conversations  privées,  sont  pleins  de  bien- 
veillance pour  l'Ei^lise,  mais  dès  qu'ils  agissent  comme  hommes  d'Etat,  soit 
timidité  et  crainte  de  rencontrer  une  opposition,  soit  mauvaise  foi,  ils  montrent 
par  leur  conduite  qu'ils  ont  perdu  le  droit  d'être  crus  dans  tout  c^  qu'ils 
disaient  comme  hommes  privés.  Ainsi,  comme  hommes  privés,  ils  disaient 
qu'ils  voulaient  la  restitution  des  biens  de  l'Eglise,  comme  hommes  publics  ils 
disaient  qu'ils  n'y  consentiraient  jamais. 


V. 


Combien  le  libéralisme  esl  mrnnné   dans  In  rlaxse  goiirernanle  du  paya. 

Nous  rapportons  ici  ce  qui  se  passe  dans  l'assemblée  du  Canada  en  183(5. 
C'est  le  meilleur  moyen  de  connaître  l'esprit  du  pays  dans  la  première  moitié 
de  ce  siècle.  Les  idées  de  M.  Papineau  sur  l'enseignement  ont  prévalu,  ont 
dicté  les  lois  qui  ont  été  faites  plus  tard.  El  si  depuis  quelques  années  il  y  a 
réaction  contre  ces  lois,  les  faux  principes  qui  les  ont  inspirées  prévalent 
toujours  dans  la  législation  ;  seulement,  à  cause  des  réclamations  de^  catholi- 
ques, on  n'ose  pas  en  déduire  toutes  les  conséquences. 

En  1836,  ce  n'était  pas  le  désir  de  réparer  les  injustices  commises  enverr, 
l'Eglise,  ce  n'était  pas  en  vue  de  défendre  ses  droits  sacrés  que  plusieurs  récla- 
mèrent les  biens  des  Jésuites  et  que  les  Chambres  s'adressèrent  à  cette  lin  au 
gouvernement  britannique.  L'amour  de  l'Ejflise,  le  désir  de  défendre  ses  droits 
n'étaient  ix)ur  rien    dans  toutes  les  ré<;lamations  faites  à  cette  époque.    Les 

«'sprits  étaient  alors  soumis  à  l'inlluence  des  idées  libérales  dont   M.  Papineau 

était  Tardent  propagateur. 

Les  paroles  que  celui-ci  prononça  à  la  tribune  de  l'assemblée,  et  qui  sont 
rapportées  dans  les  journaux  du  temps  (voyez  le  Canadien  du  24  février  1836) 
nous  font  connaître  quel  était  dès  lors  le  plan  qui  a  été  enfin  réalisé  en  1856. 

"  Ces  biens,  dit-il,  furent  donnés  exclusivement  pour  les  catholiques,  iwur 
un  avenir  français  et  catholique.  Pour  des  raisons  d'utilité  et  de  justice,  nous 
i-.onijiiiitons' qu'il  soient  dorénavant  pour  les  régnicoles  de  tout  le  pays  et  de 
toutes  les  religions,  et  pour  éviter  les  jalousies,  les  études  théologiques  en  seront 
exclues.  " 

En  conclusion.  M.  Papineau  suggère  Texpédient  de  nommer  un  comité 
pour  dresser  une  rerjuête  au   Parlement  impérial,  exposant,  outre  la  demande 


—  150  — 

pour  la  restitution  du  collcg»',  !»■  plan  d"i'du<'ation  librral  (jncn  se  propose  d'y 
suivre. 

On  le  voit,  M.  l'apineau  ne  soupvonne  nième  pas  la  nature  des  biens  des 
Jésuites.  Il  ne  soupçonne  pa.s  qu'ils  appartiennent  à  l'Efilise,  et  qu'il  n'est  per- 
mis à  personne  d'en  dispo'-*er  sans  un  induit  apostolique.  11  ])arle  de  ces  biens 
eomnie  appartenant  à  la  proviiue,  comme  étant  soumis  à  l'administration  et  à 
la  disposition  des  législateurs. 

11  s'abandonne  à  ses  idées  libérales  et  consent  que  ces  biejis  soient  employés 
})our  tes  rég-nicoles  de  tout  le  pays  et  de  toutes  les  religions.  Il  (>xclue  l'ensei- 
gnement de  la  théologie  de  ces  écoles,  alin  de  ne  pas  froisser  les  impics,  et  il 
veut  pour  tous  le  plan  d'une  éducation  libérale. 

Ces  faux  principes  étaient  très  répandus  dans  ve  pays,  et  on  voit  par  la  lec- 
ture des  journaux  du  temps  qu'il  y  avait  un  nombreux  parti  qui  dénigrait  l'en- 
seignement donné  par  le  clergé,  voulait  créi'r  un  enseignement  soustrait  à  son 
inlhuMue  et  remettre  la  surveillance  et  la  direction  de  ces  nouveaux  (ollcges  et 
écoles  à  des  laïques  et  au  gouvernement. 

Ainsi,  nous  lisons  dans  le  Canadien  du  28  Novembre  isyâ,  l'article  suivant  : 

-  '•  Depuis  longtemps  on  se  plaint  que  l'éducation  donnée  dans  nos  sémi- 
naires ne  répond  pas  parfaitement  aux  besoins  du  siècle,  quelle  est  trop  peu 
l)rati(iue,  trop  sacerdotale,  trop  tournée  vers  l'étude  des  langues  anciennes,  des 
vieilles  théories.  L'expérience  nous  démontre  tous  les  jours  qite  le  jeune  hom- 
me qui  sort  de  nos  institutions  ecclésia.siiques,  où  il  a  été  pensionnaire  toute  sa 
vie,  parait  toirt  neuf,  tout  ignorant,  tout  sot,  lorsqu'il  i>arait  dans  le  monde,  il 
ne  sait  rien  de  ce  qu'il  doit  savoir  Parce  qu'il  a  dans  la  tête  quelques  phrases 
latines,  quelques  chapitres  de  <  ahiers  de  rhétorique,  queh^ues  traités  de  philo- 
sophie écrits  en  mauvais  latin,  il  se^^croit  quelque  chose  ;  et  comme  il  a  de  la 
peine  à  se  faire  au  monde,  qu'il  est  ridicule,  niais,  bizarre,  il  se  croit  un  homme 
de  génie,  au-dessus  de  la  foule,  et  sa  yauité  le  perd.  kS'il  n'en  a  pas  trop  pour 
s'apercevoir  de  ses  défauts,  alors  il  lui  faut  recommencer  une  nouvelle  étude 
et  tâcher  d'oiiblier  toutes  ses  pédautesques  connaissances. 

" Dans  un  pays   nouveau  comme  le  nôtre,   ayant   tant  de  j)opida- 

tions  diverses,  les  unes  commerçantes,  hss  autres  agricoles  ;  les  unes  industriel- 
les, les  autres  routinières  ;  les  unes  éclairées,  les  autres  moins  instruites 

dans  vxn  tel  état  de  société,  il  faut  une  éducation  particulière,  une  éducation 
pratique,  une  éducation  de  coinmerçant,  d'industriel,  d'agriculteur,  d'homme 
public.  Il  nous  faut  ici  des  hommes  d'affaires  plutôt  que  des  littérat(uirs,  des 
calculateurs  plutôt  que  des  latinistes,  des  homnuvs  d'Etat  plutôt  que  des  hom- 
mes d'Eglise. 

En  effet,  que    fera  notre  jeune  Canadien,  si  exact  observateur  des  règles  du 


\ 


—  loi  — 


nidimont,  qui  scaiulc  si  lùoii  un  V(U-k,  et  œiniait  si  bioii  h  verbiairo  (K-  nu  Uvi- 
que,  jm's  du  YiUikof  si  rusé,  si  entrepreuaiit,  près  dcH'Auuhiiis  si  iH'r«rV('rant. 
si  penseur,  près  de  l'Ecossais  si  hautain,  si  droit  Y  II  périra  sans  doute. 

Ceci  posé,  il  nous  faudrait  doue  une  institution  «ur  un  plan  plus  libéral, 
jikis  général,  plus  adopté  aux  besoins  de  notre  société,  conduite  par  des  hom- 
mes (]ui  à  des  connaissanies  profondes  et  étendues,  jolj^nent  la  pratique  des 
Jili'aires,  l'usage  du  monde,  l'esprit  d'entrejmse.  Cette  institution,  les  l>iens  des 
Jésuites  nous  oliVent  le  moyen  de  la  fonder  et  de  la  maintenir.  " 

Dans  le  reste  de  l'article,  l'auteur  soutient  (pie  l'évéque  n'a  rien  à  voir 
dans  les  biens  des  Jésuites  ;  c'est  au  pays  à  les  administrer  par  ses  r(<])réson- 
tants. 

Voilà  ce  ([u'on  osait  débiter  dans  les  journaux  les  plus  inlluents  du  pays. 

On  voit  donc  (|uelles  étaient  à  cette  époque  les  vues  de  la  pluj)art  de  ceux 
qui  réclamaient  les  biens  des  Jésuites. 

Sous  l'inspiration  de  M.  Papineau,  on  voulait  se  mettre  en  état  d'avoir  des 
établissements,  hors  du  contrôle  de  l'Efflise,  sous  la  direction  du  gouverne- 
ment, afin  de  donner  aux  jeunes  gens  une  éducation  plus  libérale,  c'est-à-dire, 
l)lus  mondaine,  plus  superficielle  et  moins  religieuse.  On  ne  trouvait  rien  de 
mi.'ux  (pie  d'employer  les  biens  de  l'Eglise  pour  apprendre  aux  jeunes  gens  à 
se  passer  de  l'Eglise.  Et  on  croyait  faire  un  argument  bien  convaincant  pour  se 
faire  remettre  les  biens  des  Jésuites,  en  disajit  :  Ces  biens,  selon  l'intention  des 
donateurs,  et  leur  destination  primitive,  doivent  êtie  employés  pour  l'éducation 
des  Canadiens.  Les  Jésuites  n'existent  plus  ;  donc  ces  biens  nous  reviennent 
pour  être  employés  à  r(Mu(;ati()n  des  ('anadiens. 

Voici  comment  s'exprimait  à  ce  sujet  le  CanndietK  20  novembre  1835  : 
Après  avoir  dit  que  le  projet  de  remettre  les  biens  des  Jésuites  entre  les 
mains  de  l'évêqiie  de  Québec  est  loin  de  rencontrer  l'assentiment  o-énéral  il 
ajoute:  "  Il  est  évident  qiu>  ces  biens  ont  été  destim';s  à  l'éducation  reli<neuse 
<les  Canadiens  collectivement  pris,  tant  français  que  sauvages,  et  que  par  con- 
.s(^(pumt  le  dernier  individu  de  ces  deux  classes  y  a  autant  de  droits  que  l'évé- 
que de  Québec,  <|ue  le  Va.\w  nuhne  ;  et  c'est  au  reste  ce  que  personne  ne  contes- 
te. -^ 

La  (juestion  se  réduit  donc  à  peu  près  à  savoir  s'il  est  ])lus  avanta<>-eux  à 
î'(;ducation  religieuse  des  Canadiens,  que  ces  biens  soient  abandonnées  sans 
réserve  à  l'évéque  de  Québec,  que,  par  exemi)le,  à  une  corporation  dont  il 
devrait  nécessairement  faire  partie,  que  même  il  devrait  présider. 

Après  avoir  dit  ce  (ju'il  y  a  à  craindre  de  la  mauvaise  administration  de 
l'évéque,  il  conclut  :  Ceci,  bien  et  dûment  considéré,  les  intérêts  de  la  relio-ion 
aussi  bien  que  le  sens  commun   exigent  que  la  proviiv<^e,  par  ses  /eprésentants 


■M'I 


—  hy2  — 

pnuiu'iit  posso.sisiuii  (le  cos  bii'ns.  coiniuc  à  peu  près  un  tuteur  et  ruriUciir  «le 
•  •eux  (le  son  i>upillt'.  et  (pi'elK'  t'ii  re<r|e  riul;uiiiistratiou  do  tidle  saire  manions 
quelle  ôte  à  rôvt'que  l'occasion  d'être  injuste  on  partial,  coninio  tout  homme 
est  exposé  à  l'être,  mais  surtout  un  »'V('(|Ue,  sans  consi'il.  sans  oliicialit»!',  sans  le 
moindre  contrepoids,  «pii  peut  se  u^lorilier  de  n'être  responsable  qu'au  Souv»'- 
rain  Pontil'e,  dont  il  n'est  pas  impossible  qu  il  ne  soit  que  le  souple  courtisan 
ou  le  conseiller  intéressé,  i)ixisque  lui  seul  expose  le  pour  et  le  contre,  anomalie 
(jui  ne  peut  plus  exister  (jue  dans  l'Eglise  :  il  est  donc  plus  despote  qu'aucun 
des  potentats  de  l'Europe,  si  l'on  en  excepte  i)eut-être  l'autocrate  de  liiissie. 
Or  cette  irresponsabilité  est  uni-  honte  pour  un  peiq)le  sensé  qui  se  prépare  à 
prendre  |)lace  parmi  les  nations  civilisées  du  ylobe  ;  que  dirait-oii  donc  si  on 
plaçait  sous  ce  contrôle'  unicpie  et  desi)oti(iue  tous  les  biens  des  Jésuites  :"  " 

L'auteur  de  cet  article  crut  [)ouvoir  siuiier  sans  dérision:  ifn  Cunni/ien 
mlholiqne.  Que  penser  de  l'état  d'un  pays  où  on  continuait  de  recevoir  dans  les  fa- 
milles eatholiciiu's  les  plus  respectables,  un  Journal  qui  émettait  de  pareilles  doc- 
trines ?  Le  nombre  de  ces  Canadiens  catholiques  était  tellement  grand  qu'ils  l'em- 
portèrent à  l'assemblée,  et  ils  votèrent  la  loi  de  ISôtîsur  l'enseignement,  où  tout 
ce  plan  fut  réalisé.  iJe  pareils  Canadiens  <atholi(iues  u'étaient-ils  pas  dans  toute  la 
réalité  des  libéraux  catholiques^  C!omment  donc  est-il  po.ssible  qu'il  se  soit 
trouA'é  des  hommes  assez  simples  et  ssez  aveuffles.  pour  oser  aliirmer  publique- 
ment que  le  libéralisnu'-catholi(iue  était  inconnu  au  Canada  avant  187;3.  Il 
n'existait  pas  t'ormellement  à  cause  de  riu:iu)rance  qui  maintenait  la  bonne  foi, 
mais  il  existait  matériellement.  Le  ciiujiiieme  concile  i)arle  du  libéralisme 
formel. 


VL 


Nouvelle  légixldlion  du  Bns-Cunaila  sur  le  mnriai:^e  chrétien. 


Avant  la  promulgation  du  nouveau  code,  le  Canada  avait  ran<ieune  loi 
franç-aise  sur  le  mariage.  Cette  loi  était  to\ite  renfermée  en  un  article  tiré  de 
l'édit  de  Henri  IV  de  l'an  1600  :  "  C-onformément  à  la  doctrine  du  concile  de 
Trente,  nous  voulons  que  les  causes  concernant  les  mariages  soient  et  appar- 
tiennent à  la  connaissance  et  juridiction  des  juges  ecclésiastiques.  "   *' 

La  codification  s'est  faite  par  une  majorité  déjuges  catholiques,  qui  étaient 
regardés  comme  des  hommes  véritablement  pieux.  Ils  omirent  dans  leur  rédac- 
tion l'édit  de  Henri  IV  qui  était  la  loi,  et  y  introduisirent  des  arrêts  de  parle- 
ments et  des  décisions  de  juristes  qu'ils  formulèrent  en  lois,  de  sorte  qu'ils  chan- 
gèrent entièrement  la  véritable  loi  du  pays  sur  le  mariage.  Dans  ces  change- 
ments surtout  on  remarque  l'inihumce  catholique-libérale  qui  cherche  toujours 
à  subordonner  la  loi  canoniqiu^  à  la  loi  civile. 


lô;}  — 


Lt's  ((Hlilicatt'ur.s  onvoyaicut  la  mlactioji  ilt-  h-ur  travail  à  rarrhevéch*'  de 
Qu('-l>i»c.  Ct'ux  (jni  amuii'iit  dû  rcxamiiicr,  rai)i)r<mv('rfiil  au  inoiiiN  par  leur 
.silcino,  et  rriiivt'rsit»'  iw  lit  pa>i  mtciuirt'  uiic  si'uic  n'TJamation  coutn'  It?  iiou- 
vt'au  < ode  (jui  saiiitioiuic  tant  d'ompiètt>nu'iits  de  l'Klat  sur  l'Eglisf.  L'Asscni- 
l)lt''*'  It'-i^islativo  vota  toutes  coslois,  sans  ko  douter  dt's  eiitravos  qu'olle  allait 
mottrt'  à  toutes  les  libertés  de  l'Eiçlise. 

Le  com-ile  de  Trente  avait  déclaré  que  l'Eu^lise  seule  a  le  droit  de  l'aire  des 
«Mnpèohemeiits  diriuumts,  de  prescrire  la  l'orme  du  mariage  et  de  juger  les  cau- 
ses matrimoniales.  Dans  notre  nouvelle  législation,  l'Etat  s'arroge  le  droit  lo 
de  t'ain,"  des  empêchements  dirimants  de  mariage,  2o  de  prescrire  la  l'orme  du 
mariage,  So  de  juger  les  causes  matrimoniales. 

Ainsi  les  libéraux  catholiques  ont  soumis  le  mariage  chrétien  à  la  loi  civile 
et  montré  encore  une  l'ois  que  leur  premier  caractère  est  de  soumettre  la  loi  de 
l'Eglise  à  la  loi  civile. 

Si  notre  code  était  vraiment  chrétien,  il  déclarerait  qu'il  protégera  rexécu- 
tion  des  lois  de  l'Eglise  sur  le  mariage  et  que  ces  saintes  lois  recevront  une 
sanction  i^ivile,  autant  que  l'Eglise  le  denumdera.  Loin  dv  là,  l'Etat  ne  recon- 
naît d'autres  lois  par  rapport  atl  mariage  que  celles  qu'il  l'ait  lui-même  ;  et  s'il 
reconnaît  t|uelques  unes  des  lois  de  l'Eglise,  ces  lois  n'ont  de  iorce  et  n'obligent 
qu'en  vertu  de  l'autorité  de  l'Etat  qxii  les  reconnaît,  et  luni  en  vertu  de  l'autori- 
té de  l'Eglise. 

Ainsi,  en  nommant  les  empêchements  dirimants,  la  loi  ne  parle  ptus  de  l'au- 
torité de  l'Eglise  qui  les  a  établis      L'Etat  les  établit  en  son  propre  nom. 

Nous  ne  croyons  pas  pouvoir  mieux  exi)rimer  la  doctrine  de  notre  gou\  er- 
jiemont  qu'en  citant  K'  texte  même  d'une  Icvon  dictée  à  l'Université-Laval  : 

"  Le  mariage  que  contractent  les  iideles,  étant  un  contrat  que  Jésus-Christ 
a  élevé  à  la  dignité  du  Sacrement,  pour  être  le  type  et  l'imagt^de  son  union  avec 
.•son  Eglise,  il  est  toiit  à.  la  fois  et  contract  civil  et  sacrement. 

"  Le  Mariage  étant  un  contrat,  appartient,  de  même  que  tous  les  autres  con- 
trats, à  l'ordre  politi(iue.  Par  conséquent,  comme  tous  les  contrats,  il  est  sujet  à 
toutes  les  lois  que  l'autorité  législative  séculière  ou  civile  juge  nécessaire  de 
prescrire  pour  en  assurer  la  validité.  Le  pouvoir  (îivil  a  donc  le  droit  de  faire 
des  lois  sur  le  mariage,  soit  pour  l'inti^rdire  à  certaines  personnes,  soit  pour  ré- 
gler les  formalités  qu'il  croit  nécessaire  de  faire  observer,  i)our  le  contracter  va- 
lidement.  Il  suit  donc  de  ce  principe,  que  le  mariage  des  personnes  soumises  à 
ces  lois  et  contracté  en  violation  de  ces  mêmes  lois,  lorsqu'elles  ordonnent  l'ob- 
.servation  de  quelques  formalités,  à  peine  de  nullité,  est  complètement  nul,  sui- 
vant la  règle  commune  à  tous  les  contrats  :  nullum  amiraclum,  nullum  conventum, 
!tege  conlrahere  irrohibmte.  Et  dans  ce  cas,  il  n'y  a  pas  non  plus  de  sacrement  de 
mariage,  parce  qu'il  ne  peut  y  avoir  de  sacrement  sans  une  chose  qui  eji  soit  la 


i:»4 


inntiori'.  Donc  si  le  coiitriil  civ  il  i-sl  nul,  [«lint  de  s;iiri'iiit'nt,  |)ui.s(|ir!ilni>  In  iiim- 
tii'i'i'  (lu  sacri'iutMit  nV'xistt»  |);is.  (l'dth.  inar.  •'.)  Ni  imissiiii  c  civil»'  w  toujours 
joui  (liiiiN  tous  les  pays,  du  di'oit  de  liiirc  <k's  lois  hiir  le  iuiiriii<!i'  :  mais  pour  <>tn' 
exact,  je  dois  dire  (pie  ce  droit  a  pu  être  lolrré,  tuais  n'a  jam;iis  été 
recouuu  i>ar  riOulise  catholicpie  dont  il  contrarie  les  aiicienneis  lois,  l'allé  a  tou- 
jours regardé  ce  droit  couniu'  un  einpititenient  de  la  puissance  temporelle  sur 
l'autorité  sjjirituelle.  Cependant,  en  Frame,  les  théologii'us  soutenaient  les 
droits  de  la  puissance  civile  relativement  au  mariaire.  Cette  doctrine  a  pasKé  t-n 
Canada  ave<'  les  lois  civiles  de  la  Franc»'.  Mais  no.s  lois  civiles,  tout  en  assurant 
à  l'autorité  séculière  ou  civile  les  droits  (jui  lui  appartiennent,  n'ont  pas  mé- 
connu c«'ux  du  pouvoir  s])iritutd.  Aussi  décrctent-elles,  t|u'en  jtant  (|ue  sacre- 
ment, le  mariaii».'  est  st»umis  aux  renies  de  ri!]>ilise  ;  elles  reconnaissent  et  admet- 
tent l('  canon  de  la  sess.  24  du  Concile  de  Trente.  Mais  les  lois  civiles  appor- 
tent une  restriction  à  ce  principe  :  c'est  (jue  les  cmiJechements  au  niiiriiiye,  créés 
par  l'Ejilise,  ne  peuvent  seuls  et  par  eux-mêmes  doniuu'  atteinte  n\\  contrat 
ci\i|,  à  mqjns  que  ci's  empêchements  n'aient  été  acceptés  par  la  loi  civile  ;  d'un 
autre  coté,  le  droit  canonique  ne  reconn.iit  pas  les  empêchements  au  mariai>v 
établis  par  le  poiivoir  civil  seul. 

Cette  leyon  a  été  dictée  aux  elcxescn  'Irait  de  l'IJuiversilé  J.,aval  parle 
professeur  .lacques  Crénuizie.  M.  Uouthier,  curé  de  la  l'ointe-Lévis,  iUla  réchi- 
mer  auprès  du  recteur  de  l'Université  coutn-  cet  ensei^-ntunent.  M.  Taschereau, 
alors  recteur  de  l'Université  Laval,  aujourd'hui  archevét|ue  de  Quélx'c,  lui  ré- 
pondit <pie  cette  doctriue  pouvait  s'ensi'iiiiier. 

Une  discussion  s'étaut  éUnée  dans  les  jounuuix  à  propos  de  l'ensi'igiuMnent 
donné  dans  l'Université,  comme  on  reprochait  à  l'Université  de  laisser  entre 
les  nuiins  de  ses  élèves  l'othier  (pii  eiiseiunait  les  erreurs  de  Népomucènc^ 
Nuytz,  condamnées  sous  peine  d'excommunication,  l'Université  répondit  par  la 
j>lume  de  M.  Uoussel.  prêtre,  son  .secrétaire  ;  "(juaiul  à  la  question  de  savoir  si 
les  «i-ens  de  loi  peuvent  continuer  de  se  servir  de  l'othier,  nous  nous  permet- 
trons de  nous  en  rapporter  à  un  tribunal  i)lus  compétent  que  le  votre.  Voilà 
])our  tranquilliser  votre  conscience.  Mais  ave/-vous  bitni  compris  la  portée  de 
vos  prétentions  ^  Vous  dites;  il  est  défendu  de  i?aider  des  livres  qui  renferment 
la  sanction  du  principe  des  erreurs  i^allicaïu's.  Mais  le  (^ode  civil  <'onsaire  ce 
principe.  Qu'allez-vous  faire  ^  Je  n'entrevois  (juun  moyeu,  jeter  par  la  fenêtre 
votre  code  civil. 

l^ir  ces  dernières  paroles,  M.  Uousstd  reconnait  donc  (jue  le  code  civil  du 
lias-Canada  consacre  le  priniape  des  erreurs  yallioanes.  Nous  devons  conclure 
que  ce  code  doit  être  expurgé.  Mais  peut-on  espérer  de  l'expurger  un  jour,  si 
l'enseignement  du  droit  donné  à  l'Université  n'est  autre  que  celui  de  Pothier  ? 

M.  Roussel  re(  onuait  aussi  que,  nuilgré  l'excommunication  portée  par  le 
Pape,  les  élèves  conservent  Pothier.  (.)r,  voici  les  paroles  du  Pape.    Après  avoir 


1* 


—  i:.r,  — 


' 


•  foidamiir  li's  proposilioiis  df  \t''i)(»iiui<<MH'  Nnytz,  qui  nont  lois  innncs  ((uc  iclli-n 
de  l'otliicr,  le  Pape  dit  :  "  Nous  orflonnous  ;inx  iînpriiiitnirs.  inix  lihriiin'N,  à 
IniiH  t'I  Ti  cliiirun,  <nii'l<|U«?.s  «oient  leur  liiiif  cl  leurn  l'oiictions,  de  icmettre  ii\ix 
(  )rdiniiires  <'<'H  livrer  el  ceN  thèses,  tout(»s  les  fois  (pi'ils  tomheront  entre  leurs 
niiiius,  sous  j)eine  d'eiieourir,  couuue  nous  venons  de  le  dire,  le.s  elcrefii,  l'inter- 
dit, les  liii(|ueH.  l'excouiniunication  majeure.  K\  non  seulement  iioun  condani- 
Jions  fl  réprouvons,  sous  les  peines  ci-de.ssus  n)entionné<'s,  les  livres  et  1(>K  thè- 
mes dcsitmés  plus  linut,  et  défendons  altsolument  de  le.s  lire,  de  les  imprimer, 
<le  le.s  posséder,  nuiis  nous  éteiidons  eette  condamnation  et  ces  défenses  à  tous 
les  livres  et  thè.ses,  ,soit  manuscrites,  soit  imi)rimées  ou  à  imprimer,  dans 
leN(|uels  lu  funeste  doctrine  serait  reproduite  en  tout  ou  en  jjartie.  " 

La  con<lamnation  portée  pur  le  l'apc  est  L'éuérale,  et  elle  s'appli([ue  néce.**- 
sairement  au  traité  du  mariau'e  de  l'otliicr. 

K'ien  irindi(|ne  t|ue  le  l'ape  jiit  permis  aux  élevés  de  l'I'niversilé-ljaval  de 
-se  former  dans  Pothier,  cpiant  à  la(juestion  sur  le  mariaye.  S'ils  avaient  cette  au 
torisation.  ils  la  montreraient  et  iu)us  ne  dirions  rien.  Mais  s'ils  ne  Voui  i)as, 
ils  encourt>nt  rexcommunicati<jn  eux  et  leurs  profes.seurs,  (juidle  (pie  soit  la 
compéteucti  du  tribunal  au(pud  ils  se  sont  adres.sés,  et  ils  coutiiauMit  de  scanda- 
liser notre  pays,  on  se  formant  dans  un  auteur  dont  les  doctrijies  sont  réprou- 
vées par  riiulise. 

On  comprend  combicii  insullisante  est  la  réponse  de  M.  le  Secrétaire  de 
.r Université-Laval  (juand  pour  justilier  les  élèves  (|ui  se  servent  de  Pothier,  il 
<lit  :  "(^uaut  à  la  (juestion  de  savoir  si  les  y'ens  de  loi  penvent  continuer  à  se 
servir  de  J*othier.  nous  nous  permettrons  de  nous  en  ra]>porter  à  un  tribunal 
j)lus  com])étent  que  le  votre." 

La  saine  doctrine  est  i)lus  nécessaire  aux  i>'ens  de  lois  (ju'aux  hommes  de 
anétier  et  de  commerce,  et  les  suites  de  leurs  fausses  doctrines  sont  plus  perni- 
•«•ieuses  à  la  société.  Il  ejst  donc  bien  plus  imiiortant  (pi'ils  se  soumettent  à  la 
*lécisiou  du  Pape,  sans  se  refujçier  derrière  (M^ttt>  vaine  défaite  :  "  Nous  nous 
permettrons  de  nous  eu  rapporter  à  un  tribunal  plus  coraj)étent  que  le  votre.  " 

Les  catholiques-libéraux  trouvent  le  moj'cn  d'éluder  les  déci,sions  du  Saint- 
piètre,  et  de  faire  prévaloir  toutes  les  fau.sses  maxinnw  (jui  asservishout  le  droit 
«cajion  au  droit  civil. 

1.  L' Etui,  vn  min  de,  lu  dociriiie  de  Pothier,  prélead  fuirr 

ihs  empcdtemenls  dirituaiUs  de  mariage. 

/ 

L  i'A&i  met   comme  ompôchement  dirimant  la  minorité  sans  le  conseute- 

meut  des  parents,  bien  que  l'Eglise  statue  le  contraire. 

Art.  119.  Les  enfants  qui  n'ont  pas  atteint   l'âge  de  21  ans  accomplis,  pour 


II 


i\ 


V 


lôG 


pontractt'T  inari;ig»\  doivent   obtenir  le  eonsentemenf   de  leur  père  et  de  leur 
mère;  en  cas  do  dissentiment,  le  consiMittMnent  du  père  snllit. 

Le  eoneile  de  Trente  ne  reconnaît  pas  cet  empêchement  dirimant.  L"état 
s'arroue  donc  le  droit  de  rétu])lir. 

Art.  lit.  L'impuissance  naturelle  ou  accidentelle,  existant  lors  du  mariaiçe, 
le  rend  nul  ;  mais  dans  le  cas  seulement  où  elle  est  apparente  et  manifeste. 

Cette  nullité  ne  peut  être  invoquée  que  par  la  p?.rtie  même  avec  qui  l'im- 
puissant a  contracté  ;  ell  n'y  est  plus  recevable,  si  elle  a  laissé  passer  trois  ans 
sans  se  plaindre. 

L'impuissance  est  un  empêchement  naturel  qui  empêche  de  contracter 
mariajre  :  par  conséquent,  de  droit  naturel,  le  mariajLre  d'un  impuissant  est  nul, 
et  en  <'onscience  il  y  a  obligation  de  .se  tséparer.  Or,  si  la  partie  avec  laquelle 
rimi)uissant  a  contracté  refuse  d'invcxjuer  la  nullité,  et  que  l'autri'  i)artie  le 
veuille,  ils  seront  donc  obliges,  de  par  la  loi.  de  rt»ster  ensemble,  (pioi<|ue  Dieu 
leur  ordonne  de  se  séparer.  Et  si  après  trois  ans,  tou<'hée  d'un  remords  dejcons- 
cience,  l'iini'  des  parties  avoue  sa  faute  et  veuille  se  séparer,  de  par  la  loi,  il 
faudra  rester  ensemble,  malgré  la  défense  de  Dieu  môme  et  se  damner  légale- 
ment. 

La  loi  peut-elle  faire  (ju'uu  mariage  impossible  devienne  obligatoire  ?  Peut- 
eUe  rendre  capable  de  se  marier  celui  qui  en  est  naturellement  incapable  :* 

Et  cependant  la  loi  défend  alors  la  séparation  et  empêcherait  un  mariage 
valide  que  la  partie  puissante  voudrait  contracter  avec  un  autre  (pi'avec  celui 
((ue  la  loi  lui  ordonne  de  prendre  pour  époux. 

Art.  124.  En  ligne  directe,  le  manage  est  prohibé  entre  les  ascendants  et 
les  descendant.s  et  entre  les  alliés  soit  légitimes  soit  naturels. 

Art.  12;").  En  ligne  collatérale,  le  mariage  est  i)rohibé  entre  le  frère  et  la 
sœur  légitimes  ou  naturels  et  entre  les  alliés  au  même  degré,  aussi  légitimes  ou 
naturels. 

Art.  VU).  Le  mariage  est  aussi  prohibé  entre  l'oncle  et  la  nièce,  la  tante  et 
le  neveu. 

Art.  127.  Les  autres  empêchements  admis  d'après  les  différentes  croyanct>s 
religieuses,  comme  résultant  de  la  parenté  ou  de  raiFinité,  et  d'autres  causes 
restent  soumis  aux  règles  suivies  jusqu'ici  dans  les  diverses  églises  ou  sociétés 
religieuses. 

Il  en  est  de  même  quant  au  droit  de  dispenser  de  ces  empêchements,  lequel 
appartiendra,  tel  que  ci-devant,  à  ceux  qui  en  ont  joui  par  le  passé. 

Dan.s  les  articles  que  nous  venons  de  citer,  la  loi  considère  deux  sortes 
d't;mpêcheiiients  dirimants,  résultant  de  la  parenté.  Elle  déclare  dans  l'art.  127, 
que  certains  de  ces  empêchements  restent  soumis  aux  règle»  suivies  dans   les 


^ 


—  157  — 


ir 


if 


'  .v..rs>-s  E^l.srs  -t  au  droit  (i.  disi.  ^is.r  .l>s  .upÀ^h  MiXMits.  Kll  •  u.  r.  •o-invil 
'Ion..  pusI.Mln.it  d.  disixMis<.r  dans  les  ompVh.m  Mits  oxprimV  dans  les  art 
1^+,  liT,,  12b.  (!,..st  d.,.,r  là  ..il,.,.,-.,  riitat  -lui  s'arro,-  [,  droit  d'établir  Temp'- 
«hcmcut  dinmaut.  ni  délendaiit  d'en  dispi.ii.s,.r. 

L'.-tat  prétend  <loi,r  dounn-  U-  droit  d.  dispniser  aux  soriété.  religieuses  n 
-P-.Klnnt  le«  d,.p.Hs...  ne  p.-uvent  ."a-vorder  ,jue  ,,ar  .vlui  qu,  a  le  droit  de 
laire  dr.s  empèrhenients  dirimants.  Et  si  un  héritiqur  s.  n.ari.  aver  un  enipe- 
Hw'uient  dnnnant,  sa.i.  .lisp.nse  du  S..uverain-PontitK  .nais  av.v  une  disp.ns.. 
<U'  1  hiat,  r,.  inana-e  passera  i>our  valide  devant  la  loi,  il  sera  invalide  devant 
lu'n,  tant, pu.  h-  Sonv.rain-l'ontii;.  n'aura  pas  a.-.ordé  la  dispense  de  l'emi.,- 
'■lu'inent  .hnmatit.  Ainsi  ,la,.s  la  nouvelle  lén-islation  du  Ca.iada,  ot,  a  ititro- 
d.iit.elaux  principe,  qu.  l'Etat  p-ut  établir  d.s  emp^-h  «ni  «nts  dirimants  et 
^v  order  a.tx  ddlérent.s  so.'ié.és  religieuses  le  droit  d.  dispenser  des  enipè-'he- 
uients  ,'tablis  par  l'I'lL'-lise. 

Il  y   a  plusieurs   enipècheinnits  diriniant.  établis   i)ar    TEuWise   el    ,,ue  les 
sectes  ne  reconnaissent  i)as. 

<iu'un  prêtre  ou  une  ndio-ieuse  lié.,  par  le  v.lmi  solennel  se  déelan-nt  pro- 
testants:  leur  niaria-e  contracté  devant  un  ministre  pn.testant,  sera  valide  aux 
yeux  de  la  io.  ;  et  si  h,  feninn-  du  prêtre,  touchée  de  repentir,  se  convertit  ,•!  se 
s  pare  de  lut,  ell<.  ne  pourra  pas.  .selon  la  loi.  se  marier  a  un  autre,  puis,,ue 
s,-lo.i  la  lot,  .son  manao-e  av.v  le  prêtre  a  été  valide,  car  l'empecb.Mnent  qui  pro- 
vi.M.t  <le  1  ordre  et  ,lu  v.eu.  ifest  pas  admis  dans  la  .société  relio.ieu,se  à  la.iuelle 
il  appartient.  De  niém..  un  protestant  baptisé  .se  marie  sans  dispense  lé-itinie  à 
une  mlidele.  le  maria-c  est  valid.'  aux  yeux  de  la  loi.  Q„e  le  pn.te.stant  .se  con- 
vertis.se,  devenu  .'arlioli,,u,-.  il  devra  se  séparer  de  Tépou...  inlidele.  et  suivant 
la  loi.  il  ne  le  pourra  pas. 

Les  cas  coutradicloires  qui  peuvent  .se  ],ré.sent,.r  avec  notre  létrislation  sont 
très  nombreux.  Or,  il  est  évident,  une  législation  qui  met  le  maria^re  dans  une 
jelle  M.nd.t.on  ne  peut  pas  être  .ons.u-vée.  D'on  vienl-il  que  le«  .atholique.s- 
liberaux  et  l'Lniversité-Laval  nunt  pas  parlé  contre  cette  prétention  de  lEtat 
H  que  notre  barreau  et  magistrature  .soutienn.mt  .les  lois  contraires  aux  dé-i- 
-sioiis  du  Concile  de  Ti»  nte  ? 


•2.    Dans  la  Ivo-ishilioii  „ninrl/r  ,/„  Bas-Ca„a>l,L  l'Etat  pnyrnf 
la  Jontir  du  mariai^e. 


La  loi  devait  déclarer  qu'elle  protesterait  la  forme  du  mariage  établie  par 
le  Coneile  de  1  rente,  comme  elle  le  faisait  par  le  passé.  Mais  sans  tenir  compte 
<Ui  Concile  de  Trente,  elle  l'établit,  dans  Je  .hapitre  2,  des  formalités  relatives  •'. 


la,  eélébration  du  mariagt 


—  158  — 

Lo  ConciK'  d*'  Tn'iito  cxiyo  que  dans  les  pays  où  son  décret  sur  les  maria- 
•rcs  clandestins  est  publié,  le  mariape  se  eélèhre  tlevant  le  propre  curé  et  an 
moins  deux  témoins. 

Clément  XIII  déclare  qu'un  Canada  les  inariayvs  clandestljis  entre  un  ca- 
tholicjue  et  un  protestants,  ou  entre  deux  protestants,  sont  valides. 

L'arti<le  128  du  Code  dit  :  le  nuiriai>-e  <loit  être  céléhré  puhlicjuemtMit. 
devant  un  fbn<tionnaire  c»»mi)'lent  reconnu  par  la  loi. 

Le  CoU'  ile  de  Trente  n'i-xiLTe  pas  cpientre  catholi(]ue  ou  j)rotcstant.  ou 
entre  protestants,  le  inariaue  se  cili-bre  devant  un  ministre  piotestant.  Pour  eux, 
les  mariaires  chindestins  sont  vali«l<'s.    La  loi  ne  peut  donc  pas  déclarer   c«'t<  nia- 


Cependant  la  loi  exiif"  qu'un  niaiiaii-e,  pour  être  valide,  .soit  ccli'bré  puhli- 
(piement  devant  un  l'onctionnaire  l'ompctent  reounu  par  la  loi.  Le  niariai;e 
clandestin  reconnu  valide  par  le  (^oncilc  de  Trente  là  où  son  d.''.  rct  .sur  le  nia- 
riayc  n'a  i)as  été  i)ulilié.  ne  1:'  sera  don-'  pas  par  la  loi,  et  des  époux  iruitime- 
ment  mariés  devront  se  s'-juircr  et  pourront  léi>"al"m.'Mt  se  marier  à  d'autres. 

.\rt.  121».  Sont  compétents  à  célél)ier  le  mariayv  tous  les  prêtres  curés, 
ministres  on  autres  l'onctionnaires.  autorisés  par  la  loi  à  tenir  rciiistrcs  de  l'état 
livil. 

Voilà  le  niaria'ic  civil  lci>-alemen(  reconnu.  La  loi  reconiiait  tout  mariaa'e 
célébré  devant  un  fouet ionn.iire  autorisé  par  la  loi  à  tenir  reii'istr>'s.  Li  loi,  sans 
l'aire  aucuiu'  mi'iition  de  la  l'orme  ])res<rite  par  le  Concile  de  Ticnti',  reconiuiit 
comme  léiritime  1<'  mariai^'e  célébré  devant  le  l'onctionnaire  autorisé  à  tenir  les 
reirristes  de  l'état  civil,  il  n'est  pas  ([uestion  des  reii'istres  'le  l'état  ce.  iTsiasti- 
(lue.  (^uel  que  soit  le  culte  autjuel  on  a])partient.  dés  que  le  mariaiic  est  célé- 
bré devant  un  fonctionnaire  autorisé  i)ar  la  loi  civile,  il  est  Icoitimc  devant 
l'Etat. 

11  n'est  pas  nécessaire  (pie  la  loi  reconmiisse  le  foin  tionnaire  i  ompétenl 
pour  que  le  mariaire  soit  léiritime.  Ainsi  un  curé  cauoni(|ue  et  non  civil  est 
compétent,  taudis  qu'un  curé  <ivil  et  non  canonique  n'est  pas  compétent.  La 
loi  n'est  pas  cai)able  de  uoinnu>r  un  foiutionmiire  compétent  :  ce  serait  mettre 
le  mariaii'e  sous  la  juridiction  cb'  l'Ltat. 

(^ue  l'Ltat  s'arrojjfi'  le  droit  di'  refuser  à  des  curés  léi>-itiines,  lujmiués  par 
rLvè(iue,  de  tenir  des  registres,  ces  curés  devant  lesquels,  suivant  le  Concile  de 

Trente,  le  maria<>;e  doit  se  célébrer,  sous  peine  de  nullité,  n'étant  pas  auto- 
risés par  la  loi  à  tenir  les  re-i'istros  de  l'état  civil,  ces  mariages  seront  nu]« 
devant  la  loi,  taudis  qu'ils  seront  valides  aux  yeux  de  l'Ealise  ;  mais  les  maria- 
jres  célébrés  devant  les  prêtres  autorisés   à  tenir  les  rejristres  civils,  mais  qui  ne 


—  15!t—  - 

sont  pas  les  proprtis  curés  nommrs  j)iir  lEvôquc,',  soront  nuls  devant  Dieu  et 
devant  l'Eglise  et  passeront  pour  valides  aux  yeux  de  la  loi. 

Ai)rès  (H't  article,  le  Code  ajoute  ces  mots  :  "  Cependant  aucun  des  lonc- 
tioiuuiires  ainsi  aiitorisé  ne  peut  Otre  contraint  à  célébrer  un  mariage,  contre 
lecjuel  il  existe  quelque  empéihement,  d'après  les  doi-trines  et  croyances  de  sa 
rcdigion  et  la  dis'  iplini*  de  l'iiîglise  à  laquelle  il  apjiartient. 

Ces  paroles  établissent  (|Ue  le  prêtre  ne  peut  pas  être  forcé  de  présider  au 
mariage  de  ci'ux  qui  sont  liés  par  qxudque  emj)échom(>nt,  et  elles  autorisent  le 
prêtre  à  ne  pas  assister  au  mariage  en  AvcMil  et  eii  Carême.  Mais  le  même  arti- 
cle I^rt  li'galise  le  mariage»  civil  et  dcl'end  au  curé  légitime  de  présider  au 
mariage,  sous  peine  de  nullité,  lorsi|m'  l'état  ne  le  reconnaît  pas  et  lui  refuse 
l'autorisation  de  tenir  registres.  Suivant  hï  même  article,  co  n'est  i>as  le  prêtre 
nommé  pas  l'évéquf'.  mais  le  fonctionnairi'  établi  par  la  loi  qui  préside  au 
mariage.  C'est  toujours  l'Etat  qui  s'arroge  l'autorité  sur  le  sa-rement.  Si  aucun 
<les  f  dictionnaires  ne  peut  être  forcé  à  bénir  un  mariage,  aucun,  non  plus,  ne 
devrait  être  i)uui.  s'il  préside  au  mariage  conformément  à  sa  religion.  Et  nous 
vovons  de.s  prêtres  punis  pour  l'avoir  l'ail. 

^5.    Diiis  II  /i;^/.</iiliii)/  <lii  Hi^-Cumvhi.  U'f.  Iribini  lu.r  rin'ls  Juixont 
t/fs  iv/ési's  i)iiifriiiioni<i/fs. 


i 


Le  ('(Mil  ile  (le  Trente  dit  :  "Si  (juclqu'un  dit  (jue  les  causes  matrimoniales 
n'appartieiuuMil  \y,\s  au."C  juges  ec<'lésiasti()ues,  (ju'il  .soit  anatheme  !  ' 

L'Eglise  seule  est  juge,  «juant  au  lien,  mênu'  des  cau.ses  matrimoniales  des 
l)rotestants.  Il  s'ensuit  donc  que  les  lois  qui  autorisent  les  tribunaux  laï([ues  à 
I)rononeer  sur  le  lien  dans  les  mariages  des  protestants,  sont  nulles.  Kt  il  n'est 
l)as  permis  à  d(>s  catholiques  d'approuver  de  pareilles  lois,  sous  prétexte  qu'il 
faut  vivre  en  bonne  entente  avec  les  protestants,  (''est  là  du  catholicisme-libé- 
ral condamné  p,\r  le  S.iint  Sièg,'.  Ou  aurait  pu  facilement  obviera  l'inconvé- 
nient des  causes  matrimoniales  '  -otestantes,  en  laissant  les  protestants  dans 
leur  rébellion  sans  s'occuper  d'eux  et  gardant  la  loi  franvaisi»  telle  qu'elle  était 
avant  la  codilication.  L 's  protestants  auraient  continué  comme  ils  faisaient 
auparavant. 

Or,  voici  le  texte  de  notre  ancienne  loi  frauyaise  :  "Conformément  à  la  doc- 
trine du  CoU'  ile  di'  Tn>nte,  nous  voulons  que  les  causes  concernant  les  mari.i.- 
jres  soient  et  appartiennent  à  la  connaissance  «^^juridiction  des  juges  ecclésias- 
tiques. "  "  (Edit  de  Henri  IV,  an  ItîOÔ,  art.  12.) 

(\»tte  seule  loi  de  l'ancienne  France  devrait  remplacer  les  cinq  chapitr(>8  du 
nouveau  Code  sur  le  mariage.  Ainsi  on  conserverait  l'auiienne  et  la  vraie  loi 
du  Bas-Canada. 


—  HW  — 

La  division  «lu  ('(mIi-,  m  tout  ci'  (jiii  i>'i«'ar<lv'  le  li'u  tonjuiial.  w  peut,  eu 
riv'U  aU'tvtiM'  le  inariayi',  laênit'  <li's  protestants.  Car  ils  ont  r''t;u  le  vrai  sa -rc- 
meut  (II*  mariai;»',  ist  dès  quf  le  uiariag-c  est  coiitra/tv'-  sans  cinpt'chi'mi'nt  diri- 
niant  reconnu  par  rivirlisc.  la.  loi  ni'  p.'ut  pas  en  il-'-clarcr  la  nullité'. 

\j\'  Codi'  civil  <lit  :  "Art.  14-")."  Lfs  oppositions  (;iu  niariau'c)  sont  portées 
devant  le  trihuiuil  de  première  instance  du  domicile  de  celui  au  mariau'e  <lu(|uel 
on  s'o[)pose,  ou  du  lieu  on  doit  se  célébrer  ie  mariaii'e  ou  devant  un  ju'U'c  de  ce 
tribunal. 

("est  doni'  dev;int  les  tribunaux  lai(|Ui's  que  doivent  se  juu'er  les  causes 
matrimoniales,  et  ce  sont  les  tril)unaux  civils  ([ui  pr()non<-eiU  sur  la  nullité  ou 
la  validité  des  nuiriaL''es,  pi  r  exemple  des  min. mus.  Et  cei)i'ndant.  ces  tribunaux 
sont  incompétents,  nu-me  i)our  i)rononcer  sur  le  lien  de.s  marinji-es  i)rotestants 
et  même  sur  ceux  des  inlidi'les,  <itr  le  maria'a'e  des  iiilidéb's  est  un  i  (mirât  sacré 
et  divin  sur  leipud  l'I^ii'lise  seule  doit  i)roniiin-er  un  juii'cment. 

Art.  l.")(i.  Tout  mariau'e  (jui  n'a  pas  été  contra  té  publiqu'uicnl  et  (jui  n'a 
pas  été  célébré  devant  le  i'onctionnaire  conipé'c.c.i,  peut  être  alta(|ué  par  les 
époux  eux-mêmes  et  par  tous  ci'ux  (jui  y  ont  un  intérêt  né  et  a  'luel,  sauf  au 
tribnnal  à  juii'cr  suivant  les  circonstances. 

("et  article  admet  eu  principi-  le  divorce.  Car,  dans  ce  i)ays.  le^  mariaii'es 
clandestins  entre  un  catholiijuc  et  un  protestant  si.tiit  valides.  Comme  ces  nni- 
riau'es  sont  valides  sans  avoir  été  «ontracté  devant  le  lonctionnaire  désiirné  par 
la  loi,  et  nuls,  de  par  la  loi,  il  s'eusuil  que  le  tribiiiud  laniue  pourin  les  casser 
ot  autoriser  ceux  qui  sont  léii'itinu'inent  mariés,  à  se  séparer  et  à  se  marier  à 
d'autres. 

Toute  notre  législation  sur  le  mariaye,  repose  sur  de  faux  ,)rin'  ipes.  Elle 
suppose  avec  Polluer  que  le  nuiriam'  est  un  contrat  au(iuel  l'Eulise  surajoute  le 
sacrement,  ipie  le  «outrât  appartient  à  l'I-ltat  «omme  tons  les  contrats,  (|ue  l'Etat 
peut  annuler  et  empêcher  ainsi  rEuli.se  d'y  surajouter  le  sacrement. 

Il  est  doiu'  né»  essaire  d»'  réclam»'r  la  loi  (pie  nous  avions  euiore  dans  la 
premier*^  ])artie  de  ca'  siècle  et  de  la  sépan-r  des  erreurs  •'•allicanes  «jui  s'y  étaient 
introduites  par  la  l'uiu'ste  iniluence  des  parlements. 

E»'s  protestants  étant  libres  dans  leurs  »ultes  jugeront  l.»urs  »-aiises  inatri- 
nu)uiales  coni»)rmément  aux  pri'scriptions  de  leurs  cultes;  et  s'ils  s»'  convertis- 
sent, l'Ei^-lise  examinera  et  juiriu'a  si  leurs  mariasi'es  sont  valiib's  ou  non. 

8i  ou  maintient  les  faux  principes  (jui  sont  répandus  dans  notre  léi>lsla- 
tion,  l'Etat,  dès  qu'il  le  voudra,  établira  le  mariatre  civil  et  dét-Uiira  le  nniriaire 
chrétien. 

Les  libéraux  du  Canada  suivent  en  tout  la  même  nuirche  ijue  ceux  de 
Fraïu-e,  d'Italie,  d'Espagne,  d'Autriche  et  ils  parviendront  an  mOme  résultats. 
Jusqu'à  présent,  ils   ont   réussi  à   abolir  l'ancienno   loi   «atholiijue  et  à  l'aire 


161 


accepter  leurs  principes.  Que  des  circonstances  que  l'on  peut  prévoir  amènent 
au  pouvoir  des  impies  déterminés,  ils  n'auront  qu'à  tirer  les  conséquences  des 
princîipes  que  l'on  ai-cepte  aujourd'hui,  pour  lain;  le  plus  qrand  mal  à  l'Eglise 
du  Canada.  Los  catholiques-libéraux,  par  leur  condescendance  à  faire  prévaloir 
l'Etat  sur  l'Eglise  nous  préparent  ca\  malheur. 


VII. 


Snuvelle  lég-islntU}n  du  Canada  sur  le  droit  de  iirofinélé  r/u'a  V E"-lisr. 


'm 


Lancienue  législation  du  Canada  reronnaissait  â  l'Eglise^  le  droit  de  i)ossé- 
der  et  d'tidministrcr  ses  biens.    On  admettait  en  principe  que  l'Eglise  peut  pos- 
séder indépendamment  de  l'Eat,  en  vertu  de  ses  droits  divins.  Après  la  conquê- 
te, les  Anglais  respe<;tèrent  ces  droits  de  l'Eglise.   L'Eglise  et  les  ordres  rehtrieux 
possédaient,  et  leurs  biens  aux  yeux  de  la  loi  étaient  bitais  ecclésiasti(}ues.    Les 
Anglais  respectaient  tellement  ce  droit  de   l'Eglise,  que  pendant  un  demi-siècle 
ils  ne  disposèrent  pas  des  biens  des  Jésuites,  mais  les  tinrent  en  réserve  coinme 
des  bitms  qui  attendent  un  maître.     Ce  n'est  que  lorsque  le  pays  eut  des  assem- 
blées, dans   les<|uelles  dominaient    les  catholiques-libéraux  que  les  Canadieuir- 
sans  être  sous   l'inlluence  des  protestants,   nuiis  dominés  par  les  <'atholiques, 
libéraux,  disposèrent  à  leur  gré  des  biens  de  l'Eslise,  firent  des  lois    par  laquel- 
les  les  corporations  reconnues  par  l'Etat  sont  seules  capables   de  posséder.    Les 
évéchés,  les  séminaires,  les  ordres  religieux  qui  autrefois  avaient  par  eux-mêmes 
le  droit  de  posséder,  n'ont  plus  et'  droit,  (jue  parce  que  l'Etat  \i\  leur  acrorde  en 
les  faisant  corp^ations  civiles.    Les  biens  qui  étaient  biens  ecclésiastiques  sont 
deveniis  aux  yeux  de  la  loi  des  biens  civils,  comme  appartenant  à  des  corpora- 
tions  civiles  ;  en  sorte  que,   devant  Dieu  et  en  conscience,  ce  sont  des  biens 
ecclésiastiques,  jouissant  des  immunités  daprès  l'ancienne  loi  ;  mais,  d'après  bi 
nouvelle  loi,  ce  sont  des  bitns  civils,  soumis  aux  taxes. 

C'est  la  corporatiou  civile  qui  possède,  administre,  et  elle  peut  le  taire  léifa- 
ment,  indépendamment  de  l'évéque.  C^es  séminaires,  devenus  corporations 
civiles,  peuvent  en  beaucoup  de  choses  se  gouverner  et  se  conduire  indépen- 
damment de  l'évéque,  et  si  l'évéque  peut  intervenir  dans  l'administration  de 
t^es  maisons,  c'est  ou  bien  <mi  vertu  de  l'acte  d'incorporation,  par  lequel  le  'i-ou- 
vernement  lui  donne  ce  droit,  ou  par  une  sorte  de  havite  convenan<e  plutôt 
qu'(m  vi;rtu  di"  sa  charge  épiscopale  ;  car  c'est  la  corporation  «nvile  qui  possède 
«!t  administre. 

Ce  ne  sont  donc  ni  les  Anglais,  ni  les  protestants,  mais  mais  ce  sont  les 
libéraux-catlioli(iiies  du  Canada,  soutenus  depuis  1855  par  le  silence  de  l'arche- 
vêché et  de  l'Université  Laval,  (pii  ont  changé  nos  anciennes  lois  catholiques. 
L'Eglise  n'est  plus  considérée  comme   une  société  indépendante,  ayant  de  droit 


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—  1(32  — 

naturel  et  divin  le  pouvoir  de  posséder  i-t  d'administrer  ses  hiens.  Aux  yeux  de 
la  loi,  elle  est  un  assemblaife  de  corpoiiitions  ditlerentes,  ([ui  doivent,  chacuni' 
en  particulier,  être  reconnues  par  l'Etat,  et  recevoir  de  lui.  dans  les  HmitcH 
qu'il  leur  assiguera,  le  droit  de  posséder.  Si  on  lait~une  donation,  soit  par  testa- 
ment, soit  autrement,  à  une  de  ces  «-orporatioiis  ((ui  possède  déjà  dans  les  limi- 
tes tra(;ées  par  la  loi,  l'Etat  p;nxt  annuler  cette  donation  ou  ce  testament. 

De  raôvn  )  qw'  le  gouvi^riieiUiMil  prct'Mid  pouvoir  autoriser  les  corporation." 
religieuses  à  posséd>'r,  il  préti'iid  aus.si  pouvoir  séculariser  hnirs  hiens. 

Ainsi,  nous  voyous  dans  les  statuts  refondus  l'acte  fjui  dispose  dt>s  reve- 
nus des  biens  des  Jésuites  et  (jui  autorise  le  gouverneur  à  aliéner  leurs  l>iens- 
fonds. 

Tit.  '■).  <'h.  IT).  1.  Les  biens  et  propriétés  du  ci-devant  ordre  des  Jésuites... 
sont  par  le  présent  alFectés  aux  lins  de  cet  a  te,  et  constitueront  un  fonds  (pii 
sera  appelé:  fonds  de  placement  d'éducation  supv'rieure  du  IJas-Canada,  et  («■ 
fonds  sera  sous  le  contrt)l>'  et  la  régie  du  gouverneur  en  conseil  pour  les  lins  de 
cet  a  'te. 

3.  Toutes  les  fois  qu'il  puMit  au  gouv.M-n  nir  en  conseil  pie  lv>  dit  fonds  de 
revenu  peut  être  aii-^-in 'uté  par  la  v,-nt -...  le  urouverneur  en  con.'^eil  pourra 
ordonner  qu  '  tell'  vente  soit  fiit'. 

Vlll. 


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Il  V  «  qmdques  années,  on  voulut  imposer  tics  taxes  sur  les  églises.  L  Ar- 
chevêque et  l'Université  Laval  ne  dirent  uiol.  lies  laitiues  catholiques  réclamè- 
rent et  publièrent  dans  los  journaux  des  articles  contre  la  taxe  imposée  aux 
églises.  L'Archevêque  eut  pour  et  dit  ([ue  de  paieils  arti<les  pouvaient  occa- 
sionner une  révolution  dans  le  pays.  L<s  laïques  tinrent  bon,  la  taxe  fut  rejt'tée, 
et  il  n'y  eut  pas  l'ombre  d'une  révolte  dans  le  pays.  Les  latholiques  se  réjoui- 
rent, et  il  n'y  eut  d'attristé  (pxe  ceux  (jui  par  devoir  devaieixt  défendre  les  droits 
de  l'Eglise.  Il  est  certain  que  si  l'Archevêque  de  Québec  avait  défendu  les 
immunités  de  l'Eglise  comme  linnit  tant  de  saints  évèques,  jamais  ses  diocé- 
sains n'auraient  consenti  à  une  loi  impie.  Mgr  l'Archevêque  de  Québec  écrira 
correctement  sur  une  question  de  droit  canon,  nuiis  il  sera  toujours  faible  pour 
résirter  à  des  hommes  d'Etat  et  à  des  amis  catholiques  libéraux. 


IX. 


Enseii^'nemenl. 


La  loi  d'éducation  faite  pa'-  des  libéraux  (atholi(|Ues  sans  réclamation  de  la 
part  de  l'Archevêque  et  de  l'Université,  était  en  vigueur  et  menavait  de  perver- 


k;;} 


lir  l'ensoiffiiomeut  au  Canada.  Qii('l([Ut'8  t''vt'(jufs  rrclainaioiu  Unirs  droits,  lors- 
<iuc  parvint  au  ntiiuistriv  lui  «•ulholicjuc  d(''V(Hi(''  à  l'J'^gliso.  (\'  ininistn'  comprit 
q\U'  U'.s  rvt'qufs,  ou  vertu  do  lour  cluir'^o  pastoralo,  ot  uon  par  uno  concoNsion 
do  l'iîltat,  avaiout  juridiction  sur  ronsoiLi-noniont,  ot  lit  uno  loi  qui  roconnais- 
sait  aux  ôvôcjuos  lours  droits.  Dopus  a'  loiaps,  los  ovoquos  ont  sur  l'éducation 
lu  juridiction  ({u'ils  n'uuraiont  jamais  du  pordro. 

Ainsi,  ce  l'ut  un  iaï(juo  catholiiiuo,  qui  rcdii^oa  et  lit  adopter  au  Canada  la 
première  loi  (jui  l'aisait  revivn^  i'ancieiiiu'  loi  IVaiivaise.  C'e  l'ait  nous  apprend 
ce  (ju'il  y  lurait  à  espérer  poiir  rubolitioii  de  toutes  les  lois  qui  subordonnent 
l'Eii'lise  à  ri;]lat,  si  les  lanjucs  élaient  secondes  p'ir  l'épiscopat 

La  loi  laissant  les  évéïjues  libres  de  nommer  leur  président  dans  le  conseil 
de  l'instrucuon  publi(|ue,  l'Arc kevèque,  au  lieu  de  proposer  un  évèque.  proposa 
et  lit  nommer  un  laujue 

Xe  (lirait-on  pas  que  rArelievc(|ue  voulait,  pour  le  bien  de  Tliglise,  voir 
les  évoques  soumis  aux  hommes  d'J'Jlat  :* 

liemarqvwns  encore  que  tandis  (|u'uii  miui^;trl'  i>réparait  une  loi  l'avorable 
à  l'Eii'lise.  sous  l'inllueuce  de  l'évecpie  de  Mouiréal,  pour  l'érection  des  paroisses 
les  l'abri([Ues,  les  cimetières  catholi(pies,  un  Archevêcjue  et  une  Université  qui 
s'appelait  catholique,  travaillaient  de  tout  leur  pouvoir  contre  un  projet  si  salu- 
taire. 

La  législation  refuse  de  reconnaître  rLg'lise  comm(>  une  société  indépen- 
dante ([ui  a  reçu  de  Dieu  le  droit  de  posséder.  Mais  pour  l'aire  admettre  cette 
erreur  sans  révolter  les  catholicpies  elle  ne  nomme  pas  l'Eg'lise,  elle  dit  seule- 
ment quels  sont  ceux  «|ui  sont  capables  de  posséder  ;  elle  dit  ([ue  l'Ktat  leur 
donne  ce  droit  ;  et  évidemment  ceux  (jui  n'ojit  pas  re^u  ce  droit  de  l'Etat  ne 
peuviîut  posséder.   LEu-lise  n'est  pas  nommée  et  n'a  aucun  droit. 

L'article  8!)9  du  Code  civil  porte  :  "  Les  biens  api)artiennent  ou  à  l'Etat,  ou 
aux  municipalités  et  autres  coriwralions,  ou  enfin  aux  particuliers.  " 

Il  suit  de  cet  article  ([u'il  n'y  a  [)as  de  biens  qui  appartiennent  a  l'Esi'lise, 
que  l'Eglise  n'a  pas  i)ar  elle-même  le  droit  de  posséder.  Les  corporations  peu- 
vent posséder  autant  que  l'Etat  le  hiur  permet  ;  mais  ce  n'est  qu'avec  l'autori- 
SL\tion  de  l'Etat  que  les  corporations  existent  et  qu'elles  peuvent  posséder.  Les 
<-orporations  sont  soumises  à  l'Etat  pour  administrer,  acquérir,  aliéner. 

On  peut  remarquer  qu'il  n'y  a  pas  dans  le  code  de  lois  positives  contre 
l'Ejçlise,  de  lois  (jui  prescrivent  des  mesures  odieuses  contre  elle  ;  il  n'y  a  que 
des  lois  négatives,  des  lois  qui  refusent  de  reconnaître  ses  droits  et  la  dépouil- 
lent par  consécjuent  de  toute  la  liberté  qu'elle  doit  avoir  comme  société  indé- 
dante. 

Art.  401.  Tous  les  biens  vacants  et   sans  maîtres,  ceux  des  personnes  qui 


—  11)4  — 

décèdent  sans  représentants,  ou  dont  les  siKM-essions   sont  ahandotuu-es  ai^par- 
tiennent  au  domaine  pixblic  " 

C'est  en  vertu  de  cet  article  (pie  le  i,'oiiverneinent  du  Canada  a  usurpé  et 
qu'il  retient  encore  aujourd'hui  les  biens  des  Jt'suites  et  des  liécollets  ;  car 
l'Kglise,  selon ■ies  libéraux  canadiens,  ne  jn-ut  posséder,  n'étant  pas  cori)oration 
légale. 

L'art.  836  dit  :  "  Les  corporations  et  uiain-mortes  ne  peuvent  recevoir  par 
ttîstament  que  dans  les  limites  des  biens  qi\ 'elles  peuvent  posséder.  " 

Le-Proi".  De  Angdis,  consulté  sur  le  code,  fait  sur  cet  arti(h«  et  le  précèdent 
la  remarque  suivante  :  "  Enlin  le  droit  de  jiosscder  des  instituts  religieux  cl  de 
l'Eglise  n'est  pas  pleinement  reconnu  par  le  <  ode,  soit  pour  ce  (|ui  est  de 
l'acquisition  de  tels  biens,  comme  ceux  légués  jnir  les  pieuses  dis])ositions  d'une 
dernière  volonté,  soit  pour  ce  qui  regarde  laliénation  des  biens  apj)artenant  à 
l'Eglise." 

C'est  toujours  U'  pouvoir  civil  (jui  méionnait  riiulependance  de  lEglLse, 
empiète  sur  ses  droits  et  veut  subordonner  l'Eglise  à  l'Etat. 

REMARQUES. 


Eminentissimes  Seigneurs,  le  document  ci-dessus  t:onstate  deux  faits  bien 
graves,  1.  Le  changement  considérable  (jue  le  Code  civil  du  IJas-Canada,  adoj)- 
té  par  la  législature  en  186(.!,  a  fait  dans  l'ancienne  législation  franyaise  en 
vigueur  jusque  là,  changement  qui  a  altéré  profondément  les  rapports  de 
l'Eglise  et  de  l'Etat,  en  subordonnant  virtuellement  la  première  au  second,  par 
les  empiétements  qu'il  y  consacre  sur  les  choses  les  plus  iminirtantes,  telles  que 
le  mariage,  le  droit  de  propriété,  les  immunités  etc.  etc. 

(.'es  changements  doivent  surtout  être  attribués  aux  principes  erronés 
des  anciens  auteurs  gallicans  (jue  les  cotliticateurs  avaient  étudiés  et  aux  codes 
modernes  "dont  ils  voulaient  se  rappro  lier,  plutôt  qV''ù  une  disposition  hostile 
à  l'Eglise.  Car  ces  hommes  étaient  véritablement  pie  x  et  animés  de  bons  senti- 
ments, et  s'ils  eussent  été  mieux  éclairés  sur  les  véritables  priiu;ipes  des  rap- 
ports des  deux  puissances,  ils  se  seraient  conformés  à  la  direction  qui  leur 
aurait  été  donnée.   Au  moins  telle  est  notre  conviction. 

2.  L'autorité  religieuse  qui  se  j)ersonniliait  surtout  dans  l'Archevéqui»  de 
Québec  et  son  entourage,  ne  s'est  point  o\)posée  à  ces  <hangements  si  préjudi- 
ciables à  l'Eglise,  et  n'a  point  réclamé  le  maintien  d  ■  l'anrienne  législation  (|ue 
les  codilicateurs  n "avaient  pas  mission  de  changer. 

N(nis  croyons  (ju'avec  un  peu  plus  de  vigilance  et  surtout  plus  de  fermeté 
vis-à-vis  de  certains  hommes  d'Etat  imbus  des  idées  libérales,  il  eut  été  facile 
de   prévenir  «-e   mal  »'t  même   de  le  réparer,  au  moins  ^'n   partie,  pour  ce  qui 


—  lt>;-.  — 


roffiird»'  \o  mariajfo.  .mi   nifttaiil  »  .'xécutioii   1."  dnrei  XIII  du  IV    .on.il».  d». 
Qm'h.'c  qui   «njoint  aux  évr.ju.'K  d.'  dcniandor  au   ffouverncmt'nt    la  «•orifction 
d.'s  arti.'l.^s  du  Code  sur  le  mariage  (jui  sont  foiitrairo.s  à  la  doctriu."  .atholii^ui'.  , 
Nous   av.ns  dcniaudé  nous  mcm»'  à  rAnh.'Vc^iui',   il  y  a  (ju.'lquos  anu.'es,  de 
ni«>ttr.'  à  exé.ution  ce  di\ref,  mais  S.  (J,  y  a  toujours  vu  trop  d'in.cmvéuients. 

La  même  question  de  i>rin.ij>e  sur  le  mariage  s'est  en.-ore  présent.V  au 
parlem.'ut  d'Ottawa,  à  propos  du  projet  de  loi  pour  légaliser  1.' mariag«>  entre 
Ix^au-l'rêre  et  b«'lle-sanir  sans  au.une  mention  de  r.'mpè.henu'nt  cauoniciue. 

L'Archevêque  étant  d'avis  que  les  déjjutés  eatholiciues  pouvaient  voter  en 
oons.ience  pour  une  telle  loi.  Nous  avons  .-onsulté  le  Saint-tSiege  à  ce  sujet,  l^a 
réponse  a  été  qu'au<un  député  catholique  ne  pouvait  en  conscience  appuy.'r  de 
.son  vote  une  telle  loi.  Tous  les  députés  catholiques,  .omme  un  seul  homme,  se 
«ont  soumis  à  cett.'  dé.-ision.  aujisit.'.t  qu'elle  ieur  u  été  connue,  et  le  projet  de 
loi  a  été  retiré. 

Si  dans  1.'  parlement  d'Ottawa  où  les  catholiques  sont  en  grande  minorité, 
on  a  ainsi  respe.té  le  droit  de  l'Kglise.  (pie  ne  pourrait-on  pas  obtenir  au  parle- 
ment de  Québe.-  où  plus  des  sept-huitièmes  d.'  la  représentation  sont  catholi- 
ques V 

Et  «'est  ce  parlement  qui  a  le  droit  de  corriger  le  c;ode,  et  qui  peut,  quand 
il  le  voudra,  le  mettre  en  accord  ave,-  tous  l.;s  droits  et  privilèges  de  l'Eglise. 

Nous  croyons  donc  que  Mgr.  l'Archevêque  de  (Québec  est  trop  timide  dans 
la  revendication  et  le  maintien  des  droits  de  l'Eglise.  C'est  au.ssi  l'opinion  de 
plusieurs  de  ses  sutfragants,  de  la  masse  du  Clergé,  et  des  Fidèles  les  plus 
*'cl  aires. 

C'est  aussi  ce  qui  lui  vaut  l'approbation  et  les  sympathies  des  libéraux. 

Nous  iroyons  également  que  l'influen.e  des  prêtres  libéraux  de  l'Archevê- 
ché et  de  l'Unirversité-Laval  .ontribue  beaucoup  à  entretenir  Mgr  l'Archevê- 
que dans  cette  timidité  et  cettt^  condescendance  si  préjudiciable  à  l'Eglise. 

Vos  Emineuces  Nous  permettront  de  citer  ici  l'article  suivant  de  la  Mmeri 
de  Montréal  du  9  février  dernier,  comme  témoignant  de  la  bonne  disposition  des 
protestants  conservateurs  dont  la  Gmette  de  Montréal  est  le  principal  organe 


■\ 


« 
« 


—  16G  — 


XjES  XjOIS  2DXJ  :M:-A-Tei-A-C3-E 


La  Gazi'tte  de  Moiitrt'al  a  piil)lit''  récciimuMit,  sous  inu'  siijfiiaturo  anonyme, 
uut!  lettre  remanniable  relativement  aux  lois  du  mariai^e.  Voi-i  la  traduction 
de  «-ette  lettre  : 

"  En  réiléchissant  sur  les  disirussions  l't  les  malentendus  (pii  le  bill  tli- 
rouard  a  suscités  l'aniu-e  dernière  et  (|ui  vienneiu  de  s»-  réveiller  ave»-  plus  de 
vivac'ité  que  jamais,  n'y  "•t-il  pas  lieu  de  s'étonner  de  ce  (ju'une  question  <|ui, 
si  elle  était  considérée  d'un  point  de  vue  larije  et  élevé,  réunirait  dans  une  har- 
monie parfaite  de  vues  et  d'eH'orts  toutes  les  cou i'i'ssions  religieuses  de  ce  pays, 
est  devenue  au  «-ontraire  une  pomme  de  discorde  ! 

Notr»'  constitution  proclame  et  protéine  avec  Tranchise  et  loyauté  la  liberté 
de  conscience  et  de  culte  en  faveur  des  E<j^lises  dont  l'existence  a  été  notiliée  au 
pouvoir  civil  et  re(ronnueolhciellement  par  lui.  Or.  cette  reconnaissance,  d'après 
les  lois  de  la  lot'i(]ue,  ne  renl'erme-t-elle  pas  évidemment  un  aveu  que  les  lois 
et  les  pratiques  de  chacune  de  les  l'jji-lises  dans  leur  «ondition  présent,  n'of- 
Ireiit  rien  qiii  mérite  d'être  blâmé,  entravé,  réformé  comme  contraire  au  lien 
social,  par  le  pouvoir  temporel  f  Oui,  sans  doute.  Aussi  ce  n'est  tpie  par  une 
inconséquence  rejçrettable,  que  le  Code  Civil  de  la  jn-ovince  a  maintenu  certai- 
nes entraves,  lesquelUvs  présentement  occsisiounent  de  daiii^ereux  malaises. 

l'ouniuoi  donc  ne  pas  profiter  d«;s  circonstances  actuelles  pour  etl'acer  ces 
quel([ues  tai'hes  qui  déparent  nohe  léjirislation.  et  pour  tirer  sans  hésitation  les 
conséquences  lojjfiques  de  nos  principes  constitutionnels,  eu  déclarant  : 

1.  Que  les  Eglises  reconnues  par  le  j>ouvoir  civil,  chez  les  qut'lles  le  maria- 
ge est  considéré  comme  un  acte  religieux,  jouiront  dune  liberté  entière,  eu  «-e 
(jui  concerne  les  einpéclu'ments  du  mariage,  leur  dispensabilité,  les  ciri'onstan- 
cos  requises  pour  sa  «célébration  valide,  les  tiançailles,  la  séparation  de  corps 
entre  époux,  le  jugement  sur  la  validité  du  lien  conjugal,  ect.,  etc.  Il  sulfirait 
que  l'autorité  reconnue  comme  compétente  quant  à  ces  dillérentes  eti'ets,  noti- 
fiât officiellement  sa  déclaration  aux  autorités  tem[)orelles  lesciuelles  l'adopte- 
raieut  comme  la  base  indiscutable  de  leurs  propres  coiurlusions  en  ce  qui  regar- 
derait les  droits  droits  civils,  comme  su(;cessions,  pensions  alimentaires  etc., 
et»'.  Il  va  sans  dire  que  pour  a.ssurer  à  la  législation  dans  une  pareille  manière 
la  gravité  et  la  stabilité  convenables,  la  di.scipline  actuelle  de  chaque  Eglise 
serait  sanctionnée  de  manière  à  empêcher  c^u'on  n\'n  modifie  substantielle- 
ment les  règles,  lesquelles  sont  présumées  »'onlbrmes  à  la  doctrine  et  à  la  pru- 
dence. 

2.  Que  les  dispositions  du  Code  Civil  en  ce  qui  regarde  les  matières  susdi- 


—  167  - 

toK  n'Htent  iataiies  pour  (ouïs  les  individus  qxii  n»'  prolcssciit  ivnriinf  rcliirioii. 
ou  qui  8»'  rattachfiit  à  uuc  dénomination  ndiirifust*  i^nori*»'  ollicit'Ufnu'nt  par 
i'Iîltat,  ou  dont  rKgli.s»'  rt'ionnail  les  iril»unaux  <ivils  ronipi-lcnts  eu  ct-N  sortfs 
<lt'  (jui'stions:  CCS  pt'rsonnt's  iiuraicnl  niiiuvaisc  uràcc  à  se  plaiiidn-  l']n  cUff, 
<rmi('  part,  TKtat  peut  et  doit  pourv«»ir  à  te  (pic,  .sous  prétexte  »|u'on  ne  se 
rattaehe  à  aucune  église  reconnue,  on  ne  se  marie  pas  en  pleine  civilisation 
<omme  les  barbares  dans  les  l'orèts  ;  et  d'autre  i)art,  rien  n'est  ajouté  aux  obli- 
irations  (jui  pèse  déjà  sur  t'ux  en  vertu  du  Code  Civil.  La  majorité  de  le\irs 
<itoyens  travaillant  à  obtenir  le  plein  exen  ice  d'une  liberté  (jui  leur  appartient 
en  vertu  d'un  droit  logique,  et  sans  ([u'eux-mènu'  aient  à  red(»uter  le  moindre 
inconvénient  ;  ne  doivent-ils  pas  s'en  réjouir  et  prêter  un  cordial  api)ui  a  leurs 
nobles  eHorts  ? 

Dès  lors,  cliaque  église  conserverait  ses  propres  l'Uipéchcments.  selon  .-■a 
i-royance,  sans  géiu'r  ses  voisines  et  sans  être  gênée  par  elles  ;  le  mariapfe  entre 
beau-frère  et  belle-sœur  resterait  ab.solumeiit  indisi)ensable  dans  l'étilise  d'Aii- 
jçleterre,  et  dispensable  dans  l'Eglise  CathoiiiiU''  Ivomaine  etc.,  etc.,  etc.  l'ar  la 
les  dernières  entraves  qui  diminuent  la  liberté  constitutionnelle  des  cultes  se- 
raient brisées;  et  la  paix  (jui,  grâce  à  Dieu,  règne  entre  nos  concitoyens  appar- 
tenant aux  diverses  communions  religieuses,  reposerait  sur  une  base  de  plus  en 
plus  solide. 

Qu'il  serait  consolant  de  voir  une  i»roposition  de  ce  genre,  si  vraimeni 
libérale  et  pacifique,  proposée  et  secondée  respectivement  par  des  membres  de 
l'Eglise  d'Angleterre  et  de  l'Eglise  Catholique  Komaine,  et  obtenant  un  i)lciii 
succès  par  l'appui  unanime  de  tout  les  hommes  polit iqiies  que  les  préjugés  re- 
ligieux ou  irréligieixx  n'aveuglent  point!  Le  monde  civilisé  a]iplaudirait  à  la 
sagesse  et  à  la  largeur  de  vues  de  notre  gouvernement.  ? 

Cette  expression  d'opinion,  venue  d'un  protestant,  emprunte  aux  circons- 
tances actuelles  un  <'aractère  i)articulier. 

La  question  en  Jeu  est  très  grave.  Elle  implique  nos  droits  civils,  les  pai- 
ties  essentielles  de  notre  législation  <ît  la  Constitution  même. 

Quoiqu'il  en  soit  de  tout  cela,  nous  devons  nous  réjouir  de  voir  des  pro- 
testants reconnaître  et  alïirmer  ainsi  la  saine  doctrine,  lors(|ue  des  journaux 
comme  le  Herald  et  le  Free  Press,  refusant  de  rien  i'omi)rendre.  vont  jusqu'à  de- 
mander la  reconnaissance  du  mariage  purement  civil. 

DEUXIEME  DOCUMENT. 


Sans  préambule  je  rentrerai  dans  l'examen  de  ce  qui  m'a  peiné  le  plus 
dans  la  faculté  de  droit,  de  ce  que  j'ai  constaté  malheureusement  chez  nos  pro- 
fesseurs. Ils  ne  m'ont  pas  enseigné  ce  que  j'aurais  du.    >'  crois,   ai)preudre  dans 


—  1(5H  — 


mit'  UiiivtTKilt'  ciillioliciuf,  «Iuiin  imc  rcolc  «If  uni  n-liiiion.  Ils  ne  indul  \r,ifi  dit 
IcN  r-tcriifliH  priin'ipi's  du  droit.  Ils  in-  mOut  piis  doiiiu'  surtout  lu  vrritr  «atlio- 
licjuc  et  Ut'  n>'t)iit  piiN  priMiiuni  foiilrt'  It-s  t-rn-urs  iaodt>rut>s,  coiitri-  tf  (pif  uok 
«•odfH  t't  ut»trf  It'-Lrisliitiou  pcuvcut  avoir  tic  tl'-l'fitufux  ft  df  limx  i)ar  rappttrt 
aux  droits  ft  privili'irt's  tlf  uoirf  Sainif  liliflisf  Li-urs  i-ours  .sont  iiiufts,  et  ("fst 
fil  vaiu  tpif  Jf  rfuilltitti' uics  iitjtfs  |M)ur  y  flifri-hi-r  ii't  fnsi'ii.''Ufiufiit  lathttli- 
quf  si  iM''ffssuirt'  surtout  au  jt'unf  hoiiiiin'  .If  uy  trouvf  tpif  dfs  fXi)lifationN 
KfVviU's  de  la  lt)i,  tpif  tics  foimnt'utairfs,  tlfs  tt^xtfs  au  point  tlf  vue  df  l'analy- 
stï  fframmiitifalf  ft  tic  la  IVtiitlf  raist>n,  ft  fiitt)rf  sfiilfiiifut  dans  ft'  «pi'fllf  a  tic 
plus  Itoruô.  IMusifurs  t-rn-urs  positivfs  s'y  rfnitiiitrfiit  nifinf  ;  it'  tpii  y  hrillf 
surtout,  f'fst  uni'  al)stfntit)n  systt'iiiatitpif  tlf  iif  pas  nous  doiini-r  If  /tis/r  tm 
rinjnAe  sur  Ifs  institutit»ns  df  (Irt)it  t)u  ri']ylisf  vifiit  fii  ftmia.l  avfc  l'Mtat.  l)n 
t'ait  df  nous  d'hahilfs  prt)furt'urs,  dfs  avoi  ats  ussfz  i ■a|)al)lfs  ;  mais  (piant  i\  ibr- 
lUff  des  jurisfonsultfs  ft  dfs  li'yistfs  tlaiis  la  lorcf  du  mot.  tm  ny  rfiissit  pas 
bLUiuit)up,  l't  tm  m'  s't).iUpf  jkis  du  tt)ut  à  rie Vfr  df  sairt'N  Iftyislatc urs  ft  à  frt'-fr 
dfs  di-ffiisfurs,  dfs  avttfats  du  droit  t  utholitpif.  [•ourttint.  au  mt''tifr  df  prot-u- 
reur  ft  au  tfrre  à  tfriv  du  i»ftit  avt)iut.  ne  se  Ittiruf  |)as  rt''tutlf  du  tlrtiit.  Nous  ne 
somiufs  i)as  sfulfuifiit  dfs  mafliiiifs  pour  nifttrt'  fu  opi-ratioii  Ifs  statuts  cjUfls 
qu'ils  soifiit  df  ntis  i)arlfmfnts.  Avant  d'appliquer  ft  df  héiiflififr  soi-mènif  ft 
tlf  l'aire  prt)litfr  Ifs  autres  tlf  la  lt)i.  il  Tant  vttir  si  eette  loi  t.'st  Juste  ;  si  elle  est 
fU  foiit'ormitt^  a\ fe  la  lt)i  divine.  Il  iif  sullit  pas  v.  \£.  de  savoir  (ju'oa  peut  h'-ira- 
Ifiiifiit  ohtfuir  dfs  divt)ries,  et  la  pro  l'dure  i)t)iir  y  arriver,  il  me  l'aut  en 
reyard  appreiitlre  que  eetti;  lt)i  là  est  injuste  et  fausse,  et  (ju'iin  avotat  eatholi- 
que  lie  peut  en  toiiseieiice  tt)nlril)Uir  à  son  rtdictionnement  en  touseillaut  ses 
flieiits  et  soutenant  leurs  prftt'iitit)ns  rt''i)rtiuvt''fs  par  l'Eiçlisf.  Ah!  tout  le  mal- 
heur, t'est  que  l'Université  fst  nciilnr.  voilà  le  mot  laneé  ;  e'est  (jne  notre  Uni- 
versité lie  veut  ])as  se  montrer  fatholiipie,  elle  n'est  pas  même  toujours  une 
bonne  «hrétienne.  Son  but  n'est  pas  tant  de  l't)riner  <les  hommes  plublies  eatho- 
liques,  tiue  de  se  prêter  à  tous.  prt)testants  ou  tatholitpies,  de  servir  aux  uns  ou 
aux  autres  un  i)olaire  que  puisse  diii'érer  n'impt>rte  tpiel  estoina;',  sihisinatiquf, 
héréticjue  ou  orthotloxe.  On  la  trt)irait  Université  de  l'Ktat  qui  thez  nous  est 
mixttî.  Pour  être  une  Université  talholique,  elle  ne  l'est  ]ias  ;  e'est  évident 
pour  tout  homme  tpii  sait  et'  quf  t'est  qu'une  université,  qu'une  étolt^  tatholi- 
t|ue.  Laisst»r  passer  l'erreur  sans  mt^t  dire,  ne  pas  proilamer  et  enseigner  la  vé- 
rité, est-ce  là  te  que  fait  une  université  romaine  :•  Cependant,  voilà  notre  Uni- 
versité, iiidi1i"»''rfnte  pour  la  visité  lomine  pour  l'erreur,  ne  traitant  pour  ainsi 
dire  que  les  faits,  et  non  te  tjui  devrait  être  ;  ne  remontant  jamais  à  la  souree 
première  du  droit  t>t  ut?  nous  faisant  jamais  voir  le  soleil  de  l'éternelle  justiee 
i>t  la  lumière  de  la  vérité.  Pourquoi  tant  de  «ominentaires,  pourquoi  tant  de 
mots  '.  L'Université-Laval,  encore  une  fois,  est  neutre  en  théorie  et  en  pratique 
"Voilà  le  mal.  I^es  etï'ets,  les  toiiséquenees,  vous  savez  quels  ils  doivent  être,  et 
(juels  ils  sont. 


—  16S>  — 


r 


N't'Kt-rc  piiK  lumrtiml  diiiis  un  pays  mixte  (|u'ilN  faut  avoir  des  «''coIi'n  \  rai- 
nit'iil  tiitlioli(HU'K,  cl  non  des  (toIck  luixlcs  '  \À\.  ou  l'crn-tir  est  lil)r(',  lii  on  l'i-r- 
rt'ur  a  li'  droit  de  cilt'-,  n'est-ce  pas  là  surtout  (pic  la  vérité  doit  être  tMisciniiéc 
ferme  et  comi>iclc,  et  «pie  les  calholicpics  doivent  être  instruits  sur  ce  (pic 
demande  leur  l'iulise,  sur  leurs  droits  et  privilèires  l  Comment  voulez-voii^  i|uc 
nous,  avo'  ats,  jurisconsultes,  et  léyislaleurs,  évitions  de  toml»er  dans  l'erreur 
<(Ue  nous  déi'endions  nos  droits  de  catholi(pies,  (piand  notre  ])remière  inslilii- 
tion  reliLrieuse  ne  liens  les  enseigne  pas.  et  ne  nous  lait  pas  voir  les  movcns  de 
«lr(»it  cl  les  ressources  <(>nstitulionnelles  (pie  la  l'rovidence  a  Men  voulu  nicttr<' 
à  notre  disposition  ' 

Vous  connaisse/ la  constitution  de  notre  pays  :  il  se  réj^it  de  l'ait  i)ai  le-- 
propres  lois  de  son  parlement  H'déral  et  de  ses  léyislat lires  locales,  sous  le  pro- 
tectorat de  l'Anvrleterrc,  pour  ainsi  dire.  Nous  sommes,  à  vraiment  piirlei. 
Iil)res  chez  nous;  surtout  pour  le  droii  civil  et  pour  nos  lois  religieuses  Chez 
nous,  pas  d'Ejflise  protestante  comme  religion  d'Etat.  L'Etat  en  Caiiadii  est 
simplement  chrétien,  sans  être  méthodiste,  presbytérien  ou  anirliean.  Il  est  \  rfii 
siiissi  (pie  la  reliL^ion  cath()li(pie  n'est  pas  la  reliyion  d'I'jtat  ;  mais  elle  \  est 
parfaitement  libre,  de  par  les  capitulations  de  Québec  et  d(î  .Montréal,  de  i)ar  le 
traité  de  cession  du  pays  etc.  et--. 

A  nous  donc  catholicpies  de  nous  instruire  de  nos  droits  et  de  trin  iiillcv 
par  tous  le  moyens  coiistitutioniitds  à  les  maintenir  dans  l'administrai  ion  et 
dans  les  parlements  aussi  bien  (pie  disvaut  le  Judiciaire. 

A  Laval  compreiid-on  cela  t  Hélas  !  non.  Ou  ne  songe  pas  à  nous  iestei  de 
ces  grands  principes  immuabli^  qui  font  pouvoir  rencontrer  d'un  pMs  (crnie 
les  mille  idées  fausses  des  modernes  sur  le  droit,  sur  les  institutions  socid- 
les 

Maints  élèves  (piittent  l'Université  et  endossent  la  robe  de  l'avo  at  sans 
avoir  l'idée  de  ce  que  c'est  que  le  droit  :  pour  eux  ce  n'est  que  la  loi.  Il  n'v  i, 
pour  eux  que  le  texte  des  codes  et  des  statuts 

En  résumé  la  Fat.'ulté  de  droit  à  Laval,  telle  que  constituée  n'ensciii-ne  pa> 
le  droit  à  la  manière  catholi([ue,  n'apprend  i)as  à  ses  élèves  à  être  des  avo(  at,< 
catholiques  dans  l'interprétation,  le  maintien  et  la  défense  de  leurs  droits,  ne 
nnid  aucun  service  direc^i  à  l'Eglise  Catholi(iue  en  ce  pays.  Elle  n'est  pas  catho- 
lique. Ces  connu  du  reste  ;  notre  pauvre  Université- Laval  e.\7  «ew/re  imlifférfnlr 
en  matière  de  religion.  Loin  de  prémunir  ses  élèves  contre  les  ernuirs  (»t  li;s  fausses 
théories  du  droit  elle  leur  enseigne  mêm(^  ijuelquiîs  erreurs. 

Ce  document,  Erainentissimes  Seigneurs,  porte  les  signatures  de  cinq 
anciens  élèves  gradués  de  l'Université-Laval.  En  le  lisant  on  se  rappelle  invo- 
lontairement les  paroles  du  Prophète  Jérimie  :  ''  Parru/i  pdterunt  panent,  ef  non 
p.rat  qui  frana;ereA  eût.  " 


I 


—  170  — 

I/h  (Ifrliirutious  ci-dfssiis  de  CCS  anciens  lirtulncs  <lc  rUiiivcrsitc-Laval, 
soiil  coiilinuccs  par  les  extraits  suivants  dun  nu'Mnoiro  adressé  à  Son  l'Excel  Icn- 
c(>  Mii-r  Coiiroy  en  1S77  et  ([ui  Nous  a  été  coninmniqiié. 

TROISIEME  DOCUMENT. 


I/!v.'"lise  !)  toujours  maintenu  une  sau'e  disposition  due  au  l'apc  Pic  W. 
Dans  ces  derniers  temps,  Sa  Sainteté  l'ie  I  X  a  ajouté  la  profession  de  loi  aux 
doji'mes  de  l'Immaculée  ("ouc  eption  et  de  rinlaillihilité  du  Vicaire  du  Christ  ; 
prouve  nuiuii'este  (pie  Kome  n'a  jamais  cessé  flCxi^i  r  et  cxiu'e  eiK  ore  (ju.c  h's 
professeurs  des  universités  calliolicpies  soient  avant  tout  des  catholiques 
dévoués  à  riîu'lise  cl  à  Sou  ( 'lu-i'-Souverain. 

(.'ouseipu'mment  à  lu  profession  de  la  foi  catholi(|ue,  les  i)rofesseurs  des  dif- 
férentes facultés  doivent  l'nsciu'ner  th's  dodrii'  s  saines,  faire  en  sorte,  et  par 
leurs  /ft-iots  et  par  leurs  exemples  d'imprimer  les  maximes  de  la  ndiuion  et  dos 
bonnes  mœurs  dans  l'esprit  des  jeun. ■>  uens.  Us  doiveni  iiussi.  <liacun  dans  sa 
fa    uhé,  réfuter  les  ern'Urs    cl   les  systèmes  qui  tendent    à  UiU>'r  les  jeunes    «•■eus. 

Tout  ce  (pli  vient  d  t'tre  rai)porté.  a  nécessairement  trait  aux  universités 
eatholi([ues  de  l'univers  entier:  car  on  n'y  voit  demis  (pie  des  piincip(\s  uvné- 
raux  (pie  Rome,  dans  sa  grande  saii'osse,  a  <.i'ra\éscn  lelli'c  d'or  sur  le  front  ispii-c 
de  toutes  les  l'niversiti's  (h'  l'état  pontili.  al  Si  Ivoiue  s'est  toujours  montrée 
par  le  passé  si  riu'ide,  mais  toujours  si  orthodoxe  [lour  ses  propres  iiniver.sit,és, 
conihieii  '/  for/iori  doit-elle  se  moiitri'r  sou.  ieiise  de  linllexihilité  de  la  do -Irine 
di.'  toutes  les  universités  (jii  Mil"  éri^i'e  canonicpiemeiil. 

11  serait  peut  être  utile  d  ex[)oser  i  irhisloii(pie  des  jeunes  universités 
frant-aises,  uliu  de  montrer  comhien  elles  suni  en  hnii  point  la  lidele  reproduc- 
tion de  1  (■  (pli  se  l'ail  a  Uoine.  Lv's  universilcs  catlioli(pies  de  Louvain.  d'Aiiuers 
de  Lille  et  de  Taris  ne  laissent  pas  de  manher  sur  les  lnisi'es'des  universilcs 
romaiiu's,  et  en  » da  elle  ne  font  (jue  se  conformer  aux  sa^'es  prescriptions  de 
Rome  |>arlaiit  par  ses  paix's  et  .ses  conciles. 

('ond)iiii  loin  marche  en  arrière  de  ces  hclles  institutions  caiholi(pies  fran- 
çaises rUniversite-Laval  de  <^u.  Itec  !  ('(innne  on  s'y  montre  jx'U  jaloux  (l'etr(? 
comme  de  paraitre  catholiipie.  l/idi'c  première  (pu  présida  dans  l'oriianisaiion 
de  ri'niversité-jjaval  fut,  éminemment  libérale  ;  on  voulait  contenter  tout  le 
in()n(.h\  />ri)ti'st(i)/(s  loiinitr  fd/lio/ii/ms.  et  arriver  ainsi  à  attirer  le  plus  u'ran-  nom-, 
hre  d'élevés  possible.  <  )n  voulut  recruter  des  éleVes  à  tout  i)rix.  n'importe  la 
croyance,  l'our  y  arriver  plu'  .siirement.  on  crut  rationnel  de  nommer  cU's  pro- 
k'sseurs  héréticjues  et  frai»' .s-maçtins,  et  par  cette  lat  tupie,  on  cherchait  à  no 
coii'ilier  la  portion  |»rolestante  de  la  province  de  (Québec. 

Aussi  sur  lit)  professeurs  (pii  ont  paru  dans  les  dillérentes  chaires  des  faeul- 


—  171  — 

t(''s  (lt>  droit  l't  d.-  nit'div'iuo.  dopuis  la  ibiidiitiou  de  l'Fiiivcrsiu -Laval,  on  fomp- 
t(>  4  profcssiMirs  ln''n'ti([U('s  et;  IVaiirs-iiiavotTs,  c'est-à-dire,  près  d'un  sixienu».  La 
nioyeiuu'  par  auiuV  di's  élôvcs  protestants  pendant  la  même  période,  n'a  été  (pii' 
4  p:ir  1 0(1  ou  à  i)eu  près  //// élève  ])rotestant  par /'///yV-r///^  catholiques  :  preuve 
(|Ui'  l'importance  (ju'on  donna  alors  à  l'introduction  de  proTesseurs  hérétiques 
<lans  une  université  catholi(|ue.  n'avait  pas  sa  raison  d'être.  Je  ne  sa'  lie  pas 
«pril  l'ur  alors  (|UOKtion  de  tous  les  ini ojivénienls  (ju'il  y  avait  à  taire  de  scni- 
blahles  concessioiis  aux  prolestants  en  l'ace  d'une  population  très  croyante.  NLiis 
les  catholiques  sinicres.  à  la  tète  des  (juels  se  trouvait  en  masse  ie  Cleru'e  de  la 
province  de  (^uélu'c.  ont  de  suite  éprouvé  de  graves  in([uiétudes  sur  l'i'nseiy-ne- 
ment  «[lie  recevait  la  jenne-^se.  de  ces  maîtres  daiiu'ereux  ;  et  aujourd'hui  le  libé- 
ralisme s'est  allié  au  protestantisme  j'our  envahir  les  chaires  universitaires.  11 
u'i'st  pas  de  véritable  catlioliipie  (jni  exp(»siit  la  i'oi  des  siens,  en  les  soumettant 
à  un  contrôle  aussi  hétéroufène  (piil  est  hétérodoxe  et  que  l'I'li^'lise  réprouve. 

Le  l'rot'esseiir  Lanirelier  est  l'avociit-né  de  rii(lliif'ncr-iii(liir  clirintlr,  vi  \\  est 
le  premier  cjui  au  Canada  ait  eu  l'i  Ice  de  contester  une  élection  sur  le  i»rin- 
cipe  de  riniluence  indue  du  Cleiu'é  II  ma  l'ait  en  <'ela  du  reste  (jue  mettre  en 
praliqtie  un  enseiii'iieinent  aussi  peu  c!ith(^li(|ue  dans  les  cours  (ju'il  donne  à 
riiiivcrsité  Le  professeur  l'"lynn  à  peine  nommé  à  la  chaire  de  droii-romaiii. 
conteslail  à  l'instar  di'  son  confren-  et  ami  M.  Lanj^'elii'r.  et  pour  son  propre 
«■oinpte.  l'éleclion  di'  l'IIonorahle  M.  b'ortin  dans  (îaspé,  sur  le  i»rincipe  de 
l' iiilliifiUT  iiinhuinr  ilii  fn'i'tfp  dans  les  élections. 

Lii  l'acldlé  de  médecine  compte  s  prot'esseiirs  dont  deux  protestants  et  I 
libéraux. 

Dans  la  l'acuité  de  ihéolosfie  il  y  a  ô   chaires  a  tuelleine  it  en  pleine  orffaui- 

sation Trois  de  ces  Messiiuirs    ([)rétrc's)  sont  considérés  coi  Mue  les   coryphées 

<lu  libéralisme.  Ils  marchent  à  la  tèie  de  cette  petite  t'racti(»n  dn  ch'ru'é  de  (^Ui- 
biîc  (jui  s'intitule  "  lihirnl  ",  bi  presse  lihérale  et  impie  le  connait  dans  le  der- 
il'é  d'autres  soutiens,  et  un  journal  libéral  se  dil  insi)iré  par  (juel(|nes-tins  de 
res  messi(>urs  :  et  tout  cela  si'  voit  aussi  clairement    (|Ue  le  soleil  en  plcm    midi. 

Tels  sont  les  hoiames  (jui  ont  en  main  res[)oir  de  notre  nalionalité,  et  (iiii 
osiMit  (leman<ler  aux  c!itlioli(|nes  di-  leur  conlier  l'éduciition  de  letns  enlanls. 


i^l 


QUATRIEME  DOCUMENT. 

Dans  raut()iniie  de  1S77,  J'avais  l'honneur  de  soumettre  à  Son  Lxcelleiie.' 
Mur.  Conroy,  déléiriié  apostolicjiie  au  Canada,  un  "'Mémoire/'  concernant  l'ensei- 
iinenuMit  donné  à  l'Université-Laval.  .l'y  (h''non(,'ais  plusieurs  doctrine.s  erro- 
nées sorties  de  la  bouche  de  professeurs  protestants  dans  la  l'acuité  de  médecine, 
(''est  ainsi,  pour  ne  citer  qu'un  seul  fait  qtie  It!  professeur  de  ^)atllolo^•ie  inter- 
ne mettait  sur  le  comi)te  de  l'hystérie  les  extases  de  Sainte  Thérè,se.    Je  me  rap- 


—  172  — 


polit',  bien  qvio  douz«'  nuiu'cs  so  soient  écoulées  depuis  tette  éi)orjui'.  Icxpression 
(If  cet  insulteur  (l'uiic  des  plus  grandes  suintes  (pU'  l'Eglise  C'atholicpie  ait 
canoniséeH  :  "  La  plupart  de  ifs  visions,  extases,  ou  faits  merveilleux,  sont  du 
"  domaine  hystéritpu'.  " 

Un  autre  tait.  C'était  à  rilopital  tle  la  marine,  dans  uiu'  petite  chambre  où 
l'on  <;ardait  alors  les  Jeunes  lilles  perdues  ei  criminelles,  nous  étions  ciu«|  élèves 
suivant  1»^  cours  de  i  iiuicpie  du  professeur  Jackson,  encore  un  protestant.  Il  y 
avait  dans  cette  chanil)rette  un  j)eiit  tableau  île  la  '  V"ieri>e  au  raisin"  accroché 
à  la  muraille  (!e  professeur  trouva  moyen  de  faire  des  <jort>e,s-chaudes  sur  cette 
imaire  cpi'il  «onsidérait  comme  une  invention  ridii  nie  de  la  part  des  catholi- 
(pies  et  (pli  prouvait  leur  idolâtrie 

Dans  ce  "  mémoire  je  sii^nalais  bien  d'autres  points  où  l'enseij^nement 
universitaire  à  Laval  vient  en  contradiction  directe  avec  lu  théorie  de  lensei- 
irnement  universitaire  cathuliipie 

l'ermettez-uuu  cepeiulanl  de  vnus  dire  (pu*  d  après  mes  connaissances  ]>er- 
MBUell^s,  )»'  ne  voudrais  piu-  conlier   mes  enrant>  a   11  iiive"-sitc-Laval,   pour  en 

rniwoir  renseignement .la.  étudie  ;»eudaiii  plus  de  irois  ans  à  ITiiiver- 

sit.é-Laval.  <-t  durant  te  latps  de  lenips.  |  aj  étaiài  ,  ■^xaïuiné  di'  ]ircs  l'esprit  <jui 
reirne  dans  cette  instilurion.  et  T'injoun»  j'ai  iwuwlaaé  (pie  cet  esprit  était  "///>>'- 
ritl  "  ihtn^  If  ^f'ns  inttiivnis  du  mot,  Htaiin,  ifm*:  en  .  >•  <pi"(n»  y  i*»*r«-f<-utait  ceux  (pii  ne 
pensaient  pa>  'omme  MM.  les  pruiesseurs  sur  lit--*  ^iirstioii»  relii.vi«M:i.scs  cl  socia- 
les   •  )«  y  conspuait  les   UK    l'IV  J-^uif<-^  eic    etc. 

J»'  ne  pul^  ipie    toucher  du   doiii'i    -es   ditrcremitiM  iMlMfe»  4)|Ki  11  me  serair  Ins 
ian-ïl      I-    •"•«Miver    Mais  V.  (.1.  en  a  siiliisamm-^'iii.  je 'Tois,  itieartiu  Elle  Mt*it  t'diUée 
un  ■  uuivt'rsité  'pli  «i*^'i>ni.s  -  i    luiidaiion  u  u  .•«*ss.    ie   proniT   les 


I  • 


iic-    •!  .-n    pari.clies  et  en    «étions    (jUi    se  larii'Ue    d  »'tre    iWrai»'.    et  (jtli 
orjdluia»-»'  du   cl^rr»-  de     .i    ,>ro\  im«'»'  «^  <l»*  lotis  les  la.tjuf*  (pli  n'ont 


i  ftr  «r«iiur;s  jftmr  W^  1 1 1 


.  ~p 


m 


11- 


meut  resix'c- 
<MiUU  person- 
bMii»  d'autres 
.e  cela  n'est 


dix      ,      .  ;iar  ■'*--»    jH-rNciiues   'N. 

►  ^   ti»l  "t    «jUl   1»^  p«»rlenr    .yf,^  d*"  •»'    (pi  t'iif H 

IT1-.    h-    l'îiniii*ni  >  -  >ci-ii(Mirs,  en 

les  et  aiiss'  diiffut^  A»'  coniiani  ••  mais  nous  i 
pas  nw-mmmàrv.  Ce  qui  précwde  mvUt  (»*»ur  deraw+ntrer  (pie  ITaiversité-Laval  n'a 
JM8  féf«»(iu  aux  espérances  leirwiiBiHS  (pte  le  ■hivifé  et  les  witholi(pies  les  1)1un 
ÔtÈB^  la  province  avaient  r«"j)oHées  en  elle.  Les  professeurs  compromis  aux 
l«  piys  par  leurs  id*>ctriues  et  leur  conduite  (pi  (die  ;i  persisté  à 
ieurs  t'hair.'s,  maigre  les  réclamalions  des  év('(jues  et  les  plaintes 
t»t  des  meilleurs  (tathailupies.  les  etTciirs  libérales  dont  plusieurs  de 
•*t  na+'me  prêtres  .•^ont  infatués,  l'impuissance  où  sont  les 
(j  iirftupm  nfa'  c^MMMftv  >*tfica(  ••m«'ni    les  professeurs  et    l'enseiifnenieut  défectueux 


—  178  — 

de  cetto  institution,  t^xpliqu'""  suffiuainment  re  fait  étranyï'  que  Nous  avons  si- 
R-nalc  dans  Notre  Mémoin>,  à  savoir  :  que  l'Université-Laval  a  perdu  la  confian- 
ce et  les  sympathies  de  la  ^Tande  majorité  du  elergé  et  des  catholiques  les  plus 
éclairés  :  et  qu'en  compensatioi.  elle  a  aujourd'hui  poiir  elle  les  sympathies  des 
libéraux,  des  rraucs-inayons  et  des  protestants. 

Voilà  Eminentissimes  Seigneurs,  ce  que  je  crois  être  la  principale  cause  du 
mal  et  des  troubles  (jui  surgissent  dans  la  province  de  Québec.  Je  l'ai  exposé 
ai;  meilleur  de  ma  <onscienie,  en  de  pénibles  et  douloureuses  circonstances. 
Veuillez  maintenant  l'étudier  avec  patienc'c  et  bonté  et  indiquer  au  Médecin 
Sixprêm<'  le  remode  le  plu.s  propre  à  les  guérir  et  à  rtMidre  à  Notre  chère  Eglise 
du  ('anada,  la  paix  dont  elle  ressent  .si  vivement  le  besoin  et  qu'elle  désire  sin- 
cèremenl. 

Le  tout  humblement  soumis. 

Rome,  le  1''  mars  1882. 

t  L.  V,  Va.  dks  Trois-Kiviereh. 
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A.   SOnsr    EIMIIITEITOE 


LE  CARDINAL  SIMLONI 


PREFET  DE  U  S.  CONGREGATION  DE  U  PROPAGANDE 


Eminenlissiiiie  Seij^neur. 

Ou  m'objectera  peut-être  que  je  ne  spécifie  pas  assez  les  faits  particuliers 
dans  le  Mémoin;  que  j'ai  eu  l'houneur  d'adresser  aux  Emiiientissimes  Cardi- 
naux de  la  Sacrée-Congrégation  de  la  Propagande  sur  les  difficultés  religieuses 
du  Canada,  en  réfutant 'les  accusations  portées  devant  le  Saint-Siège,  contre  les 
évè(iues,  contr((  le  clergé  et  contre  certains  catholiques  de  la  province  de  Qué- 
bec au  sujet  des  atfaires  politiques.  C'est  vrai  :  mais  aussi  je  dois  dire  que  ce 
n'est  point  ma  faute,  puis  que  j'ignore  les  faits  inciii.wués  sur  lesquels  reposent 
ces  accusations  et  les  preuves  sur  lesquelles  on  prétend  les  appuyer. 

Quatre  documents  émanés  du  Saint-Siège,  nous  font  connaitre  que  des  a«- 
cusations  out  été  portées  devant  cette  auguste  tribunal,  1*^  contre  les  évoques, 
2°  contre  le  clergé,  3*^  contre  un  certain  suffragant,  4^  contre  certains  membres 
du  corps  sé(;ulier,  au  sujet  des  affaires  politiques. 

Cependant  ces  ai-cusés  se  croient  innocents,  ils  sont  convaincus  que  ces 
accusations  sont  mal  fondées.  Ils  n'hésitent  pas  à  dire  que  hiur  conduite  dans 
ces  aifaires,  et  notamment  dans  les  éhulions  politiques,  a  été  conforme  aux 
i>rescriptions  de  l'autorité  religieuse.  C'est  pourtaioi  ils  ont  déjà  demandé,  et 
ils  demandent  encore  une  enquête  complète  sur  les  faits  dont  on  les  accuse, 
afin  d'en  faire  voir  les  exagérations  et  la  fausseté,  et  de  se  justifier  devant  le 
Saint-Siège. 

I''  Le  premier  de  ces  documents  est  une  lettre  de  Son  Eminence  le  cardi- 
nal Franchi,  préfet  de  la  Sacrée-Congrégation  de  la  Propagande,  à  Mgr.  l'Ar- 
chevc(iue  dt  Québec,  en  date  du  18  mai  187G.  Dans  cette  lettre  il  est  dit  que 
différents  personnages  ont  l'ait  des  rapports  à  la  Sacrée-Congrégation  de  la  Pro- 
pagande, ttMidant  ù  y  l'aire  croire  que  le  clergé  de  la  province  <;omprommettait 
l'avenir  de  l'Eglise  du  Canada  par  son  intervention  dans  les  élections  politi- 
ques. 


17Ô 


IjOS  ('-vj^quos  ont  n'ilainr  de  suit»'  contro  uno  toUo  asKortion,  i^n  (h''<larant 
dans  une  suppli<iixe  au  Sainl-lV-n'  que  la  Conirn-g'ution  avait  <'•(('•  induite  en 
crrcMir  par  d*'s  hommes  qui  se  tenaient  cachés  dans  l'omlm'  pour  porter  une 
acfusatioiî  aussi  odi«Hise  contre  le  clergé  de  toute  une  province  qui,  gràct'  à 
Dieu,  était  fidèle  à  son  devoir. 

L'Archevé(iue  de  Québec  lui-même  s'est  plaint  dans  une  lettre  au  cardinal 
Fran<'hi  de  ce  que  S.  lini.  lui  laissait  ignon'r  complètement,  la  nature  sfimule  di's 
accusations  portées  contr.»  le  cdergc. 

De  mon  côté,  j'en  ai  demandé  à  S.  Em.  la  <'onnnunication  ;  mais  je  n'ai  pu 
l'obtenir 

2"  Le  deuxième  document  sont  les  instructions  du  Saint-Ollice  données  à 
Mgr.  Conroy,  délégué  au  Canada,  et  datées  de  la  même  année. 

Il  y  est  dit  que  la  cause  de  si  graves  inconvénients  se  trouv<>  dans  la  tlivi- 
sion  (feu  évp!ques  entr'eu.r,  tant  au  sujet  de  la  (juestion  politicjue  ([u'au  sujet  d'au- 
tres qxu^stions  qui  s'agitent  au  Canada  :  et  aussi  dans  la  tro/t  ij^rutit/t;  in'^xrmce  du 
rlerixé  dans  les  affaires  /lolitùiues  sans  se  soucier  assez  de  la  prudence  puslorale. 

Ainsi,  l'épiscopat  et  le  clergé  de  la  province  de  Québec  on)  été  acctisés 
d'être  la  cause  des  troubles  qui  agitent  h's  esprits,  divisent  les  catholiques  et 
compromettent  les  intérêts  de  l'Eglise  du  Canada. 

Ces  instructions  du  fcîaint-Ollice  étaient  d'une  nature  conlidentielle  :  les 
évêques  eux-mêmes  ne  les  ont  connues  q\uï  plus  tard.  Cependant,  aussitôt  que 
j'ai  pu  en  prendre  connaissance,  jt;  me  suis  l'ait  un  devoir  de  i)rotester  <ontre  de 
telles  aiH'Usations  dans  une  lettre  que  j'ai  l'ait  ri'niettre  à  Votre  Eniinence  par 
Mgrs  les  évoques  d'Ottawa  et  de  Saint-Hyacinthe  lors  de  U-ur  visite  ad  limina 
en  187S. 

3*^  Le  troisième  document  est  la  lettre  de  V.  Lm.  à  Mgr.  l'Archevêque  de 
Québec,  en  date  du  13  septembre  1S81,  dans  laquelle  il  est  dit  qu'il  est  venu  à 
la  connaissance  de  la  S.  C.  de  la  IVopagand»î  que  certains  membres  du  clergé  et 
du  corps  séculier  de  la  province  continuenf  à  s'ingérer  trop  dans  les  élections 
politiques,  en  se  servant  soit  de  la  chaire,  soit  di's  journaux  et  autres  publica- 
tions ;  et  (jue  certain  siijl'ra^-ant  cherche  actuellement  à  recourir  au  i'arlement  pour 
faire  modifier  la  loi  des  éh'itions  relativement  à  l'inlluence  dite  iiulue. 

Or,  cette  nouvelle  accusation,  à  l'adresse  des  membres  du  clergé  et  des 
laïques  les  plus  respectables  t-l  h-s  plus  sincèrement  dévoués  à  la  dctense  des 
intérêts  religieux  de  la  pr<>\ince,  et  à  l'adresse  d'iiu  évêque  qui  se  trouvait  par 
là  aussi  clairement  désigné  que  s'il  eut  été  nommé,  est  aussi  mal  l'ouilée  que 
les  précédentes.  Mais  cette  l'ois  elle  n'est  pas  demeurée  dans  le  secret  des  chan- 
celleries êpiscopales,  où  elle  pouvait  être  connue  sans  trop  d'incojivénients  : 
elle  a  été  publiée  olficiellement  par  ordre  de  M.gr.  l' Arche vc<|Uf  de  Québec  dans 
la  presse  du  pays,  ainsi  (pic  les  instructions  conlidenticlles  données  à  Mgr. 
Conroy 


170 


V.  lîm.  peut  «lilli'  iliMui'iit  se  la  ire  une  idiV  de  rôtonnonitMit.  i^t  do  la  pôiii- 
)>lt'  st'ii^iitioii  proiliiitc  diius  la  [)r()viiiit'  ciiticrt'.  tant  dans  lo  clcrjtv  (pi«>  »hes! 
lt>s  laKuics,  pur  la  publication  di'  cfs  accusatious  ;  et  de  la  joio  au  contrairo  qui 
«''data  dans  k>  camp  des  advoTisaircs  «le  l'Iij^listi  et  du  clcrgc  :  surtout  dans  uu 
temps  où  tout  était  dans  le  <'alme  depuis  longtemps,  puisque  les  dernières  élec- 
tions avaient  eu  lieu  eu  1878. 

4'^  Le  «juatrième  document  enfin,  est  la  lettre  do  V.  lîm.  à  Mgr.  l'Archevè- 
que  de  (Québec,  en  date  du  81  décembre  dernier,  dans  laquolle  il  est  dit  que  le 
Saint-l'ère  a  ai)pris  avec  déplaisir  (lue  certains  catholiiiues  cherchent  encore  fi  fo- 
menter '/cf  ftisscnsionx.  soit  par  rap[)ort  à  l'ingéronco  indue  dans  les  élections  pf)li- 
tiqnos,  soit  par  rapport  à  la  sju'cursale  do  l'Université  Laval  à  Montréal. 

Des  lettres  reçues  derniertnueut  du  Canada,  écrites  par  les  personnes  les 
plus  digne  de  loi,  déclarent  que  cette  nouvelle  accusation  n'est  j>as  j)i)is  ibndée 
que  les  précédentes.  V.  Em.  a  pu  voir  par  les  journaux  quelle  excitation  elle  a 
prodiiit»^  dans  toute  la  province  et  à  quels  actes  sévères  d'autorité  Mgr.  IWr- 
chevé(iue  et  l'Iilvèque  de  Montréal  ont  dû  recourir  pour  arrêter  les  protestation.s 
j)nbliques  dans  la  presse,  et  les  supi)li(]ues  au  yaint-l'èro. 

Pour  ma  part,  Eminontissiiue  Seigneur,  Je  suis  convaincu  que  ces  accusa- 
tions sont  mal  fondées  ;  qu'elles  sont  exagérées,  erronées  et  même  entièrement 
fausses,  comme  je  l'ai  l'onstaté  pour  quel(ju«»s  faits  qui  sont  à  ma  connaissance 
personnelle. 

Au  dire  de  ces  accusateurs  ce  ne  sont  point  les  libéraux,  ni  les  francs- 
maçons  et  autres  ennemis  de  l'iilglise  (jui  sont  la  cause  des  troubles  et  de  lagi- 
tirrtion  qui  divisent  le  catholiques  di'  la  i)rovince  do  Québec!  Mais  ce  sont  les 
évoques  et  le  clergé  !  V.  Em.  le  voit,  l'histoire  se  répète.  On  veut  gêner  la  lib«'r- 
té  de  l'Eglise,  lui  enlever  ses  droits  et  ses  privilèges,  on  attaque  sa  doctrine  de 
toute  manière  ;  et  parce  que  ses  Piustours  et  ses  plus  dévoués  enfants  résistent 
«ouragousoment  à  ses  uttaiiues  injustes,  et  la  défendent  avec  nn  7À'\o  qui  a  méri- 
té les  éloges  de  Pic  IX  en  187<),  ces  adversaires  les  a<'cusent  d'être  les  auteurs 
dos  troubles  ! 

Ne  serait-il  pas  tomiis,  ICmineiitissime  Soigneur,  do  mettre  un  terme  à 
toutes  ces  accusations  malveillantes  et  intéressées,  en  les  mettant  à  nû  par  une 
(  nquêto  sérieuse,  impartiale  et  prudente  ?  Dans  mou  humble  opinion,  c'est  le 
moyen  le  plus  propre  à  faire  la  lumière  sur  ces  accusations  j^ortées  dans  l'om- 
bre ;  à  rétablir  la  coulianco,  la  concorde  et  la  paix  :  Justitia  et  jntx  oscutaiœ  sunt. 

En  attendant,  on  pourrait  approcher  du  même  but  et  peut-être  l'atteindre 
par  l'examen  contradictoire  don  faits  particu/iers  sur  lesquels  sont  basées  ces  accu- 
sations. Les  accusés  ont  le  droit  de  connaitre  ce  dont  on  les  accuse  et  les  faits 
s/iécini/x  (|u'on  leur  reproche.  Ils  ont  également  le  droit  d'être  entendus  pour 
leur  défense  et  do  se  justifier  s'ils  sont  accusés  iiijustement. 


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p:- 


—  177  — 

.To  prie  dont-  Votre  Kmiiicuce  de  me  comnuiniqner  tous  och  faits  spéciaux 
sur  lesquels  reposent  ces  accusations,  et  leurs  preuves,  afin  que  je  puisse  en 
(•ontrôler  l'exactitude  et  la  vérité.  Ce  n'est  pas  sans  raison  que  je  fais  cette 
demande  :  car  je  sais  que  quelques  uns  de  ces  faits  sont  absolu menf  faux. 

C'est  ce  que  demandait  Mjçr  l'Archevêque  de  ^Québec  en  1876,  quand  il  me 
disait  dans  une  lettre  : 

"  J'ai  écrit  à  Son  Kminence  le  cardinal  Frautdii  pour  me  plaindre  de  ce 
"  qu'il  me  laissait  v^norer  complètement  la  nature  spéciale  des  accusations  por- 
"  tées  contre  le  clergé.  Je  lui  disais  entr'autres  choses  :  "  Quantacumque  sit 
"  auctoritas  eorum  à  quibus  redamationes  factic  tuerint,  inaudili  mm  smnus  con- 
"  demnamli.  Nos  autem  defendere  non  poterimus  quamdiu  illai  accusationes  in 
"  specie  nos  latuerint.  " 

Aujourd'hui,  l'honneur  et  l'inlluence  des  évéques,  du  clergé,  et  des  catholi- 
ques qui  les  ont  soutenus  se  trouvent  gravement  «;ompromis  dans  toute  la  pro- 
vince par  la  publicité  donnée  à  ces  accusations,  évidemment  contre  l'intention 
du  Saint-Siège.  Le  prestige  même  de  la  Sacrée  Congrégation  en  ressent  une 
pénible  atteinte  ! 

La  justice  réclame  donc  que  l'on  donne  à  (;es  accusés  le  moyen  de  se  défen- 
dre et  de  se  justilier  devant  votre  auguste  tribunal. 

Le  Saint-Siège,  sans  doute,  ne  manquera  pas  dans  sa  sagesse  de  décider  ce 
qu'il  y  a  de  plus  juste  et  de  plus  propre  à  rétablir  la  confiance,  la  concorde  et  la 
paix. 

Dans  l'espoir  que  Votre  Emiiience  fera  droit  à  une  aussi  juste  demande,  je 
la  prie  d'agréer  l'assurance  de  ma  plus  haute  considération  et  de  me  croire. 

Kome,  le  24  mars  1882. 

Hon  très  humble  et  tout  dévoué  serviteur, 

L.  F.  Ev.  DES  Trois-  liiviÈRES. 


N 


—  178  — 

LETTRE  AU  CARDINAL  SIMEONI, 


ROME.    -2/.    AVRIL    1882. 


■fi.  'S'en  E7ni->ie-^o:'e  le  '^  '  f'Jii-'ii'  <SV>2,''o->i^  (t'-^'éfei   le 
'te  la  Cpi\)f:o,!^-a7ih:. 


r  S. 


Eminentissime  Seigneur, 

Dinis  uno  li'ttro  du  24  Mars  dtMiiù'r.  jo  priai.s  V.  K.  de  me  donner  tommw- 
nication  des  fai/s  s/ién'nu.r  sur  lesquels  reposeiil  les  atcusations  portées  contre  les 
EvtMjues,  le  Cleruré  et  certains  calholi(|Ues  de  la  Province  de  Quéln'c,  »'t  men- 
tionnées dans  votre  lettre  du  !•'?  Septembre  1^81.  à  Myr.  l'Archevétjue  de  Qué- 
bi'c.  Imitant  vonu  à  Itome  surtout  i)our  répondre  à  c(>s  aceusations,  je  ne  i)uis  le 
faire  aussi  complètement  (iut>  jf  le  désirerais,  sans  la  connaissance  de  ces    faits. 

Dans  l'audience  de  conné  (pie  le  St-lV-re  a  daiiiiié  m'accorder  hier  au  soir, 
Sa  Sainteté  m'a  dit  qu'Elit'  ferait  examiner  le  Ménntire  que  j'ai  eu  l'honneur  de 
remettre  à  Votre  Itlmiiu'nce  sur  li  s  ditliciiltés  reliL'"it'ixses  du  Canada,  dans  lerpiel 
j'ai  répondu  a  ics  accusations  autant  que  je  le  pouvais  faire  sans  la  connaissan- 
ce de  ces  iails.  Mais  dans  l'examen  (jue  le  S.  IV-re  fera  faire  de  d's  documents, 
je  tiens  à  répondre  catéirori<[ii('meiit  à  toules  ces  accusations  que  je  crois  nud 
fondées,  et  à  Jiistiiier  la  conduite  de  ceux  qui  en  sont  l'ol)jet.  En  consécjuence, 
je  prie  de  nouveau  V.  E.  de  me  faire  coniuiitre  ces  /W</.s  sjn'ann.v  <jui  servent  de 
base  à  c(>s  accusations  :  car  ji>  n'ai  i)as  eU' or"  ret/u  de  réponse  à  la  demande  quo 
j'en  avais  faite  dans  le  mois  dernier. 

.l'ai  de  même  réimndu  à  l'a  cusatioa  portée  contre  un  irrlititi  sn(frti>jc'int  an 
sujet  de  la  demande  de  modilication  de  la  loi  de  l'inlluence  indue  mentionnée 
dans  la  même  lettre  de  V.  K.  du  \-\  S.'iilembre  1S81,  à  Mii'r  l'Archevêque  de 
Québec.  Tout  le  mon<le  a  compris  (jne  ce  sudVaifant  était  riîvèque  des  Trois- 
Itivières,  \)arce  ([u'il  ctail  le  seul  qui  s'était  occupé  de  cette  (piestion  dans  le 
sens  indicpié. 

Comme  la  publicalion  de  cette  accusation  dans  la  presse  a  fait  peser  sur  ce 
Prélat  un  blâme  immérité  et    fort  domma<reable.  je  prie  V.  E.   de  me  din»    1^  Si 


c'est  véritabli'ment 


ve(|Ut'  <l 


rois 


Hivi( 


rt's   (lui  est  l'isé  dans  cette   accusa- 


tion 


2^'  Si  V.  E.  le  croit  encore  coupable  du  Juif  mendonnv  en  sa   lettre,   après  la 
lation  qui  l'U  a  été  faitt>  dans  le  Mémoire  (jue  je  vous  ai  remis. 
En  attendant  avi'c  lonliance  une  réponse  à  d'aussi  justes  demandes,  je  prie 


V.  E  d'airréer  l'assurance  de  mon  profond  respect  et  de  me  croire 


Son  très 


hum 


ble  et  tout  dévoue  Serviteur. 


►p  L.  F.  Ev.  mes  Tiiois-RiviKKE!" 


REPONSE 


AUX 


CONCERNANT   LE 


MEMOIRE  DE  IJEVEQUE  DES  TROIS-RIVIERES 


SUR  LES  DIFFICULTES  RELIGIEUSES  EN  CANADA. 


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23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  14580 

(716)  872-4503 


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EXPOSE 

DE  LA  CORRESPONDANCE  ÇUI  A  SUIVI  LE  MEMOIRE 


Kï 


ETRANGE  CONDUITE  DE  l'ARCHEVEOUE  DE  OUEBRC  ET  DE  L'UNIVERSITE 


A  i;egaki)  de  ce  document  ? 


\ 


Le  premier  de  Juin  dernier,  quatre  jours  seulement  après  mon  retour  de 
Rome  en  mon  Diocèse,  Mr.  le  Grand-Vicaire  Cyrille  Légaré,  de  Québec  m'adres- 
sait une  lettre  dans  laquelle  il  me  demandait  au  nom  de  ses  confrères  de  l'Ar- 
<hevèché,  et  sur  lavis  de  l'Archevêque,  en  vertu  de  Ujmdœ  et  d'un  droit  rigou- 
reux, compte  de  (x^rtaines  paroles  contenues  dans  l'Appendice  de  mon  Mémoire 
qu'il  avait  déjà  entre  les  mains. 

Voici  cette  lettre  : 


LETTRE    DU    T.    1{.    Me8.   LEGAKE,    V.    G.    DE   L'ARCHIDI0(^E8E   DE 

QUEBEC  A  M(JR  LAFLECHE. 


A  So  Clrnndeiir  Mirr  L.   F.  Lnflèrhe, 

Evàptu  f/e^  Trois-  Ritières. 


Québec.  1er  .Tui.\  1882 


MoNMElONErU, 

Dans  un  -Apfwmliœ-  que  Votre  Grandeur  a  publié  à  Rome  et  qu'elle  a  aiou- 
te  a  son  ^'iMémoire  sur  /es  di//icultés  religieuses  en  Canada''  on  lit  la  phrase  suivante; 

''Nous  croyons  enraiement  que  Cinfineuce  des  prêtres  libéraux  de  V Archevêché  et  de 
VUnwersité  Laval  contribue  beaucoup  ù  entretenir  Mgr  V Archevêque  dcm,  cette  timidité  et 
reUe  condescendance  si  fnéjudiciable  à  l'Eglise.^'  Pag-e  22. 


—  180  — 

Au  nom  de  mes  coiilrcrcs  de  rAr(heA'"ê(hé  *>(  sur  l'avis  do  8.  G.  Myr.  l'Ar- 
chevêque, je  sollicite  auprès  de  Votre  Grandeur  la  permission  de  Lui  demander. 

l'^  Quels  sont  les  prêtres  libéraux  de  l'Anhevêché  désignés  dans  "  /'A/tpm- 
flire  "  ? 

2"  Quelle  note  Votre  Graudeixr  attache-t-elle  à  ee  mot  de  ''libéraux'  '.  Evi- 
demment cette  ([ualilication  est  accusatrice. 

's 

8*^  Sur  quelles  paroles,  quels  actes,  (juds  écrits  ou  quels  faits,  Votre  Gran- 
deur s'appuie-t-elle  pour  dénoncer  comm*^  lihvmnx  ces  prêtres  de  l'Archevêché  :" 

Eu  justice,  Monseigueur,  uovis  croyons  avoir  un  droit  ligoureux  à  recevoir 
des  explications  de  Votre  Grandeur  sur  toutes  ces  questions.  Noiis  osons  don<' 
espérer  qu'Elle  voudra  bien  nous  h's  donner  pour  notre  iiropre  satisfaction  et 
celle  du  public. 

.T'ai  l'honneur  d"ctr(>, 

Monseigneur, 

De  Votic  Grandeur 

le  très  respectueux  serviteur. 

CvKiLLi':  li.  Lkoaiîk.  V.  G. 

On  voit  de  prime-abord  qu'au  lieu  de  sint;  n-sser  à  la  cause  générale  de 
l'Efflise  du  Canada,  et  à  la  pcnil)le  situation  faite  au  «dergé  et  aux  lidèles  de  la 
Province,  on  travailla  immédiatement  à  Québec  à  ramener  les  graves  questions 
qui  faisaient  l'objet  de  ce  Mémoire  aux  étroites  <limensions  d'une  ali'aire  per- 
sonnelle. 

Gette  lettre  était  pins  (pi't  tranu-e. 

(3n  est  étonné  d'y  voir  un  Grand-Vicaire  citi'r  à  son  tribunal  un  Evêque, 
pour  lui  faire  rendre  compte  des  informafions  (jue  la  charge  pastorale  l'oblige  à 
communiquer  au  8t.  8ièg-^,  et  donner  pour  motif  de  sa  prétention  xa  aalhfadwn 
pro}rre  et  celle  du  publie  !  ! 

Si  Mr.  le  Grand-Vicaire  avait  que]([ue  rédannition  à  faire  sur  certains  dé- 
tails du  Mémoire  ou  de  rAppendi<c.  et  même  sur  le  fond  de  ces  documents,  son 
chemin  était  tout  tracé,  c'était  de  s'adresser  à  Kome. 

Cette  lettre  parut  donc  tellement  contraire  luni  seulement  aux  règles  cano- 
niques, mais  aux  simples  convenances  que  la  réponse  du  silence  devait  être 
naturellement  la  plus  à  ])rop()s  en  aussi  triste  occ\irrence. 

II 


Un  peu  plus  tard,  le  10  Juillet,  l'Archevêque   de   Québec,  à   son   tour,  me 
prévenait,  qu'à  la   demande  du  l{ect»>ur  de  l'Uni versitê-Laval,   et  en  son  pro/ire 


—  181  — 

nom,  je  serais  appelé  an  mois  de  Sei)tenihre  suivaiil  à  répondre,  devant  le  Con- 
seil de  liante  8nrveillance  de  rU)Uversité,  des  acrnsations  portées  dans  mon 
"IVIémoire  snr  les  diflieultés  religienses  en  Canada"  contre  renseignement 
universitaire,  et  spécialement  contre  l'enseignement  théologique  donné  dans 
son  Séminaire  diocésain,  et  qu'en  conséquence  je  devais  préparer  pour  cette 
époque  la  production  de  mes  preuves  et  de  mes  témoins. 

Ci-suivent  les  lettres  de  l'Archevèciue  et  du  Recteur  reprodixites  in    crfensih 

II 

LETTUK  J)]-:  M(}K  L'ARCIIKVEQUI^  1>K  QUl^BKC   A  M.-u  LAFLECllE. 


QuEHEi'.  10  JriiJ.Kï  1882 


M<rr  L-   F.    Lajià-he, 

l'JiH'r/itr  dca  Trois- Ririèrrs. 


MoNsKKiNKl'H, 

Avec  la  présente  j'adiesse  à  V.  G.  la  copie  d'une  lettre  du  Kecteur  de  l'Uni- 
versité Laval  concernant  les  accusations  portées  par  V.  Gr.  contre  l'enseignement 
de  cette  Institution,  dans  le  mémoire  présenté  par  V.  G.  aux  cardinaux  de  la 
Propagande,  le  1  Mars  dernier,  et  dans  l'appendi^-e  à  ce  mémoire. 

Comme  ces  accusations  attaquent  spécialement  l'enseignement  théologique 
donné  dans  mon  séminaire  diocésain,  j'ai  aussi  droit  de  savoir  sur  quelles  preu- 
ves elles  sont  basées. 

Quoique  je  doive  présumer  que  V.  G.  ne  les  a  pas  formulées  sans  avoir 
toutes  prêtes  les  preuves  de  ces  allégués,  je  crois  cependant  devoir  prévenir  V. 
G.  <itie  cette  cause  sera  portée,  au  mois  de  Septembre  proiiiain,  devant  le  con- 
seil supérieur  de  haiite  surveillance  et  je  prie  V.  G.  de  vouloir  bien  alors  appor- 
ter avei-  Elle  tous  les  documents  et  faire  venir  les  témoins  qui  peuvent  appuyer 
<'es  graA'es  accusations. 

Veuiller  agréer, 

Monsei^eur, 

l'assurance  de  mon  dévouement 

t  E.  A.  AiicH.  DE  Québec. 


—  182  — 
TU 

LETTKE  DE  M.  LE  ]{ECTEl-K  DE  EUNIYEliSlTE  LAVAL  A  Mou  L'AK- 

CHEVEQUE  DE  QUEBEC. 


Su  Grt'irc  M^r   E.  A.   Tnsiheir.au,   Arrlievef/up  de    Québec,    Chancelier  Apostolique   de 
r  Université  Lncal. 

Séminaihk  de  Québec.  14  .Tt'Ii.let  1882. 


3Ionseii^ucin; 

Dans  le  mémoire  pn'scnté  avix  Cardinaux  par  M'^r  Laflocho  et  dans  Vap/ien- 
ilice  à  l'e  mémoire  daté  du  1er  I\Iars  1882,  Mgr  des  Trois-Rivières  ne  se  contente 
pas  de  dire  que  rens<'ig'neiiient  de  T Université  Laval  est  confié  uniqueinent  à  des 
libéraux,  des  protestants  ou  des  t'rancs-maç'ons,  et  que  de  cette  source  il  ne  peut 
sortir  qu'un  enseignement  Pî,itionaliste,  mais  il  dit  en  outre,  j).   27  de  l'appendice. 

"  Dans  la  faculté  de  théologie   il  y  a  cinq  chaires  actuellement  en  pleine 

organisation Trois   de  ces   Messieurs   (prêtres)   sont  considérés  comme  les 

coyphées  du  libéralisme.   Us  marchent  à  la  tète  de  cette  i)etite  Iractiou  du  clergé 

de  Québec  qui  s'intitule  libérale Tels   sont  les  hommes  qui  osent  demander 

aux  catholiques  de  leur  eonlier  l'éducation  de  leurs  entants." 

Si  ces  mémoires  étaient  restés  à  Kome,  nous  n'en  parlerions  pas  à  Votre 
Grandeur,  car  nous  savons  ce  qu'on  y  pense  de  toutes  ces  accusations.  Mais 
ces  mémoires  circulent  coniidentiellement  avec  d'autres  dans  le  Canad  ,  et  Mgr 
des  Trois-Hivièri's  en  parle  comme  de  documents  devant  prodxiire  plus  tard  leur 
effet. 

Bien  souvent  no\is  avons  demandé  à  être  examinés  en  l'ace  et  jugés  devant 
nos  juges  naturels,  mais  nous  n'avons  jamais  été  mis  en  demeure  de  rencontrer 
franchement  nos  accusateurs  devant  le  seul  tribumil  compétent  désigné  i)ar  le 
St.  Siège. 

Cela  nous  crée  une  position  tout-à-lait  anormale  en  présence  des  sentences 
si  formelles  du  St.  Siège  ;  et  nous  ne  pouvons  nous  y  résigner  plus  longtemps 
sans  protestation. 

Nous  croyons  t'onc,  Monseigneur,  devoir  prévenir  V.  (i.  que  c'est  notre  in- 
tention de  demander  au  Conseil  Siipérieur  à  sa  prochaine  réunion  que  Mgr  La- 
llèche  soit  mis  en  demeure  de  prouver  des  accusations  dont  il  a  accepté  la  res- 
ponsabilité, lorsqu'il  a  présenté  à  Rome  des  documents  non  signés  dont  il  ap- 
prouvait la  teneur  et  sur  lesquels  il  appuyait  ses  raisonnements. 

Mais  comme  Mgr  Lallèche  peut  avoir  besoin  de  quelques  semaines  pour 
préparer  sa  preuve  et  assigner  ses  témoins,  et  comme  il  importe  que  tout  soit 
terminé  pour  l'ouverture  des  cours  au  commencement  d'O'tobre  prochain,  nous 


> 


—  183  — 


ie 


isnpplion.s  V.  (î.  cti  .sa  (jualité  do  Fi-rsidont  dn  Consoil  Suporiour  de  vouloir 
bien  intinior  à  Mgr  des  Troi.s-Kivière,s  qu'il  ait  à  se  préparer  pour  la  proehaiue 
réunion  (en  Septembre)  de  NN.  SS   K . .  Kvèqufs  de  la  Province. 

Votre  Grandeur  connaît  parlaitemeut  notre  situation,  et  Elle  ap])réciera, 
nous  en  sommes  surs  les  raisons  (jui  nous  forcent  à  présenter  cette  demandt'. 
<lout  la  lin  praticjue  est  d'éluder  tout  délai  (|ue  Mg-r  Lallèche  pourrait  prétexter 
*"il  n'était  i)as  prévenu  avant  la  réunion  des  Kvéfjues, 

Agréez  r hommage  du  i>rotbud  respect 
avec  lecjuel  j'ai  l'houneur  d'être. 
Monseigneur, 

de  Votre  Grandeur, 

le  très  humble  et  obéissant  serviteur, 
/Signé)  M.  \i.  Methot  Ptre  R.  U.  L. 

Sup.  S.  (\. 

L'attaque  contre  Fauteur  du  Mémoire  prenait,  comme  on  le  voit,  des  pro- 
portions considérables,  mais  tout-à-lait  irrégulières. 

Ce  n'était  plus  seulement  le  Cî.  Vicaire  au  nom  de  l'Archevêque,  c'était 
J'Archevécpie  lui-même  et  l'Université  (jui  se  déclaraient  adversaires  de  l'Evô- 
(lue  des  Trois-Kivierês.  Cette  l'ois,  on  ne  demandait  plus  seulement  des  expli- 
cations, on  exigeait  un  pwrh  et  \\\\  Jugement,  La  guerre  était  visiblement  décla- 
rée au  Méi.-ioire,  et  plus  encore  à  son  auteur  que  l'on  voulait  entraîner,  contre 
les  règles  canoniques,  sur  un  terrain  étrangère  son  caractère  et  à  sa  dignité,  dans 
un  but  purement  particulier,  et  personnel. 

La  première  chose  qui  irappe,  en  etiet,  dans  cette  réclamation  extraordinai- 
re de  l'Archevêque  et  de  l'Université  contre  le  Mémoire,  c'est  qu'on  ne  s'atta. 
que  pas  aux  diverses  questions  fondamendales,  qui  intéressent  si  fort  l'Eglise, 
mais  à  un  seul  point,  et  à  celui  qui  vient  en  dernier  lieu  dans  l'exposition  du 
Mémoire,  l'iniluencede  certains  professeurs  libéraux,  protestants  et  franc-maçons 
-de  l'Université, 

On  ne  dit  rien  dans  les  lettres  ci-dessus  du  ravage  des  doctrines  libérales 
et  empoisonnées  qui  ruinent  la  foi  des  canadiens.  On  n'y  parle  pas  davanta"-e 
des  exploits  des  professeurs  universitaires  pour  détruire  l'inlluence  du  cler"-é 
auprès  de  la  population  jusque  dans  l'exercice  de  son  ministère  sacré.  On  ne 
.s'inquiète  pas  davantage  des  causes  qui  ont  amené  la  division  de  l'épiscopat  et 
le  débordement  du  libéralisme  chez  une  luition  aussi  catholique  que  la  nôtre 
sujets  importants  qui  font,  en  plus  grande  partie,  la  matière  du  Mémoire.  Enfin' 
on  n'a  pas  un  mot  à  dire  pour  défendre  le  ciergé  qui  a  fait  le  peuple  canadien 


n.  - 


-  184  — " 

ce  qu'il  est,  qui  en  est  encore  le  protecteur  et  le  père  ;  pas  un  mot  < onire  lefs 
aecusationK  injustes  (jui  pèsent  sur  lui  à  la  l'aec  de  rivu'lise  et  du  pays  ciiticr! 
Q\u  pourtant  a  droit  (•(luimc  le  «K'rué  à  élrc  protèav  et  défendu  par  le  Métropo- 
litain et  par  uni-  Univcnsité  Catholique  :" 

Cependant  l'Archevêque  et  l'Université  ne  tro\ivent  de  paroles,  au  sujet  du 
Mémoire,  que  i)oiu  couvrir  et  défendre  de  leur  autorité  ou  de  leur  jnestige 
l'influence  des  professeurs  libéraux  et  antres  dont  luius  venons  de  parler. 

Encore  ont-ils  faussé,  en  les  exagérant,  lt>s  informations  (jue  nous  avons 
données  à  ce  sujet,  afin  de  se  donner  un  argument  pour  essayer  de  les  renver- 
ser. C'est  ainsi  que  le  Tîectenr  allirme,  soutenu  de  l'Archevêque,  que  nous  avons 
dit  "  (|ue  l'enseia-nement  de  ITuiversité  est  UNIQUEMENT  confié  à  des  libéraux, 
"  des  protestants  ou  des  franc-mavons,  "  ce  qui  est  absoliuui'nt  faux.  Nous 
n'avons  jamais  fait  une  telle  assertion.  Mais  nous  avons  réellement  fait  connaî- 
tre au  8t  Siège,  ce  que  tout  le  monde  coniuiit  iti,  ([u'un  rer/oùi  nombre  de  profes- 
seurs universitaires  sont  libéraux,  protestants  et  même  franc-nuiçoiis. 

Or,  c'est  préc:isement  pour  conserver  la  présence  et  rinlliience  de  ces  pro- 
fesseurs auprès  de  la  jeunesse  canadienne  que  le  Métropolitain  et  son  Universi- 
té se  récrient  contre  le  Mémoire,  et  qu'ils  essaient,  dans  un  pro('ès  aiiti  juridi- 
que, de  faire  coiulamner  l'Evêque  des  Trois-Eivières  pour  avoir  trop  légitime- 
ment averti  le  St  Siège.  Ilélas!  Que  ne  dtmnent-ils  plutôt  satisfaction  à  la  cons- 
cience catholique  en  assainissant  le  i)ersonnel  universitaire  ! 

III 


l^a  seconde  observation  qui  se  présent(\  avec  une  égale  force,  a  l'esprit,  est 
la  position  aussi  injuste  qu'irrégulière  prise  par  l'Arshevèque  de  Québec  en  cette 
aH'aire. 

8a  Grandeur  commence  par  montrer,  dans  sa  lettre  du  K!  Juillet  citée  ci- 
dessus,  l'intérêt  particulier  q\i'elle  a  dans  la  cause,  à  raison  des  leçons  données 
dans  son  Séminaire  diocésain  par  les  ju'ofesseiars  universitairc^s.  Dans  une 
autre  lettre,  écrite  luîuf  jours  plus  tard  et  qwe  nous  verrons  ci-api'ès,  elle  va  jus- 
qu'à se  compter  au  nombre  des  arcubcs  et  à  se  iirétendre  même  calomniée  par  le 
Mémoire' 

Eh  bien  !  c'est  après  aA'oir  établi  ainsi  sa  solidarité  dans  l'accusation,  et  en 
assiimant  même  dans  un  avevi  écrit  le  rôle  de  partie  calomniée  (pxe  l'Archevôqxie 
de  Québec  ose  assigner  l'Evêcpie  des  Ïrois-Rivières  devant  un  tribiinal  dont  il 
est  lui-même  le  Président. 

Ici,  il  est  nécessaire  de  faire  remarquer  que  le  Conseil  de  Haute  Surveil- 
lance dont  il  est  question  se  compose  de  tous  les  Evèques  de  la  Province  prési- 
dé par  l'Archevêque,  et  que  la  majorité  des  membres  de  ce  tribunal  ne  peut 
porter  de  sentence  sans  le  vole  (k  son  Président,  aux  termes  mêmes  de  la  Règle. 


—  18'»  — 


■•^ 


("cst-à-dirc  ([wo  l'ArchpA-ê(jU(>  en  voulant  présidor  ce  Conseil,  ot  le  tiansCoi- 
TiKM-  en  Ivihunal  conln'  l'antiHir  du  Ménioiiv,  devient  à  la  Ibis  partie  et  juge  ! 

Cette  prétt'ution  exorbitante  est  nou-seulenient  contraire  au  droit  civil  «>) 
«anonique,  mais  elle  l'est  é^-alement  au  droit  naturel.  Elle  constitue  une  injus- 
tice si  ila<irante  (ju'au  un  Irilninal  régulièrement  orii'anisc,  nu'me  au  milieu  des 
nations  non-catholiques,  ne  pn\seii1ent  une  telle  anomalit»  ! 

Une  semblable  ti'utative  de  la.  part  d'un  haut  dignitaire  ecclési'istic^ue,  ins- 
truit /w  iitnxiuejKiT,  ne  présage  assurénu'ut  rien  de?  bon  en  lavtuir  de  sa  lause  ; 
On  peut  le  dire  sans  crainte  :  la  justice  et  la  vérité  n'ont  jamais  besoin  de  re- 
<'ourir  à  de  tels  procédés. 

Il  est  encore  i'oit  étonnant  d'entendre  le  Recteur  de  l'Université  se  lamen- 
ter, dans  la  plainte  que  l'on  a  vue  ci-dessus,  "d'élro  dans  une  position  tout-à-i'ait 
anormale,"  jM-iulant  qu'il  a,  à  son  service,  un  tel  l'résident.  Il  ne  craint  pas  de 
.s'écrier  :  "liien  souvent  nous  avons  demandé  à  être  examinés  en  lace,  et  jugés 
'•  devant  iu)s  juges  naturels"  ;  et  c'est  alors  mènu>  (pi'il  travailUî  à  l'aire  descen- 
die  un  Eièque  des  degrés  du  tribunal  siir  le  parquet  pour  disputer  avec  lui,  et 
.se  débarrasser  ainsi  de  s(;s  ohs  'rvations  à  l'Autorité  Suprême. 

Cette  conduite  donne  une  idée  Tort  équivoque  de  sa  bonne  i'oi.  Le  Recteur 
pi'util  ignorer  que  chaque  Evêque  provincial  est  dans  le  Conseil  son  juge  natu- 
rel, comme  il  dit,  et  qu'aui  un  de  ces  juges  n'a  de  comptes  à  lui  rendre,  encore 
moins  de  plaidoyer  à  l'aire  contre  lui,  à  titre  d'égal  ou  de  suboidonué  ^  Et  si  ce 
Rectexir  ne  l'ignore  pas,  que  doit-on  penser  de  sa  hardiesse,  et  des  dangers  qui 
peuvent  résulter  de  tant  de  présomption  dans  un  homme  ou  uiui  institution 
dont  la  gloire  devrait  être  de  servir  l'Episcopat  avec  fidélité  ! 

\.]\\^  troisiènu"  réiiexion  plus  importante  encore  nait  de  cette  sommation 
iuconpréhensible  de  l'Archevêque  à  l'Evèque  des  Trois-Rivières,  de  comparaître 
devant  le  Conseil  de  Haute  Surveillance  Universitaire.  On  y  trouve  une  action 
anti  canonique  au  Suprêm<>  degré,  et  un  attentat  à  la  liberté  des  Evêques. 

Comme  nous  l'avons  dit.  le  Conseil  de  Haute  Surveillance  est  un  (  onseil 
<rEvêques  établi  pour  la  surveillance  de  rUm'versifé.  Or,  les  Evêques,  qui  sont 
des  princes  dans  l'Eglise,  ne  peuvent  être  jugés  et  condamnés  parmi  Conseil 
Universitaire  mais  seulement  par  le  St.  Siège  ;  c'est  là  un  principe  de  droit  qui 
n'est  ignoré  de  personne. 

Comment  donc  l'Université  et  l'Archevêque  ont  ils  osé  citer  juridiquement 
un  Evêque  devant  un  Conseil  de  ses  propres  collègues  ?  ^ur  quoi,  pouvaient-ils 
appuyer  canoniquement  une  pareille  procédure  ?  Ils  n'avaient  pas  même  le 
moindre  fondement  plausible.  Tant  de  docteurs  chargés  d'instruire  les  autres 
ne  p.'uvent  pas  prétexter  ignorance:  ils  savaient  que  dans  un  cas  de  plainte 
oontre  un  Evêque,  alors  que  l'Archevêque  se  re<  onuaissait  intéressé,  c'était 
à  Rome  qu'ils  levaient  adresser  directement  leurs  réclamations.  \s  ont  mieux 


—  18G  — 

aimr,  t't  pour  caus»',  s  adresser  à  un  simple  (.'oiiseil  iiilVrieur.  iiieonipéteiit 
cl  (lojit  ils  avaient  la  clirt'etion  et  <|uasi  la  maîtrise!  (^iiel  moyen  v  a-t-il  d'ex- 
euser  une  telle  <'oncluite  f 

Dans  le  fait,  c'était  là  une  mesure  d'oppression  patente  à  l'égard  de  l'Epis- 
ropat  provincial  tout  entier  dans  la  personne  de  l'un  de  ses  membres,  et  une 
sorte  de  conspiration  contre  ri'^vcciue  (\vs  Trois- Rivières  en  |iarticulier. 

Au  fond,  i)ar  cette  j)rocé(lure  renversée,  l'Université  et  l'An  hevêque 
l'aisaient  en  sorte  (jue  ceux  <|ue  le  St.  Sieg-e  avaient  cliari>és  de  sunriller  /'(.'iiiirr- 
sifé  lussent  surveillés  par  elle,  (jue  les  Evéqu(>s,  (|ui  sont  dans  la  Trovince  jug'es 
de  la  foi  et  des  nururs,  fussent  mis  au  rang-  de  leurs  subordonnés,  (jii'ils  se 
jugeassent  les  uns  les  autres  au  gré  de  l'institution  universitaire,  ou  plutôt 
qu'ils  fussent  tous  réduits  à  subir  le  Ixm  vouloir  di-  l'An  hevecjue  dont  le  vote 
présidentiel  est  indispensaltlement  re(|nis,  de  |)Mr  la  règle  du  Conseil,  po\ir  arri- 
ver à  une  action  quelcoiujue. 

Ce  n'était  donc  ri(Mi  moins  (|u'un  droit  nouveau  et  arbitrain\  inconnu  dans 
l'Eglise,  qui  s'imi)lantait  au  sein  de  la  Province  dans  les  matières  les  i)lus  déli- 
cates, au  détriment  du  respect  dii  à  l'épiscopat,  et  tout  au  béiu'-lice  d'un  Arche- 
A'èque  intéressé,  et  d'iiiu'  institution  qu'un  grand  nombre  de  catholiqiies  redou- 
tent avec  raison  à  cause  dos  tendanci's  libérales  de  i)lusieurs  de  ses  professeurs. 

Cette  tentative  de  l'Archevêque  et  de  l'Université  av;iit  encore  It;  dange- 
reux ell'et  de  gêner  et  de  romi)re  les  communiiations  entre  les  Evéques  et  le  St. 
îSiege,  communications  indispensables  à  la  bonne  administration  de  la  société 
chrétienne.  Car  que  deviendraient  la  liberté  et  la  conliauce  des  Pasteurs,  si  les 
observations  qu'ils  adressent  au  Souverain  Pontife  dans  l'intérêt  des  Ames, 
retournaient  aux  mains  des  collègues  ou  des  adversaires  comme  matière  de 
procès  et  de  condamnation  '  De  tels  procédés  administratifs  seraient  de  nature  à 
empêcher  certainement  les  avertissements  uéiM'ssaires  à  l'autorité  supérieuse, 
et  rendrait  h;  mal  d'ime  provin<  e  ou  d'un  ])ays  sans  remède. 

Pour  toutes  ces  raisons  majeures,  il  devint  indispensable  à  l'Evêque  des 
Trois-liivières  de  récuser  le  Conseil  Universitaire  de  Haute  Surveillance  comme 
tribunal. 

C'est  ce  qu'il  lit  par  la  lettre  suiv  aite  : 

IV" 
LETTKE  DE  M(iR  LAFLEClIJi  A  Mor  L'ARCHEVEQUE. 


Evi:cHK  Di:8  Tkois-Kiviekes, 
24  juillet  1882. 


Mfir  E.  A.  TciScherenii,  ArrhpvêqKe  de  Québec. 


Monseigneur,  * 

Je  suis  suffpris  que  Votre  Grandeur  et  les  Messieurs  de   rUniversité-La,val 


—  1S7  — 

vcuilli'iit  !iiii''iii'r  (IfVJiii)  11'  Irihinuil  «le  liiuitc  surveillance  de  l'Universitt*  une 
fiiiise  <|ui  il  l'té  ])()vtée  el  (|ui  csi  iiit uelienn.nt  pendante  devant  le  tribunal  du 
Si.  Sii'ue.  iiC  Mémoire  (jUe  J"iii  pn' sente  à  (Clte  eilet  et  les  doeunK'ut.s  (jui 
raecoiiipaiiiieut  ont  été  référés  dirertemeut  au  Souverain  Pontife  lui-mé'nie,  et 
Sa  Sainteté  m'a  dit  <|u'elle  les  ferait  examiner,  l'allé  avait  déjà  dit  à  Mgr  TEvé- 
(|ue  (r()tla\va  (|ue  l'on  donnerait  une  .-érieiise  attention  aux  choses  (pie  je  ferais 
eonnaUre  sur  les  dilli'  ultés  relioieuses  de  notre  Province,  et  (ju'un  l'^vècpu' était 
dans  son  droit  lorsqu'il  donnait  au  St.  SiéLî'e  les  inl()rnndions(|u'il  croyait  utiles 
au  bien  d''  la  religion  dans  .--a  l'rovini c.  l'^lK>  m'a  réj)été  à  nioi-uu'nu'  (ju'il 
était  toujours  permis,  alors  même  ([u'uiie  i  liose  avait  été  réglée  par  le  St.  Siéii'c, 
<lc  lui  faire  i  onnailre  encore  ce  (|ue  l'on  cjoyait  utile  et  avantauvux  au  bien  de 
riV4'lise. 

("est  ce  (j\ie  j'ai  fait  au  meilleur  de  ma  conmiissance  vi  de  nui    conscieiu'e. 

Si  donc.  Votre  (irandeur  et  les  Messieurs  de  ITuivorsité-Luval  ont  des 
réclamations  à  faire  contre  mon  Mémoirt'  et  les  documents  qui  l'accompaa-nent, 
c'est  devant  le  tribunal  suprême  (ju'idles  doivent  être  faites,  <'t  je  serai  toujours 
jirét  à  y  répondre,  i  ar  je  n'ai  rien  avancé  dans  ces  docunu'iits  sans  avoir  les 
preiwes  c()nvemd)les  pimr  le  soutenir, 

Ainsi,  je  ne  pius  me  rend.c  à  la  sommation  (pie  nu-  fait  Votre  (îrandeur,  de 
coniparaitre  devant  le  tril)unal  di>  haute  surveillance  de  riIniversité-Laval  «-n 
Sei>lenil)re  ])roi  liain,  ])arce  (jue  la  cause  dont  il  s'aii'it  est  aujoiird'hui  pendante 
devant  le  tribunal  suprême  du  Souverain   Pontife. 

Je  denieui'e  avec  la  ])lus  hiiute  considén'ation, 

De  Votre  (îrandeur, 

le  tout  dévoué  serviteur. 


t  Jj.  F.  lilv.  mes  TiioiM-lviviKiiKs, 


L'Archevêque  répondit  : 


-^ 


QuKi5i':c  2ô  .Tt'nj.ET  1H82. 


Mii-r  F.  L  LalUrhe. 

Eoeffiie  (les   Trais- Ili n'irez. 

Monseigneur, 


Votre  Grandeur  me  répond  hier  qu'Elle  est  surprise  que  d'accord  avec 
l'Université,  je  veuille  amener  devant  le  tribunal  de  haute  surveillance  une 
cause  que  V.  (t.  a  portée  devant  le  St.  Siège. 

Je  dirai  que  de  mon  côté  j'attendais  cette  réponse,  mais  qu'en  même  temps 


j'nttfiulais  (le  \(>'rt'  loyautt'-  (|m'  vous  doniu'rii'Z  aux  uccn.srs  une  (mv  a^ioii   de  se 
l'aire  t'iilt'iidri'  pour  se  justilicr  (levant  l'épiseopat  de  la  i)rovinee. 

.l'ai  été  aus^si  (  aloninié  dans  le  iiiéiiioire  et  l'appeiidiee  |>réseiii(s  [)ar  V. 
(i.  ;  el  je  me  pr()iH)se  de  dire  ce  que  j'en  peuse. 

Veuillez  aL>'ree/, 

Moiiseitiiieui'. 

rassurauie  de  mon  déNouenieni. 

t    K.    A.    AlM'IIKVKqVK 

de  (^luébee. 

Il  est  hien  évident,  par  les  lettres  citées  ci-di-ssus.  (jue  rArehcvc'fjue  et  l'C- 
niversité  voulaient,  au  moyen  d»;  i)etites  récriminations  i)ersonnelles,  attirer  le 
"  Mémoire"  entre  leur  mains,  et  l'aire  perdre  de  vue  les  <>randes  (jucstions  reli- 
«iieust's  (jui  y  sont  exi)osées.  Maison  est  vraiment  sur]>ris  d'entemlre  rAr(hevé<iue 
avouer  qu'il  s'attendait  à  la  récusation  de  rEvè<pie  des  Trois-liiviércs.  I]  regar- 
dait donc  celte  réeusation  comme  lé^itiuu'.  Alors  poimjuoi  entrejïrenait-il  d'a- 
meiu'r  l'Evèque  dos  Trois-liiviéres  devant  le  Conseil  de  Haute  Surveillance, 
comme  devant  un  tribunal  régulier  :*  Voulait-il  donc  suri»ren(lre  sa  bonne  Toi  ;• 
Ou  voulait-il  siinpbuuent  l'ellrayer  ^ 

Ce  (pli  est  encore  digne  de  renuirque, c'est  qu'il  n'est  plus  (luestion  de  justice,  iii 
de  tribunal,  dans  cette  lettre,  il  ne  s'ngit  maintenant  que  de  loyauté!  J^'Kvêque 
des  Trois- Rivières  aurait  du  avoir  la  loyauté,  dit-il,  de  doniu-r  aux  anitsrs 
rocoasion  ûa  an  Jnsli/ier  devant  l'épibcopat  !  !  11  est  })ien  malUeureux  c^ue  ces 
prétendus  «r<7/.se.s  n'aient  pas,  eux-mêmes,  pris  cette  précaution  avant  de  deman- 
der à  Itome  les  décrets  du  18  Septembre  1H81,  et  de  les  publier  par  toute  la 
proviu('e  contre  l'épiseopat  et  li' cleriié.  La  pénible  et  présente  exjjosition  n'eut 
pas  eu  sa  raison  d'ôtr»'. 

Nous  les  nommons,  noua,  ncnisa/eins  vi  non  [)as  iirn/sps.  comme  l'ait  la  lettre  de 
l'Archevêque,  parce  qiae  ce  serait  changer  absolument  les  rôles.  L'Université  et 
l'Archevèqiie  ne  sont  pas  du  tout  des  ^/«v/.vs  ;  ils  sont  plutôt  dt^Hdcrumteurs. 

Les  décrets  de  Septembre  1881  contre  le  clergé,  contre  un  certain  suff'ragant 
et  contre  presque  tous  les  Evèques  de  la  Province,  sont  sortis  de  Home  sur  la 
voix  de  la  députation  de  l'Université  et  de  l'Archevêché.  Par  conséquent  ceux 
qui  sont  atteints  par  ces  décrets  sont  les  vrais  (trc/isés  et  même  les  voudamnéH  et 
ceux  qui  les  ont  provoqués,  les  vrais  accusateurs. 

L'Evêque  des  Trois-llivières  est  donc  resté  dans  le  cas  d'une  légitime 
défense  ;  et  il  a  été  heureux  de  se  faire  l'avocat  des  personnes  et  des  corps  hono- 
rables qui  ont  été  malheureusement  frappés  avec  lui.  Ce  sont  ceux  qui  veulent 
renverser  sa  défense  qui  devraient  avoir  la  loyauté  de  le  faire  là  où  ils  portèrent 
leurs  premières  accusations. 


—  1811  — 

A  la  nii  (le  lit  Ictlrc  ci-dcsisuN  «'itt-c,  rArchovOtjm»  uiTontin'  duvantago  «a 
position  iuti'Ti',ss.''('  dans  le  dt'hat,  ainsi  ((lU'  nous  l'avons  dit.  Il  se  dôclan-  ((tldui- 
nié.  Il  tcrniinc  l'n  annonvant  ses  "  licinarcjncs  sur  li'  Mrnioiiv,  "  document  dans 
lt'(|U<'l  il  prend  l'atiitudi'  du  i)artisan  le  plus  déclaré,  et  avm;  une  vioUnicH"  (|ui 
n'est  pas  ordinaire  à  la  di!>;nité  archiépiscopale. 

Cela  ne  l'enipecliera  jjus  tout  à  l'heure  de  raiwener  encore  une  l'ois  la  cause 
devanl'lui.  et  d'entreprendre  de  la  Juger  contre  tout  droit,  comme  s'il  y  était 
ahsoinnii'nl    élranii'er. 

Telle  a  été  la  première  i)li!ise  des  tentatives  de  (iuéj)ec  pour  ruiner  le  crédit 
du  Mémoiri'  et  de  son  antenr  :  rétrécir  inliniment  le  débat,  et  le  dominer  en  le 
déj)lavanl. 

Nous  allons  voir  la  seconde.  (|ui  est  encore  plus  étraiiuv  et  déplorable. 

J.-\T 

Le  liecteur  de  ITiiiversité  se  voyant  i'rustrc  dans  .son  attente  d'xin  procès 
devant  le  Conseil  de  IIout(>  >irrvei]hince,  où  le  vote  présidentiel  devait  lui 
assurer  le  succès,  entreprit  d'arriver    w  triomphe  par  une  voie  détournée. 

Il  écrivit  donc  à  8on  Emiucuce.  le  Cardinal  Préfet  de  la  Propag-ando  uiui 
lettre,  dont  il  couimunique  le  contenu  à  rArchevèquc  do  Québer,  en  lui  faisant 
connaître  en  même  temps  la  réponse  (ju'il  avait  obtenue  à\\  Préfet. 

Après  avoir  rapporté  en  abrégé  la  eorrespondame  citée  plus  haut,  le  Kec- 
teur  écrit,  coiiime  suit,  à  Monseig-neur  Tiischereau,  à  la  date  du  0  Octobre  1H82. 


.->*<- 


Sk.MIN-.MIîE  de  Ql-KUEC. 


.1  Un  a  flirt'  Mfi'r  E.  A.  Tasrhr.reiui, 

Airhmu'fjne  de  Québer. 

Monseigneur, 


"  Après  a^-oir  pris  connaissance  de  cette  réponse  de  Mgr.  LaJlèche  que 
"  Votre  G-râce  voulut  bien  nous  comiminiquer,  j'eus  l'honneur  d'écrire  à  Son 
"  Jîminence  le  Cardinal  Préfet  de  la  s!xongrégation  de  la  Propagande,  eu  date 
"  du  2  Août  dernier,  une  lettre  dans  laquelle,  après  lui  avoir  rendu  compte  de 
.'' la  correspondance  dont  je  viens  de  pirler,  et  spécialement  de  la  lettre  où 
"  Mgr  Lailêche  déclare  que  la  cause  est  encore  pendante  à  Home,  et  que  par 
"  conséquent  rien  ne  peut  être  examiné  par  le  Conseil  de  Haute  Surveillance, 
"  je  finissais  par  cette  prière  : 

"  Si  cependant  Votre  Ëminence  /jréjdrait  mm  informer  non  q//idellement  que  ces  acai. 


I  !tn 


s(i/i(>i/!<  x'ii/  rf'Li'iiri/ics  à  Rouir  coiii.'iif  miii  (iri'inics.  t/i/K  i/o/i^  l'aiilriilt riuii^  ilr  ivllc 
réjiDiisv.  Si  fhni  ii.'t/ri'  ro/c.  Va'rr  K-iiinnirr  froil  iirrjrnibli'  (ffir  l'ciHiiirlr  jiiri(li(iii<'  se 
f/issc.  no/is  1(1  s/i/)/)li(>ii^  (/i'  iio/is  faire  ."'m/hn/ir  \)V.  xors  DfcCL.VHKli  ciUK  LA  CATSK 
n'ksi-  xriii-K.MKxr  i-hnoanth  a  K'omk.  (lu'cll.-  i:':i'  ni:  i.a  sti!UTK  co.mpkthn- 
CK  1)1'  ToNSEii.  d::  llArric  Sr'uvi.ii-!.»  mf,.   i:i'  oj'v.  Mdi;  dks  Tiîois-Wivikuks 

NE'I'KI'T  J'A.S  KKKT'Sl'.I!   1)K   l'AUiK  SA   l'KKrx  !■:   DEVANT  CH  TKIJU'XAI,.  "" 

'•  Son  Eip'  •  Mc,  !t'  C'artliiuil  l'i'i'l'ct  dr  Im  S.  ("oiiurru'alion  de  lu  l'ropaii'iiiuh' 
a  biiMi  voulu  uu"  lôpoiidr-  pur  uu"  li'il  r  ■  <l;it'i' du  14  S 'plcuihi'i'.  (juc  lu'iiii- 
moins  nous  avons  rtH'ui'  trop  tiiid,  vi  (loiit  nous  n'avons  i)U  nous  si'vvir  (U'vani 
le  Conseil  de  Haute  Surveillance. 

"  Après  avoir  réj^'-té  (ju<'  la  ([Ui'slion  eon-'cviiani  la  Su^i  ursalé  de  riniver- 
sité  Laval  a  été  délinitiveni-nl  r''i>'l''e  par  la  S.  ('ouii'réii'ation  (!■'  la  l'ro[)at>'an- 
de  par  son  décret  de  187(i,  «'onlinn''  en  entier  i)ar  le  Souvi'rain  l'ontil'e  Lt'ou 
XIII.  et  (jue  eett(»  question  n"est  plus  du  tout  pendante  d-vant  le  tribunal  du 
St.  Siège,  Son  Eniinence  termine  aii'.si  sa  lettre  :  " /i/u's  (iii'ni  rniii  df  lu  Bulle 
(Ccrer'ion  aDioiii^jHP  ih'  r  Unifcruih'-  cet  i//n'<li'iii^  il:iir'iii  l'h'r.  r,-'^-li'-!'.<  ini  C  'oiiwil  {'le  ][<ni- 
li'  Sni'i'>'il/(U/('c).  il  rds/i//r  coiiuiit'  ri)i/si{//'t'//re  (/'ii'  I  iiilciir  ilii  Alriiioirr  (Icrrail  rlrr  prr- 
seul  (III  Cii/isril  l^/iirersildirc  //our  ri.nitiirn  i/ni  s'//  j'cni  de  son  ('■cril  :  (/ii'il  i:<l  /cmi  en 
oiili'e  (fe.iliioer  lex  /ireiires  iiéressdires  de  ce  (/ii'il  a  n/fiiuK':  el  (/ne  Jinalehienl  /rs  oùsenyi- 
lioiis  (fin  (l'uni re.a  rondriiienl  f'nire  l'i  ce  sn/il  doirrid  ('Ire  enroi/i'ea  <i  re  Cohm-H  hii-inèine 
et  non  II  celle  <S  Coii'j;r(}'j;(ilioii.  C'cnl  diins  ce  se/is  iine  (injonrd'liiii  in-'iiie  Je  nie  iiic.h^  '' 
écrire  an  snsdil  ér(^(/ne.  " 

"  Comme  cette  lettre  de  Son  iMnineiice,  le  Cardinal  l'ivl'et  de  la  S.  Conuré- 
içiition  de  la  Propa^'ande,  est  ariivée  après  la  tenue  du  dernier  Conseil  di' 
Haute  Surveillance,  innis  supplions  Votre  (rraie  de  vouloir  bien  ronvoijuer 
aussitôt  (jue  possii)le  une  nouvelle  réunion  de  ce  Conseil,  alin  (pie  Mii-r  TlCvè- 
qiie  des  Trois- Rivières  soit  mis  en  demeure  de  /trodnire  et  de  prouver  ses  aecu- 
s%tious  et  que  nous  puissions  nous  délendiv.  "' 

"  Atiréez.  Monseiuneur,  etc. 

•'  M.  E.  Mktik.t,  rire." 

]{.  U.  L. 


Son  Emiuence,  le  Cardinal  PréJ'et,  écrivit  ell'ectivement  à  lEvècjue  des 
Trois-Kivières  une  lettre  dans  laquellTlille  lui  raj>iielle  : 

1"  Que  la  question  de  la  Succursale  de  Montréal  a  été  réglée  par  le  décret 
susdit  de  la  S.  Coiig'réo'ation  de  la  Propag-ande,  et  par  la  décision  de  Sa  Sainteté 
Léon  XIII,  et  qii'il  ne  reste  plus  à  examiner  que  la  question  de  rinexéeutiou 
de  ce  décret,  question  référée  au  Conseil  des  Evêq\ies  : 

2o  Que  selon  la  direction  de  la  Bulle  déreetion  de  l'Université  et  du  dé- 
cret de  ISIQ,  (iii  tramiles  Ridirc   Ponlijieiœ  ereelionis  eanouiene  Uni^rsilntis  Lanillensis 


h's 


—  191  — 

el  df.rrdi  hiijiis  «S.  Congrrgdlhnh,  les  qui'stions  7///  re-^-ardenf  celle  instiliition,  ou  /fs 
rhnu<i'einenls  à  faire  /xinr  sou  />ro//re  hieii,  iloii^eui  être  reiiro/jces  nu  Conseil  ifes^Evèques, 
ot  qu'on  couséquc^ucv,  exintle  se(/inl/n\  l'Evèque  des  Trois-Kiviores  doit  assister 
au  Conseil  de  Haute  Surveillance,  et  y  donner  la  preuve  des  assertions  eonte- 
nues  dans  non  Mémoire  contre  la  rt'uie  de  l'Université  et  contre  ses  directeiirs. 

Telle  lut  la  réponse  obtenue  par  M.  le  Recteur  i)our  lui-même  et  pour 
l'Evèque  des  Trois-Kivières.  C'est  sur  cette  réponse  (jue  l'Université  et  l'Arche- 
vêque ont  de  nouvi'au  procédé  contre  l'Evèque  4*'*'  Ïrois-Uivières. 

Avant  tout,  mettons  à  nu  le  plan  de  l'Université,  tel  (ju'il  api)arait  dans  la 
prière  de  M.  le  Uecteui'. 

Prriiiiire  h'riliilire. — llltontler  à  lîome  la  (question  soulevée  ])ar  le  Mémoire  sur 
les  Dil/lcntli's  retii^'ieHses  eu  CuikhI'I.  C'est  ce  que  dit,  en  ti>rmes  adoucis,  la  pre- 
uiiore  phrase  de  In  prière  :  '"  Si  cependant  Votre  Eminenee  préférait  nous 
informer  non  otti  iellemeiit  (jue  ces  ac<usations  sont  regardées  à  Kome  comme 
non  aveniu's,  nous  nous  conteuterions  de  cette  réponse  ".  En  langage  clair  et 
sans  aml)ages.  cela  ne  veut-t-il  pas  dire  :  Que  Votre  Eminenee  veuille  bien  faire 
en  sorte  que  ces  a -cusatious  meurent  au  pied  du  8t  Siège,  et  nous  nous  en 
tenons  là  :* 

Sfoiule  leidiitur. — Advenant  l'insm'cès  du  premier  expédient,  ramener  la 
qixestion  au  pays  pour  l'y  étouiter  dans  le  Conseil  de  Haute  Siirveillance,  sous 
le  vote  tout-puissant  du  Président.  C'est  ce  qu'exprime  la  seconde  phrase  de  la 
jirière.  "  Si,  d'un  autre  coté,  Votre  EmiiU'nce  croit  préférable  que  l'enquête  .juri- 
diqi\e  se  fasse,  nous  la  supplions  de  nous  faire  l'honneur  de  nous  déclarer  que 
la  cause  n'est  nullement  pendante  à  Rome,  qu'elle  est  de  la  triete  compétence 
du  Conseil  de  Haute  Surveillance,  et  (]ue  Mgr.  des  Ïrois-Rivières  ne  peixt  pas 
refuser  de  faire  sa  preuvt'  devant  ce  tribunal  ". 

Voilà,  dégagé  de  ses  voiles  et  de  ses  obscurités,  le  plan  de  l'Université,  tel 
que  lontenu  dans  la  supplication  de  M.  le  Recteur. 

La  première  tentative  d'étoiiller  le  Mémoire  officiellement  n'a  pas  réussi, 
comme  il  appert  par  la  réponse  du  Préfet. 

Quel  est  le  moyen  pris  pour  assurer  le  succès  de  la  seconde,  ou,  en  d'autres 
termes,  pour  ramener  la  (piestion  de  Rome  à  Québec,  et  l'étouifer  en  ce  dernier 
lieu  *  C'était  là  le  point  difficile,  et  pour  le  trancher,  il  fallait  plus  que  de  l'ha- 
bileté, il  fallait  du  sophisme.  Mais  ou  n'y  regarda  pas  de  si  près,  et  le  moyen 
sophistique  employé  est  double  ;  le  voici  :  lo.  glisser  à  la  place  de  la  question 
politico-religieuse,  ([ui  est  tout,  la  question  incidente  de  la  Siiccursale,  afin  de 
pouvoir  faire  dire  de  celle  là  ce  qui  est  vrai  de  celle-ci,  qu'elle  n'est  plus  peu 
dante  à  Rome  ;  2o.  restreindre  la  question  politico-religieuse,  qui  setend  à 
toute  l'Eslise  du  Canada,  aux  limites  relativement  étroites  de  la  question  uni- 


—  102  — 


versitaire,  afin  d'essayer  de  la  faire  tomber  par  là  sous  la  juridiction  du  Conseil 
de  Haute  Surveillance,  où  il  sera  facile  de  la  l'aire  résoudre  à  l'avantage  de  Qué- 
bec. 

Que  ce  soit  bien  là  l'équivoque  employé  par  l'Université,  en  voici  la  preu- 
ve. 

Nous  disons  d'abord  que  l'on  a  g-lissé  la  question  de  la  Succursale  à  la 
place  de  la  question  politico-religieuse.  En  effet,  dans  sa  lettre  au  Cardinal 
Préfet,  M.  le  Recteur  supplie  ^^^n  Eminence  de  déclarer  que  la  cause  n'est  plus 
pendante  à  Rome.  Quelle  cause  ?  ou  mieux,  quelle  (juestion  :*  Est-ce  la  ques- 
tion des  difficultés  religieuses  du  Canada  f  Celle  qui  l'ait  l'objet  de  notre 
Mémoire  1  Ou  bien,  est-ce  celle  de  la  Succursale  f  Cette  dernière  n'est  mentionnée 
que  par  une  simple  allusion  dans  le  Mémoire.  Etait-ce  bien  pourtant  la  grande 
question  politico  religieuse  cjue  M.  le  Re<'tetir  voulait  faire  entendre  ?  Ce  n'est  pas 
celle  là  qui  parait  avoir  été  (X)mprise,  puisciiie  Son  Einincnce,  le  Préfet,  répond 
que  la  question  de  la  Succursale  a  été  réglée.  Mais  noiis  le  savions,  et  nous 
n'avions  perdu  de  vue  ni  le  Décri't  d<'  la  S.  Coiiurégation  de  la  Proi)agande,  ni 
la  décision  de  Sa  Sainteté  Léon  XIII  à  ce  sujet.  Nous  savions  que,  sur  cette 
question,  il  n'y  a  (jix'un  point  qui  reste  à  régler,  c'est  celui  de  l'inexécution  du 
décret,  et  que  ce  point  est  renvoyé  au  Conseil  des  Evèques.  Mais  nous  savions 
également  que  la  grande  question  d(!s  difficultés  religieuses  est  encore  pendante 
à  Rome,  puisque  nous  avons  eu  du  Soixverain  Pontife  lui-même  la  permission 
d'écrire  notre  mémoire,  que  ce  mémoire  est  déposé  au  pied  du  Saint-Siège,  et 
que  Sa  Sainteté,  Léon  XIII,  nous  a  promis  de  le  faire  examiner. 

Pourquoi  donc  faire  déclarer  par  le  Préfet  que  la  question  de  la  Succursale 
n'est  plus  pendante  à  Rome  f  Pourquoi  faire  décider  ce  qixi  n'est  pas  contesté, 
si  ce  n'est  pour  donner  le  change,  et  faire  croire  de  la  question  politico-reli- 
gieuse ce  qui  n'est  vrai  que  de  celle  de  la  Succursale  ?  C'est  là  évidemment  le 
biit  cherché,  au  point  que  l'Archevêque  dans  sa  lettre.en  date  du  15  Nov.,que  nous 
verrons  ci-après,  se  montre  embarassé  de  savoir  à  quoi  le  Cardinal  répond  préci- 
ment. Mais  cette  tentative  ne  nous  parait  pas  devoir  obtenir  son  elfet,  du  moins 
auprès  de  nous. 

Nous  disons,  en  second  lieu,  que  l'on  a  vouh;  restreindre  la  question  des 
Difficultés  religieuses,  qui  s'étend  à  toute  l'Eglise  du  Canada,  aux  étroites  limi- 
tes de  la  question  Universitaire,  afin  d'essayer  de  la  faire  tomber  par  là  sous  la 
juridiction  du  Conseil  de  Haute  Surveillance.  M.  le  Recteur,  en  eft'et,  dans  sa 
prière  au  Cardinal  Préfet,  demande  que  la  question  soit  déclarée  être  de  la  stricte 
compétence  du  Conseil  de  Haute  Surveillance,  pour  que  Mgr  des  Trois-Rivières 
ne  puisse  refuser  de  faire  sa  preuve  devant  ce  tribunal  Or,  d'après  la  Norma,  les 
questions  touchant  la  régie  de  l'Université  et  son  enseignement,  tombent  seules 
sous  la  juridiction  du  Conseil  de  Haute  Surveillance.  Le  Cardinal  Préfet  de 
même  ne  mentionne,  comme  devant  être  déférées  à  ce  Conseil,  que  les  assertions 


—  193  — 

du  Mémoire.  .  oiicernaiit  la  r.'-çie  de  l'Université  et  ses  directeurs,  contm  Univrr- 
sUatis  rc^hmn  et  ejm  auteressores.  Au  reste,  malgré  toutes  ses  autres  prétentions 
partois  aussi  étonnantes  que  nombreuses,  l'Université  n'a  pas  encore  eu,  croyons 
nous,.elle  de  soumettre  au  Conseil  de  Haute  Surveillan<e  Universitaire  toutes  les 
diffi<'ultcs  religieuses  du  pays.  Don.-,  c'est  par  cette  étroite  filière  de  la  régie  de 
1  Université  et  de  son  enseignement,  que  l'on  veut  faire  arriver  notr.>  Mémoire 
çlevant  le  Conseil.  Et  pour  le  iaire  entrer  par  cette  porte,  aux  proportions  de 
laquelle  il  ne  convient  nullement,  on  le  dépèce,  on  le  morcelle,  on  en  élimin.. 
toutes  l"s   i>arties  principales. 

Avec  cette  méthode  d'élimination,  notre  Mémoire  pourrait  finir  ,.ii  effet  par 
lui  donner  l'apparen-e  d'un  acte  d'acciisation  contre  la  régie  de  l'Université  et 
de  ses  directeurs.  Il  ne  paraîtrait  plus  .-e  (lu'il  est  :  un  exposé  des  grandes 
difficult.s  (>t  di's  grands  dangers  de  l'Eglise  du  Canada. 

Mais  en  saine  logi(|ue,  prend-on  ainsi  une  petite  partie  pour  le  tout,  ou  ren- 
verse-t-ou  le  principal  par  un  minime  accessoire  .^ 


Amsi,  la  question  nest  pas  du  tout  ce  que  le  Recteur  veut  eu  l'aire  croire, 
et  elle  ne  doit  pas  être  débattue  ou  l'Université  veut  la  plarer. 

Pour  l'é<  arter  de  liome.  l'Université  est  ibrcée  non  seulement  de  morceler 
mais  encore  de  c/cunfm-er  le  Mémoire  de  l'Evéque  des  Trois-Rivières,  et  de  chan- 
ger le  runidêrc  même  de  son  propre  conseil  de  haute  surveillance. 

Elle  travaille  à  y  parvenir  par  un  faux  exposé  de  la  question  a  Tréfet  de 
la  Propagandi',  et  pas  une  interprétation  erronnée  de  la  réponse. 

Elle  qualifie  dans  la  lettre  du  Recteur  la  matière  du/"  Mémoire"  d\,rrtf'<u- 
lions,  comme  avait  fait  l'Archevêque  ;  et  elle  induit  en  même  temps  le  Préfet  de 
la  Congrégation  à  croire  qu'il  s'agit  de  la  «uci-ursale.  ' 

Il  ne  s'agit  pas  de  la  Succursale  dans  le  Mémoire,  comme  nous  l'avons  dit  • 
mais  des  difficultés  religieuses  du  Canada.  I 

Or,  sur  ce  sujet  qui  es  vraiment  celui  du  Mémoire,  ce  ne  sont  pas  des  a,- 
i^iisations  que  nous  sommes  allé  portera  Rom:  contre  l'Université,  ni  contre 
rArchevê(iue,  ni  contre  qui  que  ce  ,soit. 

Ce  sont  des  iafonmlùnts  que  nous  avons  été  présenter  au  8t.  Sièo-o  en 
notre  qualité  d'Evèque  ou  de  Pasteur.  N'était-ce  pas  notre  droit  ?  Et  pourquoi 
l'avons-nous  lait  i  Parceque  nous  étions  intimement  convaincu  que  le  8t  Sièo-e 
était  mal  renseigné  sur  les  affaires  religieuses  du  Canada,  et  qu'il  s'en  suivait 
les  conséquences  les  plus  graves  et  les  plus  déplorables  pour  les  intérêts  de 
l'Eglise  et  le  salut  des  Ames. 


m^ 


—  104  — 

Cos  inl'ormations  portiiiciit  sur  les  ciiu.sos  du  mal,  dont  soullro  notro  socit'- 
té,  quollos  qu'ellofs  fussent  ;  (qu'elles  procédassent  des  mauvaises  doctrines,  des 
tendances  libérales  de  certains  professeurs  universitaires,  oii  do  toute  autre  sour- 
ce. L'Université  qui  prétend  travailler  au  nom  des  Evèques  de  la  Province, 
croit-elle  que  son  action  so<'iale  n'est  plus  soumise  à  l'appréciation  des  Evè- 
ques ^  8'imagine-t-elle  (|ue  les  hvéquef^  n'eu  pourront  plus  rien  dire  à  leur 
propre  Chef,  parce  qu'elle  est  canoniijue,  et  sans  que  ce  soit  un  cas  de  procédure  ' 

L'Université  est  complètement  hors  de  la  voie,  en  voulant  transformer 
les  informations  épiscoi)ales  au  rontil'e  Souverain  en  matière  litiii'ieuse. 
Elle  oublie  les  rapports  de  surveilliUK  e  et  de  renseignement  nécessaires 
et  inhérents  à  toute  hiérarchie.  Elle  est  aussi  mal  inspiré»;  en  cette  all'aire  que 
si  elle  prétendait  (jiu'  ses  professeurs  sont  i)assibles  de  poursuite  pour  avoir 
donné  au  Recte\ir  des  inl'ornuitions  dollice  aii  sujet  de  lexxrs  élèves. 

Notre  Mémoire  n'est  donc,  ni  un  acte  d'accusation,  ni  une  pièce  de  procès, 
mais  bien  un  recueil  de  ren.seignements  présentés  au  8t.  Siège,  avec  l'autorisa- 
tion du  Père  commun  des  lidèles,  et  destinés  à  éclairer  l'Autorité  Suprême  sur 
les  maiix  qiii  désolent  notre  société.  Ces  renseignements,  dépose' s  au  ]>ied  du 
St.jSiège,  sont  là  où  ils  devaient  ètrt>  ;  et  nous  n'admettons  auciane  interi)rélati()n, 
ni  aucune  transformation,  qui  pourrait  avoir  pour  résultat  de  les  dépla<er  ou  de 
les  constituer  en  matière  juridique. 

SoUs  <e  rapport,  le  Préfet  de  la  S.  Congrégation  étai'  iloac  mis  sous  une 
fausse  impression  par  la  lettre  du  Ke  iteur  qui  parle  ipHtriisatioii^  à  produire,  de 
/ire/tves  à  ex.iminer  et  de  trihiiiKtl  proprement  dit. 


Mais  il  n'y  a  pas  que  la  matière  du  litige  à  considérer  dans  une  ali'aire  de 
(•e  genre,  il  y  a  aussi  la  question  de  tribunal. 

L'Université  n'ignore  pas  que  son  Conseil  de  Haute  Surveillance  n'a  pas 
de  juridiction  sur  les  Evèques,  mais  sur  leurs  subordonnés,  prêtres  et  laies  seu- 
lement. Elle  doit  savoir  que  pour  obtenir  une  juridiction  si  extraordinaire  que 
celle  qui  est  nécessaire  pour  juger  un  Evêque,  il  fallait  à  ce  Conseil  un  docu- 
ment pontifical  avec  mention  spéciale  et  expresse. 

Or,  telle  n'est  point  la  lettre  du  Cardinal,  Préfet  de  la  Propagande. 

Son  Eminenoe  se  borne,  dans  ses  réponses,  à  expliquer  la  direction  donnée 
au  Conseil  de  Surveillance  universitaire  par  la  Bulle  d'érection  de  l'Université 
et  par  le  décret  de  1870.  "  Au  sens  de  la  Bulle  Ponlijimle,  dit-il  etc.  Ad  tramiles  veii> 
Bullfi:  PoHtiJiriie  etc.  C'est -à-diri'  qu'il  commente  simplement  ces  deux  documents 
afin  d'en  donner  une  entière  intelligence.  Et  ensuite,  il  tire  ses  coiu-lusions. 
et  exindè  sequiliir  

Toute  cette  seconde  partie  de  la  lettre  de  Son  Eminence  est,  au  plus,  un 
pur  jugement  d'intcr/ircltdiun,  et  non  une  sentence  d'autorité. 


—  195  — 

Or,  le  dispositif  de  la  Bulle  et  du  Décret  cités,  très  clair  sur  ce  point,  est 
rétablissement  d'un  tribuiuil  pour  juger  des  accuHiiliom  et  des  plaintes  régulières 
des  inférieurs. 

D'où  il  suit  que  le  l'rélet  n'a  pas  voulu  dir'^  autre  chose.  A  moins  qu'on 
entende  ses  paroles  dans  le  sens  d'exhortations  L  des  communi.ations  officieu- 
ses à  l'égard  des  collègues,  comme  elles  se  font  pirfbis  pour  le  bien  général  entre 
les  juges  d'un  même  tribunal,  dans  des  circonstances  ordinaires  ;  mais  ce  n'est 
pas  là  la  prétention  formulée  par  l'Université. 

On  ne  trouve  aucune  prescription  qui  constitue,  au  nom  du  8t-Siège,  un 
tribunal  particulier  et  proprement  dit  pour  juger  un  lilvêque. 

On  ne  peut  donc  pas  conclure  de  la  lettre  du  Cardinal,  comme  a  ^ait  l'Uni- 
versité, à  la  <réation  d'un  tribunal  proprement  dit  i)réparé  contre  l'Evéque  des 
Trois-Kivières,  dans  l'organisation  permanente  du*onseil  Universitaire. 

D'ailleurs,  <omment  8on  Eminence,  le  Préfet,  aurait-il  pu  faire  une  telle 
chose  '. 

L'autorité  elle-même  n'a  pas  le  droit  de  changer  le  mmctire  des  actes  de 
ceux  qui  lui  sont  soumis,  pour  les  apprécier  à  son  gré.  Il  faut  qu'elle  les  prenne 
tels  qu'ils  sont,  et  qu'elle  les  apprécie  ou  les  juges  selon  lerir  propre  natiire.  Par 
conséquent  8on  Eminen.e  ne  pouvait  pas  régulièrement  faire  du  Mémoire  une 
matière  de  procès. 

hi'  Cardinal  Préfet  savait  de  i>lu,s,  mieux  (pie  persoime,  que  d'après  la  Rè- 
gle du  Conseil  de  Haute  Surveillance,  lorsqu'il  y  a  divergence  d'opinion  entre 
les  Evèques  dans  les  matières  mêmes  du  ressort  du  tiibunal,  les  questions 
doivent  être  référées  au  St-Siège,  et  non  tranchées  par  les  uns  contre  les  autres, 
<omme  le  voudrait  l'Université  pour  réduire  ses  juges  au  silence. 

liulin,  (jui  (  roira  que  le  St-Siège  organiserait  un  tribunal  contre  un  Eve- 
que  sans  plus  de  formalités,  sur  la  simi)le  di'mande  d'un  Recteur,  et  sans  atten- 
dre les  explications  de  cet  Evêque  i 

D'où  il  résulte  que  l'Université  a  donné  uin^  signification  erronnée  à  la  ré- 
ponse de  Son  Eminence,  le  Préfet,  et  une  portée  qu'elle  ne  p^uvait  avoir. 

Mais    il  y  a  bien  autre   chose  :    un  point   capital  a  été  passé   sous  silence. 

Le  Reiteur  n'a  point  fait  connaître  à  Son  Eminence  que  le  Président  du 
Conseil  de  haute  surveillance  devant  lequel  il  s'efforçait  de  ramener  l'affaire 
était  intéressé  d^ns  la  cause,  déjà  tout  prononcé  en  sa  faveur,  et  devenu  un 
adversaire  déclaré  de  l'Evêque  des  Trois- Rivières.  Il  ne  l'a  pas  prévenu  que  S. 
U.  Mgr.  Taschereau  travaillait  personnellement  dans  le  temps  môme,  à  une  ré- 
futation de  notre  Mémoire  sur  les  difficultés  religieuses  en  Canada.  Il  n'igno- 
rait pourtant  pas  cette  grave  .inonstauce,  puisqu'il  était  généralement  connu 
à  C^uébec  que  l'Archevêque  s'occupait  de  ce  travail,  bien  avant  que  le  Recteur 
écrivit  sa  lettre,  et  que  les  rapports  intimes  qui  existent  entre  l'Archevêque  et 
l'Université  ne  permettent  de  supposer  une  telle  ignorance. 


■r-  lOi;   - 

Cette  seule  considération  était  plus  que  suilisauti'  nour  détourner  le  Préfet, 
de  déférer  à  l'Archevêcpe  l'audition  d'une  telle  eause,  et  de  la  souTuettre,  par 
un  acte  de  partialité  manifeste,  à  la  dé«'ision  presque  souveraine  de  son  vote 
présidentiel.  Elle  aurait  sufli  pour  obliger  8on  Eminen<'e  à  retenir  la  cause  près  le 
St-Siège,  lors  même  que  celle-ci  eut  été  régulière  siir  tous  les  autres  points. 

De  sorte  que  cette  déloyale  pétition  de  l'Université  au  Préfet  de  la  Propa- 
gande contre  l'auteur  du  Mémoire,  et  l'interprétation  de  la  réponse  du  Cardinal 
plus  déloyale  «Micore,  constituait  un  vérital)le  guet-à-pens  sous  tous  les  rapports 
contre  l'Evêque  des  Trois-Rivièn's. 

Il  restera  donc  établi,  aux  yeux  du  St-!Sicge  comme  à  ceux  de  rcpi8i<)i)at 
canadien,  qxie  l'Université  Laval  a  fait  tous  les  etlorts  possibles,  i(  i  et  à  Kome. 
pour  transformer  en  matière  de  procès  les  informations  données  par  un  de  ses 
juges  à  l'autorité  Suprême,  et  (|u'elle  a  ti'uté  de  le  faire  juger  et  condamner  i^ar 
un  tribunal  irrégulier  et  incompétent,  contre  tout  droit  et  toute  justici>. 

C'est  dans  ces  circonstances  que  rArclievèf|ue  de  (Québec,  acceptant  de  nou- 
veau la  plainte  irrégulière  de  l'Université,  sans  autre  docirment  jjour  appui  que 
la  lettre  du  Recteur  q\ie  nous  avons  vue  ci-dessus,  et  après  avoir  mis  au  Jour 
ses  violentes  "  Remarq/ics"  '.outre  l'auteur  du  Mémoire,  s(mima  pour  la  deuxiè- 
me fois  eehxi-ci  de  comparaître  devant  le  Conseil  de  Haute  Surveillance  :  c'est- 
à-dire  de  se  mettre  à  la  discrétion  d'un  juge  intéressé  puisqixe,  ce  Con>  'il  était 
impuissant  sans  sou  vote. 

Voici  cette  deuxième  sommation,  aussi  anti-cauonicpie  (pie  la  première, 
dont  elle  est  la  persistante  répétion. 


■VI 


Québec,  11  Octobre  1882. 


Jl<j:r  L.  F.  Ldllcclie, 


Ëvéqiie  des  Trois-llivuirs. 


Monseigneur, 


J'ai  l'honneur  de  vous  transmettre  ci-indus  une  lettre  que  le  Recteur  de 
rUniversité-Laval  m'a  adressée  le  9  du  courant,  concernant  certaines  accusations 
portées  par  V.  G.  devant  le  St.  Siège  contre  quelques  professeurs  de  la  faculté  de 
théologie.  Veuillez  me  faire  connaître:  lo  les  noms  de  ces  professeurs,  lin 
qu'ils  se  tiennent  prêts  à  comparaître;  2o  en  quel  temps  V.  Ct  sera  prête  à  ^'ro- 
duire  et  à  prouver  ses  accusations,  afin  que  je  puisse  convoquer  le  conseil  de 
haute  surveillance. 

Veuillez  agréer,  Monseigneur, 

l'assurance  de  mon  dévouement, 

_.t  E.  A.  AiîHC.  DE  Québec. 


—  197  — 

L'Ev-quo  des  Trois-Tîivi6vos  qui  ne  pouvait  acrepter  lo  Conseil  do  Surv(>il- 
liin  c  univorsitaiiv  comnic  un  tribunal  pour  le  jug-or,  n'aurait  pas  eu  d'objection 
à  l'aire  oflicicusement  queli^ues  eoinniunii  ations  à  ee  Conseil  pour  sa  proi)re  inlbr- 
nuition,  à  certaines  conditions;  ne  l'ut-ce  que  pour  témoigner  toute  la  délVreuci! 
possible  à  Hon  Eniinenc',  le  Prciet  de  la  S.  Cong.  de  la  Propagande. 

l']n  consi-quence  il  adressa  à  l'Archevêque  la  lettre  suivante,  dans  laqu.dle 
«'talent  po^^éois  quelcjucs  (lucstioiis  propres  à  dessiner  davantage  la  situation  de 
cha -un.  et  à  laiic  reconnaître  les  droits  de  tous. 


VI.T 


EVECHK  Di:s  Tuoi.'^-KlVIEKKS, 
ce  17  Octobre  1882 


.y^r.  E.  A.  Tii^rhn-c(t)i. 

A  n:!ierri/t/f'  ilv.  QiiOhvr. 


Monseigneur, 

J'ai  1  honneui  d'accuser  réception  de  la  lettre  de  Votre  Grandeur  en  date 
du  11  courant. 

Déléraut  au  <lésir  de  r<an  Euiineii'  e  le  Cardinal  Siméoni  Préfet  de  la  S,  C. 
de  la  Propagande,  J'ai  l'intention  de  faire  au  conseil  de  haute  surveillance  les 
fommunications  que  j'ai  cru  de\  oir  faire  au  St-Siège  sur  les  tendaiiees  de  cer- 
tains ])rofesseurs  de  rUniversité-Laval.  Mais  avant  d'indiquer  à  Votre  Gran- 
deur l'cpoiiue  où  il  me  sera  possible  d'aviser  à  la  réunion  du  conseil,  je  regarde 
comme  nécessaire  d'être  éclairé  sur  les  (juestions  suivantes  : 

lo.  lia  réunion  du  Conseil  de  haute  surveillance  pov.v  . étendre  ces  com- 
munications d'un  dt'  ce.s  membres,  doit-elle  dans  votre  pensée,  avoir  un  caractè- 
re exceptionnel  :" 

2o.  Quelle  sera  l'attitude  réciproque  des  membres  du  conseil,  et  spéciale- 
ment de  Mgr.  le  Chajicelier  de  l'Université  et  de  l'Evêque  des  Ïrois-Rivières, 
le  premier  se  trouvant  en  quelque  sorte  juge  et  partie  dans  la  même  cause  ? 

3o.  La  discussion  dans  le  conseil  aura-t-elle  un  caractère  délibératif  on  con- 
tentieux i  et  sous  quelle  forme  devront  se  produire  les  décisions  quelles 
qu'elles  soient  qui  seront  prises  à  la  fin  de  la  séance. 

Je  prie  Votre  Grandeur  de  vouloir  bien  me  donner  ces  éclaircissements, 

Veuillez  agréez  l'assurance  de 

mou  plus  entier  dévouement, 

t  L.  F.  EvEQUE  DES  Trols-Rivieres. 


—  108  - 
L'Arrhevéque  répondit  comme  suit  : 


Qu.'-boc,  20  Octo})n>  1882. 


Mgr  L.  F.  LaJIèdie, 

Eiiéqiie  des  Trois-  Rivières. 


Mor..seigueur, 

Après  une  absence  de  linq  joiars  je  trouve  sur  mon  bureau  la  lettre  de  V 
Gr.  en  date  du  17  courant  et  je  m'enpresse  d'y  répondre. 

Avant  de  faire  droit  à  la  plainte  de  l'Université  contenue  d.nis  la  lettre  rjue 
le  Recteur  m'a  adressée  le  !^  octobre,  V.  G.  désire  la  réponse  à  quelques  ([ues- 
tions  uvant  que  d'accéder  à  ce  désir. 

lo  Je  ne  vois  rien  qui  donne  à  la  réunion  du  conseil  de  haute  surveillance 
en  cette  circonstance  un  mrnrtvre.  exveftiionml,  puisqu'il  s'agit  d'un  cas  clairement 
prévu  par  l'article  X  de  la  Noriim  iohsHH,  dont  j'envoie  copie  à  \ .  Vr. 

2o  Les  articles  XI  XII  XIII  nous  tracent  la  inarche  à  suivre,  et  il  n'est  per- 
mis ni  au  chancelier,  ni  à  amiin  sulFragant  de  s'en  écarter.  V.  Cr.  parait  vouloir 
récuser  le  chancelier  en  disant  (px'il  se  Iroiiverdiljiigeetpurlieeii  tptehine sorte dntislo 
même  muse.  Rien  dans  la  Norma  ne  donne  droit  de  faire  cette  récusation.  11  ne 
s'ag'it  pas  de  faire  le  procès  du  chamelier,  mais  de  toute  une  faculté,  la  plus 
importante  de  toutes,  qui  est  avcusée  de  libéralisme  par  V.  G.  Je  dis  toute  une 
faculté,  car  l'accusation  indéterminée  laisse  planer  le  doute  sur  chacun  des  pro- 
fesseurs, puis  qu'au.cun  des  trois  qui  sont  visés  n'est  désigné  nommément. 

3o.  D'après  l'article  X,  Votre  (t.  devra  avant  tout  donner  les  noms  des  accu- 
sés, puis  exposer  clairement  les  propositions  ou  les  faits  sur  lesquels  repose  cette 
très  grave  accusation,  afin  que  les  .jxiges  et  les  accusés  sachent  au  juste  de  quoi 
il  s'agit.  V.  G.  demande  sous  quel  forme  devra  se  produire  les  décisions  du  tribunal  ;  il 
me  semble  clair  que  cela  dépendra  de  la  tournure  que  prendra  l'atiaire.  Jusqu'à 
présent  l'accusation  est  demeurée  tellement  vague  qu'on  ne  peut  rien  prévoir. 

Veuillez  agrée/,  Monseigneur, 

l'assurance  de  mon  dévouement, 

t  E.  A.  Aroh.  de  QuEiiKC 

Cette  lettre  de  l'Archevêque  aurait  dissipé  tous  les  doutes,  s'il  avait  pu 
encore  s'en  trouver.  Elle  assimilait  formellement  les  informations  d'un  Evêque 
faites  à  Rome  à  une  accusation  juridique,  et  tenait  à  faire  rentrer  cet  Evêqixe 
absolument  dans  les  rangs  des  subordonnés,  conformément  à  la  demande  du  Rec- 
teur. 


—  \w  — 

Poiir  le  Métropolituiu,  il  prôt-Midait  iii-  trouver  rien  iff.rcepfioH/if'l.  Le  rhai^ 
^•elior  pouvait  ùtre  juge  et  jiartie,  et  l'Evèiiue  (le.s  Trois-Rivières  devait  se  met- 
tre en  procèis  avee  une  laeulté  universitaire,  ayant  pour  juge  pres(iue  Souverain 
4'e  Chancelier  tout  prononcé,  l'uiw  les  (icciwitions  de  trrs  <^raves  (ju'elles  étaient 
(l'abord,  devenaient  tellement  ni<>-nes  qu'elles  avaient  besoin  d'être  formulées  do 
nouveau  et  lortement  élucidées,  selon  lui,  pour  qii'on  put  en  entrevoir  le  dénoue- 
ment, maisle  mode  de  procédure  t/e  lu  lin  devait  rester  caché. 

Dans  ces  conditio)is,  ce  déuoiiement,  ou  la  forme  sous  laquelle  devait  se  jiroduirr 
la  décision  du  tribunal,  était  une  sentence  que  l'Evèque  des  Trois-Rivières  pouvait 
aisément  prévoir,  et  dont  l'eltet  serait  d'annihiler  les  informations  données  au  St. 
Siège,  en  ruinant  le  crédit  de  tout  le  Mémoire  par  le  seul  point  controversé  et 
favorablement  jugé  des  tendances  lil)érales  de  certains  professeurs  universitai- 
res. 

La  portée  de  cette  lettre  révélait  donc  manifestement  le  plan  adopté  dans 
le  camp  universitaire  de  régler  à  Québec,  sans  ])ruit  et  à  huit  clos  ces  grandes 
difficultés  reli'^ieuses  du  Canada,  dans  lesciuelles  sont  concernés  des  professeurs 
universitaires,  et  d'où  déptmd  l'avenir  religieux  du  pays. 

Il  devint  alors  nécessaire  pour  l'Evèque  des  Trois-Rivières  d'établir  sa  po- 
-sition  vis-à-vis  de  l'Archevêque  et  de  l'Université  de  la  manière  la  plus  exacte, 
t^t  dt^  protester  énergiqueinent  contre  toutes  ces  procédures  anti-canoniques. 
iSon  devoir  lui  défendait  de  laisser  périr,  avec  son  propre  Mémoire,  la  cause  de 
l'Eglise  du  Canada,  et  le  forçait  au  contraire  d'attirer  l'attention  du  St.  Siège 
d'une  façon  toute  spéciale  sur  la  gravité  de  nos  maux  toujours  croissants,  en 
provoquant  les  adversaires  à  une  enquête  générale  et  complète  devant  ixne  com- 
mission pontificale. 

C'est  ce  qu'il  fit  dans  le  document  suivant,  qui  est  à  la  fois  une  histoire  et 
vine  preuve  des  vrais  misères  de  notre  chère  Eglise  provinciale. 


TX. 


\  EvÉcHE  DES  Tkols-Rivieres 
{  ce  8  Novembre  1882. 


A  Sa  Grandeur,  M^r.  E.  A.   Taschermu, 
Archevêque  de  Québec, 


Monseigneur. 

"Votre  Grandeur  voudra  bien  comprendre  la  raison  de  mou  retard  :  la  gra» 
vite  de  la  question,  qui  se  trouve  engagée  entre  nous  m'a  décidé  dès  l'abord  à 
prendre  pour  moi-même,  et  à  laisser  aux  autres  le  temps  de  la  réflexion.  Il  s'a- 
git au  fond  du  droit  des  évêques  à  correspondre  avec  le   St-Siège,  et  à  faire  di' 


— '2(1(1 — 

Terteniont   ot  lihnnnciit  toutes  les  coininiinit-ntioiis   (juc  Iciir  cousticiici'  jnirriîi 
opportunes. 

Ce  droit  est  atta<|ué  dans  rEvè(|ue  des  Tr(tis-Ri\ières  j)ar  ^Iht.  rAreluné- 
((U(>  de  (Québec,  et  i>ar  rUniversité-Laval.  Avant  donc  de  répondre  aux  deux 
derni('res  lettres  de  V.  (r.,  je  veux  traiter  d"ul)ord  la  ciuestion  préjudicielle  et  ion- 
d.'imentale  do  pleine  liberté  épiscopale  dans  mes  rap[)orts  avec  le  St-Sièur*' 


Ai,nssant  coinnie  évéïpie,  j  ai  soumis  à  Texamen  de  la  S.  V.  de  la  Tropaii-an- 
de  un  Mémoire  sur  les  diflicultés  religieux's  en  Canada.  La  commuiiitation  de 
ce  Mémoire  à  l'Archevêque  et  aux  évèques  de  la  province,  par  un  en\oi  lait  a 
mon  insu  n'engage  à  aucun  degré  ma  responsabilité  devant  les  évèques  el  ne 
conrère  aiicun  pouvoir  juridicpie  au  Métropolitain  sur  ce  document.  Il  serait 
déjà  exhorbitant  au  roulent ie.i(.f  de  désaisir  le  tribunal  suprême  d'une  cause  pour 
la  ramener  devant  le  tribunal  inl'érieur,  et  encore  plus,  si  c'est  le  tribunal  (jue 
préside  de  droit  un  prélat  à  la  l'ois  juge  et  partie  dans  le  débat.  A  plus  Ibrte 
raison  est-il  insoutenable  (pi'uiu'  autorité  quelconque  ait  le  droit  de  se  jeter 
entre  un  évoque  et  le  iSt-Siège,  et  d'essayer  de  translormer  en  une  matière  liti- 
gieuse, des  informations  adressées  d'olliic  à  la  souveraini'  autorité  ':  Que  de- 
viendrait dans  ce  cas  la  liberté  des  évèques  dans  leiirs  rapports  immuliats  avec 
le  cher  de  l'Eglise  ? 

La  phtinte,  la  routntiluiioii,  IdJ/is/i/ico/ion  ne  iieuvent  donc  se  prodiiire  que  là 
où  s'est  produite  l'intorniation  ^  Tous  y  trouvent  justice  et  sécurité. 

Je  regarde  (Mi  conséquence  comme  un  procédé  irrégulier  canoniipienient,  la 
sommation  qiie  Mgr.  l'Archevêqiie  de  Québec  a  cru  pouvoir  me  l'aire  au  mois 
de  Juillet  dernier  sur  la  demande  de  Mons.  le  Recteur  de  l'ITuiversité-Laval. 
Sa  Grandeur  déclare  Elle-même  dans  une  lettre  subséquente,  (ju'Elle  s'atten- 
dait à  xxxxQ  lin  de  non-recevoir.  On  ne  peut  dire  phis  clairement  que  l'Archevê- 
que de  Québe»  s'attribue  à  priori  uiuijuridiction  sur  les  causes  dont  il  sait  que 
le  St  Siège  a  été  saisi,  et  qu'il  y  a  des  questions  sur  lesquelles  l'Université- La- 
A'al  s'arroge  le  privilège  de  couper  les  communications  directes  entre  un  évêque 
et  le  St-Siège.  La  réponse  que  vous  avez  obtenue  et  qui  est  signée  par  S.  E.  le 
Card.  Préfet  de  la  Propagande  ne  justifie  pas  la  tentative  que  vovxs  avez  faite 
contre  moi,  avant  même  d'iMi  référc^r  à  Rome  :  et  depuis  cette  réponse  mes  droits 
d'évêques  restent  dans  Unir  intégrité. 

J'ai  adressé  mon  mémoire  uniquement  au  St-Siège  entendant  user  de  mes 
droits  d'évêqixe,  je  l'avais  écrit  avec  la  permission  formelle  du  Souverain  Pon- 
tife, et  j'en  ai  déposé  un  exemplaire  aux  pieds  de  Sainteté,  et  le  souverain  Pon- 
tife après  l'avoir  reçu,  m'a  promis  de  le  faire  examiner.  Dès  lors  que  S.  E.  le 
Card.  Préfet  de  la  Propagande,  refuse  de  soumettre  mon  mémoire  à  l'examen 
de  cette  S.  Congrégation,  malgré  les  demandes  réitérées  que  je  lui  en  ai  faites, 
(>t  expédie  «ans  m'en  prévenir,  à  l'Archevêque  et  aux  évêquos  du  Canada,  le' 


—•201— 

oxi>mplaire«  qi\t'  je  lui  avilie  n'inis  pour  les  Eraiiieiitissimes  Cardiimux  do  la 
l'ropagande  ;  j'aurais  le  droit  rigoureux  et  iiidéniablo  do  retirer  purement  et 
simplement  mon  mémoire.  Kn  ne  le  laisant  pas,  je  cède  librement  de  mon  droit 
ot  j'entends  que  le  in-ineipe  m(^me  de  ma  libert»'-  reste  intact. 

Je  dois  protester  tout  d'abord  contre  la  double  prétention  de  Mgr  l'Arche- 
vêque et  de  l'Uni  versité-Laval;  et  je  le  signalerai  avant  tout  dans  l'enquête 
générale  que  je  vais  provoquer. 

XI 

Maintenant  je  veux  répondre  aux  deux  lettres  que  V.  G.  m'a  lait  l'honneur 
de  m'adresser  dans  >.  courant  du  mois  d'Octobre.  Dans  la  première,  Elle  me 
cite  devant  le  Conseil  de  Haute  Surveillance  pour  y  l'aire  preuve  d'une  allirma- 
tion  générale,  tirée  d'une  pièce  justificative  de  mon  mémoire,  et  portant  sur 
trois  professeurs  de  la  l'acuité  de  théologie  de  l'Université- Laval.  Elle  me  som- 
me en  même  temps,  de  produire  les  noms  de  ces  trois  messieurs.  Enfin  Elle 
m'invite  à  iixer  lépoque,  où  il  me  sera  possible  d'assister  à  une  réunioji  de 
Conseil. 

Dans  la  2ième  V.  G.  m'informe  que  la  "  Morma  ConxiHr  doit  régler  la  cons- 
titution et  les  attributions  du  Consiîil,  le  mode  de  procédure  et  la  sanction  des 
décision,  qui  peuvent  être  i)rises. 

J'ai  le  regret  de  déclarer  à  V.  Cr.,  que  je  suis  en  désaccord  avec  Elle  sur  ces 
points. 

Par  déférence  pour  S.  E.  le  Card.  Siméoni,  Préfet  de  la  Propagande,  j'ai 
consenti  à  faire  au  Con.seil  épiscopal  de  Haute  Surveillance  universitaire  les 
communications  (jue  j'étais  libre  de  faire  au  St-8iège  uniquement,  ses  règle- 
ments et  les  prétentions  universitaires  ne  pouvant  en  rien  limiter  mes  droits 
d'évêque,  sur  n'importe  quel  sujet.  Mon  Mémoire  doit  être  examiné  tel  qu'il  a 
été  présenté,  dans  sou  ensemble  et  dans  ses  détails.  C'est  un  exposé  général 
qui  ne  peut  être  divisé.  Si  donc  le  Conseil  de  Haute  Surveillance  en  est  saisi, 
il  doit  avoir  une  juridiction  assez  ample  pour  juger  la  question  universitaire, 
telle  que  l'ai  posée,  je  veux  dire  dans  toute  sou  étendue,  et  par  conséquent  dans 
tous  ses  rapports  avec  les  diflicultés  religieuses  en  Canada. 

Du  reste,  c'est  le  seul  sens  que  je  puisse  donner  à  ces  paroles  signées  par 
8.  Eminence  le  Card.  l'réfet  :  ''  ÀinpIUudo  tua  eidem  Consi/iu  Vniversitnrio  interesse 
débet,  et  probare  quidquid  iu  Pro-Meiiiona  'asserittir  coiUni  universitatis  regimen  ejusqne 
autecessores.  "  Tout  ce  qui  est  avancé  dans  mon  mémoire,  est  exprimé  en  afhrma- 
tions  générales,  qui  s'étendent  aux  facultés,  aux  professeurs,  aux  doctrines  aux 
actes  de  l'Université  depuis  l'origine  de  cette  institution; 

Je  dois  faire  et  je  veux  faux  la  preuve  aussi  large  que  l'allirmation  dans 
une  enquête  universelle.  C'est  mon  droit  et  V.  Gr.  ne  saurait  imaginer  une 
hypothèse  qui  puisse  m'en  faire  départir.    Laisser  donner  le  change,  et  rétrécir 


■'fwl 


uiM'  quostion  d'ordre  grurral    aux  diuu'iit'ionN  d'iiut'  fjiU'Htioii  personnoUc  .serait 
au-doKsons  de  ma  dijîuité  et  contraire  au  but   élevé  <jue  ma  conseience  d'évAquo 
s'est  proposé,  en  exposant  une  situation  d'ensemble  au  St-Siège  sur  les  dillicnil 
tés  religieuses  de  notre  province  ei  sur  les  causes  qui  les  ont  amenées. 
Il  suit  de  là  que  (contrairement  à  l'interprétation  de  V.  G-.: 

r'  La  séance  du  Conseil  de  Haute  Surveillanct»  doit  avoir  un  carai-tère  (jue 
ne  prévoit  pas  la  "  Noniut  ('<insi/ii  "  iara(;tère  f.irfji/iotiHel  comme  la  cause  dont  le 
Conseil  sera  saisi  ; 

2'^  La  juridiction  du  Conseil  doit  être  assez  étendue  pour  examiner  tout 
mon  mémoire  avec  lequel,  la  question  universitaire   à  des  rapports  néi'i'ssaires. 

3"  Mgr  l'Archevêque  ne  peut  présider  le  Conseil  parce  que  Sa  Orandeur 
sera  personnellement  mise  en  cause;  car  il   est  de  toute  justice  que  ses  n.Muar- 
ques  sur  mou  mémoire  soiennt  examinées  ("ontradictoirement  à   ce  mémoire. 
Personne   ne  trouvera  admissible  que  dans  de  telles  conditions  Sa  Crrandeur , 
conserve  les  prérogatives,  qui  lui  .sont  assurées  i)ar  lu  Xoniid  CoiimIU:  Art.    VIll 

majoiitus  nhwhila aiij/iciitf  atl  (i<f()/)/i(ti>l<ihi  srii/f/id'fini,  imiiiso  ro/o  rr('si(kntis.    Arf. 

XIV.   Ad  Redorciii ci  snlitm  de  (iSKeus/i  sd/tcni  iliioniin  e.ciribiisincluso roto  IWsidfn- 

fis  Consilii  sujieriofis  quccirla'  defernnliir  :  Ce  dernier  article  inutile  si  quelqutî  llec- 
teur  avait  à  répoiulre  pour  lui-même,  deviendrait  révoltant  dans  la  cause 
actuelle  ; 

4^  Les  trois  Messieurs  de  la  faculté  de  théologie,  dont  il  est  que.stion  dans 
l'appendice,  n'ont  aucun  droit  particulier  dans  l'enquête  générale,  et  ils  n(! 
parviendront  point  à  se  constituer  une  situation  à  part  ;  ils  vieadroi.i  seulement 
à  leur  tour,  à  leur  rang  ; 

5"  Comme  moyen  des  preuves  l'évèque  des  Trois-Uivières  se  réserve  non- 
seulement  de  prendre  "  lediones  velpern  in  (i/tihiis,  vel  omisio  jmh/iat,  in  qnâ  et  lestes 
coràm  quibus  traditce  fuerunt  "  (propositiones  rontra  fideni,  vel.  malt)  sonontes  etc.)  {Nnr- 
ma:  Art.  XI,)  mais  encore  et  principalement  de  citer  et  faire  déposer  sous  la  foi 
du  serment,  tons  les  témoins  jugés  nécessaires.  Du  reste,  les  témoins  dont 
l'appendice  de  mon  mémoire  rapporte  les  dépositions,  viendront  prendre  la 
responsabilité  de  leur  témoignage  écrit.  Ainsi  cessera  l'étonnante  prétention 
que  l'on  a  émise  de  me  rendre  responsable  de  ces  témoignages  ; 

6°  Enfin,  je  ne  puis  admettre  que  les  sanctions  de  la  Norntn  soient  suffisan- 
tes dans  une  question  si  grave.  Il  importe  peu  que  deux  ou  trois  profest^eurs 
soient  convaincus,  admonestés,  ou  même  écartés.  Rien  ne  sera  fait,  si  le  person- 
nel, l'esprit  et  les  tendances  ne  sont  ramenés  du  môme  coup  dans  les  A'oies  tra- 
cées par  la  bulle  d'érection. 

Sans  ces  conditions  que  je  viens  de  dire,  je  ne  puis  donner  suite  à  la  j>en- 
sée  que  j'avais  acceptée  de  remettre  mon  mémoire  à  l'examen  des  évoques; 
mais  dans  ces  conditions  non-seulement  j'accepte,  mais  je  demande  une  enquê- 
te générale  et  approfondie.  Tout  autre  chose,  Mgr,  à  votre  insu  et  malgré  vous 


—•20?,— 


la 


«t'iait  uiu'  intrigue,  et  je  lu  reponssc.  Cominc  vous  k'  voytz,  niio  uuloiitr  plus 
hiiu'i\  plus  iiul('prii(l;iiiti',  doit  pirsidor  à  cotto  grande  l't  nécessaire  enquête. 
J'en  avilis  lu  «ouvietion  en  a(lr''ssant  mon  mémoire  unifiueuient  au  Sl-Si('ii;e,  et 
jt*  regrette  que  V.  (<  Jiit  cru  p(is>il)!(  de  l'iiirt-  imiter  nue  telle  que^tion  devant 
le  Conseil  de  Haute  Surveillance  ;  dans  les  limites  étroites  lixées  par  la  Xoruia. 
L<'8  proportions  de  la  cause  dépassent  les  attrit»utions  d'un  ('j)nseil  ordinaire 
Mais  voici  ixne  contradi.  ticui  in.'xi>!ical)le  !  V.  (j  écarte  l'allé. même  sur  \\n  point 
capital  cette  Xonnn  qu'l'jlle  voudrait  imposer  :  l'art.  XI  a  cetl(>  idause  iinah' ; 
QiiDil  ni  iiUer  r/tisao/iDx  ///>v»s,  i/ii:t/  allait  urinlur  har  in  re  flisfir/iuu/in,  iiKurins  non  pro- 
a'diiliir  iloiinc  S(tnr/(i  .vv/Zs  ornr/il/nti  lidlxtiihir. 

Depuis  la  d'''eision  de  S.  Iv  le  Canl.  rrcl'el  de  la  Tnipairaiule,  \.  Vx.  nous  a 
communiqué  se<>  lîemaïques  sur  mon  mémoire,  et  ainsi  lùlle  a  i)ris  position 
contre  ce  document.  La  dissidence  enin»  nous  est  autlientique.  La  Xoniia  d'après 
vous  reste  lu  reirle  ;  et  cependant  au  lieu  de  rélérer  la  chose  au  ,S|-Siè;.?e  comme 
elle  le  j^rescrit  vous  retenez  la  cause  mnlpré  la  Xorma.  Cette  Xoniin  n'est  donc 
point  pour  vous  une  rè<i"le  inliexible,  s'il  y  a  (pielque  exception  sixr  ces  points, 
pourquoi  l'exception,  n'est-elle  i)oiiii  spéciliée  dans  la  le1tn>  de  son  Kminenee? 
Au  moment  ou  Son  Imminence  si'j^iiait  cette  lettre,  IClle  i'j,'!iovait  sans  doute  l'at- 
titude opposée  prise  par  V.  Cl.  dans  ses  remnr(jues  sur  mon  mémoire.  D'ailleurs 
si  la  clause  liiuile  de  l'art.  XI  devait  être  suspendue  ne  serait-ce  pas  réellement 
un  tribunal  déguisé  que  l'on  chereliernit  à  prépnter  contre  l'évèque  des  Trois- 
Uivières  .' 

Cett^e  situation  impossible   a  échapi^e  â  rattenlion   de  V.  (I.;  il  sutlit   de  la 


Cett.e  .sil 
lui   signaler 


lui  signaler  pour  ([u'I'ilie  recule  devant  une  telle  procédure  si  arl,)itraire,  (lui 
du  re?te  ne  sera  pas  ai;cei)ice. 

La  lumière  est  néees.saire  pourtant  et  nous  la  désirons  tou.s  ardemment. 
.T'es|K're  dom^  que  V.  U.  voudra  bien  dans  ce  but,  m'aider  à  obtenir  du  St-Siège 
un  Délégué  .\postolique    qui  vienne  régh>r  nos  ditiérends. 

Si  ce  haut  représentant  de  l'autorité  suprême  est  accepté  de  tous  les  évê- 
qnes  ;  s'il  a  pour  mission  d'entendre  tous  les  témoignages,  et  d'étudier  à  l'oiul 
toutes  les  causes  de  notre  désaccord  ;  je  ne  doute  pas  qu'il  ne  travaille  avec  suc- 
cès à  l'œuvre  si  importante  de  la  pacification. 

En  finissant,  Mgr.  je  dois  déclarer  à  V.  G.  qu'il  m'est  impossible  de  laisser 
ignorer  au  Soviverain  l^ontil'e  comment  l'Archevêque  de  Québec  et  l'Université- 
Laval  entendent  la  liberté  et  les  droits  des  évéc^aes  en  Canada  dans  leurs  rap- 
ports avec  le  Souverain  l'ont il'e;  je  prends  des  mesures  pour  l'aiie  parvenir  à 
Sa  Sainteté  la  lettre  que  j'ai  l'honneur  de  vous  adresser  en  ce  momont. 

Je  demeure  avec  la  plus  haute  considération. 

De  Votre  Grandeur 

le  tout  dévoué  serviteur 

t  L.  F.  EvÊquE  DES  Tk(»!s-Rivières. 


-204- 


Après  cette  lettre,  il  y  eut  un  échange  de  correspondances  qui  portent  en 
elles  des  explications  lucides  et  suliisantes.  Nous  nous  bornerons  aies  reproduire. 

8A  a.MirH.  L'ARCH.  DE  QUEBEC  A  L'EV.  DES  TR0I8-KIVIEUES 

QUKBEC;,   15  NOVEMUUE  1H82 

M^r.  L.  F.  Laflèrhe, 

Ev.  des  Trois- Rivières. 

Monseigneur, 

En  réponse  à  la  lettre  de  V.  G-.  du  3  courant. 

1"^.  Je  ne  me  repents  nullement  d'avoir  éorit  comme  je  l'ai  fait  dans  mes 
lettres  du  ItJ  et  du  25  juillet.  Je  comptais  sur  la  loyauté  de  V.  G.  pour  counai- 
tre  au  moins  les  noms  des  membres  de  la  l'acuité  de  théologie  que  V.  G-.  accuse 
de  libéralisme  ;  à  mon  grand  regret,  j'ai  constaté  une  lois  de  plus  qui^  les  enne- 
de  Laval  réclament  le  droit  de  tout  allirmer  contre  elle  sans  le  prouver. 

2"^.  Votre  Grandeur  me  cite  une  phrase  tirée  d'une  lettre  que  lui  a  adressé 
le  Cardinal  Siméoni:  "  Amplitudo  tua  eidom  consilio  universitario  interesse 
'  débet  et  probare  quidquid  in  pro-memoria  asseritur  contra  universitatis 
''  regimen  et  ejus  ante  ceosores  ". 

Ce  court  extrait  isolé  de  son  contexte  ne  laisse  ps'<<  connaître  au  juste  de 
quel  mémoire  il  s'agit.  D'après  une  lettre  du  Cardinal  à  moi  adressée  le  27 
Avril  et  une  ai\tre  du  14  Septembre  au  Recteur,  je  suis  tenté  de  croire  qu'il  est 
question  du  mémoire  relatif  à  l'établissement  de  la  succursale. 

3*^.  Mais  en  supposant  que  le  Cardinal  parle  du  '  mémoire  sur  les  difficul- 
tés religieuses  '  il  se  présente  diverses  remorques  à  faite. 

{(i)  Il  s'agit  du  conseil  de  haute  surveillance  établie  par  la  btille  de  Pie  IX 
et  dont  les  attributions  et  procédés  sont  réglés  par  la  Noriiia  sanctionnée  par  le 
St-Siège. 

(b)—ll  s'agit  des  assertions  du  mémoire  amfrà  uiiicersiUUis  regimen  et  ejiis  ante 
ressores  comme  le  dit  la  lettre,  ou,  en  d'atitres  termes,  de  la  foi  et  de  la  mor(de  ou 

encore  de  renseignement  et  de  la  conduite  des  professeurs,  seules  matières  de  la  juri- 
diction de  ce  tribunal. 

(fi) — Le  mémoire  renferme  en  outre  des  assertions  contre  la  propagande,  le 
St-Office,  Mgr  Conroy  et  l'Archevêque  ;  ces  accusés  ne  sont  pas  évidemment 
sous  la  juridiction  du  Conseil  auxque'  le  Cardinal  renvoie  V.  Cr. 

(</)— Il  y  en  a  outre  dans  le  dit  mémoire  des  questions  historiques  et  poli- 
tiques dont  on  ne  peut  dire.  Mundum  tradit  dit  Deus  disputât ionibus  Itominum. 

Ces  accusations  fort  distinctes  les  unes  des  autres,  V.  Cr.  veut  les  mêler  et 
les  confondre  i-nserable  pour  échapper  autribunal  auqut'l  le  préfet  de  la    propa- 


—  205  — 

gande  renvoie  V.  G.  avec  ordre  d'y  prouver  tout  ce  qu'Elle  a  avancé  contre 
V  Université  et  ses  direcleurs. 

En  limitant  ainsi  le  champ  à  explorer,  le  cardinal  qui  connaissait  parfaite- 
ment ce  qu'il  y  a  dans  le  mémoire,  a  distingué  et  exclu  les  autres  questions. 

Veuillez  agréer,  Mgr,  l'assurance  de  mon  dévouement. 

t  E.  A.  AkCII.  de  QUEBEC. 


ZKJL 


i 


L'EVEQUE  DES  Ï110I8-KIVIERES  A  M<^}r  L'AKCll.  DE  QUEBEC. 

i   EVKCIIÉ  DES  TliOIS-KlVlÈKE.S 

)      21  Novembre  1882. 
M'^r.  E.  A.  T((sciiereau, 

Aniievcqi/e  de  Québec, 

Monseigneur, 

Voici  la  réponse  que  j'ni  rhonn(?ur  de  Taire  à  la  lettre  que  Votre  Grandeur 
m'a  adressé  le  15  du  courant  : 

lo.  V.  G.  commence  par  déclarer  qu'elle  ne  se  "  repent  nullement  d'avoir 
écrit  comme  l'a  fait  dans  ses  lettres  du  10  et  du  25  Juillet.  " 

Je  regrette  que  ce  soit  là  la  seule  réponse  que  puissent  obtenir  les  considé- 
rations si  graves  que  j'ai  du  Vous  présenter  sur  mes  droits  d'évêque  dans  mes 
rapports  avec  le  St-Siège.  Mon  regret  est  d'autant  plus  v'xî  que  votre  première 
lettre  du  mois  de  Juillet  était  non  une  simple  demande,  mais  vine  sommation 
en  règle  basée  sur  un  mémoire  uniquement  destiné  à  la  S.  C.  de  la  Propagande 
pour  l'information  du  St-Siège  sur  les  difficultés  religieuses  de  notre  province. 
C'était  porter  atteinte  au  droit  et  à  la  liberté  qu'à  tout  évèque  de  faire  connaî- 
tre au  St  Siège  ce  qu'il  croit  utile  au  bien  de  la  religion,  sans  que  le  Métropoli- 
tain, ou  une  université  puissent  intervenir  et  couper  ces  comnjunications.  Il  ne 
me  reste  plus  sur  ce  point  qu'à  informer  V.  G.  que  si  des  démarches  de  cette  na- 
ture se  renouvellent,  le  silence  suffira  pour  me  garantir,  sans  qu'Elle  ait  lieu  de 
s'en  étonner. 

2o.  V.  G.  me  représente  ensuite  que  la  seule  phrase  extiaite  d'une  lettre  si- 
gnée de  Son  lîminence  le  Cardinal  Préfet  de  la  8.  C.  de  la  Propagande  "  ne 
laisse  pas  connaître  au  juste  de  quel  Mémoire  il  s'agit  ". 

Le  Mémoire  sur  les  cUlficiillés  religieuse*  eu  Oiuada  étant  le  seul  que  j'eusse  alors 
présenté  à  la  S.  C.  de  la  Pro])agande,  je  ne  pouvais  soupçonner  qu'il  s'élevât  un 
doute  sur  ce  sujot  dans  l'esprit  de  V.  G..  D'autant  plus  que  la  lettre  de  S.  E. 
référait  à  la  réponse  qu'l-llle  envoyait  en  même  temps  à  M.  le  Kecteur  de  l'Uni- 
versité au  sujet  (le  ce  Mémoire.  Et  in  lis  lenniuis,  hodie  ipso,  respondi  Reetori 
unieersitidis  Lu  vi  dieu  sis. 


— '.?()!  ;- 


D'un  autro  côté  V.  G.  t-avait  par  la  Irttrc  de  M.  h-  Kertcur  qu'Elle  m'a  oom- 
inuiiiqut-e  (^uo  S.  E.  l'avait  informée  qu'Klle  m'écrivait  au  sujet  du  inéme  Mé- 
moire je  ne  puis  donc  en  réalité  comprendre  comment  le  doute  à  pu  s'éleveT 
dans  l'esprit  de  V.  G.  sur  le  l'ro-memoria  visé  dans  la  lettre  de  ïS.  K.  le  Gard. 
Préfet.  Quant  au  "  IMémoire  relatif  à  l'établissement  delà  Succursale  ",  dont 
parle  V.  G.,  il  ne  pouvait  en  être  question,  parccqiie  ce  ^^lémoire  n'existe  point, 
je  n'en  ai  ni  fait  ni  pré  enté  à  la  S.  C.  de  la  propagande  pendant  mon  séjour  à 
lîome,  parreque  S.  E.  le  Gard.  l'réfet,  m'a  dit  plusieurs  fois  que  cette  affaire 
était  référée  aux  évêques  de  la  Province  ; 

3o.  V.  G.  continue  :  "  Mais  supposant  que  le  Gardinal  parle  du  "  Mémoire 
sur  les  diilioultés  religieuses  "  etc. 

Dans  ce  cas  la  première  chost'  à  l'aire  était  d'éclainnr  le  doute,  et  de  savoir 
au  juste  de  quel  Mémoire  S.  E.  entendait  parler.  Je  sui.^  étonné  que  V.  G.,  sans 
éclaircir  son  doute  et  sur  une  simple  supposition  m'ait  fait  une  nouvelle  som- 
mation si  pleine  d'assurance,  fixant  l']lle-mèuie  l'objet  du  débat,  le  restreig-iuini. 
à  trois  professeurs  de  théologie,  et  faisant  dire  a  a  Gardiniil  ce  qu'il  ne  dit  pas. 
Je  retrouve  parfaitement  dans  votre  iuteri)rétation  les  visées  de  l'université  ; 
mais  je  n'y  retrouve  pas 'la  pensée  du  Gardinal  ; 

4o.  V.  G.  veut  bien  me  rappeler  l'origine  auguste  de  la  ^,'onll<t  J'espère, 
Mgr  ,  que  rien  dans  ma  lettre  du  o  Novembre  ne  rendait  nécessaire  cette  leçon 
de  respect.  J'ai  dit  seulement  et  démontré  que  la  Nonna  n'avait  pas  prévu  un 
cas  exceptionnel  comme  le  présent,  et  que  par  conséquent,  elle  ne  pouvait  sulli- 
re.  Mais  en  même  temps  V.  G.  ne  daign»^  pas  me  dire  quel  e  application  elle  en- 
tend faire  de  la  clause  finale  de  l'article  XI  qui  pouivoit  au  cas  d'une  divergen- 
ce d'opinion  entre  les  évéques,  en  défendant  d'aller  au  delà,  et  eu  ordonnant  de 
s'adresser  au  St-Siège.  V.  G-.  se  i^réparerait-l'llle  pnr  hasard  à  violer  résoliiraent 
sur  un  point  de  cette  importance  une  règle  pour  laquelle,  Elle  réclame  avec 
tant  d'autorité  le  respect  dû  aux  autres  ? 

ôo,  Y.  G.  distingue  les  différents  sujets  dont  parle  mon  Mémoire,  il  y  a  des 
assertions  contre  l'u'niversité  et  ses  Directeurs,  des  nrcnsnlions  (loutre  la  Propagan- 
de le  St.  Office,  Mgr.  Gonroy  et  l'Archevêque  ;  des  questions  historiques  et  politi- 
ques etc. 

J'observerai  d'abord  à  V.  G.,  que  ces  distinctions  ne  sont  pas  exclusives  les 
unes  des  autres  ;  elles  ont  des  points  communs  elles  rentrent  les  unes  dans  les 
autres  sur  des  faits  très-importants. 

Voilà  pourquoi  j'ai  élargi  le  champ  de  l'enquête  et  de  la  preuve  à  faire 
dans  toutes  l'extension  que  comporte  la  lettre  de  8,  E.  et  c'est  par  là  qiie  j'ai 
prouvé  que  les  attributions  d'un  Conseil  ordinaire  ne  sullisaient  pas.  V.  G.,  au 
contraire  a  voulu  le  rétrécir  aux  limites  étroites  d'une  question  personnelle  et 
le  restreindre  à  trois  professeurs  de  théologie,  qu'Elle  dit  être  accusés  de  libé- 
ralisme. 


—  207  — 


Ht 

t, 
i\ 


\ 


J'observerai  ou  .second  liru  qm-  le  mot  arrusnliou,  ne  se  trouve  point  dans 
la  lettre  du  Cardinal  ;  ce  mot  appliqué  aux  expositions  de  faits  qui  sont  dans 
mon  mémoire  est  une  outrance  imméritée,  car  ce  mémoire  n'est  ni  un  réquisi- 
toire, ni  un  acte  d'accusation,  mais  bien  nn  exjiosé  des  dilTiécultés  religieuses 
de  notre  province  et  des  causes  qui  les  ont  amenées,  comme  l'indique  claire- 
ment le  titre  qu'il  porte,  et  c'est  comme  évéque,  et  pour  l'acquit  de  ma  cons- 
«îieuce,  que  j'ai  fait  cet  exposé  au  tSt -Siège,  parceque  j'étais  convaincu,  comme 
je  le  suis  encore,  que  là  seulement  pouvait  se  trouver  le  remède  à  nos  maux. 
J'ai  fait  comme  le  malade,  qui  sonffre  ;  il  expose  au  médecin  les  divers  symptô- 
mes de  sa  maladie,  il  en  indique  les  diverses  causes,  autant  qu'il  a  pu  les  connaî- 
tre, afin  c[ue  le  médecin  ainsi  éclairé  puisse  appliquer  les  remèdes  les  plus  pro- 
pres à  ramener  le  malade  à  la  santé 

V.  (r  en  réduisant  le  débat  à  ixne  simple  question  personnelle  concernant 
trois  membresde  la  faculté  de  théologie  et  laissant  de  côté  le  reste,  fait  comme 
le  médecin  qui  ne  voudrait  tenir  compte  que  d'un  symptôme  de  la  maladie  de 
son  patient.  Voilà  pourquoi  dans  la  conviction  où  je  suis  que  ce  remède  est  in- 
suffisant, j'ai  demandé  une  enquête  générale  poixr  juger  la  ciuestiou  universi- 
taire, telle  que  je  l'ai  exposée,  je  veux  dire  dans  toute  son  «tendue,  et  par  consé- 
quent dans  tous  ses  rapports  avec  les  difficultés  religieuses  en  Canada  car  c'est 
le  seul  sens  que  je  puisse  donner  aux  paroles  de  la  lettre  de  Son  Eminence  le 
Cardinal  l'réi'ct  de  la  Propagandes 

Non  seulement  V.  (l.  réduit  le  débat  à  une  question  personnelle,  mais  Elle 
veut  renvoyer  devant  le  Conseil  ordinaire  de  haute  surveillance,  c'est-à-dire 
devant  un  tribunal  dont  Elle  est  Elle-même  le  président  et  qui  ne  peut  pren- 
dre de  décision  par  ta  majorité,  sans  le  vote  de  ce  président  ;  et  cela  aju-ès 
qu'Elle  s'est  Elle-même  prononcée  sur  la  question  dans  ses  Remarques  sur  mon 
mémoire  !  ^» 

Voilà  pourquoi  j'ai  demandé  encore  que  ce  fut  un  Conseil  exceptionnel 
comme  la  cause  qu'il  doit  examiner  et  présidé  par  une  autorité  plus  haute  que 
l'autorité  ordinaire  :  et  piiisque  veus  vous  êtes  constitué  partie  dans  le  débat 
par  vos  remariiiies  sur  mon  mémoire,  j'ai  aussi  demandé  que  ces  remarcj[ues 
fussent  examinées  conlradictoirement  dans  ce  Conseil  exceptionnel. 

Ainsi  V.  Cr.  voit  que  je  ne  refuse  pas  de  taire  la  preuve  qu'elle  me  deman- 
de, puisc^ue  je  demande  de  la  l'aire  beaucoup  plus  large  et  plus  complète,  et 
dans  un  conseil  pourvu  à  cet  eiiet  de  toute  la  juridiction  et  de  toute  la  liberté 
né:essaire  pour  l'entendre  effica'^ement.  lilt  c'est  en  in-ésence  do  ces  faits  que  V^ 
(J.  n'hésite  pas  à  mettre  en  question  ma  loyauté,  et  à  m'adresser  cer  paroles 
étranges.  "  A  mon  grand  regret  j'ai  constaté  une  fois  de  plus  que  les  ennemis 
de  Laval  réclament  le  droit  de  tout  affirmer  contre  elle  sans  le  prouver! 

Oo,  Il  y  i'  plus,  V.  G.  prétend  même  que  j'ai  mis  en  accusation  la  S.  C.  de 
la  Tropagande,  le  St-Office  etc. 


—2(18— 

Vous  couviouJrez  au  moins  ({u'uii  évoque,  qui  veut  accuser  lu  iS.  C.  de  la 
riopagande,  et  les  prélats  qui  ou  dépendeut,  ne  peut  agir  avec  plus  de  l'iau- 
chise  ni  pJus  d'utilité  qu'eu  s  adressant  à  cette  S.  Congrégation  Elle-mëiae.  Cela 
prouve  assurément  que  cette  évéque  est  plus  soucieux  d'être  véridique  que 
d'être  habile,  et  tient  plus  à  informer  exactement  qu'à  intriguer.  Au  reste,  la  S. 
C.  do  la  Propagande  est  assez  éclairée  pour  comprendre  la  partie  des  Mémoires 
([u'on  Lui  adresse,  et  assez  puissante  pour  se  défendre  Elle-même.  On  s'étonne- 
ra sans  doute  qu'un  Métropolitain,  sans  y  être  obligé  par  ses  devoirs,  ni  autori- 
sé par  ses  droits,  ni  invité  par  la  ïS.  Congrégation,  pousse  le  zèle  officieux,  jusqu'à 
aider  la  S.  Congrégation  de  la  Propagande  à  comprendre  les  prélendiiea  arcusations 
dont  ou  la  charge  dans  les  mémoires  adres.sés  à  Elle  seule. 

Permettez-moi  en  finissant  d'exprimer  le  regret  que  V.  G.  ne  me  pro- 
mette pas  son  concours  pour  obtenir  un  Délégué  Apostolique  qui  vienne  provo- 
quer et  présider  une  enquête  générale,  comme  je  l'ai  demandé. 

Je  connais  trop  les  égards  que  je  vous  dois  pour  dire  que  vous  cherchez  à 
amoindrir  l'enquête  afin  de  détourner  l'attention  de  nos  supérieurs  hiérarchi- 
ques, et  d'échapper  à  la  nécessité  de  faire  la  pleine  lumière  sur  les  causes  de 
toutes  nos  difficultés  religieuses,  ce  qui  est  le  seul  moyen,  je  le  repète,  de  rame- 
ner la  concorde  et  la  paix  dans  notre  province.  Mais  je  dirai  que  vous  avez 
voulu  constituer  indirectement  un  tribunal  réel  pour  y  faire  paraitre  en  lurua 
l'évêque  des  Ïrois-Kivières,  sous  le  couvert  de  l'autorité  de  la  Propagande,  ce 
qui  n'est  certainement  point  dans  la  lettre  de  S.  Erainence.  Cept'udant,  je  n'en 
demeure  pas  moins. 

De  Votre  G-randour, 

le  très-humble  et  tout  dévoué  serviteur, 

t    L.  ¥.  EVEqUK  DKS  TuoiS-lxlVlKRES. 

MoR.  L'ARCH.  DE  QUEBEC  A  L'EVEQUE  DES  TR01S-RIVIERE8. 

Québec,  25  Novembre  18H2. 

Mgr.  L.  F.  Lajlàke. 

Ev.  (les  Troh-Riviùres. 


Monseigneur, 

En  réponse  à  la  lettre  de  V.  G.  du  21  courant,  lo.  Les  lettres  du  Cardinal, 
en  date  du  27  Avril,  adressée  à  l'Archevêque  et  du  14  Septembre  adressée  au 
Recteur,  sont  si  formelles  et  si  explicites,  que  je  ne  puis  admettre  sans  hésita- 
tion le  sens  donné  par  V,  G.  à  la  petite  phrase  isolée  de  son  contexte,  qui  a  été 


— 200— 

extraito  d'une  lettre  adressée  à  V.  (i.  le  14  Septembre  «  .-à-d.,  le  inêint»  jour 
qu'au  Recteur. 

2o.  Quant  au  mémoire  sur  les  difiicultés  religieuses,  je  maintiens  tout  ce 
que  j'en  dis  dans  ma  lettre  du  25  courant. 

3o  V.  G-.  me  demande  quelle  application  j'entends  l'aire  de  la  clause  finale 
de  l'article  XI  de  la  Noniia.  Diins  cet  article,  il  s'agit  de  la  doctrine  et  non  du 
fait.  Mon  avis  est  qu'il  faut  commencer  par  le  commencement  et  finir  par  la  fin. 
Quand  la  doctrine  aura  été  examinée  par  les  évèques  en  la  manière  prescrite  au 
commencement  de  cet  article,  on  verra  ce  qu'il  y  aura  à  faire  conformément  à  la 
clause  finale. 

4o.  Il  est  plus  facile  d'atlirmer  que  de  prouver  que  j'ai  fait  dire  au  Cardi- 
nal ce  qu'il  ne  dit  point,  dans  le  petit  bout  de  phrase  cité  par  V.  (i.  J'ai  tra- 
vaillé sur  la  matière  qui  m'a  été  fournie  sans  essayer  de  deviner  ce  que  peut 
cacher  le  contexte,  car  c'eut  été  peine  jvrdue. 

5o.  Votre  Grandeur  me  menace  de  ne  me  répondre  que  par  le  silence ,  KUe 
trouvera  bon  sans  doute  que  je  mette  fin  à  toute  correspondance  ultérieure  ■  ur 
cette  afiaire,  tant  que  cette  menace  n'aura  pas  été  retirée. 

Veuillez  ag-réer,  Monseigneur, 

rassuriince  d"  mon  dévouement. 

t  E.  A.  Akch.  df,  C^ukhec. 


Comme  il  est  facile  de  le  voir,  Mgr.  l'Archevêque  n'a  répondu  a  aucune 
des  objections  fondamentales  contenues  dans  la  récusation  de  l'Evèque  des 
Trois-Kivièrf's. 

lo.  Il  n'a  pas  osé  prétendre  qu'une  Université  ou  mèine  un  Archevêque 
pût  couper  légitimement  les  communications  entre  un  Evêque  et  le  St-Siège  ; 

2o.  Il  n'a  pas  soutenu  que  les  droits  inliéreuts  à  la  charge  d'Evêque  étaient 
saufs  dans  la  sommation  faite  à  l'Evoque  des  Trois-Rivières  au  sujet  d'informa- 
tions données  au  8t.  Siège  ; 

yo.  Il  n'a  pas  établi  que  ces  informations  étaient  des  accusations,  ou  matiè- 
re de  procès  ; 

4o.  Il  n'a  pas  démontré  que  le  Conseil  de  Surveillance  universitaire  avait 
juridiction  sur  les  Evèques. 

5o.  Il  n'a  produit  ou  cité  aucune  pièce  qui  lui  communiquât,  de  la  part  du 
St.  Siège  le  pouvoir  de  transformer  ce  Conseil  eu  tribunal  contre  l'Evèque  des 
Trois- Rivières  ; 

6o.  Il  n'a  pas  détruit  la  solidarité  qu'il  y  a  entre  lui  et  l'Université  au  su- 
jet des  questions  touchées  par  le  Mémoire,  n'a  pas  rejeté  la  responsabilité  des 
"  Remarques  "  publiées  contre  le  Mémoire  ; 

7o.  Il  n'a  point  fait  voir  qu'on  peut  être  à  la  fois  juge  et  partie  dans  uu 


-210— 


débat,  sans  violer  les  règles  do  la  Justice,  il  établit  sa  «ompéteiioe  à  présider  un 
tribunal  dans  ces  conditions  : 

80.  Il  n'a  pas  expliqué  les  clauses  VIII  et  XI  delà  Norma  ou  licgle  du 
conseil  de  manière  à  prouver  que  le  vote  présidentiel  n'est  pas  indispensable  à 
une  solution,  et  qu'en  cas  de  diverp^ence  entre  les  Evoques  la  cause  ne  doit  pas 
être  portée  à  Home  ; 

9o.  Enfin,  il  n'a  pas  démontré  que  les  diverses  parties  du  Mémoire  sont  di- 
visibles, et  qu'on  peut  porter  justement  et  avec  raison  une  sentence  contre  une 
partie  du  Mémoire  sans  juger  le  tout. 

Le  silence  de  l'Archevêque  sur  tous  ces  points  capitaux  indique  assez  l'ir- 
régularité et  l'injustice  de  la  position  dans  la  ditliculté  présente,  et  ne  parle  pas 
haut  en  laveur  de  l'Université. 

Mais  ce  qui  domine  indubitablement  toute  cette  atl'aire,  c'est  la  détermi- 
nation arrêtée  et  imperturbable  de  cet  institution  et  de  son  Chancelier  de  rete- 
nir à  Québec  absolument,  malgré  les  plus  ibrtes  raisons,  l'examen  et  l'Apprécia- 
tion des  dillicultés  religieuses  du  Canada. 

Cette  prétention  a  de  quoi  nous  surprendre,  nous  alliiger  et  nous  etirayer 
tout  à  la  lois. 

On  a  dû  remarquer  que,  dans  ses  lettres,  l'Archevêque  ne  répond  pas  du  tout 
à  la  proposition  que  lui  tait  l'Evêque  des  Trois-llivières  de  demander  ensemble 
une  Délégation  Apostolique  avec  mission  d'étudier  à  fond  les  ail'aires  religieu- 
ses du  pays. 

Comment  donc  le  chei"  de  l'Eglise  pourrait-il  remédier  à  nos  souffrances  si 
le  Métropolitain  aide  an  contraire  Tinstitution  dont  on  se  plaint,  à  empêcher  la 
connaissance  entière  du  mal  d'arriver  jusqu'à  liome  'i 

Au  Canada,  on  ne  peut  se  dissimuler  deux  phases  qui  ont  particulièrement 
marqué  la  lutte  actuelle  où  l'Eglise  a  tant  d'intérêt. 

Pendant  que  l'Evêque  des  Trois-lvivières  était  à  liome  occupé  à  préparer 
son  Mémoire  pour  inlormer  le  St.  Siège,  on  fit  grand  bruit  à  Qaébec  pour 
l'effrayer,  le  détourner  de  son  œuvre  et  môme  lui  l'aire  abandonner  son  siège 
épiscopal  ;  le  Mémoire  est  à  peine  arrivé  au  pays  que  l'on  l'ait  à  son  auteur  une 
guerre  personnelle  et  implacable  pour  enterrer  cette  œitvre  dans  un  Conseil 
compétent,  présidé  par  un  prélat  adversaire.  L'écho  de  cette  persécution  a 
iv;'     ■!;  la  province. 

C'S  singuliers  faits  ont  leur  langage, 

nel  est  maintenant  l'esprit  qui  leur  a  donné  naissance  ?  Ce  ne  peut  être 
assurément  celui  de  l'amour  du  bien,  de  la  charité  et  de  la  vérité.  Il  faut  croire 
que  le  mal  est  plus  grand  qu'on  ne  le  pense,  tout  ignoré  qu'il  soit  du  Métropo- 
litain ;  car  de  pareils  symptômes  ne  naissent  pas  d'eux-mêmes. 


—211— 

C'est  pourquoi  il  nous  parait  nécessaire  que  l'action  auprès  du  Souverain 
Pontite  soit  en  raison  directe  de  l'opposition  faite  aux  renseignements  dont  le 
le  St.  Siège  a  besoin,  en  ces  jours  malheureux. 

L'Evêque  des  Trois- Rivières  a  écrit,  en  conséquence,  à  Sa  Sainteté  l^éon 
Xill  pour  le  prier  humblement  mais  instamment  d'envoyer  au  Canada,  quand 
la  chose  lui  paraîtra  possible  et  opportune,  un  nouveau  Délégué  Apostolique 
pour  prendre  une  connaissance  entière  de  nos  difficultés  religieuses,  et  lui  en 
faire  un  rapport  circonstancié  et  complet. 

En  attendant,  l'auteur  du  Mémoire  regarde  comme  un  impérieux  devoir  de 
sa  charge  de  réfuter  les  "  Remarques  "  publiées  contre  ses  communications  faites 
au  St  Siège,  en  rétablissant  l'exactitude  des  faits  et  la  rectitude  des  observations, 
dans  l'intérêt  de  l'Eglise  et  de  la  patrie. 


LETTRES  DE  NN.  SS.  LES  ARCHEVÊQUES  DE    MARTIANAPOLIS  ET 
DE  St  BONIFACE  APPROUVANT  LE  MÉMOnuC  DE  LEVEQUE 
DES  TliOIS'RIVIERES   SUJÎ   LES  DIFFICULTES    RELI- 
GIEUSES AU  CANADA,   1882 


Saiilt  au  RtHollet,  20  Septembre,  1882. 


Monseigneur, 


J'ai  lu  votre  Mémoire  sur  les  Difficultés  Relit^ù'uses  nu  Citnndu,  qui  m'a  vive- 
ment intéross:*.  Ayant  été  à  même  de  suivre  de  près  les  événements  qui  y  sont 
consignés,  et  ayant  môme  pris  part  à  ces  événements,  ce  MJmsire  me  prés.mto 
une  histoire  fidèle  de  ces  Dilficullés,  qui  nous  ont  si  fort  préoccupls. 

Je  dis  aA'ec  raison  une  histoire  filèle,  car  tout  y  porte  le  ca'îliet  de  l'authen- 
ticité ;  tout  y  est  marqué  au  coin  de  lu  vérité  ;  tout  y  présente  l'empreinte  de 
la  charité  et  de  la  modération.  Les  détails  nécessaires  pour  pouvoir  apprécier  à 
leur  juste  valeur  les  faits  qu'il  s'agissait  de  constater,  y  apparaissent  sous  leur 
vrai  jour;  et  l'on  n'y  trouve  pas  ceux  qui  n'auraient  pu  qu'aigrir  certains 
esprits  mal  disposés  ou  préjugés.  Il  ne  s'y  trouve  assurément  rien  d'incertain 
ou  d'exagéré. 

Déchargé  depuis  plusieurs  années  du  fardeau  de  la  charge  pastorale,  et 
jouissant  en  paix  du  repos  de  la  solitude,  je  puis,  ce  me  semble,  porter  sans 
préoccupation  un  regard  sur  les  temps  orageux  que  j'ai  traversés:  et  je  puis  en 
conséquence  mieux  apprécier  vos  sages  et  charitables  ménagements. 

En  lisant  cet  excellent  Mémoire,  j'ai  pu  me  convaincre  de  plus  en  plus 
que  si  le  St.  Siège  a  été  mis  en  contradiction  avec  lui  môuie,  ou  ne  peut  l'attri- 
buer qu'aux  'renseignements  erronés  qui  lui  ont  été  donnés.  Or  c'est  là  ce  qui 
m'a  affligé  davantage.  Car  le  respect  diï  à  ce  Siège  vénérable  tient  essentielle- 
ment au  bien  de  la  religion  ;  et  tout  est  perdu,  quand  on  n'ai^lus  cette  profonde 
vénération  qui  doit  caractériser  les  vrais  enfants  de  l'Eglise  pour  le  Souverain 
Pontife. 

Mais  comme  le  St.  Esprit  l'inspire  et  le  dirige,  j'ai  toujours  espéré  et 
i'espère  plus  que  jamais  qu'il  lui  fera  connaître  quels  sont  ceux  qui  lui  sont 
sincèrement  dévoués,  et  qui  travaillent  tout  de  bon  au  triomphe  et  au  maintien 
des  saines  doctrines.  Je  n'ai  nul  doute  qu'il  finira  par  rendre  justice  à  ceux  qui 
so  sacrifient  pour  la  défense  des  bons  principes  et  le  soutien  de  l'autorité. 

Quant  à  l'humiliation  qui  revient  aux  laïques  et  au  Clergé  de  <>ctte  pro- 
vince de  toutes  nos  luttes  avec  les  libéraux,  je  dois  en  prendre  ma  bonne  part, 


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OU  plutôt  je  voudrais  l'assumer  toute  entière  sur  moi  seul  ;  car  jo  sais  qu'il  me 
serait  bon  de  soutlVir  pour  mes  frères,  d'autant  plus  que  je  n'ai  plus  rien  autre 
chose  ù  faire  dans  l'Eglise  de  Dieu. 

J'ai  l'honneur  d'ôtre  bien  véritablement, 
Monseigneur, 

De  Votre  Grandeur, 

le  très-humble  et  roi-"9ctueux  serviteur, 

t  la.  Arcii.  de  Marti  an  apolîs. 

Mgr  L'iflèche, 

Eo.  des  Trois- Rivière.1. 


Extrait  dune  lettre  de  Mgr  A.  Taché,  archevêque  de  Si  Boni/acc. 

St  Bouiface,  20  Octobre  1882. 


Bien  cher  Seigneur  et  ami, 

Il  est  plus  que  temps  de  répondre  à  la  demande  que  vous  m'avez  faite, 
de  vous  donner  mon  appréciation  sur  le  •'  Mémoire  "  que  vous  aA'ez  présenté 
aux  Cardinaux  de  la  S.  C.  de  la  Prop.  Comme  je  m'y  attendais,  ce  document 
est  très  fort  et  très  concluant.  Il  ne  peut  certainement  pas  être  taxé  d'exagéra- 
tion. J'ai  la  confiance  qu'il  produira  le  résultat  ciue  nous  en  attendons,  et 
éclairera  la  Concrrégalion  sur  l'état  A'éritable  de  l'Eglise  au  Canada,  et  sur  les 
dispositions  de  ceux  qui  ont  été  représentés  à  Rome  sous  de  si  fausses  couleurs. 

Après  avoir  étudié  ce  précieux  document,  je  le  trouve  très  fort,  fout-à- 
fait  concluant  et  dj  nature  à  faire  la  meilleure  impression.  Je  vous  félicite  d'a- 
voir eu  jusciu'à  ce  point  le  courage  de  vos  justes  convictions.  L^^  mémoire  est 
digne  de  vous  et  de  la  noble  cause,  c[ue  vous  défendez  si  courageusement.  Vos 
convictions  sont  les  miennes,  et  je  pense  comme  vous,  quoique  je  ne  puisse 
pas  le  dire  aussi  bien  que  vous. 

Faites-moi  le  plaisir  de  me  tenir  au  courant  de  toute  l'affaire,  la  plus  im- 
portante eu  Canada,  dans  les  intérêts  catholiqvies. 

Je  vous  suis  \iui  de  cœur  et  d'aflection,  comme  je  le  suis  de  convictions. 

Votre  frère  tout  dévoué  en  J.  C. 

t  Alkx.  Arch.  de  st.  Boniface. 


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