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Full text of "Histoire naturelle, générale et particulière [microforme]"

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IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


1.0 


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Photographie 

Sciences 
Corporation 


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23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.  Y.  14580 

(716)  872-4503 


i/. 


CIHM/ICMH 

Microfiche 

Séries. 


CIHM/ICMH 
Collection  de 
microfiches. 


Canadian  Instituts  for  Historical  Microreproductions  /  Institut  canadien  de  microreproc'  .'ctions  historiques 


Tachnical  and  Bibliographie  Notes/Notes  techniques  et  bibliographiques 


The  Institute  has  attempted  to  obtain  the  best 
original  copy  available  for  filming.  Features  of  this 
copy  which  may  be  bibliographicaily  unique, 
which  may  alter  any  of  the  images  in  the 
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n 


D 


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D 


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0 


D 


0 


Coloured  covers/ 
Couverture  de  couleur 


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Couverture  endommagée 


Covers  restored  and/or  laminated/ 
Couverture  restaurée  et/ou  pelliculée 


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Le  titre  de  couverture  manque 

Coloured  maps/ 

Cartes  géographiques  en  couleur 


Coloured  ink  (i.e.  other  than  blue  or  black)/ 
Encre  de  couleur  (i.e.  autre  que  bleue  ou  noire) 


I      I    Coloured  plates  and/or  illustrations/ 


Planches  et/ou  illustrations  en  couleur 


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distortion  le  long  de  la  marge  intérieure 

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appear  within  the  text.  Whenever  possible,  thèse 
hâve  been  omitted  from  filming/ 
Il  se  peut  que  certaines  pages  blanches  ajoutées 
lors  d'une  restauration  apparaissent  dans  le  texte, 
mais,  lorsque  cela  était  possible,  ces  pages  n'ont 
pas  été  filmées. 


Additional  commenta:/ 
Commentaires  supplémentaires: 


L'Institut  a  microfilmé  le  meilleur  exemplaire 
qu'il  lui  a  été  possible  de  se  procurer.  Les  détails 
de  cet  exemplaire  qui  sont  peut-être  uniques  du 
point  de  vue  bibliographique,  qui  peuvent  modifier 
une  image  reproduite,  ou  qui  peuvent  exiger  une 
modification  dans  la  méthode  normale  de  filmage 
sont  indiqués  ci-dessous. 

□   Coloured  pages/ 
Pages  de  couleur 

□   Pages  damaged/ 
Pages  endommagées 

I      I    Pages  restored  and/or  laminated/ 


n 


Pages  restaurées  et/ou  pelliculées 

Pages  discoloured,  stained  or  foxed/ 
Pages  décolorées,  tachetées  ou  piquées 


□    Pages  detached/ 
Pages  détachées 

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slips,  tissues,  etc.,  hâve  been  refilmed  to 
ensure  the  best  possible  image/ 
Les  pages  totalement  ou  partiellement 
obscurcies  par  un  feuillet  d'errata,  une  pelure, 
etc.,  ont  été  filmées  à  nouveau  de  façon  à 
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10X 

14X 

18X 

22X 

26X 

30X 

7 

12X 


16X 


20X 


mi 


28X 


32X 


Th«  eopy  film«d  h«r«  ha«  b—n  raproducad  thanka 
to  tha  ganaroaity  of  : 

Seminary  of  Québec 
Library 


L'axamplaira  filmé  fut  raproduit  grica  à  la 
généroaité  da: 

Séminaire  de  Québec 
Bibliothèque 


Tha  imagaa  appaaring  hara  ara  tha  baat  quality 
poaaibla  conaidaring  tha  condition  and  lagibility 
of  tha  original  copy  and  in  kaaping  with  tha 
filming  contract  apacificationa. 


Original  copiaa  in  printad  papar  covara  ara  filmad 
baginning  with  tha  front  eovar  and  anding  on 
tha  laat  paga  with  a  printad  or  illuatratad  impraa- 
•ion,  or  tha  back  covar  whan  appropriata.  Ali 
othar  original  copiaa  ara  filmad  baginning  on  tha 
firat  paga  with  a  printad  or  illuatratad  impraa- 
aion,  and  anding  on  tha  laat  paga  with  a  printad 
or  illuatratad  impraaaion. 


Tha  laat  racordad  frama  on  aach  microficha 
•hall  contain  tha  symbol  — »>(maaning  "CON- 
TINUED"),  or  tha  aymbol  V  (maaning  "END"), 
whichavar  appliaa. 

iVlapa,  piataa,  charta,  atc,  may  ba  filmad  at 
diffarant  raduction  ratioa.  Thoaa  too  larga  to  ba 
antiraiy  inciudad  in  ona  axpoaura  ara  filmad 
baginning  in  tha  uppar  laft  hand  cornar,  iaft  to 
right  and  top  to  bottom,  aa  many  framaa  aa 
raquirad.  Tha  following  diagrama  illuatrata  tha 
mathod: 


Laa  Imagaa  auivantaa  ont  4té  raproduitaa  avac  la 
piua  grand  aoin,  compta  tanu  da  la  condition  at 
da  la  nattaté  da  l'axamplaira  filmé,  at  an 
conformité  avac  laa  conditiona  du  contrat  da 
filmaga. 

Laa  axamplairaa  originaux  dont  la  couvartura  an 
prpiar  aat  impriméa  sont  fiiméa  an  commançant 
par  la  pramiar  plat  at  an  tarminant  soit  par  la 
darniéra  paga  qui  comporta  una  amprainta 
d'impraaaion  ou  d'illuatration,  soit  par  la  sacond 
plat,  salon  la  caa.  Toua  laa  autraa  axamplairaa 
originaux  aont  fiiméa  an  commançant  par  la 
pramiéra  paga  qui  comporta  una  amprainta 
d'impraaaion  ou  d'illuatration  at  an  tarminant  par 
la  darniéra  paga  qui  comporta  una  talla 
amprainta. 

Un  daa  aymbolaa  sulvanta  apparaîtra  sur  la 
darniéra  imaga  da  chaqua  microficha,  salon  la 
caa:  la  aymbola  — »>  signifia  "A  SUIVRE",  la 
aymbola  V  signifia  "FIN". 

Laa  cartaa,  planchaa,  tablaaux,  atc,  pauvant  étra 
fiiméa  é  daa  taux  da  réduction  différants. 
Lorsqua  la  documant  aat  trop  grand  pour  étra 
raproduit  an  un  aaul  cliché,  il  aat  filmé  é  partir 
da  l'angla  aupériaur  gaucha,  da  gaucha  é  droita, 
at  da  haut  •n  baa,  an  pranant  la  nombra 
d'imagaa  nécassaira.  Laa  diagrammas  suivante 
illustrant  la  méthoda. 


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i^AM  c: 


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STOIRE 

ATURELLE, 

GÉNÉRALE  ET  PARTICULifeRE. 

Par  M.  DE  BuFFON,  Intendant  du  Jardin 
du  Roi,  de  l' Académie  Françoife ,  &  de 
celle  des  Sciences,  à'c. 

NOUVELLE    ÉDITION  ^ 


Tome  On^feme. 


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Oii!  r  C\> 


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A  R  I  S, 

DE    UIMPRIMERIE    ROYAL 


*    M.    DCCLXX. 


Chez    Fanckoucke,    LîBfarrr,, 
à  l'hôtel  de  Thou,  rue  des  Peîuyins, 
quartier  Samt'André'^dei'Araf 


— — — — ^— —          I         ■  wm^^mim 

TABLE 

De  ce  qui  eft  contenu  dans  ce 
Volume. 

X-/  £  PORC'ÉPXC,  ..,•».  page    { 

Le  Coendou •»•«.'•  is 

L'Urfen  ; 19 

Le  Tmrec  &  le  Tendrac 23 

La  Gifaffe 2.6 

Le  Lama  &  le  Paco. 47 

L'Vnau  &  l'Ai ,.,  72. 

Le  Sunkate p^ 

Le  Tarfier,  .  .  » p»d 

Le  Phalanger. 1 00 

Le  Coquallin. »  1 02 

Le  Hamfter 1 04 

Le  Bobak  &  les  autres  Marmottes.  1 1 7 

Les  Gerho'ifes •...  121 

La  Aîangoufte ....^.....^.•.^  133; 

La  Foffane 1 46 

Le  V^nfi^f*-  »»».....  ••»....»  14^ 


La  Aîakîs,  •  •  • 1 52 

Le  Loir, .  163 

La  Chauve  -fams ,  Fer-de-lance.  1 67 

Le  Serval 171 

L'Ocelot» 175 

Le  Margay 183 

Le  Chacal  &  VAdive .  188 

L'Ifatis* 205 

Le  Glouton 213 

Les  Mouffettes, .'  226 

Le  Pékan  ù*  le  Vifon 243 

La  Zibeline 24e 

Le  Leming 253 

Lm  Saricovienne ,  , 259 

La  Loutre  de  Canada 2^3 

Les  Phoque f ,  les  Merfes  &  les 

Lamantins*,,.,,,,,.,,,  2.6% 


•-        * 


HISTOIRE 


•  • 


15» 
ice.   1 6y 

..    175 
,  ..    183 
188 

205 
213 
.  .  .    226 

.  .  .  ^43 

. . .  246 

...  2.53 

..  .  2L59 

. . .  263 

Us 
...   z6% 


) .  • 


»  • . 


ITOIRE 


HISTOIRE 

NATURELLE 

■  I  ——————  I      ■      I      I  II  I  m^mmmmt 

LE  PORC'ÉPIC  (a): 

Il  ne  faut  pas  que  le  nom  de  Porc- 
épineux  qu'on  a  donné  à  cet  animal , 
dans  la  plupart  des  langues  de  l'Europe , 
nous  induife  en  erreur,  &  fàfle  imaginer 

(a)  Porc -épie  en  Grec  &  en  Latin,  Hyflrix  ;  en 
Arabe,  Tjur-èan»  félon  le  Dodeur  Shaw  ;  en 
Anglois,  Porcupine;  en  Allemand,  Siachdjchwe'm ; 
en  Italien,  Purco-fplnofo ;  en  EfjKignoi,  Pueno-efinno, 

Hyftrix.  Gc(ntt ,  Hift,  quad,vg,  pag.  563.  Nota, 
Quok}ue  Gefner  dife  que  la  figure  qu'il  donne  âvi 
^rc-épic  a  été  faite  d'après  l'animal  vivant,  e//. 
pèche  «cependant  en  pluHeiirs  chofes,  &  Singuliè- 
rement par  les  dents.  Le  porc -épie  n'a  que  deux 
dents  incifives  à  chaque  mâchoire,  &  point  de  dents 
canines  \  &  dans  la  figure  de  Gcfncr ,  il  a  huit  dents 
inciPives  ou  canines. 

Hyflrixthe porcupine,  Ray,  Syn,  qmd,  pag.  ao<5. 

Pwc  '  épie.  Mémoires  pour  fervir  à  l'hifloirc  del 
^imaux,  panie  11^  page  ^/  ,  fg,  ^li.  xir, 

'J-ome  XU  A 


t,:.^ï. 


'f  Hi flotte  Naturelle 

que  le  porc-t'pic  foît  en  effet  un  cocîioit 
chargé  d épines,  car  ii  ne  refTeiîible  au 
iCochon  que  par  le  grognement  ;  par 
tout  le  rerte  il  en  diffère  autant  qu'aucun 
autre  animai  ,  tant  pour  la  figure  que 
pour  ia  conformatioai  intérieure  ;  au  lieu 
d^ine  tête  aloiigée  ,  furmontée  de  longues 
oreilles  ^  arnié^e  de  défenfes  &  terminée 
par  uri  boutoir ,  au  lieu  d'un  pied  fourchu 
&  gîïrni  de  fabots  comme  le  cochon ,  le 
porc  r  épie  a  comme  le  callor  la  tête 
courte,  deux  grandes  dents  incifives  en 
avant  de  chaque  mâchoire,  nulles  dé- 
fenfes ou  dents  canines ,  le  mufeau  fêndii 
comme  le  lièvre ,  les  oreilles  rondes  & 
aplaties ,  &  les  pieds  armés  d'ongles  : 
au  lieu  d'un  grand  eftomaç  avec  ur| 
appendice  en  forme  de  capuchon,  qui 
clans  le  cochon  fèmble  faire  la  nuance 
entre  les  ruminans  &  les  autres  animaux , 

ffyjfrix  prientalis  crijîata,  Seba ,  voî,  I ,  pag.  79; 
^g.  I ,  Tab.  I .  Nota,  I  .•  L'épithète  Oriemalis  cfl 
ici  mal  appliquée ,  car  le  porc  -  épie  fê  trouve  en 
Afrique  &  dans  tous  les  pays  chauds  de  l'Europe 
«&  de  i'Alîe.  Nota*  a."  La  figure  &  la  defcription 
de  Seha  pèchent  en  ce  quelles  n'indiquent  que 
trois  ongles  aux  pieds  de  derrière  ,  tandis  que  cçt 
ahimal  en  a  cinq.  M.  Linnaeus  qui  avoit  adopté 
f«tte  erreur  dans  {t%  premières  éditions ,  l'a  reconnue 
Il  corrigée  dans  les  dernières* 


Ju  PorC'CpîC,  ^ 

te  porc  -  épie  n*a  qu'un  fimpîe  eftomac 
&  un  grand  cœcum  ;  ics  parties  de  la 
génération  ne  font  point  apparentes  au 
dehors  comme  dans  le  cochon  mâle  ;  les 
tefticules  du  porc -épie  font  recelés  au 
dedans  &  renfermés  fous  les  aines  ;  la 
verge  n*eft  point  apparente  ;  &  Ton  peut 
dire  que  par  tous  ces  rapports  aufîi-bieii 
que  par  la  queue  courte ,  la  longue 
niouftache,  la  lèvre  divifée,  il  approche 
beaucoup  plus  du  lièvre  ou  du  caftor 
que  du  cochon.  Le  hériiïbn  qui  comme 
ie  porc  -  épie  eft  armé  de  piquans ,  ref- 
fembleroit  plus  au  cochon  ;  car  il  a  le 
mufeau  long  &  terminé  par  une  elpèce 
de  grouin  en  boutoir  ;  mais  toutes  ces 
reffemblances  étant  fort  éloignées  ,  & 
toutes  les  différences  étant  préfentes  & 
réelles ,  il  n'eft  pas  douteux  que  le  porc- 
épic  ne  fbit  d'une  efpèce  particulière 
&  différente  de  celle  du  hérifTon  ,  du 
callor ,  du  lièvre  ou  de  tout  autre  animal 
auquel  on  voudroit  le  comparer. 

Hyjirix  capite  crijlato Hyjlrix ,  le  porc-épîc^ 

Briflbn,  Regn,  anirn,  pag.  125. 

Criffûta,  Hyjlrix  palmis  tetrcuLtâylis ,  phntis  penJ 
tadaâylis ,  capitt  criftato  ^  cauda  abbreviaifu  Lino^ 
Syji»  nat,  edit.  x^  pag.  55, 

A  ij 


f  hifto'tre  Naitireltê 

II  ne  faut  pas  non  plus  ajouter  foi  \ 
ce  que  di(ènt  prefqu  unanimement  leç 
Voyageurs  &  les  NaturaliHes,  qui  don- 
nent à  cet  animal  la  f;iculté  de  lancer 
fes  piquans  à  une  affez  grande  diflance 
&  avec  afrpz  de  force  pour  percer  & 
blefTer  profondément,  ni  s'imaginer  avec 
eux  quç  ces  piquans  tout  fépare's  qu*i|s 
font  du  corps  cfe  l'animal ,  ont  la  pro- 
priété très  -  extraordinaire  &  toute  parti- 
culière de  pénétrer  d'eux  -  mêmes  Sç. 
pur  leurs  propres  forces  plus  avant  dans 
les  chairs,  dès  que  la  ppinte  y  eft  une 
ibis  entrée  :  ce  dernier  fiiit  eft  purement 
imaginaire  &  deftitué  de  tout  fondement, 
de  toute  raifbn,  le  premier  efl  aufîi  {^iy^K 
que  le  fécond  ;  mais  au  moins  Ferreuç 
paroît  fondée  fur  ce  quç  l'animal  lorfqu'ij 
cft  irrité  pu  feulement  agité ,  rcdrefl'e  fès 
piquans ,  les  remue  ;  &  que  comme  il 
y  a  de  cps  piquans  qui  ne  tiennent  à  {a 
peau  que  par  une  eipèce  de  filet  oii 
de  pédicule  délié ,  ils  tombent  aiféinent, 
I^ous  avons  vji  des  porcs-épics  vivans,  & 
Jamais  nous  ne  les  avons  vus ,  quoique 
violemment  excités  ,  darder  leurs  piquans  : 
©n  ne  peut  donc  trop  s'étonner  que  les 
guteuxs   fes  pius    graves  ,  tant   ancieiis 


i///  PofC'épic:  'jjfi 

%)  qtie  modernes  (c)^  que  les  Voyageur* 
les  plus  fenfés  (d)  foient  tous  d'accord  fur 
Un  fait  àuffi  faux  :  quelques-uns  d'entre  eux 
dilertt  avoir  eux  -  mêmes  éxé  biclTés  de 
cette  èfpèce  de  jaculation,  d'autres  afTu- 
rent  qu'elle  (è  im  avec  tant  de  roideur, 

(b)  Àrifl.  Hifl.  mim,  !îb,  IX,  cap,  XXXIX.  — 
Bin,  Hifl.  Nat*  lit,  VJIJ ,  cap.  LUI.  ^^  Opiari, 
de  venatione. 

(c)  M."  les  Anntomifles  de  l'Académie  des  Sciences. 
Ceux  des  piquons ,  difent  -  ils  >  qui  ément  les  plu* 
forts  &  les  pks  courts  étaient  alJes  à  arracher  de  Id 
jveau ,  ny  étant  pas  attachés  fermement  comme  ■  lei 
autres ,  aujft  font-ce  ceux  que  ces  animaux  (  les  Porcs- 
cplcs  )  ont  accoutumé  de  lancer  contre  h  s  chajfeurs , 
en  fecouant  leur  veau  comme  font  les  chiens  loYfqu'ils 
fanent  de  l'eau.  Cilaudfcri  dit  également  que  le  porc- 
épic  eft  lui  -  même  l'arc ,  le  carquois  &  la  flèche 
dont  il  fc  fert  contre  les  chaflcurs.  Mémoires  pour 
fervir  à  l'hifloire  de<:  animaux  ,  tome  I  II ,  page  r  i  ^4 
J^OTA.  La  fable  cft  le  domaine  its  Poètes,  &  il 
ny  a  point  de  reproches  à  faire  à^Claudien  :  mais 
les  Anatomiftes  de  l'Académie  ont  eu  tort  d'adopter 
cette  fable,  apparemment  pour  citer  CInudicn;  car 
on  voit  par  leur  propre  expofé ,  que  le  porc-épic  ne 
lance  point  Tes  piquans ,  6i  que  feulement  ils  tombent 
lorfque  l'animal  fe  fccoue,—  Wormius,  Muf,  Wormian, 
pijg.  i3  5»  —^IVaton,  pag.  56.  —  Allrm'.  de  quadé 
Digit.  pag.  473 ,  &  plufieurs  autres  Auteurs  célèbres 
ont  adopté  cette  erreur. 

(d)  Tavernier ,  tome  II,  pages  20  &  2ii 
ICofbe  ,  toifhe  III ,  page  ^6,  —  Barbot.  //^ 
^ire  générale  des  Voyages ,  tome  IV ,  page  zjj., 

A  11; 


8"  hîjloire  Naturelle 

que  le  dard  ou  piquant  peut  percer  une 
planche  (e)  à  quelques  pas  de  diftance. 
Le  merveilleux  ,  qui  n'efl  que  ie  fàux 
qui  fait  plaifir  à  croire  ,  augmente  & 
croît  à  niefure  qu'il  pafîè  par  un  plus 
grand  nombre  de  têtes  ;  la  vérité  perd 
au  contraire  en  fliifant  la  même  route  ; 
&  malgré  la  négation  pofitive  que  je 
viens  de  graver  au  bas  de  ces  deux  faits, 
je  fuis  iierfuadé  qu'on  écrira  encore  mille 
fois  après  moi ,  comme  on  l'a  fait  mille 
fois  auparavant ,  que  ie  porc-épic  darde 
fès  piquans,  &  que  ces  piquans  féparés 
de  l'animal ,  entrent  d'eux-mêmes  dans  les 
corps  où  leur  pointe  eft  engagée  (ff, 

(e)  Lorfquc  ïe  porc-cpic  efl  en  furie,  il  s'éfance 
avec  une  extrême  vîtffTe ,    ayant  Tes  piquans  dreffés  , 

Î[,ui  font  quelquefois  de  la  longueur  de  deux  empans , 
ur  les  hommes  &  (ur  les  bctes ,  &  i\  les  darde  avec 
tant  de  force,  qu'ils  pourroient  percer  une  planche. 
Voyage  en  Guinée  par  Bofmant  Utrecht ,  i  y  o  j  , 
page  2JS' 

(f)  Nota,  I  .*  Il  faut  cependant  excepter  du  nombre 
de  ces  voyageurs  crédules  le  Doélcur  Shaw.  «  De 
»  tous  les  porcs-épics,  dit^il,  que  j'ai  vus  en  grand 
»  nombre  en  Afrique,  je  n'en  ai  rencontré  aucun 
»  qui ,  quelque  chofc  que  l'on  frt  pour  l'irriter  , 
»  dardât  aucune  de  fes  pointes;  leur  manière  ordi- 
>»  naire  de  (ë  défendre ,  eft  de  fe  pencher  d'un  côté  j 
»>  &  iorfque  l'ennemi  s'efl  approché  d'affez  près , 
de  fe  relever  fort  vite  ^  de  le  piquer  de  l'autre.  » 


jii  Porc-eYic, .  7 

Lé  porc  -  cpic  ,  quoiqu'origînaire  des 
climats  les  pîus  chauds  de  l'Afrique  & 
àe^?^  Indes  ,  peut  vivre  &  fè  multiplier 
dans  des  pays  moins  chauds  ,  tds  que 
la  Perle,  i'Efpagne  éc  ritalie.  Agricola 
dit  que  l'efpèce  n'a  été  tranfportée  en 
Europe  que  dans  ces  derniers  fiècles; 
die  Te  trouve  en  Efpagne  &  plus  com- 
munément en  Italie  ,  fur  -  tout  dans  les 
montagnes  de  l'A  ppènnin  j  aux  environs 
de  Rome  ;  c'efl:  de-ià  que  M.  Mauduît , 

Voyait  de  Shaw  ,  ifaduit  de  VAnglois,  tohie  I , 
j7ûge  )2^,  Nota.  2.*  Le  P.  Vincent  -  Marie  nt 
dit  point  du  tout  que  îc  porc-épic  lance  des  piquans , 
il  afTure  feulement  que  quand  il  rencontré  des  1èr- 
pens ,  avec  lelqucls  if  efl  toujours  en  guerre ,  il  fis 
met  en  boule ,  cachant  fcs  pieds  &  fa  tête ,  &  fc 
roule  fur  eux  avec  (ts  piquans  jufqù*à  leur  ôtcr  fa 
vie  fans  courir  rifque  detre  blenfé.  11  ajoute  un  h.\t 
que  nous  croyons  très  -  vrai ,  c'crt  qu'il  fe  forme 
dans  i'eftomac  dû  porc-épic  àts  bczoards  de  diffé- 
rentes fortes  ,  les  uns  ne  font  que  àts  amas  de 
racines  enveloppées  d'une  croûte ,  les  autres  plus 
petits  paroilfent  être  pétris  de  petites  pailles  &  de 
poudre  de  pierre;  &  ks  plus  petits  de  tous ,  qui 
tie  font  pas  plus  gros  qu'une  rtoix ,  paroiflent  pé- 
trifiés en  entier  ;  ces  derniers  font  les  plus  cftiméi. 
Nous  ne  doutons  pas  de  ces  faits  ,  ayant  trouve 
nous  -  mêmes  un  hézoard  de  la  première  forte ,  c'eft- 
à-  dire ,  une  égagropile  dans  l'eftemac  du  porc  -  épiç 
<|ui  nous  a  étc  envoyé  d'Italie, 

A  m; 


• 


t  hiflotre  Naturelle 

^ui  par  Ton  goût  pour  i*hiftoire  na^turelle , 
a .  bien  voulu  fe  charger  de  cjuelques- 
uncs  de  nos  commiflîôns ,  nous  a  envoyé 
celui  qui  a  fervi  à  M.  Daubenton  pour 
fa  defcription.  Nous  avons  cru  devoir 
donner  la  figure  de  ce  porc-épic  d'Italie, 
auifi-bien  que  celle  du  porc-épic  des 
Indes  ;  les  petites  différences  qu*on  peut 
remarquer  entre  les  deux  ,  font  de  légères 
variétés  indépendantes  du  climat ,  ou  peut- 
être  même  ne  font  que  des  différences 
purement  individuelles. 

Plîne  &  tous  les  Naturalifles  ont  dit, 
d'après  Ariftote  ,  que  le  porc  -  épie  , 
comme  l'ours,  fe  cachoit  pendant  l'hiver, 
&  mettoit  bas  au  bout  de  trente  jours, 
nous  n'avons  pu  vérifier  ces  faits  ;  &  il 
eft  fingulier  qu'en  Italie,  où  cet  anima! 
cfl  commim ,  &  où  de  tout  temps  il  y 
a  eu  de  bons  Phyficiens  &  d'excellens 
Ot^fèrvateurs ,  il  ne  (e  foit  trouvé  per- 
fonne  qui  en  ait  écrit  l'hiftoire.  Aldro- 
vande  n'a  fait  fur  cet  article,  comme  fur 
beaucoup  d'autres,  que  copier  Geiher;  & 
M/*  de  l'Académie  des  Sciences  qui  ont 
écrit  &  difféqué  huit  de  ces  animaux , 
ne  difcnt  prefque  rien  de  ce  qui  a  rapport 


ri? 


*■ . 


du  Porc-eptc,  ^^ 

ï  leurs  habitudes  naturelles  :  nous  (avons 
feulement  par  le  témoignage  des  Voya- 
geurs &  des  gens  qui  en  ont  élevé  dans, 
des  ménageries,  que  dans  l'état  de  do- 
meflicité ,  le  porc  -  épie  n'eft  ni  féroce 
ni  flirouche,  qu'il  n'eft  que  jaloux  de 
fà  liberté;  qu'à  l'aide  de  Tes  dents  de 
devant  ,  qui  font  fortes  &  tranchantes 
comme  celles  du  caftor ,  il  coupe  le 
bois  &  perce  aifément  la  porte  de  fà 
loge  (g).  On  fait  aufli  qu'on-  le  nourrit 
aifément  avec  de  la  mie  de  pain  ,  du 
fromage  &  des  fruits  ;  que  dans  l'état  de 
liberté,  il  vit  de  racines  &  de  graines' 
iàuvages  ;  que  quand  il  peut  entrer  dans 
un  jardin ,  il  y  fût  un  grand  dégât  & 
mange  les  légumes  avec  avidité  ;  qu'il 
devient  gras  comme  la  plupart  des  autres 
animaux ,  vers  la  fin  de  l'été  ;  &  que  fà 

(g )  Nous  avons  en  Guinée  des  porcs-cpics.  Hs 
croisent  jiifqu^à  la  hauteur  de  deux  pieds  ou  de 
deux  pieds  &i  demi ,  &  ils  ont  les  dents  fi  fortes 
&  fi  affilées ,  qu'aucun  bois  ne  peut  leur  réfifter  ; 
j'en  mis  une  fois  un  dans  un  tonneau ,  m'imaginant 
qu'il  feroit  bien  gardé ,  mais  dans  l'efpace  d'une  nuic 
\\  le  rongea  fi  bien ,  qu'il  le  perça  &  en  fortit ,  il 
le  perça  même  dans  le  milieu ,  où  les  douves  (ont 
les  plus   c<?urbées   en   dehors.  Voyage   de  Bofman, 

A  V 


10         Hijloire  Naturelle,  &ci 

chair ,   quoiqu'un   peu   fade ,   n'efl   pâ$ 
mauvailè  à  manger. 

En  confidérant  la  forme ,  la  fubftance 

&  l'organifation   des  piquans  du   porc- 

épic,  on  reconnoît  ailément  que  ce  font 

de  vniis  tuyaux  de  plumes  auxquels  il  ne 

manque  que  les  barbes  pour  être  de  vraies 

plumes  ;  par  ce  rapport ,  il  fait  la  nuance 

entre  les  quadrupèdes  &  les  oifeaux;  ces 

piquans ,  fur-tout  ceux  qui  font  voifins  de 

îa  queue ,  fonnent  les  uns  contre  les  autres 

iorfque  Tanimal  marche  ;  il  peut  les  re- 

dreflër  par  la  contradion  du  mufcle  peau- 

cier,  &  les  relever  à  peu  près  comme  le 

paon  ou  le  coq  d'inde  relèvent  les  plumes 

de  leur  queue  ;   ce  mufcle  de  la  peau  a 

donc  la  même  force,  &  efl:  à  peu  près 

conformé  de  la  même  fiiçon  dans  le  porc- 

^pic  &  dans  certains  oifèaux.  Nous  fiifil- 

fons  ces  rapports,  quoiqu'afTez  fugitifs; 

c'^ft  toujours  fixer  un  point  dans  la  Nature 

qui  nous  fuît  &  qui  fèmble  fe  jouer'par  la 

bizarrerie  de   lès  produdions ,  de  ceux 

qui  veulent  la  connoître. 


«_^ 


n'eft  pâ$ 

fub  (lance 
du  porc- 
le  ce  font 
juels  il  ne 
:  de  vraies 
la  nuance 
eaux;  ces 
voifins  de 
ï  les  autres 
ut  les  re- 
ifcle  peau- 
comme  le 
es  plumes 
la  peau  a 
peu  près 
is  le  porc- 
ous  fiûfil^ 
;  fugitifs  ; 
la  Nature 
uer'par  la 
de  ceux 


.-im>.- 


j.K  roiK^  IWW 


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Pin;    // . 

g_  _  ^ 

1^^      W^'\ 

-3=i-=     :  : ,_\i 

^^ri 

II 


LE  COENDOU  (a), 

jJaNS  chaque  article  que  nous  avons 
à  traiter ,  il  le  préfente  toujours  plus 
d'erreurs  à  détruire  que  de  vérités  à 
expofer  :  cela  vient  de  ce  que  Fhif- 
toire  des  animaux  n'a,  dans  ces  derniers 
temps ,   été  traitée  que  par  des  gens  à 

(a)  Coendou,  nom  de 
que   nous  avons  adopté, 
nonccr  Couandou)   au  Brej 
parties  de   l'Amérique 
ou   Hoititlaquatiin   par 
de  la  nouvelle    Efpagn< 
Portugais  qui  habitent  en^ 

Coendou,  Miflion  du  P. 
Paris ,   t  éi^ ,  feuillet  2^q  , 

Hoiijtîacuatjin ,  Jeu  Tlacuatiin  ,  Jpinojo  Hyjhîct 
nov£i  Hifpaniœ,  Hcrnand.  ////?.  A1e,:(,  6g.  pag.  322. 

Hoiti/aquatii»,  Nierembcrg,  fig;'pag.  154.  iVo/d. 
ta  figure  dans  Nieremherg  eft  la  même  que  dans 
Hernandès,  &  la  defcription  a  été  copiée  cornme 
la  figure. 

Cuandu  Brafilien films,  Marcgrav.  ////?,  nat.  Bra^, 
fig.  pag.  233. 

Cuandu,  Pi  (on,  Hifl,  Braf,  fig.  pag.  99.  Nota, 
La  figure  de  cet  animal  dans  Pifon  eft  la  même 
que  daps  Marcgrave,  , 

A    VJ  :: 


\ 


12  Hiflcire  Naturelk 

préjugés,  à  méthodes,  &  qui  prenoîcnîf 
la  liilc  de  leurs  petits  l'yftèmes  pour  les 
regiftres  de  la  Nature.  Il  ri*exi!le  en 
Amérique  aucun  des  animaux  du  climat 
ciiaud  de  l'ancien  continent,  &  récipro- 
quement il  ne  (c  trouve  fous  la  zone 
brûlante  de,  l'Afrique  &:  de  l'A  fie  aucun 
de  ceux  de  l'Amérique  méridionale.  Le 
porc -épie  eft ,  comme  nous  l'avons  dit, 
originaire  des  pays  chauds  de  l'ancien 
inonde  ;  &  ne  l'ayant  pas  trouvé  dans 
le  nouveau ,  on  n'a  pas  laiffé  de  donner 
fon  nom  aux  animaux  qui  ont  paru  lui 
refîembler  ,  &  particulièrement  à--^  celui 
dont  il  eft  ici  queilion.  D'autie  côté,  l'on 
a  transporté  le  coendou  d'Amérique  aux 
Indes  orientales  ;  &  Pifon  qui  vraifem- 
blablement  ne  connoifToit  point  le  porc- 
épic ,  a  fait  graver  dans  Bpntius  (b)  qui 
ne  parle  que  des  animaux  du  midi  de 
l'A  fie,  le  coendou  d'Amérique,  fous  le 


Hyflm  Americanas ,  Cumdu  Brafilieujibus,  Marc- 
grav.  TlaquMwt  fpinofum»  Hernandès ,  E.ay ,  fynoff^ 
^uad,  pag.  2  00. 

Chat  épintux.  Voyage  de  Defmarchais,  tome  111  ^ 
(hj  Jac.  Bontii,  Hijl,  Indice  OrieiÈ,  pag.  54, 


A       ■ 


du  CoenMi',  tf 

nom  &  ïa  cîefcription  du  vrai  porc-épic  ; 
en  forte  qu'à  ia  première  vue ,  on  leroit 
tenté  de  croire  que  cet  animal  exifte 
également  en  Amérique  &  en  A  fie;  ce- 
pendant il  e(l  aifé  de  reconnoître  avec 
un  peu  d'attention,  que  Pifon  qui  n'efl: 
ici ,  comme  prefque  par  -  tout  ailleurs , 
que  le  plagiaire  de  Marcgrave,  a  non- 
fèulemént  copié  là  figure  du  coendou , 
pour  l'inférer  dans  fon  hiftoire  du  Brefil, 
mais  qu'il  a  cru  devoir  la  copier  encore 
pour  la  tranfporter  dans  l'ouvrage  de 
Bontius  ,  dont  il  a  été  le  rédadeur  & 
l'éditeur  ;  ainfi  quoiqu'on  trouve  dans 
Bontius  la  figure  du  coendou ,  l'on  ne 
doit  pas  en  conclure  qu'il  exifte  à  Java 
ou  dans  les  autres  parties  de  l'A  fie  méri- 
diçnaie  ,  ni  prendre  cette  figure  pour 
celle  du  porc  -  épie  ,  auquel  en  efl!et  le 
coendou  ne  reffemble  que  parce  qu'il 
a  comme  lui  des  piquans. 

C'eft  à  Ximénès,  &  enfuite  à  Her- 
nandès  ,  auxquels  on  doit  la  première 
connoifi^ance  de  cet  animal,  ils  l'ont  in- 
diqué fous  le  nom  de  Hoit^lacuat-;(m  que 
lui  donnoient  les  Mexicains  :  le  Tid" 
fuaiiin  ell  ie  Sarigue,  &  Hoititlacuat:^n 


;Ï4  Hiftoke  Naturelle 

doit  (è  traduire  par  Sarigue-épineux.  Ce 
nom  avoit  éxé  mal  appliqué ,  car  ces 
animaux  (è  reiïemblent  aiïez  peu  ;  auili 
Marcgrave  n'a  point  adopté  cette  déno- 
mination Mexicaine,  &  il  a  donné  cet 
animal  fous  Ton  nom  Brafilien ,  Cuandu , 
qui  doit  (e  prononcer  Couandou;  la  (èule 
cho(è  qu'on  puiflè  reprocher  à  Marc- 
grave,  c'eft  de  n'avoir  pas  reconnu  que 
ion  cuandu  du  Brefil  étoit  le  même  ani- 
mal que  l'hoitztlacuatzin  du  Mexique, 
d'autant  que  (a  defcription  &  fa  figure  s'ac- 
cordent aflez  avec  celles  de  Hernandès , 
&  que  de  Laët  qui  a  été  l'éditeur  &  le 
commentateur  de  l'ouvrage  de  Marcgrave, 
dit  expreflement  (c)  que  le  tlacuatzin  épi- 
neux de  Ximénès  &  le  cuandu,  ne  font 
vraifemblablement  que  le  même  animal. 
Il  paroît  en  rafTemblant  le  peu  de  notices 
éparfès  que  nous  ont  données  les  Voya- 
geurs fur  ces  animaux ,  qu'il  y  en  a  deux 
variétés  que  les  Naturaliftes  ont,  d'après 
Pifon  (d) ,  inférées  dans  leurs  liftes  comme 

(c)  Videtvr  efe  idem  animal  autfahem  finûk  quod  Fr. 
Xirnénès  elefcribit  fuit  noviine  Tlaqiiatjjn  fpinofu  De 
J,aët,  annotatio  in  cap.  IX ,  lib.  VI,  Marcgr.  p.  233, 

(d)  Cuandu,  major,  Pifon,  ////?.  Braf  pag.  32^  frg, 


<///  CoenJoù:  '1*5 

deux  cfpèces  différentes,  le  grand  (e)  Ôc  le 
petit  cunndu  ;  mais  ce  qui  prouve  d'abord 
l'erreur  ou  la  négligence  de  Pilon,  c*efl 
que  quoiqu'il  donne  ces  coendous  dans 
deux  articles  féparés  &  éloignés  Tun  de 
l'autre  ,  &  qu'il  paroiffe  Tes  regarder 
.  comme  étant  de  deux  efpèces  différentes  , 
il  les  rcpréCenie  cependant  tous  deux  par 
la  même  figure,  ainfi  nous  nous  croyons 
bien  fondés  à  prononcer  que  ces  deux 
n'en  font  qu'un.  11  y  a  aulîi  des  Natu- 
raliftes  qui  non  -  feulement  ont  fîiit  deux 
efpèces  du  grand  &  du  petit  coendou, 
mais  en  ont  encore  féparé  l'hoitztlacuatzin 
en  les  donnant  tous  trois  pour  des  ani^ 

pag.   325. —  Cuandu  feu  Cuandtt  mÎMor,  Pifon.  //, 
pag,  99  ,  fig.  iùid, 

(e)    Hyjlrix   longius    caudatus ,    hnviorihus   acukis, 
'  Barrère ,  Hi/i,  mit.   dt  la    Fr,  équ'tnox.  Porc  •  cpic  i 

page   153 Hy^rix  minor,  Leucopheus.  Gouau-' 

dou,  id,  ibid, 

I 

Hyfirix  couda  long'iffiwâ  tenui ,  medietate  extrewâ 
'aculeorum  experte»  Hijîrix  Americanus  major.  Le  grand 
Porc  épie  d'Amérique.  Brilf.  Regn.  anim.  p.  130,... 
Hyjlrix  caudiî  longiffima ,  tenui  medieiate  extrema  acu- 
leoriim  experte.  Hyjlrix  Americanus»    Le  porc-épic  d'A* 

mérique.  Id.  page   129 Hyjlrix  acukis  apparen- 

tilms ,  caudâ   brevi  &  cra^a,  Hyjlrix  nwa  Hi/j/anicç^ 
l^ç  Pure-  épie  de  k  nouvtJlc  Efpagne,  Jd,  p,  1^7.      . 


ï6  Hiftvire  Naturelle 

ninux  difFërens,  &  j'avoue  que  quoiqu*lI 
ibit  très-vraifeinblablc  (jue  ic  coeiidou  èc 
l'hoitztlacuntzin  font  le  même  animal, 
cette  identité  n'efl  pas  aufli  certaine  que 
Celle  du  grand  &  du  petit  coendou. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  le  coendou  n'efl 
point  le  porc-épic ,  il  elt  de  beaucoup 
plus  petit  ;  il  a  la  tête  à  proportion 
moins  longue  Sa  le  muleau  plus  court, 
il  n'a  point  de  panache  fur  la  tête ,  ni  de 
fente  a  la  lèvre  fupérieure  ;  (es  piquans 
font  trois  ou  quatre  fois  plus  courts  & 
beaucoup  plus  menus  ;  il  a  une  longue 
queue,  &  celle  du  porc-épic  ell  très- 
courte  ;  il  eft  carnafîîer  plutôt  que  fru- 
givore ,  fk  cherche  à  furprendre  les 
difeaux ,  les  petits  animaux ,  les  volailles  (fj, 
au  lieu  que  le  porc-épic  ne  fè  nourrit 
que  de  légumes ,  de  racines  &  de  fruits. 
11  dort  pendant  le  jour  comme  le  hériflbn , 
&  court  pendant  la  nuit  ;  il  monte  fur  les 
arbres  (g^  &  fe  revient  aux  branches  avec 

(fJ  Ce  fkit  afliiré  par  Marcprravc  6f  Pifbn  n'efl 
pas  certain,  car  Hernandc?  dit  au  contraire  tjue 
ifiaiudncuatzin  tè  nourrit  de  fruits. 

* 

{g)  Scandit  arbores  fid  tardo  grefu  quia  poïlice  caret; 
'ê^cmdms  nuttni  caudam  circuuwohit  ne  labaïur ,  ad» 
Wfdutti  eaim  metuit  la^um ,  nec  falire  potejl.  Marcgri 


Jti  Cocmtou»  'Ij^ 

(â  queue ,  ce  que  le  porc  -  tpîc  ne  fàk 
ni  ne  pourroit  faire  ;  lii  clinir  ^h),  clifent 
tous  les  Voyageurs  ,  efl  très  -  bonne  à 
manger  ;  on  peut  l'aprivoiièr  ;  il  demeure 
ordinairement  dans  les  lieux  élevés ,  Se 
on  le  trouve  dans  toute  l'étendue  de 
i'Amériquc,  depuis  le  Brefil  &  la  Guiane 
jufqu'à  la  Louifiane  «Se  aux  parties  mé- 
ridionales du  Canada  ;  au  lieu  que  le 
porc- épie  ne  fe  trouve  que  dans  les  pays 
chauds  de  l'ancien  continent. 

En  tranfportant  le  nom  du  porc-épîc 
BU  coendou ,  on  lui  a  fuppofé  &  tranfmis 

////?.  nat.  Br,tf,  pag.  233.  —  Nous  vîmes  un 
Poic-cpic   fur  un    petit  arbre   que   nous   coupâmes 

four  avoir  le  piaifir  de  voir  toml^r  cet  animal.,  w 
I  efl  fort  gras  &  on  en  mange  ia  chair.  Voyage  «/«s 
la  Hontan ,  tomt  I,  page  82% 

Carncm  hah;t  bonam  iy  ftergrarani  ;  nam  afatam 
fape  comedi  ,  &  ah  incolis  valde  ajUmatnr.  Marcgrav. 
pag.  13  3,  — Il  cfl  bon  à  manger,  on  le  met  au 
}eu  pour  te  faire  griller  comme  un  cochon  ;  mais 
auparavant  les  femmes  fauvages  en  arrachent  tous 
les  poils  de  defTus  le  ^os  (  c'ell-à-dirc ,  tous  les  pi- 
quans  )  qui  foiit  les  plus  grands,  &  elles  en  font  de 
beaux  ouvrages  .....  Étant  brûlé,  bien  rôti,  lavé 
&  mis  h  la  broche,  il  vaut  un  cochon  de  lait;  il 
eft  très-bon  bouilli,  mais  moins  bon  que  rôli.  Des- 
cription de  l'Amérique  par  DinySt  Paris  ^  1 6y2  f 
tome  II ,  page  j  2  4f.t 


I  II  M 


18       I-îiJlolre  Nûttirelle,  &ci 

les  mêmes  facultés  ^  celle  fur  -  tout  dfe 
iaiicer  fés  piqiians  ;  il  ed  étonnant  que 
ies  Naturalises  &  lès  Voyageurs  s'ac- 
cordent fur  ce  fait ,  &  que  Pifon  qui 
de  voit  être  moins  fuperftitieux  qu'un  autre, 
puifqu'il  étoit  Médecin ,  dilè  gravement 
que  les  piquans  du  coendou  entrent  d'eux- 
mêmes  &  par  ieur  propre  force  dans  la 
chair,  &  percent  le  corps  jufqu'aux  vif- 
cères  lès  plus  intimes.  Ray  e(l  le  feul  qui 
ait  nié  ces  fiits ,  quoiqu'ils  paroiiïcnt  évi- 
demment abflirdcs;  Mais  que  de  cho(es 
abfurdes  ont  été  niées  par  des  gens  fenfés  f 
Se  qui  cependant  font  tous  les  jours  affir- 
mées par  d'autres  gens  qui  fe  croient 
encore  plus  fenfes!  ,     .^^ 


V*  s' ^  . 


r  -  tout  dfe 
nnant  que 
jeurs  s'ac- 
Pifon  qui 
u'un  autre, 
gravement 
rent  d'eux- 
ce  dans  la 
p'aux  vif- 
le  feul  qui 
oifTcnt  é  vi- 
de choies 
ens  (enfés , 
jours  affir- 
fe  croient 


i^t^-ai. 


*' 


r,K  c()],xi)()u 


»9 


L'URSO  N(a). 

\^^  E  T  animal  n*a  jamais  été  nomme: 
placé  par  la  Nature  dans  les  terres  dé- 
fertes  du  nord  de  l'Amérique ,  il  exiftoic 
indépendant,  éloigné  de  l'homme,  &  ne 
iui  appartenoit  pas  même  par  le  nom  , 
qui  eft  le  premier  frgne  de  fon  empire. 
Hudfon  ayant  découvert  la  terre  où  il  fe 
trouve,  nous  lui  donnerons  un  nom  qui 
rappelle  celui  de  fon  premier  maître ,  & 
qui  indique  en  même  temps  {Ii  nature 
poignante  &  hérifTée  ;  d'ailleurs  il  étoit 
nécefTaire  de  le  nommer  pour  ne  le  pas 
confondre   avec    le   porc  -  épie    ou    le 

(a)  The  Porcuplrte  front  Hudfon*s  Bay,  Edwards^ 
////?.  of  Birds,  fig.  pag,  52. 

Le  Porc-épic  de  la  baie  de  Hudfon.  Voyage  à  la. 
lait  de  Hudfon,  far  Ellis,  Paris,  i y^p  ,  tome  1, 
page  s^ .  fg,}mge  jS, 

Hiflrix  acuîeis  fub  jùl'n  occuhls ,     enuda    hcvi  & 

craÇa Hiflrix    Hudfonîs,    Le  porc-épic   de  la 

baie  de  Hudfon.  Bnif.  Regn,  anim.  pag.  1  a 8. 

Dorfnta,  HiJIrix  yahnis  teiradaâylis ,  plantis  pcri' 
tadaélylis  cauda  elongaui ,  dorjo  Jbh  fiinojo,  Linny 
Syfi,  nat»  cdit,  x,  pag.  57. 


Zô  hifloke  Naturelle 

Coendou ,  auxquels  il  reflemble  par  c(uef- 
ques  caradères,  mais  dont  cependant  il 
diffère  aiïèz  à  tous  autres  égards,  pour 
qu'on  doive  le  regarder  comme  une  efpèce 
pardculière  &  appartenante  au  climat  du 
nord,  comme  les  autres  appartiennent  à 
telui  du  midi. 

M."  Edwards,  Eilis  &  Catefby  ont 
tous  trois  parlé  de  cet  animal  :  les  figures 
données  par  ces  deux  premiers  auteurs 
s'accordent  avec  ia  nôtre  ,  &  nous  ne 
doutons  pas  que  ce  ne  foit  lé  même 
animal  ;  nous  Ibmmes  même  très-portés 
à  croire  que  celui  dont  Seba  donne 
la  figure  (b)  &  la  defcription  fous  le 
nom  de  Porc-  épie  fingul'ier  des  Indes  orkn-^ 
taies ,  &  qu'enfuîte  M."  Klein  fc),  Brif^ 
fon  (d)  &  Linnaeus  (e)  ont  chacun  indiqué 

(h)   Porcia  acuhafas  fyîveflrîs  fivi  Hiflnx  orïentaUs 
fingularis,  Seba,  voh  I,   jiag,   S^»  Tnù.  J2  ,  fg.  /, 

fcj  Acanthlon  cauJa  fTrolongâ  acuils  pilis  honida,  in 
txùu  quafi panniculatâ,  Klein  ,  de  quad»  pag.  6y. 

(d)  Hijhix  cauda  longijfimii  actdels  undique  ohjita  in 
txtremo  pnnniculatn.  Hijtrix  oricnia/is,  Le  Porc-épic 
des  Indes.  BrifT.  Regn,  an'inu  pag.  131. 

(e)  Mûcroura,  Hyjlrix  pedikis  jfemadaâylis ,  caudâ 
thngatfi ,  aculds  clofmd  Xânni  Sjfjlt  nau  edit.  %( 
pag.  575         '^ 


■«w» 


<fe  rUrjom  a  il 

cfans  îeiiïs  Mes  par  des  carci<^ères  tîre's 
de  Seba,  pourroit  être  le  même  animal 
que  celui  dont  il  eft  ici  queftion  :  ce 
ne  feroit  pas ,  comme  on  i'a  vu  ^  Tunique 
&  première  fois  que  Seba  auroit  donné 
pour  Orientaux  des  animaux  d'Amérique; 
cependant  nous  ne  pouvons  pas  i'aflurer 
pour  celui-ci  comme  nous  l'avons  fait 
pour  plufieurs  autres  animaux  j  tout  ce 
que  nous  pouvons  dire,  c'efl  que  les 
reflemblances  nous  pairoiiïent  grandes , 
&  les  différences  affez  légères,  &  que 
comme  Von  a  peu  vu  de  ces  animaux, 
y  fe  pourroit  que  ces  mêmes  différences 
pe  fu(fei)t  que  des  varitétés  d'individu  à 
individu ,  ou  même  du  mâle  à  la  femelle. 

L'Urfon  auroit  pu  s'appeler  le  Cajior 
épineux,  H  eîl  du  même  pays,  de  la 
même  grandeur  &  à  peu  près  de  ia  même 
forme  de  corps  ;  il  a  ,  comme  lui  ,  à 
î'extrémitc  dje  chaque  mâchoire,  deux  dents 
ïncifives ,  longues  ,  fortes  &  tranchantes  : 
indépendamment  de  Çts  piquans  qui  font 
iilTez  courts  &  prefque  cachée  dans  le 
poil ,  l'urfon  a ,  comme  le  caftor ,  une 
double  fourrure ,  la  première  de  poils 
longs  &  doux ,  <3c  la  féconde  d'un  duvet 


IslJ       Hijloire  Naturelle,  &c: 

ou  feutre  encore  plus  doux  &  plu* 
mollet.  Dans  les  jeunes,  les  piquans  font 
à  proportion  plus  grands ,  plus  appa- 
rens  &  les  poils  plus  courts  &  plus  rares 
que  dans  les  adultes  ou  les  vieux. 

Cet  animal  fuit  l'eau  &  craint  de  fe 
mouiller,  il  (e  retire  &  fait  fà  bauge  fous 
les  racines  des  arbres  creux  (f),  il  dort 
beaucoup ,  &  (è  nourrit  principalement 
d'écorce  de  genièvre;  en  hiver,  la  neige 
lui  fèrt  de  boiflbn;  en  été,  il  boit  de 
Teau  &  lappe  comme  un  chien.  Les  Sau- 
vages mangent  fa  chair ,  &  fe  fervent 
de  fà  fourrure  après  en  avoir  arraché  les 
piquans  qu'ils  emploient  au  lieu  d'épingles 
&  d'éguilles. 

(fl  Voyez  îa  lettre  de  M.  Alexandre  Light  à  M^ 
Edwards.  ////?,  of  Birds ,  pag,  j2* 


c; 

quans  Ibnt 
lus  appa- 
plus  rares 

IX. 

lint  de  (e 
auge  fous 
"-J,  il  dort 
:ipalement 

,  la  neige 
il  boit  de 

Les  Sau- 
fe  fervent 
irraché  les 
d'épingles 


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£•    TANREC  (a) 

ET  LE  TENDRAC  (b). 

I  J-jE  S  Tanrecs  ou  Tenracs  font  de  petits  ani- 
maux des  Indes  orientales ,  qui  refîèmblent 
un  peu  à  notre  Héri0bn,  mais  qui  ce- 
pendant en  diffèrent  afîez  pour  conftituer 
des  efpèces  différentes  ;  ce  qui  le  prouve 
indépendamment  de  l'infpedîion  &  ,de  h 
comparaifop ,  c'ell  qu*ils  jie  ie  mettent 
point  en  boule  comme  le  hériffon ,  & 
que  dans  les  mêmes  endroits  où  fe 
trouvent  ks  tanrecs ,  comme  à  Mada^ 
gafcar,  o^  y  trouViC  auffi  des  hérifTons 

^a)  Tunrec  &  Tendrac ,iiQm^  de  ct&  animaux,  Bi 
que  nous  avons  adoptés* 

(bj    Erinacfus   Americanus    atbus,  Seba ,    vol.    7; 

fûg.  78 ,  Tab,  ^y  .  fig,    ^,    Nota,  Ce   Hériflbii 

que  S.eba   dit   lui  avoir   été  envoyé  de  Surinam  , 

reflemble  fi   fort   au  Tcndrac,   qu'on  ne  peut  pas 

[  4ouïer  que  ce  ne  foit  fe  même  animal  i  &  s'il  eft 

Ltjatif  de  Madàgafcar,  il  ne  doit  pas  fe  trouver  en 

(Amérique.     Cet   Auteur   l'a    mal   indiqué   à    tous 

égards,  car  ii  n'eft   ni  Américain  ni  blanc,  il  eft 

feulement  un  peu  moins  brun  que  notre  hériHbn 

ii']£urope« 


■'■*.■ 


1$  Hiftoin  Naturelle 

de  la  même  cipèce  que  les  nôtres,  qiiij 
ne  portent  pas  le  nom  de  tanrec ,  niaii 
c|iii  s'appellent  Sora  (c)» 

H  paroît  qu*il  y  a  à&s  tanrccs  de  deux 
efpèces  ,  ou  peut  -  être  de  deux  races 
différentes  ;  le  premier  qui  cft  à  peu 
près  grand  comme  notre  hcfriiïbn ,  a  le 
inu(eau  à  proportion  plus  iong  que  le 
lecond ,  il  a  aulîi  les  oreilles  plus  appa- 
rentes &  beaucoup  moins  de  piquans  que 
le  fécond,  auquel  noys  avons  donn<^  le 
nom  de  tendrac  pour  le  diflinguer  du 
premier  ;  ce  tendrac  n'eil  que  de  la 
grandeur  d'un  gros  rat  ;  il  a  le  mufèau  ôc 
les  oreilles  plus  courtes  que  le  tanrec, 
celui-ci  eft  couvert  de  piquans  plus 
pedts  ,  mais  aufîi  nombreux  que  ceux 
clu  he'riffon  ;  le  tendrac  au  contraire  n'en 
a  que  Tur  la  têtt',  i^  cou  &  le  garrot, 
le  refte  de  Ton  corps  ell  couvert  d'un 
poil  rude  afTez  ferablable  awx  foies  du 
cochon. 

Ces  p.etjts  animaux  qui  ont  Içs  jambes 
très-courtes ,  ne  peuvent  marcher  que 
fort  lenteinent  ;   ils  grognent  (d)  comme 

(<)  Voyage  à  Madagafcar  par  FlaccoUrt ,  p,  t  j2, 
ïd)  Recueil  des  voyages  qui  ont  fcrvi  à  l'ctabliflèment 


nôtres,  (\v\\ 
anrec,  mais 

;cs  de  deux 
deux  races 
cft   à   peu 
riflbn,  a  le 
ong  que  lc| 
pjus  appa- 
piquans  que 
is  donn<^  le 
flinguer  du 
que   de   la 
e  mufeau  ôc 
;  le  tanrec, 
quans    plus 
que  ceux 
ntraire  n'en 
le   garrot, 
luvert  d'un 
foies   du 


•  -     » 


Içs  jambes 
ircher  que 
^dj  comme 
les 

:)Urt ,  p.  I J2, 

li'ctablilTement 
de  {4 


'V 


*       i 


Tl^tnXI. 


r.  K     T  A  N  R 1  •  C  .       Pf  4.  l\h/.  2. 


^^<a■^^ 


iA\      1  KJSIHIAC^ 


{lu  Tanrcc  &  Ju  Tendrai     i  j 

les  pourceaux  ,  ils  fe  vautrent  comme 
•ux  clans  la  fluigc ,  ils  aiment  l'eau  &  y 
fqourncnt  plus  long-temps  que  fur  terre  ; 
©n  les  i^icnd  dans  les  petits  canaux  d'eau 
falée  (e)  &  dans  les  lagunes  de  la  mer; 
ils  font  très-ardens  en  amour  &  multi- 
plient beaucoup  (f),  ils  (c  creufent  des 
terriers  ,  s'y  retirent  &  s'engourdifîènt 
pendant  plufieurs  mois  ;  dans  cet  état  de 
torpeur  ,  leur  poil  tombe  &  ii  renaît 
après  leur  réveil  ;  ils  font  ordinairement 
fort  gras ,  &  quoi(|ue  leur  chair  foit  fade, 
longue  &  mollafle,  les  Indiens  la  trouvent 
de  leur  goût  ,  &  en  font  même  fort 
friands. 

de  îa  Compagnie  àti  Indes  de  Hollande,  jiage  ^12:, 

fe)  Relation  de  F.  Caucfie.  Paris,  t  ^^  i^p-  /  -2  7» 
—  Voyage  de  la  Compagnie  des  Indes  de  Hollande , 
page^Tz, 

(f)  Voyagea  Madagafcar,  par  Fbccourt,  PatUi 
i66 1 ,  in-^,' page  //-z. 


^^é 

W 


Tome  XL 


'%' 


26  Hîjloke  Naturelle 


•il 


tBmtmÊamm 


LA  GJRAFFE(a). 

A  Girafîè  efl  un  de^  premiers ,  des 
plus  beaux  ,  des  pius  grands  animaux , 
&  qui  ;  fans  être  nuiilble ,  eit  en  même 

(a)  Cirage,  mot  dérivé  de  Gimaffh,  Sirayhah, 
'  Zurnaùa,  nom  de  cet  animal  en  langue  Arabe,  & 
que  les  Européens  ont  adopté  depuis  plus  de  dtUK 
ficelés,  Cametoparfidlis ,  en  Grec  &  en  Latin.  Pline 
donne  l'étymologie  de  ce  nom  compofé  :  Camthrum, 
dit-il ,  aliqua  pmilitudo  in  aliud  transfertur  animal , 
MaBin,  j€thiopes  rocant ,  Collo  fmilem  equo,  jediha 
ir  cruribus  bovi,  Camcio  capite  ;  aibis  maculis  rutilim 
c»k)rem  dfjiiifguehiibus ,  unde  apptlkfa  Camelopardalis  ; 
di^awris  Cafaris  Circevjibus  tudis  primum  vifa  Ronia  • 
fx  eç  fubinde  cemitur ,  afpeÛu  magis  quam  firitat^_ 
confpicua  :  quart  ttiam  ovis  ftra.  novm  invmii,  W\% 
pat.  lib.  VIII,  cap.  XVUI.  '     ^ 

G'irnffe,  que  les  Arabes  nomment  Zurmpa,  & 
que  les  Grecs  &  les  Latins  nomment  Camelopardalis, 
}3elon ,  Obferv.  feuil.  118,  fig.  ibid,  verfo» 

Camelopardalis ,  Camflopardahn  facrœ  Iftura  V9- 
carrt  Zamer,  Deuier,  t^,  Ubi  Chalddica  tranjlatio 
haï  et  Deba  ;  Arabica ,  Saraphah  ;  Perfca  ,  Sera- 
phah  ;  feptuaginia  Camelopardalin.  Hieronymus  Ca- 
pie/opi.rdum,  Gefner,  hijl,  quad,  i^y,  fig.  pag.  14,9, 
Vbi  Legâur^  Camelopardalis ,  icon  e^  charta  t^uadam 


'  Je  la  Ciraffe,^  ij 

temps  Fun  des  plus  utiles  ;  la  difpro-» 
portion  énorme  de  fès  jambes  ,  dont 
celles  de  devant  (ont  une  fois  plus  longues 
que  celles  de  derrière  ,  fait  obftacle  à 
i  exercice  de  (es  forces  ;  fon  corps  n'ai 
point  d'adiette  ,  fa  démarche  eft  vacil- 
lante ,  (es  mouvemens  (ont  lents  &  con- 
traints ;  elle  ne  peut  ni  fuir  fes  ennemis 
dans  l'état  de  liberté  ,  ni  (crvir  (es  maîtres 
dans  celui  de  domeflicité  ;  aufli  l'efpèce 
en  eft  peu  nombreulè  &  a  toujours  été 
confinée  dans  les  défèrts  de  l'Ethiopie 
&  de  quelques  autres  provinces  de  l'A- 
frique méridionale  &  cfcs  Indes.  Comme 


mper  inipreffa  Norimherga Surnapa  nomine 

ahitudine  ttd  fummum  verticem  fufira  quinque  orgyas , 
corniculis  duolms  ferrei  coloris ,  pilo  levi  h"  compojïio 
pulchro  :  diligenter  ix  probe  deyiéium  Conjlantinopolï  ^ 
in  Germaniam  tranfn.ijjiim ,  an,ij;jp, 

CameloyardaUs,   Aidrov*  de  quad,    B'if.  pag,  p2ji^ 

\fg'   P<'g'  9$'- 

CainehpardnUst    Jonfton ,    de    quad»  pag*    i02i 
\fg.  Té,  ^^,  40,  ^s* 

Camelopardalis,  Profper  Afpin.  Hjft,  yEg}p.  pjL  II, 
j>ag.  2^6 .  fig.   -f  ,    Tiib.    /^, 

Camelopardalis.  Cervus  comibus  fimplîcijjimis ,  peMui. 
micis  longijfttnis,  Linn.  S^^,  ^at*  edii.  x,  p.  65, 


1 8  fSjfmre  Ndîtirelle      ' 

^es  contrées  étoient  inconnues  Jes  Grecs, 
i^riftote  ne  fait  aucune  mention  de  cet 
îinimal;  mais  Pliae  en  parle ,  &  Oppien 
(h)  le  décrit  d'une  manière  qui  n'efl: 
point  équivoque.  Le  Camelopardalis ,  dit 
cet  îjuteur ,  a  quelque  reffeniblance  au 
chameau  ;  fa  peau  jeft  tigrée  comme  celle 
^e  la  panthère  ,  ^  fon  cou  eft  long 
comme  celui  du  chameau  ;  il  a  ia  tête 
^  les  oreilles  petites ,  les  pieds  larges , 
les  jambes  longues ,  mais  de  hauteur  fort 
inégale ,  pelles  de  devant  font  beaucoup 
plus  élevées  que  celles  de  derrière  qui 
îbnt  fort  courtes  &l  femblent  ramener  à 
terre  Ja  croupe  de  l'animal  ;  fiir  la  tête  ' 
près  des  oreilles.,  il  y  a  deux  éminences 
femblables  à  deux  petites  cornes  droites; 
au  ïefte ,  il  a  la  bouche  comme  un  cerf, 
ies  dents  petites  &  blanches ,  les  yeux 
brillans ,  la  queue  courte  &  garnie  de  i 
poils  noirs  à  fon  extrémité.  En  ajoutant 
a  cette  defcription  d'Oppien  celles  d'Hé- 
Jiodore  &  de  Strabon  ,  l'on  aura  déjà 
une  idée  afîez  juft^  de  la  Girafïè.  Les 
A nibaffadeurs  d'Ethiopie,  dit  Héliodore, 
^imenèrent  un  animal  de  la  grandeur  d'un 
.  0)  Qppian,  d^  Vtnax,  hh  lUt 

l 


<"4 


{le  la  GIraffe,  I9 

chameau  ,  dont  la  peau  étoit  marque'^ 
de  taches  vives  &  de  couleurs  brillantes , 
&  dont  les  parties  poflérieures  du  corps 
etoient  beaucoup  trop  baffes  ,  ou  les 
parties  antérieures  beaucoup  trop  cfevées  ; 
le  cou  étoit  menu,  quoique  partant  d'urt 
corps  affez  épais  ;  la  tête  étoit  lemblable 
pour  la  forme  à  celle  du  chameau  ,  6c 
pour  la  grandeur  n'étoit  guère  que  du 
double  de  celle  de  l'autruche,  les  yeux 
paroifToient  teints  de  différentes  couleuEs  ; 
la  démarche  de  cet  animal  étoit  différente 
de  celle  de  tous  les  autres  quadrupèdes, 
qui  portent  en  marchant  leurs  pieds  dia- 
gonalement ,  c*eft-à-dire  ,  le  pied  droit 
de  devant  avec  le  pied  gauche  de  der- 
rière ;  au  lieu  que  ia  girafîè  marche 
Tamble  naturellement  en  portant  les  deux 
pieds  gauches  ou  les  deux  droits  en- 
femble  ;  c'eft  un  animal  fi  doux  ,  qu'on 
peut  le  conduire  par -tout  où  l'on  veut, 
avec  une  petite  corde  paffée  autour  de 
ia  tête  /"cj»  Il  y,  a  ,  dit  Strabon ,  une 
grande  bête  en  Ethiopie,  qu'on  appelle 
Cameioparc/alis ,  quoiqu'elle  ne  reffemble 
en  rien  à  ia  panthère  ;  car  (à  peau  n'efl 

{cj  Héiiodore,  lia,  X        -     ■; 

B  ii; 


^o  'Hiflohe  Naturelle     * 

pas  marquée  de  même  ;  les  taches  de  !a 
panthère  font  orbiculaires ,  &  celles  de 
cet  animal  font  longues  &  à  peu  près 
femblables  à  celle  d'un  faon  ou  jeune 
cerf  qui  a  encore  la  livrée  :  il  a  les  parties 
poftérieures  du  corps  beaucoup  plus  bafîes 
que  les  antérieures ,  en  forte  que  vers 
la  croupe  il  n'eft  pas  plus  haut  qu'un 
bœuf,  &  vers  les  épaules  il  a  plus  de 
hauteur  que  le  chameau  ;  à  juger  de  fli 
légèreté  par  cette  difproportion  ,  il  ne 
doit  pas  courir  avec  bien  de  la  vîtefle  ;  au 
refte ,  c'eft  un  animal  doux  qui  ne  fait 
aucun  mal ,  &  qui  ne  (e  nourrit  que 
d'herbes  &  de  feuilles  (d/.  Le  premier 
des  modernes  qui  ait  enfuitc  donné  une 
bonne  defcription  de  la  girafîè ,  eft  Belon. 
»  J'ai  vu  (dit -il)  au  château  du  Caire 
»  l'animal  qu'ils  nomment  vulgairement 
»  Zurnapa,  les  Latins  l'ont  anciennement 
yy  appelé  Camelopardalis ,  d'un  nom  com- 
5?  po(e  de  léopard  &  chameau  ,  car  ii 
»  eft  bigarré  des  taches  d'un  léopard , 
:»  &  a  le  cou  long  comme  un  chameau , 
»  c'eft  une  bêie  moult-belle ,  de  la  plus 
»  douce  nature  qui  foit,  quafi  comme  une 
(ilj  Sirabon,  lib,  JiVliT  JCVU^     - 


-À. 

i- 


taches  de  h 
^   celles  de 
a  peu  près 
^   ou  jeune 
aies  parues 
>  plus  bafl'es 
2   que  vers 
haut   qu'un 
a  plus  de 
juger  de  fli 
on  ,   il  ne 
vîtefle;  au 
qui  ne  £iit 
lourrit  que 
-.e  premier 
donné  une 
>  eft  Belon. 
i  du  Caire 
ilgairement 
:iennement 
nom  coin- 
lu  ,   car   ii 
'■  léopard, 
chameau , 
de  la  plus 
omme  une 


:î 


'fie  la  Glmfe»  3  i 

brebis  &  autani  amiable  que  nul  autre  « 
bête  (Iiuvage  ;  elle  a  la  tête  prelque  ce 
femblable  à  celle  d'un  cerf,  hormis  la  « 
grandeur,  mais  portant  des  petites  cornes  ce 
moufles  de  fix  doigts  de  long  ,  cou-  c< 
vertes  de  poil  ;  mais  en  tant  011  il  y  c« 
a  diftindion  de  mâle  à  la  femelle  ,  « 
celles  des  mâles  l'ont  plus  longues  ;  «t 
mais  au  demeurant  en  tant  le  mâle  que  c< 
la  femelle  ont  les  oreilles  grandes  comme  ce 
d'une  vache ,  la  langue  d'un  bœuf  &  et 
noire  ;  n'ayant  point  de  dents  defTus  ce 
la  mâchelière  ;  le  cou  long ,  droit  &  ce 
grele  ;  les  crins  déliés  &  ronds  ,  les  ce 
jambes  grêles ,  hautes  ,  Se.  (i  baffes  par  ce 
derrière  ,  qu'elle  feinble  être  debout  ;  « 
iès  pieds  font  femblables  à  ceux  d'un  ec 
bœuf;  (à  queue  lui  va  pendante  julque  « 
defFus  les  jarrets  ,  ronde  ,  ayant  les  ce- 
poils  plus  gros  trois  fois  que  n'efl:  celui  « 
d'un  cheval  ;  elle  efl:  fort  grêle  au  tra-  ce 
vers  du  corps,  fon  poil  eft  blanc  &  roux  ;  ee 
fa  manière  de  fuir  cft  (èmblable  à  ce 
celle  d'un  chameau  ;  quand  elle  court ,  «c 
les  deux  pieds  de  devant  vont  en-  « 
feinble ,  elle  fè  couche  le  ventre  contre  ce 
terre  &  a  une  dureté  à  la  poitrine  &  <t 

Biii/ 


32  Hljiolre  Naturelle 

33  aux  cuifîès  comme  un  chameau  ;  die 
33  ne  fiiurok  paître  en  terre,  étant  debout, 
33  fims  élargir  grandement  les  jambes  de 
33  devant  ,  encore  eft  -  ce  avec  grande 
33  difficulté  ,  parquoi  il  efl  aifé  à  croire 
33  qu'elle  ne  vit  aux  champs ,  finon  des 
33  branches  des  arbres  ,  ayant  le  cou 
33  ai<nfi  long ,  tellement  qu'elle  pourroit 
33  arriver  de  la  tête  à  la  hauteur  d'une 
demi-pique  (e)  :>^, 

La  defcription  de  Gillius  me  paroît 
encore  mieux  faite  que  celle  de  Belon» 
33  J'ai  vu  (dit  Gillius,  chap.  JX)  trois 
3:>giFaffès  au  Caire  ,  elles  portent  au- 
33  defTus  du  front  deux  cornes  de  fix 
33  pouces  de  longueur ,  &  au  milieu  du 
33  front  an  tubercule  élevé  d'environ 
33  deux  pouces ,  &  qui  refTemble  à  une 
i3  troifième  corne  ;  cet  animal  a  (eize 
33  pieds  de  hauteur  lorfqu'il  lève  la  tête , 
33  le  cou  feul  a  fept  pieds ,  &  il  a  vingt- 
33  deux  pieds  depuis  l'extrémité  de  la 
33  queue  jufqu'au  bout  du  nez  ;  les  jambes 
33  de  devant  &  de  derrière  font  à  peu 
33  près  d'égale  hauteur ,   mais  les  cuifTes 

(e  )  Obfervations  de  Belon ,  feuillet  1 1 8  reét» 


tt  1 1 8  re^9 


delà  Giraffe»  35 

du  devant  font  fi  longues  en  compa-  « 
Hiifon  de  celles  de  derrière  ,  que  le  dos  ce 
de  l'animal  paroît  être  incliné  comme  « 
un  toit;  tout  le  corps  eft  marqué  de  ce 
grandes   taches  fauves  ,    de   figures  à  ce 

peu  -  près  carrées il  a  le  pied  ce 

fourchu  comme  le  boeuf,  la  lèvre  fu-  ce 
périeure  plus  avancée  que  l'inférieure ,  ce 
la  queue  menue  avec  du  poil  à  l'ex-  ce 
trémité  ;  il  rumine  comme  le  bœuf,  ce 
&  mange  comme  lui  de  l'herbe  ;  il  a  ce 
une  crinière  comme  le  cheval,  depuis  ce 
le  fommet  de  la  tête  julque  lui*  le  ce 
dos  ;  lorfqu'il  marche ,  il  femble  qu'il  ce 
boite  non  -  feulement  des  jambes ,  mais  « 
des  flancs ,  à  droite  &  à  gauche  alter-  ce 
Hâtivement  ;  &  lorfqu'il  veut  paître  ou  ce 
boire  à  terre ,  il  fi vut  qu'il  écarte  prodi-  ce 
gieufement  les  jambes  de  devant». 

Gefiier  cite  Belon,  pour  avoir  dit  que 
les  cornes  tombent  à  la  girafïè  comme  au 
daim  (f).  J'avoue  que  je  n'ai  pu  trouver 
ce  fait  dans  Belon  ;  on  voit  qu'il  dit 
feulement  ici  que  les  cornes  de  la  girafîè 
font  couvertes  de  poil  ;  &  il  ne  parle  de 

(f)  iGîrajfis  if  Damis  cornua  cadum,   Behnim^ 


"34  Hijloke  Naturelle 

cet  animal  que  dans  un  autre  endroit  fg), 
à  l'occafion    du   daim   axis  ,    où    ii    dit 
que  ce  la  girafFe  a  le  champ  blanc,  &  les 
yy  taches  phénicées ,    (èmées  par-defîus, 
33  afîèi  larges  ,    mais  non   pas    rouflës 
comme  l'axis  a?.  Cependant  ce  fait  que 
je  n'ai  trouvé  nulle  part ,  feroit  un  des 
plus  importans  pour  décider  de  la  nature 
de  la  girafîè  ;   car  fi  les  cornes  tombent 
tous  les  ans,  elle  eft  du  genre  des  cerfs, 
&  au  contraire   fi   Tes  cornes   font   per- 
manentes ,  elle   eft  de   celui  des  bœufs 
ou  de^  chèvres  ;   fans  cette  connoifîànce 
précifë ,  on  ne  peut  pas  affurer ,  connne 
i'ont   fait   nos    Nomenclateurs  ,    que  la 
girafîè  foit  du  genre  des  cerfs  :  &  on  ne 
fàuroit  afTez  s'étonner  qu'Haflèlquift ,  qui 
a  donné  nouvellement  une  très -longue, 
mais  très  -  sèche  defcription  de  cet  ani- 
mal ,  n'en  ait  pas  même  indiqué  la  na- 
ture;   &    qu'après   avoir  entaffé    métho- 
diquement, c'eft-à-dire  en  écolier  ,  cent 
petits   cai;;a(!]lères  inutiles  ,  il  ne  difè  pas 
un  mot  de  la  fubftance  des  cornes,  & 
nous  laiJfTe  ignorer  fi  elles  font  folides  ou 
crcufes ,  fi  elles  tombent  ou  non  ;  fi  ce 
Çg)  ObTcrvations  de  Bdçn ,  fiuiikt  120 ^  n^^ 


endroit  (g), 
,  où  H  dit 
blanc,  &  les 
par-de(îiis, 
pas  roudès 
ce  fait  que 
roit  un  îSts 
de  la  nature 
les  tombent 
e  des  cerfs, 
)  font  per- 
des bœufs 
onnoifîànce 
rer,  comme 
rs  ,  que  la 
s:  &  on  ne 
elquift ,  qui 
es  -  longue , 
de  cet  ani- 
que  la  na- 
fTé  métho- 
olier  ,  cent 
le  difè  pas 
cornes,  Sl 
:  folides  ou 
non;  fi  ce 
120,  nÔ9^ 


de  la  Girafe*  '55 

font  en  un  mot ,  des  bois  on  cïes  cornes. 
Je  rapporte  ici  cette  defcription  d'Haf- 
felquift  (h) ,  non  pi  ^  pour  l'utilité ,  mais 
pour  la  fmgularité,  &  en  même  temps 
pour  engager  les  Voyageurs  à  fe  fervir 
de  leurs  lumières,  &  à  ne  pas  renoncer 
à  leurs  yeux  pour  prendre  la  lunette  des 
autres  ;  il  eft  néceuaire  de  les  prémunir 
contre  l'ulage  de  pareilles  méthodes ,  avec 
lerquelles   on  fe    dirpenfc   de  raifonner, 

(h)  Cervus  c^melovarfialis,  Caput  promhfns ,  lahiitm 

fuperius  crafum ,  infaius  tenue  t  nares  obhnga,  amp!a, 

\  pi/i  rîgifti ,  fparfi  in  trtrtxpte  labio  avterius  ir  ad  /tirera» 

àupercida   rigida ,   diflméliffima ,  ferie  ma  compoftta* 

Ocu'i  ad  latera  cnpitis ,  vert  ici  çuam  rojiro,  ut  i^  fronti 

çuam  collo  propiores,    Dtmes ,  lingun ,  cornua  fimplicif' 

\jtmj.  ,   cylindrica ,    heifijftma ,     bafi   crtijfa   in    vertice 

c  api  ri  s  fit  a  ,  .pihfa  bafi  pilis  longiffimis  rigidis  ttéla , 

apice  pilis  longioribus  ereéîis  rigidipttiis  ,    apicem  loth- 

gitudine  fuperantibus    cinéla,    Aprx   commun    in  rmdio 

horum   pilorum    obtufus    nudus,    Eminentia    in  frome , 

infm  cornua  ,    inferius  ohlonga   hwnilior ,  fuperius  eU' 

vatior ,  fubrmunda,   poftic£  parum   ikjtreJifa,    inaqualis» 

Auricula    ad  latera    capitis  tnfra  cornua  pont  iîhi  fO~ 

fita.  Collwn  eredum ,   conrjmfum  ,    longijjimum ,    verjus 

caput  angufiijftmwn  ,   inferius  latiufculum,    Crura  cyliit' 

èficn  ameriorihus  plus  qnam  dimidie  longioribus,  Tubet" 

culum   crafum  ,    durum  in  genufhxum.  Ungues  bijulci , 

ungulati,    Pili   brevijftm    univerfarn    corpus,    cafwt    if 

pedes  tegunr.  Linea  pilis  regidis  longioribus  per  dorfttm 

a  €afitc  ad  mndém  4Xtt>^t  Céuda  tews ,    /utaionM 


3^  mjJoke  Naturelle 

&  on  fc  croit  d'autant  plus  favant  que 
l'on  a  moins  d'elprit.  En  fommes-nous 
en  efïèt  plus  avancés  après  nous  être 
ennuyés  à  lire  cette  énumération  de  petits 
caraélères  équivoques ,  inutiles  î  Et  les 
defcriptions  des  Anciens  &  des  Modernes 
que  nous  avons  citées  ci  -  deffus  ,  ne 
donnent-eiks  pas  de  l'animal  en  queftion 
une  image  plus  fenfible  &  des  idées 
plus  nettes  î  C'eft  aux  figures  à  fuppléer 
à  tous  ces  petits  caractères ,  &  le  difcours 
doit  être  réfervé  pour  les  grands  :  un 
ièul  coup-d'œil  fur  une  figure  en  ap- 
prendroit  plus  qu'une  pareille  defcription 

^twidia  hffgUudine ,    non  jubata,  Color  totius  coywis , 

tapltis  ad  yedum  ex  maatlii  fi/ch   &  femigineis  pa- 

ricgatmt.  macula  pdlmari  Intitudine ,  figura  irregulari , 

ht   vivo  animali    ex    luciSori    à"  ohfairiore    variâmes, 

AJagnltwio  cameli   minons  ,     longitudo  totiia   a   labio 

fvperiore  ad  finem  dorjt  fjmh.  2^,    Longiuido  capitis 

Jpith,    ^,   Coin  fpith,  p  ad  t  o,  pedum  anter,  fpiih* 

j  I  ad  t  j,  pojler,  fpiik,  y  ad  8 ,  longit.  ccrnuum  vix 

fvithamalis.   Spafitm  imer  cornun  fpith  y  .   longit.  pi' 

lerum  in  dorfo  poH,  ^ ,  ïatitud,  capitis  juxrn  wlerciilum 

vel  eminentiam  Jpith, -^ ,  prope  maxillam  ffith.  i,  colli 

wrinque  prope  eaput  fpith,  t,  in  mcdio  fpith.  i-^,  ad 

bafin  fpith,  2.  ad  ^  ,  latitud,   Lat,  abd.  anterius  fpith, 

>f. ,  pofler,  fpith,  6  ad  y,  Craffities  pellis  ut  corii  cervt 

vulgaris Defcriptio  anttcedens  jiixta  pellem  ani~ 

tnalis  faélam  ;     {mimai    veto   mdwn    vidit  Voyage 


'  Je  la  Giraffe,  37 

«(ui  devient  d'autant  moins  claire  qu'elle 
eft  plus  minutieulè  ,  fur -tout  n'étant 
point  accompagnée  de  Li  figure  ,  qui 
ièule  peut  foutcnir  l'idée  principale  de 
l'objet  au  milieu  de  tous  ces  traits  va- 
riables ,  &  de-  toutes  ces  petites  images 
qui  fervent  plutôt  à  i'oJafcurcir  qu'à  le 
repréfenter^ 

On  nous  a  envoyé  cette  année  (  1 7^4) 
à  l'Académie  des  Sciences,  un  deflin  & 
une  notice  de  la  giraffe ,  par  laquelle  on 
adure  que  cet  animal  que  l'on  croyoir 
particulier  à  l'Ethiopie  fîj,  fe  trouve  aufli 
dans  les  terres  voifmes  dîu  cap  de  Bonne- 
eipérance  ;  nous  enflions  bien  defiré  que 
k  cîeflin  etit  été  un  peu  mieux  tracé , 
mais  ce  n'efl:  qu'un  croquis  informe  & 

fij  La  giraffe  ne  fe  trouve  point  ailleurs  qu'en 
Ethiopie.  J'en  ai  vu  deux  dans  le  palais  du  Roi 
qu'on  y  avoit  app  'voifées.  J'obfervai  que  lorfqu'elles 
vouloient  boire  ,  &  qu'on  leur  préientoit  de  l'eau 
ou  du  lait ,  pour  y  atteindre  il  ralloit  qu'elles  écar- 
teflTent  les  jambes,  autrement  comme  ces  bêtes  font 
trop  hautes  de  devant  ,  elles  ne  pourroient  boire 
quoiqu'eiies  aient  le  cou  fort  long.  J'ai  obier vé  de 
mes  yeux  ce  que  je  rappbrte  ici.  Relation  a'e  The^ , 
venot ,  page  i  o  de  la  (kjcri}ftim  es  animaux ,  iXc*  <âf 
Cpfouii  le  JolUiùre*-       ,  ■■--  -    -    •    ;-    ■'•  -  -  ;  •  '^-  ^ 


I  / 


^3  8         •  Hldoke  NatureÏÏe 

dont  on  ne  peut  fiiirc  aucun  uf:»ge;  \ 
l'égard  de  i;i  notice ,    comme  elle    con- 
tient une  efpèce    de  defcripiion  ,   nous 
avons  cru  devoir  Li  copier   ici.  «  Dans 
»  un    voyage  que  l'on  fit  en    1762  ,   à 
»  deux  cents  lieues  diuis  les  terres  au  nord 
3»  du  Cdj)  de  Bonne-eipérance ,  on  trouva 
33  le  Camelopardalis  ,   dont  le  deifin  eft 
-»  ci- joint  ;  il  a  le  corps  reflemblant  à  un 
3>  bœuf,  &  la  têie  <St  le  cou  reiremblént 
3?  au    cheval.  Tous    ceux    qu'on  a  ren- 
»  contrés    font    blancs    avec  des    taches 
3>  brunes.  Il  a  deux  cornes  d'un  pied  de 
a»  long  far  la  têie,  &  a  les  pattes  fendues. 
3>  Les  deux  qu'on  a  tués ,  &  dont  la  peau 
»  a  été   envoyée   en   Europe  ,    ont    été 
y>  mefurés ,   comme  il  fuit  :   la  longueur 
y>  de   la  tête    un    pied   huit   pouces  ;    la 
»  hauteur  depuis  l'extrémité  du  pied  de 
»  devant  jufqu'au  garrot ,  dix  pieds  ;    & 
»  depuis  le  garrot  jufqu'au -denus  de  la 
»  tête  ,    fept    pieds  ,    en   tout   dix  -  fept 
53  pieds  de  hauteur  ;   la  longueur  depuis 
33  le   garrot  jufcfu'aux   reins  efl:  de  cinq 
»  pieds  fix  pouces  ;  celle  depuis  les  reins 
33  jufqu'à  la  queue  d'un  pied  iix  pouces; 


ufjge;  à 
î  elle  con- 
ion  ,  nous 
ci.  ce  Dans 

1762  ,   à 
res  au  nord 
on  trouva 
;  deifin  eft 
iblant  à  un 
reiremblént 
'on  a  ren* 
des    taches 
ui  pied  de 
es  fendues, 
ont  la  peau 
,    ont    été 
1  lonpfueur 
)Ouces  ;    la 
lu  pied  de 
pieds;    & 
emis  de  la 
clix  -  fept 
eur  depuis 
ft  de  cinq 
lis  les  reins 
IX  pouces; 


Je  la  Giraffe,  3  ^ 

alnfi  la  longueur  du  corps  entier  eft  de  c< 
fcpi  pieds ,  la  hauteur  depuis  les  pieds  « 
de  derrière  julqu'aux  reins  e(l  de  huit  ce 
pieds  cinq  pouces.  Il  ne  paroît  pas  c< 
que  cet  animal  puiOè  être  de  quelque  ce 
fervice,  vu  la  dilproportion  de  la  hau-  ce 
leur  &  de  fa  longueur  :  il  (è  nourrit  c< 
de  feuilles  des  plus  hauts  arbres  ;  &  c< 
quand  il  veut  boire  ou  prendre  c|uelque  « 
chofe  à  terre,  il  faut  qu'il  iè  mette  à« 
genou  w. 

En  recherchant  dans  les  Voyageurs 
ce  qu'ils  ont  dit  de  la  girnlfe,  je  les  ai 
trouvés  affez  d'accord  enir'eux  ;  Hs  con- 
viennent tous  qu'elle  peut  atteindre  avec 
fa  tête  à  feize  ou  dix -fept  pieds  (k/  de 

(h)  Profper  Alpin,  eft  le  fcul  qui  fembfe  donner 
une  autre  idée  de  la  grandeur  de  cet  animal  en 
le  comparant  à  un  petit  cheval,  Anno  1^81  ,  AU- 
xamhia  vidimus  Camelo»  ardaUm  ^uem  Aralts  jitma^ 
iX  nojiri  gira^'am  appellant  ;  heu  equum  f  'vum  elt- 
gantijjimtimque  reprfentare  viatur ,  fig,  2j^,  Il  y  a 
toute  apparence  que  cette  ojraff'e ,  vue  par  Profper 
Alpin,  etoit  fort  jeune  &  n'avoit  pas  encore  acquis 
à  beaucoup  près  tout  (on  accroiflcment  :  il  en  efl 
de  même  qic  celle  dont  llaflèlquifl  a  décrit  la 
peau ,  6c  qu'il  compare  pour  la  granikur  à  un  p<tit 
çhamcaUi 


'40    •  ,      HîJIoke  I^aîureJle      ■ 

hauteur  étant  dans  fà  fituation  naturelle , 
c'eft-à-dire  pofée  fur  fcs  quatre  pieds  ; 
&  que  les  jiiinbes  du  devant  font  une 
fois  plus  hautes  que  celles  de  derrière  , 
en  forte  que  quand  elle  eft  aiîiiè  fur  fa 
croupe  ,  il  feinhle  qu'elle  foir»  entière- 
ment debout  f  I  )  :  lis  conviennent  aufïï 
qu'à  caufe  de  cette  difproportion  elle  ne 
peiu  pas  courir  vite;  qu'elle  eft  d'un 
naturel  très-doux ,  &  que  par  cette  qualité 

fij  La  girafFe  a  les  pieds  de  devant  de  moitié  plus 
hauts  que  ceux  dé  derrière,  puis  portant  le  corps 
grêle ,  droit  &  long  i  cela  In  rend  fort  haute  éle- 
vée ;  elle  a  h  tête  prefque  fembiable  à  celle  du- 
cerf ,  iinon  que  (es  petites  cornes  moufles  n'ont  que 
demi -pied  de  long;  (es  oreilles  font  grandes  comme 
celles  d'une  vache,  &  n'a  point  de  dents  au-deflTus 
de  la  mâcheiière  ;  les  crins  font  ronds  6c  déliés , 
(es  jambes  grêles  &  femblables  à  celles  d'un  cerf  & 
les  fpieds  à  ceux  d'un  taureau  ;  elle  a  le  corps  fore 
grêle ,  &  la  couleur  de  fon  poil  reffemble  à  celui 
â'un  loup -icervicp  ;  du  relie  fa  manière  de  faire  eft 
fort  fembiable  à  celle  du  chameau.  Voyage  de  Villa- 
monu  Lyon,  1620.,  page  6SS> — J'ai  vu  deux. 
girafFes ,  au  château  du  Caire ,  elles  ont  le  cou  plus 
grand  que  le  chameau,  deux  cornes  de  demi -pied 
ïur  la  tête,  une  petite  au  front;  les  deux  jambes 
de  devant  grandes  &  hautes,  &  les  deux  de  der- 
rière courtes*.  Cofmographie  du  Levant,  par  Tkm* 


^e  la  Giraffe,  41 

hiufll  -  bien  que  par  toutes  les  autres 
habitudes  phyfiqttes  ,  &  même  par  la 
[forme  du  corps,  eHe  approche  plus  de 
[la  figure  &  de  la  nature  du  chameau  que 
de  celle  d'aucun  autre  animai  ;  qu'elle  eft 
Jdu  nombre  des  ruminans  ,  &  qu'elle 
Imanque  comme  ewx  de  dents  incirives  à 
Ha  mâchoire  fupérieure  ;  &  l'on  voit  par 
[le  témoignage  de  quelques-uns ,  qu'elle 
[fè  trouve  dans  les  parties  méridionales 
[de  l'Afrique  (m)  aufîi-bien  que  dans  celles 
Ide  l'A  fie. 

Il  eft  bien  clair ,  par  tout  ce  que  nous 
renons  d'expoler,  que  la  giraffe  efl  d'une 
îlpèce  unique  &  très-différente  de  toute 

(m)  Da'ns  i'île  de  Zanzibar ,  aux  environs  de  fAa- 

WagaCcar,  î(  y  a  une  certaine  efpèce  de   bête  qu'ils 

■appellent  Grafe  ou  Girafe  ,  qui  a  le  cou  fort  long, 

■comme  de  toile  &  demie,  de  laquelle  les  jambes  de 

Idevant  font    beaucoup   plus    longues  que  celles    de 

jilerrière  ;  elle  a  petite  tête  &   de  diverfes  couleurs , 

ainfi  que   le   corps  :    cette    bête  eft    fort   douce  & 

privée ,  ne   faifant    mal  à  perfonne.   Defcription   des , 

Indes  orientales,  par  Â'îarc  Paul,  Paris ,  i  5  5  <!> ,  Hv,  III » 

Vage  116,  —  Girnffa  animal  adeo  Jyhaticum  ut  raro 

tideri  pojfit liomines  videns  in  fugam  ferttir  tametfi  ,a 

Son  fit  multcc  velocirati's,  Ixon  Afriq.  Defcript,  Afr* 
/ol.  Il,  pag.  y^^» 


'41  Hipoirt  Naturelle 

autre  ;  mais  fi  on  vouloit  la  rapprocîiÉî 
de  quelqu'autre  animai ,  ce  ieroit  piutôt 
du  chameau  que  du  ceif  ou  du  bœuf:  il 
cft  vrai  qu'elle  a  deux  peiiies  cornes  & 
que  le  chameau  n'en  a  point:  mais  elk 
a  tant  d'autres  relfîemWances  avec  cet 
animal .  que  je  ne  fuis  pas  furpris  que 
quelques  Voyageurs  lui  aient  donné  le 
nom  de  chameau  des  Indes.  D'ailleurs  , 
i'on  ignore  de  quelle  fubflance  font  les 
cornes  de  la  girafïe ,  &  par  conféquent 
fi  par  cette  partie  elle  approche  plus  des 
cerfs  que  des  bœufs  ,  &  peut*- être  nr  \ 
font -elles  ni  du  bois  comme  celles  des 
cerfs,  ni  des  cornes  creuies  comme  celles 
des  bœufs  ou  des  chèvres.  Qui  fliit  fi 
elles  ne  font  pas  compofees  de  poils 
réunis  comme  celles  des  rhinocéros  ,  ou  fi 
elles  ne  font  pas  d'une  fubftance  &  d'une 
texture  particulière  î  il  m'a  paru  que  ce 
<jui  a  voit  induit  les  Nomcnclateurs  à  mettre 
la  giraffe  dans  le  genre  des  cerfs ,  c'efl 
I ."  le  prétendu  pafîàge  de  Belon ,  cité 
par  Gcfner  (n),  qui  feroit  en  efïèt  dé- 
H  eifif  s'il  éioit  réel  2.°  Il  me  femble  que 
(n)  Gefner,  Hif,  quttd,  pg.  148.  Umà  anti^Jtmdtiniti, 


l'on 
ente 
du 


éfe  la  Girafe;  4}^ 

l'on  a  mai  interprété  les  Auteurs  ou  mal 
entendu  les  Voyageurs  iorfqu'ils  ont  parié 
du  poil  de  ces  cornes  ;  i*on  a  cru  qu'ils 
avoient  voulu  dire  que  les  cornes  de  la 
giraffe  étoient  velues  comme  le  refait  des 
cerfs  ,  &  de  -  là  on  a  conclu  qu  elles 
étoient  de  même  nature,  mais. Ton  voit 
au  contraire ,  par  les  notes  citées  ci-deiTus, 
que  ces  cornes  de  la  giraffe  font  feu- 
lement environnées  &  furmontées  de 
grands  poils  rudes  &  non  pas  revêtues 
d'un  duvet  ou  d'un  velou/s ,  comme  le 
refait  du  cerf*  &  c'efl:  ce  qui  pourroit 
c  ter  à  croire  qu  elles  font  compofées  de 
l^oils  réunis  à  peu-près  comme  celles  du 
rhinocéros ,  leur  extrémité  qui  efl  moufle, 
favori  le  encore  ceite  idée  :  Et  fi  l'on  fait 
attention  que  dans  tous  les  animaux  qui' 
portent  des  bois  au  lieu  de  cornes,  tels 
que  les  élans ,  les  rennes ,  les  cerfs ,  les 
daims  &  les  chevreuils  ,  ces  bois  font 
toujours  divifés  en  branches  ou  andouil- 
1ers ,  &  qu'au  contraire  les  cornes  de  la 
giraffe  l'ont  fimples  &  n'ont  qu'une  (eule 
tige  ;  on  fe  perfuadera  aifément  qu'elles 
]ac  font  pas  de  même  nature  ;  fans  quoi 


ti 


44  Hïflotre  Naturelle 

l'analogie  feroit  ici  entièrement  violée. 
Le  tubercule  au  milieu  de  ia  tête  ,  qui , 
félon  les  Voyageurs  ,  paroît  faire  unel 
troifième  corne ,  vient  ervcore  à  i  appui 
de  cette  opinion  ;  les  deux  autres  qui  ne  1 
font  pas  pointues ,  mais  moufles  à  leur 
extrémité,  ne  font  peut-être  que  des 
tubercules  fcmblables  au  premier  &  feu- 
lement plus  élevés  ;  les  femelles  ,  difent 
tous  les  Voyageurs  ,  ont  des  cornes 
comme  les  mâles  ,  mars  un  peu  plus 
petites  :  ii  la  giraffe  étoit  en  effet  du 
genre  Aq%  cerfs,  l'analogie  (c  démentiroit 
encore  ici ,  car  de  tous  les  animaux  de 
ce  genre ,  ii  n'y  a  que  la  femelle  du 
renne  qui  ait  un  bois ,  toutes  les  autres 
femelles  en  font  dénuées  ,  &  nous  en 
avons  donné  la  raifbn.  D'autre  côté  , 
comme  la  giraiîè,  à  caufè  de  l'exceffive 
hauteur  de  lès  jambes  ne  peut  paître 
l'herbe  qu'avec  peine  &  difficulté;^  cfu'elle 
fê  nourrit  principalement  &  prefqu'uniquc- 
ment  de  feuilles  &  de  boutons  d'arbres  , 
l'on  doit  pré  fumer  que  les  cornes  qui 
font  le  réfidu  le  plus  apparent  du  fuperfîu 
de  la  nourriture  organique  ,  tiennent  de 


•        de  Id  Givûjfe,  45 

ïa  nature  de  cette  nourriture  ,  &  font 
par  conféquent  d'une  fubftance  analogue 
au  bois ,  &.  femblable  à  celle  du  bois  de 
cerf.  Le  temps  confirmera  l'une  ou 
l'autre  de  ces  conjeAures.  Un  mot  de 
plus  dans  la  defcription  d'Haflelquift , 
fi  minutieuie  d'ailleurs  ,  auroit  fixé  ces 
doutes  &  déterminé  nettement  le  genre 
de  cet  animal.  Mais  des  écoliers  qui 
n'ont  que  la  game  de  leur  maître  dans 
la  tête  ,  ou  plutôt  dans  leur  poche ,  ne 
peuvent  manquer  de  faire  des  fautes  , 
des  bévues  ,  des  omifîions  efîbntielles, 
parce  qu'ils  renoncent  à  l'elprit  qui  doit 
guider  tout  Obfervateur  ,  &  qu'ils  ne 
voient  que  par  une  méthode  arbitraire 
&i  fautive ,  qui  ne  fert  qu'à  les  empêcher 
de  réfléchir  fur  la  natiu'e  &  les  rapports 
des  objets  qu'ils  rencontrent,  &  defquels 
lis  ne  font  que  calquer  la  defcription 
fur  im  mauvais  modèle.  Comme  dans 
ïe  réel  tout  eïl  différent  l'un  de  l'autre , 
tout  doit  aufïï  être  traité  différemmerw  ; 
un  feul  grand  caradèce  bien  fliifi ,  décide 
quelquefois  ,  &  fouvent  fait  plus  pour 
la  connoiflance  de  la  chofè,  que  mille 


m 


46        Hiflotre  Naturelle,  &ci 

autres  petits  indices  :  dès  qu'ils  font  enj 
grand  nombre ,  ils  deviennent  néceflài- 
rement  équivoques  &  communs,  &  dès-l 
lors  ils  font  au  moins  fuperHus  s'ils  nel 
font  pas  nuifibles  à  la  connoifîance  réelle! 
de  ia  Nature,  qui  fe  joue  des  formules,! 
échappe  à  toute  méthode  ,  &  ne  peutj 
être  aperçue  que  par  la  vue  immédiate! 
de  i  eiprit ,  ni  jamais  iàifie  que  par  Ici 
coup-d  œil  du  génie. 


'..,i'.  :«      ■' 


47 


LE   LAMA  (a], 

ET 

LE    P  A  C  O  (h). 

L  y  a  exemple  dans  toutes  les  Lan- 
kies ,  qu'on  donne  quelquefois  au  même 
pimal  deux  noms  différens ,   dont  i'un 

(a)  Lama,  Lhavia,  Clama,  nom  que  les  Efpagnofs 
it  donné  à  cet  animal  du  nouveau  Monde ,  &  que 
DUS  avons  adopté.  Ils  Tappelicnt  aufli  au  Pérou  Hua- 
icus,  Guanaco ,  Cornera  de  tierra,  Mouton  de  terre  ; 
\uanapo,  félon  le  Gentil,  tome  7,  page  p^;  Wianatjue, 
fclon  Wood  ,  voyage  de  Dampter,  tome  V,  page  î  8 1 , 
Vutrefois  il  s'appeloitau  Mexique,  Pelon  ichintl  OquitU ; 
*"  au  Chily,  Hueque  Chillehueque ,  c'efl-à-dire,  fiutqut 

Chily,  car  les  premiers  Voyageurs  de  l'Amérique 

:rivoient  Chillé  pour  Ciùlyt  Les  Anglois  ont  défîgné 

I  Lama  par  la  dénomination  de  Peruichcattle  »  c'eft-à- 

lire  be'taU  du  Pérou,  Mathiple  lui  a  donné  le  nom 

pmpofé  à^ Elaphocamelus ,  Chameau- cerf. 

A/o«  ichïatl  Ojuitli ,  ovis  Peruana»  Hernand.  Hi00 
fex.  pag.   66 o,  frg.  ibid. 

Ovis  Peruana,  Marcgrav.  Hiji,  nar,  Brafi,pag,  24.5^ 
|g.  Ibid. 

Lania,  Voyage  de  Frczîer ,  pag»  i  y  i,fy,  ibi4* 

Came/us  pilis  ùrei'ijfmis  veflitus Cameîui 

Yeniams ,  le  Chameau  du  Pérou.  ^riÛTon  f  Kegité 
yiiina/,  pag.  56, 


43  Hipolre  NûtiircUe     '  .  : 

fc  rapporte  à  Ton  état  de  liberté  &  rautrcl 
à  celui  de  domefticité  :   le  (ànglier  &  le 
cochon   ne   font   qu'un  animal ,   &   ces 
deux  noins  ne  font  pas  relatifs  à  la  dif- 
férence de  la  nature,  mais  à  celle  de  la 
condition    de   cette  efpèce  ,    dont    uncl 
partie   efl:   fous  l'empire    de  l'homme  &I 
'  l'autre  indépendante.  Il  en  eft  de  mênicj 
des  Lamas  &  des   Pacos  qui  étoient  le$j 
fêuls  animaux  domeftiques  (c)  des  ancienîl 

Américains.! 

G  lama,  Qmeîm  'dorjo  lavi ,  toj'ào  pedoraS»  Linn.l 
S^'jh  tînt.  cdit.  X ,  pag.   6  5 . 

{b)  Paco,  Pacos,  nom  de  cet  animal  dans  fonl 
pays  natal  au  Pérou,  &  que  nous  avons  adopté;! 
c»n  l'appelle  aufli  Vigogne,  mot  dérivé  ât  VkumX 
autre  nom  de  cet  animal  dans  le  même  pays. 

Ovis  Peruana  alla  fpecies   ab  incolis  Pacos  dida\ 
Hernand.  Hijt,  Aiex,  pag.  66^, 

Ot/is  Peruana,  Paco  dida»  Marcgr,  ////?.  nau  Briû 
pag.  244^  frg.  ibid. 

Alpaque»  Voyage  de  Frezîcr,  page  i jp* 

Camelus  pi  fis  prolixis  corpore  veflitus ,  la  Vigogne,^ 
BrifTon  ,  Regn,  anim,  pag.  y  y, 

Pacos  Camclus  topJiis  nullis ,  corpore  lanato,  Linn.[ 
'Sj>jf^  nat,  cdit.  X  ,  pag.  66.  „  , . 

(c )  Avant  l'arrivée  des  Efpagnoîs,   les  Indiens! 
du  Pérou  ne  connoifToient  d'animaux  domcftic|i?eç , 
que    les  Pacos  &    les    Huanacus;    mais  ifs    tirc^icnt  1 
parxl    des   fauvages ,     qui   étaient    en    plus    gr;ind 

nombre, 


ore  îanato,  Linn.l 


du  Lama  &  du  Pacôi       4^' 

Américains»  Ces    noms   font    ceux    de 
leur  état  de  domeflicité  ;  le  lama  (Iiuvage 
s'appelle  huanttcus  ou  guanaco,  &  le  paco 
fauvage    vîcunna    ou    vigogne.     J'ai    cru 
cette  remarque  néceflliire  pour  éviter  la 
confuiion   des   noms.    Ces  animaux   ne 
fe  trouvent  pas  dans  l'ancien  continent, 
mais  appaniennent  uniquement  au  nou- 
veau ;    ils   affe(flent   même   de  certaine» 
terres,    hors  de  l'étendue  defquelles  on 
ne  les  trouve  plus  :  ils  paroi(îent  attachés 
à  la  chaîne  des    inontagnes   qui  s'étend 
depuis  la    nouvelle    El'pagne   jufqu'aux 
terres  Magellaniques  ;  ils  habitent  les  ré-* 
gions  les  plus  élevées  du  globe  terreftre , 
&.  femblent  avoir  befoin  pour  vivre  de. 
refpirer  un  air  plus  vif  &  plus  léger  quQ 
celui  de  nos  plus  hautes  montagnes. 
■    Il  efl  aflez  fingulier  que  quoique  le 
îama  &    le   paco   foient  domeftiquçs  ai| 
Pérou,  au  Mexique,  au  Chily,  comme 
les  chevaux  le  font  en   Europe  ou  les 
chameaux  en  Arabie,  nous  les  çonnoif» 
fions  à  peine  ,    &  que  depuis  plus  de 
deux  fiècles  que  les  Efpagnols  régnent 

nemhre ,  par  de  grandes  cliaflè^  Hijloin  aes  incasi 

Tome  Xu  G 


5^        *^  J-hpokc  Naturelle  '  '    * 

dans  CCS  vaftcs  contrées ,  aucun  Je  leurs 
auteurs  ne  nous  ait  donne  l'hilloire  de» 
taillée  &  la  defcri[)iion  exade  de  ces 
animaux  dont  on  le  fert  tous  les  jours  : 
ils  prétendent  à  la  vérité  qu'on  ne  peut 
Jes  tranl'porter  en  Europe ,  ni  même  les 
defcendre  de  leurs  hauteurs  fans  les 
perdre,  ou  du  moins  fans  rifquer  de  les 
voir  périr  au  bout  d'un  petit  temps  : 
mais  à  Quito,  à  Lima  &  dans  beaucoup 
d'autres  villes  où  il  y  a  des  gens  lettrés , 
on  auroit  pu  les  defliner,  décrire  &  dif- 
léquer.  H  errera  fd)  dit  peu  de  chofe  de 
ces  animaux  ;  Garcilaflb  (e)  n'en  parle  que 

(d)  On  trouve  dans  les  montagnes  cfu  Pérou  Une 
cfpèce  de  chameau  dont  ils  (t  fervent  de  la  laine 
pour  faire  des  acourtremens.  Dcjcription  aies  Indes 
occidentales,  par  JHenera,  Amft.  i6zi  ,  page  2^^, 

'  (e)  Le  p.  Blas  Vallera  dit  que  le  bétail  du  Pérou 
efl  (î  doux  que  les  en  fans  en  font  ce  qu'ils  veulent  j 
il  y  en  a  des  grands  &  des  petits;  ks  huanacus 
privés  (Lamas)  font  de  différens  poils ,  &  les  fau- 
\ages  fcHit  tous  bai  bruns  :  ces  aniniaux  (ont  de  la 
hauteur  des  cerfs  &  rcflemblent  aux  chameaux  , 
excepté  qu'ils   n'ont   point   de  boffe,  leur    cou   efl 

long  &  polt Le  même  bétail  qu'ils  appellent 

Pacolama    (  Paco  ) ,  n'efl  pas  à  beaucoup  près  tant 

cflimé Ces  pacos ,  plus  petits  que  les  autres , 

refTèmblent  aux  vicunas  fauvages,  &  font  fort  dé- 
licats j»  ils  ont  peu  de  chair  &  peu  de  laine  ex|rsL^ 


il 


§^ 


riu  Lama  &  du  Paco,         5  X 

<3*aprcs  ks  autres  ;  A  coda  &  Grégoire 
lie  Bolivar,  font  ceux  qui  ont  raflcmblif 
le  plus  de  fliits  fur  l'utilité  &  les  fervices 
qu'on  tire  des  lamas  &  fur  leur  naturel; 
mais  on  ignore  encore  comment  ils  font 
conformés  intérieurement ,  combien  de 
temps  ils  portent  leurs  petits  ;  Ton  ignore 
fi  ces  deux  efpèces  font  abfolument  fé» 
parées  l'une  de  Tautre ,  fi  elles  ne  peu- 
vent le  mêler ,  s'il  n'y  a  point  entre  elles 
de  races  intermédiaires ,  &  beaucoup  d'au- 
tres fîiits  qui  leroient  nécefîairespour  rendre 
cette  hifloire  complète. 

Quoiqu'on  prétende  qu'ils  périment 
îorfqu'on  les  éloigne  de  leur  pay?  natal, 
il  elt  pourtant  certain  que  dans  les  pre- 
miers temps  après  la  conquête  du  Pérou , 
&  même  encore  long- temps  après ,  Ton 
a  tranfporté  quelques  lamas  en  Europe. 
L'animal  dont  Geîiier  parle  ,  fous  le  nom 
à! Allocamelus  ,  &  dont'  il  donne  la  fi- 
gure ,  efl  un  lama ,  qui  fut  amené  vivant 

mement  fine.  Cet  animal  (êrt  de  pïufieurs  façons 
à  la  Médecine ,  auflTi  -  bien  que  beauœup  d'autres 
animaux  de  ce  pays ,  comme  le  remarque  le  P, 
Acofta.  Hijioire  des  Incas  ^  tome  II,  page  2,6<y 
jufqu'à  2  66% 

c ./ 


'5*    '       Hijlolre  Niîturelk         •    - 

du   Pérou  en   Hollande  en    1558    (f), 
V        c'efl  le  même  dont  Matihiole  ( gj  fuit 

(  f)  Allocnmtîus  Sciiigcrî ,  uppaur  ejfe  hoc  if^um 
'tinhimî  ctijus  figuram  j'ropvnimus  ex  chart<i  qu<ulam 
tj'vis  i.'vprejljiï  mutuati  cwn  hac  ficfcriptionc,  Anno  domini 
il  /;<!)' ,  jimii  die  i  (j  ,  an'mial hoc  miraùi/e  Alittellnirguin 
SclaiiiliiK  aJvcélum  ejl ,  uniehac  a  principilnts  Ceiviania 
nmquam  vijum ,  me  a  Flinio  tiut  autiquis  ulus Jiripio- 
ril'iis  commemonuum.  Or  fin  inditam  ejfe  dicebain  è 
Piro  (  forte  Pcru  )  ngioie  ,  Jexits  niii/c  niilliarUnif 
ftrè  Antuerpio  (lljtaute.  Altittido  cjus  erai  jndum  Jefc , 
highudo  (jHÎnquc  :  collum  c'igneo  colore  candidiffimum» 
Corpus  (  rcliijuuiB  )  nijiim  vel  punie  ej/m.  Paies  cm 
jiruthocameH  ,  ci/jus  injlar  urinam  (juocjue  rttrô  reddit 
hoc  animal  (trat  auicm  mas  annorum  atatis  quanmj, 
Gefiicr,   Hijf»  qitadrup.  pAg,  149  &  ,150. 

('gJ  Longitudo  tci'ius  corporis  a  cervice  ad  caudam  ^ 

pcdum  crat  :  aliitudo  a  dorfo  ad  yedis  plantam  -^  tan* 

iunt,    Capite  ,    collo ,    arc ,  Juperioris  pnxjcnlm    lahli 

fcijfura  ac  geniiali  camelum  fere  rcfert  ;   ar  iaput  oblon- 

gius  ejl  :    cures  hakt   cervinas ,    oculos   biéulos ,    quin 

ttiam   ut  ille  anteriorihs  deniilnis   in  fupcnoye   mQ.xdla 

caret ,  fcd  nwlares  uirinque   habet ;   ruminât ,  dxrfo  ejl 

fenfim  promincnte ,  jcapulis  prcj'e  collum  deprejfis ,    late- 

ribus  timiidis ,   vjentre  lato ,  clunihus  nliioribus  &  caudu 

J>rn'i  fpithnma  fere  hngitud'ine  ;  quibus  omnibus  cervum 

j'ere  refert ,  quemadmodum  etiam  crurdnis  prafeniw  pcflc' 

rioribus  ;  pedes  illi  bifulci  Junt  ;  diduda   utittriori  parte 

divifura.  Vin-iies  habet  acuminotos  qui  circa  pedis  ani^ 

biium  in  cutim  crajfain  abeunr ,  nam  j.edis  planta,  non 

vngue  fed  ente,    ut  in  nndiijidis  &  irfo  camelo  conte- 

fitur  :   rctronàhgit  hoc  animal  ut  Cûtretus  iy  trjles  fuhf- 

Q'itfîos  habit  :  pcclçre  ejl  awpbjub  qito  uk  thorax  vmtri 


du  Lama  &  du  Paco.        5  3' 

ïnention  fous  le  nom  ^ Elaphocamelus  t 
êi  la  clcfcription  qu'il  en  donne  efl  fliite 
avec  foin.  On  a  tranfporté  plus  d'une 
fois  des  vigognes ,  &  peut-être  aufll  des 
lanras  en  Elpagne,  pour  tâcher  de  les  y 
naturulifer  fgj;  on  devroit  donc  être  mieux 
inftruit  qu'on  ne  i'eft  fur  la  nature  de 
ces  animaux  qui  pourroicnt  nous  devenir 
utiles;  car  il  eft  probable  qu'ils  réufîl- 
roient  aufli  -  bien  fur  nos  P  y  renées  ai  fur 
nos  Alpes  f/ij  que  fur  les  Cordillères.  • 
Le  Pérou,  ièlon  Grégoire  de.  Boli- 
var, efl  le  pays  natal,  la  vraie  patrie  des 
lamas:  on  les  conduit,  à  la  vérité,  dans 
d'autres  provinces ,  comme  à  la  nou- 
velle Efpagne ,  mais  c'cfl  plutôt  pour  la 

forweâiiur ,  emtùcrnt  ghbus  vt  in  cnmeh ,  vomie  et  fwiilis 
e  (/NO  ncfiio  quid  escrcmcfui fenfim  tiiaiiare  videiur.  P.  And# 
Mattfuo'l,  Epia.  ii-b.  V. 

fgj  Le  Jîoi  d'Eipiigne  ordonna  qu'on  tranfportat 
des  vijrorjnes  en  Ef pagne,  afin  de  les  faire  peupler 
fur  les  lieux  ;  mais  ce  climat  fe  trouva  fi  peu 
propre  à  ces  animaux ,  qu'ils  y  moururent  tous. 
////?.  des  Avait.  Flitujiiers  par-  Oexmelin ,  jome  II, 
page.  ^6 y. 

(h)  Il  n'y  a  point  d'animal  qui  marche  aufTi  {\.\.- 
rcmeiit  que  le  lama  dans  les  rochers ,  parce  qu'i{ 
5'accroche  par  Une  efpèce  d'éperon  qd'il  a  naturelle^ 
picnt  au  i)icd,  Yo}'o^c  dç  CoreaL  u  1,  V'  y  /2. 

•■        '  ^~^      •  •  • 


\X 


\ 


rr 


54  mjlohe  Naturede 

curiofité  que  pour  l'utilité  ;  au  lieu  que 
dans  toute  l'étendue  du  Pérou ,  depuis 
Potofi  jufqu'à  Caracas  ,  ces  animaux 
ibnt  en  très  -  grand  nombre  :  ils  font 
aufîî  de  la  plus  grande  nécefîîté;  ils  font 
feuls  toute  la  richefTe  des  Indiens  ^ 
contribuent  beaucoup  à  celle  des  E{^ 
pagnols.  Leur  chair  eft  bonne  à  manger , 
leur  poil  eft  une  kine  fine  d'un  excellent 
ufàge  ,  &  pendant  toute  leur  vie  ils 
fervent  conftarament  à  tranfporter  toutes 
les  denrées  du  pays;  leur  charge  ordi- 
naire eft  de  cent  cinquante  livres ,  &  les 
plus  forts  en  portent  jufqu'à  deux  cents 
cinquante  ;  ils  font  des  voyages  alTez 
longs  dans  des  pays  impraticables  pour 
tous  les  autres  animaux  ;  ils  marchent 
afîèz  lentement,  &  ne  font  que  quatre 
bu  cinq  lieues  par  jour  ;  leur  démarche 
eft  grave  &  ferme,  leur  pas  affuré;  ils 
delcendent  des  ravines  précipitées ,  & 
furmontent  des  rochers  efcarpés  ,  où 
les  hommes  même  ne  peuvent  les  ac- 
compagner ;  ordinairement  ils  marchent 
quatre  ou  cinq  jours  de  fuite ,  après 
quoi  ils  veulent  du  repos ,  &  pren- 
nent d'eux-mêmes  un  féjour  de  vingt- 


«///  Lama  ér  du  Paca:        '5  5' 

tjnàtre  ou  trente  heures  avant  de  fe  re-^ 
mettre  en  marche.  On  les  occupe  beau-^ 
coup  au  tranfport  des  riches  matières 
que  l'on  tire  des  mines  du  Potofi  :  Bo- 
livar dit  que  de  fon  temps  on  em- 
ployoit  à  ce  travail  trois  cents  mille  de 
ces  animaux. 

Leur  accroiflemént  efl  aflTez  prompt 
&  leur  vie  n'eft  pas  bien  longue  ;  ils 
font  en  état  de  produire  à  trois  ans ,  en 
pleine  vigueur  jufqu'à  douze  ,  &  ils 
commencent  enfuite  à  dépérir,  en  forte 
qu'à  quinze  ils  font  entièrement  ufés  ; 
leur  naturel  paroît  être  modelé  fur  celui 
des  Américains;' ils  font  doux  &  fleg- 
matiques ,  &  font  tout  avec  poids  & 
mefure  ;  Lorfqu'ils  voyagent  &  qu'ils 
veulent  s'arrêter  pour  quelques  inflans, 
ils  plient  les  genoux  avec  la  plus  grande 
précaution ,  &  baifîent  le  corps  en  pro- 
portion afin  d'empêcher  leur  charge  de 
tomber  ou  de  fe  déranger;  &  dès  qu'ils 
entendent  le  coup  de  fifflet  de  leur 
condudleur ,  ils  fe  relèvent  avec  les 
mêmes  précautions  &  fe  remettent  en 
marche  :  ils  broiuent  chemin  faifmt  & 
par  -  tout   où    ils    trouvent  de   l'herbe  , 

C  iiij 


1       - 

'5  6  Hîjloîre  Naturelle  » 

mais  jamais  ils  ne  mangent  la  nuit  , 
quand  même  ils  auroient  jeiiné  pendant 
le  jour,  ils  emploient  ce  temps  à  ruminer  : 
ils  dorment  appuye's  fur  la  poitrine ,  les 
pieds  repliés  (bus  le  ventre ,  ^  ruminent 
auiîi  dans  cette  fituation.  Lorfqu  on  les 
excède  de  travail  &  qu'ils  iiiccombent 
iHie  fois  fous  le  faix ,  il  n'y  a  nul  moyen 
de  les  faire  relever,  on  les  frappe  inuti- 
lement ;  la  dernière  refîource  pour  \e$ 
coruillonner  ell  de  leur  ferrer  les  tefti- 
cules  ,  &  fouvent  cela  eft  inutile  ;  ils 
s'obltinent  à  demeurer  au  lieu  même  où 
ils  (ont  tombés ,  &  fi  l'on  continue  de 
les  maltraiter  ,  ils  fê  défefpèrent  &  fc 
tuent,  en  battant  la  terre  à  droite  &  à 
gauche  avec  leur  tête.  Ils  ne  fè  défendent 
^li  des  pieds  ni  des  dents ,  &  n'ont  pour 
ainfi  dire  d'autres  armes  que  celles  de 
-l'indignation  ;  ils  crachent  à  la  face  de 
ceux  qui  les  infultent ,  &  l'on  prétend 
que  ^cette  fîilive  qu'ils  lancent  dans  la 
colère  efl  acre  &  mordicante,  au  point 
de  faire  lever  des  ampoules  fur  la  peau. 

Le    lama    eft    haut   d'environ"  quatre 
pieds ,  &  fon  corps ,  y  compris  le  cou 

^  la  tête  ;  €11  a  cinq  qm  ^^  de  Ign^ueur  j 


{lu  Lama  &  du  Paco.        57 

îc  cou  fcul  a  près  de  trois  pieds  de  long. 
Cet  animal  a  la  tête  bien  faite ,  les  yeux 
grands ,   le   niuieau  un  peu  alongé ,  ies    ' 
ièvres   épaiiïcs,  la  fupérieure  fendue   & 
l'iiiforieure  un  peu  pendante  ;    il  manque    " 
de  dents  incilives  &  canines  à  la  mâchoire 
fiipérieure.  Les  oreilles  font  longues  de 
quatre  pouces,  il  les  porte  en  avant,  les 
dreflb  ck  les  remue  avec  flicilitc.  La  queud     * 
n'a  giière  que  huit  pouces  de  lono-  ;  elle 
efl  droite  ,     menue   &   un   peu   relevée. 
Les   pieds    ionx.   fourchus    comme    ceux' 
du  bœuf,   mais   ils  font  lurmontes  d'uil 
éperon  en  arrière ,   qui  aide  à  l'animal  à 
fe  reienir  £i  à  s'accrocher   dans  les  pas' 
•difficiles  :  il  efl  couvert  d'une  laine  courte"   • 
fiir  le  dos ,   la  croupe  &  la  queue ,  mais 
ïon  longue  (wx  les  flancs  &  fous  le  venue  i 
du  relie ,  les  lamas  varient  par  les  cou;»-  ' 
leurs  ;  il    y    en    a   de  blancs ,   de    noirs 
&  de  mêles  ^t).   Leur  lienie  refîemblé 

(i)  les  lamas  ont  la  tête  petite  à  proportion  du 
corps ,  fcmbiable  en  queic|iie  chofe  à  cetic  du  che- 
val 6t  du  mouton  ;  la  lèvre  fupérieure ,  comme! 
celle  du  lièvre,  e(l  fendue  au  milieu,  par-!;i  ils 
crachent  à  dix  pas  loin  contre  ceux  qui  les  inquiè- 
tent, &  i'i  ce  crachat  tombe  fiir  le  vifage,  il  ftit 
Uiie  lachc  roulfatre  où  fc  forme  ibuvent  une  Mile  i 


f5?  Hiptre  NatureÏÏe 

à  celle  des  chèvres  ;  le  mâle  a  le  membre 
génital  menu  &  recourbe',  en  forte  qu'il 
pifî'e  en  arrière.  C'eft  un  animal  très- 
îafcif  (kjf  &  qui  cependant  a  beaucoup 


ifs  ont  le  cou  long,  courbé  en  bas  comme  les  cfia- 
meaux  à  la  naiflance  du  corps ,  &  ils  leur  reiremble- 
roient  afTez  bien  s'ils  avoient  une  bofle  fur  le  dos  : 
.  leur  hauteur  eft  d'envit-on  quatre  pieds  &  demi;  ils 
marchent  la  tête  levée  &  d'un  pas  fi  réglé  que  les 
coups  même  ne  peuvent  les  hâter;  ils  ne  veulent 
point  marcher  la  nuit  avec  leur  charge  ,.  on  les 
cébarraffe  toLv  les  foirs  de  leurs  fkrdeaux  pour  les 
lai(îèr  paître;  ils  mangent  peu  &  on  ne  leur  donne 
jamais  à  boire  ;  ils  ont  le  pied  fourchu  comme  les 
moutons  &  un  éperon  au-defTus  qui  leur  rend  le 
pied  rûr  dans  les  rochers,  leur  laine  a  une  odeur 
forte,  eiie  eft  longue  ,  bl.inche,  grife  &  ronfle  par 
taches ,  &  aflez  belle ,  quoique  beaucoup  inférieure 
à  celle  àti  vigognes.  Voyage  fie  Frf{ier ,  page  i  ^  S. 

(h)  Salacijfwtum  hoc  ejfe  anhnal  îd  nùhi  conjeduratn 

facit ,    qihhi  cum  fui   generis  femellh  fit   defiitutum , 

magna  cum  pruriginc  cajms  fe  commifceat  y   non  lamen 

trcâis  ut  a/iâs  capra  hirco  njcendente  folent  feJ  liunn 

ventre    accuhantibus ,  ita   cogent&    mimah    anteriorihus 

cmribus,  haque  fuper  nfcendens,  cùit ,  non  autem  avcrfis 

'  clunibus.    Adeo  venere ,    vemali ,    automnal itjue  tenipore , 

fihvulatur  hoc  animal  ut  illud  viderim   humile  (juoddam 

jirajtpiwn    av(nâ   refertum    conjcendijjt ,  genitaleqtie  illi 

viagno  cum  murmure  taindiu  confi'icajfe  qu»  ufjue  fimen 

ndderet ,  flurimis    unu    hora    replicatis    vicilius.    Non 

tnwen  concepere  capra  hujufce  animalis  femine  rçfena» 

Matchibl.  Epia.  lib.  V. 


•  ,    du  Lama  &  du  Paco.        Jp' 

^e  peine  à  s'accoupler.  La  femelle  a  l'ori- 
fice   des    parties   de  la  génération   très- 
petit  ;     elle   fe  prollerne    pour  attendre 
le  mâle ,  &  l'invite  par  Tes  Ibupirs  ;  mais 
il   fe  pafle   toujours   plufieurs  heures   <Sc 
quelquefois   un   jour   entier   avant  qu'ils 
puiiTent  jouir  l'un  de  l'autre ,   &  tout  ce 
temps  fe  pafTe  à  gémir ,   à  gronder ,   & 
fur  -  tout  il  fe  eonlpuer  ;   &  comme  ces 
longs  préludes  les  fatiguent  plus  que  la 
choie  même ,  on  leur  prête  lu  main  pour 
abréger  &  on  les  aide   à  s'arranger.   Ils 
ne  produifent  ordinairement  qu'un  petit 
&  très-rarement  deux.  La  mère  n'a  auiîi 
que  deux   mamelles ,   &.   le   petit  la  fuit 
au  moment   qu'il  efl:   né.    La   chair   des 
jeunes  efl  très  -  bonne  à  manger ,   celle 
des  vieux  eil   sèche   &  trop   dure  ;    ea 
général ,   celle  des  lamas  doraeftiques  eft 
bien   meilleure    que  celle  des   fauvages ,. 
&    leur    laine    elt    aufîi    beaucoup    plus- 
douce.    Leur   peau   eft    afTez  ferme  ;   les 
Indiens   en    faifoient   leur   chaufTure ,   & 
les   Efpagnols  l'emploient  pour  faire  des 
harnois.   Ces  animaux  fi  utiles  &  même 
fi  néceffaires  dans  le  pays  qu'ils  habitent  y 
ne    coûtent   ni   entretien  ni  nourriture  ^ 

C  v) 


.V   . 


6q  Hîjfoîre  NûWrélk 

conime  ils  ont  le  pied  fourchu^  il  n'eu 
pas  néce(îiiire  de  ies  ferrer  ;  la  laine 
épaiiïe  dont  ils  font  couverts  difpen^e  de 
ies  bâter;  ils  n'ont  befoin  ni  de  grain, 
ni  d'avoine  ,  ni  de  foin  ;  l'herbe  verte  qu'ils 
broutent  eux  -  mêjues  leur  fuflit,  &  ils 
n'en  prennent  qu'en  petite  quantité  (IJ  ; 

(î )  La  peau  des  hiianacils  cfl  dure  :  îes  Indiens 

la  préparoient  avec  du  fuif  polir  radoucir  ,     &  en 

fiiilbient  les  femelles  dç  leurs  fouliers;    jtiais  comme 

ce  cuir   neioit   point  corroyé,  ils  fe  déchaufloicnt 

en  temps  de  pluie.    Les  Elpafrnols  en  font  de  beaux 

Jiarnois  ae  cheval  :  ils  emploient  ces  annnaux  ,  eomnae 

faifoient  les  Indiens ,   pour  le  trahfport  de  leurs  mar-» 

chandifes.  Leur  voyage  le  plus  ordinaire  cft  depuis 

Cozer  jufqu'à  Potoll ,  d'où  l'on  compte  environ  deux 

«ents  lieues  ,    Ôc  leur  journée  de  trois  lieues  ,    car  ils 

vont  lentement,  6c  fî  on  les  fait  allei*  plus  vîtc  que 

leur  pas  ordinaire,  ils   fe  laifî'ent  tomber  fans   qu'il 

Ibit   poiïible  de   les  faire    relcNer ,    même    en    (eue 

ôtant  leur  charge,   de  façon  qu'on  les  écorche  fur 

la  place Quand  ils  marchent  en  portant  de* 

marchandifcs ,  ils  vont  par  troupes ,  &  l'on  en  lailTc 
toujours  quarante  ou  cinquante  à  vide,  afin  de  les 
charger  d'abord  qu'on  s'aperçoit  qu'il  y  en  a  quel- 

quies-uns  de  fatigués La  chair  de  cet  animal 

cft  parfaite ,  car  elle  eft  faine  &  de  bon  goût ,  fur- 
tout  relie  des  jeunes  de  quatre  ou  cinq  mois  d'âge. , , 
Quoique  ces  animaux  Ibicnt  en  grand  nombre,  i{ 
n'en  coûte  prefque  rien  à  leur  maître  pour  leur 
tiourriture  ou  pour  l'entretien  de  leur  équipage ,  car 
ppiis  i»  journée  on  Umx  ôtc  leur  charge  pour  lef 


'^'^■' 


du  Lama  &  du  Paco.        6t 

lis  font  encore  plus  fobres  fur  la  boiffon  : 
ib  s'abreuvent  de  leur  làlive  qui ,  dans 
cet  animal ,  elt  plus  aboj\dante  que  dans 
aucun  autre. 

Le  huanacus  ou  lama  dans  IV'tat  de 
nature  ell  plus  fort ,  [)lus  vif  &  plus 
léger  que  le  lama  domellique  ;  il  court 
comme  un  cerf  &  grimpe  comme  le 
chamois  fur  les  rochers  les  plus  efcarpés; 
fx  laine  eft  moins  lonojue  &  toute  de 
couleur  niuve.  Quoiqu'en  pleine  liberté , 
CCS  animaux  fe  rafîemblcnt  en  troupes , 
&  font  quelquefois  deux  ou  trois  cents 
cnlemble  ;    lorfqu'ils    aperçoivent    quei- 

lailTer   paître    dan.'?   I:i  campagne  ;    il    ii'eft   pas  né-  ' 
ccfîhire  de  les  fen-er  ,   car  ils  ont  ie  pied  fourchu  , 
ni  de   les    bâter ,    car  ils  ont  fuiTÎlamrncnt  de  laine 

Çoiir  n  ctrc  pas   incommodes  de  leur  charge  que  le 
'^oituricr   prend   loin   de  placer  de  façon  qu'ct'e  ne 
porte  pas  (in-  1  épine  du  dos ,   ce  qui  Its  feroit  mou- 
rir. .....   Ceux  qui  les  conduilbnt  campent  fous  des 

tentes  fans  entrer  dans  les  villes  pour  les  laiffer  pâ- 
turer ;  ils  font  quatre  mois  entiers  pfiur  faire  le 
voyage  de  Cozer  à  Potofî ,  deus.  pour  aller  &  deux 
pour  revenir.  .  , , ,  .  Les  meilleurs  lamas  fe  vendent 
à  Cozcr  dix -huit  ducats  chacun,  &  les  ordinaires 
douze  ou  treize  ducats.  La  chair  des  huanacus  fàu- 
vages  eft  bonne,  mais  cependant  elle  eft  inférieure 
à  celle  des  domefliques.  hijkire  des  Ineas ,  tome  tl, 
^age  fiôç  iX  fuiv. 


'>»•  .,  .• 


regardent    avec    étonnement 


<5l  'Hlflolre  NatureÏÏé 

ciu'un ,  ils 

fans  marquer  d'abord  ni  crainte  ni  plai- 
fir  ;  enfuite  ils  foufflent  des  n;\rines  & 
hennifTent  à  peu -près  comme  les  che- 
vaux ,  &  enfin  ils  prennent  la  fuite  tous 
cnfèmble  vers  le  fommet  des  montagnes; 
ils  cherchent  de  préférence  le  côté  du 
nord  &  la  région  froide  ;  ils  grimpent  & 
féjournent  fouvent  au  -  defTus  de  la  ligne 
de  neige  :  voyageant  dans  les  glaces ,  & 
couverts  de  frimats ,  ils  fe  portent  mieux 
que  dans  la  région  tempérée  ;  autant  ils 
font  nombreux  &  vigoureux  dans  les 
Sierras ,  qui  font  les  parties  élevées  des 
Cordillères ,  autant  ils  font  rares  &  ché- 
tifs  dans  les  Lanos  qui  font  au-deiTouSr 
On  chafîe  ces  lamas  fauvages  pour  en 
avoir  la  toifon  ;  les  chiens  ont  beaucoup 
de  peine  à  les  fuivre  ;  &  fi  on  leur 
donne  le  temps  de  gagner  leurs  rochers , 
ïe  chafleur  &  les  chiens  font  contraints 
de  les  abandonner.  Ils  paroifîent  craindre 
Ja  pefanteur  de  Tair  autant  que  la  cha- 
leur; on  ne  les  trouve  jamais  dans  les 
terres  bafles  ;  &  comme  la  chaîne  des 
Cordillères  qui  eft  élevée  de  plus  de  trois 
mille  toifes  au  -  deflus  du  niveau  de  la 


du  Lama  &  Ju  Paco*       6j 

mer  au  Pérou ,  fe  foutient  à  peu-près  à 
cette  même  élévation  au  Chily  &  jus- 
qu'aux terres  Magellaniques ,  on  y  trouve 
des  huanacus  ou  iamas  fauvages  en  grand 
nombre  fmj\  au  lieu  que  du  côté  de  la* 
nouvelle  Eipagne  où  cette  chaîne  de  mon- 
taornes    fe    rabaiiïe    confidérablement   oa 

o 

n'en  trouve  plus ,  &  l'on  n'y  voit  que  les- 
limas  domelUques  que  l'on  prend  la 
peine  d'y  conduire. 

Les  pacos  ou  vigognes  font  aux  lamas- 
v.ne  efpèce  fuccurlale ,  à  peu-près  comme' 
l'âne  l'efl:  au  cheval  ;    ils  font  plus  petits 


fm)  Dans  les  tares  cîu  Port-defiré,  à  qiidquc 
diftance  du  détroit  de  Magellan ,  il  y  avoit  bon 
nombre  de  ces  bêtes  fauvages  ou  brebis  fauvages  ^. 
que  les  Efpagnois  appellent  Wianaq^ues Quoi- 
qu'elles fuffent  bien  alertes  &  fort  craintives,  nous- 
en  tuâmes  fept  pendant  notre  féjour,  &  l'on  peut 
dire  que  ieur  laine  efl  la  plus  fine  qu'il   y  ait  au; 

monde Elles  vont  par  troupes  de  fix  ou  fept 

cents ,  &  dès  qu'elles  aperçoivent  quelqu'un ,  elles 
ronflent  avec  leurs  narines  &  hennifTcnt  comme  des^ 
chevaux.  Voyage  de  Wood,  Suite  des  voyages  de  Dam- 
pier,  tome  V,  page  i  8 1  *  —  Gn  voit  au  Tucuman  ,. 
province  voifine  du  Pérou ,,  de  greffes  brebis  qui 
fervent  de  bêtes  de  fomme,  &  dont  la  laine  efl 
prcfque  aufTi  fine  que  de  la  foie,  Voyage  de  Woodcs^ 
Sogçrs,  tome  11,  page  6j, 


^4  Hîftoire  Naturelle 

ëi  moins  propres  au  (ei  vie  e ,  mais  plus 
utiles  par  leur  dépouille  ;  la  longue  & 
fine  laine  dont  ils  font  couverts  eil:  une 
marchandife  de  luxe  aufli  chère ,  aufii 
précicuie  que  la  foie  :  les  pacos ,  cjue  Ton 
appelle  aulfi  a/pûçues ,  &  qui  font  les  vi- 
gognes doniefliqucs,  font  fou  vent  tomes 
noires  &  quelquefois  d'un  brun  mêlé  de 
fauve.  Les  vigognes  ou  pacos  (iiuvagcs 
font  de  couleur  de  roie  sèche,  «î!c  cetit: 
couleur  naturelle  eft  fi  fixe ,  qu'elle  n^ 
s'aitère  point  fous  la  main  de  l'ouvrier  : 
on  fait  de  très  -  beaux  gans  ,  de  très- 
bons  bas  avec  c(?tLe  laine  de  vigogne  ^ 
J'on  en  fiit  d'excelientes  couvertures  <Sc 
des  tapis  d'un  très-grand  prix.  Cette  den- 
rée feule  forme  une  branche  dans  le  com- 
merce des  Indes  cfpagnolcs ,  le  ca(lor  du 
Canada  ,  la  brebis  de  Calmouquie  ,  la 
chèvre  de  Syrie  ne  fourniiïent  pas  un 
plus  beau  poil  ;  celui  de  la  vigogne  efl 
aulîl  cher  c|ue  la  foie.  Cet  animal  a  beau- 
coup de  choies  communes  avec  le  lama  ; 
il  eft  du  même  pays ,  &  comme  lui  il  en 
crt  exclufivcment ,  car  on  ne  le  trouve 
nulle  part  ailleurs  que  fur  les  Cordillères; 


Ju  Lama  &  du  Pacê.       65 

H  a  niifTi  le  même  naturel  &  à  peu  -  près 
les  mêmes  mœursf  le  même  tempérament. 
Cependant  comme  fii  luine  efl  beaucoup 
plus  longue  &  plus  touffue  que  celle  du 
lama,  il  paroît  craindre  encore  moins  le 
froid  ;   il  fè  lient  plus  volontiers  dans  la 
neige,  fur  les  glaces  &  dans  les  contre'cs 
les  plus  froides  :  on  le  trouve  en  grande 
quantité  dans  les  terres  jMagellaniques  (u),  y 
Les   vigognes  refîemblent  aulfi  ,  par 
la  figure ,  aux  lamas ,  mais  elles  font  plus  ; 
petites ,   leurs   jambes   font  plus   courtes 
&  leur  muffle  plus  ramaffé  ;  elles  ont  la 
laine  de  couleur  de  rofe  sèche  un  peu  . 
claire  ;  elles  n*ont  point  de  cornes  ;  elles 
habitent  &  paffent  dans  les  endroits  les 
plus  élevés  des  montagnes  ;   la  neige   &  , 
la  glace  femblent  plutôt  les  recréer  que 


(u)  La  partie  orientale  de  la  cote  des  Patagons 
procFie  la  rivière  de  la  Plata ,  eft  encore  peuplçc 
de  viffofrnes  en  afïïz  grand  nombre,  mais  cet  ani- 
iti  il  e(l  W  défiant  &  fi  vite  à  la  courfe  qu'il  e(l 
dinicile  d'en  attraper.  Voyage  de  George  Anfon  , 
yage  jy,  —  Les  animaux  terreftres  les  plus  com- 
muns du  port  Saint -julien  Ams  les  terres  Magclla- 
niques ,  font  les  guanacos.  Hijbire  du  Paraguiu ,  j^af, 
k  !^t  Ç/iay^tiyçix ,  fpm  Vif  jfnge  i  07. 


// 


'66  Bfloke  Nm:    P(        ' 

ks  incommoder  ;  elles  vont  en  trotipes 
&  courent  très  -  légèrement  ;  elles  Ibm 
timides ,  &  dès  qu'elles  aperçoivent  quel- 
(qu'un ,  elles  s'enfuient  en  chaflànt  leurs 
petits  devant  elles.  Les  anciens  Rois  du 
Pérou  en  avoient  rigoureufement  dé- 
fendu la  chalTe  parce  qu'elles  ne  multi- 
plient pas  beaucoup  ;  &  aujourd'hui  il  y 
en  a  infiniment  moins  que  duns  le  temps 
de  l'arrivée  des  Elpagnols.  La  chair  de 
ces  animaux  n'eft  pas  li  bonne  que  celle 
des  huanacus;  on  ne  les  recherche  que 
pour  leur  toifon  &  pour  les  bézoards 
qu'ils  produifent.  La  manière  dont  on  les 
pi-end  prouve  leur  extrême  timidité ,  ou 
fi  Ton  veut ,  leur  imbécillité,  Plufieurs 
hommes  s'afTemblent  pour  les  fîiire  fuh:  & 
les  engager  dans  quelques  pafîàges  étroits 
où  l'on  a  tendu  dts  cordes  à  trois  ou 
quatre  pieds  de  haut,  le  long  defquelles 
on  laifle  pendre  des  morceaux  de  linge 
ou  de  drap  ;  les  vigognes  qui  arrivent  à 
ces  pafîàges  font  tellement  intimidées  par 
le  mouvement  de  ces  lambeaux  agités  par 
k  vent ,  c(u'elles  n'ofent  palTer  au  -  delà  , 
&  qu'elles  s'attroupent  ^  demeurent  eii^ 


<Iu  Lama  &  du  Paco.       éy 

foiiîe ,  en  (brte  qu'il  cfl  facile  de  les  tuer 
en  grand  nombre  ;  mais  s'il  fc  trouve  dans 
ta  troupe  quelques  huareicus ,  comme  ils 
font  plus  hauts  de  corps  &  moins  timides 
que  les  vigognes  ,  ils  (autent  par-defî'us  les 
cordes ,  &  dès  qu'ils  ont  donné  l'exemple^ 
les  vigognes  (autent  de  même  &  échappent 
aux  chaflèurs  (o). 

A  l'e'gard  des  vigognes  domefliques 
ou  pacos ,  on  s'en  fert  comme  des  lamas 
pour  porter  des  fardeaux  ;  iriiiis  indépen- 
damment de  ce  qu'étant  plus  petits  ou 
plus  foibles  ils  portent  beaucoup  moins  y. 
ils  font  encore  plus  fujets  à  des  caprices 
d'obiiination  ;  lorfqu'une  fois  ils  fe  cou- 
chent avec  leur  charore ,  ils  fe  ïaifïèroient 
plutôt  hacher  que  de  fe  relever.  Les 
Indiens  n'ont  jamais  fait  uHige  du  lait  de 
ces  animaux,  parce  qu'ils  n*en  ont  qu'au- 
tant qu'il  en  faut  pour  nourrir  leurs  petits* 
Le  grand  profit  que  Ton  tire-  de  leur 
laine  avoit  engagé  les  Ei'pagnols  à  tâcher 
de  les  naturalifer  en  Europe  ;  ils  en  ont 
tranfporté  en  Efpagne  pour  les  faire  peu- 
pler ,  mais  le  climat  le  trouva  fi  peu  con.- 

(o)  Voyage  de  Fréfier^  ^a^ti  i jS  if  i }^ 


li 


^8  Hijloire  Natunlle      ' 

venable,  qu'ils  y  périrent  tous  (p).  Ce- 
pendant ,  comme  je  l'ai  déjà  dit ,  je  luis 
perluadé  que  ces  animaux ,  plus  précieux 
encore  que  les  lamas ,  pourroient  rculFir 
dans  nos  montagnes  ,  &  fur  -  tout  dans 
les  Pyrénées  ;  ceux  qui  les  ont  tranf- 
portés  en  Elpagne,  n'ont  pas  fait  atten- 
tion qu'au  Pérou  même  elles  ne  rubfiftem 
que  dans  la  région  froide,  c'eft-à-dire, 
dans  la  partie  la  plus  élevée  des  mon- 
tagnes; ils  n'ont  pas  fait  attention  qti'on 
ne  les  trouve  jamais  dans  les  terres 
bafies  ,  &  qu'elles  meurent  dans  les  pays 
chauds  ;  qu'au  contraire  elles  font  en- 
core aujourd'hui  très  -  nombreufcs  dans 
les  terres  voifines  du  détroit  de  Magcl-^ 
lan ,  '  où  le  froid  efl:  beaucoup  plus  grand 
que  dans  notre  Euroj^e  méridionale ,  & 
que  par  conféquent  il  falloit  pour  les 
conferver  les  débarquer ,  non  pas  eu 
Elj)agne  ,  mais  en  Ecolfe  ou  même  en 
Norvège,  &  plus  fûrement  encore  aux 
pieds  des  Pyrénées,  des  Alpes,  &c.  où 
elles  euiïent  pu  grimper  &  atteindre 
Ja  région  qui  leur  convient  :  je  n'infiflç 
(l>J  Miii^ire  des  aventures  des  Fiibulliers,  ;;.  ///T, 


(p).  Ce- 
t,  je  fuis 
précieux 
ni  rcuffir 
tout  dans 
nt  tranf- 
fait  atten- 
rubfiftem 
ft-à-dire , 
les  mon- 
on  qti'on 
es  terres 
s  les  pays 
font  en- 
uies  dans 
Magcl- 
lus  grand 
onaie,  & 
pour  les 
\  pas  en 
même  en 
icore  aux 
,  &c.  où 
atteindre 
;  n'infiftç 

rs,  /;.  ^7^; 


«  s 


âu  Lama  &  du  Paca,       6^ 

ftir  cela  que  parce  que  j'imagine  que  ces 
animaux  îeroient  une  excellente  acquifition 
pour  l'Europe  ,  &  produiroient  plus 
de  l:>iens  réels  que  tout  le  métal  f  ç  J 
du  nouveau  monde ,  qui  n'a  fervi  qu'à 
nous  charger  d'un  poids  inutile ,  puifqu'oii 
avoit  auparavant  pour  un  gros  d'or  ou 
d'argent  ce  qui  nous  coi^ite  une  once  dç 
ces  mêmes  métaux. 

Les  animaux  qui  le  nourrifTent  d'herbes 
Se  qui  habitent  les  hautes  moiitagnes  de 
l'A  fie,  &  même  de  l'Africjue  ,  donnent 
les  bézoards  que  l'on  appelle  orientaux, 
dont  les  vertus  font  le  plus  exaltées; 
ceux  des  montagnes  de  l'Europe  ,  où 
la  qualité  des  plantes  ôl  des  herbes  eft 
plus  tempérée  ,  ne  produiient  que  de$ 
pelotes  (ans  vertu,  qu'on  appelle  égagro- 
•piles  :  &  dans  l'A  mériquc  méridionale  , 
tous  les  animaux  qui  fréquentent  les  mon- 
tagnes fous  la  zone  torride  ,  donnent 
d'autres  bézoarJs  que  l'on  appelle  occi^ 

(^)  Notf},  Quel  Men  ont  produit  en  cfFet  cc%  riches 

mines  du  Pérou!   il  a  péri  des  millions  d'hommes 

,  dans  les  entrailles  de  la  leire  pour  les  exploiter  ;  6c 

i  leur  fang  &  leurs  travaux  n'ont  fervi  quà  nous  charw 

ger  d'un  poids  incommode. 


70  Htfloire  Naturelle 

Mentaux ,   qui  font  encore  plus  folîcïes  & 
peut  -  être   aufli   qualifies   que   les  orien- 
taux.   La  vigogne   fur  -  tout  en  fournit  1 
en  grand  nombre ,  le  huanacus  en  donne 
aufli  ,    &  l'on  en  tii^  des  cerfs  &   des| 
chevreuils  dans  les  montagnes  de  la  nou- 
velle Elpagne  (rj.  Les  lamas  &  les  pacos 
ne  donnent  de  beaux  bézoards  qu'autant 
qu'ils  font  huanacus  &  vigognes ,  c'eft- 
à-dire,  dans  leur  état  de  liberté;    ceux! 
qu'ils  produifent  dans  leur  condition  de  • 
fervitude ,  font  petits ,  noirs  &  fans  vertu , 
les  meilleurs  font  ceux  qui  ont  une  cou- 
leur de  vert  obfcur,  &  ils  viennent  ordi- 
nairement des  vigognes  ,  fur-tout  de  celles 
qui  habitent  les  parties  les  plus  élevées 
de  la  montagne ,   &  qui  paifl^ent  habituel- 
lement dans  les  neiges  ;  de  ces  vigognes 
montagnardes ,  les   femelles   comme   ki\ 
jnâks   produifent  des  bézoards  ,   &  ces 


(ry  Nous  favons  qu'en  la  Neuve  -  Efpagne ,  il  fe 
trouve  â^s  pierres  de  bézoards ,  combien  qu'il  îi'y 
ait  point  de  vigugnes  ni  de  guanacos,  mais  feule- 
ment des  cerfs ,  en  quelques-uns  defquels  on  trouve 
cette  pierre,  Hifioire  naturelle  des  Inès  occidmaîes, 
far  Acûjla,  j>age  zo-^i 


du  Lûma  &  du  Paco.       y  i 

ïîézoards  du  Pérou  tiennent  le  premier 
rang  après  les  bézoards  orientaux  &.  lont 
beaucoup  plus  eftiniés  que  les  bézoards 
de  la  nouvelle  Ei'pagne,  qui  viennent  des 
^erfs  ;  &  font  les  moins  efficaces  dç  tous^ 


7^  Hîfloire  Naturelle 


BtnWW 


// 


.  LVNAU  (a)  ET  L'AÏ(b). 

X-*  *o  N  a  donné  à   ces  deux  animaux 

répithète  de   Parejfeux  ,    à  caufe    de  lal 
lenieiir   de   leurs   niouveinens    &  de  h 
*  '        ■      difïiculiél 

(a)  Vnan ,  nom  de  cet  animal  au  Maragnon ,  6c 
que  nous  avons  adopté.  Le  P.  d'Abbeville  diftinguel 
deux  cfpcces  d'Unaus,  le  plus  crrand,  qui  efl  celui 
dont  il  e(l  ici  qucflion  ,   qu'il  appelle  Unnu  ouajfou  ; 
&    le  plus    petit    qu'il    nomme   fimpieracnt    Unau , 
qui  t\\  le  mtme  animal  que  \'A'i.    «  Il  y  en  a  del 
»  dfux   {brics ,   dit-il,    aucuns  font  grands    environ 
ï«  comme  les  lièvres,  les  auties  font  deux  fois  prefquc 
plus   grands.    A'IiJpon  au   Aîaragifion ,  j)age    2^z  jj.I 
On    a    donne    quelquç(<;»is    à    l'Unau    le    nom    del 
Lèche  ■  patte  ,    mais  ce  nom  qui  feniWeroit  avoir  étél 
pris  de  rfiiibitude  de  cet  animal  ,   n'eft  pas  fondé,! 
car  il  ne  loche  pas  les  pieds,  ni  mune  aucune  autre! 
partie  de  Ion  corps. 

TardigraJus  Ceilonicus  Catiihis.  Seba  ,  voi.  ï  ,  p.  54,! 

Tab.     ?  T,  ,   fig.    4. Tiivdigrndm    Cei'oniciisl 

fa  mina.  Ucm.  ihid'.   Tab,  j  ^.  Ces  figures  lont  a(fa| 
bonnes.  ■ 

Tard'igradus  jhjlihus  an^n'is  di  laâylh  ,  pflflkis  />■/•[ 
dûâylts,  Tardigradiis  Ceilonicus.  Le  paYeJj'cux  de  Cejiani 
Briir.    Ixigri.   anim,  pag.    35. 

Didaélylus.  Bradypus  m  an!  bus  didaâj/lis  catidâ  mJliiX 
Linn.  Syjh  nat.  edit.  X  ,  pacj.  :;  ç. 

(b)  Ai,  nom  de  cet  animal  au  Brefil,   &  quel 


We  iVnm  &  Je  l'Ai        73 
difficulté  qu'ils  ont  à  marcher  ;  mais  nous 

nous  avons  adopté  :  ce  nom  vient  du  fon  plaintif 
a,  i,  qu'il  répète  fbwvent.  OuaiAare  h  la  Guiane, 
(îelon  Barrère  ;  flay  ,  félon  de  Léty  ;  Heu  ou 
Haulhi,  félon  Thevct;  Perilb  ligero,  lelon  Oviedo; 
Vnau  ,  félon  le  Père  d'Abbevillc  j  Haut  ,  felou 
I^ieremberg. 

Arélopithecus,  Gcfner ,  kofi,  anim,  pag.  9e,  %; 
ibid.  Islota.  Cette  dénomination  Arâopithecus  a  été 
mal  appliquée  par  Gefner  à  cet  animal  ,  qui  ne  tient 
ni  de  l'Ours  ni  du  Singe.  La  figure  eft  aufll  mauvaifc 
que  le  nom  ;  elle  rcpréfente  une  face  humaine , 
&  n'a  de  \'rai  que  les  trois  ongles  à  tous  les  pieds  ; 
cependant  cette  mauvaife  figure  a  été  copiée  par 
Nieremberg,  Jonflon  &  plufieurs  autres. 

IgnaviiS  ,  Cluf.  Exot,  pag,  f  r  o  ,  fig.  prrg.  f  i  fi, 
Uem.pag.  )^2,fg.  pag,  S7S'  ^^"^  féconde  figure, 
donnée  par  Clufius ,  efl  moins  mauvaife  que  la 
première. 

Pigritîa  fve  Haut.  Euf.  Nieremberg,  ////?,  natp 
pag,  163  &.  1 64-^  Nora,  De  trois  figures  qu'S 
îSierembcrg  donne  de  cet  animal ,  il  n'y  en  a  aucune 
qui  foit  originale ,  la  première  efl  copiée  de  Gefner;? 
les  deux  autres  font  copiées  de  Clufius ,  &  toutes 
trois  font  mauvaifes:  cependant  la  troifième,  qui  efl 
la  féconde  de  Clufius ,  s'éloigne  un  peu  moins  de  la 
nature  que  les  deux  premières»  &  elle  a  été  répétée 
non-(eulemcnt  par  ^lieremberg,  mais  par  beaucoup» 
d'autres. 

Unau.  Dcfcription  des  Indes  occidentales ,  ptvt  de 
Laët  t  pages  J S^  ^  diS,  fig,  ibid.  Ces  figures  de 
de  Laët  font  les  mûmes  que  celles  de  Clufius. 

Jome  XL 


^^Sffiim 


74         ^  Hijloire  Naturelle      > 

jiYons  cru  devoir  leur  conferver  \t% 
noms  qu'ils  portent  dans  leur  pays  natal, 
d'abord  pour  ne  les  pas  confondre  avec 
d'autres  animaux  prelque  auffi  pareffeux 

Ai  five  Jgnavus..  Marcgr.  Htfi,  ttdt,  Urafih  pag.  221, 
fig.  ibid.  "Nota,  Cictte  figure  eft  encore  la  même  que 
fa  troifième  de  Nierembcrg ,  c'eft-à-dirc,  la  (êconda 
de  Clufius.      !  .  K 

Ai  fivc  Ignnvus,  Pifon  »  Hi(l.  Braf.  pag-  3  2  t  & 
J  22.  La  f/gurc ,  p/igc  }22  ,  efl  encore  la  même  que 
celle  de  Clufius  ;  mais  il  y  z  de  plus  la  figure  d'un, 
petit  Ai  rampant  &  le  rquclettc  d'un  grand  Ai.  On 
voit  aufTi  au  frontirpice  de  (on  Livre  une  figure  dç 
cet  animai ,  grimpant  fur  un  arbre. 

Ai  feu  Tardigraihs ,  graàlis  ,  Americûtius^  Seba  i 
vol.  I,  pag,  /^  ,  Tuè,  jj  ,  fg,  2,  Celte  figure  eft 
afitz  bonne.  .  ' 

Ignavus,  Marcgr.  Oua.Tka.Ye ^  le  Parefl!eux.  lîarrère; 
Hifh  nat,  de  la  France  équin,  pag,  1 S4* 

Ignavus  Amricanus  rifum  fétu  mifcetts,  Jgnavu$ 
Marcgravii   Klein,  de  quadrirp.  pag.  4.3. 

Tardigradus  pedihus  anticis  &  pfiicis  tridaâylis» 
Tardigradus  ,   le    Pareffeux.    BrifTon  ,    Regrt,    0iim» 

t^^-  34"  #- 

The  Sloth,  le  Pareffeux.  Edwards  Glanurcs,  part,  Ih 
pi.  ^  t  o,  La  première  figure  n'cft  pas  mauvaife, 
«juoiquc  faite  d'après  une  peau  bourrée. 

Tridx'iylis.  Bradyjtus  manilnis  trida^jHs,  caadû  hem 
V-nn,  J^^.  r.iU,  e'it.  X,  pag.  ^4.  ,     ^ 


srver  les 
lys  natal, 
idre  avec 
parcfleux 

/.  pag.  2  2  1» 
i  même  que 
,  ia  féconde 

ag.  J2I  f 
a  même  que 
figure  d'un 
and  Ai,  On 
ne  figure  dç 

:df7/«^^  Seba; 
Lte  figure  eft 

ax.  Barrère; 

rcw,    Ignavui 

AT  trUaâyHs» 
Regn,    mm» 

ures,  ^w/.  //* 
as  mauvaifej, 

,  couda  Item 


JeVUnauà'  dcVAi.         75 

cjuVux  ,  &  encore  pour  les  dîftinguer 
iicttement  i'un  de  I*autre:  car,  quoiqu'ils 
fc  reflèmblent  à  plufieurs  égards,  ils  dif- 
fèrent néanmoins  tant  à  l'extérieur  qu'4 
l'intérieur,  par  des  caradèrcs  fi  marqués, 
qu'il  n'eft  pas  poffible  ,  iorfqu'on  les  a 
examinés ,  de  les  prendre  l'un  pour  l'autre , 
ni  même  de  douter  qu'ils  ne  foicnt  de  deux 
efpèces  très-éloignées.  L'Unau  n'a  point 
de  queue  &  n'a  que  deux  ongles  aux 
pieds  de  devant  ;  l'Aï  porte  une  queue 
courte  &  trois  ongles  à  tous  les  pieds. 
L'unau  a  le  mufèau  plus  long ,  le  ^ont 
plus  élevé ,  les  oreilles  plus  apparentes 
que  l'aï;  il  a  auffi  le  poil  tout  différent: 
à  l'intérieur ,  fes  vifcères  font  autrement 
fitués  &  conformés  différemment  dans 
quelques-unes  de  leurs  panies  ;  mais  le 
caraiflère  le  plus  diftindif ,  &  en  même 
temps  le  plus  linguiier,  c'eft  que  l'unau 
a  quarante-fix  côtes ,  tandis  que  l'aï  n'en 
a  que  vingt-huit  :  cela  (èul  fuppole  deux 
efpèces  très-éloignées  l'une  de  l'autre  ;  & 
ce  nombre  de  quarante-fix  côtes  dans  un 
animal  dont  le  corps  efl:  fi  court,  eff  une 
efpèce  d'excès  ou  d'erreur  de  ia  Nature  ; 
car  de  tous  les  animaux,  même  des  plut. 

Dif 


y  6  Hijloire  Naturelle 

grands ,  &  de  ceux  dont  le  corps  eft  le 
jjIus  long  ,  relativement  à  leur  grofîeur, 
aucun  n'a  tant  de  chevrons  à  (Ii  char- 
pente. L'éléphant  n'a  que  quarante  cotes, 
Je  cheval  trente-fix ,  le  blaireau  trente,  le 
thieii  vingt-fix ,  l'homme  vingt-quatre , 
^c.  Celte  différence  dans  la  conflrudioii 
de  l'unau  &:  de  l'aï ,  ruppofe  plus  de 
/Jillan ce  entre  ces  deux  efpèces  qu'il  n'y 
^n  a  entre  celle  du  chien  &  du  that  qui 
ont  le  même  nombre  de  côtes  ;  car  4es 
différences  .extérieures  ne  le  it  rien  en 
çomparaiibn  des  différences  intérieures  ; 
celles-ci  font ,  pour  ainfi  dire ,  les  caulès 
des  autres  qui  n'en  font  que  les  effets. 
L'intérieur  dans  les  êtres  divans  cft  le 
fond  du  deffein  de  la  Nature ,  c'efl  la 
forme  conllituante ,  c'eil  la  vraie  figure  ; 
l'extérieur  n'en  efl  que  h  furfacc  ou 
même  la  draperie;  car,  combien  n'avons- 
uous  pas  vu,  dans  l'examen  comparé  que 
nous  avons  fait  dts  animaux  ,  que  cet 
.extérieur  fouvent  très^difîérent ,  recouvre 
un  intérieur  parfaitement  femblabie  ;  & 
qu'au  contraire  la  moindre  différence  in- 
térieure en  produit  de  très  -  grandes  a 
l'extérieur  <5c  cha^ige  même  Icb  hrJjitude* 


::s   à 


5t 
fi 


'r}eWnaù&  de  F  Aï         '^y, 

mtiireHes  ,   les   facultés ,   les   aitribirts   cf«' 
J'animai  î   com}3ien  n'y  en  a-t-ii  pas  qiif 
font  armés ,   couverts  ,  ornés   de  parties 
excédantes,  &  qiii  cependant  pour  l'or-»» 
ganifation  intérieure,  refTemblent  en  en-^ 
tier  à  d'autres  qui  en  font  déjiuésî  Mais 
ce  n'eft  point  ici  le  lieu  de  nous  éiendrô 
iur  ce  fujet,  qui,  pour  être  bien  traité > 
fuppofe  non-feulement  une  comparaifoii 
réfléchie ,  mais   un  développement  fuivi 
de  toutes  les  parties   des  êtres  organi fés^ 
Nous  dirons  i'eulement ,  pour  revenir  à 
nos  deux  animaux,  qu'autant  la  Nature 
nous  a  paru  vive ,  agifîànte  ,  exaltée  dans 
les  fmges,  autant  elle  efl  lente,  contrainte 
&  reflerrée  dans  ces  pareifeux  ;    &  c'eft 
moins  parefTe  que  misère,  c'eft  défaut,- 
c'efl  dénuement,  c'eft  vice  dans  la  con- 
formation ;  point   de    dents   incifivcs  nr 
canines,  les  yeux   obfcurs  &   couverts, 
^a   mâchoire  auffi    lourde    qu'épaifle ,  le 
poil  plat  &  femblable  à  de  l'herbe  féchée,. 
les  cuiffes  mal  emboîtées  &  prefque  hors 
des   hanches ,  les   jambes    trop    courtes ,. 
mal  tournées  ,  &  encore  plus  mal  termi- 
nées ;    point    d'aiïiette    de    pied  ,    point 
de  pouces ,  point  de  doigts  féparement' 

D  il). 


y  s        .    Nifloire  Naturelle      ' 

mobiles  ;  mais  deux  ou  trois  c  igîcs  ex- 
ccfli veinent  longs,  recourbés  en  defîbus, 
«|ui  ne  peuvent  ie  mouvoir  qu'cnfemble 
  nuilent  plus  ^  marcher  qu'ils  ne  fervent 
îi  grimper  ;  la  lenteur ,  la  ftupidité  ,  l'a- 
bandon de  Ton  être ,  &  m«me  la  douleur 
èiabituelle,  réfultans  de  cette  conformation 
bizarre  &  néglige'e  ;  point  d'armes  pour 
attaquer  ou  fe  défendre  j  nul  moyen  de 
iécurité ,  pas  même  en  grattant  la  terre  ; 
nulle  refîource  de  falut  dnns  la  fuite  : 
confinés ,  je  ne  dis  pas  au  pays ,  mais  à 
la  motte  de  terre ,  à  l'arbre  fous  lequel 
ils  font  nés  ;  prifonniers  au  milieu  de 
î'efpaçe  ;  ne  pouvant  parcourir  qu'une 
'loife  en  une  heure  fxj;  grimpant  avec 

fc)  Fer'^0  Hgefo,  five  caftkufa  agi  fis ,  animai  eji 
'mnniuHi  qua  vulerim  îgmvijfimum  ;  nam  atUo  lente  mcvC' 
tuf ,  ut  ad  confidethium  iter  longum  dumtaxat  qulnqua- 

glnta  fXJJjus ,  tntegro  tUe  IIH  omis  fit /« 

déles  tranjlmum  naturah  Jim  tarditate  vim'ettir ,  nec  a 
4:lamati(ine  ufla  tint  imjtuijione  gmdvm  acccUrat,  Ovicdo 
in  fummarb  Ind.  occid.  cap.  x  X  1  I  I,  traduit  de 
îEfpagnol  en  Latin  par  Clufius ,  Exotic.  lib.  V , 
•cap.  XVl.  Tmtd  ejl  ejus  tarditas  ut  un/us  dlei  fjmtiê 
vlx  qvwffuagma  J^fus  yeriranfire  yoffit.  Hcmancî. 
JRlJl,  !ex,  —  Lci  Portugais  ont  donné  le  nom  de 
JP/infe  à  un  animal  affez  cxtraordinaiw ,  il  cft  de  la 
|;randcur  du  Cerigou  /Sarigue ^ ,,,,.. ..  LcderrièM 


# 


de  rUiuiii  &  (le  l'Ai.        79 

pelire  ,  fe  traînant  avec  douleur  ,  une 
voix  plaintive  &  par  acccns  cntrccouj:)ts 
<ju'ils  n'odnt  élever  que  la  nuit  ;  tout 
annonce  leur  misère ,  tout  nous  raj^pellc 
ces  inonftres  par  défaut ,  ces  ébauches 
imparfaites  mille  fois  projettes,  exécutées 
par  la  Nature  ,  qui  ayant  à  peine  \a 
iâculté  d'exiiler,  n'ont  dû  llihfiîler  qu'un 
temps ,  &  ont  été  depuis  cfliii  -;»  de  la 
liUe  des  êtres  ;  &  en  eiTct ,  1 .  'es  terres 
qu'habitent  &  l'unau  &  l'aï  n  it  pas 


de  fa  tcfc  eft  couvert  d'une  groffe  crinière ,  &  fon 
vcnfrc  efl  fï  gros ,  qu'il  en  balaie  la  terre  ;  il  ae 
fe  lève  jamais  fur  pied  ,  &  fe  traîne  fi  Icnfemcnt , 
qi!c  dans  quinze  jours  à  peine  {^vjurroiî-il  (Iiire  ia 
valeur  <\\\n  jst  de  pierre.  Hifldre  <hs  b)rfe% ,  p,:r  Afjff/, 
trinit  de  Dipure .  pige  ji.  —  !.'uJiiina(,qi;c  les  Tuir 

iugais  ont  appelé  P.mfe,  fe  traîne fans  i:!a:ai$ 

fe  lever  debout  >  &  cfl  fi  tardif,  i\u\\  n'avajuc  en 
•deux  femaJMCs  pas  un  jet  de  pierre.  Dcfcr,  d<:>  ln^lts 
occitL  pttr  Henera»  Amft.  \6%z,  jug.  ^j 2,  — Tarn 
hnius  efl  il/ius  greffiis  &  nieinhorim  ir.oius  ut  qtiMtcifn 
ipjis  diclius  nd  Inpidis  iduin  cmuhmo  truilu  vix  pnvltai, 
Pifon  ,  Hifl»  Draf.  pag.  32».  Naut,  Cctic  affèriioii 
de  Pifon ,  coipruntcc  de  Maffé  &  de  fl  errera ,  cft 
très  -  exjcrcrée,  —  il  n'y  a  point  d  animai  plus  pa- 
refiTcux  que  celui-ci ,  H  ne  /but  point  de  lévriers  pour 
ïe  prendre  à  la  courfe ,  une  to'-tue  fullîroit.  Diptuir- 
chais,  tome  lïl,  page  joi»  NoTA.  Ceci  cil  enrôlée 
«xagéré,  — Il  leur  Êiut  huit  ou  neuf  minutes  pour 

D  iii; 


IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-S) 


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1.0 


l.l 


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12.2 


1.25    |u   II  1.6 

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6"     

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Photographie 

Sciences 
Corporation 


33  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  H580 

(716)  872-4503 


s     4^ 


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1^ 


io  I^ijîotre  Nature/le 

des  déferts  ;  fi  les  hommes  &  les  arfî- 
maux  pui0ans  s*y  fufîënt  anciennement 
multipliés ,  ces  efpèces  ne  feroient  paî 
parvenues  jufqu'à  nous ,  elles  enflent  été 
détruites  par  les  autres ,  comme  elles  le 
feront  un  jour.  Nous  avons  dit  qu'il 
feinble  que  tout  ce  qui  peut  être ,  efl  > 
ceci  paroît  en  être  un  indice  frappant  ; 
ces  pareflëiDt  font  le  dernier  terme  de  Te- 
xiftence  dans  l'ordre  des  animaux  qui  ont 
de  la  chair  &  du  (img,  une  défeduofitë 
de  plus  les  auroit  empêchés  de  fubfifter; 

avancer  an  pied  à  !a  diftitnce  êe  trois  pouces,  &  ili 
ne  les  remuciu  que  l'Un  apœs  l'autre  avec  ia  même 
lenteur;  les  coups  ne  fervent  de  rifen  po':r  leur  fàirei 
doubler  le  pas,  j'en  ai  feffé  moi-même  quelques-uns 
pour  voir  fi  cela  les  animeroit ,  mais  ils  paroiflbient 
ififennbies,  &  on  ne  fauroit  les  contraindre  à  marcber 
plus  vite.  Voyage  de  Dawpier ,  tome  111,  page  /<?/. 
•—  Le  pareffcux  ne  fait  pas  cinquante  pas  en  un  jour. 
Je  ChafTeur  qui  le  veut  prendre  peut  bien  aller  faire 
une  autre  ciiaffe ,  il  le  retrouvera  encore  en  fa  place , 
ou  il  ne  fera  pas  bien  éloigné.  Voyage  à  Cnytme  par 
Binet,   Paris,    i66^,  page   ^-^/.    -7-  Pey'ico  Jigero , 

Pierrot  coureur On  lui  donne  l'épithète  de 

Coureur  ^  parce  qu'il  lui  faut  une  grande  journée 
pour  faire  un  quart  de  licuc.  Hijleire  de  l'Orénoque  i 
far  Gumlla,  tome  JJ,  page  j  j,  NoTA.  Cet  Auteur- 
efl  le  feul  qui  i'ur  le  fait  de  la  lenteur  de.  ces  aniq;iau>i 
ine  paroiiTe  avoir  approché  de  la  vérité.  .    ; 


'ie  rUnau  &  de  l'Ai.        %t\ 

régarder  ces  ébauches  comme  des  êtres 
suiifi  ahfoius  que  les  autres;  admettre  àt^ 
oaufès  finales  pour  de  tels  diiparates  ;  & 
trouver  que  la  Nature  y  brille  autant  que 
dans  iès  beaux  ouvrages,  c*cft  ne  la  voir 
que  par  un  tube  étroit ,  &  prendre  pour 
Ton  but  les  fins  de  notre  elprit. 

Pourquoi  n'y  auroit-il  pas  des  eipèces 
d'animaux  créées  pour  la  misère,  puifque 
dans  Tclpèce  humaine  ,  le  plus  grand 
nombre  y  eil:  voué  dès  la  n^iflance  \ 
le  mal,  à  la  vérité,  vient  plus  de  nous 
que  de  la  Nature  ;  pour  un  malheureux 
qui  ne  Teft  que  parce  qu'il  eft  né  foibie,. 
impotent  ou  difforme  ,  que  de  millions 
d'hommes  le  font  par  la  feule  dtireté  dte 
leurs  (èmblables  î  Les  aniittaux  font  en 
général  plus  heureux  ,  l'efpèce  n'a  rien 
à  redouter  de  fes  individus  ;  le  mal  n'a 
pour  eux  qu'une  fouree  ;  il  en  a  deux 
pour  l'homme ,  celle  du  mal  moRil  qu'il 
a  lui  -  même  ouverte  ,  eft  un  torrent 
qui  s'cft  accru  comme  une  mer ,  dont 
le  débordement  couvre  &  afîDge  la  face 
entière  de  la  terre;  dans  le  ph  y  fi  que  au 
contraire ,  le  mal  eft  rc (Terré  dans  des 
bornes  eiroi.es,  il  va  rarement  feul  ,  le 


î  Hifloire  NdtuHik 

i)ien  cft  fouvcm  au-dcffus ,  ou  chi  moins 
cle  niveau  :  peut-on  douter  du  bonheur 
des  animaux ,  s*ils  (ont  libres ,  s^ils  ont  ia 
faculté  de  fe  procurer  aiféinent  leur  fub- 
fiftance  ,  &  s'ils  manquent  moins  tjue 
iious  de  la  (ànté ,  des  (èns  &  des  organes 
nécefTaires  ou  relatifs  au  piaifir  !  or  \t 
comn^in  des  animaux  eft  à  tous  ces 
•égards  très  -  richement  doué;  &  les  ef- 
.pèces  difgraciées  de  Tunau  &  de  l'aï, 
font  peut-être  ies  fèuîes  que  Ja  Nature 
iait  maltraitées ,  les  feules  qui  nous  offrent 
rimage  de  la  misère  innée.  ' 

Voyons  -  là  de  plus  près  ;  faute  de 
•«ïcnts,  ces  pauvres  animaux  ne  peuvent 
ni  fïifir  une  proie  ,  ni  fè  nourrir  de 
^chair  ,  ni  même  brouter  l'herbe  ;  réduits 
à  vivre  de  feuilles  &  de  fruits  (àuvages, 
ils  confument  du  temps  à  fc  traîner  au 
^ied  d'un  arbre ,  il  leur  en  faut  encore 
l3eaucoup  (d)  pour  grimper  |ufqu'aux 


jf^)  Aucuns  cftimam  cette  hht  vivre  feulement  Je 

■feuilles  d'un    certain  arbre  nommé  en  leur  langue 

Amàhttt!  cet  arbre  eft  ha'     "■'  élevé  fur  tout  tutrc  de 

■ce  pays,  fe  fouilles  fort        ie$  &  déliées.,  &  pour 

^Hïe  que  coûtumièremerjt  elle  efl  en  cet  arbre/  ils  l'ont 

e  lée  Hdut,   SiiiQuU  de  la  France  ont,  jmr  Theuet,, 


'derUtmu&  deVAï.         6; 

ï)ranchcs  ;  &  pendant  ce  lent  &  trifte 
«xercice,  qui  dure  quelquefois  plufieurs 
jmirs  ,  ils  (ont  obligés  de  fupportqj  !a 
faim  ,  &  peut  -  être  de  fouffrir  le  plus 
prefTant  belbiii  ;  arrivés  fur  leur  arbre, 
ils  n'en  defcendent  plus,  ils  s'accrochent 
41UX  branches ,  ils  le  dépouillent  par  par- 
ties ,  mangent  fuccefîivemcnt  les  feuilles 
Ag  chaque  rameau ,  pafl'ent  ainfi  plufieurs 
Semaines  làns  pouvoir  délayer  par  aucune 

fflge  loo»  —  L'animal  Tartjje  ne  vit  que  de  fcuilîcs 
d'arbres,  dont  les  plus  hautes  brandies  lui  fervent  de 

•retraite,  il  iiii  faut  deux  jours  pour  y  monter 

Les  encquragcmens ,  les  menaces  &  les  coups  mcme 
>nVmt  pas  ia  force  de  le  faire  aller  plus  \î{e.  Hijhire 
-Jts  Indes ,  yar  Maffe ,  juig.  yi.NoTA.  H errera  dit  la 
'tncme  chofe,  &  dans  les  mêmes  termes,  page  2  j2- 
—  Le  Sloth  ou  Parejfeux  nefl  pas  tout  à-fait  fi  p;ros 
<|ue  l'ours  mangeur  de  fournis  (  Tamanoir  ) ,  ni  fi 

iiérifïc Il  fe  nourrit  de  feuilles Ces  ani- 

•maux  font  beaucoup  de  mal  aux  arbres  qu'ils  attaquent, 

&  ils  font  fi  lents  à  fe  remuer  qu'après  avoir  mangé 

toutes  les  feuilles  d'un  arbre  ils  emploient  cinq  ou  fix 

jours  à  defcendrc  de  celui  là  &  à  monter  fur  un  autre» 

.quelque-proche  qu'il  foit,  &  i's  n'ont  que  l:i  pcau'*&  les 

sOs  avant  d'arriver  à  ce  iècond  gîte,  quoiqu'ils  fiifïè«t 

l^s  &  dodus  à  leur  defccntc  du  premier.  Ils  n'abïn- 

ilonnent  jamais  un  arbre  qu'ils  ne  l'aient  tout  mis  en 

"pièces ,  &  qu'ils  ne  l'aient  aurti  dépouillé  qu'il  pourrort 

l'être  au  cœur  de  l'hiver.  Voyage  de  Dampier,  tome  /II, 

■y'igt-' J^'S '  —""Il  monte  fur  les  arbres ,  naiis  .!.£ft,fi 


i  ! 


84  flifloîre  Naturelle  ' 

boifTon  cette  nourriture  aride  ;  &  lorf^ 
Qu'ils  ont  ruiné  leur  fonds,  &  que  i'ar- 
hx%  efl  entièrement  nu  ,  ils  y  redeut 
encore  retenus  par  i'impoOlbilité  d*en 
dei cendre  ;  enfin  ,  quand  le  befbin  fè 
jÀit  de  nouveau  fèntir  ,  qu'il  prefTe  & 
qu'il  devient  plus  vif  que  la  crainte  du 
danger  de  la  mort,  ne  pouvant  defcen*- 
dre ,  ils  iè  laifîènt  tomber  &  tombcm 
très  -  lourdement  comme  un  bloc  ,  une 
maffe  fans  reflbrt,  car  leurs  jambes  roides 

long- temps  à  y  momcr  qu'on  a  tout  le  foifir  de  \y 
prendre  :  quand  on  Ta  pris  ii  ne  fe  défend  point  &  ne 
fonge  point  à  prendre  fa  fuite  ;  fi  on  lui  préfente 
Une  longue  pwrche ,  il  fe  met  aufTi  -  tôt  en  poflure 
d  y  monter ,  ce  qu'il  fait  ii  lentement  que  cela  ed 
ennuyeux  ;  quand  il  efl  au  bout  ii  sj  tient  fans  fe 
mettre  en  peine  d'en  dcfcendre,  Vityage  tte  Cayenne 
for  Binet ,  page  /^/.  —  Les  unaus  ont  quatre 
•jambes ,  &  fi  ils  ne  s'en  fervent  point ,  fî  ce  n'eft 
■  pour  grimper ,  &  quand  ils  font  fur  un  arbre ,  '\\s 
ne  s'en  retirent  aucunement  julqu'à  ce  qu'ils  aient 
mangé  toutes  les  feuilles ,  lors  il  defcend  &  fe  met 
à  manger  de  la  terre  tant  qu'il  remonte  à  un  autre 
arbre  pour  y  manger  les  feuilies  comme  au  prccédenr. 
A—  Nous  plaçâmes  cet. animal  fur  la  plus  baffe  voile 
de  milêne,  il  fut  près  de  deux  lieures  à  monter  fuc 
]a  hune,  où  un  iînge  auroit  grimpé  en  moins  d'une 
demi-minute,  vous  auriez  dit  qu'il  alloit  par  refTbct 
comme  une   pendule,    V»yage  de   Woodcs  Rogm-i^ 


le  parefleufes  n*ont  pas  le  temps  de  s*é^ 
tendre  pour  rompre  le  coup» 

À  terre ,  ils  font  livrés  à  tous  leurs 
ennemis  :  comme  leur  chair  n'ed  pas 
ablbiument  mauvaifè,  les  hommes  &  les 
animaux  de  proie  les  cherchent  &  ie$ 
tuent  ;  il  paroît  qu'ils  multiplient  peu ,  ou 
du  moins,  que  s'ils  produifent  fréquem^ 
ment',  ce  n'eft  c[tren  petit  nombre  ;  car 
ifs  n'ont  que  deux  mamelles  :  tout  con* 
court  donc  à  les  détruire,  &  il  eft  bien 
difficile  que  refpèce  fe  maintienne  ;  il  eft 
vrai  que  quoiqu'ils  foicnt  lents,  gauches 
&  prefqu'inhabiles  au  mouvement  ,  ili 
font  durs  ,  forts  de  corps  &  vivaces  ; 
qu'ils  peuvent  fiipporter  long^ temps  Ll 
privation  /^^  y  de  toute  nourriture  ;  que 
couverts  d*un  poil  épais  &  fcc  ,  &  ne  ' 
pouvant  faire  d'exercice,  ils  difllpent  peu 
&  engraifî'ent  par  le  repos,  quelque  mai- 
gres que  foient  leurs  alimens  ;  &  que  ' 
quoiqu'ils  n'aient  ni  bois ,  ni  corties  fur 

/êj  II  me  fût  fait  péfênt  d'un  haut  en  vie,  iequel' 
je  gardai  bien  l'efpace  de  vingt  -  fix  jours ,  pendant 
Jèfc|uel.s  jamais  il  ne  voulut  manger  ni  boire.  Singuti- 
^U  fraice  m*  i>ar  Tbevtty  fcgt  ^jp» 


JR6  Hiftolre  Naturêle 

la  tête ,  ni  fabots  aux  pieds ,  ni  dente 
lincifives  à  la  mâchoire  mferièure;  ils  font 
•cependant  du  nombre  des  animaux  ru- 
minans  ,  j&  ont  comme  eux  piufieur^ 
«flomacs;  que  par  conféquent  ils  peu- 
vent compenler  ce  qui  manque  à  la 
qualité  de  la  nourriture  par  la  quantité 
qu'ils  en  prennent  à  la  fois  ;  &  ce  qiti 
efl  encore  extrêmement  finguiier  ,  c'eft 
qu'au  lieu  d'avoir,  comme  les  ruminans^ 
des  imeflins  très-longs,  ils  \ç,s  ont  très- 
ipetits  &  plus  courts  que  les  animaux 
carnivores.  L'ambiguité  de  la  Nature  pa- 
'jïoït  à  découvert  par  ce  contralle;  l'iuiau 
&  Va  font  certainement  des  animaux 
>ruminans ,  ils  ont  quatre  eflomncs ,  <Sc 
•en  même  temps  ils  manquent  de  tous 
les  caraélèi^s ,  tant  extérieurs  qu'intérieurs 
'qui  appartiennent  généralement  à  tous 
iês  autres  animaux  ruminans:  encore  une 
autre  ambiguïté,  c'eft  qu'au  lieu  de  deux 
^ouvertures  au  dehors,  l'une  pour  l'urine 
.&  l'autre  pour  les  excrémens  ,  au  lieu 
d'un  orifice  extérieur  &  diftiru^  pour  les 
panîes  de  la  génération ,  ces  animaux  n'en 
ont  qu'un  ièul,  du  fond  duquel  «Il  im 


'^e  rUnau  êr  de.]' Ai.        8/ 

^goût  commun ,  un  cloaque  comme  dans 
les  oiiêaux;  mais  je  ne  finirois  pas  fi  je 
Toulois  fn'dtenclre  fur  toutes  tes  fingu- 
Jarités  que  préfente  ia  conformation  de 
ces  animaux  :  on  pourra  les  voir  en  détaîi 
dans  l'excdJente  defcription  qu'en  a  faite 
M.  Daubenton  (f). 

Au  lede ,  fi  la  misère  qui  r^ fuite  du 
xlé^ut  de  (èntiment  n^efl  pas  la  plus 
igrandc  de  toutes,  celle  de  ces  animaux ^ 
quoique  très-apparente ,  pourroit  ne  pas 
^tre  réelle  ;  car  ils  paroidient  très-mal  on 
très -peu  (entir  :  leur  air  morne  ,  leur 
regard  pelant,  leur  Téfiftance  indolente 
aux  coups  qu'Us  reçoivent  (ans  s'émou- 
voir, annoncent  leur  infenfibilité  ;  &  ce 
•qui  la  démontre,  c'eft  qu'en  les  fou- 
mettant  au  fcalpel ,  en  leur  arrachant  le 
cœur  &  les  vifcères  ils  ne  meurent  pag 
à  l'inftant  ;    Piftjn  fg)  qui  a  fait  cette 

(f)  Voyez  le  Mw^  XXVI  deréctitionentrente-ttA 
volumes. 

(g)  Seaii  fcmefiam   vham . , ,  ^ ., ,  halentem  in  ft 

^aium  omnilms  modis  perfeâbm  €um  pi'is,  unguîhus  h" 

■t/enti/ms  amnioni  more  caterorum  anmalium  inclufum.  C»r 

viotvm  fuîim  vnli/iiftme  retine6at  vvflquam  exempt um  erut 

ècorporc  per  femi  horhtm  ;  flaanta  uttrina  conflu 


«#  HJlffoke  Naturelle- 

dure  expérience ,  dit  que  le  cœur  fôpar^ 
du  corps  battoit  encore  vivement  pen- 
dant une  demi  -  heure ,  &  que  l'animal 
remuoit  toujours  les  jambes  comme  s'il 
n'eût  été  qu'aflbupi;  par  ces  rapports,  ce 
quadrupède  ie  rapproche  non-leuiement 
de  ia  tortue,  dont  il  a  déjà  la  lenteur, 
m^iis  encore  des  autres  reptiles  &  de  tous 
ceux  qui  n'ont  pas  un  centre  de  (èntiment 
unique  &  bien  diflind;  Or  tous  ces  êtres 
font  iniferabies  fans  être  malheureux  ;  & 
dans  (é%  produAions  les  plus  négligées, 
là  Nature  paroit  toujours  plus  en  mère 
qu'en  marâtre. 

Ces  deux  animaux  appartiennent  éga- 
ièinent  Tun  6c  l'autre  aux  terres  méri- 
dionales dti  nouveau  continent,  &  ne  (e 
trouvent  nulle  part  dans  l'^mcien.   Nous 

mahîs  particulis  cnmeis  hjfar  fuhflam'ia'renum,  ruhlcun* 
i/ts  magnîtwiinh  varia: ,  inflnr  jnhanun ,  in  illas  amfm 
f articulas  cameas  (  tcnuihus  membranulis  comexas  )  ptr 
muhar  ramulos  vafa  uhiMlicalin  injlnr  fmrs  conturta , 
inferta  eraitr.  Cor  feineHa  duai  hnbéat  ir.jigHts  am- 
culas  cavar.  ETcen'jm  corik  catetijqne  viÇarihus  ,  mut- 
topofi  fe  movi'bdt  iT  pedes  lente  amirnhthat  fient  e/fiT" 
wituriens  folet.  MammiUas  duns  cum  iBtidem  pavillis  M 
peâore  fenulla  &  faïus  gerebant»   Vi(on,. HijL   Bm/, 


;.  t 


'de  rUnati  êr  de  rAl         iy 

*vons  déjà  dit  (h)  que  i*Éditeur  du  Ca- 
binet de  Séba  s'étoit  trompé ,  en  donnant 
à  i'unau  le  nom  de  Parejfeux  de  Ceylan; 
cette  erreur  adoptée  par  M."  Klein , 
Linnœus  &  Briflon  ,  «ft  encore  plus  évi- 
dente aujourd'hui  qu'elle  ne  l'étoit  alors; 
M.  le  marquis  de  Montmiraii  a  un  unau 
vivant  qui  lui  efl  venu  de  Surinam  ;  ceux 
que  nous  avons  au  Cabinet  du  Roi 
viennent  du  même  endroit  &  de  la  Guiane, 
&  je  fuis  perfuadé  qu'on  trouve  i'unau, 
auffi-bien  que  i'aï,  dans  toute  i'étendue 
des  défcrts  de  l'Amérique  ,  depuis  le 
Brefii  (ï)  au  Mexique;  mais  que,  comme 
il  n'a  jamais  fréquemé  les  terres  du  nord, 
il  n'a  pu  paiïer  d'un  continent  à  l'autre  ;. 
&  il  l'on  a  vu  quelques  -  uns  de  ces 
animaux ,  foit  aux  Indes  orientales ,  foit 
aux  côtes  de. l'Afrique,  il  eft  fur  qu'ils 
y  avoient  été  iranfportés.  Ils  ne  peuvent 
fupporter  le  froid;  ils  craignent  aufli  b 


(h)  Voyez  dan»  îe  Tome  VIll  die  cet  Ouvrage; 
-page  22^  ,  les  diicours  fur  les  Animaux  des  deux 
Continem. 

(i)  L'aï,  décrit  &  grav^  par  M.  Exïwards,  venoit 
du  pays  de  Honduras.  D.  Antonio  de  Ultoa  dit  quon-< 
fn  trouve  aux  environs  de  Porto- belloi 


po  Hiflotre  Nattirellê 

pluie:  les  alternatives  de  l'humidité  &  de 
in  sècherefTe  altèrent  leur  fourrure ,  qui 
redèmbie  plus  à  du  chanvre  mal  ferancé, 
qu'à  de  la  iaine  ou  du  poil. 

Je  ne  puis  mieux  terminer  cei  article 
t{ue  pair  des  obfervations  qui  m'ont  été 
communiquées  par  M.  le  marquis  de 
Montmirail,  fur  un  unau  qu'on  nourrit 
depuis  trois  ans  dans  fa  ménagerie.  <c  Le 
M  poil  de  l'unau  eH  beaucoup  plus  doux 
ao  que  celui  de  l'aï .  .  .  .  il  ell  à  préfumey 
5?  que  tout  ce  que  les  Voyageurs  ont  djt 
»  fur  la  lenteur  excedive  des  parefTeuX 
»>  ne  fe  rapporte  qu'à  raï.  LVnau ,  quoi* 
3>  que  très  -  pefant  &  d'une  alure  très- 
B>  mal -adroite ,  monteroit  &  defcendroit 
à»  piufieurs  fois  en  un  jour  de  l'arbre 
9»  le  plus  élevé.  C'«fl  iiir  k  déclin  du 
»  jour  &  dons  ia  nuit  qu'il  paroît  s^a^ii- 
3»  mer  davantage ,  ce  qui  pourroit  jRûre 
>3  foupçonner  qu'il  voit  très-mal  le  jour, 
.a>  &  que  fà  vue  ne  peut  lui  (crvir  que 
3»  dans  i'obrcurité.  Quand  j'achetai  cet 
»  animal  à  Amflerdam ,  on  le  nourrinfoit 
9»  avec  du  bifcuit  de  mer ,  Sa  l'on  me 
3>  dit  que  dans  le  temps  de  la  verdure  11 
d»  ne  Mdt  le  nourrir  qu*»V€ç  des  ftuiUes» 


.\ 


^c  VUimn  &  de  l'Ai*        p  Ii 

<Mi  n  cïïiiic  en  eflfct  de  lui  en  donner,  c< 
il  en  mangeoit  volontiers  quand  elles  « 
eioicni  encore  tendres ,  mais  du  moment  «c 
où  elles  commençoient  à  fe  deiïecher  «c 
&  h  être  piquées  des  vers,  il  les  rejctoit.  « 
Depuis  trois  ans  que  je  le  confcrvc  « 
vivant  dans  ma  ménagerie ,  fa  nourriture  ce 
ordinaire  a  été  du  pain ,  quelquefois  des  « 
pommes  &  des  racines ,  &  fa  boifîbn  « 
du  lait:  il  faifit  toujours,  quoiqu'avcc  ce 
peine,  dans  une  de  (es  pattes  de  devant,  « 
ce  qu'il  veut  manger ,  &  la  grofl'eur  ce 
du  morceau  augmente  la  difficulté  qu'il  c< 
a  de  le  iâifir  avec  fès  deux  ongles.  Il  «c 
crie  rarement ,  fon  cri  efl  bref  &  ne  fè  c< 
répète  jamais  deux  fois  dans  le  même  «c 
temps  :  ce  cri  ,  quoique  plaintif  ne  ce 
fefîcjiibïe  pcMnt  à  celui  de  IVi ,  s'il  cft  ce 
vrai  que  ce  fbn  a'i  Toit  celui  de  fà  c< 
voix.  La  fituation  la  plus  naturelle  de  « 
l'unau,  &  qu'il  paroît  préférer  à  toutes  ce 
les  autres ,  eft  de  iè  fufpendre  à  une  ce 
branche ,  le  corps  renverfè  en  bas  ;  ce 
quelquefois  même  il  dort  dans  cette  ce 
pofition ,  les  quatre  pattes  accrochées  ce 
fur  un  même  point  ;  fon  .corps  décri-  ce 
yant  un  arc  :  la  force  de  fes  mufcies  « 


^1 


T^ 


IV-  It 


52  ^    Hifloke  Naturelle,  &€, 

35  eft  incroyable,  maiis  elle  lui  devîejit 
33  inutile  lorfqu'il  marche ,  car  fon  aiure 
35  n'en  eft  ni  moins  contrainte  ni  moins 
y>  vacillante  :   cette  conformation  feule  niç 

53  paroît  être  une  eaufe  de  la  pareffe  de 
•»  cet  animal  ,  qui  n*a  d'aiileurs  aucua 
>3»  appétit  violent,  &  ne  reconnoît  poim 
ceux  qui  le  fbignent.  » 


■%■ 


■V 


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iftt- 1.. . 


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t     '    V^   .l«^  !•*    -A^- 


Tûnt^-  XI » 


Pl.S.Pa4^.  ^z. 


ui  devient 
•  Ion  alure 
E  ni  moins 
w  feule  niç 
parefTe  de 
turs  aucuia 
noit  poiiu 


V 


X/UNAU. 


*.  ..ff-  .  i   ■'!' 


.'T:^ 


XtVft^-  JL£' 


Pt.  û.ra,/.4;a 


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JEUNES   Aïs 


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*   h. 


'  ••  '-^'-'  ■^••Y-'.i 


i/aI     ADIFLTE. 


G 

fous 

Surin 

l'Am< 

fiourr 

M.  d 

de  foi 

notre 

penda 

ks  rer 

tudes 

très  -  V 

quefoi 

avec  U 

h  tête 

cojnm4 

attitude 

mettre 

Il  n'ef] 

icinble 

Mang< 

ctofFc , 


'P3 


MMBMp 


L£  SURIKATE. 


C 


ET  animîd  a  é\é  acheté  en  HoHande, 
fous  le  nom  de  Surikate;  il  (è  trouve  à 
Surinam  &  dans  ies  autres  provinces  de 
l'Amérique  méridionaJe  :  ^lous  l'avons 
nourri  pendant  -quelque  temps ,  &  enfuite 
M.  de  Sève,  qui  a  defîiné  a|rec  autant 
de  foin  que  d'întelfigence  les  animaux  6c 
notre  ouvrage,  ayant  gardé  celui-ci  vivant 
pendant  pluiieurs  mois ,  m'a  communique 
les  remarques  qu'^l  a  faites  fur  fes  habi- 
tudes naturelles.  C'eft  un  joli  animal , 
très -vif  &  très  ^adroit,  marchant  quel- 
quefois defcout  ,  (è  tenant  fouvent  affis 
avec  le  corps  très-droit,  les  bras  pendans, 
la  tête  haute  &  mouvaiate  fur  le  cou 
comme  fur  un  pivot  ;  il  prenoit  cette 
attitude  toutes  les  fois  qu'il  vouloit  (e 
mettre  auprès  du  feu  pour  fe  chauffer. 
Il  n'eft  pas  fi  grand  qu'un  lapin,  &  ref- 
jèmble  afTez  par  la  taille  &  par  le  poil  à  la 
Mangoufle,  il  eft  feulement  un  peu  plus 
ctofFé ,  &  a  la  queue  moins  longue  ;  niais 


p4  Htflolre  Naturelle 

par  le  mufeau  dont  la  partie  fiipéneure  cfl 
proéminente  &  relevée ,  il  approche  plus 
du  Coati  que  d'aucun  autre  animal.  Il  a 
aufîi  un  caradère  prefqu 'unique ,  puifqu'il 
n'appartient  qu'à  lui  &  à  l'Hyaene;  ces 
deux  animaux  font  les  feuls  qui  aient  éga- 
lement quatre  doigts  à  tous  les  pieds. 

Nous  avions  nourri  ce  furilcate  d'abord 
avec  du  lait  ,jiparce  qu'il  étoit  fort  jeune; 
mais  (on  ,goût  pour  la  chair  le  déclara 
bientôt;  il  mangeoit  avec  avidité  la  viande 
crue ,  &  fur  -  tout  la  chair  de  poulet  ;  il 
cherchoit  aufli  à  furprendre  les  jeumcs 
animaux  :  un  petit  lapin  qu'on  élevoit  dans 
la  même  mailbn  feroit  devenu  la  proie  fi 
on  l'eût  lai0e  faire.  Il  aimoit  auffi  beau- 
coup le  poilTon  &  encore  plus  les  œufs; 
on  l'a  vu  tirer  avec  fes  deux  pattes 
ye'unies  des  œuft  qu'on  venoit  de  mettre 
dans  l'eau  pour  cuire  :  il  refulbit  les  fruits 
&  même  le  pain  à  moins  cju'on  ne  l'eût 
mâché  ;  fes  pattes  de  devant  lui  lervoient 
comme  à  l'écureuil  pour  porter  à  là  gueule. 
Il  lapoit  en  buvant  comme  un  chien,  & 
ne  buvoit  point  d'eau ,  à  moins  qu'elle  ne 
fût  tiède  :  (à  boiffop  ordinaire  étoit  Ton 
urine,  quoiqu'elle  eût  une  odeur  très-forte» 


jérieure  cfl 

roche  plus 

iiknnl.  Il  a 

! ,  puifqu'il 

yœne  ;  ces 

aient  ega- 

pieds. 

«e  d'abord 

fort  jeune; 

fe  déclara 

é  ia  viande 

poulet;  il 

les  jeivics 

Icvoit  dans 

fa  proie  fi 

Luffi  beau- 

i  les  œufs; 

ux    pattes 

de  mettre 

it  les  fruits 

n  ne  l'eût 

fervoient 

fa  gueidc. 

chien,  & 

qu'elle  ne 

étoit  Ton 

très-forte. 


7l*m-  XI 


Pt.8  Puif^S 


iî  }ou 

ceiiim 
cnfaiii 
que  1 
pris 


x>..  ,\ 


ILE    SITRIKATE. 


t        . 


du  Smkatél 


93 


\i  jouoît  avec  ics  chats ,  &  toujours  inno- 
cemment;   ii   ne    faifoit  aucun  mai  aux 
cnfans ,  A  ne  mordoh  qui  que  ce  foit 
que  le  maître   de  ia   maifon   qu'il  avoit 
pris  en  averfion.  11  ne  (e  fervoit  pas  de 
fcs  dents  pour  ronger,  mais  il  exerçoit 
fouvent  (es  ongles  ôc  grattoit  k  plâtre  & 
les  carreaux  juiqu'à  ce  qu'il  les  eût  de- 
gradés  ;  a  étoit  fi   bien  apprivoifé  qu'il 
ciitendoit  (on  nom  ;  il  ailoit  ièul  par  toute 
ia  maifon  &  revenoit  dès  qu'on  l'appeloit. 
Il  avoit  deux  fortes  de  voix ,  i'aboienient 
d'un    jeune    chien    lorfqu'il    s'ennuyoit 
d'cire  feu!  ou  qu'il  entendoit  des  bruits 
extraordinaires;  &   au   contraire  lorfqu'ii 
ëtoit  excité    par    des   carefîes  ,  ou  qu'il 
reiTentoit  quelque  mouvement  de  plaifir» 
il  faifoit  un  bruit  auffi  vif  &  auffi  frappé 
que  celui  d'une  petite  crcfîèHe  tournée 
rapidement.  Cet  animal  étoit  femelle ,  & 
paroiflîbit  fouvent  être  en  chaleur  quoique 
dans  un  climat  trop  froid ,  &  qu'il  n'a  pa 
fupporter  que  pendant  un  hiver ,  quelque 
foin  que  l'on  ait  pris  pour  le  nourrir  ôl  le 
chaufrer. 


•   i      ^  «.**,;•  ^  • 


.J 


■^S  Hifioin  Natiinlle 

LE  TARSIER. 

INous  avons  eu  cet  aniinol  par  hafàrd 
&  d'une  perfonne  qui  n'a  pu  nous  dire 
ni  d'où  il  venoit,  ni  comment  on  l'appe- 
loit  :  cependant  il    eft  très  -  remarquajjle 
par  ia  longueur  exceffive  de  Tes  jambes 
de  derrière  ;  les  os  des  pieds  ,  &  fur-tout 
ceux  qui  compofent  la  partie  fupérieure 
du  tarie  font  d'une  grandeur  démefui^-e, 
&  c'eft  de  ce  car«adère  très-apparent  que 
nous  avons  tiré   fon   nom.    Le  Tarfier 
n'cft  cependant  pas  le  feul  animal  dont 
les  jambes  de  derrière  foient  ainfi  con- 
formées ;  la  Gerboife  a  le  tarfè  encore 
plus  long,  îfinfi   ce    nom   Tarfier  que 
nous  donnons  aujourd'hui  à  cet  animal 
ne   doit    être    pris   que   pour    un   nom 
précaire  qu'il  faudra  changer  lorfqu/on 
connoîtra  fon  vrai  nom  ,  c'eft-À-dire ,  le 
nom  qu'il  porte  dans  le  pays  qu'il  habite. 
La   gerboifo  fe  trouve  en  Egypte  ,  en 
Barbarie    &    aux    Indes    orientales  :  j'ai 
d'abord  imaginé  que    le  tarfier  pouvoit 

être 


ifu  Tarfter,  57 

être  du  inêmc  continent  &  du  1  né  nie 
climat ,  parce  qu'au  premier  coup  d'œil 
il  paroît  lui  reflembler  beauc  np  *  ;  cei 
deux  animaux  font  de  la  même  grandeur, 
tous  deux  ne  font  pas  plus  gros  qu'mi 
rat  de  moyenne  groiîèur,  tous  deux  ont 
les  jambes  de  derrière  excefiivement  lon- 
gues &  celles  de  devant  extrêmement 
courtes  ;  tous  deux  ont  la  queue  prodi- 
giculement  alongee  &  garnie  de  grandîs 
poils  à  fon  extrémité  ;  tous  deux  ont  de 
très  -  grands  yeux  ,  des  oreilles  droites , 
larges  &  ouvertes  ;  tous  deux  ont  égale- 
ment la  partie  inférieure  de  leurs  longues 
jambes  dénuée  de  poil ,  tandis  que  tout 
ie  refte  de  leur  corps  en  eft  couvert  : 
ces  animauTt  ayant  de  commun  ces  ca- 
raâères  très-fmguliers  &  qui  n'appartien- 
nent qu'à  eux  ,  il  femble  qu'on  dcvroit 
préfumer  qu'ils  font  d'efpèccs  voifmes  ott 
du  moins  d'efpèces  produites  par  le  même 
ciel  &  la  même  terre  ;   cependant  en  les 


*  Pour  avoir  une  idée  nette  de  îa  comparaifon  Je 
ces  deux  animaux ,  nous  prbns  ie  Ledleur  <îe  jeter 
les  yeux  fur- la  figure  de  la  Gerboife,  donnée  par 
M.  Edwards,  dans  Tes  Glanures,  jiage  t  8,  &  de  U 
comparer  à  celle  que  nous  dk^nnons  ici  du  TurHcr. 

Tome  XL  E 


u 


'98  Hîfioire  Naturelle 

comparant  par  d'autres  parties  ,  I*on  doit 
non  -  feulement  en  douter  ,  mais  même 
pré  fumer  ie  contraire,  Le  tarfier  a  cinq 
doigts  à  tous  les  pieds  ;  il  a ,  pour  ainh 
dire,  quatre  maii;is  ,  car  ces  cinq  doigts 
font  très-iongs  &  bien  féparës  ;  ie  pouce 
des  pieds  de  derrière  eft  terminé  par  un 
ongle  plat  ,  &  quoique  les  ongles  àt% 
liutres  doigts  (oient  pointus,  ils  ïbnt  en 
rnême  temps  fi  courts  &  Çt  petits  qu'ils 
n'empêchent  pas  que  Tanimai  ne  puifTe 
fe  fervir  de  Tes  quatre  pieds  comine  de 
jnains  ;  \^  gerboife  au  coiitraire  n'a  cjiie 
quatre  doigts  &  quatre  ongles  longs  & 
courbés  aux  pieds  de  devant,  &  au  lieu 
du  pouce  il  n'y  a  qu'un  tubercule  fans 
ongle  ;  mais  ce  qui  i'éloigne  encore  plus 
de  notre  tarfier,  c'cfl:  qu'elle  n'a  que  trois 
doigts  ou  trois  grands  ongles  aux  pieds 
de  derrière  :  cette  différence  eft  trop 
grande  pour  qu'on  puifTe  regarder  ces 
animaux  comme  d'efpèces  voifines ,  &  il 
pe  feroit  pas  impofîible  qu'ils  fuffent  aufîi 
très-éloignés  par  le  climat;  car  le  tarfier 
avec  fa  petite  taille ,  fes  quatre  mains ,  fcs 
longs  doigts ,  fes  petits  ongles ,  fii  grande 
^ue«e,  fes  longs  pieds,  ftmble  ft  yapr 


,  l'on  doit 
lais  même 
ler  a  cinq 
pour  ainu 
inq  doigts 
;  ie  pouce 
lié  par  un 
Dngles  des 
Is  font  en 
etits  qu'ils 

ne  puifle 
:omin€  de 
re  n'a  qùç 
s  longs  <Sc 

(&  au  lieu 
îrcuie  fans 
ncore  pius 
a  que  trois 

aux  pieds 
cft  trop 
garder  ces 
ines ,  &  il 
ifTent  aufîi 
r  le  tarfîer 
mains,  fcs 
»  (à  grande 


l'V 


jj^ 


J.V,      l'AllSIKR 


i  du  Tarfter»  y^ 

prochcr  beaucoup  de  la  Marmo(ê  ,  du 
Cayopollin  &  d'un  autre  petit  auunal  de 
rAmérique  méridionale ,  dont  nous  par- 
ierons dans  rarnde  qui  fuit.  L'on  voit 
que  nous  ne  faifons  ici  qu'expofer  nos 
doutes,  &  l'on  doit  (èntir  que  nous  auricms 
obligation  à  ceux  qui  pourroient  les  fixer 
en  nous  indiquant  ie  diinat  &.  k  nom 
de  ce  petit  animai. 


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Hifteire  Nathrelk 


lË  PHALANGER  (a). 


c 


ES  anim«iux  qui  nous  ont  été  envoyés 
mâles  &  fèmelîes ,  (bus  le  nom  de  Rats 
de  Surinam,  ont  beaucoup  moins  de  rapport 
.  avec  les  rats  /qu'avec  les  animaux  du  mêjcne 
climat  dont  nous  avons  donné  l'hifloire, 
ibus  les  nonis  de  Marmofe  &.  de  CayopoIIin. 
On  peut  voir  par  la  defcription  très-exade 
qu'en  a  faite  M.  Daubenton ,  combien 
ils  font  éloignés  des  rats ,  fur-tout  à  l'intè- 
rieur.  Nous  avons  donc  cru  devoir  rejeter 
cette  dénomination  de  rats  df  Surinam , 
comme  cqmpofëe,  &  de  plus  comme  mal 
appliquée  ;  aucun  Naturalifte  ,  aucun 
Voyageur  n'ayant  nommé  ni  indiqué  cet 
animai ,  nous  av^ns  ûh  fbn  nom  &  nous 
l'avons  tiré  d'un  caraétère  qui  ne  (è  trouve 
dans  aucun  autre  animal ,  nous  l'appelons 
Phalanger ,  parce  qu'il  a  les  phalanges 
iingulièrement  conformées  ,  &  que  de 
quatre  doigts  qui  correspondent  aux  cinq 
ongles ,  dont  fes  pieds  de  derrière  font 
armés  ,  le  premier  eft  foudé  avec  fon 
yoifin ,  en  forte  que  ce  double  doigt  faiï 


:«?-'■ 


•fc> 


î  (a). 

é  envoyés 
i  de  Rats 
de  rapport 
du  mêjCTke 
i'hiftoire, 
CayopoHîn, 
très-exaéle 

<:ombien 
lUt  à  î'intè- 
ro\x  rejeter 

Surinam  , 
onime  mal 

,    aucun 

ndiqué  cet 

)m  &  nous 

e  (è  trouve 

l'appelons 

phalanges 
&  que  de 
it  aux  cinq 
:rrière  font 

avec  fon 
e  doigt  fait 


-<»««r«!t>«»,  »ii' iiii  immiJKiii»»^-, 


,4^*11.. 


"*fH^-W-'»#4*PW»»«¥^«!         ï%<»f«>V|^      ^ 


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Jhnt  ■  XI. 


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XI. 


P/.  t.^.Pa. 


'</•  A'/ 


♦  1'  1 1  A I ,  A-N  C  i  J',  1^1  J<.  >l  ) .  IJ .  I  :  . 


w 


€Îu  Pfidlangef.  loi 

fn  fourche  &  ne  fe  fépare  cju*à  la  dernière 
phalange  poiir  arriver  aux  deux  ongles* 
Le  pouce  e(l  féparé  des  autres  doigts  & 
n'a  point  d'ongle  à  Ton  extrémité  :  c* 
dernier  caradlère  ,  quoique  remarquable , . 
n'eft  point  unique  ;  le  Sarigue  &l  la  Mar- 
mofe  ont  le  pouce  de  même ,  mais  aucun 
ji'a  comme  celui-ci  les  phalanges  foudées. 
Il  paroît  que  ces  animaux  varient  entre 
eux  pour  les  couleurs  du  poil  ,  comme 
on  le  peut  voir  par  les  figures  du  m^e 
&  de  la  femelle.  Ils  font  de  ia  taille  d'un 
petit  lapin  ou  d'un  très-gros  rat ,  &  font 
remarquables  par  l'excefîive  longueur  de 
leur  queue,  l'aiongement  de  leur  mufeau 
&  ia  forme  de  leurs  dents  ,  qui  (eule 
fuffiroit  pour  faire  diftinguer  le  phalanger 
de  la  marmofè ,  du  farigue ,  des  rats ,  & 
de  toutes  les  autres  elpèces  d 'animaux  , 
auxquelles  on  voudroit  le  rapporierr 


.'  .•  *  ,1-  ^ 


1 


'  * 


T] 


: 


102 


Hifioire  Naturelle 


e 


LE  COQUALLIN. 


J 


*AI  reconnu  que  cet  animal  qui  nous 
a  été  envoyé  d'Amérique,  fous  le  nom 
à' Ecureuil  orangé ,  étoit  le  même  que  Fer- 
nandès  ("û)  a  indiqué  fous  celui  de  Quau- 
hkallotquapachli  ou  Coitiocotequallin  ;  mais 
comme  ces  mots  de  la  langue  Mexicaine 
font  trop  difficiles  à  prononcer  pour  nous, 
j*ai  abrégé  le  dernier  &  j'en  ai  fait  Co- 
quall'm  ,  qui  fera  dorénavant  le  nom  de 
cet  animal.  Ce  n'eft  point  un  écureuil 
quoiqu'il  lui  refTemble  afTez  par  la  figure 
&  par  le  panache  de  la  queue;  car  il  en 
dîfrerc  non-feulement  par jplufieurs  carac- 
tères extérieurs ,  mais  auffi  pa.  ie  naturel 
&  les  mœurs. 

Le  Coquallin  cft  beaucoup  plus  grand 
que  Técureuil,  in  duplam  fere  crefcit  magni- 
ludinem,  dit  Fernandès,  c'eft  un  joli  ani- 
mal &  très-remarquable  par  fès  couleurs  ; 
il  a  le  ventre  d'un  beau  jaune ,  &  la  tête , 
auflî-bien  que  le  corps ,  variés  de  blanc , 

(a)  Fr.  Fernandès.  Mijior»  aaittit  Nm  Hif^ath 
«p.  XXYI#  pag.  8, 


du  Co^iiaUtrté  103 

àt  noir,  de  brun  &  d'orangé;  il  (e  couvre 
de  fa  queue  comme  l'écureuil ,  mais  il  n'a 
pas  conune  lui  des  pinceaux  de  poil  à 
l'extrémité  des  oreilles  ;  il  ne  monte  pas 
fur  les  arbres  ;  il  habite  comme  l'écureuil 
de  terre  (  b  )  que  nous  avons  appelé  le 
Sui£e ,  dans  des  trous  &  fous  les  racines 
des  arbres  ;  il  y  fîiit  (Ii  bauge ,  &  y  élève 
fes  pedts  ;  il  remplit  aulli  Ton  domicile 
de  grains  &  de  fruits  pour  s'en  nourrir 
pendant  l'hiver  ;  il  efl:  défiant  &  rufé , 
&  même  allez  fxu'ouche  pour  ne  jamais 
s'apprivoifer. 

Il  paroît  que  le  coquaîlin  ne  fè  trouve 
que  dans  les  parties  méridionales  de  l'A- 
mérique :  les  écureuils  blonds  ou  orangés 
des  Indes  orientales  font  bien  plus  petits , 
&  leurs  couleurs  font  uniformes  ;  ce  font 
de  vrais  écureuils  qui  grimpent  fur  les 
arbres  &  y  font  leurs  pedts ,  au  lieu  que 
le  coquaîlin  &  le  fuiue  d'Amérique  fe 
tiennent  fous  terre  comme  les  lapins  >  & 
n'ont  d'autre  rapport  avec  l'écureuil  que 
de  lui  reflèmbler  par  la  figure. 

(h)  Voyez  le  volumt  VU  «le  cette  Hiftoire  NaturçHe  j 

•  '  E  iii; 


to4         Hipolre  Naturelle 


i! 


I  I 


LE  HAMSTER  (a). 

JLj  E  Haiiiftcr  eft  un  rat  des  plus  flimcux 
^  des  plus  nuifibles;  &  i\  nous  n'avons 
pas  donne  Ton  hifloire  avec  celle  des 
autres  rats ,  c'eft  qu'alors  nous  ne  l'avions 
pas  vu,  &  que  nous  n'avons  pu  nous  le 
procurer  que  dans  ces  derniers   temps  ; 

(a)  Le  Hamflcr.  Crketus  en  Latin  moderne,  Ce 
nom  ,  dit  Gefner  ,  paroît  dérivé  de  la  langue  IHy- 
rienne,  dans  laquelle  cet  animal  s'appelle  Sh^ecifeck». 
JHamJler  ou  Hanicjler  en  Allemand  ;  nom  que  nous 
avons  adopté  comme  étant  celui  de  i  animai  dans  ion 
pays  natal. 

ChomikSkriccxek ,  en  Polonoîs,  félon  Rzaczynski..» 
Auél.  Hiji»  Nat.  Polôn.  pag.   326. 

Crketus,  Gefner,  Hifl,  quad,  pag.  718,  duet  figuret 
%,ncett ,  ibidem, 

Porcellus  fntinentarlus  Theriotropheum  Sikfia  ,  à. 
Gaff),  Schwenckfdd ,  Lignicii ,  1603,  P^S*  ''^ 
&    119. 

dis  ciitereo  rufus  in  Aorfo ,  in  ventre  ntger ,  macuHs 

tribus  ad  îatera  albis Marmota  Argentoratsnfis» 

La  marmotte  de  Strafbourg.  BrlHon,   Regn,  aaimaL 
pag.  \6'6, 

Criceius ,  mus  cnudtifuhahbrevîatâ,  auricuUs  rotundatis, 
(erporefubtus  nigro,  laicribui  rufefcentibus»  Unn,  t^f»  muK, 
çdit.  X;  pag.  69^ 


'du  Hcjmfler.  105 

encore  ell-ce  aux  attentions  confl^intcs  de 
M.  le  marquis  de  Montmirail  pour  tout 
ce   qui  peut    contribuer  à  l'avancement 
de  THiftoire  Naturelle  &  aux  bontés  de 
M.  de  Waitz  Minillre  d'État  du  Prince 
Landgrave  de  Hefle  -  Cafîel ,  que  nous 
fommes    redevables    de  la    connoiflance 
précife  &  exade  de  cet  animal.  Il  nous 
en  ont  envoyé  deux  vivans  avec  un  Mé- 
moire inflrudif  ( b  )  fur  leurs  mœurs  & 
leurs    habitudes  naturelles.    Nous    avons 
nourri  l'un  de  ces  animaux  pendant  quel^ 
ques  mois  pour  l'obferver,  &  enfuite  011 
l'a  fournis  à   la   dirfedlioii  pour  faire  la 
defcription  &  la  comparaifon  des  parties 
intérieures    avec    celles  des    autres  rats  ; 
on  verra  que  par   ces  parties  intérieures 
ic  hamfler   relTemble    plus,  au  rat  d*eau 


n 


(h)  Voici  un  Mémoire  aflfcz  étendu  fur  refpccc  de 
mulot  que  Ton  appelle  Hamjier  dans  ce  pays ,  il  m'a- 
été  fourni  par  M.  de  Waitz  ,  Miniftrc  d'Etat  du 
Landgra\e  de  HefTe-CafTel ,  qui  joinr  aux  qualités  les' 
plus  propres  à  former  un  homme  d'État  le  goût  le 
plus  viKpour  l'Hilloirp  Naturelle. ...  il  m'a  envoyé 
en  même  temps  deux  de  ces  animaux  vivans,  que  je 
vous  etiverrai  par  la  première  octafion.  Extrait  d'uttL 
Lettre  de  M,  It  marquis  de  Montmirail  À  M,  de  Buffonç. 
date't  de  Rrumbach  ^  ^  t  juillet  '762* 


■*"' ■  ■f. 


ip 


il 


i. 


él 


î  t 


Fioif         Hiftotre  Naturelle 

qu'à  aucun  autre  animal  ;  il  luî  reflemble 
encoie  par  la  petiteffe  des  yeux  &  la 
finefTe  du  pofl  ;  mais  il  n'a  pas  ia  queue 
longue  comme  le  rat  d'eau  ,  il  l'a  au 
contraire  très  -  courte  ,  pius  courte  que 
ie  Campagnol,  qui,  comme  nous  l'avons 
dit,  reffemblc  attlfi  beaticoup  au  rat  d'eau 
par  ia  confbtmation  intérieure.  Le  hamfter 
nous  paroît  être  à  l'égard  du  campagnol 
ce  que  fe  Surmulot  cft  à  l'égard  du 
Mulot  ;  tous  ces  animaux  vivent  fous 
terre ,  &  paroiflcnt  animés  du  même  ïnÇ- 
tin«îl  ;  ils  ont  à  peu  -  près  les  mêmes 
habitudes,  Se  fur -tout  celle  de  ramaffer 
ffes  grains  &  d'en  (Iiîre  de  gros  magafms 
dans  leurs  trous.  Nous  nous  étendrons 
donc  beaucoup  moins  fur  les  reiïèm- 
blances  de  forme  &  les  conformités  de 
nature  ,  que  fur  les  différences  relatives 
*  tes  difconvenances  réelles  qui  féparent 
iè  hamfl^^r  de  tous  les  rats  ,  fouris  & 
mulots  dont  nous  avons  parlé. 

^gricda./i-/€ft  le  premier  Auteur  quî 

-  v^  ■- 

fc)  Hamfler  pem  quidam  crîcetm  nàmtnant  exîfiit 

fraciUlJus  &  mordax  adeo  ut  f  eum  eqties  iacaute  pcr» 
Pquatur ,  ptkût  jfrêfilire  &  os  équi  appetere  ,  iX  Ji  prt'- 

ktnderit  wordkw  tfnerè,  lit  terra  cafiemis  haMra,  •  «  J 


f^»>r**Vjr  •, 


\ 


/:w.r/ 


T.  F.     QO  qUATXIN .     /Y.  n.  Pa.^ji^' 


l.i:     H  A>^  S'iKR. 


du  Hamfler,  107 

ait  donne  des  indications  précifcs  &  dé* 
taillées  au  fujet  de  cet  animal  :  Fabri- 
ciiis  (d)  y  a  ajouté  quelques  faits  ;  mais 

ftdts  hdlkt  aJmôdtim  hreves  /  pîHs  iit  dorfo  color  efl  fert 
t^pms':  in  ventre  niger,  in  lateribus  rutihis ,  fed  mrumqut 
latiis  macuUs  alhis  tribus  numéro  difîitt^uiturt  Suprema 
capitis  purs  u(  etiam  cervt»  eutndém  quem  dorfum  hahet 
cçkrem,  Temjma  rutila  funt  ;  guttur  efl  candidum .... 
;;/'//  aùteih  Jic  inhcerent  cuti  ut  ex  ea  di^çiïlier  evdU, 
pofmt ....  atque  ob  hanc  caufam  iT  vanetatem  pelles 
ejus  funt  pretiofa  :  tnulta  frumenti  grana  in  fpecuni 
congerit  iX  utrinque  demibus  mandit ....  ager  Turingici 
eorum  animalium  plenus  ob  copiant  &  bonitatem  frumenti, 
Gcorg.  Agricola ,  de  aithnamibus  fvbterraneis.  Apud 
Gefner,  Hifi,  quad,  pag.  738. 

(d)  HMitfitr  animal  efl  ctgrefle  fuh  terra  H^bitatfs.  •  • 
cohre  varia,  ventre  non  candido  fed potius  nîgerrîmo* . .' 
Dentés  habet  in  anterioris  oris  ima  fupremaque  parte 
bin^s ,  prominentes  &  acutos ,  malas  (fixas  à"  antplas,' 
umbas  export ando  împortandoque  replet  :  (jmbaùus  mandit.,,, 
cum  ierram  eflodit ,  primum  anteriariùus  pedibus  (quoi 
tafpiZ  ff miles  habet  orevitate  fed  minus  latos  )  eam  «-' 
trahit ,  longius  prcgreflus ,  ore  exportât.  Curiicu/os  etd 
ûntrum  plures  agit  çuoiti  profttnditate  f(d  admodum  an*-' 

guftos . , (intrum  intus  extendit  ad  çapiendif  frtt- 

menti. . . .  Aieffii  temppre  grana  omnis  gentris  frumenti 
it/iportat ....  terra  ante  cuniculos  $reâa  non  tumuli  modo 
afurgit ,  ut  talparum  tumuH ,  fed  ut  (tgger  Slatfitur . . . 
Vefcitur  hoc  animal  frumento  omnis  gentris  et  fl  dnni 
aktur  pane  ac  carnibus.  In  agro  etiam  mures  venatur 

Cihum  cum   capit  in  pedes  jn^fores  er>gitur , 

quamvis  autem  corpçfe  utigmimfit  namâ  tamn  tfl  pugn^ut 


V 


/ 


ïo8         hijioire  Naturelle 

Schwenckfeld    (e)  a  plus  fliît  que  tous 
ks  autres  ;  il  a  diûequé  Je  bamiter ,  &  il 


Ù*   temerarium,  LaceJJtmm  quidquid  we  gejlat  putfatU 

mroque  fcde  malis  jubito  egerit ,  reâa  h^hm  invadens  , 

fpMm  oris  &  affuliu  protervum  ac  mina»» .......  ^ 

iV<fc  terretur   facile  etiam  Ji  viribus  impar  ei  fit  quem 
petit ....  vidi  ipfe ,  ciim  equwn  ajifultando  nnribus  cor^ 

ripuijfet  non  prius   morfum  dimifijfe   quam  ferro  oecide- 
retur ....  Mair.efiri  vellii  maxime  durabilis .......  In 

Turingia  &  Mijnla  hoc  animal  frequens  non  emnibus^ 
tamen  in  locis  fed  in  uberrhnis  &  ferulijfimis.  In  Lu- 
fada  circa  Radeburgum,  è  Jatis  panici  èffoditur  \  Mul-^ 
btrgi  ad  Albim  in  vinetis  rej)eritur  nam  maturis  quoaue 
wis  vefcitur»  Gcorg.  Fabridus,  tfp«^  Gefner^  /jz/i 
çuadt  pag.  73  9  &  740» 

(e)  Poreellus  fmmentarius ,  Hamflef  minor  pauh 
cuàicuh,  Longitudo  dodrantalis  &  palmi  unius,  Pilus 
in  dorfo  ferè  levoris  ejl  colore^  Gula ,  venter  &  pedes 
interiores  nigraftint,  Rubet  in  lateribus  à*  circa  eaudam  ,. 
fiuz  coloris  murini  très  dtgitos  ionga*  Macula  alba  fiib 
awttbus  ,  )uxta  rofirum ,  Jupra  armas  &  coxam,  Pedes 
ndmodum  brei^es ,  digitis  &  wjguiculis  albidis  quinis 
vtrinque.  In  vedum  jplanta  feu  parte  digitorum  inferiore 
tuèercula  ymti  calli  ubiatie  eminent.  Oculi  fp^ndidi 
fîigri  élégantes.  Dentés  ikabet  ut  lepus  anteriores  iX  laté- 
rales,. Lingua  mollis  fpongiofat  E  bucculis  veficufa  ùtrinqut 
omplce  membraneajub  cute  porriguntur  qua  fenfirrta  gra- 
cidejcentes  dor/o  tenta  ligamento  aîllîgantur,  Has  inflaf 
facci  mejjis  tempore  gratis  triiici ,  Jiliginis  if  aliis  cetk 
folles  quofpiam  in  farcit ,  atque  in  fuos  cuniculos  comcatiuo 
in  futuram  hyeniem  cdngerit  ac  reponit^  ' 

^'  Siduimlus  eandidis  quatuor,  funi  bbk    


en  donne  une  defcripdon  qui  s'accorde 


Cor  rtnîbus  pauh  majns  mucrone  ohtujîore,  Hepat 
triplkatumapparet  mum  Juper  aïterum  impofituni,  Inferm. 
pan  dorfo  adjaccns  duos  obtinet  fobnîes,  Media ,  qua 
niûxima  intégra  alifqut  incifuris  integrum  abdomen  fecun- 
dum  latitudinem  occupans  ventrUulum  ex  parte  ampUxatar, 
Superior  portiv  dipifa  a/iis  incutnbens  diaphraffnati  proxinià 
fubjaç/et.  Fel  mdium  conjpi:ere  liciàu 

Ven^rkulus  ei  duplex,  Uttus  candidus  trottoidiu/aduSt-. 
eut  alter  per  ifihmum  atineéiitur  longiufculus ,  JinijîrurM 
hypochondriuin  occupans ,  hinc  prope  ijthmum  afnpnagus 
injeritur  alterifub  dextro  hypochondrîo  inteflina  adharent» 
ht  utroque  reperîebatur  chphts  candidus  pidtîculafarittacett 
fmilist  crapor  tatuen  in  finijlro, 

Inteftina  gracilia  fiavent  ;  uhi  definunt  »  impit  cactim 
mfiraéluofum  amplum,  hinc  craffiora  ad  caruleum  vergunî. 
colorent,  Excernit  piluJas  hngiuflulas  tnjiar  murium*  Lieà 
cohris  fçnguine  Joltam  ferè  hunianam  rqweJentaJt, 

Renés  bini  phafroli  magnitudine  &  figura..  Veficuh 
tandida  pijum  Italicum  écquat,  rottmda  lagenula  itijiar* 

Parit  quinqut  fixve ,  uno  parm, 

ht  terra  cavemis  habitat ,  agri  vaflator  if  Cererit 
koflis.  AuTumno  mvha  fhtmenti  grana  in  fpecum  c<nigerit, 
iX  utrinque,  demibus  mandit,. 

.  Adniodutti  pingmjcit  ;  ob  id  porcellis  Indicis  non  inepti 
comparatttr» 

In  cihtm  non  ncipitur  ;  fed  pelles  confumtur  ad 
vijlimenta* 

De  cavernû  fua  aqua  fervtmjèitfrigida  ccpiosé  infifS 
NipiUiitor^. 


n  ■ 


lio        Hiftotre  Naturelle 

pre(cju*en  tout  avec  la  nôtre.  Cependant 
à  peine  a-t-ii  été  cité  par  les  Naturaliftes 
plus  récens ,  qui  tous  fe  font  contentés 
de  copier  ce  que  Gefiier  en  a  dh  ;  nous 
croyons  donc  devoir  à  cet  Auteur  la 
judice  de  citer  en  entier  (es  obfèrvations  ; 
&  en  y  ajoutant  celles  de  M.  de  Waitz, 
nous  aurons  tout  ce  qu'on  peut  defirer 
au  fujet  de  cet  animal. 

«  ï.es  établiffèmens  des  hamfters  (dit 
»  M.  de  Waiiz)  font  d'une  conftrudion 
»  diiîerente  fèion  le  fexe  &  l'âge ,  &  au(îi 
3>  fuivant  la  qualité  du  terrein.  Le  domi- 
30  crie  du  mâle  a  un  conduit  oblique ,  à 
»  l'ouverture  duquel  il  y  a  un  monceau 
r>  de  terre  exhauflé.  A  une  diftance  de 
»  cette  iflue  oblique ,  il  y  a  un  (èul  trou 
»  qui  dcfcend  perpendiculairement  jufques 
»  aux  chambres  ou  caveaux  du  domicile  : 
»  il  ne  iè  trouve  point  de  terre  exhaudée 
y>  auprès  du  trou  ,  ce  qui  fait  préfumer 
»  que  FifFue  oblique  eft  creufée  en  com- 
»  mençant  par  le  dehors ,  &  que  i'iiïue 
>>  perpendiculaire  eft  faite  de  dedans  en 
»  dehors  ,  &  de  bas  en  haut. 
3»  Le  domicile  de  la  femelle  a  aufli  un 
39  conduit  oblique  &  en  même  temps  déux^ 


'Ju  Hamfter.  1 1 1? 

trois  &  jufqu'à  huit  trouG  pcrpendicu-  c< 
laires ,  pour  donner  une  entrée  &  fortie  c< 
libres  à  fes  petits  ;  le  mâle  &  la  femelle  ce 
ont  chactin  leur  demeure  féparée  ;  la  ce 
femelle  f;iit4a  fienne  plus  profonde  que  c< 
le  mâle.  ce 

A  côté  des  trous  perpendiculaires ,  et 
à  un  ou  deux  pieds  de  diftancc  ,-  les  ce 
hamfters  des  deux  fexes  creufent  félon  ce 
leur  âge ,  &  à  proportion  de  leur  mul-  k 
tiplication  ,  un  ,  deux ,  trois  &  quatre  ce 
caveaux  particuliers ,  qui  (ont  en  forme  ce 
de  voûte  ,  tant  par-deflTous  que  par- ce 
defîus,  &  plus  ou  moins  fpacieux  fuivant  ce 
la  quantité  de  leurs  provi fions.  <c 

Le  trou  perpendiculaire  eft  le  paf-  ce 
{2igt  ordinaire  du  hamfler  pour  entrer  ce 
&  foriir.  C'eft  par  Iç  trou  oblique  que  «e 
iè  fait  l'cxportaiion  de  la  terre  ;  iî  paroît  ce 
aulîî  que  ce  conduit  qui  a  une  pente  ec 
plus  douce  dans  un  des  caveaux  &  plus  <c 
rapide  dans  un  autre  de  ces  caveaux ,  «c 
fert  pour  la  circulation  de  Tair  dans  ce  «< 
domicile  fouterrain.  Le  caveau  où  la  ec 
femelle  fait  (es  petits  ne  contient  point  «< 
lie  proviiion  de  grains ^  mais  uniud^e  «c 


1 1 2         Hiftoire  Naturelle 

y>  paille   ou  d'herbe.   La  profondeur  du 
35  caveau  eft  très  -  différente  ,    un  jeune 
5a  hamfler  dans  la  première  année  ne  donne 
»  qu'un  pied  de  profondeur  à  fon  caveau  ; 
3>  un  vieux  hamller  le  creufe  fbuvent  juf- 
»  qu'à  quatre  ou  cinq  pieds  :  le  domicile 
35  entier  , ,  y  compris  toutes  les  commu- 
»  nications  &  tous  les  caveaux ,   a  quel- 
3>  quefois  huit  ou  dix  pieds  de  diamètre. 
3>       Ces  animaux  approvifionnent  leurs 
3>  magafins  de  grains  lècs  &  nettoyés  , 
»  de  blé  en  épis  ,    de  pois  &  fèves  en 
3a  coiïes  qu'ils  nettoient  enfuite  dans  leur 
33  demeure  ,  &  ifs  tranfportent  au  dehors 
35  les  cofîes   &  les  déchets  des  épis  par 
»  le  conduit  oblique.  Pour  apporter  leurs 
3>  provifions  ils  fè  fervent   de  leurs  aba- 
35  ^oues  ,     dans   lefquelies    chacun  peut, 
3»  porter  à  la  fois  plus  d'un  quart  de  eho- 
3>  pine  de  grains  nettoyés. 
3i»       Le    hamfter   fait   ordinairement  fès 
3>  provifions   de  grains  r  à  la  fin  d'août  ; 
>3  lorfqu'il  a  rempli  fes   magafins  ,  il  les 
35  couvre  &  en  bouche  foigneulement  les 
33  avenues  avec  de  la  terre  ,  ce  qui  fait 
»  qu^on  ne   découvre  pa$  aifàiient  là 


Ju  Hamfler*  W^ 

demeure  :  on  ne  la  reconnoît  que  par  «c 
le  monceau  de  terre  qui  (c  trouve  ar  es  ce 
du  conduit  oblique  dont  nous  avons  <c 
parlé  r  il  fîitit  enfuite  chercher  ics  trous  «c 
perpendiculaires  &  découvrir  par-là  fon  « 
domicile.  Le  moyen  le  plus  ufité  pour  ce 
prendre  ces  animaux  efl  de  les  déterrer,  ce 
quoique  ce  travail  foit  afiez  pénible  à  ce 
cau(e  de  la  profondeur  &  de  l'étendue  ce 
de  leurs  terriers.  Cependant  un  homme  ce 
exercé  à  cette  efpèce  de  chafle  ne  laifTe  ce 
pas  d'en  tirer  de  l'utilité  ;  il  trouve  or-  ce 
dinairement,  dans  la  bonne  failbn,  c*eft-  ce 
à  -  dire  ,  en  automne  ,  deux  boiffeaux  ce 
de  bons  grains  dans  chaque  domicile ,  ce 
&  il  profite  de  la  peau  de  ces  animaux  <c 
dont  on  fiiit  des  fourrures.  Les  hamfters  <c 
produtfent  deux  ou  trofs  fois  par  an ,  ce 
&  cinq  ou  lix  petits  à  chaque  fois ,  ce 
&  fouvent  davantage  ;  il  y  a  des  années  ce 
où  ils  paroifferu  en  quantité  innom-  «c 
brable ,  &  d'autres  où  l'on  n'en  voit  ce 
prefque  plus  ;  les  années  humides  font  «c 
celles  où  ils  multiplient  beaucoup ,  &  ce 
cette  nonibreufe  multiplication  caufè  lace 
«iifetteparladéyafladon  générale  des  blés,  «c 


'i*' 


» 


114         Hîjloîre  Naturelle 

Un  jeune  hamfter  âgé  de  fîx  (es. 
3}  moines  ou  dciix  mois ,  creulè  déjà  Ton 
»  terrier  ;  cependant  il  ne  s'accouple  ni 
39  ne  produit  dans  ia  première  annce  de 
»  (à  vie. 

»  Les  fouines  pourfuivcnt  vivement  les 
»  hamfters  ,  &  en  détruifent  un  grand 
»  nombre;  elles  entrent  aufll  dans  leurs 
»  terHers  &  en  prennent  poffeflion. 

»  Les  hamflcrs  ont  ordinairement  le 
7>  dos  brun  &  ie  ventre  noir.  Cepen- 
»  dant  il 'y  en  a  qui  font  gris,  &  cette 
33  différence  peut  provenir  de  leur  âge 
d>  plus  ou  moins  avancé,  li  s'en  trouve 
y>  aufîl  quelques  -  uns  qui  font  toui 
noirs  ». 

Ces  animaux  s'entredétruifent  mutuel- 
lement comme  les  mulots  :  de  deux  qui 
ëtoient  dans  la  même  cage  ,  la  fèmeiie 
<ians  une  nuit  étrangla  ie  mâle ,  &  après 
avoir  coup«  les  mufcles  qui  attachent  les 
BaâchoireSy  elle  (è  fit  jour  dans  ion  corps 
où  elle  dévora  une  partie  des  vifcères. 
Ils  font  plufieurs  portées  par  an ,  &  font 
fi   ouiûbk&  y   qiue  daas  quelque^  État» 


:n 


'W 


^//  Hamfier.  IiJ) 

^'AHcmagnc  leur  tête  cft  à  prix  ;  ils  j 
font  fî  communs  que  leur  fourrure  vît 
à  très -bon  marché. 

Tous  ces  ftits  que  nous  avons  ex- 
traits du  Mémoire  de  M.  de  V7aitz  &  des 
obfervations  de  M.  de  Montmiraii  nous 
paroiffent  cenains  ,    &  s'accordent  avec 
ce  que  nous   favions   d'ailleurs  au  fujet 
de  ces  animaux  ;  mais  il  n'eft  pas  égale- 
ment certain  ,  comme  on  le  dit  dans  ce 
même  Mémoire,  qu'ils  (oient  engourdis 
&  même  deflechés  pendant  Thiver  ,   & 
qu'ils  ne  reprennent  du  mouvement  & 
de  la  vie  qu'au  printemps.  Le  hamfter 
que  nous  avons  cw  vivant  a  pafTé  l'hiver 
dernier    1762-63    dans   une    chambre 
fans  feu ,  &  où  il  geloit  aflez  fort  pour 
glacer  l'eau  ;  cependant  il  ne  s'eft  pohit 
engourdi  &  n'a  pas  cefle  de  (è  mouvoir 
'ai  de  manger  à  fon  ordinair  '  ,  au  iieu 
que    nous   avons   nourri    des    Loirs    & 
des    Lerots  qui  fe  (ont  engourdis  à  un 
degré  de  froid  beaucoup  moindre:  nous 
ne  croyons  donc  pas  que  le  hamfter  (ê 
rapproche  des   loirs   ou  de  la  marmotte 
par  ce  rapport,  &  c'cft  mal- à -propos 


1 1 6     Hijloire  Naturelle,  &c, 

que  quelques  -  uns  de  nos  Naturaliftes 
Tont  appelé  marmotte  de  Strajbeurg ,  puif- 
qu*il  ne  dort  pas  comme  la  marmotte, 
^  c[u'il  ne  fe  trouve  pas  à  Strafbourg. 


11/ 


LE  BOBAK(a). 

ET  LES  AUTRES  MARMOTTES. 

l_i  *o  N  a  donné  le  nom  Je  Marmotte 
de  Strajbourg  au  Hamfler  ,  &  celui  de 
Marmotte  de  Pologne  au  Bobak  ;  mais 
autant  il  efl:  certain  que  le  hamder  n'eft 
point  une  marmott<î  ,  autant  il  eil  pro- 
bable que  le  bobak  en  eft  une  ;  car  il  ne 
diffère  de  la  marmotte  des  Alpes  que  par 
les  couleurs  du  poil  ;  ii  ett  d*un  gris  moins 
brun  ou  d'tm  jaune  plus  pâle  ;  il  a  auffi 
une  efpèce  de  pouce,  ou  plutôt  un  ongle 
aux  pieds  de  devant  ,  au  lieu  que  la 
marmotte  n'a  que  quatre  doigts  à  (es  pieds, 
&  que  le  pouce  lui  manque.  Du  jefte, 
elle  lui  reuemble  en  tout ,  ce  qut  peut 
,  faire  préfumer  que  ces  deux  animaux  ne 

(a  )  Bohak ,  nom  de  cet  animal  en  Pofognei  A: 
Jque  nous  avons  adopté. 

Bolak,  Rjacynshi,   Hift.  Nat.  Poloni  j>ag,  2^)i 
idem.  Auél,  pag.  327. 

Clii  favicans  capite  rufe/cente» . ."  •  Marm&ta  Pohnical     ,. 
jLa  Marmotte  de  Pologne.  BrifT.  Reg.  anim,  p.  i  ^5, 


il 


ri9        Hîjtoke  Naturelle 

forment  pas  deux   cfpèces   diftm<?ïes  ^ 
feparées.  Il  enefl:  de  même  du  Monax  (h) 
ou  Marmotte  de  Canada,   qufe  quelques 
Voyageurs  ont  appelé  Siffleur;  il  ne  paroît 
différer  de  la  marmotte  que  par  la  queue, 
qu'il  a  plus   longue    &   plus  garnie   de 
poils.   Le  monax  du  Canada ,   le  bobak 
de    Pologne  &  la  marmotte   des   Alpes 
pourroient  donc  n*iêtre  tous  trois  que  le 
même  animal ,  qui ,  par  la  différence  des 
climats  auroit  fubi  les  variétés  que  nous 
venons  d'indiquer.  Comme  cette  efpèce 
habite  de  préférence  la  région  la  plus  haute 
&  la  plus  froide  des  montagnes  ;  comme 
on  la  trouve  en  Pologne,  en  Ruffie  & 
dans  les  autres  parties  du  nord  de  l'Eu- 
rope ,  il  n'efl  pas  étonnant  qu  elle  fe  re- 
trouve au  Canada  où  feulement  elle  eft  plus 
'  petite  qu'en  Europe  (c)»   &  cela  ne  lui 
cft  pas  particulier,  car  tous  les  animaux 
qui  ibnt  communs  aux  deux  continens , 

(h)  Voyez  îa  figure  &  la  dcfcription  du  Monax 
(dans  i'Hiftoire  des  Oifcaux  à^  Edwards ,  pag.  104. 

(c)  Nota*  La  Marmotte  âts  Afpes  &  cclîe  de 
Pologne  (Bobak)  ont  un  pied  &  demi  depuis  i'cx» 
Irémité  du  mufeau  jufqu'à  iWigine  de  la  queue.  Le 
Monax  ou  Marmotte  de  Canada  na  que  quatorze  ou 
quinze  pouces  de  longueur, 


V-, 


onax  (h) 
ijuelques 
ne  paroît 
i  queue, 
amie   de 
R  bobak 
;s   Alpes 
îs  que  le 
rence  des 
:jue  nous 
te  efpècc 
)Ius  haute 
;  comme 
Ruffie  & 
de  TEu- 
elle  (è  re- 
le  eft  plus 
;la  ne  lui 
,  animaux 
ontinens , 


du  Bolah  'i  T  p 

font  plus  petits  dans  le  nouveau  que  dans 
l'ancien. 

L'animal  de  Sibérie  que  les  Rufîès 
appeUent  Jevrafchka  eft  une  elpèce  de  mar- 
motte encore  plus  petite  que  le  monax  du 
Canada  :   cette  petite  marmotte  a  la  tête 
ronde  &  le  raufeau  écrafé,  on  ne  lui  voit 
point   d'oreilles   &  Ton  ne   peut  même 
découvrir  Touverture  du  conduit  auditif, 
qu'en  détournant  le  poil  qui  le  couvre  ; 
la  longueur  du  corps ,  y  compris  la  tête , 
eft  tout  au  plus  d'un  pied  ;  la  queue  n'a 
guère  que  trois  pouces  ,  elle  eft  prefque 
roncle  auprès  du  corps  ,  &  enfuite  clic 
s'aplatit ,  &  Ton  extrémité  paroît  tronquée. 
Le  corps  de  cet  animal  eft  aflez  épais  , 
le  poil  eft  fauve ,  mêlé  de  gris ,  &  celui 
de  l'extrémité  de  la  queue  eft  pfefque  noir. 
Les  jambes  (ont  courtes ,  celles  de  der- 
rière  (ont  ieulement  plus  longues   que 
celles  de  devant.  Les  pieds  de  derrière  ont 
cinq  doigts  &  cinq  ongles  noirs  &  un 
peu  courbés  ,  ceux  de  devant  n'en  ont 
que  quatre  :  lorfqu'on  irrite  ces  animaux, 
ou  (èulement  qu'on  veut  les  prendre ,  ils 
mordent  violemment ,  font  un  cri  aigu 
oomme  la  marmotte;  cjuand  on  leur  donne 


liô     Hifloirè  'Naturelle,  &c. 

a  manger  ils  fe  tiennent  afîls ,  &  portent 
à  leur  gueule  avec  les  pieds  de  devant  : 
lis  le  recherchent  au  printemps  &  pro- 
duiiènt  en  été  ;  les  portées  ordinaires  font 
de  cinq  ou  fix;  ils  (è  font  des  terriers  où  ils 
paflent  d'hiver,  &  où  la  femelie  met  bas  de 
allaite  Tes  pretits  :  quoiqu'ils  aient  beaucoup 
<Ie  reflemblance  &  d'habiiudes  communes 
avec  la  marmotte ,  il  paroît  néanmoins  qu'ils 
font  d'une  espèce  réellement  différente; 
car  dans  les  mêmes  lieux ,  en  Sibérie , 
îl  fè  trouve  de  vraies  marmottes  de  refpèce 
<ie  celles  de  Pologne  ou  des  Alpes ,"  & 
<}ue  les  Sibériens  appellent  Surok  (d),  âc 
l'on  n'a  pas  remarque  que  ces  deux  ef- 
pèces  fe  mêlent  ni  qu'il  y  ait  entr'elles 
Aucune  race  intermédiaire.  , 

(â)  Voyage  de  Gvielin,  tome  lî,  page  -^^^,  —  Les 
Tartarcs,  dit  Rubruquis,  ont  force  marmottes  ou  lirons, 
qu'ils  appellent  Sogur,  qui  s'affemblent  vingt  &  trente 
cnremSie  dans  une  grande  foflè  l'hiver,  où  ils  dorment 
fix  mois  durant  ;  ils  prennent  force  de  ces  bêtes  -  là; 
Voyages  en  Tartarie,  page  25.  Nota,  !!  proît  que  ce 
Sogur  de  Rubruquis  doit  êtr€  le  même  animal  que  le 
Jevrafchka  de  Gmelin ,  pui(que  l'autre  marmotte  s'ap- 
|>eile  Jttn?^;  ou  hienTAuteur  a  pris  Swtok  pour  Sogury 


LES 


Vs 


tJ> 


ïiil 


m 


LES  GERBOISES. 

ijr  E  R  B  Ô  I  S  Ë  efl:  uii  nôin  générique 
que  nous  employons  ici  pour  défigner 
des  animaux  remarquables  par  ia  très- 
grande  difproportion  qui  fe  trouve  entre 
les  Jambes  de  derrière  &  celfes  de  devant , 
f'iîlies-ci  n'étant  pas  fi  grandes  qUe  ks 
mains  d'une  Taupe,  &  les  autres  refTèm- 
blant  aux  pieds  d'un  oilèau.  Nous  con- 
UoîiTons  dans  ce  genre  quatre  èfpèces  ou 
variétés  fjien  diftindes.  i."  Le  Tarfier 
dont  nous  avo  "  fiit  mention  ci-devant, 
qui  efl  certaii  ei  c  it  d'une  efpèce  par-^ 
ticulièrc  ,  parce  qu'il  a  les  doigts  faits 
commis  ceux  des  finges ,  &  qu'il  en  9 
cinq  à  chaque  pied.  2°  Le  Gerbo  ^aj^^ 

(a)  Gerbo,  mot  dérivé  de  Jerhmh  ou  Jerhoa,  nont 
et  cet  animal  en  Arabie,  &  que  nous  avons  adopté. 

Cerbo.  Voyages  de  Corneille  le  Brun,  Paris,  1714,1 
page  4.0 6 ,  fig.  page  4. t  o. 

Gerboifc.  Voltige  de  Paul  Lucas ,  tome  lï ,  page  7}^ 
fig.  page  74. 
Jerboa.  Voyage  de  Shaw ,  pag.  248,  fig.  p.  249; 
Alm  jacuîus  pedibus  pyjlicis  longijfmiis  couda  extrctn^ 

0i>fâ,  HafTelquift.  Irin,  cl,  /  ^  art»  VU 

Tome  XL  "j/^ 


Y2f        M  flotte  Naturelle 

ou  gerboife  proprement  dite,  qu!  a  îêè 
pieds  faits  comme  les  autres  fifîipèdes, 
quatre  doigts  aux  pieds  de  devant ,  &  trois 
^  ceux  de  derrière.  3.°  L'AIagtaga  (bj^ 


Le  Gcrbua.  Gknures  d'Edwards ,  p.  1 8 ,  fig,  pi.  2 1 9 j 

V'      (^  )  Alcigutga  ,  nom  de  cet  animal  chez  les  Tar^ 

,  l;ares-MongGUS ,  &  que  nous  avons  adopte.  M,  Mel^ 

^rchmid  qui  a  rranlinis  ce  nom ,  dit  qu'il  Hgnifie  ani~ 

',  »  maf  qui  ne  petit  marcher  ;   cependant  le  mot  alagtagd 

\\      ->  me  paroît  très-voifin  de  letaga ,  qui,   dans  le  mênrç 

-  ^  pays ,  dcfigne  le  polatouche  ou  écureuil- volant  ;  ainfi 

je  ferois  porté  à  croire  f\\x'alagtaga  comme  letaga* 

*  font  plutôt  (\es  noms  génériques  que  fpécifiqùes,  & 

i  cfu'ifs  défigncnt  un  dnimal  qui  vole,  d'aut,1nt  plus  que 

/  Strahlenbèrg ,  cité  par  M.  Gmelin,  au  fujet  de  cc| 

jmimal,  ïzi^^Wt  Liéi're  volait, 
t. 
■  '  '   .       Cunicuks  feu  kpus  Indkus  utias  diéhs,  AIdrov.  dt 
^h  quad.  digh.  fig.  pag.  595.  Nota,   t°  M."  Linnœus 
'    '  &  Edwards  ont  rapporté  au  Gerbo  cette  figure  doiincc 
*    "~  pSr  AUrovàfide ,   mars  elle  me  proît  convenir  un 
peu  mieux  à  l'alagtaga  ;  l'éperon  ou  quatrième  doigt 
éks    pieds  de  deci'ière  y  elt  bien   marqué",   &  c'eft 
par  ce  caradèrc  que  l'alagtaga  diffère  du  Gerbo  ,  qtn 
ii'a  que  trois  doigts  fans  apparence  d'un  quairièipe, 
JNota,  2.°  AIdrovandc  a  fait  une  fiiute  en  appliquant 
'  à  cet  animal  le  nom  d'UtLis  ;  ce  mot  efl  Américain 
fc  n'a  jamais  été  employé  que  pour  défigrter  un  petit 
•;  animai  que  les  Efpagnols  trouvèrent  à  Saint  -  Do- 
mingue  lorfqu'ils  y  arrivèrent  ;  &  depuis  quelques  Au- 
teurs l'ont  appliqué  au  cochon  d'Inde  ;    mais  jamais 
!^  û  n*a  pu  défjgnter  ni  l'alagtaga  ni  le  gerbo.  Je  cxoii^ 


\ 


:z  les  Tar* 

•.  M,  Met; 
fignifie  anl- 
)t  alagtagd 
[îs  le  même 
Dlant  -,  îiinft 
.me  letaga* 
îcifii^ues ,  & 
int  plus  qUÉ 
fujei  de  ce; 


des  Gerloifes.  tiy, 

rfoiit  les  jambes  font  conformées  comme 
celles  du  gerbo ,  mais  qui  a  cinq  doigts 
aux  pieds  de  devant  &  trois  à  ceux 
de  derrière,  avec  un  éperon  qui  peut 
paflèr  pour  un  pouce  ou  quatrième  doigt 
beaucoup  plus  court  que  ies  autres.  4.* 
Le  Daman  Ifràél  (c)  ou  Agneau  d'Jfraël, 
qui  a  quatre  doigts  aux  pieds  de  devant 
&  cinq  à  ceux  de  derrière,  qui  pourroit 
bien  être  ie  même  animal  que  M.  Lin- 


l 


ue  ce  mot  utias ,  qu'on  doit  prononcer  outiâs ,  vient 
tcomiàs,  nom  que  quelques  Auteurs  donnent  à  l'acoutî 
ou  agouti,  &  que  pir  conféquent Tutias  ne  défigne 
pas  un  autre  animal  que  l'agouti ,  qui  étoit  &  qui  e(l 
encore  naturel  à  l'île  de  Saint-Domingue ,  &  qu'on 
y  a  trouvé  iorfqu'on  en  fit  lu  découverte.  Il  y  a  eu  Aq 
tout  temps  d:ins  les  Antilles  (dit  l'Auteur  de  fHif- 
toire  àts  Antilles  )  quelques  bêtes  à  quatre  pieds  ; 
telles  que  l'oportiim  (  fariguc  ) ,  le  javaris  (pécari)  ,  le 
tatou ,  l'acouti  &  le  rai  mofqué  (pilori).  Hifi,  Nat,  des 
I/les  Amilles ,  page  121. 

Cun'icuîus pumilh ,  fallens ,  cauda  îongiffmiti.  Gmelin* 
JVw.  Corn,  Acad,  Peirop.  tome  V,  tab.  xi ,  fig.  1 . 

(c)  Daman  Ijracl ,  agneau  d'Ifraël.  Voyage  de  Shnw; 
tome  II ,  page  75. 

Animal  poddam  pumite  cunkuh  non  dîffunik ,  fed 
tmkulis  nuijiis  qiiod  agnum  filioriim  Ilraël  mticupaht, 
Profp.  Alpin.  Hift.  Aî^^t*  lib.  I  V  ,  cap.  i  x  , 
pag.  232*  ;  t;/i'ii;<ii  i   .»  '    .\ 

F  ij 


f  £4        Hiflolre  Naturelle 

|l,^us  a  défigné  par  la  de'nominatîon  cfei 
/\4us  longipes  (d). 

Le   gerbo  a  la  tête  flûte  à  peu-prè^ 
,commé  ceHe  du  lapin ,  mais  il  a  les  yeux 
plus   grands   &  les  oreilles  plus  courtes 
quoique    hautes   &    amples,  r-elativenient 
à  fa  taille  ;   il  a  le  nez  couleur  de  chair 
&  fans  poii ,  le  mufeau  court  &  épais  ; 
4 'ouverture  de  la  gueulé  itrès  -  petite ,  la 
mâchoire  fupérieure  fort  ample  ,   l'infé- 
jieure  étroite  &  courte;  les  dents  comme 
celles   du  lapin.;  des  raowftaches  autour 
(çle  la  gueule ,  çompofes  de  longs  poils 
noirs    &    blancs  ;    les    pieds   de   devant 
font  très  -  courts  &  ne  touchent  jamais 
îa   terre  ;    cet   animal   ne    s'en   fçrt   que 
comme  de  mains  pour  porter  à  fi  gueule. 
Ces  mains  portent  quatre  doigts  "  munis; 
.(i'ongles ,  &  le  rudiment  d'un  cinquième 
.doigt  fuis  ongle  :  les  pieds   de  derrière 
Jï'dnt    que   trois   doigts,  dont   celui   dit 

(  d  )  Longipes,  Mus  caudâ  elongatâ  vejfitn,  jmîmî$ 
tttradaéiylis ,  p/antis  pemadnâylis ,  femoribus  longijfmis, 
l-in.  Sjyfl'  nat,  edit.  X,  pag.  6i.  Nota.  Le  \Xiol  femo- 
rjbus  eH  ici  mal  appliqué ,  ce  ne  font  pas  les  cuiffes 
,ni  ipêrtie  ifs  jambes,  mais  les  premiers  os  du  pied- 
jljîes  niétataifcs  que  ces  animaux  ont  très- longs. 


âes  Gerloifesi  Ti^^ 

Tiîîlîcli  efl  un  peu  plus  long'  que  Ic$ 
deux  autres,  &  tous  trois  garnis  dongles  1 
la  queue  eft  trois  fois  plus  longue  que 
le  corps  ;  elle  eft  couverte  de  petits 
poils  roides ,  de  la  mène  >uleur  que 
ceux  du  dos,  &' au  bo^.  ei:  eft  garnie' 
de  poils  plus  longs ,  plus  doux ,  pluâ 
touffus ,  qui  forment  une  efpèce  de  houpe 
noire  au  commencement  &  blanche  à 
^extrémité.  Les  jambes  font  nues  &  dà 
couleur'  de  chair ,  •  aufîi-bien  que  le  nez 
&  les  oreitlesT:  le  deflus-  de' la  tcte  & 
le  dos  font  couverts  d'iîn  poil  rouffâtre , 
les  flancs ,  le  deffdus  de  la  tête ,  la  gorge, 
lé  ventre  &  le  dedans  des  cuifîës  font 
blancs  ;  il  y  a  au  bas  des  reins  &  près  dé 
la  queue ,  une  grande  bande  noire  tranP- 
Verlàle  en  forme  de  croiffant.  (e), 

L'alagtaga  eft  plus  petit  qu'un  lapin ,  • 
îl  a  le  corps  plus  court,  fes  oreilles  font 
longues  ,  larges  ,    nues  )   minces  ,  tranf*-  ' 
parentes  '  &  parfemées  de  vaifFcaux   fan-^ 


(é)  Voici  les  dimenfîons  de  cet  animal,  données  paé  ' 
Haflèlquift.  Alagnitudo  corporis  ut  in  mure  domeflico  tua^ 
jfire.  Menfuratio  capih  poil,    i .   corp,  poil,   z   -j.  caufK  ' 
pi  th.  I  -^^  pejl,  ped,  fpith,  \.  cmieu  infia  poWcctni  Afyj^^* 

p^ifp9ll.J.-  ■      :  ^^^      -4 

F  1!)/ 


'12^         Htfioîre  Naturelle    . 

guins   très  -  apparens  ;   la   mâchoire   fu- 
périeure   eft    beaucoup   plus  ample   que 
l'inférieure  ,    mais   obtulè   &l   afTez  large 
^  l'extrémité  ;    il  y  a  de  grandes  moul- 
tachcs   autour  de  la    gueule  ;    les    dents 
font   comme   celles    des  rats  ;    les   yeux 
grands ,  l'iris  &  la  paupière   brunes  ;   le 
corps  eft  étroit  en  avant ,   fort  large  & 
prefque  rond  en  arrière ,  la  queue  très- 
longue  &  moins  grofle  qu'un  petit  doigt, 
il     elle    eft    cotiverte    fur    plus    des    deux 
tiers   de    fa    longueur ,    de    poils    courts 
&    rudes  ;    fur   le    dernier    tiers    ils    font 
plus    longs    &    encore    beaucoup    plus 
longs ,  plus  touffus  &  plus  doux  vers  le 
bout  où  ils  forment  une  efpèce  de  touffe 
jioire  au   commencement ,  &  blanche  à 
l'extrémité.    Les  pieds    de    devant    font 
très  -  courts ,  ils   ont  cinq  doigts  ;   ceux 
de   derrière    qui   font   très  -  longs    n'en 
ont   que   quatre  ,   dont  trois  font   fitués 
en    avant ,    &    je    quatrième    eft    à    un 
pouce  de  diftance  des  autres  ;  tous  ces 
doigts   font   garnis  d'ongles  plus  courts 
dans  ceux  de  devant ,   &   un  peu    plus 
>,     iongs  dans  ceux  de  derrière.  Le  poil  de 
.      <:ct  animal  eft  doux  &  aflêz  long ,  fauve 


'>  ■ 


dei  Gerhoifes,  la^^ 

fur  le  dos ,  blanc  fous  le  ventre  ("fj. 

L'on  voit  en  comparant  ces  deux  def^ 
criptions  dont  la  première  efl  tirée  d'Ed- 
ivards  &  d'Hafîeiquift ,  &  la  féconde  d)e 
Gmelin ,  que  ces  animaux  ie  reflembler^t 
l^refqu'autant  qu'il  efl:  poifible  ;  le  gerbp 
efl  feulement  plus  petit  que  Talagtaga,, 
Si  n*a  que  quatre  doigts  aux  pieds  dp 
devant,  &  trois  à  ceux  de  derrière  fan^ 
cperon ,  au  lieu  que  celui-ci  en  a  cinq 
aux  pieds  de  devant ,  &  quatre ,  c'eft-àr- 
dire ,  trois  grands  &  un  éperon  à  ceuf 
de  derrière  ;  mais  je  fuis  très  -  porté  ^ 
croire  que  cette  différence  n'eft  pas  conf- 
iante ,  car  le  dodeur  Sjiaw  /gj  qui  ^ 
doimé  la  defçription  &  ia  figure  d'un 
gerbo  de  Bîjrbarie  ,    le  repr^'lqite   ^vç^ 


M 


/f)  Voici  Içs  Himenfions  (Je  cet  animal,  (Jonnéips  pajp 
Cmelin.  Longitudo  au  extremo  roflro  ad  initium  cqud^ 
poil.  6  ;  ad  ocubs  polL  ■•  ^uricularum  poli,  i  ~';  eau  dit 
poil.  8  7  ;  pedum  ameriorum  ait  humtro  ad  exmmoi  ujqut 
digiios  poil,  I  -7/  pedum  pofleriorimi  àfuff'ragmibus  ed 
initium  ufqtu  cakçinei  poil,  }  ;  à  calcaneo  ad  exortum  digiti 
pofierioris  poil,  i  /  ad  extwiios  ungùes  poil.  2,  Latitude 
corporis  éfitterioris  poil»  1  j,  ppjler loris  poil,  j  ,  auricHr 
hrum  poil,  ~  '  '  ' 

(g)  VoyagCidu  Dodeur  5haw,  foges  2^8  it, 
'^f9>Js^  _  ....       - 


'i^t^i 


,-''-^.V«  ^i'*'i 


1,    > 


fi  2  8"         Hiflotre  Naturtlk 

cet  éperon  ou  quatrième  doigt  nux  pîeA 
de  derrière;  &  M.  Edwards  remarcfue 
qu'il  a  foigneufement  obfervé  les  deux 
gerhos  qu'il  a  vus  en  Angleterre  ,  &  qu'il 
ne  leur  a  pas  trouve  cet  éperon  ;  ainfî 
ce  caracfVère  qui  paroîtrot  diftinguer  fper 
cifiqueiuent  le  gerbo  &  l'alagtaga  n'étant 
pas  confiant,  devient  nul  &  marque  plu«- 
tôt  l'identité  que  la  diverfité  d'efpèce  ;  la 
différence  de  grandeur  ne  prouve  pas  non 
plus  que  ce  Ibient  deux  espèces  diffé- 
rentes,  il  fe  peut  que  M/'  Edwards  ôc 
Haffclquift  n'aient  décrit  que  de  jeunes 
gerbos,  &  M.  Gmelin  un  vieux  alag- 
taga  :  il  n'y  a  que-  deux  chofes  qui  me 
iaifFent  quelque  doute ,  la  proportion  dé 
la  queue  qui  eft  beaucoup  plus  grande 
dans  fe  gerbo  que  dans  l'alagtaga,  &  fa. 
différence  du  climat  où  ils  lé  trouvent. 
Xe  gerbo  eft  commun  en  Circafîie  (h)\ 
en  Egypte  (ï),  en  Barbarie,  en  Arabie, 

(h}  On  trouve  en  CircafTié  .auflTi-biçn  qu'en  Pérfè, 
en  Arabie  &  aux  environs  de  B^bylone ,  une  cfpècc 
<Je  mulot  7k}^^c\ét  Jerbuah  en  Arabe,  de  la  grandeur 
&  couleur  à  peu  près  d'un  écureuil'. ....  Quand  il 
faute,  il  s'élance  à  cinq  ou  lix  pfeds  haut  de  terre, . , 
Il  quitte  queiqutfoii  les  .champs  <Sc.fe  fource  dans  .les 
^ail'ons.  Vayage  d'Olearius  ^   pajve  1 77, 

(ij  ^riÉj^ie,  je  vis  4e  petits  jniipiux  qui  cqi^ 


y  es  Gerhotfesi-  \i^ 

&  Paîagînga  en  Tarrarie,   fur  le  Volga  i%t 
jufc|u'cii  bibérie  :  il  e(t  rare  que  le  même 
animal  habite  des  clijnats  aulli  clifïërens  ; 
&  iorfque  cela  arrive ,   rcfpèce  fubit  dd 
grandes  variétés ,  c'cll  aufli  ce  que  nouS  ' 
j)rcrumons  être  arrivé  à  celle  du  gerbo  ,'"> 
dont  l'alagtaga  ,   malgré  ces  différences  ^  ■ 
ne  nous  paroît  être  qu'une  variété; 

Ces  petits  animaux    cachent   ordiriai-  ' 
rement  leurs  mains  ou  pieds  de  devant  ^" 
dans  leur  poil ,  en  forte  qu'on  dirort  qu'ils:  ' 
n'ont  d'autres  pieds  que  ceux  de  derrière;'- 
pour  fe  tranfporter  d'un  lieu  à  un  autre ,  - 
îfs  ne  marchent  pas ,  c'eft-à-dire ,  qu'ils^ 
n'avancent  pas  les  pieds  l'un  aprè^  l'autre  *  • 
mais  ils  fautent  très  -  légèrement  &  très-  ^ 
vîte ,  à  trob  ou  quatre  pieds  de  diftance  j*  '' 
&  toujours  debout  comme  des  oifeaux  ; 
en  repos,  ils  font  affis  fur  leurs  genoux,, 
ils  ne  dorment  que  ie  jour  &  jamais  la- 
jiuit  ;  ils  mangent  du  grain  &  des  herbes  ' 

roient  très-fort  (\xt  leurs  deux  jambes  tJè  derrière;  elles*  ■' 
cioient  fi  ionoues  qu'ils  (emblortnt  montes  fur  itf  ' 
cchiifTes.  Ces  animaux  terrent  comme  les  lapins.  On*^ 
en  prit  fept  cjuc  j'emportai  ;  il  m'en  eft  refté  deux  que'" 
j'ai  apportés  en  France ,  où  ils  ont  vécu  à  la  Mena-* 
gerie  du  Uoi  pendant  deux  ans.  Veydge  de  Paul  Lucti^i'  ' 


IjO         H]f}o}rc  Naturelle 

comme  les  lièvres  ;  ils  font  d'un  naturel 
ftffcz  doux ,  &  néanmoins  ils  ne  s'appri- 
voifent  que  jufqu'à  un  certain  point ,  ils 
fe  creufent  des  terriers  comme  les  lapins , 
&  en  beaucoup  moins  de  temps  ;  ils  y 
font  un  magafin  d'iierbcs  fur  ia  fin  de 
l*èié,  &  dans  les  pays  froids  ils  y  paflent 
l'hiver. 

Comme  nous  n'avons  pas  été  à  portée 
de  faire  la  dîiïe<îlion  de  cet  animal ,  & 
que  M.  Gmelin  eft  le  feul  qui  ait  padé 
de  la  conformation  de  fes  parties  inté- 
rieures ,  nous  donnons  ici  fes  obfervations 
en  attendant  qu'on  en  ait  de  plus  pré- 
ciles  &  de  plus  étendues  (k). 

A  Vécr^rd  du  daman  ou  agneau  d'Ifraèl 
qui  nous  paroît  être  du  genre  des  gcr- 

f/ij  Œfophûgiis  ,  uti  in  lepore  if  cunîcuh,  medi» 
venn;culo  inferitur ,  inteflinum  cactim  brève  affmmium  fed 
artiplum  eff  ht  proceffum  vérmifomiem ,  duos  poHices  httgum 
.éthiens,  Chokdochus  mox  infra  pyhrrum  intçjllnwn  (ubitt 
-Veficn  urïnaria  citrinu  aijuâ  phui ,  meri  nulla  pUne  dif- 
tindio  :  vagina  enim  canalis  injlar  fint  uUis  artificiis  in 
puhem  ufqne  p-otenja  in  duo  mox  cornua  dividitiir ,  qua  uhi 
ovtrriis  appropinquant  viulia^  inflexiones  ficium  &  in  opa» 
riis  termiitantur.  Penem  viafculus  hahet  fans  magnum  ,  cid 
cir'ca  vefica  urinarice  colhim  vefictda  feminales  unciam 
tfm  dinifJio  ionga  ,  gracih  if  fxtremitatihs  intorta 
adjacent,  Foramen  autjinus  qunfdam  inkr  totum  if  peMUt^ 
-t. H 


€fes  Gerhoifes.  1311 

|}oi(es ,  parce  qu'il  a  comme  elles  les 
jambes  de  devant  très  -  courtes  en  corn- 
])araifon  de  celles  de  derricre,  nous  ne 
pouvons  mieux  faire ,  ne  l'ayant  jamais 
vu ,  que  de  citer  ce  qu'en  dit  Je  dov^ur 
Shaw ,  qui  é|oit  à  portée  de  le  comparse 
avec  le  gerbo ,  <&  ,qui  çn  parje  cprnine 
de  deux  efpèces  çlifferej^'^tes  :  e<  le  daman 
Ilraël,  dit  cet  Auteur,  e(l  aulîi  uïi  ani-  çc 
mal  du  mont  Liban ,  mais  également  « 
commun  dans  la  Syrie  &  dans  la  Phé  <c 
jiiçie  ;  c'eft  une  bête  innocente  qui  ne  «c 
•fiiit  point  çle  mal  ,  &  qui  re(îem]3|le  çc 
pour  la  ^îtilk  ôi.  po\ir  la  figure  îvvi  I^piA  <;< 
ordinaire.,  &  desits  de  devant  étant  gc 
aulîi  difppfées  de  la  même  manière;  ce 
feulement  il  eil  plus  brun  &  a  les  yeux  ce 
plus  petits'  &  la  tête  plus  pointue  ;  les  ce 
pieds  de  devant  font  courts ,  &  ceux  de  ce 
derrière  longs ,  dans  la  même  propor-  ce 
tion  que  ceux  du  j^erboa  (  gerbo) .  Quoi-  ce 
qu'il  (e  cache  quelquefois  dans  la  terre ,  « 

aut  inter  amim  &  vuïvam  nullomodo  jmui  difcemerei 
licet  quajuis  in  indagatione  ijla  caittelas  adhibuerini .  .  .  J 
Cuniculi  Amerknni ,  forcelli  pi  lis  ir  ime.  Marcgrav* 
Fahrica  intertiarum  pariium  ab  hoc  animnli  non  mu/twx 
.abludunt,  Gmelin.  Nsv»  Com^  oc.  Fetrop,  tome  Vu 
art.  VII,  ..V.,, 

F  Vf 


2? 
il 
>5 


•5»  faf  retraite  ordinaire  ell  dans  les  ixfs^^ 
-»^&'  fentes  de  rochers,  ce  qui  me  faà 
î»  croire,  continue  M.' S  ha  w,  que  c'eft 
:^  cet  animai  plutôt  que  le  jerboa  (gerbo) 
5>  qu'on  doit  prendre  pour  \t  faphan  de 
3>  i'Écriaire  j  peribnjie  n*a  pu  me  dire 
»  lé  noiTi  nvoderne  de  daman  Ifraël,  qui 
'figm^Q  ûgneau  d'Jfraël  vt  (  l ),  Profper 
A  Ipin  qui  avôit  indiqué  cet-  animal  avant 
îe-  dodeur  Shaw  )  dit  que  fa  chair  eft 
excellente  à  manger,  &  qu'il  eft  plus  gros , 
que  notre  lapin  d'Europe;  mais-ce  der*- 
nier  fait  paroît  douteux  ,>  car  le  dodleur 
Shaw  Ta  retrai^ché  du  pafîàge  de  Profp^ 
Aipin  >  qu'il  cite  au  rcfte  en  entier.» 

01  yoyge  dc.Shaw,  tome  II,  page  //g  . 


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^t'^f^^m. 


..f5ir 


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LA  MANGOUSTE  (a), 

J^  A  Màngoiîfle  efl  domeftique  èif' 
Egypte  comme  le  chat  Teft  en.  Elirope^i  , 
^  elle  ièrt  de  même  à  prendre  les  lburj$  ^ 

ffij  Mangoufle ,  mot  dérivé  dé  Mangutta  ;  nom  d^ 
ipet  animai  aux  Indes. 

Ichneumon  en  Grtc  &  en  Latin.  Te(tT-dea  en  ArabéJ 
félon  le  dodèùr  Shaw. 


î    -i 


Mungo  par  les  Portugais,  &  Muncus  par  îes  î-îoN 
Jandoi^  de  l'Inde  ,   félon  Kàmpfer,  Qui/  ou  Quilfpele  à  • 
"Gcylan,  fefort  Gardas  du  Jarditti  Chiri  au  Malabar», 
feion  le  P.  Vincent  Marie.  ' 

ifcr  Hh.  IX ,  cap,  6»'-' 

,  Ichneumon,  que  les  Égyptiens  nomment  Rat- de  fha* 
yaon,  Ohjewations  de  Bdon ,  Paris,  1555,  feuillet  p  f^J 
Jg.,  ibid.  r—  Le  rat  de'Phataon  ^  JBelon ,.  de  la  nature  des 
Poifons,  Paris  ,1555»  V^g'  S  S  >  fë'  V^i^J?- 

Ichnewmnfvt  LutM  ^g)ipii,  AIdrov.  de  quad.tUgi'fm- 
"pag.  298,  fig.  pag.  301. 

SerpentkUnfive  Aluncos.  Rumph.  //(?r^  Vlll,  p.  4^1  -. 
tab.  a8,  fi^.  2  &  3. 

Viverra  Mungo,  Kœmpfer/  ^/w<t»/V.  pag.  5741.' 
Ichmumm,    Mus    PAaraonis,    Profp.   Alpin,   hîjf^  - 


ft'y^         Hîjlolre  Naturelle 

&  -ies  rats  (h);  mais  fori  goût  pour  îj 
proie  efl:  encore  plus  vif,  &  fon  inftind 
plus  étendu  que  celui  du  chat  ,  car 
elle  chafTe  également  aux  oilèaux  ,  aux 
«quadrupèdes  ,  aux  ferpens,  aux  lézards, 
faux  inlèdes,  attaque  en  général  tout  ce 


Ichnamon  ou  rat  de  Pharaon ,  Maillet ,  Defcri'ptm 
ée  l' Egypte ,  pag.  3^ ,  fig.  ibid, 

Muflela  yEgyptiaca,  Ichnmmon ,  id  (fl,  invefligatoY, 
[Mus  Pharaonis  ;  mus  ^^pti  ;  Danuln  ;  Donola  ;  .miif 
te/a  yEgypii  pecularist  Lutra  ^gypiu  Klein ,  de  Qu^id, 

Aleles  (  Ichneimon  ),  dlghis  nadiis  hngiorilus ,  Jatcra* 
^dm  aquaij/w  ^b^niformibus*  Voyage  de  Jiajjeïquifi, 
art,  IV,  page  191.  ,      . 

The  lëdian  Ichteumcnt.  .  Edwards  ,  Hijl.  of  Bit  à 
j>ag.  fig.  IV  ,  pag,  299  ,  fig.  ièid^ 

Muflela  pilis  ex  éhido  i^  nigricante  variegntis  vefiita» 
\ichneumont  riius  PA^raoms.  kbneuman  ou  \%M2^ngou^e, 
vulgairement  le  rat  de  Pharaon,  BrifT.  Regn,  wm^ 
pag.   150.     .  •         ^        .  '^.  - 

Ichneumon.  Vi verra  caudi  i  haji  incrcfata  Jeàjim  atte-i 
ituatft,  Linu.  Syjl.  nar,  edit.  X. 

(b)  M'hi  ichneumon  fuit  utilijfimus  ad  mures  ex  mé 
cuhiculo  fugiind^s , . ,  .  .  vnum  alui  a  quo  murium  damna, 
flâne  ceffirunr  fi  quidcni  quotquot  ofènd'bat  îmerimebat , 
JuTgeque  ad  hos  necandos  fidgandojque  fêle  efl  ichneunm 
mtilionVtoCp,  Alp.  Defsrîpt,  jEgy^H.M*pi. , p»  ^^5^ 


^e  h  Mdngwfle»  1 3  j' 

qui  lui  paroît  vivant,  &  (e  nourrit  de 
toute  lubllance  animale;  l'on  courage  eft 
<?gal  à  la  véhémence  de  fon  appétit  ;  elle 
jie  s  effraya  ni  de  la  colère ,  des  chiens  , 
ni  de  la  malice  des  chats ,  &  ne  redoute 
pas  même  la  morfure  des  ferpens ,  elle 
les  pourfuit  avec  acharnement,  les  faifit 
&  les  tue  ,  quelque  venimeux  qu'ils  foient, 
&  lorfqu'elle  commence  à  reflentir  les  im- 
preffions  de  leur  venhi ,  elle  va  cher- 
cher des  antidotes  &  particulièrement  une 
facine  (cj  que  les  Indiens  ont  nommée 

(c)  Primim  (mtUattmt.  » ,  *  %  ra^ix  eji  planta  maîaici 
Hampaiddu  T'aftah  id.èfl  Fel  terrœ  diéla  àfapore  ama^ 

rîftmo I^u/tranis  ihideni  Raja  feu  radix  mungo 

nppdata  à  muftelâ  quadamfeu  viverra  Indis  mUnguftia..i.^ 
appellntn  qua.  radiam  monjlrajft  if  ejus  ufum,  . .  •  |« 

jfrirna prodidife   creaitur. ,  .    Indi  igitur, .  .  .  ,t 

pracipue  pii  Sumatram  &  Javam  incolunt  jive  ufttni  i 
wu(iela  edoéli  fini  ftve  cafu  quodam  invtmrint  radicem  f>jv 
expforato  kabent  aiîtidotn,  Kœmpfcr,  Anuenit.p.  jy^,— - 
Dans  rinde  *  il  eft  une  racine  qui  ne  produit  ni  tronc  » 
ri  hranches ,  ni  feuilles,  qui  s'appefle  chiri  ,  nom 
qu  elle  tire  d'un  animal  qui  fait  feu!  la  reconnoître  &  la 
trouver.  Cet  animal  e(î  grand  comme  une  marte,  &.  lut 
Te(Tembie  aflTez  par  la  forme ,  excepté  qu'il  eu  un  peu  plus 
corfë  (corpuknto) :  la  couleur  de  fon  poil  e,ft  obfcure, 
qui  cfl  dur,  tendu  &  hcrifle  comme  celui  àts  fangliers^ 
mais  moins  long;  fa  queue  eft  charnue,  liflè  &  unltf 
comme  celle  de  la  marte.  L'antipathie  (^e  cet  anlnoal^g 


li 


\t'f6'        T^ifloke  NattireÏÏt 

cfe  Ton  nom,  &  qu'ils  difent  être  ûh  cîd? 
plus  fiirs  &  des  plus  puifl'ans  remèdes 
contre  ia  morfure  de  la  vipère  ou  de 
rafpic;  elle  mange  les  œufs  cki  crocodile 
comme  ceux  des  poules  &  des  oiieaux, 
elle  tue  Sa  mange  aufîi  les  petits  croco* 
diles  (d),  quoiqu'ils  foient  déjà  très-forts 

Î)eu  de  temps  après  qu'ils  font  fortis  de 
'œuf;  &  comme  la  fable  efl  toujours  mife 
par  les  hommes  à  la-  fuite  de  la  vérité^  ou 
a  prétendu  qu'en  vertu  de  cette^  ami- 
pathic  pour  le  crocodile,  la  mangouftc 
çntroit  dans  (on  corps  lorfqu'il  étoit  en- 

pour  lés  fcrpens  cft  extrtor^naire ,  h  il  rie  fehible  s'oc^ 

leupcr  qu'à  leur  tendre  àti  cnahikhcs Les  chaf- 

fturs  ont  obrervé  qu'il  va  déterrer  la  racine  dont  nous 
venons  de  parler,  foit  pour  fe  gucnV,  (bit  pcnr  fc 
préTerver  de  rtffàt  du  venin .  »  »  on  fa  regarde  comme  le 
meilleur  antidote  qire  l'Iade  foumifîc.  Voyrge  du  Pèn 
Vinrem  Marie  ,  traduélioil  communiquce  par  M.  i» 
marquis  de  Montmiruil. 

'  (d)  \Jlchneumen  ou  rat  de  Fhrvtaf^n  ;  efl  Une  crpccè 
(de  petit  cochon  fainave,  joK  &  très-aifé  à  apprii 
voifer ,  qui  a  le  p>il  hérUfe  comrtte  un  porc  épie  \  il 
efl  ennemi  àt%  antres  rats,  &  lur-tout  des  croc<xlilcs; 
non  feulement  il  dévore  leurs  œufs,  dont  il  fe  nourrit  j 
nrais  il  attaque  encore  avec  courage  les  petits  croco-» 
diles,  dont  il  Tait  venir  à  bout,  en  les  prenant  par  le 
cou  ,  au  défaut  de  la  tcte.  Dejcrîpthn  de  l'Ég^te ,  fat 


2e  là  Mangouflèi         Yj  'f[ 

ffonni',  &  n^en  fortoit  qu'après  lui  avoir 
déchiré  les  vifcères.-  y 

■  Les  Naturaïifles  ont  cru  qii'iî  y  avoft 
plufreurs  efpèces  de  mangoufles ,  parce 
qu'il  y  en  a  de  plus  grandes  &  depluis 
petites ,  &  de  poils  difîërens  ;  mais  fi  Ton 
fait  attention  qu'étant  ibuvent  élevées  dans 
les  maifons ,  elles  ont  dû  ,  comme  les 
autres  animaux  domeftiques  ,  Tubir  des 
variétés ,  on  fe  perfuadera  facilement  quft 
cette  diverfité  de  couleur  &  cette  diffé-* 
rence  de  grandeur  n'indiquent  que  dé 
fimples  variétés ,  &  ne  fuffifent  pas  pour 
conftituer  des  efpèncs  ,  d'autant  que  dans 
deux  mangoufles  que  j^'ai  vues  vivante^ 
&  dans  plufieurs  autres  dont  les  peaux 
étoient  bourrées ,  j'ai  reconnu  les  nuances 
intermédiaires ,  tant  pour  la  grandeur  qud 
pour  la  couleur,  &  remarqué  que  pas 
une  ne  différoit  de  toutes  les  autres  par 
aucun  caratHrère  évident  &  confiant;  ii 
paroît  feulement  qu'en  Egypte ,  où  les 
mangouftes  font  pour  ainfi  dire  domef^ 
tiques ,  elles  font-  plus  grandes  qu'au^ji 
Indçs  où  elles  font  f'auvages  (e), 

jfjj'JI^  Cet  ichnemnon  (dit  Edwards)  vençit  dc|  Injj^j^ 


s  3  8         Htjlolre  Naturelle 

Les  Nomenclateurs  qui  ne  Veuïéiif 
jamais  qu*un  être  ne  foit  que  ce  qu'il 
cft,  c'ert-à-dire,   qu'il  foit  lèul  de  l'on 

orîcntalcs  &  étoU  fprt  petit  j  fcn  ai  vU  Un  âiitfe  venu 

<d'Égypte  qui  étoit  plus  du  double La  (euleciif. 

fcrencc  qu'il  y  avoit ,  outre  U  grandeur ,  entre  les  deux 
ichneumons ,  c  e/l  que  celui  d'Egypte  avoit  une  petite 
touffe  de  poil  à  l'extrémité  de  la  queue ,  au  lieu  qiie 
îa  queue  de  celui  des  Indes  fe  tenninoit  en  pointe, 
&  je  trois  que  Cch  fait  deux  efpèces  diftindes  &  ré- 
parées ,  parce  que  celui  ^c$  Indes  qui  étoit  fi  petit  en 
comparaifon  ^e  celui  d'Egypte,  avoit  cependant  prîs 
fon  entier  accroifleinent.  Edwards,  page  199.  Nota, 
Ces  différences  ne  m'ont  pas  paru  fuiTifantes  pour 
établir  deux  efpèces,  attendu  qu'entre  les  plus  petites 
&  les  plus  grandes ,  c'efl-à-dire ,  entre  treize  &  ving;. 
deux  pouces  de  longueur,  il  s'en  trouve  d'intermé- 
diaires ,  comme  4e  quinze  &  dix  -  fept  pouces  de 
grandeur.  Seba  qui  a  donné  la  figiire  &  (a  dcicription 
^ vj)l.  .1  y.  .pag,  'âS ,  tah,  X.t{  ).  d'ijne  de  ces  petiti^- 
nia^oufies  qu'il  avoit  eu  vivante ,  &;  qui  lui  vcno^ 
de  Ceylan,  dit  qu'elle  étoit  très-mal-propre  &  qu'on 
n'avoit  pu  l'apprivoifcr  ^  cette  différence  de  naturel 
pourroit  faire  penfer  que  cette  petite  mangoufle  ef) 
d'une  efpèce  différente  àt%  autres  :  cependant  elle  ref- 
jfèmble  Ç\  fort  à  celle  dont  nous  avons  parlé,  qu'on 
ne  peut  douter  que. ce  ne  foit  le  même  animal;  & 
d'ailleurs,  je  puis  aflùrer  moi-même  avoir  vu  une  de 
CCS  petites  nrjan^ftçs  qui  étoit  fi  privée  que  fon 
maître  (  M.  le  préfident  de  Robien  )  qui  l'aimoit 
beaucoup ,  la  portoit  toujours  dans  (on  chapeau ,  & 
faifoit  à  tout  le  monde  l'éloge  de  fa  genûllcne  &  4ç  % 
propreté,  •  :    .  . 


[    ^ 


r/r  Ja  Mûugoujle,  l^ff 

genre,  ont  beaucoup  varié  au  fujet  de 
la  inangoulle.  M.  Linnaeus  en  avoit  d'a- 
bord fait  un  blaireau ,  enfuite  il  en  fait 
un  furet  ;  Halîelquilt ,  d'après  les  pre- 
niières  leçons  de  (on  maître,  en  fait  aufli 
un  blaireau  ;  M/'  Klein  &  Brifîbn  l'ont 
inife  dans  le  genre  des  belettes,  d'autres 
en  ont  fait  une  loutre ,  &  d'autres  un 
rat;  je  ne  cite  ces  ide'es  que  pour  faire 
voir  le  peu  de  confiftance  qu'elles  ont 
dans  la  tête  même  de  ceux  qui  les  ima- 
ginent, &  aufli  pour  mettre  en  gardô 
contre  ces  dénominations  qu'ils  appellent 
génériques ,  &  qui  prefque  toutes  font 
fiufles ,  ou  du  moins  arbitraires ,  vagues 
&  équivoques  (£}.  ^ 

ffj  Hnflclquift  termine  fa  longue  &  scche  deC- 
cription  de  la  niangouile  par  ces  mots  :  Gûl/i 
in  ^.gypto  converfames  qui  omnibus  rehus  quns  non 
cognofcunt ,  fua  imfmunt  nomina  fêla  appelfàrmt  hoc 
animai  rat  de  Pharaon.  Quod  feqtmti  qui  Latine  re^ 
hitiones  Je  yEsypto  dederunt ,  Alpin ,  Beion  ,  murent 
Pluiraonis  epnxerum.  Si  cet  homme  eût  feulement  lu, 
Bclon  &  Alpin,  qu'il  cite,  il  auroit  vu  que  ce  ne 
font  pas  les  François  qui  ont  donné  le  nom  de  rat 
de  pharaon  à  la  mangoufte  ,  mais  les  Égyptiens 
mêmes,  &  il  fe  feroit  abftenu  de  prendre  de  là 
i^ccafion  de  mal  parier  de  notre  nation;    mais  l'oa 


^4^        Ti'iPoke  T^aiiïreîle 

'.     La  Mangoufte  habite  volontiers  auj^ 

ne  doit  pas  être  furpris  de  trouver  i'împutatioti  d'un 
pédant  dans  l'ouvragé  d'un  écolier:  en  effet  cette  Jel- 
cription  de  la  m^ngoufle,  ainfi  que  celle  de  la  ginffe^ 
de  quelques  autres  animaux ,  données  par  ce  Nomeii- 
clatcur,  ne  pourront  jamais  fervir  qu'à  excéder  ceux 
qui  voudroicnt  s'ennuicr  à  les  lire  :  i ."  parce  qu'elles 
(ont  fans  figures ,  &  que  ie  nombre  des  mots  ne  peut 
foppléer  à  la  représentation,  un  coup  d'œil  vaut  mieu?t 
dans  ce  genre  qu'un  long  détail  de  paroles  :  a  .**  Parce 
que  ces  mots  ou  paroles  iont  la  plupart  d'un  Latin  bar- 
bare ou  plutôt  ne  font  d'aucune  langue  \  3  .*  Parce  quk 
h  méthode  de  ces  defcriptions  n*ert  qu'une  routine  que 
tout  homme  peut  fuivre ,  &  qui'  ne  fuppofe  ni  géni« 
ni  même  d'intelligence  :  4.."  Parce  que  la  defcriptioii 
ciant  trop  minutieufe,  les  caraélères  remarCjuables ,  fii> 
guliers  &:  dirtindifs  de  l'être  qu'on  décrit ,  y  font  con» 
/ondus  avec  les  figncs  les  plus  obfcurs ,  les  plus  inditfé* 
rcns^'^  les  plus  étiuivoqucs  :  5  .*  Enfin  parce  que  le  trop 
grand  nombre  de  petits  rapports  &  de  combinaifons  pre. 
caires  dont  on  cft  obligé  de  charger  fa  mémoire ,  ren-» 
ifént  le  travail  du  ledeur  plus  grand  que  celui  de  i'au-» 
tcur,  &  les  laifîè  tous-  les  deux  auffrignoratis  qu'ils  l'é* 
toient.  Une  preuve qu'aveccette méthod?on  r€difpenr(j 
de  lire  &  de  s'iiiftruirc  ,  c'eft  i.*  la  faufle  imputation 
que  l'Auteur  fait  aux  François  au  fujct  du  rat  de  i^h;^ 
raon  ;  c'eft,  2.**  l'erreur  qu'il  commet  en  donnant  h 
cet  animal  le  nom  Arabe  Nems ,  tandis  que  ce  mdt 
Arabe  eft  le  nom  du  furet  &  non  pas  celui  de  la 
iTjangourte;  il  ne  filloit  pas  même  fa  voir  l'Arabe 
pour  éviter  cette  faute,  il  auroit  fuffi  d'avoir  lîi  les 
Voyages  de  ceux  qui  l'avoient  précédé  dans  le  mêmf 
J^y?*'}^  JLoniiflrîon  qu il  fait  dq  çhofès  cnfentielle^i' 


\' 


'êe  h  Maugotifle',  14  tl 

jK)r  Js  des  eaux  ;  clans  les  inondations  ,  elle 
gagne  les  terres  élevées,  &  s'approche 
Ibuvent  des  lieux  habités  pour  y  cher-» 
cher  fa  proie ,  elle  marche  lans  faire  au-' 
Clin  bruit ,  &  (elon  le  befoin  elle  varie  la 
démarche  ;  quelquefois  elle  porte  la  tête 
haute ,  raccourcit  Ton  corps ,  &  s'élève 
fur  lès  jambes  ;  d'autres  fois  elle  a  l'air 
(le  ramper  &  de  s'alonger  comme  un  (èr- 
pent ,  fouvent  elle  s'aliicd  fur  (qs  pieds 
de  derrière ,  ôl  plus  fouvent  encore  elie 
î'élance  comme  un  trait  fur  ia  proie 
qu'elle  veut  faifir ,  elle  a  les  yeux  vifs 
&  pleins  de  feu  ,  la  phyfionomie  fine, 
le  corps  très  -  agile ,  les  jambes  courtes  , 
Il  queue  grofïè  ,&  très -longue,  le  poil 

fcn  même  temps  qu'il  s'étend  fans  mefure^fur  les  mi 
ditfcrcntes;  par  exemple,  il  décrit  ia  giraffe  auflî 
minutieufement  que  ia  ma^goufle,  &  ne  iaiffe  pas  que 
«le  manquer  le  caraélère  eflTentiei,  qui  eft  de  (avoir  lî 
les  cornes  font  permanentes  ou  fi  elles  tombent  tous 
ïes  ans:  dans  vingt  fois  plus  de  paroles  qu'il  n'en  faut, 
l'on  ne  trouve  pas  ie  mot  néccflaire,  &  l'on  ne  peut 
juger  par  fa  deftription  fi  ia  giraffe  cfl  du  genre  é& 
cerfs  ou  de  celui  des  boeufs.  Mais  c'eft  afftz  s'arrêter 
fur  une  critique  que  tout  Fiomme  fenfé  ne  manquera 
ps  de  faire  lorfque  de  pareils  ouvrages  lui  tqmberoi)j( 
f  ntre  lc£  .niaips. 


14^^         Htjlcire  Naturelle 

rude  &  fouvent  hérifle  ;  le  mâle  &  la  fc- 
nielle  (g  )  ont  tous  deux  une  ouverture 
remarquable  &  indépendante  des  con- 
duits naturels,  une  ei'pèce  de  poche  dans 
laquelle  Te  filtre  une  humeur  odorante; 
on  prétend  que  la  mangoufte  ouvre  cette 
poche  pour  le  rafraîchir  lorfqu  clic  a  trop 
chaud  :  (on  mufeau  trop  pointu  &  iii 
gueule  étroite  i  empêchent  de  iaifir  &  de 
mordre  les  chofes  un  peu  groiïcs,  mais 

( g )  Les  hahitans  d'Alexandrie  nourriflent  une  bête 
nommée  ichncurnon ,  qui  ell  particulièrement  trouvée 
en  Egypte.  On  la  peut  apprivcùier  es  maifons  tout 
ainfi  comme  un  chat  ou  un  chien.  Le  vulcraire  a  celFé 
de  ia  nommer  par  (on  nom  ancien  ,  car  ils  la  nom- 
ment m  leur  langage,  rat  de  Pharaon.  Or  nous  avons 
vu  que  les  payfans  en  apportoient  i\cs  petits  au  marclié 
d'Alexandrie,  où  ils  (ont  bien  recueillis  pour  en  nour- 

rir  es  maifon* ,  à  caufe  qu'ils  chaflent  les  rats 

Jes  ferpens,  &c.  Cet  animal  efl  cauteleux  en  épiant 

fa  pâture il  fe  nourrit  indifféremment  de  toutes 

viandes  vives,  comme  d'efcarbots,  lézards,  chanie- 
Jéons ,  &  généralement  de  toutes  erpèces  de  fèrpens, 
de  grenouilles,  rats  &  Iburis  ;  il  eft  friand  i\c$  oileaux  , 
despoules.&  poulets:  quand  il  eft  courroucé,  il  hérifTe 

fon  poil il  a  une  particulière  marque,  c'cft  un 

grand  pertuis  tout  entouré  de  poil  hors  le  conduit  de 
l'excrément  ,  refTemblant  quafi  au  memiire  honteux 
dt^  femelles,  lequel  conduit  il  ouvre  lorlqu'il  a  grand 
iphaud.  Beha,  ObJ,  leuil.  ^5  ,  verji\ 


\^ 


rZ?  la  Ma tt gonfle:         '143 

elle  fait  fupplcer  par  agilité ,  par  courage , 
aux  armes  &  à  la  force  qui  lui  man- 
quent ,  elle  étrangle  aifément  un  chat , 
quoique  plus  gros  &  plus  fort  qu'elle, 
fouvent  elle  combat  les  chiens,  &  quel- 
que grands  qu'ils  foient  elle  s'en  fait  ref- 
pedler. 

Cçt  animal  croît  promptement  &  ne 
vit  pas  long -temps  (h),  il  (è  trouve  eu 
grand  nombre  dans  toute  l'A  fie  méri- 
dionale   (  i  )  t    depuis    l'Egypte    jufqu'à 

fh)  Files  if  ichneumm  tôt  numéro  parium  tpiot  canes , 
vefcmturque  eifdem ,  vivum  circiter  annosfex.  Arift.  HijI» 
atiini.  lib,  VI ,  cap.  35. 

//7  Mungos  alunt  rurn  cahntîs  Âfa  omrtts ,  vfque  ad 
Cangem ,  etiam  in  Us  regionibus  in  quihus  radix  wungo 
îimçuam  gerniinavit^  Koempf.  Amanit,  p.  5  74..  ■—  La 
inangoufte  crt  un  petit  animal  très-joli,  fait  à  peu- 
près  comrne  nos  belettes  de  France mais  d'une 

couleur  incotnparablerhént  plus  belle. ,  .  .  Le  Wané 
&  le  noir  dominent  fur  chaque  poil ,  &  il  y  a  une 
dpèce  de  rbuge  qui  fait  la  nuance  entre  le  noir  &  fc 
blanc.  Sa  queue  efl  couverte  d'un  poil  avec  les  mêmes 
nuances ,  &  plus  iong  que  celui  du  corps.  Il  a  la 
tête  couverte  d'un  petit  poil  ras;  (t?,  yeux  font  gros 
&  Tes  oreilles  courtes  &  arrondies  :  cette  manti;oufte 
avoit  deux  pieds  &  demi  de  long  depuis  la  tête  juf- 
qua  l'extrémité  de  la  queue.....  elle  venoit  du 
royaume  de  Calicut ,  &  a  été  apportée  en  France 
dans  un  vailfeau  de  notre  efcadre;  elle  a  vécu  ù 


1 4.4;        Wiflohe  "Naturelle 

Java ,  &  il  paroit  qu'il  Ib  trouve  aufîj  ea 
Afrique,  julqu'au  cap  <Je  Bonne- cl jjc~ 
rance  (k);  mais  on  ne  j)cut  l'élever  ailc- 

_  jncnt ,  ni  le  garder  long-temps  dans  nos 
climats  tempérés ,  quelque  loin  qu'on  ca 
prenne ,  le  vent  l'incommode ,  le  froid 
ie  fait  mourir  ;  pour  éviter  l'un  &  l'autre.; 
''  &  conlerver  fa  chaleur ,  il  ic  .met  en 
rond  &  cache  fa  tête  entre  (es  cuifles. 
Il  a  .une  petite  -voix  douce ,  une  efpcce 
de  murmure,  &  fon  cri  ne  devient  aigre 
que  lorfqu'on  le  frappe  &  qu'on  l'irrite  : 

.  nu  reft^  la  mangoufte  étoit  en  vénération 
chez  les  anciens  Egyptiens ,  &  mérite- 
roit  encore  bien  aujourd'hui  d'être  multi- 
pliée ,  ou  du  moins  épargnée ,  puifqu'elle 
détruit  un  grand  nombre  d'animaux  nui- 
fibles ,  &  ilir  -  tout  les  crocodiles  dont 
elle  fliit  trouver  ies  œufs ,  quoique  cachés 

Paris  cinq   moisi  elle  ctoit  devenue  fort  famUicre. 
Çiirjofit.  de  la  Nat.  &'  de  l'Art»  Paris ,  1705,  page  2  t  u 

(k)  L'hicneumon  eft  de  la  grandeur  du  chat ,   mais 

il  a  la  forme  d'une  mufaraigne Tout  fon  corps 

eft  couvert  de  poils  longs ,  roides ,  rayés  &  tachetés 
.  de  bisnc ,  de  noir  &  de  jaune.  Cet  animai ,  qui  efli 
très-commun  dans  les  campagnes  du  cap,  cfl  graad 
deflrudeur  de  ferpens  &  d'oifeaux,  Defcrijition  diMof 
île  Bunne-eJimmQe  f  pur  lùlh, .  tome  III ,  chap.  5. 

'    ■  .      .  daujl 


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M'.  noHAK  .        /y /.//»././ /yy 


l.\    JMANGOl  STl- 


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âe  la  Md/îgoufle,         ^45' 

dans  le  fable  ;  la  ponte  de  ces  animaux  cft 
fi  nombreufe  (l) ,  qu'il  y  auroit  tout  à 
craindre  de  leur  multiplication ,  fi  la  man- 
goufte  n'en  détruifoii  les  germes. 

(l)  Le  plus  grand  (êrvîcc  que  l'içhneunnon  rencî« 
à  l'Egypte,  cil  de  brifer  les  oeufs  àes  crocodiles  par- 
tout où  il  les  rencontre  ;  c'eft  pour  cela  tjue  les  anciens 
Égyptiens  lui  portoient  \xn  culte  religieux.  Voyage  de 
ptiul  Lucas  t  tome  lU^page  20).  -. —  Cctoit  avco 
jufiice  que  les  anciens  Égyptiens  révéroient  l'ichneu- 
inon  ou  rat  de  Pharaon.  L'on  dit  que  de  quatre  cents 
oeufs  que  le  crocodile  pond  à  ia  fois ,  pour  en  fauvcr 
quelques-uns  de  la  fureur  de  cet  ennemi  mortel  de  (on 
efpèce,  il  eft  obligé  de  les  tranfporter  dans  quelques 
petites  îles,  lorfque  le  Nil  s'eft  retiré,  Defcr/jnm  ^ 
{'Egypte  par  Mailiet,  $9me  11,  page  12^, 


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Tome  XI. 


t46         Hijloke  Naturelk 


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KM 


LA  FOSSANE  (a). 


Q. 


,u  E  L  Q  u  E  S  Voyageurs  ont  appelé 
Ja  Fofîîine ,  Genette  de  Madagafcar,  parce 
quelle  refl'emble  à  la  Genette  par  les 
couleurs  du  poil ,  &  par  quelques  autres 
rapports  :  cependant  elle  efî  conflamment 
plus  petite;  &  ce  qui  nous  fait  penfer 
que  ce  n'eft:  point  une  genette ,  c'eft 
qu'elle  n'a  pas  la  poche  odoriférante  qui, 
dans  cet  animal ,  eft  an  attribut  elTentiel, 
Comme  nous  étions  incertains  de  ce  fiit, 
n'ayant  pu  nous  procurer  l'animal  pour  le 
difféquer ,  nous  avons  confuké  par  lettres 
M.  Poivre  ,  qui  nous  en  a  envoyé  Li 
peau  bourrée  ,  &  il  a  eu  la  bonté  de 
nous  répondre  dans  les  termes  fuivans: 
Lyon,  ip  juillet  ij6i.  «  La  Folîànc 
>3  que  j'ai  apportée  de  Madagafcar ,  eft 
>3  un  animal  qui  a  les  mœurs  de  notre 
y>  fouine  :  les  habitans  de  l'île  m'ont  aiîuré 
»  que  la.  fofTane  mâle  étant  en  chaleur, 

(a)  Foffd  ou  Fojtane,  nom  de  cet  animal  à  Ma- 
dagafcar ,  &  que  nous  avons  adopte. 


\^- 


Je  la  Foffcine»      '       147 

les  parties  avoient  une  forte  odeur  de  ce 
lîiufc.  Lorfquc  j'ai  fiiit  empailler  celle  cf 
qui  elt  au  Jardin  du  Roi,  je  l'examinai  ce 
attentivement,  je  n'y  découvris  aucune  ce 
pociie ,  &  je  ne  lui  trouvai  aucune  ce 
odeur  de  parfum.  J'ai  élevé  un  animal  ce 
fcmblable  à  la  Cochinchine,  &  un  autre  c< 
aux  îles  Philippines  ,  l'un  &  l'autre  <c 
étoient  des  mâles ,  ils  étoicnt  devenus  ce 
uii  peu  familiers ,  je  les  a  vois  eus  très-  ce 
petits ,  &:  je  ne  les  ai  guère  gardés  ce 
que  deux  ou  trois  mois;  je  n'y  ai  jamais  ce 
trouvé  de  poche  entre  les  parties  que  ce 
vous  m'indiquez ,  je  me  (liis  feulement  ce 
aperçu  que  leurs  excrémens  avoient  ce 
l'odeur  de  ceux  de  notre  fouine.  Ils  ce 
mangeoient  de  la  viande  &  des  fruits ,  ce 
mais  ils  préféroient  ces  derniers  ,  &  <e 
montroient  fur-tout  un  goût  plus  décidé  ce 
pour  les  bananes ,  fur  lefquelles  ils  fe  ce 
jetoient  avec  voracité.  Cet  animal  efl  ce 
très-fauvagc ,  fort  difficile  à  apprîvoifer;  ce 
&  quoiqu'élevé  bien  jeune ,  il  conferve  ce 
toujours  wn  air  &  un  caradère  de  ce 
férocité ,  ce  qui  m'a  paru  extraordinaire  ce 
dans  un  animal  qui  vit  volontiers  de  ce 
fruit.  L'œil  de  la  FofTane  ne  préfènte  ce 

G  1/      . 


[14-8      Hiftolre  Ncituretkt  &c. 

»  qu'un  globe  noir  fort  grand ,  compnri 
»  à  la  groileur  de  fu  tête,  ce  qui  donnt 
à  cet  animal  un  air  méchant.  » 

Nous  fommes  très  -  ailes  d'y  voir  cette 
occafîcn  de  marquer  notre  reconnoi/Tancc 
à  M.  Poivre ,  qui  par  goût  pour  i'Hill 
toire  Naturelle,  &.  par  amitié  pour  ceux 
qui  la  cultivent ,  a  donné  au  Cabinet  un 
■  afîcz  grand  nombre  de  morceaux  rares  <S( 
précieux  dans  tous  les  genres. 

li  nous  paroît  qup  l'animal  appelé  Berhi 
en  Guinée,  ell  le  même  que  la  foflanc, 
&  que  par  conléquent  cettje  efpèce  1« 
trouve  en  Afrique  comme  en  Afic.  c<  L.ç 
53  berbé,  difent  les  VoyageursY^^,  a  Iç 
•»  mufeau  plus  pointu  &  le  corps  -^Xys^ 
v>  petit  que  le  chat,  il  efl  marqueté  cojnmc 
j  îa  civette.  »  Nous  ne  connoilTons  pas 
d'animal  auquel  ces  indications  qui  font 
affez  précifcs  conviennent  mieux  qu'à  la 
foffanç. 

(b)  Voyage  en  Guinée  par  Bofman,  /w^f  ^i^i 

.  j^^.  »#*  I,  l'aide  2J^> 


•  '  ;/ 


C. 


^>.>   ,  J.':r. 


I 


\  ^> 


»4» 


LE  VANSIRE  (a), 

V>EUX  qui  ont  parlé  dé  cet  aniinal, 
l'ont  pris  pour  un  furet,  auquel  en  efïet 
il  reflemble  à  beaucoup  d'ëgards ,  cc- 
pendant  il  en  diffère  par  des  caraclcres 
qiii  nous  paroiflent  Tuffifans  pour  en  fiiire 
une  efpèce  diflinde  &  fcparée.  I.e  Van- 
fire  a  douze  cFents  mâchelières  dans  la 
mâchoire  fupéricure ,  au  lieu  que  le  furet 
n'en  a  que  huit  ;  &  Tes'  mâchclicres  d'en 
bas ,  quoiqu'en  égal  nombre  de  dix  dans 
ces  deux  animaux ,  ne  fc  refîembjent  ni 
par  la  forme  ni  par  la  fituaiion  rei'pecflive  : 
d'ailleurs  le  vanfire  diffère  par  la  cou- 
leur du  poil,  de  tous  nos  fmcts,  quoique 
ceux-  ci ,  comme  tous   les   animaux  que 

(n)  Vanfre ,  mot  dérive  cîc  Vahung  shira ,  nom  cie 
cet  nnimal  à  M:uiagîifcar.  f.a  province  de  B;ïlta,  tl.ms 
ic  royaume  de  Concio,,  offre  une  infiniréde  beaux  (iiMes 
(m:\rtres),  qui  portent  le  nom  d'Infire.  Hii'loire  géiU'ruft 
es  Kyvii^'i'*,  tome  V,  pnae  87.  Nof.u  11  n'y  a  point  dft 
f.il)lc>  ou  de  niurtrcs  à  Coii^jo,  c<;.  !;i  re(rtmhl;înce  du 
nnin  nciis  fi'.it  croire  (jue  rinll;.'.'  de  Congo  pwurroit 
Kicn  glre  !c  vanfire  de  MaJaa.ilcar. 

G  iij 


T 


h 


U- 


150       ^  Hîftoire  Naîurelle 

l'homme  prend  foin  d'élever  &  de  multi- 
plier ,  varient  beaucoup  entre  eux ,  même 
du  mâle  à  la  femelle. 

Il  nous  paroît  que  l'animal  indiqué  par 
Seba  (bj  fous  la  dénomination  de  Belette 
de  Java,  qu'il  dit  que  les  habitans  de 
Mcette  île  nomment  Koger-Angan,  &  qu'en- 
>  fuite  M.  Briffon  /cj  ^  nommé  Furet  de 
Java,  pourroit  bien  être  le  même  ani- 
mal que  le  vanfire  ;  c'efl  au  moins  de 
tous  les  animaux  connus  ,  celui  duquel 
il  approche  le  plus  ;  mais  ce  qui  nous 
empêche  de  prononcer  décirivement , 
c'eft  que  la  defcription  de  S^ba  n'eft 
pas  aflez  complète  pour  qu'on  puifle 
établir  la  jufte  comparaifon  qui  fcroit 
iiéceflàire  pour  juger  iâns  fcrupule.  Nous 
la  mettons  fous  les  yeux  du  iedeur  (d)^ 

*■ 

(If)  AluJieU  Jamnka,  Ab  incolîs  Javct  Kogcr-anjran 
vocatur,  Scba ,  vol.  I,  pag.  77,  n,"  4,  lab.  48, 
fig.  4. 

(cj  Alujîeln  fupra  mfa ,  infm  dïîute  Flara,  cauJa 
apice  nigricante ,  .  .  .  ,  Viverra  Javanica,  Le  furet  de 
Java.  Brid.  RegK,nnim,  pag.  a4j-. 

(<ij  Jamnica  fjac  mujïela ,  hic  rcprejemata  colh  f 
corjjore  cil  breviorllms  ([uam  nojlras ;  cajmt  tcgmts  /.Vj 


/V//.-r/. 


vt»^       «/%«-*^-.  -^i- 


»  -«■*-■••-   -r 


•i:„n ,  Xf.  J.  A    F  O  s  SAN  K  .  P/.  i^Pa^y.  i.î,>  ■ 


I-i;     \  AN  SI  Kl 


1^^  i 


•l'"  4 


Jn  Vattftre:  Y5ÏI 

pour  qu'il  puidè  lui-même  la  comparer 
avec  la  nôtre. 

olifcure  fftadicei  tm ,  wffi  mi  <torfum ,  ftiîutt  vtro  fait 
^ui  vmrtm  vejliunt,  cauda  intérim  in  apicem  acutum 
if  w'ffricaittem  dfjinmtt  Seba»  vol.  I,  pag.  78* 


^ 


G»»»» 


"^rjf        HiJIoke  Nûtunlle 


w 


LES  MAKIS  (a), 

V>  o  M  M  E   l'on  il  donne  le  nom  de 
Maki  à  plulieurs  animaux  d'efpèccs  difFé- 
rentes,  nous  ne  pouvons  l'employer  que 
comme  un  terme  gcnciique,  loustlîquel 
nous    comprendi'ons    trois    animaux    qui 
fe  refie.nblcnt  allez  pour  être  du  même 
genre,  muis.  qui   diftcrent  aufli   par  un 
nombre  de  caradcres  lliffifant  pour  confti- 
tuer  des  cfpèces  évidemment  différentes. 
Ces  trois  ailimaux  ont  tous  une  longue 
<|ueue ,    &:  les   pieds   conformés   comme 
les  iiii-jcs  ;   mais  kur  mu  (eau  ell  alonofé 
coinru"  celui  d'une  Ibuine ,  &  ils  ont  à 
la  iiiâchoire  inférieure  fix  dents  incifiveSy 
au  lieu  c[ue  tous  les  fmges  n'en  ont  que 
quatre.    Le  premier  de   ces  animaux  efl: 
le   Mocock  (b)  ou  Mococo   que   l'on 

(a)  Nota,  Il  pnt'oît  que  fe  mot  Ala^i  a  été  dé:i\c 
de  nwiok  ou  w  •'caiic,  uni  eft  le  lîom  t|ue  \'oy\  lioiinc 
communémer  L  à  ces  animaux  au  Mozambique  h 
A.w^s,  les  îles  voilincs  de  Madagafcar,    dont  ils  font 


oriiitmij-e^, 

o 


(b^  ^I^cok  ou  macvco ,  nom  de  cet  animai  fur  les 


des  Aliikis»  r  j  J 

connon  vulgaircniein  fous  le  nom  de 
y^/^/Â'/  a  queue  annclée.  Le  fccoiid  cil  le 
Aiongous  (cj  appelé  vulgairement  ylldlîi 
brun;  mais  cctie  dciiomination  a  cté  mal 
appliqucc  ,  car  dans  ccuc  crpccc  il  y  ea 
a  de  tout  bruns  fd),  d'autres  qui  ont  les 

côtes  orientales  de  l'Afl  iiiuc,  &.  (juc  nous  avons  adopt'i 
(.  L,'î!i;  de  Johanna  ,  •  fr.r  la  côre  liu  Mozambique  j, 
pioJuit  une  eîpcce  de  luttes  qui  reflembleiu  au  rc-  * 
jMrd  ,  tîv  qui  ont  l'œil  tixs  vitj  leur  poil  cil  laincu>f  <4 
^^  couleur  de  louris;  leur  queue,  qui  a  environ  <* 
trois  pieds  de  long,  c(l  liario!ce  avec  des  ccrclc>  « 
noirs ,  à  un  pouce  de  didancc  :  les  h;'.bitans  les  <t 
nppc'.Iciit  !/;<Cfh  Quand  on  les  prend  fort  jeunes  ,  on  « 
les  appiivoifc  bientôt.»  l'tjù'^e  fJc  Fr,  Hcrri  Grojfc : 
Londres,  175 H,  ptige  ^2,  0\\  3pjx.llc  audi  cet  ani- 
niial  Vitryix  Madii^ifcr.r.  «  Dans  lis  \ni{r.tres&  Me.i- 
fil!c5,  il  y  a  des  linges  blancs  en  quantité,  qu'ils  " 
appelltnt  vcri ,  qui  ont  la  quel  e  raicc  de  noir  ti  de  <« 
blanc.  >•   l^oj'.'îoe  de  F/ucamt ,  j-agc  1  'yii.  » 

Priftnia  cithrca,  ctm.Ifi  chiân  (UVitilii  ahbrnatîm  aïùis 
t  nfoiis Le  maki  à  queue  aiuiclce.  Brifl.  Re^ni 

flv/w.  pag.    2  2  2. 

T/ic  vuiucauco.  Edwards ,  Hiji.  of  Ëirds  ,  pag.  i  f>7, 

^i.;.  ;7'/i/.' 

CtV!d,  Lcvtur  catitifi  cvwu!atù.  Ilinn;  c^-/?.  uut,  ti}dt.  X% 

( c )  A'h'Tîgous ,  nom  de  cct-anitr.aî'aux  Indes  orien- 
tales, &  que  i'u;us  ;i\ous  adiopié.  .        •:     > 

.    (d)  Sitiia fckruikniigkofi s  fnfcus,  Petl\cr  Gazophyî, 
lab.  17,  fig.  5.  ,  .  v^  •  • 

G  V 


IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


1.0 


l.l 


Uè,m^    |2.5 

£  us  1110 


1.25      1.4      1.6 

^ 

6"     

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Photographie 

Sciences 
Corporation 


23  WIST  MAIN  STRIIT 

WHSTIR.N.Y    t4SI0 

(716)  B73-4S03 


1  '- 


'1-54        Hifoire  Nciturefle 

joues  &  ies  pieds  blancs  (e) ,  &  encore 
d'autres  qui  ont  les  joues  noires  &  les 
pieds  jaunes  (f).  Le  troifiènie  eit  le 
Vari  f  g)  f  appelé  par  quelques  -  uns 
A^aki-pie;  mais  cette  dénomination  a 
été  mal  appliquée,  car  dans  cette  efpècc, 
outre  ceux  qui  font  pies  ,  c'eft-à-dire , 
blancs  &  noirs ,  il  y  en  a  de  tout  blancs 
&  de  tout  noirs  (h).  Ces  quatre  animaux 
ibnt  tous  originaires  des  parties  de  l'A- 
frique orientale ,  &  notamment  de  Ma- 
dagafçar  où  on  les  trouve  en  grand 
nombre.         •  '  ' 


(t)  Proftmia  fufca,  Lf  maki.  Briflbn,  Regn,  tinïm» 
2  2  0.    Projîmia  fufca,  nafo  ,  gutture  &  pe  !iùiii 

Le  maki  aux  pkds  blancs.  Bri^.  Kegn, 

tiiiiw.  pa^.  2  2  1. 

The  inonj^floi.    Le  mongous.    Glanures  Edwards ^ 
pag.   1 2  ,  fift.  ibid, 

(f)  f^cfiniia  fifca,  rufo  ndipixto,  fiicie  n'igra,  ycddmi 

fulvis Le  maki  aux  pieds  fauves.  BrilT.  Regn» 

anim.  pag.  221. 

(g)  Vari  ou  Var'icojji,  nom  de  cet  animal  à  Mada- 
gafcar ,  &  que  nous  avons  adopté.  €c  H  y  a  ù  Madagalcar 
»  de  grands  fingcs  blancs ,  qui  ont  Ats  taches  noires  ùir 
»  les  côtés  &  (ur  la  tête ,  &  qui  ont  le  mulèau  Ion» 
V  conimc  un  renard  ;  ils  les  nomment  à  Manghabey 
varkojfi.  »  Voyage  de  Flaceourt ,  page  1 5  j . 

(h)  The  blûk  maucauco.  Le  maucauco  noir.  Clanutn 
d'Edwards ,  pag.  13,  fig.  ibid* 


'x^  des  MakiS.     >■  i  j  j; 

Le  mococo  eft  un  joli  ammal ,  d*une 
phyfïoiiomie  fine ,  d'une  figure  élégante 
&  fvelte ,  d'un  beau  poil  toujours  propre 
&  luftré  ;  il  eft  remarquable  par  la  gran- 
deur de  (es  yeux ,  par  la  hauteur  de  (es 
jambes  de  derrière  qui  font  beaucoup 
plus  longues  que  celles  de  devant ,  &  par 
Ih  belle  &  grande  queue  qui  eft  toujours 
relevée ,  toujours  en  mouvement ,  &  fiir 
laquelle  on  compte  jufqu'à  trente  anneaux 
alternativement  noirs  &  blancs,  tous  bien 
diflinds  &  bien  féparés  les  uns  des  autres  i 
il  a  les  moeurs  douces ,  &  quoiqu'il  re(^ 
feinble  en  beaucoup  de  chofes  aux  finges, 
il  n'en  a  ni  la  malice  ni  le  naturel.  Dans 
fon  état  de  liberté  il  vit  en  focicté ,  &  on 
le  trouve  à  Madagafcar  (ï)  par  troupes 
de  trente  ou  quarante  ;  dans  celui  de 
captivité ,  il  n'eft  incommode  que  par  le 
mouvement  prodigieux  qu'il  le  donne, 
c'eft  pour  cela  qu'on  le  tient  ordinaire- 
ment à  la  chaîne,  car  quoique  très -vif 
&  très -éveillé,  il  n'eft   ni   méchant  ni 

(t)  Les  varis  qui  ont  la  c]u<'ue  raiée  de  noir  &  cît 
blanc,  marchent  en  troupes  de  trente,  quarante  ou 
cinquante.  Ils  reflcmblcnt  aux  varicofTis.  Voyage  de 
riaccourt  f  page  i^^, 

G  v) 


.-■  -,V--h''"T'T'\- 


155         Hîftoire  Naturelle 

fîmvage,  il  s'apprivoi(è  afTez  pour  qu'on 
puifTc  le  liiiflèr  aller  &  venir  làns  craindre 
qu'il  s'enfuie  ;  la  démarche  eft  oblique 
comme  celle  de  tous  les  anipiaux  qui  ont 
quatre  mains  au  lieu  de  quatre  pieds  :  il 
(iiute  de  meilleure  grâce  &  plus  légère- 
ment qu'il  ne  marche  ;  il  eft  aflèz  lilen- 
cieux  &  ne  fait  entendre  fa  voix  que  par 
un  cri  court  &  aigu ,  qu'il  laifle  pour 
ainli  dire  échapper  lorlqu'on  le  fui  prend 
ou  qu'on  l'irrite.  Il  dort  aliis ,  le  nuifeau 
incliné  &  appuyé  fur  fa  poitrine  :  il  n'a 
pas  le  corps  plus  gros  qu'un  chat ,  mais 
il  l'a  plus  long;  ik  il  paroît  plus  grand, 
parce  qu'il  elt  plus  élevé  fur  les  jambes: 
ion  poil,  quoi([He  ircs-doux  au  toucher, 
n'eft  pas  couché  ,  6:  le  tient  allez  ferme- 
ment droit  ;  le  mococo  a  les  parties  de 
la  génération  petites  &  cachées ,  au  lien 
que  le  mongous  a  des  tefticules  pro-i 
digicux  pour  la  taille  ,  &  extrêmement 
ap})arens. 

Le  mongous  cft  plus  petit  que  le 
mococo,  il  a  comme  lui  le  poil  foyeux 
&  aflez  court,  mais  un  pr  '  frifé  ;  il  ^ 
nullr  le  nez  plus  gros  qu'  ;  mococO, 
Ô,  ïfTcz  fembliibic  à  celui  du  vari.  J'ai  ei\ 


des  Makhi  157 

chez  moi  pendant  pluficurs  années  un 
de  CCS  mongous  qui  étoit  tout  brun  ; 
il  avoit  l'œil  jaune ,  le  nez  noir  &  les 
oreilles  courtes  ;  il  s'amulbit  à  manger  la 
queue ,  &  en  avoit  ainli  détruit  les  quatre 
ou  cinq  dernières  vertèbres  ;  c*étoit  un 
animal  fort  Hile  &  alTcz  incommode,  on 
croit  obligé  de  le  tenir  à  la  chaîne;  &l 
quand  il  pouvoit  s'échapper ,  il  entroit 
dans  les  boutiques  du  voifinage  pour 
chercher  des  fruits,  du  fucre,  &  lur-tout 
des  confitures  dont  il  ouvroit  les  boîtes  ; 
on  avok  bien  de  la  peine  à  le  reprendre, 
&  il  mordoit  cruclleiricnt  alors  ceux  même 
qu'ir  connoifToit  le  mieux:  il  avoit  un 
pciit  grognement  preique  continuel  ;  & 
iorfqu'il  s'ennuyoit  ^  qu'on  le  luifloit 
lèul ,  il  Çq  failbit  entendre  de  fort  loin  par 
un  coaflement  tout  fcmblable  à  celui  de 
la  grenouille;  c'ctoit  lui  mâle,  &  il  avoit 
les  lefiicules  extrciucment  gros  pour  la 
taille;  il  cherchoit  les  chattes,  d<  même  (e 
laiisfairoit  avec  elles  ,  mais  fans  accou-, 
piement  intime  &  fans  production.  II 
craio'iioit  le  froid  cSc  rhumidité  ,  il  ne 
s'cioignoit  jamais  du  feu ,  &  le  teiioit 
debout  pour  fc  chaufler  :  on  le  nourrifloit 


i 


■',  ( 


1  5  8  Hipke  NattireJk 

avec  du  pain  &  des  fruits;  fa  langue  étort 
mde  comme  celle  d'un  chat  ;  &  fi  on 
le  laiffoit  fiiire ,  il  léchoit  la  main  jufqu'à 
la  faire  rougir,  &  finiffoit  (ouvent  par 
Tentamer  avec  les  dents.  Le  froid  de 
i'hiver  1750  le  fit  mourir,  quoiqu'il  ne 
fût  pas  forti  du  coin  du  feu  ;  il  étoit 
très-bru fque  dans  les  mouvemens  ,  &  fort 
pétulant  par  inftans,  cependant  il  dormoit 
fouvent  le  jour ,  mais  d'un  fommeil  léger 
que  le  moindre  bruit  intcrrompoit. 

Il  y  a  dans  cette  efpèce  du  mongous 
plufieurs  variétés ,  non  -  (èulement  pour 
!e  poil ,  mais  pour  la  grandeur  ;  celui 
dont  nous  venons  de  parler  étoit  tout 
brun ,  &  de  la  taille  d'un  chat  de  moyenne 
grofîeur.  Nous  en  connoiiïbns  de  plus 
grands  &  de  bien  plus  petits  ;  nous  en 
avons  vu  un  qui ,  quoi  qu'adulte  ,  n'étoit 
pas  plus  gros  qu'un  loir  ;  fi  ce  petit 
.  mongous  n'étoit  pas  reflemblant  en  tout 
au  grand ,  il  feroit  fans  contredit  d'une 
e({:)èce  différente  ;  mais  la  reflcmblance 
entre  ces  deux  individus  nous  a  paru  fï 
parfi liie  ,  à  l'exception  de  la  grandeur , 
que  nous  avons  cru  devoir  les  réduire 
tous  deux  à  la  même  e(|)4l:cc  ,  fiuf  à  les 


^  .    des  Makis.'A  T59 

diftingucr,  dans  ia  fuite  par  un  nom  diffé- 
rent ,  li  l'on  vient  à  acquérir  la  preuve  que 
CCS  deux,  animaux  ne  le  mêlent  point  en- 
fcmble ,  &  qu'ils  foicnt  aulli  différens  par 
l'efpèce  qu'ils  le  font  par  la  grandeur. 

Le  vari  (k)  eft  plus  grand,  plus  fort  & 
plus  fauvage  que  le  inococo ,  il  eft  même 
d'une  méchanceté  firouche  dans  fon  état 
de  liberté.  Les  Voyageurs  difent  «  que 
ces  animaux  font  furieux  comme  des  ce 
tigres ,  &  qu'ils  font  un  tel  bruit  dans  c< 
les  bois ,  que  s'il  y  en  a  deux ,  il  femble  ce 
qu'il  y  en  ait  un  cent ,  &  qu'ils  font  ce 
très  -  difficiles  à  apprivoifer  (l).  «  En 
eifet,  la  voix  du  vari  tient   un  peu  du 


ff()  Nofa,  Flaccxuirt  qui  appelle  le  mococo  vari, 
donne  à  celui  ■  ci  ie  nom  de  varkojjy  ;  il  y  a  toute 
apparence  que  eojfy  c\\  une  épithète  augmcntative  pour 
ia  grandeur,  la  force  ou  la  férocité  de  cet  animal ,  qui 
diffère  en  cfFel  du  mococo  par  ces  attributs  &  par 
plufieurs  autres.       ... 

(1)  Voyage  de  Flaccourt,  f.^ages  r Si  ^  f  f^» 
NotfU  Lorfque  cet  animal  tfl  pri.s  jeune,  il  perd  ap- 
paremment toute  fa  férocité  »  &  il  paroît  aulFi  doux 
que  le  mococo.  «<  C'cll ,  dit  M.  Edwards,  un  animal 
d'un  naturel  fociablc ,  doux  &  pacifique ,  qui  n'a  <c 
rien  de  la  luîe  ni  de  la  malice  du  fjnge.  »  Cûmures, 


H 


1 60  '       Niflohe  Naturelle 

iiigiflement  du  lion ,  &  elle  eft  efFrnyamc 
lorfqu'on  l'entend  pour  la  première  fois; 
celte  force  étonnante   de  voix   dans  un 
animal  cjui  n'efl:  que  de  méd»!ocre  gran- 
deur, déjDcnd  d'une  firuclure   (ingulicre 
dans  la   trachée   artère  ,    dont   les  deux 
branches  s'élargifTent  &  forment  une  large 
Concavité   avant  d'aboutir   aux   bronches 
du  poiunon  ;  il  diffère   donc   beaucoup 
d'u   mococo   par  le  naturel ,  auiïi  -  bien 
que  par  la  conformation  ;  il  a  en  général 
ïe  poil  beaucoup  plus  long,  ôc  en  par- 
ticulier une   efpcce  de    cravate   de  poils 
encore  plus   longs  c|ui  lui  environne  le 
Cou,  &  qui  fût  un  caradère  très -appa- 
rent,  par  lequel  il  eft  aifé  de  le  recon- 
noîtrc  ;  car  au  relie  il  varie  du  blanc  au 
noir  &..  au  pie  par  la   couleur  du  poil , 
qui  quoic[ue  long  &  très -doux ,  n'cli  pus 
couché  en  arrière  ,  mais  s'élève  prefque 
perpendiculairement  fur  la   peau:  il  a  le 
niulèau  ])lus  gros  &  plus  long  à  propor- 
tion que  [c  mococo,  les  oreilles  beaucoup 
plus  counes  &  bordée.^  de  longs' poils ,  les 
yeux  d'un  jaune  orangé  fi  foncé ,  qu'ils 
i)aroi lient  roup-e.s. 

Lci  mococos ,  les  mongous  &  les  vari; : 


.    des  Makis*        \      1 5 1 

font  du  même  pays  &  paroîflcnt  être 
confinés  à  Madagalcar  (m),  au  Mozam* 
biquc  &  aux  terres  voi fines  de  ces  îles; 
H  ne  paroît ,  par  aucun  témoignage  des 
Voyageurs,  qu'on  les  ait  trouvés  nulle 
part  ailleurs,  ils  reinblent  qu'ils  foient  dans 
i'ancicn  continent ,  ce  que  font  dans  le 
nouveau  les  raarniofcs  ,  ies  cayopollins , 
les  phalangers  qui  ont  quatre  mains  cônmie 
les  makis ,  «Se  qui ,  comme  tous  les  autres 
animaux  du  nouveau  monde ,  font  fort 
petits  en  comparaifon  de  ceux  de  l'ancien; 

(m)  La  province  de  MélnoafTe  à  Mndagafcar,  efl 
^upiée  d'un  grand  nomhrc  de  finges  de  pluficurs  ef- 
pècesi  on  en  voit  des  bruns  de  couleur  de  caftor, 
ayant  le  poil  cotonné ,  la  qticue  large  &.  fongue ,  dé 
lai|uellc,  étant  Fttrouflce  fur  le  dos,  i!s  fe  couvrent 
contre  fa  pfuie  &  le  foleil ,  dormant  ainfi  cachés  tUr 
les  branches  des  arbres  comme  l'écurieu.  Au  refte, 
ils  ont  le  mufeau  comme  u«e  fouine  &  les  oreille* 
rondes  ;  cette  cfpèce  efl  fa  moins  nuifiblc  &  maligne 
de  toutes.  Les  Antavarrcs'  en  ont  de  même  poil  i]ue 
ccù>4c4  ,  ayant  une  foriiie  de  fraife  blanche  autour  du 
cou  :  il  y  en  a  de  tout  blancs  comme  neige ,  de  la 
groffcui*  àti  piécédens ,  ayant  le  mufeau  long  ;  ifs 
grondent  comme  îles  cochons.  Relation  (k  AlaJagafcarf 
far  F.  Ceaic^e ,  page  1 1 7.  Nota,  Le  mongous  &  le 
vari  font  indiqué"  par  ce  palTage  d'une  manière  à  n« 
pouvoir  s'y  méprcni,h'e;  &  c'eft  fur  cette  autorité  quq 
j'ai  dit  i|u'il  y  avoit  non-iaiicment  dc5  vari*  nuiri  âl 
pies,  mais  encore  de  tout  blancs» 


loi     Hîflotre  Naturelle,  '&Cé 

&.  à  l'égard  de  la  forme ,  les  makis  /cm" 
blent  faire  la  nuance  entre  les  fmgcs  à 
longue  queue  &  les  animaux  fîffipèdes, 
car  ils  ont  quatre  mains  &  une  longue 
queue  comme  ces  fmges  ,  &  en  même 
temps  ils  ont  le  mufèau  long  comme  les 
renards  ou  ies  fouines  ;  cependant  ils 
tiennent  plus  des  finges  par  les  habitudes 
cfTentielIes ,  car  quoiqu'ils  mangent  quel- 
quefois de  la  chair  &  qu'ils  fe  plaifent  aufîi 
à  épier  les  oileaux  ,  ils  font  cependant 
moins  carnaffiers  que  frugivores  ,  &  ils 
préfèrent  même  dans  l'état  de  domefti- 
cité  les  fruits,  les  racines  &  le  pain  à  la 
chair  cuite  ou  crue. 


1^3 


LE  LORIS  (a). 


L 


E  Loris  eft  un  petit  animal  qui  fe 
trouve  à  Ceylaii ,  &  qui  eft  très-remar- 
quabïe  par  inélégance  de  fa  figure  &  la 
fingularité  de  la  conformation  :  il  elt 
peut-être  de  tous  les  animaux  celui  qui 

(a)  Loris,  Loerls ,  nom  que  les  Hollandais  ont 
donné  à  cet  animal ,  &  que  nous  avons  adopté. 

Elegannlfimum  animal  mufei  D.  Charkton ,  Tancrcd 
Bobinfon  àpud  Rniuni,  Syn,  quad.  pag.  i6i. 

Simia  pntva  ex  cinereofufca,  nafo  proAuéliore ,  brachiit, 
tnani&us ,  pedibufqNe  longis ,  temibus ,  Belgis  een  Loris* 
Ex  India  orientali,  Mulèum  Pctropolit.  pag,  //^. 

Amnialculum  cymcephalum ,  Ceylonicum,  Tardigradum 
diâtim ,  Jiniii Jpccies,  Seba,  vo/.  I,  tab,  J S' fiS'  ^  ^  2, 
Nota.  L'Éditeur  du  Cabinet  de  Seba  nous  paroît  avoir 
fait  ici  un  double  emploi ,  car  cet  animal  e(l  k  même 
que  celui  qu'il  indique  fou.»  la  dénomination  de  CercO' 
pithecus  Ceyionicus  Jeu  tardigradus ,  tab.  47 ,  fig.  i , 
M.  BrifTon  ,  d'après  Seba  ,  a  fait  le  même  double 
emploi  fous  les  dénominations  de  Singe  de  dylan, 
Reg.  anim.  pag,  i p  o,  &  Singe  cynocéphale  de  Ceylan, 
pag.  191. 

Tardigradus.  Lewur  ccaudatus.  Muf.  ad,  Fr,  1 ,  p,  ^% 
Sim/a  tcaudatfi  ini^mhus  indicis  ftdmlatis,  Syfl,  nat,  /> 
n,"  j.  Linn,  Syfl,  nat,  edit*  X,  pag,  2^% 


1^4         Hijfotre  Naturelle 
a  ie  corps  lé  plus  long  relativûpent  à  h 
grofleur;  il  a  neuf  vertèbres  lombaires, 
au  lieu  que  tous  les  autres  animaux  n'en 
ont  ciue  cincf ,  iîx  ou  (êpt,  &  c'eft  de-là 
que  dépend  l'aiongement  de  Ton  corps, 
qui  paroîî  d'autant  plus  long:  qu'il  n'eft 
pas  terminé  par  une  queue  ;  fans  ce  dé- 
friut  de  queue  &  cet  excès  de  vertèbres, 
on  pourroit  le   comprendre  dans  la  lifte 
des  Mnkis,  car  il  leur  reflemble  par  les 
mains  &  les  pieds  qui   font  à  peu  près 
-conrbrm<5s  de  même ,  &  auili  par  la  qua- 
lité du  poil,  par  ie  nombre  des  dents,  ôc 
par  le  muleau  pointu  ;  mais  indépendami- 
jnent  de  la  fingularité  que  nous  venons 
«i'indiquxsr,  (Si  qui  l'éloigné  beaucoup  des 
makis ,  il  a  encore  d'autres  attributs  .parti- 
cuilers.   Sa  tête  eft  tout-a-fiiit  ronde ,  <Sc 
Ion  muleau  eft   prefque   perpendiculaire 
fur  cette  fplière  ;   les  yeux  Ibnt  excelîi- 
temcnt  gros  &  très-voifins  l'un  de  Tau- 
ire  ;   Tes  oreilles   larges  &  arrondies  font 
garnies  en   dedans  de  trois   oreillons  en 
fT.)rmc  de  petite  concjnc  -,  mr.is  ce  qui-  cft 
encore  plus  reinaic|nal)Ie  ,   6t   peut  -  être 
unique ,  c'efl  que  la  femelle  urine  par  le 
tliioiis,  qui  eil   percé  comme  la  verge 


fa 


& 
ulaiie 
elfi- 
l'au- 
font 
Us  en 
li  eft 
-être 
nr  ie 
verge 


dil  l*âle  ,  &  que  ces  deux  parties  fe 
relTemblent  parfaitement,  même  poiir  la 
grandeur  &  Ja  groiîeur. 

M'  Linnacus  a  donné  une  coune  de(^ 
cription  de  cet  animai  fhj,  qui  nous  a 
paru  très-conforme  à  la  Nature;  il  efl  aufîî 
fort  bien  reprélènté  dam  l'ouvrage  de 
Seba,  &  il  nous  paroît  que  c'eft  \c 
même  animal  dont  parie  Thevenot  dan? 
les  termes  fuivans  :  ce  Je  vis  an  Mogol^ 
des  fmges  dont  on  faifoit  grand  cas,  c€ 
qu'un  homme  avoit  apportés  de  Ceylan ,  « 
on  les  eftimoit  parce  qu'ils  n'étoicnt  « 
pas  plus  gros  <|uc  \c  poing,  &  qu'ils  « 
font  d'une  elpèce  différente  des  finges  ce 

fhj  Sraturafciuri  t  fuhfemiglmét ,  Rne&Joffilifuhfufcâ: 
gttfii  allfidiore  ima  hngitudinalis  oculis  inierjcûa,  faciès 
itûa,  auricuLx  urcèo/ara ,  iutus  bifoliane,  pe<nm  paîma 
flanmque  nuda  t  un  gués  ratundati,  indicwn  plant  arum  vero 
fulmlatù  Céttitia  ferc  nulla ,  mammœ  2  in  peél(tre  ;  2  in 
éihdomine  verfus    pe6lus.    Animal  tardigradurn  ,    éuditu 
txcelUns,  menogamum.'.Linn.  Syjî.  nat.  edit,  X,  pag.  jo, 
Nota,  Cet  animal  n ayant  point  du  tout  de  queue;  il 
faut  retrancher  de  cette  defcriptron  le  motdtfere.  Il  ne 
paroît  pas  non  plus  par  les  proportions  du  corps  &  des 
membres,  qu'il  (oit  lent  à  marcher  ou  à  fauter;  &  je 
crois  que  L'cpithèie  de  tardigradus  ne  lui  a  été  donnée 
par  Seba ,  que  parce  qu'il  s'eft  imaginé  lui  trouver 
(^udque  re(&mblance  avec  lé  pareffeu^Ct 


■  i 


|lr    l66     Htfolre^  Naturelle,  &*€. 

l  »  ordinaires  ;  ils  ont  le  front  pfaf,  lés 
»  yeux  ronds  &  grands,  jaunes  &  ciairs 
x>  comme  ceux  de  ceruiins  chats  :  leur 
»  niufeau  efl  fort  pointu  &  le  dedans 
»  des  oreilles  efl  jaune  ;  ils  n'ont  point 
»  de  queue  •.....,.  quand  je  les  exa- 
y>  minai  ils  iè  tenoient  fur  les  pieds  de 
»  derricfe  ,  &  s'erabrafToient  Ibuvent  , 
»  regardant  fixement  le  monde  fans  s'ef^ 
fàrouchçr  (c)»  '   ^ 


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fc)  Voyez  la  relation  de  Thevenot,  tome  111^ 


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Ghauve- 

fouris  comr 

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Vefpertilio 
jwpcis  pent, 
Americams, 
Regn,  anim, 
en  ne  donn; 
aux  ailes; 
induit  en  ei 
doigts  dans 
qui  fait  le  pc 
M.  Edwarc 
qu'il  a  fait  d 
qu'il  a  réeil 
(ouris. 

Vejpemih 
Sloane,  fJij 

Bat  from 
tab.  ibU»  lïg 


,»  j. 


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v6y\ 

LA  CHAUVE' SOURIS. 

FeR'DE'LÀNCE   (a). 

\j  A  N  s  le  grand  nombre  d'efpcces  dé 
Cliauve-fouris  qui  n'étoiçm  ni  nommées 

(a)  Vc/pertilio  Amerkams  iniîgaris,  La  Cfiauve^ 
fouris  commune  d'Amérique.  Sei^,  vol,  /,  pag,  p  o^ 
té,  s  S»  fêr  -*• 

Vefpertilio  murini  coloris ,  pedihus  antlcls  mradaâyllsi 

iwflicis  pentadaûylis ,  nafo  criftato Vefpenilh 

Americmus,  La  chauve  -  (buris  d'Amérique,  BrifTon» 
Regn,  anim,  pag.  a  2 8.  Nota.  M.  Bridbn  s'eft  trompé 
en  ne  donnant  à  cette  chauve-(buris  que  quatre  doigts 
aux  ailes;  ceft  la  figure  donnée  par  Seba  qui  l'a 
induit  en  erreur,  elle  ne  préfênte  en  effet  que  trois 
doigts  dans  la  membrane  de  i*aile,  &  un  quatrième 
qui  fait  ie  pouce ,  mais  c'efl  une  faute  du  Deflinateur» 
M.  Edwards ,  qui  a  été  plus  exad  dans  le  deffin 
qu'il  a  fait  de  cet  animal,  y  a  marqué  les  cinq  doigts 
au'il  a  réellement  comme  toutes  les  autres  chauve- 
fouris.  ■    i 

Vefpemlh  rojlro  appeiuiice  aitricula  firma  <lonawi 
Sloane,  Hljl»  of  Jamdic,  vol,  II,  pag,  330. 

Bat  from  Jamdtca,  Edwards,  ofBirds,  pag,  aoi^ 
tab.  ibid,  iîg.  i  • 


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i68  Hîflotre  NaturvIU 

ni  connues,  nous  en  avons  indiqué  que!-» 
ques-uncs  par  des  noms  empruntés  dç^ 
Langues  étrangères,  &  d^aunes  par  d^^ 
dénominations  tirées  de  leur  caradère  îe 
plus  frappant;  il  y  en  a  une  que  nous 
avons  appelée  le   Fer  -  j  -  cheval ,  parce 
qu'elle  porte  au-devant  de  fa  face  un 
relief  exadcment   fembiable   à  la   forme 
d'un  fer  à   cheval.    Nous  nommons  de 
^ême  celle  dont  il  eft  ici  queftion ,  le 
JFer-de-lmce ,  parce  qu'elle  préfente  une 
crête  ou  membrane  en  forme  de  trèfle 
très-pointu,  &  qui  reflemble  parfîiitement 
à  un  fer  de  lance  garni  de  Içs  oreillons, 
Quoique  ce  caradère  fuffile  lèul  pour  la 
faire  reconnoître   &   diftinguer  de  toutes 
les  autres,  on  peut  encore  ajouter  qu'elle 
ii*a  prefque  point  de  queue ,  qu'elle  eft 
à  peu  près  du  même  poil  <S(  de  la  même 
groffeur  que  la  chauve-fouris  commune , 
mais  qu'au  lieu    d'avoir   comme  elle  A 
comme    la    plupart    des    autres   chauvc- 
iburis,  fix  dents  incifiv.es  à  la  mâchoire 

PerfpkUlatus  vefpmiîiQ  ecaufintus ,  vap  foliato  plm 
Mtuminiuo,  Syfît  tiiu.  7,  Aluf,  ad  Fu  t  ,  pagt  y, 
Linn.  S^Ji,  nat,  «diti  X,  pag.  31. 

iiifôrieure, 


•".ri  _ 


{le  h  Chduve-foims  Fer-de-knce.  1 6^ 

inférieure ,  elle  n'en  a  que  quatre  :  au 
refte,  cette  efpècc  qui  efl:  fort  commune 
en  Amérique  ,  ne  iè  trouve  point  eit 
Europe. 

II  y  a  au  Séne'gal  une  autre  chauve*- 
iburis,  qui  a  aulli  une  membrane  fur  le 
nez ,  mais  cette  membrane,  a^  lieu  d'avoir  ^ 
la  forme  d'un  fèr-de-iance  ou  d'un  fèr-à- 
chevai ,  comme  dans  ies  deux  chauve- 
fouris  dont  nous  venons  de  faire  mention, 
a  une  figure  plus  fimple  &  reflèmble  à 
une  feuille  ovaie  :  ces  trois  chauve-fburis 
étant  de  differens  climats  ,  ne  font  pas  de 
fimples  variétés  ,  mais  des  elpèces  dif^ 
tindes  &  féparées.  M.  Daubenton  a  donné 
la  defcription  de  cette  chauve  -  fouris  du 
Sénégal  fous  le  nom  de  la  Feuille  dans 
les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences , 
année  17JP,  page  s  74*  . 

Les  chauve-fouris  qui  ont  déjà  de 
grands  rapports  avec  les  oi  féaux  par  leur 
vol ,  par  leurs  ailes  &  par  la  force  des 
niufcles  pe(5loraux  ,  paroifTent  s'en  ap- 
procher encore  par  ces  membranes  ou 
crêtes  qu'elles  ont  fur  la  foce  ;  ces  parties 
excédantes  ,  qui  ne  fe  préfentent  d'abord 
que  comme  des  difformités  fuperfîues, 

Tome  XL  H 


fyo    Hïfloîre  Naturelle,  &c. 

ibnt  ies  caradèrçs  réels  &  les  nuances 
vifibles  de  l'ambiguïté  de  la  Nature  entre 
ces  quadrupèdes  volans  &  les  ôifeaux  ; 
car  la  plupart  de  ceux  -  ci  ont  auffi  de* 
membranes  &  des  crêtes  autour  du  bec 
&  de  la  tête ,  qui  paroilfent  tout  auflî  fu, 
perflues  que  celles  des  chav^yç-fourist 


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L  E  SER  VA  L  (a). 

V^  ET  animal,  qui  a  vécu  pendant  quel- 
ques années  à  la  Ménagerie  du  Roi ,  Ibus 
le  nom  de  Chat-tigre  ,  nous  paroît  être 
le  même  que  celui  qui  a  été  décrit  par 
M."  de  l'Académie  (bus  le  nom  de  Chat" 
pard  ;  &  nous  ignorerions  peut-être  encore 
fon  vrai  nom  fi  M.  le  marquis  de  Mont- 
mirail  ne  Teût  trouvé  dans  un  Voyage 
italien  (bj,  dont  il  a  fait  la  traduélion  & 
Fextrait,  ce  Le  Aiaraputé,  que  les  Portugais 
de  rinde  appellent  Serval  (  dit  le  P.  « 
Vincent-Marie)  eft  un  animal  fauvage  « 
&  féroce ,  plus  gros  que  le  chat  fau-  ce 
vage  &  un  peu  plus  petit  que  la  civette ,  ce 
de  laquelle  il  diffère  en  ce.  que  fa  tête  cç 

fa)  J^rvaf^  nom  que  les  Portugais  Tiabîtués  dans 
rinde ,  ont  donné  à  cet  animai  ,  que  les  habiians  de 
Malabar  appellent  Marapute. 

Chatpard^  Ménîoires  pour  fervir  à  i'hirtoirc  dcf 
animaux,  partie  t,  page  top» 

(b)  Voyage  du  i^ère  F.  Vincent- Marie  de  Sainte- 
Catherine  de  Sienne,  Venije ,  1 68^^  in  ■^'  P'^op^ 
ïirticie  traduit  par  M.  le  marquis  de  Montmirail, 

Hi; 


'ïï/a       Hijfotre  Naturcfle      ; 

>>  eft  plus  ronde  &  plus  grofîè ,  relaiive- 
,»  ment  au  vohMne  de  fon  corps ,  &  que 
>>  fou  front  paroit  çreufé  dans  le  milieu; 
^3  il  refTenible  à  la  panthère  par  les  cou- 
p>  leurs  du  poil  qui  elt  fauve  fur  la  tête , 
33  le  dos ,  les  flancs  ,  &  blanc  fous  le 
?•>  ventre  ,  &.  aufîi  par  les  taches  qui 
>>  font  diflinétes ,  également  diftribuées  & 
;>5  un  peu  plus  petites  que  celles  de  la 
o5  panthère.;  fes  yeux  font  très  -  brillans , 
05  fès  mouflaches  fournies  de  foies  longues 
>>  ÔL  roides ,  il  a  la  queue  courte ,  les  pieds 
93  grands  &  armés  d*ongIes  longs  &  cro- 
;»  chus.  On  le  trouve  dans  les  montagnes 
o3  de  l'Inde  ;  on  le  voit  rarement  à  terre, 
33  il  le  lient  prefque  toujours  fur  les  arbres^ 
p>  où  il  fait  fon  nid  &  prend  les  oifcaux , 
pj  defqucls  il  fe  nourrit  ;  il  faute  aufîi  lé- 
»  gèrement  qu'un  finge  ,  d'un  arbre  à 
9>  rautre,  &  avec  tant  d'adrefîè,&  d'agilité 
»  qu'en  un  infiant  il  parcourt  un  grand 
>>  efpace,  dt  qu'il  ne  fiiit,  pour  ainfi  dire, 
35  que  paroître  &  dilparoître  ;  il  efl:  d'un 
pi>  naturel  féroce ,  cependant  il  fuit  à  l'af 
>5  pe<^  de  l'homme  ,  à  inoins  qu'on  ne 
^>  l'irrite ,  fur-tout  en  dérangeant  là  bauge, 
»  Ç2ix  alors  U  devient  furieux ^  il  s'élance^ 


V  >;   Ju  Serval       '       r/y 

mord  6l  d^échÎFe  à  peu  près  comme  la  ce 
panthère  ». 

La  captivité ,  fes  Bons  ou  Icfs  mauvais» 
traitcmens  ,  ne  peuvent  ni  dompter  ni- 
adoucir  la  férocité  de  cet  animal  ;  celui 
que  nous  avons  vu  à  la  Ménagerie  étoit^ 
toujours  fur  le  point  de  s'élancer  contre' 
ceux  qui  l'approchoient  :  on  n'a  pu  le' 
dein  ner  ni  le  décrire  qu'à  travers  la  grille 
de  fà  loge  :  on  le  nourriffoit  de  chair 
comme  les  panthères  &  les  léopards. 

Ce  (êrval  ou  maraputé  de  Malabar  & 
des  Indes  (c),  nous  paroît  être  le  même 
animal  que  le  chat -tigre  du  Sénégal  & 
du  cap  de  Bonne-efpérance  ,  qui',  félon  le 
a^moignage  des  Voyageurs  (d),  reffemble 
au  chat  par  la  figure  ,,  <&.  au  tigic  (c'eftr 


m 


(c)  H  y  a  à  Sagori  (îfe  fur  lè  Gange)  ^cî,  chars ' 
tigres  qui  font  gros  comme  un  mouton.  Nouveau  voy.ige- 
par  lejîeur  Lui/lier,  Rotterdam,  iji*^,  p.  90. 

fj)  Voyage  de  Le  Maire,  page  too*  —  Le' 
chat  ^ti  bois  ou  le  chat -tigre  cft  le  plus  (rt'os  de 
tous  les  chats  fauvages^  du  Cap ,  Ton  habitation  e(l 
dans  les  bois,  &  il  cft  tacheté  à  peu -près  comme 
un  tigre.  La  peuu  de  ces  animaux  aonne  d'excellentes 
fourrures  pour  la  chaleur  &  pour  l'ornement ,  auflfi  fe 
vendent-elles  fort  bien  au  Cap.  Dtfcription  du  cap  de 
Bonne-efpérance,  par  Jùl/ief  tome  III ,  page  50, 

Hii) 


/- 


\,' 


1 74     ////?(?/V^  Naturelle ,  éfa      '^" '" 

à-dire  à  la  panthère  ou  au  léopard  )  par 
les  taches  noires  &  blanches  de  Ton  poi'  ; 
<c  cet  animal ,  difent-ils  ,  efl  quatre  fois 
»  plus  gros  qu*un  chat ,  ii  eft  vorace  & 
»  mange  les  finges ,  les  rats  ôi  les  autres 
animaux».  ,  ,-^ 

Par  la  comparaifbn  que  nous  avons 
iàite  du  ferval  avec  ie  chat-pard  décrit 
par  M/"  de  T Académie,  nous  n'y  avons 
trouvé  d'autres  différences  que  les  longues 
taches  du  dos  &  les  ^anneaux  de  la  queue 
du  chat-pard,  qui  ne  font  pas  dans  le 
ierval  ;  il  a  feulement  ces  taches  du  dos 
placées  plus  près  que  celles  des  autres 
parties  du  corps ,  mais  cette  petite  difcon- 
venance  fait  une  différence  trop  légère 
pour  qu'on  puiffe  douter  de  l'identiié 
d'clpèce  de  ces  deux  animaux. 


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lU.  U 0  C  E  L  OT  ^.y^ 

JL'OcÈLÔT  eft  un  animal  d* A métîque 
féroce  &  carnadier,  que  i*on  doit  placer 
à  collé  du  Jaguar ,  du  Cougar ,  ou  im^ 
médiatement  après  ;  car  il  en  approché 
pour  la  grandeur ,  &  leur  rèfTembie  par 
le  naturel  &  par  la  figure.  Le  juâle  &  la 
femelle  ont  été  apportés  vivans  à  Paris  pat 
M.  TEfcot  ,  &  on  lies  a  vus  à  la  foire 
S.'  Ovide  au  mois  de  Septembre  de  Tannée 
1764,  ils  venoient  des  terres  voifines  de 

fa)  Oceîot ,  mot  que  nous  avons  tiré  par  abréviation 
de  Tlalocelotlf  nom  de  cet  animal  dans  fon  pays  natal 
au  Mexique. 

Tiacoojîoti ,    tiaîoceioti.    Cam  pàrdus  mexkànusi 
Hemandl.  Hifi,  Mex.  pag.  512,  fig.  ibU, 

ParHaïis.  Felis  cauda  ehngata ,   corpore  maatlls  fupt- 

rhriùus  virgatis  ,  inferiorUms  orbiculatis habitai 

in  America,  AJagnir$ido  me  lis  ,  fupra  fufcus  ,Jubtûs  aL 
licans  ;  lifiea  mnélaque  nigra  per  totwn  corpus  higi- 
mdimhttr  fparjd  ;  fed  pedes  &  abdomen  tantum  punéîiSt 
latera  lineis  titiorilus  a/bis  if  fi^fi'^  pinguntur»  Aures 
brèves  margirte  bifida  abfque  penicif/is ,  pedes  /-^  ctiudâ 
verticillato  uariegata  i>rnpcrn0ne  cati,  ATyJhices  ^  ordmwttt 
in  jîngulo  ordiue  fet(Z  ^,  f,  /,  albcc ,  kifi  nigra ,  lont 
gitudine  caviiis*  Linn,  Syfi%  nat*  eJit.  x  •   pag.  ^'^% 

H  111; 


Nf 


-7 


\ij6         Hîftoke  Naturelle        '^^ 

^artagène  ,  &  ils  avc^ient  été  enlèves  tout 
petits  à  leur  mère  au  mois  d'Odobrc 
176.3  ;  à  trois  mois  d'âge  ,  ils  étoient 
déjà  devenus  aflez  forts  &  afTez  cruds 
pour  tuer  &  dévorer  une  chienne  qu'on 
ïeur  avoit  donnée  pour  nourrice  ;  à  un 
an  d'âge  ,  ïorfque  nous  ies  avons  vus  ,  ils 
îivoient  environ  deux  pieds  de  longueur, 
i&  il  eft  certain  qu'il  leur  refloit  encore  à 
croître,  &  que  probablement  ils  n'avoient 
pris  alors  que  la  moitié  ou  les  deux  tierç 
de  leur  entier  accroifîement.  On  les  mon- 
troit  fous  le  nom  de  chat- tigre,  mais  nous 
sivons  rejeté  cette  dénomination  précaire 
&L  compofée,  avec  d'autant  plus  de  raifon, 
qu'on  nous  a  envoyé  fous  ce  même  nom 
le  Jaguar,  le  Serval  &  le  Margay ,  qui 
cependant  font  tous  trois  différens  les  uns 
des  autres  ,  &  différens  auffi  de  celui  dont 
ij  eft  ici  queflion.  t        ,i  -^ 

Le  premier  Auteur  qui  ait  fait  mention 
exprefle  de  cet  animal ,  &  d'une  manière 
à  le  faire  reconnoître  ,  eft  Fabri  ;  il  a  fait 
•  jgraver  les  defïins  qu'en  avoit  fûts  Rccchi, 
&  en  a  con:pofé  la  defcription  d'après  ces 
mêmes  deffins  ,  qui  étoient  coloriés ,  il 
en  donne  auiil  une  cfpècc  d'hiftoire  , 


.(  » 


*'  de  FOceloté.  V         177 

rf'après  ce  que  Grégoire  de  Bolivar  en 
avoit  écrit  &l  lui  en  avoit  raconté.  Je  ftus 
ces  remarques  dans  la  vue  d*éclaircir  un 
fait  qui  a  jeté  les  Naturaiifles  dans  une 
efpèce  d'erreur ,  &  (ur  lequel  j-avoue  que 
je  m'étois  trompé  comme  eux  ;  ce  fait 
eil  de  (avoir  fi  les  deux  aniinaux  defUnéâ 
par  Recchi,  !e  premier  avec  le  nom  de 
Tlatlaukqumehtl ,  &  le  fécond  avec  celui 
de  Tlaceoilotl ,  Tlalocelotl ,  Ôl  enfuite  dé- 
crits par  Fabri  comme  étant  d'efpèces 
diflerentes  ,  ne  font  pas  ie  même  animal; 
Gn  étoit  fondé  à  ies  regarder,  &  on  les 
regardoit  en  efïèt,  comme  différens,  quoi^ 
que  ies  figures  foient  aflez  fèmWables  ^ 
parce  qu'il  ne  laifle  pas  d*y  avoir  des  di^- 
rcnces  dans  les  noms ,  &  même  dans  les 
defcriptions  ;  j*avois  donc  cru  que  le  pre- 
mier pouvoit  être  le  même  que  le  jaguar,^ 
en  forte  que  dans  la  nomenclature  de  cet 
animai ,  j*y  ai  rapporté  le  nom  Mexicain 
Tlatlauhquîocelotl :  or  ce  nom  Mexicain  ne 
lui  appartient  pas  ,  &  depuis  que  nous 
avons  vu  les  animaux  mâles  &  femeiJei 
dont  nous  parlons  ici ,  je  me  fuis  perftiadé 
que  les  deux  qui  ont  été  décrits  par 
Fabrly  ne  fout  que  ce  même  animal  dojo^ 

H  V 


\ij%         Hifloire  Naturelle 

le  premier  eft  ie  mâle  ,  &  le  fécond  la 
femelle  ;  ii  ^lloit  un  hafàrd  comme  celui 
que  nous  avons  eu ,  &  voir  enfemble  le 
mâle  &  la  femelle  pour  reconnoître  cette 
petite  erreur.  De  tous  les  animaux  à  peau 
tigrée,  Tocelot  mâle  a  certainement  la  robe 
la  plus  belle  &  la  plus  élégamment 
variée  (b),  celle  du  léopard  même  n'en 
approche  pas  pour  la  vivacité  des  couleurs 
&  la  régiilarité  du  deflin  ,  &  celle  du 
jaguar  ,  de  la  panthère*  ovi  de  Tonce  en 
approche  encore  moins  ;  mais  dans  Td- 
celot  femelle,  les  couleurs  font  bien  plus 
fbibles ,  &  le  deffin  moins  régulier ,  Se 
jc'eft  cette  différence  très  -apparente  qui  a 
pu  tromper  Recchi ,  Fabri  (c)  &  les  autres; 

(b)  Vmverftmt  corpus  pulchw  Yofecxjue  fuhrahet  colore  ; 
gxcepto  iftferiore  ventre  qui  éhkat  potins  ;  maculis  rofarum 
efigie,  nigricantihts  omnilms  intrafuave  néemem  colotem, 
rotùm  ira  corpus ,  pedes  if  couda  ordine  quodam  dijlin- 
guntur  ut  ekçantem  plane  huic  animait  acu  piélum  tapetem 
vel  permetafma  impofuum  credtres  ;funt  autem  macula  ha, 
m  dorjo  ù"  capite  rotundiores  majore/que;  verfus  rentrent 
vero  pedefque  oblongiufcula  ix  mitho  minores,  Fabri  apid 
Httmm,  Hifl,  Jvlex»  pag.  4.98, 

"  (c)  Si  animalis  fguram  fptdemus  cum  antécédente  non 
nthil  corporis  delineatio  congruit  ;  fi  cohrem  iT  maculas 
quilm  pingitur ,  plurimum  difcrepat»  In  hoc  totius  colot 
torporis  non  rdicundus  Jed  obfcure  cinertut  appartt  })rattr. 


Hv 


A 


"'  ■  "     iie  TÔcehu    ^  179 

011  vérrû  en  comparant  les  figures  &  les 
clefcriptions  dé  l*un  &  de  i'aiitre,  que  ies 
difFérenees  ne  iaiflent  pas  d'être  confidé* 
rables  ,  &  qu'il  manque  à  la  robe  de  la 
femelle  beaucoup  de  fleurs  &  d'ornemens 
qui  le  trouvent  fur  celle  du  mâle. 

Lorfque  l'ocelot  a  pris  fon  entier  ac- 
croiflèment,  il  a >  félon  Grégoire  dç  Bo- 
livar ,  deux  pieds  &  demi  de  hauteur  fur 
environ  quatre  pieds  de  longueur  ,  la 
queue ,  quoiqu'afîcz  longue  ,  ne  touche 
cependant  pas  la  terre  lorfqu'elle  eft  pen- 
dante ,  &  par  conlequent  elle  n'a  guère 
que  deux  pieds  de  longueur*  Cet  animal 
eft  très-voracè  ,  il  eft  en  même  temps 
timide  ;  il  attaque  rarement  les  hommes , 
il  craint  les  chiens  ;  &  dès  qu'il  en  eft 
pourfuivi  ,  il  gagne  les  bois  &  grimpe 
fur  un  arbre  ;  il  y  demeure  ,  &  même 
y  (ejourne  pour  dormir  &  pour  épier  le 
gibier  ou  le  bétail,  fur  lequel  il  s'élance 
dès  qu'il  le  voit  à  portée  ;  il  préfère  le 
fang  à  la  chair,   &  c'eft  par  cette  raifon 


•i,.i,' 


ventrem  tamen  qui  albicat.  Ahcuîœ  nec  or^lnma:  adeo  nec 
itarotuHf/a  rofeive  coloris  &  jigurœ  fed  ohlongiz  nigricantes 
mnes  in  meeiio  vero  alhicames  fpargumur ,  crura  non  ita 
[or lia ^  i/c,  iùicf»  pag.  5  i  j, 

H  v; 


(i 


180  Hîjloire  Naturelle 

qu'il  détruit  un  grand  nombre  d'îuiimaux, 
parce  qu*au  lieu  de  iè  raflafier  en  les  dé- 
vorant ,  il  ne  fait  que  fe  défaltérer  en  leur 
fuçant  le  fang  (dj, 

<*  Dans  l'état  de  captivité  il  conferve  (es 
mœurs  ,  rien  ne  peut  adoucir  fon  naturel 
ieroce ,  rien  ne  peut  calmer  Tes  mou\e- 
mens  inquiets ,  on  eft  obligé  de  le  tenir 
toujours  en  cage»  «  A  trois  mois  (dit  M. 
»  l'Efcot)  lorlque  ces  deux  petits  eurent 
»  dévoré  leur  nourrice,  je  les  tins  en  cage, 
»  &  je  les  y  ai  nourris  avec  de  la  viande 
»  fraîche ,  dont  ils  mangent  fept  à  huit 
3»  livres  par  jour  ;   ils  frayent  €n{èmble 


e 


>~J^:.h      itl» 


'iiiH      il 


"JM*--  '•'fi'' 


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(d)  f^ota»  Dampier  parle  de  ce  même  animal  fouj 
le  nom  de  Chat-tigre ,  &  voici  ce  qu'il  en  dit.  «Le 
■^  chat-tigre  des  terres  de  la  baie  de  Campeche  ell  d^ 
ï)  ia  groflièur  de  nos  chiens  qu'on  fait  battre  avec  les 
»  taureaux  ;  il  a  les  jambes  courtes ,  te  corps  itimafle 

V  &  à  peu-près  comme  celui  d\in  mâtjn ,  mais  pour 
I*  tout  le  refte  ,  c  eft  -  à,-  dire  la  t^te  ,  le  poil ,  & 
»  la  manière  de  quêter  la  proie  >   il  yefTetnbie  fort 

V  au  tigre  (jaguar),  excepte  qu'il  n'eft  pas  tout-à-fait 
»  il  gros  :  il  y  en  a  ici  une  grande  quantité  ;  ils  dé- 
»  vorent  les  jeunes  veaux  &  le  gibier  qu'on  y  trouve 
y  en  abondance ,  aufH  font- ils  moins  à  craindre  pouir 
»  cela  même  qu'ils  ne  manquent  pas  de  pâtures . . .  «; 
»  ils  ont  la  mine  altière  &  le  regara  fàrouchew,  Vc^'agi 
dt  Dampier  ^  tome  ïl\ ,  page  ^  0  é. 


.  ^. . .  .,  .1  ^  v> -  j^  r Ocelot  1 8  r 

mâle  &  femelle ,  comme  nos  chats  do-  « 
jneftiques  ;  il  règne  entr'eux  une  fupé-  c< 
riorité  fmgulière  de  la  part  du  mâle  ;  c< 
quelque  appétit  qu'aient  ces  deux  ani-  ce 
mnux  ,  jamais  la  femelle  ne  s*avifè  de  ce 
rien  prendre  que  le  mâle  n'ait  fa  fàtu-  « 
ration  ^  &  qu'il  ne  lui  envoie  les  morceaux  « 
dont  il  ne  veut  plus  ;  je  leur  ai  donné  c< 
pluficurs  fois  des  chats  vivans ,  ils  leur  c< 
fuçent  le  (àng  jufqu'à  ce  que  mort  s'en-  c< 
faive ,  mais  jamais  ils  ne  les  mangent  ;  « 
j  uvoîs  embarqué  pour  leur  fubfiftance  ce 
deux  chevreaux ,  ils  ne  mangent  d'au-  c< 
cune  viande  cuite  ni  falée  (e)  >?. 

Il  paroît  par  le  témoignage  de  Gré- 
goire de  Bolivar  ,  que  ces  animaux  ne 
produifent  ordinairement  que  deux  petits, 
&  celui  de  M.  l'Efcot  femhle  confirmer 
ce  fiiit  ;  car  il  dit  auffi  qu'on  avoit  tué 
la  mère  avant  de  pren'dre  les  deux  petits 


■UVh?^^' 


.i 


(e)  Lettre  (îc  M.  l'Efcot,  qui  a  amené  ces  animaux 
du  continent  de  Cartagène,  à  M.  de  Bcoft  ,  CorreC- 
pondant  de  i'Acadcmîe  des  Sciences ,  en  date  du  xy 
feptembre  1764.  Nota,  M.  de  Beoft  ,  qui  a  bien 
voulu  me  communiquer  cette  Lettre ,  a  beaucoup  de 
connoiflances  en  Hiftoire  Naturelle ,  &  ce  ne  fera  paj 
la  feule  occnfîon  que  nous  aurons  de  parler  des  ehoCe» 
dont  il  nous  a  fait  parti 


182      Hiflotre  Naîureîk ,  &c.  ^"— 

dont  nous  venons  de  parler  ;  il  en  eft  dô 
Tocclot  comme  du  jaguar,  de  la  panthère, 
du  léopard ,  du  tigre  &  du  lion  :  tous  ces 
animaux  remarquables  par  leur  grandeur, 
ne  produifent  qu'en  petit  nombre  ,  au 
lieu  que  les  chats  qu'on  pourroit  aflbcier 
à  cette  même  tribu  produisent  en  aflez 
grand  nombre ,  ce  qui  prouve  que  le  plus 
ou  le  moins  dans  la  production  ,  tient 
beaucoup  plus  à  la  grandeur  qu'à  la  forme* 


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183 


LE  MARGAY(a); 

I  i  E  Margay  eft  beaucoup  plus  petit  que 
l'ocelot ,  il  reflemble  au  chat  Ihuvage  par  la 
grandeur  &  la  figure  du  corps ,  il  a  feule- 
ment la  tête  plus  carrée,  le  mufeau  moins 
court ,  les  oreilles  plus  arrondies  &  la  queue 
plus  longue;  fon  poil  eft  aulîî  plus  court 
que  celui  du  chat  (auvage ,  &  il  eft  marqué 
de  bandes  ,   de  raies  &  de  taches  noires 

(a)  Margdy ,  mot  tiré  de  Maragua  ou  Aîaragaia^ 
nom  de  cet  animal  au  Brefli.  ^ 

Au  Maragnon,  il  y  a  des  animaux  qui  font  des 
cfpèces  de  chats  fauvages ,  uue  les  Indiens  appellent 
Margdia ,  qui  ont  la  peau  fort  belle  énint  tavelée  de 
toutes  parts.  Mif  du  P,  (t Ahbtvtlle ,  page  250. 

Tepe  A'iaxtlnton,  Fernand.  Hifl»  Nov,  Hifp,  p.  9.' 

Maraguao  Jive  Maracaia»  Matcg.  Hift,  Nat»  Brrft 
pag.  233. 

Fefes  fera  tigrina  Malahaia»  Barrère,  Hiji,  de  ht 
Fr.equiiu  pag,  153.       .  !♦  •    ff^'      '  •;•  v»   ->^    "'^  "' 

Felis  fylvfjîris  tigrims  ex  Hiffoniola»  Seba ,  voh  1}, 
fog»  77»  tcib.i.8,fg,  2,  • 

Felis  ex  grifeo  flavefcem  macuHs  nigr'is  varlegifa. . .  < 
Fe/ts  fylvejtris  ligrina.  Le  chat  fauvage  tigre,  BrilTg 
^tgnt  anim»  pag.  iC6t 


1  84  Hl flaire  Naturelle 

fîir  un  fôwd  de  couleur  fiiuve  ;  on  nous 
ia  envoyé  de  Cayenne  (bus  le  nom  de 
Chat-tigre ,  &  il  tient  en  efïèt  de  la  nature 
du  cliat  &  de  celfe  du  jaguar  ou  de 
Tocelot ,  qui  font  les  deux  animaux  aux- 
quels on  a  donné  le  nom  de  tigre  dans  le 
nouveau  continent.  Selon  Fernandès,  cet 
animal  ,  lorfqu'il  a  pris  fon  accroiflement 
en  entier,  n'eil  pas  tout -à- fait  H  grand 
que  la  civette;  &  félon  Màrcgrave  ,  dont 
k  comparaifon  nous  paroît  plus  jufte,  il 
ell  de  la  grandeur  du  chat  (iiuvage  ,  auquel 
il  refTemble  auffi  par  les  habitudes  natu- 
relles ,  ne  vivant  que  de  petit  ^bier  ,  de 
volailles  ,  &c.  mais  il  efl:  très-difificile  à 
:^privoi(er,  &  ne  perd  même  jamais  fon 
naturel  féroce  ;  il  varie  beaucoup  pour  les 
couleurs  ,  quoiqu'ordinairement  il  foit  tel 
que  nous  le  préfentons  ici  :  c'eft  un  ani- 
mal très-commun  à  la  Guiane  ,  au  Brefil 
&  dans  toutes  les  autres  provinces  de  TA- 
mériquc  méridionale.  Il  y  a  apparence  que 
c*efl  le  même  qu*à  la  Louifiane  on  ap- 
pelle Pichou  (b),  mais  l'efpèce  en  eft  moins 

(  h  )  ht  Pichou  cft  une  efpèce  *le  chatî  pitois  aufTi 
VMUt  que  ie  tigre ,  mnis  moins  gntoa ,  dont  la  peau  t(\ 
«(fez  belle,  c'eil  un  grand  deflrudtur  de  vulatÙc;  nuii 


du  Maî-gay,  i  85 

commune  dans  les  pays  tempérés  que  dans 
les  climats  chauds. 

Si  nous  faifons  la  révifion  de  ces  ani^ 
maux  cruels,  dont  la  robe  efl  fi  belle  & 
la  nature  fi  perfide ,  nous  trouverons  dans 
l'ancien  continent  le  tigre ,  la  panthère  , 
je  léopard  ,  l'once ,  le  lèrval  ;  &  dans  le 
nouveau  ie  jaguar ,  i'ocelot  &  le  margay, 
qui  tous  trois  ne  paroifl^ent  être  que  des 
diminutifs  des  premiers ,  &  qui  n'en  ayant 
ni  la  taille  ni  îa  force ,  font  auffi  timides , 
aiiiii  lâches  que  les  autres  font  intrépides 

&  fiers.        \^nt--tug  ^.,f^-^--.  ^^'^,  -  ?-^ie^-I-.  ■ 

Il  y  a  encore  un  anhnaî  de  ce  genre 
qui  femble  différer  de  tous  ceux  que  nous 
venons  de  nommer,  les  Fourreurs  l'ap- 
pellent Guépard  ;  nous  en  avons  vu 
plulieurs  peaux  ,  elles  refîemblent  à  celles 
(lu  linx  par  la  longueur  du  poil ,  mais 
les  oreilles  n'étant  pas  terminées  par  un 
pinceau  ,  le  guépard  n'eft  point  un  linx , 
il  n'eft  aufli  ni  panthère  ni  léopard  ,  H 
n'a  pas  le  poil  court  comme  ces  animaux, 
&  il  diffère  de   tous  par  une  efpèce  de 

par  bonheur  H  n'eft  pas  commun  à  la  Louifianc.  MiJIoirt 
de  la  Louifmne  ,  }uir  le  Page  du  Prat^ ,  tome  il, 
page  9  a  ,  fig.  page  6y» 


> 


'"  1 8  6        JJlpke  Naturelk   ':-;^ 

crinière  ou  de  poil  long  de   quatre  otï 
cinq  pouces    qu*il  porte  fur  le   cou  ôc 
entre  les  épaules  ;   il  a   auffi  le  poil  du 
ventre  long  de  trois  à  quatre  pouces ,  & 
la  queue  à  proportion  plus  courte  que  \\\ 
panthère  ,  le  léopard  ou  l'once  ;  il  eft  à 
peu-près  de  la  taille  de  ce  dernier  animal  J 
n'ayant  qu'environ  trois  pieds  &  demi  de 
longueur  de  corps  :  au  refle  fa  robe  ,  qui 
cft   d'un  fauve  très -pâle  ,   cft  parfemée 
comme  celle  du  léopard,  détaches  noires, 
mais  plus  voifmes  les  unes  des  autres  é\ 
plus  petites ,  n'ayant  que  trois  ou  quatre 
lignes  de  diamètre.  ,    >  "( 

J'ai  penfé  que  cet  animal  dcvoît  étrel 
le  même  que  celui  qu'indique  Kolhe  fous| 
ic  nom  de  loup  -  tigre ,  je  cite  ici  fa  def- 
cription  ^cj  pour  qu'on  puifîe  la  comparer  1 
avec  la  nôtre;  c'efl  un  animal  commun | 

/c)  Il  eft  de  !a  taille  d'un  cîiîcn  ordinaire  &  quei- 

3uefois  plus  gros  :  fa  tête  cfl  large  cornme  Celle  ilej] 
ogues  que  l'on  fait  battre  en  Angleterre  contre  les 
taureaux  ;  il  a  les  mâchoires  groffes  auffi-bicn  que  le 
mufeau  &  les  yeux  ,  fe&  dents  font  fort  tranchantes; 
fôn  poil  eft  frifé  Comme  celui  d'un  chien  barbet ,  & 
'^  tacheté  comme  celui  du  tigre;  il  a  les  pattes  larges  & 
armées  de  groffes  griffes  ,  qu'il   retire  quand  il  vciitl 

comme  les  chais;  la  queue  cfl  courte il  a  pourl 

mortels  ennemis  le  lion ,  le  tigre  &  k  léopard ,  qui  lui 


Pé.  ai.Pfrt/.Jiiù. 


cou  & 
loil  du' 
ces,  & 
que  laj 
il  eft  àl 
inimal , 
leini  de 
5e  ,  qui 
arfemée 
i  noires, 
utres  é\ 
i  quatre 

'■y 
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■  "  Ju  Margay,  187 

Jfliis  les  terres  voifines  du  cap  de  Bonne- 
cfpérance ,  tout  le  jour  il  (è  tient  dans  des 
fentes  de  rochers  ou  dans  des  trous  qu'il 
Te  creufe  en  terre  ;  pendant  la  nuit  il  va 
chercher  (a  proie  ;  mais  comme  il  hurle 
en  chafïànt  Ton  gibier,  il  avertit  les  hommes 
&  les  animaux  ,  en  forte  qu'il  eft  afTez 
aifé  de  l'éviter  ou  de  le  tuer.  Au  refte , 
il  paroît  que  le  mot  guépard  efl  dérivé  de 
lépard ;  c'eft  ainfi  que  les  Allemands  de 
!es  Hollandois  appellent  le  léopard  :  nous 
avons  auffi  reconnu  qu'il  y  a  des  variétés 
dans  cette  efpèce  pour  le  fond  du  poil  & 
pour  la  couleur  des  taches ,  mais  tous  les 
guépards  ont  le  caractère  commun  des 
longs  poils  fous  le  ventre ,  &  de  la  crinière 
fur  le  cou.  ^     .     ^ 


>     '4. 


donnent  très-fouvent  fa  chaflè;  ils  le  pourfuivent  juf- 
que  dans  (â  tanière»  Te  jettent  fur  lui  &  ie  mettent  en 
pièces.  Defcriptim  du  cap  de  Bmne-thérance ,  far  Kolh, 
Itome  III,  pages  69  &  76.  Nota,  L'animai  auquel  cet 
I  auteur  donne  le  nom  de  ùgrtt  cft  celiii  que  nous  avons 
appelé  léopard  ^  &.  celui  qu'il  nomme  léopard  qA  If) 
panthère. 


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4    ^ 


i.."'/  *-^ 


'1 8  8         Hifloire  Naturelle 


LE  CHACAL  (f 

■  '-  ■        ■    ■■    ■=■    ET     -  ■  ■•    «r  = 


L'ADIVE. 


N 


ou  s- ne  fommes  pas  affurés  que  ces 
deux  noms  défignent  deux  animaux  def-i 
pèces  différentes  ;  nous  favons  fèuiemem 

faj  Chacal ,  Jackal,  nom  de  cet  animal  dansie 
I-evant  ,   &   que  nous  avons   adopté  ;   Adïl ,  félon 
Jkion;  7Î//A/ dans  quelques  provinces  du  Levant,  fdonl 
Olearius,  Siacalkt  félon  CorneiHe  le  Brun;  Adam 
en  Italien,  febn  le  P.  Vincent  -  Marie  ;  Clùcal ,  en] 
^Turquie  ,   Tclon   Haflelquift  ;   Sîcal ,   félon  Pollux; 
Sfjuilichi  ç,T\  Grec,  (èlon  Belon  ;  Zacnlia  ,  félon  Spon 
&  Weeler;  Siachal ,  Schachdl ,  Siahaal ,  Siacàlt,  m 
Ferfe,  feton  ICœmpfer  ;  Jacard ,  félon  Delon  ;  D(è\ 
«n  Barbarie,  félon  Shawj  Jaqutparel *  à  Bengale  & 
l^ari,   au   Maduré  fdon  d'autres  Voyageurs. 

AdiU  bête  entre  loup  &  chien  ,  que  lès  Grecs  nom* 
ment  vulgairement  Squilathi,  &  croyons  être  le  ChryjiijA 
ou  Lupus  aureus  des  anciens  Grecs,  Obfervat,  de  ËdonA 
feuillet  i  6j,  .  ; 

Lujms  aurrus,  Kœmpfer,  Atnanit  exotic*  p.  4*3»  ^i\ 
pag.  407,  fig.  3. 

Vulpes  india  oritntalis,  Valçntin,  JMuj,  p.  43  2 ,  fig.| 
Tab.  'bid. 

Canis  finints,  lupus  aureus Le  icup  doiil 

Briflwn,  Rign,  anim*  pag.  237. 


(^ 


Ju  CIldCûl  à*  de  TAdive.      i  8  5> 

fluele  Chacal e(l  plus  grand,  plus  féroce, 
plus  difficile  à  apprivoilër  que  l'Adive  (b/, 
niais  qu'au  refle  ils  paroiffeiit  fe  refTembler 
à  tous  égards.  11  le  pourroit  donc  que 
adive  ne  fût  que  le  chacal  privé  dont  on 
l^uroit  fait  une  race  donteftique  plus  petite, 
plus  foible  &   plus   douce    que    la  race 
kvage  ;  car  i'adive  efl:  au  chacal  à  peu- 
rès   ce  que   le   bichon  ou   petit  chien 
arbet  eft  au  chien  de  berger  ;  cependant 
omme   ce    fait    n'eft    indiqué    que  par 
uelques  exemples  particuliers  ;  que  Tef- 
èce  du  chacal   en  général  n'eft   point 
omeftique  comme  celle  du  chien  ;  que 
ailleurs   il   le    trouve    rarement    d'auflî 
randes  difîefeiKîes  dans  tune  efpèce  libre* 
lous  fomraes  très-portés  à  croira  que  !ç 
hacal  &  i'adivje  font  réellement  deux  £(^ 
èces  diftindes.  Le  loup ,  fc  renard ,  le 
hacal  &  ie  chien  forment  quatre  .efpèce« 
ui,  quoique  très  -  voiiines  les  unes  des 

Aurais  canis,  htjms  aurais  diâus.  Linn.  S}>fl»  nàc* 
dit.  X ,  pagt  4.0. 

t  m(^)  ^^^^'  J'^'  '"  ^^"^  quelques-unes  cfe  nos  Cbro* 
43^' ^S'Iiques  de  France,  que  du  remps  de  Charles  IX^ 

,        .   ,  leaucoup  de  femmes  à  la  Cour  avoienC  àe$  adives  au 

loup  doie.^,  ^^  pçjij,  çI^jgQj^ 


que  cfs 
nx  d'ef-l 
Lilemem 

lai  dansle 
(Jil ,  fclon 
ant,  fclon 
»;  AdàU 
Ihicâl ,  en 
1  Pollux; 
elon  Spon 
Tmcalï,  cnj 
on  ;  Dtè} 
Bengale  à 
jrs. 

îrecsnom* 
le  Chyjm 

,  de  Bclon, 

'  4» 3»% 


''Wïï^'- 


fipo»  liiflolre  Natîtrelle   - 

autres ,  (ont  néanmoins  différentes  entre 
elles:  les  variétés  dans  l'efpèce  du  chien 
ibnt  en  très -grand  nombre*,  la  plupart 
viennent  de  l'état  de  domefticité  auquel 
il  paroît  avoir  été  réduit  de  tous  les  temps. 
L'homme  a  créé  des  races  dans  cette  ef- 
pèce  en  choififlant  &  mettant  enfènible 
les  plus  grands  ou  les  plus  petits ,  les  plus 
jolis  ou  les  plus  laids ,  les  plus  velus  ou 
les  plus  nus  ,  &c.  mais  indépendamment 
de  ces  races  produites  par  la  main  de 
l'homme ,  il  y  a  dans  Tefpèce  du  chien 
plufieurs  variétés  qui  fembient  ne  dé 
pendre  que  du  climat.  Le  dogue  ,  fe 
danois ,  Tépagneul ,  le  chien  turc  ^  celiiii 
de  Sibérie ,  &c.  tirent  leur  nom  du  climatl 
d'où  ils  font  originaires ,  &  ils  paroiflent 
être  plus  différens  entr'eux  que  le  chîi 
ne  l'eft  de  fadive  :  il  le  pourroit  donc] 
que  les  chacals  fous  différens  climai 
cuffent  fubi  des  variétés  diverfès  ,  &  ce! 
s'accorde  afîez  avec  les  faits  que  iioi 
avons  recueillis.  Il  paroît  par  les  écrits  d( 
"Voyageurs  ,  qu'if,  y  en  a  par  -  tout 
grands  &  de  petits;  qu'en  Arménie, 
Çilicie ,  en  Perfe  &  dans  toute  la  pan 
de  i'Afie^  que  nous  appelons  le  Levûà 


a 


^;c 


es  entre 
iu  chien 

plupart 
é  auquel 
es  temps. 

cette  ef- 
enfenible 
i ,  les  plus 

velus  ou 
idammem] 

main  dcl 

du  chien  I 
it  ne  dé- 


ioguc 


turc  ;  celui! 
Il  du  climatl 

paroifientl 
[e  le  chîicall 

rroit  donc! 

ns    climatsl 


i///  Chacal  &  Je  l'AJive,    rp  î) 

©ù  cette  efpècç  çft  irés  -  nombreufè  , 
très  -  incommode  Sa  très  -  nuifible  ,  ils 
font  comnmnément  grands  comme  nos 
renards  (cf,  cju'ils  ont  feulement  les  jambes 

fc)  Le  jacard  ou  adîve  efl  grand  comme  un  cFiîen 
nicdiocre  ,    reflènîblant  au  renard  par  la  queue  & 
tu  loup  par  ie  mufeau  ;  on  en  élève  dans  les  mai- 
fons,  piais  leur  nature  eft  de  (ê  cacher  dans  la  terre 
pendant  le  jour ,  d'où  ils  ne  fortent  que  la  nuit  pour 
chercher  à  manger  ;  ils  vont  par  troupes ,  dévorent 
les  enfàns   &  fuient   les    hommes  ,   leurs  cris  fonç 
plaintifs,  &  Ipn  diroit  fouvent  que  ce  font  ceux  de 
pluficurs  enfàns  de  divers  âges  mêlés  enfcmble;  les 
chiens  leur  font  la  guerre  &  les  éloignent  des  mai? 
Tons,  Voyage  de  Delon  ,   jjû^c    top.- — H  fe  trouve 
pi  Perfe  Une  efpèce  de  renard  appelé  Schakal ,  quç 
ks  habitans  nomment  communément  Tttlki ,  qui  y 
ibnt  en    très  -  grand    nombre  &   de   ia  grandeur  à 
peu  -  près  de  nos  renards   d'Europe  ,   le  dos  &  les 
côtés  couverts  d'une  efpèce  de  groffe  laine  avec  des 
poils  longs  &  rôides  ,  le  ventre  blanc  cpmm-  neige, 
i«  oreilles  noires  comme  yyi  ,  la  queue  plus  petite 
que  celle  de  nos  renards  ;    nous    les   entendions  la 
nuit  rôder  auiouf  du  village  où  nous  étions  ^   fort 
importunes  de  leurs  cris  lugubres ,  afTez  fcmblables 
à  ceux  d'un    homme   qui  fe  plaint  ,    &  qu'ils  ne 
cefTent  de  faire  entendre.   Voyage  4'OlSarius ,  ;;,  /^/, 
r-  L'addibo  (adive)  reffemble  au  loup  par  la  figure , 
fou  poil  &   fa  queue,  mais  il  efl  plus   petit,  &  fa 
t?ille  eft  même  au-deftbus  de  celle  du  renard  ;  il  efl 
très-vorace ,  mais  ftupide ,  il  voyage  la  nuit  &  refte 
je  jour  daus  fa  tanière  i  fur  l;i  brunç  qi>  ne  voit  autrfi 


I«./ 


192  Hifloîre  Naturelle    ;^" 

plus  courtes  ,  ^  qu'ils  ibiit  remarquables 

-  ■  .  *--■'  ■■■.--'  •-^"  par 

<ïiofe  djBis  ïa  campagne  j  ces  animaux  s'approchent  dej 
Voyageurs  &  s'arrctent  pour  les  regarder  (ans  paroître 
rien  craindre.  Us  courent  dans  les  églifes  où  ils  déchirent 
.&  dévorent  tout  ce  qui  leur  convient  ;  tout  ce  qui  cft 
fait  avec  du  cuir  cft  leur  met5  favori.  L'adivc  glapit 
comme  le  renard^  &  quand  un  crie  tous  les  autrej 
lui  répondent  ;    cet  inftin<îl  de  crier  tous  enfcmble 
ne  paroît  point  volontaire,  mais  de  pure  nécefîlté, 
au  point  que  tî  l'un  de  ces  animaux  e(l  entré  duns 
luie  mai/on  pour   voler  &    qu'il    entende  (es  com- 
pagnons crier  au  loin  ,  il  ne  peut  sempêcher  de  crier 
auiïî ,  &  par- là  de  fc  déceler.    Voyage  tin  Père,  />, 
■  Vincent-Marie ,  chap,  XIII ,    irticle  traduit  par  M.  le 
marquis  de  Montmirail,  —  On  a  gardé  pendant  plus 
de   dix  mcMjS  un    chacali    dans  une  maifon  où  j'ai 
demeuré  quelque  tempi  :    c'eft  un  animal  fc  1cm- 
blable   au   renard  en  grandeur  ,    en    figure    Ôt   en 
couleur  que  la  plupart  des  étrangers  y  font  prefque 
toujours  trompés  brfqu'ils  en  voient  quelqu'un  pour 
la   première    fois  ;    la    plus    grande   différence    qui 
fbit  entre  Tune  &  l'autre  ,,  c'eft  dans  U  têt^,  le  cha- 
cali   l'ayant  faite  comme  un    chien  de  Berger  qui 
aurolt  le  mufeau  long ,  &  dans  le  poil  qu'il  a  rude 
comme   celui  du  loup  :    fa    couleur  çft  aufTi  affez 
femblahle  à  celle  d'un  loup  ,    &  il  put  fi  extraor- 
dinairemcnt  qu'il    ne   peut  fe  coucher  un  moment 

dans  un  endroit  (ans  l'infeâer.  * Cet  animal 

cfl  extrêmement  vorace  &  hardi Il  ne  craint 

pas  d'entrer  dans  les  maifons ....  Lorfqu'il  rencontre 
Un  homme  ,  au  lieu  de  fuir  d'abord  comme  les 
autres   bêces ,   H   le   regarde  âcrement  comme  s'il 


du  Chacal  &  de  TAdive.     1 9  5 

par  la  couleur  de  leur  poil ,  qui  efl  d'un 
jaune  vif  &  brillant  ;  c'ed  pour  cela  que 
j)liiricuri  Auteurs  ont  appelé  le  chacal 
loup  doré.  En  Barbarie  ,  aux  Indes  orien- 
tales ,  au  cap  de  Bonne  -  efpérance ,  & 
dans  les  autres  provinces  de  l'Afrique  &; 
de  l'A  fie,  cette  efpèce  paroît  avoir  fubi 
plufieurs  variétés  ;  ils  font  plus  grands 
dans  ces  pays  plus  chauds ,  &.  leur  poil 
efl:  plutôt  d'un  brun  -  roux  que  d'un 
beau  jaune,  &  il  y  en  a  de  couleurs  diffc- 
rciues  (^d),  L'efj:)èce  du  chacal  efl:  donc 

vouloir  le  bi-aver ,  6c  prend  enfuitc  fa  coiîrfe.  II  t?L 
d'un  méchant  naturel ,  &  toujours  prêt  à  mordre , 
quelque  foin  que  l'on  premie  de  l'adoucir  par  ^^% 
carelîes  ou  en  lui  donnant  à  manger ,  ce  que  j'ai  pu 
remarquer  en  celui  dont  je  viens  de  parler,  qui  avoit 
été  trouvé  fort  jeune,  6c  qu'on  avoit  pris  plaiflr  .1  élever 
comme  un  chien  qu'on  ainWoit  beaucoup  j  cependant 
il  ne  s'apprivoifa  point  parfiitemcnt ,  il  ne  pouvoir, 
fouffrir  les  attouchemcns  de  perfonne  ,  il  mordoit  tout 
le  monde,  &  jamais  ox\  ne  put  parvenir  à  l'emptchet* 
de  monter  fur  la  table  &  d'y  enlever  tout  ce  qu'il 
pouvoit  prendre.  Toute  la  campagne  de  la  Natolie  ef{ 
peuplée  de  ces  chncalis  :  on  les  entend  toutes  les  nuits 
faire  un  bruit  fort  grand  autour  des  villes ,  lYon  pas  en 
aboyant  comme  If  ^  chiens,  mais  en  criant  d'un  certain 
cri  aigre  qui  leur  tfl  particulier.  Voya<^t  de  Dumom* 
ta  ILiie,  t  6pp,  tome  IV%  yngc  2p, 

(d)  Le  jackal  que  les  fujets  du  roi  de  Com:'.ny  près 

Tome  XL  1 


-,y->*:- 


\ 


1,94        [Hiftohe  Naturelle 

;^panckje  dans  toute  i'Afie,  depuis  l'A r- 
^lénie  jwfqu'au  Malaj^ar  (e) ,  &  fe  trouve 

,d*Acra  nous  apportèrent,  étoit  gros  comme  un  mou- 
ton, mais  jt  avoit. lés  pjeds  plus  hauts:  Ton  poil  étoit 
court  &  tacheté ,  fcs.  pattes ,  à  proportion  de  fon  corps , 

,étoient  prodigieufement  épaiflfes H  avoit  la  tête 

auflî  fort  gi-ofle,  plate  &  large,  avec  dès  dents  cha- 
cune de  la  longueur  d'un  doigt 7k  au  -delà H 

a  aux  pieds  des  griffes  d'une  épouvantable  grpflcur. 
Yoyage  de  Bojmm,  page  ^ ^i, 

(e)  Il  y  a  à  Bengale  des  chiens  (âuvages  appelés 
'Jdquejfarels  ou  Chiens  criards,  dont  le  poH  eft  rouge  ; 
ils  viennent  en  troupe  toutçs  les  nuits  aboyer  effroya- 
b'ement  le  long  du  Gange,  leur  voix  &  leurs  cris  font 
il  différens  &  fi  confus  qu'on  ne  peut  s'entendre  pot- 
ier :  ils  ne  fc  détournent  point  quand  les  Maures  partent 
près  d'eux .....  Ces  animaux  font  communs  pre/qùe 
dans  toutes  les  Indes.  Voyage  d'hinigo  de  Biervillas, 
première  partie ,  page  ij8,  — Il  y  af  au  Maduré  une 
cfpcce  de  chien  fauvage  qu'on  prendroit  plutôt  pour 
.un  renard  ;  lés  Indiens  l'appellent  Nari  &  tes  Portugais 

Adiba Lorfquc  je  vovageois  la  nuit,  j'entendois 

ces  animaux  hurler  à  toiH  heure.  Lettres  édifiantes, 
)ill*  recueil,  page  p8.  — Il'fe  trouve  h  Guzaratte 
une  efpècc  de  chien  fauvflge  qu'ils  appellent  Jakals, 
Eslatim  de  Aûandcljla  ;  fuite  d'Olearius ,  tome  11, 
page  2j^.  — On  voit  un  grand  nombre  de  jackales 
ou  Jachals  au  pays  de  Mahibar  ;  j'en  ai  vu  aulTî  dans 
Jes  bois  de  Ceylan,  ils  font  de  la  figure  du  renard, 

particulièrcmtnt  par  la  quçue Us  font  fort 

fiiands  de  chair  humaine Ifs  fuivoient  notre 

ai'mée  Si  déterroient  nos  morts.  .  .  .  Nous  entendions 
/ouvent  la  nuit  les  cris  effroyables  de  ces  animauX| 
i^m  r^endipjent  allez  fi  ceux  clés  chiens  irrites.  ,,.•«' 


"ifu  Chacal  &  de  ïASve.    ip  j" 

èiilfi  ^n  Arabie  ,  en  Barbarie  (f)»  en 
Mauritanie,  en  Guin<fe  (g)  &  dans  les 

Its  Retient  à  dîverfes  repriftfs  cortimc  fi  ils  fc  rcpon- 
(ioient.  Recueil  des  voyages  de  la  Cowprtgmt  des  ïndet 
orientales,  tome  VL  page  pfo.  Tout  le  pays  de  Calicut 
ell  auffi  rempli  de  renards  (  chacals  )  qui  viennent  ia 
nuit  jufque  dans  la  ville ,  &  chafTeni  comme  font  ici 
les  chiens  &  on  n'entend  autre  bruit  toutes  les  nuits  par 
les  jardins  &  chemins.  Voyage  de  Fr,  Pyrard,  tome  1, 
fAge  ^-27.    —  Le  fchecàle  eft  une  efpèce  de  chien 

lauvage Il  y  en  a  une  fi  grande  quantité  aux 

environs  de  Sourate,  que  nous  he  pouvions  nous  en- 
tendre parler  à  caufe  du  grand  bruit  qu'ils  fàiîoient, 
criant  ai(tin<flement  owrt,  oua,  oua ,  qui  approche  de 
lîaboi  du  chien  ;  cet  animal  e(t  friand  des  corps  morts....» 
Il  y  en  a  auffi  en  quantité  dans  les  déferts  d'Arabie,  le 
long  du  Tigre ,  de  l'Eufrate  &  dans  l'Egypte.  Voyagt 
à  la  Boulaye-le  Goui,  page  -2/4, 

ff)  Aux  royaumes  de  Tunis  &  d'Alger,  le  deab 
ou  jackall  cft  d'une  couleur  plus  obfcure  que  le  re- 
nard ,  &  à  peu  près  de  ia  même  grandeur  j  il  glapit 
tous  les  foirs  dans  les  villages  &  dans  les  jardins , 
k  nourriflant  comme  le  dulwa/i ,  de  racines ,  de  fruits 
^  de  charognes.  Voyage  de  Shaw,  tome  I,  page  ^20» 
I<l0TA.  Le  dubbali  dont  Shaw  fait  ici  mention  ti\ 
l'hyœne.    1      •. 

(g)  On  trouve  en  Guinée ,  &  plus  communément 
encore  dans  le  pays  d'Acra  &  dfans  celui  d'Aquam- 
boé,  un  animal  très-crUel ,  que  nos  gens  appellent 

Jackals Ils  viennent  la  nuit  jufque  fous  le» 

murailles  du  fort  que  nous  avons  à  Acra  ,  pour  tâcher 
d'enlever  des  étables  les  pourceaux ,  les  moutons ,  &c^ 
Voyage  de  Bofman,  ya^e  z^ç .  Voyez  idem,  page  ^ ^  t\ 
fy  ^j2»  -—Les  chiens  fauvages  de  Congo,  qu'on 


'\^ 


't()6     •    Hifîohe  Naturelle    h 

terres  du  Cap  ;  il  feisnble  qu'elle  ait  ^té 
«leftinée  à  rernpfaccr  celle  du  loup  y  ^^ 
qui  manque  au  du  moins  qui  eft  très-rarç 
dans  tous  les  pays  chauds. 

Cependant ,  comfne  l'on  trouve  des 
chacals  &  dçs  adîves  dans  les  mêmes 
terres ,  comme  refpèce  n'a  pu  être  dé~ 
natures  par  une  longue  domefticité  ,  & 
qu'il  y    î^    conftamment    une    difFérence 

appelle  AMbia  ,  font  ennemis  n)OJ'tefs  de  tous  les 
autres  cjuadrupcHes  ;  ils  ne  diflferent  pas  beaucoup  de 
nos  cFirens  courans,  on  les  voit  courir  par  troupe  i|c 
tiente  &  de  qumntç,  quplquetois  même  en  plus  grand 
nombre. ....  ils  attaquent  toute  forte  d'apimaux,  & 
ordinairement  en  viennent  à  bout  par  le  nombre:  ils 
n'attiiquent  point  les  hommes.  Voyage  V/«  P.  Zuchel 
à  Congo  &  en  Ethiopie ,  -page  2p^  ,  cité  par  Kp!ùe>  Le 
chien  ftuvage  du  cap  de  Bbnne-elpcrance  rcflemble  à 
ceux  de  Cpngo  décritî^  par  le  P.  1,\icht\,  &c,  Di.f- 
çri^tion  du  cap  de  Bonne-ejpéïmce  ynr  Kclbc,  partie  111, 

jaa^e   ^S 11   y   a  au  cnp  un  animal  cfe)nt 

i'eipècc  approche  beaucoup  de  celle  du  rcnnni  ;  Gefncr 
&  d'autres  l'ont  appelé  Renard  croife\  les  Europcens 
du  cap  lui  donnent  le  nom  de  Jackah ,  &  Its 
Hottcntots  celui  de  '/.cn'àe  ou  Kenlie»  Idem ,  partie  111, 
pttge  62, 

(h)  J'ai  obfervé  qu'il  n'y  a  guère  de  loups  en 
Hircanie ,  ni  dans  les  iUitres  provinces  de  1^  Pctfe, 
mais  qu'il  s'y  trouve  par-tout  un  animal  dont  le  cri 
eft  effroyable,  qu'ils  :»ppellent  CJuical.  il  en  veut  par- 
ticulièrement aux  cc^rps  morts  qu'il  déiwe.  Vi])tii^i 
ffiCha-din,  tme  11,  pcgi  ip* 


dû  Chacai  &  de  VÀdïve,     \^J 

tonfidérable  entre  ces  animaux  pour  ia 
grandeur  &  même  poui*  le  naturel  ;  nous 
les  regarderons  coinme  deux  efpèces  dif* 
tindes  ,  fauf  à  les  réunir  lorfqu'il  lera 
prouvé .,  par  le  fait ,  qu'iis  le  mêlent  & 
prodiùfent  cntembie.  Notre  prélbmption 
lur  ia  différence  de  ces  deux  efpèces  eft 
d'autant  mieux  fondée  ,  qu'elle  puroît 
s'accorder  avec  l'opinion  des  Anciens. 
Ariftotc,  après  avoir  parlé  clairement  du 
loup ,  du  renard  &  de  i'hyaene ,  indique 
aflez  obfcurément  deux  autres  animaux 
du  même  gei  r^  î  un  fous  le  nom  de 
Panîher  t  &  l'au  <.  ;  ous  celui  de  Tlws  ; 
les  Tradiu^eurs  ti  Arirtote  ont  interprété 
panther  ]3ar  lupus  cmiarius,  &  thos  par  lupus 
{crvar'ws ,  loup  canier,  loup  ccrvier;  cette 
interpréiaiion  indique  aflez  qu'ib  regar-- 
doient  le  panther  &  le  thos  Gonime  ô^s 
ef})cces  de  loups  ;  mais  j'ai  tak  voir 
A  l'article  du  lynx  que  le  lupus  cervarius 
des  Latins  n*eft  point  le  thos  des  Grecs: 
ce  lupus  cervarius  eft  le  même  que  le 
£h(tus  de  Pline ,  le  même  que  notre  lynx 
ou  loup  cervier ,  dont  aucun  caradère  ne 
convient  au  thos.  Homère ,  en  peignant 
ia  vaillance  d'Aiax,  qui  fciil  fe  précipite 

lu; 


i  f 


Ip8  Hifloire  Naturelle   .  . 

fur  une  foule  de  Troyens  ,  au  milieu 
defquels  UlylTe  blefTé  fe  trouvoit  engagé, 
fait  la  comparaifon  d'un  lion  qui  fondant 
tout-à-coup  fur  des  thos  attroupés  au- 
tour d'un  cerf  aux  abois ,  les  difperfc 
&  les  chafTe  comme  de  vils  animaux.  Le 
fcholiafte  d'Homère  interprète  le  mot  thos 
par  celui  de  panther ,  qu'il  dit  être  une 
cfpèce  de  loup  foible  &  timide  ;  ainfi  le 
thos  &■  le  panther  ont  été  pris  pour  le 
même  animal  par  quelques  anciens  Grecs.: 
jmais  Ariftote  paroît  les  diflinguer,  fans 
leur  donner  néanmoins  des  caradèrcs  ou 
des  attributs  difFérens.  «  Les  thos,  dit-il, 
»  ont  toutes  les  parties  internes  fèmbla- 

»  bles  (i)  à  celles  du  loup. ils 

j>  s'accouplent  fk)  comme  les  chiens, 
5>  &  produifent  deux ,  trois  ou  quatre 
,  >»  petits ,  qui  naiffent  les  yeux  fermés  : 
»  le  thos  a  le  corps  &  la  queue  plu« 
»  longues  que  le  chien ^  avec  moins  de 
»  hauteur,  &  quoiqu'il  ait  les  jambes  plus 
yy  courtes ,  il  ne  laifTe  pas  d'avoir  autant 
»  de  vîteffe  ,  parce  qu'étant  fouple  âc 
9»  agile ,  il  peut  lauter  plus  loin • 

(î)  Arirtotc,  Hifl,  anim.  lib.  11,  cap,  XV Ih^ 
-    W.  (f^f^t  i^h  Vh  ^^P:-  ^^^% 


iiu  C/jacal  à'  Je  l'Adîve.    tç'^' 

lue  iîon  &  Iç  thos  font  ennemis  fi J,'é. 
parce  que  vivant  tous  deux  de  chair ,  «c 
ils  font  forcés  de  prendre  leur  nourri-  «c 
ture  fur  ié  même  fonds,-  &  par  con-"<c 

féquent  de  fe  la  dtfputer Les  «c' 

thos  fmj  aiment  l*hommé,  ne  i'atta- a' 
quent  point  &  ne  \e  crargnent  pas  Vc 
beaucoup  ;  ils  fe"  battent  contre  lesVc 
chiens  &  avc»c  le  lion,  ce  qui  fait  que  <rc 
dans  le  m^me  lieu  ort  ne  trouve  guère  « 
des  lions  &  des  thos.  Les  meilleurs  « 
thos  font  ceux  qui  font  les  plus  peuts;  <c 
il  y  ert  a  de  deux  efpèces ,  quelques-  « 
uns  même  en  font  trois.  »  Voilà  tout  c«' 
qu'Arillotc  a  dit  au-fujet  des  ;hos,  &  il 
en  dit  infiniment  moins  fur  le  panther; 
on  ne  trouve  qu'im  ^ul  paffage  dans  le 
même'  chapitre  trente  -  cinq  du  fixième 
livre  de  Ion  Hiftoire  des  animaux.  «  Le 
panther  ,  dit-il ,  produit  quatre  petits ,  ce 
ils  ont  les  yeux  fermés  comme  les  pe-  c< 
tits  loups  lors  de  leur  naiffance.  »  En- 
comparant  ces  paflages  avec  celui  d'Ho- 
mère &  avec  ceux  des  atitres  auteur^ 
Grecs,  il  me  paroît  prefque  certain  qu^' 

fJJ  Ariflote,  Hiff,  nnhn.  lib,  IX,  C(t}>.  /. 
(m)  1dm.  lib,  JA.  cap^  xuVt 

1  ui;? 


7/ 


\ 


200  hijloire  Naturelle 

Je  thos  d'Ariftoie  efl  le  grand  chacal, 
&  que  le  paniher  efl:  le  petit  chacal  eu 
i'iidive  ;  on  voit  qu'il  admet  deux  efpèces 
de  ih©s,  qu'il  ne  parle  du  panther  qu'une 
feule  fois,  &  pour  ainfi  dire  à  l'occafion 
du  thos  ;  il  eft  donc  très  -  probable  que 
ce  panther  eft  le  thos  de  la  petite  efpèce , 
&  cette  probabilité  fenibie  devenir  une 
certitude  par  le  témoignage  d'Oppien  (n), 
qui  met  le  panther  au  nombre  des  petits 
animaux  tels  que  les  loirs  &  les  chats.    . 

"-  Le  thos  eft  donc  le  chacal,  &  le  pan- 
ther eft  fadive ,  &  foit  qu'ils  forment  deux 
efpèces  différentes  ou  qu'ils  n'en  faffent 
qu'une,  il  eft  certain  que  tout  ce  que 
iês  anciens  ont  dit  du  thos  &  du  panther 
convient  au  chacal  &  à  l'adiyc ,  &  ne 
peut  s'appliquer  à  d'autres  animaux  ;  &  fi 
jufqu'à  ce  jour  ia  vraie  iignificaiion  de 
CCS  noms  a  été  ignorée ,  s'ils  ont  toujours 
été  mal  interprétés ,  c'eft  parce  que  les 
Tradudeurs  ne  connoiftoient  pas  les  ani- 
maux, &  que  les  Naturaliftes  modernes 
i|ul  les  connoiifoient  peu  n'ont  pu  les 
réformer. 

(aj  Oppian.  «fe  VenauQUif  îilf»  ll^ 


"■><. 


r///  Chacal  &  àk  /'AJivCé    201 

\  Quoique  l'erj^èce  du  loup  fbk  fort  voî- 
Cuie  de  celle  du  chien ,  celle  du  chacaï  ne 
laiÇc  pas  de  trouver  place  entre  les  deux  ; 
Je  chacal  ou  adive ,  comme  dit  Belôn ,  ejl 
hête  entre  loup  &  chien;  avec  ia  férocité  du 
loup ,  il  a  en  eiïèt  un  peu  de  la  ^  niUaritc 
du  chien,  fa  voix  eft  un  h.  *em  mêié 
d'aboiement  &  de  gémifTeiijiens  (o)  ;  il  eft 
plus  criard   que  le  chien ,  plus  voracc 


':  i':  <.i  .i  ,>  ^  ■'.'il    ,;  ï-  V! 


(o)  l\  eft  (Trïne  beik  couleur  jaune ,  plus  petit  que 
le  loup ,  marchant  toujours  en  troupe ,  jappant  toutes 

ks  nuits Vorace  &  voleur ,  en  forte  qu'il  era- 

jporte  non  -  (èuknnent  ce  qui  eft  bon  à  manger,  mais 
même  les  chapeaux ,  ks  ibuliei^  \es  brides  des  che- 
vaux, &  tout  ce  qu'il  peut  attraper.  Obftrv*  dt  Belon; 
rvage  I  é ^ ,  —  Jackal  ^icnè  onmem  orienum  inhabitat  ; 

heflid  afiuta  aurfax  Ù"  fumciffima  eji Jnterdiu. 

circa  montes  latet ,  noélu  pervigil  &  vagus  eft  ;  catet" 

tatim  prcuîatum  excurrit  in  rurn  if  pagos 

Vlulafjtm  noéhi  edunt  execrahikm  ejulatui  humatto  non 
■tlifnm/em  quem  imerdum  vox  iatramium  tjuafi  canum 
imerjirepit :  unique  inclamanti  onvtes  acclamant,  quotquot 
rocem  è  longinquo  audiunt.  Kœmpfer,  Amanit,  exotlc, 
■vag»  ^t 3'  —Vers  k  canal  de  b  mer  Nowe,  il  y  a 
beaucoup  de  fiacalles  ou  chiens  fauvages  qui  ne  rcf- 
fcmbknt  pas  mai  à  des  renards ,  fur-tout  par  k  mu- 
^au.  On  croit  qu'ils  font  engendrés  des  loups  &  ^ 
ichiens  ;  ils  font  le  foir,  &  quelquefois  bien  avant  dans 
la  nuit ,  des  hurkmens  effroyables ..,..,.  Ils  fonC 
ifort  mcchans  &  aulTi  dangereux  que  les  loups  Voyajpe 
nk  CorncHU  k  -Brun,  foi.Pmi,  JpiJf,  J^age  //♦ 

i  V 


fj:    T 


,.^.-^,.,  ,.,      .  ....    .         ;"'..■! 

ZOZ'         HtJ!o)re  Naturelle    ^ 

que  iç  loup  ;  il  ne  va  jamais  fèul ,  niaiji 
toujours  par  troupe  de  vingt,  trente  oii 
quarante;  ils  fe  raflemblent  chaque  jour 
pour  foire  la  guerre  &  Li  chafle;  ils  vivent 
de  petits  animaux^  &  fè  font  redouter 
des.  plus  puifTans  par  le  nombre;  ils 
attaquent  toute  efpèce  de  bétait,  ou  de 
volailies  prefqu'à  ia  vue  des  hommes  ;  ils 
entrent  infblemment  &  fans  marquer  de 
crainte  dans  les  bergeries,  les  étables,  les 
écuries,,  &  lorfqu'ils  n*y  trouvent  pas 
autre  choie  ,  iJs  dévorent  le  cuir  des 
harnois  ,  des  bottes  ,  des  fouliers  ,  & 
emportent  les  J^ières  qu'ils  n'ont  pas  le 
temps  d'avaler.  Faute  de  proie  vivante, 
ils  déterrent  les  cadavres  des  animaux  & 
des  hommes  ;  on  eft  obligé  de  battre  Iji 
terre  fur  les  fépulturcs ,  Su  d'y  mêler  de 
grofîes  épines  pour  les  empêcher  de  la 
gratter  &  fouir ,  car  une  épaifTeur  de 
quelques  pieds  de  terre  ne  fufïit  pas 
pour  les  rebuter  (pj  i  ils  travaillent  plii- 

(v)  Les  adives  font  três-a vides  de  cadavres,  parti- 
culièrement de  cadavres  humairj5.  Quand  les  Chrétiens 
vont  enterrer  quelqu'un  à  la  campagne ,  ils  font  une 
fofTe  très -profonde,  &  qui  n'eft  pas  fuffifante  pour 
qu'ils  ne  déterrent  pas  .les  corps;  c'eft  pourquoi  ion  a 
fifiUtUQic  de  iouler  avef  les  pie<b  ia  terre  que  l'on  jettg 


Jti  Clicical  à*  de  TAdive,    'i  o  3 

fieurs  enfembie ,  ils  accompagnent  de  cris 
lugubres  cette   exhumation ,   &  lorfqu'ils 
font  une   fois  accoutumés   aux   cadavres 
humains  ,  ils    ne    ceflent    de    courir  les- 
cimetières  ,    de   iuivre    les    années  ,    de. 
s'attacher  aux  caravanes  :   ce  font  les  cor- 
beaux des  quadrupèdes ,  la  chair  la  plus 
iiifedle  ne  les  dégoûte  pas  ;  leur  appétit;, 
eft    fi   confiant ,    fi   véhément ,.  qiie   le. 
cuir  le    plus   fec   eft  encore  (avourcux,. 
&  que  toute  peau  ,   toute  graiflè ,  tout^r 
ordure  animale  leur  eft  également  bonne* 
L'hyaenc  a  ce  même  goût  pour  la  chair* 
pourrie  ;   elle  déterre   auffi   Içs  cadavres , 
&  c'eft  fur  le  rapport  de  cette  habitude, 
que  l'on  a  fouvent  confondu   ces  deux' 
animaux,  quoique  très-différens  Tun  de 
l'autre.   L'hyœne  eft   une  bête   folitairc ,:  - 
filencieufe,  très-fauvage ,  &  qui,  quoique 
plus  forte  &  plus  puilTame  que  le  chacal  y 

(îans  la  fofTe,  &  d'y  joindre  dc5  pierres  &:des  épines 
qui  bienânt  ces  animaux  ,  les  emptchcnt  de  fouiller 
plus  avant.  Le- nom  clive  veut  dire  hay  en  langue 
arabe  ;  fa  figure  ,  (on  poil  &  fa  voracité  font  bien  ana- 
logues à  ce  nom  j  mais  ia  grandeur,  Ta  tamiliarité  & 
fà  ftupidité  en  donneM  une  itiée  différente.  Voyage  dn  * 
p.  Fr,  Vincent -Marie ,  chap.  XIJI ,  artide  traduit  f(^/ 
M»  k  Wéir^iiis  de  Mpmmiraili 


104       f^ipoke  Naturelle,  &c. 

n'eft  pas  aufli  incommode,  &  fe  contente 
lie  dtvorer  les  morts  ,  uns  troubler  les 
\iviins,  au  lieu  que  tous  les  Voyageurs  le 
plaignent  des  cris ,  des  vols  &  des  excès 
du  chacal  fej) ,  qui  réunit  l'impudence  du 
chien  à  la  baffefië  du  loup ,  &  qui  parti- 
cipant de  la  nature  des  deux  fcnihie  n'être 
qu'un  odieux  compolé  de  toutes  les  mau- 
Vaiies  qualités  de  l'un  &  de  l'autre. 

{(}  )  Jitckalls  ah  in  p  ^rem  pîenty  ahout  tfie  gardenr, 
thit  they  yajf  in  numtcrs  like  a  pack  of  homds  in  fui  cry 
cveri  evening ,  giving  not  only  dïjbtrèaiîce  by  their  noije , 
hut  nmking  fret  with  ihe  youltry  a/ul  other  prov/Jions , 
ifvery  good  care  is  ttot  taken  to  hep  them  om  fifthdr  reac/ii 
T/ie  Nui,  Hijl.  ofalepo  ly  Alex,  Rujfeh  London ,  1 7J  ^, 
—  Il  y  a  beaucoup  de  chacals  autour  du  mont  Cau- 
café  ;  cet  aiiimal  n«  retTcmble  pas  mal  au  renard.  II  dé- 
terre les  morts ,  &  dévore  les  animaux  &  les  charognes. 
On  enterre  les  mbris  en  Orient  Taris  hicre  &  dans  leur 
foaire.  J'y  ai  \u  en  piufreurs  endroits  rouler  de  groffes 
piencs  lur  les  foffes ,  uniquement  à  caufe  de  ces  bttes 
pour  les  empêcher  de  les  ouvi*ir  &.  de  dévorer  les 
cadavres.  La  Mingrelie  efV couverte  de  ces  chacals;  ils 
aiîlégfnt  quelquefois  les  mai(bn«s,  &  font  àti  hurlemens 
<^pou vanta blcs ,  le  pis  eft  qu'ils  font  de  grands  dégâts 
<ians  les  troupeaux  &  les  haras.   Voyage  de  Cliardia, 


i^^^ré2^ 


10  5 


HmÊmmma 


mf 


S 


L'ISATIS  (a). 


I  le  nombre  des  reïTemblances  en  g^* 
lierai ,  fi  la  parfaite  conformité  des  parties 
intcrJeures  fiiffifoient  pour  aïïurer  l'unité 
des  elpèces,  le  Loup ,  le  Renard,  &  le 
Chien  n'en  formeroient  qu'une  feule ,  car 
le  nombre  des  refTemblances  efl  beaucoup 
plus  grand  que  celui  des  différences ,  & 
lu  fimiiitude  des  parties  internes  eft  entière  ; 
cependant  ces  trois  animaux  forment  trois 
tipèces  non  -  (èulement  diflindes ,  mais 

(a)  Ifatîs ,  nom  que  M.  Cmdin  a  donné  à  cet 
animai ,  &  que  nous  avons  adopté.  Jonflon  indique 
aufTi  ce  nom.  De  quad,  digit.  pag.  135. 

Pifli,  en  langue  Ruflè,  fcbn  Gmelin,  tome  111, 

Vulpcs  alba »  .  .   Vulpes  crucigera,  Aldrov.  'di 

^uad.  digiî.  pag.  a  2  I  /k  fuiv.  fig.  ibid. 

Canis  hieme  alba^  aftaîe  ex  chtereo  carulefcens  »  . . ,  c 
Vul/xs  all>a,  le  Renard  blanc.  BrifT.  Regn.  afiitn^ 
.pa^/.   24.1. 

Lagopus.  Cams  cnvdn  reéiày  aj^ice  concokr^,  Syfl^ 

I^at,  / Vulpes  alba,  Kalm,  Bahits ,  2.^  6 ^  , , ,  ^ 

Vulyes  carulcfcens.  Fam,  Suec.  1^ habitat  in 

ii'pibus  Lapponicis ,  Sibiria pedes  denfîjfime  ^k^fi, 

vtin  kpore*  Linn.  Syfi,>  iVo/i  edit.  x,  pag.  4>o. 


^:to^         hïfloire  Naturel^     . 

oiicore  affèz  éloignées  pour  admettre  entre. 
«Iles  d'autres  efpèces  ;  &  comme  celle  du 
chacal  eit  intermédiaire  entre  le  ctiien  <Sc 
le  loup ,  l'efpèce  dé  ITfàtis  fe  trouve  pî'acee 
de  même  entre  le  renard  &  le  chien.  Ju(^ 
<|ivà  ce  jour  l'on  n'avoit  regardé  cet  aniinai 
que  comme  une  variété  dans  l'elpèce  du 
rérward;  mais  la  defcpiption  qu'en  a  donnée 
M.  Gmelin  f'b),  &  de  laquelle  nous  ferons 
ici  rextraîtj.ne  permet  plus  de  douter  que 
ce  ne  foient  deux  efpèces  différentes. 

L'ifàtis    (    dont  nous  donnons  ici  les» 
dimenfions  du  mâle    &   de  la  femelle  ) 
eft  très -commun  dans  toutes  les  terrb- 

(h)  Navi  Comment.  Acad.  Petrop,  tom,  V,  ad  amtos 


^ 


DIMENSIONS 
de  l'Isatis. 


De  l'extrémité  du 
raufeau  à  l'origine 
de  la  queue 

Lbngueur  de  la  queue. 

Longueur  des  oreilles. 

Laigeur  des  oreilles  à 
labafe.,,, ,«, ,  .^ 


s 

^1 

'emelh.      1 

lOUC. 

ligiu 

TO, 

H 

I  1. 

a 

2. 

II 

I. 

-  "  </^  rifcïtis»  207 


DIMENSIONS 

de  L  '  I  s  A  T  I  s. 


Diftance  des  oreilles 
entr'elles 

Longueur  du  bras. . 

Longueur  de  l'avant- 
bras  

Longueur  du  carpe  , 
du  métacarpe  & 
des  doigts 

Longueur  des  ongles 
des  pieds  de  devant. 

Longueur  dts  cuiflcs , 
cl ... .  . .  presque. 

Longueur  des  jambes , 
ci prefque. 

Longueur    àt&  piçds 
de  derrière 

{Longueur  àes  ongles 
des  pieds  ile  derrière. 


L'  I  S  A  T  I  S 

Mâk.  I  Femelle. 


pieds    pouc.  ligii. 
1     4-.      'T- 


//      3.     a 


5* 


U  M  U^i 

g  ^.  if 

M  5.  il 

H  4«  tt~* 


Il     U       nf. 


pieds  pouc.  lign« 

//  2.       ^^-7. 

/y  3 .      //-j.. 

i'  3-       *T- 


4 


! 


'     3' 


n^ 


*       #        //f,' 


^       4.       «"'. 


Il       4.       /^-^, 


éi\  nord,  voifmes  dé  la  nier  glaciale,  & 
jje  fè  trouve  guère  en-deçà  du  foixam*^ 
Ueuvième  degré  de  latitude  :  il  eft  toutr 
à-fait  reflembiant  au  renard  par  la  fonii,e 
dii  corps  &  par  la  Ipngucur  de  la  queue, 
lioais  par  la  tête  il  rejfoiibk  plus  au  çitten^^ 


'aô8  ^       Hifloire  Naturelle 

il  a  k  poil  plus  doux  que  le  reiiarj 
commun,  &  l'on  pelage  eft  blanc  dans 
un  temps ,  &  bleu  -  cendre  dans  d'autres 
temps.  La  tête  efl  courte  à  proportion 
<Iu  corps ,  elle  e(l  Lirge  auprès  du  cou  (Se 
fe  termine  par  un  mufeau  alTez  pointu; 
les  oreilles  font  prefque  rondes  :  il  y  a 
cinq  doigts  &  cinq  ongles  aux  pieds 
<Ie  devant,  &  feulement  quatre  doigts 
&  quatre  ongles  aux  pieds  de  derrière; 
dans  le  mâle,  la  verge  efl  à  peine  grofle 
comme  luie  plume  à  écrire ,  les  teflicuks 
font  gros  comme  des  amandes  &  fi  Ifc  rt 
cachés  dans  le  poil  qu'on  a  peine  à  les 
trouver  ;  les  poils  dont  tout  le  corps 
«fl:  couvert ,  font  longs  d'environ  deux 
(pouces  ,  ils  font  liiïès ,  toufïus  &  doux 
comme  de  la  Jaine;  les  narines  &  la  mâ- 
choire inférieure  ne  font  pas  revêtus  de 
poil ,  la  peau  efl  apparente ,  noire  &  nue 
•dans  ces  parties. 

L  eflomac  ,  les  inieflins ,  les  vifcères, 
les  vaifîèaux  fpermatiques ,  tant  du  mh. 
•que  de  la  femelle ,  font  femblables  à  ceux  1 
"du  chien  ,  il  y  a  de  même  un  os  dans 
4a  verge,  &  le  fquekue  cniief  refîemblc 
«i  celui  d'uii  jewurd.    •*   •       -    *•  i    ^ 


le 


''''- de  rlfaùs.  2  0<); 

La  voix  de  l'ifatis  tient  de  l'aboiement 
^u  chien  &  du  glapiflcnicnt  du  renard. 
Les  marchands  qui  font  commerce  de 
cileterics  ,  diftinguent  deux  fortes  d'ifatis, 
es  uns  blancs  &  les  autres  bleus-cendrés , 
ceux-ci  font  ies  plus  eftiniés;  &  plus  ifs 
font  bleus  ou  bruns ,  plus  ils  font  chers. 
Cette  différence  dans  la  couleur  du  poil 
ne  fliit  pas  qu'ils  foient  d'cfpèces  diffé- 
rentes ;  des  chafîeurs  expérimentés  ont 
afîliré  à  M.  Gmclin,  que  dans  la  même 
portée  il  fe  irouvoit  des  jîctits  ifatis  blanc$ 
&  d'autres  cendrés,  ainfi  l'un  n'eft  qu'une 
variété  de  l'autre.        '     ^  ■ 

Le  climat  des  ifuis  efl:  le  nord ,  &: 
les  terres  qu'ils  habitent  de  préférence 
font  celles  des  bords  de  la  mer  glaciale 
&  des  fleuves  qui  y  tombent  ;  ils  aiment 
les  lieux  découverts  &,  ne  demeurent  pas 
dans  les  bois  ;  on  les  trouve  dans  les  en- 
droits les  plus  froids,  les  plus  montueux 
&  les  plus  nus  de  la  Norvège  ,  de  la 
Lapponie ,  de  la  Sibérie ,  &  même  eu 
lilande  (c).  Ces  animaux  s'accouplent  au 

(c)  Ceft  vraifemblablcment  en  voyageant  fur  d« 
plaçons,  que  les  renards  fe  font  glifîcs  en  Iflande; 
il  Ui\  trouve  en  grande  quantité  dans  cette  île  ;  iil 


li^  { 


"%  i6  hijlolre  Naturelle 

mois  de  mars  ;  &  ayant  les  parties  de  Îq 
génération  conformées  comme  les  chienj 
ils  ne  peuvent  fe  féparér  dans  !e  temps  de 
l'accouplement;  leur  chaleur  dure  quinze 
jours  ou  trois  femaines  ;  pendant  ce  temp^ 
ils  font  toujours  à  l'air ,  mais  enfuite  ils  fe 
retirent  dans  des  terriers  qu'ils  ont  creufés 
d'avance,  ces  terriers  qui  font  étroits  6i 
fort  profonds  ont  plufieurs  iffues  ;  iis  les 
tiennent  propres  ,  &  y  portent  de  U 
moufle  pour  être  plus  à  l'aife;  la  durée 
de  la  geftat-ion  eft  ,  comme  dans  les 
chiennes  ,  d'environ  neuf  (emaines  ;  \h% 
femelles  mettent  bas  à  la  fin  de  mai  ou 
au  commencement  de  juin ,  &  produifent 
ordinairement  fix ,  fept  ou  huit  petits  (d). 
Les  iHuis  qui  doivent  être  blancs,  font 
jaunâtres  en  naiflant ,  &  ceux  qui  doivent 
être  bleu-cendrés  font  nOir«îtres,  &  leut 

ne  fonrpoînt  rougeâtrcs ,  ii  y  en  a  peu  de  noirs  ,  éf 
communément  ils  font  gris  ou  bleuâtres  en  été,  ^ 
blancs  en  hiver;  c'ed  dans  cette  dernière  faifon  i{u« 
leur  fourrure  eft  la  meilleure.  Hijl,  Nat,  tie-  l'IJlàné, 
pDt  Amlerfon,  tome  J,  page  /â,        ,  \ 

(d)  Nota,  M,  Gmelin  dit,  d'après  le  témoignage  dcf 
CfialTeurs,  que  ces  animaux  produifent  ({uelqucfois 
vingt  ou  ving.  cim]  petits  d'une  feule  portée.  Je  croij 
jpç  &it >trçs-fufpp(fl  L  le  nombre  très  ex^gércj^ 


detljaûsl.     ^^^       If  II 

poil  à  tous  eft 'alors  très-court;  la  mère 
J€s  allaite  &  les  garde  dani  le  terrier  pen- 
dant cinq  ou  fîx  ièmaines,  après  quoi  elle 
les  fait  fortir  &  leur  apporte  à  manger. 
Au  mois  de  (eptembre ,  leur  poil  a  déjà 
plus  d*un  demi -pouce  de  longueur;  les 
ifatis  qui  doivent  devenir  blancs,  le  font 
déjà  fur  tout  le  corps ,  à  l'exception  d'une 
bande  longitudinale  fur  le  dos,  &  d'une 
autre  tranfverfale  fur  les  épaules  qui  font 
brunes,  à  c*e(l  alors  que  Tifatis  s'appelle 
mard  crolfé  (e)»  mais  cette  croix  brune 
(lifparott  avant  l'hiver ,  &  alors  ils  font 
entièrement  blancs ,  &  leur  poil  a  plus 
de  deux  pouces  de  longueur  ;  vers  le 
mois  de  mai  il  commence  à  tomber ,  & 
la  mue  s'achève  en  entier  dans  le  mois  de 
juillet,  ainfi  la  fourrure  n'en  e(l  bonne 
qu'en  hiver.  *;  ■^••-  -  »  -♦  *   • 

L'ifàtis  vit  de  rats,  de  lièvres  &  d*oi- 
féaux ,  il  a  autant  de  fineiïe  que  le  renard 
pour  les  attraper;  il  fç  jetie  à  l'eau  & 

(t)  Nota»   Cette  indiottion  paroît  alTez  prccifiQ 
pour  qu'on  puilTç  croire  que  le  Vulpes  crucigera  de 
Gefner.  Icon,  Qu^d*  fg>  pag,  t ço;  &  de  Rzaczynskî», 
////?.  Nau  Polt  /'/^.  2ji  f^  eft  le  même  aniraal  qu^- 


an      Hifoîre  Naturelle,  êrd     ' 

traverfè  lès  lacs  pour  chercher  les  iiîcts 
des  canards  &*  des  oies ,  il  en  mange  les 
ceufs  &  les  petits  >  Se  n'a  pour  ennemis 
«lans  CCS  climats  déierts  &  froids,  que 
le  glouton  qui  lui  dreUFe  des  embûches 
êi  l'attend  au  paflage.  p^^*n;if    ryè* 

Comme  le  loup,  le  renard,  le  glouton 
&  les  autres  animaux  qui  habitent  les 
parties  du  nord  de  l'Europe  &  de  l'A  fie 
ont  pafle  d*un  continent  à  l'autre ,  &  fe 
retrouvent  tous  en  Amérique  ,  l'ilùtis 
doit  s'y  trouver  aulîl ,  &  je  préfumc  que 
le  renard  gris  -  argenté  de  l'Améri^iue 
(eptentrionale ,  dont  Catefby  (f)  a  donné 
ia  figure ,  pourroit  bien  être  riditis  plutôt 
<|u'u«e  finiple  variété  de  i'eipèce  du 
renard.  -    itism-o'^'^'^/^vuMm^i^^n ..; 

'.:  nniLù\  ^û  vLMt 

(f)  Hift.  Nat.  de  ia  Caroline  par  Ottcfty,  tomfU, 


ij      .^  î 


-S  ,•{•'  I     S    r^r,5     *î  <■  >    ''Y  'î""  i^b'i' 


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*!?. 


^^2^2BS 


LE  GLOUTON (a):% 


^li^l  >fi%./ 


JLE  Gfoitton,  gros  de  corps  &  bas  deâ 
jambes,  eft  à  peit  près  de  !a  forme  d'un 
blaireau ,  mats  il  eft  une  fois  plus  épais  & 

(a)  Glotîton,  nom  que  l'on  a  donné  à  cet  anima? , 
à  cauie  de  (on  infatiable  voracité.  Jcrj^,  en  Suédois  ; 
Wilfni(f.  en  Allemand  ;  Rojownck  ,  en  E(c'a\'on  ; 
Ghiitoît .  en  Anglois;  Cnrcajou  t  en  Canada;  Quia- 
Citjûu ,  en  d'autres   endroits  de   l'Andérique   fcptcn-. 

trional*.  -  *  jKf îî=«îiqsïf r>r.ffi4 ÏC  - i \  U%: vïn^Vj^»*»  i 
Intcr  onmla  anhulia  qu(Z  'immnn'i  vpraclrate  CYchintur 
infatiûlùlia ,  gulo,  in  pnrtilms  Suecia  fepfcmmiinl'is  jmT" 
cijuum  fufccp'tt  iwmen  ubi ptitrifl Javione ,  jçrlF,  (l':cuur  f 
li'igiifi  Gcmanicl ,  wilfraJf;  Sclavonice ,  rofbmaka  à 
wultd  commjlumc  ;  Lnti'ie  vcro  nonwfijiLiitio  nnrtnne  ^ulo, 
vi.li'litrt  à  gulflfitnte  appeilatu\\  Oiaï  Magni,  Hijî,  <ie 
Gc'it.fifi,  pag.  I  3vS. 

Gulo  à  voracitute  infaiiabili,  the  Glulton.  Charleton, 
Onm.  pag.  15. 

Gulo.   Gulm.    Apollon.   Me^^beni,   /:///?.  Culoms% 
Vicimae^Aiiftrioe ,   i  68  1 .  ». '«•'^t      i> 

RofonhtkiU  Eufeb.  Nieremb.   HiJI.  Nat,  Pcregrin, 

png.   188.     ''■  '••"  vf  •  ^i'  ■■' 

Rofomiika,   Cith,    Rzaczyn.skl ,     hliftcr,  Nat.    PoL 

^inn.  539 Gu!o ,   Olaï   Macfni.  Cronihi ,    Maji. 

Boophmst  German.  W'id'frnff,  i\>lonice,  Rofi^uik* 
là,  aud,  jxro;  J  i  i» 


ïï^        Hiftolre  Naturelle'^      ♦ 

j^Ius  grand  ;  il  a  la  tête  courte ,  les  yeint 
petits,  les  dents  très-fortes ,  le  corps  trapu, 
la  queue  plutôt  «ourte  que  longue  & 
bien  fournie  de  poil  à  fon  extrémité:  il 
eil  noir  (ur  k  dos.,  &  d'un  ►brun  -  roux 
ilir  les  flancs  ;  fa  'fouKure  eft  une  des 
plus  belles  &  des  plus  recherchées -,  on  le 
trouve  aflez  communément  en  Lapponle 
&  dans  toutes  les  terres  voifmes  de  la  mer 
du  nord ,  tant  len  Europe  qu'en  A  fie;; 
on  le  retrouva  fous  le  nom  de  Carcajou 
au  .Canada  &  dans  les  autres  parties  de 
FAmérique  la  plus  feptentrionale  ;  il  iy  a 
même  toute  apparence  que  l'animal  de 
ia  baie  de  Hudfon  que  M.  Edwards  a 
donné  {b)  Ibus  le  nom  de  Quick-Hatch 
ou  Woherenne ,  petit  ours  ou  louveteau, 
félon  fon  tradudeur,  eft  le  même  que 
le  carcajou  de  Canada ,  le  même  que  le 
glouton  du  nord  de  IXurope  ;  il  me  paroît  1 
auffi  que  l'animal  indiqué  par  Fernandès, 
fous  Ip  nom  de  Tepeyl^cuitli  ou  Chien  à 

Guh  Wieffrajlf,  Roophagus  ;  Magrtus  vorâtar ,  Roft-^ 
mâcha.  Klein,  de  quaJ,  pag«  83^  fîg.  tab.  5. 

Guh,  Âlufleln  plnntis  j^jjis  cor/me  rufo-fufco ,  meé,  1 
dorjinigro.  Linn.  Syfi,  nat.  edit.  X,  pag.  4J. 

(b^  Edwards,  Hiji*  oj  Birds,  p.  10  j,  fig.  ibid» 


,  /'^/</l 


^//  Glouton:    "^'        ai  j] 

montagne,  pourroit  bien  être  ïe  glouton 
dont  i'e(pèce  s'eft  peut  r  être  répandue 
jufque  dans  les  montagnes  dé(èrtes  de  la 
nouvelle  ^ipagne  fcj, 

Olaiis  Magnus  me  paroît  être  le  pi^e-  ^ 
niier  qui  ait  fait  inention  de  -cet  animal,; 
il  dit  {dj  qu'il  eft   de  la  grofTeur  d'un  _ 
grand    chien ,    qu'il   a  les   oreilles  &   la 
face  d'un  chat ,  ks  pieds   &  ies  ongles 
très-forts,  le  poil  brun ,  long  &  touffu, 
la  queue  fournie  comme  celle  du  renard,, 
niais  plus  courte.  Selon  Scheffer  fej ,  le 
glouton  a  la  tête  ronde ,  les  dents  fortes 
&  aiguës  ,  fèmblables  à  celles  du  loup , 
le  poil  noir ,  le  corps  large  &  les  pieds 
courts  comme  ceux  <Je  la  loutre.  La  Hon- 
tan  ffj  qui  a  parlé  le  premier  du  car- 
eajou  de  l'Amérique  ieptentrionale ,  dit, 

fc)  Animal  efl  j^arvi  ct^nis  magnitud'me  audacijpwm^ 

pt  ;  aggreditur  enim  cervos  if  quandoqut  et'iam  inter" 

Vfcit,  corpus  miverfwn  nîgrum  :  peâus  ac  collum  candens% 

u/A'  hngi  if  cauda  knga  &  caninum  quoque  caput , 

mde  nemen.  Fernandès ,  Hifl*  anim,  nov*  Hifp,  pag.  y, 

pp.   2  i, 

(d)  Oldi  Magni,  de  Cent,  feptent,  :ç.  138  &  fiq, 

(e)  Hirtoire  de  Lapponie,  par  J.  Schcfïèr,  Pç»'is^ 
{lliyS,  page  ^  i^. 

If)  Voyage  de.U  Hontan ,  tomt  /,  page  g  6^ 


i  I  é         Hïflolre  Naturelle 

ce  figurez-vous  un  double  blaireau ,  c'efl 
»  l'image  Li  plus  reflemblante  que  je  puiffe 
vous  donner  de  cet  animal  ».  Selon  Sar- 
razin  (  g  )>  qui  probablement  n*en  a  voit 
vu  que  de  petits ,  les  carcajous  n*ont  guciç 
que  deux  pieds  de  longueur  de  corps  <Sc 
huit  pouces^ de  queue;  ce  ils  ont,  dit-il, 
>5  la  tetc  fort  courte  &  fort  grofî'e ,  h^ 
»  yeux  petits,  les  mâchoires  très-fortes, 
3>  garnies  de  trente -deirx  dents  bien  tran- 
chantes. •>■>    Le   petit   ours   ou   louveteau 
d'Edwards  (  h  J ,    qui  me  paroît  cire  le 
jnéme  animal ,  étoit ,  dit  cet  auteur  ,  jiine 
fois  aiiin  gros  qu'un  renard  ,  il  avoit  le  dos 
arqué,  la  tcte  bafîe ,  les  jambes  courtes, 
k  ventre  prefque  traînant  à  terre ,  la  queue 
d'une  longueur  médiocre  &  touffue  vers 
l'extrémité.  Tous  s'accordent  à  dire  qu'on 
ne  trouve  cet  animal  que  dans  les  parties 
les  plus  feptentrionales  de  l'Europe ,  de 
l'A  fie  &  de  l'Amérique;    M.  Gmtïm  fi) 


>  ^  ;  ' 


(g)  Hifloire  de  rAcadcmie  des  Sciences,  amh\ 

(h)  Hifloire  des  Oi féaux ,  par  Edwards  »  ;\  i  o^% 

(î)  Le  aloiiton  crt  le  feu!  dont  on  piiiffe  dire, 
comme  de  l'homme,  qu'il    vît   aufîi  -  bien  fous  (al 

Ligne  I 


\^%  rennes 
attache  fi  f 
que  rien  i 
vres  anim; 
courfè;   eif 


Ligne  qu'au 
{ midi  au  nord] 

(h)  Brirr. 

Tome  J. 


^  ilu  Glouton.      .        217 

cft  le  feul  qui  femble  aflurer  qu'il  voyage 
jufque  dans  les  pays  chauds  ;  mais  ce  fait 
me  paroît  très-lu^edl ,  pour  ne  pas  dire 
fiux  ;  Gmelin ,  comme  quelques  autres 
Naturaliftes  (k),  a  peut-être  confondu 
l'hyaene  du  midi  avec  le  glouton  du  nord , 
qui  ie  refTemblent  en  effet  par  les  habi- 
tudes naturelles ,  &  lîir-tout  par  la  voracité , 
mais  qui  font  à  tous  autres  égards  des  ani- 
maux très-difFérens. 

Le  glouton  n'a  pas  les  jambes  faites  pour 
courir,  il  ne  peut  même  marcher  que 
d'un  pas  lent,  mais  la  rufe  fupplée  à  la 
légèreté  qui  lui  manque ,  il  attend  les  ani- 
maux au  j)a(rage  ;  il  grimpe  fur  les  arbres 
pour  le  lancer  deflus ,  &  les  faifir  avec 
avantage ,  il  fe  jette  fur  les  élans  &  fur 
les  rennes ,  leur  entame  le  corps ,  &  s'y 
attache  fi  fort  avec  les  griffes  &  les  dents , 
que  rien  ne  peut  l'en  féparer;  ces  pau- 
vres animaux  précipitent  en  vain  leur 
courfe;  en  vain  ils  fe  frottent  contre  les 

Ligne  qu'au  Pôle.  On  îe  voit  par-tout,  il  court  du 

midi  au  nord  ,    &  du  nord  au  midi ,   pourvu  qu'il 

I  trouve  à  manger.  Voyage  de  Gmelin,  tome  III,  page  ^y  2 

lirjuiv,  ^ 

(k)  BrifT.  Regn,  aninu  pag.  a  j  5  &  2  }  ô. 

Toms  XL  K 


^  1 8  Hîfloke  Naturelle    '  '  . 

arbres  &  font  les  plus  grands  efforts  pour 
fê  délivrer  ;  l'ennemi  allis  fur  leur  croupe 
eu  fur  leur  cou ,  continue  à  leur  fucer 
le  fing ,  à  creufer  leur  plaie ,  à  les  dé- 
vorer en  détail  avec  le  même  acharnement, 
Ja  même  avidité  jufqu'à  ce  qu'il  les  ait 
jnis  à  mort  (l) ;  il  efl,  dit-on,  inconce- 
vable combien  de  temps  le  glouton  peut 
jîianger  de  fuite ,  &  combien  il  peut  dé- 
yorer  de  chair  en  une  lèule  fois.     - 

Ce  que  les  Voyageurs  en  rapportent 
efl  peut-être  exagéré  ;  mais  en  rabattant 
beaucoup  de  leurs  récits,  il  eu  rerte  encdrç 

(!)  Le  fjlcmton  efl  un  anima!  carnafTler,  un  peu 
fnoins  grand  uuc  le  loup  ;  il  a  le  poil  rude ,  long  & 
«3'un  brun  cjui  approche  du  noir ,  fur-tout  fur  le  dos; 
îf  a  la  rufe  de  grimper  fur  un  arbre  pour  y  guetter 
Je  oibier;  &  lorfque  qucluu'animal  pafle  il  s'élance 
fur  (on  Aoî }  di  fait  f\  bien  s'y  accrodier  par  le  moyen 
t!e  fcs  griffes ,  qu'il  lui  en  manoe  une  partie ,  &  que  le 
pauvre  aninul ,  après  bien  des  cfTorts  îiuitiles  pour 
fc  dctaire  d'un  hôie  fi  incommode  tombe  enfin  par 
terre  &  devient  la  prcie  cle  fon  ennemi.  H  faut  au 
rnoinî^  trois  des  plus  forts  lévriers  pour  attaquer  cette 
liête ,  encore  leur  donne-t-elle  bien  de  la  peine.  Les 
3Ui(Tes  font  grand  cas  de  ia  peau  du  glouton  ,  ils 
l'emploient  ordinairement  à  des  mandions  pour  lej 
Jiommcs  &  des  bordures  de  honnetô.  Eeintion  dt  k 
LYunde  Janarie.  Anijhrtiam,    iJSJ t  page  8. 


# 


convaincu 


que  le 


Jii  GloutOfU 

aflez  (m)  pour  eti 

glouton  eft  beaucoup  plus  vorace  qu'au- 
cun de  nos  animaux  de  proie,  aufii  l'a- 
t-on  appelé  ie  Vautour  des  quadrupèdes  ; 
plus  infatiable ,  plus  déprédateur  que  ic 
loup ,  il  détruiroit  tous  les  autres  animaux 
s'il  avoit  autant  d'agilité  ;  mais  il  eft  réduit 
à  fe  traîner  pefamment ,  &  le  (eu!  animal 
qu'il  puifle  prendre  à  ia  cour(e  eft  le 
caft or ,  duquel  il  vient  très  -  aifément  à 
bout,  &  dont  il  attaque  quelquefois  les 
cabanes  pour  le  dévorer  avec  (es  petits 
lorfqu'ils  ne  peuvent  afîez  tôt  gagner 
l'eau  (nj,  car  le  caftor  le  devance  à  la  nage , 

(m)  Hoc  animal  vora:ijfwmm  eft ,  rcjierto  tiamque  ca- 
'ilûvcre  tantnm  vorat  ut  vioknto  cibo  ,  ccrp:-s  injl.ir  tym- 
jumi  extendatur  ;  iiwemnque  afJguflui  in  ter  arhresfefinngit 
m  violemius  egerat  :  fcque  extcnuatum  revertitur  ad  ca- 
daver  iX  adpummm  ufque  repletur  ,  itenutujui  fe  Jhlugit 
ûUgufliH  priore ,  &c,  Olaï  Magni,  Hifi,  de  Gem,Je[^tt 
pag.  1 38.  i  /iiî^r  î 

(n)  Le  Carcajoii,  quoî(;iie  petit,  crt  très-fort  & 
très  -  furieux  ;  &  quoique  carnauier  ,  il  tfl  fi  lent  & 
fi  pefant  qu'il  fe  traîne  fur  la  neige  plutôt  qu'il  Wy 
marche.  Il  ne  peut  attraper  en  marchant  que  le  cifl.  r ,  ♦^ 
a^x  efl  auffi  lent  que  \\ak ,  &  il  faut  que  ce  foit  en 
été  où  le  caftor  eft  hors  de  fa  cabane  ,  mais  en  hiver 
il  ne  peut  que  brifer  &  démolir  la  cabane  &  y  prendre 
le  caftor ,  ce  qui  ne  lui  réuftît  que  très  •  rarement , 
(larce  que  le  caftor  a  fa  retraite  alTurée  fous  la  glace« 


i20r        HîjJoire  Naturelle   '' 

ôi  le  gîoiuon  qui  voit  échapper  (à  proie , 
fe  jetie  fur  le  poiiïon;  &  lorfque  toute 
.chair  vivante  vient  à  lui  manquer,  il  cher- 
che les  cadavres,  les  déterre,  les  dépèce 
&  les  dévore  jufqu'aux  os. 

Quoique  cet  animal  ait  de  la  finefle  & 
mette  en  œuvre  des  rufes  réfléchies  pour 
fe  faifir  des  autres  animaux ,  il  femble 
qu'il  n'ait  pas  de  (èntiment  diftincfl  pour  fa 
conlêrvation ,  pas  même  l'initincî;!:  com- 
mun pour  fon  (Iilut  ;  il  vient  à  l'homme 
ou  s'en  iaifle  approcher  fo)  (ans  appa- 
rence de  crainte  ;   cette  indifïerençe  qwi 

Hiftoire  de  l'Àtadéniie  royale  des  Sciences ,  année  f^ij, 
page  14. 

foj  Les  Ouvriers  aperçurejit  de  loin  un  animal  qui 
marchoit  à  eux  gravement  &  à  pas  comptés,  que 
quelques-uns  prirent  pour  un  oursj    &  d'autres  pour 
/  un   glouton;    ils  allèrent  au-devant  de  cet  animal, 

qu'ils  reconnurent  à  la  fin  pour  un  glouton ,  &  après 
qu'ils  lui  eurent  donné  quelques  bons  coups  de  perche, 
ils  le    prirent  encore  en  vie;   ils  me  l'apportèrent 

auflîtôt D'après  les  rapports  que  les  chaflcurs 

de  Sibérie  m'avoient  fait  depuis  plufieurs  années  fur 
-l'adr^fTe  de  cet  animal,  foit  pour  tourner  les  autres 
animaux  &  fuppléer  par  la  rufe  à  la  légèreté  que  la 
I^Jature  lui  a  re^fée ,  fok  pour  éviter  les  embûches 
des  hommes,  je  fus  très-étonné  de  voir  arriver  celui-ci 
de  propos  délibéré  au  -  devant  de  nous  pour  chercher 
il  .ffîoi't.  Isbrand-ides  l'appelle  un  animai  méchant, 


dît  Glouton.  2  2  t 

paroît  annoncer  l'imbécillité,  vient  peut- 
être  d'une  caulè  très  -  différente  ;   il  eft 

qUi  ne  vit  que  de  rapine  ;  «  il  a  coutume ,  dit  -  il, 
de  fe  tenir  fur  les  arbres  tranquille ,  &  de  s'y  ca-  « 
cher  comme  le  lynx  ju(qua  ce  qu'il  pafTe  un  cerf,  « 
un  éian^  un  chevreuil ,  un  lièvre  ,  écc.  alors  il  s'élance  « 
arec  toute  la  rapidité  d'une  flèche  fur  l'animal ,  lui  « 
enfonce  fes  dents  dans  le  corps  &  le  ronge  juf-  «r* 
qu'à  ce  qu'il  expire ,  après  quoi  il  le  dévore  à  fon  «c 
aife  &  avale  jufqu'au  poil  &  à  la  peau.  Un  Wai-  « 
vode  qui  gardoit  cîiez  lui  pour  fon  plaifir  un  « 
glouton  le  fit  un  jour  jeter  dans  l'eau  &  lâcha  « 
fur  lui  une  couple  de  chiens  j  mais  le  glouton  le  jeta  « 
auflTitôt  fur  la  tête  d'un  de  ces  chiens ,  &l  le  tint  (bus  «^ 
l'cïu  jufqu'à  ce  qu'il  l'eût  fufFocjué  >• . ,  .  L'adreflè 
dont  fe  fert  le  glouton  pour  furprendre  les  animaux 
(  continue  M.  Gmelin  )  eft  confirmée  par  tous  les 
chafTcurs quoiqu'il  fe  repaifle  de  tous  les  ani- 
maux  vivans  ou  morts,  il  aime  de  préférence  le 

renne Il  épie  les  gros  animaux  comme  urt 

valeur  de  grand  chemin,  ou  bien  il  les  lurprend 
quand  ils  dorment  au  gîte ...  il  recherche  tous  les 
pièges  que  les  chafleurs  tendent  pour  prendre  les  dif- 
férentes efpèces  d'animaux,  &  il  ne   s'y   laifle  pas^ 

attraper Les   chaflèurs  de   renards   bleus    & 

blancs  (ifatis),  qui  (è  tiennent  dans  le  voifinage  de  la 
mer  glaciale ,  fe  plaignent  beaucoup  du  tort  que  leur 

fait  le  glouton On  l'appelle  ainfi  avec  raifon , 

parce  qu'il  eft  incroyable  ce  qu'il  peut  manger;  je 
n'ai  jamais  entendu  dire,  quoique  je  l'aie  demandé 
ptufieurs  fois  à  des  chaflèurs  de  profeflion,  que  cet 
animal  fe  preflTe  entre  deux  arbres  pour  vider  fon 
corps ,  &  y  faire  de  la  place  pour  fatisftiire  de  nou- 
veau &  plus  promptcment  îbn  infatiable   voracité, 

Iv  ii; 


^•Si.. 


2  21  Hlflobê  Naturelle 

certain  que  le  gîouton  n'eft  pas  flupîJe, 
puilqu'ii  trouve  les  moyens  de  fatisfiiirc 
à  ion  appétit  toujours  prefliint  &  plus 
qu'immodéré;  il  ne  manque  pas  de  cou- 
rage ,  puifqu'il  attaque  indifîéremment 
tous  les  animaux  qu'il  rencontre ,  &  qu'à 

*  h\  vue  de  l'homme  il  ne  fuit ,  ni  ne 
marque  par  aucun  mouvement  le  (entr- 

.  inent  de  la  peur  l'pontanée  ;  s'il  manque 
donc  d'attention  fur  lui-même ,  ce  n'cll 
point  indifîérencc  pour  la  conlervaticn, 
ce  n'efl:  qu'habitude  de  fécurité  :  comme 
il  habite  im  pays  prelque  délèrt,  qu'il 
y  rencontre  très-rarement  des  hommes, 
qu'il  n'y  connoît  point  d'aiures  ennemis; 
que  toutes  les  fois  qu'il  a  meluré  lès  forces 
avec  les  animaux ,  il  s'efl  trouvé  lupé- 
rieur;  il  marche  avec  confiance  «Se  n'a 
pas  le  germe  de  la  crainte ,  qui  fuppofc 
quelqu'épreuve  malheureule ,  quelqu'ex- 
périence  de  la  foiblefie  ;  on  le  voit  par 
i'exemple  du  lion  qui  ne  (e  détourne  pus 


Cela  me  paroît  être  la  fable  d'un  Natiiralirte  ,  oU 
la  fidion  d'un  Peintre.  Voy.ige  de  Gmelln,  tome  Ilf, 
page  492.  Nom.  C'efl  Olaiis  qui  le  premier  a  écrit 
cette  fable,  &  un  Dtlïlnaicur,  copie  d^ns  Gciner, 
^ui  la  inife  en  H^uic. 


lommes 


du  Glouton*  2  2  3f 

it  rhomme ,  à  moins  qu'il  n'ait  éprouvé 
la  force  de  les  armes  ;  &  le  crloutoii  le 
traînant  fur  la  neicre  dans  iow  clijiiat  de- 
fert,  ne  laifle  pas  d'y  marcher  en  toute 
fécurité ,  &  d'y  régner  en  lion ,  moins 
par  là  force  que  par  la  foiblefle  de  ceu;s 
qui  l'environnent.  r  . 

li'iliuis  moins  fort»  mais  beaucoup  pluâ 
léger  que  le  glouton ,  lui  fert  de  pour- 
voyeur ,  celui-ci  le  fuit  à  fa  chafle ,  <Se 
fouvent  lui  enlève  là  proie  avant  qu'il  ne 
l'ait  entamée ,  au  moins  il  la  partage ,  car 
au  moment  que  le  glouton  arrive,  fifatis 
pour  n'être  pas  mangé  lui-même,  aban- 
donne ce  qui  lui  relie  à  manger  ;  ces 
deux  animaux  fe  creulènt  également  des 
terriers  ;  mais  leurs  autres  habitudes  font 
différentes,  filàiis  va  fouvent  par  troupe, 
le  glouton  marche  (èul ,  ou  quelquefois 
avec  fi  femelle  ;  on  les  trouve  ordinaire- 
ment enlcmble  dans  leurs  terriers.  Les 
chiens  (p) ,  même  les  plus  courageux  , 
craignent  d'approcher  &  de  combaurc  le 

(p)  Vt,i  v'x  conceditur  ut  a  camlms  apprehenrî itur ,  nnii 
vnguldS ,  dcntefque  atleo  rtattos  habeat ,  w  e'jns  unignlfiiin 
formulent  canes  qui  în  ferociffinios  lupos  vires  fit cH  exre/t- 
JerefoUnt,  Oiaï  Magiil ,  /////,  de  Gcnt^fcr^  pa|y(.  t  j  o. 


214'         H'îfloire  Naturelle 

glouton ,  il  Te  défend  des  pieds  &  des 
dents  ,  &  ieur  fîiit  des  blelTures  mortelles  ; 
mais  comme  il  ne  peut  échapper  par  la 
fuite ,  les  hommes  en  viennent  aiféjnem 
<à  bout.  .      ,..      ,       ,      t       *  * 

*  '  La  chair  du  glouton  (q) ,  comme  celle 
de  tous  les  animaux  voraces ,  efl:  très- 
mauvailè  à  manger,  on  ne  le  cherciie 
que  pour  en  avoir  la  peau ,  qui  fait  une 
très  -  bonne  (r)  &  magnifique  fourrure , 
on  ne  met  au  -  defTus  que  celle  de  la 
zibeline  &  du  renard  noir ,  &  Ton  pré- 
tend que  quand  elle  efl  bien  choifie,  bîcii 
préparée ,  elle  a  plus  de  luflre  qu'aucune 

(q)  Cara  hujits  animalis  omiiitio  iitutilis  efl  nd  fiwiumam 
efcam ,  fed  jiellis  umltum  conmwda  ac  prctiofu.  Candct 
tnim  fujcata  nigredhie  inflar  panni  danhjfceni  diverf.s 
ornata  flguris  ntque  puklirioY  in  afpedti  reddittir  (jm  nni- 
fcum  diligentia  &  induflria  cohrum  confcrmitiite  in  cw- 
rumque  veflium gcnere  fuerit  coadunata.  0!aï  Magni,  Hijh 
de  Gent.ftpt.  pag.  139, 

(r  )  On  dit  que  le  glouton  eft  un  animal  parti- 
culier au  pays  du  nord Il  efl  de  couleur  noi- 
râtre; les  poils  comme  le  renard,  pour  la  longueur 
&  l'épaKïèur,  mais  plus  fins  &  plus  doux,  ce  c[ui 
fait  que  les  peaux  en  font  plus  recherchées  6c  fort 
chères ,  mcme  en  Suède,  Article  extrait  ^  trnduit. 
Appollon.  Mcgabcni  ,  Ilfloria  Gulouis  ,  Vicnna;- 
Auflriae ,   I  6  B I , 


••*    fJu  Glouton.  22  5 

autre  ,  &  que  fur  un  fond  d'un  beau 
noir ,  ia  lumière  (e  réfléchit  &  brille  par 
parties  comme  fur  une  étofïè  damadée  (j), 

(f)  Les  goulus  font  a(Tez  communs  en  Lapponie....; 
La  peau  en  crt  extrêmement  noire  ^  dont  le  poii  ren- 
voie une  certaine  blancheur  luilante  comme  les  fatins 
h  damas  à  fleurs.  Quelques-uns  la  comparent  à  ia 
peau  des  martes  zibelines ,  fi  ce  n'ert  que  celles-ci  ont 
le  poil  plus  doux  6f  délicat.  Cette  bête  ne  demeure 
pas  feulement  fur  la   terre,    mais  encore  fous  l'eau 

tomme  ks  loutres mais  le  goulu  t{\  beaucoup 

grand  &  plus  vorace  que  la  loutre Il  ne  pour- 

luit  pas  feulement  les  bêtes  fauvages ,  mais  encore  les 
(lomeftiques ,  &  même  les  poiffbns.  Hijloire  de  la 
liq'foiiU ,  par  Sc/iepr ,  page  3  i  ij. 


K» 


'.  '¥ 


2i6         Hifloke  Naturelk 


LES  MOUFFETTES. 


n 


ou  s  Jonnoiis  fe  nom  générique  de 
Aîouffette  à  trois  ou  quatre  el'pèces  d'ani- 
maux  ,  qui  renferment  &  répandent  forl- 
qu'ils  font  inquiétés ,  une  odeur  iî  forte 
&  fi  mauvailè  qu'elle  fufîoque  comme  la 
vapeur  fouterraine  qa'on  appelle  mouffette. 
Ces  animaux  fe  trouvent  dans  toute  l'é- 
icndue  de  l'A  mérique  (  a  J  méridionule 

ffl)  Dans  îes  terres  voifînes  du  détroit  d«  Ma- 
jgeifan,  nous  vîmes  un  autre  animai  à  qui  nous  doa- 
names  ic  nom  de  Grondeur  ou  de  Souffleur ,  parce 
qu'il  ne  voit  pas  plutôt  quelqu'un  qu'il  gronde,  foufÏÏe 
&  gratte  la  terre  avec  fes  pieds  de  devant ,  (.[uoitjinl 
n'ait  pour  toute  défcnfe  que  (on  derrière  qu'il  tourne 
«i'abord  vers  celui  qui  l'approche  ,  &  d'où  il  fait 
fortir  des  excrémcns  d'une  odeur  la  plus  détertable 
«ju'if  y  ait  au  monde.  Voyage  <iu  capit^iine  Wood,  Suitt 
^ts  voyages  de  Dam  fier ,  tome  V,  pa^e  i  S  r .  —  H 
y  a  au  Pérou  beaucoup  de  petits  ren.  '? ,  parmi  lef- 
«juels  il  faut  remarquer  ceux  qui  ren^.ent  une  odeur 
jnfupportable ;  ils  entrent  les  nuits  dans  les  villes, 
&  quelque  fermées  que  foient  les  fenêtres,  on  les 
fent  de  plus  de  cent  pas  ;  iKUrcufcment  que  le  nombre 
en  eft  petit,  car  ils  cmpuantiroient  le  monde  entier, 
JHfffifire  tia  Iikus,  tome  U,  page  2^^t 


Jes  AhuffetteS,  227, 

&  tempérée  ;  ils  ont  été  défignés  indif- 
tindement  pur  le:;  Voyageurs,  (bus  les 
noms  de  puans ,  bêtes  puantes ,  enfans  du 
diable,  &€*  (b),  &  non- feulement  on  les 
a  confondus  entr'eux,  mais  avec  d'autres 
qui  ibnt  d'efpèces  très  -  éloignées.  Her- 
nandès  (  c  )  a  indiqué  afTez  clairement 
trois  de  ces  animaux ,  il  appelle  (e  pre- 


(h)  Une  forfc  de  fouine  qu'on  a  nommt'e  Enfant 
du  diabk  ou  Bêie  puante  ,   parce  que  fon  urine  qu'elle 
lâche  quand  elle  eft  pourfuivie,  emptde  l'air  à  an 
demi-quart  de  lieue  à  la  ronde,   cfl  d'ailleurs  irn  fort 
joli  animal  ;  elle  efl:  de  la  grandeur  d'urv  petit  char, 
mais  plus  grofTc;  d'un  poil  luifant  tirant  (ur  le  grij., 
avec  deux  lignes  blanches  qui  lui  forment  fur  le  dos 
une  figure  ovafe  depuis  le  cou  juf(-]u'a  ta  ijueue  ;  cette 
queue  e(l  toirfFue  ccMTtme  celle  du  renard,    &  elfe: 
h  redreflfe  comme  fait  l'écureuil.   Hifîoire  de  la  mit' 
rdle  France, par  le  P.  Chnrlevoix ,  tome  III ,  page  ^jfw 
NcTA,  Cet  animal  eft  le  même  que  celui  que  nou» 
aj'>[)cllerons  ici  Conepate  ,    du  iiom  qu'il   porte  ais 
Mexique, 

fc)  Yr(.pJîepatl/?«  Vu!{,ecu!ft(]i((Z  Aliiirtum  tnrrefd<fîit>n 

amul.itur  colore,  Genus  prh-rmm funr  IT  alla  du» 

hijus  vidiicadit  gênera  eadem  forma  &  luv.ira'  ,pioruffïï 
aheruin  YAjuifpatl'  etin'n  voc/itum  fafc'iis  tmilih  la'tdfrf" 
tîlnis  f/iflinî^uititr ,  ahcnm  vcro  (  'onepati  feu  vulpecuf^ 
pucrdis  unicii  ra"timi  utr'hi'juc  diiâa  peri/ue  cwlfini  î/fiinv 
tihlan  modo  dclauu  ikrnaïKl,  lii(l.  Mex.  pa^.  Jja  , 
tk.  ibid. 


liS  Hijîohe  Naturelle 

raier  Yfquîepad ,  nom  Mexicain  que  nous 
lui  conlërverions  s'il  étoit  plus  aile  de  le 
prononcer  ;  il  en  donne  ia  delcription  & 
la  ficure,  &  c*efl:  le  même  animal  dont  on 
trouve  auffi  la  figure  dans  l'ouvraore  de 
Seba  (  d);  nous  l'appellerons  Coaje ,  du 
nom  Squash  qu'il  porte  dans  la  nouvelle 
Eipagne  (e).  Le  fécond  de  ces  animaux 
que  Hcrnandès  nomme  aufîi  Yfquïepatl, 
elt  celui  qui  efl:  ici  repréienté  &  que  nous 
appellerons  Chinche ,  du  nom  qu'il  porte 
dans  l'Amc^rique  méridionale.  Le  troi- 
fième  que  Hernandès  nomme  ConepaU , 
ÔL  auquel  nous  confe.verons  ce  noiii, 
eft  le  même  que  celui  qui  a  été  donné 
par  CateiLi  (f)  fous  lu  dénomination  de 

(d)  Seba,  vol.  1 ,  jmg.  (!>  8 ,   Tah,  ^z  ,  fg.  /, 

(e)  Le  Squashe  efl  un  animal  à  quatre  pie<.!<,  pJus 
gros  qu'un  chat ,  fi  tcie  rcffcnihlc  affez  à  cdie  du 
renard  ;  il  a  ies  oreilles  courtes  &  des  ^\\\^<:i  aiguës 
qui  lui  fervent  à  efcalaJer  les  arhtcs  tout  conlme  un 
chat  ;  il  a  la  peau  couverte  ci\iî\  poil  court  ,  fm 
&  jaunâtre,  fa  chair  tn  tfl  tic;  bonne  &  fort  faine, 
V«!ya^c  de  Dampier,  tonu  lîl ,  juge  ^02, 

(  f)  Hifloire  tvure';  de  la  Caroline  par  CateH)?. 
Londres ,  t  y^j  ,  t  >ne  // ,  page  6.^  ,  f^r.  jlnd.  Voici 
la  dcferiptbn  qu-     donne  cet  auuur.  '«  Cet  animal 


des  Moifffettes,  2  2  p 

putois  d' Amérique ,  &  par  M.  Brâflbn  fous 
celle  de  putois  rayé  (g).  Enfin  nous  con- 
iioifTons  encore  une  quatrième  efpèce  de 
mouffette  à  laquelle  nous  donnerons  ie 
nom  de  Xorille ,  qu'elle  porte  au  Pérou 
&  dans  quelques  autres  endroits  des  Indes 
elj3agnoles. 

C'eft  à  M.  AuBry,  Curé  de  Saint 
Louis ,  que  nous  fommes  redevables  de 
la  connoifTance  de  deux  de  ces  animaux  ; 
fon  goût  &  fes  lumières  en  Hiftoire  na- 
turelle ,  brillent  dans  fon  Cabinet ,  qui 
eft  un  des  plus  curieux  de  la  ville  de 
paris,  il  a  bien  voulu  nous  communiquer 
fes  richeffes  toutes  les  fois  que  nous  en 
avons  eu  befoin  ;  &  ce  ne  fera  pas  ici  la 
feule  occafion  que  nous  aurons  d'en  mar- 
quer notre  reconnoifîance.  Ces  animaux 


par  fa  taille  n  eH  pas  fort  diffcrent  du  piiteis  commun ,  « 
fi  ce  n'cft  i]ue  fon  nez  en  un  peu  plus  long  ;  tous  «« 
'-eux  que  j'ai  vus  étoient  noirs  &  blancs  ,  quoi-  « 
qu'ils  ne  fuffent  pas  marqués  de  ia  même  ma-  u 
nière  ;  celui-ci  avoit  une  raie  blanche  qui  s  ctendoit  « 
depuis  le  derrière  de  la  tête ,  tout  du  long  du  milieu  « 
du  dos  jufqu'iUi  croupion  ,  avec  quatre  autres  raies  « 
de  chaque  côté  qui  étoient  parallèles  à  la  première.  » 

(^)  Muflelanigra,  tamis  in  dorfo  alhis,  Putorius  ^natt^ 
Le  putois  rayé,  Brifl",  Re^n,  ami.  pag,  îjo. 


•  I 


ijO  Hîjloke  Naturelle 

que  M.  Aubry  a  bien  voulu  nous  prêter- 
pour  les  faire  deffiner  &  graver,  iont  le 
coalè ,  le  chinche  &  le  zorille  ;  on  peut 
regarder  ces  deux  derniers  comme  nou- 
veaux ,  car  on  n'en  trouve  ia  figure  dans 
aucun  Auteur. 

Le  premier  de  ces  animaux  eft  arrivé  à 
M.  Aubry,  fous  le  nom  de  Pékan,  enfant 
du  diable ,  ou  chat  fauvage  de  Virginie  ; 
j'ai  vu  que  ce  n'étoit  pas  le  pékan ,  j'ai 
rejeté  les  dénominations  d'enfant  du  diaj  'e 
&  de  chat  fiuvage  comme  fadices  ôc 
compofées ,  &  j'ai  reconnu  que  c'étok 
le  même  animal  que  Hernandès  a  décrit 
fous  le  nom  à' Yjquiepatl ,  &  que  les  Voya- 
geurs ont  indiqué  Ibus  celui  de  fquash  ; 
ik  c'ell  de  cette  dernière  dénomination 
que  j'ai  dérivé  le  nom  coûfe  que  je  lui 
ai  donné  ;  il  a  environ  leize  pouces  de 
long ,  y  compris  la  têie  &  le  corps ,  il 
ai  les  jambes  courtes,  le  mufeau  mince  ,  les 
oreilles  petites,  le  poil  d'un  brun  foncé, 
les  ongles  noirs  &  pointus  ;  il  habite  dans 
des  trous ,  dans  des  fentes  de  rochers , 
où  il  élève  (es  petits  ;  il  vit  de  larrabées. 
de  vermilîeaux  ,  de  petits  oi féaux  ;  & 
iorfqu'il  peut  entrer  dans  une  balfe-courj 


clés  Moufettes:  1 3  ti 

il  étrangle  les  volailles,  defquelles  il  ne 
mange  que  la  cervelle  :  lorlqu'il  eft  irrité 
ou  eîfrayé  il  rend  une  odeur  abominable  : 
c  efl:  pour  cet  animal  un  moyen  iiir  de 
défenfe ,  ni  les  hommes  ni  les  chiens 
n'oient  en  approcher  :  Ton  urine  qui 
fe  mêle  apparemment  avec  cette  vapeur 
empeflée ,  tache  &  infede  d'une  manière 
indélébile  ',  au  refte  il  paroît  que  cette 
mauvaile  odeur  n'eil  point  une  chofe 
habituelle,  ce  On  m*a  envoyé  de  Suri- 
nam ,  cet  animal  vivant ,  dit  Seba  (h),  et 
je  i'ai  confervé  en  vie  pendant  tout  un  et 
été  dans  mon  jardin  où  je  le  tenois  et 
attaché  avec  une  petite  chaîne;  il  ne  et 
mordoit  perfonne ,  &  lorsqu'on  lui  don-  «c 
noit  à  manger ,  on  pouvoit  le  manier  «: 
comme  un  petit  chien  ;  il  creufoit  la  çc 
terre  avec  Ton  mufeau  en  s'aidant  des  ce 
deux  pattes  de  devant ,  dont  les  doigts  « 
font  armés  d'ongles  longs  &  recourbés  ;  et 

(h)  YjquUpatl ,  dont  fa  couleur  reflemble  à  celle 
du  maïs  brûlé ...  fa  tête  refîèmble  à  celle  d'un  petiit 
renard  ,  &  Ton  groin  efl  à  peu  près  comme  celui 
du  cochon;  les  Américains  l'appellent  Quasje.  Seba, 
vol.  I ,  paae  68.  Nota.  Cette  autorité  prouve  encore 
que  le  mot  Stjuush  ou  Coafe  efl;  le  vrai  nom  de  çe| 
animal. 


V 


232 


Hifloîre  Naturelle 

33  il  fe  cachoit  pendant  ie  jour  dans  une 
35  efjîèce  de  tanière  qu'il  avoit  fait  lui- 
33  même ,  il  en  fortoit  le  foir ,  &  après 
33  s'être  nétoyé ,  il  commençoit  à  courir 
33  &  couroit  ainfi  toute  la  nuit  à  droite 
33  &  à  gauche  aufîi  loin  que  fa  chaîne 
33  lui  pcrmettoit  d'aller  ;  il  furetoit  par- 
>3  tout ,  portant  le  nez  en  terre  ;  on  lui 
33  donnoit  chaque  foir  à  manger ,  &  il 
33  ne  jjrenoit  de  nourriture  que  ce  qu'il 
33  lui  en  f  :Iloit ,  fans  toucher  au  refte  ; 
33  il  n'aimoit  ni  la  chair  ni  le  pain  ni 
33  quantité  d'autres  nourritures ,  fes  délices 
»  étoient  les  panais  jaunes ,  les  chevrettes 
33  crues ,  les  chenilles  &  les  araignées .  .  , 
33  Sur  la  fin  de  l'automne  on  le  trouva 
33  mort  dans  la  tanière ,  il  ne  put  fins 
:o  doute  fupporter  le  froid.  Il  a  le  poil 
3>  du  dos  d'un  châtain  foncé ,  de  courtes 
33  oreilles  ,  le  devant  de  la  tête  rond , 
33  d'une  couleur  un  peu  plus  claire  que 
33  le  dos,  &  le  ventre  jaune.  Sa  queue  eft 
33  d'une  longueur  médiocre  ,  couverte 
33  d'un  poil  brun  &:  court  ;  on  y  rc- 
33  marque  toi  lutour  comme  des  anneaux 
jaunâtres  33.  Nous  observerons  que  quoi- 
que la  defcriptiou  &  ia  figure  données 


par 


Sena 


ries  Mouffettes,  233 

,  s'accordent  très-bien  avec  îa 
defcription  &  la  figure  de  Hernandès  ,  on 
pourrroit  néanmoins  douter  encore  que 
ce  fût  le  même  animal,  parce  que  Seba 
ne  .fait  aucune  mention  de  Ion  odeur  dé- 
teftable ,  &  qu'il  eft  difficile  d'imaginer 
comment  il  a  pu  garder  dans  ion  jardin , 
pendant  tout  un  été  ,  une  béte  auffi 
puante ,  &  ne  pas  parler  en  la  décrivant , 
de  l'incommodité  qu'elle  a  dû  cauier  à 
ceux  qui  l'approchoient  ;  on  pourroit  donc 
croire  que  cet  animal,  donné  par  Seba 
fous  le  nom  à'yfquiepatl ^  n'efl:  pas  le  vé- 
ritable ,  ou  bien  que  la  figure  donnée  par 
Hernandès  a  été  appliquée  à  l'yfquiepat! , 
tandis  qu'elle  appnrterioit  peut-être  à  un 
autre  animal ,  mais  ce  doute ,  qui  d'abord 
paroît  fondé  ,  ne  flibfiftera  plus  quand  on. 
faura  que  cet  animal  ne  rend  cette  odeur 
empeftée  que  quand  il  eft  irrité  ou  prefîé, 
&  que  piufieurs  perfonnes  en  Amérique 
en  ont  élevé  &  apprivoifé  ("ij, 

[i)  Malgré  l'incommode  propriété  de  ces  animaux", 
les  Ànglois ,  les  François ,  les  Suédois  &  les  Sauvages 
de  l'Amérique  fèptentrionaie  en  apprivoifent  quel- 
quefois; on  dit  (ju'aiors  ils  fuivent  comme  les  ani- 
maux domefliques ,  &  qu'ils  ne  lâchent  leur  urine 
que  quand  on  les  preflè  ou  qu'on  les  bat  :  lorfque 


IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


A 

^ 


1.0 


l.l 


1^^  1^  IIIM 

2.2 


lia    1110 


18, 


L25     1.4 

|l.6 

4 6"     — 

► 

V 


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0=^1 


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Photographie 

Sciences 
Corporation 


33  WEST  MAIN  STRIIT 

WIBSTIRN.Y.  MS80 

(716)  873-4503 


4- 


% 


\N 


2)^         H'ijloire  Naturelle 

De  ces  quatre  efpèces  de  mouffettes, 
que  nous  venons  d'indiquer  (bus  les 
noms  de  coafe ,  conepate ,  chinche  &  •j^or'ilk, 
les  deux  dernières  apparriennent  aux  cli- 
mats les  plus  chauds  de  l'Amérique  <né- 
ridonale ,  &  pourroient  bien  n'être  que 
deux'  variétés  &  non  pas  deux  efpèces 
difîérentes.  Les  deux  premières  font  du 
climat  tempéré  de  la  nouvelle  Elpagne, 
de  Li  Louilîane ,  des  Illinois ,  de  la  Ca- 
roline ,  &c.  &  me  paroiffent  être  deux 
efpèces  diftindes  &  différentes  des  deux 
autres ,  fur-tout  le  coaiè  qui  a  le  caraaèie 
particulier  de  ne  porter  que  quatre  ongles 
aux  pieds  de  devant ,  tandis  que  tous  les 
autres  en  ont  cinq  ;  mais  au  refte  ces 
animaux  ont  tous  à  peu  près  la  même 
figure  ,  le  même  inflinc^  ,  la  même  mau- 

îes  Sauvages  en  tuent  quelques-uns  ils  leur  coupent 
la  veflle,  afin  que  fa  chuir ,  qu'ils  trouvent  bonne 
à  manger,  ne  prenne  pas  l^)deur  de  l'urine;  j'ai  f(ui. 
▼ent  rencontre  des  Angiciis  &  àit%  François  qui  m'ont 
dit  en  avoir  mangé  &  l'iivoir  trouvée  d'un  tiès  -  bo;i 
goût ,  qui  approchoit  lélon  eux  de  celui  du  cochon 
de  lait  ;  les  Européens  ne  font  aucun  cas  de  fii  peaa 
à  caufe  de  Ton  épaifleur  &  de  la  longueur  de  fwn  poil, 
mais  les  Sauvages  fe  fervent  de  ces  peaux  pour  faire  des 
bourfes ,  &c.  Voynge  de  Knlm ,  page  ^ly  »  articlt 
traduit  par  M*  U  yiarim  de  Moiumirai/» 


;    *  . 


Jes  Mottfettes.  13  j 

val(é  odeur,  &  ne  diffèrent,  pour  ain(i 
dire  ,  que  par  I^s  couleurs  &  la  longueur 
du  poil.  Le  coaie  eft ,  comme  on  vient 
de  le  voir,  d'une  couleur  brune  afîèz 
uniforme ,  &  n'a  pas  la  queue  touffue 
comme  les  autres.  Le  conepaie  (k)  a  fur 


(k)  Les  Angîois  appellent  Polecat ,  une  cfpcce 
d'animal ,  4]ue  l'on  trouve  communcmenr ,  non-lcu- 
iement  en  Penfiivanie,  mais  dans  d'iiutrcs  pays  plus 
au  nord  &  au  fud  en  Amérique ,  on  l'appelle  vulgai- 
rement Scmck ,  dans  la  nouvelle  Yorck  ;  les  Suédois 

qui  font  dans  ce  pays,   le  nomment  Fnkatte > 

Cet  animal  rcfltmbie  beaucoup  à  la  marte  ,  il  eft 
à  peu  près  de  la  nitmc  grofleur,  &  ordinairement 
d'une  couleur  noire ,  il  a  cependant  fur  le  dos  une 
ligne  blanche  longitudinale ,  &  une  de  cha(}ue  côté  de 
la  même  couleur  &  de  la  même  longueur;  on  en 
voit,  m:iis .rarement ,  qui  font  preCque  tous  blancs. . . 
Cet  animal  fiiit  (ts  petits  également  dans  des  creux 
d'arbres  &  Acs  terriers  ,  il  ne  refte  pas  feulement 
fur  terre,  mais  il  monte  fur  les  arbres.  Il  eft  ennemi 
des  oifcaux  ;  il  brife  leurs  œufs  &  mange  leurs  petits  ; 
&  quand  il  peut  entrer  dans  un  poulaillier  ,    il  / 

fait  un    grand    ravage Quand  il  efl    cbaHc , 

fuit  par  les  chiens,  foit  par  les  hommes,  il  court 
tant  qu'il  peut  ou  grimpe  fur  un  arbre  ;  &  loi  fqu^ 
fe  trouve  très-prcflê,  ii  lance  fon  urine  contre  ceux 
ui  le  pourfuiveht. . .  l'odeur  en  eft  fi  forte  qu'elle 
ufFoijue  ;  s'il  tomboit  une  goutte  de  cette  liqueur 
emptftce  dans  les  yeux  ,  on  courroit  rifquc  de  perdre 
la  vie  i  &  quand  ii  en  toml>e  fur  les  habits ,  elle 
leur  imprltne  une  odeur  fi  ibrtc,  qu'il  eft  tres-dif* 


?; 


•  i 


2.3^         Hîjloke  Naturelle 

un  fond  de  poil  noir  cinq  bandes  blancFios 
qui  s'étendent  longitudinalement  de  ia  tête 
à  la  queue.  Le  chinche  (l)  cil  blanc  fur 


ficile  de  la  faire  pafrer  ;  la  plupart  des  cïiicrw  fc  re- 
feutent  &  s'enfuient  dès  qu'ils  en  font  frappés  ;  i| 
&ut  plus  d'un  mois  pour  enlever  cette  odeur  d'une 

étoffe Dans  les  bois  on  fent  fouvent  cette 

©deur  de  très-ioin.  En  1749,  il  vint  un  de  ces 
animaux  près  de  la  ferme  oii  je  iogeois,  c'étoit  en 
hiver  &  pendant  la  nuit,  les  chiens  étoient  éveillés 
&  le  pouifuivoicnt ;  dans  lie  moment ,  il  fe  répandit 
îane  odeur  fi  fétide ,  qu'étant  djjns  mon  lit ,  je  pcnfai 
être  fufFoqué,  les  vaches  beugloient  de  toutes  leurs 

forces Sur  la  fin  de  la  même  année,  \\  s'en 

gliflà  un  autre  dans  notre  cave ,  mais  il  ne  répandit 
pas  la  plus  légère  odeur ,  parce  qu'il  ne  la  répand 
que  quand  il  eft  chafië  ou  prcfie.  Une  femme  qui 
l'aperçut  la  nuit  à  (ts  yeux  étincelans ,  le  tua ,  & 
dans  le  moment  il  remplit  la  cave  d'une  "telle  odeur, 
que  non-feulement  cette  femme  en  fut  malade  pen- 
dant quelques  jvours  ,  mais  que  le  pain ,  la  viande 
&  les  autres  pro\ifioris  qu'on  conlervoit  dans  cette 
cave  furent  tellement  infedés ,  qu'on  ne  put  en  rien 
cnriferver,  &  qu'il  fallut  tout  jeter  dehors.  Voyage  à 
Kalm  t  yage  ^^2.  &  fuïvmm  ^  article  traduit  par  M. 
le  marquis  de  MoHtmirai/, 

(!)  Cet  animal  cft  appelé  Chînche  par  les  Natu- 
rels du  Brefil,  il  eft  de  la  groffcur  d'un  de  nos  chats, 
il  a  la  tête  bnorue,  (è  rétréciflant  depuis  fa  partie 
antérieure  ji  \  l'extrémité  de  la  mâchoire  (upé- 
ricure  qui  a\  1  au-delà  de  la  mâchoire  inférieure, 
lej  deux  formant  une  gueule  fendue  jufqu*aux  petits 


cns  fc  re- 
iippés  ;    il 
leur  d'une 
vent  cette 
Lin  de  ces 
cétoit  en 
-nt  éveillés 
(e  répandit 
t ,  je  pcnlai 
toutes  leurs 
née,  M  s'en 
ne  répandit 
e  la  répand 
femme  <\m 
le  tua  ,   & 
<ellc  odeur, 
malade  pen- 
lii   viande 
dans  cette 
)Ut  en  rien 
■s.  Voynge  à 
aduit  par  M> 

ar  îes  Natu- 
de  nos  chats, 
)uis  fa  partit 
ichoire  (upé- 
re  inférieure, 
iju  aux  petits 


Jes  Mouffettes.  ^37- 

le  dos  &  noir  fur  les  flancs ,  avec  la  tête 

canthus  ou  angles  extérieurs  des  yeux,  (es  yeux  font 
iongs,  &  leur  longueur  eft  fort  rétrccie,  l'uvée  eft 
n»ire,    &  tout  le  refte  eft  blanc;  (es  oreilles  font 
larges  &  prefque  femblables  à  celles  d'un  homme,  les 
cartilages  qui  les  compofent.  ont  leurs  bords  renverfés 
en  dedans  ;  leurs  lobes  ou  parties  inférieures  pendent 
un  peu  en  bas  ;   &  toute  la  difeofition  de  ces  oreilles 
iTuirque  qu€  cet  "animal  a  le  (cns  de  l'ouïe  fort  dé- 
licat ;  deux  bandes  blanches  prenant  leur  origine  fur 
la  tête ,  palTent  au  -  defTus  des  oreilles  en  s'éloignant 
l'une  de  Vautre  ,    &  vont  fe  terminer  en  arc  aux 
côtés  du  ventre  ;    (es  pieds  font  courts ,   (es  pattes 
divifées  en  cinq  doigts ,  munis  à  leurs  extrémités  de 
cinq  ongles  noirs,  longs  &  pointus,  qui  lui  fervent  à 
crcufer  fon  terrier;  fon  dos  eft  voûté,  femblable  à 
celui  d'un  cochon ,  &  le  defTous  du  ventre  eft  tout 
plat  ;  fa  queue  au(ri  longue  que  fon  corps ,  ne  diffère 
pas  de  celle  d'un  renard  ;  fon  poil  eft  d'un  gris  obfcur 
d  long  comme  celui  de  nos  chats;  il  fait  fa  demeure 
dans  la  terre  comme  nos  lapins  ,    mais  fon  terrier 
n'eft  pas  fi  profond  ;  j'eus  une  très-grande  peine  à 
faire  perdre  a  mes  habits  U  mauvaife  odeur  dont  ils 
étoient  imbus ,  elle  dura  plus  de  huit  jours ,  quoique 
je  les  eus   lavés  plu(îeurs  fois,  mouillés,  féchés  au 
(bleil ,    &C.  On  me  dit  que  la  mauvaife  odeur  de 
cet  animal  étoit  produite  par  fon  urine,  qu'il  la  ré- 
pand fur  fa  queue  ,    &  qu'il  s'en  (èrt  comme  de  gou- 
pillon pour  la  difperfer  &  pour  (aire  fuir  (es  ennemis 
par  cette  odeur  horrible  ;    qu'il   urine  de  même  à 
l'entrée  de  fon  terrier  pour  les  empêcher  d'y  entrer  ; 
qu'il  eft  fort  friand  d'oifeaux  &  de  volailles,  &  que  ce 
(ont  ces  animaux  qui  détruifent  principalement  les 
oifeaux  dans  les  campagnes  dt  Buenos-ayres.  Journaf 


i  3  8  Hîftolre  Naturelle 

toute  noire ,  à  l'exception  d'une  bande 
blanche  qui  s'étend  depuis  le  chignon 
jufqu'au  chanfrein  du  nez  ;  (à  queue  eft 
très  -  touffue  &  fournie  de  très  -  longi^ 
poils  blancs  mêlés  d'un  peu  de  noir.  Le 
zorille  (m),  qui  s'appelle  aulîî  mapurita  (n)y 

<ht  P.  Feui/l/e,  Paris,  ryt^tpage  2y2  &  fuîv, 
J^ota.  Il  me  paroît  que  ce  même  animât  eft  indiqué 
par  Acofla  (bus  le  nom  de  Chincille ,  qui  ne  diffère 
pas  beaucoup  du  chinche.  «  Les  chincilies,  dit  cet 
•»  Auteur  ,    (ont  petits  animaux  comme  cfcuricux, 

9*  qui  ont  un  poii  merveilieufement  doux  &  ii(ré 

&  (c  trouvent  en  ia  Sierre  du  Pérou  ».  Hijtoin  na- 
turelle des  Indes  occidentales ,  page  ipp»        '"'     \ 

(m)  Le  Zorilia  de  la  nouvelle  Efpagne  cft  grand 
comme  un  chat,  d'un  poil  blanc  &  noir,  avec  une 
très  -  belle  queue  :  lorfqu'il  cft  pourfuivi ,  il  s'arrête 
pour  piflTcr ,  c'cfî  fa  dcfenfe  ;  car  la  puanteur  de  cet 
excrément  eft  fi  fiorte,  au'eile  empoilbnnc  l'air  à  cent 
pas  à  ia  ronde,  &  arrête  ceux  qui  le  pourfuivent; 
s'il  en  tomboit  fur  un  habit ,  il  faudroit  l'enfermer 
fous  terre  pHir  en  ôter  la  puanteur.  Voyage  de 
Ccmelli  Car  tri,  tome  VI ,  pages  212.  iX  21^, 

(n)  Le  Mapurita  des  bords  de  l'Orenoque  crt  un 
petit  animal  le  plus  beau  &  en  même  temps  le  plus 
dctefinble  que  l'on  pui(lc  voir  :  les  Blancs  de  l'Amé- 
rique l'appellent  Mapurita,  &  les  Indiens  Mafutik- 
qui;  ii  a  le  C:)rn5  tnut  taché  de  blanc  &  de  noir; 
ix  quci'c  rft  garnie  d'un  très  -  beau  poil  :  il  eft  vif, 
méchiiiit  &  hardi,  • .  • .  fe  fiant  fur  Tes  armes,  dont 


'•  /  :     Jes  Mouffettes.    •      ^39 

ijaroît  être  d*unc  efpèce  plus  petite,  il  a 
néanmoins  la  queue  tout  aufli  belle  & 
aufîi  fournie  que  ie  chinche  dont  il  dif- 
fère par  la  dilpofition  des  taches  de  ià 
robe,  elle  eft  d'un  fortd  noir  fur  lequel 
s'étendent  longitudinaiement  des  bandes 
blanches  depuis  la  tête  jufqu'au  milieu 
du  dos,  &  d'autres  efpèces  de  bandes 
blanches  tranfveriaicment  fur  les  reins  , 
la  croupe  &  l'origine  de  la  queue ,  qui 
eft  noire  jufqu'au  milieu  de  fa  longueur , 
&  blanche  depuis  le  milieu  jufqu'à  l'ex- 
trémitc ,  au  lieu  que  celle  du  chinche  eft 
par- tout  de  la  même  couleur.  Tous  ces 
animaux  (o)  font  à  peu  près  de  la  même 

j'ai  éprouvé  Teffet  au  point  d'en  être  prefquc  fuffoqué... 

il  Ikhe  des  vents  qui  empeftent ,  même  de  loin 

Les  InJiens  cependant  mangent  fa  cfiair  &  fe  pnrcnt 
de  fa  peau ,  qui  n'a  aucune  mauvaife  odeur.  Hif- 
me  naturelle  de  l'Orenoque ,  par  Cumilla,  tome  Jll , 
^uge  240,     ^  ^  ^  ^ 

(0)  \\  y  ^h.  !a  Louifiane  une  cCpècç  d'animal  aficz  ' 
joli,   mais  qui  de  plus  d'une  litue  empcde  l'air  de 
fon  urine;  c'eft  ce  qui  le  fait  nommer  la  héte jmnttte ; 
elle  ert   grofle  comme  un    cliat  :   le   mâle  efl  d'un 
très  -  beau  non*  ,  &  la  Êcmelle  auiïl  noire ,  ert  bordée 

de  blanc  ;  fon  œil  cft  très-vif elle  e(l  à  jufle 

tit  c  lumimce  pu<mte  ,  car  fon  odeur  infecîle,  ,  .  .  . , 
Un  jour  j'en  tuai  une,  mon  chien  fe  jetta  deffus 
k  revint  à  moi  en  la  feçopant  )  une  goutte  de  fon 


1 40"  Hîfloire  T^aîurelle  ' 

figure  &  de  la  même  grandeur  que  le 

-î       "i-  ''-  ^i    •     putos 

feng,  &  fans  doute  auflî  de  Ton  urine,   tomba  fur 
mon    habit  ,    qui    étoif    de    coutil  de  chafîc  ,    & 
m'empefta  fi  fort  que  je  fus  contraint  de  retourner 
chez  moi  au  plus  vite  changer  de  vêtement,  &c. 
HiJloire.de  la  Louifiane »  par  le  Page  du  Prati,  tome  JI, 
pages  S 6  &  8jr»  —  Lorfqu'un  de  ces  animaux  eft 
attaqué  par  un  chien  ,   pour  paroître  plus  terrible , 
il  change  fi  fort  fa  figure  en   hériflant  fon  poil  & 
fc  ramaflànt    tout   le  corps  qu'il  eft    prefque    tout 
rond,   ce  qui  le  rend  étrange  &  affreux  en  même 
temps  ;  cependant  cet  air  menaçant  ne  fuffifant  pas 
pour  épouvanter   fbn   ennemi ,   il  emploie  pour  le 
repouflcr  un  moyen  beaucoup  plus   efficace  >   car 
ii  jette    de  quelques  conduits    fecrets  une  odeur  Ç\ 
empeftée ,   qu'il   cmpoifonne  l'air    fort   loin   autour 
de  lui.    Cl  bien  que  les  hommes  &  les  animaux  ont 
un  grand  empreffement  à  s'en  éloigner  ;  il  y  a  des 
chiens  à  qui    cette  puanteur  efl   infupportablc ,   & 
cïle  les  oblige  à  laiffer  échapper  leur  proie;  ;  ii  y  en 
a  d'autres    qui   enfonçant    leur   nez   dans    la    terre 
renouvellent  leurs  attaques  jufqu'à  ce  qu'ils  aient  tué 
Je  putois  ;  mais  rarement  dans  la  fuite  fè  foucient  -  ils 
de  pourfuivre  un  gibier  fi  déGigrcable  ,    qui  les  fait 
fouffrir  pendant  quatre  ou  cinq  heures.  Les  Indiens 
cependant  en    regardent  la  chair  comme  une  déli- 
catefle.  J'en  ai  mangé  &  je  l'ai  trouvée  de  bon  goiit; 
j'en    ai   vu   qu'on  a   apprivoifés   quand    ils  étaient 
encore  petits  ;   ils  font  devenus  doux  &  fort  vifs, 
&  ils  n*exerçoient  point  cette   faculté ,  à  laquelle  la 
peur    &   l'intérêt    de    leur   préfervation  les   forcent 

iïcut  -  être  d'avoir  recours.  Les  putois  fe  cachent  dans 
e  creux  à^i  arbres  &  des  rochers  :   on  en  trouve 

dans 


des  Mouffettes.  '14^t 

■biitoîs  d*Europe  ;  ils  lui  reflemblent  ew-* 
core  par  les  habitudes  naturelles  ;  &  les 
réfultats  phyfiques  de  leur  organifàtion 
font  aufli  les  niênies.  Le  putois  eft  â^a 
tous  les  animaux  de  ce  continent  celui 
qui  répand  la  plus  mauvaife  odeur,  elle 
efl:  feulement  plus  exaltée  dans  les  mouf-^ 
fettes  ,  dont  les  efpèces  ou  variétés  font 
nombreuiês  en  Amérique  ,  au  lieu  que 
le  putois  efl:  feul  de  la  fienne  dans  l'an- 
cien continent  ;  car  je  ne  crois  pas  que 
l'animal  dont  Kolbe  parle  (bus  le  nom 
de  blaireau  puant  (p),  &  qui  me  paroît  être 
une  véritable  mouflette  ,  exifte  au  cap  de 
Bonne-elpérance  comme  naturel  au  pays  ; 
il  fe  peut  qu'il  y  ait  été  tranfporté  d'A- 
mérique, &  il  fe  peut  auffi  que  Kolbe  , 
qui  n  efl:  point  exa<î;l  fur  les  faits ,  ait  em- 
prunté fa,defcription  du  P.  Zuchel  qu'if 
cite  comme  ayant  vu  cet  animal  au  BrefiL 
Celui  de  la  nouvelle  Efpagne  que  Fer- 
nandès  indique  fous  le  nom  de  OrtohuUy 

dans  prcfque  tout  le  continent  feptentrional  de  l'A  me-' 
riqiic  ;  ils  fe  nourriflent  d'inledcs  &l  de  fruits  fàuvagesj 
Hifloire  naturelle  de  la  Caroline,  par  Cutefbi ,  tome  il, 
jinge   62 , 

(p)  Dercription  du  cap  de  Bonne  -  efpérance ,  ^af^ 
Kolbe,  tome  lll,  pages  8 6 îT  S^, 

Tome  XL  L 


<fcx 


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^42     Hijloke  I^aiureJle,  etc.  '  '' 

me  paroît  être  k  même  animal  quç  î^ 
xoriila  du  Pérou  ;  &  ie  Tcpemaxtla  du 
même  auteur ./^/^  pourroit  bien  être  le 
conépate,  qui  doit  fè  trouver  à  la  nouveiic 
Efpagne  coinme  à  la  Louifiaue  &  à  la 
Caroline.  ^^^-^  ^      , 

ji'ijr)  Ortôhuîa,  magnituàine  très  dodrames  vh/uperut 
mgro  candidoque   vcjlita  pilo  fed  quibufîatn  in  partihm 

fuluo hpud  fies  gemes  in  cibi  jnmdiu  l'enit  ujum 

quftmvis  crepittis  vennis  fit  illi  fatiMjftmus  :  OccituccrifUm 
verjaiur  tigris .  ,  .  eft  Ù"  ahtra  fpecies  quam  teyemnxilnm 
fpciint  eddem  ferg  forma  «JT  itatura  fed  nullii  in  parte  fulva, 
iy  cauda  nigrtr  albifrue  fafciis  trcmfverfm  difcurreniibut 
varia  qtM  jircveniî  quoque  apud  Occitttcenfes,  Fertand, 
JHiJh  An.  nov,  Hifp,  pag,  6  aap.  xvi.  <  V' 


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<tla  du 

être  le 

louveilc 


vix  fuprii 

in  jhtiril'us 
vsnit  tijum 
"citvcenfihui 
epemnxiliitn 
vartefuka, 
^ifcurreinihui 
f,  Ferkmd, 

:  -.  .<      -^  ' .  ■ 
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LE  P EKAN% 


ET 


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LE    VISON. 


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L  y  a  long-temps  que  le  nom  de  Pékan 
étoit  en  ulage  dans  le  commerce  de  la 
pelleterie  du  Canada  (a),  ians  que  l'on 
en  connût  mieux  l'animal  auquel  il  appar- 
tient en  propre  ;  on  ne  trouve  ce  nom 
dans  aucun  Naturalille ,  &  les  Voyageurs 
l'ont  employé  indiflindement  (  b )  pour 
défigner  ditférens  animaux  ,  &  fur  -  tout 
les  mouffettes  ;  d'autres  ont  appelé  renard 
ou  chat  Jauvage  l'animal  qui  doit  porter 
le  nom  de  pékan ,  &  il  n'étoit  pas  poflible 
de  tirer  aucune  connoîlfancc  précife  des 

(n)  Noms  des  peaux  qu'on  tire  du  Canada ,  avec 

leurs  valeurs  en  168} Les  pékans,  chats  fku- 

v:i(!;cs  ou  enfans  du  diable,    valent  i   livre  15  fous  fa 
peau.  Voyage  de  la  Hentan ,  tome  II,  page  39,         *: 

(h)  Il  répand  une  puanteur  infupportable.  Les 
François  lui  donnent  dans  le  Canada  le  nom  à\nfant 
du  (liiiùle  ou  hête  puante  ;  cependant  quelques-uns  \^^ 
■^^WqvX  fiekant,  Voyage^ de  Kalm  ,  page  ^t2,  article 
Hâduit  ffar  M,  le  Marquis  de  MonmiraîU 


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'fJI/foké  Naturelle    ,. 

notices  courtes  &  ftutîves  qite  tous  en 
ont  données.  Il  en  ell  du  vïfon  comme 
du  Pékan  ,  nous  ignorons  l'origine  de 
ces  deux  noms ,  &  perfbnne  n'en  (avoit 

*  îiutre  chofe  ,  finon  qu'ils  appartiennent  à 
deux  îwiimaux  <le  l'Amérique  (èptentrior. 
nafe.  Nous  les  avons  trouvés ,  ces  deux 
anîiliaux,  dans  le  cabinet  de  M.  Aubry, 
Curé  de  Saint  Louis,  &  il  a  bien  voulu 

,  nous  les  prêter  pour  les  décrire  &  les  fairç 
deffiiier. 

Le  pékan  refîêmble  il  fort  à  la  marte, 
t&  le  viton  à  la  fouine,  que  nous  croyons 
qu'on  peut  les  regarder  comme  des'  var. 
fiétés  dans  chacune  de  ces  elpèces  (c);  ils 
ont  non-^ule ment  la  même  forme  de  corps, 
les  mêmes  propordons  ,  les  mêmes  loi^ 
gueurs  de  queue  ,  la  même  qualité  de 
poil  ,    mais  ejicore  le  même  nombre  de 

(c)  Je  fcrois  afTcz  porté  à  croire  que  l'animal  indique 
par  Sagai'd  Thcodat ,   fous  le  nom  de  Ottay,  pour- 
voit être  le.  même  que  le  vifon,  ««L'Ottay,  dit  ce 
■^  '■»  Voyageur,  efl  grand  comme  un  petit  lapin  ;  il  a 
'  »  le  poil  très-noir  &:  fi  doux ,  poli  &  beau,  qa'il  femble 
>>  de  la  panne.   Les  Canadiens  font  grand  cas  de  ces 
peaux,  dcfquclles  ils  font  des  tohei  ».  Voyage  au  pnyt 
des  Hurons  ,    j>nge  J  08»  11  n'y  a  au  Canada  aucun 
animai  auqujcl  pette  indication  cQnyiennç  ipieux  qu'ai]  j 
vifoij.    ,         " 


. -llHil  ,..! 


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LE    PEKA T^  .       r/  24    P<u/. 24^. 


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LE    VISON 


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tîu  Pékan  &  du  Vifoiu     245' 

^nts  &  d'ongies ,  lé  même  irift"n<5l  ,  les 
mêints  habitudes  naturelles  ;  ainfi  nous 
nous  croyons  fondés  à  regarder  le  pc*kaii 
comme  une  variété  dans  i'efpèce  de  la 
marte  ,  &  le  vifon  comme  une  variété 
dans  celle  de  la  fouine  ,  ou  du  moins 
comme  des  efpèces  fi  voifines ,  c|u'elles 
ne  préfèntent  aucune  différence  réelle  : 
le  pékan  &  le  vifon  ont  feulement  le  poil 
plus  brun  ,  plus  iuftré  &.  plus  foyeux  que 
la  marte  ^Jv  la  fouine ,  mais  cette  diflerence, 
comme  Ton  (ait ,  leur  eft  commune  avec 
le  caftor ,  la  loutre  &  les  autres  animaux 
du  nord  de  TAmérique ,  dont  la  fourrure 
cft  plus  belle  que  celle  de  ces  mêmes 
animaux  dans  le  nord  de  l'Europe,     s  ft 


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2.46  Hiflotre  Naturelle 


LA  ZIBELINE  (a). 

X    RESQuE  tous  les  Naturaliftes  ont  parlé 

de  h,  Zibeline  fans  la  connoître  autrement 

que  par  (à  fourrure.   M.    Gmelin  eft  le 

premier  qui  en  ait  donné  la  figure  &  la 

defcription  ;  il  en  vit  deux  vivantes  chez 

ie  Gouverneur  de  Tobolsk.  «  La  T-ibeiinc 

»  refîemble  ,  dit-il,  à  la  marte  par  la  forme 

-  ■      ■       •  •   ■       •'      '        •  I 

/d^  Zibeline.  Marte  zibeline  j  Zo^J  en  Allemand  ; 
Sohol  en  Poloiiois  j  Sal'hel  en  Suédois  ;  Sable  en 
Anglois. 

Mujlela  Solella,  Gefncr,  Hijî»  quaJ,  p.  768. 

A^uftela  Zibellina,  TFic  Sable.  Ray.  Sj'U,  ^uadni^u 
pag.  201. 

Aluflela  ZihelHna ,  Ariftotelis  Satherius  ,  Nipbo, 
Cehcilus  ,  Alciato  ,  mus  /armaticits  iT  fcythîcus,  The 
cebal  or  fable.  Charleton ,   exercit,   pag.  20. 

Ahjlela  SoheJla.Qéntrit  Miifiehx  Zl M/'rra  Jondom, 
AlufieLifcythka ,  wartesfcytlticd ,  iélis  fcythka ,  fiiihnius 
Ariflotclis ,  mus  fnrnuitiLUS  if  Jcythkus  A/ciatîs  ,  ifc, 
llzac/.ynski,  aud.  pag,  3  1 7. 

Aliifiela  ohfcure  fulva ,  guiture  chicreo.  ....  Alayres 
Zibelliiia.  La  marte  zibeline.  Briir,  AV^.  aninu  p.  24^. 

Aluftek  Zibellina,  Nov.  Comm.  Acad.  Petrcip. 
tom.  V.  Àn'imaliiim  quorunuiam  qtiadr,  dcfcriptio,  audore 
Qeorg^  Gro^cliii ,  artj  i  ^  lîg.  ibid.  tab,  C, 


i^e  la  Zibeline,  ^^7\ 

ta  rhabîmdc  du  corps  ,  &  à  la  belette  «« 
par  les  dents  ;  elle  a  fix  dents  incifives  c< 
aiïez  longues  &  un  peu  courbe'es,  avec  c< 
deux  longues  dents  canines  à  la  mâchoire  « 
inférieure ,  de  petites  dents  très- aiguës  à  ce 
la  mâchoire  fupérieure;  de  grandes  mouf-  c< 
taches   autour  de  la  gueule  ,  les  pieds  ce 
larges  &  tous  armés  de   cinq  ongles  :  c< 
CCS   caractères  ctoient  communs  à  ces  c« 
deux  zibelines  ;    mais   Tune  e'toit  d'un  ce 
brun  noirâtre  fur  tout  le  corps  ,  à  l'cx-  ce 
ception  des  oreilles  ik  du    deflous  du  ce 
menton ,  où  le  poil  e'toit  \\n  peu  fauve  ;  ce 
&  l'autre ,  plus  petite  qUe  la  première ,  ce 
ëtoit  fur  tout  le  corps  d'un  brun  jau-  ce 
nâtre ,  avec  les  oreilles  &  le  de/Tous  du  ce 
menton   d'une  nuance  plus  pâle.  Ces  ce 
couleurs  font  celles  de  l'hiver;  car  au  prîn-  ce 
temps  elles  changent  par  la  mue  du  poil  :  ce 
la  première  zibeline ,  qui  étoit  d'un  brun  «e 
noir ,  devint  en  été  d'un  jaune  brun  ;  ce 
&  la  féconde,  qui  étoit  d'un  brun  jaune,  «e 
devint  d'un    jaune  pâle.    J'ai  admiré  ,  ce 
continue  M.   Gmelin  ,   l'agilité  de  ces  ce 
animaux;  dès  qu'ils  voyoient  un  chat,  ce 
ils  ie  drcfloient  fur  les  pieds  de  derrière  ce 
comme  pour  fe  préparer  au  combat  ;  ce 

luj 


w 


248         H  ivoire  Naturelle 

»  ils  font  très  -  inquiets  &  fort  reniuans 
»  pendant  la  nuit  (b);  pendant  le  jour  au 
»  contraire ,  &  fur-tout  après  avoir  mangé, 
»  lis  dorment  ordinairement  une  demi-heure 
»  ou  une  heure  ;  on  peut  dans  ce  temps 
y>  les  prendre ,  les  fècouer ,  les  piquer  lans 
€[u'ils  (è  réveillent  ».  Par  cette  defcription 
de  M.  Gmclin,  on  voit  que  les  zibelines 
Me  font  pas  toutes  de  la  même  couleur ,  & 
que  par  conféquent  fes  Nomenclateurs  qui 
les  ont  défignées  par  les  taches  &  les  cou- 
leurs du  poil  ont  employé  un  mauvais  ca- 
ractère ,  puifque  non-lèulement  il  change 
dans  les  différentes  faifons ,  mais  qu'il  varie 
d'individu  à  individu  ,  &  de  climat  à 
climat  (c).  ;.    .      •     -, 

fb)  Nota,  Cette  inquîctudc  &  ce  mouvement 
pendant  la  nuit  n'eft  pas  particulier  à  la  zibeline  ;  j'ai 
vu  la  même  chofe  aux  hermines  que  nous  avons  eu 
vivantes,  &  que  nous  avons  nourries  pendant  piufîcurs 
mois. 

(c)  Des  deux  zibelines  dont  parle  M.  Gmclin,  la 
première  venoit  de  h  pl-o^'ince  de  Toiuskien  ,  &  \\ 
féconde  de  celle  de  Berefowien  ;  on  trouve  aulTi  dans 
là  relation  de  la  Sibérie  ,  que  fur  la  montagne  de 
Sopka-Sinaia  il  y  a  àts,  zibelines  noires  à  poil  court, 
auxquelles  il  efl:  défendu  de  donner  la  chalîe  :  qu'une 
femblable  efpèce  de  zibeline  Te  trouve  auflTi  plus  avant; 
dans  les  montagnes^   de  même  chez  les  Caimouks 


■■<• 


de  la  Xîhelinci  249 

Les  zibelines  habitent  le  bord  des 
fleuves  ,  les  lieux  ombragés  &  ies  bois 
les  plus  épais  ;  elles  fautent  très-agiieinent 
d'arbres  en  arbres  ,  &  craignent  fort  le 
foleil ,  qui"  change ,  dit-on  ,  en  très-peu  de 
temps  la  couledr  de  leur  poil  ;  on  préiend 
(dj  qu'elles  fè  cachent  &  qu'elles  Ibnt  en- 
gourdies pendant  l'hiver ,  cependant  c'efl 
dans  ce  temps  qu'on  les  chafle  &  qu'on 
les  cherche  de  préférence ,  parce  que  leur 
faurrurc  ell  alors  bien  j)lus  belle  &  bien 
meilleure  qu'en  été  ;  Olles  vivent  de  rats , 
de  poiflTon ,  de  graines  de  pin  &  de  fruits 
iàuvacres  ;  elles  font  très-ardentes  en  amour; 
elles  ont  pendant  ce  temps  de  leur  chaleur 
une  odeur  très  -  forte ,  &  en  tout  temps 
leurs  excrémcns  fentent  mauvais  :  on  les 
trouve  principalement  en  Sibérie,  &  il  n'y 
en  a  que  peu  dans  les  forêts  de  la  grande 
Rufîie,  &  encore  moins  en  Lajiponie. 
Les  zibelines  les  j^lus  noires  font  celles 
qui  font  les  plus  eftimées  ;   la  différence 


Vraiigai.  «c  J  «i  vu ,  dit-il ,  quelques-unes  de  ces  pcaitx 
que  àcs  Calmouks  avoient  apportées;  eiies  font  con-'« 
nues  fous  le  nom  de  zibelines  de  Kangaraga  »,  Vojujqc, 
de  Ciiulin  ,  tome  1 ,  jmge  2  t  y. 

{d}  HiiKiymUf  au(fl,  pag.  318, 

L  V         '  ' 


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2^6         ffi/tolre  Ndttirélle 

qu'if  y  a  de  cette  fourrure  à  toutes  les 
autres  (e),  c'eft  qu'en  quelque  (eus  qu'on 
poufle  le  poil ,  il  obéit  également ,  au  lieu 
que  les  autres  poils  pris  à  rebours  font 
ièntir  quelque  roideur  par  leur  réfiftance. 

La  chaffe  des  zibelines  le  fait  par  des 
criminels  confinés  en  Sibérie ,  ou  par  des 
ibldats  qu'on  y  envoie  exprès ,  &  qui  y 
demeurent  ordinairement  piufieurs  années  ; 
îes  uns  &  les  autres  font  obligés  de  fournir 
Une  certaine  quantité  de  fourrures  à  laquelle 
ils  font  taxés  ;  ils  ne  tirent  qu'à  Ijalle  feule 
pour  gâter  le  moins  qu'il  eft  podible  la 
peau  de  ces  animaux  ,  &  quelquefois  au 
îieu  d'armes  à  feu  ils  (e  fervent  d'arbalètes 
&  de  très-petites  flèches.  Comme  le  fuccès 
de  cette  chaffe  fuppofe  de  l'adreffe  ,  & 
encore  plus  d'affiduité  ,  on  permet  aux 

(e)  La  zibeliiK;  diffère  de  la  marte  en  ce  qu'elle  cft 
fift  petite ,  &  qu'elle  a  les  poils  plus  fins  &  plus 
longs  ;  tes  véritables  zibelines  font  damafîoes  de  noir, 
<&"  (jB  prennent  en  Tartarie  ;  ii  s'en  tfou\e  peu  en 
Lapponic  :  plus  ia  couleur  du  poil  eft  noire  &  plu« 
elle  eft  recherchée ,  &  vaudra  quelquefois  foixante  écuî, 
quoique  la  peau  n'ait  que  quatre  doigts  de  largeur , 
on  en  a  vu  de  blanches  &  de  ^rifes.  Rcgmrd ,  tome  1, 
page  \y6.  Nota.  Schcffer  dit  de  même  qu'il  (b  trouve 
cjuciquefbis  dci  zibçlincs  hhviQ\}Qi,Hi(joirecieli.i  JLaj^fome, 


Ae  h  Tihelmel  .  ■  \     2  5  \ 

Officiers  d'y  intérefîer  leurs  foldats,  <Sç 
de  partager  avec  eux  le  furplus  de  ce  qu'ils 
font  obligés  de  fournir  par  feinaine  ,  ce 
qui  ne  laifîe  pas  de  leur  faire  un  bénéfice 
très-confidérable  (f), 
*  Quelques  Naturalises  ont  foupçonnc 
que  la  zibeline  étoitle  Satherius  d'Arirtote  , 
<îk  je  crois  leur  conjedure  bien  fondée, 
La  iinefîe  de  la  fourrure  de  la  zibeline 
indique  qu'elle  le  tient  fouvent  dans  l'eau; 
&  quelques  Voyageurs  (g)  difent  qu'elle 
ne  le  trouve  en  grand  nombre  que  dans 
de  petites  îics ,  où  les  chafleurs  vont  la 
chercher  ;  d'autre  côté  Ariftote  parle  du 
iàilierius  comme  d'un  animal  d'eau ,  &  il 
le  joint  à  la  loutre  &  au  caftor.  On  doit 
encore  préfumer  que  du  temps  de  la 
magnificence  d'Athènes ,  Ces  belles  four- 


{ f)  Un  Colonel  peut  tirer  de  Tes  fept  années  èé 
icrviœ  à  la  chafle  des  yiWines,  environ  tjiiatre  mille 
tcus  de  profit,  les  fubalternes  à  proportion,  &  chaque 
Soldat  fix  ou  fept  cents  ^cus.  Voyage  <îu  P,  Avril  i 
jhige  i  6 ç,  —  Voyez  aiiffi  la  relation  de  la  Mcfcoviei 
par  la  Neuville.  Viiris  ,   i  C)  (^  S  ,  ycge  2  i /■% 

(g)  Les  ChafTciirs  vont  chcrt;her  les  zibelines  dans 
de  petites  îles  où  elles  le  retirent ,  ils  les  tuent  avec 
une   efpècc  darbalèic ,    &.c.    Voyage    ibt    P,   Avrit , 

T  • 

L  vj 


^  5  ^     hi^oire  Naturelle,  &c, 

rures  n'étoient  pas  inconnues  dans  ïa 
Grèce  ,  &  que  i'animal  qui  les  fournit 
avoit  un  nom  ;  or  il  n'y  en  a  aucun  qu'on 
puifTe  appliquer  à  la  zibeline  avec  plus 
de  raifon  que  celui  de  fatherius,  fi  en  efict 
îl  eft  vrai  que  la  zibeline  mange  du  poiffoil 
(h)  &  fe  tienne  aiïez  fouvent  dans  l'eau 
pour  être  mife  au  nombre  des  amphibies. 

{h  )  lu  nmlrofs  faltihus   verjntur  feiuper  ,  infidintm 

tiv'icuUs in  efcom  tiffumit  mures,  pr/ccs,  uvas  rubeas» 

iRzaczynki ,  auâ,  Hijl.  J^at,  Polon,  pag,  ^  i  S,     ^  • 


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LE  LEMING  (a).: 

yj  L  Aus  Magnus  efl  le  premier  qui 
ait  fait  inention  du  Leming  fb);  &  tout 
ce  qu'en  ont  dit  Gefnér,  Scaliger,  Ziegicr, 
Jonllon ,  &c.  eft  tiré  de  cet  auteur  ;  mais 
Wormius  ,  après  des  recherches  plus 
exaéles ,  a  fait  l'hiftoire  de  cet  animal ,  & 
voici  la  defcription  qu'il  en  donne.  «  Il 
a ,  dit-il ,  la  figure  d'une  foiuis ,  mais  la  « 
queue  plus  courte  ,  le  corps  long  d'en-  ce 
viron  cinq  pouces ,  le  poil  fin  &  taché  ce 

'(  d)  Leming  t  nom  de  cet  animal  dans  Ton  pays 
raal  en  Norvège ,  &  que  nous  avons  adopté.  Al  us 
f^oYvagicm  à  Norvagis  ,  Leming  ,  Lemingcr  ,  Le- 
iWhier ,  Lcmmcr  appellatur.  Olaiis  Magnus  Lemucr  & 

Lcinmis  vocat Zieglems  Leem  vel  Lemmer, 

Miifeuni  Wormiaiium,  pag.  ^zz,  fg.  animalis,  & 
Scehtoiu  pag,  2  2  j  »  ,,  • 

Lennmis ,  Mus  caudà  ahbrn'îaîa  pedihus  pemadaâyHs, 
Mus  caudà  abruptfi  ,  corpore  fulvo  tilgrogue  vario.  Faun» 
Suec,  26,  Ad.  Stock.  ty/).o,  png.  ^26.  Tah,  VI, 
fg,  /j.  if  ^t  Syjlem.  Nat,  t  o>  n,"  z,  Linn.  Syjiem* 
Sut.  edit  X ,  pag,  s 9  • 

(h)  Olai  Magni,  Hift,  Cent,  fep:,  iib.  XVill, 
cap.  XX. 


154*  fJifloire  NatitrelU 

3»  de  dîverfcs  couleurs ,  la  partie  antérieure 
»  de  la  tête  noire  ,  la  partie  fupérieiirc 
35  jaunâtre ,  le  cou  &  les  épaules  noires , 
3>  k  refte  du  corps  roulsâtre  ,  marqué  de 
35  quelques  petites  taches  noires  de  difFé- 
33  rentes  figures  julqu'à  la  queue ,  qui  n'a 
33  qu'un  demi -pouce  de  longueur,  & 
•c  c|ui  eft  couverte  de  poils  jaunes  noirâtres; 
3>  l'ordre  des  taches  ,  non  plus  que  leur 
3D  figure  &  leur  grandeur ,  ne  font  pas  les 
3ï  mêmes  dans  tous  les  individus  ;  il  y  a 
33  autour  de  la  gueule  plufieurs  poils  roides 
33  en  forme  de  mouftaches ,  dont  il  y  en 
33  a  fix  de  chaque  côté  beaucoup  plus 
33  longs  &  plus  roides  que  les  autres  ; 
33  l'ouverture  de  la  gueule  eft  petite  ,  la 
33  lèvre  fupéricure  elt  fendue  comme  dans 
33  les  écureuils ,  il  fort  de  la  mâchoire  fu- 
33  périeure  deux  dents  longues  incifivcs, 
33  aiguës,  un  peu  courbes  ,  dont  les  ra- 
33  cines  pénètrent  jufqu'à  l'orbite  des  yeux, 
33  deux  dents  femblables  dans  la  mâchoire i 
33  inférieure  qui  correfpondent  à  celles  diil 
3»  delius  ,  trois  mâclîclières  clc  chaque 
33  côté  ,  éloignées  des  dents  incifives  ;  la 
33  première  des  mâchclièrcs  fort  large  & 
30  compoféc  de  quatre  lobes ,  la  fecgndî 


de  ( 

cun( 

fepaj 

du  j: 

Ja  lar 

qu'à 

débri 

dans 

fiire  ] 

petits 

le  dos 

les  pi( 

cinq  o 

du  mi 

f/uièm^ 

coinm^ 

(oh  al 

ventre  I 

ie  jaun 

c/1   épj 

iaidc  j;| 

dijiairc 

de  Lnj 

fois  en 

aiinécsi 

pas  icyi.l 


du  Lemlng.  255 

tîe  trois ,  la  troifiènie  plus  petite ,  cha-  ce 
cune  de  ces  trois  dents  ayant  Ton  alvéole  «« 
Icparée  &  toutes  fituées  dans  l'intérieur  « 
du  palais ,  à  un  intervalle  afiez  grand  ;  « 
ia  langue  afîez  ample  &  s'étendant  juf-  ce 
qu'à  l'extrémité  des  dents  incifives;  des  ce 
débris  d'herbe  &  de  paille  qui  étoient  ce 
diuis  ia  gorge  de  cet  animal ,  doivent  ce 
fltire  penlèr  qu'il  rumine  ;  les  yeux  font  ce 
petits  &  noirs,  les  oreilles  couchées  fur  « 
le  dos,  les  jambes  de  devant  très-courtes,  ce 
les  pieds  couverts  de  poils  &  armés  de  ce 
cinq  ongles  aigus  &  courbés ,  dont  celui  oc 
du  milieu  efl  ircs-lonjx ,  &  dont  le  cin-  <e 
quième  efl:  comme  un  petit  pouce  ou  «c 
comme  un  ergot  de  coq-,  fitué  quelque-  ee 
fois  afîez  haut  dans  la  jauibe  ;  tout  le  ce 
ventre  elt  blanchâ;;e,  tirant  un  peu  fur  ce 
le  jaune  ,  &c  m.  Cet  animal,  dont  le  corps 
cfl  épais  &  les  jambes  fort  courtes  ,  n* 
lailîe  ]->ns  de  courir  aiïez  vite  ,  il  habité  or- 
dinairement Iq>  montagnes  de  Norvège  & 
(le  Lapponie  ,  mais  il  en  defcend  quelque- 
fois en  fi  grand  nombre  dans  de  certajnes 
années  (  c  )   &  dans  de  certaines  f liions , 

(c)  On  a  rcmanjuc  que  les  Lemmci's  pc  paroiffent 
pas  icyi.lièiement  tous  les  iuis,  mais  eii  certain  teivips 


"5^5  6         Hiflohe  Naturelle 

qu'on  regarde  l'arrivée  des  Leinings  comme 
vin  fléau  terrible ,  &:  dont  il  efl  ijnpofiihle 
de  fe  délivrer  ;  ils  font  un  dégât  affreux 
dans  les  campagnes  ,  d  v'aftent  les  jardins, 
ruinent  les  moilTons  ,  &  ne  laiffent  rien 

îi  l'improvifle  &  en  fi  grande  quantité  ,  qu'ils  fe  ré- 
pandent par  -  tout  &  couvrent  toute  la  terre 

Ces  petites  bêtes,  i)icn  loin  d'avoir  peur  &;  de  j'enfuir 
quand  elles  entendent  marcher  les  paflans ,  font  tw 
contraire  hardies  &  courageufes ,  vont  au -devant  de 
ceux  qui  les  attaquent ,  crient  &  jappent  prefque  tout 
de  même  que  Acs  petits  chiens  :  fi  on  les  \eut  battre, 
elles  ne  fe  (bucient  ni  du  bâton  ni  des  hallehardej , 
fautant  &  s'élinçant  contre  ceux  qui  les  frappent , 
s'attachant  &  JTiordant  en  colère  les  bâtons  de  ceux 
qui  les  veulent  tuer.  Ces  animaux  ont  ceci  de  parti- 
culier,  qu'ils  n'entrent  jamais  dans  les  maifons  ni  dans 
les  cabanes  pour  y  faire  du  dommage ,  ili  fe  tiennent 
toujours  cachés  dans  les  broflailles  6c  le  long  Ati 
coteaux  ;  quelquefois  ils  fe  font  la  guerre,  fc  partigeant 
comme  en  deux  armées  le  long  àcs  lacs  &  des  prés. .. 
J.es  hermines    6c   les  renards   font   leurs  ennemis  h 

en  mangent  beaucoup l'herbe  rcnaiffante  fait 

mourir  ces  petits  animaux,  il  femble  qu'ils  fe  fafïbnt 
audî  mourir  eux-mêmes  ;  on  en  voit  de  pendus  a 
ÀQ&  branches  d'arbres,  on  peut  croire  auffi  qu'ils  fc 
jettent  d.uis  l'eau  par  troupes  connnc  les  hirondelle?. 
Jiifloirc  Ht  la  Lapfwnie ,  jmr  Schefftr,  jmge  ^22,  Isct/i, 
Jl  y  a  bien  plus  d'apparence  que  les  Icmin^s ,  comme 
tous  les  autres  rats,  le  mangent  &  s'cntredctruifent  A<:i 
que  la  pâture  vient  à  leur  manquer,  &  que  c'efl  par 
cette  raifon  que  leur  deftrudio.i  eft  au/Ti  prompte  que 
icur  putlulation« 


\ 


du  Lemhig,    --         I57 

que  ce  qui  eft  ferré  dans  les  maifons ,  où 
heureufèmcat  ils  n'entrent  pas.  Ils  aboient 
à  peu-près  comme  des  petits  chiens  ;  lorP 
qu^on  les  frappe  avec  un  bâton  ,  ifs  Ce 
jettent  deflus  &  le  tiennent  û  fort  avec 
les  dents  ,  qu'ils  fe  iaiïïent  enlever  &  tranf- 
porter  à  quelque  diftance ,  (îms  vouloir" 
le  quitter  ;  ils  ie  creufcnt  des  trous  fous 
terre ,  &  vont  comme  les  taupes  manger 
les  racines  ,  ils  s'affemblent  dans  de  cer- 
tains temps,  &  meurent  pour  aînfi  dire 
tous  enfemble  ;  ils  font  très-courageux  & 
fe  défendent  contre  les  autres  animaux  : 
on  ne  f^it  pas  trop  d'où  ils  viennent ,  ie 
peuple  croit  qu'ils  tombent  avec  ia pluie  f^^; 

(d)  Beflhléc  qitadrupîdes ,    Lcmmar  vil  Lemmiîs 

àda ,  mûgniiudine  foricis ,  pelle  varia  per  tempejlates  ù* 
repcminos  imbres ,  . .  iticowperium  unde ,  an  ex  renwtiorilms 
infitlis  if  vcnto  dtlatec  m  tx  nubilmi  fxculentis  natcc 
deffvamur.  Id  tnnwi  compertum  ejl  jlatim  atijue  decidmnt , 
rcperhi  in  vifcerilms  hcrha,  cruda  nondum  coucoâœ,  Hœ 
more  locuflarum  in  maximo  examine  cadenres  oimia  vi- 
rentin  dcfliuiwt  &  quct  vwrfu  tantum  attigerint  emorîumur 
virulent iâ  ;  viril  hoc  agmen  donec  non  gnfinverit  herhani 
rctiatam,  Conveniunt  quoque  grcg.  itim  quafi  liirundi/ies  cvo- 
latura ,  fed  flato  teni/mrc  aui  moriwitiir  acervatim  cuni  Lie 
teirct  f  ex  quaruni  corniptione  aer  fit  pejlikns  &  afjicit 
incohis  vcrtigine  if  iâcro)  aut  liis  bcfiiis  diéïis  vidgariter 
Lekat  l'cl  Hermeliii  confumuntur  unde  iidcm  Hcrniclini 
piiipefcmit,  01,  Mag,  Hifl,Cem,fqn,  pag.  i-jz, 


'■■-■(.  ^ 

a 58      Hifioke  Naturelle,  ère: 

îe  mâle  eft  ordinairement  plus  grand  qitl» 
la  femelle  ,  &  a  auflj  les  taches  noires  plus 
grandes  ;  ils  meurent  infliillibiement  au  re- 
nouvellement (\Gi  herbes  ;  ils  voiit  auffi  en 
grandes  troupes  fur  l'eau  dans  le  beau 
temps,  mais  s'il  vient  un  coup  de  vent, 
lis  (ont  tous  fubmer^és  ;  le  nombre  de  ces 
animaux  eu  11  prodigieux  ,  que  quand  ils 
meurent,  l'air  en  eft  infecflé,  &  cela  occa- 
fionne  beaucoup  de  maladies ,  il  (emble 
même  qu'ils  infecT:çnt  les  jîîanies  qu'ils  ont 
rongées ,  car  le  pâturage  fliit  alors  mourir 
le  bétail  ;  la  chair  des  lemings  n'eft  pas 
Bonne  à  manger  ;  &  leur  peau  ,  quoique 
d'un  beau  poil ,  ne  peut  pas  fervir  à  fiiire 
des  fourrures ,  parce  qu'elle  a  trop  peu  dt 
confiltance. 


i5? 


LA  SARICOVIÈNNE  (a). 

•f  JLj  A  Saricovîeniie  ,  dit  Thevet  ,  fe 
trouve  ie  long  de  la  rivière  de  la  Plata ,  « 
elle  efl:  d'une  nature  amphibie  ,  demeu-  ce 
rant  plus  dans  Teau  que  (ur  la  terre  ;  c< 
cet  animal  eft  grand  comme  un  chat ,  c< 
&  fa  peau  qui  eft  mêlée  de  gris  &  de  « 
noir,  eft  fine  comme  velours  ;  Tes  pieds  ce 
font  faits  à  la  femblance  de  ceiix  d'un  ce 
oilèau  de  rivière  ;  au  refte  fa  chair  eft  •« 
très-délicate  &  très-bonne  à  manger  (b)  w. 

(a)  Sari'copîenfu  ,  nom  de  cet  animai  au  pays  delà 
Plata  ,  &  que  nous  avons  adopté.  Ce  mai  Jaricovieme 
paroît  être  dérivé  Je  Carigueibeju ,  qui  eft  ie  nom  de 
cet  animal  au  Brefil ,  &  qui  doit  fe  prononcer  fari- 
^ovîou  ,  ce  nom  figuifie  bête  friande ,  fcion  Thevet. 

Jiya,  (jiia  iT  Caripueibcju  appeJlamr  à  Brnfilienfibusi 
JVIarcgr.   HijK  rtat.  i/nj/".  pag.  234.,    fig.  ibid. 

Ltitra  nigricam  caudu  deprejffi  if  ghdira,  Barrèr«. 
llijl  de  la  Fr.  ÉqiiUu  pag.  155. 

Lutra  (itri  cohrh  waculâ  fuh  gutfure  fnvtï r 

hitra  Brafilicifis.  La  loutre  du  Brefii.  BriiToii ,  Regi^ 
aiiitn.  pag.  278.  „à^,._ 

fb)  Singularités  de  la  France  antnrdiqiic  ,  pa* 
André  Thevet.  Paris  ,  /////  pages  i  oy  if  i  oS^ 


x 


•  ■     V- 
±60         HiJIoIre  Naturelle 

Je  commence  par  citer  ce  pafTage ,  paire 
que  les  Naturuiifles  ne  connoifl'oient  pas 
cet  animal  fous  ce  nom  ,  &  cju'iis'jigno-. 
toient  que  lé  Carigueibeju  du  Brefil ,  qui 
fcft  le  même  ,  tût  des  membranes  entre 
les  doigts  des  pieds;  en  efîèt,  Marcgrave 
qui  en  donne  ia  defcription ,  ne  parle 
pas  de  ce  caracflère  ,  qui  cependant  eft 
rïïentiel ,  puifqu'il  rapproche  autant  qu'il 
cft  poflible  cette  efpèce  de  celle  de  la 
X-outrc. 

Je  crois  encore  que  l'animal  dont 
Gumilla  fait  mention  fous  le  nom  de 
Cuachi  (c)j  pourroit  bien  être  le  même 

(c)  On  trouve  fur  lés  rivières  qui  Te  Jettent  dans 
TOrcnoque  une  grande  quantité  de  chiens  d'eau , 
que  les  Indiens  appellent  Guachi  ,-  cet  animal  nage 
a\'ec  beaucoup  de  légèreté,  &  fc  nourrit  de  poifTon; 
il  c(\  amphibie ,  mais  il  vient  aufll  chercher  ih  nour- 
riture fur  terre  ;  il  crcufie  des  foHes  fur  le  rivage, 
éiins  iefquelles  ia  femelle  met  bas  (es  petits.  Ils  ne 
crcufent  point  ces  foffes  à  l'écart ,  mais  dans  les 
endroits  où  ils  vivent  en  commun  6c  où  ils  viennent 
fc  divertir.  J'ai  vu  &  examiné  avec  foin  leurs  tanicics, 
l'on  ne  (àuroit  rien  voir  de  plus  propre  ;  ils  ne  laifTcnt 
pas  la  moindre  herbe  aux  environs;  ils  amonccliciu 
k  l'écart  les  arêtes  des  poilTons  qu'ils  manoent  ;  h  à 
force  de  fauter,  d'aller  &  de  venir  ils  pratiquent  des 
chcmijis  très  -  propres  &  très  -  commodes.  liijloire  à 
l'Oréiw<iuc  ,   i^ar   Cumilla  ,    tome   111,   i^nge  2g^ 


-   <]e  la  Surtcovhnnèi        2  6 1\ 

^e  h,  fàricovienne  ,    &   que    c*e(l  luie 

eipèce    de    loutre   commui"ie   dans  toute 

l'Ame'rique  méridionak.  Par  la  del'cription 

qu'en   ont  donnée    Marcgrave    &  Del- 

marchais    (d)^  il  paroît  que  cet  animal 

amphibie  efl:  de  la  grandeur  d'un  chien 

de  taille  médiocre ,  qu'il  a  le  haut  de  la 

tête  rond  comme  le  chat;  le  mufeau  un 

peu  long  comme  celui  du  chien  ;  les  dents 

&  les  mouftaches    comme  le   chat  ;    les 

yeux  ronds  ,   petits  &  noirs  ;  les  oreilles 

arrondies   &   placées  bas  ;  cinq  doigts  à 

tous   les  pieds  ,    les  pouces   plus  courts 

que  les  autres  doigts  ,  qui  tous  font  armes 

d'ongles  bruns  &  aigus  ;   la  queue  auffi 

longue   que  les   jambes   de   derrière  ;   le 

poil  aflez   court  &  fort  doux  ,  noir  fuf 

tout  le  corps ,  brun  fur  la  tête ,  îivec  une 

tache   blanche  au   gofier.    Son   cri  efl  à 

peu  -  près  celui  d'un  jeune  chien ,   <&  il 

1  entrecoupe   quelquefois   d'un    autre  cri 

J^OTA,  Ces  caradlères  convienncni  à  la  fàrrcovienne; 
mais  il  nous  paroît  ijue  le  nom  gitnrhi  a  été  mal  ap- 
piiciiié  ici ,  &  ijii'il  appartient  à  i'ef|  .jcc  de  moufFeite 
que   nous  avons  appelée  coafe, 

(d)  Voyage  de  DeCmarchais ,  tome  111 ,  jm^s  j»  o  C^ 


26 z     Hïflolrc  NattireJk,  érc, 

fembiable  à  la  voix  du  {iigoin  ;  il  Vit  d« 
crabes  &l  de  poiffons ,  mais  on  peut  auffi 
le  nourrir  avec  de  la  fliririe  de  manioc 
délayée  dans  de  l'eau.  Sa  peau  fait  une 
bonne  fourrure ,  &  quoiqu'il  mange  beau- 
coup de  poifîon  ,  fa  chair  n'a  pas  le  goût 
de  marais ,  elle  eft  au  contraire  très-làluç 
êi  très-bonne  à  manger.       -    . 


V3*';^v\ç'/V. 


26^ 


.•:.  ;:(. 


UNE 


LOUTRE  DE  CANADA. 

L«ETTE  Loutre,  beaucoup  plus  grande 
que  notre  loutre ,  &  qui  doit  le  trouver 
dans  le  nord  de  l'Europe  comme  elle  fe 
trouve  au  Canada,  m'a  fourni  l'uccafioii 
de  chercher   fi    ce   n'étoit  pas  le   même 
animal  qu'Ariftote  a  indiqué  fous  le  nonx 
de   Latax  ,   qu'il  dit  être  plus   grand   & 
plus  fort  cjue  ia  loutre  ;  mais  lei>  notions 
qu'il  en  donne  ne  convenant  pas  en  entier 
à  cette  p-rande  loutre ,  &  la  trouvant  d'ail- 
leurs abfolumcnt   femblable    à  la    loutre 
commune,  à  la  grandeur  près,  j'ai  jugé 
que  ce  n'étoit  point  une  elpèce  particu- 
lière ,   mais  une  fimple  variété  dans  celle 
de  la  loutre.   Et  comme  les  Grecs  ,  & 
fur-tout  Ariftote,  ont   eu  grand  foin  de 
ne  donner  des  noms   diiîérens.  qu'à   des 
animaux  réellement  differens  j^ar  l'eipcce , 
nous    nous   fommes    convaincus    que    le 
latax  efl  un  autre  animal  ;   d'ailleurs  les 
loutres  ,   comme   les  caflors ,   Ibnt  corn- 
munénicjit  plus  grandes  6c  ont  le  poil  plus 


1  •• 


i 


2^4         Hijloire  Naturelle 

^loir  &  plus  beau  en  Ame'rique  fa)  qu'en 
Eliropç.  Cette  loutre  de  Canada  doit  en 
elîèt  être  plus  grande  &  plus  noire  que  la 
loutre  de  France  ;  mais  en  cherchant  ce 
C[ue   pouvoit    être   le    Latax    d'Ariftotc 
(chofc  ignorée  de  tous  les  Naturalises), 
j'ai  conjcduré  que  c  etoit  l'animal  indiqué 
par  Belon  fous  le  nom  de  loup  marin ,  (5c 
j'ai  cru  devoir  rapporter  ici  la  notice  d'A- 
rifloie  fur  le  latax  ;  &  celle  de  Bclon  fur 
le  loup  marin ,  afin  qu'on  puifJb  les  com- 
parer (bj, 

Arirtote 

(a)  Les  loutres  de  l'Amérique  feptcntrionafe  diffèrent 
ide  celles  de  France  en  ce  qu'elles  font  toutes  coiTimii- 
ncmcnt  plus  longues  &:  plus  noires  ;  ii  s'en  trouve  qui 
le  (ont  bien  plus  les  unes  que  les  autres  ,  il  y  en  a 
d'auffî  noires  que  du  jay;  celles-ci  fent  fort  recherchées 
&  l'ort  chères.  Dcfcriptio.'  de  l' Am/rùjue  fcpeutnoiidli 
jhir  Denj/s,  tome  11,  page  2  o, 

(h)  Sum  iiiter  quadruycdes  femjqiie ,  qutz  vîâiim  ex 
îacu  if  fiwiis  petaitt ,  at  vcro  a  mari  milliim ,  jïïa- 
terfjuam  vituhis  warimts.  Sum  etium  in  hoc  génère  jikr, 
fat  lier  ium  ,  fatyrium ,  lutris ,  Latax  qutx  latior  lunt 
'  iji ,  dtnîejque  hcbet  robufios ,  (juippe  quoe  noâu  pknmft 
egrediens  ,  vi)gu/rd  proxiwa  fuis  dent  il- us  tit  fcrro  pra* 
cidar;  lutris  etinm  hotninem  mordet ,  me  defijlit ,  m 
fcrunt ,  nijï  offis  fraéli  crcpittim  fenferit,  Lataci  fdui 
durus ,  fpt'cie  in  ter  pi  Ium  vituli  niarini  iT  cerui,  Arift. 
/y///,  anlm.  lib.   N'IIJ,  cap  v.  —  J-e  loup  marin, 

«  D'autan! 


{Tune  Loutre  de  Canada,    26^ 

Ariftote  fait  mention  dans  ce  paflage 
de  fis.  animaux  amphibies;  &  de  ces  iix 
nous  n'en  connoilîons  que  trois,  le  phoca, 
le  caftor  &  la  loutre  ;  les  trois  autres ,  qui 
font  le  /atax,  le  fatherion  &  le  fatyr'iûn 
font  demeurés  inconnus,  parce  qu'ils  ne 
font  indiqués  que  par  leurs  noms  &  (ans 
aucune  defcription  :  dans  ce  cas ,  comme 
dans  tous  ceux  où  l'on  ne  peut  tirer 
aucune  indudion  direéle  pour  ia  con- 
noifTance  de  la  cholè ,  il  fiiut  avoir  recours 
à  la  voie  d'exclufion  ;  mais  on  ne  peut 

«  D'autant  que  les  Anglois  n'ont  point  de  loups  fur 
leur  terre ,  nature  les  a  pourveus.  d'une  bête  au  •« 
rivage  de  leur  mer ,  fî  fort  approchante  de  notre  « 
loup ,  que  (i  ce  n  etoit  qu'il  fc  jette  plutôt  fur  les  « 
poiffons  que  fur  les  ouailles»  on  le  ciiroit  du  tout  « 
fembi.ible  à  notre  bête  tant  raviffante;  confidcré  la  « 
corpulence,  le  poil,  la  tête  (qui  toutefois  tft  fort  « 
I  grande  }  &  la  queue  moult  aj^pr^xhante  au  loup  « 
terreftre  ;  mais  parce  que  cclui-cy  (  comme  dit  efl  )  « 
ne  vit  que  de  poiflbns,  6:  n'a  été  aucunement  « 
connu  des  Anciens,  il  ne  m'a  femblé  moins  no-  «c 
tthle  que  les  animaux  de  double  vie  cy-dcffus  «« 
alléoriiés,  parquoi  j'en  ai  bien  voulu  mettre  le  « 
pourtrait,  »  Hehn,  <te  la  nature  des  poijfms ,  page  t  S* 
Nota,  La  figure  cfl  à  la  page  fj^,6ic  reflTcmble  plus 
là  t'hysene  qu'à  aucun  autre  animal ,  mais  ce  ne  peut 
êtrerhyaene,  car  elle  n'efl  point  amphibie ,  elle  ne  vit 
pas  de  poiflôn ,  &  d'ailleurs  elle  e(l  d'un  climat  tout 
I  différent.  •   «  r 

Tome  XL  M 


remployer  avec   fuecès  que    qiwnd  on 
coiiiîoit  à  })eu  près  tout  :   on  peut  alors 
conclure    du    pofuif  au   négatif,    &   ce 
négatif  devient  par  ce  moyen  une  con- 
noillànce  pofitivc.  Par  exemple ,  je  crois 
que    par    la    longue    étude    que    j'en  ai 
faite ,  je  connois  à  très-peu  près  tous  les 
animaux  quadrupèdes;  je  fais  qu'Ariftotc 
ne  pouvoit  avoir  aucune  connoiûance  de 
ceux  qui  font  pardculiers  au  continent  de 
l'Amérique  ;   je  connois   aufîi  parmi  les 
quadrupèdes  tous  ceux  qui  font  amphi- 
bies, fk  j'en  iépare  d'abord  ks  amphibies 
d'Amérique,  tels  que  le  tapir,  le  cabiai, 
l'ondatra,   &c.  il  me  refte  les  amphibies 
de  notre  continent,   qui  font  l'hippopo- 
tame ,  k  morfe  ou  la  vache  marine ,  les 
phoques  ou  veaux  marins,  le  loup  marin 
de  Belon  ,  le  cailor ,  la  loutre  ,  la  zibe-, 
iine  ,  le  rat  d'eau ,  le  defman ,  la  mufa- 
raigne  d'eau,  &  fi  l'on  veut  l'ichneumoii' 
ou   mangpufte ,   que   quelques  -  uns   ont'l 
regardée  comme  amphibie  &  ont  appelée! 
loutre  d'Egypte,  Je  retranche  de  ce  nom- 
bre  le   morfe  ou   la   vache  marine,  qui! 
ne   fe   trouvant   que    dans  les   mers  du 
!Nord,  n'étoit  pas  connue  d'Ariftote,  j'eii 


xr. 


M. 


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c'eft 

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retranche  encore  l'hippopolamc' ,  le  r;u 
d'eau  &  l'ichneumon,  parce  qu'il  en  parle 
ailleurs  &  les  défigne  par  leurs  noms;  j'en 
retranche  enfin  les  j)hoques ,  le  caftor  & 
la  loutre ,  qui  font  bien  connus  »  &  la 
inufaraigne.d'eau ,  qui  efl:  trop  refîeniblante 
à-  celte  de  terre  polir  eir  avoir  jàmdfis  étc"- 
réparée  par  le  nom  :  il  nous  refle  le  loup 
marin  de  Bdôn,  là  Tjibclîite  &  lé  dcfinan, 
pour  le  latax  i  \e  fathenon  6c  \ë  fityrlon; 
de  ces  trois  animaux  il  ny  moit  que  le 
loup  marin  de  Belon  qui  foit  plus  gros 
que  la  loutre,  ainfi»c'.e(l  Ici  (eul  qui  puifîc 
rej»>rélenter  le  I/itax ,  par-  cortfëquent  la 
zibelinie  &  le  defman  repréfentent  {^fathe-^ 
rion  ôi^ÏQ  faiynort.  'L'on  lent  bien  que  ces 
conjedlures ,  que  je  crois  fondées ,  ne  font 
cependant  pas  du!  nombre  de^  celles  que 
le  temps  puiffe  éclaircir  davantage  ,  à 
moins  qu'on  ne  découviîît  quelques  ma- 
nufcrks'  grecs  jitfqu'à  prélei'rt:  inconnus, 
où  ces  nomà  ie  '■  trouveroient  employe's  ; 
c'éft -*  à  -  dire  expliqués  par  de  nouvelles 
indications.Vi  '■*  .'im^r;!  i»  ^u  t>*i! 

h    ,  ,M\,^  }   i.'  ■  ^  >    i  i. 

M  '4 


:i-j 


I  > 


tMl. 


;  1 1  : 


2(58 


Hiflolre  Naturelle 


LES  PHOQUES, 

, . LES    MORSES   , 
ET  LES  LAMANTINS. 

A SSEMBLONS  pour  un  infiant  tous 
les  animaux  quadrupèdes  ,  failbns  -  en 
uii  groupe,  ou  plutôt  formons -en  une 
troupe  dont  les  imervalles  &  les  rangs 
rej)ré(èntent  à  peu  près  la  proximité  ou 
l'éloignement  qui  le  trouve  entre  chaque 
efpèce  ;  plaçons  au  centre  les  genres  les 
plus  nombreux  ,  <&  fur  les  flancs  ,  fur  les 
ailes  ceux  qui  le  font  le  moins  ;  relTerrons- 
les  tous  dans  le  plus  petit  efpace ,  afin 
de  les  mieux  voir  ;  &  nous,  trouverons 
qu'il  n'eft  pas  pollihie  d'arrondiv  cette 
enceinte  :  Que  quoique  tous  les  animaux 
quadrupèdes  tiennent  entr'eux  de  plus 
près  qu'il?  ne  tiennent  aux^  autres  êtres, 
il  s'en  trouve  ncanmonis  en  grand  noni- 
bre  qui  font  des  pointes  au  dehors ,  & 
lèmbient  s'élancer  pour  atteindre  à  d'autres 
daflcs  de  ia  Nature;  les  linges  tendent 


des  Phoques  ,  &c.  l6^ 

à  s'approcher  de  l'homme  &  s'en  appro- 
chent en  effet  de  très -près;  les  chauve- 
fouris  ibnt  ies  iinges  des  oifeaux  qu'elles 
:  imitent  par  ieur  vol  ;  les  porc  -  épies , 
ies  hérifîbns  par  ies  tuyaux  dont  ils  fout 
couverts,  fembient  nous  indiquer  que  ies 
plumes  pourroient  appartenir  à  d'autres 
qu'aux  oifèaux  ;  ies  tatous  par  leur  teft 
écailleux  s'approchent  de  la  tortue  &  des 
cruftacées  ;  les  caftors  par  les  écailles 
de  leur  queue  refîèmblent  aux  poiflons  ; 
les  fourmiliers  par  leur  efpèce  de  bec  ou 
de  trompe  làns  dents  &  par  leur  longue 
langue  ,  nous  rappellent  encore  les  oi- 
(eaux;  enfin  les  Phoques,  les  Morfes  ôc 
les  Lamantins  font  un  petit  corps  à  part 
qui  forme  la  pointe  la  plus  (îiillanie  pour 
arriver  aux  cétacées. 

Ces  mots  phoque,  morfe  &  lamantin t 
font  plutôt  des  dénominations  génériques 
que  des  noms  l'pécitiqucs  ,  nous  com- 
prenons fous  celles  de  phoque  i.**  le 
fhoca  des  Anciens  qui  vraiièmblablcment 
eil  celui  que  nous  avons  fait  reprélènter; 
2."  le  phoque  commun  que  nous  appe- 
lons veau  marin  ;  ^ .°  le  grand  phoque , 
dont  M.  Parfons  a  donné  la  delcripiion 

M  il; 


l; 


%jo         Mïfloire  Naturelle 

Si.  la  figure  dans  les  Tran(;i<flions  philo- 

ibphiques ,  ;«.*  ^(^^  ^  4.**  le  très- grand 

phoque,  que  l'on  appelle  ibn  mam,  &: 

.dont.l'autei^  du  vpyageid'Anlbn  a  donné 

Ja  defcriptîoii.!&  les  figure^.  ?ri'.!-iï-d  vj» 

Par  le  nom  de  morfe,  nous  entendons 
les  animaux  que  l'on  coruioît  vulgai- 
rement fous  celui  de  vaches  marines  ou 
letes  à  In  gr/inde  dent ,  ^om  nous  con- 
iioiflbns  deux  efpèccs.,  l'une  qui  ne  fe 
trouve  que  dans  les  .raers  du .  nord ,  <& 
J'autre  qui  n'habite  ilu  contraire;. que  lés 
.mers  du  midi ,  à  laquelle  nous  .avons 
-donné  le  nom  de  Dugon.,  dont  nous 
avons  fait  graver  la  tête;  enfin  fous  celui 
de  lamantin ,  nous  -comprenons  les  ani- 
jjnaux  quon  appelle  Adanati,  bœufs  ima- 
rins  à  S.'  Domingue,  à  Cay enne  &  dans 
les  autres  iparties  de  l'Amérique  raéri- 
,'dionale ,  aufîi- bien  que  le  lamatitin  du 
-Sénégal  &  des  autres  côtes  de  l'Afrique, 
-^ui  ne  nous  paroît  êtrQ  qu'une  variété 
'du  lamantin  de  l'Amérique. 

Les  phoques  &  les  morfcs  font  encore 
-plus  près  des  quadrupèdes  que  des 
^cétn,cées ,  parce  qu  ils  ont  quatre  efpècés 
.de  pieds,  mais  les.  lumautûis   qui  nowt 


des  Phoques ,  &i\  27 1 

fjiic  îes  deux  de  devant ,  font  plus  ccta- 
cces  que  quadrupèdes^  tous  diffèrent  f\ts 
autres  animaux  par  un  grand  caradèrc  ; 
ils  font  les  leuls  qui  puifTent  vivre 
également  &  dans  l'air  i&  dans  l'eau,  les 
leuls  par  coniequent  qu'on  dût  appeler 
amphibies.  Dans  l'iiomme  &  dans  les 
animaux  terreftres  &  vivipares  ,  le  trou 
de  la  cloifon  dit  cœur ,  qui  permet  au 
fœtus  de  vivre  fans  refpirer ,  fe  ferme 
au  moment  de  la  naifïl mce ,  &  demeure 
fermé  pendant  toute  la  vie  ;  dans  ces 
animaux  ,  au  contraire  ,  il  eft  toujours 
ouvert ,  quoique  la  iiuère  les  mette  bas 
fur  terre ,  qu'au  moment  de  leur  naifîance 
l'air  dilate  leurs  poumons  y,  &;  que  la 
refpiration  commence  &  s'opère  comme 
dans  tous  les  autres  animaux.  Au  moyen 
de  cette  ouverture  dans  la  cloifon  du 
cœur,  toujours  fubfiftante,  &.  ([ui  permet 
la  communication  du  fmg  de  la  veine- 
cave  à  l'aorte,  ces  animaux  ont  l'avantage 
de  refpirer  quand  il  leur  plaît,  &  de  fe 
palier  de  refpirer  quand  il  le  fîuit.  Cette 
j)ropriété  fingulière  leur  cft  commune  à 
tous  ;  mais  chacun  a  d'autres  ficulies 
particulières    dont    nous    parlerons  ,.  eu 

M  ilij^ 


^y^         Hiflolre  Naturelle 

fhiiànt  autant  qu'il  eft  en  nous  l'hiftoirc 
de  toutes  les  efpèces  de  ces  aniipaux 
amphibies.  .   . 

LES  PHO(lUES  (a). 

En  génénil,  les  phoques  ont  la  tête 

^rt/ Phoque.  Phoca,\ti  Grec  &  en  Latrn.mot 
auquel  de  Liët  &  d'autres  ont  donné  une  terininaifon 
trançoife,  &  que  nous  avons  adopté  comme  terme 
générique.  Dans  plufieurs  langues  de  l'Europe,  on  a 
indiqué  ces  animaux  par  les  dénominations  de  Vemn 
de  mer ,  Chiens  de  mtr ,  Loups  de  mer ,  Veaux  marim, 
CSAUns  mivins ,  Loups  marins,  Renards  marins.  Nous 
en  connoiflbns  trois  &  peut-être  quatre  efpèces; 
I ,"  Le  petit  phoque  noir  à  poil  oi  doyant  &  lon^,  que 
nous  croyons  être  le  phoca  dus  Anciens ,  c'eft-à-dire, 
le  Wjmj  d'Ariflotc ,  6c  le  vitubis  marinus  o»  pSosa  de 
Pline ,  &  c'eft  probablement  celui  dont  Belon  a  donne 
îa  figure,  &  qu'il  a  indiqué  Ibus  le  nom  de  phoca, 
vitulus  marinus ,  recchio  marino ,  veau  ou  loup  de  mer. 
De  hx  nature  des  poifons ,  pnge  i  6,  2°  Le  phoque  de 
notre  océan  qui  e(l  plus  grand  &  d'un  poil  gris  (.[u'oii 
appelle  poju  ma'iii ,  &  auquel  nous  confervons  cette 
dénomination  ,  Éiutc  d'autre ,  &  aulîi  pour  ne  p.is 
tomber  dans  l'erreur  en  adoptant  un  nom  étrange  r  ^ui 
pourroit  être  celui  d'une  autre  efpècej  nous  croyons 
néanmoins  que  cet  animal  t(l  celui  que  les  Allemands 
appellent  Ruùl/e  ou  Sa// ,  les  Anglois  Soi/e,  les  Suédu)is 
Sid/t  les  Norvégiens  Kaaùe ,  ik  c'ell  certainement  le 
niûiie  4ue  M."  de  l'Académie  des  Sciences  ont  indi* 


liîloirc 
iimaux 


ttn,  mot 
minaifon 
le  terme 
pe,  on  a 

de  VeauM 
X  uiitrins, 
n$.  Mous 
efpèces; 
Ion4,  que 
pft-à-dire, 
phoea  de 
n  a  donné 
de  l'hoCii, 
)  de  mer. 
)hocjue  de 
gris  qu'on 
vous  cetîc 
xt  ne  pas 
rangir  qui 
i,s  croyons 
\llemands 
s  Suâl*i)is 
ne  ment  le 
unt  i:idi- 


des  Phoques  t  &c.         273 

ronde  comme  l'homme ,  ie  mufeau  large 
comme  ia    loutre ,   les    yeux    grands   de 
places    haut ,    peu    ou    point    d'oreilles 
externes ,   feulement  deux  trous   auditifs 
aux    côtés    de    la   tête ,    des    mouftaches 
autour    de    la    gueule ,  des    dents    aiïcz 
iemblables   à  celles  du  loup ,   la  langue 
fourchue  ou  plutôt  écbancrée  à  la  pointe, 
le  cou  bien  defliné ,  le  corps ,  les  mains 
&  les  pieds  couverts  d'un  poil  court  & 
allez  rude ,  point  de  bras  ni  d'avant -bras 
apparens  ;    mais    deux    mains    ou    plutôt 
deux  membranes,  deux  peaux  renfermant 
cinq  doigts  &  terminées  par  cinq  ongles  ; 
deux  pieds  fans  jambes  tout  pareils  aux 

que ,  comme  nous ,  fous  le  même  nom  de  Vtau  marin ^ 
èi  dont  ils  ont  donné  ia   figure  &  la  defcription  r 
f>ûge  1  S^.  &  j^lanche  XXV IL  de  la  partte  IJ'  de  leurs 
Mémoires  fwur fervir  à  i'Hiffoire  des  animaux.  Enfin,  il 
nous  paroîr  que  c'cft  encore  le  même ,  dont  de  Laët  a 
donné  la  figure  <3t  qu'il  appelle  chîm  marin  ou  jiheque, 
Defcription  des  Indes  occidcKtcdes ,  page  ^r.  Je  ne  cite 
pas  les  autres  auteurs ,  parce  qu'ilr.  ont  copié  les  figures 
(ie  ceux-ci,  ou  qu'ils  en  ont  donné  de  défeélueufès» 
5.°  Le  grand  phoque,  dont  Al.  Parfons  a  donné  la 
flefcription  &  la  figure  dans  les  Tran/aiSions  Philofo- 
phiqucs ,  n,"  ^  6 <^.  4.**  Le  lion  marin  ,  dont  on  trouve 
\x  defcription  6:  la  figure  dans  le  voyage  d'Anfon  ^ 
yage  i  o  o  ,  &L  qui  pourroit  bien  être  le  même  que  le 
granil  phoque  dcccit  par  M.  Parfons» 

M  Y 


274         Hijtolre  Naturelle 

mains,  feulement  plus  larges  & 'tourne'^ 
en  arrière  comme  pour  fe  re'unir  à  une 
<]ueue  très  -  courte  qu'ils  accompagnent 
des  deux  côtés ,  le  corps  aiongé  connue 
celui  d'un  poiiïbn ,  niais  renHé  vers  la 
poitrine  ,  étroit  à  la  partie  du  ventre, 
tfàns  hanches ,  " fans  croupe  &  fans  cuifles 
sHU  dehors  ;  animal  d'autant  plus  étrange 
.qu'il  paroît  fidif ,  &  qu-ii  'eft  le  modèle 
fur  lequel  l'imagination  des  Poètes  en- 
fiinta  les  Tritons  ,  les  Sirènes  ,  &  ces 
dieux  de  la  mer  à  tête  humaine ,  à  corps 
de  quadrupède ,  à  queue  de  poifTon  ;  & 
le  phoque  règne  en  efïèt  dans  cet^empire 
muet  par  fa.  voix  ,  par  fa  figure  ,  par 
.ion  intelligence ,  piir  les  flxcultés ,  en  un 
mot  ,  qui  lui  font  communes  avec  les 
habitans  de  la  terre ,  fi  fupérieures  à  celles 
des  poifîons,  qu'ils  femblent  être  non- 
feulement  d'un  autre  ordre,  mais  d'un 
monde  différent  ;  aufil  cet  amphibie, 
quoique  d'une  nature  très  -  éloignée  de 
,  celle  de  nos  animaux  domcftiques ,  ne 
iaifîe  pas  d'être  fufceptible  d'une  forte 
il'éducation  ;  on  le  nourrit  en  le  tenant 
fouvent  dans  l'eau  ,  on  lui  apprend  à 
faluer  de  la  tête  &  de  la  voix,  il  s'ac- 


des  Phoques,  &c.  zy  y 

eoutiime  à  celle  de  Ton  maître  ;  il  vient 
lorlqu'il  s'eniend  appeler ,  &  donne  ]:>lu- 
iîeurs  autres  fignes  d''^  .diligence  ôl  de 
docilité  fùj. 

Il  a  le  cerveau  &  le  cervcret  jyropor- 
tionnellement  ])lus  grands  que  l'homme, 
les  lens  auflî  bons  c|u'aucun  des  qua- 
drupèdes ,  par  conséquent  le  lentiment 
aurti  vif,  &  l'intelligence  aufli  prompte  ; 
l'un  &  l'autre  ie  marquent  par  fa  douceur, 
par  les  habitudes  communes  ,  par  (es 
qualités  fociales ,  par  fon  inftinél:  très- 
vif  pour  (à  fcrnelle ,  &  très-attentif  pour 
{iss  petits,  par  fa  voix  ^cj  plus  «Kprefllve 


f^J  Vttîili  mar'mi  accipium  difcipUnnm ,  voceqtte  farirer 
tt  vifu  jwpulum  jalwant  :  incondito  fremim  nontine 
vocdti  refportfîenr,  V\m,  Hifl,  nat.  lib.  IX,  cap.  XI  II, 
—  Un  matelot  Hollandois  avoit  tellement  apprî- 
voifé  un  veau  marin ,  cju'il  lui  faifoit  faire  cent 
fortes  de  fingcries,  Voj'ûges  de  A'îi^on ,  tome  llî, 
Ikige  us.         ,   ..,    ■■      ,  ,i^,>  ,,i,.^^..,   ,.     ,.,.  .,, 

fc}  Nous  entendions  foiivent  pendant  la  nuit ,  fur 
lés  côtes  du  Canada  ,  la  voix  oes  loups  marins  qui 
rcflcmbloit  prefque  à  celle  àes  chats-huanls.  Hijhire 
de  In  nouveUe  France,  par  l'Efcarhot.  Paris,  1612, 
j>ûge  600.  — Quand  nous  arrivâmes  à  l'île  de 
Juan  Fernandès,  nous  entendions  crier  les  loups  ma- 
rins jour 


&:   nuit,    le^   uns  bêioient  comme 


des 


M  vj 


2.j6  Hijloire  Naturelle 

&  plu»,  niod-iilcc  que  ccHe  des  autres 
animaux  ;  il  a  auflî  de  la  force  &  des 
armes  ,  ion  corps  eft  ferme  &  grand , 
fcs  dents  tranchantes ,  fes  ongles  aigus  ; 
d'ïiiiieurs  ii  a  des.  avantages  particuliers, 
uniques ,  fur  tous  ceux  qu'on  voudrok 
lui  comparer  ;  il  ne  craînt  ni  le  froid  ni 
le  chaud,  ii  vit  indifféremment  d'herbe, 
de  chair  ou.  de  poiffon  ;.  ii  hal^iie  e'ga- 
lement  i*eau  ,  la  terre  &  la  glace  ;  il  cft 
avec  le  morlè  le  ieui  des  quadrupèdes 
qui  mérite  le  nom  (^ amphibie ,  le  feiil 
qui  ait  le  trou  ovale  du  cœur  owvcxvfj), 
le  (guI  par  confécjuetit  qui  puiflc  fc  paffcr 


-m 


agneaux ,  fcs  autres  nboyoient  comme  des  chiens  ou 
huïloient  comme  des  loupf^  V(iy.ii'gu  de  Woodcs  P,or 
gers  t  page  zaé, 

(d)  ConitT'.e  les  pl^ocas  font  it^\v\éî,  à  être  long- 
temps dans  l'eau  ,  &  ijuc  le  pafîhgc  d\i  (^ng  par  lé 
poiimon  ne  peut  fe  faire  fans  la  refpiratiun  ;  ils  ont 
Je  trou  ovaîaire  tel  uu'il  tft  dans  le  fœtus  ,  qui  ne 
rf(pire  pas  non  plus  ;  c'cfl  une  cuvcrturv?  placée 
au  deHuus  de  la  veine-cave  ;  &  une  communication 
du  vanricu!e  droit  du  cœur  avec  le  gauche ,  qui  fait 

fïatfçr  dirciflcmcm  !e  fhng  de  la  cave  dans  l'aorte,  & 
ui  épargne  le  lonq  chemin  qu'il  auroir  à  prendre  par 
ie  poumon.  Hijloire  de  l'Académie  des  Siiences,.  dej)iùji 
1^6$  ^  lome  iy  l^age  S^.,  .... 


'y 


des  Phcfques  „  &€,         ^77 

de  rcfpîrec ,  &  aucjuel  l'élément  de  leau 
Toit  aufli  convenable ,.  auGi  propre  que 
celui  de  l'air  ;  la  loutre  &  le  ca/lor  ne 
font  pas  de  vrais  amphibies ,  puilque 
leur  élément  eft  l'air  ;,  &  que  n'ayant  pcvs 
cette  ouverture  dans  la  cloilbn  du  cœur, 
ils  ne  peuvent  relier  long  -  temps  loiis 
Teau ,  &  qu'ils  iont  obligés  d'en  (brtir 
cil  d'élever  leur  tête  au-deflus  pour 
refpircr. 

Mais  ces  avantages  qui  font  trèsr- 
grands  ,  font  b;ilancés  par  des  iinper- 
ieclicns  qui  font  encore  plus  grandes. 
Le  veau  marin  efl  manchot  bu  plutôt 
eftropié  i}LQs  quatre  membres,  les  bns^ 
les  cuifT^s  &  les  jambes  (ont  prelqu'en- 
îièrement  enfermés  dans  Ion  corps  ;  il 
ne  fort  au  dehors  que  les  mains  &  les 
pieds,  lelquels  font  à  la  vésité  tous  divifés 
en  cinq  doigts  ;  mais  ces  doigts  ne  font 
pas  moliiles  féparéme  it  les  uns  des  autres-^ 
étant  réunis  par  une  forte  membrane ,  & 
ces  extrémités  font  plutôt  ùqs  nageoires 
que  des  mains  &  des  pieds ,  des  efpèces 
d'inllrumcns  faits  pour  nager  &  non  pouF 
marcher;  d'ailleurs  les  pieds  étant  dirigés 
ti\  miQït ,  comme  la  cpeue ,  ne  peuvent 


lyZ  Ht  foire  Naturelle 

foutenir  le  corps  de  Tanimal  qui ,  quand 
il  eft  fur  terre  ,  eft  obligé  de  fe  traîner 
comme  un  reptile  fej,  &  par  un  mou- 
vement plus  pénible;  car  ion  corps  ne 
pouvant  ie  plier  en  arc ,  comme  celui 
du  ferpcnt ,  pour  prendre  fuccefllvement 
xlifFérens  points  d'appui,  &  avancer  ainli 
par  la  réai5lion  du  terrein  ;  le  phoque 
■'demeureroit  giflant  au  même  lieu ,  l'ans  fa 
gueule  &  les  mains  qu'il  accroche  à  ce 
qu'il  peut  làifir,  &  ii  s'en  fert  avec  tant  de 
dextérité  qu'il  monte  aflez  promptement 
•ûir  un:  rivage  élevé,  fur  un  rocher  & 


(e)  Les  loups  marins,  que  quelques  -  iwis  nppencnt 
ytaux  marins  à.^î>  côtes  du  Canada,  font  gros  comme 
<Jes  dogues,  ils  fe  tiennent  prefque  toujours  dans  iVaii, 
ne  s'ccartant  jamais  du  rivage  de  la  mer.  Ces  animaux 
•rampent  plus  qu'ils  ne  marchent ,  car  s'étant  élevés  de 
l'eau,  ils  ne  font  plus  que  glifTer  fur  le  fable  ou  fur  la 
va(è.  .  .  .  Les  femelles  font  leurs  petits  fur  àss,  rochers 
eu  fur  de  petites  lies  près  de  la  mer.  Ces  animaiK 
vivent  de  poifîôns;  ils  dierchent  les  pays  froids, 
Voydgf  fie  la  Hontwt^,  ir/rie  U,  pnge^j,  — S'élevant 
par  un  bout  à  la  faveur  de  leurs  n  'geoires ,  6c  tirani 
leur  derrière  fous  eux,  ils  fc  rebondiflènt  par  manière 
de  dire ,  &  jettent  le  corps  en  avant ,  tirani  leur 
derrière  après  eux,  fe  relevant  enfuite  &  fautant  en- 
core du  devant  alternativement,  ils  vont  &  viennent 
de  cette  manière  pendant  qu'ils  (ont  à  terre.  Vij^n^i 
ds  BuNifier,  tome  J,  pfirc.  j  j^m 


des  Pîïoques,  &c,  279 

Blême  fur  un  glaçon,  quoique  rapide  & 
glifîam  (f).  Il  marche  aufli  beaucoup 
plus  vite  qu'on  ne  j)ourroit  l'imaginer, 
&  fouvent  quoique  blefle  il  échappe  par 
la  fuite  au  chafleur  (g). 

Les  phoques  vivent  en  fociété  ,  ou 
du  moins  en  grand  lUorabre  ,  dans  les 
mêmes  lieux;  leur  climat  naturel  ell  le 
Nord,  quoiqu'ils  ;puifl^nt  vivre  auffi  dans 
les  Zones  tempérées ,  &  même  dans  les 
climats  chauds;  car  on  en  trouve  quel- 
ques-uns fur  les  rivages  de  prefque  toutes . 

(f)  Les  veaux  marins  ont  des  dents  très  -  tran- 
chantes avec  lefqudles  ils  couperoient  un  bâton  de 
la  groflèur  du  bi'as ,  quoiqu'ils  paroiflènt  boiteux  du 
train  de  derrière,  ils  grimpent  fur  les  glaçons  où  ils 

dorment Les  veaux  marins  qui  habitent  fur 

les  rivages  font  plus  gras  6c  donnent  beaucoup  plu* 
d'huile  que  ceux  qui  habitent  fur  les  glaces >  .  .  .  .• 
L'on  trouve  quelquefois  les  veaux  marins  fur  des 
glaçons  fi  élevés  ér  fi  efcarpés  qu'il  eft  étonnant 
comment  ils  ont  pu  y  monier ,  6c  on  les  y  voit 
fouvent.  accrochés  ^u  nombre  de  vingt  ou  trente.. 
Defcription  de  U  yêcke  de  l^  JSakiHe^  par  ^orgdrûger^ , 

( g  )  Je  donnai  plufieurs  coups  d'épée  à  un  veau 
marin ,  qui  ne  l'empêchèrent  pas  de  courir  plus  \  îte 
que  moi ,  &.  àt  ^t  jeter  dans  l'eau  ,  .d'où  je  ne  le  vis 
plus  rcfortir.   Ruue'U  des  v»^a^K  Wu  Nord,  tmt  JJ» 


V 


2  8b         mjloire  Naturelle 

les  mers  de  l'Europe  &  jufquc  dans  h 
Méditerranée  ;  on  en  trouve  auifi  dans 
les  mers  méridionaies  de  l'Afrique  &  de 
l'Amérique  (h);  mais  ils  ibnt  infiniment 
plus  communs ,  plus  nombreux  dans  les 
mers  lèpientrionaies  de  TA  fie,  de  l'Eu- 
rope (i)  &    de  l'Amérique ,   &  on  les 


lii,      «  *  \« 


'  •  (h)\\^  z  beaucoup  dfe  veaux  mnrhis  dans  les  parties 
feptcntrionaies  de  l'Europe  &  de  T Amérique,  t^^^x^ 
les  parties  méridiomles  de  l'Afrique ,  comme  aux  en- 
virons  dû  cap  de  Bonne -efpérancc  &  au  détroit  de 
JWageHan,  &  quoique  je  n'en  aie  jamais  vu  dans  les 
Indes  occidentales  que  dans  la  baye  de  Campcclic, 
ii  y  en  a  néanmoins  fur  toute  la  côte  de  ia  mer 
méridionale  de  i*A  mérique  y  depuis  la  terre  dcl 
Fuego  jufqua  la  ligne  équinoxiale^  mais  du  côté  du 
nord  de  la  ligne,  je  n*et)  ai  jamais  vu  qu'à  vingt  un 
degrés  de  latitude:  je  n'en  ai  jamais  vu  non  plus 
da'ns  les  Indes  orientales.  Voyage  dt  Oampier,  tome  1, 
jhige  1 1  S, 

(i)  In  mari  Bothnico  &  Finnico  mnxlmn  vitulormi 
ntarinorum  five  phccarum  multitudo  reyeritur.  Olaï  Magni, 
de  Cent,  ftpî,  pag,  t6^,  — On  trouve  dans  le 
Groenland  beaucoup  d'e  Maux  marins  fur  la  côte  de 

l'otiefl  ♦  on  en  trouve  peu  vers  le  Spitiberg 

Les   plus  grands    veaux    marins    ont   ordinairement 
depuis   cinq    jvfqu'à   huit   pie^   de   long ,    &   leur 
graiffe  fournit  la  meilleure  huile.  ......  comme  ils 

(é  plaident  autant  fur  la  glace  que  fur  terre ,  l'on  eu 
iFoit  àt&  troupeatfl  de  cent  raffenablés  fur  un  même 
glaçon 1 1  *,  I  L'endroit  où  l'on  prend  les  veaux 


■•p.  '\i' 


lans  la 
i  dans 
&  de 
nimem 
ans  les 
:  l'Eu- 
oli  les 

les  parties 
' ,  éi  daiK 
e  aux  en- 
détroit  de 
u  dans  les 
)ampcclie, 
le  ia  met 

terre  k\ 
lu  côté  du 
Jà  vingt  un 

non  plus 
ïer,  tome  1, 


v'ituîorm 
Ai  Magni, 
dans  le 
la  côie  de 


^-e 


inairemeiM 

,    èk   leur 

comme  Ils 

•e  ,  l'on  ci\ 

un  même 

d  les  veaux 


^         ifej  Phoéjues ,  &c*         281 

retrouve  en  auffi  grande  quantité  dans 
celles  qui  font  voilines  de  l'autre  pôle 
au  détroit  de  Magellan  y  à  i'ile  de  Juan 
Fernandès,  &c.  (kj.  Il  paroît  feulement 
que  refpèce  varie,  &  que  jfelon  les  diffé- 
rens  climats  elle  change  pour  la  grandeur, 
la  couleur  &  même  pour  la  figure;  nous 
avons  vu  quelques  -  uns  de  ces  animaux 
vivans ,  &  Ton  nous  a  envoyé  les  dé- 
pouilles de  plufieurs  autres;  dans  le  nom- 
bre ,  nous  en  avons  choifi  deux  pour  les 
£iire  delîlner;  le  premier  efl  le  phoque 
de  notre  océan  ,  dont  il  y  a  plufieurs 


....  f  *■■ 


■  >"./■» 


marins  tdi  principalement  entre  !e  roixante-quAtorzième 
&  le  foixante-dix-fèptiènic  degré  fur  iti  iiiière  ^t$ 
glacc5  de  i'ouefl.  On  en  prend  aufTi  beaucoup  an- 
nuellement dans  le  détroit  de  Davis  &  près  èc  ia 
ZcmWe.  Dtft.rlption  de  la  yiche  de  la-  Baleine ,  fat 
Corneille  Zorgdraef' ^inemh.  »750,  volume  I,"  \n-/^^ 
j>(ige  I p2i  tramii  de  l'Allemand,  par  M%  le  Mar^nii 
à  Montmirml, 

fA)   Au  mois  de  novembre,  les  chiens  marins 

(  riiocasj  (c  rendent  fui'  l'île  de  Juan  Fcrnnndès  pour 
y  faire  Icui.s  petit?,  iU  Ibnt  alors  de  fi  mauvaife  humeur 
que  bien  loin  de  fe  retirer  à  l'approche  d'un  homme 
ils  fe  jettent  fur  lui  pour  le  monirc,  quow|u*il  foit 

armé  d'un  bâton Le  rivage  en  efl  ciivelnuefors 

tout  couvert  à  plus  d'un  dcmi-millc  h  hi  ronde.  Vo^a^t 
(le  Woodi'S  Rogcvs ,  tome  /,  page  206% 


\2  8:2         Hijiom  Naturelle 

variétés  ;   nous  en  avons  vu  un  ,  dont  les 
proportions    du  corps  paroifloient  diffé- 
rentes, car  il  avoit  le  cou  plus  court ,  le 
corps  plus  alongé  &  les  ongles  plus  grands 
que  celui  dopt  nous  donnons  la  'iigure; 
mais  ces  difîSences  ne  nous  ont  pas  paru 
aÛez  eonlidérables  pour  en  flrir€  une  ef- 
:pèce  diftinde  &  féparée.  Le  fécond  qui 
-cû  k  phoque  de  la  Méditerriu^ée  &  des 
mers  du  Midi ,  &  que  nous  préfumons 
être  le   phoca  des   Anciens ,   paraît  être 
d^unc;  autre   efpèce  ,   car   il  diflFère  des 
autres  par  la,  qualité  >&  la  couleur  du  poil 
qui  elt  ondoyant  &  prefque  noir,  tandis 
qiie  le  poil  des  premiers  eft  gris  &  rude, 
il  en  diffère  encore    p»iir    ia    forme  des 
.*leiits  i&   par  celle  des  oreilles  ;   car  il  a 
une  erpèoe  d*oreilIe  externe,  très -petite 
à  la  vérité,  âi^  lieu  que  les  autres  n'ont 
'que  le   trou    auditif   fiins    apparence  de 
conque  ;  il   a,  auffi    les    dçnts    incifives 
'  tierminces  par  deux  pointes ,  tandis  que 
les   deux    autres    ont    ces   niênjes   dents 
incifives  unies  &  tranchantes  à  droit  fil 
•'lé'ommc  celles  du  chien  ^  du  loup  &  de 
t^oiis  IjES  autres  quadrupèdes  ;  il  a  encore 
fc  bras  fuucs  plus  bas,  ccft-rà-dire,  pluî 


l\ 


V  :     Jes  Phoques',  ^â'e,         ^8  j 

en  arrière  clii  corps  que  les  autres ,  ■  qui 
les  ont  places  plus  en  avant  ;  néanmoii^s 
ces  dUconvenances  ne  foûjt  pçuj-être  ,qiie 
des  variétés  (Jëpen5dantes4iï  cliipat,  &  npfi 
pas  des.  différences  fpi^içjfiques  »  a|t^<(ii 
que  dans  les  mêmes  iiewç  ;,  &  iur  -  tOi|t 
dans  ceux  où  ces  aniraaujt  abondent,  on 
en  trouve  de  plus  grands ,  ide  plus  .petits;, 
de  pilus  ;gros  ,  de  pl»%  mi>>ce§  ,  ;&j  de 
couIe*ir  ou  de  poiii  difS^ent,..^vW  {{e 

''v///  ^^*:hîes  Ut' hoMm  ^  e^uo  fie  qno^évhah  fihmka 
>ê€eif)  V  iiiï  A'Ugni ,  de  ^Gerft.  fept.  fagt\  \t^j» 
—  Lw  «'caux  marins  font  «ouverts  de  poils  courts 
&  de  ciiflfiérentcs  coiJeurs,  îes  uns  font  noirs  &  blancs» 
que!(|u'e5-uris  jaunes,  d*àu très' gris ,  &  on  en  vbîé^tte 
rougrt*  Defcripùon  fié  Ai  pkkeMe  /a  '  Rikitttr'  ^fknr 
Zorgdrnger ,  page  i g  t ,  — Près  de  la  baye  Saint- 
Alaihias.  fur  les.  tcrres'  Magcllanic]i;es,  n«|4s  d^(^U-< 
vriiwes  deux  îles  pleints  dç  loups  .marins,  çn  fi 
grand  nombre ,  qu'il  n\iuroit  pas  fallu  deux  heures 
pour  en  remplir  nos  cinq  vaifleaupf;  ils  font  de  iii 
taille  d'un  vcay  <Sc  de  diverics  couleurs.  Hijloire  des 
Navigations  aux  terres  Aujlrales.  Paris,  t y^6 ,  in-4.* 
tome  1,  /mgf  1  zj,  -—Les  veaux  marins  de  Spit^bierg 
nom  pas  iji  tête  faite  tous  de  la  mcme.Jàçon,  lejs  uns 
l'ont  piqs  ronde  ,  les  auires  plus. longue  &  plus  de^ 
V'harnce  aq  .T  dcflôus  du  mu  (eau.  ,  . .  1 . ,  Ils  font.  au(|i, 
de  diverfes  couleurs ,  &  marquetés  comme  les  tîgrcsjji 
Jcsuus  font  «l'un  noir  taçhç^ç  de  blaïKi  queluues-.Mni 


«      V 


284         '  Htfloke  Naturelle 

.  C'cfl  pai;  une  convenance  qui  d*abôfd 
paroît  afîez  légère  i  &  par  quelques  rap- 
ports fugitifs  que  nous  avons  jugé  que 
ce  (ècond  phoque  étoit  ie  phoca  des 
Anciens;  on  nous  a  afTuré  que  l'individu 
que  nous  avons  vu  venoit  des  Indes,  & 
il  eft  au  moins  très-probabie  qu'il  venoit 
des  mers  du  Levant;  il  étoit  adulte, 
puifqu'il  avoit  toutes  les  dents;  il  éroit 
d'un  cinquième  moins  grand  que  les 
phoques  adultes  de  nos  mers,  &  des  deux 
tiers  plus  petit  que  ceux  de  la  mer  gla- 
ciale ;  car  quoiqu'il  eût  toutes  Tes  dents, 
il  n'avoit  que  deux. pieds  trois  pouces  de 
longueur,  tandis  que  celui  que  M.  Parfons  j 
a  décrit  ai  deffiiié   avojt   fept  pieds  &| 


jaunes,  quelques-uns  gris  &  d'autres  rouges 

Ils  n'ont  pas  tons  In  prunelle  de  Tceil  d'une  mêmel 
couleur,  les  uns  l'ont  d'une  couleur  criOaline,  i(i| 
autres  blanche,  les  autres  jaunâtre  &  les  autres  roti- 
geâtre.  Recueil  des  voyages  /^  Nord,  tome  II,  page  i  il\ 
&  fuivantes*  —  La  peau  du  veau  mirin  cft  couvcrfe 
d'un  poil  ras  de  diverfcs  couleurs  j  il  y  a  dé  ces  ani. 
maux  qui  font  tout  blanct ,  &  tous  le  (ont  en  naifTint,  | 

3uelquesuns  à  mefure  qu'ils  croifTent  deviennent  noir», 
'rtutres  roux ,  pUifieurs  ont  toutes  ces  couleurs  en- 
femble.  Hifioire  de  !a  NjuvelU  Ftiince,  par  Charltm,\ 
tomt  111 ,  jmge  /^/.''  ;- »".*.. -^    . 


que  les 
es  deux 
ner  gla- 
i  dents, 
)uces  de 
Parfons 
pieds  & 

me  même 
liialine,  i« 
lutres  roiv 
jtagc  ni 
Ift  couverte 
Ac  ces  ani' 
;n  nrtifTint, 
ment  noir^ 
ileurs  en- 
ICharlem, 


des  Phoques ,  &c.         285 

demi  d'Angleterre,  c*eft-à-dire ,  environ 
fept  pieds  de  Paris ,  quoiqu'il  ne  fût  pas 
adulte ,  puifqu'il  n'avoit  encore  que  quel- 
ques dents  :  or   tous  les  caraAères  que 
les  Anciens   donnent  à   ieur  phoca ,  ne 
défignent  pas  un  animal  auffi  grand ,  & 
conviennent    à    ce   petit   phoque    qu'ik 
comparent    (bu vent    au    caftor   &   à   la 
loutre ,  lefqucls  font  de  trop  petite  taille 
pour    être    comparés    avec    ces    grands' 
phoques  du  nord  ;   &  ce  qui  a  achevé 
de  nous  perfuader  que  ce  petit  phoque- 
eft  le  phoca  des  Anciens ,  c'eft  un  rap- 
port qui,  quoique  faux  dans  Ton  objet, 
ne  peut    cependant   avoir    été   imaginé 
que  d'après  le  petit  phoque   dont  il  eft 
iciqueftion,  &  n'a  jamais  pu  en  aucune 
iinanière  avoir  été  attribué  aux  phoques 
de  nos  côtes  ,    ni  aux  grands  phoques 
lu  nord.    Les  Anciens,   en  parlant  du 
i^(?f^z,  dilent  que  fon  pôil  eft  ondoyant, 
Se  que   par    une    fyiliptithîe  natui^eHè  il 
fuit  les    mouvemens    de    la    mer  ;   qu'il 
fe  couche  en  arrière  dans  fë  temps  que 
la  mer  baifTe ,   qu'il  fe  relève  en.  avant 
prfque  la  mafée  monte  ^m),  &.  que  cet 
(mj  Pilks  eorum  tticm  dctraflas  corjMri /enjum  aqm*. 


l 


2:<^'6^         M'iftoke  Naiurcîlêv^ 

effet  fî^giriièr    fiibfifte    même'  claiist  f^ 


peaux  '  lorig-tenïps  î^rès  qu'elles  ont  été 
eiîtevées^'&  (eparées  de  I*animal  r  or  l'on 
li'a    pu   imaginer^  ce    rapport    ni    cette 
propriété  <iarts  les  phoques  de  nos  côtes, 
-jîip  dans'  ceux  du  nord ,  puifque  Je  poil 
&'d<ii  uh$,  ôc  des  iautBes  eft  court  &.roi<{e, 
elle    cokv iént  au    eomr aire   en  >  ^  quejque 
^^àh  à'  ctef  petit?  f^t)que  dont:  ie  poii  eft 
ofndoyànt  &  beai«?oup  piusi  fouple  &  plus 
long  que  c?eliUi  des  aiures-;  en.  général  \t% 
jyhoqttes  dès  aners  ftléfidionales-ontie  poii 
îre^ùcôup  pKB  fiil^  &'  plus  doux  h)  que 
ceùk'  dés^îners   feji>tentripiiaîes  ;  d'ailleurs 
Cîirvdan'^ditalffiprrtatïve^ient  (o),  o^ç.  cette 

rilnf'hi}kere''Wa(tûnt  fi^éfafl^  reeeStrt  înk. 

ft/eerci  Plin.  Hifi*  mu  lib.  IX,  cap.  xill.  —  Severinuj 
dit) avoir  vu  ce  miracle,  mais  il  l'exprime  avec  tant 
d'exagération,  qu'il  en  eft  m«ins  croyable;  il  dit,  quel 
qtiifid- le' veni:du  ftptentrîon  '(ouÛ]e','Aài  polkiqui  s'é->\ 
toibwc cle^ës'  «w  iVentj  ,dM <  midi  j  fe  c^uch^if  teil^cnt.f 
cju'ils  »  ^erablent  dif paroître.  A'Iemqi/cs  jiour  jervir  *  [ 
l'Hifloire  des animdux,  ^tartie-l,  page  t^j, 

.  (m)  Les  veaux  ^apirvs  de  l'île  de  Juan  Feriiandès  >  ont  1 
lyiç  Tourriire  fi  fine  ^  ft  courte  que  je  n'en  ai  vu  def 
pareille  nulle  part  ailleurs,  Vo^ûge  t/e^  Damfiir ,  tom  U 
pagejiS,  ''\r^-\AJi<  ■'■      -  /rî-ji     ?  ') 

"  (^)Cv(hh»  Ji  pnlitate,  lib.  X.  ''^^'  '^^  •  - 


propriet 
a  été  trc 
ner  à  ci 
foi  qu'if 
que  c'efi 
tffct  arri' 
dans  le  / 

phénomè 
&  les  M 
attribué  Y 
mer.  Qu< 
nous  ven 
pour  qu\;> 

phoque  ei 

<i  aufîi  to 

que  Rond 

^éditerrm 

proportion 

le  phoque 

dont  M: 

&  la  figui 

Wement  dl 

être   d'uiK 

autres,  pi 

point  de 

"e  lai/Ibit 

/W  Kond< 


Jes  Phoques ,  dxe»         2.87^ 

propriété  qui  avoit  pafTé  pour  fabuleuic . 
a  été  trouvée  réelle  aux  Indes:  fans  dbiî-> 
ner  à  cette  aflertion  de  Oir^im  plus  d«) 
foi  qu'ii  ne  faut,  elle  indique  au  moins, 
que  c'eft  au  phoque  des  Indes  que -cctri 
effet  arrive;  il  y  a  toute:  apparence  que) 
dans  le  fond  c-  11'       autre  chofè  qi  la  „ 
phénomène  éleétriqut ,  doiit  les  Ancien»-. 
&  les  Modernes,  ignoixim^  la.  çauiè.,  ont: 
attribué  l'effet  au  flux  &  au  reflux  de  la 
mer.  Quoi  qu'il  en  foit ,  les  raiibns'  qiie 
nous   venons    d'expoicr   font   fuflilantçs 
pour  quVn  puifl^e  préfumer  qire  ce  petit ^ 
phoque  efl:  le  phoca  àes  Anciens,  &  il  y;' 
a  aufli  toute  apparence  que  c'efl:  celui, 
que  Rondelet  fpj  appelle  P;^oca  de  la 
Méditerranée ,  lequel  (èlon  lui  a  le  corps  à  ' 
proportion  plus  long  &  moins  gros  que 
le  phoque  de  l'océan.  Le  graiid  phoque,  : 
dont  M.'  Parfons  a  donné  les  dimenfioh$  * 
&  la  figure  ,  &   qui'  venoit  vraifembla-; , 
hlement  des  mers  lèptentrionales ,  paroît» 
être   d'une    efpèce    différente  ^qs    deux- 
autres ,  puifque  n'ayant  encore  prefque 
point  de  dents  &  n'étant  pas  adulte ,  il 
ne  laifl^oit  pas  d'être  plus  que  double  «a 
(^)  Rondelet,  de  Pi/dbus,  (îïiî  XVï.    "  ";^;, f,  / 


2 88  Hifloire  Néjturelîe^ 

grandeur  dans  toutes  fès  dimenfiohs ,  & 
qu'il  avoit  par  conféquent  dix  fois  plus 
de  volume  &  de  mafîê  que  les  autres. 
M.  Parfons,  ainfi  que  l'a  très -bien  re- 
marqué M.  Klein,  (q)  ^  dit  beaucoup 
de  cho^s  en  peu  de  mots  au  fujet  de  cet 
animai;  comme  (es  obfèrvations  font  en 
Anglois,  j*ai  cru  devoir  en  donner  ici  la 
tradudion  par  extrait  (r), 

(q)  K\àn  ,  Je  qttaJ.  fSig,  <)l,  >   ,  ;>     } 

(r)  Ce  veau  marin  (c  voyoît  à  Londres  en  Charlng 
crflff,  au  nnois  de  février  174-2-j  ...*...  Les  figures 
données  par  AIdrovande,  Jonfton,  &  d'autres  étant 
de  profil ,  nous  jettent  dans  deux  erreur5  ;  la  pre- 
mière ,  c'eft    qu'elles    font    paroître    le    bras  ,  qui , 
cependant  n'efl  pas   viHble  au  dehors  dans  quelque 
pofition  que  foit  l'animal  ;  la  féconde  ,  c'efl  qu'elles 
repréfentent  les  pieds  comme  deux  nageoires ,  tan- 
dis que  ce  font  deux   vrais   pieds   avec   des  mem- 
branes Si  cinq  doigts  Si  cinq  ongles ,  &  qua  les  doigts 
font  compofés  de  trois  articulations.   Les  ongles  des 
pieds  de  devant    fort    grands   &    larges  ;  ces  pieds 
font  affez  femblabies  à  ceux  d'une  taupe  ;   ils  pa- 
roiffent  faits  pour  ramper  fur  la  terre  fk  pour  nager  : 
il  y  a  une  membrane  étroite  entre  chaque  doigt  ; 
n^ais  les  pieds  de  derrière  ont  des  membranes  beau- 
coup plus  larges  ,    Si  ils  ne  fervent  à  l'animal  que 

pour  ramer  dans  l'eau Cet  animal  étoit 

lismeMe,  ôc  mourut  le  feizicme  février  174.2-5.  il 
avoit  autour  de  la  ^gueule  de  grands  poils  d'une 
lubfhnce  uranfj^rcnte  &  cornée.  Ses  vifccres  étoicnt 

comme 


wrVo 

tjuî  feir 
autres.  \ 
du  Lev 

comme  il 
les  reins, 
les  gros  vj 
de  la  génc 
rate  avoit 
large  ,    & 
de  fîxfobei 
<"omme  la 
le  coeur  éto 
Un  trou  ov 
fort  grande 
environ  qu; 
chans  &    a 
choifis  pour 
de  fa   marri 
cornes  qui 
Les  ovaires 
matrice  étoii 
des  ovaires. 
aiifTi  -  bien 
moî^  même 
vivipare,  i 
mulculeufè 
pieds  &  dei 
point  de  de 
trous  régulièi 
du  nombril 
qui  devoien 
n.'  469,  p 

Tome 


■y 


des  IHioquès,à'c*         l8p 

Voilà  <ioiic  trois  cfpèces  de*  phoques 
qui  femblent  être  différentes  lès  unes  des 
autres.  Le  petit  phoque  noir  des  Indes  & 
du  Levant,  le  veau  marin  ou  phoque  de 

eomme  ii  fuit;  les  e(lomacs,  les  inteflins,  fa  vefUe^' 
les  reins,  les  uretères,  le  diaphragme,  les  poumons  « 
les  gros  vaifleaux  du  fang  &  les  parties  extérieures 
de  la  génération  étoient  comme  dans  la  vache  ;  la 
rate  avoit  deux  pieds  de  long  ,  quatre  pouces  de 
large  ,  6c  étoit  fort  mince  ;  le  foie  étoit  compofé 
de  fîx  lobes,  chacun  de  ces  lobes  étoit  long  &  mince 
<;omme  la  rate;  la  véficule  du  fiel  étoit  fort  petite, 
le  coeur  étoit  long  &  mou  dans  fa  contexture>  ay^ 
un  trou  ovale  fort  large,  &  les  colonnes  charnues 
fort  grandes.  Dans  l'eftomac  le  plus  bas,  il  y  avoit 
environ  quatre  livres  pefant  de  petits  cailloux  tran- 
chans  éc    anguleux  ,    comme  fi  lanimal    les  avoit 

choifis  pour  hacher  fa  nourriture Le  corpg 

de  la  matrice  étoit  petit  en  comparaifon  des  deux 
cornes  qui  étoient  très -grandes  &  très-  épaiflcs.  .  , 
Les  ovaires  étoient  fort  gros  ,  &  les  cornes  rie  la 
matrice  étoient  ouvertes  par  un  grand  trou  du   côté 

des  ovaires.  Je  donne  la  figure  de  ces  parties 

auflTi  -  bien  que  celle  de  l'animal  que  j'ai  defliné 
raoi"^  même  avec  le  plus  grand  foin.  Cet  animai  ert 
vivipare,  il  allaite  fes  petits;  fa  chair  eft  ferme  & 
mufculeuiè  \  fl  étoit  fort  jeune  quoiqu'il  tiw  fept 
pieds  &  demi  de  longueur ,  car  il  n'avoit  prefquc 
point  de  dents  6c  il  n'avoît  encore  que  quatre  petits 
trous  régulièrement  placés  &  formant  un  carré  autour 
du  nombril,  c'étoit  les  vefiiges  des  quatre  mamelles 
qui  dévoient*  paroître  avec   le  temps.  TranJ,  Phif», 


n.-  4.69,  P^"  3^^  ^  3^6% 

Tome  XL 


N 


(  '.• 


^    ■  %  f 


s.  9  o         Hïfloire  ^(ntmeîie 

nos  mers ,  &  k  grand  phoque  des  mers 
<Ju  Nord  ,  .&  c'ell  à  la  première  efpècç 
qiiM  faut  rapporter  tout  ce  que  ies  An^ 
çiens  ont  écrit  du  phaca.  Ariftote  con-» 
noiffoit  aiïcz  bien  cet  animal ,  lorfqu'il  a 
dit  qu'il  çtoit  d'une  nature  ambiguë  & 
ïnoyenne  «entre  }es  animaux  aquatiques  ^ 
terreftres  ;  que  c'efl:  un  quadrupède  im- 
parfait &  manchot  ;  qu'il  n'a  point  d-o- 
tciiles  externes ,  mais  feulement  des  tfous 
très  -  apparens  pour  entendre  ;  qu'il  a  Li 
langue  fourchue ,  des  mamcjies  &  du  lait , 
&  une  petite  queup  comme  un  cerf:  inai§ 
ÎI  ppoît  qu'il  s'eft  trompé  en  afTurant  que 
cet  anima]  n'a  point  de  fiel  ;  il  eft  certain 
qu'il  en  a  au  moins  la  véfiçule  :  M.  Par- 
fons  y  dit  à  la  vérité  ,  qup  \\  véficule  di| 
fiel ,  dans  le  grand  phoque  qu'il  a  décrit , 
ctoit  fort  petite  ;  mais  M.  Daubenton  ;i 
trouvé  dans  notre  phoquç  qu'il  a  di(îcT|ué, 
une  véficule  dj.i  fijel  proportionnée  à  la 
grandeur  du  foie;  &  M/*  de  l'Académie 
des  Sciences,  qui  ont  aufîi  trouvé  cette 
yéficule  du  fief  dans  Iç  phoque  qu'ils  opt 
décrit  ,  ne  difent  pas  qu'elle  fut  d'uiiQ 
pctiteiïè  remarquable. 

Au  re(tc ,  Ariftotç  m  pouvojt  avQiç 


\ks  Phoques,  &c.        1 9  ï 

aucune  connoiflànce  des  grands  phoques 
des  mers  glaciales ,  puifque  de  l'on  temps 
tout  le  nord  de  l'Europe  ôc  /le  i'Afie 
étoît  encore  inconnu;  les  Grecs  &  même 
les  Romains  regardoient  les  Gaules  &  la 
Germanie  comme  leur  nord  :  les  Grecs 
fur  -  tout  connoiflToient  peu  les  animaux 
de  ces  pays  ;  il  y  a  donc  toute  vrailem- 
blance  qu'Ariftote,  qui  parle  du  phoca 
comme  d'un  animal  commun,  n'a  entendu 
par  ce  nom  que  le  p/ioca  de  la  Méditer^ 
ranée,  &  qu'il  ne  connoifToit  pas  plus  les 
phoques  de  notre  Occfan  que  les  giands 
pho«(ues  des  mers  du  nord.  *."!  r 

Ces  trois  animaux ,  quoique  dîfîerens 
par  l'efpèce ,  ont  beaucoup  de  propriétés 
communes  ,  &  doivent  être  regardes 
comme  d'une  même  nature.  Les  femelles 
mettent  bas  en  hiver;  elles  font  leurs  petits 
à  terre  fur  un  banc  de  (àble ,  fur  un  rocher 
ou  dans  une  petite  île  &  à  quelque  dif» 
tance  du  continent  ;  elles  fe  tiennent  af- 
fifes  pour  les  allaiter  fj^,  &  les  nounilîcnt 


{fj  Quand  les  veaux  marins  (ont  en  mer ,  kurs 
pieds  de  dcnicre  leur  fervent  de  queut  pour  najrer , 
&  à  terre  de  fiége  quand  ils  donnent  à  têlcr  à  leurs 
petils»  Voyage  Je  Damvier,  tome  1 ,  page  117, 

Ni/   :. 


s. pi         Hîfloïre  f'iaturelk 

v^infi  pendant  douze  ou  quinze  jours  Jaiig 
.l'endroit  où  ils  font  nés  ,  après  quoi  la 
mère  emmène  iès  petits  avec  elle  à  la  mer, 
ou  elle  leur  apprend  à  nager  &  à  cher- 
cher à  vivre  ;  elle  les  prend  Tur  ion  dos 
Jorfqu'ils  font  fàdgués.  Comme  chaque 
portée  n'elt  que  de  deux  ou  trois ,  lès 
foins  ne  font  pas  fort  partagés  ,  &:  leur 
rcducation  eft:  bientôt  achevée  :  d'ailleurs 
.ces  animaux  ont  naturellement  afîez  d'in- 
telligence &  beaucoup  de  fentiment  ;  ils 
s'entendent  ,  ils  s'entrc-aident  &  fe  fecou- 
jent  mutuellement  ;  les  petits  reconnoifîent 
leur  mère  au  milieu  d'une  troupe  uom- 
breulê  ;  ils  entendent  fi  voix  ,  &  dès 
qu'elle  les  appelle ,  ils  arrivent  à  elle  fins 
sfe  tromper  (t).  Nous  ignorons  combien 
de  temps  dure  la  geftation  ;  mais  à  en 
juger  par  celui  de  raccroifïèment ,  par  la 
<Jurée  de  la  vie  &  aufîî  par  la  grandeur 
de  l'animal  ,  il  paToît  que  ce  temps  doit 
.être  de  plufieurs  mois ,  &  l'accroiiîèmem 
étant  de  quelques  années ,  la  durée  de  fa 
vie  doit  être  afîèz  longue  ;  je  fuis  même 
très-porté  à  croire  que  ces  aninwux  vivent 
jjeaucoup  plus  de  temps  qu'on  n'a  pu 
(t)  Voyage  de  Dampier  ,  fom  1 ,  j^t^c  i  ig. 


des  Phoques,  &c*  2p  3' 

robfèrver,  peut-être  cent  ans  &  davantage  : 
car  on  lait  que  ies  cétacées  en  général- 
vivent  bien  plus  Iong:-tcmps  que  les  ani- 
maux quadrupèdes ,  &  comme  ie  phoque 
fait  une  nuance  entre  les  uns  &  les  autres, 
il  doit  participer  de  la  nature  des  premiers,^ 
&  par  conféquent  vivre  plus  que  ies  der- 
rîiers.-  ^  •  -'  •'-■  î'-'- •  /  .  •*'  --  ^  m 
La  VOIX  du  phoque  peut  ft  comparer 
à  i*aboiement  d*un  chien  enroué  :  dans 
le  premier  âge  ,  il  fait  entendre  un  Cki 
plus  clair ,  à  peu  -près  comme  le  miaule- 
ment d*un  chat;  ies  petits  qu*on  enlève  à 
leur  mère  miaulent  continuellement ,  &  fe 
ïaifïènt  quelquefois  mourir  d'inanition  plu- 
tôt que  de  prendre  la  nourriture  qu'on  leur 
offre.  Les  vieux  phoques  aboient  contre 
ceux  qui  les  frappent,  &  font  tous  leurs 
efforts  pour  mordre  &  fe  venger  ;  en  gé* 
néral  ,  ces  animaux  font  peu  craintifs  \ 
même  ils  font  courageux.  L'on  a  remarqué 
que  fe  feu  des  éclairs  ou  ie  bruit  du  ton* 
ncrre ,  loin  de  les  épouvanter ,  feni',* .  les 
recréer;  ils  fortent  de  l'eau  dans  la  tem- 
pête ;  ils  quittent  même  alors  !..  urs  gla- 
çons pour  éviter  le  choc  des  vagues ,  &  ils 
vont  à  terre  s'aniufer  de  l'orage  &  recevoir 

N  11; 


V'i 


294.         Hifloîre  Naturelle 

h.  plure  qui  les  réjouit  beaucoup.  Ils  ont 
naturellement  une  mauvaile  odeur ,  &  que 
Ton  fcnt  de  fort  loin  lorfqu'ils  font  en 
grand  nombre  :  ii  arrive  (buvent  que  quand 
on  les  pourfuit  ils  lâchent  leurs  excrémens, 
qui  font  jaunes  &  d'une  odeur  abomi- 
nable; ils  ont  une  quantité  de  fàng  pro- 
digieufe  ,  &  comme  ils  ont  aulli  une 
grande  (urcharge  de  graiflê ,  ils  font  par 
cette  raifon  d'une  nature  lourde  &  pef  mie  ; 
ils  dorment  beaucoup  &  d'un  fommeil 
profond  fu);  ils  aiment  à  dormir  au  foleil 
fur  des  glaçons ,  fur  des  rochers ,  &  on 
peut  les  approcher  fans  les  éveiller ,  c'eft 
îa  manière  la  plus  ordinaire  de  les  prendre. 
On  les  tire  rarement  avec  des  armes  à 
ffeu  ,  parce  qu'ils  ne  meurent  pas  tout  de 
fliiie  ,  même  d'une  balle  dans  la  tête  ; 
ils  fe  jettent  à  la  mer  &  font  perdus  pour 
ie  chaffeur  :  mais  comme  l'on  peut  les 
approcher  de  près  lorfqu'ils  (ont  endormis, 
ou    même  qutmd  ils  font  éloignés  de  la 

(u)    Nuflum  animal  gravîore  fonmo  premitur.  Pinnis 
gui/min  mari  utuntur ,  humi  ^uoe/ue  yedum  viceferpum; 

Jurfum  tUorfwiifjue  clnudicantium  more  fe  moventes 

Capitur  dormicns  vitulus  marinus  prafertim  humano  mueront 
fiia  profunttiffime  dortiiit»  Olaï  Magni ,  de  Cent,  fejiu 

V 


tlês  Phoques,  ê^ù  ip  } 

mer  ,  parce  qu'ils  ne  peuvent  Air  que 
très-lentement  ;  on  les  àfTomnse  e  coupJ 
de  bâton  &  de  perche  :  ils  font  très^ 
durs  &  très  -  vivaces  ;  «  ils  ne  meurent 
pas  facilement ,  dit  un  témoin  oculaire  ;  ce 
Car  quoiqu'ils  foient  monellemdnt  blefil's,  ce 
qu'ils  perdent  prélj|ue  tout  leur  lang  &  ce 
qu'ils  foient  même  éccrcht'S  j  ils  ne  et 
laifîent  pas  de  vivre  encore  ,  &  c'eft  et 
quelque  chofe  d'affreux  que  de  les  voir  ce 
fe  rouler  diuis  leur  lang.  C'ell  ce  c[ue  ce 
nous  obfèrvames  à  l'égard  de  celui  que  ce 
ilous  tuâmes  ,  &  qui  avoit  huit  pieds  ci 
de  long  ,  car  après  l'avoir  ecorcné  &  c< 
dépouillé  même  de  la  ])lus  grande  partie  c< 
de  (à  graifle ,  cependant  &.  malgré  tous  oc 
les  coups  qu  on  lui  avoit  donnes  lur  la  et 
tçie  &L  fur  le  muieau  ,  il  ne  iailîoit  pas  «c 
de  vouloir  mordre  encore  ;  il  laifit  même  <t 
une  demi-pique  qu'on  lui  préfenta  avec  ce 
prefqu'autant  de  vigueur  que  s'il  n'eût  ce 
point  été  blefle  ;  nous  lui  enfonçâmes  ce 
après  cela  une  demi-pique  au  travers  du  « 
cœur  &  du  foie  ,  d'où  il  foriit  encore  ce 
autant  de  fang  que  d'un  jeune  bœuf  ce» 
Recueil  des  voyages  du  Nord ,  tome  ÎI , 
fûge  i  ij  it  Jiiiv*  Au  »|fte ,  la  chaflcj^ 

N  iii)  ^ 


l-;^i 


'  rr" 


'ip  6  Hifloire  Naturelle 

©u  fi  XjBn  veut,  la  pêche  de  ces  animaux 
n'efl:  pas  difficile  &  ne  laifle  pas  d'être 
utile  ,  car  la  chair  n'en  efl:  paS  mauvaile 
à  manger  (x);  la  peau  (yl  fait  une  bonne 

{ X  )  hii  féconde  cfpèce  de  loups  marins  ( yhoque  ) 
efl  bien  plus  petite  que  la  pr&nière  (  rofniar  ou  vaclit 
tnarine  )  ;  ils  font  auflj  leuii*petits  à  terre  dans  ces 
Sics  (  du  Tonfquet ,  Amérique  feptenirionalc  )  fur 
ie  fable ,  fur  les  roches  &  pair  '  tout  où  il  fc  lrou\  e 
des  ances. . .  Les  Sauvages  ieur^^nt  )a  guerre  \  leur 
chair  efl  bonne  il  manger,  ils  en  tirent  de  riuiilc tiui 
«fl  un  ragoût  h  tous  leurs  fèftins.  Ces  loups  marins 
s'ccf louent  à  terre  en  toutes  (iiifons ,  &  ne  s'écartent 
guère  de  la  terre.  Dans  un  beau  temps  on  les  trouve 
fur  une  côte  de  fable ,  ou  bien  fur  des  rochers  où  ils 
dorment  nu  foltil . , ,  .  Il  y  a  ^f:^  endroits  où  il  itxi 
échoue  àiti.  deux  ou  trois  cents  d'une  bande. ,,,««. 

J!s  font  faciles  à  tuer Tout  ce  qu'ils  peuvent 

ïcndre  d'huile  ,  c*efl  environ  plein  leur  vcfTic  ,  dans 
îaqucllc  les  Sauvages  I»  mettent  a^^tcs  l'avoir  faif 
fondre  ;  cette,  huile  efl  bonne  à  manger  fraîche  è< 
pour  fricafTer  du  poifTon  ,  elle  cfl  encore  excellente  à 
brûler  ,  elle  n'a  ni  odeur  ni  fumée  ,  non  plus  que 
celle  d'olive,  ^  en  bariaue  elle  ne  laifle  ni  ordure  ni 
Jie  au  fond.  Defcription  de  l'Amérique  feptemrionakt  j^aY 
Denis  ,  terne  II ,  page  2jj, 

'  (y)   Le  veau  marin  a,  outre  fa  graifTe,  une  peut 
qui  fe  vend  trois ,  quatre  ou   cinq  fchclings ,  à  pro- 

J portion  de  fa  beauté  &  de  fa  grandeur.  Dejcripùm  de 
'a  pkhe  de  la  linkine ,  par  Zorgdarger ,  page  t  p  6, 
•—On  employoit  autrefois  une  gri^ndç  quantité  de 
|)çaux  de  loups  marins  à  faire  des  manchons  i  h  twà% 


des  Phoques,  &e*         iriy^ 

fourrure  ;  les  Américains  s'en  (èrvent  pour 
faire  des  ballons  f-^)  qu'ils  renipiiflent 
d'air  ,  &  dont  iis  fe  (èrvent  comme  de 
radeaux  :  i'on  tire  de  leur  graiiïe  une 
huile  plus  claire  ^  d'un  moins  mauvais 
goût  que  celle  du  mariouin  ou  des  autres 
cétacées.    •■■'  -i*  ^i'-"i  :;.:' ;.  >    ff3;  .o    .  ^^^-M 

Aux  trois  efpèces  de  phoques ,  dont 
nous  venons  de  parler ,  il  faut  peut-être  , 
comme  nous  l'avons  dit,  en  ajouter  une 
quatrième  dont  l'auteur  du  voyage  d'Anfon 
a  donné  la  figure  &  la  defcription  fous  le 
noiti  de  lion  marm;  elle  efl  très-nombre ufe 
fur  les  côtes  ^^ terres  Mngellaniques  & 
à  l'île  de  Juan  Fèrnandès  dans  la  mer  du 


_/ 


en  eft  paflec ,  &  leur  grand  ufagc  aujourd'hui  efl  de 
cxjuvrir  les  mallrs  &  Tes  coffres  :  quand  elles  font 
tannées  elles  ont  prefquc  le  même  grain  que  le  ma- 
Vttquin  ,  elles  font  moins  fines ,  mais  elles  ne  s  ccor- 
chent  pas  fi  aifément ,  &  elles  confervent  plus  long- 
temps toute  leur  fraîcheur  :  on  en  fiiit  de  très  -  bons 
fouliers  &  dea  bottine;» ,  qui  ne  prennent  jwint  l'eau  ; 
on  en  couvre  auffi  des  fiéges ,  dont  le  bois  efl  plutôt 
ufé  aue  la  couverture.  Hiftoire  de  la  Nouvelle  France  » 
par  le  Père  Charkpuix  ,  tome  ill»  page  t^y* 

(l)  Leur  peau  fert  à  faire  des  baIloc5  ou  baHons 
pleins  d'air  ,  au  lieu  de  bateaux.  Voyage  de  fre^Jer^ 
rage  ^/t       . 

N  V' 


t^ 


I    r- 


-■■* 


298  Hiflotre  Naîurelk 

fuel.  Ces  lions  marins  refîènibîent  mt 
phoques  ou  veaux  marins ,  qui  font  fort 
communs  dans  ces  mêmes  parages  ,  mais 
ils  font  beaucoup  plus  grands  ;  lorfqu'ils 
ont  jiris  toute  leur  taille  ,  ils  peuvent  avoir 
depuis  onze  jufqu'»i  dix  -  huit  pieds  de 
long  ,  &  en  circonférence  depuis  fept 
ou  huit  pieds  jufqu'à  onze.  Ils  Ibnt  fi 
gras  ,  qu'après  avoir  percé  &  ouvert  la 
peau  ,  qui  eft  épaiffe  d'un  pouce  ,  on 
trouve  au  moins  un  pied  dtf  graifîè  avant 
de  parvenir  à  la  chair.  On  tire  d'un  (êul 
de  ces  animaux  jufqu'à  cinq  cents  pintes 
d'huile  mefure  de  Paris;  ft^nt  en  mêmç- 
temps  fort  iîmguins;  ioinl|u'on  les  bleflè 
profondément  &  en  piufieurs  endroits  à 
îa  fois  ,  on  voit  par  -  tout  jaillir  le  (àng 
avec  beaucoup  de  force.  Un  feul  de  ces 
animaux ,  auquel  on  coupa  la  gorge ,  & 
dont  on  recueillit  le  (àng ,  en  donna  deux 
bariques  ,  (ans  compter  celui  qui  reftoit 
dans  les  vaifî'eaux  de  fon  corps.  Leur 
peau  eft  couverte  d'un  poil  court,  d'une 
couleur  tannée  claire,  mab  leur  queue  & 
leurs  pieds  font  noirâtres  ;  leurs  doigts 
font  réunis  par  une  membrane  qui  ne 
s'étend  pas  jufqu'à  leur  extrémité ,  &  qui 


Jts  Thoques,  &c,         2p() 

Aiiis  chacun  eft  terminée  par  un  ongle, 
JUs  diffèrent  des  autres  phoques  ,    non- 
feulement  par  la  grandeur  ^  ia  groffeur, 
mais  encore  par  d'autres  Ciiraâières  ;   les 
Dons  marins  milles  ont  une  efpcce  de  grofîè 
crête  ou  trompe  qui  leur  pend  du  bout 
de  la  mâchoire  fuperieure  de  ia  longueur 
de  cinq  où  fix  pouces.  Ccue  partie  ne 
fe  trouve  pas  dans  l'es  femelles  ,  ce  qui 
fait  qu'on  les  diftingue  des  mâles  au  pre- 
mier coup  d'œil ,  outre  qu'elles  font  beau- 
coup plus  petites.  Les  mâles  les  plus  forts 
fe  font  un  troupeau  de  plufieius  femelles, 
dont  ils  empêchent  ies  autres  mâles  d'ap^ 
procher.  Ces  animaux  font  de  vrais  am-, 
phibies  ;  ils  pafïênt  tout  l'été  dans  la  nierj 
&  tout  l'hiver  à  terre  ,  &  c'efl:  dans  cette 
fhifon  que  les  femelles  mettent  bas  ;  elles 
ne  produifent  qu'un  ou  deux  petits,  qu'elles 
allaitent ,  &  cfui  Ibnt  en  naifliiut  aufli  gros 
qu'un  veau  marin  adulte.-    -         f  --w  ' : 
Les  lions  marins,  pendant  tout  le  tempà 
qu'ils  font  à  terre,  vivent  de  l'herbe  qui 
croît  fur  le  bord  des  eaux  courantes ,  ^ 
le  temps  qu'ils  ne  paiffent  pas ,  ils  l'em- 
ploient à  dormir  dans  ia  fange  ;  ils  pa- 
afolfltnt  d'un  naturel  fort  pefant ,  &  lom 

Nv; 


1.' 


'300  Hifloki  Naturelle 

ibrt  difficiles  à  réveiller  ;  mais  ils  ont  îa 
précaution  de  placer  des  mâles  en  (ènti- 
nelle  autour  de  l'endroit  où  ils  dorment  y 
&  Ton  dit  que  ces  fentinelles  ont  grand 
foin  de  les  éveiller  dès  qu'on  approche. 
Leurs  crb  font  fort  bruyans  &  de  tons 
difFérens  :  tantôt  ils  grognent  comme  des 
cochons ,  &  tantôt  ils  hennifîênt  comme 
des  chevaux  ;  ils  fe  battent  fouvent ,  fur- 
tout  les  mâles  qui  fe  difputent  les  femelles, 
&  (è  font  de  grandes  bleffurcs  à  coups 
de  dents.  La  chair  de  ces  animaux  n'efl: 
pas  mauvai(è  à  manger  ;  la  langue  (ur-tout 
cft  auffi  bonne  que  celle  du  bœuf.  Il  €ft 
très-facile  de  les  tuer,  car  ils  ne  peuvent 
ni  (ê  défendre  ni  s'enfuir  ;  ils  font  fi  lourds 
qu'ils  ont  peine  à  fe  remuer,  &  encore 
plus  à  fè  retourner  ;  il  faut  feulement 
prendre  garde  à  leurs  dents  ,  qui  font 
1res  -  fortes  ,  &  dont  ils  pourroiem  blefîèr 
fi  on  les  approchoit  de  face  &  de  trop 
près  (a).  '■■^*  .-'■('?  '-'f  J 

Par  d'autres  obffervations  ,  comparées 
i  celles-ci ,  &  par  quelques  rapports  que 

^  /a)  Voyajrc  autour  du  Monde,  par  Anfon , 
page  1 00  &  fuivantes  ,  où  I on  voit  auflfi  la  figure 
|tù  mâle  Su  de  la  femelle.  ^' 


tles  Phoques,  â^c,  _jof^' 

tious  en  déduirons ,  il  nous  paroît  que  ces 
lions  marins ,  qui  fe  trouvent  à  la  pointe, 
de  l'Amérique  méridionale  ,  fe  trouvent,^ 
à  quelques  variétés  près ,  fur  les  côtes  fep— 
tentrionales  du  même  continent.  Les  grands  . 
phoques  des  mers  du  Canada,  dont  parie, 
Denis ,    fous  le  nom   de  ioups  marins  , 
&  qu'il  diftingue  des  petits  veaux  marins 
ordinaires,  pourroiem  bien  être  de  la  même 
elpèce  que  les  lions  marins  des  terres  Ma- 
gellaniques.  Leurs  petits  (  dit  cet  auteur  y , 
qui  eft  afTez  exat^  )   font  en  naifîànt  plus 
gros  que  le  plus  gros  porc  que  Ton  voie ,  , 
&  plus  longs  :    or  il  eft  certain  que  lés 
phoques  ou  veaux  marins  de  notre  Océan  , 
ne  font  jamais  de  cette  taille ,  quand  même 
ils  font  adultes  ;  celui  de  la  Méditerranée,., 
c'eft-à-dire  le  phoca  des  Anciens  ,  eft 
encore  plus  petit  ,  &   il  n'y   a    que  le 
phoque  décrit  par  M.  Parfons ,  dont  la 
grandeur  convieijne  à  ceux  de  T)tr{\s  (b)^ . 

(h)  On  peut  encore  ajouter  au  témoignage  de 
Denis,  celui  du  Père  Chrétien  Leclerq  ,  «  if  y  a  (dit 
cet  auteur  )   des  loups  marins  fur  les  côfes  de  l'A-  « 
mérique  Teptentrionale ,  ddnt  quelques-uns  fontauffi  «c>m 
granck  &  aufli  gros  que  i\e%  chevaux  &  des  bœufs.  .«^' 
Ces  loupi  marins  s'appellent  Ouaf^ous  »•  ReUtioruiie  la 


i--^ 


302         I^ijlvirt  Naturelle 

M.  Parlons  ne  dit  pas  de  quelle  mer 
venoit  ce  grand  phoque  ;  mais  Ibit  qu'ii 
vînt  de  la  mer  leptentrionale  de  l*Europe 
ou  de  celle  de  l'Amérique ,  il  fe  pourroit 
qu'il  fïît  le  même  que  le  loup  marin  de 
Denis ,  &  le  même  encore  que  le  lion 
marin  d'Anfon  ;  car  il  eft  de  la  même 
grandeur  ,  puifque  n'e'tant  pas  encore 
adulte  ni  même  à  beaucoup  près ,  il  avoit 
iêpt  pieds  de  longueur  :  d'ailleurs  la  diffé- 
rence la  plus  apparente,  après  celle  de 
la  grandeur  ,  qu'il  y  ait  entre  le .  lion 
marin  &  le  veau  marin  ,  c'eft  que  dans 
l'-elpèce  du  lion  marin  ,  le  mâle  a  une 
grande .  crête  à  la  mâchoire  fupérieure  , 
Biais  la  femelle  n'a  pas  cette  crête.  M. 
Parlons  n*a  pas  vu  le  mâle ,  &  n'a  décrit 
que  la  femelle ,  qui  n'avoit  en  effet  point 
de  crête  ,  &  qui  reffemble  en  tout  à  la 
femelle  du  lion  marin  d'Anfon.  Ajoutez  à 
toutes  CCS  convenances  un  r.pport  encore 
plus  précis  ,  c'eft  que  M.  Parions  dit  que 
fÔ4i  grand  phoque  avoit  les  eftomacs  & 
les  inteftins  comme  une  vache  ,  &  en 
Hiême  temps  IWeur  du  voyage  d'Anfon 
idit  que  le  lion  marin  ne  fè  nourrit  que 
^hcxbes  pendant  tout  i'été;  il  eit  donc 


des  PhotjtieSt  e^r;         30^ 

très-probable  que  ces  deux  animaux  font 
conformés  de  même ,  ou  plutôt  que  ce 
ion«  les  mêmes  animaux  très-difFérens  des 
autres  phoques,  qui  n'ont  qu'un  eftomac, 
ÔL  qui  (e  nourrifïênt  de  poiflon.  î,  y  ,  - 
Woodes  Rogers  a  voit  parlé  ,  avant 
l'auteur  du  voyage  d'Anfon,  de  ces  iions 
marins  des  terres  Magelianiques  ,•  &  il  les 
décrit  un  peu  différemment,  ce  Le  lion 
marin  (  dit  -  il  )  eil  une  créature  fort  ce 
étrange  ,  d'une  grofîèur  prodigieu(e  ;  ce 
on  en  a  vu  de  vingt  pieds  de  long  ou  ce 
au-delà  ,  qui  ne  pouvoient  guère  moins  ce 
pefer  que  quatre  milliers,  pour  moi  j'en  ce 
vis  piufieurs  de  (eize  pieds^  qui  pefoient  ce 
peut  -  être  deux  milliers  ;  je  m'étonne  ce 
qu'avec  tout  cela  on  pui/Iè  tirer  tant  ce 
d'huile  du  lard  de  ces  animaux.  La  ce 
forme  de  leur  corps  approche  afîèz  de  <c 
celles  des  veaux  marins  ,  mais  ils  ont  ce 
ia  peau  plus  épaiiïê  que  celle  d'un  ce 
bœuf  ;  le  poil  court  &  rude ,  la  tête  <c 
beaucou|;)  plus  groflè  à  proportion ,  la  » 
gueule  fort  grande  ,  les  yeux  d'une  <c 
grofîèur  monllrueufe ,  &  le  mufèaii  qui  <c 
refîêmble  à  celui  d'un  lion  ,  avec  de  ce 
^rfibles  mouAacheS;  dont  le  poil  left  iî  « 


; .  ■-■■  •• 


^•i 


1304  'Hlfloïrê  Naturelle 

y»  rude ,  qu'il  pourroit  fervir  à  fliîrc  cîcs 
?3  curedents.  Vers  ia  fin  du  mois  de  Juin , 
D>  ces  animaux  vont  fur  l'île.  (  de  Juan 
y»'  Fernandès)  pour  y  faire  leurs  petits  qu'ils 
y>  dépotent  à  une  portée  de  fufil  du  bord 
»  de  la  mer  ;  ils  s'y  arrêtent  jufqu'à  la 
Dï  fin  de  Septembre  fans  bouger  de  la 
y»  place  &  fans  prendre  aucune  nourriture , 
?3  du  moins  on  ne  les  voit  pas  manger  ; 
y>  j'en  obfèrvai  moi-même  quelques  -  uns 
y>  qui  furent  huit  jours  entiers  dans  leur 
33  gîte  ,  &  qui  ne  l'auroient  pas  aban- 
yi  donné  fi  nous  ne  les  avions  effrayés.  ,  . 
35  Nous  vîmes  encore  à  l'île  de  Lobos  de 
:>3  la  Aîar ,  fur  la  côte  du  Pérou ,  dans 
yy  la  mer  du  fud ,  quelques  lions  marins , 
ÔL  beaucoup  plus  de  veaux  marins  (c)  m. 

Ces  observations  de  Woodcs  Rogers, 
qui  s'accordent  avec  celles  de,  l'auteur  du 
voyage  d'Anfon  ,  (cmblent  prouver  en^ 
core  que  ces  animaux  vivent  d'herbes 
îorfqu'ils  font  à  terre  ;  car  il  efl:  peu  pro- 
bable qu'ils  fè  paflent  pendant  trois  mois 
de  toute  nourriture ,  fur*-tout  en  allaitant 
leurs  petits.   L'on  trouve  dans  le  recueil 


tome 


c)  Voyage  autour  du  Monde*,  de  Woodes  Rgcers, 
e  i,  pages  20^  ix  22^^ 


Jes  Pîioques,  &c»  305 

dts  Navigations  aux  terres  auf traies,  beau- 
coup de  clîofès  relatives  à  ces  animaux  ;. 
mais  ni  les  defcriptions  ni  les  fiiits  ne  nous 
paroifTent  exads  :  par  exempfe  ,  il  y  ell 
dit  qu'à  la  côte  du  port  des  Renards ,  au 
détroit  de  Magellan  (  d),  il  y  avoit  des. 
loups  marins  fi  gros  ,  que  leur  cuir  éi.ndu 
fe  trouvôit  de  trente  -  fix  pieds  de  large ,. 
cela  crt  certainement  cxngcr<f  ;  \\  y  efl  dit 
que  fur  les  deux  îles  du  port  Dcfire , 
aux  terres  Magellaniques  ,  ces  animaux 
refTembleot  à  des  lions  par  la  partie  amé- 
ïieure  de  leur  corps ,  ayant  la  tête  ,  le  cou 
^  les  épaules  garnies  d'une  très -longue 
crinière  bien  fournie  ^ej,  cela  eft  encore 
plus  qu'exagéré  ;   car  ces  animaux  ont 
feulement  autour  du  cou  un  peu  plus  dô- 
poil  que  fur  le  refte  du  corps  ,  mais  ce 
poil  n'a  pas  plus  d'un  doigt  de  long  ff/»,. 
Il  y  efl:  encore  dit  qu'il   y  a  de  ces  ani- , 
maux  qui  ont  plus  de  dix-huit  pieds  de 
long  ;  que  de  ceux  qui  n'ont  que  quatorze 

fJJ  Navigations  aux  terres  Auftrales.  Paris t  i/j  <f,  . 
tome  I ,  page  i  6 S^ 

(e)  Idem,    Ibidem,  page.  121, 

(f)  Hiftoiie  du  Paraguai ,  par  le  P,  Charlevoi^i , 


306         Hifloire  Naturels 

pieds ,  il  y  en  a  des  milliers  ^  maïs  que  ks 
plus  communs  n'en  ont  que  cinq  (g). 
Cela  pourroit  induire  à  croire  qu'il  y  ea 
auroit  de  (Jeux  elpèces ,  i'une  beaucoup 
plus  grande  que  l'autre ,  parce  que  l'auteur 
ne  dit  pas  que  cette  différence  vienne  de 
celle  de  l'âge ,  ce  qui  cependant  étoit  né- 
cefTaire  à  dire  pour  prévenir  l'erreur.  «  Ces 
33  animaux  ,  dit  Coreal  ,  f  h)  ouvrent 
y>  toujours  leur  gueule  :  deux  hommes 
»  çnt  afîez  de  peine  à  en  tuer  un  avec 
»  un  épieu,  qui  elt  la  meilleure  arme  dont 
35  on  puifTe  fè  fervir.  Une  femelle  allaite 
33  quatre  ou  cinq  petits  ,  &.  chaffe  les 
33  autres  petits  qui  s'approchent  d'elle  , 
»  d'où  je  juge  qu'elles  ont  quatre  ou 
cinq  petits  d'une  ventrée  »>.  Cette  pré- 
fbmption  eil  affez  bien  fondée  ,  car  le 
grand  phoque  décrit  pîtt-  M.  Parfonsavoit 
quatre  mamelles  fituées  de  manière  qu'elles 
formoient  un  quarré  dont  le  nombril  étoit 
fe  centre.  J'ai  cru  devoir  recueillir  &  pré- 
fênter  ici  tous  les  faits  qui  ont  rapport  à 
ces  animaux ,  qui  font  peu  connus ,  &  dont 

(g)  Navigations  aux  terres  Auftrales,  tome  Uj, 
(h)  Voyage  de  Coreal,  tomt  U^  fage  tSot 


des  Phoques,  &c,  307 

U  (croit  à  defirer  que  quelque  Voyageur 
habile  nous  donnât  la  defciiption  ,  fur-tout 
celle  des  parties  intérieures,  de  l'eflomac, 
des  inteftins  ,  &c.  car  fi  l'on  s'en  rap- 
porte aux  témoignages  à^?^  Voyageurs , 
on  pourroit  croire  que  les  lions  marins 
Ibnt  de  lu  clafîe  des  animaux  ruminans  , 
qu'ils  ont  plufieurs  eftomacs ,  &  que  par 
conH'quent  ils  font  d'une  efpèce  fort  éloi- 
gnée de  celle  des  phoques  ou  veaux 
marins  ,  qui  certainement  n'ont  qu'un 
cftomac  ,  (&  doivent  être  mis  au  nombre 
à&?t  animaux  carnalîîers.  ,     , 


LE  MORSE  fi) 


»  V  -  .  a.  - 


LA  VACHE  MARINE.  ' 

Le  nom  de  Vûc/ie  marine ,  fous  lequel 
ïe  morle  eft  le  plus  généralement  connu , 

fi)  Morfe,  Alorf,  nom  de  cet  animal  en  langue 
î^uffe,  &  que  nous  avons  adopté ,  vu^gairemcnt  Vache 
marine,  Bête  à  la  grande  dent;  Alors,  en  Anglois; 
Walros  ou  Walrus  en  Allemand  &  en  Hollandois  y 
Bofmarits ,  en  Danemarck  &  en  IfiaiKic. 

Wallrus»  Defcription   dçs  Indes  occidentales,  pa|; 


'3'o8  Hi flaire  NatwcJie 

a  été  très  -  mal  appliqué  (k)  ;  puîrc|iic 
Fanimal  qu'il  défigne  ne  reffemble  en  rien 
à  la  vache  terrellre  ;  le  nom  d'éléphant 
de  mer  que  d'autres  iui  ont  donné  efl: 
mieux  imaginé,  parce  qu'il  cft  fondé  fui 
un  rapport  unique ,  &  fur  un  caradàc; 
très  -  apparent.  Le  morfe  a  ,  comme  Té-' 
Jc])hnnt ,  deux  grandes  dcTenfeci  d'ivoirt' 
qui  ferlent  delà  mfichoîre  fupérieurc ,  <^ 
îi  a  fa  têie  conformée,  ou  plutôt  défornitc 
de  la  même  manière  que  i'éléphant ,  au- 
quel il  reffemblcroit  en  entier  par  cette 
partie  capitale  ,  s'il  avoit  une  trqmpe  ; 
Kiais  le  morfe  eft  non-feulement  privé  de 


ide  Laët.  page  41  ,  fig.  îbîcî.  Nota.  Cette  figure  a 
élc  copié  par  Wormius.  Mus.  Worm ,  yia^.  2.  ^  y . 

Rofmanis  verus,  Jonfton  ,  dt  infcibm ,  yag.  tôo, 
Tah.  XLlV, 

Vache  manne ,  Hiftoîrc  d'Iflande  &  du  Groenland, 
tome  JI,  page  1591  fig.  page   168, 

Eofnmrus.  Phocn  dent  Unis  fûnùiriis  fuj'crioriùus  cxfertà, 
jLinn.  Sjifi.  Nût.  edit,  X ,  jiig.  ^  S, 

(h)  Nota.  Ce  nom  vient  pcut-ttre,  comme  celui 
de  veau  marin  .  de  ce  que  le  morfe  &  le  pho>.|ue 
ont  quelquefois  un  cri  qui  imite  le  mugifTement  d'une 
vache  ou  d'un  veau.  Ip/is  (  dit  Pline ,  en  parlant  des 
phoques)  injbnmo  viugims  f  mde  nmen  vitulU  Lib,  1X| 
wp.  xin, 


<tes  Phoques,  &c»  jo^ 

cet  inftrument  qui  fert  de  bras  &  de  main 
à  l'éléphant ,  il  i'eft  encore  de  l'ufage  des 
vrais  bras  &,  des  jambes  ;  ces  membres 
font,  comme  dans  ies  phoques,  enfermés 
fous  fi  peau  ;  il  ne  fort  au  dehors  que  les 
deux  mains  &  les  deux  pieds  ;  fon  corps 
eil  aloilgé,  renflé  par  la  partie  de  f avant, 
étroit  vers  celle  de  l'arrière  ,  par -tout 
couvert  d'un  poil  court  ;  les  doigts  de« 
pieds  &  des  mains  font  enveloppés  dans 
une  membrane,  &  terminés  par  des  ongles 
courts  &  pointus  ,  de  grofïes  foies  en 
forme  de  mouftaches  environnent  la  gueule; 
la  langue  e(t  échancrée  ;  il  n'y  a  point  de 
conques  aux  oreilles ,  &c.  en  forte  qu'à 
l'exception  des  deux  grandes  défènfès  qui 
lui  changent  la  forme  de  la  tête  ,  &  A^s 
dents  incifives  qui  lui  manquent  en  haut 
&  en  bas ,  le  morfe  reffemble  pour  tout 
le  relie  au  phoque  ;  il  efl  feulement  beau- 
coup plus  grand  ,  plus  |g|ps  &  plus  fort  : 
les  plus  grands  phoque  ri'oiit  tout  au 
plus  que  iept  ou  huit  pieds  ;  le  morfe 
en  a  cpmmunément  douze  ,  &  il  s'en 
trouve  de  feizc  pieds  de  longueur  &  de 
huit  ou  neuf  pieds  de  tour.  11  a  encore 
de  commun  avec  les  phoques  d'habiter 


I'!'    Il 

I 


'310      ■    Hl/Iohe  Nûîiirelk 

les  mêmes  lieux  ,  &  on  les  trouve  prefqiîe 
toujours  enlcnible  ;  ils  ont  beaucoup  d'ha- 
bitudes communes  ,  ils  le  tiennent  éga- 
icment  dans  l'eau  ,  ils  vont  également  à 
montent    de    même   fur    les 


terre 


ils 


glaçons  ;  ils  allaitent  &  élèvent  de  même 
leurs  petits  ;  ils  fe  nourri  fient  des  mêmes 
alimens  ;  ils  viv^ent  de  même  en  fociétc 
&  voyagent  en  grand  nombre;  mais  l'ef- 
pèce  du  morlè  ne  varie  pas  autant  que 
celle  du  j)hoque  ;  il  paroît  qu'il  ne  va 
pas  fi  loin  ,  qu'il  ell  plus  attaché  à  Ton 
climat,  &  que  l'on  en  trouve  très- rare- 
ment ailleurs  que  dans  les  mers  du  Nord  : 
aufli  le  phoque  étoit  connu  des  Anciens, 
&  le  morle  ne  IVtoit  pas. 

La  plujiart  des  A^oyngeurs  qui  ont 
fréquenté  les  mers  fcptcntrionales  de  l'A- 
fie  (l),  de  l'Europe  &  de   l'Amérique 

(  1)  On  trmiv^Éte  dents  de  morfc  aux  enviions 
de  la  nouvelle  Zcnl^  &  dans  toutes  les  île8,  julîjirà 
i'Obi  ;  on  prcicnd  qu'il  s'en  trouve  mînie  julqu'iiux 
environs  de  Jenilci ,  h  (ju'on  en  a  vu  autrefois  jul- 
qu'uu  PjAfida;  il  s'en  retrouve  enfuite  en  (|Uflntiré  \crs 
\a  pointe  de  Scfialasin.vko^  ctie/  les  Scfniktfcliii ,  où 

•elles  ionl  très-  grofîès Il  ell  croy;ible  qiic 

CCS  animaux  (e  trouvent  en   «grande  cjuantité  depuis 
cet  endroit  jufiiu'au  tituve  Anadir,  puifque  toutes  les 


2es  Phoques,  &c.  3  l  f 

fm),  ont  fait  mention  de  cet  animal  ;  mrfts 

dents  qu'on  apporte  pour  vendre  h  Jakutzk  viennent 
d'Anadirskoi  :     on    en  trouve   auflî   au    détroit   de 
Hudfon  ,  à  i'rle  Pheiipeaux ,  où  elles  ont  un.e  aune 
(de  Ruffie)  de  long  &  font  grofles  comme  le  bras, 
elles  donnent  d'auflî   bon   ivoire  que  les  défienfes  de 
î  éléphant    (  Voye^   les  voyages  du  Nord ,    towe  V I  » 
jkigc  y),  ......  «  J'ai  vu  à  Jakutzk  quelques-unes 

de  ces  dents  de  mor-lè  qiii  avoient  jcinq  quaris  d'aune  ci 
de  Rudje ,  &  d'autres  une  aune  &  demie  de  Ion-  v 
gueur ,  communément  elles  font  plus  larges  qu'é-  «« 
paiflcs  ,  elle£  ont  jurqu'à  quatre  pouces  de  Jarge  à  la  « 

ijafe .  Je  n'ai  pas  entendu  dire  qu'a.uprès  «« 

d'/\nadir&koi  Hon  ait  jamais  couru  à  la  chaHe  jou  « 
pèche  du  morfc  pour  en  a\oir  des  dents  ,  qui  « 
néanmoins  en  viennent  en  fi  grande  quantité ,  on  a 
m'a  afïuré  au  contraire  que  Jcs  habitans  trouvent  «t 
CK^  dents  détachées  de  l'animal  lur  Iji  ba(Tê  cote  ^t 
de  la   mer ,     h    que   par   confcqucnt   on  n'a  pas  (< 

besoin  de   tuer   auparavant  les  morlés <* 

Plufieurs  pcribnncs  m'ont  demandé  Ti  les  morfes  »« 
d'Anadirskoi  étoient  une  elpcce  différente  de  ceux  « 
ïjui  fe  t!'(uvcnt  dans  la  nvr  du  nord  &  à  l'i  nirée  « 
occidentale  de  la  nier  glaciide,  parce  que  le;;  '  nts  «« 
qui  viennent  de  ce  coté  oriental  (on  hciiUvwUp  « 
plu^  groffes  que  celles  qui  vienr.eni  de  Poccide.  t...,  « 
il  femblc  que  les  morfes  du  Groenland  </  ceux  « 
qui  font  à  la  partie  occidentale  de  la  m*"»-  glaciale ,  »' 
îi'ont  aucune  communication  avec  ccux  i|iii  (e  «» 
trouvent  a  l'cfl  de  Kolipia ,  &  auprès  de  la  pointe  <« 
de  Schalaginskoi ,    &    plus   loin,    auprès    d'Ana-  « 

dirskoi Il  en  eH  de  mûnc  de  ceux  de  la  « 

h.iie  de   Hudion,   il   ne  parort  pas  c|u  ils  puifTent  <« 
joindre  ceux  de$  Tfthuktlchi, , , ,  cependant  tout  « 


■V  A 


^12         Hifloïre  Naturelle 

^orgdrager  (n),  nous  paroît  être  celui 
-qui  en  parle  avec  le  plus  de  connoiiïànce, 
^&  j'ai  cru  devoir  préfeiiter  ici  la  tradudioii 
•&  l'extrait  de  c^t  article  de  fbn  ouvrage 


V  ïe  moncîe  cft  d'accord  que  les  rtiorfes  d'Anadirskoi 
»  ne  diffèrent  ni  pour  la  groflèur  ni  pour  fa  figure 
de  ceux  du  Groenland  ,  &c.  >»  Voyage  de  Gmelin 
,  en  Sibérie,  tome  111,  page  m ^8  &  ftiivantes.  Nota, 
M.  Gmelin  ne  réfoUt  pas  cette  queftion  à  laquelle 
néanmoins  il  me  femble  qu'on  peut  faire  une  ré- 
ponfe  fatisfaifanie ;  c'eft  que,  comme  il  le  dit  lui- 
même  ,  on  ne  va  point  à  la  chafle  de  ces  animaux 
à  Anadirskoi  ni  dans  toute  cette  partie  orientale  de 
la  mer  glaciale ,  &  que  par  conféquent  on  n'en  ap- 
porte que  des  dents  de  ces  animaux  morts  de  mort 
naturelle,  ainfi  il  n'efl  pas  furprenarit  que  ces  dents 
qui  ont  pris  tout  leur  accroifTement ,  foient  plus 
grandes  que  celles  des  morfes  de  Groenland  que  l'on 
tue  fouvcnt  en  bas  âge. 

(m)  Sur  les  côtes  de  l'Amérique  fèptentrionale ; 
on  voit  auflj  des  vaches  marines ,  autrement  appelées 
Bêtes  à  la  grande  dc^: ,  parce  qu'elles  ont  deux  grandes 
dents  groflês  &  lon;^  ^s  comme  la  moitié  du  bras. . . . 
il  n'y  a  point  d'ivoire  plus  beau ,  on  en  trouve  à 
l'île  de  Sable.  De/cription  de  l' Amérique  feptentrionaUjiaf 
Denis ,  tome  II ,  page  2jy^ 

(n)  Dejaivtion  de  Inprife  de  la  haleine  if  de  în  pccht 
'du  Groenland  ,  ifc,  par  Corneille  Zorgdragcr.  Nu- 
remberg,  jyjot  en  Allemand.  Nota,  Cet  ouvrage  a 
d'abord  été  é<:iit  en  Hollandois ,  &  cet  extrait  n'clt 
fait  que  fur  ta  tradudion  allemande. 

qilj 


des  Phoques,  &c*  313 

qui  m*a  été  communiqué  par  M.  le  mar* 
quis  de  Montmirail. 

<c    On  trouYoit  autrefois  dans  la  baie 
dTHoriront  &   dans   celle   de    KIock  ,  ce 
beaucoup  de  morlès  &  de  phoques  ,  ce- 
rnais aujourd'hui  il  en  relie  fort  peu .  .  .  ce 
les  uns  «Se  lés  autres  fe  rendent ,  dans  ce 
les  grandes  chaleurs  de  l'été ,  dans  les  ce 
plaines  qui  en  font  voifines,  &.  on  en  ce 
voit  quelquefois  des  troupeaux  de  quatre-  ce 
vingts,  cent  &  jul'qu'à  deux  cents,  par-  ce 
ticuiièrement  des  mortes ,  qui  j)euvent  y  ce 
relier  quelc[ues  jours  de  fuite  ,   &  juf-  ce 
qu'à   ce  que   la  faim  les  ramène  à  la  ce 
mer  ;   ces   animaux   refîémblent   beau-  ce 
txDup  à  l'extérieur  aux  phoques  ,   mais  ce 
ils    font  plus   foits   &  plus   gros  ,    ils  ce 
ont  cinq  doigts  aux  patte?  coiiune  les  ce 
])hoques,   mais  leurs  ongles  font  plus  ce 
courts  &  leur  tête  ell  plus  épaifl'e ,  ])lus  ce 
ronde  Sa  plus  forte;  la  jieau  du  morfe,  ce 
principalement  vers  le  cou ,  ell  éjxiific  ce 
d'un  pouce,  ridée  &  couverte  d'un  j:)oil  ce 
très  -  court  de  différentes  couleurs  ;   fa  rc 
mâchoire  lupérieurc  ell  armée  de  deux  ce 
dents  d'une  demi- aune  ou  d'une  aune  ce 
de    longueur  ;    ces   déicnfcs   qui    font  ^c 

Towe  XL  0 


'314         Hifloire  Natiirelk 

a»  creufès  ;à  la  j-acine ,  deyieanent  cxicca^ 
»  plus   grandes  à   mefure    que   Taiiiiual 
>»  vieillit  ;  on  en  voit  quelquefois  qui  n'en 
»  ont   qu'une  ,  parce  qu'ils   ont  perdu 
»  l'autre  en  (c  battant ,   ou  (èuleinent  en 
»  viçilliflàpt  ;  cet  ivoire  eft  ordinairement 
»  plus  cher, que  celui  de  l'éléphant,  parce 
>?  qu'il  eft  plus  compacte  &  plus  dur  ;  Ja 
y>  bouche  du  morlè  reOemhle  à  celle  d'un 
»  bœuf,  elle  çft  garnie  en  haut  &  en  bas 
»  de  poils  creux ,  pointus  &  de  l'épailfèur 
5>  d'un  tuyau  de  paille;  au-defius  de  la 
3>  bouche,  il  y  a  deux  nafèaux  defquels 
y*  ces  animaux  foufHent  de  l'eau  comme 
:i>  la  baleine,  fans  cependant  fliire  beaur- 
5î  coup  de  bruit  ;   leurs  yeux  font  étince- 
35  liuis ,  rouges  &  enflammés  pendant  les 
35  chaleurs  de  l'été  ;  ^  conime  ils  ne  peu- 
y>  vent  fouffrir  alors  l-imprelfion  que  l'eau 
3>  fût  fur  les  yeux  ,   ils  (c  tiennent  plus 
yy  volontiers  dans  les  plaines  en  été  que 
y>  dans  tout  autre  temps ...  on  voit  beau- 
:>•>  coup  de  merles  vers  le  Spitzberg. ...  , 
»:  on  'es  tue  fur  terre  avec  des  lances..... 
»  on  les  challr  pour  le  profit  qu'orv.tirc 
x^  de  leurs  dents  &  de  leur  graine;  l'huile 
^>  çii  eA  piefqu'auili  eftîjnée  que  çcUe  djÇ 


la  baleîn 

que  tou 

dents  Si 

fur-iQut 

d'une  fi 

dure  qi 

florin   li 

denjts,  ( 

ou   quai 

une  den 

&  un  mi 

tonne  d' 

diiit  tren 

pour  l'es 

&  autant 

on  trouv 

animaux 

qui  vont 

la  pêche 

épouvan 

des  lieu) 

refient  i 

troupes , 

difper  fés 

Toit   f)rodiç 

iomt  pre 


des  Phoques,  &c,  '3  i  j 

la  baleine;  leurs  deux  dents  valent  autant  ce 
que  tout^  Jeur  graiflè  ;  rintérieur  de  ces  ce 
dents  il   plus  de   valeur   que  l'ivoire,  <c 
fur-iout  dans  les  groflTes  dents  qui  font  <c 
d'une  fubftance  plus  compare  &  plus  ce 
dure  que  ies  petites.  Si  l'on  vend  un  ce 
jflorin   la   livre    de   l'ivoire   des   petites  ce 
denjs,  cjelui  des  grofles  ie  vend  trois  ce 
ou   quatre ,   &    fouvent  cinq   florins  ;  ce 
une  dent  médiocre  pèfe  trois  livres.  ,  ,  ce 
&  un  morfe  ordinaire  fournit  une  demi-  œ 
tonne  d'huile ,  ainfi  l'animal  entier  pro-  ce 
duit  trente-fix  florins  ,  fa  voir  dix  -  huit  ce 
pour  fes  dents  à  trois  florins  la  livre,  ce 
&  autant  pour  fa  graiflè .....  autrefois  ce 
on  trouvoît  de  grands  troupeaux  de  ces  ce 
animaux  fur  terre,  mais  nos  vaiflèaux  ce 
qui  vont  tous  les  ans  dims  ce  pays  pour  ce 
la  pêche  de  la  baleine ,  les  ont  tellement  ce 
épouvantés,  qu'ils  fè  font  retirés  dans  ce 
des  lieux  écartés,  &  que  ceux  qui  y  ce 
relient  ne  vont  ])lus   fur  la  terre   en  ce 
troupes,  nipis  demeurent  dans  l'eau  ou  ce 
difperfés  (0)   çà  &  là  fur  les  glaces  ;  ce 

((^)  f^c^tn,  W  faut  que  \t  nombre  de  ces  animaux 
foit  prodisicufement  diminué,  ou  plutôt  qu'ils  (e 
fo.ie»!  preruue  tous  retirés  vers  des  cotes  encore  iiv> 

Oij 


li! 


Il 


^m^ 


f\6         Nifloke  Naturelle 

35  iôrfqu*on  a  joint  un  de  ces  anîmniîx 
3>  fur  la  glace  ou  ({ans  Fcau ,  on  lui  jcrte 
3>  un  harpon  fort  &  fait  exprès,  ^  fou- 
3'  vent  ce  harpon  glifîè  fur  fa  peau  dure 
:>3  &  épaiiïe  ;  mais  iorfqu'il  a  pénétre  , 
35  on  tire  l'animal  avec  ,un  cable  vers  le 
35  timon  de  la  chaloupe ,  «&  on  le  tue  en 
35  le  perçant  avec  une  forte  lance  faite 
35  exprès  ;  on  l'amène  en  fuite  fur  la  terre 
35  la  ])lus  voifine  ou  fur  \\\  glaçon  plat; 
33  if  eil  ordinairement  plus  j:)efant  qu'un 
33  boeuf.  On  conunence  par  l'écorchcr 
3^  &  6\\  jette  la  peau  parce  qu'elle  n'ell 
35  bonne  à  rien  (p);  on  fépare  de  la  tet^ 

connues  ,  puifqu'on  trouve  dans  les  relations  des 
voyaores  au  Nord,  qu'en  1704-,  près  de  l'île  de 
Cherry  ,  à  (oixante  -  quinze  degrés  quarante  -  cinq 
minutes  de  latitude ,  l'équipage  d'un  bâtiment  xAnglois 
rencontra  une  prodigieufe  quantité  de  morfcs  tous  cou- 
chés les  uns  auprès  des  autres ,  que  de  plus  de  mille  qui 
fôrmoient  ce  troupeau  ,  les  Atiglois  n'en  tuèrent  c|ue 
quinze,  mais  qu'ayant  trouve  une  grande  quaniité  de 
dents ,  ils  en  remplirent  un  tonneau  entier;  —  qu'avant 
f  î  I  5  juillet  ils  tuèrent  encore  cent  de  ces  animaux  ,  dont 

ils  n'emportèrent  que  les  dents qu'en    lyo^î, 

d'autres  Anglois  en  tuèrent  ("ept  ou  huit  cents  dans  fix 
heures  \  en  1 708  ,  plus  de  ntui  cents  dans  fept  heures  ; 
en  1710,  huit  cents  en  pluficurs  jours,  &  qu'un  fèul 
homme  en  tua  quarante  avec  une  lance. 

(y)  Nota»  Zorgdrager  ignoroit  apparemment  qu'on 


Jes  Phoques,  &c.  j  17 

flVéc  une  hache  les  deux  dents  ,  ou  « 
l'on  coupe  Ja  tête  pour  ne  pas  endom-  <c 
mager  les  dents  &  on  la  fait  bouillir  ce 
dans  une  chaudière  ^^]:)rès  cela  on  ce 
coupe  la  graifîe  en  loi^ues  tranches  ^  ce 
on  la  porte  au  vaifTeau ...  Les  niorljès  <c 
font  auffi  difficiles  à  iuivre  à  force  de  ce 
raines  que  les  baleines  ,  6c  on  lance  (bu-  ce 
vent  en  vain  le  harpon ,  parce  qu'outre  ce 
que  la  baleine  ell:  plus  ailée  à  toucher ,  ce 
le  harpon  ne  glifle  pas  auflî  facilement  ce 
deflus  que  fur  le  morlè.  .  .  .On  l'atteint  ce 
fouvent  par  trois  fois  avec  une  lance  ce 
forte  &  bien  aiguifée  avant  de  pouvoir  ce 
percer  fa  peau  dure  &  épaiffe  ;  c'eft  pour-  ce 
quoi  il  e(t  nécelHiire  de  chercher  à  frapper  ce 
fur  un  endroit  où  la  peau  foit  bien  ten-  «c 
due,  parce  que  par-tout  où  elle  prête,  <c 
on  la  perceroit  difficilement;  en  confé-  ce 
quence  on  vile  avec  la  lance  les  yeux  ce 
de  l'animal  qui ,  forcé  par  ce  mouvement  <c 
de  tourner  la  tête  ,  fait  tendre  la  peau  ce 
vers  la  poitrine  ou  aux  environs;  alors  ce 

fiit  un  très-bon*  cuir  de  cette  peau.  J'en  ai  vu  dts 
foupentes  de  carrofTe  qui  étoient  très  -  liantes  6t  très- 
fermes.  Andcrlon  ,  dit  d'après  Other  ,  qu'on  ci)  fait 
auiTi  ^ti  fanolcs  &  de^  cordes  de  baieau.  Hijïoire  Jiaturtllc 
du  Croenluid,  tome  il ,  l'iigc  i  C o, 

O  iij, 


3  I  8         Hifloîre  Naturel  te 

»  on  porte  le  coup  dam  cette  partie  & 
»  on  retire  la  lance  au  plws  vite,  pour  cm- 
»  pêcher  qu'il  ne  ki  prenne  dans  la  gueule, 
33  Sa  qu*ii  ne  ble^Keiui  qui  i'attaque  ,  foit 
M  avec  l'exirémitie  de  ics  dents ,  fort  avec 
»  la  lance  même  comme  cela  efl  arrivé 
»  quelquefois.  Cependtmt  cette  attaque  fur 
>>  un  petit  glaçon  ne  dure  jamais  long- 
»  temps,  parce  que  le  morfe  ,  blefî'é  ou 
»  non ,  le  jette  aulîliôt  dans  l'eau  ;  &  p;ir 
35  conféquent  on  préfère  de  Tattacjuer  fur 
T>  terre .....  Maïs  on  ne  trouve  ces  anr- 
«<  maux  c[ue  diins  des  endroits  peu  fré- 
cc  quentt's  comme  dans  l'île  de  MofFen 
«  derrière  le  Borland  ,  dans  les  terres  qui 
«  environnent  les  baies  d'Horifont  &  de 
«c  Klock  ,  &  ailleurs  dans  les  plaines  fort 
y>  écartées  &  fur  des  bancs  de  Hible:,  dont 
?>  les    vaiflêaux   n'approchent   que  rare- 
»  ment  ;  ceux  même  qu'on  y  rencontre, 
33  inftrwits  par  les  perlecutions  qu'ils  ont 
33  elfuyées  Ibnt tellement  fur  leurs  gardes, 
33  qu'ils  le  tiennent  tous  afîèz  près  de  l'eau 
»    lour  pouvoir  s'y  précijîijpr  prompte- 
33  ment.  J'en  ai  fiit  moi  -  même  Texpc- 
33  rience  fur  le  grand  banc  de  fible  de 
w  Rif  derrière  le  W^orland,  où  je  rea- 


Je  s  Phoques,  &c,         519 

contrai  une  troupe  de  trente  ou  qua-  « 

raiite  de  ces  animaux  ;  les  uns  étoient  ce 

leut  au  bord  de  Tcau,  les  autres  n'en  <c 

étoient  que  peu  éloignés  ;  nous  nous  « 

arrêtâmes    quelques    heures    avant    de  « 

mettre    pied  à  terre  ,   dans  Te'   firance  «x 

qu'ils  s*engagcroient  un  peu  ri  as  rvant  ce 

dans  la  piaine ,   &  comptan       ^u    en  « 

approcher  ;   mais  comme  cela     .  nous  « 

réufîit  pas ,  les  morlès  s'étant  toujours  « 

tenus  fur  leurs  gardes ,  nous  abordâmes  ce 

avec  deux  chaloupes  en  les  dépafiant  à  ce 

droite  &  à  gauche  ;  ils  furent  prefque  ce 

tous  dans   Teau  au   moment  oii  nous  ce 

arrivions   à  terré  ;    de  forte  que  notre  ce 

ehafîê  le  réduifit  à  en  bleffcr  quelques-  ce 

uns  qui   le   jetèrent   dans   la   mer   de  ce 

même  que  ceux  qui  n'avoient  pas  été  ce 

touchés ,    &    nous  n'eûmes   que  ceux  ce 

que    nous    tirâmes    de    nouveau    dans  ce 

Teau Anciennement    &    avant  ce 

d'avoir  été  perféeutés ,  les  morlès  s'a-  ce 
vançoient  fort  avant  dans  lés  terres ,  ce 
de  forte  que  dans  les  hautes  marées  ils  ce 
étoient  aflez  loin  de  l'eau  ,  &  que  dans  ce 
le  temps  de  la  balle  mer ,  la  dillance  ce 
étiim  encore  beaucoup  plus  grande ,  ou  «c 

O  iiij 


IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


// 


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1.0    !Si^  Il 


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Photographie 

Sciences 
Corporation 


33  WiST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N  Y    14580 

(716)  873-4503 


^ 
^ 


320  Hifloirt  Nâhnelb 

30  les  abordoit  aifémem^i»  vi  ;^f  GnîTioi^ 
ao  choit  de  froiit  vers-  ces  •antmaiix  pow 
39  ieur   couper  Li  rerraiite  du  î  côté  de  \a 
»  mer ,  ils  voyorent  tous  ces-  préparatifs 
oa  fans  aucune  <:rainte  j  >ds  fbnvent  chatjue 
»  chafîeur  en  tuoit  un  avant  qu'il  piit  re- 
»  gagner  i'c.u.   On  fàifoit  une   barrière 
»  de  leurs  cadavres  &  on  .iaifToit  quelques 
»  gens  à  'i*afjR)it  pour  alTominer  ceux  qui 
»  refloient;  on  en  tuoit  quelquefois  trois 
»  ou  quatre  cents .  .  •  ,  .    On  voit  par  ia 
3>  prodîgieuft  quantité  d'ofTémens  de  ces 
»  animaux  cïont  la  terre  eft  jonchée,  qu'ils 
»  ont  été  autrefois  très-nombreux,  .  .  ,  . 
33  Quand  ils  font   blefles  ils  deviennent 
»3  furieux  ,  frappant  de  coté    &   d'autre 
»  avec  leurs  dents  j  ils  brifent  les  armes 
»  ou  les  font  tomber  àes  mains  de  ceux 
»  qui  les  attaquent ,  &  à  Li  fin  enragés 
35  de  colère ,   ils  mettent  ieur  tête  entre 
35  leurs  pattes  ou  nageoires  &  Ce  laiflênt 
35  ainfi  rouler  dans  l'eau. ....  Quand  ils 
35  font  en  grand  nombre ,  ils  deviennent 
>5  fi  audacieux  que  pour  fc  fecourîr  les  uns 
35  les  autres  ils  entourent  les  chaloupes , 
35  cherchant  à  les  percer  avec  leurs  dents 
»  OU  à  les  ïenverfer  en  frappant  contre  le 


des  Phtjue's,  é'c:         3^2' f 

bord Au  refte,  cet  éléphant  de  ce 

mer  avant  de  connoître  les  hommes,  ne  ce 
craignoit  aucun  ennemi ,  parce  qu'il  ce 
avoit  fu  dompter  les  ours  crtiels  qui  le  ce 
tiennent  dans  le  Groenland ,  qu'on  peut  ce 
mettre  au  nombre  des  voleurs  de  mer  ».    ' 

En  ajoutant  à  ces  oblervations  de  M, 
Zorgdrager,  celles  qui  (e  trouvent  dans. 
le  recueil  des  voyages  du  nord  /"çj,  &  les- 
autres   qui  font  éparfes  dans  différentes 

/q)  Le  chev'i!  marin  (Morfe)  reflTemble  aflez  aU' 
veau  marin  (l^hoque),  fi  ce  n'cft  qu'il  cft  beaucoup 
plus  gros ,  puifqu'il  eft  de  la  grofîcur  d'un  bœuf;  (fes 
pattes  font  comme  celles  du  veau  marin,.  &  celles 
du  devant ,.  auffi-bieh  que  celtes  du  derrière,  ont  citiq' 
doigts  ou  griffes ,  mais  les  ongles  en  font  plus  court»  ; 
il  a  auffi  la  tête  plus  groffe ,    plus   ronde   &   pifls» 
dure  que  le  veau  marin.  Sa  peau  a  bien  un  pouce 
d'épiflêur ,  fur  -  tout  autour  du  cou  :  les  uns  l'ont 
couverte  d'un  poil  de  couleur  de  fouris,  les  autres- 
ont  très-peu-  de  poil  :  ils  font  ordinairement  pleins  de' 
galles  &   d'écorchurcs ,  de  forte  qu'on   dircit  qu'dn^ 
reur  auroit  enlevé  la  peau,  fur-tout  autour dies  join*^ 
tures  où  elle  eft  fort  ridée  ;  ils  ont  à  la  mâchoire  d'en' 
haut  deux  grandes  &  longues-  dents  qui  ont   nciix 
pieds   de  long  &  quelquefois    davantage;  les  jeunes^ 
n'ont  point  ces  défenfes,  mais  elles  leur  viennent  avec 

Page Ces  deux  dents  font  plus  efiimées  &  plus" 

clière.7  que  l'ivoire,  elles  font  fotides  en  dedans,  maiS' 
h  racine  en  ef\  creufe. ....  Ces  animaux  ont'  l'oiiii- 
verture  de  U  guailc  auHi  largç  que  celle  d'un  boMf,, 


52  2         Hifloke  Naturelle 

relatioiis ,  nous  aurons  une  hidoîre  nfleic 
complète  de    cet  animal;  11   paroît  que 

&  au-dedos  &  au-defToUs  ie&  babines,  ils*  ont  plu« 
iieurs  foies  vpà  font  creufes  en  dedans  èi  de  ia  groT 

ièur  d'une  paille ils  ont  au-denûs  de  ia  bariie 

d'en  haut  deux  naièaux  en  forme  de; demi  •  cercle  par 
ou  ils  rejettent  Teau  comme  les  bafeines,  mais  avec 
Jbien  moinrde  bruit  ;  leurs»  yeux  Ibnt  allés  élevés  au- 
delfu!»  du  nez.  Ces  yeux  font  auifi  rouges  que  du 
fang  lorique  Tanimai  ne  les  tourne  pas,  &  je  n'ai 
point  obferyé  db  différence  lorfijull  les  tournoit  :  leurs 
•reiiles  font  peu  éloignées  de  leurs  yeux  &  reflèm» 
blenl  à  celles  àes  veaux  marins  :  leur  langue  eft  pour 
\t  moins  aulTi  grodc  que  celle  d'u#  bœuf. ....  Ils 
ont  le  cou-  fi  éj^ais  qu'ils  ont  de  la  peine  à  tourner 
la  tête ,  ce  qui  les  oblige)  à  tourner  extrêmement  les 
yeux;-  ils  ont  |a  queue  courte  comme  celle  des  veaux 
marins.^  On  ne  peut  point  leur  enlever  la  grailfe 
comme  Ton  fait  aux  veaux  mariiw ,  parce  qu'elle  cfl 
cntrdarJée  avec  la  cliair.  , , . .  Leur  membre  génital 
cil  un  os  dur  de  la  longueur  d'environ  deux  pieds,  qui 
va  en  diminuant  par  le  bout  &  qui  eA  un  peu  courbe 
par  le  milieu  y  tout  près  du  ventre  ce  membre  ell 
'  plat ,  mais  hors  de  là  il  efl  rond'  &  tout  couvert  ile 
,  neri« .....  U  y  a  apparence  que  ces  animaux  vivent 
.  d'iierbcs  &  de  poifftxi  -,  leur  fiente  reffemble  à  celle 

r  du  cheval Qu.ind   ils  plongent ,  ils  fe  jettent 

la  ttte  la  premicrc  «ians  l'eau,,  comme  les  veaux  ma- 
rins ;  '\\s  dorment  &  ronHent  non  -  feulement  fur  la 
glace ,  mais  auffi  dcuis  l'eau ,  de  forte  qu'ijs  paroifTcnt 
;  louvent  cor'      -  s'ils  étoknt  morts  ;  ils*  font  furieuK 
I  ti  couragcu        ant  qu'iU  font  en  vie  ils  f«  défendent 

.  les  uns  les  autres Ils  font  tous  leurs  efforts  pour 

,  dIÉtjVrçr  ceux  qu'on  a  prïs^  ils  ic  jettetii  à  l'envt  fuc 


1  n 


des  Phoques»  &c.  323 

re{pèce  en  étoit  autrefois  beaucoup  plus 
répandue  qu  elle  ne  l'ed  aujourd'hui ,  on 
ia  trouvoit  dans  les  mers  des  zones  tem- 
pérées, dans  le  golfe  du  Canada  (r)^ 
lur  les  côtes  de  TAcadie,  6cc.  mais  elle 


.4^-:...'*.. 


fa  chaloupe,  mordant  &  faifânt  àti  mugifTemens  épou« 
vantab!es ,  £c  fi  par  i«ur  grand  nombre  ils  obligent  les 
hommes  à  prendre  ia  fuite  •  ils  pourfuivent  fort  bien 
ia  chabupe  julqu'à  ce  qu'ils  ia  perdent  de  vue . .  •■ 
On  ne  les  prend  que  pour  leurs  dents ,  mais  entre 
Cent  on  n'en  trouvera  quelqucrnis  qu'un  qui  ait  les  dents 
bonnes ,  parce  que  les  uns  Ibnt  encore  trop  jeunes ,  £c 
que  les  autres  ont  les  dents  gâtées.  Recueil  des  voyages 
au  Nord,  tome  //,  f>age  iij  &  Juivantes, 

.  (r)  A  quarante-neuf  degrés  quai-ante  minutes  dç 
altitude,  il  y  a  trois  petites  îles  dans  le  golfe  de  Saint* 
Laurent  ,  fur  l'une  defquciles  territ  en  très  -  grand 
nombre  une  certaine  elpcce  de  Phoque ,  animal , 
comme  je  crois,  incona|||^aux  Anciens,  ap^ieté  des 
Flamands  Walrus»  ^  des  Anglois  ,  qui  en  ont  pris 
fe  nom  des  Rufïiens,  Ahrf,  C'cft  un  animal  amphibie 
&  fort  moiiltrueux ,  c^i  furpaffe  par  ibis  les  bœufs 
de  Flandre  en  groffeur;  il  a  le  poil  comme  celui  d'un 
ph(X]ue.  .  .  Deux  dents  recourbées  en  bas»  longues 
par  (bis  d'une  coudée.,  qu'on  cmpbic  à  mêire  chofè 
que  l'ivoire ,  &:  qui  font  de  même  valeur,  DtJcriptioM 
dfs  Mes  occiHemnks ,  par  de  Laët ,  page  ^  i .  —  Sur 
les  côtes  de  l'Amérique  ieprentrionale ,  on  voit  des 
vaches  marines ,  autrement  appelées  lêns  h  la  grande 
drnt ,  parce  qu'elles  ont  deux  grandes  dents  groffes 
&  lono[ucs  comme  la  moitié  du  bras ,  &  tés  autrdi 
éititi  ibfigues  de  quatre  doigts  :  il  n'y  a  point  d'ivoire 

O  vj 


y  2^       Hîflotre  Pfatureiïe 

éft  maintenant  confinée  dans  fes  mèti 
df Cliques,  on  nie  trouve  des  Morfo  que*- 
dans  cette  zone  froide ,  &  même  il  y  ert 
îl  peu  dans  les  endroits  fréqjûentés  ;  peu 
dans  la  mer  glaciale  de  l'Europe ,  &  en- 
core affez  peu  dans  le.  lac  du  Oroeiiland  ^ 
du  détroit  de  Davis  &  des  autres  parties 
du  nord  de  l'Amérique,  parce  qu'à  i'oc- 
cafion  de  la  pèche  de  la  baleine  on  les 
la  depuis  long-temps  inquiétés  &  chafTés. 
Dès  la  fin  du  leizième  fiècle ,  les  habi- 
tans  de  Saint-Malo  alioient  aux  îles  Ra- 
mées, prendre  des  morfès  qui  dans  ce 
temps  s'y  trouvoient  en.  grand  nombre  (f); 
31  n'y  a  pas  cent  ans  que  ceux  du  Port- 
Royal  au  Canada  envpyoiem  des  barques^ 
au  cap  de  Sable  &^m  cap  Fourchu,  à 
fa  chafîe  de  ces  animaux  (t),  qui  depuis 
ïè  font  éloignés  de  ces  parages,  auffi- 
îoien  que  de  ceux  des  mers  de  l! Europe,, 


-■}y\ 


^us  beau.  On  trottve  (tes  ces^vacfies  marines  à  i'île 
et  Sable.  Defcription  de  /'Amérique  f^tentriona/e ,  pat 
Denis ,  tome  JJ,  page  ^J?' 

ff)  Defcriptioa  des  Indes  occidentales ,  par  de  Laët , 

(t)  Defcription  db  l'Amérique  feptentrionale  i  par 
]D«niiy  tmtlt  pagt  66%, 


^ueda 

l'èmboi 

la  plus 

côtes  i 

voit  fo 

Tées  r  L' 

torride 

différer 

craigne 

leur  ou 

comme 

on  ne  : 

tandis  < 

phoqu» 

y  (ont 

aréliqid 

>— «e 

moins 

tempe 

AnMc 

âge  d 

dans  1 

de  ten 

&  r.im 

fut  in 

dhau 


^es  Phoques,  &c;        32  j 

Ar  Ôli  rtc' les  trouve  en  grand  nombre 
^le' dans  la  mer  glaciale  de  l'A  fie,  depuis, 
l'embouchure  de  i*Oby  jufqn'àla  pointe 
la  plus  orientale  de  ce  continent  dont  les 
côtes  font  très-peu  fréquentées  :  on  tn^ 
voit  fort  Tarement  dans  les  mers  tempe— 
Tées  r  L'efpèce  qui  fe  trouve  fous  ia  zone- 
iforride  À  dans  ies  mers  des  Indes ,  eft 
ififFérente  de  nos  morfes  du  nord^  ceux-ei 
irraignent  vraifèmblablement  ou  la  cha- 
leur ou  la  faiure  des  mers  méridionales:  & 
comme  ils  ne  ies  ont  jamais  travcrfees , 
on  ne  les  a  pas  trouvés  vers  l'autre  pôle, 
tandis  qu'on  y  Voit  les  grands  &  les  petits 
phoques.de  notre  nord,  &  que  même  ils 
y  font  plus  nombreux  que  dans,  nos  terres 
aréiques.  '-'^'^^  -^^'-^^  ^  \.  \  .,.>.,  •  '■■■■, 
Cependant  le  morfe  peut  vivre ,  au. 
moins  quelque  temps ,  dans  un  climat 
tempéré  :  Evrard  Worft  dit  avoir  vu  en 
Angleterre  un  de  ces  animaux  vivant,  & 
âgé  de  trois  mois ,  que  Ton  ne  mcttoit 
dans  Teau  que  pendant  un  petit  efpace 
de  temps  chaque  J0ur,-&  qui  fe  traïnoit 
&  rampoit  fur  la  terre  ;  il  ne  dit  pas  qu'il; 
fût  incommodé  de  la  chaleur  de  l'air ,.  il 
dk  au  contraire  que  lorfqu'on  letouchoit  ^, 


m 


-"'•'^-'■■s-»t»mtim 


32^        Hiftoire  rfafureik 

H  avoit  là  mine  d*un  aniinsd  furiemc  & 
robude ,  &  qu'il  refpiroit  très-fbrteineiit 
par  les  narines.  Ce  jeune  morië  étoit  de 
ia  grandeur  d'un  veau ,  &  aiïcz  retTeniblaut 
à  un  phoque;-  il  avoit  la  tête  ronde,  les 
yeux  gros,  les  narines  plates  &  noires, 
qu'il  ouvroit  &  fèiinoit  à  volonté'  ;  il  n'a- 
voit  point  d'oreilles  ,  mais  (eulement  (feux 
trous-  pour  entendre  ;  l'ouverture  de  ia 
gueule  étoit  afiez  petite,  la  injichoiiie  fu- 
périeure  étoit  garnie  d'une  moudache  de 
poils  cartilagineux  ,  grds  &  rudes  ;  ki  mâ- 
choire inférieure  étoit  triangul<ûre ,  ia  langue 
épaiiïè ,  courte ,  &  le  dedans  de  la  gueule 
inuni  de  côté  èi.  d'autre  de  dents  plates  ; 
ies  pieds  de  devant  &  ceux  de  derrière 
étoient  Jarges,  &  l'arrière  du  corps  ref- 
ièmbloit  en  etiiier  à  celui  d'un  phoque , 
cette  partie  de  derrière  rampoit  plutôt 
qu'elle  ne  marchent ,  les  pieds  dé  devant 
étoient  tournés  en  avant ,  &.  ceux  de  der- 
rière en  arrière ,  ils  étoie4it  tous  drviles 
en  cinq  doigts,  recouverts  d'une  forte 
membrane.  .  .  la  peau  étoit  épaifle ,  dure 
&  couverte  d'un  poil  court  &  d^iié ,  de 
couleur  cendrée  ;  cet  animal  grondoit 
comme  un  fanglier,  Si  quelquefois  criolt 


de 


y  des  Pttoques,  &c,         3^7/ 

4i*urie  vôîx  grofle  &  forte,  on  i'avoît  ap- 
porté de  la  nouvelle  Zçmble  ;  il  n'avoit 
point  encore  les  grandes  dents  ou  dé- 
fënlès  ,  mais  on  voyoit  à  la  mâchoire 
fupérieure  les  bofles  d*où  elles  dévoient 
fortir  ;  on  le  nourrifloit  avec  de  la  bouillie 
4'avoine  ou  de  mil,  il  iUçoit  lentement 
plutôt  qu'il  ne  mangeoit;  ilapprochoit  de 
ion  maître  avec  grand  effort  &  en  gron- 
dait ;  cependant  il  le  fuivoit  lorfciu'on  lui 
préièntoit  à  manger  (a). 

Cette  obfervation  qui  donne  une  idée 
aflez  jufte  du  morle,  fliit  voir  en  même 
temps  qu'il  peut  vivre  dans  un  climat  tem- 
péré ,  néanmoins  il  ne  paroît  pas  qu'il  pui(îè 
îbpporter  une  grande  chaleur ,  ni  qu'il  ait 
jamais  fréquenté  les  mers  du  midi  pour 
pafler  d'un  pôle  à  l'autre  ;  plufieurs  Voya- 
geurs parlent  de  vaches  marines  qu'ils  ont 
vues  dans  les  Indes ,  mais  elles  font  d'une 
autre  efpèce  ;  celle  du  morfe  eft  toujours 
aifée  à  reconnoître  par  ^^%  longues  c!c  < 
fenlès ,  l'éléphant  eft  le  ieul  animal  qui  en 
ait  de  pareill(||^;  cette  produdion  efl  un 
efîèt  rare  dansja  Nature,  puifque  de  tous 

(  u)   De^ct-ipiion  des  Indes  occideiiiales ,  par  de 


'jlî         Hlfolre  Naturelte-^ 

les  animaux  terreftres  &  amphibies,  l'ele» 
phant  &  le  morle  auxquels  elle  appartient ,. 
îont  des  efpèces  ifoiées^,  uniques  dans  leur 
genre ,  &  qu'il  n*y  a  aucune  autre  efpèce 
d'animal  qui  porte  ce  caradère. 

On  aflure  que  les  morfès  ne  s'accou- 
plent pas  à  ia  manière  des  autres  quadru- 
pèdes, mais  à  rebours  ;  il  y  a ,  comme  dans 
îes  baleines  y  un  gros  &  grand  os  dans  le 
membre  du  mâle;  la  femelle  met  bas  en 
hiver  fur  la  terre  ou  fur  la  glace ,  &  né 
produit  ordinairement  qu'un  petit ,  qui  eft 
en  naiilànt  déjà  gros  comme  un  cochon* 
d'un  an  ;  nous  ignorons  la  durée  de  la  ges- 
tation,, mais  à  en  jauger  par  celle  de  Tac- 
croiflement ,  &  aufli  par  la  grandeur  de 
fanimal,  elle  doit  être  de  plus  de  neuf 
mois  ;  les  morfes  ne  peuvent  pas  toujours 
refter  dans  l'eau ,  ils  font  obligés  d'aller 
à  terre ,  (bit  pour  allaiter  leurs  petits ,  iôit 
pour  d*autres  befoins;  lorfqu'ils  fe  trou- 
vent dans  la  nécefllté  de  grimper  fur  des 
rivages  quelquefois  efcarpés ,  &  fur  dès 
glaçons ,  ils  fe  (ervem  de  l^s  défènfes  ^xj 

(  X  )  Ces  défcnfes  ne  font  pis  loifràfait  rondes  ni 
bitn  unies,  mais  plutôt  aplaties  &  légèrement  cire- 
lée^j  la  droite  e(t  ordinairemeat  un  peu.  plus  longus 


'Jes  PKoqttes,  &c.         329 

-pour  s'accrocher,  &  de  leurs  mains  pour 
faire  avancer  la  lourde  mafTe  de  leur  corps. 
On  prétend  qu'Hs  (c  nourrifîênt  de  co» 
qùHiages  qui  (ont  attachés  au  fond  de  la 
aner,  &  qu'ils  fe  fervent  aufli  de  leurs  dé»- 
fènfès  pour  les  arracher  ( y  );  d'autres 
dilent  (iQ  qu'ils  ne  vivent  que  d'une  cer- 
taine herbe  à  larges  feuilles  qui  croît  dans 
la  mer .  &  qu'ils  ne  mangent  jii  chair  ni 
.poifTon;  mais  je  crois  ces  opinions  mal 
fondées,  &  il  y  a  apparence  que  le  morfe 
^it  de  proie  comme  le  phoque ,  &  fur^ 
tout  de  harengs  &  d'autres  petits  poiflbns  \ 
car  il  ne  mange  pas  lorfqu'il  eft  fur  la 
terre ,  &  c'eft  le  befoin  de  nourriture  qui 
le  contraint  de  retourner  à  la  mer. 

^       LE  DUGON  (a).  "  ''' 

Le  Dugon  eft  un  animal  de  la  mer  de 
TAfrique  &  des  Indes  orientales^  duquel 

&  plus  forte  que  fa  gauche J*en  ai  eu  deux 

dont  chacune  a\'oit  deux  pieds  un  pouce  de  Paris 
de  long  &.  huit  pouces  de  circonférence  par  ie  bas» 
Hifioire  naturelle  du  Groenland  t  par  Anderfon,  tome  II, 
pdges  »  62  ir  1 6^*  .     4 

(y)  Hiftoire  naturelle  du  Groenland ,  page  162. 

(  1)  Defcriptbn  des  Indes  occidentales,  par  de 
Laët,  page  ^2, 

(a)  Dugon  ,  Dugung ,  nom  de  cet  animal  à  fifc 
dé  Lethy  ou  Leyte»  Tune  des  Philippines  «  &  4Uft 


V 


jrjo         Hiftolre  Naturelle 

nous  n'ayons  vu  que  deux  têtes  di^chaiw 
nées  ou  tronquées ,  &  qui  par  cette  pariie 
redëmble  plus  au  morfc  qu'à  tout  autre 
animai  ;  fîi  tête  eft  à  peu -près  déformée 
de  Ja  même  manière  par  la  profondeur 
des  alvéoles  ,  d*©ù  naifîènt  à  la  mâchoire 
fupérieurc  deux  dents  longues  d'un  demi- 
pied,  ces  dents  font  plutôt  dé  grandes 
mcifives  que  des  défcnfes  ;  elles  ne  s'é- 
tendent pas  directement  hors  delà  gueule, 
comme  celles  du  morfc  y  elles  Ibnt  I^eau* 
coup  plus  courtes  &  plus  minces,  &  d'ail* 
lenrs  elles  font  fituées  au—  devant  de  la 
mâchoire ,  &  tout  près  l'une  de  l'rtutre , 
comme  des  dents  incifives,  au  lieu  que 
ks  défenlès  du  mor(è  iai0ênt  entre  elles 
un  imervaile  coniidérable,  &  ne  font  pas 

«ou«  avons  adopte.  Nota,  Ysii  trouvé  ce  nom  dans 
le  voyage  Hollandois  de  Chiillophe  Barchewitz  aux 
luAts  orientales,  ouvrage  qui  a  été  traduit  en  Atte- 
Jtiand  &  imprimé  à  F.rfuri ,  en-  175  i.  L'auteur  dit 
que  cet  animal  s'appelle  à  l'île  de  Letfiy,  Dtigur^  ou 
Jkafi  àugu»g  ;  h  qu'on  l'appelle  auffi  MaUnn»  i-ette 
dernière  dénomination  fcmbieroit  jndiqilerqueee  àvgon 
ou  dttguttg  e(l  un  ninnati  ou  lumarttin  ;  mais  dans  la 
dcfcription  de  ce  Voyageur  il  eft  dit  que  le  dugon 
a  deux  délènièfi  gmlTes  d'iin  pouce,  &  longues  d'un 
empan  :  or  ce  caradcre  ne  peut  convenir  au-manati, 
&  convient  au  contraire  à  t'-aiiimal  dont  il  e(l'  ici 
ilMeAion^  &  dont  nous  avons  U  tcto. 


des  Pfiaques,  &e,         33  f 

fituées  à  la  pointe,  mais  à  côté  de  îa  mâ- 
choire fupérieure.  Les  dents  mâcheiiires  du 
dugon  diffèrent  audî ,  tant  pour  ie  nombre 
que  pour  la  pofition  &  ki  forme ,  des  dents 
du  morie ,  ainfi  nous  ne  doutons  pms  que 
ce  ne  (bit  un  aniinsU  d'efpèce  diflferente. 
Quelques  Voyageurs  qui  en  ont  parl«éi*ont 
confondu  avec  le  lion  marin^.  Innigo  de 
Bicrvillas  dit  qu*oii  tua  près  du  cap  de 
Bonne-efpérance  un  lion  marin  qui  avoit 
dix  pieds  de  longueur  &  qliatre  de  grof- 
fcur ,  la  têie  comme  celle  d'un  veau  d'im 
an  ,  de  gros  yeux  aifreux ,  les  oreilles 
courtes  j^ec  une  barbe  hériffee,  les  pieds 
fort  larges  &  les  jambes  fi  courtes,  que  It 
ventre  touchoit  à  terre ,  &  il  ajoute  qu'on 
emporta  les  deux  défènlès  qui  fortoient 
d'un  dem4-pied;  hors  de  la  gueule  (b); 
ce  dernier  cara(flère  ne  convient  point  au 
lion  marin  qui  n'a  point  de  défeafes  ^  mais 
é^s  dents  (èmblables  à  celles  du  phoque , 
&  c'eft  ce  qui  m'a  fût  juger  que  ce  n'étoit 
point  un  lion  marin,  mais  l'animal  auquel 
nous  donnons  le  nom  de  dugon  ;  d'autres 
Voyageurs  me  paroiflent  l'avoir  indique 

fh)  Voyage  (Tlnnigo  de  Biervilias,  partie  J,  p-  JZ, 
0"  sS* 


/ 


•MM 


mmmm 


\i 


'53  2    '    Hipoire  Naturelle 

fous  la  dénomination  dWj-  marin;  SpïF- 
berg  &  Mandeiflo  rapportent  «  qu'à  i'île 
»  de  Sainte-Éiiliibeth  ,  fur  les  côtes  d'A- 
y>  frique  ,  il  y  a  des  animaux  qu'il  fîiudroit 
»  plutôt  appeler  des  ours  marins  que  des 
»  loups  marins,  parce  que  par  leur  poil, 
»  leur  couleur  &  leur  tête ,  ils  reflemblem 
»  beaucoup  aux  ours ,  &  qu'ils  ont  feu- 
»  lement  le  muieau  plus  aigu  ;  qu'ils  ref- 
»  ièmblcnt  encore  aux  ours  par  les  mou- 
y>  vemens  qu'Us  font  &  par  la  manière  dont 
>5  ils  les  font ,  à  l'exception  du  mouvement 
»  des  jambes  de  derrière  qu'ils  ne  font  que 
>3  traîner  ,*  qu'au  refte  ces  amnkibics  ont 
»  l'air  affreux ,  ne  fuient  point  a  rafpetH: 
»  de  l'homme ,  &  mordent  avec  afTez  de 
:»  force  pour  couper  le  i\\x  d'une  per- 
53  tuifime ,  &  que  quoique  boiteux  des 
i»  jamljes  de  derrière ,  ils  ne  laiffent  pas  de 
>5  marcher  aflez  vite  pour  qu'un  homme 
qui  court  ait  de  la  peine  à  les  joindre  »  (c), 
«  Le  Guat  dit  avoir  vu  près  du  cap  de 
y»  Bonne-efpe'rance ,  une  vache  marine  de 
>3  couleur  rouffâtre  ;  elle  avoit  le  corps 
»  rond  &  e'pais ,  l'œil  gros ,  les  dents  ou 

(c)  Premier  voyage  deSpHbcrg,  tome  II,  p,  ^//.i^ 
Voyage  de  Mandeiflo >  tome  II,  j>age  jjt» 


et  s  Phoques,  &c,  j-jj 

déiènles  longues  ,  le  mufle  un  peu  «c 
retroufTé  ,  &  ii  ajoute  qu'un  Matelot  c© 
lui  aflura  que  cet  animal  dont  il  ne  ce 
pouvoit  voir  que  le  devant  du  corps ,  « 
parce  qu'il  étoit  dans  l'eau ,  avoit  des  ce 
pieds  (d),  »  Cette  vache  marine  de  Le 
Guat,  l'oius  marin  xle  Spilberg  &  le  lion 
marin  de  Bierviiias  me  paroiflent  être  tousi 
trois  le  même  animal  que  le  dugon ,  dont 
la  têie  nous  a»  été  envoyée  de  l'île  de 
France  ,  &  qui  par  conféquent  fe  trouve 
dans  les  mers  méridionales  depuis  le  cap 
de  Bonne-elpérance  jufqu'aux  îles  Phi- 
lippines (e):  au  refte,  nous  ne  pouvons 

(d)  Voyage  de  Le  Guat ,  tome  1 ,  p^ge  j  t>, 

(e)  Je  pouvois  àt  ma  maifbn,  qui  étoit  fitiiée  fui' 
un  rocFier  dans  l'île  de  Leihy,  voir  les  tortues  à  quei- 
tjues  toifes  de  profondeur  dans  l'eau  ;  je  vis  un  jour 
deux  gros  dugun^s  ou  vaches  mannes  ,  qui  vinrent  près 
du  rocher  &  de  ma  maifoii  ;  je  fis  promptement 
avertir  mon  Pêcheur ,  à  qui  je  montrai  ces  deux  ani- 
maux, qui  fe  promcnoient  &  maiigcoient  d'une  moufîè 
verte  qui  croit  fur  le  rivpgc  ;  il  courut  aiiflltôt  cher- 
cher Tes  camarades  qui  prirent  deux  bateaux  &  allèrent 
fur  le  rivage,  &  pendant  ce  temps  le  mâle  vint  pour 
chercher  (a  femelle,  &  ne  \oulant  pas  s'éloigner  fe 
laifla  tuer  aufTii  Chacun  de  ces  poiffons  prodigieux 
avoit  plus  de  fix  aunes  de  long ,  le  mâle  étoit  un  peu 
plus  gros  que  la  femelle  ;  leurs  têtes  refTembloient  h 
celle  ii'un  bœuf ,  ils  avoiefU  deux-  gtoff»  dents  d'un 


w 


334         Hlflohe  Naturelle 

pas  nfîurer  que  cet  animal  qui  refTemble 
un  peu  au  moriè  par  la  tête  &  les  dé* 
fènfès ,  ait  comme  lui  quatre  pieds  ;  nous 
ne  le  préfumons  que  par  analogie ,  &  par 
i'indication  des  Voyageurs  que  nous  avons 
cites  ;  mais  ni  l'analogie  n'eft  aflez  grande , 
ni  les  témoignages  des  Voyageurs  aficz 
précis; pour  décider,  &  nous  fufpendrons 
notre  jugement  à  cet  égard ,  jufqu'à  cç 
que  nous  (oyons  mieux  informés. 

\LE  LAMANTIN  (fl, 

Dans  le  règne  animal,  c*eft  ici  que 
JRniflent  les  j>euples  de  ïa  terre,  &  que 

» 

tni]>ûn  de  hng  if  d'un  pouce  d'quvjfur ,  qui  cîcbor- 
«loient  fil  mâchoire  comme  aux  fan^iers  :  ces  dents 
étoient  plus  blanches  que  le  plus  bel  ivoire;  la  femelle 
avoit  deux  mamelles  comme  une  femme  ;  les  parties 
de  la  génération  du  maie  redèmbloicnt  à  celles  de 
l'homme;  les  inteftins  refTemNoicnià  ueuxdun  veau, 
&  la  chair  en  avoit  le  goiit.  Voyage  de  Chipofhe  Batr 
chtwiti,  rage  iStt'^xinit  traduit  par  M.  le  marquis 
de  Montmirair  A^(>r/i«  Totite  cette  defcription  convient 
afTez  au  manati,  à  rcxceptton  Acs  denÇs;  le  manati  n'a 
nidéfênfes  tii  dents  incinves,  éc  c'cfl  (ûr  cela  (êul  que 
j'ai  préfumé  que  ce  dugiing  nVtoit  point  le  manati  ; 
mais  l'animal  dont  nous  avons  les  têtes,  &  que  nous 
avons  fait  rcpréiênter.  i 

(fj  LamMÙn.  On  ^4>rétendu  que  ce  nom  vetuiBe 


*def  Phoi]ues$  <^<v  J  3  J 

commencent  v^^  peuplades  4e  la  Hfifix-i 
ie  Lamantin  qui  n'efl  plus  quadrupède, 
n'efl  ^>as  entièrement  cétacée,  jl  retient 
des  premiers  deux  pieds  .ou  plutôt  deux 

(Te  C|B  que  cet  anîrnal  fâifok  des  cris  farnental>les  : 
c'efl  une  fable.  Ce  mot  efl  une  corruption  du  nom 
de  cet  arrimai  dans  b  langue  ^&  Galibis ,  'habitam 
de  b  <Guiane ,  &  .des  Catmes  ou  Qiraïl>es^  habitans 
Ati  Antilies;  c'ed  le  mênic  peuple  &  la  mêfne  bngue, 
à  quel(]ucs  variétés  près  :  ils  nommait  le  lamantin 
mMîati ,  d'où  les  Nègres  des  îles  françoifès  d'Améri- 
que ,  qui  eOropient  -tous  les  Aiots  ont  <£iit  lamanatty 
en  ajoutant  Tarticle^  comn^e  pour  dire  la  beu  manati; 
de  lamanati ,  ils  ont  fait  tamamti ,  en  fupprimant  le 
troiOème/i,  &  fiifant  (aoxwtVn;  lamanuti,  Itunenti, 
qu'on  a  écrit  par  un  r ,  par  analogie  prétendue  avec 
iamtmari ,  ce  qui  a  donné  lieu  à  l'analogie  des  crij 
hmentabks ,  fuppofés  ^e  la  fçmelle  quand  on  lui  déroJM 
Ton  petit.  Lettn  dt  Ah  de  ia  G>ndamne  A  M,  dt 
Bv§on ,  du  28  mai  tj^^^.  Je  cite  cette  efpècc  d'é»- 
tymologie,  de  laquelle  M.  de  b  Condaqf^ine,  qui  a 
demeuré  dix  ans  daos  les  Indes  occidentales  ,  doit 
être  .bien  informé:  cepend<int  je  dois  obfcrver  que 
le  mot  manati,  (ctpn  pkifieurs  autres  auteurs,  cA 
cfpagnol  &  indique  un  animal  qui  a  àti  mains ,  & 
que  -probable;inciit  les  Guiapois  ou  Jes  Cara)'bfs  qui 
font  aflèz  éloignés  les  uns  des  autifes ,  Tont  également 
emprunté  des  Efpagnois.       ■■  "  \:  ■         '', , 

Manati ,  Ffwca  gemu»  C\o.Ç\\\  exttfc*  pag,  i>3  a  «  fig. 
^id,  f  ag.  133. 

AfoHati»  HeriMnd.  Hift,  Mm,  pag.  3  a  )  ,  ^.  iiid, 

Métiiatits»  Lt.lananfin»  Btiff»  Reg*  mm»  p.  ^9*1 


X 


^  J  6         Hîflotre  Natureïk^ 

jnairis  ;  mais  les  jambes  de  derrière!  qui, 
dans  les  phoques  &  ks  moriès ,  font 
prefqu*entièrcment  engagées  dans  le  corps, 
-Sa  raccourcies  autant  qu'il  cft  poflible, 
ie  trouvent  abibiument  nulles  &  obli- 
te'rées  dans  le  lamantin  ;  au  lieu  de  deux 
pieds  courts  &  d'une  queue  étroite  en- 
core plus  courte  que  les  jnorfes  portent 
à  leur  arriére  dan?  une  diredion  hori- 
zontale ,  les  lamantins  n'ont  pour  tout 
cela  qu'une  grolTe  queue  qui  s'élargit 
en  éventail  dans  cette  même  diredion, 
en  forte  qu'au  premier  coup  d'œil  il  fem- 
bleroit  que  les  premiers  auroient  une  queue 
di<^irée  en  trois ,  &  que  dans  les  derniers 
ces  trois  parties  (e  feroient  i^é unies  pour 
n'en  former  qu'une  ieule  ;  mais  par  une 
infpedîon  plus  attentive  ,  &  lur-tout  par 
la  diffedlion  ,  l'on  voit  qu'il  ne  s'ell  point 
fait  de  réunion ,  Cfu'il  n'y  a  nul  veftige 
des  os  des  cuifîès  &  des  jambes ,  &  que 
ceux  qui  forment  la  queue  des  lamantins 
font  de  fimples  vertèbres  ifolées  &  fem- 
J:)Iables  à  celles  des  cétacées  qui  n'ont 
point  de  pieds  ;  ainfi  ces  animaux  font 
cétacées  par  ces  parties  de.  l'arrière  de  leur 
corps ,  &  ne  tiennent  plus  aux  qu*idruj)èdes 

que 


des  Phoques,  &c.         337 

^iie  par  les  deux  pieds  ou  ceux  mains 
qui  (ont  en  avant  à  côté  de   leur  poi- 
trine. Ovicdo  me  paroît  être  le  premier 
«uteur  qui  ait  donné  une  efpèoe  d'iiiftoirc 
&  de  defcription  du  Lamantin  ;  ce  on  le 
trouve  aflèz  fréquemment ,  dit -il ,  fur  ce 
les  côtes  de  Saint-Domingue;  c'eft  un  ce 
très-gros  animal  d'une  figure  infornie ,  ce 
qui  a  la  tête  plus  grofïè  que  celle  d'un  ce 
bœuf,  les  yeux  petits ,  deux  pieds  ou  œ 
deux  luains  près  de  la  tête  qui  lui  fervent  ce 
à  nager  ;  il  n'a  point  d'écaillés ,  mais  ec 
il   eft  couvert   d'une  peau  ou   plutôt  <« 
d'un  cuir  épais ,   c'eft  un  animal  fort  ùl 
doux;  il  remonte  les  fleuves ,  &  mange  ce 
les  herbes  du  rivage,  auxquelles  il  peut  ce 
atteindre  fans  fortir  de  l'eau  ;  il  nage  à  ce 
la  furfac^;  pour  4e  prendre,  on  tache  ce 
de  s'en  approcher  fur  une  napdfe  ou  et 
un  radeau ,  &  on  lui  lance  une  groflê  ce 
flèche  attachée  à  un  très-long  cordeau  ;  ce 
dès  qu'il  fe  fent  frappé  ,   il  s'enfuit  &  ce 
emporte  avec  lui  la  flèche  &  le  cordeau  ce 
à  l'extrémité  duquel  on  a  foin  d'attacher  ce 
un  gros  morceau  de  liège  ou  d«  bois  ce 
léger  pour  fèrvir  de  bouée  de  de  ren-  ce 
feignement.  Lorfquc  l'aiiimal  a  perdu  çc 
Tome  XL  P 


il 


w 


«< 


3  3  S         Hifloire  Nûîwefle  ^ 

s>  par  cette  blefTurc  (on  fang  &  {es  forceô 
»  il  gagne  la  terre  ,  alors  on  reprend  i'ex- 
»  tréniité  du  cordeau  ,  on  le  roule  jufqu'à 
>>  ce  qu'il  n'en  relie  plus  que  quelques 
»  brafles  ;  &  à  l'aide  de  la  vague  on  tire 
y»  peu  à  peu  l'animal  vers  le  bord ,  ou 
•»  bien  on  a^chève  de  le  tuer  dans  l'eau  à 
a»  coups  de  lance.  Il  eft  fi  pelant ,  qu'il 
*>  faut  une  voiture  attelée  de  deux  bœufs 
ao  pour  le  tranfporter  ;  fa  chair  eft  excel- 
»  lente,  .&  .quand  elle  eft  fraîche  on  Ja 
»  mangeroit  plutôt  comme  du  bœuf  que 
»  comme  du  poiffon  ;  «n  la  découpant  & 

V  ia  fàifant  fécher  ^  marin€r,  elle  prend 
»  avec  le  temps  Je  goût  de  la  chair  du 
:ï>  thon ,  &  elle  eft  encore  ineilleure.  Il  y 
»  a  de  ces  animaux  qui  ont  plus  de  quinze 
ap  pieds'  de  longueur  fur  fix  pieds  d'é- 
x>  paifîcur;  Ja  partie  de  l'arrière  du  corps 

V  eft  beaucoup  plus  menue  &  va  toujours 
a>  çn  diminuant  jufqu'à  la  queue  ,  qui 
30  enfuite  s'élargit  à  fon  extrémité.  Comme 
y>  les  Elpagnols  ,  ajoute  Gviedo  ,  don- 
3>  nent  le  nom  de  mains  aux  pieds  de 
»  devant  dé  touf  les  quadrupèdes  ,  & 
?3  comme  cet  animal  n'a  que  àts  pieds  de 
p  devant ,  ils  lui  ont  donné  la  déaouii- 


,%■'' i  *• 


Jes  Pho()ues ,  &u         5  3  5> 

MStion  d'animal  à  maifts ,  Manati;  il  n'a  ce 
point  d'oreiiies  externes ,  mais  feulement  ce 
deux  trous  par  lelquels  il   entend  ,   là  ce 
peau  n'a  que  quelques  poils  afîez  rares ,  ce 
elle  efi:  d'un  gris-cendré  &  de  l'e'paifleur  ce 
d'un  pouce ,  on  en  fait  des  femelles  de  ce 
fouliers,  des  baudriers,  &c.  La  femelle  ce 
a  deux  mamelles  fur  la  poitrine,  &  elle  ce 
produit  ordinairement  deux  petits  qu'elle  « 
allaite  (g);  »  tous  ces  fîùts  rapportés  par 
Oviedo  font  vrais,  &  il  efl  fmgulier  que 
Cieça  (h)t   &  plufieurs  autres  après  lut 
aient  afTuré  que  le  lamantin  fort  fbuvcnt  de 
l'eau  pour  aller  paître  fur  la  terre ,  ils  lui 
ont  faufîèment  attribué  cette  habitude  na* 
turelle  ,   induits  en   erreur  par  l'analogie 
du  morfe  &  des  phoques  qui  fortent  eu 
efïèt  de  l'eau  &:  fcjournent  à  terre ,  mais 
il  eft   certain    que  le  lamantin  ne  quitte 
jamais  l'eau ,  &  qu'il  préfère  le  féjour  des 
eaux  douces  à  celui  de  l'eau  falée.       wt:-. 
Clufius  dit  avoir  vu  &  mefuré  la  peau 
d'un  de  ces  animaux ,  &  l'avoir  trouvée 
de  feizc  pieds  &  demi  de  longueur,  & 

(g)  Ferdin.  Oviedo.  Hif*  Ind,  occU,  lib.  XIÏ 
cap.  X.        ,  ■   1      ■  '    ,.     ' 

(hj  Chron,  Peruv,  cap.  xxxi, 


^TaR" 


54^*       H'tfloire  Naturelle 

<Ie  (çpt  pieds  &,  demi  de  largeur  ;  îes 
<ieux  pieds  ou  les  deux  mains  étoient  fort 
larges  ,  avec  des  ongles  courts.  Go- 
inara  (  i  )  aflure  qu'il  s'en  trouve  queU 
quefois  qui  ont  vingt  pirds  de  longueur, 
éa  il  ajoute  que  ces  animaux  fréquentent 
nufli-bien  les  eaux  des  fleuves  que  celles 
de  la  mer  ;  il  cacontç  qu'on  en  avoit 
irievé  ^  nourri  un  jeune  dans  un  lac  à 
^aint-^Pomingue  pendant  vingt- fix  ans, 
qu'il  çtoit  fi  doux  ^  fi  ]:)rivé  qu'il  pre-» 
jioit  doucement  la  nourriture  qu'on  lui 
préfentoit ,  qu'il  entendoit  fon  nom ,  5c 
que  quand  on  l'appeloit  il  fortoit  de  l'eau 
&  (^  traînoit  en  rampant  jufqu'à  la  mai  fon 
j.)Gur  y  recevoir  fa  nourriture ,  qu'il  fem^ 
bloit  fe  plaire  à  entendre  la  voix  humainç 
&  le  chant  des  enfans ,  qu'il  n'en  avoit 
nulle  peur ,  qu'il  les  laiffoit  affeoir  fur  fon 
dos  ,  &  qu'il  les  pafîoit  du  bord  d'un  lac 
à  l'autre  fans  fc  plonger  dans  l'eau  ,  & 
fans  leur  fiiire  aucun  mal.  Ce  fait  ne  peut 
être  vrai  dans  toutes  fes  circondances ,  \\ 
paroît  accommodé  à  la  fable  du  Dauphin 
des  Anciens  ,  car  le  lamantin  ne  peut  ab^ 
folument  fe  traîner  fur  la  terre,  '  -  ' 
(l)  Fï»  Lopçs  de  Gomara.  Hiji,  gea,  cap.  XXXI* 


Her 

fujet  d 
que  qi 
facilem 
l'eau , 
quelqu 
He 
du  lani 
face , 
autres 
avant  I 
océans 
&  la  11 
lacs,  n 
Aianm 
prefqu 
tout  o 
mainsi 
ièmbla 
nombi 
celle  d 
d'un  c 
celles 
côtes 
qu'il 

page  /; 


Je  s  Phoques,  &t*  34^ 

Herrera  dit  peu  de  cholè  de  phis  au 
fujet  de  cet  animai  ;  il  aiïure  feulement 
que  quoiqu'il  foit  très  -  gros  ,  il  nage  fi 
facilement  qu'il  ne  fait  aucun  bruit  dans 
l'eau  ,  &  qu'il  (è  plonge  dès  qu'il  entend 
quelque  cho(è  de  loin  i(î<),  t 

Hernandès  qui  a  donne  deux  frguireJ 
du  lamantin,  Tune  de  profil  &  l'autre  de 
face ,  n'ajoute  prefque  rien  à  ce  que  les 
autres  auteurs  Efpagnols  en  avoient  écrit 
avant  lui,  il  dit  feulement  que  les  deux 
océans  ,  c'eft-à-dire  la  mer  Atlantique 
&  la  mer  Pacifique  ,  aufli  -  bien  que  les 
iacs,  nourrifient  une  bête  informe  appelée 
Aianatl,  de  laquelle  il  donne  la  defcription 
prefqu'entièrenient  tirée  d'Ovicdo  ;  & 
tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  ^  c'cft  qjje  les 
mains  de  cet  animal  portent  cinq  ongles 
Semblables  à  ceux  de  l'homme,  qu'il  a  le 
nombril  &  l'anus  larges ,  îa  vulve  comme 
celle  d'une  feinme ,  la  verge  comme  celle 
d'un  cheval ,  la  chair  &  la  graiffë  comme 
celles  d'un  cochon  gras  ,  &  enfin  les 
côtes  &  les  vifcères  comme  un  taureau  ; 
qu'il   s'aCcouple    fur  terre  à  la  manière 

(h)  Defcription  des  Indes  occidentales,  par  Herrera^ 

P  iij 


f34^         Hiflolre  Naturelle 

humaine ,  la  femelle  rcnverfée  fur  le  cîos , 
&  qu'elle  ne  produit  cju'un  petit ,  qur  eft 
d'une  groflèur  monflr^eule  en  naifTi^nt  ^l). 
L'accouplement  de  ces  animaux  ne  peut 
fe   faire  (ur  terre  ,    comme  ie  dit   Her- 
nandès  ,   puifqu'ils  n'y  peuvent  aller  ;  & 
il  (e  fait   dans  i'eau    fur    un    bas -fond. 
Binct  (m)t  dit  que  le  lamantin  eft  gros 
comme  un    bœuf,   &  tout  rond  comme 
un  tonneau ,  qu'il  a  une  petite  tête  &  peu 
de  queue  ;  que  fx  peau  efl  rude  &  épaifîë 
comme  celle  d'un  éléphant ,  qu'il  y  en  a 
de  fi  gros  ,  qu'on  en  tire  plus  de  fix  cents 
livres  de  viande  très-bonne  à  manger;  que 
fa  graiffe  eft  aufll  douce  que  le   beurre  ; 
que   cet  animal  fe  plaît  dans  les   rivières 
proche  de  leur  embouchure  à  la  mer  pour 
y  brouter  l'herbe  qui  croît  le  long  des 
rivages  ;  qu'il  y  a  de  certains  endi'oits ,  à 
dix  ou  douze  lieues  de  Cayenne ,  où  l'on 
en  trouve  en  fi  grand  nombre  que  l'on 
peut  dans  un  jour  en  remplir  une  longue 
barque ,  pourvu  qu'on  ait  des  gens  qui  le 
lèrvent  bien  du  harpon.  Le  P.  du  Tertre 

(l)  Hernand.  Hifl,  Alex.  pag.  323  &  324. 
(m)  Voyage  à  l'île  de  Cayenne ,  par  Aniwnc  Binet^ 


M'' 


des  Phoques ,  &c,         J4J 

t^\  décrit  au  iong.  la  chafTe  ou  la  pêche 
du  lamantin  ,•  s'accorde  prelque  en  tout 
.avec  les  auteurs  que  nous  venons  de 
citer  ;  cependant  il  dit  c{ue  cet  animal  n'a 
<jue  quatre  doigts  &  quatre  ongles  à  cha- 
cjue  niiiin  ,  &  ii  ajoute  qu'il  fe  nourrit  d'une 
petite  herbe  qui  croît  dans  la  mer  ,  qu'il 
la  broute  comme  le  bœuf  fait  celle  dos 
prés  ;  &:  qu'après  s'être  rempli  de  cette 
pâture ,  il  cherche  les  rivières  &  les  eaux 
douces  où  il  s'abreuve  deux  fois  par  jour; 
qu'après  avoir  bien  bu  &  JMen  mangé  il 
s'endort  le  mufle  à  demi  hors  de  l'eau , 
ce  qui  le  fait  remarquer  de  loin*  que  la 
femelle  fliit  deux  petits  c|ui  la  fuivent  par- 
tout ;  &  que  fi  on  prend  la  mère  ,  on 
cil  afiuré  d'avoir  les  petits,  qui  nel'aban- 
clonncnt  pas ,  même  après  fa  mort ,  &  ne 
font  que  tournoyer  autour  de  k  barque 
qui  l'emporte  (n).  Ce  dernier  fait  me 
paroît  très-fufped: ,  il  eft  même  contredit 
par  cPautres  Yoyageurs  qui  afTurent  quie 
le  lamantin  ne  produit  qu'un  petit  :  tous  \^ 
gros  animaux  quadrupèdes  ou  cétacées  ne 
produilent  ordinairement  qu'un  petit ,  b 

(n)  Hiftoire  générale  des  Antilles,  par  le  P.  do 
.Tertrç,. 

111^ 


I 


lii 


'344        Hifloke  Naturelle    . 

feule  analogie  fufïit  pour  qu'on  fc  refùfe  a 
croire  que  le  lamantin  en  produife  toujoun 
deux  ,  comme  l'aflure  le  P.  du  Tertre. 
Oexmelin  remarque  que  le  lamantin  a  la 
queue  fitue'e  comme  les  cëtacécs ,  &  non 
pas  comme  les  poiflons  à  écailles  qui  l'ont 
tous  dans  la  diredion  verticale  du  dos  au 
ventre ,  au  lieu  que  la  baleine  &  les  autres 
cétacées  ont  la  queue  lituée  traniVerilJe- 
ment  ,  c'cft-à-dire  y  d'un  côté  à  l'autre 
du  corps  ;  il  dit  que  le  lamantin  n'a  point 
de  dents  de  devant  ;  mais  feulement  une 
callofit^dure  comme  un  os,  avec  laquelle 
il  pinceî'herbe  ;  qu'il  a  néanmoins  trenie- 
deux  dents  molaires  ;  qu'il  ne  voit  pas 
bien  à  caufe  de  la  petiteiïe  de  fes  yeux 
qui  n'ont  que  fort  peu  d'humeur  &  point 
d'iris  ;  qu'il  a  peu  de  cervelle  ;  mais  qu'au 
défiiut  de  bons  yeux,  il  a  l'oreille  eyxellentej 
qu'il  n'a  point  de  langue  ;  que  les  parties 
de  la  génération  font  plus  femblafjlcs  à 
celles  de  Thomme  &  de  la  femme,  qu'à 
celles  d'aucun  animal  ;  que  le  lait  des 
femelles,  dont  il  aflure  avoir  goûté,  eft 
d'un  très- bon  goût;  qu'elles  ne  produifent 
qu'un  ièul  petit  ,  qu'elles  embraffent  & 
portent  avec  la  main  ;   qu'elles  l'allaitent 


a 


.     ies  Phoques  t  éfc,         34511 

pendant  un  an ,  .iprès  quoi  il  cft  en  éiat 
de  le  pourvoir  lui-même  &  de  manger 
de  l'herbe  ;  que  cet  animal  a,  depuis  le  cou 
ju(qu*àla  queue  cinquante-deux  vertèbres  ; 
qu'il  fè  nourrit  comme  la  tortue ,  mais  qu'ii 
ne  peut  ni  marcher  ni  ramper  fur  la  terre  ("o). 
Tous  ces  faits  font  aflèz  exads ,  &  même 
celui  des  cinquante -deux  vertèbres  ;   car 
M.  Daubenton  a  trouvé  dans  l'embryon 
qu'il  a  dilTéqué ,  vingt-huit  vertèbres  dans 
la  queue,  (eizedanslc  dos&  fix,  ou  pliuôt 
fept  dans  le  oou.  Seulement,  ce  Voyageur 
fè  trompe  au  fujet  de  la  langue ,  elle  ne 
manque  point  au  lamantin;  mais  il  ed  vrai 
qu'elle  èft  attachée  en  defTous  &  prefque 
jufqu'à  fbn  extrémité  à  la  mâchoire  in- 
férieure.  On  trouve  dans  le  voyage  aux 
îles derAmérique.  Paris,  t  / 2 2, une  afTez 
bonne  defcription  du  lamantin  ,  &  de  h 
manière  dont  on  le  harponne  ;  l'Auteur 
cft  d'accord  fur  tous  les  faits  principaux 
avec   ceux  que  nous  avons  cités  ;  mais  iï 
obferve  c<  que  cet  animal  eft  devenu  afîèz 
rare  aux  Antilles ,  depuis  que  les  bords  c< 
de  b  mer  font  habités  ;.  celui  qu'il  vit  <c 

'  (0)  Hiftoire  Aa  Aventuriers,  par  Oexmelin| 
i9rftc  JilJ  ,  page  ij'f'irfuivantest 

P  V 


il 


34^        Hiftolre  Naturelle 

»  &  qu'il  inefum  ,  avoit  quatorze  pîeds 
»  neuf  pouces  ,  depuis  le  bout  du  iiiuiîe 
93  jufqu'à  la  nai0imce  de  la  queue  ;  il  étoit 
»  tout  rond  julqu'à  cet  endroit  ;  (à  tête 
»  étoit  groffe  ,  fa  gueule  large  avec  de 
y>  grandes  babines  &  quelques  poils  longs 
»  &  rudes  au  -  deflus  ;  fes  yeux  étoient 
»  très-petits  par  rapport  à  fa  têie ,  ^  les 
o3  oreilles  ne  paroifl oient  que  comme  deux 
»  petits  trous  y  le  cou  ell  fort  gros  & 
33  fort  court,  &fans  unp^tit  mouvement, 
»  qui  le  fait  un  peu  plier  f  il  ne  fcroit 
y>  pas  poiïible  de  diflinguer  la  tête  du 
»  relie  du  corps.  Quelques  Auteurs  pré- 
V  33  tendent  (  ajoute -t  ►  ii  )  que  cd:  animai 
33  fè  (èrt  de  les  deux  mains;  ou  nageoires 
33  pour  le  traîner  fur  terre  ;  je  me  fuis 
33  foigneufement  informé  de  ce  fût  ;  per- 
33  fonne  n'a  vu  cet  animal  à  terre ,  &  ii 
33  ne  lui  eft  pas  polîlble  de  marcher  ni 
33  d'y  ramper  ;  (es  picdi»  de  devant  ou 
33  (es  mains  ne  lui  lèrvant  que  pour  tenir 
33  (es  petits  pendant  qu'il  leur  donne  à 
33  téter;  la  femelle  a  deux  mamelles  rondes, 
33  je  les  mefurai,  dit  l'Auteur,  elles  aboient 
33  chacune  (ept  pouces  de  diamètre  (ur 
?3  environ  quatre  d'clévaiion  ;  le  maindo» 


pîeds 
Liiu£e 


'^es  Phoques ,  &c,         34.7 

étdix  gros  coiinne  le  pouce  &  fortoit  « 
d'un  bon  doigt  au  dehors  ;   le  corpfs  ce 
avoit  huit  pieds  deux  pouces  de  circon-  ce 
férence  ;  la  queue  étoit  comme  une  large  ce 
palette  de  dix  -  neuf  pouces  de  long ,  ce 
ÔL  de  quinze  pouces  dans  fa  plus  grande  c< 
largeur ,  &  i'épaiiïeur  à  l'extrémité  étoit  ce 
d'environ   trois  pouces  ;   la  peau   étoit  ce 
Êpaifle  fur  le   dos  prefque  comme  un  ce 
double  cuir  de   bœuf ,   mais  elle  étoit  ce 
beaucoup  plus  mince  fous  le  ventre  ;  ce 
qWq  eft  d'une  couleur  d'ardoife-brune ,  ce 
d'un  gros  grain  &  rude  avec  des  poils  ce 
de  même  couleur,  clair-femés,    gros  &  ce 
afîez  longs.  Ce  lamantin  pefoit  environ  ce 
huit  cents  livres  ;  on  avoit  pris  le  petit  ce 
avec  la  mère  ;  il  avoit  à  peu-près  trois  ce 
pieds  de  loiig  ;  on  fit  rôtir  à  la  broche  le  ce 
côté  de  la  queue,  0î>  trouva  cette  chair  « 
audi  bonne   &   aufTi   délicate  que   du  ce 
veau.     L'herbe    dont    ces    animaux  le  <c 
nourrirent  ,   efl  longue   de  huit  à  dix  <e 
pouces ,  étroite ,  pointue ,  tendre  &  d'un  ce 
afîez   beau  vert  ;   on   voit  des  endroits  ce 
fur  les  bords  &  fur  les  bas-fonds  de  la  «< 
mer ,    où   cette  herbe  efl  fi  abondante  ,  « 
que  le  fond  paroît  être  une  prairie  ;  les  ce 

P  v; 


'348         Hîffoire  Naturelle 

tortues  en  mangent  auffi  (p),  &c.  m  Le 
Père  Magnin  de  Fr-ibourg,  dit  que  le 
lamantin  mange  l'herbe  qu'il  peut  atteindre, 

iiins  cependant  fortir  de  l'eau •  .  , 

Qu'il  a  les  yeux  petits  &  de  ia  grofîeur 
d'une  noifettc  ;  les  oreilles  fi  fermées  , 
qu'à  peine  il  y  peut  entrer  une  aiguille  ;, 
qu'au  dedans  des  oreilles  fe  trouvent  deux 
petits  os  percés;  que  les  Indiens  ont  cou* 
tume  de  porter  ces  petits  os  pendus  au 
cou  comme  un  bijou ...  Et  que  Ton  cri 
TefTemblc  à  un  petit  mugiflèment  (q). 

Le  P.  Gumilla ,  rapporte  qu'il  y  a  une 
infinité  de  lamantins  dans  les  grands  lacs 
de  rOrénoque;  «  ces  animaux,  dit- if, 
»  pè(ènt  chacun  depuis  cinq  cents  juf- 
yi  qu'à  lêpt  cents  cinquante  livres  ;  ils  ie 
»  nourrilîênt  d'herbes  ;  ils  ont  les  yeux 
»  fort  petits ,  &  les  trous  des  orciHes  ea- 
5»  core  plus  petits  ;  ils  viennent  paître  fiir 
»  le  rivage  lorfque  la  rivière  ell  bafle.  La 

(p  )  Nouveau  voyage  aux  îles  de  fAmérîquc; 
I9me  lifpage  200  & fuiv, 

( q)  Extrait  d'un  manufcrit  du  Père  Magnin  de 
FribcHjrg ,  MiflTionnaire  de  Borja ,  Correrpontîani  de 
J'Acadcniie  des  Sciences,  tradudion  de  i'efpagnoljr 
6ommiini(}Uce  par  M.  de  la  Condamine, 


des  Phoques,  &c.         '3  451 

femelle  met  toujours  bas  deux  petits ,  c< 
elle  les  porte  à  (es  mamelles,  avec  Tes  c< 
bras  &  les  ferre  fi  fort  qu'ils  %s.  s'en  cç 
fcparent  jamais  ,  quelque  mouvement  «c 
qu'elle  flifle  ;  les  petits  lorfqu'ils  vien-  «c 
nent  de  naître  ne  laiflênt  pas  de  pefer  ce 
«chacun  trente  livres  \  le  lait  qu'ils  tètent  c< 
cft  très-épais.  Au-defTous  de  la  peau  ,  « 
qui»  eil  bien  plus  épaiiïe  que  celle  d'un  <c 
bœuf,  on  trouve  quatre  enveloppes  ou  c< 
couches  ,  dont  deux  font  de  graifîe  &  €< 
les  deux  autres  d'une  chair  fort  délicate  « 
&  (avoureule  ,  qui  étant  rôtie,  a  l'odeur  « 
du  cochon  &  le  goût  du  veau.  Ces  «c 
animaux ,  lorfqu'il  doit  pleuvoir ,  bon-  « 
difJènt  hors  de  l'eau  à  une  hauteur  afîcz  c< 
confidérable  (r):  >>  il  paroît  que  le  Père 
Gumilla  fe  trompe  comme  le  P.  du  Tertre  , 
en  difànt  que  la  femelle  produit  deux 
petits  ;  il  elt  prefque  certain ,  comme  nous 
l'avons  dit ,  qu'elle  n'en  produit  qu'un. 

Enfin,  M.  de  la  Condamine  qui  a 
bien  voulu  nous  donner  un  defîin  qu'if 
a  fait  lui-même  du  lamantin  ,  fur  la  rivière 
des  A  mazones ,  parle  plus  précifément  & 
mieux  que  tous  les  autres  des  habitudes 
(r)  Hitloii'c  de  l*Orcno'j[ue ,  par  le  Pt  Gumiilla, 


■J50  Hffloire  Naturelte 

naturelles  de  cet  animal,  ce  Sa  chair,  dif- 
>3  il ,  &  ia  graifîe  ont  aflez  de  rapport  à 
33  celle  eu  veau  ;  le  Père  d'Acuna  rend 
33  fa  refiembhmce  avec  le  bœuf  encore 
J3  plus  complète  en  lui  donnant  des  cornes 
»  dont  la  Nature  ne  Ta  point  pourvu  ;  il 
»  n'efl  pas  amphibie  à  proprement  parler, 
yy  puifqu'il  ne  fort  jamais  de  l'eau  entiè- 
»  rement ,  &  n'en  peut  fortir ,  n'ayant 
o>  que  deux  nageoires  alTez  près  de  la  tête , 
»  plates  &  en  forme  d'ailerons ,  de  quinze 
»  à  feize  pouces  de  long  ,  qui  lui  tiennent 
39  lieu  de  bras  &  de  mains  ;  il  ne  fait 
y>  qu'avancer  fa  tête  hors  de  l'eau  pour 
»  atteindre  l'herbe  fur  le  rivage.  Celui  que 
»  je  defîinai  (aJQute  M.  de  la  Condamine) 
39  étoit  femelle  ,  fa  longueur  étoit  de  (èpi 
»  pieds  &  demi  de  roi',  &  la  pkis  grande 
»  largeur  de  deux  pieds*  J'en  ai  vu  depuis 
»  de  plus  grands  ;  les  yeux  de  cet  animal 
33  n'ont  aucime  proportion  à  la  grandeur 
33  de  fon  corps  ;  ils  font  ronds  &  n'ont 
3>  que  trois  lignes  de  diamètre  ;  l'ouven- 
33  ture  de  les  oreilles  eft  encore  plus  petite 
33  &  ne  paroît  qu'un  trou  d'épingle.  Le 
aa  manaii  n'efl  pas  particulier  à  la  rivière 
»  des  Amazoïics ,  il  n'efl  pas  moins  com^ 


àes  Phaques,  &c,         jjfl 

iDun  dans  l'Oréiioque  ;.  il  fe  trouve  «c 
aulîi  y  quoique  moins  fréqueinment  ,  « 
dans  rOyapoc  &  dans  plufieurs  autres  ce 
rivières  des  environs  de  Cayenne  &  des  «x 
côtes  de  la  G  uiane ,  &  vraifemblablement  <c 
ailleurs.  C'efl:  le  même  qu'on  nomnioit  « 
autrefois  Aîanati  ,,  &  qu'on  nomme  «c 
aujourd'iiui  Lamantin  à  Cayenne  &  dans  «c 
les  îles  françoi-fes  d'Amérique  ,  mais  je  << 
crois  i'efpèce  un  peu  différente.  Il  ne  <c 
fè  rencontre  pas  en  haute  mer ,  il  eft  « 
même  rare  près  des  embouchures  des  «x 
rivières ,  mais  on  ic  trouve  à  plus  de  oc 
Biiil'e  fieues  de  la  mer  dans  ia  plupart  <c 
des  grandes  rivières  qui  defccndent  dans  ce 
celle  des  Amazones  ,,  comme  dans  le  ce 
Cuallaga,  le  Paflaça,  &c.  il  n'efl  arrêté,  <c 
en  remontant  l'Amazone,  que  par  le  ce 
Pongo  (catarade)  de  Borja ,  au-de(îus  « 
duquel  on  n'en  trouve  plus  ^/^  35.  ,,.  . 
.  :  Voilà  le  précis  à  peu-près  de  tout  ce 
que  l'on  fliit  du  lamantin  ;  il  feroit  à  de- 
fu cr  que  nos  habiians de  Cayenne,  parmi 

(J)  Voyage  fur  W  rivière  cîes  Amazones ,  par 
M.  ne  la  Condimine ,  i«^,*  page  i  54  &  fuiv.  A//- 
wo'ms  tîe  l'Académie  fies  Mewes ^  '7i-5 fV^B^^ ^k^'k 


3  5  i         Hlftotre  NdturelJe 

Ici  quels  il  y  a  maintenant  des  perfbnncs 
inftruites  &  qui  aiment  l'Hiftoire  Naturelle, 
obfervaflent  cet  animal  &  fiflcnt  ia  def- 
cription  de  (es  parties  intérieures ,  fur-tout 
de  celles  de  ia  reCpiration ,  de  la  digeftion 
&  de  la  génération.  II  paroît  ,  mais  nous 
n'en  fommes  pas  iîirs,  qu'il  a  un  grand 
os  dans  la  verge,  le  trou  ovale  du  cœur 
ouvert ,  les  poumons  fingulièrement  con- 
formés, l'eftomacdivifé  en  plufieurs  por- 
tions ,  qui  peut  -  être  forment  plufieurs 
eftomacs  difîerens,  comme  dans  les  animaux 
ruminans. 

Au  refte ,  refpèce  du  lamantin  n*eft  prfs 
confinée  aux  mers  &  aux  fleuves  du  nou- 
veau monde ,  il  paroît  qu'elle  exifle  auffi 
fur  les  côtes  &  dans  les  rivières  de  TAfrique. 
M.  Adanfon  a  vu  des  lamantins  au  Séné- 
gal; 1  en  a  rapporté  une  tête  qu'il  nous  a 
donnée ,  &  en  même  temps  il  a  bien  voulu 
me  communiquer  la  defcription  de  cet  ani- 
mal ,  qu'il  a  faite  fur  les  lieux ,  &  je  crois 
devoir  fa  rapporter  en  entier,  ce  J'ai  vu 
33  beaucoup  de  ces  anii||jpux  (dit  M.  Adan- 
53  fon  )  les  plus  grands  n'avoient  que  huit 
M  pieds  de  longueiH  &  pefoient  environ 
y>  huit  cents  livres  3  \xm  femelle  de  çiii^ 


fort 


de; 


des  Phoques,  &c.         35^ 

pîcds  trois  pouces  de  long  ne  pelbit  que  c< 
cent  quatre-vingt-quatorze  livres  ;  leur  <c 
couleur  efl  cendrée-noire ,  les  poils  font  c< 
très- rares  fur  tout  le  corps,  ils  font  en  a 
forme  de  foies  longues  de  neuf  lignes  ;  « 
la  tête  efl:  conique  &  d'une  groflcur  mé-  ce 
diocre,  relativement  au  volume  du  corps;  c< 
les  yeux  font  ronds  &  très-petits  :  firis  ce 
efl  d'un  bleu- foncé  &  la  prunelle  noire  ;  ce 
le  muleau  elt  prel'que  cylindrique ,  les  ce 
deux  mâchoires  font  à  peu-près  égale-  c< 
ment  larges,  les  lèvres  font  charnues  &  ce 
fort  épailîès  ;  il  n'y  a  que  des  dents  ce 
molaires  ,  tant  à  la  mâchoire  d'en  haut  ce 
qu'à  celle  d'en  bas  :  la  langue  eil:  de  c« 
forme  ovale  &  attachée  prefque  jufqu  a  te 
fon  extrémité  à  la  mâchoire  inférieure  :  ce 
il  efl  fingulier  (continue  M.  Adanfon)  ce 
que  prefque  tous  les  Auteurs  ou  Voya-  ce 
geiirs  aient  donné  des  oreilles  à  cet  çc 
animal;  je  n'ai  pu  en  trouver  dans  aucun,  ce 
pas  même  un  trou  afîez  fin  pour  pouvoir  ce 
y  introduire  un  flilet  (tj:  il  a  deux  bras  ce 

M  Nota.  Il  paroît  néanmoins  certain  tjue  cet  animal 
a  des  trous  aiiditifs  &  externes.  M.  de  h  C!ondamine 
vient  de  ni'afïïircr  qu'il  les  a  vus  8<   mHiirés ,  &  que 
CCS  ti'ous  n'ont  pas  plus  d'une  demi-ligne  de  diamètre;  . 
&  comme  le  lamantin  a  la  faculté  de  lec  contruder  £( 


^  %.  - 


^54  NiJIoire  Naturetk 

»  ou  nageoires  places  à  l'origine  de  ïa  ûtc, 
»  qui  n'eft  diftinguéc  du  tronc  par  aucun 
»  cfjièce  de  cou ,  ni  par  des  épaules  (en* 
i>  fibles  ;  ces  bras  font  à  peu  -  près  cylin- 
>3  driqucs ,  compofés  de  trois  articulations 
*  princij^ales ,  dont  Tantérieure  forrne  une 
»  efpèce  de  main  aplatie  ,  dans  laquelle 
03  les  doigts  ne  fe  diftinguent  que  par 
"y»  quatre  ongles  d'un  rouge  brun  <Sc  lui- 
>3  Tant  :  la-  queue  eft  horizontale  comme 
»  celle  des  baleines  ,  &  elle  a  la  tonne 
3>  d'une  pelle  à  four.  Les  femelles  ont  deux 
33  mamelles  plus  elliptiques  que  rondes , 
>5  place'es  près  de  l'aiflèlle  des  bras  ;  la  peau 
>y  efl  un  cuir  épais  de  ^lyi  lignes  fous  le 
»  ventre  ,  de  neuf  lignes  fur  le  dos  &  d'uji 
33  pouce  &  demi  lùr  la  tête.  La  graille  eft 
:>3  blanche  &  épaifle  de  deux  ou  trois 
33  pouces  :  la  chair  eft  d'un  rouge-pale, 
»  plus  pâle  &  plus  délicate  que  celle  du 
33  veau.  Les  Nègres  Oualofes  ou  JiMofes 
33  appellent  cet  animal  Lereou.  Il  vit 
33  d'herbes  &  fe  trouve  à  l'embouchurô 
du  fleuve  Niger  33. 

de  les  (cYvtY ,  il  eft  très-pofTibïe  qu'ils  aient  ccliippc  à 
U  vue  de  M.  Adanfon  ,  d'autant  que  ces  trous  fotit 
irès-petits  lors^  même  que  1  aniiual  les  tient  ouverts. 


des  Phoques,  &c. 


355 

lue  le 


On  voit  par  cette  defcription 
ïamantin  du  Sénégal  ne  diffère,  pour  ainli 
dire ,  en  rien  de  celui  de  Cayenne  ;  &  par 
une  comparaifbn  faite  de  la  tête  de  ce  la- 
mantin du  Sénégal  avec  celle  d'un  fœtus 
(u)  de  lamantin  de  Cayenne ,  M.  Dau- 
benton  préfume  auffi  qu'ils  font  de  même 
cfj^èce.  Le  témoignage  des  Voyageurs  (^x) 

'  ■       ■  '.*;'''-',;"■■  '  ,       '^-  '.       '  .■  1  î  ^ 

v  (u)  Nota.  M.  le  chevalier  Turgot,  aduellemcrrt 
gouverneur  de  ia  Guiane,  &  qui  auparavant  avoit  fait 
don  au  Cahinet  du  Roi,  de  ce  fœtus  de  lamantin,  eft 
maintenanî  bien  à  portée  de  cultiver  {on  goût  pour 
J'Hiftoire  naturelle  ,  &  dç  nous  enrichir  non-îeulement 
Je  fes  dons,   niais  de  fcs  lumières.     .     ^         '• 

;  (x)  Oexmelin  rapporte  qu'il  y  a  des  lamantins  fur 
îes  côtes  de  TAfrique ,  &  qu'ils  font  plus  communs 
fur  la  côte  du  Sénégal  que  dans  la  rivière  de  Gambie. 
Hijloire  fies  Aventuriers,  tome  11  y  page  r  r  j.  —  Le 
Guat  affure  en  avoir  vu  beaucoup  dans  les  mers  d« 
J'île  Rodrigue.  La  tête  du  lamantin  de  cette  île  rcf# 
femble  beaucoup  (dit  ce  Voyageur)  à  celle  du  cochon,' 
excepté  qu'elle  n'a  pas  le  groin  fi  pointu.  Les  plus 
grands  lamantins  ont  environ  vingt  pieds  de  long.  ,  .  . 
Cet  animal  a  le  fkng  chaud ,  la  peau  noirâtre ,  fort 
rude  &  fort  dure  ,  avec  quelques  poils  ,  Çn  clair-femés 
qu'on  ne  les  aperçoit  qu'à  peine  ;  les  yeux  petits ,  & 
deux, trous  qu'il  ferre  &  ^qu'il  ouvre,  que  l'on  peut 
avec  railbn  appeler  y(\y  oreilles  ;  comme  il  retire  a(Tez 
fouvent  l;i  langue,  qui  n'ert  pas  foi t  grande,  plufieurs 
ont  dit  qu'il  ii'tn  avi)it  point  ;  il  a  des  dents  mâche- 
iières. . . . , .  mais  il  n'a  point  de  dents  de  devant  & 


»i-*i#«- 


5  5  6        Hijloîre  Naturelle 

s'accorde  avec  notre  opinion  ;  celui  de 
Danipier  fur-tout  eft  pofitif ,  &  les  ob* 
ièrvations  qu'il  a  faites  fur  cet  animal  mé- 
ritent de  trouver  place  ici.  «  Ce  n'eft  pas 
»  feulement  dans  la  rivière  de  BIcwtieid , 
»  qui  prend  fon  origine  entre  les  rivière^ 
>3  de  Nica'rague  &  de  Verague,  que  j'ai 
»  vu  des  manates  (  lamantins  )  ;  j'en  ai 
30  aufîi  vu  dans  la  baie  de  Campèche  ,  fur 
>3  les  côtes  de  Bocca  dcl  drago ,  &  de 
X)  Bocca  del  loro,  dans  la  rivière  de  Da- 
»3  rien  &  dans  les  petites  îles  méridionales 
35  de  Cuba  ;  j'ai  entendu  dire  qu'il  s'en 
»  eft  trouvé  quelques-uns  au  nord  de  ia 

fcs  gencives  font  aflez  dures  pour  arracher  &  broutcf 

Therbe Je  n'ai  jamais  vu  qu'un  petit  avec  ia 

femelle,  &  J'ai  du  penchant  à  croire  qu'elle  n'en  pro- 
duit qu'un  à  ia  fois.  .  .  ^  .  .  Nous  trouvions  quelque- 
fois trois  ou  quatre  cents  de  ces  animi)ux  enfemble 
qui  paifîbient  l'herbe  au  fond  de  l'eau  j  ils  étoient  fi 
peu  effarouchés  que  fouvent  nous  les  tâtions  pour 
choifir  le  plus  gras  j  nous  leur  pafTiuns  une  corde  à 
ia  queue  pour  les  tirer  hors  de  l'eau  ;  nous  ne  prenions 
pas  les  plus  gros ,  parce  qu'ils  nous  auroient  donné 
trop  de  peine,  &  que  d'ailleurs  leur  chair  n'eft  pf.s 
fi  délicate  que  celle  <\cs  petits.  .  -  ,  .  Nous  n'avons 
pas  remarqué  que  ctt  animal  vienne  jamais  à  terre , 
je  doute  qu'il  pût  s'y  traîner,  &  je  ne  crois  pas  qu'il 
loit  amphibie,   yo^^age  de  le  Guat ,  tomt  J ,  lutjge  ^j 


^^    ■       ^  Jes  Phoques»  &cr    '    357 

Jamaïque  ,  &  en  grande  quantité  dans  ce 
la  rivière  de  Surinam ,  qui  eft  un  pays  ce 
fort  bas  :  j'en  ai  vu  aufli  à  Mindanao ,  ce 
quiefl:  vme  des  îles  Philippines  ,  &  fur  ce 
la  côte  de  ia  nouvelle  Hollande .  .  .  .  ee 
cet  animal   aime   i'eau  qui  a  un  goût  ce 
de  fel  ,  aulîi  fe  tient-il  communément  ce 
dans   les   rivières  voifines  de  ia  mer  ,  ce 
c'efl:  peut-être  pour  cette  raifon  qu'on  ce 
n'en  voit  point  dans  les  mers  du  fud ,  ce 
où  ia  côte  efl:  généralement  haute ,  l'eau  ce 
profonde  tout  proche  de  terre,  les  vagues  c< 
groHes ,  fi  ce  n'eft  dans  la  baie  de  Pa-  ce 
iiama ,  où  cependant  il  n'y  en  a  point  ;  ce 
mais  les  Indes  occidentales  étant ,  pour  ce 
ainfi  dire  ,  une  grande  baie  compofée  ce 
de  plufieurs  petites ,  font  ordinairement  ce 
une  terre  bafle  où  les  eaux  qui  font  peu  ec 
profondes  ,  fournifîênt  une  nourriture  ce 
convenable  au  lamantin  ;  on  le  trouve  « 
quelquefois  dans  l'eau  falée  ,  quelque-  ce 
fois  auffi  dans  l'eau  douce",  mais  jamais  ce 
fort  avant  en  mer  :  ceux  qui  font  à  la  mer  ce 
&  dans  des  lieux  où  il  n'y  a  ni  rivières  ce 
ni  bras  de  mer  où  ils  puifl^ent  entrer ,  ce 
viennent  néanmoins   en   vingt  -  quatre  ce 
heures  une  fois  ou  deux  à  l'embouchure  ç€ 


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»3  de  la  rivière  d'eau  douQeJa:pi^rY^'i(«wS, 
»  .«^ij.Iis  ne  viennent  Jai^isyi-iefFÇc  ni 
yi  dans  une  €îiu  fî  bafle  q\ji''^j^:mdffçi^ 
»  y  nager;  leur  chair  «ft  laiiie  46  )dé  très* 
^  boa  goût;;  kur  peau  .eli  aiifli  dWé 
3>  grande  utilité.  Les lamantins  &  les  tortues 
?>  fetrouventiQrdjnaireâîéntdans  lesinçinè» 
>>  endroits  ,  iSt  ie  nourriiTent  des  mêmes 
??  herbes  qui  croiffent  (iir  les  hauts-fonds 
a»  de  la  mer  à  quelques  pieds  de  profondeur 
îj?  fous  l'eau  &  fur  les  rivages  bas  que 
couvre  la  marée  >».  i      .     ' 

^y^  Voyage  de  Dampicr,  fcmî»\ja£e^6if; 
jjlmvémtes. 


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;s  mêmes 
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bas  que 


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