IMAGE EVALUATiON
TEST TARGET (MT-3)
1.0
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11.25
Itt IM 12.2
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Photographie
Scienœs
Corporation
23 WeST K.A)lN STREET
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alon. or tha bacic covar whan appropriata. Ali
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clon, and anding on tha laat paga with a printad
or llluatratad Impraaaion.
Laa axamplairaa originaux dont la couvartura an
paplar aat Impriméa aont filméa an commançant
par la pramiar plat at an tarminant aoit par la
darniéra paga qui comporta una amprainta
d'Impraaaion ou d'iiluatration, aoit par !• aacond
plat, aalon la caa. Toua laa autraa axamplairaa
originaux aont filméa an commançant par la
pramiéra paga qui comporta una amprainta
d'Impraaaion ou d'iiluatration at an tarminant par
la darniéra paga qui comporta una talla
amprainta.
Tha laat racordad frama on aach microficha
ahali contain tha aymbol — ^(maatiing "CON-
TINUED "), or th ; aymbol y (maaning "END"),
whichavar appllaa.
Un daa aymbolaa sulvanta apparaîtra aur la
darniéra imaga da chaqua microficha, salon la
caa: la aymbola -^ signifia "A SUIVRE ", la
aymbola ▼ signifia "FIN".
Mapa. piataa, charta. atc., may ba filmad at
diffarant raduction ratioa. Tho— too larga to ba
antiraly inciudad In ona axpoaura ara fllmad
baginning in tha uppar laff hand eomar, laft to
right and top to bottom, aa many framaa aa
raquirad. Tha followlng diagrama Iliuatrata tha
mathod:
Laa eartaa, planchaa, tablaaux, atc, pauvant étra
filméa é daa taux da réduction différanta.
Loraqua la documant aat trop grand pour étra
raproduit an un aaui cliché, il aat filmé é partir
da l'angla aupériaur gaucha, da gaucha à drolta,
at da haut an baa, an pranant la nombra
d'Imagaa nécaaaaira. Laa diagrammaa sulvaiits
illustrant la méthoda.
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AVEC FroURES DESSINÉES d'A^RÉS NATWRB»
PAR L. A. G. BOSC,
Membre des Sociétës d'Histoire Naturelle de
Paris , Bordeaux et Bruxelles ; de la Société
Philomatique de Paris ; de la Société Linnéenne
dé Londres , et de l'Académie de Tury^
TOME SECO NA>^^ ^ ' ''• i>
DE I.'IMPRIM£RI£ DE GVILL
A PARIS,
Chez Deteryille , rue du Battoir, n* 1 6.
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HISTOIRE NATURELLE
DES CRUSTACÉS.
ALBUNÉE, Albvnea , Fahricius.
Quatre antennes inégales , ciliëes ; les inté-
rieures très-longues , sëtacëes , simples.
Corps oblong ; queue presque nue. Dix
pattes , dont les deux antérieures sont
tevininées en pinces.
IjBS albunées forment le passage entre
les crustacés à courte queue , et les crus-
tacés à longue queue. Ce sont des ani-
maux d'une forme remarquable, sur
les mœurs desquels on n'a que peu de
3'enseignemens. Chez eux , les pinces
ne sont point terminées par deux doigts
alongés , mais par un élargissement
tronqué , sur lequel s'appuie , dans l'ac-
tion prenante, un grand ongle mobile ,
et très-crochu. Ces pinces sont courtes
Crustacés. II. x
il!
et peu épaisses. Des quatre autres pai-
lles de jMittes, trois sont terminées par
des ongles en crochets , et la dernière
est sans ou^léà. La queue varie dans
sa farine, ^elou les espèces, niciselle
est toujours composée de. sept articu-
lations inégales, accompagnées sur lés
côtés de l'anus , des parties saillantes
difficiles à décrire. Cette queue ne
s'applique pas sous le ve^tre , elle se
tient seuleiiaent un peu courbée vers
lui, et sa partie inférieure est parse-
mée de brancliies filiformes.
, Les antennes intérieures sont velue?;,
presque aussi longues que le corps*
Elles ressemblent à celles des crus-
tacés à longue queue. Les yeux sont
petits, portés sur un pédicule applati,
en fer aies dans une fossette de la base
des antennes.
Les albunées se rapprochent beau-
coup des hippes avec lesquelles Fa-
bricius les avoit d'abord confondues;
elles en difi'èreiit, parce que leurs an*
V
l^.Zl^
-*i
^ DES ALBUKÉES. ' 3
tenues intérieures ne sont pas bifides ,
et que les pattes sont entièrement dé-
pourvues de pinces.
Parmi les albunées de Fabiicius , il
en est une , la dentée , que ce Naturaliste
ne rapportoit qu*avec doute à ce genre.
Latreilléjèn l'examinant, a en effet
trouvé qu'elle étoit pourvue de carac-
tères ,sufKsans pour exiger la formation
d'un genre particulier. Il en a donc éta-
bli un nouveau sûus Je nom de corjrste,
et lui a donné , pour différence spéci-
fique, corcelet ovale , en pointe en de-
vant ; antennes extérieures rapprochées
au-dessous des yeux ^ et de la longueur
du corps 5 les intermédiaires reçues en
en partie dans une fossette j aucune
des jDattes en nageoires 3 pinces termi-
nées par une main à deux doigts ; pattes
postérieures rejelées en arrière ; pinces
extérieures fermant la bouche , à tiges
alongées 5 le second article de l'interne
fort long, et en pointe au sommet.
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4 HISTOIRE NATURELLE
Âlbunëe symniste , Alhunea symnista.
Le corcelet antérieurement tronqpié, cilié, denté ;,
les pattes en pinces.
Se trouve dans la mer des Indes. ; fi^tlV
Albunée écus«ony ^Ihunea scuiellaUt.
Le coToelet presque entier, cijié ; les pattes en pinces.^
On ignore son pâ^s natal.
Albun^e dorsipe y ^Ibunea dorsipes.
Le corcelet uni, antérieurement tronqué, à sept
dents; les pattes comprimées; le dernier article e»
faux. ^ i , i
Ptf//i;. Amb. tab. 6. fig. 2.
Se trouve dans là mer des Indéiû ■.'^: "^ ; '^'"' '.
Albunée hérissée , Alhunea scalra.
Le corcelet ovale , antérieurement tronqué , à plu-
sieurs dents ; les pinces comprimées dentées des deux
côtés. ...
Se trouve dans la mer du Sud.
Albunée dentée , Albuvza dentata, ,
Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté ;
les tarses épineux.
Pepnant. Brist. Zool. 4. tab. 7. fig. iZ* Jierbst,
Cane. tab. 12. fig. 71.
Voyez pi. 9. fig. I , où elle est représentée de moitié
dé sa grandeur naturelle.
Se trouve dans les mers d'Europe et de l'Inde.
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DES POSYDON. S
POSYDON , PoSYDON , Pabriciu^,
Quatre antennes à pédoncule simple ; celle
du milieu plus courte et bifide. Anten-
nules extérieures foliacées. Pédicule des
yeux en forme d'écaillé. Les mains des
quatre pattes antérieures sans pinces mo-
biles.
Fabricius, qui a établi ce genre,
lui a donné un caractère très -vague ,
et s'est extrêmement peu étendu sur la
description des deux espèces qu'il con-
tient. Il est d'autant plus difficile de
s'en former une idée , que ce Natura-
liste ne cite pas de figure qui puisse
suppléer à ce qu'on désire de savoir
de plus qu'il n'en a dit.
Latreille pense que le crustacé figuré
dans le Muséum de Rumphius , tab. lo ,
/%•. 3, et qui a été donné pour syno-
nyme à l'albunée dorsipe , est de ce
genre. Cette opinion paroît probable ,
d'après des considératiojos qu'il est inu-
Crustacés. II. o
\ \
> I
l>
6 HISTOIRE HATURELLI
tile de développer ici ; mais on ne peut
cependant la donner que comme fon-
dée sur des conjectures.
Posydon applati , Posydon depressus»
La (pieue à sept écailles ; l'intermédiaire transvers»
«t tronquée.
Se trouve dans la rjer des Indes.
Posydon cylindrique , Posjrdon cylindrus,
La queue à cinq écailles ; l'intermédiaire triaugu-
latre.
'&• trotiTe dans la mer d«i lades.
,^f\
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'•aS^
DES HIPPES.
HIPPE, HlPPA, Fabricius.
Quatre anteones inégales , ciliées ; les inté-
rieures plus courtes et bifides. Corps
oblong; queue munie d'appendices en na-
geoires à son origine. Dix pattes toute*
dépourvues de pinces.
Si les Lippes sont voisines des al-
bunées par les caractères génériques ,
comme il a été dit à l'article de ces
dernières, elles sont encore plus par
leurs rapports généraux. C'est princi-
palement par le défaut de pinces aux
pattes extérieures, et par leurs antennes
bifides qu'ils en diffèrent. Ce genre
^toit plus nombreux dans les anciennes
éditions du Système Entomologique
de Fabricius 5 mais ce célèbre Na-
turaliste, ayant formé à ses, dépens ,
dans son dernier supplément, lesgen-
jes sjraelhris et albunée , genres qui
pnt été adoptés par Lamarck , il s'est
trouvé réduit à trois espèces. Latreille,
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I »1i MIWWI
e HIÎÎTOIlll HATITRELLÈ
a depuis , encore pris sa première es-
pèce pour faire son genre ëmérite , qui
diffère en effet des autres par des an-
tennes plumeuses et des bras termi-
nés par une pièce ovale sans doigts, ni
^ongles.
Les antennes extérieures des hippes
sont grosses , de la longueur de la moitié
du corps, composées de cinq articles,
dont le dernier est subdivisé en uii
grand nombre d'autres qui diminuent
graduellement. Elles sont carénées et
très-velues à l'extérieur. Leur base est
cachée par une longue et large pièce >
terminée par deux épines, dont l'infé*-
rieure est la plus longue. Les antennes
intérieures sont placées en dessus des
yeux , du quart plus courtes que les
autres , filiformes , et bifides. Les yeux
«ont portés sur de longs pédicules mo*
biles. Les deux pièces extérieures qui
recouvrent la bouche ou les mâchoires,
«ont démesurément longues et larges ,
relativement à la grosseur de l'animal î
V
•"-^-^T
SES HIPPES. g
elles cachent deux autres paires de
mâchoires , trois paires d'antennuies ,
des mandibules et une lèvre.
Le corcelet est presque cylindrique
ou ovale alongé , sinué en avant , et
terminé par trois pointes , dont les deux
latérales sont plus saillanteSi 11 forme
postérieurement en dessous une grande
cavité. Sa surface extérieure est sil-
lonnée en travers par des stries irrégu-
lières, dentées, de même nature que
celles qu'on remarque sur la galathée,
mais non velues. Elle a , de plus, deux
véritables fentes sinueuses à la partie
antérieure du dos , dont la partie pos^
térieure est en recouvrement sur fan-
térieure. Ces fentes ne peuvent point
être regardées comme une articulation ^
servir à la courbure du corps j puis-
qu'elles ne s'étendent point jusque sur
lescôtésé On n'en devine pas l'usage. Les
réflexions qui ont été émises à l'occa-
sion de la conformation de la galathée ,
peuvent être également appliquées ici.
lO HISTOIRE NAia RE LIE
•La queue est composée de cinq ar-
ticulations ; ^a première , aussi large
que le corcelèt , et fort courte ; la se-
condé* et Ja troisième de même lar-
geur-, mais se piolongeant en saillie en
leur milieu. Xa quatrième , presque
carrëe ; et enfin la cinquième denii-
cylindrique , deux fois plus longue que
toutes les autres ensemble, et du tiers
«le leur largeur , ayant à ses angles an-
térieurs , de chaque côté , une nageoire j
de deux articles ciliés en ses bords in-
térieurs. Toutes ces articulations sont
lottguement velues en leurs bords ex-
térieurs.
Les pattes sont au nombre de huit.
Les deux antérieures ont les cuisses
applaties, presque rondes, et très-lar-
ges ; les jambes alongées et composées
de deux articles , dont le second est
terminé en pointe à son angle intérieur.
La main est unp pièce ovale, pointue,
très-mince , ciliée en ses bords ; c'est
uue véritable rame. Ces pattes sont
"■ %•*• v^ -«fc
'- V
très-courtes , et sont C3ai
mal , lorsqu'il est eiL
paires de pattes suj
plus courtes , et
articles , dont le d(
trèsî-large et mince^
dernières sont sembi
dentés à leur base ^
une nageoire de dçux pièces , un peti
plus petites que celle ;de la première
paire; loutes ces pattes sont fortement
ciliées , et composées d'écaillés en re-
couvrement. V
On voit par cette description, que
riiippe est un crustacé éminemment na-
geur , à qui la nature a donné d'énor-i
mes mâchoires pour lui tenir lieu des
pinces dont il est privé, et quelle a
peut-être pourvu, comme lagalathée,
de la faculté de croître sans changer de
peau , par la dislocation annuelle des
nombreuses pièces dont la surface de
toutes ses parties est composée.
Il est à désirer que quelques phy-
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»?:jfe, :.■•■■ ..^_.
■'^fÉ'fi^îl
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I£ niSTOIRI IfATUHELLl
/'^^^^Je» V ina|ruit soit mis à portée
' dSëtéatei* Tes -è^cea de ce genre dans
"^^D-^ui* na*^,vvafi" de nous faire
^ilnÔifMjj^urs) mœurs.
\\^J;* 1"^ droit^iii dernière articulation alongée.
IJçuSee '°' '^** "***•*'• ^* représentée très-
Se trouve dans la met^ ïa'Sud.
Hippe ëmérite , ffippa emerita,
Ea queue droite; latlerqière articulation ovale. '
tnvT*'; ^°°1'''- *«^- .'7. fi«.8, 9. JP./,V. ptén-:
tab. 30. fig. 9.
Se trouve dans la mer des Indes. '
Hippe testudinaire, Bippa testudinaria,
La queue droite j |a. dernière articulation aloneée .
pc{infue ; corcelet ovale.
ÏTerhst. Cane, tab.* 32. 1!^. 4.
|î$e houve dans Ja mer des Indes.
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TDES RANÎNÈS*
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RANINE , RjNiNA , Lamarck.
Quatre antennes courtes ; les deux inté-
rieures à dernier article bifide. Corps
oblong, cunëiforme, tronqué antérieure-
ment ; queue petite , ciliée sur les bords.
Dix pattes; les deux antérieures terminées
•n pinces ; \cs quatre postérieures termi-
. nées en nageoires.
liE seul crustacë qui compose ce
genre est connu depuis long-temps par
la figure qu'en a donnée Rumphius dans
son Muséum, pi, jjig, T, V, et par
la description qu'en a publiée Linnœus.
Son corcelet est ovale-oblong , convexe
en dessus , et garni d'épines obtuses,
penchées en avant. Sa partie antérieure
est obtuse , et on j remarque sept
parties saillantes , celle du milieu est
solitaire , et les latérales sont divisées
en trois. Les jeux sont peu écartés , et
portés sur des pédicules assez longs;
Les antennes sont épaisses et bifides.
■^k
I4 HISTOIRE KATURELLB
Les pinces sont romprimées, rudet au
toucher , dentées intérieurement et èx-
térieurement. Les doigts placés perpen-
diculairement à la main, et dentétîs en
dedans. Les deux premières paires de
pattes sont sans poils , et onguiculées ,
et les deux dernières très -velues sur
leurs côtés , très-applaties et plus larges
à leur extrémité. La queue est courte ,
droite, composée de six articles velus
sur les côtés. '
Ce crustacé est fort remarquable par
sa forme générale , par celle de ses pin-
ces , si différentes de celles des autres
genres et par les articulations de ses pat-
tes. Il doit avoir un genre de vie tout par-
ticulier ; mais on ne possède aucun ren-
seignement SUT son compte. Dickson ,
qui l'a figuré dans son vojage , pi, 1 5 et
1 6 de l'édition française , se contente de
dire qu'il est brun , qu'il a quatre na-
geoires garnies de membranes , qui ne
sont pas placées sur la même ligne que
les pieds, mais plus haut sur la racine
«»...<i«i**fl.
'■nH^
i5
BSS RANINES.
de la queue , et qu'il l'a trouvé aux
îles Sandwich. On peut cependant assu-
rer, d'après son organisation, que c'est
un nageur , et un bon nageur. Il a été
oublié par Fabricius dans son supplé-
ment, quoiqu'on le trouve dans les
éditions antérieures de son Entomolo-
gie, sous le nom de Linnœus , c'est-à-
dire de cancer raninus, Herbst. Cane.
tab, 22,fig. I, a copié la figure de Dick-
son. Lamarck l'a appelé ranine den-
telée. Raninaserrata.
'ha. figure 9. planche a, le représente
réduit des deux tiers.
I 4
4h
1
l6 HISTOIRE NATURELLE
SCYLLxlRE, SCYLLARUS, Fabricius.
Deux antennes filiformes , articulées , bi-
fides au sommet. Deux feuillets en crêtes ,
dentés , ciliés , articulés inférieurement ,
tenant lieu d'antennes extérieures. Cor-
celet grand, large; queue garnie d'écaïUes
natatoires. Dix pattes, dont les anlé^
rieures n'ont pas de pinces.
Les scyllares forment un genre fort
naturel qui se distingue de tous les au-
tres crustacés par l'applatissement sin-
gulier de ses antennes extérieures, mais
cependant il se rapproche un peu des
squilles avec lesquelles il a été con-
fondu par les anciens Naturalistes , a
l'imitation de Rondelet, qui l'appelle
squille large. .
Les scyllares aquièrent quelquefois
un assez gros volume, et sont par-tout
estimés comme un bon manger , mais
leurs mœurs ne nous sont pas , pour
cela , plus connues. Qn en trouve très-
1^
fi
DES SCYLLARES.
»7
peu sur les côtes françaises de la Mé-
diterranée, mais au rapport d'Olivier
ils sont extrêmement communs sur
celles d'Egypte, et de Barbarie. Scali-
ger a cru que l'espèce la plus commune
de ce genre ëtoit le crangon d'Aristote j
mais Rondelet ne paroît pas avoir eu
cette opinion.
Le corcelet des scjlJares est presque
cylindrique , souvent inégal, rugueux
et velu, il est tronqué en avant, mai$
a toujours une saillie en son milieu.
Les yeux sont presque latéraux, portés
sur un pédicule très-court. Leurs an-,
tennes intérieures n'atteignent pas la
moitié de la longueur du corcelet^ elle»
sont composées de quatre articulations
dont les trois premières sont robustes,
longues et Dresque égales, et la der-
nière minée , très -courte, et divisée
eu deux parties articulées, et légère-
ment velues d'un côté. Leurs antennes
extérieures , qu'on a citées comme sisin-
gulières et avec raison , sont un peu plus
Crustacés. II, 3
) (2
r !
-!/*-«»-
M •:
ï8 HISTOIRE NATURELLE
courtes que les précédentes, et éçale^
ment composées de quatre articulations.
La première peu large, inégale, irré-
gulière, tuberculeuse , mais cependant
approchant de la forme triangulaire.
La seconde très-applatie, plus longue
et plus large à son bord extérieur , épi-
neuse dans son pourtour , très - courte
et très-étroite à son bord intérieur,
présentant un peu la forme trapézoïde.
La troisième très-petite et très-courte ,
cachée , en partie par la seconde. La
quatrième presque aussi large et plus
applatie que la seconde, dilatée du
côté extérieur , arrondie dans son pour-
tour, et moins épineuse que les au-
tres.
Pattes courtes, robustes, onguicu-
lées, excepté la dernière paire qui est
pourvue d'une pièce à peine sensible.
Les antérieures plus courtes et plus
j^rosses.
Queue longue et se recourbant sur
elle-même, composée de six arti-
I.
DES SCYLIARBS. l(^
culations ordinairement très-saillantes
sur les côtes.
Les scjl lares, comme on l'a déjà dit,
n'ont point encore trouvé un historien
de leurs mœurs ; ainsi il ny a rien
à en dire sous ce rapport. On les mange
sur les bords de la Méditerranée , sous
Je nom de squilles ou de cigales de mer,
et leur chair y passe pour être plus dé-
licate que celle de la plupart des autres
crustacés.
Scyllare arctique , Scyîîams arctus.
Le corcelet anférietiretnënl avec cinq wngs d'épines;
les écailles des antennes ciliées par des épines.
Suit. Hist. Ins. tab. 32. fig. 3. Barre/. Icon»
tab. 1288. fig. e. Jonst, Exsang. tab. 4. fig. 4 , 8,
12. Herbst. Cane. tab. 3b. fig. i.
Se trouve dans les mers d'Europe.
Sc/Ilare ëquinoxiale, Scylî. œquînoxiaîis.
Tuberculeux î le corcelet et \e& écailles des antennes
crénelées.
Brown. Jam. tab. 41. fig. i.
Se trouve dans îles d'Amérique.
Scyllare antartique , ^cyllarus antartlcus.
Velu ; le corcelet et les écailles des antennes den-
tolés et velus.
* I :
.-«^ .\ Xi
--1^-
»Q HISTOIRE NATURELLE.
Sélta^Mus. 3. tab. 20. fig. 1. Rumph. Mus. tab. z.
fig. 6. Jonst. Exsaog. tab. 9. fig. 14, Herbst. tab. 3o.
fig. 2. •
Se trouve dans les Indes orientales.
Scjllare orientale , Scy liants orientalls,
Tubercnleux ; le corcelct portant les yeax et denté
dans sa partie antérieure.
Rumph. Mus. tab. %. fig. D.
Foye* pi. 10. fig, 2 , où il est représenté réduit a«
quart de sa grandeur naturelle.
Se trouve dans les Indes orientales at sur les côtes
africaines de la Méditerranée.
Scjllare australe , Scjllarus australis.
Les écailles des antennes arrondies , unies.
Se trouve dans la mer du Sud.
Scyllare petit ours , Scyllarus ursus minor.
Le corcelet épineux et écaiUeax; la quene avec
des dessins bruns.
Su/zer, Gesch. Der. Ins. tab. 32. fig, 3. Herbst,
Cane. tab. 3o. fig. 3.
Ss trouve dans la Méditerranée.
]>ES ÉCREVISSES. 2K
ÉCREVISSE , ASTACUS , Fabricius.
Quatre aatennes inégales ; les intérieures
plus courtes, multiarticulées , divisées ea
deux presque jusqu'à la base. Corps
oblong , subcjlindrique , terraîné anté-
rieurement par une pointe courte , sail-
lante entrjB les yeux. Queue grande , gar-
nie d'écaillés natatoires. Dix pattes , dont
les antérieures sont terminées en pinces.
Les écrevisses sont les plus connug
des crustacés , à raison de l'espèce flu-
viatiJe commune dans toute l'Europe,
et que l'on mange liabituellement.pres-
que par - tout^ aussi , depuis Aristoto
jusqu'à nous, trouve-l-on peu d'ouvrages
sur l'Histoire Naturelle des poissons et
des insectes , où il n'en soit parié , et
elles ont donné lieu à des observations
aussi intéressantes pour le Physicien
que pouf le Naturaliste.
On a déjà vu, dans les préliminaires,
les expériences qui ont été faites sur
ji
. 4
w
aa HISTOIRE NATURELLE
elles pour apprendre à conuoîlre les
moyens que la nature emploie dans la
reproduction des pattes , dans le renou-
vellement du test des crustacés , et on a
cité leur anatomie comme type de celle
de tous les animaux de la classe , etc. ;
on n'a donc plus à s'occuper ici que
de ce qui leur est particulier
Le tronc ou le corcelet des écrevisses
est à-peu-près cylindrique , plus long
que large , et divisé en tcte , en cor-
celet et en queue. La tête est confondue
avec le corcelet, mais on observe, ce-
pendant, une séparation marquée par
une profonde suture , ou rainure trans-
versale, tracée en demi -cercle , dont
la concavité est en devant. Cette écaille
s'étend sur les côtés et en dessous ,
jusque vers l'emplacement des pat-
tes 5 de sorte qu'elle fait presque le
tour de tout le corps. Le devant de la
tête est prolongé en bec , ou en longue
pointe applatie et horizontale , qui , de
chaque côté, près de son origine , est
'DIS ÉC RE VISSES. aS
garnie ordinairement d'une petite épiue,
et fout le long du dessus d'un rang d'é-
pines semblal3les , dirigées en avant ,
et formant comme une espèce de crote.
Immédia tementau'dessous de la grande
pointe^ on voit , de chaque côté, commq
des filets déliés et sétncés, ce sont les an-
tennuJes composées d'un grand nom-
bre d'articles entièrement senDd)lables à
ceux des antennes. Chaque paire de ces
antennules , qui sont mobiles , est atta-
chée à une tige commune , beaucoup
plus grosse , divisée en trois articles à-
peu-près cylindriques, et garnis de
longs poils qui y forment de grosses
touffes. Les deux antennes supérieures ,
qui sont à filets coniques, et se termi-
nent eu pointe fort déli 'e , égalent or-
dinairement le corps et la queue en
longueur, et sont divisées en un très-
grand nombre d'articles , qui les ren-
dent très-flexibles. Chaque antenne est
posée sur une base mobile , composée
de trois parties grosses et cylindriques,
\>
)\
'7/
\'
a4 HiSTomi nàturkllb
garnies de longs poils , et de quelques
petites éminenœs. Au - dessus , et un
peu à côté de qette base , il y a une
' grande pièce écailleuse , triangulaire et
mobile, qui est applatie et terminée en
pointe , garnie au bord intérieur d'une
iVange de longs poilà. A la base de
cette pièce mobile , on trouve encore
une partie écailleuse, convexe 5 e« plus
bas , une autre plaque avec de courtes
épines, et de» éminences. Lesyeux de
l'écrevisse «ont placés au* côtés de la
longue pointe avancée de la tête, dans
un enfoncement très -profond qui se
trouve immédiatement au-dessus de la
pièce triangulaire mobile , dont il vient
d'être fait mention. Ils sont mobiles ,
et constitués de manière que l'écrevisse
peut les retirer au fond de la cavité ,
et les faire sortir à son gré. Elle les
retire toujours quand on les touche.
L'œil est en forme d'un demi- globe
noir , couvert d'une peau ou d'une pelli-
cule membraneuse et flexible, dont la
^n
DIS ÉC!lEVI8««a. 25
surface est luisante , et paroît travaillée
en rëzeau , exactement comme dans les
yeux des insectes ; de sorte que , sui-
vant les apparences , chaque maille ou
cloaque face, est un petit œil distinct.
Ce demi -globe est placée et comme
enchâssé dans une espèce de fourreau ou
de capsule cylindrique , d'une subs-
tance très-dure , ayant , au milieu de
«on étendue , un enfoncement ou un
rétrécissement , et à sa base un bour-
relet relevé. A cette base, qui est con-
cave en dessous , est attaché un muscle,
qui tient de l'autre bout dans l'enfon-
cement de la tête. C'est au moyen de
ce muscle , qui paroît fort et nerveux ,
et qu'il n'est pas facile d'arracher de la
tête sans le briser ou le défigurer , que
l'animal en pouvant l'a longer et le ra-
courcir, est en éiat de mouvoir l'œil ,
et de le tourner de tous côtés. L'œil et
la capsule ont , en dedans , une cavité
commune, remplie d'une matière noire
et un peu visqueuse. Après avoir ôté
î\.
m i-
'■ M
26 HISTOIRE NATURKLLE
cette matière , on voit que les parois
de Ja capsule sont raincea ; mais dures^
et écailleuses , et <jiie Toeil n'est formé ,
au contraire;, que d'une membrane
très-mince et transparente, qui, vue au
microscope, est merveilleusement com-
posée, et représente une gaze extrême-
ment fine. La délicatesse de celte mem-
brane de l'œil exigeoit que l'écrevisse
pût la retirer dans la tête, afin de la.
mettre à l'abri de tous les accidens.
Les écrevisses paroigsent avoir la vue
très- bonne; dès qu'on leur présente la
main, sans même toucher à l'eau , elles
élèvent la tête , ouvrent les pinces, et
se mettent en défense.
A L'espace qui se trouve au-dessous de
la tête , entre la racine des antennes
et les pattes , est garni de plusieurs
parties qu'il s'agit actuellement.de con-
sidérer. On voit, d'abord , deux grosses
dents placées vis-àvis de l'ouverture de
l'estomac , c'est-à-dire de la bouche.
Ces dents émaillées et dures comme
DES ÉCREYISSES.
a7
la
il
«ne pierre, se meuvent latéralement,
iet sont composées à-peu-près, comme
ies dents moliaires des quadrupèdes,
d'une couronne ei. d'une racine. La
couronne , convexe à l'extérieur et con^
cave à l'intérieur , est garnie tout au-
tour de ses bords, d'un double rang de
dentelures semblables à celles d'une
scie , et la racine qui est également os-
seuse et émaillée, a une grande ca-
vité dans son intérieur , d'où part un
long tendon blanc , terminé par un
muscle en forme de brosse ; ce tendon
avec son muscle sert à donner le mou-
vement à la dent. Ces dents tiennent
si fort à la tête , qu'il faut user de force
pour les arracher , et leur usage n'est
pas équivoque ; elles servent à mâcher,
à brojer les alimens. Chaque dent
est accompagnée , au côté extérieur,
d'une partie un peu applàtie , divisée
en trois articles mobiles , dont celui
de l'extrémité est bordé de longs poils,
cette partie est fortement attachée et
/ !
{■*.
^'1
ri
a8 HISTOIRE NATURELLE
articulée à la base de la couronne. Les
autres parties qui se trouvent autour
des dents , et qui tiennent à la tête , à
qui Fabricius a donné le nom d'ins-
trumens du manger , instrumenta ci-
baria , sont une lèvre supérieure , des
mâchoires, une lèvre inférieure et qua-
tre paires d'antennules , sans compter
les bras.
La lèvre supérieure est osseuse, pe-
tite, triangulaire, placée sous le cha-
peron, un peu au-dessous des deiits,
appelées mandibules dans le langage
scientifique. Les mâchoires qui se
trouvent au-dessous des mandibules
sont petites ', applaties , minces , os-
seuses , composées chacune de trois
pièces inégales : l'extérieure est petite ,
et ciliée à son bord interne ; la pièce
intermédiaire est beaucoup plus grande
et ciliée à son bord supérieur. La troir
sième est figurée en croissant , et ciliée
à son bord supérieur.
La lèvre inférieure est formée de
DES ÉCREVISSES. 20
plusieurs pièces osseuses, larges, pla-
tes, inégales et ciliées.
Les premières antennules sont sim-
ples , petites , cylindriques , minces,
composées de trois articles, et insérées
à la partie latérale supérieure des
mandibules. Les secondes sont sim^
pies , longues, minces, sétacées; elles
sont insérées à la partie latérale ex-
terne de la lèvre inférieure. Les troi-
sièmes sont bifides 5 la division interne
est courte, grosse, composée de qua-
tre ou cinq articles j l'externe est lon-
gue , mince, sétacée, .composée de
deux articles. Les quatrièmes, que quel-
ques Naturalistes désignent sous le nom
de bras, sont bifides ; leur divisioa
interne, la plus grande, est composée
de plusieurs articles dont le second est
fortement denté dans la plupart des es-
pèces 5 la division externe est sétacée et
composée de deux articles.
Toutes ces différentes parties con-
courent à l'action du manger , mais il
Crustacés. II. ^
^
i
3o HISTOIRE UATURBLLS
est difficile de déterminer, à quoi , dans
cette opération , sert telle ou telle pièce.
Il paroît cependant que les antennules
servent pour tâter les alimens, les bras
pour les porter à la bouche , et les mâ-
choires pour les y assujettir.
Voyez pi. I , où ces parties sont
figurées isolément.
La queue de Técre visse fait la moitié
de l'étendue de l'animal entier. Cette
queue, que Gronovius appelle le tronc
du cofps, est plus convexe en dessus
qu'en dessous, et est composée de six
pièces articulées , ensemble , par le
moyen de membranes flexibles. Les
pièces ou plaques peuvent glisser les
unes sur les autres, et sont terminées,
vers les côtés , en pointe où en lame
triangulaire et applatie 5 mais en des-
sous, chaque anneau n'a , au milieu ,
qu'une arête transversale , écailleuse ,
ou cartilagineuse et voûtée , le reste de
leur étendue étant couvert d'une peau
membraneuse et flexible. Les bords sont
\)s.
DES ÉCKEVI88ES.
3r
garnis d'une frange de longs poils, qui
ont des barbes très-fînes des deux côtés;
et, qui, vus au microscope , ressemblent
aux barbes des plumes d'oiseaux. Ces
anneaux ont , en dessous , des parties
remarquables , attachées près de leur
bord extérieur , à Tarète écailleuse qui
traverse chaque anneau : on les nomme
les filets de la queue. Baster et Grono-
vius , les ont regardés comme des pattes
en nageoires ; mais on ne leur trouve
aucune conformité avec les pattes. Ces
filets varient en nombre et en figures
dans les deux sexes. Ils sont mobiles
à leur base, ou mieux articulés aux
arêtes de la queue, par une petite pièce
sur laquelle ils se meuvent. L'écrevisse
les fait flotter dans Teau , en avant et
en arrière , comme de petites nageoires.
La femelle en a quatre paires , placées
sur le second , le troisième, le qua-
trième et le cinquième anneau , et les
deux filets de chaque paire sont dirigés
l'un vers l'autre , et en avant, de sorte
m^m^
32
HISTOIRE NATtTRELIB
que leur extrémité se trouve tout le
long de la ligne du milieu de la queue.
Ils se ressemblent tous , et sont com-
posés, chacun, d'une tige applatie , car-
lilagi "^ , qui jette deux branches de
lamêi- abstdfVice, dont la postérieure
est divisée en deux portions par une
articulation mobile ; les deux bran-
ches sont également mobiles sur la tige
à laquelle elles sont unies , de sorte
que ces filets sont très-flexibles. Les
branches sont garnies de longs poils ,
qui ont des barbes le long des côtés ,
comme ceux qui bordent la queue.
C'est à ces filets que l'écre visse attache
ses œufs, à mesure qu'ils sont pondus,
et elle continue à les porter ainsi sous
la queue, jusqu'à la naissance des petits.
Sur le troisième , le quatrième et le
cinquième anneau de la queue , le mâle
a des filets entièrement semblables à
ceux de la femelle. On voit aussi deux
filets sur le second anneau , mais qui
diffèrent des autres , en ce que la bran-
DES ÉCRETISSES.
33
:he postéri
iCure ou intérieure , qui est
plus large que l'autre , est garnie , en
dessous d'une pièce alongée , cartila-
gineuse, lisse, luisante et blanchâtre,
dont le bout est un peu courbé , ou
comme voûté longitudinalement. Les
branches de ces filets , garnis aussi au
bout de poiîs barbus , sont placés de
manière qu'elles forment un angle très-
ouvert avec la tige d'où elles partent.
Le mâle des écrevisses a encore,
en dessous du premier anneau de la
queue, deux autres parties attachées à
l'arête écailleuse de cet anneau , qu'on
ne voit pas sur la femelle , et qui se
distinguent très-bien au premier coup-
d'œil. Ces deux parties sont mobiles à
leur base , où elles oiit une jointure ;
elles sont placées selon la longueur du
corps , et oont appliquées , dans l'inac-
tion, sur la plaque triangulaire qui se
voit entre les pattes de la troisième et
quatrième paire. Elles sont en forme
de tigesj un peu applaties, droites , d'un
/
pï,j«i.^.»#--
84 HISTOIRE NATURELLE
blanc un peu bleuâtre , et de substance
cartilagineuse , comme la pièce qui se
trouve en dessous de l'une des branches
des Rlets du second anneau. Leur moi-
tié antérieure est courbée , et roulée
sur elle-même longitudinalement , à-
peu-près comme une oublie, de sorte
qu elle forme une espèce de tuyau.
Enfin , les deux filets de l'anneau sui-
vant reposent sur une partie de ces
tiges , dont l'usage est encore entière-
ment inconnu , quoique quelques au-
teurs les aient prises pour deux parties
sexuelles dont le mâle seroit pourvu ;
mais comme on n'a pas encore vu com-
ment se fait l'accouplement des écre-
visses , on ne sauroit rien décider sur
leur usage ; il y a même plus d'appa-
rence que ces parties ne sont pas des-
tinées à la génération, puisque les vais-
seaux spermatiques n ont avec elles au-
cune communication , comme on l'a vu
dans le développement anatomique des
préliminaires de la classe.
DES ÉCRETISSES.
35
La queue est terminée par cinq piè-
ces plattes , minces et ovales , en forme
de feuille , un peu convexes en dessus ,
et concaves en dessous y de substance
écaiileuse , et articulées au dernier an-
neau par des jointures mobiles. Ce sont
de véritables nageoires dont l'écrevisse
«e sert pour pousser et battre l'eau , en
courbant et en relouant en même-temps
la queue , avec laquelle elle donne des
coups réitérés dans l'eau ; et c'est ainsi
qu'elle nage , non pas en avant , mais
toujours en arrière ou à reculons , parce
que les coups de la queue sont dirigés
vers la tête. Elle écarte et rapproche
les nageoires Tune de l'autre à son gré ,
et dans le premier cas elle les ouvre
comme un petit éventail , les nageoires
glissant alors les unes sur les autres ;
elle les tient ordinairement ouvertes.
La nageoire du milieu , qui est la plus
large , est aussi la plus élevée ; les deux
latérales intermédiaires glissent sous
elle , et le» deux extérieures sout cou-
s
Z6 HISTOIRE NATURE lit;
vertes par les intermédiaires , quand
l'écrevisse les tient fermées ou rappro-
chées ensemble. Ces cinq nageoires ne
sont pas toutes de ia même figure 5 celle
qui occupe le milieu est comme brisée
à une certaine distance de son extré-
mité , ou bien elle est divisée transver-
salement , par une articulation ou une
jointure , en deux parties , qui se meu-
vent comme sur une charnière , formée
par cette jointure. La première de ces
pièces , qui est la plus grande , est gar-
nie , à chaque angle extérieur , tout près
de l'articulation , de deux épines très-
dures et très - pointues. Les* deux na-
geoires extérieures latérales sont pa-
reillement divisées en deux portions
inégales , par une jointure en forme de
charnière, au moyen de laquelle la se-
conde portion , qui est la plus petite ,
peut se plier en dessous 5 la première
portion est garnie seulement , à l'angle
extérieur , d'une épine pointue , sem-
blable à celle de la nageoire du milieu ;
-.^
DES ÉCREVISSES. Zj
mais cette portion a , en outre , le long
de son bord postérieur , une suite d'é-
pines plus petites. Enfin , les deux na-
geoires latérales , intermédiaires , sont
toutes d'une pièce, ou , sans être divi-
sées par une articulation , comme les
trois autres, elles ont seulement, en
dessus, une arête longitudinale qui les
divise en deux plans, un peu inclinés
l'un à l'autre. Toutes ces nageoires sont
bordées , par derrière , d'une belle
frange de poils barbus , ou semblables
aux barbes des plumes, tels qu'on les a
vus sur le bord des anneaux , et sur les
filets de la queue. Sur la nageoire du
milieu , on voit , en dessous , environ
dans son milieu , un ouverture ovale,
qui a un petit rebord tout autour , et
qui est l'anus de l'animal ; le long in-
testin qui traverse la chair intérieure
de la queue c»boutit à cet anus. L'écre-
visse porte sa queue indiflëremment ,
tantôt étendue , et tantôt recourbée ou
pliée en dessous 5 elle peut l'amener au
I >a
i )
1^1
SS HISTOIRE NATURELLE
point de faire toucher les nageoires à
la base des pattes de Ja seconde paire,
et c'est au moyen d'une telle courbure'
qu'elle rapproche les filets du dessous
de la queue, tout près des deux ouver-
tures des pattes de la troisième paire,
qui donnent sortie aux œufs qv :,e
est alors en état de fixer sur cr . mêmes
Les ëcrevisses respirent l'eau et l'air
par des ouies assez semblables à celles
des poissons , ainsi qu'on l'a vu dans \e%
g(^aéralités delà classe. L'ouverture, qui
leur sert à cet usage, est placée en des-
sous de la tête , entre les dents et le
test du corcelet 5 elle est grande et pro-
fonde. On voit facile ment l'action ins-
piratoire et expiratoire de ces ani-
maux, soit qu'on les ôte de l'eau , soit
qu'on les y remette. Dans ces deux
cas, il se produit un petit bruit occa-
sionné par l'entrée de l'eau ou la sortie
des bulles d'air qui viennent crever à
leur ouverture.
^aa3»>*"
'-^
DES ËCRETISSES. 3q
Les pattes des ëcrevisses ont leur
attache ie long du dessous du corps à
une peau dure et écailleuse, et sont au
nombre de dix , placées par paires. Les
deux grandes puucs antérieures , ou les
serres, terminées par une grosse pince,
sont fort longues , et divisées en cincf
parties articulées ensemble, et mobiles
les unes sur les autres. La première , qui
est attachéeau corps, est grôsseetcourte.
La secondé , plus longue , est appla-
tie des deux côtés , et garnie de pe-
tites poirttes au lx)rd antérieur; environ
au milieu de la longueur , elle semble
divisée en deux portions par Uft suture
transversale ; mais cette division n'est
qu'apparente , les deux portions ne fai-
sant qu'un même corps , sans: articula-
tion. La troisième partie , encore plus
longue , est paiement applatie dans sa
plus grande étendue , mais grosse et an-
gulaire au bout, ayant ordinairement,
le long du bord antérieur , deux rangs
M;
• imiiiwiiiuiniii
■iJM««
•mm
40 HISTOIRE NATURELLE
de pointes en épines. La quatrième
partie est courte , grosse et angulaire ,
munie de plusieurs pointes de longueurs
inégales; Cjnfin la cinquième partie est
la pince. Toutes ces parties sont jointes
ensemble par de fortes membranes mus-
culci:«es, qui l^ur donnent le mouve-
ment nécessaire , et chaque partie se
meut cpmm.Q!Sur un pivqt ou une char-
nière , mais chacune dans une direction
différente., lep unes ayant un mouve-
ment horizoï^tal , et les autres un mou-
vement vertical ou oblique au plan de
position ;. c'est pour cela qqe toute la
patte peut se plier en denx, de manière
que le second ou le ti:0is.ième article
se trpiuve alors dans une position
prèsqye; pai'ftièlle à la serre, et elle a,
besoin de pouvoir se plier ; ainsi quand
l'écre visse tçut rapprocher ses deux
pinces l'une de l'autre. JLes .membranes
par lesquelles le quatrième articleestuni
au troisième et à la pince, sont très-am-
^-l'Tfc—
DES ÉCREVISSES. 41
pies, parce que, dans ces deux endroits ,
la patte doit pouvoir ^se plier le plus.
' La serre ou la pince est une grande
pièce ovale , plus large que grosse , con-
vexe en dessus et en dessous, et ordi-
nairement couverte de petits tuber-
cules , et de petites pointes dures qui
la rendent comme chagrinée, sur-tout
le long du bord iiitérieur. En devant ,
elle est garnie de deux liges coniques,
mais un peu applaties, qu'on a nommées
des doigts, et qui sont également rabo-
teuses. Ces doigts se terminent en un
petit crochet courbé, et très -pointu ;
l'extérieur est immobile , et ne fait
qu'un même corps avec la grosse
pince 5 mais l'intérieur est mobile , et
articulé à la même pince par une mem-
brane musculeuse, au mojen de la-
quelle il se meut comme sur une char-
nière. Le dedans de cette pince est
rempli d'une masse de chair ^qui a au
milieu un cartilage plat. C'est avec
Grustao^«. II. $
> I
(M
il
^"" mtimm^miimmmmmi^m'
4a HISTOIRE NATURELLE
les pinces que Técrevisse prend sa
proie, la serrant avec beaucoup de
force 5 elles lui servent encore de dé-
fenses, car lorsqu'elle est irritée, et
qu'on lui présente le doigt, elle s'en
saisit , et fait d'autant plus de mal , que
tous les moyens qu'on emploie pour
s'en débarrasser ne servent qu'à la
déterminer à augmenter d'action; il
faut, dans ce cas , on casser la pat-
te , ou mettre l'animal dans la po-
sition de croire qu'il n'a plus rien à
craindre. ; .- îjj
Les huit autres pattes sont longues
et effilées, divisées chacune en six
articles un peu applatis , en y compre-
nant celui par lequel la patte est immé-
diatement insérée au corps , et ces ar-
ticles sont unis ensemble par des memr
branes qui leur donnent le mouve-
ment de la même manière que dans les
grandes serres. Les premières et les
secondes, de ces huit pattes , sont termiT
DES ÉCREVISSES. 40
nées par une petite pince , formée de
deux doigts assez semblables à ceux
des grosses pinces antérieures , avec
ce^te différence que c'est leur doigt ex-
térieur qui est mobile , et non Tinté-
rieur; ces doigts, dont l'animal se sert
aussi pour pincer , sont ordinairement
garnis de petites touffes de poils , en
forme de pinceaux, placés dans de petits
trous ; quand il marche , il avance or-
dinairement les deux pattes de la se-
conde paire au-dessous des deux pre-
mières , ou de celles à grosses pinces.
Enfin , les deux dernières paires de
pattes sont terminées uniquement par
un ongle très - pointu et mobile , en
forme de griffe d'oiseau.
Les pattes des écrevisses , de l'un
et l'autre sexe ont encore une parti-
cularité des plus remarquables , c'est
d'être le siège des parties de la généra-
tion.
On peut d'abord distinguer le sexe
des écrevisses en les regardant en des-
i •.:J
••"mummim
l
mm
) i
44 HISTOIUE NATURELLE
«ous. On remarque que la queue de la
femelle est ordinairement plus large au
milieu qijp vers les deux extrémités ;
«es bords décrivent une ligne cour])e ,
au lieu que celle du mâle est presque
par-tout de longueur égale et à bords
tout droits. Outre que le mâle est or-
dinairement plus grand , il a le plus
souvent, aussi, les deux pattes antérieu-
res à grosses serres, plus grandes que
celles de la femelle. Le dessous de la
queue a déjà présenté , comme on l'a
vu , des particularités propres à faire
distinguer le sexe de l'écrevisse.
A la base du premier article des
pattes postérieures du mâle , ou de l'ar-
ticle qui est attaché au corps , on voit
une cavité arrondie , remplie d'une
jnasse charnue ou membraneuse , en
forme de mamelon , qui est percée
d'une ouverture ; c'est celle, ou mieux ,
car il y en a une de chaque côté , ce
sont celles par lesquelles l'écrevisse
mâle jette sa semence. On a vu dans
DES ÉCASVISSES. 45
les généralités de la classe , que Potins
et Roesel avoient observé que les deux
vaisseaux spermatiques aboutissent à
ces ouvertures. L'écrevisse femelle
présente , au même article des deux
pattes de la troisième paire, tout près
du corps , une grande ouverture ovale,
boucbée en partie par des chairs , vi qui
est faite pour donner passage aux œufs.
Les deux ovaires , placés dans le corps ,
ont leur issue à ces ouvertures. Entre
les pattes de la troisième et qua-
trième paire, on voit, sur le dessous du
corps , une plaque écailleuse , élevée,
formée comme par deux pièces trian-
gulaires , mises bout par bout. Dans la
femelle , cette plaque se trouve cou-
verte , au temps de la ponte , d'une
matière calcaire jaunâtre , qui y tient
fortement , et que Roesel soupçonne
être la semence que le mâle y a versée,
*Tïais sans en donner des preuves déci-
sives. Ainsi, dans ces animaux, les
Jîarties de la génération de l'un et l'autre
> i
w
r-
46 HISTOIRE NATURELIB
sexe sont doubles , et comme elles se
trouvent en dessous du corps , il faut
nécessairement que leur accouplement
se fasse ventre contre ventre ; mais l'oc-
casion de voir cet accouplement singu-
lier est aussi difficile à rencontrer qu'à
saisir. Voici ce que Baster en rapporte
sur la foi d'autrui : lorsque le mâle at-
taque sa femelle , elle se renverse sur
le dos , et alors ils s'embrassent l'un et
et l'autre très-étroitement par les pattes
et la queue 5 après quoi , au bout d'en-
viron deux mois, la femelle se trouve
chargée d'œufs.
. Les écrevisses sont toutes ovipares.
Après avoir eu la compagnie du mâle ,
elles pondent un très - grand nombre
d'ceufs qu'elles ont l'art d'attacher aux
filets mobiles qui se trouvent au-des-
sous de leur queue , et qu'elles y por*
lent constamment jusqu'à ce que les
petits éclosent. Il y a même apparence
que les œufs croissent et augmentent
en volume, tandis qu'ils sont ainsi at-
DES ÉCREVISSE8. 47 -
tachés à ces filets. Chaque filet est
chargé, dans toute son étendue, tant sur
sa tige que sur ses branches, de plus ou
moins d'œufs , selon le plus ou moins
de fécondité de l'écrevisse. On y en
voit vingt , trente et même davantage,
de sorte que chaque écre visse peut être
chargée de plus de deux cents œufs.
Ces œufs , d'un brun rougeâtre très-
obscur , environ de la grosseur d'une
graine de pavot blanc , dans l'espèce
commune, beaucoup plus considérable
dans les espèces marines , représen-
tent par leur ensemble une petite
grappe de raisin, parce qu'ils sont
attachés aux filets par des pédicules
plus ou moins longs , espèces de
tuyaux qui s'élargissent à la base où
ils tiennent au filet. L'œuf même
se trouve renfermé dans une espèce
de sac , qui est une continuation de
pédicule membraneux , et qui l'en-
toure entièrement. Le dedans de l'œuf
est rempli d'une matière en forme
4
48 HISTOIRE NATURKLtï
de bouillie roiigeâtre , et sa coque
extérieure est membraneuse et fle-
xible.
Lorsque les petites écrevisses sont
écloses , elles sont transparentes , ex-
trêmement molles , mais en tout sem-
blables aux grosses. Comme leur déli-
catesse les exposeroit , les premiers
jours de leur naissance, à des dangers
sans nombre quelles ont bien.de la
peine à éviter plus tard , la sage nature
leur a donné , pour encore quelque
temps , une retraite sous la queue de
leur mère. Il n'est personne qui n'ait
été quelquefois dans le c^s de manger
des écrevisses ainsi garnies de petits y>
quoique la pèche soit proscrite à l'é-
poque où elles éclosent. Lorsque la
mère est tranquille dans l'eau, on voit
sortir ces petites écrevisses d'entre se*
jambes , et se hasarder à ramper autour
d'elle ; mais , au moindre danger , elles
se retirent toutes ensemble dans leur
asile. Il semble que la mère le» aver--
-■■■aif ■'.>«
j»m*.
SBS ÉCREVISSES. 49
tisse de ce qu'elles doivent craindre ,
car ce n'est jamais sans motifs fondés
qu'elles fuient ainsi. Les petites ëcre-
visses abandonnent cependant leur mère
peu-à-peu , à mesure qu'elles grandis-
sent , et on n'en voit plus guère avec
elle, à la fin de la première quinzaine
de leur naissance.
La couleur des écre visses est d'un
brun verdâtre , dans celles de rivière ;
d'un brun rougeâtre , taché de bleu , de
rouge, et d'autres nuances, dans celles
de mer; mais, quelle que soit la couleur
pendant la vie , le fond devient tou-
jours d'un rouge foncé par la cuisson ,
ou l'action des acides.
Les écrevisses , comme tous les au-
tres crustacés , changent de peau toug
les ans , au commencement de l'été.
On a vu , dans les généralités de la
classe , le détail des observations faites
par Réaumur sur cette importante opé-
ration : en conséquence on n'en parlera
pas ici. On ne parlera pas non plus ,
V
'!
I
f
* *
5o HISTOIRE NATURELLE
par la même raison , des deux demi-
globes que l'on trouve dans l'estomac
des écrevisses , avant leur mue, et qu'on
a appelés pierre d'ëcrevisse, ni de la
reproduction des membres de œs ani-
maux.
Les écrevisses de mer et de rivière
croissent avec beaucoup de lenteur , et
par conséquent peuvent vivre un grand
nombre d'années. Des écrevisses de
rivière de huit à dix ans sont encore
de médiocres écrevisses. On en cite
qu'on suppose de l'âge de cinquante
ans. Quelques-unes, des premières,
arrivent à une grosseur démesurée ,
près d'un mètre de long , sur un
à deux décimètres de diamètre. Les
secondes acquièrent souvent près de
deux décimètres , sur cinq à six cen-
timètres. Elles se plaisent principale-
ment dans les eaux courantes et pier-
reuses des montagnes. On les trouve
aussi dans les lacs et les étangs ; mais
leur chair , à moins que ces amas
i:^.
'?*-»;
DES iCRETISSES. 5l
d'eau ne soient alimentés par des
sources voisines , n'est pas aussi bonne
Elles se cachent , pendant le jour ,
dans des trous qu'elles se creusent ,
sous les pierres, sous les racines d'ar-
bres , etc.
-lîll est extrêmement difficile àa peu-
pler d'écrevisses un ruisseau , et encore
plus un réservoir où il n'y en avoit
point. Peu d'animaux aquatiques sont
plus délicats sur ia nature de l'eau où
elles doivent vivre. On les a vues, à la
suite de ces transplantations , sortir de
l'eau , ( chose qu*elles ne font jamais ,
quoiqu'on l'ait dit , dans leur ruisseau
natal ) et venir mourrir sur la terre^
C'est sur-tout lorsqu'on les prend dans
une eau vive , pour les mettre dans
une eau stagnante , qu'on remarque cet
effet , quoique cette eau ne leur soit pas
mortelle , puisque souvent il y en a
déjà. Ce n'est jamais qu'à force de sa-
crifier (tes individus , qu'on parvient
à en accoutumer quelques-uns à leur
?
i
i'i
"îfsoas
5a HISTOIRE NATURELLE.
nouvelle habitation. Les seules eaux
qui soient réellement morielles aux
écrevisses , sont celles qui sont en ëtat
réel de putréfaction. Elles s'accoutu-
ment , avec le temps , aux fonds les
plus vaseux.
Les écrevisses , comme tous les au-
tres crustacés , ne vivent que de subs-»
tances animales. Il est très- probable
que c'est par inexactitude d'observation
qu'on a dit les avoir vues manger des
végétaux. Tout ce qu'elles peuvent sai-
sir leur est bon, soit qu'il soit en yie>
soit qu'il soit corrompu. £n cas de di«
sette , sur-tout lorsqu'elles changent de
peau, elles se mangent entre elles. Les
petits poissons , les petits coquillages,
les larves d'insectes , tout ce qui se noie
dans les eaux forme la base de Içur
subsistance pendant l'été. Elles restent
l'hiver entier sans manger, ou sans pres-
que rien manger . El les ont pour ennemis,
lorsqu'elles sont jeunes , presque tous
les animaux qui fréquentent les eaux ,
I
'4
DES ÉCREVISSES. 53
OU qui y habitent constamment , tels que
les loutres, les rats d'eau , les oiseaux
aquatiques , les poissons voraces , les
larves d'insectes, etc.; mais à mesure
quelles acquièrent de la force, elles
en voient diminuer le nombre. Les
quadrupèdes amphibies , les grands oi-
seaux , tels que ceux du genre héron ,
et sur-tout l'homme , sont presque les
seuls qu'elles aient à redouter lorsqu'el-
les ont acquis huit à dix ans d'âge. Com-
me elles multiplient beaucoup, il suffit
de ne pas pêcher pendant quelques an-
nées dans un ruisseau épuisé , pour
qu'il y en ait autant qu'auparavant.
Leur nombre se borne cependant d'a-
près la masse de subsistance qu'elles
peuvent consommer ; quand ces subsis-
tanches sont rares , elles se mangent en-
tre elles* '
Les écrevisses de mer aiment les
côtes pierreuses , où il y a des rochers ,
dans les fissures desquels elles puis-
sent se cacher. Elles se trouvent dan>
Crustacés. II. 6
W-^
i/
1 !
> i
t
T'A.
54 HISTOIRB NATURELLE
toutes les mers; et, malgré la pêche
continuelle qu'on en fait , elles ne
sont point rare» sur les côtes d'Eu-
rope.
Les écrevisses de mer se prennent
par hasard dans les filets , ou dans les
parcs que l'on fait sur les bords de
la mer , pour les arrêter à la marée
descendante ; on les prend aussi aux
basses marées , dans des trous où
il reste de l'eau , dans les fentes de
rochers, etc. Il est rare qu'on puisse
employer, avec succès, à leur égard,
les engins qui servent à prendre lès
crabes , et autres crustacés esculens.
Quant aux écrevisses de rivière , ces
moyens sont extrêmement avantageux,
et fort amusans à employer. Leur pêche
se fait principalement le soir , parce que
ces animaux ne sortent de leur trou,
et ne se mettent en mouvement, pour
aller chercher leur nourriture, qu'au
moment du coucher du soleil. A cette
époque donc , on place , dans les lieux
DES ÉCKEYISSES. 5^
OÙ l'on soupçonne qu'il y en a le plus ,
plusieurs cercles de fer ou de bois ,
garnis d'un filet , et attachés par trois
cordes à un bâton , plus ou moins long ,
après avoir eu soin de fixer solidement^
au milieu de la partie supérieure du
filet, un morceau de viande quelconque;
]a plus infecte est la meilleure , mais or^
dinairement on préfère des tripailles de
poulet, des grenouilles écorchées, etc.
Quelques instans après que cet engin
est au fond de l'eau , on apperçoit , si
l'eau est pure, les écrevisses accourir
de toutes parts , et se mettre à man-
ger avec avidité. Lorsqu'on les voit,
ou les soupçonne occupées de cette
opération, on lève doucement l'engin ,
et quand il est arrivé à la surface de
l'eau, on le tire brusquement à terre ,
et on ramasse sa proie , qui ne cher-
che à se sauver que lorsqu'il n'est
plus temps. Cette pèche produit sou-
vent d'abondans résultats. Par elle on
a le choix des plus belles écrevisses ^t
f/
L'*.
56 HISTOIRE NATURELLE
on peut rejeter le fretin , ce qui con-
serve la population. C'est principa-
lement en été que cette manière de
pêcher est facile; au printemps et en
automne les écrevisses ne sortent guère
de leur trou , et en hiver eiles n'en
sortent pas du tout. Alors, il n'y a
d'autre moyen, pour les avoir, que de
ies chercher avec la main dans leurs
retraites, moyen beaucoup plus fati-
gant et plus incertain que la pêche
au filet. C'est ce moyen qu'on em-
ploie au printemps , lorsque les écre-
visses femelles sont garnies de leurs
œufs , et qu'elles sont en conséquence
plus recherchées des gourmets ; mais
on détruit alors , en une seule pêche ,
l'espoir de plusieurs générations.
Les autres manières de pêcher les
écrevisses , telles que les baguettes gar-
nies d'un morceau de viande , les fagots
d'épines , au centre desquels on en atta-
che également , le dessèchement des
ruisseaux , fusage des flambeaux pen-
WS/^h^'»
f
DES ÉCREVISSIÎS. 67
dant la nuit, etc. , rentrent plus ou
moins dans celles qui viennent d'être
mentionnées.
Les écrevisses , prises , peuvent être
conservées plusieurs jours, lorsqu'il ne
fait pas trop chaud , dans des paniers
où on aura mis des herbes fraîches ,
on recommande sur-tout l'ortie , ou
dans un baquet où il n'y àuroit que
quelques millimètres d'eau de hauteur.
La grande consommation d'air que font
ces animaux ne leur permet pas de vivre
long-temps dans une eau qui n'est pas
renouvelée.
Les écrevisses de mer ne se mangent
guère que bouillie dans l'eau de mer ,
et ensuite assaisonnées avec de l'huile,
du vinaigre, du poivre , etc. ; mais celles
d'eau douce se transforment , sur la ta^
ble des riches , en un grand nombre de
mets. La plus simple manière de les
apprêter est , comme cela arrive tou-
jours , la plus avantageuse sous tous les
rapports , et celle que l'on emploie le
T=
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r-»»-'..-*'»-',**-^'
i 4
11' H
|.
58 HISTOIRE NATURELLE
plus généralement ; elle consiste à lé»
jnettie, en vie, dans un chaudron , avec
de l'eau fortement assaisonnée de poi-
vre , de sel , de laurier , de thym , de
rauscade , et de beaucoup de vinaigre.
Quelques personnes les font cuire dans
le vin blanc. On en fait aussi des coulis ,
c'est-à-dire qu'on les pile avec leurs
écailles, et qu'on emploie comme as-
i>aisonnement le résultat de cette opé-
ration. La saveur des écrevisses pilées
est extrêmement agréable , et se com-
munique, ou se marie volontiers aux
autres mets. Aussi cette manière d'em-
ployer les écrevisses est elle très-vantée
par les gourmets.
On n'a pas de bonnes observations
sur l'usage diététique des écrevisses ,
mais on dit que leur chair nourrit beau-
coup , et forme un aliment assez solide ,
mais qui se digère difficilement. On les
regarde en médecine, comme prupre
à purifier le sang , à disposer les hu-
meurs aux excrétions , à ranimer les
•; «,^(«»ï*ir.» •;
DES ÉCREVISSE9. ^g
oscillations des vaisseaux , et le ton des
solides , en un mot comme un remède
incisif et tonique. On les donne à ce
titre dans les maladies de la peau , dont
le caractère n'est pas inflammatoire. On
les emploient encore dans les obstruc-
tions , les cachexies , la leucophlegma^-
tie , la bouffisure, etc. Mais leur utilité
médicinale est réduite à une bien pe-
tite importance par la nouvelle doc-
trine , et les jeunes médecins ne les
ordonnent guère que pour amuser les
malades imaginaires.
Dans les grands fleuves de la Russie
asiatique, tels que le Don , le Volga, etc.
il y a des écrevisses d'une prodigieuse
grandeur , qu'on ne pêche que pour
avoir leurs pierres. Lorsqu'on en a une
certaine quantité on les laisse pourrir ,
ou on les écrase , et , au moyen de l'eau,
on débarrasse les pierres de toutes les
parties plus légères qu'elles. Ces pierres
se vendent et s'exportent hors du pays.
Ces prétendus yeux d'écrevisses, cjui
'ri' m
• ./'■si
iV
I
ï i
60 HISTOIRE NATURELLE .
ont joui pendant plusieurs siècles d'une
si grande réputation , qui , encore ce
moment , sont si fort recherchés dans
le nord de l'Asie, soit comme remède,
soit comme amulette , ne sont plus
estimés que cqmme le plus petit mor-
ceau de craie 5 et, si on en trouve encore
^ans les boutiques d'apothicaire , c'est
par un reste de l'ancien usage.
Ijes diverses espèces d'écrevisses de
mer portent des noms vulgaires difFé-
rens souvent des noms scientifiques. Le
homar , par exemple , n'est pas le can-
cer homarus de Linneeus , mais son
cancer marinus. Le cancer homarus est
le crustacé quon appelle en français
langouste , et il sera décrit sous le nom
de palinure. Les écrevisses dont il est
question dans les voyageurs français
et étrangers , peuvent appartenir aux
genres voisins comme à celui-ci, car
ils n'en ont pas donné de descriptions
assez exactes pour qu'on puisse se for-
mer une idée ^des caractères des objets
k
DBS ÉCREVISSIS.
Cn
dont ils ont parlé. On est donc forcé de
passer sous silence les faits qu'ils rap-
portent.
Le genre écrevisse des premières
éditions de l'Entomologie de Fabricius
a été considérablement circonscrit dans
son dernier supplément , ^attendu qu'il a
fait quatre nouveaux genres à ses dé-
pens. Ces genres sont palinure , palœ-
mon , alphée etcrangon. Ces genres , à
un seul près , ont été adoptés par La-
marck , et on les emploiera ici à son
imitation. Il ne faut donc pas s'attendre
à trouver les espèces d'écrevisses pro-
prement dites , aussi nombreuses qu'on
auroit lieu de le croire , lorsqu'on se
rappelle la grande quantité de crustacés
qu'on appelle de ce nom.
Ecreçisses à six pinces,
Ecr'." isse homar , ^stacus marinus.
Le corcelet uni ; le rostre denté latéralement j la basa
Btipérieure avec une double dent.
Baster. Sub. a. tab. i. P«fn/ia7i<. Brit. Zool. 4.
tab. 10. fig. 21.
Se trouve dans \n msrs d'Europe,
62
HISTOIRE NATURELLE
<î-
, )
Eerevissede» rivières, ^stacusfluviatiiis.
Le corcelet uni; le rostre deniè lutéralemeot ; la
base aTec une seule dent de chaque côté.
Degeer. Ins. y.tab. 20. fig. i. Roes. Ins; 3. tab. £4,
55. Suiz. Ins. tab. i3. fi^. i5i. Pennant. Zool.
Bnt. tab. i5. fîg. 27. nerbst. Cane. tab. 23. fig 9.
^qy<rx pHl. II. fig. 2, où une femelle est repré-
sentée en dessous, au tiers de sa grandeur natureUe.
Se trouve dans les rivières en Europe et en Asie.
Ecrevisse de Barton , Astacus Bartonii,
Le corcelet nni , le rostre court , aign ; le poi-
gnet denté.
Voyez pi. 1 1. fig. I , où elle est représentée réduite.
Se trouve dUns les rivières d'Amérique septen-
trionale, d'où eUe a été rapportée par Bosc.
Ecrepisses à quatre pinces,
Ecrevisse Norwégienne , Ast. Nonvegicus,
Le corcelet épineux en devant ; les pinces prisma-
tiques, leurs angles épineux.
I>t<gerr Ins. 7. tab. 24.I fig. i. Séba , Mus. 3.
tab. 21. «g. 3. Pennant. Brit Zool. 4. tab. 12 fig. 24.
ilerhst. Cane. tab. 2.6. fig. 3.
Se trouve dans les mers d-i Nord.
Ecrevisse hérissée , Astacus scaher.
Le corcelet antérieurement hérissé ; le rostre
court, en alène; les pinces antérieurement oblongues
et velues.
Se ti • !3ve dans la mer des Indes.
Ecrevisse fauve , Astacus fui pus.
Le corcelet uni; le rostre court, denté des deux
**r.
II
II.
r«fï€W»Pm.
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'-■m a'.
ro/ 71. /"a^ . fia .
/Y . ji
\ . Lïicrevisse de Rarton .
a . li Ecr evias e c ommune .
3. Le Pag^ure strie.
j I
I i
; 6
\
DES ÉCRSVISSKS.
63
oâtés; 1m pincet conipnnié«ij dentolèM dei deoc
cùtét. ^
S» trouve dans l'Océan.
Ecreviise bleue , u4stacus cœruUscens.
L« corcelet uni; ]« rostra épaù , eo aléiin, W-,
denté ; le corps bleu.
Se troave dânj la haate mer. ' '
Ecrevisse phosphorescente , Ast,fuîgens,
Le rostre très-court, en alêne, saoi épines; !•
corps blanc , presque transparent. , ,
Se trouve dans \ii% mers d'Amérique.
PAGURE , P-rfOTHi/j , Fa3r/aW.
Quatre antennes inégales ; les intérieures
courtes , bifides au sommet ; les exté-
rieures longues et sétacées. Corps oblong ;.
queue molle ou non testacée , ayant def.
crochets à spn extrémité. Dix pattes; ks
deux antérieures munies de pinces.
La nature a refusé aux crustacés de-
ce genre les moyens de sécurité qu'elle
a prodigués; à la plupart des autres ;
mais elle lés a pourvus ^ d'une in-
dustrie qui \^ en dédommage. En
r^ffet , si les pagures ont la partie.
4,
'(:!
it
Â
64^ HISTOIRE NATURELLE
postérieure du corcelet , et toute la
queue , à sou extrémité près , dépour-
vues de test , et par couséquent expo-
sées à tout l'effet des armes de leurs en-
nemis 5 ils savent garantir ces parties en
les enfermant dans une coquille uni-
valve.
Ce fait a été connu des artciens , et
l'est encore de tous les habitans du
bord de ia mer. Il a toujours excité la
surprise de ceux qui l'ont remarqué :
aussi le pagure, quoique trop petit
pour servir à la nourriture de l'homme ,
a-t-il eu des noms chez les Grecs et
chez les Romains, et en a-t-il encore ,
sur nos côtes , où on rappelle le ber-
nard-l'hermite , ou le soldat , parce
qu'il a été comparé, lorsqu'il est dans
sa coquille , à un hermite dans sa cel-
lule, ou à un soldat dans sa guérite.
Gn a beaucoup écrit, depuis Ron-
delet, sur les pagures 5 mais cependant
ou est fort peu instruit de qui les re-
garde. Les auteurs se sont copiés, et
II-
■s
DES PAGirHES. 65
depuis que l'on est dans la route de la
vraie manière d'étudier l'Histoire Na-
turelle , aucun observateur ne les a
étudiés.
Ce sont toujours des coquilles uni-
valves , dont les pagures s'eïiiparent
pour se loger ; mais toutes ne leur sont
pas également propres. Il faut que sa
grosseur soit proportionnée à la leur ,
c'est-à-dire , que l'ouverture soit assez
évasée pour qu'ils puissent j introduire .
leur corps sans gêne , mais pas assez
pour qu'ils ne puissent pas le fixer. Du
reste, il ne paroît pas qu'ils préfèrent
une espèce plutôt qu'une autre , et
si , sur une côte on les voit presque
tous logés dans la même , c'est que
cette espèce est la plus commune , et
remplit le mieux les données conve-
nables. Comme les pagiu:es portent ,
ou mieux traînent leur coquille avec
eux, il faut encore que son poids soit
proportionné à leur force, et ils doi-
vent en conséquence rejeter celles qui
Crustacés. IJ. 7
I
t
. f.
66 HISTOIRE UATURELLE
sont d'une contexlure trop pesante , ou
trop couvertes d'aspérités susceptibles
de les arrêter.
Il n'est point vrai , comme l'ont cru
les anciens , que les pagures tuent leà
animaux des coquilles qu'ils veulent
habiter. Ils changent toutes les années
de coquilles , mais ce n'est jamais
que des coquilles vides dont ils s'em-
parent. Voici ce que l'observation a
appris à cet égard.
Lorsqu'au conamencement de l'été ,
après la ponte et la naissance des petits,
les pagures sentent arriver le moment
où ils vont changer de peau , car ils
en changent comme tous les autres
crustacés , ils s'occupent de chercher
une coquille propre à les recevoir pour
subir cette opération , et les contenir
ensuite , c'est-à-dire, une plus grande
que celle où ils se trouvent. A cette
époque , on les voit aller vers toutes
les coquilles vides qu'ils apperçoivent ,
en mesurer la capacité , et lorsqu'ils
DES PÀGUHES. ' ' 67
ont trouvé ce qui leur convient , sortir
de leur coquille, entrer dans la nou-
velle avec grande précipitation , et
l'essayer.
Il n est pas essentiellement de la
nature des pagures de vivre dans des
coquilles , on en connoît plusieurs qui
habitent les trous des rochers, d'autres
qui s'en font dans le sable. Il en est un
qui se loge dans le tnbe d'une serpule.
Mais il faut venir à la description de
l'animal.
La tête des pagures est séparée du
corcelet par un sillon transverse , et
est couverte d'une plaque écailleuse ,
à -peu -près circulaire, et légèrement
convexe. Au-devant , on voit les
yeux , sphériques, portés sur de long»
pédicules cylindriques et mobiles , à
la base desquels est une petite écaille
élevée. Les antennes extérieures sont
fiétacées, plus longues que le corps, avec
une épine à leur base. Leurs trois pre-
miers articles sont cylindriques , plua
■■'i s
i -=■
..■...^f*»-
i.t,»^(*, -■ «a- » i\ . ,
i
68 HISTOIRE NATURELLE
gros que les autres. Les antennes inté-
jieures sont filiformes, courtes, com-
posées de trois articles , qui font des
angles ]?s uns avec les autres , et dont
le dernier est terminé par deux parties
coniques , composées d'un grand nom-
bre d'articles très-courts ; l'une de ces
parties , plus élevée , et beaucoup plus
grosse que l'autre ^ est toujours garnie
de poils du côté intérieur.
Le corcelet est couvert d'un test peu
épais sur sa partie supérieure , et d'une
simple membrane sur les côtés.
La queue est à-peu-près aussi longue
que la tête et le corcelet pris ensemble ;
elle est presque cylindrique, courbée en
dessous , et contournée selon la coquille
où elle est placée habituellement , cou-
verte seulement d'une peau membra-
neuse. Vers les côtés elle est garnie de
trois paires de filets ou lames applaties,
alongées , couvertes de longs poils mo-
biles , articulées à leur base , et flottant
librement dans l'eau comme de petites
%.-
DES PAGITRES. Gq
nageoires. Le bout de cette queue est
terminé par une partie écailleuse ,
composée de plusieurs pièces en forme
de lames applaties , mais de figure diffé-
rente , et dont les cinq postérieures ,
placées en quinconce , sont garnies de
poils, et courbées en dessous , dans leur
position naturelle , pour couvrir l'ou-
verture de l'anus. La lame du milieu
de cette partie est garnie, de chaque
côté , d'une pièce alongée, irrégulière,
et écailleuse , divisée en deux articula-
tions mobiles , et qui a en dessous uii
petit appendice, également écailleux;
mais ce qui est bien remarquable , c'est
que la pièce écailleuse d'un des côtés
est beaucoup plus grande et plus lon-
gue que celle de l'autre côté. C'est tou-
jours celle opposée à la plus grande
pince , qui est la plus grande. Ces piè-
ces servent à l'animal pour se fixer au
fond de sa coquille , à laquelle il adhère
si fort , tant par elles , que par la
courbure de sa queue , qu'on ne peut
f
^1
. 31
4
yO HISTOIRE NATURELLÏ
q'iie difficilement l'en arracher sans bri-
ser le corps.
La femelle porte , en dessous de fo-
rigiïse de la queue , tout près du cor-
celet , un très - grand nombre d'œufs ,
très -petits, ronds et rougeâtres, ras-
semblés en grande masse , et attachés
à des filets à -peu -près semblables à
ceux qui se voient sous la queue de»
écrevisses de rivière.
Les pagures ont dix pattes , comme
presque tous les autres crustacés. Les
pinces , plus courtes , mais beaucoup
plus grosses que les quatre suivantes ,
sont divisées en cinq parties articulées,
dont les deux premières sont courtes et
cylindriques , les deux suivantes gros-
ses , triangulaires , et tuberculeuses ;
et la dernière , qui est la main , plus
ou moins ovale , ou alongée , suivant
les espèces , et en général toujours
tuberculeuse ou épineuse.
Les mains sont souvent inégales ;
il y a même quelquefois une très-
DES PAftURES. 71
grande disproportion entre elles ; cette
disproportion est occasionnée par la
gêne que présente la coquille. Ce n'est
pas toujours la même pince qui est la
plus grosse. La gauche comme la
droite , peuvent prendre de l'exten-
sion, selon la direction des tours de
!a spire , mais comme les coquilles
dextres sont plus communes que les
gauches, on trouve plus fréquemment
de grosses pinces droites que de gauches.
Les deux paires de pattes suivantes
sont un peu applaties , plus longues que
les pinces, et divisées en six articles ,
dont celui de l'extrémité est long , co-
nique , un peu courbé en arc, et terminé
par un ongle dur , en forme de corcelet.
Tous ces articles sont ordinairement
velus, et quelquefois épineux.
Mais les pattes de la quatrième et
cinquième paire sont d'une figure toute
particulière, et très-différente de celle
des autres. Elles sont courtes et appla-
ties, divisées en cinq articles , à-peu-
M''?
14 •'
72 HISTOIRE NATUKEL'LE
près de grosseur ou de largeur ëgale
et très-velues. Elles sont terminées par
luie espèce d'ongle en crochet coni-
que, au-dessous duquel on voit une
pièce relevée, composée de petits grains
velus. Il y a apparence que ces quatre
pattes concourent, encore avec la queue,
à fixer l'animal dans sa coquille.
Les pagures marchent et traînent
leurs coquilles par le moyen de leurs
deux premières paires de pattes qui
se cramponnent dans le sable , et tirent
après elles l'animal. Bosc les a vus
faire souvent cette manœuvre. Dès
qu'on leur fait craindre quelque dan-
ger , ils se retirent autant que possible
au fond de leur coquille , et ne laissent
plus voir que l'extrémité de leurs pat-
tes antérieures. Tous les mojens qu'on
emploie pour les obliger à sortir ,
excepté la chaleur du feu , sont inutiles.
La rupture d'une partie de la coquille
ne les force pas même.
C'est du foad de cette coquille ; où
DES PAGURES. ^h
ils sont comme en embuscade , que
les pagures saississent, avec leur grosse
pince , la proie qui passe à leur portée.
Ils ne vivent que de chair comme les
autres crustacés. Pendant l'été ils sont
fort communs sur les côtes , et sont sou-
vent portés sur la grève par le flot ,
mais ils savent fort bien retourner à la
mer. Pendant f hiver , ils s'enfoncent
dans les profondeurs de l'Océan , on
n'en voit plus, ou presque plus. Il eu
est de même sur les côtes de la Caro-
line, ainsi que Bosc s'en est assuré.
On mange les pagures en Europe ,
mais , comme ils sont petits , et qu'il est
difficile de les faire sortir de leur co-
quille , on ne les recherche que lors-
qu'on n'a rien de mieux.
Le nombre des espèces de ce genre
paroît considérable, cependant un très-
petit nombre , même européennes ,
sont connues des Naturalistes. Cela
vient de ce que , cachées dans leurs co-
quilles „ on les a toujours confondues
I
I
M
(
h
f^4 HISTOIRE NATURELLE
avec une des deux espèces d' écrites par
les anciens , c'est-à-dire celle à pince
droite et celle à pince gauche plus
grosse , et qu il est fort difficile de
les conserver. Bosc en a observé à
Dieppe , et sur les côtes d'Espagne ,
cinq à six espèces , qu'il croit nou-
velles, mais qui se sont détruites
dans sa collection, au point de ne pou-
voir plus être décrites. Il en a égale-
ment trouvé plusieurs inédites sur les
côtes d'Amérique, dont une sera men-
tionnée ci-après.
On rapporte qu'il y en a, dans les
îles d'Amérique, une très-grande espèce
qui vit habituellement sur terre , et
qui ne va à la mer que pour y dépo-
ser ses œufs , et ensuite chercher une
nouvelle coquille, avec laquelle elle
revient sur les montagnes et dans les
bois. Quand on la prend elle jette un
petit cri , et tâche de mordre la main.
Les habitans la mangent , et tirent de
«on corps , par sa décomposition au
h
* '■■••' ,1.
DES PAGURES. ^9
soleil , une huile jaunâtre , regardée
comme un remède souverain contre les
rhumatismes. On trouve, dans la co-
quille d'où l'on vient de tirer, par le
moyen du feu , un de ces pagures , une
cl nie-cuillerée d'eau claire , que l'on
regarde aussi comme un remède sou-
verain contre les pustules que fait
naître sur la peau le suc du raance-
nilier. Il est très -digne de remarque
que ce pagure conserve ou produise
cette eau , qui , sans doute , sert à
lubréfier sa queue , à lui donner la
souplesse nécessaire. De» observations
sur sa nature seroient sans doute ixilé-
ressantes.
Pagure miliaire , Pagurus mi li an us.
Brun ; les pinces égales , entièrement couvertes (i«
tubercules peu élevés , composés par de petits gvaiiu
rapprochés et moins colorés.
Il se trouve dans le buccin pomme , et est de la
grosseur du poing. Il paroit composé d'écaillés en re-
couvrement comme la galathée striée , et ses pattes sont
fortement velues.
Pagure cuirassier , Pagurus clibanarius,
Le corcelet rugueux; le9 pioses presque égales,
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TEST TARGET (MT-3)
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1.1
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jS HISTOIRE NATUREIII
hérissées d'i^pipes; les jambes avec des fAisoeanx do
po'da.
Herbst. Cnn. fab. 23. fig. î.
Se tropve daps I9 mer des Indes. .
Pagure mousque^, Pagurus ^clopeiarius» ,
Le corcelet uni j \e% pinces égales, granuleuses |
les cuisses de la seconde paire de pattes comprimées»
//er**/. Cane. tab.,a3. fig. 3.
On ignore sa patrie
Pagure tamoour, Pagurus tyrxipanistus.
Le corcelet uni, très-entier; les pieds striés; les
ongles marbrés. i <
Herbst. Cane. tab. a3. fig. 5.
On ignore sa patrie.
Pagure larron , Pagurus latro,
La sttturç du eorcelet à quatjre divisiqns ; la qneoe
simple, ventrue en dessous.
Rumph. Mus. tab. 4. fîg. n,i:Sëba^ Mus. 3.
tab. a, i.fig. 1,2. Herbst. Cane. tab. 24.
Se trouve dans les Indes orientales,, dans les fentes
des rochers. '
Pagure vieille , Pagurus antcu/a.
Le corcelet ovale, latéralement cilié ; les pattes
rugueuses et hérissées de poils.
Se trouve dans la mer du Sud.
Pagure bernard , Pagurus lernhardus.
Les pinces épineuses ; la droite plus grosse.
JDegeer. Ins. 7. tab. 23. fig. 5, 6. Fermant. Zool.
Brit. 4. tab. 17. fig. 38. Jonst. Exsang. tab. 7. fig. 6,
12. Swammerd. Bl. Nat. tab. 11. fig. 1,2. Baster.
Sub. I. tab. 10. fig. 3, 4. Herbst. Cane. tab. as.
fig. g. '
Se trouve dans les mers d'Europe.
SES PAGURES. rjfj
Pagure hongrois , Pagurus hungams,
Le« pinces hériatécs, noires A leur points; la
droite plus grande; le corps fascié de rouge.
Herbst. Cane. tab. 23. fig. 7,
Se trouve dans les Indes orientales.
Pagure Diogëne, Pagurus Diogene*,
Les pinces épineuses , pubescentes ; la gauche plus
grande.
Rùmph. Mus. tab. 5. fîg. K , 4. Catesby. Carol.
tab. 22. fig. 3. Kaemph. Jup. tab. i3. fig. 7. Herbat^
Cane. tab. 2^. fig. 5.
Se trouve dans les mers d'Asie ei d'Amérique.
Pagure strié , Pagurus strigosus.
Les pinces et les pattes striées transvf^rsalement ;
les stries irrégnliàres , garnies de poils courts et dentés ,
toujours dirigés en avant i la pince gauche plus grande ,
à doigts très-courts et obtusement dentés en dedans.
Vqyex pi. 11. fig. 3 , où il est représenté , dans sa
coquille , presque de grandeur naturelle.
Se trouve dans la Méditerranée.
Pagure soldat, Pagurus mi/es,
La pince gauche plus grande , épineuse ; les ongles
des pattes très-longs et dentés.
Uerèst. Cane. tab. 22, fig. 7.
Se trouve dans la mer des Indes.
Pagure geôlier ^ Pagurus custos.
La piuce gauche pins grande, unie; les ongles
des pattes très-longs et unis.
Se trouve dans la mer des Indes.
Pagure diaphane , Pagurus dîaphanus,
Applati; la pince gauche plus grande, unie; le
dos du poignet très-large.
Se trouve dans la mer des Indes. '
Crustacés. II. 8
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•3 ■ . fiE 1 -
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78 HISTOIRE NATtTIlELtTS
Pftguri) chaperon , Pagurus olypeatus.
Xm oorofllot uni , enH«r , eoropriiné \ U piooo gRtiohf
pliiM Kranda, et loi piedi pnnetuéx. ^'''
Het'Ajtt. Cnno. ttib. a3. liR. 2, A, B.
8« irouvtt dHiit k ra«r dits Indita.
Pagure Iiermite , Pagurus eremitus.
Loi pinv0ii hërisséea d'uspéritéi, prosque (égalai j lei
aix pnllt's onlérieures nrini^oa du piiicen.
8« tvouvo duiu 1h MédiUirantitt, d<iiu lui troui d«
rochers.
Pagure tubulaire ^ Pagurus tubularis»
l'rfljiqutt cylindrique , av«o dm points «infoiioéi sur
toutos sel parties.
8e trouve dans la Méditei'ranée » caché dana lei ler*
pulaîres.
Pag u re fl u t (eu r , Pagurus tihicen .
Le oorcelet uni, très-enliei'i la pince droite plus
grosse; tontes deux , ainsi que lea pattes, inarliréei' de
ruugu , avec Textréniitti blanche.
Het^tst. Cane. tab. a3. lig. 6, ^
On ignore sa patrie. '' ^ '
Pagure excavé , Pagurus excatfatuf,
La pince droite plus grosse, avec deux excava-
tions) le doigt mobile I et la pince gauche également
«xcavéc.
Herbst. Cane. tab. 23. tig. 8.
On ignore sa patrie.
Pagure vittë , Pagurus vittaius.
Les pinces presque égalei , hérissées de tubercules ;
les deux premières paires d« pattes, avec des ligauf
ioHgitudittales blaucJies.
^»
SBS PAGURES.
79
Voyn* |)1. la, fig. I , où il cit rcprëMnté nn u«u
réduit. ^
Coroelet «pplati, légèrement dentelé lar le derint ,
paritmié de quelques longi poili.
Queue aussi longue que le corps.
Pinces presque égales , variées de bran et de blanc,
parsemées de tubercules blancs et de poils gris } le*
doigts égaux , voûtés, sans dents extérieures ; l«
bord noir \ les quatre pattes anJérieures onguicu-
lées, veinés, brunes, «veo des lignes longltu4in«l«s
blanches.
Cette espèce a été trouvée trés-abondammen», par
Bosc , sur les cdtes de la Caroline. Elle se logo diuu
plusieurs espèces de buccins.
Pagure oooulë , Pagurus oooulatus,
tes pinces égales , hériséées d'épines ; les pédon-
cules des yeux aussi longs que la corcelet.
r.erbst. Cane. t«b. a3. flg. 4.
Se trouve dans rCcéan.
Pagure aile , Pagurus alatus.
Le.i pinces unies, à trois ailet; U droite plai
grande.
Se trouve dans la mer du Nord.
Pagure ophthalmique , Pag, ophthalmious.
Les pinces égales, hérissées ; les pattes avec des faii-
•caux de poils j les yeux en massne.
Se trouve dans la mer des Indes.
Pagure oraniforme , Pagurus aranîformis.
Les pinces hérissées de pointes; la queue calleuse
et onguiculée à sa pointe.
Se trouve dans les fcntei de rochers , dans la mer
du Nord.
•8
i^t^pf^i^^^^VlS'^JS^i- *
8o HISTOIRE HATURELLi
Pagurus m^angeur^ Pagurus arrosor.
Le corcelet npplati ; les pinces presque égiles ,
ornées, ainsi qne les pattes, de siUon» nomhreux.
Herbst. Cane. tab. 48. fig. z.
On ignore sa patrie.
M
GALATEÉE , Galjthea , F ah.
Quatre antenne» inégale» ; les deux inté-
rieures fort courte» > triarticulëes , à der-
nier article bifide ; ks extérieure» longues
et sétacées. Corps oblocg 5 queue grande ,
garnie d*écailles natatoires. Dix pattes y
les antérieure» terminée» en pinces.
Les gakthées forment un de ces
genres quon pourroit appelée artifi-
ciels, parce qu il semble ne reposer que
sur un seul caractère , mais quand on
l'étudié, quand on entre dans le dé-
tail de l'organisation des espèces qui
le composent, on est déterminé à re-
connoître qu'il est aussi naturel que
celui des pagures qui le précèdent , et
des palinures qui le suivent.
DES OALATRÉBS.
8i
Aussi les galathées font-elles partie
des genres que Fabricius avoit établis
aux dépens des cancer de Linnœus,
dans ses premiers travaux sur les crus-
tacés , et depuis Jors ont-elles été ad-
mises comme genres par tous les Na-
turalistes.
La description absolue de l'espèce
commune fera sentir en quoi ce genre
diffère de celui de Fécrevisse , qui ,
au premier coup - d'oeil semble avoir
beaucoup de rapports avec lui.
Le corcelet est ovale , très-peu con-'
vexe , terminé en devant par une sail-
L'e triangulaire et garni sur les côtés
d'épines coniques dirigées en devant.
Ce corcelet paroît formé d'un grand
nombre d'écaillés transversales en re-
couvrement les unes sur le» autres , dont
le bord est onde , velu , et plus coloré
que le reste , sur-tout à deux endroits.
Cette configuration , qui n'est qu'appa-
rente, se fait voir également sur la
queue , sur les pattes , elc* ; elle e*l
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82 HISTOIRE NATURErLB
très - remarquable , et distingue cette
espèce parmi la plupart des crustacés,
La partie antérieure du corcelet , où
la pointe, est accompagnée de trois
épines de chaque côté, et de quatre
transversales en dessus , qui forment
par le redressement de leur base un
petit canal dans celte partie. C'est sous
ces épines que sont placés les yeux ,
qui sont ronds , noirs , et placés sur
des pédicules peu saillans. Les deux
antennes extérieures sont placées sous
et derrière les yeux. Elles sont aussi
longues que le corps , et formées par
im très-grand nombre d'articles , dont
les trois premiers seuls sont remarqua-
bles par leur grosseur. Les deux an-
tennes intérieures sont placées entre
les yeux, presque à la pointe, com-
posées d'une grosse base mobile, armée
de trois longues épines dirigées en avant ,
et de trois articulations dont la prér-
mière fait un angle droit avec la base,
et la dernière est divisée en deux por-
SSS GALATHÉES.
83
lions coniques ; l'extérieure beaucoup
plus grosse, formée d'un grand nombre
de petits articles , est velue intérieure-
ment. Les instrumens de la mandu-
cation sont placés plus bas que les an-
tennes , et comme à l'ordinaire , com-
posés d'un grand nombre de pièces fort
singulières.
La queue est à-peu-près de la longueur
du corps , un peu moins large que le
corcelet, divisée en cinq anneaux, con-
vexes en dessus, concaves en dessous,
sillonnés comme le corcelet par des
stries enfoncées , garnies de poils très-
courts , et ornées de deux lignes longi-
tudinales obscures. L'extrémité est ter-
minée par cinq lames minces, écail-
leuses, très-plates , bordées d'une frange
de poils ; les deux pièces latérales sont
à-peu-près circulaires , mais celle du
milieu , plus grande que les autres est
échancrée. Leur surface est raboteuse ,
et paroît composée d'écaillés en recou-
vrement.
#^^ââ2
■.*< :.«*»•
84 HISTOIRE MATURELLH
Les pattes sont , comme à Tordi-
naire , au nombre de dix. Les deux
antérieures ou les pinces sont épaisses ,
aussi, et, dans une espèce, beaucoup
plus longues que le corps , garnies
d'épines et de poils. Elles sont divisées
en cinq parties , dont les deux pre-
mières sont presque cylindriques , an-
gulaires et plus garnies d'épines ; la
cinquième qui est la main, convexe
en dessous , applatie en dessus , et
garnie d'épines 5 les doigts presque
égaux , presque aussi grands que le
reste de la main , courbés à la pointe
et armés intérieurement de tubercules.
La surface de toutes ces parties, et sur-
tout distinctement celle des premières ,
est couverte d*éc;ailles arrondies , den-
telées , placées les unes sur les autres
en recouvrement, comme celles des
poissons , velues en leurs bords y et
dirigées vers la pointe.
Les trois paires de pattes, qui sui-
vent ^ sont beaucoup plus courtes que
<,^-
}^-w^.
<«!»—■»—■>■•!?»».
DIS GALATHÉIS. 83
les pinc€5S, applaties, épineuses, ve-
lues , et couvertes d'écaillés sembla-
bles à celles des pinces , mais la der-
nière est fort remarquable , et d'une
figure toute différente de celle des
précédentes. Elle est filiforme et
déliée , toute unie ou sans épine ,
divisée en cinq parties articulées et
inégales en longue:ir, dont la troi-
sième , qui est la plus longue , est un ,
peu courbée ; celle de l'extrémité est
courte et arrondie au bout , sans onglet ,
mais toute couverte de longs poils.
Ces pattes qui ne sont pas tout-à-fait
aussi longues que leurs voisines i sont ,
malgré leur peu de largeur , destinées
è aider la galathée dans ses mouvemens
natatoires.
On voit, par cette description, que
ks galath^ ont beaucoup de rapports
avec les écrevisses, mais on voit aussi
que leurtestaune organisation articulée
ou écailleuse particulière. Bosc, qui a eu
occasion de prendre plusieurs galathées
f|>t<»i<Mi»< m^
^^.^jMfepji.
,«
I \
B6 HISTOIRE NATURELLE
de difFérens âges, et qui a ëtudië leur
composition , pense avoir quelques mo-
tifs pour croire que leur accroissement
ne se fait pas comme celui des autres
crustacés, parle renouvellement com-
plet de leur enveloppe, mais par la
dislocation générale , à l'époque fixée
par la nature, de toutes les articu-
lations du corcelet et de la queue, de
toutes les écailles des pattes^ et la pro-
duction rapides de lames interniédiai-
res qui se soudent aux anciennes. Il
faudroit sans doute des expériences
directes pour établir d'une manière
positive , un fait physiologique de cette
importance, fait dont ou trouve l'ana-
logue dans les anatifs et les balanes , qui,
comme on sait , ont beaucoup de rap-
ports avec les crustacés 5 mais Bosc
est le premier à désirer que quelque
nouveau Réaumur se charge de lea
entreprendre sur nos côtes, sur -tout
8ur celles de la Méditerranée , où les
galathées sont très-communes.
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f DBS GALATHÉES. 87
Oïl a déjà vu une porcelane et un
pagure qui avoieilt une organisation
analogue , et sur lesquels on ne pouroit
également tenter des observations.
• Lesgalathées se mangent, mais elles
ne sont pas extrêmement recherchées.
Galathée striée , Galathea strigosa.
Le corcelet antérieurement hérissé de tubercules et
cilié d'épines ; le rostre p(^intu et à sept dents.
Degeer. Ins. 7. tab. a3. fig. I. Séba^ Mas. a.
tab. 2g. fig. 19, 20. Pennant. Zool. Brit. 4. tab. 14.
fig. 26. Berbst. tab. â6. fig. z. '
Voyez pi. 12 , fig. a ) où. elle est représentée un pea
réduite.
Se trouve dans les mers d'Europe, . i
Galathée rugueuse , Galathea rugosu.
Le corcelet rugueux , cilié par des épines , le rostre
à trois dents ; les pipcës filiform,es. ^'- ■ ■
Pennant. Zool. Brit. 4. lab. 14. fig. 27. Uerlst,
Cane. tab. 27. fig. 3. ,
Se trouve dans la Méditerranée.
Galathée sociale , Galathea gregaria,,
Le corcelet rugueux , cilié ; le rostre à trois dents;
les antenuUes antérieures alongées.
Se trouve. dans les mers d'Amérique,
Galathée amplecte , Galathea amplectens.
Le corcelet* uni ; le rostre court , émargioé -, les
pattes intermédiaires très-longues.
Se trouve dans les mers d'Amériqite.
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■ *MÎ3«^*"*î ■^■*
68 HISTOIRE NATITREIIB
PALINURE, Palinurus, Fab.
(
Quatre antennes inégales ; les intërieurei
plus courtes , muti({ues , bifides au som-
met j les extérieures très -longues, séta-
cées , hispides. Corps et queue des écre-
riaaea. Dix pattes y toutes onguiculées ,
dépourvues de pinces, et ayant des brosses
ou faisceaux de poils à leur extrémité.
Les patînures sont appelées langous-
tes sur les côtes de la Méditerranée ,
où ils sont fort communs. Ils ont été
connus des Grecs et des Romains sous
les noms de kapabos et de locusta,
Aristote , Athénée , Pline et autres ,
en parlent comme d'un manger fort
recherché , et encore aujourd'hui ces
crustacés sont des plus estimés sur les
bords et dans toutes les iles de la Mé-
diterranée. Ils ressemblent beaucoup
aux écrevisses, mais ils en différent es-
sentiellement en ce qu'ils manquent de
pinces à leurs pattes antérieures.
Âl„.
■••s
DES paiikuubs. 89
Le corcelet des paliniires est cylin-
dricfue, ord'nairement hérissé d'épines
dirigées en avant , et d'autant plus gros-
ses , qu'elles approchent de la tête.
Leurs jeux sont globuleux, très-gros,
portés sur de courts pédicules , qui se
dirigent en travers , et se confondent
ou s'unissent. Les antennes extérieures
sont démesurément longues. Elles sur-
passent du double la longueur du coir-
celet et de la queue , prises ensemble.
Leurs trois premiers articles sont ex-
trdment gros, anguleux , et couverts
de grosses épines. Les autres sont cir-
culaires , allant en diminuant progres-
sivement de grosseur, et hérissées de
courtes épines. Les antennes intérieure*
sont de deux tiers plus courtes que les
précédentes , sans épines , et divisées
en deux à leur sommet.
La queue est composée de six seg-
mens convexes en dessus ; les quatre
intermédiaires avec un sillon transverse,
interrompu dans leur milieu. Les côtés
Crustacés. II, g
■ M
^,i
^iîi
go HISTOIRE NATITRELLS
sont armés d'une grande épine plate,
antérieure , et deux à trois petites pos-
térieures. Cette queue est terminée par
cinq feuillets membraneux, fortifiés, à
leur base , par des lames testacées et
épineuses, analogues à celle des écrevis-
ses. L'anus se trouve en dessous , à la
base du feuillet du milieu. A la base
intérieure de chaque grande épine la-
térale', se voit, dans la femelle seule-
ment , une nageoire membraneuse, et
dans l'intervalle , quatre filets destinés
à porter les œufs.
Toutes les pattes sont onguiculées ,
et leur ongle est garni , intérieurement ,
de brosses de poils , régulièrement ran-
gées , qui peuvent , au premier coup-
d'œil , être facilement prises pour des
épines. La première paire de ces pattes ,
celle qui tient lieu des pinces que pos-
sèdent les écrevisses, et la plupart des
autres genres, est du double à sa base,
et du triple à son sommet , plus grosse
que les autres.
(
'-^1
9
DES PAIINURSS. ^I
Les palinures ou les langoustes vivent
de préférence dans les lieux pierreux.
Fendant l'hiver , ilar cherchent l'em-
bouchure des rivières. Ils parviennent
à une grosseur très-considéBable, telle
que quatre décimètres de long , sur un
de diamètre. Ils sont, comme on l'a dit,
plus estimés sur les côtes de la Médi-
terranée , qu'aucune autre espèce de
crustacés.
lies œufs de la langouste sont très-
petits, et s'appellent le corail de la lan-
gouste. Ils sont singulièrement estimés
à raison de leur délicatesse , aussi les
femelles , qui en sont pourvues , se ven-
dent-elles quatre fois plus cher dans
le marché de Marseille. Ces œufs com-
mencent à paroître sous la queue des
langoustes en prairial , et j restent pen-
dant deux mois , après quoi ils tombent
ou éclosent.
Pline raconte que les langoustes se
livrent de sanglantes batailles avec
leurs cornes , mais elles «e paroissent
1. LiiJ
..t.tii%i.v!t::^xÀ:
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92 HISTOIRE NATURELLE
pas pourvues d'armes propres à se faire
ïéciproquement beaucoup de mal.
Elles vivent de poissons et d'autres
animaux marins , et ont la sècJie çout
principal «nnemi , au rapport de Ron-
delet.
Linnœus a donné à l'espèce com-
mune , celle que nous appelons en fran-
çais langouste , le nom de homarus ,
croyant que c'était notre homard , qui
<;omme on l'a vu , est une espèce d'é-
crevisse. Ce nom devroit sans doute
être changé, puisqu'il met de la con-
fusion dans la nomenclature ; mais son
abrogation en mettroit encore une plus
considérable, en conséquence on le con-
serve en latin.
Palinurepolyphague , Paîinur.poljrphagus,
Le corcelet légèrement épineux i le corcelet mar-
bré de bleu.
Hethst, Cane. tab. 33.
Se trouve dans la mer des Indes.
Palinure langouste , Palinurus homarus.
Vert pouctué de blanc ; les segmens de l'abdomen
aillonnés dans leur milieu.
Rumph. Mns. tab. i. fig. A. Ptti». Amb. tab. 6.
l-
DES PALINTTRES.
93
fig. I. Sèba, Mas. 3. tab. ai. fig. 5. PennaîU.
Brit Zool. 4. tab. 11. fîg. 22. Herbst. Cane. tab. 3 t.
fig. I.
Voyez pi. i3, fig. I , où îl est repcésenlé extrê-
mement réduit.
Se trbuve dans les mers d'Asie, et dans la Méditer-
ranée,
Palinure orné , Palinurus ornatus,
Verd , latéralement tacheté de blanc; les segmeus
«le l'abdomen unis.
Se trouve dans la mer des Indes.
Palinure fascié, Palinurus Jasciatus,
Verdàtre ; une fascie postérieui ) blanche aux seg--
mens de l'abdomen.
Se trouve dans la mer des Indes.
Palinure à quatre cornes, Pah quadricornij.
Les épines oculaires dentées en dessous; roux ,
avec des taches abdominales blanches.
Serbst. Cane. pi. 29. fig. i .
Se trouve dans l'Amérique méridional!?.
Palinure poljphague , P'alin. polyphagus.
Le corcelet un peu épineux ; les pattes marbrées de
bleu.
Herbst. Cane. tab. 32.
Se trouve dans la mer des Indes.
Palinure géant , Palinurus gigas.
Le corcelet tuberculeux , antérieurement épinenx «
taché de jaune.
Astacus penicellatus. Olivier. Dict.
Ou ignore ta patâe*
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94 HISTOIRE NATUHELIB
CRANGON, Crangon , Fabrlcius.
Quatre antennes ; deux intërieurcs courte^
' et bilidcs ; deux extérieures fort longues^
sëtacées , munies chacune, à leur base,
d'une écaille oblonguc , ciliée. Corps et
queue des écrevisaes. Dix pattes onguicu-
lées ; les antérieures terminées en pinces.
Le crangon a beaucoup de rapports
avec la crevette, mais il eu est fort bien
distingué par les pêcheurs qui l'appel-
lent le cardon ou le bouquet , et qui
le prennent , soit pour manger, soit
pour servir d'appâts à la pêche , à la
ligne , des poissons de mer.
Les crangons ne diffèrent des palae-
mon , nom scientifique des crevettes j
que parce que leur corcelet ne se pro-
longe pas en pointe aiguë , et dentée
en scie. Ils ont la même contexture ,
c est-à-dire, un test très-mince et demi-
transparent, et les mêmes mœurs.
Les pinces des crangouj diffèrent un
?«►
DES CRAGONS. ^5
peu de celles des écrevises en ce que
l'ongle est très-courbé, et se replie paral-
lèlement au sommet de la main. Leurs
pattes antérieures sont généralement
plus courtes que les postérieures, et ils
ont sous la queue des nageoires presque
filiformes , mais très - longues. Leur
queue est composée comme celle des
écrevisses, mais les feuillets en sont
plus alongés , et moins larges propor-
tionnellement. Celui du milieu est ter-
miné plus en pointe.
Lescrangons marchent par secousse ,
ordinairement en avant , mais lorsqu'ils
craignent quelque danger, ils se sau-
vent à reculons. Ils vivent d'animaux
lup/ms que le Uot tue contre les rochers
ou le rivage; ils ne peuvent prendre
vivans que les plus petits , car leurs
moyens d'attaque sont très-foibles. Une
grande quantité d'espèces de poissons ,
d'oiseaux aquatiques, les oursins, les
astéries , etc. , en font leur pâture.
Leur chair est moins estimée que celle
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un
gG HISTOIRE NATURELtB
des crevettes, avec lesquelles on les
mêle cependant souvent.
Crangon boréal , Crangon hortas.
Le corcelet épineux} la seconde et la troisième pair»
de pattes filiformes.
Fhipps. It. Boréal, tab. ic. fig. i. Werbst. Cane.
tab. 29. fig. 2.
Se trouve dans la mer du Nord.
Crangon vulgaire , Crangon vulgaris»
Le corcelet uni j le rostre court , entier.
Baster. Subs. a. tab. 3. fig. 1—4- Séba, Mus.
3. tab. ai. fig. 8. Roes. Ins. 3. tab. 63. fig. I , a.
Fermant. Brit. Zool. 4. tab. i5. fig. 3o. Herbst. Can.
tab. 29 fig. 3,4.
Se trouve dans la mer du Nord.
Crangon marginë , Crangon marginatus.
Le corcelet court , comprimé , en alêne ; le tout
do la base de l'abdomen argenté.
Se trouve à l'ile de France.
Crangon monopode , Crangon monopodiunt.
Lé corcelet uni ; une des maius très-grosse , para-
Iclogramique} l'autre filiforme; les écailles de la base
des antennes très-petites.
Voyez pi. 1 3, fig. 2, où il est représeiûé de gran-
deur naturelle.
Se trouve dans la mer dés Indes.
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DES PALiBMOîC.
97
PALiEMON, Palmmon, Fabricim.
Quatre antennes ; les supérieures plus cour-
tes et trifides ; les inférieures fort longues
et sétacées. Corps subcylindrique , ter-
miné antérieurement par une pointe tres-
saillante , dentée en scie. Queue des écre-
visses. Pattes onguiculées ; les antérieures
terminées en pinces.
Les palt-emon, appelés crevettes en
français, n'ont été séparés des écre-
visses par Fabricius , que par suite du
travail de Daldorf , et dans le dernier
supplément à l'Entomologie Systéma-
tique de ce célèbre Naturaliste.
Le caractère principal qui distingue
ce genre est d'avoir le corcelet pro-
longé antérieurement en un rostre en
crête applatie , plus ou moins dentée
de l'un ou de l'autre côté, ou des deux
à-la-fois. Il a , de plus , un caractère
commun avec les squilles, mais q jin'en
est pas moins bon à remarquer, parce
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J)8 HISTOIKE NATURELLE
qu'il sépare ces deux genres de tous le» "
autres , c'est d'avoir les antennes supé-
rieures trifides.
Le corcelet des palœmon est cylin-
drique , mais cependant un peu ap-
plati sur les cotés dans les petites es-
pèces. Environ au tiers de sa partie
supérieure , il commence à se caréner,
et cette carène arrivée au bord anté-
rieur , se change en un rostre plus ou
moins long , plus ou moins large , d'a-
bord droit , ensuite légèrement courbé
en haut , lequel est applati et caréné
latéralement , et toujours denté, soit en
dessus , soit en dessous , soit à Tun et à
l'autre à-la-fois. Les bords antérieurs
du corcelet, au-dessous du rostre , sont
toujours armés d'une à deux épines
courtes, mais très-aiguës. Immédiate-
ment sous la base du rostre se trouvent
les yeux , en forme de poire , foible-
ment pédoncules , et par conséquent
très-rapprochés. Sous les yeux sont les
antennes supérieures , dont le premier
I
DES PAL^MON. qq
article est applati , large , et porte une
longue épine à son angle extérieur; les
deux suivans sont cylindriques , et'en-
suite les antennes se divisent en trois
filets inégaux , composés d'un grand
nombre d'articles très - courts. Immé-
diatement après vient , de chaque côté
un feuillet applati , alongé , plus oïl
moins long , et plus ou moins large ,
selon les espèces , articulé sur une pièce
courte, sinuée en ses bords, et qu£
porte une épine à son angle extérieur.
Ensuite se voient les antennes inférieu-
res, qui sont sur le même plan que les
supérieures , et deux ou trois fois plus
longues qu'elles. Elles sont simples, et
leurs trois premières articulations sont
plus grandes que les autres.
La queue est applatie , et composée
de six articulations , dont les premières
sont les plus grandes. Les écailles na-
tatoires de l'extrémité sont très-alon-
gées , et garnies de poils ; celle du
milieu est la plus étroite , et elle est
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M }
100 HISTOIRE NATURELLE
souvent terminée par des épines. En
dessous, quatre des articulations de la
queue|sont, de chaque côté, accompa-
gnées d'une membrane concave , dont
la partie creuse est tournée en ar-
rière , et au sommet de laquelle est
articulée une autre membrane dont les
bords sont plus épais que le milieu ,
et ciliés. Ces bords sont articulés fine-
ment comme les antennes , et suscep-
tibles , par conséquent , de prendre
toutes les directions possibles dans l'ac-
tion natatoire à laquelle ell«» sont spé-
cialement consacrées.
Les pinces sont longues , épineuses
dans quelques-unes des grandes es-
pèces, filiformes et unies dans la plu-
part des petites. Les doigts sont égaux
dans les unes et dans les autres , et
quelquefois dentés intérieurement.
Les deuTt espèces de palœmon les
plus connues, sont la squille et la lo-
custe appelées sur nos côtes, chevrettes ,
crevette, salicoque, caramot, etc. , e^
BES PALiEMON.
10 r
dont on fait un grand usage , comme
aliment, et pour la pêche des poissons
de mer. On en prend beaucoup à l'em-
bouchure de la Seine, de la Loire et
de la Garonne , par le moyen d'un
filet en forme de sac, à-peu-près sem-
blable à une trouble , mais plus large
et moins longuement emmanché, qu'un
homme, qui marche dans l'eau, conduit
devant lui en le dirigeant toujours
vers les bords. Elles sont grises , tache-
tées de brun, quand elles sont en vie,
rouge pâle , lorsqu'elles sont cuites!
Leur assaisonnement consiste aies met-
tre sur le feu avec du sel et du vinaigre.
Elles ont la ch. :t tendre et douce, et
d'un goût très-agréable. On mange tout
à raison du peu d'épaisseur de leur
test. Elles se corrompent très-rapide-
ment après leur mort, qui a lieu peu
d'instans après leur sortie de l'eau de
mer, et l'odeur qu'elles répandent alors
est, comme celle de la plupart des
crustacés, des plus exécrables. Il faut .
Crustacés. II. lo
ICI- ;
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\
102 HISTOIRE NAÏUKELLE
les faire cuire immédiatement si on
veut les conserver quelques joui-s. Lors-
qu'elles ont des œufs, c'est-à-dire au
printemps , elles sont beaucoup plus
estimées, et réellement beaucoup plus
délicates.
Les chevrettes sont un des meilleurs
appâts que l'on puisse employer pour
In pêche à la ligne des poissons dô
mer , et dans beaucoup d'endroits on
ne les prend que pour cet objet. C'est
presque le seul dont se servent les
Américains des États-Unis , ainsi
que Bosc Ta observé.
Les crevettes , dans leur état naturel ,
nagent en devant et sur leurs pieds 5
mais lorsqu'elles ont quelques dangers
à éviter , qu elles veulent se sauver rapi-
dement, elles se mettent sur le côté , et
nagent à reculons. Elles vivent, comr^ie
les autres crustacés , d'animaux marms
que le flot Mi périr , de petits polypes,
ou autres vermisseaux moins forts qu'el-
les. Elles sont la proie de presque tous
i,o3
les poissons , auxquels ils n'échappent
que par Ja rapidité de leur uatalion.
Rondelet rapporte , qu'en redressant
l'ëpine de leur front contre le palais des
poissons , qui les veulent mf^nger ,
elles les tuent. Il est en effet probable
qu'une telle arme leur a été donnée
pour défense ; mais Bosc s'est assuré
que ce moyen ne leur est pas très-utile ,
et qu'aucun poisson d'une certaine gros-
seur ii'étoit arrêté par la crainte qu'elle
peut inspirer
Les chevrettes sont excessivement
abondantes dans certain» parages. Si
leur destruction est facile, leur repro-
duction est rapide, comme cela arrive
toujours. La haute mer même n'en est
pas privée. Bosc en a trouvé plusieurs
espèces, non connues , parmi les fucus
qui nagent sur l'Atlantique , à cinq à
six cents lieues des continens. Il en a
décrit dqux, réservant les autres pour
être étudiées au débarquement; mais
elles se sont malheureusement altérées
I
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I
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II
104 HISTOIRE NATURELLE
dans l'enur-de-vie où il les avoit mises.
Il en est de même de trois ou quatre
espèces des côtes d'Amérique qu'il croit
également nouvelles, et qui sont arri-
vées méconnoissables.
Palaemon cancer , Paîœmnn carcinus.
Xes pinces égales, épaisses, épineuses; le rostre
releTé , plu» long qne les écailles des nntennes.
Jlump^. Mus tab. i. «g. D. SJoan. Jam. 2. tab.245.
fg. a. Séba, Mus. 3. tab. 21. «g- 4- ^^«"•*"»'' ^anc.
tab. 28 fig. 1. « » .
Se trouve dans les rivières d Amérique.
Falaemon lar , Palœmon lar.
Les pinces égales , épaisses , épiaeuses ; le rosir»
âroit , égal aux écailles des antennes.
Se trouve dans l'Inde.
Palaernon longue-main , Palœm. hngimanus.
Les pinces inégales , unies j le rostre droit, égal aux
écailles des antennes.
Se trouve aux Indes orientales.
Palœmon courte-main , PaJœm. Irevimanus,
Les pinces médiocres; les doigts plus courts que
la main ; le rostre relevé , plus long que les écailles des
antennes. >
Se trouve dans les Indes orientales.
Palœm.coromandelien, P. cotomandeîianus.
Les pinces médiocres; les doigts plus courts qus
la main ; le rostre égal aux écailles des a»teimes.
Se trouve dans les Indes orientales.
/ DESPÀLAMOK.
io5
Pâlaemon tranquebarique, JP. tranqueharicus ,
Xes pinces alongées , filiformes; les mains ovales.
Se trouve aux Indes orientales.
Paixmon squille , Palœmon squilla.
Le corcelet uni; le bord à cinq dents; le rostr*
dentelé en dessons.
St'ba^ Mus. 3. tah. 2i. fig. 9,10.
Se trouve dans Ifn mers d'Europe ; c'est la chevrstte
des Français.
Falaemon locuste , Palœmon îocusta.
La corcelet uni; le rostre épais, dOntelé en dessns -,
■ni en dessous ; les doigts nlongés, fijiforroes.
Herhst. Cane. tab. iiy. fig. l.
Se trouve dans l'Océan ; c'est la salicoqae de*
Français.
Palaemon dentelé , "Palœmon serratus.
Le corcelet uni , un peu caréné ; le rostre dentelé
()es deux côtés.
Se troiive dans la mer du Nord.
Palasmon des fucus , Palœmon Jïtcorum,
Le corcelet uni ; le rostre relevé, avec cinq dents
à sa pointe.
Se trouve parmi les fucus nageans di^ns l'Océan.
Palaemon narval , Palœmon narpal.
Le coj-celet uni; le rostre relevé, presque aussi long
que le corps , dentelé des deux côtés.
Hei-bst. Cane. tab. a8. fig. a.
Se trouve dans la Méditerranée.
Palœmon pélasgîque , Palœmon pelasgicus.
Le corcekt uni ; le rostre court , uni , denté de«
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I06 HISTOIRE NATURELLE
deux côtés i le premier article de la qutuo très-grand,
et les deux derniers irès-étroits et Iransparens,
yoyez pi. 14. fig. a , qui le représente de grandeot
naturelle.
Se trouve duos la haute mer , sur les fucus nageans,
où il a été observé décrit et dessiné par Bosc.
Corcelet uni , terminé en avant par un rostre droit
do mime longueur que lui , et avec une seule dent
de chaque côté. Les antenne» supérieures bifides ,
portées sur l'écailIe oculaire. Les inférieures & peina
plus longues et simples.
Premier article de la queue plus grand que le cor-
celet, et que tous les autres ensemble, servant à les
renfermer. Le» deux derniers très-alongés , applatis ,
transparens. Les cinq écailles caudales également
transparentes.
Pattes courte» , toutes avec des pinces très-petites.
Oelte espèce, très -remarquable par la grosseur de
la première articulation de sa queue , jouit , an moyen
des deux dernières , à un haut degré, de la faculté de
sauter. Plus qu'aucune autre» de ce genre , elle nage
par bonds. Elle se repose sur Us tiges des fucus qui
flottent dans la grande mer 5 et alors toute sa queuo
est renfermée ou cachée sous le premier anneau. Elle
est fort abondante.
Bosc a encore trouvé, parmi les mêmes fucus, plu-
sieurs espèces qui se rapportent au même genre, et
qui sont inconnues aux Naturalistes. Il en av bit décrit
q«elque8-unM : mais il en a perdu les descriptioMs.
^1
DES ALPHÉES. I07
ALPHÉE, Alpheus, Fahricius,
Quatre antennes pëcionculées , in^galeji, s^-
tacëe.t ; les inférieures plus courtes, bi-
fides; les extérieures plus longues, sim-
ples , avec une t^caille à la base. Corps
arqué, comprimé, pointu en avant. Les
quatre pattes antérieures à mains armées
de pinces.
Fabricius n établi ce genre sur des
espèces , qui toutes lui ont été en-
voyées par Daldorf , des Indes orien-
tales, et dont aucune n*a été figurée.
Il paroit qu'il a beaucoup de rapports
avec Jes palœmon , et qu'il est remar-
quable , en ce qu'il a toujours les pin-
ces inégales et difformes. Celles de la
seconde paire sont filiformes comme
dans les écrevisses. On ne sait rien de
plus sur ce genre, ni sur les espèces
qui le Composent.
Alpbé« uvace , udifhœus, aaarus.
Les pinces inégales , . dliFormes ; lo rostre court «a
alêne.- '[/-'f ^'^ '*^*--' ' ■■ '
Se trouvé c^ats- les Indos orienules. .
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7Sin-^-Jt:
11!
Io8 HlSTOUlï NATTTREttB
Alphëe tamule , Alphœus tamulus,,
Les pinces inégales , difformes ; la main gauche pins
petite , filiforme.
Se trouve dans la mer des Indes.
Alphée Toleur y ^Iphœus rapax.
Les pinces inégales, difformes; le corcelet caréné
en devant ; le bec en alêne.
Se trouve dans la mer des Indet.
Alphée malabaricjue , Aîphœus malaharic\is ,
Les pinces inégales , difformes ; tine des mains courte»
avec des doigts filiformes très-longs.
Se trouve dans la mer «les Indes.
i
y
PÉNÉE, PeNjEVS, Fabricius.
Quatre antennes ; les extéxieures, placées au-
dessous des intermédiaires , très'longues
et à pédoncule accompagné d^une écaille
bifide et épineuse. Antennes intermédiaires
plus courtes, à deux filets. Les premières
pattes^ terminées par des mains. Anten-
nules extérieures longues et avancées.
Ce genre est extrêmement voisin de
celui des palœmon. lia, comme lui»
un rostre denté. Il comprend , dans Fa-
DES PÉNÉES.' 109
briciiis, trois espèces venant delà mer
des Indes, où on les mange comme ici
les paleemon ; mais aucune de cer es-
pèces n'est figurée.
Bosc , dans sa traversée d'Europe en
Amérique , a trouvé , sur les fucus na-
geans , un crustacé qu'il croit de ce
genre, et qui est très-remarquable , en
ce qu'il n'a que quatre pattes. Il en
donne la figure de grandeur naturelle,
pi. 14, fig. 3. Ce sera le pénée très-
ponctué , Penœus punctatlssimus.
Le corcelet est très - alotigé , cy lin*
drique , terminé antériteuredent par un
rostre plus court que lui , un peu re-
levé , armé de cinq dents en dessus.
Les yeux sont placés très en arrière ,
derrière les antennes , sous les côtés du
corcelet; ils sont très-gros, et longue-
ment pédoncules. Les antennes intérieu-
res sont un peu plus courtes que les ex-
térieures , bifides , et portées sur un long
pédoncule , accompagné d'une écaille
bifide à sa base. Les antennes exté-
r f
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\
lïO HISTOIRE NATURELLE
rieures sont plus longues que les -précé-
dentes, simples et écartées.
La queue est composée de quatre
articles, dont le premier est plus long
que les autres , et de plus , renflé à sa
partie postérieure , de sorte que l'ani-
flaal est toujours comme bossu dans cet
endroit. Les écailles terminales sont
au nombre de dinq; les deux supé-
rieures fgrt grandes , l'intermédiaire
courte ^t triangulaire.
Les, pinces sont filiformes, et presque
aussi longues que le corps. Le second
article esy^ le plus long. La main est
aussi longue que le second article , peu
renflée, et les doigts en forment la moi-
tié. Les paUes , au nombre de deux pai-
res seulement, sont un peu plus courtes
que les pinces , et terminées en pointe.
L'animai est d'un gris jaunâtre, par-
semé , dans toutes ses partie^ , d'une yna-
mense quantité de petits points rouges.
Il sq trouve très-abondamment sur les
fucus cit^s plus haut.
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1 . Le Braneliiopode siae:iial.
a . TiC ralemon pelas gioue .
^^^ La. Creveite des ruieseoiix .
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DES PÉICÉES.
III
Pénëe monodûù , Penœui monodon."
Le rostre épais, relevé, dentelé en 4^8us , avoc troisr
dents en dessous.
Se tronvf dans les mers de Tifude.
Véaée modoceros , Penceus monoceros.
Le rustre é]MU, denté en dessus^ ciiié en dessous.
Se trouve d.ins la mer des Indes.
Pënée plamcorne , Penœus planicorfiis.
Le rostre court, dentelé; les aiitennes applaties eu
dessus.
Se trouve dwis lamer déa Indes.
SQtrîtLÊ, Sqvillj ,Fabriews,
Quatre antennes presque égales ; Vesirité-
rieures un' peu plus longues let trificles ;
les extétwiitei plus courtes , àeeoalpa^
gnées d'un feuillet oblong. Corcelet caurt ;
. queue fort longue , s'élargissant vers soa
extrémité , garnie d'écaillés i dp branchies
découvertes. Quatorze pattes ; les anté-
rieures terminées par une pièce en scié ou
en peigne d'un côté.
On donne, sur les côtes de France,
le nom de squilie* à plusieurs crustacés
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I£2 HISTOIRE NATURELLE
difTérens , mais plus gënéraletnent à
une des espèces de ce genre, celle qu'on
appelle aussi mante de mer , d'après
Rondelet , à cause de la forme de ses
pattes , analogue à celles de l'insecte de
ce nom.
Ce genre est un de ceux ancienne-
ment faits par Fabricius , aux dépens
des cancer de Linnaeus. Il n'a pas
éprouvé de variation depuis les pre-
mières éditions du Système Entomo-
logique de cet auteur , car il est des plus
caractérisés et des plus naturels.
Le corps de la squille est, comme
dans les autres crustacés , divisé en
tête, en corcelet et en queue ; mais
cette dernière partie , est , ici , d'un vo-
lume proportionnel bien plus considé-
rable que dans aucun de leurs genres.
La tête est petite, confondue avec
le corcelet , garnie en devant de deux
yeux , placés sur des pédicules mo-
biles. Chaque œil paroit double, ou
comme composé de deux globes entiè-
Il^i
~ - DES SQUILLES.
rèment unis ensemble. A côté de ces
yeux, on voit deux pièces très-plates,
minces et alongées, également mobiles
et attachées, une de chaque côté de la
tête , a un gros article , qui est aussi
mobile. Ces pièces , qui sont bordées
tout autour de longs poils , ont la forme
d'ailerons très-alongés, et ser^^ent pro-
bablement de nageoires; elles portent,
à leur base interne, les antennes exté-
rieures , qui sont courtes , formées par
deux articles aiongés et cylindriques ,
terminées par un filet simple , com-
posé d'une grande quantité d'articula-
tions. Sous les yeux sont implantées
les antennes intérieures de la longueur
du cîorcelet, composées de trois articles
cylindriques, alongés, dont le derniec
est terminé par trois longs filets déliés
et sétacés, presque égaux , qui sont très4
souples, et divisés en une infinité d'ar-
ticles.
Le corceîet est beaucoup plus long
que large, et sa partie postérieure plus
Crustacés. II. „
r
■ 'S, 7 • r.f
1.
'M
ïr4 HISTOIKE NA.TUR^LIS
large que l'antérieure. Il est sillonru^,
et a 5 en devant, tiois saillies , dont celle
du milieu est arrondie, et les deux la-
térales ponctuées ou épineuses. En des-
sous , il est concave , avec une carène
au milieu , à l'extrémité de laquelle est
la bouche , et les organes de la man-
ducation.
La queue est très - longue , comme
il a déjà été dit , presque égale d'un
bout à l'autre, ou mieux augmentant
fort peu du devant au derrière. Elle est
convexe en dessus, divisée en onze an-
neaux, dont les dix premiers, excepté
celui qui la joint au corcelet , sont gar-
nis de six arêtes «levées , longitudi-
nales , qui rendent le corps angulaire ,
et qui , dans les trois ou quatre derniers
de ces anneaux , se terminent en épine
très - pointue. Le onzième et dernier
anneau , qui est plus large et plus long
que les autres , est en forme de pièce
plate , mais relevée au milieu, tant en
dessus qu'en dessous 5 ses bords sont
DES SQUILLES. Il5
âiirs et ëcailleux , garnis de huit grandes
épines dures et pointues. Entre les qua-
tre épines postérieures , ce même bord
est crénelé , ou garni d'une suite de
dentelures arrondies.
En dessous , il y a cinq paires de
branchies très - remarquables , en ce
qu'elles sont applaties et membraneu-
ses , placées à la jonction des cinquième,
sixième , septième , huitième et neu-
vième anneaux , et à-peu-près perpen-
diculairement à ces mêmes anneaux ,
c'est-à-dire un peu inclinés en avant ,
ou vers le corcelet. Elles sont mobiles
à leur base , et forment ensemble , sous
le ventre , comme de grosses toufîes.
Chaque branchie est composée de deux
pièces circulaires, très-minces et plate»,
comme des feuilles transparentes , gar-
nies , tout autour de leurs bords , de
longs filets , en forme de poils , qui
flottent librement dans l'eau > et qui
sont attachées l'une à côté de l'autre,
|)ar un petit pédicule charnu , à une
II!
i^l
1 i
Il6 HISTOIRE NATUHELLI
grande partie , plus dure , et comme
coriace , qui se trouve unie au corps.
Les deux pièces plates en feuilles, qui
sont en partie en recouvrement l'une
sur l'autre , sont accompagnées , à leur
siirface antérieure , d'un gros paquet de
filets charnus, en forme de fibres,. qui
flottent également dans l'eau , et qui
sont unis à la grosse partie coriace dont
il a été parlé. L'animal remue conti-
nuellement ces ouies dans l'eau , avec
une grande vivacité.
Le dixième anneau de la queue est
garni, de chaque côté , un peu en des-
sous , d'une grande pièce écailleuse,
applatie , mobile à sa base , et qui s'é-
tend en dessous du dernier anneau
qu'elle couvre ; en sorte qu'elle ne pa-
roît pas quand on regarde l'animal
en dessus. On peut cependant écarter
ces pièces , et les ramener de côté.
Chacune est divisée longitudinalement
en trois parties , de figure fort diffé-
rente, qui, dans leur situation naturelle.
©ES SQUILLES. 11-7
sont appliquées les unes sur les tutres,
mais qui se laissent séparer jusqu'à uq
certain degré. La partie extérieure ,
qui est la plus longue des trois, est en
lormede lame alongée , garnie au bout
d'une espèce de tête , et au bord exté-
rieur de neuf épines , avec une dixième
à l'autre bord. La partie en forme de
tête est bordée d'une frange de longs
poils. La seconde partie est composée
de deux longues pointes en épines re-
courbées ; et la troisième a la figure
d'une lame plus étroite, bordée par-
tout de longs filets, en forme de poils*
L'anus est placé sous la queue , tout
près du dernier anneau 5 c'est une pe-
tite ouverture ovale.
Les squilles ont sept paires de pattes^
ce qui les distingue de tous les autres
crustacés. Elles sont de trois sortes. Les
deux antérieures , ou les pinces , qui
sont les plus grandes de toutes , sont
attachées au-dessous du corcelet , tout
près de sa base. Elles sont composées de
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1 !'■
1
■i.
I
Il8 HISTOIRE NATURELtB
quatre parties articulées ensemble , ef
faisant des angles et des coudes , les uns
avec les autres. La première , qui tient
immédiatement au corcelet, est longue
et assez massive , avec quelques pointes
angulaires, et t?ne profonde rainure en
dessous , dans laquelle la troisième par-
tie est couchée tout du long , quand
l'animal ferme la patte. La seconde
partie est courte , et également angu-
laire, ayant la forme d'un nœud, qui
joint ensemble la dernière et la pre-
mière partie. Cette dernière est longue,
applatie , et un peu courbée , avec trois
épines mobiles à son bçM»d intérieur.,
tout près de son origine , et dont l'in-
termédiaire est plqs courte que les deux
autres. Enfin , la quatrième partie , un
peu plus courte que la précédente, et
qui forme la tenaille, est courbée, et
composée du côté intérieur , de six
pointes crochues , en forme de dents de
peigne , les unes toujours plus courtes
que les suivantes. Dans l'inaction , cettô
e^^j
DES SQUIILESr ir<)
jjartm est repliée contre le bord anté-
rieur de la précédente , étant alors cou-
chée tout le long de cette dernière , et
c est avec elle que la squillese saisit de
sa proie, la retenant à l'aide des six
dents dont elle est pourvue , et des trois
épines qui se trouvent à la pièce pré-
cédente.
En dessous du corcelet, iiy a encore
six autres pattes, placées par paire en-
tre les deux grandes , et tout près les
unes des autres , qui sont également
terminées par des tenailles simples , et
divisées en six parties articulées , qui
sont courbées et pliées de façon qu'elles
font des coudes ensemble ; elles sont
toutes dirigées vers la tête, mais leurs
trois derniers articles sont recourbés en
arrière. Elles sont entièrement cachées
par le corcelet , et enveloppées de poils.
La première paire est plus longue que
la seconde , et celle-ci plus que la troi-
sième. Le second article est long, délié
et courbé 5 le troisième plus court, et
If m
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\ f *? ,j» ■'
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f if-
120 HISTOIRE NATURELLE
renflé au milieu ; le quatrième presque
globuieu-X ; et le cinquième est un cro-
chet mobile , qui se replie sur les au-
tres. Dans l'inaction, les six articles
de ces pattes sont plies les uns sur les au^
1res, en sorte qu'elles ont alors la figure
d'une S.
Enfin , la squille a encore six autres
pattes longues , déliées etcj^lindriqùes,
a ttachées aux bords latéraux du second ,
du troisième, et du quatrième anneau
de Ja queue , et divisées en trois arti-
cles , dont celui de l'extrémité est garni ,
au bord antérieur, d'une suite de poils
très-serrés , qui y forment comme une
longue brosse ; mais cet article n ayant
pas de crochet au bout , ces pattes sem-
blent être uniquement destinées à sei*-
vir comme d'avirons. ..
Toutes les espèces de squilles ne sont
pas exactement conformes à cette des-
cription, qui est celle de la plus com-
mune, de celle appelée, comme on l'a
déjà dit 5 mante de mer ; mais elles
DBS SQUILLES. lai
n'ep différent pas assez pour que le»
généralités qu elle contient ne leur con-
viennent pas.
Le test des squilles est demi-trans-
parent, et beaucoup plus mince que
celui des autres crustacés de leur gran-
deur^ ce qui indique qu'elles ont des
moyens particuliers pour échapper à
leurs ennemis , qui auroient trop de
prise sur elles ; mais leurs mœurs n'ont
jamais été observées.
On ne trouve dans les anciens au-
cune trace qui puisse faire croire que
la squille leur fût connue. Rondelet
est le premier qui en ait parlé , et ce
qu'il en dit se réduit à la description,
et à une dissertation sur les noms qu'elle
porte.
La squille a la chair molle , mais
d'un bon goût. On l'estime beaucoup
«ur les côtes de la Méditerranée , où
elle est assez commune.
lij
1 î
f /
î f
122 HISTOIRE NATURELLE
Squille maculde , Squilla macuiaia*
Le pouce de la pince en faux , à dix dents ; Id
corpji ti'ès-uni ; le queue avec quatre dents de chaque
côté.
JRumph. Mus. tab, 3. iig. 2.
Se trouve dans les Indes orientales.
Scfuille mante, SquiUa mantîs.
Le pouce de la pince en faux , à six dents ; le corps
un peu anguleax ; la queue dentée et épineuse.
Degeer. Ins. 7.tab. 34. fig, i.Marg. Brus. lab. 187.
JSéba , Mus. 3. tab. ao. fig. a, 3. Berbst. Cane,
tab. 33. fig. I.
^ VoyeM pi. 12 fig. 3, où elle est représentée trés-
réduite.
Se trouve dans la Méditerranée et les mers da
riode. ♦ .♦
Squille raphidif , Squilla raphidia.
Le pouce de la pince en faux , à huit dents ; en de-
dans , la pince dentelée et épineuse.
Se trouve dans la mer des Indes.
Squille phalange , Squîlla phalangium.
Le pouce en faux , i cinq dents ; la troisième et la
cinquième plus longues ; le corps uni.
Se trouve dans les Indes orientales.
Squille ichneumon , Squilla ichneumon,
^' Le pouce en faux, à quatre dents; le bord de la
^eue noueux et épineux.
Se trouve dans les Indes orientales.
Sc[uiIIe scyllare , Squilla scyllarus.
Les pinces droites , ventrues , anguleuses ; le pouc*
A trois dents.
DES &QUIX,LES.
123
Séba , Mas. 3. tab. ao fig. 6. Herbst. Canc^ tab., 34.
fig. I.
Se trouve dans les mers d'Asie.
Squille ciliée , Squilla ciliata.
Le pouce eu faux, à trois clents ; les deux dernierjr
segmens de l'abdonien épineux et ciliés.
Se trouve dans la mer des Indes.
SquiHe goutteuse y Squilla chiragra.
Le pouce en alêne; la base avec une nodoiité
rousse. îu^?<m-.;t h'i , .^-aiî^ifcîs^ï '^
Mump/i. Mus. tab. 3. fig. F. Heràst^ Cane. tab. 34>
fig. 2.
Se trouve dans la mer du Sud.
Squille vitrée , Squilla vitrea».
Le corcelet uni , caréné ; le pouce en faux , en alêne ^
saaa pointe. '" ■ '
Se trouve dans la haute mer. ; :| 1 t;t}l|i
„; ,, Squille arénaire, Squilla arenaria^.
Le corps maculé de bleu ;. le corcelet arrondi .,.am.^
!e pouce à huit dents. - --
Rumph. Mus. tab. 3. fig. L. Berbst. Cane, tab* §3%,
fig, 2. . 1 '"
Se trouTe dans la mer des Indes. '' ii\*?''M.p
r- çi'il.-ilîii'l '4
h« f-
124 IIISTOIB.B NATURELLE
BRAlSiCmOVOD^^BRANCHioPODA,
Lamarck,
Quatre antennes simples , srflftcées , inégales.
Corps oblong, dépourvu de pattes, inaic
ayant de cliaque côté une où plusieurs
rangées de branchies oblongues , ciliées ,
natatoires , qui en tiennent lieu. Queu^
tiue, articulée, longue , fourchue à Tex-
trémité.
LEè branchiopodés ^otit des ani-
ihàiix alougés, tidusparens , remarqua-
bles par le grand nombre de branchies
dont ils sont poutvus, et par la ma-
tiière dont la femelle porte ses ovaires*
Leur couleur est jaune ou rougeâlre ,
quelquefois, principalement les femel-
les , tirent sur le verd.
Leur tête est membraneuse , voûtëe
et unie sur le milieu du front où il y a
deux petits points noirs dont on ne peut
deviner la nature. Elle est armée en
avant de deux cornes démesurément
grandes, relativement à la grosseur de
SES BRÂNCHIOPODSS. 125
ranimai , brunâtres , transparentes ,
courbées en dedans , fourchues à leur
pointe , et portant un angle saillant sur
leur dos. Ces deux cornes ressemblent
beaucoup aux mandibules des lucanes
ou cerfs volans , et sont creuses et mo-
biles comme elles. Elles servent sans
doute à l'animal pour prendre sa nour-
riture. La femelle n'en a que deux
petites, simples, qui se voient égale-
ment au maie, dans l'intervalle des deu?^
grandes.
La bouche est placée au-dessous de
la tête , tout près des jeux. Elle est
saillante, et accompagnée de quatre an-
tennules ou mandibules, dont la forme
n'est pas facile à déterminer , à raison
de leur transparence.
Les yeux sont latéraux , très-gros ,
noirs, et portés sur un long pédicule
mobile. On voit très - distinctement
qu'ils sont composés d'une innombra-
ble quantité de petites facettes, comme
ceux des insectes proprement dits ,
Crustacés. II. la
I .
126 HISTOIRE NATURBUE
€t recouverts d'une membrane dure,
transparente , qui ne les touche pas dans
leur partie supérieure. Lorsqu'on frotte
ces yeux avec le doigt , la couleur noire
disparoît ; ce qui prouve qu'elle n est
que superficielle.
Les antennes sont placées en dessus,
peu loin de la base des yeux. Leurs
points d'insertions sont très-rapprochés ,
et ceux des antérieures sont sur les cor-
nes. Ces antennes sont transparentes ,
blanchâtres; les plus petites sont com-
posées de deux parties articulées à leur
base dans leur milieu, mais de ma-
nière à n'avoir qu'un mouvement de
genoux. Tous ces caractères les éloi-
gnent singulièrement des antennes or-
dinaires des crustacés ; et , si on leur
donne ce nom, ce n'est qu'à Cause de
leur forme sétacée. I^s antérieures sont
beaucoup plus longues que les posté-
rieures; elles sont dirigées en avant,
et immobiles, creuses dans léut inté-
rieur , et manquent dans les femelles ,
i*:^-J.7'>^;-,£-
DES BKAKCHIOPODES. I27
ce qui les distingue encore plus des
véritables ^anî^nnes.
Après la tête, est un cou ovale-cy-
Jindrique , qui est le premier article
du corps.
Le corps est cylindrique , composé
de douze anneaux, un peu en carènes,
dont le premier est plus large que les
autres , et peut être - regardé comme
faisant partie du cou, beaucoup plus
étroit, il est vrai, mais se prolongeant
en dessous , au-delà de lui.
A chacun de ces douze anneaux ,
est attaché , en dessous , de chaque côté
de la fossette ventrale , une branchie
composée de trois lames ovales ; la pre-
mière , pédiculée et articulée sur le
ventre ; les deux autres sessiles , et
articulées ; la seconde derrière et au mi-
lieu de la première; la troisième der-
rière , et au milieu de la seconde. Tou-
tes sont bordées de longues barbes,
qui , vues à la loupe , se montrent pen-
nées , et ont dans leur milieu uu vais-
; 1'
n
i ,1^
4":
U"
■^' ^'8^
I
128 HISTOIRE NATUHEtLE
seau aérien. La première paire de bran-
chies seule n'a que deux de ces lames
ovales.
Ces branchies forment donc un triple
rang , où les dernières lames sont tou-
jours recouvertes par les premières. L'a-
nimal ne marche jamais dessus , et elles
servent autant à l'action natatoire qu'à
la respiration.
Roesel prétend avoir observé que
les animalcules aquatiques entrent avec
J'eau dans les branchies, et sont con-
duites à la bouche ; mais il est pro-
bable qu'il a été induit à erreur par les
bulles d'air, qui souvent ressemblent
à des klopodes , à des paramécies , etc.
La queue est composée de neuf ar-
ticulations cylindriques , qui vont tou-
jours en diminuant de diamètre. Elle
est de la longueur du corps , et ter-
minée par deux nageoires triangulaires ,
très-aiguës , un peu divergentes , gar-
nies de longs poils pennés. Ces deux
nageoires , dont Tune est souvent plus
DIS BRANCHIOPODÏS. I29
petite que l'autre, égalent en longueur
Ja moitié de la queue. Au premier
anneau de la queue , en dessous, on
remarque beaucoup de vaisseaux qui
vont en ligne droite, et à l'articulation
suivante, deux corps cylindriques qu'on
ne peut méconnoitre pour les organes
mâles de la génération. Dans la fe-
melle , ces corps sont remplacés par
deux t^rous qui se touchent 'ît se con-
fondent en un seul.
Les branchiopodes ont tout le long
du dos un vaisseau roi!g**«tr« qui se
bifurque vers la tête, et qui est Com-
posé d'une suite d'utricules ovales. C'est
le cœur qu'on reconnoît à son mou-
vement de systole et de diastole.
L'estomac et l'intestin se trouvent sous
ce vaisseau. Le dernier a son issue à
la base des nageoires de la queue.
Les ouvertures de la génération de
la femelle , dont il a été parlé plus
haut, aboutissent en dedans du corps
à luie poche , qui est l'ovaire. Quand
s.
iMi
i
ï?io HISTOIRE NATURELLE '
on examine celte poche avant la fécon-
dation , on la trouve remplie de beau-
coup de petits corps , dont les uns sont
obscurs , et les autres bleu de ciel , et
dans un mouvement continuel ; tous
oiît une forme ovale, qui devient angu-
laire à leur sortie de l'ovaire.
Lorsque la fécondation est opérée,
les œufs sortent du corps , et restent
pendans à l'ouverture de l'ovaire , ren-
fermés dans deux poches alongées, dont
la transparence n'empêche pas de voir
leur belle couleur bleue. Ils restent
dans cette poche jusqu'à ce que les petits
soient éclos.
Les branchiopodes vivent dans les
eaux entièrement stagnantes , princi-
palement dans les fosses ou les mares
qui se trouvent dans les bois , et qui
sont garnies de plantes aquatiques. On
les trouve dans les mares de la forêt
de Bondy , près Paris , quelquefois eiv
immense quantité vers le mois de ger-
minal et de prairial. On eu voit moina
i3i
DES BRANCIIIOPODES.
dans les autres saisons. Ils présentent,
sur-tout lorsqu'il y a beaucoup de fe-
melles pourvues de leurs ovaires bleus ,
un spectacle fort agréable. Ils nagent
«ur le dos , toujours dans une position
un peu courbée, et par saccades très-
vives et très-fréquentes. Ce sont prin-
cipalement les deux nageoires de la
queue qui agissent dans cette opération ,
ainsi que Bosc l'a observé ; les bran-
chies ne servent guère qu'à soutenir ce
mouvenjent, et à guider la direction.
Il est très-remarquable qu'il ne s'en
trouve que dans certaines années. Les
mares qui en éloient le plus abondam-
ment pourvues n'en montrent souvent
plus pendant plusieurs printemps de
suite , ainsi que le même Naturaliste
s'en est assuré. Lorsqu'on les tire de
l'eau , ils se roulent sur eux-mêmes, et
ne tardent pas à périr ; car leur dé-
licatesse est extrême. Ils sont très-
difficiles à conserver, même dans l'es-
prit-de-vin , et ce par la même raison.
!■;:
I
.a... il
l32 HISTOIRB NATURELLE
Cet intéressant animal a besoin d'être
observé de nouveau , pour que son his-
toire soit complète. II ne peut l'être
que par quelqu'un qui habite le voi-
sinage des mares qu'il préfère ; car ,
ainsi que Bosc l'a expérimenté , il est
presque impossible de le garder plu-
sieurs jours vivans dans des vases de
verre.
Le branchiopode a été placé, par
Fabricius , parmi les crevettes 5 mais
il est bien évident qu'il n'appartient
pas à ce genre, et que Lamarck a eu
raison d'en faire un particulier pour
lui. On observe que ce dernier Natu-
raliste a été obligé de le placer parmi
ses crustacés pédiocles, tandis que tous
ses caractères le rapprochent des cy-
clops qui sont parmi les sessiliocles.
Il est une autre espèce de branchio-
pode qui se trouve également aux en-
virons de Paris , dans les mares de Fon-
tainebleau, et qui a été décrit dans le
manuel du Naturaliste de Duchesne,
1 .1-
DES BRANCHIOPODES. l3S
SOUS le nom de marteau d'eau. Elle
diffère assez de la première pour mé-
riter une description particulière. Sa
tête est globuleuse , armée, en devant ,
de deux cornes courbées , dentelées ,
qui lui sont perpendiculaires , de sorte
quelles sont comme deux grandes
dents dirigées vers le ventre. Elles ont
deux articulations à leur base. Dai la
femelle , ces deux cornes, au lieu d'être
dentelées, minces et courbes , sont cla-
vi formes et épaisses ; mais elles ont
une petite épine à leur extrémité , qui
remplace la pointe du mâle. Tous deux
n'ont que les deux antennes antérieures
qui ont été mentionnées dans la pre-
mière espèce ; elles sont placées de
même, et n'ont aucun mouvement. Les
yeux sont également pédoncules. Le
corps est plus court , plus bossu ; les
branchies sont plus longues , mais ne
présentent pas des différences caracté-
ristiques d'une grande importance. Les
organes de la génération , dans le mâle ,
Wi. ^-.
wa»
l34 HISTOIRE NATURELLE
sont beaucoup plus saillans et plus gros.
Dans la femelle , l'ovaire saillant re-
présente une lame de sabre assez lon-
gue , et les œufs qu'il contient sont
noirs , et dans un mouvement continuel.
La queue est composée de six articu-
lations presque égales dans leur gros-
seur et leur longueur , terminées par
deux filets garnis de longues soies peu
nombreuses.
Cet animal, encore plus que le pré-
cédent, a les mouvemens vifs et brus-
ques, et il ne nage qu'en donnant des
coups de queue rapides 5 ce qui lui a fait
donner le nom qu il porte en français.
Branchiop. stagnai ^Branchiopoda stagnalis.
Les cornes horizontales , et les nageoires de la queue
larges ; quatre antennes.
Cancer stagiialis , Lin. — Gammarus stagnaiis^
Fab. — Schaejfer. Monog. 1754. fig. I, a, iz.
Herlst. Cane. tab. 35. fig. 9 , oi.
Voyez pi. 14. fig. I , qui le représente grossi, de plus
du double.
Se trouve dans les eanx stagnantes.
Branchîopode ^dWMàRMX^Brançh.paîîudosa.
Les cornes perpendiculaires et les nageoires de la
«[aeu« filiformes ; deux antennes.
DES BRANCHIOPODES.
Mvller Zoo\. Dan. tab. 48. «g. i, 8. Herbst.
Cane. tab. 35. fig. 3, 4, 5. Act. Angl. iT/.^. Act. A^gl.
1ÔU7, avec figures
Se trouve dauii les eaax staeaantes.
ZOÉ, ^C7JB^, 5o5c.
Çuatre antennes presque égales , Us exté-
rieures bifides et coudées; un rostre de la
longueur du corcelet. Deux jeux extrê-
mement gros ; pattes postérieures en nà-"
geoires. Queue fourchue.
Le genre de là zoé a éié établi par
Bosc , sur des crustacés qu'il a décou-
verts dans la grande mer , entre l'Eu-
rope et l'Amérique. Il ne peut être
confondu avec aucun autre , et sa place
naturelle est même assez difficile à
fixer. Il est de la division des sessiiio-
cles de Lamarck , et la disposition
de ses pattes natatoires semble Je rap-
procher des polyphèmes de Muller :
mais il a deux yeux , une queue arti-
iw«^
ioG HISTOIRE NATURELLE
culée , et , dans sa manière dëtre , des
caractères communs avec les bran-
chiopodes de Lamaick. Dans l'impos-
sibilité de le rapprocher d'aucun das
genres de ce Naturaliste , on le met
à la tête de la première section des ses-
siliocles, avant la crevette, pour indi-
quer qu'il fait le passage entre les pé-
diocles et les sessiliocles.
La zoé a un corcelet presque ovale ,
d-une seule pièce demi -transparente ,
portant sur sa partie antérieure et infé-
rieure un rostre droit , inflexible ,
mince, uni, pointu, un peu plus long
que le corcelet, et formant presque un
angle droit avec lui. Aux deux côtés
de ce rostre sont implantés deux jeux
presque sessiles , extrêmement gros ,
saillans , d'un bleu très-brillant , et plus
bas deux paires d'antennes plus courtes
que lui; les inférieures simples ; les
extérieures coudées et bifides. Les ins-
trumens de la mandiication n'ont pu
être observés. Sur la partie eupérieuro^
i
il
DES ZOÉS. iZ'2
et antérieure du corceJet se voit une
épine deux fois plus bngue que lui'
très-large à sa base , courbée en arrière,
unie, qui, l'animal vu de face, semble
dans le même plan que le rostre ; et
sur ses parties latérales , deux autres
épines , très-courtes , recourbées en des-
sous. La queue est aussi longue que le
corceletsous lequel elle se couche 5 elle
est composée de quatre articulations ap-
platies, presque égales, très-étroites , et
d'une cinquième , la terminale, beau-
coup plus grande , fourchue , ou mieux
en croissant , avec quelques épines
courtes dans l'intérieur. Les pattes sont
très - courtes , couchées sous l'abdo-
men, à peine visibles, à l'exception des
deux dernières qui sont très -longues
et en forme de nageoires.
Telle est la description de ce très-
remarquable crustacé , mais il faut voir
sa figure pour s'en faire une idée com-
plète. 11 est nécessaire d'ajouter qu'il
est transparen; comme du verre ; qu«
Crustacés, II, i3
|jlK '""*"" "' ''^
i ..
l38 HISTOIRE NATURiLLH
les yeux , et une petite tache verte à la
base de l'épine supérieure , le distin-
guent seuls de l'eau dans laquelle il
vit.
La zoé , lorsque sa queue est repliée ,
patoît un globule à peine d'un demi-
millimètre, qui seroit percé d'outre en
outre par une épine. Elle se meut avec
une grande vélocité , au moyen de ses
pattes en nageoires , soit circulaire-
ment , soit de bas en haut , et de haut en
bas , souvent elle tourne sur elle-même.
Il est impossible de voir lorsqu'elle est
«n vie , à raison de sa petitesse et de sa
transparence , non seulement les parties
de la bouche , mais même les pattes ,
autrement que par leur mouvement.
Bosc n'a vu qu'une seule fois cet ani-
mal dans la haute mer , à cinq à six
cents lieues des côtes d'Europe. Il en a
entrevu un autre du même genre , dont
la couleur étoit noire, et qui n'avoit point
d'épine dorsale, mais il lui est échappa
«ivaul d'avoir été décrit et dessiné.
V^ l,.X! . lllMi!' ^l^'SkT-jtX^^M
SES ZOÉS.
i3^
La pi, i5 ffig. 3 et 4, représente la
roépélasgique, zoea pelasgica, très-
grossie, vue de côté, et en devant. On
dit qu'elle est déjà figurée dans un ou-
vrage allemand, mais on n'en a pas
connoissance.
»^ ^ ^ m
CREVETTE.Gjmmarvs, Fabricius.
Quatre antennes inégales , sétacées , articu-
Jëes; les supérieures bifides, plus longues
que les inférieures. Corps alongé , cou-
vert de pièces crustacées , transverses.
lies appendices bifides sur les côtés de la
queue, et à son extrémité. Dix à quatorze
pattes; les quatre antérieures terminées
par des mains à simple crochet.
Les caractères qui distinguent les
crevettes des autres crustacés sont très-
prononcés, et principalement dans les
appendices, propres à sauter, qu'on
remarque à leur queue , aussi avoient-
elles été séparées des cancer de Lin-
•i 'î '
;
m
140 HISTOIRE NATURELLE
nœus dès les premières éditions du sys-
tème entomologique de Fabricius.
Lamarck avoit conservé à ce genre
une latitude trop considérable, mais
Latreille l'a restreint en établissant ce-
lui qu'il a appelé talitre , et qui en
diffère, principalement parce que les
antennes supérieures ne sont pas plus
longues que le premier article des in-
férieures , tandis que dans les vérita-
bles crevettes, ces mêmes antennes sont
plus longues que les inférieures, comme
on vient de le voir.
. Le nouveau genre de Latreille sera
mentionné ci-après.
Le corps des crevettes est alongé ,
convexe ou arrondi en dessus , un peu
atténué aux deux bouts , applati ou tes-
tacé , comprimé sur les côtés , couvert
de lames transverses plus ou moins
nombreuses, selc- les espèces. Il est
plus haut que large, ce qui fait que
l'animal est obligé de se tenir couché
sur un de ses cotés , lorsqu'il est ea
DES CREVETTES. î/^t
repos au fond de l'eau , ou qu'il y
veut marcher ou nager, mais il re-
prend la position naturelle à la plupart
autres crustacés lorsqu'il nage entre
deux eauxj La tête est ici distincte, c'est-
à-dire qu'elle est séparée du rorps par
une légère. incision. Elle porte sur les
côtés deux yeux , et sur le devant deux
paires fi'antennes sétacées.
Les yeux , regardés à la loupe ,
montrent des plaques ovales, élevées,
blanches , parsemées de points noirs.
. Les antennes sont longues , les pre-
mières plus que les secondes, toujours
un peu .courbées. Elles sont divisées en
quatre parties, dont la! dernière, la
phis mince et !a plus longue , est sub-
divisée en un grand nombre d'articu-
lations , d'où partent de petits poils
courts. Les supérieures sont un peu
bifides , c'est-à-dire qu'il sort de leur
troisième article , deux autres articles ,
dont l'un est très - court comparative-
ment à l'autre.
il
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H
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• t.
t4S HISTOIRE NATURELLE.
Las in^îv'Mmens de la inanducatîon
sont riioins compliqués que dans la plu-
part des autres genres.
Les plaques crustacées qui couvrent
le corps , se pro'oiiguU de manière à
former une grande cavité en dessous ,
qui sert à cacher une partie des pattes ,
et les branchies , qui , dans ce genre ,
sont saillantes , ou disposées en lames
minces , transparentes , dirigées selon
la longueur du corps.
Les pattes varient en nombre, com-
me les anneaux , selon les espèces. Les
unes en ont cinq paires , les autres en
ont sept. Ces pattes sont attachées aux
premiers anneaux. Les anneaux qui
n'en portent point , ont une paire de
longs filets mobiles , que l'animal tient
dans un mouvement continuel, quoi-
que tous ses autres organes soient en
repos. Chacun de ces filets est divisé en
deux parties , dont celle qui tient au
corps est cylindrique , et l'autre divisée
en deux branches coniques ou sétacées ,
DES CREVETTES. I43
garnies de longs poils, et subdivisées
en un grand nombre d'articulations qui
les rendent très - flexibles ; cependant
elles ne sont mobiles que sur celle qui
les unit à la pièce cylindrique.
La queup est garnie de quatre ou de
six pièces aiongées , bifides , très-remar-
quables , et qui , comme on Ta déjà dit,
constituent le caractère le plus essentiel
de ce genre. Elles sont attachées, par
paires, à chacun des derniers anneaux
du corps. Ce sont des parties écailleuses,
applaties et mobiles, divisées transver-
salement, par une articulation , en deux
portions , dont la seconde est composée
de deux branches distinctes , également
mobiles et articulées à la première
portion, qui en est comme la tige.
Les pièces , attachées au dernier an-
neau , et quelquefois il n'y en a que
là , sont les plus longues de toutes , sont
garnies de jointes en forme d'épines ,
et leurs deux branches sont souventter-
iniuées par trois épines gemblablei.
ili
. 5.
Il i
144 HISTOIRE NATURKLLK
Toutes ces parties , excepté la dernière
paire, quoique garnies d'articulations,
n'ont pas de mouvement propre, elle»
suivent celui que la crevette donne à sa
queue 5 on dit , excepté la dernière ,
parce que, dans presque toutes les es-
pèces , cette dernière sert à un mouve-
ment de ressort , qui fait sauter l'ani-
mal quelquefois à une distance consi-r
dérable.
Les pattes, sur lesquelles il faut re-
venir, sont différentes les unes des au-
tres , paire par paire. Les deux pre-
mières paires sont plus larges que les
autres , et ont , à leur extrémité , un
grand ongle mobile , qui est la serre ,
et que la crevette peut appliquer sur
l'articulation inférieure , dont le bord
est garni de quelques épines. C'est avec
ces serres, qui sont fort dififérentes de
celles des écrevisses , que ces animaux
saisissent leur proie , et la portent à la
bouche. Les deux paires suivantes sont
un peu plus longues , et moins larges
un
DIS CREVETTES. I45
que les premières 5 elles sont également
terminées par un ongle, mais il est
droit ou peu courbé, et n'est pas sus-
ceptible de se replier. Enfin , les autres
paires que la crevette tient ordinaire-
ment relevées et appliquées contre les
côtés de son corps , sont encore plus
longues; la cuisse sur-tout est beaucoup
plus large. Elles ne sont pas ordinaire-
ment velues, mais toujours épineuses.
Les crevettes savent nager avec beau-
coup de vitesse , au moyen des instru-
mens dont on vient de voir l'énuméra-
tion , et qui tous y concourent.
Elles sont extrêmement communes ,
tarit dans la mer que dans les eaux
douces, et servent de nourriture aux
poissons littoraux , et à plusieurs es-
pèces d'oiseaux» Souvent on les voit
accouplées , le mâle emportant la fe-
melle , bien plus petite que lui, entre
ses jambes. On n'a pas suivi leur ma-
nière d'agir dans la suite des actes de
la génération , dans leur changement
] >•
! t I
146 HISTOIRIB NATURELLB
de peau , etc. 5 mais il y a tout lieu de
croire que cette manière est fort peu
difTërente de celle des autres crustacés.
Il est possible que dans les espèces
dont on va donner Fénumération , il
s'en trouve quelques-unes qui appar-
tiennent au genre talitre; mais il sera
facile à ceux qui auront occasion d'en
rencontrer , de Içs recounoitre.
Crevette ampoule , Gammarus ampulla.
Les pinces sans doigts ; quatorze pattes ; les cuisses
postérieures , larges et applatie^.
Phîpps. It. Bor. tab. 12. fig. 3. Herbst. Cane,
tab. 35. fig. i.
Se trouve dans la mer du Nord.
- Crevette folâtre , Gammarus nugax,
Xes pinces sans doigts ( quatorze pattes ; les six
cuisses postérieures larges et applaties.
Phfpps. It. Bor. tab. 1 2. fig. 2. Herbst. Cane. tab. 3$
fig. a.
Se trouve dans la mer du Nord.
Crevette carénée , Gammarus carinatus.
Les pinces sans doigts; quatorze pattes; le dos ca-
réné et épineux.
On ignore son pays natal.
Crevette treillis , Gammarus cancelliis,
Quatre pinces sans doigts ; seize pattes.
3DES CREVETTES.
Ï47
PaVas , Spicil. Zoo?. 9. tab. 3. fig. 18. Heibst%
Cane. tab. 35 Hg. la.
Se trouve dans les rivières de Sibérie.
Crevette à longues cornes , Gam. longicomis.
Les piaces sans doigts; les antennes plus longnei
que le corps ; la queue obtuse.
Gronw. Zooph. tab. 17. fig. 7. Pal/as, Spicil.
Zool. g. tab. 4. fig. 9. pennant. Zool. Brit. 4. tab. 16.
fig. 3i. Herbst. Cane. tab. 35. fig. 1 1.
Se trouve dans les mers d'Europe.
Crevette des ruisseanx , Gammarus pulex.
Quatre pinces sans doigts j dix pattes.
Hasur. Subs. a. tab. 3. fig. 7. G^oj^ Ins. 2.
tab. 21. fig. e.JDfgeer. lus. 7. tab. 33. fig. 1 , 2. Herùsf.
Cane. tab. 36. fig. 4,5.
Ployez pi. ^4. fig. 4 , où elle est représenté»
grosiie.
Se trouve en Europe dans les eaux douces, ella
tst fort cokmune aux environs de Paris.
Crevette porte corne , Gammarus corniger.
Les pinces sans doigts ; le rostre recourbé e«
tléne ; une double corne de chaque côté du corcelet,
fie trouve dans la mer du Nord.
Crevelte bossue, Gammarus gihlosus,
Oblougue, bossue; lesantennespUssées, très-longues»
*e trouve sur les côtes de Portugal.
Crevette amorce , Gammarus esca.
Les pinces sms doigts ; la queue ariiculét «n «Iv&t;
1 «xtréiuité fendue.
6« ti'ûuvt dans la mgv du Nordy.
in
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1 \ '%
i
s
148 HISTOIRE NATURELLE.
Crevette des méduses , Gammar, medusarum»
Quatre pinces à un seul doigt ; la tête très-obtuse.
Slroem. Sundm. tab. l. fig. 12 > i3.
Se trouve sur les méduse* dans la mer du Nord.
Crevette des homars , Gammarus homarî.
Les segmens du corps épineux en dessus j la queut
en faisceau j les pointes dentelées.
Stroem. Act. Afr. 10. tab. 2.
Se trouve dans la mer du Hord.
TALITRE, Talitrus, Latreille.
Quatre antennes simples ; les intermédiaires,
supérieures, plus courtes que le pédoncule
des inférieures. Corps alongé , couvert de
pièces crustacées , transverses , presque
égales, et appendiculées sur leurs côtés.
Dix à quatorze pattes ; les antérieures
terminées par des mains. Des appendices
bifides à Textrémité du corps.
Les talitres ont été placés parmi les
crevettes par Eabricius , et en effet ils
ont de grands rapports de forme et
de moeurs avec elles , mais cependant
DES TALITRES. 149
ils en sont fort dislinguables quand on
entre dans le détail de leurs différentes
parties , et qu'on suit leur manière de
vivre. Latreille, le premier, les a sé-
parés, et les détails dans lesquels on
va entrer prouveront qu'il a eu raison.
Les talitres ont généralement le corps
plus épais et plus court que les cre-
vettes. Leurs yeux sont plus rapprochés.
Leur queue est accom pagnée d' u n moin-
dre nombre d'appendices bifides. La
cuisse de toutes est , en général , plus lar-
ge; mais ce qui forme le caractère géné-
rique essentiel , ce sont les antennes ,
dont les supérieures sont, dans les tali-
tres , à peine de la longueur du pre-
mier article des secondes , tandis que
dans les crevettes, ces mêmes antennes
sont plus longues que les secondes.
Les crevettes vivent constamment
dans l'eau , ou mieux , n'en sortent que
lorsqu'- les y sont forcées par son des-
sèchement ou sa corruption. Les talitres,
au contraire, sont plus souvent dehors
Crustacés II. 14
il
]":
f
•JiOfy
l
l5o HISTOIRE NATURELLB
que dedans , du moins pendant l'ét^.
Ils aiment à se cacher sous les pier-
res ou sous les plantes marines , qui s©
trouvent souvent accumulées sur les
bords de la mer.
Bosc, qui en a observé de grandes
quantités sur les côtes d'Amérique ,
s\ir celles d'Espagne et sur celles de
France , rapporte que dès qu'on enlève
les pierres où l'espèce de fumier sous
lequel ils sont à l'abri du soleil , dans
une humidité nécessaire à leur exis-
tence , ils se sauvent toutes avec une
telle vivacité de sauts, que de plusieurs
centaines qu'il découvroit à-la-fois , à
peine en pouvoit-il saisir un ou deux
individus.
' Les organes qu'ils emploient à ces
mouvemens , ne sont autres que les ap-
pendices de leur queue qu'ils replient
sous leur corps , et qu'ils débandent
ensuite, positivement comme les po-
dures parmi les insectes. Ils donnent ,
si on peut employer cette expression.
m
DES TALITRES. i^r
^e continuelles chiquenodes au sol sur
lequel ils se trouvent.
Les talitres vivent d'animaux plus
petits qu'eux, ou de corps morts re-
jetés par les flots. Ils sont eux-mêmes
«langés par une grande quantité de
poissons et d'oiseaux. Ils forment , com-
me les crevettes, un excellent appât pour
prendre les petits poissons à la ligne.
Ils jouissent des mêmes prérogatives
que les autres crustacés , c'est-à-dire
qu ils portent leurs œufs sous la queue
au printemps , et changent de peau
en été. Degeer les a surpris une fois
dans cette dernière opération, qui s'est
terminée en un clein-d'œil.
^onamelescrevettes,ilsportentleur»
femelles , beaucoup plus petites , entre
leurs pattes, et ce fardeau ne les em-
pêche point de sauter, seulement iis'op-
pose à ce qu'ils sautent aussi loin.
Tout ce qu'on pourroit dire de plus
sur ce genre , appartient aux crevettes.
1'
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} ^
? 1
l5a HISTOIRE NATURELLE
Talitre sauterelle , Talitrus locusta.
Quatre pinces à crochets; quatorze pattes.
¥ allas , Spicil. Zooî,. 9. tab» 4. fig. 7. HoeseU
Ins. 3. tab. 62, Frtsch. Iiis. 7- ^ab. 18. Jtfcr**/.
Cane. tab. 36. fig. t.
Se trouve dacs les mers d'Europe.
Talitre grillon, Talitrus griUus,
Deux pincflâ à crochet ; dix pattes.
Voyez pi. ;i5. et fig. 2, où il est représenté grossi.
Tôte comprimée; antennes supérieures de la loogueuï
àvL premier article des inférieures ; les postérieures
db la longueur de la moitié du corps} toutes un peu
épinensc-s.,
Corps comprimé et composé de onze anneaux. Le»
sept premiers avec un prolongement latéral distinct.
Queue composée de îro'S appendices bifides; l'in-
férieur le plus long; le supérieur à peine visible.
Dix pattes épineuses , à cuisses larges et minces j
les deux premières terminées par un» maiû ovale , à
croshet simple.
Cette espèce se trouve en grande quantité sur les
côtes d'Amérique septentrionale où Bosc Ta observée.
Elle ne ^e tient jamais dans l'eau ; mais elle habite
les lieux humides, des bords de la mer, cachée sous
les débris des végétaux , sous les pierres , etc. Elle
saute par le moyen de sa queue , et glisse sur le sable ,
par le même moyen, avec une rapidité, dont on no
se fait pas uue idée. Elle acquiert une longueur de dix à
douze millimètres. Les oiseaux de basse -cour en sont
extrêmement friands.
I
DES CHEVROLLES.
l55
CHEVROLLE, Caprella, Lamarck.
Quatre antennes inégales. Corps linéaire ,
avec des renflemens irréguliers, articulés y
à segmens plus longs que larges. Queue
. nulle, ou très-courte, et dépourvue d'é-
caillesou d'appendices quelconques. Pattes
articulées , disposées par paireis irréguliè-^
mebt distantes.
"La forme des chevrolles se rap-
proche davantage de celle de la larve
des insectes appelés mantes que des
crustacés ; cependant leur organisation
Jes place à côté des crevettes.
Leur corps est extrêmement alongé
relativement à son épaisseur , non par
le nombre de ses articulation? mais
par leur longueur. Leurs deux anten-
nes supérieures sont plus longues, et
composées de quatre articles inégaux ,
dont le dernier est plus long, et subdi-
visés en un grand nombre d'articles
épineux ou velus à leur base. Les deux
y
u
l54 HISTOIRE NATURELLE
inférieures sont plus courtes , et com-
posëes de trois articles seulement , mais
organises de même. Les jeux sont la-
téraux et sessiles. Les six articles du
corps sont inégaux en longueur , pres-
que cylindriques , mais souvent renflés
dans leur milieu. Au premier , qui
porte la tête , ou mieux , qui est la pro-
longation de la tête, est attachée une
paire de pattes, dont l'avant dernier
article est ovale , et le dernier en cro-
chet, susceptible de se courber sur le
précédent. Ces pattes sont ordinaire-
ment très-courtes. Du milieu du se-
cond , part une paire de pattes parfai-
tement semblables aux premières, mais
beaucoup plus longues. Les deux sui-
vantes portent des pattes , ou des
tubercules entre lesquels sont les or-
ganes de la génération , et qui , dans
les femelles se changent en mi ovaire
très-volumineux , lorsque la féconda-
tion est opérée. La cinquième est or-
dinairement libre. Dans quelques es-
SES GHEVROILES. l55
pèces , il y en a encore deux autres
dont le premier , qui est long , porte à
son extrémité deux pattes courtes, onr
guiculées, à quatre articles, et le der-
nier, qui est très-court , porte égale-
ment à son extrémité , deux paires de
pattes onguiculées ; la première , inté-
rieure et plus ce urte, a cinq articles ; la
seconde , supérieure , en a six. Ces deux
dernières sont ordinairement relevées^
Lorsqu'il n'y a que six articles à l'ab-
domen , on ne trouve que ces quatre
dernières pattes.
Les chevrolles se trouvent princi-
palement dans la mer du Nord. Leur
manière de nager est singulière en ce
que leur corps se relève postérieure-
iiient de manière à former quelque-
fois un angle droit. Leurs mœurs n'ont
point été étudiées. La première es-
pèce, quia été observée par MuUer,
présente un phénomène remarquable;
le mâle est fort différent , et a un
plus grand nombre de pattes que la
:^il
l56 HISTOIRE NATURELLE
femelle. On ne peut sernpêcher de
soupçonner , malgré la confiance que
lût^i'ite cet homme célèbre, qu'il a
été ici induit à erreur , qu'il a con-
fondu deux espèces , mais on n'en suivra
pas moins son opinion , puisqu'on n'a
pas de preuves qu'il se soit trompé.
Chevrolle linéaire , Caprella Unearis,
Quatre mains à un seal ongle; dix pieda dans !•
aaâle.
Cancer Jineari s. JJnn, — Cammants linearis, F ai.
Paf/as, Spicil. Zool. q. tab. 4. fig. l5. Pennant.
Zool. Brit. 3. tab. ï2. fig. 3a. Martin. Spitz. tab. P.
fig. I. Ilerbst. Cane. tab. 36. fîg. 9 et lO, A , B.
Se trouve dans la mer du Nord.
Chevrolle ventrue , Caprella ventricosa.
Peax mains avec nn seul ongl« ; quatorze pieds,
Mul/er, Zool. Dan. tab. 56. fig. i , 3. Acta. Helv.,4,
tnb. 4. fig. 8, q , 10.
- Se trouve dans la mer da Nord. «''
■ >: ?-t
■■«# •î.-'- \
l II
DIS ASSLXES.
15/
ASELLE, ASELLVS, Geoffroy.
Quatre antennes sétacëes, simples, inëga»
jes ; les plus petites supérieures. Corps
oblong, « I vert de plusieurs pièces crus-
tacées , transverses , et terminé par une
queue d'une seule pièce en dessus , et de
deux pièces en dessous ; ces dernières s'ou-
vrant sur la dernière articulation du corps.
Des styles en pointes articulés et bifides
à la partie postérieure. Quatorze pattes.
Les aselles ont ëté long-temps con-
fondues avec les cloportes , dont elles
ont l'apparence extérieure , mais dont
elles diffèrent cependant par deux ca-
ractères essentiels , le nombre des an-
tennes et la forme de la queue. Quoi-
que quelques Naturalistes du siècle
dernier les aient mentionnées sous
le nom qu'elles portent ici, Geoffyoi
doit être regardé comme le premier
qui ait appris à les distinguer de ces
insectes. Son exempl'î, quelque bien
motivé qu'il fût, n'influa pas sur Lin-*
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l58 HISTOIRE NATURELLE
naeus, qui continua de mettre les aselles
pacmi les oniscusy mais Fabricius les
réunit avec d'autres erustacés , qui
leur sont étrangers sous le nom de
cymothoa. Ce Naturaliste vient , dans
son dernier supplément, de diviser ce
genre en deux. L'un, auquel il a con-
servé le nom de cymothoa, et l'autre
auquel il a donné celui d'idotea , et il a
annoncé qu'il étoit obligé de suspen-
dre le classement de plusieurs espé-
rées, faute de connoître assez complè-
tement leurs caractères. Ces deux gen-
res diffèrent par le nombre des anten-
nules, les cymothoa en ayant quatre,
et les idotea seulement deux,
j Latreille, qui a jugé le caractère
générique de Lamarck trop vague ,
qui a reconnu qu'il ne convenoit pas
à toutes les espèces, a partagé son genre
en quatre autres.
L'un, auquel il a conservé le nom
d'aselle , est formé de l'aselle des ruis-
seaux de Geoffroy , ou Voniscus aqua-^^
«, ï
DES ASELLES. . iSç
foctt^ de Linnœus, les caractères qu'il
lui a donnés sont presque ceux de La-
marck^ c'est-à-dire quatre antennes
distinctes , des styles en pointes , arti-
culés et bifides , à la partie postérieure
du corps. Il auroit pu ajouter, queue
composée , en dessous , de deux lames
qui s'articulent et se meuvent sur le
dernier anneau du corps; ce qui est son
caractère essentiellement distinctif.
Le second , auquel il a donné le nom
d'idptée , idotea , quoi qu'il ne com-
prenne pas les espèces rassemblées par
Fabricius sous ce nom , a pour carac-
tère : Corps alongé; quatre antennes
distinctes ; point de styles, ou de pointes
articulées et bifides à la partie posté-
rieure du corps qui a des lames fo-
liacées et longitudinales en dessous. 11
auroit du ajouter articulées sur le bord
latéral de la queue. Ce genre a pour
type la même espèce que le genre aselle
de Lamarck , c'est - à - dire ïoniscus^
«ntomon de Linnaeus.
l6o HISTOIRE KATURSLLS
Le troisième, appelé spérome, res-
semble plus aux cloportes, ou mieux y
aux Jules , en forme de cloporte , qu'au-
cun des deux genres précédens. Il a
pour caractère : Corps ovale , se met-
tant en boule 5 quatre antennes dis-
tinctes; point de styles à l'extrémité
postérieure du corps. Une pièce ou
deux , en lame , de chaque côté de la
queue , mais point en dessous.
Le quatrième , nommé avec Fabri-
cius , cymothoa, a pour caractère : Qua-
tre antennes sétacées très-courtes, corps
crustacé , convexe , tronqué ou très-ob-
tus postérieurement, des yeux distincts;
pattes terminées par un ongle très-fort.
La division de Latreille ne peut être
qu approuvée 5 elle sera donc suivie
ici. On va en conséquence décrire les
quatre genres mentionnés plus haut sous
les noms imposés par ce Naturaliste.
Le corps des aseîles est applati , com-
posé de huit anneaux, y compris k
<£ueue.
h r /
DESASELLE6. iSl
La tête est plus large que longue ,
et son bord antérieur est un peu con-^
cave. De chaque côté , on voit un
mamelon ou tubercule, garni de poils
courts 5 les deux jeux, qui sont placés
environ au milieu des deux côtés , sont
petits , noirs , convexes , et entourés
de poils.
Il y a quatre antennes. Les deux plus
longues sont inférieures , et composées
de cinq articles, dont le cinquième est
sétacé et subdivisé en un grand nombre
d'articles. Les deux plus courtes sont
divisées en quatre parties 5 la quatrième
également subdivisée. Toute» aont gar-
nies de quelques poils.
Au-dessous des antennes se voit la
bouche entourée de ses antennules , de
ses mâchoires et de ses mandibules.
Les sept lames crustacées qui cou-
vrent le corps sont presque égales , et
leurs bords latéraux sont presque éga-
lement recourbés en dessous et en ar-
rière; leurs bords sont tranchans, mai»
Crustacés. II. j5
.( H
1
l6a HISTOIRE NATURELLI
la huitième , qui forme la queue , est
plus grande, arrondie, et terminée en
pointe mousse en dessus.
En dessous, la queue pressente des
parties qui ont besoin d'être décrites en
détail.
D'abord , on voit deux lames minces
en forme d'ecailles , concaves en de-
dans, articulées au corps par leur bord
antérieur, mais libres dans le reste de
leur étendue , ou seulement appliquée
contre les bords de la partie supérieure
de la queue. Leur bord extérieur est
arrondi, et l'intérieur est en ligne droite,
de sorte qu'elles se joignent exactement.
Ces deux lames sont composées de
deux membranes , dont l'extérieure
seule est crustacée ; elles ont un vide
entre elles qu'on peut quelquefois ap-
percevoir.
Sous ces lames , dans la cavité for-
mée par la pièce supérieure , se trouve
deux paquets de cinq branchies, dont
chacun ressenU^ie ù une petite vessie ,
DES ASELLES.
16.^;
applatîe et remplie d'air. Toutes ces
branchies sont transparentes , parse-
mées de points opaques , et garnies de
quelques poils à leur base. Les trois
premières sont d'une forme un peu dif-
férente des deux dernières. Elles sont
dans un mouvement continuel pendant
la vie de l'animal.
Le septième anneau du corps du
mâle est garni en dessous de deux pièces
remarquables; ce sont des lames min-
ces , transparentes , crustacées , un peu
concaves en dessoufe ou du côté du corps
duquel ellei sont articulées par leur
base 5 chaque pièce est divisée en deui
parties par un étranglement profond ; la
première de ces pattes est moins largo
que la seconde , et le bord postérieur de
cette dernière, qui a une petite inci-
sion du côté extérieur est circulaire, est
garnie d'une frange de très-longs poils.
En dessous de ces pièces il y en a deux
autres également plates et fort irrégu-
lières. Ces pièces sont sans doute les
f^
\ '•
ï: )
164 HISTOIRE NATURELLE
parties de la génération du mâle ; mais
on ignore comment elles agissent.
La femelle a , dans le même endroit,
c'est - à - dire au - dessous du septième
anneau , deux petites parties ovales en
forme de lames plates , bordées de
longs poils, qui recouvrent une petite
ouvertuxe qui communique ave^: l'o-
vaire.
La qucîue est garnie à sa partie pos-
térieure de chaque côté , d'un appen-
dice fourchu , attaché à son bord posr
térieur. Ces appendices sopt composée^
d'une tige de deux articles , dont le
second est le plus grand , et va en gros-
sissant. Les deux branches sont atta-
chées sur cette tige , en opposition, mais
l'une un peu plus basse que l'autre. Elles
sont subulées , obtuses , divergentes ,
et terminées par quatre longues soies.
Le tout est garni de quelques poils ,
et très - flexible; mais il ne paroît pas
que l'animal puisse mouvoir volontai-
rement ces parties.
DES ASELLES.
ï65
L'usage de ces fourches n'est pas
connu , et elles tiennent fort peu au
corps 5 aussi, les aselles les perdent-
elles souvent; elles repoussent comme
les pattes des écrevisses
Les aselles ont sept paires de pattes
assez longues , placées sur les côtés des
premiers anneaux du corps. Les deux
antérieures sont beaucoup; plus courtes
que les autres , et divisées en cinq
parties différentes en figure. Celle qui
termine la patte, forme un crochet garni
de poils intérieurement, et elle s'ap-
plique sur le bord intérieur de la qua-
trième, qui est également velue et mê-
me épineuse. Ces deux parties font
donc l'office de pinces. Les douze autres
pattes sont divisées en six parties iné-
gales , et garnies de poils roides.
Les huit pattes antérieures ont leur
direction vers la tête ; les six autres sont
courbées en arrière.
Lorsque les aselles sont poursuivies ,
elles courent fort vite dans feau y mais
« •
l6G HISTOIRE NATURELLE
naturellement elles marchent lente-
ment. Lorqu'elles sont en repos , leur
corps est toujours un peu recourbé en
dedans.
Quoique les aselles soient très-com-
munes , leur histoire est encore fort im-
parfaitement connue ; voici ce qu'on
sait de liBurs mœurs.
Dès que les glaces des marais sont
fondifes , on voit les aselles occupées à
l'œuvre de la génération , et elles con-
tinuent à s'accoupler pendant tout le
printemps et même tout l'été. Le mâle,
qui est toujours plus grand que la fe-
melle, se saisit d'elle, etJa porte sous
son corps , la retenant avec les deux
pattes de la quatrième paire , dans
l'endroit où se trouve la troisième ou
quatriènle paire de celles-ci. C'est ainsi
qu'il la porte par-tout où il va • sans
que cette femelle soit dans la pos-
sibilité de lui échapper. Il la garde
sept à huit jours. Quand il la quitte ,
elle se trouve toujours chargée sous le
LES ASEL^ES. 167
ventre d'une certaine quantité d'œufs
enfermes dans un sac membraneux , ou
une espèce de poche.
Il est très-digue de remarque que ces
aselles propagent avant d'être parve-
nues à leur dernier degré d'accroisse-
ment. On en voit accouplées, qui ne sont
pas encore à moitié de leur grandeur.
Quant à l'acte même de l'accouple-
ment , il n'a pas encore été observé.
Si les parties de la génération des mâles
sont les deux mamelons dont a parlé
précédemment, l'acouplement doit être
difficile. Il seroit possible de conjec-
turer, en réfléchissant sur la longue
jonction des deux sexes , que la fécon-
dation des œufs se fait à leur isortie
du corps de la femelle, comme dans
les grenouilles , chez qui le mâle ,
comme on sait, s'empare également
de la femelle pendant plusieurs jours.
Geoffroy avoit soupçonné, par ana-
logie , que les aselles étoient vivipares.
Il ne s'est trompé qu'en partie. .Elles
l68 HISTOIRE NATURELLE.
, foiit bien des œufs , comme on vient
de le voir , mais les petijls éclosent
dans l'ovaire , de sorte qu'ils naissent
tous vivans. Leur sortie du sac mem->
l)raneux , ou de l'ovaire , présente un
fait curieux , qu'il est bon de rap-
porter. , ,
Lorsqu'on renverse sur une table
une aselle femelle , dont les petits sont
à terme , les mouvemens qu'elle fait
pour se remettre sur pied , détermine
son ovaire à s'ouvrir dans sa longueur,
où il y a naturellement une fente , en-
suite chaque moitié à se diviser en trois
portions , de sorte que cet ovaire se
trouve fendu en six parties , qui laissent
entre elles une ouverture très -spa-
cieuse , par laquelle les petites aselles
sortent à l'instant, après quoi la mère
ferme son ovaire, le remet dans son
premier état , et se sauve.
. Les jeunes aselles sont en tout sem-
blables à leur mèire; mais leur couleur
^st plus transparente. On peut voir en
1j
DBS i^ SRLLES. l6g
elles , à laide du microscope, la cir-
culation du sang, jusques dans leurs
plus petits organes. Elles cliangent plu-
sieurs fois de peau ou de test , comme
les autres crustacés.
Demars dit avoir remarqué que les
mâles ne quittoient les lemelies que
vingt - quatre heures après la ponte ,
qu'elle les aidoient auparavant à se dé-
faire de leur vieille peau , d'abord en
leur décalotant la tête avec leurs pattes
antérieures , et ensuite le corps avec
leurs pattes postérieures. Ce fait est
dans l'ordre des possibles ; mais il a
besoin d'être confirmé par de nouvelles
observations.
Les aselles vivent sans doute de
chair, mais on n'a pas d'observations
qui le constate. Elles sont la proie des
poissons et des oiseaux d'eau , et for-
ment un bon appât pour la pêche à la
ligne.
C'est dans les eaux des marais qui
ne sont pas en état de putréfaction ,
■■-■4 j'**''I^B*'S*^
^.s,:.j
'* -.M,'/, J.
170 HISTOIUB NATURELLE
qu'il faut chercher le.5aselles. Au prin-
temps elles sont quelquefois si abon-
dantes , qu'on peut les prendre à la
poignée. En été et en automne elles
deviennent plus rares.
Il n*y a qu'une seule espèce d'aselle
de connue. On l'appellera ici asellè
d'eau douce , asellus vulgaris. Elle a été
décrite par Linnaeus sous le nom d'ozii^-
cus aquaticus; par Fabricius, de cy-
mo/^ftoc, ensuite d'idotea aquatica. Elle
a été figurée par Geoffroy, Ins. a./?/.
J22 ,fig, F 5 par Sub , Hist. Ins. tab. 3o,
fi.fr. la 5 par Frische , Ins. 10, tab, 3o ;
par Schaeff. Eiém. tab. £2; p^rDegeer,
Ins. 7, tab, 3i Jig. 7 ; et on la trou-
vera également ici figurée et grossie
DES IDOTÉES,
i7t
IDOTÉE, IDOTEJ, Fabricius.
Quatre antennes distinctes. Corps oblongj^
couvert de plusieurs pièces crustacées ,
transverses. Point de styles , ou pointes
articulées à la partie postérieure du corps.
Queue large , d'une seule pil»ce ; des lames
foliacées et longitudinales en dessous , ar-
ticulées sur se& bordis latéraux.
Les idotées de Latreille diffèrent un
peu dô celles de Fabricius , mais pas
assez cependant pour mériter d'en faire
un genre particulier. Elles font partie
du genre aselle de Lamarck, quoi-
qu'elles n'aient qu'une partie de ses
caractères , comme on l'a dit à l'articJe
de ce dernier genre. Elles sont toutes
marines, et plusieurs espèces sont con-
nues depuis long-temps sous le nom de
cloportes marins , d'entomon , etc. ;
mais le nombre de celles qui sont dër
crites est bien petit , en comparaison de
celie3 qui se trouvent dans la nature.
*" ; m
/
1-72 HISTOIRE NATURELLE
Bosc rapporte que les côtes d'Europe
en fourmillent , que l'on en trouve
beaucoup en pleine mer , et que les ri-
vages de l'Amérique en sont également
très-peuplés. La difficulté de conserver
ces espèces en bon état , l'incertitude
où Ton a été jusqu'à présent sur les vrais
caractères génériques et spécifiques qui
leur conviennent, ont été les princi-
pales causes du peu de progrès qu'on
a fait dans leur étude ; ce sont elles , du
moins, qui ont empêché Bosc de profiter
de la position, où il s'est trouvé, pour en
faire connoître beaucoup de nouvelles.
Le corps des idotées est de figure
ovale , plus ou moins alongée , convexe
en dessus , applati en dessous , et divisé
en anneaux , dont les premiers , ordi-
nairement , sont larges, et les autres
très -étroits. Tous ces anneaux ont,
dé chaque côté , un appendice plat ,
triangulr ire, finissant plus ou moins en
pointe , et débordant le corps.
La tête , placée dans la concavité du
'^'t^tiM...éi.''i
DES IDOTÉES. IjZ
premier anneau, est moins large que
lui ; mais d'ailleurs assez grande , con-
vexe par derrière , et concave par de-
vant , où elle a , de chaque côté , une
petite ëchancrure , qui forme deux
pointes émoussées. Les yeux , qui sont
placés aux côtés de la tête, représentent
deux petits points noirs, qui , vus à la
loupe, ont une surface raboteuse et
comme chagrinée, ou garnie d'un grand
nombre de petits tubercules.
Les antennes sont au nombre de qua-
tre , deux grandes inférieures , et deux
petites supérieures. Les premières di-
visées en cinq parties, dont quatre plus
grosses, et la dernière subdivisée en
un grand nombre d'articulations. Les
secondes , moitié plus courtes, divisées
en quatre parties égales , excepté celle
qui touche à la tête, qui est plus grosse
et plus courte.
Au-dessous des antennes est la bou-
che , accompagnée de ses antennuUes et
de ses mâchoires.
Crustacés, II, l6
:u'
il
174 HISTOIRE NATUREIiLÏ
Le corps est terminé par une queue
remarquable par sa grandeur, dont la
figure varie suivant les espèces , et qui a
un enfoncement de chaque côté. Elle
est composée de trois pièces ou lames
minces , convexes en dehors, concaves
en dedans. La plus grande et la plus
large de ces pièces, qui est immc-bile,
est placée en dessus. Les deux autres
espèces sont situées en dessous de la
précédente, et chacune est attachée au
bord extérieur de la pièce supérieure,
dans une partie de son étendue, par
une espèce de cliarnière et de liga-
'ment sur lequel elle est mobile, en
sorte que l'idotée peut les ouvrir et les
fermer à volonté.
Cette queue , telle qu on vient de la
décrire, estle fourreau d'organes qu'on
apperçoit lorsque les deux pièces inté-
rieures sont ouvertes. Ces organes sont
des lames membraneuses, transparen-
tes, élastiques, qui ressemblent, par la
forme et la consistance, à de$ ailes de
DES IDOTÉEf. I»75
mouches en mouvement les unes sur ies
autres. On en voit i'abord quatre, at-
tachées au-dessous du premier des trois
petits anneaux du corps, dont les deux
inférieures sont un peu plus longues et
plus étroites que la supérieure. Lors-
qu'on les soulève , on en apperçoit qua-
tre autres parfaitement semblables ,
mais un peu plus longues. Entre ces
dernières , se trouvent deux filets élas-
tiques, moins longs que le fourreau,
qui ont leur attache, par une articu-
lation , à l'avant - dernier anneau du
corps, et qui peuvent se mouvoir à la
volonté de Tanimal. Ils ne se trouvent
pas dans les femelles, et on ne connoît
pas leur usage.
En dessous de toutes ces parties, la
cavité de la queue renferme encore
d'autres paires de lames plates , placées
les unes sur ies autres , et qui ont leur
attache au dernier anneau du corps ,
auquel elles sont articulées. Les pre-
mières de ces lames ressemblent aux
176 HISTOIHÏ NATUREL!»
précédentes ; mais les autres sont plus
longues du double , transparentes , et
sans poils. Ces lames varient en nom-
bre selon les espèces.
Les pattes sont au nombre de qua-
torze , et attachées aux sept premiers
anneaux du corps, proche du bord ex-
térieur. Elles sont de deux espèces. Les
trois premières paires sont beaucoup
plus courtes , et moins grosses que les
quatre postérieures. Elles sont divisées
en six parties de longueur inégales ,
dont la cinquième est la plus large.
La sixième est courbée en arc , et
pointue. Les huit postérieures sont éga-
lement divisées en six parties inégales ;
mais elles vont toujours en diminuant
de grosseur. Toutes sont garnies de
poils des deux côtés.
Lorsque l'idotée nage, les lames de
sa queue sont dans un mouvement con-
tinuel 5 mais ce mouvement est cepen-
dant lent, et permet de voir que ces
lames sont composées de deux pelli-
DES IDOTiES.
177
cules, qui laissent entre elles une ca-
vité , souvent , mais pas toujours , rem-
plie d'air 5 de sorte qu'on ne peut se
refusera les regarder comme les bran-
chies de l'animal.
L'anus se trouve placé au bout du
ventre , sous les lames 5 il est fermé
par deux lèvres latérales et membra-
neuses.
Le mâle diffère de la femelle par les
pattes , qui sont plus grosses ; par les
deux demi- tubes , dont il a été parlé ;
et par deux petites membranes ovales
placées l'une à côlé de l'autre , au-
dessous du premier des petits anneaux
du veptre. Degeer pense que ce pour-
roit bien être les véritables organes de
la génération, d'autant plus qu'après la
mort d'un de ces mâles , il sortit de ces
parties une matière blanche, entortillée
comme un fil , qui ressembloit à de la
matière séminale.
Les idotées , quelque communes
qu'elles soient dans la mer , n'ont pag
t^
Î7S HISTOIRE NATURELLE
encore été ëtudiëes sous le rapport âe
leurs mœurs. On sait seulement qu elles
nagent avec une grande vélocité
qu el es vivent de crustacés plus petits
quelles, et quelles sont redoutée^ par
les pécheurs. On ne devine pas pour-
quoi elles se trouvent dans ce der-
nier cas, à moins quelles n'aient été
confondues avec d'autres genres , tels
que^ genre callige; dont les espèces,
en effet , vivent aux dépens des pois-
sons. Il est même à croire que deux
espèces , les idotées psore et pli vsode
appartiennent à ce genre. Il est possi-
ble que , dans le nombre des autres
Il s en trouve encore quelques - unes
qui se rapportent à des genres diffé-
rens ; mais les principes génériques
sont posés, et il sera facile de recon-
noitre les véritables idotées, lorsqu'on
sera dans le cas d'en observer.
Idotée entomon , J^otea entomon.
,'*'
■*
Dis IDOTÉES.
'75
Oniscus entonton. Linn — Cvr^r^tt.
Pennant. Zool. Brit. 4 tX^eT^^V"''^"''^''''
^«//-.,Spicil. ZooLp.tab 5 fig r' ** '' ^^
Se trouve dana le* mers d'Europe. *
^àotée oestre ^Idoteaoestrum. .
Six anneaux aur la corn.. 1»
tronquée. ^'' ^ ^"<"^« conrte et
s. trouve da™ les met, d'Europe. '
Mot. de la Guadeloupe, /* euad.'oup.„,U.
!." ""T" ™' '« ""P' ) ta queue ovj.
Se trouve dan. les mer. d'Amérique.
^1)« «.neau. .„r 1. corp., ^e». lougé. e. tt„,v
dou^r' ■"• "• "«• *• «"' " «t"*»™» Ponie do
par^B^r"^ " "'"" "".<*•».•«« observé.
.4p.^u^",r^j;,srd:::^;ï:--r
«ontle'tÎTr.x'tS!-"*'-''""''-'™*»»'.
Pattes ponctuées, légèrement épineusea an nn«K,
Codeur d'« W„ o^ir , 4,rt , Jfor^r
t w
t
li *
180 HISTOIÏIE NATURELLE
Idotëe américaine , Idotea americana»
Douze anneaax sur le corps ; les pattes postérieureâ
«longées, ronsses ; la qnene arrondie.
Jiiotei» Americana. Fah.
Se trouve dans les mers d'Amérique. '
Idotëe psore , Idotea psora.
Treize anneaux sur le corps { la queue demi-ovale ;
aiguë; le ventre nu.
Stroem. A et. Hafn. 9. tab. lo.
Se trouve dans la mer du I^ord. Elle passe pont
spécifique contre la teigne et la gale.
Idotée phjsode , Idotea physodes.
Treize anneaux sur le corps; la queue ovale; !•
ventre nu
SuU. Hist. Ins. tab. 3o. fig. 11. Journal de Fhys.
iiov. 1787. pi. a. fig. II.
Se trouve dans la grande mer sur les ouïes des
poissons. Peut-être appartient-elle avec la précédent»
au genre calige.
Idotée vittée , Idotea vittata.
Dix anneaux sur le corps ; grise, ponctuée de brun,
avec un large vitta jaune sur le do»; queue alongée
et terminée en pointe.
A été trouvée par Bosc dans la haute mer. Elle
ressemble beaucoup à Taselle entomon ; mais elle
est à peine longue d'un centimètre; les anneaux n'ont
point d'appendices latérales, et sa queue est moins
pointue. Le vitta disparoit quelquefois pas l'effet df
la dessicatioo.
Idotée aiguë , Idotea acumînafa.
Oblongue , grise; les antennes et les pattes plus pâlesa
la queue pointue.
Se trouve dans l'Océan.
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iiiMiimiaiii
fft/.//. Pl{t/ ■ /70
JV.jâ
Dej'e^oe c/el.
JLe J^/lain t/eiiip ,
1 . a . T]ia}iti'e terrestre . y-l'Aselle d'eaxL douce .
3.4. Zoe pelati^^ue . 8.1.a SpKerouie cendrée,
o, . . La Chevrolle linéaire. o.LYjrie océanique.
6 . . . L'Idotïe xuetallique •
'4
I^Bf^^mmmmmM
DUS IDOTéES. l8l
Idotëe ëmarginëe 5 Idotea emargihata,
Oblongne, gris-brnnj la qnene émarginée.
Se frouve daos l'Océan.
Idotëe albicorne , Idotea albicornis,
Oblongue , hmne; la qaeae pâle, poocmée da
Doir; les antennes blanchâtres.
Se tronye sur les côtes d'Espagne , où elle nuit anx
poisson» j au rapport de Wahl; ce qui fait soupçon-
ner qu'elle appartient au genre callige.
Idotée échancrëe , Idotea excisa.
Dix anneaux sur le corpr ; la queue large « échan-*
crée à son extrémité.
Idotea marina. Fab. — P allas ^ Spicil. 9. tab. 4.
fig. 6. Degeer. Ins. 7. tab. 3a. fig. il. Fermant. Brit,
Zool 4. tab. 18. fig. 3.
S« trouTo dans k mer du Nord.
/
I
aÔ2 HISTOIRE NATURELLE
^^JIÉROME^Sph^romj, Latreille,
Quatre antennes distinctes , et trôs-courtes.
Corps ovale , recouvert de plusieurs piè-
ces crustacëes , transverses , et terminé
par une queue large, ayant, de chaque
coté, deux lames superposées, mobiles,
Quatorze pattes.
Les caractères qui distinguent les
spheromes des idotées et des aselies
sont principalement tirés des petites
lames latérales qui accompagnent la
queue, ou de l'absence des deux grandes
lames , qui , dans les deux derniers
genres en couvrent la partie infé-
rieure.
On doit à Pallas une description fort
exacte d une espèce de ce genre, mais
quoiqu'il en eût mis les caractères en
évidence, il a continué de la regarder
comrne congénère avec les cloportes
deLinnaBus,etFabriciusavec ses cy-
mothoa. Latreille est le premier qui
•iKlBBWHWP» •
p
SES SPHÉROMES.
l85
ait senti la nécessité d'en former un
genre particulier.
Les sphéromes, que Bosc a observées
vivantes, se rapprochent beaucoup plus
àes cloportes qu'aucun des genres dont
il est question ici. Elles en ont com-
plètement la forme, et jouissent, aussi
bian qu'eux , de la faculté de se mettre
en boule lorsqu'elles ont lieu de crain-
dre quelques dangers. Elles sont extrê-
mement communes sur les côtes de
l'Océan et de la Méditerranée, ou peut-
être que , par une recherche plus exacte ,
on en trouveroit un plus grand nombre
d'espèces.
La tête des sphéromes est parallélo-
gramique 5 elle est placée dans une ex-
cision du premier anneau du corps, et
porte de grands yeux réticulés et sail-
lans sur ses angles postérieurs. Les an-
tennes sont courtes 5 les premières , ex-
térieures , plus courtes , composées de
deux articles, dont le dernier est sub-
divisé ea un grand nombre d'autres.
\\
H
A
^
i
l84 HISTOIRE NATURELLE
Les secondes , inîérieures , plus grandes,
ont trois articles, le dernier également
subdivisé.
Le corps est couvert de huit an-
neaux presque tous égaux en largeur ,
recourbés et terminés en pointe émous-
sée sur les bords.
La queue est égale en largeur au
corps, et en longueur à sa moitié. Elle
est bombée en dessus, cave en dessous,
et presque demi-circulaire. Son angle
antérieur est excisé , pour donner at-
tache à deux lames mobiles, oblongues,
presque entièrement en recouvrement
l'une sur l'autre, un peu concaves en
sens contraire, et de la longueur de la
queue. L'inférieure est ordinairement
dentée à son bord extérieur. Sous cette
queue sont des branchies en lames ex-
trêmement minces , transparentes, dont
Bosc n'a pu compter le nombre , ni ap-
précier la forme.
Les pattes sont au nombre de sept
de chaque côté , toutes onguiculées ,
DES SPHÉROMISS.
l85
toutes fort courtes ; mais les premières
plus que les autres.
On a vu à l'article des genres aselle
etidotées , que les espèces qui les com-
posent ont les branchies renfermées
dans des boîtes à deux battans : ici, elles
sont toujours visibles 5 cependant il pa-
roît que les lameis latérales intérieu-
res peuvent, par leur rapprochement,
en couvrir momentanément une partie.
Mais si les sphéromes sont moins fa-
vorisées, sous ce. rapport , que les
genres précités, elles peuvent mieux
qu'eux garantir leurs branchies , en se
mettant en boule , opération qu'elles
exécutent , comme on l'a déjà dit, au
moindre danger , et dont les suites sont
telles , que l'épingle dont Bosc les per-
çoit, pour les conserver , n'étoit pas
capable de les engager à se développer.
On ne s^it rien sur la manière d'être
des sphéromes. C'est principalement
sur les côtes rocailleuses qu'il faut les
«hercher. On ne lève guère de pierres.
Crustacés. II. 17
i
:i
t86 HlSTOmï NATXJRBLL»
pendant Télé , dans les enfoncemens oiV
la basse marée a laissé un peu d'eau,
sans en rencontrer plusieurs.
Bosc a tout lieu de croire que les
deux espèces de ce genre , décrites dans
Fabricius sous le nom de cymothoa
assimilis et serrata^ ne sont que des
variétés d'âge ; et en conséquence il les
réunit sous le nom de sphérome cen-
drée, sphaeroma cinerea , dont les sy-
nonymes sont , onwcwj assimilis, Lin.;
cymothoa assimilis et serrata , Fab. ;
oniscus conglobator , Pallas , Spicil.
ZooL 9. tab. 4,fig' iS, et Miscell.
Zooltab. i4,Jîg. iS» 19- Baster, Sub.
^. tab, i3 ,fig' 3.
Voyez pL i5, /^g". 8, où elle est
représentée grossie.
Se trouve dans les mers d'Europe,
• 1
SES LI6IES.
187
LIGIE, LxGlA , Fabricius,
Çùatre antennes sëtacëes , ayant plus de
dix articles. Corps ovale , submarginé ,
recouvert de pièces crustacëes, transver-
ses. Les appendices de la queue courtes et
bifides.
Les ligîes faîsoîent partie du genre
des cloportes {pniscus) de Linnœus ; et
certes, ce Naturaliste étoit excusable,
à l'époque où il écrivoit, de les avoir
confondîtes avec ces derniers , car il est
difficile de se ressembler davantage au
premier coup-d'œil. La forme est ab-
solument la même , et il faut une loupe
pour voir qu'il y a quai «, antennes , et
que le dernier article est subdivisé en
un grand nombre d'autres , tandis que ,
dans les cloportes , il n'y en a que deux ,
et que le dernier article est semblable
aux autres. Outre ces différences carac-
téristiques, il y en a encore, dans d'au-
tres parties, que la description absolue
'
li
'1
f
]
I t
l88 HISTOIRE NATURELIilS
d une des espèces va faire comioître.
La ligie a une têle ovale -conique ,
insérée dans une échancrure du premier
article du corps. Les organes qui ac-
compagnent sa bouche sont difficiles à
observer. On y voit des mâchoires dou-
bles crustacées, granuleuses, peu iné-
gales , et arrondies sur leurs côtés; une
lèvre grosse, saillante , mais on est in-
certain s'il y a des mandibules et an-
tennules.
Les deux antennes apparentes sont
grosses de la longueur de la mpitié du
corps, insérées sur le front, et compo-
sées de six articles , dont les deux pre-
miers sont très - courts , et le dernier
très -long, et subdivisé en onze autres
qui vont toujours en diminuant de
grosseur.
Les deux autres antennes sont ac-
coUées à la base intérieure de celles-là ,
et s'élèvent à peine à la hauteur du
premier article. Elles sont composées
de deux articles , dont le dernier est
DES LIGI£S. 18^
«ubdivisé en un grand nombre d'autres.
Il falloit la perspicacité de La treille
pour les découvrir.
Les yeux sont très-gros, et placés à
la partie latérale , postérieure de la tête.
Le corps est couvert de sept bandes
écaiileuses.
La queue est composée de six ar-
ticulations semblables à celles du dorps ,
mais plus petites, dont la dernière est
ovale , et a une échancrure de chaque
côté de la partie inférieure , de laquelle
part une lame courte , qui porte à son
extrémité deux filets sétacés , égaux ,
mais dont l'intérieur est mucroné , et
l'extérieur seulement pointu. Le des-
sous fait voir cinq à six lames qui
couvrent les branchies.
Les pattes , au nombre de quatorze ,
sont insérées sur les bords de l'abdo-
men , et ont chacune cinq articulations,
sansy comprendre l'ongle, composé de
deux crochets très-courts , dont les ex-
térieures sont plus longues.
u
1
i
il
t V
):!
I I
ÏQO HISTOIRE NATTT11ELI.B
Il résulte de cette description que
les ligies doivent être placées dans
le voisinage des aselles , des idotées
et des sphéromes , avec qui elles ont
beaucoup de rapports.
La ligie se trouve très -abondam-
ment sur les bords de l'Océan et dé
l'embouchure des rivières qui s'y jet-
tent. Elle se cache sous les pierres , les
fiicus et autres objets que la mer rejette ,
et se contourne sur elle-même positi-
vement comme les cloportes. On n'a
aucune observation détaillée sur ses
mœurs.
Ligie océanique , Ligia océanien.
Les antennes et les appendices de la qaeue plus
«cartes qae le corps; ces dernières inégales.
Stroem. Sundm. tab. i. fig. 14, i5. Acta. Helv,
tab. 5. fig. 663. Baster. Subs. tab. i3. fig. 4. Gronov.
Zool. tab. 17. fig. 2. Pennant. Zool. Britan. 4.
tab. i8. fig. 4. Cuvier, Journal d'Hist. Nat. tab. z6.
Voyez pi. i5. fig. 9 , où elle «st représentée de
grandeur naturelle.
Se trouve sur les bords de l'Océan.
Ligie des mousses , Ligia hypnorum, -
Les antennes et les appendices de la queue plus
«otirtes que le corps ; ces dernières inégales.
^'4
SIS Lions.
'9»
Cuvier^ Jonrnal d'Hiit. Nat. tab. 26. f!g, 3.
8a troave sur les bords de la mer sous les moaisef.
Ligie italique , Ligia itaiica.
Les antennes et les appendices de la quene phu
longues que le corps.
Se troave sur le bord de la mer en Italie.
CALIGE, Caugus, Muller,
Corps couvert de deux grands boucliers.
Deux antennes très-sensibles. Bouche peu
distincte. Huit à dix pattes ; les posté-
rieures avec des appendices branchiales.
Deux yeux marginaux ; deux filets ou
tuyaux formant la ijueue.
Ce genre, quoiqu en apparence voi-
sin de celui des limules , s'en écarte
beaucoup par la forme des organes , et
par les mœurs des animaux qui le com-
posent. Il a quelques affinités , sous ces
deux rapports , avec les lernées.
Guner, Strom et Baster, ont i¥crit
•t figuré des caliges, sous le nom de
ii
m
:
3
I
192 HISTOIRE NATURELtï
poux de poissons , et ils ont pris leur
partie postérieure pour l'antérieure.
Mais Muller a prouvé que ce qu'on
appeloit les antennes étoit la queue , et
que les véritables antennes se voyoient
à la partie opposée , sous la forme de
deux petits filels insérés sous les yeux.
Le corps des caliges est composé de
deux pièces écailleuses , dont la pre-
mière , plu'i grande , représente un seg-
ment de sphère» très-applati , formé par
un test coriace , semblable à celui des li-
mu les. Cette partie a été appelée clypeus,
chaperon , par Linnœus ; mais il est
évident que ce nom ne lui convient
pas , puisqu'elle couvre le corps pro-
prement dit. A sa partie antérieure on
remarque une petite saillie , qui porte
latéralement les yeux , et qui se pro-
longe , de chaque côté , en un filet fort
court , qui est l'antenne. La bouche est
placée sous et au milieu de ce prolon-
gement. C'est tantôt un simple tuber-
cule , tantôt une longue trompe solide ^
ï (' \
DES CALIOES. 1^3
^susceptible de se replier en arrière. Il
n'y a pas de télé.
Les pattes vanent en nombre suivant
les espèces , depuis quatre jusqu'à dix.
Elles sont toujours beaucoup plus cour-
tes que le test n'est large , et assez gé-
néralement la première paire est plus
grande que les autres. Elles sont de
«Jeux espèces ; mais cependant toutes
plus grosses à leur base, et de nature
cornée. Elles sont aussi toutes implan-
tées dans un tubercule charnu, qui leur
permet des mouvemens en tous sens.
Les premières de ces pattes sont ter-
minées par un ongle très-alongé, très-
aigu, qui se replie, ou mieux, qui
est toujours replié en dedans , et les
dernières par des filets charnus , ciliés ,
qui sont de véritables branchies. Le
nombre de ces filets varie selon les
espèces, et ils prennent même des for-
mes qui semblent indiquer la faculté
de servir à la natation comme à la
îespiration. Le canal alimentaire tra-
i. Stà^Jàii
.
t
:-l
« i
i;
194 HISTOIRÏ NATITRBLtB
verse toute la première partie entre les
pattes. ^
La seconde pièce, que MuUer appelle
l'abdomen , varie beaucoup dans sa for-
me, mais est de même nature que la
première; dans Tune des espèces, elle
représente un carré très-petit , attaché
à la partie postérieure de la première
pièce. Dans une autre, elle est ovale,
presque aussi large, et beaucoup plus
longue que la première pièce. Mais,
quelle que soit la forme de celte pièce,
elle a toujours l'appendice , de for-
me variable, que MuUer a appelée la
queue, et de deux longs tuyaux cylin-
driques , qui paroissent cartilagineux ,
et que MuUer a appelés les ovaires/
Ces tuyaux sont toujours plus longs
que les deux pièces écailleuses du corps,
et, dans l'une, elle l'est quatre à cinq
fois plus.
Ces tuyaux ont été appelés ovaires,
non parce qu'on y a trouvé des œufs ,
mais parce qu'ils ne se montrent pas
<#wtgiaiitiiiiiN»wât»^
DES GÂLIOES. 195
'âans tous les individus , et qu'on soup-
çonne qu'il n'y a que les femelles qui
en soient pourvues.
Quoique plusieurs auteurs , comme
on l'a déjà dit , se soient occupés de
l'étude des animaux qui composent ce
genre , on n'en connoît encore que
très-imparfaitement l'histoire. Strom
est celui qui les a le plus observés sur
sur le vivant. Il rapporte qu'ils vivent^
comme les leruées , cramponnés sou*
les écailles des poissons, à la faveur
de leurs pattes onguiculées , et que
là , ils sucent par le moyen de leur
trompe le sang dont ils se nourrissent.
Ordinairement ils restent très - long-
temps, peut-être même toujours, fixés
au même endroit; mais lorsque, par
l'effet de leur volonté , ou d'une cause
étrangère, ils quittent leur place , ils
savent fort bien courir sur le corps
du poisson pour en chercher une au-
tre, et même nager pour retrouver un
autre poisson , lorsqu'ils ont été for-
u
il
I
I
196 HISTOIRE NATURELLB
ces d'abandonner le leur. Il j a lieu dô
croire cependant que, dans ce dernier
cas , ils parviennent rarement à leur
but ; car ils nagent lentement , et le
nombre d'ennemis qu'ils peuvent ren*
contrer est considérable. Ils périssent
lorsqu'on les laisse pendant quelque»
heures dans une petite quantité d'eau.
On seroit fondé , peut-être, à faire
deux genres des deux espèces de Mul-
1er, attendu qu'elles diffèrent en des
parties essentielles 5 mais comme la
connoissance des caliges est encore très-
peu avancée , il faut attendre que les
circonstances aient permis à quelque
observateur de fixer nos idées sur les
véritables caractères du genre ; car , on
ne le dissimule pas , ceux qui ont été
donnés ici ne sont pas satisfaisans. Il y
a tout lieu de croire que ce genre est
fort nombreux en espèces , quoiqu'on
n'en connoisse encore que trois. Il est du
nombre de ceux qui exigent , pour être
étudiés utilement, des connoissance*
II
!^.!^'>ww*^.*| jj\ i*yr
DES CALICES. Ip7
préliminaires étendues, et le hasard seul
peut amener des espèces sous les jeux
des Naturalistes. On voit, mentionnés
dans les auteurs , plusieurs animaux
qui se rapprochent de ce genre , mai»
qu'on n'ose y réunir , à raison de l'im-
perfection des descriptions et des figures
qu'ils en ont données. On peut même
soupçonner que, parmi les espèces con-
nues , il en est quelques-unes de mal-
à-propos rapportées les unes aux au-
tres. Celle figurée par Baster, Subs.2.
tab. 8 , semble être fort différente, par
exemple , du calige court de Muller. Il
est très-possible que le binocle à queuo
en plume, et le binocle du gastéroste
de Geoffroy , appartiennent aussi à ce
genre 5 mais, malgré l'exactitude des
descriptions et des figures de ces Ento-
mologistes , on n'ose les y réunir en
conséquence on les décrira, comme un
genre, à la suite de celui-ci. Il en est de
même des aselles psore et phjsodej du
Cnistacés. II, i9
I
i,
I
198 HISTOIRB NATTJRELLÏ
moins on a pour motif de le croire leur
habitation dans les ouïes des poissons.
Calige court , Caligus curtus.
Le test antérieur arrondi ; lo postérieur carré et
•oort.
Monoculus piscinHS. Lim.'—Fab, Act. Hafn. 10.
tab. 7. fig. 1 , 7. Baster. Subs. a. tab. 8. fig. 9 , 10.
Berl. Schrist. 3. tab. i. \\%. 4, 5» 6. Strom. Sundtn.
tab. I. tig. 4,5, 6. Muliety Entomost. tab. ai.
fl». 1,3.
Voyez pi. 16. fig. 3, où il est représenté un peu grossi.
Se trouve sur les poissons de uier , et en particulier
•ur les nmrlans et les saumons.
Calige alongé , Caligus productus.
Le test antérieur arrondi; le postérieur oval» et
plongé,
Monoculus Salmoneus. Fab. — Berl. Schrif ten I .
tab. 3. fîg. I , 7. Muffer y Entomost. tab. 21.
«g. 3,4.
Se trouve «ur les »aumoQi et sur les scjuales.
DKS BINOCLES.
'59
BINOCLE, BlNOCULVS, Geoffroy.
Un seul bouclier dorsal ; corps hëmîsphi?-
ri^ue ; deux antennes petites ; une espèc»
de bec ; six pattes; deux^eux latéraux ;
queue articulée, teruainée par des appen-
dices barbues.
C E S T à Geoffroy qu'on doit réta-
blissement du genre binocle , dont le
caractère distinctif est d'avoir le corps
crustacé , une cjueue fourchue et deux
yeux; mais, ici , ce genre est réduit aux
deux espèces de Geoffroy , qui s'atta-
chent sur les poissons. L'autre espèce
sera mentionnée ci-après sous le nom
générique d'à pus.
Quoique les binocles, dont il est ici
question , se rencontrent aux environs
de Paris , et que le nombre des obser-
vateurs se voient beaucoup multipliés
dans ces dernières années , ils n'ont pas
été trouvés depuis Geoffroy; en con-
.1^
■»
I '
I.
h ji
^00 HISTOIRE NATtrUELLE
séquence, on est réduit à copier ce
que ce Naturaliste en a dit.
Xe binocle est couvert d'un bouclier
ovale , échancré en avant e rrière ,
et divisé longitudinalement ^ .,: une sn-
ture saillante. Sa tête est plus large que
longue, presque hexagone. Les yeux
sont placés à ses extrémités. Les an-
tennes sont très-courtes, et difficiles à
appercevoir , placées près des yeux , et
composées de cinq articles. La bouche
se termine en pointe, et se recourbe
en dessous. L'échancrure postérieure
de récaille est remplie par une queue
formée de quatre anneaux très-courts,
qui diminuent progressivement , et se
terminent par deux appendices barbues,
comme des plumes , que l'animal étale
en courant dans l'eau. En dessous du
corps , on remarque six pattes courtes,
dont les bases sont fort écartées.
Les binocles , dit Geoffroy , s'atta-
chent à différentes espèces de poissons,
auxquels ils adhèrent fortement , et
i 1^
— «
DBS BINOCLES.
201
qu'ils sucent par le moyen de leur bou-
che en forme de trompe. Leur abdo-
men est plat, pour pouvoir s'appliquer
plus exactement sur le corps de ces
poissons.
Geoffroyindiquedeuxbinoclessuceurs
de poissons , aux environs de Paris , l'un
qu'on appellera de son nom , binocle de
Geoffroy , binoculus Geoffroy i , et qui
est représenté grossi du quadruple,
pL i6Jig. 4 et 5. L'autre , auquel ce
Naturaliste a donné le nom de binocle
du gastéroste , binoculus gasterostei ,
parce qu'il l'a trouvé sur l'épinoche,
gasterosteus aculeatus de Linneeus ,
poisson fort commua dans les ruisseaux
du petit Gentilly.
«•*
I,
'«1
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•i
i: A
w
^ I Ir
20a HISTOIRE NATURELLE
CYx\ME, Py(;]V^GC)ivi/3f, Fabricius,
Quatre antennes inégales ; les deux anté-
rieures plus longues , sétacëes. Un suçoir
simple , rétractile , sortant d'une fente
courte , située sous la tête. Deux anten-
nules insérées à la base de la bouche.
Deux yeux. Corps ovale, déprimé, à six
SLgmens pédifères. Six paires de pattes j
chaque patte terminée par un crochet.
Une des espèces, qui conslituenl ce
genre, a été placée par Linnœus, parmi
les cloportes; par Degeer, parmi les
squilles ; et par Eabricius , successive-
ment parmi les cloportes , les cymothoa ,
et en dernier lieu, dans son supplément ,
il en a fait un genre particulier sous le
nom de pygnogonum. Elle est connue
des pêcheurs français , sous le nom de
pou de baleine , parce qu'on la trouve
fixée sur les baleines aux dépens de la-
quelle elle vit.
Latreille, avant Fabricius, avoit éta-
bli ce genre sous le nom de cyanie
DES CYAMES. 2o3
nom que Lama/ck a adopté, et qu'on
conserve ici.
Le pou de baleine est assez grand ,
son corps étant long de trois centimètres,
et large d'un et demi. Il est très-applati
et subdivisé en six anneaux , dont les
séparations sont très - profondes , en
sorte qu'ils ne tiennent ensemble que
par leur milieu. Celui qui termine le
corps est moins large que les autres ,
et à-peu-près triangulaire. La tête est
alongée, un peu conique, mais tron-
quée en devant , où sont placées les
quatre antennes, deux grandes et deux
petites. - Les premières plus longues ,
divisées en quatre articles presque égaux
en grosseur, mais non en longueur. Les
secondes divisées en trois articles , à
peine de la longueur de la tête. Au-
dessus de la tête , on voit deux petits
points noirs , qui sont les jeux , et
en dessous, la bouche, formée par une
trompe conique , accompagnée de qua-
tre antennules.
" ^•*-m0m*^'miS^'0^*^*^' '
t»;
I:
il
a04 HISTOIRE WÀTUREILE
Les quatorze pattes sont les par-
lies les plus remarquables de cet ani-
mal. Les deux antérieures, cachées sous
la tête et le corps , sont plus petites que
les autres , et divisées en cinq parties ,
dont la quatrième est large et ovale , et
la cinquième a un angle très-crocliu ,
qui peut s'appliquer en se repliant sur
la quatrième. Les pattes de la seconde,
de la cinquième , de la sixième et de
la septième paire, sont semblables en
figure aux deux antérieures; quoique
beaucoup plus grandes et plus grosses,
mais les pattes de la troisième et de la
quatrième paire sont d'une toute autre
figure 5 elles sont longues , déliées , fili-
formes , très - flexibles , de grosseur
par-tout égale , et à extrémité arron-
die. Tout près de leur base, en des-
sous * il y a une petite pièce écailleuse ,
et cylindrique , contournée en bouche ,
et terminée en pointe aux deux bouts.
Son usage n'est pas connu; enfin, au-
dessous du dernier anneau du corps »
DES CYAMES. ao5
•n voit quatre petites parties coniques ,
très-courtes , placées par paires les unes
sur les autres , et dont on ne connoît
pas plus l'usage.
Ces animaux, remarquables, se tien-
nent si fortement cramponnés sur les
baleines , au moyen des griffes dont
on vient de donner la description, que,
pour les enlever, en vie et entiers , il
faut couper une portion de la peau do
la baleine. Ils se placent, de préférence,
aux lèvres, aux parties génitales , contre
les nageoires, lieux où ils ne peuvent
être inquiétés par la baleine qu'ils tour-
mentent. Quelques baleines en ont
beaucoup, sur-tout en été; d'autres en
ont moins ^ et d'autres point du tout.
On rapporte qu'ils rongent la peau de
la baleine, et qu'ils y laissent des trous
comme si on en avoit emporté des
morceaux ; mais c'est évidemment une
erreur : le cjame ne peut que faire un
trou avec sa trompe, et sucer le sang
ou la graisse de la baleine. Il n a pas
20G HISTO IRE NATURELLE
d'autres instrumens propres à déchirer
que ses pattes avec lesquelles il ne
peut faire que des égratignures , et,
comme il reste long-temps à la même
place, il n'a pas même occasion d'en
faire souvent.
I^sijig. 1 6. pi. z , représente le cyame
des cétacés un peu réduit.
La seconde espèce avoit été placée
par Linnœus parmi les phalangium ;
par Pallas parmi les acariis : par Fa-
Inicius , d'abord parmi les poux , et en
dernier lieu, avec la première, parmi
les pygnogonum , sous le nom spéci-
fique de balenarum, Brunick la regarde
comme formant un genre nouveau , et
probablement il a raison; car cet ani-
mal paroît bien différer par la descrip-
tion du pou de baleine. Il a une longue
trompe saillante pour bouche; quatre
petits yeux sur le sommet de la tête ;
deux antennes courtes , moniliformts ;
quatre articulations au corps ; celle du
milieu plus élevée et plus large que
DES CYAMES. 307
les autres. Huit pieds presque dgaux ,
fort longs , composés de sept articles
très-courts , et terminés par un ongla
très-robuste.
Quelques auteurs disent qu'il so
trouve sur la baleine , d'autres sous les
pierres. Sa trompe et ses ongles cro-
chus annoncent qu'il vit de sang , et
qu'il se cramponne sur les animaux
pour les sucer ; ainsi ce n'est que par ha-
sard qu'il a été trouvé sous des pierres.
Comme on ne peut prendre parti
entre plusieurs savans également dignes
de faire autorité, sans avoir une con-
noissance plus étendue de son organi-
sation , sans l'avoir étudié sur 1 a. nature ,
on se contentera de citer le cjame des
baleines, de renvoyer à Brunich.» Ins.
tab. I ,fig, 4 ; à Stroem. Sundni. tab, i ,
fig' 17 ',èL Baster, Subs. 3. tab. 1 2, Jig. 3 ;
àPallas, Mise. Zool. tab, 14, fig. 21
et 23, pour avoir une idée de sa forme ,
et de dire qu'on le trouve dans la mer
du Nord.
n
' I ^i-
108 HISTOIRB NATURELLE
CYMOTHOA, CïMOTHOA, Fah.
Quatre antennes se taches, égales, épaisses,
et courtes , placées dessous les yeux. Un
suçoir rétraotile , sortant de dessous la
tête , et accompagné de acux antennule»
très -courtes. Corps composé de pièces
crustacées, peu nombreuses , dont la der-
nière est très-large, tronquée, et accom-
pagnée de deux petites pinces. Pattes en
crochet.
Tabricius a établi ce genre pour
renfermer divers crustacés marins men-
tionnés par Linnseus «ous le nom de
cloporte. Il lui avoit , dans ses précé-
dentes éditions , donné un caractère fort
vague 5 mais , dans sa dernière , il l'a
circonscrit de manière à réduire à trois
les espèces qu'il contenoit. Les autres
ont été employées à former le genre
idotée, ou ont été omises , faute d'avoir
été étudiées sous les nouveaux rapports
adoptés. Lamarck a compris , ou du
moins on suppose qu'il a dCi compren-
lOES CYMOTHOA. ao^
dre toutes ces espèces dans son genre
aselle.
La description absolue d'une espèce»
observée vivante par Bosc , assurera
encore plus les véritables caractères
de ce genre que Latreille a adoptés.
La tête est plate, presque ronde , fort
large, unie, avec deux grands jeux
verdâtres sur sa partie supérieure et la-
térale. En dessous, elle a deux paires
d'antennes postérieures placées avant les
yeux, et une trompe rétractile , accom-
pagnée de deux antennules au milieu.
Les antennes sont , de chaque côté ,
placées l'une devant l'autre , et compo-
sées d'environ cinq articles , dont le
premier est très-gros , et les autres vont
en diminuant jusqu'à la pointe 5 ils sont
d'une nature plutôt cartilagineuse que
crustacée. La trompe , ainsi que Im
antennules sont également cartilagi-
neuses , et ne peuvent se bien voir que
sur le vivant.
Le corps est très- bombé, composé
Crustacés. II. j^
210 HISTOIRE IfATURlLLE
de sept anneaux , dont le premier est
le plus long et le moins large, et les
deux derniers les plus étroits. Ils sont
presque unis , et terminés obtusement
^r leurs bords. En dessous , il y a
quatorze pattes très-courtes , égales ,
et attachées de chaque côté , positive-
ment sur le bord des anneaux. Chacun
est composé d'une cuisse épaisse et
courbée en S , d'une jambe plus mince ,
mais qui lui est presque égale en lon-^
gueur , et qui a , à sa base , une ou deux
articulations peu visibles 5 enfin d'un
ongle très-crochu, très-aigu , et presque
aussi long que la jambe.
La queue est composée de deux par-
ties : la première , formée par cinq an-
neaux plus étroits , et moins larges que
ceux du corps , par lesquels ils sont en
partie recouverts 5 la dernière, formée
par une écaille un peu convexe, paral-
iélogramique, plus large que le corps ,
et aussi longue que la somme des an-
neaux de la queue. A sa base extérieure
DES cymothoa. air
€st une petite excision , qui sert de sup-
port à une petite pince, composée dune
articulation et de deux doigts égaux; le
toa moins long que la pièce qui leur
sort de support.
En dessous de la queue il y a deux
rangées de branchies arrondies , que
leur peu d'épaisseur et leur transpa-
rence, n'ont pas permis de compter.
La cymothoa sur laquelle cette des-
cription a été faite , étoit d'un blanc
jaunâtre , de quinze millimètres de long"
sur cinq de large. Elle a été trouvée
par Bosc, dans les mers d'Amérique,
attachée aux lèvres d'un poisson , du
genre des perches, à laquelle elle tenoit
avec tant de force , qu'il a fallu em-
ployer un couteau pour l'obtenir sans
la briser.
Cjrmothoa asile, Cymothoa asi lus.
Deux anneaux sur le corps ; la queue demi-ovale.
Omscusas./.s. Linn. ^P ai/as , Spicil. Zool. tab. 4.
fig. 12^ Petiv Gaz. tab. i55. fig. i. Plancus , Conch.
Mui. Nat. tab. 5, fig. A, B.
Se trouve dans \q% Mers d'Europe.
.<Ji '
lii
ÏÏÏÏ
»■/
'i*^
'21^: HISTOIRE N'ATlfRlLIB
Cymothoa ichtiole , Cymoihoa ichiiota,
Treize anneaux sur le corps; la queue quadrangtr-
lairr. \
Brunich. Entom. tkb. i. fig. 5.
Voyez pi. 1 6. fîg. i , où elle est représentée gïvÉsir..
Se trouve sur les poissons en Amérique d'où elle a
été rapportée par Bosc.
Cjmothoa en faux , Cymothoa JàJcata,
Douze anneaux sur le corps, dont les extrémité*
latérales sont courbées eu faux et armées de deux
épines ; la queue ovale , obtuse.
Se trouve dans les mers de. la Chine.
Cymothoa imbriquée» Cjmothoa imhrîcata.
Vingt -sept anneaux sur le corps; les antennes
comprimées ; les cuisses postérieures carénées.
' Se trouve sur les côtes de la nouvelle Hollande.
Cjmothoa paradoxe , Cymothoa paradoxa.
Quinze anneaux sur le corps, dont les extrémités
latérales sont courbées en faux et armées d'épines ; lat
queue ovale, avec trois lignes élevées en dessus, et un»
lame, courte de chaque côté.
Se trouve dans la mer du détroit de Magelleiu.
\
2)E9 BOPYRES.
2l3
BOPYRE, BoPYRUS, Latrellle,
Corps applati , lëgërementcrustacë, arrondi
en devant , pointu et oblique en arrière.
Pattes très -courtes , insérées aux bords
des anneaux.
Les pécheurs des bords de TOcéan
sont dans la persuasion que les soles ,
pleuronectes sola , Linnaeus , doivent
leur naissance aux chevrettes ou sali-
coques.
Fougeroux de Bondaroy , voulant
s'assurer des causes de ce préjugé , de-
manda à des pêcheurs des chevrettes
avec des jeunes soles prêtes à éclore ,
et ils lui en apportèrent en grande
quantité.
Ce physicien , en examinant ces che-
vrettes , vit qu'elles avoient un renfle-
ment très - apparent sur la partie laté-
rale postérieure de leur corcelet , et
lorqu il l'eut levé , il trouva un petit
animal , applati , de forme à-peu-près
a /
ftl4 HISTOIRE NATURELLX
semblable à la sole , mais si différent
par son organisation , qu'il est peu aisé
de comprendre comment il a pu être
pris pour ce poisson.
Cet animal par son aspect , et par
le lieu de son habitation, ae rappro-
che du mollusque que Bosc a décrit
sous le nom d'oscane; mais il a les ca-
ractères des crustacés parasitas , et n'est
pas comme Toscane , adhérent à la che-
vrette , il vit sous le test même de son
corcelet, qu'il soulève avec son dos.
Voici la description qu'en donne
Fougeroux de Bondaroy : il est figuré
en cœur, plat en dessous , et un peu
concave en dersus, à- peu-près de sept
millimètres de longueur, sur quatre à
cinq de largeur. Une des extrémités de
son corps est arrondie ; l'autre pointue.
La bouche est placée en dessous de sa
partie antérieure; c'est une -espèce de
trompe en mamelon.
^* Autour de cet animal , à la naissance
des écailles qui bordent sa partie supé-
SES B0PYRI9.
2t5
rieure , on voit un rang de petits cro-
chets, qui lui servent sans cloute à se
cramponner au corps de la chevrette.
On en^ compte sept de chaque côté.
Sur Ja partie postérieure du corps ,
qu'on peut appeler la queue , on voit
deux rangs de lames, qui se recouvrent
et laissent un petit intervalle dans le mi-
lieu de cette partie. Ces parties ne peu-
vent être méconnues pour des bran-
chies; mais il est remarquable quelles
soient placées sur le dos.
Lorsqu'on lève ces branchies , on
trouve un autre animal extrêmement
petit, plus alongé, à anneaux très-pro-
noncés , garni de seize à dix - huit
crochets.
Cette description n'est point faite dans
les principes modernes , et laisse par
conséquent beaucoup à désirer; mais il
est probable que les Naturalistes ne
tarderont pas à voir fixer leurs idées à
cet égard , car A. Brogniard a rapporté
beaucoup de ces animaux des bords de
\
II
i-.
Sl6 SISTOIHE N ATUKEtlfl!
l'Océan, et prépare un travail propre
B le faire çonnoîtr'î complètement.
Fabricius a placé , dans son dernier
supplément , le bopyre parmi les mo-
nocles ; mais il est très-probable qu'il
ne l'a pas suffisamment observé.
Bopyre des crustacés , Bopjrus crangorurm
FoiTgeioux de Bondaroy , Mém. de l'Académ, 177a ,
pag. 39, pi. I,
SM
CYCLOPE, Cyclofs, Muller. .
Corps alongé , diminuant insensiblement
pour former une queue. Deux à quatre
antennes ; six à dix pattes soyeuses ; ud
seul œil,
^ ■ ! - /
Les cyclopes faisoient , comme les
genres précédens , partie des monocles
de Linneeus, de Degeer, de Geofiroy
et autres. Ils ont été séparés de ce genre
pai' Muller , qui a ajouté à la seule es-
pèce connue des Naturalistes précités ,
©ES CYCLOPKS. 217
douze autres distinguables par des ca-
ractères bien tranchans.
Ce genre s'écarte des cypris , des
daphnies , et autres des entomos tracés
de Muller , pour se rapprocher un peu
des écrevisses et autres genres yoisin.
Leuwenhoeck est le premier qui ait
fait connoitre l'espèce de ce genre que
Geoffroy a appelé le monocle à queue
fourchue. Après lui, Baker , Roesel,
et Degeer , ont multiplié les observa-
tions , et par conséquent approfondi son
histoire, qui présente des faits dignes
des méditations des scrutateurs de la
nature.
Le corps des cjclopes est de figure
ovale , très-alongé , couvert de pièces
crustacées , convexes , dont la première
est ordinairement beaucoup plus grande
que les autres; elles vont en décroissant
rapidement jusqu'à la queue. Il y a ,
selon les espèces , de cinq à huit de
ces écailles. Le dos est toujours con-
vexe , et le ventre toujours concavô.
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2l8 HISTOIUX NAlTITRELLS
On voit , à travers les écailles , qui
sont demi-transparentes, quoique ordi-
nairement colorées , d'abord près le
dos , un long vaisseau , presque droit ,
pourvu d'un mouvement de systole et
de diastole , c'est le cœur ; ensuite ,
plus bas , sur les côtés, deux autres
vaisseaux un peu courbés , irréguliers ,
qui sont les intestins. On voit bien en-
core quelques autres parties , mais pas
assez distinctement pour pouvoir les
caractériser.
La tête n'est point distincte du corps.
Elle n'est indiquée que par un œil uni-
que , très-gros , placé sur la partie su-
périeure et antérieure.
Cette tête est munie, en devant, de
deux longues antennes , une de chaque
côté, qui sont toujours très-mobiles et
flexibles , parce qu'elles sont divisées en
plusieurs articulations de longueur iné-
gale. Elles sontencoregarniesd'un grand
nombre de poils également mobiles ,
qui partent, pour la plupart, des join-
DES CTCLOPSS. aig
turej de ces articulations. Ces antennes
sont assez grosses à leur origine , et
vont en diminuant jusqu'à leur extré-
mité , qui n'est cependant pas pointue ,
mais émoussée , et terminée par des
poils. L'animal peut donner différens
raouvemens à ses antennes ; mais ordi-
nairement il les porte étendues vers le»
côtés de son corps. Lorsqu'il y en a
quatre , et cela n'arrive qu'une seule
fois , les deux antérieures sont plus lon-
gues et plus grosses que les posté-
rieures.
Le corps est terminé par une longue
queue droite et fourchue à son extré-
mité, dont la direction est dans une
même ligne avec le corps. Elle est
flexible et mobile à sa base , ou dans
l'endroit où elle est articulée au corps.
A son origine elle est grosse et cylin-
drique, diminuant ensuite peu- à-peu
de volume , et se divisant plus ou moins
promptement , selon les esuèces , en
deux branches , en forme de soie , près-
i
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, *^'"
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aaO HISTOIRE NATURELLE
que toujours velues. Dans quelques
espèces ce filet se bifurque encore ;
mais toujours la branche du milieu est
la plus grande.
Les pattes, ou plutôt les nageoires
des cyclopes varient en nombre, selon
les espèces , entre six et dix. Elles sont
placées par paires , ou deux à deux , en
dessous du corps. Elles sont très-grosses
à leur origine; mais vers le milieu de
leur longueur elles se divisent en deux
branches, latéralement garnies d'un
grand nombre de parties en forme de
poils ou de filets déliés , articulés à la
base , en sorte qu'elles sont mobiles , et
servent à pousser l'eau. La position de
ces nageoires est telle, que , quand l'a-
nimal les tient en repos, elles sont tou-
tes dirigées vers la tête , et que lors-
qu'il nage , eties sont au contraire diri-
gées vers la queue , de sorte qu elles
parcourent un grand arc dans leurs
luouvemensj aussi les cjclopes nagent-
ils avec une très-grande vitesse. Leur
DES CYCLOPES.
221
marche est à-peu-près semblable à celle
d'une chaloupe que des rameurs font
mouvoir, c'est-à-dire qu'elle a lieu par
saccades réitérées. Les antennes et la
queue semblent aussi contribuer à Fac-
tion de nager , mais elles ne sont pas
nécessaires à cette opération , comme
dans le genre daphnie.
Les cyclopes sont à-peu-près en
équilibre avec l'eau , au milieu de la-
qu'elle ils peuvent rester long -temps
comme suspendus , mais peu-à-peu ils
s'enfoncent néanmoins , quand ils per-
sistent à ne se donner aucun mouve-
ment.
La propagation des animaux de co
genre est des plus singulière. Pendant
toute l'année on trouve des femelles
qui portent près de l'origine de la
queue , sur un pédicule , une ou deux
grandes masses ovales , qui ne repré-
sentent pas mal des grappes de raisin ,
et qui pendent obliquement au milieu ,
ou aux deux côtés de la queue. Cha-
Crustacés. II. ^o
11
1' - <i
vm^ FI
v^
S22 HISTOIRE NATtTRËLIS
cune de ces masses est un assemblage
d œufs parfaitement ronds , de couleur
noirâtre ou verdâtre , pondus 'par la
femelle , et renfermés dans un sac mem-
braneux attaché au corps par un filet
délié , mais qui s'en détache facilement
par un frottement un peu rude.
On n'a pas encore appris à connoître
combien de temps les daphnies por-
tent , ainsi remplis , ces ovaires exté-
rieurs ; il est probable que cela dé-
pend de la chaleur de la saison , qu'en
été il faut très-peu de jours, et en hi-
ver un plus grand nombre ; mais on est
assuré que les petits sortent en crevant
les ovaires qui les enveloppent , après ,
dit Geoffroy , qu'ils sont séparés de la
mère.
Les organes mâles des cjrclopes sont
placés dans les antennes ^ alors plus
grosses dans une de leurs parties; tantôt
ils ne se montrent que dans une an-
tenne; tantôt ils se montrent dans- tou-
tes les deux. Les organes de la femelle
.^.^i
SES CYCLOPES. 223
Bont placés sous le ventre , à l'origine
de la queue , dans les petits tubercules,
qu'on a dit servir de soutien aux ovai-«
Tes. Ainsi donc ces animaux copu-
lent positivement comme les araignées,
et leurs organes de la génération sont
analogues.
^ Les cyclopes nouvellement nés sont
d'une petitesse extrême , et d'une forme
si différente de c^Ue de leur mère , que
plusieurs observateurs , et Muller lui-
même , les ont pris pour des animaux
différens. Ce dernier les a décrits sous
les noms génériques de nauplies et
d'amjnomes , quoique Degeer , qui
avoit étudié les mœurs d'un cyclope ,
se soit beaucoup apesanti sur ce fait.
Voici ce qu'il en dit :
« Leur corps est plat et ovale , plus
pointu par derrière que par devant ;
ils n'ont point de queue , ou n'ont que
deux poils pour queue. Les nageoires
sont aussi très-différentes , tant en nom-
bre qu'en figure. Ils en ont six , deux
n
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H I» >1
1
1 1
224 HISTOIRE NATURELLE
eu devant . et quatre sur les côtes.
( C'est le cyclope à quatre cornes dont
ii est ici question , et il a huit nageoires.)
Les deux antérieures répondent peut-
être aux' antennes de la mère , étant
dirigées en avant , et n'ayant point leur
extrémité fourchue comme les quatre
latérales ; cependant ils les remuent
également en nageant; enfin elles sont
à-peu-près, par-tout, de grosseur égale ,
et leur extrémité est an?pndie , garnie
de quelques petits filets en forme de
poils. Les quatre nageoires latérales
sont divisées , au hout , en deux bran-
ches courtes , garnies de quelques poils;
elles se ressemblent toutes quatre , ex-
cepté que les deux postérieures sont
un peu plus petites , et que leurs bran-
ches sont plus courtes et plus déliées.
Au reste , toutes ces nageoires , de
même que les deux cornes antérieures,
sont très-transparentes, et divisées en
quatre articulations. Au milieu du
corps y entre les quatre nageoires y on
p.
S: I
223
DES CYCLOPES.
voit une grande tache obscure , et en
avant une petite taché noire , quelque-^
fois rouge , qui sans doute est l'œil.
« A moins que d'avoir vu naître ces
petits animaux , on ne les prendroit
jamais pour les enfans de leur mère ,
tant leur figure est différente , et pour
m'en assurer davantage , j'ai répété la
même expérience plusieurs fois de
suite , et toujours avec le même ré-
sultat.
a J'ai ensuite placé trois de ces pe-f
tits , éclos chez moi , chacun séparé-
ment dans des vases où il y avoit de
l'eau , et je les observai chaque jour.
Au bout d'un certain temps, je remar-
quai que deux de ces petits insectes
avoient changé de figure ; mais, autant
que j'ai pu voir, sans se défaire d'aucune
dépouille. Les deux antennes s'étoient
abaissées vers les côtés ; les deux na-
geoires s'étoient aussi un peu ciliées en
bas , et les deux postérieures se trou-
voient dirigées en arrière , et appliquées
V%.; ■
226 BISXOIRE KATURELLK
contre ces mêmes côtés. Peu de temps
après il leur arriva un autre change-
ment. La partie antérieure du corps
s alongea considérablement, et la partie
postérieure devint plus aiguë ; les qua-
tre nageoires latérales se trouvèrent
placées alors au milieu du corps. L'a-
nimal n étoit plus alors si transparent.
A mon grand regret , je n'ai pas pu
pousser plus loin mes expériences , par
la mort accidentelle des individus qui
en faisoient, l'objet. »
Depuis , le savant Jurine, citoyen
de Genève , s'est assuré par de nou-
velles expériences , que les naupliesde
Muller n'étoient que les larves des cy-
clopes, de manière qu'il n'est plus per-
mis de douter de ce fait.
Les cyclopes se trouvent dans les
eaux stagnantes qui ne sont point cor-
rompues j sur-tout dans celles où il y a
des plantes en végétation. On en trouve
aussi quelques espèces dans la mer. Il
ne s'en voit pas, du moins aux en-
les
DIS CYCLOPBS, 127
virons de Paris, en aussi grand nombre
que les C37pris et les daphnies , il y en a
cependant quelquefois assez pour que
l'on en puisse prendre plusieurs cen-
taines en remplissant d'eau un gobelet.
On les rencontre toute l'année , mais
c'est principalement au printemps qu'ils
sont les plus communs. Ils servent ,
comme les autres animaux de la classe
des eutomostracés, de nourriture à tous
les insectes aquatiques , à tous les vers
qui habitent avec eux , et de plus aux
oiseaux d'eau. Les mêmes causes de
destruction agissent sur eux.
Cyclope menu , Cyclops minutas,
tes antennes linéaires; la queue à deux soies.
Eichhom. Microsc. tab. 5. fig. K, L. Muller ,
Entomojt. tab. 17. fig. i , 7-
Se trouve dans les eaux stagnantes. Il est fort com-
mun aux environs de Paris au printemps,
Cyclope bleu , Cyclops cœruleus.
Bleu j les antennes linéaires ; la queue droite , à deux
lobes.
Muller y Entonaost. tab. l5. fig. I » 9»
Se trouve dans les marais.
; h
228 HISTOIHE NATURELLE
Cyclope rougeâtre , Cyolops ruhens*
Rouge&tre ; les anteuaes linéaires \ la queue droite
et bifurquée.
Militer, Entomost. tab. 16. fig. i , 3.
Voyez pi. 18. fig. 3 , oîk le mâle est figuré trôs-
grossi.
Se trouve dans les eaux stagoantes.
Cyclope lacinulé , Cycîaps lacinulatus.
Les antennes linéaires ; la qneue courte, bifVirquée.
Millier, Entomost. tob. 16. fig. 4,6.
Se trouve dans les marais. •
Cyclope porte-massue , Cyclops clavigere.
Les antennes on nias.suc , roides ; la quene bifide.
Millier, Entomo&r >'ab. 16. fig. 7, 9.
Se trouve dans le;i marais.
Cyclope quadricoruc, Cyclops quadrlcornu.
Les antennes linéaires , au nombre do quatre ; la
queue bifide. •' •
Lmvenhoecfr , Cont. Arc. Nat. fig. i, 3, 3. Backer,
Microsc. tab. 7. tîg. i , s. -, et tab. i5. fig. i , 5.
Jioesel, Ins. 3. tab. 98. fig. i , 2 , 3. Degeer. Ins. 7.
tab. £9. fig. II, I £ ; et tab. 3o. fig. i , 5 , 9. Geof.
Ins. J2. tab. 21. fig. 5. Muller, Entomost. tab. 18.
fig. 1,4.
Voyez pi. 18. fig. 4 , la femelle grossie.
Se trouve dans les marais; est fort commun aux
environs de Paris.
Cyclope crassicorne , Vyclops crassicornh.
Les antennes larges et courtes ; la queue avec deux
épines.
Mu lier , Entomost. tab, 18. fig. i5, 17.
Se trouve dans les marais. Il est très-rare.
SES CYCLOPES. 229
Cyclope porte-pince , Cyclope chelifer.
Les anteones courtes , recôcrbées ; le corps sans
HrticalatioDS ; la queue avec deux soies.
Muller ^ Entomost. fnb. 19. fig. i « 3.
Se trouve dani l'eau de mer. Il est rare.
Cjclope longicorne , Çyclops longicornis.
Les antennes linéaires tré^longues ; la queue par-
tagée en deux.
Acta. Hawn. 10. fig. 20, 23. Jlfu/Arr, Entomost.
tab. 19. fig. 7*9-
Se trouve dans l'eau de mer.
Cyclope captif, Cyclops captivus.
Les antennes linéaires ; la partie antérieure dtt
corps élargie ; la queue droite , fendue.
Muller , Entomost. tab. 19. fig. 10, i3.
Se trouve dans l'eau de mer.
G jclope minuticorne , Çyclops minuticomis»
Les antennes linéaires courtes ; la queue fendue , A
deux soies.
Muller^ Entomost. tab. 19. fig. 14, 1 5.
Se trouve dans l'eau de mer.
Cyclope brévicome , Cyclops Irevicornis,
Les antenaes du mâle onguiculées; les soies de U
«[uene très-courtes.
Act. Hawn. 9. tab. 9. fig. I y lo.
Se trouve dans l'eau de mer.
{\
(
■i^^A f
â3o HISTOIRE NATURELLE
1
. \
LIMULE, LiMVLUS, Fabricius.
Point d'antennes. Deux antennules biarti-
culées et chélifères. Deux yeux écartés.
Corps couvert par un large bouclier çrus-
tacé , divisé en deux pièces inégales par
une suture transverse , et terminé par une
queue subulée. Ging paires de pattes.
B.UMPHIUS, a , le premier , fait con-
noître le singulier crustacé qui forme
ce genre , et l'a appelé poliphème.
Comme il a les plus grands rapports
de forme avec les monocles, Linnœus
l'avoit placé parmi eux sous le nom
spécifique de Rumphius. Fabricius ,
éclairé par Muller , en a fait un genre
particulier sous le nom de limule ,
Lamarck l'a imité , mais il a rappelé
le nom imposé par Rumphius pour
donner celui de limule au monocle de
Geoffroy, ce qui jette une giande con-
fusion dans la nomenclature la plus gé-
néralement adoptée en Europe.
23l
DES LIMULES.
La limule est connue en France ,
sous le nom de crabe des moluques,
parce qu'il vient de la mer des Indes ,
mais il se trouve aussi dans les mers
d'Amérique, au rapport de Bosc, qui
en a pris , un jour , onze dans la rade
de Charleston, dont il n'a été posses-
seur que quelques inslans, un homme
chez qui il les avoit déposées, les ayant
fait jeter dans la mer en son absence.
La limule a le corps composé de
deux parties. La première, sous la-
quelle est le corps , est une pièce crus-
tacée, légèrement bombée en dessus ,
très-excavée en dessous , peu épaisse en
son milieu, mais renforcée sur ses bords,
arrondie en devant et sur les côtés ,
très-excisée , et découpée en arrière.
Le bord antérieur de celte pièce se pro-
longe en dessous , et forme un angle
interne.
Les yeux sont placés sur les côtés
de cettç pièce, dans une rainure parai-
ï{
a3a HISTOIRE waturelli
lèle , el à quelq%' eu vtaiice de ses bords»
Ils sont ovoïdeà el peu saillans.
La seconde partie , sous laquelle sont
les branchies , est presque aussi longue
que la première, égalemmil bombée,
et comme elle , échancrée postérieu-
rement avec deux pointes , mais elle
est beaucoup moins large, et ses bords
sont de chaque côté garnis de six épi-
nes courbes et assez longues. En des-
sus , il y a une légère carène au mi-
lieu , accompag-iée de deux rangées de
courtes épines.
La queue est plus longue que le
corps , triangulaire , pointue à son ex-
trémité , et articulée à sa base , qui
est implantée dans Téchancrure de la
seconde pièce. Il y a une rangée d'épi-
nes courtes sur la carène , ou partie su-
périeure de cette queue.
En dessous , on voit d'abord , sous
la première pièce , au bas de l'angle
saillant dont on a déjà parlé, la bou-
DES LIMULES. a33
che qui est accompagnëe de deux an-
tennules extérieures , courtes , à deux
articles , dont le dernier est en pince ;
six in Prieurés, deux grandes mandibu-
les, etc., mais point d'antennes, ce qui
est très-remarquable dans cette classe.
Plus bas , sont cinq >aires de pattes , à
peine aussi longues que la largeur du
test , les trois premières , munies de
pinces très-courtes, à doigts égaux; les
deux dernières onguiculées.
On voit ensuite , sous la seconde
pièce , une suite de branchies placées
sur deux rangs, formées par des lames
doubles , et d'épaisseurs inégales , qui ,
dans les femelles, portent les œufs dans
le temps du frai.
Les limules de l'Inde ont plus d'un
demi-mètre de diamètre , ceux que
Bosc a eus en sa possession étoient beau-
coup moins grands, mais il est possible
que ce ne soit pas la même espèce;
il regrette beaucou[ de n'avoir pu les
étudier, attendu qu'aucun Naturaliste
Çi'uitac^s. n. 21
' 1^
'4
'r'iMMMi
234 HISTOIRE NATURELLE
moderne ne les a encore observées en
vie, et quç l'examen de leurs branchies
seulement pouvoit , à raison de leur
grandeur , présenter des faits utiles à
l'histoire des crustacés de cette division.
Bosc a cependant remarqué que
leur test est d'un brun veidâtre, beau-
coup moins calcaire que celui des écre-
visses , puisqu'il fléchit soiis le doigt
pendant la vie de l'animal , et se casse
difficilement après sa mort. Lorsqu'il
marche , on ne voit aucune de ses
pattes , et dès qu'on le touche , il les
retire entièremerit contre son abdo-
men, pose sur le sol les bords de son
test , et relève sa queue , comme pour se
défendre. Cette queue est très-redoutéç
en Caroline , comme dans l'Inde 5 on
croit que sa piqûre est venimeuse; il
y a tout lieu de croire que c'est un
préjugé, mais cela ne seroit-il pas,
il est très-facile à l'homme de l'éviter ,
les mouvemens de l'animal étant très-
circonscrits et très-lents. Bosc a pri?
DBS LIMtTIES. 235
})resqiie toutes celles qu'il a vues par
cette partie, sans penser avoir quelque
chose à craindre. Ce n'est qu'après son
expédition faite , qu'il a été instruit
des prétendus dangers, qu'il y avoit
courus.
Les limules , en Caroline et dans
l'Inde , dans les jours les plus chauds
de l'été, viennent le soir sur les plages
sablonneuses ou marécageuses , tou-
jours , ou presque toujours le mâle
porté sur sa femelle , qui est plus grosse,
mais sans y être en état d'accouple-
ment , ni cramponné violemment ; ils
restent la nuit entière à moitié hors de
l'eau , s'inquiettant peu de ce qui se
passe autour d'eux , et ne cherchant
à se sauver que lorsqu'ils se voient
dans un danger déjà agissant. Ils n'ont
qu'un très-petit morceau de chair bon à
manger ; mais leurs œufs , qui sont
nombreux , passent pour être délicats.
Les Américains apellent les limules
Jiing-krab , et n'en font aucun usage
•11;
Vil
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j.>ij.jiiii<m'<
a36 HISTOIRE NATURELLE
comme aliment. Comme le test , dé-
barrassé des parties internes, ressem-
ble complètement à une casserole gar-
nie de son manche , les esclaves nègres
des bords de la mer , s'en servent pour
puiser de l'eau , et remplir quelques
autres objets , analogues , d'utilité do-
mestique.
On trouve dans les lettrés d'André
sur la Suisse, pL 4 , la figure d'un
limule pétrifié , très - bien caractérisé ,
trouvée dans ce pays.
Limule polyphème , Limulus polyphemus»
ïest applati , un peu convexe j la partie postérieure
latéral^ftieEt dentée ; la queue très-longue , épineuse et
pointue.
Rumphtus^ Mus. tab, 12. fig. A , B. Séba , Mus. 3.
tab. 17. fig. I. Kempf, Japon, tab. i3. fig. 8. Olcar.
Mus. tab. 28. fig. 1 , 2. Schirff. Monpg. 1756. tab. 7.
Voyez pi. 16. fig. 6,. où il est représenté très-
xéduite.
Se trouve dans la mer des Indes , et dans cell»
d'Amérique.
Limule cyclope , Limulus cjclops.
Test applati , un peu convexe , avec trois séries d'é-
pines ; la queue très-large , sans épine , et pointue.
Se trouve dans la mer des Indes,
-,- ■•Jf'-^v^.m ■
W^fci^iwCî'W
DES LIMULEii. 25j
Limule blanc , Limulus aîhus.
Test bombé avec trois carènes postérieures épineases ;
la seconde pièce avec une seule carène, quatre grosse»
épines , et plusieurs petites sur les bords. Queue très-
anie.
Se trouve probablement dans la mer des Indes.
Cette espèce n'est pas plus large que la main, et a
proportionnellement le test bien plus bombé que la pré-'
cédente. Les trois carènes de la pièce antérieure ne
commencent qu'aux deux tiers de sa longueur ; mais
celle du milieu un peu avant les autres. Elles ont cha-
cune trois ou quatre épines , d'autant plus longues
qu'elles sont plus prés du bord postérieur. La seconds
pièce est , de chaque côté, bordée d'épines, dont les
jpremières , celles de l'angle intérieure , et les dernières ,
sont les plus considérables. Les intermédiaires sont de
beaucoup plus petites. La queue est de la longueur du
corps, et absolument sa>.; épines. Il y a des pinces à
toutes les pattes. La couleur est par-tout d'ua blané
grisâtre.
'I.
.»•
rî VI
.-..jji.,.* a
I H
a^8 BISX^IUE NATURELLB
APUS, Apvs, Fisch.
Deux antennes simples; deux yeux distincts.
Corps cuurert par un bouclier d'une seule
pièce ; des pattes nombreuses et foliacées ;
queue annellée, terminée par deux filets.
Les crustacés dont il est ici question ,
ont été appelés apus par Frisch , mo-
nocles par Linnœus et Fabricius, bi-
nocles par Geoffroy , lirauies par Mul-
1er et Lamarck. Dans la confusion de
tous ces loms j qui ont aussi été donnés
à des crustacés d'autres genres , on pré-
fère ici de revenir , à l'imitation de
Latreille , au nom primitif, qui servira,
au moins , de point de ralliement à ceux
qui seroient embarrassés de l'applica-
tion des autres.
Les apus donc sont des crustacés cou-
verts d'un bouclier ou d'un test ovale,
bombé , très - mince , arrondi en de-
vant, et fortement échancré sur le der-
rière , qui ne tient au corps que dans
DES A PUS. 2S9
un seul point de la partie supérieure do
la tête.L'échancrUrepostërieure forme,
avec les bords, deux angles aigus , et
ses côtés sont dentelés. Sa substance est
plutôt cornée que calcaire, et en con-
séquence sa flexibilité est extrême.
Sur son dos postérieur se voit une foi-
ble carène, qui fait une fourche sur
le devant , et indique la place de ia
tête. Les jeux sont situés au - dessus
de la tête , très-rapprochés , obliques ,
saillans, ovaleâ , et accompagnés d'un
petit tubercule , intermédiaire sur le
derrière. En dessous , ce bouclier est
concave, et laisse voir deux plaques
rouges , où se trouvent àes vaisseaux
qui partent de son point de jonction
avec le cOrps , et servent à sa nourri-
ture. En devant il se replie , forme une
cavité des deux côtés de la tête , et une
saillie au milieu , qui couvre en partie
la bouche, t'ep; L clypeus , ou le cha-
peron de Fabncius. Sous le chaperon
on voit deux grandes mandibules, ar*
'Mti'
,!'
ïê. ■ '
nîi
Îi)d
I
a40 HISTOIRE NATURELLE
quées, envoûte, minces, tronquées,
et garnies de plusieurs dents à leur ex*
trémité. Les mâchoires sont doubles ,
et peu apparentes , ainsi que la lèvre
et les antennuUes qui y sont insérées.
Les antennes sont simples , très-courtes,
filiformes , et insérées sous le chaperon.
Le corps de l'animal commence à
l'endroit de la jonction du test avec la
tête. Il est composé d'une trentaine
d'anneaux qui forment une légère cour-
bure, et vont toujours en diminuant de
largeur. Les dix premiers sont cou-
caves 5 ils ont sur le côté un tubercule
d'autant plus petit qu'il s'éloigne de la
tête 5 dessous eux est un double rang
de vésicules rougeâtres, et à côté une
file de feuillets de même couleur, di-
minuant dans la même progression. On
voit très-distinctement toutes ces par-
ties , lorsque après avoir levé le bou-
clier , on regarde le dos de l'animal.
Lorsqu'on considère l'apus en des-
sous , on voit, immédiatement après la
DES APUS. 241
bouche , uîie suite de pattes , compo-
sées de trois articulations , qui devien-
nent de plus en plus courtes, et finis-
sent par se réduire à un point tuber-
culeux.
La première paire de pattes, et par-
conséquent la plus longue , est pour-
vue , à sa partie supérieure , de trois
longs filets inégaux , dont le plus petit
est le plus extérieur , et est inséré sur
sa patte, un peu plus bas que les autres.
Ces filets sont articulés comme les an-
tennes des écrevisses , et servent à la
marche de Tanimal.
Toutes les autres pattes sont termi-
nées par des lames ou des feuillets rou-
geâtres. Il y en a un double rang. Ils di-
minuent en longueur, comme on l'a déjà
observé, et finissent par se perdre à la
moitié de la queue. Les feuillets du
rang intérieur sont pointus jusqu'au mi-
lieu du corps ; mais là , ils deviennent
ronds, et conservent la même forme
jusqu'à la fin. Les feuillets du rang ex-
1
■4Jî M
\-'
^4a w ! s To T n K n a t o r f. m. i.*
tt^riour grand isstMil do plus m plus an
dépendant» junciinui (Imn tiemi <lf> l«
loîigutnir, où il» diiiisiUMml tout d'un
coup, et se tomuuant nv<H^ Um auln*»
en un point.
Ces Uniillms ou lanio» sont Im bran-
chies qui «orvon lu \i\ it'spiralion , com-
me « la natation di\ Tanimaî.
La i\m}m ttiminc^nce m: dtwaous, b
Tend ruil o«i linÎHSont las hrauchio» , niaiH
<în dvmié , ^ U» p^tit <^tr(i C5on»id(U'(^ti
commet common^^aut , o\\ so terninu»
Jo boucli(^r. Kl le n'est, m rosto, que
ia continuation du corp» , puiwiu'il n'y
a aucune dilfôrf^nct! dans non orgunina-
tion , aucune st^paration positive. C]ott«
queue est donc fovmî^e d'arliculatioiif»
presque cylindri<|ues et garnies d' (opi-
nes en dessus et en dessous. Klle est
tertnim^e ptu- une troncature et par deux
filets artiouU'\s, comme ceux des pattes,
et presque aussi longs que le corps.
T/anus est entre ces deux filets. Il «'st
formé par une pièce écaiileuse ou soa-
ppo HÎmpIn (IniiM flriix cl0« nip^tînii , rt
mirmoiHt^a pur imn Iwiiin, «♦piiuiiiMj mi
»c»M I)()V{|m, (|{iit.H In IroiNif^iiif.
LvH npim «n hoiivonl (Inim Icn f^wnx;
f»l«HiumU»« , hdiiiniNON, pviiH'ipnltunrut
(l(inN(<nll(iM((iii NoiinkiiiidniiN la loiirhri.
Ou f»M IroMvodtnixe^HpfNœNrtuxnnviioim
tît) Piirif», in«i»c*llr.s y «ont ravdN. IJom»
l<\H a ti'oiivi'u'N au pnulniip» , (Iiuia lr>«
iiianiiN <)ui nout a la <pimin (Ici IcHang
(IcvMoufinoicMK^y. Uun<lrHnRp(N('f«Havna
hîH hraïuîJiu'H ^ariiicm d*uu« uunirunti
<puuilil<^ rlanilM. Ou u'« , au «urplu«,
auc-uuo ol),H<5rvali()u «lu* ImuM UMrurH,
OuHaits(uil(ini(Milcju'il«[ïaiuiiiHinit<juol-
qu(?(oiH (*u quantitc^ (Irun (\m mnrm où
ou n'en a voit point vu ïv» auuiV» fnd-
«•/•(lentOH , ol cpi'ilrt ru cliHparoiHMCMifdn
luéuic. JIh moiucîut lr(>«-p(;u dn tiunpi!i
iipi(>« <;n avoir «Ito fir(''«.
Les Mdcoudt; ot tioi«i<^ruc! rhpèa^H in-
diqu^r.H par fiauiarck, coiuukî faimuit
j)nrlied(iHou|i;(:n(îlimnic,(pii,c!Oïniuo
on r« dit, < (jneajiond a cx'lni-c;i, h|)-.
P[N
1^
244 HISTOIRE NATURELLE .
partiennenl à deux autres genres , et
seront mentionnées séparément.
Apus cancriforme , Apus cancrijormis.
Brun chaperon , ptesque carré , étroit ; queu»
tronquée entre les deux filets qui la terminent.
Monocuius apus. Fab. — Binocle, Geojfroy, Ins. a.
p7. 2ï. fig. 4. Schaff. Monog. lySô. tab. i, 2.
Frisch. Ins. 10. tab. i. Sulz. Ins. tab. 24. fig. i53.
Naturf. 19. tab. 3. fig. i — la.
Se trouve iiaas les eaux stagnantes aux environs
de Paris. ,
Apus vert , Apus viridis.
Test vert ; le chaperon très-large , en demi-cercle ,
profondément denté en ses bords ; la queue tronque»
entre les deux filets qui la terminent.
Schceff. Monog. 1756, tab. 5.
Se trouve dans les eaux stagnantes.
Apus prolongé , Apus productus,
"Vert , à corps brun ; chapperon arrondi ; qncu»
avec une lame saillante, applatie entre les deux fileis
qui la terminent. ^
Schœff. Monog. 1756. tab- 6.
Voyez pi. 16. fig.7 , où il est représenté de presque
de grandeur naturelle.
Se trouve dans les eaux stagnantes aux environs de
Paris.
LE .
res , et
t.
oit ; queua
linent.
^rqy, Ins. a .
tab. 1 , 2.
4. fig. i53.
X environs
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iemi-cercle.,
le tronqutgr»
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I
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X . La Cymolkoa àctiolc 4 . .. .Le Binocle de o'eoirroy.
a . Le Cyame 6 ... LaLimule poljpKeme ■
^Ti^ Cétacés . ^...L'Apais prolonce' .
3 . Calli(£^o court .
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cypri
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Cri
CTPRIS, Cypris, JUuller.
Test Uvar.. ,«„ eacWe, deux ,„,„„«
^ ...
Quelques cjpris avoient ëté dé-
couvertes et décrites par Joblot et Bac
Jçer , d autres par ^edermuJler et Geof-
froy ; mais c'est Muller qui a étahJi ce
genre dans ses entomostrates, et qui en
a fait connoître le plus grand nombre
d espèces. Ses caractères ont été prin-
cipalement développés par Degeer
dans le septième volume de ses insec-
tes, et ses mœurs par un auteur anony-
me, dont le mémoire est inséré dans
les généralités des entomostrates de
Muller.
Pour donner une idée des animaux
du genre cypris, il suffit de faire con- '
noitre l'espèce la plus commune , la
cypris pubère, qui est le monocle à
coquille longue de Geoffi-oy.
Crustacés. I. _
24^ HISTOIRE NATURELLE
C'est, dit Linnaeus, une petite co-
quille, unpeu plus grande qu'une graine
de chou , ovale , alongëe , égale des
deux bouts , bossue en devant , et ar-
rondie. Elle ressemble entièrement à
une coquille à deux battans ; mais ,
dans ces dernières, l'ouverture est du
côté le plus mince, et la chair de l'ani-
mal est du côté le plus gros. C'est tout
le contraire ici.
L*aninal qui est renfermé dans cette
coquille, l'ouvre et la ferme à volonté ,
il fait sortir par un de ses bouts plu-
sieurs filets égaux et blanchâtres, eu
forme de poils. C'est en remuant ces
filets , qu'il nage avec célérité , et il
ne s'arrête point avant d'avoir rencontré
un objet sur lequel il puisse se reposer.
Dès qu'il ne nage plus , le corps entier
est caché dans la coquille.
Ces animaux varient en grandeur ^
selon l'âge. Leurs couleurs ne sont
point constantes. Les unes ont la co-
quille grise , les autres l'ont verte ,
DBS CTPRIS 247
OU d'une seule couleur, ou tachetée
de brun, ou de jaune, ou brune ou
, )aune.
L'enveloppe extérieure de ce cjrpris
est une véritable coquille bivalve, com-
me le dit Linnœus , qui s'ouvre et se
ferme par le moyen d'un ligament, de
même que la came des ruisseaux de
Geoffroy , la cjclade cornée de Bru-
guière , à qui on l'a comparée avec
raison. Le peu d'épaisseur du test, sa
transparence, et sa petitesse, ne oer-
mettent ^as de voir s'il y a des dents
à la charnière, mais le ligament est
très -visible à la loupe. Les valves,
dont les bords sont garnis de poils
trèsKîourts, se ferment très-exactement
par -tout.
Lorsque l'animal est en mouve-
ment, il fait mouvoir ses difïërens
membres avec tant de vftesse, qu'il
est très-diffîcile d'en saisir le carac-
tère, et même le nombre; cepen-
dant, à force d'observer, on s'est
I-
a48 HISTOIRE NATUKELLB
assuré qu'il en faisoit sortir de trois
sortes, savoir des antennes, des pattes,
et une queue.
Les deux antennes , qui sortent du
bout antérieur de la coquille, sont lon-
gues, très -llexib les, courbées en ar-
rière , divisées en plusieurs articula-
tions, qui leur donnent beaucoup de
souplesse et de flexibilité. Ils prennent
leur origine assez loin des bords de la
coquille , et ils sont garnis, vers l'ex-
trémité , de longs poils qui forment
«ne aigrette au bout. II y a, de plus,
quelques autres poils aux différentes
articulations. Le mouvement que l'in-
secte donne à ces antennes est tou-
jours dirigé en arrière , ou du côté
du dos ; il peut les courber considé-
rablement dans cette direction , et
elles concourent puissamment à sa na-
tation.
Les pâtes , qui sortent du milieu de
la coquille, sont plus difficiles à re-
connoître. Il y en a d'abord deux paires
DES cypRis. 24g
flssez distinctes , placées l'une en de-
vant , et l'autre en arrière du corps.
Ces pattes sont divisées en articula-
tions , et garnies de poils. Les deux
«ntérieures, qui sont plus longues que
les autres, et dirigées en arrière, ont
plusieurs longues parties déliées , qui
ressemblent à des poils , mais qui font
l'office de crochets. Les deux patte»
postérieures , qui sont courbées dans un
sens contraire , ou du côté de la tête,
sont terminées par un seul crochet
pointu, courbé , et assez long.
Mais outre ces quatre pattes, le cj-
pris en a encore d'autres, plus petites,
courbées, garnies de poils, et termi-
nées par des pointes crochues , sem-
blables à celles des deux grandes pattes
antérieures. Ces petites pattes , qui sont
également divisées en articulations , et
placées entre les deux paires des gran-
des, ne pressent que fort peu les bords de
la coquille, et ne le font uniquement
que quand l'animal marche sur quel-
!r8
mm
■''•iNià
m
a5o HISTOIRE NATURELLE
que objet , comme il le fait souvent.
Il est presque impossible de compter
leur nombre, parce qu'au moindre at-
touchement elles se confondent ensem-
ble , et ne sont plus reconnoissables.
Le mouvement que la cypris donne
à ces pattes , n est pas moins rapide
que celui des autres , et peut-être ai-
dent - elles aussi à nager , quoiqu'elle
semble s'en servir principalement pour
marcher. Elle perd , dans cette der-
nière action une partie de la vivacité
qu'elle montre en nageant. Mais , soit
qu'elle marche , ou qu'elle nage, la
coquille se trouve toujours placée ver-
ticalement sur le bord du côté des bat-
tans , où elle est ouverte.
La partie postérieure du corps est
garnie d'une queue double , presque
toujours entièrement cachée dans la
coquille. On ne peut la voir à son aise
qu'après avoir fait mourir lanimal, qui
ne la fait paroitre que dans certaines
occasions rares. Cette queue, qui est at-
«■«■■■
DIS CYTRIS. 25t
tachée à la partie postérieure du corps ,
est alongée , plus grosse à son origine
qu'à son extrémité , qui est très-déliée ,
courbée et dirigée en avant dans la
coquille, ou vers les pattes, et ayant,
près de son extrémité , une seconde
courbure opposée à l'autre , en sorte
qu elle a une inflection qui lui donne
la figure de la lettre S. Comme elle
est mobile à sa base , l'animal peut la
pousser en arrière , et la faire sortir en
partie hors de la coquille ; mais il faut
encore observer qu'elle est double, ou
composée de deux branches déliées ,
terminées par deux petits filets déhés,
en forme de poils ; et comme ces deux
branches, quand iù. queue est dans l'i-
naction , sont toujours exactement appli-
quées l'une contre l'autre , elle paroît
simple au premier examen.
La tête des cypris est large au bas,
et diminue de volume vers le haut, où
elle se termine en pointe alongée. C'est
^^li I
i }»
I
î*î»'
fiSa BISTOIBK NATUKELLI
d'elle que sortent les antennes dont il
a été parlé.
A l'endroit où la téfe s'unit au corps ,
vers les bords de la charnière de la co-
quille, on apperçoit un petit point noir,
qui est l'œil de l'animal. Quelques per-
sonnes ont prétendu qu'il y a voit deux
yeux réunis ^ mais, dit Geoffroy, c'est
en vain qu'on voudroit le faire croire,
il suflBt de regarder pour être persuadé
qu'il n'y en a réellement qu'un.
La poitrine s'avance beaucoup vers
l'ouverture de la coquille, et fait îa
plus grande partie du corps de cypris.
Au-dessous d'elle, auprès des pattes
antérieures , est une tache noire , qui
est la bouche. Elle est couverte d'une
pellicule transparente , qui s'ouvre au
milieu , et laisse entrevoir deux mâ-
choires , qui sont marquées d'un point
très -noir, à l'endroit où elles se joi-
gnent. A côté de ces mâchoires se
voient des antenoules blanches , qui
\*X iiWl
SES CYPRI8.
253
remuent sans cesse , et qu'on ne peut
compter.
Il n'y a pas de cloute que ces anten-
nules ne servent à l'animal pour dé-
terminer le courant d'eau qui doit lui
apporter la nourriture nécessaire , fonc-
tion qu'on ne peut pas attribuer aux
antennes , comme l'a fait Baker , ou
du moins qu'on ne peut leur attribuer
que secondairement, à raison de leur
distance de la bouche.
Le ventre est presque aussi large
que la poitrine ; mais il n'a que la
moitié de sa longueur. Il semble formé
de deux lobes marqués au milieu d'un
cercle noirâtre.
On voit, sur la partie supérieure du
ventre , deux grands corps arrondis ,
qu'on a pris pour, les ovaires , et ce ,
avec d'autant plus de fondement ,. qu'ils
contiennent quelquefois des petits grains
de couleur rouge , qui peuvent être re-
gardés comme des œufs.
La génération des cypris est , du
iÛ
m
/> ! n
f
I
i
w.
^54 HISTOIRE NATURELLE
reste , encore inconnue. On sait seule-
ment qu'elles jettent leur frai dès les'
premiers jours du printemps , car on
trouve des petits de très-bonne heure.
Ces petits diffèrent assez de leur mère
pour que Muller ai jugé à propos de
les décrire à la suite de ses espèces ;
mais on peut cependant les reconnoître
facilement, pour peu qu'on ait l'habi-
tude de l'observation et les rapporter
avec certitude aux espèces dont ils'
sortent.
Les excrémens sont des petites mas-
ses noires , cylindriques , courbées. Il
en sort de leur corps plus fréquem-
ment qu'on ne le soupçonneroit , d'après
la petitesse et la délicatesse de ces ani-
maux.
Les cypris changent de peau comme
tous les autres entomostrates^ mais ce
qu'il y a de remarquable , c'est que ce
n'est pas seulement le corps de l'a-
nimal qui mue 5 la coquille même
se défait d'une dépouille, comme font
SES CYFRIS.
â55
les ëcrevisses à l'ëgard de leur test.
C'est à Degeer qu'on doit cette jolie
observation, que le hasard lui fit faire.
Il en a voit mis en expérience, et le
lendemain, il trouva une dépouille
flottant dans l'eau que le microscope
lui fit reconnoître pour ce qu'elle
étoit. Il vit d'abord les deux pièces
de la coquille ouvertes, avec un re-
bord dans tout leur contour , mais la
charnière encore existante. Au milieu
de ces deux pièces, et vis-à-vis de la
charnière, on observe les dépouilles du
corps et de ses membres , principale-
ment des deux aqtennes , et de queK
ques-unes des pattes ; mais le reste est si
confondu , qu'on ne peut rien y recon-
noître. Ce fait démontre que la co-
quille fait partie de l'animal même ,
^et qu'elle diffère par conséquent beau-
coup des coquilles des mollusques tes-
tacées qui ne sont unies au corps que par
un point, et qui croissent par juxta-
position de molécules.
1
I
256 HISTOIRE NATURELLE
C'est dans les mares , où il y a des
plantes en végétation, principalement
celles des bois , que l'on doit chercher
les cypris. Elles sont quelquefois si
abondantes que l'eau en paroît cou-
verte. On en voit moins en éié et en
hiver qu'au printemps et en automne ,
ce qui feroit croire qu'il y a deux pon-
tes par an. Elles sont rares dans les
eaux où il y a des poissons, des insec-
tes aquatiques , et dans celles où les oi-
seaux aquatiques , tels que les canards,
vont souvent. Elles ont pour ennemis
non seulement les animaux qu'on vient
de citer , mais encore la plupart de ceux
de la classe des vers et des polypes. Le
dessèchement des mares , e't leur cor-
ruption pendant les chaleurs de l'élë ,
en font périr chaque année d'immenses
quantités. Il paroît, par des observations
propres à Bosc, que dans ces deux der-
niers cas , quelques cypris s'enfoncent
dans la boue , ferment hermétiquement
leurs coquilles , et attendent que le* ^
-'{
DES CYPRIS. u}ôj
pluies viennent renouveler Teau de
leurs mares , et que c'est par ce moyen
qu'elles se conservent dans certains
lieux. Les mares, des environs de Paris,
qui en sont le plus abondammeiit et
le plus constamment garnies , sont cel-
les de la foret de Bondj; mais on
en trouve aussi dans beaucoup d'au-
tres lieux.
Cyprîs découverte, Cypris détecta.
Coquille réniformef transparente.
Ledermuiler i Micros, tab. 73. MuUer^ Entomosr.
tab. 3. fig. 1,3.
Se trouve, principalement an printemps, dans les
eaux stagnantes , oii croit la conferve. £Ue n'est pas
rare aux environs de Paris.
Cypris ornée , Cjpris omata.
Coquille ovale , avec une échancrure antérieure et
des raies vertes.
MiiJler, Eotomos. tab. 3. fig. 4, 6.
Voyez pi. 1 7. fig. i et 2, où elle est très-grossie.
Se trouve au printemps dans les eaux dormautes.
Cypris unie f Cjpris Icet^is.
Coquille, presqv globuleuse, unie.
Geqf. Ins. 2. pag. 658 , n'\ 5 Vidensk Selskabs
»ye Skrist. i. fig. 1 , i, 3.
Crustacés. II. 23
i
I'
il
II
4 H
I\
1
4^56 HISTOIRE NATtmSLLX
Se trouve dans les «aux stagnante*. Elle a'eit pat
rare aux environs de Paris.
Cjpris fasciiîe , Cjprisjascîata^
Le test alongé avec une fascie verie.
MuNer, Entomost. tab. 4. fig. i , 3.
Se trouve dans les fossés d'eau dormante. Est rare.
Cypris rayée , Cypris strîgata.
Le test rénifome, brun, avec trois fascies blanches.
Miillnr f Entomos. talï. 4. fig. 7, 9,
Se trouve dans les eaux stagnantes. N'est pas rare
aux environs de Paris.
Cypris pubère , Cypris puhera.
Le test ovale , velu.
Joblot. Microsc. tab.si3. fig. O. Bachtr^ Microsc.
tab. l5o fig. 8. Gtq^, Ins. 2. pag. 657. uo 4. Degeer.
los. 7. tab. 29. fig. 5 , 10. MuUer^ Entomos. tab. 5.
fiij. 1 , 5.
Se trouve dans les eanx stagnantes. C'est la plaa
commune de toutes aux environs de Paris.
Cypris velue , Çypris pilosa^
Le test ovale, brun, antérienrement et postérieure-
ment cilié.
Vindesk. Selsk. Skrist. i . fig. 4 , 5. Mulier, Entomost.
tab. 6. fig. 5 , 6.
Se trouve dans les eaux où croissent les utricnlaires.
Cypris religieuse , Cypris monacha.
Le test tronqué antérieurement, avec des bandes
noires.
Mutter, Entomost. tab. 5. fig. 6, 8.
Se trouve dans les eaux où il y a des plantes an
végétation.
DES CTPRIff. 25^
Cyprî» (épaisse , Cypris eras*a.
Le lest un peu en masiiie ; la pariie antérieure plat
krge ; une fascie oblique fauve.
Mutter , Entomost. tab. 6. fig. 1 1 2.
8e trouve dans les eaux stagnantes.
Cjpris blanche , Cypris candidat
I<e test , presque ovale , trés-blanc.
MuUer, Entomost. tab. 6. fig. 7, 9.
Se trouve dans les eaux stagnantes.
CYTHÉRÉE, Cythere, Muller.
Test bivalve ; tête cachée ; deux antenne»
AÎnaplement velues ; huit pattes.
C'est à MuUer qu'on doit rétablis-
sement de ce genre , et la connoissance
de toutes les espèces qu'il contient. Il
ne diffère des cypris que par les an-
tennes , ici plus courtes , et sans pinceau
de soie à l'extrémité, et par les pattes,
au nombre de huit , tandis qu'il n'y en
a que quatre dans le genre précédent.
Ces pattes , qui sortent rarement en-
semble de la coquille , sont inégales ;
I )
\ - Y
^
a6o. HISTOIRE HATt;KEI,LB
les antérieures sont longues et écartées ;
les postérieures plus longues , et ar-.
mées d'un grand ongle. Toutes sont
dépourvues de poils natatoires ; mais
elles ont des épines latérales.
Il n'y a pas de queue; les pattes pos-
térieures en tiennent lieu.
Les antennes , commJ on vient de le
dire , n'ont pas de soies à leur extré-
mité comme dans les cypris; mais elles
ont quelques poils à la base de leurs
articulations.
L'œil dès cythérées , .car il ny en a
aussi qu'un comme dans les cypris , est
placé à l'angle antérieur, ou mieux au
point de réunion des valves.
Du reste , presque tout ce qui a été
dit à l'occasion des cypris leur convient.
Leur test est de même nature , leur
manière d'être ne diffère pas sensible-
ment. Mais les cypris ne se trouvent
que dans les eaux douces , et les cy-
thérées , ne se trouvent que dans les
eaux salées. C'est parmi les fucus , les
.* V •■
J)-ES CYTRÉRÉSS. zSt
conferves, autour des sertulaires , des
flustres , et autres productions poly-
peuses , qu'il faut les chercher. Il pa-
roît qu'elles ne sont pas très-communes.
Cythér^e verte , Cythere vîridii,
le test en forme de rein et velu.
MuUery Entomost. tab. 7. fig. I * 2.
Se trouve dans la mer ) parmi les fucas.
Cythërëe jaune , Cythere lutea.
Le test en forme de rein , uni.
MuNer , Entomost. tab. 7. fig. 3 , 4.
Se trouve dans la mer , parmi les fucus.
Cythërëe flavide , Cythere Jlavida
Le test oblong, uni.
MuUer , Entomost. tab. 7. fig. 5,6. '
Se trouve dans la mer, autour du flustre linnéate.
Cythërëe bossue , Cythere gihba.
Le test ovale , hérissé de poils , avec une tache àa
chaque côté.
Mvtler^ Entomost. tab. fig. 7, 9,
Voyez-^V.x 7. fig. 3, 4, où elle est représentée grossie.
Se trouve dans la mer, autour de l'ulva linze.
Cythërëe ëlevée , Cythere gillera.
Test ovale , uni, avec deux taches de chaque côté.
Mjuler y Entomost. tab. 7. fig. 10, la.
Se trouve dans la mer , parmi les conferves.
I kl
(1
ï\
{-
a6a HISTOIRE NATURELLB
LYNCÉ, Lynceus, MuUer,
Test bivake , ëchancrë près du bout anté-
rieur , qui ressemble à un bec; antennes
en pinceau -, huit pattes ; deux yeux.
Ce genre , dont on doit encore ré-
tablissement à Muller , est intermé-
diaire entre les cypris et les daphnies,
car il a la coquille des premières et
la tête des secondes. Cette tête a la
figure d'un bec , et est garnie de deux
yeux , non pas à côté l'un de l'autre,
mais l'un devant l'autre , le dernier
toujours plus grand. Il y a quatre an-
tennes, insérées au-dessous de la tête ,
toutes inégales , et garnies de longs
poils sur leur côlé inférieur. Ces an-
leniies servent encore plus directement
à l'action natatoire dans les Ijncés que
dans les cjrpris. Les pattes sont au moins
au nombre de huit, mais il est souvent
difficile de les compter. Elles sont in-
sérées sur la poitrine, et vont en dé-
3 ^ \
DES LTNCÉS. 265
croissant. Toutes servent à l'action na-
tatoire , et sont fort bien conformées
pour cela , attendu qu'elles ont du côté
intérieur quatre appendices linéaires ,
garnies de longs poils , et du côté
extérieur une large branchie compo-
sée de trois à quatre pièces, toutes
également garnies (Je longs poils. Entre
les antennes et les pattes , on remarque
un organe double et rapproché , dont
un des côtés est armé d'un ongle épais
et courbé , et l'autre est tronqué et ter-
miné par des poils. On ne connoît pas
l'usage de cet organe que Muller croit
qu'on peut regarder comme le cœur ,
parce qu'il est pourvu d'un mouve-
ment alterne de systole et de diastole.
On voit , au printemps, à la partie
supérieure et postérieure du ventre des
lyttcés, un assemblage d'œufs ordinai-
rement verdâtres , quelquefois noirâ-
tres , mais on n'a pas encore observé
leur copulation ni leur accouchement.
Les Ijncés se trouvent, avec les au-
r^
H
I r
I «
t
ïi
a64 HISTOIRE NATURELLE
très animaux de cette classe, dans les
eaux dormantes où croissent des plantes
aquatiques. Ils ne sont point rares aux
environs de Paris , mais cependaivt on
ne les y rencontre pas en aussi grande
abondance que les cypris et les daph-
nies. C'est dans le marais qui est à
l'extrémité du parc 4ib Vincemies, du
côté de Saint-Maur, qu'ils étoient les
plus communs autrefois.
Ljncé brachyarc , Lynceus hraokyurus,
La queae courbée en dehors ; le test globuleux.
MuUer , Ent. tab. 8. fig. i, 12.
Se trouve dans les eaux stagnantes. Il a p^.as d'an
niilliroètre.
Lyncé sphërique y Lynceus sphœricus.
La queue courbée en dedans ; le test globuleux.
JAuIler^ Entomost. tab. 9. fig, 7« 9'
Voyei pi. 17. fig. 5, 6, où il est représenté grossi.
Se trouve dans les eaux stagnante». N'est pas rare aux
«nv irons de Paris.
Lyncé quadrangulaire, i. quandrangularis,
La queue courbée en dedans ; le test preque qaa-
drangulaire.
MuUer i EntOmost. tab. 9. fig. 1*3.
Se trouve dans les eaux stagnantes.
Lyncé lamelle , Lynceus lamellatus»
La queuo courbée en dedans ; 1« test ventru.
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/ie^reife t/ef.
, C vpris orné . S. G. liyncie spheaùque
3.4,. Cvllverce l)08siie.
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DIS LTMCiS.
Mufftr, Snlomoit. lab. 9. fl^. 4 , 6.
8« inmra dans lea Uca «t Im riviérM.
i65
Ljneé trigonfllle , Lyncêus trigonêlluj.
La quana ooarbéa an dadaoi ) la tait «nlérianranitai
bosin , MM pointa.
Muftêr, Eatomoit. tab. 10. fig. S , 6. Sehinom,
tab. 3. f<g. 0.
C'^ trouva <^«its lai maraii at lai foM4i dai boU.
Lynoé tronqué , Lynceus iruncatu*,
La qaeua courbéa an dedani, dantaléj la tait danté
à th baie.
Mif//er, Entomost. fab. 11. fig. 4, 0.
Sa trouva dam les eaux où croit la lentUla d'aao.
Lynoé longue-maia , Lyne, macrourus,
Xh queue droite ; la test alongé.
# iWM//ffr, Entomost. tab. 10. fîg. i , 4.
Se trouve dans les laci du nord de l'Eoropa.
Ljncë lâche , Lynceus socors,
La qnene épaisse ; le test ovale.
Nulhr , Entomost. tab. 11. fig. i, 3.
Se trouva dam les rivières.
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2^6 HISTOIRE NArrR!BLI2
LAPHNIE, Dafhnu, Muller.
Test bivalve ; Xèie apparente , avec âvux
aotennes ; huit à dix pattes ; un seul veil ;
une queue.
L'extrême abondance de quelque»
espèces de ce genre , et la singularité
de leur forme, ont dû les faire remar-
quer de tout temps 5 aussi les trouve-
t-on mentionnées dans les écrits des
plus anciens observateurs, et ont-elles ^
donné lieu à des travaux fort étendus.
Leuwenhoeck , Needham , Swammer-
dam , et autres , les ont décrites sous
les noms de poux aquatiques , de puce-
rons branchus, etc. Linnaeus, Degeer,
Geoffroy , et les Naturalistes métho-
distes qui sont venus après eux , les
ont fait connoître sous la dénomination
générique de i^ionocles. Mais Muller
les a ôtées de ce genre pour en former
un particulier, qui a été généralement
adopté , et qui devoit l'être , comme
DBS DAPHNIES. 2^7
on peut s'en assurer , en comparant
ses caractères à ceux des autres genres
de la même classe.
Peu des crustacés ont donc été étu-
diés avec plus de détail que les dap-
hnies. Outre les travaux de Swam-
merdam et de Degeer , on possède
encore ceux de ScliaefFer , qui n'ou-
blie rien de ce qui a rapport à leur
figure , qui ne néglige aucune de leurs
parties, et qui a force de tendre vers la
perfection , devient minutieux , diffus
au point de ne pouvoir se faire lire.
Ici , on ne présentera que des masses ^
on ne fera connoître que ce que ceà
animaux ont de plus remarquable.
La tête et tout le corps des daphnies
sont couverts d'une enveloppe crusta-
cée , ouverte en devant. Cette enveloppe
est fermée , du côté du dos , dans toute
sa longueur , non pas par une char-
nière à la manière des cypris , mais
par une simple suture en carène , ce
qui , dans la réalité , en fait une c&-
m
268 HISTOmB NATURELLE
quille univalve; mais comme elle a la
forme des bivalves , et que sa flexi-
bilité en permet tous les mouvemeiis,
on lui en a conservé le nom.
La tête des daphnies , qui est comme
bossue , n'est distinguée du corps , du
côté du dos , que par un léger enfon-
cement; mais en devant, il y a, entre
ces parties , une- longue et profonde
incision , qui les sépare l'une de l'autre.
Les deux antennes sont placées sur
les côtés, au bas de la tête et perpen-
diculairement au plan du corps. Cette
position, différente de celle des anten-
nes dans les insectes , et même les crus-
tacés , justifie ceux qui leur ont donné
le nom de bras , et ce d'autant plus, que
ces parties servent principalement à
l'action de nager. Quoi qu'il en soit , ces
antennes , car on leur conservera ce
nom avec MuUer , sont ramifiées et
transparentes comme du verre. Cha-
cune d'elles est composée d\ine grosse
tige cylindrique , attachée au corps par
DES DAPHNIES. 26g
quelques articulations annulaires , au
moyen desquelles elle se meut en tous
sens, comme sur un pivot. Cette tige
se divise bientôt en deux branches plus
grêles , cylindriques , articulées 5 le»
articulations au nombre de trois. La
branche extérieure est garnie , sur un
de ses côtés , de deux longs filets , très-
déliés , en forme de poils , qui sortent
de la base des deux dernières articu-
lations ^ mais l'autre n'a qu'un seul filet,
qui sort de la base de la dernière arti-
culation. L une et l'autre de ces bran-
ches est terminée, à son sommet, par,
trois fileta entièrement semblables à
ceux des côtés. Tous ces filets sont
flexibles et mobiles à leur base, garnis
de poils , plus ou moins longs , selon
les espèces , et munis , vers leur mi-
lieu , d'une articulation , même dit-on ,
d'une seconde vers leur pointe , qui
servent à augmenter leur flexibilité.
C'est par le mouvement de ces deux
antennes que la daphnie nage. Elle
Crustacés. II. 2^
,/
i^
SLJO HISTOIRE NATURELLE
en bat l'eau avec vitesse , ce qui la fait
avancer , ordinairement comme par se-
cousses , ou par élans ; mais elle se meut
encore de plusieurs manières, en haut,
en bas , sur les côtés , etc. Les pattes
n'aident en rien à la nage ; mais la
queue sembley contribuer, quelquefois,
quand le monocle la pousse avec force
en arrière. Dès qu'elle se tient en Vepos ,
elle descend peu-à-peu au fond de l'eau
par son propre poids , parce que sa
gravité spécifique surpasse un peu celle
de cet élément.
La tête des daphnies se termine , en
dessous , en une espèce de bec pointu ,
mais immobile , et faisant corps avec
le test , dont elle n'est que le prolon-
gement. La bouche est placée dans la
coquille , à l'orifice du grand intestin.
Au sommet de la tête , on voit une
tache circulaire noire , qui est l'œil de
l'animal. Cet œil, qui n'est point com-
posé de deux globes réunis , comme
l'ont prétendu quelques auteurs , a une
DtS DAPHNIES. 271
surface raboteuse , ou toute couverte
de petits grains. On peut les comparer
aux yeux à rézeau des mouches. Cette
masse est mobile , on lui voit presque
toujours un mouvement de trémousse-
ment.
Les pattes , qui sont cachées dans la
coquille, et attachées le long du des-
sous du corps , sont en forme de na-
geoires barbues. Leur nombre et leur
figure sont difficiles à démêler au tra-
vers de la coquille , parce qu'elles sont
très -transparentes, et garnies de plu-
sieurs longues parties, en forme de poils,
qui les cachent. Cependant , on est par-
venu , à force de patience , après avoir
tué des daphnies dans l'esprit-de-vin ,
à dessiner quelques-unes de ces pattes.
On en trouve une figure , pi. a de la Mo-
nographie de SchaefFer , qui semble ne
rien laisser à désirer; mais on doit dire
que ceux qui ont cherché à en vérifier
l'exactitude , n'ont pas pu y parvenir
complètement , ce qu'il faut sans doute .
làn
*iL»mmmnmmmm.-
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aya histoire'KAturille
attribuer à la difficulté de l'observa-
tion. On voit dans cette figure , et dans
celle de Degeer , pi. vj ^ fig. 7, du
tome VII de son Histoire des insectes ,
que ces pattes sont de formes diffé-
rentes , les unes étant alongées, et di-
visées par des articulations , les autres
applaties en forme de lame , et toutes
terminées par plusieurs filets mobiles,
garnis de barbes très«fînes. Les pièces
plates ont, à leur bord inférieur , une
suite de longs filets , un peu courbés ,
placés fort près les uns des autres , et
représentant assez bien les dents d'un
peigne. Ces rangées de filets se trouvent
un peu en recouvrement les uns sur les
autres. Degeer pense que Ton peut con-
sidérer ces pattes comme des branchies
analogues à celles des écrevisses, et
très-probablement il pense juste.
A l'extrémité du corps des daphnies
on voit une grande queue mobile , qui ,
dans l'étkt de repos, se trouve entière-
ment enfermée dans la coquille , et
DES DAPHNIES. 373
recourbée en dessous , vers la tête ;
mais ranimai peut la déplier , l'éten-
dre , et la faire sortir de la coquille à
volonté. Celte queue est terminée par
deux longues pointes roides , courbées
et mobiles , qui ressemblent à des on-
gles d'oiseaux. £n dessous de ces on-«
gles, elle est garnie de deux rangs de
pointes dirigées en arrière, entre les-
quelles se trouve l'issue du grand in-
testin , qui parcourt la queue , et dont
l'ouverture donne issueaux excréments.
A l'endroit où se fait la courbure de
la queue , en forme de coude , on voit
deux filets coniques, dirigés en arrière,
et divergeans. Ils ont , au milieu do
leur longueur, une articulation qui aug-
mente leur fie. ibilité. Enfin, ce bord"
postérieur ou supérieur de la queue ,
est garni de quelques pièces , en forme
de lames plates et angulaires, qui le ren-
dent comme découpé ; mais dont l'usage
n'est pas connu. Ces pièces, ainsi que les
filets , manquent à quelques espèces^
r\l
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if» «^.atèivWlpIiajetSïiiiSii- M»»*ù,»î.iti>»:».
t;^Nîp7;:^^⻫»(» -A.
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274 SlàTOIKEN/VTURËLLî:
La grande transparence de Ja peau ou
de la coquille des daphnies permet de
voir assez distinctement , la structure
des mtestins et des autres parties de l'or-
ganisation intérieure. On peut voir ces
objets, grossis et développés, dans la
planche de Schœffer , citée plus haut.
Vers le haut du dos on voit un corps
ovale , très-transparent , qui a un mou-
vement continuel de contraction et de
dilatation, c'est le cœur, dont on ne
distingue pas bien les communications
avec les autres parties du corps.
Au milieu du dedans du corps, il
y a un gros vaisseau cylindrique , tor-
tueux, de couleur verte , qui prend son
origine près la base des antennes, et
qui s'étend en serpentant jusque près
de l'extrémité de la queue. Ce vaisseau ,
comme on l'a déjà dit, est le principal
intestin qui reçoit et digère ies alimen?
dont on le voit presque toujours rempli.
Il fait une courbure vers la tête où
se trouve son ouverture, la véritable
\
\
2^5
DES DAPHNIES.
bouche de l'animai. Il a un mouve-
ment yermiculaire comme les vais-
seaux des grands animaux, et on voit
passer à travers les alimens que l'in-
secte avale.
La manière dont les daphnies 50
nourrissent ou attirent les alimens qui
leur sont nécessaires est tout-à-fait sin-
gulière. Quand elles ne nagent point,
elles remuent les pattes avec rapidité ,
ce qui détermine un petit courant d'eau,
qui , dirigé vers la tête , entraîne dans
l'entre -deux des coquilles toutes les
matières menues et les animaux mi-
croscopiques dont l'eau des marais est
remplie en tout temps , et lorsqu'il y
en a une assez grande quantité accu-
mulée, elles ferment leurs battans, et
choisissent ce qui leur convient. Il
paroit, par quelques observations de
SchœHër et de Degeer, que les daph-
nies ont, auprès de la bouche, de petites
dents avec lesquelles elles tuent les
les animaux avant de les avaler , mais
'•'A
276 HISTOIKE NATUllLLI
cela n'est pas encore constaté d'une
manière assez positive pour l'assurer
ici. Il paroit encore, par les observa-
tions du dernier de ces auteurs, que les
épines de la queue^ervent principale-
ment aux daphnies pour se débarrasser
des matières étrangères qui sont portées
entre les lames de leurs pattes, et qui
gênent leurs mouvemens.
Lorsqu'une daphnie a avalé quel-
que chose , on voit ce quelque chose
entrer et descendre plusieurs fois dans
son intestin , et enfin disparoître tout-à-
fait.
Vers le haut du grand intestin , tout
près de la tête , on voit deux autres
vaisseaux courts cylindriques et arron-
dis au bout , qui ressemblent à des
intestins aveugles , et dans lesquels on
remarque un mouvement semblable à
celui du grand intestin , mais il n'y
passe jamais d'alimens. On ne peut en
indiquer l'usage.
La transparence de la coquille per-
^\
DES DAPHMIES. 277
met encore d'observer des muscles qui
partent dans les environs de l'intes-
tin, se rendent vers le dos , et ser-
vent sans doute à attacher et à unir le
corps à la coquille.
Les plus anciens observateurs ont
remarque que les animaux de ce genre
muoientou cliangeoient de peau comme
les écrevisses. Il n'est personne qui
n'ait pu vérifier ce fait dans les marais
où il y a beaucoup de daphnies , la sur-
face de l'eau et les bords étant , à
l'époque de ce changement , c'est-à-
dire vers germinal , souvent couverts
de leurs dépouilles. Ces dépouilles sont
très - transparentes , et il n'y manque
aucune des parties extérieures de l'a-
nimal , la coquille même y est entiè.3 ,
ce qui prouve, comme on fa dit à l'ar-
ticle des cypris, que cette coquille
n'est pas de la nature de celles des
moules et autres coquillages , mais de
celle de la peau des écrevisses.
Les daphnies ont presque dans tous
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il'
I
I
278 HISTOIRE NATURELLE
les temps , au -dedans du corps, un
grand nombre d'œufs amoncelés tout
le long du dos, ou placés exactement
entre la coquille et ie grand intestin. Ils
sont d'abord parfaitement ronds , ayant
dans leur milieu un petit corps circu-
laire, qui représente le jaune de ceux des
biseaux , mais peu-à-peu ils s'alongent ,
et on apperçoit, avec le temps , le mou-
vement produit par les petits qui com-
mencent à se développer. Lorsqu'ils
sont arrivés au terme fixé par la nature
pour leur expulsion , l'animal baisse la
queue, et dans le moment même, les
petits, sortent de son corps tout-à-la-
fois , et comme à la hâte , par une
grande ouverture que laisse l'éloigne-
ment de la queue entre les deux bat-
tans de la coquille , vers sa partie post*'-
térieure , en dessous de celte même
queue.
Dès leur naissance les jeunes daph-
nies, qui ne sont pas plus grosses que
des atomes , nagent avec vitesse , et ne
U
i!
MM
DES DAPHNIES.
^79
difFèreiil presque de leur mère qu'en
ce qu'elles n'ont pas cette courbure du
dos où est le réceptacle des œufs.
D'à près ces fil its, on ne douleroitpas
que les daphnies ne fussent vivipares,
et en effet elles le sont , mais seulement
l'ï^të. Pendant l'hiver, ou mieux, le
printemph elles sont ovipares, c'est-à-
dire qu'elles laissent sortir leurs œufs
avant que les petits aient acquis toute
leur grandeur.
lies Naturalistes, qui, les premiers ^
ont observé les daphnies , ont beau-
coup varié sur la nature de leur ac-
couplement. Les uns les ont crus her-
maphrodites , mais cependant avec l'o-
bligation de s'accoupler j d'autres ont
prétendu qu'il y avoit parmi eux de»
mâles et des femelles. Muller a résolu
la difficulté. Il a reconnu des mâles et
des femelles , et même décrit leur dif»»
férence.
■ Le mâle , dans ce genre est généra-
lement plus petit et plus alongé, ou
TÇ,.
rfmwiiii iw ifi '
i
', ?•
280 HISTOIRE NATURELLE
mieux , moins arrondi que la femelle ,
et présente quelques différences exté-
rieures qu'il est inutile de détailler ici.
Les organes de la génération sont pla-
cées derrière et plus bas que les an-
tennes. Ils consistent en deux filets,
un de chaque côté, articulés à leur base ,
tronqués à leur sommet, et qui varient
dans leur forme , leur longueur et leurs
accompagnemens , selon les espèces.
Ces organes sont presque toujours ca-
chés sous les premières paires de ^t-
tes, de sorte qu'il nest pas étonnant
qu'ils aient été peu remarqués , ce-
pendant Joblot les avoit découverts,
mais sans en deviner l'usage.
Les organes de la femelle , qui a
été , presque toujours , la seule figurée
par les auteurs , sont placés sur la partie
postérieure du dos , à la base supérieure
de la queue , dans le lieu, enfin , par où
on a dit que sortoient les petits.
L'accouplement se fait donc de mâle
à femelle, et d'une manière analogue
li
DES DAPHNIES. 28\
à celle des ëcrevisses et autres crusta-
cés. On a figuré à Ja pl.iQ, un mâle et
une femelle pour faire sentir leurs dif-
férences de Ibrme, et le premier avec
ses organes de la génération développés.
On ignore si ces deux organes agissent
à-la-fois ou séparément.
Les daphnies sont extrêmement com-
munes. Elles sont si abondantes dans
certaines mares qu'elles en couvrent
la surface dans une profondeur de plu-
sieurs centimètres. Comme elles sont
souvent colorées en rouge , elles ont fait
croire quelquefois que l'eau avoit été
changée en sang, et ont causé, par là,
de grandes frayeurs aux habitans igno-
rans et superstitieux des campagnes.
On en trouve toute l'année , mais prin-
cipalement au printemps et en au tomne.
Pendant les chaleurs de l'été , une
grande quantité périt, soit par le dessè-
chement des mares, soit par la cor-
ruption de leur eau, soit par les ra*
vages de leurs ennemis.
Crustacés. II. ^5,5
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%^2 HISTOIRE NATURELLI
Ces ennemis sont les oiseaux aqua-
tiques , et tous les animaux , soit de
la classe des insectes , soit de celle des
vers , qui vivent dans l'eau. Le nombre
par conséquent en est très-considérable.
Les hydres , ou polypes , les moins
dangereux sans doute de ces ennemis,
en font cependant une si grande con-
sommation , au rapport de Tremblej ,
qu'on ne peut concevoir que l'espèce
puisse s'en conserver dans les mares où
ces deux genres d'animaux se trouvent
ensemble. Mais la multiplication des
daphnies est encore plus rapide que
celles des hydres.
Les daphnies paroissent pouvoir ,
comme les cypris; mais peut-être moins,
se conserver en vie dans la terre hu-
mide , pendant un assez long temps.
Du moins c'est par là qu'on peut ex-
pliquer pourquoi il s'en trouve souvent
beaucoup en automne dans les maref
qui ont été desséchées pendant l'été.
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12. Daphnie phimcuBo . 4 . . . .Cyclop*^ quadricomt»
5 . . . Cvclopo roag'câti'c . S d . Polvphcmo oculc .
^41
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DES DAPHNIES.
283
Daphnie plumeuse , Daphnia pennata,
postérieur "^"'' '" ^'^'°'' '' '"'' ""^° ""« P°^"'«
l-^f^^'^K^^"''- ^* ***• '^-^^-5. Sc^aifer, Monog.
WD. 15© fig 5, a, i. Ledemiuller, Microsc. tab. 75.
tab ';/r ""' ^°'^' ^'*'- '• ^«- "• ^«^^-. E"t.
«au. 1 2. hg. 4 , 7.
•ont représentés grossis.
Se trouve dans les mares et le^ eaux stagnantes.
Daphnie longue épine, Baph, longispina,
La queue repliée en dedans j le test antérieurement
ttentele; postérieurement pointu.
SwammerUam, Bib. Nat. tab. 3l. fig i , 3
Backer, Microscop. tab. 12. fig. 14. Degeer/ins n
tab. 27. fig. I , 8. MuUer, Ent. tab. 12. fig. 8 10
Se trouve dans les eaux stagnantes. N'est pis rkr«
aux environs de Paris.
Daphnie camuse, Daphnia sima,
La queue repliée en dedans j le test ovale , sans
pointe. '
-Dj^^ar Ins. 7. tab. 27. fig. 9 , i3. Lange, Nat.
Vand. tab. 2. fig. i. Joblot. Microsc. 1,2 tab i3
fig. P, Q , R. Scha!ff. Monog. tab. i. fig. n. W//*.,*
Entomost. tab. 12. fig. 11, 12.
Se trouve dans les eaux stagnantes Est très-com-
mune aux environs de Paris.
Daphnie à bec droit , Daphnia rectirostris.
La queue repUée en dedans ; le test antérieure-
ment ciUé ; les instrumens de la génération du u&la
droits.
Mulier, Entomost. tab. 12. fig. i , 3.
8» trouve dans les eaux bourbeuses.
,\
.W
a84 HISTOIRE NATURELLE
Daphnie à bec courbe , Daphn, carvirostris^
La queue repliéa en dedans ; le test antérieurt-
nient velu ; les instruoiens de la génération du mii« «
courbés et pendnns.
MuUer^ Eniomost. lab. i3. fig. I , a.
S» trouve dans les eaux des marais bourbeux.
Daphnie pointue , Daphnîa mucronata,
La queue repliée en dedans ; le test antérieure»
ment et iuférieu veinent terminé par une pointe.
Degeer^ Ins. 7. tab. â8. fig. 3, 8. Mt^^/er , Ent.
tab. 1 3. fig. 6. 7-
Se trouve dans les marais.
Daphnie cristalline , Daphnia crystaîlîna^
La queue repliée en dehors; le test sans pointe,
les instrumens de la génération du mâle, épais et
cour' s.
Degeer, Ins. 7. tab. 29. fig. x , 4. Muller^ Entomos.
tab. 1 4. fig. I f 4.
Se trouve dans les eaux donnantes.
Daphnie sétifère , Daphnia setifera.
La queue droite ; l'angle antérieur du test avec n»
faisceau de poils.
MuUer , Entomost. tab. 14. fig. 5 , 7.
Se trouve dans les eaux dormautes.
Il
1 I
DSS POLT^PHiMZff.
2^h
POLYPHÈME , PoLYPHEMVS, Mull.
Un Sfiil œil en forme de têle ; une espace
de corcelet ; deux rames , ou bras four-
chus ; une queue insérée sous le ventre.
Ce genre a ëlé établi par Muller , et
n'est composé que d'une espèce , que
quelques Naturalistes ont cru être une
larve. Il est appelé par Lamarck cépha-
îocle , et ne doit pas être confondu avec
le polyphème du même auteur, qui est
le limulus polyphemus de Fabricius.
La forme du polyphème peut en
effet faire croire qu'il n'est qu'une larve;
mais le témoignage de Degeer, qui lui
a vu faire des œufs , suffît pour convain-
cre du contraire, puisqu'il prouve qu'il
est réellement , pour se servir du lan-
gage des Entomologistes , dans l'état
parfait.
La tête du polyphème est ronde ,
avec un casque écailleux, qui recouvre
une grande sphère noire , mobile ea
ifeawcwiwi tmë'Htf
286 HI8TCIRB NATUREILB
tout sens , qui est l'œil. Cet œil est
extrêmement gros , relativement au
volume de l'animal , et il en part de
petits rayons , qui vont se perdre à la
surface du casque dont il vient d'être
parlé.
Le corps est divisé en deux parties
par une espèce d'étranglement. La pre-
mière , à laquelle sont attachés les
bras , les pattes , et la queue , peut être
appelée Je corcelet. La seconde, qui
renferme les œufs et les petits , ne peut
être méconnue pour le ventre.
Les bras sont attachés aux deux cô-
tés du corcelet , dans son milieu. Ils
sont composés d'une longue tige cylin-
drique , articulée au corcelet , qui se
divise en deux branches presque aussi
longues qu'elle. Les deux branches sont
égales , et divisées en cinq articulations ,
dont les bases sont garnies chacune de
quatre filets. La dernière de ces arti-
culations a aussi trois de ces filets à son
sommet. Ces six filets sont mobiles
BES POLYPHÈMIS. 287
•omme les branches mêmes , et ont , au
milieu , une articulation qui les divise
en deux parties , et qui augmente leur
flexibilité.
Le polyphème a huit pattes en forme
de nageoires, placées par paires , et
attachées en dessous du corcelet ou de
la première partie du corps ; elles sont
un peu inclinées vers la tête , mais en
même temps courbées en arrière , et
entièrement à découvert , c'est-à-dire
qu'elles ne sont point enfermées dans
l'écaillé qui couvre le corps, comme
le sont celles des cypris et des daph-
nies. Ces pattes sont garnies de plu-
sieurs filets mobiles en forme de poils,
dont il y a toute une suite le long du
bord inférieur , et quatre beaucoup
plus longs à l'extrémité de la patte;
les deux antérieures sont beaucoup plus
courtes que les autres.
La longue queue qui est attachée en
dessous du corps , tout près de la der-
*ière paire de pattes ^ n'est pas non
v»..&,^ ■«. »^ .. -SSfx,
'^t
i
a88 HISTOIPE NATURELLE
plus renfermée dans le corps , ou dans
une écaille, mais elle est située entiè-
rement en dehors, dirigée en arrière,
et appliquée le long du ventre qu'elle
excède beaucoup. Elle est presque
droite, ayant seulement une petite in-
flexion dirigée en haut, et garnie de
petites pointes en forme de dentelures
tout le long du bord inférieur, et ter-
minée par deux longs filets qui for-
jnent la fourche.
La transparence de la peau crus-
tacée, qui couvre le corps , permet d'y
voir quelques-unes des parties internes.
On observe d'abord au milieu du corps,
dans la partie antérieure , un gros vais-
seau noir, courbé en demi-cercle , qui
prend son origine près de la tête, et
qui aboutit près de la base de la queue,
où il a sans doute son issue , car c'est
le grand intestin» Il n'est visible que
quand il est rempli d'alin*ens. Dans
l'endroit du dos où lecorceletse trouve
uni au ventre, on remarque une petite
I
DES POLTPiiiMES. a8o
tache triangulaire qu'à son battement
continuel , on ne peut se refuser de
regarder comme le cœur.
Quand le ventre est plein d'em-
bryons, il est presque ronu , ^j-^nd il est
vide, il est ovale alongé. On voit ces
embryons à travers la peau. Degeer
les a vus sortir du corps de leur mère
tous à-la-fois , et aussitôt se mouvoir
avec vitesse.
Ordinairement le polyphème porte
la tête un peu baissée, et rapprochée
des pattes 5 mais quand il la hausse ou
la redresse, elle paroît comme placée
sur un cou fort alongé. Il nage avec
beaucoup de rapidité par le mouvement
combiné des bras et des pattes en na-
geoires , et toujours, dans ce cas, il se
met sur le dos, position qui facilite
sans doute sa marche.
On ne connoît point encore le mâle
du polyphème dont les mœurs ont en-
core besoin d'être étudiées par quelque
patient observateur. On le trouve dans
\
!
I
i
ii?
%gO ftlSTOIRB NATURELLE.
les eaux dormantes, maïs pures. Bosc
l'a trouvé plusieurs fois aux environs de
Paris , mais jamais avec l'abondance ^e»
cyclopes et des daphnies, quoiqu'on
assure qu'il multiplie autant et plus
que les espèces dt> ce genre. C'est pat
erreur que Degeer lui donne pour sy-
nonyme le monocle à queue retroussée
de Geoffroy, ou la daphnie quadran-
gulaire. Ce Naturaliste ne l'a point
connu. Il n'a encore été figuré que
par Degeer , Insectes , pL 28 , fig, 9
et i3; et par MuUer, Entomost. tab^
^^ ffiè' i^. Les figures 5 et 6 de la
p/. 18 , le représentent grossi , vu en,
dessus et de côté.
'/
TIK ni0 TOU> SECOV».
1i ♦■
f"^ " • '" -— *■
TABLE FRANÇAISE
I.
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
des Genres des Crustacés contenus dans le#
deu2 yolumes.
Alphée ,
Apns ,
Aselle ,
Binocle ,
Bopyre ,
Branchiopodcp
Calappe ,
Calige,
Chevrolle ,
Crabe ,
Crangon ,
Crevette»
Cyame ,
Çyclope ,
Çymothoa «
Cypris ,
Cjthéré* «
A.
B.
C.
tam.
II,
z
II,
II,
107
23t
II.
i5f
II,
II,
ï9f
2l3
II,
124
I,
II,
II,
ï7f
191
i55
I,
161
II.
II,
II,
94
x3,
20a
II,
2.x ê
II.
208
II,
II.
24S
2S§
î%
SSbi
.'*•
i^-'-t^^^mt^iiàà^ili'
II.
;
apa TABLE FRANÇAISE.
D.
Daphùîe,
Doripe ,
Dromie ,
Écrevisse ,
Galathiie,
Grapse ,
Hippe,
Zâoté« ,
Lencosie ,
ï-igie ,
Limnle ,
liyncée ,
Matute ,
Maja ,
Ocyporle ,
Orythie,
Pagure ,
Palasmon ,
Palinura ,
Péné,
G.
H.
I.
M.
O.
K
«om. pag.
II, 265
. I, 204
I) 226
If ^x
II,
8b
X99
II,
7
II,
X7I
II,
II,
II,
234
187
23o
26Z
225
245
z85
22a
II,
II,
II,
II,
63
97
88
Z08
TABLE FRANÇAISE,
293
266
204
226
m
X99
7
I7t
234
187
23o
26Z
63
97
88
Z08
tom. pag.
PioDOthère ,
I, 239
Podophtalme »
Poh^plième,
PoTcellane ,
I, 22X
II, 285
I, 23o
Fortune ,
1 , 209
Posydon ,
R.
II, 5
Ranine ,
S.
II, Î3
Scyllart,
Sphérome ,
SquiUe ,
T.
II, 16
II, I&2
II, III
TalUre ,
Zoé.
•Z-
II, 148
II, i3i5
ÏIN DE LA TABLE FRANÇAISE.
i:^ç^«'-7.çbe'^%
\
-•■'1
I
TABLE LATINE
PAR ORDRE ALPHilBÉTIQVS
det Genres des Crustacés contenus dans Ie4
deux volumes.
h
Kl
N^S^»«^i^i^n^ ^ii^l^pii ^
ApU8,
Alphens ,
Asellus ,
Aitactti ,
Binocalas »
Bopyras ,
Branchiopoda ,
Calappa ,
Caligus ,
Gaucer ,
Caprella ,
Craiigon,
Cyamus ,
Cyclops ,
Cymothoa ,
Cypris ,
%ther« ,
A.
»,
C.
tom
P«g»
II
> i38
II,
I
Ili
1 107
II,
157
II
, 21
II,
» 199
II,
2l3
II.
» xa4
I
» 179
II
• 19Ï
I
, 161
ÏI
, i53
II,
. 94
II
, 20a
II
1 216
II
, 20S
II
, 345
II
, as,
D.
195
iomx, p«s.
Daphnia ,
,
II>
26a
Doripe ,
ao4
Dromia ,
G.
226
Gulathea ,
lii
8«
Gammarui ,
II*
139
Grapsui ,
H.
»9f
Mippa,
Z.
ll>
7
Idotea ,
L.
II.
117
Leucosia ,
II>
â34
Z'igia ,
ii>
187
Limultts ,
,
ii>
239
X<yaceuj«
M.
II»
262
Maja ,
A ■
245
Slatuta ,
0.
22*
Ocypoda f
18S
Orythia ,
P.
222
Pagore ,
Ilf
C3
Falœmon ,
II,
97
Palinaras ,
II,
88
. FenxQs,
II,
lOt
Pinnotherei ,
234
PodophtalxBKf,
22^
i
F^-r?*r^*"- -
ÎSS^^?"™^"
'«««n
i
.^
396
TABLE I.ATIKE.
VI
i
H
tom. pag.
Polyphemtis ,
Porcellaoa ,
II, a85
I, a3o
Portanus ,
Posydon ,
B.
I, 20g
II, 5
Eanina ,
S.
II, i3
Scyllaras ,
Spbseroma ,
Sqailla ,
II, 16
II, i8a
II, III
Talitras ,
7oé.
z.
II, 148
II, i35
h
FIV DE LA TABLE LATINE.
P»8«
285
23o
209
5
i3
16
i8a
zix
148
z35
LIVRES
Qui se trouvent ch^s le même Zilraire*
Aventures ( les ) de dow Quichottï
DE LA Manche , traduites de l'Espagnol ,
par Florian , et imprimées ^ArDidotrainé,
en 6 vol. in-iQ , sur carré fin d*Angou-
lême, ornés de 24 jolies figures, brochés
et étiquetés. '8 f*"»
—Les mêmes, 6 vol. m-18 , sur carré vélin
satiné , avec les 24 figures , premières
épreuves, brochés et étiquetés. 36 fr.
—Les mêmes , 6 vol. grand 1/1-18, sur grand
raisin vélin satiné , fig. avant la lettre ,
dont il y a peu d'exemplaires, cartonnés
et étiquetés. 7^ ^^•
—Les mêmes , 3 vol. iri-'S" , imprimés égale-
ment par Ditiot aîné, sur beau papier et
beaux caractères, avec 24 fig., brochés et
étiquetés. iS^*"*
—Les mêmes , 3 vol. in-^"* , sur papier vé-
lin, satiné, avec les 2\ figures, brochés
et étiquetés. 36 fr.
Toutes ces éditions, imprimées avec soin^
peuvent compléter les Œuvres de Florian des
différensjvrmats.
mm
sœœ^SFSffi
il:
I
—Les mêmes Aventures de don Quichotte,
6 vol. in-i8 , avec une figure à chaque
volume seulement , imprimés aussi avec
soin , sur papier commun , brochés. 6 f.
Œuvres de Florian , contenant Numa
Pompilius, Estelle, Galatée, les six Nou-
velles, les Nouvelles nouvelles , Théâtre ,
Mélanges , Fables et Gonzalve de Cor-
doue , édition originale , imprimée par
Didût aîné , sous les yeux de l'auteur ,
ornée de 74 figures, dessinées et gravées
par d'habiles artistes , 14 vol. 1/1-18, pap.
fin d'Angoulôme , broch. et éliquet. 4a f.
—Les mêmes , 14 vol. m -18, avec 74fig.
papier vélin , brochés et étiquetés. yS fr.
—Les mêmes , complètes , auxquelles on a
joint le don Quichotte , en tout 20 volum.
zVi-i8, avec 98 figures. 60 fr.
—Les mêmes, complètes , auxquelles on a
joint le don Quichotte , en tout 20 vol.
j/i-18 , 98 figures , papier vélin. 1 10 fr.
Aventures de Télémaque , par Fénélon ,
imprimées par Crapelet , avec ses beaux
caractères , et sur papiei grand raisin vé-
lin , en 2. vol. grand m-8° , avec les notes
allégoriques , une table des matières , et
réloge de Fénélon, par Laharpe, avan-
tages qui ne se trouvaient encore réunis à
aucune édition , ornés dç a5 jolies figures.
1H
I
àeismées par Marillier , et gravées par les
meilleurs artistes, sous sa direction. Paris,
1796. Le papier grand raisin vélin, dont il
n'y a eu que lioo exemplaires , avec le»
figures avant la lettre. 60 fr.
»-Les mômes , 2 vol. m-S'' , sur carré vélin,
premières figures avec la lettre. 48 fr.
^Les mêmes , édition de Causse, de Dijon,
2 vol. î/i-8", papier vélin, ornés de 35 fig.
de Marillier. 3^ f^.
>— Les mêmes , 2 vol. iVi-ia , édition de Paris ,
avec 25 figures. 5 fr.
Œuvres de Diderot, publiées sur les ma-
nuscrits de l'auteur , par J. A. Naigeon ,
membre de l'Institut national, i5 gros vol.
1/1-12 , ornés de 24 figures. 36 fr.
Maison (la nouvelle) rustiqtte, ou Eco-
nomie rurale, pratique et générale de tous
les biens de campagne , nouvelle édition ,
entièrement refondue , considérablement
augmenté? , et mise en ordre d'après les
expériences les plus sûres, les auteurs les
plus estimés , les mémoires et les procédés
de cultivateurs , amateurs et artistes , cha-
cun dans les parties qui les concernent ,
par J. F. Bastien. Paris, 1798, 3 gros vol.
zn-4*» , de 900 à loco pages chacun , impri-
més en caractères petit romain neuf, sur
carré fin de Limoges , et ornés de 60 pi.
}
ii»«*«*^-
ii
■i
en taille-douce , dont 3i doubles gr. in^oi,
ce qui équivaut & 91 gr. iw-4» , nouvelle-
ment dessinées d'après nature , gravées
avec soin , et représentant plus de 1000
sujets d*ogriculcure , jardinage, économie
rurale , etc. , brochés. 36 f.
•—La même proprement et solidement re-
liée. 42 ^r«
Dictionnaire du Jardinier, contenant
les méthodes les plus sûres pour cultiver
toutes espèces de jardins, pépinières, etc.
par Miller, 10 vol. 1/1-4" > ^^ec fig. 100 f.
Dictionnaire Économique , contenant
Tart de faire valoir les terres et de mettre
à profit les endroits les plus stériles , l'é-
tablissement , l'entretien et le produit des
prés , tant naturels qu'artificiels , le jardi-
nage , la culture des vignes , des arbres
et arbustes ; le soin qu'exigent les bêtes
à cornes et celles à b'ne, les chevaux ,
les chiens, etc.; la façon d'élever et gou-
verner les abeilles, les vers -à - soie , les
oiseaux, etc.; des instructions pour pré-
venir les maladies, et pour les guérir; la
connaissance des plantes utiles à la méde-
cine , etc. , etc. , par Noël Chomel , nou-
velle édition , augmentée de près de moitié ,
3 gr. vol. m-Jo/, avec figures. 48 fr.
Raison, Folie, chacun son mot, petit
cours (te morale mis à la portée âes vieux
enfans , par P. £. Lémontey, seconde édi-
tion, avec cette épigraphe:
« Il y a dans chacun de nous drax hommes , dont
« Tan eit sage et l'aatre est fou. » Schafietbury.
ivoî,i/ï-8®, 3f.
Voyage du jeune Anacharsis en Grèce ,
par J.-J. Barthélemi , quatrième et der-
nière édition , corrigée et augmentée par
l'auteur^ imprimée par Didot le jeune ,
avec tout le soin possible , 7 vol. in-i2 ,
d'environ 600 pages chacun, et i vol. in-^^
d'atlas. Le premier volume est orné du
portrait de Fauteur, gravé en médaillon y
d'après Duvivier , broch. et étiq. ^7 fr.
»— Les mêmes 7 vol. (sanr «♦^'f,) br. 21 fr,
JJouvEAU Spectacle de la Natuhe ,
contenant les objets dont tout homme doit
être instruit, parChevignard. Paris, 1798»
a vol. //i-8°, imprimés par Didot y et ornés
de 9 figures , brochés et étiquetés. 9 fr.
Nouveau Voyage autour du monde , ea
Asie^ en Amérique, et en Afrique, en 1788,
1789 et 1790, précédé d'un voyage en Italie
et en Sicile , etc. , par Pages. Paris , 1797 9
3 gros vol. m-8", ornés de jolies fig. la fr.
Système sexuel lzs végétaux, suivant
les classes , ordres , genres et espèces ,
avec les caractères et les diiFérenoes de
Linnë, par Jolyclerc, naturaliste. Paris,
1798, 1 gros vol. rn-^", broche. çfr.
Atlas portatif général , pour servir à
rintelligenoe des auteurs classiques, par
l'abbé Grenet , au nombre de 92 cartes
coloriées , sur beau papier, et en un gros
vol. 1/1-4». 48 fr.
•—Le même Atlas , partie ancienne , ou Géo-
graphie comparée , au nombre de 49 car-
tes , ta I vol. m-4°
Zj^fr,
•—Le même Atlas , partie moderne de l'Eu-
rope, au nombre de 59 cartes, en i vol.
m-4«. 24 fr.
Descriptions DES Arts et Métiers, faites
ou approuvées par MM. de l'Académie des
Sciences , en 90 cahiers environ , grand m-
Joiio , avec une très - grande quantité de
planches en taille-douce. 5oo f.
Chaque article se vend séparément , et
2 on en distribue la notice.
Voyages de Pythagore en Egypte , dans
la Cbaldée , dans l'Inde , en Crète , à
Sparte , en Sicile , à Rome , à Carthage ,
à Marseille, et dans les Gaules, suivis de
s^s lois politiques et morales , 6 vol. e/z-S*
d'environ 3, 000 pages , caractères cicéro
neuf et petit-texte , précédés d'une très-
grande carte géographique de ses voyages,
et ornés de six superbes figures en taille-
et
douce. Les 6 vol. sur beau papier, et bien
iniprimé5, brochés et étiquetes. 36 fr.
Atlas topographiquk des environs de
Paris, en i6 feuilles, pardom Coutans,
dédié et présenté au premier consul Bo-
naparte , avec un volume ï/i-8", donnant
par ordre alphabétique tous les lieux con-
tenus dans l'Atlas, au nombre d'environ
10,000 ; on y a joint les carrés des renvois,
qui en rendent la recherche aussi prompto
que facile.
Cet Atlas , sur une très - grande échelle , renferma
Paris et ses environs , à 20 lieues à la roude. Il est
très-exact , et d'une superbe exécution.
—Papier ordinaire , en feuilles. 36 fr.
—Collé sur toile, avec boites. 7^ fr.
Suite ou Collection de vingt-cinq es-
tampes , représentant les aventures do
Télémaque. Chacune de ces estampes est
le sujet d'un livre ; il y a ving - quatre
planches pour les ving -quatre livres : la
vingt-cinquième est le portrait de Fénélon,
auteur immortel de Télémaque ; elle est
dessinée par Marillier , et gravée sous sa
direction par les meilleurs artistes de Paris.
Les 25 figures avant la lettre, papier vélin,
format grand m-8°. 36 fr.
— Les mêmes , avec la lettre , premières
épreuves, sur papier vélin. 24 f.
Cette intéressante collection d'estampes peut ornec
toattts les éditioas de Télvataç^u», et ornex iui caJ»is9t»
/
0Sf ■ "
z:z^V»^'
Fablks choisies , mises en vers par J. La-
fontaine^ nouvelle édition, a parties, m-i6,
sur grand raisin , beau caractère, i f. 80 c.
Traité de l'Orthographe Françoise ,
en forme de Dictionnaire , par P. Restant ,
nouvelle édition, revue , corrigée , aug-
mentée et prosodiée d'après les principes
de d'Olivet , et dans laquelle on a fait les
additions suivantes : . : ^^ ^
jo On a fondu dans le corps du Diction-
naire tous les termes du nouveau régime ;
ao On a inséré dans le Dictionnaire Géogra-
phique le nom des départemens pour tou-
tes les villes de France ;
30 On a donné un Supplément à part , con-
^ tenant plusieurs plantes à phénomène ,
plusieurs articles d'arts et de sciences, etc.;
.0 Ce Supplément est suivi d'une liste des
termes ajoutés ou augmentés, et de tous
' ceux qui ne se trouvent dans aucun Dic-
tionnaire de langue francoise;
5» Ces augmentations sont précédées d un
Discours sur la prosodie ; par Claude-Féhx
Roger , ancien maître de langue , a vol.'
in^» de i544 pages , caractère petit romain
• neuf , fondu exprès. ^^ ^^
Œuvres complètes de Mancini-Niver-
NOIS, publiées par l'auteur, et ornées de
son portrait , gravé par Saint-Aubin. Paris,
Didot jeune , 8 vol. m-8% brochés. 33 t.
ar J. La-
ies, in-iôf
I f. 80 c.
\NÇOISE ,
, Restaut ,
gée , aug-
principes
a a fait les
i Diction-
m régime ;
re Gëogra-
s pour tou-
part , con-
kénomène y
ences, etc.;
ne liste des
, et de tous
aucun Dic-
cédées d'un
llaude-Félix
jue , 2 vol.*
petit romain
12 fr.
iNI-NlVER-
et ornées de
V.ubin. Paris,
)ché5. 33 f.