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IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-3)
1.0
l.l
fcâlM 12.5
150 ■^" ■■■
Photographie
Sciences
Corporation
||l-25 II U 1.6
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6"
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23 WEST MAIN STREET
WEBSTER, N. Y. 14580
(716) 872-4503
i/.
CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHM/ICMH
Collection de
microfiches.
Canadian Instituts for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproc' .'ctions historiques
Tachnical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques
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D
D
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14X
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7
12X
16X
20X
mi
28X
32X
Th« eopy film«d h«r« ha« b—n raproducad thanka
to tha ganaroaity of :
Seminary of Québec
Library
L'axamplaira filmé fut raproduit grica à la
généroaité da:
Séminaire de Québec
Bibliothèque
Tha imagaa appaaring hara ara tha baat quality
poaaibla conaidaring tha condition and lagibility
of tha original copy and in kaaping with tha
filming contract apacificationa.
Original copiaa in printad papar covara ara filmad
baginning with tha front eovar and anding on
tha laat paga with a printad or illuatratad impraa-
•ion, or tha back covar whan appropriata. Ali
othar original copiaa ara filmad baginning on tha
firat paga with a printad or illuatratad impraa-
aion, and anding on tha laat paga with a printad
or illuatratad impraaaion.
Tha laat racordad frama on aach microficha
•hall contain tha symbol — »>(maaning "CON-
TINUED"), or tha aymbol V (maaning "END"),
whichavar appliaa.
iVlapa, piataa, charta, atc, may ba filmad at
diffarant raduction ratioa. Thoaa too larga to ba
antiraiy inciudad in ona axpoaura ara filmad
baginning in tha uppar laft hand cornar, iaft to
right and top to bottom, aa many framaa aa
raquirad. Tha following diagrama illuatrata tha
mathod:
Laa Imagaa auivantaa ont 4té raproduitaa avac la
piua grand aoin, compta tanu da la condition at
da la nattaté da l'axamplaira filmé, at an
conformité avac laa conditiona du contrat da
filmaga.
Laa axamplairaa originaux dont la couvartura an
prpiar aat impriméa sont fiiméa an commançant
par la pramiar plat at an tarminant soit par la
darniéra paga qui comporta una amprainta
d'impraaaion ou d'illuatration, soit par la sacond
plat, salon la caa. Toua laa autraa axamplairaa
originaux aont fiiméa an commançant par la
pramiéra paga qui comporta una amprainta
d'impraaaion ou d'illuatration at an tarminant par
la darniéra paga qui comporta una talla
amprainta.
Un daa aymbolaa sulvanta apparaîtra sur la
darniéra imaga da chaqua microficha, salon la
caa: la aymbola — »> signifia "A SUIVRE", la
aymbola V signifia "FIN".
Laa cartaa, planchaa, tablaaux, atc, pauvant étra
fiiméa é daa taux da réduction différants.
Lorsqua la documant aat trop grand pour étra
raproduit an un aaul cliché, il aat filmé é partir
da l'angla aupériaur gaucha, da gaucha é droita,
at da haut •n baa, an pranant la nombra
d'imagaa nécassaira. Laa diagrammas suivante
illustrant la méthoda.
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STOIRE
ATURELLE,
GÉNÉRALE ET PARTICULifeRE.
Par M. DE BuFFON, Intendant du Jardin
du Roi, de l' Académie Françoife , & de
celle des Sciences, à'c.
NOUVELLE ÉDITION ^
Tome On^feme.
::.\
Oii! r C\>
O'
A R I S,
DE UIMPRIMERIE ROYAL
* M. DCCLXX.
Chez Fanckoucke, LîBfarrr,,
à l'hôtel de Thou, rue des Peîuyins,
quartier Samt'André'^dei'Araf
— — — — ^— — I ■ wm^^mim
TABLE
De ce qui eft contenu dans ce
Volume.
X-/ £ PORC'ÉPXC, ..,•». page {
Le Coendou •»•«.'• is
L'Urfen ; 19
Le Tmrec & le Tendrac 23
La Gifaffe 2.6
Le Lama & le Paco. 47
L'Vnau & l'Ai ,., 72.
Le Sunkate p^
Le Tarfier, . . » p»d
Le Phalanger. 1 00
Le Coquallin. » 1 02
Le Hamfter 1 04
Le Bobak & les autres Marmottes. 1 1 7
Les Gerho'ifes •... 121
La Aîangoufte ....^.....^.•.^ 133;
La Foffane 1 46
Le V^nfi^f*- »»»..... ••»....» 14^
La Aîakîs, • • • 1 52
Le Loir, . 163
La Chauve -fams , Fer-de-lance. 1 67
Le Serval 171
L'Ocelot» 175
Le Margay 183
Le Chacal & VAdive . 188
L'Ifatis* 205
Le Glouton 213
Les Mouffettes, .' 226
Le Pékan ù* le Vifon 243
La Zibeline 24e
Le Leming 253
Lm Saricovienne , , 259
La Loutre de Canada 2^3
Les Phoque f , les Merfes & les
Lamantins*,,.,,,,,.,,, 2.6%
•- *
HISTOIRE
• •
15»
ice. 1 6y
.. 175
, .. 183
188
205
213
. . . 226
. . . ^43
. . . 246
... 2.53
.. . 2L59
. . . 263
Us
... z6%
) . •
» • .
ITOIRE
HISTOIRE
NATURELLE
■ I —————— I ■ I I II I m^mmmmt
LE PORC'ÉPIC (a):
Il ne faut pas que le nom de Porc-
épineux qu'on a donné à cet animal ,
dans la plupart des langues de l'Europe ,
nous induife en erreur, & fàfle imaginer
(a) Porc -épie en Grec & en Latin, Hyflrix ; en
Arabe, Tjur-èan» félon le Dodeur Shaw ; en
Anglois, Porcupine; en Allemand, Siachdjchwe'm ;
en Italien, Purco-fplnofo ; en EfjKignoi, Pueno-efinno,
Hyftrix. Gc(ntt , Hift, quad,vg, pag. 563. Nota,
Quok}ue Gefner dife que la figure qu'il donne âvi
^rc-épic a été faite d'après l'animal vivant, e//.
pèche «cependant en pluHeiirs chofes, & Singuliè-
rement par les dents. Le porc -épie n'a que deux
dents incifives à chaque mâchoire, & point de dents
canines \ & dans la figure de Gcfncr , il a huit dents
inciPives ou canines.
Hyflrixthe porcupine, Ray, Syn, qmd, pag. ao<5.
Pwc ' épie. Mémoires pour fervir à l'hifloirc del
^imaux, panie 11^ page ^/ , fg, ^li. xir,
'J-ome XU A
t,:.^ï.
'f Hi flotte Naturelle
que le porc-t'pic foît en effet un cocîioit
chargé d épines, car ii ne refTeiîible au
iCochon que par le grognement ; par
tout le rerte il en diffère autant qu'aucun
autre animai , tant pour la figure que
pour ia conformatioai intérieure ; au lieu
d^ine tête aloiigée , furmontée de longues
oreilles ^ arnié^e de défenfes & terminée
par uri boutoir , au lieu d'un pied fourchu
& gîïrni de fabots comme le cochon , le
porc r épie a comme le callor la tête
courte, deux grandes dents incifives en
avant de chaque mâchoire, nulles dé-
fenfes ou dents canines , le mufeau fêndii
comme le lièvre , les oreilles rondes &
aplaties , & les pieds armés d'ongles :
au lieu d'un grand eftomaç avec ur|
appendice en forme de capuchon, qui
clans le cochon fèmble faire la nuance
entre les ruminans & les autres animaux ,
ffyjfrix prientalis crijîata, Seba , voî, I , pag. 79;
^g. I , Tab. I . Nota, I .• L'épithète Oriemalis cfl
ici mal appliquée , car le porc - épie fê trouve en
Afrique & dans tous les pays chauds de l'Europe
«& de i'Alîe. Nota* a." La figure & la defcription
de Seha pèchent en ce quelles n'indiquent que
trois ongles aux pieds de derrière , tandis que cçt
ahimal en a cinq. M. Linnaeus qui avoit adopté
f«tte erreur dans {t% premières éditions , l'a reconnue
Il corrigée dans les dernières*
Ju PorC'CpîC, ^
te porc - épie n*a qu'un fimpîe eftomac
& un grand cœcum ; ics parties de la
génération ne font point apparentes au
dehors comme dans le cochon mâle ; les
tefticules du porc -épie font recelés au
dedans & renfermés fous les aines ; la
verge n*eft point apparente ; & Ton peut
dire que par tous ces rapports aufîi-bieii
que par la queue courte , la longue
niouftache, la lèvre divifée, il approche
beaucoup plus du lièvre ou du caftor
que du cochon. Le hériiïbn qui comme
ie porc - épie eft armé de piquans , ref-
fembleroit plus au cochon ; car il a le
mufeau long & terminé par une elpèce
de grouin en boutoir ; mais toutes ces
reffemblances étant fort éloignées , &
toutes les différences étant préfentes &
réelles , il n'eft pas douteux que le porc-
épic ne fbit d'une efpèce particulière
& différente de celle du hérifTon , du
callor , du lièvre ou de tout autre animal
auquel on voudroit le comparer.
Hyjirix capite crijlato Hyjlrix , le porc-épîc^
Briflbn, Regn, anirn, pag. 125.
Criffûta, Hyjlrix palmis tetrcuLtâylis , phntis penJ
tadaâylis , capitt criftato ^ cauda abbreviaifu Lino^
Syji» nat, edit. x^ pag. 55,
A ij
f hifto'tre Naitireltê
II ne faut pas non plus ajouter foi \
ce que di(ènt prefqu unanimement leç
Voyageurs & les NaturaliHes, qui don-
nent à cet animal la f;iculté de lancer
fes piquans à une affez grande diflance
& avec afrpz de force pour percer &
blefTer profondément, ni s'imaginer avec
eux quç ces piquans tout fépare's qu*i|s
font du corps cfe l'animal , ont la pro-
priété très - extraordinaire & toute parti-
culière de pénétrer d'eux - mêmes Sç.
pur leurs propres forces plus avant dans
les chairs, dès que la ppinte y eft une
ibis entrée : ce dernier fiiit eft purement
imaginaire & deftitué de tout fondement,
de toute raifbn, le premier efl aufîi {^iy^K
que le fécond ; mais au moins Ferreuç
paroît fondée fur ce quç l'animal lorfqu'ij
cft irrité pu feulement agité , rcdrefl'e fès
piquans , les remue ; & que comme il
y a de cps piquans qui ne tiennent à {a
peau que par une eipèce de filet oii
de pédicule délié , ils tombent aiféinent,
I^ous avons vji des porcs-épics vivans, &
Jamais nous ne les avons vus , quoique
violemment excités , darder leurs piquans :
©n ne peut donc trop s'étonner que les
guteuxs fes pius graves , tant ancieiis
i/// PofC'épic: 'jjfi
%) qtie modernes (c)^ que les Voyageur*
les plus fenfés (d) foient tous d'accord fur
Un fait àuffi faux : quelques-uns d'entre eux
dilertt avoir eux - mêmes éxé biclTés de
cette èfpèce de jaculation, d'autres afTu-
rent qu'elle (è im avec tant de roideur,
(b) Àrifl. Hifl. mim, !îb, IX, cap, XXXIX. —
Bin, Hifl. Nat* lit, VJIJ , cap. LUI. ^^ Opiari,
de venatione.
(c) M." les Anntomifles de l'Académie des Sciences.
Ceux des piquons , difent - ils > qui ément les plu*
forts & les pks courts étaient alJes à arracher de Id
jveau , ny étant pas attachés fermement comme ■ lei
autres , aujft font-ce ceux que ces animaux ( les Porcs-
cplcs ) ont accoutumé de lancer contre h s chajfeurs ,
en fecouant leur veau comme font les chiens loYfqu'ils
fanent de l'eau. Cilaudfcri dit également que le porc-
épic eft lui - même l'arc , le carquois & la flèche
dont il fc fert contre les chaflcurs. Mémoires pour
fervir à l'hifloire de<: animaux , tome I II , page r i ^4
J^OTA. La fable cft le domaine its Poètes, & il
ny a point de reproches à faire à^Claudien : mais
les Anatomiftes de l'Académie ont eu tort d'adopter
cette fable, apparemment pour citer CInudicn; car
on voit par leur propre expofé , que le porc-épic ne
lance point Tes piquans , 6i que feulement ils tombent
lorfque l'animal fe fccoue,— Wormius, Muf, Wormian,
pijg. i3 5» —^IVaton, pag. 56. — Allrm'. de quadé
Digit. pag. 473 , & plufieurs autres Auteurs célèbres
ont adopté cette erreur.
(d) Tavernier , tome II, pages 20 & 2ii
ICofbe , toifhe III , page ^6, — Barbot. //^
^ire générale des Voyages , tome IV , page zjj.,
A 11;
8" hîjloire Naturelle
que le dard ou piquant peut percer une
planche (e) à quelques pas de diftance.
Le merveilleux , qui n'efl que ie fàux
qui fait plaifir à croire , augmente &
croît à niefure qu'il pafîè par un plus
grand nombre de têtes ; la vérité perd
au contraire en fliifant la même route ;
& malgré la négation pofitive que je
viens de graver au bas de ces deux faits,
je fuis iierfuadé qu'on écrira encore mille
fois après moi , comme on l'a fait mille
fois auparavant , que ie porc-épic darde
fès piquans, & que ces piquans féparés
de l'animal , entrent d'eux-mêmes dans les
corps où leur pointe eft engagée (ff,
(e) Lorfquc ïe porc-cpic efl en furie, il s'éfance
avec une extrême vîtffTe , ayant Tes piquans dreffés ,
Î[,ui font quelquefois de la longueur de deux empans ,
ur les hommes & (ur les bctes , & i\ les darde avec
tant de force, qu'ils pourroient percer une planche.
Voyage en Guinée par Bofmant Utrecht , i y o j ,
page 2JS'
(f) Nota, I .* Il faut cependant excepter du nombre
de ces voyageurs crédules le Doélcur Shaw. « De
» tous les porcs-épics, dit^il, que j'ai vus en grand
» nombre en Afrique, je n'en ai rencontré aucun
» qui , quelque chofc que l'on frt pour l'irriter ,
» dardât aucune de fes pointes; leur manière ordi-
>» naire de (ë défendre , eft de fe pencher d'un côté j
»> & iorfque l'ennemi s'efl approché d'affez près ,
de fe relever fort vite ^ de le piquer de l'autre. »
jii Porc-eYic, . 7
Lé porc - cpic , quoiqu'origînaire des
climats les pîus chauds de l'Afrique &
àe^?^ Indes , peut vivre & fè multiplier
dans des pays moins chauds , tds que
la Perle, i'Efpagne éc ritalie. Agricola
dit que l'efpèce n'a été tranfportée en
Europe que dans ces derniers fiècles;
die Te trouve en Efpagne & plus com-
munément en Italie , fur - tout dans les
montagnes de l'A ppènnin j aux environs
de Rome ; c'efl: de-ià que M. Mauduît ,
Voyait de Shaw , ifaduit de VAnglois, tohie I ,
j7ûge )2^, Nota. 2.* Le P. Vincent - Marie nt
dit point du tout que îc porc-épic lance des piquans ,
il afTure feulement que quand il rencontré des 1èr-
pens , avec lelqucls if efl toujours en guerre , il fis
met en boule , cachant fcs pieds & fa tête , & fc
roule fur eux avec (ts piquans jufqù*à leur ôtcr fa
vie fans courir rifque detre blenfé. 11 ajoute un h.\t
que nous croyons très - vrai , c'crt qu'il fe forme
dans i'eftomac dû porc-épic àts bczoards de diffé-
rentes fortes , les uns ne font que àts amas de
racines enveloppées d'une croûte , les autres plus
petits paroilfent être pétris de petites pailles & de
poudre de pierre; & ks plus petits de tous , qui
tie font pas plus gros qu'une rtoix , paroiflent pé-
trifiés en entier ; ces derniers font les plus cftiméi.
Nous ne doutons pas de ces faits , ayant trouve
nous - mêmes un hézoard de la première forte , c'eft-
à- dire , une égagropile dans l'eftemac du porc - épiç
<|ui nous a étc envoyé d'Italie,
A m;
•
t hiflotre Naturelle
^ui par Ton goût pour i*hiftoire na^turelle ,
a . bien voulu fe charger de cjuelques-
uncs de nos commiflîôns , nous a envoyé
celui qui a fervi à M. Daubenton pour
fa defcription. Nous avons cru devoir
donner la figure de ce porc-épic d'Italie,
auifi-bien que celle du porc-épic des
Indes ; les petites différences qu*on peut
remarquer entre les deux , font de légères
variétés indépendantes du climat , ou peut-
être même ne font que des différences
purement individuelles.
Plîne & tous les Naturalifles ont dit,
d'après Ariftote , que le porc - épie ,
comme l'ours, fe cachoit pendant l'hiver,
& mettoit bas au bout de trente jours,
nous n'avons pu vérifier ces faits ; & il
eft fingulier qu'en Italie, où cet anima!
cfl commim , & où de tout temps il y
a eu de bons Phyficiens & d'excellens
Ot^fèrvateurs , il ne (e foit trouvé per-
fonne qui en ait écrit l'hiftoire. Aldro-
vande n'a fait fur cet article, comme fur
beaucoup d'autres, que copier Geiher; &
M/* de l'Académie des Sciences qui ont
écrit & difféqué huit de ces animaux ,
ne difcnt prefque rien de ce qui a rapport
ri?
*■ .
du Porc-eptc, ^^
ï leurs habitudes naturelles : nous (avons
feulement par le témoignage des Voya-
geurs & des gens qui en ont élevé dans,
des ménageries, que dans l'état de do-
meflicité , le porc - épie n'eft ni féroce
ni flirouche, qu'il n'eft que jaloux de
fà liberté; qu'à l'aide de Tes dents de
devant , qui font fortes & tranchantes
comme celles du caftor , il coupe le
bois & perce aifément la porte de fà
loge (g). On fait aufli qu'on- le nourrit
aifément avec de la mie de pain , du
fromage & des fruits ; que dans l'état de
liberté, il vit de racines & de graines'
iàuvages ; que quand il peut entrer dans
un jardin , il y fût un grand dégât &
mange les légumes avec avidité ; qu'il
devient gras comme la plupart des autres
animaux , vers la fin de l'été ; & que fà
(g ) Nous avons en Guinée des porcs-cpics. Hs
croisent jiifqu^à la hauteur de deux pieds ou de
deux pieds &i demi , & ils ont les dents fi fortes
& fi affilées , qu'aucun bois ne peut leur réfifter ;
j'en mis une fois un dans un tonneau , m'imaginant
qu'il feroit bien gardé , mais dans l'efpace d'une nuic
\\ le rongea fi bien , qu'il le perça & en fortit , il
le perça même dans le milieu , où les douves (ont
les plus c<?urbées en dehors. Voyage de Bofman,
A V
10 Hijloire Naturelle, &ci
chair , quoiqu'un peu fade , n'efl pâ$
mauvailè à manger.
En confidérant la forme , la fubftance
& l'organifation des piquans du porc-
épic, on reconnoît ailément que ce font
de vniis tuyaux de plumes auxquels il ne
manque que les barbes pour être de vraies
plumes ; par ce rapport , il fait la nuance
entre les quadrupèdes & les oifeaux; ces
piquans , fur-tout ceux qui font voifins de
îa queue , fonnent les uns contre les autres
iorfque Tanimal marche ; il peut les re-
dreflër par la contradion du mufcle peau-
cier, & les relever à peu près comme le
paon ou le coq d'inde relèvent les plumes
de leur queue ; ce mufcle de la peau a
donc la même force, & efl: à peu près
conformé de la même fiiçon dans le porc-
^pic & dans certains oifèaux. Nous fiifil-
fons ces rapports, quoiqu'afTez fugitifs;
c'^ft toujours fixer un point dans la Nature
qui nous fuît & qui fèmble fe jouer'par la
bizarrerie de lès produdions , de ceux
qui veulent la connoître.
«_^
n'eft pâ$
fub (lance
du porc-
le ce font
juels il ne
: de vraies
la nuance
eaux; ces
voifins de
ï les autres
ut les re-
ifcle peau-
comme le
es plumes
la peau a
peu près
is le porc-
ous fiûfil^
; fugitifs ;
la Nature
uer'par la
de ceux
.-im>.-
j.K roiK^ IWW
■"5'*.-
Pin; // .
g_ _ ^
1^^ W^'\
-3=i-= : : ,_\i
^^ri
II
LE COENDOU (a),
jJaNS chaque article que nous avons
à traiter , il le préfente toujours plus
d'erreurs à détruire que de vérités à
expofer : cela vient de ce que Fhif-
toire des animaux n'a, dans ces derniers
temps , été traitée que par des gens à
(a) Coendou, nom de
que nous avons adopté,
nonccr Couandou) au Brej
parties de l'Amérique
ou Hoititlaquatiin par
de la nouvelle Efpagn<
Portugais qui habitent en^
Coendou, Miflion du P.
Paris , t éi^ , feuillet 2^q ,
Hoiijtîacuatjin , Jeu Tlacuatiin , Jpinojo Hyjhîct
nov£i Hifpaniœ, Hcrnand. ////?. A1e,:(, 6g. pag. 322.
Hoiti/aquatii», Nierembcrg, fig;'pag. 154. iVo/d.
ta figure dans Nieremherg eft la même que dans
Hernandès, & la defcription a été copiée cornme
la figure.
Cuandu Brafilien films, Marcgrav. ////?, nat. Bra^,
fig. pag. 233.
Cuandu, Pi (on, Hifl, Braf, fig. pag. 99. Nota,
La figure de cet animal dans Pifon eft la même
que daps Marcgrave, ,
A VJ ::
\
12 Hiflcire Naturelk
préjugés, à méthodes, & qui prenoîcnîf
la liilc de leurs petits l'yftèmes pour les
regiftres de la Nature. Il ri*exi!le en
Amérique aucun des animaux du climat
ciiaud de l'ancien continent, & récipro-
quement il ne (c trouve fous la zone
brûlante de, l'Afrique &: de l'A fie aucun
de ceux de l'Amérique méridionale. Le
porc -épie eft , comme nous l'avons dit,
originaire des pays chauds de l'ancien
inonde ; & ne l'ayant pas trouvé dans
le nouveau , on n'a pas laiffé de donner
fon nom aux animaux qui ont paru lui
refîembler , & particulièrement à--^ celui
dont il eft ici queilion. D'autie côté, l'on
a transporté le coendou d'Amérique aux
Indes orientales ; & Pifon qui vraifem-
blablement ne connoifToit point le porc-
épic , a fait graver dans Bpntius (b) qui
ne parle que des animaux du midi de
l'A fie, le coendou d'Amérique, fous le
Hyflm Americanas , Cumdu Brafilieujibus, Marc-
grav. TlaquMwt fpinofum» Hernandès , E.ay , fynoff^
^uad, pag. 2 00.
Chat épintux. Voyage de Defmarchais, tome 111 ^
(hj Jac. Bontii, Hijl, Indice OrieiÈ, pag. 54,
A ■
du CoenMi', tf
nom & ïa cîefcription du vrai porc-épic ;
en forte qu'à ia première vue , on leroit
tenté de croire que cet animal exifte
également en Amérique & en A fie; ce-
pendant il e(l aifé de reconnoître avec
un peu d'attention, que Pifon qui n'efl:
ici , comme prefque par - tout ailleurs ,
que le plagiaire de Marcgrave, a non-
fèulemént copié là figure du coendou ,
pour l'inférer dans fon hiftoire du Brefil,
mais qu'il a cru devoir la copier encore
pour la tranfporter dans l'ouvrage de
Bontius , dont il a été le rédadeur &
l'éditeur ; ainfi quoiqu'on trouve dans
Bontius la figure du coendou , l'on ne
doit pas en conclure qu'il exifte à Java
ou dans les autres parties de l'A fie méri-
diçnaie , ni prendre cette figure pour
celle du porc - épie , auquel en efl!et le
coendou ne reffemble que parce qu'il
a comme lui des piquans.
C'eft à Ximénès, & enfuite à Her-
nandès , auxquels on doit la première
connoifi^ance de cet animal, ils l'ont in-
diqué fous le nom de Hoit^lacuat-;(m que
lui donnoient les Mexicains : le Tid"
fuaiiin ell ie Sarigue, & Hoititlacuat:^n
;Ï4 Hiftoke Naturelle
doit (è traduire par Sarigue-épineux. Ce
nom avoit éxé mal appliqué , car ces
animaux (è reiïemblent aiïez peu ; auili
Marcgrave n'a point adopté cette déno-
mination Mexicaine, & il a donné cet
animal fous Ton nom Brafilien , Cuandu ,
qui doit (e prononcer Couandou; la (èule
cho(è qu'on puiflè reprocher à Marc-
grave, c'eft de n'avoir pas reconnu que
ion cuandu du Brefil étoit le même ani-
mal que l'hoitztlacuatzin du Mexique,
d'autant que (a defcription & fa figure s'ac-
cordent aflez avec celles de Hernandès ,
& que de Laët qui a été l'éditeur & le
commentateur de l'ouvrage de Marcgrave,
dit expreflement (c) que le tlacuatzin épi-
neux de Ximénès & le cuandu, ne font
vraifemblablement que le même animal.
Il paroît en rafTemblant le peu de notices
éparfès que nous ont données les Voya-
geurs fur ces animaux , qu'il y en a deux
variétés que les Naturaliftes ont, d'après
Pifon (d) , inférées dans leurs liftes comme
(c) Videtvr efe idem animal autfahem finûk quod Fr.
Xirnénès elefcribit fuit noviine Tlaqiiatjjn fpinofu De
J,aët, annotatio in cap. IX , lib. VI, Marcgr. p. 233,
(d) Cuandu, major, Pifon, ////?. Braf pag. 32^ frg,
</// CoenJoù: '1*5
deux cfpèces différentes, le grand (e) Ôc le
petit cunndu ; mais ce qui prouve d'abord
l'erreur ou la négligence de Pilon, c*efl
que quoiqu'il donne ces coendous dans
deux articles féparés & éloignés Tun de
l'autre , & qu'il paroiffe Tes regarder
. comme étant de deux efpèces différentes ,
il les rcpréCenie cependant tous deux par
la même figure, ainfi nous nous croyons
bien fondés à prononcer que ces deux
n'en font qu'un. 11 y a aulîi des Natu-
raliftes qui non - feulement ont fîiit deux
efpèces du grand & du petit coendou,
mais en ont encore féparé l'hoitztlacuatzin
en les donnant tous trois pour des ani^
pag. 325. — Cuandu feu Cuandtt mÎMor, Pifon. //,
pag, 99 , fig. iùid,
(e) Hyjlrix longius caudatus , hnviorihus acukis,
' Barrère , Hi/i, mit. dt la Fr, équ'tnox. Porc • cpic i
page 153 Hy^rix minor, Leucopheus. Gouau-'
dou, id, ibid,
I
Hyfirix couda long'iffiwâ tenui , medietate extrewâ
'aculeorum experte» Hijîrix Americanus major. Le grand
Porc épie d'Amérique. Brilf. Regn. anim. p. 130,...
Hyjlrix caudiî longiffima , tenui medieiate extrema acu-
leoriim experte. Hyjlrix Americanus» Le porc-épic d'A*
mérique. Id. page 129 Hyjlrix acukis apparen-
tilms , caudâ brevi & cra^a, Hyjlrix nwa Hi/j/anicç^
l^ç Pure- épie de k nouvtJlc Efpagne, Jd, p, 1^7. .
ï6 Hiftvire Naturelle
ninux difFërens, & j'avoue que quoiqu*lI
ibit très-vraifeinblablc (jue ic coeiidou èc
l'hoitztlacuntzin font le même animal,
cette identité n'efl pas aufli certaine que
Celle du grand & du petit coendou.
Quoi qu'il en foit , le coendou n'efl
point le porc-épic , il elt de beaucoup
plus petit ; il a la tête à proportion
moins longue Sa le muleau plus court,
il n'a point de panache fur la tête , ni de
fente a la lèvre fupérieure ; (es piquans
font trois ou quatre fois plus courts &
beaucoup plus menus ; il a une longue
queue, & celle du porc-épic ell très-
courte ; il eft carnafîîer plutôt que fru-
givore , fk cherche à furprendre les
difeaux , les petits animaux , les volailles (fj,
au lieu que le porc-épic ne fè nourrit
que de légumes , de racines & de fruits.
11 dort pendant le jour comme le hériflbn ,
& court pendant la nuit ; il monte fur les
arbres (g^ & fe revient aux branches avec
(fJ Ce fkit afliiré par Marcprravc 6f Pifbn n'efl
pas certain, car Hernandc? dit au contraire tjue
ifiaiudncuatzin tè nourrit de fruits.
*
{g) Scandit arbores fid tardo grefu quia poïlice caret;
'ê^cmdms nuttni caudam circuuwohit ne labaïur , ad»
Wfdutti eaim metuit la^um , nec falire potejl. Marcgri
Jti Cocmtou» 'Ij^
(â queue , ce que le porc - tpîc ne fàk
ni ne pourroit faire ; lii clinir ^h), clifent
tous les Voyageurs , efl très - bonne à
manger ; on peut l'aprivoiièr ; il demeure
ordinairement dans les lieux élevés , Se
on le trouve dans toute l'étendue de
i'Amériquc, depuis le Brefil & la Guiane
jufqu'à la Louifiane «Se aux parties mé-
ridionales du Canada ; au lieu que le
porc- épie ne fe trouve que dans les pays
chauds de l'ancien continent.
En tranfportant le nom du porc-épîc
BU coendou , on lui a fuppofé & tranfmis
////?. nat. Br,tf, pag. 233. — Nous vîmes un
Poic-cpic fur un petit arbre que nous coupâmes
four avoir le piaifir de voir toml^r cet animal., w
I efl fort gras & on en mange ia chair. Voyage «/«s
la Hontan , tomt I, page 82%
Carncm hah;t bonam iy ftergrarani ; nam afatam
fape comedi , & ah incolis valde ajUmatnr. Marcgrav.
pag. 13 3, — Il cfl bon à manger, on le met au
}eu pour te faire griller comme un cochon ; mais
auparavant les femmes fauvages en arrachent tous
les poils de defTus le ^os ( c'ell-à-dirc , tous les pi-
quans ) qui foiit les plus grands, & elles en font de
beaux ouvrages ..... Étant brûlé, bien rôti, lavé
& mis h la broche, il vaut un cochon de lait; il
eft très-bon bouilli, mais moins bon que rôli. Des-
cription de l'Amérique par DinySt Paris ^ 1 6y2 f
tome II , page j 2 4f.t
I II M
18 I-îiJlolre Nûttirelle, &ci
les mêmes facultés ^ celle fur - tout dfe
iaiicer fés piqiians ; il ed étonnant que
ies Naturalises & lès Voyageurs s'ac-
cordent fur ce fait , & que Pifon qui
de voit être moins fuperftitieux qu'un autre,
puifqu'il étoit Médecin , dilè gravement
que les piquans du coendou entrent d'eux-
mêmes & par ieur propre force dans la
chair, & percent le corps jufqu'aux vif-
cères lès plus intimes. Ray e(l le feul qui
ait nié ces fiits , quoiqu'ils paroiiïcnt évi-
demment abflirdcs; Mais que de cho(es
abfurdes ont été niées par des gens fenfés f
Se qui cependant font tous les jours affir-
mées par d'autres gens qui fe croient
encore plus fenfes! , .^^
V* s' ^ .
r - tout dfe
nnant que
jeurs s'ac-
Pifon qui
u'un autre,
gravement
rent d'eux-
ce dans la
p'aux vif-
le feul qui
oifTcnt é vi-
de choies
ens (enfés ,
jours affir-
fe croient
i^t^-ai.
*'
r,K c()],xi)()u
»9
L'URSO N(a).
\^^ E T animal n*a jamais été nomme:
placé par la Nature dans les terres dé-
fertes du nord de l'Amérique , il exiftoic
indépendant, éloigné de l'homme, & ne
iui appartenoit pas même par le nom ,
qui eft le premier frgne de fon empire.
Hudfon ayant découvert la terre où il fe
trouve, nous lui donnerons un nom qui
rappelle celui de fon premier maître , &
qui indique en même temps {Ii nature
poignante & hérifTée ; d'ailleurs il étoit
nécefTaire de le nommer pour ne le pas
confondre avec le porc - épie ou le
(a) The Porcuplrte front Hudfon*s Bay, Edwards^
////?. of Birds, fig. pag, 52.
Le Porc-épic de la baie de Hudfon. Voyage à la.
lait de Hudfon, far Ellis, Paris, i y^p , tome 1,
page s^ . fg,}mge jS,
Hiflrix acuîeis fub jùl'n occuhls , enuda hcvi &
craÇa Hiflrix Hudfonîs, Le porc-épic de la
baie de Hudfon. Bnif. Regn, anim. pag. 1 a 8.
Dorfnta, HiJIrix yahnis teiradaâylis , plantis pcri'
tadaélylis cauda elongaui , dorjo Jbh fiinojo, Linny
Syfi, nat» cdit, x, pag. 57.
Zô hifloke Naturelle
Coendou , auxquels il reflemble par c(uef-
ques caradères, mais dont cependant il
diffère aiïèz à tous autres égards, pour
qu'on doive le regarder comme une efpèce
pardculière & appartenante au climat du
nord, comme les autres appartiennent à
telui du midi.
M." Edwards, Eilis & Catefby ont
tous trois parlé de cet animal : les figures
données par ces deux premiers auteurs
s'accordent avec ia nôtre , & nous ne
doutons pas que ce ne foit lé même
animal ; nous Ibmmes même très-portés
à croire que celui dont Seba donne
la figure (b) & la defcription fous le
nom de Porc- épie fingul'ier des Indes orkn-^
taies , & qu'enfuîte M." Klein fc), Brif^
fon (d) & Linnaeus (e) ont chacun indiqué
(h) Porcia acuhafas fyîveflrîs fivi Hiflnx orïentaUs
fingularis, Seba, voh I, jiag, S^» Tnù. J2 , fg. /,
fcj Acanthlon cauJa fTrolongâ acuils pilis honida, in
txùu quafi panniculatâ, Klein , de quad» pag. 6y.
(d) Hijhix cauda longijfimii actdels undique ohjita in
txtremo pnnniculatn. Hijtrix oricnia/is, Le Porc-épic
des Indes. BrifT. Regn, an'inu pag. 131.
(e) Mûcroura, Hyjlrix pedikis jfemadaâylis , caudâ
thngatfi , aculds clofmd Xânni Sjfjlt nau edit. %(
pag. 575 '^
■«w»
<fe rUrjom a il
cfans îeiiïs Mes par des carci<^ères tîre's
de Seba, pourroit être le même animal
que celui dont il eft ici queftion : ce
ne feroit pas , comme on i'a vu ^ Tunique
& première fois que Seba auroit donné
pour Orientaux des animaux d'Amérique;
cependant nous ne pouvons pas i'aflurer
pour celui-ci comme nous l'avons fait
pour plufieurs autres animaux j tout ce
que nous pouvons dire, c'efl que les
reflemblances nous pairoiiïent grandes ,
& les différences affez légères, & que
comme Von a peu vu de ces animaux,
y fe pourroit que ces mêmes différences
pe fu(fei)t que des varitétés d'individu à
individu , ou même du mâle à la femelle.
L'Urfon auroit pu s'appeler le Cajior
épineux, H eîl du même pays, de la
même grandeur & à peu près de ia même
forme de corps ; il a , comme lui , à
î'extrémitc dje chaque mâchoire, deux dents
ïncifives , longues , fortes & tranchantes :
indépendamment de Çts piquans qui font
iilTez courts & prefque cachée dans le
poil , l'urfon a , comme le caftor , une
double fourrure , la première de poils
longs & doux , <3c la féconde d'un duvet
IslJ Hijloire Naturelle, &c:
ou feutre encore plus doux & plu*
mollet. Dans les jeunes, les piquans font
à proportion plus grands , plus appa-
rens & les poils plus courts & plus rares
que dans les adultes ou les vieux.
Cet animal fuit l'eau & craint de fe
mouiller, il (e retire & fait fà bauge fous
les racines des arbres creux (f), il dort
beaucoup , & (è nourrit principalement
d'écorce de genièvre; en hiver, la neige
lui fèrt de boiflbn; en été, il boit de
Teau & lappe comme un chien. Les Sau-
vages mangent fa chair , & fe fervent
de fà fourrure après en avoir arraché les
piquans qu'ils emploient au lieu d'épingles
& d'éguilles.
(fl Voyez îa lettre de M. Alexandre Light à M^
Edwards. ////?, of Birds , pag, j2*
c;
quans Ibnt
lus appa-
plus rares
IX.
lint de (e
auge fous
"-J, il dort
:ipalement
, la neige
il boit de
Les Sau-
fe fervent
irraché les
d'épingles
I
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" " ■ " - . : A
V il
£• TANREC (a)
ET LE TENDRAC (b).
I J-jE S Tanrecs ou Tenracs font de petits ani-
maux des Indes orientales , qui refîèmblent
un peu à notre Héri0bn, mais qui ce-
pendant en diffèrent afîez pour conftituer
des efpèces différentes ; ce qui le prouve
indépendamment de l'infpedîion & ,de h
comparaifop , c'ell qu*ils jie ie mettent
point en boule comme le hériffon , &
que dans les mêmes endroits où fe
trouvent ks tanrecs , comme à Mada^
gafcar, o^ y trouViC auffi des hérifTons
^a) Tunrec & Tendrac ,iiQm^ de ct& animaux, Bi
que nous avons adoptés*
(bj Erinacfus Americanus atbus, Seba , vol. 7;
fûg. 78 , Tab, ^y . fig, ^, Nota, Ce Hériflbii
que S.eba dit lui avoir été envoyé de Surinam ,
reflemble fi fort au Tcndrac, qu'on ne peut pas
[ 4ouïer que ce ne foit fe même animal i & s'il eft
Ltjatif de Madàgafcar, il ne doit pas fe trouver en
(Amérique. Cet Auteur l'a mal indiqué à tous
égards, car ii n'eft ni Américain ni blanc, il eft
feulement un peu moins brun que notre hériHbn
ii']£urope«
■'■*.■
1$ Hiftoin Naturelle
de la même cipèce que les nôtres, qiiij
ne portent pas le nom de tanrec , niaii
c|iii s'appellent Sora (c)»
H paroît qu*il y a à&s tanrccs de deux
efpèces , ou peut - être de deux races
différentes ; le premier qui cft à peu
près grand comme notre hcfriiïbn , a le
inu(eau à proportion plus iong que le
lecond , il a aulîi les oreilles plus appa-
rentes & beaucoup moins de piquans que
le fécond, auquel noys avons donn<^ le
nom de tendrac pour le diflinguer du
premier ; ce tendrac n'eil que de la
grandeur d'un gros rat ; il a le mufèau ôc
les oreilles plus courtes que le tanrec,
celui-ci eft couvert de piquans plus
pedts , mais aufîi nombreux que ceux
clu he'riffon ; le tendrac au contraire n'en
a que Tur la têtt', i^ cou & le garrot,
le refte de Ton corps ell couvert d'un
poil rude afTez ferablable awx foies du
cochon.
Ces p.etjts animaux qui ont Içs jambes
très-courtes , ne peuvent marcher que
fort lenteinent ; ils grognent (d) comme
(<) Voyage à Madagafcar par FlaccoUrt , p, t j2,
ïd) Recueil des voyages qui ont fcrvi à l'ctabliflèment
nôtres, (\v\\
anrec, mais
;cs de deux
deux races
cft à peu
riflbn, a le
ong que lc|
pjus appa-
piquans que
is donn<^ le
flinguer du
que de la
e mufeau ôc
; le tanrec,
quans plus
que ceux
ntraire n'en
le garrot,
luvert d'un
foies du
• - »
Içs jambes
ircher que
^dj comme
les
:)Urt , p. I J2,
li'ctablilTement
de {4
'V
* i
Tl^tnXI.
r. K T A N R 1 • C . Pf 4. l\h/. 2.
^^<a■^^
iA\ 1 KJSIHIAC^
{lu Tanrcc & Ju Tendrai i j
les pourceaux , ils fe vautrent comme
•ux clans la fluigc , ils aiment l'eau & y
fqourncnt plus long-temps que fur terre ;
©n les i^icnd dans les petits canaux d'eau
falée (e) & dans les lagunes de la mer;
ils font très-ardens en amour & multi-
plient beaucoup (f), ils (c creufent des
terriers , s'y retirent & s'engourdifîènt
pendant plufieurs mois ; dans cet état de
torpeur , leur poil tombe & ii renaît
après leur réveil ; ils font ordinairement
fort gras , & quoi(|ue leur chair foit fade,
longue & mollafle, les Indiens la trouvent
de leur goût , & en font même fort
friands.
de îa Compagnie àti Indes de Hollande, jiage ^12:,
fe) Relation de F. Caucfie. Paris, t ^^ i^p- / -2 7»
— Voyage de la Compagnie des Indes de Hollande ,
page^Tz,
(f) Voyagea Madagafcar, par Fbccourt, PatUi
i66 1 , in-^,' page //-z.
^^é
W
Tome XL
'%'
26 Hîjloke Naturelle
•il
tBmtmÊamm
LA GJRAFFE(a).
A Girafîè efl un de^ premiers , des
plus beaux , des pius grands animaux ,
& qui ; fans être nuiilble , eit en même
(a) Cirage, mot dérivé de Gimaffh, Sirayhah,
' Zurnaùa, nom de cet animal en langue Arabe, &
que les Européens ont adopté depuis plus de dtUK
ficelés, Cametoparfidlis , en Grec & en Latin. Pline
donne l'étymologie de ce nom compofé : Camthrum,
dit-il , aliqua pmilitudo in aliud transfertur animal ,
MaBin, j€thiopes rocant , Collo fmilem equo, jediha
ir cruribus bovi, Camcio capite ; aibis maculis rutilim
c»k)rem dfjiiifguehiibus , unde apptlkfa Camelopardalis ;
di^awris Cafaris Circevjibus tudis primum vifa Ronia •
fx eç fubinde cemitur , afpeÛu magis quam firitat^_
confpicua : quart ttiam ovis ftra. novm invmii, W\%
pat. lib. VIII, cap. XVUI. ' ^
G'irnffe, que les Arabes nomment Zurmpa, &
que les Grecs & les Latins nomment Camelopardalis,
}3elon , Obferv. feuil. 118, fig. ibid, verfo»
Camelopardalis , Camflopardahn facrœ Iftura V9-
carrt Zamer, Deuier, t^, Ubi Chalddica tranjlatio
haï et Deba ; Arabica , Saraphah ; Perfca , Sera-
phah ; feptuaginia Camelopardalin. Hieronymus Ca-
pie/opi.rdum, Gefner, hijl, quad, i^y, fig. pag. 14,9,
Vbi Legâur^ Camelopardalis , icon e^ charta t^uadam
' Je la Ciraffe,^ ij
temps Fun des plus utiles ; la difpro-»
portion énorme de fès jambes , dont
celles de devant (ont une fois plus longues
que celles de derrière , fait obftacle à
i exercice de (es forces ; fon corps n'ai
point d'adiette , fa démarche eft vacil-
lante , (es mouvemens (ont lents & con-
traints ; elle ne peut ni fuir fes ennemis
dans l'état de liberté , ni (crvir (es maîtres
dans celui de domeflicité ; aufli l'efpèce
en eft peu nombreulè & a toujours été
confinée dans les défèrts de l'Ethiopie
& de quelques autres provinces de l'A-
frique méridionale & cfcs Indes. Comme
mper inipreffa Norimherga Surnapa nomine
ahitudine ttd fummum verticem fufira quinque orgyas ,
corniculis duolms ferrei coloris , pilo levi h" compojïio
pulchro : diligenter ix probe deyiéium Conjlantinopolï ^
in Germaniam tranfn.ijjiim , an,ij;jp,
CameloyardaUs, Aidrov* de quad, B'if. pag, p2ji^
\fg' P<'g' 9$'-
CainehpardnUst Jonfton , de quad» pag* i02i
\fg. Té, ^^, 40, ^s*
Camelopardalis, Profper Afpin. Hjft, yEg}p. pjL II,
j>ag. 2^6 . fig. -f , Tiib. /^,
Camelopardalis. Cervus comibus fimplîcijjimis , peMui.
micis longijfttnis, Linn. S^^, ^at* edii. x, p. 65,
1 8 fSjfmre Ndîtirelle '
^es contrées étoient inconnues Jes Grecs,
i^riftote ne fait aucune mention de cet
îinimal; mais Pliae en parle , & Oppien
(h) le décrit d'une manière qui n'efl:
point équivoque. Le Camelopardalis , dit
cet îjuteur , a quelque reffeniblance au
chameau ; fa peau jeft tigrée comme celle
^e la panthère , ^ fon cou eft long
comme celui du chameau ; il a ia tête
^ les oreilles petites , les pieds larges ,
les jambes longues , mais de hauteur fort
inégale , pelles de devant font beaucoup
plus élevées que celles de derrière qui
îbnt fort courtes &l femblent ramener à
terre Ja croupe de l'animal ; fiir la tête '
près des oreilles., il y a deux éminences
femblables à deux petites cornes droites;
au ïefte , il a la bouche comme un cerf,
ies dents petites & blanches , les yeux
brillans , la queue courte & garnie de i
poils noirs à fon extrémité. En ajoutant
a cette defcription d'Oppien celles d'Hé-
Jiodore & de Strabon , l'on aura déjà
une idée afîez juft^ de la Girafïè. Les
A nibaffadeurs d'Ethiopie, dit Héliodore,
^imenèrent un animal de la grandeur d'un
. 0) Qppian, d^ Vtnax, hh lUt
l
<"4
{le la GIraffe, I9
chameau , dont la peau étoit marque'^
de taches vives & de couleurs brillantes ,
& dont les parties poflérieures du corps
etoient beaucoup trop baffes , ou les
parties antérieures beaucoup trop cfevées ;
le cou étoit menu, quoique partant d'urt
corps affez épais ; la tête étoit lemblable
pour la forme à celle du chameau , 6c
pour la grandeur n'étoit guère que du
double de celle de l'autruche, les yeux
paroifToient teints de différentes couleuEs ;
la démarche de cet animal étoit différente
de celle de tous les autres quadrupèdes,
qui portent en marchant leurs pieds dia-
gonalement , c*eft-à-dire , le pied droit
de devant avec le pied gauche de der-
rière ; au lieu que ia girafîè marche
Tamble naturellement en portant les deux
pieds gauches ou les deux droits en-
femble ; c'eft un animal fi doux , qu'on
peut le conduire par -tout où l'on veut,
avec une petite corde paffée autour de
ia tête /"cj» Il y, a , dit Strabon , une
grande bête en Ethiopie, qu'on appelle
Cameioparc/alis , quoiqu'elle ne reffemble
en rien à ia panthère ; car (à peau n'efl
{cj Héiiodore, lia, X - ■;
B ii;
^o 'Hiflohe Naturelle *
pas marquée de même ; les taches de !a
panthère font orbiculaires , & celles de
cet animal font longues & à peu près
femblables à celle d'un faon ou jeune
cerf qui a encore la livrée : il a les parties
poftérieures du corps beaucoup plus bafîes
que les antérieures , en forte que vers
la croupe il n'eft pas plus haut qu'un
bœuf, & vers les épaules il a plus de
hauteur que le chameau ; à juger de fli
légèreté par cette difproportion , il ne
doit pas courir avec bien de la vîtefle ; au
refte , c'eft un animal doux qui ne fait
aucun mal , & qui ne (e nourrit que
d'herbes & de feuilles (d/. Le premier
des modernes qui ait enfuitc donné une
bonne defcription de la girafîè , eft Belon.
» J'ai vu (dit -il) au château du Caire
» l'animal qu'ils nomment vulgairement
» Zurnapa, les Latins l'ont anciennement
yy appelé Camelopardalis , d'un nom com-
5? po(e de léopard & chameau , car ii
» eft bigarré des taches d'un léopard ,
:» & a le cou long comme un chameau ,
» c'eft une bêie moult-belle , de la plus
» douce nature qui foit, quafi comme une
(ilj Sirabon, lib, JiVliT JCVU^ -
-À.
i-
taches de h
^ celles de
a peu près
^ ou jeune
aies parues
> plus bafl'es
2 que vers
haut qu'un
a plus de
juger de fli
on , il ne
vîtefle; au
qui ne £iit
lourrit que
-.e premier
donné une
> eft Belon.
i du Caire
ilgairement
:iennement
nom coin-
lu , car ii
'■ léopard,
chameau ,
de la plus
omme une
:î
'fie la Glmfe» 3 i
brebis & autani amiable que nul autre «
bête (Iiuvage ; elle a la tête prelque ce
femblable à celle d'un cerf, hormis la «
grandeur, mais portant des petites cornes ce
moufles de fix doigts de long , cou- c<
vertes de poil ; mais en tant 011 il y c«
a diftindion de mâle à la femelle , «
celles des mâles l'ont plus longues ; «t
mais au demeurant en tant le mâle que c<
la femelle ont les oreilles grandes comme ce
d'une vache , la langue d'un bœuf & et
noire ; n'ayant point de dents defTus ce
la mâchelière ; le cou long , droit & ce
grele ; les crins déliés & ronds , les ce
jambes grêles , hautes , Se. (i baffes par ce
derrière , qu'elle feinble être debout ; «
iès pieds font femblables à ceux d'un ec
bœuf; (à queue lui va pendante julque «
defFus les jarrets , ronde , ayant les ce-
poils plus gros trois fois que n'efl: celui «
d'un cheval ; elle efl: fort grêle au tra- ce
vers du corps, fon poil eft blanc & roux ; ee
fa manière de fuir cft (èmblable à ce
celle d'un chameau ; quand elle court , «c
les deux pieds de devant vont en- «
feinble , elle fè couche le ventre contre ce
terre & a une dureté à la poitrine & <t
Biii/
32 Hljiolre Naturelle
33 aux cuifîès comme un chameau ; die
33 ne fiiurok paître en terre, étant debout,
33 fims élargir grandement les jambes de
33 devant , encore eft - ce avec grande
33 difficulté , parquoi il efl aifé à croire
33 qu'elle ne vit aux champs , finon des
33 branches des arbres , ayant le cou
33 ai<nfi long , tellement qu'elle pourroit
33 arriver de la tête à la hauteur d'une
demi-pique (e) :>^,
La defcription de Gillius me paroît
encore mieux faite que celle de Belon»
33 J'ai vu (dit Gillius, chap. JX) trois
3:>giFaffès au Caire , elles portent au-
33 defTus du front deux cornes de fix
33 pouces de longueur , & au milieu du
33 front an tubercule élevé d'environ
33 deux pouces , & qui refTemble à une
i3 troifième corne ; cet animal a (eize
33 pieds de hauteur lorfqu'il lève la tête ,
33 le cou feul a fept pieds , & il a vingt-
33 deux pieds depuis l'extrémité de la
33 queue jufqu'au bout du nez ; les jambes
33 de devant & de derrière font à peu
33 près d'égale hauteur , mais les cuifTes
(e ) Obfervations de Belon , feuillet 1 1 8 reét»
tt 1 1 8 re^9
delà Giraffe» 35
du devant font fi longues en compa- «
Hiifon de celles de derrière , que le dos ce
de l'animal paroît être incliné comme «
un toit; tout le corps eft marqué de ce
grandes taches fauves , de figures à ce
peu - près carrées il a le pied ce
fourchu comme le boeuf, la lèvre fu- ce
périeure plus avancée que l'inférieure , ce
la queue menue avec du poil à l'ex- ce
trémité ; il rumine comme le bœuf, ce
& mange comme lui de l'herbe ; il a ce
une crinière comme le cheval, depuis ce
le fommet de la tête julque lui* le ce
dos ; lorfqu'il marche , il femble qu'il ce
boite non - feulement des jambes , mais «
des flancs , à droite & à gauche alter- ce
Hâtivement ; & lorfqu'il veut paître ou ce
boire à terre , il fi vut qu'il écarte prodi- ce
gieufement les jambes de devant».
Gefiier cite Belon, pour avoir dit que
les cornes tombent à la girafïè comme au
daim (f). J'avoue que je n'ai pu trouver
ce fait dans Belon ; on voit qu'il dit
feulement ici que les cornes de la girafîè
font couvertes de poil ; & il ne parle de
(f) iGîrajfis if Damis cornua cadum, Behnim^
"34 Hijloke Naturelle
cet animal que dans un autre endroit fg),
à l'occafion du daim axis , où ii dit
que ce la girafFe a le champ blanc, & les
yy taches phénicées , (èmées par-defîus,
33 afîèi larges , mais non pas rouflës
comme l'axis a?. Cependant ce fait que
je n'ai trouvé nulle part , feroit un des
plus importans pour décider de la nature
de la girafîè ; car fi les cornes tombent
tous les ans, elle eft du genre des cerfs,
& au contraire fi Tes cornes font per-
manentes , elle eft de celui des bœufs
ou de^ chèvres ; fans cette connoifîànce
précifë , on ne peut pas affurer , connne
i'ont fait nos Nomenclateurs , que la
girafîè foit du genre des cerfs : & on ne
fàuroit afTez s'étonner qu'Haflèlquift , qui
a donné nouvellement une très -longue,
mais très - sèche defcription de cet ani-
mal , n'en ait pas même indiqué la na-
ture; & qu'après avoir entaffé métho-
diquement, c'eft-à-dire en écolier , cent
petits cai;;a(!]lères inutiles , il ne difè pas
un mot de la fubftance des cornes, &
nous laiJfTe ignorer fi elles font folides ou
crcufes , fi elles tombent ou non ; fi ce
Çg) ObTcrvations de Bdçn , fiuiikt 120 ^ n^^
endroit (g),
, où H dit
blanc, & les
par-de(îiis,
pas roudès
ce fait que
roit un îSts
de la nature
les tombent
e des cerfs,
) font per-
des bœufs
onnoifîànce
rer, comme
rs , que la
s: & on ne
elquift , qui
es - longue ,
de cet ani-
que la na-
fTé métho-
olier , cent
le difè pas
cornes, Sl
: folides ou
non; fi ce
120, nÔ9^
de la Girafe* '55
font en un mot , des bois on cïes cornes.
Je rapporte ici cette defcription d'Haf-
felquift (h) , non pi ^ pour l'utilité , mais
pour la fmgularité, & en même temps
pour engager les Voyageurs à fe fervir
de leurs lumières, & à ne pas renoncer
à leurs yeux pour prendre la lunette des
autres ; il eft néceuaire de les prémunir
contre l'ulage de pareilles méthodes , avec
lerquelles on fe dirpenfc de raifonner,
(h) Cervus c^melovarfialis, Caput promhfns , lahiitm
fuperius crafum , infaius tenue t nares obhnga, amp!a,
\ pi/i rîgifti , fparfi in trtrtxpte labio avterius ir ad /tirera»
àupercida rigida , diflméliffima , ferie ma compoftta*
Ocu'i ad latera cnpitis , vert ici çuam rojiro, ut i^ fronti
çuam collo propiores, Dtmes , lingun , cornua fimplicif'
\jtmj. , cylindrica , heifijftma , bafi crtijfa in vertice
c api ri s fit a , .pihfa bafi pilis longiffimis rigidis ttéla ,
apice pilis longioribus ereéîis rigidipttiis , apicem loth-
gitudine fuperantibus cinéla, Aprx commun in rmdio
horum pilorum obtufus nudus, Eminentia in frome ,
infm cornua , inferius ohlonga hwnilior , fuperius eU'
vatior , fubrmunda, poftic£ parum ikjtreJifa, inaqualis»
Auricula ad latera capitis tnfra cornua pont iîhi fO~
fita. Collwn eredum , conrjmfum , longijjimum , verjus
caput angufiijftmwn , inferius latiufculum, Crura cyliit'
èficn ameriorihus plus qnam dimidie longioribus, Tubet"
culum crafum , durum in genufhxum. Ungues bijulci ,
ungulati, Pili brevijftm univerfarn corpus, cafwt if
pedes tegunr. Linea pilis regidis longioribus per dorfttm
a €afitc ad mndém 4Xtt>^t Céuda tews , /utaionM
3^ mjJoke Naturelle
& on fc croit d'autant plus favant que
l'on a moins d'elprit. En fommes-nous
en efïèt plus avancés après nous être
ennuyés à lire cette énumération de petits
caraélères équivoques , inutiles î Et les
defcriptions des Anciens & des Modernes
que nous avons citées ci - deffus , ne
donnent-eiks pas de l'animal en queftion
une image plus fenfible & des idées
plus nettes î C'eft aux figures à fuppléer
à tous ces petits caractères , & le difcours
doit être réfervé pour les grands : un
ièul coup-d'œil fur une figure en ap-
prendroit plus qu'une pareille defcription
^twidia hffgUudine , non jubata, Color totius coywis ,
tapltis ad yedum ex maatlii fi/ch & femigineis pa-
ricgatmt. macula pdlmari Intitudine , figura irregulari ,
ht vivo animali ex luciSori à" ohfairiore variâmes,
AJagnltwio cameli minons , longitudo totiia a labio
fvperiore ad finem dorjt fjmh. 2^, Longiuido capitis
Jpith, ^, Coin fpith, p ad t o, pedum anter, fpiih*
j I ad t j, pojler, fpiik, y ad 8 , longit. ccrnuum vix
fvithamalis. Spafitm imer cornun fpith y . longit. pi'
lerum in dorfo poH, ^ , ïatitud, capitis juxrn wlerciilum
vel eminentiam Jpith, -^ , prope maxillam ffith. i, colli
wrinque prope eaput fpith, t, in mcdio fpith. i-^, ad
bafin fpith, 2. ad ^ , latitud, Lat, abd. anterius fpith,
>f. , pofler, fpith, 6 ad y, Craffities pellis ut corii cervt
vulgaris Defcriptio anttcedens jiixta pellem ani~
tnalis faélam ; {mimai veto mdwn vidit Voyage
' Je la Giraffe, 37
«(ui devient d'autant moins claire qu'elle
eft plus minutieulè , fur -tout n'étant
point accompagnée de Li figure , qui
ièule peut foutcnir l'idée principale de
l'objet au milieu de tous ces traits va-
riables , & de- toutes ces petites images
qui fervent plutôt à i'oJafcurcir qu'à le
repréfenter^
On nous a envoyé cette année ( 1 7^4)
à l'Académie des Sciences, un deflin &
une notice de la giraffe , par laquelle on
adure que cet animal que l'on croyoir
particulier à l'Ethiopie fîj, fe trouve aufli
dans les terres voifmes dîu cap de Bonne-
eipérance ; nous enflions bien defiré que
k cîeflin etit été un peu mieux tracé ,
mais ce n'efl: qu'un croquis informe &
fij La giraffe ne fe trouve point ailleurs qu'en
Ethiopie. J'en ai vu deux dans le palais du Roi
qu'on y avoit app 'voifées. J'obfervai que lorfqu'elles
vouloient boire , & qu'on leur préientoit de l'eau
ou du lait , pour y atteindre il ralloit qu'elles écar-
teflTent les jambes, autrement comme ces bêtes font
trop hautes de devant , elles ne pourroient boire
quoiqu'eiies aient le cou fort long. J'ai obier vé de
mes yeux ce que je rappbrte ici. Relation a'e The^ ,
venot , page i o de la (kjcri}ftim es animaux , iXc* <âf
Cpfouii le JolUiùre*- , ■■-- - - • ;- ■'• - - ; • '^- ^
I /
^3 8 • Hldoke NatureÏÏe
dont on ne peut fiiirc aucun uf:»ge; \
l'égard de i;i notice , comme elle con-
tient une efpèce de defcripiion , nous
avons cru devoir Li copier ici. « Dans
» un voyage que l'on fit en 1762 , à
» deux cents lieues diuis les terres au nord
3» du Cdj) de Bonne-eipérance , on trouva
33 le Camelopardalis , dont le deifin eft
-» ci- joint ; il a le corps reflemblant à un
3> bœuf, & la têie <St le cou reiremblént
3? au cheval. Tous ceux qu'on a ren-
» contrés font blancs avec des taches
3> brunes. Il a deux cornes d'un pied de
a» long far la têie, & a les pattes fendues.
3> Les deux qu'on a tués , & dont la peau
» a été envoyée en Europe , ont été
y> mefurés , comme il fuit : la longueur
y> de la tête un pied huit pouces ; la
» hauteur depuis l'extrémité du pied de
» devant jufqu'au garrot , dix pieds ; &
» depuis le garrot jufqu'au -denus de la
» tête , fept pieds , en tout dix - fept
53 pieds de hauteur ; la longueur depuis
33 le garrot jufcfu'aux reins efl: de cinq
» pieds fix pouces ; celle depuis les reins
33 jufqu'à la queue d'un pied iix pouces;
ufjge; à
î elle con-
ion , nous
ci. ce Dans
1762 , à
res au nord
on trouva
; deifin eft
iblant à un
reiremblént
'on a ren*
des taches
ui pied de
es fendues,
ont la peau
, ont été
1 lonpfueur
)Ouces ; la
lu pied de
pieds; &
emis de la
clix - fept
eur depuis
ft de cinq
lis les reins
IX pouces;
Je la Giraffe, 3 ^
alnfi la longueur du corps entier eft de c<
fcpi pieds , la hauteur depuis les pieds «
de derrière julqu'aux reins e(l de huit ce
pieds cinq pouces. Il ne paroît pas c<
que cet animal puiOè être de quelque ce
fervice, vu la dilproportion de la hau- ce
leur & de fa longueur : il (è nourrit c<
de feuilles des plus hauts arbres ; & c<
quand il veut boire ou prendre c|uelque «
chofe à terre, il faut qu'il iè mette à«
genou w.
En recherchant dans les Voyageurs
ce qu'ils ont dit de la girnlfe, je les ai
trouvés affez d'accord enir'eux ; Hs con-
viennent tous qu'elle peut atteindre avec
fa tête à feize ou dix -fept pieds (k/ de
(h) Profper Alpin, eft le fcul qui fembfe donner
une autre idée de la grandeur de cet animal en
le comparant à un petit cheval, Anno 1^81 , AU-
xamhia vidimus Camelo» ardaUm ^uem Aralts jitma^
iX nojiri gira^'am appellant ; heu equum f 'vum elt-
gantijjimtimque reprfentare viatur , fig, 2j^, Il y a
toute apparence que cette ojraff'e , vue par Profper
Alpin, etoit fort jeune & n'avoit pas encore acquis
à beaucoup près tout (on accroiflcment : il en efl
de même qic celle dont llaflèlquifl a décrit la
peau , 6c qu'il compare pour la granikur à un p<tit
çhamcaUi
'40 • , HîJIoke I^aîureJle ■
hauteur étant dans fà fituation naturelle ,
c'eft-à-dire pofée fur fcs quatre pieds ;
& que les jiiinbes du devant font une
fois plus hautes que celles de derrière ,
en forte que quand elle eft aiîiiè fur fa
croupe , il feinhle qu'elle foir» entière-
ment debout f I ) : lis conviennent aufïï
qu'à caufe de cette difproportion elle ne
peiu pas courir vite; qu'elle eft d'un
naturel très-doux , & que par cette qualité
fij La girafFe a les pieds de devant de moitié plus
hauts que ceux dé derrière, puis portant le corps
grêle , droit & long i cela In rend fort haute éle-
vée ; elle a h tête prefque fembiable à celle du-
cerf , iinon que (es petites cornes moufles n'ont que
demi -pied de long; (es oreilles font grandes comme
celles d'une vache, & n'a point de dents au-deflTus
de la mâcheiière ; les crins font ronds 6c déliés ,
(es jambes grêles & femblables à celles d'un cerf &
les fpieds à ceux d'un taureau ; elle a le corps fore
grêle , & la couleur de fon poil reffemble à celui
â'un loup -icervicp ; du relie fa manière de faire eft
fort fembiable à celle du chameau. Voyage de Villa-
monu Lyon, 1620., page 6SS> — J'ai vu deux.
girafFes , au château du Caire , elles ont le cou plus
grand que le chameau, deux cornes de demi -pied
ïur la tête, une petite au front; les deux jambes
de devant grandes & hautes, & les deux de der-
rière courtes*. Cofmographie du Levant, par Tkm*
^e la Giraffe, 41
hiufll - bien que par toutes les autres
habitudes phyfiqttes , & même par la
[forme du corps, eHe approche plus de
[la figure & de la nature du chameau que
de celle d'aucun autre animai ; qu'elle eft
Jdu nombre des ruminans , & qu'elle
Imanque comme ewx de dents incirives à
Ha mâchoire fupérieure ; & l'on voit par
[le témoignage de quelques-uns , qu'elle
[fè trouve dans les parties méridionales
[de l'Afrique (m) aufîi-bien que dans celles
Ide l'A fie.
Il eft bien clair , par tout ce que nous
renons d'expoler, que la giraffe efl d'une
îlpèce unique & très-différente de toute
(m) Da'ns i'île de Zanzibar , aux environs de fAa-
WagaCcar, î( y a une certaine efpèce de bête qu'ils
■appellent Grafe ou Girafe , qui a le cou fort long,
■comme de toile & demie, de laquelle les jambes de
Idevant font beaucoup plus longues que celles de
jilerrière ; elle a petite tête & de diverfes couleurs ,
ainfi que le corps : cette bête eft fort douce &
privée , ne faifant mal à perfonne. Defcription des ,
Indes orientales, par Â'îarc Paul, Paris , i 5 5 <!> , Hv, III »
Vage 116, — Girnffa animal adeo Jyhaticum ut raro
tideri pojfit liomines videns in fugam ferttir tametfi ,a
Son fit multcc velocirati's, Ixon Afriq. Defcript, Afr*
/ol. Il, pag. y^^»
'41 Hipoirt Naturelle
autre ; mais fi on vouloit la rapprocîiÉî
de quelqu'autre animai , ce ieroit piutôt
du chameau que du ceif ou du bœuf: il
cft vrai qu'elle a deux peiiies cornes &
que le chameau n'en a point: mais elk
a tant d'autres relfîemWances avec cet
animal . que je ne fuis pas furpris que
quelques Voyageurs lui aient donné le
nom de chameau des Indes. D'ailleurs ,
i'on ignore de quelle fubflance font les
cornes de la girafïe , & par conféquent
fi par cette partie elle approche plus des
cerfs que des bœufs , & peut*- être nr \
font -elles ni du bois comme celles des
cerfs, ni des cornes creuies comme celles
des bœufs ou des chèvres. Qui fliit fi
elles ne font pas compofees de poils
réunis comme celles des rhinocéros , ou fi
elles ne font pas d'une fubftance & d'une
texture particulière î il m'a paru que ce
<jui a voit induit les Nomcnclateurs à mettre
la giraffe dans le genre des cerfs , c'efl
I ." le prétendu pafîàge de Belon , cité
par Gcfner (n), qui feroit en efïèt dé-
H eifif s'il éioit réel 2.° Il me femble que
(n) Gefner, Hif, quttd, pg. 148. Umà anti^Jtmdtiniti,
l'on
ente
du
éfe la Girafe; 4}^
l'on a mai interprété les Auteurs ou mal
entendu les Voyageurs iorfqu'ils ont parié
du poil de ces cornes ; i*on a cru qu'ils
avoient voulu dire que les cornes de la
giraffe étoient velues comme le refait des
cerfs , & de - là on a conclu qu elles
étoient de même nature, mais. Ton voit
au contraire , par les notes citées ci-deiTus,
que ces cornes de la giraffe font feu-
lement environnées & furmontées de
grands poils rudes & non pas revêtues
d'un duvet ou d'un velou/s , comme le
refait du cerf* & c'efl: ce qui pourroit
c ter à croire qu elles font compofées de
l^oils réunis à peu-près comme celles du
rhinocéros , leur extrémité qui efl moufle,
favori le encore ceite idée : Et fi l'on fait
attention que dans tous les animaux qui'
portent des bois au lieu de cornes, tels
que les élans , les rennes , les cerfs , les
daims & les chevreuils , ces bois font
toujours divifés en branches ou andouil-
1ers , & qu'au contraire les cornes de la
giraffe l'ont fimples & n'ont qu'une (eule
tige ; on fe perfuadera aifément qu'elles
]ac font pas de même nature ; fans quoi
ti
44 Hïflotre Naturelle
l'analogie feroit ici entièrement violée.
Le tubercule au milieu de ia tête , qui ,
félon les Voyageurs , paroît faire unel
troifième corne , vient ervcore à i appui
de cette opinion ; les deux autres qui ne 1
font pas pointues , mais moufles à leur
extrémité, ne font peut-être que des
tubercules fcmblables au premier & feu-
lement plus élevés ; les femelles , difent
tous les Voyageurs , ont des cornes
comme les mâles , mars un peu plus
petites : ii la giraffe étoit en effet du
genre Aq% cerfs, l'analogie (c démentiroit
encore ici , car de tous les animaux de
ce genre , ii n'y a que la femelle du
renne qui ait un bois , toutes les autres
femelles en font dénuées , & nous en
avons donné la raifbn. D'autre côté ,
comme la giraiîè, à caufè de l'exceffive
hauteur de lès jambes ne peut paître
l'herbe qu'avec peine & difficulté;^ cfu'elle
fê nourrit principalement & prefqu'uniquc-
ment de feuilles & de boutons d'arbres ,
l'on doit pré fumer que les cornes qui
font le réfidu le plus apparent du fuperfîu
de la nourriture organique , tiennent de
• de Id Givûjfe, 45
ïa nature de cette nourriture , & font
par conféquent d'une fubftance analogue
au bois , &. femblable à celle du bois de
cerf. Le temps confirmera l'une ou
l'autre de ces conjeAures. Un mot de
plus dans la defcription d'Haflelquift ,
fi minutieuie d'ailleurs , auroit fixé ces
doutes & déterminé nettement le genre
de cet animal. Mais des écoliers qui
n'ont que la game de leur maître dans
la tête , ou plutôt dans leur poche , ne
peuvent manquer de faire des fautes ,
des bévues , des omifîions efîbntielles,
parce qu'ils renoncent à l'elprit qui doit
guider tout Obfervateur , & qu'ils ne
voient que par une méthode arbitraire
&i fautive , qui ne fert qu'à les empêcher
de réfléchir fur la natiu'e & les rapports
des objets qu'ils rencontrent, & defquels
lis ne font que calquer la defcription
fur im mauvais modèle. Comme dans
ïe réel tout eïl différent l'un de l'autre ,
tout doit aufïï être traité différemmerw ;
un feul grand caradèce bien fliifi , décide
quelquefois , & fouvent fait plus pour
la connoiflance de la chofè, que mille
m
46 Hiflotre Naturelle, &ci
autres petits indices : dès qu'ils font enj
grand nombre , ils deviennent néceflài-
rement équivoques & communs, & dès-l
lors ils font au moins fuperHus s'ils nel
font pas nuifibles à la connoifîance réelle!
de ia Nature, qui fe joue des formules,!
échappe à toute méthode , & ne peutj
être aperçue que par la vue immédiate!
de i eiprit , ni jamais iàifie que par Ici
coup-d œil du génie.
'..,i'. :« ■'
47
LE LAMA (a],
ET
LE P A C O (h).
L y a exemple dans toutes les Lan-
kies , qu'on donne quelquefois au même
pimal deux noms différens , dont i'un
(a) Lama, Lhavia, Clama, nom que les Efpagnofs
it donné à cet animal du nouveau Monde , & que
DUS avons adopté. Ils Tappelicnt aufli au Pérou Hua-
icus, Guanaco , Cornera de tierra, Mouton de terre ;
\uanapo, félon le Gentil, tome 7, page p^; Wianatjue,
fclon Wood , voyage de Dampter, tome V, page î 8 1 ,
Vutrefois il s'appeloitau Mexique, Pelon ichintl OquitU ;
*" au Chily, Hueque Chillehueque , c'efl-à-dire, fiutqut
Chily, car les premiers Voyageurs de l'Amérique
:rivoient Chillé pour Ciùlyt Les Anglois ont défîgné
I Lama par la dénomination de Peruichcattle » c'eft-à-
lire be'taU du Pérou, Mathiple lui a donné le nom
pmpofé à^ Elaphocamelus , Chameau- cerf.
A/o« ichïatl Ojuitli , ovis Peruana» Hernand. Hi00
fex. pag. 66 o, frg. ibid.
Ovis Peruana, Marcgrav. Hiji, nar, Brafi,pag, 24.5^
|g. Ibid.
Lania, Voyage de Frczîer , pag» i y i,fy, ibi4*
Came/us pilis ùrei'ijfmis veflitus Cameîui
Yeniams , le Chameau du Pérou. ^riÛTon f Kegité
yiiina/, pag. 56,
43 Hipolre NûtiircUe ' . :
fc rapporte à Ton état de liberté & rautrcl
à celui de domefticité : le (ànglier & le
cochon ne font qu'un animal , & ces
deux noins ne font pas relatifs à la dif-
férence de la nature, mais à celle de la
condition de cette efpèce , dont uncl
partie efl: fous l'empire de l'homme &I
' l'autre indépendante. Il en eft de mênicj
des Lamas & des Pacos qui étoient le$j
fêuls animaux domeftiques (c) des ancienîl
Américains.!
G lama, Qmeîm 'dorjo lavi , toj'ào pedoraS» Linn.l
S^'jh tînt. cdit. X , pag. 6 5 .
{b) Paco, Pacos, nom de cet animal dans fonl
pays natal au Pérou, & que nous avons adopté;!
c»n l'appelle aufli Vigogne, mot dérivé ât VkumX
autre nom de cet animal dans le même pays.
Ovis Peruana alla fpecies ab incolis Pacos dida\
Hernand. Hijt, Aiex, pag. 66^,
Ot/is Peruana, Paco dida» Marcgr, ////?. nau Briû
pag. 244^ frg. ibid.
Alpaque» Voyage de Frezîcr, page i jp*
Camelus pi fis prolixis corpore veflitus , la Vigogne,^
BrifTon , Regn, anim, pag. y y,
Pacos Camclus topJiis nullis , corpore lanato, Linn.[
'Sj>jf^ nat, cdit. X , pag. 66. „ , .
(c ) Avant l'arrivée des Efpagnoîs, les Indiens!
du Pérou ne connoifToient d'animaux domcftic|i?eç ,
que les Pacos & les Huanacus; mais ifs tirc^icnt 1
parxl des fauvages , qui étaient en plus gr;ind
nombre,
ore îanato, Linn.l
du Lama & du Pacôi 4^'
Américains» Ces noms font ceux de
leur état de domeflicité ; le lama (Iiuvage
s'appelle huanttcus ou guanaco, & le paco
fauvage vîcunna ou vigogne. J'ai cru
cette remarque néceflliire pour éviter la
confuiion des noms. Ces animaux ne
fe trouvent pas dans l'ancien continent,
mais appaniennent uniquement au nou-
veau ; ils affe(flent même de certaine»
terres, hors de l'étendue defquelles on
ne les trouve plus : ils paroi(îent attachés
à la chaîne des inontagnes qui s'étend
depuis la nouvelle El'pagne jufqu'aux
terres Magellaniques ; ils habitent les ré-*
gions les plus élevées du globe terreftre ,
&. femblent avoir befoin pour vivre de.
refpirer un air plus vif & plus léger quQ
celui de nos plus hautes montagnes.
■ Il efl aflez fingulier que quoique le
îama & le paco foient domeftiquçs ai|
Pérou, au Mexique, au Chily, comme
les chevaux le font en Europe ou les
chameaux en Arabie, nous les çonnoif»
fions à peine , & que depuis plus de
deux fiècles que les Efpagnols régnent
nemhre , par de grandes cliaflè^ Hijloin aes incasi
Tome Xu G
5^ *^ J-hpokc Naturelle ' ' *
dans CCS vaftcs contrées , aucun Je leurs
auteurs ne nous ait donne l'hilloire de»
taillée & la defcri[)iion exade de ces
animaux dont on le fert tous les jours :
ils prétendent à la vérité qu'on ne peut
Jes tranl'porter en Europe , ni même les
defcendre de leurs hauteurs fans les
perdre, ou du moins fans rifquer de les
voir périr au bout d'un petit temps :
mais à Quito, à Lima & dans beaucoup
d'autres villes où il y a des gens lettrés ,
on auroit pu les defliner, décrire & dif-
léquer. H errera fd) dit peu de chofe de
ces animaux ; Garcilaflb (e) n'en parle que
(d) On trouve dans les montagnes cfu Pérou Une
cfpèce de chameau dont ils (t fervent de la laine
pour faire des acourtremens. Dcjcription aies Indes
occidentales, par JHenera, Amft. i6zi , page 2^^,
' (e) Le p. Blas Vallera dit que le bétail du Pérou
efl (î doux que les en fans en font ce qu'ils veulent j
il y en a des grands & des petits; ks huanacus
privés (Lamas) font de différens poils , & les fau-
\ages fcHit tous bai bruns : ces aniniaux (ont de la
hauteur des cerfs & rcflemblent aux chameaux ,
excepté qu'ils n'ont point de boffe, leur cou efl
long & polt Le même bétail qu'ils appellent
Pacolama ( Paco ) , n'efl pas à beaucoup près tant
cflimé Ces pacos , plus petits que les autres ,
refTèmblent aux vicunas fauvages, & font fort dé-
licats j» ils ont peu de chair & peu de laine ex|rsL^
il
§^
riu Lama & du Paco, 5 X
<3*aprcs ks autres ; A coda & Grégoire
lie Bolivar, font ceux qui ont raflcmblif
le plus de fliits fur l'utilité & les fervices
qu'on tire des lamas & fur leur naturel;
mais on ignore encore comment ils font
conformés intérieurement , combien de
temps ils portent leurs petits ; Ton ignore
fi ces deux efpèces font abfolument fé»
parées l'une de Tautre , fi elles ne peu-
vent le mêler , s'il n'y a point entre elles
de races intermédiaires , & beaucoup d'au-
tres fîiits qui leroient nécefîairespour rendre
cette hifloire complète.
Quoiqu'on prétende qu'ils périment
îorfqu'on les éloigne de leur pay? natal,
il elt pourtant certain que dans les pre-
miers temps après la conquête du Pérou ,
& même encore long- temps après , Ton
a tranfporté quelques lamas en Europe.
L'animal dont Geîiier parle , fous le nom
à! Allocamelus , & dont' il donne la fi-
gure , efl un lama , qui fut amené vivant
mement fine. Cet animal (êrt de pïufieurs façons
à la Médecine , auflTi - bien que beauœup d'autres
animaux de ce pays , comme le remarque le P,
Acofta. Hijioire des Incas ^ tome II, page 2,6<y
jufqu'à 2 66%
c ./
'5* ' Hijlolre Niîturelk • -
du Pérou en Hollande en 1558 (f),
V c'efl le même dont Matihiole ( gj fuit
( f) Allocnmtîus Sciiigcrî , uppaur ejfe hoc if^um
'tinhimî ctijus figuram j'ropvnimus ex chart<i qu<ulam
tj'vis i.'vprejljiï mutuati cwn hac ficfcriptionc, Anno domini
il /;<!)' , jimii die i (j , an'mial hoc miraùi/e Alittellnirguin
SclaiiiliiK aJvcélum ejl , uniehac a principilnts Ceiviania
nmquam vijum , me a Flinio tiut autiquis ulus Jiripio-
ril'iis commemonuum. Or fin inditam ejfe dicebain è
Piro ( forte Pcru ) ngioie , Jexits niii/c niilliarUnif
ftrè Antuerpio (lljtaute. Altittido cjus erai jndum Jefc ,
highudo (jHÎnquc : collum c'igneo colore candidiffimum»
Corpus ( rcliijuuiB ) nijiim vel punie ej/m. Paies cm
jiruthocameH , ci/jus injlar urinam (juocjue rttrô reddit
hoc animal (trat auicm mas annorum atatis quanmj,
Gefiicr, Hijf» qitadrup. pAg, 149 & ,150.
('gJ Longitudo tci'ius corporis a cervice ad caudam ^
pcdum crat : aliitudo a dorfo ad yedis plantam -^ tan*
iunt, Capite , collo , arc , Juperioris pnxjcnlm lahli
fcijfura ac geniiali camelum fere rcfert ; ar iaput oblon-
gius ejl : cures hakt cervinas , oculos biéulos , quin
ttiam ut ille anteriorihs deniilnis in fupcnoye mQ.xdla
caret , fcd nwlares uirinque habet ; ruminât , dxrfo ejl
fenfim promincnte , jcapulis prcj'e collum deprejfis , late-
ribus timiidis , vjentre lato , clunihus nliioribus & caudu
J>rn'i fpithnma fere hngitud'ine ; quibus omnibus cervum
j'ere refert , quemadmodum etiam crurdnis prafeniw pcflc'
rioribus ; pedes illi bifulci Junt ; diduda utittriori parte
divifura. Vin-iies habet acuminotos qui circa pedis ani^
biium in cutim crajfain abeunr , nam j.edis planta, non
vngue fed ente, ut in nndiijidis & irfo camelo conte-
fitur : rctronàhgit hoc animal ut Cûtretus iy trjles fuhf-
Q'itfîos habit : pcclçre ejl awpbjub qito uk thorax vmtri
du Lama & du Paco. 5 3'
ïnention fous le nom ^ Elaphocamelus t
êi la clcfcription qu'il en donne efl fliite
avec foin. On a tranfporté plus d'une
fois des vigognes , & peut-être aufll des
lanras en Elpagne, pour tâcher de les y
naturulifer fgj; on devroit donc être mieux
inftruit qu'on ne i'eft fur la nature de
ces animaux qui pourroicnt nous devenir
utiles; car il eft probable qu'ils réufîl-
roient aufli - bien fur nos P y renées ai fur
nos Alpes f/ij que fur les Cordillères. •
Le Pérou, ièlon Grégoire de. Boli-
var, efl le pays natal, la vraie patrie des
lamas: on les conduit, à la vérité, dans
d'autres provinces , comme à la nou-
velle Efpagne , mais c'cfl plutôt pour la
forweâiiur , emtùcrnt ghbus vt in cnmeh , vomie et fwiilis
e (/NO ncfiio quid escrcmcfui fenfim tiiaiiare videiur. P. And#
Mattfuo'l, Epia. ii-b. V.
fgj Le Jîoi d'Eipiigne ordonna qu'on tranfportat
des vijrorjnes en Ef pagne, afin de les faire peupler
fur les lieux ; mais ce climat fe trouva fi peu
propre à ces animaux , qu'ils y moururent tous.
////?. des Avait. Flitujiiers par- Oexmelin , jome II,
page. ^6 y.
(h) Il n'y a point d'animal qui marche aufTi {\.\.-
rcmeiit que le lama dans les rochers , parce qu'i{
5'accroche par Une efpèce d'éperon qd'il a naturelle^
picnt au i)icd, Yo}'o^c dç CoreaL u 1, V' y /2.
•■ ' ^~^ • • •
\X
\
rr
54 mjlohe Naturede
curiofité que pour l'utilité ; au lieu que
dans toute l'étendue du Pérou , depuis
Potofi jufqu'à Caracas , ces animaux
ibnt en très - grand nombre : ils font
aufîî de la plus grande nécefîîté; ils font
feuls toute la richefTe des Indiens ^
contribuent beaucoup à celle des E{^
pagnols. Leur chair eft bonne à manger ,
leur poil eft une kine fine d'un excellent
ufàge , & pendant toute leur vie ils
fervent conftarament à tranfporter toutes
les denrées du pays; leur charge ordi-
naire eft de cent cinquante livres , & les
plus forts en portent jufqu'à deux cents
cinquante ; ils font des voyages alTez
longs dans des pays impraticables pour
tous les autres animaux ; ils marchent
afîèz lentement, & ne font que quatre
bu cinq lieues par jour ; leur démarche
eft grave & ferme, leur pas affuré; ils
delcendent des ravines précipitées , &
furmontent des rochers efcarpés , où
les hommes même ne peuvent les ac-
compagner ; ordinairement ils marchent
quatre ou cinq jours de fuite , après
quoi ils veulent du repos , & pren-
nent d'eux-mêmes un féjour de vingt-
«/// Lama ér du Paca: '5 5'
tjnàtre ou trente heures avant de fe re-^
mettre en marche. On les occupe beau-^
coup au tranfport des riches matières
que l'on tire des mines du Potofi : Bo-
livar dit que de fon temps on em-
ployoit à ce travail trois cents mille de
ces animaux.
Leur accroiflemént efl aflTez prompt
& leur vie n'eft pas bien longue ; ils
font en état de produire à trois ans , en
pleine vigueur jufqu'à douze , & ils
commencent enfuite à dépérir, en forte
qu'à quinze ils font entièrement ufés ;
leur naturel paroît être modelé fur celui
des Américains;' ils font doux & fleg-
matiques , & font tout avec poids &
mefure ; Lorfqu'ils voyagent & qu'ils
veulent s'arrêter pour quelques inflans,
ils plient les genoux avec la plus grande
précaution , & baifîent le corps en pro-
portion afin d'empêcher leur charge de
tomber ou de fe déranger; & dès qu'ils
entendent le coup de fifflet de leur
condudleur , ils fe relèvent avec les
mêmes précautions & fe remettent en
marche : ils broiuent chemin faifmt &
par - tout où ils trouvent de l'herbe ,
C iiij
1 -
'5 6 Hîjloîre Naturelle »
mais jamais ils ne mangent la nuit ,
quand même ils auroient jeiiné pendant
le jour, ils emploient ce temps à ruminer :
ils dorment appuye's fur la poitrine , les
pieds repliés (bus le ventre , ^ ruminent
auiîi dans cette fituation. Lorfqu on les
excède de travail & qu'ils iiiccombent
iHie fois fous le faix , il n'y a nul moyen
de les faire relever, on les frappe inuti-
lement ; la dernière refîource pour \e$
coruillonner ell de leur ferrer les tefti-
cules , & fouvent cela eft inutile ; ils
s'obltinent à demeurer au lieu même où
ils (ont tombés , & fi l'on continue de
les maltraiter , ils fê défefpèrent & fc
tuent, en battant la terre à droite & à
gauche avec leur tête. Ils ne fè défendent
^li des pieds ni des dents , & n'ont pour
ainfi dire d'autres armes que celles de
-l'indignation ; ils crachent à la face de
ceux qui les infultent , & l'on prétend
que ^cette fîilive qu'ils lancent dans la
colère efl acre & mordicante, au point
de faire lever des ampoules fur la peau.
Le lama eft haut d'environ" quatre
pieds , & fon corps , y compris le cou
^ la tête ; €11 a cinq qm ^^ de Ign^ueur j
{lu Lama & du Paco. 57
îc cou fcul a près de trois pieds de long.
Cet animal a la tête bien faite , les yeux
grands , le niuieau un peu alongé , ies '
ièvres épaiiïcs, la fupérieure fendue &
l'iiiforieure un peu pendante ; il manque "
de dents incilives & canines à la mâchoire
fiipérieure. Les oreilles font longues de
quatre pouces, il les porte en avant, les
dreflb ck les remue avec flicilitc. La queud *
n'a giière que huit pouces de lono- ; elle
efl droite , menue & un peu relevée.
Les pieds ionx. fourchus comme ceux'
du bœuf, mais ils font lurmontes d'uil
éperon en arrière , qui aide à l'animal à
fe reienir £i à s'accrocher dans les pas'
•difficiles : il efl couvert d'une laine courte" •
fiir le dos , la croupe & la queue , mais
ïon longue (wx les flancs & fous le venue i
du relie , les lamas varient par les cou;»- '
leurs ; il y en a de blancs , de noirs
& de mêles ^t). Leur lienie refîemblé
(i) les lamas ont la tête petite à proportion du
corps , fcmbiable en queic|iie chofe à cetic du che-
val 6t du mouton ; la lèvre fupérieure , comme!
celle du lièvre, e(l fendue au milieu, par-!;i ils
crachent à dix pas loin contre ceux qui les inquiè-
tent, & i'i ce crachat tombe fiir le vifage, il ftit
Uiie lachc roulfatre où fc forme ibuvent une Mile i
f5? Hiptre NatureÏÏe
à celle des chèvres ; le mâle a le membre
génital menu & recourbe', en forte qu'il
pifî'e en arrière. C'eft un animal très-
îafcif (kjf & qui cependant a beaucoup
ifs ont le cou long, courbé en bas comme les cfia-
meaux à la naiflance du corps , & ils leur reiremble-
roient afTez bien s'ils avoient une bofle fur le dos :
. leur hauteur eft d'envit-on quatre pieds & demi; ils
marchent la tête levée & d'un pas fi réglé que les
coups même ne peuvent les hâter; ils ne veulent
point marcher la nuit avec leur charge ,. on les
cébarraffe toLv les foirs de leurs fkrdeaux pour les
lai(îèr paître; ils mangent peu & on ne leur donne
jamais à boire ; ils ont le pied fourchu comme les
moutons & un éperon au-defTus qui leur rend le
pied rûr dans les rochers, leur laine a une odeur
forte, eiie eft longue , bl.inche, grife & ronfle par
taches , & aflez belle , quoique beaucoup inférieure
à celle àti vigognes. Voyage fie Frf{ier , page i ^ S.
(h) Salacijfwtum hoc ejfe anhnal îd nùhi conjeduratn
facit , qihhi cum fui generis femellh fit defiitutum ,
magna cum pruriginc cajms fe commifceat y non lamen
trcâis ut a/iâs capra hirco njcendente folent feJ liunn
ventre accuhantibus , ita cogent& mimah anteriorihus
cmribus, haque fuper nfcendens, cùit , non autem avcrfis
' clunibus. Adeo venere , vemali , automnal itjue tenipore ,
fihvulatur hoc animal ut illud viderim humile (juoddam
jirajtpiwn av(nâ refertum conjcendijjt , genitaleqtie illi
viagno cum murmure taindiu confi'icajfe qu» ufjue fimen
ndderet , flurimis unu hora replicatis vicilius. Non
tnwen concepere capra hujufce animalis femine rçfena»
Matchibl. Epia. lib. V.
• , du Lama & du Paco. Jp'
^e peine à s'accoupler. La femelle a l'ori-
fice des parties de la génération très-
petit ; elle fe prollerne pour attendre
le mâle , & l'invite par Tes Ibupirs ; mais
il fe pafle toujours plufieurs heures <Sc
quelquefois un jour entier avant qu'ils
puiiTent jouir l'un de l'autre , & tout ce
temps fe pafTe à gémir , à gronder , &
fur - tout il fe eonlpuer ; & comme ces
longs préludes les fatiguent plus que la
choie même , on leur prête lu main pour
abréger & on les aide à s'arranger. Ils
ne produifent ordinairement qu'un petit
& très-rarement deux. La mère n'a auiîi
que deux mamelles , &. le petit la fuit
au moment qu'il efl: né. La chair des
jeunes efl très - bonne à manger , celle
des vieux eil sèche & trop dure ; ea
général , celle des lamas doraeftiques eft
bien meilleure que celle des fauvages ,.
& leur laine elt aufîi beaucoup plus-
douce. Leur peau eft afTez ferme ; les
Indiens en faifoient leur chaufTure , &
les Efpagnols l'emploient pour faire des
harnois. Ces animaux fi utiles & même
fi néceffaires dans le pays qu'ils habitent y
ne coûtent ni entretien ni nourriture ^
C v)
.V .
6q Hîjfoîre NûWrélk
conime ils ont le pied fourchu^ il n'eu
pas néce(îiiire de ies ferrer ; la laine
épaiiïe dont ils font couverts difpen^e de
ies bâter; ils n'ont befoin ni de grain,
ni d'avoine , ni de foin ; l'herbe verte qu'ils
broutent eux - mêjues leur fuflit, & ils
n'en prennent qu'en petite quantité (IJ ;
(î ) La peau des hiianacils cfl dure : îes Indiens
la préparoient avec du fuif polir radoucir , & en
fiiilbient les femelles dç leurs fouliers; jtiais comme
ce cuir neioit point corroyé, ils fe déchaufloicnt
en temps de pluie. Les Elpafrnols en font de beaux
Jiarnois ae cheval : ils emploient ces annnaux , eomnae
faifoient les Indiens , pour le trahfport de leurs mar-»
chandifes. Leur voyage le plus ordinaire cft depuis
Cozer jufqu'à Potoll , d'où l'on compte environ deux
«ents lieues , Ôc leur journée de trois lieues , car ils
vont lentement, 6c fî on les fait allei* plus vîtc que
leur pas ordinaire, ils fe laifî'ent tomber fans qu'il
Ibit poiïible de les faire relcNer , même en (eue
ôtant leur charge, de façon qu'on les écorche fur
la place Quand ils marchent en portant de*
marchandifcs , ils vont par troupes , & l'on en lailTc
toujours quarante ou cinquante à vide, afin de les
charger d'abord qu'on s'aperçoit qu'il y en a quel-
quies-uns de fatigués La chair de cet animal
cft parfaite , car elle eft faine & de bon goût , fur-
tout relie des jeunes de quatre ou cinq mois d'âge. , ,
Quoique ces animaux Ibicnt en grand nombre, i{
n'en coûte prefque rien à leur maître pour leur
tiourriture ou pour l'entretien de leur équipage , car
ppiis i» journée on Umx ôtc leur charge pour lef
'^'^■'
du Lama & du Paco. 6t
lis font encore plus fobres fur la boiffon :
ib s'abreuvent de leur làlive qui , dans
cet animal , elt plus aboj\dante que dans
aucun autre.
Le huanacus ou lama dans IV'tat de
nature ell plus fort , [)lus vif & plus
léger que le lama domellique ; il court
comme un cerf & grimpe comme le
chamois fur les rochers les plus efcarpés;
fx laine eft moins lonojue & toute de
couleur niuve. Quoiqu'en pleine liberté ,
CCS animaux fe rafîemblcnt en troupes ,
& font quelquefois deux ou trois cents
cnlemble ; lorfqu'ils aperçoivent quei-
lailTer paître dan.'? I:i campagne ; il ii'eft pas né- '
ccfîhire de les fen-er , car ils ont ie pied fourchu ,
ni de les bâter , car ils ont fuiTÎlamrncnt de laine
Çoiir n ctrc pas incommodes de leur charge que le
'^oituricr prend loin de placer de façon qu'ct'e ne
porte pas (in- 1 épine du dos , ce qui Its feroit mou-
rir. ..... Ceux qui les conduilbnt campent fous des
tentes fans entrer dans les villes pour les laiffer pâ-
turer ; ils font quatre mois entiers pfiur faire le
voyage de Cozer à Potofî , deus. pour aller & deux
pour revenir. . , , , . Les meilleurs lamas fe vendent
à Cozcr dix -huit ducats chacun, & les ordinaires
douze ou treize ducats. La chair des huanacus fàu-
vages eft bonne, mais cependant elle eft inférieure
à celle des domefliques. hijkire des Ineas , tome tl,
^age fiôç iX fuiv.
'>»• ., .•
regardent avec étonnement
<5l 'Hlflolre NatureÏÏé
ciu'un , ils
fans marquer d'abord ni crainte ni plai-
fir ; enfuite ils foufflent des n;\rines &
hennifTent à peu -près comme les che-
vaux , & enfin ils prennent la fuite tous
cnfèmble vers le fommet des montagnes;
ils cherchent de préférence le côté du
nord & la région froide ; ils grimpent &
féjournent fouvent au - defTus de la ligne
de neige : voyageant dans les glaces , &
couverts de frimats , ils fe portent mieux
que dans la région tempérée ; autant ils
font nombreux & vigoureux dans les
Sierras , qui font les parties élevées des
Cordillères , autant ils font rares & ché-
tifs dans les Lanos qui font au-deiTouSr
On chafîe ces lamas fauvages pour en
avoir la toifon ; les chiens ont beaucoup
de peine à les fuivre ; & fi on leur
donne le temps de gagner leurs rochers ,
ïe chafleur & les chiens font contraints
de les abandonner. Ils paroifîent craindre
Ja pefanteur de Tair autant que la cha-
leur; on ne les trouve jamais dans les
terres bafles ; & comme la chaîne des
Cordillères qui eft élevée de plus de trois
mille toifes au - deflus du niveau de la
du Lama & Ju Paco* 6j
mer au Pérou , fe foutient à peu-près à
cette même élévation au Chily & jus-
qu'aux terres Magellaniques , on y trouve
des huanacus ou iamas fauvages en grand
nombre fmj\ au lieu que du côté de la*
nouvelle Eipagne où cette chaîne de mon-
taornes fe rabaiiïe confidérablement oa
o
n'en trouve plus , & l'on n'y voit que les-
limas domelUques que l'on prend la
peine d'y conduire.
Les pacos ou vigognes font aux lamas-
v.ne efpèce fuccurlale , à peu-près comme'
l'âne l'efl: au cheval ; ils font plus petits
fm) Dans les tares cîu Port-defiré, à qiidquc
diftance du détroit de Magellan , il y avoit bon
nombre de ces bêtes fauvages ou brebis fauvages ^.
que les Efpagnois appellent Wianaq^ues Quoi-
qu'elles fuffent bien alertes & fort craintives, nous-
en tuâmes fept pendant notre féjour, & l'on peut
dire que ieur laine efl la plus fine qu'il y ait au;
monde Elles vont par troupes de fix ou fept
cents , & dès qu'elles aperçoivent quelqu'un , elles
ronflent avec leurs narines & hennifTcnt comme des^
chevaux. Voyage de Wood, Suite des voyages de Dam-
pier, tome V, page i 8 1 * — Gn voit au Tucuman ,.
province voifine du Pérou ,, de greffes brebis qui
fervent de bêtes de fomme, & dont la laine efl
prcfque aufTi fine que de la foie, Voyage de Woodcs^
Sogçrs, tome 11, page 6j,
^4 Hîftoire Naturelle
ëi moins propres au (ei vie e , mais plus
utiles par leur dépouille ; la longue &
fine laine dont ils font couverts eil: une
marchandife de luxe aufli chère , aufii
précicuie que la foie : les pacos , cjue Ton
appelle aulfi a/pûçues , & qui font les vi-
gognes doniefliqucs, font fou vent tomes
noires & quelquefois d'un brun mêlé de
fauve. Les vigognes ou pacos (iiuvagcs
font de couleur de roie sèche, «î!c cetit:
couleur naturelle eft fi fixe , qu'elle n^
s'aitère point fous la main de l'ouvrier :
on fait de très - beaux gans , de très-
bons bas avec c(?tLe laine de vigogne ^
J'on en fiit d'excelientes couvertures <Sc
des tapis d'un très-grand prix. Cette den-
rée feule forme une branche dans le com-
merce des Indes cfpagnolcs , le ca(lor du
Canada , la brebis de Calmouquie , la
chèvre de Syrie ne fourniiïent pas un
plus beau poil ; celui de la vigogne efl
aulîl cher c|ue la foie. Cet animal a beau-
coup de choies communes avec le lama ;
il eft du même pays , & comme lui il en
crt exclufivcment , car on ne le trouve
nulle part ailleurs que fur les Cordillères;
Ju Lama & du Pacê. 65
H a niifTi le même naturel & à peu - près
les mêmes mœursf le même tempérament.
Cependant comme fii luine efl beaucoup
plus longue & plus touffue que celle du
lama, il paroît craindre encore moins le
froid ; il fè lient plus volontiers dans la
neige, fur les glaces & dans les contre'cs
les plus froides : on le trouve en grande
quantité dans les terres jMagellaniques (u), y
Les vigognes refîemblent aulfi , par
la figure , aux lamas , mais elles font plus ;
petites , leurs jambes font plus courtes
& leur muffle plus ramaffé ; elles ont la
laine de couleur de rofe sèche un peu .
claire ; elles n*ont point de cornes ; elles
habitent & paffent dans les endroits les
plus élevés des montagnes ; la neige & ,
la glace femblent plutôt les recréer que
(u) La partie orientale de la cote des Patagons
procFie la rivière de la Plata , eft encore peuplçc
de viffofrnes en afïïz grand nombre, mais cet ani-
iti il e(l W défiant & fi vite à la courfe qu'il e(l
dinicile d'en attraper. Voyage de George Anfon ,
yage jy, — Les animaux terreftres les plus com-
muns du port Saint -julien Ams les terres Magclla-
niques , font les guanacos. Hijbire du Paraguiu , j^af,
k !^t Ç/iay^tiyçix , fpm Vif jfnge i 07.
//
'66 Bfloke Nm: P( '
ks incommoder ; elles vont en trotipes
& courent très - légèrement ; elles Ibm
timides , & dès qu'elles aperçoivent quel-
(qu'un , elles s'enfuient en chaflànt leurs
petits devant elles. Les anciens Rois du
Pérou en avoient rigoureufement dé-
fendu la chalTe parce qu'elles ne multi-
plient pas beaucoup ; & aujourd'hui il y
en a infiniment moins que duns le temps
de l'arrivée des Elpagnols. La chair de
ces animaux n'eft pas li bonne que celle
des huanacus; on ne les recherche que
pour leur toifon & pour les bézoards
qu'ils produifent. La manière dont on les
pi-end prouve leur extrême timidité , ou
fi Ton veut , leur imbécillité, Plufieurs
hommes s'afTemblent pour les fîiire fuh: &
les engager dans quelques pafîàges étroits
où l'on a tendu dts cordes à trois ou
quatre pieds de haut, le long defquelles
on laifle pendre des morceaux de linge
ou de drap ; les vigognes qui arrivent à
ces pafîàges font tellement intimidées par
le mouvement de ces lambeaux agités par
k vent , c(u'elles n'ofent palTer au - delà ,
& qu'elles s'attroupent ^ demeurent eii^
<Iu Lama & du Paco. éy
foiiîe , en (brte qu'il cfl facile de les tuer
en grand nombre ; mais s'il fc trouve dans
ta troupe quelques huareicus , comme ils
font plus hauts de corps & moins timides
que les vigognes , ils (autent par-defî'us les
cordes , & dès qu'ils ont donné l'exemple^
les vigognes (autent de même & échappent
aux chaflèurs (o).
A l'e'gard des vigognes domefliques
ou pacos , on s'en fert comme des lamas
pour porter des fardeaux ; iriiiis indépen-
damment de ce qu'étant plus petits ou
plus foibles ils portent beaucoup moins y.
ils font encore plus fujets à des caprices
d'obiiination ; lorfqu'une fois ils fe cou-
chent avec leur charore , ils fe ïaifïèroient
plutôt hacher que de fe relever. Les
Indiens n'ont jamais fait uHige du lait de
ces animaux, parce qu'ils n*en ont qu'au-
tant qu'il en faut pour nourrir leurs petits*
Le grand profit que Ton tire- de leur
laine avoit engagé les Ei'pagnols à tâcher
de les naturalifer en Europe ; ils en ont
tranfporté en Efpagne pour les faire peu-
pler , mais le climat le trouva fi peu con.-
(o) Voyage de Fréfier^ ^a^ti i jS if i }^
li
^8 Hijloire Natunlle '
venable, qu'ils y périrent tous (p). Ce-
pendant , comme je l'ai déjà dit , je luis
perluadé que ces animaux , plus précieux
encore que les lamas , pourroient rculFir
dans nos montagnes , & fur - tout dans
les Pyrénées ; ceux qui les ont tranf-
portés en Elpagne, n'ont pas fait atten-
tion qu'au Pérou même elles ne rubfiftem
que dans la région froide, c'eft-à-dire,
dans la partie la plus élevée des mon-
tagnes; ils n'ont pas fait attention qti'on
ne les trouve jamais dans les terres
bafies , & qu'elles meurent dans les pays
chauds ; qu'au contraire elles font en-
core aujourd'hui très - nombreufcs dans
les terres voifines du détroit de Magcl-^
lan , ' où le froid efl: beaucoup plus grand
que dans notre Euroj^e méridionale , &
que par conféquent il falloit pour les
conferver les débarquer , non pas eu
Elj)agne , mais en Ecolfe ou même en
Norvège, & plus fûrement encore aux
pieds des Pyrénées, des Alpes, &c. où
elles euiïent pu grimper & atteindre
Ja région qui leur convient : je n'infiflç
(l>J Miii^ire des aventures des Fiibulliers, ;;. ///T,
(p). Ce-
t, je fuis
précieux
ni rcuffir
tout dans
nt tranf-
fait atten-
rubfiftem
ft-à-dire ,
les mon-
on qti'on
es terres
s les pays
font en-
uies dans
Magcl-
lus grand
onaie, &
pour les
\ pas en
même en
icore aux
, &c. où
atteindre
; n'infiftç
rs, /;. ^7^;
« s
âu Lama & du Paca, 6^
ftir cela que parce que j'imagine que ces
animaux îeroient une excellente acquifition
pour l'Europe , & produiroient plus
de l:>iens réels que tout le métal f ç J
du nouveau monde , qui n'a fervi qu'à
nous charger d'un poids inutile , puifqu'oii
avoit auparavant pour un gros d'or ou
d'argent ce qui nous coi^ite une once dç
ces mêmes métaux.
Les animaux qui le nourrifTent d'herbes
Se qui habitent les hautes moiitagnes de
l'A fie, & même de l'Africjue , donnent
les bézoards que l'on appelle orientaux,
dont les vertus font le plus exaltées;
ceux des montagnes de l'Europe , où
la qualité des plantes ôl des herbes eft
plus tempérée , ne produiient que de$
pelotes (ans vertu, qu'on appelle égagro-
•piles : & dans l'A mériquc méridionale ,
tous les animaux qui fréquentent les mon-
tagnes fous la zone torride , donnent
d'autres bézoarJs que l'on appelle occi^
(^) Notf}, Quel Men ont produit en cfFet cc% riches
mines du Pérou! il a péri des millions d'hommes
, dans les entrailles de la leire pour les exploiter ; 6c
i leur fang & leurs travaux n'ont fervi quà nous charw
ger d'un poids incommode.
70 Htfloire Naturelle
Mentaux , qui font encore plus folîcïes &
peut - être aufli qualifies que les orien-
taux. La vigogne fur - tout en fournit 1
en grand nombre , le huanacus en donne
aufli , & l'on en tii^ des cerfs & des|
chevreuils dans les montagnes de la nou-
velle Elpagne (rj. Les lamas & les pacos
ne donnent de beaux bézoards qu'autant
qu'ils font huanacus & vigognes , c'eft-
à-dire, dans leur état de liberté; ceux!
qu'ils produifent dans leur condition de •
fervitude , font petits , noirs & fans vertu ,
les meilleurs font ceux qui ont une cou-
leur de vert obfcur, & ils viennent ordi-
nairement des vigognes , fur-tout de celles
qui habitent les parties les plus élevées
de la montagne , & qui paifl^ent habituel-
lement dans les neiges ; de ces vigognes
montagnardes , les femelles comme ki\
jnâks produifent des bézoards , & ces
(ry Nous favons qu'en la Neuve - Efpagne , il fe
trouve â^s pierres de bézoards , combien qu'il îi'y
ait point de vigugnes ni de guanacos, mais feule-
ment des cerfs , en quelques-uns defquels on trouve
cette pierre, Hifioire naturelle des Inès occidmaîes,
far Acûjla, j>age zo-^i
du Lûma & du Paco. y i
ïîézoards du Pérou tiennent le premier
rang après les bézoards orientaux &. lont
beaucoup plus eftiniés que les bézoards
de la nouvelle Ei'pagne, qui viennent des
^erfs ; & font les moins efficaces dç tous^
7^ Hîfloire Naturelle
BtnWW
//
. LVNAU (a) ET L'AÏ(b).
X-* *o N a donné à ces deux animaux
répithète de Parejfeux , à caufe de lal
lenieiir de leurs niouveinens & de h
* ' ■ difïiculiél
(a) Vnan , nom de cet animal au Maragnon , 6c
que nous avons adopté. Le P. d'Abbeville diftinguel
deux cfpcces d'Unaus, le plus crrand, qui efl celui
dont il e(l ici qucflion , qu'il appelle Unnu ouajfou ;
& le plus petit qu'il nomme fimpieracnt Unau ,
qui t\\ le mtme animal que \'A'i. « Il y en a del
» dfux {brics , dit-il, aucuns font grands environ
ï« comme les lièvres, les auties font deux fois prefquc
plus grands. A'IiJpon au Aîaragifion , j)age 2^z jj.I
On a donne quelquç(<;»is à l'Unau le nom del
Lèche ■ patte , mais ce nom qui feniWeroit avoir étél
pris de rfiiibitude de cet animal , n'eft pas fondé,!
car il ne loche pas les pieds, ni mune aucune autre!
partie de Ion corps.
TardigraJus Ceilonicus Catiihis. Seba , voi. ï , p. 54,!
Tab. ? T, , fig. 4. Tiivdigrndm Cei'oniciisl
fa mina. Ucm. ihid'. Tab, j ^. Ces figures lont a(fa|
bonnes. ■
Tard'igradus jhjlihus an^n'is di laâylh , pflflkis />■/•[
dûâylts, Tardigradiis Ceilonicus. Le paYeJj'cux de Cejiani
Briir. Ixigri. anim, pag. 35.
Didaélylus. Bradypus m an! bus didaâj/lis catidâ mJliiX
Linn. Syjh nat. edit. X , pacj. :; ç.
(b) Ai, nom de cet animal au Brefil, & quel
We iVnm & Je l'Ai 73
difficulté qu'ils ont à marcher ; mais nous
nous avons adopté : ce nom vient du fon plaintif
a, i, qu'il répète fbwvent. OuaiAare h la Guiane,
(îelon Barrère ; flay , félon de Léty ; Heu ou
Haulhi, félon Thevct; Perilb ligero, lelon Oviedo;
Vnau , félon le Père d'Abbevillc j Haut , felou
I^ieremberg.
Arélopithecus, Gcfner , kofi, anim, pag. 9e, %;
ibid. Islota. Cette dénomination Arâopithecus a été
mal appliquée par Gefner à cet animal , qui ne tient
ni de l'Ours ni du Singe. La figure eft aufll mauvaifc
que le nom ; elle rcpréfente une face humaine ,
& n'a de \'rai que les trois ongles à tous les pieds ;
cependant cette mauvaife figure a été copiée par
Nieremberg, Jonflon & plufieurs autres.
IgnaviiS , Cluf. Exot, pag, f r o , fig. prrg. f i fi,
Uem.pag. )^2,fg. pag, S7S' ^^"^ féconde figure,
donnée par Clufius , efl moins mauvaife que la
première.
Pigritîa fve Haut. Euf. Nieremberg, ////?, natp
pag, 163 &. 1 64-^ Nora, De trois figures qu'S
îSierembcrg donne de cet animal , il n'y en a aucune
qui foit originale , la première efl copiée de Gefner;?
les deux autres font copiées de Clufius , & toutes
trois font mauvaifes: cependant la troifième, qui efl
la féconde de Clufius , s'éloigne un peu moins de la
nature que les deux premières» & elle a été répétée
non-(eulemcnt par ^lieremberg, mais par beaucoup»
d'autres.
Unau. Dcfcription des Indes occidentales , ptvt de
Laët t pages J S^ ^ diS, fig, ibid. Ces figures de
de Laët font les mûmes que celles de Clufius.
Jome XL
^^Sffiim
74 ^ Hijloire Naturelle >
jiYons cru devoir leur conferver \t%
noms qu'ils portent dans leur pays natal,
d'abord pour ne les pas confondre avec
d'autres animaux prelque auffi pareffeux
Ai five Jgnavus.. Marcgr. Htfi, ttdt, Urafih pag. 221,
fig. ibid. "Nota, Cictte figure eft encore la même que
fa troifième de Nierembcrg , c'eft-à-dirc, la (êconda
de Clufius. ! . K
Ai fivc Ignnvus, Pifon » Hi(l. Braf. pag- 3 2 t &
J 22. La f/gurc , p/igc }22 , efl encore la même que
celle de Clufius ; mais il y z de plus la figure d'un,
petit Ai rampant & le rquclettc d'un grand Ai. On
voit aufTi au frontirpice de (on Livre une figure dç
cet animai , grimpant fur un arbre.
Ai feu Tardigraihs , graàlis , Americûtius^ Seba i
vol. I, pag, /^ , Tuè, jj , fg, 2, Celte figure eft
afitz bonne. . '
Ignavus, Marcgr. Oua.Tka.Ye ^ le Parefl!eux. lîarrère;
Hifh nat, de la France équin, pag, 1 S4*
Ignavus Amricanus rifum fétu mifcetts, Jgnavu$
Marcgravii Klein, de quadrirp. pag. 4.3.
Tardigradus pedihus anticis & pfiicis tridaâylis»
Tardigradus , le Pareffeux. BrifTon , Regrt, 0iim»
t^^- 34" #-
The Sloth, le Pareffeux. Edwards Glanurcs, part, Ih
pi. ^ t o, La première figure n'cft pas mauvaife,
«juoiquc faite d'après une peau bourrée.
Tridx'iylis. Bradyjtus manilnis trida^jHs, caadû hem
V-nn, J^^. r.iU, e'it. X, pag. ^4. , ^
srver les
lys natal,
idre avec
parcfleux
/. pag. 2 2 1»
i même que
, ia féconde
ag. J2I f
a même que
figure d'un
and Ai, On
ne figure dç
:df7/«^^ Seba;
Lte figure eft
ax. Barrère;
rcw, Ignavui
AT trUaâyHs»
Regn, mm»
ures, ^w/. //*
as mauvaifej,
, couda Item
JeVUnauà' dcVAi. 75
cjuVux , & encore pour les dîftinguer
iicttement i'un de I*autre: car, quoiqu'ils
fc reflèmblent à plufieurs égards, ils dif-
fèrent néanmoins tant à l'extérieur qu'4
l'intérieur, par des caradèrcs fi marqués,
qu'il n'eft pas poffible , iorfqu'on les a
examinés , de les prendre l'un pour l'autre ,
ni même de douter qu'ils ne foicnt de deux
efpèces très-éloignées. L'Unau n'a point
de queue & n'a que deux ongles aux
pieds de devant ; l'Aï porte une queue
courte & trois ongles à tous les pieds.
L'unau a le mufèau plus long , le ^ont
plus élevé , les oreilles plus apparentes
que l'aï; il a auffi le poil tout différent:
à l'intérieur , fes vifcères font autrement
fitués & conformés différemment dans
quelques-unes de leurs panies ; mais le
caraiflère le plus diftindif , & en même
temps le plus linguiier, c'eft que l'unau
a quarante-fix côtes , tandis que l'aï n'en
a que vingt-huit : cela (èul fuppole deux
efpèces très-éloignées l'une de l'autre ; &
ce nombre de quarante-fix côtes dans un
animal dont le corps efl: fi court, eff une
efpèce d'excès ou d'erreur de ia Nature ;
car de tous les animaux, même des plut.
Dif
y 6 Hijloire Naturelle
grands , & de ceux dont le corps eft le
jjIus long , relativement à leur grofîeur,
aucun n'a tant de chevrons à (Ii char-
pente. L'éléphant n'a que quarante cotes,
Je cheval trente-fix , le blaireau trente, le
thieii vingt-fix , l'homme vingt-quatre ,
^c. Celte différence dans la conflrudioii
de l'unau &: de l'aï , ruppofe plus de
/Jillan ce entre ces deux efpèces qu'il n'y
^n a entre celle du chien & du that qui
ont le même nombre de côtes ; car 4es
différences .extérieures ne le it rien en
çomparaiibn des différences intérieures ;
celles-ci font , pour ainfi dire , les caulès
des autres qui n'en font que les effets.
L'intérieur dans les êtres divans cft le
fond du deffein de la Nature , c'efl la
forme conllituante , c'eil la vraie figure ;
l'extérieur n'en efl que h furfacc ou
même la draperie; car, combien n'avons-
uous pas vu, dans l'examen comparé que
nous avons fait dts animaux , que cet
.extérieur fouvent très^difîérent , recouvre
un intérieur parfaitement femblabie ; &
qu'au contraire la moindre différence in-
térieure en produit de très - grandes a
l'extérieur <5c cha^ige même Icb hrJjitude*
::s à
5t
fi
'r}eWnaù& de F Aï '^y,
mtiireHes , les facultés , les aitribirts cf«'
J'animai î com}3ien n'y en a-t-ii pas qiif
font armés , couverts , ornés de parties
excédantes, & qiii cependant pour l'or-»»
ganifation intérieure, refTemblent en en-^
tier à d'autres qui en font déjiuésî Mais
ce n'eft point ici le lieu de nous éiendrô
iur ce fujet, qui, pour être bien traité >
fuppofe non-feulement une comparaifoii
réfléchie , mais un développement fuivi
de toutes les parties des êtres organi fés^
Nous dirons i'eulement , pour revenir à
nos deux animaux, qu'autant la Nature
nous a paru vive , agifîànte , exaltée dans
les fmges, autant elle efl lente, contrainte
& reflerrée dans ces pareifeux ; & c'eft
moins parefTe que misère, c'eft défaut,-
c'efl dénuement, c'eft vice dans la con-
formation ; point de dents incifivcs nr
canines, les yeux obfcurs & couverts,
^a mâchoire auffi lourde qu'épaifle , le
poil plat & femblable à de l'herbe féchée,.
les cuiffes mal emboîtées & prefque hors
des hanches , les jambes trop courtes ,.
mal tournées , & encore plus mal termi-
nées ; point d'aiïiette de pied , point
de pouces , point de doigts féparement'
D il).
y s . Nifloire Naturelle '
mobiles ; mais deux ou trois c igîcs ex-
ccfli veinent longs, recourbés en defîbus,
«|ui ne peuvent ie mouvoir qu'cnfemble
 nuilent plus ^ marcher qu'ils ne fervent
îi grimper ; la lenteur , la ftupidité , l'a-
bandon de Ton être , & m«me la douleur
èiabituelle, réfultans de cette conformation
bizarre & néglige'e ; point d'armes pour
attaquer ou fe défendre j nul moyen de
iécurité , pas même en grattant la terre ;
nulle refîource de falut dnns la fuite :
confinés , je ne dis pas au pays , mais à
la motte de terre , à l'arbre fous lequel
ils font nés ; prifonniers au milieu de
î'efpaçe ; ne pouvant parcourir qu'une
'loife en une heure fxj; grimpant avec
fc) Fer'^0 Hgefo, five caftkufa agi fis , animai eji
'mnniuHi qua vulerim îgmvijfimum ; nam atUo lente mcvC'
tuf , ut ad confidethium iter longum dumtaxat qulnqua-
glnta fXJJjus , tntegro tUe IIH omis fit /«
déles tranjlmum naturah Jim tarditate vim'ettir , nec a
4:lamati(ine ufla tint imjtuijione gmdvm acccUrat, Ovicdo
in fummarb Ind. occid. cap. x X 1 I I, traduit de
îEfpagnol en Latin par Clufius , Exotic. lib. V ,
•cap. XVl. Tmtd ejl ejus tarditas ut un/us dlei fjmtiê
vlx qvwffuagma J^fus yeriranfire yoffit. Hcmancî.
JRlJl, !ex, — Lci Portugais ont donné le nom de
JP/infe à un animal affez cxtraordinaiw , il cft de la
|;randcur du Cerigou /Sarigue ^ ,,,,.. .. LcderrièM
#
de rUiuiii & (le l'Ai. 79
pelire , fe traînant avec douleur , une
voix plaintive & par acccns cntrccouj:)ts
<ju'ils n'odnt élever que la nuit ; tout
annonce leur misère , tout nous raj^pellc
ces inonftres par défaut , ces ébauches
imparfaites mille fois projettes, exécutées
par la Nature , qui ayant à peine \a
iâculté d'exiiler, n'ont dû llihfiîler qu'un
temps , & ont été depuis cfliii -;» de la
liUe des êtres ; & en eiTct , 1 . 'es terres
qu'habitent & l'unau & l'aï n it pas
de fa tcfc eft couvert d'une groffe crinière , & fon
vcnfrc efl fï gros , qu'il en balaie la terre ; il ae
fe lève jamais fur pied , & fe traîne fi Icnfemcnt ,
qi!c dans quinze jours à peine {^vjurroiî-il (Iiire ia
valeur <\\\n jst de pierre. Hifldre <hs b)rfe% , p,:r Afjff/,
trinit de Dipure . pige ji. — !.'uJiiina(,qi;c les Tuir
iugais ont appelé P.mfe, fe traîne fans i:!a:ai$
fe lever debout > & cfl fi tardif, i\u\\ n'avajuc en
•deux femaJMCs pas un jet de pierre. Dcfcr, d<:> ln^lts
occitL pttr Henera» Amft. \6%z, jug. ^j 2, — Tarn
hnius efl il/ius greffiis & nieinhorim ir.oius ut qtiMtcifn
ipjis diclius nd Inpidis iduin cmuhmo truilu vix pnvltai,
Pifon , Hifl» Draf. pag. 32». Naut, Cctic affèriioii
de Pifon , coipruntcc de Maffé & de fl errera , cft
très - exjcrcrée, — il n'y a point d animai plus pa-
refiTcux que celui-ci , H ne /but point de lévriers pour
ïe prendre à la courfe , une to'-tue fullîroit. Diptuir-
chais, tome lïl, page joi» NoTA. Ceci cil enrôlée
«xagéré, — Il leur Êiut huit ou neuf minutes pour
D iii;
IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-S)
/.
1.0
l.l
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I ^ IL
12.2
1.25 |u II 1.6
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33 WEST MAIN STREET
WEBSTER, N.Y. H580
(716) 872-4503
s 4^
^
z
^
1^
io I^ijîotre Nature/le
des déferts ; fi les hommes & les arfî-
maux pui0ans s*y fufîënt anciennement
multipliés , ces efpèces ne feroient paî
parvenues jufqu'à nous , elles enflent été
détruites par les autres , comme elles le
feront un jour. Nous avons dit qu'il
feinble que tout ce qui peut être , efl >
ceci paroît en être un indice frappant ;
ces pareflëiDt font le dernier terme de Te-
xiftence dans l'ordre des animaux qui ont
de la chair & du (img, une défeduofitë
de plus les auroit empêchés de fubfifter;
avancer an pied à !a diftitnce êe trois pouces, & ili
ne les remuciu que l'Un apœs l'autre avec ia même
lenteur; les coups ne fervent de rifen po':r leur fàirei
doubler le pas, j'en ai feffé moi-même quelques-uns
pour voir fi cela les animeroit , mais ils paroiflbient
ififennbies, & on ne fauroit les contraindre à marcber
plus vite. Voyage de Dawpier , tome 111, page /<?/.
•— Le pareffcux ne fait pas cinquante pas en un jour.
Je ChafTeur qui le veut prendre peut bien aller faire
une autre ciiaffe , il le retrouvera encore en fa place ,
ou il ne fera pas bien éloigné. Voyage à Cnytme par
Binet, Paris, i66^, page ^-^/. -7- Pey'ico Jigero ,
Pierrot coureur On lui donne l'épithète de
Coureur ^ parce qu'il lui faut une grande journée
pour faire un quart de licuc. Hijleire de l'Orénoque i
far Gumlla, tome JJ, page j j, NoTA. Cet Auteur-
efl le feul qui i'ur le fait de la lenteur de. ces aniq;iau>i
ine paroiiTe avoir approché de la vérité. . ;
'ie rUnau & de l'Ai. %t\
régarder ces ébauches comme des êtres
suiifi ahfoius que les autres; admettre àt^
oaufès finales pour de tels diiparates ; &
trouver que la Nature y brille autant que
dans iès beaux ouvrages, c*cft ne la voir
que par un tube étroit , & prendre pour
Ton but les fins de notre elprit.
Pourquoi n'y auroit-il pas des eipèces
d'animaux créées pour la misère, puifque
dans Tclpèce humaine , le plus grand
nombre y eil: voué dès la n^iflance \
le mal, à la vérité, vient plus de nous
que de la Nature ; pour un malheureux
qui ne Teft que parce qu'il eft né foibie,.
impotent ou difforme , que de millions
d'hommes le font par la feule dtireté dte
leurs (èmblables î Les aniittaux font en
général plus heureux , l'efpèce n'a rien
à redouter de fes individus ; le mal n'a
pour eux qu'une fouree ; il en a deux
pour l'homme , celle du mal moRil qu'il
a lui - même ouverte , eft un torrent
qui s'cft accru comme une mer , dont
le débordement couvre & afîDge la face
entière de la terre; dans le ph y fi que au
contraire , le mal eft rc (Terré dans des
bornes eiroi.es, il va rarement feul , le
î Hifloire NdtuHik
i)ien cft fouvcm au-dcffus , ou chi moins
cle niveau : peut-on douter du bonheur
des animaux , s*ils (ont libres , s^ils ont ia
faculté de fe procurer aiféinent leur fub-
fiftance , & s'ils manquent moins tjue
iious de la (ànté , des (èns & des organes
nécefTaires ou relatifs au piaifir ! or \t
comn^in des animaux eft à tous ces
•égards très - richement doué; & les ef-
.pèces difgraciées de Tunau & de l'aï,
font peut-être ies fèuîes que Ja Nature
iait maltraitées , les feules qui nous offrent
rimage de la misère innée. '
Voyons - là de plus près ; faute de
•«ïcnts, ces pauvres animaux ne peuvent
ni fïifir une proie , ni fè nourrir de
^chair , ni même brouter l'herbe ; réduits
à vivre de feuilles & de fruits (àuvages,
ils confument du temps à fc traîner au
^ied d'un arbre , il leur en faut encore
l3eaucoup (d) pour grimper |ufqu'aux
jf^) Aucuns cftimam cette hht vivre feulement Je
■feuilles d'un certain arbre nommé en leur langue
Amàhttt! cet arbre eft ha' "■' élevé fur tout tutrc de
■ce pays, fe fouilles fort ie$ & déliées., & pour
^Hïe que coûtumièremerjt elle efl en cet arbre/ ils l'ont
e lée Hdut, SiiiQuU de la France ont, jmr Theuet,,
'derUtmu& deVAï. 6;
ï)ranchcs ; & pendant ce lent & trifte
«xercice, qui dure quelquefois plufieurs
jmirs , ils (ont obligés de fupportqj !a
faim , & peut - être de fouffrir le plus
prefTant belbiii ; arrivés fur leur arbre,
ils n'en defcendent plus, ils s'accrochent
41UX branches , ils le dépouillent par par-
ties , mangent fuccefîivemcnt les feuilles
Ag chaque rameau , pafl'ent ainfi plufieurs
Semaines làns pouvoir délayer par aucune
fflge loo» — L'animal Tartjje ne vit que de fcuilîcs
d'arbres, dont les plus hautes brandies lui fervent de
•retraite, il iiii faut deux jours pour y monter
Les encquragcmens , les menaces & les coups mcme
>nVmt pas ia force de le faire aller plus \î{e. Hijhire
-Jts Indes , yar Maffe , juig. yi.NoTA. H errera dit la
'tncme chofe, & dans les mêmes termes, page 2 j2-
— Le Sloth ou Parejfeux nefl pas tout à-fait fi p;ros
<|ue l'ours mangeur de fournis ( Tamanoir ) , ni fi
iiérifïc Il fe nourrit de feuilles Ces ani-
•maux font beaucoup de mal aux arbres qu'ils attaquent,
& ils font fi lents à fe remuer qu'après avoir mangé
toutes les feuilles d'un arbre ils emploient cinq ou fix
jours à defcendrc de celui là & à monter fur un autre»
.quelque-proche qu'il foit, & i's n'ont que l:i pcau'*& les
sOs avant d'arriver à ce iècond gîte, quoiqu'ils fiifïè«t
l^s & dodus à leur defccntc du premier. Ils n'abïn-
ilonnent jamais un arbre qu'ils ne l'aient tout mis en
"pièces , & qu'ils ne l'aient aurti dépouillé qu'il pourrort
l'être au cœur de l'hiver. Voyage de Dampier, tome /II,
■y'igt-' J^'S ' —""Il monte fur les arbres , naiis .!.£ft,fi
i !
84 flifloîre Naturelle '
boifTon cette nourriture aride ; & lorf^
Qu'ils ont ruiné leur fonds, & que i'ar-
hx% efl entièrement nu , ils y redeut
encore retenus par i'impoOlbilité d*en
dei cendre ; enfin , quand le befbin fè
jÀit de nouveau fèntir , qu'il prefTe &
qu'il devient plus vif que la crainte du
danger de la mort, ne pouvant defcen*-
dre , ils iè laifîènt tomber & tombcm
très - lourdement comme un bloc , une
maffe fans reflbrt, car leurs jambes roides
long- temps à y momcr qu'on a tout le foifir de \y
prendre : quand on Ta pris ii ne fe défend point & ne
fonge point à prendre fa fuite ; fi on lui préfente
Une longue pwrche , il fe met aufTi - tôt en poflure
d y monter , ce qu'il fait ii lentement que cela ed
ennuyeux ; quand il efl au bout ii sj tient fans fe
mettre en peine d'en dcfcendre, Vityage tte Cayenne
for Binet , page /^/. — Les unaus ont quatre
•jambes , & fi ils ne s'en fervent point , fî ce n'eft
■ pour grimper , & quand ils font fur un arbre , '\\s
ne s'en retirent aucunement julqu'à ce qu'ils aient
mangé toutes les feuilles , lors il defcend & fe met
à manger de la terre tant qu'il remonte à un autre
arbre pour y manger les feuilies comme au prccédenr.
A— Nous plaçâmes cet. animal fur la plus baffe voile
de milêne, il fut près de deux lieures à monter fuc
]a hune, où un iînge auroit grimpé en moins d'une
demi-minute, vous auriez dit qu'il alloit par refTbct
comme une pendule, V»yage de Woodcs Rogm-i^
le parefleufes n*ont pas le temps de s*é^
tendre pour rompre le coup»
À terre , ils font livrés à tous leurs
ennemis : comme leur chair n'ed pas
ablbiument mauvaifè, les hommes & les
animaux de proie les cherchent & ie$
tuent ; il paroît qu'ils multiplient peu , ou
du moins, que s'ils produifent fréquem^
ment', ce n'eft c[tren petit nombre ; car
ifs n'ont que deux mamelles : tout con*
court donc à les détruire, & il eft bien
difficile que refpèce fe maintienne ; il eft
vrai que quoiqu'ils foicnt lents, gauches
& prefqu'inhabiles au mouvement , ili
font durs , forts de corps & vivaces ;
qu'ils peuvent fiipporter long^ temps Ll
privation /^^ y de toute nourriture ; que
couverts d*un poil épais & fcc , & ne '
pouvant faire d'exercice, ils difllpent peu
& engraifî'ent par le repos, quelque mai-
gres que foient leurs alimens ; & que '
quoiqu'ils n'aient ni bois , ni corties fur
/êj II me fût fait péfênt d'un haut en vie, iequel'
je gardai bien l'efpace de vingt - fix jours , pendant
Jèfc|uel.s jamais il ne voulut manger ni boire. Singuti-
^U fraice m* i>ar Tbevtty fcgt ^jp»
JR6 Hiftolre Naturêle
la tête , ni fabots aux pieds , ni dente
lincifives à la mâchoire mferièure; ils font
•cependant du nombre des animaux ru-
minans , j& ont comme eux piufieur^
«flomacs; que par conféquent ils peu-
vent compenler ce qui manque à la
qualité de la nourriture par la quantité
qu'ils en prennent à la fois ; & ce qiti
efl encore extrêmement finguiier , c'eft
qu'au lieu d'avoir, comme les ruminans^
des imeflins très-longs, ils \ç,s ont très-
ipetits & plus courts que les animaux
carnivores. L'ambiguité de la Nature pa-
'jïoït à découvert par ce contralle; l'iuiau
& Va font certainement des animaux
>ruminans , ils ont quatre eflomncs , <Sc
•en même temps ils manquent de tous
les caraélèi^s , tant extérieurs qu'intérieurs
'qui appartiennent généralement à tous
iês autres animaux ruminans: encore une
autre ambiguïté, c'eft qu'au lieu de deux
^ouvertures au dehors, l'une pour l'urine
.& l'autre pour les excrémens , au lieu
d'un orifice extérieur & diftiru^ pour les
panîes de la génération , ces animaux n'en
ont qu'un ièul, du fond duquel «Il im
'^e rUnau êr de.]' Ai. 8/
^goût commun , un cloaque comme dans
les oiiêaux; mais je ne finirois pas fi je
Toulois fn'dtenclre fur toutes tes fingu-
Jarités que préfente ia conformation de
ces animaux : on pourra les voir en détaîi
dans l'excdJente defcription qu'en a faite
M. Daubenton (f).
Au lede , fi la misère qui r^ fuite du
xlé^ut de (èntiment n^efl pas la plus
igrandc de toutes, celle de ces animaux ^
quoique très-apparente , pourroit ne pas
^tre réelle ; car ils paroidient très-mal on
très -peu (entir : leur air morne , leur
regard pelant, leur Téfiftance indolente
aux coups qu'Us reçoivent (ans s'émou-
voir, annoncent leur infenfibilité ; & ce
•qui la démontre, c'eft qu'en les fou-
mettant au fcalpel , en leur arrachant le
cœur & les vifcères ils ne meurent pag
à l'inftant ; Piftjn fg) qui a fait cette
(f) Voyez le Mw^ XXVI deréctitionentrente-ttA
volumes.
(g) Seaii fcmefiam vham . , , ^ ., , halentem in ft
^aium omnilms modis perfeâbm €um pi'is, unguîhus h"
■t/enti/ms amnioni more caterorum anmalium inclufum. C»r
viotvm fuîim vnli/iiftme retine6at vvflquam exempt um erut
ècorporc per femi horhtm ; flaanta uttrina conflu
«# HJlffoke Naturelle-
dure expérience , dit que le cœur fôpar^
du corps battoit encore vivement pen-
dant une demi - heure , & que l'animal
remuoit toujours les jambes comme s'il
n'eût été qu'aflbupi; par ces rapports, ce
quadrupède ie rapproche non-leuiement
de ia tortue, dont il a déjà la lenteur,
m^iis encore des autres reptiles & de tous
ceux qui n'ont pas un centre de (èntiment
unique & bien diflind; Or tous ces êtres
font iniferabies fans être malheureux ; &
dans (é% produAions les plus négligées,
là Nature paroit toujours plus en mère
qu'en marâtre.
Ces deux animaux appartiennent éga-
ièinent Tun 6c l'autre aux terres méri-
dionales dti nouveau continent, & ne (e
trouvent nulle part dans l'^mcien. Nous
mahîs particulis cnmeis hjfar fuhflam'ia'renum, ruhlcun*
i/ts magnîtwiinh varia: , inflnr jnhanun , in illas amfm
f articulas cameas ( tcnuihus membranulis comexas ) ptr
muhar ramulos vafa uhiMlicalin injlnr fmrs conturta ,
inferta eraitr. Cor feineHa duai hnbéat ir.jigHts am-
culas cavar. ETcen'jm corik catetijqne viÇarihus , mut-
topofi fe movi'bdt iT pedes lente amirnhthat fient e/fiT"
wituriens folet. MammiUas duns cum iBtidem pavillis M
peâore fenulla & faïus gerebant» Vi(on,. HijL Bm/,
;. t
'de rUnati êr de rAl iy
*vons déjà dit (h) que i*Éditeur du Ca-
binet de Séba s'étoit trompé , en donnant
à i'unau le nom de Parejfeux de Ceylan;
cette erreur adoptée par M." Klein ,
Linnœus & Briflon , «ft encore plus évi-
dente aujourd'hui qu'elle ne l'étoit alors;
M. le marquis de Montmiraii a un unau
vivant qui lui efl venu de Surinam ; ceux
que nous avons au Cabinet du Roi
viennent du même endroit & de la Guiane,
& je fuis perfuadé qu'on trouve i'unau,
auffi-bien que i'aï, dans toute i'étendue
des défcrts de l'Amérique , depuis le
Brefii (ï) au Mexique; mais que, comme
il n'a jamais fréquemé les terres du nord,
il n'a pu paiïer d'un continent à l'autre ;.
& il l'on a vu quelques - uns de ces
animaux , foit aux Indes orientales , foit
aux côtes de. l'Afrique, il eft fur qu'ils
y avoient été iranfportés. Ils ne peuvent
fupporter le froid; ils craignent aufli b
(h) Voyez dan» îe Tome VIll die cet Ouvrage;
-page 22^ , les diicours fur les Animaux des deux
Continem.
(i) L'aï, décrit & grav^ par M. Exïwards, venoit
du pays de Honduras. D. Antonio de Ultoa dit quon-<
fn trouve aux environs de Porto- belloi
po Hiflotre Nattirellê
pluie: les alternatives de l'humidité & de
in sècherefTe altèrent leur fourrure , qui
redèmbie plus à du chanvre mal ferancé,
qu'à de la iaine ou du poil.
Je ne puis mieux terminer cei article
t{ue pair des obfervations qui m'ont été
communiquées par M. le marquis de
Montmirail, fur un unau qu'on nourrit
depuis trois ans dans fa ménagerie. <c Le
M poil de l'unau eH beaucoup plus doux
ao que celui de l'aï . . . . il ell à préfumey
5? que tout ce que les Voyageurs ont djt
» fur la lenteur excedive des parefTeuX
»> ne fe rapporte qu'à raï. LVnau , quoi*
3> que très - pefant & d'une alure très-
B> mal -adroite , monteroit & defcendroit
à» piufieurs fois en un jour de l'arbre
9» le plus élevé. C'«fl iiir k déclin du
» jour & dons ia nuit qu'il paroît s^a^ii-
3» mer davantage , ce qui pourroit jRûre
>3 foupçonner qu'il voit très-mal le jour,
.a> & que fà vue ne peut lui (crvir que
3» dans i'obrcurité. Quand j'achetai cet
» animal à Amflerdam , on le nourrinfoit
9» avec du bifcuit de mer , Sa l'on me
3> dit que dans le temps de la verdure 11
d» ne Mdt le nourrir qu*»V€ç des ftuiUes»
.\
^c VUimn & de l'Ai* p Ii
<Mi n cïïiiic en eflfct de lui en donner, c<
il en mangeoit volontiers quand elles «
eioicni encore tendres , mais du moment «c
où elles commençoient à fe deiïecher «c
& h être piquées des vers, il les rejctoit. «
Depuis trois ans que je le confcrvc «
vivant dans ma ménagerie , fa nourriture ce
ordinaire a été du pain , quelquefois des «
pommes & des racines , & fa boifîbn «
du lait: il faifit toujours, quoiqu'avcc ce
peine, dans une de (es pattes de devant, «
ce qu'il veut manger , & la grofl'eur ce
du morceau augmente la difficulté qu'il c<
a de le iâifir avec fès deux ongles. Il «c
crie rarement , fon cri efl bref & ne fè c<
répète jamais deux fois dans le même «c
temps : ce cri , quoique plaintif ne ce
fefîcjiibïe pcMnt à celui de IVi , s'il cft ce
vrai que ce fbn a'i Toit celui de fà c<
voix. La fituation la plus naturelle de «
l'unau, & qu'il paroît préférer à toutes ce
les autres , eft de iè fufpendre à une ce
branche , le corps renverfè en bas ; ce
quelquefois même il dort dans cette ce
pofition , les quatre pattes accrochées ce
fur un même point ; fon .corps décri- ce
yant un arc : la force de fes mufcies «
^1
T^
IV- It
52 ^ Hifloke Naturelle, &€,
35 eft incroyable, maiis elle lui devîejit
33 inutile lorfqu'il marche , car fon aiure
35 n'en eft ni moins contrainte ni moins
y> vacillante : cette conformation feule niç
53 paroît être une eaufe de la pareffe de
•» cet animal , qui n*a d'aiileurs aucua
>3» appétit violent, & ne reconnoît poim
ceux qui le fbignent. »
■%■
■V
-'■ ---, K
iftt- 1.. .
*..-
t ' V^ .l«^ !•* -A^-
Tûnt^- XI »
Pl.S.Pa4^. ^z.
ui devient
• Ion alure
E ni moins
w feule niç
parefTe de
turs aucuia
noit poiiu
V
X/UNAU.
*. ..ff- . i ■'!'
.'T:^
XtVft^- JL£'
Pt. û.ra,/.4;a
. \
JEUNES Aïs
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' •• '-^'-' ■^••Y-'.i
i/aI ADIFLTE.
G
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M. d
de foi
notre
penda
ks rer
tudes
très - V
quefoi
avec U
h tête
cojnm4
attitude
mettre
Il n'ef]
icinble
Mang<
ctofFc ,
'P3
MMBMp
L£ SURIKATE.
C
ET animîd a é\é acheté en HoHande,
fous le nom de Surikate; il (è trouve à
Surinam & dans ies autres provinces de
l'Amérique méridionaJe : ^lous l'avons
nourri pendant -quelque temps , & enfuite
M. de Sève, qui a defîiné a|rec autant
de foin que d'întelfigence les animaux 6c
notre ouvrage, ayant gardé celui-ci vivant
pendant pluiieurs mois , m'a communique
les remarques qu'^l a faites fur fes habi-
tudes naturelles. C'eft un joli animal ,
très -vif & très ^adroit, marchant quel-
quefois defcout , (è tenant fouvent affis
avec le corps très-droit, les bras pendans,
la tête haute & mouvaiate fur le cou
comme fur un pivot ; il prenoit cette
attitude toutes les fois qu'il vouloit (e
mettre auprès du feu pour fe chauffer.
Il n'eft pas fi grand qu'un lapin, & ref-
jèmble afTez par la taille & par le poil à la
Mangoufle, il eft feulement un peu plus
ctofFé , & a la queue moins longue ; niais
p4 Htflolre Naturelle
par le mufeau dont la partie fiipéneure cfl
proéminente & relevée , il approche plus
du Coati que d'aucun autre animal. Il a
aufîi un caradère prefqu 'unique , puifqu'il
n'appartient qu'à lui & à l'Hyaene; ces
deux animaux font les feuls qui aient éga-
lement quatre doigts à tous les pieds.
Nous avions nourri ce furilcate d'abord
avec du lait ,jiparce qu'il étoit fort jeune;
mais (on ,goût pour la chair le déclara
bientôt; il mangeoit avec avidité la viande
crue , & fur - tout la chair de poulet ; il
cherchoit aufli à furprendre les jeumcs
animaux : un petit lapin qu'on élevoit dans
la même mailbn feroit devenu la proie fi
on l'eût lai0e faire. Il aimoit auffi beau-
coup le poilTon & encore plus les œufs;
on l'a vu tirer avec fes deux pattes
ye'unies des œuft qu'on venoit de mettre
dans l'eau pour cuire : il refulbit les fruits
& même le pain à moins cju'on ne l'eût
mâché ; fes pattes de devant lui lervoient
comme à l'écureuil pour porter à là gueule.
Il lapoit en buvant comme un chien, &
ne buvoit point d'eau , à moins qu'elle ne
fût tiède : (à boiffop ordinaire étoit Ton
urine, quoiqu'elle eût une odeur très-forte»
jérieure cfl
roche plus
iiknnl. Il a
! , puifqu'il
yœne ; ces
aient ega-
pieds.
«e d'abord
fort jeune;
fe déclara
é ia viande
poulet; il
les jeivics
Icvoit dans
fa proie fi
Luffi beau-
i les œufs;
ux pattes
de mettre
it les fruits
n ne l'eût
fervoient
fa gueidc.
chien, &
qu'elle ne
étoit Ton
très-forte.
7l*m- XI
Pt.8 Puif^S
iî }ou
ceiiim
cnfaiii
que 1
pris
x>.. ,\
ILE SITRIKATE.
t .
du Smkatél
93
\i jouoît avec ics chats , & toujours inno-
cemment; ii ne faifoit aucun mai aux
cnfans , A ne mordoh qui que ce foit
que le maître de ia maifon qu'il avoit
pris en averfion. 11 ne (e fervoit pas de
fcs dents pour ronger, mais il exerçoit
fouvent (es ongles ôc grattoit k plâtre &
les carreaux juiqu'à ce qu'il les eût de-
gradés ; a étoit fi bien apprivoifé qu'il
ciitendoit (on nom ; il ailoit ièul par toute
ia maifon & revenoit dès qu'on l'appeloit.
Il avoit deux fortes de voix , i'aboienient
d'un jeune chien lorfqu'il s'ennuyoit
d'cire feu! ou qu'il entendoit des bruits
extraordinaires; & au contraire lorfqu'ii
ëtoit excité par des carefîes , ou qu'il
reiTentoit quelque mouvement de plaifir»
il faifoit un bruit auffi vif & auffi frappé
que celui d'une petite crcfîèHe tournée
rapidement. Cet animal étoit femelle , &
paroiflîbit fouvent être en chaleur quoique
dans un climat trop froid , & qu'il n'a pa
fupporter que pendant un hiver , quelque
foin que l'on ait pris pour le nourrir ôl le
chaufrer.
• i ^ «.**,;• ^ •
.J
■^S Hifioin Natiinlle
LE TARSIER.
INous avons eu cet aniinol par hafàrd
& d'une perfonne qui n'a pu nous dire
ni d'où il venoit, ni comment on l'appe-
loit : cependant il eft très - remarquajjle
par ia longueur exceffive de Tes jambes
de derrière ; les os des pieds , & fur-tout
ceux qui compofent la partie fupérieure
du tarie font d'une grandeur démefui^-e,
& c'eft de ce car«adère très-apparent que
nous avons tiré fon nom. Le Tarfier
n'cft cependant pas le feul animal dont
les jambes de derrière foient ainfi con-
formées ; la Gerboife a le tarfè encore
plus long, îfinfi ce nom Tarfier que
nous donnons aujourd'hui à cet animal
ne doit être pris que pour un nom
précaire qu'il faudra changer lorfqu/on
connoîtra fon vrai nom , c'eft-À-dire , le
nom qu'il porte dans le pays qu'il habite.
La gerboifo fe trouve en Egypte , en
Barbarie & aux Indes orientales : j'ai
d'abord imaginé que le tarfier pouvoit
être
ifu Tarfter, 57
être du inêmc continent & du 1 né nie
climat , parce qu'au premier coup d'œil
il paroît lui reflembler beauc np * ; cei
deux animaux font de la même grandeur,
tous deux ne font pas plus gros qu'mi
rat de moyenne groiîèur, tous deux ont
les jambes de derrière excefiivement lon-
gues & celles de devant extrêmement
courtes ; tous deux ont la queue prodi-
giculement alongee & garnie de grandîs
poils à fon extrémité ; tous deux ont de
très - grands yeux , des oreilles droites ,
larges & ouvertes ; tous deux ont égale-
ment la partie inférieure de leurs longues
jambes dénuée de poil , tandis que tout
ie refte de leur corps en eft couvert :
ces animauTt ayant de commun ces ca-
raâères très-fmguliers & qui n'appartien-
nent qu'à eux , il femble qu'on dcvroit
préfumer qu'ils font d'efpèccs voifmes ott
du moins d'efpèces produites par le même
ciel & la même terre ; cependant en les
* Pour avoir une idée nette de îa comparaifon Je
ces deux animaux , nous prbns ie Ledleur <îe jeter
les yeux fur- la figure de la Gerboife, donnée par
M. Edwards, dans Tes Glanures, jiage t 8, & de U
comparer à celle que nous dk^nnons ici du TurHcr.
Tome XL E
u
'98 Hîfioire Naturelle
comparant par d'autres parties , I*on doit
non - feulement en douter , mais même
pré fumer ie contraire, Le tarfier a cinq
doigts à tous les pieds ; il a , pour ainh
dire, quatre maii;is , car ces cinq doigts
font très-iongs & bien féparës ; ie pouce
des pieds de derrière eft terminé par un
ongle plat , & quoique les ongles àt%
liutres doigts (oient pointus, ils ïbnt en
rnême temps fi courts & Çt petits qu'ils
n'empêchent pas que Tanimai ne puifTe
fe fervir de Tes quatre pieds comine de
jnains ; \^ gerboife au coiitraire n'a cjiie
quatre doigts & quatre ongles longs &
courbés aux pieds de devant, & au lieu
du pouce il n'y a qu'un tubercule fans
ongle ; mais ce qui i'éloigne encore plus
de notre tarfier, c'cfl: qu'elle n'a que trois
doigts ou trois grands ongles aux pieds
de derrière : cette différence eft trop
grande pour qu'on puifTe regarder ces
animaux comme d'efpèces voifines , & il
pe feroit pas impofîible qu'ils fuffent aufîi
très-éloignés par le climat; car le tarfier
avec fa petite taille , fes quatre mains , fcs
longs doigts , fes petits ongles , fii grande
^ue«e, fes longs pieds, ftmble ft yapr
, l'on doit
lais même
ler a cinq
pour ainu
inq doigts
; ie pouce
lié par un
Dngles des
Is font en
etits qu'ils
ne puifle
:omin€ de
re n'a qùç
s longs <Sc
(& au lieu
îrcuie fans
ncore pius
a que trois
aux pieds
cft trop
garder ces
ines , & il
ifTent aufîi
r le tarfîer
mains, fcs
» (à grande
l'V
jj^
J.V, l'AllSIKR
i du Tarfter» y^
prochcr beaucoup de la Marmo(ê , du
Cayopollin & d'un autre petit auunal de
rAmérique méridionale , dont nous par-
ierons dans rarnde qui fuit. L'on voit
que nous ne faifons ici qu'expofer nos
doutes, & l'on doit (èntir que nous auricms
obligation à ceux qui pourroient les fixer
en nous indiquant ie diinat &. k nom
de ce petit animai.
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Hifteire Nathrelk
lË PHALANGER (a).
c
ES anim«iux qui nous ont été envoyés
mâles & fèmelîes , (bus le nom de Rats
de Surinam, ont beaucoup moins de rapport
. avec les rats /qu'avec les animaux du mêjcne
climat dont nous avons donné l'hifloire,
ibus les nonis de Marmofe &. de CayopoIIin.
On peut voir par la defcription très-exade
qu'en a faite M. Daubenton , combien
ils font éloignés des rats , fur-tout à l'intè-
rieur. Nous avons donc cru devoir rejeter
cette dénomination de rats df Surinam ,
comme cqmpofëe, & de plus comme mal
appliquée ; aucun Naturalifte , aucun
Voyageur n'ayant nommé ni indiqué cet
animai , nous av^ns ûh fbn nom & nous
l'avons tiré d'un caraétère qui ne (è trouve
dans aucun autre animal , nous l'appelons
Phalanger , parce qu'il a les phalanges
iingulièrement conformées , & que de
quatre doigts qui correspondent aux cinq
ongles , dont fes pieds de derrière font
armés , le premier eft foudé avec fon
yoifin , en forte que ce double doigt faiï
:«?-'■
•fc>
î (a).
é envoyés
i de Rats
de rapport
du mêjCTke
i'hiftoire,
CayopoHîn,
très-exaéle
<:ombien
lUt à î'intè-
ro\x rejeter
Surinam ,
onime mal
, aucun
ndiqué cet
)m & nous
e (è trouve
l'appelons
phalanges
& que de
it aux cinq
:rrière font
avec fon
e doigt fait
-<»««r«!t>«», »ii' iiii immiJKiii»»^-,
,4^*11..
"*fH^-W-'»#4*PW»»«¥^«! ï%<»f«>V|^ ^
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XI.
P/. t.^.Pa.
'</• A'/
♦ 1' 1 1 A I , A-N C i J', 1^1 J<. >l ) . IJ . I : .
w
€Îu Pfidlangef. loi
fn fourche & ne fe fépare cju*à la dernière
phalange poiir arriver aux deux ongles*
Le pouce e(l féparé des autres doigts &
n'a point d'ongle à Ton extrémité : c*
dernier caradlère , quoique remarquable , .
n'eft point unique ; le Sarigue &l la Mar-
mofe ont le pouce de même , mais aucun
ji'a comme celui-ci les phalanges foudées.
Il paroît que ces animaux varient entre
eux pour les couleurs du poil , comme
on le peut voir par les figures du m^e
& de la femelle. Ils font de ia taille d'un
petit lapin ou d'un très-gros rat , & font
remarquables par l'excefîive longueur de
leur queue, l'aiongement de leur mufeau
& ia forme de leurs dents , qui (eule
fuffiroit pour faire diftinguer le phalanger
de la marmofè , du farigue , des rats , &
de toutes les autres elpèces d 'animaux ,
auxquelles on voudroit le rapporierr
.' .• * ,1- ^
1
' *
T]
:
102
Hifioire Naturelle
e
LE COQUALLIN.
J
*AI reconnu que cet animal qui nous
a été envoyé d'Amérique, fous le nom
à' Ecureuil orangé , étoit le même que Fer-
nandès ("û) a indiqué fous celui de Quau-
hkallotquapachli ou Coitiocotequallin ; mais
comme ces mots de la langue Mexicaine
font trop difficiles à prononcer pour nous,
j*ai abrégé le dernier & j'en ai fait Co-
quall'm , qui fera dorénavant le nom de
cet animal. Ce n'eft point un écureuil
quoiqu'il lui refTemble afTez par la figure
& par le panache de la queue; car il en
dîfrerc non-feulement par jplufieurs carac-
tères extérieurs , mais auffi pa. ie naturel
& les mœurs.
Le Coquallin cft beaucoup plus grand
que Técureuil, in duplam fere crefcit magni-
ludinem, dit Fernandès, c'eft un joli ani-
mal & très-remarquable par fès couleurs ;
il a le ventre d'un beau jaune , & la tête ,
auflî-bien que le corps , variés de blanc ,
(a) Fr. Fernandès. Mijior» aaittit Nm Hif^ath
«p. XXYI# pag. 8,
du Co^iiaUtrté 103
àt noir, de brun & d'orangé; il (e couvre
de fa queue comme l'écureuil , mais il n'a
pas conune lui des pinceaux de poil à
l'extrémité des oreilles ; il ne monte pas
fur les arbres ; il habite comme l'écureuil
de terre ( b ) que nous avons appelé le
Sui£e , dans des trous & fous les racines
des arbres ; il y fîiit (Ii bauge , & y élève
fes pedts ; il remplit aulli Ton domicile
de grains & de fruits pour s'en nourrir
pendant l'hiver ; il efl: défiant & rufé ,
& même allez fxu'ouche pour ne jamais
s'apprivoifer.
Il paroît que le coquaîlin ne fè trouve
que dans les parties méridionales de l'A-
mérique : les écureuils blonds ou orangés
des Indes orientales font bien plus petits ,
& leurs couleurs font uniformes ; ce font
de vrais écureuils qui grimpent fur les
arbres & y font leurs pedts , au lieu que
le coquaîlin & le fuiue d'Amérique fe
tiennent fous terre comme les lapins > &
n'ont d'autre rapport avec l'écureuil que
de lui reflèmbler par la figure.
(h) Voyez le volumt VU «le cette Hiftoire NaturçHe j
• ' E iii;
to4 Hipolre Naturelle
i!
I I
LE HAMSTER (a).
JLj E Haiiiftcr eft un rat des plus flimcux
^ des plus nuifibles; & i\ nous n'avons
pas donne Ton hifloire avec celle des
autres rats , c'eft qu'alors nous ne l'avions
pas vu, & que nous n'avons pu nous le
procurer que dans ces derniers temps ;
(a) Le Hamflcr. Crketus en Latin moderne, Ce
nom , dit Gefner , paroît dérivé de la langue IHy-
rienne, dans laquelle cet animal s'appelle Sh^ecifeck».
JHamJler ou Hanicjler en Allemand ; nom que nous
avons adopté comme étant celui de i animai dans ion
pays natal.
ChomikSkriccxek , en Polonoîs, félon Rzaczynski..»
Auél. Hiji» Nat. Polôn. pag. 326.
Crketus, Gefner, Hifl, quad, pag. 718, duet figuret
%,ncett , ibidem,
Porcellus fntinentarlus Theriotropheum Sikfia , à.
Gaff), Schwenckfdd , Lignicii , 1603, P^S* ''^
& 119.
dis ciitereo rufus in Aorfo , in ventre ntger , macuHs
tribus ad îatera albis Marmota Argentoratsnfis»
La marmotte de Strafbourg. BrlHon, Regn, aaimaL
pag. \6'6,
Criceius , mus cnudtifuhahbrevîatâ, auricuUs rotundatis,
(erporefubtus nigro, laicribui rufefcentibus» Unn, t^f» muK,
çdit. X; pag. 69^
'du Hcjmfler. 105
encore ell-ce aux attentions confl^intcs de
M. le marquis de Montmirail pour tout
ce qui peut contribuer à l'avancement
de THiftoire Naturelle & aux bontés de
M. de Waitz Minillre d'État du Prince
Landgrave de Hefle - Cafîel , que nous
fommes redevables de la connoiflance
précife & exade de cet animal. Il nous
en ont envoyé deux vivans avec un Mé-
moire inflrudif ( b ) fur leurs mœurs &
leurs habitudes naturelles. Nous avons
nourri l'un de ces animaux pendant quel^
ques mois pour l'obferver, & enfuite 011
l'a fournis à la dirfedlioii pour faire la
defcription & la comparaifon des parties
intérieures avec celles des autres rats ;
on verra que par ces parties intérieures
ic hamfler relTemble plus, au rat d*eau
n
(h) Voici un Mémoire aflfcz étendu fur refpccc de
mulot que Ton appelle Hamjier dans ce pays , il m'a-
été fourni par M. de Waitz , Miniftrc d'Etat du
Landgra\e de HefTe-CafTel , qui joinr aux qualités les'
plus propres à former un homme d'État le goût le
plus viKpour l'Hilloirp Naturelle. ... il m'a envoyé
en même temps deux de ces animaux vivans, que je
vous etiverrai par la première octafion. Extrait d'uttL
Lettre de M, It marquis de Montmirail À M, de Buffonç.
date't de Rrumbach ^ ^ t juillet '762*
■*"' ■ ■f.
ip
il
i.
él
î t
Fioif Hiftotre Naturelle
qu'à aucun autre animal ; il luî reflemble
encoie par la petiteffe des yeux & la
finefTe du pofl ; mais il n'a pas ia queue
longue comme le rat d'eau , il l'a au
contraire très - courte , pius courte que
ie Campagnol, qui, comme nous l'avons
dit, reffemblc attlfi beaticoup au rat d'eau
par ia confbtmation intérieure. Le hamfter
nous paroît être à l'égard du campagnol
ce que fe Surmulot cft à l'égard du
Mulot ; tous ces animaux vivent fous
terre , & paroiflcnt animés du même ïnÇ-
tin«îl ; ils ont à peu - près les mêmes
habitudes, Se fur -tout celle de ramaffer
ffes grains & d'en (Iiîre de gros magafms
dans leurs trous. Nous nous étendrons
donc beaucoup moins fur les reiïèm-
blances de forme & les conformités de
nature , que fur les différences relatives
* tes difconvenances réelles qui féparent
iè hamfl^^r de tous les rats , fouris &
mulots dont nous avons parlé.
^gricda./i-/€ft le premier Auteur quî
- v^ ■-
fc) Hamfler pem quidam crîcetm nàmtnant exîfiit
fraciUlJus & mordax adeo ut f eum eqties iacaute pcr»
Pquatur , ptkût jfrêfilire & os équi appetere , iX Ji prt'-
ktnderit wordkw tfnerè, lit terra cafiemis haMra, • « J
f^»>r**Vjr •,
\
/:w.r/
T. F. QO qUATXIN . /Y. n. Pa.^ji^'
l.i: H A>^ S'iKR.
du Hamfler, 107
ait donne des indications précifcs & dé*
taillées au fujet de cet animal : Fabri-
ciiis (d) y a ajouté quelques faits ; mais
ftdts hdlkt aJmôdtim hreves / pîHs iit dorfo color efl fert
t^pms': in ventre niger, in lateribus rutihis , fed mrumqut
latiis macuUs alhis tribus numéro difîitt^uiturt Suprema
capitis purs u( etiam cervt» eutndém quem dorfum hahet
cçkrem, Temjma rutila funt ; guttur efl candidum ....
;;/'// aùteih Jic inhcerent cuti ut ex ea di^çiïlier evdU,
pofmt .... atque ob hanc caufam iT vanetatem pelles
ejus funt pretiofa : tnulta frumenti grana in fpecuni
congerit iX utrinque demibus mandit .... ager Turingici
eorum animalium plenus ob copiant & bonitatem frumenti,
Gcorg. Agricola , de aithnamibus fvbterraneis. Apud
Gefner, Hifi, quad, pag. 738.
(d) HMitfitr animal efl ctgrefle fuh terra H^bitatfs. • •
cohre varia, ventre non candido fed potius nîgerrîmo* . .'
Dentés habet in anterioris oris ima fupremaque parte
bin^s , prominentes & acutos , malas (fixas à" antplas,'
umbas export ando împortandoque replet : (jmbaùus mandit.,,,
cum ierram eflodit , primum anteriariùus pedibus (quoi
tafpiZ ff miles habet orevitate fed minus latos ) eam «-'
trahit , longius prcgreflus , ore exportât. Curiicu/os etd
ûntrum plures agit çuoiti profttnditate f(d admodum an*-'
guftos . , (intrum intus extendit ad çapiendif frtt-
menti. . . . Aieffii temppre grana omnis gentris frumenti
it/iportat .... terra ante cuniculos $reâa non tumuli modo
afurgit , ut talparum tumuH , fed ut (tgger Slatfitur . . .
Vefcitur hoc animal frumento omnis gentris et fl dnni
aktur pane ac carnibus. In agro etiam mures venatur
Cihum cum capit in pedes jn^fores er>gitur ,
quamvis autem corpçfe utigmimfit namâ tamn tfl pugn^ut
V
/
ïo8 hijioire Naturelle
Schwenckfeld (e) a plus fliît que tous
ks autres ; il a diûequé Je bamiter , & il
Ù* temerarium, LaceJJtmm quidquid we gejlat putfatU
mroque fcde malis jubito egerit , reâa h^hm invadens ,
fpMm oris & affuliu protervum ac mina»» ....... ^
iV<fc terretur facile etiam Ji viribus impar ei fit quem
petit .... vidi ipfe , ciim equwn ajifultando nnribus cor^
ripuijfet non prius morfum dimifijfe quam ferro oecide-
retur .... Mair.efiri vellii maxime durabilis ....... In
Turingia & Mijnla hoc animal frequens non emnibus^
tamen in locis fed in uberrhnis & ferulijfimis. In Lu-
fada circa Radeburgum, è Jatis panici èffoditur \ Mul-^
btrgi ad Albim in vinetis rej)eritur nam maturis quoaue
wis vefcitur» Gcorg. Fabridus, tfp«^ Gefner^ /jz/i
çuadt pag. 73 9 & 740»
(e) Poreellus fmmentarius , Hamflef minor pauh
cuàicuh, Longitudo dodrantalis & palmi unius, Pilus
in dorfo ferè levoris ejl colore^ Gula , venter & pedes
interiores nigraftint, Rubet in lateribus à* circa eaudam ,.
fiuz coloris murini très dtgitos ionga* Macula alba fiib
awttbus , )uxta rofirum , Jupra armas & coxam, Pedes
ndmodum brei^es , digitis & wjguiculis albidis quinis
vtrinque. In vedum jplanta feu parte digitorum inferiore
tuèercula ymti calli ubiatie eminent. Oculi fp^ndidi
fîigri élégantes. Dentés ikabet ut lepus anteriores iX laté-
rales,. Lingua mollis fpongiofat E bucculis veficufa ùtrinqut
omplce membraneajub cute porriguntur qua fenfirrta gra-
cidejcentes dor/o tenta ligamento aîllîgantur, Has inflaf
facci mejjis tempore gratis triiici , Jiliginis if aliis cetk
folles quofpiam in farcit , atque in fuos cuniculos comcatiuo
in futuram hyeniem cdngerit ac reponit^ '
^' Siduimlus eandidis quatuor, funi bbk
en donne une defcripdon qui s'accorde
Cor rtnîbus pauh majns mucrone ohtujîore, Hepat
triplkatumapparet mum Juper aïterum impofituni, Inferm.
pan dorfo adjaccns duos obtinet fobnîes, Media , qua
niûxima intégra alifqut incifuris integrum abdomen fecun-
dum latitudinem occupans ventrUulum ex parte ampUxatar,
Superior portiv dipifa a/iis incutnbens diaphraffnati proxinià
fubjaç/et. Fel mdium conjpi:ere liciàu
Ven^rkulus ei duplex, Uttus candidus trottoidiu/aduSt-.
eut alter per ifihmum atineéiitur longiufculus , JinijîrurM
hypochondriuin occupans , hinc prope ijthmum afnpnagus
injeritur alterifub dextro hypochondrîo inteflina adharent»
ht utroque reperîebatur chphts candidus pidtîculafarittacett
fmilist crapor tatuen in finijlro,
Inteftina gracilia fiavent ; uhi definunt » impit cactim
mfiraéluofum amplum, hinc craffiora ad caruleum vergunî.
colorent, Excernit piluJas hngiuflulas tnjiar murium* Lieà
cohris fçnguine Joltam ferè hunianam rqweJentaJt,
Renés bini phafroli magnitudine & figura.. Veficuh
tandida pijum Italicum écquat, rottmda lagenula itijiar*
Parit quinqut fixve , uno parm,
ht terra cavemis habitat , agri vaflator if Cererit
koflis. AuTumno mvha fhtmenti grana in fpecum c<nigerit,
iX utrinque, demibus mandit,.
. Adniodutti pingmjcit ; ob id porcellis Indicis non inepti
comparatttr»
In cihtm non ncipitur ; fed pelles confumtur ad
vijlimenta*
De cavernû fua aqua fervtmjèitfrigida ccpiosé infifS
NipiUiitor^.
n ■
lio Hiftotre Naturelle
pre(cju*en tout avec la nôtre. Cependant
à peine a-t-ii été cité par les Naturaliftes
plus récens , qui tous fe font contentés
de copier ce que Gefiier en a dh ; nous
croyons donc devoir à cet Auteur la
judice de citer en entier (es obfèrvations ;
& en y ajoutant celles de M. de Waitz,
nous aurons tout ce qu'on peut defirer
au fujet de cet animal.
« ï.es établiffèmens des hamfters (dit
» M. de Waiiz) font d'une conftrudion
» diiîerente fèion le fexe & l'âge , & au(îi
3> fuivant la qualité du terrein. Le domi-
30 crie du mâle a un conduit oblique , à
» l'ouverture duquel il y a un monceau
r> de terre exhauflé. A une diftance de
» cette iflue oblique , il y a un (èul trou
» qui dcfcend perpendiculairement jufques
» aux chambres ou caveaux du domicile :
» il ne iè trouve point de terre exhaudée
y> auprès du trou , ce qui fait préfumer
» que FifFue oblique eft creufée en com-
» mençant par le dehors , & que i'iiïue
>> perpendiculaire eft faite de dedans en
» dehors , & de bas en haut.
3» Le domicile de la femelle a aufli un
39 conduit oblique & en même temps déux^
'Ju Hamfter. 1 1 1?
trois & jufqu'à huit trouG pcrpendicu- c<
laires , pour donner une entrée & fortie c<
libres à fes petits ; le mâle & la femelle ce
ont chactin leur demeure féparée ; la ce
femelle f;iit4a fienne plus profonde que c<
le mâle. ce
A côté des trous perpendiculaires , et
à un ou deux pieds de diftancc ,- les ce
hamfters des deux fexes creufent félon ce
leur âge , & à proportion de leur mul- k
tiplication , un , deux , trois & quatre ce
caveaux particuliers , qui (ont en forme ce
de voûte , tant par-deflTous que par- ce
defîus, & plus ou moins fpacieux fuivant ce
la quantité de leurs provi fions. <c
Le trou perpendiculaire eft le paf- ce
{2igt ordinaire du hamfler pour entrer ce
& foriir. C'eft par Iç trou oblique que «e
iè fait l'cxportaiion de la terre ; iî paroît ce
aulîî que ce conduit qui a une pente ec
plus douce dans un des caveaux & plus <c
rapide dans un autre de ces caveaux , «c
fert pour la circulation de Tair dans ce «<
domicile fouterrain. Le caveau où la ec
femelle fait (es petits ne contient point «<
lie proviiion de grains ^ mais uniud^e «c
1 1 2 Hiftoire Naturelle
y> paille ou d'herbe. La profondeur du
35 caveau eft très - différente , un jeune
5a hamfler dans la première année ne donne
» qu'un pied de profondeur à fon caveau ;
3> un vieux hamller le creufe fbuvent juf-
» qu'à quatre ou cinq pieds : le domicile
35 entier , , y compris toutes les commu-
» nications & tous les caveaux , a quel-
3> quefois huit ou dix pieds de diamètre.
3> Ces animaux approvifionnent leurs
3> magafins de grains lècs & nettoyés ,
» de blé en épis , de pois & fèves en
3a coiïes qu'ils nettoient enfuite dans leur
33 demeure , & ifs tranfportent au dehors
35 les cofîes & les déchets des épis par
» le conduit oblique. Pour apporter leurs
3> provifions ils fè fervent de leurs aba-
35 ^oues , dans lefquelies chacun peut,
3» porter à la fois plus d'un quart de eho-
3> pine de grains nettoyés.
3i» Le hamfter fait ordinairement fès
3> provifions de grains r à la fin d'août ;
>3 lorfqu'il a rempli fes magafins , il les
35 couvre & en bouche foigneulement les
33 avenues avec de la terre , ce qui fait
» qu^on ne découvre pa$ aifàiient là
Ju Hamfler* W^
demeure : on ne la reconnoît que par «c
le monceau de terre qui (c trouve ar es ce
du conduit oblique dont nous avons <c
parlé r il fîitit enfuite chercher ics trous «c
perpendiculaires & découvrir par-là fon «
domicile. Le moyen le plus ufité pour ce
prendre ces animaux efl de les déterrer, ce
quoique ce travail foit afiez pénible à ce
cau(e de la profondeur & de l'étendue ce
de leurs terriers. Cependant un homme ce
exercé à cette efpèce de chafle ne laifTe ce
pas d'en tirer de l'utilité ; il trouve or- ce
dinairement, dans la bonne failbn, c*eft- ce
à - dire , en automne , deux boiffeaux ce
de bons grains dans chaque domicile , ce
& il profite de la peau de ces animaux <c
dont on fiiit des fourrures. Les hamfters <c
produtfent deux ou trofs fois par an , ce
& cinq ou lix petits à chaque fois , ce
& fouvent davantage ; il y a des années ce
où ils paroifferu en quantité innom- «c
brable , & d'autres où l'on n'en voit ce
prefque plus ; les années humides font «c
celles où ils multiplient beaucoup , & ce
cette nonibreufe multiplication caufè lace
«iifetteparladéyafladon générale des blés, «c
'i*'
»
114 Hîjloîre Naturelle
Un jeune hamfter âgé de fîx (es.
3} moines ou dciix mois , creulè déjà Ton
» terrier ; cependant il ne s'accouple ni
39 ne produit dans ia première annce de
» (à vie.
» Les fouines pourfuivcnt vivement les
» hamfters , & en détruifent un grand
» nombre; elles entrent aufll dans leurs
» terHers & en prennent poffeflion.
» Les hamflcrs ont ordinairement le
7> dos brun & ie ventre noir. Cepen-
» dant il 'y en a qui font gris, & cette
33 différence peut provenir de leur âge
d> plus ou moins avancé, li s'en trouve
y> aufîl quelques - uns qui font toui
noirs ».
Ces animaux s'entredétruifent mutuel-
lement comme les mulots : de deux qui
ëtoient dans la même cage , la fèmeiie
<ians une nuit étrangla ie mâle , & après
avoir coup« les mufcles qui attachent les
BaâchoireSy elle (è fit jour dans ion corps
où elle dévora une partie des vifcères.
Ils font plufieurs portées par an , & font
fi ouiûbk& y qiue daas quelque^ État»
:n
'W
^// Hamfier. IiJ)
^'AHcmagnc leur tête cft à prix ; ils j
font fî communs que leur fourrure vît
à très -bon marché.
Tous ces ftits que nous avons ex-
traits du Mémoire de M. de V7aitz & des
obfervations de M. de Montmiraii nous
paroiffent cenains , & s'accordent avec
ce que nous favions d'ailleurs au fujet
de ces animaux ; mais il n'eft pas égale-
ment certain , comme on le dit dans ce
même Mémoire, qu'ils (oient engourdis
& même deflechés pendant Thiver , &
qu'ils ne reprennent du mouvement &
de la vie qu'au printemps. Le hamfter
que nous avons cw vivant a pafTé l'hiver
dernier 1762-63 dans une chambre
fans feu , & où il geloit aflez fort pour
glacer l'eau ; cependant il ne s'eft pohit
engourdi & n'a pas cefle de (è mouvoir
'ai de manger à fon ordinair ' , au iieu
que nous avons nourri des Loirs &
des Lerots qui fe (ont engourdis à un
degré de froid beaucoup moindre: nous
ne croyons donc pas que le hamfter (ê
rapproche des loirs ou de la marmotte
par ce rapport, & c'cft mal- à -propos
1 1 6 Hijloire Naturelle, &c,
que quelques - uns de nos Naturaliftes
Tont appelé marmotte de Strajbeurg , puif-
qu*il ne dort pas comme la marmotte,
^ c[u'il ne fe trouve pas à Strafbourg.
11/
LE BOBAK(a).
ET LES AUTRES MARMOTTES.
l_i *o N a donné le nom Je Marmotte
de Strajbourg au Hamfler , & celui de
Marmotte de Pologne au Bobak ; mais
autant il efl: certain que le hamder n'eft
point une marmott<î , autant il eil pro-
bable que le bobak en eft une ; car il ne
diffère de la marmotte des Alpes que par
les couleurs du poil ; ii ett d*un gris moins
brun ou d'tm jaune plus pâle ; il a auffi
une efpèce de pouce, ou plutôt un ongle
aux pieds de devant , au lieu que la
marmotte n'a que quatre doigts à (es pieds,
& que le pouce lui manque. Du jefte,
elle lui reuemble en tout , ce qut peut
, faire préfumer que ces deux animaux ne
(a ) Bohak , nom de cet animal en Pofognei A:
Jque nous avons adopté.
Bolak, Rjacynshi, Hift. Nat. Poloni j>ag, 2^)i
idem. Auél, pag. 327.
Clii favicans capite rufe/cente» . ." • Marm&ta Pohnical ,.
jLa Marmotte de Pologne. BrifT. Reg. anim, p. i ^5,
il
ri9 Hîjtoke Naturelle
forment pas deux cfpèces diftm<?ïes ^
feparées. Il enefl: de même du Monax (h)
ou Marmotte de Canada, qufe quelques
Voyageurs ont appelé Siffleur; il ne paroît
différer de la marmotte que par la queue,
qu'il a plus longue & plus garnie de
poils. Le monax du Canada , le bobak
de Pologne & la marmotte des Alpes
pourroient donc n*iêtre tous trois que le
même animal , qui , par la différence des
climats auroit fubi les variétés que nous
venons d'indiquer. Comme cette efpèce
habite de préférence la région la plus haute
& la plus froide des montagnes ; comme
on la trouve en Pologne, en Ruffie &
dans les autres parties du nord de l'Eu-
rope , il n'efl pas étonnant qu elle fe re-
trouve au Canada où feulement elle eft plus
' petite qu'en Europe (c)» & cela ne lui
cft pas particulier, car tous les animaux
qui ibnt communs aux deux continens ,
(h) Voyez îa figure & la dcfcription du Monax
(dans i'Hiftoire des Oifcaux à^ Edwards , pag. 104.
(c) Nota* La Marmotte âts Afpes & cclîe de
Pologne (Bobak) ont un pied & demi depuis i'cx»
Irémité du mufeau jufqu'à iWigine de la queue. Le
Monax ou Marmotte de Canada na que quatorze ou
quinze pouces de longueur,
V-,
onax (h)
ijuelques
ne paroît
i queue,
amie de
R bobak
;s Alpes
îs que le
rence des
:jue nous
te efpècc
)Ius haute
; comme
Ruffie &
de TEu-
elle (è re-
le eft plus
;la ne lui
, animaux
ontinens ,
du Bolah 'i T p
font plus petits dans le nouveau que dans
l'ancien.
L'animal de Sibérie que les Rufîès
appeUent Jevrafchka eft une elpèce de mar-
motte encore plus petite que le monax du
Canada : cette petite marmotte a la tête
ronde & le raufeau écrafé, on ne lui voit
point d'oreilles & Ton ne peut même
découvrir Touverture du conduit auditif,
qu'en détournant le poil qui le couvre ;
la longueur du corps , y compris la tête ,
eft tout au plus d'un pied ; la queue n'a
guère que trois pouces , elle eft prefque
roncle auprès du corps , & enfuite clic
s'aplatit , & Ton extrémité paroît tronquée.
Le corps de cet animal eft aflez épais ,
le poil eft fauve , mêlé de gris , & celui
de l'extrémité de la queue eft pfefque noir.
Les jambes (ont courtes , celles de der-
rière (ont ieulement plus longues que
celles de devant. Les pieds de derrière ont
cinq doigts & cinq ongles noirs & un
peu courbés , ceux de devant n'en ont
que quatre : lorfqu'on irrite ces animaux,
ou (èulement qu'on veut les prendre , ils
mordent violemment , font un cri aigu
oomme la marmotte; cjuand on leur donne
liô Hifloirè 'Naturelle, &c.
a manger ils fe tiennent afîls , & portent
à leur gueule avec les pieds de devant :
lis le recherchent au printemps & pro-
duiiènt en été ; les portées ordinaires font
de cinq ou fix; ils (è font des terriers où ils
paflent d'hiver, & où la femelie met bas de
allaite Tes pretits : quoiqu'ils aient beaucoup
<Ie reflemblance & d'habiiudes communes
avec la marmotte , il paroît néanmoins qu'ils
font d'une espèce réellement différente;
car dans les mêmes lieux , en Sibérie ,
îl fè trouve de vraies marmottes de refpèce
<ie celles de Pologne ou des Alpes ," &
<}ue les Sibériens appellent Surok (d), âc
l'on n'a pas remarque que ces deux ef-
pèces fe mêlent ni qu'il y ait entr'elles
Aucune race intermédiaire. ,
(â) Voyage de Gvielin, tome lî, page -^^^, — Les
Tartarcs, dit Rubruquis, ont force marmottes ou lirons,
qu'ils appellent Sogur, qui s'affemblent vingt & trente
cnremSie dans une grande foflè l'hiver, où ils dorment
fix mois durant ; ils prennent force de ces bêtes - là;
Voyages en Tartarie, page 25. Nota, !! proît que ce
Sogur de Rubruquis doit êtr€ le même animal que le
Jevrafchka de Gmelin , pui(que l'autre marmotte s'ap-
|>eile Jttn?^; ou hienTAuteur a pris Swtok pour Sogury
LES
Vs
tJ>
ïiil
m
LES GERBOISES.
ijr E R B Ô I S Ë efl: uii nôin générique
que nous employons ici pour défigner
des animaux remarquables par ia très-
grande difproportion qui fe trouve entre
les Jambes de derrière & celfes de devant ,
f'iîlies-ci n'étant pas fi grandes qUe ks
mains d'une Taupe, & les autres refTèm-
blant aux pieds d'un oilèau. Nous con-
UoîiTons dans ce genre quatre èfpèces ou
variétés fjien diftindes. i." Le Tarfier
dont nous avo " fiit mention ci-devant,
qui efl certaii ei c it d'une efpèce par-^
ticulièrc , parce qu'il a les doigts faits
commis ceux des finges , & qu'il en 9
cinq à chaque pied. 2° Le Gerbo ^aj^^
(a) Gerbo, mot dérivé de Jerhmh ou Jerhoa, nont
et cet animal en Arabie, & que nous avons adopté.
Cerbo. Voyages de Corneille le Brun, Paris, 1714,1
page 4.0 6 , fig. page 4. t o.
Gerboifc. Voltige de Paul Lucas , tome lï , page 7}^
fig. page 74.
Jerboa. Voyage de Shaw , pag. 248, fig. p. 249;
Alm jacuîus pedibus pyjlicis longijfmiis couda extrctn^
0i>fâ, HafTelquift. Irin, cl, / ^ art» VU
Tome XL "j/^
Y2f M flotte Naturelle
ou gerboife proprement dite, qu! a îêè
pieds faits comme les autres fifîipèdes,
quatre doigts aux pieds de devant , & trois
^ ceux de derrière. 3.° L'AIagtaga (bj^
Le Gcrbua. Gknures d'Edwards , p. 1 8 , fig, pi. 2 1 9 j
V' (^ ) Alcigutga , nom de cet animal chez les Tar^
, l;ares-MongGUS , & que nous avons adopte. M, Mel^
^rchmid qui a rranlinis ce nom , dit qu'il Hgnifie ani~
', » maf qui ne petit marcher ; cependant le mot alagtagd
\\ -> me paroît très-voifin de letaga , qui, dans le mênrç
- ^ pays , dcfigne le polatouche ou écureuil- volant ; ainfi
je ferois porté à croire f\\x'alagtaga comme letaga*
* font plutôt (\es noms génériques que fpécifiqùes, &
i cfu'ifs défigncnt un dnimal qui vole, d'aut,1nt plus que
/ Strahlenbèrg , cité par M. Gmelin, au fujet de cc|
jmimal, ïzi^^Wt Liéi're volait,
t.
■ ' ' . Cunicuks feu kpus Indkus utias diéhs, AIdrov. dt
^h quad. digh. fig. pag. 595. Nota, t° M." Linnœus
' ' & Edwards ont rapporté au Gerbo cette figure doiincc
* "~ pSr AUrovàfide , mars elle me proît convenir un
peu mieux à l'alagtaga ; l'éperon ou quatrième doigt
éks pieds de deci'ière y elt bien marqué", & c'eft
par ce caradèrc que l'alagtaga diffère du Gerbo , qtn
ii'a que trois doigts fans apparence d'un quairièipe,
JNota, 2.° AIdrovandc a fait une fiiute en appliquant
' à cet animal le nom d'UtLis ; ce mot efl Américain
fc n'a jamais été employé que pour défigrter un petit
•; animai que les Efpagnols trouvèrent à Saint - Do-
mingue lorfqu'ils y arrivèrent ; & depuis quelques Au-
teurs l'ont appliqué au cochon d'Inde ; mais jamais
!^ û n*a pu défjgnter ni l'alagtaga ni le gerbo. Je cxoii^
\
:z les Tar*
•. M, Met;
fignifie anl-
)t alagtagd
[îs le même
Dlant -, îiinft
.me letaga*
îcifii^ues , &
int plus qUÉ
fujei de ce;
des Gerloifes. tiy,
rfoiit les jambes font conformées comme
celles du gerbo , mais qui a cinq doigts
aux pieds de devant & trois à ceux
de derrière, avec un éperon qui peut
paflèr pour un pouce ou quatrième doigt
beaucoup plus court que ies autres. 4.*
Le Daman Ifràél (c) ou Agneau d'Jfraël,
qui a quatre doigts aux pieds de devant
& cinq à ceux de derrière, qui pourroit
bien être ie même animal que M. Lin-
l
ue ce mot utias , qu'on doit prononcer outiâs , vient
tcomiàs, nom que quelques Auteurs donnent à l'acoutî
ou agouti, & que pir conféquent Tutias ne défigne
pas un autre animal que l'agouti , qui étoit & qui e(l
encore naturel à l'île de Saint-Domingue , & qu'on
y a trouvé iorfqu'on en fit lu découverte. Il y a eu Aq
tout temps d:ins les Antilles (dit l'Auteur de fHif-
toire àts Antilles ) quelques bêtes à quatre pieds ;
telles que l'oportiim ( fariguc ) , le javaris (pécari) , le
tatou , l'acouti & le rai mofqué (pilori). Hifi, Nat, des
I/les Amilles , page 121.
Cun'icuîus pumilh , fallens , cauda îongiffmiti. Gmelin*
JVw. Corn, Acad, Peirop. tome V, tab. xi , fig. 1 .
(c) Daman Ijracl , agneau d'Ifraël. Voyage de Shnw;
tome II , page 75.
Animal poddam pumite cunkuh non dîffunik , fed
tmkulis nuijiis qiiod agnum filioriim Ilraël mticupaht,
Profp. Alpin. Hift. Aî^^t* lib. I V , cap. i x ,
pag. 232* ; t;/i'ii;<ii i .» ' .\
F ij
f £4 Hiflolre Naturelle
|l,^us a défigné par la de'nominatîon cfei
/\4us longipes (d).
Le gerbo a la tête flûte à peu-prè^
,commé ceHe du lapin , mais il a les yeux
plus grands & les oreilles plus courtes
quoique hautes & amples, r-elativenient
à fa taille ; il a le nez couleur de chair
& fans poii , le mufeau court & épais ;
4 'ouverture de la gueulé itrès - petite , la
mâchoire fupérieure fort ample , l'infé-
jieure étroite & courte; les dents comme
celles du lapin.; des raowftaches autour
(çle la gueule , çompofes de longs poils
noirs & blancs ; les pieds de devant
font très - courts & ne touchent jamais
îa terre ; cet animal ne s'en fçrt que
comme de mains pour porter à fi gueule.
Ces mains portent quatre doigts " munis;
.(i'ongles , & le rudiment d'un cinquième
.doigt fuis ongle : les pieds de derrière
Jï'dnt que trois doigts, dont celui dit
( d ) Longipes, Mus caudâ elongatâ vejfitn, jmîmî$
tttradaéiylis , p/antis pemadnâylis , femoribus longijfmis,
l-in. Sjyfl' nat, edit. X, pag. 6i. Nota. Le \Xiol femo-
rjbus eH ici mal appliqué , ce ne font pas les cuiffes
,ni ipêrtie ifs jambes, mais les premiers os du pied-
jljîes niétataifcs que ces animaux ont très- longs.
âes Gerloifesi Ti^^
Tiîîlîcli efl un peu plus long' que Ic$
deux autres, & tous trois garnis dongles 1
la queue eft trois fois plus longue que
le corps ; elle eft couverte de petits
poils roides , de la mène >uleur que
ceux du dos, &' au bo^. ei: eft garnie'
de poils plus longs , plus doux , pluâ
touffus , qui forment une efpèce de houpe
noire au commencement & blanche à
^extrémité. Les jambes font nues & dà
couleur' de chair , • aufîi-bien que le nez
& les oreitlesT: le deflus- de' la tcte &
le dos font couverts d'iîn poil rouffâtre ,
les flancs , le deffdus de la tête , la gorge,
lé ventre & le dedans des cuifîës font
blancs ; il y a au bas des reins & près dé
la queue , une grande bande noire tranP-
Verlàle en forme de croiffant. (e),
L'alagtaga eft plus petit qu'un lapin , •
îl a le corps plus court, fes oreilles font
longues , larges , nues ) minces , tranf*- '
parentes ' & parfemées de vaifFcaux fan-^
(é) Voici les dimenfîons de cet animal, données paé '
Haflèlquift. Alagnitudo corporis ut in mure domeflico tua^
jfire. Menfuratio capih poil, i . corp, poil, z -j. caufK '
pi th. I -^^ pejl, ped, fpith, \. cmieu infia poWcctni Afyj^^*
p^ifp9ll.J.- ■ : ^^^ -4
F 1!)/
'12^ Htfioîre Naturelle .
guins très - apparens ; la mâchoire fu-
périeure eft beaucoup plus ample que
l'inférieure , mais obtulè &l afTez large
^ l'extrémité ; il y a de grandes moul-
tachcs autour de la gueule ; les dents
font comme celles des rats ; les yeux
grands , l'iris & la paupière brunes ; le
corps eft étroit en avant , fort large &
prefque rond en arrière , la queue très-
longue & moins grofle qu'un petit doigt,
il elle eft cotiverte fur plus des deux
tiers de fa longueur , de poils courts
& rudes ; fur le dernier tiers ils font
plus longs & encore beaucoup plus
longs , plus touffus & plus doux vers le
bout où ils forment une efpèce de touffe
jioire au commencement , & blanche à
l'extrémité. Les pieds de devant font
très - courts , ils ont cinq doigts ; ceux
de derrière qui font très - longs n'en
ont que quatre , dont trois font fitués
en avant , & je quatrième eft à un
pouce de diftance des autres ; tous ces
doigts font garnis d'ongles plus courts
dans ceux de devant , & un peu plus
>, iongs dans ceux de derrière. Le poil de
. <:ct animal eft doux & aflêz long , fauve
'> ■
dei Gerhoifes, la^^
fur le dos , blanc fous le ventre ("fj.
L'on voit en comparant ces deux def^
criptions dont la première efl tirée d'Ed-
ivards & d'Hafîeiquift , & la féconde d)e
Gmelin , que ces animaux ie reflembler^t
l^refqu'autant qu'il efl: poifible ; le gerbp
efl feulement plus petit que Talagtaga,,
Si n*a que quatre doigts aux pieds dp
devant, & trois à ceux de derrière fan^
cperon , au lieu que celui-ci en a cinq
aux pieds de devant , & quatre , c'eft-àr-
dire , trois grands & un éperon à ceuf
de derrière ; mais je fuis très - porté ^
croire que cette différence n'eft pas conf-
iante , car le dodeur Sjiaw /gj qui ^
doimé la defçription & ia figure d'un
gerbo de Bîjrbarie , le repr^'lqite ^vç^
M
/f) Voici Içs Himenfions (Je cet animal, (Jonnéips pajp
Cmelin. Longitudo au extremo roflro ad initium cqud^
poil. 6 ; ad ocubs polL ■• ^uricularum poli, i ~'; eau dit
poil. 8 7 ; pedum ameriorum ait humtro ad exmmoi ujqut
digiios poil, I -7/ pedum pofleriorimi àfuff'ragmibus ed
initium ufqtu cakçinei poil, } ; à calcaneo ad exortum digiti
pofierioris poil, i / ad extwiios ungùes poil. 2, Latitude
corporis éfitterioris poil» 1 j, ppjler loris poil, j , auricHr
hrum poil, ~ ' ' '
(g) VoyagCidu Dodeur 5haw, foges 2^8 it,
'^f9>Js^ _ .... -
'i^t^i
,-''-^.V« ^i'*'i
1, >
fi 2 8" Hiflotre Naturtlk
cet éperon ou quatrième doigt nux pîeA
de derrière; & M. Edwards remarcfue
qu'il a foigneufement obfervé les deux
gerhos qu'il a vus en Angleterre , & qu'il
ne leur a pas trouve cet éperon ; ainfî
ce caracfVère qui paroîtrot diftinguer fper
cifiqueiuent le gerbo & l'alagtaga n'étant
pas confiant, devient nul & marque plu«-
tôt l'identité que la diverfité d'efpèce ; la
différence de grandeur ne prouve pas non
plus que ce Ibient deux espèces diffé-
rentes, il fe peut que M/' Edwards ôc
Haffclquift n'aient décrit que de jeunes
gerbos, & M. Gmelin un vieux alag-
taga : il n'y a que- deux chofes qui me
iaifFent quelque doute , la proportion dé
la queue qui eft beaucoup plus grande
dans fe gerbo que dans l'alagtaga, & fa.
différence du climat où ils lé trouvent.
Xe gerbo eft commun en Circafîie (h)\
en Egypte (ï), en Barbarie, en Arabie,
(h} On trouve en CircafTié .auflTi-biçn qu'en Pérfè,
en Arabie & aux environs de B^bylone , une cfpècc
<Je mulot 7k}^^c\ét Jerbuah en Arabe, de la grandeur
& couleur à peu près d'un écureuil'. .... Quand il
faute, il s'élance à cinq ou lix pfeds haut de terre, . ,
Il quitte queiqutfoii les .champs <Sc.fe fource dans .les
^ail'ons. Vayage d'Olearius ^ pajve 1 77,
(ij ^riÉj^ie, je vis 4e petits jniipiux qui cqi^
y es Gerhotfesi- \i^
& Paîagînga en Tarrarie, fur le Volga i%t
jufc|u'cii bibérie : il e(t rare que le même
animal habite des clijnats aulli clifïërens ;
& iorfque cela arrive , rcfpèce fubit dd
grandes variétés , c'cll aufli ce que nouS '
j)rcrumons être arrivé à celle du gerbo ,'">
dont l'alagtaga , malgré ces différences ^ ■
ne nous paroît être qu'une variété;
Ces petits animaux cachent ordiriai- '
rement leurs mains ou pieds de devant ^"
dans leur poil , en forte qu'on dirort qu'ils: '
n'ont d'autres pieds que ceux de derrière;'-
pour fe tranfporter d'un lieu à un autre , -
îfs ne marchent pas , c'eft-à-dire , qu'ils^
n'avancent pas les pieds l'un aprè^ l'autre * •
mais ils fautent très - légèrement & très- ^
vîte , à trob ou quatre pieds de diftance j* ''
& toujours debout comme des oifeaux ;
en repos, ils font affis fur leurs genoux,,
ils ne dorment que ie jour & jamais la-
jiuit ; ils mangent du grain & des herbes '
roient très-fort (\xt leurs deux jambes tJè derrière; elles* ■'
cioient fi ionoues qu'ils (emblortnt montes fur itf '
cchiifTes. Ces animaux terrent comme les lapins. On*^
en prit fept cjuc j'emportai ; il m'en eft refté deux que'"
j'ai apportés en France , où ils ont vécu à la Mena-*
gerie du Uoi pendant deux ans. Veydge de Paul Lucti^i' '
IjO H]f}o}rc Naturelle
comme les lièvres ; ils font d'un naturel
ftffcz doux , & néanmoins ils ne s'appri-
voifent que jufqu'à un certain point , ils
fe creufent des terriers comme les lapins ,
& en beaucoup moins de temps ; ils y
font un magafin d'iierbcs fur ia fin de
l*èié, & dans les pays froids ils y paflent
l'hiver.
Comme nous n'avons pas été à portée
de faire la dîiïe<îlion de cet animal , &
que M. Gmelin eft le feul qui ait padé
de la conformation de fes parties inté-
rieures , nous donnons ici fes obfervations
en attendant qu'on en ait de plus pré-
ciles & de plus étendues (k).
A Vécr^rd du daman ou agneau d'Ifraèl
qui nous paroît être du genre des gcr-
f/ij Œfophûgiis , uti in lepore if cunîcuh, medi»
venn;culo inferitur , inteflinum cactim brève affmmium fed
artiplum eff ht proceffum vérmifomiem , duos poHices httgum
.éthiens, Chokdochus mox infra pyhrrum intçjllnwn (ubitt
-Veficn urïnaria citrinu aijuâ phui , meri nulla pUne dif-
tindio : vagina enim canalis injlar fint uUis artificiis in
puhem ufqne p-otenja in duo mox cornua dividitiir , qua uhi
ovtrriis appropinquant viulia^ inflexiones ficium & in opa»
riis termiitantur. Penem viafculus hahet fans magnum , cid
cir'ca vefica urinarice colhim vefictda feminales unciam
tfm dinifJio ionga , gracih if fxtremitatihs intorta
adjacent, Foramen autjinus qunfdam inkr totum if peMUt^
-t. H
€fes Gerhoifes. 1311
|}oi(es , parce qu'il a comme elles les
jambes de devant très - courtes en corn-
])araifon de celles de derricre, nous ne
pouvons mieux faire , ne l'ayant jamais
vu , que de citer ce qu'en dit Je dov^ur
Shaw , qui é|oit à portée de le comparse
avec le gerbo , <& ,qui çn parje cprnine
de deux efpèces çlifferej^'^tes : e< le daman
Ilraël, dit cet Auteur, e(l aulîi uïi ani- çc
mal du mont Liban , mais également «
commun dans la Syrie & dans la Phé <c
jiiçie ; c'eft une bête innocente qui ne «c
•fiiit point çle mal , & qui re(îem]3|le çc
pour la ^îtilk ôi. po\ir la figure îvvi I^piA <;<
ordinaire., & desits de devant étant gc
aulîi difppfées de la même manière; ce
feulement il eil plus brun & a les yeux ce
plus petits' & la tête plus pointue ; les ce
pieds de devant font courts , & ceux de ce
derrière longs , dans la même propor- ce
tion que ceux du j^erboa ( gerbo) . Quoi- ce
qu'il (e cache quelquefois dans la terre , «
aut inter amim & vuïvam nullomodo jmui difcemerei
licet quajuis in indagatione ijla caittelas adhibuerini . . . J
Cuniculi Amerknni , forcelli pi lis ir ime. Marcgrav*
Fahrica intertiarum pariium ab hoc animnli non mu/twx
.abludunt, Gmelin. Nsv» Com^ oc. Fetrop, tome Vu
art. VII, ..V.,,
F Vf
2?
il
>5
•5» faf retraite ordinaire ell dans les ixfs^^
-»^&' fentes de rochers, ce qui me faà
î» croire, continue M.' S ha w, que c'eft
:^ cet animai plutôt que le jerboa (gerbo)
5> qu'on doit prendre pour \t faphan de
3> i'Écriaire j peribnjie n*a pu me dire
» lé noiTi nvoderne de daman Ifraël, qui
'figm^Q ûgneau d'Jfraël vt ( l ), Profper
A Ipin qui avôit indiqué cet- animal avant
îe- dodeur Shaw ) dit que fa chair eft
excellente à manger, & qu'il eft plus gros ,
que notre lapin d'Europe; mais-ce der*-
nier fait paroît douteux ,> car le dodleur
Shaw Ta retrai^ché du pafîàge de Profp^
Aipin > qu'il cite au rcfte en entier.»
01 yoyge dc.Shaw, tome II, page //g .
ri.ï
« ♦
f/ "f
^t'^f^^m.
..f5ir
tf
s
LA MANGOUSTE (a),
J^ A Màngoiîfle efl domeftique èif'
Egypte comme le chat Teft en. Elirope^i ,
^ elle ièrt de même à prendre les lburj$ ^
ffij Mangoufle , mot dérivé dé Mangutta ; nom d^
ipet animai aux Indes.
Ichneumon en Grtc & en Latin. Te(tT-dea en ArabéJ
félon le dodèùr Shaw.
î -i
Mungo par les Portugais, & Muncus par îes î-îoN
Jandoi^ de l'Inde , félon Kàmpfer, Qui/ ou Quilfpele à •
"Gcylan, fefort Gardas du Jarditti Chiri au Malabar»,
feion le P. Vincent Marie. '
ifcr Hh. IX , cap, 6»'-'
, Ichneumon, que les Égyptiens nomment Rat- de fha*
yaon, Ohjewations de Bdon , Paris, 1555, feuillet p f^J
Jg., ibid. r— Le rat de'Phataon ^ JBelon ,. de la nature des
Poifons, Paris ,1555» V^g' S S > fë' V^i^J?-
Ichnewmnfvt LutM ^g)ipii, AIdrov. de quad.tUgi'fm-
"pag. 298, fig. pag. 301.
SerpentkUnfive Aluncos. Rumph. //(?r^ Vlll, p. 4^1 -.
tab. a8, fi^. 2 & 3.
Viverra Mungo, Kœmpfer/ ^/w<t»/V. pag. 5741.'
Ichmumm, Mus PAaraonis, Profp. Alpin, hîjf^ -
ft'y^ Hîjlolre Naturelle
& -ies rats (h); mais fori goût pour îj
proie efl: encore plus vif, & fon inftind
plus étendu que celui du chat , car
elle chafTe également aux oilèaux , aux
«quadrupèdes , aux ferpens, aux lézards,
faux inlèdes, attaque en général tout ce
Ichnamon ou rat de Pharaon , Maillet , Defcri'ptm
ée l' Egypte , pag. 3^ , fig. ibid,
Muflela yEgyptiaca, Ichnmmon , id (fl, invefligatoY,
[Mus Pharaonis ; mus ^^pti ; Danuln ; Donola ; .miif
te/a yEgypii pecularist Lutra ^gypiu Klein , de Qu^id,
Aleles ( Ichneimon ), dlghis nadiis hngiorilus , Jatcra*
^dm aquaij/w ^b^niformibus* Voyage de Jiajjeïquifi,
art, IV, page 191. , .
The lëdian Ichteumcnt. . Edwards , Hijl. of Bit à
j>ag. fig. IV , pag, 299 , fig. ièid^
Muflela pilis ex éhido i^ nigricante variegntis vefiita»
\ichneumont riius PA^raoms. kbneuman ou \%M2^ngou^e,
vulgairement le rat de Pharaon, BrifT. Regn, wm^
pag. 150. . • ^ . '^. -
Ichneumon. Vi verra caudi i haji incrcfata Jeàjim atte-i
ituatft, Linu. Syjl. nar, edit. X.
(b) M'hi ichneumon fuit utilijfimus ad mures ex mé
cuhiculo fugiind^s , . , . . vnum alui a quo murium damna,
flâne ceffirunr fi quidcni quotquot ofènd'bat îmerimebat ,
JuTgeque ad hos necandos fidgandojque fêle efl ichneunm
mtilionVtoCp, Alp. Defsrîpt, jEgy^H.M*pi. , p» ^^5^
^e h Mdngwfle» 1 3 j'
qui lui paroît vivant, & (e nourrit de
toute lubllance animale; l'on courage eft
<?gal à la véhémence de fon appétit ; elle
jie s effraya ni de la colère , des chiens ,
ni de la malice des chats , & ne redoute
pas même la morfure des ferpens , elle
les pourfuit avec acharnement, les faifit
& les tue , quelque venimeux qu'ils foient,
& lorfqu'elle commence à reflentir les im-
preffions de leur venhi , elle va cher-
cher des antidotes & particulièrement une
facine (cj que les Indiens ont nommée
(c) Primim (mtUattmt. » , * % ra^ix eji planta maîaici
Hampaiddu T'aftah id.èfl Fel terrœ diéla àfapore ama^
rîftmo I^u/tranis ihideni Raja feu radix mungo
nppdata à muftelâ quadamfeu viverra Indis mUnguftia..i.^
appellntn qua. radiam monjlrajft if ejus ufum, . . • |«
jfrirna prodidife creaitur. , . Indi igitur, . . . ,t
pracipue pii Sumatram & Javam incolunt jive ufttni i
wu(iela edoéli fini ftve cafu quodam invtmrint radicem f>jv
expforato kabent aiîtidotn, Kœmpfcr, Anuenit.p. jy^,— -
Dans rinde * il eft une racine qui ne produit ni tronc »
ri hranches , ni feuilles, qui s'appefle chiri , nom
qu elle tire d'un animal qui fait feu! la reconnoître & la
trouver. Cet animal e(î grand comme une marte, &. lut
Te(Tembie aflTez par la forme , excepté qu'il eu un peu plus
corfë (corpuknto) : la couleur de fon poil e,ft obfcure,
qui cfl dur, tendu & hcrifle comme celui àts fangliers^
mais moins long; fa queue eft charnue, liflè & unltf
comme celle de la marte. L'antipathie (^e cet anlnoal^g
li
\t'f6' T^ifloke NattireÏÏt
cfe Ton nom, & qu'ils difent être ûh cîd?
plus fiirs & des plus puifl'ans remèdes
contre ia morfure de la vipère ou de
rafpic; elle mange les œufs cki crocodile
comme ceux des poules & des oiieaux,
elle tue Sa mange aufîi les petits croco*
diles (d), quoiqu'ils foient déjà très-forts
Î)eu de temps après qu'ils font fortis de
'œuf; & comme la fable efl toujours mife
par les hommes à la- fuite de la vérité^ ou
a prétendu qu'en vertu de cette^ ami-
pathic pour le crocodile, la mangouftc
çntroit dans (on corps lorfqu'il étoit en-
pour lés fcrpens cft extrtor^naire , h il rie fehible s'oc^
leupcr qu'à leur tendre àti cnahikhcs Les chaf-
fturs ont obrervé qu'il va déterrer la racine dont nous
venons de parler, foit pour fe gucnV, (bit pcnr fc
préTerver de rtffàt du venin . » » on fa regarde comme le
meilleur antidote qire l'Iade foumifîc. Voyrge du Pèn
Vinrem Marie , traduélioil communiquce par M. i»
marquis de Montmiruil.
' (d) \Jlchneumen ou rat de Fhrvtaf^n ; efl Une crpccè
(de petit cochon fainave, joK & très-aifé à apprii
voifer , qui a le p>il hérUfe comrtte un porc épie \ il
efl ennemi àt% antres rats, & lur-tout des croc<xlilcs;
non feulement il dévore leurs œufs, dont il fe nourrit j
nrais il attaque encore avec courage les petits croco-»
diles, dont il Tait venir à bout, en les prenant par le
cou , au défaut de la tcte. Dejcrîpthn de l'Ég^te , fat
2e là Mangouflèi Yj 'f[
ffonni', & n^en fortoit qu'après lui avoir
déchiré les vifcères.- y
■ Les Naturaïifles ont cru qii'iî y avoft
plufreurs efpèces de mangoufles , parce
qu'il y en a de plus grandes & depluis
petites , & de poils difîërens ; mais fi Ton
fait attention qu'étant ibuvent élevées dans
les maifons , elles ont dû , comme les
autres animaux domeftiques , Tubir des
variétés , on fe perfuadera facilement quft
cette diverfité de couleur & cette diffé-*
rence de grandeur n'indiquent que dé
fimples variétés , & ne fuffifent pas pour
conftituer des efpèncs , d'autant que dans
deux mangoufles que j^'ai vues vivante^
& dans plufieurs autres dont les peaux
étoient bourrées , j'ai reconnu les nuances
intermédiaires , tant pour la grandeur qud
pour la couleur, & remarqué que pas
une ne différoit de toutes les autres par
aucun caratHrère évident & confiant; ii
paroît feulement qu'en Egypte , où les
mangouftes font pour ainfi dire domef^
tiques , elles font- plus grandes qu'au^ji
Indçs où elles font f'auvages (e),
jfjj'JI^ Cet ichnemnon (dit Edwards) vençit dc| Injj^j^
s 3 8 Htjlolre Naturelle
Les Nomenclateurs qui ne Veuïéiif
jamais qu*un être ne foit que ce qu'il
cft, c'ert-à-dire, qu'il foit lèul de l'on
orîcntalcs & étoU fprt petit j fcn ai vU Un âiitfe venu
<d'Égypte qui étoit plus du double La (euleciif.
fcrencc qu'il y avoit , outre U grandeur , entre les deux
ichneumons , c e/l que celui d'Egypte avoit une petite
touffe de poil à l'extrémité de la queue , au lieu qiie
îa queue de celui des Indes fe tenninoit en pointe,
& je trois que Cch fait deux efpèces diftindes & ré-
parées , parce que celui ^c$ Indes qui étoit fi petit en
comparaifon ^e celui d'Egypte, avoit cependant prîs
fon entier accroifleinent. Edwards, page 199. Nota,
Ces différences ne m'ont pas paru fuiTifantes pour
établir deux efpèces, attendu qu'entre les plus petites
& les plus grandes , c'efl-à-dire , entre treize & ving;.
deux pouces de longueur, il s'en trouve d'intermé-
diaires , comme 4e quinze & dix - fept pouces de
grandeur. Seba qui a donné la figiire & (a dcicription
^ vj)l. .1 y. .pag, 'âS , tah, X.t{ ). d'ijne de ces petiti^-
nia^oufies qu'il avoit eu vivante , &; qui lui vcno^
de Ceylan, dit qu'elle étoit très-mal-propre & qu'on
n'avoit pu l'apprivoifcr ^ cette différence de naturel
pourroit faire penfer que cette petite mangoufle ef)
d'une efpèce différente àt% autres : cependant elle ref-
jfèmble Ç\ fort à celle dont nous avons parlé, qu'on
ne peut douter que. ce ne foit le même animal; &
d'ailleurs, je puis aflùrer moi-même avoir vu une de
CCS petites nrjan^ftçs qui étoit fi privée que fon
maître ( M. le préfident de Robien ) qui l'aimoit
beaucoup , la portoit toujours dans (on chapeau , &
faifoit à tout le monde l'éloge de fa genûllcne & 4ç %
propreté, • : . .
[ ^
r/r Ja Mûugoujle, l^ff
genre, ont beaucoup varié au fujet de
la inangoulle. M. Linnaeus en avoit d'a-
bord fait un blaireau , enfuite il en fait
un furet ; Halîelquilt , d'après les pre-
niières leçons de (on maître, en fait aufli
un blaireau ; M/' Klein & Brifîbn l'ont
inife dans le genre des belettes, d'autres
en ont fait une loutre , & d'autres un
rat; je ne cite ces ide'es que pour faire
voir le peu de confiftance qu'elles ont
dans la tête même de ceux qui les ima-
ginent, & aufli pour mettre en gardô
contre ces dénominations qu'ils appellent
génériques , & qui prefque toutes font
fiufles , ou du moins arbitraires , vagues
& équivoques (£}. ^
ffj Hnflclquift termine fa longue & scche deC-
cription de la niangouile par ces mots : Gûl/i
in ^.gypto converfames qui omnibus rehus quns non
cognofcunt , fua imfmunt nomina fêla appelfàrmt hoc
animai rat de Pharaon. Quod feqtmti qui Latine re^
hitiones Je yEsypto dederunt , Alpin , Beion , murent
Pluiraonis epnxerum. Si cet homme eût feulement lu,
Bclon & Alpin, qu'il cite, il auroit vu que ce ne
font pas les François qui ont donné le nom de rat
de pharaon à la mangoufte , mais les Égyptiens
mêmes, & il fe feroit abftenu de prendre de là
i^ccafion de mal parier de notre nation; mais l'oa
^4^ Ti'iPoke T^aiiïreîle
'. La Mangoufte habite volontiers auj^
ne doit pas être furpris de trouver i'împutatioti d'un
pédant dans l'ouvragé d'un écolier: en effet cette Jel-
cription de la m^ngoufle, ainfi que celle de la ginffe^
de quelques autres animaux , données par ce Nomeii-
clatcur, ne pourront jamais fervir qu'à excéder ceux
qui voudroicnt s'ennuicr à les lire : i ." parce qu'elles
(ont fans figures , & que ie nombre des mots ne peut
foppléer à la représentation, un coup d'œil vaut mieu?t
dans ce genre qu'un long détail de paroles : a .** Parce
que ces mots ou paroles iont la plupart d'un Latin bar-
bare ou plutôt ne font d'aucune langue \ 3 .* Parce quk
h méthode de ces defcriptions n*ert qu'une routine que
tout homme peut fuivre , & qui' ne fuppofe ni géni«
ni même d'intelligence : 4.." Parce que la defcriptioii
ciant trop minutieufe, les caraélères remarCjuables , fii>
guliers &: dirtindifs de l'être qu'on décrit , y font con»
/ondus avec les figncs les plus obfcurs , les plus inditfé*
rcns^'^ les plus étiuivoqucs : 5 .* Enfin parce que le trop
grand nombre de petits rapports & de combinaifons pre.
caires dont on cft obligé de charger fa mémoire , ren-»
ifént le travail du ledeur plus grand que celui de i'au-»
tcur, & les laifîè tous- les deux auffrignoratis qu'ils l'é*
toient. Une preuve qu'aveccette méthod?on r€difpenr(j
de lire & de s'iiiftruirc , c'eft i.* la faufle imputation
que l'Auteur fait aux François au fujct du rat de i^h;^
raon ; c'eft, 2.** l'erreur qu'il commet en donnant h
cet animal le nom Arabe Nems , tandis que ce mdt
Arabe eft le nom du furet & non pas celui de la
iTjangourte; il ne filloit pas même fa voir l'Arabe
pour éviter cette faute, il auroit fuffi d'avoir lîi les
Voyages de ceux qui l'avoient précédé dans le mêmf
J^y?*'}^ JLoniiflrîon qu il fait dq çhofès cnfentielle^i'
\'
'êe h Maugotifle', 14 tl
jK)r Js des eaux ; clans les inondations , elle
gagne les terres élevées, & s'approche
Ibuvent des lieux habités pour y cher-»
cher fa proie , elle marche lans faire au-'
Clin bruit , & (elon le befoin elle varie la
démarche ; quelquefois elle porte la tête
haute , raccourcit Ton corps , & s'élève
fur lès jambes ; d'autres fois elle a l'air
(le ramper & de s'alonger comme un (èr-
pent , fouvent elle s'aliicd fur (qs pieds
de derrière , ôl plus fouvent encore elie
î'élance comme un trait fur ia proie
qu'elle veut faifir , elle a les yeux vifs
& pleins de feu , la phyfionomie fine,
le corps très - agile , les jambes courtes ,
Il queue grofïè ,& très -longue, le poil
fcn même temps qu'il s'étend fans mefure^fur les mi
ditfcrcntes; par exemple, il décrit ia giraffe auflî
minutieufement que ia ma^goufle, & ne iaiffe pas que
«le manquer le caraélère eflTentiei, qui eft de (avoir lî
les cornes font permanentes ou fi elles tombent tous
ïes ans: dans vingt fois plus de paroles qu'il n'en faut,
l'on ne trouve pas ie mot néccflaire, & l'on ne peut
juger par fa deftription fi ia giraffe cfl du genre é&
cerfs ou de celui des boeufs. Mais c'eft afftz s'arrêter
fur une critique que tout Fiomme fenfé ne manquera
ps de faire lorfque de pareils ouvrages lui tqmberoi)j(
f ntre lc£ .niaips.
14^^ Htjlcire Naturelle
rude & fouvent hérifle ; le mâle & la fc-
nielle (g ) ont tous deux une ouverture
remarquable & indépendante des con-
duits naturels, une ei'pèce de poche dans
laquelle Te filtre une humeur odorante;
on prétend que la mangoufte ouvre cette
poche pour le rafraîchir lorfqu clic a trop
chaud : (on mufeau trop pointu & iii
gueule étroite i empêchent de iaifir & de
mordre les chofes un peu groiïcs, mais
( g ) Les hahitans d'Alexandrie nourriflent une bête
nommée ichncurnon , qui ell particulièrement trouvée
en Egypte. On la peut apprivcùier es maifons tout
ainfi comme un chat ou un chien. Le vulcraire a celFé
de ia nommer par (on nom ancien , car ils la nom-
ment m leur langage, rat de Pharaon. Or nous avons
vu que les payfans en apportoient i\cs petits au marclié
d'Alexandrie, où ils (ont bien recueillis pour en nour-
rir es maifon* , à caufe qu'ils chaflent les rats
Jes ferpens, &c. Cet animal efl cauteleux en épiant
fa pâture il fe nourrit indifféremment de toutes
viandes vives, comme d'efcarbots, lézards, chanie-
Jéons , & généralement de toutes erpèces de fèrpens,
de grenouilles, rats & Iburis ; il eft friand i\c$ oileaux ,
despoules.& poulets: quand il eft courroucé, il hérifTe
fon poil il a une particulière marque, c'cft un
grand pertuis tout entouré de poil hors le conduit de
l'excrément , refTemblant quafi au memiire honteux
dt^ femelles, lequel conduit il ouvre lorlqu'il a grand
iphaud. Beha, ObJ, leuil. ^5 , verji\
\^
rZ? la Ma tt gonfle: '143
elle fait fupplcer par agilité , par courage ,
aux armes & à la force qui lui man-
quent , elle étrangle aifément un chat ,
quoique plus gros & plus fort qu'elle,
fouvent elle combat les chiens, & quel-
que grands qu'ils foient elle s'en fait ref-
pedler.
Cçt animal croît promptement & ne
vit pas long -temps (h), il (è trouve eu
grand nombre dans toute l'A fie méri-
dionale ( i ) t depuis l'Egypte jufqu'à
fh) Files if ichneumm tôt numéro parium tpiot canes ,
vefcmturque eifdem , vivum circiter annosfex. Arift. HijI»
atiini. lib, VI , cap. 35.
//7 Mungos alunt rurn cahntîs Âfa omrtts , vfque ad
Cangem , etiam in Us regionibus in quihus radix wungo
îimçuam gerniinavit^ Koempf. Amanit, p. 5 74.. ■— La
inangoufte crt un petit animal très-joli, fait à peu-
près comrne nos belettes de France mais d'une
couleur incotnparablerhént plus belle. , . . Le Wané
& le noir dominent fur chaque poil , & il y a une
dpèce de rbuge qui fait la nuance entre le noir & fc
blanc. Sa queue efl couverte d'un poil avec les mêmes
nuances , & plus iong que celui du corps. Il a la
tête couverte d'un petit poil ras; (t?, yeux font gros
& Tes oreilles courtes & arrondies : cette manti;oufte
avoit deux pieds & demi de long depuis la tête juf-
qua l'extrémité de la queue..... elle venoit du
royaume de Calicut , & a été apportée en France
dans un vailfeau de notre efcadre; elle a vécu ù
1 4.4; Wiflohe "Naturelle
Java , & il paroit qu'il Ib trouve aufîj ea
Afrique, julqu'au cap <Je Bonne- cl jjc~
rance (k); mais on ne j)cut l'élever ailc-
_ jncnt , ni le garder long-temps dans nos
climats tempérés , quelque loin qu'on ca
prenne , le vent l'incommode , le froid
ie fait mourir ; pour éviter l'un & l'autre.;
'' & conlerver fa chaleur , il ic .met en
rond & cache fa tête entre (es cuifles.
Il a .une petite -voix douce , une efpcce
de murmure, & fon cri ne devient aigre
que lorfqu'on le frappe & qu'on l'irrite :
. nu reft^ la mangoufte étoit en vénération
chez les anciens Egyptiens , & mérite-
roit encore bien aujourd'hui d'être multi-
pliée , ou du moins épargnée , puifqu'elle
détruit un grand nombre d'animaux nui-
fibles , & ilir - tout les crocodiles dont
elle fliit trouver ies œufs , quoique cachés
Paris cinq moisi elle ctoit devenue fort famUicre.
Çiirjofit. de la Nat. &' de l'Art» Paris , 1705, page 2 t u
(k) L'hicneumon eft de la grandeur du chat , mais
il a la forme d'une mufaraigne Tout fon corps
eft couvert de poils longs , roides , rayés & tachetés
. de bisnc , de noir & de jaune. Cet animai , qui efli
très-commun dans les campagnes du cap, cfl graad
deflrudeur de ferpens & d'oifeaux, Defcrijition diMof
île Bunne-eJimmQe f pur lùlh, . tome III , chap. 5.
' ■ . . daujl
/:•/// .\7
M'. noHAK . /y /.//»././ /yy
l.\ JMANGOl STl-
tJ::' v' i'--
*^
f %.
Toi
âe la Md/îgoufle, ^45'
dans le fable ; la ponte de ces animaux cft
fi nombreufe (l) , qu'il y auroit tout à
craindre de leur multiplication , fi la man-
goufte n'en détruifoii les germes.
(l) Le plus grand (êrvîcc que l'içhneunnon rencî«
à l'Egypte, cil de brifer les oeufs àes crocodiles par-
tout où il les rencontre ; c'eft pour cela tjue les anciens
Égyptiens lui portoient \xn culte religieux. Voyage de
ptiul Lucas t tome lU^page 20). -. — Cctoit avco
jufiice que les anciens Égyptiens révéroient l'ichneu-
inon ou rat de Pharaon. L'on dit que de quatre cents
oeufs que le crocodile pond à ia fois , pour en fauvcr
quelques-uns de la fureur de cet ennemi mortel de (on
efpèce, il eft obligé de les tranfporter dans quelques
petites îles, lorfque le Nil s'eft retiré, Defcr/jnm ^
{'Egypte par Mailiet, $9me 11, page 12^,
■■ 4,
s.
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, V
•"*; , (i
Tome XI.
t46 Hijloke Naturelk
mmm
KM
LA FOSSANE (a).
Q.
,u E L Q u E S Voyageurs ont appelé
Ja Fofîîine , Genette de Madagafcar, parce
quelle refl'emble à la Genette par les
couleurs du poil , & par quelques autres
rapports : cependant elle efî conflamment
plus petite; & ce qui nous fait penfer
que ce n'eft: point une genette , c'eft
qu'elle n'a pas la poche odoriférante qui,
dans cet animal , eft an attribut elTentiel,
Comme nous étions incertains de ce fiit,
n'ayant pu nous procurer l'animal pour le
difféquer , nous avons confuké par lettres
M. Poivre , qui nous en a envoyé Li
peau bourrée , & il a eu la bonté de
nous répondre dans les termes fuivans:
Lyon, ip juillet ij6i. « La Folîànc
>3 que j'ai apportée de Madagafcar , eft
>3 un animal qui a les mœurs de notre
y> fouine : les habitans de l'île m'ont aiîuré
» que la. fofTane mâle étant en chaleur,
(a) Foffd ou Fojtane, nom de cet animal à Ma-
dagafcar , & que nous avons adopte.
\^-
Je la Foffcine» ' 147
les parties avoient une forte odeur de ce
lîiufc. Lorfquc j'ai fiiit empailler celle cf
qui elt au Jardin du Roi, je l'examinai ce
attentivement, je n'y découvris aucune ce
pociie , & je ne lui trouvai aucune ce
odeur de parfum. J'ai élevé un animal ce
fcmblable à la Cochinchine, & un autre c<
aux îles Philippines , l'un & l'autre <c
étoient des mâles , ils étoicnt devenus ce
uii peu familiers , je les a vois eus très- ce
petits , &: je ne les ai guère gardés ce
que deux ou trois mois; je n'y ai jamais ce
trouvé de poche entre les parties que ce
vous m'indiquez , je me (liis feulement ce
aperçu que leurs excrémens avoient ce
l'odeur de ceux de notre fouine. Ils ce
mangeoient de la viande & des fruits , ce
mais ils préféroient ces derniers , & <e
montroient fur-tout un goût plus décidé ce
pour les bananes , fur lefquelles ils fe ce
jetoient avec voracité. Cet animal efl ce
très-fauvagc , fort difficile à apprîvoifer; ce
& quoiqu'élevé bien jeune , il conferve ce
toujours wn air & un caradère de ce
férocité , ce qui m'a paru extraordinaire ce
dans un animal qui vit volontiers de ce
fruit. L'œil de la FofTane ne préfènte ce
G 1/ .
[14-8 Hiftolre Ncituretkt &c.
» qu'un globe noir fort grand , compnri
» à la groileur de fu tête, ce qui donnt
à cet animal un air méchant. »
Nous fommes très - ailes d'y voir cette
occafîcn de marquer notre reconnoi/Tancc
à M. Poivre , qui par goût pour i'Hill
toire Naturelle, &. par amitié pour ceux
qui la cultivent , a donné au Cabinet un
■ afîcz grand nombre de morceaux rares <S(
précieux dans tous les genres.
li nous paroît qup l'animal appelé Berhi
en Guinée, ell le même que la foflanc,
& que par conléquent cettje efpèce 1«
trouve en Afrique comme en Afic. c< L.ç
53 berbé, difent les VoyageursY^^, a Iç
•» mufeau plus pointu & le corps -^Xys^
v> petit que le chat, il efl marqueté cojnmc
j îa civette. » Nous ne connoilTons pas
d'animal auquel ces indications qui font
affez précifcs conviennent mieux qu'à la
foffanç.
(b) Voyage en Guinée par Bofman, /w^f ^i^i
. j^^. »#* I, l'aide 2J^>
• ' ;/
C.
^>.> , J.':r.
I
\ ^>
»4»
LE VANSIRE (a),
V>EUX qui ont parlé dé cet aniinal,
l'ont pris pour un furet, auquel en efïet
il reflemble à beaucoup d'ëgards , cc-
pendant il en diffère par des caraclcres
qiii nous paroiflent Tuffifans pour en fiiire
une efpèce diflinde & fcparée. I.e Van-
fire a douze cFents mâchelières dans la
mâchoire fupéricure , au lieu que le furet
n'en a que huit ; & Tes' mâchclicres d'en
bas , quoiqu'en égal nombre de dix dans
ces deux animaux , ne fc refîembjent ni
par la forme ni par la fituaiion rei'pecflive :
d'ailleurs le vanfire diffère par la cou-
leur du poil, de tous nos fmcts, quoique
ceux- ci , comme tous les animaux que
(n) Vanfre , mot dérive cîc Vahung shira , nom cie
cet nnimal à M:uiagîifcar. f.a province de B;ïlta, tl.ms
ic royaume de Concio,, offre une infiniréde beaux (iiMes
(m:\rtres), qui portent le nom d'Infire. Hii'loire géiU'ruft
es Kyvii^'i'*, tome V, pnae 87. Nof.u 11 n'y a point dft
f.il)lc> ou de niurtrcs à Coii^jo, c<;. !;i re(rtmhl;înce du
nnin nciis fi'.it croire (jue rinll;.'.' de Congo pwurroit
Kicn glre !c vanfire de MaJaa.ilcar.
G iij
T
h
U-
150 ^ Hîftoire Naîurelle
l'homme prend foin d'élever & de multi-
plier , varient beaucoup entre eux , même
du mâle à la femelle.
Il nous paroît que l'animal indiqué par
Seba (bj fous la dénomination de Belette
de Java, qu'il dit que les habitans de
Mcette île nomment Koger-Angan, & qu'en-
> fuite M. Briffon /cj ^ nommé Furet de
Java, pourroit bien être le même ani-
mal que le vanfire ; c'efl au moins de
tous les animaux connus , celui duquel
il approche le plus ; mais ce qui nous
empêche de prononcer décirivement ,
c'eft que la defcription de S^ba n'eft
pas aflez complète pour qu'on puifle
établir la jufte comparaifon qui fcroit
iiéceflàire pour juger iâns fcrupule. Nous
la mettons fous les yeux du iedeur (d)^
*■
(If) AluJieU Jamnka, Ab incolîs Javct Kogcr-anjran
vocatur, Scba , vol. I, pag. 77, n," 4, lab. 48,
fig. 4.
(cj Alujîeln fupra mfa , infm dïîute Flara, cauJa
apice nigricante , . . . , Viverra Javanica, Le furet de
Java. Brid. RegK,nnim, pag. a4j-.
(<ij Jamnica fjac mujïela , hic rcprejemata colh f
corjjore cil breviorllms ([uam nojlras ; cajmt tcgmts /.Vj
/V//.-r/.
vt»^ «/%«-*^-. -^i-
» -«■*-■••- -r
•i:„n , Xf. J. A F O s SAN K . P/. i^Pa^y. i.î,> ■
I-i; \ AN SI Kl
1^^ i
•l'" 4
Jn Vattftre: Y5ÏI
pour qu'il puidè lui-même la comparer
avec la nôtre.
olifcure fftadicei tm , wffi mi <torfum , ftiîutt vtro fait
^ui vmrtm vejliunt, cauda intérim in apicem acutum
if w'ffricaittem dfjinmtt Seba» vol. I, pag. 78*
^
G»»»»
"^rjf HiJIoke Nûtunlle
w
LES MAKIS (a),
V> o M M E l'on il donne le nom de
Maki à plulieurs animaux d'efpèccs difFé-
rentes, nous ne pouvons l'employer que
comme un terme gcnciique, loustlîquel
nous comprendi'ons trois animaux qui
fe refie.nblcnt allez pour être du même
genre, muis. qui diftcrent aufli par un
nombre de caradcres lliffifant pour confti-
tuer des cfpèces évidemment différentes.
Ces trois ailimaux ont tous une longue
<|ueue , &: les pieds conformés comme
les iiii-jcs ; mais kur mu (eau ell alonofé
coinru" celui d'une Ibuine , & ils ont à
la iiiâchoire inférieure fix dents incifiveSy
au lieu c[ue tous les fmges n'en ont que
quatre. Le premier de ces animaux efl:
le Mocock (b) ou Mococo que l'on
(a) Nota, Il pnt'oît que fe mot Ala^i a été dé:i\c
de nwiok ou w •'caiic, uni eft le lîom t|ue \'oy\ lioiinc
communémer L à ces animaux au Mozambique h
A.w^s, les îles voilincs de Madagafcar, dont ils font
oriiitmij-e^,
o
(b^ ^I^cok ou macvco , nom de cet animai fur les
des Aliikis» r j J
connon vulgaircniein fous le nom de
y^/^/Â'/ a queue annclée. Le fccoiid cil le
Aiongous (cj appelé vulgairement ylldlîi
brun; mais cctie dciiomination a cté mal
appliqucc , car dans ccuc crpccc il y ea
a de tout bruns fd), d'autres qui ont les
côtes orientales de l'Afl iiiuc, &. (juc nous avons adopt'i
(. L,'î!i; de Johanna , • fr.r la côre liu Mozambique j,
pioJuit une eîpcce de luttes qui reflembleiu au rc- *
jMrd , tîv qui ont l'œil tixs vitj leur poil cil laincu>f <4
^^ couleur de louris; leur queue, qui a environ <*
trois pieds de long, c(l liario!ce avec des ccrclc> «
noirs , à un pouce de didancc : les h;'.bitans les <t
nppc'.Iciit !/;<Cfh Quand on les prend fort jeunes , on «
les appiivoifc bientôt.» l'tjù'^e fJc Fr, Hcrri Grojfc :
Londres, 175 H, ptige ^2, 0\\ 3pjx.llc audi cet ani-
niial Vitryix Madii^ifcr.r. « Dans lis \ni{r.tres& Me.i-
fil!c5, il y a des linges blancs en quantité, qu'ils "
appelltnt vcri , qui ont la quel e raicc de noir ti de <«
blanc. >• l^oj'.'îoe de F/ucamt , j-agc 1 'yii. »
Priftnia cithrca, ctm.Ifi chiân (UVitilii ahbrnatîm aïùis
t nfoiis Le maki à queue aiuiclce. Brifl. Re^ni
flv/w. pag. 2 2 2.
T/ic vuiucauco. Edwards , Hiji. of Ëirds , pag. i f>7,
^i.;. ;7'/i/.'
CtV!d, Lcvtur catitifi cvwu!atù. Ilinn; c^-/?. uut, ti}dt. X%
( c ) A'h'Tîgous , nom de cct-anitr.aî'aux Indes orien-
tales, & que i'u;us ;i\ous adiopié. . •: >
. (d) Sitiia fckruikniigkofi s fnfcus, Petl\cr Gazophyî,
lab. 17, fig. 5. , . v^ • •
G V
IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-3)
1.0
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£ us 1110
1.25 1.4 1.6
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Sciences
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23 WIST MAIN STRIIT
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(716) B73-4S03
1 '-
'1-54 Hifoire Nciturefle
joues & ies pieds blancs (e) , & encore
d'autres qui ont les joues noires & les
pieds jaunes (f). Le troifiènie eit le
Vari f g) f appelé par quelques - uns
A^aki-pie; mais cette dénomination a
été mal appliquée, car dans cette efpècc,
outre ceux qui font pies , c'eft-à-dire ,
blancs & noirs , il y en a de tout blancs
& de tout noirs (h). Ces quatre animaux
ibnt tous originaires des parties de l'A-
frique orientale , & notamment de Ma-
dagafçar où on les trouve en grand
nombre. • ' '
(t) Proftmia fufca, Lf maki. Briflbn, Regn, tinïm»
2 2 0. Projîmia fufca, nafo , gutture & pe !iùiii
Le maki aux pkds blancs. Bri^. Kegn,
tiiiiw. pa^. 2 2 1.
The inonj^floi. Le mongous. Glanures Edwards ^
pag. 1 2 , fift. ibid,
(f) f^cfiniia fifca, rufo ndipixto, fiicie n'igra, ycddmi
fulvis Le maki aux pieds fauves. BrilT. Regn»
anim. pag. 221.
(g) Vari ou Var'icojji, nom de cet animal à Mada-
gafcar , & que nous avons adopté. €c H y a ù Madagalcar
» de grands fingcs blancs , qui ont Ats taches noires ùir
» les côtés & (ur la tête , & qui ont le mulèau Ion»
V conimc un renard ; ils les nomment à Manghabey
varkojfi. » Voyage de Flaceourt , page 1 5 j .
(h) The blûk maucauco. Le maucauco noir. Clanutn
d'Edwards , pag. 13, fig. ibid*
'x^ des MakiS. >■ i j j;
Le mococo eft un joli ammal , d*une
phyfïoiiomie fine , d'une figure élégante
& fvelte , d'un beau poil toujours propre
& luftré ; il eft remarquable par la gran-
deur de (es yeux , par la hauteur de (es
jambes de derrière qui font beaucoup
plus longues que celles de devant , & par
Ih belle & grande queue qui eft toujours
relevée , toujours en mouvement , & fiir
laquelle on compte jufqu'à trente anneaux
alternativement noirs & blancs, tous bien
diflinds & bien féparés les uns des autres i
il a les moeurs douces , & quoiqu'il re(^
feinble en beaucoup de chofes aux finges,
il n'en a ni la malice ni le naturel. Dans
fon état de liberté il vit en focicté , & on
le trouve à Madagafcar (ï) par troupes
de trente ou quarante ; dans celui de
captivité , il n'eft incommode que par le
mouvement prodigieux qu'il le donne,
c'eft pour cela qu'on le tient ordinaire-
ment à la chaîne, car quoique très -vif
& très -éveillé, il n'eft ni méchant ni
(t) Les varis qui ont la c]u<'ue raiée de noir & cît
blanc, marchent en troupes de trente, quarante ou
cinquante. Ils reflcmblcnt aux varicofTis. Voyage de
riaccourt f page i^^,
G v)
.-■ -,V--h''"T'T'\-
155 Hîftoire Naturelle
fîmvage, il s'apprivoi(è afTez pour qu'on
puifTc le liiiflèr aller & venir làns craindre
qu'il s'enfuie ; la démarche eft oblique
comme celle de tous les anipiaux qui ont
quatre mains au lieu de quatre pieds : il
(iiute de meilleure grâce & plus légère-
ment qu'il ne marche ; il eft aflèz lilen-
cieux & ne fait entendre fa voix que par
un cri court & aigu , qu'il laifle pour
ainli dire échapper lorlqu'on le fui prend
ou qu'on l'irrite. Il dort aliis , le nuifeau
incliné & appuyé fur fa poitrine : il n'a
pas le corps plus gros qu'un chat , mais
il l'a plus long; ik il paroît plus grand,
parce qu'il elt plus élevé fur les jambes:
ion poil, quoi([He ircs-doux au toucher,
n'eft pas couché , 6: le tient allez ferme-
ment droit ; le mococo a les parties de
la génération petites & cachées , au lien
que le mongous a des tefticules pro-i
digicux pour la taille , & extrêmement
ap})arens.
Le mongous cft plus petit que le
mococo, il a comme lui le poil foyeux
& aflez court, mais un pr ' frifé ; il ^
nullr le nez plus gros qu' ; mococO,
Ô, ïfTcz fembliibic à celui du vari. J'ai ei\
des Makhi 157
chez moi pendant pluficurs années un
de CCS mongous qui étoit tout brun ;
il avoit l'œil jaune , le nez noir & les
oreilles courtes ; il s'amulbit à manger la
queue , & en avoit ainli détruit les quatre
ou cinq dernières vertèbres ; c*étoit un
animal fort Hile & alTcz incommode, on
croit obligé de le tenir à la chaîne; &l
quand il pouvoit s'échapper , il entroit
dans les boutiques du voifinage pour
chercher des fruits, du fucre, & lur-tout
des confitures dont il ouvroit les boîtes ;
on avok bien de la peine à le reprendre,
& il mordoit cruclleiricnt alors ceux même
qu'ir connoifToit le mieux: il avoit un
pciit grognement preique continuel ; &
iorfqu'il s'ennuyoit ^ qu'on le luifloit
lèul , il Çq failbit entendre de fort loin par
un coaflement tout fcmblable à celui de
la grenouille; c'ctoit lui mâle, & il avoit
les lefiicules extrciucment gros pour la
taille; il cherchoit les chattes, d< même (e
laiisfairoit avec elles , mais fans accou-,
piement intime & fans production. II
craio'iioit le froid cSc rhumidité , il ne
s'cioignoit jamais du feu , & le teiioit
debout pour fc chaufler : on le nourrifloit
i
■', (
1 5 8 Hipke NattireJk
avec du pain & des fruits; fa langue étort
mde comme celle d'un chat ; & fi on
le laiffoit fiiire , il léchoit la main jufqu'à
la faire rougir, & finiffoit (ouvent par
Tentamer avec les dents. Le froid de
i'hiver 1750 le fit mourir, quoiqu'il ne
fût pas forti du coin du feu ; il étoit
très-bru fque dans les mouvemens , & fort
pétulant par inftans, cependant il dormoit
fouvent le jour , mais d'un fommeil léger
que le moindre bruit intcrrompoit.
Il y a dans cette efpèce du mongous
plufieurs variétés , non - (èulement pour
!e poil , mais pour la grandeur ; celui
dont nous venons de parler étoit tout
brun , & de la taille d'un chat de moyenne
grofîeur. Nous en connoiiïbns de plus
grands & de bien plus petits ; nous en
avons vu un qui , quoi qu'adulte , n'étoit
pas plus gros qu'un loir ; fi ce petit
. mongous n'étoit pas reflemblant en tout
au grand , il feroit fans contredit d'une
e({:)èce différente ; mais la reflcmblance
entre ces deux individus nous a paru fï
parfi liie , à l'exception de la grandeur ,
que nous avons cru devoir les réduire
tous deux à la même e(|)4l:cc , fiuf à les
^ . des Makis.'A T59
diftingucr, dans ia fuite par un nom diffé-
rent , li l'on vient à acquérir la preuve que
CCS deux, animaux ne le mêlent point en-
fcmble , & qu'ils foicnt aulli différens par
l'efpèce qu'ils le font par la grandeur.
Le vari (k) eft plus grand, plus fort &
plus fauvage que le inococo , il eft même
d'une méchanceté firouche dans fon état
de liberté. Les Voyageurs difent « que
ces animaux font furieux comme des ce
tigres , & qu'ils font un tel bruit dans c<
les bois , que s'il y en a deux , il femble ce
qu'il y en ait un cent , & qu'ils font ce
très - difficiles à apprivoifer (l). « En
eifet, la voix du vari tient un peu du
ff() Nofa, Flaccxuirt qui appelle le mococo vari,
donne à celui ■ ci ie nom de varkojjy ; il y a toute
apparence que eojfy c\\ une épithète augmcntative pour
ia grandeur, la force ou la férocité de cet animal , qui
diffère en cfFel du mococo par ces attributs & par
plufieurs autres. ...
(1) Voyage de Flaccourt, f.^ages r Si ^ f f^»
NotfU Lorfque cet animal tfl pri.s jeune, il perd ap-
paremment toute fa férocité » & il paroît aulFi doux
que le mococo. «< C'cll , dit M. Edwards, un animal
d'un naturel fociablc , doux & pacifique , qui n'a <c
rien de la luîe ni de la malice du fjnge. » Cûmures,
H
1 60 ' Niflohe Naturelle
iiigiflement du lion , & elle eft efFrnyamc
lorfqu'on l'entend pour la première fois;
celte force étonnante de voix dans un
animal cjui n'efl: que de méd»!ocre gran-
deur, déjDcnd d'une firuclure (ingulicre
dans la trachée artère , dont les deux
branches s'élargifTent & forment une large
Concavité avant d'aboutir aux bronches
du poiunon ; il diffère donc beaucoup
d'u mococo par le naturel , auiïi - bien
que par la conformation ; il a en général
ïe poil beaucoup plus long, ôc en par-
ticulier une efpcce de cravate de poils
encore plus longs c|ui lui environne le
Cou, & qui fût un caradère très -appa-
rent, par lequel il eft aifé de le recon-
noîtrc ; car au relie il varie du blanc au
noir &.. au pie par la couleur du poil ,
qui quoic[ue long & très -doux , n'cli pus
couché en arrière , mais s'élève prefque
perpendiculairement fur la peau: il a le
niulèau ])lus gros & plus long à propor-
tion que [c mococo, les oreilles beaucoup
plus counes & bordée.^ de longs' poils , les
yeux d'un jaune orangé fi foncé , qu'ils
i)aroi lient roup-e.s.
Lci mococos , les mongous & les vari; :
. des Makis* \ 1 5 1
font du même pays & paroîflcnt être
confinés à Madagalcar (m), au Mozam*
biquc & aux terres voi fines de ces îles;
H ne paroît , par aucun témoignage des
Voyageurs, qu'on les ait trouvés nulle
part ailleurs, ils reinblent qu'ils foient dans
i'ancicn continent , ce que font dans le
nouveau les raarniofcs , ies cayopollins ,
les phalangers qui ont quatre mains cônmie
les makis , «Se qui , comme tous les autres
animaux du nouveau monde , font fort
petits en comparaifon de ceux de l'ancien;
(m) La province de MélnoafTe à Mndagafcar, efl
^upiée d'un grand nomhrc de finges de pluficurs ef-
pècesi on en voit des bruns de couleur de caftor,
ayant le poil cotonné , la qticue large &. fongue , dé
lai|uellc, étant Fttrouflce fur le dos, i!s fe couvrent
contre fa pfuie & le foleil , dormant ainfi cachés tUr
les branches des arbres comme l'écurieu. Au refte,
ils ont le mufeau comme u«e fouine & les oreille*
rondes ; cette cfpèce efl fa moins nuifiblc & maligne
de toutes. Les Antavarrcs' en ont de même poil i]ue
ccù>4c4 , ayant une foriiie de fraife blanche autour du
cou : il y en a de tout blancs comme neige , de la
groffcui* àti piécédens , ayant le mufeau long ; ifs
grondent comme îles cochons. Relation (k AlaJagafcarf
far F. Ceaic^e , page 1 1 7. Nota, Le mongous & le
vari font indiqué" par ce palTage d'une manière à n«
pouvoir s'y méprcni,h'e; & c'eft fur cette autorité quq
j'ai dit i|u'il y avoit non-iaiicment dc5 vari* nuiri âl
pies, mais encore de tout blancs»
loi Hîflotre Naturelle, '&Cé
&. à l'égard de la forme , les makis /cm"
blent faire la nuance entre les fmgcs à
longue queue & les animaux fîffipèdes,
car ils ont quatre mains & une longue
queue comme ces fmges , & en même
temps ils ont le mufèau long comme les
renards ou ies fouines ; cependant ils
tiennent plus des finges par les habitudes
cfTentielIes , car quoiqu'ils mangent quel-
quefois de la chair & qu'ils fe plaifent aufîi
à épier les oileaux , ils font cependant
moins carnaffiers que frugivores , & ils
préfèrent même dans l'état de domefti-
cité les fruits, les racines & le pain à la
chair cuite ou crue.
1^3
LE LORIS (a).
L
E Loris eft un petit animal qui fe
trouve à Ceylaii , & qui eft très-remar-
quabïe par inélégance de fa figure & la
fingularité de la conformation : il elt
peut-être de tous les animaux celui qui
(a) Loris, Loerls , nom que les Hollandais ont
donné à cet animal , & que nous avons adopté.
Elegannlfimum animal mufei D. Charkton , Tancrcd
Bobinfon àpud Rniuni, Syn, quad. pag. i6i.
Simia pntva ex cinereofufca, nafo proAuéliore , brachiit,
tnani&us , pedibufqNe longis , temibus , Belgis een Loris*
Ex India orientali, Mulèum Pctropolit. pag, //^.
Amnialculum cymcephalum , Ceylonicum, Tardigradum
diâtim , Jiniii Jpccies, Seba, vo/. I, tab, J S' fiS' ^ ^ 2,
Nota. L'Éditeur du Cabinet de Seba nous paroît avoir
fait ici un double emploi , car cet animal e(l k même
que celui qu'il indique fou.» la dénomination de CercO'
pithecus Ceyionicus Jeu tardigradus , tab. 47 , fig. i ,
M. BrifTon , d'après Seba , a fait le même double
emploi fous les dénominations de Singe de dylan,
Reg. anim. pag, i p o, & Singe cynocéphale de Ceylan,
pag. 191.
Tardigradus. Lewur ccaudatus. Muf. ad, Fr, 1 , p, ^%
Sim/a tcaudatfi ini^mhus indicis ftdmlatis, Syfl, nat, />
n," j. Linn, Syfl, nat, edit* X, pag, 2^%
1^4 Hijfotre Naturelle
a ie corps lé plus long relativûpent à h
grofleur; il a neuf vertèbres lombaires,
au lieu que tous les autres animaux n'en
ont ciue cincf , iîx ou (êpt, & c'eft de-là
que dépend l'aiongement de Ton corps,
qui paroîî d'autant plus long: qu'il n'eft
pas terminé par une queue ; fans ce dé-
friut de queue & cet excès de vertèbres,
on pourroit le comprendre dans la lifte
des Mnkis, car il leur reflemble par les
mains & les pieds qui font à peu près
-conrbrm<5s de même , & auili par la qua-
lité du poil, par ie nombre des dents, ôc
par le muleau pointu ; mais indépendami-
jnent de la fingularité que nous venons
«i'indiquxsr, (Si qui l'éloigné beaucoup des
makis , il a encore d'autres attributs .parti-
cuilers. Sa tête eft tout-a-fiiit ronde , <Sc
Ion muleau eft prefque perpendiculaire
fur cette fplière ; les yeux Ibnt excelîi-
temcnt gros & très-voifins l'un de Tau-
ire ; Tes oreilles larges & arrondies font
garnies en dedans de trois oreillons en
fT.)rmc de petite concjnc -, mr.is ce qui- cft
encore plus reinaic|nal)Ie , 6t peut - être
unique , c'efl que la femelle urine par le
tliioiis, qui eil percé comme la verge
fa
&
ulaiie
elfi-
l'au-
font
Us en
li eft
-être
nr ie
verge
dil l*âle , & que ces deux parties fe
relTemblent parfaitement, même poiir la
grandeur & Ja groiîeur.
M' Linnacus a donné une coune de(^
cription de cet animai fhj, qui nous a
paru très-conforme à la Nature; il efl aufîî
fort bien reprélènté dam l'ouvrage de
Seba, & il nous paroît que c'eft \c
même animal dont parie Thevenot dan?
les termes fuivans : ce Je vis an Mogol^
des fmges dont on faifoit grand cas, c€
qu'un homme avoit apportés de Ceylan , «
on les eftimoit parce qu'ils n'étoicnt «
pas plus gros <|uc \c poing, & qu'ils «
font d'une elpèce différente des finges ce
fhj Sraturafciuri t fuhfemiglmét , Rne&Joffilifuhfufcâ:
gttfii allfidiore ima hngitudinalis oculis inierjcûa, faciès
itûa, auricuLx urcèo/ara , iutus bifoliane, pe<nm paîma
flanmque nuda t un gués ratundati, indicwn plant arum vero
fulmlatù Céttitia ferc nulla , mammœ 2 in peél(tre ; 2 in
éihdomine verfus pe6lus. Animal tardigradurn , éuditu
txcelUns, menogamum.'.Linn. Syjî. nat. edit, X, pag. jo,
Nota, Cet animal n ayant point du tout de queue; il
faut retrancher de cette defcriptron le motdtfere. Il ne
paroît pas non plus par les proportions du corps & des
membres, qu'il (oit lent à marcher ou à fauter; & je
crois que L'cpithèie de tardigradus ne lui a été donnée
par Seba , que parce qu'il s'eft imaginé lui trouver
(^udque re(&mblance avec lé pareffeu^Ct
■ i
|lr l66 Htfolre^ Naturelle, &*€.
l » ordinaires ; ils ont le front pfaf, lés
» yeux ronds & grands, jaunes & ciairs
x> comme ceux de ceruiins chats : leur
» niufeau efl fort pointu & le dedans
» des oreilles efl jaune ; ils n'ont point
» de queue •.....,. quand je les exa-
y> minai ils iè tenoient fur les pieds de
» derricfe , & s'erabrafToient Ibuvent ,
» regardant fixement le monde fans s'ef^
fàrouchçr (c)» ' ^
I:
fc) Voyez la relation de Thevenot, tome 111^
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LA <
L/ANJ
Ghauve-
fouris comr
'«^» //> J
Vefpertilio
jwpcis pent,
Americams,
Regn, anim,
en ne donn;
aux ailes;
induit en ei
doigts dans
qui fait le pc
M. Edwarc
qu'il a fait d
qu'il a réeil
(ouris.
Vejpemih
Sloane, fJij
Bat from
tab. ibU» lïg
,» j.
' \
v6y\
LA CHAUVE' SOURIS.
FeR'DE'LÀNCE (a).
\j A N s le grand nombre d'efpcces dé
Cliauve-fouris qui n'étoiçm ni nommées
(a) Vc/pertilio Amerkams iniîgaris, La Cfiauve^
fouris commune d'Amérique. Sei^, vol, /, pag, p o^
té, s S» fêr -*•
Vefpertilio murini coloris , pedihus antlcls mradaâyllsi
iwflicis pentadaûylis , nafo criftato Vefpenilh
Americmus, La chauve - (buris d'Amérique, BrifTon»
Regn, anim, pag. a 2 8. Nota. M. Bridbn s'eft trompé
en ne donnant à cette chauve-(buris que quatre doigts
aux ailes; ceft la figure donnée par Seba qui l'a
induit en erreur, elle ne préfênte en effet que trois
doigts dans la membrane de i*aile, & un quatrième
qui fait ie pouce , mais c'efl une faute du Deflinateur»
M. Edwards , qui a été plus exad dans le deffin
qu'il a fait de cet animal, y a marqué les cinq doigts
au'il a réellement comme toutes les autres chauve-
fouris. ■ i
Vefpemlh rojlro appeiuiice aitricula firma <lonawi
Sloane, Hljl» of Jamdic, vol, II, pag, 330.
Bat from Jamdtca, Edwards, ofBirds, pag, aoi^
tab. ibid, iîg. i •
, r)i»,tt. »;:
\
'<■■■■ '
* ,
r^ ;
• *%..
i68 Hîflotre NaturvIU
ni connues, nous en avons indiqué que!-»
ques-uncs par des noms empruntés dç^
Langues étrangères, & d^aunes par d^^
dénominations tirées de leur caradère îe
plus frappant; il y en a une que nous
avons appelée le Fer - j - cheval , parce
qu'elle porte au-devant de fa face un
relief exadcment fembiable à la forme
d'un fer à cheval. Nous nommons de
^ême celle dont il eft ici queftion , le
JFer-de-lmce , parce qu'elle préfente une
crête ou membrane en forme de trèfle
très-pointu, & qui reflemble parfîiitement
à un fer de lance garni de Içs oreillons,
Quoique ce caradère fuffile lèul pour la
faire reconnoître & diftinguer de toutes
les autres, on peut encore ajouter qu'elle
ii*a prefque point de queue , qu'elle eft
à peu près du même poil <S( de la même
groffeur que la chauve-fouris commune ,
mais qu'au lieu d'avoir comme elle A
comme la plupart des autres chauvc-
iburis, fix dents incifiv.es à la mâchoire
PerfpkUlatus vefpmiîiQ ecaufintus , vap foliato plm
Mtuminiuo, Syfît tiiu. 7, Aluf, ad Fu t , pagt y,
Linn. S^Ji, nat, «diti X, pag. 31.
iiifôrieure,
•".ri _
{le h Chduve-foims Fer-de-knce. 1 6^
inférieure , elle n'en a que quatre : au
refte, cette efpècc qui efl: fort commune
en Amérique , ne iè trouve point eit
Europe.
II y a au Séne'gal une autre chauve*-
iburis, qui a aulli une membrane fur le
nez , mais cette membrane, a^ lieu d'avoir ^
la forme d'un fèr-de-iance ou d'un fèr-à-
chevai , comme dans ies deux chauve-
fouris dont nous venons de faire mention,
a une figure plus fimple & reflèmble à
une feuille ovaie : ces trois chauve-fburis
étant de differens climats , ne font pas de
fimples variétés , mais des elpèces dif^
tindes & féparées. M. Daubenton a donné
la defcription de cette chauve - fouris du
Sénégal fous le nom de la Feuille dans
les Mémoires de l'Académie des Sciences ,
année 17JP, page s 74* .
Les chauve-fouris qui ont déjà de
grands rapports avec les oi féaux par leur
vol , par leurs ailes & par la force des
niufcles pe(5loraux , paroifTent s'en ap-
procher encore par ces membranes ou
crêtes qu'elles ont fur la foce ; ces parties
excédantes , qui ne fe préfentent d'abord
que comme des difformités fuperfîues,
Tome XL H
fyo Hïfloîre Naturelle, &c.
ibnt ies caradèrçs réels & les nuances
vifibles de l'ambiguïté de la Nature entre
ces quadrupèdes volans & les ôifeaux ;
car la plupart de ceux - ci ont auffi de*
membranes & des crêtes autour du bec
& de la tête , qui paroilfent tout auflî fu,
perflues que celles des chav^yç-fourist
T'mXr.
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I7ï
L E SER VA L (a).
V^ ET animal, qui a vécu pendant quel-
ques années à la Ménagerie du Roi , Ibus
le nom de Chat-tigre , nous paroît être
le même que celui qui a été décrit par
M." de l'Académie (bus le nom de Chat"
pard ; & nous ignorerions peut-être encore
fon vrai nom fi M. le marquis de Mont-
mirail ne Teût trouvé dans un Voyage
italien (bj, dont il a fait la traduélion &
Fextrait, ce Le Aiaraputé, que les Portugais
de rinde appellent Serval ( dit le P. «
Vincent-Marie) eft un animal fauvage «
& féroce , plus gros que le chat fau- ce
vage & un peu plus petit que la civette , ce
de laquelle il diffère en ce. que fa tête cç
fa) J^rvaf^ nom que les Portugais Tiabîtués dans
rinde , ont donné à cet animai , que les habiians de
Malabar appellent Marapute.
Chatpard^ Ménîoires pour fervir à i'hirtoirc dcf
animaux, partie t, page top»
(b) Voyage du i^ère F. Vincent- Marie de Sainte-
Catherine de Sienne, Venije , 1 68^^ in ■^' P'^op^
ïirticie traduit par M. le marquis de Montmirail,
Hi;
'ïï/a Hijfotre Naturcfle ;
>> eft plus ronde & plus grofîè , relaiive-
,» ment au vohMne de fon corps , & que
>> fou front paroit çreufé dans le milieu;
^3 il refTenible à la panthère par les cou-
p> leurs du poil qui elt fauve fur la tête ,
33 le dos , les flancs , & blanc fous le
?•> ventre , &. aufîi par les taches qui
>> font diflinétes , également diftribuées &
;>5 un peu plus petites que celles de la
o5 panthère.; fes yeux font très - brillans ,
05 fès mouflaches fournies de foies longues
>> ÔL roides , il a la queue courte , les pieds
93 grands & armés d*ongIes longs & cro-
;» chus. On le trouve dans les montagnes
o3 de l'Inde ; on le voit rarement à terre,
33 il le lient prefque toujours fur les arbres^
p> où il fait fon nid & prend les oifcaux ,
pj defqucls il fe nourrit ; il faute aufîi lé-
» gèrement qu'un finge , d'un arbre à
9> rautre, & avec tant d'adrefîè,& d'agilité
» qu'en un infiant il parcourt un grand
>> efpace, dt qu'il ne fiiit, pour ainfi dire,
35 que paroître & dilparoître ; il efl: d'un
pi> naturel féroce , cependant il fuit à l'af
>5 pe<^ de l'homme , à inoins qu'on ne
^> l'irrite , fur-tout en dérangeant là bauge,
» Ç2ix alors U devient furieux ^ il s'élance^
V >; Ju Serval ' r/y
mord 6l d^échÎFe à peu près comme la ce
panthère ».
La captivité , fes Bons ou Icfs mauvais»
traitcmens , ne peuvent ni dompter ni-
adoucir la férocité de cet animal ; celui
que nous avons vu à la Ménagerie étoit^
toujours fur le point de s'élancer contre'
ceux qui l'approchoient : on n'a pu le'
dein ner ni le décrire qu'à travers la grille
de fà loge : on le nourriffoit de chair
comme les panthères & les léopards.
Ce (êrval ou maraputé de Malabar &
des Indes (c), nous paroît être le même
animal que le chat -tigre du Sénégal &
du cap de Bonne-efpérance , qui', félon le
a^moignage des Voyageurs (d), reffemble
au chat par la figure ,, <&. au tigic (c'eftr
m
(c) H y a à Sagori (îfe fur lè Gange) ^cî, chars '
tigres qui font gros comme un mouton. Nouveau voy.ige-
par lejîeur Lui/lier, Rotterdam, iji*^, p. 90.
fj) Voyage de Le Maire, page too* — Le'
chat ^ti bois ou le chat -tigre cft le plus (rt'os de
tous les chats fauvages^ du Cap , Ton habitation e(l
dans les bois, & il cft tacheté à peu -près comme
un tigre. La peuu de ces animaux aonne d'excellentes
fourrures pour la chaleur & pour l'ornement , auflfi fe
vendent-elles fort bien au Cap. Dtfcription du cap de
Bonne-efpérance, par Jùl/ief tome III , page 50,
Hii)
/-
\,'
1 74 ////?(?/V^ Naturelle , éfa '^" '"
à-dire à la panthère ou au léopard ) par
les taches noires & blanches de Ton poi' ;
<c cet animal , difent-ils , efl quatre fois
» plus gros qu*un chat , ii eft vorace &
» mange les finges , les rats ôi les autres
animaux». , ,-^
Par la comparaifbn que nous avons
iàite du ferval avec ie chat-pard décrit
par M/" de T Académie, nous n'y avons
trouvé d'autres différences que les longues
taches du dos & les ^anneaux de la queue
du chat-pard, qui ne font pas dans le
ierval ; il a feulement ces taches du dos
placées plus près que celles des autres
parties du corps , mais cette petite difcon-
venance fait une différence trop légère
pour qu'on puiffe douter de l'identiié
d'clpèce de ces deux animaux.
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lU. U 0 C E L OT ^.y^
JL'OcÈLÔT eft un animal d* A métîque
féroce & carnadier, que i*on doit placer
à collé du Jaguar , du Cougar , ou im^
médiatement après ; car il en approché
pour la grandeur , & leur rèfTembie par
le naturel & par la figure. Le juâle & la
femelle ont été apportés vivans à Paris pat
M. TEfcot , & on lies a vus à la foire
S.' Ovide au mois de Septembre de Tannée
1764, ils venoient des terres voifines de
fa) Oceîot , mot que nous avons tiré par abréviation
de Tlalocelotlf nom de cet animal dans fon pays natal
au Mexique.
Tiacoojîoti , tiaîoceioti. Cam pàrdus mexkànusi
Hemandl. Hifi, Mex. pag. 512, fig. ibU,
ParHaïis. Felis cauda ehngata , corpore maatlls fupt-
rhriùus virgatis , inferiorUms orbiculatis habitai
in America, AJagnir$ido me lis , fupra fufcus ,Jubtûs aL
licans ; lifiea mnélaque nigra per totwn corpus higi-
mdimhttr fparjd ; fed pedes & abdomen tantum punéîiSt
latera lineis titiorilus a/bis if fi^fi'^ pinguntur» Aures
brèves margirte bifida abfque penicif/is , pedes /-^ ctiudâ
verticillato uariegata i>rnpcrn0ne cati, ATyJhices ^ ordmwttt
in jîngulo ordiue fet(Z ^, f, /, albcc , kifi nigra , lont
gitudine caviiis* Linn, Syfi% nat* eJit. x • pag. ^'^%
H 111;
Nf
-7
\ij6 Hîftoke Naturelle '^^
^artagène , & ils avc^ient été enlèves tout
petits à leur mère au mois d'Odobrc
176.3 ; à trois mois d'âge , ils étoient
déjà devenus aflez forts & afTez cruds
pour tuer & dévorer une chienne qu'on
ïeur avoit donnée pour nourrice ; à un
an d'âge , ïorfque nous ies avons vus , ils
îivoient environ deux pieds de longueur,
i& il eft certain qu'il leur refloit encore à
croître, & que probablement ils n'avoient
pris alors que la moitié ou les deux tierç
de leur entier accroifîement. On les mon-
troit fous le nom de chat- tigre, mais nous
sivons rejeté cette dénomination précaire
&L compofée, avec d'autant plus de raifon,
qu'on nous a envoyé fous ce même nom
le Jaguar, le Serval & le Margay , qui
cependant font tous trois différens les uns
des autres , & différens auffi de celui dont
ij eft ici queflion. t ,i -^
Le premier Auteur qui ait fait mention
exprefle de cet animal , & d'une manière
à le faire reconnoître , eft Fabri ; il a fait
• jgraver les defïins qu'en avoit fûts Rccchi,
& en a con:pofé la defcription d'après ces
mêmes deffins , qui étoient coloriés , il
en donne auiil une cfpècc d'hiftoire ,
.( »
*' de FOceloté. V 177
rf'après ce que Grégoire de Bolivar en
avoit écrit &l lui en avoit raconté. Je ftus
ces remarques dans la vue d*éclaircir un
fait qui a jeté les Naturaiifles dans une
efpèce d'erreur , & (ur lequel j-avoue que
je m'étois trompé comme eux ; ce fait
eil de (avoir fi les deux aniinaux defUnéâ
par Recchi, !e premier avec le nom de
Tlatlaukqumehtl , & le fécond avec celui
de Tlaceoilotl , Tlalocelotl , Ôl enfuite dé-
crits par Fabri comme étant d'efpèces
diflerentes , ne font pas ie même animal;
Gn étoit fondé à ies regarder, & on les
regardoit en efïèt, comme différens, quoi^
que ies figures foient aflez fèmWables ^
parce qu'il ne laifle pas d*y avoir des di^-
rcnces dans les noms , & même dans les
defcriptions ; j*avois donc cru que le pre-
mier pouvoit être le même que le jaguar,^
en forte que dans la nomenclature de cet
animai , j*y ai rapporté le nom Mexicain
Tlatlauhquîocelotl : or ce nom Mexicain ne
lui appartient pas , & depuis que nous
avons vu les animaux mâles & femeiJei
dont nous parlons ici , je me fuis perftiadé
que les deux qui ont été décrits par
Fabrly ne fout que ce même animal dojo^
H V
\ij% Hifloire Naturelle
le premier eft ie mâle , & le fécond la
femelle ; ii ^lloit un hafàrd comme celui
que nous avons eu , & voir enfemble le
mâle & la femelle pour reconnoître cette
petite erreur. De tous les animaux à peau
tigrée, Tocelot mâle a certainement la robe
la plus belle & la plus élégamment
variée (b), celle du léopard même n'en
approche pas pour la vivacité des couleurs
& la régiilarité du deflin , & celle du
jaguar , de la panthère* ovi de Tonce en
approche encore moins ; mais dans Td-
celot femelle, les couleurs font bien plus
fbibles , & le deffin moins régulier , Se
jc'eft cette différence très -apparente qui a
pu tromper Recchi , Fabri (c) & les autres;
(b) Vmverftmt corpus pulchw Yofecxjue fuhrahet colore ;
gxcepto iftferiore ventre qui éhkat potins ; maculis rofarum
efigie, nigricantihts omnilms intrafuave néemem colotem,
rotùm ira corpus , pedes if couda ordine quodam dijlin-
guntur ut ekçantem plane huic animait acu piélum tapetem
vel permetafma impofuum credtres ;funt autem macula ha,
m dorjo ù" capite rotundiores majore/que; verfus rentrent
vero pedefque oblongiufcula ix mitho minores, Fabri apid
Httmm, Hifl, Jvlex» pag. 4.98,
" (c) Si animalis fguram fptdemus cum antécédente non
nthil corporis delineatio congruit ; fi cohrem iT maculas
quilm pingitur , plurimum difcrepat» In hoc totius colot
torporis non rdicundus Jed obfcure cinertut appartt })rattr.
Hv
A
"' ■ " iie TÔcehu ^ 179
011 vérrû en comparant les figures & les
clefcriptions dé l*un & de i'aiitre, que ies
difFérenees ne iaiflent pas d'être confidé*
rables , & qu'il manque à la robe de la
femelle beaucoup de fleurs & d'ornemens
qui le trouvent fur celle du mâle.
Lorfque l'ocelot a pris fon entier ac-
croiflèment, il a > félon Grégoire dç Bo-
livar , deux pieds & demi de hauteur fur
environ quatre pieds de longueur , la
queue , quoiqu'afîcz longue , ne touche
cependant pas la terre lorfqu'elle eft pen-
dante , & par conlequent elle n'a guère
que deux pieds de longueur* Cet animal
eft très-voracè , il eft en même temps
timide ; il attaque rarement les hommes ,
il craint les chiens ; & dès qu'il en eft
pourfuivi , il gagne les bois & grimpe
fur un arbre ; il y demeure , & même
y (ejourne pour dormir & pour épier le
gibier ou le bétail, fur lequel il s'élance
dès qu'il le voit à portée ; il préfère le
fang à la chair, & c'eft par cette raifon
•i,.i,'
ventrem tamen qui albicat. Ahcuîœ nec or^lnma: adeo nec
itarotuHf/a rofeive coloris & jigurœ fed ohlongiz nigricantes
mnes in meeiio vero alhicames fpargumur , crura non ita
[or lia ^ i/c, iùicf» pag. 5 i j,
H v;
(i
180 Hîjloire Naturelle
qu'il détruit un grand nombre d'îuiimaux,
parce qu*au lieu de iè raflafier en les dé-
vorant , il ne fait que fe défaltérer en leur
fuçant le fang (dj,
<* Dans l'état de captivité il conferve (es
mœurs , rien ne peut adoucir fon naturel
ieroce , rien ne peut calmer Tes mou\e-
mens inquiets , on eft obligé de le tenir
toujours en cage» « A trois mois (dit M.
» l'Efcot) lorlque ces deux petits eurent
» dévoré leur nourrice, je les tins en cage,
» & je les y ai nourris avec de la viande
» fraîche , dont ils mangent fept à huit
3» livres par jour ; ils frayent €n{èmble
e
>~J^:.h itl»
'iiiH il
"JM*-- '•'fi''
l -•' I J
(d) f^ota» Dampier parle de ce même animal fouj
le nom de Chat-tigre , & voici ce qu'il en dit. «Le
■^ chat-tigre des terres de la baie de Campeche ell d^
ï) ia groflièur de nos chiens qu'on fait battre avec les
» taureaux ; il a les jambes courtes , te corps itimafle
V & à peu-près comme celui d\in mâtjn , mais pour
I* tout le refte , c eft - à,- dire la t^te , le poil , &
» la manière de quêter la proie > il yefTetnbie fort
V au tigre (jaguar), excepte qu'il n'eft pas tout-à-fait
» il gros : il y en a ici une grande quantité ; ils dé-
» vorent les jeunes veaux & le gibier qu'on y trouve
y en abondance , aufH font- ils moins à craindre pouir
» cela même qu'ils ne manquent pas de pâtures . . . «;
» ils ont la mine altière & le regara fàrouchew, Vc^'agi
dt Dampier ^ tome ïl\ , page ^ 0 é.
. ^. . . ., .1 ^ v> - j^ r Ocelot 1 8 r
mâle & femelle , comme nos chats do- «
jneftiques ; il règne entr'eux une fupé- c<
riorité fmgulière de la part du mâle ; c<
quelque appétit qu'aient ces deux ani- ce
mnux , jamais la femelle ne s*avifè de ce
rien prendre que le mâle n'ait fa fàtu- «
ration ^ & qu'il ne lui envoie les morceaux «
dont il ne veut plus ; je leur ai donné c<
pluficurs fois des chats vivans , ils leur c<
fuçent le (àng jufqu'à ce que mort s'en- c<
faive , mais jamais ils ne les mangent ; «
j uvoîs embarqué pour leur fubfiftance ce
deux chevreaux , ils ne mangent d'au- c<
cune viande cuite ni falée (e) >?.
Il paroît par le témoignage de Gré-
goire de Bolivar , que ces animaux ne
produifent ordinairement que deux petits,
& celui de M. l'Efcot femhle confirmer
ce fiiit ; car il dit auffi qu'on avoit tué
la mère avant de pren'dre les deux petits
■UVh?^^'
.i
(e) Lettre (îc M. l'Efcot, qui a amené ces animaux
du continent de Cartagène, à M. de Bcoft , CorreC-
pondant de i'Acadcmîe des Sciences , en date du xy
feptembre 1764. Nota, M. de Beoft , qui a bien
voulu me communiquer cette Lettre , a beaucoup de
connoiflances en Hiftoire Naturelle , & ce ne fera paj
la feule occnfîon que nous aurons de parler des ehoCe»
dont il nous a fait parti
182 Hiflotre Naîureîk , &c. ^"—
dont nous venons de parler ; il en eft dô
Tocclot comme du jaguar, de la panthère,
du léopard , du tigre & du lion : tous ces
animaux remarquables par leur grandeur,
ne produifent qu'en petit nombre , au
lieu que les chats qu'on pourroit aflbcier
à cette même tribu produisent en aflez
grand nombre , ce qui prouve que le plus
ou le moins dans la production , tient
beaucoup plus à la grandeur qu'à la forme*
:L.»Ôf^r>!:?i>tr "J^^-:. il
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183
LE MARGAY(a);
I i E Margay eft beaucoup plus petit que
l'ocelot , il reflemble au chat Ihuvage par la
grandeur & la figure du corps , il a feule-
ment la tête plus carrée, le mufeau moins
court , les oreilles plus arrondies & la queue
plus longue; fon poil eft aulîî plus court
que celui du chat (auvage , & il eft marqué
de bandes , de raies & de taches noires
(a) Margdy , mot tiré de Maragua ou Aîaragaia^
nom de cet animal au Brefli. ^
Au Maragnon, il y a des animaux qui font des
cfpèces de chats fauvages , uue les Indiens appellent
Margdia , qui ont la peau fort belle énint tavelée de
toutes parts. Mif du P, (t Ahbtvtlle , page 250.
Tepe A'iaxtlnton, Fernand. Hifl» Nov, Hifp, p. 9.'
Maraguao Jive Maracaia» Matcg. Hift, Nat» Brrft
pag. 233.
Fefes fera tigrina Malahaia» Barrère, Hiji, de ht
Fr.equiiu pag, 153. . !♦ • ff^' ' •;• v» ->^ "'^ "'
Felis fylvfjîris tigrims ex Hiffoniola» Seba , voh 1},
fog» 77» tcib.i.8,fg, 2, •
Felis ex grifeo flavefcem macuHs nigr'is varlegifa. . . <
Fe/ts fylvejtris ligrina. Le chat fauvage tigre, BrilTg
^tgnt anim» pag. iC6t
1 84 Hl flaire Naturelle
fîir un fôwd de couleur fiiuve ; on nous
ia envoyé de Cayenne (bus le nom de
Chat-tigre , & il tient en efïèt de la nature
du cliat & de celfe du jaguar ou de
Tocelot , qui font les deux animaux aux-
quels on a donné le nom de tigre dans le
nouveau continent. Selon Fernandès, cet
animal , lorfqu'il a pris fon accroiflement
en entier, n'eil pas tout -à- fait H grand
que la civette; & félon Màrcgrave , dont
k comparaifon nous paroît plus jufte, il
ell de la grandeur du chat (iiuvage , auquel
il refTemble auffi par les habitudes natu-
relles , ne vivant que de petit ^bier , de
volailles , &c. mais il efl: très-difificile à
:^privoi(er, & ne perd même jamais fon
naturel féroce ; il varie beaucoup pour les
couleurs , quoiqu'ordinairement il foit tel
que nous le préfentons ici : c'eft un ani-
mal très-commun à la Guiane , au Brefil
& dans toutes les autres provinces de TA-
mériquc méridionale. Il y a apparence que
c*efl le même qu*à la Louifiane on ap-
pelle Pichou (b), mais l'efpèce en eft moins
( h ) ht Pichou cft une efpèce *le chatî pitois aufTi
VMUt que ie tigre , mnis moins gntoa , dont la peau t(\
«(fez belle, c'eil un grand deflrudtur de vulatÙc; nuii
du Maî-gay, i 85
commune dans les pays tempérés que dans
les climats chauds.
Si nous faifons la révifion de ces ani^
maux cruels, dont la robe efl fi belle &
la nature fi perfide , nous trouverons dans
l'ancien continent le tigre , la panthère ,
je léopard , l'once , le lèrval ; & dans le
nouveau ie jaguar , i'ocelot & le margay,
qui tous trois ne paroifl^ent être que des
diminutifs des premiers , & qui n'en ayant
ni la taille ni îa force , font auffi timides ,
aiiiii lâches que les autres font intrépides
& fiers. \^nt--tug ^.,f^-^--. ^^'^, - ?-^ie^-I-. ■
Il y a encore un anhnaî de ce genre
qui femble différer de tous ceux que nous
venons de nommer, les Fourreurs l'ap-
pellent Guépard ; nous en avons vu
plulieurs peaux , elles refîemblent à celles
(lu linx par la longueur du poil , mais
les oreilles n'étant pas terminées par un
pinceau , le guépard n'eft point un linx ,
il n'eft aufli ni panthère ni léopard , H
n'a pas le poil court comme ces animaux,
& il diffère de tous par une efpèce de
par bonheur H n'eft pas commun à la Louifianc. MiJIoirt
de la Louifmne , }uir le Page du Prat^ , tome il,
page 9 a , fig. page 6y»
>
'" 1 8 6 JJlpke Naturelk ':-;^
crinière ou de poil long de quatre otï
cinq pouces qu*il porte fur le cou ôc
entre les épaules ; il a auffi le poil du
ventre long de trois à quatre pouces , &
la queue à proportion plus courte que \\\
panthère , le léopard ou l'once ; il eft à
peu-près de la taille de ce dernier animal J
n'ayant qu'environ trois pieds & demi de
longueur de corps : au refle fa robe , qui
cft d'un fauve très -pâle , cft parfemée
comme celle du léopard, détaches noires,
mais plus voifmes les unes des autres é\
plus petites , n'ayant que trois ou quatre
lignes de diamètre. , > "(
J'ai penfé que cet animal dcvoît étrel
le même que celui qu'indique Kolhe fous|
ic nom de loup - tigre , je cite ici fa def-
cription ^cj pour qu'on puifîe la comparer 1
avec la nôtre; c'efl un animal commun |
/c) Il eft de !a taille d'un cîiîcn ordinaire & quei-
3uefois plus gros : fa tête cfl large cornme Celle ilej]
ogues que l'on fait battre en Angleterre contre les
taureaux ; il a les mâchoires groffes auffi-bicn que le
mufeau & les yeux , fe& dents font fort tranchantes;
fôn poil eft frifé Comme celui d'un chien barbet , &
'^ tacheté comme celui du tigre; il a les pattes larges &
armées de groffes griffes , qu'il retire quand il vciitl
comme les chais; la queue cfl courte il a pourl
mortels ennemis le lion , le tigre & k léopard , qui lui
Pé. ai.Pfrt/.Jiiù.
cou &
loil du'
ces, &
que laj
il eft àl
inimal ,
leini de
5e , qui
arfemée
i noires,
utres é\
i quatre
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►Ibe fous
fa def-
bmparer
omnum
J.K ^MAIKVAY.
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■ " Ju Margay, 187
Jfliis les terres voifines du cap de Bonne-
cfpérance , tout le jour il (è tient dans des
fentes de rochers ou dans des trous qu'il
Te creufe en terre ; pendant la nuit il va
chercher (a proie ; mais comme il hurle
en chafïànt Ton gibier, il avertit les hommes
& les animaux , en forte qu'il eft afTez
aifé de l'éviter ou de le tuer. Au refte ,
il paroît que le mot guépard efl dérivé de
lépard ; c'eft ainfi que les Allemands de
!es Hollandois appellent le léopard : nous
avons auffi reconnu qu'il y a des variétés
dans cette efpèce pour le fond du poil &
pour la couleur des taches , mais tous les
guépards ont le caractère commun des
longs poils fous le ventre , & de la crinière
fur le cou. ^ . ^
> '4.
donnent très-fouvent fa chaflè; ils le pourfuivent juf-
que dans (â tanière» Te jettent fur lui & ie mettent en
pièces. Defcriptim du cap de Bmne-thérance , far Kolh,
Itome III, pages 69 & 76. Nota, L'animai auquel cet
I auteur donne le nom de ùgrtt cft celiii que nous avons
appelé léopard ^ &. celui qu'il nomme léopard qA If)
panthère.
•«^«n®*
4 ^
i.."'/ *-^
'1 8 8 Hifloire Naturelle
LE CHACAL (f
■ '- ■ ■ ■■ ■=■ ET - ■ ■• «r =
L'ADIVE.
N
ou s- ne fommes pas affurés que ces
deux noms défignent deux animaux def-i
pèces différentes ; nous favons fèuiemem
faj Chacal , Jackal, nom de cet animal dansie
I-evant , & que nous avons adopté ; Adïl , félon
Jkion; 7Î//A/ dans quelques provinces du Levant, fdonl
Olearius, Siacalkt félon CorneiHe le Brun; Adam
en Italien, febn le P. Vincent - Marie ; Clùcal , en]
^Turquie , Tclon Haflelquift ; Sîcal , félon Pollux;
Sfjuilichi ç,T\ Grec, (èlon Belon ; Zacnlia , félon Spon
& Weeler; Siachal , Schachdl , Siahaal , Siacàlt, m
Ferfe, feton ICœmpfer ; Jacard , félon Delon ; D(è\
«n Barbarie, félon Shawj Jaqutparel * à Bengale &
l^ari, au Maduré fdon d'autres Voyageurs.
AdiU bête entre loup & chien , que lès Grecs nom*
ment vulgairement Squilathi, & croyons être le ChryjiijA
ou Lupus aureus des anciens Grecs, Obfervat, de ËdonA
feuillet i 6j, . ;
Lujms aurrus, Kœmpfer, Atnanit exotic* p. 4*3» ^i\
pag. 407, fig. 3.
Vulpes india oritntalis, Valçntin, JMuj, p. 43 2 , fig.|
Tab. 'bid.
Canis finints, lupus aureus Le icup doiil
Briflwn, Rign, anim* pag. 237.
(^
Ju CIldCûl à* de TAdive. i 8 5>
fluele Chacal e(l plus grand, plus féroce,
plus difficile à apprivoilër que l'Adive (b/,
niais qu'au refle ils paroiffeiit fe refTembler
à tous égards. 11 le pourroit donc que
adive ne fût que le chacal privé dont on
l^uroit fait une race donteftique plus petite,
plus foible & plus douce que la race
kvage ; car i'adive efl: au chacal à peu-
rès ce que le bichon ou petit chien
arbet eft au chien de berger ; cependant
omme ce fait n'eft indiqué que par
uelques exemples particuliers ; que Tef-
èce du chacal en général n'eft point
omeftique comme celle du chien ; que
ailleurs il le trouve rarement d'auflî
randes difîefeiKîes dans tune efpèce libre*
lous fomraes très-portés à croira que !ç
hacal & i'adivje font réellement deux £(^
èces diftindes. Le loup , fc renard , le
hacal & ie chien forment quatre .efpèce«
ui, quoique très - voiiines les unes des
Aurais canis, htjms aurais diâus. Linn. S}>fl» nàc*
dit. X , pagt 4.0.
t m(^) ^^^^' J'^' '" ^^"^ quelques-unes cfe nos Cbro*
43^' ^S'Iiques de France, que du remps de Charles IX^
, . , leaucoup de femmes à la Cour avoienC àe$ adives au
loup doie.^, ^^ pçjij, çI^jgQj^
que cfs
nx d'ef-l
Lilemem
lai dansle
(Jil , fclon
ant, fclon
»; AdàU
Ihicâl , en
1 Pollux;
elon Spon
Tmcalï, cnj
on ; Dtè}
Bengale à
jrs.
îrecsnom*
le Chyjm
, de Bclon,
' 4» 3»%
''Wïï^'-
fipo» liiflolre Natîtrelle -
autres , (ont néanmoins différentes entre
elles: les variétés dans l'efpèce du chien
ibnt en très -grand nombre*, la plupart
viennent de l'état de domefticité auquel
il paroît avoir été réduit de tous les temps.
L'homme a créé des races dans cette ef-
pèce en choififlant & mettant enfènible
les plus grands ou les plus petits , les plus
jolis ou les plus laids , les plus velus ou
les plus nus , &c. mais indépendamment
de ces races produites par la main de
l'homme , il y a dans Tefpèce du chien
plufieurs variétés qui fembient ne dé
pendre que du climat. Le dogue , fe
danois , Tépagneul , le chien turc ^ celiiii
de Sibérie , &c. tirent leur nom du climatl
d'où ils font originaires , & ils paroiflent
être plus différens entr'eux que le chîi
ne l'eft de fadive : il le pourroit donc]
que les chacals fous différens climai
cuffent fubi des variétés diverfès , & ce!
s'accorde afîez avec les faits que iioi
avons recueillis. Il paroît par les écrits d(
"Voyageurs , qu'if, y en a par - tout
grands & de petits; qu'en Arménie,
Çilicie , en Perfe & dans toute la pan
de i'Afie^ que nous appelons le Levûà
a
^;c
es entre
iu chien
plupart
é auquel
es temps.
cette ef-
enfenible
i , les plus
velus ou
idammem]
main dcl
du chien I
it ne dé-
ioguc
turc ; celui!
Il du climatl
paroifientl
[e le chîicall
rroit donc!
ns climatsl
i/// Chacal & Je l'AJive, rp î)
©ù cette efpècç çft irés - nombreufè ,
très - incommode Sa très - nuifible , ils
font comnmnément grands comme nos
renards (cf, cju'ils ont feulement les jambes
fc) Le jacard ou adîve efl grand comme un cFiîen
nicdiocre , reflènîblant au renard par la queue &
tu loup par ie mufeau ; on en élève dans les mai-
fons, piais leur nature eft de (ê cacher dans la terre
pendant le jour , d'où ils ne fortent que la nuit pour
chercher à manger ; ils vont par troupes , dévorent
les enfàns & fuient les hommes , leurs cris fonç
plaintifs, & Ipn diroit fouvent que ce font ceux de
pluficurs enfàns de divers âges mêlés enfcmble; les
chiens leur font la guerre & les éloignent des mai?
Tons, Voyage de Delon , jjû^c top.- — H fe trouve
pi Perfe Une efpèce de renard appelé Schakal , quç
ks habitans nomment communément Tttlki , qui y
ibnt en très - grand nombre & de ia grandeur à
peu - près de nos renards d'Europe , le dos & les
côtés couverts d'une efpèce de groffe laine avec des
poils longs & rôides , le ventre blanc cpmm- neige,
i« oreilles noires comme yyi , la queue plus petite
que celle de nos renards ; nous les entendions la
nuit rôder auiouf du village où nous étions ^ fort
importunes de leurs cris lugubres , afTez fcmblables
à ceux d'un homme qui fe plaint , & qu'ils ne
cefTent de faire entendre. Voyage 4'OlSarius , ;;, /^/,
r- L'addibo (adive) reffemble au loup par la figure ,
fou poil & fa queue, mais il efl plus petit, & fa
t?ille eft même au-deftbus de celle du renard ; il efl
très-vorace , mais ftupide , il voyage la nuit & refte
je jour daus fa tanière i fur l;i brunç qi> ne voit autrfi
I«./
192 Hifloîre Naturelle ;^"
plus courtes , ^ qu'ils ibiit remarquables
- ■ . *--■' ■■■.--' •-^" par
<ïiofe djBis ïa campagne j ces animaux s'approchent dej
Voyageurs & s'arrctent pour les regarder (ans paroître
rien craindre. Us courent dans les églifes où ils déchirent
.& dévorent tout ce qui leur convient ; tout ce qui cft
fait avec du cuir cft leur met5 favori. L'adivc glapit
comme le renard^ & quand un crie tous les autrej
lui répondent ; cet inftin<îl de crier tous enfcmble
ne paroît point volontaire, mais de pure nécefîlté,
au point que tî l'un de ces animaux e(l entré duns
luie mai/on pour voler & qu'il entende (es com-
pagnons crier au loin , il ne peut sempêcher de crier
auiïî , & par- là de fc déceler. Voyage tin Père, />,
■ Vincent-Marie , chap, XIII , irticle traduit par M. le
marquis de Montmirail, — On a gardé pendant plus
de dix mcMjS un chacali dans une maifon où j'ai
demeuré quelque tempi : c'eft un animal fc 1cm-
blable au renard en grandeur , en figure Ôt en
couleur que la plupart des étrangers y font prefque
toujours trompés brfqu'ils en voient quelqu'un pour
la première fois ; la plus grande différence qui
fbit entre Tune & l'autre ,, c'eft dans U têt^, le cha-
cali l'ayant faite comme un chien de Berger qui
aurolt le mufeau long , & dans le poil qu'il a rude
comme celui du loup : fa couleur çft aufTi affez
femblahle à celle d'un loup , & il put fi extraor-
dinairemcnt qu'il ne peut fe coucher un moment
dans un endroit (ans l'infeâer. * Cet animal
cfl extrêmement vorace & hardi Il ne craint
pas d'entrer dans les maifons .... Lorfqu'il rencontre
Un homme , au lieu de fuir d'abord comme les
autres bêces , H le regarde âcrement comme s'il
du Chacal & de TAdive. 1 9 5
par la couleur de leur poil , qui efl d'un
jaune vif & brillant ; c'ed pour cela que
j)liiricuri Auteurs ont appelé le chacal
loup doré. En Barbarie , aux Indes orien-
tales , au cap de Bonne - efpérance , &
dans les autres provinces de l'Afrique &;
de l'A fie, cette efpèce paroît avoir fubi
plufieurs variétés ; ils font plus grands
dans ces pays plus chauds , &. leur poil
efl: plutôt d'un brun - roux que d'un
beau jaune, & il y en a de couleurs diffc-
rciues (^d), L'efj:)èce du chacal efl: donc
vouloir le bi-aver , 6c prend enfuitc fa coiîrfe. II t?L
d'un méchant naturel , & toujours prêt à mordre ,
quelque foin que l'on premie de l'adoucir par ^^%
carelîes ou en lui donnant à manger , ce que j'ai pu
remarquer en celui dont je viens de parler, qui avoit
été trouvé fort jeune, 6c qu'on avoit pris plaiflr .1 élever
comme un chien qu'on ainWoit beaucoup j cependant
il ne s'apprivoifa point parfiitemcnt , il ne pouvoir,
fouffrir les attouchemcns de perfonne , il mordoit tout
le monde, & jamais ox\ ne put parvenir à l'emptchet*
de monter fur la table & d'y enlever tout ce qu'il
pouvoit prendre. Toute la campagne de la Natolie ef{
peuplée de ces chncalis : on les entend toutes les nuits
faire un bruit fort grand autour des villes , lYon pas en
aboyant comme If ^ chiens, mais en criant d'un certain
cri aigre qui leur tfl particulier. Voya<^t de Dumom*
ta ILiie, t 6pp, tome IV% yngc 2p,
(d) Le jackal que les fujets du roi de Com:'.ny près
Tome XL 1
-,y->*:-
\
1,94 [Hiftohe Naturelle
;^panckje dans toute i'Afie, depuis l'A r-
^lénie jwfqu'au Malaj^ar (e) , & fe trouve
,d*Acra nous apportèrent, étoit gros comme un mou-
ton, mais jt avoit. lés pjeds plus hauts: Ton poil étoit
court & tacheté , fcs. pattes , à proportion de fon corps ,
,étoient prodigieufement épaiflfes H avoit la tête
auflî fort gi-ofle, plate & large, avec dès dents cha-
cune de la longueur d'un doigt 7k au -delà H
a aux pieds des griffes d'une épouvantable grpflcur.
Yoyage de Bojmm, page ^ ^i,
(e) Il y a à Bengale des chiens (âuvages appelés
'Jdquejfarels ou Chiens criards, dont le poH eft rouge ;
ils viennent en troupe toutçs les nuits aboyer effroya-
b'ement le long du Gange, leur voix & leurs cris font
il différens & fi confus qu'on ne peut s'entendre pot-
ier : ils ne fc détournent point quand les Maures partent
près d'eux ..... Ces animaux font communs pre/qùe
dans toutes les Indes. Voyage d'hinigo de Biervillas,
première partie , page ij8, — Il y af au Maduré une
cfpcce de chien fauvage qu'on prendroit plutôt pour
.un renard ; lés Indiens l'appellent Nari & tes Portugais
Adiba Lorfquc je vovageois la nuit, j'entendois
ces animaux hurler à toiH heure. Lettres édifiantes,
)ill* recueil, page p8. — Il'fe trouve h Guzaratte
une efpècc de chien fauvflge qu'ils appellent Jakals,
Eslatim de Aûandcljla ; fuite d'Olearius , tome 11,
page 2j^. — On voit un grand nombre de jackales
ou Jachals au pays de Mahibar ; j'en ai vu aulTî dans
Jes bois de Ceylan, ils font de la figure du renard,
particulièrcmtnt par la quçue Us font fort
fiiands de chair humaine Ifs fuivoient notre
ai'mée Si déterroient nos morts. . . . Nous entendions
/ouvent la nuit les cris effroyables de ces animauX|
i^m r^endipjent allez fi ceux clés chiens irrites. ,,.•«'
"ifu Chacal & de ïASve. ip j"
èiilfi ^n Arabie , en Barbarie (f)» en
Mauritanie, en Guin<fe (g) & dans les
Its Retient à dîverfes repriftfs cortimc fi ils fc rcpon-
(ioient. Recueil des voyages de la Cowprtgmt des ïndet
orientales, tome VL page pfo. Tout le pays de Calicut
ell auffi rempli de renards ( chacals ) qui viennent ia
nuit jufque dans la ville , & chafTeni comme font ici
les chiens & on n'entend autre bruit toutes les nuits par
les jardins & chemins. Voyage de Fr, Pyrard, tome 1,
fAge ^-27. — Le fchecàle eft une efpèce de chien
lauvage Il y en a une fi grande quantité aux
environs de Sourate, que nous he pouvions nous en-
tendre parler à caufe du grand bruit qu'ils fàiîoient,
criant ai(tin<flement owrt, oua, oua , qui approche de
lîaboi du chien ; cet animal e(t friand des corps morts....»
Il y en a auffi en quantité dans les déferts d'Arabie, le
long du Tigre , de l'Eufrate & dans l'Egypte. Voyagt
à la Boulaye-le Goui, page -2/4,
ff) Aux royaumes de Tunis & d'Alger, le deab
ou jackall cft d'une couleur plus obfcure que le re-
nard , & à peu près de ia même grandeur j il glapit
tous les foirs dans les villages & dans les jardins ,
k nourriflant comme le dulwa/i , de racines , de fruits
^ de charognes. Voyage de Shaw, tome I, page ^20»
I<l0TA. Le dubbali dont Shaw fait ici mention ti\
l'hyœne. 1 •.
(g) On trouve en Guinée , & plus communément
encore dans le pays d'Acra & dfans celui d'Aquam-
boé, un animal très-crUel , que nos gens appellent
Jackals Ils viennent la nuit jufque fous le»
murailles du fort que nous avons à Acra , pour tâcher
d'enlever des étables les pourceaux , les moutons , &c^
Voyage de Bofman, ya^e z^ç . Voyez idem, page ^ ^ t\
fy ^j2» -—Les chiens fauvages de Congo, qu'on
'\^
't()6 • Hifîohe Naturelle h
terres du Cap ; il feisnble qu'elle ait ^té
«leftinée à rernpfaccr celle du loup y ^^
qui manque au du moins qui eft très-rarç
dans tous les pays chauds.
Cependant , comfne l'on trouve des
chacals & dçs adîves dans les mêmes
terres , comme refpèce n'a pu être dé~
natures par une longue domefticité , &
qu'il y î^ conftamment une difFérence
appelle AMbia , font ennemis n)OJ'tefs de tous les
autres cjuadrupcHes ; ils ne diflferent pas beaucoup de
nos cFirens courans, on les voit courir par troupe i|c
tiente & de qumntç, quplquetois même en plus grand
nombre. .... ils attaquent toute forte d'apimaux, &
ordinairement en viennent à bout par le nombre: ils
n'attiiquent point les hommes. Voyage V/« P. Zuchel
à Congo & en Ethiopie , -page 2p^ , cité par Kp!ùe> Le
chien ftuvage du cap de Bbnne-elpcrance rcflemble à
ceux de Cpngo décritî^ par le P. 1,\icht\, &c, Di.f-
çri^tion du cap de Bonne-ejpéïmce ynr Kclbc, partie 111,
jaa^e ^S 11 y a au cnp un animal cfe)nt
i'eipècc approche beaucoup de celle du rcnnni ; Gefncr
& d'autres l'ont appelé Renard croife\ les Europcens
du cap lui donnent le nom de Jackah , & Its
Hottcntots celui de '/.cn'àe ou Kenlie» Idem , partie 111,
pttge 62,
(h) J'ai obfervé qu'il n'y a guère de loups en
Hircanie , ni dans les iUitres provinces de 1^ Pctfe,
mais qu'il s'y trouve par-tout un animal dont le cri
eft effroyable, qu'ils :»ppellent CJuical. il en veut par-
ticulièrement aux cc^rps morts qu'il déiwe. Vi])tii^i
ffiCha-din, tme 11, pcgi ip*
dû Chacai & de VÀdïve, \^J
tonfidérable entre ces animaux pour ia
grandeur & même poui* le naturel ; nous
les regarderons coinme deux efpèces dif*
tindes , fauf à les réunir lorfqu'il lera
prouvé ., par le fait , qu'iis le mêlent &
prodiùfent cntembie. Notre prélbmption
lur ia différence de ces deux efpèces eft
d'autant mieux fondée , qu'elle puroît
s'accorder avec l'opinion des Anciens.
Ariftotc, après avoir parlé clairement du
loup , du renard & de i'hyaene , indique
aflez obfcurément deux autres animaux
du même gei r^ î un fous le nom de
Panîher t & l'au <. ; ous celui de Tlws ;
les Tradiu^eurs ti Arirtote ont interprété
panther ]3ar lupus cmiarius, & thos par lupus
{crvar'ws , loup canier, loup ccrvier; cette
interpréiaiion indique aflez qu'ib regar--
doient le panther & le thos Gonime ô^s
ef})cces de loups ; mais j'ai tak voir
A l'article du lynx que le lupus cervarius
des Latins n*eft point le thos des Grecs:
ce lupus cervarius eft le même que le
£h(tus de Pline , le même que notre lynx
ou loup cervier , dont aucun caradère ne
convient au thos. Homère , en peignant
ia vaillance d'Aiax, qui fciil fe précipite
lu;
i f
Ip8 Hifloire Naturelle . .
fur une foule de Troyens , au milieu
defquels UlylTe blefTé fe trouvoit engagé,
fait la comparaifon d'un lion qui fondant
tout-à-coup fur des thos attroupés au-
tour d'un cerf aux abois , les difperfc
& les chafTe comme de vils animaux. Le
fcholiafte d'Homère interprète le mot thos
par celui de panther , qu'il dit être une
cfpèce de loup foible & timide ; ainfi le
thos &■ le panther ont été pris pour le
même animal par quelques anciens Grecs.:
jmais Ariftote paroît les diflinguer, fans
leur donner néanmoins des caradèrcs ou
des attributs difFérens. « Les thos, dit-il,
» ont toutes les parties internes fèmbla-
» bles (i) à celles du loup. ils
j> s'accouplent fk) comme les chiens,
5> & produifent deux , trois ou quatre
, >» petits , qui naiffent les yeux fermés :
» le thos a le corps & la queue plu«
» longues que le chien ^ avec moins de
» hauteur, & quoiqu'il ait les jambes plus
yy courtes , il ne laifTe pas d'avoir autant
» de vîteffe , parce qu'étant fouple âc
9» agile , il peut lauter plus loin •
(î) Arirtotc, Hifl, anim. lib. 11, cap, XV Ih^
- W. (f^f^t i^h Vh ^^P:- ^^^%
iiu C/jacal à' Je l'Adîve. tç'^'
lue iîon & Iç thos font ennemis fi J,'é.
parce que vivant tous deux de chair , «c
ils font forcés de prendre leur nourri- «c
ture fur ié même fonds,- & par con-"<c
féquent de fe la dtfputer Les «c'
thos fmj aiment l*hommé, ne i'atta- a'
quent point & ne \e crargnent pas Vc
beaucoup ; ils fe" battent contre lesVc
chiens & avc»c le lion, ce qui fait que <rc
dans le m^me lieu ort ne trouve guère «
des lions & des thos. Les meilleurs «
thos font ceux qui font les plus peuts; <c
il y ert a de deux efpèces , quelques- «
uns même en font trois. » Voilà tout c«'
qu'Arillotc a dit au-fujet des ;hos, & il
en dit infiniment moins fur le panther;
on ne trouve qu'im ^ul paffage dans le
même' chapitre trente - cinq du fixième
livre de Ion Hiftoire des animaux. « Le
panther , dit-il , produit quatre petits , ce
ils ont les yeux fermés comme les pe- c<
tits loups lors de leur naiffance. » En-
comparant ces paflages avec celui d'Ho-
mère & avec ceux des atitres auteur^
Grecs, il me paroît prefque certain qu^'
fJJ Ariflote, Hiff, nnhn. lib, IX, C(t}>. /.
(m) 1dm. lib, JA. cap^ xuVt
1 ui;?
7/
\
200 hijloire Naturelle
Je thos d'Ariftoie efl le grand chacal,
& que le paniher efl: le petit chacal eu
i'iidive ; on voit qu'il admet deux efpèces
de ih©s, qu'il ne parle du panther qu'une
feule fois, & pour ainfi dire à l'occafion
du thos ; il eft donc très - probable que
ce panther eft le thos de la petite efpèce ,
& cette probabilité fenibie devenir une
certitude par le témoignage d'Oppien (n),
qui met le panther au nombre des petits
animaux tels que les loirs & les chats. .
"- Le thos eft donc le chacal, & le pan-
ther eft fadive , & foit qu'ils forment deux
efpèces différentes ou qu'ils n'en faffent
qu'une, il eft certain que tout ce que
iês anciens ont dit du thos & du panther
convient au chacal & à l'adiyc , & ne
peut s'appliquer à d'autres animaux ; & fi
jufqu'à ce jour ia vraie iignificaiion de
CCS noms a été ignorée , s'ils ont toujours
été mal interprétés , c'eft parce que les
Tradudeurs ne connoiftoient pas les ani-
maux, & que les Naturaliftes modernes
i|ul les connoiifoient peu n'ont pu les
réformer.
(aj Oppian. «fe VenauQUif îilf» ll^
"■><.
r/// Chacal & àk /'AJivCé 201
\ Quoique l'erj^èce du loup fbk fort voî-
Cuie de celle du chien , celle du chacaï ne
laiÇc pas de trouver place entre les deux ;
Je chacal ou adive , comme dit Belôn , ejl
hête entre loup & chien; avec ia férocité du
loup , il a en eiïèt un peu de la ^ niUaritc
du chien, fa voix eft un h. *em mêié
d'aboiement & de gémifTeiijiens (o) ; il eft
plus criard que le chien , plus voracc
': i': <.i .i ,> ^ ■'.'il ,; ï- V!
(o) l\ eft (Trïne beik couleur jaune , plus petit que
le loup , marchant toujours en troupe , jappant toutes
ks nuits Vorace & voleur , en forte qu'il era-
jporte non - (èuknnent ce qui eft bon à manger, mais
même les chapeaux , ks ibuliei^ \es brides des che-
vaux, & tout ce qu'il peut attraper. Obftrv* dt Belon;
rvage I é ^ , — Jackal ^icnè onmem orienum inhabitat ;
heflid afiuta aurfax Ù" fumciffima eji Jnterdiu.
circa montes latet , noélu pervigil & vagus eft ; catet"
tatim prcuîatum excurrit in rurn if pagos
Vlulafjtm noéhi edunt execrahikm ejulatui humatto non
■tlifnm/em quem imerdum vox iatramium tjuafi canum
imerjirepit : unique inclamanti onvtes acclamant, quotquot
rocem è longinquo audiunt. Kœmpfer, Amanit, exotlc,
■vag» ^t 3' —Vers k canal de b mer Nowe, il y a
beaucoup de fiacalles ou chiens fauvages qui ne rcf-
fcmbknt pas mai à des renards , fur-tout par k mu-
^au. On croit qu'ils font engendrés des loups & ^
ichiens ; ils font le foir, & quelquefois bien avant dans
la nuit , des hurkmens effroyables ..,..,. Ils fonC
ifort mcchans & aulTi dangereux que les loups Voyajpe
nk CorncHU k -Brun, foi.Pmi, JpiJf, J^age //♦
i V
fj: T
,.^.-^,., ,., . .... . ;"'..■!
ZOZ' HtJ!o)re Naturelle ^
que iç loup ; il ne va jamais fèul , niaiji
toujours par troupe de vingt, trente oii
quarante; ils fe raflemblent chaque jour
pour foire la guerre & Li chafle; ils vivent
de petits animaux^ & fè font redouter
des. plus puifTans par le nombre; ils
attaquent toute efpèce de bétait, ou de
volailies prefqu'à ia vue des hommes ; ils
entrent infblemment & fans marquer de
crainte dans les bergeries, les étables, les
écuries,, & lorfqu'ils n*y trouvent pas
autre choie , iJs dévorent le cuir des
harnois , des bottes , des fouliers , &
emportent les J^ières qu'ils n'ont pas le
temps d'avaler. Faute de proie vivante,
ils déterrent les cadavres des animaux &
des hommes ; on eft obligé de battre Iji
terre fur les fépulturcs , Su d'y mêler de
grofîes épines pour les empêcher de la
gratter & fouir , car une épaifTeur de
quelques pieds de terre ne fufïit pas
pour les rebuter (pj i ils travaillent plii-
(v) Les adives font três-a vides de cadavres, parti-
culièrement de cadavres humairj5. Quand les Chrétiens
vont enterrer quelqu'un à la campagne , ils font une
fofTe très -profonde, & qui n'eft pas fuffifante pour
qu'ils ne déterrent pas .les corps; c'eft pourquoi ion a
fifiUtUQic de iouler avef les pie<b ia terre que l'on jettg
Jti Clicical à* de TAdive, 'i o 3
fieurs enfembie , ils accompagnent de cris
lugubres cette exhumation , & lorfqu'ils
font une fois accoutumés aux cadavres
humains , ils ne ceflent de courir les-
cimetières , de iuivre les années , de.
s'attacher aux caravanes : ce font les cor-
beaux des quadrupèdes , la chair la plus
iiifedle ne les dégoûte pas ; leur appétit;,
eft fi confiant , fi véhément ,. qiie le.
cuir le plus fec eft encore (avourcux,.
& que toute peau , toute graiflè , tout^r
ordure animale leur eft également bonne*
L'hyaenc a ce même goût pour la chair*
pourrie ; elle déterre auffi Içs cadavres ,
& c'eft fur le rapport de cette habitude,
que l'on a fouvent confondu ces deux'
animaux, quoique très-différens Tun de
l'autre. L'hyœne eft une bête folitairc ,: -
filencieufe, très-fauvage , & qui, quoique
plus forte & plus puilTame que le chacal y
(îans la fofTe, & d'y joindre dc5 pierres &:des épines
qui bienânt ces animaux , les emptchcnt de fouiller
plus avant. Le- nom clive veut dire hay en langue
arabe ; fa figure , (on poil & fa voracité font bien ana-
logues à ce nom j mais ia grandeur, Ta tamiliarité &
fà ftupidité en donneM une itiée différente. Voyage dn *
p. Fr, Vincent -Marie , chap. XIJI , artide traduit f(^/
M» k Wéir^iiis de Mpmmiraili
104 f^ipoke Naturelle, &c.
n'eft pas aufli incommode, & fe contente
lie dtvorer les morts , uns troubler les
\iviins, au lieu que tous les Voyageurs le
plaignent des cris , des vols & des excès
du chacal fej) , qui réunit l'impudence du
chien à la baffefië du loup , & qui parti-
cipant de la nature des deux fcnihie n'être
qu'un odieux compolé de toutes les mau-
Vaiies qualités de l'un & de l'autre.
{(} ) Jitckalls ah in p ^rem pîenty ahout tfie gardenr,
thit they yajf in numtcrs like a pack of homds in fui cry
cveri evening , giving not only dïjbtrèaiîce by their noije ,
hut nmking fret with ihe youltry a/ul other prov/Jions ,
ifvery good care is ttot taken to hep them om fifthdr reac/ii
T/ie Nui, Hijl. ofalepo ly Alex, Rujfeh London , 1 7J ^,
— Il y a beaucoup de chacals autour du mont Cau-
café ; cet aiiimal n« retTcmble pas mal au renard. II dé-
terre les morts , & dévore les animaux & les charognes.
On enterre les mbris en Orient Taris hicre & dans leur
foaire. J'y ai \u en piufreurs endroits rouler de groffes
piencs lur les foffes , uniquement à caufe de ces bttes
pour les empêcher de les ouvi*ir &. de dévorer les
cadavres. La Mingrelie efV couverte de ces chacals; ils
aiîlégfnt quelquefois les mai(bn«s, & font àti hurlemens
<^pou vanta blcs , le pis eft qu'ils font de grands dégâts
<ians les troupeaux & les haras. Voyage de Cliardia,
i^^^ré2^
10 5
HmÊmmma
mf
S
L'ISATIS (a).
I le nombre des reïTemblances en g^*
lierai , fi la parfaite conformité des parties
intcrJeures fiiffifoient pour aïïurer l'unité
des elpèces, le Loup , le Renard, & le
Chien n'en formeroient qu'une feule , car
le nombre des refTemblances efl beaucoup
plus grand que celui des différences , &
lu fimiiitude des parties internes eft entière ;
cependant ces trois animaux forment trois
tipèces non - (èulement diflindes , mais
(a) Ifatîs , nom que M. Cmdin a donné à cet
animai , & que nous avons adopté. Jonflon indique
aufTi ce nom. De quad, digit. pag. 135.
Pifli, en langue Ruflè, fcbn Gmelin, tome 111,
Vulpcs alba » . . Vulpes crucigera, Aldrov. 'di
^uad. digiî. pag. a 2 I /k fuiv. fig. ibid.
Canis hieme alba^ aftaîe ex chtereo carulefcens » . . , c
Vul/xs all>a, le Renard blanc. BrifT. Regn. afiitn^
.pa^/. 24.1.
Lagopus. Cams cnvdn reéiày aj^ice concokr^, Syfl^
I^at, / Vulpes alba, Kalm, Bahits , 2.^ 6 ^ , , , ^
Vulyes carulcfcens. Fam, Suec. 1^ habitat in
ii'pibus Lapponicis , Sibiria pedes denfîjfime ^k^fi,
vtin kpore* Linn. Syfi,> iVo/i edit. x, pag. 4>o.
^:to^ hïfloire Naturel^ .
oiicore affèz éloignées pour admettre entre.
«Iles d'autres efpèces ; & comme celle du
chacal eit intermédiaire entre le ctiien <Sc
le loup , l'efpèce dé ITfàtis fe trouve pî'acee
de même entre le renard & le chien. Ju(^
<|ivà ce jour l'on n'avoit regardé cet aniinai
que comme une variété dans l'elpèce du
rérward; mais la defcpiption qu'en a donnée
M. Gmelin f'b), & de laquelle nous ferons
ici rextraîtj.ne permet plus de douter que
ce ne foient deux efpèces différentes.
L'ifàtis ( dont nous donnons ici les»
dimenfions du mâle & de la femelle )
eft très -commun dans toutes les terrb-
(h) Navi Comment. Acad. Petrop, tom, V, ad amtos
^
DIMENSIONS
de l'Isatis.
De l'extrémité du
raufeau à l'origine
de la queue
Lbngueur de la queue.
Longueur des oreilles.
Laigeur des oreilles à
labafe.,,, ,«, , .^
s
^1
'emelh. 1
lOUC.
ligiu
TO,
H
I 1.
a
2.
II
I.
- " </^ rifcïtis» 207
DIMENSIONS
de L ' I s A T I s.
Diftance des oreilles
entr'elles
Longueur du bras. .
Longueur de l'avant-
bras
Longueur du carpe ,
du métacarpe &
des doigts
Longueur des ongles
des pieds de devant.
Longueur dts cuiflcs ,
cl ... . . . presque.
Longueur des jambes ,
ci prefque.
Longueur àt& piçds
de derrière
{Longueur àes ongles
des pieds ile derrière.
L' I S A T I S
Mâk. I Femelle.
pieds pouc. ligii.
1 4-. 'T-
// 3. a
5*
U M U^i
g ^. if
M 5. il
H 4« tt~*
Il U nf.
pieds pouc. lign«
// 2. ^^-7.
/y 3 . //-j..
i' 3- *T-
4
!
' 3'
n^
* # //f,'
^ 4. «"'.
Il 4. /^-^,
éi\ nord, voifmes dé la nier glaciale, &
jje fè trouve guère en-deçà du foixam*^
Ueuvième degré de latitude : il eft toutr
à-fait reflembiant au renard par la fonii,e
dii corps & par la Ipngucur de la queue,
lioais par la tête il rejfoiibk plus au çitten^^
'aô8 ^ Hifloire Naturelle
il a k poil plus doux que le reiiarj
commun, & l'on pelage eft blanc dans
un temps , & bleu - cendre dans d'autres
temps. La tête efl courte à proportion
<Iu corps , elle e(l Lirge auprès du cou (Se
fe termine par un mufeau alTez pointu;
les oreilles font prefque rondes : il y a
cinq doigts & cinq ongles aux pieds
<Ie devant, & feulement quatre doigts
& quatre ongles aux pieds de derrière;
dans le mâle, la verge efl à peine grofle
comme luie plume à écrire , les teflicuks
font gros comme des amandes & fi Ifc rt
cachés dans le poil qu'on a peine à les
trouver ; les poils dont tout le corps
«fl: couvert , font longs d'environ deux
(pouces , ils font liiïès , toufïus & doux
comme de la Jaine; les narines & la mâ-
choire inférieure ne font pas revêtus de
poil , la peau efl apparente , noire & nue
•dans ces parties.
L eflomac , les inieflins , les vifcères,
les vaifîèaux fpermatiques , tant du mh.
•que de la femelle , font femblables à ceux 1
"du chien , il y a de même un os dans
4a verge, & le fquekue cniief refîemblc
«i celui d'uii jewurd. •* • - *• i ^
le
''''- de rlfaùs. 2 0<);
La voix de l'ifatis tient de l'aboiement
^u chien & du glapiflcnicnt du renard.
Les marchands qui font commerce de
cileterics , diftinguent deux fortes d'ifatis,
es uns blancs & les autres bleus-cendrés ,
ceux-ci font ies plus eftiniés; & plus ifs
font bleus ou bruns , plus ils font chers.
Cette différence dans la couleur du poil
ne fliit pas qu'ils foient d'cfpèces diffé-
rentes ; des chafîeurs expérimentés ont
afîliré à M. Gmclin, que dans la même
portée il fe irouvoit des jîctits ifatis blanc$
& d'autres cendrés, ainfi l'un n'eft qu'une
variété de l'autre. ' ^ ■
Le climat des ifuis efl: le nord , &:
les terres qu'ils habitent de préférence
font celles des bords de la mer glaciale
& des fleuves qui y tombent ; ils aiment
les lieux découverts &, ne demeurent pas
dans les bois ; on les trouve dans les en-
droits les plus froids, les plus montueux
& les plus nus de la Norvège , de la
Lapponie , de la Sibérie , & même eu
lilande (c). Ces animaux s'accouplent au
(c) Ceft vraifemblablcment en voyageant fur d«
plaçons, que les renards fe font glifîcs en Iflande;
il Ui\ trouve en grande quantité dans cette île ; iil
li^ {
"% i6 hijlolre Naturelle
mois de mars ; & ayant les parties de Îq
génération conformées comme les chienj
ils ne peuvent fe féparér dans !e temps de
l'accouplement; leur chaleur dure quinze
jours ou trois femaines ; pendant ce temp^
ils font toujours à l'air , mais enfuite ils fe
retirent dans des terriers qu'ils ont creufés
d'avance, ces terriers qui font étroits 6i
fort profonds ont plufieurs iffues ; iis les
tiennent propres , & y portent de U
moufle pour être plus à l'aife; la durée
de la geftat-ion eft , comme dans les
chiennes , d'environ neuf (emaines ; \h%
femelles mettent bas à la fin de mai ou
au commencement de juin , & produifent
ordinairement fix , fept ou huit petits (d).
Les iHuis qui doivent être blancs, font
jaunâtres en naiflant , & ceux qui doivent
être bleu-cendrés font nOir«îtres, & leut
ne fonrpoînt rougeâtrcs , ii y en a peu de noirs , éf
communément ils font gris ou bleuâtres en été, ^
blancs en hiver; c'ed dans cette dernière faifon i{u«
leur fourrure eft la meilleure. Hijl, Nat, tie- l'IJlàné,
pDt Amlerfon, tome J, page /â, , \
(d) Nota, M, Gmelin dit, d'après le témoignage dcf
CfialTeurs, que ces animaux produifent ({uelqucfois
vingt ou ving. cim] petits d'une feule portée. Je croij
jpç &it >trçs-fufpp(fl L le nombre très ex^gércj^
detljaûsl. ^^^ If II
poil à tous eft 'alors très-court; la mère
J€s allaite & les garde dani le terrier pen-
dant cinq ou fîx ièmaines, après quoi elle
les fait fortir & leur apporte à manger.
Au mois de (eptembre , leur poil a déjà
plus d*un demi -pouce de longueur; les
ifatis qui doivent devenir blancs, le font
déjà fur tout le corps , à l'exception d'une
bande longitudinale fur le dos, & d'une
autre tranfverfale fur les épaules qui font
brunes, à c*e(l alors que Tifatis s'appelle
mard crolfé (e)» mais cette croix brune
(lifparott avant l'hiver , & alors ils font
entièrement blancs , & leur poil a plus
de deux pouces de longueur ; vers le
mois de mai il commence à tomber , &
la mue s'achève en entier dans le mois de
juillet, ainfi la fourrure n'en e(l bonne
qu'en hiver. *; ■^••- - » -♦ * •
L'ifàtis vit de rats, de lièvres & d*oi-
féaux , il a autant de fineiïe que le renard
pour les attraper; il fç jetie à l'eau &
(t) Nota» Cette indiottion paroît alTez prccifiQ
pour qu'on puilTç croire que le Vulpes crucigera de
Gefner. Icon, Qu^d* fg> pag, t ço; & de Rzaczynskî»,
////?. Nau Polt /'/^. 2ji f^ eft le même aniraal qu^-
an Hifoîre Naturelle, êrd '
traverfè lès lacs pour chercher les iiîcts
des canards &* des oies , il en mange les
ceufs & les petits > Se n'a pour ennemis
«lans CCS climats déierts & froids, que
le glouton qui lui dreUFe des embûches
êi l'attend au paflage. p^^*n;if ryè*
Comme le loup, le renard, le glouton
& les autres animaux qui habitent les
parties du nord de l'Europe & de l'A fie
ont pafle d*un continent à l'autre , & fe
retrouvent tous en Amérique , l'ilùtis
doit s'y trouver aulîl , & je préfumc que
le renard gris - argenté de l'Améri^iue
(eptentrionale , dont Catefby (f) a donné
ia figure , pourroit bien être riditis plutôt
<|u'u«e finiple variété de i'eipèce du
renard. - itism-o'^'^'^/^vuMm^i^^n ..;
'.: nniLù\ ^û vLMt
(f) Hift. Nat. de ia Caroline par Ottcfty, tomfU,
ij .^ î
-S ,•{•' I S r^r,5 *î <■ > ''Y 'î"" i^b'i'
.-i *..
n
' f
•.V.' ! .,i iX^' . '
« 1 '••»>■ <
ai H I il I • rm iiiii • 1^
*!?.
^^2^2BS
LE GLOUTON (a):%
^li^l >fi%./
JLE Gfoitton, gros de corps & bas deâ
jambes, eft à peit près de !a forme d'un
blaireau , mats il eft une fois plus épais &
(a) Glotîton, nom que l'on a donné à cet anima? ,
à cauie de (on infatiable voracité. Jcrj^, en Suédois ;
Wilfni(f. en Allemand ; Rojownck , en E(c'a\'on ;
Ghiitoît . en Anglois; Cnrcajou t en Canada; Quia-
Citjûu , en d'autres endroits de l'Andérique fcptcn-.
trional*. - * jKf îî=«îiqsïf r>r.ffi4 ÏC - i \ U%: vïn^Vj^»*» i
Intcr onmla anhulia qu(Z 'immnn'i vpraclrate CYchintur
infatiûlùlia , gulo, in pnrtilms Suecia fepfcmmiinl'is jmT"
cijuum fufccp'tt iwmen ubi ptitrifl Javione , jçrlF, (l':cuur f
li'igiifi Gcmanicl , wilfraJf; Sclavonice , rofbmaka à
wultd commjlumc ; Lnti'ie vcro nonwfijiLiitio nnrtnne ^ulo,
vi.li'litrt à gulflfitnte appeilatu\\ Oiaï Magni, Hijî, <ie
Gc'it.fifi, pag. I 3vS.
Gulo à voracitute infaiiabili, the Glulton. Charleton,
Onm. pag. 15.
Gulo. Gulm. Apollon. Me^^beni, /:///?. Culoms%
Vicimae^Aiiftrioe , i 68 1 . ». '«•'^t i>
RofonhtkiU Eufeb. Nieremb. HiJI. Nat, Pcregrin,
png. 188. ''■ '••" vf • ^i' ■■'
Rofomiika, Cith, Rzaczyn.skl , hliftcr, Nat. PoL
^inn. 539 Gu!o , Olaï Macfni. Cronihi , Maji.
Boophmst German. W'id'frnff, i\>lonice, Rofi^uik*
là, aud, jxro; J i i»
ïï^ Hiftolre Naturelle'^ ♦
j^Ius grand ; il a la tête courte , les yeint
petits, les dents très-fortes , le corps trapu,
la queue plutôt «ourte que longue &
bien fournie de poil à fon extrémité: il
eil noir (ur k dos., & d'un ►brun - roux
ilir les flancs ; fa 'fouKure eft une des
plus belles & des plus recherchées -, on le
trouve aflez communément en Lapponle
& dans toutes les terres voifmes de la mer
du nord , tant len Europe qu'en A fie;;
on le retrouva fous le nom de Carcajou
au .Canada & dans les autres parties de
FAmérique la plus feptentrionale ; il iy a
même toute apparence que l'animal de
ia baie de Hudfon que M. Edwards a
donné {b) Ibus le nom de Quick-Hatch
ou Woherenne , petit ours ou louveteau,
félon fon tradudeur, eft le même que
le carcajou de Canada , le même que le
glouton du nord de IXurope ; il me paroît 1
auffi que l'animal indiqué par Fernandès,
fous Ip nom de Tepeyl^cuitli ou Chien à
Guh Wieffrajlf, Roophagus ; Magrtus vorâtar , Roft-^
mâcha. Klein, de quaJ, pag« 83^ fîg. tab. 5.
Guh, Âlufleln plnntis j^jjis cor/me rufo-fufco , meé, 1
dorjinigro. Linn. Syfi, nat. edit. X, pag. 4J.
(b^ Edwards, Hiji* oj Birds, p. 10 j, fig. ibid»
, /'^/</l
^// Glouton: "^' ai j]
montagne, pourroit bien être ïe glouton
dont i'e(pèce s'eft peut r être répandue
jufque dans les montagnes dé(èrtes de la
nouvelle ^ipagne fcj,
Olaiis Magnus me paroît être le pi^e- ^
niier qui ait fait inention de -cet animal,;
il dit {dj qu'il eft de la grofTeur d'un _
grand chien , qu'il a les oreilles & la
face d'un chat , ks pieds & ies ongles
très-forts, le poil brun , long & touffu,
la queue fournie comme celle du renard,,
niais plus courte. Selon Scheffer fej , le
glouton a la tête ronde , les dents fortes
& aiguës , fèmblables à celles du loup ,
le poil noir , le corps large & les pieds
courts comme ceux <Je la loutre. La Hon-
tan ffj qui a parlé le premier du car-
eajou de l'Amérique ieptentrionale , dit,
fc) Animal efl j^arvi ct^nis magnitud'me audacijpwm^
pt ; aggreditur enim cervos if quandoqut et'iam inter"
Vfcit, corpus miverfwn nîgrum : peâus ac collum candens%
u/A' hngi if cauda knga & caninum quoque caput ,
mde nemen. Fernandès , Hifl* anim, nov* Hifp, pag. y,
pp. 2 i,
(d) Oldi Magni, de Cent, feptent, :ç. 138 & fiq,
(e) Hirtoire de Lapponie, par J. Schcfïèr, Pç»'is^
{lliyS, page ^ i^.
If) Voyage de.U Hontan , tomt /, page g 6^
i I é Hïflolre Naturelle
ce figurez-vous un double blaireau , c'efl
» l'image Li plus reflemblante que je puiffe
vous donner de cet animal ». Selon Sar-
razin ( g )> qui probablement n*en a voit
vu que de petits , les carcajous n*ont guciç
que deux pieds de longueur de corps <Sc
huit pouces^ de queue; ce ils ont, dit-il,
>5 la tetc fort courte & fort grofî'e , h^
» yeux petits, les mâchoires très-fortes,
3> garnies de trente -deirx dents bien tran-
chantes. •>■> Le petit ours ou louveteau
d'Edwards ( h J , qui me paroît cire le
jnéme animal , étoit , dit cet auteur , jiine
fois aiiin gros qu'un renard , il avoit le dos
arqué, la tcte bafîe , les jambes courtes,
k ventre prefque traînant à terre , la queue
d'une longueur médiocre & touffue vers
l'extrémité. Tous s'accordent à dire qu'on
ne trouve cet animal que dans les parties
les plus feptentrionales de l'Europe , de
l'A fie & de l'Amérique; M. Gmtïm fi)
> ^ ; '
(g) Hifloire de rAcadcmie des Sciences, amh\
(h) Hifloire des Oi féaux , par Edwards » ;\ i o^%
(î) Le aloiiton crt le feu! dont on piiiffe dire,
comme de l'homme, qu'il vît aufîi - bien fous (al
Ligne I
\^% rennes
attache fi f
que rien i
vres anim;
courfè; eif
Ligne qu'au
{ midi au nord]
(h) Brirr.
Tome J.
^ ilu Glouton. . 217
cft le feul qui femble aflurer qu'il voyage
jufque dans les pays chauds ; mais ce fait
me paroît très-lu^edl , pour ne pas dire
fiux ; Gmelin , comme quelques autres
Naturaliftes (k), a peut-être confondu
l'hyaene du midi avec le glouton du nord ,
qui ie refTemblent en effet par les habi-
tudes naturelles , & lîir-tout par la voracité ,
mais qui font à tous autres égards des ani-
maux très-difFérens.
Le glouton n'a pas les jambes faites pour
courir, il ne peut même marcher que
d'un pas lent, mais la rufe fupplée à la
légèreté qui lui manque , il attend les ani-
maux au j)a(rage ; il grimpe fur les arbres
pour le lancer deflus , & les faifir avec
avantage , il fe jette fur les élans & fur
les rennes , leur entame le corps , & s'y
attache fi fort avec les griffes & les dents ,
que rien ne peut l'en féparer; ces pau-
vres animaux précipitent en vain leur
courfe; en vain ils fe frottent contre les
Ligne qu'au Pôle. On îe voit par-tout, il court du
midi au nord , & du nord au midi , pourvu qu'il
I trouve à manger. Voyage de Gmelin, tome III, page ^y 2
lirjuiv, ^
(k) BrifT. Regn, aninu pag. a j 5 & 2 } ô.
Toms XL K
^ 1 8 Hîfloke Naturelle ' ' .
arbres & font les plus grands efforts pour
fê délivrer ; l'ennemi allis fur leur croupe
eu fur leur cou , continue à leur fucer
le fing , à creufer leur plaie , à les dé-
vorer en détail avec le même acharnement,
Ja même avidité jufqu'à ce qu'il les ait
jnis à mort (l) ; il efl, dit-on, inconce-
vable combien de temps le glouton peut
jîianger de fuite , & combien il peut dé-
yorer de chair en une lèule fois. -
Ce que les Voyageurs en rapportent
efl peut-être exagéré ; mais en rabattant
beaucoup de leurs récits, il eu rerte encdrç
(!) Le fjlcmton efl un anima! carnafTler, un peu
fnoins grand uuc le loup ; il a le poil rude , long &
«3'un brun cjui approche du noir , fur-tout fur le dos;
îf a la rufe de grimper fur un arbre pour y guetter
Je oibier; & lorfque qucluu'animal pafle il s'élance
fur (on Aoî } di fait f\ bien s'y accrodier par le moyen
t!e fcs griffes , qu'il lui en manoe une partie , & que le
pauvre aninul , après bien des cfTorts îiuitiles pour
fc dctaire d'un hôie fi incommode tombe enfin par
terre & devient la prcie cle fon ennemi. H faut au
rnoinî^ trois des plus forts lévriers pour attaquer cette
liête , encore leur donne-t-elle bien de la peine. Les
3Ui(Tes font grand cas de ia peau du glouton , ils
l'emploient ordinairement à des mandions pour lej
Jiommcs & des bordures de honnetô. Eeintion dt k
LYunde Janarie. Anijhrtiam, iJSJ t page 8.
#
convaincu
que le
Jii GloutOfU
aflez (m) pour eti
glouton eft beaucoup plus vorace qu'au-
cun de nos animaux de proie, aufii l'a-
t-on appelé ie Vautour des quadrupèdes ;
plus infatiable , plus déprédateur que ic
loup , il détruiroit tous les autres animaux
s'il avoit autant d'agilité ; mais il eft réduit
à fe traîner pefamment , & le (eu! animal
qu'il puifle prendre à ia cour(e eft le
caft or , duquel il vient très - aifément à
bout, & dont il attaque quelquefois les
cabanes pour le dévorer avec (es petits
lorfqu'ils ne peuvent afîez tôt gagner
l'eau (nj, car le caftor le devance à la nage ,
(m) Hoc animal vora:ijfwmm eft , rcjierto tiamque ca-
'ilûvcre tantnm vorat ut vioknto cibo , ccrp:-s injl.ir tym-
jumi extendatur ; iiwemnque afJguflui in ter arhresfefinngit
m violemius egerat : fcque extcnuatum revertitur ad ca-
daver iX adpummm ufque repletur , itenutujui fe Jhlugit
ûUgufliH priore , &c, Olaï Magni, Hifi, de Gem,Je[^tt
pag. 1 38. i /iiî^r î
(n) Le Carcajoii, quoî(;iie petit, crt très-fort &
très - furieux ; & quoique carnauier , il tfl fi lent &
fi pefant qu'il fe traîne fur la neige plutôt qu'il Wy
marche. Il ne peut attraper en marchant que le cifl. r , ♦^
a^x efl auffi lent que \\ak , & il faut que ce foit en
été où le caftor eft hors de fa cabane , mais en hiver
il ne peut que brifer & démolir la cabane & y prendre
le caftor , ce qui ne lui réuftît que très • rarement ,
(larce que le caftor a fa retraite alTurée fous la glace«
i20r HîjJoire Naturelle ''
ôi le gîoiuon qui voit échapper (à proie ,
fe jetie fur le poiiïon; & lorfque toute
.chair vivante vient à lui manquer, il cher-
che les cadavres, les déterre, les dépèce
& les dévore jufqu'aux os.
Quoique cet animal ait de la finefle &
mette en œuvre des rufes réfléchies pour
fe faifir des autres animaux , il femble
qu'il n'ait pas de (èntiment diftincfl pour fa
conlêrvation , pas même l'initincî;!: com-
mun pour fon (Iilut ; il vient à l'homme
ou s'en iaifle approcher fo) (ans appa-
rence de crainte ; cette indifïerençe qwi
Hiftoire de l'Àtadéniie royale des Sciences , année f^ij,
page 14.
foj Les Ouvriers aperçurejit de loin un animal qui
marchoit à eux gravement & à pas comptés, que
quelques-uns prirent pour un oursj & d'autres pour
/ un glouton; ils allèrent au-devant de cet animal,
qu'ils reconnurent à la fin pour un glouton , & après
qu'ils lui eurent donné quelques bons coups de perche,
ils le prirent encore en vie; ils me l'apportèrent
auflîtôt D'après les rapports que les chaflcurs
de Sibérie m'avoient fait depuis plufieurs années fur
-l'adr^fTe de cet animal, foit pour tourner les autres
animaux & fuppléer par la rufe à la légèreté que la
I^Jature lui a re^fée , fok pour éviter les embûches
des hommes, je fus très-étonné de voir arriver celui-ci
de propos délibéré au - devant de nous pour chercher
il .ffîoi't. Isbrand-ides l'appelle un animai méchant,
dît Glouton. 2 2 t
paroît annoncer l'imbécillité, vient peut-
être d'une caulè très - différente ; il eft
qUi ne vit que de rapine ; « il a coutume , dit - il,
de fe tenir fur les arbres tranquille , & de s'y ca- «
cher comme le lynx ju(qua ce qu'il pafTe un cerf, «
un éian^ un chevreuil , un lièvre , écc. alors il s'élance «
arec toute la rapidité d'une flèche fur l'animal , lui «
enfonce fes dents dans le corps & le ronge juf- «r*
qu'à ce qu'il expire , après quoi il le dévore à fon «c
aife & avale jufqu'au poil & à la peau. Un Wai- «
vode qui gardoit cîiez lui pour fon plaifir un «
glouton le fit un jour jeter dans l'eau & lâcha «
fur lui une couple de chiens j mais le glouton le jeta «
auflTitôt fur la tête d'un de ces chiens , &l le tint (bus «^
l'cïu jufqu'à ce qu'il l'eût fufFocjué >• . , . L'adreflè
dont fe fert le glouton pour furprendre les animaux
( continue M. Gmelin ) eft confirmée par tous les
chafTcurs quoiqu'il fe repaifle de tous les ani-
maux vivans ou morts, il aime de préférence le
renne Il épie les gros animaux comme urt
valeur de grand chemin, ou bien il les lurprend
quand ils dorment au gîte ... il recherche tous les
pièges que les chafleurs tendent pour prendre les dif-
férentes efpèces d'animaux, & il ne s'y laifle pas^
attraper Les chaflèurs de renards bleus &
blancs (ifatis), qui (è tiennent dans le voifinage de la
mer glaciale , fe plaignent beaucoup du tort que leur
fait le glouton On l'appelle ainfi avec raifon ,
parce qu'il eft incroyable ce qu'il peut manger; je
n'ai jamais entendu dire, quoique je l'aie demandé
ptufieurs fois à des chaflèurs de profeflion, que cet
animal fe preflTe entre deux arbres pour vider fon
corps , & y faire de la place pour fatisftiire de nou-
veau & plus promptcment îbn infatiable voracité,
Iv ii;
^•Si..
2 21 Hlflobê Naturelle
certain que le gîouton n'eft pas flupîJe,
puilqu'ii trouve les moyens de fatisfiiirc
à ion appétit toujours prefliint & plus
qu'immodéré; il ne manque pas de cou-
rage , puifqu'il attaque indifîéremment
tous les animaux qu'il rencontre , & qu'à
* h\ vue de l'homme il ne fuit , ni ne
marque par aucun mouvement le (entr-
. inent de la peur l'pontanée ; s'il manque
donc d'attention fur lui-même , ce n'cll
point indifîérencc pour la conlervaticn,
ce n'efl: qu'habitude de fécurité : comme
il habite im pays prelque délèrt, qu'il
y rencontre très-rarement des hommes,
qu'il n'y connoît point d'aiures ennemis;
que toutes les fois qu'il a meluré lès forces
avec les animaux , il s'efl trouvé lupé-
rieur; il marche avec confiance «Se n'a
pas le germe de la crainte , qui fuppofc
quelqu'épreuve malheureule , quelqu'ex-
périence de la foiblefie ; on le voit par
i'exemple du lion qui ne (e détourne pus
Cela me paroît être la fable d'un Natiiralirte , oU
la fidion d'un Peintre. Voy.ige de Gmelln, tome Ilf,
page 492. Nom. C'efl Olaiis qui le premier a écrit
cette fable, & un Dtlïlnaicur, copie d^ns Gciner,
^ui la inife en H^uic.
lommes
du Glouton* 2 2 3f
it rhomme , à moins qu'il n'ait éprouvé
la force de les armes ; & le crloutoii le
traînant fur la neicre dans iow clijiiat de-
fert, ne laifle pas d'y marcher en toute
fécurité , & d'y régner en lion , moins
par là force que par la foiblefle de ceu;s
qui l'environnent. r .
li'iliuis moins fort» mais beaucoup pluâ
léger que le glouton , lui fert de pour-
voyeur , celui-ci le fuit à fa chafle , <Se
fouvent lui enlève là proie avant qu'il ne
l'ait entamée , au moins il la partage , car
au moment que le glouton arrive, fifatis
pour n'être pas mangé lui-même, aban-
donne ce qui lui relie à manger ; ces
deux animaux fe creulènt également des
terriers ; mais leurs autres habitudes font
différentes, filàiis va fouvent par troupe,
le glouton marche (èul , ou quelquefois
avec fi femelle ; on les trouve ordinaire-
ment enlcmble dans leurs terriers. Les
chiens (p) , même les plus courageux ,
craignent d'approcher & de combaurc le
(p) Vt,i v'x conceditur ut a camlms apprehenrî itur , nnii
vnguldS , dcntefque atleo rtattos habeat , w e'jns unignlfiiin
formulent canes qui în ferociffinios lupos vires fit cH exre/t-
JerefoUnt, Oiaï Magiil , /////, de Gcnt^fcr^ pa|y(. t j o.
214' H'îfloire Naturelle
glouton , il Te défend des pieds & des
dents , & ieur fîiit des blelTures mortelles ;
mais comme il ne peut échapper par la
fuite , les hommes en viennent aiféjnem
<à bout. . ,.. , , t * *
* ' La chair du glouton (q) , comme celle
de tous les animaux voraces , efl: très-
mauvailè à manger, on ne le cherciie
que pour en avoir la peau , qui fait une
très - bonne (r) & magnifique fourrure ,
on ne met au - defTus que celle de la
zibeline & du renard noir , & Ton pré-
tend que quand elle efl bien choifie, bîcii
préparée , elle a plus de luflre qu'aucune
(q) Cara hujits animalis omiiitio iitutilis efl nd fiwiumam
efcam , fed jiellis umltum conmwda ac prctiofu. Candct
tnim fujcata nigredhie inflar panni danhjfceni diverf.s
ornata flguris ntque puklirioY in afpedti reddittir (jm nni-
fcum diligentia & induflria cohrum confcrmitiite in cw-
rumque veflium gcnere fuerit coadunata. 0!aï Magni, Hijh
de Gent.ftpt. pag. 139,
(r ) On dit que le glouton eft un animal parti-
culier au pays du nord Il efl de couleur noi-
râtre; les poils comme le renard, pour la longueur
& l'épaKïèur, mais plus fins & plus doux, ce c[ui
fait que les peaux en font plus recherchées 6c fort
chères , mcme en Suède, Article extrait ^ trnduit.
Appollon. Mcgabcni , Ilfloria Gulouis , Vicnna;-
Auflriae , I 6 B I ,
••* fJu Glouton. 22 5
autre , & que fur un fond d'un beau
noir , ia lumière (e réfléchit & brille par
parties comme fur une étofïè damadée (j),
(f) Les goulus font a(Tez communs en Lapponie....;
La peau en crt extrêmement noire ^ dont le poii ren-
voie une certaine blancheur luilante comme les fatins
h damas à fleurs. Quelques-uns la comparent à ia
peau des martes zibelines , fi ce n'ert que celles-ci ont
le poil plus doux 6f délicat. Cette bête ne demeure
pas feulement fur la terre, mais encore fous l'eau
tomme ks loutres mais le goulu t{\ beaucoup
grand & plus vorace que la loutre Il ne pour-
luit pas feulement les bêtes fauvages , mais encore les
(lomeftiques , & même les poiffbns. Hijloire de la
liq'foiiU , par Sc/iepr , page 3 i ij.
K»
'. '¥
2i6 Hifloke Naturelk
LES MOUFFETTES.
n
ou s Jonnoiis fe nom générique de
Aîouffette à trois ou quatre el'pèces d'ani-
maux , qui renferment & répandent forl-
qu'ils font inquiétés , une odeur iî forte
& fi mauvailè qu'elle fufîoque comme la
vapeur fouterraine qa'on appelle mouffette.
Ces animaux fe trouvent dans toute l'é-
icndue de l'A mérique ( a J méridionule
ffl) Dans îes terres voifînes du détroit d« Ma-
jgeifan, nous vîmes un autre animai à qui nous doa-
names ic nom de Grondeur ou de Souffleur , parce
qu'il ne voit pas plutôt quelqu'un qu'il gronde, foufÏÏe
& gratte la terre avec fes pieds de devant , (.[uoitjinl
n'ait pour toute défcnfe que (on derrière qu'il tourne
«i'abord vers celui qui l'approche , & d'où il fait
fortir des excrémcns d'une odeur la plus détertable
«ju'if y ait au monde. Voyage <iu capit^iine Wood, Suitt
^ts voyages de Dam fier , tome V, pa^e i S r . — H
y a au Pérou beaucoup de petits ren. '? , parmi lef-
«juels il faut remarquer ceux qui ren^.ent une odeur
jnfupportable ; ils entrent les nuits dans les villes,
& quelque fermées que foient les fenêtres, on les
fent de plus de cent pas ; iKUrcufcment que le nombre
en eft petit, car ils cmpuantiroient le monde entier,
JHfffifire tia Iikus, tome U, page 2^^t
Jes AhuffetteS, 227,
& tempérée ; ils ont été défignés indif-
tindement pur le:; Voyageurs, (bus les
noms de puans , bêtes puantes , enfans du
diable, &€* (b), & non- feulement on les
a confondus entr'eux, mais avec d'autres
qui ibnt d'efpèces très - éloignées. Her-
nandès ( c ) a indiqué afTez clairement
trois de ces animaux , il appelle (e pre-
(h) Une forfc de fouine qu'on a nommt'e Enfant
du diabk ou Bêie puante , parce que fon urine qu'elle
lâche quand elle eft pourfuivie, emptde l'air à an
demi-quart de lieue à la ronde, cfl d'ailleurs irn fort
joli animal ; elle efl: de la grandeur d'urv petit char,
mais plus grofTc; d'un poil luifant tirant (ur le grij.,
avec deux lignes blanches qui lui forment fur le dos
une figure ovafe depuis le cou juf(-]u'a ta ijueue ; cette
queue e(l toirfFue ccMTtme celle du renard, & elfe:
h redreflfe comme fait l'écureuil. Hifîoire de la mit'
rdle France, par le P. Chnrlevoix , tome III , page ^jfw
NcTA, Cet animal eft le même que celui que nou»
aj'>[)cllerons ici Conepate , du iiom qu'il porte ais
Mexique,
fc) Yr(.pJîepatl/?« Vu!{,ecu!ft(]i((Z Aliiirtum tnrrefd<fîit>n
amul.itur colore, Genus prh-rmm funr IT alla du»
hijus vidiicadit gênera eadem forma & luv.ira' ,pioruffïï
aheruin YAjuifpatl' etin'n voc/itum fafc'iis tmilih la'tdfrf"
tîlnis f/iflinî^uititr , ahcnm vcro ( 'onepati feu vulpecuf^
pucrdis unicii ra"timi utr'hi'juc diiâa peri/ue cwlfini î/fiinv
tihlan modo dclauu ikrnaïKl, lii(l. Mex. pa^. Jja ,
tk. ibid.
liS Hijîohe Naturelle
raier Yfquîepad , nom Mexicain que nous
lui conlërverions s'il étoit plus aile de le
prononcer ; il en donne ia delcription &
la ficure, & c*efl: le même animal dont on
trouve auffi la figure dans l'ouvraore de
Seba ( d); nous l'appellerons Coaje , du
nom Squash qu'il porte dans la nouvelle
Eipagne (e). Le fécond de ces animaux
que Hcrnandès nomme aufîi Yfquïepatl,
elt celui qui efl: ici repréienté & que nous
appellerons Chinche , du nom qu'il porte
dans l'Amc^rique méridionale. Le troi-
fième que Hernandès nomme ConepaU ,
ÔL auquel nous confe.verons ce noiii,
eft le même que celui qui a été donné
par CateiLi (f) fous lu dénomination de
(d) Seba, vol. 1 , jmg. (!> 8 , Tah, ^z , fg. /,
(e) Le Squashe efl un animal à quatre pie<.!<, pJus
gros qu'un chat , fi tcie rcffcnihlc affez à cdie du
renard ; il a ies oreilles courtes & des ^\\\^<:i aiguës
qui lui fervent à efcalaJer les arhtcs tout conlme un
chat ; il a la peau couverte ci\iî\ poil court , fm
& jaunâtre, fa chair tn tfl tic; bonne & fort faine,
V«!ya^c de Dampier, tonu lîl , juge ^02,
( f) Hifloire tvure'; de la Caroline par CateH)?.
Londres , t y^j , t >ne // , page 6.^ , f^r. jlnd. Voici
la dcferiptbn qu- donne cet auuur. '« Cet animal
des Moifffettes, 2 2 p
putois d' Amérique , & par M. Brâflbn fous
celle de putois rayé (g). Enfin nous con-
iioifTons encore une quatrième efpèce de
mouffette à laquelle nous donnerons ie
nom de Xorille , qu'elle porte au Pérou
& dans quelques autres endroits des Indes
elj3agnoles.
C'eft à M. AuBry, Curé de Saint
Louis , que nous fommes redevables de
la connoifTance de deux de ces animaux ;
fon goût & fes lumières en Hiftoire na-
turelle , brillent dans fon Cabinet , qui
eft un des plus curieux de la ville de
paris, il a bien voulu nous communiquer
fes richeffes toutes les fois que nous en
avons eu befoin ; & ce ne fera pas ici la
feule occafion que nous aurons d'en mar-
quer notre reconnoifîance. Ces animaux
par fa taille n eH pas fort diffcrent du piiteis commun , «
fi ce n'cft i]ue fon nez en un peu plus long ; tous ««
'-eux que j'ai vus étoient noirs & blancs , quoi- «
qu'ils ne fuffent pas marqués de ia même ma- u
nière ; celui-ci avoit une raie blanche qui s ctendoit «
depuis le derrière de la tête , tout du long du milieu «
du dos jufqu'iUi croupion , avec quatre autres raies «
de chaque côté qui étoient parallèles à la première. »
(^) Muflelanigra, tamis in dorfo alhis, Putorius ^natt^
Le putois rayé, Brifl", Re^n, ami. pag, îjo.
• I
ijO Hîjloke Naturelle
que M. Aubry a bien voulu nous prêter-
pour les faire deffiner & graver, iont le
coalè , le chinche & le zorille ; on peut
regarder ces deux derniers comme nou-
veaux , car on n'en trouve ia figure dans
aucun Auteur.
Le premier de ces animaux eft arrivé à
M. Aubry, fous le nom de Pékan, enfant
du diable , ou chat fauvage de Virginie ;
j'ai vu que ce n'étoit pas le pékan , j'ai
rejeté les dénominations d'enfant du diaj 'e
& de chat fiuvage comme fadices ôc
compofées , & j'ai reconnu que c'étok
le même animal que Hernandès a décrit
fous le nom à' Yjquiepatl , & que les Voya-
geurs ont indiqué Ibus celui de fquash ;
ik c'ell de cette dernière dénomination
que j'ai dérivé le nom coûfe que je lui
ai donné ; il a environ leize pouces de
long , y compris la têie & le corps , il
ai les jambes courtes, le mufeau mince , les
oreilles petites, le poil d'un brun foncé,
les ongles noirs & pointus ; il habite dans
des trous , dans des fentes de rochers ,
où il élève (es petits ; il vit de larrabées.
de vermilîeaux , de petits oi féaux ; &
iorfqu'il peut entrer dans une balfe-courj
clés Moufettes: 1 3 ti
il étrangle les volailles, defquelles il ne
mange que la cervelle : lorlqu'il eft irrité
ou eîfrayé il rend une odeur abominable :
c efl: pour cet animal un moyen iiir de
défenfe , ni les hommes ni les chiens
n'oient en approcher : Ton urine qui
fe mêle apparemment avec cette vapeur
empeflée , tache & infede d'une manière
indélébile ', au refte il paroît que cette
mauvaile odeur n'eil point une chofe
habituelle, ce On m*a envoyé de Suri-
nam , cet animal vivant , dit Seba (h), et
je i'ai confervé en vie pendant tout un et
été dans mon jardin où je le tenois et
attaché avec une petite chaîne; il ne et
mordoit perfonne , & lorsqu'on lui don- «c
noit à manger , on pouvoit le manier «:
comme un petit chien ; il creufoit la çc
terre avec Ton mufeau en s'aidant des ce
deux pattes de devant , dont les doigts «
font armés d'ongles longs & recourbés ; et
(h) YjquUpatl , dont fa couleur reflemble à celle
du maïs brûlé ... fa tête refîèmble à celle d'un petiit
renard , & Ton groin efl à peu près comme celui
du cochon; les Américains l'appellent Quasje. Seba,
vol. I , paae 68. Nota. Cette autorité prouve encore
que le mot Stjuush ou Coafe efl; le vrai nom de çe|
animal.
V
232
Hifloîre Naturelle
33 il fe cachoit pendant ie jour dans une
35 efjîèce de tanière qu'il avoit fait lui-
33 même , il en fortoit le foir , & après
33 s'être nétoyé , il commençoit à courir
33 & couroit ainfi toute la nuit à droite
33 & à gauche aufîi loin que fa chaîne
33 lui pcrmettoit d'aller ; il furetoit par-
>3 tout , portant le nez en terre ; on lui
33 donnoit chaque foir à manger , & il
33 ne jjrenoit de nourriture que ce qu'il
33 lui en f :Iloit , fans toucher au refte ;
33 il n'aimoit ni la chair ni le pain ni
33 quantité d'autres nourritures , fes délices
» étoient les panais jaunes , les chevrettes
33 crues , les chenilles & les araignées . . ,
33 Sur la fin de l'automne on le trouva
33 mort dans la tanière , il ne put fins
:o doute fupporter le froid. Il a le poil
3> du dos d'un châtain foncé , de courtes
33 oreilles , le devant de la tête rond ,
33 d'une couleur un peu plus claire que
33 le dos, & le ventre jaune. Sa queue eft
33 d'une longueur médiocre , couverte
33 d'un poil brun &: court ; on y rc-
33 marque toi lutour comme des anneaux
jaunâtres 33. Nous observerons que quoi-
que la defcriptiou & ia figure données
par
Sena
ries Mouffettes, 233
, s'accordent très-bien avec îa
defcription & la figure de Hernandès , on
pourrroit néanmoins douter encore que
ce fût le même animal, parce que Seba
ne .fait aucune mention de Ion odeur dé-
teftable , & qu'il eft difficile d'imaginer
comment il a pu garder dans ion jardin ,
pendant tout un été , une béte auffi
puante , & ne pas parler en la décrivant ,
de l'incommodité qu'elle a dû cauier à
ceux qui l'approchoient ; on pourroit donc
croire que cet animal, donné par Seba
fous le nom à'yfquiepatl ^ n'efl: pas le vé-
ritable , ou bien que la figure donnée par
Hernandès a été appliquée à l'yfquiepat! ,
tandis qu'elle appnrterioit peut-être à un
autre animal , mais ce doute , qui d'abord
paroît fondé , ne flibfiftera plus quand on.
faura que cet animal ne rend cette odeur
empeftée que quand il eft irrité ou prefîé,
& que piufieurs perfonnes en Amérique
en ont élevé & apprivoifé ("ij,
[i) Malgré l'incommode propriété de ces animaux",
les Ànglois , les François , les Suédois & les Sauvages
de l'Amérique fèptentrionaie en apprivoifent quel-
quefois; on dit (ju'aiors ils fuivent comme les ani-
maux domefliques , & qu'ils ne lâchent leur urine
que quand on les preflè ou qu'on les bat : lorfque
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%
\N
2)^ H'ijloire Naturelle
De ces quatre efpèces de mouffettes,
que nous venons d'indiquer (bus les
noms de coafe , conepate , chinche & •j^or'ilk,
les deux dernières apparriennent aux cli-
mats les plus chauds de l'Amérique <né-
ridonale , & pourroient bien n'être que
deux' variétés & non pas deux efpèces
difîérentes. Les deux premières font du
climat tempéré de la nouvelle Elpagne,
de Li Louilîane , des Illinois , de la Ca-
roline , &c. & me paroiffent être deux
efpèces diftindes & différentes des deux
autres , fur-tout le coaiè qui a le caraaèie
particulier de ne porter que quatre ongles
aux pieds de devant , tandis que tous les
autres en ont cinq ; mais au refte ces
animaux ont tous à peu près la même
figure , le même inflinc^ , la même mau-
îes Sauvages en tuent quelques-uns ils leur coupent
la veflle, afin que fa chuir , qu'ils trouvent bonne
à manger, ne prenne pas l^)deur de l'urine; j'ai f(ui.
▼ent rencontre des Angiciis & àit% François qui m'ont
dit en avoir mangé & l'iivoir trouvée d'un tiès - bo;i
goût , qui approchoit lélon eux de celui du cochon
de lait ; les Européens ne font aucun cas de fii peaa
à caufe de Ton épaifleur & de la longueur de fwn poil,
mais les Sauvages fe fervent de ces peaux pour faire des
bourfes , &c. Voynge de Knlm , page ^ly » articlt
traduit par M* U yiarim de Moiumirai/»
; * .
Jes Mottfettes. 13 j
val(é odeur, & ne diffèrent, pour ain(i
dire , que par I^s couleurs & la longueur
du poil. Le coaie eft , comme on vient
de le voir, d'une couleur brune afîèz
uniforme , & n'a pas la queue touffue
comme les autres. Le conepaie (k) a fur
(k) Les Angîois appellent Polecat , une cfpcce
d'animal , 4]ue l'on trouve communcmenr , non-lcu-
iement en Penfiivanie, mais dans d'iiutrcs pays plus
au nord & au fud en Amérique , on l'appelle vulgai-
rement Scmck , dans la nouvelle Yorck ; les Suédois
qui font dans ce pays, le nomment Fnkatte >
Cet animal rcfltmbie beaucoup à la marte , il eft
à peu près de la nitmc grofleur, & ordinairement
d'une couleur noire , il a cependant fur le dos une
ligne blanche longitudinale , & une de cha(}ue côté de
la même couleur & de la même longueur; on en
voit, m:iis .rarement , qui font preCque tous blancs. . .
Cet animal fiiit (ts petits également dans des creux
d'arbres & Acs terriers , il ne refte pas feulement
fur terre, mais il monte fur les arbres. Il eft ennemi
des oifcaux ; il brife leurs œufs & mange leurs petits ;
& quand il peut entrer dans un poulaillier , il /
fait un grand ravage Quand il efl cbaHc ,
fuit par les chiens, foit par les hommes, il court
tant qu'il peut ou grimpe fur un arbre ; & loi fqu^
fe trouve très-prcflê, ii lance fon urine contre ceux
ui le pourfuiveht. . . l'odeur en eft fi forte qu'elle
ufFoijue ; s'il tomboit une goutte de cette liqueur
emptftce dans les yeux , on courroit rifquc de perdre
la vie i & quand ii en toml>e fur les habits , elle
leur imprltne une odeur fi ibrtc, qu'il eft tres-dif*
?;
• i
2.3^ Hîjloke Naturelle
un fond de poil noir cinq bandes blancFios
qui s'étendent longitudinalement de ia tête
à la queue. Le chinche (l) cil blanc fur
ficile de la faire pafrer ; la plupart des cïiicrw fc re-
feutent & s'enfuient dès qu'ils en font frappés ; i|
&ut plus d'un mois pour enlever cette odeur d'une
étoffe Dans les bois on fent fouvent cette
©deur de très-ioin. En 1749, il vint un de ces
animaux près de la ferme oii je iogeois, c'étoit en
hiver & pendant la nuit, les chiens étoient éveillés
& le pouifuivoicnt ; dans lie moment , il fe répandit
îane odeur fi fétide , qu'étant djjns mon lit , je pcnfai
être fufFoqué, les vaches beugloient de toutes leurs
forces Sur la fin de la même année, \\ s'en
gliflà un autre dans notre cave , mais il ne répandit
pas la plus légère odeur , parce qu'il ne la répand
que quand il eft chafië ou prcfie. Une femme qui
l'aperçut la nuit à (ts yeux étincelans , le tua , &
dans le moment il remplit la cave d'une "telle odeur,
que non-feulement cette femme en fut malade pen-
dant quelques jvours , mais que le pain , la viande
& les autres pro\ifioris qu'on conlervoit dans cette
cave furent tellement infedés , qu'on ne put en rien
cnriferver, & qu'il fallut tout jeter dehors. Voyage à
Kalm t yage ^^2. & fuïvmm ^ article traduit par M.
le marquis de MoHtmirai/,
(!) Cet animal cft appelé Chînche par les Natu-
rels du Brefil, il eft de la groffcur d'un de nos chats,
il a la tête bnorue, (è rétréciflant depuis fa partie
antérieure ji \ l'extrémité de la mâchoire (upé-
ricure qui a\ 1 au-delà de la mâchoire inférieure,
lej deux formant une gueule fendue jufqu*aux petits
cns fc re-
iippés ; il
leur d'une
vent cette
Lin de ces
cétoit en
-nt éveillés
(e répandit
t , je pcnlai
toutes leurs
née, M s'en
ne répandit
e la répand
femme <\m
le tua , &
<ellc odeur,
malade pen-
lii viande
dans cette
)Ut en rien
■s. Voynge à
aduit par M>
ar îes Natu-
de nos chats,
)uis fa partit
ichoire (upé-
re inférieure,
iju aux petits
Jes Mouffettes. ^37-
le dos & noir fur les flancs , avec la tête
canthus ou angles extérieurs des yeux, (es yeux font
iongs, & leur longueur eft fort rétrccie, l'uvée eft
n»ire, & tout le refte eft blanc; (es oreilles font
larges & prefque femblables à celles d'un homme, les
cartilages qui les compofent. ont leurs bords renverfés
en dedans ; leurs lobes ou parties inférieures pendent
un peu en bas ; & toute la difeofition de ces oreilles
iTuirque qu€ cet "animal a le (cns de l'ouïe fort dé-
licat ; deux bandes blanches prenant leur origine fur
la tête , palTent au - defTus des oreilles en s'éloignant
l'une de Vautre , & vont fe terminer en arc aux
côtés du ventre ; (es pieds font courts , (es pattes
divifées en cinq doigts , munis à leurs extrémités de
cinq ongles noirs, longs & pointus, qui lui fervent à
crcufer fon terrier; fon dos eft voûté, femblable à
celui d'un cochon , & le defTous du ventre eft tout
plat ; fa queue au(ri longue que fon corps , ne diffère
pas de celle d'un renard ; fon poil eft d'un gris obfcur
d long comme celui de nos chats; il fait fa demeure
dans la terre comme nos lapins , mais fon terrier
n'eft pas fi profond ; j'eus une très-grande peine à
faire perdre a mes habits U mauvaife odeur dont ils
étoient imbus , elle dura plus de huit jours , quoique
je les eus lavés plu(îeurs fois, mouillés, féchés au
(bleil , &C. On me dit que la mauvaife odeur de
cet animal étoit produite par fon urine, qu'il la ré-
pand fur fa queue , & qu'il s'en (èrt comme de gou-
pillon pour la difperfer & pour (aire fuir (es ennemis
par cette odeur horrible ; qu'il urine de même à
l'entrée de fon terrier pour les empêcher d'y entrer ;
qu'il eft fort friand d'oifeaux & de volailles, & que ce
(ont ces animaux qui détruifent principalement les
oifeaux dans les campagnes dt Buenos-ayres. Journaf
i 3 8 Hîftolre Naturelle
toute noire , à l'exception d'une bande
blanche qui s'étend depuis le chignon
jufqu'au chanfrein du nez ; (à queue eft
très - touffue & fournie de très - longi^
poils blancs mêlés d'un peu de noir. Le
zorille (m), qui s'appelle aulîî mapurita (n)y
<ht P. Feui/l/e, Paris, ryt^tpage 2y2 & fuîv,
J^ota. Il me paroît que ce même animât eft indiqué
par Acofla (bus le nom de Chincille , qui ne diffère
pas beaucoup du chinche. « Les chincilies, dit cet
•» Auteur , (ont petits animaux comme cfcuricux,
9* qui ont un poii merveilieufement doux & ii(ré
& (c trouvent en ia Sierre du Pérou ». Hijtoin na-
turelle des Indes occidentales , page ipp» '"' \
(m) Le Zorilia de la nouvelle Efpagne cft grand
comme un chat, d'un poil blanc & noir, avec une
très - belle queue : lorfqu'il cft pourfuivi , il s'arrête
pour piflTcr , c'cfî fa dcfenfe ; car la puanteur de cet
excrément eft fi fiorte, au'eile empoilbnnc l'air à cent
pas à ia ronde, & arrête ceux qui le pourfuivent;
s'il en tomboit fur un habit , il faudroit l'enfermer
fous terre pHir en ôter la puanteur. Voyage de
Ccmelli Car tri, tome VI , pages 212. iX 21^,
(n) Le Mapurita des bords de l'Orenoque crt un
petit animal le plus beau & en même temps le plus
dctefinble que l'on pui(lc voir : les Blancs de l'Amé-
rique l'appellent Mapurita, & les Indiens Mafutik-
qui; ii a le C:)rn5 tnut taché de blanc & de noir;
ix quci'c rft garnie d'un très - beau poil : il eft vif,
méchiiiit & hardi, • . • . fe fiant fur Tes armes, dont
'• / : Jes Mouffettes. • ^39
ijaroît être d*unc efpèce plus petite, il a
néanmoins la queue tout aufli belle &
aufîi fournie que ie chinche dont il dif-
fère par la dilpofition des taches de ià
robe, elle eft d'un fortd noir fur lequel
s'étendent longitudinaiement des bandes
blanches depuis la tête jufqu'au milieu
du dos, & d'autres efpèces de bandes
blanches tranfveriaicment fur les reins ,
la croupe & l'origine de la queue , qui
eft noire jufqu'au milieu de fa longueur ,
& blanche depuis le milieu jufqu'à l'ex-
trémitc , au lieu que celle du chinche eft
par- tout de la même couleur. Tous ces
animaux (o) font à peu près de la même
j'ai éprouvé Teffet au point d'en être prefquc fuffoqué...
il Ikhe des vents qui empeftent , même de loin
Les InJiens cependant mangent fa cfiair & fe pnrcnt
de fa peau , qui n'a aucune mauvaife odeur. Hif-
me naturelle de l'Orenoque , par Cumilla, tome Jll ,
^uge 240, ^ ^ ^ ^
(0) \\ y ^h. !a Louifiane une cCpècç d'animal aficz '
joli, mais qui de plus d'une litue empcde l'air de
fon urine; c'eft ce qui le fait nommer la héte jmnttte ;
elle ert grofle comme un cliat : le mâle efl d'un
très - beau non* , & la Êcmelle auiïl noire , ert bordée
de blanc ; fon œil cft très-vif elle e(l à jufle
tit c lumimce pu<mte , car fon odeur infecîle, , . . . ,
Un jour j'en tuai une, mon chien fe jetta deffus
k revint à moi en la feçopant ) une goutte de fon
1 40" Hîfloire T^aîurelle '
figure & de la même grandeur que le
-î "i- ''- ^i • putos
feng, & fans doute auflî de Ton urine, tomba fur
mon habit , qui étoif de coutil de chafîc , &
m'empefta fi fort que je fus contraint de retourner
chez moi au plus vite changer de vêtement, &c.
HiJloire.de la Louifiane » par le Page du Prati, tome JI,
pages S 6 & 8jr» — Lorfqu'un de ces animaux eft
attaqué par un chien , pour paroître plus terrible ,
il change fi fort fa figure en hériflant fon poil &
fc ramaflànt tout le corps qu'il eft prefque tout
rond, ce qui le rend étrange & affreux en même
temps ; cependant cet air menaçant ne fuffifant pas
pour épouvanter fbn ennemi , il emploie pour le
repouflcr un moyen beaucoup plus efficace > car
ii jette de quelques conduits fecrets une odeur Ç\
empeftée , qu'il cmpoifonne l'air fort loin autour
de lui. Cl bien que les hommes & les animaux ont
un grand empreffement à s'en éloigner ; il y a des
chiens à qui cette puanteur efl infupportablc , &
cïle les oblige à laiffer échapper leur proie; ; ii y en
a d'autres qui enfonçant leur nez dans la terre
renouvellent leurs attaques jufqu'à ce qu'ils aient tué
Je putois ; mais rarement dans la fuite fè foucient - ils
de pourfuivre un gibier fi déGigrcable , qui les fait
fouffrir pendant quatre ou cinq heures. Les Indiens
cependant en regardent la chair comme une déli-
catefle. J'en ai mangé & je l'ai trouvée de bon goiit;
j'en ai vu qu'on a apprivoifés quand ils étaient
encore petits ; ils font devenus doux & fort vifs,
& ils n*exerçoient point cette faculté , à laquelle la
peur & l'intérêt de leur préfervation les forcent
iïcut - être d'avoir recours. Les putois fe cachent dans
e creux à^i arbres & des rochers : on en trouve
dans
des Mouffettes. '14^t
■biitoîs d*Europe ; ils lui reflemblent ew-*
core par les habitudes naturelles ; & les
réfultats phyfiques de leur organifàtion
font aufli les niênies. Le putois eft â^a
tous les animaux de ce continent celui
qui répand la plus mauvaife odeur, elle
efl: feulement plus exaltée dans les mouf-^
fettes , dont les efpèces ou variétés font
nombreuiês en Amérique , au lieu que
le putois efl: feul de la fienne dans l'an-
cien continent ; car je ne crois pas que
l'animal dont Kolbe parle (bus le nom
de blaireau puant (p), & qui me paroît être
une véritable mouflette , exifte au cap de
Bonne-elpérance comme naturel au pays ;
il fe peut qu'il y ait été tranfporté d'A-
mérique, & il fe peut auffi que Kolbe ,
qui n efl: point exa<î;l fur les faits , ait em-
prunté fa,defcription du P. Zuchel qu'if
cite comme ayant vu cet animal au BrefiL
Celui de la nouvelle Efpagne que Fer-
nandès indique fous le nom de OrtohuUy
dans prcfque tout le continent feptentrional de l'A me-'
riqiic ; ils fe nourriflent d'inledcs &l de fruits fàuvagesj
Hifloire naturelle de la Caroline, par Cutefbi , tome il,
jinge 62 ,
(p) Dercription du cap de Bonne - efpérance , ^af^
Kolbe, tome lll, pages 8 6 îT S^,
Tome XL L
<fcx
r
^42 Hijloke I^aiureJle, etc. ' ''
me paroît être k même animal quç î^
xoriila du Pérou ; & ie Tcpemaxtla du
même auteur ./^/^ pourroit bien être le
conépate, qui doit fè trouver à la nouveiic
Efpagne coinme à la Louifiaue & à la
Caroline. ^^^-^ ^ ,
ji'ijr) Ortôhuîa, magnituàine très dodrames vh/uperut
mgro candidoque vcjlita pilo fed quibufîatn in partihm
fuluo hpud fies gemes in cibi jnmdiu l'enit ujum
quftmvis crepittis vennis fit illi fatiMjftmus : OccituccrifUm
verjaiur tigris . , . eft Ù" ahtra fpecies quam teyemnxilnm
fpciint eddem ferg forma «JT itatura fed nullii in parte fulva,
iy cauda nigrtr albifrue fafciis trcmfverfm difcurreniibut
varia qtM jircveniî quoque apud Occitttcenfes, Fertand,
JHiJh An. nov, Hifp, pag, 6 aap. xvi. < V'
'%' '■'."■ î ?:-
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"citvcenfihui
epemnxiliitn
vartefuka,
^ifcurreinihui
f, Ferkmd,
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I.K CO?vKPATE
1
#-jr-
«43^
s.
LE P EKAN%
ET
•f!v
LE VISON.
I
L y a long-temps que le nom de Pékan
étoit en ulage dans le commerce de la
pelleterie du Canada (a), ians que l'on
en connût mieux l'animal auquel il appar-
tient en propre ; on ne trouve ce nom
dans aucun Naturalille , & les Voyageurs
l'ont employé indiflindement ( b ) pour
défigner ditférens animaux , & fur - tout
les mouffettes ; d'autres ont appelé renard
ou chat Jauvage l'animal qui doit porter
le nom de pékan , & il n'étoit pas poflible
de tirer aucune connoîlfancc précife des
(n) Noms des peaux qu'on tire du Canada , avec
leurs valeurs en 168} Les pékans, chats fku-
v:i(!;cs ou enfans du diable, valent i livre 15 fous fa
peau. Voyage de la Hentan , tome II, page 39, *:
(h) Il répand une puanteur infupportable. Les
François lui donnent dans le Canada le nom à\nfant
du (liiiùle ou hête puante ; cependant quelques-uns \^^
■^^WqvX fiekant, Voyage^ de Kalm , page ^t2, article
Hâduit ffar M, le Marquis de MonmiraîU
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--♦i - V. -
'fJI/foké Naturelle ,.
notices courtes & ftutîves qite tous en
ont données. Il en ell du vïfon comme
du Pékan , nous ignorons l'origine de
ces deux noms , & perfbnne n'en (avoit
* îiutre chofe , finon qu'ils appartiennent à
deux îwiimaux <le l'Amérique (èptentrior.
nafe. Nous les avons trouvés , ces deux
anîiliaux, dans le cabinet de M. Aubry,
Curé de Saint Louis, & il a bien voulu
, nous les prêter pour les décrire & les fairç
deffiiier.
Le pékan refîêmble il fort à la marte,
t& le viton à la fouine, que nous croyons
qu'on peut les regarder comme des' var.
fiétés dans chacune de ces elpèces (c); ils
ont non-^ule ment la même forme de corps,
les mêmes propordons , les mêmes loi^
gueurs de queue , la même qualité de
poil , mais ejicore le même nombre de
(c) Je fcrois afTcz porté à croire que l'animal indique
par Sagai'd Thcodat , fous le nom de Ottay, pour-
voit être le. même que le vifon, ««L'Ottay, dit ce
■^ '■» Voyageur, efl grand comme un petit lapin ; il a
' » le poil très-noir &: fi doux , poli & beau, qa'il femble
>> de la panne. Les Canadiens font grand cas de ces
peaux, dcfquclles ils font des tohei ». Voyage au pnyt
des Hurons , j>nge J 08» 11 n'y a au Canada aucun
animai auqujcl pette indication cQnyiennç ipieux qu'ai] j
vifoij. , "
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LE PEKA T^ . r/ 24 P<u/. 24^.
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tîu Pékan & du Vifoiu 245'
^nts & d'ongies , lé même irift"n<5l , les
mêints habitudes naturelles ; ainfi nous
nous croyons fondés à regarder le pc*kaii
comme une variété dans i'efpèce de la
marte , & le vifon comme une variété
dans celle de la fouine , ou du moins
comme des efpèces fi voifines , c|u'elles
ne préfèntent aucune différence réelle :
le pékan & le vifon ont feulement le poil
plus brun , plus iuftré &. plus foyeux que
la marte ^Jv la fouine , mais cette diflerence,
comme Ton (ait , leur eft commune avec
le caftor , la loutre & les autres animaux
du nord de TAmérique , dont la fourrure
cft plus belle que celle de ces mêmes
animaux dans le nord de l'Europe, s ft
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2.46 Hiflotre Naturelle
LA ZIBELINE (a).
X RESQuE tous les Naturaliftes ont parlé
de h, Zibeline fans la connoître autrement
que par (à fourrure. M. Gmelin eft le
premier qui en ait donné la figure & la
defcription ; il en vit deux vivantes chez
ie Gouverneur de Tobolsk. « La T-ibeiinc
» refîemble , dit-il, à la marte par la forme
- ■ ■ • • ■ •' ' • I
/d^ Zibeline. Marte zibeline j Zo^J en Allemand ;
Sohol en Poloiiois j Sal'hel en Suédois ; Sable en
Anglois.
Mujlela Solella, Gefncr, Hijî» quaJ, p. 768.
A^uftela Zibellina, TFic Sable. Ray. Sj'U, ^uadni^u
pag. 201.
Aluflela ZihelHna , Ariftotelis Satherius , Nipbo,
Cehcilus , Alciato , mus /armaticits iT fcythîcus, The
cebal or fable. Charleton , exercit, pag. 20.
Ahjlela SoheJla.Qéntrit Miifiehx Zl M/'rra Jondom,
AlufieLifcythka , wartesfcytlticd , iélis fcythka , fiiihnius
Ariflotclis , mus fnrnuitiLUS if Jcythkus A/ciatîs , ifc,
llzac/.ynski, aud. pag, 3 1 7.
Aliifiela ohfcure fulva , guiture chicreo. .... Alayres
Zibelliiia. La marte zibeline. Briir, AV^. aninu p. 24^.
Aluftek Zibellina, Nov. Comm. Acad. Petrcip.
tom. V. Àn'imaliiim quorunuiam qtiadr, dcfcriptio, audore
Qeorg^ Gro^cliii , artj i ^ lîg. ibid. tab, C,
i^e la Zibeline, ^^7\
ta rhabîmdc du corps , & à la belette ««
par les dents ; elle a fix dents incifives c<
aiïez longues & un peu courbe'es, avec c<
deux longues dents canines à la mâchoire «
inférieure , de petites dents très- aiguës à ce
la mâchoire fupérieure; de grandes mouf- c<
taches autour de la gueule , les pieds ce
larges & tous armés de cinq ongles : c<
CCS caractères ctoient communs à ces c«
deux zibelines ; mais Tune e'toit d'un ce
brun noirâtre fur tout le corps , à l'cx- ce
ception des oreilles ik du deflous du ce
menton , où le poil e'toit \\n peu fauve ; ce
& l'autre , plus petite qUe la première , ce
ëtoit fur tout le corps d'un brun jau- ce
nâtre , avec les oreilles & le de/Tous du ce
menton d'une nuance plus pâle. Ces ce
couleurs font celles de l'hiver; car au prîn- ce
temps elles changent par la mue du poil : ce
la première zibeline , qui étoit d'un brun «e
noir , devint en été d'un jaune brun ; ce
& la féconde, qui étoit d'un brun jaune, «e
devint d'un jaune pâle. J'ai admiré , ce
continue M. Gmelin , l'agilité de ces ce
animaux; dès qu'ils voyoient un chat, ce
ils ie drcfloient fur les pieds de derrière ce
comme pour fe préparer au combat ; ce
luj
w
248 H ivoire Naturelle
» ils font très - inquiets & fort reniuans
» pendant la nuit (b); pendant le jour au
» contraire , & fur-tout après avoir mangé,
» lis dorment ordinairement une demi-heure
» ou une heure ; on peut dans ce temps
y> les prendre , les fècouer , les piquer lans
€[u'ils (è réveillent ». Par cette defcription
de M. Gmclin, on voit que les zibelines
Me font pas toutes de la même couleur , &
que par conféquent fes Nomenclateurs qui
les ont défignées par les taches & les cou-
leurs du poil ont employé un mauvais ca-
ractère , puifque non-lèulement il change
dans les différentes faifons , mais qu'il varie
d'individu à individu , & de climat à
climat (c). ;. . • -,
fb) Nota, Cette inquîctudc & ce mouvement
pendant la nuit n'eft pas particulier à la zibeline ; j'ai
vu la même chofe aux hermines que nous avons eu
vivantes, & que nous avons nourries pendant piufîcurs
mois.
(c) Des deux zibelines dont parle M. Gmclin, la
première venoit de h pl-o^'ince de Toiuskien , & \\
féconde de celle de Berefowien ; on trouve aulTi dans
là relation de la Sibérie , que fur la montagne de
Sopka-Sinaia il y a àts, zibelines noires à poil court,
auxquelles il efl: défendu de donner la chalîe : qu'une
femblable efpèce de zibeline Te trouve auflTi plus avant;
dans les montagnes^ de même chez les Caimouks
■■<•
de la Xîhelinci 249
Les zibelines habitent le bord des
fleuves , les lieux ombragés & ies bois
les plus épais ; elles fautent très-agiieinent
d'arbres en arbres , & craignent fort le
foleil , qui" change , dit-on , en très-peu de
temps la couledr de leur poil ; on préiend
(dj qu'elles fè cachent & qu'elles Ibnt en-
gourdies pendant l'hiver , cependant c'efl
dans ce temps qu'on les chafle & qu'on
les cherche de préférence , parce que leur
faurrurc ell alors bien j)lus belle & bien
meilleure qu'en été ; Olles vivent de rats ,
de poiflTon , de graines de pin & de fruits
iàuvacres ; elles font très-ardentes en amour;
elles ont pendant ce temps de leur chaleur
une odeur très - forte , & en tout temps
leurs excrémcns fentent mauvais : on les
trouve principalement en Sibérie, & il n'y
en a que peu dans les forêts de la grande
Rufîie, & encore moins en Lajiponie.
Les zibelines les j^lus noires font celles
qui font les plus eftimées ; la différence
Vraiigai. «c J «i vu , dit-il , quelques-unes de ces pcaitx
que àcs Calmouks avoient apportées; eiies font con-'«
nues fous le nom de zibelines de Kangaraga », Vojujqc,
de Ciiulin , tome 1 , jmge 2 t y.
{d} HiiKiymUf au(fl, pag. 318,
L V ' '
••*'
2^6 ffi/tolre Ndttirélle
qu'if y a de cette fourrure à toutes les
autres (e), c'eft qu'en quelque (eus qu'on
poufle le poil , il obéit également , au lieu
que les autres poils pris à rebours font
ièntir quelque roideur par leur réfiftance.
La chaffe des zibelines le fait par des
criminels confinés en Sibérie , ou par des
ibldats qu'on y envoie exprès , & qui y
demeurent ordinairement piufieurs années ;
îes uns & les autres font obligés de fournir
Une certaine quantité de fourrures à laquelle
ils font taxés ; ils ne tirent qu'à Ijalle feule
pour gâter le moins qu'il eft podible la
peau de ces animaux , & quelquefois au
îieu d'armes à feu ils (e fervent d'arbalètes
& de très-petites flèches. Comme le fuccès
de cette chaffe fuppofe de l'adreffe , &
encore plus d'affiduité , on permet aux
(e) La zibeliiK; diffère de la marte en ce qu'elle cft
fift petite , & qu'elle a les poils plus fins & plus
longs ; tes véritables zibelines font damafîoes de noir,
<&" (jB prennent en Tartarie ; ii s'en tfou\e peu en
Lapponic : plus ia couleur du poil eft noire & plu«
elle eft recherchée , & vaudra quelquefois foixante écuî,
quoique la peau n'ait que quatre doigts de largeur ,
on en a vu de blanches & de ^rifes. Rcgmrd , tome 1,
page \y6. Nota. Schcffer dit de même qu'il (b trouve
cjuciquefbis dci zibçlincs hhviQ\}Qi,Hi(joirecieli.i JLaj^fome,
Ae h Tihelmel . ■ \ 2 5 \
Officiers d'y intérefîer leurs foldats, <Sç
de partager avec eux le furplus de ce qu'ils
font obligés de fournir par feinaine , ce
qui ne laifîe pas de leur faire un bénéfice
très-confidérable (f),
* Quelques Naturalises ont foupçonnc
que la zibeline étoitle Satherius d'Arirtote ,
<îk je crois leur conjedure bien fondée,
La iinefîe de la fourrure de la zibeline
indique qu'elle le tient fouvent dans l'eau;
& quelques Voyageurs (g) difent qu'elle
ne le trouve en grand nombre que dans
de petites îics , où les chafleurs vont la
chercher ; d'autre côté Ariftote parle du
iàilierius comme d'un animal d'eau , & il
le joint à la loutre & au caftor. On doit
encore préfumer que du temps de la
magnificence d'Athènes , Ces belles four-
{ f) Un Colonel peut tirer de Tes fept années èé
icrviœ à la chafle des yiWines, environ tjiiatre mille
tcus de profit, les fubalternes à proportion, & chaque
Soldat fix ou fept cents ^cus. Voyage <îu P, Avril i
jhige i 6 ç, — Voyez aiiffi la relation de la Mcfcoviei
par la Neuville. Viiris , i C) (^ S , ycge 2 i /■%
(g) Les ChafTciirs vont chcrt;her les zibelines dans
de petites îles où elles le retirent , ils les tuent avec
une efpècc darbalèic , &.c. Voyage ibt P, Avrit ,
T •
L vj
^ 5 ^ hi^oire Naturelle, &c,
rures n'étoient pas inconnues dans ïa
Grèce , & que i'animal qui les fournit
avoit un nom ; or il n'y en a aucun qu'on
puifTe appliquer à la zibeline avec plus
de raifon que celui de fatherius, fi en efict
îl eft vrai que la zibeline mange du poiffoil
(h) & fe tienne aiïez fouvent dans l'eau
pour être mife au nombre des amphibies.
{h ) lu nmlrofs faltihus verjntur feiuper , infidintm
tiv'icuUs in efcom tiffumit mures, pr/ccs, uvas rubeas»
iRzaczynki , auâ, Hijl. J^at, Polon, pag, ^ i S, ^ •
r^
,if
.ïd.
t;
*J\
•;\.'
^n
LE LEMING (a).:
yj L Aus Magnus efl le premier qui
ait fait inention du Leming fb); & tout
ce qu'en ont dit Gefnér, Scaliger, Ziegicr,
Jonllon , &c. eft tiré de cet auteur ; mais
Wormius , après des recherches plus
exaéles , a fait l'hiftoire de cet animal , &
voici la defcription qu'il en donne. « Il
a , dit-il , la figure d'une foiuis , mais la «
queue plus courte , le corps long d'en- ce
viron cinq pouces , le poil fin & taché ce
'( d) Leming t nom de cet animal dans Ton pays
raal en Norvège , & que nous avons adopté. Al us
f^oYvagicm à Norvagis , Leming , Lemingcr , Le-
iWhier , Lcmmcr appellatur. Olaiis Magnus Lemucr &
Lcinmis vocat Zieglems Leem vel Lemmer,
Miifeuni Wormiaiium, pag. ^zz, fg. animalis, &
Scehtoiu pag, 2 2 j » ,, •
Lennmis , Mus caudà ahbrn'îaîa pedihus pemadaâyHs,
Mus caudà abruptfi , corpore fulvo tilgrogue vario. Faun»
Suec, 26, Ad. Stock. ty/).o, png. ^26. Tah, VI,
fg, /j. if ^t Syjlem. Nat, t o> n," z, Linn. Syjiem*
Sut. edit X , pag, s 9 •
(h) Olai Magni, Hift, Cent, fep:, iib. XVill,
cap. XX.
154* fJifloire NatitrelU
3» de dîverfcs couleurs , la partie antérieure
» de la tête noire , la partie fupérieiirc
35 jaunâtre , le cou & les épaules noires ,
3> k refte du corps roulsâtre , marqué de
35 quelques petites taches noires de difFé-
33 rentes figures julqu'à la queue , qui n'a
33 qu'un demi -pouce de longueur, &
•c c|ui eft couverte de poils jaunes noirâtres;
3> l'ordre des taches , non plus que leur
3D figure & leur grandeur , ne font pas les
3ï mêmes dans tous les individus ; il y a
33 autour de la gueule plufieurs poils roides
33 en forme de mouftaches , dont il y en
33 a fix de chaque côté beaucoup plus
33 longs & plus roides que les autres ;
33 l'ouverture de la gueule eft petite , la
33 lèvre fupéricure elt fendue comme dans
33 les écureuils , il fort de la mâchoire fu-
33 périeure deux dents longues incifivcs,
33 aiguës, un peu courbes , dont les ra-
33 cines pénètrent jufqu'à l'orbite des yeux,
33 deux dents femblables dans la mâchoire i
33 inférieure qui correfpondent à celles diil
3» delius , trois mâclîclières clc chaque
33 côté , éloignées des dents incifives ; la
33 première des mâchclièrcs fort large &
30 compoféc de quatre lobes , la fecgndî
de (
cun(
fepaj
du j:
Ja lar
qu'à
débri
dans
fiire ]
petits
le dos
les pi(
cinq o
du mi
f/uièm^
coinm^
(oh al
ventre I
ie jaun
c/1 épj
iaidc j;|
dijiairc
de Lnj
fois en
aiinécsi
pas icyi.l
du Lemlng. 255
tîe trois , la troifiènie plus petite , cha- ce
cune de ces trois dents ayant Ton alvéole ««
Icparée & toutes fituées dans l'intérieur «
du palais , à un intervalle afiez grand ; «
ia langue afîez ample & s'étendant juf- ce
qu'à l'extrémité des dents incifives; des ce
débris d'herbe & de paille qui étoient ce
diuis ia gorge de cet animal , doivent ce
fltire penlèr qu'il rumine ; les yeux font ce
petits & noirs, les oreilles couchées fur «
le dos, les jambes de devant très-courtes, ce
les pieds couverts de poils & armés de ce
cinq ongles aigus & courbés , dont celui oc
du milieu efl ircs-lonjx , & dont le cin- <e
quième efl: comme un petit pouce ou «c
comme un ergot de coq-, fitué quelque- ee
fois afîez haut dans la jauibe ; tout le ce
ventre elt blanchâ;;e, tirant un peu fur ce
le jaune , &c m. Cet animal, dont le corps
cfl épais & les jambes fort courtes , n*
lailîe ]->ns de courir aiïez vite , il habité or-
dinairement Iq> montagnes de Norvège &
(le Lapponie , mais il en defcend quelque-
fois en fi grand nombre dans de certajnes
années ( c ) & dans de certaines f liions ,
(c) On a rcmanjuc que les Lemmci's pc paroiffent
pas icyi.lièiement tous les iuis, mais eii certain teivips
"5^5 6 Hiflohe Naturelle
qu'on regarde l'arrivée des Leinings comme
vin fléau terrible , &: dont il efl ijnpofiihle
de fe délivrer ; ils font un dégât affreux
dans les campagnes , d v'aftent les jardins,
ruinent les moilTons , & ne laiffent rien
îi l'improvifle & en fi grande quantité , qu'ils fe ré-
pandent par - tout & couvrent toute la terre
Ces petites bêtes, i)icn loin d'avoir peur &; de j'enfuir
quand elles entendent marcher les paflans , font tw
contraire hardies & courageufes , vont au -devant de
ceux qui les attaquent , crient & jappent prefque tout
de même que Acs petits chiens : fi on les \eut battre,
elles ne fe (bucient ni du bâton ni des hallehardej ,
fautant & s'élinçant contre ceux qui les frappent ,
s'attachant & JTiordant en colère les bâtons de ceux
qui les veulent tuer. Ces animaux ont ceci de parti-
culier, qu'ils n'entrent jamais dans les maifons ni dans
les cabanes pour y faire du dommage , ili fe tiennent
toujours cachés dans les broflailles 6c le long Ati
coteaux ; quelquefois ils fe font la guerre, fc partigeant
comme en deux armées le long àcs lacs & des prés. ..
J.es hermines 6c les renards font leurs ennemis h
en mangent beaucoup l'herbe rcnaiffante fait
mourir ces petits animaux, il femble qu'ils fe fafïbnt
audî mourir eux-mêmes ; on en voit de pendus a
ÀQ& branches d'arbres, on peut croire auffi qu'ils fc
jettent d.uis l'eau par troupes connnc les hirondelle?.
Jiifloirc Ht la Lapfwnie , jmr Schefftr, jmge ^22, Isct/i,
Jl y a bien plus d'apparence que les Icmin^s , comme
tous les autres rats, le mangent & s'cntredctruifent A<:i
que la pâture vient à leur manquer, & que c'efl par
cette raifon que leur deftrudio.i eft au/Ti prompte que
icur putlulation«
\
du Lemhig, -- I57
que ce qui eft ferré dans les maifons , où
heureufèmcat ils n'entrent pas. Ils aboient
à peu-près comme des petits chiens ; lorP
qu^on les frappe avec un bâton , ifs Ce
jettent deflus & le tiennent û fort avec
les dents , qu'ils fe iaiïïent enlever & tranf-
porter à quelque diftance , (îms vouloir"
le quitter ; ils ie creufcnt des trous fous
terre , & vont comme les taupes manger
les racines , ils s'affemblent dans de cer-
tains temps, & meurent pour aînfi dire
tous enfemble ; ils font très-courageux &
fe défendent contre les autres animaux :
on ne f^it pas trop d'où ils viennent , ie
peuple croit qu'ils tombent avec ia pluie f^^;
(d) Beflhléc qitadrupîdes , Lcmmar vil Lemmiîs
àda , mûgniiudine foricis , pelle varia per tempejlates ù*
repcminos imbres , . . iticowperium unde , an ex renwtiorilms
infitlis if vcnto dtlatec m tx nubilmi fxculentis natcc
deffvamur. Id tnnwi compertum ejl jlatim atijue decidmnt ,
rcperhi in vifcerilms hcrha, cruda nondum coucoâœ, Hœ
more locuflarum in maximo examine cadenres oimia vi-
rentin dcfliuiwt & quct vwrfu tantum attigerint emorîumur
virulent iâ ; viril hoc agmen donec non gnfinverit herhani
rctiatam, Conveniunt quoque grcg. itim quafi liirundi/ies cvo-
latura , fed flato teni/mrc aui moriwitiir acervatim cuni Lie
teirct f ex quaruni corniptione aer fit pejlikns & afjicit
incohis vcrtigine if iâcro) aut liis bcfiiis diéïis vidgariter
Lekat l'cl Hermeliii confumuntur unde iidcm Hcrniclini
piiipefcmit, 01, Mag, Hifl,Cem,fqn, pag. i-jz,
'■■-■(. ^
a 58 Hifioke Naturelle, ère:
îe mâle eft ordinairement plus grand qitl»
la femelle , & a auflj les taches noires plus
grandes ; ils meurent infliillibiement au re-
nouvellement (\Gi herbes ; ils voiit auffi en
grandes troupes fur l'eau dans le beau
temps, mais s'il vient un coup de vent,
lis (ont tous fubmer^és ; le nombre de ces
animaux eu 11 prodigieux , que quand ils
meurent, l'air en eft infecflé, & cela occa-
fionne beaucoup de maladies , il (emble
même qu'ils infecT:çnt les jîîanies qu'ils ont
rongées , car le pâturage fliit alors mourir
le bétail ; la chair des lemings n'eft pas
Bonne à manger ; & leur peau , quoique
d'un beau poil , ne peut pas fervir à fiiire
des fourrures , parce qu'elle a trop peu dt
confiltance.
i5?
LA SARICOVIÈNNE (a).
•f JLj A Saricovîeniie , dit Thevet , fe
trouve ie long de la rivière de la Plata , «
elle efl: d'une nature amphibie , demeu- ce
rant plus dans Teau que (ur la terre ; c<
cet animal eft grand comme un chat , c<
& fa peau qui eft mêlée de gris & de «
noir, eft fine comme velours ; Tes pieds ce
font faits à la femblance de ceiix d'un ce
oilèau de rivière ; au refte fa chair eft •«
très-délicate & très-bonne à manger (b) w.
(a) Sari'copîenfu , nom de cet animai au pays delà
Plata , & que nous avons adopté. Ce mai Jaricovieme
paroît être dérivé Je Carigueibeju , qui eft ie nom de
cet animal au Brefil , & qui doit fe prononcer fari-
^ovîou , ce nom figuifie bête friande , fcion Thevet.
Jiya, (jiia iT Caripueibcju appeJlamr à Brnfilienfibusi
JVIarcgr. HijK rtat. i/nj/". pag. 234., fig. ibid.
Ltitra nigricam caudu deprejffi if ghdira, Barrèr«.
llijl de la Fr. ÉqiiUu pag. 155.
Lutra (itri cohrh waculâ fuh gutfure fnvtï r
hitra Brafilicifis. La loutre du Brefii. BriiToii , Regi^
aiiitn. pag. 278. „à^,._
fb) Singularités de la France antnrdiqiic , pa*
André Thevet. Paris , ///// pages i oy if i oS^
x
• ■ V-
±60 HiJIoIre Naturelle
Je commence par citer ce pafTage , paire
que les Naturuiifles ne connoifl'oient pas
cet animal fous ce nom , & cju'iis'jigno-.
toient que lé Carigueibeju du Brefil , qui
fcft le même , tût des membranes entre
les doigts des pieds; en efîèt, Marcgrave
qui en donne ia defcription , ne parle
pas de ce caracflère , qui cependant eft
rïïentiel , puifqu'il rapproche autant qu'il
cft poflible cette efpèce de celle de la
X-outrc.
Je crois encore que l'animal dont
Gumilla fait mention fous le nom de
Cuachi (c)j pourroit bien être le même
(c) On trouve fur lés rivières qui Te Jettent dans
TOrcnoque une grande quantité de chiens d'eau ,
que les Indiens appellent Guachi ,- cet animal nage
a\'ec beaucoup de légèreté, & fc nourrit de poifTon;
il c(\ amphibie , mais il vient aufll chercher ih nour-
riture fur terre ; il crcufie des foHes fur le rivage,
éiins iefquelles ia femelle met bas (es petits. Ils ne
crcufent point ces foffes à l'écart , mais dans les
endroits où ils vivent en commun 6c où ils viennent
fc divertir. J'ai vu & examiné avec foin leurs tanicics,
l'on ne (àuroit rien voir de plus propre ; ils ne laifTcnt
pas la moindre herbe aux environs; ils amonccliciu
k l'écart les arêtes des poilTons qu'ils manoent ; h à
force de fauter, d'aller & de venir ils pratiquent des
chcmijis très - propres & très - commodes. liijloire à
l'Oréiw<iuc , i^ar Cumilla , tome 111, i^nge 2g^
- <]e la Surtcovhnnèi 2 6 1\
^e h, fàricovienne , & que c*e(l luie
eipèce de loutre commui"ie dans toute
l'Ame'rique méridionak. Par la del'cription
qu'en ont donnée Marcgrave & Del-
marchais (d)^ il paroît que cet animal
amphibie efl: de la grandeur d'un chien
de taille médiocre , qu'il a le haut de la
tête rond comme le chat; le mufeau un
peu long comme celui du chien ; les dents
& les mouftaches comme le chat ; les
yeux ronds , petits & noirs ; les oreilles
arrondies & placées bas ; cinq doigts à
tous les pieds , les pouces plus courts
que les autres doigts , qui tous font armes
d'ongles bruns & aigus ; la queue auffi
longue que les jambes de derrière ; le
poil aflez court & fort doux , noir fuf
tout le corps , brun fur la tête , îivec une
tache blanche au gofier. Son cri efl à
peu - près celui d'un jeune chien , <& il
1 entrecoupe quelquefois d'un autre cri
J^OTA, Ces caradlères convienncni à la fàrrcovienne;
mais il nous paroît ijue le nom gitnrhi a été mal ap-
piiciiié ici , & ijii'il appartient à i'ef| .jcc de moufFeite
que nous avons appelée coafe,
(d) Voyage de DeCmarchais , tome 111 , jm^s j» o C^
26 z Hïflolrc NattireJk, érc,
fembiable à la voix du {iigoin ; il Vit d«
crabes &l de poiffons , mais on peut auffi
le nourrir avec de la fliririe de manioc
délayée dans de l'eau. Sa peau fait une
bonne fourrure , & quoiqu'il mange beau-
coup de poifîon , fa chair n'a pas le goût
de marais , elle eft au contraire très-làluç
êi très-bonne à manger. - .
V3*';^v\ç'/V.
26^
.•:. ;:(.
UNE
LOUTRE DE CANADA.
L«ETTE Loutre, beaucoup plus grande
que notre loutre , & qui doit le trouver
dans le nord de l'Europe comme elle fe
trouve au Canada, m'a fourni l'uccafioii
de chercher fi ce n'étoit pas le même
animal qu'Ariftote a indiqué fous le nonx
de Latax , qu'il dit être plus grand &
plus fort cjue ia loutre ; mais lei> notions
qu'il en donne ne convenant pas en entier
à cette p-rande loutre , & la trouvant d'ail-
leurs abfolumcnt femblable à la loutre
commune, à la grandeur près, j'ai jugé
que ce n'étoit point une elpèce particu-
lière , mais une fimple variété dans celle
de la loutre. Et comme les Grecs , &
fur-tout Ariftote, ont eu grand foin de
ne donner des noms diiîérens. qu'à des
animaux réellement differens j^ar l'eipcce ,
nous nous fommes convaincus que le
latax efl un autre animal ; d'ailleurs les
loutres , comme les caflors , Ibnt corn-
munénicjit plus grandes 6c ont le poil plus
1 ••
i
2^4 Hijloire Naturelle
^loir & plus beau en Ame'rique fa) qu'en
Eliropç. Cette loutre de Canada doit en
elîèt être plus grande & plus noire que la
loutre de France ; mais en cherchant ce
C[ue pouvoit être le Latax d'Ariftotc
(chofc ignorée de tous les Naturalises),
j'ai conjcduré que c etoit l'animal indiqué
par Belon fous le nom de loup marin , (5c
j'ai cru devoir rapporter ici la notice d'A-
rifloie fur le latax ; & celle de Bclon fur
le loup marin , afin qu'on puifJb les com-
parer (bj,
Arirtote
(a) Les loutres de l'Amérique feptcntrionafe diffèrent
ide celles de France en ce qu'elles font toutes coiTimii-
ncmcnt plus longues &: plus noires ; ii s'en trouve qui
le (ont bien plus les unes que les autres , il y en a
d'auffî noires que du jay; celles-ci fent fort recherchées
& l'ort chères. Dcfcriptio.' de l' Am/rùjue fcpeutnoiidli
jhir Denj/s, tome 11, page 2 o,
(h) Sum iiiter quadruycdes femjqiie , qutz vîâiim ex
îacu if fiwiis petaitt , at vcro a mari milliim , jïïa-
terfjuam vituhis warimts. Sum etium in hoc génère jikr,
fat lier ium , fatyrium , lutris , Latax qutx latior lunt
' iji , dtnîejque hcbet robufios , (juippe quoe noâu pknmft
egrediens , vi)gu/rd proxiwa fuis dent il- us tit fcrro pra*
cidar; lutris etinm hotninem mordet , me defijlit , m
fcrunt , nijï offis fraéli crcpittim fenferit, Lataci fdui
durus , fpt'cie in ter pi Ium vituli niarini iT cerui, Arift.
/y///, anlm. lib. N'IIJ, cap v. — J-e loup marin,
« D'autan!
{Tune Loutre de Canada, 26^
Ariftote fait mention dans ce paflage
de fis. animaux amphibies; & de ces iix
nous n'en connoilîons que trois, le phoca,
le caftor & la loutre ; les trois autres , qui
font le /atax, le fatherion & le fatyr'iûn
font demeurés inconnus, parce qu'ils ne
font indiqués que par leurs noms & (ans
aucune defcription : dans ce cas , comme
dans tous ceux où l'on ne peut tirer
aucune indudion direéle pour ia con-
noifTance de la cholè , il fiiut avoir recours
à la voie d'exclufion ; mais on ne peut
« D'autant que les Anglois n'ont point de loups fur
leur terre , nature les a pourveus. d'une bête au •«
rivage de leur mer , fî fort approchante de notre «
loup , que (i ce n etoit qu'il fc jette plutôt fur les «
poiffons que fur les ouailles» on le ciiroit du tout «
fembi.ible à notre bête tant raviffante; confidcré la «
corpulence, le poil, la tête (qui toutefois tft fort «
I grande } & la queue moult aj^pr^xhante au loup «
terreftre ; mais parce que cclui-cy ( comme dit efl ) «
ne vit que de poiflbns, 6: n'a été aucunement «
connu des Anciens, il ne m'a femblé moins no- «c
tthle que les animaux de double vie cy-dcffus ««
alléoriiés, parquoi j'en ai bien voulu mettre le «
pourtrait, » Hehn, <te la nature des poijfms , page t S*
Nota, La figure cfl à la page fj^,6ic reflTcmble plus
là t'hysene qu'à aucun autre animal , mais ce ne peut
êtrerhyaene, car elle n'efl point amphibie , elle ne vit
pas de poiflôn , & d'ailleurs elle e(l d'un climat tout
I différent. • « r
Tome XL M
remployer avec fuecès que qiwnd on
coiiiîoit à })eu près tout : on peut alors
conclure du pofuif au négatif, & ce
négatif devient par ce moyen une con-
noillànce pofitivc. Par exemple , je crois
que par la longue étude que j'en ai
faite , je connois à très-peu près tous les
animaux quadrupèdes; je fais qu'Ariftotc
ne pouvoit avoir aucune connoiûance de
ceux qui font pardculiers au continent de
l'Amérique ; je connois aufîi parmi les
quadrupèdes tous ceux qui font amphi-
bies, fk j'en iépare d'abord ks amphibies
d'Amérique, tels que le tapir, le cabiai,
l'ondatra, &c. il me refte les amphibies
de notre continent, qui font l'hippopo-
tame , k morfe ou la vache marine , les
phoques ou veaux marins, le loup marin
de Belon , le cailor , la loutre , la zibe-,
iine , le rat d'eau , le defman , la mufa-
raigne d'eau, & fi l'on veut l'ichneumoii'
ou mangpufte , que quelques - uns ont'l
regardée comme amphibie & ont appelée!
loutre d'Egypte, Je retranche de ce nom-
bre le morfe ou la vache marine, qui!
ne fe trouvant que dans les mers du
!Nord, n'étoit pas connue d'Ariftote, j'eii
xr.
M.
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retranche encore l'hippopolamc' , le r;u
d'eau & l'ichneumon, parce qu'il en parle
ailleurs & les défigne par leurs noms; j'en
retranche enfin les j)hoques , le caftor &
la loutre , qui font bien connus » & la
inufaraigne.d'eau , qui efl: trop refîeniblante
à- celte de terre polir eir avoir jàmdfis étc"-
réparée par le nom : il nous refle le loup
marin de Bdôn, là Tjibclîite & lé dcfinan,
pour le latax i \e fathenon 6c \ë fityrlon;
de ces trois animaux il ny moit que le
loup marin de Belon qui foit plus gros
que la loutre, ainfi»c'.e(l Ici (eul qui puifîc
rej»>rélenter le I/itax , par- cortfëquent la
zibelinie & le defman repréfentent {^fathe-^
rion ôi^ÏQ faiynort. 'L'on lent bien que ces
conjedlures , que je crois fondées , ne font
cependant pas du! nombre de^ celles que
le temps puiffe éclaircir davantage , à
moins qu'on ne découviîît quelques ma-
nufcrks' grecs jitfqu'à prélei'rt: inconnus,
où ces nomà ie '■ trouveroient employe's ;
c'éft -* à - dire expliqués par de nouvelles
indications.Vi '■* .'im^r;! i» ^u t>*i!
h , ,M\,^ } i.' ■ ^ > i i.
M '4
:i-j
I >
tMl.
; 1 1 :
2(58
Hiflolre Naturelle
LES PHOQUES,
, . LES MORSES ,
ET LES LAMANTINS.
A SSEMBLONS pour un infiant tous
les animaux quadrupèdes , failbns - en
uii groupe, ou plutôt formons -en une
troupe dont les imervalles & les rangs
rej)ré(èntent à peu près la proximité ou
l'éloignement qui le trouve entre chaque
efpèce ; plaçons au centre les genres les
plus nombreux , <& fur les flancs , fur les
ailes ceux qui le font le moins ; relTerrons-
les tous dans le plus petit efpace , afin
de les mieux voir ; & nous, trouverons
qu'il n'eft pas pollihie d'arrondiv cette
enceinte : Que quoique tous les animaux
quadrupèdes tiennent entr'eux de plus
près qu'il? ne tiennent aux^ autres êtres,
il s'en trouve ncanmonis en grand noni-
bre qui font des pointes au dehors , &
lèmbient s'élancer pour atteindre à d'autres
daflcs de ia Nature; les linges tendent
des Phoques , &c. l6^
à s'approcher de l'homme & s'en appro-
chent en effet de très -près; les chauve-
fouris ibnt ies iinges des oifeaux qu'elles
: imitent par ieur vol ; les porc - épies ,
ies hérifîbns par ies tuyaux dont ils fout
couverts, fembient nous indiquer que ies
plumes pourroient appartenir à d'autres
qu'aux oifèaux ; ies tatous par leur teft
écailleux s'approchent de la tortue & des
cruftacées ; les caftors par les écailles
de leur queue refîèmblent aux poiflons ;
les fourmiliers par leur efpèce de bec ou
de trompe làns dents & par leur longue
langue , nous rappellent encore les oi-
(eaux; enfin les Phoques, les Morfes ôc
les Lamantins font un petit corps à part
qui forme la pointe la plus (îiillanie pour
arriver aux cétacées.
Ces mots phoque, morfe & lamantin t
font plutôt des dénominations génériques
que des noms l'pécitiqucs , nous com-
prenons fous celles de phoque i.** le
fhoca des Anciens qui vraiièmblablcment
eil celui que nous avons fait reprélènter;
2." le phoque commun que nous appe-
lons veau marin ; ^ .° le grand phoque ,
dont M. Parfons a donné la delcripiion
M il;
l;
%jo Mïfloire Naturelle
Si. la figure dans les Tran(;i<flions philo-
ibphiques , ;«.* ^(^^ ^ 4.** le très- grand
phoque, que l'on appelle ibn mam, &:
.dont.l'autei^ du vpyageid'Anlbn a donné
Ja defcriptîoii.!& les figure^. ?ri'.!-iï-d vj»
Par le nom de morfe, nous entendons
les animaux que l'on coruioît vulgai-
rement fous celui de vaches marines ou
letes à In gr/inde dent , ^om nous con-
iioiflbns deux efpèccs., l'une qui ne fe
trouve que dans les .raers du . nord , <&
J'autre qui n'habite ilu contraire;. que lés
.mers du midi , à laquelle nous .avons
-donné le nom de Dugon., dont nous
avons fait graver la tête; enfin fous celui
de lamantin , nous -comprenons les ani-
jjnaux quon appelle Adanati, bœufs ima-
rins à S.' Domingue, à Cay enne & dans
les autres iparties de l'Amérique raéri-
,'dionale , aufîi- bien que le lamatitin du
-Sénégal & des autres côtes de l'Afrique,
-^ui ne nous paroît êtrQ qu'une variété
'du lamantin de l'Amérique.
Les phoques & les morfcs font encore
-plus près des quadrupèdes que des
^cétn,cées , parce qu ils ont quatre efpècés
.de pieds, mais les. lumautûis qui nowt
des Phoques , &i\ 27 1
fjiic îes deux de devant , font plus ccta-
cces que quadrupèdes^ tous diffèrent f\ts
autres animaux par un grand caradèrc ;
ils font les leuls qui puifTent vivre
également & dans l'air i& dans l'eau, les
leuls par coniequent qu'on dût appeler
amphibies. Dans l'iiomme & dans les
animaux terreftres & vivipares , le trou
de la cloifon dit cœur , qui permet au
fœtus de vivre fans refpirer , fe ferme
au moment de la naifïl mce , & demeure
fermé pendant toute la vie ; dans ces
animaux , au contraire , il eft toujours
ouvert , quoique la iiuère les mette bas
fur terre , qu'au moment de leur naifîance
l'air dilate leurs poumons y, &; que la
refpiration commence & s'opère comme
dans tous les autres animaux. Au moyen
de cette ouverture dans la cloifon du
cœur, toujours fubfiftante, &. ([ui permet
la communication du fmg de la veine-
cave à l'aorte, ces animaux ont l'avantage
de refpirer quand il leur plaît, & de fe
palier de refpirer quand il le fîuit. Cette
j)ropriété fingulière leur cft commune à
tous ; mais chacun a d'autres ficulies
particulières dont nous parlerons ,. eu
M ilij^
^y^ Hiflolre Naturelle
fhiiànt autant qu'il eft en nous l'hiftoirc
de toutes les efpèces de ces aniipaux
amphibies. . .
LES PHO(lUES (a).
En génénil, les phoques ont la tête
^rt/ Phoque. Phoca,\ti Grec & en Latrn.mot
auquel de Liët & d'autres ont donné une terininaifon
trançoife, & que nous avons adopté comme terme
générique. Dans plufieurs langues de l'Europe, on a
indiqué ces animaux par les dénominations de Vemn
de mer , Chiens de mtr , Loups de mer , Veaux marim,
CSAUns mivins , Loups marins, Renards marins. Nous
en connoiflbns trois & peut-être quatre efpèces;
I ," Le petit phoque noir à poil oi doyant & lon^, que
nous croyons être le phoca dus Anciens , c'eft-à-dire,
le Wjmj d'Ariflotc , 6c le vitubis marinus o» pSosa de
Pline , & c'eft probablement celui dont Belon a donne
îa figure, & qu'il a indiqué Ibus le nom de phoca,
vitulus marinus , recchio marino , veau ou loup de mer.
De hx nature des poifons , pnge i 6, 2° Le phoque de
notre océan qui e(l plus grand & d'un poil gris (.[u'oii
appelle poju ma'iii , & auquel nous confervons cette
dénomination , Éiutc d'autre , & aulîi pour ne p.is
tomber dans l'erreur en adoptant un nom étrange r ^ui
pourroit être celui d'une autre efpècej nous croyons
néanmoins que cet animal t(l celui que les Allemands
appellent Ruùl/e ou Sa// , les Anglois Soi/e, les Suédu)is
Sid/t les Norvégiens Kaaùe , ik c'ell certainement le
niûiie 4ue M." de l'Académie des Sciences ont indi*
liîloirc
iimaux
ttn, mot
minaifon
le terme
pe, on a
de VeauM
X uiitrins,
n$. Mous
efpèces;
Ion4, que
pft-à-dire,
phoea de
n a donné
de l'hoCii,
) de mer.
)hocjue de
gris qu'on
vous cetîc
xt ne pas
rangir qui
i,s croyons
\llemands
s Suâl*i)is
ne ment le
unt i:idi-
des Phoques t &c. 273
ronde comme l'homme , ie mufeau large
comme ia loutre , les yeux grands de
places haut , peu ou point d'oreilles
externes , feulement deux trous auditifs
aux côtés de la tête , des mouftaches
autour de la gueule , des dents aiïcz
iemblables à celles du loup , la langue
fourchue ou plutôt écbancrée à la pointe,
le cou bien defliné , le corps , les mains
& les pieds couverts d'un poil court &
allez rude , point de bras ni d'avant -bras
apparens ; mais deux mains ou plutôt
deux membranes, deux peaux renfermant
cinq doigts & terminées par cinq ongles ;
deux pieds fans jambes tout pareils aux
que , comme nous , fous le même nom de Vtau marin ^
èi dont ils ont donné ia figure & la defcription r
f>ûge 1 S^. & j^lanche XXV IL de la partte IJ' de leurs
Mémoires fwur fervir à i'Hiffoire des animaux. Enfin, il
nous paroîr que c'cft encore le même , dont de Laët a
donné la figure <3t qu'il appelle chîm marin ou jiheque,
Defcription des Indes occidcKtcdes , page ^r. Je ne cite
pas les autres auteurs , parce qu'ilr. ont copié les figures
(ie ceux-ci, ou qu'ils en ont donné de défeélueufès»
5.° Le grand phoque, dont Al. Parfons a donné la
flefcription & la figure dans les Tran/aiSions Philofo-
phiqucs , n," ^ 6 <^. 4.** Le lion marin , dont on trouve
\x defcription 6: la figure dans le voyage d'Anfon ^
yage i o o , &L qui pourroit bien être le même que le
granil phoque dcccit par M. Parfons»
M Y
274 Hijtolre Naturelle
mains, feulement plus larges & 'tourne'^
en arrière comme pour fe re'unir à une
<]ueue très - courte qu'ils accompagnent
des deux côtés , le corps aiongé connue
celui d'un poiiïbn , niais renHé vers la
poitrine , étroit à la partie du ventre,
tfàns hanches , " fans croupe & fans cuifles
sHU dehors ; animal d'autant plus étrange
.qu'il paroît fidif , & qu-ii 'eft le modèle
fur lequel l'imagination des Poètes en-
fiinta les Tritons , les Sirènes , & ces
dieux de la mer à tête humaine , à corps
de quadrupède , à queue de poifTon ; &
le phoque règne en efïèt dans cet^empire
muet par fa. voix , par fa figure , par
.ion intelligence , piir les flxcultés , en un
mot , qui lui font communes avec les
habitans de la terre , fi fupérieures à celles
des poifîons, qu'ils femblent être non-
feulement d'un autre ordre, mais d'un
monde différent ; aufil cet amphibie,
quoique d'une nature très - éloignée de
, celle de nos animaux domcftiques , ne
iaifîe pas d'être fufceptible d'une forte
il'éducation ; on le nourrit en le tenant
fouvent dans l'eau , on lui apprend à
faluer de la tête & de la voix, il s'ac-
des Phoques, &c. zy y
eoutiime à celle de Ton maître ; il vient
lorlqu'il s'eniend appeler , & donne ]:>lu-
iîeurs autres fignes d''^ .diligence ôl de
docilité fùj.
Il a le cerveau & le cervcret jyropor-
tionnellement ])lus grands que l'homme,
les lens auflî bons c|u'aucun des qua-
drupèdes , par conséquent le lentiment
aurti vif, & l'intelligence aufli prompte ;
l'un & l'autre ie marquent par fa douceur,
par les habitudes communes , par (es
qualités fociales , par fon inftinél: très-
vif pour (à fcrnelle , & très-attentif pour
{iss petits, par fa voix ^cj plus «Kprefllve
f^J Vttîili mar'mi accipium difcipUnnm , voceqtte farirer
tt vifu jwpulum jalwant : incondito fremim nontine
vocdti refportfîenr, V\m, Hifl, nat. lib. IX, cap. XI II,
— Un matelot Hollandois avoit tellement apprî-
voifé un veau marin , cju'il lui faifoit faire cent
fortes de fingcries, Voj'ûges de A'îi^on , tome llî,
Ikige us. , .., ■■ , ,i^,> ,,i,.^^.., ,. ,.,. .,,
fc} Nous entendions foiivent pendant la nuit , fur
lés côtes du Canada , la voix oes loups marins qui
rcflcmbloit prefque à celle àes chats-huanls. Hijhire
de In nouveUe France, par l'Efcarhot. Paris, 1612,
j>ûge 600. — Quand nous arrivâmes à l'île de
Juan Fernandès, nous entendions crier les loups ma-
rins jour
&: nuit, le^ uns bêioient comme
des
M vj
2.j6 Hijloire Naturelle
& plu», niod-iilcc que ccHe des autres
animaux ; il a auflî de la force & des
armes , ion corps eft ferme & grand ,
fcs dents tranchantes , fes ongles aigus ;
d'ïiiiieurs ii a des. avantages particuliers,
uniques , fur tous ceux qu'on voudrok
lui comparer ; il ne craînt ni le froid ni
le chaud, ii vit indifféremment d'herbe,
de chair ou. de poiffon ;. ii hal^iie e'ga-
lement i*eau , la terre & la glace ; il cft
avec le morlè le ieui des quadrupèdes
qui mérite le nom (^ amphibie , le feiil
qui ait le trou ovale du cœur owvcxvfj),
le (guI par confécjuetit qui puiflc fc paffcr
-m
agneaux , fcs autres nboyoient comme des chiens ou
huïloient comme des loupf^ V(iy.ii'gu de Woodcs P,or
gers t page zaé,
(d) ConitT'.e les pl^ocas font it^\v\éî, à être long-
temps dans l'eau , & ijuc le pafîhgc d\i (^ng par lé
poiimon ne peut fe faire fans la refpiratiun ; ils ont
Je trou ovaîaire tel uu'il tft dans le fœtus , qui ne
rf(pire pas non plus ; c'cfl une cuvcrturv? placée
au deHuus de la veine-cave ; & une communication
du vanricu!e droit du cœur avec le gauche , qui fait
fïatfçr dirciflcmcm !e fhng de la cave dans l'aorte, &
ui épargne le lonq chemin qu'il auroir à prendre par
ie poumon. Hijloire de l'Académie des Siiences,. dej)iùji
1^6$ ^ lome iy l^age S^., ....
'y
des Phcfques „ &€, ^77
de rcfpîrec , & aucjuel l'élément de leau
Toit aufli convenable ,. auGi propre que
celui de l'air ; la loutre & le ca/lor ne
font pas de vrais amphibies , puilque
leur élément eft l'air ;, & que n'ayant pcvs
cette ouverture dans la cloilbn du cœur,
ils ne peuvent relier long - temps loiis
Teau , & qu'ils iont obligés d'en (brtir
cil d'élever leur tête au-deflus pour
refpircr.
Mais ces avantages qui font trèsr-
grands , font b;ilancés par des iinper-
ieclicns qui font encore plus grandes.
Le veau marin efl manchot bu plutôt
eftropié i}LQs quatre membres, les bns^
les cuifT^s & les jambes (ont prelqu'en-
îièrement enfermés dans Ion corps ; il
ne fort au dehors que les mains & les
pieds, lelquels font à la vésité tous divifés
en cinq doigts ; mais ces doigts ne font
pas moliiles féparéme it les uns des autres-^
étant réunis par une forte membrane , &
ces extrémités font plutôt ùqs nageoires
que des mains & des pieds , des efpèces
d'inllrumcns faits pour nager & non pouF
marcher; d'ailleurs les pieds étant dirigés
ti\ miQït , comme la cpeue , ne peuvent
lyZ Ht foire Naturelle
foutenir le corps de Tanimal qui , quand
il eft fur terre , eft obligé de fe traîner
comme un reptile fej, & par un mou-
vement plus pénible; car ion corps ne
pouvant ie plier en arc , comme celui
du ferpcnt , pour prendre fuccefllvement
xlifFérens points d'appui, & avancer ainli
par la réai5lion du terrein ; le phoque
■'demeureroit giflant au même lieu , l'ans fa
gueule & les mains qu'il accroche à ce
qu'il peut làifir, & ii s'en fert avec tant de
dextérité qu'il monte aflez promptement
•ûir un: rivage élevé, fur un rocher &
(e) Les loups marins, que quelques - iwis nppencnt
ytaux marins à.^î> côtes du Canada, font gros comme
<Jes dogues, ils fe tiennent prefque toujours dans iVaii,
ne s'ccartant jamais du rivage de la mer. Ces animaux
•rampent plus qu'ils ne marchent , car s'étant élevés de
l'eau, ils ne font plus que glifTer fur le fable ou fur la
va(è. . . . Les femelles font leurs petits fur àss, rochers
eu fur de petites lies près de la mer. Ces animaiK
vivent de poifîôns; ils dierchent les pays froids,
Voydgf fie la Hontwt^, ir/rie U, pnge^j, — S'élevant
par un bout à la faveur de leurs n 'geoires , 6c tirani
leur derrière fous eux, ils fc rebondiflènt par manière
de dire , & jettent le corps en avant , tirani leur
derrière après eux, fe relevant enfuite & fautant en-
core du devant alternativement, ils vont & viennent
de cette manière pendant qu'ils (ont à terre. Vij^n^i
ds BuNifier, tome J, pfirc. j j^m
des Pîïoques, &c, 279
Blême fur un glaçon, quoique rapide &
glifîam (f). Il marche aufli beaucoup
plus vite qu'on ne j)ourroit l'imaginer,
& fouvent quoique blefle il échappe par
la fuite au chafleur (g).
Les phoques vivent en fociété , ou
du moins en grand lUorabre , dans les
mêmes lieux; leur climat naturel ell le
Nord, quoiqu'ils ;puifl^nt vivre auffi dans
les Zones tempérées , & même dans les
climats chauds; car on en trouve quel-
ques-uns fur les rivages de prefque toutes .
(f) Les veaux marins ont des dents très - tran-
chantes avec lefqudles ils couperoient un bâton de
la groflèur du bi'as , quoiqu'ils paroiflènt boiteux du
train de derrière, ils grimpent fur les glaçons où ils
dorment Les veaux marins qui habitent fur
les rivages font plus gras 6c donnent beaucoup plu*
d'huile que ceux qui habitent fur les glaces > . . . .•
L'on trouve quelquefois les veaux marins fur des
glaçons fi élevés ér fi efcarpés qu'il eft étonnant
comment ils ont pu y monier , 6c on les y voit
fouvent. accrochés ^u nombre de vingt ou trente..
Defcription de U yêcke de l^ JSakiHe^ par ^orgdrûger^ ,
( g ) Je donnai plufieurs coups d'épée à un veau
marin , qui ne l'empêchèrent pas de courir plus \ îte
que moi , &. àt ^t jeter dans l'eau , .d'où je ne le vis
plus rcfortir. Ruue'U des v»^a^K Wu Nord, tmt JJ»
V
2 8b mjloire Naturelle
les mers de l'Europe & jufquc dans h
Méditerranée ; on en trouve auifi dans
les mers méridionaies de l'Afrique & de
l'Amérique (h); mais ils ibnt infiniment
plus communs , plus nombreux dans les
mers lèpientrionaies de TA fie, de l'Eu-
rope (i) & de l'Amérique , & on les
lii, « * \«
' • (h)\\^ z beaucoup dfe veaux mnrhis dans les parties
feptcntrionaies de l'Europe & de T Amérique, t^^^x^
les parties méridiomles de l'Afrique , comme aux en-
virons dû cap de Bonne -efpérancc & au détroit de
JWageHan, & quoique je n'en aie jamais vu dans les
Indes occidentales que dans la baye de Campcclic,
ii y en a néanmoins fur toute la côte de ia mer
méridionale de i*A mérique y depuis la terre dcl
Fuego jufqua la ligne équinoxiale^ mais du côté du
nord de la ligne, je n*et) ai jamais vu qu'à vingt un
degrés de latitude: je n'en ai jamais vu non plus
da'ns les Indes orientales. Voyage dt Oampier, tome 1,
jhige 1 1 S,
(i) In mari Bothnico & Finnico mnxlmn vitulormi
ntarinorum five phccarum multitudo reyeritur. Olaï Magni,
de Cent, ftpî, pag, t6^, — On trouve dans le
Groenland beaucoup d'e Maux marins fur la côte de
l'otiefl ♦ on en trouve peu vers le Spitiberg
Les plus grands veaux marins ont ordinairement
depuis cinq jvfqu'à huit pie^ de long , & leur
graiffe fournit la meilleure huile. ...... comme ils
(é plaident autant fur la glace que fur terre , l'on eu
iFoit àt& troupeatfl de cent raffenablés fur un même
glaçon 1 1 *, I L'endroit où l'on prend les veaux
■•p. '\i'
lans la
i dans
& de
nimem
ans les
: l'Eu-
oli les
les parties
' , éi daiK
e aux en-
détroit de
u dans les
)ampcclie,
le ia met
terre k\
lu côté du
Jà vingt un
non plus
ïer, tome 1,
v'ituîorm
Ai Magni,
dans le
la côie de
^-e
inairemeiM
, èk leur
comme Ils
•e , l'on ci\
un même
d les veaux
^ ifej Phoéjues , &c* 281
retrouve en auffi grande quantité dans
celles qui font voilines de l'autre pôle
au détroit de Magellan y à i'ile de Juan
Fernandès, &c. (kj. Il paroît feulement
que refpèce varie, & que jfelon les diffé-
rens climats elle change pour la grandeur,
la couleur & même pour la figure; nous
avons vu quelques - uns de ces animaux
vivans , & Ton nous a envoyé les dé-
pouilles de plufieurs autres; dans le nom-
bre , nous en avons choifi deux pour les
£iire delîlner; le premier efl le phoque
de notre océan , dont il y a plufieurs
.... f *■■
■ >"./■»
marins tdi principalement entre !e roixante-quAtorzième
& le foixante-dix-fèptiènic degré fur iti iiiière ^t$
glacc5 de i'ouefl. On en prend aufTi beaucoup an-
nuellement dans le détroit de Davis & près èc ia
ZcmWe. Dtft.rlption de la yiche de la- Baleine , fat
Corneille Zorgdraef' ^inemh. »750, volume I," \n-/^^
j>(ige I p2i tramii de l'Allemand, par M% le Mar^nii
à Montmirml,
fA) Au mois de novembre, les chiens marins
( riiocasj (c rendent fui' l'île de Juan Fcrnnndès pour
y faire Icui.s petit?, iU Ibnt alors de fi mauvaife humeur
que bien loin de fe retirer à l'approche d'un homme
ils fe jettent fur lui pour le monirc, quow|u*il foit
armé d'un bâton Le rivage en efl ciivelnuefors
tout couvert à plus d'un dcmi-millc h hi ronde. Vo^a^t
(le Woodi'S Rogcvs , tome /, page 206%
\2 8:2 Hijiom Naturelle
variétés ; nous en avons vu un , dont les
proportions du corps paroifloient diffé-
rentes, car il avoit le cou plus court , le
corps plus alongé & les ongles plus grands
que celui dopt nous donnons la 'iigure;
mais ces difîSences ne nous ont pas paru
aÛez eonlidérables pour en flrir€ une ef-
:pèce diftinde & féparée. Le fécond qui
-cû k phoque de la Méditerriu^ée & des
mers du Midi , & que nous préfumons
être le phoca des Anciens , paraît être
d^unc; autre efpèce , car il diflFère des
autres par la, qualité >& la couleur du poil
qui elt ondoyant & prefque noir, tandis
qiie le poil des premiers eft gris & rude,
il en diffère encore p»iir ia forme des
.*leiits i& par celle des oreilles ; car il a
une erpèoe d*oreilIe externe, très -petite
à la vérité, âi^ lieu que les autres n'ont
'que le trou auditif fiins apparence de
conque ; il a, auffi les dçnts incifives
' tierminces par deux pointes , tandis que
les deux autres ont ces niênjes dents
incifives unies & tranchantes à droit fil
•'lé'ommc celles du chien ^ du loup & de
t^oiis IjES autres quadrupèdes ; il a encore
fc bras fuucs plus bas, ccft-rà-dire, pluî
l\
V : Jes Phoques', ^â'e, ^8 j
en arrière clii corps que les autres , ■ qui
les ont places plus en avant ; néanmoii^s
ces dUconvenances ne foûjt pçuj-être ,qiie
des variétés (Jëpen5dantes4iï cliipat, & npfi
pas des. différences fpi^içjfiques » a|t^<(ii
que dans les mêmes iiewç ;, & iur - tOi|t
dans ceux où ces aniraaujt abondent, on
en trouve de plus grands , ide plus .petits;,
de pilus ;gros , de pl»% mi>>ce§ , ;&j de
couIe*ir ou de poiii difS^ent,..^vW {{e
''v/// ^^*:hîes Ut' hoMm ^ e^uo fie qno^évhah fihmka
>ê€eif) V iiiï A'Ugni , de ^Gerft. fept. fagt\ \t^j»
— Lw «'caux marins font «ouverts de poils courts
& de ciiflfiérentcs coiJeurs, îes uns font noirs & blancs»
que!(|u'e5-uris jaunes, d*àu très' gris , & on en vbîé^tte
rougrt* Defcripùon fié Ai pkkeMe /a ' Rikitttr' ^fknr
Zorgdrnger , page i g t , — Près de la baye Saint-
Alaihias. fur les. tcrres' Magcllanic]i;es, n«|4s d^(^U-<
vriiwes deux îles pleints dç loups .marins, çn fi
grand nombre , qu'il n\iuroit pas fallu deux heures
pour en remplir nos cinq vaifleaupf; ils font de iii
taille d'un vcay <Sc de diverics couleurs. Hijloire des
Navigations aux terres Aujlrales. Paris, t y^6 , in-4.*
tome 1, /mgf 1 zj, -—Les veaux marins de Spit^bierg
nom pas iji tête faite tous de la mcme.Jàçon, lejs uns
l'ont piqs ronde , les auires plus. longue & plus de^
V'harnce aq .T dcflôus du mu (eau. , . . 1 . , Ils font. au(|i,
de diverfes couleurs , & marquetés comme les tîgrcsjji
Jcsuus font «l'un noir taçhç^ç de blaïKi queluues-.Mni
« V
284 ' Htfloke Naturelle
. C'cfl pai; une convenance qui d*abôfd
paroît afîez légère i & par quelques rap-
ports fugitifs que nous avons jugé que
ce (ècond phoque étoit ie phoca des
Anciens; on nous a afTuré que l'individu
que nous avons vu venoit des Indes, &
il eft au moins très-probabie qu'il venoit
des mers du Levant; il étoit adulte,
puifqu'il avoit toutes les dents; il éroit
d'un cinquième moins grand que les
phoques adultes de nos mers, & des deux
tiers plus petit que ceux de la mer gla-
ciale ; car quoiqu'il eût toutes Tes dents,
il n'avoit que deux. pieds trois pouces de
longueur, tandis que celui que M. Parfons j
a décrit ai deffiiié avojt fept pieds &|
jaunes, quelques-uns gris & d'autres rouges
Ils n'ont pas tons In prunelle de Tceil d'une mêmel
couleur, les uns l'ont d'une couleur criOaline, i(i|
autres blanche, les autres jaunâtre & les autres roti-
geâtre. Recueil des voyages /^ Nord, tome II, page i il\
& fuivantes* — La peau du veau mirin cft couvcrfe
d'un poil ras de diverfcs couleurs j il y a dé ces ani.
maux qui font tout blanct , & tous le (ont en naifTint, |
3uelquesuns à mefure qu'ils croifTent deviennent noir»,
'rtutres roux , pUifieurs ont toutes ces couleurs en-
femble. Hifioire de !a NjuvelU Ftiince, par Charltm,\
tomt 111 , jmge /^/.'' ;- »".*.. -^ .
que les
es deux
ner gla-
i dents,
)uces de
Parfons
pieds &
me même
liialine, i«
lutres roiv
jtagc ni
Ift couverte
Ac ces ani'
;n nrtifTint,
ment noir^
ileurs en-
ICharlem,
des Phoques , &c. 285
demi d'Angleterre, c*eft-à-dire , environ
fept pieds de Paris , quoiqu'il ne fût pas
adulte , puifqu'il n'avoit encore que quel-
ques dents : or tous les caraAères que
les Anciens donnent à ieur phoca , ne
défignent pas un animal auffi grand , &
conviennent à ce petit phoque qu'ik
comparent (bu vent au caftor & à la
loutre , lefqucls font de trop petite taille
pour être comparés avec ces grands'
phoques du nord ; & ce qui a achevé
de nous perfuader que ce petit phoque-
eft le phoca des Anciens , c'eft un rap-
port qui, quoique faux dans Ton objet,
ne peut cependant avoir été imaginé
que d'après le petit phoque dont il eft
iciqueftion, & n'a jamais pu en aucune
iinanière avoir été attribué aux phoques
de nos côtes , ni aux grands phoques
lu nord. Les Anciens, en parlant du
i^(?f^z, dilent que fon pôil eft ondoyant,
Se que par une fyiliptithîe natui^eHè il
fuit les mouvemens de la mer ; qu'il
fe couche en arrière dans fë temps que
la mer baifTe , qu'il fe relève en. avant
prfque la mafée monte ^m), &. que cet
(mj Pilks eorum tticm dctraflas corjMri /enjum aqm*.
l
2:<^'6^ M'iftoke Naiurcîlêv^
effet fî^giriièr fiibfifte même' claiist f^
peaux ' lorig-tenïps î^rès qu'elles ont été
eiîtevées^'& (eparées de I*animal r or l'on
li'a pu imaginer^ ce rapport ni cette
propriété <iarts les phoques de nos côtes,
-jîip dans' ceux du nord , puifque Je poil
&'d<ii uh$, ôc des iautBes eft court &.roi<{e,
elle cokv iént au eomr aire en > ^ quejque
^^àh à' ctef petit? f^t)que dont: ie poii eft
ofndoyànt & beai«?oup piusi fouple & plus
long que c?eliUi des aiures-; en. général \t%
jyhoqttes dès aners ftléfidionales-ontie poii
îre^ùcôup pKB fiil^ &' plus doux h) que
ceùk' dés^îners feji>tentripiiaîes ; d'ailleurs
Cîirvdan'^ditalffiprrtatïve^ient (o), o^ç. cette
rilnf'hi}kere''Wa(tûnt fi^éfafl^ reeeStrt înk.
ft/eerci Plin. Hifi* mu lib. IX, cap. xill. — Severinuj
dit) avoir vu ce miracle, mais il l'exprime avec tant
d'exagération, qu'il en eft m«ins croyable; il dit, quel
qtiifid- le' veni:du ftptentrîon '(ouÛ]e','Aài polkiqui s'é->\
toibwc cle^ës' «w iVentj ,dM < midi j fe c^uch^if teil^cnt.f
cju'ils » ^erablent dif paroître. A'Iemqi/cs jiour jervir * [
l'Hifloire des animdux, ^tartie-l, page t^j,
. (m) Les veaux ^apirvs de l'île de Juan Feriiandès > ont 1
lyiç Tourriire fi fine ^ ft courte que je n'en ai vu def
pareille nulle part ailleurs, Vo^ûge t/e^ Damfiir , tom U
pagejiS, ''\r^-\AJi< ■'■ - /rî-ji ? ')
" (^)Cv(hh» Ji pnlitate, lib. X. ''^^' '^^ • -
propriet
a été trc
ner à ci
foi qu'if
que c'efi
tffct arri'
dans le /
phénomè
& les M
attribué Y
mer. Qu<
nous ven
pour qu\;>
phoque ei
<i aufîi to
que Rond
^éditerrm
proportion
le phoque
dont M:
& la figui
Wement dl
être d'uiK
autres, pi
point de
"e lai/Ibit
/W Kond<
Jes Phoques , dxe» 2.87^
propriété qui avoit pafTé pour fabuleuic .
a été trouvée réelle aux Indes: fans dbiî->
ner à cette aflertion de Oir^im plus d«)
foi qu'ii ne faut, elle indique au moins,
que c'eft au phoque des Indes que -cctri
effet arrive; il y a toute: apparence que)
dans le fond c- 11' autre chofè qi la „
phénomène éleétriqut , doiit les Ancien»-.
& les Modernes, ignoixim^ la. çauiè., ont:
attribué l'effet au flux & au reflux de la
mer. Quoi qu'il en foit , les raiibns' qiie
nous venons d'expoicr font fuflilantçs
pour quVn puifl^e préfumer qire ce petit ^
phoque efl: le phoca àes Anciens, & il y;'
a aufli toute apparence que c'efl: celui,
que Rondelet fpj appelle P;^oca de la
Méditerranée , lequel (èlon lui a le corps à '
proportion plus long & moins gros que
le phoque de l'océan. Le graiid phoque, :
dont M.' Parfons a donné les dimenfioh$ *
& la figure , & qui' venoit vraifembla-; ,
hlement des mers lèptentrionales , paroît»
être d'une efpèce différente ^qs deux-
autres , puifque n'ayant encore prefque
point de dents & n'étant pas adulte , il
ne laifl^oit pas d'être plus que double «a
(^) Rondelet, de Pi/dbus, (îïiî XVï. " ";^;, f, /
2 88 Hifloire Néjturelîe^
grandeur dans toutes fès dimenfiohs , &
qu'il avoit par conféquent dix fois plus
de volume & de mafîê que les autres.
M. Parfons, ainfi que l'a très -bien re-
marqué M. Klein, (q) ^ dit beaucoup
de cho^s en peu de mots au fujet de cet
animai; comme (es obfèrvations font en
Anglois, j*ai cru devoir en donner ici la
tradudion par extrait (r),
(q) K\àn , Je qttaJ. fSig, <)l, > , ;> }
(r) Ce veau marin (c voyoît à Londres en Charlng
crflff, au nnois de février 174-2-j ...*... Les figures
données par AIdrovande, Jonfton, & d'autres étant
de profil , nous jettent dans deux erreur5 ; la pre-
mière , c'eft qu'elles font paroître le bras , qui ,
cependant n'efl pas viHble au dehors dans quelque
pofition que foit l'animal ; la féconde , c'efl qu'elles
repréfentent les pieds comme deux nageoires , tan-
dis que ce font deux vrais pieds avec des mem-
branes Si cinq doigts Si cinq ongles , & qua les doigts
font compofés de trois articulations. Les ongles des
pieds de devant fort grands & larges ; ces pieds
font affez femblabies à ceux d'une taupe ; ils pa-
roiffent faits pour ramper fur la terre fk pour nager :
il y a une membrane étroite entre chaque doigt ;
n^ais les pieds de derrière ont des membranes beau-
coup plus larges , Si ils ne fervent à l'animal que
pour ramer dans l'eau Cet animal étoit
lismeMe, ôc mourut le feizicme février 174.2-5. il
avoit autour de la ^gueule de grands poils d'une
lubfhnce uranfj^rcnte & cornée. Ses vifccres étoicnt
comme
wrVo
tjuî feir
autres. \
du Lev
comme il
les reins,
les gros vj
de la génc
rate avoit
large , &
de fîxfobei
<"omme la
le coeur éto
Un trou ov
fort grande
environ qu;
chans & a
choifis pour
de fa marri
cornes qui
Les ovaires
matrice étoii
des ovaires.
aiifTi - bien
moî^ même
vivipare, i
mulculeufè
pieds & dei
point de de
trous régulièi
du nombril
qui devoien
n.' 469, p
Tome
■y
des IHioquès,à'c* l8p
Voilà <ioiic trois cfpèces de* phoques
qui femblent être différentes lès unes des
autres. Le petit phoque noir des Indes &
du Levant, le veau marin ou phoque de
eomme ii fuit; les e(lomacs, les inteflins, fa vefUe^'
les reins, les uretères, le diaphragme, les poumons «
les gros vaifleaux du fang & les parties extérieures
de la génération étoient comme dans la vache ; la
rate avoit deux pieds de long , quatre pouces de
large , 6c étoit fort mince ; le foie étoit compofé
de fîx lobes, chacun de ces lobes étoit long & mince
<;omme la rate; la véficule du fiel étoit fort petite,
le coeur étoit long & mou dans fa contexture> ay^
un trou ovale fort large, & les colonnes charnues
fort grandes. Dans l'eftomac le plus bas, il y avoit
environ quatre livres pefant de petits cailloux tran-
chans éc anguleux , comme fi lanimal les avoit
choifis pour hacher fa nourriture Le corpg
de la matrice étoit petit en comparaifon des deux
cornes qui étoient très -grandes & très- épaiflcs. . ,
Les ovaires étoient fort gros , & les cornes rie la
matrice étoient ouvertes par un grand trou du côté
des ovaires. Je donne la figure de ces parties
auflTi - bien que celle de l'animal que j'ai defliné
raoi"^ même avec le plus grand foin. Cet animai ert
vivipare, il allaite fes petits; fa chair eft ferme &
mufculeuiè \ fl étoit fort jeune quoiqu'il tiw fept
pieds & demi de longueur , car il n'avoit prefquc
point de dents 6c il n'avoît encore que quatre petits
trous régulièrement placés & formant un carré autour
du nombril, c'étoit les vefiiges des quatre mamelles
qui dévoient* paroître avec le temps. TranJ, Phif»,
n.- 4.69, P^" 3^^ ^ 3^6%
Tome XL
N
( '.•
^ ■ % f
s. 9 o Hïfloire ^(ntmeîie
nos mers , & k grand phoque des mers
<Ju Nord , .& c'ell à la première efpècç
qiiM faut rapporter tout ce que ies An^
çiens ont écrit du phaca. Ariftote con-»
noiffoit aiïcz bien cet animal , lorfqu'il a
dit qu'il çtoit d'une nature ambiguë &
ïnoyenne «entre }es animaux aquatiques ^
terreftres ; que c'efl: un quadrupède im-
parfait & manchot ; qu'il n'a point d-o-
tciiles externes , mais feulement des tfous
très - apparens pour entendre ; qu'il a Li
langue fourchue , des mamcjies & du lait ,
& une petite queup comme un cerf: inai§
ÎI ppoît qu'il s'eft trompé en afTurant que
cet anima] n'a point de fiel ; il eft certain
qu'il en a au moins la véfiçule : M. Par-
fons y dit à la vérité , qup \\ véficule di|
fiel , dans le grand phoque qu'il a décrit ,
ctoit fort petite ; mais M. Daubenton ;i
trouvé dans notre phoquç qu'il a di(îcT|ué,
une véficule dj.i fijel proportionnée à la
grandeur du foie; & M/* de l'Académie
des Sciences, qui ont aufîi trouvé cette
yéficule du fief dans Iç phoque qu'ils opt
décrit , ne difent pas qu'elle fut d'uiiQ
pctiteiïè remarquable.
Au re(tc , Ariftotç m pouvojt avQiç
\ks Phoques, &c. 1 9 ï
aucune connoiflànce des grands phoques
des mers glaciales , puifque de l'on temps
tout le nord de l'Europe ôc /le i'Afie
étoît encore inconnu; les Grecs & même
les Romains regardoient les Gaules & la
Germanie comme leur nord : les Grecs
fur - tout connoiflToient peu les animaux
de ces pays ; il y a donc toute vrailem-
blance qu'Ariftote, qui parle du phoca
comme d'un animal commun, n'a entendu
par ce nom que le p/ioca de la Méditer^
ranée, & qu'il ne connoifToit pas plus les
phoques de notre Occfan que les giands
pho«(ues des mers du nord. *."! r
Ces trois animaux , quoique dîfîerens
par l'efpèce , ont beaucoup de propriétés
communes , & doivent être regardes
comme d'une même nature. Les femelles
mettent bas en hiver; elles font leurs petits
à terre fur un banc de (àble , fur un rocher
ou dans une petite île & à quelque dif»
tance du continent ; elles fe tiennent af-
fifes pour les allaiter fj^, & les nounilîcnt
{fj Quand les veaux marins (ont en mer , kurs
pieds de dcnicre leur fervent de queut pour najrer ,
& à terre de fiége quand ils donnent à têlcr à leurs
petils» Voyage Je Damvier, tome 1 , page 117,
Ni/ :.
s. pi Hîfloïre f'iaturelk
v^infi pendant douze ou quinze jours Jaiig
.l'endroit où ils font nés , après quoi la
mère emmène iès petits avec elle à la mer,
ou elle leur apprend à nager & à cher-
cher à vivre ; elle les prend Tur ion dos
Jorfqu'ils font fàdgués. Comme chaque
portée n'elt que de deux ou trois , lès
foins ne font pas fort partagés , &: leur
rcducation eft: bientôt achevée : d'ailleurs
.ces animaux ont naturellement afîez d'in-
telligence & beaucoup de fentiment ; ils
s'entendent , ils s'entrc-aident & fe fecou-
jent mutuellement ; les petits reconnoifîent
leur mère au milieu d'une troupe uom-
breulê ; ils entendent fi voix , & dès
qu'elle les appelle , ils arrivent à elle fins
sfe tromper (t). Nous ignorons combien
de temps dure la geftation ; mais à en
juger par celui de raccroifïèment , par la
<Jurée de la vie & aufîî par la grandeur
de l'animal , il paToît que ce temps doit
.être de plufieurs mois , & l'accroiiîèmem
étant de quelques années , la durée de fa
vie doit être afîèz longue ; je fuis même
très-porté à croire que ces aninwux vivent
jjeaucoup plus de temps qu'on n'a pu
(t) Voyage de Dampier , fom 1 , j^t^c i ig.
des Phoques, &c* 2p 3'
robfèrver, peut-être cent ans & davantage :
car on lait que ies cétacées en général-
vivent bien plus Iong:-tcmps que les ani-
maux quadrupèdes , & comme ie phoque
fait une nuance entre les uns & les autres,
il doit participer de la nature des premiers,^
& par conféquent vivre plus que ies der-
rîiers.- ^ • -' •'-■ î'-'- • / . •*' -- ^ m
La VOIX du phoque peut ft comparer
à i*aboiement d*un chien enroué : dans
le premier âge , il fait entendre un Cki
plus clair , à peu -près comme le miaule-
ment d*un chat; ies petits qu*on enlève à
leur mère miaulent continuellement , & fe
ïaifïènt quelquefois mourir d'inanition plu-
tôt que de prendre la nourriture qu'on leur
offre. Les vieux phoques aboient contre
ceux qui les frappent, & font tous leurs
efforts pour mordre & fe venger ; en gé*
néral , ces animaux font peu craintifs \
même ils font courageux. L'on a remarqué
que fe feu des éclairs ou ie bruit du ton*
ncrre , loin de les épouvanter , feni',* . les
recréer; ils fortent de l'eau dans la tem-
pête ; ils quittent même alors !.. urs gla-
çons pour éviter le choc des vagues , & ils
vont à terre s'aniufer de l'orage & recevoir
N 11;
V'i
294. Hifloîre Naturelle
h. plure qui les réjouit beaucoup. Ils ont
naturellement une mauvaile odeur , & que
Ton fcnt de fort loin lorfqu'ils font en
grand nombre : ii arrive (buvent que quand
on les pourfuit ils lâchent leurs excrémens,
qui font jaunes & d'une odeur abomi-
nable; ils ont une quantité de fàng pro-
digieufe , & comme ils ont aulli une
grande (urcharge de graiflê , ils font par
cette raifon d'une nature lourde & pef mie ;
ils dorment beaucoup & d'un fommeil
profond fu); ils aiment à dormir au foleil
fur des glaçons , fur des rochers , & on
peut les approcher fans les éveiller , c'eft
îa manière la plus ordinaire de les prendre.
On les tire rarement avec des armes à
ffeu , parce qu'ils ne meurent pas tout de
fliiie , même d'une balle dans la tête ;
ils fe jettent à la mer & font perdus pour
ie chaffeur : mais comme l'on peut les
approcher de près lorfqu'ils (ont endormis,
ou même qutmd ils font éloignés de la
(u) Nuflum animal gravîore fonmo premitur. Pinnis
gui/min mari utuntur , humi ^uoe/ue yedum viceferpum;
Jurfum tUorfwiifjue clnudicantium more fe moventes
Capitur dormicns vitulus marinus prafertim humano mueront
fiia profunttiffime dortiiit» Olaï Magni , de Cent, fejiu
V
tlês Phoques, ê^ù ip }
mer , parce qu'ils ne peuvent Air que
très-lentement ; on les àfTomnse e coupJ
de bâton & de perche : ils font très^
durs & très - vivaces ; « ils ne meurent
pas facilement , dit un témoin oculaire ; ce
Car quoiqu'ils foient monellemdnt blefil's, ce
qu'ils perdent prélj|ue tout leur lang & ce
qu'ils foient même éccrcht'S j ils ne et
laifîent pas de vivre encore , & c'eft et
quelque chofe d'affreux que de les voir ce
fe rouler diuis leur lang. C'ell ce c[ue ce
nous obfèrvames à l'égard de celui que ce
ilous tuâmes , & qui avoit huit pieds ci
de long , car après l'avoir ecorcné & c<
dépouillé même de la ])lus grande partie c<
de (à graifle , cependant &. malgré tous oc
les coups qu on lui avoit donnes lur la et
tçie &L fur le muieau , il ne iailîoit pas «c
de vouloir mordre encore ; il laifit même <t
une demi-pique qu'on lui préfenta avec ce
prefqu'autant de vigueur que s'il n'eût ce
point été blefle ; nous lui enfonçâmes ce
après cela une demi-pique au travers du «
cœur & du foie , d'où il foriit encore ce
autant de fang que d'un jeune bœuf ce»
Recueil des voyages du Nord , tome ÎI ,
fûge i ij it Jiiiv* Au »|fte , la chaflcj^
N iii) ^
l-;^i
' rr"
'ip 6 Hifloire Naturelle
©u fi XjBn veut, la pêche de ces animaux
n'efl: pas difficile & ne laifle pas d'être
utile , car la chair n'en efl: paS mauvaile
à manger (x); la peau (yl fait une bonne
{ X ) hii féconde cfpèce de loups marins ( yhoque )
efl bien plus petite que la pr&nière ( rofniar ou vaclit
tnarine ) ; ils font auflj leuii*petits à terre dans ces
Sics ( du Tonfquet , Amérique feptenirionalc ) fur
ie fable , fur les roches & pair ' tout où il fc lrou\ e
des ances. . . Les Sauvages ieur^^nt )a guerre \ leur
chair efl bonne il manger, ils en tirent de riuiilc tiui
«fl un ragoût h tous leurs fèftins. Ces loups marins
s'ccf louent à terre en toutes (iiifons , & ne s'écartent
guère de la terre. Dans un beau temps on les trouve
fur une côte de fable , ou bien fur des rochers où ils
dorment nu foltil . , , . Il y a ^f:^ endroits où il itxi
échoue àiti. deux ou trois cents d'une bande. ,,,««.
J!s font faciles à tuer Tout ce qu'ils peuvent
ïcndre d'huile , c*efl environ plein leur vcfTic , dans
îaqucllc les Sauvages I» mettent a^^tcs l'avoir faif
fondre ; cette, huile efl bonne à manger fraîche è<
pour fricafTer du poifTon , elle cfl encore excellente à
brûler , elle n'a ni odeur ni fumée , non plus que
celle d'olive, ^ en bariaue elle ne laifle ni ordure ni
Jie au fond. Defcription de l'Amérique feptemrionakt j^aY
Denis , terne II , page 2jj,
' (y) Le veau marin a, outre fa graifTe, une peut
qui fe vend trois , quatre ou cinq fchclings , à pro-
J portion de fa beauté & de fa grandeur. Dejcripùm de
'a pkhe de la linkine , par Zorgdarger , page t p 6,
•—On employoit autrefois une gri^ndç quantité de
|)çaux de loups marins à faire des manchons i h twà%
des Phoques, &e* iriy^
fourrure ; les Américains s'en (èrvent pour
faire des ballons f-^) qu'ils renipiiflent
d'air , & dont iis fe (èrvent comme de
radeaux : i'on tire de leur graiiïe une
huile plus claire ^ d'un moins mauvais
goût que celle du mariouin ou des autres
cétacées. •■■' -i* ^i'-"i :;.:' ;. > ff3; .o . ^^^-M
Aux trois efpèces de phoques , dont
nous venons de parler , il faut peut-être ,
comme nous l'avons dit, en ajouter une
quatrième dont l'auteur du voyage d'Anfon
a donné la figure & la defcription fous le
noiti de lion marm; elle efl très-nombre ufe
fur les côtes ^^ terres Mngellaniques &
à l'île de Juan Fèrnandès dans la mer du
_/
en eft paflec , & leur grand ufagc aujourd'hui efl de
cxjuvrir les mallrs & Tes coffres : quand elles font
tannées elles ont prefquc le même grain que le ma-
Vttquin , elles font moins fines , mais elles ne s ccor-
chent pas fi aifément , & elles confervent plus long-
temps toute leur fraîcheur : on en fiiit de très - bons
fouliers & dea bottine;» , qui ne prennent jwint l'eau ;
on en couvre auffi des fiéges , dont le bois efl plutôt
ufé aue la couverture. Hiftoire de la Nouvelle France »
par le Père Charkpuix , tome ill» page t^y*
(l) Leur peau fert à faire des baIloc5 ou baHons
pleins d'air , au lieu de bateaux. Voyage de fre^Jer^
rage ^/t .
N V'
t^
I r-
-■■*
298 Hiflotre Naîurelk
fuel. Ces lions marins refîènibîent mt
phoques ou veaux marins , qui font fort
communs dans ces mêmes parages , mais
ils font beaucoup plus grands ; lorfqu'ils
ont jiris toute leur taille , ils peuvent avoir
depuis onze jufqu'»i dix - huit pieds de
long , & en circonférence depuis fept
ou huit pieds jufqu'à onze. Ils Ibnt fi
gras , qu'après avoir percé & ouvert la
peau , qui eft épaiffe d'un pouce , on
trouve au moins un pied dtf graifîè avant
de parvenir à la chair. On tire d'un (êul
de ces animaux jufqu'à cinq cents pintes
d'huile mefure de Paris; ft^nt en mêmç-
temps fort iîmguins; ioinl|u'on les bleflè
profondément & en piufieurs endroits à
îa fois , on voit par - tout jaillir le (àng
avec beaucoup de force. Un feul de ces
animaux , auquel on coupa la gorge , &
dont on recueillit le (àng , en donna deux
bariques , (ans compter celui qui reftoit
dans les vaifî'eaux de fon corps. Leur
peau eft couverte d'un poil court, d'une
couleur tannée claire, mab leur queue &
leurs pieds font noirâtres ; leurs doigts
font réunis par une membrane qui ne
s'étend pas jufqu'à leur extrémité , & qui
Jts Thoques, &c, 2p()
Aiiis chacun eft terminée par un ongle,
JUs diffèrent des autres phoques , non-
feulement par la grandeur ^ ia groffeur,
mais encore par d'autres Ciiraâières ; les
Dons marins milles ont une efpcce de grofîè
crête ou trompe qui leur pend du bout
de la mâchoire fuperieure de ia longueur
de cinq où fix pouces. Ccue partie ne
fe trouve pas dans l'es femelles , ce qui
fait qu'on les diftingue des mâles au pre-
mier coup d'œil , outre qu'elles font beau-
coup plus petites. Les mâles les plus forts
fe font un troupeau de plufieius femelles,
dont ils empêchent ies autres mâles d'ap^
procher. Ces animaux font de vrais am-,
phibies ; ils pafïênt tout l'été dans la nierj
& tout l'hiver à terre , & c'efl: dans cette
fhifon que les femelles mettent bas ; elles
ne produifent qu'un ou deux petits, qu'elles
allaitent , & cfui Ibnt en naifliiut aufli gros
qu'un veau marin adulte.- - f --w ' :
Les lions marins, pendant tout le tempà
qu'ils font à terre, vivent de l'herbe qui
croît fur le bord des eaux courantes , ^
le temps qu'ils ne paiffent pas , ils l'em-
ploient à dormir dans ia fange ; ils pa-
afolfltnt d'un naturel fort pefant , & lom
Nv;
1.'
'300 Hifloki Naturelle
ibrt difficiles à réveiller ; mais ils ont îa
précaution de placer des mâles en (ènti-
nelle autour de l'endroit où ils dorment y
& Ton dit que ces fentinelles ont grand
foin de les éveiller dès qu'on approche.
Leurs crb font fort bruyans & de tons
difFérens : tantôt ils grognent comme des
cochons , & tantôt ils hennifîênt comme
des chevaux ; ils fe battent fouvent , fur-
tout les mâles qui fe difputent les femelles,
& (è font de grandes bleffurcs à coups
de dents. La chair de ces animaux n'efl:
pas mauvai(è à manger ; la langue (ur-tout
cft auffi bonne que celle du bœuf. Il €ft
très-facile de les tuer, car ils ne peuvent
ni (ê défendre ni s'enfuir ; ils font fi lourds
qu'ils ont peine à fe remuer, & encore
plus à fè retourner ; il faut feulement
prendre garde à leurs dents , qui font
1res - fortes , & dont ils pourroiem blefîèr
fi on les approchoit de face & de trop
près (a). '■■^* .-'■('? '-'f J
Par d'autres obffervations , comparées
i celles-ci , & par quelques rapports que
^ /a) Voyajrc autour du Monde, par Anfon ,
page 1 00 & fuivantes , où I on voit auflfi la figure
|tù mâle Su de la femelle. ^'
tles Phoques, â^c, _jof^'
tious en déduirons , il nous paroît que ces
lions marins , qui fe trouvent à la pointe,
de l'Amérique méridionale , fe trouvent,^
à quelques variétés près , fur les côtes fep—
tentrionales du même continent. Les grands .
phoques des mers du Canada, dont parie,
Denis , fous le nom de ioups marins ,
& qu'il diftingue des petits veaux marins
ordinaires, pourroiem bien être de la même
elpèce que les lions marins des terres Ma-
gellaniques. Leurs petits ( dit cet auteur y ,
qui eft afTez exat^ ) font en naifîànt plus
gros que le plus gros porc que Ton voie , ,
& plus longs : or il eft certain que lés
phoques ou veaux marins de notre Océan ,
ne font jamais de cette taille , quand même
ils font adultes ; celui de la Méditerranée,.,
c'eft-à-dire le phoca des Anciens , eft
encore plus petit , & il n'y a que le
phoque décrit par M. Parfons , dont la
grandeur convieijne à ceux de T)tr{\s (b)^ .
(h) On peut encore ajouter au témoignage de
Denis, celui du Père Chrétien Leclerq , « if y a (dit
cet auteur ) des loups marins fur les côfes de l'A- «
mérique Teptentrionale , ddnt quelques-uns fontauffi «c>m
granck & aufli gros que i\e% chevaux & des bœufs. .«^'
Ces loupi marins s'appellent Ouaf^ous »• ReUtioruiie la
i--^
302 I^ijlvirt Naturelle
M. Parlons ne dit pas de quelle mer
venoit ce grand phoque ; mais Ibit qu'ii
vînt de la mer leptentrionale de l*Europe
ou de celle de l'Amérique , il fe pourroit
qu'il fïît le même que le loup marin de
Denis , & le même encore que le lion
marin d'Anfon ; car il eft de la même
grandeur , puifque n'e'tant pas encore
adulte ni même à beaucoup près , il avoit
iêpt pieds de longueur : d'ailleurs la diffé-
rence la plus apparente, après celle de
la grandeur , qu'il y ait entre le . lion
marin & le veau marin , c'eft que dans
l'-elpèce du lion marin , le mâle a une
grande . crête à la mâchoire fupérieure ,
Biais la femelle n'a pas cette crête. M.
Parlons n*a pas vu le mâle , & n'a décrit
que la femelle , qui n'avoit en effet point
de crête , & qui reffemble en tout à la
femelle du lion marin d'Anfon. Ajoutez à
toutes CCS convenances un r.pport encore
plus précis , c'eft que M. Parions dit que
fÔ4i grand phoque avoit les eftomacs &
les inteftins comme une vache , & en
Hiême temps IWeur du voyage d'Anfon
idit que le lion marin ne fè nourrit que
^hcxbes pendant tout i'été; il eit donc
des PhotjtieSt e^r; 30^
très-probable que ces deux animaux font
conformés de même , ou plutôt que ce
ion« les mêmes animaux très-difFérens des
autres phoques, qui n'ont qu'un eftomac,
ÔL qui (e nourrifïênt de poiflon. î, y , -
Woodes Rogers a voit parlé , avant
l'auteur du voyage d'Anfon, de ces iions
marins des terres Magelianiques ,• & il les
décrit un peu différemment, ce Le lion
marin ( dit - il ) eil une créature fort ce
étrange , d'une grofîèur prodigieu(e ; ce
on en a vu de vingt pieds de long ou ce
au-delà , qui ne pouvoient guère moins ce
pefer que quatre milliers, pour moi j'en ce
vis piufieurs de (eize pieds^ qui pefoient ce
peut - être deux milliers ; je m'étonne ce
qu'avec tout cela on pui/Iè tirer tant ce
d'huile du lard de ces animaux. La ce
forme de leur corps approche afîèz de <c
celles des veaux marins , mais ils ont ce
ia peau plus épaiiïê que celle d'un ce
bœuf ; le poil court & rude , la tête <c
beaucou|;) plus groflè à proportion , la »
gueule fort grande , les yeux d'une <c
grofîèur monllrueufe , & le mufèaii qui <c
refîêmble à celui d'un lion , avec de ce
^rfibles mouAacheS; dont le poil left iî «
; . ■-■■ ••
^•i
1304 'Hlfloïrê Naturelle
y» rude , qu'il pourroit fervir à fliîrc cîcs
?3 curedents. Vers ia fin du mois de Juin ,
D> ces animaux vont fur l'île. ( de Juan
y»' Fernandès) pour y faire leurs petits qu'ils
y> dépotent à une portée de fufil du bord
» de la mer ; ils s'y arrêtent jufqu'à la
Dï fin de Septembre fans bouger de la
y» place & fans prendre aucune nourriture ,
?3 du moins on ne les voit pas manger ;
y> j'en obfèrvai moi-même quelques - uns
y> qui furent huit jours entiers dans leur
33 gîte , & qui ne l'auroient pas aban-
yi donné fi nous ne les avions effrayés. , .
35 Nous vîmes encore à l'île de Lobos de
:>3 la Aîar , fur la côte du Pérou , dans
yy la mer du fud , quelques lions marins ,
ÔL beaucoup plus de veaux marins (c) m.
Ces observations de Woodcs Rogers,
qui s'accordent avec celles de, l'auteur du
voyage d'Anfon , (cmblent prouver en^
core que ces animaux vivent d'herbes
îorfqu'ils font à terre ; car il efl: peu pro-
bable qu'ils fè paflent pendant trois mois
de toute nourriture , fur*-tout en allaitant
leurs petits. L'on trouve dans le recueil
tome
c) Voyage autour du Monde*, de Woodes Rgcers,
e i, pages 20^ ix 22^^
Jes Pîioques, &c» 305
dts Navigations aux terres auf traies, beau-
coup de clîofès relatives à ces animaux ;.
mais ni les defcriptions ni les fiiits ne nous
paroifTent exads : par exempfe , il y ell
dit qu'à la côte du port des Renards , au
détroit de Magellan ( d), il y avoit des.
loups marins fi gros , que leur cuir éi.ndu
fe trouvôit de trente - fix pieds de large ,.
cela crt certainement cxngcr<f ; \\ y efl dit
que fur les deux îles du port Dcfire ,
aux terres Magellaniques , ces animaux
refTembleot à des lions par la partie amé-
ïieure de leur corps , ayant la tête , le cou
^ les épaules garnies d'une très -longue
crinière bien fournie ^ej, cela eft encore
plus qu'exagéré ; car ces animaux ont
feulement autour du cou un peu plus dô-
poil que fur le refte du corps , mais ce
poil n'a pas plus d'un doigt de long ff/»,.
Il y efl: encore dit qu'il y a de ces ani- ,
maux qui ont plus de dix-huit pieds de
long ; que de ceux qui n'ont que quatorze
fJJ Navigations aux terres Auftrales. Paris t i/j <f, .
tome I , page i 6 S^
(e) Idem, Ibidem, page. 121,
(f) Hiftoiie du Paraguai , par le P, Charlevoi^i ,
306 Hifloire Naturels
pieds , il y en a des milliers ^ maïs que ks
plus communs n'en ont que cinq (g).
Cela pourroit induire à croire qu'il y ea
auroit de (Jeux elpèces , i'une beaucoup
plus grande que l'autre , parce que l'auteur
ne dit pas que cette différence vienne de
celle de l'âge , ce qui cependant étoit né-
cefTaire à dire pour prévenir l'erreur. « Ces
33 animaux , dit Coreal , f h) ouvrent
y> toujours leur gueule : deux hommes
» çnt afîez de peine à en tuer un avec
» un épieu, qui elt la meilleure arme dont
35 on puifTe fè fervir. Une femelle allaite
33 quatre ou cinq petits , &. chaffe les
33 autres petits qui s'approchent d'elle ,
» d'où je juge qu'elles ont quatre ou
cinq petits d'une ventrée »>. Cette pré-
fbmption eil affez bien fondée , car le
grand phoque décrit pîtt- M. Parfonsavoit
quatre mamelles fituées de manière qu'elles
formoient un quarré dont le nombril étoit
fe centre. J'ai cru devoir recueillir & pré-
fênter ici tous les faits qui ont rapport à
ces animaux , qui font peu connus , & dont
(g) Navigations aux terres Auftrales, tome Uj,
(h) Voyage de Coreal, tomt U^ fage tSot
des Phoques, &c, 307
U (croit à defirer que quelque Voyageur
habile nous donnât la defciiption , fur-tout
celle des parties intérieures, de l'eflomac,
des inteftins , &c. car fi l'on s'en rap-
porte aux témoignages à^?^ Voyageurs ,
on pourroit croire que les lions marins
Ibnt de lu clafîe des animaux ruminans ,
qu'ils ont plufieurs eftomacs , & que par
conH'quent ils font d'une efpèce fort éloi-
gnée de celle des phoques ou veaux
marins , qui certainement n'ont qu'un
cftomac , (& doivent être mis au nombre
à&?t animaux carnalîîers. , ,
LE MORSE fi)
» V - . a. -
LA VACHE MARINE. '
Le nom de Vûc/ie marine , fous lequel
ïe morle eft le plus généralement connu ,
fi) Morfe, Alorf, nom de cet animal en langue
î^uffe, & que nous avons adopté , vu^gairemcnt Vache
marine, Bête à la grande dent; Alors, en Anglois;
Walros ou Walrus en Allemand & en Hollandois y
Bofmarits , en Danemarck & en IfiaiKic.
Wallrus» Defcription dçs Indes occidentales, pa|;
'3'o8 Hi flaire NatwcJie
a été très - mal appliqué (k) ; puîrc|iic
Fanimal qu'il défigne ne reffemble en rien
à la vache terrellre ; le nom d'éléphant
de mer que d'autres iui ont donné efl:
mieux imaginé, parce qu'il cft fondé fui
un rapport unique , & fur un caradàc;
très - apparent. Le morfe a , comme Té-'
Jc])hnnt , deux grandes dcTenfeci d'ivoirt'
qui ferlent delà mfichoîre fupérieurc , <^
îi a fa têie conformée, ou plutôt défornitc
de la même manière que i'éléphant , au-
quel il reffemblcroit en entier par cette
partie capitale , s'il avoit une trqmpe ;
Kiais le morfe eft non-feulement privé de
ide Laët. page 41 , fig. îbîcî. Nota. Cette figure a
élc copié par Wormius. Mus. Worm , yia^. 2. ^ y .
Rofmanis verus, Jonfton , dt infcibm , yag. tôo,
Tah. XLlV,
Vache manne , Hiftoîrc d'Iflande & du Groenland,
tome JI, page 1591 fig. page 168,
Eofnmrus. Phocn dent Unis fûnùiriis fuj'crioriùus cxfertà,
jLinn. Sjifi. Nût. edit, X , jiig. ^ S,
(h) Nota. Ce nom vient pcut-ttre, comme celui
de veau marin . de ce que le morfe & le pho>.|ue
ont quelquefois un cri qui imite le mugifTement d'une
vache ou d'un veau. Ip/is ( dit Pline , en parlant des
phoques) injbnmo viugims f mde nmen vitulU Lib, 1X|
wp. xin,
<tes Phoques, &c» jo^
cet inftrument qui fert de bras & de main
à l'éléphant , il i'eft encore de l'ufage des
vrais bras &, des jambes ; ces membres
font, comme dans ies phoques, enfermés
fous fi peau ; il ne fort au dehors que les
deux mains & les deux pieds ; fon corps
eil aloilgé, renflé par la partie de f avant,
étroit vers celle de l'arrière , par -tout
couvert d'un poil court ; les doigts de«
pieds & des mains font enveloppés dans
une membrane, & terminés par des ongles
courts & pointus , de grofïes foies en
forme de mouftaches environnent la gueule;
la langue e(t échancrée ; il n'y a point de
conques aux oreilles , &c. en forte qu'à
l'exception des deux grandes défènfès qui
lui changent la forme de la tête , & A^s
dents incifives qui lui manquent en haut
& en bas , le morfe reffemble pour tout
le relie au phoque ; il efl feulement beau-
coup plus grand , plus |g|ps & plus fort :
les plus grands phoque ri'oiit tout au
plus que iept ou huit pieds ; le morfe
en a cpmmunément douze , & il s'en
trouve de feizc pieds de longueur & de
huit ou neuf pieds de tour. 11 a encore
de commun avec les phoques d'habiter
I'!' Il
I
'310 ■ Hl/Iohe Nûîiirelk
les mêmes lieux , & on les trouve prefqiîe
toujours enlcnible ; ils ont beaucoup d'ha-
bitudes communes , ils le tiennent éga-
icment dans l'eau , ils vont également à
montent de même fur les
terre
ils
glaçons ; ils allaitent & élèvent de même
leurs petits ; ils fe nourri fient des mêmes
alimens ; ils viv^ent de même en fociétc
& voyagent en grand nombre; mais l'ef-
pèce du morlè ne varie pas autant que
celle du j)hoque ; il paroît qu'il ne va
pas fi loin , qu'il ell plus attaché à Ton
climat, & que l'on en trouve très- rare-
ment ailleurs que dans les mers du Nord :
aufli le phoque étoit connu des Anciens,
& le morle ne IVtoit pas.
La plujiart des A^oyngeurs qui ont
fréquenté les mers fcptcntrionales de l'A-
fie (l), de l'Europe & de l'Amérique
( 1) On trmiv^Éte dents de morfc aux enviions
de la nouvelle Zcnl^ & dans toutes les île8, julîjirà
i'Obi ; on prcicnd qu'il s'en trouve mînie julqu'iiux
environs de Jenilci , h (ju'on en a vu autrefois jul-
qu'uu PjAfida; il s'en retrouve enfuite en (|Uflntiré \crs
\a pointe de Scfialasin.vko^ ctie/ les Scfniktfcliii , où
•elles ionl très- grofîès Il ell croy;ible qiic
CCS animaux (e trouvent en «grande cjuantité depuis
cet endroit jufiiu'au tituve Anadir, puifque toutes les
2es Phoques, &c. 3 l f
fm), ont fait mention de cet animal ; mrfts
dents qu'on apporte pour vendre h Jakutzk viennent
d'Anadirskoi : on en trouve auflî au détroit de
Hudfon , à i'rle Pheiipeaux , où elles ont un.e aune
(de Ruffie) de long & font grofles comme le bras,
elles donnent d'auflî bon ivoire que les défienfes de
î éléphant ( Voye^ les voyages du Nord , towe V I »
jkigc y), ...... « J'ai vu à Jakutzk quelques-unes
de ces dents de mor-lè qiii avoient jcinq quaris d'aune ci
de Rudje , & d'autres une aune & demie de Ion- v
gueur , communément elles font plus larges qu'é- ««
paiflcs , elle£ ont jurqu'à quatre pouces de Jarge à la «
ijafe . Je n'ai pas entendu dire qu'a.uprès ««
d'/\nadir&koi Hon ait jamais couru à la chaHe jou «
pèche du morfc pour en a\oir des dents , qui «
néanmoins en viennent en fi grande quantité , on a
m'a afïuré au contraire que Jcs habitans trouvent «t
CK^ dents détachées de l'animal lur Iji ba(Tê cote ^t
de la mer , h que par confcqucnt on n'a pas (<
besoin de tuer auparavant les morlés <*
Plufieurs pcribnncs m'ont demandé Ti les morfes »«
d'Anadirskoi étoient une elpcce différente de ceux «
ïjui fe t!'(uvcnt dans la nvr du nord & à l'i nirée «
occidentale de la nier glaciide, parce que le;; ' nts ««
qui viennent de ce coté oriental (on hciiUvwUp «
plu^ groffes que celles qui vienr.eni de Poccide. t..., «
il femblc que les morfes du Groenland </ ceux «
qui font à la partie occidentale de la m*"»- glaciale , »'
îi'ont aucune communication avec ccux i|iii (e «»
trouvent a l'cfl de Kolipia , & auprès de la pointe <«
de Schalaginskoi , & plus loin, auprès d'Ana- «
dirskoi Il en eH de mûnc de ceux de la «
h.iie de Hudion, il ne parort pas c|u ils puifTent <«
joindre ceux de$ Tfthuktlchi, , , , cependant tout «
■V A
^12 Hifloïre Naturelle
^orgdrager (n), nous paroît être celui
-qui en parle avec le plus de connoiiïànce,
^& j'ai cru devoir préfeiiter ici la tradudioii
•& l'extrait de c^t article de fbn ouvrage
V ïe moncîe cft d'accord que les rtiorfes d'Anadirskoi
» ne diffèrent ni pour la groflèur ni pour fa figure
de ceux du Groenland , &c. >» Voyage de Gmelin
, en Sibérie, tome 111, page m ^8 & ftiivantes. Nota,
M. Gmelin ne réfoUt pas cette queftion à laquelle
néanmoins il me femble qu'on peut faire une ré-
ponfe fatisfaifanie ; c'eft que, comme il le dit lui-
même , on ne va point à la chafle de ces animaux
à Anadirskoi ni dans toute cette partie orientale de
la mer glaciale , & que par conféquent on n'en ap-
porte que des dents de ces animaux morts de mort
naturelle, ainfi il n'efl pas furprenarit que ces dents
qui ont pris tout leur accroifTement , foient plus
grandes que celles des morfes de Groenland que l'on
tue fouvcnt en bas âge.
(m) Sur les côtes de l'Amérique fèptentrionale ;
on voit auflj des vaches marines , autrement appelées
Bêtes à la grande dc^: , parce qu'elles ont deux grandes
dents groflês & lon;^ ^s comme la moitié du bras. . . .
il n'y a point d'ivoire plus beau , on en trouve à
l'île de Sable. De/cription de l' Amérique feptentrionaUjiaf
Denis , tome II , page 2jy^
(n) Dejaivtion de Inprife de la haleine if de în pccht
'du Groenland , ifc, par Corneille Zorgdragcr. Nu-
remberg, jyjot en Allemand. Nota, Cet ouvrage a
d'abord été é<:iit en Hollandois , & cet extrait n'clt
fait que fur ta tradudion allemande.
qilj
des Phoques, &c* 313
qui m*a été communiqué par M. le mar*
quis de Montmirail.
<c On trouYoit autrefois dans la baie
dTHoriront & dans celle de KIock , ce
beaucoup de morlès & de phoques , ce-
rnais aujourd'hui il en relie fort peu . . . ce
les uns «Se lés autres fe rendent , dans ce
les grandes chaleurs de l'été , dans les ce
plaines qui en font voifines, &. on en ce
voit quelquefois des troupeaux de quatre- ce
vingts, cent & jul'qu'à deux cents, par- ce
ticuiièrement des mortes , qui j)euvent y ce
relier quelc[ues jours de fuite , & juf- ce
qu'à ce que la faim les ramène à la ce
mer ; ces animaux refîémblent beau- ce
txDup à l'extérieur aux phoques , mais ce
ils font plus foits & plus gros , ils ce
ont cinq doigts aux patte? coiiune les ce
])hoques, mais leurs ongles font plus ce
courts & leur tête ell plus épaifl'e , ])lus ce
ronde Sa plus forte; la jieau du morfe, ce
principalement vers le cou , ell éjxiific ce
d'un pouce, ridée & couverte d'un j:)oil ce
très - court de différentes couleurs ; fa rc
mâchoire lupérieurc ell armée de deux ce
dents d'une demi- aune ou d'une aune ce
de longueur ; ces déicnfcs qui font ^c
Towe XL 0
'314 Hifloire Natiirelk
a» creufès ;à la j-acine , deyieanent cxicca^
» plus grandes à mefure que Taiiiiual
>» vieillit ; on en voit quelquefois qui n'en
» ont qu'une , parce qu'ils ont perdu
» l'autre en (c battant , ou (èuleinent en
» viçilliflàpt ; cet ivoire eft ordinairement
» plus cher, que celui de l'éléphant, parce
>? qu'il eft plus compacte & plus dur ; Ja
y> bouche du morlè reOemhle à celle d'un
» bœuf, elle çft garnie en haut & en bas
» de poils creux , pointus & de l'épailfèur
5> d'un tuyau de paille; au-defius de la
3> bouche, il y a deux nafèaux defquels
y* ces animaux foufHent de l'eau comme
:i> la baleine, fans cependant fliire beaur-
5î coup de bruit ; leurs yeux font étince-
35 liuis , rouges & enflammés pendant les
35 chaleurs de l'été ; ^ conime ils ne peu-
y> vent fouffrir alors l-imprelfion que l'eau
3> fût fur les yeux , ils (c tiennent plus
yy volontiers dans les plaines en été que
y> dans tout autre temps ... on voit beau-
:>•> coup de merles vers le Spitzberg. ... ,
»: on 'es tue fur terre avec des lances.....
» on les challr pour le profit qu'orv.tirc
x^ de leurs dents & de leur graine; l'huile
^> çii eA piefqu'auili eftîjnée que çcUe djÇ
la baleîn
que tou
dents Si
fur-iQut
d'une fi
dure qi
florin li
denjts, (
ou quai
une den
& un mi
tonne d'
diiit tren
pour l'es
& autant
on trouv
animaux
qui vont
la pêche
épouvan
des lieu)
refient i
troupes ,
difper fés
Toit f)rodiç
iomt pre
des Phoques, &c, '3 i j
la baleine; leurs deux dents valent autant ce
que tout^ Jeur graiflè ; rintérieur de ces ce
dents il plus de valeur que l'ivoire, <c
fur-iout dans les groflTes dents qui font <c
d'une fubftance plus compare & plus ce
dure que ies petites. Si l'on vend un ce
jflorin la livre de l'ivoire des petites ce
denjs, cjelui des grofles ie vend trois ce
ou quatre , & fouvent cinq florins ; ce
une dent médiocre pèfe trois livres. , , ce
& un morfe ordinaire fournit une demi- œ
tonne d'huile , ainfi l'animal entier pro- ce
duit trente-fix florins , fa voir dix - huit ce
pour fes dents à trois florins la livre, ce
& autant pour fa graiflè ..... autrefois ce
on trouvoît de grands troupeaux de ces ce
animaux fur terre, mais nos vaiflèaux ce
qui vont tous les ans dims ce pays pour ce
la pêche de la baleine , les ont tellement ce
épouvantés, qu'ils fè font retirés dans ce
des lieux écartés, & que ceux qui y ce
relient ne vont ])lus fur la terre en ce
troupes, nipis demeurent dans l'eau ou ce
difperfés (0) çà & là fur les glaces ; ce
((^) f^c^tn, W faut que \t nombre de ces animaux
foit prodisicufement diminué, ou plutôt qu'ils (e
fo.ie»! preruue tous retirés vers des cotes encore iiv>
Oij
li!
Il
^m^
f\6 Nifloke Naturelle
35 iôrfqu*on a joint un de ces anîmniîx
3> fur la glace ou ({ans Fcau , on lui jcrte
3> un harpon fort & fait exprès, ^ fou-
3' vent ce harpon glifîè fur fa peau dure
:>3 & épaiiïe ; mais iorfqu'il a pénétre ,
35 on tire l'animal avec ,un cable vers le
35 timon de la chaloupe , «& on le tue en
35 le perçant avec une forte lance faite
35 exprès ; on l'amène en fuite fur la terre
35 la ])lus voifine ou fur \\\ glaçon plat;
33 if eil ordinairement plus j:)efant qu'un
33 boeuf. On conunence par l'écorchcr
3^ & 6\\ jette la peau parce qu'elle n'ell
35 bonne à rien (p); on fépare de la tet^
connues , puifqu'on trouve dans les relations des
voyaores au Nord, qu'en 1704-, près de l'île de
Cherry , à (oixante - quinze degrés quarante - cinq
minutes de latitude , l'équipage d'un bâtiment xAnglois
rencontra une prodigieufe quantité de morfcs tous cou-
chés les uns auprès des autres , que de plus de mille qui
fôrmoient ce troupeau , les Atiglois n'en tuèrent c|ue
quinze, mais qu'ayant trouve une grande quaniité de
dents , ils en remplirent un tonneau entier; — qu'avant
f î I 5 juillet ils tuèrent encore cent de ces animaux , dont
ils n'emportèrent que les dents qu'en lyo^î,
d'autres Anglois en tuèrent ("ept ou huit cents dans fix
heures \ en 1 708 , plus de ntui cents dans fept heures ;
en 1710, huit cents en pluficurs jours, & qu'un fèul
homme en tua quarante avec une lance.
(y) Nota» Zorgdrager ignoroit apparemment qu'on
Jes Phoques, &c. j 17
flVéc une hache les deux dents , ou «
l'on coupe Ja tête pour ne pas endom- <c
mager les dents & on la fait bouillir ce
dans une chaudière ^^]:)rès cela on ce
coupe la graifîe en loi^ues tranches ^ ce
on la porte au vaifTeau ... Les niorljès <c
font auffi difficiles à iuivre à force de ce
raines que les baleines , 6c on lance (bu- ce
vent en vain le harpon , parce qu'outre ce
que la baleine ell: plus ailée à toucher , ce
le harpon ne glifle pas auflî facilement ce
deflus que fur le morlè. . . .On l'atteint ce
fouvent par trois fois avec une lance ce
forte & bien aiguifée avant de pouvoir ce
percer fa peau dure & épaiffe ; c'eft pour- ce
quoi il e(t nécelHiire de chercher à frapper ce
fur un endroit où la peau foit bien ten- «c
due, parce que par-tout où elle prête, <c
on la perceroit difficilement; en confé- ce
quence on vile avec la lance les yeux ce
de l'animal qui , forcé par ce mouvement <c
de tourner la tête , fait tendre la peau ce
vers la poitrine ou aux environs; alors ce
fiit un très-bon* cuir de cette peau. J'en ai vu dts
foupentes de carrofTe qui étoient très - liantes 6t très-
fermes. Andcrlon , dit d'après Other , qu'on ci) fait
auiTi ^ti fanolcs & de^ cordes de baieau. Hijïoire Jiaturtllc
du Croenluid, tome il , l'iigc i C o,
O iij,
3 I 8 Hifloîre Naturel te
» on porte le coup dam cette partie &
» on retire la lance au plws vite, pour cm-
» pêcher qu'il ne ki prenne dans la gueule,
33 Sa qu*ii ne ble^Keiui qui i'attaque , foit
M avec l'exirémitie de ics dents , fort avec
» la lance même comme cela efl arrivé
» quelquefois. Cependtmt cette attaque fur
>> un petit glaçon ne dure jamais long-
» temps, parce que le morfe , blefî'é ou
» non , le jette aulîliôt dans l'eau ; & p;ir
35 conféquent on préfère de Tattacjuer fur
T> terre ..... Maïs on ne trouve ces anr-
«< maux c[ue diins des endroits peu fré-
cc quentt's comme dans l'île de MofFen
« derrière le Borland , dans les terres qui
« environnent les baies d'Horifont & de
«c Klock , & ailleurs dans les plaines fort
y> écartées & fur des bancs de Hible:, dont
?> les vaiflêaux n'approchent que rare-
» ment ; ceux même qu'on y rencontre,
33 inftrwits par les perlecutions qu'ils ont
33 elfuyées Ibnt tellement fur leurs gardes,
33 qu'ils le tiennent tous afîèz près de l'eau
» lour pouvoir s'y précijîijpr prompte-
33 ment. J'en ai fiit moi - même Texpc-
33 rience fur le grand banc de fible de
w Rif derrière le W^orland, où je rea-
Je s Phoques, &c, 519
contrai une troupe de trente ou qua- «
raiite de ces animaux ; les uns étoient ce
leut au bord de Tcau, les autres n'en <c
étoient que peu éloignés ; nous nous «
arrêtâmes quelques heures avant de «
mettre pied à terre , dans Te' firance «x
qu'ils s*engagcroient un peu ri as rvant ce
dans la piaine , & comptan ^u en «
approcher ; mais comme cela . nous «
réufîit pas , les morlès s'étant toujours «
tenus fur leurs gardes , nous abordâmes ce
avec deux chaloupes en les dépafiant à ce
droite & à gauche ; ils furent prefque ce
tous dans Teau au moment oii nous ce
arrivions à terré ; de forte que notre ce
ehafîê le réduifit à en bleffcr quelques- ce
uns qui le jetèrent dans la mer de ce
même que ceux qui n'avoient pas été ce
touchés , & nous n'eûmes que ceux ce
que nous tirâmes de nouveau dans ce
Teau Anciennement & avant ce
d'avoir été perféeutés , les morlès s'a- ce
vançoient fort avant dans lés terres , ce
de forte que dans les hautes marées ils ce
étoient aflez loin de l'eau , & que dans ce
le temps de la balle mer , la dillance ce
étiim encore beaucoup plus grande , ou «c
O iiij
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(716) 873-4503
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320 Hifloirt Nâhnelb
30 les abordoit aifémem^i» vi ;^f GnîTioi^
ao choit de froiit vers- ces •antmaiix pow
39 ieur couper Li rerraiite du î côté de \a
» mer , ils voyorent tous ces- préparatifs
oa fans aucune <:rainte j >ds fbnvent chatjue
» chafîeur en tuoit un avant qu'il piit re-
» gagner i'c.u. On fàifoit une barrière
» de leurs cadavres & on .iaifToit quelques
» gens à 'i*afjR)it pour alTominer ceux qui
» refloient; on en tuoit quelquefois trois
» ou quatre cents . . • , . On voit par ia
3> prodîgieuft quantité d'ofTémens de ces
» animaux cïont la terre eft jonchée, qu'ils
» ont été autrefois très-nombreux, . . , .
33 Quand ils font blefles ils deviennent
»3 furieux , frappant de coté & d'autre
» avec leurs dents j ils brifent les armes
» ou les font tomber àes mains de ceux
» qui les attaquent , & à Li fin enragés
35 de colère , ils mettent ieur tête entre
35 leurs pattes ou nageoires & Ce laiflênt
35 ainfi rouler dans l'eau. .... Quand ils
35 font en grand nombre , ils deviennent
>5 fi audacieux que pour fc fecourîr les uns
35 les autres ils entourent les chaloupes ,
35 cherchant à les percer avec leurs dents
» OU à les ïenverfer en frappant contre le
des Phtjue's, é'c: 3^2' f
bord Au refte, cet éléphant de ce
mer avant de connoître les hommes, ne ce
craignoit aucun ennemi , parce qu'il ce
avoit fu dompter les ours crtiels qui le ce
tiennent dans le Groenland , qu'on peut ce
mettre au nombre des voleurs de mer ». '
En ajoutant à ces oblervations de M,
Zorgdrager, celles qui (e trouvent dans.
le recueil des voyages du nord /"çj, & les-
autres qui font éparfes dans différentes
/q) Le chev'i! marin (Morfe) reflTemble aflez aU'
veau marin (l^hoque), fi ce n'cft qu'il cft beaucoup
plus gros , puifqu'il eft de la grofîcur d'un bœuf; (fes
pattes font comme celles du veau marin,. & celles
du devant ,. auffi-bieh que celtes du derrière, ont citiq'
doigts ou griffes , mais les ongles en font plus court» ;
il a auffi la tête plus groffe , plus ronde & pifls»
dure que le veau marin. Sa peau a bien un pouce
d'épiflêur , fur - tout autour du cou : les uns l'ont
couverte d'un poil de couleur de fouris, les autres-
ont très-peu- de poil : ils font ordinairement pleins de'
galles & d'écorchurcs , de forte qu'on dircit qu'dn^
reur auroit enlevé la peau, fur-tout autour dies join*^
tures où elle eft fort ridée ; ils ont à la mâchoire d'en'
haut deux grandes & longues- dents qui ont nciix
pieds de long & quelquefois davantage; les jeunes^
n'ont point ces défenfes, mais elles leur viennent avec
Page Ces deux dents font plus efiimées & plus"
clière.7 que l'ivoire, elles font fotides en dedans, maiS'
h racine en ef\ creufe. .... Ces animaux ont' l'oiiii-
verture de U guailc auHi largç que celle d'un boMf,,
52 2 Hifloke Naturelle
relatioiis , nous aurons une hidoîre nfleic
complète de cet animal; 11 paroît que
& au-dedos & au-defToUs ie& babines, ils* ont plu«
iieurs foies vpà font creufes en dedans èi de ia groT
ièur d'une paille ils ont au-denûs de ia bariie
d'en haut deux naièaux en forme de; demi • cercle par
ou ils rejettent Teau comme les bafeines, mais avec
Jbien moinrde bruit ; leurs» yeux Ibnt allés élevés au-
delfu!» du nez. Ces yeux font auifi rouges que du
fang lorique Tanimai ne les tourne pas, & je n'ai
point obferyé db différence lorfijull les tournoit : leurs
•reiiles font peu éloignées de leurs yeux & reflèm»
blenl à celles àes veaux marins : leur langue eft pour
\t moins aulTi grodc que celle d'u# bœuf. .... Ils
ont le cou- fi éj^ais qu'ils ont de la peine à tourner
la tête , ce qui les oblige) à tourner extrêmement les
yeux;- ils ont |a queue courte comme celle des veaux
marins.^ On ne peut point leur enlever la grailfe
comme Ton fait aux veaux mariiw , parce qu'elle cfl
cntrdarJée avec la cliair. , , . . Leur membre génital
cil un os dur de la longueur d'environ deux pieds, qui
va en diminuant par le bout & qui eA un peu courbe
par le milieu y tout près du ventre ce membre ell
' plat , mais hors de là il efl rond' & tout couvert ile
, neri« ..... U y a apparence que ces animaux vivent
. d'iierbcs & de poifftxi -, leur fiente reffemble à celle
r du cheval Qu.ind ils plongent , ils fe jettent
la ttte la premicrc «ians l'eau,, comme les veaux ma-
rins ; '\\s dorment & ronHent non - feulement fur la
glace , mais auffi dcuis l'eau , de forte qu'ijs paroifTcnt
; louvent cor' - s'ils étoknt morts ; ils* font furieuK
I ti couragcu ant qu'iU font en vie ils f« défendent
. les uns les autres Ils font tous leurs efforts pour
, dIÉtjVrçr ceux qu'on a prïs^ ils ic jettetii à l'envt fuc
1 n
des Phoques» &c. 323
re{pèce en étoit autrefois beaucoup plus
répandue qu elle ne l'ed aujourd'hui , on
ia trouvoit dans les mers des zones tem-
pérées, dans le golfe du Canada (r)^
lur les côtes de TAcadie, 6cc. mais elle
.4^-:...'*..
fa chaloupe, mordant & faifânt àti mugifTemens épou«
vantab!es , £c fi par i«ur grand nombre ils obligent les
hommes à prendre ia fuite • ils pourfuivent fort bien
ia chabupe julqu'à ce qu'ils ia perdent de vue . . •■
On ne les prend que pour leurs dents , mais entre
Cent on n'en trouvera quelqucrnis qu'un qui ait les dents
bonnes , parce que les uns Ibnt encore trop jeunes , £c
que les autres ont les dents gâtées. Recueil des voyages
au Nord, tome //, f>age iij & Juivantes,
. (r) A quarante-neuf degrés quai-ante minutes dç
altitude, il y a trois petites îles dans le golfe de Saint*
Laurent , fur l'une defquciles territ en très - grand
nombre une certaine elpcce de Phoque , animal ,
comme je crois, incona|||^aux Anciens, ap^ieté des
Flamands Walrus» ^ des Anglois , qui en ont pris
fe nom des Rufïiens, Ahrf, C'cft un animal amphibie
& fort moiiltrueux , c^i furpaffe par ibis les bœufs
de Flandre en groffeur; il a le poil comme celui d'un
ph(X]ue. . . Deux dents recourbées en bas» longues
par (bis d'une coudée., qu'on cmpbic à mêire chofè
que l'ivoire , &: qui font de même valeur, DtJcriptioM
dfs Mes occiHemnks , par de Laët , page ^ i . — Sur
les côtes de l'Amérique ieprentrionale , on voit des
vaches marines , autrement appelées lêns h la grande
drnt , parce qu'elles ont deux grandes dents groffes
& lono[ucs comme la moitié du bras , & tés autrdi
éititi ibfigues de quatre doigts : il n'y a point d'ivoire
O vj
y 2^ Hîflotre Pfatureiïe
éft maintenant confinée dans fes mèti
df Cliques, on nie trouve des Morfo que*-
dans cette zone froide , & même il y ert
îl peu dans les endroits fréqjûentés ; peu
dans la mer glaciale de l'Europe , & en-
core affez peu dans le. lac du Oroeiiland ^
du détroit de Davis & des autres parties
du nord de l'Amérique, parce qu'à i'oc-
cafion de la pèche de la baleine on les
la depuis long-temps inquiétés & chafTés.
Dès la fin du leizième fiècle , les habi-
tans de Saint-Malo alioient aux îles Ra-
mées, prendre des morfès qui dans ce
temps s'y trouvoient en. grand nombre (f);
31 n'y a pas cent ans que ceux du Port-
Royal au Canada envpyoiem des barques^
au cap de Sable &^m cap Fourchu, à
fa chafîe de ces animaux (t), qui depuis
ïè font éloignés de ces parages, auffi-
îoien que de ceux des mers de l! Europe,,
-■}y\
^us beau. On trottve (tes ces^vacfies marines à i'île
et Sable. Defcription de /'Amérique f^tentriona/e , pat
Denis , tome JJ, page ^J?'
ff) Defcriptioa des Indes occidentales , par de Laët ,
(t) Defcription db l'Amérique feptentrionale i par
]D«niiy tmtlt pagt 66%,
^ueda
l'èmboi
la plus
côtes i
voit fo
Tées r L'
torride
différer
craigne
leur ou
comme
on ne :
tandis <
phoqu»
y (ont
aréliqid
>— «e
moins
tempe
AnMc
âge d
dans 1
de ten
& r.im
fut in
dhau
^es Phoques, &c; 32 j
Ar Ôli rtc' les trouve en grand nombre
^le' dans la mer glaciale de l'A fie, depuis,
l'embouchure de i*Oby jufqn'àla pointe
la plus orientale de ce continent dont les
côtes font très-peu fréquentées : on tn^
voit fort Tarement dans les mers tempe—
Tées r L'efpèce qui fe trouve fous ia zone-
iforride À dans ies mers des Indes , eft
ififFérente de nos morfes du nord^ ceux-ei
irraignent vraifèmblablement ou la cha-
leur ou la faiure des mers méridionales: &
comme ils ne ies ont jamais travcrfees ,
on ne les a pas trouvés vers l'autre pôle,
tandis qu'on y Voit les grands & les petits
phoques.de notre nord, & que même ils
y font plus nombreux que dans, nos terres
aréiques. '-'^'^^ -^^'-^^ ^ \. \ .,.>., • '■■■■,
Cependant le morfe peut vivre , au.
moins quelque temps , dans un climat
tempéré : Evrard Worft dit avoir vu en
Angleterre un de ces animaux vivant, &
âgé de trois mois , que Ton ne mcttoit
dans Teau que pendant un petit efpace
de temps chaque J0ur,-& qui fe traïnoit
& rampoit fur la terre ; il ne dit pas qu'il;
fût incommodé de la chaleur de l'air ,. il
dk au contraire que lorfqu'on letouchoit ^,
m
-"'•'^-'■■s-»t»mtim
32^ Hiftoire rfafureik
H avoit là mine d*un aniinsd furiemc &
robude , & qu'il refpiroit très-fbrteineiit
par les narines. Ce jeune morië étoit de
ia grandeur d'un veau , & aiïcz retTeniblaut
à un phoque;- il avoit la tête ronde, les
yeux gros, les narines plates & noires,
qu'il ouvroit & fèiinoit à volonté' ; il n'a-
voit point d'oreilles , mais (eulement (feux
trous- pour entendre ; l'ouverture de ia
gueule étoit afiez petite, la injichoiiie fu-
périeure étoit garnie d'une moudache de
poils cartilagineux , grds & rudes ; ki mâ-
choire inférieure étoit triangul<ûre , ia langue
épaiiïè , courte , & le dedans de la gueule
inuni de côté èi. d'autre de dents plates ;
ies pieds de devant & ceux de derrière
étoient Jarges, & l'arrière du corps ref-
ièmbloit en etiiier à celui d'un phoque ,
cette partie de derrière rampoit plutôt
qu'elle ne marchent , les pieds dé devant
étoient tournés en avant , &. ceux de der-
rière en arrière , ils étoie4it tous drviles
en cinq doigts, recouverts d'une forte
membrane. . . la peau étoit épaifle , dure
& couverte d'un poil court & d^iié , de
couleur cendrée ; cet animal grondoit
comme un fanglier, Si quelquefois criolt
de
y des Pttoques, &c, 3^7/
4i*urie vôîx grofle & forte, on i'avoît ap-
porté de la nouvelle Zçmble ; il n'avoit
point encore les grandes dents ou dé-
fënlès , mais on voyoit à la mâchoire
fupérieure les bofles d*où elles dévoient
fortir ; on le nourrifloit avec de la bouillie
4'avoine ou de mil, il iUçoit lentement
plutôt qu'il ne mangeoit; ilapprochoit de
ion maître avec grand effort & en gron-
dait ; cependant il le fuivoit lorfciu'on lui
préièntoit à manger (a).
Cette obfervation qui donne une idée
aflez jufte du morle, fliit voir en même
temps qu'il peut vivre dans un climat tem-
péré , néanmoins il ne paroît pas qu'il pui(îè
îbpporter une grande chaleur , ni qu'il ait
jamais fréquenté les mers du midi pour
pafler d'un pôle à l'autre ; plufieurs Voya-
geurs parlent de vaches marines qu'ils ont
vues dans les Indes , mais elles font d'une
autre efpèce ; celle du morfe eft toujours
aifée à reconnoître par ^^% longues c!c <
fenlès , l'éléphant eft le ieul animal qui en
ait de pareill(||^; cette produdion efl un
efîèt rare dansja Nature, puifque de tous
( u) De^ct-ipiion des Indes occideiiiales , par de
'jlî Hlfolre Naturelte-^
les animaux terreftres & amphibies, l'ele»
phant & le morle auxquels elle appartient ,.
îont des efpèces ifoiées^, uniques dans leur
genre , & qu'il n*y a aucune autre efpèce
d'animal qui porte ce caradère.
On aflure que les morfès ne s'accou-
plent pas à ia manière des autres quadru-
pèdes, mais à rebours ; il y a , comme dans
îes baleines y un gros & grand os dans le
membre du mâle; la femelle met bas en
hiver fur la terre ou fur la glace , & né
produit ordinairement qu'un petit , qui eft
en naiilànt déjà gros comme un cochon*
d'un an ; nous ignorons la durée de la ges-
tation,, mais à en jauger par celle de Tac-
croiflement , & aufli par la grandeur de
fanimal, elle doit être de plus de neuf
mois ; les morfes ne peuvent pas toujours
refter dans l'eau , ils font obligés d'aller
à terre , (bit pour allaiter leurs petits , iôit
pour d*autres befoins; lorfqu'ils fe trou-
vent dans la nécefllté de grimper fur des
rivages quelquefois efcarpés , & fur dès
glaçons , ils fe (ervem de l^s défènfes ^xj
( X ) Ces défcnfes ne font pis loifràfait rondes ni
bitn unies, mais plutôt aplaties & légèrement cire-
lée^j la droite e(t ordinairemeat un peu. plus longus
'Jes PKoqttes, &c. 329
-pour s'accrocher, & de leurs mains pour
faire avancer la lourde mafTe de leur corps.
On prétend qu'Hs (c nourrifîênt de co»
qùHiages qui (ont attachés au fond de la
aner, & qu'ils fe fervent aufli de leurs dé»-
fènfès pour les arracher ( y ); d'autres
dilent (iQ qu'ils ne vivent que d'une cer-
taine herbe à larges feuilles qui croît dans
la mer . & qu'ils ne mangent jii chair ni
.poifTon; mais je crois ces opinions mal
fondées, & il y a apparence que le morfe
^it de proie comme le phoque , & fur^
tout de harengs & d'autres petits poiflbns \
car il ne mange pas lorfqu'il eft fur la
terre , & c'eft le befoin de nourriture qui
le contraint de retourner à la mer.
^ LE DUGON (a). " '''
Le Dugon eft un animal de la mer de
TAfrique & des Indes orientales^ duquel
& plus forte que fa gauche J*en ai eu deux
dont chacune a\'oit deux pieds un pouce de Paris
de long &. huit pouces de circonférence par ie bas»
Hifioire naturelle du Groenland t par Anderfon, tome II,
pdges » 62 ir 1 6^* . 4
(y) Hiftoire naturelle du Groenland , page 162.
( 1) Defcriptbn des Indes occidentales, par de
Laët, page ^2,
(a) Dugon , Dugung , nom de cet animal à fifc
dé Lethy ou Leyte» Tune des Philippines « & 4Uft
V
jrjo Hiftolre Naturelle
nous n'ayons vu que deux têtes di^chaiw
nées ou tronquées , & qui par cette pariie
redëmble plus au morfc qu'à tout autre
animai ; fîi tête eft à peu -près déformée
de Ja même manière par la profondeur
des alvéoles , d*©ù naifîènt à la mâchoire
fupérieurc deux dents longues d'un demi-
pied, ces dents font plutôt dé grandes
mcifives que des défcnfes ; elles ne s'é-
tendent pas directement hors delà gueule,
comme celles du morfc y elles Ibnt I^eau*
coup plus courtes & plus minces, & d'ail*
lenrs elles font fituées au— devant de la
mâchoire , & tout près l'une de l'rtutre ,
comme des dents incifives, au lieu que
ks défenlès du mor(è iai0ênt entre elles
un imervaile coniidérable, & ne font pas
«ou« avons adopte. Nota, Ysii trouvé ce nom dans
le voyage Hollandois de Chiillophe Barchewitz aux
luAts orientales, ouvrage qui a été traduit en Atte-
Jtiand & imprimé à F.rfuri , en- 175 i. L'auteur dit
que cet animal s'appelle à l'île de Letfiy, Dtigur^ ou
Jkafi àugu»g ; h qu'on l'appelle auffi MaUnn» i-ette
dernière dénomination fcmbieroit jndiqilerqueee àvgon
ou dttguttg e(l un ninnati ou lumarttin ; mais dans la
dcfcription de ce Voyageur il eft dit que le dugon
a deux délènièfi gmlTes d'iin pouce, & longues d'un
empan : or ce caradcre ne peut convenir au-manati,
& convient au contraire à t'-aiiimal dont il e(l' ici
ilMeAion^ & dont nous avons U tcto.
des Pfiaques, &e, 33 f
fituées à la pointe, mais à côté de îa mâ-
choire fupérieure. Les dents mâcheiiires du
dugon diffèrent audî , tant pour ie nombre
que pour la pofition & ki forme , des dents
du morie , ainfi nous ne doutons pms que
ce ne (bit un aniinsU d'efpèce diflferente.
Quelques Voyageurs qui en ont parl«éi*ont
confondu avec le lion marin^. Innigo de
Bicrvillas dit qu*oii tua près du cap de
Bonne-efpérance un lion marin qui avoit
dix pieds de longueur & qliatre de grof-
fcur , la têie comme celle d'un veau d'im
an , de gros yeux aifreux , les oreilles
courtes j^ec une barbe hériffee, les pieds
fort larges & les jambes fi courtes, que It
ventre touchoit à terre , & il ajoute qu'on
emporta les deux défènlès qui fortoient
d'un dem4-pied; hors de la gueule (b);
ce dernier cara(flère ne convient point au
lion marin qui n'a point de défeafes ^ mais
é^s dents (èmblables à celles du phoque ,
& c'eft ce qui m'a fût juger que ce n'étoit
point un lion marin, mais l'animal auquel
nous donnons le nom de dugon ; d'autres
Voyageurs me paroiflent l'avoir indique
fh) Voyage (Tlnnigo de Biervilias, partie J, p- JZ,
0" sS*
/
•MM
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\i
'53 2 ' Hipoire Naturelle
fous la dénomination dWj- marin; SpïF-
berg & Mandeiflo rapportent « qu'à i'île
» de Sainte-Éiiliibeth , fur les côtes d'A-
y> frique , il y a des animaux qu'il fîiudroit
» plutôt appeler des ours marins que des
» loups marins, parce que par leur poil,
» leur couleur & leur tête , ils reflemblem
» beaucoup aux ours , & qu'ils ont feu-
» lement le muieau plus aigu ; qu'ils ref-
» ièmblcnt encore aux ours par les mou-
y> vemens qu'Us font & par la manière dont
>5 ils les font , à l'exception du mouvement
» des jambes de derrière qu'ils ne font que
>3 traîner ,* qu'au refte ces amnkibics ont
» l'air affreux , ne fuient point a rafpetH:
» de l'homme , & mordent avec afTez de
:» force pour couper le i\\x d'une per-
53 tuifime , & que quoique boiteux des
i» jamljes de derrière , ils ne laiffent pas de
>5 marcher aflez vite pour qu'un homme
qui court ait de la peine à les joindre » (c),
« Le Guat dit avoir vu près du cap de
y» Bonne-efpe'rance , une vache marine de
>3 couleur rouffâtre ; elle avoit le corps
» rond & e'pais , l'œil gros , les dents ou
(c) Premier voyage deSpHbcrg, tome II, p, ^//.i^
Voyage de Mandeiflo > tome II, j>age jjt»
et s Phoques, &c, j-jj
déiènles longues , le mufle un peu «c
retroufTé , & ii ajoute qu'un Matelot c©
lui aflura que cet animal dont il ne ce
pouvoit voir que le devant du corps , «
parce qu'il étoit dans l'eau , avoit des ce
pieds (d), » Cette vache marine de Le
Guat, l'oius marin xle Spilberg & le lion
marin de Bierviiias me paroiflent être tousi
trois le même animal que le dugon , dont
la têie nous a» été envoyée de l'île de
France , & qui par conféquent fe trouve
dans les mers méridionales depuis le cap
de Bonne-elpérance jufqu'aux îles Phi-
lippines (e): au refte, nous ne pouvons
(d) Voyage de Le Guat , tome 1 , p^ge j t>,
(e) Je pouvois àt ma maifbn, qui étoit fitiiée fui'
un rocFier dans l'île de Leihy, voir les tortues à quei-
tjues toifes de profondeur dans l'eau ; je vis un jour
deux gros dugun^s ou vaches mannes , qui vinrent près
du rocher & de ma maifoii ; je fis promptement
avertir mon Pêcheur , à qui je montrai ces deux ani-
maux, qui fe promcnoient & maiigcoient d'une moufîè
verte qui croit fur le rivpgc ; il courut aiiflltôt cher-
cher Tes camarades qui prirent deux bateaux & allèrent
fur le rivage, & pendant ce temps le mâle vint pour
chercher (a femelle, & ne \oulant pas s'éloigner fe
laifla tuer aufTii Chacun de ces poiffons prodigieux
avoit plus de fix aunes de long , le mâle étoit un peu
plus gros que la femelle ; leurs têtes refTembloient h
celle ii'un bœuf , ils avoiefU deux- gtoff» dents d'un
w
334 Hlflohe Naturelle
pas nfîurer que cet animal qui refTemble
un peu au moriè par la tête & les dé*
fènfès , ait comme lui quatre pieds ; nous
ne le préfumons que par analogie , & par
i'indication des Voyageurs que nous avons
cites ; mais ni l'analogie n'eft aflez grande ,
ni les témoignages des Voyageurs aficz
précis; pour décider, & nous fufpendrons
notre jugement à cet égard , jufqu'à cç
que nous (oyons mieux informés.
\LE LAMANTIN (fl,
Dans le règne animal, c*eft ici que
JRniflent les j>euples de ïa terre, & que
»
tni]>ûn de hng if d'un pouce d'quvjfur , qui cîcbor-
«loient fil mâchoire comme aux fan^iers : ces dents
étoient plus blanches que le plus bel ivoire; la femelle
avoit deux mamelles comme une femme ; les parties
de la génération du maie redèmbloicnt à celles de
l'homme; les inteftins refTemNoicnià ueuxdun veau,
& la chair en avoit le goiit. Voyage de Chipofhe Batr
chtwiti, rage iStt'^xinit traduit par M. le marquis
de Montmirair A^(>r/i« Totite cette defcription convient
afTez au manati, à rcxceptton Acs denÇs; le manati n'a
nidéfênfes tii dents incinves, éc c'cfl (ûr cela (êul que
j'ai préfumé que ce dugiing nVtoit point le manati ;
mais l'animal dont nous avons les têtes, & que nous
avons fait rcpréiênter. i
(fj LamMÙn. On ^4>rétendu que ce nom vetuiBe
*def Phoi]ues$ <^<v J 3 J
commencent v^^ peuplades 4e la Hfifix-i
ie Lamantin qui n'efl plus quadrupède,
n'efl ^>as entièrement cétacée, jl retient
des premiers deux pieds .ou plutôt deux
(Te C|B que cet anîrnal fâifok des cris farnental>les :
c'efl une fable. Ce mot efl une corruption du nom
de cet arrimai dans b langue ^& Galibis , 'habitam
de b <Guiane , & .des Catmes ou Qiraïl>es^ habitans
Ati Antilies; c'ed le mênic peuple & la mêfne bngue,
à quel(]ucs variétés près : ils nommait le lamantin
mMîati , d'où les Nègres des îles françoifès d'Améri-
que , qui eOropient -tous les Aiots ont <£iit lamanatty
en ajoutant Tarticle^ comn^e pour dire la beu manati;
de lamanati , ils ont fait tamamti , en fupprimant le
troiOème/i, & fiifant (aoxwtVn; lamanuti, Itunenti,
qu'on a écrit par un r , par analogie prétendue avec
iamtmari , ce qui a donné lieu à l'analogie des crij
hmentabks , fuppofés ^e la fçmelle quand on lui déroJM
Ton petit. Lettn dt Ah de ia G>ndamne A M, dt
Bv§on , du 28 mai tj^^^. Je cite cette efpècc d'é»-
tymologie, de laquelle M. de b Condaqf^ine, qui a
demeuré dix ans daos les Indes occidentales , doit
être .bien informé: cepend<int je dois obfcrver que
le mot manati, (ctpn pkifieurs autres auteurs, cA
cfpagnol & indique un animal qui a àti mains , &
que -probable;inciit les Guiapois ou Jes Cara)'bfs qui
font aflèz éloignés les uns des autifes , Tont également
emprunté des Efpagnois. ■■ " \: ■ '', ,
Manati , Ffwca gemu» C\o.Ç\\\ exttfc* pag, i>3 a « fig.
^id, f ag. 133.
AfoHati» HeriMnd. Hift, Mm, pag. 3 a ) , ^. iiid,
Métiiatits» Lt.lananfin» Btiff» Reg* mm» p. ^9*1
X
^ J 6 Hîflotre Natureïk^
jnairis ; mais les jambes de derrière! qui,
dans les phoques & ks moriès , font
prefqu*entièrcment engagées dans le corps,
-Sa raccourcies autant qu'il cft poflible,
ie trouvent abibiument nulles & obli-
te'rées dans le lamantin ; au lieu de deux
pieds courts & d'une queue étroite en-
core plus courte que les jnorfes portent
à leur arriére dan? une diredion hori-
zontale , les lamantins n'ont pour tout
cela qu'une grolTe queue qui s'élargit
en éventail dans cette même diredion,
en forte qu'au premier coup d'œil il fem-
bleroit que les premiers auroient une queue
di<^irée en trois , & que dans les derniers
ces trois parties (e feroient i^é unies pour
n'en former qu'une ieule ; mais par une
infpedîon plus attentive , & lur-tout par
la diffedlion , l'on voit qu'il ne s'ell point
fait de réunion , Cfu'il n'y a nul veftige
des os des cuifîès & des jambes , & que
ceux qui forment la queue des lamantins
font de fimples vertèbres ifolées & fem-
J:)Iables à celles des cétacées qui n'ont
point de pieds ; ainfi ces animaux font
cétacées par ces parties de. l'arrière de leur
corps , & ne tiennent plus aux qu*idruj)èdes
que
des Phoques, &c. 337
^iie par les deux pieds ou ceux mains
qui (ont en avant à côté de leur poi-
trine. Ovicdo me paroît être le premier
«uteur qui ait donné une efpèoe d'iiiftoirc
& de defcription du Lamantin ; ce on le
trouve aflèz fréquemment , dit -il , fur ce
les côtes de Saint-Domingue; c'eft un ce
très-gros animal d'une figure infornie , ce
qui a la tête plus grofïè que celle d'un ce
bœuf, les yeux petits , deux pieds ou œ
deux luains près de la tête qui lui fervent ce
à nager ; il n'a point d'écaillés , mais ec
il eft couvert d'une peau ou plutôt <«
d'un cuir épais , c'eft un animal fort ùl
doux; il remonte les fleuves , & mange ce
les herbes du rivage, auxquelles il peut ce
atteindre fans fortir de l'eau ; il nage à ce
la furfac^; pour 4e prendre, on tache ce
de s'en approcher fur une napdfe ou et
un radeau , & on lui lance une groflê ce
flèche attachée à un très-long cordeau ; ce
dès qu'il fe fent frappé , il s'enfuit & ce
emporte avec lui la flèche & le cordeau ce
à l'extrémité duquel on a foin d'attacher ce
un gros morceau de liège ou d« bois ce
léger pour fèrvir de bouée de de ren- ce
feignement. Lorfquc l'aiiimal a perdu çc
Tome XL P
il
w
«<
3 3 S Hifloire Nûîwefle ^
s> par cette blefTurc (on fang & {es forceô
» il gagne la terre , alors on reprend i'ex-
» tréniité du cordeau , on le roule jufqu'à
>> ce qu'il n'en relie plus que quelques
» brafles ; & à l'aide de la vague on tire
y» peu à peu l'animal vers le bord , ou
•» bien on a^chève de le tuer dans l'eau à
a» coups de lance. Il eft fi pelant , qu'il
*> faut une voiture attelée de deux bœufs
ao pour le tranfporter ; fa chair eft excel-
» lente, .& .quand elle eft fraîche on Ja
» mangeroit plutôt comme du bœuf que
» comme du poiffon ; «n la découpant &
V ia fàifant fécher ^ marin€r, elle prend
» avec le temps Je goût de la chair du
:ï> thon , & elle eft encore ineilleure. Il y
» a de ces animaux qui ont plus de quinze
ap pieds' de longueur fur fix pieds d'é-
x> paifîcur; Ja partie de l'arrière du corps
V eft beaucoup plus menue & va toujours
a> çn diminuant jufqu'à la queue , qui
30 enfuite s'élargit à fon extrémité. Comme
y> les Elpagnols , ajoute Gviedo , don-
3> nent le nom de mains aux pieds de
» devant dé touf les quadrupèdes , &
?3 comme cet animal n'a que àts pieds de
p devant , ils lui ont donné la déaouii-
,%■'' i *•
Jes Pho()ues , &u 5 3 5>
MStion d'animal à maifts , Manati; il n'a ce
point d'oreiiies externes , mais feulement ce
deux trous par lelquels il entend , là ce
peau n'a que quelques poils afîez rares , ce
elle efi: d'un gris-cendré & de l'e'paifleur ce
d'un pouce , on en fait des femelles de ce
fouliers, des baudriers, &c. La femelle ce
a deux mamelles fur la poitrine, & elle ce
produit ordinairement deux petits qu'elle «
allaite (g); » tous ces fîùts rapportés par
Oviedo font vrais, & il efl fmgulier que
Cieça (h)t & plufieurs autres après lut
aient afTuré que le lamantin fort fbuvcnt de
l'eau pour aller paître fur la terre , ils lui
ont faufîèment attribué cette habitude na*
turelle , induits en erreur par l'analogie
du morfe & des phoques qui fortent eu
efïèt de l'eau &: fcjournent à terre , mais
il eft certain que le lamantin ne quitte
jamais l'eau , & qu'il préfère le féjour des
eaux douces à celui de l'eau falée. wt:-.
Clufius dit avoir vu & mefuré la peau
d'un de ces animaux , & l'avoir trouvée
de feizc pieds & demi de longueur, &
(g) Ferdin. Oviedo. Hif* Ind, occU, lib. XIÏ
cap. X. , ■ 1 ■ ' ,. '
(hj Chron, Peruv, cap. xxxi,
^TaR"
54^* H'tfloire Naturelle
<Ie (çpt pieds &, demi de largeur ; îes
<ieux pieds ou les deux mains étoient fort
larges , avec des ongles courts. Go-
inara ( i ) aflure qu'il s'en trouve queU
quefois qui ont vingt pirds de longueur,
éa il ajoute que ces animaux fréquentent
nufli-bien les eaux des fleuves que celles
de la mer ; il cacontç qu'on en avoit
irievé ^ nourri un jeune dans un lac à
^aint-^Pomingue pendant vingt- fix ans,
qu'il çtoit fi doux ^ fi ]:)rivé qu'il pre-»
jioit doucement la nourriture qu'on lui
préfentoit , qu'il entendoit fon nom , 5c
que quand on l'appeloit il fortoit de l'eau
& (^ traînoit en rampant jufqu'à la mai fon
j.)Gur y recevoir fa nourriture , qu'il fem^
bloit fe plaire à entendre la voix humainç
& le chant des enfans , qu'il n'en avoit
nulle peur , qu'il les laiffoit affeoir fur fon
dos , & qu'il les pafîoit du bord d'un lac
à l'autre fans fc plonger dans l'eau , &
fans leur fiiire aucun mal. Ce fait ne peut
être vrai dans toutes fes circondances , \\
paroît accommodé à la fable du Dauphin
des Anciens , car le lamantin ne peut ab^
folument fe traîner fur la terre, ' - '
(l) Fï» Lopçs de Gomara. Hiji, gea, cap. XXXI*
Her
fujet d
que qi
facilem
l'eau ,
quelqu
He
du lani
face ,
autres
avant I
océans
& la 11
lacs, n
Aianm
prefqu
tout o
mainsi
ièmbla
nombi
celle d
d'un c
celles
côtes
qu'il
page /;
Je s Phoques, &t* 34^
Herrera dit peu de cholè de phis au
fujet de cet animai ; il aiïure feulement
que quoiqu'il foit très - gros , il nage fi
facilement qu'il ne fait aucun bruit dans
l'eau , & qu'il (è plonge dès qu'il entend
quelque cho(è de loin i(î<), t
Hernandès qui a donne deux frguireJ
du lamantin, Tune de profil & l'autre de
face , n'ajoute prefque rien à ce que les
autres auteurs Efpagnols en avoient écrit
avant lui, il dit feulement que les deux
océans , c'eft-à-dire la mer Atlantique
& la mer Pacifique , aufli - bien que les
iacs, nourrifient une bête informe appelée
Aianatl, de laquelle il donne la defcription
prefqu'entièrenient tirée d'Ovicdo ; &
tout ce qu'il y a de plus ^ c'cft qjje les
mains de cet animal portent cinq ongles
Semblables à ceux de l'homme, qu'il a le
nombril & l'anus larges , îa vulve comme
celle d'une feinme , la verge comme celle
d'un cheval , la chair & la graiffë comme
celles d'un cochon gras , & enfin les
côtes & les vifcères comme un taureau ;
qu'il s'aCcouple fur terre à la manière
(h) Defcription des Indes occidentales, par Herrera^
P iij
f34^ Hiflolre Naturelle
humaine , la femelle rcnverfée fur le cîos ,
& qu'elle ne produit cju'un petit , qur eft
d'une groflèur monflr^eule en naifTi^nt ^l).
L'accouplement de ces animaux ne peut
fe faire (ur terre , comme ie dit Her-
nandès , puifqu'ils n'y peuvent aller ; &
il (e fait dans i'eau fur un bas -fond.
Binct (m)t dit que le lamantin eft gros
comme un bœuf, & tout rond comme
un tonneau , qu'il a une petite tête & peu
de queue ; que fx peau efl rude & épaifîë
comme celle d'un éléphant , qu'il y en a
de fi gros , qu'on en tire plus de fix cents
livres de viande très-bonne à manger; que
fa graiffe eft aufll douce que le beurre ;
que cet animal fe plaît dans les rivières
proche de leur embouchure à la mer pour
y brouter l'herbe qui croît le long des
rivages ; qu'il y a de certains endi'oits , à
dix ou douze lieues de Cayenne , où l'on
en trouve en fi grand nombre que l'on
peut dans un jour en remplir une longue
barque , pourvu qu'on ait des gens qui le
lèrvent bien du harpon. Le P. du Tertre
(l) Hernand. Hifl, Alex. pag. 323 & 324.
(m) Voyage à l'île de Cayenne , par Aniwnc Binet^
M''
des Phoques , &c, J4J
t^\ décrit au iong. la chafTe ou la pêche
du lamantin ,• s'accorde prelque en tout
.avec les auteurs que nous venons de
citer ; cependant il dit c{ue cet animal n'a
<jue quatre doigts & quatre ongles à cha-
cjue niiiin , & ii ajoute qu'il fe nourrit d'une
petite herbe qui croît dans la mer , qu'il
la broute comme le bœuf fait celle dos
prés ; &: qu'après s'être rempli de cette
pâture , il cherche les rivières & les eaux
douces où il s'abreuve deux fois par jour;
qu'après avoir bien bu & JMen mangé il
s'endort le mufle à demi hors de l'eau ,
ce qui le fait remarquer de loin* que la
femelle fliit deux petits c|ui la fuivent par-
tout ; & que fi on prend la mère , on
cil afiuré d'avoir les petits, qui nel'aban-
clonncnt pas , même après fa mort , & ne
font que tournoyer autour de k barque
qui l'emporte (n). Ce dernier fait me
paroît très-fufped: , il eft même contredit
par cPautres Yoyageurs qui afTurent quie
le lamantin ne produit qu'un petit : tous \^
gros animaux quadrupèdes ou cétacées ne
produilent ordinairement qu'un petit , b
(n) Hiftoire générale des Antilles, par le P. do
.Tertrç,.
111^
I
lii
'344 Hifloke Naturelle .
feule analogie fufïit pour qu'on fc refùfe a
croire que le lamantin en produife toujoun
deux , comme l'aflure le P. du Tertre.
Oexmelin remarque que le lamantin a la
queue fitue'e comme les cëtacécs , & non
pas comme les poiflons à écailles qui l'ont
tous dans la diredion verticale du dos au
ventre , au lieu que la baleine & les autres
cétacées ont la queue lituée traniVerilJe-
ment , c'cft-à-dire y d'un côté à l'autre
du corps ; il dit que le lamantin n'a point
de dents de devant ; mais feulement une
callofit^dure comme un os, avec laquelle
il pinceî'herbe ; qu'il a néanmoins trenie-
deux dents molaires ; qu'il ne voit pas
bien à caufe de la petiteiïe de fes yeux
qui n'ont que fort peu d'humeur & point
d'iris ; qu'il a peu de cervelle ; mais qu'au
défiiut de bons yeux, il a l'oreille eyxellentej
qu'il n'a point de langue ; que les parties
de la génération font plus femblafjlcs à
celles de Thomme & de la femme, qu'à
celles d'aucun animal ; que le lait des
femelles, dont il aflure avoir goûté, eft
d'un très- bon goût; qu'elles ne produifent
qu'un ièul petit , qu'elles embraffent &
portent avec la main ; qu'elles l'allaitent
a
. ies Phoques t éfc, 34511
pendant un an , .iprès quoi il cft en éiat
de le pourvoir lui-même & de manger
de l'herbe ; que cet animal a, depuis le cou
ju(qu*àla queue cinquante-deux vertèbres ;
qu'il fè nourrit comme la tortue , mais qu'ii
ne peut ni marcher ni ramper fur la terre ("o).
Tous ces faits font aflèz exads , & même
celui des cinquante -deux vertèbres ; car
M. Daubenton a trouvé dans l'embryon
qu'il a dilTéqué , vingt-huit vertèbres dans
la queue, (eizedanslc dos& fix, ou pliuôt
fept dans le oou. Seulement, ce Voyageur
fè trompe au fujet de la langue , elle ne
manque point au lamantin; mais il ed vrai
qu'elle èft attachée en defTous & prefque
jufqu'à fbn extrémité à la mâchoire in-
férieure. On trouve dans le voyage aux
îles derAmérique. Paris, t / 2 2, une afTez
bonne defcription du lamantin , & de h
manière dont on le harponne ; l'Auteur
cft d'accord fur tous les faits principaux
avec ceux que nous avons cités ; mais iï
obferve c< que cet animal eft devenu afîèz
rare aux Antilles , depuis que les bords c<
de b mer font habités ;. celui qu'il vit <c
' (0) Hiftoire Aa Aventuriers, par Oexmelin|
i9rftc JilJ , page ij'f'irfuivantest
P V
il
34^ Hiftolre Naturelle
» & qu'il inefum , avoit quatorze pîeds
» neuf pouces , depuis le bout du iiiuiîe
93 jufqu'à la nai0imce de la queue ; il étoit
» tout rond julqu'à cet endroit ; (à tête
» étoit groffe , fa gueule large avec de
y> grandes babines & quelques poils longs
» & rudes au - deflus ; fes yeux étoient
» très-petits par rapport à fa têie , ^ les
o3 oreilles ne paroifl oient que comme deux
» petits trous y le cou ell fort gros &
33 fort court, &fans unp^tit mouvement,
» qui le fait un peu plier f il ne fcroit
y> pas poiïible de diflinguer la tête du
» relie du corps. Quelques Auteurs pré-
V 33 tendent ( ajoute -t ► ii ) que cd: animai
33 fè (èrt de les deux mains; ou nageoires
33 pour le traîner fur terre ; je me fuis
33 foigneufement informé de ce fût ; per-
33 fonne n'a vu cet animal à terre , & ii
33 ne lui eft pas polîlble de marcher ni
33 d'y ramper ; (es picdi» de devant ou
33 (es mains ne lui lèrvant que pour tenir
33 (es petits pendant qu'il leur donne à
33 téter; la femelle a deux mamelles rondes,
33 je les mefurai, dit l'Auteur, elles aboient
33 chacune (ept pouces de diamètre (ur
?3 environ quatre d'clévaiion ; le maindo»
pîeds
Liiu£e
'^es Phoques , &c, 34.7
étdix gros coiinne le pouce & fortoit «
d'un bon doigt au dehors ; le corpfs ce
avoit huit pieds deux pouces de circon- ce
férence ; la queue étoit comme une large ce
palette de dix - neuf pouces de long , ce
ÔL de quinze pouces dans fa plus grande c<
largeur , & i'épaiiïeur à l'extrémité étoit ce
d'environ trois pouces ; la peau étoit ce
Êpaifle fur le dos prefque comme un ce
double cuir de bœuf , mais elle étoit ce
beaucoup plus mince fous le ventre ; ce
qWq eft d'une couleur d'ardoife-brune , ce
d'un gros grain & rude avec des poils ce
de même couleur, clair-femés, gros & ce
afîez longs. Ce lamantin pefoit environ ce
huit cents livres ; on avoit pris le petit ce
avec la mère ; il avoit à peu-près trois ce
pieds de loiig ; on fit rôtir à la broche le ce
côté de la queue, 0î> trouva cette chair «
audi bonne & aufTi délicate que du ce
veau. L'herbe dont ces animaux le <c
nourrirent , efl longue de huit à dix <e
pouces , étroite , pointue , tendre & d'un ce
afîez beau vert ; on voit des endroits ce
fur les bords & fur les bas-fonds de la «<
mer , où cette herbe efl fi abondante , «
que le fond paroît être une prairie ; les ce
P v;
'348 Hîffoire Naturelle
tortues en mangent auffi (p), &c. m Le
Père Magnin de Fr-ibourg, dit que le
lamantin mange l'herbe qu'il peut atteindre,
iiins cependant fortir de l'eau • . ,
Qu'il a les yeux petits & de ia grofîeur
d'une noifettc ; les oreilles fi fermées ,
qu'à peine il y peut entrer une aiguille ;,
qu'au dedans des oreilles fe trouvent deux
petits os percés; que les Indiens ont cou*
tume de porter ces petits os pendus au
cou comme un bijou ... Et que Ton cri
TefTemblc à un petit mugiflèment (q).
Le P. Gumilla , rapporte qu'il y a une
infinité de lamantins dans les grands lacs
de rOrénoque; « ces animaux, dit- if,
» pè(ènt chacun depuis cinq cents juf-
yi qu'à lêpt cents cinquante livres ; ils ie
» nourrilîênt d'herbes ; ils ont les yeux
» fort petits , & les trous des orciHes ea-
5» core plus petits ; ils viennent paître fiir
» le rivage lorfque la rivière ell bafle. La
(p ) Nouveau voyage aux îles de fAmérîquc;
I9me lifpage 200 & fuiv,
( q) Extrait d'un manufcrit du Père Magnin de
FribcHjrg , MiflTionnaire de Borja , Correrpontîani de
J'Acadcniie des Sciences, tradudion de i'efpagnoljr
6ommiini(}Uce par M. de la Condamine,
des Phoques, &c. '3 451
femelle met toujours bas deux petits , c<
elle les porte à (es mamelles, avec Tes c<
bras & les ferre fi fort qu'ils %s. s'en cç
fcparent jamais , quelque mouvement «c
qu'elle flifle ; les petits lorfqu'ils vien- «c
nent de naître ne laiflênt pas de pefer ce
«chacun trente livres \ le lait qu'ils tètent c<
cft très-épais. Au-defTous de la peau , «
qui» eil bien plus épaiiïe que celle d'un <c
bœuf, on trouve quatre enveloppes ou c<
couches , dont deux font de graifîe & €<
les deux autres d'une chair fort délicate «
& (avoureule , qui étant rôtie, a l'odeur «
du cochon & le goût du veau. Ces «c
animaux , lorfqu'il doit pleuvoir , bon- «
difJènt hors de l'eau à une hauteur afîcz c<
confidérable (r): >> il paroît que le Père
Gumilla fe trompe comme le P. du Tertre ,
en difànt que la femelle produit deux
petits ; il elt prefque certain , comme nous
l'avons dit , qu'elle n'en produit qu'un.
Enfin, M. de la Condamine qui a
bien voulu nous donner un defîin qu'if
a fait lui-même du lamantin , fur la rivière
des A mazones , parle plus précifément &
mieux que tous les autres des habitudes
(r) Hitloii'c de l*Orcno'j[ue , par le Pt Gumiilla,
■J50 Hffloire Naturelte
naturelles de cet animal, ce Sa chair, dif-
>3 il , & ia graifîe ont aflez de rapport à
33 celle eu veau ; le Père d'Acuna rend
33 fa refiembhmce avec le bœuf encore
J3 plus complète en lui donnant des cornes
» dont la Nature ne Ta point pourvu ; il
» n'efl pas amphibie à proprement parler,
yy puifqu'il ne fort jamais de l'eau entiè-
» rement , & n'en peut fortir , n'ayant
o> que deux nageoires alTez près de la tête ,
» plates & en forme d'ailerons , de quinze
» à feize pouces de long , qui lui tiennent
39 lieu de bras & de mains ; il ne fait
y> qu'avancer fa tête hors de l'eau pour
» atteindre l'herbe fur le rivage. Celui que
» je defîinai (aJQute M. de la Condamine)
39 étoit femelle , fa longueur étoit de (èpi
» pieds & demi de roi', & la pkis grande
» largeur de deux pieds* J'en ai vu depuis
» de plus grands ; les yeux de cet animal
33 n'ont aucime proportion à la grandeur
33 de fon corps ; ils font ronds & n'ont
3> que trois lignes de diamètre ; l'ouven-
33 ture de les oreilles eft encore plus petite
33 & ne paroît qu'un trou d'épingle. Le
aa manaii n'efl pas particulier à la rivière
» des Amazoïics , il n'efl pas moins com^
àes Phaques, &c, jjfl
iDun dans l'Oréiioque ;. il fe trouve «c
aulîi y quoique moins fréqueinment , «
dans rOyapoc & dans plufieurs autres ce
rivières des environs de Cayenne & des «x
côtes de la G uiane , & vraifemblablement <c
ailleurs. C'efl: le même qu'on nomnioit «
autrefois Aîanati ,, & qu'on nomme «c
aujourd'iiui Lamantin à Cayenne & dans «c
les îles françoi-fes d'Amérique , mais je <<
crois i'efpèce un peu différente. Il ne <c
fè rencontre pas en haute mer , il eft «
même rare près des embouchures des «x
rivières , mais on ic trouve à plus de oc
Biiil'e fieues de la mer dans ia plupart <c
des grandes rivières qui defccndent dans ce
celle des Amazones ,, comme dans le ce
Cuallaga, le Paflaça, &c. il n'efl arrêté, <c
en remontant l'Amazone, que par le ce
Pongo (catarade) de Borja , au-de(îus «
duquel on n'en trouve plus ^/^ 35. ,,. .
. : Voilà le précis à peu-près de tout ce
que l'on fliit du lamantin ; il feroit à de-
fu cr que nos habiians de Cayenne, parmi
(J) Voyage fur W rivière cîes Amazones , par
M. ne la Condimine , i«^,* page i 54 & fuiv. A//-
wo'ms tîe l'Académie fies Mewes ^ '7i-5 fV^B^^ ^k^'k
3 5 i Hlftotre NdturelJe
Ici quels il y a maintenant des perfbnncs
inftruites & qui aiment l'Hiftoire Naturelle,
obfervaflent cet animal & fiflcnt ia def-
cription de (es parties intérieures , fur-tout
de celles de ia reCpiration , de la digeftion
& de la génération. II paroît , mais nous
n'en fommes pas iîirs, qu'il a un grand
os dans la verge, le trou ovale du cœur
ouvert , les poumons fingulièrement con-
formés, l'eftomacdivifé en plufieurs por-
tions , qui peut - être forment plufieurs
eftomacs difîerens, comme dans les animaux
ruminans.
Au refte , refpèce du lamantin n*eft prfs
confinée aux mers & aux fleuves du nou-
veau monde , il paroît qu'elle exifle auffi
fur les côtes & dans les rivières de TAfrique.
M. Adanfon a vu des lamantins au Séné-
gal; 1 en a rapporté une tête qu'il nous a
donnée , & en même temps il a bien voulu
me communiquer la defcription de cet ani-
mal , qu'il a faite fur les lieux , & je crois
devoir fa rapporter en entier, ce J'ai vu
33 beaucoup de ces anii||jpux (dit M. Adan-
53 fon ) les plus grands n'avoient que huit
M pieds de longueiH & pefoient environ
y> huit cents livres 3 \xm femelle de çiii^
fort
de;
des Phoques, &c. 35^
pîcds trois pouces de long ne pelbit que c<
cent quatre-vingt-quatorze livres ; leur <c
couleur efl cendrée-noire , les poils font c<
très- rares fur tout le corps, ils font en a
forme de foies longues de neuf lignes ; «
la tête efl: conique & d'une groflcur mé- ce
diocre, relativement au volume du corps; c<
les yeux font ronds & très-petits : firis ce
efl d'un bleu- foncé & la prunelle noire ; ce
le muleau elt prel'que cylindrique , les ce
deux mâchoires font à peu-près égale- c<
ment larges, les lèvres font charnues & ce
fort épailîès ; il n'y a que des dents ce
molaires , tant à la mâchoire d'en haut ce
qu'à celle d'en bas : la langue eil: de c«
forme ovale & attachée prefque jufqu a te
fon extrémité à la mâchoire inférieure : ce
il efl fingulier (continue M. Adanfon) ce
que prefque tous les Auteurs ou Voya- ce
geiirs aient donné des oreilles à cet çc
animal; je n'ai pu en trouver dans aucun, ce
pas même un trou afîez fin pour pouvoir ce
y introduire un flilet (tj: il a deux bras ce
M Nota. Il paroît néanmoins certain tjue cet animal
a des trous aiiditifs & externes. M. de h C!ondamine
vient de ni'afïïircr qu'il les a vus 8< mHiirés , & que
CCS ti'ous n'ont pas plus d'une demi-ligne de diamètre; .
& comme le lamantin a la faculté de lec contruder £(
^ %. -
^54 NiJIoire Naturetk
» ou nageoires places à l'origine de ïa ûtc,
» qui n'eft diftinguéc du tronc par aucun
» cfjièce de cou , ni par des épaules (en*
i> fibles ; ces bras font à peu - près cylin-
>3 driqucs , compofés de trois articulations
* princij^ales , dont Tantérieure forrne une
» efpèce de main aplatie , dans laquelle
03 les doigts ne fe diftinguent que par
"y» quatre ongles d'un rouge brun <Sc lui-
>3 Tant : la- queue eft horizontale comme
» celle des baleines , & elle a la tonne
3> d'une pelle à four. Les femelles ont deux
33 mamelles plus elliptiques que rondes ,
>5 place'es près de l'aiflèlle des bras ; la peau
>y efl un cuir épais de ^lyi lignes fous le
» ventre , de neuf lignes fur le dos & d'uji
33 pouce & demi lùr la tête. La graille eft
:>3 blanche & épaifle de deux ou trois
33 pouces : la chair eft d'un rouge-pale,
» plus pâle & plus délicate que celle du
33 veau. Les Nègres Oualofes ou JiMofes
33 appellent cet animal Lereou. Il vit
33 d'herbes & fe trouve à l'embouchurô
du fleuve Niger 33.
de les (cYvtY , il eft très-pofTibïe qu'ils aient ccliippc à
U vue de M. Adanfon , d'autant que ces trous fotit
irès-petits lors^ même que 1 aniiual les tient ouverts.
des Phoques, &c.
355
lue le
On voit par cette defcription
ïamantin du Sénégal ne diffère, pour ainli
dire , en rien de celui de Cayenne ; & par
une comparaifbn faite de la tête de ce la-
mantin du Sénégal avec celle d'un fœtus
(u) de lamantin de Cayenne , M. Dau-
benton préfume auffi qu'ils font de même
cfj^èce. Le témoignage des Voyageurs (^x)
' ■ ■ '.*;'''-',;"■■ ' , '^- '. ' .■ 1 î ^
v (u) Nota. M. le chevalier Turgot, aduellemcrrt
gouverneur de ia Guiane, & qui auparavant avoit fait
don au Cahinet du Roi, de ce fœtus de lamantin, eft
maintenanî bien à portée de cultiver {on goût pour
J'Hiftoire naturelle , & dç nous enrichir non-îeulement
Je fes dons, niais de fcs lumières. . ^ '•
; (x) Oexmelin rapporte qu'il y a des lamantins fur
îes côtes de TAfrique , & qu'ils font plus communs
fur la côte du Sénégal que dans la rivière de Gambie.
Hijloire fies Aventuriers, tome 11 y page r r j. — Le
Guat affure en avoir vu beaucoup dans les mers d«
J'île Rodrigue. La tête du lamantin de cette île rcf#
femble beaucoup (dit ce Voyageur) à celle du cochon,'
excepté qu'elle n'a pas le groin fi pointu. Les plus
grands lamantins ont environ vingt pieds de long. , . .
Cet animal a le fkng chaud , la peau noirâtre , fort
rude & fort dure , avec quelques poils , Çn clair-femés
qu'on ne les aperçoit qu'à peine ; les yeux petits , &
deux, trous qu'il ferre & ^qu'il ouvre, que l'on peut
avec railbn appeler y(\y oreilles ; comme il retire a(Tez
fouvent l;i langue, qui n'ert pas foi t grande, plufieurs
ont dit qu'il ii'tn avi)it point ; il a des dents mâche-
iières. . . . , . mais il n'a point de dents de devant &
»i-*i#«-
5 5 6 Hijloîre Naturelle
s'accorde avec notre opinion ; celui de
Danipier fur-tout eft pofitif , & les ob*
ièrvations qu'il a faites fur cet animal mé-
ritent de trouver place ici. « Ce n'eft pas
» feulement dans la rivière de BIcwtieid ,
» qui prend fon origine entre les rivière^
>3 de Nica'rague & de Verague, que j'ai
» vu des manates ( lamantins ) ; j'en ai
30 aufîi vu dans la baie de Campèche , fur
>3 les côtes de Bocca dcl drago , & de
X) Bocca del loro, dans la rivière de Da-
»3 rien & dans les petites îles méridionales
35 de Cuba ; j'ai entendu dire qu'il s'en
» eft trouvé quelques-uns au nord de ia
fcs gencives font aflez dures pour arracher & broutcf
Therbe Je n'ai jamais vu qu'un petit avec ia
femelle, & J'ai du penchant à croire qu'elle n'en pro-
duit qu'un à ia fois. . . ^ . . Nous trouvions quelque-
fois trois ou quatre cents de ces animi)ux enfemble
qui paifîbient l'herbe au fond de l'eau j ils étoient fi
peu effarouchés que fouvent nous les tâtions pour
choifir le plus gras j nous leur pafTiuns une corde à
ia queue pour les tirer hors de l'eau ; nous ne prenions
pas les plus gros , parce qu'ils nous auroient donné
trop de peine, & que d'ailleurs leur chair n'eft pf.s
fi délicate que celle <\cs petits. . - , . Nous n'avons
pas remarqué que ctt animal vienne jamais à terre ,
je doute qu'il pût s'y traîner, & je ne crois pas qu'il
loit amphibie, yo^^age de le Guat , tomt J , lutjge ^j
^^ ■ ^ Jes Phoques» &cr ' 357
Jamaïque , & en grande quantité dans ce
la rivière de Surinam , qui eft un pays ce
fort bas : j'en ai vu aufli à Mindanao , ce
quiefl: vme des îles Philippines , & fur ce
la côte de ia nouvelle Hollande . . . . ee
cet animal aime i'eau qui a un goût ce
de fel , aulîi fe tient-il communément ce
dans les rivières voifines de ia mer , ce
c'efl: peut-être pour cette raifon qu'on ce
n'en voit point dans les mers du fud , ce
où ia côte efl: généralement haute , l'eau ce
profonde tout proche de terre, les vagues c<
groHes , fi ce n'eft dans la baie de Pa- ce
iiama , où cependant il n'y en a point ; ce
mais les Indes occidentales étant , pour ce
ainfi dire , une grande baie compofée ce
de plufieurs petites , font ordinairement ce
une terre bafle où les eaux qui font peu ec
profondes , fournifîênt une nourriture ce
convenable au lamantin ; on le trouve «
quelquefois dans l'eau falée , quelque- ce
fois auffi dans l'eau douce", mais jamais ce
fort avant en mer : ceux qui font à la mer ce
& dans des lieux où il n'y a ni rivières ce
ni bras de mer où ils puifl^ent entrer , ce
viennent néanmoins en vingt - quatre ce
heures une fois ou deux à l'embouchure ç€
»1
: -¥'
■■i
»3 de la rivière d'eau douQeJa:pi^rY^'i(«wS,
» .«^ij.Iis ne viennent Jai^isyi-iefFÇc ni
yi dans une €îiu fî bafle q\ji''^j^:mdffçi^
» y nager; leur chair «ft laiiie 46 )dé très*
^ boa goût;; kur peau .eli aiifli dWé
3> grande utilité. Les lamantins & les tortues
?> fetrouventiQrdjnaireâîéntdans lesinçinè»
>> endroits , iSt ie nourriiTent des mêmes
?? herbes qui croiffent (iir les hauts-fonds
a» de la mer à quelques pieds de profondeur
îj? fous l'eau & fur les rivages bas que
couvre la marée >». i . '
^y^ Voyage de Dampicr, fcmî»\ja£e^6if;
jjlmvémtes.
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