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1.0
l.l
Ui
IIS
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140
IL25 m 1.4
1.6
Hiotogreçiiic
Sdences
Corporation
23 WEST MAIN STREET
WEBSTER, K.Y. M580
(716) S72-4503
^>
^(^ -^^^
CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHM/ICMH
Collection de
microfiches.
Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques
Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques
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lors d'une restauration apparaissent dans le texte,
mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont
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The
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qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails
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une image reproduite, ou qui peuvent exiger une
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sont indiqués ci-dessous.
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□
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Pages restaurées et/ou pelliculées
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Pages décolorées, tachetées ou piquées
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pos
oft
film
Ori{
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sion
or il
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slips, tissues, etc., hâve been refilmed to
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etc.. ont été filmées à nouveau de façon à
obtenir la meilleure image possible.
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sion, or the back cover when appropriate. AH
other original copies are filmed beginning on the
f irst page with a printed or illustrated impres-
sion, and ending on the last page with a printed
or illustrated impression.
The last recorded frame on each microfiche
shall contain the symbol — ^-(meaning "CON-
TINUED"), or the symbol y (meaning "END"),
whichever appiies.
Maps, plates, charts, etc., may be filmed at
différent réduction ratios. Those too large to be
entirely included in one exposure are filmed
beginning in the upper left hand corner, left to
right and top to bottom, as many frames as
required. The following diagrams illustrate the
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Bibliothèque nationale du Québec
Les images suivantes ont été reproduites avec le
plus grand soin, compte tenu de la condition et
do la netteté de l'exemplaire filmé, et en
conformité avec les conditions du contrat de
filmage.
Les exemplaires originaux dont la couverture en
papier est imprimée sont filmés en commençant
par le premier plat et en terminant soit par la
dernière page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration, soit par le second
plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires
originaux sont filmés en commençant par la
première page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration et en terminant par
la dernière page qui comporte une telle
empreinte.
Un des symboles suivants apparaîtra sur la
dernière image de chaque microfiche, selon le
cas: le symbole — »> signifie "A SUIVRE ", le
symbole V signifie "FIN".
Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être
filmés à des taux de réduction différents.
Lorsque le document est trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir
de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite,
et de haut en bas, en prenant le nombre
d'images nécessaire. Les diagrammes suivants
illustrent la méthode.
y errata
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LA VRAIE POLITESSE
ET
LE BON TON-
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Imprimatur
Montrl^al. 2 Mai, 1873
i Ig. Ev. de Montréal.
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ET
LE BON TON,
Plus particulièrement à l'usage des Elèves
des Collèges^ Pensionnats^ etc., etc..,
et de tous ceux qui entrent
dans la société.
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MONTREAL:
EUREBE SENEGAL, IMPRIMEUR,
Nos. 6, 8 et 10, Rue Si. Vincent.
1873
*:■*.
Enregistré, conformément à l'Acte du Parlement
du Canada, en l'année mil huit cent soixante-
treize, par J. A. Langlats, au bureau du
Ministre de l'Agriculture.
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INTRODUCTIONS^
" Un homme, dit Durosoy, qui
ignore les règles de la politesse, peut
être homme de probité,brave homme,
homme à talents, si Ton veut, grand
homme même; mais il ne sera ja-
mais un personnage agréable. On
se renferme pour l'éviter, et quand
on n'a pu réussir, on éprouve une
sensation inquiète : c'est oomme un
poids dont on voudrait se oulager."
Quel est celui qui, pour peu qu'il
ait eu de commerce avec le monde,
n'a pas éprouve toute la vérité de
ces paroles ; qui, condamné à avoir
des rapports fréquents avec certaines
personnes incultes, aux manières ru-
des et grossières, n'a pas eu à pousser
6
INTUODI^CTION.
rabiiogiilioii jusqu'à ses ilornioros li-
mites, pour ne pas rompre avec elles,
et pour supporter eu silence les fau-
tes sans nombre que leur faisait com-
mettre, à chaque instant du jour,
leur mauvaise éducation !
Il semble qu'il soit moins difficile
d'être indulgent envers ceux qui
manquent aux règles de la biensé-
ance et de la politesse par ignorance.
Quoiqu'ils donnent aussi beaucoup à
souffrir, leurs victimes sont, assez
souvent, disposées à les prendre en
pitié. Mais il est une autre classe
de personnes qui sont moins dignes
d'indulgence ; ce sont celles qui re-
gardent la politesse comme une chose
futile ; qui semblent incapables d'en
apprécier le prix. Ces personnes,
douées quelquefois de certaines qua-
lités, paraissent croire que leurs qua-
lités les dispensent des formes polies.
Il y a là un défaut de jugement :
INTRODUCTION.
9
Diiiis nous n'en avoiLS trouve aucun
qui pût nous convenir en tous points.
La politesse, dans ce qui en fait l'es-
sence, est la même partout ; mais
les usages varient selon les temps
et les lieux. Or nous avons les nô-
tres, les usages de notre société Ca-
nadienne-française,qui sont loin d'ê-
tre les moins recommandables, et
qu'il importe de connaître. C'est
pour faciliter l'acquisition de cette
connaissance, pour propager parmi
nous la politesse et les bonnes ma-
nières, que nous avons réuni, dang
un tout petit livre, les règles de la
vraie politesse, et les usages de notre
société, relatifs à la bienséance et au
bon ton.
CHAPITRE PREMIER.
DE LA POLITESSE ET DU BON TON.
Si l'an nous demandait ce que c'est que
la politesse, nous n'hésiterions pas à la
définir : Une vertu qui nous porte à
avoir pour le prochain toute la bienveil-
lance, tous les égards, toutes les attentions
que Ton voudrait qu'il eût pour nous.
Il ne faudrait pas confondre la politesse
avec le bon ton. La bonne éducation fait
l'homme poli, tandis que la simple con-
naissance de l'étiquette, des usages du
monde, fait l'homme de bon ton.
La politesse est une vertu ; elle procède
du cœur,tandis que le bon ton n'est qu'une
connaissance que l'esprit acquiert et que
l'on trouve dans l'homme du monde.
Nous disons que la politesse est une
vertu. Le mot vertu veut dire force ; et,
en eflet, on ne saurait pratiquer une vertu,
sans déployer une certaine force morale,
une certaine énergie de la volonté ; sans
12
LA VRAIE POLITESSE
se faire violence à soi-même : et dès le
moment qu'il n'y a plus exercice de la vo-
lonté, que la nature se porte d'elle-même
à une chose, il n'y a plus vertu.
Pour exercer invariablement la poli-
tesse, il faut se renoncer soi-même, faire
taire Tégoïsme, s'oublier en quelque sorte,
afin de se rendre agréable i tous.
C'est si bien là l'idée que l'on se forme
de la politesse que le sens naturel est cho-
qué de rencontrer de la grossièreté, de la
rudesse, chez les personnes qui, dans l'é-
tat de vie qu'elles ont embrassé, sont cen-
sées plus particulièrement adonnées h la
pratique de la vertu. Le bon sens dit
qu'il y a là une espèce d'anomalie.
La politesse n'est autre chose que l'ap-
plication, dans la société, des principes
de la charité chrétienne, et l'on peut avan-
cer, sans crainte de se tromper, que la véri-
table politesse ne saurait se trouver chez
ceux qui sont dépourvus de l'esprit de
charité; tandis qu'elle se rencontre infail-
liblement dans l'homme animé de cet
esprit. '^
"Se peut-il, disait un prùtro distingué,
se peut-il qu'un homme, plein d'affection
et de déférence pour ses frères, ne soit
^
I
ET LE BON TON.
13
t;;»
^
pas un homme social et vraiment aima-
ble ? Que lui manque-t-il pour être par-
faitement poli aux yeux du monde? Cer-
taines manières, certaines formules, des
procédés et un langage de convention
dont la connaissance ne s'acquiert que
dans la bonne société ? Mais qu'est-ce que
cela ? Des choses purement accessoires ;
des formes qu'il faut savoir et respecter,
sans doute, mais qu'on ne peut mettre en
comparaison avec cette politesse du cœur,
qui est de tous les temps et de tous les
lieux, et qui charmerait les hommes les
plus sauvages."
''Dans mes voyages, dit madame la
comtesse de Bradi,je n'ai jamais rencontré
une religieuse qui eut de mauvaises ma-
nières ; et, parmi les paysans et les ou-
vriers que j'ai connus,- j'en ai remarqué
plusieurs qui se distinguaient prodigieu-
sement entre leurs égaux par des façons
qui semblaient être le résultat d'une édu-
cation soignée, tandis qu'elles étaient ce-
lui d'un excellent caractère, formé et per-
fectionné par la connaissance et la prati
que de la charité évangélique."
Autant le fond l'emporte sur la forme,
la réalité sur la figure, autant la politesse
14
LA VRAIK POLITESSE
l'emporte sur le bon ton. La politesse est
de tous les temps, de tous les lieux ; elle
gagne tous les cœurs, elle répand le char-
me dans tous les rapports qu'ont entre
eux les membres de la société.
On pardonne facilement à une jeune
personne, à un jeune homme, la timidité,
l'embarras dans une compagnie ; on les
excuse sans peine, en remarquant qu'ils
n'ont pas encore l'usage du monde ; mais
s'ils sont bien élevés, s'ils sont vraiment
polis, on dira qu'ils rachètent bien leur
timidité un peu excessive parla modestie,
la réserve, en un mot par une bonne édu-
cation, à laquelle il ne manqun qu'un peu
plus d'usage du monde.
Et cependant, disons-le, aujourd'hui on
s'occupe moins du fond que de la forme.
Si l'on prend un livre qui traite de la poli-
tesse et du savoir-vivre, on passe rapide-
ment sur ce qui a trait à l'essence de la
politesse, sous prétexte que ce sont des
choses bien communes, que tout le monde
connaît, et qui ne regardent guère les
fashionables. Ce que l'on cherche, ce que
l'on veut acquérir, c'est la connaissance
de certaines cérémonies, de certaines for
mes ou civilités qui doivent se rencontrer,
h
'
ET LE BON TON.
15
t
h
sans doute, chez riiomme du monde, mais
seulement comme accessoires ou complé-
ment d*un« bonne éducation, dont elles
ne sauraient jamais tenir la place.
Qui n'a. pas rencontré, en compagnie,
des jeunes gens parfaitement à l'aise ; qui
n'ignorent aucune des règles de la civilité
et du bon ton que l'on observe invariable-
ment dans la bonne société ; qui s'en ac-
quittent à la lettre, et qui cependant
manquent d'éducation ? Chez eux tout
cet étalage de savoir-vivre n'est qu'une
contrefaçon. Suivez-les en dehors du
salon, ei vous ne trouverez chez eux
rien de délicat, rien de suave dans leurs
rapports, mais seulement de l'égoïsme et
de l'amour-propre.
La politesse comprend : la morale, les
bienséances, l'iionnôteté, la civilité, et, en
un mot, toutes les douces vertus qui for-
ment les liens les plus puissants de la so-
ciété civilisée ; c'est à proprement parler,
la morale en action.
La politesse consiste à être aussi bon, '
aussi aimable avec les autres que nous
voudrions que les autres le fussent pour
nous.
Elle se reconnaît à cette attention con-
10
LA VUAIE POLITESSE.
liiiuelle, sans allectalion, de rendre les
autres contents de nous et d'eux-mêmes.
La vraie politesse n'est embarrassante
pour personne ; elle met tout le monde à
son aise, et laisse la liberté à chacun.
Elle ne s'offense de rien, pas même de la
contradiction.
Une personne douée d'une grande bon té
ne peut jamais manquer de politesse, car
la politesse n'est que Fexpression de la
bonté.
Avec la bonté du cœur vous pouvez
manquer à l'usage du monde sans tirer
à conséquence ; mais toutes les fois que
vous consulterez votre bon coeur, il est
impossible que vous manquiez à la poli-
tesse.
Il ne faudrait pas conclure de ce qui
précède que nous veuillons déprécier la
civilité, le bon ton, les usages reçus dans
la bonne société ; ou que l'on puisse de-
meurer indifférent à leur égard : loin de
nous cette pensée ! Nous maintenons au
contraire,tou t en rappelant que les formes,
quelques gracieuses et exquises qu'elles
soient, ne sauraient jamais tenir lieu de la
vraie politesse, qu'il est indispensable à
un homme bien élevé de connaître les
I
Vv
■b»
)
ET LE BON TON.
17
usages du monde ; que l'on ne saurait ap-
porter trop de soin à inspirer aux jeunes
gens une haute idée de la bienséance ; à
leur faire connaître toutes les règles de
la civilité. En faisant son éducation, avant
d'entrer dans le monde, il est important de
se bien familiariser avec les usages de la
bonne société, afin de s'y conformer, en
autant qu'ils n'ont rien de répréhensible.
u
.%■
CHAPITRE SECOND.
DE LA POLITESSE DANS LA FAMILLE
Piv
i
C'est au sein de la famille que l'on puise
les premiers principes de la politesse, et
celui-là est bien à plaindre qui ne reçoit
pas, sous le toit paternel, cette première
éducation ; car elle ne peut guère s'acqué-
rir plus tard. On se sent toujours de la
manière dont on a été élevé. '' L'homme,
a dit un célèbre publiciste, est toute sa
vie ce qu'il a été sur les genoux de sa
mère." Gela doit s'entendre aussi bien
de la politesse que de toutes les vertus
morales.
I.
Il est indubitable que les lieux qu'il ha-
bite exercent une grande influence sur le
sujet de Téducation. Un enfant élevé
dans une maison malpropre, où tout est
négligé, où il n'y a que désordre, ne sera
■ ■ \
LA VRAIE POLITESSE
19
probablemoiit jamais un hoiiimo soigneux,
un homme d'ordre. Une jeune fille élevée
dans la somptuosité et le luxe, au milieu
de tout ce qui peut flatter la mollesse et
la vanitô,aurades goûts et des dispositions
en rapport avec son éducation. Elle ne
rêvera que grandeurs et richesses ; elle
sera vaniteuse, et dédaignera la surveil-
lance du ménage comme quelque chose
indigne d'elle. A ce' propos voici ce que
dit madame la comtesse Drohojowska, en
s'adressant à une jeune personne :
*' Je trouve très-avantageux que les mai-
sons des plus simples particuliers soient
devenues commodes, gaies, propres, élé-
gantes même ; que les besoins de la socia-
bilité, en nous forçant à nous produire
parfois au dehors, nous aient mis aussi
dans le cas de recevoir à chaque instant
une visite, et aient dès lors exigé, comme
un devoir inspiré par la société, un ar-
rangement et une propreté continuels.
Mais ce que je voudrais, c'est que dans
ces charmantes cages, peintes et si bien
ornées où elle passe au moins les trois
quarts de son existence, chaque femme
sût introduire ce pur et céleste reflet que
nos crrand'mères savaient faire arriver
I il
H
20
TA VRAIE POLITESSE
jusqifaii cuiilre de leurs sombres et austè-
res demeures, tl'y voudrais voir de véri-
tables maUresscs de maison^ de sages mères
de famille y et non pas de ces brillants oi-
seaux qui, ne sachant que faire admirer
leur voix, et vanter leur plumage, osent
s'ennuyer dans le calme du chez soi, com-
me si Dieu et la famille, ce n'était pas
assez pour remplir un cœur de femme.
'* Que votre ameublement soit simple
et convenable en même temps ; que la
matière en soit commune, mais que la
forme en soit gracieuse et distinguée; que
tout soit de bon goût, et rappelle Tidée de
cet ordre, de cette harmonie que l'esprit
cherche en toutes choses, parceque Dieu
en a fait un de nos besoins les plus pro
fonds. L'homme doit, en un certain sens,
imiter le Créateur qui a fait tout de rien,
et qui, avec les matières les plus commu-
nes, produit chaque jour les effets les plus
merveilleux. Les œuvres de Dieu se dis-
tinguent toutes par la médiocrité de la
matière et la beauté de la forme. Ce n'est
ni avec l'or, ni avec l'argent qu'il a pré-
paré le tissu si gracieux du lis des champs,
dont les vêtements de Salomon dans sa
IVV LK BON TON.
n
î
gloire n'ont jamais pu atteindre la b(îaulé
et l'éclat.
'^ Imitons Dien, et que la principale va-
leur (les objets dont nous nous servons
leur vienne de la perfection que vous
leur donnerez. Votre luxe n'aura rien de
choquant pour les pauvres, rien d'inquié-
tant pour votre conscience, rien de funeste
pour votre esprit ; mais il tournera, au
contraire, à l'avantage des ouvriers dont
le travail aura donné à ces objets tout
leur prix, et au perfectionnement de votre
intelligence, en entretenant en vous cette
pureté, cette délicatesse de goût, si rare
aujourd'hui, et ce sentiment du beau si
précieux, et dont on peut tirer tant de
profit pour la direction morale de la vie,
car il y a un rapport entre le beau et le
bien."
Il y a donc un grand défaut dans l'édu-
cation que donnent à leurs enfants ces
parents qui ne respirent que le luxe et la
somptuosité ; qui consacrent des sommes
immenses à orner leur salon ; qui ne trou-
vent jamais leur ameublement assez riche;
qui ne peuvent dissimuler leurs senti-
ments de jalousie, si un ami a une mai-
son mieux montée que la leur; les conse-
il
00
LA VIUIE POLTTKSSK
queiices do cotte mauvaise éducation sont
déplorables. Los jeunes personnes con-
tractent ce goût du luxe, et ne peuvent se
faire à l'idée d'épouser un jeune homme
qui n*a pas un château à leur offrir pour
demeure. A moins qu'il ne possède une
belle fortune, un jeune homme, aujour-
d'hui, ne peut songer à s'établir sans des-
cendre de sa condition. Qu'arrive-t-il ? Il
y renonce, et l'équilibre est ainsi rompu
dans la société.
II.
DE LA POLITESSE DES EPOUX ENTRE EUX.
Rien de plus i)ropre à entretenir l'har-
monie dans le ménage, les bons rapports
entre les époux, que le respect mutuel.
Une femme prévenante pour son mari,
toujours affable, toujours complaisante,
montre qu'il y a chez elle délicatesse de
sentiment. Cette disposition lui gagne
l'estime de son mari.
Un homme qui se llatto d'avoir reçu
une bonne éducation verra dans sa fem-
me une noble compagne que Dieu lui a
donnée pour l'aider à supporter les peines
de la vie. 11 sera donc pour elle rempli
d'égards.
ET LE BDN TON.
23
Laroiiiiiio,(lo son côlé, si elle comprend
sa haute mission, fera en sorte que son
mari trouve le bonheur an foyer domes-
tique. Le chef de famille est exposé à
bien des soucis; dans le commerce de la
vie, en dehors de chez lui, il ne peut man-
quer de rencontrer souvent des incidents
fâcheux ; pour lui parfois l'horison de la
vie est bien sombre. Il faut qu'il y ait
sompensation ; qu'en entrant chez lui, en
franchissant le seuil de sa demeure, il
respire la pai.v» et la sérénité. Rien de
plus propre à fortifier un homme, à
l'encourager au milieu ch^s épreuves de
la vie.
Les paroles blessantes, entre l'homme
et la femme, devraient être chose incon-
nue. Non-seulement elles sont malséan-
tes, mais encore elles font au cœur une
blessure d'un caractère tout particulier,
parceque le coup est porté par quelqu'un
chez qui l'on est en droit de s'attendre à
trouver invariablement les sentiments
d'une tendre affectioa ; on sent que
ces paroles brisent un lien des plus chers.
Les convenances exigent que la femme
ne se présente jamais devant son mari
Q4
LA VnAll'] POLITKSSl':
dans uii néglige') qui pourrait provoquer
le dégoût.
La politesse veut encore que le langage
chez la femme soit toujours chaste, n*y
eût-il que son mari pour Tentendrc. Il
doit en être aussi de mrme du mari. Les
époux se doivent, l'un àTautre, ce res-
pect.
Les charmes de la jeunesse, qui peu-
vent éblouir un instant, sont bientôt pas-
sés. Et que reste-t-il ensuite pour main-
tenir une union cordiale entre l'homme
et la femme? L'estime qu'ils ont l'un
pour l'autre : cette estime trouve son ali-
ment dans les qualités du cœur et les bons
procédés.
in.
DE LA POLITESSE DES ENFANTS ENVERS LEURS
PARENTS.
Il ne s'agit pas ici seulement d'un de-
voir de convenance, mais d'un précepte
divin: *' Tu honoreras ton père et ta mère."
Ce respect doit s'étendre aux grands pa-
rents, oncles, tantes.^ etc.
La grossièreté envers les parents, outre
qu'elle attire la malédiction du ciel, a un
caractère odieux tout particulier.
ET LE ROX TON.
25
•
Si vos parents ont des défauts— ut qui
n'en a pas — cela ?i< vous dispense en rien
de les rcspoctor,
Ni votre âge, ni voLro condition, quel-
(|u élevée qu'elle soit, ne peut vous affran-
chir de l'obligation d'ulre respectueux en-
vers vos parents.
Ne leur parlez jamais que la tute dé-
couverte.
N'élevez jamais la voix en vous adre^5-
sant à eux, mais prenez un ton modeste
et respectueux.
Est-il nécessaire de signaler ici un
abus aussi absurde que ridicule, qui con-
siste pour les parents à se faire tuloyer
par leurs enfants. C'est pour le moins de
très-mauvais goût. Croirait-on cependant
que quelques parents ont cru se donner
par là du ton, des airs de grandeurs?...
Ils ignorent, sans doute, ces braves gens,
que c'est au temps lugubre de la révolu-
tion française que cette mode insolite a
pris naissance. C'est un fruit digne de
l'arbre qui l'a produit. Quel ordre admi-
rable dans la société ! toutes les condi-
tions ramenées au môme niveau !.... l'en
faut traitant d'égal ;\ égal avec son
père!.... L'exemple ent bientôt des imi-
'
26
LA VRATE POLITESSE
tateurs. Voilà ce que dit à ce sujet M.
l'abbé de Vauxelle :
'* Les premières mères qui s'avisèrent
de se laisser tutoyer par leurs enfants fu-
rent quelques femmes très-vaines, qui cru-
rent se distinguer par une singularité ai-
mable. Leur exemple fut suivi par une
foule d'autres plus passionnées que vrai-
ment tendres pour leurs enfants, et par
quelques pères plus complaisants que sa-
ges. Elles révèrent que le secret d'être
toujours aimées par ces êtres si chers
était trouvé, que la familiarité établirait
la confiance et n'amènerait point l'indé-
pendance et le mépris Mais l'en-
fant, enhardi par cette condescendance,
marche toujours plus avant dans la voie de
la familiarité. Dès qu'il lui est permis de
tutoyer son père, il doit regarder comme
tout naturel de l'appeler son ami, et de
le traiter comme tel. Or l'on demande
volontiers les conseils et les avis d'un ami,
maiG on n'aime pas à recevoir des ordres
de lui. Pourtant il arrive souvent qu'un
père pst obligé de donner des ordres, et
plus la familiarité est grande, plus l'auto-
rité parait dure. r -
''Le père lie doit pas oublier qu'il ne
ET LE BON TON.
27
lui est jamais permis d'abdiquer sa di-
gnité de roi. Il ne Tabdique pas en jouant
souvent avec ses enfants, en se livrant à
leur caresse, en se laissant môme surpren-
dre avec eux dans la posture de Henri IV;
mais il l'abdique en leur donnant un
droit qu'il ne peut plus leur retirer, s'ils
s'en rendent indignes. Le supérieur s'ho-
nore et ne s'avilit pas en descendant de
son plein gré, pour se faire humble, au
milieu des petits, mais il se découronne
en laissant l'inférieur s'asseoir, quand bon
lui semble, à ses côtés."
Un enfant ne peut rien faire de plus
injurieux pour ses parents, ni de plus
mé^irisable pour lui-mume, que de rougir
de leur condition,de la simplicité de leurs
manières, de leur défaut d'instruction, de
l'inexactitude de leur langage, de leur
manque d'usage. Souvent ces vieux pa-
rents, sans instruction, ont beaucoup plus
de véritable politesse que le jeune fat
qu'ils ont fait instruire au prix de
leurs sueurs, et qui, avec un petit vernis
de savoir, manque le plus souvent aux
W^gles les plus élémentaires de la poli-
tesse.
Quand on est avancé on âge, on devient
28
LA VRAIE POLITESSE
très-sensible. C'est im devoir de politesse
pour les enfants d'éviter avec le plus
grand soin tout ce qui pourrait blesser
cette grande sensibilité de leurs vieux pa-
rents. '* N'ajoutez pas, dit Silvio Pellico,
dans son livre des Devoirs des hommes^
aux tristesses qui courbent les têtes blan-
chies autant que l'âge. Que votre vue,que
votre présence les raniment et les réjouis-
sent I Chaque sourire que vous rappelle-
rez sur leurs lèvres, chaque mouvement
de joie que vous réveillerez dans leur
cœur, sera peureux la plus salutaire des
jouissances et redescendra sur vous-même
comme une rosée bienfaisante: Dieu con-
firme toujours les bénédictions des pères
et des mères."
»
IV.
DE LA CONDUITE DES PARENTS E^^VERS LEURS
ENFANTS.
Personne n'ignore l'iniluence de l'ex-
emple : voulez-vous que vos enfants pra-
tiquent la politesse,donnez-leur en l'exem-
ple. 1/enfant est imitateur par nature, et
se moule presqu'invariablement sur le
modèle que lui oflVent ses pères et mères.
s
r
;?
ET LE BON TON.
29
Donc grande circonspection chez les
parents sur toutes leurs paroles, sur toutes
leurs actions.
S'il s'élève quelque différend entre le père
et la mère, qu'ils se gardent bien de s'ex-
pliquer en présence de leurs enfants. Ceux-
ci ne doivent jamais être témoins de ce
genre de contestations, mais uniquement
des bons procédés dont leur père et mère
usent, l'un envers l'autre.
Si vous voulez former vos enfants à des
habitudes de politesse, soyez polis avec
eux ; ne vous permettez jamais, en les re-
prenant, des paroles triviales, grossières.
Point de despotisme avec eux ; n'abusez
pas de votre autorité. Ils ne doivent pas
vous craindre au point de trembler tou-
jours en votre présence, de perdre toute
présence d'esprit et de ne pouvoir rien
faire de bien. On a vu des enfants, d'une
nature très-délicate et très-sensible, doués ^
de beaucoup d'intelligence, devenir hé-
bétés par suite des secousses qu'éprouvait
chez eux le système nerveux toutes les
fois qu'ils entendaient seulcMiient la voix
de leur père.
' Il faut que, tout en vous respectant, vos
enfants soient à l'aise devant vous ; qu'ils
; 1
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M
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■.i
30
LA VRAIE POIilTESSE
se sentent, en un mot, en présence d'un
bon père, d'une bonne mère, chez qui
toutefois la bonté ne doit jamais dégénérer
en faiblesse.
Tenez fermement a ce que vos enfants
observent, les uns envers les autres, dans
l'intérieur de la famille, toutes les règles
de la politesse et de la bienséance qu'ils
doi v'ont pratiquer plus tard dans le monde.
La politesse, avons-nous dit, est une vertu ;
or une vertu ne s'acquiert que par l'ha-
bitude. On ne devient pas poli tout d'un
coup, après avoir parcouru un traité de
politesse. Soyez certains que, en fait de
politesse et de savoir-vivre, vos enfants
seront plus tard ce qu'ils sont aujourd'hui
dans votre maison.
Nous ne pourrions mieux terminer ce
chapitre qu'en disant avec un estimable
auteur que les membres d'une même fa-
mille se doivent quelque chose de mieux
que la politesse, c'est-à-dire qu'aux égards
réciproques et à la douceur des relations,
on doit joindre, une nuance de cordialité,
si ce n'est d'amitié. L'amitié, elle existe,
elle doit exister entre frères et sœurs, et
la politesse du cœur en relèvera les char-
mes; les attentions délicates,ramabilité,la
.
ET LE BOxN TON.
31
confiance en éterniseront la durée,etpour
nos autres parents, la simplicité affectu-
euse de notre langage, nos égards,nos pré-
venances leur prouveront toujours que
nous ne les traitons pas en étrangers.
I
.
'. ?t.
m
'î
CHAPITRE TROISIEME
POLITESSE DANS LES COLLÈGES,
PENSIONNATS, &c.
i
Si l'éducation aue Ton reçoit dans la
maison paternelle exerce une si grande
influence sur tout le reste de la vie, il va
sans dire qu'elle doit être continuée dans
le pensionnat.
Le temps que l'on consacre à inculquer
dans l'esprit des élèves les principes de la
politesse et du savoir-vivre n'est pas un
temps perdu, tant s'en faut. Des manières
affables, des formes polies contribuent
souvent, autant que la science, à assurer
à un jeune homme le succès dans le
monde. Or il est placé dans un pension-
nat pour apprendre toutes ces choses
Il arrive trop souvent que dt' jeunes
gens, doués de beaucoup de qualités na-
turelles, n'ont reçu aucune éducation de
leurs parents. N'est-il pas cruel de les
instruire uniquement dans les lettres? de
LA VRAIE POLITESSE
33
leur laisser ignorer les règles de la bien-
séance et du savoir-vivre qu'ils doivent
observer dans le monde ? de leur laisser la
tâche humiliante d'apprendre ces choses,
qui pourtant font partie d'une éducation
achevée, eux-mêmes, et au prix de plus
d'une gaucherie. ,
En entrant au pensionnat, on doit
prendre, si on ne les a déjà, et cela tout
de suite, des habitudes d'ordre et de pro-
preté. Malheureusement c'est là, le plus
souvent, que l'on contracte les habitudes
contraires. Sous prétexte qu'on n'a à sa
disposition, pour sa toilette, que peu de
temps, on se néglige ; on laisse régner le
désordre dans son coffre, son bureau de
toilette,elc.; le linge, les habits y sont jetés
pêle-mêle. La conséquence est que plus
tard, quand on aura embrassé un état
de vie, une profession, le même désordre
régnera dans la bibliothèque, dans les pa-
piers les plus importants, suite d'une
mauvaise habitude contractée au collège.
Pour ce qui regarde la propreté, ne
craignons pas, comme quelques-uns, de
pousser les choses trop loin ; elle ne sau-
rait jamais être excessive ; jamais nous
n'en dépasserons les limites. Ainsi grande
34
LA VRAIE POLITESSE
f
propreté pour tout ce qui regarde la toi-
lette, le linge, les habits, et surtout sa
personne.
L'usage du bain, surtout en été, doit
être fréquent; la santé le réclame autant
que la propreté.
Que la figure et les mains soient toujours
parfaitement nettes ; lavez- vous aussi la
tête très-souvent ; portez les ongles courts,
et veillez à ce que vos cheveux ne soient
jamais en désordre.
Il est impossible d'entrer ici dans tous
les détails ; toutefois il est un point, fort
négligé, sur lequel nous voulons insister,
c'est le soin que Ton doit prendre de sa
bouche.
Que l'on se persuade bien que rien
n'indique autant la mauvaise éducation
qu'une bouche malpropre.
Les enfants doivent être accoutumés,
dès leurs premières années, à prendre un
soin tout particulier de leurs dents : c'est
l'unique moyen de les conserver saines,
et d'éviter une foule d'inconvénients,
entre autres celui d'avoir une haleine qui
est la terreur de tous les voisins.
On doit invariablement se laver la
' "n
ET LE BON TON.
bouche et se brosser les dents tous les
jours.
Les élèves doivent avoir un grand res-
pect pour leurs maîtres, se découvrir
quand ils les rencontrent ou qu'ils leur
parlent, et observer, eu un mot, scrupu-
leusement envers eux toutes les règles
de la politesse.
Outre ces devoirs de bienséance envers
leurs maîtres et maîtresses, les élèves en
ont aussi à observer entre eux.
*' L'usage du tutoiement entre élèves
contribue beaucoup, dit M. Balme-Frézol,
à propager le mauvais ton dans les pen-
sionnats. Rien ne prèle plus à la gros-
sièreté et ne s'oppose davantage aux for-
mes délicates du langage, dont il importe
de faire contracter l'habitude aux jeunes
filles.
"Aujourd'hui, dans les collèges, où
Ton fait une large pai't à l'éducation , *
^ D'après Verardi, *'c(3 qu'on appelle dans le
monde une bonne èducalion n'est nullement l'édu-
cation du collège ou du pensionnat et elle ne
peut s'acquérir que par la fréquentation de la
bonne compagnie. "
Nous ne voulons pas décider si Vérardi est dans
le vrai en appréciant ainsi Uéducation des collèges
et des pensionnats dans $ou pays ; mais, d'un autre
36
L\ VllAlE POLITESSE
011 a proscrit le tutoiement. Ces Jeu lies
gens qui les eoinposent n'en sont pas
moins bons amis. Et lorsque deux cama-
rades d'étude se retrouvent, après do lon-
gues années^ jetés dans les positions so-
ciales les plus différentes, ils n'éprouvent
aucun embarras, et peuvent très bien,
sans paraître rougir l'un de l'autre, se
traiter comme ils le faisaient au collège.
" Qui n'a admiré la dignité que donne
au plus pauvre artisan cette formule res-
pectueuse du vous dont se sert le patron
en lui adressant la parole.'*
On dira peut-être qu'il n'y a pas grave
^j
côlé, nous ne voyons pas pourquoi la bonne éduca
lion ne serait pas celle des collèges et des pension-
nats ; nous ju^^ons, au contraire, qu'elle devrait
l'être. Il prétend que cette éducation ne peut
s'acquérir que '' par la fréquentation de la bonne
compagnie". Nous nous demandons pourquoi la
bonne compagnie ne serait-elle pas au collège, au
pensionnat. Si elle se trouve quelque part, il nous
semble que ce devrait être là. Pendant les années
que les élèves passent dans ces maisons, il y a tout
le temps et tout le loisir nécessaires pour les for-
mer à la vraie politesse, pour leur apprendre les
règles de la bieaséance et les usages du monde.
Les plus anciens élèves, d'après nous, devraient
être une véritable " bonne compagnie" au contact
de laquelle les plus jeunes, aidés des leçons do
leurs maîtres, viendraient se former aussi eux-
mêmes. - V
ET LE BON TON.
^7
incouvénient à ce quo des jeunes gens,
qui quelquefois se sont connus depuis
leur enfance, qui ont été élevés voisins
les uns des autres, se tutoient au collège.
C'est vrai dans un sens ; mais, d'un autre
côté, il est indubitable que l'habitude que
Ton contracte dans les collèges de se
tutoyer tous les uns les autres, comme
cela se pratique- ici, favorise la camara-
derie, tend à propager le mauvais ton,
môme en dehors du pensionnat, quand on
sera entré dans le monde. Par suite de
l'habitude, on continuera de se tutoyer ;
on tutoiera les serviteurs, les pauvres ; ou
tutoiera invariablement tous les enfants,
et l'on s'oubliera quelquefois jusqu'à
tutoyer des personnes à qui l'on doit le
respect, et l'on donnera par là une bien
triste idée de son éducation. Il suffit
quelquefois d'un écart de ce genre pour
faire perdre à un jeune homme de grands
avantages dans le monde.
" C'est parcequ'on ne réfléchit pas aux
avantages et aux prix de la politesse, qu'il
y a tant d'hommes impolis et grossiers,
dit l'auteur de rEcole des mœurs. Ils né-
gligent les manières comme de petites
choses, et ils ne savent pas que les ma-
2
m
as
Î.A VhAîK fOMlT^SI']
R
nièrcssonl sonvriU, ro qui fait que les
hommes tlécidcnl de uous eu bien ou en
mal. Ou ne peut [kis pénétrer l'intérieur
et l'on en Ju^^e par ce qu'on aperroil. Il
ne faut prcs(|ue ri(Mi pour être cru fier,
incivil, nïépi'isaul, il Tant encore moins
pour être estimé tout Ut contraire. Vou-
lez-vous ([ue tout 1(» nwjudiî vous aime et
vous estime ? Ay(?z pour tout le monde
beaucoup d'honnêteté, de douceur et de
polilesse : c'est ]»ar là<]ue vous gagnerez
tous les cœurs. U homme dont la société
est aimable, dit Salomon, s^n-a plus aimé
que ne l'csl 101 frire.''
'* Celui qui se fait aimer de tout le
monde entreprend [»eu d'atïaires qui ne
lui réussissent ; chacun s'empresse de
l'obliger; ou rougirait de faire peine à
celui qui ne cherche qu'à faire plaisir
aux autres, qu'à s'en faire aimer."
On doit être cormplaisant pour tous ses
condisciples ; aimer à leur rendre ser-
vice.
On ne doit jamais se permettre detoni'-
ner en ridicule ceux qui ont moins de
talents ; c'est là un grand manque de
charité et de délicatesse. Leur séjour au
collège est assez pénible,ennuyeux, et l'on
KT LE BON TOiV.
19
11
doit tâcher de le leur rendre ^e moins
' lésagréable possible.
Il faut bien se garder de l'impardon-
nable légèreté qui pourrait nous porter à
rire des défauts naturels de quelques
condisciples.
C'est montrer de Tétroitesse d'esprit
que de tirer gloire de sa naissance, de sa
fortune. Si l'on était tenté de le faire, il
faudrait se rappelej' que, dans quelques
années, certains condisciples, qui appar-
tiennent à des familles pauvres, nous au-
ront peut-être jetés dans l'ombre.
Que les élèves ne perdent jamais de
vue la simplicité qui convient à leur âge, à
leur position. Cet avis doit surtout s'a-
dresser aux jeunes filles qui sont plus
exposées à aimer à poser, à prendre des
airs de grandeur, à adopter une pronon-
ciation affectée, toutes choses qui pour-
raient les rendre ridicules,et qui, de plus,
sont opposées à la politesse et à la bien-
séance.
On conçoit qu'on ne fait ici qu'esquisser
à grands traits quelques-unes des princi-
pales règles de bienséance. On trouvera
le supplément de ce qui manque ici dans
*le reste de l'ouvrage.
• •
CHAPITRE QUATRIEME.
(C
BIENSÉANCE A L^ÉGLISE.
Si l'on peut dire, en toute vérité, que
la bonne tenue est la manifestation des
qualités morales, on peut ajouter qu'elle
est surtout une marque de respect. A ce
titre, où devez-vous mieux vous conduire
qu*à l'église ?
En vous sentant ainsi plus spécialement
en présence du Seigneur, vous devez son-
ger à sa puissance et à votre néant; vous
n'aurez pas besoin alors de vous étudier à
baisser les yeux, à marcher modestement,
car vous serez pénétré d'un sentiment
profond qui concentrera sur un seul point
toutes vos facultés, et produira néces-
sairement une tenue respectueuse et
recueillie. En dehors de ce maintien
décent, humble et modeste que vous ins-
pireront vos pensées, il est quelques^
^m^
LA VKAIË POLITESSE
41
K
t
règles de conduite dans Téglise que nous
allons rappeler ici. *
. Il est contraire à Li bienséance d'arri-
ver à réglise après que roffîcc est com-
mencé. Il y a des personnes qui le font
par négligence ; c'est coupable et peu édi-
fiant ; d'autres arrivent tard pour se faire
voir, c'est petit et ridicule. Dans l'un et
Tautre cas, «î'est malséant, car on devient
un sujet de distraction pour les autres et
on trouble ainsi le service divin.
Il faut ouvrir et refermer la porte de
réglise le plus doucement possible ; se
garder de frapper du talon en marchant,
ou de faire le moindre bruit, surtout si
Ton arrive pendant le sermon.
Si Ton accompagne à l'église une per-
sonne à qui l'on doit des égards, il faut
lui ouvrir la porte, que l'on retient ou-
verte pendant qu'elle entre ; puis on la
précède au bénitier; on lui présente,
après s'être déganté, de l'eau bénite, du
bout des doigts.
Avant d'entrer dans votre banc, ne
manquez jamais de saluer le Saint Sacre-
ment, en faisant la génuflexion» Cet
usage établi ici est très beau, très édifiant ;
il est suivi, par les dames et les messieurs,
42
LA VRAIE POLITESSE
aux Elals-Unis et en Angleterre. Cette
génuflexion ne doit jamais s'omettre en
entrant à Téglise et quand on en sort.
On doit se conformer en tout au céré-
monial de réglise,soit pour se tenir de-
bout, à genoux, ou assis.
Quelque soit le mérite ou la médiocrité
du prédicateur, n'allez jamais vous aviser
de donner aucune marque d'approbation
ou de blâme.
Ne saluez pas, dans Téglise, les per-
sonnes de votre connaissance. Si cela
devait se pratiquer, Téglise ressemblerait
plus à un lieu de promenade publique
qu'à une réunion des fidèles pour prier
Dieu. '
A l'église on ne présente, ni on n'ac-
cepte le bras. •
Il va sans dire que l'on ne doit se pré-
senter à Péglise qu'avec une toilette con-
venablement soignée. Chez la femme, le
fastg, l'extravagance dans la toilette, l'air
évaporée, le désir d'attirer l'attention,
toutes choses déplacées dans les assem-
blées mondaines, deviennent coupables à
l'église. Et cependant qu'il est commun
de rencontrer aujourd'hui^ au pied des
saints autels, des toilettes où percent
!
ET LE BON TON.
40
S
manifestement un désir effréné d'attirer
l'attention et de plaire. Et dire que la
femme ne devrait paraître que voilée dans
le temple!...
*^ Je n'aime pas, dit madame la Com-
tesse de Drohojowska, une toilette à effet
à réglise ; il me semble que lorsqu'on va
s'incliner aux pieds du Seigneur pour y
reconnaître sa faiblesse, il est peu séant
de se couvrir des signes extérieurs de la
vanité et de l'orgueil.
Parlant d'un office divin auquel elle
avait assisté, madame la comtesse s'ex-
prime ainsi :
" Si la prétentieuse et bruyante dé-
marche de quelques femmes m'avait déjà
si tristement frappée, quel ne fut pas mon
chagrin lorsque, me faisant observatrice
malgré la sainteté de la maison du Sei-
gneur, je remarquai l'air hautain, pro-
tecteur, avec lequel beaucoup trop de
femmes gagnaient leur place, dérangeant,
sans même payer la politesse qu'elles exi-
geaient d'un sourire d'excuse, dérangeant
dis-je, les gens modestement vêtus sans
se préoccuper des distractions et de l'hu-
meur qu'elles pouvaient causer. Mais du
moins, pensai-je, une fois installées, sur
ii
44
LX VRAIE POLITESSE
i
leur prie-Dieu, ces belles dames vont
songer au but de la visite qu'elles font au
Seigneur et déposer leurs arrogantes ma-
nières....Mon charitable espoir devait
encore être trompé. Après une légère
inclination de tête, les grands airs repri-
rent leurs cours, et vraiment, à voir ces
têtes parées se promener sur Tauditoire,
ou se fixer sans fléchir vers l'autel, on
eût pu oublier aisément où l'on se trou-
vait et se croire dans une réunion mon-
daine, où le seul soin des assistantes était
de dominer et d'écraser autrui du poids
de sa supériorité. Et dans le nombre de
ces femmes, beaucoup, la majeure partie
même, étaient jeunes ; il ne leur aurait
fallu, pour paraître presque des enfants,
qu'un peu de cette aimable simplicité qui
devient chaque jour plus rare. Beaucoup
' assurément n'avaient pas dans le cœur
l'orgueil que marquait leur tenue, beau-
coup s'humiliaient dans le fond de l'âme
pendant que leur physionomie démentait
leurs sentiments et les faisait mal juger.
'' Pauvres jeunes femmes ! elles s'imagi-
naient prendre une apparence de dignité^
de comme ilfaut^ et elles offensaient Dieu
et blessaient le regard des hommes."
'
ET LE BON TON.
45
On ne saurait mieux terminer ce chapi-
tre que par une courte citation, emprun-
tée à un spirituel, mais peu dévot critique,
et qui corrobore tout ce qui précède.
'' Les femmes mondaines, dit-il, ont une
singulière religion : c'est le dimanche,
en grande parure, qu'elles font à Dieu une
visite de cérémonie, à l'heure où tout le
monde y va et où elles espèrent bien ne pas
rencontrer le maître de la maison ; alors
chacune, sous prétexte de prier Dieu, ne
néglige aucun moyen de le faire oublier
aux autres ; par la parure, par les attitudes,
on s'efforce d'attirer l'attention des fidèles
et de les damner, en leur faisant adorer
des idoles. "
Nous ne voudrions pas faire aux dames
de ce pays l'injure de dire que ces paroles
peuvent avoir ici leur application; si
nous les citons, c'est par ce qu'elles font
voir, du moins, jusqu'où peut conduire
la vanité, le désir d'être admiré. Cette
passion aveugle et empêche de voir que
l'on se rend pour le moins ridicule.
l
m
CHAPITRE CINQUIEME.
POLITESSE DANS LES VISITES.
DE LA TOILETTE.
"""La simplicité dans les vêtements, dit
un auteur distingué, indique un esprit
juste ; et, si on examine avec une certaine
pénétration la toilette d'une femme, on
arrive très-laciiement à déterminer les
tendances de son intelligence et de son
caractère. La mollesse des vêtements
montre celle de Tame.'*
Quant à la toilette, dans les visites que
Ton reçoit ou que Ton fait, elle peut stric-
tement se résumer en deux mots : Pi^o-
prêté et simplicité ; avec ces deux choses
on satisfait à la rigueur 0ux exigences
de la politesse. Cela n'empêche pas qu'il
faille aller un peu plus loin pour suivre
les usages reçus dans le monde. Nous
.<
t
LA VRAlb] IMjLlTHSSK '
47
I
résiiuierioiis donc parfaitoinonL tout ci;
qui reganîo la toilello en njonlanl nn mot
de plus : Proprrti\ ^iDiplinilc (4 hon rjout.
D'abord on doil se confornicr aux mo-
des, poni'vn qu'elles no soient nullement
contraires à la modeslif», el qu'elles ne
soient point non plus ridicules.
Madame Bourdon, dans son petit traité
de politesse, veut qu'unie maîtresse de
maison, lorsqu'elle reçoit, soit habillée
simplement, et -ne l'isqne pas d'éclip-
ser, par l'éclat de sa parure, les personnes
qui la visitent. Voilà qui sent la vérita-
ble politesse : s'efTaccn' soi-même pour lais-
ser à une personne, qui nous l'ait l'hon-
neur de nous visiter, l'avantage de mieux
paraître. Profitons donc de cette excel-
lente leçon. MalhtHirensement ce n'e^t
pas ainsi que l'on comprend la chose ici ;
en quelque circonstance que ce soit qu'une
femme se voie éclipsée par la toilette
d'une autre, elle e?t inconsolable, et se
chagrine comme si elle eût subi une
grande défaite.
Pour la toilette des messieurs, il y a
trois choses pour lesquelles on ne saurait
être' trop particulier, savoir : le chapeau,
les gants et les bottes. Sans doute, ce
i
II
1 .1.
w
ri
48
LA. VRAIE POLITESSE
serait manquer à la politesse que de né-
gliger,dans une visite,les autres parties de
la toilette; mais enfin, Tétiquette est inex-
orable pour les trois articles qu'on vient
de mentionner ; et, au risque de se brouil-
ler avec monsieur Bon Ton, il faut qu'il
n'y ait aibsolument rien à reprendre à leur
égard.
Pour les visites, l'habit noir est de ri-
gueur.
Les dames ne sauraient être, par rapport
à la toilette, trop en garde contre l'excen-
tricité. C'est dans leur nature d'aimer la
parure, et il est si facile de tomber dans
les extrêmes ! D'un autre côté, il est
certain qu'aujourd'hui le goût, en ce
qui regarde leur toilette, est dépravé,qu'il
choque le bon sens. Nous ne voulons pas
insister plus longuement sur ce sujet,nous
nous contenterons d'ajouter que toutes ces
modes excentriques sont opposées au bon
ton. On peut se parer avec goût, avec
élégance môme, sans donner dans toutes
les exagérations qui sont à l'ordre du
jour.
Il est des circonstances dans la vie qui
exigent,des personnes qui font des visites»
certaines toilettes particulières.
ET LE BON TON.
49
Comme nous Tavons déjà dit, les toi-
lettes brillantes ne doivent pas être portées
à l'église.
Il ne convient pas non plus de s'habil-
ler trop richement quand on va visiter les
pauvres; le contraste avec leur misère
serait trop saillant. Nous leur devons cet
égard, celte délicatesse, de ne pas étaler
à leurs yeux de riches parures, tandis
qu'eux souvent n'ont pas de quoi se ga-
rantir contre l'imtempérie des saisons.
Ce serait aussi de très mauvais goût que
de faire une visite de condoléance avec
une toilette brillante. Les couleurs som-
bres sont plus en rapport avec la circons-
tance.
11 convient, au contraire, d'apporter plus
de soin dans sa toilette, pour les visites
de noces. C'est une des circonstances qui
réclament une parure assez riche et assez
recherchée.
II \
VISITES.
Il y a trois sortes de visites, celles de
bienséance ou d'étiquette, les visites d'a-
mitié et celles de charité.
i '1
50
LA VliAlK POLITESsr:
L'iioure des visites de bienséance o^l d'une
lienre à cinq liçiires. Pour les autres, on
est moins particulier pour l'heure ; toute-
fois, comme la politesse consiste surtout
à ne jamais- se rendre importun, on doit
éviter d'en faire dans un temps où l'on
serait exposé à être à charge à ceux que
Ton visite. Il faut éyiter de se ]3résenter
à rheure des repas, du travail.
Une visite d'étiquette ne doit guère
durer plus de dix minutes ; dans tous les
cas, elle ne saurait se prolonger au delà
d'un quart d'heure.
Les visites d'amitié, d'alFaire, de charité
peuvent durer un peu plus longtemps,
mais il faut toujours craindre le danger
de s'imposer; uiicîux vaut se levei' un peu
trop tôt pour parti 1*, sauf aux personnes
que l'on visite de nous retenir, si elles le
désirent, que de leur causer de l'ennui.
Car c'est le défaut de savoir-vivre le plus
insupportable, celui que l'on pardonne ie
plus difficilement, que cette manie de
s'imposer à ses amis, de les ennuyer, et
de leur ûiire perdre leur temps. Ainsi, si
vous allez visiter un ami par pure poli-
tesse, par affaire, ou pour lui prodiguer
quelques consolations dans une épreuve.
i
ET LE BON TON.
51
.1
^
À
vous étant acquitté de votre devoir, reti-
rez-vous. '
Les visites du jour-de-ran se font par
les messieurs le jour môme et les suivants.
Les dames retardent jusqu'au milieu ou à
la fui du mois de Janvier.
On peut toutefois aller, dès la veille du
jour-de-l'an, offrir ses hommages et ses
vœux aux personnages les plus élevés en
dignité.
Dans une visite ordinaire, vous pouvez
entrer avec votre canne et votre chapeau;
dans une visite d'étiquette vous les laissez
dans le vestibule. Toutefois on peut, dans
l'un et l'autre cas, sans manquer à la
bienséance, laisser son chapeau et sa
canne dans l'anti-chambre.
Dans une foule de livres sur la politesse,
écrits pour d'autres pays, on nous avertit,
bien qu'au cas où l'on serait invité à dépo-
ser son chapeau, il faudrait bien se garder
de le placer sur un lit. L'avis serait ici
inutile, attendu que, dans le pays, on ne
reçoit personne en visite dans une chambre .
à coucher, si ce n'est dans les cas où une
personne est retenue au lit par la mala-
die, et alors, avant que de pénétrer jus-
qu'à sa chambre, on a soin de se débar-
■' il
P,0
LA VRAIE r»OLITESSE
rasser de son chapeau, et de le suspendre
dans le corridor d'entrée.
Dans une visite, on garde ses gants.
Il n'est pas nécessaire de dire que Ton
présente la main aux personnes que l'on
visite. Toutefois les inférieurs doivent
attendre que les supérieurs la leur pré-
sentent. Ceux-ci, quand ils ont du savoir-
vivre, ne se font pas attendre, et ne lais-
sent jamais leurs inférieurs dans rem-
barras.
Règle générale, on ne présente jamais
la main aux Religieuses.
En entrant au salon, après avoir fait
vos salutations, vous restez debout, jus-
qu'à ce qu'on vous invite à vous asseoir ;
mais alors n'attendez pas qu'on vous ap-
proche un siége,t'aites-le vous-même, et ne
vous avisez pas,en partantjd'aller remettre
ce siège à sa place.
Si, pendant que vous êtes en visite, il se
présente quelqu'autre personne, restez
encore une minute ou deux, et retirez-
vous. ' •
Quand la personne que vous allez visi-
ter est absente, vous laissez un-^ carte que
vous déposez dans un plateau qui vous
est présenté par la servante. L'nsage corn-
KT LE BON TDN.
53
i
mence î\ s'introduire ici de plier, dans ce
cas, le coin de la carte, pour indiquer
qu'on l'a apportée soi-même.
On doit toujours répondre à une lettre
de faire part par une visite.
On ne peut se dispenser d'une visite
après une invitation à un dîner, à une
grande soirée, que l'on accepte ou non la
politesse qu'on a voulu nous faire, et cette
visite doit se rendre dans la huitaine, au
plus tard. Mais il ne faut pas l'appeler
une v4site de digestion. Nous ne compre-
nons véritablement pas que quelques au-
teurs aient pu mettre en vogue cette vici-
euse locution qui donne tout bonnement
à entendre que l'on va digérer ses repas
chez ses amis.
On dit bien une visite de condoléance,
de politesse, de bienséance, parceque,dans
ces visites, on offre ses condoléances, ses
félicitations, on s'acquitte d'un devoir de
bienséance. Mais dans la visite dite de
digestion^ que voulez-vous digérer ? si vous
n'avez pas accepté l'invitation, vous n'avez
rien à digérer ; si vous l'avez accepté, il
n'est 'guère possible que votre digestion
ne soit pas accomplie au moment de votre
visite. Que si elle ne l'était pas, vous au-
n
54
LA VRAIE POLITESSE
riez plus besoin de la visite du médecin
que de vous mettre en frais de faire vous-
même des visites.
" En cas de maladie d'un parent, d'un
ami, dit madame Bourdon, faites prendre
soigneusement de ses nouvelles, et si le
malade témoigne quelque désir de vous
voir, empressez-vous de lui faire visite.
C'est un devoir de charité et de biensé-
ance tout à la fois. Tâchez d'apporter
au chevet d'un malade la sérénité et la
consolation ; ne le fatiguez ni par une
visite trop prolongée, ni par des éclats de
voix, ni par des questions intempestives,
ni par une tristesse inquiétante, ni par
une gaieté déplacée. Qu'un bien-être mo-
ral résulte de votre présence."
Il y a certains défauts que l'on rencon-
tre, même chez des personnes qui se font
gloire d'avoir du savoir-vivre, et contre
lesquels les jeunes gens surtout ont besoin
d'être en garde.
Il ne faut pas s'étendre nonchalamment
sur son siège, se croiser les jambes, ou
bien encore remuer et s'agiter sans cesse.
Il faut éviter aussi de remuer les pieds,
de détériorer les tapis, avec le talon des
1 1
ET LE BON TON.
55
bottes, comme nous l'avons vu faire plus
d'une fois.
C'est aussi une grande inconvenance
que de s'emparer d'un objet placé sur une
table dont on est rapproché,et de s'amuser
à le tourner et retourner dans ses mains.
Madame de Maintenon fait ainsi le
portrait d'une personne mal élevée :
••* C'est une personne qui se tient mal,
qui est distraite, qui remue toujours, qui
regarde de tous"^ côtés, qui n'est point
occupée de ceux avec qui elle est, qui est
inquiète, qui tourne la tête au moindre
bruit, qui se met de travers, qui cherche
ses commodités, qui prend des postures
messéantes, et qui en tout parait s'aban-
donner à ses mouvements." ^
Quand le temps de terminer votre visite
est arrivé, il faut vous retirer, après avoir
salué poliment les personnes que vous
quittez. Il faut le faire avec grâce, et
tout de suite, sans balancer. Il y a des
personnes qui semblent ne pouvoir venir
à bout de trouver une formule pour se
retirer ; elles hésitent, paraissent fatiguer
sur leur siège, et nous mettent aussi mal
à l'aise qu'elles le sont elles-mêmes.
Il faut bien se garder d*entamerconver-
56
LA VRAIE POLITESSE
sation à la porte du salon, ou à la porte
de dehors, si le maître de la maison vous
fait la politesse de vous y accompagner.
Nous avons vu une jeune personne,
intelligente, appartenant à une bonne fa-
mille, qui avait reçu son éducation dans
une de nos meilleures maisons, commet-
tre rinconvenance que nous signalons
ici. Le maître de la maison, qui avait
trois fois son âge, lui avait fait Thonneur
de descendre l'escalier, et de raccompa-
gner jusqu*à la porte d'entrée. Eh bien !
elle le retint là,à lui dire des riens, pendant
vingt minutes, et avec des éclats de voix
et de rire que tout le monde entendait
du salon. Sans doute que ce n'était pas
là ce qu'on lui avait enseigné, mais ce
fait démontre jusqu'où on peut s'oublier
en fait de bienséances.
Nous aurions du signaler plus tôt cer-
taines circonstances de la vie,où les visites
sont rigoureusement imposées par les lois
de la bienséance ; tel que mort, mariage,
naissance, revers, fortune, etc., etc.
Pour ces visites,la toilette et la conver-
sation doivent être en rappoj'tavec la cir-
constance qui motive votre visite.
'^ De toutes les visites,dit madame Droho-
(
/
"f':
ET L^" BON TON.
57
jowska, les visites de charité sont, sans
contredit, les plus précieuses, celles qui
laissent après elles le plus de satisfaction
et de joie; on peut dire qu'elles sont faites
à Dieu lui-même.
'' Parmi les visites de charité, il en est
de bien des sortes. Les unes, et ce sont
les plus fréquentes, ont lieu dans de pau
vres chaumières, dans de sombres man-
sardes; elles portent avec elles Taumône
qui fait vivre, les soins matériels qui gué-
rissent les plaies du corps et ne s'occu
pent qu'indirectement et comme par sxir-
croit des souffrances de l'âme.
V
i
"D'autres, au contraire, franchissent le
seuil de marbre des palais et vont porter
la parole de vie là où respire l'abondance
de tous les biens de la terre, mais où la
douleur ou rinçrédulilé ont néanmoins
trouvé accès.
*' D'autres fois encore, c'est près d'un
ami, d'un égal, que vous guide la charité,
qui se cache alors sous le voile d'une sim-
ple amitié ; mais dans ce cas, comme dans
les autres, il ne faut, pour bien faire des
visites de charité, ni fortune, ni esprit, ni
pouvoir : il ne faut que cette vertu par
58
LA VRAIE POLITESSE
excellence du christianisme, Vamour de
Dieu et du prochain !
'^J'ai connu de i^-iuvres familles du
peuple qui faisaient d'excellentes visites
de charité, pendant que des personnes
opulentes ne savaient que distribuer de
l'argent et écraser la misère sous le poids
de leur méprisante pitié." . *
111.
DE LA CONVERSATION.
"• ^ '" ■ i ■ - ■ ■'. .'
Il faudrait un volume pour traiter cour
venablement ce sujet ; on ne peut que
tracer ici quelques règles et signaler quel-
ques défauts. ^
Dans la conversation, il faut avoir égard
à ce que Ton dit et à la manière dont on
le dit, au ton, à l'expression, etc.
''Sachez parler à chacun, dit madame
Drohojowska, le langage qui lui convient,
et, sans étaler jamais des prétentions dé-
^ placées, et des connaissances trop éten-
dues,prouvez à ceux qui vous approchent
que vous avez assez d'intelligence et de
bon sens pour vous intéresser à toutes
choses."
On n'intéresse les autres qu'en s'ou-
ET LE BON TON.
59
bliaiit. '' Une des choses, dit la Roche-
foucauld, qui fait qu'on trouve si peu de
gens agréables dans la conversation, c'est
qu'il n'y a presque personne qui ne pense
plutôt à ce qu'il doit dire qu'à répondre
précisément à ce qu'on leur dit. Les
plus habiles et les plus complaisants se
contentent de montrer seulement une
mine attentive, en même temps que l'on
voit dans leurs yeux et dans leur aspect
un égarement pour ce qu'on leur dit et
une précipitation pour retourner à cequ'ils
veulent dire.
Ne tombez pas dans ce péril, surtout
lorsque vous avez à.faire les honneurs de
voire salon ; sachez écouter avec attention
et politesse tout aussi bien que frayer les
voies à la causerie, et. îf^quelqu'un, chez
vous, manquait à ce simple devoir de po-
litesse,ayez soin, sans le blesser lui-même,
de revenir sur ce qui vient d'être dit, de
façon à ramener les esprits au sujet inter-
rompu ; car, soyez-en convaincu, s'il n'ex-
iste pas de conversation sans esprit natu-
rel et sans imagination, elle ne saurait
surtout se passer de bienveillance, de po-
litesse et de bons sentiments."
Les lignes qui suivent devront être lues
' 60
LA VRAIE POLITESSE
attentivement. Elles feront éviter cer-
taines manières de s'exprimer, certaines
formules qui dénotent, chez ceux qui s'en
servent, un grand défaut d'éducation, et
font juger du coup, malgré instruction
qu'ils ont pu recevoir, dans quelle classe
de la société ils ont été élevés.
En parlant à quelqu'un, vous vous bor-
nerez à dire, monsieur^ madame^ mademoû
selle^ sans ajouter jamais ni le nom pro-
pre, ni le nom de famille ; mais, au con-
traire, si vous parlez à un mari, à une
fename, de son mari ou de sa femme,vous
aurez grand soin d'ajouter le nom de fa-
mille à la dénomination de monsieur ou
de madarriS'^ qu'on ne doit alors jamais
employer tolft court. Les mots monsieur,
madame, mademoiselle, sans autres dési-
gnations,ne se disent que par les dcmesti-
queSjOu quand on leur parle de leur maî-
tre, parcequ'alors ces mots sont pris dans
un sens absolu.
Pour me résumer: je demande à un
domestique des nouvelles de madame^ de
monsieur; à un mari, en parlant de sa
femme, des nouvelles de madame Durand
et de madame Chevalier; à une femme on
dit, en parlant de son mari, monsieur de
ET LB BON TON.
61
',^_
Bizi, Dans le cas où la personne a droit
à un titre, on en fait mention, mais sans
supprimer pour cela le nom de famille :
Monsieur le Comte de Breteuilj madame la
Duchesse de Lauzun.
On ne dit à personne^ à moins d*une
très grande intimité: votre mari^ votre
femme^ votre p^lle^ votre père^ etc.; mais
mademoiselle votre fille, monsieur votre
père, madame votre mère, etc.; on dit
monsieur ^ votre mari^ mais madame votre
femme ne se dit pas.
Mon époux^ mon épouse^ ne sont admis à
aucun fitre parmi les gens de bon ton.
On dit simplement ma femme, mon mari^
ou avec un peu plus de cérémonie, mon-
sieur ou madame suivis toujours du nom
de famille ; mais mon mari, ma fem-
me sont préférables, parcequ'ils sont plus
simples.
En parlant à un homme, gardez-vous
de cette locution votre dame, votre demoi-
selle On dit une femme d'esprit, de
,cœur, d'intelligence, une fille ou jeune
personne modeste, bien élevée. Les mots
dames et demoiselles ne s'emploient con-
venablement que précédés du pronom
démonstratif. — Ces dames se sont réunies.
V\
lii
i.i
w
62
LA YUAIE POLI TESSK
— Ces demoiselles organisent une loterie.
. — Cette clame est malade.— Cotte demoi
selle est fort bien.
La petite l)onrg(»oisio ut^ peut s'aceou
tumer a cette simplicité de langage, et
c'est peut-être à cela surtout que ses mem-
bres se font immédiatement reconnaître.
Aussi vous ne ferez jamais comprendre à
certaines gens qu'il n'est pas de bon ton
de dire : — Combien avez-vons de demoi*
selles? — J'ai trois demoiselles. Les leçons
directes ou indirectes passent pour eux
inaperçues ; il leur semble si vulgaire
de dire des filles. — (^est bon, pensent ils,
pour le peuple, ^
En s'adressant aux Ileligicuses, on ne
doit jamais dire Madame^ k quelqu'ordre
ou à quelque congrégation qu'elles appar-
tiennent. On dit: ma Sœur ou ma Révé-
rende Sœur ina Mcrr^ ou ma Révérende
Mère^ selon le cas. *
Il est surtout deux délaiils, assez com-
muns, et qu'il faudrait éviter dans les cou-
versations. Le premier, c'est de parler
trop haut, de paraître supposer que les
interlocuteurs sont sourds. .Parlez moins
fort et articulez mieux. C'est en vain que
vous criez à vous fendre la poitrine, si
ET Li: BON TON.
63
vous n'avez une prononciation claire,
nette. Appliquez-vous donc à parler d'une
manière convenable, à articuler parfaite-
ment tous l(îs mo,ts, toutes les syllabes.
^' Fidèle à cette loi, dit le Père Ilugnet,
n'élevez jamais trop la voix; parler bas
attire Tattention ; parler peu fixe le sou-
venir. Les paroles de rinsensé, dit Salo-
mon, sont toujours précipitées, elles sont
comme la roue d'un char. Evitez la hau-
teur compassée, ou la trop grande préci-
pitation dans vos paroles, le ton haut, dé-
cisif et dogmatique."
" Non-seulement il faut mesurer son
ton aux différentes < onvenances de son
caractère, de sou état, de sa position, de
ses habitudes et de son âge; il faut presque
un ton différent avec chaque personne,
d'après la diversité de ses rapports avec
elle, et ce changement doit être tout na-
turel. Le tact ou l'instinct qui fait pren-
dre l'unisson de chaque société, de chaque
situation, de chaque moment, peut seul
indiquer le bon ton."
Le second défaut très-grave qu'il faut
éviter, si vous ne voulez pas passer pour
très-mal élevé, c'est de vous approcher
trop près des personnes à qui vous parlez.
â
64
li\ VRAIE POLITESSE
Il n'est pas nécessaire d'être nez à nez
pour faire la conversation. Si vous avez
quelque chose de secret à communiquer
aune personne, demandez-lui une audi-
ence privée, et tenez-vous, pour lui parler,
à une distance convenable.
Gardez-vous d'interrompre la personne
qui vous parle. Ecoutez-la attentivement,
et attendez qu'elle ait exprimé toute sa
pensée avant de reprendre la parole.
N'allez pas accaparer la conversation.
En présence des personnes qui vous sont
supérieures, par la position, par le savoir,
par l'âge ; parlez peu ; contentez-vous d'é-
couter et de répondre avec politesse et
modestie aux questions qui vous seront
faites. Lors même que vous seriez avec
vos égaux, il serait très inconvenant de
vouloir avoir le monopole de la conver-
sation ; rien de plus fatiguant, de plus
ennuyeux, de plus insignifiant que ces
grands parleurs.
Jamais il ne vous viendra à l'esprit de
singer les défauts de quelques personnes,
par exe nple de grasseier, pour vous don-
ner du ton. Car, après tout, grasseier est
un défaut; et ce serait parlant avoir trop
de bonhomie que de faire le sacrifice
ET Lie BON TON.
65
ri
1-
e
t,
d'une bonne prononciation pour adopler
Tespèce de jargon de quelques étrangers,
et de croire par là se donner du relief.
On a toujours assez de ses propres dé-
fauts, sans encore adopter <;ou\ des au-
tres.
Les règles de convenance à observer dans
la conversation, les défauts à éviter ne
doivent pourtant pas entraîner la gùne, la
contrainte,* la raideui', et bannir le natu-
rel, il faut bien se garder, — sous prétexte
de connaître les règles de la conversation,
et de les observer à la lettre, — de devenir
guindé, de prendre des airs de grandeur,
de ne parler que de science, de tomber
. dans l'affectation. C'est pour prémunir
les jeunes filles contre ce danger que
madame la comtesse de Drohojowska leur
donne le conseil suivant dans la personne
d'une jeune personne, qu*elle veut former
aux bonnes manières : —
'' Vous devez être, ma chère enfant,
femme d'intérieur, couturière au besoin,
et rien de ce qui se rattache aux diverses
occupations des femmes ne doit vous être
étranger. Je ne prétends donc pas que
vous affectiez de ne pas comprendre ce
que peut vouloir dire un terme technique.
^' V
'îl'l
m
66
LA VRAIE POLITESSE
— Pardonnez-moi d'accoler un mot si sa-
vant à des choses si usuelles, un terme
technique en fait de cuisine, par exemple.
^%
Mais ce que je dirai, c^est que vous devez
avoir assez de tact et d'esprit pour ne pas
permettre que vos qualités domestiques
déteignent sur vos habitudes de femme du
monde, de façon à leur donner des allures
vulgaires.— Je ne vous dirai pas : Soyez
femme élégante avant tout, mais bien :
restez femme élégante malgré tout I c'est
à-dire, occupez-vous de votre intérieur,
aimez et soignez les détails de votre mé-
nage, c'est là l'empire véritable de la fem-
me, et je ne sache pas que nos reines,qui,
autrefois, filaient les vêtements de leur
mari et soignaient leurs enfants, eussent
moins de véritable dignité que les grandes
dames de nos jours. Tout ce qui est du
ménage^ et je répète à dessein ce mot, afin
de vous déshabituer du ridicule respect
humain qui vous le rend trivial et ridicule,
tout ce qui est du ménage rentre dans le
domaine de la femme, et, quelque riche
qu'elle soit, elle no peut et ne doit le dé-
daigner, ne fut-ce qu'en prévision de ce
que peut amener un bouleversement social
»*..
ET LE BON TON.
67
OU un revirement de fortune ; et certes,
s'il fallait renoncer à ôtre femme d'inté-
rieur pour mériter le titre de femme
comme il fa^ut, de femme du monde, je
vous conseillerais, sans hésiter, de renon-
cer à ce dernier. Mais, grâce à Dieu, l'un
n'est pas incompatible avec l'autre, et la
môme femme peut être excellente ména-
gère dans sa cuisine, et femme fort élé-
gante dans un salon."
i ,
i:j
CHAPITRE SIXIEME.
.y
■
DE LA POLITESSE A TABLE.
Quand on a reçu nne invitation à dîner,
il convient de répondre sur le champ si
l'on accepte,ou si Ton en est empêché : ou
conçoit que cela doit se faire de la manière
la plus gracieuse possible.
Il faut arriver ni trop tôt, ni trop tard :
un quart d'heure à peu près avant l'heure
fixée *pour le repas.
Si Ton était invité à dîner dans une
famille où l'on ne serait jamais allé, on
devrait faire visite auparavant.
Les messieurs doivent offrir le bras aux
dames pour les conduire à table; c'est le
plus haut placé parmi les invités qui con-
duit la maîtresse de la maison ; ils passent
les premiers. On attend un instant que
le maître ou la maîtresse de la maison ait
assigné les places, verbalement, ou en
avertissant que chaque couvert porte son
étiquette.
.
LA VRAIE POLITESSE.
69
D'après Tasage qui a cours aujour
d'hui, voici dans quel ordre les convives
doiventrêlre placés. D'abord le maître et la
maîtresse de la maison occupent le centre
de la table, vis-à-vis l'un de l'autre. La
maîtresse de la maison a à sa droite le per
sonnage le plus distingué, et à sa gauche
celui qui vient après, et ainsi de suite. Le
maître de la maison doit avoir à sa droite
la femme la plus élevée en dignité, celle
qui vient après à sa gauche, et ainsi de
suite jusqu'au bout de la table. L'essen-
tiel est d'avoir assez de tact pour ne bles-
ser la délicatesse de personne ; chose assez
difficile.
En prenant votre soupe ', évitez d'aspi-
rer avec trop de force de manière à faire
du bruit, et ne vous servez pas du côté
de la cuiller.
Ne vous appuyez pas les coudes sur la
table : n'étendez pas les bras on mangeant,
de manière à gêner vos voisins, f» les frap-
per des coudes.
Ne portez jamais votre couteau à la
l Que le moi ne scandjilise personne, quoiqu'on
France on en ait horreur. Il est fraueais, c'est le
mot dont on se seit dans le [lays ; il est synonyme
de potage ; il n'y a donc aucune raison de le chan-
ger.
rt?
70 LA VRAIE POLI'ÇESSE
bouche, mais servez-vous de la fourchette,
avec la main droite ou la main gauche,
peu importe.
Si vous avez besoin de vous essuyer la
bouche, servez-vous de votre serviette ;
mais rappelez-vous que celle-ci ne doit
jamais remplacer le mouchoir qui, du
reste, doit paraître le moins possible à
table.
Il faut éviter do boire quand on a la
bouche remplie; ne jamais vider son
verre de vin d'un seul trai t.
Les carafes se placent sur la table, à
demi-remplies. Il n'y a que les liquides
qui ne peuvent se mettre dans les carafes
que les servantes doivent présenter. Les
messieurs servent le vin aux dames, et se
servent ensuite eux-mêmes.
Ne tranchez pas votre pain avec le cou-
teau, mais rompez -le avec les mains.
Après avoir mangé la viande, ou un
mets quelconque, n'allez pas vous aviser,
comme le font quelques-uns, de nettoyer
votre assiette avec un morceau de pain ;
c'est une propreté anticipée. Au reste ce
n'est pas à vous à laver la vaisselle, ni le
lieu pour le faire: elle doit se laver à grande
eau à la cuisine. \
i ■<■•
i^..
X -
la^ LE JiON TON,
n
"i
la
à
Ne faites jamais allusion à la qualité
des mets ou des vi'is qu'on vous sert.
Pelez vos fruits, mais no vous servez
pas pour cela du eonlean d'acier, si Ton
vous eu a donné \\\\ à lame d'argent.
Si le maître ou la maîtresse de la mai-
son vous envoient un mets quelconque,
quelques fruits, etc, etc., ne les passez pas ^
à un autre, ce serait impoli.
Si l'on vous sert du Ibéou du café, lais-
sez-le refroidir dans votre tasse s'il est
trop chaud, mais n(» 1(^ versez pas dans
votre sou cou [H).
Si vous êtes placé près d'une dame,
soyez attentif, et voyez à ce qu'elle ne
manque de rien.
Si vous avez besoin de quelque chose,
faites signe au servant de table, et dites
lui, à voix bas'se, ce que vous voulez avoir.
Mais n'allez jamais, lois môme que vous
seriez très intime dans une famille, que
vous connaîtriez les personnes qui servent
la table, lier aucune conversation avec
elles. Ceci est tout à fait déplacé. Vous
ne devez leur parler que pour leur de-
mander ce dont vous avez besoin, et
encore ce doit être à voix basse.
Il est une incongruité que nous devons
72
LA VRAIE POLITESSE
signaler ici, en demandant toutefois par-
don au lecteur du dégoût que nous pour-
rons lui causer par-là, incongruité qui
consiste à se nettoyer les dents, avec une
plume, à table ou en compagnie. Il y a
des gens pour qui c*est toute une affaire
que ce ménage du dedans de la bouche,
après le repas. Ils commencent par tirer
de leur poche une plume consacrée à cet
usage ; puis, les voilà à Tœuvre, avec une
ardeur incroyable; bientôt la langue
vient au secours oe In plume ; on la pro-
mène en tout sens ('ans la bouche ; quel-
quefois les doigts se mettent de la par-
tie ; puis, ne vous en déplaise, la matière
retirée de la bouche est déposée ou sur la
serviette ou sur la nappe.
On s'excusera peut-être sur l'usage ;
mais cet usage, n'existe pas, Dieu merci,
dans le pays ; il ne se rencontre que quel-
ques rares exceptions. N'allons pas de
grâce l'y introduire. L'usage des autres
pays ne saurait, d'un autre côté, justifier
une chose essentiellement opposée à la
politesse qui consiste, avant tout, à n'im-
portuner personne, et on ne saurait cer-
tainement se permettre pareille chose
sans produire le dégoût chez ses voisins.
ET LE BON TON.
Af
Cette incongruité ne saurait être non
plus tolérée en dehors de la table. C'est
dans sa chambre à toilette que Ton se
nettoie la bouche, et non en compagnie.
Que penserait-on de quelqu'un qui, en
pleine compagnie, s'aviserait de se net-
toyer les ongles, les oreilles, la tête, etc.
Et pourquoi pas, si Ton peut se nettoyer
la bouche?...
Il ne faut pas continuer de manger
quand tous les autres convives ont fini.
Le maître de la maison ne doit pas finir
avant les autres, car il y aurait là une
espèce de reproche.
On ne plie pas sa serviette après un
dîner d'invitation, car elle ne saurait ser-
vir avant d'avoir été envoyée à la blan-
chisseuse.
Il ne faut pas déposer son couteau et sa
fourchette sur la nappe, après le repas -
on les rapproche l'un de l'autre sur son
assiette. N'allons pas, par distraction, les
essuyer avec la serviette ; ce qui pourrait
arriver à des jeunes gens, môme de
bonnes familles, par suite de l'habitude
malheureuse qu'ils en auraient contrac-
tée dans certain milieu où ils auraient
habité, pendant un temps, et où ils au-
3'
74
LA Vraie politesse
raient été foifeés d'en agir ainsi par néces-
sité. Nous avons été une fois témoin
d*un exemple de ce genre, et, ma foi, c'é-
tait pénible. Un joli grand garçon, après
avoir pris sa soupe, à une table où il n'y
avait pas moins de vingt convives, par
une malheureuse distraction, et par suite
de l'habitude, passa, avec une rapidité
incroyable, la langue sur sa cuiller, et
l'essuya ensuite avec sa serviette. Dans
le pays, ici, il n'y a pas de famille si
pauvre où les couteaux, fourchettes et
cuillers ne se lavent après chaque repag.
Au reste, la^chose est conforme à l'ordre
et à la propreté. Evitons donc la mal-
heureuse distraction dont on vient de
parler,si l'on ne veut pas donner \uie assez
triste idée de l'éducation que l'on a reçue.
L*usàge commence aujourd'hui à se
passer, môme en France, de placer de-
vant chaque convive un vase pour se la-
ver le bout des doigts après le repas. On
préfère avoir pour cela une fontaine pla-
cée dans une pièce attenante à la salle à
diner.
Mais ce pourquoi nous bénissons le
ciel, par dessus tout, c'est que, s'il se ren-
contre des gens qui, tenant encore à l'an-
[es
ET LE BON TON.
75
cieii régime, font mettre (îevant les cou-
vives des bols pour se rincer la bouche
après le repas, perso mie n'ose plus s'en
servir.
C'est peut-être pour cela que quelques
uns se vengent sur le cure-dents. Des
deux incongruités, Fune ne vaut pourtant
pas mieux que l'autre.
Pour retourner au salon, après le dîner,
les messieurs doivent offrir le bras aux
dames. Le maître de la maison passe le
premier, conduisant la dame qui, à table,
était à sa droiie.
Il serait inconvenant pour un convive
de se retirer aussitôt après être sorti de
table. Il doit demeurer à faire la conver-
sation au salon à peu près une heure.
CHAPITRE SEPTIÈME.
POLITESSE DANS LES SOIRÉES.
Il y a deux sortes de soirées, les grandes
et les petites.
Les invitations pour les dernières peu-
vent se faire verbalement, ou par billet
écrit à la main : pour les premières on
envoie des invitations lithograliiées sur
grandes cartes ou papier à lettre.
Les invitations, pour grandes soirées,
doivent être faites au moins huit jours
d'avance, pour que les personnes invitées
aient le temps de préparer leur toilette.
Si Ton invite pour une soirée dansante,
il faut avoir le soin d'en faire mention
dans le billet d'invitation, car il peut se
faire que l'invité ait quelqu'objection à
assister à cette espèce de soirées. Le
meilleur moyen de transmettre les invi-
tations est de les faire porter par un do-
mestique.
LA VRAIE POLITESSE.
77
Si vous acceptez, vous n'êtes pas tenu
de répondre ; dans le cas contraire, répon -
dez de suite.
Il serait de mauvais goût de se présen-
ter dans une soirée ordinaire en grande
tenue, avec toilette de bal.
Dans ces petites soirées, le temps se
partage entre la conversation, la musique,
le jeu de cartes, etc, etc. L'essentiel est
de faire en sorte que les invités passent le
temps agréablement.
Si Ton vous invite à chanter, ou à jouer
le piano, et que vous puissiez le faire con-
venablement, ne vous»faites pas prier.
Dans les soirées, quand on ne passe pas
de rafraîchissements au salon, mais que
l'on se rend à la salLe à diner pour le ré-
veillon, les messieurs doivent conduire
les dames qui prennent place autour de
la salle. Ceux-là se tiennent debout au-
tour de la table, et servent les dames.
Ils ne doivent pas présenter à une dame
nn verre sur un plateau, parcequ'ils ne
sont pas des domestiques. Le verre ne
doit être qu'à moitié plein à peu près,
de crainte de répandre le contenu sur les
robes. Dans les grandes soirées dansan-
78
LX VRAIE POLITESSE
S
tes, les messieurs doivent ôter leurs gants
seulement pour le réveillon.
Aujourd'hui Tusage s'introduit dans le
pays d'offrir, dans les grandes soirées,
pour réveillon, un repas à peu près com-
plet. Tout lo monde se met à table,
comme pour le diner, et on y observe à
peu près le môme étiquette. C'est un abus,
que l'hygiène condamne, de prendre
ainsi un repas complet au milieu de la
nuit.
Pour ce qui regarde le maintien, la
conversation, etc., dans les soirées, obser-
vez toutes les bienséances dont on a -par-
lé au chapitre des visites.
Avant d'aborder la question des grandes
soirées dansantes, nous devons dire qu'el-.
les nous semblent peu en rapport avec
l'esprit du christianisme. On se demande
aussi en quoi elles peuvent être utiles à la
société, à la famille ; ce qu'une jeune per-
sonne,ce qu'une mère de famille, peuvent,
dans ces bruyantes réunions, recueillir
pour l'intelligence ou pour le cœur I
Toutefois, si tant est qu'il y ait des per-
sonnes qui, eu égard à leur position, aux
usages que leur impose la société, au
milieu dans lequel elles vivent, se voient
ET LE BON TON.
79
obligées, bien à regret, de prendre part à
ces grandes réunions nocturnes, nous leur
dirons : mettez-vous en garde contre la
passion de la danse ; que ces réjouissances
bruyantes ne vous fassent jamais perdre
de vue les principes de la bienséance.
L'élégance de la toilette pour les
grandes soirées ne peut, dans aucune cir-
constance, dispenser des lois de la décence.
Les dames doivent être bien circonspectes
sous ce rapport, et ne jamais paraître en
soirée en robe trop décolletée, ce qui n'a
jamais sa raison d'être, puisque c'est o[i-
posé au savoir-vivre, à la modestie, qui
fait le plus bel ornement de la femme.
On peut être élégante, très-élégante, et
être honnêtement couverte. Une dame
qui fréquente ces réunions devrait, ce
semble, avoir assez d'attraits pour se re-
commander, sans être obligée de recou-
rir à la robe excessivement décolletée, car
ce serait, ma foi, une pauvre recomman-
dation.
On se recrierait contre une servante
qui irait répondre à la porte les bras nus :
on y verrait un scandale, un manque de
savoir-vivre dans la maison où elle servi-
rait. On demanderait si c'est là le res-
80
LA VRAIE POLITESSE
pect que l'on a pour les visiteurs. Mais,
mon Dieu, si c'est une chose si grossière
pour cette fille de paraître ainsi les bras
nus en votre présence, comment qualifier
votre nudité, à vous, qui vous présentez,
en pleine assemblée, non-seulement les
bras nus, mais la poitrine découverte ?
Et que dirons-nous des danses qu'on est
convenu d'appeler dames vivcs^ sans
doute parcequ'elles deviennent le tom-
beau de la vertu. Voici d'abord le té-
moignage qu'eu porte un auteur sur le
savoir-vivre : '
" Ne laissez jamais valser ni polker votre
femme ni votre fille, si vous ne voulez
pas ressembler à ce fou qui met lui-même
le feu à sa maison, et se plaint ensuite de
ce qu'elle est brûlée."
A ce témoignage, ajoutons celui de
l'Abbé Bautain, dans son ouvrage intitu-
lé '' la chrùtlenne de nos jours'' C'est une
peinture tellement vive que, à la simple
lecture qu'en fait une personne qui a le
sentiment des convenances, elle sent la
rougeur lui monter à la figure. Il m'en
coûte presque de présenter au lecteur ce
hideux tableau, dont il reconnaîtra toute-
fois la fidélité :
ET LE BON TON.
81
" On court, on galoppe, on tourbillonne,
on saute et souvent hors de mesure;
dans cette agitation dôiordonnée, dans
cette course échevelée, dans ce galop dé-
réglé, dans ce tournoiement vertigineux,
le cavalier prend sa danseuse à bras-le-
corps, lui étreint la taille, et la tient si
rapprochée de sa poitrine que les haleines
se confondent, et qu'il n'y a môme plus
de place entre eux pour le bouquet blanc
qui ornait autrefois la ceinture des jeunes
filles. Elle ont été obligées d'y renoncer,
parce qu'il était fané, écrasé dès la pre-
mière danse ; triste et frappant symbole
de ce qui arrive à la fleur de leur inno-
cence, dès qu'elles participent à de pa
reils plaisirs !"
Au reste ce témoignage ne nous étonne
nullement, car, un jour, une dame qui
prenait part, bien à contre-cœur, à ce
genre d'amusements, avouait, à notre con-
naissance, que dans une danse tournante,
son danseur lui avait fait faire trois tours
sans qu'elle eût touché le plancher de ses
pieds.
Nous nous permettrons de poser ici une
question, que nous n'aurions pas osé faire,
n'eût-ce été l'exemple de la liberté avec
■ '- .s^
82
LA VRAIK POLITESSPJ
laquelle s'exprime l'abbé Bautaiii siir ce
sujet.'
Si un monsieur, rencontrant une dame
de ses connaissances, dans un corridor
d'hôtel, lui demandait l'honneur de faire
quelques-unes des évolutions qui font
partie des danses vives, et que, vous
adonnant à passer, vous fussiez témoin
du spectacle qu'offrirait ce couple, je vous
demande simplement quelle serait votre
impression? quelle idée vous auriez de
la discrétion et du savoii -vivre de ce mon-
sieur et de cette dame ! Eh bien ! ce qui
serait si laid à vos yeux, dans cette cir-
constance, peut-il être convenable au bal ?
Je réponds : Non ; ce qui est mauvais de
sa nature ne peut jamais être justifié par
les circonstances de temps ou de lieu. Or
ces danses sont mauvaises de leur nature
et on ne peut X3as changer la nature des
choses. Invoquerez-vous l'usage ? je vous
fais la même réponse, l/usage peut faire
admettre des modes exagérées, ridicules,
mais ne peut pas rendre licite une chose
mauvaise de sa nature. Et dire que des
personnes qui se flattei«i d'avoir des prhi-
cipes de morale, de savoir-vivre, se per-
mettent ces danses !
ET LE BON TON.
83
La condition sociale ne peut non plus
excuser le mal,conime on voudrait le faire
croire. Si on voyait un semblable déver-
gondage chez des pauvres, des gens de
basse condition, on crierait au scandale î
mais ces choses se passent dans de somp-
tueuses demeures, au milieu de toutes les
splendeurs et de Téclat du luxe, et on pré-
tend pour cela les justifier î impossible.
Il restera éternellement vrai que ces
danses sont essentiellement mauvaises,
essentiellement opposées aux bonue& ma-
nières, au savoir-vivre : que ceux qui sV
livrent doivent consentir à sortir de la
classe des gens qui tiennent à la morale
et à la bonne éducation.
Nous dirons un mot maintenant du cé-
rémonial à suivre dans les grandes soirées .
D'abord les gants sont de rigueur pour
les messieurs et pour les dames, et doi-
vent être de couleur pâle.
Pour ces grandes soirées, vous devez
arriver vers neuf heures, toutefois vous
n'êtes pas tenu d'arriver à heure fixe.
Mais il ne faudrait pas imiter certaines
personnes qui arrivent toujours très-tard,
afin que leur entrée fasse plus d'effet.
Vous devez arriver dans un salon, dit
frm.
LA VRAIE POLITESSE
Madame la Comtesse de Brandi, modeste-
ment, silencieusement, et tâcher de ne
pas attirer les regards. Une fois introduit,
vous saluez à l'entrée de chaque salon, et
dans celui où se trouvt3 la maîtresse de la
maison, vous réitérez votre salut, et vous
le faites avec grâce en vous approchant
d^elle.
. Mais si vous ne connaissez pas la maî-
tresse de la maison, comment la recon-
naîtrez-vous au milieu souvent de tant de
dames réunies ? N^lyez aucune crainte à
ce sujet, car, dès que vous entrez dans un
salon, elle se lève seule, se détache des
personnes avec lesquelles elle s'entrete-
nait, et elle s'avance de quelques pas vers
vous. Vous ne pouvez jamais vous mé-
prendre.
Après avoir salué la mrdtresse de la
maison, vous adressez un salut, à droite
et à gauche, à tous ceux qui sont présents.
Les hommes ne s'asseoient guère, dans
une grande soirée, à moins qu'ils ne fa^>
sent la partie de carte : ordinairement ils
circulent dans les salons ; si, par has^ird,
un homme était assis, ijne devrait jamais
permettre qu'une fennne restât debout.
Dans It^ salon, la dernière femme arri-
ET LE BON TON.
85
far--
ils
ard,
l
rri-
I
vée occupe le fauteuil placé près de la
maîtresse de la maison, et elle se lève
toujours pour le céder à celle qui arrive
après ; elle tâche alors de se placer près
d'une autre femme de sa connaissance.
Si vous vous trouvez à côté de quelque
personne inconnue et plus âgée que vous,
attendez toujours qu'elle vous parle, et
répondez de manière à montrer que vous
êtes reconnaissante.
Si un homme adresse la parole à voix
basse à une femme, elle doit répondre de
manière à ce que ceux qui sont près d'elle
entendent sa réponse.
Si on vous interroge sur les agréments
de la soirée à laquelle vous assistez, trou-
vez tout à votre goût ; c'est le moins qu'on
puisse faire pour des maîtres de maison
qui ont tant fait de frais pour distraire et
amuser leurs invités.
Applaudissez toujours ce que la maî-
tresse de la maison applaudit.
Dans une soirée, si vous étiez mécon-
tent des personnes et des choses, ne lais-
sez pas paraître votre mécontentement ;
restez en repos et ne parlez à personne de
ceux qui vous ont reçus.
Disons quelques mots en terminant sur
8G
LA VltAIK POLITKSSK
ce que doit faire la maîtresse rie maison
dans ces réunions.
Et d'abord elle répond par un salut ai-
mable et quelques paroles gracieuses et
obligeantes à chaque invité qui vient la
saluer ; elle prend soin que chaque femme
soit convenablement placée ; elle va par-
fois de groupe en groupe, afm que cha-
cun ait P'\ moins d'elle un mot aimable,
un sourire gracieux ; en un mot, dans une
soirée, une maîtresse de maison doit avoir
rœil sur tout, et s'assurer que tout se
passe bien, afin que tous les invités puis-
sent se retirer de sa maison contents d'elle,
et d'eux-mêmes.
Vous n*êtes pas tenu de rester jusqu'à
la fin d'une soirée ; vous vous retirez
quand vous voulez ; mais vous avez soin
de le faire clandestinement et sans même
prendre congé de la maîtresse de la mai-
son. Si cependant vous la rencontrez sur
votre passage, contentez-vous de la remer-
cier rapidement et de manière à ce qu'on
ne s'aperçoive pas de votre re^^*aite.
ff
CHAPITRE HUITIEME.
F^ROMENADES, VOYAGES, SÉJOURS
A LA CAMPAGNE, &c.
PROMENADES EN VOITURE.
La politesse exige qu'en montant eu voi-
ture, on fasse monter les autres persoùnes
avant soi. On offre la mani aux dames,
et on se contente de soutenir par le bras
les vieillards, les infirmes qui réclament
du secours. ^
On doit offrir aux personnes les plus
dignes, et toujours aux dames, le fond de
la voiture, et prendre le rebours.
Si vous êtes en voiture, et que vous ren-
contriez une personne de considération à
qui vous voulez parler, ne faites pas ar-
rêter votre voiture pour vous entretenir
avec elle, mais descendez et priez-la de
88
LA VRAÎE POLITESSE
vouloir bien prendre place avec vous, et
offrez-lui le fond de la voilure. Vous
devez alors reconduire celte personne jus-
qu'à sa demeure.
Si vous avez dans votre voiture une
personne qui vous soit supérieure, ou une
dame, prenez le rebours jusqu'à ce qu'on
vous ait invité à prendre place au fond.
Il
PROMENADES A PIED.
Evitez de parler trop haut, de gesticu-
ler, de rire avec éclat. Votre démarche
doit être grave et sans affectation : à la
promenade comme partout ailleurs on
doit observer toutes les règles de la con-
venance.
Si vous conduisez une dame par le bras,
donnez-lui le haut du pavé, c'est-à-dire,
le côté des maisons. Observez les mômes
règles dans la compagnie de toute per-
sonne qui vous est supérieure.
Si, dans une promenade, il y a plus de
dames que de messieurs, la politesse veut
qu'on offre le bras d'abord aux plus âgées,
^
KT ÏA'l HON 'ION.
89
aux femmes mariées, puis aux jeunes per-
sonnes. Dans ce cas un monsieur peut,
sans inconvénient, conduire deux dames.
li est inutile de dire que, dans ces pro-
menades, ce sont les messieurs qui paient
tout, sièges, 'rafraîchissement, fruits, etc.
Si vous voyez venir à vous un vieillard
ou une personne à qui vous croyez devoir
de la considération, rangez-vous immé-
diatement jjourlui céder le haut du pavé,
c'est-à-dire le côté des maisons. Un hom-
me hien élevé a toujours cette politesse
pour une femme, quels que soient son
rang et son âge. Si par hasard la rue ou
la promenade est emcombrée, gardez-vous
de montrer une précipitation inconve-
nante, ne coudoyez personne
11 faut, dit un sage conseiller, laisser à
quelques étourdis de mauvais ton le plaisir
inconvenant de rire au nez des personnes
qui leur sont entièrement inconnues, ou
de faire sur leur compte, de manière à
être entendus, des observations indis-
crètes. Nous ne saurions trop dire com-
bien de jeunes personnes— ou de jeunes
femmes — s'exposeraient à être mal jugées
si, en passant près d'un homme, elles se
tournaient, Tune vers l'autre, avec un air
\-'-i
ill'l
ii!
(H
00
T. A VHAIi: POLITESSE
mystérieux, laissant supposer qu'elles se
communiquent, relativement à lui, des
réflexions, soit en bonne, soit en mauvaise
part.
Un homme bien élevé salue une femme,
parceque c'est une femme, ne l'eutril ja-
mais vue précédemment, s'il la rencontre
dans une situation, dans un endroit où il
est immanquable qu'il la voie, et où s'é-
tablit entre eux la plus passagère, la plus
fugitive, la plus imperceptible relation,
telle que la rencontre dans un chemin
étroit à la campagne, surtout si le chemin
est assez étroit qu'il faille le partager ; si
elle passe devant lui ou s'il est obligé de
passer devant elle dans un escalier, pour
la même raison et aussi parceque c'est
une apparence de relation que d'entrer
dans la même maison, ou d'en sortir, et
qaun homme bien élevé ne laisse échap-
per ni une occasion, ni un prétexte d'être
poli avec une femme.
Vous accueillerez, ma chère enfant,
cette politesse avec un air de réserve,
mais sans sauvagerie affectée, et vous y
répondrez par une inclination polie. Vous
ne témoignerez surtout aucun sentiment
d'étonnement ou de contrariété, car il
Kr LE HON TON.
tfl
n'y a jamais de raison pour qu'une femme
j?e montre surprise de la politesse d'un
homme qui la salue respectueusement.
C'est un hommage rendu, en sa personne,
à la dignité de la femme.
III
VOYAGES.
L'homme bien élevé ne se départit ja-
mais des règles de la bienséance ; en quel-
que lieu qu'il se trouve, il conserve tou-
jours ses bonnes manières.
Toutefois les voyages sont pour certai-
nes personnes un écueil relativement à '
la politesse. Sous prétexte qu'on est en
pays étranger, qu'on n'est pas connu, on
est exposé à se laisser eutrainer hors des
convenances.
Nous allons donc, pour faire éviter
ce danger, tracer ici quelques règles k
suivre dans les voyages, devenus si com-
muns chez nous qu'on peut dire qu'ils
sont entrés dans nos mœurs.
Nous trouvons, dans le petit traité de
la politesse de madame Bourdon, un cha-
-^
02
LA VIUIK POLITESSK
pilre sur ce siijnl qui résume si bien ce
que nous avions à dire que nous ne pen-
sons pouvoir mieux faire que de le repro-
duire en partie.
Les conseils qu'elle donne s'adresse
surtout à une jeune personne ; ils peuvent
toutefois convenir à tout le monde, avec
cette exception que l'on exige moins de
réserve chez un homme que chez une
femme.
"Je vous engage, avant tout, et quelle
que soit l'amabilité des personnes que
vous rencontrerez en chemin de fer, ou
en bateau à vapeur, à ne pas lier conver-
sation avec elles, et à apporter, dans ces
rapports éphémères, la plus grande cir-
conspection. Si vous voyagez avec des
femmes âgées, lâchez de leur montrer des
égards, soit en leur cédant une bonne
place, en baissant ou levant les glaces
selon leur désir, en les débarrassant d'un
paquet qui les gène, mais ne provoquez
pas de conversation ; répondez poliment
et sobrement si l'on vous parle, et tâchez
de vous isoler dans la lecture de quelque
bon livre dont vous vous serez munie. Je
vous, engage aussi, si vous voyagez avec
des parents, ou des amis, à ne causer avec
KT LE BON TON,
93
eux que de choses iiidiiïereutes, en n'éle-
vant pas la voix, car à quoi bon mettre
tous les habitants d'un loa^on dans la con-
fidence de vos alTaires de famille? Soyez
réservée là comme ailleurs et plus qu'ail-
leurs. Cependant, comme la réserve n'ex-
clut pas la politesse, prenez congé de vos
compagnons et de vos compagnes de voy-
age par un salut, et si vous avez un peu
causé, par un mot d'adieu.
*' Dans les hôtels, à table d'hôte, ne
vous montrez pas trop difficile, et ne vous
moquez pas, en présence des naturels du
pmjs, de leurs habitudes Laissez tran-
quillement ce qui ne convient pas à vos
goûts et n'attirez pas l'attention par des
exclamations déplacées.
<^ A table d'hôte (ceci s'adresse à une
jeune personne) évitez la conversation
avec les étrangers. Je vous recommande
surtout cette prudence si vous allez aux
bains de mer, aux eaux. Vous serez ex-
posée alors à vous trouver journellement
avec des gens que vous ne connaissez pas,
dont les antécédents sont peut-être peu
honorables Soyez sur vos gardes, et ne
donnez aucune prise à la familiarité.
Nous appelons tout particulièrement
IMAGE EVALUATION
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94
LA VKATE POLITESSE
l'attention du lecteur sur les avis qui sui-
vent et qui s'adressent à tous indistincte-
ment : —
" Ne vantez pas trop votre pays en pré-
sence des étrangers : Vous blesseriez leurs
sentiments sans faire triompher vos opi-
nions: profitez plutôt de Toccasion d'un
voyage pour vous instruire, en question-
nant les gens du pays que vous visitez, en
tâchant d'apprendre quelque chose sur la
géographie, l'histoire, les mœurs des con-
trées étrangères. En agissant ainsi, vous
vous rendrez agréable aux étrangers avec
qui vous vous trouverez en rapport et
vous retirerez un solide profit de vos
voyages.
*^ Si vous voyagez avec des parents, des
amis, vous aurez plus d'une occasion de
pratiquer cette politesse qui n'est autre
chose que l'abnégation de soi-même. Il
faudra céder aux goûts des autres, suivre
leur direction et vous comprendrez plus
d'une fois la vérité du vieux proverbe :
Qui a compagnon a maître. Tâchez de faire
de bonne grâce ces petits sacrifices, d'être
utile aux autres et de n'être incommode à
personne. Comme il se trouve souvent
beaucoup d'heures perdues en voyage,
ET LK BON TON.
95
11-
ie-
n
je vous engage à emporter quelques li-
vres, à vous munir de tout ce qu'il
faut pour écrire, car les meilleurs hôtels
sont d'ordinaire fort dépourvus de ce
côté-là. -
'' Au retour de votre voyage, n'impo-
sez pas trop à vos amis le récit de vos pé-
régrinations; ne fatiguez pas leurs oreil-
les de longs récits, et surtout ne prenez
pas à'airs anglais ou allemands, parceque
vous auriez visité Londres ou exploré les
bords du Rhin."
L'auteur ajoute un avis d'une grande
importance en rappelant que le voyage,
qui ne dispense pas des règles de la poli-
tesse, ne saurait non plus nous dispenser
des devoirs que nous impose la religion
que nous professons. Ce serait bien petit
que de se laisser vaincre par le respect
humain. On se fait gloire d'obéir aux
ordres de son souverain, et on rougirait
d'accomplir ses devoirs religieux, de sanc-
tifier le dimanche, d'observer, dans un
hôtel, la loi de l'abstinence ! mais c'est là
un manque de courage qui rapetisse un
homme. Je ne parle pas de ces voyageurs
qui affectent de ne s'occuper nullement
des lois de l'église, et qui mettent complè-
96
LA VRAIE POLITESSE
tement de côté la loi de rabstinence. Cela
sent non-seulement l'impiété, mais encore
la mauvaise éducation. Un homme qui
a des sentiments élevés, lorsque la fatigue
d'un long voyage l'exempte de l'obligation
d'observer l'abstinence, se décide difficile-
ment et avec peine à user de ce privilège,
dans la crainte ou de mal édifier, ou de
paraître céder au respect humain.
IV
SÉJOURS A LA CAMPAGNE.
Aujourd'hui, il est de mode d'aller pas-
ser le temps des chaleurs d'été à la cam-
pagne. Le plus souvent on loue quelques
appartements ou bien on loge à l'hôtel ;
mais il arrive aussi quelquefois que l'on
reçoit une invitation de quelques parents
ou de quelques amis d'aller passer un
certain temps dans leur famille. C'est ici
qu'on doit redoubler d'attention pour
observer les convenances.
L'impression assez générale est qu'à la
campagne on est moins particulier sous
le rapport de la bienséance; que l«s
ET LE BON TON.
97
mœurs y étant plus simples,on y est moins
tenu de s'astreindre aux règles de la bien-
séance. En cela on se trompe grandement:
les mœurs sont plus simples à la campa-
gne, dit-on ; c'est-à-dire qu'il y a en géné-
ral moins d'affectation que dans les villes,
mais en revanche on y rencontre pour le
moins autant de vraie politesse : le sen-
timent des convenances y est pour le
moins aussi délicat.
Nous parlons ici, bien entendu, du Ca-
nada: or, il est certain que l'éducation,
les formes polies, l'étiquette sont ici au
même niveau, dans la bonne société, à la
campagne, comme à la ville.
C'est pourquoi, pendant son séjour à la
campagne, on doit s'observer beaucoup,
car, le manque d'urbanité, de politesse, de
convenance chez nous y serait remarqué
plus qu'on ne pense,, et on laisserait
après soi une mauvaise impression.
Voici quelques conseils que donne un
estimable auteur à ceux qui séjournent
ainsi quelques temps à la campagne, chez
un parent ou un ami : —
" N'allez pas apporter un esprit morose
chez vos hôtes: trouvez tout bien, tout
bon : la maison, le jardin, la ehambre où
«8
L\ VRAIE POLITESSE
1*011 VOUS loge, les domestiques qui vous
servent ; adoptez pleinement les usages
de la maison, pour les heures du réveil,
des repas, du coucher : tâchez de donner
à ceux qui vous ébergent le moins de
peine que vous pourrez, en vous confor-
mant à toutes leurs habitudes. Épargnez
même le travail des domestiques ; ne les
chargez pas de commissions mal à propos;
ne réclamez pas à chaque instant leurs
services; ne laissez pas votre appartement
dans un état de désordre qui les fasse
murmurer ; salissez le moins possible et
les parquets et les meubles ; agissez, en
un mot, avec une réserve et une discré-
tion plus grande qu'à l'ordinaire, et sous
prétexte que vous êtes chez des gens riches
et que leurs gens sont payés pour vous
servir, n'allez pas vous livrer à toutes vos
fantaisies.
"Soyez même économe des objets que
Ton met à votre disposition : ne cueil-
lez ni fleurs, ni fruits dans le jardin, à
moins d'une invitation expresse : on peut
très bien jouir de la liberté et des agré-
ments de la campagne, sans sortir des
bornes du savoir-vivre que l'on observe à
la ville.
ET LE BON TON.
99
*' Il arrive parfois que les plaisirs de la
campagne, renjouenient communicatif
des autres,entrai nent les jeunes gens dans
une espèce de gaieté toute eu dehors des
convenances, et dont il faudra vous défier.
Le grand air, les rires, les courses pro-
duisent une sorte d^ivresse, alors on se
livrent à des jeux trubulents Croyez-
vous que les maîtres de la maison approu-
vent beaucoup cette grosse joie, qu'ils se
plaisent à voir leurs meubles dérangés,
leurs salons salis par de Peau ou de la
poussière, leurs plates-bandes foulées,
leurs chevaux mal menés ?
A la campagne, comme en voyage, em-
portez d£s livres, afin de vous livrer au
travail, à Tétude, et de n'être î)as à charge
à vos hôtes et à vous-même les jours de
pluie, et pendant les heures que vous pas-
serez dans votre chambre.
Et le croiriez-vous, ici encore, renfermé
dans votre» <*-ham.bre. vous devez vous ob-
server." aSïl -de lîe rdas* ihcorhmOdB^ les
personnels de la maison ?.*./ * ' * * " • '
D'ârbQr^ ^uintmarii^ureiiix ^(>^dt)"ft^lèr
vous' avait* faît une *pahé'de' bôtfe" Irop
lourde, qui craquent au moindre mouve-
ment du pied, hâtez-vous, surtout si vous
100
LA VRAIE POLITESSE
habitez le second étage, de les jeter au
feu, ou plutôt de les donner à quelque
pauvre qui brise de la pierre pour le
macadam: elle lui conviendront bien
mieux qu'à vous. Vous devez le faire,
non-seulement par bienséance,mais encore
par charité pour ceux qui habitent Tétage
inférieur au vôtre.
Le matin, servez-vous de pantoufles à
votre chambre, afin de faire lo moins de
bruit possible, de ne pas éveiller ceux qui
pourraient être encore an lit, et ne mettez
vos bottes qu'en sortant de votre cham-
bre.
Le soir, évitez de laisser tomber vos
chaussures avec bruit sur le plancher,
quand vous les ôtez. Evitez, quand vous
marchez dans votre chambre, de le faire
lourdement, d'ébranler toute la maison,
comme le font les gens sans éducation ;
de même que, en vous levant de votre
bureau, vous ne devQz ,pc\t: , r.epousser
voti'ç;si^gé'à.Vjep.fot*cè,-ie* elî/ayio.rJ;out le
mo«de^ xioinmô 's'il passait une tempête
sruîî lîb ili^ifeorî^î '%'... r : : : ; / ' ."•
%.Av:ezî soîa^iïssi; «d'ouvrir' ios portes et
de les fermer sans faire de bruit.
Enfin, tout cela peut paraître minutieux.
.;.
au
ET LE BON TON.
101
mais rappelez-vous que c'est par ces mille
et un petit détails de bienséance que l'on
reconnaît Thomme bien élevé.
En quittant la maison où vous avec lo-
gé, vous laissez quelques pièces d'argent
aux domestiques, et l'usage veut que l'on
soit généreux en pareil occasion.
CHEZ LE MARCHAND.
Il ne convient pas de parcourir les ma-
gesins uniquement pour satisfaire sa curi-
osité et voir les marchandises. Il y a là
un manque de convenance. Les commis
sont pour répondre aux acheteurs et non
pas au curieuses, quoique trt .ouvent ils
y soient contraints bien à contre cœur.
Songez à la tâche pénible que vous impo
s^z à un commis en lui faisant déplier
une foule de pièces d'étoffe que vous n'a-
vez nullement l'intention d'acheter. Si
toutes les curieuses restaient, chez elles,
la besogne des commis serait réduite dç
moitié.
Voici quelques règles à suivre données
|i
I
102
LA VRATE POLITESSE
par madame Drohojowska à une jeune
personne : —
" Saluez en entrant et expliquez de
suite ce que vous désirez ; songez que,
pour rhomme qui travaille, le temps vaut
de Tor, et que lui en faire perdre inutile-
ment, c'est commettre de tous les vols le
plus odieux ; car seul il ne peut le répa-
rer. Soyez polie avec les commis comme
avec les chefs de la maison. Ne faites
pas étaler cent pièces d'étoffes pour choi-
sir une misère ; à la perte de temps vous
ajouteriez une fatigue inutile ; ne faites
déplier que dans la qualité et le prix où
vous voulez réellement acheter, et faites-
vous un point de délicatesse de ne pas
céder, même malgré les instances qui pour-
raient vous être faites, à une vaine curio-
sité.
Ne vous avancez jamais trop près d'un
étalage de bijoux et autres objets faciles
à détourner; Mais si, laissant à votre dis-
position plusieurs objets, le commis s'é-
loigne un instant, cessez de les toucher,
et, reculant de quelques pas, attendez son
retour pour reprendre votre examen.
Tout cela est du bon ton ; mieux encore,
c'est de la discretiQn. — Dans les maisons
V/r ]M KON TON,
10.1
s^é-
où vous ii'ùtes pas bien connue, on pour-
rait d'ailleurs vous supposer des inten-
tions mauvaises; il y a tant d'adroits fi-
lous qui se servent du prétexte de regar-
der de très près pour escamoter quelqu'ob-
jet précieux, qu'il faut éviter leurs al-
lures.
Si l'objet que vous avez choisi et payé
est trop volumineux pour que vous l'em-
portiez vous-même, — ^.je dis trop volumi-
neux, parceque je n'approuve pas qu'une
femme, qui ne se croit pas trop grande
dame pour aller à pied et seule faire des
emplettes, trouve malséant de se charger
elle-même d'un tout petit paquet, et dé-
range ainsi un marchand sans nécessité,
— laissez votre adresse, et ne vous mon-
trez pas trop exigente pour le moment où
on vous l'apportera.
Un objet ne vous convient pas, ne le
prenez pas, mais sans le dédaigner ; vous
blesseriez le marchand, et surtout vous
seriez injuste, car il arrive fréquemment
que les femmes qui se croient très con-
nnisseurs sont fort mauvais juges.
Si vous avez des observations à faille à
un marchand sur la qualité d'une précé-
dente fourniture, attendez pour les faire
L\ VUAIE POLITESSE.
•"î
que personne ne puisse vous entendre.
Outre que vous ménagerez ainsi sa sus-
ceptibilité, vous sauve-gardcrez ses inté-
rêts, qui pourraient souffrir d'un reproche
mal compris par un tiers, et vous le ren-
drez plus disposé à reconnaître la justice
de votre réclamation et a y faire droit.
; «iCHAPITRE NEUVIÈME.
DE LA POLITESSE EPISTOLAIRË.
' I
il
I 'I
' I
N'écrivez jamais si vous n'avez pas un
sujet pour écrire, à moins que ce soit à
un ami intime ou à un parent. Si vous
recevez une lettre, répondez le plus pro-
chainement, possible. Toute lettre hon-
nête mérite et exige une réponse ; il n'y
a qu'à une lettre d'injures que l'on doit
répondre par le silence et le mépris.
Ecrivez de votre propre main aux per-
sonnes que vous honorez ou auxquelles
vous devez du respect.
Quand vous écrivez à un parent ou à
un ami, écrivez-leur vous même, tel que
vous pensez, et ne vous faites aider par
personne.
Si vous écrivez à un supérieur pour lui
demander quelque chose,faites-vous faire,
si vous en sentez le besoin, un brouillon,
de lettre, par quelqu'un qui entend mieux
106
LA VRAIE POLITESSE
que vous les formules à suivre, et reco-
piez-le.
Si votre lettre s'adresse à un chef d'ad-
ministration, faites-la recopier par une
personne qui ait une belle écriture.
Quand on écrit à une personne d'un
rang très élevé, on écrit à mi-marge, et
le commencement de la lettre doit être
vers le milieu de la longueur du papier.
On doit alors se servir de grand papier.
Que votre style soit toujours approprié
lo. à la circonstance ; 2o. à la personne ;
3o à vos propres sentiments ; 4o éloignez-
en l'emphase, le prétentieux, et tout ce qui
sent le chercheur d'esprit. Le style le
plus simple, le plus naturel est le cachet
de l'homme qui a véuitablement de l'es-
prit. -
Conformez-vous en tout point aux règles
adoptées par l'usage de la bonne société.
On écrit à un ami pour lui faire part
d'un événement heureux ou malheureux
qui nous est arrivé, pour s'informer de
sa santé, etc, etc. On écrit pour faire une
invitation, des remerciments, des félicita-
tions, des lettres de faire part, et dans une
foules d'autres occasions.
Quand on écrit à quelqu'un, si ce n'est
ET LE BON TON.
107
pas une lettre d'affaires, on doit écrire de
sa propre main, et ne pas faire écrire par
un secrétaire on toute autre personne en
se bornant à signer ; ce serait une grave
impolitesse. .^ ,
Ecrivez lisibkmcnl, proprement, sans
ratures, sur une feuille entière et non sur
une demi-feuillo. Ce que Ton dit de ré-
criture lisible doit surtout s'appliquer aux
noms propres et à la signature. Il y a
des gens qui signent leur nom d'inie ma-
nière indéchiffrable ; ce n'est plus une
écriture, mais un odieux griffonnage.
L'année dernière, un monsieur de Qué-
bec écrivait à un imprimeur de Montréal
pour souscrire à une revue, et lui en-
voyait en môme temps le prix d'une
année d'abonnemenl. La lettre était très
bien écrite, mais la signature affreuse.
L'imprimeur s'adresse à tous les protes les
plus habiles de la ville ; pas un ne peut
déchiffrer ce nom. Force lui est d'atten-
dre ; mais voilà qu'arrive une seconde
lettre, conçue en termes assez sévères,
dans laquelle on demande la cause du
retard à envoyer la revue, et en môme
temps compte de l'argent expédié. La
lettre était encore bien écrite, mais quelle
.
! il
108
LA VRAIE POLITESSE
signature !... pas un diable n'y put rien
comprendre. Il fallut recourir à la presse
et prier cet aimable monsieur, qui avait
mis à répreuve toute Thabileté de nos
protes, de vouloir bien faire connaître son
nom par la voie de quelque journal. Quel
tracasserie à propos d'un nom ! Cest pour-
tant une manière comme une autre de
faire parler de soi ; mais, à notre avis,
mieux vaudrait faire moins parler de soi,
et écrire son nom de manière à être com-
pris : c'est plus simple et c'est plus joli.
Ne vous servez pas de papier avec vi-
gnettes, ornements, &c., tel qu'on en fa-
brique aujourd'hui ; c'est de mauvais
goût. '
Les lettres aujourd'hui s'envoient sous
enveloppes ; c'est l'usage général.
Il y a peu d'années encore, c'était une
grave question de savoir s'il fallait affran- "
chir les lettres, et dans quel cas l'affran-
chissement était une politesse ou un
manque de savoir vivre. Aujourd'hui, il
n'y a plus de difficulté à ce sujet : en
France, en Belgique, en Angleterre, com-
me aux Etats-Unis et au Canada, toutes
les lettres se paient d'avance. Les choses
se trouvent ainsi bien simplifiées. Il n'y
ET LE BON TON.
109
a plus que quelques vieux avares qui se
retranchent derrière des règles de bien-
séance surannées pour justifier leur mes-
quinerie et épargner quelques centins.
Lorsque vous écrivez, servez-vous de
votre esprit et jamais de Tesprit des autres.
Surtout gardez-vous bien de copier une
lettre dans un formulaire ou un autre
ouvrage, car cela pourrait vous jouer de
mauvais tours. A ce sujet voilà ce qui
est arrivé tout récemment à un de nos
jeunes citadins qui n'avait pas mis en pra-
tique le conseil que nous venons de don-
ner. Il avait copié, dans un formulaire,
une fort jolie lettre à une jeune fille.
Malheureusement pour lui, celle-ci avait
entre les mains le même livre où il avait
puisé son beau modèle. Mademoiselle ne
voulut pas laisser une si belle lettre sans
réponse. Son billet était ainsi conçu:
"Monsieur, pour la réponse à votre char-
mante lettre, tournez la page."
Les négociants, quand ils s'écrivent en-
tre eux, emploient des, abréviations dans
les mois; elles vous sont défendues par
la politesse, surtout dans les titres. Par
exemple, il serait impoli d'écrire Mr. ou
Mme. pour Monsieur ou Madame; V. T.
4 ^
110
LA VRAIE P0LITE8SB
H,S., pour votre très-humble serviteur.
Lorsque vous parlez d'un tiers, si ce tiers
est un parent de la personne à qui vous
écrivez, vous mettez Monsieur ou Madame
en toutes lettres : Monsieur votre père, Ma-
dame votre tante, &c. Mais s'il s'agit d'un
étranger, vous pouvez employer l'abrévi-
ation : Mr. Fèliz me charge, &c.
La date se met en haut de la page dans
les lettres d'affaire et de commerce.
Cependant quelques négociants et gens
d'ajffaire commencent à prendre Thabitude
de la mettre après le corps de la lettre ;
elle se met en bas, contre la marge, dans
toutes les autres.
Si Ton écrit à un homme d'un rang
élevé, sur du grand papier, on doit mettre
en haut de la page les titres et le nom de
la personne à qui Ton écrit.
Par exemple :
A Son Excellence Monseigneur le Cardinal
de ...........:......
A Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur
de.
puis, laissant un certain espace blanc,
vous écrivez au dessous :
ET LE BON TON.
lit
Monseigneur ou Monsieur^ selon le rang
de la personne. Puis, laissant encore un
blanc de môme espace, vous commencez
le corps de votre lettre.
Si vous écrivez à une personne qui a
un titre honorifique,vous le mentionnez :
Monsieur le baron ^ Monsieur le comte. Si
c'est à un homme non titré, vous mettez
simplement Monsieur.
Quand on écrit à une femme, depuis la
reine jusqu'à la bergère, le titre de 3ïa-
dame ou Mademoiselle suffit. A un père
ou à une mère, on dit : mon cher père^ ma
. bonne mère, A. une personne avec laquelle
il n'y a que commencement de familia-
rité : Monsieur et ami ; avec un collègue en
administration : Mon cher collègue ou Mon-
sieur et cher collègue, A un compagnon
de Collège : Mon cher ami ; à un camarade
d'armée : Mon cher camarade,
La suscription de la lettre est chose très-
importante; on doit se servir des formules
suivantes:
Entre égaux, dans les lettres ordinaires,
on dit : Je suis votre très-humble serviteur.^
ou encore ; Je suis ou fai V honneur d'être^
avec respect^ ou avec le plus profond respect ,
votre obéissant serviteur.
Uî
LA VRAIE POLITESSE
Quand une dame écrit une lettre d'af-
faire, la formule suivante répond à toutes
les exigences de cette sorte de corres-
pondance:
Je suîs^ Monsieur^ votre très-hunihle ser-
vante, '
Avec les supérieurs, on emploie des
formules respectueuses :
Je suis avec respect^ Madame ^
Votre très-humble et tres-ohéissante ser-
vante, '
fai Vhonneur d'Ure avec respect, Madame,
Je vous prie^ Madame^ d*agréer Vexpression
de mes sentiments respectueux,
A un ecclésiastique on pourrait dire :
CroyeZy Monsieur le curé, aux sentiments pro-
fondément respectueux de
Votre tres'humhle servante.
Une jeune personne, écrivant à une
dame, peut dire, s'il y a quelque degré
d'intimité :
Croyez^ chère Madame, à tous mes sentiments
de sympathie et d'affection.
A un ami de sa famille, une jeune fille
dira :
Veuillez agréer, Monsieur, mes civilités res-
pectueuses et affectionnées.
des
ser-
ET LE BON TON. • 113
A un père, à une mère, on peut dire :
Croyez^ cher père^à la tendresse reconnais^
santé de
Votre fils.
Recevez, chère maman^ V expression du plus
tendre attachement de
Votre fille soumise-
A un frère, à une sœur : "
Adieu j mon Ion frère ^ crois à mon inalté-
rable attachement.
Adieu f chère petite sœur^ je t'embrasse
comme je faime. *
A une amie :
Avons de cœur ; ou toute à vous d'affec-
tion ; ou encore : Croyez au constant sou-
venir de
Votre amie dévouée
Un jeune homme qui écrit à un vieil-
lard, à une dame ou à un supérieur : Je
• suis avec considération^ ne réfléchit pas ;
celui qui écrit : avec la considération la plus
distinguée^ réflécjiit encore moins, à la bé-
vue qu'il commet. Un vieillard, une
dame, un supérieur peuvent fort bien se
passer de la considération d'un jeune
homme.
114
LA VRAIE POLITESSE.
Uu supérieur qui écrit à un inférieur
ne doit pas se servir de cette formule :
Je suis avec la plus parfaite considération et
la plus haute estime, Cest de la condes-
cendance hors de saison, qui dénote chez
son auteur un défaut de jugement. -
Pour les personnages d'an rang élevé,
la suscription se coupe en deux parties ;
exemple: .
Tai rhonneur (Vétre^ avec k plus profond
respecty
. Monseigneur
Votre très-humble et très-obéissant serviteur.
On peut encore mettre ceci : r
fai rhonneur d^étre, avec le plus profond
respect, ', ''
De Votre Gra^ndeur (ou De Votre
Excellence) ,
le très-humble et très-ohéissant serviteur.
Toute lettre cérémonieuse ne doit pas
avoir de Post Scriptum,
Vous ne pouvez charger d'une commis-
sion pour un tiers que les personnes avec
lesquelles vous êtes intimement lié. Il
serait fort incivil d'écrire à votre supé-
rieur ou à toute autre personne dont la
position sociale est plus élevée que la
ET LE BON TON.
115
vôtre : Veuillez bien vous charger ^Monsieur ^
le DuCycTassurer de mes respects Monsieur, etc.
En résumé, le respect, Vo/fcction et l'a-
mitié doivent fournir le fond de toutes les
suscriptions: le respect pour les supérieurs,
les vieiHards, les dames et les parents
les plus proches; Ya/fectiou pour les pa-
rents les moins proches, les pères aux en-
fants, etc., Vamitié pour les amis et les
camarades.
Aujourd'hui les lettres sont envoyces
sous enveloppe. Avant de mettre l'a-
dresse, remarquez que la partie de l'en-
veloppe qui se replie sur l'autre doit for-
mer le revers du haut et non du bas de
l'adresse. On se sert aussi aujourd'hui
d'enveloppes qui s'ouvrent par une des
extrémités ; la remarque qu'on vient de
faire ne peut s'appliquer h ce genre d'en-
veloppes. ^
Quant à la manière d'adresser les let-
tres, voici les règles que l'on doit suivre :
QîH'lques-uns essaient d'introduire ici
l'usage que l'on observe eu France, d'é-
crire deux fois le mot Monsieur : nous ne
voyons aucun apropos à cette répétition.
On peut donc, en demeurant parfaitement
116
LA VRAIE POLITE88E
poli, écrire simplement, non au haut de
Tenveloppe, mais vers le milieu, Monsieur^
et, à la suite, le nom de la personne à
qui on écrit ; sur une seconde ligne à
droite vous mettez sa qualité ; sur une
troisième ligne le numéro de la demeure
et le nom de la rue ; enfin sur la quatri-
ème, au milieu^ le nom de la ville. Ex-
emple : *
Monsieur Joseph Moncey,
Libraire
57, Rue St. Victor,
Joliette.
Nous ferons remarquer que le titre dV-
cuier^ si commun parmi nous, exclut celui
de Monsieur y et qu'il s'écrit à la suite du
nom.
Il y a des titres qui s'écrivent avant le
nom, par exemple :
L'Honorable Pierre * * * *
Sir John *******
Monsieur le Marquis de * * *
Les lettres de faire part, pour mariage
ou enterrement, sont toujours rédigées à
la troisième personne, et écrites au nom
seulement des plus proches parents.
de
CHAPITRE DIXIEME.
DBS CÉRÉMONIES DE I/ÉTAT CIVÎL.
DU BAPTEME.
A moins d'avoir de légitimes raisons
de refuser, on doit accepter Tinvitation
qui nous est faite d'être parrain (ou mar-
raine). C'est un service que l'on doit
rendre de bonne grâce.
Il est vrai que l'usage qui s'introduit
d'offrir, dans cette circonstance, des ca-
deaux sans nombre, et que la vanité croit
ne devoir jamais être d'une trop grande
valeur, menace de faire de l'ofiiice de par-
rain une véritable charge, et encore uiie
charge bien lourde. Espérons que l'ex-
emple des gens sensés, qui évitent de
donner dans ces extravagances, prévau
118
LA VRAIE POLITESSE
dra, et fera rentrer les choses dans
Tordre. •
C*est un manque de convenance pour
un père et une mère de demander, pour
être parrain ou marraine de leur enfant?
des personnes qui sont d*une condition
bien plus élevée que la leur. Sans doute
que l'honneur de tenir un enfant sur les
fonds du baptême n'est au-dessous d'au-
cune position sociale, quelque élevée
qu'elle soit; mais il ne suit pas de là
qu'on puisse s'autoriser de cette circons-
tance, où l'on se trouve d'avoir besoin
à\\n parrain et d'une marraine, pour se
mettre en rapport avec des personnes
d'une toute autre condition que la sienne*
Au reste on ne doit demander pour cette
fonction que des personnes que Ton sait
devoir s'y prêter de bon gré. La politesse
consiste, ne le perdons pas de vue, à ne
contrarier personne.
Au jour et à l'heure fixés pour le
baptême, le parrain se présente chez la
marraine qu'il conduit chez le père de
l'enfant. L'usage, auquel il ne saurait à
aucun titre se soustraire, exige qu'il lui
offre en cadeau cinq ou six paires de
gants.
ET LE BON TON.
119
En se rendant à l'églis^ le parrain et
la marraine occupent la première voiture:
la sage-femme et l'enfant viennent à la
suite, puis le père avec les membres de
la famille qui doivent assiste?' au bap-
tême. Assez souvent le père occupe la
même voiture que Tenfant. .
• Ici, au pays, où les mendiants ne sont
pas très nombreux, le parrain, après la
cérémonie, n*est pas exposé à être assiégé
par une foule d'individus qui attendent
chacun une offrande plus ou moins con-
sidérable. Il paie le bedeau pour faire
sonner les cloches, et s'en tient à cela. On
n'attend rien plus de lui. Cependant on
a vu, quelquefois, certains personnages
très riches offrir au prêtre qui avait bap-
tisé Tenfant quelques pièces d'or ; mais
ce n'est-là qu'une exception.
Le parrain,quelques jours après le bap-
tême, doit une visite à la marraine: l'un ei
l'autre doivent aussi aller rendre visite à
la mère de l'enfant.
DU MARIAGE.
Le garçon d'honneur va chercher chez
elle sa fille d'honneur et la conduit chez
la fiancée.
lïT
120
LA VRAIE POLITESSE
Oii se rend à Téglise dans l'ordre sui-
vant : la fiancée accompagnée de son
père, le garçon et la fille d'honneur. (Il
peut y avoir plus d'un garçon et d'une
fille d'honneur ; ) le futur marié, accom-
pagné de son père et les invités à la
noce. ^ ,.
La fiancée est conduite au pied de l'au- •
tel par son père.
C'est à la balustreque s'accomplit, dans
le pays, la cérémonie du mariage. Quand
le prêtre s'avance pour procéder à cette
cérémonie, les époux doivent déjà y être
placés, le mari à gauche du prêtre, l'é-
pouse à droite. Celle-ci a à son côté sa
fille d'honneur, l'époux son garçon d'hon
neur. Tous se tiennent à genoux. Pen-
dant la sainte messe on suit l'usage pour
se tenir à genoux ou assis.
Après la cérémonie, le mari conduit sa
femme à la sacristie pour signer l'acte «le
mariage ; puis la noce s'en retourne dans
l'ordre suivant : les époux, les garçons et
filles d'honneur, les pères et mère des
époux, puis les parents et invités.
Les noces sont du temps passé, et on
doit en bénir le ciel. Il n'y a plus que
quelques gens du peuple qui y tiennent
ET LE BON TON.
m
encore. Il est certain que ces longs di-
vertissements étaient la ruine des pauvres,
et une source féconde d'immoralité chez
les riches comme chez les pauvres.
Aujourd'hui, après la célébration du
mariage, on déjeune en famille, et il est
devenu tout à fait fashionable que les
époux partent aussitôt pour une excursion
de quelques jours
Au repas de noces, le maître de la mai-
son occupe le milieu de la table ; il a à sa
droite la mariée et à sa gauche le marié ;
puis viennent, de chaque côté, les gar-
çons et filles d'honneur. La maîtresse de
la maison prend place devant lui, et elle a
à ses côtés les proches parents des époux.
Les nouveaux mai-iés pourraient encore
très convenablement être placés en face
du maître de la maison.
S'il y avait bal dans la soirée, ce qui
est un hors d'œuvre, ce serait à la mariée
à l'ouvrir avec son mari, ou avec le per-
sonnage le plus distingué de la réunion.
Les invités à la noce, qu'ils aient ac-
cepté ou non l'invitation, sont tenus d'of-
frir un cadeau à la future, la veille de
son mariage. Ils doivent aussi faire vi-
site aux nouveaux mariés après que ceux-
m
LA VRAIE POLITESSE
, ci ont paru en public, par exemple après
qu'ils ont été vws à l'église. On sait par
là qu'ils reçoivent.
Les mariés doivent rendre les visites
qu'ils ont reçues à l'occasion de leur ma-
riage, mais ils ne sont pas tenus de re-
mettre celles des jeunes messieurs non
mariés.
DE l'enterrement.
11 ne doit pas être nécessaire de rappe-
ler que Ton ne saurait, sans manquer
gravement aux convenances, se dispenser
d'assister à un enterrement auquel on
aurait été invité par lettre spéciale.
La toilette doit être sévère. En atten-
dant, dans la maison du défunt, que le
convoi se mette en marche, gardez, sans
affectation, le silence, ou, si vous conver-
sez, que ce soit à voix basse et avec un
maintien sérieux.
Vous devez vous observer tout autant
en suivant le corbillard, et éviter toute
conversation.
Dans l'église, pendant l'oflice, confor-
mez-vous à toutes les cérémonies du
culte.
ET LE BON TON.
123
après
it par
visites
r ma-
ie re-
s noii
rappe-
inquer
penser
lel on
Si le défunt est un parent, il va sans
dire que vous devez accompagner la dé-
pouille jusqu'au cimetière. Il doit en
être aussi de môme quand le défunt est
un anii, un supérieur ; quand on veut
donner à sa famille un témoignage de
sympathie et de l'intérêt qu'on lui porte.
Après l'enterrement, les amis doivent
une visite de condoléance à la famille.
Inutile de rappeler ici que la toilette et la
conversation doivent être en rapport avec
la circonstance.
atten-
que le
z, sans
5onver-
vec un
autant
V toute
• . »
confor-
ies du.
>. - î :
^"**.
■#
pm^m'
\
I
il
SUPPLEMENT.
I
La politesse exige que Ton parle le
moins possible de soi ; que Ton ne fasse
jamais allusion aux bonnes qualités que
l'on croit posséder, aux œuvres louables
que Ton a accomplies.
Il ne convient même pas d'entretenir
les autres des maux que Ton souffre, des
épreuves qu'on peut avoir à subir ; tout
cela sent tf op l'égoïsme. Dans la conversa-
tion, il faut, en quelque sorte, paraître
s'oublier soi-même ; c'est là ce qui, aux
yeux des gens de bonne compagnie, en
fait le mérite et le charme.
Cependant, que de personnes, parmi
celles même qui prétendent avoir du sa-
voir-vivre, qui semblent ne pouvoir en-
tretenir leurs amis que d'elles-mêmes !
Quelques efforts que vous fassiez pour dé-
tourner leur ennuyeuse conversation,
elles ont toujours l'admirable talent de
LA VRAIE POLITESSE
125
/
savoir la ramener à leur sujet cnéri. A
propos de tout, elles trouvent moyen de
se mettre en scène ; de se donner pour
exemple ; de rappeler ce qu'elles ont dit
ou fait dans telle ou telle circonstance.
Cette manie de parler sans cesse de soi
est l'indice le moins équivoque d'une très
mauvaise éducation. •
Quand on appartient à une famille mar-
quante; que quelques-uns de ses mem-
bres occupent des positions élevées dans
la société, se distinguent par leur savoir,
leurs talents, il ne convient pas de paraître
en tirer gloire, d'en trop parler. Il ne
vous appartient pas de faire ressortir le
mérite, les belles qualités de votre fa-
i mille ; car, comiçe il n'est guère probable
que vous renonciez à avoir votre part de
ces belles qualités, il est évident pour
tous qu'en parlant ainsi vous faites votre
propre éloge.
Il ne faut pas, non plus, faire allusion
aux richesses que Ton possède, si ce n'est
avec beaucoup de réserve et de délicatesse.
Ce défaut est commun chez les parvenus
qui n'ont pas eu l'avantage de recevoir
une bonne éducation. Pour eux, tout se
mesure à la bourse ; l'homme qui n'a pas
lii
:
i
1 1
126
LA VRAIE POLITESSE.
d*écus, quelque soit d'ailleurs ses qualités,
n'a qu'une bien petite valeur à leurs
yeux.
Il n'est pas besoin de dire que cette
classe, dont Targent fait tout le mérite,
ne saurait avoir sa place dans la bonne
compagnie. ^
*<>'i
II
r^^,
'est une grave impolitesse que de
rendre les personnes avec qui on est en,
rapport victimes de sa mauvaise humeur.)
Cette mauvaise humeur peut procéder de
diverses causes, maladie du corps, mau-
vaise disposition de l'esprit, mauvais état
de la conscience : mais toutes ces causes
sont indépendantes deS personnes aveci
qui vous vivez ; la plupart dépendent de
vous ; pourquoi donc vous en prendre aux
autres? pourquoi porter le trouble et la
tristesse au milieu de gens qui ont à cœur
de vivre en paix?
, Vous êtes malade, le sang vous fatigue,
vos nerfs sont d'une irritabilité extrême ;
à qui la faute? Vous ne voulez pas vous
en prendre à Dieu, c'est bien le moins.
Mais alors pourquoi vous venger sur le
ET LE BON TON.
1)1
prochain ? pourquoi trouver u.'dl loul ce
qu'il dit, tout ce qu'il fait?
Votre esprit est malade, vous êtes mi-
santhrope, vous trouvez que tout va mal
dans le monde, qu'il n'y a que vous de
parfait; mais alors vous devez vous reti-
rer de la société, vivre dans une solitude
absolfe, et ne pas empoisonner la vie
chez les autres.
Dans une compagnie, une personne dit
une parole tout à fait inofFensive, qui
trouve fort bien sa place ; mais vous, dans
votre pauvre cerveau malade, vous jugez
cette parole déplacée, elle vous déplait ;
tout de suite, le sang vous monte au vi-
sage, vous devenez taciturne, sombre ; ou
bien, vous répliquez amèrement, vous
mettez tout le monde mal à l'aise ; évi-
demment ce n'est pas cette parole inof"
fensive qui est déplacée, c'est vous qui
n'êtes pas à votre place, c'est vous qui ne
devriez pas être admis en compagnie.
Et remarquez que vous n'êtes pas aussi
excusable que quelques personnes vou-
draient le faire croire. Il y a dans votre
conduite un manque de bon sens qui ne
dépend pas sans doute de vous ; mais il y
128
Lk VRAIE POLITESSE
a de plus an défaut de vertu qui vous est
imputable.
Il y a des personnes qui ont un carac-
tère tellement bizarre, qu'elles ne peuvent
pas s'endurer elles-mêmes ; rien d'éton-
nant qu'elles ne puissent pas endurer les
autres. On leur pardonnerait d'être en
guerre avec elles-mêmes, si seiAment
elles voulaient laisser les autres en paix.
Mais non, en proie à une humeur cha-
grine qui ne les quitte presque pas, elles
se mêlent de tout, des choses qui leur
sont le plus étrangères, afin de semer
partout le trouble et la division. Evidem-
ment ces personnes sont à charge à la so-
ciété.
Comme c'est moins un traité de moral
que nous faisons ici qu'un petit travail
sur la politesse et la civilité, nous ferons
remarquer à ces personnes que, si elles
n'ont pas assez de religion et de vertu
pour dominer leur caractère, elles de-
vraient, pour ne pas compromettre leur
réputation de personnes bien élevées, se
retirer le plus possible de la société ; du
moins quand elles s'aperçoivent que leur
humeur devient plus maussade.
ET LE BON TON.
129
III
C'est manquer à la bienséance qae
d'engager des discussions en compagnie,
et encore plus de soutenir opiniâtrement
son opinion. Le salon n'est pas une as-
semblée délibérante, et le bon ton exige
qu'on en bannisse toute discussion.
Si quelqu'un, en compagnie, s'oublie
j'isqu'à avancer quelque proposition qui
doit être condamnée, contentez-vous d'un
mot pour faire voir qu'on ne peut ad-
mettre une telle proposition. Si votre in-
terlocuteur insiste, éludez adroitement la
question, et les personnes bien élevées
comprendront de suite que vous tenez à
la bienséance, et que vous ne voulez pas
engager de discussion.
Au reste, que résulte-t-il de ces discus-
sions en compagnie? quels intérêts est-on
appelé à défendre dans ces réunions qui
ont un tout autre objet ? quel triomphe
va-t-on assurer à la vérité ? Le seul résul-
tat est de troubler l'harmonie et la paix
entre amis qui se réunissent pour passer
agréablement quelques quarts-d'heures.
Gardons-nous de Tesprit de contradic-
tions; rien de plus propre à fausser le
130
LA VRAIE POLITESSE
I
jugement et à faire commettre, à chaque
instant, contré la bienséance, des fautes
qui couvrent leurs auteurs d'humiliations
aux yeux des gens bien élevés.
IV
•* Le tact^ dit Bourgean, dans son traité
des usages du monde, ne s'acquiert pas par
Tétude ; la fréquentation de la bonne
compagnie ne peut que développer celui
qu'on a : pour avoir du tact, il faut avoir
de l'esprit et du jugement; aussi voilà
pourquoi les sots en manqueront tou-
jours."
Ces paroles, d'une incontestable vérité,
sont désespérantes pour ceux qui man-
quent de tact. Et comment venir en aide
à cette classe d'hommes digne, en quel-
que sorte, de pitié. Pour cela, il faudrait
avant tout, faire qu'ils se connussent eux-
mêmes ; or personne ne se connaît si peu
que celui qui n'a pas de tact, et personne
n'est si peu capable d'arriver à cette con-
naissance de soi-même. Le cas est donc dé-
sespéré ; si ce n'est pour celui qui a l'avan-
tage d'avoir un ami sincère, dont il subit
volontiers l'ascendant Cet ami pourra
lui déclarer franchement ce qu'il y a de
«
ET LE BON TON.
131
défectueux chez lui, TeiigM^er à se défier
de lui-môme, à parler peu, à ne jamais
chercher à figurer dans los réunions, mais
à cultiver la modestie.
Ce n'est pas qu'on puisse ainsi donner
du tact à celui qui en manque, on peut
tout au plus lui faire éviter quelques
bévues. •
. Y
On rencontre des gens qui veulent tou-
jours et à propos de tout, même des choses
les plus sérieuses, avoir le bon mot pour
faire rire. Il va sans dire que ces faiseurs
d'esprit ex professa manquent de tact et
blessent à la fois presque toutes les règles
de la bienséance.
D*abord la bonne tenue, la modestie
est chose inconnue d'eux ; ils ne man-
quent jamais de rire les premiers de leurs
saillies, lors même que les autres demeu-
rent sérieux ; ce sont en général de grands
parleurs, qui ne se gênent pas d'accaparer
la conversation ; leurs discours, presque
toujours entremêlés d'éclats de rire forcés
que réprouve le savoir-vivre, blessent, le
plus souvent, et le bon sens et la charité.
132
LA VRAIE POLITESSE
Il arrive, smis doute que, au milieu de
leurs efforts incessants pour faire de l'es-
prit, il se rencontre parfois quelques sail-
lies heureuses, mais le plus souvent leurs
reparties ne sont que des incongruités
qui affligent les personnes bien élevées.
L'homme qui a du savoir-vivre, qui
tient à la bonne éducation, agit bien dif-
féremment. Sans doute, dit un auteur
estimable, qu'il sourit volontiers lorsqu'il
entend un bon mot on une saillie spiri-
tuelle, mais il ne rit jamais d'une manière
trop bruyante : lorsque lui-même paie son
tribut à la société, il se garde bien de rire,
avant ou après le trait ingénieux qu'il
vient de lancer au milieu d'un cercle ;
quand tout le monde applaudit, lui seul
reste impassible et semble même reculer
humblement devant cet unanime suffrage;
on dirait qu'il regrette presque d'avoir de
l'esprit, tant il y a de modestie, d'abnéga-
tion personnelle sur sa physionimie.
VI
*
L'usage, dans certains pays, demande
que ce soit au nouvel arrivant dans un
endroit à commencer à faire visite dans
ET LE BON TON.
133
les fciiiiilles avec lesquelles il désire avoir
des relations. Si ou ne lui rend pas sa
visite, c'est un indice qu'on ne veut pas
entrer en rapport iivec lui, et il n'a plus
qu'à rester chez lui.
Ici c'est tout le contraire : quand une
personne va se fixer dans un endroit, ce
n'est pas elle qui fait les premières démar-
ches, mais ce sont les citoyens de la place,
qui veulent entrer eu rapport avec elle,
qui doivent aller lui faire visite. Et nous
devons avouer qne la chose nous parait
bien plus convenable et bien plus natu-
relle ; quelqu'un vient se fixer au milieu
de vous, sa qualité d'étranger est toujours
plus ou moins délicate, il a à redouter
l'inconvénient de s'imposer à ses nouveaux
concitoyens ; vous le dispensez de toute
démarche ; vous allez lui souhaiter la
bienvenue ; c'est une attention toute cour-
' toise.
De môme, au retour d'un voyage, à
rencontre de ce qui se pratique ailleurs,
c'est à vos amis à venir vous féliciter de
votre heureux retour.
Il y a toutefois une exception : c'est
quand un fonctionnaire arrive dans un
endroit. C'est à lui naturellement à se
/
134
LA VRAIE POLITESSE
II!
présenter chez les chefs de son départe-
ment.
- VII
L'habitude de fumer n'est pas ce qu'il
y a de plus recommandable. Il est bien
rare que cette habitude ne dégénère pas
en servitude. Dans tous les cas, les fu-
meurs ont besoin de prendre beaucoup de
précautions s'ils ne veulent pas manquer
aux règles de la bienséance.
D'abord on ne doit jamais se permettre
de fumer là où il y a des dames ; on doit
alors s'interdire la chose, non-seulement à
la maison, mais encore dans les voitures
publiques, à la promenade, etc.
Ici, et aux Etats-Unis, il y a, sur les
chemins de fer, des chars à fumer ; il
faut y prendre place, et ne jamais s'aviser
de fumer ailleurs par contrebande, car
on court le risque de se faire mettre à
l'ordre, et d'être humilié; ce que les
fumeurs de contrebande méritent bien.
C'est se montrer bien esclave de la pipe
que de quitter, en soirée, la compagnie
des dames pour aller fumer. Outre Pin-
çon vénient qu'il y a à agir ainsi^ on
s'expose de plus à incommoder les dames,
\
ET LE BON TON.
135
à son retour, par Todeur de la fumée du
tabac dont les habits boiU imprégnés.
Les fumeurs sont généralement grands
cracheurs ; c'est encore une qualité qui
n'est pas à envier. Oj', il n'^st pas néces-
saire de dire qu'on ne doit jamais cracher
sur les planchers, encore moins sur les
tapis. Si Ton n'a pas de crachoirs à sa
disposition, que Ton s'abstienne tout
simplement de fumer. t
Au reste, quand on a un peu de savoir-
vivre, on ne fume que dans Tappartemeiit
destiné aux fumeurs, et qui est toujours
muni de l'appendice de la pipe, le crachoir.
. Vlli
a
Dans une visite d'étiquette, les mes-
sieurs ne laissent pas, comme l'usage
l'exige dans certains endroits, leur par-
dessus dans l'anti-chambre ; une visite ne
dure pas assez longtemps pour qu'il vaille
la peine de le déposer pour le reprendre
sitôt. ^ .
Nous croyons devoir ajouter ici quel-
ques mots à ce que nous avons dit déjà de
la toilette de la femme.
136
LA VRAIE POLITESSE
Cette toilette doit toujours être propre
et convenable. Une femme, qui a le
sentiment des convenances et tant soit
peu d'activité, évite dans sa toilette ce
négligé qui indique la nonchalance et la
paresse. -
" Avant le déjeûner, dit Bourgeau que
nous avons déjà cité, ayez une tenue con-
venable ; S'il est possible, ne faites qu'une
toilette par jgur. Soyez dès le déjeûner
ce que vous devez être toute la journée,
c'est-à-dire en état de recevoir n'importe
quel visiteur, sans être prise au dépourvu
et fâchée ensuite du négligé dans lequel
vous avez été surprise : de cette façon,
vous vous éviterez des ennuis, et aux
visiteurs un embarras ; car un visiteur
qui dérange, s'il a du tact, est plus con-
trarié que la personne même qui a été
dérangée."
La première parure pour une femme,
c'est la propreté : ne paraissez donc jamais
mal peignée, cachez plutôt vos cheveux.
La femme doit savoir que la toilette ne
consiste pas tant dans le vêtement que
dans une certaine manière de le porter ;
elle doit savoir aussi que tout ce qui vise
à l'effet* est |dej: mauvais goût. Ainsi, si
ET LE BON TON.
137
ce
tout le monde vous regarde, c'est que
vous n'êtes pas mise convenablement,
vous êtes trop parée ou trop recherchée :
c'est donc à vous à consulter les regards,
ils vous diront ce que vous êtes.
Les femmes distinguées paraissent dans
le monde avec toutes les élégances de la
mode, mais sans exagération ; elles ne
ressemblent en rien aux dames du demi-
monde ni aux femmes de bas étage, qu'on
reconnaît de suite, parcequ'elles visent
aux grands effets.
La dame du grand monde brille spécia-
lement par cette simplicité qui a tant de
charmes et qui niait plus que les diamants
qu'elle met rarement.
Quand on désire se mettre en rapport
avec quelque personne, quelque famille,
on doit s'y faire présenter. Quelquefois,
certaines circonstances fortuites établis-
sent des rapports entre les personnes ;
mais, en dehors de ces circonstances, il
fautrecourir à la. présentation ou introduc-
tion^ selon l'expression reçue dans le pays.
D'abord, comme la politesse exige qu'on
138
LA VRAIE POLITESSE
ne s'impose jamais aux autres, on doit,
avant de se faire présenter, être fondé à
croire que la personne, avec qui on désire
se mettre en rapport, aura la chose pour
agréable, sans cela on devrait s'abstenir.
La personne qui présente doit aussi avoir
égard à la remarque que nous faisons ici.
11 est inutile d'ajouter que la présenta-
tion ne doit avoir lieu qu'entre personnes
qui sont à peu près de la même condition.
Pour cette présentation, il suffit de dire
en abordant la personne à qui vous pré-
sentez votre ami ou votre connaissance :
Monsieur ou Madame, faî l^ honneur de vous
jjresenter Monsieur ou Madame, etc.^ etc.
Dans une réunion de quelques person-
nes, quand une circonstance fortuite
amène un étranger, la bienséance exige
que celui qui le connaît ne le laisse pas
dans l'embarras, mais qu'il le présente à
la compagnie. En Angleterre on est très
particulier sur ce point, et d'une extrême
prévenance pour faire cette présentation.
Et certainement que cela est tout à la
gloire de la politesse' anglaise, et con-
traste fort avec la manière dont ailleurs
on laisse une personne, quelquefois fort
ET LE BON TON.
139
lecoaunandable, dans une très-genante
position.
On conçoit que, dans les grandes as-
semblées, il serait ennuyeux et déplacé
d'être présenté à un si grand nombre de
personnes, aussi il n'y est jamais question
d'être introduit. Mais, dans tous les cer-
cles restreints, Vintroduction est de rigueur.
■ ' XI .
à
Il y a des circonstances où Ton est
obligé de se présenter chez des personnes
que l'on ne connait pas, ou dont on n'est
pas connu. L'usage et la bienséance
demandent que l'on se fasse alors précéder
par sa carte. - • ,
XII \
Les dames doivent toujours monter les
escaliers les dernières, et les descendre
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Nous tëi|mi.tiei'ôiii5. ]^aT .«une; 'ï-qmar^jue
très importante, c'est que 'àah s lés réu-
nions, soirées, etc., les jeunes gens ne
doivent pas perdre de vue toule la poli-
140
LA. VRAIE POLITESSE
tesse, toute la courtoisie qu'ils doivent
avoir pour les dames mariées. Les jeunes
gens bien élevés ne manquent jamais,
dans ces circonstances, de faire tous leurs
efforts pour se rendre aimables indistinc-
tement à tout le monde. Mais, si quelques
dames méritent plus particulièrement
leurs attentions, ce sont bien certainement
celles de la maison où ils sont reçus. Que
dire donc de jeunes gens qui reçoivent
une gracieuse invitation dans une famille,
où Ton met tout en œuvre pour leur faire
passer une agréable soirée, et qui dai-
gnent à peine adresser la parole aux
dames de la maison !
Il est aussi inconvenant pour les jeunes
gens de se séquestrer dans un corridor
ou dans une chambre, pendant la soirée,
et de laisser les dames seules.
Il est certain que, sous ce rapport, il y
aurait quelque réforme à opérer parmi
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V
TABLE DES MATIERES.
Page.
Introduction, , .., 5
■■""". " - * ■■■...■-■_ ii- -,
CHAPITRE I.
De la Politesse et du Bon Ton........ 11
CHAPITRE II.
De la Politesse dans la Famille, 18
De la Politesse des époux entre
eux, 22
De la Politesse des enfants envers
leurs parents 24
Delà conduite des parents envers
leurs enfants 28
CHAPITRE III.
Politesse dans les Collèges, Pension-
nats, etc * 32
142 TABLE DES MÂtlÈRES.
4
CHAPITRE IV.
Bienséance A l'Eglise 40
CHAPITRE V.
Politesse dans les Visites :
De la Toilette 46
Des Visites 49
De la Conversation 58
CHAPITRE VI
De LA Politesse a Table 68
CHAPITRÉ VII.
Politesse dans les Soirées 76
CHAPITRE VIU.
Promenades, Voyages, Séjours a la
Campagne :
Promenades en Voiture 87
Promenades à Pied 88
Voyages , 91
Séjours à la campagne 96
Chez le Marchand 101
46
49
58
68
TABLB DES MATifiRES. US
CHAPITRE IX.
De LA Politesse Epistolaire 105
CHAPITRE X.
Des Cérémonies de i/État Civil :
Du Baptême 117
Du Mariage 119
De rEnterrement 122
Supplément 124
76
-— Il II ^<«i.np_ —- -
ERRATUM.
Page 52, ligne 12, au lieu de on ne présente
jamais, lisez : on ne présente pas
»
ne présente