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COLLECT ION
COMPLETE
DES ŒUVRES
DE
J.J. ROUSSEAU,
TOME DIX-SEPTIEME.
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Um ^t^-/r^^'
COLLECTION
COMPLETE
DES ŒUVRES
DE
J. J. R O U S S E A U ,
Citoyen de Genève.
TOME DIX-SEPTIEME.
Contenant le I ". Volume du Dic-
tionnaire de Mujîque.
A GENEVE.
M. D C C. L XXXI I.
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PURLlCLIcUA'.lV
247070
AbTOh. Lf.NOX ANO
TiL»£N » := '■ '.riuNa.
1902
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DICTIONNAIRE
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DE
MUSIQUE.
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DICTIONNAIRE
MUSIQUE,
'" J. J- ROUSSEAU-
Vt PfalUndi mattrieui dijltrent.
ffiardin. Cap.
TOME PREMIER.
GENEVE.
M. Dec. LXXXl,
\
(
PREFA CE
L
A Mufique eft, de to\is les 1>eaiui
Arts; celui dpnt le Vocabulaire eft le
plus étendu , & pour lequel un Diction*
naire eft , par conféquent , le plus utile.
Ainfi y Ton ne doit pas mettre celui-ci au
nombre de ces compilations ridicules^,
que la mode ou plutôt la manie des Dic-
tionnaires multiplie de jour en jour. Si
ce livre eft bien fait , il eft utile aux Ar*
tiftes. S'il eft mauvais , ce n*eft ni par le
choix du fujet , ni par la forme de l'ou-
vrage. Ainfi Ton auroit tort de le rebuter
fur fon titre. Il faut le lire pour en juger.
L'utilité du fujet n'établit pas , j'en
conviens , celle du Livre ; elle me juftifie
feulement de l'avoir entrepris , & c'efl
auffi tout ce que je puis prétendre ; car
d'ailleurs je fens bien ce qui manque à
l'exécution. C'eft ici moins un Diftion-
naire en forme , qu'un recueil de maté-
riaux pour im Diôionnaire , qui n'atten*
dent qu'une meilleure main pour être
• • •
0' nj
V PRÉFACE,
•
employés. Les fbndemens de cet Ouvrage
furent jettes fi à la hâte > il y a quinze ans 9
dans l'Encydofiédie , que , quand fai
voulu le reprendre fous œuvre ^ )e n'ai
pu Im donner la folidité qu'il auroit eue ,
fi j'avois eu plus de tems pour en digérer
le plan & pour Texécuten
Je oe formai pas de moi-même cette
entreprife, elle me fut propofée; on
ajouta que le manufcrit entier de TEn-
cyclopédîe devoit être complet avant
qu'il en fût imprimé une feule ligne ; on
ne me donna que trois mois pour rem*
pHr ma tâche & trois ans pouvoient me
fufEre à peine pour lire , extraire 9 coni*
parer & compiler les Auteurs dont j'a«
vois befoin : mais le zèle de Famitié m'a-
veugla fur Fimpoflibilité du fuccès. Fi-«
dele à ma parole , aux dépens de ma ré-
putation , je fis vite & mal , ne pouvant
bien faire en fi peu de tems ; au bout de
trois mois mon manufcrit entier fiit écrit ,
mb au net & livré ; je ne l'ai pas revu
depuis. Si j'avois travaillé volume à vo*
lume comme les autres 9 cet eiTai ^ mieux
digéré, eût pu refier dans Fétat oit je
:PRÈFjtCB. ^^
CaimHS mis. Je ne me lepens p^ d'avoir
été exaâ ; mais je me repens d'avoir été
téméraire , & d'avoir plus juromis qae je
ne pouvois exécuter.
fileflé de Timperfeâion de met arti-«
des , à meiure que les volumes de TEn*
cydopédie paroiflbient y je réfolus de re«
Ibndre le tout fur mon brouillon , &
d'en Êdre à loifir un ouvrage à part traité
avec plus de ibin. J'étois^ en recommen-
çant ce travail ^ à portée, de tous les fe-
cours néceflkires. Vivant au milieu des
artiftes & des gens- de- lettres , je pou*
vois confulter les uns & les autres. M«
l'abbé Satlier me foumiflbit ^ de la biblio-
thèque du Roi , les livres & manufcrits
dont j'avois befoin ^ fic^fouvent je tirois ^
de fes entretiens , des lumières plus fures
que de mes recherches. Je crois devoir à
la mémoire de cet honnête & iavant hom^
me , un tribut de reconnoiflance que tous
les gens- de-lettres qu'il a pu feryir partah
geront furement avec moL
Ma retraite à la campagne m'ôta tou«
tes ces reflburces, au moment que je
commençois d'en tirer parti. Ce n'eft pas
a iv
ici le lieu dVxpliquerfes ranifons de cettfi
rettaitë ! on Conçoit i que , dans iha âçoii
de penfer, refpoirde fiiire un. bon livrer
fur la Mufique n*cn étdit pas une pour
me i^tenir . Éloigné des amùfemens^ de la
Tillë , je perdis bientôt les goûts cfjà s'y»
rapportoient ; privé de^ communication»
qui pouvoîent m'édairer fur mon ancien
objets j'en pei:dis auffir toutes les vues ^
& fbit que depuis ce tems Tart ou fa
théorie aient Êiit des progrès j n'étant pas
même à portée d'en rien- Êivoir 9 je ne fus
plus en état de les fuivreî Convaincu^
cependant , de Tutilité du travail cjue j'a*
vois entrepris , je m'y remettois de tems
à autre 9 mais toujours avec moins de
fuccès 9 & toujdUrs éprouvant que les
difficultés d'un livre de cette efpece de-
mandent 9 pour les vaincre 9 des lumières
que je n'étois plus en état d'acquérir 9
& une chaleur d'intérêt que j'avois cefTé
d'y mettre. Enfin , défefpérant d'être ja-
mais à portée de mieux aire 9 & voulant
quitter pour toujours des idées dont mon
efprit s'éloigne de plus en plus 9 je me
fuis occupé I dan^ ces montagnes ;i à raf^
irjtJÈ F A e^£y
fembler ce. que favois fiât à. Paris & à
Montmorenci ; ôc^de cet amas indigefte ^
eft forti Teipece de diâioniisùxe qu'on
voit ici. ■ ' ..
.. . Cet hiflorique m'a paru néceflàiré pour,
expliquer comment les drcooâances m'ont
fercé de donner en fi mauvais état un lir
vre que j'aurois pu mieux &Ire , avec les
fecoùrs dont: je fiiis privé. Car j'ai tou«
jours crû que le refpeâ qu'on doit att
Public n'eft pas de lui dire des fadeurs ^
mais de ne lui rien dire que de vrai &c
d'utile , ou du moins qu'on ne juge tel ;
de ne lui rien préfenterfansy avoir donné
tous les foins dont on eft capable , &
de croire jqu'en iaifânt de fon mieux ^
on ne hït jamais aflez bien pour luL
Je n'ai pas cru , toutefois , que l'état
d'imperfeûion oîi j'étois forcé de laiffer
cet ouvrage 9 dût m'empêcher de ïe pu-
blier ; parce qu'un livre de cette efpece
étant utile à l'art ^ il eft infiniment plus
aifé d'en fiiire un bon fur celui que
je donne 9 que de commencer par tout
créer. Les connoiflances nécefiaires pour
cela ne font peut-être pas fort, grandes^
X ? Rt F A CZ,
Biaii cn«s font fort variées , & ft tron-
veot rareniciit réunies dans la mâme léie*
Aiofi , mes compilations peuvent cpar|;ner
beaucoup de travail à ceux qui font en
état d'y mettre l'ordre néceffaire; & tel ,
marquant m«s erreurs , peut faire un ex-
cellent livre , qui n*eût jamais rien fait de
bon &ns le mien.
Tavertis donc ceux qui ne veulent fouA
frir que des livres bien faits, de ne pas
entreprendre la leâure de celui - ci ; bien*
tôt ils en feroient rebutés : maïs pour
ceux qire le mal ne détourne pas du bien;
ceux qui ne font pas tellement occupé*
des fautes, qu'ils comptent pour rien ce
qui les rachene ; ceux , enfin , qui vou-
dront bien chercher ici de quoi corn-
penfer les miennes, y trouveront peut-
ttre aflfcz de bons articles pour tolérer
les mauvais, b, dans les mauvais mSme,
tSStt. d*obfen>'ations neuves & vraies ,
pour valoir la peine d'être triées & choi-
fie« parmi le rede. Les Muficiens lifent
peu , & crpendant je connois peu d'Arts
où b leAure & la réflexion foient plus
oéccŒûres. fai peaft qa'un Ouvrage de
T KÈFACB. xf
h forme de celui-d feroit préafémeiit
celui qui leur convenoit , & que pour
le leur rendre auffi profitable qu'il étoit
poffible, il ÊUoit moins y dire ce qu'ils
&rentf que ce qu'ils auroient befoia
d'apprendbe.
Si les Manœuvres & les Croque*Notes
relèvent fouvent ici des erreurs » j'efpere
que les vrais Artiftes & les hommes de
génie y trouveront des vues utiles dont
ils Êiuront bien tirer parti. Les meilleurs
livres font ceux que le vulgaire décrie ^
& dont les gens à talent profitent iàns en
parler.
Après avoir expofé les raifons de la
médiocrité de Touvrage & celles de Tu*
tilité que j'eftime qu'on en peut tirer ^
î'aurois maintenant à entrer dans le détail
de l'ouvrage même ^ à donner un précis
in plan que je me fuis tracé & de la ma-
nière dont j'ai tâché de le fuivre. Mais à
mefure que les idées qui s'y rapportent
fe font ef&cées de mon efprit , le plan fur
lequel je les arrangeois s'eft de même e&-
cé de ma mémoire. Mon premier projet
^toit d'en traiter fi relativement les arti«
w;
r g. È r A e B.
\
des, d'en lier ix bien les fuites par 'de j
renvois , que le Kml , avec la commodité
d'un Diâionnaîre , eut l'avantage d'uri
traité fuivi ; mais pour exécuter ce pro-
jet , il eût fallu me rendre fans cdTe pré-
fentes toutes les parties de l'art, & n'en
traiter aucune fans me rappeller les au-
tres ; ce que le défaut de refiburces &
mon goût attiédi m'ont bientôt rendu
împofTible, & que j'euffe eu même bien
de la poine k faire , au milieu de mes
premiers guides, & plein de ma première
ferveur. Livré à moi feul , n'ayant plus
ni favans ni livres à confulter ; forcé,
par confcquent, de traiter chaque article
en lui-mcme., & > fans égard k ceux qui
s'y rapportoicnt , pour éviter des lacu-
nes, j'ai dû faire bien des redites. Mais j'ai
cru que dans un livre de l'efpece de celui-
ci , c'étolt encore un moindre mal de
commctue des tâutes, que de aire des
omiûîons.
Je me fuii donc attaché fur-tout à bien
compléter le vocabulaire, &; non-feule-
ment à n'omecire aucun terme technique,
mais à paUcr plutOt quelquefois les U-
k
1
JSiîtcs 'derArt> que dfe tf y pas touîou»
atteindre: 9c cëlàih'a mis dans lanécef?)
fité de parfemer fouvent ce DîâioiinaîrQ
ëe mots Italiens &: de mots . Grecs ; \t$
uns j tellement confkcrés par i'uiage , qu^
âut Icrs entcfddre même dans là pratique}
ks autres ,: adoptés de même par les Sa^
Van<i9 & auxquels, vu la dêfuétude dé
ce qu'îk'expfînient, on n'a pas donné de
fynonymes en François. J'ai 'tâché,' ce-
pendant, de' me* i^nfermer dans ma regle.^
& d'éviter l'excès de Broflàrd , .qui, dogr
nant un 'Diâionnairé François, en. fait
le Vocaliùfeire tout Italien ,& Tenflé de
mots àblblûitnent étranger» à l'Art, qu'il
traite. Car, qui s^imaginefa: jamais que
-ia y UrgCy'U^' Apôtres^ la Mêfe ,' Us Morts ^^
-ibieilt des-tefmes de Muiique,. parce qu'il
y a'des Mufîques relatives i à ce- qu'iU
-«xpnment; qu\e ces autres mots, Pag4\
']FctàlUt\ ^Quatre ^ Cihq^ Gofitr^\Aaîfon^
^Dijàj foient auiOG des termes téchoiqueisr.,
parce qtt'<»' s'en ^fert quelquefois en pil-
lant-de 'PArt ?
• ' ^uàAV amc parties qui /tiennent àt'Axt
'{ko£'-kâiâtre e^otiplles , £c qui oc î(vNL
xiV PRÉFACE,
pas abfolument néceflaires à l'intelligeneb
du relie, j'ai évité , autant que j*ai pu j
d y entrer. Telle eJl celle des Inflrumens
de Mulîqiie , partie vafte & qui rempliroït
feule un Diflionnaire, fur-tout par rap-
port aux Inllrumens des Anciens. M. Di-
derot s'étoit chargé de cette partie dans
l'Encyclopédie , 6c comme elle n'entroît
pas dans mon premier plan , je n'ai eu
garde de l'y ajouter dans la fuite, après
«voir & bien fenti la diiEculté d'exécuter
ce plan tel qu'il étoit.
J'ai traité la partie Harmonique dans le
fyftcme de la Baffe -fondamentale, quoi-
<pie ce fyftême, imparfait & défeâueux
à tant d'égards , ne foit point, félon moi,
«lui de la Nature & de la vérité , Sc
qu'il en réfulte un rempliJïage fourd &
confus, plutôt qu'une bonne Harmonie,
Mais c'eft un fyftcme , enfin ; c'eft le pre-
mier, & c'ctoit le feul , jufqu'à celui de
M.Tartini, oii l'on ait lié, par des prin-
cipes , CCS multitudes de règles ifolées
qui fcmbloient toutes arbitraires , & qui
6ifoient,derArt Harmonique, une étude
^ mémoire ptuiôi. que de raUtfnacnem.
I
P R t F A C B, X*
Le fyftêmeâe M.Tartini,nuoiciue meil-
leur , à mon avis, a'étant pas «ncore aulG
généralement connu , & n'ayam pas , Ait
moins en France, la mêuie autorité que
celui de M. Rameau , n'a pas ijû lui Être
liibilitué dans un Livre delliné principa-
lement pour U Nation Françoife. Je me
iiils donc contenté d'expofer de mon
mieux les principes de ce fyflême dan»
un article de mon Diâionnaire ; & du
refle, )'ai cm devoir cotte déférence à la
Nation pour laquelle j'écrivots , de pré-
I fêrer fon fentîment au mien lïir \i ioaA
^e la doârine Harmonique, le n'ai pa$
dû cependant m'abflenir, dans l'occaGon,
des objeflions néceflâires à l'intelligence
des articles que j'avois à traiter; c'eût
ilélâcrifier l'utilité du Livre au préjugé
' des Leâeurs; c'eût été flatter fans iiii^
trulre , & changer la défiîrence en lâcheté.
J'exhorte les Artlftes & les Amateurs
de lire ce Livre (ans défiance , & de le
juger avec autsnt d'impartialité que j'ea
ai mis à récrire. Je les prie de coniîdérer
que ne profeflànt pas, je n'ai d'autre in-
térêt ici que celm de FAit, U quand j'ea
JCV
P R È r j C E.
aurois, je devrois natuwliMneM appuya"
en faveur de la Muûqiie Fjaiiçoire,,où jfe
plus tenir une place, contre ritaIîenne:Qii
je ne puia être rien. Mais:cb4ichaat fia-
ceremeni le progrès d'un Art t^tte j'aûnoi*
pafTionn^meilt , mon plaifir. a fait tmW
ma vanité. Les premières habitudes m'ont
long-tems attaché à la, Muftque Erançoife*,
de j'en ' étois enthouriadc ouvertement
Dcs.".coiDparairons attentiveâ & impu*
tiales m'ont entraîné vers h Mufique
Iialiisire, & jeim'y.fuis livré avec H
même ' bonne - fol. Si :qiteiquefai5 j'ai
plaifantiii-c'ctoit-pour répondre aux au»
Ires fur Ifeur propre fon ; .mais je jn!âi
pas, comme eux, donne des boni mots
pour toute preuve , & je n'ai plajfaniii
qu'apnïs avoir raiibiiné. Maintenant qos
les maihcïtrs & les i sniai^ , m'ont enfii
détaché d'un gotif qiù n'avoil pris for
moi que trop d'empire-, ^e. pcrfiile, par
ie feu! amonr de la vérité, dans ies jugé»
mens que le feidi amour de I'-^tt ai'avpii
fait porter^ ^iaixdansûnOuvrage comme
celuirci , confacrc à la Muûque en céo^
rai, je nçn comtois; qLtuoe^. qui a'éiaal
d'aucun
I
I
PRÉFACE. xvij\
ff aucun pays , eu celle de tous ; & je
n'y fuis jamais entré àans la querelle des
deux Mufiques, que quiuid il s'eft agi
d'édaircir quelque point important au
progrès commun. J'ai fait bien des &u«
tes , fans doute ; mab je fuis afluré que
la partialité ne m'en a pas ^t commettre
une feule. Si elle m'en ûàt imputer à
tort par les Lefteurs, qu'y puis- je faire?
Ce font eux alors qui ne veulent pas que
mon Livre leur foit bon.
Si l'on a vu, dans d'autres Ouvrages,'
quelques articles peu importans qui font
aufH dans celui-ci, ceux qui pourront
Élire cette remarque, voudront bien fe
rappeller que, dès l'année 1750, le ma-
Bufcrit eft forti de mes mains fans que je
feche ce qu'il efl devenu depuis ce tems-
là. Je n'accif fe perfonne d'avoir pris mes
articles ; mais il n'efl pas juflô que d'au-
tres m'accufent d'avoir pris les leurs.
ji Mo tiers "Travers le lo décembre 1764.
riiB
«3
AVERTISSEMENT.
yJjJAND V^p^ct gt^mdticaic des
mots pouvait cmbarrajfer quelque LcBcur ,
ion ta dcjîgnéc par Us abbrcviations uJUUsi
V. n. verbe neutre ; f. m. fubflantif majp-
iculin , &c\ On ne s*cft pas affcrvi à ttttt
Jpécificatiofi pour chaque article, parce qui
te ncft pas ici iin Dictionnaire de Langue»
On a pris Uri foin plui nécejfaire pour des
mois qui ont plujîeurs fens^ en Us dijlin^
guant par Une lettre nuyufcule quand on
les prend dans le fehf technique , 6* par
une petite lettre , quand on les prend dans U
fens ^ÊÊUcoUrs, Ainjî, ces mots : air & Ait ^
mefure 6- Mefure , note & Note j tems &
ïéms , portée & Portée , fie font jamais
équivoques^ & le fens en efl toujours ditef-^,
miné par la manière de les écrire* Quelques
autres font plus emharraffans ^ comme Ton^
qui a dans Vart deux acceptions tomes dif^
firzntes. On a pris le parti de ticrire en
Ê * *
« AVERTISSEMENT;
iiûlùpic pour iifiingutr un intervalle ^ & en
romain pour défigner une modulation. Au
moyen de eau pricaunon , la phrafe fui^
vante ^par exemple ^n*a plus rien d'équivoquem
^ Dans les tons majeurs, ^intervalle de
^ la Tonique a la médianu efi compojc
,, d*un ton majeur & d'un ton mineur» ^
m
DICTIONNAIRE
D E
MUSIQUE.
A
A.
mi ta, A la mire y ou fîmplement A »
&àcmc fbn de la Gamme diatonique & na-
turelle ; lequel s'appelle autrement la. (Voyez
Gamme. )
Kbattma. (Voyez Mesure.)
A Livre ouven > ou A Touverture du Lî^
vre. (Voyez Livre.)
A Tempo. ( Voyez Mesure. )
ACADJÉMIE de MUSiaUE. Ceft aînfi
qu'on appelloit autrefois en France , & qu'on
appelle encore en Italie > une adèmblée de
Muiiciens ou d'Amateurs , à laquelle le»
François ont depuis donné le nom de Concerta
( Voyez Concert. )
ACADÉMIE ROYALE de MUSIQUE.
Ceft le titre que porte encore aujoura huî^
rOpéra de Paris. Je ne dirai rien ici de cet
établiiïement célèbre > finon que de toutes
les Académies du Royaume & du Monde»
c'eft afTurément celle qui iait le plus de bruit,
( Voyez Opéra. )
ACCENT^ On appelle aînfi , félon l'ac-
ception la plus générale ^ toute mpdiâcatioa
J)i3. de Mufique. Tom, I. 8 }
« A C C
de la voix iparlante , dans la durée ou flans[
le ton des fyllabes & des mots dont le dif-
cours eft cpmpofé ; ce qui montre un rap-
port très-exaft entre les deux ufages des^
Accens & les deux parties de la mélqdie ^
favoir le rhythme & Tintonation. Accentusy
4it le Grammairien Sergius daiis Donat .
quafi ad cantus. Il y a autant Îl Accens diffi^.
fens qu'il y a de manières de modifier ain/î
|a voix s &: il y a autant de genres à^Accem^
^u'il y a de çaufes gén^^ales de ces modifi-
cations.
On diftingue trois de ces genres dans le
^ûnple discours 9 favoir , V Accent grammatir
cal, qui renferme la règle des Accens proprcr
snent dits , par lefquels le fpn des lyllabes.
<ft grave ou aigu > & celle de la quantité > pai^
laquelle chaque fyllabc eft brève ou longue :
X Accent logique ou rationnel y que plulieors;
confondent mal-à-propos avec le précédent ;
cette fèco.nde forte â^ Accent > indiquant le
xappon y la connexion plus ou moins grande
oue les propo/itions & les idées ont entr'elles^
ie marque en partie par la ponâuation : enfin
y Accent pathétique ou oratoire , qui , par
cliverfès inflexions de yoix > par un ton plus
pu moins éWé y par un parler plus; vif on
plus lent y exprime les fentimens dont celui
qui parle eft agité ^ & les communique à
ceux qui l'écoutent. L'étude de ces divers
Accens ôc de leurs effets dans la langue doit
ittt la grande affaire du Muficien , & Denis
d'Halicamaflè regarde avec raifbn l'Accent
cp gà^éiral comme la femençc de tQUCe Mvt
ACC 1)
Aque* Au(ïi devons - nous idmettre pour
une maxime mcomeftable que le plus ou
moins à' Accent eft la vraie caufe qui rend les
langues plus ou moins muiicaies : car quel
feroiç le rapport de la Mutique au difcourSj
fi les tons de la voix chantante n^imitoient
les Accens de la parole ? D^où il fuit que ,
moins une langue a de pareils Accens y plus
la mélodie y doit être monotone , languif^
fante & fade \ à moins qu'elle ne cherche
dans le bruit &c la force des fons le charme
qu'elle ne peut trouver dans leur variété.
Quant à l'Accent pathétique & oratoire ,
qui èft l'objet le plus immédiat de la Mu-
fique imitative du théâtre , on ne doit pas
oppofer à la maxime que je viens d'établir ,
que tous les hommes étant fujets aux mêmes
paflîons , doivent en avoir également le lan-
gage : car autre chofe eft Y Accent univerfel
de la Nature qui arrache à tout homime des
cris inarticulés , & autre chofe Y Accent de
la langue qui engendre la mélodie particu-
lière à une Nation. La feule différence du
plus ou moins d'imagination Se de fenfibilité
3uon remarque d'un peuple à l'autre, en
oit introduire une infinie dans, l'idiome ac-
centué , fî j'ofe parler ainiî. L'Allemand ,
par exemple , haullè également & fortement
la voix dans la colère \ il crie toujours fur
le même ton : l'Italien , que mille mouve-
mens divers agitent rapidement & fucceflT-
vement dans le même cas , modifie fa voix
de mille manières. Le même fond de paillon
rdgnedans fon ame : mais quelle variété d'ex-
B4
I
24 A C C
prenfions dans Tes Accensic dans ion langage !
Or c'cft à cette feule variété , quand le Mu-
ficien fait l'imiter , qu'il doit l'énergie & la
grâce de fon diant.
Malheurcufcment tous ces Accens divers,
ui s'accordent parfaitement dans la bouche
e l'Orateur y ne font pas (î faciles à concilier
ibus la plume du Muficien déjà fi gêné par
les règles particulières de (on art. On ne
peut douter que la Mufique la plus parfaite
ou du moins la plus exprefHve > ne foit celle
où tous les Accens font le plus exaûement
obfervés \ mais ce qui rend ce concours (i
difficile eft que trop de règles dans cet art
font fujéttes à fe contrarier mutuellement,
te fe contrarient d'autant plus que la langue
efl moins muficale ; car nulle ne Teft par-
faitement : autrement ceux qui s'en fervent
chanteroient au lieu de parler.
Cène extrême difficulté de fuivre à la fois
les règles de tous les Accens , oblige donc
fouvent le Compofiteur à donner la préfé*
rence à l'une ou à l'autre , félon les divers
Senres de Mufique qu'il traite. Ainfi les airs
e Danfe exiscnt fur- tout un Accent rhy th-
mique & cadencé y dont en chaque Nation
le caraélere efl déterminé par la langue.
\J Accent granunatical doit être le premier
confulté &ns le récitatif^ pour rendre plus
fênfible l'articulation des mots > fujette a fe
ptrdre par la rapidité du débit, dans la réfbn-
siance harmonique : mais V Accent paffionné
l'empone à fon tour dans les airs dramati-
ques i te tous deux 7 (ont fubordonnés ,
À C C ts
(ur-tDUt dans U fymphonie 3 à une Cfoifieme
forte d'Accent , qu'on pourroit appeUer mu-
fical > & qui eft en quelque force déterminé
par refpece de mélodie que le Mu&dcn veut
approprier aux paroles.
En effet y le premier 8c le principal objet
de toute Mu/Ique eft de plaire à roreille ;
ainti tout air doit avoir un chant agréable :
voilà la première loi > qu'il n'eft jamais permis
d enfreindre. L'on doit donc premièrement
confulter la mélodie & V Accent mufîcal dans
le dellèin d'un air quelconque. Enfuite > s'il
eft queftion d'un chant dramatique Se imi«
tatif y il faut chercher V Accent pathj^rique
qui donne au fentiment fon expreffîon > 8c
V Accent rationnel par lequel le Muficien rend
avec jufte(& les idées du Poète j car pour
infpirer aux autres la chaleur dont nous
fommcs animés en leur parlant , il faut leur
faire entendre ce que nous difons. L* Accent
grammatical eft néceflaire par la même raifbn;
8c cette règle , pour être ici la dernière en
ordre > n'eft pas moins indifbenfable que les
deux précédentes , puifque le fens des pro-
pofîtions & des phrafès dépend abfblumenc
de celui des mots : mais le Muficien qui
fait (à langue a rarement befbin de. fônger
à cet Accent ; il ne fauroit chanter (on air
fans s'appercèvoir s'il parle bien ou mal , 8c
il lui fumt de favoir qu'il doit toujours bien
1)arler. Heureux 3 toutefois 3 quand une Mé-
odie flexible 8c coulante ne ceffe jamais de
fe prêter à ce qu'exige la langue ! Les Mu-
ficiens François ont en particulier des fècours
%6 A C C
qui rendent fur ce point leurs erreurs im-^
pardonnables , & fur - tout le traité de h
Profodie Françoife de M. l'Abbé d'OUvet ^
,c|u'ils devroient tous confulter. Ceux qui
Kront en état de s'élever plus haut pourront
étudier la Grammaire de Port - royal & les
fàvances notes du Philofophe qui la com-
inentée. Alors , en appuyant Tufàge fur les
iregles , Ôc les règles fur les principes , ils
feront toujours furs de ce qu'ils doivent fairef
dans l'emploi de V Accent grammatical de
toute efpece.
Quant aux deux autres fortes d'Accens ,
on peut moins les réduire en règles > & la
pratique çn demande moins d'étude & plus;
de talent. On ne trouve point de fàng-firoid
le langage des paillons^ & c'eft unç vérité
rebattue qu'il faut être ému foi- même pour
émouvoir les autres. Rien ne peut donc
fuppléer dans la recherche de V Accent pa-
thétique à ce génie qui réveille à volonté
tous les fentimens ; &: il n'y a d'autre art
en cette partie , que d'allumer en fbn propre
cœur le feu qu'on veut porter dans celui
des autres. (Voyez Gbnie. ) Eft-il queflbn
de V Accent rationnel : l'art a tout auffî peu
de pri(ê pour le faifir , par la raifbn qu'on
n'apprend point à entendre à des fourds.
Il hut avouer auffî que cet Accent eft , moins
que les autres , du reflbrt de la Mufîque 9
parce qu'elle eft bien plus le langage des
fens que celui de l'efprit. Donnez donc au
MuHcien beaucoup d'images ou de fentimens
Sç peu de fimpl^ idées à rendre : car i^*
A C <2 it
|kV a que la pii(fîôtls qui chantdit ; Tenteaf
demcîîc ne fait que parler.
ACCENT. Sorte d'agrément du Chan?
François qui fè nocQÎ^ autrefois avec la Mufi^
que ; mais que les Maîtres de Goût-du-Chant
inarqu^t aujourd'hui feulement avec da
trayon ^ jufqu'à ce que les Ecoliers fachenç
Je placer d'euîç-mêmes. V Accent ne (c pra-
tique que fur une fyllabe longue , & Ctrt
de paflàge d'une note appuyée à qne autrô
note non appuyée » placée fur le mêm^
degré y il confifte en un coup de gofîer quf
^leve le fon d'un degré , pour rejprendre 4
l'inftant fur la note fuiv^te le même fon
d'où l'on eft parti. Plufieurs donnoicnt Id
nom de Plainte à Y Accent. ( Voyez le ligne
§c l'effet de l'Accent , Planche B. Figure zj. )
ACCENS, Les Poètes emploient fouvent
ce mot au pluriel pour le Chant même , &i
l'accompagnent ordinairement d'une épithe-*
te , comble doux , tendres , trifiès Accens^
Alors ce mot reprend e^aâemetlt le fens de
Ùl raciiie ; car il vient de canere , cantus y
d'où l'on a fait Accentus , comme Concentus^
ACCIDENT. ACCIDENTEL. On ap-
pelle Accidens ou Signes Accidentels les bé-
mols , dièfes ou béquarres qui fe trouvent ,
par accident , dans le courant d^un air , te qui
par conféquent , n'étant pas à la Clef, ne
fe rapportent pas au mode ou ton principal.
( Voyez DiESE, BÉMOL, Ton, Mode,Clbi<
TRANSPOSÉE.)
On appelle auffî Lignes Accidentelles , celles,
^'gn aJQute au-delTus ou au-deflbus de 1^
iS A C C
poit^ t>our placer les noies qui palTcnt Coà
Rendue. ( Voyez Ligne , Portée. )
ACCOLADE. Trait perpendiculaire aux
lignes , tiré à la marge d'une parcition , fie
par lequel on joint enfemble les portées de
toutes les Parties. Comme toutes ces Parties
doivent s'exécuter en même tcms , on compte
les lignes d'une partition , non par les por-
tées , mais par les Accolades , & tout ce qui
cft compris fous une Accolade > ne forme
qu'une (êule ligne. (Voyez Partition.)
ACCOMPAGNATEUR. Celui qui dans
un Concen accompagne de l'orgue , du cla-
vecin , ou de tout autre inftrumenc d'accom-
liagnemcnt, (Voyez Accompagnement. )
It faut qu'un bon Accompagnateur foit
grand Mu/îcien> qu'il lâche à fondl'harm»<
nie , qu'il connoiflè bien fon clavier , qu1[<
ait l'oreille fenfible , les doigts fouples & le
goût fur, _
C'eft à \' Accompagnateur de donner le tott<j
*ux voix fie le mouvement à l'oichcftr^
La première de ces fondions exige qu'il ait
toujours fous un doigt la noce du Chant
pour la refrapper au befoin , & foutenir ou
remettre la voix , quand elle foiblic ou s'é-
gare, La féconde exige qu'il marque la BafTc
ic (on accompagnement par des coups fer-
mes , égaux , détachés fie bien réglés à tous
égards , afin de bien faire fencir la mefurc
aux Conccitans , fur-tout au commencemenc
des air^.
On uouvcra dam les trois Articles fuîvans.
la déuib qui peuvent tuanquer à celai
\
'A ce
ACCOMPAGNEMENT. Ccft Vtiiea^
tion d'une harmonie complette & régidiere
ibr un inftrument propre à la rendre » tel
que Torgue > le davecin y le théorbe , la
guitare^ Sec. Nous prendrcms ici le dave^
dn jKMir exemple ; d'autant i^us qu'il eft
pre{que le (èul mftrument qui foie demeiuré
en luàge pour }l Accompagnement.
On 7 a pour guide une des Parties de la
Mufiqae y qui eft ordinsdrement la Baflè. On
touche cette Baflè de la main gauche , ic
de la droite l'harmonie indiquée par la
marche de la Baflè , par le chant des autres
Parties qui marchent en même tems , par
la partition qu'on a devant les yeux , ou par
les chiffre^ qu'on trouve ajoutés à la Baflè.
Les Italiens méprifent les chiflires ; la parti--
tîon même leur eft peunéceflàire : la promp-
titude & la fineflè de leur oreille y fupplée^
& ils accompagnent fort bien fans tout cet
appareil. Mais ce n'eft qu'à leur difpofition
nanirelle qu'ils font redevables de cette &ci-
lité ^ & les autres peuples y qui ne font pas
nés comme eux pour la Muhque y trouvent
à la pratique de \ Accompagnement y des obfta-^
des prefque infurmontables. Il faut (ks huit
a dix années pour y réuflîr paflàblement.
Quelles font donc les caufes qui retardent
ainfi l'avancement des Elevés & embarraflent
fi bng-tems les Maîtres , fi la feule difficulté
de l'art ne Êtit point cela \
Il y en deux principales : l'une dans la
manière de chiflrer les Baflès ; Pautre dans
U méthode de Y Accompagnemeat^ Parlons
* de la première.
jo AC C
Les (ignes dont on fe fcrt pc»r chiffre^
lei BafTes font en trop grand nombre : il y
« lî peu d'accords fondamenuux ! Pourquoi
hxit' il tant de chiffres pour les exprimer ?
Ces mêmes (îgnes font équivoques 3 obC»
cur%, infufiirans. Par exemple , ih ne déter-
minci t prefque jamais refpece des intervallef
qu'iU expriment 9 ou » qui pb eft f ils ep
încijqucnc d'une ^tre ejfpece« On barrç lei
uns pour marquer des dicfes j on en barre
d'autir^ pour marquer des bémols : les in-
tervalles majeurs 8c les fuperflus , même
les diminua , s'expriment (buvent de kl
Siêmc manière ; quand les chiffres fi^nt dota-
les f ils font trop confus ; quan4 ils ùx$
iimples » ils n^ofnrent Drefque jamais que
l'idée d'un iêul intervalle i dç iorte qu'on
en a toujours pluiieurs i fi;>us - entendre Ac
à déterminer.
Comment remédier à ces inconvéniens ?
Faudra- t-il muhiplier les fignes pour tour
exprimer ) Mais on fe plaint qu'il y en »
dé}à trop. Faudra-t-il les réduire } On laif-*
fera plus de chofcs à deviner à l'Accompar
gnateur , qui n'eft ié^ que trop occupé f
te dés qu'on fait tant que dVmployer des
cinrires , il faut qu'ils puiiiêrK tout dire. Que
faite donc i Inventer de nouveaux iignes f
pcrfcâionner le Doigter , & faire , des £•
gncs ôc du Doigter , deux moyens combinée
qui concourent à ibulager TAca^mpagnateur^
C'tll ce que M. Hameau a tenté avec beau-
coup de fagacité , dans ia Diflercatiôn fur
les diifcrcniei méthodes à' Accompagnement f
A ec 11
Mous eipoferonsauxmotsCArj^^ei ScDoig^r^
le$ moyens qu il propofe. Payons aux mé-
thodes.
Comme Tandemie Mufique n'étoit pat
il compof& que la notre , ni pour le chant»
ni pour l'harmonie ^ & qu'il n'y avoir gueret
d autre Baâe que la fondamentale , touc
y^ccompagaemeni ne confilloit qu'en une
fuite d'accords par£ûts y dans lesquels l'Âc-
compagnateur lubftituoit de tems en cemf
quelque fixte à la, quinte ^ félon que l'o«
reiUe le conduiloit : ils n'en fàvoient pas
davantage. Aujourd'hui qu'on a varié \n
modulations y renverfé les Parties y furchar-
gé , peut-être gâté l'harmonie par des foule»
de dif&nances , on eft contraint de fuivr^
d'autres règles. Campion imagina , dit-on ,
celle qu'on appelle Règle de l'Oâave : (Yoyex
P.£GL£ Ds L Octave. ) & c'eft par cette
méthode que la plupart des Maîtres enfex«
gnent aujourd'hui V Accompagnement.
Les accords font déterminés par la Rcgie
^e l'Oébye y relativement au rane qu'occu-»
pent les notes de la Balle ^ & à la marche
qu'elles fuivent dans un ton donné. Ainfi
lé ton étant connu ^ la note de la BaiTe--
continue aufC connue y le rang de cette noto
dans le Toiu le rang de la note qui la pré-^
cède imqiédiiatement , & le rang de la note
qui la fuit , on ne fe trompera pas beaucoup ,
en accompa^iant par la Règle de POâave^
il le Compoliteur a fuivi l'harmonie la plus
(ipiple 2c la plus naturelle y mais c'eft ce
qu'on ne doit ^ueres attendre de la Mufique
,1 A C C
d'aujourd'hui , fi ce n'cft peut-être en Italie
où l'harmonie paroît Ce iîniplifief à mefuic
3u"ellc s'altère ailleurs. De plus , le moyen
'avoir toutes ces chofes inccflàmnient pré-
fentes , & tandis que l'Accompagnateur s'en
inftruit , que deviennent les doigts ? A peine
atteint- on un accord, qu'il s'en offre un
autre i & le moment de la réflexion eft pré-
cifément celui de l'exécution. Il n'y a qu une
habitude confommée de Mufique , une ex-
périence réfléchie , la facilité de lire une |
ugne de Mufique d'un coup - d'oeil , qui I
puillcnt aider en ce moment. Encore les '
plus habiles fe crompent-tils avec ce fccours.
Que de (âutes échappent , durant l'exécu-
tion . à l'Accompagnateur le mieuxexercé!
Attendra-t-on, même pour accompagner,
que l'oreille {bit formée ; qu'on (ache lire
aifément & rapidement touteMufique; qu'on
puiflè débrouiller , à livre ouvert , une Par-
tition î Mais en filt - on là , on auroic
encore befoin d'une habitude du Doigter
fondée fur d'autres principes d'Accompagn»
ment que ceux qu'on a donnés jufqu'à M.
Hameau.
Les Maîtres zélés ont bien fenti l'infuffi-
fancc de leurs règles. Pour y fuppléer , ils
ont eu recours â l'cnuméraiton & à la def-
criptîptton des Confonnances , dont chaque
Diflbnance fe prépare , s'accompagne & le
lâuve dans tous les difTérens cas : détail pro-
digieux que U multitude des DilTonanccs &
de Icuti combinaifons fait adcz lètuir , 6t
dont la mémoire demeure accablée.
Plulicuis
A ce 3j
PUifteurs concilient d'apprendre la G>m-
jjolîtîon avant de paflèr à XAccomyagntme'n :
comme fi Y Accompagnement n'étoic pas la
lÊxnrtpoficîon même , a l'invention près , qu'il
fsaxc de plus au Composteur. C'eft comme
6 l^on pmpo(bit de commencer par fe faire
Orateur pour apprendre à lire. CTombien de
geni , au contrake , veulent que l'on com-
mence par V Accompagnement a apprendre la
Compofitîon l Se cet ordre eft afTurémenc
plus raifonnable 6c plus namrel.
La marche de la J3a(Ie , la Règle de l'Oc-
tave y la manière de préparer & (àuver les
Diâbnances , la Compoiition en général ,
tout cela ne concourt gueres qu'à montrer
la fucceffion d^un Accord à un autre \ de
forte qu'à chacune Accord, nouvel objet,
aiouveau fujct de réflexion. Quel travail con*.
tinuel i Quand l'efpfit fèra-t-il ztCcz inftruit ?
Quand Toreilte fera - t - elle aflcz exercée ,
pour que les doisrs ne-foient plus arrêtés ?
Telles font les difficultés que M. Rameau
s'^ propoTé d^applonir par Tes nouveaux
Chiftees , & par tes nouvelles réglas d'Ac"
^ompagnement.
Je dUrherai d'cxpofcr en peu de mots les
principes fur lefquels fa métnode eit fondée.
E n'y d dans l'Hamlonie que des Confbri*
nances ôc des Di(S>nances. Il n'y a donc que
des Accords confbnnans 8c des Accords dii>-
£>nans.
Chacun de ces Accords eft fondamenm-
lement divifé par Tierces. ( Ceft le fyftême
dt M* Raiteaa. ) L'Accord confonnant eft
Diâ. deMufique. Tome I. C
34 A ce
compofê de trois Noces > comme ut rmfoli
Se le àîSbmnt de quatre , comme fol fi re
fa : laiflàiic à parc la ruppodcion & la (\x(*
penfion , qui ^ à la place des Noces donc
elles exigcnc le recranchemenc , en incrodui-
fenc d aucres comme par licence : mais \'Ac^
compagnement n'en porce cou jours que quacre.
(Voyez Supposition & Suspension.)
Ou des «Accords confbnnans (è fuccedentj
ou des Accords difibnans fbnc fuivis d'aucres
Accords diiibnans , ou les confbnnans & les
difTonans (bnc encrelacé$.
L'Accord confbnnanc parfaic ne convenant
qu'à la Tonique ^ la fuccefCon des Accords
confonnans fournie aucanc de Toniques , &
par confëquenc aucanc de chancemens de Ton.
Les Accords diffonans fe mccedent ordi-
nairemenc dans un même Ton , fi les Sons
n'y fbnc point alcérés. La Difibnance lie le
fens harmonique : un Accord y fàic defirer
l'aucre , & fèncir que la phrafè n'efljpas finie.
Si le Ton change dans cecce fticceflion , ^ ce
changemenc efl coujours annoncé par un Dièfe
ou par un Bémol. Quant à la troifieme fuc-
ceflion , favoir l'entrelacement des Accords
confonnans & difibnans , M. Rameau la
réduit à deux cas feulement ; îc il prononce
en général, qu'un Accord confbnnanc ne
peut être immédiacemenc précédé d'aucun
aucre Accord difibnanc , que celui de (èp-
tieme de la Dominance - Tonique , ou de
celui de Sixte-Quinte de la fbus-Dominante ;
excepté dans la Cadence rompue 8c dans les
fufpenflons : encore prétend -il qu'il n'y a
A ce }s
E d'exception quant au fonA. Il me fem-
que l'Accord parfait peut encore être pré*
cédé de l'Accord de Septième diminuée , .
Ôc même de celui de Sixte - fuperflue y deux
Accords originaux ^ dont le dernier ne fe
renverfe point.
Voilà donc trois textures différentes des
})hrares harmoniaues. i . Des Toniques qui
è fuccedent & forment autant de nouvelles
Modulations. 2. Des DitTonances qui (k fuc^
cèdent ordinairement dansée même Ton. 3 .
Enfin des Conibnnances & des Diflbnances
Î[uî s'entrelacent , & où la Confbnnance efl ,
elon M. Rameau y nécetTairement précédée
de la Septième de la Dominante , ou de la
Sixte- Quinte de la fous - Pominante. Que
refte-t-il donc à £dre pour la facilité de
V Accompagnement , finon d'indiquer à TAc-*
çompagnateur quelle eft celle de ces textures
qui règne dans ce qu'il accompagne ? Or
c'eft ce que M. Rameau veut qu'on exécute
avec des caraâeres de fon invention.
Un (èul Signe peut aifémenc indiquer le
Ton , la Tonique Se fon Accord.
De - là fe tire la connoiflanne des Dièfès
& des Bémols qui doivent entrer dans la
composition des Accords d'une Tonique à
une autre.
La fucceflion fondamentale par TierceSy
ou par Quintes» tanc en montant qu'en def-
cendant , donne la première texture des
phrafes harmoniques ^ toute compo£i^ d'Ac-
cords confonnahs.
La fucceflion fondaipentale par Quintes:
C 2 ^
i6 A C Ç
ou par Tierces, en defcendant, donne la Ce*
conde texture, compofée d'Accords difîcH
mns, (avoir , des Accords de Septième , 8c
.cette fucceffion donne une Harmonie def^
cendantc.
L'Harmonie afirendance eft fournie par une
fuccellGon de Quintes en montant , ou de
Qpartà en defcen Jant , accompagnées de la
Diflônance propre à cette fuccemon, qui
eft la Sixte*9Îoutée ; & ceft la troiHeme
texture des phrafes harmoniques. Cette der-
nière n'avcHt )«fqu'ici éié obfervée par per-
ibnne , pas marne par M. Rameau , quop-
qu'il e» ait d^ouven te principe dans la
ôulence qu'il appelle IrrmJiere. AinH , par
ks règles ordînÂes , l'Harmonie qui nât
d'une fuccefliott de DifRmraces, defcend
toujours , quoique iêlon les trais princi-
pes , & félon la raifen , elle doive avoir ,
en montant , uijie progreffion tout auffi ré-
guUere qu'en defcendanr.
\m Oïdences fendamemales donnent lar
quatrième œxrare de phrafes Harmoniques ,
où les Confoanances & les DiiEûiances
s'entrelacent.
Toutes ces teitures peuvent être indiquées
Mr des caraâeri s (impies , daxrs , peu nom-
breux, qui puident, en méme-tems' , in«
diquer , quand il le faut , la Diflbnancc
en général \ car fefpece en eft toujours 6é^
terminée par k texture m£me. On com-
mence par s'esncer fur ces textures prifès
fièrement ; puis on les (ait fuccÀier les une»
aux autres (ur chaque Ton 6c fur chaque
Mode fucœffircmenc.
A C C ?7
Avec très précaudons ) M. Rameaa prétend
qu'on apprend plus d'Accocopagneinent en
hx mois qu'on n'en appjcenoit auparavam en
îfix ans^ & il a l'expënetice pour luL (Voyez
Chiffres ik J>oi6Ter. )
A l'égard de la manière d'accompagner
avec inreliigence , comme elle dépend plosde
l'ufàge & du gottc» que des règles qu'<^ en
peuc donner , ie me contenterai de kizc ici
quelques obrervatîons générales que ne doit
ignorer aucun Accompagnateur»
L Quoique 9 dans les Principes de M. Ra-
meau , l'on doive toucher tous les Sons
de chaque Accord » il £iut bien Ce girder
de prendre toujours cette règle it la lettre.
Il y a des Accords qui (èroient infupporta-
bles avec tout ce reimdiflàge. Dans la pIu-
{>art des Accords didonans, fur- tout aans
es Accords par fuppolicion > il 7 ^ quelque
Son à retrancher pour en diminuer la du-
reté : ce Son eft quelquefois la Septième ,
quelquefois la Quinte , quelquefois l'une ôc
l'autre fè retranchent. On retranche encore
afièz (buvent la Quincb ou l'Oâave de la
BafTe dans les Accords difibnans > pour évi«
ter des Oâaves ou des Quintes de fuite qui
peuvent faire un mauvais e^ , fur-tout aux
extrémités. Par la |néme raiibn , quand la
Note fenfible eft dans la Baffe , on ne la mec
pas dans VAccompi^nemeni ; Se Ton double ^
au lieu de cela , U Tierce ou la Sixte ^ de
la main droite. On doit éviter aufC les pi"
tervalles de Seconde , & d'avoir deux dc^s^
joints 3 car cela £dc une Difibnancc fore
C 3
A C C
dure , ^'il faut garder pour quelques ocok
{ions où Texpreflion la demande. En gâié-
rai on doit penfer y en accompagnant > que
quand M. Rameau veut qu'on remplifle cous
les Accords , il a bien plus d'égard à la mé-
chanique des doigts & à fon fyftême particu-
lier ^Accompagnement , qu'à la pureté de
l'Harmonie. Au lieu du bruit confus que fait
un pareil Accompagnement , il faut chercher à
le rendre agréable & fonore , & faire qu'il
noQtriflè & renforce la Balle , au lieu de la
couvrir & de l'étouffer.
Que fi l'on demande comment ce retran-
chement de Sons s'accorde avec la définition
de V Accompagnement par une Harmonie corn-
plette , ]t réponds que ces retranchemens ne
ibnt y dans le vrai , qu'hypothétiques & feu-
lement dans le Syfléme de M. Rameau; que
fùivant la Nature , ces Accords , en appa-
rence ainfi mutilés , ne (ont pas moins com-
plets que les autres y puifque les Sons qu'on
y fuppofe ici retranchés les rpndroient cho-
auans & fouvent infupportables ; qu'en ef%
iet les Accords diffonans ne font point
remplis dans* le fyftême de M. Tanini com-
me dans celui de M. Rpmeau ; que par
conféquent des Accords défeûueux dans ce-
lui-ci font complets dans l'autre ; qu'enfin le
bon goût dans 1 exécution demandant qu'on
$*écarte fouvent de la règle générale , &
y Accompagnement plus régulier n'étant pas
toujours le plas'a^able , la définition doit
dire la règle , & l'afàge apprendra quand ott
i^cn doit écarter.
ACC 59
II. On doit toujours porportionnerle bruit
de V Accompagnement au caraâiere de la Mu-
sique & à celui des Inftrumcns ou des Voix
que Ton doit accompagner. Ainfi dans un
Chœur on frappe de la main droite les Ac-
cords pleins ; de la gauche on redouble l'Oc-
tave ou la Quinte , quelquefois tout 1^ Ac-
cord. On en doit faire autant dans le Réci-
tatif Italien ; car les (bns de la Baflc n'y
étant pas foutenus, ne doivent fe Êdre en-
tendre qu'avec toute leur Harmonie , & de
manière à rappeller fortement & pour long-
tems ridée de la Modulation. Au contrai-
re , dans un Air lent & doux , quand on
n'a qu\ine voix foible ou un (èul Inftru-
ment à accompagner ^ on retranche des
Sons , on arpège doucement, on prend le pe-
tit Clavier. En un mot, on a toujours atten*
tion que V Accompagnement ^ qui n'eft fait que
pour foutenir 8c embellir le Chant , ne le
gâte 8c ne le couvre pas.
III. Quand on frappe les mêmes touches
pour prolonger le Son dans une Note lon-
gue ou une Tenue , que ce foit plutôt au
commencement de la Mefure ou du Tems
fort , que dans un autre moment : on ne
doit rebattre qu'en marquant bien la Mefu-
re. Dans le Récitatif Italien ,' quelque du-
rée que puifle avoir une Note de Ba(fe> il ne
faut jamais la frapper qu'une fois & forte-
ment avec tout fon Accord ; on rt frappe
feulement l'Accord quand il change fur la
même Note : mais quand un Accompagne*
ment de Violons rcgne fur le Récitatif^, alen
C4
4e A C C
il faut foatenîr la Bade & en arpéger TAc--»
cord.
IV. Quand on accompagne de la Mufi-
que vocale , on doit par Y Accompagnement
Soutenir la Voix , la guider > lui donner le
Ton à toutes les rentrées , & l'y remettre
quand elle détonne : l'Accompagnateur ayant
toujours le Chant fous les feux & l'Harmo-
nie préfème à l'efprit , eft chargé fpéciaie-
ment d'empêcher que la Voix ne s'égare.
(Voyez Accompagnateur.)
V. On ne doit pas accompagner de la
même manière la Mufique Italienne & la
Françoife. Dans celle-ci , il faut foutenir le»
Sons , les arpéger gracieufement & conti-
nuellement de bas en «haut , remplir tou-
jours l'Harmonie y autant qu^il le peut ;
jouer proprement la Baflè \ en un mot ,
{t prêter à tout ce qu'exige le genre. Au
contraire , en accompagnant de l'Italien , il
&ut frapper fîmplement & détacher les No-
tes de la Baflc ; n'y faire ni Trills ni Agré-
mens > lui coûferver la marche égale & um-
pie qui lui convient ? V Accompagnement doit
être plein > fec & fans arpéger , excepté le cas
dont \'2X parié numéro ). & quelques Te-
nues ou Points-d'Orgue. On y peut , fans
fcrupule , retrancher des Sons : mais alors
il Êiut bien choifir ceux qu'on fait entendre ;
en forte qu'ils fe fondent dans l'Harmonie
& fe marient bien avec la Voix. Les Italiens
ne veulent pas qu^on entende rien dans X'Ac-
compa^nement , ni dans la BafTe , qui puifle
diftraure un moment Toieille du Chant y U
A C C 4t
leurs Accompagnemens Cbl9t coujomis dirige
fur ce principe^ qoele plaîfir & TaictBnttoii
s'éxraporem en (è pacageant.
VI. Quoique VAcQ9mfQgitemtat et l'Or«
gue (bit le mâme que cwb du Oatcdii »
!e gottt ien eft xxi€^SSÊttt&L Omune les
Sons de l'Orgue fboc foatenus , k mardie
en dote eue plus liée & moins /èndUanoe :
U &UC lever la main endcre k moins qal!
fe peuc 'y gifler ks éoigts diiote toacfae à
Tautre , fans oCer ceux qui , jdans la pboe
où ils (ont y peuvent &nrir à TAccord o&
Von paflè. Rsen n'eft fi déTagréj^ que
d'entendre hacher far VOi^tuc crtte efpece
^Accompagnement foc y trpegé » qu'on eft
forcé de trafiquer fur le Ckvecin. (Vof ea
k mot Doigter.) En général iX)Fgiie»oec
Inftrument (î (bnore & fi maîeftueux , ne
s'adbcie avec aucun autre » £c ne &it qu'un
mauvais effet dans VAcconifagiKment , fi ce
n'eft tout au plus pour fortiter ks Rippic-
nés & les Chœurs. .
M. Rameau , dans fi» Erreurs fur la Mit-
fijwe , vient d^établîr ou du moins d'avan-
cer un nouveau Principe , dont ii me ccn-
fure fort de n'avoir pas park dans l'Ency-
clopédie ; (avoir , que ^Accompagnement
repréfente le Corps Sonore. Comme l'exa-
mine ce Principe dans un autre écrit , je me
difpenfèrai d'en parler dans cet article qui
n'eft déjà que trop long. Mes difputes avec
M. Rameau font les chofes du monde ks
plus inutiles au progrès de l'Art , & pal:
conféqu^t^au but de ce Didioonaire»,
41 A C C
ACCOMPAGNEMENT, cft cncord
touce Partie de Daflè ou d'autre Inftrument ,
qui eft compofée fous un Chant pour y
faire Harmonie. Âind un Solo de Violon
s'accompagne du Violoncelle ou du Clave-
^ cin , & un Accompagnement de Flûte (e ma-
rie fort bien avec la voix. L'Harmonie de
V Accompagnement ajoute à l'agrément du
Chant en rendant les Sons plus (urs , leur
effet plus doux , la Modulation plus fen-
iible , 6c portant à l'oreille un témoignage
de jufteflè qui la flatte. Il y a même , par
rapport aux Voix , une forte raifbn de les
£ure toujours accompagner de ouelque Inf-
trument , foit en Partie , foit à l'U«
nifibn : car , quoique plufieurs prétendent
qu'en chantant la voix fè modifie naturel-
lement félon les loix du tempérament ,
(Voyez Tempérament.) cependant l'expé-
rience nous dit que les Voix les plus iuftes
& les mieux exercées ont bien de la peine
à fe maintenir long- temps dans la iuftefle
du Ton , quand rien ne les y foutient. A
force de chanter on monte ou l'on defcend
infenfiblement , & il efl très-rare qu'on fe
couvre exaâement en finidànt dans le Ton
d'où l'on étoit parti. C'efl pour empêcher
des variations que l'Harmonie d'un Inftru-
ment eft employée ; elle maintient laVoix dans
le même Diapafon \ on l'y rappelle aufli-tôt y
quand elle s'égare. La Baflè eft » de toutes
les Parties , la plus propre à V Accompagne-
ment , celle qui foutient le mieux la Voix>
& iâiiftfait le plus l'oreille s parce qu'il n'y
A C C 4î
en a point donc les vibrations folcnt fiior-
tes , fi déterminantes , ni qui kiflè moins
d'équivoque dans le jugement de l'Harmonie
fondamentale.
ACCOMPAGNER. ,v.a.ôc n. Ceft en
général jouer les Parties d'Accompagnement
dans Texécution d'un morceau de Mufîque;
c'eft plus particulièrement , fur un Instru-
ment convenable , frapper avec chaque Note
de la Baflè les Accords qu'elle doit porter»
& qui s'appellent l'Accompagnement. J'aî
fuffifamment expliqué dans Tes précédens
articles en quoi confifte cet Accompagne-^
ment. J'ajouterai feulement que ce mot
même avertit celui qui accompagne dans un
concert qu'il n'eft chargé que d*unc partie
acceflbire , qu'il ne doit s'attacher qu'à en
faire valoir d'autres , que fi - tôt qu'il a
Ja moindre prétention pour lui-même , il
gâte l'exécution 6c impatiente à la fois les
Concertans & les Auditeurs : plus il croit fc
faire admirer , plus il fè rend ridicule } &
fitôt qu'à force de bruit ou d'omemens dé-
placés il détourne à foi l'attention due à la
partie principale , tout ce qu'il montre
de talent & d'exécution , montre à la
fois fa vanité & fon mauvais goût. Pour
Accompagner avec intelligence & avec ap-
plaudiflement , il ne faut fbnger qu'à foute-
nir & faire valoir les Parties elTentielles , &
c'eft exécuter fort habilement la fienne , que
d'en faire fentir l'effet fans la lailfer re-
marquer.
ACCORD , n/; OT. Union de deux ou plu-
44 ACC
Heurs Sons rendus à la fois , & fonnant <n*
icmble un tout linrmoniquc.
L'Harmonie r.aturcLc pioduiie par h ré-
fonn^nce d'un Corps foiiore cft compose
de trois Sons diflcrcns , fans compter leur»
Oftaves; Icfquels forment entr'cux ['Accord
le plus agréable &c le plus parfiit que l'on
puilfe entendre : d'où on l'appelle par ex-
ctllcrce Accord parfait. Ainli pour rendre
con fittte l'Harmonie, il faut. que chaque
Acccrd foit au moins compofé de trois Sons.
Aufli les Muficicns trouvent-i's dans le Trio
la ptrf.fton harmonique, foit parce qu'ils
y emploicnr les Accords en entier , (bit
parce que dans les occaCons oîi ils ne les
emploient pas en encier , ils ont l'art de
donner le chang- à l'oreille , & de lui per-
faadcr le conirairr , en lut préfenum trs
Sons principaux des Accords , de manière l
lui ftire oublier les autres. (Voyez Trio. )
Cependant l'Oftavc du Son principal pro*
duifant de nouveaux rapports & de nou-
velles Confonnanccs par les complémens de»
InicTA-allcs , ( voyez complément. ) on ajoute
ordinairement cette Oftave pour avoir IVn-
femble de toutrs Us Confonnanccs dans un
mèrae Accord. (,\oya Consonnakce.) De
plus, l'addition de la DilTbnance, (voyez
Dissonance. ) produifant un qusirîeme
Son ajouté ï \' Accord parfait , c'en une né-
cellité, fi l'on veut remplir VAccord , d'a-
voir une quatrième Partie poui exprimer
ceitc diUonance. Ainii la fuit: des Accordt
ne peut é'.Tc completie & liée qu'w tDOycn
<ic quacic Païues.
ACG <f
*^ if clÎTÎfe les Accords en parfaits & îm-
pB^'S. LMccor^ parfait eft celui doiit nous
ve kons de parler^ lequel eft comporé du Son
fondamenôi au |prave , de fa Tierce , de fa
Quinte, & dfc (bàOâbye^il fè fubdivife en
Majicur ou ilinepr ^ fèioa l'efpece de d
Tierce. (Voyez Majeitr^ Mineur.) QaeU
quet Auteur^ donneur aiiifi le nom de par»
faits à tous les Accords y m^t diflbnans,
i!^M le Son fondamental eft au ^ave. Le»
Accéda impar&iis font ciui oh règne k
SiExtê au lieu' db k Qjinte, & en générdi
tons ceux oà lé Spn gjraire it^ pas le fon*
dsmeptal. Ces dén(»niinatîolM qui ont idk
ddnniies avant qjue Vtm connut U Bafle-ibn-
d^xBentale , font {brt fiai appiiqwes : celles
^Accwrh direAs ou rennenSs A>nt beau-*
ccHip pWs convenables da«s le »éme i^m.
(Voyez RcNVERSE^EfT.)
JLc^ Accords fè divifênt mcore M con«
î<mne9Si& 6c diflbnani. Les Accords con&n>
tutlis font V Accord parfait dç fes dériviés:
cou^ autre Accord ef) d^onane. Je vais
dcfmot une Table des autxcs ^ fcion le fyf«
t^c dcf M. i^ameauu
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A C C f 7
teK On ne le peut pas toujours , & on le doit
très-rarement. Quant aux Sons qui doivent
être préférés félon la place & Tufage des
Accords y c'eft dans ce choix exquis & né-
ceflàire que confifte le plus grand art da
Compo/îteur. ( Voyez Composition , Mg-
LODifi y Effet , Expression , &c. )
JFîn de la Toile des Accords.
Nous parlerons aux mors Harmonie ,
Basse - Fondamentale , Composition ,
&c« de la manière d'employer tous ces Ac^
cords pour en former une Harmonie régu*
liere. J'ajouterai feulement'ici les obfervations
fuivantes.
I. C^eft une grande erreur de penfer que
le choix des renverfemens du même Accord
fbit indifférent pour l'Harmonie ou pour Vtx-
preflion. Il n'y a pas un de ces renverfemens
qui n'ait fon caractère propre. Tout le mon-
de fent l'oppofîtion qui fe trouve entre la
douceur de la Fauflè-QUînte & l'aigreur du
Triton , & cependant Pun de ces Intervalles
efl renverfé de l'autre. Il en eft de même de
la Septième diminuée Se de la Seconde fu-
perflue , de la Seconde ordinaire & de la Sep-
tième. Qi^ ne fait combien la Quinte efl plus
fonore que la Quarte ? V Accord de Grande-
Sixte & celui de Petite-Sixte mineure , fonc
deux faces du même Accord fondamental \
mais de combien l'une ii'efl-elle pas plus har-
jnonieufc quel'îiutre? V Accord de Petite-Sixte
58 A C C
majeure, au contraire, n'eft- il p^ plusbrilbnt
que celui de Faufle Quinte ? £t pour ne parler
que du plusfimple de tous les Accords , con-
ndérez la majcfte de l'Accord pariait , la dou-
ceur de \' Accord de fixte , 6c la fadeur de
celui de SixtC' Quarte ; tous cependant com-
*pofés des mêmes fons. tn général les Inter-
valles fuperflus , les Dièfes dans le hautj
font propres par leur dureté à exj>rimer l'em-
portement , la coleie &c les^ailions aiguës.
Au contraire , les Bémols à l'aigu & les In-
cervailes diminués , foi ment une Harmonie
plaintive , qui attendrit le cœur. C'cft une
multitude d'obfervations femblables > qui* »
lorfqu'un habile Muficien fait s'en prévaloir »
le rendent maître des afFedions de ceux qui
recourent.
IL Le choix des Intervalles fmplcs n*eft
gueres moins important que celui des Ac"
cords pour la place où l'on doit les em-
ployer, C^cft, par exemple , dans le bas qu'il
làut placer les Quintes & les Oâaves par
préférence , dans le haut les tierces & les
Sixtes. Tranfpofez cet ordre, vous gâterez
l'Hirmonie en laifTint les mêmes Accords.
III. Enfin l'on rend les Accords plus har-
monieux encore , en les rapprochant par de
petits Intervalles , plus convenables que les
grands à la cappcité de l'oreille: Ceft ce
5[u'on appelle reflcrrer l'Harmonie , & que
1 peu de Muiiciens favent pratiquer. Les
bornes du Diapafon des Voix (ont une rai-
fon de plus pour rcflerrer les Choeurs. On
peut aflurer qu'un Chœur eft mal fâic.j
A ce f9
lorfque les Accords divergent , lorfque les
Parties crient , forcent de leur Diapaion , &
font (1 éloignées les unes des autres , qu'dlès
femblent n avoir plus de rapport entre elles.
On appelle ç ncpre AccardVétM d^un Inftru-
ment dont les Sons fixes font entre eux dans
toute la juftefle qu'ils doivent avoir. On dit
en ce fens qu'un Inftrument eft èî Accord , qu'il
n'eft pas S Accord , qu'il garde ou ne garde
pas fon Accord. La même exprefïîon s'em-
ploie pour deux Voix qui chantent enfèm-
ole , pour deux Sons qui fè font entendis
à la fois, Ç<Àt à i'Uniflbn', foit en Contre-
parties.
ACCORD DISSONANT , FAUX
ACCORD , ACCORD FAUX , font autant
de différentes chofes qu'il ne faut pas con-
fondre. Accord diffonant eft celui qui con-
tient quelque diffbnance ; Accord faux , celui
dont les Sons font mal accordés , & ne gar-
dent pas entre eux la juftefle des Intervalles;
faux Accord^ celui qui choque l'oreille, parce
qu'il eft mal compofé ,& que les Sons, quoi-
que juftes , li'y forment pas un tout harmo-
nique.
ACCORDER des Inftrumens , c'eft ten-
dre ou lâcher les cordes , alonger ou raccour-
cir les tuyaux , augmenter ou diminuer la
maflè du Corps fonore , jufqu'à ce que tou-
tes les parties de Tlnftrumcnt foient au Ton
qu elles doivent avoir.
Pour Accorder un Inftrument , il faut d'a-
bord fixer un Son oui ferve aux autres de
terme de comparaiwn, Ceft ce qu'on ap-
60 A C C
pelle 3 prendre ou donner le Ton. ( Voyé«
Ton. ) Ce Son cft ordinairement \*ut pour
rOrgue & le Clavecin , le la pour te Violon
& la baflè y qui ont ce la fur une corde a
vuide & dans un médium propre à être aifé-
ment faifi par l'oreille.
A l'égard des Flûtes , Hautbois , Baflbn; ,
& autres inftrumens à vent , ils ont leur
ton à- peu-près fixé , qu'on ne peut gueres
changer qu^en changeant quelque pièce de
rinftrument. On peut encore les alonger
un peu à Temboiture des pièces > ce qui
l>aifle le Ton de quelque chofe ; mais il doit
néceflfàirement réiulter des Tons faux de ces
variations , parce que la jufte proportion eft
rompue entre la longueur totale de l'Inftru-
ment & les diftances d'un trou à l'autre.
Quand le Ton eft déterminé , on y feît
rapporter tous les autres Sons de l'Inftru*
ment 3 lefquels doivent être fixés par l'Ac-
cord 3 félon les Intervalles qui leur convien-
nent. L'Orgue & le Clavecin s* accordent par
Quintes , jufqu'à ce que la Partition foit rai-
te 3 & par Oâave pour le refte du Clavier ;
la Baffe & le Violon par Quintes ; la Viole
& la Guitare par Quartes & par Tierces 3 &c.
£n général on choifit toujours des Interval-
les confonnans & harmonieux 3 afin que
l'oreille en faififfe plus aifémenc la juf-
teflc.
Cette jufteflè des Intervalles ne peut , dons
la pratique , s'obferver à toute rigueur , &
pour qu'ik puiflcnt tous s* Accorder entre
eux ^ il faut que chacim en particulier fouf&e
A C C 6i
ijuelqiie altération. Œaqae efpece d'InC-
trament a pour cela fes règles particulières
& fa méthode à* Accorder. (Voyez Tem-
pérament,)
On obfèrve que les Inftnimens dont on
tire le Son par infpiration , conmie la Flûte
& le Hautbois^ montent infenfîblement quand
on a joué quelque temps ; ce qui vient y
félon quelques-uns , de l'humidité qui , (or-
tant de la bouche avec l'air > les renfle ôc
les raccourcit s ou plutôt3 fuivant la Doârine
^de M. Euler y c'eft que la chaleur & la ré-
firadtîon que Pair reçoit pendant Tinfpiration
rendent ies vibrations plus fréquentes, di-
minuent (on poids , 6c augmentant ainfi le
poids relatif de l' Atmofphere 3 rendent le Son
im peu plus aigu.
Quoi qu'il en foit de la caufe , il &ut ;
en Accordant , avoit égard à TefFet prochain ,
Se forcer un peu le vent quand on donne
ou reçoit le Ton fur ces Inftnimens > car
pour refter d'Accord durant le Concert , ils
doivent écre un peu trop bas en commen-
çant.
ACCORDEUR, f. m. On appelle Ac-
cordeurs d'Or gac ou de Clavecin , ceux qui
vont dains les Eglifès ou dans les maifons
accommoder & accorder ces Inftrumens ,
& qui , pour l'ordinaire , en font auifi les
ACOUSTIQUE. / /. Dodrine ou Théo-
fie des Sons. (Voyez Son.) Ce mot eft de
l'invention de M. Sauveur, & vient du Grec
dxoidfy j'entends.
Cv A C T
VAcouftique cft proprement la Partie théa- .
rique de la Mufîque : c'eft elle qui donne
ou doit donner les raifons du plaiiir que
nous font l'Harmonie & le Chant , qui dé-
termine les rapports des Intervalles harmo-
niques i qui découvre les afFeâions ou pro«
priétés des cordes vibrantes , &c. ( Voyex
Cordes, Harmonie.)
Acouflique eft aufli quelquefois adjeâif ^
on dit : l'organe Acouflique , un phénomène
Acouflique i &c.
AÙTE.f.m. Partie d'un Opéra féparée
d'une autre dans la repréfentation par un*
efpace appelle Entr'Aâr. ( Voyez, En-
tr'Acte.)
L'unité de tems & de lieii doit £tre auiC
xîgoureiifcment oWcrvée dans un A3e d'O-
péra^ que datis une Tragédie entière du genre
ordinaire , & même plus , à certains égards ;
car le Poète ne doit point donner à un Aâe
d'Opéra une durée hypothétique plus longue
que celle qu'il a réellement , parce qu'on ne
peut fuppoler que ce qui fe pa(Tè lous nos
yeux dure plus long-tçms que nous ne le
voyons durer eti effet : iftais il dépend du
Mulicien de précipiter ou ralentir l'aâion
iufqu'à un certain point , pour augmenter
la vraifcmblance ou l'intérêt ; liberté qui
l'oblige à bien étudier la gradation des paC>
lions théâtrales ,.le tems qu'il faut pour les
développer , celui oi le progrès eft au plus
haut point , & celui où Û convient de s'ar-
rêter pour prévenir l'inattention, la langueur,
l'épuilcment du Speâateur. Il n'eft pas non
A CT (s
plus permis de changer de décoration & de
fiire fauter le Théâtre d'un lieu à un autre, au
milieu d'un A3e , même dans le genre mer-
veilleux 5 parce qu'un pareil iaut choque la *
xaifon , la vraifcmblance , & détruit l'illu-
fion , que la première loi du Théâtre eîl de
fàvorifer en tout. Quand donc 1 aâion eft
interrompue par de tels changemens , le Mu-
ficien ne peut faroir ni comment il les doit
marquer , ni ce qu il doit fiiirc de fon Or-
cheftre pendant qu ils durent , à moins d'y
repréfenter le même cahos qui règne alors
fur la Scène.
Quelquefois le premier -/4c7c d'un Opéra
ne tient point à l'adtion principale & /le lui
ièrt que d'introdudtion. Alors il s'appelle
Pmlogue, ( yoye[ ce mot, ) Comme le
Prologue ne fait pas partie de la Pièce , on
ne le compte point dans le nombre des
Jlâes qu'elle contient & qui eft fouvent de
cinq, dans les Opéra François , mais tou-
jours de trois dans les Italiens. (Voy.OpfiR A.)
ACTE DE CADENCE , eft un mouve-
ment dans une des Parties , ôc fur- tout dans
la Baflê , qui oblige toutes les autres Parties
â concourir à former une Cadence, ou à
Inviter exprcflement. (Voyez Cadencb ,
Éviter.)
ACTEUR. / m. Chanteur qui fait un
rôle dans la repréfcntation d'un Opéra. Ou-
tre toutes les qualités qui 'doivent lui êcre
communes avec YA3eur dramatique , il doit
en avoir beaucoup de particulières pour
réuilîr dans fon Axt» Ainfi il ne fuffit pas
A C T
qu'il ait un bel organe pour la parole 5 sll
ne Pa tout auflî beau pour le chant ; car il
n'y a pas une celle liai(on encre la voix par-
lance & la voix chancance , que la beauté
de lune fuppofe toujours celle de l'autre.
Si l^on pardonne à un Aâeur le défaut de
quelque qualicé qu'il a pu fe flatter d'ac-
3uérir , on ne peut lui pardonner d'ofer fe
eftiner au Théâtre, deftitué des qualités
naturelles qui y ibnt néceflGûres 3 telles , en-
tre autres, que la voix dans un Chanteur.
Mais par ce mot voix , fentends moins la
force du timbre , que l'étendue , la jufteflè ,
& la flexibilité. Je penfe qu'un Théâcre dont
i'objeceft d'émouvoir le cœur par les chants ;
doit êcre interdit à ces voix dures & bruyan*
tes qui ne font qu'étourdir les oreilles ; 8c
que y quelque peu de voix que puiflè avoir
un Aâeur , s'il l'a jufte , touchante , fadlcf»
& fufiîramment étendue , il en a tout au<«
tant qu'il faut ; il faura cou jours bien fè faire
cncendrc, s'il faic fe faire écoucer.
Avec une voix convenable , ÏAdeur doit
l'avoir culcivée par l'Arc , & quand fa voix
n'en auroic pas befoin , il en auroic befoin
lui-même pour faiiir & rendre avec intel-
ligence la panie mufîcale de fes rôles. Rien
n'eft plus infupportable & plus dégoûtant
ue de voir un Héros dans les tranfports
es pallions les plus vives 5 contraint & gêné
dans fon rôle , peiner & s'afluîettir en éco-
lier qui répète mal fa leçon ; montrer 5 au
lieu des combats de Pamour & de la ver-
tu j ceux d'un mauvais Chanteur avec la
Mefure
i
A D A 6$
Mefare & l'Orcheftre > & plus incertain fur
le Ton que fur le parti qu'il doit prendre.
Il nV a ni chaleur ni grâce fans facilité , ic
l'Aâeur dont le rôle lui coûte , ne le ren-
dra jamais bien.
U ne fuffit pas à VA3eur d'Opéra d'être
un excellent Chanteur , s^il n'eft encore un
excellent Pantomime ; car il ne doit pas feu«
lement faire fentir ce qu'il dit lui-même,
imus aulfi ce qu'il laide dire i la Symphonie.
L'Orcheftre ne riend pas un (èntiment qui
ne doive ibrdr de fon ame ; (es pas , fês
T^ards^ fbn gefte, tout doit s'accorder (ans
. ceilè avec la Mu(ique , fans pourtant qu'il
paroifle y (bnger^ il doit intéreflcr toujours ,
même en gardant le filence \ & quoiqu'oc-
cupé d'un rôle diflScile^ s'il lai(ïc un inf-
Xant oublier le Perfonnage pour s'occuper
du Chanteur , ce n*eft qu'un Muficien fur
ia Sccnt f il n'eft plus Acleur, Tel excella
dans les autres Parties , qui s'eft fait (iiïler
pour avoir négligé celle-ci. Il n'y a point
<i'A3eur à qtii l'on ne puifle, à cet égard ,
donner le célèbre Chajfé pour modèle. Cet
excellent Pantomime , cii mettant toujours
ion Art au-deflus de lui, & s'effoiçant tou-
fours d'y exceller , s'eft ainfi mis lui-même
fort au-deflus de fes Confrères : Adeur uni-
4iue & homme eftimable , il laiflera l'admi-
ration & le regret de fes talens aux ama-
teurs de fon Théâtre , & un fouvenir hono-
rable de fa perfbnne à tous les honnêtes
gens.
ADAGIO, adv. Ce mot écrit à la tête
Diâ^ de Mufiqut. Tome I. £
i6 A F F
d'un Air dcfigne le fécond , du lent au vite,
des cinq principaux degrés de Mouvemenc
diftingués dans la Mufique Icalienne. ( Voy.
Mouvement.) Adagio eft un adverbe Ita-
lien qui fignifie à l'aife , pofément , & c'eft
aufn de cette manière qu'il faut battre la
Mefure des airs auxquels il s'ajpplique.
Le mot Adagio (e prend quelquefois fubf-
tantivement , 6c s applique par métaphore
aux morceaux de Muhque dont il détermine
le mouvement : il en eft de même des au-
tres mots femblables. Ainli , l'on dira : un
Adagio de Tartini , un Andante de S. Mar-
tino , un Allegro de Locatelli , &c.
AFFETTUOSO. adj.vris adverbialement .
Ce mot écrit à la tête aun air indique un
mouvement moyen entre \ Andante & f-/4-
dagio ^ Se d.ins le caraâere du Chant une
cxpreflîon affcdueufe & douce.
AGOGÉ. Conduire. Une des fubdivîfions
de l'ancienne Mélopée, laquelle donne les
réglée de la marche du Chant par Degrés al-
ternativement conjoints ou disjoints , (bit
en montant, foit en dcfccndant. (Voyez
MÉLOPÉE.)
Manianus Cappella donne , apr^s Ariftide
Quintilitn , au mot Agogé, un autre (ens que
j'expofc au mot Tirade,
AGRÉMENS DU CHANT. On appelle
ainH dans la MuHque Franco! (è certains tours
de goHer & autres ornemens afFeélés aux
notes qui font dans telle ou telle pofition,
(clon les règles prcfcrites par le goût du
chant. (Voyez Goût du Chant.)
A ï G 67
Les principaux de ces Agrfïhehs font :
l'AccENT , le Coule, le Flatte, le Mar-
tïLLEMENTjla CadENGE PLEINE, la CA-
RENCE BRISEE, & le Port de voik, (Voyi
ces articles chacun en Ion lieu > SC la Flan--
cheBy Figure i^.)
AIGU, ûdj^ Se dît d'un Son perçaht ou
élevé par rapport à quelque autre Son.
(Voyez Son.)
En ce fcns , le tnbt Aîgu eft oppofé au
mot Grave. Plus les vibrations du corps
fonore Ibnt fréquentes , plus le Son eft
^igi/\
Les Soiis coiifidérés fous les rapports d*^/-
gus & de Grûvesy font lefujct de l'Harmonie*
(Voyci Harmonie, Accord.)
AJOUTEE , ou Acquife , ou Surnumé-
tairci adj. pris fuifjlantivement, C'étoit dang
la Mufique Grecque la Corde ou le Soti qu^ils
àppelloient Proslambanomenos» ( Vbyei^cé
mot.)
SiJtte ajoutée eft ilhe Sixte qu*oli ajoute à
l'accord parfait > & de laquelle cet accord
âinfî augmenté prend le nom* ( Voyez Ac-
cord & Sixte.)
AIR. Chant qu'on adapte aux paroles
d'une Ciaanfbn , ou d'une petite Pièce dé
Poéfîe propre à être chantée , & par exten-
fion Ton appelle Air la Chanfon méine.
Dans les Opéra Ion donne le nom à* Airs
à touis les Chants mefurés pour les diflin-
guer du Récitatif , & généralement on ap-
pelle Air tout morceau complet de Mufique
tecale ou iaflrumentalc formant un chansj
6i A I R'
foît que ce morceau faflfè lui feu^ une Pîrcc
entière , foit qu'on puiflè le dév. her du
tout donc il fait partie > & l'exécuter fépa*
rément.
Si le fujet ou le chant eft partagé en deux
Parties , VAir s'appelle Duo ; li en trois ,
Trio, Sec.
Saumaife croît que ce mot vient du La-
tin œra ; & Burette tft de fon fent'ment ,
quoique Méî^age le combatte dans fes éty-
mologies de la Langue Françoife.
Les Romains avoient leurs fignes pour le
Rhythme ainiî que les Grecs avoient les leurs;
& c^s lignes , tirés auflî de leurs caraderes ,
fe nommoient non-feulement numerus , mais
encore ara , c'eft-à-dire y nombre , ou la
marque du nombre , numeri nota , dit Non-
nius Marcellus, C'eft en ce fens que le mot
cera fe trouve employé dans ce Vers de
Lucile :
Hac tf TéUi» f Perverfa ma ! Sutnms fubduâa imfnkê f
Et Sextus Rufîis s'en eft fervi de même.
Or quoique ce mot ne fe prît originaire-
ment que pour le nombre ou la mcfure du
Chant , dans la fuite on en fit le même u(àge
qu'on avoir fait du mot numerus^ & l'on fe
(crvic du mot œra pour défigner le Chant
même ; d'où eft venu , félon les dtux Au-
teurs C'tés, le mot François Air ^ Se l'Ita-
lien A' h pris dans le même fens.
Les Grecs avoient plufieurs ^rtes à^Airs
Îu'ils appcUoicnr Nomes ou Chanfons.CVoy,
Chanson.) Les Nomes avoient chacun leiuf
AIR ^9
caraâere Se leur ufage , & plufîeurs ëtoienc
propres à quelque Inlïrumcnt particulier , à-
peu près comme; ce que nous appelions au-
jourd'hui JRieces ou Sonates,
La Mufique moderne a diverfes cfpeccs
d'Arrs qui conviennent chacune à quelque
cfpece de danfe dont ces Airs portent le nom.
(Voyez Menuet, Gavotte, Musette,
Passepied. &c.)
Les Airs de nos Opéra font , pour ainfî
dire , la toile ou le fond fur quoi fe pei-
gnent les tableaux de la Mulique imitative ;
k Mélodie eft le deflîn , l'Harmonie eft le
coloris 5 tous les objets pittorefques de la
belle nature , tous les fentimens réfléchis du
cœur humain font les modèles que TArtiftc
imite i l'attention , l'intérêt , le charme de
Toreille , & l'émotion du cœur , font la fin
de ces imitations. (Voyez Imitation.) Un
Air favant & agréable , un Air trouvé par
le Génie & compofé par le Goût, eft le chef-
d'œuvre de la Mufique ; c'eft-là que fc dé-
veloppe une belle voix , que brille une belle
Symphonie -, c*eft-là que la paffion vient
infenfiblement émouvoir l'ame par le fens.
Après un bel Air , on eft fatisfait , l'oreille
ne defire plus rien ; il refte dans l'imagina-
tion , on l'emporte avec foi , on le répète
à volonté ; fans pouvoir en rendre une leule
Note, on l'exécute dans fon cerveau tel qu'on
l'entendit au Spectacle ; on voit la fcene ,
l'A6keur , le Théâtre ; on entend l'accompa-
gnement , l'applaudiflèment. Le véritaole
Amateur ne perd jamais les beaux Airs qu'il
E 3
jo À L
cntenclît en fa vie ; il fait recommencer l^GU
péra quand il veut.
Les paroles des j4irs ne vont point tou-»
jours de fuite , ne fe débitent point comme
celles du Récitatif; quoiqu'aflez courtes pou?
^ordinaire , elles fe coupent , fe répètent ,
fc tranfpofent au gré du Compofiteur : elles
ne font pas une narration qui pa(Iè ; elles
peignent , ou un tableau qu'il faut voir fous
divers points de vue , ou un fentiment dans
lequel le cçcur (e complaît', duquel il ne
peut , pour ainfi dire , fe détacher y & les
différentes phrafes de ÏAir ne font guau-
tant de manières d'envifager la même ima-
ge. Voilà pourquoi le fujet doit être un^
C^eft par ces répétitions bien entendues j^
c*eft par ces coups redoublés qu'une expref-
fion qui d abord n'a pas pu vous émouvoir ^
vous ébranle enfin, vous agite, vous tranfportc
hors de vous , & c'eft encore par le même prin-
cipe que les Roulades , qui ,dans les j4irs pa-i
thétiques paroiflcnt fi déplaftes, ne le font
pourtant pas toujours : le cœur prcflï d'un
ientiment très- vif l'exprime fouvent par des
Sons inarticulés plus vivement que par des
paroles. ( Voyez Neume.
La forme des Airs eft de deuxefpeces. Les
petits Airs font ordinairement compofésdc
deux Reprifcs qu'on chante chacune deux fois;
inais les grands Airs d'Opéra font le plus fou-
vent en Rondeau. ( Voyez Rondeau. )
AL SEGNO. Ces mots écrits à la fin
d'un Air en Rondeau , marquent qu'il
Blui reprendre la première Partie > non touci
A L L 71
à-fiik au commencement, m^ à l'endroit
où cft marqué le renvoi.
ALLA BREVE. Terme Italien qui mar-
que une forte de Mefure à deux Tems fort
vite , & qui fo note pourtant avec une Ronde
ou femi-breve par Tems. Elle n*eft plus gué-
res d'ufàge qu'en Italie , & feulement dans
la Mufique d'Eglife. Elle répond affèz à
ce qu'on appelloit en France du Gros-fa. .
ALLA ZOPPA. Terme Italien qui an-
tionce un mouvement contraint , & fynco-
pant entre deux Tems , (ans fyncoper entre
deux Mefures ; ce qui donne aux Notes une
marche inégale & comme boîteufe. C'eft
un avertifïèment que cette même marche
continue ainfi jufqu^à la fin de l'Air.
ALLEGRO 5 adj, pris adverbialement. Ce
mot Italien écrit à la tête d'un Air indique ,
du vite au lent , le fécond des cinq princi-
f)aux degrés de Mouvement diftingués dans
a Mufique Italienne. Allegro , fignifie gai \
& c'eft aufïî l'indication d'un mouvement
gai , le plus vif de tous après le prefio. Mais
il ne faut pas croire pour cela que ce mou-
vement ne foit propre qu'à des fujets gais 5
il s'applique fouvent à des transports de fu-
reur , d'emportement & de défefpoir , qui
n'ont rien moins que la gaieté. ( Voyez
MoUVEMENT.^)
Le diminutif -4/ egre//o indique une gaieté
plus modérée, un peu moins de vivacité
dans la Mefure.
ALLEMANDE , / f. Sorte d'Air ou de
Pièce de Mufique dont la Mufique cfl à
7x A L L
quatre Tcms & fc bat gravement. Il paroît par
fon nom que ce cari6kere d'Air nous eft venti
d'Allemagne , quoiqu'il n'y foie point connu
du tout. L'Allemande en Sonate eft par-tout
vieillie , & à peinelesMuficiens s'en fcrvent-
îls aujourd'hui : ceux qui s'en fervent encore,
lui donnent un mouvement plus gai,
ALLEMANDE, eft auffi l'Air d'une
Danfe fort commune en Suifle & en Alle-
magne. Cet Air , ainfi que la Danfe , a beau-
coup de gaieté : il fe bat à deux tems.
ALTUS. (Voyez Haute-Contre.)
AMATEUR , celui qui , fans être Mufî-
cîen de profeflion , fait fa partie dans un
Concert pour fbn plaifir & par amour pour
la Mufique.
On appelle encore Amateurs ceux qui ,
fans favoir la Mufîque , ou du moins fans
l'exercer , s'y connoiflcnt , ou prétendent
s'y connoître , & fréquentent les Concerts.
Ce mot eft traduit ae l'Italien Dilettante.
AMBITUS , / m. Nom qu'on donnoic
autrefois à l'étendue de chaque Ton ou
Mode du grave à l'aigu : car quoique l'é-
tendue d'un Mode fût en quelque manière
fixée à deux Oûaves , il y avoit des Modes
îrréguliers dont VAmbitus excédoit cette
étendue , & d'autres imparfeits où il n'y
arrivoit pas.
Dans le Plaîn-Chant , ce mot eft encore
ufité : mais VAmbitus des Modes parfaits n'y
eft que d'une 06bve : ceux qui la paffent
s'appellent Modes fuperflus\ ceux qui n'y ar-
rivent pas , Modes diminués. (Voyez Modes 3
Tons de l'Eglise. )
^A MO 73
AMOROSO. (Voyez Tendremint, )
ANACAMPTOS. Terme de la Mufiquc
Grecque , qui fignifie une fuite de Notes
rétrogrades , ou procédant de 1 aigu au grave ;
c'eft le contraire de VEuthia. Une des par-
ties de l'ancienne Mélopée portoit auui le
nom à^Anacamptofa. (Voyez Mélopée.)
ANDANTE, adj. pris fûbfiantivement. Cc
mot écrit à la tête d'un Air défigne , du
lent au vite , le troifieme des cinq princi-
)>aux degrés de Mouvement diftingués dans
a Musique Italienne. Andante eft le Parti-
cipe du verbe Italien Andare , aller. Il ca-
jaftérife un mouvement marqué fans être
gai , & qui répond à-peu-près à celui qu'on
défigne en François par le mot Gracieufe--
ment. (Voyez Mouvement. )
Le diminutif Andantino , indique un
peu moins de gaieté dans la Mefure : ce
qu'il faut bien remarquer , le diminutif
Larghetto fignifiant tout le contraire (Voyez
Largo. )
ANONNER , V. n. C'eft déchiffrer avec
Î)eine & en héfitant la Muiique qu^on a fous
es yeux.
ANTIENNE , //. En Latin , Antiphona.
Sorte de Chant ufité dans l'Eglife Catho-
lique.
Les Antiennes ont été ainfi nommées parce
que dans leur origine on les chantoit à deux
chœurs qui (c répondoient alternativement ,
& l'on comprenoit Ibus ce titre les Pfeau-
mts & les Hymnes que l'on chantoit dans
l'Eglife. • Ignace , Difciple des Apôtres , a
été, félon Socrate , l'Auteur de cette manière
74 A N T
de chafttcf parmi les Grecs , & Amtrwfe l^a
întrodoite dans TEglife Latine. Théodorct
en attribue l'invention à Diodore & à Flavien,
Aujourd'hui la (ignification de ce terme
cft reftreinte à certains paflàges courts tirés
cje l'Ecriture, qui conviennent à la ¥èie
qu'on célèbre , & qui précédant les Pfeau-
mes 6c Cantiques, en règlent rintonadon.
L'on a auflî confervé k nom à* Antiennes
à quelques Hymnes qu'on chante en l'hon-
neur de la Vierge, telles que ReginacûtU;
Salve Regina , ùc,
ANTIPHONIE,//. Nom que donnoîent
les Grecs à cette cfpece de Symphonie qui
s'exécutoit par diverfcs Voix ou par divers
Inftrumens à l'Odave ou à la double Oûavc,
par oppofition à celle qui s'exécutoit au (im-
pie Unidbn, &qu'ib appelloient Homophonie.
X Voyez Symphonie , Homophonie, )
Ce mot vient d'A'wl , contre , & de ^(wi^ »
voix y comme qui diroit , oppofition de voix.
ANTIPHONIERou ANTIPHONAIRE,
f.m. Livre qui contient en Notes les Antien-
nes & autres Chants dont on ufe dans l'Eglife
Catholique.
APOTHETUS. Sorte de Nom propre
aux Flûtes dans l'ancienne Mufique des Grecs.
APOTOME ,f.m.Cc qui rcftc d'un Ton
majeur après qu'on en a retranché un X//n-
ma y qui eft un Intervalle moindre d'un
Comma que le femi-Ton majeur. Par con-
féquent , \*Apotome cft d'un Comma plus
grand que le femi-Ton moyen. (Voyez Com-
ma j Semi-Ton.)
A P P 7j
Les Grecs , qui n'ignoroîettt pas que le
Ton majeur ne peut y par des divifions ratîo-
nclles , (é partager en deux parties égales , le
partageoient inégalement de plufieurs maniè-
res. (Voyez Intervalle. )
De l'une de ces divifions , inventée par
Pythagore , ou plutôt par Philolaiis Ion
Pifciple , réfultoit le Dièfe ou Limma d'un
côté , & de Tautre tApotome , dont la raî^
fon eft de 1048 à 1187,
La génération de cet Apotome fe trouve à
la Septième Ouinte ut Dièfe en commençant
par ut naturef: car la quantité dont cet ut
Dièfe furpaflè Yut naturel le plus rapproché ,
eft précilément le rapport que je viens de
marquer.
Les Anciens donnoient encore le même
«om à d'autres Intervalles. lîs appelloient
Apotome majeur un petit Intervalle que M,
Rameau appelle Quart-^de-Ton enharmoni-
que a lequel elt formé de deux Sons en raifon
de 125 à 118.
Et ils appelloient Apotome mineur Tlnter-
valle de deux Sons en raifon de 2015 à
ZO48 : Intervalle encore moins fenfible à
Poreille que le précédent,
Jean de Mûris & fes Contemporains , don-
nent par-tout le nom d' Apotome au femi-Ton
mineur , & celui de Dièfe au femi-Ton ma-
jeur.
' APPRECIABLE, adj. Les Sons Apprécia-^
hles font ceux dont on peut trouver ou (txv*
tir rUniflon & calculer les Iiîtervalles. M.,
Euler dpnne une efpace de huit Octaves de-*
7< À pr
puis le Son le plus aigu jufqu'au Son le plu^
g- ave apprkiabies à notre oreille : mais ces
Sons extrêmes n'étant guéres agréables , on
ne f adè pas communément dans la pratique
les bornes de cinq Odbves, telles que les don-
ne le Clavier à Ravalement. Il y a au(Iî un
de>^ré de force au-delà duquel le Son ne
peut plus s'Apprécier. On ne fauroit Appré^
, cier le fon d'une groflè cloche daAs le clo-
cher même ; il faut en diminuer la force en *
s'éloignant , pour le diftinguer. De même les
Sons d'une voix qui crie , ccflcnt d'être Ap"
pr^ci bLs ; cVft pourquoi ceux qui chanienc
fort font (u)ets à chanter faux. A l'égard dn
Bruit , il ne s'Apvrkit jamais \ & c'eft ce qui
fait fadiffcrencea avec le Son. (Voyez Bruit
& Son.
APYCNI , adj. plur. Les Anciens appct
loient ain(î dans les Genres épais trois des
huit Sons ftables de leur Syfteme ou Dia-
gramme > lefq^eU ne touchoient d'aucun
côté l<s Intervalles ferrés ; favoir , la Pxof-
lambanomene , la Néte Synnéménon , £c la
Nécc Hypcrboléon.
Ils appelloient auilî Apycnos ou non épais
le Genre Diatonique , parce que dans les Te-
tracordeb de ce Genre la fomme des deux pre-
miers Intervalles étoit plus grande que le
troidcme. ( Voyez Épais , Genre » Son ,
Tf.tr ACORDE. )
AKBITRIO. ( Voyez Cadenza.)
A RCO , Archet , / m. Ces mots Italiens
Co/2 i'Arcoy nrarquent qu'après avoir pincé
les cordes , il faut reprendre ÏArcha à l'en-
droit où ils foiu écrits.
A RI 77
ARIETTE,/: f. Ce dimînurif,vcnu de Plta-
lîcn , fignifie proprement petit Air \ mais le
fens de ce mot eft changé en France , Se
l'on y donne le nom àî Ariettes à de grands
morceaux de Mufique d'un mouvement pour
l^ordinaire affèz gai & marqué , qui fe chan-
tent avec des Accompagnemens de Sympho-
nie y ôc qui font communément en Rondeau.
( Voyez Air , Rondeau. )
ARIOSO, adj.pris adverbialement. Ce mot
Italien à la tête d'un Air , indique une ma-
nière de Chant (butenue , développée , &
afFeélée aux grands Airs.
ARISTOXÉNIENS. Sede qui eut pour
Chef Ariftoxène de Tarente, Diuriple d'Arif-
tote , & qui étoît oppofée aux Pythagoriciens
fur la Mefure des Intervalles & fur la ma-
nière de déterminer les rapports des Sons ;
de forte que les Arijhxéniens s'en rapportoient
uniquement au -jugement de l'oreille , & les
Pytnagoriciens à la préciiîon du calcul. ( Voy,
Pythagoriciens. )
ARMER LA CLEF. C'eft y mettre le
nombre de Dièfes ou de Bémols convenables
au Ton & au Mode dans lequel on veut
écrire de la Mufique. ( Voyez Bémol Clef ,
DiisE. )
ARPÉGER , V. n. C'eft faire une fuite
d'arpèges. ( Voye[ l'article fuivant, )
ARPEGGIO , ARPÈGE , ou ARPÉGE-
MENT, f. m. Manière de feire entendre
fuceflîvement & rapidement les divers Sons
d'un Accord , au lieu de les frapper tous à
la ibis. '
7» A R P
Il y a des Inftrumcns fur lerquek on t\6
peut former un Accord plein qu'en Arpégeant J
tels font le Violon , le Violoncelle > la Viole ^
& tous ceux dont on joue avec l'archet 5
car la convexité du chevalet empêche que
Tarchet ne puifle appuyer à la fois fur toutes
les cordes. Pour former donc des Accords
fur ces Inftrumens , on eft contraint d'Arpé-
ger , & comme on ne peut tirer qu'autant
de Sons qu'il y a de cordes , Y Arpège du
Violoncelle ou du Violon ne fkuroit être com*
pofé de plus de quatre Sons. Il faut pout
Arpéger que les doigts (oient arrangés chacun
fur fa corde , Se que Y Arpège fe tire d'un
fèul & grand coup d'archet qui commence
fortement fur la plus grofle corde , & vien«
ne finir en tournant Se adouciflant fur U
Chanterelle. Si les doigts ne s'arrangeoient
fur les cordes que fucceftivement , ou qu'od
donnât plufieurs coups d'archet ^ ceneieroic
plus Arpéger 5 ce feroit paÛèr très-vîte plu*
fleurs Notes de fuite.
Ce qu'on 'feit furie Violon par néceilîté j
on le pratique par goût fur le Clavecin. Com-»
me on ne peut tirer de cet Inftrument que
des Sons qui ne tiennent pas , on eft obligé
de les refrapper fur des Notes de longue du-
rée. Pour faire durer un Accord plus long-
tems y on le frappe en Arpégeant , conmicn*
çant par les Sons bas , & oofervant que les
doigts qui ont frappé les premiers ne quit-
tent point leurs touches que tout Y Arpège ne
foit achevé , afin que l'on puidè entendre à
la fois tous les Sons de l'accord. ( Voyetf
ACCOMPACNEMENT. )
A R s 79
\Arpeggio cft un mot Italien qu'on a fran«
cifé dans celui à' Arpège. Il vient du mot
Arpa y à caufe que c'eft du jeu de la Har«
pe qu'on a tiré l'idée de YArpfgemenu
ARSIS & THESIS. Termes de Mufiquc
& de Profbdie. Ces deux mots font Grecs.
Arfis vient du Verbe «<p« toUo y j'élève , &
marque l'élévation de la voix ou de la miin;
j'abaiflèment qui fuit cette élévation eft ce
qu'on appelle ^i<riç , depofaio , remijjio.
Par rapport donc à la Mefure , per Arjut
figniâe , en levant , ou durant le premier tenu ;
per Thefin , en baijfant , ou durant le dernier
zems. Sur quoi l'on doit obferver que notre
manière de marquer la Mefure eft contraire
à celle des Anciens ; car nous frappons le
premier tems ^ levons le dernier. Pour
oter toute équivoque , on peut dire qa Arfis
indique le tems fort , & Tàejis le tems foi^
ble. ( Voyez Mesure , Tems , Battre la
Mesure. )
Par rapport à la voix , on dît qu'un Chant ,
un Contre-Point, luie Fugue, font per Thefin , ^
quand les Notes montent du grave à l'aigu ;
per Arfin , quand elles defcendent de l'aigu
au grave. Fugue per Arfin Se Thefin , eft
celle qu'on appelle aujourd'hui Fugue ren-
Ter(ee ou Contre-Fugue, dans laquelle la
réponfe Ce fait en fens contraire j c'eft-à-
dire , en defcendant fi la Guide a monté ,
& en montanciî la Guide a de(cendu.*( Voyez
Fugue. )
ASSAI. Advcrbeaugmentatif qu'on trouve
aflèz fpuvenc joint au mot qui indique le
8o A U B
mouvement d'un Air. Ainfi prefo Aff(ai\ îargé
AJfai^ fignifient/orr v//e, fort lent. L'Abbé Brot
fard a fait fur ce mot une de fes bévues ordi*
naires y en fubftituant à Ton vrai & unique
fens celui A'unefage médiocrité de lenteur ou
de vitejfe. U a cru c^yxAJfai fîgnifioit j^. Sur
quoi Ton doit admirer la finguliere idée qu'a
eu cet Auceur de préférer , pour (on voca-
bulaire y à fa langue maternelle une langue
étrangère qu'il n'entendoit pas.
AUBADE ,/. f. Concert de nuit en plein
air fous les fenêtres de quelqu'un. ( Voyea&
Sérénade. )
AUTHENTIQUE ou AUTHENTE, adu
Quand TOftave (e trouve divifée harmonî-
quement ^ comme dans cette proportion 6»
4 : ; . c'eft - à-dire ^ quancUa Quinte eft au*
i;rave , & la Quarte à l'aigu , le Mode ou
e Ton s'appelle Authentique ou Authente ;
à la différence du Ton Plagal où l^Odbive eft
divifée arithmctiquement , comme dans cette
proportion 4. ^ . i : ce qui met la Quarte
au grave & la Qiiinte à Paigu.
A cette explication adoptée par tous les
Auteurs , mais qui ne dit rien > j'ajouterai la
fuivante; le Leâeur pourra choifir.
Quand la Finale d'un Chant en eft aufli la
Tonique , & que le Chant ne defccnd pas
jufqu'à la dominante au - deflbus , le Ton
s'appelle Authentique : mais fi le Chant def-
cend ou finit à la Dominante , le Ton eft
PlaeaL Je prends ici ces mots de Tunique Sc
de Dominante dans l'acception muficale.
Ces différences à' Authente ôc de Plagal pe
s'ob£arycnc
A U T
8x
s'obfèrvent plus que dans le PUin-Chant;
& , (bit qu^on place la Finale au bas du
Diapafbn^ ce qui rend le Ton Authentique i
ibit qu on la place au milieu , ce qui le rend
JPlcgaly pourvu qu^au furplus U Modula»»
^on ibic régulière , la Mufique modetne
admet tous les Chants comme Atuhentiques
également , en quelque lieu du Diapafbn que
puiflè tomber la Finale. (Voyez Mode.)
Il y a dans les huit Tons de l'Eglife Ro-
maine , quatre Tons Authentiques'^ lavoir, le
premier, le troiûeme , le cinquième & le
iepdeme. ( Voyez Tons de l'Église. )
On appelloit autrefois Fugue Authentique ^
celle dont le fujet procédolt en montant >
mais cette dénomination n eft plus d'ufage*
Di3. de Mufique. Tome Ii
*i BAL
B
B
faji, ou ^fab mi ou fimplcmcnt B. Nom
du feptitme Son de la Gamme de rArétin ,
pour lequel les Italiens & les autres Peuples
de l'Europe répètent le B , difant B mi quand
il eft naturel , B/i quant il cft Bémol \ mais
les François l'appellent Si. ( Voyez. Si. )
B Mol. ( Voyez Bémol. )
B Quarre. ( Voyez BÉquarre. )
BALLET , /. m. Aftion théâtrale qui fe
repréfente par la Danfè guidée par la Mu— •
fique. Ce mot vient du vieux François Bat
1er y danfer , chanter , fe réjouir.
La Mufique d'un Ballet doit avoir encore
plus de cadence & d'accent que la Mufique
vocale , parce qu'elle eft chargée de figniner
plus de chof's , que c'eft à elle feule d'inf.
pirer au Danfeur la chaleur & l'expreiCon
que !e Chanteur peut tirer des paroles , &
qu'il faut , de plus , qu'elle fupplée , dans
le langage de l'ame & des pâmons , tout
ce que la Danfe ne peut dire aux yeux du
Spcclateur.
hûlLt eft encore le nom qu'on donne en
France à une bizarre forte d'Opéra , où la
Dnnic n'cft guercs mieux placée que dans
leî> autn-s , & n'y fait pas un meilleur effet.
Dans la plupan de ces Ballets , les Aftcs for-
inei:t autant de fujeis diiférens liés feulement
ciitre eux par quelques rapports généraux
BAL 8^
étrangers à laâion, & que le Speftateuc
n'appercevroit jamais, fi l'Auteur n avoit foin
de l'en avertir dans le Prologue.
Ces Ballets contiennent d'autres Ballets
qu'on appelle autrement DivertiJfemensoMFé^
tes. Ce font des fuites de Danfes qui fe fuc-
cedentfansfujet, ni liaifon entre elles, ni avec
l'aâion principale , où les meilleurs Danfeurs
ne (avent dire autre chofe finon qu'ils danfent
bien« Cette Ordonnance peu théâtrale fuffic
3pour un Bal où chaque Adeur a rempli fon
objet lorfqu'il s'eft amufc lui-même , & où
l'intérêt que le Speibteur prend aux perfon-
nés le difpenfe d'en donner à la chofe j mais
ce défaut de fujet &c de liaifon ne doit jamais
être fouffert fur la Scène , pas même dans
la repréfentation d'un Bat, où le tout doit être
lié par quelque a£tlon fecrette qui foutienne
l'attention & donne de l'intérêt au Spec-
tateur. Cette adreflè d'Auteur n'cft pas fans
exemple , même à l'Opéra François , & Ton
en peut voir un très- agréable dans les Fêtes
Vénitiennes y hOot du Bal.
En général , toute Danfe qui ne peint rien
qu'elle-même , & tout Balkt qui n eft qu'un
Bal , doivent être bannis du Théâtre lyrique.
£n e£Fet , l'aâion de la Scène eft toujours
la repréfentation d'une autre aâion , & ce
qu'on y voit n'eft que l'image de ce qu'on
, y fuppofe \ de forte que ce ne doit jamais
être un tel ou un tel Danfcur qui fe pré-
fente à vous , mais le perfonnage dont il eft
jevêtu. Ainfî , quoique la Danlè de Société
puille ne rien repréfcnter qu'elle-même , la
Fi
' »
«4 BAL
Danfe théâtrale doit néccflàîrenicnt Arc l'imi-
tation de quelque autre chofe , de même
que l'Adeur chantant repréfcnte un hommfc
qui parle , & la décoration d'autres lieux que
ceux qu elle occupe.
La pire forte de Ballets eft celle qui
roule fur des fujets allégoriques & où par
conféqucnt il n'y a quïmitation d'imitation.
Tout l'art de ces forces de Drames conftfte
à préfenter fous des images fen/îbles des
rapports purement intellcûueb , 8c à faire
pcnfer au Speâateur toute autre chofe que
ce qu'il voit , comme fi , loin de rattacher
à la Scène 5 c*étoit un mérite de l'en éloi-
gner. Ce genre exige d'ailleurs , tant de fub-
tilité dans le Dialogue , que le Muficien fc
trouve dans un Pays jperdu parmi les poin^-
res , les allufions & les épigrammes , tan-
dis que le Speâateur ne s'oublie pas un mo-
ment : comme qu'on faflè , il n'y aura ja-
mais que le fentiment qui puiiïè amener
celui-ci fur la Sccne Se l'identifier , pour
aînfi dire , avec les Afteurs ; tout ce qui
n'cft qu'intelledkucl l'arrache à la Pièce , 6c
le rend à lui-même. Aulfi voit-on que les
Peuples qui veulent & mettent le plus d'eC-
prit au Théâtre , font ceux qui fe foucient
le moins de l'illufion. Que fera donc le
Muficien fur des Drames qui ne donnent
aucune prife à fon Art ? Si la Mufique ne
peint que des (cntimens ou des images , com-
ment rendra-t-elle des idées purement mé-
raphyfiqucs , telles que les allégories > où
l'cfphc eft ians ceiTc occupé du rapport des
BAR
objets qu'on lui préfcntc avec ceux qu'on veut
lui rappeller?
Quand les Compodceurs voudront réflé-
chir fur les vrais prindpes de leur Arc , ils
mettront, avec plus de di(cernement dans
le clioix des Drames dont ils fè chargent ,
plus de vérité dans Texpredioii de leurs fu-
jets , & quand les paroles des Opéra diront
quelque chofe > la Muiique apprendra bien*
toc à parler,
BARBARE, adj. Mode Barbare. ( Voyez
Lydien. )
BARCAROLLES,/. /. Sorte de Chanfons
en Langue Vénitienne, que chantent les Gon-
doliers à Vtfnife. Quoique les Airs des Bar^
corolles foient (aies pour le Peuple , & fou-
vent compoCés par les Gondoliers mêmes,
ils ont tant de mélodie & un accent (i agréa-
ble , qu'il n'y a pas de Mufîcien dans toute
ritalie qui ne fe pique d'en favoir & d'en
chancer. L'entrée gratuite qu'onc les Gondo-
liers à cous les Théâtres , les mec à portée
de fe former fans frais l'oreille & le goûc ;
de force qu'ils compofent & cliantent leurs
Airs en gens qui , fans ignorer les fineffes de
la Mufique, ne veulent point altérer le g^nrc
fîmple & naturel de leurs Barcarolles. Les
paroles de ces Chanfons font communément
plus que naturelles , comme les converfa-
tions de ceux qui les chantent : mais ceux
à qui les peintures fidelles des mœurs du Peu-
ple peuvent plaire , & qui aiment d^ailleurs
le Diale£ke Vénitien, s'en paflîonnent fecile-
znent , féduits par la beauté des Airs j de
F3
8^ BAR
forte que pluficurs Curieux en ont de très-*
amples recueils.
N'oublions pas de remarquer à la gloire
du Tafie , que la plupart des Gondoliers fa-
vent par cœur une grande partie de fon
Poème de la Jérufakm délivrée , que plusieurs
le favent tout entier ^ qu'ils paflent les nuits
d'été fur leurs barques à le chanter alterna-
tivement d'une barque à l'autre, que c*eft
aflurémcnt une belle Barcarolle que le Poème
du Taflc ,• qu'Homère feul eut avant lui
l'honneur d'être ainH chanté y & que nul
autre Pocme Épique n'en a eu depuis un
pareil.
BARDES. Sorte d'hommes très-fingu-
liers & très-refpeâés jadis dans les Gau-
les , Icfquels ctoient à la fois Prêtres , Pro-
phètes , Poëres & Muficiens.
Bochard fait dériver ce nom de Parât ,
chanter ; & CaïAdtn convient avec Feftus
que Barde fignific un Chanteur , en Celti-
que Bord.
BARIPYCNI , adj. Les Anciens appel-
aient ainii cinq des huit Sons ou cordes
ftables de leur lyftême ou Diagramme ; la-
voir , THypaté-Hypaton , l'Hypaté-Méfbn ,
la Mcfe , la Paramèfe , & la Ncté - Diè-
zeugménon. ( Voyez Pycni , Son , Tetra-
corde. )
BARYTON. Sorte de voix entre la Taille
ic la Baflc. ( Voyez Concordant. )
BAROQUE. Une Mufique Baroaue eft
celle dont l'Harmonie eft confu(ê , cnargée
de Modulations & DilIbnanceSj le Chanc
\
BAR Î7
dur & pw naturel , l'Intonation difficile , le
le Mottvement contraint.
Il y a bien de l'apparence que ce terme
vient du Baroco des Logiciens,
BARRÉ , C barré , fone de Mefure.
{ Voyez C. )
BARRES. Traits tires perpendiculairement
à la fin de chaque Mefure > fur les cinq lignes
de la Portée , pour fcparer la Mefure qui
finit de celle qui recommence. Ainfi les No-
tes contenues entre deux Barres forment
toujours une Mefure complette y égale en
valeur & en durée à chacune des autres Me«
fures comprifes entre deux autres Barres ,
tant que le Mouvement ne change pas : mais
comme il y a plufieurs fortes de Mefures qui
différent confîdérablement en durée , les mô-
mes différences fe trouvent dans les valeurs
contenues entre deux Barres de chacune de
ces efpeces de Mefures. Ainfî dans le grand
Triple qui fe marque par ce fîgne | & qui
fe bat lentement , la fbmme des Notes com-
prifes entre deux Barres doit faire une Ron-
de & demie ; & dans le petit triple \ , qui
ie bat vite , les deux Barres n'cuf«frment que
trois Croches ou leur valeur : de f >rte que
huit fois la valeur contenue entre deux Bar^
res de cette dernière Mefure, ne font quune
fois la valeur contenue entre deux Barres
de l'autre.
Le principal ufage des Barres eft de dif-
tînguer les Mefures 6c d'en indiquer 1^ Frap^
pé , lequel fe fait toujours fur b Note qui
fuit immédiatement la Barre. £11 s fervent
F4
S8 BAS
«•i{n diins les Partitions à montrer les Mefu«
.^er corn fpondantcs dans chaque Portée.
( Voyez Partition, )
il n'y a pas plus de cent ans qu'on s'eft
avift de tirer des Barres de Mefure en Me-
fure. Auparavant la Mufique ëtoit fîmple ;
on n'y voyoit gueres que des Rondes • des
fibnches & des Noires , peu de Croches ^
prefque jamais de Doubles-Croches. Avec
des diviuons moins inégales , la Mefure en
étoit plus aifée à fuivre. Cependant fai va
nos meilleurs Muflciens emnarrafC^ à bien
exécuter l'ancienne Mufique d'Orlande & de
Claudin. Ils fe perdoient dans la Mefure »
faute des Barres auxquelles ils étoient accou-
tumés , & ne fuivoient qu'avec peine des
Parties chantées autrefois couramment pat
les Muficicïisde Henri III & de Charles IX.
BAS , en Mufique , fignifie la même chofc
que Grave , ic ce terme eft oppofé à haut
ou aigu. On dit ainfi que le Ton eft trop
bas 9 qu'on chante trop bas y qu'il faut ren-
forcer les Sons dans le bas. Bas fignifie auffî
quelquefois doucement, à demi- voix j &
en ce fens il eft oppofé ^fort. On dit parler
bas , chanter ou plàlmodier à Bajfe - voix.
Il chintoic ou parloit fi bas qu'on avoit peine
à Icntcndre.
Coulez fi lentement & murmurez fi ^4/ ,
Qu^Iin ne vous entende pas.
Bas fe dit encore , dans la fubdivifion des
Deflùs chantant , de celui des deux qui eft
BAS 89
mi-de(Iôus de l'autre ; ou , pour mieux cîî-
re y Sas'Dtffxx^ eft un Deflus dont le Dia-
pason efl: au-de(ïbus du Médium ordinaire.
( Voyez Dessus. )
BASSE. Celle de quatre Parties de la
Mufique qui efl: au-«de(Ibus des autres , la
plus oaSc de toutes ^ d^où lui vient le nom
de Bajfe. (Voyez Partition. )
La Bafe tft la plus importante des Par-
ties, c*eft fur elle que s'éublit le corps de
THârmonie -, auflî eft-ce une inaxîme chez
les Muficiens que > quand la Bajfe e(l bon-
ne^ rarement THarmonie eft mauvaifè.
Il y a plusieurs ibrtes de Baffes. Baffe-
fondamentale ^ dont noUs ferons un Article
ci-après.
Bafft'Continue : aînfi appellée, parce qu'elle
dure pendant toute la Pièce. Son principal
ufàge , outre celui de régler l'Harmonie , efl:
de fbutenir la Voix & de conferver le Ton.
On prérend que c'cft un Ludovico Viana ,
dont il en refte un Traité , qui , vers le com-
mencement du dernier fiecle , la mit le pre-
mier en u(âge.
Baffe-figurée^ qui, au lieu d'une feule Note,
en partage la valeur en pluiieurs autres No-
tes fous un même Accord. ( Voyez Harmo-
nie-figurée. )
Baffe-contrainte, dont le fujet ou le Chant,
borné à un petit nombre de Mefures, comme
quatre ou huit , recommence fans ce(Tè ,
tandis que les Parties fupérieures pourfui-
vent leur Chant & leur Harmonie , & les
/varient de difFérentes manières. Cette Baffe
90 BAS
appartient orîgînaîremcnt aux Couplets éé
la Chaconne y mais on ne s'y aflervit dIui
aujourd'hui, La Baffe-contrainte dcfccndant
diaconiquement ou chromaciquement & avec
lenteur de la Tonique ou de la Dominante
dans les Tons mineurs , cft admirable pour
les morceauk pathétiques. Ces recours fré-
qucns & périoaic^uesaffcftentinfenfiblemcnt
l'ame , & la dilpofent à la langueur & à
la triftefle. On en voit des exemples dans
pludeurs Scènes des Opéra François. Mais
fi ces Baffes font un bon effet à l'oreille ,
il en eft rarement de même des Chants qu'on
leur adapte , & qui ne font « pour l'ordi«
naire , qu'un véritable accompagnement.
Outre les modulations dures & mal amenées
qu'on y évite avec peine , ces Chants , re-
tournés de mille manières & cependant mo-
notones , produifent des renverfcmens pca
harmonieux & font eux-mêmes a(Ièz peu
chantans, en forte que le Deflîis s'y rcf-
fent beaucoup de la contrainte de la Baffe.
Biffe- chantante eft lefpece de Voix qui
chante la Partie de la Bafle. Il y a des Baffes»
récitantes & des Baffes- de- Chaur ; des Con-
cordans ou Baffe- tailles , qui tiennent le mi-
lieu entre la Taille & la Baffe ; des Baffes pro-
prement dites , que l'ufage fait encore appcUcr
Baffe-tailles , & enfin des Baffes - Contres les
f)lus graves de toutes les Voix , qui chantent
a Baffe fous la Baffe même , & qu'il ne feut
pas confondre avec les Contre- baffes , qui font
des Inftrumens.
) BASSE-FONDAMENTALE , cft celle
BAS 91
qui n*eft formée que des Sons fondaracn-
•taux de l'Harmonie ; de forte qu'au-delTous
de chaque Accord elle fait entendre le vrai
Son fondamental de cet Accord, c'eft-5^
dire celui duquel il dérive par les règles de
IT-Iarmonie. Par où ron voit que la Baffes
fondamentale ne peut avoir d'autre contex-
ture que celle d'une fucceflîon régulière &
fondamentale , fans quoi la marche des Par«
lies fupérieures feroit mauvaife.
Pour bien entendre ceci, il faut (avoir
que , (clon le fyftémede Mi Rameau que j'ai
wivi dans cet Ouvrage , tout Accord , quoi«
que formé de plufieurs Sons , n'en a qu'un
qui lui foit fondamental ; fivoir , celui qui a
produit cet Accord & qui lui fert de Baffe
dans l'ordre direft & naturel. Or, la Bajfe qui
règne fous toutes les autres Parties n'exprime
pas toujours les Sons fondamentaux des Ac-
cords : car entre tous les Sons qui forment
un Accord , le Gjmpofiteur peut porter à
la Baffe celui qu'il croit préférable , eu égard
à Ja marche de cette Baffe , au beau Chant ,
& fur-tout à l'expreflîon , comme je l'ex-
pliquerai dans la fuite. Alors le vrai Son
fondamental , au lieu d'être à fa place natu-
relle qui eft la Baffe , fe tranfporte dans les
autres Parties , ou même ne s'exprime point
du tout; & un tel Accord s'appelle Accord
renverfé. Dans le fond, un Accord renvcrfé
ne diffère point de l'Accord dire£t qui la
produit j car ce font toujours les mêmes
Sons : mais ces Sons formant des combinai-
fons différentes, on a long-tems pris toutes
91 Ë A S
CCS combînaUbns pour autant d* Accotas fon-
damentaux > & on leur a donné difFérem
noms qu'on peut voir au mot Accord , &
qui ont achevé de les diftinguer , comme
n la différence des noms en produifbit réel-
lement dans refpecc.
M. Rameau a montré dans fon Traité de
l'Harmonie > & M. d'Alembert , dans fes
Élémens de Mufique , a fait voir encore plus
clairement que ptuiîeurs de ces prétendus
Accords n'étoient que des renverfemens d^un
fcul. Ainfi l'Accoid de Sixte n*eft qu'un Ac-
cord parfait dont la Tierce efl tranfportée à la
JSaJfe ; en y portant la Quinte , on aura l'Ac-
cord de Sixte-Quarte. Voilà donc trois com-
binaifons d'un Accord qui n'a que trois Sons)
ceux qui en ont quatre font uifceptibles de
quatre combinaifons,chaque Son pouvant être
porté à la Baffe. Mais en portant au-deflous de
celle-ci une autre JScJjfe qui , fous routes les
combinaifons d'un même Accord , préfoite
toujours le Son fondamental , il cft évident
qu'on réduit au tiers le nombre des Accords
confonnans > & au quart le nombre des difïb-
nans. Ajoutez à cela tous les Accords par fup-
pofition qui fe réduifcnt encore aux mêmes
fondamentaux, vous trouverez l'Harmonie
lîmplifîée à un point qu'on n'eût jamais ef-
pérc dans l'état de confufion où étoient fc$
règles avant M. Rameau. C'eft certainement ,
comme l'obfervc cet Auteur , une choie
étonnante qu'on ait pu poufïèr la pratique
de cet Art au point où elle cft parvenue fans
en connoicre le fondement , & qu'on aie
BAS ^;
cxadcmcnt trouvé toutes les règles Gins avoir
découvert le priiKipe qui les donne.
A-près avoir dit ce qu'cft la Baffe- fonda-^
msntalc fous les Accords , parlons maintft-
nanc de Ùl marche & de la manière donc
elle lie cts Accords entre eux. Les précep-
tes de PArt fur ce point peuvent Ce réduire
aux fix règles fuivantes.
I. La Baffe-fondameniak ne doit jamais
(bnner d autres Notes que celles de la Gam-
me du Ton où l'on eft , ou de celui où Ion
veut pailèr. Ced la première 6c la plus in-
difpenfàble de toutes (es règles.
n. Far la iêconde , fà marche doit étve
tellement foumifè aux loix de la Modulation,
quelle ne laillè jamais perdre l'idée d'un
Ton qu'en prenant celle d'un autre ; c*eft-à^
dire que la S afft- fondamentale ne doit jamais
être errante ni laifier oublier un moment
dans quel Ton l'on efl:.
III. Par la troifieme , elle eft aflîijettie à
la liaifon des Accords & à la préparation des
Diûbnances : prcpaxation qui n'eft , comme
îe le ferai voir , qu'un des cas de la liaifon »
& qui, {)ar conféquent , n'eft jamais nécef-
faire quand la liai(ibn peut exifter fans elle.
( Voyez Liaison , Préparer. )
IV. Par la quatrième, elle doit , après toute
Diflbnancc-jfui vre le progrès qui lui eft prcfcric
parla néceffité delà fauver. (Voy, Sauver.)
V. Par la cinquième , qui n'eft qu'une
fuite des précédentes , la Baffe-fondamentaU
ne doit marcher que par Intcrv;3lies con-
fonnans ^ fi ce n'^ feulement dans un aâ:e
<^4 BAS
de Cadence rompue , ou après un Accord
de Septième diminuée , qu'elle moniîe dia-
toniquemenc. Toute autre marche de la
Bqffe-fondamentak eft mauvaife.
VI. Enfin , par la (ixieme , la Bajfe-fori'm
damentale ou l'Harmonie ne doit pas fynco-
per, mais marquer la Mefure & les Tcms
par des changemens d'Accords bien caden*
ces 9 en (brte , par exemple , que les Di(G>«
nances qui doivent être préparées le foienc
fur le Tems foible > mais fur-tout que tous
les repos fe trouvent fur le Tems fort. Cette
fixieme règle fbufFre une infinité d'excep-
tions : mais le CompoHteur doit pounant y
fonger , s'il veut faire une MuHque où le
mouvement foit bien marqué^ & dont la Me-
fure tombe avec grâce.
Par- tout où ces règles feront obfèrvées »
l'Harmonie fera régulière & fans fautes ce
qui n'empêchera pas que la Mufîque n'en
puiffe être déteftable. ( Voyez Composi-
tion. )
Un mot d'éclaircîflTement fur la cinquie-
me règle ne fera peut-être pas inutile. Qu'on
retourne comme on voudra une Baffe-fon-'
damentale ; fi elle eft bien faite , on n'y trou-
vera jamais que ces deux chofes : ou des
Accords parfaits fur des mouvcmens con-
fonnans , lanslefqucls cts Accords n^auroient
point de liaifon , ou des Accords diflbnans
dans des aâes de Cadence -, en tout autre
cis la Diflbnance ne fauroit être ni bien
placée , ni bien fauvée.
Il fuit de-U que la Baffc-fondamentale ne
BAS 9f
^^t marcher rëgulicrement que d'une de
ces trois manières, j^. Monter ou defcendre
de Tierce ou de Sixte. i°. De Quarte ou
de Quinte. 3**. Monter diatoniquement au
moyen de la Didonance qui forme la liaifon»
ou par licence fur un Accord parfait. Quant
à la defcente diatonique , c'eft une marche
abfolument interdite à la Bajfe-fondumtntaky
ou tout au plus tolérée dans le cas de deux
Accords parfaits confécutifs ^ féparés par un
îxpr*
nt \
pas
tains pafTages , que M. Rameau a fait def-«
cendre dianotiquement la Baffe- fondamentale
fous des Accords de Septième ; ce qui ne
fc peut en bonne Harmonie. ( Voyez Ca-
dence , Dissonance. )
La Baffe- fondamentale y qu'on n'ajoute que
pour fervir de preuve à l'Harmonie , fe re-
tranche dans l'exécution , & fouvent elle y
feroit un fort mauvais effet \ car elle eft ,
comme dit très-bien M. Rameau, pour le
jugement & non pour l'oreille. Elle produi-
roit tout au moins une monotonie très-en-
nuyeufe par les retours fréquens du même
Accord qu'on déguife & qu'on varie plus
agréablement en le combinant en différen-
tes manières fur la Bafle - continue ; fans
compter que les divers renverfemens d'Har-
monie fourniflènt mille moyens de prêter
de nouvelles beautés au Chant , & une nou-
velle énergie à l'exprellîon. (Voyez Accord,
Renversement.) .
S6 BAS
Si la Baffe^fondamentak nerertpis à com^c
pofcr de bonne Muiique , me diu-c-on;
u même on doit la retxancher dans l'exéca-
cîon j à quoi donc eft-elie utile ? Je réiXHids
qu'en premier lieu elle (êrt de règle aux
Écoliers pour apprendre à former une har-
monie régulière & à^ donner à toutes les
Parties la marche diatonique & élémentaire
qui leur eft prefcrite par cette Baffe-fonda^
tntntale. Elle fert , de [dus , comme je i^ai déjà
dit , à prouver (\ une Harmonie déjà &ke
cft bonne & régulière \ car toute Harmonie
qui ne peut être (ôumife à une Baffe-fonda^
mentale eft régulièrement mauvai(è. £Ue fcrc
enfin à trouver une Ba(Ie-continue fous un
Chant donné , quoi<}u'à la vérité celui qui
ne faiura pas faire direâement une Bafle-*
continue ne fera gueres mieux une Baffcm
fondamentale^ & bien moins encore (aura-
t-tl transformer cette Baffe-fondamentale en
une bonne Ba(Iè- continue. Voici toutefois
les principales règles que donne M. Rameau
pour trouver la Baffe'jondamentaleà'm\Chzxit
donné.
I. S'affurer du Ton & du Mode par l'ef^
quels on commence , & de tous ceux par
où l'on paflè. Il y a aufli des redes pour cette
recherche des Tons , mais fi longues , fî
vagues , fi incomjJettes > que Toreille efl
formée ^ à cet égard , long-tems avant que
les règles foient appri(es , & que le ftupî*
de qui voudra tenter de les employer , n'y
gagnera que l'habitude d'aller toujours No-
te à NotCj fans jamais iâ^oir où Si eft.
IL
BAS 97
n. EfTayer fucceffivement fous chaque
Note les cordes principales du Ton , com-
mençant par les plus analogues , & paflanc
jufqu'aux plus éloignées > lorfque 1 on s*y
voit forcé.
III. G>nfidérer fi la corde choifie peut
cadrer avec le Deflùs dans ce qui précède ,
- & dans ce qui fuit par une bonne (uccefEon
fbndament^e , & quand cela ne fe peut ,
revenir fur fes pas.
IV. Ne changer la Note de Bajfe-fonda"
mentale que lorfqu'on a épuifë toutes les
Notes coniifcutives du Demis qui peuvent
entrer dans fon Accord , ou que quelque
Note (yncopant dans le Chant peut recevoir
deux ou plufieurs Notes de Ba(Ie , pour pré-
parer des DifIbnanCes (kuvées enluite régu-
{lérement.
V. Etudier l'entrelacement des Phra-
fes , les fiicceflions poflîbles de Caden-
ces , foit pleines , foit évitées , & fur-
tout les repos qui viennent ordinairement
<le quatre en quatre Mefures > ou de deux
en deux y afin de les faire tomber tou-
jours fur les Cadences parfaites ou irrégU-
lieres,
VI. Enfin , obferver toutes les règles don-
nées ci-devant pour la compofîtion de la
Saffe-fondàmentak. Voilà les principales ob-
fervations à faire pour en trouver une (bus
un Chant donné î car il y en a quelque-
fois plufieurs de trouvables : mais , quoi-
qu'on en puifle dire , fi le Chant a de r Ac -
cent & du Caraâere , il n'y a qu'une bonne
Di3. de Mafique. Tome I . G
9t -BAT
Sajfc-foaiamzn-ale qu'on lui puîfle adapter.
Après avoir cxpofé (bmmairemeni: la
manière de compofer une Baffe-fondamen-
iale y il re^eroit à donner ks moyens de la
transformer en Baflè-continue ; & cela feroit
facile , s'il ne faloic regarder qu'à la marche
diatonique & au beau Chant de cette Badè :
mais ne croyons pas que la Baflè qui eft
le guide & le foutien de l'Harmonie , l'ame ,
& , pour aind dire , l'interprète du Chant ,
fe borne à des règles fi fimples ; il y en a
d'autres qui naiflfent d'un principe plus fur
ic plus radical \ principe fécond , mais caché»
qui a été fenti par tous les Artiftes de gé^
nie , fans avoir été développé par perfonne.
Je penfè en avoir jette le germe dans ma
Lettre fur la Muiique Françoifè. J'en ai die
adez pour ceux qui m'entendent ; je n'en
dirois jamais aflèz pour tes autres. ( Voyez
toutefois UNirâ de Mélodie. )
Je ne parle point ici du Syftéme mgé^
nieux de M. Serre de Genève » ni de (à
double Baffe ' fondûmentak y parce qtie les
principes qu'il avoir entrevus avec une (àga-
cité digne d'éloges , ont été depuis dévelop*
pés par M. Tartini dans un Ouvrage dont je
rendrai compte avant la fin de celui-ci.(Voyez
Système. )
BATARD. Nothus. C'cft l'épithete don-
née par quelques-uns au Mode Hypo-
phrygien, qui a fa finale enyi, &conféquem-
ment fa Quinte fàufiè ; ce qui le retranche
des Modes authentiques : & au Mode
£olien> dont la finale ^tnfa^ &kiQ!atfie
BÂT 99
fiiperâue ; ce qui l'àcc dd nombn des Ma->
des plagaux,
BATON. Sorre de baure épaîflc qui ira»
Verfe pcrpendiCulaiiemettc une ou plufieurS
lignes de la Portée , & qui , fclon le nom*
hte des lignes qu'il embraflc, exprime une
plus grande ou moindre quantité de Mefit-
let qu'on doit palier en (îlence.
Ancicnnetn<-'nc ily avoit autant de fbtf :5 de-
Gâtons que d; diScreiiccs valeurs de Notes ,
depuis la Ronde qui vaut une McfurCj jus-
qu'à la Maxime qui en valoit huit , & doac
la durée en frlence s'évaluoii par un £Jioa
qui , partant d'une ligne , travcrfoir troi»
efpjces & alloit joindre la quatrième ligne.
Aujourd'hui le plus grand Sdton eft de
quatre Mefures : ce Si^ian , partant d'une
ligne , travcrfe la fuivante & va joindre la
iroiiîcme. ( Planche A. figure ît, ) On le
répète une fois , deux lois > autant de fois
qu'il &ut pour exprimer huit Mefures ,
ou douze , ou tout aucre multfple de
quatre , Ôc l'on ajoute ordinairement au*
deflus un chitfrc qui difpenfe de calcu*
1er la valeur de tous ces Bâtons. Ainû les
fignes couverts du chiffre 16 dans la rakmO
figure 12 , indiquent un lileilce de fcize Me
fures. Je ne vois pas trop à quoi bon C8
double figne d'une même chofe. Aulli lei
Italiens , à qui une plus grande praiiquO
de la Mulîque fuggere toujours les premiers
moyens d'en abréger les figncs , commen-
cent-ils à fuppiimer tes Bdioni , auxquels
ils fubiliuient Is cbiâte qui marque leoosi'
G >
ICO BAT
bre de Mefurcs à compter. Maïs une atten-
tion qu'il &ut avoir alors , eft de ne pas
confondre ces chiffres dans la Portée avec
d'autres chiffires fèmblables qui peuvent mar-
quer Tefpece de la Mefure employée. Ainfi ,
dans la figure 1 3 9 il faut bien diftinguer le
figne du trois Tenu d'avec le nombre des
Pau(ès à compter , de peur qu'au lieu de
5 1 Mefures ou Paufes > on n'en comptât
3^1.
Le plus petit Sdton eft de deux Mefo-
res y Se traverlânt un feul efpace , il s'étend
feulement d'une ligne à fà voifine. ( M/mt
Planche , figure il.)
Les autres moindres filences • comme
d^une Mefure , d'une demi-Memre , d*un
Tems } d'im demi-Tems , &c. s'exprimenc
par les mots de Fauje , de demi-Paufe , de
Soupir y de demi-Soupir , &c. ( Voyez ces
mots. ) Il eft aifé de comprendre qu'en
combinant tous ces ngnes, on peucexpri^
mer à volonté des Ulences d'une durée
quelconque.
Il ne hiut pas confondre avec les Bétons
des nicnces « d'autres Bâtons précifément
de même figure , qui , (bus le nom de Pau*
fes initiales, (êrvoient dans nos anciennes
Mufiques à annoncer le Mode y c^eft-à-dire
la Mefure y 6c dont nous parlerons au mot
Mode.
BATON DE MESURE , eft un Biton
fort court y ou même un rouleau de papier
dont le Maître de Mufique fê fen dans un
Concert pour régler k mouvement 6c mar-
BAT loi
qucr la Mefure & le Tcms. ( Voyez Bat-
tri LA MlSURE. )
A rOpéra de Paris il n'eft pas qucftion
d'un rouleau de papier y mais d'an bpn
gros BÏcon de bois bien dur , donc le Maî-
tre frappe avec force pour £cre entendu de
loin.
BATTEMENT, / m. Agrément du Chant
François , qui connfte à élever & battre un
Trill fur une Note qu'on a commencée uni-
ment. Il y a cette différence de la Cadence
au Battement , que la Cadence commence
par la Note fupérieure à celle fur laquelle
elle eft marquée ; après quoi l'on bat alter-
nativement cette Note fupérieure & la vé-
ritable : au lieu que le Battement commence
par le fon même de la Note qui le porte ;
après quoi l'on bat alternativement cette Note
ôc celle qui eft au-deitus. Ainfi ces coups
de goder , mi re mi re mi re ut ut font une
Cadence ; Se ceux-ci , re mi re mi rc mi re ut
re mi , font un Battement,
BATTEMENS au pluriel. Lorfijuedeux
Sons forts & foutenus, comme ceux de l'Or-
gue , font mal d'accord & diflpnent en-
tr'eux à l'approche d'un Intervalle confon-
nant , ils forment , par fecoulTes plus ou
moins fréquentes , des renflemens de fon
qui font , à-peu-près , à l'oreille , l'effet
des battemens du pouls au toucher ; c'eft
pourquoi M. Sauveur leur a auflî donné le
nom de Battemens. Ces Battemens^ devien-
nent d^autant plus fréquens, que l'Intervalle
apprpçhç plqs de la iufteflc, & lorfqu'il y
G 3
%o% BAT
parvient , ils Ce confondent avec les vlbra*^'
lions du Son.
M. S erre prétend , dans Tes Ejfais fur les
principes de t Harmonie , que ces Battement
produits par la concurrence de deux Sons ^
pe font qu'une apparence acotftiquc , oc«
cafîonnéepar les vibrations co-incidenccbdc
ces deux 5ons, Ces Battemcns , fclcn )ui »
n*ont pas moins lieu ïorfque l'intervailc eft
confonnant \ mais la rapidité avec laquelle
ils fe confondent alors ^ ne permettant point
à l'oreille de les diftinguer , il en doit réfuU
ter y non la ceflàtion abfolue de ces Battes
mens , mais une apparence de Son gravo
i& continu , une efpece de foible Bourdon >
tel précifément que celui qui réfulte , dans
les expériences citées par M. Serre , & de«
puis aétaillées par M. Tartini y du concours
de deux Sons aigus & conibnnans. ( On peut
voir au mot Sy firme , que des Diflbnances
les donnent aufli ) '* Ce qu'il y a de bien
»» certain , continue M. Serre , »> c*cft que
?* ces Battemensy ces vibrations co-incidentes
>» qui (è fuivent avec plus ou moins de ra*
» pidité y font exaâement ifbchrones aux
»* vibrations que fèroit réellement le Son
w fondamental , (i , par le moyen d'un troi-
»» fieme Corps fonore , on le fàifoit a£hieU
•» lement réfonner «.
Cette explication , très - fpécîeufe , n*eft
peut-être pas (ans difficulté ; car le rapport
de deux Sons n'eft jamais plus compofé que
guand il approche de la (implicite qui en
iif une combnnance j ic jamais les yibnt^
BAT roj
rions ne doivent co-incider plus rarement
que quand elles touchent prefque à Tlfo-
chronifme. D'où il fuivroitj ce me fcm-
ble , que les Battemens devroient fe ralen-
tir à mefure qu'ils s accélèrent , puis fe réu-
nir tout d'un coup à l'inftant que l'Accord
^ft jufte.
L'obfervation des Battemens eft une bonne
règle à confulter fur le meilleur fyftémc
de Tempérament: ( Voyez Tempérament.)
Car il eft clair que à€ tous les Tempéramens
podibles , celui qui laiflè le moins de Batte*
imns dans l'Orgue , eft celui que l'oreille &
la Nature préfèrent. Or , c'eft une expé-
rience conftante & reconnue de tous les
FaAeurs , que les altérations des Tierces
majeures produi^nt des Battemens plus (en-
iîbles & plus dé&gréables que celles des
Quintes. Ainlî la Nature elle - même a
choifi.
BATTERIE , f.f. Manière de frapper &
répéter fucceflSvement fur diverfes cordes
d'un tnftrument les divers Sons qui com«
pofent un Accord , & de paflèr ainii d'Ac-
cord en Accord par un même mouvement
de 'Notes. La Batterie n'eft qu'un Arpège
continué , inais dont toutes les Notes font
détachées ^ au lieu d'être liées comme dans
l'Arpège.
BATTEUR DE MESURE. Celui qui bat
la Méfure dans un Concert. ( Voyez l'Arti-
cle fuivant. )
3ATTRE LA MESURE. C'eft en mar-
ijuer les Tems par des miouvemens de la
G 4
I04 BAT
main ou du pied , qui en règlent la èarée i
Se par krquels toutes les Memres femblable»
font rendues parfaicemeni égales en valeur
chronique ou en Tems, dans l'exécution.
Il y a des Mefures qui ne fe battent qu'à
un Tems y d'autres à deux , à trois ou à
auatre , ce qui eft le plus grand nombre
c Tems marqués que puiflè renfermer une
Mefure : encore une Mefure à quatre Tems
Ï^euc-elle toujours fe rélbudre en deux Me-
ures à deux Tems. Dftns toutes ces difFé«
rentes Mefures, le Tems frappé eft toujours
(ur la Note qui fuit la barre immédiate-
ment \ le Tems levé eft toujours celui qui
la précède , à moins que la Mefure ne (oie
à un feul Tems ; & même , alors , il faut
toujours fuppofèr le Tems fbible y puifqu'on
ne fauroit frapper fans avoir levé.
Le degré ce lenteur ou de vîtefle qu'on
donne à la Mefure dépend de plufieurs cho-
fes, i^. De la valeur des Notes qui com-
posent la Mefure, On voit bien qu'une Me-
fure qui contient une Ronde doit fe bat--
tre plus pofément & durer davantage que
celle qui ne contient qu'une Noire, i®. Du
Mouvement indiqué par le mot François ou
Italien qu'on trouve ordinairement à la tête
de TAir ; Gai , Vite , Lent , &c. Tous ces
mots indiquent autant de modifications dans
le Mouvement d'une même forte de Me-
fure. 3^. Enfin du caraâere de l'Air même ,
Qui , s'il eft bien fût y en fera nécedàirement
kntir le vrai Mouvement.
Les Muficiens François ne battent pas 1*
B A T. 10$:
JHefurë comme les Italiens. Ceux-ci , dans
la Me(ure à quatre Tems , frappent (acceC>
(îvemcnt les deux premiers Tems & lèvent
les deux autres ; ils frappeut auflî les deux
premiers dans la Mefure à trois Tems ,
& lèvent le troifieme. Les François ne
frappent jamais que le premier Tems , &
marquent les autres par difFcrens mouve-
mens de la main à droite & à gauche..
Cependant la Mufique Françoife auroit beau^
coup plus befoin que lltalienne d'une Me«
fure bien marquée y car elle ne porte point
ù cadence en elle-même > Tes Mouvemens
n ont aucune préci/ion naturelle : on preflè »
on ralentit la Mefure au gré du Chanteur.
Conibien les oreilles ne font-elles pas cho*
quces à l'Opéra de Paris du bruit défagréa-
ble Se continuel que fait , avec fon bâton »
celui <jui Bat la Mefure , Se que le petit Pro-
phète compare plaifânmient à un Bûcheron
qui coupe du bois ! Mais c'eft un mal iné-
vitable -, fans ce bruit on ne pourroit fentir
la Mefure ; la Mufique par elle-même ne
la marque pas : au (lî les Etrangers n'appcr-
çoivent-ils jpoint le Mouvement de nos Airs.
Si l'on y feit attention , l'on trouvera que
c'eft ici l'une des différences fpécifiques de
la Mufique Françoife à l'Italienne, in Ita-
lie la Mefure eft l'ame de la Mufique j c'eft
la Mefure bien fentie qui lui donne cet ac*
cent qui la rend fi charmante 5 c'eft la Me-
(ijre aulTî qui gouverne le Muficien dans
l'exécution. En France , au contraire, c eft le
Muficien qui gouverne la Mefure ^ il Ténerve
io6 BAT
f
& la défigure fans (crupulc. Que ifis-îe?
Le bon goûc même confifte à ne la pas
laiflèr fendr ; précaution dont ^ au refte ,
elle n'a pas grand befoin. L'Opéra de Paris
eft le feul Théâtre de l'Europe où l'on balte
la Mefure fans la fuivre s par-tout ailleurs on
la fuit fans la battre.
Il règne là-deiTus une erreur populaire
qu'un peu de réflexion détruit aifément.
On s'imagine qu'un Auditeur ne bat par
înftinâ: la Mefure d'un Air qu'il entend ,
que parce qu'il la fenc vivement \ & c'eft ,
au contraire , parce qu'elle n'cft pas aflèz
iên/îble ou qu'il ne la fent pas aflez , qu'il ti«
che y à force de mouvemens des mains & des
Îieds de fuppléer ce qui manque en ce point
fon oreille. Pour peu qu'une Mufiqueaonne
prifc à la cadence, on voit la plupart des Fran^
çois qui l'ccoucent faire mille contordons
& un bruît terrible pour aider la Mefure
à marcher ou leur oreille à la fentir. SubA
tituez des Italiens ou des Allemands , vous
n'entendrez pas le moindre bruit & ne ver-
rez pis le moindre gefte qui s'accorde avec
la Mefure. Seroit-ce pcut-êcrc que les Al-
lemands , les Italiens font moins (ènHbles
à la Mefure que les François ? Il y a tel de
mes Lecteurs qui ne fè fcroît gueres preflcr
pour le dire ; mais , dira- 1- il auffi , que les
Muficiens les plus hibiles font ceux qui
fcntent le moins la Mefure? Il eft incon-
teftable que ce (ont ceux qui la battent le
moins ; & quand y à force d'exercice , ils
om acquis l'habitude de la fencir continael-
B A TT Î07
Icmcnt , Us ne la battent plus du tout ;
c'cft un fait d'expérience qui cft foUs les
yeux de tout le monde. L on pourra dire
encore que les mêmes gens à qui je repro-
che de ne battre la Mefure que parce qu'ils
ne la fentent pas aflcz , ne la battent plus
dans les Airs où elle n'eft point fenfible \
& je répondrai que c'eft parce qu'alors ils
ne la fcntcnt point du tout. Il faut que
Toreille foit frappée au moins d'un foible (en-
timent de Mefure , pour que Tinftinft <Jier^
che à le renforcer.
Les Anciens , dît M. Burette , battotent
la Mefure en plufîeurs façons. La plus or-
dinaire confiftoit dans le mouvement du pied
qui s clevoit de terre & la frappoic alterna-
tivement , fçlon la mefure des deux Tems
égaux ou inégaux. ( Voyez Rhythme. )
C'étoit ordinairement la fondtion du Maîcre
de Mufique appelle Coryphée, Ko/jv^«roç, parce
qu'il étoit placé au milieu du Choeur des Mu-
(iciens , & dans une fituatiôn élevée pour
erre plus facilement vu & entendu de toute
la troupe. Ces Batteurs de Mefure fe nom-
moient en Grec «-«SJxtvwoi , & «^ei}/o^« , \
caufe du bruit de leurs pieds , ^nmi^m ,
à caufe de l'uniformité du gefte , & , fi
Ton peut parler ainfî , de la monotonie du
Rhythme qu'ils batroient toujours à deux
Tems. Ils s'appelloient en Latin pedarii , po-^
darii , pedicularii. Ils garniffbîent ordinaire*
ment leurs pieds de certaines chauflîircs ou
fandales de bois ou de fer , deftinées à ren^
dre la pcrcuiEon xhydimiquc plus éçlataote ,
io8 B é M
nomtn^ en Grec npw^riim , m^tOM %
npnùirrra 'y Sc Cti Latin , pedicula , fcabelU
OU fiaiita , à caufe qu'elles re{Iènu>kMenc
à de petJCf marche-pieds «u de petites eicar
belles.
Ib bauoient la Mtfurt , non-feulement dn
pied f mais auifi de la main droite^ dont ils
réoniflbient tous les doists pour frapper dans
k creux de la main gauche , & celui qui mar-
quoit ainH le Rhythme s'appelloit Manu-
duâor. Outre ce claquement cie mains & le
bruit des fandales , les Anciens avoient en-
core , pour battre la Mefure ^ celui des co-
quilles . des écailles d'huîtres , ^ des oilè-
mens d'animaux , qu'on firappoit l'un con-
cre l'autre » comme on fait aujourd'hui les.
Giftagnettes , le Triangle & autres pareils
Inflrumens.
Tout ce bruit (i défajgréable & fi fuper-
flu parmi nous , à caufe de l'égalité conf^
tante de la Mefure , ne l'étoit pas de même
chez eux , où les Aréquens changemens de
pieds & de Rhychmes exigoient un Accord
plus dijflficile , & donnoient au bruit même
une variété plus harmonieufe & plus piquante.
Encore peut-on dire que Tuuge de battre
aînfi ne s introduifit qu'à Mefure que la Mé-
lodie devint plus languiiTance , Se perdit de
fon accent & de fon énergie. Plus on remonte,
moins on trouve d'exemples de ces Batt turs
de Mefure , & dans la Mufique de la plus
haute antiquité , l'on n'en trouve plus du
tout.
B^MOL , ou B MOL. f. m. Caraâcrc de
1B é M 10^
l^uiîque auquel on donne à-peu-prds la fi-
?ire d'un b , & qui fait abaiflcr d'un femi-*
on mineur la Note à laquelle il eft joint.
( Voyez Semi-Ton. )
Guy d'Ârezzo ayant autrefois donné des
noms à fix des Notes de TOftave , def-
quelles il fit Ton célèbre Hexacorde , laifià
la Teptieme (ans autre nom que celui de la
lettre B qui lui eft propre > comme la C à
l*ut , le D au re , &c. Or ce B fe chantoic
de deux manières > favoir ^ à un ton au*
defius du la , ifelon Tordra naturel de lia
Gamme > ou feulement à un femi-Ton du
même la y lorfqu'on vouloit conjoindre les
Tétracordes s car il n'étoit pas encore quef-
tion de nos Modes ou Tons modernes. Dans
le premier cas , le^î Tonnant aflez durement^
à caufe des trois Tons confécutifs , on ju-
cea qu'il faifbit à l'oreille un effet fembla-^
ble à celui que les corps anguleux & durs
font à la main : c'eil pourquoi on l'appella
B dur ou B quarre , en Italien B quadro. Dans
le fécond cas y au contraire , on trouva que
le fi étoit extrêmement doux -, c'eft pour-
quoi on Tappella B mol \ par la même ana-
logie on auroit pu Tappeller auffi B rond , &
en effet \m Italiens le nomment quelquefois
B tofido^
Il y a deux manières d'employer le Jt^
mol'^ Tune accidentelle , quand dans le cours
du Chant on le place à la gauche d'une Note.
Cette Note eft préfque toujours la Not©-
fcnfîble dans les Tons majeurs , & quelque-
fois la fi?[ieme Note (iUns les Tons mi«
^lo & é M
i
îicurs i quand Ii Clef n'cft pas correôcment
armée. Le Bémol accideiiCel n'altcrc que la
Noce qu'il couche & celles qui la rebaccenc
îmmédiacemenc y ou roue au plus , celles
qui , dans la même Mefure , Ce crouvem
^r le même degré (ans aucun (îgne contraire*
L'autre manière cft d'employer le Bimol
Il la Clef, & alors il la modifie , il agic
dans touce la fuice de l'Air & fur coures
les Noces placées fur le même degré , à
moins que ce Bémol ne foie décruic acci-
dencellemenc par quelque Dièfe ou Bé-
quarre , ou que la Clef ne vienne à changer;
La poficion des Bémols à la Clef n'eft
pas arbicraire \ en voici la raifon. Ils font
dcftinés à changer le lieu des femi-Tons
de PEchelle : or ces deux fcmi-Tons doi-
venc coujours garder encre eux des Incer-
valles prefcrics \ favoir , celui d'une Quarte
d'un côcc , & celui d'une Quince de l'au-
tre. Ainfi la Note mi inférieure di fon fcmî*
Ton feic au grave la Quince du^î , qui cft fon
homologue dans l'aucre femi-Ton, & à l'aigu
la Quarte du même^ , & réciproquemenc la
Noce fi faic au grave la Quarce du mi , &
à l^aigu la Quince du même mi.
Si donc laiilànc , par exemple , le R
nacurcl , on donnoic un Bémol fli mi y \c
femi - Ton changeroic de lieu & fe trou-
veroic defcendu d'un degré entre le re6c
le mi Bémol. Or , dans cctce poiicion , Ion,,
voie que les deux femi -Tons ne gardc-
roiem plus encre eux la diftance prelcrice »
car le rt , qui feioic la Noce inférieure de
BÉM 1,1
J'an , finroîr^au grave la Sixte dix fi fon homo-
logue dans l'autre ; & à l'aigu , la Tierce du
mcmeyi j ôc ce Ji feroit au grave la Tierce du
re y ôCâ laigu , la Sixte du même re. Ainiî
les deux femi - Tons feroient trop voiûns
d'un côté ôc trop éloignés de l'autre.
L'ordre des Bémols ne doit donc pas
como^ncer par mi ^ ni par aucune autre
Note de l'Oftave que par fi y la feule qui
n'a pas le même inconvénient ; car bien
que le femi-Ton y change de place, &,
ceflànt d'être entre lefiôc Vut y dcfcendc
entre le^î Bémol 8c\e Uy toutefois l'ordre
prefcrit n'eft point détruit y le la y dans ce
nouvel arrangement , fc trouvant d'un côté
à la Quarte , 8c de l'autre à la Quinte du
m fon homologue , & réciproquement.
La même raifon qui fait placer le pre-
mier Bémol fur le yî , feit mettre le fécond
fur le 771/ y 6c ainh de fuite , en montant
de Quart® ou dcfcendant de Quinte jufqu'au
fol y auquel on s'arrête ordinairement y parce
que le Bémol de Vut y qu'on trouveroit en-
fuite , ne diffère point duyî dans la pratique.
Cela fait donc une fuite de cinq Bémols dans
cet ordre :
Si Mi La Re Sol.
Toujours , par la même raifon , l'on ne
fauroit employer les derniers Bémols à la
Clef , fans employer auflî ceux qui les pré-
cèdent : aind k Bémol dix mi ne Cç pofe
itit B E M
Su^avec celui du fi y celui du la qu'avec \té
eux précédens, & chacun des fuivans qu'a-
vec tous ceux qui le précèdent.
On trouvera dans l'Article Clef une fbr«
mule pour favoir tout d'un coup fi un Ton
ou un Mode donné doit porter des Bémols à
k Clef, & combien.
BÉMOLISER , V. a. Marquer une Note
d'un Bémol , ou armer la Clef par Bémol.
Bémolife[ ce mi. Il faut bémolifer la Clef
pour le Ton de fa.
BÉQUARRE ou B QUARRE. / m.
Caraâere de Muiique qui s'écrit ainfi jj/T >
& qui 3 placé à la gauche d'une Note »
marque que cette Note ayant été précédem-
ment hauflee par un Dièfe ou baiffée par
un Bémol y doit être remife à fon éléva-
tion naturelle ou diatonique.
Le Béquarre fut inventé par Guy d'Arezzo.
Cet Auteur , qui donna des noms aux (ix pre-
mières Notes de l'Oélave y n'en laifla point
d'autre que la lenre B pour exprimer le
fi naturel. Car chaque Note avoit , dès-
lors y (k lettre correfpondante > & comme le
Chant diatonique de ce^ eft dur quaiKl on
y monte depuis le /i, il l'appella amplement
b dur y bquarré yOM b quarre , par une alluHon
dont j'ai parlé dans l'Article précédent.
Le Béquarre fervit dans la fuite à dé-
truire l'effet du Bémol antérieur fiir la Note
qui fuivoit le Béquarre : c'dft que le Bémol
ie plaçant ordinairement fur le yi , le JBé-
quarre qui venoit enfuite , ne produifbit ,
en
/
B£M 115
en décrui&nt ce Bémol , que (on effet '
naturel , qui étoit de repréfcnter la Note^
fans altération. A la fin on s'en feivit par
extenfion , & faute d'autre figne , pour dé-
truire aa(É l'effet du Dièfe , & c'cft ainfi
qu'il semploie empre aujourd'hui. Le Bi-^
guopre dSice également le Dièfe ou le
Bémol qui l'ont précédé.
Il y a cependant une diftinâion à faire.
Si le Dièfe ou le Bémol étoient acciden-
tels > ils font détruits fans retour par le
Bé quatre dans toutcu les Notes qui le fui-
vent 4pédiatement ou immédiatement fur
le même degré , jufqu à ce qu'il s'y pré-
fente un nouveau Bémol ou un nouveau
Dièfe. Mais (i le Bémol ou le Dièfe font
à la Clef, le Béquarre ne les efface que
pour la Note qu'Û précède immédiatement ,
ou tout au plus pour toutes celles qui fui vent
dans la même Mefure &c fur le même degré;
& à cliaque Note altérée à la Clef dont
on veut détruire l'altération , il faut autant
de nouveaux Béquarres. Tout cela efl allez
mal-entendu » mais tel cfl: l'ufage.
Quelques-uns donnoient un autre fens
au Béquarre , & lui accordant feulement le
droit d'effacer les Dièfes ou Bémols acci-
dentels , lui ocoient celui de rien changer
à l'état de la Clef: de forte qu'en ce fens
fur un fa dicfé , ou fur u|| li bémolifë à
la Clef, le Béquarre ne ferviroit qu'à dé-
truire un Dièfe accidentel fur ce 7^ , ou un
Bémol fur ce /2e , & figniâeroit toujours le
Di3. de Mujique. "Tome I. H
114 B I
'fa Dièfc ou le fi Bémol, tel quH cft à b
Clef.
D'autres , enfin , fe fervoîcnt bien du
Béquarre pour ef&cer le Bémol , même
celui de la Clef, mais jamais pour âFacer
le Dièfe : c'eft le Bémii feulement qu Ûs
cmployoicnt dans ce dernier cas.
Le premier u^ge a tout-à-feit prévalu ;
ceux-ci deviennent plus rares , & s aboliflènc
de iour en jour \ mais il efl; bon d y (aire
attention en lifant d'anciennes Mufiques>
fans quoi Ton fe trompcroit fouvent.
BI. Syllabe dont quelques Musiciens étran-
gers fe fervoient autrefois pour prononcei
le Son de la Gamme que les François 2Ç»
pellent Si. (Voyez Si.)
BISCROME , /. f. Mot Italien qui ficni-
&e Triples-croches. Quand ce mot e(l écris
(bus une fuite de Notes égales & de *plus
grande valeur que des Triples -croches , i!
marque qull faut divifer en Triples- croches
les valeurs de toutes ces Notes , félon la
divifion réelle qui fe trouve ordinairement
faite au premier Tems. C'eft une invention
des Auteurs adoptée par les copiftes, fur-
tout dans les Partitions , pour épargner le
papier & la peine. ( Voyez Crochet. )
BLANCHE,/./: C'eft le nomd'une Note
qui vaut doux Noires ou la moitié d'une
Ronde. ( Voy#i l'Article Notes , & la va-
leur de la Blanche , PI. D. Fig. 9. )
BOURDON. Bafle-continuc qui réforme
toujours fur le même Ton , comme fort
aMDnuiBément celles des Airs appelles
BOU ii;
Mufettes. ( Voyez Point d*Orgui. )
BOURRÉE, / /. Sorte d'Air propre à
une Danfe de même nom , que l'on croi^
venir d'Auvergne , & "qui eft encore en ufag
dans cette Province. La Bourrée eft à deu
Tems gais , & commence par une Noir*
avant le frappé. Elle doit avoii% comme la
plupart des autres Danfes , deux Parties de
quatre Mefures , ou un multiple de quatre
à chacune. Dans ce caraâere d'Air on lie
affez fréquemment la féconde moitié du pre--
xniér Tems Se la première du fécond^ par
«ne Blanche fyncopée.
BOUTADE , / / Ancienne forte de petit
Ballet qu^on exécutoit ou qu'on paroiittc
exécuter impromptu. Les Muficiens ont auifî
quelquefois donné ce nom aux Pièces oa
Idées qu'ils exécutoient de même fur leurs
Inftrumens , Se qu'on appelloit autrement
Caprice , Fantaisie* ( Foye^ces mots.)
BRAILLER, v. n. C'eft excéder le vo-
lume de fa v^ & chanter tant qu'on a de
force , comme font au Lutrin les Marguil-
liers de Village , 'Se certains Mufîciens ail-
leurs.
BRANLE, f. m. Sorte de Danfe fort gaie
qui fe danfe en rond fur un Air court Se
en Rondeau t c'eft-à-dire , avec un même
refrain à la fin de chaque Couplet.
BREF. Adverbe qu'on trouve quelque-
fois écrit dans d'anciennes Mufiques au-def-
ftts de la*Note qui finit une phrafe ou un
Air , pour marquer que cette Finale doit
être coupée par un fon bref & fec , au li(;u de
Hz
Iî6 B R E^
durer toute /k v;deur. ( Voyez Couper. )
Ce mot eft maintenant inutile, depuis qu'on
a un figne pour l'exprimer.
JREVE, / f. Noté qui pafTe deux fois
Çlus vite que celle qui la précède : ainfi la
foire eft Brevt âpres une Blanche pointée ,
la Croche 4iprès une Noire pointée. On ne
pourroit pas de même appeller Brève , une
Note qui vaudroit la moitié de la précédente :
ainfi la Noire n eft pas une Brève après la
Blanche ample » ni la Croche après la Noire ,
à moins qu'A ne (bit queftion de fyncope.
Ceft autre chofe dans le Plain*Chant. Pour
répondre exaâement à la quantité des ÇyU
Mpcs y la Brève y vaut là moitié de la Lon*
guc« De plus, la Longue a quelquefois
une queue pour la diftinguer de la Brève
qui nta a jamais ; ce qui eft précifément
Toppofé de la Mulîque , où la Ronde > qui
Va point de queue , eft double de la Blan-
che qui en a une. (Voyez Mesure, Va-
leur DES Notes. ) ^^
BREVE eft auflî le nom que donnoient
nos anciens Mufidens , & que donnent en-
core aujourd'hui les Italiens à cette vieille
figure de Note que nous appelions Quarrée.
Il y avoit deux K>rtes de Brèves ; (avoir , la
droite ou parfaite , qui ie êkvik en trois
parties égales, & vaut trois Rondes ou Semi-
brèves dans la Me(ure triple, & la Brève
altérée ou imparEûte, qui (è divifè en deux
parties égales , & ne vaut que deux Scmi-
breves dans la Mefure double. Cette der*
Immc (ortc de JBrrve eft celle qui s indique
B R O IÏ7
par le iîgne du C barré , & les Italiens noi;^
mène encore alla Brève la Mefure à deA
Tems fore vîtes , dont ils fe fervent dans
les Mufiques da Capellal ( Voyez Alla
Brève.)
BRODERIES , DOU BLES , FLEUR-
TIS. Tout cela fe die en Muiîque de plu*
fleurs Notes de 'goût que le Muucien ajoute
à fa Partie dans Vexccution, pour varier un
Chant fouvent répété , pour orner des PaC-
fages trop (inrples > ou pour bîïxt briller b «
légèreté de fon gofier ou de fès doigts. Rien
ne montre mieux le bon ou le tnàuvais
goût d'un Mufîcien , que le choix &c Tufage
.qu'il fait de ces ornemens. La vocale Fran-
çoife eft fort retenue fur les Broderies ; elle
le devient même davantage de jour en jour,
& , fi 1 on excepte le célèbre Jélyotc & Ma^
demoifelle Fel , aucun Aéteur François np"
fe hazarde plus au Théâtre à faire des Dou"
hlesy car le Chant François ayant pris un ton
plus traînant & plus lamentable encore de-
puis quelques années , ne les comporte plus.
Les Italiens s^ donnent cari;^e : c'eft chez
eux à qui en fera davantage y émulation qui
mené toujours à en faire trop. Cependant
Taccent de leur Mélodie étant tj^-fenfible ,
ils n'ont pas à craindre que le' vrai Chan; ^.
difparoiffe fous ces oniemens que l'Âuteuç
même y a fouvent fuppofés.
A l'égard des Inftrumens^^ap fait eç qu'on
veut dans un Solo , mais i^tcSas Symphonifte
qui brode ne f^t fouffert 4^ns un bon Or<t
iche0;re.
ïiS BRU
.BRUIT,/ /rt. Ceft, en général, toute
4tiorion de Tair qui fc rend fenfible à l'or-
gane auditif. Mais en Mufiqùe le mot Bruit
eft oppofé au mot Son , & s'entend de touce
fenfation de l'ouïe qui n'eft pas fbnore &
appréciable. On peut luppofer, pour expliquer
la difFérence qui Ce trouve à cet égard en-
tre le Bruit & le Son, que ce dernier neft
appréciable que par le concours de Tes Har-
moniques , & que le Bruit ne l'cft point ,
parce qu'il en eft dépourvu. Mais outre que
cette manière d'appréciation n'eft pas facile
à concevoir , Ci î'émocion de l'air , caufée
par le Son , fait vibrer ; avec une corde ,
les aliquotes de cette corde , on ne voit pas
pourquoi l'émotion de l'air , caufée par le
Bruit y ébranlant cette-même corde , n'ébran-
leroit pas de même fes aliquotes. Je ne fâ-
che pas qu*on ait obfervé aucune propriété
de l'air qui puiflc faire fbupçonner que l'agi-
tation qui produit le Son , & celle qui pro-
duit le Bruit prolongé , ne foient pas de
même nature , & que Taûion & réadion
de l'air & du xorps fbnore , ou de l'air &
du corps bru^c , fe faflènt par des loix
différentes dans l'un & dans l'autre effet.
Ne pourroit-on pas conjecturer que le
Bruit n'eft point d une autre nature que le
* Son; qu'il i/cft lui-même que la fommc
d'une multitude confufe de Sons divers ,
qui fe font enu||dre à ta fois ÔC contrarient,
en quelque fbm, mutuellement leurs on-
dulations ? Tous les con)S élaûiques fem-
blent être plus fouores à mefure que leur
BRU 119
matière eft plus homogène , que le degré
de cohéfion eft plus égal par-tout , & que
le corps n'eft pas , pour ainfi dire , partagé
en une multitude de petites mafles qui ayant
des folidités différentes , ^fonnent confé-
quemnient à diffërens Tons,
Pourquoi le Bruit ne feroît - il pas du
Son , puifquM en excite ? Car tout SruH
fait réfonner les cordes d'un Clavecin, non
quelques-unes , comme fait un Son , mais
toutes cnfcmble , parce» qu'il n'y en a pas
«ne qui ne trouve fbn uniflfbn ou fes Har-
moniques. Pourquoi le Bruit ne (croit -îl
pas Hu Son , puifqu'avec des • Sons on fait'
au Bruit ? Touchez à la fois toutes les tou-
ches d'un Clavier , vous produirez une (ttï-
fation totale qui ne (èra que du Bruit , & qui
ne prolongera fon effet , par la réfonnance
des cordes , que comme tout autre Bruit
qui feroit réfonner les mêmes cordes. Pour-
quoi le Bruit ne feroit-il pas du Son , puif-
qu'un Son trop fortn'eft plus qu'un véri-
table Bruit , comme une Voix qui crie à
pleine tête , & fur- tout comme le Son d'une
grolTe cloche qu'on e«tehd dans le clocher
même ? tar il eft impofïîble de l'apprécier ^
Ç\ , fortant du clocher , on n'adoucit le Soa
par l'éloigncment.
Mais , me dira-t*on , d'où vient ce change-
ment d'un Son exceflîf en Bruit ? C'eft que la
violence des vibrations rend fenfîble la ^-
fpnnance d'un (î grand nombre d'aliquotes ,
que le mélange de tiint de Sous divers fait
alors fqn effet ordinaire & n'eft plus qi^
Hj
du Bruiu Aînfi les aliquotcs qui r^/bimcnt
ne font pas feulement la moitié , le tiers ;
le quart & toutes les confbnnances y mais
la leptieme partie , la neuvième , la centiè-
me , & plus eiB^te. Tout cela fait enfem*
ble un eflèt femolable à celui de toutes les
touche^ d'un Clavecin frappées à la fois > ic
voilà comment le Soil devient Bruit,
On donne auffî , par mépris , le nom de
Bruit à une Mufique étourdKTante & con«
fuie, où Ton entend plus de fracas que
d'Harmonie , & plus de clameurs que de
Chant. Ce n^efi que du Bruits Cet Opéra fait
beaucoup de Bruit ù peu d^effkt.
BUCOLIASME. Ancienne Chanfon des
gcrgers. (Voyez Chanson.)
f: A G lit
r
c
C
Cette lettre étoît , dai^nos ancien-
nes Mufiques » le ligne de la lUacion mi-
neure imparfaite , d'où la meR lettre eft
ïeftée parmi nous celui de la Mefure à qua-
tre Te ms , laquelle renferme exadement les
jnêmes valeurs de Notes. (Voyez Modb ,
Prolation.)
C BARRÉ. Signe de la Mefure à quatre
Tems vîtes , ou à deux Terfts pofés. Il fe
marque en traverfant le C de haut en tas
par une ligne perpendiculaire à la Portée.
Cfolut, Cfolja utyow fimplemem C.
<^aradere ou terme de Mufique qui indi-
que la première Note de la Gamme que
nous appelions ut. ( Voyez Gamme. ) Ceft
auflî Pancien ligne d'une des trois Clefs de
la Mufique. ( Voyez Clef. )
CACOPHONIE,//. Unbn difcordantc
de plufieurs Sons mal choilîs ou mal accor-
dés. Ce mot vient de x«x9ç mauvciis , & de
^wy>i Son. Ainfi c'eft mal-à-propos que la
plupart des Muficiens prononcent Catapho-^
nie. Peut-être feront- ils , à la fin , palier cette •
prononciation comme ils ont déjà fait paf-^
1er celle de Colophane.
CADENCE , f. f. Termînaifon d'une
phrafe harmonique fur un repos ou fur un
Accord 'parfait : ou , pour parler plus gé**
m C A 9
néralcmcnc , c^eft tout paflâge d^un Accord
didônanc à on Accord quelconque ; car
on ne peut jamais fbrtîr d'un Accord dif-
ibnanc que par un Aâe de Cadence. Or ,,
comme toute phrafe harmonique eft néceC-
iàirement liée par des Didbnances expri-
mées ou (bu^entendues , il s^enfuic que toute
lliarmoni^Pleft proprement qu'une fuite de
* Caâtnces.
Ce qu on appelle Aât de Cadence , réfulte
toujours de deux Sons fondamentaux , dont
l^un anx)pnce la Cadence & l'autre la ter-
mine.
Comme il n'y a point de Diflbnance fan»
Cadence > il n'y a point non plus de Cadence
fans Diitonance exprimée ou (bus-entendue :
car pour foire fendr le repos , il faut que
quelque chofe d'antérieur le fufpende , ic
ce quelque chofè ne peut être que la Diflb-*
mnce , ou le fèntiment implicite de la Di(^
ibnance. Autrement les deux Accords étant
également parfaits , on pourroit fe repofèr
fur le premier \ le fécond ne s'annonceroic
g^int & ne feroit pas néceflàire. L'Accord
rmé fur le premier Son d'une Cadence doit
donc toujours être difibnant » c'eft-à-dire ^
porter ou fuppofer une DilTonance.
, A l'égard du fécond , il peut être con-
fbnnant ou diflbnant , félon qu'on veut
établir ou éluder le repos. S'il eft confon-
nant , la Cadence eft pleine ; s'.l eft diifo-
nant , la Cadence eft évitée ou imitée.
^ On compte ordinairement quatre e(pe*
CCS de Cadences \ favoir ^ CaJcnce parfùtc ,
' CAD Ï13
Cadence imparfaite ou irregulîere » Cadence
interrompue & Cadence rompue;. Ce font
les dénominations que leur a donné M.
Rameau , & dont on verra ci-après les rai-
ions.
I. Toutes les fois qu^après un Accord
de Septième la Baflè-fondamentale defcend
de Quinte fur un Accord parfait , c'eft une
Cadence parfaite pleine , qui procède toujours
d'une Dominante-Tonique à la Tonique :
mais fi la Cadence par faite eft évitée par une
Diflbnance ajoutée à la féconde Note, on peut
commencer une Seconde Cadence en évitant '
la première fur cette féconde Note , éviter
derechef cette féconde Cadence y & en com-
mencer une troifieme fur la troifieme Note ;
enfin contftuer ainfi tant qu'on veut , en
montant de Quarte ou dcfcendant de
Quinte fur toutes les cordes du Ton , &
cela forme une fucceffion de Cadences par^
faites évitées. Dans cette fuccellîon, qui
efl fans contredit la plus harmonique, deux
Parties, favoir> celles qui font la Septième
& la Quinte , defcendent fur la Tierce &
rOftave de TAccord fuivant, tandis que
deux autres parties , favoît > celles qui font
la Tierce & TOdkave , refient pour faire ,
-^ leur tour , la Septième & la (ifbite , &
defcendent enfuite alternativement avec les
deux autres. Ainfî une telle (ucceffiori don-
ne une harmonie defcendante. Elle ne doit
jamais s'arrêter qu'à une Dominante-Toni-
que, pour tomber enfuite fur la Tonique
par une Cadence pleine. ( Planche A, JK-^
pire I. )
CAD
IL Sl k gg^-tom^in ii; nrjje , su fiea de
<îdefniirece C^diar après on Accord de Sep-
taerne > cfcicecd ictiieniiEnc de Tierce » n
l'i/rfKfTt.? 5 ipçelie titt£r-amp^tc : c^-o ne peut
imars être piefzc , rriîs îi tia^ ii^pftuiie-
iiiasc çoiî 12 Ko:ciie Nore de cecre Ccdenct
Bcrce
te ce ;iiiCEe Accord d:t!ôiunr. On peut
nVing coainner à deicecdre de Tierœ
citmcQCer ic Sticte pir des Accords de Sep«
terre ; ce qui 6ic use dcoxieme lucccllion
de Cttôcxtxs ev::^i . rr;ais bien moins par-
ère qœ L& pr^reiecce : car U Sepdeme qui
le ûiZTe lîxr b Tierce d «ns U Ccdtnce par^
/jcar « le ûave ici iur l'Oâaive , ce qui rend
icoà:^ d'Harmocùe Â: tàic^ même ibus-cn-
fendxe deux Ocbive^ ^ de lorte Que pour les
evicor ^^ il iÙQt learÀcKcr ia Dîm)iiaiice ou
rocvrrîcr ?HinsxK5îe.
Pcuque a C>>vr..-e isîtrnvspue ne peut
îin'^r.-fc èm rWine « ii s cniuic qu'une phrafc
lîe reut lùur pir eîle ; nuis i! tàut recourir
à U OiÀ'r^v rt:-;*i:.v pour fiiic entendre
r Accord domùun:. ^ -Fjt. i. )
La C^rfffiv inzaromzK^e tonne encore ^
p.u ù tuccellion , une Harmonie dcfcendan-
îc ; ::ui$ il n-y a ^u'un feul Son qui def-
ce ndc. Les irois auirts reliant en pl^e pour
CvUrTKlÉ^^ chacun à ion tour, dans une
iiîdichf icrr.bîaWe. ( Mime Figure. )
C^aoiquci-uns prennent mal-à-propos pou?
u'-c CwJtvjco ^ntcrrompudVJi renverfement de
la Ciitiemct parfaiu , où b Ba(Iè > après un
Accord de Septième, dcfcend de Tierce por-» .
UW W Accord de $c^(c : mais chacun voit
CAD iif
qu^me telle marche, n'écant point fonda-
m^itale , ne peut conftituer une Cadence par-
ticulière,
m. Cadence rompue eft celle où la Baflfc-
fondamcntale , au lieu de monter de Quarte
après un Accord de feptiem^ , comme
Oiins la Cadence parfaite , monte (eulement
d'un degré. Cette Cadence s^évite le plus (bu-
vent par une Septième fur la féconde Note.
Il eft certain qu'ion ne peut la foire pleine que
par licence ; car alors il y a néceflàiremcnc
défaut de liaifon. ( Voyez Fig. 3, ) *
Une fucceffion de Cadences rompues évi-
ter eft encore defcendante ; trois Sons y
defcendent & l'Odave refte feule pour pré-
parer la Diflbnance , mais une telle luccefïîon
eft dure , mal modulée , & fe pratique ra-
rement.
IV. Quand la Bafle defcend , par un In-
tervalle de Quinte, de la Dominante fur
la Tonique , c'eft , comme je lai dit , un
Aâ:e de Cadence parfaite. Si au contraire la.
Baflè monte par Qiiinte de la Tonique à
la Dominante , c^eft un Aâ:e de Cadence
irréguliere ou imparfaite. Pour l'annoncer ,
on ajoute une Sixte majeure à l'Accord de
la Tonique j d'où cet Accord prend le nom
de Sixte-ajoutée. ( Voyez Accord. ) Cette
Sixte , qui iai^DUÏbnance fur la Quinte , eft
aufli traitée comme Diflbnance fur la Baflè-
fondamentale , & , comme telle , obligée de
fe fauvcr en montant diacojiiiquement fur
la Tierce de l'Accord Clivant.-
JLa Cad^/tQs imparfaite Jbrme une ogf^ûi'-
ii6 CAD
non prefque entière à k Cademu parfaifil
Dans le premier Accord de l'une & de l'au-
tre on divi(c la Quarte qui fe trouve entre
la Quinte & rOcbve par une Diflbnance
qui y prpduit une nouvelle Tierce , & cette
Diflbnance doit aller fc réfoudre fur l'Ac-
cord fuivant y par une marche fondamen-
tale de Quinte. Voilà ce que ces deux Ca--
dences ont de commun : voici maintenant
ce qu'elles ont dbppôfé.
Dans la Cadence parfaite , le Son ajouté fê
prend au haut de l'Intervalle de Quane , au-
près de l'Oélave , formant Tierce avec la
Quinte , & produit une Diflbnance mi-
Heure qui (e (àuve en de(cendant ; tandis
que la Ba({è-ibndamentale monte de Quarte
ou defcend de Quinte de la Dominante à
la Tonique , pour établir un repos parfîur.
Dans la Cadence imparfaite y le Son ajouté
fè prend au bas de l'Intervalle de Quarte »
auprès de la Quinte , & formant Tierce
avec l'Oébve ^ il produit une Diflbnancc
majeure qui fe (àuve en montant , tandis
que la Bafle- fondamentale defcend de Quarte
ou monte de Quinte de la Tonique à la
Dominante , pour établir un repos imparfait.
M. Rameau ^ qui a le premier parlé de
cette Cadence y & qui en admet plufieurs
renverfemcns , nous défend , dans fon Traité
de l^ Harmonie y pag, 117, d'admettre celui
où le Son ajouté eft au grave portant un
Accord de Septième , &ccla, par unerai-
fon peu fbUde dont fai parlé au mot j4c^
corJ. Il a pris cet Accord de Septième pour
CAD ii^
jfon Jamental ; de forte qu*il fait fauvcr une
.Septième par une autre Septième , une Dif-
fonance par une Difibnance pareille , par
un mouvement femblable fur la Baflè-fbn-
damentale. Sf une telle manière de traiter
les Diflbnances pouvoit fe tolérer , il fau-
droit fè boucher les oreilles & jetter les
tegles aufeu. Mais l'Harmonie fous laquelle
cet Auteur a mis une (î étrange Ba(Iè-fbn- «
damcntàle , eft vifiblement renverfée d'une
Cadence imparfaite , évitée par une Septième
iajoutée fur la féconde Note. (Voyez FL A.
JFig. 4?) Et cela eft fi vrai , que la Baffe-conti-
nue qui frappe la Difibnance y eft néceflàire-
ment obligée démonter diatoniquement pour
la (àuver , fans quoi le paflage ne vaudroit
ïien. J'avoue que , dans le même ouvrage,
pag. 27Z ,. M. Rameau donne un exemple
fefhblaole avec la vraie Bafle-fbndamentale ;
mais puifqu'il improuve , en termes for-
mels , le renverfement qui réfulte de cette
Bade > un tel paffage ne fert qu'à montrer
dans fbn Livre une contradiâion de plus ;
iSc y bien que > dans un ouvrage poftérieur »
i^Génér. Harmon. p. i%6.) y le même Au-
teur ^mble reconnoître le vrai fondement
. de ce paflàge , il en parle fi obfcurément ,
& dit encore fî nettement que la Septiçmc
eft (àuvée par une autre , qu'on voit bien
qu'il ne fait ici qu'entrevoir > & qu'au fond
il n'a pas changé d'opinion : de forte qu'on
eft en droit de rétorqi^r contre lui le re-
proche qu'il fait à Maflbn de n'avoir pas
Içu voir la Cadence imparfaite dans un de fes
Renrerfemens,
îi8 CAD
La m Jme Cadence imparfaite fê pren<I cn^
core de la fous- Dominante à la Tonique.
On peut auflî Tcviter & lui donner» de
cetce manière , une fucceflion de plufîturs
Notes, dont les Accords fisrmeront une
Harmonie afcendante, dans laquelle la Sixte
& roûave montent fur la Tierce & la
Quinte de l'Accord , tand^ que la Tierce &
1 la Quinte reftent«ï)our faire l'Odave & pré-
parer la Sixte.
Nul Auteur , que je fâche , n*a parlé ,
)ufqu'à M. Rameau^ de cette afcenfion har-
monique \ lui-même ne la fait qu'ent/evoir ,
& il tft vrai qu'on ne pourroit ni pratiquer
une longue fuite de pareilles Cadences > à
x^aufe des Sixtes majeures qui éloigneroienc
la Modulation , ni même en remplir ^ fans
précaution , toute THarmonie.
Après avoir expofé les règles & la conf-
.1^ titution des divéries Cadences , pafibns aux
raifons que M. d'Alembert donne, d'après
M. Rameau, de leurs dénominations.
La Cadence parfaite confifte dans une mar-
che de Quinte en defctndant ^ & , au con-
traire , l'imparfaite confifte dans une mar-
che de Quinte en montant : en voici Li rai-
ion. Quand je dis ut /o/, fol eft déjà ren-
fermé dans Vut , puifque tout Son , comme
ut y porte avec lui fà douzième , dont ià
Quinte yô/cft l'Oftavej aiufi, quand on va
d'ut afcly c'tftle Son générateur qui paflc
û Ton produit , de manière pourtant que
lorcillc de (ire toujours de revenir à ce pre-
mier générateur : au contraire , quand on
. di«
C A D ii9
^it'foiuty c'cft le produit qui retoame au
générateur j Toreille eft fatisfeiic & ne dcfire
plus rien. De plus , dans cette marche fol
ut,'\tfol fe èit encore entendre dans ut s
âinfi y Toreille entend à la fois le générateur
& (on produit , au lieu que dans la mar«
che ut fol y Toreille qui y dans le premier
Son , avoit entendu ut 3c yo/, n'entend plus,
dans le fécond y que fol (ans ut. Âiniî le repos
ou la Cadence et fol à i/ra plus de perfeâion
que là Cadence ou le repos à^ut à fol.
Il (èmble y continue M. d'Alembert , que
dans les Principes de M. Rameau on peut
tncore expliquer Teffet de la Cadence rom-»
pue & de la Cadence interrompue. Imaginons ,
pour cet efïèt y qu'après un Accord de Sep*
ticmc y Jol Ji refit y on monte diatonique-
ment par une Cadence rompue à l'Accord
la ut mi foi , il eft vifible que cet Accord
eft renverfé de l'Accord de fous- Dominante
ut mi fol la :;ain(i la marche de Cadence
rompue équivaut à cette fucceifion folji re
fa y ut mi fol la , qui n'eft autre cho{e qu'une
Hadence parfaite y dans laquelle ut y au lieu
d'être traitée comme Tonique , eft rendue
fous - Dominante. Or toute Tonique , dit
M. d'Alembert , peut toujours être rendue
fous-Dominante , en changeant de Mode y
j'ajouterai qu'elle peut même porter l'Ac-
cord de Sixte-ajoutée , fans' en changer»
A l'égard de la Cadence interrompue , oui
cônfifte à defcendre d'une Dominante iur
une autre par l'Intervalle de Tierce /n cette
Torte y fol fi r^ fa y mi fol fi re , il fcmblc
Dicl^ de Mufique. Tome I. I
qu'on peut encore l'expliquer. En effet, le
ffcond Accord mi fol fi re eft rcnverfédc
l'Accord de fous-E)ominanteyô/ /i re mi:
ailifi la Cadence interrompue équivaut à cette
fuccelïîon , fol fi refa, fol fi re mi , où U
Note fol , après avoir été traitée comme
Dominante, cft rendue fous- Dominante en
changeant de Mode ; ce qui c(l permit 6c
dépend du Compolîteiir.
Ces explications font ingénieufcs & mon-
trent quel ufagcon peut faire du Double-
emploi dans les paiTapts qui femblcnt s'y
rapporter le moins. Cependant l'intention
de M. d'Alembert n'cft furement p.TS qu'on
s'en icrve réellement dans ceux-ci pour la
pratique , mais feulement pour riniclligence
du Retiverfcment. Par exemple , le Dou-
ble-emploi de \i Cadence interrompue (àuvc-
toit la DilTbnance fa pat la Dillbnance mi ,
te qui eft contraire aux règles , Jt l'efprit
des règles , & fur -tout au jugement de
l'oreille ; car dans U fcnfàtion du fécond
Accord tfol fi remi ,Ha fuite du premier
fi'l fi re/a, Voreillc s'obflinc plutôt à ro-
jetter le rt du nombre des Con(bntunces ,
que d'admettre le mi pour Diflbnant. En
général , les Commençans doivent favoir
que le Double-emploi peut ftrc admit fur
un Accord de Septième à U fuite d'un Ac-
cord confonnant > nuîi que lit6t qu'un
Accord de Septième en fait un icmbUble >
le Double-emploi ne peut avoir Lcu. Il eft
bon qu'Ut ficlient encore qu'on ne doîl
changer de Tun par oui utuc Accord dif-
I
CAD ïVX
fônànt que le fcnfiblcj d'où U fuît que
^ dans la Cadence rompue on ne peut fuppo*
fer aucun changeiftcnt de Ton*
Il y a une autre e(pece de Cadence que
les Muficiens ne regardent point comme
telle > & qui , félon la définition , en eft pour«-
tant une véritable : c'eft le paflage de T Accord
de Septième diminuée (ur la Note fenfîble
à l'Accord de la Tonique. Dans ce pa(&ge >
il ne fe trouve aucune liai/on harmonique >
& c'eft le fetond exemple de ce dé&ut dans
ce qu'on appelle Cadence. On pourroit re^
garder les tranfîtions enharmoniques , corn-*
me des manières d'éviter cette même C^-
(dence , de même qu'on évite la Cadence
-parfaite d'une Dominante à (à Tonique pat
une tranfition chromatique : mais je me
borne h expliquer ici les dénominations
établies.
CADENCE eft , en terme de Chant ^ ce
battement de gofîer que les Italiens appeU
knt TriUo , que nous appelions autrement
Tremblement , & qui fe fait ordinairement
fur la pénultième Note d'une phîrafe Mufi-
cale , d'où , (ans doute > il a pris le nom
de Cadence. On dit : Cette Aclrice a une belle
Cadence ; ce Chanteur bat muUa Cadence >.&c«
Il y a deux fortes de Cadences : l'une eft
la Cadence pleine. Elle confîfte à ne commen-
cer le battement de voix qu'après en avoir
appuyé la Note fupéricure > l'autre Rappelle
Cadence brifée , & Ton y feît le battement
de voix (ans aucune préparation* Voyez
l'exemple de Func& de l'autre JP/. B, t'ig. 1 3 *
I 1
iji CAD
CADENCE (la) cft une dualité de h
bonne MuHque , qui donne à ceux qui
Texécutent ou qui Técoutcnt, un fentîmcnc
vif de la Mcfure, en forte qu'ils la mar-
quent & la Tentent tomber à propos , fans
qu'ils y pen(ent 8c comme par inftinâr.
Cette qualité eft fur- tout requifè dans les
Airs à oanfèr. Ce Menuet marque bien ta Ca«
dence, cette Chaconne manque de Cadence*
La Cadence^ en ce fens^ étant une qualité,
porte ordinairement TAnide défini la , au
lieu que la Cadence harmonique porte , com-
me individuelle, l'Article numérique. Une
Cadence parfaite. IVo/j Cadences évitées, &c»
Cadence iisniHe encore la conformité des
pas du Danieur avec la Mefure marquée
par rinftrument. Il fort de Cadence 9 il eji
h en en Cadence. Mais il faut obferver que
la Cadence ne fe marque pas toujours comme
fe bat la Mefure. AinCi , le Maîrre de Mu-
fique marque le mouvement du Menuet en
frappant au commencement de chaque Me-
fure ; au lieu que le Maître à danfèr ne bat
que de deux en deux Mefures , parce qu'il
en faut autant pour former les quatre pas
du Menuet.
CADENCÉ, adj. Une Mufique bien Ca-
dencée eft celle oh h Cadence ek fenfible ,
où le Rhythme & l'Harmonie concourent
le plus parfaitement qu'il efl poflible , à faire
fentir le mouvement : car le choix des Ac-
cords n'eft pas indifFérenc pour marquer léi
tems de la Mefure , & Von ne doit pas
pratiquer indifRrcmment la même Haimo-
CA.t> iji
me furie Fm)ppé &'fur leLa^« De ma-
rne il ne fume pas de parts^^er ' let Mefii-
res en valeurs égales j- pour en faire fen«
tir les recours égaux; mais le Rhythme ne
dépend pas moins de l'Accenc qu'on donne
i la Mélodie que des vàleu» qu'on donne
aux Noces; car on peuc a^oir des Tenu
trè^-éganx en valeurs , & coutéfois crès-mal
Cadencés ; ce n'eft pas aflêz que Tégalicé y
ibic , •& Êiut encore qu'on la feme.
CADENZA,/ /: Moc Italien , par lequel'
on indique un Point d'Orgue non écrie , ic
que i'Aucèur kiilè i la vdonté de celui qui
exécuce la Partie principale , à fin qu'il f
&flê^ rekdvement au coraÂere de l'Air»
les paflàges Jes plus convenables à ik Voix ,
à fon Inftrument ^ ou à Ton goût.
Ce Point d'Orgue ^'appelle CJoien^tf , parce
qu'il fe Êdt ordinairement fur la première.
Note d'^ne Gufence finale ;. & il s'àppeUe
aulfi Arbitriù , à cauie de iafliberté qu'on y^
laiflè à tExécutanc de fe livrer à Tes idées y
8c de fiiivre (on propre goût. La Mufique
Françoifè., (ur-iouc la vocak, quieft ex*
trêmem^c fervile , ne laifle au Chanceur
aucune pareille liberté , ^ont m£me il (k^
roit fort embarraiïé 4e faire ufage.
CANARDER,'v./i.G'cft , en jouanrdu
Hautbois,. -orer un Son iuifiUard&: rauque^
api^rbchanc.Qu cri du CaaanL: c'eft ce qui
arrive jaux.Commençabs. fie fiif-couc dans'
le bas , pour ne pas (errer aflèz Ywài^
des lèvres. . fli eft aufli tràîrotdinàfre i ceux
qui cbament là Hau^^iSiDg^^ CanàrJéri
I î
î
H4 C A N
parce que U Haute - Contre eft une Voix
h€dçc Se forcée, qui ft fenc couiours de
la contrainte avec laquelle elle fort.
CANARIE>/./ Efpece de Gigue dont
l*Air cftd'un mouvement encore plus vif
que celui de la Gigue ordinaire : c'eit pour^
quoi Ton le marque quelquefois par îV "
cette Danfe n'eft plus en u(àge aujouxdliui*
(Voyez Gigue.)
CANEVAS , / m. C*eft aînfi qu'on at^
pelle à l'Opéra de Paris des paroles que le
Muficien ajufte aux Notes d'un Air à paro«
dier. Sur ces paroles » qui ne fignifient rien ,
U Poëte en ajufte d'autres qui ne £gnifienc
as grand'chofc , où Ion ne trouve pour
ordinaire pas plus d'efprît que de iêns , où
la Prbfodie Françoife eft ridiculement es-
tropiée y 8c qu'on appelle encore > avec
grande raifon » des Canevas.
CANON yj[ «« Cétoit dans la Mufique
ancienne une lej^ ou méthode pour déter^
miner les rapports des Intervalles. L'on
donnoit aufli le nom de Canon à l'InAru*
ment par lequel on trouvoit ces rapports »
& Ptolomée a donné le même nom au Li-
vre que nous avons de lui fur les rapports
de tous les Intervalles harmoniques. En gé^
néral on appelloit SeSio Canonis , la divinon
du Monocorde par tous ces Intervalles , &
Canon unîverfalis ^ le MoiiQCOKle ainfi di-
vifé , qu la Table qui le repréfentoit. ( Voy.
Monocorde. )
CANON > en Mo/îque moderne , eft une
fonc de Ftigue qu'cm appelle perpétuelle^
CAN 155
parce que les Parties , partant Pune après
l'autre , répètent fans celle le même CKant.
Autrefois , dit Zarlin , on mettoit à la
tête des Fugues perpétuelles ^ qa'il appelle
JPu^he in conf^utnia ^ certains averdflemens
qui marquoieftt comment il fkloit chanter
ces fortes de Fugues ^ & ces arertiflemens
étant proprement les règles de ces Fugues ,
s'intituloient Canoiù , règles , Canons. De-
là prenant le titre pour la chofe , on a^ par
métonymie^ nommé Canon , cette espèce
de Fugue.
Les Canons les plus aifês à &ire & les
ÎIus communs , Ct prennent à TUnilIbn ou
r06kavc; c*cft-à-dire, que chaque Partie
répète fur le même ton le Chant de celle
qui la précède. Pour compofer cette efpece
de Canon , il ne faut qu'imaginer un Chant
à (on gré ; y ajouter , en Partition , autant
de Parties qu'on veut , à voix égales ; puis^
de toutes ces Parties chantées fucccffi vement,
former un feul Air ; tâchant que cette fuc-
ceflion produife un tout agréable , Coit dans
THarmonie, (bit dans le Chant.
Pour exécifter un tel Canon , celui qui
doit chanter le premier , part (èul , chantant
de fuite l'Air entier , Se \e recommençant
auffi-tôt fans interrompre la Mefure. Dès
que celui-ci a fini le premier couplet , qui
doit (ervir de fujet perpétuel , 8c fur lequel
le Canon entier a été compofé^ le fécond
entre , 8c commence ce mètne premier cou-
£let , tandis que le premier entré , pourfuît
i fécond : les autres partent de xneme fuc-
I4
t3< C A N
ceflSvement, dès que celui qui Ifs précède?
eft à la fin du même -premier couplée : ei^
recommençant aînfi , iànsiceflè, on ne
trouve jamais de fin générale , & l'on pour-*
fuit le Canon auflî long-tems qu'on veut.
L'on peut encore prendre une Fugue pcr-f
pétuelle à la Quinte , ou à la Quartciçcfù
à-dite , que chaque Partiç répétera le Chant;
de la précédaite , une Quinte ou une Quartç
plus haut ou plus bas. Il Ëiut alors que le
Canon foit imagbié tout entier , di prima in^
nn^ione , comme difent les Italiens , & quo
Ton ajoute des Bémols ou des Dièfcs aux
Notes y dont les degrés naturels ne ren-
droient pas exaâement , à la Quinte ou à
la Quarte , le Chant de la Partie précédente^.
On ne doit avoir égard ici à aucune mo-
dulation y mais feulement à l'identité du
Chant ; ce qui rend la compoiition du Ca^
non plus difficile : car à chaque fois qu'une
Partie reprend la Fugue, elle entre dans un
nouveau Ton : elle en change prefque à
chaque Note , & qui pis eft , nulle Partie
ne fe trouve à la fois dans le même Ton
qu^une autre ; ce qui &it que ces fortes de
Canons , d'ailleurs peu faciles à fuivre y ne
fbnt jamais un ettet agréable , quelque
bomie quen (bit l'Harmonie, Çc quelque
bien chantés quiU fbient.
.Il y a une troifieme forte de Canons très*
rares y tant à caufè iie TexceiEve di^culré ,
que parce qu'ordinûrement dénués d'agré-
mens , ils n'onc d'autre mérite que d'avoir
^ditc |;>eauçoup de. jgàpç à &i[ç, C'cft «tt
11
C A N 137
qu'on pourroît appeller double Canon ren^
ver fi y tant par l'inverfîon qu'on y met , àans
le Cham des Parties > que par celle qui (e
trouve entre les Parties mêmes ^ en les chan-*
tant. Il y a un tel artifice dans cette efpecc
de Canons , que , fbit qu'on çhânte les Par-
(ies dans Tordre naturel y fbit qu'on ren«
verfe le papier pour les chanter dans un or«<
dre rétrograde , en (brte qi\e Ton commencer
ar la fin, &: que la Ba(Ie devienne le Def-
us , on a toujours une bonne Harmonie &
un Canon régulier. ( Voyez PL D. Ftg, 1 1 . )
deux exemples de cette efjpece de Canons
cirés de Bontempi , lequel donne auflï des
règles pour les compofer. Mais on trouvera
le vrai principe de ces règles au mot Sys*
TEMiy, dans Texpoiition de celui de M«
Tartini.
Pour faire un Canon dont l'Harmonie foiç
un peu variée , il faut que les Parties ne fb
fuivent pas trop promptement , que Tune
n'entre que long-tems après l'autre. Quand
elles (è fuivent fi rapidement , comme à la
Pau(e ou demi-Pau(e , on n'a pas 4e tems
d'y faire pafTcr plusieurs Accords , & le G7-
non ne peut manquer d'être monotone ;
mais ceft un moyen de faire, fans beaucoup
de peine , des Canons à tant de Parties qu'on
veut : car un Canon de quatre Mcfures. feu-
lement y fera déjà à huit Panies fi elles (e
fuivent à la demi-Raufe y 6c ^ chaque Me-
sure qu'on ajoutera ^ Ton gjàfçnttSL encore
4eux^ Parties. '
' yfimpearcur Charles VI, quiétoic grand
i)S C A N
Mufîcien Se compofoit très-bien, fe plai-
foit beaucoup k faire & chanter des Canon*.
L'Italie cfl encore pleine debn beaux Ca-
Ofins qui oni été faits pour ce Prince , pat
les tneilleurs Maîtres de ce pays-U.
CANTABILE. AdjeAif Italien, qui figni-
fie Charuabk , commode à chanter, il fe die
de tous les Chants dont , en quelque Mc-
fure que ce foit , les Intervalles ne (ont pas
trop grands, ni les Notes tiop ptccipiiées;
de forie qu'on peut les chanter aifémenc
iàiis forcer ni pcncr la Voîx, Le mot Cùn/c-
bik palTe aufli peu-à-peu dans l'ulâge Fran-
Çob. On dit : parlez-moi du Caniabîle j un
deau Cancabile me plait plus que tous vos Airs
d'exicution.
CANTATE,/./: Sotte de petit Poëœe
Lyrique qui fe chante avec des Accompa-
gnemens , & qui , bien que fiiit pour la
chambre , doit recevoir du Muncien la
chaleur &c les grâces de la Mufique imiu-
tive & théâtrale. Les Cantates (ont ordinai-
rement compofccs de rrois Rfcitatift , Se
d'autant d'Aîrs, Celles qui font en récit , &
les Airs en maximes, font toujours froidcl
ic m-iuvaifesi le Muflcicn doit les rebuter.
Les meilleures lÔnt celles où , dans une
Hiuation vive & touchante , le principal pcr-
/onnage parle lui-même ; car nos Caniaut
font communément à vcmx feule. Il y en x
pourtant quelques unes à deux Voix en for-
me de Dialogue, & ccUts-U font encore
agréables, quand on 7 dit introduuc d<
l'iatéi^i. Mais comme il &at loujouis un
C A N 1)9
ftn d'échafaudage poar fimre une (brte
d'expoficion , & mettre fauditeur au fait »
ce n'eft pas ùais raUbn que les Cantates ont
pafle de Mode , 8c qu'on leur a fubftkué,
même dans ]c$ G>ncerts , des Scènes
d'Opéra.
I^ Mode des Cantates nous eft venue
dltalie^* comme on le voie par leur nom
qui eft ItaUen , & c'eft l'Italie aufC qui les
a pro(crites la première. Les Cantates qu'on
y £iit aujourd'hui > (ont de véritables Pie*
CCS dramatiques à plusieurs Aâeurs , qui
ne diffèrent des Op&a , qu'en ce que ceux-cî
iè repréfèntent au Théâtre , Se que les
Cantates ne s'exécutent qu'en Concert :
de fone que la Cantate eft fur un fujet
profane^ ce qu'eft TOratorio fur un fujet
£icré.
CANTATILLE ,/ f. Diminutif de Can^
tate, n'eft en effet qu'une Cantate fort courte,
dont le fujet eft lié par quelques vers de
Récitatif, en deux ou trois Airs en Ron«
deau*pour l'ordinaire, avec des Accompa-
gnemens de S/mphonie. Le genre de la
Cantatille vaut moins encore que celui de
la Cantate , auquel on l'a fubftitué parmi
nous« Mais comme on n^y peut développer
ni paflions ni tableaux , & qu elle n'eft mC-
ceptible que de gentillefle , c'eft une ref-«
fburce pour les petits fàifeurs de vers , Se
pour les Mudciens iàns génie.
CANTIQUE, yi m. Hymne que l'on
diante en l'honneur de la Divinité.
Les premien 6c les plus anciens Cantiques
t4o C A IST
furent compofés à Toccafion de quelque
événement méftiorable, & doivent être cornp*
tés entre les plus anciens monumens hiftori-
ques.
Ces Cantiques étoienc chantés par des
Chœurs de Mufique , & fouvent accom-
pagnés de danTes, conune il paroît par TEcri-
tare. La plus grande Pièce, qu'elle nous
oflFre y en ce genre > eft le Cantique des Can-
tiques , Ouvrage attribua à Salomon , &
que quelques Auteurs prétendent n être que
l'Epithalame de fbn mariage avec la nlle
du Roi d'Egypte, Mais les Théologiens
montrent^ fous cet emblème , Tunion de Je-
ius-Chrift & de TEglife. Le fieur de Cahufac
ne voyoic , dans le Cantique des Cantiques ,
qu'un Opéra très-bien fait s les Scènes , les
Récits , les Duo , les Chœurs , rien n'y man-
quoit , félon lui , & il ne doutoit pas même
que cet Opéra n'eût été repréfenté.
Je ne lâche pas qu'on ait confervé le
nom de Cantique à aucun des chants de
TEglife Romaine y (i ce n'eft le Cantique de
Siméon , celui de Zacharie , & le Magnifia
cat appelle le Cantique de la Vierge. Maïs
parmi nous on appelle Cantique tout ce qui
fe chante dans nos Temoles y ^excepté les
Pfeaumes qui confervent leur nom.
Les Grecs donnoient encore le nom de
Cantiques à certains Monologues pafHonnés
de leurs Tragédies , qu'on chantoit fur le
Mode Hypodorien , pu fur PHypophry-
gien \ comme nous l'apprend Aiiftoce au dix«
neuvième de fes Prob!£mes«
C A N Î41
CANTO. Ce mot Italien, écrit dans une
"Partition fur la Portée vuide du premier Vio-
lon y marque qu'il doit jouer i l'umÛon
fur la Partie chantante.
CAPRICE J. m. Sorte de Pièce de Mu-
flque libre , dans laquelle TAuteur , fans
s'ailù|enir à aucun fujet , donne carrière à
fbn génie & fe livre à tout le feu de la
Coinpofition. Le Caprice de Rebel étoit e(^
timé dans-fon tems. Aujourd'hui les Caprin-
ces de Locatelli donnent de l'exercice à nos
Violoris.
CARACTERES DE MUSIQUE. Ce font
les divers fignes qu^on emploie pour repré-
fenter tous Tes Sons de la Mélodie , & tour-
tes les valeurs des Tems <& de la Mefure ;
de (brte ^u'à Taide d« ces Caractères on puifle
lire &c exécuter la Mufique exaftement
comme el!e a été compofée , & cette ma-
nière d'écrire s'appelle Noter. (♦Voyez No-
tes. )^
Il n'y a que les N irions de l'Europe qui
fâchent écrire leur Mufique. Quoique dans
les autres parties du Monde chaque Peuple
ait;iufli la fienne , il ne paroît pas qu'aucun
d'eux, ait poufle fes recherches jufquà àes
Caraâeres pour la noter. Au moins eft - il
fur que les Arabes ni Içs Chinois , les deux
Peuples étrangers qui ont le plus cultivé
les Lettres , n'ont , ni l'un ni l'autre , de
pareils Caractères. A la vérité les Perfans
donnent des noms de Villes de leur pay?
ou des parties du corps humain aux qua-
jrante-huit Sons de leur Muiique. Ils difent >
M*
CAR
par exemple , pour donner l'intûnation d'un
Air : AHei de cette Ville à cdU-là i OU , û/Zc^
eu doigt au coude. Mais ils n'onr aucun figne
propre pour exprimer fur le papier ces mêmes
Sons ; & , quant aux Chinois , on trouve
dans le P. du Halde , qu'ils furent étranf
ment fiirpris de voir les Jéfuites noter
lire fur cette même Note tous les Airs Cii
noîs«qu'on leur fiilbit entendre.
Les anciens Grecs fe (crvoJcnt pour Ca-
racleres dans leur Mufique, ainfi que dans
leur Arithmétique , des lettres de leur Al-
phabettmaisaulieu de leur donner, dans la
Mulîque , une valeur numéraire qui mar-
quât les Intervalles , ils fe contentoient de
les employer comme Signes , les combinant
en diverfes manières , les mutilant , les ac-
couplant , les coucliant , les retournant dif-
féremment , félon les Genres & les Mo-
des , comme on peut voir dans le Recueil
d'Alypius. Les Latins les imitèrent , en fc
fervant , à leur exemple , des lettres de l'Al-
phabet , & il nous en reftc encore la lettre
jointe au nom de chaque Note de notre
Échelle diatonique & naturelle.
Gui Arétîn imagina les Lignes , les Por-
tées , les Signes particuliers qui nout /ont
demeurés fous le nom de Notes , & qui
Jbnt aujourd'hui la Langue MuHcalc & unî-
verfelle de toute l'Europe. Comme ces der-
niers Signes, quoiqu'admis unanimemenr
& perfiâionnés depuis l'Arétin , ont en-
core de grands défauts , plulïeurs ont tenté
de leur fubflituer d'autres Notes : de ce
1«- I
CAR i4î
nombre ont été Parran , Souhaittî , Sauveur ,
Dumas , Se moi-même. Mus comme , au
fend , tou$ ces fyftémes ^ en corrigeant d'an-
ciens défauts auxqUek on eft tout accou^
tumé y ne (àifbient qu'en fubftituer d'autres
dont l'habitude eft encore à prendre > je
penfe que le Public a très-iàgement fait de
kiHèr les chofes comme elles font , & de
nous renvoyer , nous & nos fyftémes , au
pays des vaines fpéculations.
CARRILLON, Sorte d'Air feit pour être
exécuté par plufieurs Cloches accordées à
i^ftërens Tona. Comme on fait plutôt le
Carrillon pour les Cloches que les Cloches
pour le Carrillon , l'on n'y fait entrer qu'au-
tant de Sons divers qu'il y a de Cloches.
Il faut obferver de plus , que tous leurs Sons
ayant quelque permanence , chacun de ceux
qu'on trappe doit faire Harmonie avec celui
qui le précède & avec celui qui le fuit ;
aftujettiftement qui, dans un mouvement
gai , doit s'étendre à toute une Mefure &
même au-ddà , afin que les Sons qui du-
rent enfèmble ne diflbncnt point à l'oreille.
Il y a beaucoup d'autres obiervations à faire
pour compofer un bon Carrillon , & qui
rendet|ke travail plus pénible que facisfai^
fant : cÊ c'eft toujours une fotte Muiique
que celle des Cloches , quand même tous les
Sons en feroiem exactement juftes > ce qui
n'arrive jamais. On trouvera ( Planche A.
Fig. 14. ) l'exemple d'un Carrillon confon-
nant ,^ compf;^ pour être exécuté fur une
Pendule à nero timbres , faite par M. Ro-
t44 C A K
jnilly, célèbre Horloger. On conçoit qti*
Texcréme gêne à laquelle afTuîemfTent 1«
concours harmonique des Sons voifins , Si
ic petit nombre cfes timbres , ne pannes
gueres de mettre du Chant dans un fèm'^
blable Air.
CARTELLES. Grandes feuilles de peau
d'âne préparées , fur lefquelles on entaille
les traits des Portées , pour pouvoir y noter
tout ce qu on veut en cornpofant , & Tet
fàccr enfuite avec une éponge -, Pautte côté
qui n'a point de Portées peut fervîr à écrire
& barbouiller , & s'ef&ce detnéme , pourvu
qu'on n'y lailïè pas trop vieillir l'encre-
Avec une Candie un Composteur (bigneuz
en a pour fa vie ^ & épargne bien des ra-
mes de papier réglé : mais il y a ceci d'in-
commode , que la plume paflant continuel^*
lement fur les lignes entaillées ^ gratte &
s'émoufle fecilement. Les CartelUs viennent
toutes de Rome ou de Naplw*
CASTRATO , f. m. Muîîcien qu'on a
privé , dans fon enfonce , des organes de la
génération , pour lui conferver la voix aiguë
qui chante la partie appellée Dejfus ou «Sb-
prano. Quelque peu de rapport qu*on ap-
perçoive entre deux organes fi di^rens ,
il tft certain que la mutilation de l'un pré-
vient & empêche dans l'autre cette muta-
tion qui furvient aux hommes à lâge nu-
bile , & qui baiflè tout - à - coup leur voix
d'une Oàave. Il fe trouve , en Italie des
Çercs barbares qui» facriHan^la Nature à la
fortune y livrent leurs cnfàfi^ i cette opé-
ration «
CAS î4f
tâtiùn y pour le plaiiîr des gem Voluptueux
6c cruels, qui ofent rechercher le Chant
dé CCS malheureux* Laiflbns aux honnêtes
Femmes des grandes Villes les ris mode(&s ,
Pair dédaigneux , & les propos plaifàns dont
îb font Téternel objet ; mais fàifoiis enteii^
dre 3 s'il fe peut y la voix de la pudeur ôC de
l'humanité qui crie & s*éleve contre cet iu-
Ême ufâge , & que les Princes qui l encou*
xagent par leurs recherches , rougiflent une
ibis de nuire , en tant de façons , à la con-^
fervation de l'efpece humaine.
Au refte , l'avantage de la voix (e com-»
penfè dans les Cajirati par beaucoup d'au^
très pertes. Ces hommes qui chantent lî
bien , mais fans chaleur & fans paflions ,
font > fur le Théâtre , les plus mauflàdes
Aâeurs du monde > ils perdent leur voix
de très-bonne heure & prennent un embon*
pcàtiz dégoûtant. Ils parlent Se prononcent
plus mal que les vrais hommes , & il y a
même des lettres telles que l'r , qu'ils tiû
peuvent point prononcer du tout.
Quoique le mot Cajirato ne puific offert*
fer les plus délicates oreilles ^ il n^en eft pas
de même de fbn fynonyme François. Preuve
évidente que Ct qui rend les mots indécens
ou déshonnêtes dépend moins des idées
qu'on leur attache , que de l'ufage de la
bonne compagnie > qui les tolère ou les prof^
crit à fon gré.
On pourroit dire, cependant , que le mot
Italien s'admet comme repréfentant une pto-
Diçl. de JMufique. Toms I. K
H6 C a T
feifîon y au lieu que le mot François ne re*
préfente que la privation qui y eft Jointe.
C AT ABAUCALESE.Chanfon des Nour-
rices chez les Anciens. (Voyez Chansok.)
C ATACOUSTIQUE , f. f. Science qui a
pour objet les Sons réfléchis , ou cette par-
tie de TAcouftique qui confidere les pro-
priétés des Échos. Ainfî la Catacouftique eft
à TAcouftique ce que la Catoptrique eft à
rOptique.
CA TAPHONIQUE , / /I Science des
Sons réfléchis qu'on appelle aufli Catacoufii^
que, ( Vovez VAnicle précédent. )
C A V A TINE , f. f. Sorte d'Air pour l'or-
dinaire aflèz court, qui n'a ni Repri(è , ni
féconde Parde , & qui Ce trouve fouvent
dans des Récitatifs obligés. Ce changement
fubit du Récitatif au Chant mefuré, &lc
retour inattendu du Chant mefuré au Ré-
citatif , produifent un effet admirable dans
les grandes expreflîons , conune font tou-
jours celles du Récitatif obligé.
Le mot Cavatina eft Italien , & quoique
je ne veuille pas , comme Broflard, expli-
quer dans un DiÂionnaire François tous les
mots techniques Italiens , fur-tout lorfque
ces mots ont des fynonymes dans notre
Langue; je me crois pourtant obligé d'ex-
pliquer ceux de ces mêmes mots , qu'on
emploie dans la Muflque notée ; parce qu'en
exécutant cette MuHque , il convient d'en-
tendre les termes qui s'y trouvent , & que
l'Auteur n'y a pas mis pour rien.
CENTONISER , v. n. Terme de Plain-
C H A I4T
Qiânt. Ceft compofer un Chant de tr^
recueillis & arrangés pour la Mélodie qu'on
a en Yûe« Cette manière de cx>mporem'eft
pas de l'invention des Symphoniaftes mo-
dernes ; puifque» ^lon TAbbé le Beuf > Saint
Grégoire lui-même a Centonifé.
CHACONNE,/:/; Sorte de Pièce de
Muiique iàite pour la Danfe , dont la Me-
fure eft bien marquée & le Mouvement
modéré. Autrefois il y avoit des Chaconnes
à deux tems & à trois ; mais on n'e^ fak
plus qu'à trois. Ce font , pour l'ordinai-
re ^ des Chants <}u'on appelle Couplets j
compofës & varies en aiverfes maniè-
res, far une Ba(Iè-contrainte , de quatre
en quatre Mefures , commençant prefque
-toujours par le focond tems pour prévenir
l'interruption. On s eft affranchi peu- à- peu
de cette contrainte de la BaÛè > & l'on n'y
a prefque plus aucun égard.
La beauté de la Chaconne confifte à trou-
ver des Chants qui marquent bien le Mou-
vement, & comme elle eft fouvent fo:C
longue, à varier tellement les Couplets qu'ils
contraftent bien enfcmble , & qu'ils réveil-
lent {dSi& ceffe l'attention de l'Auditeur. Pour
cela , on pafle & rçpaffe à volonté du Majeur
au Mineur^ (ans quitter pourtant beaucoup
le Ton principal, ôc du grave au gai , ou
du tendre au vif, fans prellèr ni ralentir ja-
mais la Mefure.
La Chaconne eft née en Italie , & elle y
éwx, autrefois fort en ulàge , de même qu'en
K 1
148 C H A
^Efpagne. On ne la connoît plus aujourd'hui
qu'en France dans nos Opéra.
CHANSON. Efpece de petit Poème ly-
rique fort court , qui roule ordinairement
fur des fujets agréables y auquel on ajoute
un Air pour être chanté dans des occasions
familières , comme à table , avec Ces amis ,
avec {a maîtreflè, & même feul , pour éloi-
gner , quelques inftans , l'ennui fi l'on eft
riche; & pour fupporter plus doucement
la mifere & le travail , fi l'on eft pauvre.
L'u(age des Ckanfons (cmble être une fiiîte
naturelle de celui de la parole > & n'eft en
effet pas moins général ; car par-tout où l'on
parle , on chante. Il n'a (âllu , pour les ima-
giner , que déployer fes organes , donner
un tour agréable aux idées dont on aimoit
à s'occuper, & fortifier par l'expreflîon
dont la voix eft capable , le fentîment qu'on
vouloit rendre, ou l'image qu'on vouloit
peindre. Aufli les Anciens n'avoient-ils point
encore l'art d'écrire , qu'ils avoient déjà des
Chanfons, Leurs Loix & leurs hiftoires , les
louanges des Dieux & des Héros , furent
chantées avant d'être écrites. Et de-là vient ,
félon Ariftote , que le même nom Grec fut
donné aux Loix & aux Chanfons.
Toute la Poéfie lyrique n'étoit propre-
ment que des Ckanfons ; mais je dois me
borner ici à parler de celle qui portoit plus
particulièrement ce nom , & oui en avoic
mieux le caraâere (èlon nos idées.
Commençons par les Airs de table. Dans
les premiers tems ^ dit M. de la Naiizc >
C H A 149
t0us les Convives , au rapport de Dicéar-
que , de Plutarque & d'Artémon, chantoient
enfèmble , & d'une feule voix > les louan-
ges de la Divinité. Ain/i ces Chanfons étoient
de véritables Péans ou Cantiques facrés. Les
Dieux n'étoient point pour eux des trouble*
fêtes; & ils ne dédaignoient pas de les ad-
mettre dans leurs plaiflrs.
Dans la fuite les Convives chantoient fuc*
ceffivement , chacun à (on tour , tenant une
branche de Myrthe » qui paflbit de la main
de celui qui venoit de chanter , à celui
qui chontoit après lui. Enfin quand la Mu-
fique fe perfeâionna dans la Grèce , &
qu'on employa la Lyre dans les fèflins , il
n'y eut plus, difent les Auteurs déjà cités >
que les habiles gens qui fuflènt en état de
chanter à table ; du moins en s'accompa-
gnant de la Lyre. Les autres , contraints de
s'en tenir à la branche de Myrthe , donnè-
rent lieu à un proverbe Grec , par lequel
on difbit qu'un homme chantoit au Myr-
the , quand on vouloir le taxer d'ignorance.
Ces Chanfons accompagnées delà Lyre,
& dont Terpandre fat l'inventeur , s'appel-
lent Scolies , mot qui fîgnific oblique ou
tortueux , pour marquer 3 félon Plutarque,
la difficulté de la Chdrtfon; ou comme le
veut Artémon, la ftuaiion irréguliere de
ceux ^ui chantoient : car , comme il faloit
^£trç h^ile pour chanter ainfi , chacun ne
chantoiC' pas à fôn rang ; mais feulement
.ceux qui (jtvoiem la Mufique , lefquels fe
K ^
ij* CHA
uouvoîent difperfés çà & là , & placés oHî.
quement l'un par rapport à l'autre.
Les Sujets des Scolies fe tiroient non-
fenlement de l'amour & du vin , ou du
plaHir en général > comme aujourd'hui y mais
encore de Thiftoire , de la guerre , & mê-
me de la morale. Telle eft la Chanfon d'A-
riftote fur la mort d'Hermias Ton ami &
fon allié » laquelle fit accufer Ton Auteur
aimpicte.
** O vertu 5 qui , malgré les dîKîcultés
^ que vous prélentez aux fbibles mortels ^
» êtes l'objet charmant de leurs recherches 1
" Vertu pure & aimable! ce fut toujours
«' aux Grecs un deftîn digne d'envie de
» mourir pour vous, & de fouffirir avec
» confiance les maux les plus affreux. Telles
» font les femences d'immortalité que vous
» répandez dans tous les cœurs. Les fruits
'* en font plus précieux que l'or , que l'axni-
» tié des parens , que le fommeu le plus
»• tranquille. Pour vous le divin Hercule &
'' les ms de Léda fupporterent miUe tra^
'^ vaux , & le fttccès de leurs exploits an-
» nonça votre puiflànce. Ceft par amour
« pour vous qu'AchiUe & Ajax defcendî-
» rent dans l'Empire de Pluton^ & c'efl
*» en vue de votre célefle beauté , que fe
^ Prince d'Atarne s'cft auiE privé de la lu-
» miere du Soleil. Prince i jamais célèbre
«» par fes aâions ; fes filles de Mémoire
M chanteront fa gloilre toutes les fois qu'elles
^ chanteront k culte de Jupiter Hofpitap
CHA iji
» lier , & le prix d'une amitié durable 8c
» fincere ».
Toutes leurs CAanforu morales n'étoienc
pas ft graves que celle-là. En void une d'un
goût (Eurent , tirée d'Athénée.
** Le premier de tous les biens e(l la
« Tancé, le fécond la beauté, le troifiema
» les richeflès amai1<^es (ans fraude , _6c le
a quatrième U ieuiieflè qu'on pallè avec
» les amis ».
Quant aux Scolîes qui roulent fur l'amour
& le vin , on en peut juger par les foixante
& dix Odes d'Anacréon , qui nous reftent.
Mais dans ces fortes de Chanfans mêmes,
on voyoit encore briller cet amour de la
Patrie Se de U liberté dont tous les Grecs
Soient tranfponés.
" Du vbi & de la fànté , dit une de ces
w CAon/o/ij, pour ma Clitagora 5c pour moi,
-" avec le fccours des Theflàliens '•. Ccft
qu'outre que Clicagor^ était Thc(&lienne ,
les Athéniens avoient autrefois reçu du (è-
cours des ThelTàliens , contre la tyrannie
des Pi/îftratidcs.
Ils avoiait aulli des Chanfons pour les dî-
veriës profeilîons. Telles ctoient les Chaa'
forts des Bergers , dont une cfpece appellée
Bucoliafme , étoît le véritable Chant de
ceux qui conduilbicnt le bétail ; & l'autre »
qui eft proprement la Paftoraie , en étoit
Vagr&ble imitation : la Ckanfon des Moif-
fonneurs , appellée le LytUrje , du nom d'un
Bis de Mid^ , qui soccupoit par goût à
£ùre la moillbn : U Chanfon des Meuniers
K4
15* C H A
appelle Hymée , ou Epiaulie ; comme celle-
ci tirée de Piûtarque ; Mouls^^ , meule , moù"
te[ : car Pittacus qui règne dans Paugufte
Miiyltne: aime à moudre ; parce que Pitta-
cu<^ étoir grand mangeur : la Chanfon des
Ti/ïcrands , qui s*appclloit Eline : la Chan-
y^n Yule àts Ouvriers en laine : celle é^^
Nourrices , qui s'appelloic CatabaucaUfe ou
Jfunnie : la Chanfon des Amans , appellée
Nçmion : celle des femmes , appellée Cû/y-
ce ; Harpalice ^ celle des filles. Ces deux
dernières, attendu le fexe , étoient auifî des
Ckanfons damour«
Pour des occafîons particulières) ils avoienc
la Chanfon des noces , qui s'appelloit Hy-
menée y Epith4dame : la Chanfcn de Datis ^
pour des occafîons îoyeufes : les lamenta-
tions , Vlaleme & le Zinos pour des occa*
fions fisnd^res & triAes. Ce Linos fè chan*
toit auffi chez les Egyptiens , & s^appelloit
par eux Maneros , du nom d'un de leurs
Princes , au deuil, duquel il avoit été chanté.
Par un paflâge d^Euripide , cité par Athé-
rée, on voit que le Linos pouvoit aullî
marquer la joie.
Enfin , il y avoir encore des Hymnes ou
Chanfons en Thomieur des Dieux & des
Héros. TcUes étoient les Iules de Gérés &
Profcrpîne , la PhileUe d'Apollon , les Upiih
ges de Diane ) &c.
Ce genre {xifla des Grecs aux Latins , 8c
pluiîeurs Odes d'Horace, font des Chan*
fons galantes ou bachiques. Mais cette Na«
tion , plus guerrière que fenfueUe > fit ^
CHA in
durant très-l6ng-tems , un mëdîocrc u(àge
de la Mufique & des Ckanfons , & n'a ja-
mais approché , fur ce point , des grâces
de la volupté Grecque. Il paroît que le
Chant refta toujours rude & groffîer chez
les Romains. Ce qu^ils chantoient aux no-
ces , étoit plutôt des clameurs que des
Chanfons , & il n*cft guercs à préfumer que
les Chanfons fatyriques des Soldats , aux
triomphes de leurs Généraux , euflènt une
Mélodie fort agréable.
Les Modernes ont auffi leurs Chanfons
de différentes efpeces, félon le génie & le
goût de chaque Nation, Mais les François
l'emportent fur toute l'Europe , d^iîs l'art
de les compofer , finon pour le tour & la
Mélodie des Airs , au moins pour le fel ,
la .grâce & la finefle des paroles ; quoique
pour l'ordinaire Pefprit & la fatyre s'y
montrent bien ihieux encore que le foiti-
ment & la volupté. Ils fe font plus à cet
amufement & y ont excellé dans tous les
tems , témoins les anciens Troubadours. Cet
heureux peuple' eft toujours gai , tournant
tout en plaifahterie : les femmes y font fort
galantes , les hommes fort diflîpés , & le
pays produit d'excellent yin ; le moyen de
n'y pas chanter fans cefle ?' Nous avons
encore d'anciennes Chanfons de Thibault,
Comte de Cham{^agne , l'homme le plus
galant de fon fiecle , mifès en Mufique
par Guillaume de Machault. Marot en fit
beaucoup qui nous reftent , & grâce aux
Airs d'Orlande & de Claudia y- nous en
i;4 C H A
avons au(C plufieurs de la Pléyade de Clhar^
ks IX. Je ne parlerai point des Chanfons
plus modernes , par lefquelles les Muûciens
Lamben > du Bounèt , la Garde & autres,
ont acquis un nom, & dont on trouve
autant de Poètes , qu'il y a de gens de
plai(îr parmi le Peuple du monde qui s'y
livre le plus, quoique non pas tous auflî ce*
kbres que le Comte de Coiuange & P Abbé
de Lattaignant. La Provence & le Langue*
doc n'ont point non plus dégénéré de leur
premier talent. On voit toujours régner dans
ces Provinces un air de gaieté qui porte
(ans ceflè leurs habitans au Chant & à la
Danfe. Un Provençal menace ^ dit-on, foa
•nnemi d'une Chanfon^ comme un Italien
menaceroit le fien d'un coup de ftilet ;
chacun a les armes. Les autres Pays ont
aufli leurs Provinces Chanfonnicres \ en An«
glcterre c'eft l'Ecoffe , en Iulie c'eft Ve-
nifè. ( Voyez B arc arolles. )
Nos Chanfons font de pluneurs fortes »
mais en général elles roulent ou fur l'a-
mour , ou fur le vin , ou fur la iatyre.
Les Chanfons d'amour font s les Airs ten-
dres qu'on appelle encore Airs férieux ;
les Romances , dont le caraâere eft d'é-
mouvoir l'ame infeniiblement par le récit
tendre & naïf de quelque hifbire amou-
reufe & tragique s les Chanfons çaltorales
& ruftiques , dont plufieurs font Eûtes pour
danfer > comme les Mulèttes , les Gavot-
ces , les Branles , &c.
Les Chanfons à boire (ont affez commo*
C H A /lyj
Bernent des Airs de Ba(Ie ou des Rondes
de cable : c'eft avec beaucoup de raifon
qu'on en fait peu pour les Deflus *, car il
n'y a pas une id^ de débauche plus cra-
puleuiè & plus vile que celle d'une femme
ivre.
A regard des Chanfons fatyriques > elles
font compriles fous le nom de Vaudevfl*
les 9 & lancent mdific^remment leurs craies
iiir le vice & fur la venu > en les ren«
dant également ridicules > ce qui doit proC»
crire le Vaudeville de la bouche des gens
de bien.
Nous avons encore une efpece de Chanfoa
qu'on appelle Parodie. Ce (ont des paroles
2u'on a^ufte comme on peut fur des Airs
e Violon , ou d'autres Inftrumens, & qu on
&it rimer tant bien que mal , (ans avoir
égard à la mefure des vers ^ ni au carac*
tere de l'Air y ni au fens des paroles , m
le plus Ibuvent à l'honnêteté. ( Voyez Pa-
RODIE.)
CHANT i f. m. Sorte de modification
de la voix humaine , par laquelle on finrme
xles Sons variés & appréciables. Obfèrvons
que pour donner à cette définiûon toute
f nniverfâlité qu elle doit avoir > il ne £mc
pas feulement entendre par Sons apprécia-^
Blés y ceux qu'on peut awgner par lis Notos
de notre Mufique ^ & rendre par les tou-
ehes de notre Clavier ; mds tous ceux donc
on peut trouver ou fentir l'Uniflbn Se
calculer les Intervalles de qodque manière
que ce Cok.
is6 CH A
It eft très-difficile de déterminer en quoi
k voix qui ferme la parole y diffère de la
•voix qui fonne le Ckant. .Cette différence
eft feniiUe , mais on ne voit pas bien dsâ-
rement en quoi elle confîfte » & quand on
veut le chercher > on ne le trouve pas. M,
Dodare a 'fait des obfênrations anatomiques,
à la &veur «derquelles il croit , à la vérité ,
trouver » dans les diffîrentes )iituations du
Larynx , 'la oaufè de .ces .deux fortes de
voix» Mais je ne fais .fi ces obfervadons ,
ou ies Gonféqueaces qvi^'û. jar^tire , font bien
certaines. (Voyez Voix.) Il femble ne
■manquer ^atf x Sons , qui ^forment k parole ,
que la permanence > pour former un vé^
ritable Ckant » il partit iiuiS que ks dîve&-
(ès inflexions qu'on ;donne à la voix en
parlant , ^nnent des IntêrvaUes qui ne ibnt
point' harmoniques, qui ne font pas partie
<ie nos fyfllémes de Mufique , Ôc qui , par
ronféquènt , ne pouvant être exprimés en
Note ^ ne (ont pas proprement du ChûM
pour nous.
Le Chant ne femble pas naturel à Thom-
me. Quoique les Sauvages de l'Amérique
chantent , parce qu'ils parlent , le vrai Sau-
vage ne chanta famab. Les Muets ne chan-
tent point ; ib ne forment que des voix fans
rrmanence , des mugiflèmens fourds que
befoin leur arrache. Je douterois que k
^eur Pereyre , avec cour fon calent , pût
jamais cirer d'eux aucuii Ctaat mufical. Les
enfàns crient , pleurent , & ne chantent
point. Les premières exprefEons de k i)t-*
G H A 157
tare n*onc rien en eux de mélodieux ni de
fonore , & ils apprennent à Chanter comme
à parler, à notre exemple. Le Chant mé«
lodieux & appréciable n'eft qu'une imita-
tion paiiîble & artificielle des acceiis de la
Voix parlante ou paflionnée ; on crie &
Ton fè plaint (ans chanter : mais on imite
en chantant les cris & les plaintes ; & com-
me , de toutes les imitations y la plus in«>
téreilànte eft celle des pafllons humaines,
de toutes les manières d'imiter la {dus
agréable eft le Chant.
Chant , appliqué plus particulièrement à
notre Mufique , en eft la partie mélodieu(è,
cdle qui réfulte de la durée & de la fuc-
ceiEon des Sons, celle d'où dépend toute
l'expreffion , ^ à laquelle ^out le refte eft
i(ubordonné« (Voyez. Musique, Mélo-
die.) Les Chants agréables frappent d'abord,
ils (è çravent facilement dans la mémoire j
mais ils (ont fouvent Técueil des Compoii-
teurs , parce qu'il ne faut que du (avoir
pour entaflèr des Accords , Se qu il faut du
talent pour imaginer des Chants gracieux.
Il y a dans chaque Nadon des tours de
Chants triviaux & ufés , dans lefquels les
mauvais Mufîciens retombent fans ceflè -y 'A
y en a de baroques qu'on n'ufe jamais ,
parce que le Public les rebute toujours.
Inventer des Chants nouveaux , appanicnc
à l'homme de génie : trouver de beaux
Chants , appartient à l'homme de goût.
Enfin , cuns (on fens le plus refTerré ,
Chant fe dit fodement de la Mufîque va-*
15» C H A
cale ; Se dans celle qui eft mêlée de Sym^
phonie , on appelle Farcies de Chant , cdles
qui font deftinécs poiir les Voix.
CHANT AMBROSIEN. Sorte de
Plain - Chant dont l'invention eft attribuée
I Saint Ambroife , Archevêque de Milan.
(Voyez Plain-Chant. )
CHANT GREGÇRIEN. Sorte de Plabi-
Chant dont f invention eft attribuée à Saine
Grégoire Pape , 6c qui a été (ubftitué ou
préféré dans la plupart des Eglifès » aa
Ciant Ambrofien. (Voy. Plain-Chant.)
CHANT enlSON ou CHANT EGAL.
On appelle ain(î un Chant ou une P(àlmo-
die qui ne roule que fur deux Sons , & ne
forme , par conféquent , qu'un (èul Inter-
Vsdle. Quelques Ordres Religieux n'onc dans
leurs EgUfes d'autre Chant que le Chant en
Ifon.
CHANT SUR LE LIVRE. Plain-Chant
ou Contre -point à quatre Parties > que les
MuHciens compofent & diantent impromp-
tu (ur une (èule ; favoir , le Livre de Chœur
qui eft au Lutrin : en forte » qu'excepté It
Partie notée » qu'on met ordinairement à la
Taille, les Muudens afFcâés aux trois au-
tres Parties, n'ont que celle-là pour guide »
& composent chacun la leur en chantant.
Le Chant fur U Livre demande beaucoup
de fcience , d'habitude & d'oreille dans
ceux qui l'exécutent , d'autant plus qu'il n'eft
K toujours aifé de rapponer les Tons d«
in-Chant à ceux de notre Mufique. Ce-
pendant il y ft des Mufideas d'Eg^ife , ii ver*
CHA If,
C$ dans cette forte de Chant , quils y com-
mencent & pourfuivcnt même des Fugues ,
^uand le fujec en peut comporter , (ans con-
mdre 6c croifer les Parties , ni £dre de
£iute dans l'Harmonie.
CHANTER , V. n. Ceft , dans raccei>.
tîon la plus générale , former avec k voix
des Sons variés & appréciables. (Voyez
Chant.) Mais c'eft plus communément
faire diverfes inflexions de voix y fbnores ,
agréables à l'oreille > par des Intervalles ad-
mis dans ta Mudque^ ôc dans les règles de
jU Modulation.
On Chante plus ou moins agréablement,
à proportion qu'on a la voix plus ou moins
agréable & fonore j l'oreille plus ou moins
îufte» Porgane plus ou moins flexible j le
gouc plus ou moins formé , & plus ou moins
de pratique de l'Arc du Chant. A quoi l'on
doit ajouter , dans la Mudque imitative Se
théâtrale , le degré de fennbilité qui nous
affeâe plus ou moins des fentimens que
nous avons à rendre. On a audi plus ou
moins de di(po(ition à Chanter (èlon le cli-
mat (bus lequel on efl: né , & félon le plus
ou moins d'accent de fa langue naturelle ;
car plus la langue eft accentuée, & par con-
iequent mélodieufe & chantante y plusauflî
ceux qui la parlent ont naturellement de fà-
dlité à Chanter.
On a fait un Art du Chant , c'eft-à-dîrc
que, des obfervations fur ies Voix qui
chantoient le mieux , on a compofé àts rè-
gles pour faciliter Se perfectionner l'ofàge
i6o C H A
de ce don naturel. ( Voy. Maître a Chah*
TER.) Mais il reftc bien des découvertes \
faire fur la manière la plus facile > la plus
courte & la plus fure d'acquérir cet art,
CHANTERELLE. / / Celle des cor*
des du Violon , & des Inftrumens (èmbla-
bles y qui a le Son le plus aigu. On dit d'une
Symphonie qu'elle ne quitte pas la Chanterelky
lorfqu'eile ne roule qu entre les Sons de
cette Corde & ceux qui lui (ont les plus
voîfins > comme font prefque toutes les
Parties de Violon des Opéra de Lully &
des Symphonies de (o\\ tems.
CHANTEUR, Muficicn qui chante dans
un Concert.
CHANTRE, f. m. Ceux qui chantent
au Chœur dans les Eglifei Catholiques ,
s'appellent Chantres. On ne dit point Chan^
teur à TEglife, ni Chantre dans un Concert.
Chez les Réformés on appelle Chantre
celui qui entonne & (butient le Chant des
Pfeaumes dans le Temple » il eft aflîs au-
deflbus de la Chaire du Miniftre fur le de-
vant. Sa fonftion exige une voix très-fonc,
capable de dominer fur celle de tout le
peuple , & de fe faire entendre jufqu'aux
extrémités du Temple. Quoiqu'il n'y ait nî
Profodie ni Mefure dans notre manière de
chanter les Pfeaumes , & que le Chant en
foit fi lent qu'il eft facile à chacun de le
fuivre , il me femblc qu'il feroit néceffairc
aue le Chantre marquât une (bnc de Me-
uire. La raifon en eft , que le Chantre fc
trouvant fort ébigné de certaines parties de
l'EgUfc,
CHA ^ ï6î
VEgUfe j & le Son parcourant allez lenter
ment ces grands intervalles , fa voix fe fait,
à peine entendre aux extrémités , qu'il a
déjà pris un autre Ton , & commencé d au*
très Notes ; ce qui devient d'autant plus
fcnfible en certains lieux , eue Je Son arri-
vant . encore beaucoup plus lentement d'une
içxtrémité à l'autre, que du milieu où eft
ie Chantre , la mafle d'air qui remplit le
Temple ^ fe trouve partagée a la foi> en di-
vers Sons fore difcordans qui enjambent
fans cejflè les uns fur. les autres & choquent
fortement une onsillc exercée ; défaut que
. rOrgUe même ne fait qu'augmenter, parce
qu'au lieu d'être au milieu de l'édifice ,'
«oïnme le Chantre , il ne donne le. Ton que
d'une extrémitél ' ' i
Or Je. remède à cet inconvénient me pa-
rok" très-Hjj^ple ; car comme les rayons vi-
fuels fe communiquent à Tinflant de l\)b*
jet à l'œil ^ ou du moins avec une vîtefle
incomparablement plus grande que celle
avec: ..laquelle le Son fe tranfmet du corps
fonorcxà l'oreille ^ il (uffit de {iibftituer Vun
à l'autre , pour avoir , dans toute l'étendue
<lu Temple , un Chant bien fimultané ^
parfaitement d'Accord. Il ne fout pour cela
que placer le Chantre , ou quelqu'un chargé
de cetre partie de fa fonction, de manieirè
qu'il (bit à la vue de tout le monde ^ &
qUj'il fe ferve.d'un bâton de Mefure donc
le mouvement s'apperçoite aifément de
loin , comme , par exemple , un rouleau
de papier : car alorsj avec la précaution de
Dicl. de Mi^jique. Tome L L
le
lôx eu A
{)rolonger aflcz k première Note y pour que
'intonaûon en {bit par-tout entendue avanC
qu'on pourfuive ; tout le refte du Chant
marchera bien enlemble y 6c la difcordance
dont je parle difparoîtra infeilliblement. On
pourroit même , au lieu d'un homme , em*
ployer un Chronomètre dont le mouve-
ment (èroit encore plus égal dans une Me«
fure fi lente.
Il réfultèrolt de-là deux autres avantages ;
run que , fans prefque altérer le Chant des
Pfeaumes , il fèroit oifé d'y introduire un
eu de Profodîc , & d*y obfcrver du moin^
es/longues Se les brèves les plus /ênfibles $
l'autre , que ce qu^il y a de monotonie Se
de langueur dans ce Chant y pourroit , félon
la première intention de l'Auteur , être e&
fice par. la Balfe & les autres Parties » donc
l'Harmonie eft cert^nement la plus majef»
tueufe Se la plus fonore qu'il (oit poluble
d^entendre.
CHAPEAU , yi m. Trait demi-circulaire ,*
dont on couvre deux ou plufieurs Notes ,
Se qu'on appelle plus communément Uaifon»
(Voyez Liaison. )
. CHASSE , /. /! On donne ce nom à cer-
tains Airs ou à certaines Fanfares de Cors
ou d'autres Inftrumens qui réveillent , à ce
qu'on dit , l'idée des Tons que ces mêmes
Cors doniient à la Chafle.
CHEVROTTER , v. n. C'eft , au lieu
de battre nettement & alternativement du
gofier les deux fons qui forment la Cadence
qxi le Trill, ( Voye^^ ces mots. ) en battre un
(cuV k tù^ps précipités > Cbtftïfte plufieur»
doubles ctoches décachées à l^uniflbn ^ de
Qui fe Élit en forçant du poumon l'air con-
tre la glotte fermée > qui fcrt alors de fou*
pape : eii (brte.quMte s'ouvre par (ècouf-
jfes pour livrer partage à cet air y & fe re*
ferme à chaque inftant par une mécanique
femblable à celle da Tremblant de TOrgue»
Le Chevrottement eft là défagréable reflourcô
de ceux qui n*ayant aucun Trill en cher-*
çhent Timitation groflîere ; mais l'oreille ntt
peut fupporter cette fubftitutioh , & un
féul Chevrottement aU milieu du plus beau
Chant du monde , fuffit pour le rendre in«
fùpportàble & ridicule*
CHIFFRER. C^eft écrire fur les Notes
<àe la Baflè des- Chiâres ou autres caraâcrei
Indiquant les Accords que ces Notes doi-
vent porter > pour fervir de guide à PAe-
tompagnatetUi ( Voyess Chiffres > Ac-
cord. )
CHIFFRES. Caractères qu'on place au-»'
deflus ; od aU^eflToUs des Notes de la Baflè >
pour indiquer les Accords qu'elles doivent
porter. Quoique parmi ces cara6teres il y en
ait plufieurs qui ne font pas des Chiffres >
on leur en a généralement donné le nom >
parce que c'eft la forte de fignes. qui sV
Jpréfente le plus fréquemment.
Çonuhe chaque Accord eCb compofé dd
^luGeurs Sons ^ s'il avoit fallu exprimef
fchacûn de ces Sons par un Chiffre , on au-
Iroit tellement" multiplié & embrouillé les
Chiffres p que l'Accompagnateur n'auroit j^
L 2»
i(!4 c H r*
mais eu le tems de les lire" au momeîîr Je
rexécution, On's'eft donc appliqué , autant
qu'on a pu > à. caraâériier chaque Accord
par un feul Chiffre ; de forte que ce Chiffre
peut fulfire pour indiquer , relativement à
la Bafle , Tefpece de l'Accof d , & par con-
féquent tous les Sons .qui doivent lecom-
pofer. Il y a même un Accord qui Ce trouve
chiffré en ne lechiflrant point ; car félon la
précifion des Chiffres toute Note qui n'cft
point chiffrée , ou ne. porte aucun Accord ^
ou porte l'Accord parfait.-»
Le Chiffe qui indique chaque Accord ,
•éft ordinairement cdui. qui répond au nom
de l'Accord : ainfî l'Accord de féconde, fc
Chiffre z ; celui de Septième 7 ; celui de
Sixte 6 y &c. Il y a des Accords qui por-
tent un double nom , & qu'on exprime
âuflî par un double Chiffre : tels font • les
Accords de Sixte* Quarte , ^e .Sixte- Quinte ,
de Septième - & - Sixte , &c. Quelquefois
même on en met trois , ce qui rentre dans
l'inconvénient qu'on vouloit éviter ; mais
comme la composition des Ckiffi-cs efl ve-
nue'du tems &c «du hazard , plutôt que
d'une étude réfléchie > il n'eft pas étonnant
qu^il s'y trouve des fautes & des contnu-
diûions.
Voici une Table de tous les Chiffes prti-
tîqués dans l'Accompagnement \ fur quoi
l'on obfervera qu'il y a t)lulîeurs Accords
qui fe chiffrent diverfement en diflferens
Pays , ou dans le même Pays par différens
Auteurs ^ ou quelquefois par le même. Nous
C H I
I<Çj
donnons toutes ces manières , afin que cha^
cun , pour chiffrer , pùifle choifir celle qui
lui parpîtra la plps • claire î &, pour Ac-
compagner , rapporter cKaqiie Chiffre à TAc-
cord qui lui convient , félon la manière de
fchifFrcr de rAutcur,
».,-
Lj
I^fi
CHI
.•«5
ytmmmtfmmi^fimm
TABLE GÉNÉRALE
2?e eous les Chiffras de VAçcompagrumtntX
X B^ On a ajouté une étoile à ceux qui font
plus ufités en France aujourd'hui.
■f""^"^"^»"
"••-■•■•i
^fmm^^mmm
CHIFFRES.
Noms des Accords,
CHIFFRES.
Noms des Accords*
8
3
îî
• • % Accord parfait,
' . < Idem.
• . . Idem*
• t • Idem.
Idem.
3;Jj; , . . , Accord parfait.
Tierce miaeure.
fc 3 , , . Idem.
♦t
xL • • • • Idem. ,
> • . . Idem,
%'SL « •/• • Accord parfait.
Tierce majeiire.
Idem,
Idem,
• • • •
«E >» • • • Idem.
j jî • • • Accord parfait ,
Tierce (lacvrelle.
JT 3 . . . Idem.
• JT . , , , Idem,
}
6 '
\\
• • •
Wcnii
. Accord de Sixt»»'
. Idem.
Les difSérentti
Sixtes dans cet
Accord fe mar«
quent par un ae^
cident au Chiffra
comme les Tier^
ces dans l'Accor4
parfait.
^ > , . . Accord de Sixte*
^ •' Quarte.
6 . . . , Idem.
5 r . . . Accord de S)«9«
3 ^ tieme.
^ ^ . . . Idem*
3a*'' Jdem,
* 7 . . . . Idem.
* ' ?i • • Septième
Tierce majcaic.
C H l
CHIFFRES.
Xoms des Accords.
Avec Tierce
mineure.
Avec Tierce na-
turelle.
'kl
7 -W- . . . Accord de Sep-
-t^ tieme mineure.
* k 7 • • • làem,
\>j Uf . . . Accord de Sep*
' °^ tieme majeure.
• lE 7 . . • Idem.
7 JI .... De Septième na^
"^ turelle.
♦ Jf 7 . . . Idem.
♦ 7 "t Septième avec la
- 3 • • • (Quinte fauflè.
CHIFFRES.
Noms des Accords.
}
. . Idem.
7
• a .... Septième dimi-
nuée.
' 7 jjr . ♦ . . Idem.
j<^ 7 . . . Idem.
^B^ i. . Idem»
• 1- &c.
B, 7 .. . Septième fuper-
Idem.
Idem»
. . Idemf
Idem.
Idem.
&c.
7 ^ "^ Septième fûper-
TJ^ j mineure.
X 7
X 7 n
X 7 -^
Idem.
Idem.
Idem.
&c.
4}
6 ■ ■
vil
Septième & Sc«
conde.
Grande Sixte.
Idem.
Fauire-Q.uinte«,
Idem.
Idem.
Idem.
L4
i68 C H r
CHIFFRES. CHIFFREE.
Noms des Accords.
^ >. . . .Idem.
FaufTe-Quinte &
Sixte majeure.
^. ...
'%}■
X « ?
>. . . . Petite -Sixte.
> . . . . Idem.
*ç Idem.
. Idem.
Idem»
Idem.
4
3
6
4
1
^ Idem.
"^ . , , , Idem , majeure.
X 6
4
3
}:■
Idem.
&e.
*«T5
X 6
4
8
Petite Sixte fupeiv
flue.
ç . . Idem,
•n
X 6
5
J
Idem.
Id.4Tec]aQuiAte.
Iclem.
N^ms des Accords.
6
3
6
X 4
3
X4
X4
3
*7
}
}
}
il
4X3
6
X 4
}
}
}
i}
4 X. .
6
4
2
4
2
4X
Perite - Sbcte avec
laduarterufCB*
flue.
Idem.
. Idem.
. Idem.
Accord de Secan-
• de.
. Idem.
, I4em.
. Seconde & Qjaiote.
. Triton.
. Idem.
Idem.
. Idem.
. Idem. * •'
. Idem.
. Idem. :
. Idem.
. Idem.
t: H I
CHIFFRES.
Koms des Accords.
lé^
CHIFFRES.
Noms des Accords.
* X 4 . . .
*! . • .
4 X
3
kl-
' Idem.
. Idem.
Triton avec Tier-
ce mineure.
♦9
Idem.
idem.
Idem.
Seconde Tuper-
flue.
Idem.
Idem.
Idem.
9
3
Accord de Neu<
- vieme.
. Idem.
. Idem.
4
*X5 . . .
6 S
9
X s
6
7
*XÇ
}
Neuvième ave«
la Septième.
Idem.
Quarte ou On*
zieme.
Idem.
Quarte Se Neu-
vième.
Septième &
Quarte.
Quinte fuper-
flue.
Idem.
Idem.
Idem.
Q.uinte fupcr-
flue & Quarte.
Idem.
Septième & Six-
te.
Neuvième &
Sixte.
Fin d$ la Table des Chiffres.
*170 C H I
Quelques Auteurs avoîent introduit Tu-i
fage de couvrir d'un trait toutes les Notes
de la Bafle qui çaflbient fous un même
Accord ; c'eft ain(i que les jolies Cantates de
M. Clerambault font chiffrées : mais
cette invention étoit trop commode pour
durer ; elle montroit aufli trop clairement
à l'œil toutes les fyncopes d'Harmonie. Au-
jourd'hui quand on (butient lemcme Accord
fous quatre différentes Notes de Baflè, ce
font quatre Chiffres différens qu'on leur fait
porter, de forte que l'Accompagnateur, in-
duit en erreur, fc hâte de chercher l'Accord
même qu'il a fous la main. Mab c'eft la
mode en France de charger les Baffes d'une
confufîon de Chiffres inutiles : on chif&e
tout, jufqu'aux Accords les plus évidens»
& celui qui met le plus de Ckriffres croit
être le plus favant. Une Baflè ainfî hériâ*ée
de Chiffres triviaux rebute l'Accompagnateur
& lui fiiit fouvent négliger les Chiffi'cs né-
ceffaires. L'Auteur doit fuppofer , ce me
femble , que l'Accompagnateur fait les é\é*
mens de l'Accompagnement, qu'il fait pla-
cer une Sixte fur une Médiante , une FaufTe*
Quinte fur une Note fenfîble , une Septième
fur une Dominante , &c. Il ne doit donc
pas chiffrer des Accords de cette évidence^
à moins qu'il ne faille annoncer un chan-«
gement de Ton. Les Chiffres ne font faits
que pour déterminer le choix de l'Harmonie
dans les cas douteux , ou le choix des Sons
dans les Accords qu'on ne doit pas remplir.
Du refle , c'efl ixè^ - bien fait d'avoir des
C H I Î7I
Baflès chiffrées exprès pour les Écoliers. Il
fcut que les Chiffres montrent à ceux-ci l ap-
plication des Règles ; pour les Maîtres il
flifflt d'indiquer les exceptions.
M. Rameau , dans fa Diflèrtation fur les
différentes Méthodes d*Accompagnement ,
a trouvé un grand ncmibre de défauts dans
les Chiffres établis. Il a fait voir qu'ils font
trop nombreux & pourtant infuffifàns , obC-
icurs, équivoques» qu'ils multiplient inu--
tilement les Accords , & qu^ils n'en mon-
trent en aucune manière la liaifon.
Tous cts défauts viennent d'avoir voulu
japporter les Chiffres aux Notes arbitraires
de la Baflè-cohtinue , au lieu de les rap-
porter immédiatement à l'Harmonie fonda--
mentale. LaBailè-çontinuefait^ fans doute»
«ne partie de l'Harmonie 5 mais elle n'eu
iàit pas le fondement : cette Harmonie efl:
indépendante des Notes de cette Baflè , &
elle a (on progrès déterminé auquel la Ba(Iè
même doit auujettir fà marche. En feifant
dépendre les Accords & les Chiffres qui les
annoncent des Notes de la Ba(Iê & de leurs
différentes marches , on ne montre que des
combinaifbns de l'Harmonie au lieu d'en
montrer la bafê , on multiplie à l'infini le
petit nombre des Accords fondamentaux ,
& Ton force , en quelque forte , l'Accom-
pagnateur de perdre de vue à chaque iuf-
tant b véritable fîicceffîon harmonique.
Apres avoir fait de très-bonnes obferva-r
QQQS fur la mécanique de$ doigts dans la
lit C H I
pratique de l'Accompagnement , M. Ra-
meau propofe de fubftituer à nos Chiffres
d'autres Chiffres beaucoup plus fimples , qui
rendent cet Accompagnement tout- à -raie
indépendant de la Bafle- continue; de forte
que, fans égard à cette Baffè & même fans
la voir, on accompagneroit fur les Chiffres
feuls avec plus de precifion qu'on ne peut
faire par la méthode établie avec le concours^
de la Barte & des Chiffres.
Les Chiffres inventés par M. Rameau in-
diquent deux chofès. i**. l'Harmonie fon-
damentale dans les Accords parfaits, qui
n'ont aucune fuccefCon néceflàire , mais qui
conftatent toujours le Ton. 2°. la fuccef^
fion harmonique déterminée par la marche
régulière des doigts dans les Accords di£<
fonâns.
Tout cela fe (ait au ïnoyen de fept Chif-
fres feulement. I. Une lettre de la Gamme
indique le Ton , la Tonique & fon Accord :
fî l'on pafle d'un Accord parfait à un autre j
on change de Ton ; c'eft l'affaire d'une nou-
velle lettre. II. Pour paffer de (a Tonique
à un Accord difibnant , M. Rameau n'ad-
met que fix manières , à chacune defquelles
il afiigne un caraâere particulier, favoir:
I. Un X pour l'Accord fenfible : pour la
Septième diminuée il fuflSt d'ajouter un Bé-
mol fous cet X.
1. Un 1 pour l'Accord de Seconde fur
la Tonique.
3. Un 7 poux fon Accord de Septième^
C H I 173
^ 4. Cette abréviation aj, pour fa Sixte-
ijourëe.
5 . Ces deux Chiffres * reîatift à cette To-
nique pour TAcord qu'il appelle de Tierce-
Quarte , & qui revient à l'Accord de Neu-
vième fur la féconde Note,
. 6. Enfin ce Chiffre 4 pour l'Accord de
Quarte-&-Quinte fur la Dominante.
m. Un Accord diflbnant eft fuivi d^m
Accord parfait ou d'un autre Accord diflb-
naht : dans le premier cas , l'Accord s'indi^
que par une lettre > le fécond fè rapporce à
la mécanique des doigts: (voy. Doigter.)
C'eft un doigt qui doit defcendre diatoni-
quement , ou deux , ou trois. On indique
cela par autant de points l'un fur l'autre ,
qu'il faut defcendre de doigts. Les doigts
qui doivent defcendre, par préférence font
indiqués par la mécanique ; les Dièfes ou
Bémols qu'ils doivent faire font connus par
le Ton ou fubftitués dans les Chiffres aux
points correfpondans : ou bien , dans le
Chromatique &c l'Enharmonique , on nrnr-
que une petite ligne inclinée en defcendant
ou en montant depuis le figne d'une Note
connue pour marquer qu'elle doit defcen-
dre ou monter d'un femi-Ton. Ainfi tout
eft prévu , & ce petit nombre de Signes
fuffit pour exprimer toute bonne Harmo-
nie poffible.
• Qn fent bien qu'il faut fuppofer ici que
, toute Diflbnance fe fauve en defcendant;
car s'il y en avoit qui fe duflent fauver en
montant 3 s'il y avoit des marches de doigts
174 c H œ
ûfcendatites dans des Accords di(lo!iât)i>
les points de M. Rameau feroient infttâS"*
{ans pour exprimer cela.
Quelque nmpîe que foît cette méthode,
quelque favorable qu'elle paroifle pour U
pratique , elle n'a point eu de cours ; peut«
être a-t-on cru que les Chiffres de M. Ra*
meau ne corrigeoient un défaut que pQuf
en fubftltuer un autre : car s'il Amplifie lei
Signes , s'il diminue le nombre des Accords ^
non - feulement il n'exprime point encore la
véritable Harmonie fondamentale \ mais il
rend , de plus 3 ces Signes tellement dépen*
dans les uns des autres ^ que il l'on vient à
s'égarer ou à fe diftraire un infiant , à pren«
dre un doigt pour un autres on efl perdu
fans reflburce, les points ne fignifient plu^
rien , plus de moyen de fe remettre jufqu'à
un nouvel Accord parfait* Mais avec tanC
de raifons de préférence n*a-t-il point fallu
d'autres objections encore pour faire rejettcf
la méthode de M. Rameau ? Elle étoit nou«
velle; elle étoit propofée par un homme
fupérieur en génie à tous les rivaux : voilà
fa condamnation.
CHCKUR , f. m. Morceau d'Harmonîô
complète à quatre Parties ou plus , chanté
à la fois par toutes les Voix & joué pat
tout rOrcheflre. On cherche dans les Chauri
un bruit agréable & harmonieux qui charme
& remplifle l'oreille. Un beau Chaur efl le
chef-d'œuvre d'un commençant, & c'efk
par ce genre d'ouvrage qu'il fe montre fuffi-
fammcnt inllruic de toutes les Règles dt
r
C H O 17J .
fffermome. Les François paJïènt , ai France,
pour réulfir mieux dans cette Partie qu'au-
cune autre Nation de l'Europe.
Le Chaur, dans la Mufigue Françoiièv
s'appelle quelquefois Grand-Chaur , par op-
ïîtion au Petit-Chaur qui cft feulement com-
pofé de trois Parties, favoir deux Deflus &
la Haure-contre qui leur ferc de Baflè, On
lait de cems en tems entendre féparémenc
ce Petit-Chaur , dont la douceur contrafte
_ -éabtement avec la bruyante Haimonîe
lu grand.
On appelle encore Petit-Chaur \ l'Opéra
de Paris , un certain nombre des meilleurs
Inftmmens de chaque ■ genre qui forment
comme un petit Orcheftre particulier au-
tour du Clavecin & de celui qui bat U
Mefure, Ce Petit-Chaur eft deftiné pour les
Accompagnemcns qui demandent le plus de
délicateflè & de préciiîon.
Il y a des Mufiques à deux ou plufieurS
Chaurs qui fe répondent & chantent qud-
quelbis tous enfemble. On en peut voir un
exemple dans l'Opéra de Jephté. Mais
cette pluralité de Ckaitrs fimultanés qui fe
pratique aflcz fouvent en Italie > cft peu
ufitée en France : on trouve, qu'elle ne fait
iws un bien grand effet ,-'^ue la compofi-
tion n'en eft pas fort facile, & qu'il faut
un trop grand nombre de Mulîciens pour
texécutct.
CHORION. Nomè de la Mufique Grec-
<%ue, qui fe chamoit en l'honneur de la
mère des Dieux ;■& qui , dk-on, fut in-
vente par Olympe Phrygien.
i7<î C H O
. CHORISTE , f m. Clianteur noiî
récitant & qui ne chante que dans les
Chœurs.
:' On appelle auflfî Choriftcs les Chantres
id'Églife qui chantent au Chœur, Une An-
ticnm à deux Choriflcs,
Quelques Mulîcicns étrangers donnent
encore le nom de ChoriJIe à un petit Inf-
trument deftinë à . donner le Ton pour ac-
corder les autres* (Voyez Ton.)
CHORUS. Faire Chorus , c'eft répéter en
Chœur , à TUnilTon , ce qui vient d^êuc
chanté à voix feule.
CHRESES ou CHRESIS. Une des par-,
tîes de Pancienne Mélopée , qui apprend
au Compofîteur à mettre un tel arrange-
ment dans la fuite diatonique des Sons,
qu'il en réfulte une. bonne Modulation &
une Mélodie agréable. Cette Partie s'ap-^
plique à différentes fucceffions de "Sons
appellées par les Anciens , Agoge , . Eu-
fhia y Anacûmptos. (Voyez Tirade.)*
CHROMATIQUE , adj. pris guelfuefois
fuB/iantivement. G-nre de Mufique qui pro*.
cède par pluficurs fcmi-Tons confécutif^..
Ce mot vient du Grec ft:P<^.**« , qui (ignific
couleur , foit parce que 'les Grecs mar-
quoient ce Gqpçe par des cara£teres rouges
ou diverfement colbrés ; (bit , difent les
Auteurs , parce que le Genre Chromatique
eft moyen entre les deux autres , comme la
couleur eft. moyenne entre le blanc & le
j?oir ; ou , félon d'autres , parce que ce
Genre varie & embellit le Diatonique par
' fes
C H R 177
fès femî-Tons , qui font fans la Mufiquc ,
le même effet que la variété des couleurs
fait dans la Peinture.
Boèce attribue à Timothce de Miler ,
Pinvention du Genre Chromatique ; mais
Aihénée la donne à Epigonus.
Ariftoxène divife ce Genre en trois ef-
peces qu'il appelle Molle , H^mioUon ÔC
Tonicum , dont on trouvera les rapports ,
iPL M. Fig, f. N^. A. ) le Tétracorde étant
iuppofé divifé en 60 parties égales.
Pcolomée ne divife ce même Genre qu'en
Jeux cfpcces , Molle ou Anticum , qui
procède par de plus petits Intervalles , &c
Intenfum , dont les Intervalles font plus
grands. {Même Fig. N*". B.)
Aujourd'hui le Gciue Chromatique con-
fiftc à donner une telle marche à la Bafle-
fondamentalc , que les Parties de l'Har-
monie , ou du moins quelques-unes , puif-
. fcnt procéder par femi-Tons , tant en mon-
tant qu*cn descendant \ ce qui fe trouve
plus fréquemment dans le Mode mineur ,
a caufe des altérations auxquelles la Sixiemo
& la Septième Note y font fujettes par la
nature même du Mode.
• Les Icmi-Tons fuGceflîfe pratiqués dans le
Chromatique ne font pas tous du môme
Genre , mais prefque alternativement Mi-
' neurs & Majeurs , c'eft-à-dire , Chromati^
ques & Diatoniques : car l'Intervalle d'un
Ton mineur contient un femi-Ton mineur
ou Chromatique , & un femi-Ton majeu-r
ou Diatonique ; Mçfure que le Tempéra-
Diâ^ de Mufiijue. Tony I. M
178 C H R
ment rend commune à tous les Tons : âe
forte qu'on né peut procéder par deux fcmi-
Tons mineurs, conjoints &. lucceflîfe , fans
entrer dans l'Enharmonique 5 mais deux
femi-Tons majeurs fe luivent deux fois
dans l'ordre Chromatique de la Gamme.
La route élémentaire de la Ba(Iè-ibnda«
mentale pour engendrer le Chromatique af-
cendant , eft de deïcendre de Tierce &
remonter de Quarte alternativement , tous
les Accords portant la Tierce majeure. Si la
BaÏÏè' fondamentale procède de Dominante
en Dominante par des Cadences parûtes
évitées , elle engeiidre le Chromatique def-
cendant. Pour produire à la fois l'un de
l'autre , on entrelace la Cadence parfaite 6c
l'interrompue , en les évitant.
Comme à chaque Note on change de
Ton dans le Chromatique , il faut borner &
régler ces Succcflîons de peur de s'égarer.
On fe fonviendra , pour cela , que l'efpace
le plus convenable pour les miouvcmem
Chromatiques , eft entre la Dominante & la
Tonique en montant , & entre la Tonique
& la Dominante en defcendant. Dahs le
Mode majeur on peut encore defcendre
chromatiquement de la Dominante (ur la
Teconde Note. Ce paflage eft fort commun
en Italie, & , malgré fa beauté , commence
ii l'être un peu trop parmi nous.
Le Genre Chromatique eft admirable patrt
Itxprimer la douleur &: TaffliAion : fes Som
renforcés , eh montant , arrachent Tame. B
H'eft pas moiïis énergique en defcendant >
C H R ii9
gn croît alors entendre de vrsds géxhiflc-
mcns. Chargé de fcm Harmonie , ce mémo
Genre devient propre à tout ; mais foii
rempliffage , en étouiFant le Chant , loi ôte
une partie de fbn exprefHon; & c'eft alors aa
caJraôteife du Mouvement à loi rendre ce
<iont le prive la plénitude de fbn Harmo*
nie. Au refte , plus ce Genre a d'énergie ,
moins il doit être prodigué. Semblable ît
ces mets délipts dont l'abondance dégoûte
bientôt , autant il charme fobrement mé^
nagé 5 dutant devient-il rebutant quand ont
le prodigue.
CHRONOMETRE , / m. Nom gé^
liériqire des Inftramens qui fervent à me-
fdrct le Tems. Ce mot eft corftpôfé de
xr^ , Ténu 5 & de f^f^^^ Mcfure.
Oiî dit i en ce fcns , que les montres ,
les horloges font /ies Chronomètres.
Il y a néanmoins quelques Inftramens
^an i, aptiièllés en particulier Chronomètres ,
& nommément im que M. Sauveur décric
dans fes principe d'Acouftique. C'étoit un
Pendule pa[rdculier , qu'il deftinoit à déter-
miner exactement les MoUvemens en Mu*
fique. L'Affilard , dans Tes Principes dédiés
aux Dames ReligieuTes y avoir mis à lat
tête de tous les Airs , des Chiffres qui
tfxprimoient le nombre des vibrations de ce
Pendtile , pendant la durée de chaque
Mefure.
Il y a urié ttàitaine d'années qu'on vît?
Kokre le pfoîec d'un Inftrumem fcmbla-
5 fi)tti b wàm àà MétfcFmctrs , qui
M X
i8o C H R
battoit la Mcfure tout fcul ; maïs îl n*â
réuflî ni dans un tems , ni dans l'autre*
Plufieurs prétendent , cependant > qu'il fe-
roit fort à fouhaitcr qu'on eût un tel Inf-
trument pour fixer avec précîlîon le Tems
de chaque Mefurc dans une Pièce de Mu-,
fique : on conferveroit par ce moyen plus
facilement le vrai Mouvement des Airs ,
fans lequel ils perdent leur caraftere , Se
qu'on ne peut connoître , après la mort
des Auteurs , que par une elpece de tra-
dition, fort fu jette à s'éteindre ou à s'alté-
rer. On fe plaint déjà que nous avons ou-
blié les Mouvemcns d'un grand nombre
d'Airs y & il eft à croire qu'on les a ralentis
tous. Si Ton eût pris la précaution dont je
parle , & à laquelle on ne voit pas d'in-.
convénient , on auroit aujourd'hui le plaifir
d'entendre ces mêmes Airs tels que TAu*
tcur les faifoit exécuter.
A cela les Connoifleurs en Mufique ne
demeurent pas fans réponfe. Ils objeûc-
ront , dit M. Diderot , ( Mémoires fur difi
fcrens fujets de Mathématiques ) contre tOUC
Chronomctre en général , qu'il n'y a peut-
être pas dans un Air deux Mefures qui
foicnt exaftement de la même durée -, deux,
chofes contribuant ncceflairement à ralentir
les unes , & à précipircr les autres , le goût
& l'Harmonie dans les Pièces à plufieurs
Parties ; le goût & le preflentiment de.
l'Harmonie dans les Jolo. Un Muficien qui
fait (on Art , n'a pas joué quatre Mefures
d'un Air ^ qu'il en faifit le caraftere > &
C H R i8i
qu il s'y abandonne 5 il n'y a que le ptaifîr
de l'Harmonie qui le fufpende. Il veut ici
bue les Accords foient frappés , là qu'ils
foient do'obés 5 c'eft à-dire, qu'il chante
ou joue plus ou moins lentement d'une Me-
sure à l'autre , & même d'un Tems 6c
d'un quart de Tems à celui qui le fuit.
A la vérité , cenc objeékion qui eft d'une
grande force pour la Mufique Françoife,
n'en auioît aucune pour l'Italienne , fou-
mife irrémifliblement à la plus exaâe Me-
fure : rien même ne montre mieux l'oppo-
iîtion parfaite de ces deux Mufiques , puif-
âue ce qui eft beauté dans l'une , feroit
ans l'autre le plus grand défaut. Si la
Mufique Italienne tire fon énergie, de cet
âflèrvidèment à la rigueur de la Mefure ,
!a Françoife cherche la fienne à maîtrifcr à
fon gré cette même Mefure , à la preflèr,
à la ralentir félon que l'exige le goût du
Chant ou le d^ré de flexibilité des organes
du Chanteur,
Mais quand on admettroit l'utilité d'un
Chronomètre , "il faut toujours , continue M.
Diderot, commencer par rejctter tous ceux
qu'on a propofts jufqu'à préfent , parce
qu'on y a fait, du Muficien & du Gkro^
nometre , deux machines diftinâes , dont
l'une né peut jamais bien aflujettir l'autre :
cela n'a piefque pas befoin d'être prouvé ;
il n'eft pas poflible que le MuHcien ait ,
pendant toute fa Pièce , l'œil aa mouvez-
xnent , & f oreille aa bruit du Pendule , &
M }
t8* C I H
s'il s'oublie n^ in^aiat , «uiîçfii Ifs ftein fm'O^
$, précenda lui donner,
l'ajouterai que, quelque Inftru aient qu'on
pût trouver pour Tcgler la durée dp la Mc-p
fure y il farcit iinpoilible , qu^nd nxémç
rexécurion en feroit de la dernière faxrilité ,
qu'il eût jamais lieu dans la pratique. Le^
Muficiens , gens confions, |ç (ài(ant , comme
bien d'autres , dp leur propre gpût la règle
du bpn , w Tadopterpient jamais » ils l^i^^
roient le Chronomètre , & ne s'en rapporte-
roiept qu'à eux du vr^ qiraâ^e ic ou vnû
mouvement des Airs. Ainfi le feu! boipi
Chronomètre que Ppn puîfl^ avoir , c^eft U9
habile Muficien qui oit 4^ S^^ ^ 44^ ^
bien li^ la mufiqne qu'î} doit fôjre exécuter »
^ qm iàche en loattre la y^tiàtt. Maclûnê
pour machine , il vaut ii:^eux s'en tenir à
celle-cî.
CIRCONVOLUTION , f.f. Ter^nç de
Plain-Cbant. C^eft une Tortç de périélèfe,
qui fe fait en inférant entre la piépultieme
te la dernière Note de Hntonatipn d'une
Pièce de Chant , trois aptres Not^ \ far
voir , une au-dejOCiis ^ dpux aii|-de(Ibus de
la dernière Note y le£}ueiles fe lient avec
elle , & ferment un contqur de Tierce avanp
que d^y arriver y comme fi vous avez ces
trois Notes mi fa mi pour terminer l'Intona»
rion , vous y interpolerez p^ Çirconvolutioi^
ces trois autres ,farereyéç vous aurez 4or$
votre Intonation tçrinin^e de cène (brte ^
mî fa fa rt rc mi, (kç, { VQyez ?i^ii^
LESE. )
C I T 185
CITHARISTIQUE,/:/: Genre de Mu-
fique &c de Pqéfie , approprié à l'Accom-
pagnement de la Cithare. Ce Genre , dont
Amphion, fils de Jupiter & d'Antîope ,
fiit Piaventeur , prit depuis le nom de Ly-
CLAVIER , /I m. Portée générale ou
(omme des Sops de tovit le fyftème qui xé-
fuite de la pofition relative des trois Clefs.
Cette pofition donne une étendue de douze
Lignes , & par conieguent de vmçt-quatrc
Degrés ou de trois Oaàves & une Quarte.
Tout ce qi;i excède en haut ou en bas cet
cfp^ce , ne peut (è noter qu'à l'aide d'une
ou plufiçurs Lignes poftiches ou accidentel-
les , ajoutées aux cinq qui compofènt la
Portée d'une Clef. Voyez , ( P/. A. Fi^.
j.) rétenaue générale du Clavier.
Les Notes ou touches diatopiques du
Clavier , lefquelles fimt toujours pondantes ,
s'expriment par des Lettres de l'Alphabet ,
à la différence des Notes de la Gamme ,
qui étant rnpbiles & relatives à la Modu-
lation y portent des noms qui expriment ces
rapporU. ( Voyez Gamme & Solfier. )
Cl\aque 0£taye du Clavier comprend
treize Sons , fept diatoniques & cinq chro-
matiques , repréfentés fur le Clavier înftru-
ment^l p^r autant de touches. ( Voyez PL L
Fig, j . ) Autrefois ces treize touches répon-
doient à quipze cordes j favoîr , une de plus
entre le ire Dièfe <& \t nii naicurel , l'autre
entre le Jî>/ Dièfe & le iii, & ces deux
cordes qui formoient des Intervalles enhar-
M 4
1S4 CLE
moniqucs , & qu'on fnifoit fonncr à volonrf
au moyen de deux touches brîfécs , furent
reg-rdées alors comme la t>erFe6Hon du fy!*-
téme ; mais , en vertu de nos règles de
MoHubtîon , ces deux ont été retranchées ,
parce qu'il en auroit fàlu mettre par-tout,
t Voyez Clef , Portée. )
CLEF 5 / /. Caradere de Mufique qui (c
met au commencement d'une Portée , pour
déterminer le Degré d'élévation de cette
Portée dans le Clavier général , & mdiquer
les noms de toutes lcî> Notes qu'elle con-
tient dans la hgne de cette Cief.
Anciennement on appel'.oit Ciefi les let-
tres par lefquvUes on clédgtloit les Sons de
la Gamme. Ainfî la lettre A étoit la C/ef
de la Note //z , Cla Clef d'ut y E la Clef de
mi y &c. A mefure que le fyftême s'étendit,
on fentic l'embarras & l'inutilité de cette
multitude de Clefs. Gui d'Arezzo , qui les
avoit inventées , marquoit une lettre ou Clef
au commencement de chacune des lignes
de la Portée j car il ne plaçoit point encore
de Notes dans les efpaces. Dans la fuite On
ne marqua plus qu'une des fept Clefi au
commenccrncnt d'une des lignes feulement ;
celle-là fuffifant pour fixer la polîtion de
toutes les autres , l'elon l'ordre naturel. Enfin
de ces fept lignes ou Clefs , on en choifîc
quatre qu'on nomma CLves Jignaiae ou Clefs
marquées , parce qu'on fe contentoit d'en
marquer une fur une des lignes, pour don-
ner l'intelligence de toutes les autres ; encore
en rctrancna-t-on bientôt une d^ qu^etrc;
CLE lis
fdvoîr , le Gamma dont on s'étoît fcrvî pour
défigner le fol d'en bas , c'eft-à-dire , THy-
poproflambanomene ajoutée au fyft^me des
Grecs.
En effet Kircher prétend que fî l'on cft
au fait des anciennes écritures , Se qu'on
examihe bieu la figure de nos Ciefs , cm
trouvera qu'elles fe rapportent chacune à
la lettre un peu défigurée de la Note qu'elle
repréfente. Ainfi la Clef de fol étoit origi-
nairement un G ; la Clef d*ut un C ^ & la
Clef de fa une F.
Nous avons donc trois C/efs à la Quinte
l'une de l'autre. La Clef d'F ut fa , ou de
fa , qui eft la plus bafle ; la Clef d'ut ou de
C fol ut , qui eft une Qiwnte au-deflus de
la première ; & la Clef de fol ou de G re
fol y qui eft une Quinte au-deflus de celle
d*uty dans l'ordre marqué PL A. JFig. 5.
fur quoi l'on doit remarquer que , uar un
refle de l'ancien ufage , la Clef te pofe tou-
jours fur une li^ne Se jamais dans un eC-
pace. On doit /avoir auffi que la Clef de
fa fc fait de trois manières diflérentes ; l'une
dans la Mufique imprimée ; une autre dans
la Mufîque écrite ou gravée , Se la dernière
dans le Plain-Chant. Voyez ees trois Figu-
res, (P/. U^Fig. 8.)
En ajoutant quatre lignes au-deffus de la
Clef de fol y Se trois lignes au-dellbus de la
Clef de fa y ce qui donne , de part & d'au- .
tre", la plus grande étendue de lignes ftables ,
on voit que le fyftême total des Notes qu on
peut placer fur les Degrés relatifs à ces Clefs
iH CLE
fc monte à vingt-qpacrç , ç'cft-à-dîrc , tro»
Oâaves & une Quarte , depuis le fa qui
^ trouve aU'de0pu$ de la prexxûprç Ugne ^
jufqu'au jî qui (ê trouve au-defliis de b
denûere > &: tput cel^ forme enfemble ce
^ on appelle k Clavier g^^éral ; p^ où Yot\
peut juger que cette étendue a f^ii: long-tem^
celle du fyfténi^e.. ^ujoura bui qu'il acquiert
ùtts cctCe de nouveaux Pegf é$ » taqt à l'aigu
qu'au grave , qn r^arqne ce« Pegrës fur des
Ugne$ poft^be^ W*çvï ajqute e^ haut ou ei^
bas , félon le befoin.
Au lieu de joindre enfemble toutes les li-
gnes conunc j'ai f^%,i FI. A J^g. f. ) po^
xnar^uer le rapport des Ckfi y on lés feparf
' de cinq en cinq^ p^rce que c'eft à-peui
près aux Degrés compris dans cet e(pac9
?u'cft bornée l'étendue a unqjQÎx cpmmuqe.
Icttc coUe^on de cinq lignes s'appelle JPor^
tée y & l'on y met une Clef pour détermi?
ner le nom des Notes, le lieu des (èmii*
Tons i & moni:rer quelle pUce la Ponée oc^
cupe dans le Clavier.
De quelque manière qu'on prenne , dans
le Clavier y cinq lignes cpnfécutives , on y
trouve une Ckf comprifè , & quelquefois
deux s auquel cas on en retranche une com-
me inutile. L'ufage a même pre(crit celle des
deux qu'il (àut retrancher , Se celle qu^il
Êiut pofer ; ce qui a fixé aullî le nombre
des portions aflïgnées à chaque Ckf.
Si je fiis une Portée des cinq premières
lignes du Clavier , en commençant p^r Iç
b^ > j V trouve U C/(f de fa fur la q^^triemc
CLE 187
ligne : volU donc une pofîtion de Cltf^ 8c
cette pofîtion appartient évidemment aux
Noteç les plus graves» aufC eft-elle celle de U
Clef de BafTe.
Si je veux gagner une Tierce datis le haut,
il faut ajouter une ligne au-deiTus j il en
&ut dont retrancher une au-de(Ibus > aucre-t
ment la Portée auroit plus de cinq lignes.
Alors la Clef de fa Te trouve tranfponée
de la quatrième ligne à la troifîemç, tt
la Clef d'ut fe trouve auili fur la cin^
quieme \ mais comme deux Clefs font mvL^
tiles , on retranche ici celle à!ut. On voit
que la Portée de cette Cleftà d'une Tierce
plus élevée que la précédente.
£n abandonnant encore une ligne en bas
^ur en gagner une en haut , on a une troî-
îieme Portée où la Clef de fa fe trouveroît
fur la deuxième ligne , & celle d'ut fur la
quatrième. Ici l'on abandonne la Clef de fa ^
Se Ion prend celle d'ut. On a encore ga-
gné une Tierce à Taigu ^ & on Ta perdue
au grave.
En continuant ainti de ligne tn ligne ,
on paJïè fucceflîvement par quatre pofitions
différentes de la Clef d'ut. Arrivant à celle
de fvl y on la trouve pofee fur la deuxième
ligne , & puis fur la première 5 cette pofî-
tion embraffe \çs cinq plus hautes lignes ,
& donne le Diapafbn le plus aigu que Ton
puiffe établir gar les Clefs.
On peut voir , {PI. k Fig. 6. ) cette
fucceffion des Clefs du grave à l'aigu 5 ce
oui fait en topt huit Portées, Clefs , ou Po^
fitions de Clefs différentes.
iSS CLE
De quekioe ciTKtgig que poiflê être une
Voix ou un Icftnunent , pounni que Ton
étendue n'cxcede pas i Taiga ou au grave
ccCe du CUtîct gméral , on peut > dans ce
DomSie» hù nouvct une Portée & une
C.<~ convenskles> & il y en a en eflec de
dei:rftcûnecs pour toutes les Parties de la
Mu*Lqï:e*( Voyez Pauties.) Si 1 étendue
d'cxx^ Pione tft toct girande , que le nombre
de à{:?k;s qu'il ÊLudick a];:)uter au-defliis ou
ao-dTdoes devxiuie incunucode , alors on
ckiJD«:e b C^^dans le courant de TAir. On
voît cUirrment par li figure, quelle CUf'A
ÊLU^iroic vf^ndie pour élever ou bailler la
Pv^r^v c y de qudqiie Ckf qu die foie armée
aâu<iien:efir.
• On voit avflE que , pour rapporter une
Ci%f ï 1 autre ^ il feut les rapporter toutes
deux lur !e Clavier général , au moyen du-
quel on voir ce que chaque Note de Tune
des CUfs ci\ à regard de l'autre, C'eft par
cet ciercic? reiteic qu'on prend l'habitude
de l:rc ailcment les Partitions»
Il tuit de cette méchanique au'on peut
pbc: r celle Note qu on \*oudra ae la Gam-
me iur uiK ligne ou fur un efpace quelcon-
que de la Poitée , puifqu on a le choix de
nuh duïèrentes Poticions > nombre des No-
tes de rOctave* Aîniî Ton pourroit Noter
un Air tntier fur la même ligne, en chan-
geant la Citf à chaque Degré. La Figure 7
mmure par la fuite des Citfs la fuite des .
Notes re fa la ut mi fot Ji »e , montant de
Tierce en Ticive> de toutes pbcces fur k
CLE i8^
même ligna, La Figure fuivante 8 rcpré-
fcnte fur la fuite des mêmes Clefs la Note
ut qui paroît defcendre de Tierce en Tierce,
fur toutes les lignes de la Portée , & au-
delà , & qui cependant , au moyen des
changemens de C/e/, garde toujours TUniC-
fon. Ceft fur des exemples femhlables qu'on
xJoit s'exercer pour connoître au premier
coup-d'œil le jeu de toutes les Ciefi.
Il y a deux de leurs pofitîons y {avoir ,
la Clef de fol fur la première ligne & la Clef
dç fa fur la troifieme , dont Pufàge paroîc
s'abolir de jour en jour. La première peut
(èmbler moins néccflàire puifqu'elle ne rend
qu'une pofition route fèmblable à celle de
fa fur la quatrième ligne , dont elle diffère
pourtant de deux Oûavcs. Pour la Clef de
fa y il eft évident qu'en l'ôtant tout-à-feit de
la troifieme ligne , on n'aura plus de pofi-
tion équivalente , & que la compofitiou du.
Clavier , qui eft complette aujourd'hui ,
deviendra par-là défeftueufe.
CLEF TRANSPOSÉE. On appelle ainC
toute Clef armée de Dièfes ou de Bémols.
Ces fîgnes y fervent à changer le lieu des
deux tcmi-Tons de l'Odave , comme je l'ai
expliqué au mot B émoi y Se à établir Tor-
dre naturel de la Gamme , fur quelque
Degré de TEchelle qu'on veuille choifir.
La nécefïîté de ces altérations naît de la
Similitude des Modes dans tous les Tons :
car comme il n'y a qu'une formule pour le
Mode majeur , il faut que tous les Degrés
<le C9 Mgde {e trouvent ordonnés de U
I9» CLE
snême façon fut leur Tonique; ce qui ne peut
iè faire qu'à l'aide des Dière;s ou des Bémols.
U en eft de même du Mode mmeur » mais
comme la même combinaifon qui donne
la formule pour un Ton majeur j U donne
auflî pour un Ton mineur fur une autre
Tonique, (Voyez Mode.) il s'enfuit que
pour les vingt - quatre Modes il fufEt de
douze combinalfons : or (î avec la Gamine
naturelle on compte fit modifications par
Dièfes , & cinq par Bémols ^ ou fix par Bé-
mols Se cinq par Dièfes , on trouvera ces
douze comraiaifons auxquelles (e bornent
toutes les variétés poflîbles de Tons de de
Modes dans le Syfteme établi*
J'explique, aux mots Diife & JBémot,
l'otdre félon lequel ils doivent être placés i
la Clef. Mais pour tranfpofer tout d'un coup
la C/e/convenablement à un Ton ou Mode
quelconque , voici une formule générale
trouvée par M* de Boifgelou , ConieiUer as
Grand- Confeit, & qu'il a bien voulu me
communiquer.
Prenant Vut naturel pour terme de corn*
paraifon , nous appellerons Intervalles mi-
neurs la Quarte ut fa , Se tous les Interval-
les du même ut à une Note bémolifée quel-
conque ; tout autre Intervalle eft majeur.
Remarquez qu'on ne doit pas prendre par
Dièfe la Note fupérieure d'un Intervalle
majeur, parce qu'alors on feroit un bitef-
valle fuperflu : mais il faut chercher la mê-
me cho(e par Bémol ; ce qui donnera un
Intervalle mineur. Ainfi l'on ne comf oIèi:a
CLE T91
J>a9 en ^a Dièfc , parce que la Sixte ut la
étailt majeure naturellement , deviendroFt
fuperfluejpar ce Drèfe ; mais 6h prendra k
Noté fi Démol 5 qui donne la même tou-
che par un ïntérvall)e minètxr \ ce qui rentre
dans la fegle.
Ôrt trouvera, (ifV. N. Fig. y.) une Ta-
ble des douze Sons de t'Oâ:aye divifée pa^
InrervaHes tiiafeurs de mineurs y (ùr laquelle
on tf anfpoferà là Clef de la maniete fuivan-
te , feteîi té Ton & le Mode oà l'on veut
compofér.
Ayant pris une de cei douze Notes pont
Tonique pu fondamentale , il faut voit
d'abord fi l'intervalle qu'elle fait avec ut eft
majeur ou mineur : s'il eft majeur , il &ut
des Dîèfes ; s'il eft mineur , il faut dés Bé-
ïnols. Sî cérce Noté eft Vut lui-même , fln-
teirvalle eft hul, il ftfe faut ni Ôémol ni Dièfe,
Pour déterminer à préfent combien il feut
de Dièfcs àù. de Beinols , foit*à le nom-
bre qui é5cj)rît!ne l'Intervalle à'ut à la Notfe
en quéftion. La formule par Dièfes fera
I j & le refte donnera le nombre
^ des Dièfos qu'il &ut mettre à
la Clef. La formule par Èémol fera^ '^
& lè rfe'ftc ftra le noitobré de Bémols qu'il
tàut ^métrtrè à la CUf.
Je veux , par eîKémple , compôfer en &
Mode ïnifeur. Jt Vois dldJOrd é[a11 faut des
191 C O M
Dièfes f parce que la fait un Intervalle mt«
jeur avec i/r. L'Intervalle eft une Sixte donc
le nombre eft 6 \ j'en retranche i ; je mul-
^plie le reftc f par z , & du Droduit lo
rejettant 7 autant de fois qu'il (c peut , j'aî
le reile 3 qui marque le nombre de Dièies
donc il faut armer b Clef poux le Ton ma-
jeur de la.
Que fî je veux prendre /à Mode majeur,
je vois y par la Table > que Tlntervalle eft
mineur, & qu'il faut par conféquent des
Bémols. Je retranche donc i du nombre 4
de rintervalle ^ je multiplie par $ le refte 5,
& du produit i f rejettant 7 autant de (bis
qu'il fe peut > j'ai i de refte : c'eft un Bémol
qu'il faut mettre à la Clef.
On voit par-là que le nombre des Diè-
fes ou des Bémols de la CleJ ne peut jamais
paflèr fix , puifqu'ils doivent être le reftc
d'une diviiîon par fept.
Pour les Tons miueurs il faut appliquer
la même formule des Tons majeurs , non
fur la Tonique , mais fur la Note qui eft
une Tierce mineure au-defTus de cette mê-
me Tonique , fur fa Mcdiante.
Ainfi , pour compofer en Ji Mode mi-
neur y je tranfpoferai la Clef comme pour le
Ton majeur de re. Pour fa Dièfe mineur ,
je la tranfpoferai comme pour la majeur , &c.
Les Mufîciens ne déterminent les Trant
j;>ofitions qu'à force de pratique , ou en tâ-
tonnant j mais la règle aue je donne eft dé-
montrée , générale & (ans exception.
COMARCHIOS, Sorte de Nome pour
les
C O M . I9Î
les Flûtes dans l'ancienne Mufiquc des Grecs.
COMMA,/ 772. Petit Intervalle qui fc
trouve, dans quelques cas , entre deux Sons
produits fous le même nom par des pro-
greffions différentes.
On diftingue trois efpeces de Ccmma^
1®. Le mineur, dont la raifon eft de 102 ç
à 2048 ; ce qui eft la quantité dont le fi
Dicfe , quatriemei Quinte de fol Diefe pris
comme Tierce majeure de mi , eft furpaffô
par Vut naturel qui lui corre(pond. Ce Com--
ma eft la différence du Icmi-Ton majeur
au femi-Ton moyen.
2^. Le Comma majeur eft celui qui fe
trouve entre le mi produit par la progref^
fion triple, comme quatrième Quinte en
commençant par ut^ & le même mi y ou fa
réplique , confîdéré comme Tierce majeure
de ce même ut, La raifon en eft.de 80 à 81.
C'eft le Comma ordinaire , & il eft la diffé-
rence du Ton majeur au Ton mineur»
3°. Enfin le Comma maxime, qu'on ap-
pelle Comma de Pythagore , a fon rapport
de 524288 à Si^^^ 9 & il eft l'excès du fi
Dièfe produit par la prpgreffion triple comme
douzième Quinte de \'ut fur le même ut
élevé par (es Odtaves au Degré correfpon-
dant.
Les Mufîciens entendent par Comma la
huitième ou la neuvième partie d'un Ton ,
la moitié de ce qu'ils appellent un quart- de-
Ton. Mais on peut affurer qu'ils ne favent
ce qu'ib veulent dire en s'exprimant ainfî ,
puifque poiy: des oreilles comme les nôtres
Di3. d€ Mufique. Tome I. N
1^4 C O M
un fi petit Intervalle n'eft appréciable que
par le calcul. (Voyez Intervalle.)
COMPAIR, adj. corrélatif de lui-même^
Les Tons Compairs dans le Plain - Chant »
font l'authente & le plagal qui lui corref-
{)oncl. Ainfî le premier Ton cft Compair avec
e fécond; le troifieme avec le quatrième,
& ainfi de fuite : chaque Ton pair efl Com^
pair avec l'impair qui le précède. ( Voyez
Tons de l'Église.)
COMPLÉMENT d'un Intervalle efl U
quantité qui lui manque pour arriver à
rOdbve : ainfi la Seconde & la Septième ,
la Tierce & la Sixte , la Quarte & la Quinte
font Complémens Tune de l'autre. Quand il
n'eft queftion que d'un Intervalle , Complu"
ment 6c Renverfement font la même chofê.
Quant aux efpeces , le jufte eft Compliment
du jufte, le majeur du mineur 9 le fîiper*
flu du diminué , & réciproquement. ( Voy.
Intervalle.)
COMPOSE , adj. Ce mot a trois fcns en
Mufique ; deux par rapport aux Intervalles
& un par rapport à la Mefure.
I. Tout Intervalle qui pa(Ie l'étendue de
i'Oâave efl un Intervalle Corrwoje y parce
qu'en retranchant l'Ocbve on fïmplifie lln-
tervalle (ans le changer. Ainfî b Neuvième,
la Dixième, la Douzième font des Inter-
valles Compofés ; le premier , de la Seconde
& de l'Oûavc ; le aeuxieme , de la Tierce
& de l'Oâave 9 le troifieme , de la Quinte
& de l'Oiiave , &c.
IL Tgut Intervalle qu'on «peut divifôr
C O M i9f
niuïîcalcment en deux Intervalles peut en-
core être confidéré comme Çompoje. Ainfi la
Quinte eft compofée de deux Tierces , la
Tierce de deux Secondes ; la Seconde ma-
jeure de deux femi-Tons ; mais le fenri-
Ton n*eft point Compoji , parce 4u'on ner
peut plus le divifer ni fur le Clavier ni par
Notes. Ceft le lêhs du difcours qui , des
deux précédentes acceptions , doit déter-
miner celle félon laquelle* un Intervalle eft
dit CompofK
III. On appelle Méfiirts compojees toutes,
celles qui {ont désignées par deux' chiffres.
(Voyez Mi^sURE.)
COMPOSER, V. a. Inventer da la
Mufique nouvelle , feloii les règles de t* Art.
COMPOSITEUR,/; 772. Celui qui
compofc de la Mufique ou qui fait les
règles de la Compoûtion. Voyez , au mot
Composition , fexpofé des connoilïânces
néceflfaires pour Civoir compofer. Ce n'eft
pas encore aflèr pour former un vraiCo/yr-
pofiteur. Toute la fcience poUîble ne fuffic
point (ans le génie qui la met en oeuvre.
Quelque effort que Ton puiflc faire , quel-
que acquis que Ton puifle avoir , il faut
être né pour cet Art \ autrement on n'y
fera jamais rien que de médiocre. Il en cft
du Compofiteur comme du Poëce : fi la
Nature en noifîànt ne l'a formé tel y
S'il »*« reçh du Ciel tinfiuintÈ ficréfU ,
Pmr lui Pkébui eft finrd^ GT P^é^fe ^ rétif.
Ce que j'entends par génie n*«ft poiot oc
N 2,
1^6 C O M
f;oûc bizarre &: capricieux qui (eme par-tout
e bafoque.& le difficile » qui ne fait orner
llHarmonie qu'à force de Diflonances, de
coi)Craftes & 4^ bruit. C'efl ce feu inté«
rieiiur qui brûle , . qui tourmente le Compojt"
îtur malgré lui., qui lui infpire incefl^m-
ment des Çharfts, ncmyeaux & toujours
agréables. »de$ expreffions vives , naturelles
& qui vont ^u ccçur ^ une Harmonie pure ^
touchante »:in)9)eftueufe, qui renforce Se
pare le Chant fans l'érou^er. C'efl ce divin
guide qui a conduit Correlli , Vinci . Pe-
r.ezi Rinaldo». Jomelli , Durante plus lavant
qu'eux touS) dans le fanâuaire de l'Harmo«
uîe \ . Léo 5 Pergolèfçx Hafic , Terradéglias ,
Galuppi dans celui du bon goût & de Tex-
j^reflion.
COxMPOSiTION, f.f. CeftPArt
d'inventer & d'écrire des Chants , de les
accompagner d'une H^monie convenable,
de faire , en .ui;i mot , une Pièce corn-
plette de Mufique avec toutes Tes Parties»
La connoifTance de l'Harmonie & de i&s
règles eft le fondement de la Compnfition.S^^x\s
doute il faut favoir. remplir des Accords ^
préparer, fauyer des DilTbnanceç, trouver
des Baflès- fondamentales & pofléder toutes
les autres petites connoifl^nces élémefitni-
res; mais avec les feules règles de l'Har-
monie on n'eft pas plus prés de lavoir: la
Compojùion , qu'on ne l'eft d'être un Ora-
teur avec celles de la Grammaire. Je ne
dirai point qu'il faut , outre cela , bien
cûnnoître la. portée éc le caradterç dci
COM 197
Voîx & des Inftrumcns , les Chants qui
font de &cile ou difficile exécution, ce
qui fait de reiFet & ce qui n'en (kit pas;
fentir le caraâiere des différentes Mefures »
celui des différentes Modulations pour ap-
pliquer toujours l'une & l'autre à propos;
(avoir toutes les règles particulières établies
par convention , par goût y par caprice ou
par pédanterie , comme les Fugues , les
Imitations , les fujets contraints , &c. Toutes
ces chofes ne font encore que àts prépa«
ratifs à la Compojîtion : mais il faut trouver
en foi- même la fource des beaux Chants ,
de la grande Harmonie , les Tableaux ,
Texpreffion ; être enfin capable de faifîr ou
de former l'ordonnance de tout un oii-
vrage , d^en fuivre les convenances de toute
efpece , & de fe remplir de l'efprit du Poëte
fans s'amufer à courir après les mots. Ceft
avec raifon que nos Mufîciens ont donné
le nom de paroles aux Poèmes qu'ils met-
tent en Chant. On voit bien , par leur
manière de les rendre , que ce ne font en
efïèt , pour eux , que des paroles. Il fem-
ble , fut-tout depuis quelques années , que
les règles des Accords aient fait oublier ou
négliger toutes les autres , & que MKarmo-
nie n'ait acquis plus de facilité qu'aux dé-
pens de l'Art en général. Tous nos Artiftes
favent le remplifîàge , à peine en avons-
nous qui fâchent la Compofition.
Au refle , quoique les règles fondamen-
tales du Contre-point foient toujours les mê-
mes > elles ont plus ou moins de rigueur
N :î
19S C p M
félon le nombre des Parties; car à mefure
qu'il y a plus de Parties , la Ccmpofitian
devient plus difficile , & les règles font
moins févercs. La Compofithn à deux Par-
ties s'appelle Duo^ quand les deux Parties
chantent également^ c'eft- à-dire, quand le
fujet fe trouve partagé entr'elles. Que fi le
fujet tft dans une Partie feulement , & que
Tautre nefàfle qu'accompagner, on appelle
alors la preniiere Récit ou Solo ; & l'au-
tre , Accompagnement ou Baffe-continue , fi
c'eft une Bafle. Il en eft de même du Trio ou
de la Compojîtion à trois Parties, du Qua*
tuor , du Quinque , &c. ( Voyez ces mots. )
On donne auili le nom de Compofitions
aux Pièces mêmes de Mufique faites dans
les règles de la Campojition : c'eft pourquoi
les Duo , Trio , Quatuor dont je viens de
parler , s'appellent des Compofitions.
On compofe ou pour les Voix feule-
ment , ou pour les Inftrumens , ou pour
les Inftrumens & les Voix. Le Plain-Cnant
& les Chanfons font les feulej Compofi^
tions qui ne foient que pour les Voix ;
encore y joint -on (ouvent quelque Inf-
trument pour les foutenir. Les Compofi"
rions inftrumentales font pour un Choeur
d'Orcheftre , & alors elles s'appellent Sym^
phonies , Concerts ; ou pour quelque efpecc
particulière d'Inftrument , & elles s'appel-
lent Pièces , Sonates. ( Voyez ces mots. )
Quant aux Compofitions deftinées pour
les Voix & pour les Inftrumens , elles Ce
divifcnt communément ea deux efpcacs
G O N 199
principales ; favoir , MuCâue Latine ou
Mufique d'Eglifc , & Muhque Françoifc.
Les Mufiques deftinées poux l'Eglife , foie
Pfèaumes , Hymnes, Antiennes, Répons,
portent en général le nom de Mottets.
? Voyez MoTTET.) La Mufîque Françoifc
le divifè encore en Mufiquc de Théâtre ,
comme nos Opéra , & en MuHque de
Chambre , comme nos Cantates ou Canta-
tilles. (Voyez Cantate , Opéra.)
.Généralement la Compojîtion Latine pa(Iè
pour demander plus de fcience & de rè-
gles, & la Françoife plus de génie & de
goût.
Dans une Compojîtion lAuteur a pour
fujet le Son physiquement confidéré , Se
t)our objet le feul plaifir de l'oreille 5 ou
bien il s'élève à la MuHque imicative &
cherche à émouvoir fes Auditeurs par des
effets moraux. Au premier égard d fuffic
qu'il cherche de beaux Sons & des Accords
agréables ; mais au fécond il doit confîdérer
la Mufique par fes rapports aux accens de la
voix humaine , & par les conformités pof»
fibles entre les Sons harmoniquement com-
binés & les objets iàiitables. On trouvera
dans l'article Op^a quelques idées fur les
moyens d'élever & d'ennoblir l'Art , en
faifant , de la Mufîaue , une langue plus
éloquente que le difcours même.
CONCERT, /m. Aflcmblée de Mu-
(iciens qui exécutent des Pièces de Mu/î-
que Vocale & Inftrumentale. On ne (c fert
gKeres dif mot de Concert que pour une
N4
100 C O N
aflèmblée d'au moins fept ou huit Mufi-
cicns , & pour une Mufique à pluficurs
Parties. Quant aux Anciens , comme ils ne
connoiflbient pas le Contre-point , leurs
Concerts ne s'exécutoient qu'à l'Uniflbn ou
à rOdave ; & ils en avoicnt rarement ail-
leurs qu'aux Théâtres & dans les Temples.
CONCERT SPIRITUEL. Concert qui
tient lieu de Speâade public à Paris > du-
rant les tems que les autres Speâacles font
fermés. Il eft établi au Château des Tuile-
ries ; les Concertans y font très-nombreux
& la Salle eft fort bien décorée. On y exé-
cute des Mottets, Ms Symphonies, éc Ion
fe donne aufïî le plaifir d'y défigurer de tems
en tems quelques Airs Italiens.
CONCERTANT , adj. Parties Concer^
tantes font , félon l'Abbé Broflàrd , celles
qui ont quelque chofe à réciter dans une
Pièce ou dans un Concert , & ce mot fcrt
à les diftinguer des Parties qui ne font que
de Chœur.
Il eft vieilli dans ce fens , s'il l'a jamais
eu. L'on dit aujourd'hui Parties Récitan-
tes : mais on (c fcrt de celui de Cancer^
tant en parlant du nombre de Muficiens
ui exécutent dans un Concert , & l'on
_ira : Nous étions vingt - citiq Concertans.
Une ajfemblée de huit a dix (Joncertans.
CONCERTO,/: m. Mot Italien francifé,
qui fignifie généralement une Symphonie faite
pour être exécutée par tout un Orchcrtrej
mais on appelle plus particulièrement Cancer^
ta , uiie Pièce faite pour quelque Inftrumei)t
31
C O N loi
particulier , qui joue feul de tems en tems
avec un fimple Accompagnement , après un
commencem«it en grand Orcheftre j & k
Pièce continue ainfi toujours alternativement
entre le même Inftrimient récitant y &c TOr-
cheftre en Chœiir. Quant aux Concerto ou
tout fe joud en Rippiéno , &c où nul Ins-
trument ne récite , les François Its appellent
quelquefois Trio , & les Italiens Simfonie.
CONCORDANT , ou Baffe-Taille^ ou
Baryton; celle des Parties de la Mufîque
qui tient le milieu entre la Taille & la
Baflè. Le nom de Concordant n*eft gueres en
ufàge que dans les Mufiques d'Eglife , non
plus que la Partie qu^il défigne. Par - tout
ailleurs cette Partie s'appelle Bafle-Taille &
fe confond avec la Balle. Le Concordant eft
proprement la Partie qu'en Italie on appelle
2t/zor. ( Voyez Parties.)
^ CONCOURS,/. /7i. Affemblée de Mufî-
ciens & de connoiflèurs autorifés , dans la-
quelle vïne place vacante de Maître de Mufi-
que ou d'Organifte eft emportée , à la plura-
lité des fuffrages , par celui qui a rait le
meilleur Mottet y ou qui s'eft diftingué par
la meilleure exécution.
Le Concours étoit en ufage autrefois dans
la plupart des Cathédrales y mais dans ces
tems malheureux où l'elprit d'intrigue s^eft
emparé de tous les états , il eft naturel que
le Concours s'aboliflè infenfiblement, & qu'on
lui fubftitue des moyens plus aifés de don-
ner à la faveur ou â l'intérêt y le prix qu'on
doit au talent & au mérite.
i€>t C O N
CONJOINT, adj. TézTSLCoric Confoint-
cft, dans l'ancienne Muflque, celui dont U
corde ta plus grave eft à l'unifTon de la
corde ta plus aiguë du Tétracorde qui eft
immédiatement au-defTbus de lui ; ou donc
ta corde ta plus aiguë eft à TunifTon de la
plus grave du Técracorde qui eft immédia-
tement au-deffus de lui. Ain(î, dans le fyf^
tême des Grecs , tous tes cinq Tétracordcs
font conjoints par quelque côté> favoir, i**.
le Tétracorde Méfon conjoint au Tétracordc
HypatQn> i*. te Tétracordc Synnéménon
€onjoint au Tétraeorde Méfon 5 3'. te Tétra-
cordc Hyperboléon conjoint au Tétracorde
Dièzeugménon : & comme k Tétracorde
auquel un autre étoit conjoint lui ézoiiconjoint
réciproquement , cela eût fait en tout fîx Té-
tracordes ; c*eft-à-dire, plus qu il n y en avoir
dans le fyftéme , fi le Tétracorde Méiôs
étant conjoint par fes deux extrémités » n'eue
été pris deux fois pour une.
Parmi nous , Conjoint fe dit d*un Inter-
valle ou Degré. On appelle Degrés conjoints
ceux qui font tellement difpolés entr'eux ,
(ue le Son le plus aigu du Degré inférieur »
e trouve à 1 unidbn du Son le plus grave
du Degré fupérieur. Il faut de plus qu'au-
cun des Degrés conjoints ne puîuc être par-
tagé en d'autres Degrés plus petits^ mais qu'ils
fbient eux-mêmei( les plus petits qu'il foit
poffîble î favoir>ceux d'une féconde. Ainfî ces
deux Intervalles ut re^ 8c re mi font conjoints j
mais ut reScfàfol ne le font pas , faute de ta
première condition j ut mi 8c mi fol ne le
tbnc pas non plus ^ faute de la féconde.
i
C O N loj
Marche par Degrés conjoints fignifie la
même chofc que Mjirche Diatonique,(Voycï
Degré , Diatonique, )
CONJOINTES , f. f. Tétracorde des
Conjointes. ( Voyez Symneménon. )
CONNEXE, adj. Terme de Plain-Chant.
( Voyez Mixte.)
CONSONN ANGE , / f. Ceft , félon
Tétymologie du mot , refFet de deux ou pla-
iieurs Sons entendus à la fois ; mais on ref-
treint communément la (ignification de ce
terme aux Intervalles fon;nés par deux Sons>
'dont l'Accord plaît à 1 oreille , & c'eft en
ce (èns que j'en parlerai dans cet article.
De cette inanité d'Intervalles qui peuvent
divifer les Sons , il n'y en a qu'un très- petit
nombre qui fàffent des Confonnances \ tous
les autres choquent l'oreille & (ont appelles
pour cela Dijfonances^ Ce n'eft pas que plu-
/teurs de celles-ci ne foiènt employées dans
l'Harmonie ; mais elles ne le font qu'avec des
précautions dont les Confonnances , toujours
agréables par elles-mêmes y n^ont pas égale*
ment befbin.
Les Grecs nadmettoient que cinq Con-
fonnances \ fàvoir 3 rO£tave , la Quinte y la
Dquzieme qui eft la réplique de la Quinte ,
la Quarte , & l'Onzième qui eft fa répli-
que. Nous y ajoutons les Tierces & les
Sixtes majeures & mineures , les OcStave^
doubles & triples , & en un mot , les di-
verfes répliques de tout cela fans exception',
félon toute l'étendue du fyftéme.
On diftingue les Confonnances en pârËdr
104 C O N
tes ou joftes, donc TlntervaDe ne varie poin^
& en impariaites , qui peuvent être majett'-
res ou mineures. Les Confonnances parfaites
font rOâave > la Quinte & la Quarte \ les
imparfaites font les Tierces & les Sixtes.
Les Confonnances fè divifènt encore en
amples & compofées. U n'y a de Conjoa*
nonces iîmples que la Tierce & la Quarte:
car la Quinte , par exemple • efl conipofiSe
de deux Tierces ; la Sixte eft compofee de
Tierce & de Quarte , &c.
Le caraétere phyfique des Confonnances
fe tire de leur produâion dans un même
Son ; ou 9 fi Ion veut , du frémiflèment des
cordes. De deux cordes bien d'accord for-
mant entr'elles un Intervalle d'Oâave ou de
Drmzieme qui efl l'Oûave de la Quinte »
ou de Dix>feptieme majeure qui eflladou^
ble Oâave de la Tierce majeure , fi Ton fait
(bnner la plus grave , l'autre frémit & ré-
forme. A l'égard de la Sixte ma)eure & mi*
neure , de la Tierce mineure , de la Quinte
& de la Tierce majeure (impies , qui toutes
font des combinai(ons & des renverfèmens
des précédentes Confonnances , elles fe trou-
vent non direâcment , mais entre les di*
verfes cordes qui firémiflcnc au même Son.
Si je touche la corde ut , les cordes mon*
tées à fon Oûave ut, à la Quinte fol de
cette Oûave , à la Tierce mi de la double
OéVave , même aux 06kaves de tout cela ,
frémiront toutes & réfbnneront à la fois;
& quand la première corde fèroit feule >
Dn diftingueroit encore cous ces Sons dans
C O N ïof
fa rifonnance. Voilà donc l'Oûave , h
Tierce majeure , & la Quinte diieâes. Les
autres Conjunna/tces !k trouvenc auHî par coin-
binailbns ; favoir , la Tierce mineure , du
mi Ml fol; la Sixte mineure , du même nii
à l'ut d'en haut ; la Qiwne, Am/oI à ce même
lu ; & la Sixte majetue , du laèiatfol au mi
qui eft aii-delTus de lui.
Telle eft la génération de toutes les Cj/i-
JhnnaiKes. Il s'agiroit de rendre raifbn des
Phénomènes.
: Premièrement , le frémilTèment des cordes
s'explique par l'a<!Hon de l'air & le concours
des vibrations. {Voyez Unisson.) 2". Que le
ton d'une corde toit toujours accompagné
de lès Harmoniques , ( voyez ce mot. ) ,
cela parott une propriété 'du Son qui dé-
pend de & nature , qui en eft inféparable ,
& qu'on oc fauroit expliquer qu'avec des
hypoihefes qui ne font pas (ans difficulté.
La plus inRénieufè qu'on ait iufqii'à préfènt
imaginée lur cette matière ett , làns contre-
dit , celle de M. de Mairan , dont M. Ra-
meau dit avoir fait fbn profit.
)°. A l'égard du plùlir que les Con/ô/t-
itances font a l'oreille à l'cxclulîon de tout
autre interralie , on en voie clairement la
fource dans leur génération. Les Conforta
nonces nailïêni toutes de l'Accord parfait ,
produit par un Son unique , & réciproque-
<neni l'Accord 'parBiît fe forme par l'aflcm-
blage des Cin^nna/ïcej. Il cft donc naturel
que l'Harmonie de cet Accord Te commu-
nique à-fosParties-i' que chacune d'elles y
l
%o6 C O K
participe , & qae tour autre IntenraDè qtil
ne &it pas partie de cet Accord n'y participe
pas. Or « fa Nature quia doué les objets de
chaque fens de qualités propres à le flatter ,
a voulu qu'un Son quelconque fut toujours
accompagné d'autres Sons agréables , comice
eQe a voulu qu'un rayon de lumière fut
toujours formé des plus belles couleurs. Que
(\ l'on prefTe la queftion y & qu'on demande
encore d'où naît le plaifir que caufe l'Ac-
cord parfcic à l'oreille , tandis qu'elle eft
choquée du concours de tout autre Son ;
ue pourroit-on répondre à cela » (inon de
emanderà fbn tour pourquoi le verd plutoc
que le gris réjouit la vue y & pourquoi le
parfum de la rôfè enchantes tandis que
l'odeur du pavot déplaît ?
Ce n ell pas que les Phyficîcns n'aient
expliqué tout cela ; & que n'expliquent-ib
point ? Mais que toutes ces explications font
conjecturales , & qu'on leur trouve peu de
fblidité quand on les examine de près ! Le
Ledbeur en jugera par rexpofé des principa-
les , que je vais tâcher de faire en peu de
mots.
Us difènt donc que la fenfation du Son
étant produite par les vibrations du corps
ibnore propagées jufqu'au tympan par ccU
les que l'air reçoit de ce même corps > lorC
que deux Sons fe font entendre enfemble,
l'oreille eft afFeâée à la fois de leurs diver*
fes vibrations. Si ces vibrations (ont ifbchfO-
oaes , c'eft-à-dire , qu'elles s'accordent à corn-
mena'r & finir en même-cems > ce concours
G O N i©7
forme rUniflba , & rorcUlc , qui faifit TAc-
cord de ces recours égaux & bien concûgr-
dans , en eft agréablement affeftce* Si les
vibrations d'un des deux Sons font doubles
en durée de celles de l'autre , durant chaque
vibration du plus grave , l'aigu en fera pré-
«ifément deux , & à la oroifîeme ils partîfcxnc
cnfemble. Ainfî , de deux en deux^ chaque
vibration impaire de l'aigu concourra avec
chaque vibration du grave , & cette firé-
quente concordance qui conftitue l'Odave »
félon eux , moins douce que l'UnilIbn , îc
icra plus qu'aucune autre Confonnance^ Après
vient la Quinte dont l'un des Sons fait deur
vibrations , tandis que l'autre en fait trois ;
de forte qu^ls ne s'accordenc qu'à chaque
-troifieme vibration de l'aigu ; eniuite la dou-
ble 0£tave ^ dont l'un des Sons fait quatre
vibrations pendant que l'autre n'en fait
ijuune, s'accordan^t feulement à chaque
quatrième vibration de l'aigu : pour la
Quarte y les vibrations fe répondent de qua-
tre en quatre à l'aigu , & de trois en tnris
au grave : celles de la Tierce majeure font
commg 4 & j , de la Sixte majeure comme j
& J , de la Tierce mineure comme $ &
£ 9 & de la Sixte mineure comme j & S.
Au-delà de ce3 nombres il n'y a plus que
leurs multiples qui produiftnt des Confoji^
nancesy c'eft- à-dure des Odaves de celles-ci i
tout le refte eft diflbnant.
D'autres trouvant fOûave plus agréaM^
que rUniflbn , & la Quinte plus agréable
que }^Oâave ;» eu donnent poux rai&n que
2o8 C O N
les retours égaux des vibrations dans VUmù
(on & leur concours trop fréquent dans
roâave confondent > identifient les Sons
& empêchent l'oreille d'en appercevoir la
diverfité. Pour qu'elle puiflè, avecjplaifir,
coinparer les Sons', il faut bien , difent-ils,
que les vibrations s'accordent par Interval-
les, mais non pas qu'elles fè confondent
trop ibuvent ; autrement au lieu de deux
Sons on croiroit n'en entendre qu'un , Se
l'oreille perdroit le plaifir de la comparai-
fon. C'eft ainfî que du même principe
on déduit à Ton gré le pour & le con*
tre , félon qu'on juge que les expériences
l'exigent.
Mais premièrement toute cette explica^
tion n'cft , comme on voit , fondée que
fur le plaifir qu'on prétend que reçoit l^ame
par l'organe de l'ouïe du concours des
vibrations ; ce qui , dans le fond» n'eft
déjà qu'une pure fuppoficion. De plus»
il faut fuppofer encore , pour autoriier ce
fyfléme , que la première vibration de cha-
cun des deux corps fonores commence exac-
tement avec celle de l'autre ; car de quel-
que peu que l'une précédât , elles ne con-
court oient plus dans le rapport déterminé»
peut-être même ne concourroient-elles ja^
mais , & par conféqucnt ^Intervalle fenfible
dcvroit changer 5 la Confonnance n'exifleroit
})lus ou ne feroic plus la même. Enfin il
kuc fuppofer que les diverfes vibradons
des deux Sons d^une Confonnance frappent
lurgane fans confiiûon , Ôc tranfmettent
au
C O N 209
ftu c^rveau la fcnfatîon de VAccord fans
fe nuire mucutUement : chofe difficile à
concevoir & dont j aurai occafîon de parler
ailleurs.
Mais fans difputer fur tant de fuppofi-
tions , voyions ce qui doit s'enfuivre de ce
fyftême. Les vibrations ou les Sons de la
dernière Confonnance , qui eft la Tierce
mineure , font comme j & 6 , & l'Accord
en eft fort agréable. Que doit-il naturelle-
ment réfulter de deux autres Sons dont les
vibrations feroient entr'elles comme 6 & 7 ?
U'ie Confonnance un peu moins harmo-
nieufc , à la vérité , fnais encore aflèz agréa-
ble , à caufe de la petite différence des rai-
fons; car elles ne différent que d'un trcnte-
fixieme. Mais qu'on me dife comment il fe
peut faire que deux Sons , dont l'un dit
cinq vibrations pendant que l'autre en fait
6 y produifent une Confonnance agréable. Se
que deux Sons , dont l'un fait 6 vibra-
tions pendant que l'autre en fait 7 , pro-
duisent une Diflbnance aulTî dure. Quoi î
dans l'un de ces rappcrts les vibrations sac-
cordent de Gx en fix , & mon oreille eft
charmée; dans l'autre elles s'accordent de
iept en fept , & mon oreille eft écorchée !
Je demande encore comment il fe fait
qu'après cette première Dilïbnance la du-
reté des autres n'augmente pas en rUCon
de la compofîtion des rapports ? Pourquoi ,
par exeixyjle, la Diffonance qui réfulte du
rapport de 89 à 90 , n'eft pas beaucoup
plus choquante que celle qui réfulte du
Diâ. de Mujijue. Tome I, O
2i# C O N
jappait (3e II I I ; : Si le zttoar fius o«
BMKns frrqoecr an coccocm des vibracioos
étodt k canic da drgrt de piakir ou de
pcmf qise xnc font ks Accords , Tcâct ie-
loit propordannë i cène caofc> & je aV
troavc aocuDc ytoporàon. Donc ce plaiûr
& cette peine ne viemieni pcârt de-Uu
H rdle encore à Edre aner.ncm aux alté^
Tatkms d'^i «ne CcKfimnamce eft fufceprible
fins ceîlèr d'éne stgrcable à iVmUe , quoi-
que ces alcentkms dciangcnc enôérexienc le
concouis pcnodiqoc des vibrations^ & que
ce conctx:» même dcrônnc plus raie à
xnefuie que Tiklieraùm eft moindre. Il reftc
à coniîdérer que TAccord de f Orgue ou do
CbvecÎR ne devroit ofiir à roreiUe qu'uhe
cacophonie d'autznc plus homMe , que ces
Inibunxns (êroic:^c accordés avec plus de
loin y puifqu'excepïé fOtbve it ne s'y
trouve aucune Conjonaance dans ion lap»
pon exaâ»
Dira-t-on qu'un rapport approché eft (up*
pofé tout-à-fàit exacb , gu'il eft reçu pour tet
par Toreille^ & auVlle lupplée par inftinâ ce
aui manque à la juftelle de TAccord ? Je
emande alors pourquoi cette inégalité de
jugement & d'appréciation y par laquelle
elle admet des rapports plus ou moins rap-
prochés , & en rejerte d'autres félon la oi-
verfe nature des Confonnances ? Dans 1*U-
nidbn , par exemple , rorcille ne fuppléc
rien ; il eft jufte ou fiux , point de mihcu
De même encore dans TOdave , (î rintci
rall^ n'cft exa<^ ^ Toreille eft choquée \ d!
CON . III
n'admet point dapproximation. Pourquoi
en admet-elle plus dans la Quinte , & moins
dans la Tierce majeure ? Une explication
vague , fans preuve , & contraire au priu*
cipe qu'on veut établir , ne rend point
raifbn de ces diflférences.
Le Philofbphe qui nous a donné des .
principes d'Acouftique y laiflànt à part tous
ces concours de vibrations , & renouvcl-
lanc fur* ce point le fyftéme de Defcartes,
rend raifbn du plaifir que les Confoanances
font à l'oreille par la /implicite des rapports
qui font entre les Sons qui les forment.
Selon ' cec Auteur , & félon Defcartes , le
plaifir diminue à mefure que ces rapports
deviennent plus compofés , & quand l'ef^
prit ne les fàifit plus , ce font de vérita-
d1^ Difibnances ; ainfi c'eft une opération de*
Tefprit qu'ils prennent pour le principe du
fêntiment de l'Harmonie. D'ailleurs, quoi-
joue cette hypothefe s^accorde avec le ré-
iultat des premières divisons harmoniques»
& qu'elle s'étende même à d^autres phé-
nomènes qu'on remarque dans les beaux
Arts y comme elle efl fu jette aux mêmes
objeâions que la précédente , il n efl p«s
poflible à la raifon de s'en contenter.
Celle de toutes qui paroît la plus fàtîs-
fàifante a pour Auteur M. Eftève , de la
Société Royale de Montpellier. Voici U-
deffus comment il raifonne.
Le fêntiment du Son eft înfépnrable de
celui de fes Harmoniques , &c puifque tout
Son pone avec foi les Harmoniques ou
O 2
211 C O N
plutôt fon Accompagnement , ce même
Accompagnement ctt dans Tordre de nos
organes. Il y a dans le Son le plus iimplc
une gradation de Sons qui font & plus foi-
blés & plus aigus , qui adoucilTent , par
nuances , le Son principal , & le font per-
dre dans la grande vîteflè des Sons les
plus hauts. Voiià ce que c'eft qu'un Son ;
TAccompagnement lui eft eflentiel , en feit
la d(>uceur & la mélodie. Ainfî toutes les
fois que cet adouciflèment , cet Accompa*
gnement , ces Harmon-ques feront renfor-
cés & mieux déreloppés , les Sons feront
plus mélodieux , les nuances mieux (bute-
nues. C'eft une pcrfèâion 3 & Tame y dott
être fenfible.
Or les Confonnances ont cette propriété
que les Harmoniques de chacun des deux
Sons concourant avec les Harmoniques de
l'autre > ces Harmoniques fe fouticnnent
mutuellement > deviennent plus fenff&les »
durent plus long - tems , Se rendent ain/i
plus agréable TAccord des Sons qui les
donnent.
Pour rendre plus claire l'application de
^e principe , M. Eftève a drefle deux Ta-
bles , Tune des Confonnances &c l'autre de^
Diflbnances qui font dans l'ordre de h
Camme ; & ces Tables font tellement dît
|>ofées 3 qu'on voit dans chacune le con-
cours ou roppofition des Harmoniques des
deux Sons qui forment chaque Intervalle.
Par la Table des Confonnances , on voit
que l'Accord de rOâaye conferve prefquc
CON iM
tous Tes Harmoniques , & c*eft la rai(bn
de l'identité qu'on fuppofe , dans la prati-
que de l'Harmonie 5 entre les deux Sons de
rodavei on voit que l'Accord de la Quinte
ne conferve que trois Harmoniques , que
la Quarte ii'eo conferve que deux, qu'enfin
les Confonnances impar&ites n'en con(ervent
qu'un , excepté la Sixte majeure qui en
porte deux.
Par la Table des Diflonances on voit
qu'elles ne fe confervent aucun Harmoni-
que , excepté la feule Septième mineure qui
conferve fon quatrième Harmonique » la-
voir , la Tierce majeure de la troiiîemc
Octave du Son aigu.
De ces obfervations , l'Auteur condud
que y plus entre deux Sons il y aura d'Har-
moniques concourans , plus l'Accord en
(èra agréable y ÔC voilà les Confonnances
parfaites.
Plus il y aura d'Harmoniques détruits ,
moins l'ame fera (atisfàite de ces Accords;
voilà les Confonnances imparfaites. Que s'il
arrive enfin qu'aucun Harmonique ne (bit
conferve , les Sons ft-ront privés de leur
douceur & de leur mélodie ; ils feront
aigres & comme décharnés , l^ame s'y re-
-fufera, &au lieu de l'adoucidement qu'elle
éprouvoit dans les Confonnances 3 ne trou-
vant par-tout qu'une rudeflè fbutenue , elle
éprouvera un (èntiment d'inquiétude dé-
iagréable^ qui eft l'efièt de la DifTonance»
Cette hypothè(è eft , (ans contredit , la
plus fimple » k plus naturdUe , la plus heu-
O 5
114 C O N
reufe de toutes : maïs elle laîflè pourtant
encore quelque chofe à defirer pour le con-
tentement de refprit , puîfque les caufes
qu'elle afiîgne ne (ont pas toujours pro-
portionnelles aux différences des effets; que,
par exemple , elle confond dans la même
ca>:hégorie la Tierce ihineure & la Septième
mineure , comme réduites également à un
feul Harmonique, quoique Tune foit Confon-
nante , l'autre DifTonante , & que l'effet , à
l'oreille , en foit très-différent.
A l'égard du principe d'Harmonie ima-
giné par M. Sauveur , & qu'il ifâifbit confîC-
ter dans les Battemens , comme il h'eft en
nulle façon foutenable , & qu'il n'a été adop-
té, de perfonne, je ne m'y arrêterai pas ici,
& il fuffira de renvoyer le Leâreur à ce que
j'en ai dît au mot Battemens.
CONSONNANT , /7^/. Un Intervalle
Confonnant eft celui qui donne une ConGm-
nance ou qui en produit l'effet; ce qui arrive,
en certains cas , aux Diflbnances par la force
de la modulation. Un Accord Confonnant
cft celui qui n'cft compofé que de Confbn-
nances.
CONTRA , / W2. Nom qu'on donnoit
autrefois à la Partie qu'on appelloit plus
communément Altus^ & qu'aujourd'hui nous
nommons Hautes Contre. (Voyez Haute-
Contre.)
CONTRAINT , adj. Ce mot s'applique,
foit à l'Harmonie , foit au Chanr, (oit à la
valeur des Notes , quand , par la nature du
deffein , on s'eft aifujetti à une loi d'unifor-
CON iiy
mile dans quelqu'une de ces trois Parties.
( Voyez Basse- Contrainte. )
CONTRASTE , f. m. Oppofitîon de ca-
raéleres. Il y a Contrafte dans une Pkce de
Muiique > lorfque le Mouvement paflè du
lenc au vice > ou du vîceau lent; lorfque le
Diapaibn de la Mélod[ie pa(Iè du grave à Tù-
£u , ou de Taigu au grave ^ lorfque le Chant
paflè du doux au fort , ou du fort au doux ;
lorfque l'Accompagnement pailè du (impie
au figuré , ou du figuré au (impie ; eiiân
lorfque l'Harmonie a des purs & des pleins
alternatifs : & le Contrafte le plus parfait eft
celui qui réunit à la (bis toutes ce^ oppo*
étions.
Il eft très-ordinaire aux Compofiteurs qui
manquent d'invention d'abufer du Contrafey
& d'y chercher , pour nourrir l'attention >
les reflburces que leur génie ne leur fournit
pas. Mais le Contra/Ie , employé à propos
& fobrement ménagé , produit des effets
admirables.
CONTRA-TENOR. Nom donné dans
les commencemens du Contre- poiîit à la
Partie qu'on a depuis nommée Ténor ovf.
Taille^ (Voyez Taille.)
CONTRE-CHANT, / m. Nom donné
par Gerfbn & par d'autres à ce qu'on appel-
loit alors plus communément Déchant , ou
Contre-point, ( Voyez ces mots. )
GONTRE-DANSE. Air d'une forte de
Danfe de même nom , qui s'exécute à qua- .
tre , à (ix & à huit perfonnes , & qu'on
danfè ordinairement dans les Bals après les
O 4
^itf C O N
M'^uets, comme éeant plus gaie Stoccu--
pant plus de monde. Les Airs des Contre^
Danfes font le plus fouvent à deux tems \ ils
doivent être bien cadeicës , brilians & gais,
& avoir cependant beaucoup de iîmpliciré ;
car comme on les reprend trcs-fbuvtnr, ils
<îeviendroient ihfupporcab es , s'ils étoienc
chargés. En tout genre les chofes les plus
fimples font celles dont on fe laflè le moins*
CONTRE-FUGUE ou FUGUE REN-
VERSÉE > /. /I Sonc de Fugue dont la
marche eft contraire à celle d*une autre Fu-
:gue qti'on a établie auparavant dans le même
morceau. Ainfi quand la Fugue s'efl: fait en-
tendre en montant de la Tonique à la Do-
minante ) ou de la Dominante à la Tonique ,
Ja Cantre- Fugue doit fe faire entendre en
defcendant de la Dominante à la Tonique»
ou de la Tonique à la Dominante, & rtce
Ttferséu Du refte (es règles font entièrement
femblables à celles de la Fugue. ( Voyez
Fugue.)
^ CONTRE-HARMONIQUE, /2i/;. Nom
d'une forte de Eroportion. (Voyez Pro-
roRxron.)
CONTRE-PARTIE,/ f. Ce terme ne
s'emploie ai Mufique que pour (ignifier une
des deux Parties d'un Duo confidéréc rela-
tivement à l'autre,
CONTRE-POINT,/, m. Ceft à- peu-près
la même cbofè que Compvfiùon ; (\ ce n'cft
, que Compofition peut fe diw des Chants ,
éc d'une feule Partie, & que Contre-poini
ne 6 dit que de iHarmonie Se d'uue Com^
C O N 217
pofition à deux ou pluficurs Parties diffé-
rentes.
Ce mot de Contre-^point vient de ce qu'an-
ciennement les Notes ou fignes des^^^^ns
éroient de fimples points , & qu'en compo-
fant à plufieurs Parties , on plaçoit ainii ces
poinu Tun fur l'autre , ou l'un concre Taurre.
Aujourd'hui le nom de Contre-puin s'ap-»
' plique fpécia ement aux Parties ajoutées lur
un (ujet donné , pris or 4nairemcnt du Plain-
Chant.* Le fujet peuc être à la Taille ou à
quelqu'autre Partie lupérieure , Se Von dit
alors que le Conire-point cit fous le fujec ;
mais ii eft or Jinair:mc nt à la Balle , O- qui
met le fujct ous ic Co/ure- point, Qaan i li
Contre-point eft fyllabique, ou Note lur N j-
te, on l'appelle Conire-point J impie ; Ui./i-
xr€'pointfiguréy{q\\^nd A s'y t ouve difFé-
rentes figures u valeurs de Notes , & qu'on
y fait des DclTèms, des Fugue> , de:> Iniv
rations: on f nt bien que tout cela ne peuc
fe faire qu'à l*aide de la Mefure , 6c que
ce Phin-Chant devient alors de véritah e
Mufique. Une Composition feitc & exécu-
tée ainfi furie-champ &c fans préparation
fur un fujet donr-e , s'appelle Chant fur le
Livre, parce qu'alors chacun compofe im-
promptu ià Partie ou fon Chant fur le Li-
vre du Choeur. (Voyez Chant sur lb
Livre.)
On a long - rems difputé (i les Anciens
^voient connu le Contre-point-, mais par tout
<e qui nous refte de leur Mufique & de
ieujGS écries ^ fvrinçipalement par les règle»
ii8 C O N
de pratique d'Ariftoxène , Livre troîficme »
on voit clairement qu'ils n'en eurent jamais
la moindre notion.
GONTRE-SENS , / m. Vice dans le-
quel tombe le MuHcien quand il rend une
autre penfée.que celle qu'il doit rendre. La
Mufique, dit M. d'Alembert, n'étant & ne
devant être qu'une tradudbion des paroles
qu'on met en Chant , il cft viûble qu'on y
peut tomber dans des Contre-fenss & ils n'y
ibnt gueres plus faciles à éviter que dans
une véritable rraduâion. Conirt-f^ns dan»
fexpreffion , quand la MuHque eft trifte au
lieu d'être gaie , gaie au lieu d'être trifte »
légère au lieu d'être grave, grave au lieu d'être
légère , &c. Contre-fens dans la Profodie »
lorfqu'on eft bref fur des fyllabes longues ,
long fur des fyllabes brèves, qu'on n'ob-
fèrve pas l'accent de la Langue, &c. Contre^
fins dans la Déclamation , lor^u'on y ex-
prime par les mêmes Modulations des fen-
timens oppofés ou dffFérens , lorfqu'on y
rend moins les fentimens que les mots , lorf»
qu'on s'y appefantit fur des détails fur leC-
quels on doit gliflêr , lorfque les répétitions
font entail&s hors de propos. Contre-fins
dans la ponctuation , lorfque la Phrafe de
Mufiquc (e teimine par une Cadence par-
faite dans les endroits où le fens eft fuf-
pendu , ou forme un repos imparfait quand
le fens eft achevé. Je parle ici des Contre^
fens pris dans la rigueur du mot \ mais le
manque d expreflîon cft peut- Être le plus
énorme de tous. J'aime encore mieux que
COP 219
la Mufique dife autre chofe que ce qu'elle
doit dire , que de parler & ne rien dire
du tour.
CONTRE-TEMS , / m. Mefore à Con^
tre-tems ett celle où Ton paufe fur le Tems
foible , où 1 on glilïe fur le Tems fort , &
où le Chant femble être en Contre -fcns
avec la Mefure, (Voyez Syncope.)
COPISTE , f. m. Celui qui feit profef-
(îon de copier de la Mufique,
Qiiclque progrès qu'ait fiiit l'Art Typo-
graphique , on n'a jamais pu l'appliquer à la
Mufique avec autant de luccès qu'à l'écri-
ture, fbit parce que les goûts de l'efprit
étant plus conftans que ceux de l'oreille,
on s'ennuie moins vite des mêmes livres
2ue àts mêmes chanfons ; foit par \ts dif-
cultés particulières que la combinaifon des
Notes & des Lignes ajoute à l'impreffion
de la Mufique : car lî l'on imprime premiè-
rement les Portées & enfuite les Notes , il
cft impofGble de donner à leurs pofitions
relatives, la juftefle néceflaire; & fi le ca-
xaftere de chaque Note tient à une portion
de la Ponée , comme dans notre Mufique
imprimée , les lignes s ajuftent Ci mal entr'el-
les, il faut une fi prodigieufe quantité de
carafteres , & le tout fait un H vilain effet
à l'oeil , qu'on a quitté cette manière avec
xaifbn pour lui fubftituer la gravure. Mais
outre que la gravure elle-même n'efl pas
exempte d'inconvéniens , elle a toujours ce-
lui de multiplier trop ou trop peu les exem-
plaires ou les Parties > de mettre en Parti-
x^o C O P
tîon ce que les uns voudroîent en Parties
féparées , ou en Parties féparées ce que d'au-
tres voudroient en Partition , 6c de n'offrir
gueres aux curieux que de la Muiique déjà
vieille qui court dans les mains de tout le
monde. Enfin il eft fur qu'en Italie , le pays
de la terre où Ton fait le plus de Mu(ique ,
on a profcrit depuis long-tems la Note impri-
mée fans que Vufage de la gravure ait pu
s'y établir; d'où je concius qu'au iugemenc
des Experts celui de la limple Copie eft le
plus commode.
Il eft plus important que la Mufique foie
nettement & corrtârement copiée que la
iimple éwriture; parce que celui qui lie &
médite dans fon cabinet y apperçoit , cor*
rige aifémenc les fautes qui font dans ùm
livre , & que rien ne l'empêche de rufpen-
dre fa leéhire ou de la recommencer : mais
dans un Concert où chacun ne voit que la
Partie , & où la rapidité & la continuité
de l'exécution ne laidènt le tems de reve^
nir fur aucune faute , elles (ont toutes irré-
parables : fouvent . un morceau fublime eft
eftropié , l'exécution eft interrompue oa
même arrêtée, tout va de travers , par-toac
manque l'enfemble & l'effet, l'Aucutcureft
rebuté & l'Auteur déshonoré , par la fcdfi
faute du Copifie,
De plus , l'intelligence d^une MuHque diCi
ficile dépend beaucoup de la manière donc
elle eft copiée ; car outre la netteté de la
Note > il 7 a divers moyens de préfcaccr
C O P m
plus clairement au Ledeur les idées qu'on
veut lui peindre & qu'il doit rendre. On
trouve fou vent la copie d'un homme plus
lifible que celle d'un autre qui pourtant note
plus agréablement ; ceft que Vun ne veut
que plaire aux yeux, & que lautre eft plus
attentif aux foins utiles. Le plus h^iie Co-
pifte eft celui dont la Mufique s'exécute avec
le plus de Êicilitc , fans que le Mudcien même
detine pourquoi. Tout cela ra'a perfuadé
que ce n'étoît pas faire un Article inutile que
d'expofer un peu en détail le devoir & les
foins d'un bon Copifte : tout ce qui tend à
i&ciliter Inexécution n'eft point indifférent à
la perfection d'un Art dont elle eft toujours
le plus grand écueil. Je feus combien je vais
me nuire à moi-même fi l'on compare mon
travail à mes règles : mais je n'ignore pas
^ue celui qui cherche l'utilité publique doit
avoir oublié la fienne. Honmie de Lettres ,
l'ai dit de mon état tout le mal que j'en
penfe^ je n'ai fait que de la Mufique Fran-
çoife , & n'aime que l'Italienne ; j'ai mon-«
tré toutes les miferes de la Société quand
f'étois heureux par elle : mauvais Copijie ,
î'cxpofe ici ce que font les bons, O vérité !
mon intérêt ne fut jamais rien devant toi ;
qu^il ne fouille en rien le culte que je t'ai
voué.
Je fuppofe d'abord que le Copijîe eft pourvu
de toutes les connoiîlànces néceftaires à ia
profeflîon. Je lui fuppofe , de plus , les ta-
lens qu'elle exige pour être exercée fupé-»
rkurement. Qud^ font ces talens , Se quel*.
111 C O P
les font ces connoîflances ? Sans en parler* ex-
preflTément , c'eft de quoi cet Article pourra
donner une Tuffifante idée. Tout ce que
j'oferai dire ici , c'cft que tel Compofitcur
qui fe croit un fort habile homme , eft
bien loin d'en favoir aflez pour copier cor-
rectement la compofition a autrui.
Comme la Mufique écrite , fur- tout en
Partition , eft faite pour être lue de lob
par les Concertans , la première chofe qfte
doit faire le Copijle eft d'employer les maté-
riaux les plus convenables pour rendre (à
Note bien liHble & bien nette. Ainfi il doit
choidr de beau papier fort , blanc , médio-
crement fin , & qui ne perce point : on pré-
fère celui qui n'a pas befoin de laver ,
parce que le lavage avec Talun^ui ôce un
peu de la blancheur. L'encre doit être très-
noire y fans être luifanre ni gommée ; la
Réglure fine , égale & bien marquée , mais
non pas noire comme la Note : il faut au
contraire que les lignes foient un peu pâles i
afin que les Croches , Doubles- croches ,
les Soupirs > Demi- fou pirs 6c autres petits
figftes ne (c confondent pas avec elles , &
ue la Note forte mieux. Loin que la pâleur
es Lignes empêche de lire la Mufique à
une certaine diftance ^ elle aide au conirairc»
par la netteté; & quand même la Ligne
echapperoit un moment à la vue , la po-
fition des Notes l'indique affez le plus lou-
vent. Les Régleurs ne rendent que du tra-
vail mal fait ; fi le Coprfic veut (e faire hon-
neur y il doit régler (on papier lui-même*
I
C O P 21J
Il y a deux formats de papier té^é ; f un
pour la Mufique Françoife , dont la longueur
eft de bas en haut j lautre pour la Munquc
Italienne , dont la longueur eft dans le fcns
des Lignes. On peut employer pour les deux
le même papier , en le coupant & réglant
en fens contraire : mais quand on racnettc
réglé , il faut rtnvcrfer les noms chez les
Papetiers de Paris , demander du Papier à
l'Italienne quand on le veut à la Françoife ,
& à la Françoife quand on le veut à l'Ita-
lienne y ce quiproquo importe peu , dès qu'on
en eft prévenu.
Pour copier une Partition , il faut comp-
ter les Portées qu'enferme l'Accolade, &
choifir du Papier qui ait , par page , le même
notnbre de Portées , ou un multiple de ce
nombre ; afin de ne perdre aucune Portée ,
ou d'en perdre le moins qu'il eft poffiblc
quand le multiple n'eft pas exadt.
Le Papier à l'Italienne eft ordinairement
à dix Portées , ce qui divife chaque p^ge
en deux Accolades de cinq Portées chacune
j.our les Airs ordinaires ; fa voir , deux Por-
tées pour les deuk Deflus de Violon , une
pour la Quinte , une. pour le Chant , &
une pour la Bafle. Quand on a des Duo ou
des Parties de Flûtes , de Hautbois^ de
Cors , de Trompettes ; alors , à cq* nombjrc
de Portées on ne peut plus mettre qu'ui^
Accolade par page , à moins qu'on ne trouve
le moyen de (uppritner quelque Portée inu-
tile , comme celle de la Qiiinxe , quand ellç
marche fans ceÛe avec la B^ftc.
itf COP
%OKï it'iij.TjTtJuix les ccisrv'ZKâofss ^n'oB
àûc fcrï pcHT fcirtt éfe cri&tr ji Pirâîoo.
I*. Qatiçaet rcirfare <ic Pj 6a de lyrrpho
irôc çix'acr pra£^ 2¥ocr , ïL lier *^oiiîcHirs que
les Pzroes dï TioUoo , cntrirc prccipales ,
oasipecc k bsat de fAccobce où ks
friEz le poficnr phb âlarcnc ; ccax qui
les inctiLî^m an-drabos de toaces les autres
9c ônDGcSsccinriic for la Quinte pour la
cccnsodioé de fAcoMCprgiiaKear , le trom-
ytrt ; ba compcrr qu'il eft ridicule de
^oîr dzcs ope Finition les Paitics ce Vio-
lon zo-dcfloQs . par exemple ^ de ctUcs des
C ors qui !oot beaucoup plus lades. x^. Ebns
toute la IcrgpKor de chaque iiH>rceau 1 on
ce doit î^maîs rien changer au nombre des
Portées , afin que chaque partie ait toujours
la (terne au même lieu. Il vaut mieux laiflèr
des Ponées vuides » ou » sll le faut ablbia-
ment , en charger quelqu'une de ceux Par-
ties, que d'étendre ou reflèrrer l'Accolade
inégalement. Cette règle n'eft que pour la
Mafîqiue Italienntr ; car l'ufage de la gra-
vure a rendu les Coicpofîteurs François plus
attentifs à l'ccor.cmie de l^efpacc qu'à la
commodité de l'exécution. }**. Ce n eft qu'à
toute extrémité qu'on doit mettre deux Par-
ties fur une même Ponéc j c'cft , fur-tout ,
ce qu'on doit éviter pour les Parties de
Violon y car , outre que la confiifion y feroit
à craindre , il y auroit équivoque avec la
Pouble- Corde : il faut aufli regarder fj j .irais
les Parties ne le croifcnt j ce qu'on ne pour-
rOiC guère» écrire iui la mAxic Portée d'une
manicrc
C O P iif
manîerc nette & lifible. 4^. Les Clefs un€
fois écrites & . correftement années ne doi-
vent plus fe répéter non plus que le ligne
de la Mefure , û ce n'eft dans la Mufique
Françoife , quand 3 les Accolades étant iné-
gales , chacun ne pourroit plus recontioître
la Partie ; mais dans les Parties féparées on
doit répéter la Clef au commencement de
chaque Portée , ne fût-ce que pour marquer
le commencement de la Ligne au défaut
d'Accolade.
Le nombre des Portées aînfi fixé , il faut
(aire la divifion des Mefures^ & ces Mefu-»
res doîvfent être toutes égales en elpace com-
me en durée , pour mefurer en quelque forte
le teins au compas & guider la voix par les
yeux. Cet efpace doit être aflèz étendii dans
chaque Mefure pour recevoir toutes les No-
tes qui peuvent y entrer , félon (a plus grande
fubdivifîon. On ne fauroit croire combien
ce foin jette de clarté fur une Partition , &c
dans quel embarras on fe jette en le négli-
geant. Si l'on ferre une Mefure fur une Ronde,
comment placer les feize Doubles-croches
que contient peut-être une autre Partie dans
la même Mefure ? Si 1 on fè règle fur la
Partie Vocale , comment fixer lefpace des
Ritournelles } En un mot , fi Ton ne regarde
qu'aux divifions d'une des Parties , comment
y rapporter les divifions fouvent contraires
des autres Parties ?
Ce n'efl pas afïèz de dîvîfèr l'Air en Me-
fures égales , il faut auffî divifer les Mefures
en Tems égaux. Si dans chaque Partie on
ma. dt Mufique. Tome I. P
ti6 C O F
proportionne ainfi refpace à la dar^e, tow»
ces les Parties Se toutes les Notes fimulta--
nées ic chaque Partie Ce correfpondront avec
itne jufte({è qui fera plaifir aux yeux & fa-
cilitera beaucoup la leâure d'une Partition.
Si y par exemple , on partage une Mefure
à quatre Tems , en quatre efpaces bien égaux
entr'eux & dans chaque Partie , qu'on étende
les Noires , qu'on rapnroche les Croches ,
qu'on redèrre les Doubles-croches à pro-
portion & chacune dans Ton efpece y (ans
. qu'on ait befoin de regarder une Partie en
copiant l'autre y toutes les Notes correrpon*
dantes fe trouveront plus exadement per-
pendiculaires , que fï on les eût confrontées
en les écrivant > 6c Ton remarquera dans
le tout la plus exade proportion y foit entrt
les divcrfes Mefures aune même Partie »
foit entre les diverfes Parties d'une méma
Mefure.
A l'exaftitude d/» rapports il faut join-
dre autant qu'il fe peut la netteté des fignes.
Par exemple , on n'écrira jamais de Notes
inutiles , mais fl-tôt qu^on s'apperçoit que
deux Parties fe réuniffent ôc marchent à
TunilTon , l'on doit renvoyer de l'une à
l'autre lorfqu'elles font voKines Se fur It
même Clef. A l'égard de la Quinte > ii-tôc
au'elle marche à l'Oâave de la Ba(Iè y il
iaut aufli l'y renvoyer. La même attendon
de ne pas inutilement multiplier les Agnes »
doit empêcher d'écrire pour la Symphonie
les Piano aux entrées du Chant ^ & les
Fyru quand il cçflè : par-tout ailleurs ^ il
C O P 117
les faut écrire exaâemenc (btts le premier
Violon & (bus la Boite ; & cela fume dans
une Pardtien , où toutes les Panies peuvent
& doivent (è régj^r fur ces deux-là.
Enfin le de\'Oir du Copifte écrivant une
Partition eft de corriger toutes les fauflès
Notes qui peuvent fc trouver dans (on ori-
ginal. Je n'entends pas far fauflès Notes les
nutes de la Copie qui lui fcn d'original.
La perfection de la iîenne eft de rendre
fidèlement les idées de l'Auteur , bonnes ou
mauvaifes : ce n'eft pas Ton afiàire; car il
n eft pas Auteur ni Correâeur , mab Copifte.
U eft bien vrai que, (î TAutcur a mis par
mégarde une Noie pour une autre y il doit
la corriger ; mais (i ce même Auteur a fait
par ignorance^ une faute de Compofition,
Il la doit laiflèr. Qu il compofe mieux lui-
même , s'il veut ou s'il peut , à la bonne
heure ; mais (î-tôt qu'il copie , il doit ref-
peAer fon original. On voit par- là qu'il ne
iuffit pas au Copifie d être bon Harmonifte
& de bien (avoir la Compo(ition , mais qu'il
doit, de plus, être exercé dans les divers ftyles,
reconnoitre un Auteur par famaniere & (avoir •
bien diflinguer ce qu'il a fait de ce qu'il
n'a pas feit. Il y a , de plus , une forte de
cririque propre à rcftituer un paflàge par
la comparai(on d'un autre , à remettre un •
Fort ou un Doux où il a été oublié , à dé-
t^her des plira(es liées mal-à-propos , à
xeftituer même des Mefures omifes ; ce qui
n'eft pas (ans exempte , même dans des Par-
lidgps. Sans dMCC il £iUC du favoir & da
P z
2i8 C O P
goût pour rétablir un texte dans toute (a pu«
reté : l'on me dira que peu de Copifies le
font y je répondrai que tous le devroienc
feire.
Avant de finir ce qui regarde lés Parti-
tions» je dois dire comment on y raflèmble
des Parties féparécs y travail embarraflant
pour bien des Copiftë^y mais facile & /impie
quand on s'y prend avec méthode.
Pour cela il faut d'abord compter avec
foin les Mefures dans toutes les Parties, pour
s'afTurer qu'elles font corredes. Enfuite on
pofe toutes les Parties l'une (ur l'autre en
commençant par la Bafle & la couvrant
fucceilivement des autres Parties dans le
ipême ordre qu'elles doivent avoir fur la
Partition. On (ait l'Accolade d'autant de
Portées qu'on a de Parties ; on la divife en
Mefures égales , puis mettant toutes ces
Parties ainn rangées devant foi & à fa gau-
che y on copie d'abord la première ligne
de la première Partie , que je fuppofe être
le premier Violon j on y fait une légère
marque en crayon à Tendroit où Ton s'ar-
rête ; puis on la tranfporte renverfée à fa
droite. On copie de même la première Ligne
du fécond Violon , renvoyant au premier
par -tout où ils marchent à l'unidon» puis
faifant une marque comme ci-devant, on
renverfe la Partie fur la précédente à (à
droite , & ainfi de toutes les Parties l'une
après l'autre. Quand on eft à la Bafle, on
parcourt des yeux toute l'Accolade pour
vérifier fi l'Harmonjb eft bonne » fi le tout
COP 219
eft bien d'accord » & fi l'on ne s'eft point
trompé. Cette première ligne faite , on
prend enfemble toutes les Parties qu'on à
renverfées Tune fur l'autre à fa droite , on
les renverfè derechef à fa gauche > & elles
fc retrouvent ainfî dans le même ordre &
dans la même fîtuation où elles étoient
quand on a commencé ; on recommence la
ieconde Accolade^^ à la petite marque en
crayon ; Ton fait une autre marque à la fin
de la féconde Ligne , & Ton pourfuit
comme ci - devant , jufqu'à ce que le tout
fbit fait.
J'aurai peu de chofes à dire fur la ma-
nière de tirer une Partition en Parties fe-
Î)arées 5 car c^efl l'opération la plus fîmple de
^Art , & il fufSra d'y faire les obfervations
fuivantes : i**. Il faut tellement comparer
la longueur des morceaux à. ce que peut
contenir une page , qu'on ne fbit jamais
obligé de toiurner fur un même morceau
dans les Parties Inflrumentales y à moins
qu'il n'y ait beaucoup de Mefures à comp-
ter , qui en laiflcnt le tems. Cette règle
oblige de commencer à la page verfo tous
les morceaux qui rempliflent plus dune
page ; & il n'y en a gueres qui en rem-
ploient plus de deux. 1^. Les Doux & les
Forts doivent être écrits avec la plus grande
exaâitude fur toutes les Panics y même
ceux ou rentre & ceflè le Chant , qui ne
(ont P^ pour l'ordinaire écrits fur la Par-
titioii* i^' On ne doit point couper une
MefUie d'une Ligne à l'autre y mais tâcher
1?© C O P
qu'il y ait toujours une Barre à la fin de
châcjue Porrée. 4*^. Toutes les Lignes pof-
tiches qui excédent , en haut ou en bas ,
les cinq de la Portée , ne doivent point
êcre continues, mais féparées à chaque Note,
de peur que le Muficien , venant à les con-
fondre avec celles de la Portée , ne fc
trompe de Note & ne fâche plus où il eft.
Cette ngle n'eft pas moins néceflaire d.^îs
les Partitions & n'eft fuivîc par aucun Co^
pipe François. 5*^. Les Parties de Hautbois
qu'on tire fur les Parties de Violon pour
un grand Orcheftre , ne doivent pas être
exadement copiées comme elles font dans
^original : mais , outre Pétendue que cet
Inftrument a de moins que le Violon ; outre
les Doux qu'il ne peut faire de même; outre
l'agilité qui lui manque ou qui lui va mal
dans certaines vîteflcs , la force du Haut-
bois doit être ménagée pour marquer mieux
les Notes principales , & donner plus d'ac*
cent à la Mufique. Si j'^vois à iuger du
{{oût d'un Sympnonifte fans l'entenare , je
ui donnerois à tirer fur la Partie de Vio*
Ion , la Partie de Hautbois ; tout Copijle
doit favoir le faire. &*, Quelquefois les Par-
tiels de Cors 6c de Trompettes ne font pas
notées l'ur le même Ton que le reftc de
TAir; il faut les tranfpofer au Ton > ou
Hen , fi on les copie telles Qu'elles (ont ,
il faut écrire au haut le nom de la véritablt
Tonique. Comi in D fol re y Corni in E la
fa , &c. 7°. Il ne faut point bigarrer la Par-
tie de Qu'are ou de Viola de la Clef de
C O P %it
Sade & de la Tienne , mais cranrpofer à la
Clef de Viola tous les endroits où elle mar-
che avec la Baflc ; & il y a là - defliis en-
core une autre attention à faire : c'eft de
ne jamais laiilèr monter la Viola au-deiTus
des Parties de Violon ; de forte que, quand
la Bade monte trop haut , il n'en àuc pat
prendre TOdave , mais l'unidon ; afin que
la Viole ne forte jamais du Médium qui
lui convient. 8°. La Partie vocale ne fc
àoit copier qu en Partition avec la Baflè ,
afin que le Chanteur fe puilfe accompagner
lui-même, 6c n'ait pas la peine ni de tenir fk
Partie à la main , ni de compter fes Pau-
fes : dans les Duo ou Trio , chaque Par-
tie de Chant doit contenir, outre la Baflè»
Ùl Contre- Partie j & quand on copie un
Récitatif obligé , il faut pour diaque Partie
d'Inftrument ajouter la Partie du Chant à
la fienne , pour le guider au défaut de la
Mefure. 9°. Enfin dans les Parties vocales
il faut avoir foin de lier pu détacher les
Croches, afin que le Chanteur voye claire-
ment celles qui appartiennent à chaque fyl*
}abe. Les Partitions qui fortent des mains
des Compofiteurs font , fur ce point , très-
équivoques , & le Chanteur ne fait , la
plupart du teras , comment dillribuer la
Note fur la parole. Le Cupifte verfé dans la
Profodie , & qui connoît également Taccent
du difcours & celui du Chant , détermine le
partage des Notes & prévient Tindécifion du
Chanteur. Les paroles doivent être écrites
l^ien exadcmeoc fous les Notes , 6c correc-*
P4
lit COR
tes quant aux accens & à l'orthographe :
mais oii n'y doit mettre ni points ni virgules,
les répétitions fréquentes & irrégulieres ren-
dant la ponâuation grammaticale impofll-
ble 'y c'eft à la Mu(ique à ponâuer les paro-
les 5 le Copifie ne doit pas stn mêler : car ce
fèroit ajouter des fîgnes que le Compoiiteur
s'eft chargé de rendre inutiles.
Je m'arrête pour ne pas étendre à l'excès,
cet article : j'en ai dit trop pour tout Copifie
inftruit qui a une ix>nne main & Icgoùt de
fbn métier > je n'en dirbis jamais afiez pour
les autres. J'ajouterai feulement un mot en
finidànt : il y a bien des intermédiaires entre
ce que le Compoiiteur imagine & ce qu'en-
tendent les Auditeurs. Ceft au Copifie de
rapprocher ces deux termes le plus qu'il eft
poflîble , d'indiquer avec clarté tout ce qu'on
doit faire pour que la Mufique exécutée rende
exactement à l'oreille du Compofiteur ce
Î[ui s'cft peint dans fa tête en la compo-
ant.
CORDE SONORE. Toute Corde ten-
due dont on peut tirer du Son. De peur de
m'égarer dans cet article , y y tranfcrhaien
partie celui de M. d'Alembert , & n'y
ajouterai du mien que ce qui lui donne
un rapport plus immédiat au Son & à la
Mudque.
" Si une Cor Je tendue eft frappée en quel-.
»* qu'un de fes points par une puiflancc quel-
M conque , elle s'éloignera julqu'à une cer-
» ttiine diftance de la fituation qu'elle avoic
» étant en repos , reviendra enmite Se fera
COR X}}
w des vibrations en vertu de rélaftîcité que
>* fa tenfion lui donne , comme en fait un
w Pendule qu'on tire de fon à-plomb. Que
« fî , de plus , la matière de cette Corde eft
" elle-même aflèz élaftique ou afïèz homo-
w gène pour que le même mouvement fç
w communique à toutes fes parties , en fré-
» miflànt elle rendra du Son , & (a réfon-
>* nance accompagnera toujours fes vibra-
« tions. Les Géomètres ont trouvé les loix
>' de ces vibrations , & les Muficiens celles
« des Sons qui en réfultent.
»' On favoit depuis long-tems, par l*ex-
9> périence & par des raifonnemens afïèz va-
3' gués que , toutes chofes d'ailleurs égales,
» plus une Corde étoit tendue , plus fes vi-
» brations étoient promptes i qu'à tenfion
» égale les Cordes faifoient leurs vibrations
w plus ou moins promptement en même
9> raifon qu'elles étoient moins ou plus Ion-
9* gués -, c'eft-à-dire que la raifon des lôn-
-» gueurs étoit toujours invcrfe de celle du
« nombre des vibrations. M. Taylor , célèbre
9* Géomètre Anglois , cft le premier qui ait
» démontré les loix des vibrations des Cordes
ii avec quelque exaéfcitude , dans fon favant
» ouvrage intitulé : Methodus incrementorum,
« direâa & inveffa, 171 y > & ces mêmes
>> loix ont été démontrées encore depuis par
» M. Jean Bernouilli , dans le fécond tome
« des Mémoires de . V Académie Imphiale de
w PétersbourgM. De la formule qui réfulte de
CCS loix , de qu'on peut trouver dans l'Ency-
clopédie^ Article Corde, je tire les trois G»«
,154 COR*
ToUaîrcs fuivans qui fervent de priicipcs à la
théorie de la Manque.
I. Si deux Cordes de même matière (ont
égales en longueur & en grofleur , les nom-
bres de leurs vibrations en rems égaux fe-
ront comme les racines des nombres qui
expriment le rapjport des tenfions des Cordes.
II. Si les tenfions & les longueurs font
égales , les nombres des vibrations en rems
égaux feront en raifon inverfe de la grof-
feur ou du diamètre des Cordes.
UL Si les tenfions & les groffcurs (ont
égales , tes nombres des vibrations en tetns
égaux feront en raifon inverfe des longueurs*
Pour intelligence de ces Théorèmes , je
crois devoir avertir qUe la tenfion des (i>r-
des ne fe repréfente pas par les {k^ids ten-
dans, mais par les racines de ces mêmes
poids; ainfi les vibrations étant entr'elles
comme les racines quarrées des tenfions»
les poids tendons font encr'eux comme les
cubes des vibrations , &c.
Des loîx des vibrations des Cordes (e dé-
duifent celles des Sons qui réfultent de ces
tnèmcs vibrations dans la Corde fonore. Plus
une Corde fait de vibrations dans un tems
donné , plus le Son qu'elle rend eft aigu ;
moins elle £iit de vibrations , plus le Son
eft grave : en forte que, les Sons fuivanc
entr'eux les rapports des vibrations, leurs
Intervalles s'expriment par les mêmes rap-
ports ; ce qui foumet toute la Mufique au
calcul.
On voie par les Théorèmes précéda»
3
COR 235
u il y a trois moyens de changer le Son
*une Corde \ fa voir , en changeant le Dia-
mètre , c'eft-à-dirc la groflcur de la Corde ,
ou fa longueur , ou fa tenfion. Ce que ces
altérations produifent fucceflîvement fur une
même Corde , on peut le produire à la foîai
fur diverfcs Cordes , en leur donnant diflK-
rens degrés de groffeur , de longueur ou de
tenfion. Cette méthode combinée eft celle
qu'on met en ufage dans la fabrique > l'Ac-
cord & le jeu du Clavecin , du Violon ,
de la Baflfe , de la Guitare & autres pareils
Inftrumens , compofés de Cordes de diffi-
rentes groflèurs & différemment tendues »
lefquelles ont par conféquent des Sons dif-
férens. De plus , dans les uns , comme le
Clavecin , ces Cordes ont diftcrentes lon-
gueurs fixes par lefquelles les Sons fe va-
rient encore, & dans les autres , comme le
Violon , les Cordes , quoiqu'égales en lon-
gueur fixe , fe raccourci fient ou s'alongent
à volonté fous les doigts du Joueur , & ces
doigts avancés ou reculés fur le manche^
font alors la fbnâion de chevalets mobiles
qui donnent à la Corde ébranlée par l'ar-
chet , autant de Sons divers que de diver-
fès longueurs, A l'égard des rapports des
Sons & de leurs Intervalles, relativement
aux longueurs des Cardes Se à leurs vibra-
tions, voyez SoNj Intervalle, Con-
SONNANCH.
La Corde fonpre , outre le Son principal
qui réfulte de toute fa longueur , rend d'au-
tres Sons acceflbircs moins fenfiblcs > & ces
ii6 COR
Sons femblenc prouver que cette Corde
ne vibre pas feulement dans toute fa lon-
gueur , mais fait vibrer aufE Tes aliquo-
tes chacune en particulier , félon la loi de
leurs dimenfions. A quoi je dois ajouter
que cette propriété , qui fert ou doit fer-
vir de fondement à toute l'Harmonie , &
que plufîeurs attribuent y non à la Corde
Jônorcy mais à l'air frappé du Son , n eft pas
particulière aux Cordes feulement, mais fe
trouve dans tous les Corps fonores. ( Voyez
Corps sonore. Harmonique.)
Une autre propriété non moins furpre-^
nante de la Corde fonore , &c qui tient à la
précédente , eft que fi le chevalet qui la
divife n'appuie que légèrement & laifle un
peu de conmiunication aux vibrations d'une
partie à l'autre , alors au lieu du Son total
de chaaue Partie ou de l'une des deux , on
n'entendra que le Son de la plus grande
aliquote commune aux deux -Parties. ( Voy.
Sons Harmoniques.)
Le mot de Corde fe prend figurément
en Compofition pour les Sons fondamen-
taux du Mode , & l'on appelle fouvent Cor-
des d'Harmonie les Notes de Baflè qui , à la
&veur de certaines Diflbnances , prolongent
la phrafe , varient & œtrelacent la Modu-
lation. "*
CORDE-A-JOUR ou CORDE-A-VI-
DE. (Voyez Vide.)
CORDES MOBILES. (Voyez Mobile.)
CORDES STABLES , (Voyez Stable.)
CORPS-DE-VOIX, / m. Les Voix ont
C O It .257
idîvcrs degrés de force aînfi que d'étendue.
Le nombre de ces degrés que chacune cm-
braflfe porte le nom de Corps-^-Voix quand
îl s'agit de force j & de Volume , quand il
s'agit d'étendue. ( Voyez: Volume. ; Ain(î>
de deux Voix femblables formant le même
Son 9 celle qui remplit le mieux l'oreille &
fè fait entendre de t>lus loin , eift dite avoir
plus At Corps. En Italie, les premières qua-
lités qu'on recherche datis les Voix , font
la îufte({è & la flexibilité : mais en France on
exige fur-tout un bon Corps-de^Voix.
CORPS SONORE , f. m. On appelle
aînfi tout Corps qui rend ou peut rendre
immédiatement du Son. Il ne fuit pas de
cette définition que tout Liftrument de Mu-
fique fbit un Corps fonore j on ne doit don-
ner ce nom qu'à la partie de llnftrument
qui fonne elle-même , & fans laquelle il n'y
auroit point de Son. Ainfi dans un Violon-
celle ou dans un Violon chaque Corde eft
un Corps fonore , mais la caifle de l'Inftru«
ment, qui ne fait que répercuter &j:éflé-
chir le Son , n'eft point le Corps fonore Sc
n'en fait point partie. On doit avoir cet ar-
ticle préfènt à l'cfprit toutes les fois qu'il
fera parlé du Corps fonore dans cet ouvrage.
CORYPHÉE , f m. Celui qui conduifoic
le Chœur dans les Speétacles des Grecs >
8c battoit la mefw dans leur Mufique.
(Voyez Battre lyMEsuRE. )
COULÉ , Participe pris fubjiantivement.
Le Coulé fe f^t lorfqu'au lieu de marquer
ta Chantant chaque Note d'un coup de
i}8 COU
gofier , ou d'un coup d'archet fur les InC-
trumens à corde, ou d'un coup de langue
fur les Inftrumens à vent , on pafle deux
ou plufieurs Notes fous la même articula-
tion en prolongeant la même infpiration ,
ou en continuant de tirer ou de pou (1er le
même coup darchet fur toutes les Notes
couvertes d'un Coule. Il y a des Inftrumais,
tels que le Clavecin , le Tymnanon , &c*
fur lefqucls le Coulé paroît prelque impof-
fihlt à pratiquer > & cependant on vient à
bout de l'y feire fentir par un toucher doux
& lié , très-diflScîle à décrire , & que l'Eco-
lier apprend plus aifément de l'exemple du
maître que de (è$ difcours. Le Coulé (e mar-
que par une Lîaifbn qui couvre toutes les
Notes qu'il doit embraflèr.
COUPER , V. a. On coupe une Note
lorsqu'au lieu de la foutenir durant toute fx
valeur , onCc contente de la frapper au mo-
ment qu'elle commence , paflant en fîlence
le refte de fa durée. Ce mot ne s'emploie
que fOur les Notes qui ont une certaine
longueur ; on (c fert du mot Détacher pour
celles qui paffent plus vite.
COLTPLET. Nom qu'on donne dans les
Vaudevilles & autres Chanfons à cette par-
tie du Poëme qu'on appelle Strophe dans
les Od^. Comme tous les Couplets font
compofés fur la mém^|fcerure de vers , on
les chante aufli fur le inême air ; ce qui
feit eftropier fouvent l'Accent & la Proib-
d^ « parce que deux vers François n'en font
pas moins dans la même mefure , quoique
cou 1)9
les longues & brèves n'y (bieni: pas dans les
mêmes endroits.
COUPLETS , fe dît auflî des Doublai
fc Variations qu'on fait fur un même Air,
en le reprenant plufieurs fois avec de non*
veaux çnangemens y mais toujours (ans dé*
figurer le fond de l'Air , comme dans les
Folies d'Efpagne & dans de vieilles Cha-
connes. Chaque fois qu'on seprend ainfi
f Air en le variant différemment j on £ik
un nouveau Couplet. {Yoyci Variations,)
COURANTE , f. f. Air propre à aiie
efpece de Danfe ainH nommée à caufe des
allées & des venues dont elle eft remplie
pbis qu aucune autre« Cet Air eft ordinai^
rement d'une Mefure àtroisTems graves »
& fe note en Triple de Blanches avec deur
Reprifes. Il n'eft plus en ufage y non plus
que la Danfe dont il porte le nom.
^COURONNE , f.f. Efpece de C ren-
verfé avec un point dans le milieu , qui (c
fait ainfî : ^
Quand la Couronne, qu'on appelle au(&
Point de repos , eft à la fois dans toutes les
parties fur la Note correfpondante , c'eft le
figne d'un repos général : on doit y fuC
pendre la Mefure, & fou vent même ou
peut finir par cette Note. Ordinairement ta
Partie principale y fût , à fa volonté, quel-
que paifage > que les Italiens appellent Ca^
dénia , pendant que toutes les autres pro«
longent & foutiennent le Son qui leur eft
marqué ,ou même s'arrêtent tout-à-fàit. Maî$
^ la Couronne eft fur K Note finale (funci
240 CRI ;
feule Partie, alors on l'appelle en François
Point d^Orgue , Se elle marque qu'il feue
continuer le Sonde cette Note, jufquàcc
que les autres Parties arrivent à leur Cbn«
cluHon naturelle. On s en Ccn auflî dans les
Canons pour marquer Tendroit où toutes
les Parties peuvent s'arrêter quand on veut
finir. (.Voyez Repos , Canon , Point
d'Orgue.)
CRIER. Ceft forcer tellement la voix
en chantant, que les Sons n'en foient plus
appréciables , & refTemblent plus à des cris
qu'à du Chant. La Muiique Françoifè veut
être criée ^ c'eft en cela que confîfte fà plus
grande expreffion.
CROCHE , /. f. Note de Mufique qui
ne vaut en durée que le quart d une Blan-
che ou la moitié di^^une Noire. Il £iut par
conféquent huit Croches pour une Ronde
ou pour une Mefure à quatre Tems. ( Voy.
Mesure , Valeur des Notes. )
On peut voir ( PL D. Fig. 9. ) comment
ie fait la Croche, foit feule ou chantée feule
fur une fyllabe , foit liée arec d'autres Crœ-
ches quand on en pafle plufieurs dans im
même tems en jouant , ou fur une même
fyllabe en chantant. Elles fe lient ordinaire-
ment de quatre en quatre dans tes Mefu*
res à quatre Tems & à deux , de trois en
trois dans la Mefure à (îx-huit , félon la di->
vifîon des Tems ; & de Hx en Cix dans la
Mefure à trois Tems, félon la diviiîondes
Mefures.
Le nom de Croche a été donné à cette
cfpccc
CRÛ 141
çfpece de Note , à caufe de l'efpece de
Crochet qui la diftinguè.
CROCHET. Signe d'abréviation dans ta
Note. C e un petit trait eh travers , fUr la
queue d'une Blanche ou d'Une Noire , poiif
marquer fa dividon en Croches , gagher de
la place & prévenir la confufiôn. Le Crochet
déhgne par conféqueht quatre Croches aU lîêtt
d'une Blanche , ou deux au lieu d'une Noire,
comme on voit Planche D. à Texeniple A*
de la Fig» 10^ ou les trois Portées accolées
figniBenc etadbement la mêilie choie. Là
Ronde n'ayant point de queue ^ ne peut por^
ter de. Crochet 5 mais on peut cependant mire
au (Il huit Croches par abréviation , en la
divifànt en deux Blaliches ou quacfe Noi-^
res, auxquelles on ajoute des Crochets^ Le
Copifte doit (bigiieufement diftinguer la
figure du Crochet y qui n'eft qu'une abrévia-
tion de celle de la Croche > qui marque
une valeur réelle*
CROME,//: Ce pluriel Italien (îgnifie
Croches^ Quand ce mot fe trouve écrit fous
des Notes noires , blanches ou rondes ,. il
fignifie la mêâie chofe que figtiifieroic le
Crochet , & marque qu'il fauc divifer cha-
que Note en Croches > feloji fa valeur,
(Voyez Crochet.)
CROQUE-NOTE ou CROQUE-SOL,
f. m. Nom qu'on donne par dérîfion à ces
Muficicns ineptes , qui , verfés dans la com-
binaifon des Notes , & en état de rendre à
livre ouvert les Compofitions les plus dif-
ficiles , exécutent au fur pi us fans fentiment »
Dis. de Mufi^ue. Tome L Q
141 fc R O
làns expreflîon, fans goût. Un Croqùe^Sot
rendant plutôt les Sons que les phrafes , Ur
la Mu(ique la plus énergique fans y rie»
comprendre ^ comme un maître d'école pour-
roît lire un chef-d'œuvre d'éloquence , écrit
avec les caraâeres de fa langue > dans une
Ungue qu'il n'eacendrost pasg
.4flél^H^1
rtnrffft^ti^'' .^p*
D A C 24)
D
D
. Cette lettre fignîfie la même chofe
dans la Mufique Françoife que P. dans
l'Italienne ; c*eft-à-dire , Doux. Les Italiens
l'emploient a«(ïî quelquefois de même pour
le mot Dolcc , & ce mot Dolce n'cft pas
feulement oppo^ à Fort , mais à Rude,
D. C. ( Voyez Da Capo. )
D h re y t> fol re , ou fimplement D,
Deuxième Note de la Gamme naturelle ou
Diatonique , laquelle s'appeUe autrement -Re.
( Voyez Gamme. )
DA CAPO. Ces deux mots Italiens fc
trouvent fréquemment écrits à la fin des
Airs en Rondeau , quelquefois tout au long ,
& fouvent en abrégé par ces deux lettres ,
D. C. Ils marquent qu'ayant fini la féconde
partie de l'Air , U en feut reprendre le com-
mencement jufqu'au Point final. Quelque-
fois il ne faut pas reprendre tout-à-fiiit; au
commencement, mais à un lieu marqué
d'un Renvoi. Alors , au lieu de ces mots
D^i Capo 5 on trouve écrits ceux-ci AlSegno.
pÀCTYLIQUE , adj. Nom qu'on don-
îîoit , dans l'ancienne Mufique , à cette et
pece de Rhythme dont la Mefurc fe par-
tageoit en deux Tems égaux. ( Voyez
Rhythme.)
On appclloit auflî Dacfylique une forte
de Nome où ce Rhythme écoit fréquem*
a*
144 D é B
meiit employé , tel que (e Nome Harmi-
thias & le Nome Oithien.
Jnlins PoIIux révoque en doute fî !*? Dac^
rfli^uz cîDÎt une (onc dTnftrument , on une
tonne de Chant ; doute qui (e confîrme
par ce qu'en dit Aiiftide Quindtien dans fbn
Kcond Livre, & quoo ne peur résoudre
ju'en (cppofânt que le mot DaSylique figni-
lait i la fins un Inftrument & un Air ^
conmie parmi nous les mots 'Mufette Se
Tamifcuriru
DÉBIT ,f.m. Rédndon précipitée. V07.
f Article fuivant*
DEBITER , V. a. pris en fens neutre. C'ell
preflêr à dellèin le Klouvement du Chant »
& le rendre d'une manière approâiant de
la rapidité de la parole \ fèns q^û n'a lieu ,
non plus que le mot , que dans la Mufique
FrjnçoiTe. On défigure toujours les Airs en
les Débitant , parce que la Mélodie , fEx-
preflîon , la Grâce y dépendent toujours de
la précilîon du Mouvement , & que prcflcr
le Mouvement , c'eft le détruire. On défi-
gure encore le Récitatif François en le Di-
liiontfpsiice qu'alors il en devient plus rude,
& fiiit mieux fentir 1 opposition choquante
qu'il y a parmi nous entre l'Accent Mufi-
cal & celui du Difcours. A l'égard du Ré-
citatif Italien , qui n'eft qu'un parler har-
monieux , vouloir le Débiter , ce (croît vou-
loir parler plus vite que la parole , & par
confêquent oredouiller : de (brte qu'en quel-
que fens que ce (bit , le mot Débit ne
fignifie qu'une chofe barbare ^ qui doit être
profi^ite da la Mufique.
\
DEC 14J
DéCAMÉRIDE , f. f. Ceft le nom de
l'un des Elémens du Syftême de M. Sauveur,
qu'on peut voir dans les Mémoires de TAca-
démît des Sciences , année 1701,
Pour former un fyftême général qui four*
nîfle le meilleur Tempérament , & qu on
puillê ajufter à tous les fyftêmes , cet Au-
teur api es avoir divifé TOdlave en 4; par-
ties , qu'il appelle Mérides , & fubdivîfé
chaque Méride en 7 parties , qu'il appelle
Eptamerides , divife encore chaque Epta-
méride en 10 autres parties auxquelles il
donne le nom de Décamérides, L'Odkave fç
trouve ainfî divifée en joio parties égales ,
par lefquelles on peut exprimer , fans erreur
len/ible , les rapports de tous les Intervalles
de la Mufique.
Ce mot eft formé de Séx« , & de m^V? ,
partie.
pÉCHANT ou DISCANT,/: m. Terme
ancien par lequel on défignoit ce qu'on a
depuis appelle Contre-point. ( Voyez Con-
tre-point. )
DÉCLAMATION , / /. Ceft , en Mu-
sique , l'art de rendre , par les inflexions & le
nombre de la Mélodie , l'Accent gramma-
tical & l'Accent oratoire. ( Voyez Accent ,
R.£CITA.TIF J
DÉDUCTION, f. f. Suite de Notes
montant diatoniquement ou par Degrés con-
joints. Ce terme tfcft gueres en ufageque.
dans le Plain-Chant,
^ DEGRÉ , / m. Différence de pofitîon ou
d'élévation qui fe trouve entre deux Notes
i4^ D É M
{lacées dans une même portée. Sur la même
igné ou dans le même efpace , elles font
au même De:sé ; elles y leroient encore ,
quand même l'une des deux feroic hau(Iee
d'un femi-Ton par un Dièfe ou par un
Bémol. Au contraire , elles pourroient être
à l'unlifon » quoique pofées fur difFérens
Degrés ; comme Vut Bémol & le /i naturel i
le fa Dièfe , ScXtfol BémcJ , Cfc.
Si deux Notes fe fuivent diatoniquement»
de force que l'une étant fur une Ligne ,
l'autre foit dans Tefpacc voifin , l'Intervalle
eft d^un Degré ; de deux y Ci elles font à la
Tierce ; de trois , fi elles font à la Quarte ,
de fept , fi elles font à J'06lave , ùc.
Ainfi , en ôtant i du nombre exprimé
par le nom de l'Intervalle , on a toujours
le nombre des Degrés diatoniques qui fépa-
rent les deux Notes.
Ces Degrés diatoniques ou Amplement
Degré y font encore appelles Degrés conjoints^
par oppofition aux Degrés disjoints , qui font
compofés de pluficurs Degrés conjoints. Par
exemple , l'Intervalle de Seconde eft un Ue-
gré conjoint ; mais celui de Tierce eft un
Degrés disjoint , compofc de deux Degrés
conjoints ; Se ainfi des autres. ( Voyez CoM-
joiNT, Disjoint, Intervalle, i
DEMANCHER , v. n. Ccft , fur les Inf-
trumens à manche , tels que le Violonceilc,
le Violon , &:. otcr la main gauche de fâ
pofition naturelle pour l'avancer fur une
oofition plus haute ou plus à l'aigu. ( Voyez
Position. ) Le Comp ofitcur doit connoicre
DEM 147
retendue qu'a llnftrument fans Démattr
cher ^ aiin qae > quand il paflè cette étendue
& qu'il Démanche 3 cela fè fafle d'une maniéré
praticable.
DEMI> JEU , A-DEMI-JEU , ou fim-
ptement A DEMI. Terme de Mufique in(-
crumentale qui répond à Tltalien, Soao voce y
ou Mt^a voce , ou Me^^o forte , & qui in-r
dique une manière de fouer qui tienne le mi«
lieu entre le Fort & le Doux.
DEMI- MESURE , f. f. Efipace de tem$
qui dure la moitié d'une Mefure. Il n'y a
propreinent de Demî-Mejures que dans les
Meiures dont les.Tems font en nombre pair ;
car dans la Mefure à trois Tems , la pre*
miere Demi-Mejure commence avec le Tem$
fort 3 & la féconde à contre-tems y ce qui
les ttnd inégales.
DEMI-PAUSE , /. /. Caradere de Mu-
(ique qui fe fait comme il eft marqué dans
la jRf^, 9 de la PI. D , & qui marque un
(ilence dont la durée doit être égale à celle
d^une Demi-Mefure à quatre Tems , ou
d une Blanche. Comme il y a des Mefure$
de différentes valeurs , & que celle de là
Denù'Paufe ne varie point , elle n'équivaut
à la moitié d'une Mefure , que qujind la
Mefure entière vaut une Ronde , à la différ
rcnce de la Paufe entière qui vaut toujours
exaâement une Mefure grande ou petite.
( Voyez Pause. )
DEMI-SOUPIR. CaraOere de Mufique
qui fe fait comme il eft marqué dan« la Fig.
9 de la P/. D# & qui marque un filencc
a4
24$ D E If
dont ht iatre et ggJg \ c£cfnoe Crodiie
àc k isoàx d^Ki Soopir. ( Yaycx
;
DE^il-TEMS. Taleor qm dore cxaâe-
Bsac U moidê d-an Tems. n ûot appliquer
an Demà-Tsms , par npport an Tcms » ce
que j'ai dk ô-dcvam de la Demî-Xldfuie
par rapport à la Mefiire.
DElkU-TON. IinerTralIe de Mnfiqœ va-
laDcà-pcn>prcsla inoîrîéd'imTon,&qa'on
appelle pîos caammnéipcoc Sonî-ToMu ( Voy.
Semi-Tox. }
DESCENDRE , F. «. Ceft boifla la voix,
Tocam rtmittert ; cVft Ëdre (occ&ler les Sons
^ Paiga an grare > on dn haut an bas.
Cela (ê prétême à f ocS par notre manière
de Nocer. «
DESSEIN » /. m. Çcft l^myention & h
conduite du (qjet > la difpolition de chaque
Partie> & l'ordonnance gràérale du tout.
Cen^eft pasallczdc £ûre de beaux Chants
fc une bonne Harmonie \ il &ut lier tout cela
j>ar un (njet |>rinc^Kd , auquel fê rapponent
toutes les parties de louvrage > & par lequel
}1 (bit un^ Cette unité doit régner dans le
Chant , dans le Mouvement , dans le CaraO'
fere , dans l'Harmonie , dans la Modulation.
Il Êuit c^Mt tout cda fe rapporte à une idée
commune qui le réunifié. La difficulté eft
d'aflbcier ces précités avec une élégance
variété, (ans la(|uelle tout devient ennuyeux.
Çans doute le Muficien , auflî-bien que le
Poçte & le Peintre ; peut tout ofer en fâ«-
yzw 4e çenc yariét^ chômante » pourvu
DES 249
3 ne, fous prétexte de contrafter , on ne nous
onne pas pour des ouvraucs bien delfincs,
des Mufiques toutes hachées , compofées de
petits morceaux étranglés, Sç de çaraûercs
lî oppofés , que raiiemblage en fkflè ua
tout monftrueux.
Non ftf piacidss cetttni immitia « nm ut
Serpenta ^nfibus geminentur , tigribus agnù .
C'eft donc dans une diftribution bien en*
tendue, dans une juftç proportion entre tou-
tes les parties , que comifte la perfe<9:ion da
Deffein , & ç'cft fur-tout en ce point que
Timmortel Pergolèfe a montré fon jugement,
ion goût , & a laide (i loin derrière lui ^^u$
fes rivaux. Son Stabat Mater ^ (on Orfeo ,
fà Strva Padrona font, dans trois genres difFé-
rens , trois chef^d'ceuvres de Dejfrn égale-
ment parfaits.
Cette idée du Deffin général d'un ouvrage ,
s'applique audi en particulier à chaque mor-
ceau qui le compofe. Ainfi Ton deflîne un
Air ^ un Duo , un Chœur, &c. Pour cela,
après avoir imaginé fon fujet , on le diftri-
bue , félon les règles d'une bonne Modula-
tion , dans toutes les Parties où il doit être
entendu , avec une telle proportion qu'il ne
s'efface point de l'efprit des Auditeurs , 6ç
qu'il ne fe repréfente pourtant jamais à leur
oreille qu'avec les grâces de la nouveauté*
C'cft une faute de DeJJein de laUIer oublier
fon fujet \ c'en eft une plus grande de Iç
pourfuivte îufqu'à Tcnnui.
i5« 9 ES
DESSINER , y. a. Faire le Deflcîa
d'ane Pièce ou d'un morceau de Mufiaue«
( Voyez Dessein. ) Ce Compofueur Dcfunt
iienjes ouvrages. Voilà un ChouLr fort mal
Deffmé.
DESSUS yf.m. La plus aiguë des Pardes
de la MuHque , celle qui règne au-deflus de
toutes les autres. C*eil dans ce fens qu'on
die dans la Mufique inftrumentale , Defus
de Violon , Dejfus de Flûte ou de Haut^
bois , & en g - ncral Dejfus de Symphonie.
Dans la Mufique vocale , le Dejfus s'exé-
cute par des voix de femmes , d'en&ns ^
Se encore par des Cûjlrati dont la voix ,
par des rappons difficiles à concevoir , gagne
une Oâvave en haut , & en perd une en
bas y au moyen de cette mutilation*
Le Dejfus fe divife ordinairement en pre-
mier & (ècond y & quelquefois même en
trois. La Partie vocale qui exécute le fécond
D.ffus , s'appelle Sas- Dejfus , & l'on fait
auffi des Récits à voix feule pour cette Par-
tie. Un beau Bas -Dejfus plein & fonore,
n'eft pas moins eftimé en Italie que les Voix
claires & aiguës ; mais on n'en (ait aucun
cas en France. Cependant par un caprice de
la mode, j'ai vu fort applaudir , à l'Opéra de
Paris 5 une M"*. Gondré , qui en effet avoit
un fort b^ au Bas-Dejfus.
DÉTACHÉ , partie, pris fubjiantivement.
Genre d'exécution par lequel , au lieu de
foucenir les Noces durant toute leur valeur »
on les fèjpare par des filences pris fur cette
Xfiéme valeur. Le Détaché tout-à-fàitbref 5c
D E T lï*
(ec , fe marque fur les Notes par des points
alongës.
DÉTONNER, V. n. Ceft fortîrdellii.
tonarion j c'eft altérer mal-à-propos la jaC-
teflè des Intervalles , 6c par conféquenc
Chanter feux. Il y a des Muficicns dont l'o-
reille eft a jufte , qu'ils ne détonnent )Àmais;
mais ceux-là font rares. Beaucoup d'autres ne
détonnent point par une railbn contraire s
car pour (brtir du Ton il Éiudroit y être
entre. Chanter fans Clavecin, crier, forcer
(a voix en haut ou en bas , & avoir plu$
d'égard au volume qu'à la juftefle , font de«
moyens prefque fùrs de fe gâter Poreille» &
de D 'tonner.
DIACOMMATIQUE, adj. Nom donné
par M. Serre à une efpece de quatrième Gen-
re , qui confifte en certaines Tranfirions har-
moniques , par lefquelles la même Noce ref-
tant en apparence fur le même Degré, monte
ou dcfcend d'un Comma , en paflant d'un
Accord à un autre , avec lequel elle paroîc
faire liaifon. ^^
Par exemple, fur ce paflàce de Bafle fa
re dans le Mode majeur d'ut ^ le la y Tierœ
majeure de la première Note , rcfte pour
devenir Quinte de re : or la Quinte jufte
*7 Ç4 80 81
de re ovL de re n eft pas la , mais la : aînfi
le Mudcien qui entonne le la doit naturel^
lement lui domicr les deux Intonations
So 81
i^onfecutives la U^ lefquelles différent d'un
Comma,
iSt D I A
De même dans k Folie d'Efpagiie , «a
troiiieme Tems de la croifieme Mefiire , on
peut y concevoir que la Tonique re monco
81
d'an Comma pour fbnner la féconde re da
Mode majeur d'ut , lequel (e déclare dans la
Me&ie fuivante , & (e trouve aiii(i fubîte-
ment amené dans ce jparalogifine Mufical, par
ce Double-emploi du re.
Lors encocc que > pour paflèr brufqoe-
ment du Mode mineur de Ax en celui d'm.
majeur, on change l'Accord de Septième
diminuée Jbt Diè(e> fi , re , fa^ en Accord
de iîmple Septième fol ^ fi ^ re ^ fa^ ]t
^iouvemcnt ciiromatique du /o/ Diè(è au^o/
naturel eft Ixen le plus fenfibte , mais il n'eft
pas le fêul ; le re monte au(C d'un Mou*
8o 81
vement diacommatique de re à re ; quoique
la Note le (uppolè permanent fur le même
Degré.
On trouvera quantité d'exemples de ce
Genre jD/tfco/nuMtt^i/e, particulièrement lorU
que la Modulation paffe fubicemcnt du Ma-
jeur au Mineur , ou du Mineur au Majeur.
C'eft , fur-tout dans l'Adagio » ajoute^ M.
Serre , que les grands Maîtres , quoique
guidés uniquement par le (cntiment , font
ufage de ce genre de Tranfitions , iî propre
2^ donner à la Modulation une apparence d'in-
décifion , dont l'oreille & le fentiment
éprouvent fouvent des effets qui ne font
point équivoques.
DI ACOUSTIQUE , f f. Ccft la rccha-
D I A in
diê des propriétés du Son réfrafté en pat
fànt à travers difFérens milieux ; c*eft-à-dirc,
d'un plus denfè dans un plus rare,. 6c aa
contraire. Comme les rayons vifuels fe di«
rident plus aifément que les Sons par des
Lignes fur certains points , auffî les expé«
riences delà Diacoufiique font-elles infiniment
plus difficiles que celles de la Dioptriquc»
V Voyez Son.)
Ce mot eft formé du Grec lui y par y Se
à'ccxovu y j*entendsm
DIAGRAMME , f. m. Cétoit, dans la
Muiique ancienne , la Table ou le modèle
qui préfentoic à l'œil Tétendue générale de
cous les Sons d un fyftême , ou ce que nous
appelions aujourd'hui , Echelle y Gamme y
Clavier. Voyez ces mots. >
DIALOGUE , f. m. Compofîtion à deux
voix ou deux Inftrumens qui fe répondent
l'un à l'autre , & qui fouvent fe réuniflènr.
La plupart Aes Scènes d'Opéra font ^ en ce
(ens y des Dialogues y & les Duo Italiens en
(ont toujours : mais ce mot s'applique plus
précifément à l'Orgue ; c eft fur cet Initru-
menc qu'un Organifte joue des Dialogues , en
ie répondant avec difFérens jeux , ou fUr
difFérens Claviers.
DIAPASON , f. m. Terme de l'ancienne
Mufique , par lequel les Grecs exprimoient
l'Intervalle ou la Confbmiance de l'Oâave.
(Voyez Octave.)
Les Fafteurs d'Inftrumens de Mufique
nomment aujourd'hui Diapafons certaines
Tables où font marquées les Mefures de
tf4 D î A
ces Inftrumens & de toutes leurs fûtt΀9^
. On appelle encore Diapafon retendue con-
trenable à uiie Voix ou a un Inftrument*
Ainli , quand une Voix fe force , on dit
qu'elle K>rt du Diapafon , & Ton dit It
même cho(è d'tui Iiiftrument dont les cor-
des {ont trop lâches ou trop tendues > qui
tie rend que peu de Son , ou qui rend un Son
désagréable ^ parce que le Ton en eft tiop
haut tni trop bas.
Ce root eft formé de Sm2, par , Se mm^
tomes 'y parce que l'Oâaye embrailè toutes
ks Notes du fyftéme parfait.
DIAPENTE , f. f. Nom donné par les
Grecs à Tlntervalle que nous appelions Quin*
te y Se qui eft la féconde des Confonnances.
( Voyez CoNSONNANGE y h4T£RVALLB »
Qun^TE,)
Ce mot eft formé de hi , par ^ & de ^hn,
dnçy parce qu'en parcourant cet Intervalle
diatoniquement on prononce cinq di£férens
Sons.
DIAPENTER, en to//i DIAPENTIS-
SARE, V. n. Mot barbare employé par Mûris
& par nos anciens Muficiens. ( Voyez QuiN-
TER.)
DIAPHONIE , f. f. Nom donné par les
Grecs à tout Intervalle ou Accord diflbnant»
Eirce que les deux Sons (ê choquant mutuel-
ment y fe dîvifent , pour ainfî dire , 8c
font fentir défagréablement leur différence»
Gui Arétin donne aufiî le nom de Diaphonie
à ce qu'on a depuis appelle Difcant , à caufè
4es deux Partios qu'on y
D I A ijrj
DIAPTOSE , Intercidcnce , ou petite
Omtty f. f. Ccft dans le Plaîn-Chant une
forte de Périélèfe , ou de palTage qui fe ^c
iur la dernière Note d'un Chant , ordinal*
retnent après un grand Intervalle en mon-
tant. Alors , pour aflurer la jufteilè de cette
finale » on la marque deux rois en (eparanc
cette rëpéntioa par une troiHeme Note que
l'on l>ai(re d'un Degré en manière de Noce
lênfible y comme ut fi ut oa mi rt mi^
DIASCHISMA , /. m^ Ceft , dans la Mu-
fique ancienne ^ 'un intervalle ^fant la
fnoitié du iêmi - T<m mineur. Le rapport
eh eft de 14 à ^6 00 , Se par conféquent
xrrationeL
DIASTEME, /. nu Ce' mot, dans la
Mufique ancienne , (îgnifie proprement Jn-
tervalk , & c'eft le nom que donnoient les
Grecs à l'Intervalle finu^e , par oppofition
à PlntervaUe compofè qu'ils appelloienc
Syfiême. (Voyez Intervalle , Système.)
DIÀTESSARON. Nom que donnoient
les Grecs à l'Intervalle que nous appelions
Quarte y êc qui eft la troiiieme des Con^
tomiances. ( Yoyez Consoknancc , Inter-
valle, Quarte.)
. Ce mot eft compofè de S«« par , & du
génitif de ti^rapn , quatre y parce qu'en
parcourant diatoniquement cet Intervalle
on prononce quatre dififéiens Sons.
DIATESSERONER , en latin DIA-
TëSSEROI^AB£ y V. n. Mot barbare em-
xf6 D I A
fKoré par Mons & par nos andcns Mo*
ficifTK, ( VOTTZ QCARTER. )
DIATONIQUE , acj. Le Genre DiaitH
jer^aK cft odai des uoîs qui procède par
Tccs & Icmi-ToRs majeurs, félon la dî-
TiiKximnircIIe de la Gamme ; cVft-à-'^iire9
celui donc le mcMndre Intervalle cft d'un
I>:pé auLÎuiut : oe qui n empêche pas que
ks Parties ne puiilcnc procéder par de
pîus i^rmds bKcrâlIes , pourvu qullsfôîeoc
tocs pris tîir des Degrés Dkaioniques,
Ce moc TÎcDr do Gicc U, bot» tC
de r»c, Tm; c'cft-à^dire^ psîdanc d'un
iCQ a un auonc
Le gtrrc Diemmfm des Grecs réfulcoic
de i une des trois fcgjes principales qu'ils
avcxnc ecsHîes pour rAocord des Técta-
cordes» Ce Genre (ê divifoit en plufieurs
eipeces , lêkm ks drrers rapports dans le(^
quels le pouvoit dÎTÎler Hutcrvalle qui le
dec;crTrJnoit ; car cet Interralle ne pouvoit
le reîlerrar lu-ddl d'un certain point (ans
chinccr de Gerje. Ces dxverfes efpeccs du
même Genre ibnt appelle» rf^^ couleurs ,
£ar Pto^orree qui en diJbnf^e lîx ; mais la
lecle en u!jige dans la pratique êtoît celle
qu'il appelle DistorJpit-Ditoniqut , dont le
Tètracorde éroit compote d'un (emi-Ton
foxb-e & de deux Tons majeurs. Arifto-
xènc dîvîic ce même Genre en deux efpe^
ces leulement > ûvoir , le Dimonique tendrt
ou mo/ « & le SyntoKÎfue ou dur. Ce der-
nier rcnent m^DîJiooifut de Piolooiée.
Voycx
D I A iy7
Voyez les tapporcs de l'un & de Pauirc >
TL M. Fig. f.
Le Genre Diatonique moderne refaire de
ia marche confonnanre de la Bafle fur les
Cordes d'an mêiïie Mode , comme on peut
ie voir par la F:gure 7. de la Planche Yi^
jLes rapports en ont été fixes par rulâge
<les mêmes Cordes en divers Tons s de
ibrte que , fi l'Harmonie a d abord engen-
•dré TEchelle Diatonique , c^ft la Modula*
tion qui l'a modifiée , & cette Echelle ^,
telle que nous lavens aujourd'hui , n'eft
exaâe ni quant au Chant , ni quant à
l'Harmonie , mais feulement quant au
moyen d'employer les mêmes Sons à di-
vers ufàges.
Le Genre Diatonique eft , fans contredit ,
le plus naturel des trois ,puifqu 'il eft le
fcvX qu'on peut employer faiîs oianger de
Tons. Âum l'Intonation en eft-elle incom^-
5>arabl6ment plus aifée que celle des deux
autres , & l'on ne peut gueres douter que
•les premiers Chants n'aient été trouvés dans
ce Genre : mais il faut remarquer que> félon
•les Idix de la Modulation , qui permet Se
3ui prefcrit même le pallage d'-un Ton ÔC
'un Mode à l'autre , nous n'avons preTque
point , dans notre Mufique , de Diatonique
-bien pur* Chaque Ton particulier eft bi:?n ,
-fi l'on veut y dans le Genre Diatonique -5
mais on ne faoroit pajTer àt l'un à l'autre
fans quelque Tranlition chromatique , au
moins (bus-entendue dans lliarmonie. Le
JJiatoniquepuï 9 dans lequel aucun des ^6oas.
jDâ^?, de Mufique^ Tome L K
itf« D 1 A
ti'cft altéré m par la Clef, m accidentel^*
ment , eft appelle par Zarlin Diatono-diato^
nigue, & il en donne pour exemple le Flaih-
Chant de iTglife. Si la Clef eft armée d'ad
Bémol 5 pour lors c'eft , félon lui , le Dia-
tonique mol , quil ne hut pas confondre
avec celui d^Ariftoxène. ( Voyez Mol. )
A l'égard de la Tranfpofition par Diè(ê >
cet Auteur n^en parle point, & l^on ne
k pradquoit pas encore de fon teins. Sans
doute , il lui auroit donné le nom de Dia*
tonique dur , quand même il en auroit ré-
fulté un Mode mineur , comme celui à'E
h mi z car dans ces tems où l'on n'aycnt
point encore les notions harmoniques de
ce que nous appelions Tons & Modes , &
où Ton avoit dé}à perdu les autres notions
que les Anciens attachoient aux m^nes
mots , on regardoit plus aux altérations
particulières da Notes qu'aux rapports gé*
néiaux qui en réfultdient. ( Voyez Trans-
positions. )
Sons ou Cordes Diatoniques. Euclîde
diftingue fous ce nom , parmi les Sons
mobiles ^ ceux qui ne participent point dn
Genre épais , même dans le Chromatique
& l'Enharmonique. Ces Sons dans chaque
Genre font au nombre de cinq -, fàvoir , le
troifleme de chaque Tétiacorde > & ce font
les mêmes que d'autres Auteurs appellenc
Apycni. ( VoyfezAFYCNI , GENRE^TiXRA'
CORDE. )
DIAZEUXIS,/ f. Mot Grec quif»
fie divifion y /eparation , disjonâion. Cdk
D I É ij9
lâiifi qu'on appelloic , dans l^andenne Mu-
fique » le Ton qui féparoit deux Técracer-
des diiqoincs , & qui , ajouté à l'un des
deux , en fbrmoic la Diapente. Ceft notre
Toa majeut , dont le rapport eft de 8 1^ 9 ,
& qui eft en efïet la différence de la iQuinCe
à la Quarte.
La Dia[eujéis iè trouVoic , dans leur Mu-^
fique , entre la MèCc ^ de la Paramè(è ^
c'eft-à-dire , entre le Son le plus aigu du
fécond Tétracordc & le plus grave du
troifieme i ou bien entre la Nete Synhé-
ménoil & la Paramdfe hyperboléon , c'eÂ*
^e né pouv<nc fe pratiquer à la fois dand
tous les deux.
Les Cordes homologues des deux Té«
tracordes entre lefquels il y àvoit Dias^uxis
ilMinoient la Quinte » au lieu qu'elles fdn*
noient la Quarte quand ils étoient con-
joints.
DIMSER y y. a. Ceft arffiet la Clirf de
Dièfès , pour changer Tordre & le lieu des
iêmî-Tons majeurs , ou donner à quelque
Note un Dièfe accidentel , fbit pour le
Chant , foit ppur la Modulation. \ Voyez
DiESE. )
piÉSIS ^f. m. Ceft , félon le vieux Bac-
chius y le plus petit Intervalle de Tancienne
Mufique. Zarlin dit que Pbilolatis Pytha-
goricien domu le nom de P/^ au Limma^;
mais il ajoute peu après que le Diéfis de
R X
i6o DIE
Pyihagore eft b différence du Limnut 8C
de l'Apotome. Poux Ariftoxcnc , il divi-
foit (ans beaucoup de façons le Ton en
deux parties égales y ou en trois , ou en
quatre. De cette dernière diviHon réfultoit
le Dicfe enharmonique mineur ou quart-
de Ton ; de la (èconde , le Diefe mineur
chromatique ou le tiers d'un Ton ; ^ de b
troiilem^ , le Diefe majeur ^ qui failbit jufte
im demi-Ton.
DIÈSE ou DiéSIS , chez les Modernes ,
n'ell pai proprement , comme chez les An-
ciens , un Intervalle de Mufiqur y mais un
iîgne de cet Intervalle , qui marque ^u'il
faut élever le Son de la Note devant laquelle
il k trouve , au defHis de celui qu'elle de-
vroit avoir naturellement ; (ans cependant
la (aire changer de Degré ni même de
nom. Or comme cette élévation (è peut
faire du moins de trois manières dans les
Genres établis , il y a de trois (brtes de
Diefes : favoir ,
i^. Le Diejé enharmonique mineur ou
fimple Diefe y qui fe (îgure par une croix
de Saint André , ain(î 'yV • Selon tout
nos Muficiens, qui fuîvent la pratique d'A«
riftoxène , il élevé la Note d un Quarr-de«
Ton ; mais il n'eft proprement que Vcxch
du fcmi-Ton majeur fur le fêmi-Ton mi-
neur. Aînfi du mi naturel au fa Bémol , il
y a un Dièfe enharmonique dont le rapport
eft de lis à ii8.
DIE i6i
2*. Le Diefe chromatique , double Dîefs
ou Diejè ordinaire ^ marqué par une double
croix ^^ élevé la Note d'un femi-Ton mi-
neur • Cet Intervalle eft égal à celui du Bé«
mol , c'eft-à-dire , la différence du femi-
Ton majeur au Ton mineur : ain(î , pour
monter d'un Ton depuis le mi naturel , il
faut partèr au fa Diefe. Le rapport de ce
Diefe eft ds Z4 à ly. Voyez fur cet Article
une remirque edèntielle au mot fcmi-Ton.
)^. Le Diefe enharmonique majeur ou
triple Diife , marqué par une croix triple
élevé , félon les Ariftoxéniens , la
Noce d environ trois quarts de Ton. Zarlin
dit qu*il Tcleve d'un femi-Ton mineur ; ce
qui ne (àuroit s entendre de notre femi-
Ton , puifqu alors ce Diefe ne différeroit
en rien de notre Diefe chromatique.
De ces trois Diefes , dont les Intervalles
itoient tous pratiqués dans la Mufique an-
cienne , il n*y a plus que le chromatique
qui foit en u/age dans la nôtre ; Tlntona-
don des Diefes enharmoniques étant pour
nous d'une difficulté prefque infurmonta-
ble , Se leur ufàge étant d'ailleurs aboli par
notre fyftême tempéré^
Le Diefe , de même que le Bémol , (ê
place toujours à gauche, devant la Note
qui le doit porter ; & devant ou après le
rtiiffre , il fignifie la même chofe que devant
une Note, ( Voyez Chiffres. ) Les Diefes
R 3
z6i D I I
Iju'on mêle parmi les Chiffires de la B^*
continue , ne Tont Touvenç que de (impies
f roix comme le Diefe enharmonique : mais
cela ne faùroic çaufer d'équivoque , puifquie
celui-ci n'eifl plus en ^fàge.
ïr Y a deux m;anîeres d'employer le Diefe :
Tqne accidentelle , quapd dans le cours du
C^hanc on le place à la gaucHe dune Noce.
Cetce Note d;ms Içs Modes majeurs fe trouve
le pliis communément la quatrième da
Ton y datis lés Modes miqeurs , il fàiic
le plus fquvent'deux Diejès accidentels ,
fur-tout tn montant ; fàyoir ^ up fur la
(ixleniç Note > & un autre fur la feptjeme.
Le Diefe accidentel n'altère que la Note
qui le fuit immédiatement > ou , tout au
plus , celles qiu dsu^s la même Meiiire fe
trouvent fur fe même Degré , & quelque-
fois à rOâavç , fans aucun figue contraire.
L'autre manière eft d'employer le D.iejè
à la Clef, & alors il agit dans to\ite la fuite
de TÂir & fur toutes les Notes qui (ont
placées fiir le même Degré où eft le Diefe ,
à moins qu'il ne foit contrarié par qudque
Bémotl ou Bé^uarre ^ ou bien que la Uef
ne change.
La pofition des Diefes à la Clef o'eft pai
arbitraire^ non plus que celle des Bémcus;
autrement les deux feimi-Tons de i'Oâave
ièroient fujets à fe trouver entr'euiç bon des
intervalles prefcrits. Il faut donc appUquer
2UX Diefes un railbnnement femUable à
celui que nous avons fait au mot Bémol ,
& 1 on trouvera que Tordre des DieJ[es qgî
DIE z6i
convient à la Clef eft celui des Noces fuî*
yantes , en commençant ^t fa &c montant
fucceflîvemenc de Quinte, ou defcendant
de Quarte jufqu'au la , auquel on s'anête
ordinairement , parce que le Diefe du mi ,
qui le fuivroit , ne diffère point du fa fur
nos Claviers.
Ordre d£:s Disses a la Clef^
Fa y Ut y Sol y Re, La , Sec,
Il faut remarquer qu on ne fauroit em-«
ployer un Diefe à la Clef fans employer auflî
ceux qui le précèdent 5 ainfi le Diefi de Vut
ne fe po(e qu'avec celui àixfay celui du fol
qu'avec les deux .précédens , &c.
J'ai donné , au mot C/ef tranfpojee , une
formule pour trouver tout d'un coup Ci un
Ton ou Mode doit porter des Diefes à la
clef, & combien.
Voilà l'acception du mot Diefe , & fon
ufage , dans la pratique. Le plus ancien ma-
nufcrit où j'en aie vu le figne employé, e(l
celui de Jean de Mûris ; ce qui me (kit croire
qu'U poUrroit bien être de fon invention.
Mais u ne paroît avoir , dans fes exemples ,
Sue l'effet du Béquarre : auflS cet Auteur
onne-t-il toujours le nom de Diéjis aa
femi-Ton majeur.
On appelle Diefes ,. dans les calculs b^«
moniques^ certains IntervaUes plus grands
Qu'un Conmia. ic moindres qa iul fémi*
Ton > 4^ font U £jffêreace d'autre^ triter-*
R4
2^4 D I £
Yalles engemlr^s par les progredîons & rap-
ports des Confonnances. Il y a trois de ces
Diefes; i^. le Diefe majeur y qui eft la dif-
férence du femi-Ton majeur au femi-Ton
mineur, & donc le rapport eft de 115 à
128 ; z**. le Diife mineur , qui tft la diffé-
rence da femi-Ton mineur au Vitfe ma»
jeur y & en rapport de 3071 à 312^5 3^. &
le Diefe maxime , en rapport de 243 à i$<y,
qui eft la différence du Ton mineur au fe-
mi-Ton maxime. (Voyez Semi-Ton.)
Il faut avouer que tant d'acceptions di-
vcrfcs du même mot dans le même Art,
ne font gueres propres qu'à caufer de firé*-
quentes équivoques , & à produire un em-
brouillement continuel.
piEZEUGMENON , gênk. fém. ptur.
Tctracorde Die^ugmenon ou des Séparées ,
eft le nom que donnoient les Grecs à leur
troiiieme Tétracorde, quand il éioit dis-
joint d'avec le fécond. ( Voyez TiTRAr-
CORDE. )
DIMINUÉ, adj. Intervalle diminué eft
tout Intervalle mineur dont on retranche
un femi-Ton par un Dièfe à la Note infé-
rieure , ou par un Bémol à la fupérieurc.
A l'égard des Intervalles juftes que formcnc
les Confonnances parfaites , lorfqu'oD Ics^
diminue d'un fcmi-Ton l'on ne doit point
ks appeller Diminués , mais FauM ; quoi»
q^u'on difequeiquefois mal->à- propos Quant
diminuée , au lieu de dire Faullè-Quarte , dc
Octave diminuk^ M lieu de dixe Fauib^.
Oâavc.
D I M iCj
DIMINUTION , f.f. Vieux mot, qui
fignifioit la dîvifîon d'une Note longue 9
comme une Ronde ou une Blanche > en
plufieurs autres Notes de moindre valeur.
On entcndoit encore par ce mot tous les
Fredons & autres pafîàges qu'on a depuis
appelles RoiiUmens ou Roulades, (Voyex
ces mots. J
DIOXIE , f. f. Ceft , au rapport de Ni-
comaque, un nom que les Anciens don-
noient quelquefois à la Confonnance de la
Quinte, qu'ils appelloient plus commune**
ment Diapente. ( Voyez Di apente. )
DIRECT , adj. Un Intervalle direS eft
celui qui fait un Harmonique quelconque
fur le Son fondamental qui le produit. Ainfi
la Quinte , la Tierce majeure , l'Oékave &
leurs Répliques , font rigoureufement les
feuls Intervalles difeSs : mais par extenfioa
l'on appelle encore Intervalles direâs tous
les autres, tant confonnans que diflonans^
que fait chaque Partie avec le Son fonda-
mental pratique , qui eft ou doit être au-
^eflbus d'elle i ainfi la Tierce mineure eft
•un Intervalle direâ fur un Accord en Tierce
mineure , & de même la Septième ou k
Sixte -ajoutée fur les Accords qui portem;
leur nom.
Accord direâ eft celui qui a le Son fon-
damental au grave & dont les Parties font
diftribuées , non pas félon leur ordre le pic»
naturel , mais félon leur ordre le plus rap-
proché. Ainfi l'Accord parfait direâ n'cft pas
Odave , Quinte & Tierce, mais Tierce ,
Quinte & Oâave,
t66 DIS
DISCANT ou DÉCHANT,/.m. Cëtoit,
isms nos anciennes Muiîques > cette efpece
de Contre -point que compofbient fur 1&
champ les Parties (upérieures en chantant
impromptu (îir le Ténor ou la Bafle ; ce qui
£dt juger de la lenteur avec laquelle devoit
marcher la Musqué , pour pouvoir être
exécutée de cette manière par des MuHciens
auiC peu habiles que ceux de ce tems-là.
Difcantat > dit Jean de Mûris , quù fimul cum
uno vd plurihis dukiter caniat > ut ex dif-
tinSis Sonis Sonus unusfiaty non unitate fim^
plicitaiis , fid dulcis concordifque mixtionh
unione. AMts avoir expliqué ce qu'il entend
par Conumnances » ^ le chrâç qu il con«
vient de faire entr'cUes, il reprend aigrement
les; Chanteurs de (on tems qui les prati*
quoient prefque indifféremment. ** De quel
» front , dit-il y fi nos Re^es font bonnes ^
>> o(ènt Déchûiuer ou composer le Difcant^
» ceux qui n'entendent rien au choix des
» Accords , qui ne (è doutent pas même de
^ ceux quiïbnt plus ou moins concordans»
r» qui ne (âvent ni desquels il faut s'abfte*
V nir , ni defquels on doit ufer le plus fré-
» quemment y ni dans quels lieux il les faut
» employer > ni rien de ce qu'exige la pia-
*' tique de TAn bien entendu ? S'ils rencoo-
»' trent , c'eft par hazard ; leurs Voix errent
*' fans règle fur le Ténor : qu'elles s'accor-
M dent , h Dieu le veut ; ils jettent leurs Sons
M à l'aventure 9 conmie la pierre que lance
V au but une main mal-adrQite^ & qui de
V cent fois le touche à peine une ». Le boa
]|4a^iUr Mûris apdbophe mfyxtc ces ço»*
DIS
±67
hJptein<s de la pure & fimple Harmonie,
dont fon lieclc aboiidoit ainfî que le nôrrej
Heu.' proh dolor ! Hii temporibus alifurfuurv
àffeSum inepto proverbio cohrare moUunrur,
IJle tfi , inquiunt , navus difiantandi moius ,
. aot'is fcilicei uii canfonantiis, Ofiêndunt U in-
^^elU3um eurum qui taies defeBui agnofcunt ,
^^Kffèadum fenfum ; nam inducert càm àeberent
^^idclç3aiionem , adducunt trijliiiam. O incon-
^■- gruum proverbium ! 6 mata coloratio ! irraiîo-
' nabilis excufatio! ô magnus abufus,mag/ia ru-
ditas y magna bejiialitas , ut ajinui fumalur pro
domine, copra pro Uoite,ovis pro pifct,fer^efis
pro falmone ! Sic enim concordia confunduntur
cum difcordiis, ut nuliaien^i una difttnguatur
abaliâ. O ! fi aniiqut periii Muficce do3ores ta-
Ifs audiJfentDtfcaatatores\quidàixiJfcm î Quid
ffcijfent ? Sic difcaniantem increparent , & di-
cerent : Non kimc éifcanium quo uteris de me
fumis. Non luum centum unum (f concordan.-
I tem cum mefacis. De quo le intromiitis ? Mi"
I hi non congruiî , mihi adverfarius , fianda-
\àim tu miki ts ; 6 uiiiiam taceres ! Non con^
Y^rdas, fed déliras & difcordas.
DISCORDANT, adj. On a^^éh ainfî
DDui Inltrumcnc dont on joue & qui n'eft
pas d accord , toute voix qui chante faux,
toute Partie qui ne s'accorde pas avec les
autres. Une Intonation qui n'eft pas jufle
fait un Ton faux. Une (uîte de Tons faux
fcit un Cbanc difcordaat; c'cft la ditTéreRCe
de ces deux mots.
piSDIAPASON./ m. Nom que don-
noicnt les Grca i l'Intervalle que nous ap*
pelions dvukk Odave,
t69 DIS
Le Difitapafon cft à-peu»pr^ la plof
grande étendue que puîflènt parcourir les
voix humaines lans (è forcer ; il y en a mê*
me aflèz peu qui l'entonnent bien pleine»
ment. Ceft pourquoi les Grecs avoient borné
chacun de leurs Modes à cette étendue &
hii donnoient le nom de Syftême parfait^
(Voyez Mode, Genre, Système.)
DISJOINT, ai]. Les Grecs donnoient
le nom relatif de Disjoints à deux Tétra-
cbrdes qui fe fuivoient immédiatement ,
lorfque la corde la plus grave, de faign étoic
un Tan au-dedusde la plus aiguë du grave»
au lieu d'être la même. Ainfi les deux Té-
tracord^s Hypaton & Diézeugménon étoienc
Disjoints^ & les deux Tétracordes Synnémé-
non & Hyperboléon l*étoient auflî. ( Voy.
TeTR ACORDE. )
On donne , parmi nous , le nom de Dîj-
joints aux Intervalles qui ne fe fuivent pas
immédiatement , mais font féparés par un
autre Intervalle. Ainfi ces deux Intervalles
mt mi 8c fol fi font Disjoints. Les Desrés
qui ne font pas conjoints , mais qui (ont
compofës de ceux ou plufieurs Degrés con-
joints , s'appellent auili Déparés Disjoints.
Ainli chacun des deux Intervalles dent je
viens de parler forme un Degré Disjoinu
DISJONCTION. C'étoit , dans l'an-
denne Mufique , Tefpace qui féparoîc It
Mèfe de la Paramèfe , ou en général un
,Tétracorde du Tétracrde voifin , lorfqa'ik
n^toient pas conjoints. Cet efpace étoic d'un
Ttf/z > & s appelloic en Grec JDiaieuxis.
DIS 2(»
DISSONANCE . / f. Tout Son qui
ferme avec un autre , un Accord défagrct-
ble à l'oreille , ou mieux , tout Intervalle
qui n'cft pas confbnnant. Or , comme ii n'y
a point d'autres Confonnanccs que celles que
forment entre eux & avec le fondairentd
les Sors de l'Accord parfait , il s'enfuir qac
tout autre Intervalle eft une véritable Bip-
fonaace : même les Ancïctrs compcoient poor
telles les Tierces & les Sixtes , qu'ik rerr^u-
choient des Accords confonnans.
Le terme de Dijfonance vient de deux
mots , l'un Grec , l'autre Latin , qui lîgm-
iiem former à double. En effet , ce qui rend
la Dijfonance défagréable , eft que les Sons
qui la ferment , loin de s'unir à l'oreille ,
K repouflènt, pour ainfi dif e , 8c focc en-
tendus par elle comme deux sons dillinâs,
quoique frappes à la fois.
On donne le nom de Diffônance tantôt i
l'Intervalle ic tantôt à chacun des deux Sons
«|ui le forment. Mais quoique deux Sons
oiflonent entr'eux , le nom de Diffonanri
fe donne plus fpécialement à celui des deux
qui* eft étranger à l'Atcord.
Il y a une infinité de Dijfonances poffl-
Ues; mais comme d^ns la Mufiquc on ck-
clud tous les Intervalles que le SyftSme reçu
ne fournît pas , elles fe rcduifent à un pe-
tit nombre; encore pour la pratique ne doit-
on clioiQr parmi celles-là que celles qia
conviennent au Genre & au Mode , 8î enfin
exclure même de ces dcHiieres celles qui ne
peuvent s'employer félon les règles prefcri-
170 DIS
tes. Quelles foht Cei règles ? Ont-elles queU
que tondemenc naturel , oU fonc-élles pure*
ment arbitraires ? Voilà ce que )e me pre-
pofe d'examiner dans cet Article.
^ Le principe nhyfique de rHannonie fç
ëre de la proaudion de TAccord par£ùt
par la rëfbnhânce d'un Son quelconque :
toutes les Confi>hnances en naiuènt , ic c'eft
la Nature Qiétne qui les foutnit. Il n'en va
pas ainli de la Dijfonanct , du moins telle
que nous la pratiquons. Mous trouvons biem
a l'on veut , fa génération clans les progrei^
fions des Intervalles con(bnnans Sç dans leurs
différences ; tnais nous n'appercevons pas de
raifon phyfique qui nous autoriie à Tintro^
duire dans le corps même de l'Harmonie.
Le P. Merfeane fe contente de montrer la
génération pat le calcid & les divers rap-
ports des Diffonances, tant de celles oui (ont
rejettées > que de celles qui ioint aamifes y
inàis il ne dit rien du droit de les emi^oyer.
M. Rameau dit <n termes forAiels » que la
Dijfonancc n'eft pas naturelle à l'Harmonie ,
& qu'elle n'y peut être employée que par
le ftcours de l'Art. Cependant dans ttn*au«
tre Ouvrage , il eflfaye d'en trouver le prin-
cipe dans les rapports des nombres 6c les
proportions harmonique ic arithmétique »
comme s'il y avoit quelque idendté entre
les propriétés de la quantité abdraite 8^ les
iênfations de l'ouïe. Mais après avoir bien
épuifé des analogies , après bien des méca^
xnorpholes de ces diverfcs proportions les
unes dans les autres ^ après bien des opéra-
P I s 17%
ttens Se dliiutiles calculs , il finît par éta-
blir , fur de légères convenaiKes , la Hffo*'
nance qu'il s>ft tant donné de peine à éhei:-
cher. Ainfî , parce que dans Tordre des Sons
harmoniques la proportion arithmétique lui
donne , par les longueurs des Cordes ^ une
Tierce mineure au grave > ( remarquées
qu'elle la donne à Taigu par le cîalcul des
vibrations , ) il ajoute au grave de la {bus«»
Dominante xine nouvelle Tierce mineurcw
La proportion harmonique lui donne tmct
Tierce mineure à Taigu , ( elle la donneroit
au grave par les vibrations > ) & il ajoute à
Taigu de la Dominante une nouvelle Tierce
mineure* Ces Tierces ainfi ajoutées ne font
point , il eft vrai , de proportion avec les
rapports précédens; les rapports mêmes
qu'elles devroient avoir fe trouvent altérés ;
mais n'importe : M. Rameau feît tout va-
loir pour le mieux ; la proportion lui fert
pour introduire la Dijfhnance. & le défaut
de proportion pour k faire lentir.
L'illuftre Géomètre qui a daigné inter-»
prêter au Public le Syftême de M. Rameau »
ayant fupprimé tous ces vains calcub , je fui-
vrai fbn exemple > ou plutôt je tranlcrirai
ce qu'il dit de la Diffonanee ^ & M. Ra-p
meau me devra des lemerciemens d'avoir
^é cette explication , des Elémens de Muju
que plutôt que de fes propres écrits.
Suppofant qu'on connoiilè les Cordes eC>
ièntiellcs du Ton fclon le Syftéme de M.
Rameau ; ûvoir > dans b Ton à* ut b To-
nique i/r, la Dominante yi/ & la (bus-^Do»
T7t^ DIS
jtnînante fa , on doit favoir auffi que ce mê-^
nie Toa à'ut a les deux Cordes ut Se fot
communes avec le Ton de fol , Se les deux
Cordes ut Se fa communes avec le Ton de
fa. Par conféquent cette marche de Bafli
m fol peut appartenir au Ton d^ut ou au
Ton de fol y' comme la marche de Ba(Tè fa
ut ou ut fa y peut appartenir au Ton d*ut
ou au Ton de fa. Donc > quand on pafle
d^ut k fa oxik fol dans une lEkLfle-fbndamen-
talc , on ignore encore jufques-là dans quel
Ton Ton eft. Il fcroit pourtant avantageux
de le favoir & de pouvoir , par quelque
moyen , diftinguer le générateur de Tes
Quintes.
On obtiendra cet avantage en joignant
cnfèmble les Sons fol Se faàzns une même
Harmonie ; c'eft-à-dire , en joignant à l^Har-
monîe fol fi re de la Quinte fol l'autre
Quinte fa y en cette manière fol fi re fa :
ce fa ajouté étant la Septième de fol fait
Dijfonance : c'eft pour cette raifon que
l'Accord fol fi re'fa eft appelle Accord dif-
iônant ou Accord de Septième. Il fert à
diftinguer la Quinte fol du générateur ut ,
qui porte toujours , fans mélange & fans
altération > l'Accord parfkit ut mi fol ut » don-
né par la Nature même. ( Voyez Ac-»
CORD, CONSONNANCE, HARMONIE.) Par-
là on voit que , quand on pafle d'ut à fol 9
on paflè en même tems d'ut \fa y parce que
le fa fe trouve compris dans l'Accord de
fol ^ Se le Ton d'ut fe trouve , par ce moycn>
entièrement déterminé^ parce qu'il n'y a
que
^ùc çè Ton feùl auquel les Sons Jfa Se /ai
àpparricnhent à la fois.
Voyons mainctnant , continue M. d' Alemi
bert, ce que nous ajouterons à rHarmônié
fa la ut de la Quinte fa au-deflôus du gé*
kiérateur ^ pour diftinguer cette Harmonie
de celle de ce même génétateur. Il femblô
d'abord que Von doive y ajouter Tautré
iQuînte fol , afin que le générateur ut paf^
fant à fa , paflè en même tems k fol , St
que le Ton fbit déterminé par-là : mais
fcette ihtroduâiion de yi/ dans T Accord /S la
ût y doiuieroît deux Secondeis de fuite , fa fol,
fol la y c'eft-à-dire j deux Diffonances dont
l'union férôit trop défàgréable à l'oreille j
inconvénient qu'il faut éviter : car fi , pour
diftinguer le Ton , nous altérons l'Harmo*
iûe de cette Quinte fa , il ne faut Taltéref
(que le moins qu^il eft poflîble.
G'eft pourquoi , au lieu defol, nous pren»
drons fa Quinte ré , qui eft le Son qui eri
^proche le plus ; & nous aurons pour U
ious-Doniinantè/û V Accord fa la ut re^qu'ott
appelle Accord de Grandc^SijLte ou Sixte^
ajoutée.
On peut rf mairquer ici 1 analogie qui s'ob-»
ferve entre l'Accord de la Dominante fol ^
& celui de la fous-Dominante fj,
La Dominante /ô/, en montant au-de(Tu9
du générateur , a un Accord tout compo-
fé de Tierces m montant depuis yi/; fol ft
re fa. Or la fous- Dominante fa étant au-
deilous du générateur ut , on trouvera , ei*
defccndant &ut Vers fa par Tierce, ut U
Diâ, d& Mufi^m. Tome L $
174 DIS
^ rz 9 çâ itfgît i< ks crises Sons que
r Acosrd rx £s sr rc doooe à b (bus-Domt-
O2 Ttxc de pbs, que lahéntkm de l'Har-
desdeoxQËssesnecanfîfteque dans
h TjETg n^reare rzfs, aafa re, ajoutée de
vatz âc à^msjT k filiimnnie db ces deux
Cerze expËcsdoa cft damant plus îngé-
cksiê qa dLt monoe à b faâ f ongîne , l'u-
ik^ y II ''^tK^ de la DifiuLuix , (on rap-
port îrsdme srec le Ton , & le moyen de
décennzaer lécîptoqqcmect fan par 1 autre.
Le àéfr,m qae j'y noiEve , mais défaut c£-
{èsdci qui ter toor ooiiler , c eft Vemplot
d'une corde éuaiiyie au Ton , comme
corde eilcndelle dn Ton i & cela par une
ba& ^^^^Y^ qui > ferrant de hafê au SyC-
tfane de XL Rimcaa , le déauit en s'éva-
Dooiâànc
Je parle de cette Quînte au-deflbus de la
Torique , de cette fous-Dominante entre la-
quelle ôc la Tonique on n apperçoit pas la
moindre liaifbn qui puiilè autoriser remploi
de cette (bus- Dominante , non-(èulement
comme corde eilènrieiledu Ton , mais même
en quelque qualité que ce puiilè ênrc. En
effet , qu'y a-t-il de commun entre la ré»
ibnnance , le frémiiTement des Uniflbns d'i/f»
& ie Son de fa Quinte en de(Ibus ? Ce n'eft
point parce que la corde entière eft un fa
que fts aliquotes réfonnent au Son d'ut ,
mais parce quelle eft un multiple de la
corde ui^ U 'û n'y a aucun des multiples
DIS i7f
de ce même i/r qui ne donne un (êmblable
phénomène. Prenez le feptuple , il frémira
& réfonnera dans fes Parties ainfi que le
triple ; eft-ce à dire que le Son de ce fep-
tuple ou (es Oûaves foîent des cordes cflèn-
tielles du Tou ? Tant s'en faut ; puifqu'il ne
forme pas même avec la Tonique un rap-
port commenfurable en Notes.
Je fais que M. Rameau a prétendu qu'au
Son d'une corde quelconque , une autre
corde à (à douzième en deflbus frémiflbic
fans réfonner ; triais , outre que c'eft un
étrange phénomène en acouftique qu'une
corde (bnore qui vibre & ne réfonne pas ,
il eft maintenant reconnu que cette prétendue
expérience eft une erreur , que la corde grave
frémit parce qu'elle fe partage , & qu'elle
paroît ne pas réfonner parce qu'elle ne rend
dans fes Parties que l'Uniflbn de l'aigu ^ qui
Ut fe diftingue pas aifément.
Que M. Rameau nous dife donc qu'il
Î)rend la Quinte en deflbus parce qu^il trouve
a Quinte en deifus y 6c que ce jeu des
Quintes lui paroît commode pour établir
fon Syftéme ; on pourra le féliciter d'une
ingénieufe invention : mais qu il ne l'auto-
riie point d'une expérience chimérique ,
qu^il ne (è tourmente point à chercher dans
les renverfemens des proportions harmoni-
que & arithmétique les fondemens de l'Har-
monie , ni à prendre les propriétés des nom-
bres pour celles des Sons.
Remarquez encore que fi la contre-géné-
ution qu'u fuppofe pouvoit avoir lieu , l'Ac-
S 1
zj6 DIS
cord de la (bus-Dominante fa ne <ïc^roïtf
point porter une Tierce majeure , m us mi-
neure ; parce que le L Eéiînol cft 1 Harmo^
nique véiicable qui lui ell allîgnê par ce rcu-
1 1 i
Terfèmenc ut fi la \ De forte qu'à ce
coirpce la Gamme du Mode majeur devroic
avoir naturellement la Sixte mineure ; mais
elle la majeure y comme quatrit me Quinte ,
ou comme Quinte de la féconde Note : ainÂ
voilà encore une Gontradi£kion.
£: fin remarquez que la quatrième Noce
dormêe par la Icrie des aliquotes^ d où naît le
vrai Diatonique naturel , n*€ft point l*Odkave
de la prétendue fbits - Dominante dans le
rapport de 4 à ? > mais une autre quatrième
Note toute différence dans le rapport de i »
à S > ainti que tout Théoricien doit lapper-
ccvoir au premier coup-d*cèil.
JVn appelle maintenant à Texpéricnce &
à Toreille des Muliciens. Qu'on écoute com-
bien la Cadence imparfiiite de la (bus*Dos-.
minante à la Tonique eft dure & fauvage ,
en comp;u:aifon de cette même ("adence dans
fa place naturelle , qui eft de la Tonique à liât
Dominante. Dans le premier cas, peut-on
dire que 1 oreille ne délire plus rien après
r Accord delà Tonique ? N'attend- on pas»
malgic qu'on en ait, une fuite ou une fin >
Or, quVft-ce qu'une Tonique après laquelle
1 on ille délire quelque choie ? Peut-on la re-
garder comme une véritable Tonique, &
n cft- on pas alors réellement dans le Ton
de fa 9 tandis qu'on peofe eue dans celui
DIS 177
idVr ? Qii*on obfervc combien l'Intonation
diatonique & fucceflîve de la quatrième
Note & de la Note fenfible , tant en mon-
tant qu en defcendant , paroît étrangère au
Mode , & même pénible à la Voix. Si la
lon/^ue habitude y accoutume l oreille &la
Voix du Mufîcien, la difficulté des Com-
mençans à entonner cette Note doit lui mon-
trer afTez combien elk ell peu naturelle. On
attribue cette difficulté aux trois Tons con^
fécutife : ne devroit-on pas voir que ces trois
Tons confécutife, de même que la Note
qui les introduit , donnent une Modulation
barbare qui n*a nul fondement dans la Na-
ture ? Elle avoir aflurément mieux guidé les
Grecs , lorfqu elle leur fit arrêter leur Té-
tracorde précifément au mi de notre Échelle,
ceft-à-dire, à la Note qui précède cette
quatrième \ ils aimèrent mieux prendre cette
quatrième en deflous , & ils trouvèrent ainfi
avec leur feule oreille ce que toute notre
théorie harmonique n'a pu encore nous faire
appercevoir.
Si le témoignage de loreille & celui de
la raifon fe réunifient , au moins dans le
Syfteme donné , pour rejettcr la prétendue
fous-Dominante , non- feulement du nom-
'bre des Cordes eflèntielles du Ton , mais
du nombre des Sons qui peuvent entrer
dans l'Echelle du Mode , que devient toute
cette théorie des Dijfonances ? que devient
l'explication du Mode mineur ? que devient
tout le Syftême de M. Rameau ?
N appercevant donc , ni dans la Physique,
S5
tyi DIS
ni dans le calcul , la véritable génération
de la Diffonance, )c lui cherchois une ori-
gine purement méchanique , & c eft de la ma-
nière fuivante que je tachois de l'expliquer
dans l'Encfurlopédie , fans m'écaner du Sy£-
téme-prati^e de M. Rameau.
Je uippoft la nécefGté de la Diffonance
reconnue. (Voyez Harmonie & Cadence.)
Il s'ngit de voir où l'on doit prendre cette
Diffonance , & comment il faut l'employer.
Si l'on compare fuccedivement tous les
Sons de l'Échelle Diatonique avec le Son
fondamental dans chacun des deux Modes,
on n'y trouvera pour toute Diffonance que
la Seconde , & la Septième , qui n'eft qu'une
Seconde renverfce , & qui fait réellement
Seconde avec l'0<îbve. Que la Septième /bit
renverfce de la Seconde , & non la Seconde
de la Septième, c'eft ce qui eft évident par
rexpreffion des rappons : car celui de b Se-
conde 8. ^. étant plus (impie que celui de
la Septième 9. 16, l'Intervalle qu'il repré-
fcnte n'eft pas , par conféquent, l'engendré,
mais le générateur.
Je fais bien que d'autres Intervalles alté-
rés peuvent devenir diflbnans ; mais fi la
Seconde ne s'y trouve pas exprimée ou fous-
entendue , ce font feulement des accidens de
Modulation auxquels l'Harmonie n'a aucun
égard , & ces Diffonances ne font point alors
traitées comme telles. Ainfi c'eft une chofe
certaine qu'où il n'y a point de Seconde U
n'y a point de Diffonance; & la Seconde eft
proprement la feule Diffonance qu'on puiilè
employer.
DIS Z7>
Pour r^uîre toutes les Confonnances à leur
moindre efpace, ne fonons point des bornes
de l'06tave , elles y font toutes ccHitenues
dans TAccord parfait. Prenons donc cet Ac-
cord parfait , fol fi re fol, & voyons en quel
lieu de cet Accord , que je ne fuppofe encore
dans aucun Ton , nous pourrions placer une
Dijfonance; c'eft-à-dire, une Seconde, pour
la rendre le moins choquante à l'oreille qu'il
cft polTîble. Sur le la entre \t fol ôc Icjt^
elle feroit une Seconde avec VurvSc avec Tau*
tre , & par conféquent diflbneroit dou-
blement. Il en (èroit de même entre \tfiSc
le re > comme entre tout Intervalle de Tierce :
refte l'Intervalle de Quarte entre le re Se le
fol. Ici l'on peut introduire un Son de deux
manières ; i**. on peut ajouter la Note fa qui
fera Seconde avec le fol & Tierce avec le re;
z°. ou la Note mi qui fera Seconde avec le
re &c Tierce avec le fol. Il eft évident qu'on
aura de chacune de ces deux manières la
Dijfonance la moins dure qu'on puifTe trou**
ver , car elle ne diffonera qu'avec un fèul
.Son, & elle engendrera une nouvelle Tierce
qui , aufli-bien que les deux précédentes ,
contribuera à la douceur de PAccord total.
D'un côté nous aurons l'Accord de Sep-
tième , & de l'autre celui de Sixte- ajou-
tée, les deux feuls Accords diffbnans ad-
mis dans le Syftême de la Bafle - fonda-
mentale.
Il ne fuffit pas de faire entendre la Dif-
fonanccy ï faut la réfoudre j. vous ne cho^
qvicz d'abord l oreille que pour la flatter en-
S4
\
lltç PIS
fuite plus agiéablemenc. Voità deux Sont
joints : d'un côté la Quinte & la Sixte > dç
rautre la Septième & TOÛave y tant qu'ils
feront ainfi la Seconde , ils refteront diflo-
Bans : mais que les Parties qui les font en-
tendre s'éloignent d'un Degré ; que Tune
monte ou que I autre deicende diatonique-
jnent , votre Seconde , de part Se d'autre 3
fera devenue une Tierce ; c'eft-à-dire , une
des plus agréables Confbnnances. Ainlî après.
fol fil y vous aurez fol mi ^ oafalay & après
re mi y mi zi/ , ou refa; c'eft ce qu'on ap-
pelle (auver k Diffonancç^
Rcftc à déterminer lequd des deux Sons
îoincs cmt monter ou deicendre , & kquel
doit reltcr en place : mais le motif de dé-
terminât on faute aux yeux. Que la Quinte
ou rOci^ve reftent comme Cordes princi-
pales , que la Sixte monte , & que la Sep-
tième deicende , comme Sons accefloirrs y
comme Dîffonnnces. De plus , fi , des deux
Sons ]oincs , c'eft à celui qui a le moins de
chemin à faire de marcher par préférence ,
le fa delcendra encore fur le mi , après la
Septième , & le mi de l'Accord de Sixre-
ajourée montera fur le fa : car il n'y a point
d'autre marche plus courte pour fauver la
jpffonance.
Voyons maintenant quelle marche doit
feîre le Son fondamental relativement au
mouvement aiEgné à la Diffonarice. Puifque
l'un des deux Sons joints refte en place , il
doit fiire liaifon dans l'Accord fuivant, L'In-
tervalle que doit former la Baiïè-foadbustof^
DIS 181
taie en quittant l'Accord, doit donc être
déterminé fur ces deux conditions j i^, que
J^Oftave du Son fondamental prccédenç
puiffc.refter en place après l'Accord de Sep-
tième , la Quinte après l'Accord de Sixte-
ajoutée ; 2*^. que !e Son fur lequel fe ré-?
fout la Dijfpnance (bit un des Harmoniques
de celui auquel paflè la Baflè-fondamtrntale,
Or le meilleur mouvement de la BaflTe écant
par Intervalles de Quinte , fî elle defcend de
Quinte dans le premier cas, ou qu'elle monte
de Quinte dans le fécond , toutes les condîr>
rions feront parfaitement remplies , comme
îl eft évident , par la feule in{pe£kion de
l'exemple, PI. A. Fi g. 9.
De-là on tire un moyen de eonnoître à
quelle Corde du Toq chacun de ces deux
Accords convient le mieux. Quelles font dans
chaque Ton les deux cordes les plus eflen-
îielles ? C'eft la Tonique & la Dominante.
Comment Li Baflè peut-elle marcher en det
pendant de Quinte fur deux cordes elfen-
tielles du Ton ? C'eft en paflant de la Do-
minante à la Tonique : donc la Dominante
çft la corde à laquelle convient le mieux
l'Accord de Septième. Comment la Baflè en
montant de Quinte peut- elle marcher fur
deux cordes effèntielles du Ton ? C'eft en
)paflànt de la Tonique à la Dominante : donc
la Tonique eft la corde à laquelle convient
l'Accord de Sixte-ajoutée. Voilà pourquoi ,
dans Pexemple , j'ai donné un Dièfe au Ca
de l'Accord qui fuit celui-là : car ie re étant
jpgmmante- Tonique doit porter la Ticrçç
281
DIS
majeure. La Baflc peut avoir d'autres mar-
ches; miais ce font -là les plus parfaites. Se
les deux principales Cadences. ( Voyez Ca-
dence.)
Si l'on compare ces deux Diffonances avec
le Son fondamental , on trouve que celle
qui defcend eft. une Septième mineure , &
celle qui monte une Sixte majeure, d'où l'on
tire cette nouvelle règle que les Diffonances
majeures doivent monter, & les mineures
defcendre : car en général un Intervalle ma-
jeur a moins de chemin à faire en mon-
tant, & un Intervalle mineur en defcen«
dant > & en général aulfi , dans les marches
Diatoniques les moindres Intervalles font à
préférer.
Quand l'Accord de Septième porte Tierce
majeure , cette Tierce fait , avec la Septiè-
me , une autre Dijfonance qui eft la Fauflè
Quinte , ou , par renvcrfement , le Triton.
Cette Tierce, vis-à-vis de la Septième, s'ap-
pelle encore Dijfonance majeure , & il lui eft
prefcrit de monter , mais c'cft en qualité de
Note fenfible ; & fans la Seconde , cette pré-
tendue Dijfonance n'exifteroît point ou ne
feroit point traitée comme telle.
Une obfervation qu'il ne faut pas oublier
eft , que les deux feules Notes de l'Échelle
qui ne fe trouvent point dans les Harmo-
niques des deux cordes principales ut icfol^
font précifément celles qui s'y trouvent in-
troduites par la Dijfonance , & achèvent,
par ce moyen , la Ganune Diatonique , qui >
tans cela ^ feroit imparfaite : ce qui explique
DIS x8j
comment \t fa 8c\ela, quoîqu*étrangcrs au
Mode , fe trouvent dans fon Echelle , &
pourquoi leur Intonation ^ toujours rude
malgré Tliabitude , éloigne l'idée du Ton
principal.
Il ùvLt remarquer encore que ces deux
Diffonances ; (avoir, la Sixte majeure & la
Septième mineure , ne différent que d'un
femi-Ton , & diffcreroient encore moins fî
les Intervalles étoient bien juftes. A l'aide
de cette obfervation Ion peut tirer du prin-
cipe de la réfbnnance une origine très-appro-
chée de l'une & de Pautre, comme je vais le
montrer.
Les Harmoniques qui accompagnent un
Son quelconque ne fe bornent pas à ceux qui
compoient PAccord parfait. Il y en a une
infinité d'autres moins fenfibles à mefure
qu'ils deviennent plus aigus & leurs rap-
ports plus compotes, & ces rapports font
exprimés par la férié naturelle des aliquo-
tes k\i'ilj y &c. Les fîx premiers termes
de cette férié donnent les Sons qui com-
poient l'Accord parfait & fes Répliques, le
fèptieme en efl exclus ; cependant ce fep-
tieme terme entre comme eux dans la re-
fonnance totale du Son générateur, quoi-
que moins fenfîblement : mais il n'y entre
point comme Confbnnance \ il y entre donc
comme Dijfonance , & cette Dijfonance
eft donnée par la Nature. Refte à voir fon
rapport avec celles dont je viens de parler.
Or ce rapport çSt intermédiaire entre l'un
ic l'autre & fprc rapproché de tous deux 5
lS4 1> I S
car le rapport de b Sixte majeure eft j, 8c
cdiii de la Septième mineure /^. Ces deux
rappons rédaiis aux mêmes termes (ont
Le rapport de Taliquote f rapproche aa
Émpîc par les Ocbves eft f , & ce rapport
réduit an même terme avec les prcccdens
£ê trouve iatermédiaire entre les deux , de
cette mamcre \^ i|| \lz 5 ^ ^'^ ^'^^^ q«
ce rappon moyen :2e diflfere de b Sixte ma-
frure que d*un ^, ou i-piu-près deux
C-omsia , & de la Sepdemc minture que
d'un îY^ qui cô beaucoup mc.ins qu'un
CoT:ma- Pour rmj4^-»yer fes mé-mes Sons
darïs Ir genre DÎ2tonique & dans divers
Modrs , ii a afin les altérer ; mais cette al-
tera li /n ii'eft pas aCis gr-ndc pour nous
fkir- perdre b trace de leur origine.
Tzi îiit voir , au mot Cdde-cc, comment
] r:Tr:>i-j;àJcn de ces deux principales !>//•
fr irions, h. Sfprirme & b Siire- ajoutée ,
don-e îî moyen de lier une fuite d'Harmo-
r^e fn la fûiant monter on dtlcenire à vo»
io-r? psr l'entrelacement des Di^oruinces.
Jf T.t pzrîe pc»:nî ici de b préparadon ie
k D fc is.zre^ moins parce qu'elle a trop d'ex-
cepTions pour en faire une le^ générale ,
qu: rzire que ce n'en eft pas ici le lieu,
CV^'y^- Tketakik.j a l'égard des Dfjfa*
rj: 1.-^5 r^r luppoiîdon ou par fufpenlion,
vcyrz aoil: ces deiix mot?. Enfin ie ne dîf
ritn non p'as de la Sepû-rne diminuée. Ac-
cord iTnguHn- dont ^'aurai ocoiiion deptf*
1er au JOOl EKHAJUfOlilQUfi.
t> I <l lif
Quoique Cette manière de concevoir U
Diffonance en donne une idée afl'ez nette,;
comme cette idée n'cft point tirée du fond
de THarmonie , mais de certaines convenan-»
CCS entre les Parties , je fois bien éloigné
d'en faire plus -de cas qu^elle ne mérite , &
je ne l'ai jamais donnée que pour ce qu'elle?
Valoir y mais on avoit jufquki raifbnné fî
mal fur k Dijfonance y que je ne crois pas
avoir fait en cela pis que les autres. M^
Tartini eft le premier , & jufqu^à préfenc
le feu! , qui ait déduit uhe Théorie des
Dijfonances des vrais principes de l'Har-
monie. Pour éviter d mutiles répétitions , je
renvoie là-defïîis au mot Syfiéme où j'aî
Eût l'cxpofition du (îen. Je m abftiendrai de
Juger s'il a trouvé ou non celui de la Nature:
ïnais je dois remarquer au moins que les
principes de cet Auteur paroiflent avoir
dans leurs conféquences cette univerfalité &
cette connexioYi qu'on ne trouve gueres que
dans ceux qui mènent à la vérité.
EncoTe une obfervation avant de finir cet
Article, Tout Intervalle commenfurablç eft
réellement • confonriant : il n'y a de vrai-
ment diflTonans que ceux dont les rapports
font irrationnels ; car il n'y a que ceux-là
auxquels on ne puiile adigner aucun Son
fondamental commun. Mais pafTé le point
où les Harmoniques naturel font encore
fcnfibles > cette confonnance des Intervalles
commenfurables ne s'adme: plus que pac
îndudtion. Alors ces Intervalles font bien
partie du Syllâxne Harmonique ^ puifqu'ilr
xU DIS
font dans l'ordre de fa génération naturelle
6c fe rapportent au Son fondamental com-i
mun 9 mais ils ne peuvent être admis comme
Confonnans par l'oreille , parce qu'elle ne
les apperçoit point dans l'Harmonie naturelle
du corps (bnore. D'ailleurs , plus l'Intervalle
fe compofe , plus il s'élève a l'aigu du Son
fondamental ; ce qui fe prouve par la géné-
ration réciproque a.u Son fondamental & des
Intervalles fupérieurs. ( Voyez le Syftémc
de M. Tartini. ) Or , quand la diftance du
Son fondamental au plus aigu de l'Intervalle
générateur ou engendré ^ excède l'étendue
du Syftéme MuHcal ou appréciable , tout ce
qui eft ^u-delà de cette étendue devant être
cenfé nul , un tel Intervalle n'a point de fon-
dement fenfible & doit être rejette de la pra-
tique ou (èulement admis comme Di/Ibnant.
Voilà , non le Syftême de M. Rameau , nî
celui de M. Tartini, ni le mien , mais le texte
de la Nature , qu'au refte je n'entreprends
pas d'expliquer.
DISSONANCE MAJEURE , eft celle
qui fe fauve en montant. Cette Difonance
n'eft telle que relativement à la Dijfonance
mineure ; car elle fait Tierce ou Sixte ma-
jeure fur le vrai Son fondamental , & n'eft
autre que la Note fenfible, dans un Accord
Dominant, ou la Sixte - ajoutée dans fon
Accord.
DISSONANCE MINEURE, eft celle
qui fè fauve en dépendant : c'eft toujours la*
l>/^/z/7/2ce proprement dite ; c'eft-à-dirc , U
Scgptieme du vrai Son fondamental.
, D I s i8y
La Diffonance majeure eft auflî celle qui fc
forme par un intervalle fuperflu , & la Dif^
fonance mineure eft celle qui (è forme par un
Intervalle diminué. Ces diverses acceptions
viennent de ce que le mot même de Dijfo*
nance eft équivoque & fignifie quelquefois
un Intervalle & quelquefois un fimple Son.
DISSONANT , partie. ( Voyez Dis-
^ONER. )
DISSONER , V. n. Il n^y a que les Sons
qui diffonent , & un Son dijfone quand il for-
me Diffonance avec un autre Son. On ne dit
pas qu'un Intervalle dijfone , on dit qu'il eft
Diffonant.
DITHYRAMBE , f. m. Sorte de Chan-
fon Grecque en l'honneur de Bacchus , la-
quelle fe chantoit fur le Mode Phrygien , &
w (êntoit du feu & de la gaieté qu'infpire le
Dieu auquel elle étoit confacrée. Il ne faut
pas detnander fi nos Littérateurs modernes y
toujours fages & compafles , fe font récriés
fur la fougue & le défordre des Dithyrambes»
Ccft fort mal fait , fans doute , de s'enivrer,
fur-tout en Phonneur de la Divinité \ nuûs
î'aimerois mieux encore être ivre moi-même ^
Î[ue de n'avoir que ce fot bon-(èns qui me-
ure fur la froide raifon tous les difcoursd'un
homme échauffé par le vin.
DITON , f. m. C'eft dans la Mufique
Grecque un Intervalle compofé d^ deux
Tons y c'cft-à-dire , une Tierce majeure.
( Voyez Intervalle , Tierce. )
DIVERTISSEMENT, /. m. Ccft le nom
qu'on donne à certains recueils de Paniès Oc-
2Sê bix
d , A
toi: Trxr;c5i : D-^irâfcr-^iz imporrun dont
I A:::ii^Lr l ici de cccpcr l'aciîon dans qucU
•^«•î , & eue Iss AâbCQis
r-rir i:: !i=s Sp^<5::Imrs ceboaicnt la patience
I>î>:-:^rTr^î£ , /: /. Icrcrrallc qui
crrrjrsxî ix-^jt D(cgrés conjoints , & par
""x-îsdc Sors I^EZtoniqaes m
â^TZX nFïfirfs, Oeit la doo«
kbit C'jarx-i 3r i Q&2::c. ' Vot. Quarte. )
r I?~>iZ - jC ^ kxaraBc qui comprend
3rd^ Zie^s fc-er'râ'iTt , & par conféqnenc
Ci Sc*:5 Dscacâqaes ce ccxnpcsnt les deux
"st fjrmifra:. Cci TOciiTc de la Tîsrcc
oc 11 TiiTix càe rOâER, & îa DzjôemttJà
SOTJT^i: ce aôszr, f-.rr^r.* ilniiervallc lîm-
ptS:rr»::i;sZii>^pLâçar. .VoyczTiBRCE-)
DLx-NrU^TZME , / / IderraUe qui
on^rrr-ciii-ixixDïTrés corxMEB, &par
c:tLiic«::m iïi-ae=f Socs IXiionîques cri
tK>r pz-i-: .:a îr,3 crrrrzcs. Ce& b double-
OcriTt it 11 '^rrî. ^ Voyez QeiyTE. J
D:^:-:^£?TI£>:£ , Cf. I3£crv2lle qui
1 r:j:c jcrii :*r=eri rsai avec le Sari
P^-oc c^ c;l:d ie li Tîerct £=:pîc ou deft
^ " j p^ic: %ce csut Dix-lcp~n:e eft
prodoi»
DO» xi9
produite par une alîquote de la corde en-
tière ; favoir , la cinquième partie : au lieu
que Tes f que donneroit la Tierce , ni les |
que donneroit la Dixième 9 ne font pas une
ûliquote de cette même corde. ( Voyez Son ,
Intervalle, Harmonie.)
PO. Syllabe que les Italiens fubftituent ,
«n folfiant,à celle d'ut dont ils trouvent le Son
trop iburd. Le même motif a fait entreprei •*
dre à plufîeurs perfonnes , & encr autre:> à
M. Sauveur , de changer les noms de tou-
tes les fyllabes de notre Gamme ; mais l'an-
cien ufage a toujours prévalu parmi nous,
Oeft peut-être un avantage : il eft bon de
s'accoutumer à folfier par des fyllabis four-
des , quand on n'en a gu^-'res de plus fonores
à leur fubftituer dans le Chant.
DODECACORDE. Ceft le titre. -^onné
par Henri Glarcan à un grcj|livre de fa com-
podtion , dans lequel , ajoucant qviatre nou-
veaux Tons aux huit uCtés de Ton tems , &
qui reftent enco e aujourd'hui dans le Chant
Éccléfîaftique Romain > il penfe avoir rétabli
dans leur pureté les douze Moies d'Arif-
toxène , qui cependant en avoit treize j mjis
cette prétention a été réfutée par J. B. Doni ,
dans Ion Traité des Genres & des Modes.
DOIG TER , V, n. Cciï taire marcher
d'une manière convenable & régulière les
doigts fur quelque Inftrument , & principa-
lement fur l'Orgue ou le Clavecin , pour en,
jouer le plus facilement & le plus nettement
qu'il eft poffible.
Sur les Inftramen^ à manche , tels que le
DiJf. de Mujique. Tome I. T
^90 D O I
Violon & le Violoncelle , la plus grande rè-
gle du Doigter confifte dnns les diverfes pofi-
tions de la main gauche fur le manche ; c'cft
par-^là que les mêmes paflàges peuvent deve-
nir faciles ou difficiles , félon les pofitions
& félon les Cordes fur lefquelles on peut
prendre ces paflages : c'eft quand un Sym-
phonifte cft parvenu à pafler rapidement .
avec jufteffe & précifion , par toutes ces dif-
férentes positions , qu'on dit qu'il poflèdc
bien fon manche. (Voyez Position. )
Sur rOrgue ou le Clavecin , le Doigter eft
autre chofe. Il y a deux manières de jouer
fur ces Inftrumens ; (avoir , l'Accompagne-
ment & les Pièces. Pour jouer des Pièces on
a égard à la facilité de l'exécution & à la bon«
ne grâce de la main. Comme il y a un nom-
bre exceflif de paflages poffibles dont la plu-
part demandent #ne manière particulière de
faire marcher les doigts , & que d'^lleurs
chaque Pays & chaque Maître a fa règle , il
« faucïroit fur cette Partie des détails que cet
Ouvrage ne comporte pas , & fur lefquels
l'habitude & !a commodité tiennent lieu de
règles, quand une fois on a la main bien poftc.
Les préceptes généraux qu'on peut donner
font, 1^. de placer les deux mains furie
Clavier de manière qu'on n'ait rien de g&ié
dans l'attitude > ce qui oblige d'exclure com-
munément le pouce de la main droite , parce
que les deux pouces pofés fur le Clavier &
principalement fur les touches blanches don-
neroicnt aux bras une fituation contrainte ic
de mauvaife grâce. Il faut obfèrver auffî que
c
© O I 191
les coudics foient un peu plus élevés que le
niveau du Clavier ,^ann quf ia main tombe
comme d clie-mêmè fur les touches j ce qui
dép^d de la hauteur du fiege, 1^. De te-
nir e poignet à-peu-près à la hauteur du
Clavier, c'eft- à-dire, au niveau du coude, les
doigts écartés de la largeur des touches & un
eu recourbés fur elles pour être prêts à tom-
r fur des touches différentes. 3*^, De ne
point porter fucceflîvement le même doigt
lur deux touches confécutivcs , mais d'em-
ployer tous les doigts de chaque main. Ajou-
tez à ces obfervations les règles fuivantes que
je donne avec confiance , parce que je les
tiens de M. Duphli, excellent Maître de
Clavecin &qui poflède fur-tout la perfcâion
du Doigter.
Cette perfedîon cohfifte en général dans
un mouvement doux , léger & régulier.
Le mouvement des doigts fe prend à
leur racine; c'eft-à-dire^ à la jointure qui
les attache à la main.
Il faut que les doigts foient courbés na-
turellement, & que chaque doigt ait fon
xnouvement propre indépendant des autres
doigts. Il faut que les doigts tombent fur
ks touches & non qu'ils les frappent, &
de plus qu ils coulent de l'une à l'autre en
fe fuccédant ; c'eft-à-dire , qu'il ne faut
quitter une touche qu'après en avoir pris
une autrC;, Ceci regarde particulièrement le
jeu François.
Pour, contmuer un roulement , il fiut
s'accoutumer à paflièr le pouce par defibus
T X
191 D O I
n^I doigt que ce (bit , & à paffer tel antm
dotgt pir ddibos le jpouce. Cette maniera
eft ^excellente , fur-tont quand il Ce rencon^
tre des DîèCs ou des Bémols ; alors £utc9
en tbrte que le pouce Ce trouve fur la tou«
che qui précède ie Diè(ê ou ie Bémol ,-
ou pbcct-le immédiatement après : par ce
moyen tous yous procurerez autant de
doigts de fuiie que vous aurez de Notes
i foire.
Eritez » aount quil (è pourra , de tou-
cher du pouce ou au cinquième doigt une
touche bUnche ) fur^tout dans les roulement
de vttellc*
Souvent on exécute un m£me roulement
arec les deux mains dont les doigts fe fuc*
cèdent pour-lors confecutivement. Dans
ces roulemens les mains paUènt Tune /ur
Tautre î mats il ùm observer que le Son
de la première toudie fur laquelle pafTe une
des moins loit aulC lié au Son précédent ,
que s'ils étoient touchés de la même main.
Dans le genre de Mudque harmonieux
& lié , il eft bon de s'accoutumer i flibfti*
tuer un doigt à la place d'un autre (ans re«
lever la touche ; cette manière donne des
£icilités pour lexécudon & prolonge la
durée des Sons*
Pour TAccompagnement , le Doigter ds
la main gauche eft le même que pour les
Pièces , parce qu'il^ut toujours que cette
main joue les Balles qu'on doit ùccomp^
gner ; ainlî les règles de M. DuphU y /er-
vent également pour cette partie » excepté
a
D O I 295
dans les ocfcafîons où Ton veut augmenter
le bruit au moyen de TOdave qu'on em-
braâè du pouce & du petit doigt : car
alors , au lieu de Doigter y la main entière
fc cranfporte d'une touche à l'autre. Quant
à la main droite, (on Doigter coniiftedaiis
l'arrangement des doigts & dans les mar-
ches qu'on leur domie pour feire entendre
les Accords & leur fucceffion ; de forte
ue quiconque entend bien la méchanique
es doigts en cette partie, çoflède Parc
de l'Accompagnement. M. Rameau a fort
biei; expliqué cette méchanique dans fâ Dif-
fertation fur l'Accompagnement , & je croîs
ne pouvoir mieux faire que de donner ici
un précis de la Partie de cette Diflèrtation
quiregtirde le Doigter.
Tout Accord peut s'arranger par Tierces.
L'Accord parfait , c'eft - à - dire , l'Accord
d'une Tonique ainfi arrangé fur le Clavier ,
eft formé par trois touches qui doivent
^tre frappées du fécond , dii quatrième Se
du cinquième doigt. DanS^ cette iituation
c'cft le doigt le plus bas , c'eft-à-dire , le
fecond qui touche la Tonique} dans les
deux autres hcts , il fe trouve toujours un
doigt au moins au-deilbus de cette même
Tonique \ il faut le placer à la Quarte.
Quant au troifieme doigt, qui fe trouve
au-deffus ou au-dellbus des deux autres ,
il faut le placer à la Tierce de fon voi(in.
Une règle générale pour la fucceffion
des Accords , eft qu'il doit y avoir liaifon
cntr'eux y c'eft-à*dire , que quelqu'un des
T 3
•■s
^ Bd^ rrjcrdî par Tierces »
k YiiTrr S: k Quînie
ciiTJ. -_■ -^ Q^zi i: , en or*x2ïiaiff^, les
rr iz:; pn;^ i^rsc: 1e TïiTCt & ii Quinte
C^u-izii ^ 3l£; rEwri" pw Quintes ,
E= OLvf: -": .-1 rsii: n: rLcr , & !« deux
r::.r;2ï' m::! nrri: ; ts :rrr.:3« , ccft la
Qi-rcf •.;^^ rz:î* roci £L::r iOcbvc, lan-
c:> c»r .O-^civr X il T crcr delccndcnt
il:: -; Tj^tct X i'^ h Quinte ; en dclccn-
Ciz:, iOctivc itsi;? îk>*:i nire la Quinte ,
tiLrÔ2>^ur il Tàexcf & k Quinte montent
ici i 0.i::Tt ^ ici 11 Tieice. Dans toutes
cr> .«:vcri£oe^ ts deux mains ont toujours
«D nvx:\r=irr.t can:r.*.iri'.
Lxi >e3Lcr,\c: aîiu: ùii divers endroits du
Ulucx > en ic àxnaiaiilc bientôt au jeu
D O I 19J
des doigts fur chacune de ces marches , &
les fuites d'Accords parfaits ne peuvent
plus embarrafler.
Pour les Diffbnances, il faut d abord
remarquer que tout Accord diflbnant com-
plet , occupe les quatre doigts , lefquels
peuvent être arrangés tous par Tierces , ou
trois par Tierces , & l'autre joint à quel-
qu'un des premiers , faifant avec lui un In-
tervalle de Seconde. Dans le premier cas ,
c'eft le plus bas des doigts ; c'eft-à- dire ,
Tindex qui fonne le Son fondamental de
TAccord ; dans le fécond cas , c'eft le fu-
périeur des deux doigts joints. Sur cette
obfervation Ton connoît aifément le doigt
qui fait la diffonance , & qui , par con-
iequent , doit defcendre pour la fauver.
Selon les différens Accords confonnans
ou diifonans qui fuivent^ un Accord dif-
fonant , il fiuc foire defcendre un doigt
feul , ou deux , ou trois. A la fuite d'un
Accord diffbnant , l'Accord parfait qui le
fauve fè trouve aifénient fous les doigts.
Dans une fuite d'Accords diflbnans quand
un doigt feul defcend , comme dans la Ca-
dence interrompue , c'eft toujours celui qui
a fait la DiflTonance ; c'eft- à-dire , l'infé-
rieur des deux joints , ou le fupérieur * de
tous , s'ils font arrangés par Tierces. Faut-
il faire defcendre deux doigts , comme
dans la Cadence parfaite : ajoutez , à celui
dont je viens de parler , fbn voifîn au-deC.
fous, &c s'il n'en a point, le fupérieur dq
tous : ce font les deux doigts qui doivenc
T4
i^S D O I
dcfccndre. Faut-3 en feire dcfccndrc croîs ,
comme dans la Cadence rompue : confer-
Tez le fondamental fur fa tx>Uvbe y & faites
dcfcendre les crois autres.
La fuite de couces ces différences fucce&
fions y bien étudiée , vous montre [e feu
des doigts dans toutes les phrafes pofliblcs ;
& c(Mnme c'eft des Guiences parfaites que
fè tire la fucccffion U plus commune des
phrafès harmoniques , c'eft aufli à ce\le- \ï
qu'il (àut s'exercer davantage : on y trour
vera toujours deux doigts marchant & s'ar-
jetant alternativement. Si les deux doigts
d'en haut defcendent fur un Accord où les
deux inférieurs rcflent en place , dans l'Ac-
cord fuivant les deux fupérieurs refient , ÔC
les deux inférieurs defcendent à leur tour ;
ou bien ce fbnc les deux 'doigts extrêmes
qui fon: le même jeu avec les deux moyens.
On peut trouver encore une fucceflVon
harmonique afctndante par Difibnances >
à la faveiir de la Sixte-ajoutée > mais cette
fucceflion , moins commune que celle don:
je viens de parler , cft plus difficile i mé-
nager , moins prolongée , ëc les Accords
fe lempliflcrnt rarement de tous leurs Sons.
Toutefois la marche des doigts auroit encore
ici fcs règles ; ôc en fuppo^nt un entrela-
cement de Cadences imparfaites , on y
trouveroit toujours , ou les quatre doigts
5>ar Tierces , ou deux doigts joints : dans
e premier cas , ce f roit aux deux inférieurs
à monter , & enfîiite aux deux /iipérieurs
akemativemcnt : dans le fécond > le fupé^-
D O I 197
rîeur des dçux doigts joints doit monteur
avec celui qui t^ft au-defTus de lui , & s'il
n'y en a point y avec le plus bas de tous >
&c.
On n'imagine pas jufqu'àquel point l'c-
tude du Doigter , priiè de cette manière ,
peut faciliter la pratique de l'Accompagiic-
ment. Après un peu d'exercice les doigts
prennent infeniîblement l'habitude de mar-
cher comme d'eux-mêmes i ils prériennen:
l'efprit & accompagnent avec une facilité
qui a de quoi furprendre. Mais il faut con-
venir que l'avantage de cette méthode n'cft
pas fans inconvénient ; car fans parler des
Oftavt's & des Quintes de fuite qu'on y
rencontre à tout moment , il ré ulte de tout
ce rcmpliflage une Harmonie brute & dure
dont Toreille eft étrangement choquée ,
fur-tout dans les Accords par fuppofiiion.
Les Maîtres enfeignent d'autres man'eres
de Doi ter y fondées fur les mêmes prirci^
pes , fujtttcs y il eft vrai , à p'us d'excep-
tions ;*mais par lefquclles retranchant des
ions , on gène moins la main par trop d'ex-
ten(ion , Ton évite les Odaves & les Quin-
tes de fuite , & l'on rend une Harmonie ,
non pas aufli pleine > mais plus pure ÔC
plus agréable.
DOLCE, (Voyez D.)
DOMINANT , adj. Accord Dominant
oufenfible eft celui qui fe pratique fur la
Dominante du Ton , & qui annonce laCa-
d.-nce parfcite. Tout Accord parfait majeur
devient Dominant , fi-tôt qu'on lui ajoute
la Septième mineure.
19$ D O M
DOMINANTE , / /. Ccft y des trois
Notes elTentielles du Ton , celle qui eft une
Quinte au-deflus de la Tonique. La Toni-
que & la Dominante déterminent le Ton;
elles y font chacune la fondamentale d'un
Accord particulier ; au lieu que la Médian-
te , qui conftitue le Mode , n a point d'Ac-
cord à elle ^ & fait feulement partie de celui
de la Tonique.
M. Rameau donne généralement le nom
de Dominante à toute Note qui porte un
Accord de Septième , & diftingue celle qui
porte TAccord fenfible par le nom de 2?o-
minante-Toniquey maisà caufe de la longueur
du mot cette addition n eft pas adoptée des
Artiftes, ik continuent d'appeller fimple-
ment Dominante la Quinte de la Tonique ,
& ils n'appellent pas Dominantes , mais Fon-
damentaksy les autics Notes portant Ac-
cord de Septième j ce qui fufïït pour s'ex-
pliquer, & prévient laconfudon.
DOMINANTE, dans le Plain-Chant , eft
la Note que Ton rebat le plus fbu^ient , à
quelque Degré que l'on (bit de la Tonique.
Il y a dans le Plain-Chant Dominante Se To^
nique ^ mais point de Médiantc.
DORIEN , adj. Le Mode Dorien étoit
un des plus anciens de h. Muiique des Grecs,
& c'étoit le plus graye ou le plus bas de
ceux qu'on a depuis appelles authei. tiques.
Le Caraftere de ce Mode étoit férieux &
fjrave , mais d'unç gravité tempérée ; ce qui
e rendoit propre pour la guerre & pour
les fujets de Religion.
D O tr 23f
Tlaton regarde la majefté du Mode D»*
r/e/t comme très-propre à conferver les bon-
nes mœurs > & c'eft pour cela qu'il en pcr*
met fufage dans fa Républiqic.
Il s'appelloit Dêrien^ parce que c'écok
chez les Peuples de ce nom qu'il avoir été
d'abord en u(kge. On attribue Vinvcâtion
de ce Mode à Thamiris de Thrace , qui «
ayant eu le malheur de défier les Mules ,
& d'être vaincu > fut privé par elles de là
Lyre 8c des yeux.
DOUBLE , adj. Intervalles Doubks ou
redoublés font tous ceux qui excédent l'éten-
due de l'Oâ:ave. En ce lens la Dixième eft
double de la Tierce , & la Douzième double
de la Quinte. Quelques-uns donnant aufE
le nom d'Intervalles doubles à ceux qui (bat
compofes de deux Intervalles égaux , com-
me la Faufle- Quinte qui eft compofée de
deux Tierces mineures.
DOUBLE , f. m. On appelle Doubks ,
des Airs d'un Chant fimple en lui-même ,
Su'on figure & qu'on double par l'addition
e plufieurs Notes qui varient & ornent le
Chant fans le gâter, C'eft ce que les Italiens
appellent Variaiioni. ( Voy. Variations.)
Il y a cette différence des Doubles aux
broderies ou Fleurtis , que ceux-ci font à la
liberté du Muficien , qu'il peut les faire ou
les quitter quand il lui plaît , pour repren-
dre le fimple. Mais le Double ne fe quitte
point ; & fi- tôt qu'on l'a commencé , il faut
le pourfuivre jufqu'à la fin de l'Air.
DOUBLE eft encore un mot employé à
./
5oo D O XJ
rOp^ra de Paris , pour délîgncr les Aâicurs
en ibus-ordre , qui reniplacenc les premietis
Aâeurs dans les rôles que ceux-ci quittent
par maladie ou par air , ou lorfqu'un Opé-
ra cft fur (es fins & qu'on en prépare un
autre. Il faut avoir entendu un Opéra en
Doubles pour concevoir ce que c'eft qu'un
tel Speâacle , & quelle doit être la patien-
ce de ceux qui veulent bien le fréquenter
en cet état. Tout le zèle des bons Citoyens
François , bien pourvus d'oreilles à Téprett-
ve y fuffit à peine pour tenir à ce détefta-
ble charivari.
DOUBLER, V. a. Doubler un Air, <^eft
y faire des Doubles ; Doubler un rôle , c'eft
y remplacer TAdeur principal. ( Voyez
Double, )
DOUBLEXORDE J. f. Manière de jeu
(ur le Violon , laquelle confifte à touchet
deux Cordes à la fois fàifant deux Parties
différentes. La Double-corde fait fouvent
beaucoup d^ejfit. Il efî difficile de jouer tris»
jufle fur la Double-corde.
DOUBLECROCHE J. f. Note de Mu-
fîque qui ne vaut que le quart d'une Noi-
re , ou la moitié d une Croche. Il feut par
conféquent fèize Doubles- croches pour une
Ronde ou pour une Mefure à quatre Tems.
( Voyez Mesure , Valeur des Notes. )
On peut voir la figure de la Double-
croche liée ou détachée dans la figure 9. de
la Planche D. Elle s'appelle Double-croche ,
à caufe du Double-crochet qu'elle porte à
ù, queue , & qu'il faut pourtant bien dif*
i
tmguer du Double-crochet proprement ^t,
qui &t le fu^et de TArticle fuivant.
DOUBLE-CROCHET,/ m. Signe d'à-
brévîation qui marque la divifion des No-
tes en Doubles- croches , comme le fimplc
Crochet marque leur dividon en Croches
(impies. ( Voyez Crochet. ) Voyez auflî
la figure & l'effet du Double-crochet , Figu-
re lo. de la Planche D. à l'exemple B.
DOUBLE-EMPLOI , f. m. Nom donné
pat M. Rameau aux deux différentes ma--
nferes dont on peut confîdcrer & traiter
l'Accord de fous-Dominante ; (avoir , com-
me Accord fondamental de Sixte- ajoutée,
ou comme Accord de grande-Sixte, ren-
verfé d'un Accord fondamental de Septiè-
me. En effet, ''ces deux Accords portent
cxaélement les mêmes Notes , fe chiffrent
de même , s'emploient fur les mêmes Cor-
des dû Ton > de forte que (buvent on ne
peut difcemer celui que l'Auteur a voulu
employer , qu'à l'aide de l'Accord fuivant
qui le fauve , Se qui eft différent dans l'un
ic dans l'autre cas.
Pour faire ce difcemement on confîdere
le progrès diatonique des deux Notes qui
font la Quinte & la Sixte > & qui , for-
mant entr'elles un Intervalle de Seconde ,
font l'une ou l'autre la Diflbnance de l'Ac-
cord. Or ce progrès eft déterminé par le
mouvement de la Baflè. Si donc , de ces
deux Notes, la* fupérieure eft diffonante ,
elle montera d'un Degré dans l'Accord fui-
vant , l'infërieurc reftera en place , & f Ac-
j« D O U
cord (era une Sixce-ajoutée. Si c'eft VmSé'^
xieure qui eft diflonance , elle defcendra
dans t^ Accord fuivant , la fupérieure reftem
en place , Se l'Accord fera celui de grande*
Sixte. Voyez les deux cas du Doubk^emplm j
Planche D. Fig. ii.
A l*égtrd du Compofîteur , Tufage cull
peut faire du Doubk-emploi eft de conndé-
ler TAccord qui le comporte fous une face
pour y entrer & fous Tautre pour en (br-
tir; de forte qu*y étant arrivé comme à un
Accord de Sixte-ajoutéè y il le fauve com-
me un Accord de grande- Sixte > & réci-
proquement.
M. d'Alembert a fait voir qu'un des
principaux ufàges du Double- ehiploi eft de
ruvoir porter la fuccefCon diatonique de
Gamme jufqu'à TOdlave , (ans changer
4e Mode , du moins en montant 'y car en
defcenc^ant on en change. On trouvera ,
( Planche D. Fig. i}, ) l'exemple de cette
Gamme iSc de (a Bafic-fbndamentale. Il eft
évident, felon^ Syftême de M. Rameau >
que toute W^çcçmon harmonique qui en
réfulte eft dans le même Ton ; car on n'y
emploie, à la rigueur, que les trois Ac-
cords , de la Tonique , de la Dominante ,
& de la fous- Dominante \ ce dernier don-
nant par le Double-emploi celui de Septiè-
me de la féconde Note , qui s'emploie fur
la Sixième,
À l'égard de ce qu'ajoute M. d'Alem-
bert dans (es Elémens de Mufique , pagt
8q. 8c qu'il répète dans l'Encydopédlie ,
D O U )03
Article DouhU'emploi \ (avoir ^ que VAc-
côrd de Septième re fala ut^ quandmême
on le regarderait comme renverfé oc fala
ut rcj ne peut écre fuivi de PAccord u$
mi fol ut y ]t ne puis être de fbn avis fur
ce pointai
La preuve qu il en donne efl: que la>
Diflbnance ut du premier Accord ne pe^^
être fâuvée dans le lecond j Se cela eft vrai ,
puifqu elle refte en place : mais dans cec
Accord de Septième re fa la ut renverfé
de cet Accord fa la ut re de Sixte-ajoutée ,
ce. n eft point ut , mais re qui «ft la Dif-
fbnance ; laquelle , par coniéquent , doit,
être (àuvée en montant fur mi, comme
elle Élit réellement dans l'Accord fuivant;
tellement que cette marche eft forcée dans
la Baflè même , qui de re ne 'pourroit iâns
&ute retourner ii ut , mais doit monter à
mi pour fauver la Diflbnanee.
M. d'Alembcrt Élit voir enfuîte que cet.
Accord re fa la ut ^ précédé *& fuivi de.
celui de la Tonique, ne peut sautorifer
par \e Double-emploi ; & cela eft encore très-
yrai , puifque cet Accord , quoique chifiré
d'un 7. n'eft traite comme Accord de Septiè-
me , ni quand on y entre , ni quand on
en fort , ou du moins qu'il n'eft point né-
ceflàiredc le traiter comme tel , mais fîmple-
ment comme un renverfement de la Sixte-
ajoutée , dont la Diflbnanee eft à la Eafle ;
fur quoi l'on ne doit pas oublier que cette
Diflonance ne fe prépare jamais. Ainfi ,
quoique daus un tel paiÎQ&ge U ne foit pas
1Ô4 0 ô Û
3\)eftioti ^u DouhU-emplôi , que l'Accofi
e Septième n'y (bit qu'apparent ic impof-
(ibie à fauvef dans les règles , cela n'em-^
f éche pas que le pàflàgc he foit bon & ré-
gulier , comme je viens dé le prouver aui
Théoriciens, & comme je vais le prouver
. aux Ârtiites , par uii exemple de ce pafla*
ge y qui rarement ne fera condamné d au-
cun d'eux , ni juftifié par aucune autre BaC*
fê- fondamentale que la mienne. ( Voyez
Flanche D. JRr^. 14* )
J'avoue que èe rcnverfement de l'Accord
de Sixte-ajôutéc , quitranfporte la Diflbnance
à la Bade , a été blâmé par M. Rameau :
cet Auteur , prenant pour Fohdamental l'Ac-
cord de Septième qui en réfulte, a mieux
^mé faire defcendre Diatoniqùemént la BafTe^
fondamentale*, & fauvet une Septième par
une autre Septîtme ^ que d'expliquer cette
Septième par un rêrtvertement. jf'avois relevé
cette erteur & beaucoup d'autres dans des
papiers qui depuis lohg-rems avoient paflï
dans les mains de M< d'Alèmbert, quand il
fît Ces Élcmcns de Mufique î de ibrte que
ce n'tft pas (on fèntiment que j'attaque,
c'eft le mien que je défends.
Au rsfte, en ne fauroit ufer avec trop
de réferve du Doable-emploi , & les plus
grands Maîtres font les plus fobres à s'en
lervirj
DOUBLE-FUGUE ,/ f. On feit une
Double Fugue y lorfqu'à la fuite d'une Fi:gue
déjà annoncée , on annonce une autre Fugue
d'un deiTein tout différent > & il faut qvut
cette
D OU ^os
cette féconde Fus^ue aie fa réponfç & fes
rentrées ainfi que fa première ; ce qui ne peut
gueres fe pratiquer qu'à quatre Parties,
(Voyez Fugue.) On peut, avec plus de
Parties , faire entendre à. la fois un plus
grand nombre encore de différentes Fugues :
mais la confufion eft toujours à craindre ,
& c'eft alors le chef-d'œuvre de Tart de les
bien traiter. Pour cela il feut , dit M. Ra-
meau 5 obferver autant qu'il eft poflîble , de
ne les faire entrer que Tune après l'autre i
(ur-tout la première fois , que leur jprogref-
fion foit renverfée, qu'elles fbient caradé-
rifées différemment , & que fi elles ne peu-
vent être entendues enfemble , au moins uhe
portion de l'une s'entende avec une portion
de l'autre. Mais ces exercices pénibles font
plus faits pour les écoliers que pour fes maî-
tres y ce font les femelles de plomb qu'on at-
tache aux pieds des jeunes Coureurs pour les
faire courir plus légèrement quand ils en font
délivrés.
DOUBLE-OCTAVE,/./ Intervalle corn-
pofé de deux Odaves , qu'on appelle autre-
ment Quinzième , & que les Grecs appelloient
Difdiapafon^
La Double-OSave eft en raifon doublée' de
l'Odave fimple, & c'eft le feul Intervalle
qui ne change pas de nom en fe compofànt
ftvec lui-même.
pOUBLE^TRIPLÉ. Ancien nom de la
Triple de Blanches ou de la Mefure à trois
pour deux , laquelle fe bat à trois Tems , Se
contient une Blanche pour chaque Tems.
Di3, de Majique, Tome I. V
^aé D O U
Cette Mcfure n'eft plus en u(âge qu'en France,
où même elle commence à s'abolir»
DOUX, tf^\ pris adverbialement^ Ce mot
en Muflque eu oppofë à Fort , ôc s'écrit au-
àtSus des Portées pour la Mu£que Françoi(è>
& au-dcfibus pour llu^enne dans les en*
droits où l'on veut ^re diminuer le bruit >
tempérer 8c radoucir l'éclat & la véhémence
du Son, comme d^His les Echos, Se dans
les Parties d'Âccompaginement. Les Italiens
écrivent Dôke & plus communément Pian^
dans le même fens -j mais leurs Puriftes en
Muiique fbutiemiefii: qiie ces deux mots- ne
&>nt pas fynoDymes , & que c eft par abi»^
que plufieurs Auteurs les emploient comme
tels. Ils dî(ènt que Piano fignibe (implement
nne modération de Son> une diminution de
bruit j mais que Doke indique , outre cela >
une manière de jouer /vi) fiave , plus douce»
f lus liée , & sépondrât à^peu-près au moe
Zouré des François»
Le Doux a trois nuances qu'il faut hUtn
diftinguer > favoir , le Demi-Jeu , le Doux >
& le /r^j-I>02/;r. Quelque voiunes que paroil^
iênt être ces trcHs nuances , un Orcheftre en>-
tendu les rend très - feniibles 6c très-dif*
nnâres.
DOUZIEME ,/; f. Intervalle compofé dû
cnz!e Degrés conjoints, c^eft^à-dire de Douxe
Sons diatoniques en comptant les deux eXi*
trémcs : c'eft l'OâCavé de la Qutnce. (Voycx
Quinte.)
Toute Corde fbttore rend, avec le Son
principal , celui de là Douipeme , plutôt qut
D R A 1507
celui (le la Quinte , parce que cette Douzième
eft produite par une aliquote de la corde en-
tière qui eft le tiers ; au lieu que les deux
tiers, qui donneroient la Quinte, ne font
pas une aliquote de cette même corde.
•DRAMATIQUE , adj. Cette épithete fe
donne à la Mu(ique imitative, propre aux
Pièces de Théâtre qui fe chantent , comme
les Opéra. On Pappelle auflî Mufique Lyri-
que. (Voyez Imitation.)
DUO yf. m. Ce nom fe donne en général
à toute Mufique à deux Parties î mais on en
reftreint aujourd'hui le fens à deux Parties
récitantes , vocales ou inftrumcntales , à Tex-
clu(îon des (impies Accompagnemens qui ne
font comptés pour rien. Ainfi l'on appelle
Vuo une Mufique à deux Voix , quoiqu'il y
ait une troifieme Partie pour la Baffe-conti-
nue , &: d'autres pour la Symphonie. En un
mot, pour conftituer un Duo il faut deux
Parties principales , entre lefquelles le Chant
foit également diftribué.
Les règles du Duo 6c en général de la Mu-
fique à deux Panies , foj^t les plus rigou-
reufes pour l'Harmonie ; on y défend plu-
fieurs partages , plufieurs mouvemens qui (è-
roient permis à un plus grand nombre de
Parties : car tel paffage ou tel Accord qui
plaît à la iaveur d'un troifieme ou d'un qua-
trième Son , fans eux choqueroit Poreille.
D'ailleurs , on ne feroit pas pardonnable de
mal choifir , n'ayant que deux Sons à pren-
dre dans chaque Accord. Ces règles étoient
fnc#re biea plm féyeres autrefois ; mais cm
V i
5p8 duo
stcft relâché fur tout cela dans ces derniers
tsms où tout !e inonde s'eft mis à compofèr.
On peut envifager le Duo (bus deux ai^
peâs ; fkvoir^ iîmplcment comme un Chant
à deux Parties , tel par exemple que le premier
verlet du Si^d^ de Pergolèlè > Duo le plus
par&it 8c le plus touchât qui (bit ibrci de la
plume d'aucun Mufiden } ou comme partie
de la Muiique imitative Se théâtrale y tels que
font les Duo des Scènes d'Opénu Dans l'un
& dans l'autre cas ^ le Duo eft de toutes les
fortes de Mufiquecelle qui demande le plus
de goût , de choix» & la plus difficile à traiter
fans fortir de l'unité de Mélodie. On me
permettra de faire id qudques obfervations
fur le Duo Dramadque , dont les difficultés
particulières fè joignent à celles qui fbnt corn*
munes à tous les Duo.
L'Auteur de la Lettre fur l'Opéra d'Om-^
phak a fènfémoit remarqué que les Di/ofbnt
hors de la nature dans la Muiique imitadve :
car rien n'eft moins naturel que de Toir deux
perfbnnes (e parler à la fois durant un certain
tems , (bit pour dire la même chofe , (bit pour
(t contredire > fàns'Jamais s'écouter ni fc ré-
pondre ; & qur.nd cette fuppofition pourrait
s'admettre en cenains cas > ce ne feroit pas du
moins dans la Tragédie , où cette indécence
n'eft convenable ni à la dignité des perfonna*
Î5es qu'on y fait parler , ni à l'éducation qu'on
eur fuppofe. Il n'y a donc que les tranfports
d'une paflîon violente qui puiflènt porter deux
Interlocuteurs héroïques à s'interrompre l'un
l'autre > à parler tous deux à k fois i & même»
DUO ;#5)
tn pareil cas , il eft très-ridicule que ces di£.
cours (imulranés ibienc prolongés de manière
à faire une fuite chacun de leur côté.
Le premier moyen de (auver cette abfur-
dité eft donc de ne placer les Duo que dans
des ficuations vives & touchantes , où l*agî-
tation des Interlocuteurs les ietce dans une
forte de délire capable de faire oublier aiix
Speftateurs & à eux-mêmes ces bienféancçs
théâtrales qui renforcent Tillufion dans les
fcenes froides , Se la détruifent dans la cha-
leur des paflions. Le fécond moyen eft de
traiter le plus qu'il eft poffible le Duo en
Dialogue. Ce Dialogue ne doit pas être phrafé
& divifé en grandes périodes comme celui du
Récitatif, mais formé d'interrogations , de
réponfes, d'exclamations vives & courtes,
qui donnent occafion à la Mélodie de pailer
alternativement & rapidement d'une Partie
à l'autre , fans cefler de former une fuite que
l'oreille puifle faifir. Une troifieme attention
eft de ne pas prendre indifféremment poujr
fujets toutes les paillons violentes > mais feu-
lement celles qui font fufceptibles de la Mé-
lodie douce & un peu contraftée convenable
au Duo , pour en rendre le chant accentué
.& l'Harmonie agréable. La fureur , l'empor-
tement marchent trop vite ; on nediftinguc
rien > on n'entend qu'un aboiement confus j,^
& le Duo ne &it point d'effet. D'ailleurs y. ce
retour perpétuel d'injures , d'infultesconvicn-
droit mieux à des Bouviers qu'à des Héros ,
& cela redèo^letout-à- fait aux fànfàronades'
àt sens qui veulent fe faire plus de peur que
V i
510 DUO
denuL Vien meim encore £uit-3 employer
CCS propos douccretix A'imas , de c/tûines,de
fiammts ; jargon^at & ttoià que la pa(l!oii
ne connut îamats» & dont la bonne Mufique
n'a pas plôs beiom qw la bonne PoéHe»
Llt^bnt d'one f^puatioo > celui où Tun des
deux Amans yzWê, mort on dans les bras
d^un antre , le icCDor (incere d'un infidèle >
le touchant confiât d'one mère & d'un fils
Toulant mourir fnn pour f autre ; tous ces
momcns d'affliflion où fbn ne laiflè pas de
Tcrfcr des larmes dciicieufcs: voiU les vrais
fujecs qu'il faut traiter en Duo avec cette fim«
plicicé de paroles qui souvient au langage
du cceur. Tous ceux qui ont firéquenté les
Théâtres Lyriques fâvent combien ce fèul
mot ûddio peut ezdter d'attendriflêment &
d'émotion dans tour un Speâacle. Mais fi-tôc
qu'un trait d'efprit ou un tour phrafé (e
hiSSc appercevoir , à l'inftant le charme eft
détruit» & il £uit s'ennuyer ou rire.
Voilà quelques-unes des obfèrvations qui
regardent le Poëte. A l'égard du Mufiden ,
c'eft à lui de trouver un chant convenable au
fujet» & diftribué de telle forte que^ cha*
cun des Interlocuteurs parlant à Ion tour 9
toute la fuite du Dialogue ne ferme qu'une
Mélodie 9 aui> (ans dianger de fujet^ ou
du moins Uns altérer le mouvement, paflè
dans fbn progrès d'une Partie à l'autre , fans
ceflêr d'énre une & fans enjamber. Les Duo
qui font le {dus à'tSti font ceux des Voix
^;ales» parce que l'Harmonie en eft {dus rap«
prochée > & entre ks V(mx égales > celles qui
DUO
1"
I
Tom le plus (fefFet fbnc les DelTus , parce que
leur Dupafon p'us .;igu Ce rend plus diftin£l,
&quele Son en eft plus louchant. Auflîles
Duo de cette efpecc font-ils les feuls em-
ployés par les ïulieiis dans leurs Tragédies ,
& je ne doute pis que rufaEc des Caftratî
dans les rôles d'hommes ne foit dil en partie
à cette obfcrvation. Mais quoiqu'il doive y
avoir ég:\Ucé encre les Voix , & unité dans
la Mélodie, ce n'eft pas à dire que lesdeux
Parties doivent être csatSemcnt femblables
dans leur tour de chant : car outre la dîver-
iîté des ftylfis qui kur convient , il eft tr^s-
rare que la (ituation des deux Aâeurs foii
f\ parnicemenT la m^me qu'ils doivent ex-
primer leurs femîmens de la même manière :
ainli le Multcien doit varier leur Accent dC
donrKr à chacun des deux le carat^ïcre qui
peint le mieux l'état de (on arac, iur-tout
dans le Récit alternatif.
Quand on joint enfemble les deux Parties,
( ce qui doit fe faire rarement & durer peu,)
il faut trouver un CKant fufceptîUe d'une
marche par Tierces ou par Sixtes , dans le-
<jucl la féconde Partie faflê fon effet lâns
diftraire de la pfcmiere. ( Voyez Unitf de
MÉLODIE.) Il faut gardet la dureté des Dîf-
fonances , les' Sons perçans Se renforcés ,
le Foniffimo de l'Orcheftre pour des initans
de défordrc & de tranfports où les Aâeurs,
femblant s'oublier eux-mêmes, portent ieut
égarement dans î'arr.e de tout ^peftateiir fcn-
Tible , & lui font éprouver le pouvoir de
fHumonie fobrement ménagée; mais ces
511 DUO
inftans doivent être rares , courts & amenés
avec art. Il faut , par une Mufique douce &
af&âueufe , avoir déjà difpofé î oreille & le
cœur à l'émotion , pour que lune & l'autre
fe prêtent à ces ébranlemens violens , & il
feut qu'ils paflent avec la rapidité qui con-
vien&a notre foibleflè ^ car quand ^agitation
cft trop forte > elle ne peut durer > Se tout
ce qui eil au-delà de la nature ne touche
plus,
\ Gomme je ne me flatte pas d'avoir pu
'me foire entendre par-tout aflèz clairement
dans cet article, je crois devoir y joindre
un exemple fur lequel le Leâeur, comparant
.mes idées, pourra les concevoir plus aifé-
ment. Il eft tiré de l'Olympiade de M. Mé-
taftaCo ) les curieux feront bien de chercher
dans la Mufique du même Opéra , par Pcr-
Çolèfe, comment ce premier Muncicn de
Ion tems & du nôtre a traité ce Duo dont
voici le fujet.
Mégaclès s'étant engagé à combattre pour
fon ami dans des jeux où le prix du vain-
Gueur doit être la belle Ariftée, retrouve
dans cette même Âriftée la maîtreiTe qu'il
adore. Charmée du combat qu'il va foute*
nir & qu'elle attribue à (on amour pour
elle y Ariftée lui dit à ce fujet les chofes les
plus tendres , auxquelles il répond non moins
tendrement; mais avec le défcfpoir fccret
de ne pouvoir retirer fa parole , ni k dif-
Ktifer de faire , aux dépens de tout fon
nheur , ^ celui d'un ami auquel il doit la
vie. Ariftée 3 alarmée de la douleur qu'elle
DUO jM
lit daias Tes yeux y & que confirment Tes
difcours équivoques 6c inteirompus , lui té-
moigne (on inquiétude > & Mégaclès ne
pouvant plus fuppoiter , à la fois , Ton dé-
lefpoir & le trouble de (à maîtreÔè , part
fans s^expliquer & la laiflè en proie aux plus
vives craintes. C'eft dans cette fituation qu*ib
chantent le Duo fuivant.
MÉGACLÉS.
^ Mia vita ...... addiOé
Ne* giornl moi felici
Ricordati di me,
• A R I S T É £•
Terchè cofi mi dici ,
Anima mia , perché ?
M É G A C L É S.
Taci y beW Idol mio.
A R I S T É E.
T aria y mio dolce amor.
ENSEMBLE.
Megacles. Ah ! che parlando,!
AkistÛe. Ah! cke tacendo y J^^^^^^
Tu mi traffigi il cor /
>i4 X> U a
A RISTÉ £, àfért.
th iiifiaA S Jm languir f
UÉG A CLÉS» ipart.
JX gAfm mi Mwrp $
E momkfogS^Jir!
ENSEMBLE.
Cti mÊÊÊ fr990 a fÊi^
Jrii MifMfo monrz
Ken coe tout ce Dnlogue (cmUc n'être
qQ\ine mite de la Sczne, ce qui le raffembie
en UR (cul I>;«9 > c'eft Tunité de DeCfein par
kqudte le Mufioen en réunie toutes les Par*
tics y lekm l'intention du Poëte.
A regard des Duo Bouffons qu'on emploie
dins les Intermèdes & autres Opéra comi-
ques » ils ne font pas communément à Voix
^^es , mais entre £aflè & Detfus. S'ils n ont
pas le pathétique des Duo tragiques, en re-
vanche ils font rufcepdbles aune variété
plus piquante » d*acceos dlus ditferens & de
draaercs plus marqués. Toute la gentilleflè
de la coquetterie , toute la charge des rôles
à manteaux» tout le contrafte des fottifes
de notre (èxe & de la rufe de 1 autre » en-
fin toutes les idées acceflbires dont le fujec
DUO ,îr
eft fufcêptîbk ; ces chofcs pcuvtnt concou-
rir toutes à jetter de l'agrcnieot & de l'in-
térêt dans ces Duo, oont les règles (ont
d ailleurs tes mêmes que des orécédens , en
ce qui regarde le Dialogue & i unité de Mé-
lodie. Pour trouver un Duo comique par-
fait à mon gré dans toutes Tes Parties, je
ne quitterai point TAuteur immortel qui
m'a fourni les deux autres exemples , mais
je citerai le premier Duo àt\^Serva Padronai
lo conofco a quegV occhietti , frc. & je le ci-
terai hardiment comme un modèle de Chant
agréable , d'unité de Mélodie , d'Harmonie
/impie , brillante & pure , d'accent , de dia-
logue & de goût ; auquel rien ne' peut man-
quer y quand il fera bien rendu , que des
auditeurs qui fâchent l'entendre & l'eftimer
ce qu'il vaut.
DUPLICATI9N , / /. Terme de Plaîn-
Chant. L'Intonation par Duplication (è fait
par une (brte de Périélèfe , en doublant la
pénultième Note du mot qui termine l'In-
tonation ) ce qui n'a lieu que lorfque cette
pénultième Note eft immédiatement au-
deflbus de la dernière. Alors la Duplication
fert à la marquer davantage , en manière de
Note fenfible.
DUR , ad]. On appelle ainfî tout ce qui
blefle l'oreille par (on âpreté. Il y a des
V oix Dures & glapiflàntes , des Inftxumens
aigres & Durs , des compofitions Dures.
La Dureté du Béquarre lui fit donner autre-
fois le nom de B Dur. Il y a des Intervalles
Durs dans la Mélodie > tel eft le progrès
iqoe destnâsTons, ùùt en mMituic
{ail en dcCcendam ; & telles lônt en géoéal
tDOtes les Fao^ - Rebnons. H 7 a dans
l'Hancoaîe des Acoonb Durs; tels qae fboc
le TiRoo, la Quinte fiipcrfliiCj &cn géné-
ni Eoaics les Diflcnancn nuîciires. La Du-
mé prodiçaéc icrohe FoidUe & rend une
Itlaâqar dc£igtâUe; màs menace avec
ait, dk fcn m dù-aUcni, &^oute à
rcxfceîEoo.
E C B }i7
E
E
fi mi y E la mi y ou /împlexncnt E. Troî-
fieme Son de la Gamme de rArécin , que
Ion appelle autrement JM?. (Voyez Gamme.)
ECBOLÉ y ou Elévation. Cétoit , dans les
plus anciennes Mufiques Grecques, une alté-
ration du Genre Enharmonique , lor(qu'une
Corde étoit accidentellement élevée de cinq
Dièfes au-de(Iusde (on Accord ordinaire.
ÉCHELLE, f.f. C'eft le nom qu'on a
donné à la fucceflîon Diatonique des fept
Notes , ut re mi fa fol la fi y de la Gamme
notée , parce que ces Notes (e trouvent ran-
ges en manière d'Échelons fur les Portées
e notre Mufique.
Cette énumération de totis les Sons Dia«
toniques de notre Syftême , rangés par or-
dre , que nous appelions Echelle , les Grecs
dans le leur l'appelloient Tétracorde , parce
qu'en effet leur Echelle n'étoit compofée que
de quatre Sons qu'ils répétoient de Tétracor-
de , en Tétracorae comme nous faifons d'Oc-
tave en Odave. ( Voyez Tétracorde.)
Saint Grégoire fut , dit- on , le premier qui
changea les Tétracordes des Anciens en un
Eptacorde ou Syftême de fept Notes; au
bout defquelles , commençant une autre
06kave , on trouve des Sons (èmblables ré-
pétés dans le même ordre. Cette décou-
verte cft très-belle ;» Se il femblcra Angulicr
5iS £ C H
que les Grecs , qui voyaient fort bien les
propriétés de l'Oébve , aient cru , malgré
cela, devoir refter attachés à leurs Tetra-
cordes. Grégoire eicprixna ces fept Notes
avec les fepc jureroieres lettres de l'Alphabcc
Latin. Gui Ârédn donna de$ noms aux fix
fremieres ; mais il neigea 4'en donner un
la fèptieme » qu'en France on a depuis
appellée /f , & qm p'a point encore d'autre
nom que S mi, chez la plupan des Peu-
ples de l'Europe.
Il ne faut pas croire que les rapports des
Tons & femi-Tons dont l'Echelle eft com-
pofce , (oient de$ choies purement arbitrai-
res, & qu^on eût pu, par d^autres divifions
tout aum bonnes , donner aux Sons de cette
EcheLe un ordre & des rapports difFérens»
Notre Syftême Piatonique eu; le meilleur à
certains égards , parce qu'il eft engendré par
Içs Confonnances &c par les différences qui
font entr'ellès. " Que l'on ait entendu pîu-
^eurs fois , dit M. Sauveur , l'Accord de
39 la Quinte & celui de la Quarte , on eft
^^ poné naturellement à imaginer la diffé-
^, rence qui eft entr'eux^ elle s^unit&fè lie
^, avec eux dans notre e(prit & participe à
^, leur agrément : voilà le Ton majeur. Il
3, en va de même du Ton mineur , qui eft
,, la différence de la Tierce mineure à la
,, Quarcçi&du fêmi-Ton majeur, qui eft
^, celle de la même Qiiarte à la Tierce ma-
,^ jeure. Or le Ton majeur , le Ton mineur
Se le femi-Ton majeur , voilà les Degrés
Diatoniques dont notre Echelle eft compofée
félon les rapports fuivans.
ECH 319
ni ce Ss ^i «i nâ Is
^g ^8 ^S "^g "^6 6 gg
Vt Re M Fa Sol La Si Ut.
i_ H il X ± A li
9 16 16 9 ro 9 i(
Pour fidre la preuve de ce calcul , îl fout
compofer tous les rapports compris entre
deux termes con(bnnans> & l'on trouvera
que leur produit donne exaâ^wnent le rap-
port de la Confonnance ; & fi l on réunît
Cous les termes de V Echelle, on trouvera le
rapport total en raifon fous - double ; c'eft-
à-dire , comme 1 eft à i : ce qui eft en effet
fc rapport exaft des deux termes extrêmes ;
c*eft-à-dire de l'ut à fon Odave.
'V Echelle qu'on vient de Voir eft celle
qu'on nomme naturelle ou Diatonique ; mais
fes modernes , divifant fcs Degrés en d'autres
Intervalles plus petits , en ont tiré une autre
JSi:Ae//c qu'ils ont appelléc Schelle femr-To*
nique ou Chromatique ^ parce qu'elle pro-
cède par fcmi - Tons.
Pour formes cette Échelle , on n*a fait que
partager en deux Intervalles égaux ou fup«
M>fés cds i chsieun des dnq Tons entiers de
rû£bave , fans diftin^ticr le Ton majeur da
Ton mineur j ce qm , svcc les deux femi-
Tons majeurs qui s^y trou voient déjà, fait
une fuoce(ïîonde douze femi-Tonsfar treize
Son» coiiféctttîf» d'une Od^t à loutre.
ixo E C ri
L'aûge de cette Echelle eft de donner let
moyens de moduler (or telle Note qu'on veut
choilir pour fondamentale , & de pouvoir ,
nonr-fculement fidre fiir cette Note un Inter-
valle quelconque, mais^y étabUr une Echelle
Diatonique , (embbble à V Echelle Diatonique
de Yut. Tant qu'on s'eft contenté d'avoir pour
Tonique une Note de la Gamme pri(e à vd«
lonté , uns s'embarraflTer Ci les Sons par lef-
quds devoir padèr la modulation , ctoient
avec cette Note , & entr'eux , dam les rap*
ports convenables , V Echelle (èmi - Tonique
étoit peu néceflàire > quelque^ Dièfe , quel-
queyi Bémol compofbieiit ce qu'on appeliôit
les Faites de la Mufique : c'étoient feulement
deux touches à ajouter au Oavier Diatonique.
Mais depuis qu'on a cru ièntir la néceflîcé
d'établir entre les divers Tons une fimilitude
parlEùte , il a fallu trouver des moyens de
tranfponer les mêmes chants & les mêmes
Intervalles plus haut ou plus bas, félon le
Ton que Ton choi£lTbit. h* Echelle Chroma-
tique eft donc devenue d'une nccertîté indif-
penfable ; & c eft par fbn moyen qu'on porte
un chant fur tel Degré du Clavier que ion
veut choidr , Se qu'on le rend exaâement
fur cette nouvelle poiition tel qu'il peut avoir
été imaginé par un autre.
Ces cinq Sons ajoutés ne forment pas dans
la Mufique de nouveaux Degrés : mais ils
fe marquent tous fur le Degré le plus voi-
(in > par un Bémol fi le Degré eft plus haut ;
par un Dièfè s'il eft .plus bas : & la Note
prend toujours le nom du Degré fui lequel
die
E C H 311
tUe cft pkcce. (Voyez BImol & Dîese.)
Pour aflîgner maincenant les rapports de
ces nouveaux Intervalles, il faut favoir que
les deux Parties ou £èmi-Tons qui compo-
fent le Ton majeur , font dans les rapports
de 15 à 16 & de 128 à i^f ; & que les deux
qui compofent auflî le Ton mineur font
dans les rapports de 1 5 à 1 6 & de 24 à 2 p
de forte Qu en divifant toute TOdtave félon
l'Echelle (etni - Tonique , on en a tous les
termes dans les rapports exprimés dans la FL
L. Fig. 1,
Mais il Ikut remarquer que cette divifion ,
tirée de M. Malcolm , par.oît à bien des
égards manquer de juftefle. Premièrement,
les femi-Tons qui doivent être mineurs y
font majeurs , & celui du fol Dièfe au la ,
qui doit être majeur, y eft mineur. En fé-
cond lieu , plufieurs Tierces majeures ,
comme celle du la à Vut Dièfe, Se dix mi
au fol Dièfe, y font trop fortes d'un Gom-
ma; ce qui doit les rendre infupportables.
Enfin le femi-Ton moyen y étant fubftitué
^ fèmi-Ton maxime , donne des Interval-
les faux par-tout où il eft employé. Sur quoi
l'on ne doit pas oublier que ce femi-Ton
moyen eft plus grand que le majeur même;
c*eft-à-dire, naoyen entre le maxime & le
majeur. (Voyez Semi-Ton.)
Une divifion meilleure & plus naturelle
feroit donc de partager le Toa majeur en
deux femi-Tons, l'un mineur de 24 à 2y ,
& l'autre maxime de 2 j à 27, laiifant le Toa
inineui divifé en deux iemi-Tons , l'un ma-
JDiâs de Mafique. Tome l. X
I
I
iri ECH
fr^ 5: Tiorre skeir» oûcœx^ dais laTj^
Tvx-i^^as^ 4» vitaacKt Je deux aarre* nw
fc;r.g^ je dt^ièr l'VkfctTe pu iVciî-Tons*
Li gcrnnViFe t^ Ssc ca praiinc uiiq
:;f lc!i ôcuxcsnEbaJcToii m^iu ^ Se una
? sscz:^ oeox itft Toa mîrciir, cuî divile
I :k w jc:rr Toa ea dbn (^mî-Tons pre&
«çtae <»c2£l: jûià £eToQ maiaur l câ divi(â
^^ t^ '^ ir «tnc^^^^^sbécNjiRnKixc, les nombrt)
Kpff^escac ks ioBE^wns <Ls Corics ; mais
^t£trd ils KTcèœteat (es TÎbfadaiis^ ks
i?e«r2!ctQES dp» Gxds Iboc léôpioqttcs 8c
«CL 7r.*co£tBjo iuCTraafti.|ne, comme iffyi
ce cdi laist de fina snnd taci - Ton au
l>^ a s^îr^: iftmâae le Tod mineur ^
ir >*:^i *V x*kM3et>j*-Kîs«nc en deux firmi-
Toav {î 5. î^ X oa iêdpc«>qiKfmcnc i i| i^:
s v;ic:tf iirciie vfviikxi n*eft pts har-
1'
rciï.ï rCVfctre oir-^ caknlée dorme les
^\t. MÎrîort n^porte^ v!ins îcsTranûdionf
Pfe:\v'>v:*htctK5 . qa*d i fitc dcnnc la Société
Rov:l^ cîw djêrsence de crtce EchcBt fur
drs v.\.ri« d.vi'e^ eticVem^nr (clon ces
Sr^^çVMk>tti * A: ^tt iU« fuient parfaitemcnc
jccvri ivec d^aarres Intlnimîîns toiicli^
(or U:s^ ca?t.^ur:^> catù». M« Maicolm ajouce
<jj i>yi:xç Ciîculé 5: compare ces rapports , 'à
c't ::v»va loa p&» u^mà nombre de £iii«
te«
w
îaam cène P.chelh, qoe dans la précédfntci
ïnais que les errcnrs ctuient confidéraUc*
tBcnt moindres ; ce qui Eiîr conipenrarion.
Enfin 1 awrrc Fchelk ferai - Toniqac etl
C*lte des Ariftoxéniem, dont !e P.MerfcnnC
a traita fûrr au long , & que M. Rameau
aieméderenouvelierdans ccsdermers rems.
Elle confifte à divUer géométriquement l'Oo-
tiTc par orne moyennes proportionnelles en
idouze femi-Tons parfaitement cgaui. Com-
me les rapports n'en font pas rationnels,
5« ne donnerai point ici ces rapports qu'on ne
peut exprimer que par Li formate même»
ou par Its logarithmes des termes de U
Çogrelfion entre les extrêmes i &:i, (Voyez
EMPÉRÂMENT.)
Comme au Genre Diatonique & au Chro-
inatiquc, tes Harmoiiiftes en ajoutent un
taroifiemc, favoir l'Entiaraionique , ce troi-
fieme Genre doit avoir aaffi fon P.chelle du
moins par Tuppolltion: car quoique les In-
tervalles vraiment Enharmoniques n'cxiftent
point dans notre Clavier, il cil: csrtJi'i que
tout paflàge Enharmonique les fuppofê , St I
que l'cfprit corrigeant fur ce point ta (ei\-i 1
lation de l'oreille, ne paÛe alors d'une idéd .
â l'autre qu'à la fcveur de cet Intervalle
ibus- entendu. Si chaque Ton ctoit exaéfci»
àhoitcompofédedeux femi-Tons mineurs,
tout Imervallc Enharmonique l'eroit nul ,
& ce Genre n'exifteroit pas. Mais Comme
un Ton mineur m^me contient plus da
deux fcmi-Tons mineurs, le complémrilC
de U fomme es ees- deux feiDi - Tons aà
l^lMiB. ■» rtt "«i
ECH
Tdt r cs£-£-cnc tV^afr qn icÉe entre b
D^ de Ll Nac â£ciâaiR, & le Bémol de
)sL mçsôanSy ex pcocxâDDCflC rluEciialIcEiK
rriifiiiiw»ni maîcur &
on nouvcni
les ^yma ai iboc Qe^T*DE-ToN.
Ccrag g^^w.tf'iim cSoât luEic a. toat Lcc-
Mr pçqrujnLgiuà iff ii iif: f&fafe Enhar*
MZOBÎÇK qw /s raInJrr Ac inicice dans la
fùaux L« /^« ^« Ccol qpttdicickcroiit <fe
sxrc Er? Se mot EiaiJk»MOiaQCT.
ECHO >/>)■- Sm iiuioiL oo icflécfaipar
cnoGrps tcttJcy&qiB par^-ft fc icpcte & fe
isumicEe à ftaceffc, CemoCTÎaBcdaGxcc
Oq vç^ anffi Cdb le fira cm la lépé-
ucioii te fcût cncendic
Oa diftâ»ie ics firA» pds en ce (cns,.
eickuxeri«es;U^oir:
1**. L'£:io jÊTy/e qui ne répète la voix
ipi^coe iots» & x''. ÏEcko dombk oa mul-
tfk^ qui répcte ks mêmes Sons deux ou
piobeuis iôsL
Dans les EcAcs bmpîes il y en a de Toiin
jucs, ccft-à-dire, qui ne répètent que le
Son mnJikal & ibucenu ; Se d'autres SyUaU-*
ques y qui répètent auiG la voix parlante.
On peut tirer parti des EckM multiples »
pour former des Aaxxàs 8c de ll^armonie
avec une ieule Voix , en fàiiânc entre la
Toix & i'Sdio uœ cfBcce de Canon donc
E C H jiy
la Mefure doit être réglée fur le Temà qui
s^écoule encre les Sons prononcés & les
mêmes Sons répétés. Cène manière de faire
un Concert à loi tout féal , devroit , fi le
Chanteur étoit habile, & l'Echo vigoureux;
paroître étonnante & prefque magique aux
Auditeurs non prévenue.
Le nom à' Echo fe tranfporte en Mufîque
à ces fortes d'Airs ou de Pièces dans lef-
auelles , à limitation de l'Echo , Ton répète
e tems en tems , & fort doux , un certain
nombre de Notes. Ceft fur l'Orgue qu'on
emploie le plus communément cette manière
de jouer , à caufe de la facilité qu'on a de
faire des Echos fur le Pofitif ; on peut faire
aurti des Echos fur le Clavecin, au moyen
du petit Clavier.
- L'Abbé Brodàrd dit qu'on fe fert quel-
auefois du mot Echo en la place de celui
c Doux ou Piano, pour marquer qu'il faut
adoucir la Voix ou le Son de î'Inftrument ,
comme pour faire un Echo, Cet u(age ne
fubfifte plus.
ÉCHOMETRE , / m. Efpece d'Echelle
graduée , ou de Règle divifée en pluileurs
parties , dont on fe fert pour mefurer la
durée ou longueur des Sons , pour déter-
miner leurs valeurs diver(ès , & même les
rapports de leurs Intervalles.
Ce mot vient du Grec *%•;, Son, & de
l«T^«v, M^fure.
Je n'entreprendrai pas la defcriptbn de
cette machine , parce qu'on n'en fera jamais
aucun ufage , & qu'il n'y a de- bon Echo^
i%â B C L
metPt ifotiaa^ot^ boSkk 8r ukIoU^
Idbknde de U Kkifiqucu Ceux qui voudront
en fiivok ià-defius arauci^, peuveoccou-
<cr le MéoKKRdc XL SauTcur» kifàé
daœ ceux <k fAcidéinie des Socttce^ » ofiAoi
17C1. Ib y tioavcionc deux Echues de
ctnc efpcot ; tune de M. SauTcur , & 1 «upç
de M, Lodié. (Tofa anfi Tacckie Oulo«
DOMETRI, )
EiXYSE ,//: AUifimcnc CÀoh» dttOL
les pk^anoeuDcs Xittbques Grecques» une
akcnDQiidansie Gcnie £nlttrttomque»k>r&
ou'unecofde ^ink acçîdenfeHcBttcnt JaàfS^
de crois Dièies an-defiws de Ion Acooid
Qidkuiir. Aînfi Y&iffc éw k commise
du ^viiè^fmt,
EOIELE »4i^\Lcs Sons Ifcancb étoyy,
chcE les Grecs j ceux de la voix inapfiéda-»
Ue ou parlane ^ qui ne peut feunûr d»
Mdo&j pir qifoluion aijtx Sons Emmeltt
ou Muiicaux.
EFFET ^ f^^fu hnpfcffioii agràUe &
fbftr que pnx'u:t une exceUcme Mnfique
iur iVxpeîtle & t'f'piîf des écouians : ainfi le
icul moc EJk âgnifieen Muùqueungnnd
& bel FjKt. Et Roo-^feulcinent on din d^ln
ouYrage qu'il tâk de VEfiti Qiais on ydif»
^ii^guea , /bus k vtmk de cAc^ ^^^^»
toutes celles où b icn&don pnxhiîse paioît
iiipéiicure aui; inoyeus eœpbyés pour Tex-
dter»
Une longue piatiquepeutapnrcndie àoon-
noi^ fur le papier k$ aok% aEjfn \ mais il
tt"^ a que k Goue qui les iioaye« Cdl k dé-
EGA J27
hût des mauvais Compofitcnrs & dé tous
les Coimncnçans , d'entaffér Parties fut
Parties , Inftrumens fur Iuftrumens , f onr
trouver l'£^^ qwi les fait , & d'ouvrir y
comine difoit un Ancie«i , une grande bou-
ché peur fouffler àoins une petite Flûte^
Vous diriez , à voir leurs Partitions fi char-
gées , fi hériffées , qu ils vont vous furprcn«
dre par 6cs Effets prodigieux , & fi voua
êtes fur pris en écoutant tout cela , c'eft d'et>-
tendre une petite Mufique maigre , cbrtive^
coijfofe y fans Effity 8c plus prière à étour-
dir les oreilles qu^à les remplir. Au contraire 9,
VictW cherche fur tes Partitions des grands Maî-
tres ces EJfas fublimes & saviflans que-produic
leur Mufique exécutée. Cek que les menus
détails font ignorés ou dédaignés du vr^
fente , qu*il ne vous amufe poini par desi
foules d'objets petits & puériles , mais qu'il
vous émeut par de grands Effits , & que
la force & la fimplicLté xéuoies formcrit
toujours fon caraéfcere.
EGAL y adj. Nom donaé par les- Greos:
au Syftême d'Ar fioxène , parce que cet
Auteur divifoit généralement chacun.de fiss:
Tétracordes en trente parties égales > ddnt:
il aflîgiioit enfuite un certain nombre à cha-
cune des trois diyifions du Tétracorde., feloni
k Genre & l'efpece du Genre qu'il vouloit
rublir. (Voyez Genre , Système.)
ÉLÉGIE. Sorte de Nome pour les FlàtcSa^
inventé , dit-on , par Sacadas Argitn.
ÉLÉVATION , / f. Arfis. V Élévation.
de la loai^ ou du pied x en battant la MefuxeL%,
X4
s
|%< E C t
meiffe^ iptVLn^ ottille fendbte & utie ht^
tk^itude 4c la ^âque.. Ceux qui voudront
n favoûrlàrdeÀus davantage^ peuveçt cori'-t
olter le Mémoilede M. Sauveur* suTéré
aam ceux de l'Acâdénûe des Sdenciei ^ année
1701, ils y crouverocii: deux EcMles de
çecce efpece y Tune de M« Sauveur , 6c Tmorc
^e M. Loulié. ( Voyez ^ulfi l'article Chro«
DOMETRE. )
ECLYSE ,/ /: A^gêmen^ Çétoit , éms,
les plus anciennes. Muiiques Grecques > une
akératiiçfidausle Genre Enkarmonique > lor£^
u une corde étçii acçidentetlemenj: abûâSfa
e trois DièCt^ au-deflous de Con Accord
Qrdinaire. Âinfi . \*Eçfyf^ écpit le contraire
du Sponiéaftne^
ECMELÈ ^ adj. Les Sons Bcmtles.iMttiic^
chez les Giec$ ^ ceux de la voix inapprécia-»
ble ou parlante y qui se peui; fournir d»
Mélodie y par oj^poution aMx Sons EmmeUs
ou Muficaux,
EFFET , yi. m; Impreflion agréable &
force que produit une excellente Mofique
ûxt l'oreille & i'efpnç des écoutans : ainfi le
ifeul mot Ej^ égnifie en Muiîque un grand
^ bel Effet. Et nonr feulement on dira d*ttii
ouvrage qu'il &îi de VEffit ; Qiais on y àiC*
^inguera , Tqus le nom de cko/is. fEfftti
tputes celles où la fenfàdon produite paraît
fapérieure aux, moyei^ emi^oyés pour Tex-
citer.
Une longue pratique peucapprendre à oon*
noître fur le papier les choies êî Effet \ mais il
n'y a que le Génie qui les crouve. Cdt kdo*
EGA tî7
fc«t des mauvais Compofitenrs & de tous.
Ks Cotr.mençans , dVnialTer Paiites fur
Parties , Inftrumfns fur iHftxiniers , fonr
trouver l'fi/Sri qui les fuît , & (iouvr.i ,
comme difoir un Arcie» , une graiidf bou-
che peur (biiffler dans une pcciie Fiûcc-.
Vous diriez , à voir leurs P-iititions fi char-
gées , li hériflecs , qu'ils vont vous furpren-
dre par des Eff'is prodigieux , & fi vous
ites (urpris en écoucant tout cela , c tft dVn-
tcndre une pedce Mufique maigre , chécive^
totjfiiiè, fnns Effet, 3c plus propre à étour-
dir les oreilles qu'à les remplir. Au contraire ,
l'ceil cherche fur les Partidens des grands- Maî-
tres ces ^jfiM fublimes& raviflans que produic
leur M ulique exécutée. C'eft que les n-enus.
détails font ignorés on dédaignés du vrai
f.éiiie , qu'il ne vous amufe point par dc-s
ïouks d'objets petits Se puériles, mais qu'il
vous émeut par de grands Ejfèts , & que
la force & la fitr.plicLté réunies fora-cnc
toujours (on caraiftere.
tGAL , arj. Nom donné p,ir tes Grecs
au Syftême d'Ar floxène , parce qac cic
Auteur divifoit générabment chacun de fes
Tétracordes en trente parries égntes , donc
il aflignoit enfuite un certaii nombie à cha-
cune des trois divisons du Tétiacorde , fcloii
le Genre & l'efpece du Gtnre qu'il vouloïc
cta,blir, (Voyez Genre , Système.)
i'XEGIE. Sorte de Nnme pour les Flûtes»
inventé, dit-on, pat Sacadas Atgitn.
ÉLÉVATION , f. f. Arf.^. VÉlévaihn
delà main oudupitd, en battant !a Mefutei,
ELI
&»Je &s'a
- r ^
SOiO^TIE. ^ f.f. Côaok F Air ^one
■»
• i!31lC ^ -JT L^E» en
K3Hnrr « î œ 7ïâa£« pocr achever le
F»^3«r^ ârlTfe::,^;f^o:r> de
IHvyjcr « Lt ft^!L?;xT ^ «r ^^ b Pariiy-
foor OB Lx^ibn»;. Nncç frsryxpxioos aa
anx €<fT^ c:cr3305C ti lâiicc: cectc dnr;lîon.
Lî' t:«crr FsTrhzmT'TT^j.^ eocè: le plos doux
fe ir-xs . i-r rxr^Tr: ^Atrîàiî QoîmifieD.
iî T«.^"ciC Tccr :r::5-,r-ecï? , & h p'oprrt
CCS A'.'^cjcrj m s;:r!:i?ocin^ îînvestion à
Oixnrcc Ffcrxij-er. ^L£s fn Têcracorde,
pkttcix MI DâsûeUaoc de ce. Gœic^ oe
E N H 519
contcnoït que trois Cordes qui formoi<!m
entr'elles deux Intervalles incompofés 5 le
premier d*un femi-Ton , & l'autre d'une
Tierce majeure \ & de ces deux feuls In-
tervalles répétés de Tétracordc en Tétrâ*
corde , réfultoit alors tout le Genre Enhar-
monigue. Ce ne fut qu'après Olympe qu on
s*avi(a d'inférer > à l'imitarion des autres
Genres , une quatrième Corde entre les
<leux premières , pour faire la divifion dont
je viens de parler. On en trouvera les rap-
ports , félon les Syftêmcs de Ptolomée &
d'Arîftoxène, Planche M. Fig. y.
Ce Genre fi merveilleux , fi admiré des
Anciens , &, félon quelques-uns, le premier
trouvé des trois , ne demeura pas long-tems
en vigueur. Son extrême difficulté le fit
bientôt abandonner à mefure que l'Art ga-
gnoit des combinaifons en perdant de l'éner-
gie , & qu'on fuppléoit à la finefle de l'oreille
par l'agilité des doigts. Auflî Plutarque re^
prend-il vivement les Muficiens de fon rems
o'avoir perdu le plus beau des trois Genres ^
ic d'ofèr dire que les Intervalles n'en font
pas fenfibles , comme fi tout ce qui échappe
à leurs fens groffiers , ajoute ce Pniloiopne,
devoit être hors de la Nature.
Nous avons aujourd'hui une forte de
Genre Enharmonique entièrement différent
de celui des Grecs. Il confifte , comme les
deux autres , dans une progreffion particu-
lière de l'Harmonie , qui engendre , dans
la marche des Parties , des Intervalles En-
harmoniques , en employant à la fois ou fuc-
^^ ENH
cei&nsBient encfé d€iix.Noces^«i (anc 1^«»
Ton YuDc de l'attire k Bémol at VmSbàaue:
ic le Dièiê de k fopétieafc. Mas qumm^
ièkm k ngacur des rapports, ce Dîèle tc
ce Bémat dttâènc fenoKr un lurervaile «n-^
tr'eux, (Voyez Echeulë & Qvart-db-
Ton ) cet Imerviik fe ««Te Bid, au moy»
tla Tempérament , qui dans k Syftémie éc^
kb fiât lervkle méane Son à deux uiâgesct
ce oui n'empêche pas cpi'an tel na&g^ ùa
momùTc > par k fi>rce de k Modukaon t€
de iTkrmome s une fnortie de l'ttfet quon
cherche dans klTr^mÂtions EnhrnimamfneK
Coamic ce Genre ciftaflcs peu connu «&
que nos Auteurs le (ont oamemés d'en deo^
ncr quelques nedons trop fucirâiâes, )e crois,
devoir f expliquer ià un peu plus au kiig.
U feut remarquer d'abord que Vheoàt^
de Septième <&niraiée eft k km iu kqud^
en puiâè pratiqnef des paflàgss vraimeni:
MmharmoniqtKs ; & cek en rertu de cette
propriété lingulkre qu'il a de divifer l'Oc-^
tave entière en quatre Intervalles égaux^
Qu'on prenne dans les quatre Scms qui oon>-
poiènt cet Accord , celui qu'on voudra pour
n^ndamental » on trouvera tcMijours ^ale:«
ment que les trois autres Sons forment fur
celui-ci un Accord de Septième diminuée*.
Or k Son fondamental de l'Accord de Sep-
tième diminuée eft toujours une Note fctt-
fftJe i de forte que , (ans rien changer à
cet Accord, on peut, par une fnaniere de
double ou de quuidnijple emploi , le &iit
imir fucceiHvcment iur quatre diffi^rcnn^
CSrcntes Notes &iifible$.
Il fuit dc-là que ce même Accord , fat»
rien changer ni à l'Accompagnement > v\ à
h. Bai& y peut porter quatre noms dific-
irehs 5 Çc par conféquent fe chiffrer de qua-
tre diffère|)t^ manières : fevoir d un 7 *
ibus le nom de Septième d^ninuée > d'un
X fous le nom de Sixte majeure & fauflé-^
Quinte d'un fous le nom de Tierqc
mineure & Triton ; & enfin d'un X ^ fous fe
nom de Seconde (urperflue. Bien entendu
que la CIrf dort être cenfée armée difFérem-^
ment , ftloti les Tons où l'on eft fuppofé êtrê^
Voilà donc quatie manières de fortîr
d'un Accord de Septième diminuée , en fe
fiippôfant fucceitîvement dans quatre Ac-
cords differens : car la marche Fondamen-
tale & naturelle du Son qui porte un Ac-
cord de Septième diminuée eft de fe réfou-
dre fur la Tonique dû Mode mineur > donc
H eft la Note fènfîWc.
Imaginons maintesiant t*A<:cord de Sèp-
ineme diminuée fur ut Dîèft Note (ènfible :
fi fe prends la Tierce mt pour fondamen-
tale, die deviendra Note ienfible à fon tour,
îfe annoncera par conféquent le Mode mi-
neur àcfa 5 or cet ut Dièfe refte bien dans
l'Accord de mi Note fenfible : mais c'eft ea
qualité de re Bémol 5 c'eft-à-dire , de fixic--
xne Note du Ton , & de Septième diminuée
de la Note ienfible : ain£ cet ut Dièfe qui •
)|i E N H
oonune Noce fenfible , écoic obfigé demerN'
ter dans le Ton de re, devenu re Bémot
djtnsk ToQ dejSiy cft obligé de deicendre
comme Sepdcme dbmnaée : vcùlà une cnn-
£non Emkmmamifut. Si au lieu de la Tier-
ce » on prend , dans le même Accord d'itf
I^le » u Êtufle Quinte fil pour nouvdlè
Noce iênâble » Vut Diè(è deviendra encore
rc Bémol» en qualité de quatrième Noce;
autre paffitge Eakarmoni^:ie^ Enfin (i Ton
pfcndpour Noce foifibleu Sepcieme dimi-
nuée cUe-méme, au lieu de /è Bémol, il
faidra nécellàirement la confidérer comme
£t Diè(è i ce qui Êdt un troifîeme paflàge
Mnkarmoaifae iur le même Accord.
A h Êiveur de ces quatre différences mv
mères d^enviCiger (iuxeffivcmenc le mèmt
Accord , on pjiflè d^un Ton à un autre qvd
Gi paroic fon éloigné > on donne aux Par-
do des progrès ditterens de celui qu'elles au-
roîcnc du avoir en premier lieu , & ces paf-
iàges ménagés à propos , (ont capables,
no:v feulement de lurpraidre , mais de ra-
vir l'A udiceiir quand ils font bien rendus.
Une autre lource de variété^ dans le mê-
me Genre , fc tire des différentes manières
dont on peut réfbudre TAccord qui l'annon-
ce > car quoique la Modulation la plus natu-
relle foit de pafTer de l'Accord de Septième
diminuéq fur la Note fcnfible , à celui de la
Tonique en Mode mineur , on peut , en fubf-
cîtuant la Tierce majeure à li miiieure , ren-
dre le Mode majeur & même y ajouter la
Sepcieme pour changer cette Tonique en
I5otnînante , & pafTer ainfi dans un autre
Ton. A la faveur de ces diverles combinai-
foiis réunies, on peutl'ottir d* l'Accord en
douze manières. Mais , de ces douze , il n'y
en a que neuf qui, donnant la convcriîon
du Diè(è en Bémol ou réciproquement ,
foienc véri cable ment Enharmonique! ; par-
ce que dans les trois autres on ne change
point de Noce fcnfiblc ; encore dans ces
neuf diverfes Modulations n'y a-r-îl que
trois diverfes Notes fenllbles , chacune deP-
quellesfe reloue par trois paltàges différens:
de forte qu'à bien prendre la chofe on ne
trouve fut chaque Note fenfible que crois
vrais partages Enharmoniques poiHblcï , tous
les autres n'étant point rcellemsnc Enharmo-
niques , ou fe rapportant à quelqu'un des
trois premiers. ( Voyez Planche L. Fig, 4.
un exemple de cous ces paflages. )
A l'imication des Modulations du Genre
Diatonique , on a plulieurs fois eilàyc de
ftire des morceaux entiers dans le Genre
Mnharmunique; Se pour donner une forte
de règle aux marches fondamentales de
ce Genre , on l'a divifé en Diatonique- En-
harmonique qui procède par une fucccflîon
► defemi -Tons majeurs, & en Chromatique-
W^nh/jrmonique qui procède par une fuccef-
I fion de femi-Tons mineurs.
Le Chant de la première efpece eft Dia-
[ tonique , parce que les femi-Tons y (ont ma-
Ejeurs ; & il ell Enharmonique, parce que
■wux femi-Tons majeurs de fuice forment
1 Toa trop fort d'ua InCCPrallc Knharm»~
mp^ ViMU Sonotf aat €fyea êftCbsÊà^
2 £uff &iie ane Boâc ^ dtkcnde de Qoane
êc Qsooir <kTscioe akaîcoïc alKinamciBcni*
tXne p2rae dm Tfio des Parques de TQym
JtlBffobtt, cft d»s et Gérât i suais fl n'a
|znt2ss po coc csécyfié àfOpéiadc Pads»
qpoufpe U.]tsHOeaa aflSuc qsll favcxk ait
aOtms par dcs.Mafidens de homac voloii*
té» & qœ tcfircen fis uupiciiafic
Le OtiOL deb (esande espèce eft CAr^
» fofoe ^Apiiiccde pat- icmi-Toni
^ il eft Eaiénempfc, poite qoelcs
dnu iêfliî-Tans minnHS conircttfih for-
feKDC OD Ton trop faSÀcJtun Imeiyalle Ea*
àsfM9onifm. Pour fefoier cote espèce de
Quot y il Êmt Être me Bafle-fiondanieoiale
qai d^iccndede Tieice srâieiire & monta
otTiacc mafcure alicntarivcmeBL M. lUr
jneaa nous apprend qa^ avoir &k dans ce
Genre de Xiunqœ tm trcmUemem de terre
dans l'Opéra ââ Indes gâtâmes » mats qo^
lut (î mal iêrvi qall liu obligé de le clian*
fp: cm une Mofique cotnmanr. (Voyez le$
^témtns de Mii£qiie de M. d'Alembcrt ^
|ttgrs 91 , 9*, 95 & 1^6.)
Malgré les exemples ckéa & Taiirorité de
XS. Rameau , je crois devoir averôr les jets*
m^s Ariiftesque V BnharmiQniqut'Diaioniifué
&c V Enharmoniqut'Ckrtmiatique me parole
fcnc cous deux à rqetier comme Genres , &
\t ne pois croire qu'ose Mufiqae modulée
de cène manière » même avec la plus par«
faite exécution y pui& jamais rien valoir*
Idtiniibas Çaoïq^ ks pai&flcs brofijuii
r
EN H ,î,
unc_ autre idée cxtiêmcmcnc
"éloignée, y font (î fréquciis, qu'il n'eft pas
pofîible à rcfprii de îùivre ces iraiifitioiis
avec autant de rapidité que la Mullque les
préfente; que l'oreille n'a pas le tems d'ap-
percevoir le rapport très-fecrec & très-com-
pofé des Modulations , ni de fous- entendre
es Intervatlrt (uppofés ; qu'on ne trouve
plus dans de pareilles Tucceflions ombre de
Ton ni de Mode ; qu'il eft également îm-
pollihle de retenir celui d'où l'on fort , ni
de prévoir celui où l'on va j Se qu'au mi-
lieu de tour cela , l'on ne lai: plus du couc
où l'on eft. h' Ënhûrmonique n'cft qu'un paf-
fage inirttTidu dont l'étonnante impremon
ïe fait fortement & dure long-tems ; palTàge
<iue par conféquent on ne doit pas trop
brufquement ni trop {mivent repérer , de
peur que l'idée de la Modulation ne fe trou-
ble & ne le perde entièrement : car fi-tôc
qu'on n'entend que des Accords ifolés qui
n'ont plus de rapport fenfible & de fondo
ment commun , l'Harmonie n'a plus aulB
■d'union ni de fuiœ apparente , & l'effet qui
en refaite n'eft qu'un vain bruit ians liaifou
& fans agrément. Si M. Rameaa , moùis
occupé de calculs inutiles , eût mieux étudié
îa Métaphylique de (on Art , il eH à croire
que le feu naturel de ce favant Artifte eue
produit des prodiges , donc le germe étoic
dans Ion génie , maïs que fcs préjuges onc
toujours étouffé.
Je ne crois pas même que les fimp!e»
.^fianfiùorn EMhaftçni^ues puilTcnc jamais
^-^£ ENH
bôcci rsBiEr, m dans lesCbcdm^ m dams
|s Ass , psicr çoc rhamn de ces morceanx
fcr=c an wct oè dotr rœKr runicé , 8c
àcK s Pzids dcxT» sroir cncr'dllcs une
Ft^^*» phs InnriHr qos oc Genre ne peat k
QbcI cft dooc k Tiaî liai de fEnhar"
wusaàfm^ z Ceft, Icba moi ^ k R&ricatif
ob^pL Cdl dzDS une frme (bb&me & pa-
tbaltae oà Li Vocx doct mnlnptier & vi-
lier les fnl!ni'»is Mnllcales à fimkatkm de
raoocor gijrunuficJ ot^ajue & fouvenc
kn^tprécûblc i c'eft , dzs-îc > dans une telle
iôcmr que Ls TntÈSEàom - Eniarmonifues
ijsx bâoi pLoes , qozDd on (kit les ména-
jger pour ks grands cxpndEons , & les a^-
fri^'yr , pour ûiû £re , par des craies de
fViBpiiOKâc qui (u^mdair k parole & ren-
jbccxte l'gptrtTînn- Les Italiens , qui (bnc
im nage admirable de ce Genre , ne l'cm-
pioôaxt que de ccnc manière. On peut voir
dms k premier Rédt^tif de fOrphée de
Picr^oièic on exemple frappant & iimple
des dSœ qoe ce grand Nloikien fut cirer
de VE^zkirmtmrfu^ , & commenc , loin de
&ire une Modukcioa dure , ces Tranficions ,
devenues narureUes & ËksIcs à enconner >
donnent une doucciir âier^ue i, couce iâ
Jaî dcji dit que notre Genre Entuir^
Kto^^ue eift entièrement diffirrent de cduî
des Anciens. Psqoaterai que > quoique nous
nafaos point coamie eux d7nrer\'alles
Mmkaraioiufuer à, entonner ^ cek n'empêche
pas
ENS ,i7
jliC ^Enharmonique moderne ne foit
ii'unc cxécurion plus difficile que le leur.
Chez les Grecs les Intervalles Enkarmoni-
Çues , purement Mélodieux , ne deman-
doient , ni dans le Chanteur ni dans l'écou-
tant , aucun changemeiic d'idées , mais feu-
lement une grande délicatelTe d'organe , aa
lieu qu'à cette même délïcattllè, il &ue
. joindre encore, dans notre Mufique, une
connoifTance ex^â:e & un fentiment exquis
des métamorphofcs Harmoniques les plus
brufques & les moins naturelles : car fi l'on
n'entend pae la phrafe , on ne fauroit don-
ner aux mots le Ton qui leur convient ;
m chanter jufte dans un fyftème Harmo-
nieux , fi l'on ne fent l'Harmonie.
ENSEMBLE , adv. fouvent vris fubflanti-
vemenr. Je ne m'arrêterai pas a l'cxplicadoii
de ce mot, pris pour le rapport convena-
ble de tomes les parties d'un Ouvrage entra
elles & avec le tout , parce que c'eft un
fens qu'on lui donne rarement en Mulîque,
Ce n'etl gucres qu'à l'exécution que ce ter-
me s'applique 1 lorfque les Concertans fônc
lï parfaitement d'accord , foie pour l'Into-
nation , foit pour la Mefurc , qu'ils fem-
btent être tous animés d'un même efprit ,
& que l'exécution rend fidèlement à l'oreille
tout ce que l'œil voit fur la Partition,
UEnfembie ne dépend pas feulement de
l'habileté avec laquelle chaciin lit (à Partie 3
mais de l'intelligence avec laquelle il en fent
le caradere particulier , & la liaifon avec
Ijfi tout; foit pour phrafer avec exactitude /
, Dî3. de Mujique. Tome I. Y
)}S £ N s
ibic pour Cmvtc la précifîon des Mouve*
incns , {bk poai £dur le moment & les
nuances des Forts 8c des Doux > foie enfin
pour aioucer aux omemens marqués > ceux
qui Ibnc fi néceflàircmenc Tuppoles par l'Au«
teur y qu'il n*eft permis à perfbnne de les
omcnre» Les Muuciens ont oeau être habi-
les , il n^ a à*EnJanhle qu autant qu'ils ont
l'intelligence de la Mufique qu ils exécutent ,
& qu'âb s'entendent entr eux : car il feroit
impoffible de mettre un pariait Enfemhk
dansunConcendefburds» nidansuncMu-
fique 6xmi le ftyle feroit parÊûtemcnt étran*
ger à ceux qui Texécutent. Ce (ont fur-tout
les Maîtres de Mufique, CcMiduâeurs &
Che& d'Orcheftre , qui doivent guider , ou
retenir ou preflèr les Mufidens pour mettre
par-tout VÉnfanUe ; 8c c eft ce que fiut tou-
jotirs un bon oremier Violon par une cer^
caine charge d'exécution qui en imprime
fortement Te caraâere dans *toutes les oreil-
les. La Voix récitante eft afTujettie à la Bafle
& à la Mefure s le premier Violon doit écou-
ter & fuivre la Voix ; la Symphom'e doit
écouter & fuivre le premier Violon : enfin
le Clavecm , qu'on fuppofe tenu par le Com-
pofiteur ,doit êtr« le véritable & premier
guide de tout.
En général , plus le Style , les Périodes ,
les Phrafès , la Mélodie & l'Harmonie ont
de caraétere > plus l'enfêmble eft fiunle ï £û-
fir 'y parce que la même idée iniprimée vi*
vemenc dans tous les efprits prénde à toute
fcxécutipn. Au contraire , quand la Mufi«
"Que ne dit rien , & qu'on n'y Icnc qu'une
fuice de Notes fans lûilon , il n'y a poini
de tout auquel chacun rapporte /à Partie ,
& l'exécution va toujours mal. Voili pour-
quoi la Mufique Françoife n'eft jamais e/i-
Jemble.
ENTONNER, v. a. C'eft dans l'exécu-
tion d'un Clianc , former avec juftefle les
Sons & les Inttrvalles qui font marqués.
Ce qui ne peut gueres fe faire qu'à l'aide
d'une idée commune à laquelle doivent le
- rapporter ces Sons & ces Intervalles ; fâ-
>oir , celle du Toa & du Mode où ils font
employés , d'où vient peut-être le mot E/i-
lotiier. On peut aufll l'attribuer à la marche
Diatonique; marche qui paroît la plus com-
mode & la plus naturelle à la Voix. Il y
a plus de difficulté à Entvnaer des Interval-
les plus grands ou plus petits , parce qu'a-
lors la Glotte fe modifie par des rapports
trop grands dans le premier cas , ou trop
compofés dans le fécond.
Entonner cft encore commencer le Chant
d'une Hymne , d'un Pfeaume , d'une An-
'tieniie , pour donner le Ton à tout le
'Chceur. Dans l'Eglife Catholique, c'eft ,
par exemple , l'Officiant qui entonne le Te
Deum ; dans nos Temples , c'cft le Chantre
qui entonne les Pfeaumes.
ENTR'ACTE ,/ m. Efpacedetcmsquî
s'écoule entre la fin d'un Adte d'Opéra &
le commencement de l'Aâc fuivant , &
durant lequel la repréfentation eft fufpen-
due , tandis que l'adlion eft fuppofée fe con-
Y 1
340 ENT
tinucr ailleurs. L'Ofchcftre rcmolît eet cf-
]>ace 'fcn Fratîce par l'exécution aune Sym-
phonie qui porce^aufli le nom A'EntraSc,
Il ne paroît pas que les Grecs aient ja-
mais divifé leurs Drames par Âfbes» ni par
conféquent connu les Entr'ades.
La repréfentation n'écoic point furpendue
fur leurs Théâtres depuis le commencement
de la Pièce îufqu'À la fin. Ce furent les
Romains 4^1 > moins épris du Spefbcle ,
commencèrent les premiers à le partager en
plulieurs pardes > dont les Intervalles of-
' noient du relâche à l'attention dés Speâa-
teurs , & cet ufàge s'eft continué parmi nous.
Puifque VEntr^acte eft fait pour fufpen-
dre l'attention fie repofer l'efpnt du Sveââr
teur , le Théâtre doit refter vide , & tes In-
termèdes dont^ on le rempliflcMt autrefois
fbrmoient uiie interruption de tr^' in^uvais
coût , qui né jpouvoit manquer de nuire à
' la Pièce en feifant perdre le fil de l'aâion.
'Cependant Molière lui*m£me ne vit point
cette vérité fi iimple ^ & les Entr^aâes de
fâ dernière Pièce étoient remplis par des In-
termèdes. Les François > dont les SpedU-
cles ont plus de raifbn que de chaleur ,
ic qui n'aiment pas qu'on les tienne long-
tems en filence > ont depuis lors réduit les
' Entr*a3es ï la fimpUcité qulls doivent
.avoir 9 & il eft à defirer pouc laperfèâion
des Théâtres qu'en cela leur exemple (oit
fuivi par-tout.
Les Italiens qu'un fêntimenr exquis guide
ibuTcnt mieux que U raifonnomeat » ont
E N T Hi
profcrlt la Danfe de 1 aâion Dramatique ;
(Voyez Opéra.) Maispar une inconféquen-
ce qui naît de la trop grande durée qu'ils
veulent donner au Speâacle , ils remplmenc
leurs Entr^aâes des Ballets qu'ils banuilTenc
de la Pièce , & s'ils évitent l'abfurdité de
la double imitation , ils donnent dans
celle de la tranfpolîtion de Scène , & pro«
menant ainfi le Spectateur d'objet en objet ,
lui font oublier V^Sdon principale , perdre
l'intérêt , & pour lui donner le plaifîr des
yeux, lui ôtent celui du cœ«r. Ils commen-
cent pourtant à fendr le dé&ut de ce monC-
trueux affemblage , & aptes avoir déjà pref^
aue chafle les Intermèdes des Entr'aSes ,
uns doute ils ne tarderont pas d'en chaflèr
encore la Danfè ^ & de la réfèrver , com^
me il convient ^^ pour en (aire un Speâa-
de brillant Ôc ifolé à la fin de la grande
Pièce.
Mais quoique le Théâtre refte vide dans
VEntr^acle y ce n'eft pas à dire que la Mu-
/iquedoive être interrompue \ car à TOpéra ,
où eUe fait une partie de l'exiftence des
chofès y le fèns de l'ouïe doit avoir une telle
Uaifbn avec celui de la vue ^ que tant qu'où
voit le lieu de la Scène on entende l'Har->
monie qui en eft fuppofée infeparable , afin
que (on concours ne paroiflè enfuite étran-
ger ni nouveau fous le chant des A£):eurs«
La difficulté qui fe préfente à ce fujet eft
de favoir ce que le Muficien doit diâer à
rOrcheftre quand il ne fè paflè plus irien fur
k Scène : car fl la Symphonie , ainfi quç
Y 5
?4^ E N T
toute la Mufique Dramatique ^ n'eft qu'une
imitation continuelle » que doit*elle dire
quand perfbnne ne parle? Que doit^elle
hire quand il n'y a plus d'aâion ? Je ré-
ponds a cela » que » quoique le Théâtre (bit
vi^ > le cœur des Speâateurs ne Teft pas i
il a dû leur refter une forte impreffion de
ce qu'ils viennent de voir & d'entendre,
Ceft à POrcheftre à nourrir & foutenir cette
imprefllon durant VEnt/aSe^ afin que le
Speâiateur ne (è trouve jpas au début de
l'Adte fuivant , auili froid qu'il l'étoit au
commencement de la Pièce » Se que l'inté-
rêt Toit 9 pour ainfi dire , lié dans (on ame
comme 1^ événemens le (ont dans Paûion
répréfentée. Voilà comment le Moficien ne
ceue jamais d'avoir un objet d'imitation >
ou dans la (îtuadon des perfonnages > ou
dans celle des Speâateurs. Ceux-ci n'enten-
dant jamais ibrtir de l'Orchcftrc que l'ex-
pceflion des fentimens qu'ils éprouvent ,
s'identifient , pour aInfi dire , avec ce qu'ik
entendent , Se leur état eft d'autant plus dé^
licieux qu'il règne un accord plus parfait
entre ce qui frappe leurs fens & ce qui tou-
che leur cœur.
L'habile Mufiçien tire de Ton Orcheftre
un autre avantage pour donner à la repré-
Tentation tout l'effet qu'elle peut avoir , en
amenant nar degrés le Speâateur oiftf à la
fituacion a'ame la pW favorable à l'efiêc des
Scènes qu'il va voir dans l'Aâe fuivant.
La durée de l'Smr^aâe n'a pas de mefure
fixej mais elle eil. ùjfjfo&c plus ou notfts
»
E N T ,45
glande , à proportion du cems qu'exige la
pariic de l'atftion qui fe pafle derrière le
Théâtre. Cependant cette durée doit avoîi
des bornes de fuppofition , relativement à la
durée hypothétique de l'adion totale , & des
bornes réelles , relatives à la durée de la
I ep ré fen ration.
Ce n'eft pas ici le lieu d'examiner fi la
règle de vingt-quatre heures a un fondement
fuflifànt Se s'il n'ert jamais permis de l'en-
freindre. Mais fi l'on veut donner à la durée
(lippofée d'un Entr'aéle des bornes tirées de
la nature des chofes , je ne vois point qu'on
en puifle trouver d'autres que celles du tems
durant lequel il ne le tait aucun changement
fenlible Ôc régulier dans la Nature, comme
il ne s'en fait point d'apparent fur ta Scène
durant i'Enir'acle. Or ce tems eft , dans fa
plus grande étendue , à-peu-près de douze
heures , qui font la durée moyenne d'un
jour ou d'une nuit. Parte cet efpace, il n'y
a plus de pollîbiliré ni d'illufion dans U du-
rée fuppoféc de VEntr'acie,
Quant à la durée réelle , elle doit être ,
comme je l'ai dit , proportionnée & à la
durée totale de la repréîèntation , & à la
_ durée partielle & rebrive de ce qui fe palTè
B derrière le Théâtre. Mais il y a d'autres
I bornes tirées de U fin générale qu'on fe
I propofe ; favoir , l.i mefure de l'attention ;
H car on doit bien fe garder de ^ire durer
■ l'Enrr'ii5e jufqu'à laiHet le Spectateur lom-
B ber dans l'engourdiflèment & approcher de
B l'ennui. Cette mefuic n'a pas , au tefte , une
L
héi
Î.44 B N T
telle prÀrifion p^gr elle-même , qae le Mafi«
cien qui a du feu , du génie 8c de Pâme ,
$)e pqidè , à l'aide de (on Ordicftire , l'éceU"»
dre beaucoup plus qu'un autre.
Je nç douce pas même qu'il n'y ait des
inoyens d'abufer le Speâaceur fur la duréo
effedive de VEntr'aâe ^ en la lui fàifànc eftî-
incr plu$ ou moins grande par la manière
d'encrdaçcr les cara^res de la Sypphonie i
mais il eft tçms de finir çe( artide qui n eft
déjà que trop long,
ENTRÉE, //. Air de Symphonie par
lequel débuce un Ballçt^
Entrée fe dit encore à lX)péra , d'un Aûe
entier , d^ns les Opéra-Ballets dont chaque
Aûe forme un fujct féparé, LTntrée de Ver-*
tumne dans Us E^lémens. (.'Entrée des Inaïuf
4ans Us ÎMdes Galauie^.
Enfin , Entrée iè dit auffî du moment
où chaque Partie qui en fuit une wtre com««
mence à fè faire entendrct
JÉQLIEN , adj. Le Ton ou Mode fio//r/|
écoit un des cinq Modes moyens ou prin«
cipaux de la M^fique Grecque , & fà Corde
fondamentale croit immédiatement au-defTus
de celle du Mode Phrygien, (Voyez Mode.)
Le Mode Eoli^n étoit grave , au rapport
de, Lnfus, Jç chante y dit-il Çérès , ùfafilU
Mélibée y époufe de Plufonfur Iç Mode Éolien ,
rempli de gravité.
Le nom à'Edien que portoit et Mode no
Ipi venoit pas des Ifles ÉoKenncs , mais de
l'tolie , contrée de TAfie Minçure^ ok U fut
Pf ciniçremçnç eq i^iâge.
]ÉP Aïs , adj. Genre Epaiiy denfc , on ferré ^
înjxïjî , cft , relon la définition d'Ariftoxcne ,
celui où , dans chaque Tctracorde , la fomme
des deux prEmjers Inrervalles cft moindie
que le troificœe. Ainfi le Genre Enharmo-
nique eft épais , parce que les deux premiers
Intervalles , qui font chacun d'un Quart-
de-Ton , ne forment tnfcmble qu'un femi-
Ton ; fomme beaucoup inoindie que le
troificme Intervalle , qui eft d'une Tierce
majeure. LeChromatique eft aulTi un Genre
Epais; car fes deux premiers Inti-jvallesne
forment qu'un Ton , moindre encore que la
Tierce mineure qui fuit. Mais le Genre Dia-
tonique n'cft point Epais , puifquc fes deuï
premiers Intervalltsforment unTon&demi,
fomme plus grande que le Ton qui fuit,
(Voyez Genre, Tètbacorde,)
De ce mot -^tmik , comme radical , font
compofés les termes Ap^cni ., Baripycni ,
Mefopycni , Oxipycn'i , dont on trouvera les
articles chacun à fa place.
Cette dénomination n'eft point en ofage
dans la Mufique modfme.
EPIAULIE. Nomquedonnoîentles Grecs
à la Chanfon des Meuniers , appellée autre-
ment Hymée, (Voyez Chanson, )
Le mot burlefque piauler ne tlreioit-it
point d'ici fon etymologle î Le piaulement
d'une femme ou d'un enfent , qui pleure
& fe lamente lonn-tems fur le même ton ,
relTembIc alTez à la Chanfon d'un moulin ,
^ par métaphore , a celle d'un Meunier.
£PiLENE. Chanfon des Vendangeurs, h.-
qodle sVcompagpoic de k Flitce. Vbyes
ÉPINiaON. Chut: âe viâoire , par
kqud oo celcbfoit cbez les Grecs k triom-
jht des Yainquciiis.
ÉPISYNAPHE , ff. Ccft, au rapport
de lUrfhins , k conîoiiétion des trois Té-
iraf rMfdr%mnf?cfltîfe , cDmmc font les Tetra-
cordes Hyfoton , MtpM & Sjnnbnénoiu
( VofB Système ^ TinLAcoRBi.)
ÉPITHALAKIE >/ m. Chant nuptial qui
fe chanmir autrefois à k porte des nouveaux
Epoux » pont leur fbokÛKr une heureofe
umoQu De telles Chanfôns ne font gucres en
n6ge parmi nous > car on fait bien que c'eft
peine perdue. Quand on en &it pour fes
amis & Êmùlîers y on fubftitûe ordînaîre*
moit à CCS vœux honnêtes & fimples quel-
ques penf&s cquiTocnKS & obfcenes , plus
conformes au go^t ou fiedc.
ÉPITRITE. Nom d*un des Rhythmcs
de k Mufiquc Grecque , duqud les Tems
ctoitait en raifbn fèfquitierce ou de ; à 4.
Ce Rhythme étok rcprcfcnté par le pied
que les Poètes & Grammairiens appeUenc
auifi Epitrite ; med compofë de quatre fyl-
kbes, dont là deux picmieres (ont en eâfct
aux deux dernières dans k raiiîm de } à 4.
(Voyez Rhythme.)
ÉPODE y f.f. Chant du troîficme Cou-
plet > qui y dans les Odes > terminoit ce que
ks Grecs apneUoîcnt la Période , laquelle
cioit compoiee de trois Couplets ; favoir ,
k Stnfàt^ ÏAmiÊrvfht Sc ÏEpàJt. On ^-
E P T ,47
tribue I Archiloque l'invention de l'EpoJe.
EPTACORDE , f. m. Lyre ou Cytharc
à fept cordes , comme , au dire de plu-
£eurs , étoit celle de Mercure.
Les Grecs donnoicnt auflî le nom à'Epta-
corde à un fyftême de Muiîque formé de
fèpt Sons , tel qu'eft aujourd'hui notre
Gamme. h'Rptacorde Synnémcnon , qu'on
appelloic. autrement Lyre de Tcrpandre ,
étpit compofé des Sons exprimés par ces
lettres de U Gamme ,E, F, G, a, t ,c,d,
UEpzacorde de Philolaîis fubftituoic le Bc-
quarrc au Bémol , Ik peut s'exprimer ainfi:
E , F , G , a Ijà , £,d. U en rapportoit cha-
que Corde à une des Pîancces , l'Hypate à
Saturne, la Parhypate à Jupiter, & ainli
de fuite.
EPTAMÉRIDES , f.f. Nom donné nar
M. Sauveur à l'un des Intervalles de (on
Syltême cspolé dans les Mémoires de l'Aca-
démie, année 1701.
Cet Auteur divifè d'abord l'Oitave en 4j
parties ou Mérides ; puis chacune de celles-
ci en 7 Eptamérides ; de forte que l'OÊtave
entière comprend ^or EpCûméridesfyiA futv-
divilë encore. (Voyez DÉcameride. )
Ce mot eft formé de iwr» , fept , & de
wtp'î , partie.
EPTAPHONE , f. m. Nom d'un Porti-
que de la Ville d'Olympie , dans lequel on
avoit ménagé un écho qui répctoit la Voix
fept fois de fuite. Il y a grande apparence
^c l'écho fe trouva là par liafard , Se qu'en-
■ ÏMC
^
34» Ea^
Céocltt Grecs, goBoàs chaifatans^cn fimt
lionKiar à t*Ait de f Âidûccâe.
ÉQinSONNANCE » /. m. Nom pur le.
qud ks AndcDS diftinnaotcnc des lutres
OttfooBmixs ccBcs de rOâave & de li
dodble Oâa¥C , les (cilles qui fiiflènt Pan-
^^iooie« Goaune on a auffi qodqaeiôis bc«
ixn de k même dîfttnftîon dams a Mufique
modeme , oo peur Remployer airec d'autant
jDoiiB de (orumik » que la finiâdon de
tDcbTe k ooDKNnd QDès-fiwYeK a l*oreilIe
nec cdle de rUnifloiu
ESP ACE ^ y: «. luervalk Umc , oa dif-
tauQce qui (e orouve dam la Pvtée entre
me L^K & cdle qui la fùk immédiate-
ment au-dcfliis ou an-dedous. H y a quatre
Jy^-^ dam les doq Ligpes , & il y a de
plus deux Ejfiidoeif > run au-dedoSj Tautre
an-dd&us de la Portée entière» l'on borne»
quand il le &nt » ces deux Ejfons indéfinis
par des Lignes poftkhcs ajoutées en haut
ou en bas » le(qucUes augmentent l'étendue
de \x Portée & feumillcnc de nouveaux
JEjp :c€s. Chacun de ces Efpacts di vi(ê lln-
ttrvalle des deux Ligues qui le terminent »
en deux Déférés Diatoniques » (avoir , un de
b Ligne intérieure 3^ VEjpoct^ & Tautrede
YEjjf^-t à la Ligne fupérieure. ( Voyez
ETENDUE»/./: Différence de deux Sons
donnés qui en ont d'intermédiaires , oufbm-
me de tous les Intervalles compris encre ks
deux extrêmes. Ainli la plus grande Eteit"
pollihic ou oeUe qui cocyrend tontes
E U D
H»
s autres , eft celle du plus grave au plus
aigu de rous les Sons feiifibles ou apprécia-
bles. Selon les expériences de M. Euler,
toute cette Etendue formeun Intervalle d'en-
viron huit Oi5taves, entre un Son qui fiiic
jo vibrations par Seconde , & un autrequî
en fiiit 7JÎ1 dans le même tems.
Il n'y a point d'Etendue en Mulîque entre
les deux termes de laquelle on ne puiflè in-
férer une infinité de Sons intermédiaires qui
le partagent en une infinité d'Intervalles , d'oii
il fuit que l'Etendue {onoïc ou Muficaleeft
divifible à l'infini, comme celles du tems
ic du lieu. (Voyez Intervalle.)
EUDROMÉ. Nom de l'Air que jouoîcnt
!es Hautbois aux Jeux Sthénicns , inftirués
dans Argos en l'honneur de Jupiier. Hîérax,
Argien , étoit l'inventeur de cet Air.
EVITER ,v. a. Eviter une Cadence , c'eft
ajouter une Diflbnance à l'Accord final ',
pour changer le Mode ou prolonger la phrafe.
( Voyez Çadsnce, )
i.i/iTÉ, participe. C^cnce Evitée. (Voyez
Cadence.)
ÉVOVAÉ, / m. Mot barbare formé des
£x YoyeUes qui marquent les Syllabes des
deux mots j feculorum amen , Si qui n'eft
d'ufage que dans le Plain-Chant. Ceft fur
les lettres de ce mot qu'on trouve indiquées
dans les Pfcautiers & Antiphonaires des
Églifes Catholiques les Notes par lefquelles,
dans chaque Ton Se dans les diverses mo-
difications du Ton, il f.!Ut terminer Icsver-
ièts des Plêaumes ou des Caniiquct.
iSo EUT
VEvovéi comikience toujours par la Do*
xmnante du Ton de f Antienne qui le pié*
cède , & finit toujours par la finale.
EUTHIA , f. f. Terme de la Mufique
Grecque» qui fignifie une fuite de Noces
procédant du grave à Taigu. VEuthia étok
une des Parties de [ancienne Mâopée.
EXACORDE, f. m. Inftrument i fiz
cordes > ou fyft^nc compofô de fix Sons»
tel que VExûcorde de Gui d'Arezzo,
EXÉCUTANT , pardc. pris fiibft. Mufi-
cien qui exécute (à Partie dans un ConcerQ
c'eftlaméme cho(ci que Concertant. (Voyez
Concert AMT.) Voyez aufiS les^ deux mon
qui fuivent.
EXÉCUTER 5 y. a. Exécuter une Pièce
'de Mufique » c'eft chanter & jouer toutes
les Parties qu'elle contient, tant vocales
au'ùiftrumentales > dans l'Enfcmble qu'dies
^ oivcnt avoir , & la rendre telle qu'elle eft
notée fur la Partition.
Comme la Mufique eft £ùte pour être
entendue , on n^en peut bien }uger que par
Texécution. Telle Partition paroît admira-
ble fur le papier , qu'on ne peut entendre
Exécuter fiuis dégoût , 6c telle autre n'offire
aux yeux qu'une apparence fimple & corn*
mune , dont l'exécution ravit par des effets
inattendus. Les petite Gompouteurs , atten-
i\k à donner de la fyméme & du jeu à
toutes leurs Parties, paroifiènt ordinairement
les plus haUlcs gens du monde » tant qu'ofl
ne juge de ieun ouvrages que par les yenx.
Aufli ont-ils iouveac radrcflo de mettre tant
EXE
ift
' idlnfttnmens divers, tant Ae Parties dans
leur Mulique , qu'on ne puifle raflëmblcr
que trcs-diificilemenc cous les Sujets n^cef^
iaires pour \'Exécuter,
EXÉCUTION , / f. L'Aftion d'exécuter
une Pièce de Mufique,
Comme la Mulîque eft ordinairement
compofée de pluficurs Parties , dont le rap-
port cxaft , foie pour l'Intonation , foitpour
la Mefure , eft extrêmement ditficile à ob-
server, & dont refpric dépend plus du goût
que des lignes , rien n'ell fi rare qu'une
bonne Exécution. C'cft peu de Ure k Mu-
lîque exaftemcnc fur la Note ; il faut en-
trer dans toutes les idées du Compofiieur,
lèntir & rendre le feu de l'expreflîon , avoir
fur-touc l'oreille juftc & toujours attentive
pour écouter & fuivrc l'Enlemble. Il (àut ,
en particulier dans la Mufique Françoise,
que la Partie principale fâche prelfer ou ra-
lentir le mouvement , félon que l'exigent le
eoiit du Chant , le volume de Voix Se le
développement des bras du Chamcur j il
faut, par conféquent, que toutes les au-
tres Parties foient fans relâche , attentives à
bien fuivre celle-là. Aufli l'Énfemble de
rOpéra de Paris , où la Mulîque n'a point
d'autre Mefure que celle du gefte , feroit-
il , à mon avis , ce qu'il y a de plus admi^
rable en fait A' Exécution,
" Si les François, dit Saint-Evremonr»
» par leur commerce avec les Italiens , font
.. parvenus à compofer plus hardiment , les
m» italiens ont aufli gagné au commerce des
5fi E X P
»» Fratiçoî^ , en ce qu'ils ont appris d'eu k
99 rendre leur Exécution plvis agréablt , plus
99 touchante & plus par£ûte ». Le Leâeor
iê paderalûen ^Je crois, de mon comment
taire fur ce pa£Uge. Je dirai feulement que
ks François croient toute la terre occupée
de leur Mufique y 8c qu'au contraire , mis
les trois quarts de l'Italie , les Mnficiens ne
iàvent pas même qu^ eidfte une Mu£qae
Françoife différente de la leur.
On appelle encore Exécution k £idlitéde
lire & d'exécuter une Partie Inftrumentale^
& l'on dit, par exemple, d'un S^rmpho-
nifte , qu'il a beaucoup d'Exécution , lor^
qu'il exécute correâement, (ans héfiter^
& à la première vue, les choies les plasdif-
ficiles : ['Exécution prife en ce (èns dépend
riîir-tout de deux choies y premièrement,
^'une habimde parfaite de la touche 6c dm
-doigter de Ton biftrument; enfêcondlieu,
d'une grande habitude de lire la Mufique
Se de phrafer en la regardant : car tant qu'os
ne voit que des Notes ifolées, on néfitc
toujours à les prononcer : on n'acquiert la
grande &cilité de {'Exécution , qu'en les
unifiant par le icns commun qu'elles doivent
ibrmer. Se en mettant la choie à li place
<lu figne. C eft ainfi que la mémoire du
Leébeur ne l'aide pas moins que Tes yeux ,
Se qu'il liroit avec peine une langue incon*
nue , quoiqu'écrite avec ks tnèmts canc^
teres, & compoi^e dc:s mêmes mots qu'il
lit couramment dans la fienne.
EXPRESSION ,/. /• Quake par laquelle
k
EXP îj}
le Muficîcn fent vivement & rend avec
énergie toutes les idées qu'il doit rendre,
& tous les fentimens qu'il doit exprimer.
Il y a une Exprejfion de Compofition &
une d'exécution , & c'eft de leur con-
cours que réfulte l'effet mufical le plus pui&
Tant & le plus agréable.
Pour donner de l'Expreffion à Ces ou-
vrages y le Composteur doit (àifir & com-«
parer tous les rapports qui peuvent fe trou-
ver entre les traits de fon oojet 6c les pro-^
duéUons de Ton Art : il doit connoître ou
fentir l'effet de tous les caraârercs , afin de
porter exàdkement celui qu'il choifit au de-
gré qui lui convient: car comme un bon
Peintre ne donne pas la même lumière à
tous fes objets , l'habile MuHcien ne don-
nera pas non plus la même énergie à tous
fes fentimens y ni la même force à tous Ces
tableaux , &c placera chaque Partie au lieu
ou'il convient , moins pour la faire valoir
feule que pour donner un plus grand effet
au tout. . ^
Après avoir bien vu ce qu'il doit dire,
il cherche comment il le dura , 6c voici oà
commence l'application des préceptes de
l'Art , qui efl comme la langue particulière
dans laquelle le Muficien veut le faire en^
tendre.
La Mélodie , l'Harmonie , le Mouvement^*
le choix des Inftrumens 6c des Voix font
les élémens. du langage mufical ^ 6c la Mé-
lodie ^ par fon rapport immédiat avec l'Ac-
cent grammatical & oratoire , eft celui qui
JD/df. de Mujique. Tome I. Z
j,4 E X P
donne le canâ^re à tous ks autres. Ainfi
c'eft toujours du Chant que (ê doit tirer la
principale Bxpreffion tant dans la Mufique
Inftrumentale que dans la Vocale»
Ce qu'on cherche donc à rendre par la
Mélodie > Veft le Ton dont s'expriment les
fentimens qu'on veut repréfenter, & Ton
doit bien fe garder dlm'ter en cela k dé»
damadon théâtrale qui n'eft elle- même
qu'une imiution » nais la voix de la Na-
ture parlant fans afièâation [Se (ans art^ -
Ainfi le Mufiden cherchera d'abord un
Genre de Mélodie qui lut feumiflè ks in»
flexions Muficaks les plus convenables an
(èns des paroles » en fubordonnant tou)oufs
VExfreffion des mots à celle de la jpcn^ »
& rale^d même à la fituatioti de l'amedr
rinterlocuteur : car quand oa eft fortement
adèéK, tous les difcours que Von tient
^nnent , pour ainfi dire , la teinte du ièn-
timent général qui domine en nous > & l'on
ne quereUe point ce qu'on aime du ton
dont on querelk un indififérenr*
La parole eft diver(èment accentuée félon
ks diverfes nalCons qui l'infpirent > tantôt
aiguë & véuémente , tantôt remiflè &
lâche > tantôt variée 8c impétœuiê > tan-
tôt égale & tranquille dans fès inflexions.
De- là le Mufiden tire les différences des
Modes de Chant qu'il emploie & des Ikux
divers dans lefauds il maintient la Voix »
la faifant procéder dans le kcs par de petits
Intervalles pour eiq^rimer les langueurs de
k uiftcilè & de Pabattement j lui arrachant
E X P isS
dans le liauc les Sons aigus de l'emporte--
ment & de la douleur , 6c l'encraînant ra-
pidement par tous les Intervalles de fou
Diapafbn dans Tagication du dérefpoir ou
Tégarement des pallions contraftées. Sur-
tout il faut bien obferver que le charme de
la Mttfique ne cohfifte pas feulement dans
Timitation^ mais dans une imitation agréable;
Se que la déclamation même , pour faire
un Cl grand effet, doit être jfiiborclpnnée.
à la Mélodie : de forte qu^on ne peur peiu-»
dre le fentiment fans lui donner ce charme
(ècret qui en efl inféparable , ni toucher le
cœur fî Ton ne plaît à l'oreille. Et ceci eft
encore très-conforme à la Nature, qui donne
au ton des perfonnes fenflbles je ne fais
quelles inflexioas touchantes & délicieufes
que n'eut iamais celui des gens qui ne Ten-
tent rien. N'allez donc pas prendre le baro^
que pour l'exprefKf , ni la dureté pour de
Pénergie , ni donner un tableau hideux des
paflipns que vous voulez rendre, ni (aire
en un mot comme à l'Opéra François, oik
le ton paifionné reflèn^le aux cris de la co-
lique , bien plus qu'aux tranfports de l'a-
mour.
Le plaifîr phyfique qui réfulte de l'Har-
monie , augmente à Ton tour le plaifir mo-
ral de l'imitation , en joignant les fcnfations
agréables des Accords à VExpreffion de la
Mélodie, par le même princîoe dont je viens
de parler. Mais l'Harmonie (ait plus encore ;
elle renforce VExpreffion même , en donnanC
plus de îufteiTt Se de pré^ifxon aux Interval*
Z X
5i« E X P
les tnf?€xfipm»cBeanâBclqir cinfticre, &
ïsxrqmntrriftrnvriig icoi pbce dans l'ordie
et h. ModdbooD > eSe nppdic ce qui pie*
ccdc y arKOKC ce qoi dok fiÛTie » & tic ainfi
bs pbzaiîs ctasle Chaatcocnaie les idées
îc laoK dns IcditaNns. LUmnome, en-
TiJbjsée de celle Humac, femnkan Cofn-
potaesT de grands nxyfcns d^Eaprefion »
^■i hi cclupueut quand A œ cherche r£x-
ffi^M que dms Êi £ade HanDotûe» car
asAR > an Bca Jammcr TAcccnt ^ fl fâ)oiil&
partes Accoiâs , & ums les Inierfa&es,
coBKXuBS oaoDs m çnmiiHiid icniph^Mc >
n'oâecc à ToraBe qoVne ibiie deSons ron-
daaentaix qui noct licn de «giy^n»? ni
JzgjrMr, te dont fc&c saraÊie aa cer«*
QEne iëia docc fUjimotufte pour cou*
cociîr à l^EMfrefitm de h Mâcvfie 8c loi
donner p*us dle^r Ucmaa fii^;iiaiiicinent
d? cnPYTtr le Vm pi îiiiLÎ^ dans ia mmlimat,
IcQ des Accords ; 3 tuboidopncia tous (es
Accogpgfmnrrs ab Pairie chantante» fl en
sîpsiièfa recrcgie par ie cooconis des antres
Inities > il renkwceia t*c&r deccnains paââ*
^ par des Accords fcnbbtcs ; il en dérobera
€l autres par (uppohciQQ oo par (nfjpiifion ,
enics corrptanc pooi lien lui la Bade ; il fera
ioitirles f^iprii^Af hhics par <ies D^ibnaD-
ces icaicuies > Û rcièrrcia Icsinîneuies pour
des fesornens plus doux. Tantôc illîeia tou-
tes iès Perdes p2r des Sons continus & cou*
1^; tancer il les fera contrôler fur le Chant
ptf des Noces pi^Ms» Tanioc 3 frappera
EXP ,j7
l'oreille par des Accords pleins ; tantôt tl
renforcera l*Accent par le choix d'un feul
Intervalle. Par-tout il rendra préfent & fen-
fîble l'cncliainement des Modulations, &
fera fervîr la Bafle & fon Harmonie à déter-
miner le lieu de chaque paffage dans le Mo*
de, afin qu on n'entende jamais un Inter--
valle ou un trait de Chant ; fans fcntir en
même tems fon rapport avec le tout.
A l'égard du Rhythme, jadis fi puiffant
Kur donner de la force , de la variété, de
cément à l'Harmonie Poétique ; fi nos
Langues , moins accentuées Se moins profb-
diques , ont perdu le charme qui en réfuU
toit, notre Mufique en fubftitue un autre
plus indépendant du difcojurs , dans Tégalité
de la Mefure , & dans les diverfes combi*
naifons de fes Tems , foit à la fois datis le
tout, foit féparément dans chaque Partie^
Les quantités de la Langue font prefquc
perdues fous celles des Notes ; Se la Mufi-
que , au lieu de parler avec la parole , em-
prunte , en quelque forte , de la Mefure ,
un langage à part. La force de VExpreJ/io/i
confifte , en cette partie , à réunir ces deux
langages le plus qu'il eft poflible , & à faire
que , fi. la Mefure & le Rhythme ne par-
lent pas de la même manière , ils difont au
moins les mêmes chofes.
La gaieté qui donne de la vivacité à tous
nos mouvemens , en doit donner de mètr.c
à la Mefure 5 la triftefïè reflèrrc le ccrur , ra-
lentit les mouvemens , & la même langueur
fo fait fcntir dans les Chaaits qu elle infpire:
Z 5
Îj8 E X P
mais quand la douleur cft vhre ou qu'il (c
paflè dans Tame de grands combats , la pa-
role eft inégale \ elle marche alcemadvemenc
avec b lenteur du Spondée & avec la rapi-
dité du Pyrrique» & fbuvenc s'arrête touc
court comme dans le Rédtatif obligé :c'eft
Ïour cela que les Mufiques les plus expreC-
ves 9 ou du moins les plus paifionnéeSj fùnt
communément celles où les Tems » quoi-
ouVgaux entr'eux » font le plus iné^emenc
civiies 9 au lieu que l'image du (bmmeil y du
jepos , de la paix de Tame , fe peint volon-
«ers avec des Notes égales » qui ne mar-
chent ni vite ni lentemaic.
Une obfervation que* le Composteur ne
doit pas négliger » c'eft que (Jus 11-larmome
eft recherchée > moins le mouvement doit
être vif , afin que Teiprit ait le tems de fâi-
fir la marche des Diuonances & le rapide
enchaînement des Modulations ; il n'y ^ qw
le dernier emportement des paiEons qui per«
mette d'allier la rapidité de la Mefure & la
dureté des Accords» Alors quand la tête eft
Î>;rdue 6c qu'à force d'agitation l'Aûeur
èmble ne iàvoir plus ce qu'il dit > ce déCor^
dre énergique & terrible peut fe porter ainfi
ju/qu'à Tame du Spedbteur & le mettre de
même hors de lui. Mais fi vous n'êtes bouil-
. lant & fiiblime > vous ne ferez que baroquo
& firoid ; jettez vos Auditeurs dans le délire ,
ou gardez-vous d'y tomber : car celui qui
perd la rai(bn n'eft jamais qu'un infènfé aux
yeux de ceux qui la confervcnt > & les fbuz
p'int^reâuit plus.
I
I
Quoique la plus grande force de \'Expref-
Jîon fe cire de la Combinai (on des Sons, la
qualité de leur timbre n'eft pas indifférente
pour le même effet. Il y a des Voix fortes
& fonoresqui en impotent par leur étoffe;
d'autres légères & flexibles , bonnes pour les
chofès d'cKécution ; d'autres fenfibles & dé-
licates, qui vont au cœur par des Chants
Joux & pathétiques. En général les Deflùs
Se toutes les Voix aîgucs Ibnc plus propres
pour exprimer la tendrellc & la douceur ,
les Eafles 8c Cgncot Jans pour l'emportement
& la colère : mais les Italiens ont banni les
Balles de leurs Tragédies , comme une Par-
tie dont le Chant cft trop rude pour le genre
Héroïque , & leur ont fubftitué les Tailles
ou Ténor, dont le Chant a le même carac-
tère avec un effet plus agréable. Ils emploient
Ces mêmes Baflès plus convenablement dsns
le Comique pour les rôles à manteaux , &c
généralement pour tous les caractères de
charge.
Les Iiiftrumens ont aulfi des Expreffmi)s
très- différentes félon que le Son en eiffort
ou foible , que le timbre en efl aigre ou
doux , que le Diapafun en cft grave ou ai-
gu, & qu'on en peut tirer des Sons en plus
grande ou moindre quantité. La Plûrc dt
tendre , le Hautbois gai , la Trompette guer-
rière , le Cor fonore , majeftueux , propre
aux grandes Exprejfioru. Mais il n'y a point
d'Inftruraent dont on tire une Exprejiun plus
rariée & plus univerfelle que du Violon. Cet
Jnltiumeiu admirable f^t le fond de tous
Z +
tio E X P
Ses Q»e£:tS, & zjc£i ao gnoid Compo*
vos les c&ts que les
înnnfancnc
dlnftnmiens
mnnoirre le
Da^gtcr fi
fcrot
employer &
Tors s^jon ks dnros cuiâeies
ûan-t-îl am-
:«!? ^â k duknrqui dût y
pxi::^ À cscjL ça foécatcnc. Le
ç& 3f Tc«r çoe des Kmes dans
£l rar». s'dt pocdt en cor de Gobr l'£x«
ytt^/OiêK dsz (Tcc^cscr ^ ni oen donner
«se à cr ^«~:k cr.ïT^y s3 c'en a liicn fâifi
je '^'-^11 53g ^xgrrAe ce qg^on lie pour le
trre gr>".-iL^ ssx jsrocs » & 3 ne faffic ps
i: Â^ g-^cîbîc es ^srrd > û toa ne feft en
wrrcs;^ X Tserpe de h Lsngiie qa on
rii-c^ CccrracQCix daac par bâcn cooncn*
isc-èe dsst^rr: ca Cr^rr qœ vous arez i
2VSW . ICC nrrcft ^lœs des paroles, la
éarExbcc ie ics^ phrafs , f Accent qu'à a
pKZ 1$^- pisse ^ cebi: qu**! iup^oie dans la
iict\ 3s: icarcuanc , >*^jeiye qce le Com-
|C>i. ï:;cr X dciiax aa I^oete » & ocDe que
\v w5 rvxiT.: %ioscn^r i rooe tour an Coni*
Jcc^:cr« Alc£5 liTitz tcs orgsoe^à tome la
cr.sleui que ces ccciîcenàcfs toos aoront
ir. kirx ; àis;:s ce que togs fSenez tî toos
<tr 1 i U K>is le I\j<ecs ^ le Coccpolîtear 5
t^âeni & le Uwsseur : & vous aaicz touic
EXT 3(t
VExpreffion qu*il vous eft pollîble de don-
ner à l'Ouvrage que vous avez à rendre.
De cette manière, il arrivera naturellement
que vous mettrez de la délicateflè & des or-
nemens dans les Chants qui ne font qu élc-
gans & gracieux , du piquant & du feu dans
ceux qui font animés & gais , des gémiflc-
mens 8c des plaintes dans ceux qui (ont
tendres & pathétiques , & toute lagitation
du Foru-^piano dans l'emportement des paf-
fions violentes. Par-tout où l'on réunira for-
tement l'Accent mufical à l'Accent oratoire »
par-tout où la Mefure fe fera vivement fen-
tîr & fervira de guide aux Accens du Chant ;
par-tout où l'Accompagnement & la Voix
lauront tellement accorder ëc unir leurs ef-
fets y qu'il n'en réfuke qu'une Mélodie , Sç
que l'Auditeur trompé attribue à la Voix
les paflages dont l'Orcheftre l'embellit ; en-
fin par-tout où les ornemens fobrement mé-
nagés porteront témoignage de la facilité
du Chanteur, (ans couvrir 6c défigurer le
Chant , VExpreffion fera douce , agréable &
forte , l'oreille kra charmée & le cœur ému;
le phyiique & le moral concourront à la
fois au plaifir des écoutans , &: il régnera
un tel Accord entie la parole & le Chant ,
que le tout femblera n'être qu'une langue
délicieufe qui fait tout dire & plaît toujours.
EXTENSION,/:/, eft, félon Ariftoxène,
une des quatre parties de la Mélopée qui
confifte à foutenir long-tems certains Sons ôc
gu-delà même de leur quantité grampiati-
cale. Nous appelions aujourd'hui^ Tenues les
Sons ainii foutenus. (Voyez Ténue.)
iéx FA C
■■Ma
F
F.
Ut fi, Tfa ut y ou fimplcmcnt F. Qui*
tneme Son de la Gamme Diatonique & na*
oirelte , lequd s'appelle autrement Fa. ( Voy.
Gamme.)
Oeft anflî le nom de la plus bafle des
trois Clefs de la Mufique. ( Voyez Clbf. )
FACE , / f. Combînaifbn > ou des Sons
d^un Accord en commençant par un de ces
Sons Se prenant les autres (èlon leur fuite
mtureOe > ou des touches du Clavier qui
fennent le même Accord. D'où il fuit qu^un
Accord peut avoir autant de Fûces qu'il y
a de Sons qui le compofent ; car chacun
peut être le premier à fon tour.
L'Accord parfait ut mi /t;/ a trois Faces»
Par la première , tous les doigts font rangés
par Tierces , 8c la Tonique eft fous l'index :
par h féconde mi fol ut, î\ y a une Quarte
ciitre les deux derniers doigts , & la Toni-
que eft fous le dernier : par la croifieme fil
ut mi , la Quarte eft entre l'index & le qua-
uieme > & la Tonique eft fous celm - d.
(Voyez Renversement.)
Comme les Accords Difibnans ont Ordi<-
nairement quatre Sons , ils ont aui& quatre
Faces , ou'on peut trouver avec la même
fecilité. (Voyez Doigter.)
FACTEUR , / m. Ouvrier qui Eût dcf
Orgues ou des Clavecins.
FAN
i6i
FANFARE , / f. Sorte d'Air mîlîtairc,
pour l'ordinaire court & brillant, qui s'exé-
cute pir des trompettes , & qu'on imite fur
d'autres liiftrumens. La Fanfare eft com-
munément à deux dcflus de Tromi>cïtes ac-
compagnées de Tymbales ; & , bien exé-
cutée , elle a quelque chofe de martial &
de gai qui convient fort à Jbn ufage. De
toutes les Troupes de l'Europe , les Alle-
mandes font celles qui ont les meilleurs InC-
trumens militaires; aulli leurs Marches &
Fanfares font-elIes un effet admirable. C'ell
une chofe à remarquer que dans tout le
Royaume de France il n'y a pas un fcul
Trompette qui fonnejufte , & la Nation la
plus guerrière de l'Europe a les Inftrumens
militaires les plus difcordans ; ce qui n'eft pas
fans inconvénient. Durant les dernières guér-
ies , les Payfans de Bohême , d'Autriche &
de Bavière , tous Muficiens nés , ne pouvant
croire que des Troupes réglées eulient des
Inftrumens li ftiux & iîdéteftables, prirent
tous ces vieux Corps pour de nouvelles le-
vées qu'ils commencèrent à mcprifer , &
Ion ne fauroit dire à combien de braves gens
des Tons faux ont coûté la vie. Tant îT eft
vrai que dans l'appareil de la guerre , il ne
faut rien négliger de ce qui frappe les fens.
FANTAISIE , f. f. Pièce de Mufique
Inftrumentale qu'on exécute en la compo-
fant. Il y a cette différence du Caprice ï\i
Fantaifie , que le Caprice eft un recueil
d'idées fingulieres & dîfparates que taflem-
ic imagination échauffée , fie qu'on
$<4 l' A ir
peut mêftie compofer à loî(îr ; au Kcu que
la Fantaifie peut ^tre une Pièce très-régtt-
licre y qui ne diffère des autres qu'en ce
qu^on i*inve*ite en rcxécutant, & qu'elle
n'exifte plus iî-tôt qu'elle eft achevée. Ainfi
le Gaorice eft dans l'efpece & l'affortiment
des idées , & la Fantaifie dans leur promp-
titude à fe préfenter. Il fuit de-Ià qu'un
Caprice- peut fort bien s'écrire , inds jamais
nne Fantaifie \ car fi-tôt qu'elle eft écrite
où répétée, ce n'eft plus une Fantaifie ,x'eft
une Pièce ordinaire. »
FAUCET. (Voyez Fausset.)
FAUSSE-QUARTE. ( Voyez Quartï.)
FAUSSE-QUINTE , /. f. IntenraUe dit
fbhant , appelle par les Grecs hemi-Dia*
pente y dont les aeux termes font diftans
de quatre Degrés Diatoniques, ainfi que
ceux de la Quinte jufte , mais dont l'In-
tervalle eft moindre d'un femi-Ton ; celui
de la Quinte étant de deux Tons majeurs ,
d'un Ton mineur & d'un femi-Ton ma-
jeur , &- celui de la Faujfe- Quinte feulement
d'un Ton majeur, d'un Ton mineur &
de deux femi-Tons majeurs. Si , fur nos
Claviers ordinaires , on divife l'Oûaye en
deux parties égales , on aura d'un côté la
Faufe- Quinte comme fi fit, 6c de Pautrc
le Triton comme fii fi : mais ces deux In-
tervalles , égaux en ce fens , ne le font nî
quant au nombre des Degrés , puifque le
Triton n'en a que trois , ni dans la précifion
des rapports , celui de la Faujft-Quinte étant
de 4; à 64 ^ ^ celui du Triton de 3 2 à 4l«
PAU
Î<J
L'Accord de Faujfe-Quinte eft renverfé
de l'Accord Domiii.inr , en mettant la Note
fenfible au grave. Voyez au mot Accord
comment celui-là s'accompagne.
Il fdui bien diftinguer la Fauffe-Quime
DilTonance, de la Quintt - Faujfe , réputée
Confbnnancc , & qui n'efl altérée que pax
accident. (Voyez Quinte,)
FAUSSE - RELATION ,// Intervalla
diminué ou Tuperflu, (Voyez Relation, )
FAUSSET , f. m. C'eft cette efpece de
voix par laquelle un homme, fortant à l'aigu
du D^^ipafon de Ta voix naturelle , imite
celle de la femme. Un homme fait , à-peu*
près , quand il chante le Faujfet , ce que (ait
un tuyau d'Orgue quand il oûavic. ( Voyez
OCTAVIER.)
Si ce mot vient du François faux oppofé
a jufie , il faut l'écrire comme je fais ici ,
en fuivant l'orthographe de l'Encyclopédie i
mais s'il vient , comme je le crois, du Larin»
j'aux , faucis , la gorge , il feloit , au lieu
- des deux s s qu'on a fublHmées, laîllêi 1*
c que j'y avois mis : Faucet.
FAUX , adj.&cadv. Ce mot eft oppole
à jupe. On ciiante Faux quand on n'en-
tonne pas les Intervalles dans leur iuftelle ,
qu'on forme des Sons trop hauts ou
trop bas.
Il y adesVoixiflu^j , des Cordes /«a^j,
des Inftrumens faux. Quant aux Voix , on
prétend que le défaut eft dans l'oreille &
non dans la glotte. Cependant j'ai vu des
gens qui d\myiiça\\ihi-Fm^/Sij^i accat*
i66 FAX!
dolent un Inftramenc très-jufte. La (auflcti
de leur Voix n'avoir donc pas fa cau(è dang
leur oreille. Pour les Inftrumens» quand les
Tons en font Faux , c'eft que l'Inftrumenc
eft roal cx>nftruit , que les tuyaux en font
mal proportionnés > ou les Cordes fiaifes,
ou qu'elles ne font pas d'accord ; que celui
qui en joue touche Faux y ou qu'il modifie
mal le vent ou les lèvres.
FAUX-ACCORD. Accord difcordant,
(bit parce qu'il contient des Diflbnances
Î>roprement dites , (bit parce que les Con-
bnnances n'en (bnt pas juftes. ( Voyez Ac*
CORD Favx.)
FAUX-BOURDON , f. m. Mufiquc à
plufieurs. Parties , mais fimple 6c (ans Me-
lure , dont les Notes font pre(que toutes
éffides & dont l'Harmonie eft toujours fyl-
Iwique. C'eft la P(almodie des Cacholiqucs
Romains , chantée à plufienn Parties. Le
Chant de nos P(caumes à quatre Parties
peut audi palTer pour une efpece de Faux-
Bourdon , mais qui procède avec beaucoup
de lenteur 6c de gravité.
FEINTE , /. /. Altération d'une Note oa
d'un IntervaJle par un Dièfe ou par un
Bémol. Ceft proprement le nom commun
& générique du Dièfe & du Bémol accî-
denreb. Ce mot n'eft plus en ufage *, mab oo
ne lui en a point fubftitué. La crainte d'em-
ployer des tours furannés énerve tous kf
jours notre Langue, la crainte d'employer
de vieux mots l'appauvrit tous les jours:
(es plus grands cnnenûs (èront toujours ks
puriftes.
appelloit
TES
luITi
)«7
FdrUfs les touches
Chromatiques du Clavier , que nous ap-
pelions aujourd'hui touches blanches, &
qu'autrefois on faifoit noires , parce gue nos
grolTiers Ancêtres n'avoieiit pas longe à
feirc le Clavier noir , pour donner de l'éclat
à la maiiv des femmes. On appelle tncorc
aujourd'hui Feintes coupées celles de ces
touches qui font brifées pour fupplcer au
Ravalement.
FESTE , f. f DiverrifTement de Chant &
de Danfè qu'on introduit dans un AOs
d'Opéra, & qui iiicerrompt ou rufpeiul
toujours l'adion.
Ces Féies ne font amufânics qu'autanr
que l'Opéra même ell ennuyeux. Dajis ua
Drame iniércilànt & bien conduit ii fcroit
împoflîble de les fuppotter.
La différence qu'on ailignc à l'Opéra,
entre les mots de Fête Si de Divertijfement ,
ell que le premier s'applique plus particulière-
ment aux Tragédies , & le fecondaux Ballets,
. FI, Syllabe avec laquelle quelques Mufï>
<àens folfient la fa Dièfe , comme ils (bliîenc
par ma le mi Bémol ; ce qui paroîc allez
bien entendu. (Voyez Solfier.)
FIGURÉ. Cet adjeâif s'applique aux
Notes ou à l'Harmonie : aux Notes , comme
dans ce mot , B'ijfe-Fîgurée , pour exprimer
une Baffe dont les Notes portant Accord ,
font fubdivilées en plulieurs autres Notes
de moindre valeur , (Voyez Bassï-Figo-
rée) : à l'Harmonie, quand on emploie
Mr Suppofitioo Se dans une marche Dia-
jgS F I G
tonique d'autres Notes que celles qui (of*
ment TAccord. ( Voyez Harmonie-Figu-
rée , & Supposition.)
FIGURER 5 V. a. C'eft pafTer placeurs
Notes pour une ; c^eft faire des Doubles 9
des Variations; c'eft ajouter des Notes aa
Chant de quelque manière que 'ce (bit :
enfin c'eft donner aux Sons harmonieux une
Figure de Mélodie, en les liant par d autres
Sons intermédiaires. ( Voyez Double ,
Fleurtis , Harmonie-Figurée.)
FILER un Son , c'eft en chantant mé*
nager fa voix , en forte qu^on poiflè le pro-
longer long- tems (ans reprendjre haleine. Il
y a deux manières de Filer un Son : la
première en le foutenant toujours égale-
ment ; ce qui fe &it pour fordmaire fur les
Tenues où l'Accompagnement travaille : la
fecondç en le renforçant ; ce qui eft plus
ufîté dans les Paflàges & Roulades. La
première manière demande plus de jufteilè ^
& les Italiens la préfèrent ; la (èconde a
plus d'éclat & plaît davantage aux François.
FIN , / /I Ce mot fe place quelquefois
fîir la Finale de la première partie d'un Ron-
deau , pour marquer qu*ayant repris cette
première partie , c'eft (ur cette Finale qu'on
doit s'arrêter & finir. (Voyez Rondeau.)
On n'emploie plus gueres ce mot à cet
ufage , les François lui ayant fubftitué le
Poînt-Final à l'exemple des ItaJiens. ( Voyez
Toint-Final. )
FINALE , / f. Principale Corde du
Mode qu'on appelle auffi Tonique , & for
laquelle
F I X i69
kquellc TAîr ou la 'Pièce doit fimr. (Voyez
Mode. )
Quand on compofe à pluficurs Parties,
Se fur-couc des Chœurs , il &uc toujours que
k Bade tombe en finiflant fur la Note
même de h Finale. Les autres Parties peu-
vent s'arrêter fur fà Tierce ou fur fa Quinte.
Autrefois c'étoit une règle de donner tou-
jours » à la (in d'une Pièce > k Tierce ma*
îeure à k Rnalt , mêûie en Mode mineur >
mais cet ufage a été trouvé de mauvais gouc
& tout-à-kit abandonné.
FIXE , adj. Cordes ou Sons. Fixes ou
ftables. ( Voyez Son, Stable.)
FLATTÉ , f. m. Agrément du Chant
François , dimcile à définir ; mais dont on
comprendra fuflfifamment l'effet par un
exemple. (Voyez PL B, Fig. i^ , au mot
Flatte.)
FLEURTIS , f. m. Sone de Contre-point
figuré, lequel n'eft point fylkbique ou Note
fur Note. Ceft aufC l'adèmbkge des
divers agrémens dont on orne un Chanc
trop Ample. Ce "mot a vieilli en tous fèns.
(Voyez Broderies , Doubles , Varia*»
TioNS , Passages.)
FOIBLE , adj. Tems faible. (Voyez
Tems. )
FONDAMENTAL , adj. Sonfbndamen^
tal eft celui qui fêrt de fondement à l'Ac«
cord , ( Voyez Accord. ) ou au Ton %
( Voyez Tonique. ) "R^iSt^ Fondamentaîé^
eft celle qui fert de fondement à l'Harmo^
nie. ( Voyez Basse-Fondamehtale. ) Ac-^
Di3. de Mujiquc. Tome L A a
370 FOI
cord Fondamental cft celui dont 'a Balle icft
Fondamentale ^ & dont les Sons font arran-
gés félon l'ordre de leur génération : mais
comme cet ordre écarte extrêmement les
Parties , on les rapproche par des combi-
naifons ou Renrerfemens , & pourvu que
Li BafTe refte la même , l'Accord ne laifle
pas pour cela de portçr k nom de Fcnda^
mental. Tel eft , par exemjJe , cet Accord
ut mi fol y renfermé dans un IntervaUe de
Quinte : au lieu que dans l'ordre de fa gé-
nération ut fol mi y ^ il comprend une Dixiè-
me & même une Dix-Sepdeme 4 puiiqae
Vut fondamental n'eft pas la Quinte de fol ^
mais roûavc de cette Quinte.
FORCE , /. /. Qualité de Son appclléc
aufli quelquefois Intenjité , qui le rend plus
iènfible & le fait entendre de plus loin. Les
vibrations plus ou moins fréquentes du corps
fbnore , (ont ce qui rend le Son ^gu ou
grave ; leur plus grand ou moindre écart
oe la ligne de repos , eft ce qui le rend fort
ou fbible. Quand cet écart eft trop grand
& qu^on force rinftnimenc ou la voix ,
{ Voyez Forcer ) le Son devient bruit Se
ceflc d'être appréciable.
Forcer la voix , c'eft excéder en haut
ou en bas (on Diapafbn , ou fon volume à
'tfbrce d'haleine ; c'eft crier au lieu de chan-
ter. Toute voix qu'on force perd fa îuftefle :
cela arrive même aux Inftrumens où foo
force l'archet ou le vent j 6c voilà pour-
quoi les François chantent rarement îofte.
FORLANE , y: y: Air d'une Danfc de
f O R. . ïyi
même nom coramutic à Venîfe , fur-tout
parmi les Gondoliers. Sa Mefure cft à p;
elle fe bat gaiement, & U Danfeeft aulïï
iurc gaie. On [appelle ForLi/ie, parce qu'elle
a pris naifTance dans le Fhoul , don: les ha-
bitans s'appellent ForLms,
FORT, adv. Ce mot s'écrit dans les Par.
lies , pour marquer qu'il faut forcer le Son
avec véhémence j mais (ans le hauffer ; chan-
ter à pleine voix , tirer de l'Inftrumenc beau-
coup de Son : ou bien il s'emploie pour dé-
truire l'effet du mot Doux employé précé-
demment.
Les Italiens ont encore le fuperlatif For-
lijjimo , dont on n'a gueres befoin dans 11
Mulique Ftançoîlè ; car on y chante ordi-
nairement trh-furi.
FORT , adj. Tcmsfirt. ( Voyez Tems.)
FORTE - PIANO , Subftantif Icalien
compofé, & que les Muficiens devroienc
francifer , comme les Peintres ont francifé
celui de Ckiaro-fcuro, en adoptant l'idée qu'il
exprime. Le Forte-piano eft l'art d'adoucir
& renforcer les Sons dans la Mélodie imi-
tative , comme on fait dans la parole qu'elle
doit imiter. Non-feulement quand on parle
avec chaleur on ne s'exprime point toujours
fur le même Ton ; mais on ne parle pas
touiours avec le même degré de force. La
Mufique , en imitant la variété des Accens
& des Tons , doit donc imiter auiti les de-
grés intenfes ou remirtes de la parole , de
tantôc doux , tantôt fort , tantôt à
ccffiven
ijt F R A
dcmi-Toîx ; & vcnlà ce qolndiqiie en gé^
Dcral le mot Farte-piano.
FRAGMENS. On ^ippeOe ainfî à 1' Opén
de Paris le choix de tiiHS oa quatre Aâcs
de Ballet > qu'on tire àc divers Opéra , te
qu'on raflcmble , quoique n'aient aucun
enrr^eux^poorétre rcprabités fuc
Ivement le tnaDejour , & remplir , avec
leurs Entr'Aâcs , la durée d'un Speâade
ordinaire. Il n'y a qu^un homme £ûis go^
qui puiflc imaginer un pareil ramaflis , &
2u'un Théâtre iâns intérêt oà f oo puiflê le
ipportcr.
FRAPPÉ, ift(f. pris fidfi. Ceft le Tcms
on l\m baiflè la main on le pkd , & où l'on
fiappe pour marquer la Mefure. ( Yoyex
* Thesis. ) On ne frappe ordinairement du
pied que le premier Tems de duque Mefu*
' re ; mais ceux qui coupent en deux la Me«
fure à quatre , (rq^pent anifi le umfieme.
En battant de la main la Mefure , les Fran-
çois ne frappent jamais que le premier Temi
& marquent les autres par divers mouvc-
mens de main : mais les Italiens^ frappent les
deux premiers de la Mefure à çn»s > & le*
vent le troifieme ; ils frappent de même kft
deux premiers de la Mefure ï quatre , te
lèvent les deux autres. Ces mouvemens font
plus (impies & fèmUent plus commodes.
FREDON , f. m. Vieux mot qui fiçûfe
unPailàge rapide &prefque toujours Diato-
nique de pluiîeurs Notes fur la mêoie
iyllabe ; c'eft à peu-près ce que l'on a depuis
appdlé.AufMs > avec cetcc difierence que
FRE
m
l RouUiJe âurc davantage & s'écrit ,
[■feu mie le Fredon n'eft qu'une coune addi- \
ftibii C.C goût i ou , comme on dilbit zauf
■Ibis, une Diminution que le Chanceui fiai
wiar quelque Nore.
FREDONNER > r. n. Se a. Fâre des
\'^cdoni. Ce mot ril vieux èc ne s'emploie
ÏIus qu'en d^rifion,
J^OgUE , //. Pièce ou moiceau de Mu-
^■jfiquc où l'on traite , félon certaines règles
d'Harmonie & de Nlodularion , un Chant
appelle fitjet y en le filant pslfer fucceiïî-
vcment & alternativement d'une Partie ï.
L*ine autre.
Voici les principales règles de la Fugue ,
Pdont tes unes lui font propres , & les autres
' Communes avec l'Imicaiîon.
I. Le fujet procède de la Tonique à la
Dominante ou de la Dominante à la Td-^
nique , en montant ou en defcendant,
II. Touït Fugue a fa réponfe dans li
Pardc qui (uîc immédiatement celle qui a
commencé. i
(III, Cette réponfe doit rendre le fujct-
\ la Quarte ou à la Quînre , & 5>ar mon» J
vemeni fembiable , te plus exactement qu'H ,
eft polTible ; procédant de la Dominante à la
Tonique quand le fujct s'eft arttioncé de hi
Tonique à la Dominante , & vke-verfà. Une
Partie peut aufli reprendre te mime fujei
â roâave ou à l'Unifton de la précédente :
mais alors c"eft répétition ^tôc qu'une vé*
ricabte réponfe.
E= IV. CoBune fOâave fe àivife en detut
Aa i
Dcgjes en rr*«ifiT'C de b Toniqiic à la Do-
flBBSOSOC 3. fie rSBEIC KBKIBCZEE tlCHS Cil GOO-
tftmgjg ^ loocter de la Drmîmme à la
oHi^ dsnÊr c^aod \ ctxtt
t'expicffion da fi^^, & de
dans ta icponle ,
xxdcs c&BdeUes
da &iod^ OÂ anac choéc qpnd «m (e
pfOf€& de ctmjgyi de Ton; àlaolïxaâi-
tode lE&eme de b iépoB& pniê ibr âne auOEC
ytodak lô ahriJiriift pn^ncs à
m^HL^^mH*'
aor que b R^mt fak. deflînrr de
1^ ibneqttr biépoisic pniflêcitficraTiiiC
Ja Kl do picxnîci' Qiaiif , afin qu'on enten*
de en parue fane ft-laotir a b Ibîs» que
nvceaeanikîpaDan le fiqcc iê Ge, poor amfi
SEre^àloî-mésie, & que laïc dii Compo-
£teiir fe waaae dam ce oonooois. C'cft
ic moquer que de donner poor Fitgut un
.Chant qo'on ne £ûr qœ promener d'une
Partie a faune , iâns antre gêne que de
faccoKpqgner cnfilhe à fa voioiité. Cela
Toénic cooc an plus le nom dlmiiation.
( Voyez Imitation. )
Oatre cts règles > qui (ont (bndamenta-
les, pour réulEr daos oe gcme de Compo-
fition > il y en a d'antres qui y pour n'ècre
qne degpur , n'en ibnt pas moins eflènôel-
ks. Les Fugues , en généivl» rendent h
Mnfiqae plus brnyanie qo'agréable \ c'eft
pourquoi elles convieniiefk inieuz dans 1^
Cbœun qœ par-tont aiUcpr^ Q^^ jcomne
F U G
i?!
I
leur principal méiicc eft de fixer toujours
l'oreille fur le Chant principal ou fujct ^,,
qu'on feit pour cela pafler incefTaitimcnt dè^i
Partie en Partie , & de Modulation en Mo-
dulation i le Composteur doit rr.ectre tous
|!iès foins à rendre toujours c; Chant bien
^ftinét , ou à empêcher qu'il ne foit étouffé
ou confondu parmi les autres Parties. Il y
a pour cela deux moyeus ; I un dans le mou-
vement qu'il faut fms ceiîe contrafter ; tïc
forte que , li la marche de la Fugut eft pré-
cipitée, les autres l'arries procèdent pofè-
ment par des Notes longues i & au con-
iraire , C la Fagae marche gravement , que
les Accompagnemens travaillent davantage.
Le fécond moyen eit d'écarcer l'Harmonie ,
de peur que les autres Parties , s'approclianc ,
trop de celle qui chante le fujet , ne fe
confondent avec elle, & ne l'empcchenide
fè faire entendre affez nettement ; en forte
âue ce qui feroit un vice partout ailleurs,
Evient ici une beauté.
Unité de Mélodie ; voilà la grande règle
commune qu'il taut fouvent pratiquer par
des moyens ditférens. il faut choilir les
Accords, les Intervalles , afin qu'un certain
Son , Se non pas un autre , falle l'effet prin-
cipal; unité d.; Mélodie. Il faut quelquefL'i&
mettre en jeu des inftrumens ou dss Voix
id'cfpeco différente , afin que la Partie qui.
doit dominer fe diftingue plus aifément ;
unité de Mélodie. Une autre attention non
moins nécellàite , el\ , dans les divers e;i-
chakcmem de. Modulations qu'amené U
Aa 4
5T« FUG
xttudie & le propres de bAjfue, «lefàiie
oue CDVtes ces Modahdocs fe correfpon-
dcnt à k (bîs dans tootcs les Parties > de lier
le tout dsiis*fiaii pfonrès par une exaâe
ccnferniké de Ton ; de peur qu'une Par«
tie écanc dans un Ton & l'autre dans un
autre , l'Harmonie entière ne (bit dans au-
cun > & ne méicnte plus d'effet (impie i
Toreille » ni d'idœ fimple à l'efprit ; unité
dt MtloSe. En un mot , dans toute A^we »
h confiil^on de Mâodie te de Modularion
eft en mâtue tems ce qu'il y a de plus à
craindre Se de plus difficile à éviter ; & ie
plaiûr que donne ce genre de Mulique étant
toujours médiocre, on peut dire qu'une
bette Htgme eft l'ingrat œe£^'ceuTre d'un
bon Hannonifte.
Il y a encore ptufieturs antres manières
de JFi^Mes ; comme les JFiigues ftrpkuetks
appdiées Canens , les dotMes Agues , les
Conire^Ri^es , ou Rajua rènvtrfits y qu'on
peut voir chacune à ion mot , & qui (èr«
vent plus à étaler l'art des Compofireurs
qu'à natter l'oreille des Ecoutans.
luguty du Ladn fi^ ,^ fititt / P^rc^ ?ue
les Parties, partant ainli fucceHÎvement ,
femblent ie fuir & k pou^fuivre l'une
l'autre.
FUGUE RENVERSÉE. Ccftunefl/pie
dont la réponfe (e fait par Mouvement
contraire à celui du fujec ( Voyez Contri-
Ft70UE. )
FUSÉE ,f.f. Trait rapide 8c continu qui
Aonte ou defcend pour jcûndi^ diaftxiiquc-
TV s
377'
jnenc deux Notes à un grand Intervalle l'une
de l'autre. (Voyez PL C. Fig. 4. ) A moins
que la Fufée ne (bit Notée , il faut , pour
l'exécuter , qu'une des deux Notés extrêmes
ait une durée fur laquelle on puiflè pa({èr la
Hifée (ans altérer la Mefuie.
^ AI
G-
***7rffT s^\giidg au. irtniraii juC x Vbfcs
C^ anS jr snm: cSr k j&b koK des
H]uiàsj?::iiljEnjiaii^ xc iCDSC fcinM''ii jÊHtgwmj
HCC TCSEd TVîiXifusat sadD gi cstrac*
rr £ijse JMamxinr,. ôaàrJcaiiicsBatox dn
^me rtiTie oe Turmr accL On b nom-
3ii?ir agrrciff Mj/Tame^que^ mer qo'cîlc
sens d^ . àc-^nc^^ Tsnnr <âr Rosar, ou du
C2L Ltsi2±r:iriac3raaB!fiaBl^apf«lîc,
^^J^iAtE, GA^tMrrr, m GAMMA-
l, ;.. Tai^ co: E.inidk' âjtqtcêc {ar Gui
fi: s i:,C!jmaa jiscr iks^ Dqg^s de TOâzve
MT les £l Nc^cs dr AÊcrâgpK , wc n mi fo
G A M J7J
f eac leur donner -y ce qui s'appelle foifien
\ Voyez ce mot. )
La Gamme aaufli été nommée Mainhar^
/noniqucy parce que Gui employa d'abord
la figure d'une main , fur les doigts de la«
quelle il rangea fes Notes , pour montrer
les rapports de fes Hexacordes avec les cinq
Tétracordes des Grecs. Cette main a été en
ufage pour apprendre à nommer les Note^
jufqu'à l'invention du Jt qui a aboli chez
nous les Muances, & par confëquent la
Main harmonique qui ferc à les expliquer^
Gui Arétiii ayant , félon Topinion com-
mune , ajouté au Diagramme des Grecs un
Tétracorde à l'aigu , & une Corde au grave,
ou plutôt , félon Meibomius , ayant , par ces
additions y rétabli ce Diagramme dans fon
ancienne étendue , il appella cette Corde
grave Hypoprojlambanomenos y & la marqua
jar le f des Grecs j & comme cette lettre
e trouva ainfi à la tête de l'Echelle , en
Ê laçant dans le haut les Sons graves > (eloq
i méthode des Anciens , elle a fait donnée
à cette Echelle le nom barbare de Gamme»
Cette Gamme donc y d^ns toute fon éten«
due , étoit compofée de vingt Cordes ou
Notes; c'eft-à-dire, de deux Odaves &
d'une Sixte majeure. Ces Cordes étoient rc-
préfentées par des lettres & par des fyllabes^
Les lettres défignoient invariablement cha-
cune une Corde déterminée de l'Echelle ,
comme elles font encore aujourd'hui ; mais ,
comme il n'y avoir d'abord que fix lettres ,
enfin que lept , Se qu^il faloic recommci»;
î
5So G A M
cer d*Oâave en Oâavc , on dîftingooit ces
Oâsnres par les figures des lettres. La pre*
imereOâare Ce marquoicpar des lettres ct-
^xaks de cette mamere : f. A. B. &c. il
£xonde, par des caraâeres cxmrans g. a. b.
& pour k Siste famoméraire, <m empioyoit
des lettres doubles ^ gg ^ aa^ hb ^ &c.
Qqant aux (yllabes , elles nerqiféfèntoient
que les noms qu'il Êdmt donner aux Notes
en les diancuit. Or y comme il n'y aVoit
que fix noms pour (èpt Notes > c'étoit une
néceffifé qu'an moins un même nom ffit
donne à deux difierentes Notes ; ce quife
fit de manière que ces deux Notes niifk ^
ou la fa, tombailcnt furies (ênû-Tons. Par
coniequent dès qu'il (è préfêntoît un Dièfe
tm. un Bémcd qui amenoit un nouveanfèmp-
Ton, c'éroient encore des noms àchang^;
ce qui Ëdfoît donner le même nom à dif-
fhfentes Notes , & (Merens nomsà la même
Note , (èkm le progrès du Chant ; & ces
changemens de nom s'appelloient Muances.
On apprenoit donc ces Muances par h
Gamme. A la gauche de chaque Degré on
Voyoit une lettre qai îndiquoit la Corde
^écifê appartenant à ce Degré. A la droke,
^EUis les cafés 3 on trou voit les cSflerensRoms
que cette même Note devoir porter en mon-
tant ou en defcendant par Béquarre ou par
Bémol , (clon le progrès.
Les difficultés de cette méthode ont fait
Élire , en divers tems , plu/ieurs changemens
à la Gamme. La Figure lo. Planche A. rc-
ptâcnle cette Gamme ^dk qujelleeftaéfaie^
G A M 381
lement ufitce en Italie. Ceft à-peu-près la
même cho(è en Efpagne & en Portugal , fi
ce n'eft qu'on trouve quelquefois à la der-
nière place la colonne du Béquarre , qui eft
ici la première , ou quelqu autre différence
aufCpeu iniporcante.
Pour fe fervir de cette Echelle , fi l'on
veut chanter au naturel , on applique ut
à r de la première colonne^ le long de la-
quelle on monte jufqu'au ta\ après quoi y
paffant à droite dans la colonne du b natu^
rel , on nomme /2i; on monte au la de la
même colonne ^ puis^n retourne dans la
précédente à iTii , & ainfi de fuite. Ou bien,
on peut commencer par i// au C de la fe-»
conde colonne 3 arrivé au la paifer à m dans
la première colonne , puis repafler dans 1 au«
tre colonne au fa. Par ce moyen Tune de
ces tranfitions forme toujours un femi-Ton j
favoir y la fa : ôc Tautre toujours un Ton j.
làvbir , la mi. Par Bémol , on peut commen- ^
cer à Y ut en coxxf^ & faire les tranfitions
de la même manière , &c.
En defcendant par Béquarre on quitte \*ut
de la colonne du milieu > pour palier au mi
de celle par Béquarre, ou au /à de celle
par Bémol \ puis defcendant jufqu'à \'ut de
cette nouvelle colonne , on en fort ^zx fa.
de gauche à droite , par mi de droite à
gauche, &c.
Les Ângbis n'emploient pas toutes ces
fyllabes , mais feulement les quatre premières
ut re mi fa; changeant ainfi de colonne de
quatre en quatre Notes ^ ou de trois en trois.
itz G A M^
par mx mcàioie fcaklbiAe à ceOe que ys
TÎcns d'expliquer , fi ce n'eft qu'au ueu de
ta féÊ te Az lamî y il Eut muer psafinUySc
parmf i£t.
Les Alkmaiidsn'aiic point dautie Gamme
ooeks lettres inidales quimarquent les Sons
tacs dans les autres Gammes, 8c ils iblfient
inéme arec ces lettres de la manière qu'on
txNura Tcnr au mot Solfieh.
jTGammt FnmçoiTe, autrement dite
Canote au fi y lere les embarras de toutes
ces txanfitions. EOe confifte en une fimjJe
Frhrîlr de fix Degrés (ur deux colonnes ,
outre ccBc des fcmes. ( Voyez PL A. F!g.
II.) La preisiere coloinie à gauche eft pour
dunter par Bémol; c'eft-i-dîre, avec un
Bémol à la Clef;la Ccocmâe, pour chanter
an naturd. Yc»là tout le myfteie de b
Gamme Françcnlê qui n'a gaercs pins de
«Sfficulté que d'unlité , attendu qne tmte
antre altération qu'un BémcJ h met à 1 mu-
tant hon d'ufâge. Les autres Gammes n'ont
par-deflus celle-là , que Pavancage d'avoir
aufC une colonne pour le Béquarre ; c'cft*
à-dire ^ pour un Dièfe à la Oef; msâ^ G-
cot qu'on y met |rfus dm Dièfe ou d'un
Bémol 9 ( ce qui ne (è feifint jamais autre-
Ibis^) toutes ces Gammes fi>nt également
inunies.
Aujourd'hui que les Mufidens Françob
diancent tout au namrel , ils n'ont que fjirc
de Gamme. CJblur, irr , & C nefbnr, pour
eux , que la même chofê. Mais dans le fy^
lême dcGnij ta eft one cholê> Oc Cai
<î A V 3Î5
eft une autre fort difFérente; & quand il
a donné à chaque Noce une fyllabe & une
lettre , il n a pas prétendu en feîre des fyno-
nymes ; ce qui eût été doubler inutileinent
les noms Se les embarras.
GAVOTTE,/: /. Sorte de Danfc donc
TAir eft à deux Tems , & fe coupe en deux
xeprifès , dont chacune commence avec le
fécond Tems & jfînit fur le premier. Le
mouvement de la Gavotte eft ordinairement
gracieux , (buvent gai, quelquefois aufïî ten-
<lre & lent. Elle marque lès phrafès & fès
jepos de deux en deux Mefures*
GÉNIE y fi m.lSie cherche point, jeune
Artifte , ce que c'eft que le Génie, En as-
tu : tu le (ens en toi-même. N'en as-tu pas :
tu ne le connoîtras jamais. Le Génie du Mu-
sicien fbumet rUnivers entier à Con Art.
Il peint tous les tableaux par des Sons^ il
fait parler le filence même ; il rend les idées
par des fentîmens, les fèntimens par -des
accens ; & les pallions qu'il exprime , il les
«xcite au fond des cœurs. La volupté, par
lui , prend de nouveaux charmes ; la dou-
leur qu'il fait gémir arrache des cris ; il
fcrûle lans cefle &c ne fe confume jamais.
Il exprime avec chaleur les frimats & les
Îjlaces j même en peignant les horiears de
a mort , il porte dans lame ce (ènciment
de vie qui ne l'abandonne point , & qu'il
communique aux cœurs faits pour le fentir.
Mais hélas ! il ne fait rien dire à ceux où fon
germe n'eft pas , & (es prodiges font peu
Icnfiblcs à qui ne les peut imiter. Veux*
>
}84 G E N
tu donc (avoir fi quelque étincelle de ctîn
dévorant t'anhne ? Cours , vole à Napks
écouter les chcf-d'oeuvres de Léo , de Du»
rantey de JommelU , de PergoÙfe, Si tes yeux
s'empliflènt de larmes , fi tu fens ton cœur
palpiter , fi des treflàillemens t'agitent y fi
roppreifion te fiifibque dans tes tianfîx>rts,
prend le Métaftafè & travaille , ùm Génie
échaufièra le tien ; tu créeras à fim exem-
ple : c'eft-là ce que &it le Génie y & d'autres
yeux te rendront bientôt les jÂeurs que les
Maîtres t^ont fait verfer. Mais fi les char-
mes de ce grand Art te kiflênt tranquille»
fi tu n'as ni délire ni raviilêment » fi tu
ne trouves queixau ce qui tranfporte^ ofès-
tu demander ce qu'eft le Gétut ? Homme
vulgaire y ne profine point ce nom fiiUime.
Que t'importeroit de le connokre ? ra ne
iàurois le fi^ntir : fais de la Mufique Fran*
çoifè.
GENRE, /; m. Divificni & difpofition
du Tétracorde confidéré dans les IntervaU
ies àts quatre Sons qui le compofent. On
conçoit que cène définition^ qui eft celle
dTuclide y n'eft applicable qu'à la Mufique
Grecque, dont j'ai à parler en premier
lieu.
La bonne conftîtution de l'Accord du
Tétracorde ; c'eft - à - dire , rétabliflcment
d*un Genrt régulier, dépendoit des trois
règles fiiivantes , que je tire d'Ariftoxcne.
La première étoit que les deux Cordes
extrêmes du Téuacorde dévoient toujours
scfter immobiles, afin que leur Intervalle
fiit
fât touîôurs celui d'une Quarte jufte ou du
Wateflàron. Quant aux deux cordes moyen-
nes y elles varioient à la vérité ; mais l'In-
tervalle du Lichanos à la Mèfe ne dévoie
jamais paflèr deux Tcnsy ni diminuer au-
delà d'un Ton ; de forte qu on avoit précî-
fément refpacc d'un Ton pour varier l'Ac-
cord du Lichanos, &c'eft la féconde règle.
La troifieme éroit que l'Intervalle de la Par-
hypate , ou féconde corde, à i'Hypate , n'ex-
cédât jamais celui de la même Parhypatc
au Lichanos.
Cdmnie en général cet Accord pouvoîc
fc diverfîfîer de trois façons , cela confti-
ttioit trois principaux Genres; favoir,Je Dia-
tonique , le Chromatique & l'Enharmoni-
que- Ces deux derniers Genres , où les deux
premiers Intervalles fàifoient toujours en-«
fanble une fomme moindre que le troi-
fieme Intervalle , s'appelloient à caufe de
cela Genres épais on ferrés. ( Voyez Épais.)
• Dans le Diatonique, k Modulation pro-
cédoit par un femi-Ton, un Ton, Se un
autre Ton , Jiùt re mi ; & comme on y paf^
(bit par deux Tons confécutifs , de -là lui
venoit le nom de Diatonique. Le Chroma-
tique procédoit fuccefîîvement par deu£
fcmi-Tons & un hémi-Diton ou une Tierce
mineure, yî, ut y ut Dièfe, mi\ cette Mo-
dulation tenoit le milieu entre celles du
Diatonique & de l'Enharmonique, y fei-
Ênt, pour ainfî dire , fentir diverfesnuan-
.ces de Sons , de même qu'entre deux coup-
leurs principales on introduit plufieurs^huacir
Diâ* de Mujique. Tome L 1^ b
^U G £ N
CCS imerm&liaîres , & de-là vîeiit qxtan^
Jiclloic ce Genre Chromatique ou colore^
Dans l'Enharmonique , la Modulaticm pro«
cédcÀ par deux Quarts-de-To/z , en diviianc ,
fclon la doârine d'Ariftoxène, le (èmi«
Ton majeur en deux parties ^ates , & uo
I^ton ou une Tierce majeure, comme fi ^
fi Dièfê Enharmonique y ui 8c m : on bien ,
fêkmles Pythagoriciens, en dÎTÎfàntfeiaaii-
Ton majeur ea deux Intervalles inégaux »
qui (brmoient^ Tun te (èmi-Tof> mineur,
c^eft-à-dire , notre Dièfc ordinaire , & l'autre
le complément de ce même femi-Ton mi--
nçur au femi-Ton ms^euf, & enfuitc le
Qjiton y comme ci-devant yfi^fi Dièfe ordi^
mire 5 11/ , mi. Dans le premier cas , lesdeux
intervalles égaux du fi à \ut étoienfc tou»
dfux Enharmoniques ou d'un Qûart-dc-
Ton \ dans le fécond cas , il n'y avoit d'En-
Iiarmonique que le pafTage du fi Dicfe à
Y ut y c'ctl- à-dire , la dinërence du femi-
Ton mineur au femi-Ton majeur , laquelle
cft le Dièfe appelle de Pythagore & le vé-
xicable Intervaue EnharmcMiique dorai^par
k Nature.
Comme donc cette Modulation, dit M.
Burette , fe tenoit d abord très-ferrée , ne
parcourant que de petits Intervalles, des
Intervalles prcfque infenlîbles , on la nom-
^oit Enharmonique^ comme qui direct 3/eir
jointe y bien aflemWée , prob^ coagmtntata.
Outre ct& Genres principaux , il y enavoît
d'autres qui réfultoient tous des divers pai^
tages. du Téuacorde , ou de £içons de l'a^.
ê
tôîàct dirferentes de celloi dbht je Vîens dô
parler. Ariftoxène fubdivifè le Ge/iré Diato-
nique en Syntonique & Diatonique mol J
( YoyeÉ Diatonique^ ) &' le Genre Chro-*
jmatique en mol, Hémiolien & T(Hiique^
( Voyez Chromatiqite ) dont il donne
les différences comme îe les rapporte à
leurs articles. Ariftide Quintilien feit men-*
tion de plufieurs autres Genres particu-*
liers , & il en compte fix qu'il donne
pour très ^ anciens ; (avoir , le Lydien , le
Dorien , le Phrygien , l'Ionien , le Mixc^
lydien , &leSyntonolydien> Ces fix Genres^
qu'il ne feut pas confondre avec les Tons
ou Modes de mêmes noms , différoient paf
leurs Degrés ainii que par leur Accord; leâ
uns n'arrivoient pas à r06kave , les autres
1 atteignoient , les autres la padbient; ea
(brte qu'ils participoient à la fois du Genre
6c du Mode. On en peut Voii! le détail dans
le Muficien Grée,
En général le Diatonique fe dîvifê cii an-*'
tant d'efpeees qu'on peut aflîgner d'Inter-
valles différens entre le femi-'Ton & \%
"Ton. ^ ■
Le Chromatique en autant d'efpeces qu'oa
peut aflîgner d'Intervalles entre le femi-Tori
& le Dièfe Enharmonique.
Quant à l'Enharmonique 5 il ne fé fubdi*
yife point.
Indépendamment /de toutes cei fttbdivt'
fions , il y avoit encore un Genre commun^
'dans lequel on n'employoit que des SonS
fiables qui appanieonent à tous les G^/xr^r^
fib %
3SS G EH
& fsn Gtmr nûxtc qui piiriôposc da cane*
titre Ce deax Genres oa de rous ks croêSb
Or i! fsxa bkn ren:2rqiier qae dans ce mé-
Ungç de Genres , qui éroît trcs-rarc , oa n'em-
ploycKt pcs f our ce!a pîas de qiLâtze cor-
de: ; mab on !es leViCiÀt ou reilchoic dî-
Terârmenc duram une mémî: Pièce y ce qui
ne paroit pas trop facile à pratiquer. Je
Ibapçotme quepeur-lcreunTétiacordeétoic
accordé dans un Genre » & un antre dans
vn autre ; mais les Auteurs ne s'expliquent
pas dairentent la-d'fTus.
On lit dans Ariftoxene , ( X» /. Pan. lO
que îofqu'au tems d'Alexandre , le Diato-
nique & le Chromatique étoienr né Jigés
des anciens Mufidens, & qu'ils ne sexcr-
c oient que dans le Genre Enharmonique,
comme le (eul digne de leur habi été ;
mais ce Ge^e étoit entièrement abandonné
du tems de Plutarque , & le Chromatique
aiidî fiit oublié , même avant Macrobe.
y L e:udi: des écrits des Anciens , plus que
le progrès èie norre Mufique , nous a rendu
ces idées, perdues chez leurs (ucctircurs.
Nous avons comme eux le Genre Diato-
nique, le Chromatique & l'Enharmom-
que , mais fans aucunes divisons y 6c nous
confinerons ces Genres Xous des idées fort
différentes de celles qu'ils en avoicnt. C c-
toient pour eux autant de manières parti*
entières de conduire le Chant fur certaines
cordes pr. fentes. Pour nous , ce font autanr
de manières de conduire le corps entier
1 Harmonie j qui forcent les . Parties à
G E N ^81;.
Jttîvrc les Intervalles prefcrits par ces Genres;
de forte que le Genre appartient encore plus
à THarmonie qui l'engendre ^ qu^à la Mé-
lodie qui le fait fentir.
Il faut encore obferver que , dans notre ;
Mufique , les Genres font prefque toujours
mixtes ) c'eft-à-dire , que le Diatonique entre
pour beaucoup dans le Chromatique, &c
que l'un & Tautre font néceffairement mêlés
à TEnharmonique. Une Pièce de Mufique
toute entière dans un feul Genre, fcroit
très-difficile à conduire & né fcroit pas fup^
portable ; car dans le Diatonique il feroic
împoflible de changer le Ton : dans le Chro-
matique on feroit forcé de changer de Ton
à chaque Note , & dans l'Enharmonique il
n'y auroit abfolument aucune forte de liai-
fon. Tout cela vient encore des règles de.
Tidarmonie , qui affujettiflent la fuccefïîon
des Accords à certaines règles incompati-
bles avec une continuelle fuccelïîon Enhar-
monique ou Chromatique j & auffi de celles
de la Mélodie , qui n'en (auroit tirer de
beaux Chants. Il n\n étoit pas de même
des Genres des Anciens. Comme les Tetra--
cordes étoient également complets , quoi-
que dîvifés différemment dans chacun des
trois fyftêmes 5 fi dans la Mélodie ordinaire
un Genre eût emprunté d'un autre d'autres
Sons que ceux qui fe trouvoient néceflai-
rement communs entr'eux , le Tétracorde
auroit eu plus de quatre cordes , 6c toutes
les règles de leur Mufique auroient été con-
fondues.
Bb 3
Ija G I G
M. Serre de Genève a BAht êiiBnê&om
ê^un quatrième Genre duquel fai parlé dans
feu article. ( Voyez Di acoi€matiq]7e. )
GIGUE , / / Air d'une Danfe de même
nom y dont la Mefure eft à fix-huit & d'un
Mouvement aflèz gai. Les Opéra Françoisi
contiennent beaucoup de Gigues ^ Se lesG/^
gués de Correlli ont été long-tems célèbres ^
mais ces Airs font entièrement pafl&de
Mode ; on n'en fait plus du tout en Italie 3^
èc Ton n'en fait plus gueres en France.
GOUT, / m. De tous les dons naturds
le Goût eft celui qui (è fènt le mieux & qui
s'explique le moins ;^ il ne (èioit pas ce qu'il
eft, (i Ton pouvoit le définir: car il juge
des ol^ets fur kfquels te jugement n'a plus
de prife^ 9c fert, (i yofc parler xd&, de
lunettes à la raifbn.
Il ya,daqs la Mélo(£e , des Chants plusi
agréables que d'autres , quoiqu'également
bien Modulés ; il y a , dians l'Harmonie >
des chofes d'e&t ^ des chofes fans ef&t»
toutes également régulières; il y a, dans
l'entrelacement des morceaux un art exquis
de faire valoir les uns par les autres, qui
tient à quelque choie de plus fin que la loi
des contraftes. Il y a dans l'exécution du
même morceau des manières diftérentes de
le rendre , fans jamais fortir de Ton carac-
tère : de ces manières , les unes plaiTent nlus^
que les autres , Se loin de les pouvoir fou-*
mettre aux règles , on ne peut pas mémo
k$ dÉ;ci;QMoer. teneur 1 rende%-<noi.
de ces «îifFérences , & je vous dira! ce que
c'tft que le Goût.
Chaque homme a un Goâc parriculier ,
lar lequel il donne aux chofes qu'il appelle
icU« & bonnes , un ordre qui n'appartient
qu'à lui. L'un cft plus couché des morceaux
pathétiques , laurre aime mieux les Airs
cais. Une Voix douce & fl<-xible chargera
les Chants d'ornemens agréables ; une Voix
fenfible & forte animera les Tiens des accens
de la palfion. L'un cherchera la fimplicicc
dans la Mélodie : l'autre fera cas des traits
recherchés : S: tous deux appelleront élé-
cance le Goût qu'ils auront préféré. Cette
diverfité vient tantôt de la différente dîl-
pofitirm des organes , dont le Goût enfeigne
à tirer parti; tantôt du caractère particulier
de chaque homme , qui le rend plus fcn-
lible à un plaifir ou à un défiuc qu'à un
outre; tantôt de k diverfité d'âne ou de
fexc , qui tourne les delirs vers des objets
différcns. Dans tous ces cas i chacun n'ayant
que fon Goût à oppofer à celui d'un autre,
il eft évident qu'il n'en faut point dif-
puter.
Mais il y a auffi un Goiî/général furie-
quel tous les gens bien organilés s'accordenrj
& c'eft celui-ci feulement auquel on peut
donner abfolument le nom de Goût. Faîtes
entendre un Concert à des oreilles fufnfam-
menc exercées Se à des hommes fuififamment
ïnftruits , le plus grand nombre s'accordera,
pour l'ordinaire , fut le jugement des mor-
teaux & fur l'ordre de préférence qui leui,
BU 4
i^ GO U
jggrmirrr , îL 5 2 àts cboâs (or lc(qaelks
2s JSL rentircsic <î*a3i zrô pieiqac nnaninie:
ces chot^ toct ccîLes qui lé cxooTcnc (oor
r'-fiis 2SXS. tt^cs ; & ce jagancnc coaunim
cS: «Ion csîixî ck f Anz^ oa da Conomf*
leur. Mœ et ces diofés qo'îîs s'accoidenc
a croorex bcciKS 00 nucraUcs , 3 7 en a
icr lle%Tirfl[fs 2s ne pDoiroot axnorifcr leur
fjgeouiiK psr 2Kcnng t££xï {aiiâc ficcom-
jiUHie i coqs; & ce dernier îogemem ap-
parrxnt à Hiamirr de Gcut, Qoc fi l'dna-
KÎTTTTTr pzrâîce iie sy oocnre pas , dtA oue
loas ne faoi ms éffiemtct bniorgimfes;
€pic zcKSsnc (oor pas gens de 60^ y & que
Iris présages de Hiaixcade oa de Yédaaôan
dui::geiic {ûaTcm^ par des conYCDCÎODsar-
hiirsirts^ Tordre des beautés mtUTr^ff,
Quant à ce Gcuiy on en peut dupoter,
parce qa'îl ny en 2 qa'on qoi (bit le vrai:
xnaîs îe ne vois goercs d'ancre moyen de
terminer la difpate que celai de compter
les Totx , quand on ne convient pas même
de celle de k Nature. Voilà donc ce qui
doit décider de la préférence entre la Mu-
fique Françoifc & Mcaliennc,
Au refte , le Génie crée , mais le Goût
chotlic : & (bavent un Génie trop abondant
a befoin d'un Cenfeur févere qm Tempêchç
d aba(êr de (es richefics. Sans Goût on peut
Êire de grandes chofès j mais c'eft lui qui
les rend intéreflàntes. Ceft le Gcût qui tait
ùidr au Compofiteur les idées du Poète ;
C'eft le Goûi qui Bâiùjâii I^Exécotant ks
G O U Î9J
idées du Compofiteur ; c'eft lé Goût qm
fournit à l'un &: à l'autre tout ce qui peut
orner & foire valoir leur fujet -, 8c c'eft le
Goût qui donne à l'Auditeur le fentiraent
de toutes ces convenances. Cependant le
Goût n'eft point la fenfibilité. On peut avoir
beaucoup d!e Goût avec une ame froide , &
tel homme tranfporté' des chofes vraiment
pafEonnées eft peu touché des gracieufcs.
Il femble que le Goût s'attache plus volon-
tiers aux petites expreflîons, & la fenfibi-
lité aux grandes.
GOUT-DU-CHANT. Ceft ainfi qu'on
appelle en France l'Art de Chanter ou de
jouer les Notes avec les agrémens qui leur
conviennent , pour couvrir un peu la fadeur
du Chant François. On trouve à Paris
plufieurs Maîtres de Goût-du-Chant , & ce
Goût a plufieurs termes qui lui font prOr
près > on trouvera les principaux au mot
Agremens.
.Le Goût'dU'Chant confifte aulli beaucoup
à donner artificiellement à la voix du Chan-
teur le tymbre , bon ou mauvais , de qucl-
3ue Adeur ou Aftrice à la mode. Tantôt
confifte à nazillonner y tantôt à canarder ,
tantôt à chevrotter , tantôt à glapir : mais
tout cela font des grâces palfageres qui
changent fans ceflè avec leurs Auteurs.
GRAVE ou GRAVEMENT. Adverbe
qui marque lenteur dans le mouvement ,
& 5 de plus y une certaine gravité dans l'exé'
cution.
GRAVE , adj. eft oppofé à aigu. Plus le9
«*4 GR A
vuiuuons dncxiips taotxc font Ifftfcs^ fb^
le Son cft Grtff«. ( Voirez So)i , Gm^AViTi.)
GRAVITÉ , / /: Ceft ccœ modifie».
non âa Son par bqofllf on k odtafideie
comme Gr^ir oa Bas par lappoft à dan-
trcs Sons qa'oo appclk Hattts oa ^AigÊU, li
nya poincdansla Langue FiançoifedecDm*
lanface moq car celui d'^^fcuâ^ n'a pe pa0cr.
La Grarité des Sons dépend de la gio(^
icnr, lof^Dcnr , tcnfion des cordes , de
la kK^oear & du diamètre des cayanx , &
en général du volume & ^ la maflê des
coips (bnores. Plus ils ont de tout cda >
^ns leur Gravité eft grande ; mais il n'y a
pcnnt de GrawHé abiîdne , & nui Son n eft
grave ou aigu que par oomparaiiôn.
GROS-FA. Ceitaines vieilles Mdiqocs
d*E^i{è 9 en Noces Quarrées , Rondes oa
Manches^ ^appdknent jadis dn Grm-féu
GROUP£ 3 fm. Sdonl/Abbé Bioflàrd,
guatxe Notes égales & Diatoniques > donc
L première ôc la croifieme (ont fui le même
Dq^é, (brmenc un Groupe. Quand la deuxiè-
me de(cend & que la quacrieme monte >
c'eft Groupe afcendam\ quand ta deuxième
monte & que la quatrième dcfcend , c'eft
Croupe defcenàara : & il ajoute que ce nom
a écé donné \ ces Notes à canle de la fi«
gure qu elles forment enfèmble.
Je ne me (ôuviens pas d'avoir jamais ouï
employer ce mot en parlant , dans le fcnf
que lui donne TAbbé Broilàrd , ni même
Tavoir lu dans le même fèns. ailleurs qut
dans Ton Diâionnaire.
GUI
GUIDE , y: f. C'eft la Partîe qui entre
la première dans une Fugue Se annonce le
fujet. ( Voyez Fugue. ) Ce mot , coinmuu
en Italie , eft peu uficé en France dans le
même fens,
GUIDON,/ m. PetîtfignedeMufiqueV
lequel fe mec à l'extrémité de chaque Por-
tée fur le Degré où fera placée la Noce qui
doit commencer la Portée fuivante. Si cette
première Note eft accompagnée accidentel-
lement d'un Dièfe , d'un Bémol ou d'un
Béquarrc , il convient d'en accompagner
auni le Guidon.
On ne fe fert plus de Guidons en Italie ,'
fur-tout dans les Partitions , oii chaque Por-
tée ayant toujours dans l'Accolade (a place
fixe , on ne fauroic gueres fe tromper en
partant de l'une à l'autre. Mais les Guidons
iont néceffàires dans les Partitions Françoî-
fts , parce que , d'une ligne à l'autre , les
Accolades , cmbraftànt plus ou moins de
Portées , vous laiiTciit dans une continuelle
incertitude de la Portée correfpondantc à
celle que vous avez quittée.
GYMNOPÉpiE , f, f. Air ou Nome
fur lequel daulbient à nud les jeunes Lacé-
.■4cmonicn!ics.
^
^H*
H AX
H
H
EL
^or ^.j^^ccme , mswcsÊEt par
HAxMOME , / jC Le las qoe éon-
ksCksCS 2CE EUX, dsiS IcOT àfO'
. dK f TMTrr nwîffs ock 2 ilriciint*
fcr^ i. s'x poœc de ncâKS psr le^^oolcs
OK giâ& ic dén wn^nfir pogrcn rircT fcty-
Dteff les jrxffiBS ri^grs qu noos
ciiFcr kl fetiriTâop cxisTeBabIt ces
ospcccso aix Cenx ancxcs f aracs ap-
fdlôs A^yrrisRzcx & Jfarûr , qui ûr rap-
ycrtcgaL 2a Tccas âc à li jbleâne : ce qnx <
Icilê i cecrr ccBsrasBace eiK idée Taguc
et îotsîtmzîce cï'oo ne pcat Éier que par
iBse ence s^Lrrrfi ce coarrs les rcs^les de
lArr y éc cncor? , 2près ott , ï Harmonie
l«xa-c-c!Ie fbr: cî£cxLe à dîftfogiicr de U
Hcicxtie , 2 irciiis qa'on n'^i^oscc à cette
<krricTe ir? rcés< de Rhyrfaine & de Mc-
iuic , uns ielcut'Jts , en et&t, nufle Mao-
dîe ne peur svoir un caucbrre déi-rminé,
an Hca que ï Hz: morde a le fien pir ellc-xnc-
ine, Î7.iépei!d-imine?!t d^ roate autre quan-
dtC. ( VoTtZ MÉLODIE. )
ÎL On Tok par on paflàge de Nkomaqœ >
H A K ^97
& par d'autres , qu'ils donnoîent auflî quel-
quefois le nom A* Harmonie à la Confbmian-
ce de l'Odtâve , & aux Q)ncercs de Voix
& d'Inilrumens qui s'exécutoient à l'Oâra-
ve , & qu'ils appelbient plus communé-
ment Antiphon.'es.
Harmonie' i fel6n les Modernes ^ eft une
fiicceJIîon d'Accords félon les ioix de la
Modulation. Long-temscette Harmonie n'eue
d autres principes que des règles prefijue
arbitraires ou fondées uniquement fur Tap-
probation d'une oreille exercée qui jugeoic
de la bonne ou mauvaife fuccelTîon des
Conlbnnances & dont on mettoit cnfiiite les
décifions en calcul. Mais le P. Merfènne &
M, Sauveur ayant trouvé que tout Son ,
bien que lîmple en apparence , étoit tou-
jours accompagné d'autres Sons moins fen-
lîbles qui formoicnt avec lui l'Accord par--
iàit majeur , M. Rameau eft parti de cette
expérience , & en a fait la baie de (on fyC»
tême Harmonique dont il a rempli beau-
coup de livres , & qu'enfin M. d'Alembcrc
a pris la peine d'expliquer au Public,
M, Tartini , partant d'une autre expé-
rience plus neuve ', plus délicate & non
moins certaine , eft parvenu à des conclu-
fions aflez fcmblabîes par un chemin coût
oppofé. M. Rameau fait engendrer les DeflTus
par la BafTe -, M. Tanini fait engendrer la
Baflè par les Deffus : celui-ci tire l'Harmo^
nie de la Mélodie , & le premier fait tout
le contraire. Pour décider de laquelle des
4eux Ecoles doivent fortirles meilleuxs oii^
19» H Aie
vr»ges, 3 ne&at que iaToir tcqiid dbît èm
£^t pcm lantre, cm Chant oq de tAccQtù*
pig*îaxient. Oi tioaTCia an mot S^rfl^mé
un cooit rxpoic de cdoi de M. Tartînù
Je coonnuc a porkr id dans celui de Mé
Ramesa > que j'ai (oivi dans tout, cet ou*
viagr , ^osimc k (èul admis dans le pays
oc
I ^^*-
Jc dois poQitant dédarer qoe ce Syft£«
me , quelque k^énîmx qu'il (oit y n'eft netf
moins que fonde fur b Nature , comme
il le répète (ans ceflè » qull n eft écabU que
fur des analogiies & des convenances qu'un
liomme inventif peut icnverfer demam par
d'autres plus natuidlcs ; qu'enfin» des ez-
pénenc^ dont il le déduit , l'une eft lecon^
nue &uilè , Se f autre ne fournit point les
confrqucnccs qull en tire. En e^> quand
cet Auteur a voulu décorer du titre de D^
mi^jTradon les raifbnnemens (ur le(quels ît
étaËËt (a diéorie , tout le mcmde s'dl mo-
qué de lui ; fAcadéiBie a hautement dé(kp
prouvé cette qualification obreptice , & M«
Efteve , de la Sodété Royale de Mompel'
lier , lui a (ait voir qu'à commencer par
cette propofition y que > dans la loi de la
Nanire , les Odavcs des Sons les repréfen*
tent & peuvent (è prendre pour eux , il n'y
avoit rien du tout qui fût démontré , nî
même Iblidcment établi dans (à prétendue
Démonftration. Je reviens k (on Syftême,
Le prindpcphy ligue de la rcfbnnonce nous
offre les Accords ik)!és & (bUtaires; il n^cn
établit pas U fucce(£on. Une fucceàion i^
H A K
tff
gulîere fft pourtant nccelTaire. Un Dîûion- '
n^iie de mots choifis n'eft pas une harai>-
pue , ni un recueil de bons Accords unO
Pièce de Mufique ; il fout un ft-ns , il fauc
de la liaifon dans la Mufique ainfi que dans
le langage; il t-aut que quelque chofe dd
ce qui précède fe tranfmette à ce qui fuit ^
pour que le tout fâflè un entêmble & puilïe
être appelle véritablement un.
Or la fcnfation compolce qui réfulte d'un
Accord pariûit , fe rélout dans la fenfation
abfolue de chacun des Sons qui le compo^-
fent , Se dans la fcnfation comparée de
chacun des Intervalles que ces mcmes Sons
forment entr'eux; il n'y a rien au-delà de
fcniible dans cet Accord : d'où il fuit que
ce n'eft que par le rapport des Sons & par
l'analogie des Intervalles qu'on peut établie
la liaifon dont il s'agit; & c'eft-làle vraiS: l'u-
nique principe d'où découlent toutes les loil
de VHnrmonie Se de la Modulation. Si donc
toute VHarmonie n'étoit formée que par une
fùcceflîon d'Accords parfaits majeurs, J
iûffiroit d'y procéder par Intervalles fem^
blables à ceux qui compofcnt un tel Ac-
cord ; car alors quelque Son de l'Accord
précédent (e prolongeant nécel^irement dans
le fuivant , tous les Accords fe trouveroîenc
fuffiifammeiit liés , & VHarmonie ferait une ,
an moins en ce fens.
Mais outre que de telles fucceflions ex-
cluroiem toute Mélodie en excluant le Genre
Diatonique qui en fait la bafe , elles n'iroicnc
.point ;iu vrai bat de l'Ait , puifqite la Mu-
H AR
' ^.+
K dLpeof y <Sc que ftm^scmtcc des aaichcs
Kzroûçxciiis IL ci&ircn: zscm df csxit cdi^
Acrcris œsjcozs Cic mlianixs tk&nr cncic-
wÉes^ & toa a icncî la oaGctiEEéds Dif-
fcffarrgs peur marquer les pEmîcs Se les
lepoi^ C^ > Li icccsâEcQ làée des Accords
pràîts mahnus zae <^^^>^ii^ ci f Aooocd par*
bh: TTuneiar, ci Li Dîéôcixnce, m aucune
cipecrdf^ïrite^ac h pntvlaaicm sVooa*
Tc CDar-4-&£C en dcfcac
M. Rannsa > TCKiLirat ahfiJnwncnc, dans
ionSf^ezcc» orerdc b Nacarctoatecocie
Mzrmmizzey a eu recocus, pour cet cSkc ,
à «ce airtie expérknce de (6a Jorcncion ,
A^ laquelle foi parlé ci-di^'SDC y Se qui cft
lenvexlee de Iipxemkre. il a préGEndu qu'un
Son quelconque iburriilok dans {es muld-
ptcrs un Accord pirfiit ixiineur au grave ,
donc ii ézoii li Doccinonte ou Quinte > com*
me il en &Him:c un majeur dans les aU«
quoîes , donc il ell la Tonique ou Fonda-
mencile. U a a\-2ncé , coaime un feic af-
finé , qu'une corde Ibnore feitoic vibrer
daiîs lem tocalicé , uns pouriancles (aire ré-
fixiner , deux auurxfs cordes plus g^ves,
Tune à (à Douzième majeure & Tautre è
la Dîx-fepdeme ^ & de ce £ûc , joint au pré-
cédent , il a déauit fort ingénieufement ,
non- feulement llntrodu^on du Mode mi-
ceurâ: de h Diil(»iance ihDSÏJjarmoMie3
mais
H À R 401
fiiâîs les régies de la phrafe harmonique 8c
de toute la Modulation , telles qu'on ks
trouve aux mots Accord , Accompagne-
ment , Basse-Fondamentale , Caden-
ce , Dissonance , Modulation.
Mais premièrement , rexpérience efl: fâuC-
fè. n eft reconnu que les cordes accordées
âu-dellbus du Son fondamental, ne frémiC-
fènt point en entier à ce Son fondamental ,
mais qu'elles fe divifènt pour en rendre feu-
lement runiflbn , lequel , confcquemment ,
n'a point d'Harmoniques en-deflbus. Il eft
reconnu de plus que la propriété qu'ont les
^eordes de fe divifer , n'eft point particu-
lière à celles qui font accordées à la Douzie-
ihe & à la Dix-feptiëme en-deflbus du Son
principal > mais qu'elle éft commune à tous
tes multiples : d'où il fuit que les Interval-
les de Douzième * & de Dix-feptieme en-
deflbus n'étant pas uniques en leur manière >
on li'en peut rien conclure en feveur de
l'Accord par&it mineur qu'ils repréfentent.
Quand on fuppoferoit la vérité de cette
expérience , cda ne leveroit pas, à. beau-
coup près , les difficultés. Si , comme le
prétend M. Rameau, toute V Harmonie t&
dérivée de la réfohriance du corps fbnore ,
il n'en dérive donc point des feules vibra-
tions du corps fbnore qui ne réfonne pas,
Eri effet , c*eft une étrange théorie de tirer
dfe ce qui ne réfonne pas , les principes de*
y Harmonie ; fk c'efl une étrange phyfique'
de fMre vibirèf &'non' réfonher le' corps fo-
jibfè, comme fi lé Son lui-même étôit'aù-
Di3. dt Mufique, Tome I, Ce
l
401 H A II
tre chofe que l'air ébranlé par ces vibrations.'
P'aîUeurs , le corps (bnore ne donne pas
feulement , outre le Son principal, les Soiw
qui compofent avec lui TAccord parfait ,
lïiais une infinité d'autres Sons , formés par
toutes les aliquotes du Corps fbnore , m-
Ijuels n'entrent point dans cet Accord par-
ait. Pourquoi les premiers Tont-ils conlbn-
lians, & pourquoi les autres ne le font-ils
pas , puirqu'ils font tous également donnés
par la Nature ?
tout Son donne un Accord vraiment par«
feit , puîfqu'il cft formé de tous fe Har-
moniques , & que c'eft par eux qu'il eft un
Son. Cependant ces Harmoniques ne s'en-
tendent pas , & l'on ne diftingue qu'un Son
iimple 9 à moins qu'il ne foit extrêmement
fort : d'où il fuit que la feule bonne Harmo^
tie eft l'Uniflbn , & qu auflî-tôt qu'on dif-
tbgue les Confônnances , la proportion na-
turelle étant aUérée , V Harmonie a perdu fà
pureté.
Cette altération fe fût alors de deux ma-
nières. Premièrement en fàifant (bmier cer-
tains Harmoniques , 5c non pas les autres ,
on change le rapport de force qui doit ré-
gner entr'eux tous , pour produire la (èn(a-
tion d'un Son unique, & l'unité de la Na-
ture eft détruite. On produit , en doublant
ces Harmoniques , un effet femblable à ce-
lui qu'on produiront ' en étoufl&nt tous les
autres ; car alors il ne faut pas douter qu'a-
vec le Son générateur , on n'entendit ceux
des Harmoniques qu'on auroit laifl(^. Au
H A IK '4H
ÎJLCU qu*cn les laiflànt tous, ils s*entfc-dctrui-
ient & concourent enfcmble à produire &
Tcuforcer k fenfation unique du Son prin-
cipal. C'eft le même effet que donne le plein
i'eu de rOrgue , lorfqu'ôtant fucceflîvement
es régiftres , on laide avec le Principal la
Doublette & la Quinte : car alors cette
Quinte & cette Tierce , qui reftoient con-
fondues , fe diftinguent féparément & dé-
fagréablement.
De plus , les Harmoniques qu^on fait fon-
lier ont eux-mêmes d'autres Harmoniques ,
lefqucls tie le font pas du Son fondamental :
c'eft par ces Harmoniques ajoutés que celui
qui les produit fe diftingue encore plus du-
lement ^ & ces mêmes Harmoniques qui
font ainfi fentir l'Accord n'entrent point dans
Ion Harmonie. Voilà pourquoi les Confon-
i^ances les plus parfaites déplaifent naturel-
lement aux oreilles peu faites à les enten*
dre, & je ne doute pas que TOftave elle-
même ne déplut , comme les autres ^ fi le
mélange des voix d'hommes & de femmes
n'en donnoit 1 habitude dès 1 enfance.
C'eft encore pis dans la Diflbnançp ; puif-
qiie^ non - feulement les Harmoniques du
Son qui la donnent, mais ce Son lui-même
n'entre point dans le fyftême harmonieux
du Son fondamental : ce qui fût que la Dit
fonance fe diftingue toujours d'une manière
choauante paf mi tous les autres Sons.
Cllaque touche d'un Orgue , dans le plein-
jeu , donne un Accord parfait Tierce ma-
jeure qu on ne diftingue pas du Son fonda-
Cc 1
^4 H A R
mental) à moins qu on ne fck d'une attend
tîon extrême 6c qu'on ne tire fucceffive*
ment ks )eax ; mais ces Sons Harmoniques
ne (è confondent avec le principal^ qu'iL la
i&veur du grand bruit & d'un amusement
de régifl^es par lequd les tuyaux qui (ont
réfonner le Son fondamental y couvrent de
^ leur force ceux qui donnent (es Harmoni-
2aes. Qr, on nobferve pomt, & fon ne
LUfoit obferver cette proportion continudle
dans un Concert > pui(qu'attendtt k rcnver-
fement de V Harmonie , il (àudroit que cette
plus grande force pafllt à chaque ififfamt
a une Partie à une autre ; ce qui n'eft pas
praticable y & défigureroit toute la M âodie.
Quand on joue de l'Orgue , chaque tou-
che de la ^iflè £ût fonner l'Accord par£dc
majeur^ \nais parce que cette Baflè n'eft pas
toujours fondamencîle ^ & qu'on module
fouvent un Accord i)ar(àit mineur » cet Ac-
cord parfiût majeur elt rarement celui que
frappe la main droite ; de forte qu'on en-
tend la Tkrce mineure avec la majeure , la
Quinte avec le Triton » la Septième (uoerflue
avec roâ ive y &c mille autres cacopoonfes
dont nos oreîUes font peu choquées ^ parce
que rhabitude les rend accommodantes;
mais il n eft point à préfumer qull en (ut
ainfi d'une oreille naturellement tufte y Se
qu'on mettroit , pour b première fois , à
répreuve de cette Harmonie.
M. Rameau prétend que les Deflus d'une
certaine fimpUcité fuggerent naturellement
kur Ëailè , & qu'on homme ayant l'oreîik
H A R
405
I
fuftc & non exercée, entonnera naturelle*
ment cette lîafTe. C'eft-là un préjugé de Mu-
ficien démenci par toute expérience. Non-
feulement celui qui n'aura jamais entendu
ni Baflê ni Harmonie , ne trouvera de lui-
même , ni cette Harmonie , ni cette Ba/Iè ;
mais elles lui déplairont li on les lui fait en-
tendre , & il aimera beaucoup mieux le
Jîmplc UnifTon.
Quand on fonge que , de tous les peu-
ples de la terre , qui tous ont une Mufiquc
& un Chant , les Européens font les feuls
qui aient ime Harmonie , des Accorda , &
qui trouvent ce mélange agréable; quand
on fonge que le monde a duré tant de fifc-
cles , uns que , de toutes les Nitions qui
ont cultive les Beaux- Arts , aucune ait connu
cette Harmonie; qu'aucun animal , qu'aucun
oifeau , qu'aucun être dans la Nature ne
produit d'autre Accord que l'Unîlfon , ni
d'autre Mulique que la Mélodie i que les
langues orientales , fi fonores , fi muiicalesi
que les oreilles Grecques, fi délicates. Ci
fenfibles, exercées avec tant d'Att , n'ont
jamais guidé ces peuples voluptueux & paf-
fionnés vers notre Harmonie ; que , fans
Ielle , leur Mufique avoir des effets fi prodi-
gieux ; qu'avec elle la nôtre en a de fi fiaî-
bles 1 qu'enfin il étoit réfervé à des Peuples
du Nord , dont les organes durs & gtorfiers
(ont plus touchés de l'éclat & du bruit
des Voix , que de la douceur des accens
& de la Mélodie dts inflexions , de faire
cette grande découverte & de ta donner
4otf ft A R
pour prindpe à toutes les règles dt VArti
Suand, dâs-je , on fait anention à tout cela ,
eft bien difficile de ne pas (bupçcffiner que
toute notre Harmonie n'eft qu'une invention
gothique & barbare y dont nous ne nous fof^
nons jamais avifés , fi nous euffions été plus
, iênfibies aux véritables beautés de l'Art i
& à la Mufique vraiment naturelle.-
M. Rameau prétend cependant qucl^ifcr-
monietfï la (burce des plus grandes beautés
de la Muiique ; mais ce (èntimenteft con-^
tredit par les faits & par la raiibn. Par les
faits , puifque tous les grands effets de la Ma-
nque ont cefTé , & qu'elle a perdu (on éner*
gie & (a force depuis llnvention du Con«
tre-pokit : à quoi Rajoute que les beautés pu-
rement harmoniaues font des beautés fàvan«-
tes, qui ne tratifportent que des gens ver-
Ces dam l'Art ; au lieu que les véritables beau*
tés de la Mufîque étant de b Nature y font
& doivent être également fenfibles à tous les
hommes favans & ignorans.
Par la raifon , puilque V Harmonie ne fbur-
fiit aucun principe d'imitation par lequel la
Mufîque formant des images ou exprimant
des fe^itimens fe puifle élever au genre Dra->
matique ou imitatif ^ qui efl la partie de l'Arc
h plus noble , k la feule énergique j tout ce
qui ne tient qu'au phyfique des Sons , étant
très- borné dans le plaifir qu'il nous donne ,
Se n'ayant que très- peu de pouvoir fur le
coeur humain. (Voyez MiioDiE.)
HARMONIE. Genre de Mufîque. Les
Andens ont fouvem donné ce nom au Ctun
H A R
4®7
»
appelle plus communément Genre Enharmo-
nique. (Voyez Enharmonique.)
HARMONIE DIRECTE, eft celle où
la BalIè eil fondamentale, & où les Parties
fupérieurcs con(êrvenr l'ordre direit , entre
elfes & avec cette Balïë. Harmonie ren-
^VERSÉE, eft celle où le Son générateur ou
fondamental eft dans quelqu'une des Parties
fupérieiires , & où quciqu 'nuire Son de l'Ac-
cord eft Craiifporté à la Baftè au-defibus des
autres. (Voyez Direct, Renverse.)
HARMONIE FIGURÉE, eft celle où
l'on fait paflèr plufieurs Notes fur un Ac-
cord. On figure {'Harmonie par Degrés con-
joints ou disfoiiits. Lorfqu'on fieure pat De-
grés conjoints , on emploie neceflairemcnt
d'autres Notes que celles qui forment l'Ac-
cord , des Notes qui ne fonnent point fur U
Baife & fout comptées pour rien dans {'Har-
monie : ces Notes intermédiaires ne doivtnc
pas fe montrer au commencemcni des Tems,
principalement des Tems forts , fi ce n'eft
commecoulés, ports-de-voix, ou lorfqu'on
fait la première Note du Tems brève pour
appuyer la féconde. Mais quand on figure
par Degrés disjoints , on ne peut abfolument
employer que les Notes qui forment l'Ac-
cord , foii confoniianc , foît dillbnant.
"L'Harmonie (t figure encore par des Sons
fufpendus ou (uppofés, (Voyez Surrost-
TION, SdsPENSION. )
HARMONIEUX , adj. Tout ce qui fait
de l'effet dans l'Harmonie , & même quel-
quefois tout ce qui eft fonorc & remplie
C C4
^o8 H A ^
l'oreille dans les Voix , dam les Inftniinemy
dans la fimple Mélodie.
HARMONIQUES, adj\ Ce qui appar-
ient à rHarmonie ; comme leji diTÎuofif
Harmoniques du Monocorde , la Proportiott
Jfarmonique , le Canon Jiarmeniquc y ôcc,
. HARMONIQUE , / des deux genrcM,
On appelle ainii cous les Sons concomitant
ou accefloires qui > par le principe de la ré-p
fonnance , accompagnent un Son quekonr
que & le rendent appréciable. Ainfi toutes
|es aliquotes d'une Cofde fonore en don-
nent les Harmoniques. Ce mot s'emploie au
ma^rulin quand on fous - entend le mot Sob>
^ au fëminin quand on fousrC§Knd le moi
Corde.
SONS HARMONIQUES. ( Voy. Som.)
HARMONISTE , / m. Muficico &vant
dans TH^monie. C^efi un bon Hdrmoniftc.
Durante efl le plus grand Harmcnifte dieVh^'
taUe y c'efl'à-dire , du Monde.
HARMONOMETRE , f. m. Inftrumcni
propre à mefurer les rapports Harmoniques*
Si Ton pouvoir obferver âc fuivre à loreiUe
éc à Toeil les ventres , les nœuds & ooutes
les divisons d'une Corde fonore en vihta-
tion y l'on auroit un Hermçnomkre naxurel
trés-exa£k ; mais nos fens trop grofliers no
pouvant fuffire à ces obfi^fvations > on y ftip^
plée p^r un Monocorde que l'on divifc à
volonté par des chevalets xnoUb» > &' c'eft
le meilleur Harmo^onùtre oacçrcl que ton
sût trouvé jufqu'ici. (Voyce Monoco&de.)
HARP ALICE. SQrte de Cbaiulop pjop«
H A U 40^
lUx filles parmi les Anciens Grecs. (Voyez
Chanson. )
HAUT , adj. Ce mot fignifie la même
chofe qu'Aigu , & ce terme eft oppofè à
tas. C'eft ainfi qu'on dira que le Ton eft
trop Hmt , qu'il faut monter iTnftrument
plus Haut.
Haut , s'emploie auflî quelquefi^is impro-
prement pour Fort. Chante^ plus Haut j on
ne vous entend pas.
Les Anciens donnoient à l'ordre des Sons
une dénomination^ toute oppofëe à la nôtre ;
ils plaçoient en Haut les Sons graves , & en
bas les Sons aigus : ce qu'il importe de re-
marquer pour entendre pluiieurs de leurs
paflàges.
Haut , eft encore , dans celles des quatre
Parties de la Mufique qui fe fubdivifent ,
Tëpithete qui diftingue la plus élevée ou
la plus aiguë. Haute-Contre , Haute-
Taille , Haut-Dessus. (Voyez ces mots.)
HAUT-DESSUS /f.m. Ceft . quand les
DetTuschantans ^rubdivifent, la Partie fu-
përieuve.. Dans les Parties inftrumentales on
dit toujours premier Dejfus & feconoDeffus ;
mais ckos le vocal 011 dit quelquefois Haut-
délits Se JBas-deJfus.
HAUTE-CONTRE, ALTUS ou CON-
TRA. CeUe des quatre Parties delà Mu/îque
qui appartient aux Voix d'homme les plus
aiguës ou les plus hautes r par oppoiîtion à
la Baffk'Contrc qgâi eft pour les plus graves
ou les plus bafl%. ( Voyez Parties. )
Dans la Mufique Italienne ^ cette Pâxtiie>
4IO H A U
qursnppeflent Contr'altOy & qui réponde
la Haute- contre y cft prefque toujours chan-
tée par des Bas-dcffus , foit femmes , foit
Caftratî. En effet , la Haute-coture en Voir
d'homme n'eft point naturelle \ il faut la for-
cer pour la porter à ce Diapafon : quoi qu'on
fkfïè , elle a toujours de Taigreur , & rare-
ment de la jufteflè.
HAUTE- TAILLE, TENOR, eft cène
Partie de la Mufique qu'on appelle auffî am-
plement Taille. Quand la Taille fe fubdi-
vife en deux autres Parties, Tinf&ieure prend
le nom de Bûffe-taille ou Concordant » & la
fupérieure s'appelle Haute-taille.
HÉMI. Mot Grec fort ufité dans la Mu«
fique , & qui fignifie Demi ou moitié. ( Voycï
Semi.)
HÉMIDITON. Cétoit dans la Mufique
Grecque , l'Intervalle de Tierce majeure ,
diminuée d'un femi-Ton; c*cft-à-dire , là
Tierce mineure. UHémiditon n eft point ,
comme on pourroit croire , la moitié du
Diton ou le Ton : mais c'cft le Diton moins
la moipé d'un Ton; et qui eft tout dif»
férenr.
HÉMIOLE. Mot Grec qui fignifie l'en*
tier & demi , & qu'on a confâcré en queU
que (brte à la Mufique. Il exprime le rap-
port de deux quantités dont l'une eft à l'autre
comme i y à i o , ou comme ) à i : on l'ap-
pelle autrement rapport fefquialtere.
C'eft de ce rapport que naît la Confo»-
nance appellée Diapente ou Quinte ; & l'an-
cien Rhythme fefquialtere ennaiflbit auffi*
HEP 4ÏÎ
Les Anciens Auteurs Italiens donnent en-
core le nom à'HémioIe ou Hémiolie à cette
efpece de Mefure triple dont chaque Tems
cft une Noire. Si cette Noire eft fans queue,
la Mefure s'appelle HemioUa maggiore , parce
Ju'ellc fc bat plus lentement & qu'il faut
eux Noires à queue pour chaque Tems.
Si chaque Tems ne contient qu une Noire
à queue , la Mefure fe bac du double plu5
vite , & s'appelle HtmioUa minore^
HÉMIOLIEN , adj, Ceft le nom que
donne Ariftoxènc à l'une des trois efpeces
du Genre Chromatique, dont il explique
les divifions. Le Tétracorde 50 y eft par-
tagé en trois Intervalles , dont les deux pre-
miers, égaux entr'eux, font chacun lafixieme
partie, & dont le troiiîeme cft les deux
tiers. 5 + 5 + 10= 30.
HEPTACORDe , HEPTAMERIDE ,
HEPTAPHONE, HEXACORDE, &c.
(Voyez Eptacorde, Eptameridb, Ep-
TAPHONE , &C.
HERMOSMENON. (Voyez MœvRS.)
HEXARMONIEN, adj. Nome, ou
Chant d'une Mélodie efféminée & lâche ,
comme Ariftophanc le reproche à Philoxène
fbn Auteur.
HOMOPHONIE , / /, C'étoit , dans la
Mufique Grecque, cette e^ece de Sympho-
nie qui fe fàifoit à l'Unifibn , par oppofî-
tion à l'Antiphonic qui s'exécutoit à l'Oc-
tave. Ce mot vient dé «Vô? , pareil , & àà
^ùjvii , Son.
JiYM^E, Chan/on des Meuniecs chç? le;
ETF
Clé des
OcfkcAc LixuB
AfBcondci
; Sl ï aocs ir&c panBi
drHjnioes
es
Tœaaxde le ptas
» & I2 pîss taie corde ie ckaam des
bcs TetEKorJa ; ce qu y pour
2:izc £ onrcrsac : or ik Imroieiic
Sss^ jfïzzs icaTcâsfffocs on ordie léao-
c. Jc pia^oieBt es hiuc le
Te çue «rus riaroos «s b«L Ce choix
edb inxirsirr . pciZqiBe Jes îd» acachccs au
=ixs .4rgu. 4l~ G^jwe , sfooc jocmie Jiai(bn
rjL'ii*:3c iTcc fcj k«s jenAccs aux mocs
Mac Sl JLzr.
On zppcilciC ioDc iScrjKsrdp Ifypaion,
on des Hypsao y ccis qui ccmt k ^ns grave
c^ 3oa5> & immédàmncnc aïk-dcffiis de
U Prcjlamèancmèx o« phs haifê corde da
Mode ; 5c Li première corde du Tcoacordc
^ui iitivoîc iimnfdumaair celle-là . s'ap-
H Y P
4IJ
Hypate- ffypaion ; c'eii-i'&Tc , com
: le traduifoient les Laùns , la Principale
du Tétracorde des Principales. Le Técra-
corde immédiatement fuivam du grave à
l'aigu s'appelloit Tétracorde- Méfon , ou des
moyennes ; & la plus grave corde s'appel-
loit Hypatt- Méfon ; c'cft-à-dirCj la princi-
pale des moyennes.
Nicomaque le Gérafôiiien prétend que ce
mot d'Hypaie , Principale , Elevée OU SU'
pr/me , a été donné à la plus grave des
cordes du Diapalon , par allulîon à Saturne,
qui des fcpt Planètes cft la plus éloignée
de nous. On fe doutera bien par-là que ce
Nicomaque étoit Pythagoricien.
HYPATE-HYPATON. Cétoit la plus
baflè corde du plus bas Tétracorde des
Grecs , & d'un Ton plus haut que la Prof-
lambanomène. Voyez l'Article précédent.
HYPATE-MESON. Cétoit la plus baflè
corde du fécond Tétracorde , laquelle étoit
aufil la plus aiguë du premier , parce que
ces deux Tétracordes croient conjoinis.
(Voyez Hvpate.)
HYPATOIDES. Sons graves. (Voyez
Ltpsrs,)
HYPERBOLEIEN, arf/.Nomeou Chant
de même caradere que l'Hcxarmonien.
(Voyez Hexarmonien. )
HYPERBOLÉON. Le Tétracorde Hy-
perboUon étoit le plus aigu des cinq Tétra-
corde* du Syftême des Grecs.
Ce mot eft le génitif du fubftantif pluriel
^Attl , Samnms , Extrémités ; les Sons
414 H Y ï
les plus aigus ^ralit à rexcfémîcé clcs âûtff ^*
HYPER^DIAZEUXIS. Disjonûion da
deux Tétracordes fépafés par l'Incervallo
d'une Odbve > comme étoient le Tétracordc
des Hypates & celui des Hyperbôlées.
HYPER-DORIEN. Mckle de Ja Mufi-
que Grecque , autrement appelle Mix<H
Lydien y duquel la fondamentale oûTon>*
que éioit une Quarte au-defTus de celle du
Mode Dorien. (Voyez Mode,)
On attribue à Pythoclide Tinvention da
Mode Hyper-Dorien.
HYPER-ÉOLIEN. Le pénultième àl'aigu
des quinze Modes de la Mufique des Grecs ,
Se duquel la fondamentale ou Tonique étoit
Hne Quarte au-defTus de celle du Mode
Éolien. ( Voyez Mode. )
Le Mode Hyper - Eolien , non plus que
THyper-Lydien qui le fuit , n ctoit pas û
ancien que les autres, Ariftoxène n'en fait
3\ucune mention , & Ptolomée , qui n*en
admettoit que fcpt , n y comprenoit pas ces
deux-là.
HYPER . lASTlEN , ou Mxo- lydien
aigu. C eft le nom qu'Eudide & pluïieurs
Anciens donnent au Mode appelle plus corn-
munément Hyper- Ionien.
HYPER-IONIEN. Mode de la Mufique
Grecque , appelle auffî par quelques-uns
Hyper- laftien , ou Mixo-Lydien aigu ; lequel
avoit fa fondamentale une Quarte au-dc(fus
de celle d|j Mode Ionien, Le Mode Ionien
eft le douzième en ordre du grave à 1 aigu,
félon le dénombrement d'Alypius. (Voyez
MODÎ.)
H Y P 41J
HYPER . LYDIEN. Le plus aigu des
quinze Modes de la Mudque des Grecs > du-
3uel la fondamentale étoit une Quarte au-
eflus de celle du Mode Lydien. Ce Mo-
de , non plus que (on voifîn THyper-Eolien,
n'écoit pas fi ancien que les treize autres ;
& Ariftoxène qui les nomme tous , ne fait
aucune mention de ces deux - là. ( Voyez
Mode. )
HYPER.MIXO-LYDIEN. Un des Mo- *
des de la Mufique Grecque y autrement ap-
pelle Hyper-Phrygien. (Voyez ce mot.)
HYPER.PHRYGIEN , appelle auflî par
Euclide , Hyper-mixo-Lydien , cft le plu^ aigu
des treize Modes d* Ariftoxène, faifant le
Dîapafon ou TO^ve avec l'Hypo-Dorien
le plus grave de tous. (Voyez Mode.)
HYPO-DIAZEUXIS , eft , félon le vieux
Bacchius, l'Intervalle de Quinte qui (c trouve
entre deux Tétracordes féparés par une dis-
jonékion , & de plus par un troifieme Té-
tjracorde intermédiaire. Ainfi il y a Hypo--
dya-^euxis entre les Tétracordes Hypaton &
Piézeugménon , & entre les Tétracordes
Synnéménon & Hypcrboléon. ( Voyez Ti-
THACORDE, )
H YPO-DORIEN. Le plus grave de tous
les Modes de l'ancienne Mufique. Euclide
dit que c'eft le plus élevé > mais le vrai fens
de cette expreflion eft expliqué au mot
Bypate.
Le Mode Hypo-Dorien a la fondamentale
une Quarte au - deflbus de celle du Mode
Porien. H fut inventé » dit-on^ par Phi«
41^ H Y P
loxène; ce Mode eft a&ânenx , wsàsjgli
sSiasoi h douceur à b majefté.
HYPO-EOLlEN\ Mode de rancienne
Mnhque > appelle auffi par EucUde ^ Ify/o-
Ijdieit grave. Ce Mode a Ùl (bodamentale-
one Qmrte au - dcflbos de celle du Mode
EoiîcEu ( Vovcz Mode.)
HYPO - lASTIEN- ( Voyez Hypo-
Ionien. )
HYPO-IONIEN. Le fécond des Modes
de randenneMufique^ en commençant par
le grare. Enclide l'appelle aulG Ifypo-lttf'
txn & Hypo-Pkrjgien grave. Sa fondamen-
tale eft une Quarte au-de(Ibus de celle du
Code Ionien. ( Voyez Mode. )
HYPO-LYDIEN. Le dnquicme Mode
de ^ancienne Mnfiquc j en commençant par
le grave. Eudi de lappeUe anffi Ifyvo-Iaf-^
titn 8c Hypo-Fhrjgien grave. Sa fondamen-
tale eft une Quarte au^deflbus de celle du
Mode Lydien. ( Voyez Mode. )
Euclide diftingue deux hloàts Hypo-lj"
ditns; favoir , Taigu qui eft celui de cet Ar-
ticle, & le grave qui eft lem&ne que IT-Iy-
po-EoIien.
Le Mode Hypo^Lyiien ctoit propre aux
Chants funèbres , aux méditations (ublimes
& divines : quelques-uns en attribuent Tin-
vention à Polymnefte de Cdophon , d'au-
tres à Damon l'Aihénicii.
HYPO-MIXO- LYDIEN. Mode ajouté
par Gui d'Arczzo à ceux de rancienne Mu-
îîque : c'eft proprement le Plagal du Mode
MÎTO- Lydien, & fà fonAuncntale eft la
même
H Y ï^ 41^
teème que celle du Mode Dôrîen. (Voyei
Mode, )
HYP0.Î>HRYGIEN. Un des Modes Aé
lancienne Mufique dérivé du Mode Phry-
gien donc la fondamentale étoii une QuarW
au-deflTus de la fiennc.
Euciidç parle encore d'an autre Mode
Hypo-Phtygicn aU grave de celui-ci : c'eft
celui qu^on appelle plus correélement Hypo-»
ionien. (Voyez ce mot. )
Le caradere du Mode ttypo - Phrygien
ctoit calme > paifiblc & propre à tempérée
la véhémence du Phtygien. Il fut inventé ,
dit-on , par DamOn , Tami de Pythias & l'é-
lève de Socrate
H Y P O - P ko S L AMBANOMENOS,
Kom d'une corde ajoutée, à ce qu'on prétend j
par Gui d'Arezzd, un Ton plus bas que la
ProHambanomene d^S Grecs ; c'eft-àndirc j
àu-de(lbus de tout le fyftême. L'Auteur dd
cette nouvelle corde l'exprima par la let-
tre r de l'Alphabet Grec, & de-lànouseft
Venu le nom de h Gamma
HYPORGHEMA. Sorte de Cantique
fur lequel an danibit aux fêtes des Dieux.
HYPO-SYNAPHEeft, danslaMùfiquo
des Grecs, la disjonftiôn de <Jeux Tetra-
Cordes féparés par l'interpofition d'un troî-
fieme Tétracorde conjoint avec chacun des
deux ; tn forte que les cordes homologues!
des deux Tétracordes disjoints par HypO"
Synapke , ont entr'elles cinq Tons ou une
Septième mineure d'Intervalle. Tels (ont
ks deux Tétracordes Hypatonôc Synnéméno/ié
Xfiâ, de Mujiquet Tome h D d
*. I
• I A L
I
; r.ir=i_ j5 -^rxs . cos s is U.tq£
"Cii 02& Arciirs £cr^ * j*y< '^-
•izs m ic ôs I=~- raexs , m !âeo que ks
ce i:i :=!C'J=s ^llrn^rzT^ , »- âîiocc par des
S:cs irrrrciirres- r-irrrccscaes, & tax)xc
cz-cj-Tî re^.jrc<:p £« lr:ccraron du Clunr.
I -.5T1ZN. N rsz iocrc pir Arifloxcne &
A 77-1:15 i- iîccr qiielfsxinres Anteuxsap-
*■-- — ^ :
r;»>.. ..ifirv.jTlS AOtSicz^ \ \ OyCX
JZ V ..!•=- L'iciioa éc fouer d*an Ind
cr-iner.:/ Voys: Jo-sx. ^ Qi dit Pfea-
/:îa • 2?!-:- -/=■:.:. cloa I2 n.ir,\nt plus fiprte
ce pl:is iouc? de lirer les Sons de llnf^
IMITATIOX,/ /. La Mdlqne'dTana-
tir.:- ca :cji:n.e concoun i Ylniàizzimn^
iizS que a Pociîc & la PdoJDue : c'ell à
i M t m
p^pti - . -
i ptiocipe commun que le rapportent tous
; Beaux-Arcs comme l'a montré M. le
feitreux. Mais cette Imitmion n'a pas pour
Tous la mJme étendue. Tout ce que l'ima-
gination peut (c repréfcnter eft au rcilbrt
de la Poéfie. La Peinture , qui n'offre point
fcs tableaux à l'imagination , maïs au , Cens
^ à un feul fens , ne peint que les objets
Ibumis à la vue. La Mufique fcmbjeroit
avoir les mêmes bornes par rapport à l'ouïe ;
cependant elle peine tout , même les objets
^ui ne fort que vifibles : par un preftige
Îrefque inconcevable , , elle femble mettre
cci! dans l'oreille , & la plus grande mer-
veille d'un Art qui n'agit que par le mou-
vement , eft d'en pouvoir former jufqu'à
l'image du repos, La nuit, le IbmmciJ, I2
folitudc & le lîlence entrent dans le nom-
bre des grands tableaux de la Mulîque, Oa
fait que le bniit peut produire l'ttfec dû
iïlence j & Iclïlencc l'effet du bruit j comme
quand on s'endort à uue lefturc égale Sf
monotone, & qu'on s'éveille à l'inftant qu'elle
cefTc. Mais la Muliquc «gic plus intimement
fur nous en excitant, par un fens, désaf-
fections femblables à celles qu'on peut exci-
ter par un autre ; & , comme le rapport
ne peut être fenltble que rimprcflîon ne Toit
forte, la Peinture dénuée de cette force
ne peut rendre à la Mufiquc les Imimiions
que celle-ci tire d'elle. Que toute la Na-
ture foit endormie , celui qui la contemplé
ne dort pas , & l'art du Mulicien coniiflé
'i fubllituer à l'image in(ènlîble . de l'objet
£)d i
42» IM I
f-:^> c r.'r^r ii CcrrrîT j^iCï*,^:. Non-fiO»
i':- j ..i--"-;; . 3tn cjc cr les risirraux»
rrrri*. •*:?-■": is r:-:r? c"*s>f vhoo icHiccr-
c---r ic ~r. i :-ru-^^£n^. de fOrchct
rr, -Tc :r- v?^'^ rou-.c !r tur les SxagcSw
,if . r* -S : r'*>:i:;:r^ dxis ïiafc ks mCmes
rtt w T-niri cM^rc er:oc « en lesvoyjinc.
T-i il- -- r:-- /î-'-Tïtv.:? qu on ne c.re
r -lA-iIe* pcLiçu: n y 1 iucun nppoT? entre
c.> Accjw > ^ '^ oo»cC5qu*on Tetir peindre,
vT-i c< r^-'cr.5 CwV>iî vta: txprxncr. Je ferai
^v.: -•- riv: N-zicl-^'î iquel ctt ce prîiidpe
c-:: I::^rrcrjw- TsT ivunK pis, & qucb
rr::c.' iv--r^^ p^ L N-:ai:e lent employés
r^: .-' \ ..I \^u- fvci rrpr^TicEier ces objctf
:} tl V.-. 7 •ON > v'irs îv>T -ens technique,
e:: ..:'-:!.'• g un irire Chant , ou a un
uV.urr^ !ntcr^-.ille que ce foir.
L'/-..:..v- .:': toirours bien pr^e , miff.e
er *.r.. rCv-.Mi: rlr.i|eur> Nofrs ; pourvu que
ce r.Jrr.e v. h. nt ie reconr.o île loujours Sc
quV:^ ne >\xaLrtc po x:t des loix d'une bonne
MoJuLison. Souvent^ poux rendre l'Imt*
I M P 411
pWon plus fenfiWe , on k fâk précédi?r de
ilences ou de Notes longups qui femblent
' UUrtr éteindre le Chant au moment que
Vimuaiio-i le raiiîmc. On traite Vimiiaiion
comme on veut j on l'abandonne ^ on la
reprend , on en commence une aucte à vo-
iomé ; en un mot-, les règles en font aulïî
lelichccs , que celles* de la Fugue font fé-
veres: c'eft pourquoi les grandi Maîtres la
dédaign-jut , & toute îmUnion trop aKec-
xét décelé prelque toujours un Ecolier en
cpmpofîtion.
. IMPARFAIT , a^j. Ce mot a pkficurs
1 Mulique. Un Accord fmparfiiù cil ,
roppolîtion à l'Accord p^rfùt , celui qui
forte une Sixte ou une Difionance ; &: ,
pr oppolliion à l'Accord plein , c'cft ce-
i qui n'a pas tous les Sons qui lui con-
Kennenf Se qui doivent le rendre complet.
I Voyez Accord. )
Le Tems ou Mode Irnp^rfuit étoit , dans
6ds anciennes Mufiqucs , celui de U divi-
fcon double. ( Voyez Mode. )
, Une CadLfice Iirparfaîre eft celle qu'on
_p'Ppell<^ autrement Cadt nce îrrcguliere. ( Voy.
Cadence. )
. Une Confonnance Imparfaite eft celle qui
peut être majeure ou m'neure , comme U
■,TJcrceoula Sixre,( Voyez Consonnance. )
OnapptUe, dm s le Plaîn-Chant, Modes
U/pparfaui ceuï qui font défeftueux en haut
n bas , & redent en-deçà d'un des deux
teimes qu'ils doivent atteindre.
IMPROVISER. ,v. rt. Cell feirc&chante»
411 I N C
impromptu des Chanfbns ^ Ain ic paroles ^
qu'on accompagne communément d'une
Çuitare ou autre pareil Inftrument. U n'y
a rien de plus commun en Italie > que de
voir deux Mafques fe rencontrer, lè dér
fict y s'attaquer, fe ripofter ainfi par des
couplets fur le même Air , avec une viva-
cité de Dialogue , de Chant , d'Accompa-
gnement dont il faut avoir ét^ témo'm poui:
la comprendre.
Le mot ImprovifartÇk. purement Italien:
mais comme u fç rapporte à la Mufîque „
î'ai été contraint de le francifçr pour fairo
çntendre ce qu'il iîgnifie.
INCOMPOSÉ , ^4/. Ui* Intervalle />i-
çompofé eft celui qui ne peut Ce réfoudre en
Intervalles plus petits , & n'a point d'autre
Clément que lui-même ; tel , par exemple ,
que le Diêfe Enharmonique , |ç Comma j^
même le femi-Ton.
Chez les Grecs , les Intervalles Inçompo^
Jés étoient différcns dans les trois Genres ,
félon la manière d'accorder les Térracordes.
Dans le Diatonique le (cmi-Ton & chacun
des deux Tons qui le fuivent croient des;
Intervalles Incompofés. La Tierce mineure
qui fe trouve entre la troifieme & la qiu-
trieme corde dans le Genre Chromatique ,
^ la Tierce majeure qui fè trouve entre les
mêmes cordes dans le Genre Enharmoni-
que , étoient auflî des Intervalles //zco/n-
^ofés. En ce fens , il n'y a dans le fyftêmc
moderne qu'un feul Intervalle Incompofl ;
ifayoir i le feini-Tpn. ( Voyez sjimi-Ton. )
I N H 4M
. ÏNHARMONIQUE, ad}. Relation Inhar^
fnonique ^ eft , félon M. Savérien , un terme
de Muilque î & îl renvoie , pour l'expli-
quer , au mpt Relation , auquel il n en parle
pas. Ce terme de Mufique ne m'eft point
cohnu*
INSTRUMENT , f. m. Terme générî.
que fous lequel on comprend tous les t:orp$
artificiels qui peuvent rendre & varier les
Sons , à l'imitation de la Voix. Tous les
corps capables d'agiter l'air par quelque choc,
& d'exciter enfuite , par leurs vibrations ,
dans cet air agité , des ondulations a(îezi
fréquentes , peuvent donner du Son; &
tous les corps capables d'accélérer ou retar-
der ces ondulations peuvent varier les Sons^
( Voyez Son. )
Il y a trois manières de rendre des Sons
fur des Injlrumens 5 favoir , par les vibra-^
tions des cordes , par celles de certaiiis
corps élaftiques , & par la collifîon de l'air
enfermé dans des tuyaux. J'ai parlé, au mot
Mufique , de l'invention de ces JLnfirumens.
Ils fc divîïènt généralement en Infiru^
mens à cordes , Infîrumens à vent , Inftra^
mens de percuffîon. Les Injlrumens à cordes,
chez les Anciens , étoient en grand nombre 5,
les plus connus font les fuivans : Lyra ,
Pfalterium , Trigonium , Samhuca , Cithara ,
Te^is y Magas , Barbiton , Tefiudo , Epigo^
nium y Simmicium , Efondoron , ^c. On tou-
choit tous ces Injlrumens avec les doigts 01*
avec k Pledrum , efpecc d'archet.
four leurs principaux Injlrumens à vent ^
^ IN' 5
T- •- - C:'ZL, , Lû:lj:s 5 Sec.
Lis Lz rri^n^ if di pcrcciEon croient ccm
€■- Jj n^n^clinr, r^nrj^Tinj Cymbcbim ^
C'-fr;. ^v-— Tt • r.' "lir^. --•*-: j-:i , Crotslum ,
A.C. N.i:s r'.Ji:sr«:rs d= ceux-ci ne varioxcnc
fc.rt Les S:rs.
CV. r^ iroc'^cn point ici d« mida^ut
cti Tt Vl-z V ri peur cmx de h Mifliqao
r::crrr.e • don: le ncmbrc eft excelEh Ia
Firir ir.frmncruiï , d^nt un Fiacre s'ccoÎE
chjTCi • r/cT.ir.c pjs d'abord entrée djns lo
Fli^. dr mon cri^~i:i pour l'Encyclcpedie ,
m i rcruiî , poi i erer.duc des connoilTôn-
ç-s c .; .ue sad^r • ie la rcxncctrc dms cc^ui-cî,
lNSTivUNlcNTAL..Qui appartient au
rr.ci.ijl ; Af- :l^ Iribrutrcnule.
IN L £NSE , ii:'. Les y^ns I-uer.fa font
c:u:. eu: en: le plus d;^ force , qui s'entcn-
dùT.z Ci r us Icm : ce icr.t aulC ceux qui ,
c:^".: n:r.d-s p*r des cordes tort ;cndi:es >
v.orcr.: pir-li rr.èn:e p'.u:> forrcmenL. Ce mot
c'.r L^:];: , jinii que celui de R<r::fi qui lai
cf: cvTc.b : n:ai.i d..: > !e5 ecrlrsde Muiîcue
r'_:::o-e ci: ci: cb!.^e de trandiêr lun CîC
^INVERCIDENCE,//: Terme de Plain-
Clunc. ', Vvyez Diaftcse. ;
lNTr.R\;EDE. (\ m. Fiece de Muficiie
fc c!e Diiiie qucn ir!ere à TOpérj • &
^ucîcucrois i U Comédie , ccrre les Ac'bes
d'une crir.dc Pièce , pour égayer & repolir,
en qutique Torrc, l'ei'pric du Speclaceur at-
t N T 4ir
CAAi pur le tragique &c tendu fur les grands
Intérêts.
Il y a des Intermèdes qui (ont de vérita-
bles Drames comiques ou burlefques, leC-
quels 5 coupant ainfi i^mtcrêt par un intérêt
tout différent , balottent & tiraillent , pour
ainfi dire , ^attention du Spectateur en fens
contraire, & d'une manière très-oppofée
au bon goût & à la raifon. Comme la Danfe ,
en Italie , n'entre point & ne doit point entrer
dans la conftitution du Drame Lyrique ,
on eft forcé , pour l'admettre fur le Théâtre ,
de l'employer hors d'œuvre & détachée de
la Pièce. Ce n^eft pas cela que je bl4me ; au
contraire , je penfe qu'il convient d'effacer ,
Î)ar un Ballet agréable , les imprefïîons triftes
ailfées pai la repréfentatior. d'un grand
Opéra y & j'approuve fort que ce Ballet fàflè
un fujet particulier qui n'appartienne point
à la Pièce : mais ce que je n'approuve pas ,
c'eft qu^on coupe les Aâes par de fembla-
bles Ballets qui , divifant ainfi l'adion & dé*
truifant l'intérêt, font , pour ainli dire, de
chaque Adte une Pièce nouvelle.
INTERVALLE , / m. Différence d'un
Son à un autre entre le grave & l'aigu ; c'eft
tout l'cfpace que l'un des deux auroit à par-
courir pour arriver à rUniffon de l'autre.
La différence qu'il y a de l'Intervalle à VEten-
due , eft que )l Intervalle eft confîdéré com-
me indivifé , & l'Etendue comme divifée.
Dans V Intervalle , on ne conliderc que les
deux termes ; dans l'Etendue , on en fup-
^fe d'iiiterméd&y:es, L'Etendue forme un
4i< I N T
fyiTêms ; rcsâs^In^aycdL peatècxeînoompt(%
A prsTjcîre ce moc djiis (on fcns le plot
f énéral , 3 eft évident qa'il y a une ini-
nizf à'I.zràrvdles : nuis comme en Mufîqoe
on borne le cctzi>re des Sons à ceux qui
conipofenc on certain fyft&ne, on borne
au£ par-Là le nombre des Interwalles à ceux
eue ces Sons penrenc former encr^eux. De
(erre qa ai combiiunc deux à deux tous les
Socs àL\m fy ilême quelconque , on aura tous
ks ImerralUs pciEbles dans ce même fyftê*
me 'j fur quoi il reliera à réduire fous la
même efpece tous ceux qui fê trouveront
^iux.
Les Anciens divîfoient les ImervalUs de
leur MuUque en înitrvalUs iîmples ou in«
compofés , qu'ils appelloi^mt Diafiêmts , Se
en InttrvdUs compofés ^ qu'ils appelloienc
Syf.emes. ( Voyez Ces mots. ) Les Intcrval"
les y dit Ariftoxcne , différent entr'tux en
cinq manières, i^. En étendue ^ un grand
IniervclU diffère ainfi d'un p!us pctir, i**. En
rcfûni:ancc ou en Accord ; c eft ainil qu'un
Intervalle confonnani diffère d'un Di/Ibnanr,
5*. hnouanri'.é, comme un Intervalle CimçXz
difîireciun IntervdlecompoCé. 4**. En Genre;
c'cll airiî que les Intervalles Diatoniques ,
Chrrmat;qu;s , Enharmoniques d.ncrent
entrcux. s"- En ruture de rappon ; comme
V Intervalle dont la raifbn peut s'exprimer en
nombres , diffère d'un Litervalle irration-
nel. Difons quelques mots de toutes ces
différences.
I. Le ir^oindre de tous les Intçrvalks ^
I N T 4ir
fAon Bacchîus & Gaudence , eft le Dièfb
Enharmonique. Le plus grand , à le prendre
îi Textrémité grave du Mode Hypo-Dorîen a^
jufqu'à l'extrémité aiguë de THypo - mixo-
J-ydicn , fcroit de trois Odtaves complètes ;
xnais comme il y a une Quinte à retran-*
cher , ou même une Sixte , félon un paC-
fàge d'Adrafte , cité par Meibomius , refte
la Quarte par-deflus le Dis-Diapafon ; c'eft-
à-dire, la Bix-huitieme , pour leplusgran4
Intervalle du Diagramme des Grecs.
II, Les Grecs divifoient comme nous les
Intervalles en Confonnans & Diflbnans : mais
leurs divifions n'ctoient pas les mêmes que
lesnôtres. (Voyez Consonnance. )I1s fubdi-
vifoient encore les Intervalles confonnans en
deux cfpeces , fans y conypter TUniflon ,
qu'ils appelloient Homopkonie , ou parité de
Sons , & dont l'Intervalle eft nul, La pre-
mière efjpece étoit \' Antiphonie y ou oppofî-
tion des Sons , qui fe faifoit à TOftave ou
à la double Oftave , & qui n'étoit propre-
ment qu une Réplique du même Son ; mais
pourtant avec oppofition du grave à l'aigu.
La féconde efpece étoit la Pamphonie , ou
diftinftion de Sons , fous laquelle on corn-
prenoit toute Confonnance autre que[l'Oc-
tave & fes Répliques ; tous les Intervalles ,
dit Théon de Smyrne , qui ne font ni DiC?
fonans , ni Uniflbn,
III, Quand les Grecs parlent de leurs Dia^
têmes ou Intervalles (impies , il ne faut pa$
£ rendre ce terme à toute rigueur : car le
)ié{x% même Q'étpit pas ^ felqn eux > exempç
428 INT
de cotnpofîtlon ; mais il faut toujours le
npporcer au Genre auquel V Intervalle s'ap-
plique. Par exemple , le (cmi-Ton cft un
Intervalle hmple dans le Genre Chromaci-
que & dans le Diatonique , compofe dans
iTEnhannonique. Le Ton eft compofe dans
le Chromatique , & fimple dans le Diato-
nique y Se le Diron même , ou la Tierce ma-
jeure , qui eft un Intcnalîe compofé dans
le Diatonique , eft incompofé dans l'Enhar-
monique. Ainfi , ce qui eft {yfteme dans un
Genre , peut être Diaftême dans un autre ^
Se réciproquement,
IV. Sur les Genres , dîvifez fucccffivc-
xnent le même Tctracorde , félon le Genre
Diatonique: , félon le Chromatique , & félon
l'Enhtrmonique , vous aurez trois Accords
diiSFérens , lefquels , comparés entr'eux , au
lieu de trois Intervalles , vous en donneront
neuf, outre les combinaifons & compofi-
tions qu'on en peut faire , & les ditfcrences
de tous ces Intervalles qui en produiront
" des multitudes d autres. Si vous comparez ,
par exemple , le premier Intetralle de chaque
Tétracon'e dans ^Enharmonique & dans le
Chromatique mol d'Ariftoxène, vous aurez
d'un côté un quart ou j^ de Ton , de l'autre
un tiers ou ^ , & les deux cordes aiguës
feront entr'elles un Intervalle qui fera la dif-
férence des deux précédens , ou la douzième
partie d un Ton.
V. Paflint maintenant aux rapports , cet
Article me mené à une petite digreffîon.
Les Arift oxcnicn^ prétcndoienc avoir bien
^^
fimplidé la Mufîque par leurs diyifions égales
des Intervalles , & fe m^quoient fert de tous
les calculs de Pychagore. Il me femble ce-
pendant que cette prétendue fimpliciié n'étok
gueres que dans les mots , & que fi les Py-
thagoriciens avoijnt un peu mieux entendu
leur Maître & la Mufique , ils auroietic
bientôt fermé la bouche à leurs adverfàîres*
Pythagore n'avoit pas imaginé le rapport
des Sons qu il calcula le premier. Guidé
par l'expérience , il ne fit que prendre note
de fes obfervations. Ariftoxène incommodé
de tous cts calculs , bâtit dans fa tête udi
fyftême tout différent \ & comme s'il eût
pu changer la Nature à fbn gré , pour avoir
«mplifié les mots, il crut avoir fimplific les
chofes y au lieu qu'il fit réellement le con-
traire*
Comme les rapports des Confonnanccs
étoient fimples &. faciles à exprimer, ces
deux Philofophes étoient d'accord là -defirus:
ils Tétoient même fur les premières Diflb-
nances j car ils convenoient également que
le Ton étoit la différence de la Quarte à la
Quinte; miis comment déterminer déjif
cette différence autrement que par le calcul î
Ariftoxène partoit pourtant de-là pour n'cft
point vouloir , & fur ce Ton , dont il fe
vantoit d'ignorer le rapport , il batilToit toute
fa doctrine muficale. Qu'y avoit-il de plus
aifé que de lui montrer la faufleté de (es
opérations & la juftefïè de celles de Pytha-
gore? Mais, auroit-ildit,ieprend;5toujouri^
4^ doubles ^ ou des moitiés ^ oa 4cs ûersi
î V t
TÎ25 =rùï i pl=ré%r £r eue vol
I y- - 'TCK ApotDîmcs. Je
z ]cz cuar: dm Tan. Si
.« ^■"
tizirî ri: rr; i.-.sr chirizrsn pocr le &irc,
P^-iijr:>rr eir r^z^iirr : mas cè-îî bien di-
^Le ^ccre McxDCKcrde : ^Iccxra-xncn, je
TOI3 nx, dî cutllc octhode vous voos
fes i^TTÎ pcïiir y prraiic le quan oa k
tiirs d'un Tcn- Jî ne îkiiToisvoîr, enpa«
TCx es , cî c:i''ArL:iox=ac eût pu répondre.
Or • de dire qnf nnitmmcnt aYokcré ac-
ccriz îvj la Voix , octre que c'eût cftt tom-
brr iira ie cercle , cela De poavoir oonve^
rre ^ultf.'e • pour vadr à bout de bien
cntonîcr irs /?rc-i -'Vr da Chromatique znol
& du Gairr E-^.hirzioniqae.
Or , puiicu i: hiu: des calculs non moins
compoies ^Sc r-.eme dzs opérations gcomc-
iiiqaes plus ci&ciles pour mefurcr les tiers
& les quarts de Ton d'Ariltoxène , que
pour allîgîier les rapports de Pythagore ,
c'eft avec railbn que Nicomaque , Boece &
}Juljeurs autres Théoriciens préferoient les
capports juftes & harmoniques de leur Maître
aux diviiions du i*> lléme Ariiloxenien , qui
î î4 T 4)1
llVtoîcnt pas plus (împlcs , & qui ne don-
hoient aucun IniervalU dans la juftefle de fa
génération.
Il &ut remarquer que ces raîfonnemens
qui convenoienc à la Mudque des Grecs ne
• conviendroient pas également à la nôtre ,
parce que tous les Sons de notre fyftême s*ao
cordent par des Confonnances ; ce qui ne
j)ouvoit (e faire dans le leur que pour le fcul"^
Genre Diatonique.
Il s'enfuit de tout ceci , qu*Arîftoxèna
diftinguoit avec raifon les Intervalles en ra-
tionnels & irrationnels ; puifquc , bien qu'ils
fuflènt tous rationnels dans le fyftême de Py-
thagore y la plupart des Diffonancés étoient
irrationnelles dans le iien»
Dans la Mudque moderne on confiderc
fiuffi les Intervalles de plufieurs manières ;
favoir , ou généralement comme Tefpacc
ou la diftance quelconque de deux Sons
donnés, ou feulement comme ceilcs de ces dis-
tances qui peuvent (e noter , ou enfin comme
celles qui fe marquent fur des Degrés diffé*
rens. Selon le premier fens , toute raiion nu-
mérique, comme eft le Comma , ou (burdc ,
comme eft le Dièfe d*Ariftoxcne , peut ex-
primer un Intervalle. Le fécond fens s'ap-
plique aux feuls Intervalles reçus dans le fyf.
tême- de notre Mufique , dont le moindre
eft le femi-Ton mineur exprimé fur le même
Degré par un Dièfe ou par un Bémol. ( Voy-
semi-Ton. ) La troifieme acception fuppofe
quelque différence de pofirion ; c'cft-à-dire ,
un ou plufieurs Degrés encre les deux Sons
45^ I N T
qui forrr^ntV TntervaHe. C^eft à cette dcrrJeri
acception que le mot eft fi:^é dans la pratique :
de forte que deux Intervalles égaux , tels que
font U fculTe-Quinte & k Triton , porten»'
f)ourtant des noms difFérens , lî l'un a plus
de Degrés que Tautre*
Nous divifons , comme faifoîcnt les An-
ciens , les Inrerval es en Confonnans&Di/Tb-
nans. Les Confonnances font parfaites ou im-
parfaitcs.( Voyez Consonnance.) Les Dit
fonances font telles par leur nature \ ou le
deviennent par accident. Il n'y a que deux
Intervalles diîroTians par leur nature , favoir j
la féconde & la feptieme en y comprenant
leurs Odkaves ou Répliques : encore ces deux
t>euvent-ils fe réduire à un feul j nuis toutes
les Confonnances peuvent devenir diflbnan-
tes par accident. ( Voyez Dissonance. )
De plus , tout Intervalle eft fimple où
redoublé. JJintervalle fimple eft celui qui
eft contenu dans les bornes de TOftave,
Tout Inten'alle qui excède cette étendue eft
redoublé ; c^eft-à-dire , compolé d une ou
plufieurs 06kaves & de Vlntervalle iîmplc
dont il eft la Réplique.
Les Intervalles limples fe divi/ènt encore
en directs &c renverfés. Prenez pour dired
un Intervalle /impie quelconque , fon com-
plément à l'Odtave eft toujours renverfé de
celui-là , & réciproquement.
, Il n'y a que fix efpeces ^Intervalles fim-
pîes , dont trois font complémens des trois
autres à TOftave , & par conféqucnt aullî
leurs rcnverfés* Si vous prenez d abord les
moindre
I Nf
4»
itDomdm ïntenalles , vous aurez pour di-
' Teili , la Seconde , la Tierce & la Quarte ;
pour reiivcilés , la Scpiicmc , \a. Sixte & U
Quine. Que ceux-ci ibieni direâ:s, les autios.
icruiic xcnverftî : tout eft réciproque.
Pour trouver le nom d'un Intervalle quel-
conque , il ne faut qu'ajoucer l'unicc au
nombre des Degrés qu'il contient, Aînti
V Intervalle d'un Degré donnera la Seconde >
de deux 3 la Tierce ; de trois j U Quarte t
de Tcpt , rOdbve i de neuf, la Dixième ,
Ôcc. Mais ce n'tft pas aflez pour bien dé-
terminer un JiittivaUc. : car lôus le même
nom il peut être raaitur ou mineur , juftc
t^ feux, diminué ou fuperflu.
Les ConCbnnances impart^îtes&: Us deux
SiOonances naturelles peuvent énc;m.ijeures
ou mineures : ce qui , (ans clinriger le Degré ,
fcic dans l'Iniervalle la dilféiance d'un femi-
Ton. Que h d'un LuervalU in;neur on Qt^
encore un iemi-Ton , cet intervalle devient
diminué. Si l'on augmente d'un fea)i-Tou
un IntervaUe majeur , il devient fuperfkl.
Les Confunnances parfaites font invaria-
bles par leur nature, Quand leur Infervails
eft ce qu'il doit être , ciles s'appellent
JuPes. Que li l'on altère cet Iniervalls ^mx
femî-Ton, la ConfoiuMUKe s'appelle J\]i{^
& devient Dillonance ; jupsrjlue , ù le (êmi-^
Ton eft ajouté ; diminuée , s'il eft retranché.
On dcnnc maUà-pioposle nom de fauflc-
Quime à 1« Quinte diminuée i c'ctt prendre le
Caiie pour l'efpcce : la Quinte fupeiâuc clt
' J>i3. de JAuJujiK, Tome I. E c
434 INT
toiic waA fimflê que la dimifiaée > Se Feft
mtme davantage à cous ^ards.
On troaTcra ^ ( Planche C. JF!^. n ) V
une Table de tous les Inttrvaflb fimplcs jna«
fiables dans la Mufique, avec leurs noms»'
leurs Degrés^kors valeurs j & leurs raf^rts.
n 6nc remarquer fur cette Table que fiow
tervaOe appdlé par les Harmonifies Sepdeme
/igio;/KEie , n'eft qu uiie Sepdeme rnsqeure avec
un Acampagnement pardculîeri lavériia-
Ue Sepdeme fiiperflue s telle qu'^ eft mar-
quée dans la Table , n'ayant pas lieu dans
l'Harmonie, ou n'y ayant lieu que (bcceffi-
vemcnt, conmie tranfition Enharmonique »
jamais rigoureufèmentdansle même Accotât
On obfervera anffi que la plujpan de ces
nq^ports peuvent (ê déterminer de pinfienrs
manières ; fai préféré la plus fimplc, ficcdle
qui donne les moindres nombres.
Pour composer ou redoubler un de ces
JmervûUes GmplcSy il fu£Gt d^ ajouter l'Oc«
tave autant de feis que l'on veut > te pont
avoir le nom de ce nouvel Lutrvalk > il
£int au nom de Vlntervalk (impie ajouter
autant de fois (èpt quil contient d'Oâaves»
Réciproquement, pour connoître le fimplc
d'un Intervalle redoublé dont on a le nom , il
nefâut qu'en rejetter (èpt autant de foisqu'on
le peut ; le refte donnera le nom de {'Imer-^
traite fimplc qui l'a produit. Voulez- vous
une Quinte redoublée ; c'eft-à-dire , V9c^
ûve delà Quinte , ou la Quinte de l'Oâave ?
à f ajoutez 7 , vous aurez 11. La Quinte
redoublée eft donc une Douzième. P^^ur
1 NT
trouver le fimple d'une Douzième , rejenez
7 du nombre 1 1 autant de fois que vous le
pourrez , le reftc J vous indique une Quinte.
A l'égard du rapport , il ne fiut que doubler
le conréquent , ou prendre la moitié de l'an-
técédent de la raifon fimple autant de fiais
qu'on ajoute d'Oftaves > & l'on aura la raifon
de X'Intervalle redoublé. Ainfi i , î , étant
la raifon de la Quinte , i , j , ou i , 6 ,
fera celle de la Douzième , &c. Sur quoi
l'on obfetvera qu'en terme de Mufique ,
compofer ou redoubler un Imervaîle , ce
n'cft pas l'ajouter à lui-même , c'cft y ajouter
une 0£tave , le tripler , c'eft en ajouter
deux , &c.
Je dois avenir ici que tous les Incervalks
exprimés dans ce Diâionnairepar les noms
des Notes , doivent toujours (e compter du
grave à l'aigu j en forte que cet Intervalle ,
ut fi y n'eft pas une Seconde , mm une Septiè-
me ; Ôc fiut f n'eft pas une Septième ; mais-
une Seconde.
INTONATION , //. Aftion d'cntonnci-.
( Voyez Entonner. ) U Intonation peut être
iufte ou faulïe , trop haute ou trop balle ,
trop forte ou trop foible , & alors le mot
Intonation accompagné d'une épirliete s'en-
tend de la manière d'entonner,
INVERSE. ( Voyez Renversé. )
IONIEN ou IONIQUE , adj. Le Mode
Ionien étoit , en compiant du grave à l'aigu ,
le fécond des cinq Modes moyens de la
Mufique des Grecs. Ce Mode s'appelloic
Ec 1
«^ JOU
JOCEk cks ïdfaœnras , c'dt
£a css izârucacsa des^Ain de MaûqiK,
Cfczca EOGs «zr CSX. Oa d^, toiêer ém
TaahiL^ et Is Bdfk , Aê W^™>%gf ^ Je. ^
^ ilc XrBBpe£K^ Sùojigr Jêê Cor ^
Gsàizwit > ér. ^Uîs r^l&ékaioR tic
pRipcsôcEX de b pcdaKcxîe. Le
MriTTr'Lig pocv wyiTffs kmEs dTnâmiiicBS.
JOCTL Canâc i /azr. ( Yorez Vnji. )
tcocadoccft uof gpmc , oo qui odc 4k1*
*• ■
jj t« 4- - -- I
â» Bomack anefi» Cvlcnce Jrr«i-
Tic ccBc qm si^ gombotg pn iiir mie des
a dnnwrce qogi a noc ndrncg poraculierc
das bçscQe k S&d^-ibodKZKiKzle monre
de C^iÎQce oa dfifrrr! de Qaane aprcs on
Acoocddc Sinc-^ooEscC VofczCAriKCE.)
ISON.auii£ CB ii&a. ( VoTCz CHAirr. )
JULE rf. f. Ncwi d'âne 6ïnc driymnc
#ci Ckmfôo piraû ks Grecs , en Humneor
deCcièsoade Profeipine. C V<ïy. Chaksos.)
JUSTE, ad;. Cœe «yschcce iê doraie
dC SOI ImnTilks dont les Sons
t E r
cu&cmsBt àsum le lapport qa'îls doî*
▼eue aTOcr , & J3X Voix qui encor.ocnc coci-
îoazs css loocTfaCcs daos kar juâdlê : nuis
JUS
457
elle s'applique fpécîalementaux Confbnnan-
CCS parraîtcs. Les imparfaites peuvent être
majeures ou mineures , les partîtes ne font
que juftes : dès qu on les altère d'un femi-
Ton elles deviennent feufles , & par confé-
quetit Didbnances. ( Voyez Intervalle. )
JUSTE eft aufli quelquefois adverbe.
Chanter jufte , Jouer jude.
Ee )
438 » L A R
L
L
'A. Nom de la fixîeme Note de notre
Gamme, inventée par Gui Arétin, (Voyez-
Gamme, Solfier J
LARGE , adj. Nom d*mie forte de Note
dans nos vieilles Muiiques , de laquelle on
augmentoit b valeur en tirant plufieurs traits
non-feulement par les côtés , mais par le
milieu de la Note ; ce que Mûris blâme avec
force comme une horrible innovation,
LARGHETTO. (Voyez Largo.)
LARGO » aêv. Ce mot écrit à la tête d'un
Air indique un mouvement plus lent que
V Adagio 3 & le dernier de tous en lenteur.
Il marque qu'il faut filer de longs Sons ,
étendre les Tems & la Mefure, &c.
Le diminutif Larghetto annonce un mou-
vement un peu moins lent que le Largo >
plus que VAndante , & très-approchant de
VAndantino.
LÉGÈREMENT , adv. Ce mot indique
un mouvement encore plus vif que le Groi »
un mouvement moyen entre le gai & le
vite. Il répond à-peu-près à l'Italien VTvace.
LEMME , f. m. Silence ou Paufe d'un
Tems bref dans le Rhythme Cataleâique.
(Voyez Rhythme.)
^ LENTEMENT, adv. Ce mot répond i
ritalieii Largo & marque un mouvement
lent. Son (uperlatif ^ ttis^Lentement , marque
le plus tarcuf de cous les mouvement.
\
I
L E P 4î$
LEPSIS. Nom Grec d'une des trois par-
ties de l'ancienne Mélopée, appellée aullî
quelquefois Euthia , par laquelle le Compo-
iiteur difcernc s'il doir placer fon Ctûnc
dans le fyftème des Sons bas qu'ils appel-
lent Hypatoïdes ; dans celui des Sons aigus y
qu'ils appellent Nétoïdes , ou dans celui des
Sons moyens , qu'ils appellent JHéJbïda.
(Voyez MÉLOPÉE.)
LEVÉ , adj. pHs fuèjfanùvement. C'eft !e
Tems de la Mefuie où on élevé la main ou le
pied ; c'eft un Tems qui fuit & précède le
frappé ; c'eft par conféquent toujours un
Tems fo&le. Les Tcmsëlves (ont, à deux
Tems , le fécond ; à trois , le troilleme ; à
quatre , le fécond & le quatrième. ( Voy.
Ârsis.)
LIAISON , /.^ Il y a Liaifon d'Herm».
nie & Liaifon de Chant,
La Liaifon a lieu dans l'Harmonie , ioiC-
que cette Harmonie procède par un tel pro-
grès de Sons fondamentaux , que quelques-
uns des Sons qui accompagnotent celui qu'on
quitte , demeurent & accompagnait encore
celui où l'on pallc.-Il y a Liaifon dans les Ac-
cords de la Tonique & de la Dominante ,
puifque le même Son fait la Quinte de la
première , & l'Ocbave de la féconde : il y a
Liaifon dans les Accords de la Tonique & de
lafous-Dominance , attendu que le même
Son (m de Quinte i l'une & d'Oftavc i
l'autre : enfin il y a Liaifon dans les Accords
diUbnans toutes les fois que la DilTonancc
eft prépaiée , puifque cette préparation elle-
Ee A
440 LIp
même n'eft autre chofe q^ue la LiaifoitX'^oyl
Préparer. )
La Liaifon dans le Chant a lieu toutes les
fois qu'on pafle deux ou pluficurs Notes
fous un feu] coup d'archet ou de goder , &c
fc marque par un trait recourbé dont on
couvre les Noces qui doivent être liées en-
femble.
Dans le Plaîn- Chant on appelle Limfon
4ine fuite de plusieurs Notes paffêcs fur la
même fyllabe, parce que fur le papier elles font
ordinairement attachées ou liées enfcmble.
Quelques-uns nomment aufli Liàifon ce
qu'on nomme plus proprement Syncope.
(Voyez Syncope.)
LICENCE i f. f. Liberté que prend le
Compofiteur & qui fernblc contraire aux
règles , quoiqu'elle foit dans le principe des
f egles ; car voilà ce qui diftingue les Licences
des fautes. Par exemple , c'eft une règle en
Compolition de ne point monter de la Tier-
ce mineure ou de la Sixte mineure à TOfta-
ve. Cette règle dérive de la loi de la liaifon
Harmonique , & de celle de la préparation.
Quand donc on monte de la Tierco mineure
ou de la Sixte mineure â TOétave , en forte
qu'il y ait pourtant liaifon entre les deux
Accords , ou que la DifTonance y foîr pré-
parée , on prend une Licence; mais s'il n'y
a ni Ikîfon ni préparation , Ion fait une faute.
De même , c'eft une règle de ne pas faire
deux Quintes juftes de fuite entre les mêmes
Parties, fur -tout par mouvement fembla-
ble i le principe de cette xegk cft dws la bî
Lie 441
et l'unké du Mode. Toutes les fois donc
qu'on peut faire ces deux Quintes fans faire
ftntir deux Modes à la fois , îl y a Licence ^
mais il n'y a point de faute. Cette explica-
tion étoit néceflàire , parce que les Muficiens
n'ont aucune idée bien nette de ce mot de
Licence.
Comme la plupart des règles de l'Harmo-
nie font fondées fur des principes arbitrai-
res & changent par 1 ufage & le goût des
Ccmpofitcurs , il arrive de-là que ces règles
varient , font fujettes à la Mxxle , Se que ce
qui efl Licence en un Tems , ne l'eft pas
dans un autre. Il y a deux ou trois (iecles
qu'il n'étoît pas permis de faire deux Tier-
ces de fuite , fur-tout* de la même cfpece :
maintenant on fait des morceaux entiers tout
par Tierces. Nos Anciens ne pcrmettoient
pas d'entonner diatoniqucment trois Tons
confécutifs : aujourd'hui nous en entonnons»
fans fcrupule & fans peine , autant que la
Modulation le permet. Il en efl de même
des faufles Relations , de l'Harmonie fynco-
pce , & de mille autres accidens de compo-
lition y qui d'abord furent des fautes , puis
des Licences , & n'ont plus rien d'irrégulier
' aujourd'hui.
LICH A>X)S , f. m. C'efl le nom que
portoit , parmi les Grecs , la trcifieme cor-
oe de chacun de leurs deux premiers Té-
tracordes , parce que cette troifieme corde
fe touchoit de l'index , qu'ils appelloient Xi^
chanos.
La troi/Ieme corde à l'âigu du plus bas
44^ L I *
Tétracorde qui étolc celui des Hy paces , iz>^
pcUoic autrefois Lickanos- Hypaton , quo-
quefbis Hypaton- Diatonos , Ènharmonios ^
ou Chromatiké > félon le Genre. Celle du fé-
cond Tétracorde ou du Tétracorde des
moyennes > s'^ppéioit Lickanos-JUeJôa, ou
Méfon-Diatonos y Scc.
LIÉES y adj. On appelle Notes Liées deux
ou plufieurs Note$ qu'on padè d'un (ênlconp
d'archet fur le Violon & le Violoncelle > ou
d'un feul coup de langue fur la Flûte & le
Hautbois i en un mot , toutes les Notes qui
font fous une même liaifbn;
LIGATURE , f. f. C'éioît , dans nos an-
ciennes Mufiques, l'union par un trait de
deux ou plufieurs Notes pailëes > ou diato*
niquement , ou par Degrés disjoints fur une
Blâme fyllabe. La figure de ces Notes , qiû
étoit quarrée > donnoit beaucoup de Ëiqîlité
pour les lier ainfi > ce qu'on ne lauroît &ire
aujourd'hui qu'au moyen du chapeau , à
caufe de la rondeur de nos Notes.
La valeur des Notes qui compofbient la
X/^i2/iire.varioit beaucoup félon qu'elles mon-
toient ou defcendoient> félon qu'elles éroienr
différemment liées , félon qu'elles étoient à
?ueue ou fans queue > (èlon que ces queues
toient placées à droite ou à gauche , afcen-
dantes ou defcendantes , enfin félon un nom-
bre infini de règles Ci parfaitement oubliées
à préfent, qu'il n'y a peut-être pas en Eu-
rope un feul Muficien qui Ibit en état de dé-
chiffrer des Mufiques de quelque antiquité.
LIGNE j// Les X/^/ze« de Mufique font
V.
ces traits horifoiitaux & parallèles qui cotn-
pofent la Portée , & fur lefqucls , ou dans
les cfiiaces qui les féparenc , on place les No-
tes (ëlon leurs Degrés. La Porréc du Plain-
Chaiic n'eftque de quatre Lignes ^ celle de
la Mu/îque a cinq Lignes ftables & conti-
nues , outre les Lignes poftiches qu'on ajoute
de tems en tems au-de{ïus ou au-deiTous de
b Portée pour les Notes qui paflent fon
étendue.
Les Lignes, (bit dans le Plain- Chant,
foit dans la Mulîque , fe comptent en com-
mençant par la plus bafiè. Cette plus balle
tft la première, la plus haute eft la qua-
trième dans k Plain-Chant, la cinquième
dans la Mufique. (Voyez Portée.)
LIMMA , f. m. Intervalle de la Mufique
Crecquc , lequel eft moindre d'un Gomma
que le femi-Ton maji^ut , & , retranché d'un
Ton majeur , laiflè pour refte l'Apotomc.
Le rapport du Limma eft de 145 à ijfi.
Se fa génération fe trouve , en commençant
par ui, à la cinquième Quinte fi : car alors
la quantité dont ce Ji eft furpaiTé par ['ut
voifin, eft préciftmenf dans le rapport que
je viens d'établir.
Philolaiis & to.is les Pythagoriciens fai-
ient du Limma un Intervalle Diaronique 1
;ui répondoir à notre (cmi - Ton majeur,
AI, mettant deux Tons majeurs confécu-
dfs , il ne leur reftoit que cet Intervalle pour
achever la Quarte jufte ou le Tétracorde : en
iôrtc que, félon eux , l'Intervalle du mi au
" ' ' moindre que celui du _/à à iba
444 LIM
TSsïh. Notre Echdle Quomatsfoe iam
waazlc ccnnnire>
UNOS rf- '". Sorte de Quiit raftiqoe
Acz les anciens Grecs y ik avoknt auffi im
Qonr iiûnebre du même nom ^ qui lerioc
i ce que les Ladns ont appelle JKcbk Les
«ns (ment qœ le L/ios fut invencé en Egfp>
ce> d^jntrcs os attnboaîenc Kavcnrion à
Linas Eabeœ.
LIVRE OL^TERT. A Livre otmKT,
€RL A L^QU^VHRTCTRE DIT LiVRE , Oidir. ChaO-
ttr OU jouer i Lvre ouvert , c'cft exécmcr
Qoutc Mulîqtxe quoit toos préiênce ^en jet«
CEit les yeux deiîtxs^ Tous les Moùdem (ê pi-
igaent d'exécater à Livre ouvert ; maïs 3 y
cft a peu qoi dans cecte exficutM3Q uiuiiitut
bfiiFerpiit de ronvrage^ & qat, s% ne
loQt p;s des &ices (nr k Noce ^ ne Êt&nc
pas <m msxœs des conae>iens dms fczpief^
mm. ( VoireE Expression* )
LONGUE ,y; /: Ce& Au» nos andeo-
nes Muficues one Noce quarree arec une
qiictie à dioke , amfi ^ Elle Tint ordînai-
lement qoacre Mefurcs à dnzx Tems c'cft-
à-dîre , deux Brèves \ qoelquefeis elle en
iraut orois, (épn le Mode, (Voycx Mode.)
Mors & lès contemporains avoient des
Zangu£s de crois efpcceSy fâvoir , la parfaite ,
I^impar&ice âc la double. La Longat parfaite
a , du côté dnHC » une qoefie dépendance ,
W. on ti. Elle vaut crob Tems par£ûcs , 8c
s'appelle pir&ice eOe - même; à caaGr > dit
Moiis 3 de Cm mppon somi&ique avec la
L O U 445
*rTÎnîté. La Longue imparfaite fc figure com-
me la parfaite ôc ne (è diftingue que par le
Mode : on l'appelle imparfaite , parce qu elle
ne peut marcher feule & qu'elle doit tou-
jours être précédée ou fiiivie d'une Brève*
La Longue double contient deux Tems égaux
imparfaits : elle fe figure comme la Longue
£mple , àiais avec une double largeur H|.
Mûris cite Ariftote pour prouver que cette
Note n'eft.pas du Plain-Cnant,
Aujourd'hui le mot Longue eft le corré-
latif du mot Brève. (Voyez Brève,) Ainfi
toute Note qui précède une Brève eft une
Longue.
LOURE , f.f. Sorte de Danfe dont l'Air
eft àfféz lent , & fe marque ordinairement
par la Mefure à |. Quand chaque Tems
porté trois Notes , on pomte la première ,
& l'on feit brève celle au milieu. Loure eft
le nom d'un ancien Inftrument femblable i
une Mufette , fur lequel on jouoit l'Air de
la Danfe dont il s'agit.
LOURER, V. a. & /i. Ceft nourrir les
Sons ivéc" douceur , & marquer la première
Note de. chaque Tems plus fennblemenc
que la féconde , quoique de même valeur.
LUTHIER , /. /n. Ouvrier qui feit des
Violons , des Violoncelles , & autres InC
crumcns femblables. Ce 'lioin , qui fignific
JPa'^eur de Luths , eft demeuré par fynecdo-
ijueà cette forte d'Ouvriers 5 parce q^'au-
f refois le Luch étoit l'Iiift rumen t le plus coxai-
mun & donc il fe fittfoit le plus.
44^ LUT
LUTRIN, r. m.Pupîtrc deChceur fur
lequel on mec les Livres de Chant dans les
£dii(ès Catholiques.
LYCHANOS, (Voyez Lichanos.)
LYDIEN , adj. Nom d'un des Modes
de la Mufîque des Grecs , lequel occupoit
le milieu entre l'Eolien & iTiyper-Dorien.
On l'appelloit auifî quelquefois Mode Bar«
bare , parce qu'il portoit le nom d'un Peu-
ple Auatique.
Eucliae diftingue deux Modes Lydiens.
Celu-ici proprement dit,. & un autre qu'il
appelle Lydien grave ^ & qui eft le même
que le Mode EoUen , du moins quant à (z
fondamentale. ( Voyez Mode. )
Le cara£fcere du Mode Lydien étoit ani-
mé , pâquant , trifte cependant , pathétique &
I>ropre à la mollefliè \ c'eft pourquoi Platon
e bannit de fa République. Ceft fur ce
Mode qu'Orphée apprivoifbit , dit-on , les
b£tes mêmes , & qu'Amphion bâtit les murs
de Thebes. Il fut inventé , les uns difent ,
par cet Amphion, fils de Jupiter & d'An-
tiope î d'autres , par Olympe , My/îen, dit
ciple de Matfias \ d'autres enfin par Mélam*-
{)ides : &c Pindare dit qu'il fut employé pour
a première fois aux noces de Niobé,
LYRIQUE , adj. Qui appartient à la Ly-
re. Cette épithcte fe donnoit autrefois à la
Poéfie faire pour être chantée & accompa-
gnée de la Lyre ou Cithare par le Chan-
teur , comme les Odes & autres Chanfons >
à la différence de la Poéfie dramatique ou
tiiéâtrale y qui s'accMnpagnoit avec des Flà-
L YT
447
tfes par d'autres que le Chanteur ; maïs au-
jourd'hui elle supplique au contraire à la
fade Poéfie de nos Opéra , & par extenfion »
à la Mu(îque dramatique & imiutive du
Théâtre. (Voyez Imitation.)
LYTIERSE. Chanfbn des Moi(Ibnneurs
Aez les anciens Grecs« (Voyez Chanson.)
4* MAC
M
SLancuaSu ^axigciDiiiiisâeNifisqiiiitn-
lnizndlis ûcTisKr & asosL. Le iKrzàc
cm scamâccâ: Otaxir iîdk d: ccun des
"Fr^Wmfignes gipJp Iji ii m i , qoii'cxé-
SoB^de fur dcMaâqoe
Tzîhsr Al isranae , osi csac fint à la
THjdr gc Inuir an iczûrac âecjc , & mrse
asi -rrirriTT^^i. *r?Yr-rir dn pRCcdcXL LcS Jti>
k '^'^-^''* , à ônq on £x Pzmcs , toots
, a cai:^ £:s Fngnct flû I>iïrms donc
riiiirM: ranpôa : mats Is Org^
zl£=s ca=paûjk=ir àc ariMuina, auffi des
iLs^zns^i^ i2Lr i^Qz^gae , & foQ piricnd me-
ZDC qsù ce te iîzr cex luftimacat que le
jy.7frr:yjJ fîzi înTcnie. Ce gemc de CôiUTe'
poinr c;d ciacr ziT::)^ à des kû txès- ri-
gosiTral» , panoiT le nom de fijit Maàh*
' iqns. Kii£cxzxs Aoicius , poor y avoir
lié, ooiimniaxtalîfê leaxs ooms dans les
^fiesdeTAn. Tckioicar^ciia'aatzcs, Luza
M A G 449
/1/2, Tommafo P ceci y & fur -tout le fameux
Prince de Vent fa, dont les Madrigaux ^ pleins
de fcîence & de goût , éroient admirés par
tous les Maîtres , & chantés par toutes les
Dames.
M AGADISER, v. n. C'étoit , dans la Mu^
fîque Grecque , chanter à l'Odave , comme
faifbient naturellement les voix de femmes Se
d'hommes mêlées enfemble ; ainfiles Chants
Magadif^s étoient toujours des Antiphonies.
Ce mot vient de Magas , Chevalet d'Inf-
trument , & , par extenfion , Inftrument à
cordes doubles , montées à TOdave l'une
de l'autre > au moyen. d'un Chevalet , com-
me aujourd'hui nos Clavecins.
^ MAGASIN. Hôtel de la dépendance de
l'Opéra de Paris , oa Icgent les Dirtdeurs
& d'autres perfonnes attachées à TOpéra,
& dans lequel eft un petit Théâtre appel é
auffi Magajin , ou , Théâtre du. Magafin , fur
lequel fe font les premières répétitions. C'tft
XOdtum de la Mulique Françoife. (Voyez
Odeum. )
MAJEUR , adj. Les Intervalles fufcepti-
bles de variations font appelles Majeurs ,
quand i!s font auflî grands qu'ils peuvent
l'être fans devenir faux.
Les Intervalles appelles parfaits , tels que
rOftave , la Quinte &: la Quarte , ne va-
rient point & ne font que Jufies \ fi- tôt qu'on
les altère ils (ont faux. Les autres Intervalles
peuvent , fans changer de nom , & fans cefl<èr
d'être juftes, varier d'une certaine différence :
quand cette différence peut être ôtée , ils
DiS.deMuJiquc. Tome I. Ff
4T« M A I
(ont Majeurs; Mineurs y quand elle peut èdâ
aîoutée.
Ces Intervalles variables font au nombre
de cinq i (avoir , le (èmi - Ton , le Ton ^
b Tierce , b Sixte & b Septième. A l'é-
gard du Ton & du femi-Ton , leur difFé-i
rcnce du M^zicur au Mineur ne (àuroit s'ex-*
primer en Notes , mais en nombres feule-
ment. Le fêmi- Ton Majeur eft rintervalle
d une Seconde mineure , comme dtfikui^
oa dt nù ïfa y Se (on rapport eft de 15a
16, Le Ton Majeur eft b diâerence de b
Quarte à b Quinte , & £bn rapport eft de
5 à 9.
Les trois autres Intervalles; favoir, b
Tierce , b Sixte & b Septième , différent
toujours d'un femi-Ton du Majeur au Mi-
neur , & ces différences peuvent (è noter,
Ainlî b Tierce mineure a un Ton & demi »
6 b Tierce Mj-eun deux Tons.
Il y aauc!ques.iutres plus petits Intervalles ,
comme le Dièie & le Comma , qu*on dit
tinguc en Moindres , Mineurs , Moyens ,
Mi^'i^rs Se Maximes; mais comme ces In-
tervalles ne peuvciît s'exprimer qu'en nom-
bres « ces dîftiuifUons iont inutiles dans b
pratique.
M.r'ai'^ Ce dit auiîî du Mode, Iqrfque la
Tierce de la Tonique eft Majeure , & ;\lors
(bavent le mot Mcàe ne fiiit que fe fous-
entenJre. Prc:::d:ri,i Majeur, jw^r du Ma-
îeur iiu ^tuncur , &c. ( Voyez Mode. )
MAIN HARMOKIQUE. Ccft le nom
^ue doniu rArétin à b Gamme qu'il ia^
MAI 4ÎI
vcnïz pour montrer le rapport de fes Hex^i-
coides , de fes fix lettres & de fes fix fyU
labés , avec les cinq Tétracordes des Grecs»
Il repréfenta cette Gamme fous la figuro
d^une main gauche fur les doigts de laquelle
étoient marqués tous les fons de la Gamme »
tant par les lettres correfpondantes, que paj
les fyllabes qu'ail y avoit jointes , en paflant ,
par la règle des Muances , d'un Tétracordâ
bu d'un doigt à l'autre , félon le lieu ot^
fe trouvoient les deux femi - Tons de l'Oc-
tave par le Béquarre ou par le Bémol ; c'eft-
à - dire , félon que les Tétracordes étoienC
conjoints ou disjoints. ( Voyez Gamme ,
Muances , Soltier. )
MAITRE A CHANTER. Muficien
qui enfeigne à lire la Mulîque vocale j> ôf
& chanter fur la Note.
Les fonftious du Maure à Chanter fe rap-»
portent à deux objets principaux. Le pre^
micr , qui regarde la culture de la voix^
cft d'en tirer tout ce qu'elle peut donner
en fait de Chant , foit par l'étendue , (bit
ar la jufteflè , foit par le tymbre , foit par
a légèreté , foit par Part de renforcer 8ç
radoucir les Sons , & d'apprendre à les mé--
nager & modifier' avec tout l'art poffible^
( Voyez Chant , Voix. )
Le fécond objet regarde l'étude des figncsf
c^cft - à - dire , l'art de lire la Note lur le
papier , & l'halntude de la déchifFrer avec
tant de facilité , qu^à l'ouyerture du livra
on (oit en état de chanter toute Cotte Jii9
JVJu^^ue. ( Voycît NpM , Solîier. )
i
-Ç51 M A 1
Uîie rroilieTT!^ parri'; des fonâîons du
jfLi trt J C'id-ucr regarde la connoifiance (fc
la Lrnjiae , far - tour des Accens , de la
quintiié & de la mei'leure manière de pro-
rcncer ; parce que les défauts de la pronon-
cLtion font beaucoup plus fenfîbîes daiis le
Chant que diiis la parole , & qu'une Vo-
cale bien faite ne doît être qu'une manière
plus énergique &: plus agréable de marquer
la Prjfoîic :Sc l:r.<; Acc^-ns. ('Voyez Accent.)
MAITRE DE CHAPELLE. ( Voyci
Maître de Musique.)
MAITRE DE MUSIQUE. Muficîcn
gagé pour compofer de la MuHque & b
faire exécuter. Ccft le Maure de JUjJîjl:
oui b.'-r b Mefure & dirige les Mufici^ns.
Il doit (avoir la composition , quoiqu'il ne
compofe pas toujours la Mulique qu'il fait
exécuter. A l'Opéra de Paris , par exemple,
l'emp!oide bartre la Mefure eft un office par-
ticulier j au lieu que la Mufique des Opéra
cft compofée par quiconque en a le talent
& la volonté. En Italie , celui qui a com-
fofç un Opéra en dirige toujours Terécu-
tiv^n y non en battant la Mefure , mais au
Clavecin. Ainlî l'emploi de Mettre de Mu--
f.^ue n'a gucres lieu que dans les EgUfcs;
::uilî ne dit -on point en Italie, Maître dt
Mjfijue y mais Maître de Chapelle : déno-
mination qui commence à pailer au(G en
France.
MARCHE. //! Air militaire qui (ê joue
par des Inftrumens de guerre & marque le
mètre & la cadence des Tambours , Lqucllc
cil proprement la Marche.
M A R 4j^
Chardin dit qu en Perft , quand on veut
abattre des maifons , applanir un terrein ,
ou faire quelqu'autre ouvrage expéditif qui
demande une multitude de bras , on aflem-
ble les habirans de tout un quartier ; qu'ils
travaillent au fon des Inftrumens , & qu'ainjG
Pouvrage fe feît avec beaucoup plus de zèle
Se de promptitude que Ci les Inftrumens
n^ ëtoient pas.
Le Maréchal de Saxe a montré , dans fes
Rêveries , que l'effet des Tambours ne fe
bomoit pas non plus à un vain bruit fans
utilité 5 mais que , félon oue le mouvement
en étoit plus vif ou plus lent , ils portoienc
naturellement le foldat à prellèr ou ralentir
fon pas : on peut dire auffi que les Airs
des Marches doivent avoir différens carac-
tères , félon les occaiions où on les emploie ;
& c'eft ce qu'on a dû feiitir jufqua cer-
tain point , quand on les a diftiîigués & di-
verfifiés , l'un pour la Générale , l'autre pour
la Marche , l'autre pour la Charge , &c.
Mais il s'en faut bien qu'on ait mis à profit
ce principe autant qu'il auroit pu l'être. On
s'eft borné jufqu'ici à compofer des Airs qui
fiflent bien fentir le mèrre & la batterie
des Tambours. Encore for: (buvent les Airs
des Marches rempli (lent-ils aflez mal cet
obj-t. Les troupes Françoifts ayant peu d'Inf-
trumens militaires pour l'Infanterie , hors
les Fifres & les Tambours , ont aufli fort
peu de Marches , & la plupart très-mal fûtes ;
mais il y en a d'adniirables d;;ns les troupes'
Allemandes.
Ffj
4U M A R
Pouf exemple de TAccorcï de l'Aîr & dit
ia Marche , je donnerai ( PL C. Fig. } . )
la première partie de ceUe des MoufquecaircS
du Roi de France.
Il n'y a dans les troupes que l^Infimtcric
èc la Cavalerie légère qui aient des JUarckeSé--
Les Timbaies de la Cavalerie n'ont point
de Marche réglée ; les Trompettes n'ont qu'un
Ton prefquc uniforme, & des Fan&res«.
(Voyez Fanfare.)
MARCHER , V. n. Ce terme s^emploic
ngurémenc en Mufique , & (è dit de la
fucceffion des Sons ou des Accords qui fe
fuivent dans certain ordre. La Baffe Cr &
Diffus marchent par mouvemens contrai'*
tes. Marche de Baffe. Marcher i contrj^
tews,
MARTELLEMENT>y: m. Sorte dW-
îTjent du Chant François. Lorfque dcfcen-
dant diatoniquement d'une Note fur uncî
autre pair un Trill , on appuie avec force
le Son de la première Note fur la féconde ,
tombant enfuice fur cette féconde Note par
un feul coup de gofîer , on appelle cek
feire un Martellement. ( Voyez PL B. Fig^
I^)
MAXIME, ^É^'. On appelle Intervalle
^Maxime celui qui eft plus grand que le Ma-
jeur de la même efpece & qui ne peut fe
noter : car s'il pouvoir fe noter , il ne s'ap-
pclleroît pas Maxime y msis fuperjlu.
Le fcmi - Ton Maxime £iit la difïerence
du femi - Ton mineur au Ton majeur , &
fon rapport eft de 2 j à 17. Il y auroit entre
MAX
4fî
Vut Dièfc & le re un femi - Ton de cette
etpecc , fi tous les fcmî - Tons n'écoient
pas rendus égaux ou fuppofés tels pat le
Tempéramcnr.
Le Dièfe Maxime eft la différence du Ton
mineur au fcmi - Ton Maxime , eu rappoir
de 14} à i[o.
Eniin le Comraa Maxime ou Comma de
Pythdgore eft la quantité dont différent en-
Ir'cux les deux termes les plus voilîns d'une
firogrcllîon par QuLites , & d'une progref-
ion par Odavcsi c'eft-à-dirc, l'excès de
la douzième Quinte_^ Dièfe fur la feptîcmc
Oiftave ut ; & cet excès , dans le rapport
de îi4iS8 à 531441 , eft la différence que
le Tempérament fait évanouir.
MAXIME,/./ C'eftune Nore fiiite en
quarré-long horifontai avec une queue au
côté droit, de cette manière C ) . laquelle
vaut huit Mefures à deux Tems ; c'eft - à-
dîre , deux longues , & quelquefois trois ,
fclon le Mode. ( Voyez Mode. ) Cette fotie
de Note n'eft plus d'ufagc depuis qu'on fé-
pare les Mefures par des barres , & qu'on
inarque avec des liaifons les tenues ou conti-
nuités des Sons. (Voyez Barres, ÏvIesure.)
MÉDIANTE , f. f. Ceft la coide ou U
Note qui partage en deux Tierces l'Inrer-
valle de Ceinte qui fe trouve entre la To-
nique & la Dominante. L'une de ces Tierces
eft majeure, l'autre mineure, & c'cILleu
poiltion relative ^ui détermine le Mode
Quand la "neKc majeiue eft au grave
Ff4
4S6 MED
c'cft-à-dîrc , entre \z Mediante 8c la To-
sisque , le Mode eft majeur ; quatxl la
Tierce majeure tll à Taigu ôc la mineure au
graye , le Mode eft mineur. ( Voyez Mode ,
Tonique, Dominante.)
MÉDIATION J. f. Partage de chaque
verict d'un Pfcaume en deux parties , l*unc
pfalmodiée ou chantée par un côté du
Chœur , & l'autre par Tautre y dans les Egli-
fes Catholiques.
MEDIUM y f m. Lieu de la VoLx éga-
lement diftant de fes deux extrémités au
grave & à Paigu. Le haut eft plus éclarant,
mais il eft prefque toujours forcé : te bas
eft grave & majeftueux ; mais II eft plus (burd.
Un beau Médium auquel on fuppofè une
certaine latitude dcnr.e les Sons les mieux
tiourris , les plus mélodi'rux , & remplit le
plus agréablement Toreile. ( Voyez Son. )
MELANGE , / m. Une des Parties de
Tancienne Mélopée , appellée Agog^ par les
Grecs, laquelle confifte à fàvoir entrelacer
& mêler à propos les Modes &: les Genres.
(Voyez MÉLOPÉE.)
MÉLODIE,/ f. Succeflion de Sons tel-
lement ordonnés félon les loix du Rhythme
& de la Modulation , qu elle forme un fens
agréable à l'oreille ; la Mélodie vocale s*ap-
pelle Chant ; & Tlnftrumentale, Symphonie.
L'idée du Rhythme entre néccffaircment
dans celle de la Mélodie : un Chant n*eft un
Chant qu'autant qu'il eft mefuré ; la même
fuccelfion de Sons peut recevoir autant de
carafteies > autant de Mélodies diâerentes ^
?.
M EL 4J7
^u*on peut la fcander différemment ; & 1^
cul changement de valeur des Noces peut
défigurer cette même fucceflîon au poiiit
4Mla rendre méconnoillàble. Aind la Mé-
Wt n'eft rien par elle - même ; c'eft la Me-
fure qui la détermine , & il n'y a point de
Chant fans le Tems. On ne doit donc pas
comparer la Mélodie avec l'Harmonie , abf-
tradkion faite de la Mefure dans toutes les
deux : car elle eft efleniiclle à Tune & non
pas à l'autre.
La Mélodie fe rapporte à deux principes
différens , félon la manière dont on la con-
fidere. Prife par les rapports des Sons &C
par les règles du Mode , elle a fon principe
dans l'Harmonie j puifque c'cft une analyfe
harmonique qui domie les Degrés de la
Gamme , les cordes du Mode , & les loix
de la Modulation , uniques élémens du
Chant. Selon ce principe , toute la force
de la Mélodie (e borne à flatter l'oreille par
des Sons agréables , comme on peut flatter
la vue par d'agréables accords de couleurs :
mais prife pour un art d'imitation par le-
quel on peut afFe<3:er l'efprit de di ver fes
images , émouvoir le cœur de divers fen-
timens , exciter & calmer les pallions , opé-
rer , en un mot , des effets moraux qui
paflent l'empire immédiat des fens ^ il lui
faut chercher un autre principe : car on ne
voit aucune prife par laquelle la feule Har-
monie , & tout ce qui vient d'elle , puiflè
nous atfeâer ainfl.
Quel efl ce fécond principe ? U efl dans
#
*
\ M £ L
^y fiicrc- T-T i in: nrit cc.crrtîâDn plu* fcne,
ei»:ôc^ j.;^- £ii:T-.t . S: ri;:? de lixlîh
ç-i_ Ti:r Tirrr jC T:^ dî 1* Vrâ - qcanî
cz y^-^ . f:.rc Its crc-'rs ce or: dir & les
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c -: . A::=-:i:: p'iiî nziçcc cc«:: dccnex
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T-.'i: :.-:-: q. urt .V.'.". i- jan^u^rre &
t. "1: .:r-2 ciricrtrr àc Uns czfrciEoa,
V - - .:: •. ri-î Tr.r.r7«es : nrt cv'oti en !or-
b: :• C- :- - :.:i:i :ir':tT ia fouvoir ctc
î ; • _ -^ - -,., p. onparltra
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. -: -i:r - cr. r.t izzri cecu'ondira.
:. — .*.-.:-:: zjz :t.z: cu-c pir la Mé^
J - . . •. L.'r i i_!r :c-:= n ibrce , il s e iu;i
c.r :-:: ?:_/c-r c.î nr chzrre ras ,
^ -. :-r r-zz.z'^zi.t cur-ï puili;: ctre ,
r. : : . .1 :.::.:_:: :r-J:i::v:r , & , nc
je. :: : r. i:-. : .t: r.i zt'rirz z-tc les beaux
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I-. .■?-:5 r j^^ur '.z:i, ii :u:: mcorr eue,
r" ^:. ... .':vrr:::c ^ri Pjunis eut '/Hirrr.o-
I .: - ::.:rr.:u::r5 . ^: ior: or. iz:vSc zznl
a-"L-:j:.-.-: , ::-:.: çur cLux Jrf ...:.-- îc
tb;:: t: ::. ir^ i ]i {y.s , ^IÎls Sciricmi
l'izr,z Ji^'^z &z dcmtuiznz de nul cdct ,
M Ë t 4ff
Î[uetque belles qu^elIes puîflènt être chacune
éparément : d'où 1 on peut juger avec quel
goût les Compofîteurs François ont intro-
duit à leur Opéra Tufage de faire fervir un
Air d'Accompagnement à un Chœur ou à
un autre Air ; ce qui eft comme (i on s'avl-
fbit de réciter deux di(cours à la fois , pour
donner plus de force à leur éloquence.
(Voyez Unité de Mélodie*)
MÉLODIEUX , adj. Qui donne de la
Mélodie. Mélodieux , dans lufage , fe c'ie
des Sons agréables , des Voix fonores y des
Chanrs doux & gracieux , ùc.
_ MÉLOPÉE , f. f. C'étoit , dans l'an-
cienne Mufique , Tufage régulier de toutes
les Parties harmoniques j c eft- à- dire , PArt
ou les reg'es de la compofition du Chant ^
defquellcs la pratique éc TefFet s'appelloit
mélodie»
Les Anciens avoîent dîverfès règles pour
la mani.re de conduire le Chant par Degrés
conjoints , disjoints ou mêlés , en montant
ou en defcendant. On en trouve plufieurs
dans Arîftoxène , lefquelles dépendent toutes
de ce principe ; que , dans tout lyftême har-
monique , le troiilemc ou le quatrième Son
après le fondamental en doit toujours frapper
la Quarte ou la Quinte , félon que les Té-
tracordes font conjoints ou disjoints , diffé-
rence qui rend un Mode authentique ou
^agal , au gré du Compoficeur. C'eft le
recueil de toutes ces règles qui sappelle
Jd'lopée.
La Mélopée eft compofée de trois Parties ;
4«o MLL
fsToir 3 b Prrje » Lerfis y cnî er feigne an
Galicien ci quel lira de k Voix il doit éta-
blir foo Diipalon ; \t MeLzrfe , Jizx/j , fc-
loc leqGcl il ei::rtkce ou iréle à propos les
Grr.r-s & les Modes -, & l'Ufige , Cwjfç ,
qz: fe fubdivife en trois autres Panies. La
première , appel ce Euihza , gu:de la mar-
ché du Chsr.: , hquciîe cft , ou diiedc du
grivt à l'Vpj , ouienveiféc de Taigu au grave;
01 zrljzt y c'cft-à-dirt , ccmpofce de l'une &
de 1 tUîre. La deuxitine. sppeîlée ^f^g-^y niar-
che ahemadvement par Degrés disjoints en
ircnrinr . & conjoints en delcerdant , ou au
cc-î traire. Lairo::icîne , cppellée Petuïa , par
Uquelle il diîctzr^c & choiiit les Sors qu'il îaut
rtirTter , Cfjx qu'il fîut admettre , & ceux
qu'il f-ut eirp'.oyer le plus firéquen:inenr.
Ariûide Quir.îiîien divife route la Mélopée
en trois clpece< qui fe rapportent à autant
de Modes , en prenant ce dernier ncm dans
un ro'jvera ien5. La première elpece étoit
l'//j7^'':5.'ic , zppellée dnfi de la corde
Kyr^rt, k principale ou la plus balfe , parce
qut le Chant régnait feulement furies Sons
graves ne s'é!o*gnoit pas de cène corde ,
& ce Chant êroi: approprié au Aîode tra-
giq-je. La leconde eipece étoit la Mvfoïde ,
de Jyufe , la corde du milieu , parce que le
Chant r:=cPoir ^ur les Sons moyens , & celle-
ci rcpondo.c au Mode Nomique , confacré
à Apulion. La troifiem^ s'appcUoit Nt'tcïde ,
de Xre , la dernière corde ou la plus haute >
fon Chant ne s'étendoit que fur les Sons
aigus & conftituoit le Mode Dithyrambique
M E L
4fl
©a Bachique. Ces Mod^s eh avoîent d'autres
qui leui ctoieiir fuKirdonnés & varioiciK U
Mt-lupée ; fis que l'Érocique ou jmoureox ,
k- Comique , l'Encomiaqui: d(.ftiiié aux
louanges.
Tous ces Modes étant propres à exciter
ou calmer ccriaîu^s pa(ïions , influolcift
beaucoup fur les mœurs ; &c par rapport 1
cette influence , la Mélopée fe partageoit
L.«ncore en trois Genres ; (avoir, i''. Le Syf-
mtaUiaue , ou celui qui înfpiroit les paUîons
Piendres & affeclneufes , les palTlotis trilles
'■fit capables de refferrer le cceur , fuivant
le fens du mot Grec. i*. Le Diafldiiqut ,
OH celui qui étoit propre à l'épanouir , en
excitant b joie, le courage , !a magnani-
mité , les grands fentimtns. j". L'EucAiifif-
çue qui tcnoîc le milieu encre les deux au-
tres , qui ramenoîc l'ame à un état cranquîlle,
La première elpecc de Mélop'e couvcntMt
aux Poéfics amoureufes , aui plaintes j aux
regrets & autres expreffions fcmblables. La
' féconde ccoit propre aux Tragédies , aux
Cbants de guerre , aux fujets héroïques.
La trotfïeme aux Hymnes , aux louanges ,
aux inflru6ïions.
MÉLOS , f. m. Douceur du Chant. Il
eft difficile de dilliiigucr dans les Auteurs
Grecs le fens du mot Méhs du fons du mot
Maladie, Platon , d.ms Ton Protagoras , met
le Mths dans le fimple difcours , & fcmblc
entendre par-là le Chine de li parole. Le
Mtlos paroîcfire ce par quoi la M'.lad^e^
agréable. Ce mot vient de tn'y , ôùeL
4fc MEN
MENUET,/, m. Air d'une Danfc <fc
mênie nom , que i'Abbé Broflàrd die nous
venir c!u Poitou. Selon lui cette Danfc eft
foTZ giîe & fon mouvement eft fort vite.
hiàs wU cor.ir .ire le caraâere du Menuet
tA une élég^:.n:i! & noble fîmpliciré » le
mou vendent en tft plus modéré que vite, &
fon peu: dire que le moins gai de tous les
GzTsts de Dinis: ufieés dans nos bals eft le
/JrT-er. CVii autre chofc fur le Théâtre.
La Melure du Menuet eft à trois Tcms lé-
gf ri qu'on marque par le 5 (impie , ou par
Ir J - .a par le |. Le nombre des Me(ures
de . .-iir dans chacune de fes reprifcs , doit
6:;: cur.:re ou un multiple de quatre ; parce
4u':l (.n h.ut autant pour achever le pas du
Mi", r ; & le foin du Muilcien doit être
de rcire fent-r cciic divxlîon par des chiite$
hirn m.irqvécs , pour aider l'oreille du Dan-
fcur & le maîricnir en ccdcnce.
>ii Sn , r, f. Nom de la corde la plus
a;::uj du rccond Tctrarorde des Grecs,
( Voyc'z Mii^oN. ;
y.. Je lîï:r.i*:r Moyenr.e , & ce nom fût
t'on- • i ct'c corde , non , corrme die
r.iS^ j Bto ■ jrJ , parce qu'tlle eft ctimmune
ou r;::ovr-7nLr encre les d-ux Octaves de
r ncic-n fyi'jnzt ; c;.r clie portoit ce nora
biju av.- ne que l-j lyftcme cù: acquis cette
étciîdue ; mais p?.rce qu'elle formoit prcci-
firiviit le niilitu entre les deux premiers
TcCracordc'; dont ce fyftcmc a\oit d'abord
cic corr.poff',
AIéS01D£ , f.f. Sorte de Mélcpce doiU
MES 49)
{es Cliants roiiloîent fur les corées moyen-i
nés y lefquelles s'appdloient auflS Méfoïde^
de la Mèfe ou du Tétracorde Méfbn.
MESOIDES. Sons moyens , ou pris datif
k Médium du fyftême. ( Voyez Mélopée. )
MÉSON. Nom donné par les Grecs k
leur fécond Tétracorde , jen commençant à»
compter du grave > & c'eft auffî le nom par
lequel on diftingue chacune de (es quatre
cordes > de celles qui leur correfpondenc
dans les autres Tétracordes. Âînfî , dans celui
dont je parle y la première corde s^appellû
Hypate^Méfon y la féconde , Parhypate-Mé^
fon ; la troifieme, Lichanos-Méfon ou Méfori^
Diatonos -, & la quatrième , Mife. ( Voyez;
Système, )
Mifon eft le génitif pluriel de Mife , moyen*
ne 5 parce que le Tétracorde Méjon occupe
k milieu entre le premier & le troifîcme ,
ou plutôt parce que la corde ADfe donne
ion nom à ce Tétracorde dont elle forme
1 extrémité aiguë. ( Voyez PL H. Fig. ii. )
MÉSOPYCNI 3 adj. Les Anciens appel-
loient ainfî , dans les Genres épais , le fécond
Son de chaque Tétracorde. Ainlî les Sons
Méfopycni étoient cinq en nombre. ( Voyez
Son 5 Système , Tétracorde. )
MESURE , / f. Divilîon de la durée ou
du tems en plufieurs parties égales , afleat
longues pour que l'oreille en puille faifir Se
fubdivifer la quantité , & affez courtes pour
que l'idée de l'une ne s'efface pas avant le
iretour de l'autre , & qu'on en fente l'égalité.
Chacune de ces parties égaler s'appello
4^4 MES
3ciE Xijurti dks le (bbdîvi&fit en d*ati«
tre> alkj'Jccs tpy<^n appic Tcms , Se qvî
(c zzMq^-nz p«r des mouvcmens égaux
« Il rr-iin oa iu picJ. ( Voyez Battre
lA Nls>V3.E. ; La durée égale de chaque
TcTzs o-i ie chique Mz/ur^ eft remplie par
pi^i^ieurs Noces qui poflèiu plus ou icoins
T::e es -rcroràr-n de leur rombre, &aux-
qa^es c^i ccnne diverfcs ligures pour nur-
c*j;r Isurs diitcrenzes durées. ( Voyez Va-
L5VR rE> Notes. )
Pluiîiius , conliderint le progrès de notre
Xiuiîque , perAenc que la Àfzjure etlde.nou-
vei;? irvciîion, p.uce qu'un tems elle a été
r..*; ;;cj. Miîs iu contraire , non-feulemenc
les Ar.:L»:!'5 pranquoienc la Mifure , ils lai
avciecc mime donne des regîes rrès-lcvcies
& tbniées iiir des principes que la none
c'a plus. Ln ctrer , chômer fans Mcjhrc n çft
pi5 c'.ia.tjr ; & le fencimenc de la hMurc
r.V:i::: pas mcins r^iurelque celui de l'Inco-
ra;i,r: , l"i::v:?nc:on de ces deux choies r.'a
ru le r.ire /égarement.
La -V. i-'z des Grecs cenoic 1 leur Langue i
cc:o:: [^ rocîij qui lavoir donnée à la Ma-
is.' contraire : le peu de profodu de nus Lan-
gues tàic que d.uîs nos Ch.-nisla v.\leur des
No:es décermine la quantité des fyllabes ;
c'clt lar h MJ'oJie qu'on elt force de Ican-
der L viiic-.'Ui^ ; on n appciçoit pas nr.crr.j ù
ce qu on ciuuîe cil vers ou proie : mirs Poe-
Ucs
^
MES ^6f
lies n'ayanr plus de p'iecîs , not Vocalts n'ont
plus de Mejures; le Clunt giiiJo Se h pa-
role obéit.
La Mejure tomba d.ins l'ouMî , quoique
rintoiiation fùc toujours cultivtje , li)rtqu'a-
jTcs les viiboircs des Batbaics les Laiijjucs
changèrent de caradterc &c perdiienc 1:li(
Harmonie, 11 n'etlpisccoiinaiirqueleMècre
?[uî fervoit à exprimer la Mefure de la Poé-
le , fût rëgligé dans des iceds où on iitr la
fentoic plus, & OLi l'on chantoîc nioinî de
vers que de profc. Les Peuples ne cunnoîl-
fbicnt gueres alors daufre amufcmcnc que
les cérémonies de iTglife, ni d'autre Mu-
lîque que celle de l'Office , & comme cette
Mulique n'txigeoit pns la régularité du
Rhytlime , cette partie fut enfin (ouE-l-fâÎE
oubliée.-. Gui nota la Mulique avec des points
qui n'exprimoicnt pas des quantités diffé-
rentes , & l'invenrion des Notes fut cerûi-
nement poftérieure à cet Auteur,
On attribue communément cette inven-
tion des diverfes valeurs des Notes i Jean
de Muris , vers l'an ij^o. Mais le P.
Mt:rlenne le nie avec raiibn , & il iviut
n'avoir jumais lu les écrits de ce Chanoine
pour fouienir une opinion qu'ils dém::iiieii:
fi clairement. Non-feulement il comp.itL' lea
valeurs que les Notes avoicnt avant îu] à
celles qu'on leur doniwit de Ion tems , &
dont il ne fe donne point pour l'Auteur ;
mais mcmc il parle de la Mvfun- , & dii
que le» Modernes , c'ciKà-diie , (t% con-
temporains , la talentiHeni beaucoup , ^
l>,â. de Mjfujue. Tome I. G g
^6g Mes
moderni nunà morofd multàm ûtuniur fàefifuta\
ce qui fuppofe évide Timent que h, Mefurty
& pat conléqueitt l^s valeurs des Notes ,
étoienc connues & uficées ayant lui. Cçux
qui voudront rechercher plus en détail 1 état
où étoit cette partie de la Mudquedu tenis
de cet Auteur , pourront donfulter (on Traité
manufcric , intitulé : Spéculum Muficœ , qui
eft à la Bibliothèque da Roi de France ^
numéro 7207 , page 280 , & fui vantes.
Les premiers qui donnèrent aux Notes
quelques règles de quantité > s'att^cherçnt
plus aut valeurs pu durées relatives de ces
Notes qu'à la Mefure même ou au caradeie
du Mouvement y de forte qu'avant la dif-
tinftion des différentes Mefures • il y avoit
des Notes au moins de cinq yaleurs diâe*
rentes \ favoir , la Maxime y la Longue ,
la Brève , ta femi-Breve & la Minime , que
l'on peut voir à leurs moiis. Ce qu'il y a de
certain , c*eft qu'on trouve toutes ces diffé-
rentes valeurs , & inême davantage ^ dans
les manuicrits de Machault 3 fans y trouves
jamais aucun figiîe de Mefure.
Dans la fuite les rapports en valeur d^une
de ces Noces à l'aufre dépendirent du Tenus ,
de la Proiation , du Mode. Par le Mode on
déterminôit le rapport de la Maxime à la
Longue y ou de la Longue à la Brève \ par
te Tems , celui de la Loi>gae à la Brève ,
eu de la Brève à la femi-Breve ; & par lî
Proiation , celui de la Brève à la fcmi-Breve »
ou de la femi- Brève à la Minime. ( Voyez
MoDE^ Proiation, TtMS^} £n général^
MES ^i
toutes ces différentes modificarions fc peu-
vent lappoitcrà la Mifure double ou à U
AJefure triple ; c'eft-à-dire , à la divîlïon dé
irliaque valeur enciere en deux ou eu trois
Tcnis égaux.
Celte manière d'exprimer le Tems on li
Ml luie des Notes changea enticremenc du-
laiiî le cours du dernier (lecle. Dès qu'on
eut pris l'habicudc de renfermer chaque AU-
furi entre deux barres , il &llut néceflôire-
meni profcrire rouies les efpeces de NoteS
qui rcnlermoicnt plulieurs ÂfÈ/ùrej. La JMê-
jure en devint plus claire , les P,u-citionâ
mieux ordonnées , & l'exécution plus !acilc ;
ce qui étciit fort nécellaire pour compenièr
Ils difficultés que la Muiiquc acquéroît en
deverant chaque jour plus compofée. J'ai
vu d'excellens Mulicieiis fore crribarralîci
d'exécuter bien en Mefure des Trio d'Or-
lande & de Claudin , Compolîtcurs du rem»
de Henri UI.
JufquES-Ià la raifon triple avoir pa(ïe pour
la plus parfaite : mais la double prît enfin
l'alcendaiit , & le C , ou la M^fure à quacrc
Tems , fut prife pour la baie de toures les
autres. Or , la M-fure à quatre Tems fe ré- .
ibut toujours en Mefure à deux Ttms; ainfi
c'eft propremeiic à la Mefure double qu'on
fMt rapporter toutes les autres, du moins
quant aux valeurs des Notes &c aux (îgneï
des Mefuresi
Au lieu donc des Maximes , Longues,
Brèves, fcmi- Brèves, ^c. on fubllirua les
Ronfles ; iilanches , Noires , Croches , dan-
4ât MES
E:rr prû^ cr i^-l^jr tbus-<2oc2hte. Dt forte
Ç1C cxiafiiic trtpcc: àr Noce Taloct picdic-
larrr i srotnc cfc li pr^ccdcrtr. Drnboa
IfeT'e ji Jfr/ir? cnpjc acâE-rtr^r qoc la doo-
bu: c<x c?ia£rapk > & chaque Tttns poovanc
jti^ drvi£e corrrre chaque Msfurz en xaiibn
sotxë-<&;urîe o^ icKis-cnpLe , a L& Tobx:cr da
CccrpodlGctar^ il &;?oft aiSgTcer > oa placoc
€cn:^ar«c acx Noces i,z% divikocs lépoa-
ézczsst a ces detix roLôcs.
Lis Mdîdjcrs fendrtiii bîctîtot Icdé&iit;
fzxs 2tL Stftt d'éciHir tm:? ccaveSc di vifion ^
2s ûii:erexz£ de inppiéer à cek par quelque
fies!^ écizri^ci : ainii oc poaTom diviier une
Bîaccîx en czob panks éçiks> ils fe font
ca^caic£s décxire nob Noiics> aiootanc le
ch^r î ter cdls: du zniîkuu Ce cKfie même
iecr a efitn paru crcp inconimode , 8c pour
ttrdrç cjk p-cges plus iur^ à ceux qui ont
à Lie krtrr \î lique , ils prennent le parti de
fupprîzrcr le ; ou même le 6 ; en forte que ,
pour ta\cir h bdiviiion ett double ou tri-
pi^ , on n a d'aacre pain à prendre que celui
dsr cc!iip::rr les Noce^ ou de dtviner.
Quciqu il n'y at dam notre Mulique que
deux lortcs e Ahjures > on y a fàii tant de
civ liions , qu'on en p:*ur compt.r au moins
àx le.le elpeces , dont voici les lignes :
s c è • * * * 5 " ^ ' ^ "* ^ €."•'*!-
^'*4'4S-15- 2-4*4*SS' 16- 4* 8* U*
(Voyez les exemples > Plancha B. Fig. i*)
MES ^^
De toutes ces JHefures,\\ y en a trois qu'on
ûppelle Timple? , parce qu'elLs n'ont qu'an
iculcKîffre ou /îgne; favoîr, le i oa Ç ,-ie j,
& le C ou quatre Tcms. Toutes les autres
qu'on appelle dotibles , tirent leur dinorai-
liation & leurs figues As cette dctiiiere ou
de la Note ronde qui la remplît ; en voîcî
la regk.
Le chiffre inférieur marque un nombre
ae Notes de valeur eBale , fcifant enfemble
la durée d'une Ronde ou d'une M^^fart à
quatre Tems. ,
Le chiiTrc fupérîeur montre combien il
■feut de ces mêm^:s Notes pour retnpiir cha-
que Mcfare de i'Aîr qu'on va noter.
Par cette règle on voit qu'il fiut trors
anches pour remplir une Mifure au (ïgne \,
deux Noires pour celle au fignc $ i trois Cro-
ches pour celle au Ggn? \, Ùl. Tout cet
embirras de chiiFres eit mal entendu ; car
pourquoi ce rapport de tant de différentes
JUffurcs à celle de qu.ure Tems, qui leur
eft (i peu fcmbtable ? ou pourquoi ce rap-
port de tant de dîverfes Notes à une Ron-
de, dont !a durée eft Ci peu' déterminée î
Si tous ces lignes font inftiiués pour mar-
3aer autint de différentes fortes de Mefures ,
y en a beaucoup trop ; & s'ils le lont pour
cxpiimei les divers degrés de Mouve-
ment , il n'y en a p.\s aflez ; puifque , indé-
|»endamment de l'eipccc de Mefure <k de la
divilicn d-a Tcms , on eu prefiiue toujours
corrraint d'ajouter un mot au commenct;-
mcnt de l'Air poar déterminer le Tcms.
Gg i
fiw^ (jans nocre \bthqtie; &n2Ùr, i deax fit
croîs Tems éj^icL 5>fiits comme diaque
Tetn5> amfiqaedbBsqiie JCe]^cre>peiit (èdî-
viicr es Aux oa en trois parties ég;d^9
cela &c une bibcSTÎUoa <ptt cioiuie quatre
c^ec» àe J^/àr&f en cottt ; nous n'en anv^
* On pocTTsÀ cepemlutt en pontet lite
dcqmcnK en cocsomart tes deux prettùe-
xesenone J^lo-e â decx Tems inîégiiix^
Fun cpmpoie de deux Noces Cfc: Panrre de
troK^ cil pc« txoarer^ dans cette JKv
farey des Csmcs très-bkn cadences» qu'il
ibost impofiEMe de nocer par lés Èk/utes
«fitees^' Ten dprae on exex&pie dins la
PlaKdbte B. F^ X. Le Stenr Adolpbarf fit
i Gènes > ca rrço, un c(&f de cette J*fc-
jBre en gnuwJ Qrcbeftrc dans f Art ^ ta forte
mt cvtti^nna de (oa Opéra d^Arûne. Ce
morceau St de te^ & for ;q^phu<fi. Mal*
gré ceîa , je n'apprends pas que cet cxcm-
pe ait ete faxvt,
MESURÉ , part. Ce mot répond à PI-
tiiien i 7^/f^» ott i JÊatetta, 6c sempîoîe,
ibrcanc d'un Récitatif^ pour marquer le
Ëen où ToQ doit commencer à cbantcr eu
METR IQUE , tfd^\ La Mufipn Métnjue ,
itiun Ariftide Quxncilkn, ctt la partie de
Li Muhque en gét éxal qui a pt^ur objet Ie;f
Lettres , les Syllabes , les Picds > les Vers ,
& le Foimc ; & U y a cette difïerenc- entre
U il£//.\j'uj & la ÀAjiàmîjucjqtïC laprc-
M E Z
471
I
ipieT^e ne s'occupe que de la forme des
Vers j & la féconde , de celle des Pieds qui
compofent : ce qui peut même s'appli-
quer à la Profe, D'oià il luit que les Lan-
gues ir.o-erues peuvent encore avoir une
Muiique M'triqu.: , puifqii 'elles ont une
Poéliei rcais nuii pas mie Mu'/que Rfyck-
miqiie, puilque îciu Poélie n'a plus de Pieds.
(Voyez Rhvthmv.)
MEZZA- VOCE. C Voyez Sotto-Voce.)
MEZZO - FORTE. (Voyez Sotto-
Voce. J
MI. La croificme des (îx fyllahes inven-
tées par Gui Aiccïn , pour nommer ou fol-
fier les Notes , lorf^u'on ne joinc pas la
parole au Chant. ( Voyez E Si Mi,
Camme. )
MINEUR, adj. Nom que portent cer-
taine Intervalles, qu.iud i's font aulli petits
qu'ils p.uver.t lêtre /ans devenir faux.
(Voyez Maj'Uh, Intekvalle. )
jM/nei/r fe cit ;mJTî du Mode, lorfque la
Tierce de k Tonique tft Mincun. (. Voyez
MODE.J
MINIME, ûdj. On appelle Intervalle JWi-
fim: ou Moindre, celui qui eil: plus petit
que le Mineur de même cfpece , & qui uc
peut (e noter ; car s'il pouvoic fe noter , il
ne sapp-liroil pas Minime, rc\^\s Diminué.
Le fèmi-Ton Mm. me eft la diiFeieiice du
fcmi-Ton Maxime au lemi-Tou moyen,
' ans lerappoiide lij à iiS. (Voyez Semi-
Ton.)
M.imhfE , fuijf fém. par rapport à la dite
Gg 4
47* M I X
rér on au Tems , eft dans nos anciennes M^-»
^lques la Note qu aujourd'hui nous appel-
ions i^lnnchc. (Voyez Valeur des NotES.)
MIXIS y f. f. Mélange. Une des Partiel
àt l'ancienne Mélopée y par laquelle le Corn-
pDÎîreur apprend à bien combiner les Intc/-
vaîies & à bien diftribuer les Genres & le^
Mocies félon le caraftcrc du Chant qu'il s'cft
propoie i^e faire. (Voyez Milopee. )
MIXO- LYDIEN, ad}. Nom d'un de^
^Ux^es de Tancienne Mufique, appelle au-
trement tiyptr ' Dorien. (Voyez ce mot.)
Le Mode Mixo- Lydien étoic le plus aigu des
feor auxquels Ptolomée avoit réduit tous
ceux de la Mufique des Grecs. (V, Mode.)
Ce Mode eft affcAueux, paflîonné , con-
ve Cible aux grands mouvemens , & par cela
jneme à la Tragédie. Ariftoxène afTure que
Sapho en fut l'inventrice ; mais Plutarque
dit que d'anciennes Tables attribuent cette
invcnrion à Pytoclide : il dit auffi que les
Ariyiens mirent à l'amende le premier qui
s'en ccolt fervi , & qui avoit introduit dans
la M a il*] ue lu (âge de fept Cordes; c'eft-à-
dire , U!K* Tonique fur la feptieme Corde.
MÎX TE , ûilj. On appelle Modes M xfes
ou Connexes dans lePlain- Chant, les Chants
dont l'étendue excède leur Oftave & entre
d'un xMode dans l'autre, participant ainli de
TAucIk nre èY du Plagal. Ce mélange ne fé
fait que des A todes compairs , comme du
p.rcmi r Ton avec le fécond , du troifiemc
nv'v-c le quatrième ; en un mot , du Plagal
,^v^ç Icii Audience , & réciproquement^
• M O B 47}
MOBILE , adj. On appelloît Cordes Mo-
biles ou Sens Mobiles dans la Mùfique Grec-
que les deux Cordes moyennes de chaque
Térracorde , parce qu'elles s'accordoienc dif-
féremment félon les Genres , à la différence
des deux Cordes extrêmes , qui , ne variant
jamais 5 s'appelloient Cordes fiables. (Voy.
TÉTRACORDE, GeNRE , SoN. )
MODE,/ m. Difpofition régulière da
Chant & de TAccompagnement , relative-
inent à certains Sons principaux fui*lefquel$
une Pièce de Mufique efl conftituée , & quî
s'appellent les Cordes eficnrielles du Mode.
Le Mode diffère du Ton ^ en ce que celui-
ci n'indique que la Corde ou le lieu du fyf-
tême qui doit fervir de bafe au Chant , &
le Mode détermine la Tierce & modifie toute
fEchelle fur ce Son fondamental.
Nos Modes ne font fondés fur aucun ca-
radbete de fentiment comme ceux des An-
ciens , mais uniquement fur notre fyflêmc
Harmonique. Les Cordes efïèntielles au Mo^
de font au nombre de trois , & forment en-
fembleun Accord parfait. i°. La Tonique,
qui efl la Corde fondamentale du Ton & du
Mode. (Voyez Tok & Tonique.) 2°. L^
Dominante à la Quinte de la Tonique. (V.
DoiSiK ANTE,) 5°. Enfin la Médiante qui conf^
titue proprement le Mode , & qui efl à la
Tierce de cette même Tonique. (Voyez
MÉDIANTE.) Comme cette Tierce peut être
de deux efpeces, il y a aufli deux Mode^
différens. Quand la Médiante fait Tierce ma-
jeure avec la Tonique j le Mode efl majeur i
4»4 M O D •
1 r& ciluem » qnnd U Tierce eft mineoic^
Le JC'iAf xafl|eiur eft ergendré immédiate--
imi psrlâ léionmnce du corps fonorc qui
iqdI ia Tnot makore du Son (bndamencal :
t£a:e de M. Tanim, ainfi qae dans çdui
de XLRjimeau.
Ce dcnsKr Auceilr dans (es diven oavra-
fres icïcvxdîis a erpl^ué cette origine do
Jf. vir xnin^r de dâFcrenres manières » dcoc
jUKisne a*3L cocrtntê Ion Interprète M.d'A-
ksnlxjT^ C'cft poiu^uoi M, d*Alcmbcn
îbndc cette rostre origine fur un autre prin-
Qpc owie ne pois mieux expoièr qu*cn tranf-
ctrrun ks piopces termes ae ce grand Géo*
Dais le Chant ut mifij qui conftime
3^ le ^foiÀr m-îicur , les Sons nsi & fU (on%
» uls que le Son prircipal ut les fait rcfon-
» uei xous d<nix î mais le fécond Scn mi ne
»• fcît po nr lélon îct fol qui n'eft que fâ
» Tierce rràneurc.
'^^ Or ^ inupT ons qu^iu lieu de ce Son
M jpri on place ertre les Sons ut te fil un au-
» tre Son qui ait , ainn que le Son wt , la
» proprictc de faire rcfbnr.cr/»/ > 8c qui foit
» poui tant différent d'iii; ce Son qu'on chcr-
V che doit être tel qu'il ait pour Dix-fcptio-
» me mnj;ure le Son fol ou l*unc des Oc-
» taves de fol : par confisquent le Son chcir
» ché doit être à la Dix-fèptiemc majeure
t» auHdelC>us de foi, ou > ce qui revient au
1! m^me , à la Tierce majeure ai
» ce mcme Son fo!. Or , le Son mi étant à
" la Tierce mineure aa-denbus de fol. Se
" la Tierce majeure étanc d'un femi-Ton
I' plus grar.de que la Tierce mineure , U
!> s'enfuie que le Son qu'on cherche fera
1' d'an femi-Ton plus bas que le mi , 8c fera
» par coufcqiient mi Bémol.
" Ce nouvel arrang-raenc , ut , mi Bé~
" mol, fo/ , dans It quel les Sons ur Se mi
w Bémol font l'uii & l'autre réionneryô/,
" lâns que ui falTe réfonner mi Bémol , n'eft
>■ pas , à la véricé , auiTl parfait que le pre-
» micr arrangetiici l ut , mi , fol; parce que
" dans celui-ci les deux Sons mi lie fol font
" l'iîn & l'autre engendrés par le Son prîn-
" cipal ui , au lieu que dans l'autre le Son
» mi Bémol n'eft pas engendré par le Son ut:
•• mais cet amiigeir.cni: w/ , mi Bénriol,yô/,
" e(t auiîî di>5té par la Nature , quoique
» moins immédiattment que le premier ;
t> & en effet l'expérience prouve que l'oreille
« s'en accommode à-peu-prèsauiTî-bieii.
>• Dans ce Chant ut , m: Bémo", ft/, ut,
» il elt évident que la Tierce à'at à mî Bé-
>■ moi tft mineure ; &i telle eft l'origine ^d«
" genre ou Modr^ ap^icflé Minnur. » Elè-
mc.ti lie Mujîijue, pag. ii.
Le Mcd-j une fois déterminé , cous les
Sons de la Gamme prennent un nom relatif
au fondamental , & prr.pre i U place qu'ils
occupent dans ce JWid/i-U. \ oïci les noms
de toutes les Notes relative nnt à leur Mo'
dt, eii prenant l'Cûave d'ut poux exemple
47^ M O D
da Ilode maîcur y & celle de ta pour exem«
plt: du Jf(M/r mineur.
Mijnr. Ut Ré Mi Fa Sol la Si Ut.
ittBcor. Xtf i^/ i^r i^c Mi Fa Sol La.
? **s2o3 Sec» f
55 • S.- «» 5 5-*^ 22 *^
r» a» ^ ^ ^ o
Il faut remarquer que quand la /cpricmc
Kou' li'cft qu'à un (cmi-Ton de l'Oftavc ,
c'eft-à-dirc, quand elle fait la Tierce ma-
jeure de la Etominante , comme le Ji natu-
rel en majeur, ou le fil Dièfe en mineur ,
alors cecir fepritme Note s'appelle Note
fer.îîWe , parce qu'elle amionce k Tonique
& fait fcmir le Ton.
Non feu'ement chaque Degré prend le
nom qui lai convient, mais chaque Inter-
va!L* (ir déterminé relativement au ^lode.
Voici les règles établies pour cela.
I *^. Lu lecondîr Note doit faire fur la To-
rique une Seconde majeure, la quatrième
& la Dominante une Quane & une Quinte
juftes ; & cela également dans les deux
Alod s.
1^. D.ins le MnJe majeur , la Médiante
ou Tierce , la Sixte & la Septième de la
Tor.ioue dv^ivcnt toujours être majeures i
cVft le caïadere du Moàe. Par la m^ipc
M O D 477
t3.\fon ces trois Intervalli-s do'vent être mi-
in'urs d^ns le J/./t' mineur; ccpeiiflaiu ,
comme il fûut qu'on y apperçoive aulli la
Noce fenlible , ce qui ne peut fe faire fans
&ullè relation, tandis que la fixicme Noce
relie mineure ; cela caufe des exceptions
auxquelles on a c^ard dans le cours de
l'Harmonie & du Chant ; mais il faut tou-
jours que la Clef avec fes traiifpo fi rions
donne tous les Intervalles déterminés par
rapport à la Tonique félon i'efpcce du MjJe •
on trouvera au mot Clef une règle générale
pour cela.
Comme toutes les Cordes naturelles de
l'Oâave A'ui donnent relativement à cette
Tonique tous les Intervalles prclcrits pour
le Jluiie majeur , & qu'il en eft de même
de l'Oilave de /n pojr le J/oi/e mineur,
l'exemple précédent , que je n'ai propofï
que pour les roms des Noces , doit fervir
aulîî de formule pour la règle des Inter-
valles dan* chaque M'Jiie.
Cette règle n'eft point , comme on pour-
roit le croire , ctab.ie fur des Prinuipe: pu-
rement arbitraires : elle a fon fond', ment dans
la génération harmonique , au moins juC-
qu'à certain point. Si vous donnez l'AccorH
parfiit majeur à la Tonique , à la Domi-
nante, & à la (ous-Dominante , vous aurez
tou*i les Sons de l'Echelle Diatonique pour
le Miide majeur : pour avoir celle au j1//</e
jnineur, laillànt toiio irs !a Tierce majeirç
Doniîiiar.t; , do^nw la Tierce çiîijcjrc
47S M O il
énx srtns AccDids. Telle cft VanaleH
joiDiLC ce iPftangc d'Accords nttinin
& cûscoss ÎDCTodaii en JKxfe nmicar uac
futfSt rdadon entre la fixîcme Ncxc & k
Noœ(êxi£Ue « ondonDrnnctqiichMs, poot
évker cctre &oâê retac c - , iâ Tkicc ou-
îenic à {a qaaaicme Noce en iD0DC3||r , qq
la Tierce mxncitre à ia Domxnrtfr tn def-
< piMli^tir , (ar-CDiit par rcnTafaiicixt ; nuis
es fimc alors des excepôons.
il n'y a propronent qoe dçnx Jfodb ;
cemmr on vient de le voir : mais amuDC
il y a oocze Sons fondatncniaiix qui doo-
ncrc ^iii^nt de Tons dans le (yftéoDe > &
que chacun de ces Tons dk (ofccpdbte du
3&<^ majeur & do Modt niînciir , oopeut
composer en vingi-^oatic Modes oa nu-
nicres 9 l/LmtTtes , di(ciicnt nos vieux Au-
tcors en le ^r Ladn. Il 7 en a même trence-
qoatre polTîkles diins la manière de Norei ;
mais dli7s h pmciqae on en eicJiid du>
qui ce iont aa tond que la répétition de
dix antres , ioos des rdâtions beaucoup plus
difficiles , où couies les Cordes chai géraient
de noms , & où Ton auroit peine à le re-
coonoiDe. Tels font les Modds nujeurs fur
les Notes diéfecs , ôc les Modes minears fur
les Bémols. Ainiî , au lien de compoCer en
/i/ IXèic Tierce maicure, vous compoleicz
en U Bemol qui donne les mêmes touches ;
& au lieu de compoier en re Bémol mi-
oeur , vous prendrez ur Dièle par la méms
^aifon y ûvoir , pour éviter d*un coté un f
MO D
4«
dboUe Dièfc qui diviendrok un G natu-
rel i & de l'.utre , un B double Bémol ,
qui devicndroîc un A narurel.
On nercftc pas toujours dans leTon,m
dans le Mode par lequel on a commencé un
Air ; irais , foit pour i'expreflion , foit pour
la variécé , on change de Ton & de Mode^
iêlon l'ana'ogic harmonicue ; revenant pour-
tant toujours à cilui qu'on a fait entendre
le premier, ce (jui s'appelle Moduler.
De-là naît uns nouvelle dilHnâion du
Mode en principal ik. rttaiij'; le principal eft
celui par lequel commence & tinit la Pièce;
les relatifs font ceux qu'on entrelace avec
le principal dans le courant de la Modula-
tion. (Voyez Modulation.)
Le Sieur Bl^nville , iâvant Mufîcien de
Paris , propola , en 1 7 j i , l'cflàî d'un troifie-
me Mode qu'il appelle Mode mixie , parce
qu'il participe i la Modulation des deux au-
tres , ou plurôt qu'il en eft compofé ; mé-
lange que l'Auteur ne regartie poinc comme
un inconvénient , mais plutôt comme un
avantage & une fource de \';;rîcté & de li-
berté d:ns les Chants & dars l'Harmonie.
Ce nouveau Mode n'étant p tint donné
par ranaiyfe de irois Accords comme les
deux autres , ne fe détermine pas comme
eux pardesHarmoniq-RselTèntitlsau Mode ^
m<iis par une Gamme ertiere qui lui eft pro-
pre , tant en montant qu'en dcfceud.int j
en force que dans nos deux Modes la Gam-
me eft donnée par les Accoids , & que dans
: Mode mixte les Accords font donnés par
i Gamme.
480 M O D
La fbrmale de cette Gamme eft dans U
fuûccllîon afcendinte & deiccudancc do
Noies fuivantes :
JJC Fa Sol La Sî Ut Rt Mi ;
dont la différence enentiellc eft , quant à la
Mélodie , dans la portion des deux femi-
Tons , dont le premier (e trouve entre la
Tonique & b féconde Note , & l'autre en-
tre la cinquième & k fixieme ; & > quant à
l'Harmonie, en ce qu'il porte fur la To-
nique la Tierce mineure , en commenç;int ,
. & majeure en fiiiilTant , comme on peut le
voir, ( PLL. Fig. 5. ) dans l'Accomp gnc-
meut de ctttte Gamme , tant en montant
qu'en dcfccndant , tel qu*il a été donné par
l'Auteur , & exécuté au Concert Spirituel
le ;o Mai i7n.
On objcAc au Sieur de Blainviile que fon
Mctfc n'a ni Accord , ni Corde elfentielle ,
ni Cndence qui lui foit propre , & le diftin-
gue fuflififmment des Modes majeur ou mi-
neur. Il ré^xinJ à cela que la différence de
ion Modj eft moins dans l'Harmonie que
à:ins la MéloJie , & moins dans le Mode
même que dans la Modulation ; qu'il eft dif-
tingué dans fon commencement du Mjde
majeur , par ù Tierce mineure , & dans fa
fin du MiKL mineur par fa Cadence plagale.
A quoi l'on réplique qu'une Mbdulation qui
ncA pas excluiîve ne fufKt pas pour établir
un Mode j que la lîennc eft inévitable dans
les deux aunes Mod:s , fur-tout dans le
mineur >
M O D
mineur ; Sc , quant à fa Cadence plaj.
qu'elle a lieu néceflairement dans le même
JloJe mineur toutes les fois qu'on paiTe de
l'Accord de la Tonique à celui de la Do-
minante , comme cela fe pratiquoit jadis ,
même fur tes finales dans les M'dts plagaux
& dans le Ton du Quart. D'où l'on conclut
que foii Mode mixte cft moins une cfjïecc
particulière qu'une dénomination nouvelle
à des manières d'entrelacer & combiner les
JHodet majeur & mineur , auflî anciennes
que l'Harmonie , pratiquées de tous les lems :
& cela piroît fi vrai, que même en com-
mençant fa Gamme , l'Auteur n'ofe donner
ni la Quinte ni la Siïte à fa Tonique , de
peur de déterminer une Tonique n Mode
mineur par la première, ou une Médiantc
en Mode majeur par ta féconde. Il laide
l'équivoque en ne remplilTant pas fon Accord.
Mais quelque objeâîon qu'on puillc faire
contre le Mode mixte donc on rejette plutôt
le nom que la pratique , cela n'empêcher»
pas que la manière donc l'Auteur l'établit
&c le traite , ne le fàffe connoîire pour un
homme d'eiprit & pour un Mulîcien très-
verfé dans les principes de (on Arc.
Les Anciens ditrercnr prodigieufemenc
entr'eux fur les définirions , les divisions ,
ic les noms de leurs Tons ou Modes. Obf-
curs (tir toutes les parties de leur Mufiqu :; ,
ils fout prefque inintelligibles fur celle - ci.
Tous conviennent, à la vérité, qi'un J/ </e
eft un cenùn (yftcme ou une conflicution
4c Sons , & il paroit que cette co iditutioa
Di3. de Mufique. Tume 1. H h
A MOD
exme Oca9>r Jimuilg ae 3xs la Sons m-
gTTfUBC Jt ÉÈc oQcÂficr ilais kl
de
2ai3s xs 2iz5c ToDs dn Ffaôn-Clisiir :
seacs ssàfsssea «bns k Ira
îssil; c'cs-4-<Eic, tu oc que h
V..i3v2c Tc^Bqpok éa Jftrit cft pht
nib CB aiîrcit
, Coides de h
conSqucnc
pour
I v'Ainpic de cr . _ _,^
b r,,iS'. iLSËJt cks Tocs de noac Mufiqw.
Scix: k pr=M J^ , 3 n'y aaroir que
fcc Jlfcœ? pc^rîc? dans k fTftême Diaro-
cx^v^^ ; 5l en e^ , Ptoioaiée n'en admec
gs drrgxiy : C£r 3 n'y a qne fcpt ma-
de Vider k pofidon des dcnx femi-
cx^^xiis cnnc gcs dcnz lemi-To»
le pceicric. Scko k feoond fens ,
a y aBxoîr acom de Modes f^Hts que de
5'^-^-dîrc , une infinité ; mais li Van
fj&èmc
ciqne, on nV en nooTCra non phs que
MC , i moms qu'on œ veôilk piendre pour
àc nouveaux Modes ocnx qu'on établixoû â
i'Oâare da
ii OT)
48)
lin combinant cnfemble cc< âaxx manières,
♦n n'a encore befoin que de iepz Modes ;
«ar lî l'on prend ces Aïades en divers lituX
i3u fyftéme , on trouve en même cems les
Sons dilF^remmeiii lîcués rclauvemenc au
ISon principaJ.
Mais outre ces Modes on en peut former
Mu^euis autres , en prenant dans la même
Série & fur le même Son fbndadicmal dit
fcrens Sons pour les Cordes etTt-ntielIcs da
M^de : par exemple , quand on prend pour
Dominance la Quinte du Son principal ,
le Âlode eft Autlicucique ; il clt i'Ligal , &
l'on choifit la C^ane ; & ce ibni propre-
it deux Modes diffcrens fur la même rai>-
damentale. Oc, comme pour coiiftituer un
JUiide agréable, il faut, difent les Grecs,
que U Qaarte & la Quinte foient jurtes ,
du moins une des deux , il eft évident
qu'on n'a d-ins l'éti-ndue de l'OAave que
cinq Sons fondamentaux fur chacun def-
quels on puiHe établir un M^-e Auihentique
Se un Plagfll. Ou:re ces dix Modej en en
trouve encore deux , l'un Authentique qui
ne peut fournir, de Plagal , parce que (a
Quarte fait le Triton ; l'autre Plagal qui na
p;ut fournir d'Authentique , parce que (a
Qiinte eft feufle, Ceft peut-être aînli qu'il
faut entendre un paflàge de Pimarquc oii
la Mulique fe plaint que Phrynis l'a cor-
rompue en Voulant t'rer de cinq Cordes
ou plutôt de fci^l, douze H^imouics dttfé-
lentes.
VoiU donc douze M'des poiTtbIes dans
Hh i
4^4 M OD
1 cxznaoc a une Oâarc oo oc dcÔK Tcna^
cordes oiv|oînis : que fi ion ticIK a con*
loôodic les dcBz Tcaaoxdesy tVft-à^îic ,
à âcMmcr mi BoDal à h, Scpdcme en us-
rranchinrroaarcîoafi Ion dmlclesTocf
CDxkrs par les IncaraOes Chionuriqnes ,
poar y ictroinîre de oooTcauix Moda in-
icnxscàîiîrcs ; OQb, ayant fcnlcnicnr ^ad
aox JîiKicuues do grave à fa^, on pface
danots Jiodes à IDâavc des piéo^as »
tom cdi famma dh-exs moyens de mnlô-
pSicr le nosabfc des Modes hcmcaap an*
ckià de donze. Et ce ibnt-là les faâes nu-
neics dVzpBqncr les divcis iR.wgwcs de
JfbJcf admss oq iqencspar les Anciens ai
L'ancienne Mnfiqoe ayant daboid écé icn-
fenDÔc dans les bornes cuoiics do Té-
tracorde , do Pcntaoc»de , de FHcxa-
oorie , de iTpcacorde & de fOâacoide ,
oc c y adnût pccmicrccient qee trois Alt^
âts dort les kmdamectiles cioicnt à on Tca
de difhncy Vvax de tanne. Le plos grave
des trois s'appelloir le Doriem ; le Fkrygîta
tcDoir le mîîseo ; le j4qs ai^ isxxx\^Ljdicfu
En pansgcant chacun de oes Tons en deux
Incaralles « on fit place à deox antres
jU^sJâf » nônien & iTolien , dom le pre-
mier fiât iolcrc entre le Dorim &le Phry-
pen» & le fixond entre le Phrygien & le
Dus b (oite le fyftcme s'^cmt écendo \
Taiga 3t an grave ^ les Mo/kicns écaUîrent»
de paît & daatre> de noovcanz Modes qui
M O D
ttroient leur dénomination des cinq premiers»
çn y joignant la prépofitton ffyp^f > fi"" »
pour ceux d'en-haut , & la prépoficion Hypo ,
fous, poai ceux d'en bas. Ainii le Mode Ly-
dien étoit fuivi de l'Hyper-Dorien, de l'Hy-
per-Ionien, de l'Hyper-Phrygien, de l'Hy-
per-EoUen , & de t'Hyper-Lydien en mon-
tant ; & aptes le Mude Dorien venoieiit
l'Hypo-Lydicn , l'Hypo-EoIicn , l'Hypo-
Phrygien , l'Hypo-lonien , & l'Hypo-Do-
rien en delcendant. On trouve le dcnombre-
ment de ces quinze Modes dans Alypius ,
Auteur Grec. Voyez ( Planche E. ) leur or-
dre & leurs Intervalles exprimés par les
noms des Notes de notre Mufique. Mais
il feut remarquer que l'Hypo-Dorien étoic
le feul Mode qu'on cxécutoît dans toute Ton
étendue : à mefure que les autres sclevoient,
on en reitanchoit des Sons à l'aigu pour ne
pas excéder la portée de la Voix. Cette ob-
servation fert à l'intelligence de quelques
ÊaiTages des Anciens, par lefquels ils lem-
leni dire que les Modes les plus graves
avoient un Chant plus aigu ; ce qui étoïc
vrai , en ce que ces Chants s'élcvoient da-
vantage au-defïîis de la Tonique, Pour n Sa-
voir pas connu cela, le Doni s'eft furieulc.
ment embarralTé dans ces apparentes con-
tradidions.
De tous ces Modes , Platon en rcjettoit
plulieurs , comme capables d'altérer les
mœurs. Ariftoxène, au rapport d'Euclidc ,
en admettoit feulement treize , (upprimanc
les deux plus élevés i favoir, l'Hyper- Eoltcr
Hh i
^U M O D
êc l'Hypor-Lydlen. Mais dans Poavnge mu
nous leite d'Ariftoxènc il en nomme iètilc.
ment fix > fui kfquels il rapporte les diveif
fenômens qui r^oient déjà de (on rems.
Enfin Ptolomée féduilbit le nombre do
ces Modes à fepc ; di&nc que les Modes^
n'écoicnt pas introduits dans le deflèin d«
varier les Chants félon le grave & Taigu \
carileft évident qu'on auroit pu les muJti«
]Jier fort au-delà de quinze : mais plutôt
afin de faciliter le paflàge d'un Mode a Tau-
fre par des Intervalles confonnans & fiidlea
à entonner,
U renfermoit donc tous les Modes dans
fefpace d'tme Oâave dont le Mode Dorien
faifoit comme le centre ; en forte que le
Mixp-Lydien ét(ût une Quarte au-dfeilus,
& THypo-Dorien une Quarte au-dedbus \
Vf, Phrygien, une Quinte au-de(Iusde l'Hypo*
Dorenj THypo-Phryglen , une Quarte au-
dedbus du Phrygien \ & le Lydien , une
Quinte au-defliis de l'Hypo-Phrygien : d'où
il paroît , qu'à compter de PHypo-Dorien,
qui eft le Mode le plus bas, il y avoit \a(^
au à l*Hypo-Phryjgicn rintervalle d'un Ton;
e l'Hypo-Phrygien à l'Hypo- Lydien , un
autre Ton ; de r Hypo-Lydien au Dorien ,
un fèmi Ton ; de celui-ci au Phrygien , un
Ton; du Phrygien au Lydien encore un
Ton\ 6c du Lydien au Mixo-Lydien , un
femi- 7(0/2 ; ce qui fait Tétenduç d'une Sep*
cieme^ cncec ordre;
M O O t,%f
? ? S S
S S a o
►o *P fa "
O 9 O S'
P t .3-
Ptolom^ rcrranchoit tous les autres Mfi-
ées , préccndant qu'on n'en pouvoir pUcct
un plus grand nombre dans le fyftêmc dia-
tonique a une Odtave , toutes les Cordes qui
la compo'oitiit fe trouvant employéts. Ce
font CCS fept Modes de Ptolomce , qui , en
y joignant l'Hypo-mixo- Lydien , ajoute ■
<3it-on , par l'Arétin , font aujourd'iiui les
huit Tons du Plaiii - Chaiit. (Voyez Ton(
»£ i'Église.)
Telle cft la notion la plus claire qu'on peut
tirer des Tons ou Modes d; l'ancimnc Mu-
Cque, en tant qu'on les reg.irdoît comme
ne différant entr'eux que du grave à l'aigu :
mais ils avoient encore d'autres dîtËrcnces
qui les caradérifoicnc plus particulièrement,
quant àrexprefllon. Elles fc tiroient du geiue
488 M O D
de Poéfie qu'on mettoit en Mofiqos y ée
l'cfpcce d'Inftrument qui dévoie l'accompa-
gner y du Rhy thme ou de la Cadence qu'on
y obfèrvoic y de Tu&ge où étoient certains
Chants parmi certains Peuples , & d'où font
ven\is originairement lc3 noms des princi-
paux Modes y le Dorieç , le Phrygien , le
Lydien, l'Ionien , TEolicn. ,
Il y avoit encore d'autres (brtes de Mo^
des qu'on auroit pu mieuq^ appeller Styles ou.
genres de compofition : tels ecpient le Mode
tragique deftiné pour le Théâtre, le Mode
Nomique confacréà Apollon, le Dithyram-
bique à Bacchus , &c. (Voyez Style &
Mblopee.) ^
Pans nos anciennes MuGques, on appel*
loit aufli Modes , par rapport à la Mefure ou
au Tems, certaines manières de fixer lava*
leur relative de toutes les Notes par un figne
général j le Mode étoit à-peu-près alors ce
qu'eft aujourd'hui la Mefure ; il fe marquoit
de même après la Clef, d'abord par des cer-
cles ou demi-cercles ponûuésou (ans points»
fuîvisdes chiffres 2 ou ^ différemment com-
binés, à quoi l'on ajouta où fubftitua dans
la fuite des lignes perpendiculaires différen-
tes , (èlon le Mode , en nombre & en lon-
gueur ; & c'eft de cet antique ufage que nous
eft reflé celui du C & du C barré. (Voyez
Prolation. )
Il y avoit en ce fens deux fortes de Mo^
des : le majeur , qui fe rapportoit à la Note
Maxime ; & le mineur , qui étoit pour la
Longue. L'un & l'autre iè divifbit en par-
fait & imparfait.
M O D
4Sï
Le Mode majeur parfait fe marquoît avec
trois lignes ou bâtons qui rtmpUiroient cha-
cun trois cfpacts de la Portée , & trois au-
tres qui n'en rcmpHlTbient que deux. Sous
ce Mode la Maxime valoit trois Longues.
(Voyez P/.B.F^g. i.)
Le Mode majeur imparfait étoit marqué
par deux lignes gui traverfoient chacune
irois efpaces , &i deux autres qui n'en Ira-
Yerfbient que deux ; &C alors la Maxime ne
valoit que deux Longues. ( f^. 3.)
Le Mode mineur parfeit étoit marqué pat
une (èule ligne qui tiaverfoit trois efpaces ;
Se la Longue valoir trois Brèves. ( Fig. 4,)
Le M:'de mineur imparfait étoit marqué
par une ligne qui ne traverfoit que deux ef-
paces i & la Longue n'y valoir que deux Brè-
ves. ( Fig. j.)
L'Abbé Broflàrd a mêlé mal-à-propos les
Cercles & demi-Cercles avec les figures de
ces Modes. Ces fignes réunis n'avoicnt ja-
jnais lieu dans les Modes fimples, maïs feu-
lement quand les Mefurcs étoient doubles
ou conjointes.
Tout cela n'eft plus en ufage depuis long-
tcms ; mais il fjut néce(Tàirement entendre
ces fignes pour favoir déchiffrer les ancien-
nes Mufiques, en quoi les plus fa van s Mu-
iïcirns font fouvent fort embarralTés.
MODÉRÉ , adv. Ce mot indique un
mouvement moyen entre le leur & le gai ;
il répond à l'Italien Andame. ( Voyez An-
PANTE.)
MODULATION , / f. C'eft propre-
4» ik O U
s»t ktsnuxcd'œbEr artrûnleMo:
de ; mars ce sioc le {Hcni phis coomné-
mrs: aalîanrilB pi'or Y^sz de asodine
rHuuoLPe & le Quflt fucc.âzvexDcm du
|ia&£Qis Modes dmK ocsnioe agicaUc à
rarsBc 3t crciioirzie aii\ it:£lc!S«
& le >lodc z& produ^ pzi IHincomrt
€'c& â^tSs: ac£ qi:£ 3^ai£a.r les loix de iî
JS.mbLsmz^ Ces kôx ioBT £mpie$ à ccnœ*
CE caà e&5 conrJtcar.
PÔcT bôcn XDodoicr dans vn Dhnt Ton,
S tkor i'. en psrcociir knis k^ Sans rrec
m haa Chrni , en irtsctam plus ibovuK
ks Cordes c&nxid'cs &: sy appayanr dsTi!>
ts^ : c'eâ-à-drr , eue f Accord fcnû^e , êc
Ï-Acaciri de li Tcasrsqœ doÈrenr %j roixxH
Cl SI tr?coen:2r'enr , mzK foos dincia.tcs n«
CCS & psT difcimrs lOQtcs pour pfèrenir
Il rBoocccEK", l^ Xôaiêîr de OdoKcs ou
de r:TO> eu; lor es decx Accords , ou toot
ss jî^ :~;a^ cxjxn àc U kxxs- Dcuninmre.
^'^. rnr= ri^Teier ^»ami^ 2i»CTin des Scosda
>icô;r ; car OQ Df jicui j isrrs ie quitter , feirc
cnrrriirr un Dicie oa tin fièmcJ qui ne Iiù
5rpcrti=nne p2> , ou ca rmanrlirr quelqu'un
Cor,scs ccgrr^ uiKS aui dcvx Tocs.
Firrv-«> d .iS>ri du Maie irjiiîur. Soie
qîK 1* oc cctr. ùitrr a Quinre de L Tonique ,
CTjr.-Yç «y:uu «vrc eue Je plu^ limplc de
M O D
4»
Çniïs les rapports après celui de l'Oâave , foit
qu'on la confidete comme le premier des
Sons qui eiitrenr dans ta réionnance de celte
même Tonique , on trouvera toujours que
cette Quinte , qui eft la Dominante du Ton ,
eft la Corde fur Uquclle on peut ctabl;r la
Modulation la plus analogue à celle du Ton
principal.
Cette Dominante , qui {âifoit partie de
l'Accord parfiit de cette première Tonique.
(ait audî partie du fien propre , dont elle eft
le Son fondamental. Il y a donc liaifon en-
tre ces deux Accords. De plus , cette même
Dominante portant , ainh que la Toni-
que , un Accord parfait majeur par le prin-
cipe de la rcfonnarKC , ces deux Accords
ne diffcrcnt entr'cux que par la Diiïbnan-
ce , qui de la Tonique palfanc à la Domi-
nante eft la Sixce-ajoutée , & de la Domi-
nante repailànt à la Tonique eft la Septiè-
me. Or ces deux Accords ainfi diftingués
par la DilTonance qui convient à chacun ,
forment , par ks Sons qui les comporeut
rangés en ordre , précifément l'Oftave 04
Çchelle Diatonique que nous appelions Gam-
me , laquelle détermine le Ton.
Cette même Gamme de la Tonique , for-
me, altérée feulement par un Dièfe, la Gam-
me du Ton de la Dominante ; ce qui mon-
tre la grande analogie de ces deux Tons ,
& donne la facilité de paflêr de l'un à V.m-
tre au moyen d'une feulealtération. Le Ton
de la Dominante dl donc le premier qui Je
préfente après celui de la Tonique dans l'or-
tlrc de» Modulatiçns,
49^ M O D
La m&De émpGdté de c^ipoft que noos
troinroos cnoe une Tonique & Ùl Donà-
name , £c uoawc anlE encre k même To-
uque & Cl fcos-Domhunrr ; car k Qmme
que la DominaAe fait a faiga avec cène
Tbnsqoe , la (bos-Dominante la kit an g^
Te : mais cette (oos-Domînante n cft Qaîme
de la Tonique que par lenveifirincnt; die
cft dûeâement Quarte en plaçant cène To-
nique au grave > comme cUe doit &re ; ce
qui établit b gradation des rapports : car en
ce fcBS la Quarte^ dont le rappon eft de
^ à 4, fuit immédiatement k Quinte > dont
le rapport eft de x à 3. Que n cette fous-
Dominame n'entre pas de même dans l'Ac-
cord de k Tonique y en revanche k To-
nique entre dans le fien. Car foit ta mi fol
l'Accord de k Tonique » cdui de k (bus-
Dominante fera fa la ut ; ainfi c'cft Vm qui
fsât ici liaifôn , & les deux autres Sons de
ce nouvel Accord (ont précifement les deux
Difibnances des précédens. D'ailleurs , il ne
&UC pas altérer plus de Sons pour ce nou-
veau Ton que pour celui de k Dominante;
ce font dans Tune & dans l'autre toutes
les mêmes Cordes du Ton principal , à un
près. I>onnez un Bémol à k Note (èndble
fi y Se toutes les Notes du Ton 6* ut fcrvi-
ront à celui de fa. Le Ton de k (bus-Do-
minante n'eft donc gueres moins analogue
au Ton principal que celui de k Dominante*
On doit remarquer encore qu'après s'être
fervi de la première Modulation pour paflèr
d'un Ton principal ut à celui de (z Dosù^
mnte yô/, on eft obligé d'employer la Se-
conde pour revenir au Ton principal : car
fi fol tft Dominante du Ton d'iu , ut cft fbus-
Dominante du Ton de fol ; ainfi l'une de
CCS Moduiaiions n'cft: pas moins néceflaire
que l'autre.
Le troilîeme Son qui entre dans l'Accord
de la Tonique eft celui de fa Tierce ou
Medianie , & c'eft aulT! le plus limple des
rapports après les deux préccdens |||. Vol-
là donc une nouvelle Modulation qui fé pré-
iênce & d'autant plus analogue que deux des
Sons de U Tonique principale cnureiu aulÏÏ
dans l'Accord mineur de la McdianCe ; car
le premier Accord étant ut mi fui , ce-
lui-ci fera mi fol fi, où l'on volt que mi Se
fol (ont communs.
Mats ce qui éloigne un peu cette Modu-
iation, c'eft la quantité de Sons qu'il y fiiuc
altérer , même pour le Mode mineur , qui
convient le mieux à ce mi. J'ai donné ci-
devant la formule de l'Echelle pour les deux
Modes : or appliquant cette formule à mi
Mode mineur , on n'y trouve à la vérité que
le quatrième Son fa altéré par un Dièfe en
defcendant; mais en montant, on en trouve
encore deux autres ; lavoir , la principale
Tonique i/r , & là féconde Note re qui de-
vient ici Note fenfible : il eft certain que
l'altération de tant de Sons , & fur-tout de
la Tonique , éloigne le Mode & alFoiblit
l'analogie.
Si l'on renverfc la Tierce comme on a
renverfô la Quiate, & qu'on prenne cette
■s -
494 M O Ô
Tierce aa-d:(tbu!l de la Tonique fur îa (itîdïà
Noce la i qu'on devroit appeller aufll fouS'
Médiaiîce ou Médiante en déilbus , on ht*
mera fur ce la une Modulation plus analo-
gue au Ton princijml que n*étoit celle de m ;
car rAccord par&ic de cette {bus-Médiatite
^tant la ut mi , ony retrouve , comme dans
celui de la Médiante , deux des Sons qui en«
trent dans l'Accord de la Tonique ^ (avoir ^
ut 6c mi; ôc de plus , TEchelle de ce nouveau
Ton étant compofée , du moins en defcen-
dant, des mêmes Sons ique celle du Ton
principal , & n'ayant que deux Sotis altérés
en montant, c'eft-à-dire , un de moins que
TEchelle de la Médiante ^ il s'enfuie que la
Modulation de la fixieme Note eft ftéfé"
rable à celle de cette Médiante ; d'autant plus
que la Tonique principale y fait une des Cor-
des edèntielles du Mode ; ce qui eft plus
propre à rapprocher l'idée de la Modulatiorté
Le mi peut venir enfuite^
Voilà donc quatre Cordes mi fa Colla , fuf
chacune defquelles on peut moduler en (ot--
tant du Ton majeur A*ut. Reftent le re &
leyî, les deux Harmoniques delà Domi-«
nante. Ce dernier , comme Note iènûble ^
ne peut devenir Tonique par auame bonne
Modulation , du moins immédiatement : ce
feroit appliquer brufquemcnt au même Sofl
des idées trop oppofèes & lui donner une
Harmonie trop éloignée de la principale.
Pour la féconde Note re , on peut encore »
à la faveur d'une marche confonnante de la
Saflè-fbndamentalc > y mouler en Tktcc
M O O
49 î
mineure , pourvu qu'on n'y refte qu'un inC-
tant , afin qu'on n'aîi pas le tems d'oublier
k Modulation de Vut quîlui-nifmc y eft al-
lértf i autrement il faudroir , au lieu de re-
venir immédiatement en ut , palier par d'au-
tres Tons întermédiaiECS , où il feroit dan-
gereux de s'égarer.
En fuivanc les mêmes analogies, on mo-
dulera dans l'ordre fuivanc pour fortir d'un
Ton mineiir; la Médiante premièrement,
enfuite la Dominante, la fous - Dominante
& la fous-Médiante ou fixicme Note. Le
Mode de chacun de ces Tons accellbircs eft
déterminé pnx fa Médiante prifè dans l'E-
dielle du Ton principal. Par exemple, for-
çant d'un Ton majeur uc pour moduler (wc
fà Médiante, on lait mineur le Mode de
cette Médiante , parce que la Dominante
fol du Ton principal fait Tierce mineure fut
cette Médiante mi. Au contraire, fortanc
d'un Ton mineur la, on module fur &
Médiante ut ai Mode majeur, parce que la
Dominante mi du Ton d'où l'on fort (ait
Tierce majeure fur la Tonique de celui où
l'on encre , &c.
Ces règles , renfermées dans une formule
générale , font , que les Modes de la Do-
minante & de la fous - Dominante foîenc
femblables à celui de la Tonique , & que
la Médiante & la Ilxieme Note portent le
Mode oppofé. Il faut remarquer cependant
^u'en vertu du droit qu'on a de palTer du
majeur ^lu mineur , & réciproquement, dans
HD même Ton , on peut aulfi changer l'ordia
496 M O D
du Mode d'un Ton à l'autre ; mais en s*é^
loignanf atnfi de la Modulation naturelle , il
(aut (bnger au retour : car c'eft une rq^
générale que tout morceau de MuHque dok
Bnir dans le Ton par lequel il u commencée
J'ai raflèmblé dans deux exemples feit
courts tous les Tons dans lefquels on penc
paflèr immédiatement; le premier^ en (brtanc
du Mode majeur , & (l'autre » en {brtanc
du Mode mineur. Chaque Note indique
une Modulation , & la valeur des Notes dans
chaque exemple indique auili la durée re-
lative convenable à chacun de ces Modes
/elon ion rapport avec le Ton principaL
(Voyez PI. B. Fig. 6 & 7. )
Ces Modulations immédiates (bumiflènt kl
moyens de pa(!èr par les mêmes règles dans
des Tons plus éloignés y & de revenir enfuice
au Ton principal qu'il ne faut jamais perdre
de vue. Mais il ne fuffit pas de connoine ks
routes qu'on doit (uivre ; il faut favoir auili
comment y entrer. Voici le ibmmaire des
préceptes qu'on peut donner en cette Partie.
Dans la Mélodie^ il ne faut, pour annoncer
la Modulation qu'on a choiiîe, que faire en-
tendre les altérations qu'elle produit dans
les Sons du Ton d'où l'on fort , pour les
rendre propres au Ton où Ton entre, Efl-
on en ut maieur , il ne £uit que Tonner no
fa Dièfe pour annoncer le Ton de ta Do-
minante , ou un yi Bémol pour annoncer le
Ton de la fous- Dominante, Parcourez en-
fuite les Cordes eflèn tic lies du Ton où vous
entrez > s'il efl bien choifi j votre Mode--
bticn
M O D 457
btrtm fera tott}ours bonne 8c tégu^Kf.
Dans l'Harmonie , li y a un peu plus de
ElEciiUc : cjr comme il f.iut que le chan-
gement (11- Ton fe failc en mtme terni ikns
loutes les P.iriies, on iloic prendre g;irde î
l'Hjrrronie & au Chant pour cviier de
fuivie à kl fiiis deux dïiféicntcs Afidulaiions.
Huv^hcns a fort bien remaïqué que la prof-
cription des diux Quintes confccmives a
cette règle pour principe : en effet , on ne
peut gueres former entre dtiix l'ardes plu-
iieurs Quintes juftes de fuite (ans moduler
en deux Tons differens.
Pour annoncer un Ton , plu(îeur5 pr^-
fendertt qu'il fuffit de former l'Accord par-
fait de fa Tonique , & cela ell indifptnlable
pour donner le Mode ; mais il elt ccrratn
que le Ton ne peut être bien détermina
■ que par l'Accord ftni.ble ou dominant ; il
ftut donc faire entendre cet Accord en com-
mençant la nouvelle Modulation. La bonne
règle fcroit que la Septième ou Dilfonance
mineure y fut toujours pn-parce , au moins
la première fois qu'on la fiit entendre ; m ils
cette règle n'etl pas praticable dans toures
les Moduhiions permifes , & pourvu que la
BafTc- fondamentale m.irche par Intervalles
confonuans, qu'on obfetve la liaifonlurmo-
nique , l'anaiogie du Mode , & qu'on évite
les feulfes Relations , la M'Julitioa ell tou-
jours bonne. Les Compofiteurs donnent
pour une autre règle de ne cbangtr de Ton
qu'après une Cadence parfûice ^ miis cette
itfilc tll inutile , &c peifjnne ne s'y afiujcKÎi.
Dicl. de Mujtjus. Tome L I i
4^ M O D
Tomes ks mamiaes jK^flRbtcs de fÊttei
d*un ToQ dus on autre te réduifènc Ik cinq
pour le Mode maîenr > Se à quatre pour le
Mode xcineur ; kJfqudks on trouvera énon-
cés» pir une Balle- londamenule p^tar cha*
?ue Jl^-étÂakix dans la Pùutdkt B« F^furt S,
"il y a quelqu autre MoAdaùom qui ne re-
Tkxne à ax!cune de ces neuf » i moins que
et œ Jtf.\&iieri«'^ ne toit Enhanroiùque , elle
dt mauvaifè infiiiiKhiement. (Voyez Emhar«
JâOSîQTE, )
MODULER » nit« Ccft cocnpofer ou
fcâuder Joit par écrit » (eût fur un Inftni-
ment » toit avec la Voix , en (uivant les
legks de U ItoistUdom. (Voyez Modvla«
Tios. )
MfEURS^y: K Partie confidérable de b
Afutique des Grecs ap{ieUée par eux ifer-
je9cyr?^Qa.<>* , laquelle contiftcHt 1 connoîtit &
d)oitîr le kienfeant en chaque Genre» &
ne leur permcttoit psm de donner i chaque
lèntiment , à chaque obiet , à chaque carac-
tère toutes les formes dont il ëtoit fuicep-
tihie ; mais les c^Ugeoit de fè borner à ce
qui etoir conve;:at>le au fuiet , à Tocca/îôn,
aux perlbmies> aux drconftances* LcsJhntrs
conlitloient encore à tellement accorder 8c
proportionner dans une Pîece toutes le»
Parties de la Muliqxie > le Mode , le Tems ,
le Rhythme , la Mélodie , & même le»
dunçemens > qu'on fentît dans le tout une
cérame conformité qui nV lailTit point de
diinarate» Se le rendit mr£dtement un. Cette
inUe Partie ^ dont lidée n'cft pas mêiar
Mot Ï9^
ilonnue -îans notre Mufique , montre à quel
point de perfeâioii devoit être porté urt
Art où l'on avoit m£mç réduit en règle*
Ce quieft honnête , convenable & hienfcant:
MOINDRE, fl<^/'. (Voyez Minime.)
MOI. , ridj. Epithete que donnent AriP-
toxèiie & Pfolomée à une efpece du Genre
Diatonique & à une efpece du Genre Ciiro-
matique dont j'ai parlé au mot Genre.
Pour la Mulîque moderne, le mot Mtt
n'y cft employé que dans la compolîtibn dii
mot Bémol ou B. mol , par oppofîtion au
inoz Séquarre , qui jadis s'appelloit aulli B.
Zarlin cependant appelle Diatonique Mal
bne efpece du Genre Diatonique dont j'ai
Jtarlé ci-devant. (Voyez Diatqniciue. )
MONOCORDE,/ m. In/ïrumeiu ayant
.une feule Corde qu'on divife à volonté par
des Chevalets mobiles , lequel fert à trouver
les rapports des Intervalles & toutes les di-
Viiîons du Canon HarmtHiiqùe, Comme U
P.utie des Inftrumens n'entre point dans mon
plan , je ne parlerai pas plus long-cems dé
celui - ci.
MONODIE yf.f. CKant à voix feule, par
bppondon à ce qile lés Anciens appelloîenc
Çkorodics > ou MuliquBs exécutées par lé
<3hœur. '
MONOLOGUE , f. m. Scène d'Opéra
6Ù l'Afteur cft feul & ue parle qu'avec lui-
tnêmc. C'ed dans les Manolc^aei que fe d^-
|)loient toutes les forces de la MuJIque ; le
bluiîcieii pouvant s'y livrera toute f'^idcuc
li X
5CO MON
de ion génie , fans être gêné dans la lon-
gueur de fes roorceaux par la préfence d'un
Interlocuteur. Ces Récitatifs obligés qui
font un l\ grand effet dans les Opéra Ita-
liens , n ont lieu que dans les Monologues.
MONOTONIE,/:/. Ceft, au propre,
une Pfalmodie ou lui Chant qui marche
toujours fur le même Ton; mais ce mot
ne s'emploie gueres que dans le figuré/
MONTER , V. n. Ceft feire fuccéder les
Sons du bas en haut ; c eft - à - dire , du
grave à l'aigu. Cela fe préfênte à l'œil par
notre manière de noter.
MOTIF. f.m.Ce mot fiandfé de llta-
lien motivo n'eft gueres employé dans le fens
u chrique que par les Composteurs. Il fi-
gniîîe îldée primitive Se principale fur la-
quelle le Compofiteiur détermine (an fujec
& arran^ ibn deflèin. Ceft le Motif c{u\^
pour ainu dire , lui met la plume à la main
pour ietter fur le papier te'Je chofe & non
pas telle autre. Idans ce fens le Jf// prin-
cipal doit être touiours préfent à l'efprit du
Comportreur , & il doit faire en forte q jII
le (bit aulli toujours à l'efprit des Auditeurs.
On dit qu'un Auteur bat la campagne lorC-
qu'U perd fbn Mo if de vue , & qu^il coud
des Accords ou des Chants qu'aucun fens
commun n'unit entr'eux.
Outre ce Motifs qui n'eft quel^dée prin-
cipale de la Pièce , û y a des Muttfs partî-
culiers , qui font les idées déterminantes de
la Modulât on , des cntrelacemcns , des
textures harmoniques , & fur ces idées »
MOT joi
mue i'on preflVnr dans l'exécution, l'on juge
'ifi l'Auteur a bien fuivi Ces Moitfs , ou s'il
a pris le change, comme il arrive fouvcJit \
ceux qui procèdent Note après Note , &
qui roanqucnt de l.voir ou d'invention.
C'cft dans cette acception qu'on dit Muiif
de Fugue , Motif àe Cadence, Moiifàs chan-
getntnt de Mode , &c.
MOTTET, / m. Ce mot fignîfioît rn-
ciennemenvlineconipofition fort recherchée,
enrichie de toutes les beautés de l'Art ; &
cela fur une période fort courte : d'où lui
■vient , (èlon quelques-uns , le nom de Mot-
tet , comme fi ce n'étoit qu'un mot.
Aujourd'hui l'on donne le nom de M.it-
tct à toute Pièce de Mufique faite fur des
paroles Laiîiiesà l'ufage de l'Églifi: Romaine ,
comme Pleaumes , Hymnes, Anticni.cs,
Répons, &c. Et tout cela s'appelle, en gé-
nérai , Mulique Latine,
Les François réuffilTènt mieux dins ce
genre de Mulîque que dans la Fronçoilc ,
k bngue étant moins défavorable ; mais ils
y reclierchL-nt trop de travail , & comme
le leur a reproché l'Abbé du Bos , ils jouent
trop fur le mot. En général, la Mufique
Lntinc n'a pas allez de gravite pont ru(.i(;c
auquel elle eft deiîinée. On n'y doit pomc
rechercher l'imitation comme dans la Wu-
fique théSirale : les Chants Ijcrfs ne d' ivcnt
point lepréfentcr le tumu'te des piil'ons hu-
maines, mais lêulenient U Majellé de cciui
à qui ils s'adreRcnt, & l'égalité d'ame !e
[eux qui les pronona:r.t. Quoi que piiiiienc
li î
jei MOU
Axe les paroles > to.ute autre expreffioQ dinai
le Chant eft un contre-fens. H faut n'avoir ^^
j|e ne dis pas aucune piçté , mais ie dis aucun
goûc , pour préférer dans les £gli(es k Mu-
figue au Plain- Chant.
Les Mundeiis du treizième & du qua-;
przieme fîecle donnoient le tiom ^ Mottaus
à la Partie que nous npmmoiis aujourd'hui
Haute - Contre. Cie nom , & d autres auflî
étranges , caufent fouyent bien de l'embarras
à ceux qui s'appliquent à déchif&er les an-
ciens manufcrits de Mufique , laquelle ne*
s'-écrivoit pas en Partition comme à présent.
MOUVEMENT , / m. Degré de vîtefTc
çu de lenteur que donne à la Mefure le ca-
radere de la Pièce qu'on exécute. Chaque
çfpcce de Mefure a un Mouvement qui
^ui eft le plus propre, & qu*on défignc
en Italien par ces mots , Tempo giuflo. Mais
outre cçlui-là il y a cinq principales modi-
» fications de Mouvement qui , dans l'ordre
^u lent au vite , s'expriment par les mots
Largo y adagio , Andante , Allegro , Prejlo y
ëc ces ipots fe rendent en François par k^,
fui vans , Lent , Modéré , Gracieux , Gai ,
Vite, Il fout cependant obfcrver que , le
Mouvement ayant toujours beaucoup moins
de prccifion dans la Mufique Françoife , les
mots qui le défignent y ont un fens beau-
coup plus vague que dans la Mufique Ita-
Jienne.
Chacun de ces Degrés fe fûbdivife & fe
modifie encore en d'autres , dans lefqucls it
%ut diftiiiguer ceux qui n'indiquent que ]c
MOU
f«J
I
I
Degré de vîteflè ou de lenteur , comme
Larghetto , Andantino , Allegretto , Prefîif-
fimo , & ceux qui marquent , de plus , le
caraiiete Se l'exprelTion de l'Aii , comme
Agiiato , Vivace , GuJIofo , Conbrio , &C.
Les premiers peuvent être faids & rendus
par tous les MuIîcîcHS ; mais il n'y a que
ceux qui ont du fcntiment & du goût qui
fencent & rendent les autres.
Quoique généralement les Mouvement
lents^ conviennent aux paftlons triftes, 5C
les Mouyemens animés aux pafïîuns gaîes ,
il y a pourtant fouvenc des modifications,
par lerquelles unp palïîon p.ir!e fur le tan
d'une autre : il eft vrai , toutefois , que la
gaieté ne s'exprime gucres avec lenteur ;
jn.-iis fouvent les douleurs les plus vîïcs onc
le langage !e plus emporté,
MOUVEMENT eft encore la marche ou
le progrès des Sons du grave à l'aigu , oh
de l'aigu au grave ; aiiifi quand on dit qu'il
faut , autant qu'on le peut , fiïre marciter
U BaiTe &: la Defîus par Mouvi-mens contrai-
res, cela lignilïe que l'une dts Parties doie
monter , tandis que l'autre defcend, Mouve^
ment femhlahk , c'eft quand les deux Parties
marchent tn même fens. Qiiciqucs-unsap-
pcUtnc Muuverr.ent oblique celui où l'une des
Parties reftc en place , tandis que l'autre
încmte ou defcend.
Le favanc Jérôme Mei , à himication
d'Ariftoxènç , diftingue généralement , dans
1? Voix_ humaine , deux foires de Mauve-
meitt i lavoir , celui de la Voix parlante »
J04 MUA
qu'il appelle Mouvement continu , & qui ne
fe fixe qu'au moment qu'on fc tait \ & celui
de la Voix chantante y qui marche par In-
tervalles, déterminés , &c qu'il appelle Jlfcwr-
vement dir.fiêmauqut: OU Jntervallatif,
MUANCES , / /. On appelle ain/î les
divi^rfes manières d'appliquer aux Notes les
fyllitks de la Gamme , félon les divcrfcs
polîiions des deux (cmi-Tons de l'Oâave ,
& Iclon les différentes routes pour y arri-
ver. Comme l'Arëtin n'inventa que fix de
ces fyllabcs , & qu'il y a (ept Notes à nom-
mer dans une Oftave , il falloit néceflaire-
Cicnc répéter le nom de quelque Note \ cela
fit qu'on nomma toujours mi fa ou fa laits
deux Notes entre lefquelles (c trouvoit un
des fcmi-Tons. Ces noms déterminoient en
même tems ceux des Notes les plus voifi-
nes , foie en montant , (bit en defcendant.
Or comme les deux femi-Tons (ont fujcts
à clianger de place dans la Modulation , &
qu'il y a dans la Mufique une multitude de
manières différentes de leur appliquer les fix
mêmes fyllabes , ces manières s'appelloicnc
M^ances , parce que les mêmes Notes y
cliangcoicnt incedàmment de noms. ( Voyez
Gamme. )
Dans le fieclc dernier on ajouta en France
la fy!!ûbe/zaux fix premières de la Gamme
de rArcrin. Par ce n:oyen la feptieme Note
de l'Echelle feirouv.int nommée , les Muan^
ces d viiirenc inuciles , & furent profcritcs
de la Mulîquc Françoift^; mais chez toutes
les autres Nations^ où , félon 1 c/pric du me-
4»i»
MUA
J=(
lier , les Muficiens prennent toiiiours leur
vieille routine pour U perfcftion de l'Arc ,
on n'a point adopté k fi; 6c]\ y 3. apparence
qu'en Italie , en Efpagne , en Allemagne >
en Angleterre ^, les Muances ferviront long-
tems encore àladéfolation des cotnmençans.
MUANCES, dans la Mufiquc ancienne.
C Voyez Mutations. )
MUSETTE,/;/; Sorte d'Air convenable
à l'Inftrumcni: de ce nom , dont la Mcfure
cft à deux ou trois Tems , le carailcrc naïf
& doux , le mouvement un peu lent , por-
tant une Balfc pour i ordinaire en Tenue eu
Point d'Orgue , telle que la peut faire une
M^fjtie , & qu'on appelle à caufe de cela
Balle de RLifiiic. Sut ces Airs on forme dej
Danfes d'un caraûcre convcn^iblc , & qui
portent aulTî le nom de Maftins.
MUSICAL , adj. Appartenant à la Mu-
fique. ' Voyez Musique. ) t
MUSICALEMENT , adv. D'une ma-
nière Mulicile , dans les règles de la Mulî-
que. ( Voyez Musiq.ue, )
MUSICIEN , f. m. Ce i»'m fe donne
(?galemeni à t;clui qui compofe la Muliquc
èc à celui qui rexécute. Le pnmier s'ap-
lieauifiCi/m/Jo/ÏKiir. ( Voyez ce mot. )
Les anciens Mudciens croient des Poëccs,
Piiïlofophes , des Orateurs du premieç
ordre. Tels étoicnt Orphée , Terpjndre ,
Stélîchore , frc. Autfi BÔëciî ne veut il pas
lionorer du nom de Majkici celui qui pta-
■jCitjue leulemenc b Mufique par le minîfterc
luiguËcdeU voix; unis celui qui
soi MUS
pofTede cette fcience par le raîfbnnement
& la fpéculacion. Et il femble , de ptus>
que pour s'élever aux grandes expre(fi(Mis do
la Mufîque pracoire & imitacive > il fàudroic
avoir fait une étude particulière des paffions
humaines Se du langage de la Nature. Ce-*
pendant les Muficiens de nos Jours , bornés ,
pour la plupart ^^ à la pratique des Notes
& de quelques tours de Chant , ne feront
gueres offenfés , je penfe , quand on ne les
tiendra pas pour de grands Philofophes,
MUSIQUE , f.f. Art de combiner les Sons
d'une manière agréable à Toreille. Cet Art
devient une fcience & même très-profonde ,
quand on veut trouver les principes de ces
combinaifbns & les raifons des affeâions
qu'elles nous caufent. Ariftide Quintilien dé-
ni iit la Mufiqucy l'Art du beau & de la dé-
cence dans les Voix & dans les Mouvemens.
Il n'eft pas étonnant qu'avec des définitions
fi vagues & (î générales les Anciens aient
donné une étendue prodigieufe à l'Art qu'ils
dcfiniffoient ainfi.
On fuppofe communément que le mot de
Muf.que vient de Mufa , parce qu'on ciok
que l^s Mufes ont inventé cet Arr j mai^
Kircher , d'après Diodore, fait venir co
nom d'un mot Egyptien ; prétendant que
c'eft en Egypte que la Mufique a commencé
à fe rétablir après le déluge , & qu'on ea
reçut la première idée du Son que rcndoient
les rofcaux qui croirtent fur les bords du
Kil, quand le vent fouftloit dans leurs tuyaux.
Quoi qu'il en foie de i'ctymologiç du nom \
l*originc de l'Art cft ccrtaîiiemetit plus près
de l'homme , & fi k parole n'a pas com»
mencii par du Chant , il c(l fiir , au moins ,
qu'on chante par-loùtoù l'on parle.
La Miifique fe divile naturellement en
Mufique tAf oriûue ou. JJKCulaiive , 8c en Mu-'
fiqiie pratique.
La Mujl^uf fpéculative eft , (î l'on peut
parler aîiilî , la coniioîiîànce de la madeio
muficale; c"cft-à-dire, les dilférens rapports
du grave à l'aigu , du vite au !eiK,deraigie
au doux , du turt au foîble , dont les Sons
font fufceptibles ; rapports qui , compre-
nant toutes les combinaifons pofTibîes de U
Mufique Se des Son* , femblenr comprendre
auflî toutes les caufes des impretlions que
peur feire leur fucccfiîon fur l'oreille &
fur l'ame.
La M-iJique pratique eft l'Art d'appliquel
& mettre en uiâge les principes de la (pécu-
lative; c'eft-X-dire , de conduire & difpofcr
les Sons par rapport à h confijimance , à la
durée , à la fuccefiion , de telle forte que
le tout produife fur l'oreille l'effet qu'on
s'ed: propofé : c'ell cet Arc qu'on appelle
Compojliion, ( Nayti ce mer, ) A l'égard d»
la produdion aftuelle des Sons par les Voix
ou par les Inllrumcus , qu'on appelle Exe-
cution , c'efl; la partie purement mécanique
&c opérative, qui, fiippofiint C-u!emcnt la
fcculté d'entonner juftc les Intervalles , de
marquer juHe les durées , de donner aux
Sons le degré prefcrit diiis le Ton, & U
lyakui prelciite dans le TtQis , nç deiiua4e
fcS MUS
ic h. Mj£jat, & ffaabimdc de
L2 M±^pt£ (pœaùszrre Jè dÎTÎlc en deux
pactes r ^^'Osr , b lutiimitimce' da npport
des Sons os ic !csn Izzoerr^Iks , tc ocAcde
Irars àirérs r^Lrfva ; dtA-i-dôoc , de Ja
L2 Br^:ri:xe di pcopremecc ccQe qae les
A=£Lecs occ irpeLf^ MafftÊS ksrmemqm.
FiV tynr'Vripfc- c: qoci ccxiibiûe Li nsaiie da
Gisnz ^ rLzrcis^ce qcî ett ccn&rasniK, cfif-
iacsrZr ifiêible oadéplztiaDtdzEsli Mo-
c&zjzrfcr. Lliir Élil coudoloc , en en moc ,
us ijT^'Iis n-fT^rres dont les Sons afFèâoit
l'crr-ilt^ par LetLr rrmbfe , par leur ibioe » par
IecT5- L-jL^rriILes i œ qui s'aj^pliqne ^ue-
rsdc i Liar Accord ic i leur iocceffion.
Li lic^oi^r A cci ippellîc Rhythmi^ ,
pirji ca'i„i iniie des Sons eu egud au
Tms Îl 2 a qujnCLié. Elle ca^d^f^t rcxpU-
cirior. i.1 R'.j:'zr:sj du iléz^t , des Mclu-
rïs .cr.fiiis i: coLLrtts , vîtcs A: lenr« , des
Trr:i X ie"5 iivtrlis puties duas ktouelles
oc >i d:'*-:* , poor y iprîiqucr Li niccct
Li J'/L..If-f r'-:.v-:? îc divifc aclï en deux
F.irdî5 , qu: rrpoi.d^r.t aux dcox précédentes.
::r:: If 5 rftr'.ii 70^1 corr^bincr & varier les
ln:cr*i-.wS co. loc^-ins & ciiîor-sns d'une
rzi-iii^rc iz:cj-rl- î: hiioionicuie. ( Voyez
MUS
le»
La fecotiiie • qui répond à la Mapque
Rhythmiqut , & qu'ils appelloicnt Rhyhmo-
pée , conticfu les règles pour rapplication Jes
Tcms , des Pieds , des Mcfurei ; en un mot ,
pour U pratique du Rhythme. ( Voyez
Rhythme. )
Porphyre donne une autre divilîon de la
Mufiijue , en tanc qu'elle a pour objer le
Mouvement muet ou fonore , & , fans la
diilitiguer en fpéculative & pratique , il y
trouve bs fit Parties fuivantes i la Rkyikmi-
quc y pour tes mouvemens de la Danfc; la
Métrique , pour la Cadence & le nombre des
Vers ; l'Organique , pour la pratique des
Inftrumcns ; ta Poétique , pour tes Tons 3c
l'Accenc de la Poéfie ; VHypocriiique , pour
les attitudes des Pantomimes; & V Harmoni-
que , pour te Clunt.
La Mufique fe divîfe aujourd'hui plus
fitnplemcnt en Mélodie Se en Harmcnie ;
car la Rhythmique n'eft plus rien pour nous,
Se la Métrique eft très-peu déchoie, attendu
que nos Vers , dans le Chant , prennent
prerquc uniquement leur Mefure de la Mu'
Jique , Se pettient le peu qu'ils en ont pai
eux-mêmes.
Par U Mélodie, on dirige la fuccelTion
des Sons de manière à produite des Chanrs
agréables. ( Voyez Mélodie , Chant ,
MoDtJLATlON. )
L'Harmonie conlîftc \ unir à chacun des
Snns d'une fucceffioii régulière deux ou phi-
(\ urs autres Sons , qui frappant l'oreille en
I même tems , la flânent pat leur concours.
l C Voyez Harmonie. )
Sf M US
Orî poorroît fie l'on devroit pcm-^trc taA
cort diviier la 3fufijue en naturdk ÔC imn
taùv^. La prccûcrc , bornée an fèol phyfiqne
clcs Sons & h'agiâant' que fur le uns , ne
-porte pcnnt (es imprcfCons înfqn'an amr «
& ne peut donner que des (cniâiiaDS plus
en moins agréables. Telle cft b Mo/iqoe
dcsChanfbns, des Hymnes, des Camîqocs»
de tons ks Chants qui ne (ont que des com^
Innairons de Sons Mélodieux , & en génfr J
tootç Mulique qui n'cil qnlianxKMiicdê.
Li (êconde , par des infiexic»» vives ac-
cmtuécs , & , pour dn(î dire , parlantes »
exprime tontes les paifions y peint tons ks
tableaux , rend cous les objets , (oomec la
Nature enticfc à Tes (àvantes imitations, tc
porte ainfî iufqu'au cœur de l'homme des
icntimens propres à TémouToir. Cette Mu-
iîque vraiment lyrique & théâtrale étoit
crîlc des anciens Poèmes , & c'eft de dos
îoors celle qu'on s'efforce d'appliquer aux
Drames qu'on exécute en Chant fur nos
Théâtres. Ce n'eft que dans cette Ibifique^
& non dans l'Harmonique ou naturelle , qu'on
doit chercher la raifbn des effets prod^Vux
qu'dle a produits autrefois. Tant qu'on cher-
chera des effets moraux dans le /ê«i phyûque
des Sons , on ne les y trouvera point & l'on
laifbnnera fans s'entendre.
Les andens Écrivains différent beaucoup
ébtr'eux fur la nature , l'objet , l'étendue &
ks parties de k Mufiquc. En général , ils
donnoient à ce mot un fens beaucoup plus
étendu que celui qui lui rcfte auiourdhitti
NoA- feulement fous le nom de Mujiqai
ils comprenuienc , comme on vient ac le
voir , la Danfe , le Gcfte , U Poéfic , mais
même la colleftioa déroutes les fciences. Her-
mès définie la Mufique, la connoiflancc de
l'otdrc de toutes chofes. C'étoic aulTi la doc-
trine de l'Ecole de Pythagore & de celle
de Platon , qui cnfeignoient que tout danj
l'Univers étoic Mujljue. Selon Héfychius ,
les Athéniens donnoient à tous les Ans le
nom de jMufique ; & tout cela n'eft plus
étonnant depuis qu'un Muficien moderne a
trouvé dans la Muflque le principe de tous
les rapports & le foiidemenc de toutes les
fciences.
Delà toutes ces Mujîques fablimesdonÉ
nous parlent les l'hilotophes : Mufique di-
vine , Aïufique des hommes , Mufique cc-
lefte , MuJiTue lerreftre , JUufiqus ailîve,
ilufique contemplative, Mafique énoncia-
tive, ïntelleclivf, oratoire, (,'c.
C'eft fous ces vaftes idées qu'il faut eiv
tendre plulîeurs pudàges des Anciens fur la
Mufiquc , qui fcroîcnt inintelligibles dans
le fens que nous donnons aujourd'hui à ce
mot.
Il paroît que la Mufique a été l'un des
premiers Arts : on le trouve mêlé parmi les
Îlus anciens monumcns du Genre Humain,
l eft très- vrai fcmblablc aufli que la Muji-
que Vocale a été trouvée avant l'Inftrumen-
tale, fi même il y a jamais eu parmi les
__ icns une Mujique vraiment Inftramcn-
Jtaist c'ell-à-diie , faite uniquement pour
f IX MUS
les InftniiPcrs. Non-(culement les hôîcmcs ,
av2ni d'Avoir uoavé aucun Inftrumcni . ont
du nirc des oricrvations fur les difiercns
Toiîs if Itor vo'i; mais ils ont dû j. pren-
dre ce bonne heure, par le conçoit l'aturcl
des oifeajx , à lEodifir»- leur voix & leur
goiîrr d'une manière agréable 8c mclodicufc.
Après ccb, ies Ir.ftrumens à venr ont dû
étic les premiers invence^. Dio 'o'c Se d'au-
ues Auceuis en attribuent l'invention àl\J)-
fervanon du fifiîemcnt des v.nts dans les
loteaux ou aunes niyauz des plantes. C'eft
auilî k fcntiment de Lucrèce.
At f fnitf mvnem ffùcet imntmrier ore
Awiè fiât mauiU , fuàm kvîm frmfna eanim
Ctmcfkkran bmtmes foSàU ^ mttriefqui juwt $
Fâ Ztfky^i ervm fer flamvmm JtkUi frimim
Agrfjùis dschire cavOs imJUre ckidts*
A l'égard des autres fortes d^Inftrumens ,
les cordes fo::ores font fi communes que
les hommes en ont du obfover de bonne
heure les dilFérens Tons; ce qui a donne'
naiilànce aux Inilrumens à Corde. ( Voyez
Corde. )
Les Inilrumens qu on bct pour en tirer
du Son , comme les Tambours & les Tym-
baies , doivent leur origine au bruit fourJ
que rendent les corps creux quand on les
fiappe.
Il eft difficile de fortîr de ces généralités
pour conftater quelque fait fur ^invention
de la Mufijus réduite en Arc. Sans remonter
au-cieU
il ù s
J'i
%u-Jclà du déluge, plufiéurs Anciens attri-
buent cette invention à Mercure , aulH-
bien que celle de b Lyre. D'autres veulent
que les Grccsen (oient redevablcsà Cadmm,
«juiicn Ce fauvant de la Cour du Hoi de
ï'héiiîcie, amena en Grèce ta Muficicnne
Hermione ou Harmonie; d'où il s'enluî-
vroic que cet An ctoii connu m Phéiiîcic
avant Cadraus. Dans un endroit du Dialo-
gue de Pluiarquc lur la Majique , Lylias
oit que c'eft Arr.pkion quil'a inventée; d.ns
Un autre, Soccrique dit que c'ell Apoilon;
Sans un autre encore, il Icmble en faire
honneur à Olympe ; on ne s'accorde guercs
fur tout cela. Se c'eft ce qui n'importe pa«
beaucoup , non plus. A cts premiers inven-
teurs fuccéderent Chiron , DémtxJocus,
Hermès , Orphée, qui , Icion quelques-uns,
inventa la Lyre. Après ceux-là vint Phce-
mius, puis Terpandre, contemporain de
Lycurgue , & qui donna des rtglcs à la
^uji^ue. Quelques pcrfonnes luia:tnbuenc
l'invention des premiers Modes. Enfin l'on
ajoute Thaïes , & Chamiris qu'on die avoic
été l'inventeur de la Mufique inrtniinentale.
Ces grands Muficiens vivoJent la plupart
avant Homère. D'autres plus modernes lont
Lafus d'Herraione , Melnippides .Philoxène,
Tiirothée , l^ynnis , Epi^onius , Lylan-
dre , Symraîcus & Diodore , qui tous ont
confidérabkment ptrfcct-orné la Mu/iijue.
Lafus eft , à ce qu'on prétend , le pre-
piiT qui ait ccrii fur cet Art, du temsde
i^arius Hyftafpes. Ëpigonius inventa llai^
ft6 M Û s
ccOe qm, féan eux, cdftoîr en ellf avanl
qoelle anîmic nos oups > & lor(qa d!c kt*
bitxxi icsGeax.
La MafipK cft déchue aa^oardlim de ce
degré de poiflànce & de ma'fcftc , au poînc
de Doos ùixc doaccr de la vente des mer*
Tc2Ics qa die opéioic autrefois , qooiqu accep-
tées par les plus îa.*kieiix Hiftoriens & par
les plus gnres Phi!olbphes de TAntiquicé.
Cependant on retroore dans tliifcoire mo-
derne qudques &ics (èœblables. Si Timochée
esdtcKt ks fureurs d'Alexandre par le Mode
Phrypen, & ks calmcxt par le Mode Ly-
«fieuj une MÊsJLpa plus moderne rcnchérif-
Ibct enoue en exdtint, dit-on , dax2S Erric ,
Roî de Dannemarck , une tdle fiircur qu'à
tttotr les meillcuxs domeftiques. Sans douce
ces malheureux écoient moins (eniibies qœ
kur Prince à h MuSjue ; aucremcnt il eut
pu courir la moitié du danger. D^Aublgny
rapporte une actre hiftoire couce pareille à
cel-e de Tîmothce. U die que Ibus Henn
III , le Mahdf3i Clandin )ouant aux noces
du Doc de Joycufc liir le Mode Phrygien ,
ariira , non le R(H > mak un Courcilan qui
souWia jatqu'à mettre k main aux armes en
çréleiicc de ion Souverain ; mais le Muficien
le hia de le cilmer en prenant le Mode
H^rpo - Kirygien. Cela eft die avec autant
d'alîurince que lî le Malîcicn Ciaudin avoic
pu lavoir esactemî^iit en quoi coniiftoicnc le
M^xle Fhryg!5fn & le Moie Hypo Phryciîiu
Si non^ M^^.^u* a peu de pouvoir fur les
a&cLons de i'ame ^ en revanche eile cil ca*
MUS
S^T
Ipable d'agir phyfiquement fur les corps , té-
moin l'hÙloire de la Tarentule , trop con-
nue pour en parler ici ; témoin ce Chevallier
Gifcon donc parle Boylc, lequel, au Con
d'une Cornemufè , ne poiivoic retenir (on
urine j à quoi il fiiut ajouter ce que raconte
!c mSme Auteur de ces fi'mmcs qui fon-
doieut en larmes lorfqu'ellcsfniendoicnt un
certain Ton dont le refte des Auditeurs n'é-
toit point afFetté: & je cannois i Paris une
femme de condition , laquell'-. ne peut écou-
ter quelque Mufique que ce foit fans être
faifie d'un rire involontaire & convulfif. On
lir audi dans l'Hiftoire de l'Acadétnic des
Sciaices de Paris qu'un Muficîen fut guéri
d'une violente fièvre par un Concerr qu'on
£i dans fa chambre.
Les Sons agllfcnt mfme fur le~ corp; ina-
nimés, comme on le voir par lefrémilTêmenc
& la rélonnancc d'un corps fonore au fon
d'un autre avec lequel il eft flccordé dans
certain rapport. MorhofF fait mention d'un
certain PeiterHolbndois, quibrifoit un verre
au fon de fa voix, Kirchet parle d'une grande
pierre qui frémilToit au ion d'un certain tuyau
d'Orgue, Le P. Mci{cnne parle iuflî d'une
iorte de carreau que le Jeu d'Orgue ébraii-
ioît comme auroît pu faire un tremblement
de terre. Boyle ajoute que les ftalles trem-
blent fouvent au fou des Orgues ; qu'il les a
fenti frémir fous fa main au fun de l'Orpue
eu de la voix, & qu'on l'a afluré que celles
qui étoient bien faites trcmbloient toutes 4
fiuelquç Ton déterminé. Tout le monde à
fxt MUS
Ottî itAcT da Curneux pilier d*aiie EgU(è J9
Kcircs qui s*â>ranlc Icniiblement au (bq
d*onc ctnaiiie doche , tandis que les autres
pilieis reftenc immobiles ; mais ce qui ravit
aa (on 1 hanncur du merveilleux > eft aue ce
mime inUer s'cbran-e é&al;.iAenr quand on a
ote le bataûl de la Goche.
Tous ces exemples > dont la plupart ap«
paitiennent plus au (on qu'à la Mufbuti,
& dont la PhyUque peut donner quelque
explication > ne nous rçndent point plus
intelligibles ni ^us cro^bles les effets mct-^
vdlleux & prcique divins que les Anciens^
attribuent à la Mufique. Plufieurs Auteurs
fe font tourmentés pour tâcher d'en rendre
jaiÛHU WalUs les a^bue en partie à la
nouveauté de l'Art , & les recette en parne
fur l'exagération des Auteurs. IXautres en
font honneur feulement à la Poéfie. D'autres
fuppofcnt que les Grecs , plus fenfibles que
IK>us par b confHcution de leur climat ou
par leur manière de vivre , pouvoient être
émus de choies qui ne nous auroient nu!«
lemcnt touchéj. M. Burette, m^me en adon*
tant tous ces feits , prétend qu'ils ne prouvent
poir.t la perfeânon de la Mufyuc qui les
a produits : il n'y voit rien que de mauv^
racleurs de V; liage n'aient pu faire , félon
lui , tout auflî-bien que les premiers Muli-
dcns du monde.
La plupan de ces fentimens font ft>ndéi[
fur la pcrfuafion où nous fbmmes de l'ex-
cellence de notre Mufijue , & fur le mépris
^uç nous avons pour ceUç des Anciens. XUi«
M TJ s Vt(
«e mépris eft - il lui- même aaffi-bîen Ebndâ
que nous le prétendons ; C'cft ce qui a été
examiné bien des fois , & qui , vu l'obfcu-
ricé de la matière tic rinluffifànce dts juges ,
auroii grand bcfoin de l'êcie mieux, De
tous ceux qui Ce loiit mêlés juiqu'ici de cec
examen , VolFius , dans Ton Traité de viril-us
caniûs fr rh-j tkmi , paroît être celui qui a le
mieux difcuté la queftion & le plus approché
de ta vérité. J'ai jette U-dtirus quelques idées
dans un autre écrit non public encore, où
mes idées feront mieux placées que cans
cet ouvrage , qui n'cft pas fait pour arrêter
le Letteur à diîcuter mes opinions.
On a beaucoup fouhaité de voir quel-
ques fragmcns de Mufyue ancienne. Le P.
Kircher Se M. Burette ont travaillé là-delfas
à contenter la curiofîté du Public. Pour le
mettre plus à portée de ptofiter de leurs
foins , i'ai ttanfcrit dans la Planche C deux
morceaux de Mujlque Grecque , traduits en
Note moderne par ces Auteurs, Mais qui
ofera juger de l'ancienne Mujtque fur de tels
écK.intillons ? Je les fuppofe fidiles. Je veuK
même que ceux qui voudroienc en juger
connoirtent fuffifamment le génie & l'accent
de la langue Grecque : qu'ils réfléchîirent
qu'un Xraiien eft un juge incompétent d'un
Air françois, qu'un François n'entend rien
du tout à la Mélodie Italienne ; puis qu'il
compare les tcms & les lieux , Se qu'il pro-
nonce s'il l'ofè.
Pour tnetite le Leifteur à ponéede jufcr
, ^s divers Accens mulicaax de:^ Peuples , j'ai
tranfcrlc auffi dans la Planche, un Air Qïi^
nois tiré di^ P. du Halde , un Air Perûix
tiré du Chevalier Chardin , & deux Chan-
/bns des Sauvages de l'Amérique tirées do,
P. Merfenne. On trouvjera dan^ tous ces
morceaux une confonnité de Moduknon.
avec notre Mufique, qui pourra fiiire admirer.
;^ux ufis la bonté & runiverfaiité de nos re«
P\es , & pcut-pêtre rendre fufpeéke à d'autres^
intelligence ou la fidéUté de ceux qui nous
pnt tranftms ces Airs.
J'ai ajoute dans la même Planche le célebrcL
. JRans - des - Vaches , cet Air fi chéri des Suides
qu'il fat défendu (bus peine de mon de le,
)Ouer dans leurs Troupes , parce qu'il faifoic
fondre en larmes , défèrter ou mourir ceux:
qui l'entendoienc , tant il excitoic en eux.
fardent défit de revoir leur pays. On cher-
çheroit en vain dans cet Air. les accens éner-
giques capables de produire de fi éronnans
effets. Ces efFtcs , qui n'ont aucun lieu fur
les étrangers , ne viennent que de l'habitude >
des fbuvenirs, de mille circonftances qui>
retracées par cet Air à ceux qui Tentendenr,
& leur rappellant leur pays , leurs anciens
plaifirsj leur ieuneflè , & toutes Icun feçons
de vivre , excitent en eux une douleur amerc
d.'avoir perdu tout cela. La Hfufiquc alors,
n^agit point prcxifément comme Mufigue ,
mais conâme figne mémoratif. Cet Air,
quoique toujours le même , ne produit {Jus
aujourd'hui tes mêmes effets qu'il produifoic
ci - devant fur les Suiflès ; parce qu'ayant
Pfrdu le goût de leur première fim|jlic2téj.
MUS ft>
îls ne la regrettent plus quand on la leur rap^t
pelle. Tant il eft vrai que ce n'eft pas dans
leur adioii pliyfique qu'il ftiut cherclier les
plus grands elitts des Sons fur le cœur hu-
La manière dont les Anciens notoïent leur
Mufique ctoit établie fur un fondement trcs-
fimple , qui étoic le rapport des chiffres»
çeft-à-dire, par les lettres de leur Alpha-
bet : mais au lieu de fe borner , fur cette
idée , à un petit nombre de caraiftcrcs fi-
cilcs à retenir , ils fc perdirent dans des mul-
ijrudes de figni-s diflvrcnii dont ils embrouil-
lèrent gracuitement leur Mujlque j en forte
qu'ils avoient autant de manières de noter
3ue de C'.nres & de Modes, Bocce prit
ans l'Alphaber Latin des caraâeres coirel-
pondans à ceux des Grecs. Le Pape Gré-
goire pe^feâionna fa méthode. En 1014,
■Guid'Arezzo, B?r.édi£i:în , introduifit l'uiàge,
des Portées ( voyez Porté e. ) , fur les Li^jncs
defquellcs îl marqua les Nores en forme de
points (toycz Notes, ) , défignint parleur
pofition , l'élévation ou l'abaJfTement de 1^
voiï. Kirchcr, cependant, prétend que cette
invcutiou elt antérieure à Gui; &encflfcr,
je n'ai pas vu dans les écrits de ce Moine
qu'il fe l'aïtribue : mais il inventa la Gamme ,
& appliqua aux Notes de fon Hexacoidc les
noms tirés de l'Hymne de Saint Jein-Bap-
rirte, qu'elles confervtnt encore aujourd'hui,
f Voyez PI. G, Fig. 1. ) Enfin cet homme
né pour la Mujljue inventa difFcrcns Intlru-
|nens appelles PolypkBra , tels qu; le Clave-
yi MUS
dD»rEpiiietie,layieU( , &f.(VoT. Gakui.)
Les caraâeres de la Mujique ont , feloa
f opinion commune , reçu leur dernière aog-
sncntàtioii conlîdéraUe en 1^30; tcms ou
l'on dit que Jean de Mûris , a|^ pelle mal-
^-propos par quelques-uns Jean de Meurs
on de Muriâ , Ooâbnur de Paris > qudqtic
Gefner le iàflè Anglois , inventa les diffé-
rentes figures des Notes qui défîgnent b
durée ou la quantité ^ & que nous appe-
lons aujourd'hui Rx>ndes, Blanches > Noi-
res 3 ùc. Mais ce fendment , bien que très-
commun , me paroît peu fondé ^ à en ju-
ger par Ton Traité de Mujique , intitulé :
Spéculum Muficce > que j'ai eu le coiu^age
de lire prefque entier , pour y conftater
l'invention que Pon attribue à cet Auteur.
Au refte ce grand Muficien a eu, comme
le Roi des Poètes , Phonneur d'être ré-
clamé par divers Peuples ; car les Italiens le
prétendent auflî de Itur Nation , trompés
apparemment par une fraude ou une erreur
oe Bontempi qui le dit Perugino au lieu de
Parigino,
Lafus eft , ou paroît être , comme il cft
dit ci-deflus , le premier qui ait écrit fur
la Mujique : mais fon ouvr.ge eft perdu,
auffi - bien que plufieurs autres livres des
Grecs & des Romains fur la même matière,
Arifloxène , difciple d'Ariftote & chtf de
fèûc en Mujique^ eft lep'us ancien Auteur qui
nous refte fur cette fcience. Après lui vient
Euclide d'Alexandrie. Ariftide Quintilici
cçfivoit a|>rès Cic^ron. Alypius vient enfuicci
MUS jii
*uis Gaudentius , Nicomaque & Bncchius,
Marc Mcibomius nous a donné une belle
édition de ces fept Auteurs Grecs avec la
iradudl^ion Latine & des Noies.
Plutarque a écrit un Dialogue fur la Mu-
Jique. Ptolumée , célèbre Mathématicien ,
écrivit en Grec les principes de l'Harmonie
vers h teros de l'Empereur Antonin. Cet Att*
teur garde un milieu entre les Pythagoriciens
&les Ariiloxéniens. Lorg-temsaprèSj Manuel
Brycnnius écrivit auilî lur le même fujet.
Parmi les Latins , Boè'ce a écrit du tcms
de Théodoric ; & non loin du même rems ,
Martimus , Calliodore & Saint Auguftin,
Les Modernes (ont en grand nombre. Les
Îlus connus font, Zarlin , S:ilinas , Valgu-
o, Galilée, Mei , Doni, Kîrcher, Mer-
iênne , Parran , Perrault , Wallîs , Delcar-
tes , Holder , Mengoli , Malco'm , Burette,
Vallotti ; enfin M. Tarcini , dont le livre ell
plein de profondeur, dcf;énie, de longueurs
& dobfcurité ; & M. Rameau , dont les
écrits ont ceci de fir.gulier, qu'ils ont fait une
gr.mde fortune fans avoir été lus de perfonne.
Cette letture eft d'ailleurs devenue abfolu-
ment fuperfiue depuis que M. d'Akmbert
a pris la peine d'expliquer au Public le
Jyftême de la BafTe- fondamentale , la feule
chofe utile & intellij^ible qu'on trouve dans
les écrits de ce Mulicicn,
MUTATIONS ou MUANCES. M:r».
On appelloit ainfi , dans la Mujîque an-
fifiuic, génétalcmenc cous les pdiages d'u*
fi4 MUS
oidre oa d'an fujec de Chant à un antre,'
Ariftoxènc défimc la Mutation une c(pece de
paflîoo dans l'ordre de la Mélodie ; Bacchios,
un changement de (u)et ^ eu la cranfpofidoQ
du farblaUe dans un lieu diflèmblûble ;
ArîfHdf QuindUen , une varianon dans le
fVftêcx propofe , & dans le caraâere de
la voix ; Mardanos Cappella , une traiifî-
tion de b voix dars un autre ordre de Sons.
Toutes CCS définidons , obfcures & trop
|:énér2les , ont befbin d'être éclaircies par
les divifions; mais les Auteurs ne s'accordent
pas mieux (iir ces divifions que fur b défi-
uîdon même. Cependant on recueille à-peu-
prèi que toutes ces Mutations pouvoient fe
réduire a cinq efpeccs principales, i ^, Mu*
t:ivi.n dans Je Genre , lorlquc le Chant paf-
foit , par exemple , du Diatonique au Chro-
m:^cque ou à lEnhannonique , & récipro-
qutrrcnt. 2*^. D?ns ie iVftênr.e , lorfque la
î^icdu'xiiort unllFoit deux Tétracordes dis-
joinis ou en fcparoit deux conjoints \ ce qui
ic\-icnt au pafTape du Béquarre au Bémol,
6c réciproquen-.ent. 5^. Dans le Mode,
quand on p::î!I>it y par exemple , du Y)ontn
eu Phrygien ou au Lydien , & rédproque-
ment, 6v. 4®. Dans le Rhythme, quand
o:: p^ilbit du vite au lent , ou d'une Me-»
fure à une autre, f'^. Enfin dans la Mélopée,
lorfqu'on interrompoit un Chant grave,
léricux , magnifique , par un Chant enjoué ^
g^ , impétueux , ùc.
Fia du Tome premier^
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