IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-3)
*
y:
y
1.0 ^1^ 1^
S? HA
l.l
14.0
2.2
2.0
1^ U&
PhotDgra|iiic
Sdenœs
Corporation
\
^
^
<^
;\
23 WiST MAIN STRIIT
WiiSTIR.N.Y. MS80
(716) «72-4503
'-^2^*
^
•^^
CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHIVI/ICMH
Collection de
microfiches.
Canadian Instituts for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques
<v
Tschnical and Bibliographie Notas/Nota* tachniquaa at bibliographiquaa
Tha Instituta haa attamptad to obtain tha baat
original copy availabla for filming. Faaturaa of thia
copy which may ba bibliographically uniqua,
which may aitar any of tha imagaa in tha
raproduction. or which may eignificantly changa
tha uaual mathod of filming. ara chackad balow.
□ Colourad covara/
Couvartura da coulaur
r~n Covara damagad/
D
D
Couvartura andommagéa
Covara raatorad and/or laminatad/
Couvartura raatauréa at/ou palliculéa
□ Covar titia mlaaing/
La titra da couvartui
couvartura manqua
I I Colourad mapa/
Cartaa géographiquaa an coulaur
□ Colourad ink (i.a. othar than blua or biaclt)/
Encra da coulaur (i.a. autra qua blaua ou noira)
Fy] Colourad plataa and/or illuatratlona/
Planchaa at/oif illuatratlona an coulaur
Bound with othar matarial/
Ralié avac d'autraa documanta
Tight binding may cauaa ahadowa or diatortion
along intarior margin/
Laroliura sarréa paut cauaar da l'ombra ou da la
diatoraion la long da la marga intériaura
Blank laavaa addad during raatoration may
appaar within tha taxt. Whanavar poaaibla. thaaa
hava baan omittad from filming/
Il aa paut qua cartainaa pagaa blanchaa ajoutéaa
lora d'una raatauration upparaiaaant dana la taxta.
maia, loraqua cala était poaaibla, caa pagaa n'ont
paa été filméaa.
Additional commanta:/
Commantairaa suppiémantairaa:
L'Inatitut a microfilmé la maillaur axamplaira
qu'il «ui a été poaaibla da aa procurar. Laa détaila
da cat axamplaira qui sont paut-étra uniquas du
point da vua bibliographiqua. qui pauvant modifiât
una imaga raproduita, ou qui pauvant axigar una
modification dana la méthoda normala da filmago
aont indiquéa ci-daaaoua.
Tl
te
□ Colourad pagaa/
Pagaa
Q
Pagaa da coulaur
Pagaa damagad/
Pagoa andommagéaa
□ Pagaa raatorad and/or laminatad/
Pagaa raaiauréaa at/ou palliculéas
E Pagaa discolourad. stainad or
Pagaa décoloréas. tachatéas <
foxad/
ou piquéas
T
P
o
fi
G
b
tl
al
o
fl
al
o
r~1 Pagaa datachad/
Pagaa détachées
Showthroughy
Tranaparanca
Quality of prit
Qualité inégala da i'imprctjsion
Includas supplamantary matarii
Comprand du matérial suppiémantaira
Only adition availabla/
Saula édition disponibla
r~yi Showthrough/
I I Quality of print varias/
|~n Includas supplamantary matarial/
r~n Only adition availabla/
T
Si
T
V
^
d
ri
n
Pagaa wholly or partially obscurad by errata
slips, tissuas. atc hava baan rafilmad to
ansura tha bast possible Image/
Lee pagae totalement ou partiellement
obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure,
etc.. ont été filmées é nouveau de façon à
obtenir la meilleure imege poasibia.
Lot pages froissées peuvent causer da la distorsion.
Thia item la filmed at tha réduction ratio chacked below/
Ce document eat filmé au taux da réduction indiqué ci-daaaoua.
10X 14X 18X 22X
26X
XX
y
12X
16X
20X
24X
28X
32X
Th« eopy f1lm«d h«r« has b—n r«produc«d thanka
to tha ganaroaity of :
Stminary of Quabac
Library
Tha Imagaa appaaring hara ara tha baat quailty
posaibla conaidaring tha condition and iagibility
of tha original eopy and in icaaping with tha
fiiming contract spacificationa.
Original copiaa in printad papar covara ara ftimad
baginning with tha front oovar and anding on
tha iaat paga with a printad or illuatratad impraa-
•ion, or tha back covar whan appropriata. AH
othar original copiaa ara filmad baginning on tha
f irat paga wHh a printad or illuatratad impraa-
aion. and anding on tha iaat paga with a printad
or illuatratad impraaaion.
L'axamplaira filmé fut raproduit grica à la
généroalté da:
Sémiiwira d« Québte
Bibllothèqu*
Laa imagaa auivantaa ont été raproduitaa avac la
plua grand aoin, compta tanu da la condition at
da la nattaté da l'axamplaira filmé, at an
conformité avac laa conditiona du contrat da
filmagj.
Laa axamplalraa originaux dont la couvartura an
paplar aat imprlméa aont filméa an commençant
par la pramiar plat at un terminant soit par la
dernière paga qui comporte une empreinte
d'impreaaion ou d'Illuatration. soit par le second
plat, aeion le caa. Toua laa autres exempiairea
originaux aont filmée an commençant par la
première paga qui comporte une empreinte
d'impreeaion ou d'Illuatration et en terminant par
la dernière page qui comporte une telle
empreinte.
The lest racorded frama on each microfiche
shall contain tha symbol — ^> (maaning "CON-
TINUED"). or tha symbol V (meaning "END"),
whichaver appliea.
Un dea symboles suivants apparaîtra sur la
dernière image de chaque microfiche, selon le
caa: la symbole —*- signifie "A SUIVRE", le
symbole ▼ signifie "FIN".
Maps. plates, charts, etc., may be fllmed at
différent réduction ratioa. Thoaa too large to be
entirely included in onj expoaura ara filmad
baginning in tha upper left hand corner, ieft to
right end top to bottom. aa many frames as
required. The following diagrama illuatrata the
method:
Lea cartea. planches, tableeux, etc., peuvent être
filméa è dea taux de réduction différents.
Lorsque le document eet trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il est filmé é pertir
de l'angle aupérieur gauche, de gauclie è droite,
et de haut an bes. en prenant le nombre
d'imagée nécessaire. Les disgrammes suivants
illustrent la méthode.
1 2 3
1
2
3
4
5
6
HISTO
DE
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HISTOIRE NATURELLE
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01 RE NATURELLE
DE B U F F O N,
classée par ordres, genres et espèces ,
d'après le système de Liiinë ;
AVEC LES CARACTÈR|MN^N
et la nomenclature^'iLina^'
Far REMÉ-RICHARD CASTEL,
des Plante*
NOUYEIiliE £1)
TOME VI
DE L'IMPRIMER
A PA
Chez Deteryille^ rue
AN X — 1802*
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HISTOIRE NATURELLE
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♦siDES QUADRUPÈDES.
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XVIII- GENRE.
LE SARIGUE/ i>/x>'£i''f««^
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Caractère générique : dix dents inciii-*
^1^ ves supérieures , huit ihfërieuresél>
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LB SARIOTrBVÔF L'OPOSSUM.
■ -l ». - ', ■ ■ V ■ '■ ?■' ■ ■' •--. ■■■■<■ '^^ ' .■■■■ .-^ - >•.. ■
Xi fi sarigue ou Voposaum , est un ani-
mal de r Amérique , qu'il est aisé de
distinguer de tous les autres par deux
; caractères très-singuliers. . Le premier
'de ces caractères est^ que la femelle a
' Quadrup. V. — -v^ ?. x >v^
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iMMw^ii
lir- iiiiiitjjiiniiuiiiaBt
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T"-' MÏSTbïllE NATURELLE
sous le ventre nne aQiple cavité dans
'laquelle elle reçoit et alaite ses pe-
tits. Le second est , que le mâle et ]a
femelle ont tous deux le premier doigt
des pieds de derrière , sans ongle et
bien séparé des autres doigts , tel
qu'est le pouce dans la main de l'hom-
ipç , t<^n4is que les quatre autres doigts
de ces mêmes pieds de derrière , sont
placés les uns contre les autres , et
armés d'ongles crochus, comme dans
les pieds des autrea quadrupèdes^'^
Edward Tyson a décrit et disséqué
le sarigue Fenielle avec soiu : dans l'in-
dividu qui lui a servi de suj.et > la tête
avoit six pouces, le corps treize , et la
quelle dou^e ^e longueur ^ les jipnbes
de devant six pouces , et celles de der-
rière qiiç^trç ^t dçmi ^e hfiiiteur *, le
corps quinze à sei^e pouces de <^irçQXV*
férençe ; là queue troi^ P9^Ç^^ 4®, *9^ï"
à son origine ;| ^%^^ 29^^ ^^U^^Qient
vers l'extrémité; la tête trois pouceà;
de largeur entre les deux oreilles ^i
_i. .JW..!
J ÎT
tllimt toujours en dimititUint Jusqu'im
nés : elle est plus ressemblnnte à cell»
d'vn cochon de lait qa*à. celle d'un re«
nftrd; les orbiteà des feux sont très-in-
olinée» dans la direction des oreilles an,
neat; les oreilles sont arrondies et longues
d'eiB^ron nn pouce et' denii ; Fouver*
tvse de* la gueule est des dieux poucea
et deini , en k ri^ëèbrànf depuis l'un
des angles de la lèvre Insi^u'à l'extrë-
Ifiité'dUi museau ; la langue est asses
étroite'; et longue de trois' ponces , rude
et liérissëe de petites papilles toiu^
nées en arrière : il y a ciiiq doigts aux
pieds dO' devant > tdùs lés cinq arméa
d'ongles crochus ; autant de doigts aux
pieds de derrière , dont quatre seule-
ment sent armés d'ongles, et le cin-
quième', qui est le pouce, est séparé
des autres; il est aussi placé plus bas
et n'a pdint d'ongle ; tous ces doigts
sont sans poil et recouverts d'une peau
roi%efltre , ils ont près d'un pouce de
longueur^ la paume des mains et des
"N
\
7
A^
/
•■/-.'
I ù
4 HISTOIBE NATURELLE
pieds est large ^ et il y a des- ^ ç4l^
lositës charnues sous les doigtsw ^ii^
queue n'est co|ii^çrte de poils 'qu'à soli
origine jusqu'à deux ou .trois pouces
de longueur y aprjçf quoi c'est une peau
écaillense et lisse dont elle est.revâ-
tue jusqu'à l'extrémité ;, ces écaillés
sont blanchâtres y à-peu-prèshexagO"*
^es et placée^ régulièrement ^ jen sort9
qu'elles n|anticipent pas les ^nes mp
les autres; eUes, sont toutes^ séparées et
environnées d'une petite aire dç* peau
plus brune que; l^^caille : les oir/emes^,
comme les pieds et \bl queue ,,SQnt saqg
poils; elles spnt 8J.n^inces qu'pnjne petit:
pas dire qu'elles soient cartilagineuse^
elles sont simplement membrâneusea
comme les aÙes des chauyersouiis ; ellos
sont très-ouyertes , et le. conduit aur
ditif paroît fort large. La inâchoire du
dessus est un peu plus alongée' que
celle du dessous; les narines sont lai:-
ges , les yeux petits , hoirs , vifs ,et
proéminenS| le cou court; la poitrine
i*10^
I
«'^*"' >'*■''■' -"-v-a *^*«"-' *
■J/
/
u
î ^D U S ARI o tr S.
large, 'la ihoustaclie comme celle du
chat, ie |K>il du devant de la tète est
plné blanc et plus court que celui di*»^
corps ; il est d*un gris-cendrë mèlë de
^elqttes petites houpes dé poits noirs et
Mancbâtres sur le dos et sur les côtes ,
pliis brun sur le ventre , et encore plus
foncé sur lesjambesi fions le ventre de
la femelle est une fente qui a deux ou
trois pouces de longueur, cette fente
est fermée par deux peaux qui com-^
posent une pocbeivelue^ À l'extérieur ,
et moins garnie de poil à Fintérieur ,
cette poche renferme les mamelles ; les
petits nouveaux - nés y enti^ent pour
les sucer , et prennent si bien l'habi-
tude de s'y cacher, qu'il» s'y réfugient,
quoique déjà grands , - lorsqu'ils sont
épouvanté». Cette poche a du mouve-
ment et du jeu , elle s'ouvre et se rc-
ferme à la volonté de i'animal : la mé-
canique de ce mouvement s'exécute
par le moyen de plusieurs nrasclés et
de deux os qui n'appartiennent qu'à
\
Ai%iii
>.K -:::
PIW
\.
y"
A
i ;,
^\,s -V
mi-
cette espèce d'animal^ ces deo^ os
sont placés att-d«îvai]t des os {ku^îs À^;Sn
gV0U ils «oi^t attachés par la base ^ ils
ont enviroii deux poaces de longueiir;^
et vont toujours en diminuant un pei|i
de grosseur depuis la base jusqu'à Tex^
trëmitë \ ils soutiennent les miuclea
qui font ouyrir la po(^e et leur serve^it
de point d'appui; les antagonistuf de
ces mnsciets servent à la resserrer et <i^
la fermer si exactement , que daiil l'a^
nimal vivant l'on ne peut voir rouTer-*
ture qu'en la dilatant de Coroe avee,lea
doigta^ l'intérieur de cette poche est
parsemé de glandes qui foumisisnt
une substance ji^unâtre, d'une si mau^
Taise odeur , qu'elle se communique à
tout le corps de l'animal ; cependant^
lorsqu'on laisse sécher cette matière^
non-seu)ement elle perd son odeur dé-
sagréable^ mais elle acquiert du par-^
fum qu'on peut comparer à celui du
musc. Cette poche n'est pas, comme
l'ont avancé laussement Marcgrave et
i-
.. », ^ ■.•^,flL.►.«^'*.^^•;^ » *^- * ■•
■ .»-»»•*• ■^^<j^^ l«> y.
rrr*'
il> U SARIGUE. 7!
Pisoil, le liea dans lequel les peliUt
sont conçus. \ ' . 1 '
Le sarigne est uniqiliement orîginai* i
re 'diBS contrées méridionales du nou- f..
veau Monde \ il paroit seulement qu'il r
n'affecte pas aussi constamment que le 4^
tatou > les climats les plus chauds. Oa (
le trouva non-sénlement au Brésil , à'x
la Gttiane , au Mexique , mais auàsi à c
la Floride, en Virginie , et dans les au- 30
très régions tempérées de oc continent. I
Il est par- tout assez commun, {)arce«e
qu'il produit souvent et eh grand nom->|i
- bre i la plupart des auteurs disent qua- #
tre ou cinq petits , d'autres six ou sept ; 'f\
Marcgrave assure avoir vu six petits |
vivans dans la poche d'une femelle:!
ces petits avoicnt environ deux pouces ri
de longueur, ils étoient déjà fort agiles^
ils sortoient de la poche et y rentroientli
plusieurs fois par jour : ils sont bien :>
plus petits lorsqu'ils naissent; certains^:!
voyageurs disent qu'ils ne sont pas plus il
gros que des mouches au moment do ;|
1 ..\
t
i\
'"i^Bmififej:
' "»^l— -■■■■■ Jgtt — - ..-♦■*
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T^fgfitfmm iijjii i.iui, »ii^
«'■;
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ïï/
HISTOIRE NATURELLE
leur naissance, c*est-à* dire > qaandils^
sortent de la matrice pour entrer dans
la poche et s'attacher aux mamelles, t
Ce fait n'est pas aussi exagërë qu'on *^
pourroit l'imaginer , car nous avons vu t
nous-mêmes , dans un animal dont l'ès--^
pëcc est voisine de celle du sarigue y^^
des petits attaches à la mamelle qni^^
n'ëtoient pas plus gros que des fèves i^^
et l'on peut présumer , avec beaucoi^^
de vraisemblance , que dans ces ani-*^^
maux la matrice n'est, pour ainsi dire » I
que le lieu de la conception , de la for- f
mation et du premier développement^^
du fine tus, dont l'exclusion étant plus ^
précoce que dans les autres quadrupè- i
des , l'accroissement s'achève dans la ^
bourse où ils entrent au moment de ^
leur naissance prématurée. Personne ^'
n^a observé la durée de la gestation de >
ces animaux , que nous présumons être I.
beaucoup plus courte que dans les au- {
très; et comme c'est un exemple sin- ^
gulier dans la nature que cette exclu- \
y*- •^««*:>«.- 1 *» I i<>ltfg..tf
jr.
#C'ftARIGU E.
sion pnScocé , ' nous «xfaortodt cenic
qui sont à portëede voir des sarigues
Vivans dans- leur pays natal , de tà-^
cher de savoir combien les femelles
portent de temps , et combien de temps
encore après- la naissance , les petits
restent attachés à la mamelle avant
<|ne de s'en «emparer ; cette observation ,
curieuse par eUe-mj^me , pourroit de-
venir utile en nous indiquant peut-^^
être quelque moyen de conserver la
vie aux enfans venus avant le terme. '
Xes petits sarigues restent donc at-
taches et comme colles aux mamelles
de la mère , pendant le premier âge , et
jusqu'à ce qu'ils aient pris assez de
force et d'accroissement pour se mou-
voir aisément. Ce fait n'est pas dou-
teux , il n'est pas même particulier à
cette seule espèce ; puisque nous avons
vu , comme je viens de le dire , des pe-
tits ainsi attaches aux mamelles dans
une autre espèce, que nous appelle-
rons la marmose , et de laquelle nous
n
léJÊ "iwiritoii lin»
^in'*»» M^^-'^Mit^' liÉf ■
«^'fi
■''-Www»>*-«l«^''
fi
n'
10 HISTOIRE NATURELLE
parlerons bientôt. Or ^ cette femelh»
marmose n'a pas , comme la femelle sa-
riguoy une poche sous le ventre où les
petits puissent se cacher *, ce n*est donc
pas de la commodité ou du secouis, que
la poche prête aux petits , que dépend
uniquement l'effet de la longae adhé*
rence aux mamelles , non plus que ce«
lui de leur accroissement dans cette
situation immobile ; je fais cette re-
marque, afin de prévenir les conjec*
tures que Ton pourroit faire sur l'usage
de la poche , en la regardant comme
une seconde matrice, ou tout au moins
comme un abri absolument nécessaire
à ces petits prématurément nés. Il y a
des auteurs qui prétendent qu'ils res-
tent collés à la mamelle plusieurs se-
maines de suite ; d'autres disent qu'ils
ne demeurent dans la poche que pen-
dant le premier mois de leur âge. On
peut aisément ouvrir cette poche de la
mère, regarder, compter et même tou-
cher les petits sans les incommoder ^ils
■•. ,>■
f' - ..,-»■•
V
n
D U 8 ARI QUE. 11
lie quittent la tëline , qa'ilt tiennent
avec la gueule , que quand ils ont as-
ses de force pour marcher; ila se kis-
sent alors tomber dans la pocke et sor^
tant ensuite pour se promener et pour
chercher Jeur subsisffuice ; ils y.fiiiiient
souvent pour dormir^
au^si pour se cacher
épouvantés y la mère
emporte tous*, elle
avoir plua de ventre
long-temps qu'elle a
ses petits sont déjà grai
temps de la vraie gestal
perçoit peu qu'elle soit pleine?
A la seule inspection de la forme dea
pieds de cet animal , il est aisé de juger
qu'il marche mal et qu'il court lente*
ment ; aussi dit- on qu'un homme peut
l'attraper sans même précipiter son
pas. En revanche , il grimpe sur les ar-«
bres avec une extrême facilité *, il se
cache dans le feuillage pour attraper
des oiseaux ; ou j^ien il se sujspend par
I
) i
)
-S"*-
'-< -f-m
t\ J
K<
II
1
l
lU HISTOIRE NATURlîtXE
la qocae dont l'extréihitd est musca-
leuse et flexible comme une main, en
sorte qu'il pent serrer et même envi-
ronner de plus d*un tour les corps qu'il
saisit ; il reste quelquefois long- temps
dan^^çtte situation , sans ihouvement ,
lA^^^i)^^lE|^Apendu , la tète en bas ; il
^>ëpiè et aii^nct'^ petit gibier au passa-
ge ; d'antres^ Ibis^l se balance pour sâu-
tmdîfti^Arbrf) à4in autre, à- peu-près
comn^^eiles si^geib à queue />r^mx7t^f ,
%' auxquels il reiftemble aussi pour la con-
'formatioi^aés 'pieds. Quoique carnas-
sier y et ntèéne avide de sang qu'il se
plaît à sucer, il mange assez de tout/
des reptiles , des insectes , des cannes
de sucre y des patates , des racines , et
même des feuilles et des ëcorces. On'
peut le nourrir comme un animal do«
mestique ; il n'est ni féroce ni farou-
che, et on l'apprivoise aîsëmént, mais
il dëgoûte par sa mauvaise odeur qui
est plus forte que celle du renard , et
il déplaît aussi par sa vilaine figure -y
■ ■■ ;':TRs.i,Mt. y*?jé— a^»Jj»ii«*»ii<ii».^
KS> V 1»' 'W^»—^/)»! »»*|jft«<
-7 D u 8 A R I G \r E. r \9 -^
cavindëpendaT^ment de ws oreilles de
cfaoueile> deia queue de aecpeattet^de
fagueule fendue jusqu'auprès AskjpvÔLf .
^son corpë paroi t toujours sale,' parce
que 1er poil qui n'est ni lisse nifriséy .
est terne let .semble être éeuyett do
boue. Sa mauTaise odeut réside dans
la peau > car sa chair n'est par inauVaise
À mangei! , c'est même Undea'œiimaux
que les sauvages chassent de prëfi^-
rencc, et duquel il» se nourrissent le
^lus volontiers. A.
1a A M A R M b SB.
(.3, Xi'ESPÈCB de la mannose paroi t être
.voiçiliedc celle du sarigue , çUes sont
du même- climat , dans le même conti-
nent ; et ces deux animaux se ressem-
blent par la ibrme du corps , par la con-
formation de^ pieds, par la queue jore-
nante qui est couverte d'ëcailles dans la
(plus grande partie de sa longueur , et
jn'eaHtirevêtue do poU qu^ son origine \
s
•A
1]
h
h ■
t'i i
'**''**^
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14 HISTOIRE NATURELLE
par Tordre êf^n dentf , qui lont en plni
grand nombre que dans les autréa «yja**
drupèdes : maia la marmote ett bien
plus petiti que le sarigue , elle a le mu-
seau encore plut pointu ; la femelle n'a
pas de pochosous le ventre conune celle
du sarigue ; il y a seulement deux plis
longitndinanx près àei cuisses , entre
lesquels les petits se placent pour s*at-
taeher aux mamelles. Ija naissance des
petits semble être encore plus pirikioce
dans Tespèce de la marmose que ààn$
celle du sarigue ; ils sont k peine aussi
gros que de petites fèves lorsqu^ls
naissent et qu'ils vont s'attacher aux
mamelles . les portées sont aussi plus
nombreuses. Nous avons vu dix petites
marmoses , chacnne attachée à un ma-
melon > et il y avoit encore sur le ven-
tre de la mère quatre mamelons va*
cans , en sorte qu'elle avoit en tout qua-
torze mamelles ; c'est principalement
sur les femelles de cette eo|^ v ' ^n'il
faudroit faire leaobservati .uc jious
""'•v;<#«rf >»J>r»iM« ,AiiiT»iiMiH»li "t"
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'^^J}V 8ARTGUB. l5
ftTons indiquëes dafts l'article prëcë'^
dent : je suis pt. madë que ces animaux
bas
de
mettent
ception ^ et que les petits au naoment
de rexclusion ne sont encore que des
fœtus qui , même comme fœtus , n'ont
pas pris le quart de leur accroissement ;
l'accouchement de la mère est toujours
une fausse-couche très-prématnrëe , et
les fœtus ne sauvent leur vie naissante
qu'eu s'attachant aux mamelles sans
jamais les quitter jusqu'à ce qu'ils ayent
acquis le même degré d'accroissement
et de force qu'ils auroient pris naturel-
lement dons la matrice si l'exclusion
n'eût pas été prématurée. ' '
^ La marmose a les mêmes inclinations
et les mêmes mœurs que le sarigue ;
tons deux se creusent des terriers pour
se réfugier f tons deux s'accrochent
aux branches des arbres par l'extré-
mité de leur queue , et s'élancent de-Ià
sur les oiseaux et sur les petits ani«
tnaux j ils mangent aussi des fruits p
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4f HISTOIRE NATUEELLE
des graines et des racines , mais ils sont
encore plus friands de poisson et d'ëcre-
visses , qu'ils pèchent, dit-on , avecleur
queue. Ce fait est très-douteux , et
{s'accorde fort mal avec la stupidité na-
turelle qu'on reproche à ces animaux ,
qui, selon le témoignage de la plupart
des voyageurs , ne savent ni se mouvoir
à propos , ni fuir , ni se défendre.
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LE CAYOPOLIilN.
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1]
si
1
1
Le premier auteur qui ait parlé de
cet animal est Fernandès : le cayopol-
liu , dit-il, est un petit animal un peu
plus grand qu'un rat , ressemblant du
sarigUjB par le museau, les oreilles et
la queue , qui est plus épaisse et plus
forte que celle d'un rat , et de laquelle
il se sert comme d'une main ; il a les
oreilles minces et diaphanes ; le ventre,
les jambes et les pieds blancs : les petits ,
lorsqu'ils ont peur , tiennent la mère
embrassée ; elle les élève sur les ar^
[13
bres : cette espèce s'est trcuvdô dand
les montagnes do la Nouvelle-Espagne.
Celui que nous avons vu venoit cer-
tainement d'Amérique ; il ëtoit plus
grand , et il avoit le museau moins
pointu et la queue plus longue que la
marmose ; en tout il nous a pl&ru ap-
procher encore plus que la marmose de
l'espèce du sarigue. Ces trois animaux
se ressemblent beaucoup par la confor-
mation des parties intérieures et exté-
rieures f par les os surnuméraires du
bassin , par la forme des pieds , par la
naissance prématurée , la longue et
continuelle adhérence des petits aux
mamelles y et enfin par les autres ha-
bitudes de nature ; ils sont aussi tous
trois du Nouveau Monde et du mêm«
climat 'y on ne les trouve point dans les
pays froids de l'Amérique : ils sont na-
turels aux contrées méridionales de ce
continent , et peuvent vivre dans les
régions tempérées ; au reste , ce sont
tous des animaux très-laids ) leur gueule
Quadrup. V. s
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1^ HISTOIRE NATURELLE
fenâne comme celle d'un brochet , lenrt
CNreilles âe chauve-souris , leur queue
de couleuvre et leurs pieds de singe ,
présentent ime forme bi^^rre qui de-
vient encore plus dësagrëaMe par la
mauvaise odeur qu'ils exhalent , et par
la lenteur et la stupidité dont leurs ac-
tions et tous leurs mouvemens parois-
sent accompagnes.
liE CRABIER.
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ïiE nom crabier , ou chien crabier ,
que l'on a donné à cet animal , vient
de ce qu'il se nourrit principalement
de crabes. Il a très>peu de rapport an
diicn ou au renard , auxquels les voya-
geurs ont vonhi \e comparer. Il auroit
plus de rapport avec les sarigues , mais
il est beaucoup plus gi'os, et d'ailleurs
la femelle du crabier ne porte pas ,
comme la femelle du sarigue , ses petïts
dans une poche sous le ventre ; ainsi ,
le crabier nous parolt être d'une espèoe
JlttmnAftaff'ilBIEi^t^BjfJSfeft!^
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u^or
DU SARIGUE.' 1^'
isolée et différente de toutes celles que
nous avons décrites.
Cet animal , que nous conservons au
cabinet du roi , étoit encore jeune lors-
qu'on nous a envoyé sa dépouille ; il
est mâl« , et voici la description que
nous en avons pu faire.
La longueur du corps entier ^ depuis
le bout du nez jusqu'à l'origine de U
queue^ est d^environ dix-sept poucesJI
La hauteur du traÂn de devant , de
six pouces trois^ lignes , et celle du train
de derrière de six pouces six lignes.
La queue , qui est grisâtre , écail-
leuse et sans poil , a quinze pouces et
demi de longueur , sur dix lignes de
grosseur à son commencement ^ elle
est très-menue à son extrémité.
Comme cet animal est fort bas de
jambes , il a de loin quelques ressem-
blances avec le chien basset ; la tête
même n'est pas fort différente de celle
d'un chien : elle n'a que quatre pouces
une ligne de longueur , depuis le bout
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90 HISTOIRE NATURELLE
du nez jusqu'à Pocciput ; l'œil n'est pas
grand , le bord des paupières est noir,
et au-dessus de l'œil se trouvent de
longs poils qui ont jusqu'à quinze li-
gnes de longueur j il y en p. aussi de
semblables à côté de la joue vers l'o-
reille. Les moustaches autour de la
gueule sont noires , et ont jusqu'à dix-
sept lignes de long ; l'ouverture de la
gueule est de près de deux pouces ; la
mâchoire supérieure est armée de cha«
que oôté d'une dent canine crochue
et qui excède sur la mâchoire inférieu-
re j l'oreille , qui est de couleur brune ,
paroît tomber un peu sur elle-même ,
elle est nue ; large et ronde à son extré-^
mité.
Le poil du corps est laineux et par-
semé d'autres grands poils roides , noi-
râtres , qui vont en augmentant sur les
cuisses et vers l'épine du dos , qui est
toute couverte de ces longs poils ; ce
qui forme à cet animal une espèce de
crinière , depuis le milieu du dos jus*
- DU SARIGUE. ^ fli^
qu'an commencement de la queue ; ces
poils sont d'un blanc-sale à leur origine
jusqu'au milieu , et ensuite d'un brun-
minime jusqu'à Textrëmité. Le poil des
côtés est d'un blanc-jaune, ainsi que sous
le ventre , mais il tire plus sur le fauve
vers les épaules , les cuisses , le cou , la
poitrine et la tête , où cette teinte de
fauve est mélangée de brun dans quel-
ques endroits. Les côtés du con sont
fauves. Les jambes et les pieds sont
d'un brun-noirâtre *, il y a cinq doigts à
chaque pied \ le pied de devant a un pou-
ce neuf lignes, et l'ongle en gouttière
deux lignes ; les doigts sont un peu plies,
comme ceux des rats ; il n'y a que le
pouce qui soit droit -, les pieds de der-
rière ont un pouce huit lignes , les plus
grands doigts neuf lignes; le pouce six
lignes ; il est gros , large et écarté
comme dans les singes \ l'ongle en est
plat , tandis que les ongles des quatre
autres doigts sont crochus et excèdent
le bout des doigts. Le pouce du pied
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mx HISTOIRE NATURELLE
de devient est droit , et n'est point
ëcartë de l'autre doigt. .».,,,. .,
M. de la Borde m'a écrit que cet
animal étoit fort commun à Cayenne ,
et qu'il habite toujours les palétuviers
et autres endroits marécageux.
j « 11 est, dit-il, lort leste pour grim-
per sur les arbres sur lesquelsil se tient
plus souvent qu'à terre , sur-tout pen-
dant le jour. Il a de bonnes dents, et
se défend contre les chiens -, les crabes
font sa principale nourriture , et lui
profitent , car il est toujours gras.
Quand il ne peut pe^s tirer les crabes
de leur trou avec sa patte , il y intro-
duit sa queue , dont il se sert comme
d'un crocliet ; le crabe , qui lui serre
quelquefois la queue , le fait crier , ce
eri ressemble assez à celui d'un homme,
et s'entend de fort loin ; mais sa voix
ordinaire est une espèce de grognement
semblable à celui dea petits cochons. I^
produit quatre ou cinq petits , et les
dépose dans de vieux arbres creux j les
ni
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cet
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D U 8 A R I G U E. 9|3
naturels du pays en mangent la chair ^
qui a quelque rapport à ceUe du lièvre.
Au reste , ces animaux se familiarisent
aisëment , et on les nourrit à la mai-
son comme les chiens et les chats ,
c*est.-à^dire , avec toutes sortes d'ali^^
mens ; ainsi , leur goût pour la chaii;
du crabe , n'est point du tout un goût
exclusif». y*' ,>
On prëtend qu'il se trouye,. dans le»
terres de Cayenne deux espèces d'ani-
maux ) auxquelles on donne le même
nom de crabier , parce que tous deiJUÇ
mangent des crabes. Le premier est ce-
lui dont nous venons de parler ^ l'autre
c&t non-seulement d'une espèce différen-
te , mais paroît même être d'un autre
genre. Il a la queue toute garnie de
poil , et ne prend les crabes qu'avec ses-
pattes. Ces deux animaux ne se res-
semblent que par la tête , et diffèrent
par lac forme et les proportions du
corps , aussi bipn qjie par la conforma-
tion des pieds et des ongles.
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94 HISTOIRE NATURELLE
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Le i^HALANGER.
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Nous appelons cet animal phalanger,
parce qu'il a les phalanges nngulière*
ment conformées , et que de quatre
doigts qui correspondent aux cinq on-
gles dont ses pieds de derrière sont ar-
més , le premier est soudé avec son
voisin , en sorte que ce double doigt
fait la fourche et ne se sépare qu'à la
dernière phalange pour arriver aux
deux ongles. Le pouce est séparé des
autres doigts et n'a point d'ongle à son
extrémité : ce dernier caractère , quoi-
que remarquable , n'est point unique ;
le sarigue et la marmose ont le pouce
de même ; mais aucun n'a comme ce-
lui-ci les phalanges soudées. Le pha-
Jfanger ne se trouve point dans les ter-
res de l'Amérique. Il est originaire des
Indes méridionales et mèrne des terres
australes ; comme de la Nouyelle-Hol^
lande.
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DU SARIGUE.
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LE FHILÂNDRE DE SURINAM.
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Cet animal a les yeux très-brillans
et environnes d'un cercle de poil brun-
foncé ; le corps couvert d'un poil doux
ou plutôt d'une espèce de laine d'un
jaune roux ou rouge , clair sur le dos ;
le front , le museau , le ventre et les
pieds sont d'un jaune blanchâtre ', les
oreilles sont nues et assez roides ; il y a
de longs poils en forme de moustaches
sur la lèvre supérieure et aussi au-
dessus des yeux ; ses dents sont poin-
tues et piquantes; sur la queue, qui est
nue et d'une couleur pâle , il y a dans
le mâle des taches d'un rouge-obscur
qui ne se remarquent pas sur la queue
de la femelle ; les pieds ressemblent
aux mains d'un singe ^ ceux de devant
ont les quatre doigts et le pouce garnis
d'ongles courts et obtus , au lieu que
des cinq doigts des pieds de derrière ,
il n'y a que le pouce qui ait un onglu
.••4i'.ii.fti.
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ÉL'Sâlàtl!
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96 HISTOIRE NATURELLE
plat et obtus , les quatre antres sont
armes de petits ongles crochus. Les pe-
tits de ces animaux ont un grognement
assez semblable à celui d'un petit CO'
chon de lait. Ces philaudres produisent
cinq ou six petits ; ils ont la queue très-
longue et prenante comme celle de»
sapajous ; les petits montent sur le dos
de leur mère , et s'y tiennent en ac-^
crochant leur queue à la sienao ; dans
cette situation qui leur est familière ,
elle les porte et transporte avec autant
de sûreté que de lëgëretë.
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Espèces connues clins ce genre.
Le Sarigue , ou VO^^oMwn fdidelphis Opos"
Le Cayopollin , didelphis Cayopollin,
Le Marmose , didelphis Marina.
Lf^ Fhilandre de Surinam , didelphis Dot'
sigera.
Le Crabier , didelphis Cancrivera.
Le Sarigue à courte queue ^ didelphis Bra-
chyura.
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Lf Fhalanger , didelphis Orientalia»
Le Kanguro , didelphis Gigantea.
LeTaraier^ didelphis M acrotaraua.
( Ces deux derniers animaux sont placés ^
par Buffon , dans les Gerhoises, }
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D E L A T A U P E. 29
tites mains à cinq doigts , bien diffé-
rentes de l'extrcmitë des pieds des au-
treâ animaux, et presque semblables
aux mains de Thomme ; beaucoup de
force pour le volume de son corps , le
cuir ferme, un embonpoint constant,
un attachement vif et réciproque du
mâle et de la femelle , de la crainte ou
du dégoût pour toute autre société,
les douces habitudes du repos et de la
solitude , l'art de se mettre en sûreté,
de se faire en un instant un asyle , un
domicile , la facilité de l'étendre et d*y
trouver sans en sortir une abondante
subsistance. Voilà sa nature, ses mœurs
et ses talens , sans doute préférables à
des qualités plus brillantes et plus in-
compatibles avec le bonheur que l'obs-
curité la plus profonde.
Elle ferme l'entrée de sa retraite ,
n'en sort presque jamais qu'elle n'y
soit forcée par l'abondance des pluies
d'été , lorsque Teau la remplit ou lors-
que le pied du jardinier en affaisse le
Quadrup. V. 3
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•50 HISTOIRE NATURELLE
dôme : elle se pratique une voûte en
rond dans les prairîes , et assez ordi-
liairement un boyau long dans les jar-
dins , parce qu'il y a plus de facilite à
diviser et à soulever une terre meu-
ble et cultivée qu'un gazon ferme et
tissu de racines ; elle ne demeure ni
dans la fange ni dans les terreins durs ,
trop compactes ou trop pierreux ; il
lui faut une terre douce , fournie de
racines esculentes , et snr-tout bien
jpeuplée d'inseotes et de vers , dont elle
fait sa principale nourriture.
Comme les taupes ne sortent que ra-
rement de leur domicile souterrain,
elles ont peu d'ennemis , et échappent
aisément aux animau3c carnassiers :
leur ^lus grand iléau est le déborde-
ment des rivières ; on les voit dans les
inondations^ fuiren nombre à latiage,
et faire tous leiilTs efforts pour gagner
l^ terres pl«s élevées j mais la plupart
ji>érîssent , aussi-'bien que lèUTs petits
%ui restent dans les trou^ ; satts cela ^
...4--.s(..
' ^. ^ » -ât;
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'■Tv*"VWi'
!*«'■
D E L A T A U P E. 5l
les grands talens qu'elles ont pour la
mnltiplication nous deviendroient trop
incommodes. Elles s'accouplent versi
la fin de l'hiver ; elles ne portent pas
long-temps , car on trouve déjà beau-
coup de petits au mois de mai , il yen a
ordinairement quatre ou cinq dans cha-
que portée y et il est assez aise de dis-
tinguer , parmi les mottes qu'elles élè-
vent , celles sous losquelU? elles met-
tent bas j ces mottes sont faites avec
beaucoup d'art , et sont ordinairement
plus grosses et plus élevées que les au-
tres. Je crois que ces animaux produi-
sent plus d'une fois par an, mais je ne
puis pas l'assurer ; ce qu'il y a de cer-»
tain , c'est qu'on trouve des petits de-
puis le mois d'avril jusqu'au mois
d'août: peut-être aussi que les unes
s'accouplent plus tard que les autres.
JLe domicile oii elles font leurs petits
mériteroit une description particuliè-
re. Il est fait avec une intelligence sin-
gulière ', elles commencent par pou&-
%
1
K. V'
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'^
I l||i ilWltl
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i
\
32 HISTOIRE NATURELLE
ser, par élever la terre et former une
voûte assez élevée ; elles laissent des
cloisons , des espèces de piliers de dis-
tace en distance ', elles pressent et bat'
tent la terre , la mêlent avec des raci-
nes et des herbes y et la rendent si dure et
si solide par-dessous , que l'eau ne peut
pas pénétrer la voûte à cause de sa
convexité et de sa solidité -, elles élè-
vent ensuite un tertre par-dessous , au
sommet duquel elles apportent de
Fherbe et des feuilles pour faire tui lit
à leurs petits ; dans cette situation ils
se trouvent au-dessus du niveau du
terrein -y et par conséquent à l'abri des
inondations ordinaires , et en même
temps à couvert de la pluie , par la
voûte qui recouvre le tertre sur le-
quel ils reposent. Ce tertre est per-
cé tout autour de plusieurs trous en
pente , qui descendent plus bas et s'é-
tendent de tous côtés ; comme autant
de routes souterraines par oà la mère
taupe peut aortir et aller chercher la
' •'■■'■»- -v4^vV>5#*-"''*
s.» "r'j:."»-» »■■ --•
au
DBLATAtTPE. 35
subsistance nécessaire à ses petits ; ces
sentiers souterrains sont fermés et bat-
tus, s'étendent à douze ou quinze pas,
et partent tous du domicile comme des
rayons d'un centre. On y trouve, aussi-
bien que s*:us la voûte, des débris d'oi-
gnons de colchique , qui sont apparem-
ment la première nourriture qu'elle
donne à ses petits. On voit bien par
cette disposition qu'elle ne sort jamais
qu'à une distance considérable de son
domicile , et que la manière la plus
simple et la plus sûre de la prendre avec
ses petits , est de faire autour une
tranchée qui l'environne en entier et
qui coupe toutes les communications ;
mais comme la taupe fuit au moindre
bruit, et qu'elle tâche d'emmener ses
petits , il faut trois ou quatre hommes
qui , travaillant ensemble avec la bêche ,
enlèvent la motte toute entière ou fas-
sent une tranchée presque dans un mo-
ment , et qui ensuite les saisissent ou
les attendent aux issues.
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94 HISTOIRE NATURELLE
-. Quelques auteurs ont dit. mal-à-pro-
pos que la taupe et le blaireau dor*
moient sans manger pendant Thiver
entier. Le blaireau , comme nous l'avons
dit , sort de son trou en hiver comme en
ëté , pour chercher sa subsistance , et il
est aisé de s'en assurer par les traces
qu'il laisse sur la neige. La taupe dort
si peu pendant tout l'hiver, qu'elle
pousse Ja terre comme en été , et
que les gens de la campagne disent,
eomme par proverbe : les taupes pous-
sent, le dégel n'est pas loin. Elles cher-
client à la vérité les endroits les plus
chauds : les jardiniers en prennent sou-
vent autour de leurs couches aux mois
de décembre, de janvier et de féiçrier.
'.: La taupe ne se trouve guère que
dans les pays cultivés , il n'y en a point
dans les déserts arides ni dans-les. cli-
mats froids, où la terre est gelée pen-
dant la plus grande partie de l'année.
JLi'animal qu'on a appelé taupe deSibé-
rie, qui a le poil vert et or, est d'une
ï
iwfl^âf^îL*yi-
-j,jf%yfn^:T^tf .
*'~-*' <■■ *«,
DEI TAUPE. 35
espèce différente de nos taupes , qui no
sont en abondance que depuis la Suède
jusqu'en Barbarie*, car le silence des
voyageurs nous fait présumer qu'elles
ne se trouvent point dans les climats
plus chauds. Celles d'Amérique sont
aussi différentes : la taupe de Virginie
est cependant assez semblable à la nô-'
tre , à l'exception de la couleur du poil ,
qui est mêlée de pourpre foncé ; mai»
la taupe rotige d'Amérique est un autre
animal. Il y a seulement deux ou trois
variétés dans l'espèce commune de nos
taupes : on en trouve de plus ou moins
brunes et de plus ou moins noires :
nous en avons vu de toutes blanches ^
€t Sebafait mention et donne la figure
d'une taupe tachée de noir et de blanc,
qui se trouve en Ost-Frise, et qui est un
peu plus grosse que la taupe ordinaire.
LE T uc A N. ::
Fernandès donne le nom de tucan à
uu petit quadrupède de la Nouvelle-
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3^ HISTOIRE NATURELLE
Espagne y dont la grandeur, la figure et
les habitudes naturelles approclient
plus de celles de la taupe que d'aucun
autre animal ; il me paroi t que c'est le
même qu'a dtfcrit Seba , sous le nom do
taupe rouge d'Amérique \ au moins les
descriptions de ces deux auteurs s'ac-
cordent assez pour qu'on doive le pré-
sumer. Le tucan est peut-être un peu
plus grand que notre taupe, il est commo
elle gras et charnu , avec des jambes si
courtes que le ventre touche à terre ;
il a la queue courte, les oreilles petites
et rondes , les yeux si petits qu'ils lui
sont , pour ainsi dire , inutiles \ mais il
diffère de la taupe par la couleur du
poil ) qui est d'un jaune-roux , et par
le nombre des doigts, n'en ayant que
trois aux pieds de devant et quatre à
ceux de derrière, au lieu que la taupe
a cinq doigts à tous les pieds; il paroît
en diiférer encore en ce que sa chair est
bonne à manger y et qu'il n'a pas l'ins-
tinct delà taupe pour retrouver sa re-
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truite lorsqu'il eti est sorti*, il creuse à
chaque fois un nouveau trou.
LA TAUPE DORÉE.
Il parott qu*jl y a en Sibérie un©
sorte de taupe qu'on appelle taupe do-
rée, et dont l'espèce pourroit être dif-
férente de celle de la taupe ordinaire ,
parce que cette taupe de Sibérie n'a
poin do queue, et qu'elle a le museau
court , le poil mêlé de roux et de vert,
et qu'elle n'a que trois doigts aux pieds
de devant et quatre aux pieds de der-
lière , au lieu que la taupe ordinaire a
cinq doigts à tous les pieds.
Espèces connues dans ce genre.
La Taupe d'Europe , talpa EuropœO' ^ '
La Taupe à longue queue , talpa Longi"
caudata. , , . • ,
Le Tucan, talpa Rubra,
La Taupe dorée, talpa Asiatica.
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38 HISTOIRB NATURELLK
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XX' GENRE.
LA MUSARAIGNE, sorex.
Caractère générique : deux dents iiici«
sives supërieurcs ; quatre inférieures.
LA MUSARAIGNE.
La musaraigne semble faire une nuan-
ce dans l'ordre des petits animaux , et
remplir l'intervalle qui se trouve entre
le rat et la taupe , qui se ressemblant
par leur petitesse , différent beaucoup
par la forme , et sont en tout d'espèces
très-éloignées. lia musaraigne , plus
petite encore que la souris, ressemble
à la taupe par le museau, ayant le nez
beaucoup plus alongo que les mâchoi-
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DE LA MUSARAIGNE. ^9
res ; par les yeux qui , quoiqu'un peu
plus gros que ceux de la taupe, sont
cachds de même , et sont beaucoup plus
petits que ceux de la souris ; par le
nombre des doigts , dont elle a cinq à
tous les pieds ; * par la queue , par les
jambes , sur- tout celles de derrière ,
qu'elle a plus courtes que la souris -, par
lés oreilles , et enfin par les dents. Ce
't H - petit animal a une odeur forte
'r-n iui est particulière , et qui répugne
aux cbats ; ils chassent , ils tuent la
musaraigne , mais ils ne la mangent
pas comme la souris. C'est apparem-
ment cette mauvaise odeur et cette
répugnance des cbats qui a fonde le
préjugé du venin de cet animal, et de
sa morsure dangereuse pour le bétail ,
sur-tout pour les chevaux ; cependant
il n'est ni venimeux, ni même capable
de mordre , car il n'a pas l'ouverture
de la gueule assez grande pour pouvoir
saisir la double épaisseur de la peau
d'un autre animal , ce qui cependant
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4o HISTOIRE NATURELLE
est absolument nécessaire pour mor*
dre ; et la maladie des chevaux , que le
vulgaire attribue à la dent de la musa-
raigne , est une enflure , une espèce
d'anthrax , qui vient d*une cause in-
terne^ et qui n'a nul rapport avec la
morsure , ou si Ton veut , la piqûre
de ce petit animal. Il habite assez coni«
munëment , sur- tout pendant l'hiver ,
dans les greniers à foin y dans les écu-
ries , dans les granges , dans les cours à
fumier^ il mange du grain , des insectes
et des chairs pourries *, on le trouve
aussi fréquemment à la campagne,
dans les bois , où il vit de graines ; et il
se cache sous la mousse^ sous les feuilles,
sous les troncs d'arbres , et quelquefois
dans les trous abandonnés par les tau-
pes , ou dans d'autres trous plus petits
qu'il se pratique lui même en fouillant
avec les ongles et le museau. La musa-
raigne produit en grand nombre , au-
tant , dit-on , que la souris y quoique
moins fréquemment. Elle a le cri beau-
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DE LA MUSARAIGNE. 4l
coup plus aigu que la souris , mais elle
n'est pas adssi agile à beaucoup près :
on la prend , aisément , parce qu'elle
voit et court mal. La couleur ordinaire
de la musaraigne est d'un brun mêle
de roux , mais il y en a aussi de cen-
drées , de presque noires, et toutes sont
plus ou moins blanchâtres sous le ven-
tre. Elles sont très-communes dans
toute l'Europe , mais il ne paroît pas
qu'on les retrouve en Amérique. L'ani-
mal du Brésil dont Marcgravc parle ,
sous le nom demusaraigîie, quia, dit-iJ,
le museau très-pointu et trois bandes
noires sur le dos, est plus gros , et pa-
roît être d'une autre espèce que npt^;o
musaraigne. -
n
LA MUSARAIGNE D'EAU.
Tout ce que je puis assurer au sujet
de la musaraigne d'eau , c'est qu'on la
prend à la source des fontaines , au lever
vt au coucher du soleil j que dans le
Quadrup. V. 4
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4a HISTOIRE KATVHBLLB
jour ello reste cachëe dans des fentes
de rochers ou dans des trous sous terre ,
le long des petits ruisseaux ; qu'elle
met bas au printemps , et qu'ordinaire-
ment elle produit neuf petits.
L E D E S M A N.
Le desman on rat zinsquë de Mos-
covie , a les pieds de derrière rënnis
par une membrane , les yeux extrême-
ment petits , le museau prolonge comme
la musaraigne, la queue plate et fort
longue. Il porte, près des reins, des fol-
lëcules qui contiennent une espèce de
musc , sous le. forme d'une humeur
laiteuse.
LA MUSARAIGNE DU BRÉSIL.
Nous indiquons cet animal par la
dénomination de musaraigne du Brésil ,
parce que nous en ignorons le nom , et
qu'il ressemble plus à la. musaraigne
•^''^l'A'
ii.
es fentea
us terre ,
; qu'elle
rdinaire-
L
ie Mos-
B rënnis
xtrême-
é comme
I et fort
, des fol-
spèce de
humeur
DE LA MUSARAIGNE. t3
qu^à aucun animal, il est cependant
considérablement plus grand, ayant
environ cinq pouces depuis l'extrëmité
du museau jusqu'à l'origine de la queue,
qui n'a pas deux pouces pi a le museau
pointu et les dents très-aiguëes : sur un
fond de poil brun , on remarque trois
bandes noires assez larges qui s'éten-
dent longitttdinaleraent depuis la têto
jusqu'à la queue. Cet animal , dit Marc-
grave, jouoitavec les chats, qui d'ail-
leurs ne se soucient pas de le manger ;
et c'est encore une chose qu'il a do
commun avec la musaraigne d'Europe ^
que les chats tuent ^ mais qu'ils ne
mangent jamais.
lESIL.
[ par la
i Brésil,
dom , et
araigne
Espèces connues dans ce genre.
la Musaraigne ralliée , sorex Cristatus*
J.e Desman , sorex Moschatus,
La Musaraigne d'eau , sor«x Fodiens*
.^4^.,v^-4.... ■-.•
44 HISTOIRE NATURELLE
La Musaraigne commune , sorex Araneus,
La Musaraigne de Perse , sorex Pusillus»
La Musaraigne du Brésil , sorex Brasilieii'
sis-
La très -petite Musaraigne, sorex Minimus*
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XXI» GENRE.
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LE HÉRISSON, erinaceus.
Caractère générique : deux dents inci-
sives supérieures , deux inférieures. <
LE HÉRISSON.
Le renard fait beaucoup de choses,
le hérisson n'en fait qu'une grande ,
disoient proverbialement les anciens.
IL sait se défendre sans combattre , et
blesser sans attaquer : n'ayant que peu
de force et nulle agilité pom fuir , il a
reçu de la nature une armure é .^>:5U-
se , avec la facilité de se rcssen ^i* en
boule et de présenter de tous côtés des
armes défensives, poignantes, et qui
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>
40 HISTOIRE NATURELLE
rebutent ses ennemis ; plus ils le tour'
mentent , plus il se hérisse et se res-
serre. Il se défend encore par TefFet
même de la peur , il lâche son urine ,
dont l'odeur et l'humidité se répandant
sur tout son corps, achèvent de les dé-
goûter. Aussi la plupart des chiens se
contentent de l'aboyer et ne se soucient
pas de le saisir : cependant il y en a
ffuelques-uns qui trouvent moyen ,
comme le renard , d'en venir à bout en
se piquant les pieds et se mettant la
gueule en sang ; mais il ne' craint ni la
fouine , ni la marte , ni le putois , ni le
furet , ni la belette , ni les oiseaux de
proie. La femelk et le mâle sont éga-
lement couverts d'épines depuis la tête
|itRq,u'à ïa. queue , et il n'y a que le des-
sous du corps qui soit garni de poils;
ainsi ces mêmes armes qui leur sont si
utiles contre les autres , leur devien-
nent très-incommodes lorsqu'ils veu-
lent s'unir : ils ne peuvent s'accoupler
i k manière des autres quadrupèdes ;.
é^
DU HÉRISSON. 47
il faut qu'ils soient face à face , debout
ou couches. C'est au printemps qu'ils se
cherchent , et ils produisent au com-
mencement de l'été. On m'a souvent
apporté la mère et les petits au mois do
juin: il y en a ordinairement trois ou
quatre , et quelquefois cinq ; ils sont
blancs dans ces premiers temps, et l'on
voit seulement sur leur peau la nais-
sance des épines. J'ai voulu en élever
quelques-uns , on a mis plus d'une fois
la mère et les petits dans un tonneau
avec une abondante provision ; mais au
lieu de les alaiter, elle lésa dévorés les
uns après les autres. Ce n'étoit pas par
le besoin de nourriture , car elle man-
geoit de la viande , du pain , du son ,
des fruits , et l'on n'auroit pas imaginé
qu'un animal aussi lent , aussi pares-
seux , auquel il ne manquoit rien que
la liberté , fût de si mauvaise humeur ,
et si fâché d'être en prison \ il a même
de la malice , et de la même sorte que
celle du singe. Un hérisson qui s'étoit
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''
48 HISTOIRE NATURELLE
glisse dans la cuisine découvrit une
petite marmite, en tira la viande et
y fît ses ordures. J'ai gardé des mâles'et
des femelles ensemble dans unecbam'
bre y ils ont véoU| mais ils ne se sont
point acconplës. J'en ai lâché plusieurs
dans mes jardins , ils n'y font pas grand
mal , et à peine s'apperçoit-on qu'ils y
babitent , ils vivent des fruits tombés,
ils fouillent la terre avec le nez à une
petite profondeur ; ils mangent les han-
netons j les scarabées , les grillons , les
vers et quelques racines *, ils sont aussi
très avides de. viande , et la mangent
cuite ou crue. A la ci'c mpagne , on les
trouve fréquemment dans les bois, sous
les troncs des vieux arbres , et aussi
dans les fentes de rochers , et sur~tout
dans les monceaux de pierres qu'on
amasse dans les champs et dans les vi-
gnes. Je ne crois pas qu'ils montent sur
les arbres , comme le disent les natu-
ralistes , ni qu'ils se servent de leurs
épines pour emporter des fruits ou dea
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DU HÉRISSO N. T 49^
grains de raisin : c'est avec la gueule
qu'ils prennent ce qu'ils veulent saisir ;
et quoiqu'il y en ait un grand nombre
dans nos forêts, nous n'en avons jamais
TU sur les arbres ; ils se tiennent tou-
jours au pied dans un creux ou sous la
mousse , ils ne bougent pas tant qu'il '
est jour f mais ils courent ou plutôt ils
marchent pendant toute la nuit ; ils
approchent rarement des habitations;
ils préfèrent les lieux élevés et secs ,
quoiqu'ils se trouvent ciussi quelquefois
dans les prés. On les prend à la main ,
ils ne fuient pas , ils ne se défendent ni
des pieds ni des dents , mais ils se met-
tent en boule dès qu'on les touche, et
pour les faire étendre il faut les plon-
ger dans l'eau. Ils dorment pendant
l'hiver *, ainsi les provisions qu'on dit
qu'ils font pendant l'été leur seraient
bien inutiles. Ils ne mangent pas beau-
coup , et peuvent se passer assez long-
temps de nourriture. Ils ont le sang
froid à-peu-près comme les autres ani-:
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S^ HISTOIRE NATURELLE
maux qui dorment en hiver. Leur chair
n'estpas bonne à manger , et leur peau,
dbnt on ne fait maintenant aucun usa-
^ , servoit autrefois de vergette et de
frottoir pour serancer le chanvre. * ^
B en est des deux espèces de héris-
son , Fun à groin de cor^hon , et Fautre
à museau dé cbien> dont parlent quel-
ques auteurs, comme des deux espèces
de blaireau ; nous n'en connoissons-
qu'une seule , et qui n'a même aucune
variété dans ces climats : elle est assez
généralement répandue , on en trouve
par-tout en Europe , à l'exception des
pays les plus (Voids , comme la Lapo-
irie, laNorwège. '
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LE TàURECÎ et le TÉNDRAC.
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liEs tanrecs ou tendracs sont de
petits animaux des Indes orientales ,
qui ressemblent un peu à notre héris-
son , mais qui cependant en di£Fèrent
assez pour constituer des espèces dif-
^; . ■» .
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«urohaii*
ur peau,
sun usa-
te et de
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B hëris-
; Fautre
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espèces
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aucune
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Lapo-
C. ^
nt de
taies ,
^rent
I dif-
D U H É R I 8 8 O N. 5i
férentes ; ce qui le prouve , indépen-
damment de l'inspection et de la com*
paraison , c'est qu'ils ne se mettent
point en boule comme le liérinson , et
que dans les mêmes endroits où se trou-
vent les tanrecs , comme à Madagas-
car , on y trouve aussi des hérissons de
la même espèce que les nôtres, qui ne
portent pas le nom de tanrec, mais
qui s'appellent sora.
Il paroit qu'il y a des tanrecs dedeuK
espèces , ou peut-être de deux races
diflférentes *, le premier qui est à-{)eu-
près grand comme notre hérisson , a
le museau à proportion plus long que le
second ; il a aussi les oreilles plus appa-
rentes et beaucoup moins de piqnans
que le second , auquel nous avons don-
né le nom de tendrac pour le distinguer
du premier ; ce tendrac n'est que d t; la
candeur d'an jgros rat ; il a le museau
et les oreilles plus courts que le tan-
rec ; celui-ci est cv ivert de piquans
plus petits I mais aussi, nombyuxquo
iV
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._^-y_^£„
' «^ I" 'mmm.. w^w»,..^ ■>- j^^ ■' mimm^f^^j^^-'-^^^ ■■.■
■t
52 HISTOIRE NATUrFLlIÎ
coux du hërisson, lelcnJrac aj;-, coïh
tmiren'ena que sur la tête , le cou eilv
garrot; le reste le sosi corps psl cou-
vert d*un poii rude asse^ semblable aux
soies «îe cochi^n.
Ces petits animaux qui ont les fiiin-
bes très-courtes, ne peuvent marcher
que fort lentement ; ils gn v>gnent com-
me les pourceaux 9 ils se vautrent corn*
me eux dans la fange , ils aiment Peau
et y séjournent plus long-temps que
sur terre : on les prend dans les petits
canaux d'eau salée et dans les lagunes
de la mer ; ils sont très - ardens ea
amour et multiplient beaucoup ; ils
se creusent des terriers, s'y retirent
et s'engourdissent pendant plusieurs
mois ; dans cet état de torpeur , leur
poil tombe et il renaît après leur réveil;
ils sont ordinairement fort gras , et
quoique leur chair soit fade , longue et
mollasse, les Indiens la trouvent de leur
goût, et en sont même fort friands.
û
i r-R.'
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à
DU HÉRISSON^Tr 53
Espèces connues dans ce genre.
ÎC3 jim-
ent com-
!nt com-
snt Peau
nps que
es petits
lagunes
lens en.
mp; ils
retirent
lusieurs
ir , leur
r rëveilj
■[ras , et
»nguc et
t de leur
ands. '
Le Hérisson commun , erinaceuè Euro'
pœus.
Le Hérisson à lon|{ues oreilles , erinaceus
Auritus.
Le Tendrac , erinaceus Setosus.y - I i
Le Tanrec, erinaceus Ecaudatus,
ti. ii.yuhr-i a«'fc^■^
».:n;.<f ■{<:
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Quadrup
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-«tEts^.?fe.i«tai*e:;- . î^'^iw*^^
S4 HISTOIRE NATURELLE
X X I r GENRE.
LEP0RC.ÉPIC,Hi5rii/x,
Caractère génériqt',e : corps couvert de
piquans.
LE PORC-ÉPI C.
Jl ne faut pas que le nom de porc-
épineux qu'on a donne à cet animal ,
dans la plupart des langues de TEuro-
de , nous induise en erreur y et fasse
imaginer que le porc-ëpic soit en effet
un cochon chargé d'épines : car il ne
ressemble au cochon que par le grogne-
ment ; par tout le reste , il en diffère au-
tant qu'aucun autre animal , tant pour
la figure que pour la conformatign in-
i -% *'^-'r*l-«
,»ir.=Jt-«k.,i
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^MSkm^^^^y imwgi'iiii'
DU PORC-éPIC. 55
tëricure ; au lieu d'une tête alongëe ,
surmontée do longues oreilles , armëe de
défenses et terminée par un boutoir ;
au lieu d'un pied fourchu çt garni de
sabots comme le cochon , le porc-épie
a , comme le castor , U tête courte ,
deux grandes dents incisives en avant
de chaque mâchoire, nulles défenses
ou dents canines, le npiuseau fendu
comme le lièvre , les oreilles rondes et
applaties, et les pieds armés d'ongles :
au lieu d'un grand estomac avec un
appendice en forme de capuchon, qui,
dans le cochon , semble faire la nuance
entre les ruminans et les autres ani-
maux, le porc -épie n'a qu'un simple
estomac et un grand cœcum ; et l'on
peut dire que , par tous ces rapports
aussi bien que par la queue courte , la
longue moustache , la lèvre divisée ,
il approche beaucoup plus du lièvre
ou du castor que du cochon. Le héris-
son qui , comme le porc-épic , est armé
de piquans, ressembleroit plus au co-
i
i
I- >»
56 HISTOIRE NATURELLE
chon , car il a le museau long et termi-
ne par une espèce de groin en bou-
toir ; mais toutes ces ressemblances
ëtant fort éloignées , et toutes les difiFé-
rences étant présentes et réelles , il
n'est pas douteux que le porc-épic n©
soit d'une espèce particulière et diffé-
rente de celle du hérisson , du castor ,
du lièvre , ou de tout autre animal au-
quel on voudroit le comparer.
Il ne faut pas non plus ajouter foi à
ce que disent presqu'unanimement les
voyageurs et les naturalistes , qui don-
nent à cet animal la faculté de lancer ses
piquans à une assez grande distance et
avec assez de force pour percer et bles-
ser profondément , ni s'imaginer avec
eux , que ses piquans , tout séparés
qu'ils sont du corps de l'animal, ont la
propriété très-extraordinaire et toute
particulière de pénétrer d'eux-mêmes
et par leurs propres forces, plus avant
dans les chairs , dès que la pointe y
est une fois entrée : ce dernier fait est
I
•**»CiU«.— •■
:-*%ï.
MmxeÊrff-i
*-*ir;;- «• ",
ELLE
ig et tcrmi-
n en bou-
ssemblances
tes les difle-
rëelles , il
orc-épic ne
ère etdiffé-
, du castor ,
animal au-
îr.
■-;!'
jouter foi à
mement les
s , qui don-
le lancer ses
distance et
•cer et bles-
iginer avec
5ut séparés
mal, ont la
^•e et toute
ux-mêmes
olus avant
* pointe y
ier fait est
DU PORC-ÉPIC. 57
purement imaginaire et destitue de
tout fondement , de toute raison ; le
premier est aussi faux que le second ,
mais au moins l'erreur paroît fondée
sur ce que l'animal , lorsqu'il est ir-
rité ou seulement agite , redresse ses
piquans , les remue , et que comme il
y a de ses piquans qui ne tiennent à
ia peau que par une espèce de filet
ou de pédicule délié , ils tombent aisé-
ment. Nous avons vu des porcs-épics
vivans , et jamais nous n** les a ^^'
vus, quoique violcmmer^c excités, dar-
der leurs piquans : on n« peut donc
trop s'étonner que les auteurs les plus
graves , tant anciens que modernes ,
que les voyageurs les plus sensés soient
toils d'accord sur un fait aussi faux :
quelques-uns d'entr'eux disent avoir
eux-mêmes été blessés de cette espè-
ce de jaculation , d'autres assurent
qu'elle se fait avec tant de roideur ,
que le dard ou piquant peut percer
une planche à quelques pas de distance.
••
.(■
i
)\
/
.1::
"■— ' ■vjiill.aidwaiiK^Mt*- • '■ - "-^
-*.^*
r
58 HISTOIRE NATURELLE
Le merveilleux, qui n'est que le faux
qui fait plaisir à croire , augmente et
croît à mesure qu'il passe par un plus
grand nombre de lêtes , la vérité perd
au contraire en faisant la même route;
et malgré la négation positive que je
viens de graver au bas Jj ces deux
faits , je suis persuadé qu'on écrira en-
core mille fois après moi , comme on
l'a fait mille fois auparavant, que le
porc-épic darde ses piquans qui, sépares
de ranimai entrent d'eux-mêmes dans
les corps où leur pointe est engagée.
Le porc-épic , quoiqu'originair^ des
climats les plus chauds de l'Afrique et
des Indes, peut vivre et se multiplier
dans des pays moins chauds, tels que
la Perse, l'Espagne et l'Italie, Agri-
cola dit que l'espèce n'a été transpor-
tée en Europe que dans ces derniers
siècles -, elle se trouve en Espagne et
plus communément en Italie, sur-tout
dans les montagnes de l'Apennin ,
aux environs de Rome j c'est de-là que
.1
i'»*'**
'^■'%-
#:
M^pgftn
ELLE
que le faux
Eiiigmente et
par un plus
L vérité perd
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itivc que je
[<î ces deux
il écrira en-
comnie on
ant, que le
qui, séparés
mcine<i clans
t engagée,
iginairo des
l'Afrique et
B multiplier
's, tels que
talie^ Agri-
é transpor-
îes derniers
Espagne et
ie, sur-tout
'Apennin ,
;t de-là que
'M
DU PORC-ÉPI C. 59
M. Mauduit , qui , par son goût pour
l'histoire naturelle , a bien voulu se
charger de quelques-unes de nos com-
missions, nous a envoyé celui qui a
servi à M. Diiubenton pour sa des-
cription. Nous avons cru devoir don-
ner la figure de ce porc-épic d'Italie ,
aussi-bien que celle du porc-épic dca
Indes i les petites dilFérences qu'on peut
remarquer entre les deux, sont de lé-
gères variétés indépendantes du cli-
mat , ou peut-être même ne sont que
des différeiiccs purement individuel-
les.
Pline et tous les naturalistes ont
dit , d'après Aristole , que le porc épie ,
comme l'ours, secachoit pendant l'hi-
ver, et mettoit bas au bout de trente
jours : nous n'avons pu vérifier ces
fiiits-, et il est singulier qu'en Italie ,
ori cet animal est commun , et où de
tout temps il y a eu de bons physi-
ciens et d'excellens observateurs, il
}ic se $oit trouvé personne qui en ails
/
t
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n ,,\i . tmmmiff m
«g||HKMaMM»'9M<»Mait'iM««
•4»air,
«a»i^
iSitfH^
6o HISTOIRE NATURELLE
écrit l'histoire. Aldrovande n'a fait
sur cet article comme sur beaucoup
d'autres , que copier Gesner -, et mes-
sieurs de l'Académie des sciences , qui
ont écrit et disséqué huit de ces ani-
maux, ne disent presque rien de ce
qui a rapport à leurs habitudes natu-
relles . nous savons seulement , par le
témoignage des voyageurs et des gens
qui en ont élevé dans des ménageries ,
que dans l'état de domesticité , le porc-
épic n'est ni féroce ni farouche j qu'il
n'est que jaloux de sa liberté -, qu'à
l'aide de ses dents de devant , qui sont
fortes et tranchantes comme celles du
castor , il coupe le bois et perce aisé-
ment la porte de sa loge. On sait aussi
qu'on le nourrit aisément avec de la
mie de pain, du fromage et des fruits ;
que dans l'état de liberté , il vit de
racines et de graines sauvages ; que
quand il peut entrer dans un jardin ^
il y fait un grand dégât et mange les
légumes avec avidité ; qu'il devient
sr***»-
LLE
le n'a fait
beaucoup
'; et mes-
ences , qui
e ces ani-
rien de ce
Lides iiatu>
nt, par le
t des gens
enageries ,
î , le porc-
cbej qu'il
rté ; qu'à
, qui sont
celles du
erce aise'-
sait aussi
P'ec de la
es fruits ;
il vit de
^es; que
jardin ^
ange les
devient
DU P ORC-ÊP ic. Bi
gras , comme la plupart des autres
animaux , vers la fin de l'été ; et que
sa chair , quoiqu'un peu fade , n'est
pas mauvaise à manger.
En considérant la forme , la sub-
stance et l'organisation des piquans du
porc- épie, on reconnoît aisément que
ce sont de vrais tuyaux de plumes
auxquels il ne manque que les barbes
pour être de vraies plumes -, par ce
rapport, il fait la nuance entre les
quadrupèdes et les oiseaux ; ces pi-
quans, sur-tout ceux qui sont voisins
de la queue , sonnent les uns contre les
autres lorsque l'animal marche ; il peut
les redresser par la contraction du mus-
cle peaucier , et les relève à-peu-près
comme le paon ou le coq d'indo relè-
vent les plumes de leur queue ; ce mus-
cle de la peau a donc la même force ,
et est à-peu-près conformé de la même
façon dans le porc-épic et dans certains
oispaux. Nous saisissons ces rapports ,
4^iioiqu'assez fugitifs j c'est toujours
■■^^■■■^►«•miiaiw.wo-'
■■mi^0A,Mm^
rr~
- K
if\
/'
s
'I
Ê tvv
62 HISTOIRE NATURELLE
fixer un point dans la nature qui nous
fuit et qui semble se jouer , par la bi'
zarrerie de ses productions ^ de ceux
qui veulent la connoître.
Le coendou diiFbte du porc-épic; il
est de beaucoup plus petit , il a la têt^
à proportion moins longue et le museau
plus court ; il n'a point de panache
sur la tête , ni de fente à la lèvre supé-
rieure ; ses piquans sont trois ou quatre
fois plus courts «ît beaucoup plus me^
nus ; il a une longue queue , et celle du
porc-épic est très-courte ; il est car-
nassier plutôt que frugivore , et cher-
che à surprendre les oiseaux , les petits
animaux , les volailles , au lieu que le
porc épie ne se nourrit que de légu-
mes , de racines et de fruits. Il dort
pendant le jour comme le hérisson , et
court pendant la nait ; il monte sur les
arbres , et se retient aux branches avec
sa queue, ce que le porc-épic ne fait
ni ne pourroit faire; sa chair, disent
tous les voyageurs, est très-' on ne à
s
%
;i*»*»^^*zj£
',vw*^p»- «mS-'
ire qui nous
, par ]a bi-
8^ de ceux
lorc-épic ; il
• il a la tête
t le museau
de panache
lèvre supé-
is ou quatre
p plus me^
, et celle du
il est car-
'e , et cher-
: y les petits
lieu que le
le de lëgu-
its. Il dort
lérisson , et
mte sur les
nches avec
îic ne fait
air, disent
îs-'onue à
DU PORC-ÊPIC. 65
manger; on peut l'apprivoiser ; il de-
meure ordinairement dans les lieux
élevés , et on le trouve dans toute
l'étendue de l' Amérique , depuis le
Brésil et la Guiaue jusqu'à la L3ui-
siane et aux parties méridionales du
Canada ; au lieu que le porc-épic ne
se trouve que dans les pays chauds de
l'ancien continent.
En transportant le nom du porc-
épic au coendou , on lui a supposé et
transmis les mêmes facultés , celle sur-
tout de lancer ses piquans ; il est éton-
nant que les naturalistes et les voya-
geurs s'accordent sur ce fait, et que
Pison qui devoit être moins supersti-
tieux qu'un autre , puisqu'il étoit mé-
decin, dise gravement que les piquans
du coendou entrent d'eux-mêmes et
par leur propre force dans la chair , et
percent les corps jusqu'aux viscères les
plus intimes. Ray est le seul qui ait nié
ces faits, quoiqu'ils paroissent évidem-
ment absuiv..^s : mais; que de choses
!
64 HISTOTItE NATURELLIi:
absurdes ont été niées par des gens
sensés , et qui cependant sont tous les
jours affirmées par d'autres gens qui
se croient encore plus sensés !
L' U R S O N.
mM\
j i'
• Cet animal n'a jamais été nommé :
placé par la nature dans les terres dé-
sertes du nord de l'Amérique , il exis-
toit indépendant , éloigné de l'homme,
et ne lui appartenoit pas même par le
nom , qui est le premier signe de son.
empire. Pludson ayant découvert la
terre oîi il se trouve, nous lui donne-
rons un nom qui rappelle cehii de sou
premier maître , et qui indique en
même temps sa nature poignante et
hérissée ; d'ailleurs il étoit nécessaire
de le nommer pour ne le pas confondre
avec le porc-épic ou le coendou , aux-
quels il ressemble par quelques carac-
tères , mais dont cependant il diffère
assez à tou.s autres égards , pour qu'on
•■»-,•*-
-iiBM^WPlgiW»
ELLE
ir des gens
înt tous les
!s gens qui
es !
té nommé :
i terres dé-
lie , il exis-
e l'homme ,
lême par le
igné de son
îcouvert la
lui donne-
eliii de sou
ndique en
)ignante et
nécessaire
I confondre
idou , aux-
jues carac-
fc il difitîre
pour qu'on
DU PORC-ÉPI c. 65
doive le regar^^^ÎT comme une espèce
particulière et appartenante au climat
du nord , comme les autres appartiens
lient à celui du midi.
L'urson auroit pu s'appeler le castor
épineux , il est de même pays j de la
lême grandeur et à-peu-près de la
iwiême forme du corps ', il a , comme lui ,
Éi Vextrémité de chaque mâchoire ,
deux dents incisives, longues , fortes
et tranchantes : indépendamment de
^ses piquans qui sont assez courts et
presque cachés dans le poil , l'urson a ,
comme le castor, une double fourrure ,
la première de poils longs et doux, et
la seconde d'un duvet ou feutre encore
plus doux et plus mollet. Dans les
jeunes , les piquans sont à pi oportion
plus grands , p\us appareils , et les poils
plus courts et plus rares que dans les
adultes ou les vieux.
Cet animal fuit l'eau et craint de se
mouiller ; il se retire et fait sa bauge
sous les racines des arbres creux ; il
Qiiadrup. V. 6
'm.
m
-^^■"-.v * ....
k
/w
66 HTSTOIRB NATURELLK
dort beaucoup , et lourrit principar
lement d'écorce de genièvre : en hiver ,
la neige lui sert de boisson ; en 6Xé , il
boit de l'eau et lappe comme un chien.
Les Sauvages mangent sa chair % et se
servent de sa fourrure , après en avoir
arrache les piquans qu'ils emploient au
lieu d'ëpingles et d'aiguilles.
' l .-ni
Espèces connues dans ce genre.
Le Porc -épie proprement dit , hystrix
Cristata,
Le Coendou , hystrix Prehensilù' r .
L'Urson , hystrix Dorsata.
Le Forc-épic à longue queue , hystrix Ma'
^ croura, • - •
^■Â
.uj
n
'■4t*i1::
RBLLLÏ
rrit princlpor
Te : en hiver ,
on ; en été , il
Lme un chien,
i chair » et se
iprès en avoir
emploient an
les.
s ce genre.
dit • hystrîx
ensilis, . ^,.
I hyatrix Ma-
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1.1
11.25
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L'AGOUTI, cjrij
iii<l|'
Oàractère générique : denta incisives
^ taiilëes en coin , quatre dents mâche*
I Hères de chaque côte \ point de cla*
^^^^^^Ticules. ^^...M^i'^^'^^^^^^
% *Wj-
:^^-
m
ï^ A G O U T L^.,^,,..g
Cet animal est de la grosseur d'un
lièvre ; il a la rudesse de poil , et le
grognement du cochon \ il a aussi sa
gourmandise , il mange de tout avec
voracité \ et lorsqu'il est rassasie, rem-
pli , il cache , comme le renard , en
differens endroits ce qui lui reste d'ali-
nxçnapom' le tjrpUYçr aube^aiii ; il a^
]
] ^
■<(rc'»'* • •' ^r*i, ,^ If.. ..j»»
*>-4^- JP**^!*.^ t. ^ti.êS..m^ W%ÊU^^
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68 HISTOIRE NATURELLE
plaît à faire du dégât, à couper , à ron-
ger tout ce qu'il trouve ; lorsqu'on Fir-
lite , son poil se hérisse sur la croupe ,
et il frappe fortement la terre de ses
pieds de derrière ; il mord cruellement ;
il ne se creuse pas un trou comme le la-
pin , ni ne se tient pas sur terre à dé-
couvert comme le lièvre j il habite or-
dinairement dans le creux des arbres
et dans les souches pourries. Les
fruits , les patates , le manioc sont la
nourriture ordinaire do ceux qui fré-
quentent autour des habitations ; les
feuilles et les racines des plantes et
des arbrisseaux sont les alimens des
autres qui demeurent dans les bois et
les savanes. L'agouti se sert , comme
récureuil , de ses pieds de devant pour
saisir et porter à sa gueule : il court
d'une très-grande vitesse en plaine et
en montant ; mais comme il a les jam-
bes de devant plus courtes que celles
de derrière , il feroit la culbute s'il ne
ràlentissoit sa course en descendant. Il a
'! ■•■
I ■
, à ron-
bn Pir-
Toupe ,
de ses
sment j
e le la-
3 k dë-
►ite or-
arbres
1^7. Xes
sont la
li fré-
s ; les
tes et
is des
>oîs et
>mine
: pour
court
;ne et
jam-
celles
'il ne
MU
^V^toE L'AGOUTT. 69
la vue boiine et Touïe très -fine ; lors-
qu'on le pipe , il s'arrête pour écouter.
La chair de ceux qui sont gras et bien
nourris n'est pas mauvaise à manger ,
quoiqu'elle ait un petit goût de sauva-
ge et qu'elle soit un peu dure : on échau-
de Tagouti comme le cochon de lait , et
on l'apprête de même. On le chasse
avec des chiens ; lorsqu'on peut le faire
entrer dans des cannes de sucre cou-
pées , il est bientôt rendu y parce qu'il
y a ordinairement dans ces terreins
de la paille et des feuilles de canne
d'un pied d'épaisseur , et qu'à chaque
saut qu'il fait il enfonce dans cette li-
tière, en sorte qu'un homme peut sou-
Vent 'l'atteindre et le tuer avec un bâ-
ton. Ordinairement il s'enfuit d'abord
très- vite devant les chiens , et gagne
ensuite sa retraite^ où il se tapît et de-
meure obstinément caché : le chasseur,
pour l'obliger à en sortir, la ren>piit de
fumée ; l'animal à demi suffoqué jette
des cris douloureux et plaintifs , et no
i^*
-S <
■*fa4i,-*s««ïij:.. A:^.»^^.,
f^"SM*''"*"^tfv«?r--'—-
I
70 HISTOIRE N\TURELLB
paroit qu'à toute extrëmitë. Son cri >
qu'il rëpète souvent lorsqu'on Tin-
quiète ou qu'on l'irrite , est semblable
à celui d'iw petit cochon. Pris jeune ,
-il s'apprivoise aisément , il reste à la
maison , en sort seul et revient de lui-
même. Ces animaux demeurent ordi-
nairement dans les bois , dans les haies ;
les femelles y cljcrcbent un endroit
fourré pour préparer un lit à leurs pe-
tits ; elles font ce lit avec des feuilles
et du foin ; elles produisent deux ou
trois fois par an ; chaque portée n'est ,
dit-on , que de deux , elles transpor-
tent leurs petits comme des chattes ,
deux ou trois jours après leur naissan-
ce : elles les portent dans des trous
d'arbres , où elles lae les alaitent que
pendant peu de temps : les jeunes agou-
tis sont bientôt en état de suivre leur
mère et de i^hercher à vivre. Ainsi le
temps de l'accroissement de ces ani-
maux est asses court , et par consé-
quent leur vie n'est pas bien longue.
n.
■*-■ ~>'-
^r
■^^•j**-
[ue.
DS L' AG OUTI. 71
i- II paroit que l'agouti est un animal
particulier à l'Amërique y il ne se trou-
ve pas dans l'ancien continent : il
semble être originaire des parties mé-
ridionales de ce nouveau Monde , on
le trouve très-communëment au Bré'
sil , à la Guiane , à Saint-Domingue ,
e( dans toutes les iles ; il a besoiu d'un
climat chaud pour subsister et se mul-
tiplier , il peut cependant vivre eu
France , pourvu qu'on le tienne à Fa-
bri du froid dans un lieu sec et chaud ,
sur-tout pendant l'hiver , aussi n'ha-
bite-t-il en Amérique que les contrée»
méridionales , et il ne s'est pas répan-
du dans les pays froids et tempérés.
L'agouti que nous avons eu vivant ^
et dont nous donne w? ici la figure >
étoit gros comme un lapin : son poil
étoit rude et de couleur brune et un
peu mêlé de roux : il a voit la lèvre
supérieure fendue comme le lièvre ,
ja queue encore plus courte que le la-
pin, les oreilles aussi courtes que lar-
')
( V
\}
y /
t '
k !•
j '
.(■
\
^2 HISTOIRE NATURELLE
ges , la mâchoire supérieure avancëe
au-delà de rinférieure y le museau
comme le loir , les dents comme la
marmotte, le cou long, les jambes grê-
les, quatre doigts aux pieds de devant ,
et trois à ceux de derrière. Marcgrave ,
et presque tous les naturalistes après
lui , ont dit que l'agouti ayoit six doigts
aux pieds de derrière : M. Brisson est
le seul qui n'ait pas copié cette erreur
de Marcgrave ; ayant fait sa descrip-
tion sur ranimai même , il n'a vu ,
comme nous, que trois doigts aux pieds
de derrière. .
L'AKOUCHL
n L'akouchi est assez commun à }$•
Guiane , et dans les autres parties de
l'Amérique méridionale j il, diflPère de
l'agouti , en ce qu'il a une queue y au
lieu que l'agouti n'en a point *, il en
diffère encore beaucoup par la gran-
deur , n'étant guère plus gros qu'un
«ivÈ.;
• ' D B ï.' A G O IT T r. 75
laporean de six mois ; on no le trouve
que dans les grands bois. Il vit des mê-
mes fruits y et il a presque les mêmes
habitudes que l'agouti. Dans les îles de
Sainte-Lucie et de la Grenade , on
l'appelle agouti ; sa cliair est un de«
meilleurs gibiers de l'Amérique méri-
dionale ; elle est blanche et a du fumet
comme celle du lapereau. Lorsque les
akouchis sont poursuivis par les chiens ,
ils se laissent prendre plutôt que de se
jeter à l'eau. On les apprivoise aisé-
ment dans les maisons ; ils ont un pe-
tit cri qui ressemble à celui du cochon-
d'Inde , mais ils ne le fout entendre
que rarement. - . ^ j
.^:,!'.v.,,a. L E PACA, .•i^^^^
' Le paca eat un animal du nouveau
Monde , qui se creuse un terrier comme
le lapin, auquel on l'a souvent comparé,
et auquel cependant il ressemble trè»-
peu j il est beaucoup plus grand que 1»
(^'
74 HlfiTOIRE NATURELLE
lapin , et même que le lièvre , il a le
corps plus gros et plus ramasse , la tête
ronde et le museau court : il est gras
et replet , et il ressemble plutôt , par
la forme du corps , à un jeune cochon ,
dont il a le grognement , l'allure et la
manière de manger \ car il ne se sert
pas , comme le lapin » de ni^% pattes de
devant pour porter à sa gueule , et il
fouille la terre , comme le cochon ^
pour ti'ouver sa subsistance , il habite
le bord des rivières , et ne se trouve
que dans les lieux humides et chauds
de l'Amérique me'ridionale. Sa chair
est très-bonne à manger , et si grasse
qu'on ne la larde jamais , on mange
même la peau, comme celle du cochon
de lait , aussi lui fait-on continuelle-
meni la guerre : les chasseurs ont de la
peine à le prendre vivant, et quand on
le surprend daus son terrier , qu'on de»
couvre en devant et en arrière , il se
■défend , et cherche même à se venger
en mordant avec autant d'acharnement
«^•«««r-
. » . _ -,.„r - — ^-
D E L' A G O U T I. r 75
que de vi Tacite. Sa peati , quoique cou-
verte d'un poil court et rude , fait une
asiez belle fourrure , parce qu'elfe est
régulièrement tachetée sur les côtés.
Ces animaux produisent souvent et en
grand nombre; ks hommes et les ani-
maux de proie en détruisent beaucoup^
et cependant l'espèce en est toujours
à-pen-près également nombreuse ;• elle
est natnreiW et particulière a TAmé*
rique méridionale , et ne se traure
nuUe part déni l'ancien continent; /w
,,^j X? À PERE A..,7^jj „|,
J5l
Cet animal qui se trouve au Brésil ,
n'est ni lapin ni rat , et paroît tenir
quelque chose de tous deux ; il a envi-
ron un pied de longueur sur sept pou-
ces de cirdonférence , le poil de la mé-
tr.e couleur que nos lièvres / et blanc
sous le ventr^; il à aussi la lèvre fen-
due do même ; les grandes dentâ itici*
sives, et la moustaûhe autour de la
gueule et à côté de» yeux ; mais set
N
I
iifTH"";
'W-.W.!
■piiPUMii m l'i
\
\
v.T- i
HISTOIRE NATURELLE
oreilles sont arrondies comme celles du
rat:, et elles sont si courtes qu'elles
n'ont pas un travers de doigt de hau-r
teur ; les jambes de devant n'ont que
trois pouces de hauteur^ celles de der*'-
rière sont un peu plus longues; les
pieds de. devant ont quatre doigts couf
verts d'une peau noire et munis de pe^
tits ongles courts ; les pieds de derrière
li'ont que trois doigts.^; dont celui du
milieu est plus long que les deux au-^
très.' Uapéréa. n'a point de queue ; sa
tête est un peu plus alongëe que celle
du lièvre , et sa chair est cofnme celle
du lapin auquel il ressemble par la
manièp de vivre. Il se recèle aussi
dans des trous , mais il ne creuse pas la
terre comme le lapin ,, c'est plutôt dans
des iPentes de rochers et ^e pierre^ que
dans, des sables qu^il se retire : aussi
estril bien aise à prend^ré dans sa re-
traite. On le chasse cohime un très-
bon gibier , ou du moins iiussjl bon que
^nos meiUeurs W^^^tB^fn ^U> ., •
SLjLK
aie celles du
rtes qu'elles
)igt de h*u-;
t n'ont que
lies de der*^
longues; les
3 doigts ooa^
nuhis de pe^
3 de derrière
>nt celui da
B8 deux au-»
e queue; sa
rée que celle
comme celle
mble par ]a
recèle aussi
creuse pas la
tplutôt dans
5 pierres que
etu^e : aussi
dans sa re-
né un très-
^usfli bon que
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iLK C AIMAI ilLK COCHON J)I\3)K
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DE L' Agouti; H 77
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»x> Cet animal d'Améri^Qe n'ayoit ja-
niais paru en Europe , et c'est aux
bontés de M. k duc de Bouillon que
nous en devons la connoisaanee ; com-
me ce prince est curieux d'animaux
étrangers, il m'a quelquefois fait l'hon-
neur de m'appeler pour les voir , et
par amour pour le bien, il nous en a
donné plusieurs ; celui-ci lui; avoit été
envoyé jeune , et n'étoit pas encore
tout-à-ïfait adulteldrsque le fcoid l'a
fait mourir: nous avons donc été h
portée de le oonnoître et de le ^éçriires
tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. , Ce
n'est point lun cocbon , comme l'ont
prétendu les naturalistes- et ;les voyar
geùrs ; il ne lui ressemble même, que
par cie petits rapports , et en difiPère
par de grands caractères ', il ne devient
jamais aussi grand \ le plus gros çabiaî
est à peine égal à tin cochon de dix^huit
Quadrup. V. 7
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S^''
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! 1
78'^ HISTOIRE NATURELLE
mois ; il a la tête plus courte , la gueule
beaucoup moins fendue , les dents et
les pieds tout diffërens , des membra-
nes entre les doigts , peint de queue ni
dedëfenses ; les yeuxgphis grands, les
«oreilles plus courtes ; et il en diff^e
encore autant par le naturel et les
tneeurs , que par la 'eenforination : il
bàbite sourent dans l'eau où il nage
eomiiie une loutre , y ohcrcbe de mê-
méè& prbie , et rient manger au bord
le poisson qu'il prend et qu'il saisit
avec la gueule et les ongles ; il mange
aussi des grains , des fruits et des tan-^
lies de sucre; comme ses pieds sont
longs et plats , il se tient souvent assis
sur ceux de detrièire. Son cri est
plutôt un braiement oomme celui de
l'âne qu'un grognement comme celui
du cochon; il ne marébe ordinaire-
'Inent que la nuit , et presque toujours
de compagnie , sans s'éloigner du bord
des eaux ; car comme il «Kmrt mal à
cause de ses longs pieds et de ses jambei
*fi-
I
'; l
J
— «te,M»t»<»<*-~»V*V-4l O^i^ -^■**tî{gjJ^-''-»'ff"*^'''^^ ' ' ^''
, la gueule
> dents et
membra-
s queue ni
rands, les
en diff^e
rel et les
Bation : il
é. il nage
lede mê-
r an bord
n'il taifiit
il mange
de» tan-
ieds sont
ent assis
cri est
celui de
me celui
dinaire-
:onjours
u bord
mal à
Ijambet
D E L' A G O U T I. 79
courtes , il ne pourroit trouver son sa-
lut dans la fuite ; et pour échapper à
ceux qui le chas^nt , il se jette à l'eau ,
j plonge et va sortir au loin , ou bien
y demeuie si long- temps qu'on perd
l'espérance de le revoir. Sa chair est
grasse et tendre , mais elle a plutôt ,
comme celle de la loutre , le gôut d'nu
mauvais poisson que celui d'une bonne
viande; cependant on a remarqué que
la hure n'en étoit pas mauvaise , et
cela s'accorde avec ce que l'pn sait du
casfor , dont les parties antérieures
ont le goût de la chair, tandis que les
parties postérieures ont le goût du pois-
son. Le cabiai est d'un naturel tran-
quilleetdoux^il ne fait ni mal ni que-
relle aux autres animaux ; on l'appri-
voise sans peine , il vient à la voix , et
suit assez volontiers ceux qu'il connoit
et qui l'ont bien traité. On ne le nour-
rissoit à Paris qu'avec de l'orge , de la
salade et des fruits : il s'est bien porté
tant qu'il a fait chaud. Il paroît; par lo
^
■■f.'
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V
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y
il' Vi
I (
80 HISTOIRE NATURELLE
grand nombre de ses mamelles , que la
femelle produit dos petits en quantité.
Nous ignorons le temps de la gestation,
celui de l'accroissement , et par con-
séquent la durée de la vie de cet ani-
mal : noshabitans de Cayonne pourront
nous en instruire , car il se trouve
assez communément à la Guiane aussi
bien qu'au Brésil , anx. Amazones et
dans toutes les terres basses de l'Amé-
rique méridionale.
LE COCHON-D'INDE.
'Çf'.Hi
», I
"1
Cb petit animal , originaire des cli-
mats chauds du Brésil et de la Guinée ,
ne laisse pas de vivre et de produire
dans les climats tempérés, et même dans
les pays froids , en le soignant et lo
mettant à l'abri de l'intempérie des
saisons. On élève des cochons-d'Inde
en France , et quoiqu'ils multiplient
prodigieusement, ils n'y sont pas en
grand nombre , parce que les soins
.-.*«M»-«H*(SPp^r «»*^-y^' '-'"'■ ■
:l-
DE L* AOOUTT. 8l
qu^ils demandent ne sont pas compenses
par le profit qu'on en tire. Lear peau
n'a presque aucune valeur, etlearchair,
quoique mangeable /n'est pas assez
bonne pour être recherchée : elle se-
roit meilleure si on les ëleyoit dans des
espèces de garennes oiH ils auroient de
l'air , de l'espace et des herbes à choi-
sir. Ceux qu'on garde dans les maison»
ont à-pcu-près le même mauvais goût
que les lapins clapiers , et ceux qui ont
passé l'été dans un jardin ont toujours
un goût fade , mais moins désagréable.
Gcs animaux sont d'un tempéra^
ment si précoce et si chaud , qu'ils se
recherchent et s'accouplent cinq ou
six semaines après leur naissance ; ils
ne prennent cependant leur accroisse-
ment entier qu'en huit ou neuf mois ,
mais il est vrai que c'est en grosseiir
apparente et en graisse qu'ils augmen**
tent le plus , et que le développement
des parties solides estfait avant l'âge de
cinq ou six mois. Les femelles ne por«
«•
Vf
^
■■ Vi
'•W^cMaMH>
-fC— -w»*5^ ^4(1^*;
■"'•%'.'**..ç^'
ëlX HISTOIRE NATURELLE
tent que trois «emainei , et noiu en
avons vu mettre bas! deux mois d'âge.
Ces premières portas ne sont pas si
nombreuses que les suivantes » elles
«ont de quatre ou cinq , la seconde
portée estde cinq ou six» et les autres
à» sept ou bnit ou même dedix ou onze.
Xa «ère a'alaite ses petits que pen-
dant douae ou quinze jours , elle les
cbasse dès qu'elle reprend le mâle ,
c'est au plus tard trois semaines après
qu'elle a mis bas; et s'ils s*obstinent à
demeurer auprès d'elle , leur père les
maltraite et les tue. Ainsi y ces ani-
maux produisent au moins tous les
deux mois ', et ceux qui Tiennent de
naître produisant de même , l'on est
étonne de leur prompte et prodigieuse
multiplication. Avec une seule couple,
on pourroit en avoir un millier dans
im an^ mais ils se détruisent aiusi vite
qu'ils imllulenl , le froid et Thumidité
les font mourir , ils se laissent manger
par les chats sans se defondre ; lea
■,.^V(i-<Miii- r..t>ii»t.
H"*^
l
nous en
it paa si
13» elles
seconde
is autres
>u onze.
e pen-
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I mâle f
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lus les
ent de
>n est
gieuse
>uple,
dans
vi te
lidittf
mgBT
i le9
DE L' A O O U T I. 83
mères même ne s'irritent pas contre
eux; n'ayant pas le temps de s'attacher
à lenrs petits , elles ne font aucun ef-
fort pour les sauver. Les mâles se sou-
cient encore moins des petits , et se
laissent manger eux-mêmes sans ri^Lis*
tance , ils n'ont de sentiment bien dis-
tinct que celui de Famour , ils sont
alors susceptibles de colère , ils se bat-
tent cruellement, ils se tuent même
quelquefois entr'eux lorsqu'il s'agit de
se satisfaire et d'avoir la femelle. Ils
passent leur vie à dormir , jouir et
manger ; leur sommeil est court , mais
fréquent; ils mangent à toute heure
du jour et de la nuit , et cherchent à
jouir aussi «ou vent qu'ils mangent; ils
ne boivent jamais, et cependant ils
urinent atout moment. Ils se nourris-
sent de toutes sortes d'heibes , et sur-
tout de persil ; ifls le préfèrent même
au son , à la farine, au pain , ils aiment
aussi beaucoup les pommes et les autres
fruits. Ils mangent précipitamment >
"**jM«sn
. ~A .. .•.4.'4k«^A«l^
\
I
i
84 HISTOIRE NATURELLE
à-peu-prèfl comme les lapins, peuà-lar
fois, mais très-âuuvent. Ils ont un gro-
gnement semblable à celui d'un petit
cocbon de lait ; ils ont aussi une espèce
de gazouillement qui marque lei/ (lai-
sirs lorsqu'ils sont auprès '^e lei;/ ie-
melle , et un cri fort aigu iorsq ''ils res-
sentent do la doulnur. TU sont déli-
cats , frileux y et l'un a de la peine à
leur faire passer l'hiver \ il faut les te-
nir dans un endroit sain , sec et chaud.
Lorsqu'ils sentent le froid , ils se ras-
semblent et se serrent les uns contre
les autres \ et il arrive souvent que
saisis par le froid ils meurent tous en-
semble. Ils sont naturellement doux
et prives , ils ne font aucun mal ; mais
ils sont également incapables de bien ,
ils ne s'attachent point : doux par
tempérament , dociles par foiblesse ,
presque insensibles atout ,ils ontlair
d'automates montés pour la propaga-
tion , fai* J sc'I' ïient pour figurer une
espèce. ,,. . ...
^^':îim til
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peine k
it les te-
t chaud,
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Gontre
Ht que
>U8 en-
; doux
; mais
bien ,
s par
lesse ,
it lair
)paga-.
'r une
^^119 L' AG OUT I. 8J
Espères connues Jans ce genre.
Bt '
Le Paca , caWa Paca. ( \ /, "f^
L'Akouchi , cavia Acuachy.
L'Agouti proprement dit , cavia Aguti,
L'Apéréa, cavia Aperea.
Le Cochon- d'Inde , cavia Cobaya*
Le Cabiai , cavia Capybara.
< } » » r, >
-'»i)t;''it > «îî'î».
. * f ' t' «' *|
\i »' *;. kJ
^- ^v int..' -j..
I
\
..■— ^—^m^-.
>«
B6 HISTOIRE NATURELLE
XXIV GENRK
LE CASTOR, CASTOR.
Caractère générique: dents incisives
supérieures taillées en coin, quatre
dents molaires de diaque côté j cla-
vicules entières.
i:i
L E C A s T O R.
Autant Vnomme s'est élevé au-dessus
de rétat de nature , autant les animaux
se sont abaissés au-dessous ; soumis et
réduits en servitude , ou traités comme
rebelles et dispersés par la force y leur»
sociétés se sont évanouies , leur indus-
trie est devenne stérile , leurs ibibles
arts ont disparu^ chaque espèce a perdu
\
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*■***»»««■,'!
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.ér
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/' I
• i DU CASTOR* 8^
ses qualités générales ; et tona joHont
conservé que lears propriétés iadivi-
dueHes , perfectionnées! «bus les uns par
rexemple , Vimitation , l'édiucation , et
angles autres par la crainte et par la
nécessité oh ils sont â» vetlkr coati*
nnellement à knr sûreté. Qiaelfes Tue%
quels desseins, qnels pre^ts peuTeut
avoir des esclaves sans am«, ou des re-
légués sans puissance ? rantperouCuàr»
Yt toujours exister d'une manière so-
litaire , ne rten édifier , ne rien pro-
duire , ne rien transmettre , et toujours
languir dans la calamité» dédieoir , m
perpétuer sans se multiplier » perdre
en Un m6>t par la durée autant et plus
qu^lsnVvoient acquis parle temps. ^
* Aussi ne reste^t^il quelques vestiges
dé leur merveilleuse Sndustrie , que
dans ces oontréee éloignées et désertes,
ignorées de Fbomme pendant une Ion-
^ue suite de siècles , où chaque espèce
ponvoit manifester en liberté ses talens
naturels et les perfectionner jdans lo
V
Vf
i :
■♦«i.— ^"^
^»
-'»'♦{/, »»»*fe*-^lê-.'r'*r^
■••« ••«.-
l
7
68 HISTOIRE NATURELLE
t^pos en -se réunissant en société diira*
ble. Les oasiocs' sont peut-être le seul
exemple qui subsiste comme un ancien
monument dé cette espèce d'intelli-
gence dès brutes , qui , quoique ihfini-
ment inférieure pàr.son principe à celle
de rhomme, suppose cependant des
projets communs et des vues relatives ;
projets qui ayant pour base la so-
ciété , et pour objet une digue à cons-
truire , une bourgade à élever , une es-
-pèce de république à fonder , suppQscnt
aussi ime manlière quelconque de s'en-
tendre et d'agir de concert. ; ; ; r r n'
^ Les castors , dira~t-on, sontparmi
les quadrupèdes ce que les abeilles sont
parmi lès insectes. Quelle différence!
Il y a dans là nature, telle qu'elle, nous
est parvenue , trois espèces de sociétés
«qu'on doit considérer avant de les com-
parer ; la société libre de l'homme , de
laquelle après Dieu il tient toute sa
puissance ; la société gênée des ani-
maux^ toujours fugitive devant celle
.-,,'.^*
'^W'Iffljj^^^WHP^'***
,' %
ciedes^en*
', * '
>nt' parmi
eillessont
fPërence !
«llle.nous
sociétés
les cQm-
me , de
toute sa
des ani-*
t celle
im
- ïi U C A S T O R. ^1^
làe l'homme ; et enfin la société forcée
<d» quelques petites bètes, qui naissant
toutes en même temps d&ns le m^me
lieu, sont contraintes d'y demeurer
t3nsemble. Un individu pris solitaire"
«nent et au sortir des mains de la na-
ture , n'est qu'un être stérile > dont
l'industrie se borne au simple usage des
sens 'y l'homme lui-mêm« dans l'état d«
pure nature , dénué de lumières et de
tous les secours de la société , ne pro-
duit cien , n'édifie rien. Toute société,
au contraire , devient nécessairement
féconde, quelque fortuite^ quelqu'a-
Veugle qu'elle puisse être , pourvu
qu'elle soit composée d'êtitss de même
nature : par la seule nécessité de se
chercher ou de s'éviter > il s'y formera
des mouvemens communs , dont le ré^
«ultat sera souvent un ouvrage qui aura
l'air d'avoir été conçu , conduit et exé-
cuté avec intelligence. Ainsi l'ouvrage
des abeilles qui dans un lieu donné , tel
.qu'une ruche ou le exeux d'un vieux
Quadrup. V. 8
1^
(
II
V:
f;^^
f
\
r*\
f
14;
90 HISTOIRE NÀTUnÊLLE
arbre , bàtiMcnt chacane leur cellule ,
l'ouyrage des mouches de Ca^renne^
qui non-seulement font aussi leurs cel-
lules , mais construisent même la ruche
qui doit les contenir , sont des travaux
purement mi^oaniques qui ne supposent
aucune intelligence , aucun projet con-
certe ) auoune vue générale ; des tra^
vaux qui n'étant que le produit d'une
nécessité physique , un résultat d«
mouvemens communs, s'exercent tou-
jours de la même façon , dans tous les
temps el dans tous les lieux y par une
multitude qui ne s'est point assemblée
par choix , mais qui se trouve réunie
par force de nature. Ce n'est donc pas
la société , c'est le nombre seul qui opère
ici ; c'eit'UAe puissance aveugle , qu'on
ne peut comparer à la lumière qui di-
rige to|ri:e société : je ne parle point do
Cette lumière pure , de ce rayon divin ,
qui n'a été départi qu'à l'homme seul ;
les castcAven sont assurément privés ,
tourne loHS'les autres animaux^ mais
1' />M >
ELLE
leur cellule,
B Ca5renne,
ssi leurs ce]-
?me la ruche
des travaux
le supposent
L projet oon-
B ; des tra<-
Dtluit d'une
résultat d^
ercent tou-
nstous les
'/ par une
'. assemblée
ve réunis
>t donc pas
1 qui opère
glô , qu'on
•e qui di-
point do
>n divin ,
me seul ;
privés,
IX ; mais
■'.î DU CASTOR. 91
leur société n'étant point une réunion
forcée, se faisant au contraire par une
espèce de choix, et supposant au moini
un concours général et des vues com-
munes dans ceux qui la composent ,
suppose au moins aussi une lueur d'in-
telligence qui , quoique très*âifférente
de celle de l'homme par le principe ,
produit cependant des effets assez sem-
blables pour qu'on puisse les compa-
' rer , non pas dans la société plenière
et puissante , telle qu'elle existe parmi
les peuples anciennement policés , mait
dans la société naissante, chei des hom-
mes sauvages , laquelle seule peut ,
avec équité , être comparée à celle des
xmimaux» •'/ ',*--.^-... *^.v.'i.i j., . i
Voyons donc le produit de Fune et
l'antre de ces sociétés; voyons jusqu'où
s'étend l'art du castor , et où se borne
celui du sauvage. Rompre une branche
pour s'en faire un bâton , se bâtir une
hutte, la couvrir de feuillages pour se
mettre à l'abri, amasser de lamouss»
"■9**;:"^. iM^ •.:^<ai.i|y^.^..J^^.^..^^^^. ^#'
--*v«i,
'ré.
^^ HISTOIRE NATURELLE
au du foin pour se faire un lit» sont
des actes communâ à Tauiinal et au sau*
vage 'y loa ours font de» huttes , les sin-»
ges ont des bâtons , plusieurs autres
animaux se pratiquent un domicile
propre , commode , impénétrable à
l'eau. Frotter une pierre pour la ren-
dre tranchante et «'en faire une hache,
»'en servir pour couper , pour écorcer
du bois, pcvar aiguiser des flèches, pour
oi-eiiser un vas» , ëcorchcr un animal
pour se revêtir de sa peau , en prinndre
les nerfs pour faire une cordé d'arc,
attacher ces mêmes nerfs à iine cpine
dure , et se servir de tous deux comme
de fil et d'aiguille , sont des actes pure-
ment individuels que l'homme en soli^.
tude peut tous exécuter .saris être aidé
des autres , des actes qui dépendent de
sa seule conformation , puisqu'ils ne;
supposent que l'usage de la main ; mais^
couper et transporter un gros arbre ,
élever un carbet , construire une pi-
jQg|ue , 3Qnt au cowtruirç des Qj)4r«^t4Pft»
-i^
'■/!,
*1
^^V
i
SLLE
11 lit» sont
il et axL sau^
es , les 8in«
urs Autrea
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Le trahie à
3ur la ren-
uiie iiaclie,
»ur ëcorcer
cbes^pour
an animal
!n prendre
dé d'arc,
iine opine
^x comme
"tes pure-
e eu soli^.
être aide
«dent de
iqu'ils ne
lin ; maisi
>s arbre ,
«ne pi-
)érîitip«%
UU CASTOR. ^
q ni suppose jit nécessairement un tra-
vail commun et des vues concertées.
Ces ouvrages sont aussi les seuls résul-
tats de la société naissante chez des na^-
lions sauvages , comme les ouvrages
des castors sont les fruits de la sooiétd
perfectionnée parmi ces animaux : car
il faut observer qu'ils ne songent point
à bâtir ^ à moins qu'ils n'habitent un
pays libre , et qu'ils n'y soient parfai-^
tement tx^ii:: quilles. Il y a des castors
en Languedoc , dans les îles du Rhôncj,,
il y en a en plus grand nombre dans
les provinces du nord de l'Europe ; mais
comme toutes ces contrées sont habi-
tées ou du moins fort fréquentées par
les hommes , les castors y sont , comme
tous les autres animaux , dispersés ,
solitaires , fugitifs , ou cachés dans un
terrier^ on ne les a jamais vus se réu-«
nir , se rassembler , ni rien entrepren-
dre , ni rien construire ; au lieu que
dans ces terres désertes , où l'hommq
f n société n'a pénétré que bien tard j
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M ''.
g4 HISTOIRE NATVRBLL13
et où l*ori no voyoit auparavant que
cpielques vestigca de l'homme sauvage,
on a par-tout trouve des cantors r^u-
nh, formant des sociëtës , et l'on n'a
pu s'enip^^chcr d'admirer leurs ouvra-
ges. Nous tâcherons de ne citer que des
tëmoins judicieux j irréprochables, et
nous ne donnerons pour certains que
les faits sur lesquels ils s'accordent ;
moins portés peut-être que quelques-
uns d'entr'eux à fadmiration , nous
nous permettrons le doute et même la
:^i itique sur tout ce qui nous paroîtra
ti'op difficile à croire.
Tous conviennent que le castor ,
loin d'avoir une supërioritë marquée
sur les autres animaux , paroi t au con-
traire être au-dessous de quelques-uns
d'entr'eux pour les qualités purement
individuelles; et nous sommes en é(a '
de confirmer ce fait , ayant encore ac-
tnellemeat un jeune castor vivant, qui'
nous a été envoyé de Canada , et que
nous gardons depuis près: d'un an. CTesf
s
■j»':<lfj^-'^im.
5t l'on ii*a
rs ouvra-
ter que des
hables, et
tains que
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quelques-
>n , nous
même la
s paroitra
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marquée
t au con-
ïues-uns
nremfnt
en ëta
core ac-
ant, qui'
et que
n. CTeie
î^ D U CASTOR.» §tt
un animal assez doux , assez tranquille,
assez familier , un peu triâté , rtêrtid
un peu plaintif, sans ' passions vioJ
lentes , sans appétits véhëmens , né
se donnant que peu de mouvement, rtd
faisant d*effbrt pour quoi qtie Ce soit ,
cependant occupe sérieusement du de*'
sir de sa liberté , rongeant de temp!^
en temps les portes de sa prison , mais
sans fureur, sans précipitation, et dans
la seule vue d'y faire une ouverture
pour en sortir j au reste assez indiffè-
rent , ne s'attacliant pas volontiers , ne
cherclrant point à nuire, et assez pcK
à plaire. Il paroît inférieur au cbien ,
par les qualités relatives qui pourroient
l'approcberde Tbomme ; il ne 8emblc(
fait ni pour servir, ni pour comman^
der , ni même pour commercer avec
une autre espèce que la sienne ; son*
sens , renfermé dans lui-même , ne se'
manifeste en entier qu'avec ses sem-
blables ; seul il a peu d'industrie pcr-
i^onnelle , encore moins de ruses , pas'
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J-^
l
96 HISTOIRE NATURELLE
même assez de dëfiance pour évi-
ter des pièges grossiers : loin d'uUa^
quer les autres animaux il ne saU
pas même se bien défendre ; il preTcro
la fuite au combat , quoiqu'il morde
cruellement et avec acliarnemont lors-><
qu'il se trouve saisi par la main du
chasseur. Si l'on considère donc cet
animal dans l'état de nature, ou plu-
tôt dans son état de solitude et de dia-
pcrsion , il ne paroi tra pas , pour les
qualités intérieures au-dessus des au-"
très animauTç j il n'a pas plus d'esprit
que le chien, de sens que l'éléphant,
de ^nçssc que le renard, &.c. Il est plu**
tôt remarquable par les singularités
de conformation extérieure, que par
la supériorité apparente de ses qualî^
tés intérieures. Il est le seul parmi
les quadrupèdes qui ait la queue plate ,^
ovale et couverte d'écaillés, de laquelle
lise sert comme d'un gouvernail pour
9e diriger dans l'eau -, le seul qui ait des
nageoires aux pieds de derrière , et eu
1^ '
^0^^*Z.-^^"^"'^'^^- -^-^_-^-»^
• D U C A s T D R. 97>
même temps les doigts sépares daiiai
ocux du devant^ (ju'ii emploie comme
des mains pour porter à sa bouche ; le-
seul qui ressemblant aux animaux ter-^
r es très par les parties antérieures de
son corps, paroisse en même temps te^
Xiir des animaux aquatiques par le»
parties postérieures; il fait la nuance
des quadrupèdes aux poissons , comme
la chauve-souris fait celle des quadru-%
pèdes aux oiseaux* Mais ces singulari^
tés seroient plutôt des défauts que dea
perfections , si Tanimal ne savoit tirer
de cette conformation , qui nous paroît
bizaiTe, des avantages uniques , et qui
le rendent supérieur à tous les au-^
très. . ..,: ■> ■, .. .:...■ ,
Les castors commencent par s'as-
sembler au mois de juin ou de )uil<«
let pour se reunir en société ; lia
arrivent en nombre et de plusieurs
côtés, et forment bientôt une trou-^
pe de deux ou trois cents : le lieu
Uw vçAde«-Yovi9 est ordin^iremçnt
n.
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W 1
08 HISTOIRE NATUREtLE
le lieu de l'établissement , et c'est ton-
. jours au bord des eaux. Si ce sont des
eaux plates , et qui se soutiennent à la
même hauteur comme dans un lac , ils
se dispensent d'y construire une digue;
mais dans les eaux courantes , et qui
sont sujettes à hausser ou baisser ,
comme sur les ruisseaux , les rivières ,
ils établissent une chaussée , et par
cette retenue ils forment une espèce
d'étang ou de pièce d'eau , qui se sou-
tient toujours à la même hauteur : la
chaussée traverse la rivière comme
une écluse , et va d'un bord à l'autre ;
elle a souvent quatre- vingts ou cent
pieds de longueur sur dix ou douze
pieds d'épaisseur à sa base. Cette cons-
truction paroi t énorme pour des ani-
maux de cette taille , et suppose en
effet un travail immense ; mais la so-
lidité avec laquelle l'ouvrage est cons-
truit , étonne encore plus que sa gran-
deur. L'endroit de la rivière oh ils éta-
blissent cette digue est ordinairement
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,'-îua .„ ' • '«
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iont des
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lac, ils
s digue;
I et qui
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et par
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eur : la
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cons-
3 aiii-
se en
la so-
cons-
;ran«
sëta-
ment
DU CASTOR. 99
peu profoud ; s'il se trouve sur le bord
un gros arbre qui puisse tomber dans
l'eau, ils commenceat par Tabaltre
pour en faire la pièce principale de
leur construction : cet arbre est sou^
vent plus gros que le corps d'un hom^
jne ; ils le scient , ils le rongent au pied
et sans autre instrument que leurs
quatre dents incisives , ils le coupent
«n assee peu de temps , le font tom-
ber du côté qu'il leur plaît , c'est-à-
dire en travers sur la rivière ; ensuite
ils coupent les branches de la cime de
cet arbre tombe , pour le mettre de ni«-
veau et le faire porter par-tout égale*
ment. Ces opérations se font en com-
mun ', plusieurs castors rongent ensem-
ble le pied de l'arbre pour l'abattre ,
plusieurs aussi vont ensemble pour en
couper les branches lorsqu'il est abat-
tu ; d'autres parcourent en même temps
les bords de 1a rivière , et coupent de
moindres arbres , les uns gros comme
la jambe^ les autres coiome U cuissi»; ijln
î
M
lôô HXfiTOlAfi NATURELLE
les (lëpëcentet les soient à une certaine
hauteur pour en faire des pieux \ iU
lamèucnt ces pièces de bois, d'abord pai^
terre jusqu'au bord de la rivière , et
ensuite par eau jusqu'au lieu de leur
tonstruction ; ils en font une espë^-
t;e de pilotis serre , qu'ils enfoncent
lencore en entrelaçant des branches en^-
tre les pieiix. Cette opération suppose
bien des difKcuUds vaincues ; car, pour
dresser ces pieux et les mettre dans
Une situation à-peu-près perpendicu^-
laire , il faut qu'avec les dents ils élè-
vent le gros bout contre le bord de la
rivière , ou contre l'arbre qui la tra-
verse , que d'autres plongent en mémo
temps jusques au fond de l'eau pour y
creuser avec les pieds de devant un
trou , dans lequel ils font entrer la
pointe du pieu , afin qu'il puisse se te-^
tiir debout. A mesure que les uns plan~
tent ainsi leurs pieux , les autres vont
chercher de la terre qu'ils gâchent
avec leurs pieds et battent avec leur
certaine
3ax; iU
bord pai^
ière , et
de leur
le espë<-
ifoncent
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suppose
ftr, pour
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orà de là.
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:es vont
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I
D U C A 8TOR. 10%
queue , ils la portent dans leur gueu1<?
et avec les pieds de devant , et ils en
transportent une si grande quantité
qu'ils en remplissent tous les interval-
les de leur pilotis. Ce pilotis est compo-
se de pi a sieurs rangs de pieux , tous
ëgaux en hauteur , et tous plantes les
uns contre les autres ; il s'ëtend d'un
bord à l'autre de la rivière , il est rem-
pli et maçonné par -tout : les pieux
sont plantés verticalement du côté de
la chute de l'eau , tout l'ouvrage est
au contraire en talus du côté qui en
soutient la charge , en sorte que la
chaussée qui a dix ou douze pieds d«
largeur à la base , se réduit à deux on
trois pieds d'épaisseur au sommet ; elle
a donc non-seulement toute l'étendue ^
toute la solidité nécessaire , mais encore
la forme la plus convenable pour re-
tenir l'eau , l'empêcher de passer , en
soutenir le poids , et en rompre les ef-
forts. Au haut de la chaussée , c'est-à-
dire , dons la partie où elle a le moins
Quadrup. V. 9
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il
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102 HISTOIRE NATURELLE
d'éj)aisseur , ils pratiquent deux ou
trois ouvertures en pente , qui sont
autant de décharges de superficie qu'ils
élargissent ou rétrécissent selon que la
rivière vient à hausser ou baisser ; et
lorsque par des inondations trop gran-
des ou trop subites il se fait quelques
brèches à leur digue , ils savent les ré-
parer, et travaillent de nouveau dis
que les eaux sont baissées.
Il seroit superflu , après cette expo-
sition de leurs travaux pour un ouvrage
public, de donner encore le détail de
leurs constructions particulières , si
dans une histoire l'on ne devoit pas
compte de tous les faits , et si ce pre-
mier grand ouvrage n'étoit pas fait
dans la Tue de rendre plus commodes
leurs petites habitations : ce sont des
cabanes, ou plutôt des espèces de mai-
■sonnettes bâties dans l'eau sur un
pilotis plein , tout près du bord de leur
éiang avec deu:|[ issues , l'une poiu*
. fUcr à terr« ^ l'autre pour se jet«r à
vi.r,^A . itiS-,^rtibf*iaW*'»l'.-**iî-WlS-^*Â<.--
Lisser ; et
DU C A S T o n. io5
Tean. La forme de cet édifice est pres-
que toujours ovale ou ronde ; il y en a
(le plus grands et de plus petits , depuis
quatre ou cinq jusqu'à huit ou dix
pieds de diamètre ; il s'en trouve aussi
quelquefois qui sont à doux ou trois
étages , les murailles ont jusqu'à Aqwx,
pieds d'épaisseur , elles sont élevées à
plomb "sur le pilotis plein , qui sert eu
même temps do fondement et de plan-
cher à la maison. Lorsqu'elle n'a qu'un
étage, les murailles ne s'élèvent droites
qu'à quelques pieds de hauteur, au-
dessus de laquelle elles prennent la
courbure d'une voûte en anse de pa-
nier ; cette voûte termine l'édifice et
lui sert de couvert ; il est maçonné
avec solidité, et enduit avec propreté
en dehors et en dedans \ il est impé^
nétrable à l'eau des pluies , et résiste
aux vents les plus impétueux ; les pa-
rois en sont revêtues d'une espèce de
stuc si bien gâché et si proprement
appliqué , qu'il semble que la main de
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'"•?*'*}b'
ïr
lo4 HISTOIRE NATURELLE
riiomme y ait passé , aussi la queue
leur sert-elle de truelle pour appliquer
ce mortier qu'ils gâchent avec leurs
pieds. Ils mettent en œuvre différentes
espèces de matériaux , des bois , des
pierres et des terres sablonneuses qui
ne sont point sujettes à se délayer par
Teau 'y les bois qu'ils emploient sont
presque tous légers et tendres ; ce sont
des aunes , des peupliers , des saules ,
qui naturellement croissent au bord
des eaux et qui sont plus faciles à
écorcer , à couper , à voiturer , que des
arbres dont le bois seroit plus pesant
et plus dur. Lorsqu'ils attaquent un
arbre , ils ne l'abandonnent pas qu'il
ne soit abattu , dépecé , transporté \ ils
le coupent toujours à un pied ou un
pied et demi de hauteur de terre ; ils
travaillent assis , et outre l'avantage
de cette situation commode , ils ont le
plaisir de ronger continuellement de
l'écorce et du bois dont le goiit leur
est fort agréable , car ils préfèrent
TiXi.lk^ÈiMii'Ùl-t'^i^i^^ .
MDU CASTOR. 10^
l'ëcorce fraîche et le bois tendre à la-
plupart des alimens ordinaires ; iU en
font ample provision pour se nourrir
pendant riiiver , ils n'aiment pas lo
bois sec. C'est dans l'eau , et près de
leurs habitations, qu'ils établissent leur
magasin ; chaque cabane a le sien pro--
portionnë au nombre de ses habitans ,■
qui tous y ont un droit commun y et ne
vont jamais piller leurs voisins. On a
vu des bourgades composées de vingt
on vingt-cinq cabanes ; ces grands cta-
lilissemens sont rares , et cette espèce
de république est ordinairement moins
nombreuse , elle n'est le plus souvent
composée que de dix ou douze tribus ,'
dont chacune a son quartier , son ma-
gasin , son habitation séparée ) ils no
souffrent pas que dés étrangers vien-
nent s'établir dans leurs enceintes. Les
plus petites cabanes contiennent deux,
quatre , six, et les grandes dix-huit ,
vingt et même , dit-on , jusqu'à trente
castors ; presque toujours en nombre
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-5^i;.',"v. saSg'ic ^i^fisssaàjjirti'i.rt^Fis— ^-4t^.-.
■ i 41
V^
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w,fe^^r.;-suii
m^~i
106 HISTOIRE NATURRLLE
pair f autant de femelles que de mâles ;
ainsi , en comptant même au rabais ,
un peut dire que leur société est sou^
vent composée de cent cinquante ou
deux cents ouvriers associés , qui tous
ont travaillé d'abord en corps pour
élever le grand ouvrage public , et
ensuite par compagnie pour édifier
des habitations particulières. Quelque
nombreuse que soit cette société , la
paix s'y maintient sans altéi-ation ; le
travail commun a resserré leur union ;
les com modités qu 'ils se sont procurées ,
l'abondance des vivres qu'ils amassent
et consomment ensemble , servent à
l'entretenir ; des appétits modérés^ des
goûts simples , de l'aversion pour la
chair et le sang , leur ôtent jusqu'à
l'idée de rapine et de guerre : ils jouis-
sent do tous les biens que l'homme ne
sait que désirer. Amis entr'eux , s'ils
ont quelques ennemis au-dehors , ils
savent les éviter , ilB s'avertissent en
frappant avec leur queue sur l'eau un
r^:i.SâMilèg)*f-ftltmi!<:
c maies;
rabais,
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lante ou
qui tons
ps pour
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• édifier
(Quelque
'\été , la.
lion ; le
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pour Ja
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Ifl jouis-
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X, s'ils
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D U C AS TO R. !07
coup qui retentit au loin dans toutes
les vo(\tes des habitations ; chacun
prend son parti , ou do plonger dans le
I lac, ou de se receler dans leurs mur»
qui ne craignent que le feu du ciel ou
le fer de l'homme , et qu'aucun animal
n'ose entreprendre d'ouvrir ou ren-
verser. Ces asyles sont non-seulement
très-sûrs , mais encore très-propres et
très-commodes ; le plancher est jonché
de verdure ; des rameaux de buis et de
sapin leur servent de tapis sur lequel
ils ne font ni no souffrent jamais au-
cune ordure : la fenêtre qui regarde sur
l'eau leur sert de balcon pour se tenir
an frais et prendre le bain pendant la
pins grande partie du jour ; ils s'y tien-
nent debout, la tête et les parties anté-
rieures du corps élevées , et toutes
les parties postérieures plongées dans
l'eau ; celte fenêtre est percée avec
précaution , l'ouverture en est assez
élevée pour ne pouvoir jamais être
fi'i niée par les glaces, qtii , dans le cli-
M
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UiH IlisnilllIC NMDIUl.i.l.l''.
iiinI lin iU)N uaNloiN , oui (iiioIiiimIim^
«liMin ou ii'oU |iinU (ri(|Mii»MMir \ ÎU n\
tthiiÎNNiMil mIoi'n lu lalilollo, ooiiimiiI vn
|HMilr Ion pinix niii' 1(*m(|IU*In i*ll«i «il<iil
ii|)jui)ft'n I ri N(i loiii. iiiio iii«OKi )iiMiii'il
IViaii miiiN lu f(liu>(\ ('(il (iliiiiiuiil lit|iiî(l(i
Irtir tmI nI iK^'.rNMiiîi'o , ou pliih^i llMIl*
ruiltuiililo plttÎMii', (|irilN MciiibltMàl nu
jtoiiViMt' n\m imNMoi' i iU voiiL ((iinhiiiU'
l'oiNIlMOK llMIl NOIIH In gIttiH), c/omI I||o|«
(lii'oii loi pn ml uiMiiiiMil m ullnquiiiit
criiii cAli^ la vttbuMv I (il loM uMoiidaiil,
ou uu^uu1 liuu|)N i\ tui (rou ijuViu prii-
ti(|Uo iUuiM la glauo i\ (|url(|uodi»lttut'n ,
vi oiH iU Noul ol)lig(^8 (ranivur liooi*
iTMpiroi'. L*httbilU(lu qu'iU oui do louii'
couliuudloinoul lu quouo cl loulci Wfs
parliatt postdriuuiTddu curpN ilani Ti^aUf
paroil avoir uliuugt^ la nuluic du luiu
clittiv ; colle des patlics aultiiiciauM
jus\|u'aux l'ciuti u la qualilu, le goùl ,
la cuuaistanco de luelmir des auiniuux
do lu leiTC cl de l'air ; celle des cuInhi^n
et de k tjucue a rudcui* , h saveur cl
?
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"■"^à**!
— -^ 'M
n ir c A n T o n
11,11
loiilm lii« f|UMlili'« (In ciillii ilii |nm«iiiom :
Di'llci (|UMiii loii^iiii tlun piml , «;|>iim«m
(riiii poiiMi , ni Imgn «In t iiM) «hi «ix , «it
iit^inu iirin nxl,
ilii , iiih; VKiii) |M»i«
lioii (In jioiMoii Mthii lii'c ((Il coipn (i'iiil
(|iiiuliii|W!(lii ; nlln «)Kt niili^i'ciiM iil ro-
<uMtV(U'ln dVicNilIcM ( I d'iiiKr pcuii toiihi
ncitiblaliln A <(illn t\vn p^mn poiNNoiid , oti
fHMil luilovi^r VAMt tUMU'H vn \vn lucldiit
iiti iiOilUmiJ f ni loiN()u'rllnii (hm»! lotii-
l)()iiA, l'dti vtûl «iiinoin Inur nrnpK'iiito
((iir 1(1 |i(!fiu , coiiiliMMiaiiMiolJdiioK |/<)iii«
MUIU,
CJ'nwt MU coriMiiniu'^ninril dnlVli) ijim
liii cttNliJi'dMn ia^Mfrtil>lnfit;iUnm|>l«/i(;fit
1(!M inuÎMdo juillnlirld'iioril /i (MniMlruifo
leur di/{iin ni Iniiid culmiind -, iU (ont
leur pi'oviMÎoti dVnonn ntdn Iioîa liudK
In inui»dc Nnplniiibie , ntiMitiln il« jouU-
•eiil do leurs ttuvaiix , iU ^otitcnt les
doucniijM doMHvflirttif'H ; c'nMl 1(; U'inpn
du icpuM f c enl iiiinux , c'vhI la Muiioii
de.H ainoui'i. Hk cuunoiMMant , pr(;v( nu»
l'un puur i'auU'c pui liabiludc; pur Ué
il
t
•irt'J
u
,!
110 HISTOIRE NATURELLE
plaisirs et les peines d'un travail com-
mun, chaque couple ne se ibrme point
au hasard , ne se joint pas par pnre né-
cessité de nature , mais s'unit par choix
et s'assortit par goût : ils passent
ensemble l'automne et l'hiver *, con-
tcns l'un de l'autre, ils ne se quittent
guère ; à l'aise dans leur domicile , ils
n'en sortent que pour faire des prome-
nades agréables et utiles, ils en rap-
portent des écorces franches qu'ils pré-
fèrent à celles qui sont sèches ou trop
imbibées d'eau ; les femelles portent ,
dit-on , quatre mois , elles mettent bas
flur la fin de l'hiver et produisent or-
dinairement deux ou trois petits ; les
mâles les quittent à- peu-près dans ce
temps , ils vont à la campagne jouir des
douceurs et des fruits du printemps ;
ils reviennent de temps en temps à la
cabane , mais ils n'y séjournent plus :
les mères y demeurent occupées à alai-
ter , à soigner , à élever leurs petits ,
qui sont en état de les suivre au bout
^ I
- -^i^^ '^•mi'%ssàmit^»-^>^ " '
>»'«••-, • '^
\ ■ *..'- —
lil corn-
le point
»nre né-
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r ; con-
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cile, ils
prome-
in rap-
ils pre-
)u trop
>rtent ,
mi bas
?nt or-
s ; les
ins ce
lir des
^mps ;
18 à la
plus :
L alai-
etits ,
bout
DU CASTOR» m
de quelques semaines ^ elles vont à leur
tour se promener , se rétablir à l'air ,
manger du poisson , des écrevisscs , des
ëcorces nouvelles , et passent ainsi l'été
sur les eaux , dans les bois. Ils ne se
rassemblent qu'en automne, à moins
que les inondations n'aient renversé
leur digue ou détruit leurs cabanes, car
alors ils se réunissent de bonne beure
pour en reparer les brèches.
Il y a des lieux qu'ils habitent de
préférence , oh Von a vu qu'après avoir
détruit plusieurs fois leurs travaux f
ils venoient tous les étés pour les réé-
difier jusqu'à 06 qu'enfin fatigués de
cette persécution et a£Poiblis par la
perte de plusieurs d'entr'eux , ils ont
pris le parti de changer de demeure et
de se retirer au loin dans les solitudjes
les plus profondes. C'est principale-
ment en hiver que les chasseurs let
cherchent , parce que leur fourrure
;p'est parfaitement bonne que dans
oçtte saison , et lorsqu'après avoir rui«
1,
^
:^
\
:tI2 HISTOIRE NATURELLE
me leurs établissemens , il arrive qu'ils
en prennent en grand nombre , la so-
ciété trop réduite ne se rétablit point ,
le petit nombre de ceux qui ont échap-
pé à la mort ou à la captivité se dis-
perse , ils deviennent fuyards^ leur
génie flétri par la crainte ne s'éj[)a-
nouit plus , ils s'enfouissent eux et tous
leurs talens dans un terrier , oh rabais-
sés à la condition des autres animaux ,
ils mènent une vie timide , nc&V .i-
peut plus que des besoins près : ,
n'exercent que leurs facultés indivi-
duelles , et perdent sans retour les qua-
lités sociales que nous venons d'ad-
inirer. «■ïi«*^f'
'"'f- i*t*'.'',^îf?-.',T^Î",'jr?'-''
♦•-ï-
♦.»•»
Quelque admirables en effet , quel-
que merveilleuses que puissent paroî-
tre les choses que nous venons d'expo-
ser au sujet de la société et des travaux
de nos castors , nous osons dire qu'on
ne peut douter de leur réalité. Toutea
les relations faites en différons tempi
ftar un grand nombre de témoins ocih
e qu'il»
1
la 80-
m
poiut ,
m
t ëchap-
' ï
8€ dis-
i_'
8 , leur
•
î s'épa-
: et tous
■';■
L rabais- 'y
imaux ,
^^
'es,--^>;; ^ ,
indivi-
C8 qua-
3 d'ad*
, quel-
paroî-
'expo-
ravaux
qu'on
Toutes
tempi
18 OCIH
''^DU CASTOR.r-r 1 13
laires , s'accordent sur tous les faits
que nous avons rapportés \ et si notrjB
récit ^iS^re de celui de quelques-uns
d'entr'eux , ce n'est que dans les points
oii ils nous ont paru enfler le merveil-
leux , aller au-delà du vrai , et quel-
quefois même de toute vraisemblance.
Car on ne s'est pas borné à dire que les
castors avoient des mœurs sociales et
des talens évidens pour l'architecture >
mais on a assuré qu'on ne pouvoit leur
refuser des idées générales de police et
de gouvernement \ que leur société
étant une fois formée , ils savoient ré-
duire eu esclavage les voyageurs , les
étrangers ; qu'ils s'en servoient pour
porter leur terre , traîner leur bois ;
qu'ils traitoient de même les paresseux
d'entr'eux qui ne vouloient , et les
vieux qui ne pouvoient pas travailler ;
qu'ils les renversoicnt sur le dos , les
faisoient servir de charette pour voi-^
turer leurs matériaux ; que ces répu-
l^licains ne s'assembloicnt jamais qu'en
Quadrup. V, ' i#
■^
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rwi
é':^
tl4 HI6T0IRB NATtTRBLtE
nombre impair , pour que dans kur»
couseiis il y eût toujours uiie voix pré-^
pondérante ; que Ul société entière
«voit un président \ que chaque tribu
ttYoit son intendant ; qu^ls avoient de»
sentinelles établies pour la garde pu*
-blique , 6cc. &c. Autant nous sommes
éloignés de croire à ces fables , ou de
recevoir ces exagérations j autant il
«lotis parott difficile de se refuser à ad<^
mettre des faits constatés , confirmés )
et moralement très-certains. On a mille
fois vu , revu y détruit y renversé leurs
ouvrages*; on lésa mesurés ^ dessinés )
gravés; enfin , ce qui ne laisse aucun
doute , ce qui est plus fort que tous les
témoignages passés , c'est que nous en
avons de récens et d'actuels ; c'est qu'il
«n subsiste encore de ces ouvrages sin*
guliei's qui , quoique moins communs
que dans les premiers temps de la dé'-
eonverte de l'Attiérique édptentriona-
le , se trouvent fjependant en asses
grand nombre pour fue tons les mia«
i
i
•^ » r C A STOR. n5
sionnAires, tous les voyageurs, même
lea plus nouveaux , qui se sont avan-
ces dans les terres du nord , assurent
en avoir renconiré. :. :?- ia&:yM:iS. n i
Tous s^accordent à dire qu'outre lea
castors qui sont en ^lociété , on rencon^
tre par-tout dans le même climat dea
castors solitaires , lesquels rejetés , di«.
sent^ils, de la société pour leurs âé-«
fants, ne participent à aucun de Sfea
avantages , n'ont ni maison , ni maga-
sin , et demeurent comme le blaireau
dans un boyau sous lerre ; on a mémo
appelé ces castors solitaires, ca^iows ter-*
riern ; ils sont aisés à reconnoitre , leui^
robe eet sale , le poil est rongé sur le
dos par le frottement de la terre ; iU
babitent comme les autres assez vol,on*
tiers au bord «des eauX; où quelques*
uns même creusent une fosse de quel-
ques pieds de profondeur, pour former
un petit étang qui arrive jusqu'à l'oU"
verture de leur terrier qui s'étend
quelquefois 4 plus de oent. pieds en lou-
X 4
t 1
/
I I
i
ïl6 HISTOIRE NATURELLE
gueur , et va toujours en s'ëlevant afin.
gu41s aient la facilité de se retirer en
haut à mesure que Peau s'ëlève dans
les inondations ; mais il s'en trouve
aussi y do ces castors solitaires , qui ha-
bitent assez loin des eaux dans les ter-
res. Tous nos bièvres d'Europe sont
dbs castors terriers et solitaires , dont
la fourr:ire n'est pas à beaucoup près
aussi belle que celle des castors qui vi-
vent en société. Tous diffèrent par la
couleur, suivant les climats qu'ils ha-
bitent: dans les contrées du nord les
plus reculées ils sont tout noirs , et ce
sont les plus beaux ; parmi ces castors
noirs il s'en trouve quelquefois de tout
blancs, ou de blancs tachés de gris , et
mêlés de roux sur le chignon' et sur la
croupe. A mesure qu'on s'éloigne du
nord ,1a couleur s'éclaircit et se mêle;
ils sont couleur de marron dans la
partie septentrionale du Canada y châ-
tains vers la partie méridionale , et
jaunes ou CQoleur de paille chez le»
L,
«aiW^
fit afin'
irer en
e dans
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jui ha-
ïes ter-
)e sont
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ord les
i y et ce
castors
de tout
ris , et
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mêle;
ans la
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e , et
ez le»
DU C A T O rJ * 11^
Illinois. On trouve des castors en Amé-
rique depuis le trentième degré de la-
titude nord jusqu'au soixantième et
au-delà ; ils sont très-communs vers le
nord , et toujours en moindre nombre
à mesure qu*on avance vers le midi :
c'est la même chose daiis Fancien con-
tinent ; on n'en trouve en qiiantité
que dans les contrées les plus septen-
trionales f et ils sont très -rares en
France, en Espagne, en Italie, en
Grèce et en Egypte. Les anciens les
connoissoient ; il étoit défendu de les
tuer dans la religion des Mages ; ils
étoient communs sur les rives du Pont-f
Euxin ; on a même appelé le castor ,
cania Ponticus , mais apparemment que
ces animaux n'ctoient pas assez tran-
quilles sur les bords de cette nier , qui
en efiFet sont fréquentés par les lioUi-
mes de temps immémorial , puisqu'au-
cun des anciens ne parle de leur so-
ciété ni de leurs travaux, ^lien sur-
tout, qui marque uu si grand foiblo
%l9 H^STOIHB NATUREl^LK
pour le in«pveiU<»MX n'aiiiiroit paé mah^
que de parler dea mervcililoa do leur
république , en exagérant kur génie
et leurs tadeiui pour raioliiteoture.
Pline lui-mêuie , Pline , dont l'esprit
fier, triste et sublime dëprise toujouci
l'homme pour exalter la nature , se
seroit-il abstenu de comparer les tra-
vaux de Romulus à ceux ^e nos cas-
tors? XI paroH donc certain qu'aucun
des anciens «'a connu leur ittdustrie
pour bâUi! y et qiu>i(]ufoiA ait trouvé
dans Iqs derniers siècles des castors ca*
banës en Korwègo et dan'i ka autres
provinces les plus septeiii^rionales de
r£uropQ , et qu'il y ail; apparence que
les anciens castors bâtissoient aussi
bien que les castors modernes > comme
les Romaiua n'avoient pas pénétré jus-
ques-là > il n'est pas sui^pienant que
leurs écrivains n'eu fassent aucune
l^ention* ' • " ♦. - r. - s
Plusieurs auteurs ont écrit que le
castor éUM^i uaanimal aquatique > il na
'i
rr
DU CASTOR. Itg
pouvoit vivre sur terre et sans eau :
cette opinion n'est pas vraie ) car !•
castor que nous avons vivant , ayant
été pris tout jeune en Canada, etayant
été toujours élevé dans la maison , ne
connoissoit pas l^eau lorsqu'on nous Ta
remis , il craignoit et retusoit d'y en-
trer i mais l'ayant une fois plongé et
retenu d'abord par force dans un bas-
sin , il s'y trouva si bien au bout de
quelques minutes, qu'il ne cherchoit
point à en sortir > et lorsqu'on le lais-
soit Hbre, il y retournoi t très-souvent
de luirtnéme ; il se vautroit aussi dans
)a boue et sur le pavé mouillé. Un jour
il s'échappa , et descendit par un es-
calier de cave dans les voûtées des car-
rières qui sont sous le terrein du Jar-
din-Royal ', il s'enfuit asses loin , en nar
géant sur les mares d'eau qui sont au
fond de ces carrières ; cependant , dès
qu'il vit la lumière des flambeaux que
nous y fîmes porter pour le chercher,
il reyini à ceux qui l'appeloient; etso
'rjtiifi''i rtijlitii" ' ." naj|riiii
\ii
m
120 HISTOTKE NAtURÉlLE
laissa prendre disëment. Il est familiei^
sans être caressant, il demande à man-
ger à ceux qui sont à tablé; ses instan-
ces sont un petit cri plaintif el quel-
ques gestes de la main ; dès qu'on lui
donne un morceau , il l'emporte , et so
cache pour le manger à son aise ; il dort
assez souvent , et se repose sur. le ven-
tre ; il mange de tout, âl l'exception do
la viande qu'il refuse constamment ,
cuite ou crue ; il ronge tout ce qu'il
trouve , les étoffes , les meubles , le
bois , et l'on a été obligé de doubler do
f«r-blanc le tonneau dans lequel il a été
transporté.-i-:<'i'A ';•» <*^.,■tïx,Ai^*r:4,a[:•^ï^wv■ .:•
""''Ijes castors habitent de préférence
sur les bords des lacs , des rivières et
des autres eaux douces ; cependant il
s'en trouve aux bords de la mer , mais
c'est principalement sur les mers sep-
tentrionales, et sur-tout dans les gol-
fes méditerranées qui reçoivent de
grands fleuves , et dont les eaux sont
peu salées. Ils sont ennemis de la lou-
K^
.„-~âiaiwK!
'♦Wfc^iijij^aÇi».,.
DU C A S T O n. ' I2l
tre , ils la chassent , et ne lui permet-
tent pas de paroi tre sur les eaux qu'ils
fréquentent. La fourrure du castor est
encore plus belle et plus fournie que
celle de la loutre: elle est composée de
deux sortes de poils ; l'un plus court ,
mais très-touffu , fin comme le duvet ,
impënëtiable à l'eau , revêt immédia-
tement la peau ; l'autre , plus long, plus
ferme , plus lustré , mais plus rare ,
recouvre ce premier vêtement , lui
sert , pour ainsi dire , de sur-tout , le dé--
fend des ordures, de la poussière, de la
fange ; ce second poil n'a que peu de
valeur, ce n'est que le premier que
l'on emploie dans nos manufactures.
Les fourrures les plus noires sont or-
dinairement les plus fournies , et par
conséquent les plus estimées ; celle des
castors teiTicrs sont fort inférieures
à celles des castors cabanes. Les castors
sont sujets à la mue pendant rélé,
comme tous les autres quadrupèdes ;
misd la fourrure de ceux qui sont pris
* .#•■
>-_..^ s
♦.. ,„
-LijS»--,.-,--' "^*^>'--'" 'Jàfi'-
122 htstoihe naturelle
dantr^etti saison n'a que peu de valeur.
Jj9L fourrure des castors Uaiios est eati-r
mée à cause de sa rarelt^ , et les iMirfai-*
teinent noirs sont presque aussi vai'ea
que )os blancs. •
Mais indépendamment de la £D»ur^
rure qui est ce que le castor Iburnit de
plus précieux > il donne encore une
matière dont on a fait un grand tiia^
en nédeeine. Cette naaiièrey que Von
a appelée ciuioy€um , est couteniue danf
deux grosses vésicules que lea anciens
a voient piises pour les testionles de l'a«
niinal : nous n'eu donnerons pas la des-»
cription ni ^s usages , parce qu'on les
trouve dans toutes les Pkarwaeopées.
JLtcs Sauvages tirent , dit - on , de la
queue du castor une huile , doiU ils se
fervent cou^me de topique pour diifé*
rens maux. La cliair du castor , quoi«
que grasse et délicate , a toujours un
go lit ainer assez désagréable on assure
qu'il a lea os excessivement durs , mais
140 us n'avoins p^s été à porlié^ de véri^
...t^ ,
Xx
fier M fait, n*cn ayant dissdquë qu'un
jeune : ses dents s(mt très-dures , et si
tranchantes qu'elles servent de cou-
teau aux sauvages pour couper, creu-
ser et polir le bois. Ils s'habi£lent dô
{)eaul de castors , et les portent en hi-
Yer le poil contre la chair : et sont coâ
fourrures iwbibcesde la su-^ur der Sau-
vages que l'on appelle castors gras,
dont on ne se sert que pour les ouvra--
ges les plus grossiers, > i» r ^
Le castor se sert de ses pie4s de de*
Yant comme des mains , avec une adresso
au moins égale à celle de Tëcurcuil ;
les doigts en sont bien Séparés , bieit
divisés^ au lieu que ceux des pieds dû
derrière sont réunis entre eux par un6
forte membrane ; ils lui servent de na^
geoireset s'élati: liront comme ceux dé
l'oie , dont le castor '» ftussi en partie la
démardie sur la f ( '-* . Il nage beau^
Bottp mieo:t qu'il ne court : comme il à
les jambes de devant bien plus cdurtes
que cellea de dertière, U marche tott«,
. Wl- ■i.-i -rf-î-»- ■ -i-; '.
:V!ï'fÉfT^i. .■.:V:i<r?''.lMi^^"\-^y V ,:;;b(/4t^-
Ijl4 HISTOIRE NATURELLE
Jours la tête baissée et le dos arqué. Il
a ]es sens très- bons , Todorat tvës-fiti,
et même susceptible ; il paroît qu'il no
peut supporter ni la malpropreté , ni
les mauvaises odeurs : lorsqu'on le re-
lient trop long- temps en prison , et
qu'il se trouve forcé d'y faire ses ordu-
res, il les met près du seuil de la porte,
et dès qu'elle est ouverte , il les pousse
dehors. Cette habitude de propreté
leur est naturelle, et notre jeune castor
ne manquoit jamais de nettoyer ainsi
sa chambre. A l'âge d'un an ^ il a donné
des signes de chaleur , ce qui paroît in-
diquer qu'il avoit pris dans cet espac»
de temps la plus grande partie de son
accroissement *, ainsi la durée de sa vie
ne peut être bien longue , et c'est peut-
.être trop que de l'étendre à quinze ou
vingt ans. Ce castor étoit très -petit
pour son âge , et l'on ne doit pas s'en
étonner , ayant presque dès sa naissant
ce toujours été contraint , élevé pour
ainsi dire à «ce , ne connoissant pa«
t /
...^
>-^.;
mmwm
•>-:;.»*!î' l^ï^-fe. ,
DU C A S T O R. iî5
l'eau , jusqu'à l'âge de neuf mois, il n'a
pu ni croître , ni se développer cumme
les autres , qui jouissent de leur liberté ,
et de cet élément qui paroît ieur être
presque aussi nécessaire que l'usage de
la terre.
Espèce connue dans ce genre.
Le Castor proprement dit« castor Siber,
Qnaclriip. V.
31
{
\
t-SJA ^..^ |.^ j
126 HISTOIHE NATURELLE
XXV GENRE.
LE R AT, M us.
Caractère générique : dents incisives
supérieures taillées en coin , trois
mâchelières de chaque côté^ clavicu-
les entières.
L'ONDATRA ET LE PILORI.
,Li'oND ATR A OU rat musqué du Canada ,
a la queue plate ^ et il diffère du pilori
ou rat musqué des Antilles , par celte
conformation et par plusieurs autres
caractères *, le pilori a la queue assez
courte , cylindrique comme celle des
autres rats » au lieu que l'ondatra Ta
fort longue.
m^m^.
■"^C^'
^ *»»»•»• — ^.._^.^„..„..<fc>,^<ii<li>, rVBnv,ri>
*~X
LB
DU RAT.
ï27
ElE.
7 5.
incisives
in , trois
j clavicu-
ÏLORI.
Canada ,
du pilori
par celte
rs autres
ue assez
celle des
datra l'a
f:
U O N D A T R A.
L'ondatra est de la grosseur d'un
petit lapin et de Informe d'un rat, il a
la tête courte et semblable à celle dii
rat d'eau , le poil luisant et doux avec
un duvet fort épais au-dessous du pre-
mier poil , à-peu-près comme le castor ;
il a la queue longue et couverte de
petites écailles comme celle des autres
rats y mais elle est d'une forme diffé-
rente : la queue des rats communs est
à-peu^près cylindrique , et diminue de
grosseur depuis' l'origine jusqu'à l'ex'
trémitéj celle du rat musqué est fort
applatie vers la partie du milieu jus-
qu'à l'extrémité, et un peu plus arron-
die au commencement , c'est-à-dire ,
à l'origine ; les faces applaties ne sont
pas horizontales, mais verticales, en
sorte qu'il semble que la queue ait été
serrée et comprimée des deux côtés
dans toute sa longueur : les doigts de»
I
« M
■«<»^»ai<^*T»ir>1>W»iWI|tBlBil!Jq^aM«Wfe»»«' ^1» '<4»»«<4«»' -
128 HISTOIRE NATURELLE
pieds ne sont pas réunis par des mem-
branes , mais ils sont garnis de longs
poils assez serrés qui suppléent en par-
tie TefTet de la membrane et donnent
à l'animal plus de facilité pour nager.
Il a les oreilles très- courtes et non pas
nues comme le rat domestique , mais
bien couvertes de poil en dehors et
en dedans ; les yeux grands et de trois
lignes d'ouverture ; deux dents inci-
sives d'environ un pouce de long dans
la mâchoire inférieure , et deux autres
plus courtes dans la mâchoire supé-
rieure : ces, quatre dents sont très-
fortes, et lui servent à ronger et à
couper le bois. - ^ . ' . , > ', ■_<
Les choses singulières que M. Sar-
rasin a observées dans cet animal, sont,
1°. la force et la grande expansion du
muscle peaiicier qui fait que l'animal ,
en contractant sa peau, peut resserrer
son corps et le réduire à un plus petit
volume ; 2°. la souplesse des fausses
côtes qui permet cette contraction de
ii-*à*:iwJ&à*i^^
mem"
longs
n par-
»nnent
nager.
iOii pas
, mais
lors et
le trois
i inci-
ig dans
autres
supé-
très-
et à
Sar-
; sont,
ion du
iimal ,
(Serrer
petit
[ausses
on de
ri.ïÂA DURA T.^'î' 129
i^orps, laquelle est si considérable, qwe
le rat musqué passe dans des trous où
des animaux beaucoup plus petits ne
peuvent entrer; 3°. les follicules qui
contiement le musc ou le parfum de
cet a ai mal sous la forme d'une humeur
laiteuse , et qui sont voisins des parties
de îa génération : ils sont très-gros ,
trts ' gonflés , leur parfum très - fort ,
très- exailé, et même très-sensible à
une assez grande distance dans le temps
des amours; ensuite ils se rident, ils
se flétrissent, et enfin s'oblitèrent en
entier. Ce changement , dans les follé-
cules qui contiennent le parfum , se
fait promplement et complètement;
ces follocules, qui sont communs aux
deux sexes , contiennent un lait fort
abondant au temps du rut. »'>' •
Comme l'ondatra est lu même pays
que le castor , que comme lui il habite
sur les eaux, qu'il est en petit è-peu-
près dv) ia même figure , de la mémo
couletu' et dii mèu.c poil; on les t, « 'i-
V-
IP'
< !«W^-V*Sffi , j*«v#.^>,
'rd^ii^ ^^r.^'i^'n- -^"^
■;=i«^«»ir--
..>^>hMtf.r^^t^V
Ë^'h'-'
&> \
I ^
i3o iiTsraîîui: naturullb
Tcnt co?vq>»;\'8 Vixn h raiUre; on assure
même qa'au premier ,^up- d'oeil on
pnudrou un vlmix. onUatra pour un
castar qui ^'aurait qu'un mois d'âge;
ils diBf^rent cependant assez par \m
foriïw df îa queue poor qu'on ne puisse
s'y im^iîrfliKÎie, 'le est ovale et plate,
hori'.'Tontaleniont dans le castor ; elle
est très-alongee et plate verticalement
dans l'ondatra : au reste, ces animaux
se ressemblent asjoz par le naturel et
l'instin€t ; les ondatras , comme les
castors , vivent en société pendant
l'hiver; ils font de petites cabanes
d'environ deux pieds et demi de dia-
mètre , et quelquefois plus grandes ,
où ils se réunissent plusieurs familles
ensemble ; ce n'est point , eomme les
marmottes, pour y dormir pendant cinc^
ou si:x mois , c'est seulement pour se
mettre à l'abri de ls> iiguciiir de l'air :
ces cabanes sont rondes et eouvertes
d'un dôme d'un pied d'épaisseur ; des
lici bea , d' 5 ioncs entrelacés mêlés a^' n ^
9iKr;i«M.
DURAT. rôt
«îe la tevre grasse qu'ils pëtrisscnt avec
Jcs pieds , sont leurs malcriaux. Leur
construction est impénétrable à Tcaii
du ciel , et ils pratiquent des gradin»
en dedan» pour n'être pas gagnés par
l'inondation de celle de la terre : cette
«abane , qui leur sert de retraite, est
couverte pétulant l'hiver de plusieurs
pieds de glaces et de neiges sans qu'ils
en soient incommodés, ils ne font pas
de provisions pour vivre comme les
castors , mais ils creusent des puits et
des espèces de boyaux au-dessous et à
l'entour de leur demeure pour chcr-
clier de l'eau et des racines^*, ils passent
ainsi Fhiver Fort tristement quoiqu'exi
société , car ce n'est pas la saison de
leurs amours : ils sont privés pendant
tout ce temps de la lumière du ciel ]
aussi lorsque l'haleine du printemps
commence à dissoudre les neiges et à
découvrir les soisimets de leurs habi-
tations, les chasseurs en ouvrent le
dôme, les offusquent brusquement de
i^
!W^
■ ■ i'
.i»;*-»^
1».^^^. '-ii^ ii;qË. ■ïa.ù^^uàiÀtiJi^^/^
1<>| ni
il
Icf
l32 IIISTOIRK NATURELLE
la lumière du jour ^ et assomment on
prennent tous ceux qui n'ont pas eu
le temps de gagner les galeries souter-
raines qu'ils se sont pratiquées et qui
leur servent de derniers retranche-
mens où on les suit encore, car leur
peau est précieuse et leur chair n'est pas
mauvaise à manger. Ceux qui échap-
pent à la main du chasseur, quittent
leur habitation à -peu -près dans ce
temps ; ils sont errans pendant l'été ,
mais toujours deux à deux , car c'est le
temps des amours : ils vivent d'herbes
et se nourrissent largement des pro4
ductions nouvelles que leur offre la
surface de la terre ; la membrane adi-
peuse s'étend , s'augmente , se remplit
par la surabondance de cette bonne
nourriture; les foUécules se renouvel-
lent , se remplissent aussi , et c'est alors
que ces animaux prennent une odeur
de musc si forte qu'elle n'est pas sup-
portable : cette odeur se fait sentir de
loin ; et quoique 5Uftve pour les Buio-
a.i.-^yJL^'i'iriSm^i-^^^.
■-t^.-
„.»•«•.
,,,.'»"■« I '—^"ll^ijl*;
iri.
^iÊtim^-.
DURA T. . i33
p^ens, elle dcplait si fort aux Sauva--
ges, qu'ils ont appeléjDz^a/ite une rivière
sur les bords de laquelle habitent en
grand nombre ces rats musqués qu'ils
appellent aussi rats puants.
Ils produisent une fois par an, et
cinq ou six petits à la fois \ la durëe de
la gestation n'est pas longue j puisqu'ils
n'entrent en amour qu'au commence-
ment de l'été , et que les petits sont
déjà grands au mois d'octobre lorsqu'il
faut suivre leur père et mère dans la
cabane qu'ils construisent de nouveau
tous les an^; car on a remarqué qu'ils
ne reviennent point à leurs aj" nnes
habitations. Leur voix est une espèce
de gémissement que les chasseurs imi-
tent pour les piper et pour les faire
approcher -, leurs dents de devant sont
si fortes et si propres à ronger, que
quand on enferme un de ces animaux
daus une caisse de bois àui > il y fait
en très -peu de temps un trou assez
grand pour en sortir j et c'est encore
'M
I
|34 HISTOIRE NATURELLE
une de ces facultés naturelles qu'il a
commune avec le castor , que nous
n'avons pu garder enfermé qu'en dou-
blant de fer-blanc la porte de sa loge.
L'ondatra ne nage ni aussi vite ni aussi
longrtemps que le castor; il va plus
souvent à terre , il ne court pas bien et
marche encore plus mal en se berçant
à-peu-près comme une oie. Sa peau
conserve une odeur- de mnsc , qui fait
qu'on ne s'en sert pas volontiers pour
fourrure, mais on emploie le second
poil ou du% :t dans la !«! > ique des cLa-
peaux.
Ces animaux sont peu farouches , et;
en les prenant petits, on peut 1rs ap-
privoiser aisément ; ils sont mêmi .es-
jolis lorsqu'ils sont jeunes ; leur queue
longue et presque nue , qui rend leur
figure désagréable , est fort courte
di'AS le premier âge : ils joaent inno-
cemmentet aussi lestement que des pe-
tits chats \ ils ne mordent point , et
on les nourriroit aisément si leur odeur
*«-*.>
■mmWti'.
\
I
es qu'il a
que nous
u*en dou-
te sa loge.
te ni aussi
i va plus
18 bien et
0 berçant
Sa peau
) qui fait
tiers pour
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1
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it les ap-
enii jès-
îur queue
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■1 l»»
DURAT. l35
n^ctoit point incommode. L'ondatra et
le desman sont au reste les senis ani-
maux des pays septentrionaux qui
donnent du parfum ; car l'odeur du
castorcum est très-désagréable , et ce
n'est que dans les climats cbauds qu'on
trouve les animaux qui fournissent le
vrai musc, la civette et les autres par-
fums.
LE SURMULOT.
■J: "-• " ■
Nous ''jnnerons le nom de surmu-
lot à une nouvelle espèce de mulot,
qui n'est connue que depuis quelques
années. Aucun Naturaliste n'a parle
de cet animal , à l'exception de M. Bris-
son qui, le comprenant dans le genre
des rats , l'a appelé rat des bois. Mais
comme il diffère autant du rat que le
mulot ou la souris , qui ont leurs noms
propres , il doit avoir aussi un nom par-
ticulier , surmulot , comme qui diroit
gros ; grand mulot ; auquel en effet il
, ,. f
^i\
IVl
i-
l36 HISTOIRE NATURELLE
ressemble plus qu'au lutpar la couleur
et par les habitudes naturelles. Le sur-
mulot est plus fort et plus mëcliant que
le rat j il a le poil roux, la queue extrê-
mement longue et sans poil , Tëpine
du dos arquée coiTime l'écureuil , et le
corps beaucoup plus cpais, des mous-
taches comme le chat. Ce n'est que de-
puis neuf ou dix ans que cette espbcô
est répandue dans les environs de Pa-
ris : l'on ne sait d'oiîi ces uiximaux sont
venus, mais ils ont prodigieusement
multiplié, et l'on n'en sera pas étonne ,
lorsqu'on saura qu'ils produisent ordi-
nairement douze ou quinze petits , sou-
vent seize , dix-sept , dix-huit , et
raèmt jusqu'à dix-neuf. Les endroits
oà ils ont paru pour la première fois ,
et où ils se sont bientôt fait remarquer
par leur dégât, sont Chanlilly, Mar-
ly- la- Ville et Versailles. M. le Roy,
inspecteur da parc, a eu la bonté de
nous en envoyer une grande quanti !é ,
vivans et morts j il nojis a mêmecom-
sur-
I
DU RAT. i37
muniqué les remarques qu'il a faites
sur cette nouvelle espèce. Les màles
sont plus gros, plus hardis et plus mé-
dians que les femelles : lorsqu'on les
poursuit et qu'on veut les saisir , ils se
retournent et mordent le bâton ou la
main qui les frappe ; leur morsure est
non-seulement cruelle , mais dange-
reuse , elle est promptement suivie
d'une enflure assez considérable ; et la
plaie quoique petite , est long-temps
à se fermer. Ils produisent trois fois
par an : ainsi deux individus de cette
espèce en font tout au moins trois dou-
zaines en un an ; les mères préparent
un lit à leure petits. Comme il y en
avoit quelqvtes-unes de pleines dans le
nombre de celles qu'on nous avoit en-
voyées vivantes,et que il ousles gardions
dans des cages , nous avons vu les ie-
.melles deux ou trois jours avant de
mettre bas , ronger la planche de la ca-
ge , en faire de petits copeaux en quan-
tité, les disposer , les étendre et eu-
Quadrup. Y. 12
^>i
l38 HISTOIRE NATURELLE
suite les faire servir de lit à leurs pe-
tits.
Les surmulots ont quelques qualités
naturelles qui semblent les approcher
des rats d'eau*, quoiqu'ils s'établissent
par- tout , ils paroissent préférer le bord
des eaux; les cliiens les chassent comme
ils chassent les rats d'eau , c'est-à-dire ,
avec un acharnement qui tient de la fu-
reur. Lorsqu'ils se sentent poursuivis et
qu'ils ont le choix de se jeter à l'eau ou
de se fourrer dans un buisson d'épines ,
à égale distance , ils choisissent l'eau ,
y entrent sans crainte , et nagent avec
une merveilleuse facilité. Cela arrive
sur- tout lorsqu'ils ne peuvent regagner
leurs terriers , car ils se creusent com-
me les mulots , des retraites sous terie,
ou bien ils se gîtent dans celles des la-
pins. On peut, avec les furets , prendre
les surmulots dans leurs terriers ; ils
les poursuivent comme les lapins ^ el
semblent même les chercher avec plus
d'ardeur.
y
/
'»
'^".'ffe --^si^napf'
ils
, et
plus
DURAT. 139
Ces animaux passent l'ëtë dans la
campagne, et quoiqu'ils se nourrissent
principalement de fruits et de grains ,
ils ne laissent pas d'être aussi très-car-
nassiers ; ils mangent les lapereaux ^
les perdreaux , la jeune volaille , et
quand ils entrent dans un poulailler ,
ils font comme 1&. putois , iU en égor-
gent beaucoup plus qu'ils ne peuvent
en manger. Vers le rtiois de novembre,
Its mères , les petits et tous les jeunes
surmulots quittent la campagne et vont
en troupe dans les granges , où ils font
un dégât infini ; ils hachent la paille ,
consomment beaucoup de grain , et in-
fectent le tout de leur ordure. Les
vieux mâles restent à la campagne ,
chacun d'eux habite seul dans son
trou ; ils y font , comme les mulots ,
provision pendant l'automne de gland ,
da farine , &c. ils le remplissent jus-
qu'au bord , et demeurent eux-mêmes
au fond du trou. Ils ne s'y engourdis"
«i&ut pas comme les loirs y ils en sortent
I
^i«*-^"'Vv
n
M
140 HISTOIRE NATURELLE
en hiver , sur - tout dans lea beaux
jours. Ceux qui vivent dans les gran>
ges y en chassent les souns et les rats ;
Ton a même remarque , depuis que lei
surmulots se sont si fort multipliëa
aux environs de Paris y que les rats y
sont beaucoup moins communs qu'ils
ne rétoient. autrefois.
LE RAT.
Le rat est assez connu par l'incom-
modité qu'il nous cause ; il habite or-
dinairement les greniers où l'on en-
tasse le gr.''in j où. l'on serre les fruits,
ef de-Jà , il descend et se répand dans la
maison. Il est carnassier , et même om-
nivore , il semble seulement préférer
les choses dures aux plus tendres ; il
ronge la laine , les étoffes, les meubles,
perce le bois, fait des trous dans les
murs , se loge dans l'épaisseur des
planchers , dans les vides de la char-
pente ou de la boioerie ; il en sort pour
?^%.^WS,:
3eaux
gran-
rats;
[ue lei
tipliës
rats y
qu'ils
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DU RAT. ' i4r
chercher sa subsistance , et souvent, il
y transporte toutcc qu'il peut traînerj
il y fait nème quelquefois magasin ,
sur-tout h 'tL*i\ des petits. 11 pro-
duit plup en * m par an , presque
toujours 11 3 portées ordinaires
sont de cinq c. Il cherche les lieux
chauds , et 8é niche en hiver auprès
des cheminées ou dans le foin, dans la
paille. Maîgrd les chats , le poison , les
pièges et appâts , ces animanx pullu-'
lent si fort , qu'ils causent souvent do
gi^ands dommages ; c'est sur-tout dans
les vieilles maisons à la campagne , où
Ton garde du blë dans les greniers , et
oh le voisinage des granges et des ma-*
gasins à foin facilite leur retraite et
leur multiplication , qu'ils sont en si
grand nombre qu'on seroit oblige de
dëmeubler , de déserter , s'ils ne se dé-
truisoient eux • mêmes ; mais nou»
avons vu par expérience qu'ils se tuent,
qu'ils se mangent entr'eux pour peu
que la faim les presse ; en sorte qu&
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(716)875-4503
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>
l42 HISTOniE NATURELLE
quand il y a disette à cause du t^èpi)
grand nombre , les plus forts se jettent
sur les plus foibles , leur ouvrent la^
tête et nu^ngent d'abord la cervelle , ei
ensuit^ le reste du cadavre ; le lende-^
. in ?im, la guerre recommence , ejt dur^
aittfiji. jiui^a'à la destpi^^çtîqn dix p^^li
g]:a^d nombre ; c'est par ce t^e raison x^
qu'il arrive ordinaîrement ^ qu'aprèa
nvoir ^të. inlbstë de ces animaux penr
dan( i^n t^mps f ils sesuvbleut souvent
diçpa^pJLjt^'e tout-à-coup j ?t quelquefois
pouc loifg-temps. Jl en ^Q^t de ^ême
des m]ilots , dont la pullnlation prodi'
gieuseï n'est arrêtée que' par le* cruau-
tés qu,',ils exercent entr'ew^j;, dès quei
les vivres £pi;^mencentjL Içiir manquer.
Ar jstote .a attribué çe^] ; destructionf
subite ^l'effet des pluies ; jnais les rata
n'y spnt point exposés ^ et lç« mulota
savents^eu garantir , cap Iss trçuaqu'ils
babiten^t sous terre nesouipi^^ même
kumides, .V-*'r-» ♦?— mi^rn^^r rt:*;-»
r.. Les rats sont aussi lascifs que vora-
^1-
■h
■t'A
#»>-?■>*■*••«( ,
■■"••;,-'---^ï»feô-'" '
"f'vr'f*'*."^ '*'*""
,-jmÊ0iit^'
'■."-' ■ v;^" !«-.
•fe
Jtjjv DU RAT. i4î i4S
^f r iU. glapissent daîia, leurs amours ,
.^t^ei^ent qiaand ils se biattent ; ils prêt
^l^arfi^ti «ft )it à , leuys petits , et leu^
^:^pQr>k'|ii bientôt à fZMuiger ; lorsqu'itt
4^9ime«CGi|t à.8iQ|r.tjr jdÇil^ur trou, la
\inère les veille , le^ défend , et se bat
u^ème; cQntre Iq^^hats po^r les sauver*
^JUii gro»rat e^t plus^m^Ç^i^t) et prea»-
• qu'aussi fort qu'un jiaf^iie^ , chat ; il a lea
âents de devant r Isxagiy^ et fortes : \p
^tkatmotà fual ^ etaoij|ii|ie il ne se sert
llguère.qlift de se» gpfies, il faut qu'il
^^«è»t ii0n.-8eMlemewti*yig9Wettx , mai*
agH^ri. La belej^.^jq\i<^ae pl^8 pe**
vjite ,.est un<enne,mÂplii^ d^isge^eu^^c^t;
qxifi le, rat redoute pai;^ç qu'elle le suit
dans sO^Xtrou : ]scqç^\mti^}JLve quelqqe»-
ibis loisigT;tenips j la ibrce estau moii^a
égale,^ maiS|ren3ploi.tdes armes est (\iSr
férernt; le: rat ne peut blesser qii'à plu-
aieura rieprises et pai^jtesdentsde de-»
vaut f lesquelles sont plutôt faites pour
rouger que poiir mordre y et qui étant
pQsdes à l'extrémité du levier de la
•*i
I
««
f 1 . ti^s: ■
N-f
■"W^
Wm
*•
M
î 44 HISTdt'ï^E "^ ÂtttRELLE
mâélioire oht'))éù de force ; tandia^til
là belette mord de toute la inâchoii*è
avec acharnekûent § et qu'au lieiï dé
dëmordre ) elle suce le sang dé FèudiDâît
entamé -, aussi lc'ràt'icifccoinbe*€*-irtott<^
jours. ■ -' ''' ''^V
Oh troiiVc' "des yiariëtës dans cette
és|)èce , comMé dans toutes celtes, qui
sont très-nombr^sés en indmdus':
outre les rats ordîtoallrès qûf sbht noi-
râtres y ily '^^é^^' bruns j d» j^Veèqùe
noii*s , d'autres '^tt ^s pliïs'bland ou
pl^ë roux , et .d'autre» tout - à ^ fait
blàÊnCs: ces i^ktsi blancs ont les yeti3(
réugcs comùfe^' ^é- kj^ih blanc , la souris
blanche y et 'c iê lé^ autres aniiÀaux
qui sont tbiit^HMt blancs. L^espèce
etitière, aV<!ïC ses rariëtës , pa|:^t être
naturelle ainic climats tempërës de no-
tiée continent) et s'est beaucoup- plus
répandue dans les pays chauds que dans
les pays froids. Il n'y en avoit point en
Amérique , et Ceu-xl 4uï y feont aujour-
d'iini , et en ti'èiât-^ànd nombre ; y ont
» «îÉniiwwiii animiiiii»
■Hw;
Mmj
D Ù
RAT.
H
45
dëbarquë avec les Europëens : ils mol-
tipliërent d'abord si prodigieusement/*
qu'ibont ëtë pendant long-temps le
fléau des colonies , oà ils n'avoieut
guère d'autres ennemis que les grosses
couleuvres qui les avalent tout vivans :
les navires les ont aussi portes aux In-
des orientales , et dans toutes les fies
de FArchipel indien: il s'en trouve
aussi beaucoup en . Afrique. Dans le
nord , au contraire , ils ne se sont guère
multiplies au-delà de la Suède ; et ce
qu'on appelle des rats en Norwège >
en Laponie , &c. sont des animaux dif-
fërens de nos rats. î'^
..,., .. ■ . 'f>f;.^*Hf'S4é-;|;«S^^St^i,>o
.^5^ .' % X s^ U RI S.^ '*''^ '*^^
".'■ , -y. -. -TV : .' ..J.. .:.r
La souris , beaudoup plus petite que'
le rat, est aussi plus nombreuse , plu»
commune et plus généralement répan^
due : elle à Ir même instinct, lé même'
tempérament , le même ; naturel , et
n'en diffère guère que par k foiblesse
Ltf^-Ï^^ ,,
te^**.^»».^ ti.-.-------'
i
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I-
\
M'
|46 HISTOIRE NATUHELLE
et par les babiludes qui raccorapA«j
gnent ; timide par nature , familière
par nëccssitd , la peur ou le besoin font
tous SCS mouvemens ; elle ne sort de
son trou que pour chercher à vivre ;
elle ne s'en ëcarte gu^re y y rentre à là
première alerte , ne va pas , comme le
rat, de maisons en maisons à moins
qu'elle n'y soit forcée , fait aussi beau-
coup moins de dégât, a les mœurs plus
douces et s'apprivoise jusqu'à un cer-
tain point , mais sans s'attacher : com-
ment aimer en eifetceux qui nous dres-
sent des embûches ? Plus foible^ elle a
plus d'ennemis auxquels elle ne peut
échapper ou plutôt se soustraire, que
par son agilité , sa petitesse même. Les
chouettes, tous les oiseaux de nuit,
les chats , les* fouines, les belettes, les
rats même lui font la gner^t}; on l'at-
tire, on la leurre aisément par desap*
pats , on la détruit h. milliers ; elle ne
subsiste enfin que pfir son immense fé-
vi ■.>*;*»*• ■» t.»
.'* >«i. *éi -i
, •■*
V'Mfe- •^-r t''i**^"-'-*M- ■ *»'*'^î*ft*-^
:\,i:îp
<u:ij*^
DURAT.
'îf
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' Ten ai vu qui avoient mis bas dan m
des souricières ; elles produisent dans
toutes les saisons, et plusieurs fois par
an ; les portées ordinaires sont de cinq
ou six petits; en moins de quinze jours
ils prennent assez de force et do crois-
sance pour se disperser et aller cher-
cher à vivre : ainsi , la durde de la vie
de ces petits animaux est fort cour-
te , puisque leur accroissement est .si
prompt f et cela augmente encore Ti*
dëe qu'on doit avoir de leur prodigieuse
multiplication. Aristote dit , qu'ayant
mis une souris pleine dans un vase à
serrer du grain , il s'y trouva peu de
temps après cent vingt souris toules
issues de la même mère.
Ces petits animaux ne sont point
laids, ils ont l'air vif et même asse^
fin ; l'espèce d'horreur qu'on a pour
eux , n'est fondée que sur les petites
surprises et sur l'incommodité qu'ils
causent. Toutes les souris sont blan-
châtres sous le ventre ; et il y en a de
II
l48 HISTOIRE NATURELLE
' Jblanclies sur tout le corps, il y en A
aussi de plus ou moins brunes et de plus
ou moins noires. L'espèce est gënëra-
\ lement répandue en Europe, en Asie ,
en Afrique; mais on prétend qu'il n'y
en avoit point en Amérique , et que
celles qui y sont actuellement , en
grand nombre , viennent originaire-
• ment de notre continent : ce qu'il y a
de vrai , c'est qu'il paroit que ce petit
animal suit l'homme et fuit les pays
inhabités , par l'appétit naturel qu'il a
pour le pain » le fromage , le. lard ,
l'huile , le beurre et les autres alimens
queThomme prépare pour lui-même.
.><»,
LE MULOT.
,, Le mulot est plus petit que le rat,
et plus gros que la souris ; il n'habite
jamais les maisons , et ne se trouve que
dans les champs et dans les bois ; il est
remarquable par les yeux qu'il a gros
et prpémineus, et il diffère encore du
.^-i
-^■ib-i. -
'.••ïi-'.Aïlt'j
ïi'î'i-'^'iiïav.'v^'^; 'm^-
a.ij
DU RAT. .îi i49
rat et de la souris par la couleur du
poil qui est blanchâtre sous le ventre ,
et d'un roux brun sur le dos : il est
très-gënëralement et très -abondam-
ment répandu , sur-tout dans les ter-
res ëlevëes. Il paroît qu'il est long-
temps à croître , parce qu'il varie con-
sidérablement pour la grandeur 'y les
grands ont quatre poUces deux ou trois
lignes de longueur depuis le bout du
nez jusqu'à l'origine de la queue ; les
petits, qui paroissent adultes comme
les autres , ont un pouce de moins. Et
comme il s'en trouve de toutes les gran-
deurs intermédiaires, on ne peut pa,s
douter que les grands et les petits ne
soient tous de la même espèce. ,.^ ,,.
, Il habite,, comme je l'ai l^f, les ter-
res sèches et ëlevëes ; on le trouve en
grande quantité dans les bois et dans
les champs qui en sont voisins : il se
retire dans des trous qu'il trouve tout
faits ou qu'il se pratique sous des buis-
sons et des troncs d'arbres ^ il y amasse
Quadrup. V, i3
*;/'
(h
'l
J. I
l5o HISTOIRE NATURELLE
une quantité prodigieuse de glands, de
noisettes ou de faines; on en trouve
quelquefois jusqu'à un boisseau dans
un seul trou, et cette provision au lieu
d'être proportionnée à ses besoins , ne
Test qu'à la capacité du lieu ; ces trous
sont ordinairement de plus d'un pied
sous terre , et souvent partagés en
deux loges j l'une où il habite avec ses
X>ellts, et l'autre où il fait son magasin.
J'ai souvent éprouvé le dommage très-
considérable que ces animaux causent
aux plantations; ils emportent les
glands nouvellement semés , ils suivent
le sillon tracé parla cbarrue, déterrent
chaque gland l'un après l'autre , et n'en
laissent pas un : cela arrive sur 'tout
dans les années où le gland n'est pas
fort abondant; comme ils n'en trou-
vent pas assez dans les bois , ils vien-
nent le chercher dans les terres semées,
ne le mangent pas sur le lieu, mais
l'emportent dans leur trou , où ils l'en-
tassent , et le laissent souvent sécher
U.
; y^-.
\
iijliUlKfT"
. Il DURAT. l5l
rt pourrir. £ux seuls font plus de tort
à un semis de bois, que tous les oiseaux
et tons Ici autres animaux ensemble.
Je n'ai trouve d'autre moyen pour évi-
ter ce grand dommage, que de tendre
des piëges de dix pas en dix pas dans
toute retendue de h. terre semée -j il ne
faut qu'nive noix grillée pour appât,
sous une pierre plate soutenue par une
bûchette ; ils viennent pour manger la
noix qu'ils préfèrent au gland) comme
elle est attachée à la bûchette , dès
qu'ils y touchent , la pierre leur tombe
sur le corps, et les étouffeou les écrase:
ye me suis servi du même expédient
contre les campagnols qui détruisent
aussi les gtailds \ et comme l'on avoit
soin de m'upporter tout ce qui se trou«
voit sous les piégesy j'ai vu les premiè-
res fois avec étonnement , que chaque
jour on prenoit une centaine , tant de
mulots que de campagnols , et cela dans
une pièce de terre d'environ quarante
ârpens ; j'en ai eu plus de deux milliers
KVr
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-H»--» A ->v„
I
(
^. i.
) '
. id
\
l^a HISTOIRE NATUUELLK
en trois semaines , dopiiisle i5 novem-*
bre jusqu'au 8 d^mbre, et ensuite eu
moindre nombre jusqu'aux grandea ge-
lées, pendant lesquelles ils se recèlent
et se nourrissent dans leur trou. De-
puis que j'ai fait cette épreuve , il y ft'
plus de !io ans I je n'ai jamais manqué,
toutes les fois que j'ai semé du bois^
de me servir du même expédient , et
jamais on n'a manqué de prendre de9
mulots en très-grand nombre; c'est
sur-tout en automne qu'ils sont en si
grande quantité ; il y en a beaucoup*
moins au printemps, car ils se détrui-
sent eux-mêmes pour peu que les vivres
viennent à leur manquer pendant l'hi-
ver ; les groit mangent les petits; II»
mangent aussi les campagnol», et mê-^
mêles grives, les merles et les sutretf
oiseaux qu!ils trouvent pris aux lacets ;;
ils commencent par la cervelle , et fi^
nissent par le reste du cadavre. Nou»«
av(ms 'min dans un même vase douze de ^
ces mulots vi vans, on leur donnoit à
L-II
■■^ V
,-*!».«-
>*■
it^ ■*•
V_
Buangfr à huit heures du malin; un
jour qu'on les oublia d'an r^nart-dMieu^
re|,il y en eut un qui servit de pâ-
turé aux autres; le^ fendemain ils en
mangértent un autre ; et enfîii au bout
de quelques jours il n'en resta qu'un
ietiV, tous les autres a voient été tues
et dëvorë's en partie , 'et celui qui resta
le dernier avoit lui-hiême les pattes et
la queue mutiiffes. ' '"^ *^** '*** * """'^
^^Xe rat pullule beaucoup, Te mulof
pulhite encore dinYchitagc; il produit
]^Tus d'une fois par an, et Tes portée»
soitt souvent de neuf tt dix , au Ketf
^ne celtes du rat ne sont que de cinq oii
six : ulV homme dé ma campagne en prit
nn jour vingt-deux dans un seul trou ,
il y aToit denx mèreff et vingt petits.
Il est très-gëhëralement répandu dans
tatte TEurone;. ^*9.i'T ■•«»'•* *?^T^?'-'" "* »x^
n
tmmm^
. ^iJéJii^^^'iar-'-Ai»^
1$^^ HrSTOIRR NATrnKLLE
LE RAT D' E A U. iiror
Le rat d'çai|i est pin petit animal de
la grosseur d'un mjt,, mais qvà par le
naturel et par les habitudes^ ressemble
beaucoup plus à la loutre qu'au r^t «
comme elle, il ne fréquente que les
eaux douces , et on le trouve çoinmu-
ndment sur les bords des rivières , de^
ruisseaux , des étangs ; comme elle f il
lie vit guère que de poisson : les gou-
jons t les mouteilles , les verrons , )es
ablettes, le irai do la carpe, du bru*
chet, du barbeau , sont sa nourriture
ordinaire , il mange aussi des grenouil-
les , des insectes d'eau , et quelquefois
des racines et des berbes. Il n'a pas ,
comme la louti^e, des membranes en-*
tre les doigts des pieds : c'est une er-
reur de Willugby , que Ray et plus-
sieurs autres naturalistes ont copiée,
il a tous les doigts des pieds séparés ,
et cependant il nage facilement ; se
.M
l\ .
- f-r»'i!^«»i»-i.-.JtiaaB
*^ .'!>«« ,ï>
T \
pu II A T. i55
lit'fit RouaTeaivlong-lfiiips, et rapporte
sa proie ppiiv la manger à terre , sur
l'herbe ou dans son trou \ les pécheurs
l'y surprennent, quelquefois en cher-
chant des dcrevisses , il leur mord les
doigts I et cherche àsesauTcr en se je-
tant dans l'eau. Il a la tête plus courte;
le museati plus gros j le poil plus hërisr
se , et h. queue beaucoup mplns longue
que le mt. Il fuit, comme la Iputre^
les grands ileuves ou plutôt les riviè-
res trop frëqu<Bptdes, Les chjens les
chassent avec une espèce de fureur. On
ne le trouTe jamais dans le» maisons t
dans les granges ; il ne quitte pas le
bord des eaux, ne s'en éloigne même
pas autant que Ja loutre , qui quelque-
fois s'écarte et voyage en pays sec à
plus d'un^ lieue. Le rat d'eau ne va
point dans les terres élevées , il est fort
rare dans les hautes montagnes , dans
les plaines arides ; mais très-nombreux
dans tous les vallop humides et maré-
cageux. Les mâles et les femelles se
1
-i
^Tf-.-_:%^
«H
4
*«^.^,
■i » /r
*56 HISTOiRE NATURELLE
cherchent sur la frn do Thiver , elîeft
mctteilt bas an mois d'avril -, les por-
tées ordinaires «ont de six on sept;
Peut-être ces animaux produMeirt-ils
plusieurs fois par an , mais nous n*en
sommes pas informés; leur chair n'est
pas' absolument itiaulràise ; tes paysan»
la maiigeht les jours maigres corarmo
celle de ta loutre. On les tix>uve par-
tout èh Europe , excepte danslè climat
trop rigoureux du pôle : on les retrou-
Ve éii Egypte sur lés bords du Nil , si
l'on eii croit Bellon ; cependant la figure
qu'il eit donne ressemble si peu à notre
rat d'eau , que l'on peut soupçonner ,.
avec quelque fondement, que ces rat^
du Nil sont des animaux diffërens.
S.'T
LE CAMPAGNOL.
'/■•f
Lé campagnol est encore plus com-
mun , plus généralement répandu que
le mulot j celui-ci ne se trouve gnèi-è
q>ie dans les terres élevées ; le campa>-
>,
"* nu R \ T. ■ ' "^57
gnol se trouve par-tout , dans le» bois,
dans les champs, dans tes prés, et
même dans les jardins : il est remar-
quable par la grosseur de sa tête , et
aussi par sa qneue courte et tronqaëe ,
qui n'a guère qu'un pouce de long ; il se
pratique de» trous en terre , oit il amasse
du grain , des noisettes et du gland ;
cependant il paroit qu'il préfère le h\é
à toutes les autres nourritures. Dans le
mois de juillet, lorsque les blës sont
mûrs, les campagnols arrivent de tous
côté», et font sourent de grands dom-
fnages en coupant les' tiges du blë pour
en manger Fëpi ; ils semblent suivre lea
moissonneurs, ils profitent de tous les
grains tombes et des ëpis oublies ; lors-
qu'ils ont tout glane , ils vont dans les
terres nouvellement semëes, et détrui-
sent d'avance la récolte de l'année sui-
vante. En automne et en hiver , la plu-
part se retirent dans les bois, oà ils trou-
vent de la faine, des noisettes et du
gland. Dana certaines années , ils pa-
,!•
1 i,ï
■^ ■^f^fr^fr^-Vp^^'-f» * -<-• •
a
«w
l58 HISTOIRE NATVRELLlï
roissent en si grand nombre , qu'ils d^*
Iruiroient tout s'ils subsistoient long-
temps; mais ils SCI détruisent eux-mê-
mes , et se mangent dans les temps de
disette : ils servent d'ailleurs de pâture
aux mulots ^ et do gibier ordinaire au
renard , ati chat sauvage , à la marte et
aux belettes.
Le campagnol ressemble pins au rat
d'eau qu'à aucun animal par les parties
nilëriéui^es} mais à l'extérieur il en
diil^re par plusieurs caractbrei essen-
tiels ; 1**. par^la grandeur ; il n'a gtièr^
que trois pouees de longueur depuis le
bout du nés jusqu'à l'origine de U
queue., et le rat d'eau eH a sepl) a**, jpai;
les dimènràons dé la télé et du, corps \
le campagnol est proportionnellement
à îa longueur de son corps , plus gT09
qui) le rat d'eau,: et il A aussi la léte
proportionnellement plnsgrosse; 5^l par
la longueur de la. queue, qui dans le
campagnol iie fait>tQut au plus que le
tiers de la longueur de Jl'animal entier^
V.-.J
:t\.
^^'^l.HX
w-m
DURA T;' '-' ^ l59
et qui dans le rat dVau fait près des ^
deux tiers de cette même longueur;
4^ enfin par le naturel et les mœurs;
les campagnols ne se nourrissent pas de
poisson , et ne se jettent point à l'eau ;
ils vivent de gland dans les bois , de
f h\é dans les champs , et dans les prés
^ de racines tuberculeuses , comme celle
du cbiendent ; leurs trous ressemblent
à ceux des mulots, et souvent sont di-
visés en deux loges , mais ils sont moins
spacieux et beaucoup moins enfoncés
sous terre : ces petits animaux y babî-
tent quelquefois plusieurs ensemble.
Lorsque les femelles sont prêtes à
mettre bas , elles y portent des herbes
pout faire un lit à leurs petits : elles
produisent au printemps et en été ; les
portées ordinaires sont de cinq ou siX;
et quelquefois de tept ou huif;.
1
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' cy-r
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i6ô iifêTofiiR K\Tf}iittr.t»
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L K L KM I N 0.
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Oi.AtrflMAoNtiM oui 1o prtiitiior qui ait
fuit ttimtiioti (lu l«initi||', ot tout m
qu'où ont tlil GoHUtir, Hoaligori Zio-
|{toi'f lou8toti| tkc. odt iiri^ do cet iiu«
tour 'i maië Worniiuiii uprèi doi lO"
oliorclicd j)luii exiicloa , a fait l'iniitoiro
de oot aniuml, ot vuici U doRuriptlon
c)uMl on duuno. « Il a i dit-il ) la Oguio
ihiuo loui'is ) niuidla (juouo plui oourtr»,
1o oorpi long d*onviruu cinq pouooif lo
poil (lu oi tuoht) de divot'iei coulitUNi
la partie auttit'icuro do la tête noire ,
la partie iiupcfrioure jaunâtre, le oèu et
led (épaules noiri ; lo reste du cor pi
rcmHsâtro, marque do quolque/i petite»
iuclios noire» de difFi^reuies figurei jus-
qu'à la queue ) qui n'a qu'un demi-
pouce de longueur , et qui est couverte
de poiU jaunes noirâtres ; l'ordre des
tâolicsi non plus que leur figure et leur
grandeur , ne sont pus les mOuics dans
"^^K?*
UfiM nV RAT. ^'<^**» iCf
toim Iflii Itidividui ^ tout I0 retiinb e»t
litimohâlrn, tirant un peti «tir U )«fi*
m t ^0. ». Ctii «iHfiiMl , dont lu ccrrp*
ont épikïn et toM )ttmbei fort courtui , tio
litUdo paM (If) conrjr mm» vite ', H hn^
bite ordinairement l«i tnont«gti«f do
Norwège et do Tiaponie; fnftl« il en
tleneend quelqneCoiii en «i grand nom'
bro dftn» de eertfthieM «nnëoi et d«nf do
certaineM »ûïnon§f qu'on regarde rftrrf*
vi^odeM letningM comme nn ûét^u tcnî"
ble, et dont il eut Impownîble de le àé'»
livrer ( ils font un dëgât Affreux danf
les campagne», dëvattent lea jardiMiii
ruinent lei moiiiontii et ne laifient rien
que ce qui e«t serre dans les maisons ,
où heureuHcment ils n'otitrentpas. Ils
aboient à-peu*pr6s comme des petits
chiens ', lorsqu'on les frappe avec un
bâton f ils se jettent dessus et le tien^
nent si fort avec les dents , qu'iU se
laissent enlever et transporter à quel-
que distance , sans vouloir le quitter ;
ils se creusent des trous sous terre ; et
Quadriip. V. a4
'M
, /À''
>"^_ ^A
f*^
169 UI8TOJKE NATURELLE
Tont , comme lea taupes , manger let
racines } ils s'assemblent dans de cer-
tains temps y et meurent» pour ainsi
dire , tous ensemble ; ils sont très-cou*
rageux et se défendent contre les au-
tres animaux : on ne sait pas trop d'oui
ils viennent; le peuple croit qu'ils tom-
bent avec la pluie , le mâle est ordinai-
rement plus grand que la femelle^ et A
aiissi les taches noires plus grandes; ils
meurent infailliblement au renouvel-
lement des herbes ; ils vont aussi en
grandes troupes sur Teau dans le beau
temps , mais s'il vient un coup de vent,
ils sont tous submergés ; le nombre do
ces animaux est si prodigieux, que
quand ils meurent , l'air en est infecté^
et cela occasionne beaucoup de malà-r
dies ; il semble même qu'ils infectent les
plantes qu'ils ont rongées, car le pâtu-
rage fÎEiit alors mourir le bétail ; la chair
des lomings n'est pas bonne à manger^ .
et leur peau, quoique d'un beau poil
ne peut |)a8 servir à faire des fourra-r
K-
'"^m<- rltmyi^ ^^aSmjS^'S
■m^
ii »? D U RAT» ît^t 16.1
res, parce qu'elle a trop peu de consis-
tance.
■i^Ftl'*i -w ^^rmp'—.•^■^~'i
■)
'jr-7j.ri
■ À-*f * -
:Vs>i.iiJ
J.E HAMSTER,
■^UXi
r;.j» '>*,:>
,7a'i-
ÏjC hamster est un rat des plus fa-
meux et des plus nuisibles ; par les par-
ties intérieures il ressemble plus au rat
d'eau qu'à aucun autre animal ; il lui
ressemble encore par la petitesse des
yeux et la finesse du poil ^ mais il n'a
pas la queue longue comme le rat d'eau ,
il l'a au contraire très - courte , plus
courte que le campagnol , qui^ comme
nous l'ayons dit, ressemble aussi beau-
coup au rat d'eau par la conformation
intérieure. Le hamster nous paroît être
à regard du campagnol ce que le sur-
mulot est à l'ëgard du mulot j to^s ces
animaux vivent sous terre, et parois-
sent animés du même instinct ; ils ont
â-peu-près les mêmes habitudes , et
snr-tout celle de ramasser des grains
et d'en faire de gros magasins dans
11^
I
\
ti.^
,91^ i»^^?!.^*'*! - %.dl^ ^.i4t t
■ K- ■
Ï64 HISTOIRE NATURFI.LF
leurs trous. Nous nous ëtendrons done
beaucoup moins sur les ressemblances
do forme et les conformitës de nature ,
que sur les diffëreaces relatires et les
disconvenances rëelles qui sëparent le
hamster de tous l'es rats ^ souris et mu-
lots dont nous avons parle.
<( Les ëtablissemens des hamsters
( dit M. de Wai tz ) sont d'une construc-
tion différente selon le sexe et l'âge ,
et aussi suivant la qualité du terrein.
Le domicile du mâle a un conduit obli-
que , à l'ouverture duquel il y a un
monceau de terre exhausse: à une dis-
tance de cette issue oblique , il y a un
seul trou qui descend perpendiculaire-
ment jusques aux chambres ou caveaux
du domicile : il ne se trouve point de
terre exhaussée auprès du trou , ce qui
fait présumer que l'issue oblique est
creusée en comnicnçant par le dehors,
et que l'issue perpendiculaire est faite
de dedans en dehors , et de bas en
liant. . )
, ..,-»»». *. « - •-
ST.1.
DURAT. 1^6
- )> Le domicile de la femelle a aussi
un conduit oblique , et en môme temps
deux , trois et jusqu'à huit trous per-
pendiculaires, ))our donner une entrëo
et sortie libres à ses petits j le mâle et
la femelle ont chacun leur demeure sé-
parée; la femelle fait la sienne plus
profonde que le mâle. **' * " '^*- *
)) A côté des trous perpendiculaires ,
à un ou deux pieds do distance, les
hamsters des deux sexes creusent, selon
leur âge et à proportion de leur mul-
tiplication, un, deux, trois et quatre
caveaux particuliers, qui sont en for-
me de voûte , tant par - dessous que
par-dessus , et plus ou moins spacieux ,
suivant la quantité de leurs provi-
sions. ' '
» Le trou perpendiculaire est le pas-
sage ordinaire du hamster pour entrer
et sortir. C'est parle trou oblique que
se fait l'exportation de la terre -, il pa-
roit aussi que ce conduit qui a une
pente plus douce dans un des caveaux
•.••
I 1
i. (
\
^A,r~(.m
4?
' *'^'~)r.n*''
***wrf-
n
ti' !
166 HISTOIRE NATURELLE
et plai rapide àam un i^utre de ces ca-
veaux^ sert pour la circulation de
Tair dans ce domicile souterjtiin. La
caveau où la femelle fait ses petits , ne
contient point de provision de f . 'li s,
mais un nid de paille ou d'Vrtje< J a,
protondeur du caveau est frè« -diffé-
rente ^ un jeune hamsti r dans la pre-
n^ière annexe ne donue qu'un pied de
profondeur à son caveau ; un vieux
hamster le creuse souvent jusqu'à qua-
tre ou cinq pieds : le domicile entier ,
y compris toutes les communications
■et tous les caveaux > a quelquefois huit
ou dix pieds de diamètre.
I) Ces animaux approvisionnent leurs
magasins de grains secs et nettoyës , de
blé en ëpis, de pois et fèves en cosses
qu'ils nettoient ensuite dans leur de-
meure, et ils transportent au - dehors
les cosses et les déchets des ëpis par le
conduit r' >> oe, Pour apporte'^ leurs
provisior^, ».^ . serve*.*: de leurs aba-
joues , dans lesquelles chacun peut por*
r DU R A T. 1^7
fer à la fojt) plus d'un quart àe chopine
de grains nettoyés. .: * « .
)> Le hamster fait ordinairement set
provisions de grain à la fin d'août ; lors-
qu'il a rempli ses magasins , il les cou-
vre et en bouche soigneusement les
avenues avec de la terre , ce qui fait
qu'on ne découvre pas aisément sa de-
meure f on ne la reconnoit que par le
monceau de terre qui se trouve au-
près du conduit oblique dont nous
avons parlé ; il faut ensuite chercher
les trous perpendiculaires et décou-
vrir par-là son domicile. Le moyen le
plus usité pour prendre ces animaux
est de les déterrer, quoique ce travail
soit assez pénible à cause de la profon-
deur et de l'étendue de leurs terriers.
G^pendant un homme exercé à cette
espèce de chasse, ne laisse pas d'en ti-
rer de l'utilité ; il trouve ordi nairc-
ment , dans la bonne saison , c est-à-
dirc , en automne , deux boisseaux de
bous grains dans chaque domicile, et i\
i
f
♦<*>-
»^..*?!S
r*"!
:'*'"f''-'^.:
? ■
h ¥
168 HISTOIRE NATURELLE
profite de la peau de ces animaux dont
on fait des fourrures. Les hamsters
produisent deux ou trois fois par an ,
et cinq ou six petits à chaque fois , ci sou-
vent davantage j il y a des années oi!i *
ilsparoissent en quantité innombrable ,
et d'autres oi!i l'on n'en voit presque
plus ; les années humides sont celles oh
ils multiplient beaucoup, et cette nom-
breuse multiplication cause la disette
par la dévastation générale des blés.
)) Un jeune hamster , âgé de six se-
maines ou deux mois , creuse déjà son
terrier ; cependant il ne s'accouple ni
ne produit dans la première année de
sa vie. '
» Les fouines poursuivent vive-
ment les hamsters , et en détruisent un
grand nombre ; elles entrent aussi dans
leurs terriers et en prennent posses-
sion. "
)) Les hamsters ont ordinairement
le dos brun et le ventre noir. Cepen-
dant il y en a qui sont gris, el cette
u I
»
'' .^F ^ÏWiM*'^'--
.jjff^jç^^r-r^î
■M D U R A T. iCQ
flîfierence peut provenir de leur âge
plus ou moins avancé. Il s'en trouve
aussi quelqueA-iinsqui sont tout noirs ».
- Ces animaux s'entre-dëtruisent ma-
tnellement comme les mulots : de deux
qui ëtoient dans la même cage, la fe-
melle dans une nuit étrangla le mâle 9
et, après avoir coupé les muscles qui
attachent les mâchoires, elle se fit jour
dans son corps , où elle dévora une
partie des viscères. Ils font plusieurs
portées par an, et sont si nuisibles,
que dans quelques états de l'Allemagne
lieur tête est à prix *, ils y sont si com-
muns que leur fourrure est à très-bon
marché.
Tous ces faits, que nous avons ex-
traits du Mémoire de M. de Waitz et
des observations de M. de Montmirail,
nous paroissent certains , et s'accor-
dent avec ce que nous savions d'ailleurs
au sujet de ces animaux ; mais il n'est
pas également certain, comme on le
dit dans ce même Mémoire , qu'il
M
■vi}
*- -.■*■■
.-.,»«<•■*«».*►.,
-- .^ ,1
\ ■
h
im
170 HISTOIRE NATUKELLE
soient engourdis et même desséchés
pendant l'hiver , et qu'ils ne repren-
nent du mouvement et de la vie qu'au
printemps. Le hamster que nous avons
eu vivant y a passé l'hiver dernier 1 762
à 65 dans une chambre sans feu, et où.
il, geloit assez fort pour glacer l'eau ;
cependant il ne s'est point engourdi et
n'a pas cessé de se mouvoir et de manger
à son ordinaire , au lieu que nous avons
nourri des loirs et des lerots qui se
sont engourdis à un degré de froid
beaucoup moindre ; nous ne croyons
donc pas que le hamster se rapproche
des loirs ou de la marmotte par ce rap-
port.
1
'■■!«
■I
LE Z I S E L.
il^f ;'i
1 1
Le zisel est plus petit que le hams-
ter , il a le corps long et menu comme
la belette, au lieu que le hamster a le
corps assez gros et ramassé comme le
rat: il n'a point d'oreilles extérieures,
'«î
■» ■'!-'; Jif: ^^
: "^.f. .f,;»»-.— ...
■<iii'M>,..m*"<jljM^.
♦/•^.^ **»?(,»*■.
jMrs^t<«»-
' DU RAT. ^^' 171
mais seulement des troiis auditifs ca-
chés sous le poil ; il est d'un gris plus on
moins cendré et d'une couleur unifor-
me : il a la queue courte , les jambes bas-
ses, les dents semblables à celles des
rats, et les mêmes habitudes naturel-
les, comme celle de se creuser des re-
traites, d'y faire des magasins, de dé»
vaster les blés. ',
i
f 1
LE SOUSLIK.
t> i i < <
O N trouve à Casan et dans les pro-
vinces qu'arrose le Volga , et jusque»
dans l'Autriche , un petit animal appe-
lé souslik > qui veut dire friand eu lan-
gue russe, dont on fait d'assez jolies
fourrures. Il ressemble beaucoup au
campagnol par la figure , il a , comme
lui , la queue courte ; mais ce qui le
distingue du campagnol et de tous les
autres rats, c'est que sa robe, qui est
d'un gris-fauve , est semée par-tout do
petites taches d'un blanc vif et lustré.
I
■ t.
s
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4&> .nii»',..i.,t. ..y-«wi. .cy, .
»--«i**.MftfV.
k¥ I i
V.
i 1
i ^
\ ^
172 HISTOIRE NATURELLE
lies sousliks se prennent en grand nom-
bre sar les barques chargées de sel. f^H; •»
ftsr «^i^i
L E Z E M NI.
't '{: ;
I L y a en Pologne et en Russie un
autre animal appelé Ziemni ou Zemni;
il est un peu plus petit qu'un chat do-
mestique^ il a la tête assez grosse^ le
corps menu , les oreilles courtes et ar-
rondies f quatre grandes dents incisi-
ves qui lui sortent de la gueule , dont
les deux de la mâchoire inférieure sont
trois fois plus longues que les deux de
la mâchoire supérieure ; les pieds très-
courts et couverts de poils , divisés en
cinq doigts et armés d'ongles courbes ;
le poil mollet, court et de couleur de
gris-de-souris ; la queue médiocrement
grande; les yeux aussi petits et aussi
cachés que ceux de la taupe. Rzaçzyns-
ki a appelé cet animal petit chien de
terre {()anicula suhterranea) : cet auteur
me paroît être le seul qui ait parlé du
f|1
( .1
;-*t-'
--**«^j*i*.
DURAT. , 175
zemni , qui néanmoins est fort com-
mun dans quelques provinces du nord.
Son naturel et ses habitudes sont à-
peu-près les mêmes que celle du liams*
ter et du zisel ; il mord dangereuse-
ment y mange avidement , et dévaste
les moissons et les jardins ; il se fait Un
terrier -, il vit de grains , de fruits et
de légumes , dont il fait des magasins
dans sa retraite , oh il passe tout le
temps de l'hiver. ^ -^ i "J
Espèces connues dans ce genre*
if . ...
L'Ondatra, mus Zibethicus. .,k.
Le Pilori, mus Pilorides,^ ^ ' ;
Le Caraco , mus Caraco. ^
Le Surmulot , mus Decumanus.
Le Bat commuii , mus Rattus.
La Souris commune y mus Musculus,
Le Mulot , mus Sylvaticus.
Le Sitnic , mus Agrarius.
Le Rat fauve , mus Minutus.
Le Slkistan , mus Vagus»
Le Betulin , mus Betulinus.
i e Saxin , mus Saxatilis.
Quûdrup. V. i5
4
►• — ■
n
k V i [
174 HISTOIRE NATURELLE
Le Kat d'eau , mua ^mphibius.
Le Rat alliaire, mus Alliariua,
Le Rat roux , mus Rutilus, ^ ,
Le Gregari , mus Gregalis.
La Fégoule , mus (Bconomus.
* Le Campagnol , mus Arvalis»
Le Compagnon , iiiu« 5ocia/i«*
Le il^agure , mus Lagurus.
Le Rat à collier , mus Torquatus»
Le Leming , mus Lemmus,
Le Maulin , mitô Maulinus»
Le Hagri , mus Acredula,
Le Hamster^ mus Cricetus*
Le Sablé , mus Arenarius»
Le Fhé , mus Phœus,
Le Songar , mus Songarus, ' "'' '
L'Orozo , mus Furunculus,
Le Sukerkan , mus Talpinus. "' '
Le Cricet , mus Capensis.
Le Rat maritime , mus Muritimus,
Le Zokor , mus Aspalax,
Le Zemni , mus Typhlus»
( Bujfon a placé dans ce genre le Souslik
et le Zisel du genre suivant . )
— îvv
BELLE
nus,
lus.
\us.
lis.
lit»
*' 71
rquatus.
us.
'itimus.
'^]
^enre le Sousiik
\suivant')
I
<
il
,'.i.....^à^r,Jil'iilii,.-
fr*^-^-':^
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\ . liA MAllMOT TK . %. lit: B OB A X .
:17S.
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W
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» •.
DE LA MARMOTTE. \y5
XXV r GENRE.
■ii
LA MARMOTTE , arctomys.
-ti
1
y-^
; ' 2^
Caractère générique : rlonts incisives
taillées en coin , de chaque côté cinq
dents molaires à la mâchoire $upé-
ricnre , et quatre à l'inférieure j cla-
vicules entières.
LA MARMOTTE.
J Je tous les auteurs modernes qwi ont
écrit sur ITIistoire naturelle , Gcsner
est celui qui , pour le détail , a le plus
avancé la science ; il joignoit à une
grande érudition un sens droit et des
vues saines : Aldrovandc n'est guère
que son commentateur , et les iiaLuia-
.* .»— ..^-
I
Ah
\
\
'^V''"^^'®ï*Tf^5' '•^^P*«i' J>-""*^^ .
' .V
\
■ \
(
{
176 HISTOinC NATURELLE
listes de moindre nom ne sont, que ses
copistes. Noas n'hésiterons pas à em-
prunter de lui des faits au sujet des
marmottes , animaux de son pays, qu il
connoissoit mieux que nous , quoique
nous en ayons nourri comme lui quel-
ques-unes à la maison. Ce que nous
avons observé se trouvant d'accord
avec ce qu'il en dit , nous ne doutons
pas que ce qu'il a observé de plus ne
soit également vrai.
La marmotte , prise jeune , s'appri-
Toise plus qu'aucun animal sauvage ,
et presqu'autant que nos animaux do-
mestiques ; elle apprend aisément à
saisir un bâton \ à gesticuler, à danser ,
à obéir en tout à la voix de son maître ;
elle est , comme le chat , antipathique
avec le chien : lorsqu'elle comiuencc à
être familière dans la maison , et qu'elle
se croit appuyée par son maître , elle
attaque et mord en sa présence les
chiens les plus redoutables. Quoiqu'elle
ne soit pas tout- à -fait aussi grands
»,
- ^*f ■■**-wfll''*'-'
** , *.,^, ,y4
.*y *. *\ -t
•
DE LA MARMOTTE. Xff
qu^un lièvre ; elle est bien plus trapue,
et joint beaucoup de force à beaucoup
de souplesse : elle a les quatre dents du
devant des mâchoires assez longues et
assez fortes pour blesser cruellement ^
cependant elle n'attaque que les chiens,
et ne fait mal à personne à moins qu'on
ne l'irrite. Si l'on n'y prend pas garde ,
elle ronge les meubles, les étoffes^ et
perce même le bois lorsqu'elle est ren-
fermée. Comme elle .a les cuisses très-
courtes , et les doigts des pieds faits
à-pcu-près comme ceux de l'ours , elle
8c tient souvent assise , et marche
comme lui aisément sur ses pieds de
derrière ; elle porte à sa gueule ce
qu'elle saisit avec ceux de devant , et
mange debout comme l'écureuil *, elle
court assez vite en montant , mais
assez lentement en plaine ; elle grimpe
sur les arbres , elle monte entre deux
parois de rochers , entre deux murailles
voisines , et c'est des marmottes , dit-
on , que les Savoyards ont appris k
")
l
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■ ■■rffl™**^" .Aê-
-*^ **<*»»»*»»
■■<im»i
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\
178 HISTOIRE NATURELLE
grimper pour ramoner les clieminécR.
Elles mangent de tout ce qu'on leur
donne y de la viande , du pain y des
fruits , des racines , des herbes pola-
gères, des choux , des hannetons, des
sauterelles, &c. mais elles sont plus avi-
des de lait et do beurre que de tout
autre aliment. Quoique moins enclines
que le chat à dérober , elles cherchent
à entrer dans les endroits oh l'on ren-
ferme le lait , et elles le boivent en
grande quantité en marmottant , c'est-
à-dire y en faisant comme le chat une
espèce de murmure de contentement.
Au reste , le lait est la seule liqueur
qui leur plaise ; elles ne boivent que
très-rarement de l'eau , et refusent le
vin.
La marmotte tient un peu de l'ours
et un peu du rat pour la forme du
corps ; ce n'est cependant pas Varciomys
ou le rat-ours des anciens , comme l'ont
cru quelques auteurs , et entr'autrci
Perrault. £Ue a le nez^ les lèvres et la
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k/j; .■-*k..v&,A» _.., • .--.ïl!^^^
DE LA MARMOTTE, lytf
forme de la tète comme le lièvre , le
poil et les ongles du blaireau , les dents
du castor , la moustache du chat , les
yeux du loir, les pieds de Tours, la
queue courte et les oreilles tronquées.
La couleur de son poil sur le dos est
d'un roux brun , plus ou moins fonce;
ce poil est assez rude , mais celui du
ventre est roussâtre , doux et touffu.
Elle a la voix et le murmure d'un petit
chien lorsqu'elle joue , ou quand on la
caresse ; mais lorsqu'on l'irrite ou qu'on
l'effraie , elle fait entendre un silllet si
perçant et si aigu , qu'il blesse le tym-
pan. Elle aime la propreté , et se met
à l'ëcart , comme le chat , pour fairo
ses besoins j mais elle a , comme le rat ,
sur-tout en été , une odeur forte qui
la rend très-désagréable ; en automne ,
elle est très-grasse : outre un très-grand
épiploon, elle a, comme le loir, deux
feuillets graisseux fort épais ; cepen-
dant elle n'est pas également grasse
sur toutes les parties du corps ; le dos
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i8o iiisToiiiE KVTiînr.rj.K
et les reins sont plus chargés que le
reste , d'une graisse ferme et solide ,
assez semblable à la chair des tëiines
du bœuf. Aussi la marmotte seroit
assez bonne à manger si elle n'avoit
pas toujours im peu d'odeur, qu'on ne
peut masquer que par des assaisonne-
mens très-forts.
Cet animal qui se plaît dans la ré-
gion de la neige et des glaces , qu'on
ne trouve que sur les plus hautes mon-
tagnes , est cependant sujet plus qu'un
autre à s'engourdir par le froid. C'est
ordinairement à la fin de septembre ou
au commencement d'octobre qu'il se
recèle dans sa retraite pour n'en sor-
tir qu'au commencement d'avril: cette
retraite est faite avec précaution , et
meublée avec art ^ elle est d'abord d'une
grande capacité , moins large que lon-
gue 9 et très-profonde •, au moyen de
quoi elle peut contenir une ou plu-
sieurs marmottes sans que l'air s'y
corrompe : leurs pieds et leurs ongles
rx-s-
-m:.
DE LA MARMOTTE. l8l
paroissent être faits pour fouiller la
terre , et elles la creusent en eifet avec
une merveilleuse céleri le ; elles jettent
au-dehors , derrière elles , les déblais
de leur excavation : ce n'est pas un
trou , un boyau droit ou tortueux ,
c'est une espèce de galerie faite en
forme d'Y grec, dont les deux branches
ont chacune une ouverture , et abou-
tissent toutes deux à un cul- de-sac qui
est le lieu du séjour. Comme le tout
est pratiqué sur le penchant de la
montagne , il n'y a que le cul-de-sac
qui soit de niveau ; la branche infé-
rieure de l'Y grec est en pente au-
dessous du cul-de-sac ; et c'est diins
cette partie , la plus basse du domicile,
qu'elles font leurs excrémens , dont
l'humidité s'écoule aisément au-dehors*
la branche supérieure de l'Y grec est
aussi un peu en pente , et plus élevée
que tout le reste ; c'est par -là qu'elles
entrent et qu'elles sortent. Le lieu du
séjour est non-seulement jonché , ma^a
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♦• >
182 mSTOIKE NATURELLE
tapissé fort épais de mousse et de foin,
elles en font ample provision pendant
l'été : on assure même que cela se fait
à frais ou travaux communs , que ]ei
unes coupent les herbes les plus fines ,
que d'autres les ramassent , et que
tour-à-tour elles servent de voitures
pour les transporter au gîle : l'une ,
dit-on , se couche sur le dos , se laisse
charger de foin , étend ses pattes en
Laut pour servir de ridelles , et ensuite
fie laisse traîner par les autres qui la
tirent par la queue , et prennent garde
en même temps que la voiture ne
verse : c'est , à ce qu'on prétend , par
ce frottement trop souvent réitéré ,
qu'elles ont presque toutes le poil rongé
sur le dos. On pourroit cependant en
donner une autre raison ; c'est qu'ha-
bitant sous la terre , s'occupant sans
cesse à la creuser, cela seul suffit pour
leur peler le dos. Quoi qu'il en soit, il
est sûr qu'elles demeurent ensemble ,
et qu'elles travaillent en commun h
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■■^iJI'
DE LA MARMOTTE. l83
leur habitation ; elles y passent les trois
quarts de leur vie , elles s'y retirent
pendant l'orage , pendant la pluie y on
dès qu'il y a quelque danger ; elles n'en
sortent même que dans les plus beaux
jours , et ne s'en éloignent guère ; l'une
fait le guet , assise sur une roche éle-
vée , tandis que les autres s'amusent à
jouer sur le gazon , ou s'occupent à le
couper pour en faire du foin ; et lors*
que celle qui fait sentinelle apperçoit
un homme , un aigle , un chien y &c.
elle avertit les autres par un coup de
sifflet, et ne rentre elle-même que la
dernière. '" '^ ^ '
■'•' Elles ne font pas de prévisions pour
l'hiver , il semble qu'elles devinent
qu'elles seit)ient inutiles ; mais lors-
qu'elles sentent les premières appro-
ches de la saison qui doit les engourdir,
elles travaillent à fermer les deux por-
tes de leur domicile , et elles le font
avec tant de soin et de solidité , qu'il
«.st plus îtisé d'ouvrir la terre par- tout
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I
184 HISTOIRE NATURELLE
ailleurs que dans l'endroit qu'elles ont
muré. Elles sont alors très-grasses , il
y en a qui pèsent jusqu'à vingt livres *,
elles le sont encore trois mois après ,
mais peu à peu leur embonpoint dimi-
nue, et elles sont maigres sur la fin ds
l'hiver. Lorsqu'on découvre leur re-
traite, on les trouve resserrées en boule.
€t fourrées dans le foin , on les emporte
tout engourdies, on peut même les tuer
gans qu'elles paroissent le sentir *, on
choisit les plus grasses pour les manger ,
et les plus jeunes pour les apprivoiser.
Une chaleur graduée les ranime com-
me les loirs , et celles qu'on nourrit à
la maison , en les tenant dans des lieux
chauds, ne s'engourdissent pas, et sont
même aussi vives que dans les autres
temps. Nous ne répéterons pas , au
sujet de l'engourdissement de la mar-
motte , ce que nous avons dit à l'article
du loir ; le refroidissement du sang en
est la seule cause , et l'on avoit observé
avant nous, que dans cet état de tor-
DE LA MARMOTTE. l85
peur la circulation étoit très-lente,
aussi-bien que toutes les sécrétions , et
que leur sang n'étant pas renouvelé
par un chyle nouveau , étoit sans au-
cune sérosité. Au reste , il n'est pa» sûr
^ju'elles soient toujours et constam-
liient engourdies pendant sept ou buit
mois , comme presque tous les auteurs
le prétendent. Leurs terriers sont pro-
fonds , elles y demeurent en nombre )
il doit donc s'y conserver de la chaleur
dans les premiers temps ^ et elles y peu-
vent manger de l'herbe qu'elles y ont
amassée. M. Altmann dit même , dans
son Traité sur les anima^x de Suisse ,
que les chasseurs laissent les marmot-
tes trois semaines ou un mois dans
leur caveau avant que d'aller troubler
leur repos ; qu'ils ont soin de ne point
creuser lorsqu'il fait un temps doux ,
ou qu'il souffle un vent chaud ; que sans
ces précautions les marmottes se ré«
veillent, et creusent plus avant ; mais
qu'en ouvrant leurs retraites dans Itt
Quadrup. V. lù
il
,y
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"^-'^-diÇM»'*
l ;.
T
I
186 HISTOIRE NATUREIXK
temps des grands froids , on les trouvo
tellement assoupies quW les em|>orto
facilement. On peut donc dire qu'à
tous t^gards elles sont comme les loirs ,
et que si elles sont engourdies pluslong-
temps, c'est qu'elles habitent un cli-
mat où rhiver est plus long. ' '"^ '
Ces animaux ne produisent qu'une
fois l'an ; les portées ordinaires ne sont
que de trois ou quatre petits , leur ac-
croissement est prompt , et la durde de
leur vie n'est que de neuf ou dix ans :
aussi l'espèce n'en est ni nombreuse ni
bien répandue. Les Grecs ne la con-
noissoient pas , ou du moins ils n'en ont
fait aucune mention. Chez les Latins ,
Pline est le premier qui l'ait indiquée
sous le nom de mus Alpinus , rat des
Alpes ; et en efiFet , quoiqu'il y ait dans
les Alpes plusieurs auties espèces de
rats, aucune n'est plus remarquable
que la marmotte, aucune n'habite
comme elle les sommets des plus hau-
tes montagnes j les autres se tiennent
»«<i*^ij5^^«i:-sCfc"
'•/
I>E LA M AB MOTTE. 187
Oans les vallons , ou bien sur la croupe
des collines ot des prcnncres monla-
l^mes, mais il n'y en a point qui monte
aussi haut que la murmolle ; d'ailleurs^
elle ne descend jamais des liautcurs,
et paroit être particulièrement alta-
chëe à la chaîne des Alpes , où elle
semble choisir l'exposition du midi et
du levant de préférence à celle du nord
ou du couchant. Cependant il s'en
trouve dans les Apennins , dans les
Pyrénées et dans les plus hautes mon-
tagnes de l'Allemagne. , ,
LE BOBAK, LEMONAX,
ET D'AUTRKS MARMOTTES.
L'on a donné le nom de marmolie
de Strasbourg au hamster , et celui de
marmotte de Pologne au bobac ; mai»
autant il est certain que le hamster
n'est point une marmotte, autant il
est probable que le bobak en est une -y
car il ne diilbre de la marmotte des
ti
" ...r^'*''^^-
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ï
I
l88 HISTOIRE NATURELLE
Alpes que par les couleurs du poil; il
est à\\n gris moins brun ou d'un jaune
plus pâle.
Le monax, ou marmotte du Canada,
me paroît différer des autres marmot-
tes , en ce qu'il n'a que quatre doigts
aux pieds de devant , tandis que la
marmotte des Alpes , et le bobak ou
marmotte de Pologne en ont cinq y
comme aux pieds de derrière. Il y a
aussi quelque différence dans la forme
de la tête , qui est beaucoup moins cou-
verte de poil. La queue est plus longue
et moins fournie dans le monax que
dans notre marmotte ; en sorte qu'on
doit regarder cet animal du Canada
comme une espèce voisine ^ plutôt que
comme une simple variété de la mar-
motte des Alpes. Je présume qu'on
peut rapporter à cette espèce l'animal
dont parle le baron de la Hontan , et
qu'il nomme siffleur; il dit qu'il se
ti'ouve dans les pays septentrionaux
du Canada , qu'il approche du lièvre
»^
;-,»-*«;«♦•.
DE LA MARMOTTK. l8^
pour la grosseur, mais qu'il est plus
court de corps y que la peau en est fort
estimée , et qu'on ne recherche cet ani-
inal que pour cela , parce que la chair
n'en est pas bonne à manger '> il ajoute
que les Canadiens appellent ces ani-
maux siffleurs , parce qu'ils sifflent en
effet à l'entrëe de leurs tannières , lors*
que le temps est beau.
L'animal de Sibérie , que les Russes
appellent Jeuraschka , est une espèce
de marmotte encore plus petite que le
monax du Canada : cette petite mar-
motte a la tête ronde et le museau
e'crasë; on ne lui voit point d'oreilles,
et l'on ne peut même découvrir l'ou-
verture du conduit auditif, qu'en de'-
tournant le poil qui le couvre ; la lon-
gueur du corps , y compris la tète, est
tout au plus d'un pied ; la queue n'a
guère que trois pouces, elle est presque
ronde auprès du corps, et ensuite ello
s'applatit, et son extrémité paroit tron-
quée. Le corps de cet animal est assez
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■pl-ll.^'^>-^
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490 HISTOIRE NATUREMiK
ëpais f le poil est fauve , mêlé de gr!» ,
et celui de l'extrëmilé de la queue est
presque noir. Les jambes sont courtes ,
celles de derrière sont seulement plus
longues que celles de devant. Les pieds
de derrière ont cinq doigts et cinq on-
gles noirs et un peu courbés ^ ceux do
devant n'en ont que quatre : lorsquN)Ti
irrite ces animaux, ou seulement qu'on
Teut les prendre , ils mordent violem-
ment f font un cri argu comme la mar-
motte ; quand on leur donne à manger,
ils se tiennent assis , et portent à leur
gueule avec les pieds de devant : ils se
recherchent au printemps et produi>
Kent en été ^ les portées ordinaires sont
de cinq ou six j ils se font des terriers
où ils passent Thiver , et où la femelle
met bas et alaite ses petits : quoiqu'ils
aient beaucoup de ressemblance et
d'habitudes communes avec la mar~
motte f il paroît néanmoins qu'ils sont
d'une espèce réellement différente ; car
dans les mêmes lieux ^ eu Sibérie ; il se
-■■*«
■'*mim^ -*-•
DE LA MARMOTTE. I^t
trouve de vraies marmottes de l'espfcco
de celles de Pologne on des Alpes ^ et
que 1 - ^ Sibériens appellent siirok , et
Von n'a pas ren. ^uë que ces deux es-
pèces se mêlent , ni qu'il y ait en-
tr'elles aucune race intermédiaire.
Espèces connues dans ce genre.
Ln Marmotte proprement dite , arctomyt
Marmota.
liP MonHX, arctomys Monax.
I.« Bobax , arctomys Bobac.
he Souslik et le Ziael , arctomys Citillusu
)
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M
'9^ HISTOIRE NATURELLE
Vi'
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X X V I r GENRE.
U ÈCV R EU IL y se JURU s.
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Caractère générique : dents incisives
supérieures taillées en coin, infë' .
rie lires aiguës ; de chaque côté cinq
dents molaires à la mâchoire supérieu-
re et quatre à l'inférieure •, clavicules
entières -, queue à longs poils de cha*
que côté ; moustaches longues.
L' É C U R E U I L.
L'ÉCUREUIL est un joli petit animal
qui n'est qu'à demi sauvage , et qui ,
par sa gentillesse , par sa docilité , par
l'innocence même de ses mœurs, mé-
riteroit d'être épargne j il n'est ni car-
^
mtamsssii.
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f ft^ïtn-iïSCî^tJ^ià^ïîfîîAi '^ _, ;, ; f ,, ç!;;, J%i îti$^;^'-,ïrw»ï:^ j(i
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DE L' Écureuil/ 19?
nassier ni nuisible, quoiquil saisisse
quelquefois des oiseaux; sanouriitnre
ordinîiire sont des fruits, deé amandes,
è:t^ noisettes , de la faine et du gland.
Il est propre, leste , vif, très>alerte,
trètf-ëveillë , très-industrieux ; il a les
^eux pleins de feu, la physionomie
fine, le corps nerveux, les membres
très-dispos : sa jolie figure eët encore
rehaussée , parëe par une belle queue
en forme de panache, qu'il relève jus«
que dessus sa tête, et sous laquelle il
te met à Tombre; il est, pour ainsi
dire, moins quadrupède que les au-
tres, il se tient ordinairement assis
presque debout , et se sert de ses pieds
de devant, comme d'une main, pour
porter à sa bouche ; au lieu de se ca-
cher sous terre , il est toujours en l'air ,
il approche des ciseaux par su lëgërétë,
'il demeure comme eux sur la cime des
arbres , parcourt les forêts en sautant
de l'un à l'autre, y fait son nid, cueille
les graines , boit la rosée ^ et né dcscencl
J^^-
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I
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^*^-*lï<V
•^ JtMrù-^X
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ufi histothe naturelle
à terre que quand le» arbres sont tgT-
tes par la yiolence de» vents. On ne le
trouve point dans les champs , dans le^
kcnx découverts^ dans les pays d&
plaine ^ il n'approche jamais des habir
talions ; il ne reste point dans les tail-,
lis , mais dans les bois de hauteur ^ sur
les vieux arbres des plus belles futaies.,
Il craint Feau plus encore que la terre ^
et Ton assure que lorsqu'il faut la pas-
ser , il se sert d'une ëcorce pour vais-
seau, et de sa queue pour voiles et pour
gouvernail. Il ne s'engourdit pas com-
me le loir pendant l'hiver, il est en
tout temps très-^veillé , et pour peu
que l'on touche au pied de l'arbre sur
lequel il repose , . il sort de sa petite
bauge , fuit sur un autre arbre , ou se
cache à l'abri d'une brauche. Il ramasse
des noisettes pendant l'été, en remplit
les troncs, les fentes d'un vieux arbre,
et a recours eu hiver à sa provision , il
les cherche aussi sous la neige qu'il dé-
tourne en graltant» Il ala yoixécla-^
lit
>
il
ISr^
I
D i' f Ê C TJ R fi U I L. 195
<Unteet plus perçante encore quecella
<de la fouine ; il a de plus un murmure
à bouctie fermée , un petit grognement
de mëcpntentement qu'il fait entendre
toutes les fois qu'on l'irrite. B est trop
léger pour marcher^ il ya ordinaire*
ment par petits sauts et quelquefois par
i)è»n<Ï8 : il a les ongles si pointus et les
^mouyemens si prompt^ , qu'il grimpe
en un iiîstaJrit sur un uêtrô dont té-
corce est fort lisse.
I ' On entend tes écureuils /pendant les
ct>dies nnjts d'été , crier en courant sur
^és] aigres les uns après les iiutres ; ils
ieîÉiBlént craindre l'ardeur du soleil ,
^^ils demeurent pendant le jour k l'abri
jdans i^ûr domicile , dont ils sortent le
joîr pour s'exercer, jouer, faire l'a-
mônr 6t miânger : ce domicile est pro-
pre, chaud et impénétrable À la pluîf! ,
c'est orç^s^rement sur renfourcliiTe
d^un ai^ré qu^ils l'^tablls^nt; ils com-
mencent par transporter des bûchettes
qu^ik mêlent, qu'ils entrelacent avec
'i
A ■>
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-wviM'ilWW^^'T'^^WWWISP^Pil^ÇllW^' , ■
iS: I
.* >"■*
i^it
196 HISTOIRE NATURELLE
de la mousse ; ils la rerrent ensuite , ils
la foulent et clonnent assez de (opacité
et de sUidité à leur ouvrage pour y être
à Taise et en sûreté avec leurs petits ;
il n*y à qu'une ouverture vers le haut ,
juste, ëtroite, et qui suffit à peine
pour passer *, àù-dcssus de l'ouverture
est une espèce, de couve-^t en cône qui
met le tout à Tàbrî , et fait que la pluie
s'ëcôule jpar Jes c6tës (st ne pénètre
pas. Ils produisent ordinairemient trois
onqufitre petits; ils entrent en ainoui:
au printemps et mettent bas au mois
de niai ou ai; commencemvnl de juin ;
ils muent au sortir de rhivei',le poil
nouveau est plus roux que celui qui
tombe. Us se peignent, ils se polissent
avec lies mains et les dents; ils sont
propres,» ils n'ont aucune mauvaise
odeur; leur chair est assez bonne à
manger. Le poil de là queue sert à
faire des pinceaux; mais teiir peau ne
fait pas ^ne bonne fourrure.
^' Il y a beaucoup d'espèces Toisinés
DE L' É C U R E U I L. 197
de celle de l'ëcureuil , et peu de varié-
tés dans l'espèce mémo -, il s'en trouve
quelques-uns de cendrés , tous les aU'
très sont roux. Les petits -gris , qui
sont d'une espèce différente , demeu-
rent toujours gris, et sans citer les
écureuils volans qui sont bien différens
des autres , l'écureuil blond de Cam-
baye , qui est fort petit et qui a la
queue semblable à l'écureuil d'Europe ;
cclr.i de Madagascar nommé tsitsihi ,
qui est gris et qui n'est , dit Flaccourt y
ïii beau ni bon à apprivoiser ; l'écu-
reuil blanc de Siam , l'écureuil gris un
peu tacheté de Bengale , l'écureuil
rayé de Canada , l'écureuil noir , lo
grand écureuil gris de Virginie , l'é-
cureuil delà Nouvelle-Espagne à raies
blanches , l'écureuil blanc d^ Sibérie ,
l'écureuil varié ou le mus ponticus ,
le petit écureuil d'Amérique , celui du
Brésil ) celui de Barbarie y le rat pal-
miste , ëcc. forment autant d'espèces
distinctes et séparées. . , . • , , v
Quadrup. V. ly
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ifJifefl »i«iiini'-
,-*, it*2
.tfanar^ir
«^*É»:
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198 HISTOIRE NATURELLE
LE PETIT-GRIS. '
On trouve dans les parties septen"
trionalesde l'un et de l'antre continent
l'animal que nous donnons ici sous le
nom àepetU'grisj il ressemble beau-
coup à l'ëcureuil , n'en diffère à l'ex-
térieur que par les caractères suivans :
il est plus grand que l'ëcureuil ; il n'a
pas le poil roux , mais d'un gris plus
on moins fonce ; les oreilles sont dé-
nuées de ces longs poils qui surmontent
Pextrëmité de celles de l'écureuil. Ces
différences qui sont constantes , parois-
sent suffisantes pour constituer une
espèce particulière à laquelle nous
avons donné le nom àepetie-gris , parce
que l'on connoît sous ce même nom la
fourrure de cet animal. Plusieurs au-
teurs prétendent que les petits-gris
d'Europe sont différens de ceux d'A-
mérique ; que ces petits-gris d'Europe
sont des écureuils de l'espèce commu*
-—■—■«»--,
■^.,_..
jîV*
■"Ij-*.^:^
«« «k «^i>wii»iirr]|»^',''<r 'ï 11'. j. ■ -j^n-tf- T-T ^trti^,int^», 1 ;
♦ni- hiH m»n'1iw'''<i'*'f*"^> »
DE L'ÉCUREUIL. 199
ne, dont la saison change seulement la
couleur dans le climat de notre nord.
Sans vouloir nier absolument ce der-
nier fait , qui cependant ne nous pa«
roit pas assez constaté , nous regar-
dons le petit -gris d'Europe et celui
d'Amérique comme le même animal,
et comme une espèce distincte et sé-
parée de celle de l'écureuil commun ;
car on trouve dans l'Amérique septen-
trionale et dans le nord de l'Europe
nos écureuils ; ils y sont de la même
grosseur et de la même couleur , c'est-
à-dire , d'un rouge ou roux plus ou
moins vif, selon la température da
pays ; et en même temps on y voit
d'autres écureuils qui sont plus grands,
et dont le poil est gris ou noirâtre dans
toutes les saisons. D'ailleurs la fourru-
re de ces petits-gris est beaucoup plus
fine et plus douce que celle de nos écu-
reuils : ainsi nous croyons pouvoir as-
surer que ce sont des animaux dont
les différences étant constantes , les
{
l 1
vm-
'^^^^ "
ir-'-m
;
aoo HISTOIRE NATURELLU
espèces , quoique voisines , ne se floiit
pas mêlëes, et doivent par conséquent
avoir chacune leur nom.
Nous ne voyons pas que lesdcureuils^
qui sont en assez grand nombre dans
nos forêts se réunissent en troupes ;
nous no voyons pas qu'ils voyagent de
compagnie , qu'ils s'approchent des
eaux , ni qu'iU se hasardent à traver-
ser les rivières sur des ccorces d'arbres;
ils d iflFèrcntdonc des petits-gris, non-seu-
lement par la grandeur et la couleur,
mais aussi par les habitudes naturelles ;
car quoique ces navigations des petits-
gris paroissentpou croyables , elles sont
attestées par un si grand nombre do
témoins que nous ne pouvons les nier.
Au reste , de tous les animaux qua-
drupèdes non-domestiques , l'écureuil
est peut-être celui qui est le plus sujet
aux variétés , ou du moins celui dont
l'espèce a le plus d'espèces voisines. L'é-
cureuil blanc de Sibérie no paroi t être
q^u'uue variété do notre écureuil corn-
""^ . I„ , .1 I i.K-
DE L'ftcURÉUIL. aoi
miin. 1/ccuroui! noir et l'écurewil gris-
foiicc , tous deux de l'Amdricjiie, pour-
roient bien n'être aussi que des vari^lt^s
de l'espèce du petit-gris. L'écureuil de
Barbarie , le palmiste et l'écureuil
Suisse , dont nous parlerons dans l'ar-
ticle suivant , sont troid espèces fort
voisines l'une de l'autio.
On a peu d'autres faits su< \ histoire
des petits-pris; Fernap:^^s dit que 1 ?'-
curcuilgris ou noirâli ; d Amérique se
tient ordinairement sur les arbres et
particulièrement sur les pins , qu'il se
nourrit de fruit et de graines , qu'il
en fait provision povir l'hiver , qu'il les
dépose dans le creux d'un arbre , où il
se relire lui-même pour passer la mau-
vaise saison , qu'il y fait aussi ses pe-
tits , &c. Ce ; abitudes du petit-gris
sont encore difft' ., tes de celles de l'é-
cureuil , lequel . : construit un nid au-
dessus des arbres comme font les oi-
seaux : cependant nous ne prétendons
pas assurer positivement que cet éciv-
I
r^l
1,
202 HISTOIRE NATURELLE
reuil noirâtre de Fernandës , soit le
même que Tëcu reuil gris de Virginie,
et que tons deux soient aussi les mêmes
que le petit-gris du nord de l'Euro])e j
nous le disons seulement comme une
chose qui nous paroît être très-vrai-
semblable, parce que ces trois animaux
sont à'peu-prës delà même grandeur ,
de la même couleur et du même climat
froid, qu'ils sont précisément de la
même forme , et qu'on emploie égale-
ment leurs peaux dans les fourrures
qu'on appelle ^e^iV-grw. .
!
LE PALMISTE,
LE BARBARESQUK ET LE SUISSE.
Le palmiste est de la grosseur d'un
rat ou d'un petit écureuil; il se plaît
sur les palmiers, et c'est de-là qu'il a
tiré sou nom j il fréquente les lieux dé-
couverts et voisins des habitations , et
il se tient encore plus souvent dans les
buissons à terre , que sur les palmiers.
-.^ .^^fm'- 4* ■
-^fcfewiftti^'' ^
m>
! ■ T"?^K,r';'?r'^''
.'>»*-
DB L' ÉCUREUIL. ao3
Ce sont de petits animaux très-vifs ^
on les voit pendant le jour traverser
les chemins pour aller d'un buisson à
l'autre , et ils demeurent à terre aussi
souvent au moins que sur les arbres. Le
palmiste a la tête à-peu-près de la mê-
me forme que celle du campagnol et
couverte de même de poils hërissés j sa
longue queue n'est pas traînante conw
me celle des rats : il la porte droite et re-
levée verticalement , sans cependant
la renverser sur son corps comme fait
l'écureuil , elle est couverte d'un poil
plus long que celui du corps , mais bien
plus court que le poil de la queue de
l'ccureuil ; il a sur le milieu du dos ,
tout le long de l'ëpine depuis le cou
jusqu'à la queue , une bande blanchâ-
tre accompagnée de chaque côte d'une
bande brune , et ensuite d'une autre
bande blanchâtre. Ce caractère si mar-
qué , pai* lequel il paroit qu'on pour-
roit distinguer le palmiste de tous les
autres animaux y se trouve à-peu-près
n
■ij
V
^
/
K
ao4 HISTOIRE NATURELLE
lo même dans récnrcnil de Barbarie
et clans rëcureuil Suisse, qu'on a aussi
appelé écureuil de terre. Ces trois ani-
maux se ressemblent à tant d'f5gards ,
que M. Ray a pens»5 qu'ils ne faisoient
tous trois qu'une seule et même espèce :
mais si l'on t'ait attention que les deux
premiers , c'est-à-dire, le palmiste et
l'écureuil de Barbarie, que nous appe-
lons harbaresque , ne se trouvent quo
dans les climats chauds de l'ancien con-
tinent j qu*au contraire le suisse , ou
l'écureuil Suisse , décrit par Lister ,
Catesby et Edwards , ne se trouve que
dans les légions froides et tempéréeS;
du Nouveau-Monde , on jugera que co
sont des espèces différentes ; et en ef-
fet , en les examinant de plus j^rès,
on voit que les bandes brunes et blan-
ches du suisse sont disposées dans un
autre ordre que celles du palmiste ; la
bande blanche qui s'étend dans le pal-
miste , le long de l'épine du dos , est
noire ou brune dans le Suisse j les ban-
lÉfciï:.^..-^^
^f *-■>•' ^rr-irtrr;.'!. m Yt'wwT^iV'-* ■
DE L' É C U R E U ï !.. 2o5
lies blanches sont à côlc^ de la noîro
comme les noires sont à côté de la blan-
che dans le palmiste ; et d'ailleurs il n'y
a que trois bandes blanches sur le pal-
miste, au lieu qu'il y en a quatre sur
le suisse ; celui-ci renverse sa queue
sur son corps , le palmiste ne la ren-
verse pas j il n'habite que sur les ar-
bres , le suisse se tient à terre , et c'est
cette différence qui l'a fait appeler écu-
reuil de terre ; enfin il est plus petit quo
le palmiste : ainsi l'on ne peut douter
que ce ne soient deux animaux diifé-
rens.
A l'égard du barbaresque , comme il
est du même continent , du même cli-
mat , de la même grosseur et à-peu-
près de la même figure que le palmiste,
ou pourroît croire qu'ils seroient tous
deux de la même espèce et qu'ils fe-
roient seulement variété dans cette es-
pèce. Cependant on y trouvera des dif-
férences très-remarquables et qui in-
diquent assez que ce sont des animaux
i
/
P:
/
U i
\ {
flo6 HISTOIRE NATURELLE
difîereus : nous les avons tous deux an
Cabinet du Roi , aussi bien que le
puisse. Le barbaresque a la tête et le
chanfrein plus arques, les oreilles plus
grandes , la queue garnie de poils plus
touffus et plus longs que le palmiste ;
il est plus écureuil que rat , et le pal-
miste est plus rat qu'écureuil par la
forme du corps et de la tète. Le bar-
baresque a quatre bandes blanches , au
lieu que le palmiste n'en a que trois ;
la bande blanche du milieu se trouve
dans le palmiste sur l'épine du dos ,
tandis que dans le barbaresque il se
trouve sur la même partie une bande
noire mêlée de roux^&c. Au reste , ces
animaux ont à-peu-près les mêmes ha-
bitudes et le même naturel que l'écu-
Veuil commun ; comme lui le palmiste
et le barbaresque vivent de fruits , et
se servent de leurs pieds de devant
pour les saisir et les porter à leur gueu-
le ; ils ont la même voix , le même cri,
le même instinct, la même agilité j ils
■■•m^mKm
,.m-'^^-'
eux au
que le
ie et le
es plus
ils plus
Imiste ;
le pal-
par la
je bar-
ties , au
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trouve
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bande
te , ces
nés ha-
l'ëcu-
ilmiste
its f et
devant
? gueu-
ne cri,
itë j ils
DE L' ÉCUREUIL. ÎXO7
sont très-vifs et très-doux , ils s'appri-
voisent fort aisément et au point de
s'attacher à leur demeure , de n'en sor-
tir que pour se promener , d'y revenir
ensuite d'eux-mêmes sans être appelés
ni contraints ; ils sont tous deux d'une
très-jolie figure ; leur robe , rayée de
blanc , est plus belle que celle de l'écu-
reuil ; leur taille est plus petite , leur
corps est plus léger et leurs mouve-
mens sont aussi prestes. Le palmiste
et le barbaresque se tiennent , comme
l'écureuil , au-dessus des arbres ; mais
le suisse se tient à terre et s'y pratique,
comme le mulot , une retraite impé-
nétrable à l'eau ; il est aussi moins do-
cile et moins doux que les deux autres :
il mord sans ménagement , à moins
qu'il ne soit entièrement apprivoisé-
Il ressemble donc plu:» aux rats ou aux
mulots qu'aux écureuils , par le natu-
rel et pat les moeurs.
i*
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'^■<Mjm»at
ao8 HISTOIRE NATURELLE
LB COOCJALLIN.
M
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Le coqualliii est beaucbup plus grand
qvio Vécureuil , iw duplam fere crescit
ma^nUudlnem^ 'lit Fernande s \ c'est un
joli animal , et Irès-remarquable par ses
couleurs ; ii i* le ventre d'un beau jaur
ne , et la te te aussi bien que le corps
variés de blanc , de noir , de brun et
d'orangé ; il se couvre de sa queue com-
me l'écureuil , mais il n'a pas comme
lui des pinceaux de poil à Textrëmité
des oreilles *, il ne monte pas sur les
arbres ; il habite comme l'écureuil de
terre que nous avons appelé le suisse ,
dans des trous et sous les racines des
arbres'*, il y fait sa bauge , et y élève
ses petits; il remplit aussi son domidle
de grains et de fruits pour s'en nourrir
pendant l'hiver : il est défiant et rusé ;
et même assez farouche pour ne jamais
s'apprivoiser.
Il naroit que le coquallin ne se n juvc
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D 15 i; k c iT n F. xr I l. 209
que dans It\s jmiLie^ iiit^riilioiiules do
rAiiidn(|Uo : lus t^curcuilH bluiulN ou
uraiigui'8 (les Indes orientales sont bien
plus petits, et leurs couleurs soûl uni-
formes*, ce sont do vrais c^curouils qui
grimpent sur les arbres et y l'ont leiu's
petits , au lieu que le coquallin et lo
HuiHso d'Amérique se tiennent stms
tnre comme les lupins, et u'ont d'autre
l'apport avec l'écureuil que de lui ros-
sembler par la liguro.
LE POLATOUCIIE.
Le pela touche est d'une espèce par-
ticulière qui se rapproche seulement
par quelques caractères de celles do
l'écureil, du loir et du rat; il ne res-
semble À l'écureuil que par la grosseur
des yeux et par la forme de la queue ,
qui cependant n'est ni aussi longue ni
fournie d'aussi longs poik ^ il approche
plus du loir par la figure du corps, par
celle des oreilles qui sont courtes et
Quadrup. Y. lô
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àlO HISTOIRE N\TUnELLB
nues y par les poils de 1a queue qui sont
de U môme forme et de la même gran-
deur que ceux du loir ; mais il n'est
pas comme lui sujet à l'engourdisse-
ment par l'action du froid. Le pela-
touche n'est donc >^i écureuil , ni rat,
ni loir , quoiqu'il participe un peu de la
nature de tous trois.
M. Klein est le premier qui ait don-
ne une description exacte de cet ani-
mal dans les Transactions philosopiii-
ques, année /y33. Il ëtoit cependant
connu long-temps auparavant ; on le
trouve également dans les parties sep-
tentrionales de l'ancien et du nouveau
continent ; il est seulement plus com-
mun en Amérique qu'en Europe , oà
il ne se trouve que rarement et dans
quelques provincesdu Nord, telles que
la Litbuanieetla Russie. Ce petit ani-
mal habite sur lès ai bres comme lecu-
reuil f il va de branches en branches ,
et lorsqu'il saute pour passer d'un ar-
bre à un autre ou pour traverser un
^■^•«
DE l/é C U R E U I t, 311
espace considérable , sa peau qui est
lâche et plissëe sur les cAtës du corps ,
80 tire au-dehors, se bande et sVlargit
par la direction contraire des pattes do
devant qui s'dtendcnt en avant , et de
celles de derrière qui s'étendent en ar-
rière dans le mouvement du saut. La
peau ainsi tendue est tirée en dehors
de plus d'un pouce , augmente d'autant
Ja surface du corps sans en accroître la
masse, et retarde par conséquent l'ac«
cëlération de la chute , en sorte que
d'un seul saut l'animal arrive à une
assez grande distance : ainsi ce mou-
vement n'est point un vol comme ce-
lui des oiseaux , ni un voltigement
comme celui des chauve-souris , qui
se font tous deux en frappant l'air par
des vibrations réitérées j c'est un sim-
ple saut dans lequel tout dépend de la
première impulsion dont le mouve-
ment est seulement prolongé et sub-
siste plus long-temps y parce que le
corps de l'animal, présentant une plus
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«.'--« ..-*v.
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■■^»..^>.»^i<iiinniviwiii.)
T.
212 HISTOIRE NATURELLE
grande surface à l'air , éprouve une plus
grande résistance et tombe plus lente-
ment. Ce seul caractère sufïiroit donc
pour le distinguer de tous les autres
écureuils , rats ou loii'. ; mais les choses
même les pluà singulières de la nature
sont-elles jamais uniques ? dcvroit-on
s'attendre à trouver dans le mome
genre un autre animal avec une pareille
peau^ et dont les prolongcmens s'éten-
dent non- seulement d'une jambe à l'au-
tre , mais de la tête à la queue ? Cet
animal , dont la figure et la description
nous ont été données par Seba^ sous le
nom d^ écureuil-volant àe Virginie, pa-
roît assez différent du polatouclie pour
constituer une autre espèce ; cependant
nous ne nous presserons pas de pronon-
cer sur sa nature.
Nous avons vu et gardé long-temps
le polatouche vivant ; il a été bien in-
diqué par les voyageurs : ce que nous
avons vu nous-mêmes de cet animal
s'accorde très-bien avec ce qu'ils en
i .
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le nous
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animal
ma
'ils en
mm
DE L*É C U RE U I L. 21^
disent : communément il est plus petit
que l'écureuil j celui que nous avons eu
ne pesoit guère que deux onces, c'est-
à-dire , autant qu'une chauve-souris
de la moyenne espèce , et l'écureuil
pèse huit ou neuf onces.
Le potalouche approclie , en quel-
que sorte, de la chauve-souris par cette
extension de la peau qui , dans le saut ,
réunit les jambes de devant à celles de
derrière , et qui lui sert à se soutenir
en l'air : il pa^olt u "«i lui ressembler
un peu pr* le naturel , car il est tran-
quille, et pour ainsi dire , endormi
pendant le jourj ilne prend de l'acti-
vité que le soir. Il est très-facile à ap-
privoiser , mais if est en même temps
sujet à s'enfuir , et il faut le garder dans
une cage ou l'attacher avec une petite
chaîne : on le nourrit de pain , de fruits ,
de graines , il aime sur-tout les boutons
et les jeunes pousses du pin et du bou-
leau ; il ne cherche point les noix et
amandes comme les écureuils j il se fait
••
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.\ V
^l^ HISTOIRE NATURELLE
un Ht. de feuilles dans lequel il s'ense-
velit et où il demeure tout le jour , il
n'en sort que la nuit et quand la faim
le presse. Comme il a peu de vivacité ,
il devient aisément la proie des martes
et des antres animaux qui grimpent
surlesarbre:, aussi l'espèce subsistante
est-elle en très-petit nombre , quoi-
qu'il produise ordinairement trois ou
quatre petits.
i
L' A N O N Y M E.
Cet animal , doiU nous ignorons le
nom , et que nous appellerons Vanony-
me en attendant qu'on nous dise son
nom , a quelques rapports avec le liè-
vre, et d'autres avec l'écureuil. Voici
ce que M. Bruce m'en a laissé par
écrit :
« Il existe dans la Libye , au midi
du lac qu'on appeloit autrefois Palus-
tritonides, un très-singulier animal /de
neuf à dix pouces de long, avec les
■* ■■■•■ 4t.- •%• *^-«<l«'"
2l5
DE L' É C U R E U I L.
oreilles presque aussi longues que la
moitié du corps et larges à proportion ,
ce qui ne se trouve dans aucun animal
quadrupède , à l'exception de la chauve-
souris oreillard. Il a le museau pres-
que comme le renard , et cependant il
paroît tenir de plus près à l'écureuil ;
il vit sur les palmiers et en mange le
fruit ; il a les ongles courts qu'il peut
encore retirer*, c'est un très-joli ani-
mal^ sa couleur est d'un blanc mêlé
d'un peu de gris et de fauve-clair,
l'intérieur des oreilles n'est nu que
dans le milieu , elles sont couvertes
d'un petit poil brun mêlé de fauve , et
garnies en dedans de grands poils blancs,
le bout du nez noir, la queue fauve et
noire à son extrémité , elle est assez
longue , mais d'um forme différente
de celle des écureuils , et tout le poil ^
tant du corps que de la queue , est très-
doux au toucher.
il
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'«^ijfr
%'
ai6 HTSTOIRE NVrURF.LLE
OL E T A G U A N,
^ ou GlUND ÉCUIŒUIL VOLANT.
Noi/ s avons dit qu'il existe de plus
grands polatouchcs que ceux dont nous
avons donnt^ la description , <;t quo
nous avions au Cabinet une peau qui
ne peut provenir que d'un animal plus
grand que le polatouclie ordinaire.
Cette peau a en effet cinq pouces et
demi de long , tandis que la peau du
polatouclie ordinaire n'a guère quo
quatre pouces de longueur ; mais cette
différence n'est rien en comparaison
de celle qui se trouve pour la grandeur
entx'e notre polatouclie et le taguan
des Indes orientales. Ce grand écureuil
volant, conservé dans le très-riclie ca-
binet de Chantilly, a vingt-trois pou-
ces de longueur , depuis le bout du nez
jusqu'à l'extréniité du corps ; il se trou-
ve non-seulement à Mahé , mais aux
Sks Philippines; et vruiscniblablcmcnt
^!
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is pon-
du nez
c trou-
is aux
cmcnt
DE l'ÉC U II E U I L. 217
dans plusieurs autres endroits des In«
des méridionales : eelni-ei a été pris
dans les terres voisines de la cAfe du
Malabar; c'est un gc'ant en comparai-
son du polatouelie de Russie (;t rnômo
de celui d'Amérique ; car communé-
ment ceux-ci n'ont que quatre pouces
et demi ou cinq pouces tout au plus.
Néanmoins le taguan ressemble pour
la forme au polatouelie dont il a les
principaux caractères, tel que le pro-
longement de la peau qui est tout-à-fait
conforme ; mais comme il en diffère
excessivcm< tit par la grandeur et assez
évidemment par d'autres caractères ,
on doit en faire une espèce séparée de
celle du polatouelie. Nous lui avons
donné le nom de tagaan , en consé-
quence d'im passage que nous avons
trouvé dans les voyageurs , et que je
dois rapporter ici.
« Les îles Pliilippines sont le seul
endroit où l'on voit une espèce de cliat
volartt, de la grandeur des lièvres et do
; \1
}
jjjjw^saFjsuœ""'
Js iM !
21 8 HISTOIRE NATURELLE
la couleur des renards , auquel les
Insulaires donnent le nom de taguan.
Ils ont des ailes comme les chauve-sou»
ris y mais couvertes de poil , dont ils se
servent pour sauter d'un arbre sur
l'autre , à la distance de trente pal-
mes )).
M. Vosniaër dit qu'il a vu deux pe-
tits polatôiiches vivans , mais qu'ils
n'ont pas vécu long- temps à la ménage-
rie de S. A. S. monseigneur le prince
d'Orange.
<f lis dormoient , dit-il , presque
toute la journée ; quand on les pous-
soit vivement y ils faisoient bien un
petit saut comme pour voler , mais ils
s'csquivoient d'abord avec frayeur , car
ils sont peureux j ils aiment beaucoup
la chaleur , et si on les découvroit , ils
se fourr oient au plus vite sous de la
laine qu'on leur donnoit pour se cou-
cher ; leur nourriture étoit du pain
trempé , des fruits , &c. qu'ils man-
geoient de la même façon que les écu-
■M
<«UiiSJ^«w#t
j SïSSfcXtJBfcvM*-'^-
.4iaiH«W^ '•-■if
quel les
taguan,
iive-sou-»
>nt Ils se
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leux pe-
is qu'ils
aiénage-
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>icn un
mais ils
îur , car
9ucoup
:oit , ils
is de la
se cou-
u paiu
s mân-
es écu-
» J^
DE L'ÉCUREUIL. 219
reuils, avec leurs pattes de devant et
assis sur leur derrière. A l'approche de
la nuit on les voyoit plus en mouve-
ment. La diiFérenne du climat influe
certainement beaucoup dans le clian-
gement de nature de ces petits ani-
maux, qui parois seut fort délicats ».
Ce que je viens de citer , d'après
M. Vosmaër , est très-conforme à ce
que j'ai vu moi-même sur plusieurs de
ces petits animaux ; j'en ai encore ac-
tuellement un (17 mars 1775) vivant
dans une cage , au fond de laquelle
est une petite cabane faite exprès ; il
se tient tout le jour fourré dans du
coton , et n'en sort guère que le soir
pour prendre sa nourriture ; il a un
très-petit cri comme une souris , qu'il
ne fait entendre que quand on le force
à sortir de son coton ; il mord même
assez serré , quoique ses dents soient
très -petites ; son poil est de la plus
grande finesse au toucher ; on a de la
peine à lui faire étendre ses mcmbra-
i
..-«^^^^ -w^"
fM
il \
220 HISTOIRE NATURKLLE
ncs , il faut pour cela le jucher haut et
l'obliger à tomber , sans quoi il ne les
développe pas; ce qu'il y a de plus sin-
gulier clans cet animal , c'est qu'il pa-
roît exlrémcment frileux , et je ne
conçois pas comment il peut se garan-
tir du froid pendant l'hiver dans les
climats septentrionaux ; puisquVn
France si on ne le tenoit pas dans lu
chambre , et qu'on ne lui donnât pas
de la lai ne ou du coton pour se couchei:
et même pour s'envelopper, ilpëriroit
en peu de temps.
A l'égard du taguan ou grand écu-
reuil volant , voici ce qu'en dit M. Vos-
maër :
(( Le polatouche décrit par M. de
Buffon , a , sans contredit , une grande
conformité avec celui-ci; il a les mem
branes pareilles au polatouche , non
pas pour voler , mais pour se soutenir
en l'air quand il saute de branche en
branche.
)> Valentin est le prqmier qui ea ait
0
LE
rhaut et
il ne les
plus si 11-
qu'il pa-
et je ne
le garan-
dans les
uisquVn
I dans ia
mât pas
couclier
përiroit
ind eca-
M. Vos-
r M. de
5 grande
Bs mem
e , non
îoulenir
iiclie eu
û eâ ait
D E L* i: C U R E U î L. 231
j)arlc ; il dit qu'il se trouve dans l'île de
GUolojï l appelle ces ani maux des cwettes
volantes; il dit qu'ils ont de Ibrt longues
queues à-peu-près semblables à celles
des guenons -, lorsqu'ils sont en repos ,
on ne voit point leurs ailes , ils sont
sauvages et peureux ; ils ont la tête
rousse avec un mélange de gris fonce ,
les ailes ou plutôt les membranes , cou-
vertes de poils en dedans et en dehors ;
ils mordent fortement, et sont en état
de briser très-facilement une cajie de
bois dans une seule nuit : quelques-uns
les appellent des singes çola?is; ils se
trouvent aussi à l'île de Ternate , oii
l'on prit d'abord cet animal pour un
écureuil , î .flis il avoit la tête plus efli-
lée et ressrmbloit davantage à un coes-
coe.9, ayant le poil gris depuis le mu-
seau avec une raie noire le long du dos
jusqu'au derrière. La peau étoit adhé-
rente au corps et s'étendoit ; elle est
garnie d'un poil plus blanc par- dessous
et blanc comme celui du ventre. Lor*-
Quadrup. V. iQ
■^i> '
222 TISTOIRE NATURELLE
qu'il saute d'un arbre à l'autre, il
ëlend ses membranes et il paroît com-
me s'il ëtoit applati.
Espèces connues dans ce genre.
*. i ;
L'Écureuil commun , scinrus Vulgaris.
L'Écu^'^mil Tioxt ^ sciurus Niger,
Le Petit~Gris, sciurus Cinereus.
Le grand Écureuil Malabar ^jciuru^ Maxi"
mus.
L'Écureuil d'Abyssinie , sciurus Ahissini-
eus.
Le Palmiste, sciurus Palmarum.
Le Barbaresque , sciurus Getulus,
lie Suisse , sciurus Striatus.
L'Ëcureuil Chinchique, sciurus DschinS'
chicus.
Le Goquallin , sciurus Variegatus.
L'Écureuil de Madagascar , sciurus Mada-
gascariensis.
{Geoffroy en a fait un nouveau genre, sous
le nom de Dauhentonia Madagascaricnsis. )
(Écureuils volans. )
Le Folatouche , sciurus Volucella,
Le Sapan , sciurus Volans.
Le Taguan , sciurus Petaarista.
LELLfi
à l'autre , il
1 paroitcom-
ce genre.
f Vulgaris.
ger.
'eus.
\ciurus Maxi-
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rus Ahissini'
rum.
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DU LOIR. : 'H 225
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XXVIir GENRE.
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LE LOIR, MYOXus,
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Caractère générique : moustaches Ion-
- gaes ; queue ronde ^ plus grosse vers
le sommet.
li £ LOIR.
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IN^ous connoissons trois espèces deloirs,
qui y comme la marmotte , dorment
pendant l'hiver : le loir , le lérot , et le
muscardin \ le loir est le plus gros des
trois , le muscardin est le plus petit.
Plusieurs auteurs ont confondu Tune
de ces espèces avec les deux autres,
quoiqu'elles soient toutes trois très«
distinctes j et par conséquent très.r
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I
aa4 HISTOIRE naturfxle
aisées à reconnoître et à distinguer.
Le loir est h peu-près de la grandeur
de l'écureuil ', il a, comme lui; la queue
couverte de longs poils. Le lérot n'est
pas si gros que le i^at , il a la queue
couverte de poils très-courts , avec un
bouquet de poils longs à l'extrémité.
Le muscardin n'est pas plus gros que
la souris ^ il a la queue couverte de
poils plus longs que le lérot , mais plus
courts que le loir, avec un gros bou-
quet de longs poils à l'extrémité. Le
lérot di£Père des deux autres par les
marques noires qu'il a près des yeux ,
et le muscardin par la couleur blonde
de son poil sur le dos : tous trois sont
blancs ou blanchâtres sous la gorge et
le ventre ; mais le lérot est d'un assez
beau blanc , le loir n'est que blanchâtre ,
et le muscardin est plutôt jaunâtre
que blanc dans toutes les parties infé-
rieures. ^^^''^ ^' ^^ "
C'est improprement que l'on dit que
ces animaux dorment pendant l'hiver ]
il atM*».".^
^ DU LOIR. ^ 225
leur état n'est point celui d^nn som-
meil naturel, c'est une torpeur j, un
engourdissement des membres et des
sens f et cet engourdissement est pro-
duit par le refroidissement du sang.
Ces animaux ont si peu de chaleur in-
térieure, qu'elle n'excède guère celle
de la température de Tair : lorsque la
chaleur de l'air est , au thermomètre y
de dix degrés au-dessus de la congéla-
tion , celle des animaux n'est aussi
que de dix degrés. Nous avons plongé
la boule d^un petit thermomètre dans
le corps de plusieurs Icrots y i vans, la
chaleur de l'intérieur de leur corpa
étoit à-pou-près égale à la tempéra-
ture de l'air *, quelquefois même le
thermomètre plongé, et, pour ainsi
dire , appliqué sur le cœur, a baissé
d'un demi-degré ou d'un degré , la
température de l'air étant à onze. Or ,
Von sait que la chaleur de l'homme et
de la plupart des animaux qui ont de
la chair et du sang, excède en tout
*
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2a6 HISTOIRE NATURELLE
temps trente degrés ; il n'est donc pas
étonnant que ces animaux , qui ont si
peu de chaleur en comparaison des
autres , tombent dans l'engourdisse-
ment dès que cette petite quantité de
chaleur intérieure cesse d'être aidée
par la chaleur extérieure de l'air ; et
cela arrive lorsque le thermomètre
n'e^t plus qu'à dix ou onze degrés au«
dessus de la congélation. G'est-là la
vraie cause de l'engourdissement de
ces animaux *, cause que l'on ignoroit ^
et qui cependant s'étend généralement
sur tons les animaux qui dorment pen-
dant l'hiver ; car nous l'avons reconnue
dans les loirs , dans les hérissons , dans
Içs chauve-souris ; et quoique nous
n'ayons pas eu occasion de l'éprouver
sur la marmotte , je suis persuadé
qu'elle a le sang froid comme les au-
tres f puisqu'elle est comme eux sujette
à l'engourdissement pendant l'hiver.
Cet engourdissement dure autant
que la cause qui 1q produit^ et cesse
, fc-* 1 « «v *« ,««« . ^^., ,
DU LOIR. 237
avec le froid ; quelques degrés de cha-
leur au-dessus de dix ou onze sufifisent
pour ranimer ces animaux, et si ou
les tient pendant l'hiver dans un lieu
bien chaud , ils ne s'engourdissent point
du tout j ils vont et viennent , ils man-
gent et dorment seulement de temps
en temps , comme tous les autres ani-
maux. Lorsqu'ils sentent le froid , ils
se serrent et se mettent en boule pour
offrir moins de surface à l'air , et se
conserver un peu de chaleur : c'est
ainsi qu'on les trouve en hiver dans
les arhres creux , dans les trous des
murs exposés au midi ; ils y gisent en
boule et sans aucun mouvement , sur
de la mousse et des feuilles : on les
prend, on les tient , on 1 roule sans
qu'ils remuent , sans qu'ils s étendent y
rien ne peut les faire sortir de leur
engourdissement qu'une chaleur douce
et graduée ; ils meurent lorsqu'on les
met tout-à-coup près du feu ; il faut ,
pour Içs dégourdir ; les en approcher
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228 HISTOIRE NATURELLE
par degrés. Quoique dans cet ëtat ils
soient sans aucun mouvement y qu'ils
aycnt les yeux fcrmdset qu'ils parois-
sent prives de tout usage des sens , ils
sentent cependant la douleur lors'
qu'elle est très-vive ; une blessure y
une brûlure leur fait faire un mouve-
ment de contraction et un petit cri
sourd , qu'ils répètent même plusieurs
fois: la sensibilité intérieure subsiste
donc aussi bien que l'action du cœur
et des poumons. Cependant il est à
présumer que ces mouvemens vitaux
ne s'exercent pas dans cet état de tor-
peur avec la même force , et n'agissent
pas avec la même puissance que dans
l'état ordinaire ; la circulation ne se
fait probablement que dans les plus
gros vaisseaux , la respiration est foible
et lente , les sécrétions sont tr^s-peu
abondantes , les déjections nulles ; la
transpiration est presque nulle aussi ,
puisqu'ils passent plusieurs mois sans
manger; ce qui ne pourroit être si
c^^U
■■^ki::!
I -f ■ ^- ie-]niin^it.f f' -^ ''--'Atwas***'
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DU LOIR.
229
dans ce temps de diète ils perdoient
de leur substance autant , à propor-
tion , que dans les auttxs temps oh ils
la réparent en prenant de la nourri-
ture. Ils en perdent cependant , puis-
que dans les hivers trop longs ils meu-
rent dans leurs trous : peut-être aussi
n'est-ce pas la durée , mais la rigueur
du froid qui les fait périr j car lorsqu'on
les expose à une forte gelée , ils meu-
rent en peu de temps. Ce qui me feroit
croire que ce n'est pas la trop grande
déperdition de substance qui les fait
mourir dans les grands hivers , c'est
qu'en automne ils sont excessivement
gras , et qu'ils le sont encore lorsqu'ils
se raniment au printemps : cette abon-
dance de graisse est une nourriture
intérieure qui suffit pour les entretenir
et pour suppléer à ce qu'ils perdent
par la transpiration. ^4*1 f
Au reste, comme le froid est la seule
cause de leur engourdissement, et qu'ils
ne tombent dans cet état que quand la
V:
V
\S
\
r-iï*s-'"^"'*^""
^3o HISTOIRE NATURELLE
tempëraturo de l'air est au-dessous de
dix ou oiizedegrësy il arrive souvent
qu'ils se raniment même pendant Thi-
ver : car il y a des heures , des jours ,
et même des suites de jours dans cette
saison , oà la liqueur du thermomètro
se soutient à douze , treize , qua-
torze , &c. degrës ; et pendant ce temps
doux , les loirs sortent de leurs troua
pour chercher à vivre , ou plutôt ils
mangent les provisions qu'ils ont ra-
niass^es pendant l'automne et qu'ils y
ont transportées.
Les loirs faisoient partie de la bonne
chère chez les Romains j ils en élevoient
en quantité. Varron donne la manière
de faire; des garennes de loirs , et Api-
çius celle d'en faire des ragoûts ; cet
^sagQ n'a point ëté suivi, soit qu'on
^it eu du dégoût pour ces animaux ,
parce qu'ils ressemblent aux rats , soit
qu'en efifet leur chair ne soit pas de
bien bon goût. J'ai ouï dire à des pay-
sans qui en avoient mangé , qu'elle
-L.
v> ^ *-
• V^-x^Vl
• D U L O I R. ù3i'
n'^toit guère meilleure que celle du
rat d'eau. Au reste , il n'y a que le loir
qui soit mangeable ; le Idrot a la cliaii:
mauvaise et d'une odeur dosagrcfable.
Le loir ressemble assez à l'ifcureuil
par les habitudes naturelles \ il habite
comme lui les forêts ; il grimpe sur les
arbres , saute de branche en branche ,
moins légèrement à la rérito que l'é-
cureuil qui a les jambes plus longues ,
le ventre bien moins gros , et qui est
aussi maigre que le loir est gras : cepen-
dant ils vivent tous deux des mêmes
alimens ; de la faine , des noisettes , de
la châtaigne , d'autres fruits sauvages ,
font leur nourriture ordinaire. Le loir
mange aussi de petits oiseaux qu'il
prend dans les nids : il ne fait point de
bauge au-dessus des arbres comme l'ë-
cureuil , mais il se fait un lit de mousso
dans le tronc de ceux qui sont creux ,
il se gîte aussi dans les fentes âea ro-
chers élevés , et toujours dans des lieux
secs ', il craint l'humidité , boit peu , et
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232 HISTOIRE NATURELLE
descend rarement ù terre ; il difiFère en-
core de l'e'cureuil en ce que celui-ci
s'apprivoise et que l'autre demeure
toujours sauvage. Les loirs s'accouplent
sur la fin du printemps , ils font leurs
petits enëté, les portées sont ordinai-
rement de quatre ou de cinq , ils crois'
sent vite , et l'on assure qu'ils ne vi-
vent que six ans. En Italie , où Ton est
encore dans l'usage de les manger , on
fait des fosses dans tes bois^ que l'on
tapisse de mousse , qu'on recouvre de
paille , et où l'on jette de la faine ; on
choisit un lieu sec à l'abri d'un rocher
exposé au midi, les loirs s'y rendent en
nombre , et on les y trouve engourdis
vers la fin de l'automne, c'est le temps
où ils sont les meilleurs à manger. Ces
petits animaux sont courageux, et dé-
fendent leur vie jusqu'à la dernière ex-
trémité : ils ont les dents de devant
très-longues et très-fortes , aussi mor-
dent-ils violemment ; ils ne craignent
ni la belette ni les petits oiseaux d«
*[^-
' V
•i f
DU L o IB, a33
proie y ils «échappent au reitard qui ne
peut les suivre au-dessus des arbres ;
leurs plus grands ennemis sont les chats
sauvages et les martes.
Cette espèce n'est pas extrêmement
répandue ^ on ne la trouve point dons les
climat» très-froids , comme la Lapo-
nie ,1a Suède, du moins les Naturalis-
tes du nord n'en parlent point: l'es-
pèce de loir qu'ils indiquent est lemus-
cardin, la pius petite des trois. Je présu-
me aussi qu*on ne les trouve pas dans les
climats très-chauds , puisque les voya-
geurs n'en font aucune mention : il n'y
a que peu ou point de loirs dans les
pays d«5Couverts,eomme l'Angleten'e ;
il leur faut un climat tempéré et un
pays «ouvert de bois ; on en trouve en
Espagne , -en France , en Grèce , en
Italie , eii Allemagne , en Suisse, où ils
habitent dan^ les forêts^ spr les colli-
nes , et non pas au-dessus des hautes
montagnes comme les marmottes , qui ,
quoique sujettes à s'engourdir par le
j^uadrup. V, 20
\
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234 HISTOIRE MATURELLE
froi4 f sembjleat chercher la neigé et
les frîm^t^», ^...j^i^t^xa^^m *^« ^*^^^{
LE li E R O T. %%*/^fiM
.«-t'tt',:; ■•*!)':
^t.i : iv''-
'v»!»"
XiE loir demeure dans les foféts , et
s*
semble fuir nos habitations ; le lérot
au contraire liabite nos jardins, et so
trouve quelquefois dans no» maisons ;
l'espèce en est aussi p0u nombreuse »
plus généralement répandue, et il y a
peu de jardins qui n'en soient infes-
tés. Ils se nichent dans les trous des
murailles i ils courent sur les arbres on
espalier, choisissent les meilleurs fruits
et les entament tous dans le temps
qu'ils cominencent à mûrir ; lia sem--
blent aimer les pioches de préférence ,
et si l'on veut en conseryer, il faut
avoir gi'and soin de détruire les lérôts ;
ils grimpent aussi sur les poiriers ^ les
abricotiers , les pruniers ; et si lea fruits
doux leur manquent, ils mangent des
amandes j, des noisettes, des noix, et
es:'
(^rr; *»<*{' y
2r. DU LOI n.-'Tzm a35
même des graines lëguinineiises ; ils en
transportent en grande quantité dans
leurs retraites qu'ils pratiquent en ter«
re , sur-tout dans les jardins soignes »
car dans les anciens vergers on les
trouve souvent dans de vieux arbres
creux ; ils se font un lit d'herbes y do
mousse et de feuilles. Le froid les en«
gourdit , et la chaleur les ranime ;on en
trouve quelquefois huit ou dix dans le
même lion , tous engourdis , tous res-
serres en boule au milieu de leurs pro-
visions de noix et de noisettes. ' ^ ' ^.
]ns s-aceouplent au printemps V pi^
duisent en été , et font cinq ou six pe-
tits qui croissent promptement, mais
qui cependant ne produisent eux-mê-
mes que dans Tannëe suivante. Leur
chair n'est pas mangeable comme celle
du loir ; ils ont même la mauvaise
odeur du rat domestique , au lieu que
le loir ne sent rien ; ils ne deviennent
pas aussi gras , et manquent des feuil-
lets gi'aisseiix; qni se trouvent dans Ip
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>Hr" '■■
¥ ^
^30 HISTOIRE NATURELLE
loir /et qui enyelo|)peat la masae cfn-
tière de» intestins. On tFouTO' des \é-
rots dan» tous les climats tempérés de
r£urop« ,■ et même en Pologne > en
Fixasse) mais il ne paroît pas qu'il y en
ait en Sahde ni dans le» pays septen^
trionaux. .m:Mj0:mi ■.t^îs^.p^-âli^ f^^^,^
;:4#m- LE' M U.S C A R..I>lif»l^*«io|
S- Xe mnsGardin est le moina laid do
tous les rats ; il a les yeux brillans^^
la queue touffue et le poil d'une coti»
leur distinguée ; il est plus blond que
ronx'y il n'habite jamais dans, les mai^
sons , rarement dans les jardins , et se
trouve , comme le loir / plus souvent
dan» les' bois , où il se retire dans les
vieux arbres oreux. L'espèce n'en est
pas ^è beaucoup .près , aussi nombreuse
que celle du lérot : on trouve le mus-
Cardin presque toujours seul dan» son'
trou> et nous avons eu beaucoup de
peine à nous en procurer quelques-uns^
.-.,^t--''
..~«iî. g*-^ f^^ ^ - •>.
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S.^Ih!'
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DU LOIR. *'" 237
cependant il paroii qu'il est assez com-'
tnnn en Italie , que même il se trouve
dans les climats du nord , pnisquo
M. LinnsBUs Ta compris dans la liste
qu'il a donnée des aiiymaux de Suè-
de'; et en même' temps il semble qu'il
ne se trouve point en Angleterre , car
M, Ray, qui l'avoit vu en Italie, dit
que le petit ra^ ^/orm^z^r qui se trouve
en Angleterre , n'est pas roux sur lé
dos comme celui d'Italie , et qu'il pour-
roit bien être d'une autre espèce. En
France , il est le même qu'en Italie f
et nous avons trouve qu'Aldrovande
l'avoit bien indique ; mais cet auteur
ajoute qu'il y en a deux espèces en Ita-
lie, l'une rare /dont l'animal a l'odeur
du musc , l'autre plus commune dont
l'animal n^point d'odeur, et qu'à Bolo-
gne on les appelle tous deux muscar-
dinsk cause de leur ressemblance, tant
par la figure que par la grosseur. Nous
ne connoissons que l'une de ces espèces,
et c'est la seconde , car notre muscar-
'' .«,
,? .*.
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'-f»4i
i«-^V%
I» '
938 HISTOIRE NATURELLE
din n'a point d'odeur, ni bonne ni
mauvaise. Il manque , comme )e lërot ,
desfeuilletu graisseux qui ej:^Tcloppent
les intestins dans le Iqir , aussi ne
yient-il pas si gras : et qiioiqu'il n'ait
point de mauvaise odjeMr > il n'est pas
lH>n à manger^ xf^uit^m <rrw
Le ni usoardin s^engourçlit par le froid
et se met en boule comme le loir et Iç
lérot^ il se ranime comme eux dans les
temps doux , et fait aussi provision de
noisettes et d'autres fruits secs. Il fait
son nid sur les arbres , comme T^cu»
reuil ; mais il lo place ordinairemjent
plus bas , entre les branches d'un noi-
settier , dans un buisson, &o. I^e nid
est fait d'herbes entrelacées, il a en-
jviron six pouces de .diamètre , et n'est
ouvert que par le ^aut. Bien des gen»
de la canipagne m'ont ^ssurë qu'ils
avoient trouvé de ces nids dans de»
bois taillis, dans des baies, qu'ils sont
environnes de feuilles et de mousse ,
et ^ue dans chaque nid il y avoil troia
j09$mtKt%i-
.*
•c. •■■'
d DU LOIR. «**4 aS^t
on quatre petits. Ils abandonnent le
nid dès quHls sont grands, et ofaercfacnl
A se fiiter dans le creux ou sous le
tronc des vieux arbres, et c'est -là
qu'ils reposent , qu'ils font leur proyi-
sion, et qu'ils s'engourdissent.
Espèces connues aànë ée genre»
3Lo Loir prôînremeiit dit my^xua Gli9i^ '
Le Lér.Qt , ï^yoxus NiUla. -^aù
"LtTàwiCditàiïï fmyoxua^Muscardinuê*
iv^h i^ngkdè twcrf un Mi^'*fcfqfflK?i fKo-ri. -
»-ï»*4fir. 1^'n % ?. . î>-,'i'**i?fl mm% ^ai^fii *- ■ 1 ' •* ■
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s4o Histoire naturelle
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ÎX XIX» G E N R E.
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lÀ GERBOISE, DXPU8.
...... . t
Caractère générique : pieda «ntërieuri
très-courts ^ postérieurs très-longs
LES GERBOISES.
O^i^BOis^ ^8t un nom gënérique , que
nous employons ici pour désigner des
animaux remarquables par la très-
grande disproportion qui se trouve en-
tre les jambes de derrière et celles de
devant^ celles-ci n'étant pas si grandes
que les mains d'une taupe , et les autres
ressemblant aux pieds d'un oiseau.
Nous connoissons dans ce genre quatre
espèces bien distinctes : i°. la gerboise
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1.1.A GKRl^OISK % . I,K TAKSIEIV
6r- 'Sr
DE LA GERBOISE. 94l
oa gerbO) à laqi'olle non^ rapportons
Talagtaga et la gerboise de Barca de
M. le chevalier Bruce y comme simple
variëtë ; a°. le tarsier qui est bien du
genre de la gerboise et même de sa
taille y mais qui néanmoins forme une
espèce différente , pnisquHl a cinq
doigts à tous les pieds; 3^. la grande
gerboise ou lièvre sauteur du Cap ; ' ^. la
très-grande gerboise de la Nouvelle*
Hollande, appelée kanguroo par les
naturels du pays ; elle approche di la
grosseur d'une brebis , et par cçnsé-
quent est d'une espèce beaucoup plus
forte que celle de la grande gerboise
du Cap. ''r**"^
Le gerbo a la tête faite à-pen-près
comme- celle du lapin , mais il a les
yeux plus grands et les oreilles pins
courtes , quoique hautes et amples^ re-
lativement à sa taille ; il a le nez cou^
leur de chair et sans poil, le museau
courtet épais ; l'ouverture de la gueule
très - petite , la mâchoire supérieure
i
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â4!2 HISTOIRE NATURELLE
fort ample , Pinférieure étroite et cour-
te ; les dents comme celles du lapin ;
des moustaches autour de la gueule ,
composées de longs poils noirs et blancs;
les pieds de devant sont très-courts et
ne touchent jamais la terre ; cet animal
ne s'en sert que comme de mains pour
porter à sa gueule. Ces mains portent
quatre doigts munis d'ongles , et le ru-
diment d'un cinquième doigt sans on-
gle : les pieds de derrière n'ont que
trois doigts , dont celui du milieu est
un peu plus long que le9 deux autres ^
et tous trois garnis d'ongles : la queue
est trois fois plus longue que le corps,
elle est couverte de petits poils roides ,
de la même couleur que ceux du dos ,
et au bout elle est garnie de poils plus
longs , plus doux , plus touffus , qui for-
ment une espèce de houpe noire au
commencement , et blanche à l'extré-
mité. Les jambes sont nues et de cou-
leur de chair , aussi-bien que le nez et
les oreilles : le dessus de la tête et le
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1^; J:- >
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-«l«,i.»,.fclaj.«- ''' W'^rM.
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OIS LA GERBOISE. 243
dos sont coiivert&i d'un poil roussâtre ,
les flancs, le dessous delà tête, 1agor«
ge , le ventre et le dedans des cuisses
sont blancs ; il y a au bas des reins et
près de la queue , une grande bande
ïîoirc transversale en forme de crois-
sant. ■• • '• • ■" • '• " ■■■ '^ "
' L'alaglaga est plus petit qu'un lapin,
il a le corps plus court , ses oreilles sont
longues , larges , nues , minces , trans-
parentes et parsemëe» de vaisseaux
sanguins très apparens. Le gerbo est
commun en Circassie , en Egypte , en
Barbarie , en Arabie , et l'alagtaga en
Tartarie, sur le Volga et jusqu'en Si-
bérie : il est ra:re que le ttiême animal
habite des climats aussi dififérens; et
lorsque cela arrive , Fespèce subit de
grandes variétés ; c'est aussi ce que
nous présumons être arrivé à celle du
gerbo 'y dont Talagtaga ne nous pgroît
être qu'une variété.
: Ces petits animaux caclient orclinai-
luent Leurs maius ou pieds de devant
U^
!
i
«
\
a44 HTSTOIUR NATURELLE
dans leur poil , en sorte qu'on cliroît
qu'ils n'ont d'autres pieds que ceux de
derrière; pour se transporter d'un lieu
à un autre , ils ne marchent pas , c'est
à-dire , qu'ils n'avancent pas les pieds
l'un après l'autre ; mais ils sautent très-
Idgèrement et très - vîte , à trois ou
quatre pieds de distance , et toujours
debout comme des oiseaux y en repos ,
ils sont assis sur leurs genoux , ils ne
dorment que le jour et jamais la nuit;
ils mandent du grain et désherbes com-
me les lièvres ; ils apnt d'un naturel
assez doux et néanmoins ils ne s'ap-
privoisent que jusqu'à uncertain point;
ils se creusent des terriers comme les
lapins, et en beaucoup moins de temps ;
ils y font un magasin d'herbes sur la
fin de l'été , et dans les pays froids ils
y passent l'hiver.
A l'égard de la grande gerboise du
Cap, «j'ai vu , dit M. le vicomte de
Querhoënt , à la ménagerie du Cap ,
un animal ^ pris dans le pays ; qu'on
DE LA GERBOISE. a45
nomme lièvre sauteur; il est de la gran-
deur du lapin d'Burope j il a la tête à-
peu- près comme lui : les oreilles au
moins de la même longueur , les pntlus
de devant très-courtes et très-petites -,
il s'en sert pour porter à sa gueule , et
je ne crois pas qu'elles lui servent beau-
coup à marcher , il les tient ordinaire-
ment ramassées dans son long poil qui
les recouvre entièrement ^ les pâtlcs
de derrière sont grandes et grosses ;
les doigts du pied , au nombre de qua-
tre f sont longs et sëparës y la queue est
de la longueur du corps au moins et
couverte de longs poils couchés ; le
poil du corps est jaunâtre ; le bout des
oreilles et de la queue est de la môme
couleur ; les yeux sont noirs , grands
et saillans ; on le nourrissoit de feuilles
de laitue j il aime beaucoup à ronger ,
on lui mettoit exprès dans sa cage de
petits morceaux de bois pour l'amuser.
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y ^\ *J t. i
Quadrup. V.
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a4'J HISTOIRE NATURELLE
LE TARSIER.
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) *
Nous avons eu cet animal par Ha-
sard , et d'une personne qui n'a pu noua
diro ni d'oCi il venoit ; ni comment on
l'appeloit : cependant il est très-remar-
quable par la longueur excessive de ses
jambes de derrière ; les os des pieds ,
et sur>tout ceux qui composent la par-
tie supérieure du tarse , sont d'une
grandeur dëmesurc^e , et c'est de ce
caractère très-apparent que nous avons
tire son nom. Le tarsier n'est cepen-
dant pas le seul animal dont les jambes
de derrière soient ainsi conformées ^
la gerboise a le tarse encore plus long ;
ainsi , ce nom tarsier , que nous don-
nons aujourd'hui à cet animal , ne doit
être pris que pour un nom précaire
qu'il faudra çbanger lorsqu'on connoi-
tra son vrai non! , c'est-à-dire , le uom
qu'il porte dans le pays qu'il habile
l4i gerboise se trouve en Egypte , en
-Sî--
DB LA GERBOISE. tk^J
Barbarie et aux Indes orientales : j'ai
d*abord imagine que le tarsier pouvoit
être du même continent et du même
climat , parce qu'au premier coup-d'œil
il paroît lui ressembler beaucoup ', ces
deux animaux sont de la même gran*
deur I tous deux no sont pas plus gros
qu\in rat de moyenne grosseur , tout
deux ont les jambes de derrière exces-
sivement longues et celles de devant
extrêmement courtes j tous deux ont
la queue prodigieusement alongëe et
garnie de grands poils à son extrémité ;
tous deux ont de très-grands yeux , des
oreilles droites , larges et ouvertes ;
tous deux ont également la partie in*
fërieure de leurs longues jambes dë-
nuëe de poil , tandis que tout le resta
de leur corps en est couvert : ces ani-
maux ayant de commun ces caractères
très-singuliers et qui n'appartiennent
qu'à eux , il semble qu'on devroit prë-
«nmer qu'ils sont d'espèces voisines ou
du moins d'espèces produites par le
/
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*^ ¥^ ^yy m»tm-'
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V
248 HISTOIRE NATURELLE
même ciel et la même terre; cependant
en les comparant par d'autre9 parties ,
l'on doit non-seulement en douter,
mais mémo présumer le contraire. Le
tarsier a cinq doigts à tous les pieds ; il
a pour ainsi dire quatre mains, car ces
cinq doigts sont très-longs et bien sépa-
rés ', le ponce des pieds de derrière est
terminé par un ongle plat, et quoique
les ongles des autres doigts soient poin-
tus , ils sont en même temps si courts
et si petits , qu'ils n'empêchent pas
que l'animal ne puisse se servir de ses
quatre pieds comme de mains ; la ger-
boise au contraire n'a que quatre doigts
et quatre ongles longs et courbés aux
pieds de devant ; et au lieu de pouce ,
il n'y a qu'un tubercule sans ongle :
mais ce qui l'éloigné encore plus de
notre tarsier, c'est qu'elle n'a que trois
doigts ou trois grands ongles aux pieds
de derrière; cette différence est trop-^
^grande pour qu'on puisse regarder ces
animaux comme d'espèces voisines , et
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i. ,
...ÎSÈ"». J^.
PB L A GERROISf:. a49
il ne serait pas impossible qu*i1s fus-
lent aussi très^loignës par le climat ;
car le tarsier avec sa petite taille , set
quatre mains , ses longs doigts , ses pe-
tits ongles , sa grande queue , se» longs
pieds , semble se rapprocher beaucoup
de la marmose , dacayopollin , et d'un
autre petit animal de FAmërique mé-
ridionale dont nous avons parle sous le
nom de phalanger. L'on voit que nou»
ne faisons ici qu'exposer nos doutes , et
l'on doit sentir que noué aurions obli-
gation à ceux qui pourroient les fixer ,
en nous indiquant le climat et le nom
de ce petit animal. ' ^j •!;».?»•
v''>-» \<i.-
r.f-'
LE KANaURO.
!
/
Ce singulier animal , jusqu'à ce jour ^
ne s'est trouve nulle part que dans le
continent de la Nouvelle-Hollande.
(( Comme je me promenois le matin
à peu de distance du vaisseau , dit le
capitaine Gook {àlabated'Endéavoi&j
y tj
V ♦
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ï )
aSo HISTOIRE NATURELLB
câie de la Noupelle-HoUande ), je visun
desanimauK que les gens de l'équipage
m'avoie^it dëcrits si souvent ; il ëtoit
d'une légère couleur de souris , et res''
scmbloit beaucoup par la grosseur et la^
%ure à un lévrier , et je Taurois en
elFct pris pour un chien sauvage , si aa
lieu de courir il n'avoit pas sauté com-
me un lièvre ou un daim...* M. Banks
qui vit imparfaitement cet animal ,
pensa que son espèce étoit encore in-
connue.... Un des jours snivans, com-
me nos gens partoient au premier cré'
puscvile du matin pour aller chercher
du gibier , ils virent quatre de ces ani-
maux , dont deux furent très- bien
chassés parle lévrier de M. Banks, mais
ils le laissèrent bientôt derrière en sau-
tant par- dessus Fherbe longue et épaisse
qui empêchoit le chien de courir *, on
observa que ces animaux ne marchoient
pas sur leurs quatre jambes, mais qu'ils
sautoient sur les deux de derrière ,
comme ]egerhua on musjaculus.... En-
•1
18 un
)ago
DE LA GERBOISK. a5l
fin M. Gore , mon lieutenant , faisant ,
peu de jours après une promenade dan»
rintërifiur du pays avec son fusil , eut
le J}Qnheur de tuer un de ces quadru-
pèdi'8 qui avoit été ai souvent l'objet dé
nos spéculations. Cet animal n'a pa»
assez lie rapport avec aucun autre déjà
conna , pour ^u'on puisse en faire la
comparaison ; sa figure est très-analo-
gue à ci3lle dn gerbo , à qui il ressem-
ble auss i par ses mouvemens ^ mais sa
grosseur est fort différente , le gerbo
étant de la taille d'un rat ordinaire , et
cet anima l parvenu à son entière crois^
sauce , de< celle d'un mouton ; celui que
tua mon lieutenant étoit jeune , et
comme il n'avoit pas encore pris tout
son accroiasement , il ne pesoit que
trente-huit livres ; la tète , lo cou et
les épaules sDnt très-petits en propor-
tion des autres parties du corps ; la
queue est presque aussi longue que le
corps , elle e$l épaisse à sa naissance et
elle se termine en pointé à rextrémilé^
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J>5a HTSTÛIRB NATUnSLLB
los jainboA de de van f: n*ont que huit
pouces do long , et oolles de derrière en
ont vingt-deux , il niarohe par muCa
et par bonds j il tient alors la tôte droite
et ses pas sont fort longs ; il replie ses
jambes de devant tout près de la poi-
trine , ot il ne paroit s^en servrr que
pour cVeuser la ter' o ; la peau eflt cou-
verte d'un poil couiCb , gris ou couleur
de souris fonce ; il faut en excepter la
tête et les oreilles , qui ont une légère
ressemblance avec celles du lièvre : cet
animal est appelë kanguroo par les na-
turels du |>ays.... Le même M. Goro,
dans une autre cbasse , tua iin second
kanguroo , qui , avec ia peau , les en-
trailles et la tête, pesoit quatre-vingt-
quatre livres , et néanmoins en l'exa-
minant nous reconnûmes qu'il n'avoit
pas encore pris toute s4 croissance ,
parce que les dents mâcbelières inté-
rieures n'étoient pas encore formées....
Ces animaux paroissent être l'espèce
de quadrupèdes la plus commune à la
V
* r- ,
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_ A -». _. ^^.^né' \__^-
DE LA GBR Bais E. fl53
Nouvel le-Hollamle , et nom en ren-
contrions presque toutes les fois que
nous allions dans les bois »•
r:
Espèces connues dans ce genre*
Le Mongul , ài^un Jaculus,
Le Gerbo , dipus Sagitta,
La Gerboise du Cap, dipus Cafer,
Le Jird I dipus Meridianuâ, t
Le Tamaricin , dipus Tamaricinus,
( Le Kanguro et le Taraier sont classés pri^
cédemment parmi les Sarigues. )
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25^ IIISTOIRR NATURKLLE
X X X« GENRE.
LE LIÈVRE, LEPi/s.
Carac 1ère générique : dents incisives su»
périeurcs , marquées au milieu d'un
sillon qui les fait paroitre doubles.
LE LIEVRE.
Ii £ s espèces d'animaux les plus nom-
breuses ne sont pas les plus utiles ) rien
n'est même plus nuisible que cette niul«
titude de rats, de mulots ^ de sauterel-
les , de chenilles , et de tant d'autres
insectes dont il semble que la naturo
permette et souffre ^ plutôt qu'elle ne
l'ordonne , la trop nombreuse multi-
plication. Mais l'espèce du lièvre et
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DU LIEVRE, H55
celle du lapin ont pour nous le double
avantage du nombre et de Futilité y les
lièvres sont universellement et trèâ-
abondamment répandus dans tous les
climats de la terre : les lapins , quoi-
qu'originaires de climats particuliers ,
multiplient si prodigieusement dans
presque tous les lieux où Ton veut les
transporter , qu'il n'est plus possible du
ks détruire y et qu'il faut même em-
ployer beaucoup d'art pour en dimi-
nuer la quantité , quelquefois incom-
mode.
Lorsqu'on réfléchit donc sur cette
fécondité sans bornes donnée à chaque
espèce , sur le produit innombrable qui
doit en résulter , sur la prompèe et
prodigieuse multiplication de certains
animaux qui pullulent tout-à-coup, et
viennent par milliers désoler leé cam-
pagnes et ravager la terre , on est éton-
né qu'ils n'envahissent pas la nature ,
on craint qu'ils ne l'oppriment par le
nombre ; et qu'après avoir dévoré sa
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aSG HÎSTOIRTÎ NATURETJK
substance , ils ne périssent eux-mêmes
avec elle.
L'on voit en e£Pet avec effroi arri-
ver ces nuages épais , ces phalanges al-
lées d'insectes affamés , qui semblent
menacer le globe entier , et qui se ra-
battant sur les plaines fécondes de l'E-
gypte , de la Pologne ou de llnde , dé-
truisent en un instant les travaux , les
espérances de tout un peuple , et n'é-
pargnant ni les grains , ni les fruits ,
ni les herbes , ni les racines , ni les feuil-
les, dépouillent la terre de sa verdure
et changent en un désert aride les plus
riches contrées. L'on voit descendre des
montagnes du nord des rats en multi-
tude innombrable , qui , comme un dé^
luge , ou plutôt un débordement de
substance vivante, viennent inonder
les plaines , se répandent jusque dans
les provinces du midi , et après avoir
. détruit sur leur passage tout ce qui
• vit on végète , finissent par infec-
ter la terre et l'air de leurs cadavres.
^■^
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K
L-mômcs
roi arri-
mges ai-
lembleiit
ui sera-
is de rE-
nde , dé-
'aux , les
, et n'ë-
is fruits y
lesfeuil-
i verdure
) les plus
endre des
n m ulti-
me un dé-
ment de
; inonder
que dans
rès avoir
it ce qui
r infec-
cadnvrcs.
DU Ll K V R E. ^àSy
L'on voit dans les pays méridionaux
sortir tout-à-coup du désert des my-
riades de fourmis , lesquelles ^ comme
un torrent dont la source seroit inta-
rissable , arrivent en colonnes pressées,
le succèdent , se renouvellent sans ces-
se , s'emparent de tous les lieux habités,
enchâssent les animaux et les hommes ,
et ne se retirent qu'après une dévasta-
tion générale. £t dans les temps oti
l'homme , encore à demi - sauvage ,
ëtoit , comme les animaux , sujet à
toutes les loix , et même aux excès de
la nature , n'a-t-on pas vu de ces dé-
bordemens de l'espèce humaine , des
Normands , des Alains , des Pluns , des
Goths f des peuples , ou plutôt des peu-
plades d'animaux à face humaine , sans
domicile et sans nom , sortir toul-à-
çoup de leurs antres , marcher par
troupeaux effrénés , tout opprimer sans
autre force que le nombre , ravager
les cités , renverser les empires , et
après avoir détruit les nations et dé-
Quadrup. V. 22
i
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t ••^^•îîr^Bfcp» ,
'é
K,
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f ^
a58 HISTOIRE NATURELLE
vaste la terre , finir par la repeupler
d'hommes aussi nouveauic et plus bar-*
barcs qu'eux?
Ces grands ëvënemens , ces époques
si marquées dans l'histoire du genre
humain , ne sont cependant que de le'
gères vicissitudes dans le cours ordi-
naire de la nature vivante j il est en
général toujours constant , toujours le
même ; son mouvement , toujours ré-
glé , roule sur deux pivots inébranla-
bles f l'un la fécondité sans bornes don-
née à toutes les espèces , l'autre les
obstacles sans nombre qui réduisent
le produit de cetie fécondité à une me-
sure déterminée , et ne laissent en tout
temps qu'à-peu-près la même quantité
d'individus dans chaque espèce. Et
comme ces animaux en multitude in-
nombrable , qui paroissent tout-à-coup>
disparoissent de même , et que le fonds
de ces espèces n'en est point augmenté ^
celui de l'espèce humaine demeure
aussi toujours le môme ^ les variations
"f^
"'^•a^,.
^j-,-,*:*^"*-'^:. - * ¥ ,: l '
— ■■ff^- ;.:^ A.
leapler
us bar-
fpoques
1 genre
e de lé-
•s ordi-
est en
jours le
►urs ré-
branla-
les don-
utre les
Iduisent
me me-
en tout
[uantité
èce. Et
tude in-
-à-coup>
le fonds
Tihenté ,
lemeure
iriatious
DU L T fe V K E. a5f)
en sont seulement un peu pins lentes »
parce que la vie de l'homme étant plus
longue que celle de ces petits animaux ,
il est nécessaire que les alternatives
d'augmentation et de diminution se
pT emparent de plus loin et ne s'achèvent
qu^en plus de temps; et ce temps mê-
me n'est qu'un instant dans la durée y
un moment dans la suite des siècles ,
qui nous frappe plus que les autres y
parce qu'il a été accompagné d'horreur
et de destruction ; car , à prendre la
terre entière et l'espèce humaine en
général , la quantité des hommes doit^
comme celle des animaux , être en tout
temps à très-peu près la même^ puis-
qu'ello dépend de l'équilibre des cau-
ses physiques ; équilibre auquel tout
est parvenu depuis long-temps , et que
les efforts des hommes , non plus que
toutes les circonstances morales , ne
peuvent rompre , ces circonstances dé-
pendant elles-mêmes de ces causes
physiques dont elles ne sont que des
1 i
' •*r'-*î*3*ré-*s#.''w<M«''^ "
^
.:Sm$0^''
^
260 HISTOIRE NATURELLE
eiFets particuliers. Quelque soin que
rhomme puisse prendre de son espèce ,
il ne la rendra jamais plus abondante
en un lieu que^pour la détruire ou la
diminuer dans un autre. Lorsqu'une
portion de la terre est surchargée
d'hommes , ils se dispersent y ils se rë'
pandent , ils se détruisent , et il s'éta-
blit en même temps des loix et des usa-
ges qui souvent ne préviennent que
trop cet excès de multiplication. Dans
les climats excessivement féconds ,
comme à la Chine , en £gypte , en Gui^
née , on relègue , on mutile , on vend ,
on noyc les enfans -, ici on les condamne
à un célibat perpétuel. Ceux qui exis-
tent s'arrogent aisément des droits sur
ceux qui n'existent pas : comme êtres
nécessaires , ils anéantissent les êtres
contingens , ils suppriment pour leur
aisance , pour leur commodité , les gé-
nérations futures. Il se fait sur les
hommes , sans qu'on s'en apperçoive^
te qui se fait sur les animaux ; on lea
n^ > \
■4.
' ^^ï4(sa*fc-«É*w*'-''
' à*. -A.
_ ji. .f* ^
^"":-^:M^
nu L^è VR R. •* 261
soigne , on les multiplie ,011 les négli^
ge f on les détruit selon le besoin , les
avantages y rinconimodité, les désa-
grcmens qui en résultent ; 'et coittmd
tous ces effets moraux dépendent eux-
mêmes des causes physiques' qui^ de-'
puis que k. terre a pris' sa consistance^y
sont dans un étaè fixeet dans un équi^
libre permanent , irparoît que pour
riiomme » comme pour les animnux
le nombre d'individus dans Tespèce ne-
peut qu'être constant. A u reste , cet
état fixe et ce nombre constant ne sont
pas des quantités absolues j toutes le»
causes physiques et morales^, tous les
effets qui en. résultent isont compris et
balancent entre certaines linïiteâ plu»
ou moins étendues , nulis jamais assez
grandes pour cj^ue l'équilibre s» rompe..
Comme tout est cm mouvement dans
l'univers, et que toutes- 1er iorces ré-
pandues dans la matière agissent le»
iHies contre les autres- et so contre-
balancent ^ tout se ikit par des espèceâr
•"•««.JHÎV», _ sa«,a.«
^■^
«••rf**'
il
I
r
a^a HISTOIRE îiATrnELti?
d'oscillations, dont les points milieux
sont oeux auxquels nous rapportons )o
couvi ordii^aire de la nature ^ et dont
les pQ>ntBte:|ctffènies en sont les përio*
des Jea plus >^loignëes. En effet , tan^
dans lès animaux que dans les vègé"'
taux, remcès de la multiplication est
ordinairement suivi d» la stérilité ; Ta^
lH}ndanGe et la disette se présentent
tour-^tour > et souvent se suivent do
» prêt» que Von ponrroit jugelr de la
production d'une année par lo produit
de oeUe qui la précède. Les pommiers ,-
les pruniers , les chênes , les hêtres et
la: plupart des autres arbres fruitiers et
forestiers^ lie partent abondamment
que de : deuix années l'une ;< les chenil-^
les j les huinetons , les mulots et plu-^
sieurs autres animaux qui dans de cer->
taines années se multiplient à l'excès ,
ne paroisseni qu^en petit nombre Tan-
née auivaute. Qne deviendroienten
effet tons les biens de la terre-^^ue de-'
ifieudroient les animaux utiles « et
1
.*
<t^jWtiM>»']ii in'inliitB
13V I. ifîVRE.MT^ a63
riiomme lui-même , ni dans ces année»
exwssiyep chacun de ces insectes se re^
produiiioit pour l'année suivante par:
une génération proportionnelle à leur
nombre ! Mais non, les causes de de^-*
tructicm , d'anéantissement et de sté**
vilité suivent immédiatement celles de
la trop grande multiplication ; et in-
dépendamment do la contagion , suite
nécessaire des trop grands amas de
toute matière vivante dans un même
lieu , il y a dans chaque espèce de»
causes particulières de mort et de des-
truction y que nous indiquerons dans la
suite , et qui seules suffisent pour com-
penser les excès des générations précé-
dentes, s..'!/ iftîè &ii iiu\è iJd . ti-Uff^amii
'i^AvL reste , je le répète encore , ceci
ne cloit pas être pris dans un sens &b-
âolu, ni même strict , sur-tout pour les
espèces qui ne sont pas abandonnées
en entier à la nature seule : celles dont
l'homme prend soin, à commencer par
la sienne , sont plus abondantes qu'elle»
1 H
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ér-*--^é^'.--r''-l>'2'1i40ls^y....4t~^*^''^^^^
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) ^^
ai64 HISTOIUE KATITRELLB
ne le seroient sans ces soins; maiscom*^
me ces soins ont «ux-mêmes des limi-
tes, Taugmen talion qui en rt^sulte est
Aussi limitée et fixée depuis long-temps*
par des bornes immuables; et^quoique
dans les pays polices l'espèce de l'hom-
me et celle de tous les animaux utile»
soient plus nombreuses que dans le»
autres climats , elles ne le sont jamai»
à l'excès , parce que la même puissance
qui les fait naître , les détruit dès qu'el-
les deviennent incommodes, r - ^ . ' * ' ' jf
• Dans les cautons conservés pour le
plaisir de la chasse , on tue quelquefois
quatre au cinq eetits- lièvres dans une
seule battue. Ces animaux multiplieni
beaucoup , ils sont en état d'engendrée
en tout temps , et dès la première an-
née de leur vie ; les femelles ne poftent
que trente ou ti-ente - ud Jours ; elles
produisent trois ou quatre petits , et
dès qu'elles ont mis bas, elles reçoivent
le mâle ; elles le reçoivent aussi lors-
qu'elles sont pleines. ., .*.,-,^ . , ~
! f
i
(
fW^'
' »"=t.w«Mn«MWM|s
, DU likvhb.t'î ar>5
Les petit» ont les yeux ourérts en
naissant , la mère Ica aUite pendant
vingt jours, aprèî» quoi ils s'en séporent,
et trouvent eux- ..ime» leur nourri-
ture : ils ne s'ëcaitent pas beaucoup les'
uns des autres ni du lieu oii ils sont
nés ; cependant ils vivent solitaire-'
ment;, et se forment chacun un gite à
une petite distance, comme de soixante'
ou quatre-vingts pas ; ainsi lorsqu'on,
trouve nn jeune levraut dans un en-
droit , on est presque sAr d'en trouver'
encore un ou deux antres aux envi-
rons. Ils paissent pendant la nuit plutôt,
qne {tendant le jour ; ils se nourrissent
d'herbes , de racines , de feuilles , de
fruits , de graines , et profèrent les
plantes dont la sève est laiteuse ; ils
rongent même Tëcorce des arbres pen-
dant rhiver, elil n'y a guère que Tauno
et le tilleul auxquel s ils ne touchent pas*
Lorsqu'on en élève , on les nouirritavec
de la laituç. et des légumet : mais la
..■* '^î:aifi^''
tV j- V».*» -i.
<,ri
M'.
â66 HISTOIRE NATTTRELLR
ofiair de ces lièvres nourris est toujours
de mauvais goût '^^ * * • ia .u:(
Ils dorment ou se reposent au gîte
pendf^nl le jour , et ne vivent y pour
ainsi dire , que la nuit ; c'est pendant
la nuit qu'ils se promènent, qu'jls man-
gent et qu'ils s'accouplent : on Us voit
au ojair de la lune jouer ensemble y
sauti^r et courir les uns après les au-
tres I mais le moindre mouvement , le.
bruit d'une feuille qui tombe , sufilt
pour les troubler , ils fuient., et fuient
chacun d'un çôtë diCférent.
Quelques auteurs ont assure que lea
lièvres ruminent , cependant je pe crois
pas cette opinion fondée ^ pqisqu'ils^
n'ont qu'un estomac , et que la confor-
mation des estomacs et des autres in-
testins est toute différente dans les ani-
maux ruminans ; le cœcum de ces ani-
maux est petit , celui du lièvre est ex-
trêmement ample ; et si l'on ajoute à
la capacité de son estomac celle de ce
grand ctecum , on concevra aisément
,J»'|«~-(**P««*!»«»*'
H.
D tr L 1 is V R E. s()7
que pouvant pixndre un grand vola-
mo d'alimens , cet animal peut yivf
d'herbes seules ^, comme le ch«val et
Tâne qui ont aussi un grand cœcum, qui
n^ont de même qu'un estomac , et qui
par conséquent ne peuvent ruminer.
Les lièvres dorment beaucoup , et
<]orment les yeux ouverts 3 ils n'ont
pas de cils aux paupières , et ils parois-
sent avoir los yeux mauvais ; ils ont ,
commo par dédommagement , l'ouïe
très-fine y et l'oreille d'une grandeur
démesurée , relativement à celle de
leur corps; ils remuent ces longues
oreilles avec une extrême faeilité , iU
s'en servent comme de gouvomail poilr
se diriger dans leur course qui est ni
rapide , qu'ils devancent aisément tous
les autres animaux. Comme ils ont les
jambes de devant beaucoup plus cour-
tes que celles de derrière , il leur est
plus commode de courir en montant
qu'en descendant ; aussi lorsqu'ils sont
poursuivis, comniencent-ijls toujours
! ^
11
• f I
^4
368 HISTOIRE Naturelle
par gagner la montagne : leur mouve«
meat dan^ leur course est une espèce
de galop , une suite de sauts très-près-
les et très-pressës ; ils marchent sans
faire aucun bruit ^ parce qu'ils ont les
pieds couverts et garnis de iToils , mê-
me par* dessous ; ce sont aussi peut-être
les seuls animaux qui aycnt des poils
au-dedans de la bouche.
Les lièvres ne vivent que sept om
huit ans au plus, et la durée de la r^t
est y comme dans les autres animaux ,
proportionnelle au temps de l'en lier
développement du corps; ils prennent
presque tout leur accroissement en un
an , et vivent environ sept fois un an ;
on prétend seulement ^ que les mâ-
les vivent plus long-temps que les Te-
melles , mais je doute que cette obser-
vation soit fondée. Us passent leur vie
dans la solitude et dans le silence , et
l'on n'entend leur voix que quand on
les saisit avec force , qu'on les tour-
mente et qu'on les blesse : ce n'est
:^ji*ï»
mvc-
isptce
.pres-
t sans
>nt les
, mê-
iit-êlre
s poiU
^- :T'
ept ^M
lia ■• *^
maux >
rentier
«nnent
en un
un an ;
les mà-
j les Te-
i obser-
eur vie
ce , et
land on
|s tour-
te n*est
ID V Lit VUE. ** 5^9
Ipoint un cri aigre, mais une voix asset
Ibrtei dont le son est presque semblable
à celui de la voix humaine. Ils m
sont pas aussi sauvages que leurs ]iabi<*
tudes et leurs mœurs paroissent Tindi^-
quer ; ils sont doux et susceptibles d'une
espèce d'éducation ; on les apprivoise
aisëment , ils deviennent même cares^
sans ; mais ils ne s'attachent jamais
assez pour pouvoir devenir animaux
domestiques , car ceux même qui ont
été pris tout petits et élevés dans la
maison, dès qu'ils en trouvent l'occa-^
sion , se mettent en liberté , et s'en-*
fuient à la campagne. Comme ils ont
Voreiile bonne , qu'ils s'asseient volon*
tiers sur leurs pattes de derrière , et
qu'ils se servent de Celles de devant
comme de bras , on en a vu qu'on avoit
dressés à battre du tambour , à gesti-
culer en cadence , &c. . „™,„, ,
En général le lièvre Ue manque pai
d'instinct pour sa propre conservation,
ni de sagacité pour échapper à ses enr
Quadrup. V. a3
m
»;o HiStOIRE NATURELLE
t neinis ; il se forme un gîte , il choisit
en hiver les lieux exposés au midi , et
en ëtë il se loge au nord ; il se cache y
pour n'être pas vu^ entre des mettes
^ui sont de la couleur de son poil. « J'ai
TU , dit du Fouilloux , un lièvre si ma-
licieux f c[iie depuis qu'il oyoit la trom-
pe il se levoit du gîte , et eût-il été h
im quart de lieue de là , il s'en alloit
nager en un ëtang , se relaissant au mi-
lieu d'icclui sur des joncs sans être au-
ôiinemcnt chasse des chiens. J'ai vu
courir nn lièvre bien deux heures de-
vant les chiens , qui après avoir couru,
yenoit pousser un autre et se mettre
'en son gîte. J'en ai vu d'autres qui na-
geoient deux ou trois étangs, dont le
^:\ moindre avoit quatre-vingts pas de lar-
ge. J'en ai vu d'autres qui après avoir
'été bien courus l'espace de deux heu-
res, entr oient par-dessous la porte d'un
tect à brebis , et se relaissoienX parmi
le bëtail. J'en ai vu, quand les chiens
' les couroieut , qui s'alloient mettre
! f<l
LE
l choisit
midi , et
e cacbe ,
9 mât tes
»il. ((J'ai
re si ma-
ta troDi-
t-il été \
sti alloit
it RU mi-
être au-
J'ai vu
ures de-
r couru,
mettre
\ qui na-
dont le
s de lar-
bs avoir
X heu-
rte d'un
Jt parmi
3 chiens
mettro
i
s D U L lÈ V R £• 271
parmi un troupeau de brebis qui passoit
par les champs , ne les voulant aban-
donner ne laisser. J'en ai vu d'autres
qui i quand ils oyoient les chiens cou-
rans , se cachoient en terre. J^en ai vu
d'autres qui alioient par un côte de haie
et retournoient par l'autre , en sorte
qu'il n'y avoit que l'épaisseur de la haie
entre les chiens et le lièvre. J'en ai vu
d'autres qui quand ils avoient couru
une demi-heure , ^^w. alioient monter
sur une vieille muraille de six pieds de
haut , et s'alloient relaisser en un per-
tuis de chauffant couvert de lierre. J'en
ai vu d'autres qui nageoient une riviëro
qui pouvoit avoir huit pas de large , et
la passoient et repassoient en longueur
de deux cents pas , plus de vingt fois
devant mol » . Mai9 ce sont là sans doute
les plus grands efforts de leur instinct \
car leurs ruses ordinaires sont moins
£nes et moins recherchées : ils se con-
tentent, lorsqu'ils sont lancés et pour-
suivis, de courir rapidement^ et ensuite
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272 HISTOIRE NATURELLE
de tourner et retourner sur leurs pat ^
ils ne dirigent pas leur course contre
le vent , mais du côté oppose ; les fe-
melles ne s'éloignent pas tant que les
mâles, et tournoyent davantage. En
gênerai^ tous les lièvres qui sont nës
dans le lieu même où on les chasse , ne
s'en écartent guère , ils reviennent au
gîte, et si on les chasse deux jours de
suite , ils font le lendemain les mêmes
tours et détours qu'ils ont faits la veille.
Lorsqu'un lièvre va droit et s'éloigne
beaucoup du lieu oh il a été lancé , c'est
une preuve qu'il est étranger , et qu'il
ïi'étoit en ce lieu qu'en passant, Il vient
en efifet , sur-tout dans le temps le plus
marqué du rut , qui est aux mois de
janvier , de février et de mars , des liè-
vres mâles qui manquant de femelles
'énlejLirpays, fout plusieurs lieues pour
en trouver, et s'arrêtent auprès d'elles;
mais dès qu'ils sont lancés par des
chiens , ils regagnent leur pays natal ,
^t ne reviennent pas. Les femelles Xk9;
"ry^X
^ ''•■■Y" "-"A .■?(""' '
.,..'?'
"►■•»• -^'""'"i^
F DU LIÉ RE. 273
«orteiit jamais , elles sont plus grosses
que les mâles , et cepentlant elles ont
moins de force et d'agilité , et plus de
timidité , car elles n'attendent pas au
gîte les chiens de si près que les mâles ,
et elles multiplient davantage leurs
ruses et leurs détours: elles sont aussi
plus délicates et plus susceptibles des
impressions de l'air , elles craignent
l'eau et la rosée j au lieu que parmi les
maies il s'en trouve plusieurs, qu'on
&\i}pe\]elièi^res ladres j qui cherchent les
eaux et se fout chasser dans les étangs^
les marais et autres lieux fangeux. Ces
lièvres ladres ont la chair de fort mau-
vais goût ; et en général tous les liè-
vres qui habitent les plaines basses ou
les vallées, ont la chair insipide et blan-
châtr^î , au lieu" que dans les pays de
collines élevées ou de plaines en mon-
tagnes, où le serpolet et les autres her-
bes fines abondent , les levrauts et mê-
me les vieux lièvres sont excellens slu
^OÛt, Ou remarque seulement que ceux
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t
«""«««tWiiiSH-
•,**■-*"—»
J
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^
«74 HISTOIRE NATUUELLE
qui liabilcnl lo fond dcj bois dans cc/i
mêmes pays , no sont pas à beaucoup
près aufsi bons que ceux qui en habi-
tent les lisières ou qui ae tiennent dani
les champs et dans les vignes , et que
les femelles ont toujours la chair pluf
délicate que les mâles.
La nature du terroir inCae sur ce#
animaux comme sur tous les autres ;
les lièvres de montagnes sont plus
grands et plus gros que les lièvres de
plaine : ils sont aussi de couleur dilTë-
rente; ceux de montagnes sont plus
bruns sur le corps , et ont plus de blanc
sous le cou que ceux de plaine , qui
sont presque rouges. Dans les hautes
montagnes et dans les pays du nord >
ils deviennent blancs pendant l'hiver y
et reprennent en ëtë leur couleur ordi-
uaire ; il n'y en a que quelques-uns ^
et ce sont peut-être les plus vieux qui
restent toujours blancs, car tous le-
deviennent plus ou moins eu vieillis-
sant. Les lièvres das pays choiids ,
^•"«"kV"**""' "^'*'
V t
^^^'--y,?:..— ->V>S'
•:•»;*,
L
DU LIÈVRE, ^r 375
d'Ita1i« , d'Espagne , de Barbarie y «ont
plus pu Lits que ceux de France ef. def
autres pays plu» seplentrioimuic : selon-
Arisl4>te , iU ëtoicat aussi plus petitf
en Egpyte qiv*en Grèce. Us sont égale-
ment répandus dans tous ces climats ;
il y en a beaucoup en Suède , en Dane*
murck , en Pologne , en Moscovie \
beaucoup en France , en Angleterre ^
en Allemagne y beaucoup eu Barbarie ,
en £g}pte, dans les îles de l'Archipel,
sur-tout à Dëlos , aujourd'hui Idilis ,
qui fut appelée par les anciens Grecs,
lagia , èi cause du grand nombre de
lièvres qu'on y trouToit. £nfinily en
a aussi beaucoup en Laponie , oCi il»
sont blancs pendant dix mois de l'an-
îaée , et ne reprennent leur couleur
Sauve que pcndaut les deux mois les
plus cliauds de Tété. Il ,'paroit doiic que
les climats leur sont à^peu-pr es égaux ;
cependant ou remai'que qn^il yaraoins
de Hèvre» en Orieiit qu'en Europe ^
et peu ou point dons rAmériqxie méri^
-î
«fti II
li
'**•*■ - ,1 ^
J
^J.
S76 HISTOIRE NATURELLE
dionalc^ quoiqu'il y en ait en Virginie,
en Canada , et jusque dans les terres
qui avoisinent la baie de Hudson et le
dëtroit de Magellan; mais ces lièvres do
rAmérique septentrionale sont peut-
être d'une espèce différente de celle
de nos lièvres , car les voyageurs disent
que non-seulement ils sont beaucoup
plus gros , mais que leur chair est blan-
che et d'un goAt tout différent de celui
de la chair de nos lièvres ; ils ajoutent
que le poil de ces lièvres du nord de
l'Amérique ne tombe jamais ^ et qu'on
en fait d'excellentes fourrures. Dans
les pays excessivement chauds comme
au Sénégal , à Gambie , en Guinée , et
sur -tout dans les cantons de Fida,
d'Apam , d'Acra, et dans quelques au«
très pays situés sous la zone torride en
Afrique , en Amérique , comme dans la
Nouvelle -Hollande et dans les terres
de l'isthme de Panama, on trouve aussi
dos animaux que les voyageurs ont pris
jwur des lièvres; mais ^m tout pliUôt
•'îrtti'"-" <'.'"• "
'"*• *^^*a•••r*;»f*'^■={r•
■ii'tfîi^.cv r^i'
Dr LiiîVRE. ^'n
des espèces de lapins ; car le lapin est
originaire des pays cLauds, et ne so
trouve pas dans les climats septentriq*
naux , au lieu que le lièvre est d'autant
plus fort et plus grand , qu'il habite un
climat plus froid.
Cet animal, si recherché pour la
table en Europe , n'est pas du go^it des
Orientaux : il est vrai que la loi de
Mahomet , et plus anciennement la loi
des Juifs , a interdit l'usage de la chaîr
du lièvre comme de celle du cochon ;
mais les Grecs et les Romains en fai-
soient autant de cas que nous : Inter
quadrupèdes gloria prima lepus , dit
Martial. En efiTct , sa chair est excel-
lente , son sang même est très-bon à
luangei^ , et est le plus doux de tous les
sangs; la graisse n'a aucune part à la
délicatesse de la chair , car le lièvre ne
devient jamais gras tant qu'il est à la
campagne en liberté , et cependant il
meurt souvent de trop de graisse lors-
qu'on le nourrit à la maison.
1..
il
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I m I II É I
I*-
378 HrSTOIRE NATURÎ3LLE
La chasse du lièvre est ramnsement,
et souvent la seule occupation des gens
oisifs de la campagne : comme elle se
fait sans appareil et sans dépense , et
qu'elle est même utile , elle convient à
tout le monde ; on va le matin et lo
soir , au coin du bois, attendre le lièvre
à sa rentrée ou à sa sortie ; on le cher-
che pendant le jour dans les endroits
où il se gîte. Lorsqu'il y a de la fraî-
cheur dans l'air, par un soleil brillant »
et que le lièvre vient se gîter après
avoir couru , la vapeur do son corps
forme une petite fumée que les chas'
seurs apperçoivent de fort loin , sur-
tout si leurs yeux sont exercés à cette
espèce d'observation : j'en ai vu qui ,
conduits par cet indice, partoient d'une
demi-lieue» pour aller tuer le lièvre
au gîte. Il se laisse ordinairement ap-
procher de fort près sur-tout si l'on
ne fait pas semblant de le regarder ,
et si au lieu d'aller directement à lui,
ou tourne obliquement pour l'appro-
••Va
,ï ■"/•.'
1
' DU LièVRK. 279
olier. Il craint les chiens plus que les
lidmines ; et lorsqu'il sent ou qu'il en-
tend un chien , il part de plus loin :
quoiqu'il coure plus vite que les chiens,
cûmme il ne fait pas une route droite ,
qu'il tourne et retourne autour de l'en-
droit où il a été lance , les Icfvriers,
qui le chassent à la vue plutôt qu'à
l'odorat , lui coupent le rhemin , le
saisissent et le tuent. Il se tient v< Ion-
tiers en ëtë dans les cliamns , tn au-
tomne dans les vignes, ^t '^n hiver
dans les buissons ou dans les bois , et
l'on peut en tout temps, sans le tirer,
le forcer à la course avec des chiens
courans ; on peut aussi le faire prendre
par des oiseaux de proie. Les ducs,
les buses , les aigles , les renards , les
lonps , les hommes , lui font également
la guerre ; il a tcr.^ l'ennemis, qu'il ne
leur échappe que p ^.asard, et il est
bien rare qu'ils le dissent jouir du
petit nombre de jours que la nature
lui a comptes.
il
i (
' ■
3l8o HISTOIRE NATURELtC
LE L A P ï N.
4|. -,.; ^
,«: -H.
Le lièvre et le lapin ^ quoique fort
semblables tant à l'extérieur qu'à l'iu'
tërieur, ne se mêlant point ensemble ,
font deux espèces distinctes et sépa-
rées : cependant comme les chasseurs
disent que les lièvres mâles , dans le
temps du rut , courent les lapines , et
les couvrent, j'ai cherché à savoir ce
qui pourroit résulter de cette union f
et pour cela j'ai fait élever des lapins
avec des hases , et des lièvres avec des
lapines , mais ces essais n'ont rien pro-
duit, et m'ont seulement appris que
ces animaux , dont la forme eât si sem^
blable , sont cependant de nature asse2
difiEerente pour né pas même produire
des espèces de mulets.
La fécondité du lapin est encore plus
grande que celle du lièvre j et sans
ajouter foi à ce que dit Wotten , que
d'une seule paire qui fut mise dons
1»; *
t^\
Vi " }}
[ue fort
l'à l'iii-
lemble ,
t sépa-
lasseurs
dans lô
Inès, et
ivoir ce
union )
s lapUis
LVec des
en pro-
pris que
; si sem-
ire asse^
produire
:ore plus
et sans
en, que
ise donà
.-' V
. V DXT JilÈ VRE. aSf
une ile , il s'en trouva six mille au
bout d'un an , il est sûr que ces ani-
maux multiplient si prodigieusement
dans les pays qui leur conviennent,
que la terre ne peut fournir à leur
subsistance^ ils détruisent les herbes 7.
les racines, les [grains, les fruits, les
légumes, et même les arbrisseaux et
les arbres ; et si l'on n'avoit pas contre
eux le secours des furets et des chiens ,
ils feroient déserter les habitans de
ces campagnes. Non-seulement le lapin
s'accouple plus souvent, et produit plus
fréquemment et en plus grand nombre
que le lièvre, mais il a aussi plus de
ressources pour échapper à ses enne-
mis j il se soustrait aisément aux yeux
de l'homme : les trous qu'il se creuse
dans la lerre , où il se retire pendant
le jour et où il fait ses petits, le met-
tent à l'abri du loup, du renard et âo
l'oiseau de proie j il y habile avec sa
famille en pleine sécurité , il y élève
et y nourrit ses petits jusqu'à l'âgo
Quadrup. V. 2^
i
^?,
^ '
^
^A i
aSa HISTOIRE NATURELLE
d'environ deux mois , et il ne les fait
sortir de leur retraite pour les amener
au-dehors, que quand ils sont tout
ëlevës ; il leur ëvite par-là tous les in-
convëniens du bas âge , pendant lequel
au contraire les lièvres périssent en
plus grand nombre, et souffrent plus
que dans tout le reste de la vie.
Cela seul suffit aussi pour prouver
que le lapin est supérieur au lièvre
par la sagacité ; tous deux sont con-
formés de même , et pourroient égale-
ment se creuser des retraites; tous
deux sont également timides à l'excès,
mais l'un, plus imbécile, se contente
de se former un gite à la surface de la
terre , où il demeure continuellement
«xposé , tandis que l'autre ; par un
instinct plus réfléchi , se donne la peine
de fouiller la terre et de s'y pratiquer
un asyle ; et il est si vrai que c'est par
sentiment qu'il travaille', que l'on ne
voit pas le lapin domestique faire le
même ouvrage ) il se dispense, de pé
^^x^\'^ ^
DU LIÈTRE. a85
ereuAer une retraite , comme les oi-
Beaux domestiques se dispensent de
faire des nids , et cela parce qu'ils sont
également à Tabri des inconvëniens
auxquels sont exposes les lapins et les
oiseaux sauvages. L'on a souvent re-
marqué ([ue quand on a voulu peupler
une garenne avec des lapins clapiers ,
c^s lapins et ceux qu'ib produisoient >
restoient , comme , les lièvres ^ à la surt-
face de la terre , et que ce n'étoit
qu'après avoir éprouvé bien des in«-
convéniens, et au bout d'un certain
nombre do générations, qu'ils comf
mençoient à creuser la terre pour se
mettre en sûreté.
Ces lapins clapiers ou domestiques y
varient pour les couleurs , comme tous
les autres animaux domestiques ; le
blanc f le noir et le gris sont cependant
les seuls qui entrent ici dans le jeu de
la nature : les lapins noirs sont les plus
rares , mais il y en a beaucoup de tout
blancs, beaucoup de tout gris, et beau-
■Il
'1
l
""I \ mi
.tr>^'
(S
I \
284 HIÔTOIRE NATURELLE
coup de mêlés. Tous les lapins sauvages
sont gris, et parmi les lapins domesti-
' ques c'est encore la couleur dominante \
car dans toutes les portées il se trouve
toujours des lapins gris, et même en
plu9 grand nombre, quoique le père
et la mère soient tous deux blancs on
tous deux noirs , ou l'un noir et l'autre
blanc : il est rare qu'ils en fassent plus
de deux ou trois qui leur ressemblent j
au lieu que les lapins gris , quoique
"domestiques, ne produisent d'ordinaire
que des lapins de cette même couleur >
et que ce n'est que très-rarement et
comme par hasard qu'ils en produisent
de blancs, de noirs et de mêlés. -i
Ces animaux peuvent engendrer et
produire à l'âge de cinq ou six mois :
on assure qu'ils sont constans dans leurs
amours , et que communément ils s'at»>
iadhent à une seule femelle et ne la
quittent pasj elle est presque toujours
en chaleur on du moins en état de rece-
voir le mâle : elle porte trente ou tren-
?
'i>*V^
DU LlèVRE. »85
tc-un jours, et produit quatre ^ cinti
ou six , et quelquefois sept ou huit pe-
tits.
Quelques jours ayant de mettre bas ,
elles se creusent un nouveau terrier ,
non pas en ligne droite, mais en zig-
zag, au fond duquel elles pratiquent
une excavation ; après quoi elles s'ar-
rachent sous le ventre une assez grande
quantité de poils, dont elles font une
espèce de lit pour recevoir leurs petits.
Pendant les deux premiers jours elles
ne les quittent pas , elles ne sortent que
lorsque le besoin les presse, et revien-
nent dès qu'elles ont pris de la nourri-
ture : dans ce temps elles mangent
beaucoup et fort vite. Elles soignent
ainsi et alaitent leurs petits pendant
plus de six semaines. Jusqu'alors le
père ne les connoît point, il n'entre
pas dans ce terrier qu'a pratiqué la
mère ; souvent même , quand elle en
sort et qu'elle y laisse ses petits, elle
en bouche i'entree avec de la lei - dé-
I, i '
\
I;
.^:c, -'-**-^:^'^^'--v„.
f% i
4
286 lU^TOIUK KATUHELLE
trempée de sotï udue; irais lorsqu'ils
comiiienceut à xanh au b rd uutrou,
et à mangct du sëneçoti et d'autres
herbes que la mère leur présente , le
père semble les rec(îJinci tre , il les prend
enhe '^es pattes , i! leur "lustre le poil,
il leur lèeîie 1» • yeux , et tous , les uns
après les autres , ont également part à
ses soins : dans ce même temps la mère
lui £a\t beaucoup de caresses , et sou«
vent devient pleine peu de jours après.
(( La paternité chez ces animaux est
très-respeclée ; j'en juge ainsi par la
grande déférence que tous mes lapins
ont eue pour leur premier père, qu'il
m'étoit aisé de reconnoître à cause do
sa blancheur et qui est le seul mâle que
j'aie conservé de cette couleur : la fa-
mille avoit beau s'augmenter, ceux
qui devenoient pères k leur tour lui
ëtoient subordonnés ; dès qu'ils se bat*
toient , soit pour des femelles , soit
parce qu'il se disputoient la nourri-
ture, le ^. li-père qui eutendoif au
Nv
... »•■>*.■;,• •■•V.:-^": «
'«i-j^tt»^
DU LIEVRE, 087
bruit j accouroit de tonte sa force, et
dès qu'on l'appercevoit , tout rentroit
dans l'ordre ; et s'il en attrappoit quel-
qu'un aux prises , il les sëparoit , et en
faisoit sur-le-champ un exemple de
punition. Une autre preuve de sa do-
mination sur toute sa postérité, c'est
que les ayaut accoutumés à rentrer tous
à un coup de sifilet , lorsque je donnois
ce signal . et quelque éloignés qu'ils
fussent , fe voyois le grand-père se met-
tre à leur tête , et quoiqu'arrivé le pre-
mier , les laisser tous défiler devant lui
et ne rentrer que le dernier.... Je les
nourrissois avec du son de froment >
du foin et beaucoup de genièvre y il
leur en falloit plus d'une voiture par
semaine , ils en mangeoient toutes les
baies , les feuilles et l'écorce', et ne lais-
soient que le gros bois : cette nourri-
ture leur donnoit du fumet, et leur
chair étoit aussi bonne que celle des
lapins sauvages ».
Ces animaux vivent huit ou neuf
i )
; i
:ï
V
aS8 HISTOÏRE NATURELLE
ans : comme ils passent la plus granc(e
partie de leur vie dans leurs terriers ,
où ils sont en repos et tranquilles , ilï
prennent un peu plus d'embonpoint
que les lièvres ; leur chair est aussi fort
différente par la couleur et par le goût j
celle des jeunes lapereaux est très-dëli-
cate, mais celle des vieux lapins est
toujours sèche et dure. Ils sont, com-
me je l'ai dit , originaires des climats
chauds : les Grecs les connoisboient ,
et il paroi t que les seuls endroits de
l'Europe où il y en eût anciennement ,
étoient la Grèce et l'Espagne ; de-là
on les a transportés dans des climats
plus tempérés , comme en Italie , en
France , en jMlemagne , où ils se sont
naturalisés ; mais dans les pays plus
froids, comme en Suède et dans le reste
du nord , on ne peut les élever que
dans les maisons , et ils périssent lors-
qu'on les abandonne à la campagne. Ils
aiment au contraire le chaud excessif;
car ou en trouve dans les contrées mé-
d
f
i V
'XJ^ ■» m:m-'tBf0''''-
i-i-.ï.ife^" -ïia^oyfc. •■-;?»««»!-"
D XT L I E V R E. 28g
ridionalcs de l'Asie et de l* Afrique ,
comme au golfe Persique, à la baie de
Saldana, en Libye, au Sénégal, c;n
Guinée ; et on en trouve aussi dans nos
îles de l'Amérique , qui y ont été trans-
portés de l'Europe , et qui y ont très-
bien réussi. > : . ^^ : ;
.-, .> , , • . ( . -,. - »- • f,'- '• •'■ ■ • - ■-• - •-'•
L E T O L A ï.
Cet animal qui est très-commun
dans les terres voisines du lac Baikal
en Tartarie, est un peu plus grand
qu'un lapin , auquel il ressemuie par la
forme du corps , par le poil , p.f ' îs
allures , par la qualité , la saveur , la
couleur de la chair , et aussi par l'ha-
bitude de creuser de même la terre
pour se faire une retraite. Il n'en dif-
fère que par la queue qui est considé-
rablement plus longue que celle du
lapin, il est aussi conformé ci v me à
l'intérieur. Il me paroi t donc qu'il ne
fait pas une espèce réellement diflFé-
\
I
)
I
9gO HISTOIRE NATURELLIS
rente , njaid une simple voriëtë dans
colle du lapin. ii' '•' •
LE T A P E T I. ^
li B tapéti me paroit être une espèce
très-Yoïsiue , et peut-être une v^iété
de celle du lièvre ou du lanin. On le
trouve au Brésil et dans plusieurs au-
tres endroits de rAitiërique ; il res-
semble au lapin d'Europe par la figu-
re ; au lièvre par la grandeur et par le
poil qui sautemeut est un pou plus
brun ; il a les oreilles trè.« longues et
de la même forme ; son poil ^st roux
sur le front et blanchâtre sous la gorge »
la poitrine et le ventre ; ils ont L /eux
noirs et des moustaches comme no»
lapins j mais ils n'ont poiiit de queue.
Le t-ipcti ressemble encore au lièvre
par sa manière de vivre , par sa fécon-»
dite et |iar la qualité de sa chair ; il de-
meure dans les champs ou dans les bois
comme le lièvre, et ne se creuse pas
un terrier comme le lapin.
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tr'^**''X^^'''^^^^^l^*»mméi-- '
,jt^i ■i->ja&Uili»I1.^9»>««aWf*''^
DIT LIÈVRE.
291
Espèces connues dans ce genre.
i'
Le Lièvre commun , lepus Timidus,
Le Tolaï , lepus Tolaï.
Le Lapin »auvage , lepu* Cunicuîus*
(Sans queue.)
Le Tapeti , Upua Brasiliensis,
Le Sulgan > lepus Pusillus,
"LeVWiA , lepus jélpinus,
L'Ogoton , lepus Ogotona,
\
) .
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393 HISTOIRE NATURELLE
S=3
XXXI* GENRE.
LE DAMAN, ou HYR ACE, utrax.
Caractère générique : dents incisives su-
périeures larges \ point de queue.
t
LE DAMAN-lSRÂEL.
C'est à M. le chevalier Bruce que
nous devons l'exacte connoissance et
la vraie description du daman, déjà
bien indiqué par Prosper Alpin. Voi-
ci co que m'a écrit à ce sujet cet illus-
tre voyageur. « Le daman-Israël n'est
point une gerboise ; il est mal indiqué
par notre docteur ShaW; qui dit que
ses pattes de devant sont courtes en
comparaison de celles de derrière
n »
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icisivessu-
> queue.
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sraël n'est
al indiqué
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ror
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me
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DU DAMAN. ^9^
dans la même proportion que celles
des gerboises ; ce lait n'est point vrai :
voici la figure de cet animal que j'ai
dessine moi-même. Il est fort commun
aux environs du Mont-Liban et en-,
core plus dans l'Arabie pétrée ; il se
trouve aussi dans les montagnes de
l'Arabie heureuse, et dans touœs les
parties hautes de l' Abyssinie ; il est de
la forme et de la grandeur d'un lapin j
les jambes de devant un peu plus cour-
tes que celles de derrière , mais non
pas plus que le lapin ; un caractère
très-distinct, c'est qu'il n'a point du
tout de queue , et qu'il a trois doigts à
chaque patte, à-peu-près comme ceux
des singes , sans aucun ongle , et envi-
ronnés d'une chair molle d'une forme
ronde ; par ce caractère et ^^ar le man-
que de queue, il paroît approcher du
loriti , les oreilles sont petites et cour-
tes , couvertes de poil en dedans com-
me en dehors , par où il diffère encore
du lapin ; tout le dessous du corps est
Quadrup. Y. 26
À"
agi Histoire natuiiëlle
blanc , et le dedans à-peu-près de U
couleur de nos lapins sauvages , il lui
sort sur le dos et sur tout le dessus du
corps et des cuisses, do longs poib iso-
les , d'un noir fort luisant. Ces ani"
maux vivent toujours dans les caver-
nes des rochers et non pas dans la terrd
puisqu'ils n'ont point d'ongles ».
Au reste y il ne paroit pas douteux
que ce daman ou agneau d'Israël ne soit
le saphan de l'Ëcritute sainte. M. le
chevalier Bruce dit qu'il l'a vu , non-
seulement dans les différentes parties
de l'Asie , mais jusqu'en Abyssinie :
mais il existe dans les terres du Cap de
Bonne-Ëspérance une autre espèce de
daman que M. Sonnerat nous a rap-
porté ; et dont nous donnons ici la figu-
re. Ce daman du Cap diffère du daman-
Israël par plus de rondeur dans la tail-»
le, et aussi parce qu'il n'a pas autant
de poils saillans ni aussi longs que ceux
du daman-Israël ; il a de plus im grand
ongle courbe et creusé en gouttière au
"•«mI»
•'■•*i3<
doigt intërieur du pied de derrière , ce
qui ne se trouve pas dans les pieds du
daman-Israël. €es caractères nous pa-
roissentsuffiisans pour faire une espèce
distincte de ce datnan du Cap , et le %&*
parer comme nous le faisons ici ^ de
celle du daman de Syrie , avec lequel
néanmoins il a la plus grande ressem-
blance par la grandeur et la conforma-
tion , par le nombre des doigts et par
le manque de queue. ' '
<( MM. Pallas et Vosmaër croient
<)ue cet animal se creuse des trous en
terre comme notre marmotte on notrfe
blaireau , et cela , disent - ils y parce
que ses pieds sofit propres à cette opé-
ration ; mais à en juger par ces mêmes
pieds, on serait porté à croire quHl ne
«'en sert jamais pour un pareil usage ,
car ils ne paroissent point propres à
creuser ; ils sont couverts en dessous
d*une peau fort douce , et les doigts
^ont armés d'ongles courts et plats ,
qui 4ie s'étendent point au-delà de U
P9^ HISTOIRE NVTlfREI.LK
peau; cola n'indique gu6ro un animal
qui gratte la tcrro pour s'y former unu
retraite. M. Pallas dit: f à la vëritu , quo
les ongles sont très-courts ou plutôt
quMi n'en a point , pour qu'en creu-
sant ils ne s'usent pas contre les rochers,
au milieu desquels ces animaux habi-
tent; cette raison est ingénieusement
trouvée : mais ne seroit-on pas auto-
risé aussi À dire , et peut-être avec plus
de fondiment, que la nature ne lourd
donné des ongles si courts' , que. parce
qu'ils n'ont pas besoin de s'en servir
pour creuser ? au moins^ esit-iL sûr que
celui qui est h Amsterd&m ne les em-
ploie pas à ceid, jamais on ne le voit
gratter ou creuser la terre. .. ^
» M. Vosmaër dit que ces animaux
sont lents dans leurs mouvemens j cela
est vrai , sans doute , de celui qu'il a
vu y mais M. Pallas nous apprend qu'il
ëtoit mort pour avoir trop mangé ;
ainsi, ne pourroit-on pas supposer que
la graisse dont il é^'^it surchargé le
I r
r . DU DAMAN. .. 29.7
rciidull lourd oL pcsanL ? Au moi us
ceux ([uo M. KLockncr u ul>Hei'vt)H iie
août point tul»*, un conUuire, ils sont
ti'^^a- preste s dans leurs niouvemens ;
ils «aillent avec beaucoup d'ugilitë do
haut en bas , et lonibcnt toujtnirs sur
leurs quatre paltcs ; ils nimcut à èlxo
»ui' des endroits dlevés ; leurs iirnbcs
do derrière sont plus longues ([ne celles
do devant , ce quii'uit que leur démar-
che ressemble plus à eello du cochon-
d'indo quo de tout autre animal ; mais
ils ont celle du cochon quand ils cou-
rent : ils ne dorment point pendant le
jour ; qnand la nuit arrive , ils se reti-
rent dans leur nid, oii ils se fourrent
au milieu du loin, dqnt ils se couvrent
tout le corps. On dit qu'au Cap , ils ont
leur nid daiis les fentes des rochers , où
ils se font un lit do mousse et des feuil-
les d'épines qui leur servent aussi de
nourriture , de même que tes autres
feuilles qui sont pea charnues^ au
moins celui quieat à Amsterdam paroi t
»#'.♦.
1 w ^.AâlLii '
198 HîwSTOIBK NATUIIF.LLE
les préférer aux tacines et au paîn
qu'on lui donne ; il ne mange pas vo-
lontiers des noix ni des amandes; quand
il mâche , sa mâchoire inférieure se
meut comme celle des animaux qui
ruminent , quoiqu'il n'appartienne
pointa cette classe. Si l'on peut juger
de toute l'espèce par lui , ces animaux
ne parviennent pas aussi vite à toute
leur grandeuJT que les cochons-d'Inde :
quand il a été pris , il ëtoit de la gros-
seur d'un rat^ et ëtoit vraisemblable-
mcnt âgé de cinq ou six semaines ; de-
puis onze mois qu'il est dans ce pays ,
il n'a pas encore la taille d'un lapin
sauvage , quoique ces animaux par-
viennent à celle de nos lapins domes^
tiques. ': ' '
Espèces connues dans ce genre.
he Daman , ou l'Hyrace du Cap de Bonne-
Eijpérance > hyrax Capensis.
ï.e Ditman-Iaraël , Ajm.»^ Syriacus,
^J^-^i
FXLB
et an paîn
Einge pas vo-
indet»; quand
iférieure se
littiaux qui
appartienne
i peut jaget
:efl animaux
irîte à toute
ons-dlnde:
tdelagros-
li semblable-
naines ; de«
ins ce pays ,
d'un lapin
maux par-
pins dômes-
,1^
ce genre,
ip do Bonn»'
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^xxxïi» genre;
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:-Jk.^^
«if:.
1 ., , ■:.. :iiO,iii £îL '" ■•■■-'il
LE CHAMEAU» CAMBZUS.
i .••■■'■ ■■ Hi;P .i ^)liî^.
fia rùctère générique : point de conles ^
'^.. plùiieiirs dents caniiies.F?'ff^^S
^fttflf <V.
a"*"
LE CHAMfeAtT Et LE DRÔMADAÏKE.
meau , ne désignent pas deux espèces
l 'différentes ; mais indiquent seulement
deux races distinctes^ et subsistantes de
temps immëmorial dans l'espèce du
chameau : le principal , et pour ainsi
dire , l'unique caractère sensible par
lequel ces deux races diffèrent , con«
siste en ce que le chameau porte deux
bosses ; et que te dromadaire n*ea a
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qu^ine ; il est aussi plus petit et moiiks
fort que le chameau : mais tous deux
ae mêlent ; produisent ensemble , et les
ij[|4î^4us qui provieni^nt dç cette race
croisée , sont ceux qui ont le plus de
vigueur et qu'on préfère à tous les au-
tres. Ces mëtis issus du dromadaire et
jdju cbameau , formant ;uiie/race secon-
daire , qui se multiplie pareillement et
qui 89 mêle aussi jivec les races pro-
mièrcs ^ en sorte qu^ dans cette espè-
ce , comme dans celles des autres ani*
maux domestiques , il se trouve plu-
sieurs variétés dont les plus générales,
sont relatives à la différence des cli-
mats. Aristote a très-bien indiqué les
deux races principales; là première^
c'est-à-dire 'le à deux bosses , sous
lenomde cAameai^f^ ta Bactriane , et
la seconde sous celui àe chameau d*A-^
rabiej; on appelle les premiers cha^
mèaux tw*cs , et les autres chameaux
arabes. Cette division subsiste aujour-
' d'hui commedu temps d' Aristote : seu-
■''■■-v
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"'-- - •.*-,-.-,-nv M--^^ ,,, ..*-^*^»''>.* f-*
■*f
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DU CHAMEAU. Soi
lemeut il paroît , depuis que l'on a de-
couvert les parties de l'Afrique et de
l'Asie inconnues aux anciens , que le
dromadaire est sans comparaison plus
nombreux et plus généralement ré-^
pandii que le cbameau : celui-ci ne se
trouve guère que dans le Turquestan
et dans quelques autres endroits du Le-
vant^ tandis que le droipadaire , plus
commun qu'aucune autre bête de som-
me en Arabie , se trouve de même en
grande, quantité dans toute la partie
septentrionale de l'Afrique , qui s'é-
tç.nd depuis la mer Mé4iterranée jus-
qu'au^fleoyc Niger j et qu'on le retrou-
ve en JSgypte , en Perse , dans la Tar-
tfijrie méridionale , : et dans, les parties
septentrionales de l'Inde. JLe droma-
jdaire occupe doncrdcs terres immen-
se»^ et le cbameau, e^.bprné à. un pe-
.tit terrein : le premier habite des ré-
.gipns arides et cliaudesi le second , un
.payç moins sec et pli^j^ tempéré ; et l'es-
pèce entière , tant des |ins que des aa-
\i
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>•-*,* f-c r*
ff fi
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■"* .* * '- • '
S&J HISTOIRE NATURELLE
treS| paroitètre confinée dana une zoni
de troia ou quatre cents lieues de lar-
geur , qui s'ëtend depuis la Mauritanie
jusqu'à la Gbine : elle ne subsiste ni
au-dessus ni au-dessous de cette zone ;
cet anitnal^ quoique naturel aux pays
cbauds, eraint cependant les climats oà
la cbaleur estêxoessiye: son espèce fi*
kiit où oomtnentiè ^lle de l*)élëpbant ,
et elle ne peut subidster tii sous le ciel
*
bràlaht delazottétorride> âidaiisles
tlimats cloux de notre zohe témpërée.
Il parptt èttt originain» d'Âttibîë <, car
Bon-seulemeht c'est le payé dû il eèt eh
plus grand hMiibre > inàis cVst aussi (ie-
lui auquel il est lé jAus coliforine : VA^
Irabie est le pays âU ihdndè lé j^lus ari^*
ûe , et où l'eàii éit la plus rare ; le clia«
mean est le plus sobre des animaux et
peut passer plusieurs jours sàbs boire;
le terreiit est presque par-tout séc et
iablonneut ; le cbameaù a l«s pieds
faits pour marcher dans les sables, et
ne peut au contraire se soutenir dans
i
-■^ -■- ^^1"^ j^j* ,* ♦ *-^ *>?^y* '"'.jfft* **^ f^y** •* '
^«tjn,rf..v..«».y~^,^«».T.«»—y»«i>'^»«wir
D t) C H A M B A U. 5o3
les terreiii3 humides et gUssam ; Vher«
be et les pâturages maaquant à cette
terre , le bœuf y manque aussi , et le
chameau remplace cette bête de som-
me. On ne se trompe guère sur le paya
naturel des animaux en le jugeant par
ces rapports de conformité ; leur vraie
patrie estia terre à laquelle ils ressem-
blent I c*est-^*dire , à laquelle leur na-
ture paroit s'être entièrement confor-
mée ; sur-tout lorsque cette même na-
ture de l'animal ne se modifie point
ailleursi et nese prête pas à l'influence
des autres climats. On a inutilement
essayé de multiplier les chameaux en
Espagne , on les a vainement trans-
portés en Amérique , ils n'ont réussi
ni dans l'un ni dans l'autre climat, et
dans les Grandes-Indes on n'en trouv»
guère au-delà de Surate et d'Ormus.
Ce n'est pas qu'absolument parlant iU
ne puissent «nbsister et produire aux
Indes , en Espagne > en ^mérique^ et
même dans des cliipats plus firadc^ji?
' ;/
(
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,-i^a^;, i».--.ri> ,.at. -■-
••'*.'j '
3o4 HISTOIRB NATURELLE
comme en France , en Allemagne , &c»
en les tenant l'hiver dans des ëcurie»
chaudes, en les nourrissant avec choix^
les traitant avec soin , en ne les faisant
pas travailler et ne les laissant sortir que;
pour se promener dans les beaux jours ,
ou peut les faire vivre et même espé-
rer do les voir produire , mais leurs
productions sont chétives et rares,
eux-mêmessont foibles et languissans ;
ils perdent donc toute leur valeur dans
ces climats y et au lieu d'être utiles ,
ils sont très à charge à ceux qui les
ëlèvent ; tandis que dans^ leur pays na-
tal, ilsfont , pour ainsi dire , toute la
richesse de leurs, maîtres. Les Arabes
regardent le chameau comme un pré-
sent du ciel, un animal sacré , sans le
secours duquelils ne pourroient ni sub-
sister , ni commercer, ni voyager. Le
lait des cliameaux fait leur nourriture
ordinaire^ ils en mangent aussi la chair,
sur-tout celle des jeunes , qui est très-
l^ojme à leur goût:^ le poil de ces ani-
\v '
pi,piiiiiiwpwiiiii IIIIIW
BU CHAMEAU. 5o5
toaux f qui est fia et moelleux , et qiû
se renouvelle tous les ans par une mud
complète f leur sert à faire les ëto£fes
dont ils se vêtissent et se meublent ;
avec leurs chameaux « non -seulement
ils ne manquent de rien , mais même
ils ne craignent rien j ils peuvent met-
tre en un seul jour cinquante lieues de
déserts entr'eux et leurs ennemis ;
toutes les armées du monde périroient
à la suite d'une troupe d'Arabes ; aussi
ne sont-ils soumis qu'autant qu'il leur
plaît. Qu'on se figure un pays sans ver-
dure et sans eau , un soleil brûlant , un
ciel toujours sep ., des plaines sablon-
neuses , des montagnes encore plus
arides y sur lesquelles l'œil s'ëtend et
le regard se perd sans pouvoir s'arrêter
sur aucun objet vivant ; une terre mor-
te et , pour ainsi dire ^ëcuiH^hëe parles
vents , laquelle ne présente que des
ossemehs) des cailloux jonchés, des
rochers debout ourei^ersés, un désert
entièrement découvert oà le voyageur
jQuadrup. V. -^^^v '^
:(
'l
■■: W.
9oG HISTOIRE NATURELLE
n'a jamais respire sous Tombrage , oh
rien ne Tacooin pagne » rien ne lui rap-
pelle la nature vivante : solitude ab-
solue, mille fois plus affreuse que celle
des fordts ; car les arbres sont encore
des êtres pour ThOmme qui se voit seul t
plus isole , plus dënuë , plus perd u dans
ces lieux videiet sans bornes , il voit
par-tout Fespacè comme son tombeau :
la lumière du jour plus triste que Toth-
bre de la nuit, ne renaît que pour
ëclairer sa nudité , son impuissance ,
et pour lui représenter Tborreur de sa
situation > en reculant à ses yeux les
barrières du vide , en étendant autoui:
de lui Tabime de l'immensité qui le
sépare de la terre habitée , immen-
sité qu'il tenteroit en vain de parcou-
rir 'y car la faim , la soif et la chaleur
brûlante pressent tous les in$hins qui
lui restent entre le désespoir et la
mort. ■"'.■■
' Gependànti'Ai'ftbe/àraide duchâ-
inoau, a su finmchir et même s'appra-
v.
\.
.4>ris W<»(|,iiii]M|hit, liiiiaiÉiL^j ira-JPg»-^
.:, D U CHAMEAU. 5o7
prior cef lacunes de la nature \ ellet lui
•or vont d^aayle , elles assurent son re»
pos ot le maintiennent dans son indtS-
peudance ; mais do quoi les hommes
savent-ils user sans abus? Ce même
Arabe libre, indépendant , tranquille
et môme riche , au lieu de respecter
ces déserts comme les remparts de sa
liberté ^ les souille par le crime j il les
traverse pour aller chez des nations
voisines , enlever des esclaves et de
Tor i il s'en sert pour exercer son bri«
gandage , dont malheureusement il
jouit plus encore que de sa liberté *, car
ses entreprises sont presque toujours
heureuses : malgré la défiance de ses
voisins et la supériorité de leurs force«^
il échappe !à leur poursuite ot emporte
impunément tout ce qn^l leur a ravi.
Un Arabe qui se destine à ce métier de
pirafe de terre , s'endurcit de bonne
hcui e à la fatigue des voyages ; il s'e8«
saie à so passer du sommeil , à souffrir
la faim, la soif et la chaleur} eu môme
t:
\l
Y.
'^-~ "v,flî»-«*^** » >
y\
■1 ,
li '
3o8 HISTOIRE NATURELLE
temps il instruit ses chameaux , il les
ëlère et les exerce dans celte même
vue \ peu de jours après leur naissance ,
il leur plie les jambes sous le ventre ,
il les contraint à demeurer à terre , et
les charge , dans cette situation , d'un
poids assez fort qu'il les accoutume à
porter et qu'il ne leur âte que pour leur
en donner un plus fort ; au lieu de les
laisser paître à toute heure et boire à
leur soif, il commence par rëgler leurs
repas , et peu à peu les ëloigne à de
grandes distances , en diminuant aussi
la quantité de la nourriture ; lorsqu'ils
sont un peu forts il les exerce à la cour-
se y il les excite par l'exemple des che-
vaux, et parvient à les rendre aussi
légers et plus robustes ; enfin dès qu'il
'est sûr de la force , de la légèreté et de
la sobriété de sescbameaux, il les charge
de ce qui est nécessaire à sa subsistance
et à la leur ; il part avec eux y arrive
sans être attendu aux confins du désert ,
arrête les premiers passans , pille lea
. # *>■ )f^**.r v.>.- .*.»,.♦♦#**.«. f^:^tt-t*yL^:^-'\r"'
■:Q'làm
DU CHAMEAU. .^o^
liabitations écartées, charge ses cha-
meaux de son butin , et , s'il est pour-
suivi , s'il est force de précipiter sa re-
traite , c'est alors qu'il développe tous
ses talens et les leurs ; monte sur un
des plus légers , il conduit la troupe ,
la fait marcher jour et nuit , presque
sans s'arrêter , ni boire ni manger. Il
fait aisément trois cents lieues en huit
jours, et pendant tout ce temps de fa-
tigue et de mouvement, il lais^^' ses
chameaux chargés , il ne leur donne
chaque jour qu'une heure de repos et
une pelotte de pâte ; souvent ils cou-
rent ainsi neuf ou dix jourq sans trouver
de l'eau *, ils se passent ^e boire , et
lorsque par hasard il se trouve une
mare à quelque distance idc leur route,
ils sentent l'eau de plxis d'une demi-
lieue , la soif qui. les^ presse leur fait
doubler le pas , et ils boivent en une
âeule fois pour tout le temps passe
et pour autant de temps à venir; car
souvent Içurs yoyages sont de plusieojrs
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1
I
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3lO HISTOIRE NATURELLE
semaines , et leurs temps d'abstinen-
ce durent aussi long- temps que leurs
voyages.
En Turquie , en Perse , en Arabie y
en Egypte , en Barbarie , &c. le trans-
port des marchandises ne se fait que
par le moyen des chameaux ; c'est de
toutes les voitures la plus prompte et
la moins chère. Les marchands et au-
tres passagers se réunissent en carava-
nes pour éviter les insultes et les pira-
teries des 'Ai'^^^s 7 ^^^ caravanes sont
très-nombreuses et toujours composées
de plus de chameaux que d'hommes ;
chacun de ces chameaux est chargé selon
sa force ; il la sent si bien lui-même ,
que quand on lui donne une charge
trop forte il la refuse et reste constam-
ment couché jusqu'à ce qu'on l'ait
allégé ; ordinairement les grands clia-
meaux portent un millier, et même
douze cents pesant , les plus petits six
à sept cents -, dans ces voyages de com-
merce on ne précipite pas leur mar-
M
i:*"^^
■-..MWl^tMt Jl»|è«>i^^'^f»-^ '•
DU CHAMEAir.' Su
che ; comme la route est souvent de
sept ou huit cents lieues , on règle leur
mouvement et leurs journëes ; ils ne
vont que le pas ot font chaque jour
dix à dousse lieues; tous les soirs on
leur ôte leur charge et on les laisse
paître en liberté: si on est en pays
verd; dans une bonne prairie , ils pren-
nent en moins d'une heure tout ce
qu'il «evir faut pour en vivre vingt-
quatre , et pour ruminer pendant toute
la nuit ; mais rarement ils trouvent de
ces bons pâturages , et cette nourriture
délicate ne leur est pas nécessaire ; ils
semblent même préférer aux herbc-i
les plus douces, l'absynthe , le char-
don , l'ortie-, le genêt , l'acacie , et les
autres végétaux épineux ; tant qu'ils
trouvent des plantes à brouter, ih se
passent très-aisément de boire.
Au reste , cette facilité qu'ils ont à
s*abstenir long-temps de boire n'est
pas de pure habitude ; c'est plutôt un
eSat de leur conformation. Il y a dans
11
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■4^-
i^^-*»'^ f
âdfe..
3 12 HISTOinB NATURELLE
lechameau y indépendamment des qua-
tre estomacs qui se trouvent d'ordi-
naire dans les animaux ruminans , une
cinquième poche qui lui sert de réser-«
voir pour conserver de Teau ; ce cin-
quième estomac manque aux autres
animaux et n'appartient qu'au cha-
meau; il est d'une capacité assez vaste
pour contenir une grande quantité de
liqueur, elle y séjourne sans se corrom-
pre et sans que les autres alimens puis-
sent s'y mêler , et lorsque l'animal est
pressé par la soif et qu'il a besoin de
délayer les nourritures sèches et de les
macérer par la rumination , il fait re»
monter dans sa panse et jusqu'à l'œso-
phage une partie de cette eau par une
simple contraction des muscles. C'est
donc en vertu de cette conformation
très-singulière que le chameau peut
se passer plusieurs jours de boire , et
qu'il prend en une seule fois une pro^
digieuse quantité d'eau qui demeure
duinc et limpide dans ce réservoir^
^jer
si
i-i'g
«^^i^frrf'ii"'"""
ns , une
DU C H A M E A trr 5l3
parce qne les liqueurs du corps ni
les sucs de la digestion ne peuvent s'y
mêler. •''•*^''*^i<*3 -û^iJ-^-^îq "u:jcn,..f[t .tîniti
Le chameau est plus anciennement,
plus complètement et plus laborieuse-
ment esclave qu'aucun des autres ani-
maux domestiques: il l'est plus ancien-
nement , parce qu'il habite les climats
où les hommes se sont le plus ancien-
nement polices ; il l'est plus complète-
ment , parce que dans les autres espèces
d'animaux domestiques, telles que cel-
les du cheval , du chien , du bœuf, de
la brebis , du cochon , &c. on trouve
encore des individus dans leur ëtat de
nature , des animaux de ces mêmes es-
pèces qui sont sauvages , et que l'hom-
me ne s'est pas soumis : au lieu que
dans le chameau l'espèce entière est
esclave , on ne le trouve nulle part
dans sa condition primitive d'indé-
pendance et de liberté: enfin il est
plus laborieusement esclave qu'au-
cun autre , parce qu'on ne Ta jamais
i
t
5l4 HISTOIRE NATURELLE
nourri) ni pour le faste, comme la
plupart des clievaux ,ni pour ramuse*
ment, comme presque tous les chiens,
ni pour l'usage de la table,, comme le
bœuf , le cochon , le mouton ; que l'on
n'en a jamais fait qu'une bête de
somme qu'on ne s'est pas même
donné la peine d'attelor ni de faire
tirer , mais dont on a regarde le corp9
comme une voiture vivante qu'on pou-
voit tenir chargée et surchargée , mê-
me pendant le sommeil j car lorsqu'on
est pressé , on se dispense quelquefois
de leur ôter le poids qui les accable , et
sous lequel ils s'affaissent pour dormir
les jambes pliées et le corps appuyé sur
Vestomac. , , . ,, .. ,
Ces pauvres animaux doivent souf-
frir beaucoup , car ils jettent des cris
lamentables, sur-tout lorsqu'on les sur-
charge 'y cependant quoique continuel-
lement excédés, ils ont autant de cœur
que de docilité; au premier signe ils
plient les genoux et s'accroiipissent jus-
v
Z^J^ff.
.:,,,A^H
' D U C H AM RAU, 3l5
qu'à terre pour se laisser charger dans
cette situation , ce qui cWiteàriiommo
la peine d'ëlever les fardeaux à une
grande hauteur ; dès qu'ils sont chargés
ils se relèvent d'eux-mêmes sans être
aides ni soutenus ; celui qui les conduit
monté sur l'un d'entr'eux y les précède
tous et leur fait prendre le même pas
qu'à sa monture ; on n'a hesoin ni de
fouet, ni d'épeton pour les exciter ;
mais lorsqu'ils commencent à être fati-
gués , on soutient leur courage, ou {plu-
tôt on charme leur ennuii pat le chant
ou par le son de quëlqa^instrument ;
leurs conducteurs se relayent à chan-
ter , et lorsqu'ils veulent prolonger la
route et doublet la journée , ils ne leur
donnent qu'une heure de repos-, après
quoi reprenant leur chanson , ils lès
remettent en marche pour plusieurs
heures dé plus, et le chant ne finit que
quand il faut s^rrêter ; alors les cha-
meaux s'accroupissent de nouveau et
$e laissent tomber avec leur charge ^
(r '■
■'">
{ :
.1'
'^)
ZlS HISTOIRE NATUREIrLG
on leur ôte le fardeau en dëuouant les
cordes et laissant couler les ballots des
deux côtes \ ils restent ainsi accroupis ,
couches sur le ventre, et s'endorment
au milieu de leur bagage qu'on rattache
le lendemain avec autant de prompti-
tude et de facilité qu'on l'avoit déta-
ché la veille. „i ,...., v ^r^v «^rf^ri . - ra
^ Les callosités, les tumeurs sur la
poitrine et sur les jambes, les foulures
et les plaies de la peau , la chute entière
du poil, la faim, la soif , la maigreur ,
ne sont pas leurs seules incommodités }
on les a préparés à tous ces maux par,
un mal plus grand , en les mutilant par
la castration. On ne laisse qu'un mal»
pour huit ou dix femelles , et tous les
chameaux do travail sont ordinaire-
ment hongres ; ils sont moins forts ,
sans dojite, que les chameaux entiers,
mais ils sont plus traitables et servent
en tout temps , au lieu que les entiers
sont non-seulement indociles , mais
presque furieux dans le temps du rut;.
)>
D U CH A MEA U. 31/
qui dure quarante jours , et qui arrive
tous les ans , en printemps. La femelle
porte près d'un au , et comme tous les
autres grands animaux, ne produit
qu'un petit ^ son lait est abondant ,
ëpais, et fait une bonne nourriture,
même pour les hommes , en le mêlant
avec une plus grande quantité d'eau*
On ne fait guère travailler les femelles,
on les laisse paître et produire en li-
berté; le profit que l'on tire de leur
produit et de leur lait , surpasse peut-
être celui qu'on tireroit de leur travail ;
cependant il ,y a des endroits où l'on
soumet une grande partie des femelles,
comme les mâles , à la castration, afin
de les faire travailler ; et l'on prétend
que cette opération , loin de diminuer
leurs forces y ne fait qu'augmenter leur
vigueur et leur embonpoint. , ^ ^ ; ^ ^ ^
Le petit chameau tète sa mère pen-
dant un an , et lorsqu'on veut le mé-
nager , pour le rendre dans la suite plus
fort et plus robuste ^ ou le laisse en li-<
Quadrup. V* * 37
^
/
I
1)
4
?l8 HISTOIRE NATlIRtLLK
berté téter ou paître pendant les pre-
mières annëes , et on ne commence à
le charger et à le faire travailler qu*à
TAge de quatre ans \ il vit ordinaire-^
ment quainnte ou cinquante ans : cette
durëe de la vie étant plus que propor-
tionnée au temps de Taccroissement ,
c'est sans aucun fondement que quel-
ques auteurs ont avancé qu'il vivoik
îusqu'à cent ans. . . .
En réunissant souâ nh seul point de
vue toutes les qualités de cet animal et
tous leâ avantages que l^on en tire y on
ne pourra s'empêcher de le reconnot-
tre pour la plus utile et la plut pré-
cieuse de toutes les créatures subordon-
nées à l'homme : l'or et la soie ne sont
pas les vraies richesses de l'Orient ;
c'est le chameau qui est le trésor de
l'Asie. Il vaut mieux que l'éléphant,
car il travaille pour ainsi dire autant
et dépense peut-être vingt fois moins ^
d'ailleurs l'espèce entière en est sovl^
mise à l'homme qui la propage et I*
\
DU CHAMEAU. 3l^
mnliiplio autant qu'il lui plaît, au lieu
qu'il ne jouit pas de celle de l't^ldpbant t
qu'il ne peut multiplier, et dont il fauk
conquérir avec peine les individus les
uns après les autres ; le chameau vaut
non-seulement mieux que l'ëléphant^
mais peut-être vaut-il autant que lo
cheval 9 l'âne et le bœuf, tous réunis
ensemble ; il porte seul autant que deux
mulets, il mange aussi peu que l'âne >
et se nourrit d'herbes aussi grossières ;
la femelle fournit du lait pendant plus
de temps que la vache : la chair des
jeunes chameaux est bonne et saine
comme celle du veau ; leur poil est plus
beau, plus recherché que la plus belle
laine ; il n'y a pas jusqu'à leurs excré-
mens dont on ne tire des choses utiles :
car le sel ammoniac se fait de leur uri-
ne ; et leur fiente desséchée et mise en
pondre leur sert de litière , aussi-bien
qu'aux chevaux , avec lesquels ils voya-
gent souvent dans les pays où l'on ne
connoit ni la paille ni le foin : cniiii
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I •
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3ao HISTOIRE NATURELLE
on fait des mottes do cette même fiente
qui brûlent aisément, et font une flam-
me aussi claire et presque aussi vive
que celle du bois sec ; cela même est
«neore d'un grand secours dans ces dé-
serts où Ton ne trouve pas un ai^bre ,
et oh par le défaut de matières com-
bustibles , le feu est aussi rare que l'eau.
.j-^:
LE LAMA.
Cet animal est, dans le nouyçau
continent, le représentant du clia-
tneau dans l'ancien ; il semble en être
un beau diminutif, car sa figure est
élégante , et sans avoir aucune des dif-
formités du chameau, il lui tient néan-
moins par plusieurs rapports et lui res-
semble à plusieurs égards *, comme le
chameau, il est propre à porter des
fardeaux *, il a le poil laineux, les jam-
bes assez minces, les pieds courts et
conformés à-peu-près comme les jam-
bes et les pieds du chameau ) mais il
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no flam-
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ême est
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1 arbre ,
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courts et
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en diflFère en co qu'il n'a point de bossey
qu'il a la queue courte, les oreilles
longues , et qu'en général il est beau-
coup mieux fait et d'une forme plus
agréable par les proportions du corps ;
son cou long , bien [couvert de laine ,
et sa tête qu'il porte toujours haute ,
lui donnent un air de noblesse et de
légèreté que la nature a refusé au cha-
meau ; ses oreilles longues de sept pou-
ces, sur deux pouces dans leur plus
grande largeur , se terminent en pointe
etse tiennent toujours droites en avant;
elles sont garnies d'un poil ras et noi-
rAtre ; la tête est longue , légère et
d'une forme élégante , les yeux sont
grands , noirs et ornés dans les angles
internes de grands poils noirs ; le nez
est plat et les narines sont écartées ;
la lèvre supérieure est fendue et telle-
ment séparée au-devant des mâchoi-
res, qu'elle laisse paroître les dents
incisives du milieu , qui sont longues
et plates , et au nombre de quatre à la
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3a3 HISTOIRE NATURELLE
mâchoire iiifdrieure ; ces dents incisî-
ves manquent à la mâchoire supërieu-
le, comme dans les autres animaux
ruminansj il y a seulement cinq mâ-
chelières en haut comme en bas de
chaque c6të , ce qui fait en tout vingt
dent mâchelières et quatre incisives ;
la tête , le dessus du corps , de la crou-
pe j de la queue et des jambes > sont
couverts d^un poil laineux couleur du
musc un peu vineux, plus clair sur les
joues , sous le cou et sur la poitrine ,
et plus foncé sur les cuisses et les jam-
bes , où cette couleur devient brune et
presque noire ; le sommet de la tête est
aussi noirâtre , et c'est de-là que part
le noir qui se voit sur le front y le tour
des yeux , le nez , les narines , la lèvre
supérieure et la moitié des joues ; la
laine qui est sur le cou est d'un brun-
foncé , et forme comme une crinière
qui pend du sommet de la tête et va se
perdre sur le garot ) cette même cou-
kur brune s'étend , mais en diminuant
''■iia-..,i'<,.^.;^Ki
L-&>.i&a.iL^ij£^tiA::À^L'iA'i^.i^-- iil-s
DU CHAMEAU. 5?.5
âe teinte sur 1q dos , et y forme nne
bande d'an brun foible; les cuisses sont
couvertes d'une grande laine sur le»
parties postérieures , et cette longue
laine est en assez gros flocons : les jam-
bes ne sont garnies que d'un poil ra9
d'un brun noirâtre ; les genoux de de-
vant sont remarquables par leur gros-
seur , au lieu que , dans les jambes de
den'ière, il se trouve vers le milieu un
espace sous la peau qui est enfoncé
d'environ deux pouces ; les pieds sont
sépares en deux doigts \ la corne du sa*
bot de chaque doigt est longue de plus
d'un pouce et demi , et cette corne est
noire y lisse, plate sur sa face interne,
et arrondie sur sa face externe ; les
cornes du sabot des pieds de derrière
sont singulières en ce qu'elles forment
un crochet a leur extrémité ; le tron-
çon de la queue à plus d'un pied de
longueur, il est couvert d'une laine
assez courte; cette queue ressemble à
une houpe ; l'animal la porte droite ,
4
Là
; ■ paW '•fÇl ^
^^^^j- ^ii^*^^- *■•■■*'-»'■ -*- •'*- **" - ■♦■
V'»H— s-.A»
M
5a4 htstoihe NATirnELt.E
soit «n marchant , soit en courant , et
même lorsqu'il est en repos et couche.
Cet animal est fort doux, iL n*a ni
colère ni m^chancetcf , il est mémo
caressant \ il se laisse monter par celui
qui le nourrit , et ne rcfuseroit pas le
même service à d'autres ; il marche au
pas , trotte et prend même une espèce
de galop : lorsqu'il est en liberté^ il
bondit et se roule sur l'herbe. Ce lama ,
que je décris , étoit un mâle ; il avoit
p8'^ plus de dix-huit mois sans boire
au mois de mai dernier , et il me paroit
que la boisson ne lui est pas n(!cessairo,
attendu la grande abondance de salive
dont l'intérieur de sa bouche est con-
tinuellement humecte. ■ - *
On lit dans le voyage du commodore
Byron, qu'on trouve des guanaques^
C'est-à-dire , des lamas , à File des Pin-
guins , et dans l'intérieur des terres ,
jusqu'au Cap des Vierges ^ qui forme au
nord l'entrée du détroit de Magellan ;
ainsi , ces animaux ne craignent nulle-
I
,.jf#'-^U.Ji^
..«a^-
■W*.»*— » "lr>l| ■! ■<»! at'- -'•:
DU CHAMEAU. ^'Ji^
ment le froid. Dans leurcStat dcnatiiro
et de liberté , ils marclient ordinaire-
ment par troupes de soixante ou quatre-
vingts 9 et ne se laissent point appro-
cher 'y cependant ils sont trè^-uÎMés à
apprivoiser , car les gens de Tcquipago
du vaisseau de Byron , sVtant saiflis
d'un jeune lama, dont on admiroit 'a
jolie figure , ils Tapprivoisërcnt au
point qu'il venoit leur lécher les mains.
Le eommodoro Byron et le capitaine
Wallis comparent cet animal au daim
pour la grandeur ; la forme et la cOH-
leur; mais Wallis est tombé dans Ter-
rtnir en disant qu'il a une bosse sur
le dos. ^■^■'^'''' ^-' •^"^'-^"■"^^ ^ -^yï^r--,-'^-
Le huanacus ou lama , dans l'état de
nature , est plus fort , plus vif et plus
léger que le lama domestique ^ il court
comme un cerf , et grimpe comme le
chamois sur les rochers les plus es-
carpés : sa laine est moins longue et
toute de couleur fauve. Quoiqu'eiv
pleine liberté > ces animaux se raëscm-
I
ri
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■''^.#»^i«»»VV*#v#,
► • .'^ 1 n ft «"^i •-•—■» ».-^
t
3a6 HISTOTRB NATURELLE
blent en troupes , et sont quelquefois
deux ou trois cents ensemble : lors-
qu'ils apperçoivent quelqu'un , ils re-
gardent avec ëtonnement sans mar-
quer d*abord ni crainte ni plaisir ;
ensuite ils soufflent des narines et hen-
nissent à-peu-'près comme les cheyaux ,
et enfin ils prennent la fuite tous en-
semble vers le sommet des montagnes*
ils cherchent I de préférence, le côté
du nord et la région froide ^ ils grim-
pent et séjournent souvent au-dessus
de la ligne de neige : voyageant' dans
les glaces , et couverts de frimats , ils
se portent mieux que dans la région
tempérée ; autant ils sont nombreux
et vigoureux dans les Sierras, qui sont
les parties élevées des Gordillières, au-
tant ils sont rares et chétifs dans les
Lanos qui sont au-dessous. On chasse
ces lamas sauvages pour en avoir la
toison ', les chiens ont beaucoup de
peine à les suivre , et si on leur donne
le temps de gagner leurs rochers, le
i
*■ **1«EÏV— i-'-^J"
■Srir^-Bii' h <jiva.-i««'fci)f«;
^«^tiîfôlf^W
-DU CHAMEAU. Sa;
cliasscur et les chiens sont Icontraints
de les abandonner. Ils paroissent crain-
dre la pesanteur de Tair autant que la
chaleur : on ne les trouve jamais dans
les terres basses ; et comme la chaîne
des Cordillières I qui est élevée de plus
de trois mille toises an-dessus du ni-
veau de la mer du Pérou y se soutient
à-peu-près à cette même élévation au
Ghily et jusqu'aux terres Magellani-
quos, on y trouve des huanaeus ou
lamas sauvages en grand nombre ; au
lieu que du côté de la Nouvelle-Espagiio
où cette chaîne de montagnes se ra-
baisse considérablement , on n'en trou-
ve plus, et l'on n'y voit que les laipa^
domestiques que l'on prend la peine
d'y conduire. ^,^^,,^,^^, ,,.,, ,,,.-- m. n
L A V I G O G N R ' ^
^ L A vigogne a beaucoup de rapport
et même de ressemblance avec le lama y
mais elle est d'une forme plus légère j
se jambes sont plus longues à propor-*
M
)
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1 r
"Sofi HISTOIRE NATURELLE
tion Ju corps, plus menues et mieux
faites que celles du lama ; sa tête,
qu^elle porte droite et haute sur un
cou long et dëlië, lui donne un air de
lëgëretë , même dans Tëtat de ropos ;
•elle est aussi plus courte à proportion
que la tête du lama ^ elle est large au
iront et étroite à l'ouverture de la
bouche , ce qui rend la physionomie
ûe cet animal fine et vive , et cette vi-
vacité de physionomie est encore fort
augmentée par ses beaux yeux noirs ,
dont l'orbite est fort grande ayant
seize lignes de longueur; l'os supérieur
de l'orbite est fort relevé, et la pau-
pière inférieure est blanche ; le nez est
Bpplati; et les naseaux qui sont écartés
l'un de l'autre sont , comme les lèvres ,
d'une couleur brune , mêlée de gris ;
la lèvre supérieure est fendue comme
celle du lama , et cette séparation est
assez grande pour laisser voir daus la
mâchoire inférieure, deux dents iiici-
«ives longues et plates, y , ,.
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/
DU GHAMEAl 3fl9;
î . La vigogne porte aussi les oreillos
droites , longues et se terminant en
pointe ; elles sont nues eu dedans et
couvertes en dehors d'un poil court ; la
plus grande partie du corps de l'animal
est d'un brun rougeâtre tirant sur le
vineux , et le reste est de couleur isa-
belle ; le dessous de la mâchoire est
d'un blanc -jaune ; la poitrine , le des-
sous du ventre , le dedans des cuisses
et le. dessous de la queue sont blancs;
la laine , qui pend sous la poitrine , a
trois pouces de longueur , et celle qui
couvre le corps n'a guère qu'un poqce ;
l'extrémité de la queue est garnie de
longue laine. Cet animal a le pied four-
chu , séparé en deux doigts qui s'écar-
tent lorsqu'il marche ; les sabots sont
noirs , minces , plats^ par- dessous et
convexes par-dessus ; ils ont un pouce
de longueur sur neuf lignes de hauteur
et cinq lignes de largeur ou d'cmpattc-
ment. . v^; ï r"'
Celte vigogne a vécu quatorze moi^
Quadrup. V. * aS
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35o IfIsfÔTRE NATtJÎEiELtC
à l'Ecole vëtërinaire , et avoit passd
peut-être autant àe temps en Angle-
terre , cependant elle n'ëtoit pas à
beaucoup près aussi privée que le lama ;
elle nous a aussi paru d'un naturel
moins sansible , car elle no donnoit
nulle marque d'attachement à la per-
sonne qui la soignoit , elle cherchoit
mémo à mordre lorsqu'on vouloit la
contraindre , et elle souffloit ou cra-
oboit continuellement au visage de
ceux qui l'approchoient : on lui donnoit
du son sec et quelquefois détrempé
dans l'eau ; elle n'a jamais bu d'eau
Jturc ni d'aucune autre liqueur , et il
paroit que la vigogne a , comme le
lama , une si grande abondance de sa-
live , qu'ils n'ont nul besoin de boire ;
enfin elle jette , comme le lama , son
Urine en arrière : et par toutes ces res-
semblances dénature, on peut regarder
ces deux animaux comme des espèces
du même genre , mais non pas assez
voisines pour se mêler ensemble.
i i
) :
^ DU CH AME AU. 33i
M. le marquis de Nesle , seigneur
aussi zdlë pour l'avancement des scien-
ces que pour le bien publie , a forme le
projet de faire venir des Indes espa-
gnoles un certain nombre de œs ani-
maux y lamas , alpacas et vigognes ,
pour tâcher de les naturaliser et mul"
tipUer en France , et il seroit tr j>s à dé-
sirer que le gouvernement voulût se-
conder ses vues , la laine de ces animaux
dtant , comme l'on sait , d*un prix
inestimable. Les avantages et les dif-
ficultés de ce projet , sont présentés
dans le mémoire suivant , qui a étë
donné à M le marquis de Nesle par
M. l'abbé Béliardy , dont le mérite est
bien connu , et qui s'est trouvé à por-
tée y par son séjour en Espagne , d'être
bien informé. ' • - . . "^^
« Le nom de lama , dit-il , est un
mot générique que les Indiens du Pé-
ron donnent indifféremment à toutes
sortes de bêtes à laine. Avant la con-
quête des Espagnols ; il n'y avoit point
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^3:à HISTOIRE NATURELLE
de brebis en Amérique , ces conqu^rans
les y ont introduites , et les Indiens du
Fërou les ont appelées lamas, parce
qu'apparemment , dans leur langue ,
c^est le mot pour designer tout animal
laineux ; cependant dans les provinces
de Cusco , Potosi et Tucnman , on dis-
tingue trois espèces de lamas , dont les
Tariëtës leur ont fait assigner des noms
diflfôrens. '■• '•'^-*^* •^'•» «^^*^ ' '^ ' '■"•'" '
» Le lama , dans son état de nature
et de liberté , est un animal qui a la
forme d'un petit chameau ; il est de la
hauteur d*un gros âne , mais beaucoup
plus long ; il a le pied fourchu comme
les bœufs , son cou a trente à quarante
pouces de long , sa tête , qu'il porte tou-
jours haute , ressemble assez à celle
d'un poulain ; une longue laine lui
c uvre tout le corps , celle du cou et du
ventre est beaucoup plus courte.
» Cet animal est originairement sau-
vage , on en trouve encore en petites
troupes sur des montagnes élevées et
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DU CHAMEAU. 333
froides j les naturels du pays l'ont ré-
duit à l'état de domcsticitë, et on a re-
marque qu'il vit également dans les
climats chauds comme dans les froids :
il produit aussi dans cet état ; la fe-
melle ne fait qu'un petit à chaque por-
tée , et on n'a pu me dire de combien
de temps est la gestation.
» Depuis que les Espagnols ont in-«
troduit dans le royaume du Pérou les
chevaux et les mulets , l'usage des là-
mas e»t fort diminué , cependant on no
laisse pas do s'en servir encore , sur-
tout pour les ouvrages de la campagne ;
on le charge comme nous chargeons nos
ânes; il porte de soixante-quinze à cent
livres sur son dos ; il ne trotte ni ne ga-
loppe, mais son pas ordinaire est si doux
que les femmes s'en servent de préfé-
rence à tante autre monture ; oa les
envoie paître dans les campagnes en
toute liberté , sans qu'ils cherchent k
s'enfuir. Outre le service domestique
qu'on en tire , on a l'avantage de pro-
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554 HISTOIRE NATURELLB
fitcr do leur laine \ on les tond une fois
l'an , ordinairement à la fin de juin 'y on
emploie dans ces contr<^e8 leur laine
aux mêmes usages que nous employons
le crin , quoique cette laine soit aussi
douce que notre soie , et plus belle que
celle de nos brebis. ^ , ^^,, ^ .,, ,,^ |.
M Le lama de la seconde espèce est
Va/paca, Cet animal ressemble en gé-
néral au lapaa , mais il en diffère en ce
qu'il est plus bas de jambes et beaucoup
pins large de corps; l'alpaca est absolu-
ment sauvage , et se trouve en com-
pagnie des vigognes ; sa laine est plus
fournie et beaucoup plus fine que celle
du lama , auvssi est-elle plus estimée.
)) La troisième espèce est la vigogne^
qui est encore semblable au lama , à la
réserve qu'elle est bien plus petite *, elle
est , comme l'alpaca , tout-à-fait sau-
vage. Quelques personnes de ^Lima en
nourrissent par rareté et par pure cu-
riosité ( mais on ignore si , dons cet
état ; ces animaux se multiplient et
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même s'ils s'accouplent ). Les vigo*
gnes y clans cet état de captivité , man-
gent à peu-près de tout ce qu'on leur
présente , du maïs ou blë de Turquie ,
du pain et toutes sortes d'herbes.
. » La laine de la vigogne est encore
plus fine que celle de l'alpaca , et ce
n'est que pour avoir sa dépouille qu'on
lui fait la guerre ; il y a dans sa toison
trois sortes de laine ^ celle du dos plus
foncée et plus fine est la plus estimée ,
ensuite celle des flancs qui est d'une
couleur plus claire et la moins appré-
ciée , et celle du ventre qui est argen-
tée. On distingue dans le commerce ces
trois sortes de laine par la différence
de leur prix.
» Les vigognes vont toujours par
troupes assez nombreuses ; elles se
tiennent sur la croupe des montagnes
de Cusco y de Potosi et du Tucuman,
dans des rochers âpres et des lieux
sauvages : elles descendent dans les val-
lons pour paître. Lorsqu'on veut les
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336 HISTOIRE NATURELLE
chasser , on reclicrclie leurs pas ou leurs
Crottes qui indiquent les endroits où on
peut les trouver , car ces animaux ont
la propreté et l'instinct d'aller déposer
leur crotin dans le même tas. . . On
commence par tendre des cordes dans
les endroits par où elles pour roi ent s'é-
chapper; on attache de distance^ en
distance à ces cordes des cliiifons d'ë-
loffesde différentes grandeurs; cet ani-
mal est si timide , qu'il n'ose franchir
cetf e foible barrière : les chasseurs font
grand bruit et tâchent de pousser les
vigognes contre quelque rocher qu'el-
, les ne puissent surmonter ; l'extrême
timidité de cet animal l'empêche de
tourner la tête vers ceux qui le pour^
suivent; dans cet état, il se laisse
prendre par les jambes de derrière, et
l'on est sûr de n'en pas manquer un ;
on a la cruauté de massacrer la troupe
entière sur le lieu. Il y a des ordonnan-
ces qui défendent ces tueries, mais elles
ne sont pas observées. Il aeroit cepen-
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DU CHAMEAU. ^^7
danfc aise de les tondre lorsqu'ils sont
pris, et de se ménager une nouvelle
laine pour Tannée suivante ; ces chas-
ses produisent ordinairement de cinq
cents à milte peaux de vigognes j quand
les chasseurs ont le malheur de trouver
quelque alpaca dans leur battue , leur
chasse est perdue , cet animal plus har-^
di sauve immanquablement les vigo-
gnes; il franchit la corde sans s'e£Prayer
ni s'embarrasser des chiffons qui flot-
tent, rompt l'enceinte, et les vigo-^
goes le suivent.
» Dans toutes les Cordillières du
nord de Lima, en se rapprochant de
Quito , on ne trouve plus ni lamas , ni
alpacas , ni vigognes dans l'otnt sauva^
ge ', cependant le lama domestique est
fort commun à Quito^ oi!i on le charge
et on l'emploie pour tous les ouvrages
de la campagne.
» Si l'on vouloit se procurer des vi-
gognes en vie de la côte du sud du Pé-
rou , il iaudroit les faire descendre des
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H t
93& HISTOIRE NATURELLE
provinces de Cusco ou Fotoai au port
cL'Arica , là ou les embarqueroit pour
r£urope : mais la navigation depuis la
nier du Sud, par le cap de Horn, est si
longue et sujette à tant d'ëvënemens ^
qu'il seroit peut-être très-diffiicile do
les conserver pendant la traversée : le
meilleur expédient et le plus sûr , se-
roit d'envoyer un bâtiment exprès dang
la rivière de la Flata j les vigognes
f|[u'on auroit fait prendre , sans les mal-
traiter, dans la province de Tucuman,
se trouveroient très à portée de des-
<^cndre à Buenos- Ayres^ etd'y être em-
barquées , mais il seroit difficile de
trouver à Buénos-Ayres un bâtiment de,
retour préparé et arrangé pour le trans-
port de trois ou quatre douzaines de vi-
gognes \ il n'en coûteroit pas davantage
pour l'armement en Europe , d'un bâ-
timent destiné tout exprès pour cette
comoiission , qne pour le fret d'un na-
vire trouvé par hasard à Buenos-
• Ayres. . ,;::'■/..- ^''•;^;3'\'':' ■:. '" • .>^ ■;
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DU CHAMEAtr. ÎSgf
)) Il faùdroii en conséquence cliar-
ger une maison de commerce à Cadix ,
de fiiiro anner un bâtiment es^^agnol
pour la rivière de la ^ata : ce bâti-
ment , qui seroit charge en marchan-
dises permises pour le compte du com**
merce , ne feroit aucun tort aux finan-
ces d'Espagne ; on demanderoit seule-
ment la permission d'y mettte à borA
un ou deux hommes charges dé la com-
mission des vigognes pour le retour :
ces hommes seront munis de passe-
ports et de recommandations efficaces
du ministère d'Espagne , pour les gou-
verneurs du pays , afin qu'ils soient
aidés dans l'objet et pour le succès de
leur commission. Il faut nécessaire-
ment que de Buenos- Ayres on donné
ordre à Santa-Crux de la Sierra , pour
que des montagnes de Tucuman on y
amène en vie trois ou quatre douzai-
nes de vigognes femelles , avec uile de-
ihi-dôùzaine de mâles , quelques atpa-
cas et quelques lamas , moitié mâles et
4î: '
\î
34o HISTOIRE NATURELLE
moitié femelles. Le bâtiment sera ar-
range de manière à les y recevoir et à
les y placer commodément ; c'est pomr
cela qu'il fiiudroit lui défendre de
prendre aucune autre marchandise en
retour , et lui ordonner de se rendre
d'abord à Cadix y où les vigognes se re-
poseroient , et où l'on pourroit ensuite
lés transporter en France . . . Une pa-
reille expédition dans les termes qu'on
vient de la projeter , ne sauroit être
fort coûteuse. . . On pourroit m^me
donner ordre aux officiers de la marine
du roi , ainsi qu'à tous les bâtimens
qui reviennent de l'Ile de France et de
l'Inde , que si , par hasard , ils sont je-
tés ^r les côtes de l'Amérique et obli-
gés d'y chercher un abri , de préférer
la relâche dans la rivière de la PJata.
Fendant qu'on seroit occupé aux répa^
rations du vaisseau , il faudroit ne
rien épargner , avec les gens du pays ,
pour obtenir quelques vigognes en >ie^
mâles et femelles , ainsi que quelques
-VtH :
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DU CHAMEAU. 34l
]amas et quelques alpacas -, on trouvera
à Montevideo des Indiens qui font
trente à quarante lieues par jour, qui
iront à Santa-Grux de la Sierra , et
qui s'acquitteront fort bien de la com-
iiission .... Cela seroit d'autant plu»
•
facile , que les vaisseaux français qui
reviennent de Pile de France ou de
rinde , peuvent relâcher à Monte vi"
deo , au lieu d'aller à Sainte-Cathe-
rine , sur la côte du Brésil , comme il
leur arrive très-souvent. Le ministre
qui auroit contribue à enrichir le
royaume d'un animal aussi utile, pour-
roi t s'en applaudir comme de la con-
quête la plus importante. Il est surpre-
nant que les jésuites n'aient jamais son-
gé à essayer de naturaliser les vigo-
gnes en Europe, eux qui, maîtres du
Tucuman et du Faraguai, possédoient
ce trésor au milieu de leurs missions et
de leurs plus beaux établissemens m . ,
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QuaArup. V.
29
^^
542 HISTOIRE NATURELLE j elC.
Espèces connues dans ce genre«
Le Dromadaire , camelus Dromedarius,
Le Chameau, camelus Bactrianus.
Le Lama , ou Gaunaque , camelus Lama
vel Huanacus,
Le Faco , ou Alpaca, camelus Paco*
XiA Vigogne , camelus Vicugna,
VIM IVU XaSCS CXNQVlJiMX;
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