IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-3)
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A
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1.0
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1.25
m —
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1.4
M
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1.6
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Photographie
Sciences
Corporation
23 WEST MAIN STREET
WEBSTER N.Y. 14S80
(716) 372-4503
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CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHM/ICMH
Collection de
microfiches.
Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques
\
\
iV
4^
Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques
The Institute has attempted to obtain the beat
original copy available for filming. Features of this
copy which may be bibliographically unique,
which may alter any of the images in the
reproduction, or which may significantly change
the usuel method of filming, are checked below.
L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire
qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails
de cet exemplaire qui sont peut-être uniques du
point de vue bibliographique, qui peuvent modifier
une image reproduite, ou qui peuvent exiger une
modification dans la méthode normale de filmage
sont indiqués ci-dessous.
0
□
Coloured covers/
Couverture de couleur
□ Covers damaged/
C(
Couverture endommagée
Covers restored and,'or laminated/
Couverture restaurée et/ou pelliculée
Cover title missing/
Le titre de couverture manque
I j Coloured maps/
Cartes géographiques en couleur
D
D
n
0
D
Coloured pages/
Pages de couleur
Pages damaged/
Pages endommagées
Pages restored and/or laminated/
Pages restaurées et/ou pelliculées
Pages discoloured, stained or foxed/
Pages décolorées, tachetées ou piquées
Pages detached/
Pages détachées
□ Coloured ink (i.e. other than blue or black)/
Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire)
□ Coloured plates and/or illustrations/
Planches et/ou illustrations en couleur
V
D
D
□
Bound with other matériel/
Relié avec d'autres documents
Tight binding may cause shadows or distortion
along interior margin/
La reliure serrée peut caussr de l'ombre ou de la
distortion le long de la marge intérieure
Blank leaves adddd during restoration may
appear within the text. Whenever possible, thèse
hâve been omitted from filming/
il se peut que certaines pages blanches ajoutées
lors d'une restauration apparaissent dans le texte,
mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont
pas été filmées.
D
Showthrough/
Transparence
□ Quality of print varies/
Qualité inégale de l'impression
□ Includes supplomentary matériel/
Comprend du matériel supplémentaire
□ Only édition available/
Seule édition disponible
Pages wholly or partially obscured by errata
slips, tissues, etc., hâve been refilmed to
ensure the best possible image/
Les pages totalement ou partiellement
obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure,
etc., ont été filmées à nouveau de façon à
obtenir la meilleure image possible.
D
Additional comments:/
Commentaires supplémentaires:
This item is filmed at the réduction ratio checked below/
Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous.
10X 14X ^K 22X
26X
30X
y
12X
16X
20X
a4x
28X
32X
The copy filmed hère has been reproduced thanks
to the generosity of:
National Library of Canada
L'exemplaire filmé fut reproduit grâce à la
générosité de:
Bibliothèque nationale du Canada
The images appearing hère are the best quality
possible considering the condition and legibility
of the original copy and in keeping with the
filming contract spécifications.
Les images suivantes ont été reproduites avec le
plus grand soin, compte tenu de la condition et
de la netteté de l'exemplaire filmé, et en
conformité avec les conditions du contrat de
filmage.
Original copies in printed paper covers are filmed
beginning with the front cover and ending on
the last page with a printed or illustrated impres-
sion, or the back cover when appropriate. Ail
other original copies are filmed beginning on the
first page with a printed or illustrated impres-
sion, and ending on the last page with a printed
or illustrated impression.
Les exemplaires originaux dont la couverture en
papier est imprimée sont filmés en commençant
par le premier plat et en terminant soit par la
dernière p<)ge qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration, soit par le second
plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires
originaux sont filmés en commençant par la
première page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration et en terminant par
la dernière page qui comporte une telle
empreinte.
The last recorded frame on each microfiche
shall contain the symbol — ^> (meaning "COIM-
TINUED "). or the symbol V (meaning "END"),
whichever applies.
Un des symboles suivants apparaîtra sur la
dernière image de chaque microfiche, selon le
cas: le symbole — ^> signifie "A SUIVRE", le
symbole V signifie "FIN".
Maps, plates, charts, etc., may be filmed at
différent réduction ratios. Those too large to be
entirely included in one exposure are filmed
beginning in the upper left hand corner, left to
right and top to bottom, as many frames as
required. The following diagrams illustrate the
method:
Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être
filmés à des taux de réduction différents.
Lorsque le document est trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir
de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite,
et de haut en bas, en prenant le nombre
d'images nécessaire. Les diagrammes suivants
illustrent la méthode.
32X
1
2
3
1
•
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PORTRAITS
Pastels Littéraires
PAR
JEAN PIQUEFORT.
• /- SOMMAIRE.
Prologue : L'Abbé Casgrain.— F. A. H. LaRue et
M. Marmette.— L. H. Fréchette et H. Fabre.
- QUÉBEC:
ATELIER TYPOGRAPHIQUE DE LEGER BROrSSEAU,
2, Rue Dû Fort.
1873. . '
ç(^çQgGmm:m:wcQs^.<s&R9&Q9e>R<s&s'
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ET
Pastels Littéraires
PAR
JEAN PÎQUEFORT.
QUÉBEC,
Atelier typographique de léjer ânoiiïSftKAu,
2, Rue Du Fort,
1873.
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PORTRAl'l'S
r.ï
PASTELS LITTERAIRES.
A. bon tnlpudeur^ valait
PftOLOGl'K.
Ceux qui s-? disputoiit J'iionneur d'être
les pères de la littérature eanadionnoont
, évidemment trop lx)nne opinioa de leur
fille. S'ils la considéraient de plu. s près,
ils n'en rér.laineraiout pas si haut la pa-
ternité.
C'est une assez jolie ûllt.^ je l'admets^
et quoique très faible encore^ il y a lieu
d'espérer qu'elle vivra. Mais elle est
Men fluètle et ses traits ne sont pas très
distingues. Sa figure a quelque chose
de commun que l'on se rappelle toujours
aroir vu quelque part. Eue peut avoir
. des charmes pour ses parents ; mais elle
est bien loin d'être ce qu'on appelle une
beauté. Elle manque de couleur, d'ex-
, pression, de nerf et de vie.
>^ Cependant, je suis de ceux qui croient
Il il
If
•"•«KHIWI"»"^""
— 4 —
qu'elle p;randira parce qu'elle est de bonae
laco. KUe est uère et digne, et ce n'est
pas elle qui voudrait se traîner dans la
fange ou l'on voit éclore tant de romans
^ et de vaudevilles français. Elle est pro-
fondément religieuse et sa voix n'insulte
pas Dieu, ni la religion.
Je puis affirmer la chose saiis restric-
tion ; car les insulteurs de Ta religion
dans notre p<iys sont rares, et comme la
plusparf lie savent pas la grammaire, il ne
peut pas être question d'eux quand je
parle ùc littérature.
Ce qui distingue notre littérature, c'est
son amour du beau et du vrai. Le b^au
c'est le laid n'est pas sa devise. Elle est
un art et non pas un métier. Nos écri-
vains somt, à peu d'exceplions près, des
poètes et non des machinistes. Nous n'a-
vons pas pour les culs-de-jatte, les bossus,
les courtisanes et toutes les autres lai-
deurs physiques et morales ce goût parti-
culier que nourrissaient Victor Hugo,
Eugène Sue, Paul Féval, Théophile Gau-
thier et bien d'autres.
Elle possède le fond ; il faut lui don-
ner la forme. Or, son défaut eapital, c'est
de manquer d'étude.
Elle n'a pas assez de connaissances, et
l'esprit de ses maîtres n'est pas sufiBsam-
■*i»iiMiti<iMia— ■*»
5
moûi meublé. J'en connais qui phrasent
très-bien, et qui n*ont aucune érudition.
Or, ceux-là pourront faire une bonne pa-
ge, jamais un bon livre.
mis toute jeune qu'elle soit, la littéra-
ture canadienne est pleine de promesses,
et nous aurons droit d'en ôtre fiers,
quand elle sera parvenue à maturité. En
attendant, indiquons, lui ses défauts aRn
qu'elle les corrige, et les qualités qui* lui
manquent, afin qu'elle puisse les ac
quénr.
La critique est à Tordre du jour et M.
Tabbé Gasgrain en a posé les principes
d'un ton magistral et sentencieux. Il
veut qu'elle soit saine et vigoureuse, et
qu'elle ne craigne pas de montrer ICvS dé-
fauts à coté des beautés véritables.
" Le temps e»t passé, s'écrie-til, des
panégyri(j[ues litt^^raires : ces ménage-
ments, ces critiques à l'eau de rose qui
avaient leur utilité, qui étaient môme
nécessaires il y a quelques années,
quand les L^îttres canadiennes en étaient
à leur débutj seraient natales aujour-
d'hui. Ils n'auraient pour effet que
d'endormir nos hommes de letti^es dans
une fausse sécurité, de les faire repo-
ser sur des lauriers éphémères trop fa
cilemont conquis : tandis qu'une vigou
fl
f
H
« —
1
** rt:u.»o critiqua mii signaicTAit br«v<^^'^
^' nicrU kurs faiblC}*scs auisai bien rjfuff' ^
*^ kurs qualités, stimulerait leur ard«ur, '
^' épurerai!, kur goVif, 6Ia(rgîrail ktars
** idîos, < Il éclairant k jugement dos kc-
^' feufs.
*^ . . . : . . Pourquoi ne pasrdirc tout *
*' haut ce que chacun dittoulba's? N*c«t-
^* il j^s t*:ru])^ do H.'fkirer l'ivraie du bon
'' grain, de di.-tini^uer Ter du clinquant?
""^ ...... Le temps est venu, croyon*.
^' nous, d'agir avec liberté, d'apprécier
^- nos écrivains, non pas à leur vakur
'^ rclaiiTe, mais à leur valeur absolue ;
>^ non pas entourés de circonstancéâ qui
^' les étaient jyour un temps, mais dan*
*^ risokmcnt de Tavenir, alors que leurs'
^^ œuvres n'auront pour se soutenir qu-e
*^ leurs propres forces. "
Nous nous emparons de ces doçtrin<?s
que nous croyons j ust^^, et noiis en feron»
l'application ati.\ ccuvres qu'il nous^ sera
donné d'apprécier,, à cailles de Tabbé Ca«-
grain, comme aux' autres.
On verra que nous serons plus fidèle
à ces principes qu'il ne Ta été lui-méfli«^.
'Vk)\i6 ne critiquerons pas pour le plai-
sir do la chose, sans tenir compte des k)iè
de la vérité et de la justice. Mais nouê
ne biaiserons pas devant les* ridicules
\i
— T —
dOiU ifC eouvfont qu«k[ue ioi^ J-f?i écri- \
vains trè^-bicn doués d'*aiUeur*. Nous
ferons la jvnl du talent avoc loul« l'im-
partialité qui doit distinfl:u<ir la vraie cri-
tique, maiti nous n'oublierons paê que
Técrivain a besoin qu'on lui indique ses
défauts, plutôt que ses qualitéi^, qu'il réii»
sit toujours à découvrir lui-même.
Nous causerons ci nous enseigne rôna.
L'enseignement seul d'^vicndrait ennuy-»n
eux, st l'on n'y mélau un grain de cause-
rie. Aux talent, qui mériteni des éloge»
et des piqûres, nous distribuerons des
deux dans une mesure aussi équitable
que i>ossible. Pas de fausse réserve, pas
de sous-entendus : nous appellerons les
choses par leurs noms. Le vinaigre et le
miel viendront l'an après l'autre, jamais
mêlés. C'est dire que nous n'appartenons
pas à V Opinion Pubéique^ où eesdeux breu-
vages vont toujours ensemble.
Un pseudonyme, M. Placide ï^pin^,
b'est aussi essayé dans la critique litté- '
rairé. Mais il n'avait pas même l'idée de
la chose et ^es silhoiUitts ne sont pas
plus de la critique que M. Fabre n'esl un
homme d'état, ou M. DessauUes un thée-
logicn. Cependant, il ne manquait paa d'un
certain chic et il aurait réussi à amuji^
qv'^lqnes lerlrurs (]up nous n'en serions
I
w
t\
f
il
8
paB ôurpiis. Mais un farceur, môme sî»i
rituel, n*est pas un bon critique, et,
comme nous en aurons bientôt des preu-
vesy il rend quelquefois ridicules ceux
qu'il Voudrait comnler d'éloges.
C'est ridée de bien des gens que x>lu-
sieurs des heureux silhouettés ne sont
autres que les silhouetteurs eux-mêmes.
I^ous le croyons pour, notre part, et c'est
pourquoi nous donnerons à leur œuvre
conjointe plus d'attention qu'elle n'ea
Baéirite réellement. Nous tenons à dé-
montrer au comité des silhouetteurs-sil'
IwmU^ qu'il y a souvent du danger à
parler de soi-même, et que l'encensement
réciproque ne réus&it pas toujours. Qui
oroil faire une apothéose, lance quelque-
foig un pavé. •
Depms que J'ai annoncé me&J^P^rtvûûs
tt Pêkâl$^ je reçois des lettres sans nom-
Jftpc e% sans bornes. Députés, journali?-
tes, poètes, orateurs demandent à grands
crie des portraits de plein pied, et ils m*a;
dressent leurs autobiographies revues*
Gorrigées et annotées. Un conseiller mu-
nicipal et un marguiller réclament la
même faveur et affirment qu'ils se sont
faits eux-mêmes et qu'ils sont parvenus
sans intriguer? à la haute position qu'ils
V
— 9 —
occ-upenl. Un député national ije croi^
f lie c'est celui de Giiarlevoix) m'écrit:
je confesse volontiers que je ne suis pa^^
tin Adonis; mais quand je m'anime i
parler, je ne suis point laid, et ma voix
Ji'est pas du tout' désagréable.
Messieurs, je reconnais vos mérites
et je suis bien fâché que tant d^ gens les
ignoretît. Mais je vous avertis quo je ne
pourrai pas tous satisfaire iQxxs,
Je ne veux pas faire comme ce ilagor-
wour de Placide Lépine, qui promettait
leiixs silhouettes à cinquante pei^sonnes,
sans excepter Buies, et qui ne voulait
çue se silhouetter lui même. Non^ non,
pas de blague, s'il vous plaît, messieurs
les littérateurs. Vous n*ètes pas si
nombreux, ni si illustres que vouscroye*.
Tous n'èies pas.trente, ni vingt, ni dix ;
et ^i veut un pôrtraif n'est peut être pas^
diigne d*un simple jwr^fdf. La vérité avant
tout ; nuda verii4x$^ disait Lépine qui a tant
nenti à sou épigraphe, et que je ne veux
pAi imiter.
D^aiUeurF je vous peins gratis ; vou?
fi^vee pas le droit d'être exigeant. Si
vouB voule* absoluiîient un portrait flat
(é^ alleï à V Evénement et cmjvortez une
bonne bourse ; moyennant finances, voui>
ferez faire là tout ce que vous voudre^^.
L'ABBE OASGRAIN,
il
Son dme a q\unz« aru*-...,..
Le Cou lieu jf dtè X^tlemc,
I.
Ccsi il l'abbé D^lille que Madame
L'j Coultcux du Môley appliquait ces paro-
les avec uae vérité frappante. C'était un
<i\og(i et une critique : éloge, parce qu-U
est beau d'être j^uue 'et de conserver
longtemps la candeur et Tinnocence de
ses^juin^e ans; critique, parce qu*il vient
wn jour où il est a propos de vieillir et
' d'acquérir cette -virilité qui est i*a]^nag« '*
€l la gloire de l'homme. -
Je crois pouvoir, sans injustk^, lairé
l'application des mêmes paroles^ au litDé- ^
rateur distingué qui fait rôtj^t (te ce por- »
trait Son âme a quinze ans. Il a toute?
îa candeur, toute la naïveté et tout l'en-
ihousiasmc de l'enfance. Le moindre
sentiment l'exalte, une chimère le pas-
sionne, une belle ègurc de rhétorique le
jette dans une e^^citalion fiévreuse. Il 3e^
grise dé vives images et de mots sonore».
On dirait qu'il se s<?nt toujours des ailes,
•et qu'il n'o.^t p;us lait pour marcher Fjurl«
— 11 —
lo/re oomiiie le« simples moi1*3J^ mmd
pôuï voler \\n p^u pluà haut (juc ka oi- ^
seâiix, d«ins les iiuage«. En un mot, à
iO ans, il est jeune, très jeune, lrb|) jeune.
Le mot est lancé et je ne le rétracte*
pi:tS, quoique je sache parfaitement ccquo
l'on va objecter. ^^Dans notre sièclo
inond^^î de réalités, n'est-ce pas un grand
mérite do conserver longtemps l'enthou-
siasme et la- poésie du jeune âge ? Et
n'est ce pas ce qui fait la gloire de notre
abbé ? Lisez ses œuvres : c'est la fleur,
c'est l'aurore, c'est le printemps. Voyez,
cette phrase .; n'est-ce pas joli : Voyez ce
stylé ; n'est-ce pas charmant t "
Je ne conteste pas ces éloges mérité». '
Je so\atiens aussi que cet écrivain esi^
charmani. Mais, c«mme disait DeMaistre,
j'entends quo ce mot soit une critique.
Tout jeune qu'il soit de pensées et ûè :
style, M. Tabbé Casgrain se laisse vol^n-
tiors appeler le père de la littérature ca-
nadienne, et Placide Lépine, qui proba '
bïement écrivait sous sa dictée, Ta pro-
clamé pompeusement. Plusieui-s fois, il a "
fait comprendre lui même que ce beau
titre lui appartenait. Aussi, lui est il arri ^
vé de parler de notre littérature commô
un père de sa fille, et lorsque M. de Gaa' '
pé lui iit lecture dei5 Anciens Cancâiens^^
1^
« i
c'est au mm des lettres caiiadiennes qu'il
fui eautn au cou et lui cria : merci î Quel
père n'en eut pas fait autant à la vue du
ridie héritage qu'un bienfaiteur inatton-
à\i apportait à sa ûUe !
A la première page de Tétude critique
qu'il a publiée sur M. Ghauveau, M. l'ab-
bée Casgrain déclare que Tavcnir de la
littérature canadienne est assui-é depuis
IdSO. Je me suis demandé pourquoi
cette date plut^it qu'une autre et je me
suis aperçu que c^tte année-là il 8G0) avait
vw paraltitï les Légendes,
Certes, ce liviiî est très joli, et j'excuse
volontiers M. l'abbé Gasgrain de croire
^'il a fai^ époque dans l'histoire litté-
raire de notre pays. L'illusion était fa-
cile. M. l'abbé y faisait preuve d'un beau
talent, et, comme de jeunes écrivains
plein» de promesses firent leur apparition
iaamédiatement aprè^ lui, il a pu croire
^'11 les avait enfantés à la vie littéraire
et leur avait donné l'essor.
Je crois, néanmoins, que c'est pure illu-
sion do sa part, et que^la littérature cana-
dienne est née avant les Légendes. Mais si
l'on prétendait simplement que sa fantai-
sie paternelle doit lui être pardonnée à
oause de son amour des lettres canadien-
nes, je le concéderais volontiers. Car je
%
— 13
le crois véritablement ami de notre litîté-
rature, et s*il recherche un peu la scèùe
et le bruit, il faut penser que c*est par in-
térêt pour elle et pour favoriser ses dé-
buts dans le monde littéraire, coînme ua
père s'impose des frais de représentatioa
pour l'avenir de sa fille.
Aussi, accueille-t-il avec sympathie tou-
tes les œuvres qui voient le jour, et soa
bonheur est centuplé lorsqu'il peut se
rendre le témoignage qu'il y a contribué.
Son désir de tous les jours ce serait d'ex-
ercer une espèce de magistrature sur tous
les écrivains canadiens et de mettre un
peu la main à tout ce qu'ils publient.
Ce désir est en parti réalisé, mais je ne
crois pas qu'il y ait heu de l'en féhciter ;
car il y a là pour lui un danger réel, ua
écueil qui s'appelle le pédantisme litté-
raire, et je crains qu'il n'ait pas toujours
su l'éviter. Il a formé avec quelques
disciples une société d'admiration mu-
tuelle-perpétuelle, et ce sont pour lui éd
mauvais amis littéraires. Ils ont leurs
moirées où ils se Msent leurs œuvres, com-
me on faisait au seizième siècle,en France.
C'est Ronsard et ses amis se croyant mo-
destement le» créateurs de la littérature
canadienne. Ils s'applaudissent, iU se
félicitent, ils s'admirent, ils s'encoura-
!
m
— 14 —
•f eut, et la correction fratonielle est incoa-
pue chez eux. Ils conmguent entre eux
. oe f»ii)e fayori : je te loue, tu me loue^, il
lious l^ue, nous nous louons, vpus vou»
louez, ils se, vous^ nous louent 1 C^ culte
ardent et réciproque de leurs qualités les
empêche de voir leurs défauts et nuit a\i
développement de leurs talents.
C'est un malheur pour l'abbé Casgrala,
dont la plume est remarquable, mais sus-
ceptible de beaucoup de perfectioima
ïpents, comme nous le démontrerons
bientôt. '
Il est, je crois, le plus fécond de nos
écrivains; mais il n'est pas le plus par-
fait. Il unit de grandes qualités à de
grands défauts. ILa une imagination très
vive et une grande facilité d'élocution. Il
possède la grâce, la hardiesse, la richesse
pt l'élégance do Texpressiou et une im-
mense capacité d'invention. Son style
est harmonieux, généralement correct et
çncombré de toutes les figures que la
rhétorique possède.
Quels défauts ont pu [jrendre place au
milieu de ces brillantes qualités ? (Test
ce que nous allons voir dans un examen
plus approfondi de ses œuvres. •
— 15
II.
U. Vohhé Ca^rain a uii don naturel
qm le pousse à écrire, comme Toiseaii à
chanter. Et, si l'ou me dit qu'il n'a pa?
uôulemeut l'instinci, mais aussi les aile^?
de Toiseau, je ne conteste pas. Seule-
ment, il me semble que ce no sont pa.^
de« ailes- d'aigle^ à moins que l'on no sou-
tienne qu'il a les ailes mrus noii les yeu\
de cet Qiseaù royal.
Jje premier ouvrage de M. l'abbé Gas-
g-.rain a révélé cet4e double faculté de sa
jïiuse de cbanter et .de voltiger. Ler
Légendes sont un chant, assez monotone
d'ailleui^s, — quoique répété avec gr^nd ac-
compagnement de variations — et une vol
Uge alerte, exécutée sur une seule corde-
L'apparition de ce livre n'a pas causé
tout l'effet que i'auteur attendait, quoi-
qu'il fût bien calculé pour cela. Car,
e'est là une des faiblesses de notre excel-
lent abbc ! il n'a pis la vertu de renonce-
ment au succès. Au contraire, il adore
le succès et il n'oublie rien . de ce qui
peut y conduii^e. *I1 connait à fond tou-
tes les ficelles qui peuvent servira hisser
un auteur sur le pavois et il ne dédaigne
pas de les employer quand il met au jour
\m^ œuvre nouvelle.
i
m
a
16
Il lie tient pas non plus pour méprisa-
ble le succès qui rapporte un peu d*ar
gent, et, de tous nos littérateurs, il est
probablement le seul qui ait su retirer de
bons bénéfices de sa littérature. •
Pourèe convaincre que, dans Tesprit
de Tauteur, les Légendes étaient un livro
à effet, il suffit de parcourir la table des
chapitres: Apparithn! Silhouette! Mort!
Vision ! La Yesprée ! Agonie ! Lamentation !
Rêve! Sang! Serpent! Hallucinations! Le
Mirage du» Lac! Un Esprit! Comme unhhih
d'ivoire! Course! Uécho de la montagne!
Une âme défleurie! Les visions! GazeUes
et tigres ! Vorchestre infernal !
J'en passe quelques uns assez ronflants!
On né voit rien d'aussi féerique dans les
Mille et une nuits ou dans les contes d'Hoff-
mann. Il faut dire que les Légendes sont
aussi des contes, avec nne physionomie
romantique très prononcée.
Si des chapitres je passe aux épigra-
phes, le ' fantastique grandit jBt la ten-
dance à l'effet devient plus manifeste en-
core. Ils sont a lire et j'y renvoie le
lecteur, qui pourra constater en même
temps que la ponctuation ne le cède en
rien à la prétention littéraire.
Malgré tout cet appareil, les Légtndts
ïî'ont pas créé toute la sensation désirée.
' w«M'«'»-'^»igj«)»ii»iMiiii niuJU4i.ii_
IT —
Si peu expérimenté que soit le lecteur'
canadien, il a deviné tout ce qu'il y avait
de factice, de convenu, de maniéré dans
cette éclosion soudaine de poésie lyrique ,
et dramatique. »
Il serait trop long d'entrer dans un ex-
amen critique détaillé de chacune des
trois légendes qui composent le volume.
tJne. grande partie des observations que
nous aurons a faire sur l'une d'elles s'ap-
plique, d'ailleurs, aux deux autres, et c'est
pourquoi nous nous bornerons à feuille- ^
ter un peu la JongleusQ et là Fml^Uic (|ui
lui sert de prologue. . -t!' *
C'est l'œuvre capitale du poète. Il y a ,
mis toute son habileté de ciseleur, toute-
sa force d'artiste, toute sa richesse de co-
loriste. Il a voulu élever son monument,
bâtir ses colonnes d'Hercule, et il a cru-
qu'il avait réussi. Il s'est trompé. Lai
Jongleuse forme à elle seule plus de la\
moitié du volume, mais ce n'est pas la
mieux remplie. La Fantaisie porte bien
son titre, mais n'est pas à sa place. L'au-
teur sentait le besoin de parier un peu de
lui-même et do placer quelque part des
phrases faites depuis longtemps^ Elle*'
étaient si fleuries,^ ces chères phrasés f
Elles avaient tant ébloui leur père lors-
de leur éclosion ! Il n'était pas possible
2
u
— 18 —
de les laisser plus loiigtemps sous le boiâ-
isèau.
Cest l'excuse ^ull peut invoquer pour
avoirmis au jour des phrases comme
celle ci :
^^ 0 joies de ma blonde enfance ! co-
*' lomoes de mon cœur hors du nid
" envolées— ne ferais je donc plu» jamaigi
" résonner mes sourires su r vos ailes! f ré-
" missantes ?"
Faire résiMnjer ié$ sourirai sur tes ailes
frémissantes des colombes de ton cœur qui
sont les j(nes^ de ta blonde e^xfàmt t C'est
Yéritablement trop fort, «t I6$ licences
poétiques doivent avoir un terme. Si
vous le dépasse», vous tombez dans le
galimatias des Précieuses Ridicules.
Malheureusement cette phrase n'est
pas isolée ; il y en a de semolables dans
beaucoup de pâj^es de la Fantaisie et des
Légendes,
Lisez encore la suivante :
" C'est que partout se dressait devant
" lui le fantôme hideux d'une société
'' po«rfî« ;^-^lùèTe ^angrené^ — eadùvrefé-
*' <itf«j aijiquel unç (fernière secousse gai-
'^ Tidmque coiiunu nique un redte de
*^ Tie ;+H|pdclréi aux formes grêles^ au
^^ frbra MbUUà^ au imHt kâm et iivide,
^^ au rejgard glauque et vitreux^ suant le
%
— 19 —
«VVicê e:\aam\xcM i itkyÀ'tii^^àê'^éaW'
" nùUûirienne:* . j. <,.:,. , , . ' •
Toute cette phrase roli ffàme* et bôi^prêe
d'^fllhèteâ manque de naturel et elle
étonne chet un auteur, ordinairement
m gracieux. Peau voltairienne est de
ruaurais goût, surtout quand elle recoû
y^ wpL jÇ^cti^e. Il répugne aussi de
yoit MÛ latitâmé qui est en même temps
ulcère, ûadavre et spectre !
Je continue la citatloj^ : ^^ ,. . ;
*' Le voyez-vous, là-bas, bramam une
* tête décrépite, iirré du via de tous lès
^ crimes et cheminant à travers le siècle
' en écorchant, à chaque pas, ses mcm-
^ bres chancelants sur les débris des
* croix et des sceptres t
*' Entendez-vous, au sein delà nuit, sa
' "^oix (jui tinte comme un glas funèbre, .
' bùvaîtt rfHirt^ /èt?/^<? i^rf(?ri/«ftf le blaispHôm'e
* et lé sàrcasrhe t^* ; ' , ' • - ^' -
'Ouf t ^e%ycé]>ai'ii&^ te
que jbênsûz-vbèLS'd^Uné voïi (tui fet?^, fù^ï^
I
plus beau* dé ïà langue française et qril
— 20 —
ne contiennent absolument rien de bla«- ,
phématoire/ Ce qui n'empêche pas noti^..
écrivain d'ajouter : , T
^VEt lé monstre, en vomissant ces blas-
phèmes, a poussé des rioanements d'en
Dieu no\i s fasse dé» monstres sembla-
bles ! Et pourvu qu'ils nous disent d'aussi '
beaux vers, je leur pardonnerai d'être
fcntômes — ulcères— cadavres — spectres . ^t ,
de se couvrir d'une peau voltairienne. ' '^'"^'
Je prends ces phrases au hasard, et je
pourrais en citer d'ajatres dans cette même
Fahtaisky où la folle du logis se promène
f'
On dirait que l'écrivain redoute là fa-
deur et qu'il la confond avec la simpli-
cité et le naturel de l'expression. Or, ces
mots ne sont pas du tout synonimes. Il
arrive même, quelquefois, que le style
fleuri est très fade. La Scudéri en a
donné bien des preuves et j'en pourrais
montrer d'autres dans lès Liffendes, Du
style fleuri qu'on affectioone, on glisse si'
facilèmeiit diins làprpliiitéetrehUuré.
J'en ai déjà cité des e^omplès. En
vfliici d'autre!^ tirés deiàJanateuse,
'*'(
— 21 —
•
I II s'agit de nous faire entendre le chant
de cette étrange Dame aux Glaieuls (imi-
iation de la Dame aux Camélias), On va
voir aue c'est compliqué et qu'il faut
être plus qu'artiste pour analyser cette
musique extraordinaire :
^' Au moment où la nouvelle lune se
** lève, de vagues et lointaines rumeurs,
" mêlées au coassement monotone des
/' grenouilles, s'élèvent des plantes aqua-
tiques.
^' Voix surnaturelles qui semblent sur-
gir du fond des eaux ; — incantations
mystérieuses, d'abord indécisesi puis
s'élevant peu k peu et se prolongeant
sur les flots en mélodie tour à tour
suave coirmie des voix d'enfauts, ou
voilée comme la brise du soir, parmi
^ "Jes halliers ;— mais parfois, aussi, écla-
*' tante et terrible, comme le rugisserûicnt
'; de l'ours blessé, om comme le roule-
*^ ment du tonnerre ou des cataractes.".
Un peu plus loin, la description recom-
mence. C'est ^^ un son étrange et v^gue,
" d'abord à peine perceptible, puis se
2, >,i rapprochant, devenant plus distinct, et
/'se prolongeant sur les flots en molles
,.". ondulations, pour s'éloigner, osciller
" encore et, s'évanouir un instant apès.
" Longtemps; ces mystérieuses vibra-
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u
u
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— 32
■riL
I
il
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*
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t^on^, yui semblaient tantôt descendre
** dét^niïa^e»^ tantôt remonter du fond
'^•^^âejstevémes dé la nier,,oii ^'ëchapp<^r
'" .fl*ûoccoïîqiie marine^ où filtrera trà-
- '^ versîe treillis des bôi?, voltigèrent eu
' ^* notes inteririittènfès parmi le siîende
•' solennel de là nuit. "
Dans la page suivante, nouvelle ana-
lyse du mystérieux' chant :
** 'C'était une sorte d'incantation fan-
"** tactique, qui empruntait à la nombre
"*' majesté de ces heures solennelles et à
^' son origine inconnue un singtilier ca-
^' ractèi'e dé merveilleux et de surnatû-
' ^^ rel ;•— sorte de mélopée, tantôt plainti-
^' ve et réiteuse, noyée de mystère et de
^^ mélancolie, ondulant sur la lamé, fiot-
" tant dans l'atmosphère et se perdant
*^ dans les plis delà brume, — soupirs infi-
^' nis,-^ échos de voix d'anges — rêves
•^* d'enfants au berceau, — chant des cour-
^' lis ;— ou bien, vive et légère, découpée
'^ en frileuses dentelles de sons, montant
^* et descendant en spirales aériennes —
'U groupes de notes folâtres se tenant par
*' ta main ; — et puis, tout à coup, triste ew
^ morne, comme le vent d'automne qui
'^\ brame dans les ramées, comme l'hymne
"^ funèbre sur les tombes ;— ou, fanfare
ru
inouïe, vibrant comme un cuivre.".
23
■^ii
Qu'on place maintenant en regard ces
trois descriptions et Ton verra qu'elles
diffèrent peu. de èont les mômes images
et parfois les mômes mots.
Dans Tune, ce sont des voix surnaturd-
les qui semblent surgir du fond des eaux ;
dans l'autre, ce sont de mystérieuses vibra-
lions qui semblent remonter du fond des
eavernes de la mer. Ici^ ce sont des incan-
tations mystérieuses ; là, c'est une sorte
d'incantation fantastique. Dans la pre
mière, l'incantation est d'abord indécise^
puis s'élevant peu à peu et se prolongeant
sur les flots en mélodie s\iave comme des
voix d'enfants. Dans la seconde, elle est
d'abord imperceptible^ puis se rapprochant^
et se prolongeant rdr les flots en moUès
ondulations. Dans la troisiènÉue, oh la
retrouve ondulant sm^ la lame^ et compa-
rée à des rêves d'enfants au berceau. Puis,
vient cette mélopée^ déccmpée en frileuses
dentelles de so/w, montant et descendant en
spirales aériennes !
Si ce n'est pas là abuser d« la méta-
phore, je déclare ne plus connaître la
signification des mots. Il est encore pos-
siè}le que l'on trouvu élevé ce qui me
paraît long 1 Gela dépend du point d'où
l'on regarde, et, pour certains esprits, la
longueur peut être synonime d'élévation.
ï
H
t
il
T-
^
— 24 —
Mais, en vérité, trois ou quatre pages cou-
sacrées à l'analyse d'un chant, ou d'une
incantation, qui, en définitive, n'est ni un
chant, ni une incantation, ni autre chose,
^ela me semble un abus.
Un défaut capital des Légendes^ c'est la
pompe du style. L'auteur a cru qu'il fai-
sait un poôme épique, et il a pris pour
modèle le style du Paradis Perdu ou des
Martyrs. C'est un non-sens et un man-
que de goût absolu. Une nouvelle cita-
tion démontrera la vérité de cette criti-
que. ■-
Madame Houel descend le fleuve eu
canot, la nuit, et elle interroge l'un des
canotiers, un sauvage, sur le compte de
la Jongleuse. Voici ce que j'appelerai le
prélude de la réponse du sauvage :
• 'V Le Mirage du Lac qui dort sur les
" genoux de la Fleur des Neiges est plus
*' beau que le nénuphar blanc des gran-
" des eaux.
'^ Le lac où se mirent la folle avoine
'* et les roseaux du rivage est moins limpi-
" de que ses yeux et son regard est plus
*' brillant que l'étoile du soir.
"• Ses lèvres sont deux grappes de frai-
î" ses mûres et ses dents sont des flocons
^* de neigje.
. " Les lianes, au printemps, sont moins
" flexibles que sa cnevelure.
i5
" Aussi, quand la Fléur-des- Neigea con
*'' temple le jeune Visage Pâle, le sou
" rire est-il sur ses lèvres et ses yeux sont-
^^ ils pleins de larmes de tendresse.- -r
*^ La Fleur-des Neiges serait elle* donc
*' aujourl'hui lasse de la vie de ^îon
" enfant ?
*' Ne saitolle pas que pour évoquer
** celle que la jeune oreille du Mirage du
*' 1^0 a entendue et que ses yeux ont
'' vue, il suffit de prononcer son nom? *^
Est-ce ainsi que parle la nature ? Cer-
tainement non. Vainement dira- ton que
les sauvages parlaient un langage figuré :
ils y mettaient de la mesure, de Ta- pro-
pos et beaucoup moins de recherche.
Ce» phrases sont très jolies d'ailleurs, et
SiL^aient peut-être tolérables dans unpoô-
rae épique. Mais le stylé de la légende
doit être simple sans trivialité, élégant
sans enflure. Quelque somptueuses qu'el-
les soient, les bouffissures sont toujours
«n défaut et la richesse du coloris ne
reiid pas Tenflure élégante.
M. Gasgrain se répète volontiers. Il a
ées mots qu'il affectionne : le turban des
Laurentides, le turban des créneaux de
Québec, etc., etc. Dans la Jongleuse^ il
dira que son héros avait desmusUesd'ime
fçyrrfi peu commum et des bras d'une lon-
;H^
V
1
('
— 36 —
gueur démesurée^ et que son habileU extra-
ordinaire à conduire un eanot lui avait
fait donner le surnom de Canotier. Et,
plus loin, dans la même légende, il répé-
tera sans paraître s'en apercevoir : que la
nature avait doué son héros d*une foroe
musculaire exceptionnelle et avait dévelop-
pé ses deux longs bras dhène manière déme
surée^ et que son habileté à conduire wx
canot lui avait valu le surnom de canotier.
Je pourrais multiplier les citations.
Mais il me semble qu'il y en a assez pour
démontrer en quoi le style des Légendes
est défectueux. Ce qui lui man(jue sur>
tQUt, p'est la simplicité, la précision, le
B^ti^rel et le goût. A chaque ligne on
sept le travail, et un travail pénible-
C'est forcé, exagéré, hérissé de cheville^,
chargé d'enluminures. Chez un prêtre,
surtout, on s'attend à plus de sobriété
dans le style, à moins de caquet et à
n^oihs de passion pour la métaphore. - .,
Malgré ces défauts, il y a dans les Lé-
gendes de bien belles pages, toutes cise-
lées avec un art infini, et ce serait un
beau livre s'il était réduit de moitié. Si
j'avais le goût excessif de leur auteur
pour la métaphore, je résumerais mon
iugement sur les Légendes en les appe-
lant des dentelles de sons et des spirales
de mots sonores.
I
h ;
^,<^£^
— 27
ni
M. Pabbé Casgrain est poète. Mais il
r^t plus en prose qu'en vers elles Miettes
sont le moins poétique de ses ouvrages.
La versification le gêne et tue chez lui
la poésie, qui dans saprose, coule à pleins
bords.
Les Mîctles sont un petit recueil de vers
dont il a fait .ne édition soit-disant iViit-
me, le Manoir et le Portrait de mon
père en sont les meilleures pièces. En
voici quelques strophes réellement belles :
Vieux manoir où vécut tant d'heureux jours m^n
Séjour béni, [pèro ;
Où je retrouve encore et ma sœur et ma mfjre,
Couple chéri ; ^
Redis-moi du passé la douce souvenance :
L'éclat vermeil i
De l'aurore où brilla de ma première enfanee
Le beau soleil. ;
...., - ,...i..i..
IJ est là, dans son cadre, au vieux mur suspendu,
Le fronf'large et pensif, Tair calme maisaustèro,
Le regard plein de feu dans l'espace perdu :
Toujours je l'ai vu là ce poitrail de mon père
Quand l'ombre de la nuit descend sur le manûir
Que tout devient obscur au salon solitaire, ,^
Un rayon toujours brille et parait se mouvoir -
C'est l'œil étinc^lant du portrait de mon père.
Les Miettes ne contiennenl pas assez de
ilf
•S
u
%
llll^
'
i«
— 28 —
ces beaux vers. Après lePortrait démon
père^ vient une espèce d'épitre " A ma
sœur " qui me parait faible et prétentieu-
se. Elle n'est pas dans le style propre de
l'épitre. Elle manque de goût et d'une
certaine délicatesse de sentiment qm au-
rait dû voiler davantage cette peinture
un peu ...... beaucoup intime ; je souligna
quelques mots.
" Quand je le voi^, ma sœur, rêveuse à ta fenôire
Laissant floUer au gré de la brise du soir
Tes blonds cheveux éparS sur ton corsage noir
Songer à l'avenir, cet étrange peut-être
Qui chaque heure du jour se dresse devant toi,
Tantôt plein d'allégresse et tantôt plein d'effroi
Je charche alors à lire au fond de ta pensée
Quelle empreinte l'espoir ou la crainte a laissée.
Saras-tu grande damé, m un salon doré,
D'allégresse et de fleurs le front toujours paré ;
Assise à des banquets au milieu de convives
Btincelant de soie et de perlés massives ;
Ou, joyeuse, drainée au bras d'un cavalier,
Aux épaul^Hes d*or, aux éperons d'acier,
Tbumôyani dans le bai, plus belle que la rose
Sous les tièdes rayons du printemps iraiche écîose?
Puis, lasse, reÀlrée au fond de ion boudoir,
Après avoir joui de tes succès du soir,
Dormant sur des divans ou de pourpre ou dé soie
Et n'ouvrant tes rideaux qu'aux rayons de la joie ?
Vis-tu briller l'éclat de la fleur d'oranger :
Oue pose siir ton front qnelquejeune étranger, (i)
' u ' Je constate avec plaisir qne le moi Jeune a
- ,, i«viîl5'^titué au mot noble, qui se trouvait dans la
p.'J'c.e, ior? de Fa première publication.
— 29
Dont la voix sympathique, au fond de ta poii«éo
Fait résonner tout bas le nom de fiancée :
Kt ffiarchent aux rayons de la luns de miel,
Le cœur tout palpitant te conduit à Tautel l Vf*
Le Canotier^ saii!^ quelques vëVs* est ém-
preiiit de naturel et de grâce, et men su:
périeur au Couleur des Bois dont quel-
ques quatrains rappelfeni la manière dq
M. A. Marsais, ,,.^' t.^c-'îAi^'J -;
Quelques autres pèésîes, cdntenàhi de
belles descriptions et un charmant récit,
en prose, d'une visite au Cayla complè-
tent le petit volume des Miettes^ qui, en
définitive, démontre que Tabbé Casgraln
manie mieux la prose que les vers.
Après la publication des Miettes^ il cir-
cula dans le public un couplet de ihan-
son dont voici le refrain :
: , n n'fait plus que des miêttis,
Maluron Maliirette ; , ,
Il n'fait plus que des mieltes,:^^'. »,.'; ,.
Maluron Maluré. ^'^^^^--^'^v
L'abbé en fut vexé, et pour mettre ftn
à répigramme, il publia le poème de
Chilofh Pour mieux prouver que cela
n'était pas une miette, il le fit imprimer
en gros caractères sur du papier très
épais, afin d'en former un volume.. MaU
heureusement, l'incendie de la maiaoQ
Brousseau réduisit ChÙon en miellés^— ji
veux dire en cendres.
l^
f
n
m
-rrrrr^
i j
{:h*.
— 80 —
IV:
,>■«»'
^X
Je Ci'ols avoir dit que VMbê Gasgraia
ne vieillit pas. Il ne. faudrait pas en cpa-
cliire quHl ne pmjjt'eàsé pas— ce (îui ù'ôât
pâé la irième cînîse. Gii ne pe\iitil0ir
qu'il a £ait un grahd pas dep^ùis les i^^^n;- ^
rféj, en substituant les études hiôtôjt^iqôé'fi ^^
à la littérature légère. -, '',•.,
Se^ Biographies et V Histoire; ïfé M' )ttkre
dettiyçafitàHottliijLi assurent un ranç ais-
tînguè parmi' n^os' historieti^. Il a la pA5-
sîèn dé rétudé et c'est liiief ^ôuïs4&(ie
pirut M de cansacrer ses loiôiïs; et ^s
veilles aut réchèrohes historiques et a?^-
cHéologiques; Or, il sait ihetire à f>rôtit
lés travaux qu'il â'imposô-— on liii repro-
che même d'accaparer quelquefois ceux
des autres, — nul doute, par conséquent,
qu'il ne possède l^ science nécessaire à
l'historien. La question est de savoir
s'il a les autres qualités qu'il faut possé-
der pour, bien écrire l^istoire et parti-
cùlieireÉieiit tés vies dès àaints. ;^ P^i
• Tài dèiant tA^ Vmmrè de ia MèH de
l'IriôèrnàHon -e^ié^dôiê af<)uéT que je me
^ëiiiniàfëà^eii&dWàs^ en pj^âenùé de
ce^ •Volume,^ îé <i<pp^'ii^s que- ce H*e»t
pfiiîrti* (Wvi*%é aanSé^i^aKoii cdiàûie
iê^ttgendés. Il s'agit d'une o&uvre séïi^tt-
— si-
se, entreprise dans un noble but, et con-
duite avec courage, science et laoeur.
Bt cependant, Te dirai-je ? cet ouvragé
ne me tôtiaifait pas entièrement. J'aime
les vies des saiats et je lis celles qui sont
bien faites avec le môme intérêt qu'un
roman. Je les parcours avec joie et avi-
dité, et il 7 a: telles histoires donc je ne
puis interrompre la lecture sans chagrin.
Je citerai comme modèles VHisloire de
sorinte Ch<intal et celle de sainte Monique
de Tabbé Pongaud, que je viens de lire.
Quels chefs d'oeuvre I Et qu'il fait bon
de se sentir catholique et français^ lôjtrsr
qu'il nous est donné de lire ces beaux
ouvrages I On les savoure avec bonheur,
et malgré toutes les beautés du style,
qui est admirable, c'est encore une fête
du cœur, plutôt qu'une fête de l'esprit.
Tout lecteur qui Ura ces livres se sentira
meiUeur et attiré vers la vertu par une
force invisible.
Comment se fait- il que VHistôire dt la
Mère de V Incarnation ne produise pas la
même impression sur moi ? Gomment
se fait-il que je puisse parcourir tout ce
gros volume sans verser une seule
de ces larmes douces qui sont les appUu-
diseemeiotâ du cœur ? Telle est la (ques-
tion que je me pose et à laquelle je vou-
drais répondre*
'
i
.
--fTTr'
— 32
Il mo sembîe qae la eone«ption du-
plan laisse à déàirer^ qu'il y a des lacunes
à combler, des points obscurs à éclaircir.;
Le sujet élail magnifique dans son eft-?i
semble, très varié dans les détails, rem^i
pli de faits intéressants. Comme sainte i
Chantai, la bienheureuse Marie de Tln-i
carnation a d'abord vécu dans le monde.
Elle a été épouse et mère avant de se
consacrer à Jésus-Christ. Une partie de
sa vie s'est écoulée dans l'ancien monde,.]
et, ]{)ient6t, obéissant aux inspirations d j-»
la divine Providence et possédée du zèle
apostolique, elle traverse les mers, et ■>
vient finir ses jours dans un pays sauva- .
ge. après avoir accompli toutes les œu^i
vres merveilleuses pour lesquelles Dieu i
l'avait suscitée. .
Certes, il y a bien peu de saints dont
la vie soit si belle àracoi>ter, et, malheu- ;
reusement, je crois avec sincérité, maH
gré les mérites de l'ouvrage que j'appré-
cie en ce moment, qme la vraie Histoire '
de la Mère de l'Incarnation esV encore à i
faire. ' ■n'knoo'mitj^hiuq o'i*yîqtji'n&\,i.B
On trouvera peut être ce iu:g6menl::;
sévère^ et, cependant, jBsuis conv^ncu )
qu'en y regardant de près on finira par î
l'accep/ter: Qu'on relise attentivement i
cet ouvrage, sans parli pris d'admirer, et >
— 38
J'o!k's*apercevra salis travail qu*il est dé-
fectueux dajii ïe fotid et dahs la fonne.^'
L'auteur & su faire de bien jolies j&ra-^
ses ; màisii h*a pas su nous faire aitner*
boii héroïne. Il a mal choisi leîj UÏX^.
qu'il 'fallait grouper et lés détails <jtti*
devaient intéresser le lecteur. Plusieurs.
i f.^, i
rai t pas pu agir antremenl '
Il va sans dire que ce n'eàt pas elle que,
je blâme ici, mais son historien qui n'a'
pas su justifier et faire Admirer tous leri^
faits qu'il raconte. "^ *' "'^-'^^ -"'
Pourn*en citer qu'un éixèinple, voici
^jomment il justifie le mariage de la sainte*
femme. Il nous la représente, dès Page
de quatorze ou quinze ans, entraînie par^
une inclmation irrésistible vers la viç rèli'^
gieuse^ et s'en ouvrant à sa mère qui lui en-
témoigne beaucoup de joie. Cependant, deuf
ans après, ses parents lui proposèrent d^^-
trer dans rét'atduhiarià^éypourlequéleUe
t^prouve une répugnact extréfne.
Elle demeure interdite ; mais; jpaf ' aftîfi?
iVime &rditite respeduéùèé quelle aviÉit-tcu^^
jours eùë pùiir son père eisàinèréyeUeWisï^
pas éièv€¥ là tJOfe, nk' éohttat^ kuè m^
l^té, ' * -^ '-* - '.
3
!
i
s: '
il
r^
• I
. :^* Ma mère, ditrellc, puisque c'est une
** résolution prise et que mon pèrQ le veut
*^ absolument, je me crois obligée d'obéir
*^ à sa volonté et à la vôtre ; mais si
^' Dieu me fait la grâce de me donner un
^' file, je lui promets dès à présent de le
*^ consacrer à son service ; et si, ensuite,
** il me rend la liberté que je vais per-
**dreyjelui promets de m'y consacrer
*' moi-même. '* ' h r
Los contradictions et les iuvraisem
blances que ce récit contient sont poui
le moins singulières. Il est étrange que
cette jeune uUe, qui se sent une vocation
irrésistible^ n'ose pas élever la voix, et
plus étrange encore qu'elle se marie arer
ttn secret désir de redevenir libre.
• Plus tard, lorsqu'elle est mère, sa a^u-
4uite à l'égard de son ûls est aussi inex-
plicable, et pour ma part je ne puis ajou-
ter foi au récit de sa sôparatipiv d'avec
son fils, et du discours solennel qu'elle
lui adresse à Cette occasion.
^ Ou rhistorien a été trompé, ou i)ien il
a omis des faits qui justifierait c^iux qu*ii
xacontei. Une cnose remarquable, c'est
qu'il parait avoir eu à cœur de cacher
coxiiftaixunent|à nature sous le surnatu-
re î)aas IÇ2U1Q die rincarnation, il c'a
pas montré la jeune fllle^ ni répouse, ai
;5i
»
I
Id mèro : il jeté «nr ceê divers états îc?
voile de la religieuse, à travers lequel ilp
ne pj^uvent qu'apparaître sou? nn joui
uUA. , j ^ . . ' . «r, /,. . ,',
•^esl ïà un grave défaut. H y a dans
le cteur et dans la vie des Saints, un cô-^
ié huihaiii qu'il est non seulement attray.
ant, mais salutaire de révéler. Si vous
lé cacher, vous placez les Saints à une
telle hauteur dans la vie surnaturelle,
que le lecteur perd tout espoir d'y attein-
dre Jamais, et votre livre ne peut plus
exercer la saine influence qu'il devrait.
Mgr Dupanloup a exprimé la môme
idée dans sa lettre à Tabbé Bougaud, â
Toccasion de VHistoire de Sainte Chantai:
" C'ei^t encore ]un'défautcapital et trop
" commun aux hagiographes de nous re-
** présenfer les saints si dépouillés de ce.'
" qui est hifihain,qu*on se demande vrai-*
" tnént SI c*est bien là un Uoinme, un'
♦''flls dAdàm^ un étl^e de. chair et d*os'
" céiîimé nèùs. X<^ grand intérêt, et la
*^ grande vérité de votr^ livre, au con-^
"traité/ c*èst ffue le c^té éumatiirel, dans'
** cette vie, p'ansorbe pa'S fe côté jiatùrel ;
♦^ é'èst <jûé là feûui)é, la fille, Tépoirse, ia^
♦'^ ilnére, là Wùvé appkx-ais^ht ibur ^^à^^^
" dans la sainte ; ôest que la hitte dé ta
** «ature et de la grâce et les progrèfî dé
I
r
iiiii
*
iM
iiit
-m
^^ l'A vertu V sont constamment Vm-i
^Vbles." " ' ,..
UauteuiV canadien a feop youlu moa-i
lier la sainte, et il a trop négliiçé la fem-
me, c*est-^-4ire ce côté naturel par leqtnel
Marie àe rincarnâtion se rattachait à la
terre, he récit de s^s ravissement» et de
îses excises peut être bien beau ; mais
celui de SCS œuvres a pour nous plus de
charme et d'édification. , ^ ; .^
J!aurai« a faire bien d^autres ohservàk.
tiens, touchant au fond de Toiivrage ;
mais je m^ hâte et j'arrive à rexameô de
l^formo.
J'ai dé ji dit qu'elle est moins impar-
faite que celle des Légendes. Le style est
pliis^grave, plus sobre et moins esclave
de l'imagination. Mais hélas! la vanité
de l'écrivain ^s'y montre encore, et il y^a
des pages qui semblent bien plutôt faites
pour la glorification de l'auteur que pour
(^elle de rhéroîne. Il y a des phrases ou
l'écrivaixi semble dire : ici, ce n'est pas
la ^iote, mai^ moi qu'il faut contempler.
L^$ im£^s, les ligures de toutes sortes y
so^ir^pandiiiés avec prof u^on, La péjRioâo
y lei^ tai^jmirs, cadencée, apprêtée et em-
pesép^ et Fon dirait q^'i^ a a(M?^^r de ce
styte sipfqple. et ,pr<^cis/^icaiAvient> à l*hi^-
toire.
87 —
-^ fï^ky'
la feift-
lequel
ait à la
tsetde;
t ; mai»;
plus de ^
3\)senrvar
^vrage ;
ameilde.
5 impar-
i style est
esclave
a vanité
et il y a
M faites
Iquepou^
lases où
n'est Ms
tenapIeT'
sortes J
.e
irdeç©
Illustrons ce T)lâmc par une seule cU
tibn :
". Souvent, à la suite de ces transports,
" toutei^ ses puissances intérieures sem-
^^ blaient tout-à-coup se taire et dem^eu-
** rer suspendues. Alors, dans le silence
*' de toutes ses facultés, s élevait, des pro-
" fondeurs de son âme, comme unedouce
" mélodie, dont chacun de ses soupirs
*' semblait les suaves ondulatàons, On
*' eut dit que chaque fibre de son être
" était autant de cordes d'un instrument
*• invisible que venait toucher en secret
" Fange du pur amour, et dont les accords
*' ravissaient les chœurs célestes et char-
** maient les oreilles de Dieu. .
*' La Tiuit même n^interrompait pas ces
" mystérieux concerts: des visions bien
*' heureuses venaient visiter son sommeil,
^' et, dans un demi repos, elle entendait
" chanter sans cesse ces voix intô^* cures;
'' quelquefois môme elle <m éUAi com-
" plétement réveillée. Â'xv.i, son âme
^^ ressemblait aces harpes éotemies, sus-
" pendues auxarbres des for^'ti*, dont les
•' cordes résonnent encore longtemps
" après le passage des brises nocturnes.
*^ Ainsi, dans les spîendides basiliques,
*' quand Torgue vieri- vde se taire et que
" l*encens de? solennels sricrifutefi ptontc
i
.. :1
4
m
! !;<•
!!
— 38 —
''',4'^tKorc dans le» voûies iiilencieuaea,
'^ longtemps les derniers échos des chants
*^ sacrés se prolongent à travers les arca-
•^ desaénennes et les ogives^ et se bor^
*' cent parrni les.onihrcs du soir/V
On admettra sans peine aue le style
historique ne doit pas s'affubler de sem-
iDlablcs bariderolles. C'est décrire d'une
manière singulièrenient compliquée ce
qui 'é passe dans l'amc de la Mpre de
Tlhr.iirnation, et les myétmeuxêçhcerts
qti'oîi y entend ont le tort gravé de res
semMCf aqx, incantations de la Jongleuse.
On y récpnnait encore la douce mélodie
aux suaves ondulations., se jyrolongeanl ^
non phis ^xy spirales aérienne$\, j^airmi le
silence sol(;hnel de la nuit^ mais a travers
le^ areaçkff^éHènne.s parmi les ombres du
Il y^^a, malheureusement, un bon nom-
bre de page^s dans ce style. Ulntroduc
tion^ sfirtout, en est presque entièrenient
composée. L'idée niere de \ Introduction
était très belle. C'était de représenter la
société naissant?.', en Canada, dans sa tri-
ple hiérarchie du prêtre, de la femme et
du soldat-colon. Dix pages de belle prose
auraient suffi aa développen:ient précis
de cette idée et auraient pu être un por-
tique supérlié du temple qu'il voulait éle-
âô-
ver à la gloire de la Mère de riacarna-
nation. Mais Tabbé Gasgrain s*est laissé
emporter par sa fougueuse imagination
et il a noyé sa pensée dans soi^tante dijt
pages d'une amplification de rbéteiir.
Je conclus que M. Tabbé Gasgrain fera
bien de méaiter ce petit paôsage de Féné-
lon : '* L'bistoire perd beaucoup à élr$
'* parée. Un bel esprit méjarise une bis*
'*■ toire nue ; il veut l'habiller, Torner de
*' broderie e» la friaer. C'est une erreur."
Et âus*^! r.v^H lignes de Mgr. Dùpanloup :
' *" Comble Li j «st déplorjtble, quand oa
^* ne voudrait voir ce -ant soi qu'un saini^
^' de se trouver en face d*un écrivain qm
^*- s'évertue ^ faire dès phrasés, à fardei^,
'^ pour ainsi dire, a frisjér ces grandes
(i flnrm'es î " ' '^'^*^' '^^* ^^ *^ ; :ta0Kî'i
Je crains de tomber dans là niémè
ornière que l'abbé Gasgrain, la longueur^
et'je cours aux Bio^grr,phie$^ dont je. na
dirai qu'un mot ^-^^^ * .'>
J'y i^trouvè ' y^viiain î^ônjouw lô
même: un beau t;:'>\ r^très imparfait^
brillant sans Atre; spiîiin.;!, élégant et
souple, mais pus attiqiie ni malin, chato-
yant mais peu varié.
Les savants nous ahurissent de Icuîr^
lubies et de leur technicplogie. M. Cas-
.grain nous impose quelonefoiâ un r *tuui
?i t
I :'
n
1W^
40
du même gonre : \\ nous exhibe pour
1)eauté réelle de rkistoii'^î.
C*Ç8t une ^es causes de la monotppie
qui jswèloppp la divërsi de ses œuvres.
Qaf à lu u%,dj^ cg^. l^iograpkjes, conoajLt
^ll^Vàutres. ' '-^ ; '■ "* ^ ' -^ . j
/ îl damie prsesaue toujours ^ fhéi*os
des poses exagérées. Ce défaut, . '-.sfrap-
pÀi^t dàns,lT/ri(r(iûfiiicrion de V Histoire de ia
Mr^;'_ç[e I7tw?ar7wit(>n, est aussi remarqua-
ble dfços le^ ffiagrafifd^^. Il décrit tou
30111:3 avec pompe les î circonstances les
plus ordin^ures de la yie. Pour lui, une
maison n'est pas uj^e maison, xn^ais un
inànoir; et si le manoir a une tourelle
,ou (juelguç pprtique, etc., etc., c'est un
cïftteaù. Une petite lisière de terre. de
^ieiit, sous sa pIungLe, une seignburie ; la
moindre tapisserie lui paraît ornée de
/î^urimi* —- comnxe au manoir d'Haber-
ville ; et ai vous lui laites la faveur d'u-
ne petite promenade dans quelque vieux
wagon attelé de quelque vieux cheval"
blanc, il vous en reme^'ciera par cette
phrase: ^^ comme au temps jçidiSy une
\^ blanche haquenée conduisait le caro$$e
f[ antique^ orné des armoieries de la fa
41 —
m
*** mille : On s(^ serait cru au teuim de
v^LrfuisXIV. ^V-
^'-Pôur résiHïier ce qui me reste à* dire
sur ■l'historié a, je dirai que l'hii=itoire n'est
pas véritablement son genre. Il 4^<^t n^
romancier. Il a le talent qui f onvieifii ait
roman : l'imaginatibn, rinveution et une
connaissance profonde de ce que Ton
pourrait appefer les machines rfrafftatf-
^$. • - "^*^ * ■ ■' ■■ ' '
f-'Sa pente naturelle le pousse au roman
;«hpétien et je ne vois pris pif>urqU(H il
West pas entté dans cette vôi^.- Il a
iâévanl lui les plus beaux modèles en ce
g^nre. Fabiola, Callista^ Aiirèlia^ Virgi-
nia sont des romans magniâquès qulliis-
truisent ^t qui édifient ^ ;^Mi ir T
^i 'M* Gasgrain a visité ritalle bt étudié
Rome/ N^ pourrait-il pas tk)uver dans
lés^premiers siècles de rHistoire dé rB-
glise de pieuses légendes età<^ dramati-
ques histoires qui serviraient de canôvas
à des romans délicieux ? '' - It^ rO
'^ 3e rengage à y .penser et il y trouvera
«a vemô. •■ ' ' '■■
■ M. Hector Fabre, qui est un ctitique
Tdéiicàt, a fait rappréciation de V Histoire
di la Mère de ^incarnation et il y a trouvé
i^iUîne moi, de la déclamation dans le
9tyte^ l^amour de certains mots sonores dans
< i
ï : « I
1- *
— 42
hi phrase^ le nspeêt du conoenu cto/w iB
réeit^ le cuUe de la posi d%»ns ses hiroi^*
Il déclare avec beaucoup de ménage
ments et d'euphénismes que cette flïiîoiV^
demande un complément eii \\ donne à
l'écrivain, en terminant, ce conseil, qui
ne manque pas de sel attique.
>* Qu'il cherche les be^es i>ens4es, e^t
*^ les belles paroles, pour les dire, lui
** viendront comme par surcroit ; m^ip
** qu'il ne cherche pas d'aboH les molà,
*' car lorsque le moment vieuara de s'eij
*^ servir, les pensées lui feront défaut jet il
'* l^i faudra les couvrir delà ^ Abpre d^ç
/Mieux communs, tout, étonné» de %%
H trouver si bien vêtus." aof) ro;^ jp^i
Tout récemment, M. Tabbé Casgf^kLci
is'est révélé conune critique; Ilapvibli^
une. espèce d'étude littéraire su?r M.Chau-
veau, qu'il annonçait comme étant la
premièrt d'une série, soudainement vEh-
lerrompue. --^ynoifâû mi^n
On lui a prêté, à cette occasion, cert^
ressentiment politique, certain intérêt de
famille. Je ne sais pas exactement ço
qu'il y a de vrai dans ces imputations;
mais, ce qui est certain, c'est q;ue Tabbé
Casgrain ne fait pas mystère de ses opt
nions politiques et qu*il prétend ap|>art
tenir au parti national II est annexiox>
4« —
niîsle datîd toute la force du mot, et il le
déclare, à qui veut rentendre, hélaa î
Il fut un temps j qui n*est pa& encore
perdu dans le crépuscule de son enfance^
où il en \retenaitd*autres idées. Je trouve,
à la fin de V Introduction à VEistoire de la
Mère de r Incarnation^ Téloquente prédic-
tion que voici sur la République Améri-
caine :
*' LkH parole du Comte do Maistre se
réalise sous nos yeuji. ** Laissez donc
" grandir cet enfant au maillot," avait-U
dit, un jour, indigné de la stupide ad-
miration qu'on prodiguait aux préiettr
dm progrès des Etats-Unis. L'enfant a
grandi depuis ce jour; et sa tombe est
si près de son berceau, que ses langes
pourront lui servir de linceul. Bientôt^
cette grande République, fondée sur le
sable, morcelée en cent petits états, com-
me^ l'Amérique du Sud, dévorera elle-
même son influence, et avec elle celle
du protestantisme." ,
Cest très- bien dit; mais aujourd'hui
i'abbé Casgrain ne le trouverait plus si
bien pensé. Il n'appellerait plus stVfpide
un sentiment qui est devenu le sien, et
il ne placerait plus si près de son berceau
la tombe de la nation-modèle.
Les opinions, je devrais peut-être dire
m
n
iî -
4;
1
-I
•ttf
— 44 —
les sympathies politiques, ont déteint sur
l'historien et changé ses idées. Il est
bien regrettable qu'il ait glissé sur cette
pente, qui l'a déjà condliit à des déclama-
tions ct^eu ses et fausses.
^ C'est ainsi qiie, dans la biographie de
M. de Laterrière, il a pu écrire les lignes
suivantes : ^' Les hommes ambitieux qui
*' triomphent aujourd'hui sur la ruine de
^^ la chose publique, et que l'histoire inex
" orable marquera au. front d'un ferrou-
^'' ge, ne pui^nt jamais trouver eji lui un
*' instrument 'set^yile. . .Ces hommes sont
*' paryehu» un instant à égarer l'opinion
*^ puMiquè ; mais quarante ^nnée« consé
*< ciîtîVés de dévoilement k la patrie for-
^^ ment un mônUriierit de g;rartit contre
^* léguée viendront se briser tes pliitries
'^^ stipendiées qui auraient' voulu le dé
"^^•'tfùire. "' ^Jn'^^ îfïÇfn ri'. , ••■. . <^
i3n pardonnerait ces tirades démag©
giqùes à M. L. H. Fréchett^> on à M.
Dessaulles ; mais eslles sont déplalcées
dans la bouche du premier vicaire- de
Notre-Dame de Québec. * = i r ^n *-*
Ge« tendances politiques 'de l'alîbé '€k^"
graiîi et une certaine' rivalité liltéràire
©ût itô ©«use qult n'a pas é*é juste à
l'égard de M. Ghauveati, Sa critique est
mesquine et manque d'impartialité. J'au-
A .L
-^~
rai occasion de Iç démontrer, lorsque je
peindrai Vauteiir de Charles Guérin.
Il a été plus partial encore sous le paeu
donynie de Placide Lépine^ si toutefois
les Silhouettes LitUmifes peuvent lui être
attribuées, ce qu'il y a cent raison» de
croire. On m'objectera qu'il n'aurait pas
écrit son propre portr^^t Néanmoins,
qu'on veuillb bien c<;^nsidérer qu'il y a
dans la silhouette de l'abbé C^sgrain par
Placide Lépine des détails intimes que
l'abbé seul pouvait vraisemblablement
connaître et qui ont dû être écrits sous
sa dictée. .
Quoiqu'il en soit, pr^naiit pour é^bli
qu'il est l'auteur, ou l'un éçs auteurs des;
Stlhouttes Littérairesynçu^ y tyouveric^a
une preuve de plus que la critique i^'est
point, S|0n; fait, et qu'il n'a pas-ce goût, ce
tact, cet esprit et ce coup d*cpil juste qui;
conviennent au critique. Nous aurons i
occasion d'y reyejpiir^ansiesi autres por-f
traits. ,KÙ.\x.i>.vliit\.^\-ii:yillK'
En attendant, je tennineri^iciBl^Hîi par»
(juelques recherches généalogiques^ et, uat
petit conseil a M. Gasgrain. , h a ù - • %
^^aci4e iiépine a dit : . -jo i^i-^ j p!>
•* L'abbé Gasgrain est aristocrate 4étMk)
^^ ^ persofHie et dégioei^te dfia^-^éps
' s. . . , PàT les homnqked il vient^feî
r
fmv p»
I
I
tlifi
'i II I .
ïl
Il I'
tl/|l! lU
49
'* peuple. Son bisaïeul qui était soldat,
** prit part à la fameuse bataille de Fou
** tenoy, où le« chevaleresques gardés
** françaisoe crièrent aux Anglais : Tirez
** les jîrèmiers, Messieurs î Du côté dçs
•* feiiikneà il se rattache aux Baby de
" Ranville, dont il a conservé la belle
** devisé^ : " Au camp valeur, au champ
** labeur. " L*alliançe de ces deux sangs
** expHqùe le* contrastés de son caractère
** aristo plébéien. " ^ ^♦•^?V^
«'De qui est cette histoire ? C'est ce gu'U
convient de rechercher. xui^^^niO*
M. Tabbé Casgrain a une faibless^e— 0n
est toujours faible par quelque eridroijt-^;
il a un culte exagérê des ancêtres. Ce
seotiment est très-louable, stirtout quand
il y a des ancêtres; mais il ne faut pas
:pouaser trop loin la noble anibition de se
trouver des aïeux ou des bisaïeux Uliiîy-^
ti^r -On doit se- contenter de l'ôtrÇBot
xnême et de le faire savoir. noiBBpD
On croirait que M. Tabbé pourrait peut-
être mieux qu*uû autre se paisser du lus-
tre des aïeux. Mais il ïi*eh est 'rien, et
jamais il n'a laitoé échapper une occasion
de parler ou de fâità- ^Het^;^ Mm^^
origine, 'v^c^^l^^ ^«^ a]0'rï|':c3 i-oanJ^*
Dans.leis Lé^endes^àûm leà' Miettes ^i9^n&
tefi Bicffraphie^^ dans VÈi^toire de la Sdère
Mil
fS i
US-
et
on
— « —
àt ïlf^can^a%ùm. partout il tt semé quel-
ques fleurs sur la tombe de $ie« illustres
anisêtres. i:'V/( .'^ j-;, .;/;
f A chaque i>ouvcl éèHt il y revient, il
s't complaît. Ici c'est un ancêtre mater-
ael que ron déterre, et, là, un paternel
qni ressuscite. . /^i. . -
1 Ses œuvres ne suffisant pas à la tâche,
il y emploie le« autres, et dans tous les
écrits qull peut atteindre avant leur pu*
blication, il réussit presque toujours à
glisser une ïiote qui publie son origine.
On yient de la voir dans les silhouettes
ëe Placide Lépine ; et nous la retrouve-
woA ailleurs.
Dams V Histoire des Grandes familles ffum-
çaikes dvk Canada^ de M. Tabbé Daniel, à
U page 533, je lis ce qui suit : >*^. »'^i 'a
ir L'Honorable Charles Gasgrain des-
*^ cendait de M. Jean Baptiste Gasgrain,
" originaire de la Vendée et sergent dans
^^ ies troupes à la tête desquelles il s'était
" «ignalé mainteis fois contre les Turcs.
•V' Lorsqu'il passa dansia Nouvelle Fran-
*' ce, un peu avant la conquête, il était
*^ couvert de nobles blessures qui attos-
•< laient eacoro sbn courage. " . . -^ ^u ;»
x^^ Ge s^ni les dignes ancêtres de M.
H l'^lbé RajrmMé Casgrai», dont la plu-
^^ me élégante a' déjà donné plusieurs
I
kV
4,
u
ii
II
— 48 —
V' publicalions où la beauté du style lé*
*^ dispute à la richesse des pensées. ^ .;5
Au troisième volume de VHistoire de»
fJrsuUnes^ pages 234 et 235, on est étonné
et un peu artligé de retrouver les détail»:
suivants : : ri
'* M. Jean-Baptiste Gasgraiil, le premier
de sa famille en Canada, émigra peu
avant la conquête. C'était un gloTi<»\jx:
vétéran qui portait d*une manière riôn'*
^^ équivoque les trophées de sabravdUTé,
*' ayatit eu le nez coupé d'un corup de
** cimeteri'e, lorsqu'il combattait contré^
*' les Turcs, en Orient, et étant devehti''
'* boiteux, par suite d'un coupd'escopette
^' qui lui enleva la cheville du pied, à la
''• bataille de Fontenoy, en*1745; De plus
^^ il avait été blessé d'une balle, ^ hiv
^'- passa de la joue à l'oreille droite, et
^^ d'un coup dé sabre qui lui sillonna là'
'^ figure du front à la joue gauche. Ed
^* 1747,^ il assista au siège deBerg-op-*
^^ Zoom, où les Français entrèrbnt eri'
*^ miiiLikant d^s le sang .ju«qii'A lu eSe-'
^* ville du pied." r^rfâ rrmr *
*'Un trait nous donnera une idée de"
*' cette foi. énergigitie qui demitymsêr tout
* ! . entière a ses descendants: Fait Tirisoïi-
** rticpïiarles Turcs^-atihâiqu^uÂ^ àéétàe
** brigade dû iican iB S^ébrto, loirsqu-il'
— 49 —
^* combattait en remplacement des ch«-
** valiers de Malte tués en Orient, un re
"néttatvint '^^ir proposer de passera
" rislaftiisHK -•' An î s'écria Sabran, s'a-
" dressant à son compagnon d'infortune,
" est il possible qu'en vienne outrager
" Dieu d'une telle manière .1 "A ces
" mots Jean Casgrain furieux se précipi-
" te sur le renégat, et il l'aurait tué si un
" janissaire ne se fut jeté sur lui avec
" un cimeterre. L'intrépide soldat saisit
^ une chaise et frappe le janissaire à
" mort. Jean et Sabran reçurent cin-
" quante neuf lup de nerf de bœuf ; le
" second en urut. Le brave soldat
" chrétien reçut encore vingt-cinq coups
" de bâton de Galabre, sous la plante des
" pieds. Ce fut après avoir asisté à ciu-
'* quante combats et engagements, ayant
'* été promu au grade de sergent-major
*' après la retraite de l'armée française
^' devant Prague, que l'héroïque vétéran
'* s'embarqua pour la Nouvelle France.
^' Il était natif d'Airvault, petite ville du
'' Poitou, à huit lieues de Saumur, dans
" la Vendée militaire. M.^ J. B. Casgrain
*' se fixa à Qnébec où il tiiit ,un commer-
" ce sous le fort, à droite dé' Pescalier de
" la Basse- Ville. Son fils, M. Pierre Cas-
" grain, triorteri 1B28,'acquit; les seigneur
IFT
1
1
i
5
!
•
Ci'
-^60 —
^' ries de N. D. de Liesse, de la Bouteille-
" riç, de la, Bivière-Ouelle et de N.-D. de
JBpn Secôiirs, dePIslet.
'" Eii même temps, que M. J. B. Cas
[rain^ ■étalent 'venus en Canada MM.
bnenfànt^et LetelUer de St. Just. "
(jomnientl'âbbé' Daniel et rautenr de
V Histoire desltfrsulines ont ils appris tous
ces faits extraordinaires ? Quelles rela-
tions ont-ils pu avoir avec ce sergent
gui combattait à la tête des troupes^ corn*
'me un maréchal de France-njui portait
comme trophée de sa bravoure un nez
qu'un coup de cimeterre lui avait enle-
vé—- qui avait perdu la cheville du pied
à la bataille de Fontenay, et qui rentrait
dans BergrOp- Zoom en marchant dans le
sang jusqu'à. la cheville qu'il n'avait plus
— qui portait sur sa figure, d'un côté h
sillon d'iuie balle, et de Tautre le sillon
d'un s^bre— qui avait reçu 59 coups de
nerfs de bœufs, 25 coups de bâton de Ca
labre, et pris part à 50 combats, et qui,
avec tout cela, n'était que sergent ?
Evidemment, il y a là un cachet do
"'facture qu'il est impossible ' de méconnaî
^;tl'e, et je crois que l'on peut assurer sans
"'témérité la plume féconde de notre iUus
'tre aÎTbé.
C'est le commencement d'un petit Ha-
51 —
vail d'ennoblissement, dont le reste, en-
core inédit, est cependant trop connu.
On a essayé : d'Airvault. ... et les vers
faits à la ni vière Quelle étaient, datés du
Manoir d'Airvault. On a montré aux amis
un certain blason ; on l'a même encadré
et suspendu dans le fcabinet de travail du
littérateur, à côté du portrait de mon père
qui lui dit :
Embrasse, mon enfant, le portrait de ton père
F^ur ê*re comme lui digne de tes ayeux.
Bref, tout cela se serait déjà traduit
par une notice communiquée au Livre
d'Or de la Noble&se^ si les pages de ce livre
souffraient tout, comme les papiers. Ce
cher Livre d'^Or ! il chatoie si agréable-
ment la vue ! On serais si heureux d'y
lire cette page. ... à peu près comme on
l'a rêvée :
" — Gasgrain d'Airvault — originaires de .
Vendée — Fief de la Rivière Quelle et de :
rislet — Manoir d'Airvault — Alliés à la
noble famille des Letellier de St. Just. ^^y
^' Les d'Airvault portent de gueule avec
gerbe et flamberge d'or; ils ontlafière
devise : au champ labeur, au camp va-
leur!"
Hélas! cette page d'ôr, tant convoitée,
n'existera probablement jamais. Car,
iî
: i
'¥ r
:.. i i
52 —
>i
:<\ i
avant de consentir à son insertion an
livre de la noblesse^ on y regardera à deux
lois, on fera des recherches, on fouillera
le greffe de Québec, et, dans les Registres
des baptêmes^ mai-iages et sépultures des
paroisses de Québec et de Beaumont, on
trouvera divers actes authentiques cons-
tatant que Jean Gasgrain était traiteur à
la Basse- ville, c'est-à dire préparait et ser-
vait à manger et à boire aux voyageurs
et aux viveurs de ce temps-là.^ et qu'il
épousa,à Québec,une Demoiselle Duchés-
ne 4ite LeRoide, fille d'André Duchesne
dit LeRoide, de la nation des Pawnis.
Ces actes établiront que Jean Gasgrain
n'était pas originaire de Vendée, mais de
s l'ancienne petite Province d'Aunis, et
qu'au lieu d'être sergent à la tête des
troupes il était tout bonnement cuisiniei*
à la tête de ses plats ; que s il a fait cou-
ler le sang ce ne peut guère être que ce-
lui de la volaille, et que ses blessures, —
s'il en avait — étaient pi-obablement des
brûlures.
Donc, si le Jean- Baptiste Gasgrain,
Vendéen, né à Airvault; le Gasgrain ser-
gent qui combattait à la tête des troupes
de France et de Navarre ; le Gasgrain
pourfendeur et mangeur de Turcs, le
nasicoboUj minus-cheville, balafré et calabré^
m
53 —
1 au
ieux
liera
stres
s des
it, on
cons-
euy 'A
ît ser-
sjeui's
rqu'il
ichcs-
tiesne
Lwnis.
igrain
ais de
et
te des
sinier
t cou-
e ce-
•es, —
it des
jraiii,
i\ ser-
rupes
;5, le
labré^
si ce Gasgrain a existé — ce que personne
ne voudra croire, — ce ne peut être Jean
Gasgrain le cuisinier, qui en Tan do
grâce 1750, tournait des crêpes dans sa
gargotte de }a Basse-Ville et menait à
l'autel mademoiselle LeRoido, de la na'
tion des Pawnis.
.(emarquez bien que je ne méprise pas
les Pawnis, non plus qu'aucune autre
tribu sauvage. J'en fais au contraire
grand cas, et l'on. me dirait que j'ai du
sang indien dans les veines que je n'en
serais pas du tout humilié. Tout ce que
je veux établir, c'est que M. l'abbé ne
descend pas en droite ligne des Montmo-
rency ou des Caniac de JPérigord. V -'
En fait de généalogie, je dis comme le
grand poète de la Grèce, Homère : "A
quoi bon questionner sur la race ? Telle
est la génération des feuilles dans les
forêts, telle aussi celle dte mortels. Parmi
les feuilles, le vent verse les unes à terre,
et la forêt verdoyante fait pousser les
autres sitôt que revient la saison du prin-
temps : c'est ainsi que les races des hom-
mes tantôt fleurissent et tantôt finissent."
Donc, mon cher abbé, veuillez m'en
croire, laissez de côté tous ces travaux
généalogiques. Que votre bisaïeul soit
Gasgrain le baUfré, ou Gasgrain le ven-
V»
— 54 —
)
deur de saucisses, il importe peu. Les
gens d^esprit ne vous en estimeront ni
plus ni moins, et cela n'ajoute ni ne
retranche à votre mérite personnel, que
nous reconnaissons autant que vos meil-
leurs amis.
Vous avez très-bien dit, dans la biogra-
phie de M. Faribault : " il est une aris
tocratie que Ton ne parviendra jamais à
détruire : c'est celle de l'urbanité^ de la
politesse des manières, de la dignité et
de la noblesse des sentiments." Cette
aristocratie indestructible, vous la pos-
sédez ; qu'avez-vous besoin de faire tant
de frais pour en acquérir une autre ?
Ce dada qui vous tourmente est d'ail-
leurs, vous le savez, la faiblesse de plu-
sieurs, et le but de ces pages n'est pas
d'humilier, mais de corriger ceux qui en
sont possédés.
Après cela, ayez*le caractère aris!o-^lé-
béïen^ si la chose vous va, et je n'y met
trai pas d'obstacle, puisque cela ne nuit
en rien à votre caractère sacré, qui est ir-
réprochable.
ni
ne
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Ta-
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PORTRAITS
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Pastels Littéraires
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PAR
JEAN PIQUEFORT
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QUÉBEC,
ATELIEH TYPOGRAPHIQUE DE LÉÔBB BROUSSEAIT,
2, Rue Du Ftrt,
1873.
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J:::;-^ 1
PORTRAITS
ET
PASTELS LITTÉRAIRES;
F. A. H. LARUE.
De omni re scibile et quibusdam aliis
Pic de la Mirandote.
I.
Un soir — c'était en l'année 1869— je me
trouvais, je ne sais plus à quelle occa-
sion, dans la vieille capitale de la Pro-
vince de Québec. Je n'avais rien à faire ;
la chambre ne siégeait pas ; le Septuor
Haydn chômait ; V Evénement ne contenait
pas un fait-divers passable : j'étais ipenac'é
d'ennui sérieux. Je pensai tout-à-coup
au Dr. Léarue, que je connaissais bien, et
j'allai frapper à sa porte.'* '* '^^'"
Je lé trouvai dans un état d'excitation
qui me surprit chez un homme habituel-
lement si calme. Il marchait à grands
pas, lés mains derrière le dos, et se par^
lait à lui-même, assez haut pour être en-
tendu.;' De, temps en teihps^ il allongeait
!
P
! il
1
I
li
n I
— 4 —
les bras et le menton, gesticulait, ou se
passait les doigts dans la chevelure.
Il me demanda d'un ton sec comment
était ma santé, et me fit asseoir. Mais il
continua de mavchçr d'un pas nerveux,
et la (ïonversatiôn s'engagea : ' '
— J'ai une grande nouvelle à vous an-
noncer, me dit-il : je suis riche î
— Riche d'espérahces, d'illusions, de
projets?
— Mienx gue ça, riche de dollars, com-
me un vrai yankee.
— Et q\h'l est le chiffre de votre for-
tune ?
— Au moins cent mille piasti'es. VLTr
— C'est joli. Je suppose que ces beaux
capitaux sont déposés dans la banque de
l'avenir? ^^
— Cest un peu vraiy mais cet avenir est
si rapiprochél Ecoutez: ^Z^^^tflî^^'',^;^^^^
Aujourd'hui même, à PïttsbùSrg, daùs
la république voisine, une compagnie
américaine a dû faire l'essai d'un nou-
veau procédé de mon invention bout ihâ-'
nufacturer l'àci^r, et je suis pariaitement
sûr du succès. Or, le succès (àe cette af-
faire, c'est 14 f p^tune gb^f mm eV^' d'un
moment à l'autre j'attena3 iJinSe d^rpêtîhe
A") J J /_ I
qui m'apportera la joyeùéê noii^
Songez donc, s'écna-tril, en regardant
•-5
rdant
à sa montre ; il est huit heures, et à neuf
heures j'aurai probablement reçu ma ré-
ponse^ Dans une heure, je serai riche
^déplus de 'cent mille piastres! ,
Je compris qu*im homme qui en était
arrivé k. une époque atissi importante de
sa vie avait besoin d'être seul, et je le
laissai à ses réflexions.
C'est probablement ce soir là qu'il
commença son article '^ Les Peabody en
Canada^' et qu'il écrivit la phrase sui-
vante:
'' Ce n'est pas chose aussi difficile qu'on
'' se l'imagine d'amasser des richesses,
" d'entasser même des millions. Le ha-
*' sard fait'la moitié, les trois quarts de
" la besogne ; il sufnt de se trouver sur
''le chemin de la Fortune ..... quand
" elle passe ; seulenient, il faut bien l'a-
'' vouer, elle ne passe pas tous les jours."
•IHélas! neuf heures, dix heures, onze
heures sonnèrent, et la dépêche tant dé-
sirée n'arriva pas. te lendemain, même
attente suivie de la même déception ; et,
fmalement, la fameuse dépêche est .enco-
re à Pittsburg.
Je suppose qu'il ne continua son arti-
cle que le surlendemain; car voici la
phrase qui suit :
^' A en juger par la dose d'intelligence
r'f
t
— 6 —
^^ qui est la part du grand nombre des
*^ riches, la somme d esyrit à dépenser
" pour arriver à être millionnaire n*est
^^ pas exhorbitante, hormis donc que l'on
^* suppose que la dépense ^ été teÛe, que,
" tout compte fait, il n'en reste plus guère
'' en caisse.. . . L'esprit de négoce a tou-
^' jours été — plus en ce siècle, dit-on,
'' qu'en aucun autre — d'une étroitesse
^' extrême."
Quoiqu'il en soit, cette petite histoire
démontre que l'homme qui pose en ce
moment devant moi n'est pas simplement
un littérateur. Il est industriel et indus-
trieux, chimiste et métallurgiste distin-
gué, et, enfin, auteur d'un petit traité d'a-
griculture qui passe pour être bien fait.
Il sait beaucoup de choses et il fajt de
tout, comme son confrère de France, le
Docteur Véron, avec cette différence que
celui-ci a fini par la littérature, tandis que
le Dr Larue a commencé par là, et finira
par l'industrie et le négoce, après avoir
guéri des rhumes de poitrine et des maux
de gorge-.
Ainsi va l'homme, quand il a du tou-
pet, et quand il s'est dit une bonne fois
avec résolution de parvenir : quo non as-
cendam f •
Il est bien entendu que ce n'est pas le
■ •«-'.-'««fôte»**.
— 7 —
médecin, ni l'agronome, ni l'industriel
que je vais peindre. C'est le littéraleui^
seul, celui qui fait des phrases bilieuses,
tont en roulant des pilules antibilieuseu,
et qui sait mêler l'esprit littéraire au sa-
ble magnétique pour mieux fabriquer
l'acier. C'est l'auteur de quelques arti-
cles de jofitnaux et de quelques lectures
qui ont eu du succès, et qu'il a réunis
dans un volume auquel il a donné le
titre de Mélanges.
Comme l'abbé Casgrain, le docteur
Larue a eu l'avantage de vivre dans Vin-
limité de M. Placide Lépine ; on le verra
par les détails intimes qn'il a racontés
au public — et si ce critique baroque à six
mains en a fait un portrait ridicule, soy-
ons assurés qu'il n'y a pas de sa faute. Il
avait les meilleures intentions du monde.
Nous allons le suivre un peu, avant
d'en venir à l'appréciation des Mélanges.
L'illnstr \ Ifeiichildon disait un jour
qu'il ^^ 'vit d'aucun ^xe. Or, voici conir
men lacide ^ pine commence la sil-
houOi. de on ami le docteur, sous l'épi-
graphe in\ ariable. Nuda veritas ,\ " Mâle
caractère, mâle esprit, r aie figure, tel est
Turiginal de ce mâle portrait. "
î
'H'fi *"
it
)A
I
'f^|i
i Evidemment il n*a pas voulu qu'on put
dire^ du silhouetté çç (jue^ Jfercàildon
I î^Lô pr. Lfitr^ùe a ses quarante ans ;
•ilîe aO^léauJS î^st s% patrie,. St. Jean sa
paroisse^ Ji'Université,- Laval sa mère.
La îriere jéjtj. le^ fib^^ ^^ fiers l'un de
l'autre.' '. .
Certes, M. Fabre avait bien raison de
trouver ce début solennel ; mais il aurait
fait connaître toute sa pansée s'il eut
compagnement d'injures très-gropres à
confondre les prétendus ennemis de cette
gra,nde i^stitutioa, qui n'a qu'un tort —
celui de '.. ne, pas connaître ses vrais
amis. [Ij
Quelques, phrases extraites de Vàphysio-
graphie du savant docteur sont mainte-
nant soumises au public, à qui nous lais-
sons le soin de juger si M. Placide a bien
réussi, sans le vouloir, à se moquer de
celui qu'il fait poser.
■ }—. if" : •
(l) Malgré tout ce beau zèlo pour l'Université,
on a sacritlé assez lestement, dan» la silhouette
de M. Taché, un ancien recteur do cette insti-
tution. Il est vrai que cet ancien recteur le mé-
ritait bien pour a\'oir* fait, dans une lecture pu-
blique, uneianglanto critique des Légendes.
ans ;
an sa
mère.
Lïi de
on de
aurait
il eut
Lcule ?
ibe en
rec ac-
érés à
e cette
tort —
vrais
rjhysiO'
liainte-
s lais-
a bien
er de
Iversité,
[houette
te însti-
le mé-
ture pu-
les.
— 9 —
" Le Dr. Larue est un homme de moy-
enne taille, assez grêle, preste dans ses
mouvements. Figure bilieuse, pâle^^fBJ
lôe de la base, .r? Un sourire ipMu^ur
est accroché au coin de^a iaaioustapaè .^t ►
Il aime à mordre. . ^ Ses dents sont bon-
nes ; les canines sont remarquablement
longues. . . . Vous jureriez qu'il a cixtre
les dents quelques lambeaux de la bhair
de son prochain. '' ^
Pour un chien^ ce serait là un joli por-
trait ; mais pour un illustre d'entre les
illustres,voire môme pou^ un simple mor-
tel^ franchement ça ^i*est point flatteur»
Si, après l'avoir vu peint de cette manière,
Maman Laval est .encore fière de son petit
mâle, c'est qu'elle n'est pas difficile ou
que l'amour maternel l'aveugle singuliè-
rement. Il n'y aurait là, du reste, rien de
bien étonnant. Lorsqu'on prend tant de
plaisir à se faire réciter, entre la poire et
le fromage, " La Voix d'un Exilé, " ou
des phrases anti-patriotiques sur les des-
tinées providentielles des Etats-Unis, on
n'est pas bien éloigné d'admirer les gens
qui ont l'air d'avoir suspendus à leurs
crocs des lambeaux de chair humaine.
A la vérité, il y a dans le portrait du
docteur des traits plus aimables et sur-
tout plus vrais. Ceux- mêmes que nous
t
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i.î'<
1 ■ .
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-10-
avons signalés ont leurs correctifs. Ainsi,
Ton prend soin de vous dire qu*il eii
** gouailleur sans malice, " et qu'il lui
arrive, sans doute, comme à Bien des
d( "
sion, les prunelles s'allument, et les cils
longs et serrés se changent en dards per-
çants dont l'attaque est difficile à soute-
nir. "
Voilà des cils qui subissent une étrange
métamorphose et qui font bien du ravage.
On a vu souvent, dans le langage figuré,
les éclaira des yeux ; mais les dards des^
paupih^es^ c'est du nouveau ; c'est une
arme à laquelle on n'a pas songé dans les
dernières guerres, et le docteur, qui ne
dédaigne point de prendre des brevets
d'invention, devrait, vite, se faire inscrire
à Outaouais. Il n'estpas de même des ^^ sil-
lons de l'énergie " ; ils sont '* caractéris-
tiques " paraît-il, et dame Energie les a
placés elle-même juste entre les deux
sourcils de M. Laiite.
Nous arrivons au trait capital : '^ Le
frctht plus haut que large a de l'audace ;
les cheveux brun-châtain sont érigés en
toupet " — En toupet, morbleu, je le crois
bien ! Il y a même des gens qui disent
— 11 —
p
en parlant de lui,: le toupet, c*est Thom-
me î ^"*' '
Et c'est grâce à ce toupet qu'il se mêle
de tout, pérore sur tout, grifPonne sur
tout, et du haut de sa chaire de profes-
seur, ou des. colonnes de VEvénement^
régente son pays et parfois l'univers.
Politique, religion, littérature, chimie,
métallurgie, agriculture, instruction pu-
blique, affaires municipales, industrie,
commerce, finances et même la méde-
cine : tout est de son ressort. De tout il
parle en maître ; gardez-vous de le con-
tredire ; savez-vous ce qui vous arrive-
rait ? Eh bien, c'est M. Placide qui vous
l'apprend : " il vous exprimera tout son
dédain. " Et savez-vous comment le doc-
teur exprime tout son dédain ? *' Pour
lui le souverain signe du dédain est de
s'allonger la mâchoire en avant et de se
mordre les dents (sic): " Gomment s'y
prend-on pour se mordre les dents ? De-
mandez-le à M. Placide, ou à l'abbé Cas-
grain, qui lui-même a de si belles dents,
ou bien encore à son cousin le dentiste —
et s'ils ne vous le disent pas, eh bien I
tenez toujours pour certain qu'un homme
qui possède le terrible secret de s'allonger
la mâchoire en avant et de se mordre les
dents ; un homme qui, de plus, a les cani-
hi
' k
)' SI m
\ i "
,jl
r
k. ! llIPgt.
rtJi
— 12 —
ïies très-longues ; un . homme qui porte
toujours un sourire moqueur accroché
au çoijî de sa moustache, un homme dont
les ôils deviennent d^s dards lorsque ses
pruiiell^s s'allument, un tel homme,enfin,
n*est pas bon à rencontrer à toute heure
du jo,Uj^ ou de la nuit, et gardez vous bien
de. croiser son cheïniu ! Il va sans dire,
d'ailleurs, que M. Lépine croit tous ces
déta;ys physiologiques nécessaires pour
f^^0 bien juger le littérateur.
'.tJne, autre découverte ; " Sur son crâ-
ne la bosse de Tironie fait saillie. " Avez-
vous connu des bosses qui ne faisaient
point saillie ? Les autres bosses de notre
illustré feraient-elles saillie à Tintérieur ?
Mais, pour toutes ces choses merveilleu-
ses, il y a une raison, et si vous ne la de-
vinez pas : attention î " Le Docteur La
rue a le génie du professorat, " En voi-
ci la. preuve. Vous vous imaginez peut-
être que les choses se passent aux leçons
de notre héros comme elles peuvent se
passer pour le commun des professeurs
et pour le commun des auditoires ? Li-
sez ce prologue de mélodrame et détrom-
pez-vous : "
'"'' Il est huit heures du soir, c'est l'heu-
dti' cours. Entrons.
^^ L \ Toule se presse dans les couloirs ;
ut-
ons
se
Lirs
Li-
Dra-
leU"
rs ;
13 —
je gi^avis avec ëUè^deim p^liei*$j me ^ol-
ci avilis rainjbitttéâtee bjùt se 49»herit' iéâ'
Cours Scientt^àifes.. Les gradi^^^
mieycle sont rèinpMfe d^a^mteui'^ (Jui
iVùVL'
\M
chuchotent entre eux en ^,^^
verture du cours. ? ,' '^^^'? Vi^J^ ...
** Une portée s*O?ùVî'0,:'bn voit ■poîriâre
le bâton de Tappalriteur. ; té sîjeiiçé feé'
fait. Le professent arrive d'iin pas!
prompt et ferme. Une salve d'applaudis-
sein^ents ràcCueille : il «alue avec un
léger sotiriré.' Le coutB c^ommence 1 !..."
Etlecompteréndu finit' ; iv: •
j'âvoixe que cette mise en scène est
soignée ; mai^ elle a le défaut de donner!
trop d'importance à des objets qui Sont/
après tout, bien secondaires. On se de-^
mande ce qui arriverait si, par hasard^,
les choses se passaient autrement : si-
V apparition se faisait^ans oppan^ewr, si la'
porte ne s'ouvrait pas auparavant, si le
bâton n'entrait point le premier, si le
professeur, ayant fait une mauvaise cli-'
niqùè ce J&ur-là (je suppose qu'il a des
mal^desi^marctt^itd'un pas moins prompt
ou môîtls fèrméJ oubliait de saluer, ou
négligeait d^ sourire. '^' -^^ v'^^ * ;
voilà autant de choses ihqtiiètantes, et
Ton a raison de craindre (fue le cours
n'aurait pas lieu si Tune d'elles faisait
i
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'i, i!
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M \
— u —
défaut L'anxiété redouble quand on
apprend que le docteur est " un esprit
lucide servi par une parole éclatante,
une élocucion pure, animée, une métho-
de simple, claire comme le soleil."
Rien que cela !
Soleil, divin soleil qui fais mûrir les
citrouilles, tu n*es pas plus clair que le
docteur Larue ! Ce n*est pas la peine ; à
ta place, je résignerais.
Ravise-toi, cependant. Il n'y a pas,
dans toutrempire britannique sur lequel,
ô divin soleil, tu ne te couches jamais,
(en attendant que M. Fabre et Tabné Cas-
grain nous aient donné l'annexion), il
n'y a pas beaucoup d'hommes comme ce
professeur.
'' Ses idées circulent dans tous les
joui:naux. . .il donne des pensées à ceux
qui n'en ont pas ". . . .et puis '' donnez-
moi dix hommes comme cela (s'écrie M.
Placide dans un accès de lyrisme), don
nez-moi dix hommes comme cela, et dans
dix ans la face du pays sera changée l "
Dix fois dix font cent. Pourquoi mar-
chander ? Que n*en trouvô-t-on cent tout
de suite ? Quand on songe qu'alors, dans
une année, le pays, qui aurait commen-
cé aycc une face au premier Janvier, se
trouverait avec une autre face à la St.
Sylvestre î
aBSSBE
ins
lar-
►ut
ins
^li-
se
St.
— 16 —
Ilîy a, cependant, une chose qui m*iatri-
gue : ce sont ces chuchotements qui pré-
oèdent rentrée du professeur. Ayant
Placide et ses impayaoles silhouettes, je
ne sais trop ce que pouvaient s'entreoire
les Gravocnes de Tendroit. Aujourd'hui
qu'ils ont lu tout cela, je m'imagine en-
tendre, môme dans le grand silence qui
se fait en^re le hâton de Tappariteur et
la salve d'applaudissements :
— Ecoute donc,chose, as-tu vu le profes-
seur ? RegardCrmoi aonc ses canines ?
As-tu remarqué sa bosse de l'ironie ?
L'a-t-il un peu le toupet ! Tiens, via son
sourire qui se décroche de sa mousta-
che!— Se mord-t-il toujours les dents t
Dis donc, enfin, avec quoi qu'on se les
mord, les dents ? — ^Tais-toi donc, Grognon
faut pas manquer au respect; regarde
ses i^runelles qui s'allument. — Eh garde î
vlà ses cils-dards qui se forment en co-
lonne !
Mais j'arrive à des questions bien plus
scabreuses lorsque je song^ que les titis
du paradis universitaire ont lu les deux
intéressantes anecdotes que voici :
Tous les grands hommes ont eu dans
leur enfance des aventures extraordinai-
res ; il y en a môme qui ont commencé
avant de naître, lies mères de ces grands
9
<!
1
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i 'a
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si
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liomïnes oill vu des flammes s'agiter dans '
Taii;, éllfes ont entendu des vOix. :! * i*"-^
*"-64^ écoute?, petite et grands, ' ce qut^
ràcoht^ çè bon *Pladde.: L'histofre est
d'anataïit plus atithçntigufe que c'est une
contfdence intime (comme les Miettes de
Taib'é Casgraift) et que les paroles sont
mises dans la bouche duhéros':*' r;f^*^* *
^* J'avais quinze ans. Je passais devant
la grange chez nous, une botte dô foin
sur ia tête. En traversant devant la
bergerie, je ne m'aperçus pas que la
porte était ouverte. Je m'en allais trail.
quilement, sans soupçonner le moins du
moins du monde que le bélier accourait
derrière moi à toutes jainè^^ (sic). H vint
me toquer, volis savez bien où, avec une
teÙe violence que j'allai voler d'un côté,
et la botte de foin de l'autre. Je fus
quinze jours sans m'asseoir."
Et d'une! '""•"î'
Qu'on me permette d'abréger l'autre.
Le docteur rencontra un jour, sur le pont
de glacé, un homme ivi^e gai lui fit im
black-eyé, *' Gomment revenir à la ville t
Comment paraître à ïàts cours î La né-
cessité est ingénieuse.;; Je; 'fis réparer le
désastre par iinpeintrey mil dissimula la
contusion soùs une coucne de peinture.'*
Maintenant, n'estil pas à craindre que
^^SI^K^BB
— 17 —
1
re.
îî
le
ces jeunes messieurs de Tauditoire ne se
demandent : Tiens, le professeur Chose
qui m'avait toujours dit que le docteur
était toqué !.. . Savais-tu, toi, que ça ve-
nait d'un bélier ? — Ecoute donc, Gravo
che, où donc qu'il l'a toqué, le bélier ?—
Parbleu, c'est dans le sillon de l'énergie.
— Tais- toi, Finlin, tu ne connais point ta
cosmographie ; ça doit être aux antipo-
des de la bosse de l'ironie. — Je voudrais
bien la voir, sa black-eye — Laquelle ? Cel-
le qui n'a pas été peinturée? — Va donc, far-
ceur ! Ça ne lui arrivera plus au Doc-
teur — Pourquoi ? — Parce qu'il a pris
des leçons de boxe — Ça le sauvera des
black-eyes, mais pas des toquades 1
. On peut concevoir les variations pro-
pres à ce thème.
Un homme qui, dans sa jeunesse, avait
eu de pareilles aventures, devait faire,
dans sa maturité des choses plus remar-
quables encore. Aussi, " est-il d'une
" grande force sur le moulinet. . .11 eait
"la boxe et le bâton... Il a une. demi-
" domzaine d'enfants ; il espère encore
" en avoir autant, et tient, comme Napo-
" léon, que le plus grand patriote eti
" celui qui en a le plus. La plume est
" pour lui une pioche, une truelle... il ne
" croit pas aux livres. ..il en a fait un,
^ttàimi^':-
M 11. iwl I ■ ir"m-|'irNthiPr^
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fl'l'
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||;||' V:
!'
I
j
m\m
18 —
a
'' par hasard, un pot-pourri qu'il a intitu-
'^ lé Mélanges, "
" Rien ne l'indigne (après de tels, ex-
" ploits, il est permis d'avoir l'indigna:
'' tion facile,) rien ne l'indigne comme
" de voir la bande des niais et des im
'' puissants qui, incapables d'avancer,
" passent leur temps à barrer les jambes
'' à ceux qui veulent aller de l'avant."
" Qui croirait que cet homme ardent,
'' actif, qui ne peut souffrir aucun joug,
" se laisse atteler par ses enfants ?
" Le Dr. Larue est le plus tendre des
" époux, le plus passionné des pères (sic).
" Entrez à son bureau : vous le trouvez
'' comme Henri IV, avec son petit Louis
'^ XIII sur le dos, un fouet à là main."
Maintenant, si, après avoir lu cette
grotesque silhouette d'un des coryphées
de la silhouetterie, chef-d'œuvre qu'il m'a
sufBide transcrire pour en montrer tout
le ridicule, quelqu'un me demandait m2^
façon de penser sur le compte 4^ M.
Hubert Larue^ je répondrais. . . . ou plu-
tôt j^àiraeraisûiieuj^ dire tout droit à CQ
bop, B[u}>ert lui-mêttié, en supposant qu'il
daignât ,]?i'éeouter : • , .
^bèrt, nfion ami, jç- vous ai côïuqiu
quand vi^us n*^viez poiAt tout cet attirail
que vos amis d'aujourd'hui veulent^ bien
M.
plu-
irail
Len
— 19 —
vous donner : c'était à une époque de
transition entre l'aventure du bélier et
celle de l'homme ivre. Franchement^
vous n'étiez pas un méchant garçon ni
un personnage ridicule ; vous aviez fait
de bonnes études ; vous parliez déjà beau-
coup, il est vrai, et sur un ton un peu
saccadé et pas trop agréable ; mais vous
écriviez quelquefois spirituellement ; et
on ne vous connaissait pas encore cette
rage de vous mêler de tout, qui, d'après
votre biographe, fait votre gloire. Vous
promettiez d'être un excellent médecin,
avec une grande clientèle,et vous le seriez
devenu si vous n'eussiez point couru tant
de lièvres à la fois, sans parler des béliers
avec lesquels vous feriez bien de conclu-
re un traité de paix pour éviter les toqua-
des.
Vous êtes un bon chimiste. Je ne sau •
rais jurer ^' que vos mains fines, habituées
aux expériences chimiques, indiquent
une manipulation habile," comme l'af-
firme votre ami Placide— Ça ne saute pas
aux yeux, mais, enfin, la chose est possi-
bley^^oiquîelle ne paraisse point d'accord
avec toutes vos mâles qualités. Vous avjez
fait litieiinultiliude d'analyses qui -ont
envoyé. pluBd^uniçauvrediabla à Kings-
ton, et vous retirez pour cela, chaque
» n
I
'jl'l
I 1
! I
»
tt
II
— 20 —
année, des sommes assez rondes de ce
trésor public sur le sort duquel vos amis
s'appitoient si lamentablement. Vous êtes
aussi le médecin, le chirurgien et le
chimiste en titre de votre beau-frère le
coronor ; en votre qualité officielle, lors-
qu'un homme s'est noyé, c'est vous qui
dites solennellement aux jurés qu'il est
mort parce que l'eau a un peu trop gêné
sa respiration. Vous dites cela en termes
beaucoup plus scientifiques, et c'est en-
core une spécialité qui vous rapporte un
assez joli denier.
Dans toutes ces choses, vous ne trou-
vez guère de légitime contradicteur. Il
y a peu d'Orfilas et de Raspails dans
ce pays pour vous tenir tête. Devant les
tribunaux, vous parlez comme un oracle,
si bien que, non content d'étaler votre
science, vous entreprenez quelquefois
d'enseigner aux juges et aux avocats leur
métier. Faites cela, pourtant, le moins
souvéYit possible, surtout avec le juge-en
chef Du val.
Quant à vos écrits, je ne nie point leur
mérite, mais j'y cherche en vain ** les
idées qui vont révolutionner lé monde,"
et je n'ai pas encore constaté leur *' in-
fluence." *' Je ne la sens pas dans l'air,"
comme votre silhouettemrj toutefois, j 'ad-
— 21 —
'
leur
les
in-
ùr"
l'ad-
mets qu*ils renferment diverses choses
en l'air.
Vos Mélanges ont le défaut d'être trop
mélangés. Ils ne sont pas les différentes
parties d'une œuvre homogène. Aucun
lien commun ne les unit. Pas une idée-
mère qui domine le tout.
C'est pour cela, me direz-vous, que
vous avez donné à vos œuvres ce titre in*
défini : '* Mélanges y Cependant, je fais
observer qu'il ne manque pas d'ouvrages
portant ce titre et qui possèdent l'unité.
Ce sont les formes diverses d'un fond
imique.
Au reste, c'est un livre agréable à lire
et qui prouve de l'esprit d'observation, de
la couleur et de l'imagination. Le style
est beaucoup moins fleuri que celui^de
l'abbé Casgrain, mais il est plus correct,
moins imagé mais plus concis. S'il a
moins de qualités — ce qui serait difficile
à dire — il a certainement moins de dé-
fauts. L'emphase, le précieux, la che-
ville et le pathos ne s'y rencontrent guère,
et l'on y sent moins ce travail opiniâtre
de l'écrivain, qui fatigue le lecteur.
La recherche de l'esprit y est peut-être
le seul travail choquant dont le lecteur
s'aperçoive. Vous avez fait trop d'efforts
en ce genre ; vous avez coupé trop de
:> ■■ t
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■V
i :
n
I
r
'i
— 22 —
phrases principales, et vous y avez semé
trop d'incidentes inattendues pour arri-
ver à faire de l'esprit. Quand le lecteur
s'aperçoit de ce jeu, l'effet est raté.
Il n'en est pas moins vrai que vous
avez de l'esprit, beaucoup d'esprit, presh
que autant que vous croyez en avoir, as-
sez, dans tous les cas, pour que je puisse
livrer à vos réflexions les phrases suivan-
tes d'un grand penseur.
.. '' La force de l'esprit consiste àen con-
*' naître les bornes Tout '^e qui n'est
" qu'esprit est un peu volatil de sa nature,
" au moral comme au physique. Il pro*
'- duit d'abord une impression vive qui
" bientôt se dissipe et s'évapore à force
'' d'être répétée : semblable à ces mon-
^' naies dont l'empreinte s'efface par le
" frottement."
La méditation de ces pensées vous per-
suadera que plus de modestie et de juge-
ment ne vous nuiraient pas; et elle vous
expliquera comment on peut lire vos
Mélanges avec plaisir, mais non pas les
relire.
J'ai dit que l'emphase et la cheville ne
âe rencontrent guère dans vos Mélanges,
Je dois en excepter le Défricheur de lan-
gue^ qui est une pièce fort chevillée. L'a-
propos et l'actualité en firent tout le suc-
Il
semé
arri-
iteur .
vous
pres^
ir, as-
)uisse
livan-
a con-
L n'est
ature,
[L pro^
ve qtii
1 force
i mon-
par le
s per-
juge-
[e vous
•e vos
>as les
dlle ne
danges.
\de lan-
te. L'a-
ie suo
23
ces lors de sion apparition. Aujourd'hui,
on la lit en entier presque sans dérider.
Mais c'est une œuvre de jeunesse, et
je suis volontiers indulgent pour vos dé-
Duts.
Ce morceau est d'ailleurs en vers, et
vous admettrez sans doute que vous n'a-
vez pas, comme M. Fréchette, l'art d'alli-
gnér des rimes sans rien mettre dedans.
Plusieurs vers de cette pièco sont de
M. J. G. Taché, et je les reconnaîtrais lors
même qu'ils ne seraient pas indiqués par
une astérique. Ils portent le cachet de
leur auteur, et sans être faciles (car lui
non plus n'a pas la bosse de la versi
ûcation) ils sont les meilleurs.
Heureusement, vous avez fait peu de
vers, et je vous en félicite. Je
me rajH
pelle avoir entendu chanter une chanson
dont vous êtes l'auteur, et qui ne vaut
pas mieux que les romances do Mimi
Finson. Voici le premier coupht ;
Est-ce bien toi qui causes mon délire,
Amour que Je croyais toujours braver ?
Est-ce bien toi qui dans niOL coeur soupiro^if
En me disant : il faut eucore aimer ? , ^
Frappe, ô douleur, je défie ta colère.
Mon pauvre cœur saura bien te lasser ;
Mais frappe encor, verse ta coupe amère,
Oh i laissez-moi, jt; veux toujours aimer4
Vous me direz, mon cher Docteur, que
"1
■
■r'p-ff-Tw-Yl
— 24 —
Sîtii;
M
c'est un péché de jeunesse dont vous ne
vous êtes pas vanté, et ce sera vrai. Je
passe donc san^ insister davantage.
Placide Lépinevous a fait injure, il me
semble, en disant que les '-^ Mélanges ^^
contiennent la somme de vos idées. Si
c'était là tout l'homme, ce serait trop peu.
A côté de quelques idées sérieuses, on y
trouve de jolies choses, d'élégantes ba-
bioles, " des fanfreluches " même, qui
plairaient davantage au lecteur, si Von
n'y sentait un peu de suffisance dans vo-
tre gaîté, et si l'on n'y voyait, d'aventure,
poindre — comme le bâton de l'appariteur
— un petit bout de pédanterie.
Mais enfin, vous êtes encore mieux que
votre livre, et tout votre cerveau n'ostpas
là. Sinoa, vous n'avez rien de ce qu'il
faut pour créer une révolution dans les es-
prits.
' Après l'exécution que Placide Lépine a
faite de vous, bien malgré lui, il ne sau-
rait être dangereux de vous flatter. J'a-
jouterai donc que vous n'êtes pas un
mauvais professeur ; vo'jsavezun avan-
tage sur quelques-uns de vos confrères,
qui, s'il fallait en croire le Journal de
Québec^ ne connaissent pas le premier înot
de ce qu'ils enseignent.
Votre diction n'est point parfaite ; Pla-
j
Wà
— 25 —
cide lui-môme en convient. Seulement,
il se trompe du tout au tout dans le seul
reproche qu'il vous adresse : '' Votre
phrase marche, dit-il, elle ne vole pas."
Je trouve, moi, et d'autres trouvent aussi
que si elle se contentait de marcher, ce
serait pour le mieux; mais elle court par
sauts et par bonds et souvent elle tombe
dans de véritables casse-cous.
Pour votre parole parlée, aussi bien
que pour votre parole écrite, le plus
grand défaut, peut-être, c'est cette préoc-
cupation de vous-même, cette moue dé-
daigneuse qui ' mt charmé votre ami
Placide ; c'est ce sourire au coin de votre
moustache, que vous ferez bien de décro-
cher une fois pour toutes, quitte à le dé-
poser au musée ou à la bibliothèque.
L'abbé Brunet et l'abbé Laverdière, ces
intrépides collectionneurs, ne le refuse
ront pas.
Donc, si vous voulez être bien gentil,
si vous voulez que Maman Laval puisse
être vraiment fière de vous, soyez un peu
moins convaincu de votre propre mérite,
et admettez un peu plus volontiers celui
des autres ; ôtez-vous de la tête cette idée
malsaine que tous ceux qui ne s'agitent
pas autant que vous sont des niais et des
impuissants ; n'allongez pas si souvent 'a
^ji
26
mâchoire comme signe sujjrôme de votre
dédain et ne cherchez pas à vous mordre
les dents.
Vouz avez des connaissances, de la sa-
gacité, du talent et de l'étude. Faites
servir tout cela, avec discernement, pour
le plus grand avantage de tous, et tout
ira pour le mieux dans le meilleur des
mondes. On a beaiicoup parlé d'un na-
vire qui n'avait pas de quUle ; il faut re-
douter davantage de n'avoir point de
gouvernail.
Et maintenant, ô le plus malin des pro-
fesseurs, ne vous mettez jamais à quatre
pattes et ne vous laissez pas attoler.
Cette posture est pleine de dangers. Elle
n'a pas réussi au roi Nabuchodonosor,
qui, dans son temps, était un ausG^ grand
homme que Henri IV et vous même.
Il n'est pafi bon, non plus, d'habituer
vos petits Louis XIII à vous monter sur
le dos, cravache en main. G est le faible
de notre époque — on l'a dit souvent — de
manquer de respect. Parents, profes-
seurs, gouvernants, autorités de toute es-
pèce se laissent trop monter sur le dos.
Louis XIII ne ferait peut-être pas une
aussi triste figure dans l'histoire, entre
deux gvands rois, s'il eut reçu une autre
éducation: craignez le même malheur
pour Hubert second.
— 27 —
Pour en finir, bon docteur, ayez un
peu moins de morgue et appliquez-vous
aux choses de votre spécialité.
Guérissez-vous du cacoethes scrihendi.
Je ne dis rien du cacoethes loqucndi —
toute votre pharmocopée n'y suffirait
pas — ; ne songez point à éclipser l'uni-
versalité de Pic de la Mirandole, ni celle
de Voltaire, qui, elles-mêmes, ne furent
pas de bon aloi ; défiez-vous des succès
àe la plateforme, des cliques, des flagor-
neurs, des cancans, des preneurs qui veu-
lent être prônés, de la camaraderie, de la
bohème, des biographies mirobolantes —
cemnc j celle du Chevalier Falardeau, —
des silhouettes improvisées ; allez
sans tout cela votre petit bonhomme
de chemin, et, en dépit de tous les Pla-
cide Lépine, vous ne serez point plus ridi-
cule qu'un autre, et il vous arrivera mê-
me d'être plus utile à vos compatriotes
que plusieurs grands hommes de
votre connaissance, y compris l'écono-
nomiste Langelier, l'agronome Jôson, le
fantaisiste Fabre et l'abbé aux légendes.
Jean Piquefobt.
]U
\\\
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ii iiiii
i li
m
M. MARMETTE.
PASTEL.
Il me prit avec lui pour m'aider à penser ;
Trois mois entiers ensemble nous pensâmes
Lûmes beaucoup et rien n'imaginâmes.
VoUaire.
I.
L'abbé Casgrain a plusieurs choses
intimes :
lo Une édition intime de ses Miettes^
qui se vendait d'abord très cher, et
qui maintenant se donne à très bon
marché.
2o Un sourire intime qu' permet
au critique Lépine d'admirer ses bel-
les dents.
3o Un secrétaire intime^ qui écrit
ce que Tabbé ne peut que dicter, et
qui n'est autre que M. Joseph Mar-
mette.
A ce métier de secrétaire intime on
gagne :
lo Des descriptions mirobolantes,
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Il I
I
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LTJBMMJtL-tar
'i •!
'i il
I
— 30 —
comme celles de François de Biemnlley
de V Intendant Bigot et des Légendes.
2o Un exemplaire des œuvres com-
plètes de l'abbé.
3o Un bon numéro à la loterie des
Silhouettes de M. Placide Lépine.
Je félicite mon jeune ami de ces
avantages qui ne sont pas à dédai-
gner, et qu'il a su bien mériter. J'i-
gnorais entièrement les détails bio-
graphiques que son ami Placide a
révélés sur son compte, et je les re-
produirai avec plaisir, puisque M.
Lépine les croit nécessaires dans une
critique. Ce sera un préambule tout
fait qui ne manquera pas de gaîté.
Le lot gagné par M. Marmette à la
lotterie des Silhouettes n'est pas du
tout mauvais. Il est bien meilleur
même que celui du Dr Larue, comme ^
cela est prouvé d'abondance. x.
Le tout, cependant, n'est pais fait a
l'eau de rose, et les incongruités mat-
Cftroniques n'y font point défaut.
Il y a d'abord l'inévitable cbàpitre
dès dents, ^où il ^st établi que, si les
incisives de l'abbé Casgrain sont
ta
lat-
bre
les
►nt
— 31 —
blanches, si les canines du Dr Larue
sont brunes, les dents de M. Mar-
mette sont noires " et en deuil de
celles qui sont absentes " : remarque
où l'on reconnaît toute la délicatesse
de touche de M. Placide. J'attends
avec anxiété, la silhouette de M.
Louis Honoré Fréchette ; et comme,
cette fois, le portraitiste pourrait bien
être en peine, je lui conseille fort de
dire que ce grand poète a les dents
d'un tigre du Bengale : cela produira
un bel effet. M. Louis Honoré, qui
pose pour le genre terrible, sera très-
flatté, et les tigres ne réclameront
pas. r
Cette sollicitude pour les râteliers
de ses illustres clients embrouille un
peu mes conjectures sur la personna-
lité du silhouetteur inconnu. Ne se-
rait-ce point par hasard le Dr. Bail-
largeon ? Dan« ce cas, le nom de
plume ne serait point malheureux.
Mais, reyenouB à notre mouton.
M. Marmette est un excellent jeu-
ne homme q^^ne mérite certainement
point qu'on en dise du mal ... ni
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-32-
trop de bien — ce que nous démon-
trerons plus loin.
Comme le Dr. Larue, le jeune Mar-
motte annonça de bonne heure ce
qu'il devait-être ; seulement, il fut
plus heureux que lui dans ses ébats
rustiques, et l'arche de Noé toute
entière paraît lui avoir passé entre
les jambes sans encombre. A com-
mencer par les petits moutons, à finir
par la jument rouge, il y a là une
gradation savante, un modèle de sty-
le et de haute conception littéraire ;
lisez et admirez :
" Tout enfant, il montait sur les
moutons dans le clos, sur les cochons,
sur les vaches, puis sur le petit bœuf
de son père, puie sur la jument
rouge."
Si le Dr. Larue en avait fait autant/
il aurait probablement su éviter les
toquades.
"A quatre heures du matin, on le
trouvait en queue de chemise (sic), à
cheval sur la lucarne de la maison,
fouettant le bardeau, chantant la pré-
face, jouant de la bombarbe,^' .
,• i i.
1^-^
— 33 —
Toilà
délices cSrêtres'- et "^^^^ « " ^'^
lecteur au rédtTrJST'''?- ^"
et poétique de Vévè^ZL''''''^'^''^
J abi^ge quoique bien ïïeS ^"'
autre carabin, ^iitSf/^' "''^.'^ "»
déterré dans ùif cimS.« " ^^^'^^^
pagne. En attend.^. fi ^"^ ^^^^oi'
neige. "^otus dans la
"Alors, Marmette vit à fro.
ies fentes, venir /io„c t ' , travers
roi, unhabS 'ouzTu ? '^'"'^'^ ^"^
outre,sedétoi'rr5:tn^o?"''^^
et, sans rien soupçonner 1 5?^'"'
droit sur lui. Pressé !^' ''® <*'"Srea
bitant s'arrête rS de 1*"''i' .^'^'^■
«garde à di^oite et à^i^K ''^'"''^•
yant n'être ru de neS^^' ^*' «^^ «" ■
cineres. *' ' ^^^fàt^t m patries '
î^ idée soudaine v^^-'^\
1
IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-3)
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— 34
tête de Marmette : si je lui faisais
une peur f . , . ,^ ^ . r . ?
*^iOe disant, il aUôrige le brasau-
defisns de la clôture^ijsaiçitle casque
d« rhabîtànfc. \: -
^* Le malheureux 1 lleii vit trente-
six chandelles. Il crut tous les reve-
nante du cimetière déchaînés à ses
trousses pour Tenger son crime.
•* Il ])oudit, il s'élance, éperdu,
échevtlr. Il court .... Marmette a
beau lui jeter son casque par la tête,
il îi^en est que plus épouvanté ; il
sUmagine recevoir le coup de poing
d'un fantôme. Il est hors de lui-
même ... il court . ^.;, ;*il court encore.
^* Marmette, comme bien vous voy-
ez, avant d'écrire des. drames en a
• ^— A . ''» . j. I.f v./ ^ <> iJ
jcme:
Ah diantre ! vous appelez cela des
drames ? Donc, s'il était dqnué à ce
pauvl-e habitant de lire L' Opinion
Publique, il dirait uiié autre fois :
** Excusez, 8atif votre jeôpçct, je yais'^
faire un drairiè.^' Il est yVaJllgù'xt^;
n^anra pas toujours Marmette p^^r* ^
collaborateur. . . ^ ..r- *^_-r
n
a
[ce
\on
as
/"»
uu
— 35 —
tOette scène, du reste, peut se pas-
ser de commentaires. J'en||redoute
un, cependant, je l'avoue. Je crains
fort que M. Desbarats, pour mieux
graver cet épisode littéraire dans nos
mémoires et l'adresser plus sûre-
ment à la postérité, ne s'avise d'illus-
trer tout cela dans une prochaine li-
vraison, et, qu'au lieu de l'astre des
nuits qui se lève mélancoliquement
sur un cimetière de campagne, com-
me dans l'Elégie de G-ray, il ne nous
fasse voir en pleine lumière, au pre-
mier plan, le drame joué^par M Mar-
mette, «et, au second plan, le duel du
Docteur Larue avec son bélier^ — et la
black-eye non peinturée comme om-
bre ^utableau[.^^..j, *
Le reste de cette silhouette s'ana-
lyse comme suit/: rfâL/ Marmotte a ^t
déj^jatérf dans» les; journaux peu des
clu^niques poitrinaires, veuves de :.
pensées sans avoir épousé le style î
(sjfÇrJ^.j, Jl acowtnisîCibir^Aw etEva, qui
so^,]9.és obscurs (${o),' et obscurBkEuias*: .
ront, puis François de Bienvillky.iÊoiASXib
bien corsé, puis, enfin, Vlntendant
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-36-
Bis^ot, qui a été révénemeut littéraire
delSTl!" "^^^ t r - '^•i^^^
**^ le Ciel lui prête vie, et si, dans
l'intêfèt national, on a le bon sens de
lui faire quelque» loisirs, dans peu
d'années nous aurons notre Fenimore
Cooper. "
Lui faire des loisirs ; c'est le mot de
la fin, et c'est aussi le fin mot de cette
silhouette ! Ils sont tous comme cela
depuis Virgile, ces littérateurs : ils
veulent toujours chanter:
0 Meiibœe, dcus nobh hxc olia fecil.
Le traitement de M. Marmette a
été récemment augmenté, me dit-on ;
si, à présent, on diminuait sa beso-
gne? L'idée est lumineuse. Ce'ne
serait certainement point l'abbé qui
s'en plaindrait. Cet afireux gouver-
nement commencerait enfin à mon-
trer du bon sens : il lui fourâlTaftv
tout-à-Mt gratis, un secrétaire ini^
më , Cl ■ ^^
Bt y6îlà comment, en atteàdaaf
raniiAxioirv on travaille à la rf feJnM
KO
r,
— 37 —
II.
"^'^iiaissons-là M/ Placide Lëpïne, et
ses balivernes, et disons francnement
ce que nous pensons du romancier
canadien.
M. A. B. Routhier, dans ses Cause-
ries du Dimanche j a fait une appi*écla-
tion bien longue et bien indulgente
de François de Bienville. C'est un
peu ce que l'abbé Casgrain appelle-
rait de la critique à Veau de rose,
''^Néanmoins, il a indique dans le
style de M. Marmette quelques dé-
fauts qu'il a appelés /ég-ers et que je
trouve passablement graves C'est
l'abus des figures et l'exagération des
couleurs.
Il est certain que ces défauts se
rencontrent dans un grand nombre
de pages de François de Bienville, et
bien loin de les éviter dans Vlnten-
dant Bigotf M. Marmette y est iombé
plus souvent encore.
Ses descriptions, surtout, sont en-
combrées d'épithètes. Il est extrê-
mement rare qu'il laisse passer un
1
1 \
ii , ' ■•
il:
I
I t
'!
iti
r.
-m- • •
substantif sans lui adjoindre un ad-
jectif plus ou moins ronflant. J^en
pourrais citer bi^n des ej;empleS)
mais Je ne les cnercherai pas. Les
premières phrases de la première
page suffiront à la démonstration.
** La cloche du lourd beffroi dont la
silhouette se dessinait nettement sur
un ciel bleu tout semé d'étoiles é^mcc-
lantes rendait un son mat et sec qu'é- .
touffait encere une épaisse couche de
neige dont les millions de parcelles
cristallines scintillaient sur la terre
gelée, comme autant de vers luisants^
tandis que la lumière jo<^/e de la lune
estompait les larges ombres de la ca-
thédrale sur la grande place de Té-
glise.
" La bise mordait les joues rou-
gies des femmes sous la capuce de
leurs pelisses chaudement doublées
d'ouate ; et les bons bourgeois sen-^,
talent leur barbe frimasser rapide-
ment par suite d'une respiration /r^-
quente que doublait leur marche préci-
pitée.^^
Cette dernière phrase touche au
9BB
IMMI
TH II
— 39 —
Le
les
II*
le-
\é'
H-
ridîctilé . ' lS^6u$ apprendre, sôus pré-
texte de couleur j locale, que c'est la
marché précipitée qpi occasionne la
respiration fréquente^ laquelle fait/rt-
masser la barbe des bourgeois y c^est
vraiment trop do complaisance. Le
lecteur aurait pu deviner ces choses-là
sans fatigue.
Dans presii^ue toutes les descrîp-
lions de M. Marmette, il se rencontre
de ces petits détails voisins de la tri-
vialité. Néanmoins, ce sont là des
vétilles, et je voudrais n'avoir pas un
reproche plus grave à faire à M.
Marmette. f
Malheureusement, ses descriptions
de personnes sont bien plus répré-
hensibles que ses descriptions de
lieux. Chaque fois qu'une de «es
héroïnes joue un* rôle dans les fisdts
qu'il raconte, il en fait des portraife
de plein pied qui sont loin d'être
convenables.
Il est certainement déplorable
qu'un auteur canadien et catholique
se soit permis d'imiter si fidèlement
les romanciers français, dont le réa-
*!
\ À
:■ 1
11
il
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; 1
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^ ' ^ !
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lit
î i. \:
— 40 —
I ;!!
! lil
lisme aurait dû le révolter. Je ne
veux rien exagérer, et j'ai trop bon-
ne opinion de m. Marmette pour croi-
re qu'il a voulu allécher le lecteur
par des peintures un peu risquées.
Non, je me persuade que le désir de
paraître a,rtiste et l'irréflexion ont
«euls causé la faute, et j'ose espérer
qu'il la corrigera dans une nouvelle
édition,, s'il y a lieu.
Comme je ne veux rien avancer
sans preuves, et comme le reproche
que je fais maintenant à M.Marmette
est excessivement grave, on me per-
mettra de faire quelques extraits
des passages qui m'ont déplu.„ , , t.
Pour décrire la toilette de Mada-
me Péan au bal de l'intendant, il faut
à M. Marmette des phrases nombreu-
ses et bien fleuries, au milieu des-
qxielles se trouvent les lignes suivan-
tes :
" Des échelles de rubans couvraient
la poitrine au défaut de la robe, tan-
dis qu'un gros nœud à deux feuilles
s'étalait tout en haut d'un corsage
que la mode lascive du temps vou-
iSi
nn
faut
•eu-
LGS-
an-
lent
ban-
nies
$age
011-
— al-
lait être très écha^cré ; chose dont
ne semblait nullement songer à se
plaindre la jeune femme, qui étalait
avec complaisance les épaules les
plus parfaitement blanches et arron-
dies qu'ait jamais jçffleurées l'haleine
d'un valseur.....».*;... Des manchet-
tes à trois rangs composées de den-
telle, de linon et de fine batiste, re-
tombaient en éventail sur un avant-
bras nu, rond, blanc et potelé comme
en dût rêver le statuaire qui créa la
Vénus de Médicis.
" Quand cette femme arrêtait sur
un homme son œil bleu, dans lequel
se miraient, ainsi que de grands ro-
seaux sur les bords d'un lac limpide,
ses longs et soyeux cils noirs, et qu'un
sourire frissonnait sur ses lèvres vo-
luptueuses, il se sentait aussitôt
vaincu par le charme magnétique de
cette fascinatrice beauté. "
C'est là faire -le vice trop beau, et
la conclusion qui découle naturelle-
ment de ces lignes est la suivante :
Quand une femme comme Mme
Péan arrêtera son œil bleu sur un
! i
^«1
I'
I
\
I
-42-
homme, il sera vaincu et il faudra
bien Texcuser î ce sera uit cas. de
force majeure. '!>c: .
Mais, M. Marmette, que faites-rous
de la morale ? Sera-t-elle donc uni-
quement pour ceux qui ne rencon-
treront aucune tentation sur leur
chemin ?
Plus loin, la description de la belle
Mme Péan recommence :
'^ Elle est à demie couchée sur un ca-
napé dans un merveilleux boudoir^ plus
ou moins couverte d'un peignoir à
denteUe.
" Ses longs cheveux noirs ruisse-
laient dans un superbe désordre sur
EBSépauleSy dont la blancheur rosée res-
plendissait sous V élégante échancrure
du peignoir.......... Son pied droit,
chaussé d'une charmante mule de
satin aurore, s'appuyait sur le dos
d'un petit chien à poil blanc et frisé
qui dormait sur un -carreau de ve-
lours ; tandisque la jambe gaucho,
gracieusement repliée sur elle-même,
laissait deviner ses admirables contours
sous la légère étoffe de la robe dia-
phane ^
.-r48 —
Los
iisé
LC,
Le,
trs
lia-
M. MarDiette dira peut-être :
Mais c'e^t de la couleur locale ;
je ne puis pas peindre une prostituée
comme je peindrais une honnête
femme.
Pas de ces excuses, s'il vous plait.
PrimOy rien ne vous oblige à nous
peindre des prostituées. Secundo, si
vous ne pouvez vous en dispenser —
ce que Je n'admets pas — faites-le de
manière à nous les faire détester, et
non pas à les rendre aimables. Vos
lecteurs les connaîtront toujours trop,
sans vos peintures, et vous pouvez
passer sous silence les bras, les épau-
leSj les jambes et les échancrures.
Vous employez, d'ailleurs, presque
le même langage dans le poxtrait de
Berthe de Eochebrune.
" Sa taille svelte ondoyait sans con-
trainte à chacun de ses pas ; car l'ab-
sence de paniers alors en grande
vogue, donnait toute leur souplesse
à ses mouvements, et faisait ressortir
la parfaite harmonie du buste et des
hanches, dont une longue robe à taille
faisait deviner toute la perfection.
l
!Î1
n-
m
I
ilHl
— 44 —
I !
i'i
• -
Voilà encore des détails dont on
pouvait se passer, et le lecteur aurait
pu admirer Berthe de Rochebrune
sans avoir deviné la perfection de ses
hanches.
On me dira :
Mais, après tout, il n'y a rien
d'obscène dans ces peintures.
Je réponds que l'obscénité est peut-
être moins dangereuse que cette im-
pudeur à demi voilée. Tl n'est pas
bon de faire deviner au lecteur ce
qu'il est mauvais de lui dire. Son
imagination ne peut que se souiller
à ce travail.
Encore une citation d'un réalisme
révoltant. ^'
Voici les paroles que M. Marmette
met dans la bouche de deux ^ames
au bal de l'Intendant : "^^'-^ -^ .'
■^La Péan doit aimer beaucoup
l'or pour rester attachée à ce pu-
naas. , .
+'
— Oui ! ma chère ; et je peiïsais
précisément que l'odeur désagréable
exhalée par le cher homme, malgré
tous les parfums qu'il emploie pour
— 45 ^
la combattre, est oent-At,»
la largeur déjallrSî^À'^ ''^^^e de
sa maîtresse, quf S ^l^^ P^n^" de
en société du Z^^ij^'^fK^^niT ....
pe^ueuse distaS ^''"* ^ ««^^ '^'^
réprochable dans ptsieî^s^d'é?^^ '^•
L'ouvrag-e eat-U A„^^ détails.
tement moral dlns IW ~ °\"f ' P«&i-
Srne d'être imité "^^"■'"'>lc «t di-
noi' «"- biea iaché de répondre :
J/^».e7/e ; mais FC est S''"''^''
feneur au point de vu moraj ''" '"•
Sine, bien aSncé i"^?*i,^wn ima-
et de scènes^éi'ôuSi i"'"^"'
|nées de toutes les mchfûes 5^^'
aquea en usage, mais ;?sf «"anu-
il
i
.:t
-.àinb^ia
ii'i
'
-^46 —
Le sujet M-iûêiiie est Hc^éH^rèt
Téyeille les mauvais instincts Au
cœur. M. Marmette à toujotirs te-
nu au premier plan Bigot et sa maî-
tresse, et les honnêtes gens sont au
second plan. Eaoul et Berthe n'occu-
pent pas assez de place dans le ta-
bleau, et les turpitudes de Sournois
auraient pu être dévoilées en moins
de pages.
Berthe — qui doit être un ange de
candeur et d'innocence — est victime
de trop d'aventures qui blessent la
pudORr. Deux enlèvements, c'est
trop ; je dirai même, à peine de pas-
ser pour rigoriste, que c'est deux de
trop. La course en croupe sur le
cheval de Raoul n'est pas, non plus,—
quoiqu'il n'en résulte qu'un baiser--^
un exercise à recommauder aux jeu-
ne» filles. : tililTf. at.Iû Cj^ •*.!>
-ï!ar contre^ madame PêâTi'est une
adultère preisque hbïinétê, tteiù^bttj)
trop aimable dans totifif ^'éis bas.' ^ ïtl^ot,
quil aait xm isèélè^t,^ ' W^M^^
besoin de t«nt chàrifa^és ; %Hiir^' être
séduit. .^îo^il)» t>m.;
Au
te-
aaî-
au
ÎCU-
B ta-
nois
Loins
je de
itime
(Ht la
c'est
1 pas-
X de
r le
jet —
«" ' *
— 47 —
En somme, je ne recommande pas
le livre aux jeunes filles,- et je Je
recommande aux pères de famille.
Qu'ils en prennent soin et ne le lais-
sent pas dans toutes les mains !
Au point de vue de l'art, je con-
seille à M. Marmette de se défier des
romanciers modernes. I)s le font
glisser dans le machinisme littéraire.
Qu'il y prenne garde et qu'il n'aille
pas se pendre à toutes les ficelles con-
nues du romantisme contemporain.
Jean Piquefort.
Post-ScriptmH. — 'Un monsieur Tan-
guay, que je ne connais pas, mais qui
est sans doute connu, a fait un drame
de V Intendant Bigot. Plusieurs jour-
naux, et surtout V Evénement, qui est
l'organe des théâtres, ont fait de
grands éloges de cet essai dramati-
que, et la pièce a été jouée plusieurs
fois. Je suis pourtant habitué aux
réclames et, cependant, j'y ai été pris.
J'ai réellement cru qoe, pour cette
fois — une fois n'est pas coutume — les
journaux ne mentaient pas, et je suis
allé entendre la pièce.
m
I .'
!
•,;■ 1
Mîi
! ml
— 48 —
Je ne dirai pas qu'elle m'a ennuyé î^
non^ au contraire, elle m'a fort amusé. i'
mais au dépens de l'autenr et des
acteurs. C'est un drame mal cons-
truit, ridicule en plusieurs endroits
et plein de lacunes (je demande par-
don du mot plein qui s'accorde mal
avec lacunes).
En justice pour l'auteur, je dois
ajouter que les acteurs ont beaucoup
nui au succès de la pièce. Tous les
rôles — excepté celui de l'intendant
Bigot — ont été mal rendus. Ce qui
n'a pas empêché les journaux du
lendemain d'acclamer les acteurs et
l'auteur, et d'affirmer que le succès
était immense et que la salle de musi-
que avait failli crouler sous les ap^
plaudissements. Oh ! les gazettes !
les gazettes !
J. P.
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?t^fr.> fif tn .^an îrtoiiitfi^f;
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PORTRAITS
ET
Pastels Littéraires
PAR
JEAN PIQUEFORT
QUEBEC,
ATELIER TTPOaRAPHIQUB DS L^aiR IftOUS8l4V,
% Rue Du F«rt,
1873.
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. JPOBTEAITS
ET
PASTEI5 LITTÉRAIRES.
M. L. H. FRECHETTE.
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PASTEL.
Ne point aller chercher ce
qu'on fait dans la lune..
Molière*
MIOY i
• ttUe propoise à l'anteur de Mes Loisirs
'd'adoptetV à Pavenîr, pour s» 'devise,
^èt^ftlexalidrîn de Moîiè». VÎTre 6\ir
^à te¥ré éàt^ deetiiiée, ^txéii^'til ^&^
I^V et ItëH esétiîBionsdânël^fi'àmëJà^i^
X
i llll
S II I
— 4 —
rêves, et je ne sache pas qu'il en ait
recueilli beaucoup dç gloire. La lu-
ne peut être<liii'i)èàtl'pays, et je suis
d'autant plus poyjté à le croire, que
M..l^récji^ttev qiji est un^çipiant de la
nafmréjj^SL' fait' defe Voyages- plus fré-
quents. C'est là^-^probablement, qu'il
éciivMt'^nnJôMHÏ Al .A Ai.
Prêt. -moi ta lanterne;^ mon vieux Diogcno,
Tour voir s'il est un homme li !
*
Non, M.i Fréchette, il n'y a point
d'hommes dans la lune, quoiqu'en
puissent penser M. Flammarion et
ses admirateurs. S'il y en a , soyez
sûr que ce sont des rêveurs, et vous
i^rie^ {>ipn.de ne lesppint, fréquenter.
,0Ei y^BiSjl^ô.^^z jnépriseri ^'ailleurs, un
payft1fc^?ez.|)eu j^riHaaitipour se l^iiiser
"MîifflS^iii^p la^terr^i, çe^te parcelle
j9b(s§^f,4'j*û;UttiveTS>nondé de splen-
:4e WÇ. . rP^piomidiBîs dp^Q 4« cette plq,-
. p^5k^ q%opfi4^rf) q^upt: .^r^^jas ajfer^ide
Lfefépi^^ ByrMilitt 1 rr^^àiBraiii^e ; ¥o^e
pose prophétic'^.e et v^^J^ivpwi^
T^ouf, âçipl,^;ffloft^te> ij^i^cp^jei re-
.mno^, è^y(m&pein^^^fy^i$i ^ de, i pou-
•■
et
ez
un
telle
l€Jl-
lide
iire-
lo
voit élë¥éY Mëfi reg^rd^ Jtisi^rf à>^ votîé '
roUa- t>tedqtie au mêinie riî^^éè%?''îîëî#^*
sé^ les yénxi^^^'>âèfàlVétlàt •tëTribW>
mlntîmîdePj *él? tik parlez^ pas, ^ë^
grâce : je ue ^éàurais éh quélVe^ftittgW'
vous rêpôiidre. ^^^^^^ «'^^ :^^^^'« ^*'^^
ïi
' ''\v^3:. >r\\l. i:î'>f!îjtj{-
M. Fréckett^âr publié: Mes LôiUrs
en I8^i - II- s'e$t dobuèbeaufeoup ■de>
peine à îontÀiét'm petit volujnej^-^bieril
à tort seloft moi; car iii sottipays tii>
lui n'en - auraient été pî^^s mai is'il-
n'avait pas vtt' fe jour/>i^^i. .^^'iUL^hh
'XJuelqUes pièces dé vers, que M^
ilPréchétté avait publié es aupa^ravaut
dans les journaux, et un bon nombre
dé chansonnettes dont les refrains
sont toujours répétés pour grossir le
volume; beaucoup de ver« faibles^
et beaucoup de bouté rimes mêlés à
quelques belks strophes jp plusieurs
pièces éérieûses en tête, beaucoup de
rigodons^ en queue ; quelques idée»
"\
— 6
^i.
tréieViezi exprimées, pm du dou,.
du t^ndre^ du passiompié, poussé daas
le style du marquis de MascariUe; des
imf^ges, des métaphores, quelquefois
bien trouvées, plus souvent dig^eS;
de Oathos et Madelou î des essais^
malheureux dans le genre terrible,
de vains efforts pathétiques, et puis...^
des mots, des mots et encore des
mots ; voilà, en résumé, ce que con-
tiennent Mes Loisirs.
Du reste, pas dVnginalité, ni de
couleur locale. Rien qui indique que
Tauteur ait jamais connu les mœurs
canadiennes. Ses héroïnes sont^
moins des québecquoises que des pa-
risiennes. Elles ont des mantilles de
senora, des voix de mésai^ges, des
fronts penchés etc , etc., bien populai-
res au /?ays latin. En réalité, j^es
chansons sont des clichés de roman-
ces et de vers à ma belle, qui traînent
les rués de Paris depuis deux siècles,
à Quand je compare toutes ces mi-
gnardises et ceis fadeurs^— écrites par
un gros garçon, gras et Jo^^u— aui
vers de M. I4emay, je me dis qU'U y
_7 —
a aussi loin de celui-ci à celui-là, que
de Gl-ameau, père, à G-ameau, fili9, i^
ce n'est pas peu dire. Car — entre noui^
— on peut appliquer à Garneau fiiU
ce que disait souvent un ancien do*
mesti<jue de mon père : ce n'est pas
lui qui a éventré la poudre. oywH
Le défaut capital de Mes Itotsiri;
est la monotonie, une monotonie per-
sistante, qui finit par endormir d'au-
tant mieux qu'elle est toujours ac-
compagnée d'une sorte de balance-
ment harmonieux.
Une citation fera mieux saisir ma
pensée. Je prends une des pièces
les mieux réussies, intitulée : Un soir
au bord du Lac SL Pierre :
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1
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;:
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77
II
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ïnt
Doucement balance par la brise mowyxnle,
Le lac applanissait sa nappe Iransparenle,
Où déjà s'étendaient les aUes de la nuit ;.
Les échos se taisaient au fond du bois sauvage,
Et sur le sable du rivage.
Le flot venait mourir sans bruit.
La lune déployait sa chevelure blonde
Et ses tremblants reflets se déroulaient sur Vonde
Gomme un ruban d'aryen/ sur un voile d\u:{u$^ ; \
La brise o&Te^s&it \sl mobile ramée, ! rr:- /^
Et son haleine parfumée
S'endormait avec le flot pur.
iii
MSle'àux dècenn àb^VoV^m VhwMW^ '^^^
Fuyant des vaing 'ptoi$ipjjtsj;àw|)ai Wc/ï;i|»^5inî
Les reflels chaloyanls du /tùtJ^iifi£Lix$laikésiom
'ÙQi Lele l:ettrelg:dldnihc«a)b<to!oéVi /jJ'JXIïi soi
i V
V
Un nom plus enivrant que le bruit des fontaines,
Plus suave qu'iw c/tflnf sur les vagues lointaines ;,,
Plus doujf que les échos d'nxi bois mysténeux'.yi^^
Qui surpasse en beauté le char\t de Philomeljè- /^
Dont la voix chacune feoir se riiÔlo ' ' ^'
Au bruit dés flots h s^raïomenx.
Nom plus mélodieux que Tonde sur la gi^ève ;
Plus àowiP qa'vLR chant d'amour cntetidu dans un
jPitti j3W gt<« ^sïoupî'rd'im enfant qui s'endori ;
Nom plus hai^monieux q^& le vol d'un archange ;
Plas doux q\xe \q^ accents d'un ange
Qui c/mn/« sur sa lyre d'or 1
0
ge;
^ 9i —
V<iîld, i)hriéais-5b «1)01% l/^i'rfiv* du J-'Unn àg'î/! fi
Et.(lispirj>M' bien tôt' parmi les /fois ïmoupau/.î :
Cinquante veraatant d'y arrive!^. ;Kt
ces cinquante vers, que.contieiinent-
ils? Essayez de les analyser ou. de
ïeé irestimer, ^ eè' t^ous s^ariez la .mesiire
du;vid0 iminîiièe ^^tiéTôn peut ^'écm^
wir ay^cj4ë^i^ *eé.çotit;desjfefs5
aés vagûésy^^ ^âes^o)^eS\ èl^ dés ondfm,
des brises, dès v^w/s lëgèrs, dès tépHiré^
des ramées, des rnmures, -des 602*5,
des feuilles, des g^reves rimant avec
r^'ves etc. etc. etc.* et tout cela chante
la même chai^sony qui s^appelle sjic-
çessivemeui c?/tâ»i(, accents, murmures^,
voix^ bruits, éàfios etc. .etc. etc. ' l
Cette pièce r que j'ai citée presque
en entier, fait piàrfaitement saisir le
genre de M. Fréchette et ses àéfauts.
T
'^'
, ,, , «
! I
I
— 10 —
ië:
Et remarquons bien que je n*ai pai
choisi la pièce la moins remplièJ
Toute la seconde moitié du rolume
est entièrement composée de strophes
sonores et creuses, où Tidée, quand
il y en a, est noyée dans un style
diffus et fade. Le lecteur s*en con-
vaincra s'il a le courage de lire jus-
qu'au bout La Nympe de la Fontaine,
Corinney Flora, Elle, le Matin, le Coli-
bri, Un petit mot d'amour. Mon rêve
rose, etc., etc.
Pour terminer, j'impose comme
pensum à tous ceux qui me trouve-
ront trop sévère la ledture de Mes
Loisirs en entier, et ce châtiment ïn^
dispensera de leur répondre.
-A
III
Aob
r
ï)e Mes Loisirs à la Voix d!un Exi-r
lé la transition ne s'explique que par
les événements qui ont traversé la
vie du poète. Le ton est complète-
ment changé, quoique le talent n'ait
guère grandi.
i
«•P*1
M. Fréchette pourrait bleu dire
comme Alfr^ de Musset : • ^ ' f
-VU'.
lies prômierâ vers soiil d'un onftiiit,
Mais il ne pourrait pas ajouter arec
lui :
Les seconds d'un adolescent,
Les derniers à peinô (in homme.
Ses premiers et ses derniers sont
d'un enfant, avec cette différence
que, dans les uns, Tenfant est d'assez ,
Donne humeur, et que, dans les au-
tres, il écume de colère.
Après avoir doté son pays de " Mes
Loisirs " il a demandé des gâteaux :
on les lui a refusés ! Il a crié : faites-
moi des rentes ; on lui a répondu :
travaillez. Il a répliqué : mais je
chante! — On a souri.
Alors, il est parti, tout boudeur, gi-
sant : vous vous en souviendrez !
". Il voulait dire : je ï^'en souviëii*
draî, et il s'en est souvenu. La Voix
éHun Exilé en témoigne. ^
Quand il revint, il avait des airs
tjçjftmpitwts, C*ét«4t Coriolan rj^ye-s
1!
1
1
1
1
1
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J,
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Il f . * d
ïnî ri
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ga'"
I- *>
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nanfc dô chez les ' Volsques. Il a^it
si bien flagellé tous nos hommes pu-^
blics les plus éminents, qu'il les croy-
ait demi-morts. Il venait jouir de sa
victoire, et'il n-a^^iplus qu'à pdifer
son pied, comme la Déesse Liberté: ^al
Sur hw's cadavres itérasses !
Malheureusement, il n'était pas
encore ronté. La grande Képublique
s^était montrée bien ingrate pour tant
d'amour qti' il lui avait montré 11 ,oi;p
Queltjuf^ gr-iun pour: subsisU'i' . . -.-
: XJiiit/i. jusr^i^ù îafkiïèon tiéuvelio ; " "^^.^oa
c'e^t-à-dire, jusqu'à ranêantîsseînput
déiGlnitif ies' gueux, àe^^ bandifs, des,;
monstres à face humaine^ des scélératfy
des brigands, des cormoi'anSj' dés j^ieu-
vreSi àe^ chacal s y des vampires, 'dëjS'ijTf?-.
quins, des harpies, à^s çorsairesi, ôoup'é'
jarrets, ribauàs, voyous et sàçripmtSry
qui gouvernent le :ç^j^ 7^;, ;^^;^^;^
i-, La lié vis n'est l^as.prêteti'sd'^ifxîîj'P
Que feisiez-voÙB, diè-elle, an teïnii^
-fei;}
^m
1 i I «P H I
.:^T<fm0ttais un bel w^pnîjv ^ri ryoïieh vou-
liez travailler uii»;Pj5^Het^.»pketty;0 lYOs
itjilent^.à mon setArioe ?; ^ < / oA
iiô rr-Aii temp»!cli|ni4 ? diWli je chan-
43is.,,i[ jol> XiiV J/i> i^Hsqiii; iii'>4 '•
em-rVous ehautic^z ! JBÉ bien, daneez
-la^amteiiaut. Et Jjt ctéviig Tenroya « ;• .
•îîo'Il fut docilev-cetto i*oi«,;et se.r.eudit
àla Salle de Mnsiq.tfe.' Il y avait là
une réunion de musiciens . et de dan-
.ôj&urs : Fabre, le fluJiftë-aicrobatei,_Jje-
tçUier, le trombq^^,i:;Pozey, le tam*
VbouTj EoiUrnier, le')t?;Wip^tte, et plu-
> sieurs autres, ^f fd hao'n. ^oia ,^u:U
Il entra en scène . . .'. et e» dause.
.îioApî*è8 quelques tOur^s de force sur
-te dorde et le trapè^^i accompli» par
^Mvuî;^jt>re, 4 exôc\ia tmie joliçj ca-
.l^r^^, tantàt'^vec la pom de CioéroUf
^ïÇ^oaLti-ant dtt. daigt Cfttilins^ ^ux por-
nt<^\4^>Boiue, eitwtAt i(,ve« Ie«^ tirs
de Bérang-er ckl^^t$l«li j^rFefroif9i;eM«
14
I II
1
li
V
il
s ;
' t
I
-iiV Evénement affirmé, et !ii<m» - le
ctoyons sans peine, qn^il y e«it beiM*
t&ap de riresyMtêqtL^, faisant le beM
•et j^onriant natqtioïsenient, il dit dans
son langnâgefiffuré î .:. .
" Le vin de la Confédération; (fia
" n*est point J)récisément ce qn'on
" pourrait appeler du vin de Champa-
" gne . . . (Rires) Au contraire, rime
H semble avoir un petit goût de vi-
" naigre assez prononcé. (Kires) Mais
" enfin, l'important pour nous, c'est
" de tâcher de Tingurgiter sans nous
« étouffer. (Rires)"
-^^C4mment ! La Confédération
•pas d'autre défaut ? Elle n'a qu'un
•petit goût de vinaigre assez prononcé ?
Mais, alors, c'est le meilleur des gou-
vernements ! -'^0?. fift mi (.'9 u
•ïi^^> La Voix d'un Exilé nous avait don-
né d'autres notions sur la ConfMéra-
tton* C'était ^'une œuvre ^^monde^
uyiJknt lé ifmtftnaife pour décor , acéom-
pHi^êom lé f'égak'd de Satm pmâès
'^'ÉPos^am éf d^ Màndrimj peàdèkt ^e
^^mrgédoféim^H'f^- ii>U«i'>-îî'^fl î»n
Mais, maintenant, si ce li'est^ que
n*a
wÊÊKm
ISi ?
tUB
— 15 —
du vin un peu aigre, après tout ça
ne peut pas làire tant de mal. Heu-
reuses les nations qui ne boivent
4tie du vin ayant un petit goût de
vinaigre ! J'en connais qui boivent
du sang, après s'être abreuvées d'îil-
cool démagogique.
Cette petite digression historique
était nécessaire pour expliquer com-
ment l'auteur de Mes Loisirs Bf pu
écrire La voix d'un Exilé ; comment
l^imitateur de Lamartine s'est trouvé
mêlé tout-à-coup à la tribu des hur-
leurs. M. Fréchette, dominé par l'or-
gueil, a laissé entrer la haine dans
son cœur, contre un ordre de chose»
4ui n'avait pas su le distinguer de la
foule et le rendre puissant ei riohe.
Ce germe délétère s'est développé
^hez lui et le révolutionnaire a gâté
lë-jiôète. •5;^'M\>T^KV)'J4H\\^1>H^i -v .-\^> 5,.^.^^
'^^^'^^M. de Chàteauimahda dit r,^ 1^..-^^
? M; i< ter bimir lei plhs sereiu en >ppa-
^''téticèiiesBc^ldlejam puits itif^tlCM^de
i »\l»- 1 »â(Vliâl%: d&âécfa(ii|k j: : ' k 4u^aQft[ ^n
i^
¥
iV6
o^ vi^to^^ apeTcevezruhi laïgei. :çrojD.o<îilje
'^i i^e Ve puits noui^ritd^iîisfae», eaux, "
' ^î G^fifsè là oinie/finage 'parfaii^ de F:$^t
>â'eèpTit de M. Fréchetie^ X|Mi,i:jQ[>^^f^
^Ô'^:^ »àrfetpe, est bien loin .d'être (^13^.
"îïk un crocodile siir le cœur, et tant
qu'il ne l'aura pas vomi, &a prose se-
^i^^ déclamatoire et fiiuase, et s^s yers
-%xagérés, diffus, an^poulés, quejquç-
^ îôis ridicules, -^-'^ik *»!> tjto i r- -t - çr.. r,(
-^^' '^'Ouvrons maintenant La voix d'un
''Expié, qui est une des production^ du
* <î*r6codile, et nduis auix)ris quelqi^e
'idée de l'abondance de fiel que peut
^ cléi^enÎT uine âme. > ^ ; ; .; M ryc^
HoaÇette longue diatribe, imitée des
'^tJkàtïmjênU délVictox, Hugo, et mêpie
^^k^-'Seii ' copiée,^^ est .divi$é€| en trois
'^àifties, àédiéieis, la première aux libé-
■^ëtàc du Canada, \ii eècoude çmcfnêi^-
bres de F Institut-Canadien de MoQJt-
réal, et 14 trokièmér à feii Zj^a»araô/a
~^<^U. ^apineau, - j /Bpi^teSi trais siB • res-
^^iâifel^t ebmineiDôiis ^pntte» d'eau.
^BKëè4ébttieirt.paar dèAbei«ax,'y«rQ^jquî
^^ijb^t^dteMeimrichmt)^^^^ IHit^«t
«^À-f^h<yloiiitBih àa pabiè j mmb|^i-
— 17 —
tôt elles éclatent en fureur et répan-
dent rinvective et le sarcasme dan f
un langage ignoble et bas.
De la rage, de Técnnie, des cra-
chats, des morsures, des coups de
poing, des eoups de pied, etc., etc.,
jusqu'à épuib inent. Toujours la note l
aigûe, criarde, discordante, qui reten-
tit d'un bout à l'autre. C'est l'impré-'
cation de Camille, avec l'éloquence
de moins et la trivialité de plusP
C'est une Furie secouant sa chevelu*!
re de serpents, un énergumène faisant
un charivari d'enfer, pour attirer l'at*^
tention de la police :
*' ,Te les ai vus, ces gueux, mouslres à la face bu-
[humaine,
*' L'œil plein (rhvpocri«te at le cœur plein de
, . " * [h(tie,
'^ Le parjure à la bouche et le verre à la roaii»;
" Erigeant l'infamie et le vol en science, .,i:.rj ^
'M^roquer, en ricanant, patrie et conscience, ^',,,,
^ ♦' Contre un ignoblejkarchepiin. ^ ^' v
-i^0D : a^- -il.. -...- ■ A 'Av r>
'*Manaat, serraent,de>'air, honneur, vertu ci? i^e,
* Uien n'est sacr^ poureux ; dans leur rage cinl-
[que,
'' Ils bâillonnent la loi pour mieux la violer....^
Puis, a table, viveurs ! lel, truffles et Champagne t'
(^isoz-vous bien, ô vous <|ae te boulet du baf a*
Devrait faire yJma^ ebtnccler 1
I
r t>
[I v\
I
TV m
■ ' ; H
— 18 —
Voyez ! r igiioblu bando ii ohaquo pas accrue . aj
V^vX(A\t ce qu'ont vomi les ruisseaux de la rufà^}^
À ràssaut du pouvoir s'élance avec ardeur ; '
Un Jocrisse-Harpagon prend le sceptre du tna-ître ;
Tartuffe est cliambeUan,"noquelaiiro grand-ppôtr^v.
;^|^ ^^Xamirand^e ambassadeur î..,jj /■'tftih
I\»ur grossir d.igoéraent iours cohortes impies,
llsont tout convoqué; requins, vautours, harpies,;
Va-nu-pieds de Fhonneur, bravos, de-gùet-apens,
Ifardis coquins, obscurs filous, puissants dorsairet?
Brettours, coupe-jarrets, renégats ot faussaires, ^ ij
Qn Tpit, dans lé îèfMÎreoù tout cela puUulo, oIj
Le ban, l'iirrièrc-bûn de toute la, crapule ;
Ils Ont, polir les trouver, fçililleté les écrous, r
Vid<^ les lupanars, sondé chaque tannière;' '•-'"^ ^''
Bouleversé' Tordure, interrogé rorni^roi, lial:^ ;î n
Et plongé dané tous les égouts. ^f^.-
Un homme, un seul, parmi ces cormorans a vidas,;
Ces pieuvres, ces chacals, ces vampires livides,
Oçs i]ondards devant, qui pâlirait Barrabas !
pix pagess dans ce style! O^est
triste et risible à la fois. Et dire
qu'un pareil homme a la prétention
de devenir législateur ! Hélas ! quel-
le dîfet3.içiçe parcourue depuis le jour
où il écrivait :
. ï;'4éH ëty ce^Tunôstes^alar^
/Mo*^ imyS'Savourej les ehàrines
t)'un? paisible liberté* -'
a
— 19
Itt^ê; .
ies,
rpies>,
ipens,
sa ires
• • ^ .-
avidos,
•ides,
C'est
dire
Intion
(]^uel-
jour
ta
c ilu Et ses eafanls dighes d" envie
^ t)«j GoùteDtJes plaisirs de la vie
.^^^ .lu mn de la prospérité.
} r/n;|{igji ijg troublé !eur existence
XXTO lies ris, la joie et V abondance*,
n Aujourd'hui, ce n'est plus ça. Son"
pays gémit dans Yesclavage^ dans la
misère et dans la hontey gouverné par
des bandits et des voyous, i vm H}^^ *
Pauvre homme ! Qu'il doit souffrir
de voir sa patrie réduite à un tel état
d'abaissement !
"» 'Terminons ce pastel déjà beaucoup
trop long. {>
Je pense 4^0 M. Fréchette aun-
talent littéraire bien supérieur à ses
œuvres. Je eroii», même, qu'il a assez
de talent pour reconnaître que Me4
Loisirs ne contiennent rien jet que li^r
Voix d'un Exilé nç^ cointient pas gr^d
chose. En vain son petit groupe qj^j
claquéurs le problame Un gra^^i
poète. Il sait bieh, l«ii^ .qm'il îiq T^p^i
pas, et qu^il ne le sera jamais» , foute}
d'étudei^ solides qui chctngereiftîilt ^s
illée»^;ti ii^* Jyjctc ^ra ii Lk.i ;> i^lt«>ib
iQuand les nationardfe ^ è'en MUtiP^.
lit:
I
20 —
igiifure KO us le» ordres du capitaine
-do St. Just — qui à gagné son titre à
la nié nie b;\.taille que «Tean Casgrain
îo balafré — ils emmènent avec eux
M. Fréchntte, mais, chaque' fois, il lui
:art^rive le même accident : son fusil
^l trop chargé, et î] crève iiulien de^(
^portir. c^iTnh i^
Cela me rappelle la légende de la
<;ii.rtonière Parkiusoh. r - tî o.f n-ryçi^l
»Parkinsoi., pendant la guerre amé-^
ricaime, avait imaginé un bateau plat,,
très léger et très petit, susceptible
d'être employé dans les eaux des;
lAoins profondes, et il Tavait armé
id*un canon de gros calibre. Vjjn in» J.,}
îîîilîds là pyeniière fois qu'il en iit
l%ssai il se passa une scène assez co4:
iniqu«. Il fit feu ! Et le boulet re6t#
slationnaite, taudis que la canonnière
f&t l'ancée à deux milles en arrière •— .
Elle était ôi légère ! — ^EUe tomba 9M)
milieu des troupes de rUnion, où elle
ttia trois soldats et un caporal. > ,-^éq
^-'La même chose arrive à M. Prê-:^
<sh«tttt quand il se met en frais d%
J>ombarder la forteresse du pouvoir.
— 21 —
■•"^ 1
>re
{;
u
Il fait feu ! Et vlan r lo boulet ne-
part pas, tandis qu'il est culbuté sur
•esvdisins, qui s'en retirent éclopéô.
Pauvre M. Fréchette ! Son vafs-
«eau a trop de voiles et pas assez de-
lest. Il aune imagination furibonde^
•t malheureusement le plomb qu'il
devrait se couler dans la tête n'est
pas encore fondu.
Son pi*e ennemi, c'est lui-môme,,
è'est-à-dire l'amour propre. S'il vou-
lait m'en croire, il connaîtrait mieux
àa nature et ses aptitudes : il renon-
cerait aux camps, reviendrait dans le
Paps de Tendre pour y mourir.
Victor Hugo, revenant un matins
du jardin du Luxembourg, dit :'^'"?Si"
je voyais Béranger, je lui donnerais^
le sujet d'une jolie chanson. Je viens^
de rencontrer M. de Chateaubriand
au Luxembourg ; il ne m'a pas vu ; .
il était tout pensif, absorbé à consi-
dérer des enfants, qui jouaient et fai-
saient des figures sur le sable. Si
j'étais Béranger, je ferais une chan-
son là-dessus : "J'ai, été ministre,.
" ambassadeur etc. ; j'ai la Toison—
lis l
I
I
i
"1
— 22 —
*' d^Or, le grand cordon de SainirAn-
^V dré,.etc. ; j'ai fait Réné^ le Génie du
^^.QhriUianisme, etc. ; j'ai vu VXv^^À'
" qne, là Grèce, Rome, etc. ; ^i une
;i]>seule chose m'amuse : c'est de voir
/*'jouer les enfants sur le sable." .
ff'j;NoU8 conseillons à M. Fréchettede
bien saisir le sens profond de ce pe-
tit fait et de ces paroles. Il est né
poète, mais il n'est pas autre chpse.
La vue des beautés de la nature lui
inspire toujours ses meilleurs vers.
Qu'il ne sorte pas de là. G'eet Ja
aphère qui lui convient. J'ai lu d^ns
V Opinion Publique sa poésie du jour
de l'an : à peine contient-elle une
idée, et, cependant, elle est assez jojje,
quoique longue et trop descriptive. '
■c ■ Qu'il se dise à lui-menie ce que
Victor Hugo mettait dans la bouche
. de Chateaubriand : m
" J'ai vu les Etats-Unis et leurs
grandes villes ; j'ai fait Mes Lçisirs et
ivla Voix d'un Exilé ; mais je connais
quelqu'3 chose de plus beau : c'est
d'écouter le ch^nt des linottes et de
voir voltiger les plumes de leur nid.
28
*' J'appartiens au grand parti natio-
«a/, et j'ai fait, lors de ma réception,
un grand discours qui valait bien le
vin de Champagne, et qui a mérité
les rires de l'auditoire. Mais je sais
quelque chose de plus joli encore :
c'est de prêter l'oreille aux chansons
de la brise et de voir sourire le prin-
temps. "
Qu'il abandonne la politique qui
serait pour lui un casse-cou, et qu'il
reste à ses moutons, comme la bonne
madame Deshoulières. L'arène poli-
tique est faite pour ceux qui ont plus
de tête et moins d'iinagination, plus
d'idées et moins de rêves, plus de
principes et moins d'utopies. Qu'il
nous fasse encore des pensées d'hiver
' — à condition, toutefois, de varier un
peu, d'abréger les descriptions et
d'augmenter la somme des idées — et
tout le monde sera content, content,
content.
1:
Jean Piquefort.
1 .
' ■ 4
' ■ .-■ ■
C«i<
. :, )
O fîT
«•^ 1
(î
V, M. HECTOR FAB}<K.
Il y a beaucoup de aoUise*^
qui sont mises en oiiCuUitioDi
par des gens d'esprit.
De UonaUt.
:,% J
Si j'étais Placide Lépine, le sil-
houotteur, je commencerais ainsi lo
portrait de M. Fabre :
Esprit et corps légers. Jolie figure^
curieuse et originale. Narquois aair>
de sourire et de manières. Front
fuyant, où les principes ne sauraient
s'asseoir. Cheveux rares ; — je le soup-
çonne d'en avoir lui-même dégarni
son front exprès pour l'élargir et se
donner un air grave. Dents... atten-
dez... Pourtier vous dira ce qu'elle»
sont; moi, je n'en sais rien. Je ne
suis pas comme ce diable de Lépine.
Quand des illustres veulent bien po-
ser devant moi, je ne puis pas leur
faire ouvrir la bouche pour compter
les dents qui ne sont ply$, ni inspecter
I ,
26 —
;i
! S
ïvl]
leur & fi fj^ures pour peindre les black-
epes qu'ils ont pu recevoir. Non, je
n'ai pas assez de toupet pour prendre
ces libertés là.
M. Fabre u'a rien du soldat, encore
^moins du général. Mais il a du
Gavroche et du Tortillard. Il aime
à rire. Il raffole de plaisanteries".
Quand vous lui parlez sérieusement,
il ouvre de grands yeux et pense à
autre chose ; ou bien il cherche, dans
votre figure ou dans votre phrase,
quelque sujet de rire ^iinH-f
Tout ce qui n'est pas plaisiinterie,
il le dédaigne. Pour , lui^ le dernier
:des humains n'est pas celui qui cheville^
- mais celui qui ne rit pas. .-noomis «i
l !n II fait fi de la science et des savants,
des hommes d'état et de leur» théo-
ries, des politiques convaincus et de
leurs principes. Dans les grande»
Jdipcussions parlementaires, il laisse
lia tribune des journalistes, ennuyé,
jou bien il cause avec son voisin pour
tuer le temps. Il ne croit pas aux
grands discours. Mais, aussitôt qu'il
entend un éclat de rire, ou une paro-
;.)>
LlltS,
léo-
de
ide»
lisse
aux
>aro-
47 —
>*»
,1e piquante, il deyient tout oreilles.
Qu'a-t-il à faire dans Je monde, si ce
n'ei^i plaisanter ?, ,^ ,, ii—:,^,i u(m
Sa passion et son bonheur sont diB
faire des mots. Quand il a fait un
mot, il n'estime jamais que sa jour-
née puisse, être perdue. Il s'est fait
en ce genre . une réputation et il en
jouit. C'est à haute voix qu'il pro-
clame les calembourgs qu'il a faitiS,
ou qu'il s'est appropriés. Or, sa voix
n'est pas agréable, et si l'on ne peut
pas dire de lui, comme du député
Tremblay, que sa voix est un rhume
éternel, on peut du moins affirmer
qu'elle est criarde, un peu flutéç.çt
légèrement discordante. •
M. Fabre est gens d'ieûre et homme
d'esprit. Mais qu'est-ce qu'iit} hom-
me d'esprit, aujourd'h'ii / On dit
bien que M. Buies et mêj.u>:i M. Fré-
chette sont hommes d'espri i :
M. Fabre se distingue certaine-
ment de ces deur matamores, et si
l'on doute souvent de son esprit, ce
n'est pas parce qu'il ne l'a pas mon-
tré, comme ces messieurs, mais c'est
II
*-■■
Il
' i|
I II
I
I
— 28
plutôt parce qu*il l^a trop exhibé et
u*a pas su montrer autre chose A
«on âge — il a près de quarante ans —
il aurait dû faire preuve de quelques
autres qualités. -'
-*l C'est Tenfant gâté de récritoire,
une nature que Placide Lépine n'au
fait pas appelée mâle, mais féminine,
capable de chanter le Sabre de son
père^ mais non de le mettre à son
côté. Talent d'ailleurs facile, mais
manquant de force, de solidité et de
granaeur ; incapable de comprendre
toute la vérité, encorè^ljas de Taimer.
Rieur, frondeur, tapagéutj cassant les
vitreià pour attirer rattention, cher-
chant querelle à tout le monde pour
s*amuser et faire reluire son esprit.
On peut lui appliquer ces paroles
d*un grand penseur : -
" Les petits talents, comme les pe-
*' tites tailles, se haussent peur paraî-
*' tre grands ; ils sont taquins et sus-
*' ceptibles, et craignent toujours de
*' n'être pas aperçus." ^'îû^
• h' Evénement est à'ia fois l'escabeau
sur lequel il se hausse, et la cravache
et
A
s—
ues
>ire,
l'au
dne,
son
son
mais
it de
ndre
mer.
itles
Icher-
Ipour
iprit.
rol^s
^8 pe-
>arai-
BUS-
TS
de
ibeau
ache
— 29 —
qui lui sert à frapper ses meilleur»
amis. Il fut un temps où Ton périr
sait qu'il deviendrait quelque chose,.
Mais ce temps est passé et ne revien-:
dra p^us. Atuourdïiuii on sait bien
qu'il ne sera toujours qu'un guitari^l
ie, stipendié par l'un ou l'autre des.
partis politiques, qui se le paissent,;
quand i{« en ont les oreilles ahuries.
î Nc;a croyons sincèrement qu^ M.
Fabvt ". fait me gageure. Remi^nt^;
alerte, vif et ïiùr de sa souplesse,- iî a^
parié qisill se moq^riât de tout et de
tous, vc qu'i] né serait pas pendu. Il
achève de gagner son parias su tsi ié
; iNatureiiemcmt, sa considération en
a souffert. Il est étonnant qu'elle ailf
pu résister ausfî longtemps et qu'il
en reste quelyfe; Iiose — s'il en reste.
On dit d'n homme rigide et con-
séquent avec lu' ::iéme qu'il est fait
tout d'un^^ "pièt^c. On ne dira jamais
cela du rédacteur de VEvénement, et
il serait tien difficile de compter les
pièces nombiBTises dont il est fait.
Ce qui n'est pas dduteui, c*"^ qu'il
a j<mé bien i-^ T^^èc^sdans sa vie.
.y
f\
•■' ^ M
I il
' !l
ill
h
iii
.1 ; 1;
ni
. .'..
Ui
1 1
1
i
II
X
80
^' C'efet le voltigeur de la presse II
n'est pas fait pôur les grands combats,
mais pont^ l«s escarmouches. 11 ne se
bat pas à Tépée, m»,is à Tépingle, «t,
comme il Ta dit lui-même, il n*a jamais
fait une blessure grave.' Quand ses
chefs lui commandent d'exterminer
un adversaire, ils lui imposent une
tâche au-dessus de ses m -- -*^fe. Il a
piqué bien des gens, mais t- « a jamais
tué personne. -
Le parti national Ta rallié pour gfà-
vir les hauteurs du pouvoir, et le
secours qu'il en tire est fort douteux.
C'est la mouche du coche. Elle vol-
tige, elle agace, elle importune/ elle
bourdonne, elle pique partout, -^
: i:
y - m ■ * ,
PiçpOji'un, pique l'autre, et croit ù tt^ut moment
■ ' ' ^Qu'eÙe.fait aller la nvichioô.- ..
' S jamais le coche arrive eiï haut,
elle s'en attribuera la gloire. L'enne-
mi ne s'en occupe pas, parce qu'il la
sait pett dangereuse; Quand elle l'a
piqué au fronts ou sur le ne^, il
secaue-^à tête" étoile 8-011 va.' On là
chassé d'un coup' d^ mouchoir, mms
— 31 —
elle revient. Vaii^^
elle finirait parv^onrv'"" ^«°'"'«-
e moucheron dlîïw"*''^' «<*««»«
chose. - .^-.^"«chon en sait quelque
Elle rafibfe de i°?^-^»^ ^^ ««cfe.
*'-»»qniHeta7tqS'^ '' ^".«^'•a
ger; "! * ^"'■a à gru-
Dans une nômrâii*^ ^*.**«J«'l«io'. iîo-
publiée souTcTfcnf ^^-^^
l esprit:' ie u- i^ ^^ ' Le cce^tr et
^^vêr^râtl^îS^^ suivant ."f
" ««« du talS et r=?"?^' ^i «'était
" vait lu iW;io« ^^ ''"^^'^ ^ »'a^>
" à peu l^èTfo ™ ^°«.de& auteurs
:: duiil4„X"w parvenu à pro-
Voyant son impBiasAn J!i P^^'n^er.
1'
If
— 32 —
it~
n
iiaux, dont plusieurs avaient été
remarqués, et songé à une candide.
^* ture politique qui n'avait point été.
^' accueillie." • -i^h
M. Fabre, en parlant ainsi do sonî
iiéros principal, a écrit sa propre hi»-'
toire. Gomme Paul Urbain, il »!e8t
cru du talent lorsqu'il a fait ses pte-
miers vers. Mais Û a eu bien tort, et
lui-même Ta reconnu depuis. : allii
Kossuth et 8oir cChiviï oont les veis*
les plus ridicules qui aient jamais été^:
publiés dans le pays, liie x qui leur
soit comparable dans les plus faibles
strophes du Répertoire National, lies
reproduire serait un ennui pour te f
lecteur et une cruauté inutile i)ouri
leur auteur : je les laisse dormir du
«omineil éternel. Au reste, E feut'
donner crédit à M.. Pabro d^aroir'
renoncé de' bonne heure à la poésie,
«t de n'avoir pas réédité Komi^, On
me dit, même, qu^il Ta arrosé d^^uel-
ques larm^ft de refieutir, «t qti'il n'en
«plus commis d'autres depuis : toiat'
âst bien qui finit bisn. '-'
Pourquoi n*ft4>il pas mussi »bssi^
r
— 33-.
ffS* fe?i"®^^.^'-''t'P .«'acjiiiceeut été
iS.W^:A^^i^nm
sacrifice
ouvait Ws faff^ L»i?'!r5!?
^Mji'-é
preudreV x^mr^-^ip^^^V^^ * tout
£^e riS Talf df 'te' ^jb." valu
.;î;
m
¥
m
u
r.r
plan, à g-rôtiper dérincideïÀô. àiibttèr
des intrigues. '^ïlTêl^^^
mior chapitre/ ï^<ïèè---â^^
déjà— ghî a; do)[iïia ' iiai^s^clf ^â^ éa
" nàùveïte^ . ei le ' rieô'pria chapitré; est îan-
ffiiissant. Oii^ d^Çiiié^^^ <î^
rauteut, 4td4 iie.iM!i^^^ etïiçteitiènt
le chemin ^u'fftèW
;<^%îfetiie, : le tédf le iï^îriéi^;Monrdi^^
i
lii
Ci :3i
'iifj
i
r^AXJ,OI/\y fCf MvXVtlA XV XJ.A \.t.^ , 0\7AX
ët'ijtù'il é'ènnïii^ âë'iptt jotir-
ïiah.bît ses àlltMii eojAïàils îibiès.
Pour se tirer d^affaiiièVdaffly'ik Gbosse
1?
-- 35 —
journ,]. ,e,t lent ^^f. jl^.^n
1 homxm incapable ^^ / f ecoaoaît
soutenu, et de ÏZuehafil ^*^^'
nul dans l^dialogaé Ses *?' '^'^*
ges causent bea^Am v. .P®^'^°nna-
Emestine se font dS^^^^' "^^''^ '«*
«^our iac:K>yabjt 'cïî^?*i°"« d'a-
co«rs^de p4Xs mir^^-^*' ^^«-
«•doyers d'avocJ^ n>i5n '"^'^^'Piw-
i
11
Si-!.
36 —
( ,1.,
f ; ;?'
W.
lit 3 à quelqties demoiç^llès^q^i Ten-
:, roUl ;f)a&ii acroij^ 4ùe' la ^ iïdralité «xi-
. hérote qbi<>?v^aufcl€fMfeti^:- tô^t mieux
faire rifeià sôs dé|)<ènfe/M'^F€(bre fait
. intérvîêiiîir nii chfen ^ôi^J^tie nn rôle
- très impoîtftht dûm'Wb&eit^i^^H nous
. .ai^rtit que ic'oatoafl chïeÂ'(^4&b¥è, ei il
^lldua ilaii:)fûk> t lièuhsol(^'>M qui
;;îiTOttvy fi'rjé'^ill^ n'était pâ^ rfimi de
>:lihom£nèiioaOî?, teet eti^i^Sii de rhlvma-
.tnèké^Miofcsê^OïiL «ïèt^dfé^^oérttf^^'une
-xiQ^^iiçilk&femme d«< h.i]s^M ^fid^Mlle
-rlE»^?«9ir^tiitplBlM'éè pa!p>^tegfikàï^étîets
afitatiefibÙs^attué^ meitiAiêoà&lm^ haute
lrïdllefioi)efla'^<8feiû^iF^.p«JB8è>> ^^l^^i^de
ntJbnàekiSatïàjlà^i^!tiMâU i^ùlp dér<>la
il s'élance entre sei^ |ân^ià»î3t té^i^é-
.loipîi» "mfj^hiS ]^airé; >v^ ^3Jècflft ^% Jâclat
B^ ii]»ti9ié8fi3ëht0i^tr^fi«^ftôf "^ss^^.
ùxmthki "B&Of&MM Issçr'^.iâmi^^^i
rrrnJIvklèdbniaiJ^Mof^bÔi'Wj^^éBt
' ftuvfeàcf âD0t<yato^lddfte Éâj^imPm
çroîtp c»T»bt«et nilliûta^qcf ittt[«e^'^ile
— 37 —
1
Ven-
exi-
dts
lieux
e fait
i rôle
nous
?,eiil
e qui
îni de
tuma-
«i'^uue
5^ieille
rétiers
haute
^de
Jcii^eS-
» #
ifclat
riieci
Eiéàt
oïl
*^»^tle
pour ri4iQuli$e^ quelqu'pik, Jl faut
qu'un animal) [i^fieiciwque lia^pas^e
entre les janj^^flL'i/^ueteîgexwf ^rèilof ! fr
Leurs perj^ô^^agiea Ont toujs^ à^s aveut t
tures e;:{tea(jrainairep,lici avec un hé* ;
lie^, là, avec un petit boé^f/rou^o et. l
tutti quanti, ailleurs, avec uii.<îliienv
Pour être juste, il faut dire que M.
Fabre prodiguQ moins les détails qi^e
Placide, ëtqu*ll^hè nous dit pàôrifeon
héros s'est relcA^'é avec tine blûcW-&yé.
M. Fabre estplus nul encore dans
la description que^dans le di^^logue.
Jamais une BcèP^o-' 4e Jâ naitife, quel- ''
que belle qu'elle soitvii«^^ïi'é«au, et ■
vous ne trouverez:miàle«partdjate ses
écrits ces imagies ' vives jet gracieuses .
que les bf aUtés de la ijuatiurei inspi^t;
rent toujours auiSL poètes^/ iroè xiod xfu
Cela tient sans douté à ce 'qu'il: [
manque entièrenieiit ,de seiisibîîité.
Dans Le cœur «f respn7,;.oc(mïçé>dans >
ses autres écriisj on .Voit biêa ibrillervi
çà et là quelques parcelles d'esprit ^C)!
mais nulle part il n'y a le moindte
vestige de txBur. C'est un dàfaafccii-
pitai pour pn nouvelliste;; »itr,onI>^'I> i
'I
11
Wfl!
H
r\
Pour compléter ce qui me reste à
à dire ^{( notitM^^^ j1àj6ttte qu'il y
a,- {MlrcSj^r là; ^dùelqnes traits de
mœurs bien iottchés, (jdelques ta-
bleaux gais et Mêles qui dérident le
lecteur. Mais ces jolis passages sont '
trop ritros.
j.rp»iu-..
III.
'Vrr; o'i
^orsquil fonda \ Evénement M.
Fabre écrivait : .
" Chacun sa vocation A tort ou
à raison, je me crois journaliste, et
cette ambition heureuse ou malheu-
reuse conduit mon esprit."
N'est pas journaliste qui veut, et
c'est à tort que M. Fabre s'est cru
appelé au journalisme. On peut êtrep
un bon écrivain et un très-mauvais
journaliste : c'est son cas. -
Faire un journal est un grand art
qui exi^e beaucoup de travail, de
K)rtés éttttdes et des convictions pro-
fondesf. Or, tout cela manqu© à M.
Fabre* o''fx oi J5 (a W jt/kj Mna ?sM:i
C?éstuif^ boiÉlev^ardie) , de Titature
et d'éducationv^t dans 8on>pa8sage à
— 89
f
M
art
de
pro-
tture
ig6à
Paris il a meublé son cerveau des
bribes d'esprit du boulevard., C'«8t
tout Je travail qu'il a pu faire. ,!.,ïi n'a
guèr'^ ^ait d'autres études. . .^w/ ,\
O'^^ri^'W^ esprit ingénieux, quelque-
fois adroit, souvent très-gaucne, sou-
ple toujours et dans une mesuré exa-
gérée; Mais il n'est ni fécond, ni
varié, ni étendu, ni solide. Il a sa
spécialité' — la chronique — hors de
laquelle il n'est rien. hr/j -
. Son manque absolu de convicuons
est connu de tout le monde, et il le
confeF volontiers. Sa pudeur n'est
pas 1. ^uche, et son . honneur est
flegmatique. Quand on l'accuse de
manquer de l'une ou de l'autre, il ne
s'émeut pas. Il répond tranquille-
ment ; après ? — comme un homme
convaincu que la pudeur et l'honneur
sont des mots vides de sens \v,,\ ,
Un jour— -c'était peu de temps
après la fondation ^^^e VËvénement-^il
disait pi$ que pen^fe de la Minerne\et
de ses rédacjkj^ç;^»., Quelqueis inois
après il écri^a^i^ i»ii)fipLêxne i^axv^ la
i^werv^ qu'il^çîvMiat d'éloges» ,.ei il
. I
I
-^r-^
politique Siveé' ïMis '^4t^(^ nctivèté dér
fic'itifen; psf ^ côîn|)lfei^{^ ' ■ pfela 4<>?^^.
■aine ^ftrtdè àtifôiTrt&'aïlx "optaiO^is^
l'écrivain. . !^'^^^ '«'^^^ ^^^^ erronp.u]
a^^ëtfWii Wiitt Ta crtffiffiér à- lu 'f^^îVe^^
té;: A raVi*ir; g^^nd <!)ivlé?V»Wpàsi^[
séi-d'ûli ciinlp à^ l^èftft¥4,^ et' ; mèprî-set '
un' '-^UT ce' <iH'fl^ ' éifeë|ifeiit ^a Teiil^^/^
ciiHH¥à^^" îà'ohHs'è'^^^ côipptény. r c'iest^^
lé icWtici^sme /?o?¥î!î^fe~qn? Wént id^ sé^*
coMbtnér'îiret iim ''àrMndS ^^unfét:é' i?è-'
conduite. Ayis à l'f cVlTaÎTt qûî rôii-
dira écrire la Ibiogrépliie de ïï. Fabre.
Il pourra , rintitiilër; : ^'^'Hhiçire des
combinaisons du scepticisme^' :]^lit%qùe,
ai)éc'ta ho^eté âé x:ofiMfte:''^'''' ^^^ ^'^'
'll^'doi^céTîaeWtfii^.M. Fabré:
n*a ^as lè« fcoiiVîctiBns ^ofoidës qiii
41 î^
-fdtft lè^jbtirnalii^i^iMaiâ il est gaeet-
iié^fet t'eéi'tLti tti^^l^m^ti pa» .tin
atisèl Méti^ que 4tri • 4aii» fe* ^yis; <^ 31 >
saif*!É&^'fe'gazyttiî'0t>lài difenefiitiia
a^l^aféâice^ ^t^«tya*ite. ^6Whiitxxm<J
que est d>i!àiifeër lé^ p^tiblîc lïftiyda^'i
narit fiiiànCéfe. ïï«è é^odéupe pa^i^T
reste, et ne regarde- J^ aux môy^mi^f
■•Sa gloire, c'est lé ïait-divers.'-'tl
sait lui doftner ce^ tour piquant <iui ^
allèche le lecteur. En ce genre,: iti
s^èôt donné un rival ààngeTéux 4ans
MPNaziair^ Lëv^seu^ï qtiî, p|îirfoi»^v
ottMie que M7FabKè»'e8i son mâ^tr^^/
et qui' se périffefitèPl'éclipsèr: Quatid-
ils réunissert leufë -deux g€niés pour
raconte t les aventures d^ Mademoi-
selle Lolotte à la cott"^ dtt Eecotdér,il8
n'ont pas de supérifeuT dans
Vi^ce dë'QuébèôCf '?j^^'^ > t^-f
^*L'J5;t;é;^gW(Çw^p(osë -^ur la Ùhi^tW-
bien in/(»v?^i^/ EttteM^hr il ai^slgAeT
aux érénetttëntr |)0liti<jues le§ ^afuwes
q)ié tout Ife inonde Voit* Il dèviàe
lés motifs i^eôi^è^,ileé ficellëâ^'èiGU&èêisf^^
et quand il h'yëii « ]^s il sÀii biéîi
en fabriquer. Vous allez en juger.
la ^prro-
-.42 —
^ il,
II
viUn nouveau parlement vient 4^'
s'ouvrir «t le rminiistèJre vient de pasr
seirpitr une cris^ ,qiiir>a iaiUiav^rdjdft ^
«d^tLsçqueiice^l triès^^r^yiea. Di^^x dea /
nûui6^é« M. Q. et M3. n'adhécaiieHt ,
pas entièrement nu programme de.
TadministratiQu et ont menacé de
résigner. Mais il paraît qu'une en-
tente va avoir lieij.
Entrez avec moi au bureau de T-B-
vénement, et nous $iurons des nouvel- *
les : ■. '. . -f .V -['■
— Eh bien » M. Fabre, que pensez-
vous de la crise ministérielle ? On
dit qu'elle touche à sa fin, et que
monsieur C; va accepter le dernier ,
article du programme ?
— Mais, mon cher, il n^e s'agit pas
pa$.de programme.'oo : l ^^i^^
. rrr-Comment cela ? Mais la crise
n'a-t-elle pas éclaté parce que mon-
sieur C. ne voulait pas accepter le
dernier article du programme.
rfmrJVous.n'y êtcjs pas, mon cher ; je
vaà^ / vous iustruire^i , ; Vous saurez
qu« Jfe^amfci'X.: a li.Q^né un giiWid
— 48 —
~1
dame 6. < voulait aussi en daiiner uu
ce jottr4à. lies pré^paîAiifs étaient faits^
nnepatiie desinviftaiioM attdè»t mê*
me été envoyées, lorsque Madame G;
appTit la date malencontreuse du
bal de Madame X. Ce fut un grand
émoi chez les C. Madame et Mon*
sieur se rendirent immédiatement
chez Madame X. et la sollicitèrent de
vouloir bien remettre son bal à un
autre jour. Celle-ci n'avait pas en-
core fait ses invitations, et elle avait
déjà pensé à différer, parce qu'elle
n'avait pas encore reçu de France et
d'Allemagne ses vins fabriqués à
Montréal. Mais elle n'a pas voulue
manquer l'occasion de se venger de
Madame C. qui l'a éclipsée au der-
nier bal de Son Excellence, et elle d
refusé net. .:';;; j.i
-Madame C. a insiistè : elle a muk.
tiplié les compliments et les douceurs ;j?
elle a appelé Madame X, ba petite
amie, sa très-chère, ^m bhiiTrnmttê, sa
toute belle etc.; etcu SPèîjie inutile !
Mtfd^iîme X, «sidemîBxnrée ferme com-^ ^
me iQVitirod t Finalenàueâit^ Madame C^^
il
iK
44i—
1 â
fi
?*■
'
tin peu ei^itéi^i a rappfeJé à Madj^me .
Xrrq»e lai fili^ d'uîkipÈftrpli|i,t(i deTPr^i^o
6e''.]ni0»tr)ern uttr^j^tii riàaiiîg fièrç,r oàto
plu» déftrMt^jjpoiEtf eii^. Madamerc
X.ra pépHqtoév quS5;la fille [d'un H^its^r
chaad n'a^^ridiit >']^as tau ta 4^4*?
cliner. devairifite petite )fiUe. d 'mv ^njf 0
sinierri et fea «dieux se isont faits daîis
un style moitis tendrç;^iiLÇorev;i/l kjHj
w
Madame rO, a pensé quelque teiû$>s
qu'elle pourrait: peïMJ-êtiye faire poa-
bal tQ:ut de mê,]ïii&)et;itt]kirer chez .eJteo
les invités de. Madame X., Mais Môft^-j
si^ur X. ièat'^iemier{>mi»ii^ï«i' etfoicti!
estiméro elle &. c^âtet ua^fia§c<>iitrfeéflfeJ)
a dû désÉnyiteî? t<^Ut sôia;T6ioy[dè >>iî- J/l
■. -H-Et puis ?•? '>i^ /foiacooo'l *i9Jjpifi3fr[
"*^Vous ne 4ê^iïiez patrie ïe6te"?> Il :
faut do^nc' toui< Tious dii:e. : M^mimi.i
C. est très lié avec Monsieur: B. 'V^tL-^yi
tre ministre^; et il l'a mis dan^j se«Sf In-
térêts pouj> «e[t«ngerid^<iM;adame iS|iï
De là lafcrisM. oaîi;i>vijL' '>lo^i^^. r, olio
i.r^Y-ous plaisantez;? i\>>^^^ /j>^ Swv.^
-^e rnô' plaisante pa^.. So«ls 'ie;.
régime éeà\ gbvsvmaâxxiei^XK re^p^l.ï
fiablefi^Iasr Maj:^ ràpbttd^t desfffmt^,!
\
^l'i
— 45 —
[l
-;'r
A
[l9
[v.fi
V.
M
à^l&xjËtêlemMÊJSSî «t Monsieur X. paie
hk\xjènrà%xii^^éxir le ixmitf isds yèuloir
'^ fia femme. Socu embarras est ex-
trêine, et Monsietif O. .proEEle d'une
;>ihrase obseore du programme pour
1 jeter 'les-haais cris, et invoquer les
v^ principes fondamentauxides^ùeiétés
et de la reli^on.. J .1
U XO. 1 iS
f
— Mais d'où vient que i^oii ^i-rmon-
oe lar&idft la crise:?: oh Jfîfoj nu
X) i^Ah] Voici maintènian't; Maidaîme
©jâ^ un frère à la icampagne/vetfice
frère: auii neveu qiv'iliàimebeauepup.
Or ce neveu est intiaateïûent lifcà^son
cousin le jeune Dv/qapi)ii'à paslltïsou
oist^^qQiJàoi&ste uni ëinpl^i lldi^iiiLaveu
.jJiiit 'toutiee^^fortlipeuît pmii; s«|^ squ
a ddusiff; ^t il « >taAi ; insistié - ' âup3)ès Ide
"i«5|i«'oii(d»ylq«ôrrX}eltii'Gi me^ T&i^iuià,
a/Qu^H^ j3i;âi ééî:idèQsiB(^sciàia') :ma(kâ:^e
ôi&^qàcftrilraBiGispouî: lui,^/>ôitr4a>tooaûlii-
"i:b^ouiil«9i»ui^ hcmùiSGDesi diu^dépàr-
htenÊteaûde iMsinBi^t SLo/IIi ^^oidi^nc
fallu tenter un rapproclieni«nt^f< et
?'Timà ptMinrti^iDtt^iipBCiqm'rMoaQ^
i
I
i
i
i!
iMMMMM
46 —
jrie C. aobteiiiKk de: MoBBièmr ;3^ji;ila
' promesse feriiiellfi <4^e le • i ooUsm ^4u
nByeU)dêL)»qii.ûère »exa ixomméiiG'eist
pourqiimion^a càaugé deuj^.^ou trais
motsj^e )l9f phrasé obscure-^ni n'est
pafeplttapolîiijpe^^eiti le prograoïpaetèera
adopté par MM. C. et Ça m ojj jo
-..-^Etîeà principes ? j> ciiuM—
Un éclat de rire est la îîèpoîÈLSé de
M. Fàbre ; et il ajoute : Monsieur C.
me ressemble il combine mi certUin
scepticisme politique avec une ..grande
. naïveté de comdMite, > j / Hf c no ^dJ
jjo Tel est l'homma ; • ■îp.no'y
If Eapolitf^^u^yil ne recoaainsdtip^de
; 'prmoipes, jeB,core moiçis de rjertmls.
f;îl •\?'oit des intérêts «tjdes calculs, des
i hypocrisies ei des am^D^iious^, des/ piè-
ges et de»,fice]iesi i Né kiiipaïltej[[^às
-idedQcitiflfiïes, de principÈl»^i4/^it)ii)j5îté
-idq /Ick^iu^ienGeLidaDSi ]^{jd$gîafËue3ipdi-
itiqfiae/; ilivoué yépimdâût :E)<rBDa^elxi
r xonîltt.rfrorIcK>iqqft X un vjhiei nllfii
11/' SIJX)Mrs9:apiir'qiii!iam hisixB
et de la.paituancei^i)«âf>iiArïti^yMiv^e
1 ■
:s
ne dirai pas atùtcèto ni utile, mais
curieux, en releyàlit toutes les coirtfa-
dictions de M. Fabre. Je suis convain-
cu qu*il n'y a pasu^e seule question
de notre politique sut laquelle il n'ait
écrit blanc et noir ^ et pas un homme
public qu'il n'ait méprisé et encensé.
Il a appartenu à tous les partis, et il
les a tous servis daiis Iç \ri^ême. style.
.; Je ne veux pas écrire sa biographie;
mai« pour faire connaître le jôurna-
:li6;te, il faut bien livrer au public au
moins un chapitre de contradictions.
J'entends M. Fabre s^écrier : voilà le
' soulier qui me blesse, né* parlons pas
de ça ! Mais il le faut ;. prenez pa-
.tience, M. Fabre, je vais abrégen
,., Je passe sous siletice'irO;? ê(5n^^
le PaySf dans tOrd/re et ^ians le Cw«-
gede^fipafio&iirir enrnjfintiear,icj9^ y^te
itfÉvâioftDelqnies M|in€aii4^\¥0Si\uQp}nians
ih
':!i
h i
I
.. *r f.^pN. CHAPITRE Ç^.jqj]if TRADIGTiaNS
_ : î'.fjç paru . conserva- " C est en. .vain que
paaidindeâ traditimts ) ;à;ii(mà iltvîBp^^fri libé-
mitpnâlesi,: le gv^e ^o-.^-,;;ûm/jç .^et.^c*^. j;ca?wç/Ta-
Uiique le plus prudmi } leurs. Il est àt^ssi îm-
[étc^esteniiti (^é'dadà' possible dp dèi\fi\v c*^
cette, hmrei soiofinelie que c'est? qu'un Qçnispr-
. ,<î^ notr^ Jiis^jpire, ,^if,^ valeur canadien '^jue dn
v^ènts'dhsaroer tous Tes. ^ dire eh qiioî Un libéra I
i^ëSàs, tôlitfefe ^î^'tïUàH- ne l'est' pïsCuLiikpuis
"j<eeïidôqpimbiï)'f i^ /; : It^ quinzé'afipfcdif jp(?^^flçn-
^Wikl SiOie'^MlICairniÈâ tl-fOaonBquedEoi^tm-
^que américaine aMjfffcïMlfi^OTPW ^f!#«
ire alliance avec trois poiKiques en montrant
ou quatre provinces, dU ses états de service r^
-H9--
visées (J'intôrôls, desti-
nées à 83 contrebalaa-
c^r, et dont une spule
est supérieure en popu-
lation et en richesses
au Bas-Canada.
'' Ne nous laissons
pas prendre à de vaincs
dèciamaiions , à d o s
subterfuges de parti, et
regardons au fond des
choses «... ..
'' Si lo- parti libéral
avait vraiment à cc^iir
r intérêt du Das-Cana-
da, il ne prolongerait
pas sous le régime de
la confédération la lutte
que, depuis dix-huit
ans, il fait sans succès
au parti conservateur.
Cette lutte ne peut avoir
pour effet que de divi-
ser no^î forces au prolit
des autres provinces et
de neutraliser notre in-
fluence nationale
Le fait est qu'ils avaient
bien tort de se plain-
dre et bien peu raison
de déclamer. L'Union
nous a donné vingt cinq
ans de V existence poli-
tique la plus douce que
Von puisse imaginer»
S'ils ravalent connue,
les grands peuples eus-
sent envié notre paisi-
4
ligieux, On sait que
pour conserver le pou-
voir il vend, s'il le faut,
soït âme* Politique
ctcrnelle de dénigremcnl
systématique, vipère à
la langue visqueuse,
h\j/lre toujours renais-
sante, harpie hideuse,
ajJjTuse lèpre, éponge
imbibée de fi^t et de cy-
anure de potassium et
qu'un parti politique a
pressée par tout sur le
chemin de ses adversai-
res pour les fléirir ou
les mettre à né,anli,e\Tx
et leurs actes. (Toutf^
cette phrase est peut-
être la plus ridicule
que la presse ait ja-
liîàis commise).
(Discours). '' Est-cr
que moi qui vous parle
l ai jamais été conser-
vateur dans le sens
étroit du mot ? Est-ce
que j'ai jamais été con-
sidéré comme tel par
ceux auxquels Vétroi-
tesse de leurs idées qX
Vaveuglement de leurs
passions donnent le"
droit dé s'appeler con-
servateurs pat" droit (^e
naissance......
'' Aus^î je n'éprouve
aucune hésitation à me
ble bonheur, notre hon-
nête prospérité Tan-
dis que le ministère
conservateur s'appuie-
ra sur la majorité Bas-
Canadienne, Vopposi-
iion est fatalement con-
damnée à subir le joug
de la majorité Haut-
Canadienne et à ne tri-
ompher qu'à son pro-
fit. C'est donc un
grand bonheur pour la
province de Québec
que le peuple se pro-
nonce avec une unani-
mité si complète en fa-
veur du parti conserva-
teur ; c'est /a garantie
de nos droits ; c'est, en
un mot, le pouvoir pla-
cé entre nos mains
L ' Op^josition Bas-Ca-
nadienne est annexion-
7iiste, mais elle n'ose
marcher droit à son
but. Elle n'accepte ni
ne rejette franchement
la confédération, elle
la subit et achève do
perdre dans cette si-
tuation fausse ce qui
lui reste de force
Lorsque les libéraux
sont pai^enus au pou*
voir, ils n'ont absolu^
ment rien fait etc . ,
•te, etc."
50.—
rallier à un parti qui
comptera tant de libé»
ràux dans ses rangs
«Të renoue avec eux de
vieilles sympathies
*' Le parti conserva-
teur n'a dû son long
succès qu'à une chose,
son titre de défenseur
de l'Eglise Sans ce
titre, il y a longtemps
qu'il serait tombé et
qu'usé par ses méfaits
son règne se Serait éva-
noui etc., etc., etc.
I
■i-
parti qui
de lioé*
raiigs
c eux de
athies.....
conserva-
son long
ne chose,
défenseur
..Sans ce
ongtemps
tombé et
s méfaits
leraitéva-
, etc., etc.
,6
•!Tf
un ,-'
HIER
""51 —
La Cotift'dèraiio» .
aujourd'hui.
VVmùh était un état .\olre situation est d^v
transitoire. Sa mission oelles qu'on 71' ose à
historique était do pre- peine analyser, tant cWu
parer la voie à ta con- ne présente de tous
fédération ; il y a dix côtés, qn' aspect désoté.
ans qw'etlé axwail dû que surface stérile. 11
disparaître pour faire faut pourtant dire enfin
place à V édifice potiti' tout haut ce que tous
que dont elle avait jeté disent tout bas ; écarter
les bases. La confédé- le voile qui couvre des
ration, loin d'étfe venu^ Vimux qui vont toujours
trop tôt, vient peut-être grandissant, et aux-
troptard Jl>i'!f quels il n'y a qu^nn
avait pour le Das-Cana- seul remèrfé*, que pcr-
dd qu'unt seule comlui' sonne n'a le courage
le a suivre, l'accepter d'indiquer, q u o|i que
en principe. S'il l'eut chacun soupire après le
tout d'abord repoussé,
il eut commis une de
ee$ fautes politiquot
qu'il est difficile de ré-
mom»nt ou il sera har-;
diment appliquée et on
il produira guérison
•'empiète La Gon-
parer L'union avait fédération n'a rien ap-
fait son temps, Vindé- porté au pays qu'il
pendanceest Un chimè- n'eut déjà, et lui fait
re, l'isolement est im- payer des scr.^hlants
possible ; il fallait choi- d'avantages et des .5»-
sir entre ces deux ter- mulacres de force aussi
mes : la confédération chers que s'ils étaient
nu l'annexipft.,..,.... Il dès biens réels, des
y aura pour les Ga- gages assurés de gran-
nadiens-Français trois deur. Les Provinces
grands éléments de puis- on/ wni ensemble leurs
I
J
62 —
xance dans la confédéral
lion La cause
du Bas-Cafiada a donc
pour elle toutes lesclian-
res favorables. Les al-
1 lances ne sauraient lui
niauquer De tou-
tes les provinces, c'est
le Bas-Canada qui est
le mieux placé poiu* pro-
fiter des avantages de
Ju lutte et en sortir
triomphant......... Nous
«entendons chaque jour
des esprits aigris par
tés îîisuçcès ^ politiques
décrire les ennuis dont
nous menace la confé-
dération. Ils laissent
do- côté avec soin les à-
vanlages incontesidhles
qu' elle nous promet
etc., etc.,,, :,
Il n'y a plus moyen
de soutenir que c'est
par amour do la natio-
nalité qne Von a repous-
sé la Confédération, et
qu'on la combat enco-
re ; car, enlin la natio-
nalité serait pour le
moins aussi exposée
sous le régime améri-
cain etc., etc., etc.
faiblesses, mis en com-
mun leurs misères !
Ce grand changement
politique n'a pas pro-
duit le plus léger re-
mous. Faut-il s'en éton-
ner ? faut- il s'étonner
de ce (juo V union eott^
tractée avec de petits
peuples a'ussi nécessi-
teux que nous, soit res-
tée sans fruit, taridis-
que le contact de qtla-
rante millions d'habi-
tants en pleine activité
nous euh transformés ?
La tentative de
fonder une Confédéra-
tion anglo-canadietino
à côté dés Etats-Unis,
est donc visiblement,
condamnée à l'insuc-
cès....... La Confédéra-
tion, hâtivement ache-
vée, condamnée à une
tâche au-desSus d^ ses
forces, ployant sous une
dette énorme, ne pou-
vant nous assurer ni la
prospérité à 1* intérieur,
ni la sécuHté à l'exté-
rieur disparaitra fata-
lement de la scène, le
lendômaiïi du jour où,
réalisant le programme
qu'on lui ^ ,assigtié,
v^
i en com-
'êres !
angement
pas prO'
léger re-
^'enélon-
^ 'étonner
ion eon-
iC' pelilx
nécessi-
soii res-
tariclis-
de alla'
d'habi-
activité
'^ormés ?
tive dft
ifôdéra-
àdiehrio
tà-Ûnis,
lement,
l'insuc-
fédèràr
à une
de ses
yusune
5 pou-
" ni la
Jrieur,
l'exti-
fala-
le, le
ir où,
amme
~ 58 —
. HIEH.
é
^^ àiscours de Sir^ Genr
àl^^ïr^"^ territoire
du Nord-Ouest des eZ
Phçahons claires, coL
';^J^cantes, décisives n
ms semble qu",
hV::;, '^Pnqueri
* ' • « • ■( j '">
mie plus grand hon-
canadiens et eu n» i
QUIieràSirGeorge*^
P^sonnt n'osait êspé-
Miat du Nord-Ouest.
elle s'étendra do l'A
"antique au Pacifique
''•"^r» ■■ ot dans Vat
foissmicnt rapidl
vente générale, do la
; nune publique, no.!:
l'as vraiment de ce
■J"'' nous faudrait ve'"
ser dans le trésor pu-
tfinant.. . . etc., pi^.
AI'JOTOD'Hm.
• " JJno discussion cal.
'''"etraisonnécnnexa-
'!}fnconsciencièi^x,eZi
i acquisition du Jf^a-
/'"««■ l'annexion rie
la Colombie n'avait iiou
Il aurait fallu ,^p;,„„:;!
« ««e façon plausible
m/aifT'^'""^ qui ne
parait avoir été faite
_que pour nous proct
'er le spectacle d'une
fo"^'-™ «ivile dans un
<^om de la Puissance
••••.....etc., etc., etc.
,.A*';Sf*°' consacré à
! achat du Nord-Ouest
»
— 54 —
j <
n
ii iâ
I (
est de l'argent placé à
fond perdus
■ " Aussitôt que le dra-
peau fédéral flottera de
l'Atlantique au Pacifi-
que, le drapeau Anglais
repassera les mers
etc., elc, etc.
rêr des concluions aussi
avantaç^eusGS que celles
obtenues
A l'adresse des libé-
l'aux : " On repousse
l'acquisition du terri-
toire du Nord-Ouest,
parce que cela com-
plète et coneolido l'U-
nion Canadienne dont
on souhaite la chute,
et que cela nuit à l'ex-
tension des Etats-Unis
(^e n'est pas au point
de vue canadien que
l'on se place, mais au
point de vue améri-
ricain
C'est ainsi que M. Fabre a jugé
toutes les questions. Pour être plus
sûr de ne pas errer, il a toujours écrit
le pour et le contre. A vous de choi-
sir, Messieurs.
Je pourrais faire repasser devant
vos yeux, lecteurs, ses dires sur un
grand nombre de questions, telles
que l'annexion de la Colombie, le
chemin de fer du Pacifique, le Traité
de Washington, l'émigration, le tarif,
la colonisation etc. etc., etc. Mais
à quoi bon ? Vous vous trouveriez
K
— 55 —
toujours dans le même embarras en-
tre ses opinions d'hier et celle d'au-
jourd'hui, et ça deviendrait ennuyeux.
Des questions politiques passons
aux hommes et voyons si ses juge-
ments sur les personnes valent
mieux :
M. Ghauremi.
JHIEU. AUJOUD'hUI,
" Le chef du cabinet,
M.Ghauveau, est un an-
cien ministre retiré des
luttes depuis dix ans,
estimé de tous les par-
tis et plus propre qu'au-
cun autre à mener à
bonne fin une œuvre de
rapprochement et de
conciliation Il n'a
point d'ennemis et il
n'est l'ennemi de per-
sonne... Qraieurd écri-
vam, il jettera de l'éclat
sur' notre gouverne-
ment provincial et lui
imprimera un cachet
français . . . Les journaux
modérés de l'opposi-
tion ont rendu homma-
g6,avéc une bonne grâ-
ce dont il faut les félé-
citer, au talent du pre-
Sans vues poliliques,
sans indépendance per-
sonnelle, bornant sQ?f.
habileté à r intrigue et
sa force à la ruse, met-
tant son ambition dans
le succès dos manœu-
vres qui protègent sou
établissement particu-
lier ; ni homme cVclat,
ni administrateur, 7ii
o râleur parlementaire,
ni même homme d'al-
fa in?s, le premier-mi-
nistre est incapable do
combiner et de mener ù
bonne Un une entreprise
politique sérieuse, voirt;
même de trancher à
moins d'un an d'hésita-
tions, la plus simple
question pratique
" Sa politique est do
.iil
é
18
; ïi
; t
— 56
louvoyer pour échpuer*.
,'* Qiie l'on ne pense
pirs qui3 nous uxag^é-
rion^. : faible mata in-
Iffigant ; ayant Fé^lder-
nw sensible inais aus»i
l'esprit fertile en res-
sources, M. Chauraéu
est plus aisé à renver-
ser qu'a déjouer.
,#••«•••
mier ministre en même
temps qu'à V énergie
(toubléc (le modérai 10/ 1
dont il a fait jireuve
dans les luttes du passo
et qu'il saura déployer
])lus que jamais à" la
i4te des afrairot...Pflr
son caraclère comme
par son aient, Monsieur
Chauveau esl le repré-
seniant le plus convain-
cu et le plus hriltanl
du sentiment canadien-
français \L éloquent
homme d'état réalisera,
nous en sommes con-
vaincu, toutes les espé-
rances que sa haute re-
nomirée d^î patriotisme
ot de talent a fait con-
revoir.'* ■
Il a jugé tous les chefs conserva-
teurs de la même manière que M
Chauveau. Tantôt il les a élevés aux
nues (quand ça payait), et tantôt
(quand ça ne payait plus) il les a
traités comme des nullités.
Mais, dira-t-on peut-être, il n'a pas
agi de même à l'égard des chefs
libéraux. Voyez croyez ?
"iniiiu
N
— 57
Irva-
M
laux
Ltôt
)s a
[pas
lefs
Voici ce qu'il a écrit de
M. Blahe.
HIER. ,
^')^>ï. Blake n'est pas
dé ces adversaires in-
commodes qui vous
harcellent sans cesse et
dont on se débarrasse
à tout prix. C'est au
contraire un ennemi
que l'on conserve avec
soin. Gomment le rem-
placerait-on ? Où trou-
ver un tacticien si ma-
ladroit qu'il passe son
temps à préparer à son
parti d'humiliantes dé-
faites, et au gouverne-
ment de faciles triom-
phés ? Battu, il mérite
toujours de l'être. C'est
rare " etc., etc., etc.
é UJOURD H UT.
'' M. Blake est arrivé,
en si peu d'années, à la
haute position qu'il oc-
cupe maintenant par la
seule force de son ca-
ractère et de son talent.
Il à conquis de suite
sur son parti nne auto-
rité morale rarement
obtenue à ce degré,
môme par les hommes
les plus habiles, et
dans le monde polifer^
que un prestige qui a
promptement dépassé,
celui de ses rivaux plus
anciens que lui dans
l'arène. H est arrivé
de suite au premier
rang... etc., etc., etc
A présdnt^ on aimera peut-être, à
savoir si M. Fabre ne voit double
qu'à regard des hommes politiques,
et s*il juge mieux ses confrères, jour-
nalistes et écrivains.
Ouvrons encore YEvénevient :
w
58 —
J/iV. Pf^ovanchev et Carie Tom. '
HIER. aujourd'hui.
'' Entre la litlérature
•3i les finances M. Pro-
vonclier n'a point on-
nore fait un choix . La
conséquence de l'indé-
cision de sa vocation
est que son style a le
teint paie et que ses
phrases n'ont point en-
vie de vivre.' Son esprit
manque la plaisanteritt,
K't sa verve fume.
'' îl ne parait pas
avoir des convictions
i^l^'incibles ''
'■' Carlo Tom, rédac-
teur de la Minerve était
essentiellement un
écrivain sage, un secré-
taire lidèle. -Il ne fai-
sait pas de bruit dans
le monde ; on ignorait
son nom parmi les poli-
tiques. Jamais on ne
lui attribua un bon ar-
ticle, j quand par hasard
il en écrivait un, on le,,
citait cromme d'un an-
tre. Du commencement
de ses articles on n'en
appercevait pas la fin :
elle se perdait dans les
espaces où ne pénètre
jamais un lecteui\.. etc.
" Je porte au carace
tère de Provencher un-
vive sympathie, à son
talent original, çolide
et fin, uHjc sérieuse es-
time.
" t fTf!
'' Quant à Carié Toîn',
Je tiendrai à honneur
d'alterner avec lui com-
me chroniqueur. De,
tous ses lecteurs, je
suis peut-être celui
qu'il amuse davantage.
Personne ne rend plus
que moi justice à sa
verve plaisante, à son
charmant esprit."
j:ii.j
[Oi
0*î7.nC'
i
•"—69 —
.V. A. B. Routier
HIEB.
AIMOURD HUr.
1
"M. Boutbierest un
écrivain de talent très-
versé dans les questions
politiques, qui jouera
certainement plus lard
Un rûle considérable
dans la carrière publi-
que.
Sa place est marquée
à la Chambre, «t le plus
tôt il ira la prendre le
mieux. '
" On veut porter haut
M. Routhier qui, laissé
à ses propres forces n'i-
rait pas loin, môme en
littérature M. Rou-
thier s'est perdu dans
notre estime et dans
celle des bons juges
depuis qu'il écrit. Nous
ignorons s'il éclipse M.
Ernest Gagnon au pia-
no, mais à coup sûr il
fait plus mauvaise figu-
re dans les journaux :
il plaisante plus lourde-
ment et a plus méchant
slvle.''
)m-
De
je
îlui
sa
>on
Je suis las de citer, et mes lecteurs
doivent être satisfaits. Pourtant,
puisque le nom de M. Ernest G-agnon
«''est trouvé sous ma plume, il sera
amusant de voir comment M. Fabre
ra jugé. Avec sa voix fausse etflutée,
il ne juge pas seulement les politiques
et les écrivains, mais encore les artis-
tes. Voyez :
^60 —
M. Ernest (jagnon.
hif:r. aujourd'hui.
"M. Gagnon fst un " M. Gagnon est ar-
artL'te délicat ot lin, un tiste, si toutefois il suf-
lioHiHiod'ospril etc. fit pour mériter ce titre
fil'., etc.' de jouer du pianotons
les jours et de l'orgue
tous les dimanches. Il
sait autant de musique
(|u'ôn en peut savoir
lorsqu'on ne l'a point
uj)prise autrement qu'-
on l'enseignant aux au-
•. , très. Peu à peu ses
élèves l'ont formé, etc.,
etc., etc."
Si je voulais continuer à feuilleter
Y Evénement, je pourrais allonger ce
chapitre outre mesure. Mais il faut
en finir avec ce personnage, auquel
'ai peut-être donné déjà trop d'iiiir
:ance. J^i r/
Qu'il aille donc en paix ! En paix
surtout avec lui-même, puisqu'il y a
en lui deux hommes qui sont toujours
aux x>rises. ; i
Jean Piquefokt.^j
t,itfiàHimiii«lêniVli6miiltà
W-