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Full text of "La question du canal de Beauharnois [microforme]"

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IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


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Photographie 

Sciences 
Corporation 


33  WCST  MAIN  STRIIT 

WEBSTER,  N. Y.  MSBO 

(716)  87}-4i03 


t 


CIHM/ICMH 

Microfiche 

Séries. 


CIHM/ICMH 
Collection  de 
microfiches. 


Canadian  Institute  for  Historical  Microreproductions  /  Institut  canadien  de  microreproductions  historiques 


vV 


Technical  and  Bibliographie  Notes/Notes  techniques  et  bibliographiques 


The  Institute  has  attempted  to  obtain  the  best 
original  copy  available  for  filming.  Features  of  this 
copy  which  may  be  bibliographically  unique, 
which  may  alter  any  of  the  images  in  the 
reproduction,  or  which  may  significantly  change 
the  usual  method  of  filming,  are  checked  below. 


n 


n 


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n 


n 


Coloured  covers/ 
Couverture  de  couleur 

Covers  damaged/ 
Couverture  endommagée 

Covers  restored  and/or  laminated/ 
Couverture  restaurée  et/ou  pelliculée 

Cover  title  missing/ 

Le  titre  de  couverture  manque 

Coloured  maps/ 

Cartes  géographiques  en  couleur 

Coloured  ink  (i.e.  other  than  blue  or  black)/ 
Encre  de  couleur  (i.e.  autre  que  bleue  ou  noire) 

Coloured  plates  and/or  illustrations/ 
Planches  et/ou  illustrations  en  couleur 

Bound  with  other  matériel/ 
Relié  avec  d'autres  documents 

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La  reliure  serrée  peut  causer  de  l'ombre  ou  de  la 
distortion  le  long  de  la  marge  intérieure 

Blank  leaves  added  during  restoraiion  may 
appear  within  the  text.  Whenever  possible,  thèse 
hâve  been  omitted  from  filming/ 
Il  se  peut  que  certaines  pages  blanches  ajoutées 
lors  d'une  restauration  apparaissent  dans  le  texte, 
mais,  lorsque  cela  était  possible,  ces  pages  n'ont 
pas  été  filmées. 

Additional  comments:/ 
Commentaires  supplémentaires; 


L'Institut  a  microfilmé  le  meilleur  exemplaire 
qu'il  lui  a  été  possible  de  se  procurer.  Les  détails 
de  cet  exemplaire  qui  sont  peut-ûtre  uniques  du 
point  de  vue  bibliographique,  qui  peuvent  modifier 
une  image  reproduite,  ou  qui  peuvent  exiger  une 
modification  dans  la  méthode  normale  de  filmage 
sont  indiqués  ci-dessous. 


□    Coloured  pages/ 
Pages  de  couleur 


/ 


Pages  damaged/ 
Pages  endommageas 


□    Pages  restored  and/or  laminated/ 
Pages  restaurées  et/ou  pelliculées 


Pages  discoloured,  stained  or  foxed/ 
Pages  décolorées,  tachetées  ou  piquées 


I      I    Pages  detached/ 


Pages  détachées 

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Seule  édition  disponible 


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I      I    Only  édition  available/ 


□    Pages  wholly  or  partially  obscured  by  errata 
slips,  tissues,  etc.,  hâve  been  refilmed  to 
ensure  the  best  possible  image/ 
Les  pages  totalement  ou  partiellement 
obscurcies  par  un  feuillet  d'errata,  une  pelure, 
etc.,  ont  été  filmées  à  nouveau  de  façon  à 
obtenir  la  meilleure  image  possible. 


This  item  is  filmed  at  the  réduction  ratio  checked  below/ 

Ce  document  est  filmé  au  taux  de  réduction  indiqué  ci-dessous. 

10X  14X  18X  22X 


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26X 


30X 


12X 


16X 


20X 


24X 


28X 


32X 


The  copy  filmed  hère  has  been  reproduced  thanks 
to  the  generosity  of: 

National  Library  of  Canada 


L'exemplaire  filmé  fut  reproduit  grâce  à  la 
générosité  de: 

Bibliothèque  nationale  du  Canada 


The  images  appearing  hère  are  the  best  quality 
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of  the  original  copy  and  in  keeping  with  the 
filming  contract  spécifications. 


Original  copies  in  printed  paper  covers  are  filmed 
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the  last  page  with  a  printed  or  illustrated  impres- 
sion, or  the  back  cover  when  appropriate.  Ail 
other  original  copies  are  filmed  beginning  on  the 
first  page  with  a  printed  or  illustrated  impres- 
sion, and  ending  on  the  last  page  with  a  printed 
or  illustrated  impression. 


The  last  recorded  frame  on  each  microfiche 
shall  contair  the  symbol  — ^  (meaning  "CON- 
TINUED  "),  or  the  symbol  V  (meaning   "END  "), 
whichever  applies. 

Maps,  plates,  charts,  etc.,  may  be  filmed  at 
différent  réduction  ratios.  Those  too  large  to  be 
entirely  included  in  one  exposure  are  filmed 
beginning  in  the  upper  left  hand  corner,  left  to 
right  and  top  to  bottom,  as  many  frames  as 
required.  The  following  diagrams  illustrate  the 
method: 


Les  images  suivantes  ont  été  reproduites  avec  le 
plus  grand  soin,  compte  tenu  de  la  condition  et 
de  la  netteté  de  l'exemplaire  filmé,  et  en 
conformité  avec  les  conditions  du  contrat  de 
filmage. 

Les  exemplaires  originaux  dont  la  couverture  en 
papier  est  imprimée  sont  filmés  en  commençant 
par  le  premier  plat  et  en  terminant  soit  par  la 
dernière  page  qui  comporte  une  empreinte 
d'impression  ou  d'illustration,  soit  par  le  second 
plat,  selon  le  cas.  Tous  les  autres  exemplaires 
originaux  sont  filmés  en  commençant  par  la 
première  page  qui  comporte  une  empreinte 
d'impression  ou  d'illustration  et  en  terminant  par 
la  dernière  page  qui  comporte  une  telle 
empreinte. 

Un  des  symboles  suivants  apparaîtra  sur  la 
dernière  image  de  chaque  microfiche,  selon  le 
cas:  le  symbole  — ^  signifie  "A  SUIVRE",  le 
symbole  V  signifie  "FIN  ". 

Les  cartes,  planches,  tableaux,  etc.,  peuvent  être 
filmés  à  des  taux  de  réduction  différents. 
Lorsque  le  document  est  trop  grand  pour  être 
reproduit  en  un  seul  cliché,  il  est  filmé  à  partir 
de  l'angle  supérieur  gauche,  de  gauche  à  droite, 
et  de  haut  en  bas,  en  prenant  le  nombre 
d'images  nécessaire.  Les  diagrammes  suivants 
illustrent  la  méthode. 


1 

2 

3 

1 

2 

3 

4 

5 

6 

LA  QUESTION 


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MONTREAL 
DKS  PRESSES  A  VAPEUR  DE       LA  MINERVK 


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LA  QUESTION  DU  CANAL  DE  BEAUHARNOIS. 

I. 


OnSEnVATlONS  PniiLIMINAIRES. 

L'origine  d'un  caual  pour  éviter  les  rapides  des  Cascades, 
des  Ce  ires  et  du  Coteau  remonte  presqu'à  l'enfance  de  la  co- 
lonie. 

Sous  la  domination  française,  il  paraît,  d'après  le  savant  rap- 
port de  l'hon.  M.  Chapais,  fait  au  moment  de  la  Confédéra- 
tion, que  quatre  écluses  en  pierres,  ayant  2  pieds  et  demi 
d'eau  sur  les  seuils,  furent  construites  dans  le  but  de  permet- 
tre aux  bateaux  de  remorquer  30  à  40  quarts  de  Heur.  Cet 
ouvrage  a  dû  être  fait  vers  la  fin  du  règne  français  ;  car,  en 
1721,  Charlevoix  n'en  fait  pas  mention  dans  la  narration  du 
voyage  qu'il  fit  alors  en  canot  d'écorce  de  Montréal  à  Kings- 
ton, en  remontant  le  fleuve  et  plus  particulièrement  le» 
rapides  des  Cèdres,  qui,  dit-il.  ont  été  ainsi  nommés  à  cause 
des  nombreux  cèdres  que  l'on  y  trouva  sur  la  côte,  mais 
qui  avaient  presque  complètement  disparu.  Pendant  long- 
temps, sous  le  régime  britannique,  ces  écluses  furent  con- 
nues sous  le  nom  de  OUI  Freneh  Lockz. 

Eu  1804,  des  améliorations  considérables  furent  faites  par 
le  gouvernement  impérial  aux  écluses  du  Coteau  et  des  Cas- 
cades. Un  canal  d'un  demi-mille,  avec  trois  écluses,  au 
lieu  des  anciennes  écluses  françaises,  fut  creusé  aux  Cascades. 

En  1817,  toutes  ces  écluses  furent  élargies  par  le  Royal 
Sla/f  Corps  de  manière  à  permettre  le  passage  de  bateaux  ca- 
pables de  porter  80  à  lOOtjuarts  de  flevir,  et  depuis  cette 
époque,  elles  furent  désignées  sous  le  nom  de  Canaux  Mili- 
iaires. 

Vers  1832,  une  somme  de  $40.405.83  fut  dépensée  pour 
faire  un  nouveau  canal  d'un  quart  de  mille  au  village  des 
Cèdres  et  en  commencer  un  autre  un  peu  plus  haut  que 
l'Ecluse  et  le  Fort  du  Coteau  du  Lac.  C«  n'est  qu'en  1841 
que  ce  canal  fut  terminé  par  M.  McBain.  La  distance  était 
de  tt  flo  mille,  avec  une  écluse  en  bois  do  120  x  15,  et  4  pieds 


4,  LA  QUESTION  DU   CANAL  DE  BEAl'HARNOIS. 

d'eau  sur  les  seuils,  construite  sur  la  terre  d'un  nommé  French. 

A  celte  époque,  les  vastes  prairies  de  l'Ouest  commençaient 
à  être  colonisées.  Jj'on  jetait  les  premières  fondations  de  cette 
ville  merveilleuse  que  l'on  appelle  aujourd'hui  Chicaf,'0  ;  et 
l'on  ne  tarda  pas  à  reconnaître  que  le  St.  Laurent  était  nalu 
rellement  destiné  à  devenir  le  grand  débouché  des  vastes 
produits  de  l'OuesT.  Cependant  l'esprit  le  plus  clairvoyant 
aurait  pu  à  peine  prévoir  que  trente  ans  plus  tard,  il  s'agirait 
d'ouvrir  des  canaux  capables  [de  recevoir  des  navires  tirant 
1:2  pieds  d'eau. 

De  1830  à  t84'i,  l'attention  publique  se  <lirigea  de  temps  à 
autre  vers  l'amélioration  de  la  navigation  du  St.  Laurent. 
Les  autorités  administratives  comprirent  que  Tavenij*  <'t  la 
pro.spérité  du  pays  dépendaientde  la  construction  des  canaux. 
Des  explorations  furent  faites  et  le  résultat  fut  le  chaînon  d«^s 
canaux  actuels. 

Alors  comme  aujourd'hui,  la  tlitiicullé  du  choix  entre  la 
live  nord  et  la  rive  sud,  pour  éviter  les  rapides  des  Cascades, 
des  Cèdres  et  du  Coteau,  s<î  lit  sentir.  I^es  sentiments  furent 
partagés  ;  mais  [(}  crois  rester  dans  les  bornes  de  la  stricte 
vérité  en  allirmantque  toutes  les  explorations,  (|ui  f»irenl  fai- 
tes, furent  favorables  à  la  rive  sud,  tant  au  point  de  vue  de  la 
navigation  et  du  commerce  (]ue  de  l'économie. 

Cette  route  fut  choisie  en  1842  ;  les  travaux  furent  com- 
mencés dans  le  printemps  de  la  même  année,  et  h;  11  octobre 
1845,  le  canal  de  Beauharnois  fut  ouvert  au  trafic. 

Depuis  lors,  la  (construction  d'un  canal  aux  Cèdns  a  ren- 
contré peu  de  partisans.  M.  Masson,  ex  M.  P.  pour  Sonlanges, 
est  à  peu  près  la  seule  personne  qui  se  soit  Jjamais  donné  la 
peine  de  la  demander  de  temps  à  autre  dans  rintérét  des 
habitants  de  la  localité. 

Jl  fallait  toute  l'activité  et  l'esprit  d'entreprise  du  député 
actuel  de  Soulanges,  pour  faire  revivre  cette  vieille  <iuestion 
d'un  canal  sur  la  rive  nord. 

M.  Lanthier  a  été  le  candidat  des  partisans  de  ce  canal  j  il 
a  été  élu  comme  devant  ^tre  le  champion  quand  m«^me  de 


-■n^»-iMi*mmwm 


OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES 


il 


r^ette  cause  désespérée.  Aussi,  comme  il  le  dit  dans  une  let- 
tre publiée  dans  la  Minerve  du  24  mars  dernier,  son  pre- 
mier acte  politique  a  été  '•  d'engager  l'Exécutif  à  réparer 
l'erreur  de  1841" 

M.  fianthier  a  mis  tout  en  œuvre  pour  atteindre  sou  but, 
TirAce  à  l'appui  qu'il  trouva  dans  les  articlesjde  la  Minerve^  écrits 
par  M.  Oscar  Dunn,  natif  du  comté  de  Soulangos,  y  ayant  des 
intérêts  nombreux  et  faisant  même  partie  de  la  députation 
du  comté,  qui  tout  récemment  faisait  valoir  les  avantages  de 
la  rive  nord  auprès  du  Gouvernement,  la  question  du  canal 
des  Cèdres  est  devenue  à  l'ordre  du  jour. 

Bien  entendu,  l'exemple  d'un  organe  du  Gouvernement 
aussi  influent  a  trouvé  des  imitateurs,  (jui  ne  savaient  pa.s  ce 
qui  se  passait  derrière  le  rideau. 

Des  requêtes  recommandant  l'entreprise  furent  en  même 
temps  imprimées  et  répandues  dans  tout  le  pay;*.  Quelques- 
unes  couvertes  de  noms  intéressés  à  la  navigation  des  va- 
peurs,— chose  assez  facile  à  obtenir — sont  revenues  à  Ottawa, 
et  de  suite  le  député  de  Soulanges  cria  très  haut  que  le  com- 
merce demandait  le  canal  des  Cèdres  au  lieu  de  l'élargisse- 
luent  du  canal  de  Beauharnois. 

En  face  de  toutes  ct?s  intrigues,  de  ces  intluences  et  de  ces 
efforts,  les  habitants  du  comté  de  Beauharnois  comprirent 
que  leurs  droit?  acquis  étaient  menacés,  et  ils  résolurent  de 
les  faire  valoir  devant  le  pays.  A  une  assemblée  publique 
tenue  à  Valleyfield,  dont  l'initiative  leur  appartient,  je  fus 
chargé  de  soutenir  leurs  intérêts. 

Enfant  du  Comté  de  Beauharnois,  je  ne  pouvais  refuser  la 

lâche  honorable  qui  m'était  donnée,  toute  importante  qu'elle 
fût.  J'ai  donc  pris  sa  cause  et  je  commençai  à  la  défendre, 
comme  je  la  défends  encore  aujourd'hui,  gratuitement  et  do 
toutes  mes  forces.  Une  vive  discussion  a  été  engagée  avec  MXf. 
Lanthier,  Harwood,  M.  P.  pour  Vaudreuil,  L.  H.  Masson, 
ci-devant  député  pour  Soulanges,  le  Dr.  Fortier  de  St.  Clet, 
dans  le  journal  môme  qni  avait  ouvert  la  campagne  en  fa- 
veur d'un  canal  sur  la  rive  nord.  C'est  la  substance  do  cette 
discussion  que  je  dési''e  résumer  dans  cette  brochure. 


0  LA  QUESTION  DU  CANAL  DE  REAUHAUNOIS. 

Mes  adversaires  ont  diiréremment  jugé  mes  motifs  d  action. 
Les  uns  me  supposent  des  intérêts  de  propriété.  Mais  je  dé, 
clare  ici  que  je  n'en  ai  aucun,  ayant  depui?  longtemps  dispo- 
sé des  terres  que  je  possédais  dans  le  district.  D'autres 
m'ont  sonpçjonné  devisera  la  représentation  du  comté  do 
de  Beauharnois  aux  Gonnnunfjs,  à  la  place  du  député  actuel, 
M.  Robillard.  A  ceux-ci  je  dis  de  voir  M.  RobillArd  lui-même  ; 
el  je  n'en  ai  aucun  doute,  il  leur  donnera  une  réponse  sa- 
tisfaisante. D'ailleurs,  la  majorité  de  mon  adversaire  dans 
le  comté  de  Jacques-Cartier  n'a  pas  élé  assez  forte  pour  me 
faire  désespérer  d'y  avoir  succès  à  l'avenir. 

Je  n'ai  d'autre  intérêt  particulier  dans  cette  affaire  que 
celui  d'être  utile  à  mon  comté  natal  qui,  d'une  manière  spé- 
ciale, a  requis  mes  services  dans  celte  circonstance.  Et 
môme,  si  cet  intérêt  particulier  était  contraire  à  l'intérêt  gé- 
néral du  pays,  je  me  ferais  un  devoir  au  moins  de  garder  le 
silence.  C'est  donc  avec  la  ferme  conviction  que  la  cause  du 
comté  de  Beauharnois  est  celle  du  pays  tout  entier,  que  je 
soumets  au  public  quelcjnes  observations  sur  le  sujet,  obser- 
vations qui  sont  puisées  non  pas  dans  le  témoignage  ou  les 
aflîdavits  de  personnes  de  la  localité,  mais^à  des  sources  offi- 
cielles et  authentiques  ;  et  j'ai  confiance  que],le  lecteur  désin- 
téressé verra  facilement  que  tout  le  tapage  que  l'on  fait  au- 
tour de  nous  n"a  pas  d'autre  but  que  celui  de  servir^des  inté- 
rêts privés.  ' 


II 


HISTOUKJUE    DE  LA  QUESTION 

lo.  L'honorable  M.  Killaly  disait  en  1842, '(]ue  la  première 
exploration  des  lieux  fut  faite  environ  20  ans  auparavant, 
c'est  à  dire  vers  18-22,  par  un  ingénieur  [français  qui,  après 
avoir  examiné  les  deux  rives,  tra('a  le  canal  sur  le  côté  sud. 
''  Je  n'ai  pu,  "  ajoutait  le  Président  des  Travaux  Publics,  "  me 
'■'■  procurer  le  rapport  de  ce  monsieur,  mais^e  tiens  de  bonne 
''source  que  la  conclusion  à  laquelle  il  est  arrivé  est  celle  que 
"j'ai  indiquée.  " 


HISTORIQUE  DE  LA  QUESTION.  1 

L'honorable  M.  HarwooJ.  a  pins  tard  allirmé  que  M. 
Killaly  était  dans  rerreiir,  '■'  car,  "  disait  il  ''  suivant  les  infor- 
"  malions  que  j'ai  pu  obtenir,  cette  première, exploration  fut 
''  faite  par  un  arpenteur  canadien,  aux  frais  du  Seigneur  de 
"  Beauharnois,  et  fut  restreinte  à  la  rive  sud." 

2o.  Trois  explorations  de  la  rive  nord  furent  faites  eu  1833 
par  M.  J.  B.  Mills,  accompagné  de  M.  David  Thompson  et  de 
M.  Samuel  Kcefer,  (plus  tard  le  célèbre  ingénieur  en  chef  du 
Département,)  sous  la  direction  des  Commissaires  des  Tra- 
vaux Publics,  au  nombre  desquels  étaient  MM.  Harvvood  et 
de  Beaujeu,  les  propriétaires  des  seigneuries  deVaudreuilet  de 
Soulanges,  favorables,  bien  entendu,  au  projet  d'un  canal  au 
nord.  M.  Mills  examina  trois  routes  dllférenles,  et  malgré 
qu'il  crut  qu'un  canal  au  sud  était  très  faisable,  il  adopta,  pour 
des  raisons  militaires,  celle  qui  partant  de  la  pointe  à  McDo- 
nald, près  de  la  maison  de  M.  Simpson,  membre  du  parle- 
ment du  comté,  aujourd'hui  occupée  par  M.  Quiquorant  de 
Beaujeu  et  aboutissant  aux  Cascades,  était  formée  de  G.  7/3 
milles  de  canal  artificiel  et  7,  G'i;80  milles  de  rivière  navi- 
gable. 

Ce  tracé  fut  approuvé  par  M.  Wright,  le  fameux  ingénieur 
de  l'Erié,  qui  de  concert  avec  M.  Mills  avait  recommandé 
el  surveillé  la  construction  du  canal  de  Cornwall  ;  et  chose 
remarquable,  elle  fut  choisie,  bien  (jne  M.  Mills  fut  d'avis 
que  la  rive  sud  était,  géographi([uement  parlant,  la  route  la 
plus  naturelle  et  la  plus  directe,  "  the  inost  natural  and 
direct  route  fora  canal." — "  Ce  choix  fui  fait  "  disait  en  184-2, 
M.  David  Thompson,  devant  le  Comité  Spécial  de  l'Assemblée 
Législative  "  parce  que,  dans  la  pensée  de  ces  ingénieurs,  les 
"  bateaux  à  vapeur,  tant  pour  le  fret  que  pour  les  passagers, 
"  devaient  remplacer  entièrement  tous  les  autres  vaisseaux. 
"  Le  temps  et  l'expérience  ont  démontré  le  contraire  ;  et 
'^  c'est  ce  qui  est  cause  que  leurs  calculs  basés  sur  une  na- 
"  vigation  par  des  vapeurs  dans  0|  milles  de  canal  artificiel 
"  et  7.  G4/80  milles  do  rivière  sont  illusoires.  11  est  main- 
*'  tenant  admis  qu'un   canal   continu  du  lac  St.  François  au 


I 


8  LA  QUESTION  1)1'  CANAL  DE   BEaUHAKNOIS. 

"  lac  8t.  Louis  ost  iii(lispensal)le  à  des  vaisseaux  tirant  i) 
"  pieds  d'eau." 

M.  Mills  observe  dans  son  rapport  (ju'il  e.xisto  contre  la 
construction  d'un  canal  sur  la  rive  sud  une  objection  poli- 
tique si  grave  qu'il  n'ose  p;is  la  qualifier.  "  L'entreprise  " 
dit-il  ^'  doit  être  considérée  nationale  dans  son  caractère, 
"  et  par  conséquent  doit  être  fixée  à  l'endroit  où  elle  offre 
"  le  inoins  de  danger  en  cas  d'invasion  de  la  part  de  l'enne- 
mi." The  work  in  contcmplalion  muât  bc  considcred  national  ia 
ils  characler^  thcrcfove  ought  to  bc  so  located  as  to  be  Icss  in  dan- 
ger of  forcign  invasion. 

C'est  en  se  plaçant  à  ce  point  de  vue  que  M.  Wright  se 
rangea  de  l'avis  de  M.  Mills. 

M.  Gasey  ivaisonne  do  la  même  manière  :  "  Toute  la  ques- 
*'  tion  doit-être  ainsi  posée  :  les  avantages  commerciaux  des 
"  deux  rives  sont  égaux.  Au  point  de  vue  militaire,  un  ca- 
"  nal  au  nord  est  national,  tandis  que  s'il  est  fait  sur  le  côté 
"  sud,  il  sera  inutile  et  môme  nuisible.  Pour  cet»e  raison, 
"  une  petite  différence  dans  le  coût  no  devrait  pas  être  prise 
"  en  considération."     ^ 

Le  10  février  1834,  le  Comité  de  la  Chambre  d'Assemblée  du 
Bas-Canada  adopta  le  rapport  de  M.  Mills  ;  mais  il  ne  parait 
pas  qu'aucune  mesure  ait  été  adoptée  pour  le  mettre  à  exé- 
cution. 

C'est  la  ligne  de  M  Mills  que  les  partisans  actuels  de  la 
rive  nord,  et  entr'aulres,  M.  Harwood,  M.  P.  pour  Vaudreuil, 
voudraient  voir  acceptée  par  le  parlement  de  la  Puissance. 
Et  cependant  elle  a  été  tirée  sous  la  direction  de  deux  per- 
sonnes hautement  intéressées,  MM.  Harwood  et  do  Boau- 
jeu  ;  elle  a  été  choisie  sans  visite  de  la  côte  sud  du  fleuve  et 
seulement  au  point  de  vue  militaire,  qui  dominait  alors 
toutes  les  autres  considérations.  De  quelle  autorité  peut 
être  un  semblable  rapport,  aujourd'hui  que  l'intérêt  commer- 
cial est  seul  consulté  dans  l'examen  d'une  entreprise  de 
cette  nature  ? 

3o.  En   septembre  et  octobre  1834,  M.   Alex.  Stevenson, 


1 


HISTORIQI'E  I)K  l.\  QUESTION 


9 


! 
t  ff- 


asgisté  de  M.  Trudeau,  explora  la  rive  sud,  à  la  nvjuisition 
des  Commissaires  des  Travaux  Publies  du  Bas-Canada  et  de 
rhoiiorable  M.  Kllis.  Sou  raitporl,  à  la  date  du  10  FY'vrier 
1835,  est  favorable  au  tracé  du  caual  aetuel  de  Heauhar- 
nois.  Tl  ne  parait  pas  que  M.  Rtevenson  ait  alors  examiné 
la  rive  nord  ;  mais  il  le  fit  dans  la  même  année,  à  la  réquisi- 
tion de  MM.  Ilarwood  et  Simpson,  et  l'opinion  qu'il  leur 
donna  fut  qu'un  canal  routera  t  i»lus  cher  sur  la  rive  nord 
que  sur  la  rive  sud. 

En  1842,  M.  Stevenson,  parlant  de.-  ]»uv  routes  devant  le 
Comité  Spécial,  disait  :  "  J'ai  vu  le  rapport  et  les  estimés  de 
'•  M.  Mills,  et  d'après  la  connaisr,.  uce  que  j'"!  dos  lieux,  je 
^'  dois  dire  que  je  n?  puis  approuver  son  t'.acé." 

Li'avis  de  cet  ingénieur  mérite  l'atiei  lion  et  le  res|)ect  du 
public.  Sa  réputation  d'honnéie  homme  était  telle,  que 
même  après  avoir  été  employé  et  payé  par  M.  Ellis,  ses  ser- 
vices furent  requis  par  les  deuv  partisans  les  plu^  t^hauds 
d'un  canal  sur  la  rive  nord,  MM.  Harwôod  et  Simpson. 

M.  Lanthier  reproche  à  M.  Stevenson  d'avoir  été  payé  par 
M.  Ellis.  Tout  le  monde  connaît  que  le  Seigneur  df)  Beau- 
harnois  lit  usage  de  toute  son  influence  et  de  tous  les  moyens 
légitime?,  pour  assurer  la  construction  du  canal  de  Beauhar- 
nois.  C'est  toujours  ainsi  que  les  grandes  entreprises  se  font. 
Au  fond  on  trouve  toujours  l'intérêt  privé.  Cela  ne  veut 
pas  dire  que  lintérêt  public  est  négligé.  Qui  osera  dire  que 
de  chemin  de  fer  du  Pacifuiue  est  en  mauvaises  mains,  parce 
Sir  Hugh  Allan  et  ses  amis  ont  eu  le  contrat. 

4o.  La  sixième  ex[loration  fut  faite,  en  1834,  pour  le  Sei- 
gneur de  Beauharnois,  par  M.  N.  II.  Baird,  membre  do  la  So 
riété  des  Ingénieurs  de  Londres.  Il  partage  l'avis  d'un  canal 
sur  la  rive  sud  ;  mais  il  va  pins  loin  que  M.  Stevenson  ;  il 
veut  utiliser  la  petite  rivière  St.  Loiiis  et  y  faire  passer  le 
eanal  pour  cause  d'économie.  Ce  plan  a  été  généralement 
désapprouvé  à  cause  de  sa  longueur,  qui  est  de  15  milles; 
mais  il  n'est  pas  moins  vrai  qu'il  reconnaît  les  avantages 
de  la  rive  sud. 

5o.  En  1836,  MM.  A.  Larue  et  Henry   G.  Thompson   firent 


-mmwmrrrj^ 


10 


LA  QUESTION  DU  CANAL  DE  DEAUHARNOIS, 


une  autre  exploration  sous  la  direction  d'une  Gommissioa 
Spéciale,  dont  M.  John  Jones  était  le  président.  M.  LaRue  fui 
chargé  d'examiner  les  deux  lacs,  et  M.  Thompson  le  fleuve. 
et  l'opinion  de  ces  messieurs  n'a  rien  de  défavorible  à  la  cons- 
truction d'un  canal  sur  la  rive  sud.  Leur  explora/ion 
n'ayant  pas  été  complétée,  la  Commission  ne  fit  aucun  rap- 
port. 

Cependant,  M.  Jones  informait  le  Comité  Spécial,  en  184-2, 
que  ses  collègues  et  lui  étaient,  d'avis  de  recommander  la 
route  de  M.  Mills  des  Cèdres  au  Coteau,  et  une  route  entiè- 
rement par  terre  des  Cèdres  aux  Cascades.  La  partie  infé- 
rieure de  cette  route,  disait-il,  c'est-à-dire  de  la  Pointe  au 
Moulin  à  la  Pointe  à  Coulonge,  a  été  condamnée  par  la  Com- 
mission comme  n'ayant  pas  assez  d'eau,  there  not  being  sufficicnt 
water. 

60.  En  1838,  le  Colonel  Phillpotts  reçut  inslruciion  de 
Lord  Durham  d'aller  explorer  les  lieux;  il  fut  d'avis  de 
placer  le  canal  sur  la  rive  nord  du  fleuve,  pour  des  raisons 
militaires  seulement  ;  car  il  ajouta  qu'il  était  porté  à  croire 
qu'un  canal  au  sud  coulerait  moins  cher.  "I  am,  however, 
induced  to  believe,  Ihat  in  any  case,  it  may  be  found  possi- 
ble to  construct  a  canal  on  the  soulh  shore  cheaper  thau 
on  the  north."  . 

7o.  En  1839,  M.  David  Thompson  fut  autorisé  à  faire  une 
nouvelle  exploration,  qui  fut  également  favorable  au  canal 
de  Beauharnois. 

Dans  la  même  année  (1839),  le  Département  des  Travaux 
Publics,  ayant  été  requis  de  choisir  entre  les  dillerents  rap- 
ports des  ingénieurs  produits  jusqu'alors,  représenta  au  Gou- 
verneur-Général :  "  Qu'après  avoir  soigneusement  examiné 
''  les  rapports,  plansi  et  estimés  de  MM.  Baird  et  Stevenson  sur 
"  les  avantages  de  la  Seigneurie  de  Beauharnoispopr  la  cons- 
"  Iruclion  d'un  canal,  et  ceux  de  M.  J.  B.  Mills,  sur  ceux  des 
''  Seigneuries  de  Soula!iges  et  Vaudreuil,  poui  \c  munie  ob- 
"  jet,  ils  se  trouvent  in'.'apables  d'arriver  à  une  concluision  d^- 
"  finitive,   i'aule  d'informations  snlFisantes. 


HISTOIUQUE  DE  LA  QUESTION. 


11 


"  Le  Bureau  est  d'opinion  que  les  ingénieurs  qui  ont  été 
*'  employés  à  explorer  ces  routes  ont  borné  leurs  visites  à 
"  une  seule  rive  du  lleuve,  et  l.i  conséciuence  est  qu'aucune 
"  comparaison  n'a  été  faite  du  mérite  respectif  des  deux  ri- 


(t 


ves. 


Pour  cette  raison,  le  Bureau  des  Travaux  recommanda  une 
nouvelle  exploration. 

Malgré  tous  ces  rapports  et  les  cartes,  plans,  devis  et  esti- 
més qui  les  accompagnaient,  l'ancienne  législature  du  Bas- 
Canada  ne  pouvait  en  arriver  à  une  décision.  Le  pays  était 
Irop  tourmenté  par  des  divisions  intestines  pour  s'occuper  sé- 
rieusement d'une  grave  question  d'économie  politique.  Il 
fallait  l'union  législative  du  Haut  et  du  Bas-Canada  pour 
mener  à  bonne  fin  cette  grande  et  nationale  entreprise.  La  cons- 
truction du  canal  do  Cornwall  commencée  en  1834,  retardée 
par  la  rébellion  de  1837,  était  presque  terminée  ;  et  celle  d'un 
canal  tendant  à  relier  le  Lac  St.  François  et  le  Lac  St.  Louis, 
en  était  la  conséquence  indispensable. 

8o.  En  1841,  la  Chambre  d'Assemblée  fut  mise  en  posses- 
sion d'un  estimé  du  coût  d'un  canal  par  la  route  Mills,  pré- 
paré par  M.  Samuel  Keefer,  dans  le  cas  où  elle  serait  adop- 
tée. Le  total  s'élevait  à  £255,900.  M.  Keefer  ajoutait  qu'une 
épargne  d'à  peu  près  £50,000  serait  le  résultat  du  choix  de 
la  rive  sud. 

M.  Killaly  disait,  en  1842,  devant  le  Comité  Spécial  que  cet 
estimé  ne  fut  soumis  qu'avec  l'entente  expresse  que  le  canal 
serait,  fait  sur  le  côté  sud,  et  l'on  sait  que  Lord  Sydenham 
recommanda  alors  la  rive  sud. 

Oo.  Toutes  ces  circonstances  et  les  rapports  contradictoires 
de  quelques  ingénieurs  démontrèrent  au  Gouvernement  la 
nécessité  d'avoir  une  exploration  présidée  par  une  personne 
désintéressée.  Tout  naturellement,  celte  lâche  fut  confiée  à 
M.  Keefer,  l'ingénieur  en  chef  du  Département,  n'aya.it  d'in- 
térêt ni  pour  un  parti,  ni  pour  l'autre.  C'est  en  janvier,  1842, 
qu'il  reçut  instruction  d'explorer  les  deux  côtés  du  fieuvo  et 
de  faire  rapport  de  la  meilleure  route,  aussitôt  (jue  possible. 
M.  Keefer  était  assisté  de  M.  Cowley. 


12 


r.A  QUESTION  Ht:  C.-VNAI.  DE  UEALHARNOIS. 


Le  17  février,  M.  Keefer  rupréseiitailau  Départemoiil  :  "La, 
"  meilleure  roule  pour  unir  les  eaux  des  deux  lacs  a  été 
"  l'objet  de  longues  réflexions  de  ma  part.  Vous  savez  que 
"  j'ai  accompagné  M.  Mills  dans  son  exploration  des  trois  rou- 
"  tes  de  la  rive  nord  ;*  par  consériucnt,  je  les  connais  toutes 
"  parfaitement  et  je  n'hésite  pas  à  exprimer  l'opinion  que  la 
^''  route  de  M.  Stevenson,  ou  une  autre  rapprochée,  est  la 
'•  plus  économique  et  la  meill'iure,  t^of  onltj  Ihe  rhmpesf.  but 
"  the  bfist  in  euery  rcspfct. 

lOo.  Ce  rapport  est  encore  confirmé  par  M.  Charles  Mail- 
land  Tate,  chargé  par  le  Département  d'examiner  le  chenal 
sud  du  fleuve,  entre  la  Grande  Ile,  St.  Timothée  et  Valleyfleld. 
M.  Tate  conclut  ainsi  : — "Je  termine  par  une  observation 
"  générale  :  Si  l'on  considère  la  distance  entre  le  niveàu 
*'  de  l'eau  des  deux  lacs,  et  l'étendue  des  chûtes  qu'il 
"  faut  surmonter,  il  semblerait  que  la  nature  a  singuliète- 
"  ment  compensé  ces  énormes  désavantages  par  les  facilités 
"  extraordinaires  que  la  rive  offre  pour  établir,  à  des  frais 
'*  modérés,  une  navigation  artificielle  efficace  et  permaneii 
"  te." 

1 1'».  Le  Président  du  Bureau  des  Travaux,  M.  Killaly,  assis- 
ta en  personne  à  l'exploration  que  fit  M.  Keefer  do  la  partie  la 
plus  importante  de  la  rive  sud,  afin  de  pouvoir  juger  par  lui- 
même  de  la  valeur  des  objections  que  les  Seigneurs  de  Sou- 
langes  et  de  Vaudreuil  et  le  député  du  comté,  M.  Simpson, 
soulevaient  contre  elle.  C'était  sa  deuxième  visite  des  lieux, 
la  première  ayant  eu  lien  en  1849.  Ingénieur  d'une  grande 
expérience,  familier  avec  la  rive  nord,  étranger  au  pays  et 
n'ayant  aucun  préjugé  dé  loc  ilité,  son  opinion  seule  était 
une  autorité.  Il  se  prononça  en  faveur  de  la  route  recom- 
mandée par  MM.  Stevenson  et  Keefer.  "  I  déclare  "  disait-il  de- 
vant le  Comité  Spécial  "upon  thehonourof  agiMiileman,  Ihat 
"  my  flrmbelief,  after  haviiig  anxiously  n^llected  npon  thi.s 
*'  subject  for  more  than  ayear,  entirely  concnrs  witK  tlie  opi- 
"  nion  of  those  gentlemen.  "  Aussi  le  13  juin  1842,1e  Conseil 
Exécutif  adopta  la  ligne  ncUielle  du  Canal  de  Beauharnois, 


HlS'roniyUE  DE  t. A  yi  ESTION, 


13 


et  le  même  joui'  rv  choix  fui    approuvé  par  \o  gouvern^Mir 
général. 

ï>a  nouvelle  de  relie  dérision  suivie  du  comuienoemenl 
inunédial  des  travaux,  dans  le  but  de  relenir  dans  la  Pro- 
vince les  centaines  d'émigrés  qui  y  arrivaient,  tomba  sur  les 
liabitants  de  la  rive  nord  tomniG  un  coup  do  foudre.  I.a  lut- 
te entr«;  les  habitants  de  la  rive  nord  et  eeux  de  la  rive  sud, 
toujours  viv(\jusqu  alors,  devint  uno  j^Mierre  acharnée. 

Do  tout  temps,  les  comtés  de  Boulanges  et  de  Vaudreuil. 
tout  en  prolestant  de  leur  désiutéresstiment,  lirenl  wno  oppo- 
sition obstinée  à  la  Seignerie  de  Reauharjiois.  A  commeneei- 
de  1834jus(ju'à  I8i"2,  l'on  voit  i'aul  Timothé*;  Massou  el(i. 
Beaudet,  Ecrs.,  memhres  pour  le  comté  i.'t  It^s  Seigneurs  de 
lieanjeu  r\  If.irwoofl.  lucllre  tout  en  u'uvrc  pour  atteindre 
bMir  but. 

li'c  lecteur   [leul  s'imaginer  Tindignatiou  de  tous  ces  inté- 
ressés en  ap[irenanl   la  décision  du  gouveivneuKMjl,     I/agila 
lion  était  à  son  comble,  encouragée  comme  elle  letail  par 
b>s  familles  les  plus  iulluenlesdu  district,  les  llaiwood.les  de 
iieanjeu,  les  Beaudet,  les  Massou. 

On  fait  signer  des  re([uèles  en  masse,  dans  lesquelles  on  ne 
craint  pas  d'afbrmer  ''  ([u'un  système  de  favoritisme  a  été 
''  mis  en  usage,  au  détriment  de  l'intéi'ét  public,  et  de  de 
"  mander  (ju  une  exploration  sur  terre  et  sur  eau  soit  faite 
'^  des  deux  rives  du  deuvi»  par  des  personnes  ((('■sintà't'ssh's  /■/ 
"  roui/K'Ienfes  n'm/anf  au,cun  rapport  avrcle  Bureau  des  Tmvnu.r 
'•  diinx  Irqui'l  Ifx  r<'(j\i.nitnh  (Ivrlaretl  qu'lh  n'ofil  iiucun*'  t'on- 
^'-  fiance.  '" 

M.  Simiison  envoie,  eu  même  leiups,  au  gouverrienvvnt  iiti 
protêt  solennel. 

Kniin,  j)our  mieuv  l'aire  face  au  Président  Killaly,  à  l'on- 
vertu ro  de  la  Chambre.  M.  Ilarwuod  et  lui  retiennent  les 
Horvices  de  M.  \V.  l\.  (^asey,  ingénieur  do  New-York,  em- 
ployé pondant  plusieurs  années  à  diverses  explorations  dans 
les  deux  Canadas.  Af,  Casey  parcourt  à  la  hAtc  la  rive  nord  ; 
il  ne  prend  pasniéme  lelemj>s  de  faire  ses  calculs.   Kn  fidèle 


HHiaiililIlHIli 


14 


LA  QUESTION  DU  CANAL  DE  REAUHARNOIS. 


serviteur,  comprenant  les  vues  de  ses  maîtres,  il  leur  fait  ré- 
ponse que  le  gouvernement  est  dans  l'erreur. 

Le  protêt  de  Mr.  Simpson  fut  communiqué  à  M.  Killaly 
qui,  le  1er.  Août,  répondait  entr'autres  choses  :  — "  Tou- 
"  tes  ces  différentes  ligner^  tirées  depuis  l'année  1833  jus- 
*'  qu'aujourd'hui  et  coUpant  la  localité  dans  toutes  les 
"  directions,  l'information  reçue  de  l'ingénieur  du  Bu- 
**  reau,  qui  est  familier  avec  les  lieux,  particulièrement 
"la  rive  nord, —  ayant  été  l'assistant  de  M.  Mills  dans 
"  ses  explorations, — le  rapport  si  satisfaisant  de  M.  Steven- 
*'  son  en  faveur  d'un  canal  sur  la  rive  sud,  soutenu  de  MM. 
"  Baird,  Keefer  et  Tate,  et  ma  propre  expérience  m'ont  entiè- 
"  rement  convaincn  que  la  rive  sud  est  le  site  propice  où 
"  doit  être  construit  le  canal.  " 

12o.  La  résolution  du  gouvernement  canadien  ayant  été 
transmise  au  gouvernement  impérial  le  19  juillet,  y  fut  ap- 
prouvée le  26  août.  Lord  Stanley,  secrétaire  des  colonies, 
disait  dans  sa  dépêche  :  "  Je  dois  confesser  que  ce  n'est  pas 
"  sans  regret  que  je  consens  à  faire  le  sacrifice  des  avantages 
"  militaires  que  présente  la  rive  nord  ;  mais  je  dois  admet- 
"  tre  que  pour  les  raisons  que  vous  m'avez  données,  l'incon- 
"  vénient  sera  de  beaucoup  moindre  qu'il  paraissait  d'abord." 

13o.  Il  faut  observer  ici  que  le  choix  du  gouvernement  re- 
çut l'approbation  du  commerce  de  Montréal,  de  Québec  et  de 
toute  la  presse  du  pays,  à  l'exception  de  la  vieille  Çucbcc  Ga- 
xette.  La  Chambre  de  Commerce  de  Montréal  se  fit  même 
un  devoir  de  se  rendre  auprès  du  Gouverneur  et  de  lui  de- 
mander l'exécution  immédiate  des  travaux. 

14o.  Un  mot  de  l'exploration  de  M.  Gasey,  ce  chercheur  de 
places  négligé  par  le  département  des  Travaux  Publics. 
Il  faut  dire  d'abord  que  M.  Casey  n'a  pas  fait  la  visite  des 
diverses  routes  qui  furent  recommandées  ;  il  ne  prit  môme 
pas  la  peine  de  faire  un  estimé  du  côut  probable  d'un  canal 
sur  la  rive  nord  ;  il  no  fit  aucune  exploration  de  la  rive  sud 
qu'il  connaissait  à  peine  ;  son  but  principal  et  pour  ainsi  dire 
uniquo  était  de  critiquer  le  rapport  du  président  Killaly  ei 


HISTOniQUE  DE  LA  QUESTIOX. 


15 


d'assurer  son  renvoi  par  la  législature  à  la  session  qui  allait 
s'ouvrir.  Ces  faits  ne  peuvent  être  niés  ;  ils  sont  admis  par 
M.  Casey  lui-même,  dans  ses  réponses  comme  témoin  devant 
le  Comité  Spécial  de  la  législature  en  1842.  A  la  question 
295,  M,  Casey  répond  :  "  J'ai  été  employé  par  MM.  Simpson  et 
Harwood.  "  A  la  question  29G  :  "  Je  les  ai  informés  que  la  dif- 
férence entre  le  coût  d'uii  canal  au  sud  serait  en  moins  d'une 
fraction  de  £100,000."  A  la  question  301  :  "  La  mappe  des 
ravins  que  j'ai  préparéen'est  pas  correcte  ;  mais  le  profil  l'est." 
A  la  question  305  :  "  Je  n'ai  pas  eu  le  temps  de  corriger  cette 
mappc.  "  A  la  question  312  :  "  Cette  mappe  à  été  faite  pour 
plaire  à  M.  Harwood.  "  A  la  question  89  :  "  Je  n'ai  pas  examiné 
minutieusement  la  terminus  ouest  du  canal  au  sud,  entre  l'Ile 
aux  Chats  et  la  terre  ferme.  "  A  la  question  108  :  "  Je  n'ai 
aucune  connaissance  du  terminus  à  l'est  des  deux  côtés  du 
lac  St.  Louis.  "  A  la  question  43  :  "  J'ai  acquis  l'expérience 
que  j'ai  du  sud,  à  Laprairie,  en  1834,  1835  et  1836  :  "  A  la 
question  299  :  "  Je  n'ai  pas  fait  un  estimé  complet  et  détaillé 
du  coût  d'un  canal  sur  la  rive  nord.  "  A  la  question  102  :  "  Je 
ne  puis  pas  dire  s'il  y  a  du  côté  sud  des  rivières  comme  la 
Rivière  à  de  Lisle,  la  Rivière  Rouge  et  la  Rivière  à  la  Graisse.  ' 

Enfin,  îe  travail  de  M.  Casey  fut  si  incomplet qu'jl  fut  forcé 
d^admettre  qu'il  lui  fut  impossible  do  faire  un  rapport  com- 
plet à  ses  patrons. 

15o.  La  session  de  la  législature  était  à  peine  ouverte  que 
M.  Simpson,  secondé  par  l'Hon.  M.  Moffat,  demanda  une 
enquête  sur  la  conduite  du  Bureau  des  Travaux,  au  sujet 
da  canal  du  Bcauharnois.  Un  Comité  Spécial,  composé  de 
MM.  Merritt,  Cameron,  Parent,  Sir  Allan  MacNab,  Dunscoml) 
du  moteur  et  du  secondeur,  fut  de  suite  nommé.  Un  amen- 
dement proposé  pour  rendre  à  neuf  le  nombre  des  membres 
du  comité  fut  rejeté.  C'est  alors  que  l'on  fit  le  procès  on  règle 
de  M.  Killaly.  Ministres,  membres  de  la  législature,  ingé- 
nieurs, pilotes,  marchands,  cultivateurs,  tous  ceux  enfin 
ayant  quelque  connaissance  sur  le  sujet,  bien  ou  mal  fondée, 
furent  assignés.  Le  fameux  gros  Jacques,  qui  fit  sauter  le 
premier  steamer,  le  "  Lord  Sydenham,  "  dans  les  rapides  de 


16 


LA  QUESTION  DU  CANAL  DE  UEAIJHARNOI?. 


Prescoll  ù  Montréal,  fut  aussi  enterKiir.  Il  n'y  eut  pas  niemft 
jusqu'au  médecin  du  Cùlean,  lo  Dr.  Loy,  qai  n'ait  été  appelé 
on  consultation.  Dos  contradictions  flagrantes  existent  dans 
la  plupart  do  ces  dépositions,  et  l'on  fait  dire  à  dos  témoins 
des  choses  que  l'expérience  a  depuis  démenties.  Aussi  le  Co- 
mité, quoique  composé  au  gré  et  an  désir  de  M.  Simpson,  se  vil 
dans  la  nécessité  de  faire  rapport,  le  \-2  octobre  184"2,  "  qu'il 
"  était  incapable  d'arriver  à  une  conclusion,  à  ;'aison  de  la 
"  nature  pai-culière  du  sujet  et  des  données  contradictoires 
"  qui  lui  furent  fournies  tant  par  les  houimes  dt>  la  «ciencf 
"  que  par  les  hommes  pratiques.  '" 

l()0.  Le  Canal  dn  Hoaubai-nois  fut  donc  constiuit  de  1H4'2  à 
1845,  et  depuis  cette  époque  jusqu'à  li->70,  l'on  n'a  plus 
entendu  parler  du  Canal  des  Cèdres.  Les  anciens  petits 
canaux  se  sont  remplis  ;  le  couuuerce  de  la  rive  nord,  autre- 
fois florissant,  se  ralentit  jusqu'à  ce  iiu'enfiu  il  tomba  pai- 
terre,  d'où  il  ne  s'est  plus  reU'vé.  C'est  ce  que  M.  Massuii 
est  forcé  d'admettre. 

'^  Nous  tous,  s'écrie  t-il,  (/ui  avons  été  ruiiii^s  liatm  nospro- 
"  prictés^  et  qui  n'avons  pas  reçu  la  moitié  de  ce  e/ue  nous  acotn^ 
*'  eu  ù  souffrir  ei  de  ce  que  nous  souffrons  encore  jtnr  ngnoranv* 
'■'•  et  la  mauvaise  foi  des  inqcnieurs^  {[ui,  sous  riniluence  «lu 
"  magnétisme  de  M.  Wakefield,  ont  conseillé,  aidé  la  cons- 
'•  truction  d'un  canal  au  sud  du  fleuve,  tandis  que  la  voie  na- 
''  turelle  de  ce  canal  est  ceUe  du  nord  des  Rapides,  «'le,  et»-. 

De  là,  les  efforts  actuels  faits  par  les  habitants  de  cette  ré- 
gion pour  obtenir  le  canal  de  leur  enté  au  lien  de  l'élargis- 
sement du  canal  de  Beauharnois.  Ils  ne  se  contentent  pa» 
du  travail  incessant  de  b^urs  dignes  représentants  dans  l»'s 
Communes,  MM.  Lantbier  et  llarwood.  Fidèle  à  la  mission 
de  ses  prédécesseurs,  le  médecin  de  l'iuie  des  paroisses  de 
Soulanges,  le  Dr.  Fortier,  de  St.  Clet,  s(i  lan<:e  corps  et  Ame 
dans  la  discussion.  M.  Masson  cioil  devoir  faire  un  appel 
chaleureux  à  ses  anciens  amis  du  comité  de  la  pipe.  Knfiu, 
pour  assurer  le  succès  de  la  cause,  l'on  supplia  M.  Cauchpu, 
qui  ne  voit  que  contrais  en  tout  et  partout,  de  faire  entendre 
sa  voix  puissante  ;  et  depuis  quebiues  jours,  ses  j^rognemenfi» 


' 


1 


HlSTOniQl  E  L)i:  LA  (JLESTU»N. 


17 


' 


retanlissenc  dans  tout  le  pays,  il  nen  lallail  pas  plus  pour 
donner  le  coup  de  mort  au  canal  des  Cèdres,  lar  ce  déver- 
gondé politique  salit  tout  ce  (lu'il  touche. 

Il  est  si  vrai  que  l'initiative  de  cette  ([uestiou  part  ilu  comté 
de  Boulanges  ([ue  la  Gonmiission  du  Gouvenieinent,  à  la  date 
du  IG  novembre  1870,  adressée  à  Sir  liugh  Allan,  P.  (.iar- 
iieau  et  autres,  n"ôii  dit  pas  un  seul  mot. 

M.  Masson  est  le  seul  qui  y  ait  fait  allusion  A  part  Thojiora- 
Itle  membre,  tous,  chambres  de  Commerce  comme  expédi- 
lionnaires,  au  nombre  desquels,  on  trouve  des  noms  comme 
les  Winn,  les  Rimner,  les  Guilmour,  les  McFiennan,  n'ont 
recommandé  que  Télargissement  des  canaux  en  général 
et  du  canal  de  Beauharnois  en  particulier  ;  el  n'en  déplaise 
à  M.  Lanlhier,  le  rapport  des  Connnissaires,  à,  la  date  ihi  t?i 
lévrier  1871,  est  en  faveur  di^  rélargissement  de  ce  canal 
et  non  de  la  construction  d'un  nonveau  canal  au  nord. 
'•  Vne  grande  diflérence  d'opinion,  disenl-ils,  a  existé  depuis 
'•  le  commencement,  et  existe  encore  aujourd'hui  au  sujet  de 
'■  la  meilleure  route  à  suivre.  Plusieurs  soutieiuient  (|ue  j90/o* 
'■•  ifes  fins  niilUairesAc  C3.nii\  aurait  du  être  construit  sur  le 
'•  coté  nord;  d'aiilivs  sont  d'avis  <|ue  sa  position  naturelle  est 
'■  celle  où  il  est.  Les  Commissaires  n'ont  p;is  l'intention  de 
•••  toucher  à  cotte  ([uestion.''  A  la  pai^e  70  de  leur  i-apport,  les 
(Commissaires  recominandeut  l'élargissement  des  canaux  du 
St.  Laurent,  dont  fait  certainement  partie  celui  de  He'auha:- 
iiois,  ce  qui,  disent-ils,  contera  S:?, I1>0,00<). 

M.  Masson  prétend  (jue  les  Commissaires  ii'avaieni  pas  le 
pouvoir  défaire  rapport  sur  la  nécessité  d'un  canal  au  nord. 
Jl  faut  pourtant  dire  ([ue  les  formes  de  leur  mandat  ne  jus- 
tifient pas  cet  avancé.  Les  Commissaires  étaient  autorisés 
de  s'enquérir  généralement  des  meilleuis  moyens  d'attirer  le 
urand  connuerce  de  lOuest  au  («luada. 


)-> 


Cela  est  si  vrai  que  Ihonor.ible  M.  Langevin  l'ais?»it  rapport 
eu  1871  (|ue  les  Commissaires  avaient  refusé  d,'examiner  la 
«luestion  et  recommandaient  l'élargissement  du  canal  'de 
lieauharnoi?.     "  With  référence  to   ihis  canal,  dit  il,  whilt; 


18 


LX  QUESTION  DU  CANAL  DE    DEAUHARNOIS. 


4i-- 


f: 


fi  ! 


"  dcclining  to  consider  Ihe  question,  as  to  whotlier  it  sliould 
"  be  located  on  Ihe  North  or  South  side  of  the  River,  tlie 
"  Gommissionersrecommend  itsenlurgoment  to  the  standard 
"  fixed  for  the  Welland  canal." 

M.  Lanthier  observe  que  Sir  Iliigh  Allan  et  le  haut  com- 
merce ont  signé  une  requête  demandant  la  construction  du 
canal  des  Cèdres.  M.  Lanthier  sait  pourtant  que  des  maisons 
commerciales  comme  Sincennes  et  McNauglon,  the  Auger 
Shipping  Co.,  the  Montréal  and  Ottawa  Forvvarding  Co.,  the 
Ottawa  and  Rideau  Forwarding  Go.,  ont  pétitionné  dans 
un  sens  contraire.  Et  M.  Lanthier  peut-il  mémo  se  vanter 
que  la  Chambre  de  Commerce  de  Montréal  lui  soit  favora* 
rable  ? 

L'opinion  de  Sir  Hugli  est  toujours  une  autorité  dans 
les  matièies  mercantiles,  mais  dans  le  cas  actuel  elle 
doit  être  acceptée  avec  réserve.  Je  préfère  celle  qu'il  expri- 
ma en  1871,  comme  président  de  la  Commission  des  canaux. 

Sir  Hugh  ne  songeait  pas  alors  à  devenir  le  président  du 
chemin  de  fer  du  Pacifique  ;  il  ne  pensait  pas  au  contrat  ;  il 
ne  prévoyait  pas  les  difficultés  constantes  et  graves  que  l'on 
suscite  contre  le  chemin  de  fer  do  Colonisation  du  Nord,  et 
qui  niera  que  dans  une  rencontre  heureuse.  Sir  Hugh  aurait 
dit  au  député  de  Soulangcs  ou  à  ses  amis  ;  "  Aidez  moi  et  je 
vous  aiderai.'^  .     . 

D'ailleurs,  comme  préaident  de  la  Compagnie  Canadienne 
"de  navigation,  Sir  Hugh  a  intérêt  à  la  construction  du  canal 
des  Cèdres,  par  les  deux  ravins,  qui  serait  plus  favorable  à  la 
navigation  dai leurs  gros  bateaux  à  vapeur  qu'un  canal  en- 
tièrement par  terre,  et  aurai^  pour  résultat  de  mettre  fin  au 
transport  des  marchandises  dans  des  barges  et  des  vaisseaux  à 
voiles. 

Enfin,  en  1872,  lorsque  le  Gouvernement  Canadien  proposa 
au  Gouvernement  Impérial  de  ratifier  le  Traité  de  Wash- 
ington, il  la  condition  que  la  Grande-Bretagne  se  portât  cau- 
tion du  Canada  pour  un  emprunt  de  £4,000,000,  il  fut  ques- 
tion do  l'élargissement  des  canaux  seulement; et  l'emprunt 


HISTORIQIE  DE  LA.  QUESTION. 


19 


JC 


au 
X  à 

osa 
sh- 
au- 
les- 
imt 


, 


ne  fut  demandé  et  ne  fut  autorisé  en  partie  par  le  Gouver- 
nement Impérial  qu'avec  l'entente  expresse,  qu'il  serait 
appliqué  à  la  construction  du  chemin  de  fer  du  Pacific  et  à 
ramôlioralion  et  l'élargissement  des  canaux  canadiens,  the 
improvemcnt  and  cnlargcment  of  the  Canadian  Canals. 

Résumons  ces  données  de  l'histoire.  La  rive  sud  a  été 
recommandée  tant  au  point  de  vue  de  la  navigation  que  de 
l'économie,  par  l'ingénieur  français  ou  canadien  dont  parlent 
MM.  Killaly  et  Ilarwood,  i)ar  MM.  Stevenson,  Baird,  David 
Thompson,  Keefer,  Tate,  Killaly  et  le  gouvernement  cana- 
dien ;  elle  a  été  acceptée  par  le  gouvernement  impérial  ; 
elle  n'a  pas  été  condamnée  par  MM.  Henry  G.  Thomson  et 
LaRue.  Malgré  ce  qu'en  dit  M.  Masson,  ces  ingénieurs  ne 
pouvaient  être  tons  des  ignorants  et  des  hommes  de  mauvaise 
foi,  et  tous  achetés. 

La  rive  nord  n'a  été  recommandée  par  MM.  Mills,  Wright 
et  Philpotts  que  pour  des  raisons  militaires  ;  et  elle  n'a  été 
favorisée  par  M.  Casey  que  parce  qu'il  était  soldé  par  MM. 
Harwood  et  Simpson. 

Le  canal  de  Beauharnois  a  reçu  l'approbation  tacite  du 
Comité  Spécial  et  l'assentiment  formel  de  l'Assemblée  Légis- 
lative, qui  vota  Us  sommes  nécessaires  pour  sa  construction. 

M.  Lanthier  affirme  que  l'histoire  du  canal  de  Beauhar- 
nois forme  une  des  pages  les  plus  sales  de  notre  histoire  par- 
lementaire. Au  nom  des  Moffat,  des  Bouthillier,  des  McNab, 
des  Berlhelot,  des  Taché,  des  Papineau,  des  DeWitt,  des 
Taschereau,  des  Viger,  des  Smith,  des  Hincks,  des  Aylvvin, 
des  Baldwin,  des  Quesnel  et  de  taut  d'autres  députés  intè- 
gres et  honorables  qui  composaient  l'assemblée  législative 
d'alors,  je  demande  au  député  actuel  de  Soulanges  de  prouver 
la  grave  accusation  qu'il  porte  contre  le  caractère  des  repré- 
sentants du  peuple. 

Que  faut-il  donc  de  plus  pour  convaincre  le  lecteur 
désintéressé  et  impartial  que  les  objections  que  l'on  soulève 
aujourd'hui  contre  l'élargissement  du  canal  de  Beauharnois^ 
n'existent  que  dans  l'esprit  de  personnes  plus  intéressées  au 


20 


F.A   01  F.STION   lil     «ANAl.   [>!•:    HK  \l  MA  llNnlS. 


I 


y.rogiès  (onimcicial  ilos  Casradcs,  des  Cidres  et  du  (îôleau  et 
des  canipaf,Mies  enviroiinaiiU^s  ({ii'à  la  prospérité  du  pays  on 
général  ?  En  présen«'e  de  celte  autorité  de  l'histoire,  plus 
forte  que  toutes  les  suppositions  du  raisonnenieut,  t;onimeiit 
se  fait-il  (jue  la  Minerve^  la  GuzcUe  et  «|uel(|ues  autres  jour- 
luiux  à  leur  suite,  entraîné»  saus  aucun  doute  )iar  le  jtoids 
de  l'exemple,  aient  épousé  une  rause  ronibattue  pnr  leurs 
précéco^Jseurs,  et  cela  saus  attendre  (jue  le  rapport  d'une 
nouvelle  exploration  leur  ait  donné  au  moins  un  st'mldant 
de  raison. 


lU. 


LA   S\ISON  DK  NAVICATION     KST  PLI.S  LONdUK  l'Ail    I.K  Si;n. 

La  route  Stevenson  a  été  choisie  à  cause  de  sa  supériorité 
sur  tontes  les  autres  lignes,  tant  an  point  de  vue  de  la  navi- 
,u;ation  et  du  commerce  que  de  l'économie.  N'ayant  «jue  H]- 
milles,  elle  est  j)lns  courte  qu'aucune  autre.  Ce  tait  est  incon- 
testable :  il  est  admis  par  tons  les  ingénieurs,  M.  Casey  lui- 
même.  Le  tableau  suivant  indique  la  lou,G:enr  de  eha(iu<» 
rmite. 

milles 
lloute  parterre  et  tm  plein  lleuve  on  Houle  Mills....     14,54 

Honte  ])ar  terre  au  nord  le  lon^  du  lleuve l-i/)-? 

lloute  Harwood 15.  i 

Route  Stevenson  ou  du  canal  de  lieauhai-nois '  ••  | 

Honte  Haird  on  par  la|l»i\M''re  St  Louis !5.(Î0 

Non  seulement  la  distance  est  moindre,  mais  encore  |,-i  na- 
vigation par  le  canal  de  lieauharnois,  ayant  moins  d'éclu- 
sage,  est  plus  rapide  qu'elle  ne  le  serait  an  noi-d.  FI  est  re- 
connu que  la  route  Mills  est  impraticable  (vu  lo  courant  et 
qu'il  n'y  a  pas  assez  deau  dans  le  ravin  do  la  Pointe  au 
Moulin),  et  qu'un  canal  -;;u  Nord  devi-ait  être  entièrement 
lait  par  terre  le  long  du  lleuve.  Alors  ou  trouvera  ce  nom- 
bre d'écluses  : 


nt 


r.\  SAISON  DE  NAVIGATION  EST  PMJS  LON(;iIE  PAR   LE  Sl'D.  21 

Kcliis<^s 
Canal  de  lieaulianiois 9 

Route  par  terre  au  norl  le  long  du  fleuve —  10 

Route  Harwood 11 

Roule  Mills 9 

Route  Baird 9 

Malgré  les  contradit  tious  de  MM.  Lanthier,  Ilarvvood  ot 
Masson,  le  canal  de  Beauhainois  ofTre  une  saison  de  navi- 
gation plus  longue  qu'un  canal  au  nord,  parce  que  la  glace 
prend  plus  tôt  et  part  plus  tard  dans  la  baie  d'eau  calme  et 
l)asse  qui  existe  au  pied  des  Cascades.  C'est  ce  qui  a  été 
<onslaté  non  pas  par  des  habitants  de  St.  Zotique  qui  deman- 
dent tous  à  grands  cris  la  construction  du  canal  des  Cèdres, 
mais  par  des  étrangers  non  moins  familiers  avec  les  lieux. 
L'afïidavit  circonstancié  de  M.  Monarque,  de  Lachine,  le  té- 
moignage de  M.  D'aoust,  de  Montréal,  natif  de  l'Ile  Perrot, 
de  M.  Ouellette,  de  Lachine,  l'un  de  nos  plus  anciens  pilotes, 
de  M.  J.  13.  Auger,  président  d'une  puisi»ante  compagnie  de 
transport  et  l'un  de  nos  navigateurs  les  plus  expérimen- 
tés et  les  plus  intéressés  à  l'amélioration  des  canaux,  (qui  ont 
été  publiés  dans  La  Minerve^)  défient  les  contradictions  et  les  dé- 
négations de  nos  adversaires. 

M.  Lanthier  observe  à  ce  sujet  :  "  Ce  gros  fait  aurait  été 
signalé,  s'il  avait  été  fondé,  avec  beaucoup  de  force,  devant  un 
Comité  où  tout  fut  mis  en  œuvre  pour  déprécier  la  rive  nord." 
L'honorable  député  me  permettra  d'attn'cr  son  attention  sur 
les  lignes  suivantes  que  je  lis  dans  les  pièces  qui  font  partie 
du  "long  document  "  qu'il  dit  avoir  examiné  avec  soin. 

A  la  question  83,  devant  le  Comité  Spécial  : — "  Quelle  peut 
être  la  différence  entre  la  rive  nord  et  la  rive  sud  à  l'égard 
de  la  glace  ?  L'un  des  témoins,  M.  DeWitt,  disait  :  "  that  the 
navigation  is  open  two  or  three  weeks  longer,  on  the  Beauhar- 
nois  side  in  the  fall,  and  opens  two  or  three  weeks  earlier  in 
the  spring."  Ce  fait  fut  aussi  établi  par  MM.  Charles  Manuel, 
Pierre  Leduc,  Charles  LaRocque  et  autres. 

Dans  un  état  comparatif  des  avantages  et  desdésavantage.s 
des  doux  rives,  à  la  date  du  10  Octobre  1842,  M.  Keefer  affirme 


mmamMmmmm 


n 


LA  QUESTION  DU  CANAL  DE    BEAUIÎfcRXOIS, 


t' 


que  le  canal  (\(i  la  l'ive  sud  "  pourra  être  navigué  deux  ou 
trois  semaines  do^plus  par  saison  que  celui  de  la  rive  nord  '' 
It  can  le  navifjaUd  two  or  Ihrcc  ivceks  more  cvenj  season  Ihan 
ihe  one  on  ihc  norlh  side.  Dans  son  rappoil,  à  la  dalo  du  17 
février  de  la  même  année,  le  même  ingénieur,  parlant  de  la 
rive  sud,  s'exprime  ainsi  :  ''  La  ligne  est  continue,  éloignée 
du  fleuve  et  libre  des  obstacles  causés  par  la  glace  et  les  eaux 
hautes  "  The  Une  is  continuons  and  away  from  ihc  river ^  free 
from  thc  disturbing  causes  of  ice  and  hujh  water. 

Que  dit  M.  Mills  lui-même,  sur  ce  point  important?  ''Il 
"  est  généralement  admis,  dit-il,  que  le  St.  Laurent  est  ouvert 
"  deux  ou  trois  semaines  plus  tôt  le  printemps  et  plus  tard 
''l'automne  que  l'Ottawa,  le  St.  Laurent  traversant  une  lati- 
"  tude  plus  au  sud."  //  is  generalhj  arjreed  that  the  St.  Laicrencc 
is  open  2  or  3  wccks  earlicr  in  spring  and  later  in  [ail  ihan  the 
Ottawa^  tho  St.  Lawrence  passing  through  a  more  southern  lati- 
tude. 

M.  Masson,  qui,  j'oubliais  de  le  dire,  n'est  contre  le  canal 
de  Beauharnois  que[depuis  qu'il  a  transporté  ses  pénates  de 
St.  Anicetau  Coteau,  demande  à  M.  Govvley  s'il  ignore  que  non 
seulement  l'automne,*,"  mais  toujours  à  chaque  printemps,  la 
"  navigation  est  retardée  de  plusieurs  jours,  pour  ne  pas  dire 
"  de  trois  semaines  comme  il  le  dit,  par  cet  amas  considérable 
"  de  glaces  épaisses,  "  qui,  ajoute  M.  Masson,  s'amon cèlent 
dans  la  baie  de  Valleyfield. 

M.  Masson  ajoute  :  "  Est-ce  que  M.  Cowley  ignore  encore 
"  que  souvent  le  Département  des  Travaux  Publics  a  été  forcé, 
"  pour  hâter  l'ouverture  de  la  navigation,  de  faire  sauter  et 
"  briser  les  glaces  de  celte  baie  au  moyen  de  la  poudre  ou 
^  de  la  glycérine,  et  qu'aussi  des  béliers,  battering  rams.,  y 
"  ont  été  employés  au  moyen  de  la  vapeur,  parce  que  la 
"  poudre  ne  réussissait  pas  toujours.  Si  M.  Cowley  ne  veut 
"  pas  m'en  croire,  qu'il  s'adresse  à  notre  digne  ingénieur  en 
"  chef,  M.  Page.  Il  en  aura  des  nouvelles.  "  Voilà  certes 
dji  nouveau,  et  chose  r<?marquable,  ces  assertions  sont  sup- 
portées d'alTidavits. 


LA  SAISON  DE  NAVIGATION  EST  PLUS  LONGUE  PAR  LE  SUD. 


23 


La  }fincn'e  observait  il  y  a  déjà  quelques  jours,  que 
rentrée  du  canal  de  Fieaiîliarnois  était  dana^ereuse  à  cause 
dos  S''Os  vents  qui  y  souillent  du  Lac  St.  Fran(;ois.  Au- 
jourd'hui, suivant  M.  Masson,  l'eau  y  est  si  calme  que  la 
débâcle  ne  s'y  fait  qu'en  plein  été  pour  ainsi  dire,  et  encore, 
par  le  moyen  des  engins  de  la  science.  Je  suis  autorisé  à 
dire  par  des  personnes  très  respectacles  de  la  localité,  (jui 
ont  été  témoins  de  l'ouverture  du  canal  de  lianharnois  de- 
puis 1846  jusqu'aujourd'hui,  que  M.  Masson  a  été  mal  infor- 
mé. De  plus,  j'ai  moi  même  été  aux  informations,  non  pas 
auprès  de  M.  Page  qui  est  trop  éloigné,  mais  auprès  d'une 
p  '  sonne  aussi  bien  renseignée  et  aussi  digne  de  foi,  ol  elle 
m'a  appris  qu'une  fois,  et  une  fois  seulement,  en  18G1,  le  Dé- 
partement envoya  le  21  avril  de  la  poudre  à  Valleyfield 
dans  le  but  de  hâter  la  débâcle  (jui  retardait  de  quelques 
jours,  mais  qui  se  fit  dans  une  seule  nuit  avant  son  arrivée  à 
Valleyneld. 

Enfin,  l'état  comparatif  de  l'ouverture  des  deux  canaux  qui 
r.voisinent  celui  de  Beauharnois  suffira  pour  faire  voir  ce 
que  valent  les  affidavits  qu'a  publiés  M.  Lanthier. 


ou 

V 


OUVERTURE  DES  CANAUX. 

Lachine. 

Beauharnois. 

Cornwall. 

1846— 

Ma 

i  6 

Avril 

16 

Avril  20 

1847 

(( 

5 

Mai 

5 

Mai      1 

1848 

Avril  24 

Avril 

12 

Avril    7 

1849 

-(( 

21 

u 

19 

'^  /    7 

1850 

u 

22 

u 

26 

"     20 

1851 

(t 

22 

i. 

25 

"    25 

1852 

Mai 

7 

Mai 

Mai     1 

1853 

a 

20 

Avril 

29 

Avril  29 

1854 

u 

13 

Mai 

1 

"     30 

1855 

a 

l 

(( 

l 

''     30 

1856 

u 

1 

u 

1 

"     28 

1857^ 

(; 

4 

(( 

2 

Mai     1 

1858 

Avril 

25 

Avril 

56 

Avril  26 

1859 

a 

21 

c. 

19 

"       20 

24 


LA  QUESTION  Dl'  CANAL  DE    BE VIHARNOIS, 


lAirhinr. 

fkauharnois. 

CornwalL 

1860- 

-  Avril 

20 

Avril 

10 

Avril  21 

186t 

u 

24 

u 

24 

"       24 

1862 

Mai 

4 

(( 

30 

Mai        1 

186:î 

a 

4 

Mai 

'^          4 

186i 

Avril 

25 

»        Avril 

24 

Avril  27 

1865 

Mai 

1 

(. 

25 

"       26 

1866 

a. 

') 

a 

30 

"      30 

1867 

cî 

1 

tC 

29 

Mai         1 

1868 

Avril 

27 

i( 

27 

Avril  27 

1869 

Mai 

3 

Mai 

3 

Mai       3 

1870 

Avril 

29 

Avril 

28 

Avril  28 

1871 

(c 

24 

(( 

19 

"      20 

1872 

Mai 

1 

Mai 

1 

Mai       1 

Ces  chiffres  sont  plus  éloquenU  que  les  paroles  de  MM. 
Lanthier  el  Massou,  plus  concluants  que  lesaffîdavits  de  leurs 
amis  du  comté.  Ils  démontrent  jusqu'à,  l'évidence  même, 
que  le  canal  de  Beauharnois,  loin  d'être  en  retard  des  autres, 
les  devance  en  moyenne  de  plusieurs  jours,  et  que  toutes 
les  assertions  contraires,  faites  soit  dans  des  correspondances 
ou  des  affidavits,  ne  sont  que  de  pures  suppositions  que  l'in- 
térêt seul  peut  inventer. 

Comparée  avec  le  canal  d(\  Lachine,  la  clôture  du  canal  de 
Beauharnois  paraît  être  en  retard  do  quelques  jours.  Mais  si 
l'on  considère  que  l«;  canal  de  Lachine  est  constamment  sil- 
lonné par  les  vapeurs  et  les  vaisseaux  d'Ottawa  et  plusieurs 
autres  qui  ne  se  rendent  pas  au  canal  de  Boauharnois,  41,938 
voyages,  dont  0,393  pnr  des  steamers,  ayant  été  fait  dans  le 
canal  de  Lachine  depuis  l'année  1859  jusqu'à  celle  de  1866, 
inclusivement,  contre  30,  449  dans  celui  de  Beauharnois  ;  qu'il 
estplus  courtd'environ  trois  milles  ;  qu'il  n'a  que  cinq  écluses, 
dont  les  doux  premières  en  bas  ont  10  pieds  d'eau  sur  les 
seuils  ;  que  son  cours  est  plus  rapide  ;  qu'enfin  les  nombreu- 
ses usines  et  manufactures,  qui  s'alimentent  à  même  son 
eau,  ont  pour  effet  de  la  tenir  dans  un  mouvement  conrtnuel 
et  par  \h  môme  d'en  retarder  la  congélation,  on  peut  dire 
que  lorsque  le  canal  de  Beauharnois  sera  élargi  et  parcouru 


i:,' 


LA  SAISO.V  DK  NAVIOATION  EST  PLUS  LONiVUE  PAU  LE  SUD.  25 

comme  le  canal  de  Ijachine,  si  clôtnie  pourra  être   fixée  à  la 
m^me  époque. 

Pour  riulelligeiicr3  des  chitfres  (jui  suivent,  il  faut  encore 
observer  que  le  canal  de  Lacliine  est  fermé  le  pins  tard  possi- 
ble, afin  de  permettre  aux  nombreux  vapeurs,  qui  font  le 
service  d'en  bas  du  fleuve  et  des  environs  de  Montréal,  de 
prendre  leurs  quartiers  d'iiiver  dans  le  bassin  du  canal. 

CLOTURE  DES  CANAUX. 


Années. 

Lach 

ine. 

9 
13 
11 
10 

10 

10 
2 
2 

28 
3 

27 
1 

30 
5 
4 
0 

10 

10 

\> 

13 

2 
5 

10 

0 

1 

Beau- 
harnois. 

Cor 

W.1 

n- 
dl. 

Wil- 
liams- 
burg. 

Ste. 
Anne. 

1846 

Dec. 

do 

ào 

do 

do 

do 

do 

do 

do 

Nov. 
Dec. 
Nov. 
Dec. 
Nov. 
Dec. 

do 

do 

(lO 

do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 

Nov. 

do 

do 
Dec. 

do 
Nov. 
Dec. 
Nov. 
Dec. 
Nov. 
Dec. 
Nov. 

do 

do 
Dec. 

do 
Nov. 
Dec. 

do 

do 

do 

do 

do 
Nov 
î;é>'. 

do 
Ne  •/. 

29 

28 

30 

8 

4 

25 

13 

24 

2 

28 

1 

26 

26 

29 

3 

3 

30 

4 

3 

/ 

8 

2 
30 

5 
.2 

28 

Dec. 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 
do 

2 
4 
9 
6 

i 

12 
16 
14 
10 
18 
() 

12 

7 

/ 

10 

12 

12 

12 

10 

13 

13 

1 

8 

i 

8 
8 

Nov.    29 

1847 

bée'.""  6 
do      15 
do      10 

Nov.    25 
do      24 

Dec.      1 
do        8 
do      15 
do        6 
do      12 
do      11 
do        5 
do      10 
do      10 

Nov.    30 

Dec.      7 
do      10 
do      13 
do      11 
do        (5 
do        5 
do        3 
do      10 
do        6 

do     29 

1848 

do      30 

1849 

Dec.      6 

1850 

do       5 

1851  

Nov.    24 

1852  

Dec.    15 

1853 

Î854 

1855 

Nov.    28 
Dec.      2 
Nov.    27 

18-A)  

1857 

1858 

Déc^      1 

do       4 

Nov.    29 

1850 

do      28 

1SG0 

Dec.      2 

18G1  

do        2 

1802  

do       2 

1803  

do        5 

1804  

1805 

do        1 
do        5 

1800 

do        6 

1807 

1808 

do        3 
Nov.    27 

1809 

do      2 1 

1870    

do      30 

1871  

do       7 

1872 

Il; 


26 


LA  QUESTION  DU  CANAL  DE   BEAUHARNOIS. 


Les  risques  de  la  navigation,  à  compter  du  25  novembre, 
sont  en  général  si  grands  que  Ton  peut  dire  que  ces   chiffres 

démontrent  que  le  canal  de  Beauliarnois  est  ouvert  au  com- 
merce l'automne,  aussi  longtemps  que  les  canaux  de  Lacliine 
et  de  WilliamsLurg. 

Mais,  je  suppose  pour  un  instant  que  la  clôture  du  canal  de 
Beauharnois,  après  son  élargissement,  ait  lieu  quelques  jours 
plus  tard  que  le  canal  de  Lacliine.  Doit-on  pour  cette  rai- 
son le  condamner  et  lui  préférer  un  canal  sur  la  rive  nord, 
dont  la  sortie  dans  les  eaux  basses  et  calmes  des  Cascades 
retardera  la  navigation  en  automne  comme  en  printemps 
bien  davantage  que  par  Beauliarnois. 

M.  Lanthier  pourra  peut-être  expliquer  comment  il  se  ''ait 
que  recluse  de  Ste.  Anne  qui  n'a  qu'un  1/8  de  mille  et  se  trou- 
ve au  pied  d'un  courant  assez  fort,  est  fermée  plus  tôt  que  tous 
les  canaux  du  St.  Laurent,  fait  qui  est  établi  au-delà  de  ',out 
doute  par  l'état  ci-dessus. 

M.  Lanthier  demande  de  lui  dire  '^  pourquoi  le  canal  de 
"  Beauharnois  a  perdu,  depuis  la  saison  1846  jusqu'à  la  sai- 
"  son  1867,  cent  soixante  et  quatorze  jours  de  fonctionne- 
"  ment  en  prenant  pour  point  do  comparaison,  le  fonclionnc- 
"  ment  du  canal  de  Cornwall,  durant  le  même  temps.  "  En 
supposant  ces  chiffres  exacts,  la  réponse  à  cette  question 
n'est  pas  difficile.  Le  canal  do  Cornwall  est  dans  des  con- 
ditions de  climat  et  d'existence  l)ien  différentes  de  celles  du 
canal  de  Beauharnois.  Placé  plus  à  l'ouest,  il  est  ouvert  à 
la  navigation  plus  tard  que  le  canal  do  Beauharnois  et  le 
canal  de  Lacliine.  Ce  résultat,  constaté  par  les  chiffres,  est 
«încore  dû  aux  dimensions  du  canal  de  Cornwall.  Ce  canal 
n'a  que  7  écluses  contre  1)  qu'a  le  canal  do  Boauharnois  ;  ces 
écluses  ont  200  x  55  pieds,  contre  200  x  45  pieds  ciu'ont  celles 
du  canal  de  Beauharnois  ;  sa  largeur  au  fond,  est  de  100 
pieds, '(>t  à  la  sur'';ice  150  pieJs,  contre  80  et  120  pieds  qu'a  le 
canal  de  Beauliarnois. 

11  sulîil  do    faire  million  de   ces  détails  pour   reconnaître 


LA  SAISON  DE  NAVIGATION   EST  PLUS  LONGUE  PAR  LE  SUD. 


27 


les  avantages  du  canal  de  Gornwall,  tant  contre  les  accidents 
que  pour  la  navigation,  non  seulement  sur  oelui  de  Beau- 
harnois,  mais  encore  sur  tous  les  autres  canaux  du  St.  Lau- 
rent, celui  de  Welland  excepté.  C'^la  est  si  vrai  que  même 
les  canaux  de  Williamsburg,  qui  se  trouvent  à  quelques 
milles  plus  haut,  mais  qui  n'ont  pas  ses  dimensions,  n'offrent 
pas  le  même  temps  de  fonctionnement. 

M.  Lanthier  sera  probablement  d'avis  que  ma  réponse  à  sa 
question  n'est  pas  satisfaisante.  Alors,  dans  l'intérêt  du  pu- 
blic, je  me  permettrai  de  lui  faire  une  ou  deux  questions  : 

1o.  Pourquoi  le  canal  de  Lachine,  qui  est  plus  rapide  et  a 
trois  milles  de  moins  que  celui  de  Boauharnois  ou  de  Gorn- 
wall, a-t  il  perdu  depuis  18iG  jusqu'à  I8G7,  cent  soixante-et- 
douze  jours  do  fonctionnement,  en  prenant  pour  point  de 
comparaison  le  fonctionnement  du  canal  de  Gornwall  ? 

2o.  Gombien  de  jours  le  futur  canal  des  Gèdres  perdra-t-il 
de  fonctionncmiont  en  prenant  pour  point  de  comparaison 
n'importe  quel  canal  du  St.  Laurent  ? 


IV 


L  EAU  DU  CANAL  DE  nEAUHARNOIS. 


le 


l!'« 


Les  statistiques  indiquant  la  hauteur  de  l'eau  ^durant  les 
saisons  où  elle  fut  la  plus  basse  sur  le  plancher  do  certaines 
écluses  des  canaux  de  Lachine,  Benuliarnois  et  Gornwall 
([ue  le  Département  des  Travaux  Publics  a  toujours  choisies 
pour  point  de  comparaison,  prouvent  non-seulement  que  le 
cana'  do.  Beauharnois  est  aussi  efhraco  que  les  deux  autres, 
mais  encore  qu'il  e^t  [lus  fa('ile  et  jlus  pro[tre  à  l'élargisse- 
ment voulu. 

L'état  qui  suit  ne  dorme  [las  la  hauteur  de  l'eau  sur  les 
buses  inférieurs,  p;  roc  (ju'oii  y  trouve  toujours  plus  de  9 
pieds  d'eau. 


2>î 


LA  QUESTION  DU  GANA!-  DE  «KAUHAHNOI;?. 


HAUTEUR  DE  L  KAU  DES  CANAUX. 


HUSC  SUPinUElIl. 

Eau    la    nlus   basse. 


Vj 

• 

Lac 

HINE. 

Beauharnois. 

Cou 

NWALL. 

-•4! 

O 

écl. 

No.  5. 

écluse  No.  14. 

écluse 

No.    21. 

< 

^ 

pds. 

et  pcs. 

pieds,  pouces. 

pieds, 

pouces. 

1849 

Sept. 

9 

10^ 

10            7 

9 

2 

Oct. 

9 

U) 

10            4 

8 

G 

— 

Nov. 

9 

10 

10          11 

9 

0 

1850 

Sept. 

9 

8 

11            -2 

9 

1 

Oct. 

9 

10 

11            2 

8 

11 

Nov. 

9 

9 

10          10 

8 

0 

1854 

OcL. 

9 

11 

Il            9 

9 

9 

Nov. 

9 

10 

11            6 

9 

3 

18G5 

Oct. 

9 

4 

11            3 

9 

4 

Nov. 

9 

G 

Il           :i 

9 

1 

1871 

Sept. 

9 

9 

Il             8 

•  • 

,, 

Oct. 

9 

1 

11             1 

, , 

•  • 

Nov. 

8 

10 

11            0 

•  ■ 

•  • 

Parlant  du  niveau  de  l'eau  en  1871  dans  les  canaux  de  La- 
chine  et  de  Beauharnois,  l'honorable  M.  Langevin  observe 
que  "  le  niveau  de  l'eau  était  si  bas  dans  le  canal  de  Lachine 
'•  qu'il  a  fallut  tenir  l'écluse  de  garde,  ouverte  pendant  le 
*'  jour,  jusiju'à  la  fin  de  la  navigation  pour  laisser  passer  le 
"  plus  d'eau  possible  afin  d'alimenter  le  canal  et  les  moulins  ". 
D'après  le  rapport  de  l'honorable  Ministre,  il  paraîtrait  que 
le  canal  dcf  Beauharuois  a  eu  durant  la  môme  saison  toute 
l'eau  nécessaire  ;  car,  dil-il,  "  ce  canal  a  fonctionné  efiicace- 
"  ment  durant  toute  la  saison  de  la  navigation,  malgré  le  peu 
"de  ])rofondeur  d'eau  qu'il  y  avait  dans  le  St.  Laurent." 
Ce  rapport  est  fondé  sur  colui  de  M.  Sippell,  notre  digne  in- 
génieur surintendant,  qui  s'exprima  dans  des  termes  encore 
plus  précis.  "  Les  eaux  basses  du  fleuve,  dit-il,  n'ont  nui  en 
"  rien  à  ce  canal  (Heauharnois),  car  pendant  toute  rannéo,  il 
*'  y  a  eu  9  pieds  d'eau  sur  le  plancher  de  ses  écluses,  excepté, 
"  cependant,  à  l'entrée  inférieure,  où  il  y  avait  un  obskaole 
*'  que  l'on  a  fait  disparaître  depuis." 


V. 


)) 


COUT  DU    CANAL  DKS  CKDRKS. 

MM.  liaiillnei'  et.  Masson  nous  disent;  .[ne  ]<>  canal  de  Beaii- 
]iarnois  a  conté  une  somme  fabulenso  ;  qu'il  a  fallut  élcvrr 
dos  phares,  construire  des  moles,  des  chaussées,  des  jetées  en 
t;rand  nombre,  afin  d'en  rendre  l'accès  et,  le  passage  possi- 
bles. Encore,  disent-ils,  les  naufrages  y  sont  nombreux  et  ils 
concluent  que  tous  ces  faits  démontrent  ({ue  le  choix  de  la 
rive  sud  eu  18'i"2  a  été  une  grande  faute. 

Mn  supposant  pour  un  instant  que  le  tableau  (lu'ils  fon 
des  diiricultés  de  la  construction  de  l'ouvi'age  et  de  son  fonc- 
lionnement  no  soit  pas  surchargé,  suflit-il  pour  engager  le 
pays  à  perdre  le  fruit  de  toutes  ces  dépenses  et  à  euti-epren- 
dre  La  construction  d'un  nouveau  canal  au  nord,  au  lieu  de 
l'élargissement  du  canal  actuel.  Les  sommes  immenses, 
dont  parlent  ces  messieurs,  ont  été  payé(!s  ;  c'est  donc  autant 
(le  moins  ([ue  la  Puissance  aura  à  rencontrer. 

(les  messitnu's  ont  la  bonté  d'offrir  des  consolations  aux  ha- 
liilans  d(i  [ieauharnois.  Ne  vous  alarmez  pas,  disent  ils,  nous 
ne  voulons  pas  fermer  votre  canal  ;  nous  voulons  le  con- 
server pour  le  petit  commerce.  Mais  si  l'entrée  à  Valleyheld 
est  si  désastreuse  à  la  navigation,  si  elle  est  cause  de  tant  de 
naufrages  et  même  de  pertes  de  vie,  comment  pouvez-vous 
(Ml  reconnnauder  l'usige  poui-  les  plu.s  faibles  navires.  Voilà 
bi  plus  évidente  do^i  incousé(]uences  et  la  preuve  paljKible  de 
bi  faussselé  des  objections  de  nos  adversaires. 

Mt  encoi'c,  quel  a  été  en  vérité  le  coût  du  canal  de  lieau- 
liarnois?  [.«•  1er  juillet  18117,  il  coûtait  Si,<)l  I,i2'».ll,  et  dans 
cette  3omm(^  étaient  comprises  S2'2.783  if),  jiour  la  construc- 
tion de  chausées  ou  (/cnns  à  VallevfUeld  et  à  l'Ile  aux  Chats, 
et  $-254,H07.3l  pour  les  dommages  causés  par  l'innondation 
des  terres  d'ilimgry  Baie.  A  la  même  époque,  1er  juillet 
1807,  le  canal  de  liachinc  coûtait  $2,587,552.85;  celui  de 
c:ornwall,$l,l)33J52.(]9  ;  et  ceux  de  Williamsburg,  $1,320,605. 
5'»,    Tous  ces  canaux  ont  été  construits  à  peu  près  dans  le 


m:' 


1^ 


30  LA  QUESTION  DU  CANAL  DE    BEAUHARNOIÏ!'. 

même  temps,  et  à  part  ceux  de  Lacliine  et  de  WilliarnsLurg, 
ils  ont  rencontré  presque  les  mômes  difficultés.  Ceux  de 
Willamsburg,  ont  été  singulièrement  favorisés  parles  immen- 
ses [avantages  que  présentait  la  rive  du  fleuve,  et  c'est  ce 
qui  explique  le  chiffre  comparativement  moins  élevé  du 
coût  de  leur  construction. 

MM.  Lanthier  et  Masson,  qui  ont  tant  de  choses  à  dire  et  à 
contredire  dès  qu'il  s'agit  du  canal  de  Boauharnois,  se  sont 
bien  donné  garde  de  nous  parler  du  coût  probable  de  leur 
canal  des  Cèdres.  C'est  un  point  qui  vaut  pourtant  la  peine 
d'être  examiné  et  sur  lequel  ces  MM.  auraient  dû  éclairer  le 
public.  Je  ne  suis  pas  ingénieur  ;  je  n'ai  pas  même  accès  à 
la  bibliothèque  du  Parlement,  ni  au  bureau  des  ingénieurs 
du  Département  des  Travaux  Publics  ;  je  trouve  néanmoins 
dans  le  long  document  dont  parle  M.  Lanthier,  des  estimés 
qui  méritentj'attention  publique. 

CANAL  DES  CÈDRES. 

(Coût  probable  de  sa  conshmction  d'après  des  estimés  faits  au-delà 

de  30  ans  passes). 

Estimé  de  M.  Mills.— 1833. 

Route  Mills,  à  part  l'achat  du  terrain  et  sans  le 

boisage  de  la  côte  des  ravins £235,782 

Route  par  terre , 324,943 

Route  Harwood 442,703 

Estimé  de  M.  Keefer, 

Route  Mills,  estimé  de  1841 255,900 

"        "  ''•  1842 354,490 

N.  B. — M.  Killaly/lisait  devant  le  Comité  Spécial,  en  1842, 
que  l'estimé  de  18il][n'avait  été  mis  devant  la  Chambre  d'As- 
semblée qu'avec  l'entente  expresse  que  le  canal  serait  fait  au 
fiud.  Go  fut  sans  doute  pour  cette  raisons  que  M.  Keefer 
mentionna  dans  une  note  au  bas  que  le  canal  au  sud  coûte 
ràit  £50,000  de  moins. 

Estimé  du  Colonel  Phillpotts,  1839. 

Route  Mills,  à  part  le  coût  du  boisage  de  la  côte  le 

long  des  deux  ravint: £415,900 


COUT  DL'  CANAL  DES  CÈDRES.  31 

Estimé  de  M.  David  Thompson,  184-2. 
Route  Mills £i  15.553 

Estimé  de  l'IIox.  M.  Killaly,  1842. 
Route  Mills £320,838 

Ces  chiffres  contitiiiient  plus  dlnformatious  sur  les  pré- 
tendus avantages  de  la  rive  nord  que  tout  ce  que  peuvent  en 
dire  MM.  Lanthier  et  Masson.  La  moyenne  de  ces  estimés 
est  qu'en  1842,  le  canal  des  Cèdres  aurait  coûté,  par  la  route 
Mills  près  de  £400,000  et  un  quart  de  plus  par  la  route  par 
terre  le  long- du  lleuve.  Aujourd'hui  (jue  tout  est  si  cher, 
que  le  bois  est  éloigné,  la  main  d'œuvre  hors  de  prix,  près 
du  triple  de  ce  qu'elle  était  il  y  a  30  ans,  que  les  gages  des 
hommes  de  métier  ont  plus  que  triplé,  et  le  prix  du  fer  et 
des  autres  matériaux  en  général  presque  donblé,  l'on  peut 
calculer,  sans  craindre  de  se  tromper,  que  la  Puissance  no 
pourra  se  rendre  agréable  au  député  de  Boulanges  et  à  ses 
électeurs  qu'en  dépensant  au  delà  de  $4,000,000,  somme 
qui  est  plus  q>ie  suffisante,  d'après  le  rapport  de  la  com- 
mission de  1870,  pour  élargir  tous  les  canaux  du  St.  Lau- 
rent (celui  de  Welland  excepté)  et  améliorer  la  navigation 
des  rapides. 

On  dit  que  l'entrée  du  canal  de  Beauharnois  est  de  roc  solide. 
D'après  les  rapports  des  ingénieurs  qui  ont  exploré  les  lieux 
jusqu'aujourd'hui,  le  fond  de  cette  entrée  depuis  la  tète  du  ca- 
nal jusqu'à  la  Grosse  Pointe  est  de  glaise  et  de  cailloux,  ou 
pour  me  servir  de  l'expression  de  M.  Keefer,  clay  irith  a  fcw 
bouldcr  stoncs^  qu'il  serait  facile  de  faire  disparaître. 


VI. 

DIFFICULTÉS  DE  LA  CONSTRUCTION   d'l'N  CANAL  AU  NOllD 

Et  lorsque  l'on  examine  la  longueur  d'un  canal  sur  la  rive 
nord  et  les  difficultés  considérables  de  sa  constrution,  l'esti- 
raationde  ces  ingénieurs  paraît  raisonnable  et  modéi'ée. 


3-> 


LA  (^)IEST10N   iJi:   CANAL   UK  HKaIUAUNOIS 


Je  n'ai  pas  rinteulion  d'eiUrer  dans  le  (l«Hail  do  ces  difîî- 
cultés.  On  les  trouve  lotîtes  minuliensomont  (lévelopp«'^es  «'t 
soigneusement  raisonnées  dans  les  pièc^es  qui  accompagnent 
le  rapport  du  Comité  Spécial,  en  1842.  lime  faudrait  plu- 
sieurs paj^es  pour  mettre  devant  les  yeux  tlu  le«'teur  les 
opinions  de  Ions  les  in.^énicurs  sur  cette  partie  du  sujet,  et 
toutes  intéressantes  «ju'elles  soient,  je  ne  puis  abuser  de  sa  ' 
pal ience  jusqu'à  ce  point.  Quil  me  sutnse  de  dire  que  cesdii- 
iir.ultés  consiïîtcMit  principalement  dans  la  nature  X)ai'ticnliére 
du  sol, qui  est  de  glaise  et  de  sable  mouvant,  dans  le  creusaj.;e 
des  ravins  et  la  rapidité  de  leurs  courants,  dans  le  boisage  de 
la  côte,  lacoiistruclion  des  jetées  et  des  cbemins  de  hàlage, 
celle  des  aqueducs  aux  rivières  Ronge,  à  do  Tlsle  et  à  ia 
(iraisse,  renlévement  du  roc  au  Coteau  et  au  pied  des  Cas- 
cades, la  dittérence  du  niveau  de  l'eau  entre  le  Lac  St.  Frnn 
«;ois  et  le  Lac  St.  ï.,ouis,  qui  est  pl\is  élevé  du  i-ôté  nord  que 
•lu  côté  sud,  eli'..  etc. 

Mais  ce  «lui  rend  i'int'ériorilé  de  la  iiv«'  nord  encore  plus 
sensible,  c'est  que  M.  Mills  est  lui-même  d'avis  qu'il  est  iires- 
(jue  impossible  de  consirnire  un  caual  le  long  des  ravin?  ou 
sur  le  haut   de  la  cote. 

'•  V.w  haut  des  Cèdres,  dit  il,  la  côte  «lu  tleuve  a  de  vingt  à 
"  trente  pieds  de  hautcnr  ;  elle  se  compose  de  glaise  et  de  lils 
"  de  sable  qui  s'atVaissent  rré([nemment  eu  grandes  (luantités, 
'•  <'e  qui  prouve  combien  serait  destructive  la  construction 
'•  d'un  canal  le  long  on  près  de  cette  côte,  ou  même  sur  soiî 
"  sommet.     Ku  bas  des  Cèdres,  il  serait  encor»»  impossible  d»> 

construiie,  à  des  Trais  raisonnables,  un  canal  sur  la  côte  du 

tleuve   ou  au    pied,  paice  que  les   éboulemenis  y  soûl  troj> 

fréquents  et    cousidérabes." 

S(Ui  ami.  M.  Wright,  observt»  aussi  '■  qiu)  les  rives  au  nord 
sont  formées  de  glaise  et  de  lerre  grasse,  couverte  de  sable 
"■  mouvant,  qui  occasionnent  tous  les  ans  de  nombreux  ébou- 
"  lement.  Ihi  canal,  ajoute-il,  construit  dans  nn  pareil  ler- 
"  rain,  serait  dans  \m  grand  danger  dès  ([u'il  serait  tant  soit 
"  peu  près   du  fleuve.  ' 


DIFFICULTÉS  DE  LA  CONSTHUCTION  d'UN  CANAL  AU  NORD. 


33 


M.  Gasey  dit  aussi  que  le  curage  d'un  canal  i)ar  terre  au 
nord  serait  dix  fois  plus  considérable  que  celui  d'un  canal  par 
les  ravins. 

Cette  particularité  du  sol  a  été  une  des  principales  raisons 
qui  ont  engagé  MM.  Mills  et  Wright,  à  recommander  l'usage 
des  deux  ravins  en  plein  fleuve. 

Cependant  le  canal  parles  ravins  ne  rencontre  pas  les 
exigences  du  commerce.  M.  Casey,  d'accord  sur  ce  point 
avec  MM.  Mills  et  Wright,  nous  informe  lui  aussi  que  ce 
canal  is  a  steamboat  canal  MM.  Keefer,  Baird  et  Thompson 
en  disent  autant.  Il  n'y  aucun  doute  que  le  commerce  de 
la  Puissance  et  celui  des  Etats-Unis,  demandent  des  canaux 
ouverts  à  la  navigation  des  barges  et  des  shooners  comme  à 
celle  des  steamers  et  des  propulseurs.  Si  nos  adversaires 
doutent  du  fait,  ils  peuvent  consulter  l'appendice  du  rapport 
de  la  Commission  des  Canaux  de  1870. 


VII. 


LE  COTE  MILITAIRE  DE  LA  QUESTION. 

Un  mot  maintenant  de  l'objection  contre  le  canal  d(î  Beau 
harnois  basée  sur  des  considérations  militaires.  J'aiint;  à 
croire  que  MM.  Lanthier  et  Masson,  même  le  patriotique  Dr. 
Fortier,  ne  :jréten(lront  pas  qu'ils  sont  plus  naiionnaux  et 
dévoués  à  la  Couronne  Anglaise  que  l'était  le  Gouverneur- 
Général,  Sir  Charles  Bagot.  Voici  donc  ce  qu'il  répondait 
aux  loyaux  habitants  de  Soulanges,  ayant  M.  Simpson  en 
tête,  qui  représentaient  à  So^n  Excellence  que  le  canal  do 
Beauharnois  était  une  énorme  bévue  au  point  de  vue  mili- 
taire. 

"  Supposons,   le  cas  d'une    invasion   de  la  part  des  Etafs- 

'•  Unis,  par  le  Lac  Champlain,  on  devra  rencontrer  l'ennemi 

"  sur  le  côté  sud  du  St.  Laurent.    Toute  armée  qui   pourra 

.  "  forcer  la   troupe  de  Sa  Majesté  à  traverser  le   fleuve,  aura 

"  peu  de  difïiculté  à  s'emparer  de   Montréal,  qui  est  sans   • 

3 


34 


LA  QUESTION  DU  CANAL  DE  BEAUHARNOIS. 


i 


''  défense.  Mais,  dans  ce  cas,  le  canal  de  Beaiiharnois  ne  don- 
"  nerait  à  l'ennemi  aucun  avantage,  ni  anciuie  facilité  quel- 
"conqno.  Il  ne  s'en  servirait  pas  pour  descendre  des  troupes 
"  ou  des  munitions  de  guerre  ;  car  il  les  ferait  descendre  par 
"  les  rapides  avec  beaucoup  plus  d'aise  et  de  vitesse.  Il  ne 
"  s'en  servirait  pas  pour  l'aire  monter  des  vaisseaux,  parce 
"  qu'il  serait  beaucoup  plus  facile  de  communiquer  avec  les 
"  Etats  par  le  Richelieu  et  le  Lac  Champlain.  Ce  canal  ne 
''  pourrait  non  plus  gêner  la  communication  entre  le  Haut  et 
"  le  Bas-Canada,  parce  qu'elle  est  assurée  par  l'Ottawa  et  le 
"  canal  Rideau,  qui  en  cas  de  guerre,  seront  toujours  la 
"  voie  de  transport.  Il  serait  tout  au  plus  exposé,  s'il  était 
"  pris,  à  être  endommagé  ou  détruit  ;  mais  eu  supposant,  ce 
"  qui  n'est  pas  probable,  que  l'armée  anglaise  soit  chassée 
"  de  la  rive  sud  du  St  Laurent,  les  canaux  qui  se  trouvent 
"  sur  la  rive  nord  ne  seraient  guère  mieux  protégés  ;  ils  se- 
"  raient,  bien  entendu,  le  point  d'attaque,  et  il  serait  impossi- 
"  ble  de  les  défendre  contre  une  force  qui  aurait  été  assez  con- 
''  sidérable  pour  repousser  les  troupes  anglaises  au-delà  de  la 
"  frontière."  D'ailleurs,  c'est  un  fait  trop  connu  du  public 
— que  le  canal  de  Gornwalest  à  la  portée  même  du  fusil  amé- 
ricain à  plusieurs  endroits,  surtout  aux  îles  Barnhart  etChim- 
ney — pour  supposer  un  instant  qu'en  cas  de  guerre,  les  ca- 
naux du  St  Laurent,  celai  des  Cèdres  en  particulier,  seraient 
quelqu' utilité. 


Vin. 


CONCLUSION. 

Pour  résumer  cette  correspondaïK'e,  toute  la  question  sem- 
ble être  de  savoir  si  l'élargissement  du  canal  de  Beauharnois 
et  le  creusage  de  l'entrée  à  Valleyfield  coûteront  moins  cher 
qu'un  nouveau  canal  au  nord  et  d<.'  combien  ?  Et  dussent- 
ils  coûter  davantage,  l'on  devra,  avant  d'adopter  la  rive  nord 
s'assurer  que  la  saison  de  la  navigation  par  celle  ci  ne  sera 
pas  plus  courte  que  par  la  rive  sud,  à  raison  de  l'Ottawa  et 
de  la  situation  particulière  des  lieux  au  pied  des  Cascades, 


N 


CONCLUSION. 


35 


Ce  caîciil  ne  peut  être  fait  que  par  des  ingénieurs  compétents 
et  désintéressés,  après  des  explorations  sciencifiques  des  deux 
rives. 

A  la  réquisition  de  M,  Lanthier, — car  il  nous  informe  lui- 
même  que  '^  la  législature  ayant  às'occui)er,  durant  ce  par- 
"  lement  de  l'amélioration  de  la  navigation  sur  le  St.  Laurent, 
"  il  a  saisi  cette  occasion  pour  engager  l'Exécutif  et  la  légis- 
"  lature  à  réparer  l'erreur  de  1842," — le  gouvernement  de  la 
Puissance  ordonna  l'automne  dernier  une  nouvelle  explora- 
tion ;  celle  du  lac  St.  François  fut  confiée  à  M.  Crawford,  et 
celle  de  la  rive  nord  à  M.  Baillargé,  assisté  de  M.  Farigénea. 


3a- 


et 
es. 


M.  Harwood  nous  dit  que  le  rapport  de  M.  Baillargé  sera 
honnêlc  et  désintéressé.  M.  Lanthier  considère  que  je  l'ai 
soupçonné  d'être  acheté.  Ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  assertions 
n'est  fondée.  Que  M.  Baillargé  soit  honnête  homme,  c'est  ce 
que  personne  ne  niera  ;  qu'il  soit  acheté,  personne  ne  le  croira 
non  plus  ;  mais  qu'il  soit  désintéressé,  je  le  nie.  J'ai  avancé 
que  M.  Baillargé  était  intéressé,  comme  domicilié  aux  Cè- 
dres, y  ayant  des  intérêts  de  propriété  et  de  iamille,  et  Tac- 
cusation  n'a  été  démentie  par  personne.  Le  désintéresse- 
ment de  M.  Baillargé  est  tel  que  M.  Harwood  est  même  en 
position  d'annoncer  d'avance,  comme  il  le  fit  dans  sa  lettre 
publiée  dans  la  Minerve  du  27  Mars,  que  son  rapport  "  sera 
''  soumis  sous  peu  à  la  Chambre,  et  là  nous  verrons  qiCil  s'ac- 
"  corde  avec  celui  de  MM.  Mills  et  Cascij.'''  Le  pays,  pas  plus  que 
le  comté  de  Beauharnois,  ne  peut  accepter  la  décision  d'une 
cause  aussi  importante  par  un  tel  juge.  Chez  toutes  Ihs  na 
tions  civilisées,  on  permet  de  récuser  un  expert  pour  cause 
d'intérêt  ;  les  juges  des  plus  hautes  cours  ne  peuvent  juger 
les  matières  qui  les  intéressent,  eux,  leurs  femmes,  leurs 
enfants,  ou  même  leurs  parents  au  degré  de  cousin-germain  ; 
et  l'on  ne  nous  permettra  pas  de  récuser  un  expert  public 
pour  raison  d'intérêt  personnel,  sans  parler  de  celui  de  tous 
ses  cousins  et  de  ses  cousines  ?  Une  telle  prétention  est  trop 
monstrueuse,  trop  dangereuse  dans  ses  conséquences  pour 
recevoir  l'approbation  du  public  intelligent  et  impartial. 


36 


LA  QUESTION  DU  CANA.L  DE  BEAUHARNOIS. 


C'est  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  dépenser  les  deniers  du 
peuple  et  d'améliorations  publiqui3s  aussi  considérables  que 
celles  de  l'élargissement  d'un  grand  canal  en  bon  état  de 
fonctionnement  ou  de  la  construction  d'un  nouveau  canal  à 
sa  place,  qu'il  faut  que  le  moindre  soupçon  de  servir  des 
intérêts  privés  ne  puisse  pas  même  exister.  Si  donc  le  creu- 
sage de  la  Baie  de  Valleyfield  présente  des  difficultés  plus 
•graves  que  celle  de  la  construction  du  canal  des  Cèdres,  il 
faut  que  ce  point  soit  établi  par  des  ingénieurs  parfaitement 
étrangers  aux  influences  de  localité.  Le  pays  a  trop  con- 
fiance dans  le  patriotisme  des  membres  du  gouvernement 
actuel  et  dans  l'intelligence  de  son  Parlement,  pour  supposer 
un  instant  que  le  rapport  de  M.  Baillargé  sera  adopté  par 
l'un  ou  l'autre. 

Que  l'on  confie  l'exploration  des  lieux  à  des  mains  étran- 
gères, le  résultat  sera,  je  ne  crains  pas  de  le  dire,  ce  qu'il  a 
toujours  été,  que  la  rive  sud  est  la  meilleure,  tant  au  point 
de  vue  de  l'économie  que  de  la  navigation  et  du  commerce. 
Comme  le  disait  M.  Killaly,  devant  le  Comité  Spécial  en 
1842,  et  avec  connaissance  de  cause  :  "  Je  suis  convaincu 
"  que  quand  bieu  même  on  ferait  faire  deux  fois  plus  d'explo- 
"  rations,  on  ne  pourrait  arriver  à  aucune  autre  conclusion 
"  que  la  ligne  du  canal  sur  lo  côte  iHid  est  de  beaucoup  supé- 
*'  rieure  et  plus  efficace  qu'au;  atie  autre  sur  le  côté  nord.  " 

Avant  qu'il  puisse  être  sérieusement  question  de  faire  le 
canal  des  Cèdres^  il  faut  attendre  que  le  trafic  exige  une  dou- 
ble rangée  de  canaux  le  long  du  St.  Laurent,  besoin  qui  se 
fera  sentir  avant  longtemps.  Encore,  alors,  il  ne  sera  pas 
sans  intérêt  d'examiner  si  un  canal  par  la  route  Baird  ou  la 
rivière  St.  Louis,  d'Hungray  Bay  à  la  ville  de  Beauharnois, 
ne  serait  pas  plus  avantageux  qu'un  canal  sur  la  rive  nord. 


D.  GIROUARD. 


I 


V 


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