Skip to main content

Full text of "Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie"

See other formats


BULLETIN 


DES 


COMMISSIONS   ROYALES 


D'AUX  ET  D'AUCIIKOLOGIE. 


BULLETIN 


COMMISSIONS  ROYALES 


D^ART   ET   D^ARGHÉOLOGIE. 


DIX-HUlTIÊME   ANNÉE. 


BRUXELLES, 

c.  muqlardt,  éditeur,   rue  de  la   réhence,   45. 

Même  maison  à  Gand  el  à  Leipzig. 


1871» 


THE  GETTY  CENTER 
UBRARY 


NOTES  SIR  m  VOYAGE  EN  ITALIE 


ARRKSSEES 


à  M.  le  Conservateur  en  cliel'  de  la  Uihliothèquc  royale 


l'AR 

M.  Henri  HYMANS 

Criiiiorvali'iir  île  lu  Sfclioii  des  E-l^nlpc•^ 


]\[onsieiii'  le  Consorvaloiir  on  clief, 


Je  viens,  selon  voire  désir,  vous  rendre  nn  comple  som- 
maire da  voyage  en  Italie  que  j'ai  été  autorisé  à  entreprendre 
au  commencement  de  l'année,  pendant  la  clôture  du  eahinoi 
(les  estampes. 

La  saison,  qui  n'eut  guère  favorisé  un  voyage  d'agrément, 
secondait,  au  contraire,  des  projets  d'étude,  et  la  tempéra- 
ture, plus  rigoureuse  que  je  ne  m'attendais  à  la  trouver  dans 
le  Midi,  me  permit  de  consacrer  au  travail  des  journées 
pleines,  ce  qui  eût  été  impossible  au  printemps  ou  à 
l'automne. 

Bien  que  sans  hut  précis,  ce  voyage  devait  naturellement 
se  rattacher  aussi  direclemenl  ([no  possible  à  l'objet  de  mes 
études;  si  l'on  considère  l'immensité  des  richesses  artis- 
tiques de  l'Italie,  j'avais,  parle  fait,  un  programme  des  pins 
vastes. 


—  6  — 

Me  plaçant  ensuite  à  un  point  de  vue  purement  national, 
je  ne  renonr-ais  pas  à  l'espoir  de  recueillir  en  passant  des 
notes  qui  pussent  intéresser  notre  pays. 

Sous  ce  dernier  rapport,  je  constatai,  en  quelque  sorte 
dès  le  (l(l)Lit  (le  mon  voyage,  que  l'on  est  moins  avancé 
en  Italie  dans  la  détermination  des  œuvres  étrangères  que 
nous  ne  le  sommes  dans  la  connaissance  des  œuvres 
italiennes. 

Dans  presque  tous  les  catalogues  italiens,  les  écoles 
d'Allemagne,  de  Hollande  et  de  Flandre  forment  un 
tout  (jue  l'on  a  pris  l'habitude  de  qualifier  de  Scuola 
ledesca,  et  l'on  voit  ainsi  tous  les  travaux  du  xvi*  siècle 
émaner  de  Holbein  ou  d'Albert  Diirer,  comme  Van  Dyck 
est  invariablement  l'auteur  des  portraits  un  peu  imposants 
du  XVII*  siècle,  alors  même  que  le  costume  annonce  ceux-ci 
comme  postérieurs  de  vingt  ou  trente  années  au  grand 
peintre.  Pour  les  sujets  d'apparence  nettement  gothique, 
Luca  iCOlanda,  Lucas  de  Leyde,  devient  le  refuge  assuré 
des  catalugraphes. 

Il  m'a  été  souvent  bien  lacile  de  constater,  sinon  de 
redresser,  ces  erreurs.  Mais  je  n'avais  pas  en  vue,  somme 
toute,  d'aller  à  la  recherche  d'œuvres  méconnues;  ce  n'était 
qu'acces.soirement  que  je  pouvais  me  donner  cette  satisfac- 
tion. Je  faisais  un  voyage  d'étude;  non  pas  un  voyage  de 
découverte. 

Pourtant  c'était  avec  un  .sentiment  voisin  de  l'enthousiasme 
que  je  songeais  à  retrouver  en  Italie  :  à  Mantoue,  à  Bologne, 
;i  Florence  ou  à  .Xaples,  les  traces  de  nos  artistes  :  Rubens, 
l)«iii>  C:ilva(.'rt  (le  maiire  du  Guide,  du  Dominiquin,  de 
r.MhaMe),  Siradanusel  Suslorrii;uis,  dont  noire  pavs  pos.sède 


—  7  — 

si  peu  de  chose;  de  ce  Jean  de  Galcar,  l'ami  de  Vasari, 
l'illustrateur  dos  travaux  de  Vésalc,  dont,  au  dire  do  Van 
Mander,  les  œuvres  se  confondaient  avec  celles  du  Titien 
lui-mènne! 

Généralement  parlant,  les  toiles  néerlandaises  se  pré- 
sentent on  Italie  dans  une  très-faible  proportion  et,  sauf  les 
galeries  de  Florence  et  l'église  de  Saint-Ambroise  de  Gènes, 
où  se  trouvent  des  Rubens  de  premier  ordre,  nos  églises  et 
nos  musées,  les  galeries  de  Vienne,  de  Madrid,  de  Paris, 
de  Munich  et  de  Dresde,  ont  encore  de  quoi  permettre 
l'étude  la  plus  approfondie  de  l'école  flamande 

En  Italie,  et  en  Italie  seulement,  la  peinture  se  manifeste 
comme  une  partie  de  ce  glorieux  ensemble  constitué  par  son 
union  avec  l'architecture  et  la  sculpture.  Loin  de  perdre  à  ce 
rôle  en  apparence  effacé,  combien  la  peinture  y  trouve  au 
contraire  de  puissants  moyens  d'expression  !  Combien  les 
œuvres  immortelles  que  l'on  va  admirer  en  Italie  depuis  tant 
de  siècles  réalisent  de  la  manière  la  plus  absolue  la  lâche 
si  naturellement  assignée  à  chacun  des  arts. 

Être  à  la  fois  architecte,  sculpteur  et  peintre,  n'était-ce 
pas  l'idéal  des  artistes  de  l'antiquité?  Grands  statuaires,  ne 
furonl-ils  pas  souvent  aussi  les  plus  grands  architectes,  et  le 
même  exemple  ne  nous  est-il  pas  fourni  par  les  maîtres  les 
plus  puissants  de  la  Renaissance ,  qu'il  nous  est  permis 
d'admirer  successivement  dans  les  (rois  branches  des  arts 
plastiques.  Au  Musée  des  Offices,  à  Florence,  parmi  les 
portraits  des  plus  célèbres  artistes,  figure  encore  l'efligie 
de  Canova  peinte  par  lui-même,  et  plus  d'un  statuaire  a 
conservé  l'ambition  de  se  produire  comme  peintre. 

Comment  ne  pas  songer  avec  une  certaine  morlilicalion 


_  8  — 

il  CCS  permis  de  L'alquor  qui  me  sont  si  souvent  demandés 
à  noire  l)il)liolliè(]ae  par  des  statuaires  et  qu'il  faut  bien 
accorder  puisque  les  solliciteurs  invoquent  leur  ignorance 
absolue  du  dessin. 

Je  n'ai  pas  besoin  d(^  rappeler  aussi  combien  de  grands 
maitres  it;iliens  ont  été,  à  toutes  les  époques,  illustres  comme 
iii-aveurs,  depuis  ces  admirables  orfèvres  du  moyen  âge,  les 
pères  de  la  gravure  au  burin,  jusqu'à  des  peintres  tels  que 
Sandro  Bolticelli  et  Mantegna,  jusqu'au  Guide  et  au  Parme- 
san. Sous  ce  rapport  aussi,  je  devais  trouver  les  sources 
les  plus  jirécieuses  d'études  dans  le  cours  de  mon  voyage. 

Je  ti'aversai  rAlIcmagne  pour  me  rendre  en  Italie,  m'arré- 
lanl  k  Municb  pour  y  revoir  les  musées,  si  riches  en  œuvres 
de  toutes  les  écoles,  et  gagnant  ainsi  Inspruck,  où  j'avais  à 
voir  le  monument  de  l'empereur  Maximilien,  œuvre  renom- 
mée de  ce  Malinois,  Alex.  Collin,  dont  la  ville  natale  n'a  con- 
servé d'autre  O'uvrc  qu'uni;  tète  de  géant  de  |)rocession  : 
«  le  Graii(i-P;q)a  » . 

Le  monument  d'Inspruck  a  été  décrit.  L'ensemble  en  est 
grandiose  et,  en  réalité,  l'église  Sainte-Croix,  qui  le  ren- 
ferme, en  est  comme  l'accessoire. 

Vingt-huit  grandes  statues  de  bronze  d'hommes  et  de 
Iriiijiics,  (M'iielonnécs  de  deux  côtés  de  l'église,  forment  au 
cénotaphe  une  gaidc  imposante,  l/enq^ereiir  est  agenouillé 
au  li.iut  du  munumcnt,  entouré  de  (juatre  ligures  allégo- 
riques.  Le  statuaire  malinois  n'eut  aucune  part  à  cet  en- 
s('mbl<\  Sun  rôle,  à  lui,  se  borna  à  retracer  dans  une  série  de 
vingl-fpi;ilre  bns-reliefs  de  marbre,  api»liqués  aux  faces  du 
iinMiiiiiicnl,  l;i  carrière  de  Maxiniilion.  Il  le  lit  avec  une  jtro- 
diLiicuse  adrcssi'.  mais  avec  moins  di;  u'oùl. 


—  0  — 

Le  monumonl  trinsi)ruck  ii'esl  pas,  comme  vous  savez, 
le  lomhcau  do  Maximilicn  d'Aiilriclio.  Bi(Mi  (|ue  l>mporoiir 
eût  exprimé  le  désir  de  reposer  dans  sa  elièrc  capitale  ilii 
Tyrol,  son  vuni  ne  fut  jamais  réalisé.  L'église  Sainte-Croix 
et  le  lombeau  que,  dès  l'origine,  elle  fut  deslinée  à  abriter, 
ne  datent  que  du  règne  de  Ferdinand  V,  petit- tils  de 
Maximilien. 

Pour  peu  que  l'on  se  souvienne  des  œuvres  d'une  simpli- 
cité, si  pleine  de  grandeur,  de  quehpies  maîtres  du  temps 
de  Maximilien,  on  (''prouve  une  réelle  déception  à  la  vue 
des  bas-reliefs  de  Collin.  Les  personnages  qu'il  met  en  scène 
sont  ceux  de  sa  propre  époque,  non  de  celle  de  Maximilien, 
et  cela  s'explique  assez.  Nous  n'avons  plus  la  sincérité  de 
langage  d'un  témoin  oculaire.  Mais  l'on  ne  saurait  rien  voir 
de  plus  délicatement  travaillé  que  ces  petits  bas-reliefs  fouillés 
avec  une  minutie  d'orfèvre.  Il  y  a  telle  scène  où  plus  do 
cent  personnages  sont  réunis,  tous  à  leur  place,  tous  agis- 
sant. Il  fallait  vraiment  un  praticien  d'une  habileté  prodi- 
gieuse pour  arriver  à  ce  résultat.  Collin  se  révèle,  du  reste, 
comme  un  artiste  de  bonne  race  dans  ses  tombeaux  de 
l'empereur  Ferdinand  et  de  l'impératrice  sa  femme  :  la  belle 
Philippine,  placés  dans  la  chapelle  attenante  h  l'église. 

Le  monument  d'Inspruck  a  été  reproduit  d'une  manière 
excellente  par  la  photographie  en  cinquante-deux  planches, 
chacune  des  grandes  statues  et  chacun  des  bas-reliefs  étant 
donné  à  part.  Le  coût  de  celle  collection  est  d'environ 
500  francs. 

Le  Ferdinandeum  d'Inspruck  est  un  musée  très-inté- 
ressant surtout  pour  l'histoire  duTyrol.  .l'y  ai  vu  deux  man- 
nequins de  buis  du  plu'^  cnrieiix  travail,  allriliU(''<  ;i  Albeit 


—  40  — 

Durer,  et  l'on  serait  tenté  d'accepter  l'attribution,  à  en  juger 
par  le  caractère  de  ces  figurines  qui  ne  seraient  peut-être 
que  la  réalisation  des  théories  du  grand  peintre  de  Nurem- 
berg sur  les  proportions  de  la  ligure  humaine.  Si  la  perfec- 
[ion  du  Iravail  même  écarte  l'idée  d'une  exéculion  directe, 
rien  n'empêche  que  ces  figurines  n'aient  été  faites  sous  la 
direc'lion  de  Diirer, 

Pénétrant  en  Italie  par  Vérone,  je  me  trouvais  dès  l'abord 
en  présence  de  ces  incomparables  églises  du  style  lombard, 
les  plus  belles  peut-être  de  leur  genre,  et  de  ces  palais 
grandioses  de  San-Micheli,  le  plus  célèbre  architecte  de  son 
époque  et  l'auteur  de  tant  de  beaux  monuments  à  Venise  et 
ailleurs  en  Italie  (i). 

Qu'il  me  soit  permis  de  faire,  en  passant,  la  remarque  que 
les  palais  de  Vérone  ont  exercé  sur  le  goût  de  Rubens  une 
influence  très-évidente  et  (jue  l'on  néglige  sans  doute  de 
constater  en  se  rappelant  que  le  maitre  s'est  fait  l'éditeur 
d'un  recueil  des  palais  de  Gênes,  palais  d'un  style  plus 
pompeux,  mais  fort  inférieur  à  celui  des  constructions  de 
Vérone. 

Les  biographies  ne  nous  parlent  |)oint,  du  reste,  du  séjour 
de  Rubens  à  Véioue  et  ils  ont  tort,  car  le  peintre  lui-même 
rap|)elle  ce  séjour  dans  la  dédicace  de  sa  Judùh  à  Van  den 
Wouwer  d'Anvers. 


(i)  DaDS  un  très-remarquable  iravail  sur  VArchileclure  mililaire  flamande 
ri  italienne  inséré  dans  la  Revue  helt/e  trait  et  de  science  militaires,  M.  le 
lieutenant  i-oloni-l  du  i^éiiiu  Waiivei'iuaiis  désigne  San-Micheli  comme  le  plus 
(.'raml  anliitectc  uiilit;iiii'  de  la  l{cnaissance. 


—  11  — 

Vérone  est  bien  près  de  Mantoue,  et  nous  savons  par 
M.  Bascliet  que  Vincent  de  Gonzagiie  était  en  relations 
suivies  avec  ses  voisins.  Quoi  de  plus  naturel  alors  que  la 
présence  fréquente  de  Rubens  dans  une  des  villes  les  plus 
brillantes  de  l'Italie,  et  si  proche  de  la  cour  de  son  maître? 

Vérone  n'a  qu'un  musée  insignifiant,  ce  qui  concourt  à 
lui  donner  une  notoriété  moindre  (jue  des  endroits  infiniment 
moins  curieux.  Paul  Véronèse  et  Brusasorci  n'y  ont  laissé 
que  des  œuvres  d'une  importance  secondaire,  autre  cause 
d'oubli.  C'est  au  palais  Ridolfi  que  Brusasorci  représenta 
cette  frise  de  C Entrée  de  Charles-Quint  à  Bologne,  qu'il  est 
permis  de  considérer  comme  le  prototype  des  gravures  de 
Hogenberg  et  de  Robert  Péril,  quoiqu'on  ait  dit  sir  W.  Stirling 
Maxwell  dans  ses  boaux  ouvrages  sur  le  séjour  de  Charles  V 
en  Italie. 

Le  voyage  de  Vérone  à  Mantoue  n'est  en  réalité  qu'une 
excursion;  pourtant  on  ne  va  guère  à  Mantoue,  comme  l'a 
fort  bien  dit  M.  Baschet,  à  moins  d'y  être  attiré  par  le  sou- 
venir de  Mantegna  ou  de  Jules  Romain,  ou  par  le  souvenir 
de  Virgile.  Pour  le  Belge,  le  souvenir  de  Rubens  est  bien 
autrement  attractif  sans  doute. 

Dans  l'histoire  de  la  gravure,  Mantoue  tient  une  des  pre- 
mières places,  et  il  n'est  guère  possible  de  l'oublier,  lorsque 
l'on  considère  les  restes  des  peintures  de  Jules  Romain  et  du 
Primatice  dans  les  palais  ducaux,  compositions  qui  ont 
presque  toutes  été  reproduites  par  les  graveurs  italiens  du 
XVI'  siècle. 

Le  palais  vieux  et  le  palais  du  T  sont  dans  un  état  de 
délabrement  que  l'on  a  peine  à  s'expliquer,  mais  qui  n'em- 


—  ^2  — 

j)ècho   pas  encoro  de  se  représeiUor  la  splendeur  de  ces 
('di/ices  au  beau  (emps  des  Gonzague. 

Aucune  inûdilieation  malérielle  n'a  (■Ir  appoilée  aux 
conslruclions  et  je  me  reportais  assez  facilemeni  à  l'époque 
où  Rubciis  liahilait  ce  séjour  si  favorable  ;iu  dév('lo|)pement 
tle  son  génie. 

Apprécié  dans  les  œuvres  de  sa  jeunesse,  le  peintre  trahit 
Irès-clairemenl  l'inlluence  de  Jules  Romain,  et  il  est  d'autant 
plus  aisé  de  s'en  convaincre,  que  Mantoue  a  gardé  une 
de  ses  premières  toiles,  actuellement  déposée  à  la  Biblio- 
llRMpie.  L'œuvre  a  malheureusement  souffert  et  nous  n'en 
avons  plus  (pie  des  fragments,  assez  importants,  à  la  vérité. 

La  partie  supérieure  représente  la  Trinité  :  le  Cbrist 
mort  dans  le  sein  du  Père  éternel;  la  partie  inférieure 
donne  les  portraits  de  Vincent  de  Gonzague  et  de  son  père, 
faisant  face  à  la  duchesse  Éléonore  de  Médicis  et  sa  mère. 
Tous  ces  personnages  sont  agenouillés. 

Plus  contenu  dans  son  dessin  (pi'il  ne  le  fut  par  la  suite, 
Piubens  n'est  pas  encore  le  coloriste  brillant  que  nous  con- 
naîtrons plus  lard,  II  subit  l'impression  évidente  des  œuvres 
italiennes,  et  si  l'on  considère  l'ensemble  de  ses  travaux 
exécutés  pendant  son  séjour  en  Italie  :  à  Mantoue,  à  Gènes 
et  à  Rome,  on  est  lrès-fond(''  à  croire  qu'un  contact  plus 
prolongé  avec  les  maîtres  italiens  eût  élé  funeste  à  l'avenir 
de  son  talent. 

D'autre  part,  il  est  très-intéressant  de  voir  le  jeune  maître, 
;i  |)eiiii'  fi\('  dans  son  pays,  utiliser  pour  une  de  ses  œuvres 
principales:  U:  Saint  -  llilephon.se ,  actuellement  à  Vienne, 
les  personnages  (p.ril  ind'uduisait  dans  son  tableau  de  la 
Tiinltr  ei    les    p(iiii"iils  d'Albert   el    d'Isabelle  rejirési'nlés 


—  ir,  — 

sur  les  volt'ls  du  lahlcau  de  Caudciihcru'  (Saiiil-lldc|iln)iiscj 
rappc'llcnl  ouliôrciueiil  ceux  de  Viiiconl  de  G<»ii/aauc  cl  de 
sa  Icmiiie. 

Le  palais  du  T  ne  conserve  aucun  souvenir  du  mailrc, 
C'est  ici  (|ue  .Iules  Romain  cl  ses  élèves  onl  décore  une  salle 
des  portraits  de  grandeur  nature  des  coursiers  favoris  de 
Frédéric  de  Gonzaguc,  et  c'est  encore  des  écuries  de  ce 
beau  palais  qu'étaient  tirés  les  chevaux  queRubens  l'ut  chargé 
d'offrir  à  Philippe  III,  au  nom  du  fils  de  ce  pi'ince. 

J'ai  visité  ces  constructions  monumentales  élevées  par 
Jules  Romain.  Le  jardin  même,  avec  les  belles  arcalures  de 
son  portique,  ses  pelouses  où  les  j)aons  étalaient  leur  plumage 
harmonieux,  faisaient  involontairement  songer  à  ces  fonds  de 
tableaux  de  notre  grand  maître,  où  se  trahit  le  souvemV 
des  années  de  jeunesse  qu'il  rappelle  avec  tant  d'émotion  en 
apprenant  la  prise  de  Mantouc  par  les  x\utrichiens. 

Ce  fut  à  dater  de  cette  époque  ({U(;  les  trésors  artisti(|ues 
des  Gonzague  passèrent  à  l'étranger  et  (|ue  Charles  l"  d'An- 
gleterre put  acquérir  les  Triomphes  de  Mantegna  .  IVeuvre 
la  plus  glorieuse  de  ce  peintre  incomparable. 

Il  reste  encore  au  Lycée  de  Mantouc  quelques  débri> 
de  l'ancienne  collection  ducale,  riolammeni  un  torse  de 
femme  attribué  à  Phidias,  un  des  plus  beaux  morceaux  de 
sculpture  <pii  soient  en  Italie,  et  Cljifmil  endormi,  de 
Michel-Ange,  l'œuvre  dans  laquelle  on  a  voulu  voir  la  statue 
((ue,  dans  sa  jeunesse,  le  maitre  voulut  faire  passer  pour 
antique.  Il  est  très-certain  (jue  cciie  sculpture  était  à  Ahuiloue 
dès  le  début  tlu  xvi''  siècle,  l^a  duchesse  l'oblinl  lorsque 
la  fraude  eut  été  déeouvei'le.  Telle  est  du  iiioiiis  la  ver.-,iiiii 
i\c^  histoi'iens. 


—  {4  — 

C'esl  à  Manloue  cnlin  (jiic  Manlegna  vint  finir  sa  carrière 
cl  son  tombeau  est  à  l'église  Saint-André,  non  loin  du  palais. 
Il  est  surmonté  d'un  buste  remarquable  du  peintre,  phy- 
sionomie grave  et  noble. 

Il  est  resté  peu  de  chose  de  Mantegna  dans  les  palais  de 
Mantoue.  Après  l'œuvre  capitale  de  Hampton-Court,  son 
plus  grand  travail  d'ensemble  est  à  Padoue,  aux  Eremitani  : 
la  Léijendc  de  Saint-Christophe.  Ces  fresques,  que  le  maître 
a  reproduites  en  partie  parla  gravure  et  en  partie  à  l'huile 
(Musée  de  Parme),  ont  été  photographiées  par  Naya.  Elles 
ont  dès  longtemps  classé  leur  auteur  parmi  les  plus  grands 
génies  artistiques  de  tous  les  temps. 

Padoue  est  d'ailleurs  une  ville  de  merveilles.  Indépen- 
damment de  celle  église  de  Saint-Antoine,  dont  le  style  nous 
rapproche  déjà  de  Saint-Marc  de  Venise  et  où  les  trésors 
artistiques  sont  semés  avec  une  étrange  profusion ,  les  plus 
grands  noms  de  l'art  italien  apparaissent  en  maint  endroit. 
A  la  Madonna  de  l'Arena,  Giotto  crée,  sous  les  inspirations 
directes  de  Dante,  ses  peintures  de  l'Enfer;  à  un  pas, 
Mantegna  décore  la  chapelle  des  Eremitani,  tandis  que  Titien 
couvre  de  fresques  la  Scuola  del  Santo,  sur  la  place  même 
de  l'église  de  Saint-Antoine,  où  s'élève  cette  incomparable 
statue  de  Galtamelata  où  Donalello  se  surpasse  lui-même. 

Padoue  a  des  édifices  superbes.  La  salle  de  son  palais 
municipal  est  la  plus  grande  de  l'Europe,  et  dans  cette  halle 
immense  est  conservé  un  cheval  de  bois, œuvre  de  Donalello, 
qui  rappelle  les  chevaux  de  Venise  et  parait  assez  grand 
pour  être  le  cheval  de  Troie. 

L'Université  est  l'œuvre  de  Sansovino.  Vésale  y  professa 
et  l'on  en  a  décoré  les  arcades  des  blasons  des  plus  illustres 


—  i:i  — 

élèves.  Lu  célèbre  école  de  inédecine  a  loulefois  été  rem- 
placée par  un  édifice  nouveau  dans  le  couraul  de  ce  siècle. 

Malgré  tout  ce  (jue  l'on  a  écrit  sur  Venise,  malgré  les 
innombrables  peintures  de  la  reine  de  l'Adrialique,  l'atlenlc 
du  voyageur  est  encore  dépassée.  Et  comment,  en  effet, 
doimer  une  idée  quelque  peu  précise  d'un  ensemble  à  la 
fois  si  pittoresque  et  si  noble? 

Les  descriptions  les  plus  colorées  ne  parviendront  jamais 
à  traduire  l'impression  que  l'on  éprouve  au  spectacle  de  ces 
merveilles  de  l'art  joint  à  celui  des  merveilles  de  la  nature. 

Il  faisait  malheureusement  à  Venise  un  froid  rigoureux, 
et  le  séjour  des  musées  et  des  bibliothèques  mettait  à  une 
rude  épreuve  l'enthousiasme  des  visiteurs. 

Sir  W.  Stirling  Maxwell,  que  je  trouvai  là,  ne  devait 
plus  revoir  son  pays;  il  tomba  victime  de  cet  amour  des 
recherches  conscienscieuses  qui,  au  cœur  de  l'hiver,  lui  avait 
fait  entreprendre  le  voyage  pour  utiliser  les  matériaux  que 
devait  lui  fournir  la  Bibliothèijue  Marciane. 

Je  tenais  naturellement  beaucoup  à  voir  le  bréviaire 
Grimani,  non-seulement  pour  sa  valeur  artistique,  mais  à 
cause  de  la  circonstance  que  nous  avons  pu  récemment 
acquérir  une  réduction  de  ce  monument  de  l'art  flamand. 
Je  fis  part  de  ce  fait  à  M.  le  directeur  de  la  bibliothèque; 
j'ignore  s'il  fut  incrédule  à  mes  paroles  ;  dans  tous  les  cas, 
je  ne  pus  obtenir  de  lui  la  permission  de  faire  ouvrir  la  boite 
vitrée  où  se  conserve  le  trésor  artistique. 

Mes  instances  réitérées  n'eurent  d'autre  résultat  qu'une 
promesse  vague,  subordonnée  d'ailleurs  à  un  changement 
de  température  qui  ne  se  produisit  malheureusement  que  la 


—    Kl  — 

M'iii;iiiii-  ^^li\illlk'.  h;ii)>  riiil('r\;illc,  l;i  iiii»ii  .soinhiiiic  du  lui 
Virliir-Eiiiiii;iiiui'l  li(  l'i'cnicr  les  cUiblisscjiii'iils  |»ul)lirs,  cl  je 
vis  clis|>ai"iilrc  ainsi  le  deniici'  espoir  (jui  me  rcslail  de  jnu- 
céder  à  un  examen  qui  in'cùl  permis  de  vous  renseigner 
eomplèlemeni  sur  l'idenlilé  de  style  cL  de  procédé  des  deux 
œuvres.  M.  le  Conservaleui'  voulut  hicii  me  l'envoyer  aux 
pliologj'apliies  de  Xaya;  mais  comme  nous  possédons  cetle 
rc|)i'odutlioii .  son  offre  perdail  une  ui'aiidc  |KU'lie  de  sa 
valcui'. 

Si  j'en  juge  par  les  deux  seules  miniatures  quil  m'ait  été 
possible  de  voir  du  bréviaire  de  "Venise,  je  ne  crois  pas  trop 
m'avaiic<,'r  en  disant  que  nun-seulement  notre  cxem))lairc  est 
idenliipie  jjar  !(■  ton  et  le  procédé  à  celui  de  Saint-Marc,  mais 
encore,  ({u'élanl  sur  une  éclielle  réduite,  le  notre  a  |)lus  de 
linesse.  Poui-  le  reste,  les  reiiauls  d'or  sont  appliqués  de  la 
même  façon  et  la  couleur  semble  prise  à  la  même  palet  le. 

Je  pus  voir  d'une  manière  |)lus  commode  le  grand  plan 
de  \cnise  gravé  sur  bois  en  1500  el  (pii  a  si  longtem|)s  |)assé 
|tnur  Fœuvie  (rAlberl  Diirer.  C'est  M.  llar/.eii,  vous  vous 
en  souvenez,  (|ui  a  le  pi-emier  l'ail  connailre  ipir  ce  travail 
émanai!  de  Jac(pies  de  Barbary,  le  Jacob  Walcb  des  Alle- 
mands, ce  même  peintre  qui  ti-avaiila  à  Nuremberg  el  plus 
lard  dans  les  Pays-Bas  pour  Marguerite  d'Aulriclie.  On 
coimail  assez  l'adniiralioii  d'Albei'l  Diirer  pour  cel  arlisic 
crlcliic  ipii,  (l.iiis  -a  jeunesse,  le  passionna  forl. 

Les  j)lanclies  originales  de  la  vue  de  Venise  existent  encore 
au  musée  inuiiieipal  du  i*alais  Coi'rej',  oi'i  j'ai  pu  les  voir. 
i'jlle  sont  assez  ''ndomniagées,  \\\:\\>  eependaiil  en  elal  de 
ser\ir,  d  je  crois  ipKj  nous  en  ol)licndrioii>  sans  li'Op  de 
diflieiilli'  un  lii;i<rc. 


Le  Musée  Correi'  est  riche  en  (ouïes  choses.  C'esl  à  la 
lois  un  Musée  de  peinture  et  d'antiquités.  Il  j)ossè(le  aussi 
une  collection  de  gravures  dont  j'ai  feuilleté  un  certain 
nombre  de  portefeuilles,  les  principaux  des  maîtres  vénitiens. 
Le  catalogue  général,  qui  est  l'œuvre  de  feu  M.  Lazzari,  est 
l'un  des  mieux  rédigés  que  l'on  (rouve  dans  les  galeries 
ilaliennes. 

Quelques  œuvres  llamandes  ornent  les  salles  du  Musée 
Gorrer.  Un  Crucifiement  attribué  à  Rogier  Vander  Weyden, 
eniré  depuis  la  publication  du  calalogue,  est  une  œuvre 
absolument  remarquable.  La  figure  de  sainlJean  est  du  plus 
grand  caractère  et  le  geste  de  l'apôtre,  qui  porte  les  mains  à 
ses  yeux  en  pleurs,  est  tout  dans  l'esprit  de  Vander  Weyden. 

Il  y  aurait  d'ailleurs  quelques  i-ectilications  à  faire  en  ce 
qui  concerne  les  œuvres  flamandes.  Le  catalogue  attribue  à 
Michel  Goxie  une  Tête  de  Christ  qui  est  la  répétition  précise 
d'une  œuvre  que  le  catalogue  du  Musée  d'Anvers  (collection 
Van  Ertborn)  attribue  à  Q.  Melsys,  allribation  contestée,  il 
est  vrai,  par  certains  auteurs. 

Toutefois  à  Venise,  c'esl  au  Musée  de  l'Académie  et  au 
Palais  que  sont  réunies  les  œuvres  capitales  de  la  peinture 
italienne.  Parmi  les  grands  peintres  qui  concourent  à  la 
décoration  du  Palais  des  Doges,  j'ai  trouvé  un  Flamand  : 
Paolo  Fiamingo,  qui  n'est  autre  que  Paul  Franchoys,  élève 
du  Tintoret,  mort  îi  Venise  en  159G,  et  dont  mon  collègue 
M.  Fétis  a  donné  une  biographie  dans  ses  Maîtres  flamands 
à  l'étranger.  C'était,  en  vérité,  un  grand  |)eiii(re,  mais  ses 
œuvres  se  confondent  absolument  avec  celles  de  son  pays 
d'adoption. 

Les  Flamands  du  Musée  sont  d'imporlance  secondaire. 


—   18  — 

Lue  Adoration  des  Mages  de  P.  Breughel  est  en  quelque 
sorte  le  pendant  de  cette  œuvre  curieuse  qui  figura  à  l'Expo- 
sition rétrospective  d'Anvers  l'année  dernière,  et  où  l'on 
voyait  la  Vierge  et  saint  ,Jose])li  arrivés  par  la  neige  au 
village  de  Bethléem  se  chercher  un  gîte  au  milieu  de  tous 
les  épisodes  de  la  vie  flamande  du  xvi«  siècle.  Le  tableau  de 
Venise  est  signé,  mais  sans  date. 

Je  me  suis  souvenu  de  ce  parallèle  queWierlz  traça  un  jour 
avec  tant  d'intelligence  entre  Rubens  et  le  Titien  devant 
l'Assomption  de  la  Vierge  de  ce  grand  peintre.  Si  même 
l'on  ignorait  l'influence  exercée  sur  le  maître  flamand  par  les 
œuvres  de  son  prédécesseur  de  Venise,  comment  ne  pas 
être  frappé  de  l'analogie  de  conception  des  grandes  toiles 
du  Titien  et  de  Rubens.  N'est-ce  pas  encore  au  Titien 
que  Rubens  emprunte  sa  composition  du  Combat  des 
Amazones,  comme  il  s'inspire  de  Daniel  de  Volterre  pour  sa 
Descente  de  Croix  et  du  Dominiquin  pour  sa  Communion 
de  Saint-François?  Cette  influence  si  évidente  dans  les 
travaux  de  Rubens,  il  est  bien  permis  de  la  mentionner 
sans  calomnier  le  maître,  d'autant  ({ue  les  grands  peintres 
du  Nord  ont  presque  toujours  rappelé  d'une  façon  quel- 
conque dans  leurs  œuvres  leur  séjour  en  Italie.  Albert 
Diirer  avait  emprunté  à  la  statue  du  CoUéoni  de  Verocchio 
la  monture  de  son  Cavalier  de  la  Mort,  comme  l'a  fait  si 
justement  remarquer  M.  le  jirofesseur  Thausing. 

Passer  de  Venise  à  Bologne  est,  en  matière  d'art,  tout  le 
contraire  d'une  gradation.  A  Bologne,  nous  voyons  l'école 
ilalicnno  entrera  la  suite  des  Carrache  dans  la  voie  de  l'éclec- 
tisme, et  l'on  s'étonne  un  peu  de  l'enthousiasme  provoqué  de 


—    10  — 

leur  leinps  par  des  inailres  lels  (luc  le  (iiiidi^  et  le  Doiiiiiii- 
(juin.  Il  est  vrai  que  Bologne  brillait  de  sou  plus  vif  éclat  à 
une  époque  où  les  autres  centres  artisti(iues  étaient  fort 
déchus  de  leur  splendeur.  Notre  Galvaert  tient  une  jtlace 
importante  dans  les  rangs  de  l'école  bolonaise,  mais  c'était, 
en  réalité,  un  maitre  très-ordinaire,  et  la  valeur  de  ses  élèves 
a  lieu  de  surprendre. 

C'est  au  Musée  de  Bologne  que  se  conserve  la  Sainle- 
Cécile  de  Baphaël,  une  œuvre  capitale  (pii  reste  admirable, 
malgré  la  restauration  fâcheuse  subie  par  la  peinture  pen- 
dant qu'elle  était  à  Paris.  C'est  à  Bologne  encore  que  se 
trouvent  quelques-unes  des  plus  belles  créations  de  Francia, 
un  prédécesseur  de  Ra))haël,  auquel  celui-ci  demandait  de 
«  corriger  les  défauts  w  de  sa  Sainte-Cécile!  Le  Musée  ne 
possède  pas  seulement  des  peintures  de  Francia,  mais  aussi 
quelques-uns  de  ses  plus  beaux  nielles,  car  il  était  orfèvre 
et  se  plaisait  à  rappeler  cette  qualité  sur  ses  toiles.  J'en  ai 
vu  plusieurs  signées  Aurifeoc  à  la  suite  de  son  nom. 

Une  peinture  très-importante  de  la  galerie  bolonaise  est 
attribuée  à  Hugo  Vander  Goes  (n"  282)  :  la  Vierge  et 
CEnfant  Jésus,  tableau  souvent  cité,  mais  dont  je  n'avais  vu 
nulle  part  la  description. 

La  Vierge  est  vue  de  face.  Elle  est  assise  et  tient  sur  ses 
genoux  l'Enfant  Jésus.  Le  groupe  est  adossé  à  un  buisson 
de  roses.  Le  costume  de  la  Vierge  se  compose  d'une  robe 
de  brocart  d'or  surmontée  d'une  tunique  et  d'un  manteau 
rouges.  L'Enfant  Jésus  est  nu;  il  est  placé  sur  le  genou 
gauche  de  la  Vierge,  qui  lui  tend  un  œillet  de  la  main  droite. 
Le  ciel  est  uniformément  bleu. 

Ce  tableau  est-il  de  Vander  Goes?  Je  ne  serais  pas  éloigné 


—  20  — 

de  !('  cruii'c,  car  il  a  les  deux  caraclcres  j)riiici)iau.\  de  la  seule 
œuvre  bien  aulheiUique  du  iiiailre  que  l'on  connaisse  (i)  :  la 
solidité  de  la  pcinlurc  cl  l'absence  de  dislinclion  des  types. 
Sous  ce  dernier  rapport,  Vander  Goes  est  très-inférieur  à 
Van  Eyck  et  aux  continuateurs  les  plus  éminents  du  maître, 
cl,  à  le  juger  pai'  le  coloris,  il  sérail  au  nondjre  des  collabo- 
rateurs du  ])réviaire  Griniani,  (jue  l'on  a  l)i(;n  légèrement 
allribué  à  Van  Eyck  et  même  à  Memling. 

Le  pelil  Vander  Goes  de  Bologne  a  été  offert  à  la  galerie 
par  le  professeur  Frulli. 

Une  fontaine  monumentale  érigée  devant  l'église  Saint- 
Pétrone  est  l'œuvre  de  Jean  de  Bologne.  C'est  un  travail 
grandiose  au(juel  je  préfère  cependant  d'autres  travaux  du 
maître.  J'ai  cru  me  conformer  à  vos  intentions  en  ra|)portanl 
une  photograpliie  du  monument,  la  Belgicpie  ayant  juscpi'a 
un  certain  point  le  droit  de  revendiquer  Jean  de  Bologn(; 
comme  un  de  ses  mai  très. 

Quant  au  séjour  de  Cliarles-Quint  à  Bologne,  aucun 
monument  n'en  a  perpétué  le  souvenir.  Une  ])la(pie  com- 
niémorativc  |)lacée  à  l'ancienne  Cliarlreuse,  qui  est  aujour- 
d'hui, sous  le  nom  de  Campo-Santo,  une  des  nécropoles  les 
plus  grandioses  de  l'Italie,  rappelle  (pic  l'empereur  a  logé  là 
en  l'i50. 

La  Bil)liotliè(jue  de  Bologne  possède  deux  exen)|)laires 
de  l'ouvrage  de  Hogcnberg,  mais  les  éditions  sont  posté- 
rieures à  la  notre. 

A  ré|)0(jue  du  couruniicmenl  de  (^liarles-Quinl,  Bologne 
n'avait  aucun  artiste  à  opposer  à  ceux  des  villes  voisines 


(i)  l.a  ^(ttivil(\  au  Musée  de  .Saiil;i-Maiia-Nuo\;i,  a  FlorciKc 


et  le  Titien  l'ut  appelé  tout  exprès  pour  faire  son  premier 
portrait  de  l'empereur,  tandis  que  le  Parmesan  Taisait  ù 
l'insu  de  celui-ci  une  autre  effigie. 

Le  Musée  de  Parme  n'est  pas  moins  important  (|ue  celui 
de  Bologne.  Parme  a  gardé  des  souvenirs  d'une  grande 
splendeur,  bien  que  la  ville  ail  un  médiocre  caractère.  Les 
églises  et  le  Baptistère  surtout  sont  des  édifices  admirables. 
Au  dôme  et  à  l'église  San-Giovanni,  les  peintures  princi- 
pales sont  du  Corrége,  et  l'on  a  dit  souvent  ([ue  c'était  dans 
ces  conceptions  grandioses  que  Michel- Ange  avait  jm  puiser 
la  pensée  première  de  sa  fresque  de  la  chapelle  Si.xtine.  Le 
Parmesan  aussi  se  révèle  comme  un  peintre  lj-ès-supérieur 
à  ce  que  pourraient  faire  concevoir  ses  tableaux ,  dans  les 
peintures  murales  des  diverses  églises  de  sa  ville  natale. 

Les  habitants  se  plaisent  à  qualitler  la  Madonna  délia 
Scodella  :  le  plus  beau  Corrége  du  monde,  et  je  crois  que 
l'entliousiasme  local  les  entraîne  loin,  car  la  Nalivilé  de 
Dresde  el  l'Anliope  de  Paris  ou  le  Mercure  de  Londres,  —  ce 
dernier  surtout,  —  ont  toutes  les  qualités  de  la  célèbre 
madone. 

Le  Musée  de  Parme  possède,  du  reste,  des  toiles  de 
première  valeur,  notamment  le  fameux  tableau  des  «  Cinq 
Saints  »  de  Raphaél,  qui  supporte  fort  bien  l«>  parallèle 
avec  la  Sainte-Cécile. 

La  galerie  est  aussi  plus  riche  en  œuvres  llamandes  que 
celle  de  Bologne.  Une  Vierge  avec  CEnfant  Jésus  endormi,  de 
Van  Dyck,  est,  dans  ses  petites  dimensions,  un  tableau 
capital  et  certainement  de  la  meilleure  époque  du  maitre. 
Il  n'a  jamais  été  gravé.  Il  y  a  encore  de  Van  Dvck  un  portrait 


—  22  — 

en  buste  de  l'Infante  Isabelle,  celui  gravé  par  Hondius. 

Le  portrait  en  pied  d'Alexandre  Farnèse  adolescent  par 
Antonio  Moro  est  une  œuvre  de  premier  ordre.  M.  Meisson- 
nicr  fut  autorisé  à  en  faire  prendre  une  photographie  dont 
j'ai  pu  obtenir  une  épreuve. 

Les  ateliers  de  Toschi  existent  encore  au  palais  de  Parme 
et  l'on  peut  espérer  que  les  travaux  qu'il  avait  entrepris 
seront  tous  achevés  par  ses  élèves. 

Vers  la  fin  de  mon  séjour  à  Bologne,  la  population  de 
l'Italie  entière  se  dirigeait  vers  Rome,  où  devaient  avoir 
lieu,  à  quelques  jours  d'intervalle,  les  funérailles  du  roi  et 
la  prestation  de  serment  de  son  successeur.  Le  moment  eût 
été  peu  favorable  à  la  visite  des  collections  publiques  ou 
particulières  de  la  capitale,  et  je  pris  la  résolution  de  gagner 
le  Midi  en  m'arrètant  à  Ravenne  et  à  Ancône.  C'est  à  Ravenne 
que  se  trouvent  quelques-uns  des  monuments  les  plus  anciens 
du  christianisme.  Les  mosaïques  de  San-Vitale  offrent  un 
immense  intérêt.  Elles  ont  été  souvent  reproduites  d'ailleurs 
et  j'ai  à  peine  besoin  de  rappeler  qu'elles  nous  donnent  les 
portraits  en  pieds  de  l'empereur  Juslinien  et  de  l'impératrice 
Théodora. 

Je  ne  reconnus  pas  sans  surprise  dans  un  bas-relief 
antique  scellé  dans  le  tombeau  de  l'exarque  Isaac,  derrière 
l'église  San-Vitale,  le  modèle  du  célèbre  Combat  de  Tritons 
de  Manlegna.  Quant  au  fait  même  de  la  reproduction ,  il 
n'offre  rien  d'extraordinaire,  et  les  maitres  de  la  Renaissance, 
sans  en  excepter  Raphaël  lui-même ,  se  sont  fréquemment 
inspirés  de  sculptures  antiques  encore  conservées  dans  les 
nius<'('S  (le  rit;ili('. 


30 


Naples  devenait,  par  suilc  du  changement  d'itinéraire,  la 
première  des  trois  grandes  galeries  italiennes  quej'eus  l'occa- 
sion de  visiter.  C'est  à  Naples  que  se  trouvent  réunis  les  plus 
beaux  restes  de  la  statuaire  antique,  parmi  lesquels  j'hésite 
à  comprendre  le  Taureau  Farnèse,  l'Hercule ella  Flore,  d'une 
célébrité  peut-être  supérieure  à  leur  importance.  Mais  tout  le 
rez-de-chaussée  est  occupé  par  des  marbres  et  des  bronzes 
incomparables,  des  armes,  des  ustensiles,  des  mosaïques  et 
des  peintures,  ces  dernières  exhumées  en  majeure  partie  à 
Herculanum  et  Pompeï  et  sur  lesquelles  s'acharnent  les 
copistes.  Dans  les  salles  inférieures  sont  déposées  les  anti- 
quités égyptiennes;  à  l'entre-sol,  nous  trouvons  le  musée 
étrusque,  et  au  premier  étage,  enfin,  les  salles  des  médailles, 
les  gemmes  et  camées,  les  vases,  le  musée  secret,  les  papyrus, 
la  bibliothèque,  enfin  les  tableaux  et  les  estampes. 

Un  goût  remarquable  a  présidé  à  l'arrangement  de  toutes 
ces  salles  et  l'on  n'a  rien  négligé  pour  donner  à  tant  de 
richesses  un  cadre  digne  d'elles  dans  un  palais  érigé  sous 
Charles  III  pour  servir  d'écuries  royales  ! 

Ne  suffit-il  pas  que  je  cite  la  Bataille  d'Issus,  les  statues 
équestres  des  Balbus,  la  Psyché,  la  Vénus  callipyge,  le  Doryphore 
de  Polyclète,  les  bronzes  de  Narcisse  et  du  Faune  ivre,  pour 
rappeler  les  œuvres  les  plus  parfaites  de  l'art  ancien?  Pour 
l'histoire  de  la  peinture,  les  restes  de  Pompeï  déposés  au 
Musée  de  Naples  ont  une  valeur  inappréciable,  et  ce  n'est  pas 
sans  surprise  que  l'on  voit  le  procédé  même  se  rapprocher  à 
ce  point  de  celui  de  nos  jours,  que  !e  maniement  du  pinceau 
n'a  rien  qui  le  dislingue  des  applications  modernes  de  l'art 
de  peindre.  Il  est  bon  d'ajouter  que  les  perspectives  sont 
généralement  assez  correctes  et  que  les  elfels  de  raccourci 


—  u  — 

mOmo  avnioni  été  cliidics  par  les  peintres,  —  pourtanl 
secondaires,—  qui  concoururent  à  la  décoration  des  demeures 
pompéiennes. 

A  en  juger  par  ces  restes  —  d'une  époque  de  décadence 
évidente,  —  l'on  se  hns;ii'dc  hiMucoup  en  aflirmant  que 
les  peintres  de  la  grande  époque  le  cédaient  en  talent  aux 
statuaires. 

Moinsconnu  —  et  légitimement  d'unecélébrité  moindre, — 
le  Musée  de  peinture  de  Naples  n'en  contient  pas  moins 
des  œuvres  capitales  et  d'une  renommée  universelle  aussi  : 
la  Danaé  et  les  deux  ])ortraits  de  Paul  III  par  le  Titien,  la 
Madonna  del  divino  Amore  et  sui'tout  le  portrait  du  cardinal 
Passerini  par  Kaphaël ,  portrait  qu'à  mon  avis  le  peintre 
n'a  jamais  surpassé ,  le  Mariage  de  sahile  Catherine  par  le 
Corrége,  le  Silène  de  Ribera. 

La  galerie  des  Flamands  n'est  pas  sans  importance,  et  je 
me  suis  appliqué  à  en  faire  une  étude  attentive  (pn"  fera 
l'objet  d'un  article  spécial. 

Je  n'ai  pu  malheureusement  me  procurer  aucune  pho- 
lograpliie  |)rise  directement  sur  les  œuvres  originales,  la 
direction  n'ayant  pas  autorisé  jusqu'ici  ce  genre  de  repro- 
duction; c'est  (lu  moins  ce  qui  m'a  été  assuré  par  tous  les 
photographes. 

La  collection  des  estampes  a  été  offerte  au  musée  par  le 
Roi.  Elle  est  d'importance  secondaire  cl  plutôt  destinée 
aux  peintres  qu'aux  iconophiles.  C'est  dans  la  salle  môme 
où  est  déposée  cette  collection  que  se  voit  le  buste  de  Paul  III 
p;ii-  Mithel-Ange  et  que  sont  exposées  du  même  maître  et  de 
Rapiiad  des  carions  dessinés  d'une  inestimable  valeur. 

\j'  c;i|;i|()Lnic  de   |;i   g;iloi-io  des  peintures   laisse  ilialiicu- 


reusemcnt  boaucoiip  à  désirer  et  se  trouve  en  coniradiclion 
conslaule  avec  des  cartels  imjirimrs  <|iii  sont  nHicliés  dans 
chaque  salle. 

Le  cabinet  de  numismatique,  dont  mon  collègue 
M.  Picquc  vous  a  entretenu  naguère,  est  du  plus  admirable 
arrangement;  le  visiteur  a  toujours  à  portée  le  catalogue  drs 
pièces  exposées  dans  chaque  vitrine. 

La  bibliothèque,  de  son  côté,  dispose  de  locaux  magni- 
fiques, et  sa  grande  galerie  est  probablement  une  des  plus 
monumentales  de  son  genre.  Je  signalerai  cette  particularité 
qu'on  y  réserve  une  salle  pour  l'usage  spécial  des  aveugles, 
qui  peuvent  s'y  faire  faire  la  lecture. 

Naples  possède  à  la  Chartreuse  du  .Monl-Saint-iMartin, 
à  côté  du  fort  Saint- P^lme,  un  musée  spécial  d'antiquités. 
Entre  autres  curiosités  exposées  là,  j'ai  trouvé  parmi  les 
uniformes  des  régiments  au  service  de  Charles  III  la  repré- 
sentation des  costumes  des  régiments  de  Namur,  d'.\nvers 
et  du  Hainaut,  avec  les  dates  1779  et  1780  inscrites  sur  les 
fusils.  Une  histoire  de  ces  l'égiments  a  été  publiée  par  M.  le 
général  Guillaume  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  (1<S7G). 
L'auteur  nous  apprend  qu'il  y  avait  aussi  un  régiment  de 
Bourgogne  au  service  du  roi  de  Naples.  Mes  notes  n'en 
mentionnent  pas  le  costume. 

Je  ne  pouvais  quitter  Naples  sans  avoir  vu  le  célèbre 
tableau  de  Jean  Van  Eyck  déjà  mentionné  par  Vasari  dans 
sa  biographie  d'Antonello  de  Messine.  «  Quelques  Florentins 
»  qui  commerçaient  avec  la  Flandre  ei  .\aples,  dit-il,  ayant 
»  envoyé  au  roi  Alphonse  I'''  un  tableau  à  l'huile  de  Jean 
»  de  Bruges,  tous  les  peintres  du  royaume  accoururent  le 
»   voir  et  donnèrent  de  î^rands  éloQ^es  à  la  bcauli'  f]^^  liiîures 


—  26  — 

»  et  à  la  nouvelle  invention.  A  cette  époque,  Antonello  de 
»  Messine,  homme  modeste  et  habile  dans  un  art  qu'il 
»  avait  étudié  plusieurs  années  à  Rome,  après  avoir  long- 
»  temps  travaillé  à  Palerme,  s'était  arrêté  à  Messine,  sa 
1)  patrie ,  où  il  avait  réussi  à  établir  sa  réputation  comme 
»  peintre.  Ses  affaires  l'ayant  appelé  à  Naples,  il  entendit 
»  parler  du  tableau  à  l'huile  de  Jean  de  Bruges  que  possédait 
»  le  roi  Alphonse  et  qui,  disait-on,  résistait  à  l'eau  et  au 
»  toucher  et  ne  laissait  rien  à  désirer  pour  être  parfait. 
»  Antonello  fut  tellement  frappé  de  la  vivacité  des  couleurs, 
»  de  la  beauté  et  de  l'union  de  celle  peinture,  qu'il  abandonna 
»  bientôt  ses  affaires  et  partit  pour  la  Flandre.  »  Tel  était 
la  légende  de  ce  tableau  célèbre. 

Une  première  visite  que  je  hs  à  la  chapelle  du  Chàleau- 
Neuf,  où  l'on  disait  le  tableau  conservé,  me  permit  d'ap- 
prendre que  l'œuvre  en  question  avait  été  transportée  au 
Palais-Royal.  Malgré  le  deuil  do  la  Cour,  je  fus  admis  à 
pénétrer  au  Palais. 

Ma  déception  fut  indescriptible  à  la  vue  du  tableau,  une 
Adoration  des  Rois.  Ce  n'est  pas,  j'ai  hâte  de  le  dire,  que 
l'œuvre  manquât  de  qualités,  mais  elle  n'avait  rien  de  ce 
(|ui  caractérise  les  œuvres  du  xv'  siècle  et  me  parut  avoir 
été  non  pas  exécutée,  mais  refaite  au  commencement  du 
xvi°.  Et  celte  supposition  est  conlirmée  par  une  note  que 
je  trouve  dans  la  dernière  édition  de  Vasari ,  dont  l'édi- 
teur nous  apprend  que  le  tableau  était  une  commande 
d'Alphonse  de  Castille  à  Van  Eyck,  et  que,  ayant  été  fort 
endommagé  pendant  le  transport,  il  l'ut  plus  lard  retouché 
et  qu'à  la  place  des  mages  on  peignit  Alphonse  de  Castille 
et  son  fils  Ferdinand.   On  ajoute  que  la  retouche  fui  faite 


—  27  — 

par  leZingaro  ou  l'un  des  Donzelli,  peintres  que  G.  da  Ma- 
jano  avait  appelés  à  Naples  pour  y  décorer  le  Cliàleau-Neur 
qu'il  avait  construit. 

Quoi  qu'il  en  soit,  si  l'œuvre  a  jamais  été  de  Van  Eyck,  il 
subsiste  bien  peu  de  chose  du  travail  primitif,  et  les  costumes 
des  personnages  sont  absolument  des  premières  années  du 
xvf  siècle  ;  les  chaussures, —  détail  caractéristique, —  ne  sont 
plus  étroites  et  allongées,  mais  larges  et  à  bouts  très-évasés. 

Au  surplus,  la  madone  a  le  type  des  vierges  de  Léonard 
et  de  Luini.  Les  personnages  sont  tous  de  grandeur  natu- 
relle. L'ensemble  du  coloris  est  harmonieux. 

Le  palais  de  Naples,  qui  est  par  sa  situation  un  séjour 
enchanteur,  possède  quelques  bons  tableaux  de  toutes  les 
écoles.  J'y  ai  vu  une  nouvelle  et  excellente  édition  des 
Avares  de  Quentin  Melsys,  peinture  fine  et  claire  qui,  sans 
être  une  répétition  textuelle  de  celle  de  Windsor,  est  certai- 
nement supérieure  à  celle  de  Munich.  Un  beau  portrait 
d'homme  m'a  été  désigné  comme  représentant  Henri  VIII 
d'Angleterre,  par  Holbein,  ce  qui,  pour  le  personnage  du 
moins,  est  une  erreur.  Le  Jardin  d'Amour  de  Rubens  est 
une  copie.  Les  portraits  attribués  à  Van  Dyck  ne  sont  pas 
plus  authentiques. 

Plusieurs  jolis  tableaux  de  François  Vervloet  de  Matines, 
représentant  presque  tous  des  monuments  d'Italie  et  de 
Sicile,  ornent  les  salons  royaux. 

Qu'il  me  soit  permis,  enfin,  de  mentionner  un  salon  tendu 
de  tapisseries  françaises  de  la  plus  haute  perfection,  repré- 
sentant des  chasses  dans  les  parcs  royaux  de  France.  Dans 
son  genre,  je  n'ai  rien  vu  de  si  beau.  Ces  tapisseries  sont 
signées  :  Duranli,  1785. 


—  2,S  — 

Lorsque  j'arrivai  à  Rome,  quelquos  jours  après  les  luné- 
railles  du  Roi,  les  affaires  avaient  repris,  les  galeries  élaienl 
redevenues  accessibles.  Tout  ce  que  l'on  a  pu  dire  de  Rome 
ne  j^réparo  (jue  niédiocrenienl  à  la  réalité.  Si  nous  en  élions 
encore  à  faire  le  dénombrement  des  merveilles  créées  par  le 
génie  humain,  il  faudrait  certainement  y  admettre  la  chapelle 
Sixline  et  les  slances  de  Raphai'l.  Rien  de  ce  que  l'on  peut 
voir  ailleurs  en  Italie  n'égale,  selon  moi,  ces  créations,  et 
combien  même  la  Vierge  de  Foligno  et  la  Transfiguration  sont 
loin  encore  de  celte  peinture  d(î  l'Incendie  du  Borgo  et  de 
n-Jcole  d'Athènes!  Quant  à  la  Communion  de  saint  Jérôme, 
l'œuvre  la  plus  célèbre  du  Dominiquin,  je  ne  lui  trouvai 
aucune  supériorité  sur  le  Martyre  de  saint  Pierre  de  Bologne; 
elle  me  sembla  surtout  inférieure  à  la  Communion  de  saint 
François  de  Rubens,  qui  aura  eu,  j'espère,  la  bonne  foi 
d'avouer  à  ses  contemporains  ce  qu'il  empruntait  à  son 
devancier. 

Les  galeries  du  Vatican  étant  ouvertes  dès  huit  heures 
et  se  fermant  aussi  à  onze  heures  et  demie,  il  est  facile  de 
mener  de  front  leur  visite  et  celle  des  palais  et  des  galeries 
publiques  de  Rome. 

La  collection  d'estampes  du  palais  Corsini,  qui  ferait  envie 
à  bien  des  établissements  publics,  a  été  classée  avec  beaucoup 
de  soin.  Ayant  travaillé  vous-même  dans  cette  galerie, 
Monsieur  le  Conservateur  en  chef,  l'obligeance  de  M.  le 
cavalier  Cerrotti  vous  est  connue. 

Les  galeries  de  Rome  contiennent  un  certain  îiombre 
d'u'iivrcs  de  nos  maîtres,  mais  je  n'ai  malheureusement 
trouvé  nulle  part  de  catalogues.  Le  Musée  du  Capitole  n'a 
pas   de   livret   cl    les   galeric's   des   palais   romains,   aussi 


—  ^29  — 

iiiipuiiaiilcs  que  bien  des  iiuisces,  se  coiileiitciU  de  placards 
déposés  dans  chaque  salle.  On  n'csl  donc  pas  renseigné  sur 
l'origine  de  ces  œuvres  ni  aucune  des  cii'conslanc(  s  si  pré- 
cieuses dans  l'étude  des  inonumenls  de  l'arl. 

Le  Musée  du  Capitolc  possède  un  des  bons  Rubens  (jui  se 
trouvent  en  Italie  :  Romulus  et  Rémus  allaités  par  la  Louve.  On 
a  toujours  cité  cette  toile  comme  une  œuvre  de  la  jeunesse 
du  niaitre,  ce  qui  me  parait  inexact.  Deux  portraits,  chaque 
fois  de  deux  personnages,  par  Van  Dyck,  offrent  poui*  nous  le 
plus  grand  intérêt,  car  ils  représenleni,  l'un,  les  deux  frères 
Lucas  et  Corneille  de  Wael  d'Anvers,  l'autre,  les  deux  gra- 
veurs de  Jode,  le  père  et  le  tils.  L'on  se  demande  poui-tpioi 
ces  [)crsonnages  sont  indiipiés  comme  anonymes  alors  (pi'il 
serait  si  aisé  de  les  déterminer  par  les  estampes. 

A  l'exception  du  Christ  et  des  Apôtres,  au  casino  Ros- 
pigliosi  et  d'un  saint  Sébastien  du  i)alais  Corsini,  je  ne  crois 
pas  avoir  rencontré  dans  les  galeries  romaines  d'œuvres 
authentiques  ou  sérieuses  de  Rubens.  La  rencontre  de  Jacob 
cl  d'Lsail  de  la  galerie  Colonna  peut  être  aussi  bien  une 
copie  réduite  qu'une  cs((uisse  du  grand  tableau  de  Munich. 
Le  même  palais  Colonna  possède  deux  fort  beaux  portraits 
de  Van  Dyck  :  le  portrait  écjuestrc  de  Carlo  Colonna , 
en  armure  noire  et  accompagné  de  la  Force  portant  la 
colonne  emblématique  par  allusion  au  nom  du  personnage, 
et  le  portrait  en  pied  de  Lucrczia  Colonna,  une  peinture  de 
premier  ordre.  Il  y  a  encore  ici  une  œuvre  impoi'tante  de 
Jérôme  Bosch  :  une  Tentation  de  sainl  Antoine. 

Au  palais  Doria,  un  beau  |)orlrait  de  femme  de  Van  Dyck 
et  plusieurs  ligures  de  grandeur  naturelle  accompagnées  de 
natures  mortes,  tableaux  que  l'on  alli'ibue  à  Weenicx.  mais 


—  ÔO  — 

dont  les  personnages  sont  cerlainemenl  do  Teniej's,  ce  que 
permet  d'ailleurs  de  constater  dans  la  galerie  même  une 
niagnilique  Kermesse  du  mailre  où  ces  personnages  se  repro- 
duisent. Un  tableau  de  deux  figures  de  Quentin  Metsys  dans 
la  même  collection  est  d'une  authenticité  irrécusable.  Il 
représente  un  sujet  assez  difficile  à  déterminer  où  un  person- 
nage provoque  l'étonncment  de  son  compagnon  en  lui 
montrant  des  boules  de  verre.  Le  Confesseur  de  Hubens  (c'est 
ainsi  que  l'on  qualifie  un  portrait  d'homme)  est  à  coup  sûr 
de  médiocre  qualité.  Une  très-jolie  Vierge  tenatit  Œnfant 
Jésus  dans  l'intérieur  d'une  église  est  encore  une  version 
d'une  œuvre  attribuée  tantôt  à  Memling,  tantôt  à  Van  Eyck, 
et  qui  nous  est  connue  par  des  exemjilaires  d'Anvers  et  de 
la  galerie  Suermont,  ce  dernier  actuellement  à  Berlin. 

Les  chefs-d'œuvre  de  la  galerie  Doria  sont  évidemment 
la  Descente  de  Croix,  attribuée  à  Memling,  et  où  l'on  voit  à 
droite  un  donateur  en  prière,  personnage  qui  offre  une 
grande  analogie  de  traits  avec  une  œuvre  de  la  galerie  Van 
Ertborn  d'Anvers  et  avec  un  portrait  attribué  à  Vander  Goes, 
aux  Ofiices  à  Florence. 

Le  portrait  d'André  Doria  par  le  Titien,  deux  Changeurs 
par  Metsys  et  surtout  le  portrait  d'Innocent  X,  peint  à  Rome 
par  Velasquez,  une  œuvre  prodigieuse,  enfin  un  des  plus 
beaux  paysages  de  Claude  Lorrain  que  l'on  puisse  voir. 

Pour  moi,  je  l'avoue,  l'intérêt  de  ces  travaux  le  cédait 
encore  à  celui  que  devaient  m'inspirer  les  décorations  murales 
de  Rubens  à  Santa-Maria  Nuova  (in  Valicella).  Ce  fut  le 
dernier  travail  exécuté  par  Rubens  en  ItaUe,  et  même,  à  cette 
époque  si  rapprochée  de  son  retour  à  Anvers,  il  est  singulier 
de  constater  combien  le  talent  du  maitrc  doit  se  transformer 


—  31  — 

encore  pour  nous  donner  l'éclal  e(  la  Ibrce  des  premières 
peintures  exéculées  dans  les  Pays-Bas. 

Une  lettre  de  Rubens  publiée  jadis  par  M.  Baschet  nous  a 
fait  connaître  le  motif  qui  détermina  Rubens  à  substituer  des 
fresques  à  sa  toile  primitivement  destinée  à  la  belle  église 
neuve  des  Jésuites  de  laValicella:  la  peinture  à  l'huile  brillait. 
Le  tableau  primitif,  longtemps  conservé  à  Anvers ,  où  le 
grand  peintre  l'avait  placé  sur  la  tombe  de  sa  mère ,  est 
maintenant  à  Grenoble.  M.  Michiels,  qui  l'a  vu,  en  fait  le  plus 
grand  éloge.  Quant  aux  fresques,  elles  sont  peintes  au  fond 
du  chœur  sur  le  mur  en  hémicycle.  Le  panneau  principal, 
placé  sur  l'autel  même,  est  sans  doute  à  l'huile  et  sur  bois. 
Il  doit  représenter,  dit-on,  une  image  de  la  Vierge  et  de 
l'Enfant  Jésus,  portée  par  des  anges;  il  m'a  été  impossible 
de  m'en  assurer,  par  la  raison  qu'au  milieu  même  de  l'œuvre 
est  appliqué  un  cadre  d'or,  au  fond  duquel  apparaît  l'image 
de  la  Vierge  toute  couverte  d'ex  voto.  C'est  à  peine  si  l'on 
peut  distinguer  une  main  tout  en  s'approchant  de  très-près. 

Les  grandes  figures  en  pied,  peintes  à  droite  et  à  gauche 
de  l'autel,  ont  la  même  tonalité  rousse  déjà  signalée  à  Man- 
toue  et  qui  caractérise  aussi  le  Baptême  du  Christ,  le  tableau 
récemment  acquis  par  le  Musée  d'Anvers.  Elles  sont  d'un 
beau  dessin  et,  comme  caractère  général,  trahissent  une 
étude  passionnée  de  l'antique.  Je  pense  qu'on  peut  les  com- 
parer pour  le  style  aux  personnages  extérieurs  des  volets  de 
la  Descente  de  Croix. 

Très-peu  de  temps  après  avoir  terminé  ses  travaux  de 
Rome,  Rubens  quittait  pour  toujours  l'Italie. 

Une  vaste  construction  située  non  loin  de  la  fontaine  de 


0^ 


Ti'cvi,  via  délia  Slampei'ia,  n"  (>,  csl  aireclée  à  la  (Ihalcogra- 
pliie  royale  d'Ilalie,  une  instilulion  commencée  par  le  pape 
Clémenl  XII  en  175(S  cl  mainienanl  réorganisée  comme 
élabiissemenl  de  l'Elat. 

Pai'  voie  d'acqiiisilioiis  direcles  el  par  voie  de  commandes, 
le  gouvernement  est  entré  en  i)ossession  de  plus  de  deux 
mille  planches  isolées  reproduisant  des  tableaux,  statues  et 
monuments,  principalement  de  l'Italie,  el  l'on  peut  prévoir 
le  jour  où  les  principales  œuvres  de  l'art  italien  |)rcndronl 
place  dans  cet  ensemble  grandiose. 

Non-seulement  la  chalcographie  aborde  des  compositions 
(le  Fimportancc  de  l'Ecole  d'Alhènes  et  de  Id  Dispule  du  saint 
sacrement,  mais  elle  a  commandé,  en  outre,  la  Transfigii- 
ralion,  le  Galatée  de  Raphaël,  l'Amour  sacré  el  l'Amour 
in'of'anc  du  Tilien,  la  Danaë  à\\  Corrége,  aux  meilleurs  gra- 
veurs (le  rilalie,  et  l'Aixour  sacré  el  f  Amour  profane,  une  des 
planches  terminées  en  dernier  lien  pai-  le  graveur  Di  Jîar- 
lolo,  est. un  travail  vi-aimcnt  remarquable, 

La  chalcogi'aphie  trouve  un  de  ses  principaux  succès 
dans  ses  étalages  el,  sa  situation  élant  de  plus  favorables, 
dans  une  rue  très-fréquenlée,  j'ai  pu  voir  |)ar  moi-même 
que  les  acheteurs  élaienl  nombreux,  Aussi  les  recelles 
annuelles  atleslent  un  ])rogrès  constant.  En  1872,  elles 
élaient  de  IV.  16,410-59;  l'année  suivante,  elles  s'élevaient 
à  00,888  francs,  pour  arriver  en  1871  à  31,732  francs,  en 
lS7;i  à  4r),038  francs,  déduction  faite  de  tout  escompte. 

Le  dernier  catalogue  de  la  chalcograpbie  porte  la  date  de 
1870.  C'est  un  beau  recueil  in-i"  où  les  œuvres  sont  classées 
|iai'  noms  de  peintres,  chaque  pièce  ayant  en  regard  lindi- 
cation  de  sun  format  el  son  pi'ix. 


—  33  — 

L'œuvre  de  Piraiiesi  apparticnl  aujourd'Imi  au  gouverne- 
menl  italien  cl  se  compose  de  viiigt-scpl  volumes. 

Je  dois  ajouter  à  ces  renseignements  que  M.  le  Cavalier 
Lattes,  inspecteur  de  la  chalcographie,  m'a  fait  l'accueil  le 
plus  empressé  et  m'a  permis  d'espérer  qu'une  demande 
officielle  tendant  à  l'obtention  des  gravures  de  la  chalcogra- 
phie, serait  favorablement  accueillie. 

Je  me  trouvai  mieux  à  même  à  Florence  que  dans  aucune 
autre  ville  d'Italie  d'étudier  les  estampes  et  les  dessins  des 
maîtres  dont  le  Musée  des  Offices  possède  une  si  admirable 
collection. 

La  réunion  des  galeries  Pitti  et  des  Offices  constitue  sans 
doute  le  plus  prodigieux  ensemble  de  chefs-d'œuvre  qu'il 
y  ait  en  Europe.  J'ai  fait  mon  possible  pour  voir  le  mieux  et 
le  plus  qu'il  était  en  mon  pouvoir,  de  toutes  les  merveilles 
réunies  dans  les  églises,  les  palais  et  les  divers  musées, 
sans  oublier  ce  musée  étrusque,  le  plus  riche  du  monde, 
qui  devait  appartenir  à  Florence  de  plein  droit. 

Que  dire  d'ailleurs  à  cet  égard  que  vous  ne  sachiez  mieux 
que  moi.  Monsieur  le  Conservateur  en  chef? 

Qu'il  me  soit  pourtant  permis  d'attirer  votre  attention 
sur  une  œuvre  importante  du  Musée  des  Offices  et  qui  inté- 
resse directement  notre  pays,  car  je  pense  pouvoir  la  resti- 
tuer à  un  maître  belge. 

Je  veux  parler  du  grand  portrait  de  Philippe  IV  à  cheval 
(n°  210  du  catalogue). 

Attribuée  à  Velasquez  comme  le  sont  toutes  les  effigies  de 
Philippe  IV,  cette  toile  n'a  rien  de  commun  avec  la  manière 
du  grand  peintre  espagnol. 


—  ô4  — 

C'est  sans  doiile  en  Espagne  (ju'il  faiil  apprendre  à  con- 
naître conij)lèleincnt  Velasfpicz  et  je  n'y  suis  pas  allé  ;  je  tlois 
me  permettre  cependant  de  l'aire  remarquer  que  j'ai  vu  dans 
les  diverses  galeries  d'Angleterre  et  du  continent,  liors 
d'Espagne,  assez  d'œuvres  de  l'illustre  portraitiste  pour  être 
Irès-convaincu  (]uc  le  tableau  de  Florence  n'a  aucune  ana- 
logie avec  ses  caractères  généraux. 

Je  puis,  du  reste,  appuyer  mon  opinion  de  celle  de 
M.  Louis  Viardot,  qui  ii'liésile  pas  à  déclarer  dans  ses 
Musées  d'Ilalie  que  jamais  le  pinceau  de  Velasquez  n'a  pu 
se  rendre  «  coupable  »  d'une  telle  peinture.  Le  mot  est 
un  peu  dur,  car  ou  a  attribué  la  toile  à  Rubens. 

Finalement,  et  pour  tout  concilier,  le  catalogue  se  contente 
aujourd'hui  de  donner  à  Velasquez  le  seul  personnage  du  roi 
d'Espagne  attribuant  les  figures  accessoires  à  un  mailrc 
inconnu.  Ces  ])ersonnages  accessoires  sont  :  un  écuyer  maure 
|)ortanl  le  heaume  du  roi,  deux  femmes,  dont  l'une  lance  la 
foudre  et  dont  l'autre  s'appuie  sur  le  globe  et  tend  au  roi  une 
couronne  de  lauriers,  enfin  plusieurs  petits  génies.  Ces 
ligures  allégoriques  apparaissent  dans  les  nues  et  M.  Viardot 
aflirme  qu'il  ne  connaît  pas  de  toile  où  Velasquez  ait  introduit 
des  personnages  de  l'espèce. 

Il  est  au  moins  étrange  que  M.  Viardot  n'ait  jias  reconnu 
dans  cette  peinture  la  main  de  Graycr,  dont  le  nom  se  pré- 
sente immédiatement  sur  les  lèvres  de  (|uiconque  est  familia- 
risé avec  les  œuvres  de  ce  peintre  tant  glorifié  par  Uubens. 
Voici  l)icn  la  peinture  facile  et  quelque  peu  vulgaire,  la 
tonalité  i-ousse,  le  ciel  bleu,  fouetté  de  jaune,  les  chairs  roses, 
glacées  de  blanc,  de  l'auteur  de  tant  de  tableaux  qui  doivent 
nous  être  |»lusfami liors (pi'ii  rnuleui- du  catalogue  de  Florence. 


Jamais  Velasqucz  ireùl  voulu  voir  son  souverain  sur  i*e 
cheval,  l'orl  bien  peint  sans  doute,  mais  qui  n'a  i)as  le  l'eu 
de  ces  genêts  d'Espagne  dont  la  peinture  lui  donne  l'occasion 
de  tant  de  triomphes. 

Rien  de  plus  natui'el,  en  vérité,  que  ce  ra|)procliemcnl 
du  peintre  flamand  et  du  prince  espagnol.  Céan  Bermude/ 
ne  nous  dit-il  pas  que  Crayerfit  en  Espagne  un  séjour  assez 
prolongé,  et  W.  Stirling  n'a-t-il  pas  rappelé  aussi  dans  son 
Histoire  de  l'art  en  Espagne  ce  fait  que  Yelasquez,  Rubcns  et 
de  Craijcr  furent  les  seuls  peintres  qui  laissèrent  des  effigies 
authentiques  de  Philippe  IV?  L'écrivain  anglais  avait  même 
cru  trouver  dans  une  galerie  anglaise  le  portrait  de  DeCrayer 
à  l'époque  où  paraissait  son  livre;  il  y  a  Irenle  ans  de  cela. 
Grayer  est,  somme  toute,  assez  peu  connu  à  l'étranger. 
Les  photographes  n'ont  pas  reproduit,  —  du  moins  jusqu'ici, 
—  le  grand  portrait  dont  je  m'occupe. 

J'ai  eu  le  bonheur  de  voir,  tout  à  mon  aise,  dans  le  cabi- 
net réservé  des  gemmes ,  la  planche  originale  de  la  Paix 
de  Maso  Finiguerra,  celle  ipii  servit  à  l'abbé  Zani  à  déter- 
miner l'épreuve  de  Paris.  Je  crois  avoir  vu  au  cabinet  du 
Musée  britannique  l'empreinte  de  soufre  qui  servit  au  tirage 
de  l'épreuve. 

Dans  le  même  cabinet  du  Musée  de  Florence  se  trouve  une 
superbe  miniature  ancienne  du  Combat  des  Amazones,  de 
Rubens,  univi'e  d'autant  plus  intéressante  ici,  qu'elle  permet 
de  constater  l'emprunt  fait  par  Rubens  au  Titien,  de  la 
composition  du  fameux  Combat  de  Cadore,  aujourd'hui 
détruit  et  dont  il  ne  subsiste  qu'une  pochade  aux  Oflices. 
Le  fait  a,  du  reste,  été  souvent  signalé. 

C'est  à  Florence  (pic  sont  K-s  i)liis  célèbres  travaux  do 


—  56  — 

Jean  de  Bologne.  Si  toutefois  nous  songions  quelque  jour 
à  former  l'œuvre  complet  de  ce  maître,  dont  l'éducation 
s'est  faite  dans  notre  pays,  il  ne  faudrait  pas  oublier  ses 
portes  de  bronze  de  la  cathédrale  de  Pise,  qu'il  est  permis 
de  classer  immédiatement  après  celles  du  baptistère  de 
Florence.  Il  y  a  même  sur  une  de  ces  portes  ce  détail  cu- 
rieux que  le  statuaire  y  introduit  dans  une  bordure  la 
reproduction  du  Rhinocéros  d'Albert  Durer. 

L'église  de  l'Annunziala  ne  contient  plus  de  peintures  de 
Slradan,  je  les  ai  du  moins  vainement  cherchées. 

C'est  dans  cette  église,  tout  au  fond,  dans  une  chapelle 
derrière  le  chœur,  qu'est  enterré  Jean  de  Bologne.  Son 
épitaphe,  inscrite  sur  une  simple  dalle  de  marbre,  est  ainsi 
conçue  : 

/.  C.  /?. 

Johannes  Bologna  Belga 

Medice.  OR.  P.  P.  R.  Nobilis  alumnus 

Eques  mililiœ  J.  Chrisli. 

Sculptura  et  Archilectura  clarus 

Yirlute  nolus 

Moribus  et  pielate  insignis 

Sacellum  Dec  Sep. 

iSîbi  cunclisq,  Belgis 

Earumdem  artium  cuUoribus. 

P.  An.  Dom  CJJ.  D.  IC. 

Celle  épitaphe  que  M.  Siret,  dans  la  Biograpkie  nationale, 
donne  en  français,  porte  l'année  1600,  tandis  que  celle  que 
je  transcris  est  bien  réellement  1599. 

J'ai  profité   de  mon   passage  à  Florence    i)our  obtenir 


—  37  — 

quelques  renseignemonis  sur  le  degré  d'avancement  de  la 
grande  publication  de  la  Galerie  des  Offices. 

On  ne  peut  jusqu'ici  prévoir  aucune  date  pour  l'achève- 
ment de  l'ouvrage.  Un  cerlain  nombre  de  planches  pour- 
raient être  livrées  dans  un  avenir  prochain,  mais  l'éditeur 
semble  avoir  rencontré  d'assez  graves  difficultés  dans  son 
entreprise. 

Jusqu'à  ce  jour  quatre-vingt-dix-huit  livraisons  ont  paru, 
mais  dans  l'esprit  de  M.  Paris,  l'éditeur,  le  travail  doit  aller 
fort  au  delà  de  ce  nombre. 


La  ville  de  Gènes  est  toujours  visitée  avec  un  intérêt  par- 
ticulier par  le  voyageur  belge,  qu'il  y  aille  au  début  ou  à  la 
fin  de  son  séjour  en  Italie.  D'une  manière  générale,  l'école 
génoise  a  de  nombreuses  affinités  avec  la  nôtre,  et  l'on  est 
très-souvent  frappé  dans  les  visites  que  l'on  est  admis  à  faire 
aux  galeries  de  cette  ville  de  marbre,  de  l'influence  exercée 
par  Rubens  et  Van  Dyck  sur  des  maîtres  placés  dans  un 
milieu  si  peu  conforme  à  celui  où  leur  propre  talent  s'était 
formé. 

Il  existe  dans  plusieurs  musées  d'Italie,  surtout  dans  les 
palais  de  Gènes  ,  des  œuvres  qui  très-certainement  ont  été 
inspirées  par  la  vue  des  portraits  de  Van  Dyck  et  des  vastes 
toiles  de  Rubens. 

Au  Musée  de  Turin,  un  si)lcndide  portrait  de  gentil- 
homme en  costume  de  cheval  a  très-longtemps  passé  pour 
un  Rubens  et  d'Azeglio  le  fit  même  graver  comme  tel  pour 


—  58  — 

son  grand  ouvrage  sur  la  galerie.  Le  voici  devenu  l'œuvre 
d'un  maître  génois  assez  obscur  :  Carbone  d'Albaro. 

Bien  que  Rubens  et  Van  Dyck  n'aient  fait  a  Gènes  qu'un 
séjour  passager,  leurs  œuvres  y  sont  nombreuses.  Une  des 
plus  belles  églises  de  la  ville,  San-Ambrogio ,  possède  deux 
toiles  importantes  de  Rubens,  l'une  placée  au  maître-autel  : 
la  Circoncision,  l'autre  sur  un  des  autels  latéraux  :  Saint 
Ignace  de  Loyala  exorcisant  des  possédés. 

On  a  toujours  dit  que  le  premier  tableau  était  une  œuvre 
de  la  jeunesse  du  maître,  et  rien  n'est  plus  évident.  C'est  une 
composition  grandiose,  connue  d'ailleurs  par  une  mé- 
diocre estampe  de  Lommelin.  La  peinture  n'a  pas  l'éclat 
des  tableaux  d'autel  que  nous  possédons  encore  en  Belgique 
et  sa  tonalité  générale  la  rattache  absolument  à  la  série  des 
œuvres  contemporaines  du  séjour  du  peintre  en  Italie. 

Le  Saint  Ignace,  au  contraire,  est  une  des  plus  belles  créa- 
tions de  Rubens  et  certainement  l'égale  de  ses  meilleures  toiles 
connues.  Celte  œuvre  n'a  été  ni  gravée  ni  même  photogra- 
phiée et  mériterait  de  tenter  le  burin  d'un  de  nos  graveurs. 

L'église  San-Ambrogio  possède  encore  un  grand  tableau  de 
Corneille  De  Waol,  un  des  deux  frères  dont  le  portrait  peint 
par  Van  Dyck  se  conserve  au  Capitole. 

La  petite  église  de  San-DonalOcà  Gênes  m'était  désignée  par 
Burckhardt  comme  possédant  une  des  plus  belles  œuvres 
de  Quentin  Metsys,  Je  ne  manquai  pas  de  me  mettre  à  la 
recherche  de  l'église,  qui  n'est  pas  mentionnée  dans  les 
guides,  et  j'y  trouvai,  en  effet,  le  tableau  cité  .C'est  un  trip- 
tyque dont  les  volets  extérieurs,  toujours  fermés,  portent  une 
Annonciation  du  xvii"  siècle,  travail  qui  annonce  peu  une 
œuvro  fort  roninrqunblc.  mais  qui  n'est  certainement  pas  de 


—  5<.l  — 

Melsys.  Le  panneau  cenlrai  représente  une  Adoration  des 
Mages,  d'un  coloris  distingué  et  d'un  grand  style.  Le  fond 
de  paysage  est  également  très-beau  et  l'ensemble  rappelle- 
rait plutôt  Mabuse  que  le  forgeron  d'Anvers.  Les  volets 
représentent  saint  Etienne  et  un  donateur.  L'autel  appar- 
tient, m'a-t-on  dit,  à  une  famille  de  la  ville,  par  laquelle  ee 
tableau,  évidemment  néerlandais,  sera  venu  à  Gènes. 

Il  est  du  reste  remarquable  que  les  principaux  tableaux 
que  l'on  voit  à  Gênes  soient  des  créations  de  l'école  flamande. 
Dans  presque  tous  les  palais  nous  rencontrons  des  portraits  de 
Rubens  et  de  Van  Dyck  —  parfois  de  qualité  secondaire,  — 
et  des  quantités  d'œuvres  de  Teniers,  Breughel,  Melsys 
même.  Jusque  dans  le  Palais  du  Municipe,  l'ancien  Palais 
Doria-Tursi,  apparaissent  des  œuvres  flamandes  de  la  plus 
rare  beauté. 

Dans  la  salle  du  Conseil,  un  admiral)le  Christ  en  croix, 
avec  la  Vierge  et  saint  Jean  au  pied  de  la  croix,  a  été  toujours 
attribué  à  Jean  Van  Eyck,  sans  qu'il  y  ait  le  moindre 
rapport  entre  l'œuvre  et  le  style  du  peintre.  C'est  une  pein- 
ture très-vigoureuse,  sombre,  très-énergique,  pleine  de 
caractère,  mais  d'un  maître  diflicile  à  déterminer. 

Un  autre  tableau  :  une  Vierge  avec  ï Enfant  Jésus,  diy^nl 
à  ses  côtés  saint  Jérôme  et  un  jeune  évèque,  est  une 
œuvre  capitale  évidemment  flamande  aussi,  mais  que  l'on 
attribue  à  Albert  Diirer,  bien  qu'elle  ne  soit  pas  sans  ana- 
logieavec  le  triptyijue  de  San-Don;i(o,  que,  du  reste,  on  s'est 
abstenu  de  déterminer. 

Les  MuséiS  de  Turin  et  de  Milan  sont  des  galeries  de 
premier  ordre.  La  première  de  ces  villes  ne  possède  pas 


—  40  — 

seulement  une  collection  de  tableaux  admirables,  elle  a  aussi 
la  fameuse  collection  d'antiquités  et  d'armures  du  roi,  une 
collection  de  dessins  et  d'estampes  et  surtout  son  musée 
Égyptien,  un  des  plus  riches  de  l'Europe. 

Les  portraits  de  Van  Dyck  :  les  Enfants  de  Charles  /", 
le  Portrait  équestre  de  François-Thomas  de  Savoie  et  le 
Portrait  en  pied  de  C Infante  Isabelle,  dans  son  costume  de 
religieuse,  ne  le  cèdent  pas  en  valeur,  même  aux  portraits 
de  la  galerie  royale  d'Angleterre.  Voilà  certes  encore  des 
toiles  qui  seraient  dignes  d'être  reproduites  par  le  burin  de 
nos  artistes. 

A  Milan,  enfin,  la  galerie  Brera  n'est  pas  seulement  riche 
en  œuvres  de  l'école  lombarde,  mais  ici  encore  nos  maîtres 
brillent  d'un  grand  éclat.  La  Gêne  de  Rubens,  autrefois  à 
Malines,  ne  répond  pas  absolument  à  l'idée  que  l'on  se  ferait 
de  cette  œuvre  d'après  la  belle  planche  de  Bolswert. 

Le  palais  Brera  possède  un  musée  archéologique  trop 
peu  visité  et  où  figurent  entre  autres  le  célèbre  tombeau  de 
Gaston  de  Foix,  une  œuvre  capitale,  et  une  statue  équestre 
d'un  Visconli,  du  plus  grand  style. 

Le  palais  de  la  Bibliothèque  ambrosienne,  de  son  côté, 
possède  un  musée  de  première  importance.  C'est  dans  cette 
galerie  que  se  conservent  les  plus  beaux  spécimens  du 
talent  de  Breughel  de  Velours,  qui  séjourna  à  Milan  chez  le 
cardinal  Borromée,  le  fondateur  de  la  Bibliothèque  ambro- 
sienne et  de  son  musée.  Une  splendide  et  nombreuses  collec- 
tion d'estampes  et  de  dessins  de  maîtres  est  annexée  aussi 
à  la  Bibliothèque,  qui  possède  quelques  beaux  dessins 
d'Albert  Oiirer  et  des  miniatures  de  Lucas  de  Leyde  infini- 
ment précieuses. 


—  41  — 

Parmi  les  (ableaux,  il  en  est  un  que  je  ne  saurais  omettre 
de  mentionner  :  la  Vieryc  et  l'Enfant  Jésiis,  près  d'une 
fontaine  monumentale.  Cette  œuvre  est  attribuée  à  Memling, 
mais  certainement  à  tort,  et  je  ne  pense  pas  que  l'on  puisse 
hésiter  à  y  voir  un  Mabuse  de  la  meilleure  qualité. 

La  Bibliothèque  ambrosienne  possède  enfin  une  repro- 
duction en  grand  des  tètes  de  la  fresque  de  Léonard  de 
Vinci.  Celte  reproduction  a  été  faite  en  1612  par  Andréa 
Blanchi,  c'est-à-dire  à  une  époque  où  l'œuvre  grandiose  de 
Léonard  était  encore  dans  toute  sa  fraîcheur. 

Il  résultera  avec  toute  évidence,  pour  quiconque  veut 
y  regarder  d'une  manière  attentive,  par  la  comparaison  de 
ce  dessin  avec  l'œuvre  originale,  que  celle-ci  a  été  non-seu- 
lement altérée  par  lo  temps,  l'humidité,  etc.,  mais  absolu- 
ment dégradée  par  de  maladroites  retouches.  Il  est  frappant 
aussi  qu'à  l'époque  où  Blanchi  faisait  sa  copie,  l'expression 
des  têtes  n'était  pas  ce  qu'elle  est  aujourd'hui,  et  l'on  pourrait 
arriver  à  préciser  la  date  des  retouches  par  un  examen  des 
diverses  estampes  que  l'on  possède  de  la  Cène. 

Une  commission  vient  d'être  nommée  avec  mission  de 
rechercher  les  moyens  les  plus  propres  à  soustraire  l'œuvre 
de  Léonard  de  Vinci  à  une  destruction  complète.  Souhaitons 
qu'elle  y  réussisse,  mais  je  crains  que  l'œuvre  ne  doive  être 
considérée  comme  irrémédiablement  perdue. 

Veuillez  agréer.  Monsieur  le  Conservateur  en  chef,  l'assu- 
rance de  mes  sentiments  respectueux. 

II.     HVMANS. 

Bruxelles,  le2o  mai  1878. 


NOTE 


STATUE  DE  MAXIMILIEN-EMMANUEL, 


ELECTEUR    DE    BAVIERE 


placée  on  1C97  sur  la  Maison  des  Brasseurs,  à  Bruxelles. 


Avanl  (le  parler  de  la  slaluo  élevée  à  l' Électeur  Maximiiien- 
Emmanuel  de  Bavière  par  l'iin  des  principaux  corps  de 
niélicrs  de  la  ville  de  Bruxelles,  celui  des  Brasseurs,  il  nous 
parail  indispensable  d'esquisser  rapidement  le  rôle  que  joua 
ce  prince  dans  noire  pays. 

Nous  n'avons  point  ici  à  parler  de  sa  vie  politique  ou  mili- 
taire, si  importante  au  point  de  vue  européen  ;  nous  dirons 
en  quelques  lignes  les  titres  de  gratitude  qu'il  s'était  acquis 
à  Bruxelles;  nous  ne  parlerons  non  plus  de  ses  exploits 
contre  les  Turcs  qui  assiégeaient  Vienne,  ni  des  sommes  im- 
menses, plus  deceni  millions,  dit-on,  (ju'il  dépensa  pour  celle 
giu;rre  dans  la(|ii('lle  il  se  couvrit  de  gloire. 

iMaximilien,  par  son  mariage  avec  l'archiduchesse  Marie- 
Anloinelte,  pelile-fille  d(»  Philippe  IV,  roi  d'Espagne,  entre- 
vit la  |)(»s^il)ililé  d'élever,  non  sans  chances  de  succès,  des 


prùtenlions  à  lu  succession  de  Cliarics  II  (jui  n'avait  pas 
tVhérilicr  direct;  aussi,  comme  premier  pas  vers  le  Irniie 
d'Espagne,  l'Électeur  se  fit-il  nommer  gouverneur  général 
(les  Pays-Bas,  le  20- décembre  IGOI. 

Lorsque  le  maréchal  de  Villerot  bombarda  Bruxelles,  en 
1005,  Maximilien,  qui  venait  de  prendre  Namur,  vola  au 
secours  de  sa  capitale,  et  ne  pouvant  la  sauver  du  désastre, 
voulut  du  moins  encourager  les  habitants  par  sa  présence. 
Il  parcourut  la  ville  à  cheval,  tantôt  se  portant  aux  points 
les  plus  menacés  pour  ramener  un  peu  de  calme  parmi  les 
malheureux  bourgeois  qui  fuyaient  éperdus  leurs  maisons 
croulantes  ou  incendiées;  tantôt  organisant  les  secours  ou 
dirigeant  le  faible  tir  des  remparts.  Il  vint  puissamment  en 
aide  ù  notre  cité  pour  la  relever  de  ses  ruines,  greva,  disent 
plusieurs  historiens,  ses  Ëlats  de  Bavière  pour  se  procurer 
de  l'argent  et  offrit  môme  son  palais  aux  malheureux  sans 
abri. 

L'Électeur  se  mêlait  volontiers  aux  jeux  populaires  et 
protégeait  particulièrement  les  serments  et  compagnies 
bourgeoises.  En  iC98,  par  exemple,  au  tir  du  Grand-Ser- 
ment, il  abattit  l'oiseau  et  reçut  les  insignes  de  Roi  du 
Serment  avec  de  grands  honneurs. 

Le  gouverneur  s'ap))uyait  sur  la  bourgeoisie  et  se  mon- 
trait plein  de  sollicitude  pour  les  corporations,  auxquelles  i! 
voulait  rendre  une  grande  partie  de  leurs  anciens  privilèges  ; 
sa  cour  fastueuse,  les  grandes  dépenses  qu'il  faisait,  son  goût 
prononcé  pour  les  sciences  et  les  aris,  lui  avaient  attiré  de 
nombreuses  sympathies  dans  toutes  les  classes  de  la  société. 

La  mort  de  son  fils,  que  Charles  II  avait  désigné  pour 
héritier,  changea  la  politique  de  Maximilien;  aussi  dans  la 


_  44  — 

guerre  de  la  succession  d'Espagne  prit-il  parti  contre  son 
beau-père  l'empereur  Léopold,  pour  embrasser  la  cause  du 
duc  d'Anjou,  petit-fils  de  Louis  XIV,  couronné  roi 
d'Espagne  sous  le  nom  de  Philippe  V,  d'après  le  testament 
de  Charles  II. 

Comme  les  alliés  occupaient  Bruxelles,  l'Électeur  voulut, 
en  1708,  comptant  pour  réussir  sur  les  partisans  qu'il  y 
avait  laissés,  tenter  un  coup  de  main  sur  la  ville;  mais  les 
habitants  résistèrent  et  le  commandant  de  Pascale  en- 
voya une  fière  réponse  au  prince  qui  sommait  la  place  de 
se  rendre.  Maximilien,  bien  que  déplorant  vivement  cette 
affreuse  nécessité  de  la  guerre,  ordonna  alors  le  bombarde- 
ment de  cette  même  ville  qu'il  avait  secourue  avec  tant  de 
dévoùment  dans  un  premier  désastre  de  ce  genre;  ce  nou- 
veau bombardement,  sans  être  aussi  terrible  que  celui  de 
169j,  ne  laissa  pas  que  de  faire  de  grands  dégâts,  bien 
inutilement,  puisque  le  siège  dut  être  bientôt  levé  (i). 

Maximilien-Emmanuel  obtint,  en  17M,  de  Philippe  V,  la 
souveraineté  pleine  et  entière  du  territoire  que  l'Espagne 
possédait  encore  aux  Pays-Bas,  c'est-à-dire  les  provinces  de 
Namur  et  de  Luxembourg.  Le  nouveau  souverain  fixa  sa 
résidence  à  Namur,  où  il  fit  son  entrée  le  G  juillet  17H  ;  il 
créa  peu  après  un  conseil  dÉtat.  Mais  son  règne  fut  de 
courte  durée,  les  Pays-Bas  étant  passés  tout  entiers  à  la 
maison  d'Autriche  par  le  traité  d'Ulrecht.  L'Électeur  rentra 
en  possession  de  ses  États  de  Bavière  en  vertu  des  traités  de 


())  Le  triumjhe  de  l'auguste  alliance  et  la  levée  du  siège  de  Brusselle  par 
l'armée  de  rraure.  en  17U8   par  C.  M.  D.  R.  Nancy,  1709. 


—  45   - 

Rasladl  el  de  Bade  (1714);  il  iiiounil  à  Munich  lo  2G  fé- 
vrier 1726  (i). 

Ce  que  nous  venons  de  dire  de  la  popularilé  que  rÉIecleur 
avait  acquise  à  Bruxelles  el  de  son  dévoiunenl  lors  du 
bombardement,  explique  suffisamment  la  raison  qui  déter- 
mina la  corporation  des  Brasseurs,  lorsqu'en  1097  elle 
reconstruisit  sa  maison  détruite  par  les  bombes  françaises,  à 
surmonter  la  façade  d'une  statue  deMaximilien-Emmanuel. 

Cette  statue,  primitivement  en  pierre,  due  au  ciseau  de 
Marc  Devos,  fut  renversée  par  le  vent  la  même  année  ;  mais 
les  doyens  du  métier  la  tirent  couler  en  bronze  (2)  et  repla- 
cer sur  leur  maison. 

Il  nous  a  paru  intéressant,  au  double  point  de  vue  de 
l'histoire  et  de  l'art,  de  tirer  de  l'oubli  cette  belle  statue  dont 
on  n'a  pu  parler  jusqu'ici  que  d'après  des  chroniques  ma- 
nuscrites ou  des  guides  et  descriptions  de  la  ville  au 
XVIII'  siècle.  Elle  n'orna  la  maison  des  Brasseurs  que  pendant 
cinquante-cinq  années  et  fut  probablement  détruite  en  1752, 


(t)  Voir  pour  l'histoire  de  rÉlecteiir  de  Bavière  :  S.  Bormaxs,  Maximilien- 
Emmaiiuel,  comte  de  Nanutr,  t,  XL,  2'  série,  des  Bulletins  de  l'Académie  royale 
de  Belgique  (1873)  ;  Th.  Juste,  Le  Gouverneur  général  des  Pays-Bas  espagnols 
Maximitien-Emmanuel ,  Électeur  de  Bavière  {Revue  nationale  d^  Belgique, 
t.  XIII,  7«  année);  Coremans,  Miscellannées  de  l'éi)oque  de  Maximilien- 
Emmanuel,  1692-1709;  Notice  sur  les  épliémérides  de  Ilerman  de  Voelter, 
secrétaire  d'État  de  V Allemagne  du  Nord  (t.  XI  du  Compte  rendu  des  séances 
de  la  Commission  royale  d'histoire,  1846);  Uenne  et  Walters,  Histoire  de 
Bruxelles. 

(i)  Ten  jaere  1G97  wirt  op  hel  Briedcrs  huys  gcsteit  de  statue  van  den  Hertogh 
van  Beijeren  sittcnde  te  pcerdt  gesnedcn  id  steeii,  niacr  door  de  winden  afge- 
worpen  synde  hebbc  de  Oekens  van  hel  voors.  anibacht  de  seive  iii  bronze 
doen  gietcn  (Chronyk  van  Brussel,  2"  deel.  Manuscrit  \\°  17121  de  la  Bibliothèque 
royale). 


—  i(;  — 

lois(|iio,  coiiiiiH-oii  Ir  veiTJi  plus  loin,  elle  fui  l'emphicée  par 
celle  (le  Charles  de  Lorraine;  pcul-ùlre  lut- elle  nicinc 
vendue  pour  subvenir  aux  frais  de  celle  dernière. 

Xous  avons  retrouvé  au  Musée  national  de  BaMère 
^Bayerischcs  National  Muséum)  le  modèle  en  bronze  de  la 
slaUic  équestre  de  Maximilien  (i). 

Ce  modèle  mesure  1  nièlre  dans  sa  plus  grande  hauteur 
et  le  i)iédeslal  C'GO.  L'Electeur  est  représenté  en  costume 
romain,  bien  ([ue  coiffé  de  l'énorme  perruque  du  xviT  siècle 
et  portant  le  collier  de  l'Ordre  de  la  Toison  d'Or.  Il  est 
chaussé  de  cothurnes  et  vêtu  de  la  tunique  recouverte  d'une 
cuirasse  richement  ornée;  le  glaive  antique  pend  à  son  coté, 
et  un  manteau  (le  paludamentum),  attaché  sur  l'épaule 
droite,  retombe  en  fort  beaux  plis  sur  la  croupe  du  cheval 
dont  la  selle  est  aux  armes  de  Bavière. 

Ce  cheval,  fort  bien  campé,  a  beaucou))  d'allure,  ses 
mouvements  sont  naturels  et  gracieux. 

Sur  le  piédestal  on  plaça  ce  chronogramme  : 
DVX   r.vVAnl.i:   brVXeLLensIVM   saLVs. 

l'^t  sur  le  fronton,  dans  un  cartouche  tenu  |)ar  deux  lions 
("ucliés,  se  lisaient  ces  quatre  vers  : 

Dum  prcmerel  radiis  nosUani  sol  Gallicus  Vrbem 
Te  solum  in  mrjeslos  vidinius  ire  rogos. 
(Juid  mirum  Gelicœ  qui  frcgil  Cornua  Lunœ, 
Gallica  si  salis  lumina  non  meluut. 

Ces  vers,  conrusdans  le  style  ampoule  du  fenips  et  dont 
nous  donnons  ci-dessous  une  traduction  littérale,  rappellent 

(t)  OUc  œiivic  d';i\\  a  «■le  rcprotUiilf  ;i  Miinnli  p;ii  la  |ilif»l(i^rii|iluo. 


'Il 


la  belle  eoiuluilede  rÉIccleiir  tlui-anl  le  boinbardciiieiil  ;  le 
troisième  l'ail  allusion  à  ses  i^nierres  eoiiîre  les  Turcs  : 

Quand  les  rayons  du  soleil  français  embrasaient  noire  ville, 
Nous  l'avons  vu  seul  marchant  au  milieu  du  triste  bûcher. 
Quoi cV étonnant  que  celui  qui  brisa  le  croissant  de  la  lune  Gélique 
Ne  craùjnit  pas  la  lumière  du  soleil  français. 

Celte  statue  de  Maximilien  lut  enlevée  de  son  piédeslal  en 
175^2  pour  faire  plaee  à  celle  que  le  métier  des  Brasseurs 
éleva  au  prince  Charles  de  Lorraine,  gouvei'neur  des  Pays- 
Bas  pour  Marie-Thérèse;  celte  dernière  œuvre,  en  bronze 
doré,  exécutée  par  Simon,  inailre  orfèvre  de  Bruxelles  (\), 
fat  détruite  à  la  révolution  française,  lors  de  l'invasion  de 
notre  pays. 

L'auleur  de  la  chroni(|uc  manuscrite  que  nous  venons  de 
citer  ajoute,  avec  une  pointe  de  malice  dirigée  contre  racle 
d'adulation  des  brasseurs  envers  le  prince  Charles  :  «  Macr 
len  jaere  ITo^  is  dese  statue  verranderl  in  die  van  den  ller- 
logh  Garel  van  L.oreijnen,  gouverneur  van  Nederlanl,  naer 
syne  doodt  sal  misschen  den  statue  wederom  verrandei-l 
worden.  »  «  Mais  en  l'an  175:2  celle  statue  fut  changée  en 
celle  du  duc  Charles  de  Lori-aine,  gouverneur  des  Pays-Bas; 
après  sa  mort,  celle  statue  sci'a  peul-èlrc  de  nouveau 
changée.  » 

Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  la  statue  do  Maximi- 
lien-Enmianuel  est  l'œuvre  de  MarcDevos,  sculpteur  bruxel- 


(i)  Desci'lption  de  la  ville  de  Bruxelles  (par  Fnicx),  Bruxelles,  (i.  Fhicx, 
1743,  p.  V6.  Voir  aussi,  clans  le  Journal  beUje  de  l'arcliiteclare,  1855,  l'aitiil'; 
(le  M.  Waueus,  La  Maison  des  Kraxncars,  it  UruxcUes. 


—  48  — 

lois  (jui  florissail  à  la  lin  du  xvii'  et  au  commencement  du 
wiii'  siècle;  il  naquit  vers  IGoO,  fut  admis  en  lG7o  dans  le 
métier  des  Quatrc-Couronnés  (i)  et  mourut  à  Bruxelles  le 
o  mai  1717  (2). 

Nous  connaissons  de  cet  artiste  plusieurs  travaux,  parmi 
lesquels  nous  citerons  en  terminant  : 

1°  La  chaire  de  l'ancienne  église  des  Auguslins  à 
Bruxelles;  ce  morceau  de  sculpture  se  trouve  aujourd'hui  à 
l'église  du  Sablon  ; 

2"  L'autel  de  cette  môme  église  des  Augustins,  exécuté 
d'après  les  dessins  de  W.  Coeberger,  architecte  de  ce 
temple  ; 

3'  Les  quatre  statues  :  la  Paix,  la  Justice,  le  Mensonge,  la 
Discorde,  ainsi  qu'un  bas-relief  représentant  Romulus  et 
Rémus  allaites  par  une  louve,  décorant  la  maison  de  la  Louve 
sur  la  Grand-Place,  maison  où  se  réunissait  la  compagnie 
bourgeoise  de  l'Arc; 

A°  Cinq  statues  qui  ornaient  la  maison  des  merciers  con- 
nue sous  le  nom  du  Renard,  située  également  Grand'Place; 
elles  représentaient  la  Justice  et  les  quatre  parties  du  monde; 

0°  Une  Renommée  qui  se  trouvait  à  l'entrée  de  la  maison 
du  Coffij,  rue  de  la  Colline; 


(1)  Sous  la  dénomination  de  métier  des  Quatrc-Couronnés,  on  comprenait  les 
tailleurs  de  pierres,  les  maçons,  les  sculpteurs  et  les  ardoisiers  (Henné  et 
Wautehs,  Ilisloire  de  Bruxelles,  t.  Il,  p.  590). 

(i)  Uaeiit,  Mémoires  sur  les  sculpteurs  et  architectes  des  Pays-Bas.  publiés 
par  le  baron  de  Hciffenbert;,  Marciial,  Mémoire  sur  la  sculpture  aux  Pays-Bas 
pendant  les  XVI h  et  XYI 11^  siècles;  Biographie  nationale,  publiée  par  l'Aca- 
dcmie. 


(>"  La  sliiUic  (rAlplioiist'  de  IJci'iilics,  arclicvùijur  de 
Malincs,  dans  l'église  de  Sainl-Hoinljaul  à  iMaliiUJs; 

1"  Une  Vierge  el  H'j H fanl  Jésus  placée  j.idis  à  l'eiUrcc  de 
Tancien  couvent  de  Jéricho  à  Bruxelles; 

8"  Une  slatue  j-eprésenlanl  une  lailiêre  (pii  oi-nail  une 
pompe  placée  dans  la  Grande  rue  au  Beurre,  au  pied  de  la 
lour  de  Sainl-Nicolas.  Celle  statue,  foi'l  abimée,  est  placée 
aujourd'hui  dans  l'un  des  bas-fonds  du  Parc  (i); 

i)"  Un  buste  de  Cbarles-Quint  qui  surnionlail  la  laçade 
d'une  maison  située  rue  de  la  Montagne,  vis-à-vis  de  la  cha- 
pelle Sainte-Anne  (-2). 

A, -G.  Demanet. 


(1)  Ui.NNE  el  Waiiliis,  Uisloirc  de  liniiellcn,  l.  III,  p.  1 10. 

(2)  Uomi;aut,  lirnxeUcs  illK^lrr,  t.  Il,  p.  2jî>. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Eléments  d' archéologie  chrétienne,    \yAv  M.    E.  Reusens. 
Louvain,   1871-1878. 


M.  le  chanoine  Reusens,  professeur  d'archéologie  el 
bibliothécaire  à  l'Université  de  Louvain,  membre  de  la 
Commission  directrice  du  Musée  royal  d'antiquités  de 
Bruxelles,  membre  correspondant  de  la  Commission  royale 
des  monuments,  vient  de  mettre  la  dernière  main  à  son 
remarquable  ouvrage  sur  l'archéologie  chrétienne. 

Déjà  à  deux  reprises  le  Bulletin  des  Comrnissions  royales 
d'art  el  d'archéuloyie  (XI,  p.  492,  et  XVI,  p.  505)  a  rendu 
compte  de  ce  manuel  indispensable  à  tous  nos  séminaires, 
et,  nous  ne  craignons  pas  de  le  dire,  à  tous  les  membres  du 
clergé. 

Il  s'agit  aujourd'hui  de  compléter  l'œuvre  entreprise  et 
de  signaler  les  nouvelles  représentations  d'objets  d'art  reli- 
gieux que  la  dernière  livraison  contient. 

Les  voici  : 

P.  !289.  Jubé  de  4490,  à  l'église  de  Saint-Pierre,  à  Lou- 
vain :  face  du  côté  de  la  nef. 

I*.  294.  Croix  Iriomjjhale  de  la  Jiiéme  église. 


—  ol   — 

P,  !2U7.  Ciiaire  à  prècliei-  du  xv*"  siècle,  pruvciianl  de 
l'église  d'Alsoiuberg,  actuelleiiient  au  Musée  royal  d'aiili- 
quilés,  à  Bruxelles. 

P.  500.  Pierre  tombale  en  bas-relief,  à  l'église  de  Forest, 
près  de  Bruxelles  (première  moitié  du  xiii*  siècle). 

P.  308.  Pierre  tombale  d'Alard  de  Hiergcs,  abbé  de 
Waulsort,  mort  en  126i,  à  l'église  d'Hastière. 

P.  310.  Pierre  tombale  de  Jacques  Mouton,  écolàtre  de 
Saint-Paul,  à  Liège,  mort  en  Î410. 

P.  510.  Effigie  de  Guillaume  Wenemaer,  à  l'iiospice 
Saint-Laurent,  à  Gand  (4- 1525). 

P.  517.  Effigie  de  Marguerite  Sbrunen,  épouse  de  G.  We- 
nemaer, au  même  hospice. 

P.  519.  Tombe  plate  en  laiton  du  sire  Martin  de  la  Cha- 
pelle, mort  en  1452. 

P.  525.  Monument  de  l'orfèvre  Henri  de  Tongres,  mort 
en  1448,  à  l'église  de  Sainte-Dymphne,  à  Gheel. 

P.  52S.  Croix  de  cimetière,  à  Hautrages  (xvi*  siècle). 

P.  326.  Croix  de  cimetière  du  xv*"  siècle,  à  l'hôpital  de 
Lessines. 

P.  529.  Fonts  baptismaux  de  l'église  de  Dinanl  (xiii'  et 
XIV*  siècle). 

P.  330.  Fonts  baptismaux  de  l'église  d'Ideghem  (xiv'  ou 
xv"  siècle). 

P.  551.  Fonts  baptismaux  en  laiton,  à  l'église  de  Notre- 
Dame,  à  Hal  (1444). 

P.  558.  Bénitier  pédicule  du  xv'  siècle ,  à  l'église  de 
Bilsen  (Limbourg). 

P.  356.  Bénitier  en  laiton  de  1487,  à  l'église  de  Saint- 
Jacques,  à  Louvain. 


1*.  7)7)8.  Jjriiilicr  porlalir  du  \v'  siècle,  à  IV-giiN»'  ilr 
Saiiik'-Gerirudc,  à  Louvaiii. 

1*.  ."i''2.  (!llùUire  on  bois,  à  la  cliajtelle  baplisuuili^  de 
.Noliv-Dame,  à  liai  (dernière  iiioilié  du  xv"  sièclej. 

P.  5i3.  Clôture  en  bois  provenant  de  lacliapelle  du  Val- 
des-Écoliers,  à  Mons,  actuellement  au  Musée  royal  d'anti- 
quités à  Bruxelles  (commencement  du  xvi"  siècle). 

P.  -'iO,  Calice  du  xiii"  siècle,  au  Irésoi'  des  Sœurs  de 
N'dlre-Dame,  à  .Nanmi-. 

P.  T)i' .  Calice  du  xiii''  siècle,  au  Musée  diocésain  de 
Bruges. 

P.  550.  Calice  du  xV  siècle,  pi-ovenaiil  i]\\  couvent  des 
Frères  Célites,  à  Anvers. 

P.  .")')().  Pyxide  du  xiii^-xiv' siècle,  i)rovcnant  de  l'église 
de  Conticb,  actuellement  au  Musée  du  Steen,  à  Anvers. 

P.  3o9.  Pyxide  du  xv' siècle,  au  couvent  des  Sœurs- 
-Xoires,  à  Mons. 

P.  .")(■)  1 .  Ostensoir  provenant  de  l'abbaye  de  llerckenrodc, 
actuellement  à  l'église  de  Saint-Quentin,  à  llasselt. 

P.  ."Gô.  Ostensoir  de  l'église  de  Saint-Léonard,  à  L(';au. 

P.  Ô67.  Cbàsse  de  Saint-Uemacle,  à  Stavelot  (h2G0  envi- 
l'on). 

P.  375.  Reliquaire  en  l'orme  de  bias,  au  liésor  de  Ton- 
gres  (lin  du  xiu''  siècle). 

P.  ')':').  Monstrance-reli(|uairc  de  P2:28,  rcnrerniant  une 
côte  de  rapôli'c  saint  Pierre,  au  trésor  (\i'>'  Sœurs  de  Xolre- 
Dame,  ii  Namur. 

P.  578.  Ii(.'li(juaii'(!  du  \i\"  ^iècie,  l'enler/naul  ôq:^  reli- 
ques de  NolreDamc  ri  de  sainte  Marguerite,  ;i  l'i-glisc  de 
S;iiiil-,l;ic(|i|c,N^  ;i  L(Hi\.iiii. 


—  ,),)  — 

—  Ri'li(|uairc  du  xv  siècle,  roiireniiaiil  (\v<,  rcli(iues  de 
sainlo  GerlriulL',  à  l'église  de  Sainte-Gci-lrudo,  à  Louvain. 

P.  580.  Reliquaire  i\u  xiii'  siècle,  à  l'église  de  Sainl- 
Renii,  à  iKre. 

P.  58:2.  Reliquaire-phylactère  en  forme  de  (lualrc- 
l'euilles,  au  trésor  des  Sœurs  de  iXolre-Daine,  à  \;iriiur 
(commencement  du  xmi*  siècle). 

P.  585.  Vase  aux  saintes  iiuiles,  à  l'église  Saint-Michel,  à 
Louvain  (W  siècle). 

P.  586.  Id.  ou  chrismatoiro,  à  l'égli-se  du  Béguinage,  à 
Louvain  (xv*  siècle). 

P.  587.  Id.  chez  les  Sanirs  de  Noire-Damo,  à  Louvain 
(xv'-xvi*  siècle). 

P.  589.  Couverture  d'évangéliaire,  au  trésor  de  Notre- 
Dame,  à  Tongres  (xiv''  siècle). 

P.  591 .  Face  principale  de  la  croix  processionnelle  de 
Bcveren,  près  Roulers  (xin''  siècle). 

P.  592.  Revers  de  la  même. 

P.  595.  Croix  processionnelle  du  xv"  siècle,  au  tn'sor  de 
Notre-Dame,  à  Tongres. 

P.  595.  Chandeliers  d'autel  du  xin"  siècle,  iirovenantde 
Bavière  et  de  France,  et  dont  les  pareils  sont  au  Musée 
royal  d'antiquités  (porte  de  Hal),  à  Bruxelles. 

P.  590.  Id.  à  l'église  Saint-.Vnmnd,  à  Jupille  (xv*  siècle). 
Id.       Id.  à  l'église  de  Sainte-Gangulfe,  à  Saint-Trond 
Cmème  époque). 

P.  597.  Chandelier  d'acolyte,  à  l'église  de  Sainte-Anne, 
à  Bruges  (commencement  du  xvi*"  siècle). 

P,  iOO.  Chandelier  pascal  du  xiv"  siècle,  à  l'église  de 
Notre-Dame,  à  Tongres. 


—  M  — 

P.  401.  Deux  dessins  de  l)ranches  à  cierges  du  chande- 
lier pascal  de  la  même  église. 

P.  -402.  Chandelier  pascal  du  milieu   du  xv*  siècle,   à 
l'église  de  Saint- Vaast,  à  Gaurain. 

P.  404.  Id.  de  4485,  à  l'église  de  Léau. 
P.  40j.  Chandelier  en  fer  forgé,  à  l'église  de  Léau. 
P.  406.  Appareil  de  luminaire,  au  Musée  de  la  ville  de 
Gand  (xv*  siècle). 

P.  407.  Gouroone  de  lumière  en  fer  forgé,  à  l'église  de 
Bastogne  (xvi*  siècle). 

P.  409.  Couronne  de  lumière  pédicules,  à  la  cathédrale 
de  Tournai  (xv"  siècle). 

Id.  Couronne  de  lumière  pédiculée,  à  Chapelle-à-Wat- 
lines  (Hainaul)  (xv^  siècle). 
P.  411.  Lutrin-aigle,  à  l'église  de  Hal  (milieu  du  xv*  siècle). 
P.  412.  Lutrin  mobile  en  fer  du  xv*  siècle,  à  la  cathé- 
drale de  Tournai. 

P.  413.  Id.  en  bois  du  xv^  siècle,  ta  l'église  de  Hal. 
P.  415.  Encensoir  du  xiv*-xv*  siècle,  à  l'église  d'Andenne 
(Namur). 

P.  418.  Porte-paix  du   xv^  siècle,   à  l'église  de   Saint- 
Nicolas,  à  Dixmude. 

P.  420.  Orfroi  de  chasuble  du  xv*  siècle,  à  l'église  dite 
de  l'Ermitage,  à  Lierre. 

P.  429.  Bille  ou  mors  de  chape,  au   trésor  de  Notre- 
Dame,  à  Tongres  (xv"  siècle). 

P.  437.  Crosse  épiscopale  du  xiii*  siècle,  au  trésor  de  la 
cathédrale  de  Bruges. 

1(1.  Crosse  alibali;ile  du  xv^  siècle,  à  l'église  Saint-Sébas- 
licn,  à  Slavelot. 


—  r)5  — 

p.  4-41.  Plan  primitif  do  l'abbaye  cislorcienno  de  Viiiers 
(Brabant),  fondée  vers  le  milieu  du  xiT  siècle. 

P.  4-45.  Cloître  de  la  fin  du  xv"  siècle,  à  l'ancien  couvent 
des  Récollels,  à  Malincs. 

P.  4-49.  Pignon  sud  du  réfectoire  de  l'abbaye  de  Yillers 
(xiii^  siècle). 

P.  4oG.  Grange  de  Ter-Doesl,  à  Lissewegbe,  construite 
vers  1280. 

P.  464.  Deux  dessins  de  scènes  du  crucifiement,  d'après 
deux  ivoires  du  Musée  de  Tournai  (xiii'-xiv'  siècle  et  mi- 
lieu du  xiv''  siècle). 

P.  465.  Id.,  d'après  un  autre  ivoire  du  même  Musée 
(xv*  siècle). 

P.  471.  Mort  de  la  sainte  Vierge,  d'après  un  ivoire  du 
même  Musée  (xv'  siècle). 

P.  486.  Demi-coupe  transversale  de  l'église  de  Saint- 
Michel,  à  Louvain  (vers  1660). 


Et  maintenant  notre  savant  collègue  peu!  dire  :  Kxegi 
moniinipntum. 

Ce  monument  est  de  plus  un  monument  national,  car 
l'auteur,  indépendamment  d'un  grand  nombre  de  représen- 
tations de  monuments  étrangers,  n'a  pas  reproduit  moins 
d'environ  quatre  cents  monuments  belges. 


—  :><■) 


J.  lIounOY,  yerrc)  ics  à  ht  faron  de  Voni^c  La  fiihiicatioii 
/îamniiili'  iCaptcs  (/e.>  (lociinictils  iitcdUs.  Paris,  Lillo  cl 
l'.iMlXclIcs,   IST.I. 

Andetis  grh  et  icrres  li('(/c'ois,  \r,iv  M.  S***. 

DÉsiRi;  Van  de  (îasteelf.,  Ldtie  à  M.  S*'*  sur  ^ancienne 
verrerie  liégeoise.  Liège,  1871).  (Ces  deux  derniers  opus- 
cules son!  extraits  du  IhiUvIin  de  nnsdint  archéologique 
liégeois.) 


Il  est  temps  de  revendiquer  pour  notre  pays  une  branche 
inii)ortanl('  des  arts  industriels  où  nous  avons  brillé  au 
XVI*  siècle  et  au  xviT  :  la  verrerie  à  la  façon  de  Venise,  si 
bien  remise  en  linnière  |)ar  des  documents  inédits  puisés 
aux  archives  de  Lille  et  de  Liège  par  MM.  .(.  Iloudoy  et 
D.  Van  de  Gasleele. 

Il  est  temps  de  ne  ]i!us  ranger  les  verres  arlisliqnes 
fabri(piés  dans  noij'e  pays,  parmi  les  verrerie.^  de  Venise  et 
d'Allemagne,  conime  le  font  encore  certains  catalogues  fort 
arriérés;  si  nous  avons  dans  nos  collections  des  verres  de 
Venise  et  d'Allemagne,  la  plupart,  sans  doute,  sont  des  verres 
à  l'imitation  de  ceux  de  Venise  et  d'Allemagne,  mais  ils  ont 
bfl  cl  bien  ('■l(''  r,il)ri(pn''S  dans  nos  jii'ovinces. 

Voilà  ce  que  les  ouvrages  cités  nous  a|)prennent  d'une 
manière  désormais  irréfragable. 

Charles-Qiiint,  nous  le  savions  déjà,  avait  encouragé  l'art 
de   la   verrerie   :   certains  documents  de  la   Chambre  des 


—  57  — 

coinples  do  Lille  avaionl  été  signalés  à  M.  Henné,  (|ui,  clans 
son  Histoire  du  riujne  de  Charles-Quint,  en  a  parlé,  mais, 
nialhoui'eiisemenl,  n'en  comprenant  pas  la  portée,  il  nous 
avait  parlé  de  reirière.s  au  lieu  <le  vern/rics. 

De  même,  c'est  à  peine  si  Y  Histoire  de  lirurellrs  de 
MM.  Wauters  et  Henné  cite,  en  passant,  des  privilèiics  pour 
la  fabrication  du  verre  accordés  à  certain  des  individus 
ci-après  désignés  el  (pii  l'ut  établi  à  Bruxelles. 

Nous  savons  aujourd'bui  mieux  cpie  cela  :  de  même  que 
Charles-Quinl  fit  venir  à  Anvers  un  certain  Guido  Savino 
pour  nous  initiera  l'industrie  céramicpie  des  Italiens  (d'aucuns 
disent  à  la  fabrication  des  grès),  de  même  cet.  empereur 
cbercha  à  nationaliser  dans  les  pays  «  de  par  deçà  »  l'in- 
dustrie vénitienne  du  verre,  el  les  genlilliommes  verriers  (i) 
de  Venise  el  de  Murano  ne  craignirent  pas  de  se  rendre  à  son 
appel  en  bravanl  les  prescriptions  draconiennes  du  Conseil 
des  Dix,  ({ui  menaçaienl  du  poignard  des  sbires  les  verriers 
transfuges  el  de  prison  leurs  parents  les  plus  proclies. 

Le  Vénitien  Ambrosio  Mongarda  parail  avoir  été  le  premier 
qui  ail  implanté  l'industrie  vénitienne  du  verre  en  Belgique  : 
il  alluma  ses  «  fournaises  »  à  Anvers;  sa  veuve  épousa 
Pbilippe  de  Gridolpbi,  qui  l'ut  autorisé  à  continuel-  la  même 
induslrie. 

Après  lui,  nous  voyons  Antonio  Miolli,  Ludovico  Gapo- 
nago,  Ferrante  Morron,  solliciter  des  privilèges  pour  exercer 
la  même  induslrie  à  Bruxelles,  où  enfin  Jean  el  Franccsco 
SavoneUi  créèrent  un  établissement  qui  eut  quehpie  diin'-e, 


(i)  n  L'art  nolilo  »  du  vcnv,  disaii-on  ;i  Vciiiso;  chez  niuis,  ral)rii(iuT  du  vorii 
pour  les  nobles,  ee  ii'i'tnil  pus  iléro.ser. 


—  r>8  — 

mais  qui  hienlôl  fui  absorbé  par  l'industrie  similaire  établie 
à  Liège  par  les  frères  Bonhomme,  auteurs  des  familles  nobles 
de  Bonhomme  et  de  Bounam. 

Ces  Bonhomme,  dont  on  aperçoit  déjà  l'intervention  dans 
le  livre  de  Houdoy,  sont  mis  en  pleine  lumière  par  M.  Van 
de  Gasteele;  au  milieu  du  xvi*  siècle,  après  avoir  débauché 
certains  ouvriers  vénitiens  qui  étaient  au  service  de  Savo- 
netti  à  Bruxelles,  ils  concentrent  dans  leurs  mains  toute 
l'industrie  verrière  tant  des  Pays-Bas  que  du  pays  de  Liège, 
dans  leurs  usines  de  Bruxelles,  de  Liège,  de  Iluy,  de 
xMaestricht  et  de  Bois-le-Duc,  toutes  villes  où  pendant 
longtemps  on  se  livra  à  l'industrie  du  verre  à  la  façon  de 
Venise. 

Si  les  privilèges  recueillis  par  M.  Houdoy  aux  archives 
de  la  Chambre  des  Comptes  de  Lille  nous  font  corfhaître 
les  noms  des  chefs  d'industrie,  les  nombreux  actes  notariés 
compulsés  par  M.  Van  de  Casieele  pénètrent  plus  avant  dans 
le  sujet,  et  nous  savons  que  des  gentilhommes  italiens  en 
grand  nombre  ont  travaillé  comme  ouvriers  aux  fournaises 
des  Bonhomme. 

Ce  sont  les  frères  Jiovani  et  Jiocepo  Castellano,  Antonio 
Mereingo,  Giovanni  Rigoz,  Rimondo  Carnelle,  Francesco  et 
Jean-Francesco  Santino,  Jean  Ungaro,  Jean  et  Paolo  Ma- 
ciolao,  Sebastiano,  Francesco  et  Vincento  Massaro,  Gio- 
Baptista  et  Francesco  Cingano,  Nicoleto  Slua,  Francesco 
Roda,  Marcho  Dallaqua,  Guillaume  Castellano,  etc.,  comme 
le  portent  les  signatures  des  nombreux  actes  cités  par 
M.  Van  de  Gasteele,  à  côté  de  beaucoup  d'autres  noms 
italiens,  mais  francisés,  et  dont  l'origine  est  moins  recon- 
naissablc. 


—  89  — 

Il  est  curieux  de  lire  chez  MM.  Houdoy  et  Van  de  Gasteele 
l'objet  de  l'induslrie  de  ces  Italiens  étahlis  dans  nos  contrées. 

A  Bruxelles  et  à  Anvers,  il  s'agit  toujours  de  privilèges 
pour  fabriquer  à  l'exclusion  de  tous  autres  les  «  voires  de 
»  cristal  à  la  fachon  de  Venise  »,  ou  pour  «  les  verres, 
»  vases,  couppes  et  tasses  de  fin  cristal  de  Venise,  de  toutes 
»  sortes  de  couleurs,  à  boire  vins  et  bières  »,  ou  pour 
»  toutes  sortes  de  verres,  vases,  couppes,  tasses,  miroirs  à 
»  l'imitation  deceulx  de  Venise  »;  les  privilèges  s'étendirent 
même  à  «  toutes  voires  contrefaicts  à  l'imitation  de  Venise, 
»  et  des  cristallins  venant  d'Allemagne,  France,  Bohème, 
»  Lorraine,  et  tous  autres,  »  et  à  «  aucunes  sortes  de  verres, 
»  soit  christal,  chrislallin,  reumers,  gros  verres,  bouteilles 
a  à  eaume  de  Spa  el  aultres  marchandises  semblables.  » 

A  Liège,  on  entre  dans  plus  de  détails.  Si,  à  une  époque 
contemporaine  des  actes  des  Pays-Bas,  on  y  voit  paraître 
presque  textuellement  les  énonciations  citées  en  dernier  lieu, 
les  actes  notariés  précisent  de  plus  près  les  sortes  de  verre 
que  les  gentilhommes  vénitiens  devaient  fabriquer  pour  les 
Bonhomme  ;  «  Faire  verres  à  quattre  bouttons,  deux  boulions 
»  et  haulte  olive;  verres  extraordinaires,  comme  à  serpent 
»  et  d'aultres  façons;  mettre  le  christal  en  brune  couleur, 
»  faire  emaille,  matière  de  pierrerie;  faire  verres  à  buck, 
»  à  chaisnettes,  à  demy  cotte  et  avecque  des  branches, 
»  verres  de  bierre  az  ondes,  à  escharbotte,  glacés,  couppes 
»  az  ondes;  verres  à  fleur;  rheumers,  verres  fins  à  la  façon 
»  d'Allemagne;  demy  Huttes  ou  reslillons,  masterlettes , 
»  beckers  moulés,  verres  à  l'anglaise  à  la  bierre  à  deux 
»  règles,  beckers  lisses  et  glacés,  pessens  et  sinelles,  cibors 
»  lisses,  ourinals,  bocals  à  deux  cols,  tassettes  à  confitures 


—  ('.()  — 

»  n'l)orcléo.s,  roineiirc'S  (reuinersj  vertles,  vers  au  vin  verds; 
»  basses  conppcs,  coiippcs  lisses  à  l'olive;  vei's  à  trois 
))  boulons  à  la  façon  de  Lille,  couppes  à  Irois  pilliers,  basses 
»  coupi)es  tuiiniassines,  coupes  à  un  serpeni,  et  (•oui)pes 
))  loumassines  à  un  serpent;  vases  ;i  la  façon  des  seigneurs 
»  allarisles  »,  etc.,  etc. 

Celle  abondance  de  formes  divei'ses  de  verres  fabriqués 
par  les  Vénitiens  établis  cliez  nous,  selon  des  formes  accom- 
modées à  nos  goûts  et  à  nos  usages,  devait  avoir  son  influence 
sur  les  reproductions  des  scènes  de  la  vie  intime  par  les 
peintres  de  l'époque;  aussi  voit-on  les  tableaux  llamands  ou 
bollandais  du  xvi'  siècle  et  du  xvii'  représenter  les  formes 
les  })lus  intéressantes  des  verres  qui  liguraient  alors  sur 
toutes  les  tables,  et  ce  serait  assurément  une  élude  i)ien 
curieuse  et  bien  féconde  pour  nos  industriels  que  celle  qui 
recueillerai!  dans  nos  Musées  les  différents  spécimens  de 
l'industrie  llamande  et  liégeoise,  pour  les  présenter  en  ordre 
cbronologique  d'après  l'époque  des  tableaux  auxquels  on  les 
emprunterait.  Gomme  l'a  remarqué  M.  Iloudoy,  «  ce  ne  sont 
pas  seulement  les  élégants  cavaliers,  les  belles  dames  aux 
robes  de  satin  représentés  par  Metzu,  Terluirg  ou  Teniers, 
(pn'  se  servent  de  buires  délicates,  de  coupes  légères,  il  n'est 
pas  jusqu'aux  ivrognes  endiablés  des  peintres  de  cabaret  qui 
ne  tiennent  entre  leurs  gros  doigts  d<*  fins  calices  à  la  lige 
fragile.  >•> 

Des  colleclions  de  ces  verres  ont  élé  formées  en  Belgique, 
cl  les  ncquéreurs  étrangers  (pii  iicms  ont  dépouillés  de  la 
plus  grande  partie,  p;n'  exemple  de  la  collection  d'Iluyvetter, 
:i  Oand,  ne  s'y  sont  p;is  (rompes  :  au  Musée  de  Cluny,  ;i 
j'.iris,  ei  d;iMs  l;i  eolleelidii  Slade,  .•inno\é(^  au  Mu<(''e  brilan- 


nj(ju(.'  à  Lomlro,  on  voil  limir(  r  un  (.(.'il-iiii  nninlu'C  de 
verres  /laviands,  rubrique  qui  ni;im|ii('  riicoïc  au  Calaloguc 
de  notre  Musée  royal  d'anliquilés. 

ïl  y  a  lieu  d'espérci-  que  la  grande  exposilion  de  nos  ails 
industriels  de  1880,  en  réunissant  les  verreries  éparses  de 
notre  pays,  —  eoninie  aussi  nos  anciens  |)ols  de  grès,  — 
eomplétera  les  indications  de  nos  archives,  et  (\ui\  l'avenir 
nous  poui'rons  restituer  à  la  plupart  de  nos  veri-es  leur 
véritable  dénomination  :  verrc:<  flamands  ou  liôijeois  a  (a 
façon  de  Venue,  etc. 

Lièiïe,  l"  février  1871). 

II.    SCIIUËKMA>S. 


[\  s.  Depuis  la  mise  sous  presse  de  l'article  bibliogra- 
phique ci-dessus,  je  me  suis  demandé  s'il  n'y  avait  pas  moyen 
de  combler  la  lacune  entre  :  1  "  les  veri'iers  liégeois  signalés 
en  1607,  dans  un  document  publié  par  Houdoy,  comme  prati- 
(|uant  l'art  «  de  contrefaire  les  verres  de  Venise  si  ponctuelle- 
»  ment  que,  à  grand'peine,  les  maîtres  sauraient  juger  de  la 
»  différence,  »  —  et  2"  les  familles  de  Glin  et  Bonhomme, 
que  M.  D.  Van  de  Gasteele  fait  connaître,  en  lOaO,  comme 
faisant  travailler  à  Liège  dosgentilhommes  verriers  de  Venise 
et  de  Murano. 

Or  voici  toujours  un  jiremier  renseignement  : 
Les  registres  des  Recès  dt;  la  cité  de  Liège,  à  la  date  du 
o  août  1()2G,  font  connaître  deux  Liégeois,  Gérard  He\  ne, 
dit  des  ri'cilz,    et  son  gciidir  Louis  M.'irius,  (pii.  ;i  cette 


—  62  — 

époque,  faisaient  travailler  des  mai  très  italiens  à  la  fabrication 
(le  cristallins,  de  verres  dorés,  de  contrefaçon  de  pierres  pré- 
cieuses, enfin  d'émaux  de  toute  sorte  de  couleur. 

Une  bizarrerie  de  l'époque  est  que  pour  obtenir  le  privi- 
lège par  eux  demandé,  Heyne  et  Marins  ont  été  obligés  de 
se  faire  inscrire  dans  deux  bons  métiers  de  Liège,  ceux  qui 
présentaient  le  plus  d'aflinité  avec  leur  nouvelle  profession 
de  verrier. 

Or  les  deux  métiers  qu'ils  ont  relevés  sont  : 

1"  Le  métier  des  orfèvres  :  on  peut,  en  elTet,  trouver 
quelque  analogie  entre  les  orfèvres-émailleurs  et  les  émail- 
leurs-verriers  ; 

2"  Le  métier  des  flockeniers...  Ici  l'analogie  est  moins 
palpable. 

Qu'était-ce  qu'un  flockcnier? 

M.  St.  Bormans  nous  l'apprend  dans  son  Glossaire  tech- 
nologique du  métier  des  drapiers,  p.  ôl  :  un  flockenier 

c'était  un  fabricant  de  mèches  de  chandelles!... 

L'analogie  signalée  entre  l'industrie  du  verrier  et  celle  du 
flockenier,  est  que  tous  deux  font  usage,  de  «  vases  de  terre 
»  pour  préparer  leurs  matériaux.  » 

Ce  détail  a  paru  assez  curieux  pour  être  relevé  ici. 

H.  S. 


EPHiRlPIIIE  \m\W\]  DE  LA  HELIIKIIE 

{Siiile)  (.). 


N°  354.  G  G  P  F 

—  Ruiijpst  {->). 

Gelte  inscription  est  marquée  sur  une  tuile. 

Des  tuiles  semblables  ont  été  trouvées  en  un  grand  nombre 
de  localités  sous  les  formes  suivantes  : 

Al.,  c  g  p  F,  Gologne,  plusieurs  exemplaires  (3);Voorburg, 
également  plusieurs  (4). 


(1)  Le  présent  article  commence  le  II*  volume  des  tirés  à  part  des  articles 
sur  V Épiyraphie  romaine  de  la  Belgique,  publiés  par  le  Bull,  des  Coinin.  roy. 
d'art  el  d'archéologie.  Voy.  les  précédents,  ci-dessus,  VI,  pp.  90  et  97;  VII, 
pp.  34,  100,  545  et  56:2;  VIII,  p.  295;  IX,  pp.  217,  374  et  578;  X,  p.  53; 
XI,  p.  73;  XV,  p.  76,  et  XVI,  pp.  68  et  536. 

(2)  ('.  Van  Dessel,  L'établissement  helgo-romain  de  Rnmpst  {Ibid.,  XVI, 
p.  161  et  fig.  7. 

(5)  Brambach,  Corpus  inscriptionum  rhenanarum,  n"  1971,  5. 

(i)  Steiner,  Corpus  inscriptionum  romanurum  Rlieni  et  Dunubii,  1139; 
DuNTZER,  Verzeichniss  der  romischen  Alllierthiimer  des  Muséums  \\  allraf- 
RiCHARTZ /h  Kôln,  p.  1~  ;  Jahrbiicher  des  Vereins  von  Allerthumsfreunden  im 
Rheinlande,  XLIX,  p.  158;  Kamp,  Die  epigraphischen  Anticaglien  in  Coin, 
p.  11;  Brambach,  n"  456  gi;  Lersch,  Central  Muséum,  I,  p.  64;  Leemans, 
Animadversiones  in  Mus.  Lugd.  Bat.  inscriptiones,  p.  44,  u»  4. 

11  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  rapporter  à  ces  marques  la  tuile  de 
Carnunte  :  g.  p.  f  (Steinek,  n°  1222;  Schuermans,  Sigles  fîgulins,  n»  2249; 
celle  de  Hongrie  :  g.  f.  pf  [Archaeologiai  Kozlémenijek,  1866,  p.  108),  non  plus 
que  celle  des  environs  de  Mayence  :  ...  gfm  pfppf  {Zeitsclirifl  des  Vereins  zur 
Entforschung  des  rheinische  Geschichie  und  Allertltumer  in  Mainz,  II,  1859 
à  1864,  p.  444). 

Les  sigles  ce.  ff  qui  se  trouvent  dans  l'inscription  de  Gruter,  1088,  1,  ne 
paraissent  pas  pouvoir  non  plus  être  réduits  à  la  forme  c  c.  p  f,  qui  n'y  aurait 
aucune  sisnitication. 


—  {\i  — 

B-  ^''  *'■  '*■  '■  (t^'oiiiinc  ci-dessus.) —  Cologne  (ij. 

C.  <:.  <;.  I'.  i:  (léli-.  ),  in;ir(nu' (|iril  y  a  éviclcmmenl  lieu  de 
lire  :  t:.  i;.  i'.  i,  eoinnie  cela  résulte  du  lieu  delà  trouvaille, 
ri  de  la  coid'usion  aisée  à  commeltre,  surtout  sur  les  terres 
cuites  ('->),  entre  les  lettres  e  et  i-  —  Yoorburu(r)). 

I>.  ce.  PE  (à  lire  :  ce.  i*i-)  —  Brillcn  on  Kalwvck  (  '.). 

m.  e  (.  !•  !■  Il  EX.  (;f,i'v.  im',  l'orine  à  la(|uelie  on  peut  i'a|t- 
porter,  par  suite  des  points  de  comparaison  ici  l'assemblés, 
les  lectures  ou  vai'ianles  suivantes  : 

E**'".  ce.  l'i  1!  i;\  (.hn  i.M  ,  de  WeisNveiler ,  près  de 
Juliers  ('■>)• 

f .   i.x.  (iLi;.  i.M'  II  ce.  I'.  E,  de  Di'illen  (c). 

Gr.  ce.  l'E.  Il  EXCEU.  i.NE,  (le  Katwvck  ou  Voorburg  {i). 

11.  ce  :  l'E  :  Il  EX  :  cei;  :  ixr,  Irouvé  en  Hollande  (s). 

1.  c.  c.  V.  V  II  EX.  (.Er>,  ixr,  dans  une  eolicrliiui  parli- 
culière  à  Aix-la-ClianrIir  (k). 


(i)  lîKuviîN^,  ^olice  (I  ijliiii  (/f.N  ci'iislniriioiis  romaine^  Iioum'CS  d.iiis  les 
rouilles  laites  en  1827-1829,  .sur  remplacoincnt  prosunic  du  ronini  Hadriani, 
a  la  canipagiio  iKniimcc  Arenlsbiirn,  ((iiiiiniinc  de  Vodrluirii,  pri">  de  I.a  Haye, 
■2-  p.,  III  cl  IV;  Bi!A.Mi!.\cii,  11"  2Ô,  li'. 

SciiAïES,  fji  Iklij.  cl  Ifs  l'iii/s-llus,   III.  p.   155,  inipiiine  a  lnil  :  i,.  y.  w  \. 

{i)  BïiwiiAcii,  n"  \,  .V'i. 

(.'•)  In  ,  11"  23,  II';  voy.  aussi  Miiséo  de  I.cuK'ii.  1.i:kman'-,  ÀHiniadc.,  \>.  i  i,  ii"  j. 

(i)  lu  ,  11"  i.  A'";  GitLiKii,  ."ilo,  l.'i. 

Voy.  aussi  le  ii"  iôO,  U-,  dr  13r.AMi;Ai  ii    Miiscc  de  ('.(dn.L'ni'). 

(:.)    riiAMnACII,   il"  ?)it|. 

{«)  h».,  iiM,  C.'-^ 

(7)  II».,  Il»  4,  A-',  7;  Giti  ii.i:,  .j|u,  1). 

(«)   HllASIliACll.  Il"  lôiW. 

(ît)  II».,  Il*  ir.d. 


—  6.-)  — 

Uneaulre  série  d'inscriplions  do  tuiles,  aux  sigles  c  g  p  f, 
se  relrouvent,  mais  avec  des  menlions  d'un  autre  ireiire;  ce 
sont  les  suivantes  : 

J.  LEG.  XXX.  [|  GC  PF  (lire  G  G  p  F  ),  de  Katwyck  (ij. 

li.  REG.  XXV.  j|GC.  p.  F  (lire  id.,  et  comme  dans  la  |)ré- 
cédente  :  leg  xxx),  des  environs  de  Nimègue  (2). 

I^.  G.  G.  P.  F  II  M.  xxx  (lire  ;  leg  xxx?)  des  environs  de 
Rodenkirchen,  près  de  Cologne  (3). 

'Mi.  GC.  p.  F  II  CAT.  vALTF  (lire  CG.  p.  f),  de  Britten  (4). 

Ce  n'est  pas  tout;  les  sigles  c.  G.  p.  f.  apparaissent  non- 
seulement  sur  les  tuiles,  mais  aussi  dans  les  inscriptions 
monumentales  : 

Une  base  de  statue  trouvée  en  Hollande  et  recueillie  à 
Dordrecht  (5),  porte  l'inscription  suivante  : 

IV.    MARTI.  VICT  II  GLADIATORES  G-  G.  P.  F. 

O.  Une  autre  inscription  dédicatoire,  de  Cologne  (g), 


(«)   Id  ,  n"  4,  Ab;  Gruteu,  51o,  19. 

(2)  Brambach,  p.  561,  n»  12. 

(5)  Id,,  11"  456,  02.  D'après  Steiner,  u»  {"I-li,  cette  tuile  iirovicudrail  non 
de  Rodenkirchen,  près  de  Cologne,  mais  de  Rodingen,  i)rès  dt  Juliers. 

Brambach  déclare  ne  pas  comprendre  la  lettre  m  suivie  de  xxx. 

Sans  les  analogies  avec  leg.  xxx,  on  pourrait  proposer  de  lire  na.  xxx  (navi 
trigesima),  comme  on  en  voit  des  exemples  :  le  chiffre  xxx  ne  devrait  pas 
étonner  dans  une  flotte  qui,  sous  Germanicus,  a  compté  mille  vaisseaux. 

(i)  Id.,  w"  i,  C,  24. 

(5)  Brambach,  n"  138,  qui  cite  cependant  accessoirement  la  lecture  :  l.  g.  p.  f, 
aussi  proposée  pour  les  mêmes  sigles. 

(e)  Henzes,  n"  1965,  d'après  Gruter,  86,  9,  et  von  Huepscu,  Epigrammato- 
g raphia,  8,  22. 

Cette  inscription  avait  déjà  été  signalée  par  Pighius  (xvi*  siècle). 


—  ()li  — 

|ioi-lail    :   BACM'.DU    i|   SACUV.M   il  M.   ALBA^WS  ][  l'AlLll.NVfc   )i  Ul'TlO 
V.  S.    !..   M.   Jl.   SIL.   COS. 

El  sui-  un  (les  côlûs  (le  l'aulel  on  lisail  G.  (..  r.  v. 

On  a  bien  essaye  de  prélcndre  (\)  (iiie  pour  ce  dernier 
aulel  on  avait  conl'ondu  l'ablalil'  de  lalus  (cùlé)  avec  celui 
de  laler  (brique),  et  qu'on  avait  interprété  erronénficnt  les 
mots  in  lalere  par  «  sur  le  côté  » ,  au  lieu  de  «  sur  une  tuile  ;  » 
un  aurait  ainsi  donné  une  portée  exagérée  aux  prentiières 
annotations  concernanl  le  monument. 

L'argument  le  plus  imi)orlai)l  à  Tappui  de  cette  tlièse  est 
(ju'en  effet  on  trouve  souvent  la  manjuo  c,  c.  p.  f.  sur  tuile 
(//(  lalere^  in  laiercido);  mais  cet  argument  est  réfuté  par 
l'avant-dernier  monument  cité,  (|ui  est  bien  un  monument 
épigraphique  |»roi)rcmeiil  dit  et  (lui  présente  les  mêmes 
siglcs. 

Ce  qui  achève  de  renverser  la  thèse,  c'est  la  description  du 
monument  lill.  o,  où,  a|)rès  avoir  parlé  de  l'inscription 
c.  G.  r.  1'.  ^<  in  lalere  » ,  on  détermine  immédiatement  la 
siu'nificalion  de  ce  dernier  mol  comme  c<Jlc  :  «  ad  lalus 
allerum  sculptum  coi-nucoi)iae  (2).  » 

Pareille  série  d'inscriptions  avec  les  mêmes  sigles,  (jui 
doivent  tous  être  ramenés  à  la  foi-me  :  c.  g.  p.  1  .,  impliijuc 
évidemment  une  signification  commune,  qui,  à  ré|)o(|ue 
où  ils  ont  été  imprimés  ou  gravés,  s'imposait  à  l'intelligence 
des  po|)ulations  contem|)oraines. 

I^a  pi'emière  idce  tpii  s'est  ju'ésentee  à  re>pril  des  mo- 
dernes, a  éli'd»'  pr<'iidr(.'  ces  sigio  pour  la  désignalion  ^'\\\\ 


fij  Jiilirhiiclicr  do  Bonn,  \lix,  p.  Jb8. 

(î)  BnAMb\cu,  \V'  383,  (J';ipro!>  GiitTEU,  Mlucmou,  elc. 


—  (;;  — 

cor|is  iiiililaire,  cl  i>n  s'en  ol  Icim  ;i  I  cxjilicalioii  l.i  |iliis 
simple  :  on  y  a  vu  une.  coliortc  goi'iiianitiuc  (ou  des  (•olioilcs 
itl.),  cl  un  a  supposé  <iuc  les  épilhèles  de  /'m  Fldclis  v 
appaiienaient  (i). 

Il  y  a  bien  une  eertaiiie  vraisemblance  à  faire  tiu  sigle  c 
Tabrévialion  du  mol  colicrs  ;  car  on  en  li'ouve  des  exeniplcs, 
(pioiquc  rares,  dans  les  recueils  (:>). 

Cepcndanl  rinterprélaliun  qui  ra|>por(e  les  sigies  c.  >;.  i\  v 
à  une  cohors  Germanorum  (ou  Germanica)  Pia  Fidelis, 
ou  à  plusieurs  id.,  n'est  i)as  admissible  : 

Dans  l'hypothèse  de  l'allribution  à  une  coliorle  seule, 
celle-ci  devait  absolument  porter  un  numéro  d'ordre,  comme 
on  peut  en  juger  i)ar  la  dénomination  dero/tor.s'  /,  qui,  dans 
les  diplômes  militaires  (ô)  et  dans  les  inscriptions,  esl  attri- 
buée aux  corps  auxiliaires  des  Apameni,  Ascalomtae,  Bae- 
lasii,  Belgae,  Cantabri,  Celtiberi,  ctc  ;  ils  ont  laissé  leur 
nom  à  une  seule  cohorte  toujours  appelée  Prima,  peut-être 
parce  que  la  cohors  Prima  était  commandée  pai-  un  (ribun, 
tandis  que  les  autres  l'étaient  par  un  préfet  (i). 


(i)  Si'EiNER,  iiolainraenl  à  son  u"  1159;  ailleurs  il  lit  Hu  Fdiu,  au  lieu  lU' 
Pia  Fidelis,  laiidis  que  Pia  Félix  esl  jusqu'ici  le  surnom  crunc  seule  lotion,  la 
VU"  Geinina,  ou  bien  il  propose  de  lire  L(cgio)  pour  c,  etc.,  etc. 

Or  la  leyio  l  Germanica  s'éteignit  sous  Domitien,  ft  l'iuscrip'ion  n"  IG  appar- 
tient à  l'an  189,  date  du  consulat  des  deux  SiUuitis;  de  plus,  la  h'<jio  I  Cenitu- 
nica  n'a  jamais  porté  le  surnom  de  Pia  Fidelis. 

(i)  Orelli,  n"  238;  voy.  aussi  idii'2,  c.o  pour  conons  cl  ci-apiès,  inscriptions 
lilt.  T,  nr.  et  ce. 

r.oniinunénienl  f(î/(('rv  s'écrit  crpoiidaiii  cno:  rs)  ou  coii(ors). 

(s)  bail,  des  Comiii.  roji.  d'art  el  d'urchéoL,  Vil,  p.  103. 

(i)  Ai.LMKR,  Inscriplions  untiqucs,  elc,  de  Vienne,  en  DaiipliiiK',  I,  p.  ili. 

L''S  recueils  sont  loin  cepcndanl  de  justifier  celte  observalictn  d'une  manière 
absolue  (voir  les  tables  du  (Àirpiis  iuscriplioinini  lulinarnm). 


—  68  — 

Au  cuiilraiic,  m  riiypotlièse  s'i(ppli(iu(.'  à  un  (Miscmblc  de 
plusieurs  cohorles ,  quelle  vraisemblance  y  a-t-il  qu'on  ait 
assigné  à  ces  cohorles  un  surnom  générique,  Piae  Fidèles, 
applicable  à  toutes  et  ennpèchant  de  les  distinguer  les  unes 
des  autres  ? 

On  n'aurait  pas,  du  reste,  appelé  les  subdivisions  de  toutes 
les  légions  de  la  Germanie  inférieure,  du  nom  spécial  de 
cohortes,  réservé  dans  les  inscri|)tions  aux  auxiliaires  non 
inscrits  dans  les  légions;  la  lecture  de  Brambach,  à  sa  table 
des  matières  :  cohortes  Germanicae,  sive  exercitùs  Germa- 
niae  inferioris,  n'est  donc  pas  acceptable. 

En  outre,  on  n'aurait  pas  établi  de  promiscuité  entre  le 
nom  de  ces  cohortes  légionnaires  et  celui  de  la  légion  xxx, 
qui  apparaît  dans  certaines  tuiles  à  côté  des  sigles  c.  g.  p.  f 
(voir  lilt.  j  à  L  ci-dessus),  et  il  ne  peut  s'agir  de  cohortes 
de  cette  légion  elle-même,  qui  portait  le  nom  d'Ulpiavicirix 
et  non  de  Pia  Fidelis. 

Enfin  on  ne  connaît  comme  cohortes  auxiliaires  des  Ger- 
mains qu'une  coh.  I  Germanorum  civium  romanorum 
et  une  coh.  J  .\ervana  Germanorum,  (jui  étaient  campées, 
non  dans  la  Germanie  inférieure  (i),  mais  dans  la  Germanie 
supérieure  et  dans  la  Britannia. 

Chose  certaine,  il  s'agit  d'un  corps  militaire  ;  non-seule- 
ment ce  corps,  dans  les  inscriptions  litt.  j.  à  l.  ci-dessus,  est 
associé  à  la  xxx*  légion  .  mais  les  inscriptions  litt.  e.  à  i. 
indiquent  formellement  que  le  corps  désigné  par  les  sigles 


(i)  Corpus  inscriplionuin  hilinarum,  V[I,  ii""  937,  955,  1003,  I0G6;  Bull, 
dfs  Connu,  rnij.  d'art  et  d'arcltéol.,  VII,  p.  117;  Buambach,  n»'  151-2,  1608, 
1616. 


—  69  — 

G.  G.  P.  F  appartenait  à  Yexercitus  Germaniae  inferioris  (i). 
En  outre,  la  mention  de  gladiateurs  dans  l'inscription  litt.  n 
n'empêche  pas  l'attribution  à  un  corps  militaire,  puisque 
l'on  voit  bien  une  légion,  la  xxx*,  ayant  son  iirsarius  Oï). 

Mais  quel  pouvait  être  ce  corps  qu'on  retrouve  sur  le 
Rhin  (à  Cologne),  —  sur  la  Roer,  affluent,  alors  navigable? 
de  la  Meuse  (à  Weisweiler),  —  sur  le  Ruppel,  alïluenl  de 
l'Escaut  (à  Rumpst),  —  enfin  sur  les  bords  de  la  mer 
du  Nord  (à  l'embouchure  du  Vieux-Rhin,  à  Katwyck,  à 
Voorburg,  etc.? 

Ce  tableau  synoptique,  qui  implique  des  communications 
par  eau,  lait  involontairement  songer  à  une  flotte  qui 
reliait  tous  ces  points  l'un  à  l'autre,  et  le  judicieux 
M.  Cam.  Van  Desscl  était  bien  près  d'entrevoir  la  vérité 
quand  il  s'exprimait  en  ces  termes  : 

«  Ces  sortes  de  tuiles,  dit-il,  étaient  fabriquées  par  des 
troupes  romaines  ou  auxiliaires,  qui,  dans  la  prévision  d'un 
séjour  plus  ou  moins  permanent,  nécessitant  la  construction 
d'un  campement  fixe,  faisaient  elles-mêmes  des  tuiles  (5). 
De  notre  découverte,  on  peut  donc  tirer  la  conclusion  que 
Rumpst  a  eu  sa  garnison  du  temps  des  Romains,  et  que. 


(i)  Cette  mention  ex  ger  inf  ou  ex.  ce.  i  se  trouve  aussi  seule  ou  avec 
d'autres  mentions  militaires.  Stetner,  ii"'  1186,  1428,  1440,  li7"2,  1480,  1481, 
1531,  etc. 

(î)  BRAMBAcn,  n"  211,  et  observations  au  n»  158. 

Steiner,  1"  édit.,  n"  665,  II,  p.  28,  avait  considéré  Ursariiis  comme  un 
agnomen,  et  à  cet  cfTet  il  avait  été  obligé  de  suppléer  un  sous-entendu  :  centurio 
ou  mileti;  mais  Preunu,  qui  cite  l'inscription  d'après  Steiner,  dans  son  Grand 
Dictionnaire,  ne  s'y  est  pas  trompé,  et  il  a  traduit  itrsarius,  «  celui  qui  garde 
les  ours  dont  les  Romains  se  servaient  pour  la  chasse.  » 

(3)  M.  Van  Dessel  cite  ici  Schuermans,  Ann.  de  l'Acad.  d'archéol.  de  Belg., 
ii«  série,  VIIl,  p.  18;  Sciiaves,  Hist.  de  l'arcliit.  en  Belgique,  I,  p.  55. 


—  70  — 

|i;irlnnl.  ce  n'a  pas  été  un  élablissomenl  (oui  à  l'ail  civil  qui 
V  l'tail  assis.  Il  esl  probable  qu'on  avait  placé  là,  au  confluent 
(le  di/jcrenles  rivières,  un  ponte  de  surveillance.  » 

.M.  Van  Dessel  insiste  et  il  ajoute  :  «  On  reconnaîtra  que 
Riimpst  esl  adiniriiblenienl  sihK'  poiii'  lenir  en  respect  tout 
ce  (|ui  voulait  i-enionter  la  Dyh; ,  la  Xètlie,  la  Senne  et 
pénétrer  dans  l'intérieur  par  voie  d'eau.  Le  corps  en  question 
a  tenu  également  garnison  à  Cologne,  Ximôgue,  Voorburg 
el  .luliers,  toutes  villes  situées  sur  des  tleuvcs  ou  à  des  con- 
lluenls,  el  où  scms  doute  il  était  chargé  du  même  service  qu'à 
Rumpst.  » 

Ces  considérations,  pleines  de  sagacité,  avaient  été  pous- 
sées bien  loin  déjà;  mais  M,  Van  Dessel  s'est  sans  doute 
arrêté  devant  la  hardiesse  de  sa  thèse.  S'il  avait  osé  croire 
que,  du  temps  des  Romains,  des  flottes,  elles  aussi,  cui- 
saient d(,'S  tuiles  à  leur  iiiai'qne  el  construisaient  des  édifices, 
et  si,  contrairement  il  est  vrai  à  ini  usage  général,  il  avait 
1)U  supposer  que  le  nom  de  classis  pouvait  être  abrégé  non 
])as  par  cl  (i),  mais  par  c  seulement,  il  eût  sans  doute  serré 
la  question  de  plus  près. 

Or  la  première  au  moins  des  deux  objections  est  levée 
|inr  le  failque  \'à  classis  Britannica  a  laissé  sa  marque  en 
des  tuiles  appartenant  à  des  constructions  élevées  par  elle 
à  Lymne  sur  les  côtes  d'Anglelerre  (2). 

Si  la  deuxième  objection  esl  plus  dillicile  à  combattre, 
essayons  cependant  de  montrer  que  l'absence  d'une  lettre 


(ij  Lch   tailles   (I'Orem-i-Henzen  ,    relies  du   Corpus  imcriplionum   latinn- 
rum,  etr.,  iic  doniiciil,  en  edet,  que  les  sigles  c\.=c}(ism. 
(i)  Corpus  'nixdipliomnn  lal/unniDi,  VII.  u"  1-220. 


—  71    — 

(l;u)s  l'abréviation  tlo  ciAassis),  i]o\\t\  n'rsl  pas  un  obstacle 
absolument  insurmontable. 

Il  n'est  peul-ètre  pas  indilïéreni  de  faire  observer  que, 
—  est-ce  bien  un  pur  effel  du  liasard?  —  il  se  trouve  pré- 
cisémenl  (pie  dans  l'une  ilcs  inscrij)[ioiis  ci-après  la  leili'c  l 
de  classis  l'ail  défaut  (voy.  inscr.  lill.  u). 

Il  est  à  remarquer,  en  outre,  que  ces  quatre  lettres  signill- 
catives  ont  pu  devenir  traditionnelles  le  long  des  rivières  et 
fleuves,  où  on  les  voyait  constamment  inscrites,  avec  une 
signification  non  douteuse,  à  l'aplustre  ou  sur  la  poupe  des 
nombreux  navires  qui  parcouraient  le  fleuve. 

Qu'élait-il  besoin  d'ajouter  encore  un  l  à  ces  quatre  sigles 
c.  G.  p.  F,  dont  le  sens  était  alors  si  aisé  à  saisir  :  rlassis 
Ciormanica  Pia  Fideh's? 

On  ne  peut  guère  objecter  l'association  des  mots  :  classis 
Germanica  et  exercilus  Germaniae  inférions  dans  les 
inscriptions  litt.  e  à  i,  car  la  flotte  est  une  partie  de  l'armée,  et 
Pitiscus  ne  trouve  pas  de  meilleure  définition  de  la  c/a.ç.sîi' 
qu'en  l'appelant  exercilus  navalis  :  h  classis  Germanica  fut 
donc  en  réalité  la  partie  navale  de  Vexcrcitus  Germaniae 
inferioris  :  la  redondance  apparente  des  mots  classis  Ger- 
manica e.rercitas  Germaniae  inferioris  peut,  du  reste,  être 
retournée  contre  les  cohortes  Germanicac  qu'on  suppose 
nommées  dans  les  mômes  inscriptions. 

Mais  ce  qui  trancbe  la  question,  malgré  l'absence  de  la 
lettre  l,  c'est  que  les  classes  sont  les  seules  parties  (i)  de 
l'armée  romaine  qui  apparaissent  dans  les  inscriptions  sans 

(i)  Abstraction  faite  néanmoins  des  corps  spéciaux  moins  importants  appelés 
jiiimeriix,  vexillatio,  elc,  dont  il  n'est  pas  question  ici. 
V.  Hen'zen,  tutiles  ri'Ortrr.M,  p.  140. 


ri 


iHimcro  d'ordre  ;.  elles  sont  constamment  qualifiées  d'après 
la  localité  ou  la  contrée  où  elles  stationnaient  et  qui  suffisait 
amplement  à  les  désigner  :  flotte  de  Ravenne,  de  iVIisène, 
d'Alexandrie,  de  Pannonie,  etc.  ;  au  contraire,  les  legiones, 
les  alae,  les  cohortes  ont  toujours  un  numéro  d'ordre. 

Dès  qu'il  est  bien  entendu  ainsi  qu'il  s'agit  d'un  corps  mi- 
litaire, et  d'un  corps  militaire  important,  l'omission  du 
numéro  d'ordre  ne  permet  plus  de  douter  du  vrai  sens  des 
sigles,  et  les  inscriptions  litt.  a  à  m  doivent  se  lire  : 

A  à  D  (Classis  Germanicae  Piae  Fidelis). 

E  à  I  (Classis  Germanica  Pia  Fidelis  e^rercitùs  Germaniae 
m/eriorisj. 

j  k  L  Vexillarii  dassis  Gernianicae  Piae  Fidelis  et  leg'ioms 
XXX  Ulpiae  Victricis). 

M  (Classis  Germanicae  Piae  Fidelis.  Caius  Alims  Fa/eria- 
nus  (i)  /egularum  /igulus  ou  /egulam  /ecit). 

Les  deux  inscriptions  litt.  n  et  o  doivent  dès  lors  être  lues  : 

N  (Mard  Viciovi  sacrum.  Gladiatores  classis  Cermanicae 
Piae  Fidelis  votum  solveruntlubenter  merito). 

El  si  l'on  peut  considérer  la  corne  d'abondance  de  la 
seconde  comme  l'épisème  du  navire  (2)  auquel  Albanius 
Paternus  était  attaché  comme  optio  : 

0  {IJarurdo  sacrum.  Jiarcus  Albaiiius  Patennis  optio,  navi 


(«)  Ou  même  Valerius,  qui  est  aussi  employé  comme  cognomen.  (Voy.  les 
tables  du  Corpus  inscriplioiium  lalinaritm.) 

La  lecture  nti  /"ilius,  pl;ir;iiit  1;i  liliatiun  après  le  cofjnomeii,  sci'ait  contraire  à 
un  usage  presque  général. 

(ï)  Il  existe  d'autres  inscriptions  avec  le  grade  (ï optio,  sans  mention  du  corps 
anqui'l  li;  titulaire  ap,)arlenait  (Muamiiacu,  n"  lîii  et  ITiG);  pcut-cMre  y  aurait-il 
lieu  de  les  compléter  d'une  manière  analogue  par  l'éliuie  dos  emblèmes  gravés 
sur  les  HKinimicrils  ciii^rapliiques  oii  ce  grade  ou  d'autres  sont  mentionnés. 


—  75  — 

Gornucopiae,  classis  Germanicae  Piae  Fidelis,  volnm  /ubens 
??îerilo.  Duobus  Sihnis  consul i bus). 

Ce  qui  lève  tout  doute  à  l'égard  de  ces  leclurcs,  c'est  le 
grand  nombre  d'inscriptions  (i)  où  il  est  l'ail  mention  delà 
classis  Germanica,  dont  la  plupart  portent  ces  surnoms  de 
Pia  Fidelis  qui  expliquent  si  bien  les  sigles  p  f,  sigles  que 
nulle  part  on  ne  voit  ajoutés  à  un  nom  de  cohorte  ni  germa- 
nique ni  autre. 

II. 

Voici  ces  inscriptions,  insérées  ici  dans  l'ordre  chronolo- 
gique vraisemblable,  c'est-à-dire  en  présentant  d'abord  au 
lecteur  celles  où  la  classis  Germanica  apparaît  sans  surnom, 
puis  celles  où  ses  surnoms  se  montrent  et  même  deviennent 
plus  caractérisés. 

Il  est  d'autant  plus  intéressant  de  les  réunir  que  M.  Ail- 
mer  (2),  qui  s'était  livré  au  même  travail,  n'en  avait  ras- 
semblé que  six. 

Classis  Germanicae. 

ï».  I  .  0  .  M  il  (et)  .  IIERC  .  SAX  .  Il  VEXIF..  ||  CL  .  G  .  SV  ||  B. 
CVRA  .  RVFRI  II  CALENT  (tr)  ||  (et).  IVLI  I>M  ||  S  .  V  L  M 

—  BrohI,  près  d'Andernach  (3). 


(i)  Orelu,  n»  3600,  déclarait  en  1828  n'en  connaître  qu'une  :  cette  assertion 
prouve  seulement  qu^'  rattention  de  ce  savant  n'avait  |ias  été  sutlisaniment  attirée 
sur  ce  genre  de  monuments,  comme  on  peut  le  voir  d'après  les  auteurs  antérieurs 
à  1828,  chez  qui  plusieurs  des  inscriptions  ci-dessous  ont  clé  retrouvées. 

(4)  L.  cit.,  I,  p.  42-2. 

(3)  STt.iNER,  /.  cit.,  n"  5758;  Fheudenberg,  Das  Denkmal  des  Hercules 
Saxinus  im  Brohlthal  (Festprogramm  des  Antiquaires  de  Bonn  en  1862),  p.  8, 
n"  20:  Br.AMBAf.H,  n"  6G3. 


—  74  — 

(./ovi  Opiiino  .)/;i\inio  vl  IJercuW  Saxîino,  i'^.r//larii  r/nssis 
(^crnianicae,  sub  cura  Rufri  Calent  /r/crarclii  et  Julil 
(Pj-in)i?),  .çolvmles  roUini  /ubonlor  ?»oi-i(o). 

<:-^.  C  .  MA:<I.1()  .  /  F  .  Q  Ij  FEI.lCl  .  TKir.  .  MU.  .  LKC  .  \u\\ 
G  .  P  .  ]■  .  AHIECT  .  liN  DKCVr,  H  IVDIC  .  SKLECTOI'.  .  Al)lYO||TrrO. 
M;AF.r  .  FABi;  .  I.MP  II  CAESAUIS  NERVAE  .  TUAI  j|  GEFlM  .  DACICI. 
Il  l-r.AEF  .  GLASS.  |i  PANN  .  ET  .  GEP.M  .  PROG  .  AV(i  .  KEG.  ||  GfUEJnS. 

pnoc  .  AVG  .  xx(he)p.ed  II  D  D 

—  lîiirnôri,  en  Thrace  (i). 

(Caio  Manlio  ...z/ilio,  ()uirina  lpil)u,  Felici,  Iribnno 
??î?7ilnin  /<?/yioiiis  VII  Gcin'mac;  P'ràv  /'ulclis,  adlcctù  in 
deciir'và?:  judicum  selectoï'um  a  divo  Tito,  praefetio  fabrum 
yw;)era(oris  Nervae  Trajan'i  Germiwlcl  Dacici  II,  praefocAo 
riass'mm  Pannonlcxe  et  Gerwanicao,  procuratori  AugusW 
rtvyionis  CAer^oncsi,  prodiralori  .lur/iisli  [vigesimae]  hered'i- 
lîitiiin,  (/cf/icaliiin). 

Celle  inscription  de  J'an  71)  à  .SI  senil)le  indiquer  que  le 
lilre  de  Pia  Fidelis  n'avait  pas  eneoi'e  ('lé  conft'ré  à  la 
rlassis  (icrnt an ica . 

Tt.  CLAVb  .  \LBINAE  ||  TIP.  .  GL  .  AMïIM  .  NAVAP.G  .  GLAS  |j 
GEP.M   .  FILIAE  jj   M   .   POMPEIYS  \\  l'P.ISGFV.N VS  ||   COIVGI   .   OPTIMAE 

—  Romagnieux  (Isère,  France)  {-2). 

(Diis  Manibus  Claudma  Albinae  Tibcvn  TAïudii  Albini, 
nararrhl  clas^is  (jermanicaa,  /iliae,  J/iircus  Pompoius 
Priscianus,  coDJufji  oplimae  poni  curavil). 


(1)  MitwwsF.s,  Corpus  iitsrripliniiiiw  InliiKiniw.  III,  ii"  726.  iraiMès  Miratori, 
717,  5,  et  i'025,  3. 

{i\    Al  I  M  11!.   /.  I, 


—    /;)    — 

S.  DUS  .  m(av)iII(:IS  .  ||  m  .  POMI'OMVS  .  VI  II  TI'I.LIANVS. 
TRIBVS  II  MIMTI[S  PKIIF VNCTVS  ||  p(r.O)G  .  AV(i  .  Al)  CVI5AM  j| 
GE\TI(vm)  .  PRAEF  .  GLAS  \\  SIS  ,  (.EIîMAMCAF: . 

—  Algérie  (i). 

(l)iis  Maurins  s;icriiiii.  JVaiviis  Pompoiu'ns  Vilellianus, 
Irlhiis  miiiliis  perfuncliis,  proruralor  .tftr/iisli  (vl  curdin 
jjentiuni ,  praefoclu^  classis  Gennanirae,  Vdliiiii  suivit 
lu  liens  meri(o). 


Classis  Germanicae  Piae  Fidelis. 

Dans  celle  classe  prennent  place  d'ahor.!  les  deux  inscrip- 
tions lin.  X  et  0  ci-dessns,  |)iiis  les  suivantes  : 

T.  I  0  M  II  ET  .  UER  SAX  ||  VEXIL  -(II'-  V(  VIC  (PF) 
LXG  (pf)  Il  ET  .  AL  .  O(oil)  .  CLAG  l|  (pf)  QSO  ACVT  ||  SV  .  CV.  M. 
IVLI  II  GOSSVTI  .  >  .  Il  .  L  .  V[  .  VIC  .  (PF) 

—  Brohl  (2). 

(Jovl  Optimo  J/axiino  cl  llerciûi  Saxano ,  i'e.r/7larii 
/egionis  Vf  FîVtricis  Piae  /"'idelis,  Aegionis  X  ^eminae 
Piae  Fidelis,  et  rt/arum,  et  co/iortium,  et  classis  6"ermanicae 
Piae  fidelis,  ^ui  sunt  iub  Qdlnio  Acul'io,  siih  ciivn  .1/arci 
Juin  Co55?///(cenlurionis)  /egionis  VI  F/rlricis  Piae  /'Idclis). 

t  J.  MA(tr)IP.VS  II  SVIS  II  SIMILIO  MIL  ||  ES  .  EX  GASSE  c'  i| 
RMANICA  P.   f'd  ji  PLER  .  GRESIVFI   ||  V  .  S   .  L.  /  .  M 


(ij  lÎKNiF.p.,  Iiiscripli(»i:i  romaines  ilc  rMi/rrie,  11"  i0."5  :  h  Sur  un  ;iiitcl 
trouvé  le  12  ninrs  I808.  Hauti'iir,  l"'00;  haiitciir  du  dé  0™o!  ;  lar^rour,  0"'iO.  » 

(â)  Bramracii,  u"  C)&2;  FnEUitF.NnF.r'.c.  .hihrbi'nhcr,  cîc.  de  Bnnn,  XXXVIII, 
1'.  Hi. 


—  7{^  — 

—  Bonn  (i). 

(Malribus  suis,  Svnilio  miles  ex  classe  Germanica  Pia 
Fideh ,  pleromale  Chresimi,  totiim  solvit  /ubens  /ubentur 
wierilo) 

'V.  I  .  0  .  M  .  ']  M  .  AEMILIVS  .  CRESCENS  \\  PRAEF  .  CLASS. 
GERM  .  PF  j]  GVM  AEMILIO  MACRINO  ||  FILIO  HIC  SVSCEPTO 

—  Cologne  (2). 

(Jovi  Optimo  Maximo.  Marcus  Aeinilius  Crescens, 
praefecins  class\s  (rer??ianicae  Piae  Fidelis,  cum  Aemilio 
Macrino,  filio  hic  suscepto). 

AV.  D  .  M  11  L  .  DOMIT  .  DOMITIANI  j]  EXTRIERARCH  .  CLASS. 
GERM  I!  P  .  F  COCCEIA  VALENTINA  ||  CONIVGI  PIENTISSIM 

—  Arles  (3). 

(Diis  iUfanibiis  Liicii  DnmilW  Domitiani,  ex  trierarcho 
classls  G^ermanicae  Piae  Fidelis,  Cocceia  Valentina  conjugi 
pienlissimo  poni  curavit). 

X!.  D  .  M  II  T  .  AVR  .  PROVIN  ||  CIA(LI)  .  VET  .  TRI  ||  EX  .  CL. 
G  .  P  .  F  .  Il  H  .  F  .  C 


0)  Orelli-Henzen,  n»  6868,  d'après  Lersch,  Central  Muséum,  III,  p.  14S, 
et  OvERBECK,  Katalog  des  kônigl.  rheinischen  Muséums  viiterlandischer  Alter- 
Ihiimer,  W  1S2;  De  Wal,  De  Moedergodinnen,  n»  26;  Steiner,  /.  cit.,  n°  970; 
Brambach,  n"  684. 

Les  marins  montant  les  navires  de  tr'ansport  étaient  appelés  pleromarii, 
Orelli,  4I0i. 

Les  lettres  no  de  cette  inscription  et  de  l'inscription  litt.  z  empêchent  de  lire 
l'ia  Félix,  comme  Steiner  l'avait  proposé. 

(2)  OnEi-Li-HENZEN,n''G867, d'après  LF.H^cu,.îahrlmchrr  de  Bonn,  Vlil,  p.  16G, 
inscription  trouvée  en  1846.  Voy.  aussi  Steiner,/.  cil.,  11"  \()'6\);  Ukambach, 
n"  3»j. 

(3)  Ohei.li,  n"  3600,  d'après  Muratori,  811,  1,  et  Mii.mn,  Voyage  dans  le 
Midi  de  la  France,  III,  p.  582. 


—  77  — 

—  D'une  localité  do  ÏVÀM  (i). 

(/)ii.s  J/anibus;  T'iio  .l?/n'lio  Provincinli  volcvwno  tric- 
rarclio  ex  c7asse  Germaiiica  Pm  /idcli,  Acres  /■aciuiidum 
curavil). 

"Y il  ..ORTIS  ...  Il  ...   \  .  CLA6S    ....     Il  ...    P  .    F   .  F  ... 

—  Cologne  (2). 

(...  cohorlts  ....  ex  classe  Gernianica  Pia  Fideli,  /"aciun- 
dum  curavil). 

Classis  Germanicae  Augustae  Piae  Fidelis. 

Z.    WniNIIRVI   II    DOLABRARl'   ||  ||  CLASSIS    AVG  ||  GIIR    P 

Fin  II  V  .  S  .  L  .   L  .  M 

—  Andernach  (3). 

(. .  Minervae,  dolabrarii  ei ...  classis  Awgusiae  Germanicae 
Piae  F/rfelis,  i^otum  solverunt  /ubentes  /ubenter  werito). 


(0  Steiner,  n"  1S67;  Rrambach,  n»  322,  d'après  Wiltheim  et  Schasnat. 
Cette  pierre  a  fait  partie  de  la  collection  du  comte  de  Manderscheid,  à 
Blankenheim,  mort  en  1604. 

(2)  DiiNTZER,  /.  cit.,  p.  73,  n»  143,  qui  lit  milUh  cohortis...  .4ulus  Classkus 
Publii  /'ilius  /rtciundum  ciiravit.  L'attribution  de  classis  Gennanica  a  été  proposée 
par  Frei'denberg,  Das  DeiikmaL,  etc.,  p.  20,  note  7;  celui-ci  pourtant  donne 
dans  ses  inscriptions  de  la  vallée  de  Brohl,  où  ont  été  trouvées  trois  des  inscrip- 
tions de  la  flotte  (germanique),  une  inscription  d'un  Julius  Classiciis(ibi(l..,  p  7, 
n»  U). 

(3)  Orelli-Henzen,  n*  6865,  d'après  Schannat;  Steiner,  /.  cit.,  n"  971; 
Brambach,  n»  677. 

Dans  ce  nom  de  dolabrarii,  aurions-nous  un  corps  de  charpentiers  de  marine 
ou  de  sapeurs,  armés  de  la  hache  d'abordage  :  la  dolabra  était,  en  efl'et,  une  arme 
de  guerre,  au  moins  pour  les  fantassins;  voy,  Liv.,  IX,  37;  TAcrr.,  Hisl.,  III, 
20  et  27. 

He>7.en-0relli,  table  (I'Ouelli,  p.  U8,  cite  les  do/fl/^rar// de  cette  inscription 
parmi  les  mimera  classiaria. 

Frei'nd,  Grand  dictionnaire  latin,  d'après  Orelli,  n"'  -4071  et  4081,  appelle 
dolabrarii  les  fabricants  et  marchands  de  dolabres  ou  doloires. 


—  7S  — 

Autres  inscriptions. 

Les  iiiscnplions  suivanlcs,  d";ii)ic.s  ccrl;uii(.'S  L'oiii|»araiiioii^ 
(lo  leur  lexlc  avec  les  précédentes  el  d'après  h;  lieu  où  elles 
oui  élé  (rouvées,  doivent  égalcinenl  .-^e  rapparier  ;i  la  classis 
(iermanica  : 

7\.A..  I1(M;VS  .  PA15ECi]l  .  F  .  PROllETA  ,  a/ |1  EXSANDUIN  |j  VS. 
EXC.LASSE  II  AN.N  .  lA  .  MII.IT  ]l  WÏt  .  (inU  X... 

—  Cologne  (1). 

(Uorus,  l^aheci  /iWus,  Alewaiidrinus  nalione, /)rore/a  ex 
t/f(A'.çe  Gei'nianiea,  an?ioi-uni  I.X,  ////7?7avil  ann'is  A'...,). 

BB.     ..   I  .  HER  il  L  .  VI  .  VI  .   PF  .  1,\  il  r.p  .  F  .  1,.  XXFIPHP  j] 

ET   AL  .  CO  .  CL  .   1'  H  ■    S  ■    OACVT  11  SV  .  CV  .   M    .   1  '.'  COSSVTI  || 
<  L  VI  VIG    II    P  F 

—  Brohl  (t>). 


(ij  .lalirlfikltcr  du  Ijunii,  V-VI,  |>.  317;  Vil,  p.  79;  XI,  |>.  11)7;  Oiuxi.i, 
11"  6894;  SiEiKEii,  u»  llôl  ;  Dii.Mzi;ii,  /.  cil.,  p.  8îi,  ii"  177. 

Ixprorcla  l'tait  le  pilote  en  second,  placé  sans  doute  cii  vigie  à  la  proue  (/;)•(»/•«). 
Plaltk,  Itiid.,  IV,  m,  75,  l'oppose  au  pilote  (gubernator)  : 

Si  tii  pioietii  isli  iiavi  Ci.,  ego  ^ubfrnalor  cro. 

Voy.  d'autres  insciiptions  de  proreta  ciiez  Orelli,  n"'  C818  et  0893,  qui, 
II"  G8'ji,  rallye  notre  inscription  paiini  celles  delà  clcDisis  Germanka,  ce  que 
SiEiNEK  ne  combat  pas  d'une  manière  absolue. 

{i)    FuEUDEMlEItG,    /.   Cit.,    p.    lU    et    pi.,     Ijui    prop;j;,0    dc    lil'e    :    !)00    /livil'tii 

//<T('uli...;  DiiNTZER,  /.  cit.,  p.  21,  ii«  1. 

On  pourrait  à  la  rigueur  admettre  que  les  coliortes  de  celte  inscription  uppai- 
Iciiaicnl  k  la  clunû.s  Geriiianicu,  car  les  monuments  i^pigraplii([iies  nous  font 
connailre  une  ;;er/tf/H/'«  cld.ssis  llrilaiinicae  {Corpus  iiiscriplioiiiini  latiiKinim, 
Vil,  n"'  86i  el  it70),  des  cohortes  uautarum  [llùd.,  V,  n'-'  7881,  7887,  7892), 
des  cohortes  claasicae  (Oiii:i,i.i,  n"'  627^,  ôG^O  et  522.")),  et  une  cohors  r/a.vs/.y 
Gmiiaiiicae  semble  même  indiquée  par  l'inscription  lill.  y  ci-dessus.  Mais  une 
«avalerie   de  marine,  dos    escadrons  de   matelots,   nia   cln-isis   Germouicoc, 


—  1\)  — 

(.luvi  o|iUiiiu  iiiaxiiiiu  vL  //t'/'ciili,  /ogio  \  I  i  /clri\  /'i;i 
/Mclclis,  /egio  A'^ciniiia  Pi;i  /'ulolis,  /ogio  A  A7/  /^iiingciii;! 
P'\d,  et  aliic,  cl  cohorles,  ol  r/assis,  r/iiac  siinl  miI»  (>iiiiiIu 
.l('t<^io,6»b  c'ja"a  ^/arci  ./ulii  ro.v.<;w/f  [cciilui'iunis  /cuioiii-^  17 
Vù'lricis  Piae  /'ulelisj. 

CO-  IlfRCVSA  ii  VEXlLI,A(l\l)  I  LIMFLVI  vicî  !|  lACl'KTAL 
(  Oll    !l   CLQSOrtC  VI   II   SVCVMIVLI    II    CUSSyTI   II    LVI   Ii    VICPI 

—  Andcniach  (i). 

{  llercuW  .Saxanu.  Vcxillarii  /ugionis  I  J/(iii)tTviac, 
/egionis  VI  V«c7rici.s,  /egioiiis  A'  Gcniinae  Pian  el  r//ariiiii 
cl  co/iorliiiiii,ct  c/assis,  (({ù  suiiUiii)  Ouiiito  Acutw,  siih  cnv.i 
J/arci  Juin  Cossuti  |eenlurionisj  /cgioiiis  V7  V/Vlricis  Phui 
Fidclis). 


A  ia  niurl  de  Gci'manicus,  qui,  comme  on  verra,  l'ut  à  la 
lèle  de  celle  llolle,  il  n'est  sorte  d'Iionneurs  ({u'on  ne  lui  ail 
décernés  {'■>).  Parmi  ces  lionneui's,  il  en  est  im  (|ui  consisla  à 
(lonncrson  nomà  un  l'scadron  a|ipeléjus(iiralors(l('s  J(//<jorr>-,- 
mais  il  n'esl  pas  dit  (jue  la  même  allribulion  ail  clé  faite  à 


rappclk-raiciil  trop  l'amiral  suisse  avec  ses  éperons  de  certaine  opérelte  bien 
connue. 

Il  faut  donc  voir  dans  riiiseription  lilt.  i;i:,  cuninicdans  Icsinsciiptions  t  cl  oc, 
oii  il  s'agit,  en  ellel,  d'une  vexillalio  ou  délachonient,  un  démcnilirenient  de 
plusieurs  corps,  dont  les  (ihic  et  cohorles  exerciliis  ('■cniuniiac  infi-rioris,  et  duut 
aussi  la  classis  Gcrmanica,  de  la  même  armée. 

(i)  BiiAMiiAcii,  n"  080;  JalirbUclier,  etc.,  de  Jioiin,  VII,  p.  it;  \l,  p.  77; 
XIII,  p.  197;  XXXVI,  p.  100;  l'RELOEMJERr,,  Dus  Dciikmal,  etc.,  p.  4,  n°  i. 

D'après  ce  dernier  auteur,  le  Ouintus  Aeutius  sous  lequel  auraient  été  placés 
les  corps  mentionnés  dans  les  inscriptions  serait  Aculius  Nerva,  consul  en 
l'an  100,  qui  aurait  été  gouverneur  de  la  (jernianie  inférieure;  celle-ci  était,  en 
effet,  une  province  consulaire. 

(-2)  Aun.,  Il,  83. 


—  80  — 

la  llolte  iioiir  ainsi  dire  créée  par  lui  en  Germanie  :   d'où 
rincerliladc  du  point  de  savoir  si  l'épilhèle  de  Germanka 
que  celle  llolle  porle  dans  les  inscriptions  citées  ci-dessus, 
lui  provient  de  ce  prince  ou  de  la  province  elle-même  dans 
laquelle  elle  était  canlonnéc.  On  pourrait  objecter  à  cette 
dernière  opinion  la  redondance,  déjà  signalée,  des  qualifica- 
tils  dassis  Germanica  exerct/ils  Germaniae  inférions,  inscr. 
litl.  E  à  I,  redondance  qui  disparaîtrait  si  la  première  expres- 
sion était  un  nom  propre  et  la  deuxième  une  dénomination 
géographique.  Mais,  indépendamment  de  ce  que  l'adjectif 
eût  dû  être  un  dérivé,  comme  Germanidana  (i),  l'analogie 
rend  la  première  hypothèse  la  moins  probable,  car  les  Hottes 
d'Alexandrie,  de  Ravenne  et  de  Misène,  etc.,  portent  des 
noms  de  locahtés.  Et,  quant  à  la  redondance,  elle  n'existe 
pas  en   réalité,  puisqu'il   s'agit  non   j)as   de  la  Germanie 
romaine  en  général,  mais  d'une  partie  de  celle-ci,  province 
spéciale  qu'il  fallait  bien  appeler  par  son  nom  officiel,  pour 
la  distinguer  de  la  Germania  superior. 

En  tous  cas,  le  quaUficatif  Germanim  apparaît  déjà  chez 
Tacite,  alors  qu'il  nomme  Julius  Burdo  comme  commandant 
de  cette  flotte  (a). 

Quant  aux  surnoms  de  Pia  Fidelis,  sauf  deux  légions, 
la  VIII*'  et  la  IX%  qui  les  obtinrent  sous  Claude  pour  cause 
de  fidélité  lors  de  la  rébellion  de  Camillus  Scribonianus,  ils 


(i)  Voy.  par  analogie  chez  Robert,  Les  légions  du  Rhin,  p.  52  :  les  légions 
Macriana,  (îalbiana,  Maximiniana,  Gallicniana,  etc. 

(î)  Ilist.,  I,  S8  :  ((  Juliuni  Biircloneni,  Gcrmanicac  classis  praefectuni  ;  »  mais 
la  place  de  l'adjectif  avant  le  mot  peut  l'aire  douter  du  sens  officiel  de  ce 
surnom. 


—  81  — 

lurciil  donnés  à  un  grand  nombre  de  coi'iis  mililaires  (i)  à 
parlir  du  règne  de  Trajan  ('■2).  Ces  surnoms  apiiartcnaienl 
en  loul  cas  à  la  classis  Germanica  Pia  Fidelis  avant  l'an  IG'J, 
date  du  consulat  des  deux  Silanus  (inscr.  litl.  0  ci-dessus). 
Le  surnom  dWufjusfa  (inscr.  litl.  z) sérail  venu  le  dernier. 

m. 

M.  Minier  a  dressé  une  lisle  des  olïiciers  cl  soldais  de  la 
dassis  Germanica  donlon  a  pu  recueillir  le  souvenir.  Voici 
celle  liste  complétée. 
Commandants  en  cliel'  ou  amiraux  : 

J  uli  us  Dur  do  (Tac'dc,  iVisi.,  1,  08),  j)raefectus.  Accusé 
de  tîdélilé  à  Galba  et  réclamé  par  l'armée  de  la  Germanie 
inlerieurc  pour  être  livré  au  supplice;  il  échappa  à  la  mort 
par  une  ruse  de  Vitellius,  (jui  le  fil  charger  de  chaînes  et 
jeter  en  prison,  pour  le  rendre  ensuite  à  la  liberté. 

Jidius  Tulor,  de  Trêves,  praefeclus  ;  c'est  le  |)crsonnage 
connu  par  sa  détection  du  temps  de  Civilis  (0). 

M.  Pomponiiis  Vitellianus  (inscr.  litl.  s),  praeleclus.  Il 
n'était  que  chevalier  romain. 

C.  Manlius  Félix  (inscr.  litl.  0;,  prael'(.'cUis.  11  remi)lil 
dilTércnles  Ibnclions  dont  le  cursus  Iwnorum  cité  ci-dessus 
présente  l'énumération. 


(1)  Par  exemple  les  légions  1  Acijiitri.x,  1  Miiiervia,  Il  Adjulrix,  Il  llalica, 
Il  Parthica,  V  Macedouica,  VI  Viclrix,  VIIl  Augusta  (octroi  du  surnom  sous 
Commode,  Fabretti,  p.  660,  n"  517),  X  Gemina,  etc.  (Voir  les  tables  du 
Corpus  iiiscriplionum  Uit'inarum ,  etc.) 

(i)  Allmer,  /.  cit.,  I,  p.  448. 

(3)  Tacit.,  Hisl.,  IV,  55;  au  moins  est-ce  par  co  titre  d'amiral  que  les 
Jahrl>iic/ier  de  Donn,  XXWIl,  p.  7,  interprètent  les  paroles  de  Taoitij  ;  «  Tutor 
ripa.'  Hlicni  a  Vitellio  pracfectus.  » 


—  8l>  — 

.17.  Avmilias  Crescens  (inscr.  liLl.  v),  praefectus. 
Triéi-aniuesou  comniandanls  de  navire  : 

Rufrius  Calenus  (inscr.  n"  10); 

Tih.  Claudius  Albinus  (inscr.  lilt.  p)  ; 

L.  Domitius  Domitianus  (inscr.  iilt.  w); 

T.  Aurelhis  Provincialis  (inscr.  liU.  x)  ; 

Chresimus,    commandant    d'un    navire    de    transport, 
pleronia  (inscr.  lilt.  u). 
Sous-ofiiciers  et  soldats  : 

M.  Albanus  Paternus  (inscr.  litl.  o),  optio  (i)  ; 

Similio  (inscr.  lilt.  u),  simple  soldat; 

Horus  (inscr.  litl.  aa),  proreta,  pilote  en  second. 

La  tuile  lilt.  m  nous  fait,  en  outre, connaître  un  Caius  Attius 
Valerianus  (Titi  /ilius??),  qui  peut-être  appartenait  à  celle 
Hotte,  mm  qui  fut  plus  vraisemblablement  le  fabricant  des 
tuiles  (/egularum  /igulus?). 

—  Quant  à  la  classis  Germanica  elle-même,  voici  son 
histoire,  qui  touche  de  très-près  à  celle  de  notre  Belgique, 
car  une  partie  de  celle-ci  était  englobée  dans  la  Germanie 
inférieure,  où  la  classis  Germanica  était  cantonnée  et  placée 
sous  le  commandement  suprême  du  préfet  de  celle  province. 

Déjà  César  nous  parle  de  navires  sur  le  Rhin  (2),  (piand 
il  nous  dit  que,  dans  son  expédition  d'outre-Rliin,  il  préféra 
traverser  le  fleuve  sur  un  pont  que  sur  des  bateaux,  ne 


(«)  On  trouve  le  grade  à'optio,  comme  emploi  naval,  chez  Orelm,  11'"  3625 
et  suiv. 

Voy.,  du  reste,  ci-après  les  inscriptions  litt.  dd  et  ee. 

(î)  Il  parle  déjà  de  la  navigation  du  Uhin  par  les  marchands  italiens,  puisque 
(B.  G,,  IV,  .ï)  il  attribue  le  degré  de  civilisation  plus  avance  des  Ubiens  à  ce  que, 
touchant  au  Hhin,  il»  communiquent  avec  ces  marchands. 


—  85  — 

trouvant  ce  mode  ni  assez  sûr  ni  assez  convenable  à  sa 
dignité,  ou  à  celle  du  peuple  romain  (i). 

D'après  le  témoignage  de  Dion  Cassius  (2),  iion-sculciiient 
les  Romains  naviguaient  sur  le  Rhône,  la  Saône  et  la  Loire, 
mais  César  leur  avait  encore  ouvert  la  Meuse  et  le  Rhin,  où 
leurs  flottes  n'avaient  point  pénétré  jusqu'alors. 

Florus  (3)  nous  rapporte  que  Drusus,  de  même  qu'il 
arma  de  nombreuses  forteresses  les  bords  de  la  Meuse,  en 
lit  autant  pour  le  Rhin.  De  là  la  nécessité  d'établir  des  com- 
munications par  eau  entre  ces  différents  postes  et,  par 
conséquent,  d'une  flotte  pour  les  relier,  indépendamment  des 
ponts  que  Drusus  y  fit  construire  (i). 

Germanicus  continua  l'œuvre  de  son  père  (n).  En  l'an  ii 
de  l'ère  chrétienne,  il  équipa  une  flotte  sur  le  Rhin?  et  y  fit 
embarquer  des  troupes  et  des  munitions  de  guerre,  résolu 


(0  B.  G.,  IV,  17. 

(4)  XLIV,  42,  Discours  d' Antoine  sur  le  cadavre  de  César  (trad.)  :  «  Nunc  ista 
Gaiîia,  quae  quondani  Ambrones  Ciiiibrosque  iiobis  immisil ,  in  scrvitutcm 
redacta,  agriculturam  sicut  ipsa  Italia  exercet.  Navigatur  non  Rhodanus,  tantum 
Ararisque,  scd  et  Moxa,  Ligeris,  et  ipse  Blienum,  ipsequc  Oceanuni...  Hai-c  ille 
nobis  ex  ignotis  accessa,  ex  inexploratis  navigabilia,  sua  excelsa  virtute  et 
altitudine  aninii  effecit.  » 

(5)  IV,  1-2  et  26. 

(4)  Florus,  ibid.  :  «  Bonnam  cl  Geldubam  pontibus  junxit  clasxibusqid'  pr- 
mavit.  T> 

D'autres  éditions  portent  Borma,  Gesoriamcum,elt:..  Un  aLUtcur  {Jalirbiiclier  de 
Bonn,  XXXVII,  p.  ib)  pense  qu'il  s'agit  de  Bonn  et  de  Bologne  (Bonna  et  Geso- 
riacum),  qui  auraient  été  réunis  par  des  ponts  sur  la  Roer,  la  Meuse,  l'Escant, 
la  Lys,  où  la  route  romaine  devait  en  effet  traverser  des  ponts,  dont  deux  sont 
connus  :  Pons  Mnsae  (Maestricht),  Pons  Scaldis  (Escaupunt). 

Si  cette  opinion  est  fondée,  ce  serait  la  meilleure  preuve  que  la  chaussée 
romaine  de  Boulogne  à  Bavay,  et  de  Bavay  vers  Cologne  date  des  premiers  temps 
de  l'Empire. 

(3)  Tacit.,  Ann.,  1,  V6,  50,  G5,  70;  11,  5,  6,  8,  23,  24  (trad.  de  Burnouk). 


—  84  — 

(le  (.luiuplci'  |i;ir  la  l'orcc  les  légions  V  el  XX['\  rovulloi's  à 
Vctcra,  il  00  inillcs  de  l'ciidroil  où  il  se  Irouvail  alors. 

Sur  celle  lloUe,  il  se  dirige  vers  les  lacs  avec  (jualre 
légions,  gagne  les  bords  de  l'Ems,  pénclrc  jusqu'aux  exlré- 
inités  du  pays  des  Bruclères,  i-avage  loule  la  conlrée  enlrc 
l'Ems  cl  la  Lippe. 

Puis  ramenant  ses  légions  vers  l'Ems,  il  les  rembai-tiue 
sur  les  vaisseaux  qui  les  avaient  amenées. 

Ce))endant  Gernianicus,  ])our  alléger  ses  vaisseaux  sans 
cesse  menacés  d'échouer  au  rellux  sur  une  mer  remplie  de 
bas-fonds,  détache  deux  de  ses  légions,  la  IP  et  la  XIV%  et 
reprend  sur  sa  Hotte,  aux  bords  de  l'IIunsiny,  les  soldats 
déposés  il  terre  qui  avaient  éehappé  ii  une  inondation  re- 
doutable. 

En  l'an  IG,  il  décide  d'ouvi-ir  la  eampagne  contre  les 
Germains,  en  embanpiant  ses  convois  avec  ses  légions,  et 
en  remontant  les  lleuves,  Cécina,  Silius  et  Anterus  veillent  ii 
la  construction  de  la  Hotte.  Mille  vaisseaux  sont  construits 
en  diligence,  les  uns  courts,  étroits  de  poupe  et  de  proue,  et 
larges  de  venlie,  pour  mieux  résister  aux  vagues;  les  autres, 
])lals  de  carène,  pour  i)ouvoir  échouer  sans  lisquc;  la  i)lu- 
part  il  double  gouvernail,  pour  favoriser,  en  changeant  la 
manœuvre,  la  descente  des  deux  côtés;  un  grand  nombre, 
couverts  et  pontés,  pour  le  trans|)ort  des  machines,  des 
iimiiilions  et  des  chevaux,  également  vites  à  la  voile  et  à  la 
rame,  offrent  jiar  l'allégresse  du  soldat,  un  speclacle  ii  la 
fois  superbe  et  tenible.  On  assigne  comme  rendez-vous  l'ile 
des  Bataves,  qui  offi'c  des  facilités  jjour  faire  aborder  des 
vaisseaux,  embai-quer  les  troupes  el  transporter  la  guerre 
où  l'on  veiil. 


—   H.-)   — 

La  floUe  arrivée,  Germanicus  fait  prendre  les  dcvanls  aux 
hàliments  de  transport  ;  ensuite,  ayant  distribué  les  léi^ions 
cl  les  alliés  sur  les  vaisseaux,  il  entre  dans  le  canal  qui  poric 
le  nom  de  Drusus.  Du  canal  il  gagne  l'Océan  par  les  lacs 
et  arrive  lieureusciiienl  ;i  l'embouchure  de  l'Etns.  Il  laisse  la 
llolte  sur  la  rive  gauche  du  lleuve  el  y  construil  des  pnnts 
pour  le  traverser. 

A  la  fin  de  celte  expédition,  Germanicus  renvoie  une 
partie  des  légions  par  terre  dans  leurs  quartiers  d'hiver;  le 
plus  grand  nombre  s'embarque  avec  lui  sur  la  llolle  et 
regagne  l'Océan  par  l'Ems.  D'abord  la  mer  est  tranquille; 
on  n'y  entend  que  le  bruit  des  rames;  on  n'y  voit  que  l'agi- 
tation des  voiles  qui  font  mouvoir  ces  mille  vaisseaux.  Tout 
à  coup  d'épais  nuages  s'amoncellent,  se  fondent  en  grêle  ; 
puis  les  vents,  souillant  à  la  fois  de  tous  les  côtés,  tourmen- 
tent les  flots  en  tous  sens;  on  ne  voit  plus  autour  de  soi,  on 
ne  peut  gouverner.  Le  soldai  effrayé,  sans  expérience  do 
la  mer,  troublant  les  matelots  ou  les  aidant  à  contre-temps, 
empêche  la  manœuvre.  Bientôt  le  vent  du  midi  domine  seul 
sur  tout  le  ciel  et  sur  foule  la  mer.  Ce  vent,  auquel  un  amas 
de  nuages  immenses,  l'élévation  des  terres  de  la  Germanie, 
la  profondeur  de  ses  rivières,  la  rigueur  et  le  voisinage  du 
nord,  donnent  encore  plus  de  violence,  emporte  el  disperse 
les  vaisseaux  en  pleine  mer,  ou  les  pousse  sur  des  îles  envi- 
ronnées de  rochers  escarpés  ou  de  bas-fonds  dangereux.  On 
les  avait  un  peu  évitées,  quoique  avec  peine,  à  l'aide  de  la 
marée;  mais  lorsqu'elle  eut  cliangéct  que  sa  direction  fut  celle 
du  veni,  il  n'y  oui  plus  d'ancres  capables  de  retenir  les  vais- 
seaux, plus  de  bras  suffisants  pour  épuiser  l'eau  qui  entrait 
de  litules  pai'Is.  On  jeKc  ;i  la  mer  les  chevaux,  les  b("'los  de 


—  8r>  — 

somme,  les  bagages,  les  armes  même,  pour  soulager  les 
l)àtimenls  qui  s'entr'ouvrenl  par  les  côtés  et  s'affaissent 
sous  le  poids  des  vagues. 

Une  partie  des  navires  fut  engloutie;  plusieurs  furent 
jetés  sur  des  îles  éloignées.  La  seule  trirème  de  Germanicus 
aborda  sur  la  rive  des  Chauques.  Enfin,  au  retour  de  la 
marée,  le  vent  favorisa  les  vaisseaux  ;  les  uns  revinrent  déla- 
brés ou  presque  sans  rames;  d'autres  avec  des  vêtements 
pour  voiles;  quelques-uns  traînés  par  d'autres  navires  moins 
endommagés.  On  les  répara  promptement  pour  aller  visiter 
toutes  les  îles.  Par  ce  moyen,  on  recueillit  un  grand  nombre 
de  soldats.  Les  Angrivariens,  nouvellement  soumis,  en  ra- 
chetèrent de  l'intérieur  du  pays  plusieurs  qu'ils  rendirent 
aux  Romains.  Quelques-uns  furent  emportés  jusqu'en  Bre- 
tagne, d'où  les  petits  souverains  du  pays  les  renvoyèrent. 

C'est  encore  Tacite  (i)  qui  nous  retrace  quelques  épisodes 
de  l'histoire  de  cette  flotte  pendant  l'année  69  ap.  J.-G. 

Lors  de  la  révolte  de  Civilis,  l'armée  romaine  se  mit  en 
bataille  non  loin  du  Rhin.  Les  vaisseaux  qu'on  avait  ramenés 
vers  le  pays  des  Caninéfales,  des  Frisons  et  des  Bataves, 
étaient  tournés  contre  l'ennemi.  Tandis  qu'une  cohorte 
inngre  passa  du  côté  de  Civilis,  on  essuya  sur  la  flotte  une 
perfidie  du  même  genre  :  une  partie  des  rameurs  qui  étaient 
Bataves,  feignant  de  la  maladresse,  troublaient  les  ma- 
nœuvres des  matelots  et  d(!S  soldats.  Bientôt  ils  ramèrent  en 
sens  contraire  et  présentèrent  les  poupes  à  la  rive  ennemie. 
Ils  finirent  par  massacrer  les  pilotes  cl  les  centurions  qui  ne 
faisaient  pas  comme  eux  ;  enfin  la  flotte  entière,  qui  était  de 


(ij  llixl.,  IV,  If;,  17,  22;  V,  18,  iO,  21,  22,  23, 


—  87  — 

vingt-qiiatro  vaissonux,  ou  passa  aux  ennemis,  ou  fut  |)rise 
par  eux.  Celte  victoire  leur  fut  aussi  alorieuse  dans  le  pré- 
sent qu'utile  pour  la  suite  ;  elle  leur  donna  des  vaisseaux  (pii 
leur  manquaient  et  une  grande  réputation  dans  les  Gaules 
et  dans  la  Germanie. 

Civilis  avec  cette  flotte  remonta  le  Rhin  jusqu'.à  Castra 
Vetera. 

Les  Romains  cependant  rétablirent  leur  Hotte;  mais 
celle-ci  perdit  l'occasion  de  terminer  la  guerre  en  lardant 
à  arriver  à  Vêlera  Castra  au  moment  où  les  Germains  y 
furent  battus  par  Cerialis.  Les  Romains  n'avaient  pas  même 
de  bateaux  pour  faire  un  pont  sur  le  Rhin,  et  il  leur  fui  im- 
possible de  passer  le  fleuve. 

Une  seconde  fois  la  flotte  manqua  de  se  trouver  au  com- 
bat, quoiqu'elle  en  eût  reçu  l'ordre,  ce  qui  permit  à  Tutor  et  à 
Classicus  de  repasser  dans  des  barques.  La  frayeur  et  la 
dispersion  des  rameurs,  occupés  à  un  autre  service,  empê- 
chèrent la  flotte  d'avancer. 

Cerialis  alors,  étant  allé  à  Bonn  et  à  Novesium,  s'en  reve- 
nait avec  des  navires  quand  les  Germains  arrêtèrent  sa  flotte, 
jetèrent  le  grapin  et  entraînèrent  les  bâtiments.  Voyant 
l'étendard  du  général  sur  une  des  galères,  ils  l'emmenèrent 
dans  la  persuasion  erronée  que  Cerialis  y  était.  Il  était 
grand  jour  quand  les  ennemis  s'en  retournèrent,  traînant  ;i 
leur  suite  les  bâtiments,  eulr'aulres  la  galère  prétorienne, 
qu'ils  menèrent  par  la  Lippe,  pour  en  faire  présent  à  leur 
grande  prêtresse  Velléda. 

Civilis  fut  saisi  de  l'ambition  d'étaler  une  armée  navale.  Il 
équipa  tout  ce  qu'il  avait  de  galères  à  deux  rangs  et  à  un  rang 
de  rames;  il  y  joignit   un  grand  nombre  de  barques,  dont 


—  88  — 

(renie  on  quarante  élaient  armées  comme  les  liburniqiies 
romaines;  il  menait  de  plus  avec  lui  toutes  celles  qu'il  avait 
prises,  et  toute  celte  Hotte-  avait  pour  voiles  des  casaques 
bigarrées  dont  l'aspect  n'était  pas  sans  beauté.  11  clioisil 
|)our  les  évolutions  une  espèce  de  mer,  l'embouchure  de  la 
Meuse  cl  du  Rhin  dans  l'Océan.  L'objet  de  cet  armement, 
outre  la  vanité  naturelle  aux  Balaves,  était  d'intercepter 
les  convois  que  les  Romains  attendaient  de  la  Gaule.  Ce- 
rialis,  plus  surpris  qu'alarmé,  fit  avancer  sa  llotle,  qui  était 
inférieure  en  nombre,  mais  qui  avait  des  rameurs  plus 
exercés,  des  pilotes  plus  habiles,  des  bâtiments  plus  grands. 
Elle  avait  le  courant  pour  elle,  les  autres  avaient  le  vent. 
Les  deux  flottes,  après  avoir,  en  se  croisant,  tenté  de  s'en- 
voyer quelques  traits,  se  séparèrent. 

L'interruption  du  texte  de  Tacite,  dans  le  chap.  xxv  du 
livre  V  des  Histoires,  ne  nous  permet  pas  d'en  dire  davan- 
tage à  ce  sujet. 

Après  l'époque  de  Germanicus  et  de  Civilis,  on  ne  trouve 
plus  dans  les  auteurs  anciens  que  des  mentions  passagères 
delà  flotte  germanique  :  les  panégvristes(i)  disent'que  le  Rhin 
était  couvert  de  navires  romains;  ces  passages,  avec  certaines 
inscriptions  relatives  aux  navnlia  de  Mayence,  semblent 
indiquer  que  si  la  Germanie  supérieure  n'(''lait  pas  protégée 
par  une  flotlc,  —  ce  qu'on  peut  induire  du  manque 
d'inscriptions  en  amont  de  BrohI  et  d'Andernach,  —  les 
navires  construits  dans  \e?,navalia  de  Mavence  sillonnaienl 


(i)  «  Ciim  tolus  armalis  navibus  Rlioniis  insU-uctiis  sit.  i>  ErMKNF,  Paiteif. 
il  Conslanliii,  VI,  15;  «  Et  (juid  opiis  erat  ipsi  Hlieno  iiistnictiis  et  iiiilitibiis 
!■  et  rlassilms.  y,  l'aneq.  inrcrli  (imt.,  an  niéme.  VIII.  m,  2. 


—  sy  — 

K;  lleuvc  on  aval  de  cell(3  dcniièi'C  ville  cl  scmblaioiil  (aire 
partie  irunc  flotle  de  «  tout  le  Rhin.  >•> 

Ces  inscriptions  des  navalia  de  Mayencc,  arsenaux  el 
dianliers  probables  de  la  classjs  Germanka  (i),  sont  les 
suivantes  : 

I)D.  I  .  0  .  M  'i  ET  .  IVNONI  !|  REGINE  ||  T  .  ALBANIVS  || 
l'RlMANVS  .  SIG  II  LEG  .  XXU  .  PR  .  P  .  F  II  OPTIO  .  NAVA  ||  LIORVM. 
PRO  II  SE  .  ET  .  SVIS  il  V  .  S  .  L  .  L  ,  M  il  MATERNO  .  ET  ||  BRADVA. 
COS 

{Jo\\  Optimo  A/aximo  el  Junoni  regind^e.  Titus  Albanius 
Primamis,  sigmfer  legionis  XXU  Primigeniae  fiae  Fidelis, 
optio  navaliorum,  pro  se  el  suis,  votum  solvil  /ubens  /ubenler 
^/ierilo.  Malerno  el  Bradua  consulibus)  (2), 

1^::E.  I  .  0  .  m  :  (et)  .  GENIO  .  LOCI  il  L  .  SEPTIMIYS  .  BELLVS  jj 
SIG  .  LEG  .  XXII  .  pR  I:  OPTIO  .  NAVALl  !i  V  .  S.  L  .  L  .  M  !|  SATVRMNO 
ET   !!    GALLO  .  COS 

—  Jo\\  Optimo  iliaximo  el  Genio  loci,  ^ucius  Seplimius 
Bellus,  signïîev  leg'ioms  XXU  Primigeniae,  oplio  navaliorum 
yolum  iolvit  /ubens  /ubenter  ?werito.  Salurnino  et  Gallo 
cousu  li  bu  s  (:i). 

Une  inscription  remarquable  du  Musée  de  Mayence,  du 
nauta  Blussus,  est  relative,  non  à  la  marine  militaire,  mais 
à  la  marine  marchande. 


(0  Ce  que  les  emblèmes  des  inscriptions  ci-après,  un  filet,  une  corbeille,  une 
clochette,  etc.,  etc.,  éclairciront  peut-être  un  jour. 

(■1)  Brambach,  n"  1301  ;  STEiNEn,û77.  (De  Tan  îSb.) 

Navalia  fait  au  gcniliC  pluriel  navaUum,  mais  aussi  navalionim  (Vnuuv., 
V,  12). 

(5)  Brambach,  n»  lô0'2.  Orelli,  11»  3027,  parle  de  ce  grade  d'optio  navalio- 
rum en  proposant  socionim  navaliinn. 


—  90  — 


IV. 


La  Meuse, si  l'on  admet  certaine  o|)iiiion(i),  qui  cantonne 
les  Adualuques  en  des  forteresses,  oppida  et  castclla,  établies 
sur  ses  rives,  a  servi  de  communication  entre  ces  diffé- 
rentes forteresses. 

Le  fleuve  belge  aurait  donc  été  sillonné  à  une  époque 
très-ancienne  par  les  vaisseaux  des  vainqueurs  des  Éburons. 

César,  d'après  Dion  Cassius,  continua  ce  système,  car, 
comme  on  l'a  vu  ci-dessus,  ce  général  ouvrit  la  Meuse  à  la 
navigation  des  Romains,  en  renversant  les  obstacles  placés 
par  les  Aduatuques,  qu'il  avait  vaincus  à  son  tour  (2). 

On  a  vu  également  ci-dessus  que  Drusus  établit  de  nom- 
breuses forteresses  sur  la  Meuse,  dont  l'une  était,  sans  doute, 
placée  à  ce  pons  Mosae  dont  parle  Tacite  (3),  dans  les  épi- 
sodes de  la  guerre  de  Civilis. 

Plus  tard,  on  retrouve  la  Meuse  fortifiée,  non  pas  sous 
Gallien  (4),  mais  sous  Julien  (n),  et  certains  épisodes  de 
guerre  se  passèrent  sous  ce  dernier  prince  aux  bords  de  la 
Meuse  (g). 


(i)  Voir  ce  que  l'auteur  a  dit  à  ce  sujet  dans  deux  articles  intitulés  Aliiatucus, 
Adttatuca,  AUiacutum  (Bull,  de  l'Instit.  archéol.  liégeois,  VIII,  p.  ô4S),  et  Les 
forteresses  des  Aduatuques  (Ann.  de  la  Soc.  archéol.  de  Namur,  XII,. p.  173). 

(s)  Huij  sous  les  Romains  (Annales  du  Cercle  Hutois  des  Sciences  et  Beaiix- 
Arls,  1876,  p.  137). 

(3)  Ilist.,  IV,  60. 

(4)  Ainsi  que  le  dit  M.  Piot,  IIP  vol.  do  Schayks,  Iji  lielgiquc  et  les  Pai/s- 
Uas,  etc.,  p.  598. 

(5)  Ammien  Makcellin,  XVII,  9:  «  .luiianus  stiulid  pcrvigili  pro|>crans  modo 
oiiinibus  utilitateni  fundare  provinciaruni,  munimenta  tria  recta  série  superciliis 
imposita  Uuminis  Mosae,  subversa  duduni  ohstinatione  barbarica,  ropararc  cogi- 
tabal,  et  illico  sunt  instaurata.  » 

(e)  ID.,  XVII,  2. 


—  Dl    — 

Une  inscription  trouvée  à  Flénialle,  sur  les  honis  de  la 
Meuse,  montre  en  l'an  181)  ap.  J.-G.  (i)  que  la  divinité 
du  tleuve  (numeii  fluminis  J/o.sae)  fut  l'objet  du  culte  des 
populations  et  peut-être  de  la  partie  de  ces  populations  qui 
se  livrait  à  la  navigation. 

Quant  aux  naidae  Tungri  ou  corporation  aux  mains  de 
laquelle  était  la  navigation  commerciale  du  lleuve,  on  ren- 
contre une  de  leurs  inscriptions  à  Vecliten  {Feclio),  près 
d'Ulrecht  (2),  ce  qui  démontre  qu'ils  descendaient  la  Meuse, 
et  puis,  aussitôt  qu'ils  pouvaient  atteindre  une  des  embou- 
chures du  Rliin,  qu'ils  remontaient  ce  dernier  fleuve. 

Le  parcours  inverse  a  dû  s'opérer  par  les  navires  de  la 
dassis  Gennanica,  puisque  nous  trouvons  des  tuiles  à  la 
marque  de  cette  flotte  près  de  Juliers,  sur  les  bords  de  la 
Roer,  aflluent  de  la  Meuse. 

La  tuile  de  Rumpst  vient  démontrer  à  son  tour  (|ue  les 
navigateurs  romains  du  Rhin  remontaient  aussi  l'Escaul  cl 
qu'ils  eurent  un  établissement  à  Rumpst,  sur  le  Ruppel. 

C'est,  sans  doute,  à  cette  escadre  germanique,  cantonnée 
sur  le  Ruppel,  qu'on  doit  la  remarquable  main  de  bronze 
trouvée  à  Rumpst,  qui  fait  partie  de  la  collection  de  Raves- 
tein  (ô).    On  lui  doit  peut-être  aussi  les  inscriptions   de 


(1)  Bull,  des  Comm.  roi/,  d'art  et  d'archéol.,  VI,  p.  97,  et  VJI,  p.  70. 

(2)  Ibid.,  IX,  p.  281. 

(s)  De  Meester  de  Ravestein,  Musée  de  Raveslein,  Catal.  descr.,  Il,  |i.  14o. 

La  présence  d'Égyptiens  dans  l;i  classis  Germauicii  (Voy,  inscr.  lilt.  aa) 
suffit  peut-être  pour  expliquer  la  présence  à  Anvers  d'antiquités  égyptiennes  qui 
ont  fait  l'objet  d'un  échange  d'observaiions  entre  M.  i>e  Witte  et  l'auteur  du 
présent  article,  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'arcliéol.,  XF,  pp.  329  et  4bi. 
Bull,  de  l'Acad.  d'archéol.  de  Belg.,  I,  pp.  718  et  738).  Voy.  aussi  à  propos  d'un 
trésor  de  monnaies  romaines  frappées  en  É^zypfe  et  trouvées  en  Hesbaye,  la 
Hevne  belge  de  numismatique,  V  série,  VI,  p.  18G. 


—  ih2  — 

Bornhein  (i)  el  d'Anvers  (2),  ainsi  que  les  conslruclions 
belgo-romaines  qu'on  a  découvertes  sur  ];i  rive  gauche  dans 
le  pays  de  Waes  (7^). 

Quant  à  la  classis  Sambrica  in  loco  Qiiarlensi  sive  Hor- 
neîisi,  si  l'on  accepte  le  texte  de  la  Notice  des  dignités 
comme  se  rapportant  à  la  Sambre,  afflueni  de  la  Meuse  (4), 
il  est  plus  difficile,  à  raison  de  l'éloigncment  du  Rhin  el 
de  l'emplacemenl  dépendant  de  la  Belgica  et  non  de  la 
Germania  inj'erior,  de  rapporter  cette  Hotte  à  la  classis 
(jerinaiiica. 

Si  les  données  proposées  dans  le  ])résenl  ai-licle  sont 
fondées,  dessigles  inexpliqués  jusqu'ici  el  que  Henzen  avait 
déclaré  ne  pouvoir  interpréter  ^3),  deviennent  clairs,  et  aux 
points  nouveaux  signalés  comme  intéressant  l'histoire  de  la 
Belgique  (c)  on  peut  ajouter  les  suivants  : 

Un  détachement  de  la  Hotte  germanicjiie  vin  Rhin  a  été 
cantonné  sur  l'Escaut  à  Rumpst. 

Le  séjour  de  ce  délachemenl  y  a  été  assez  long  pour 
exiger  la  création  d'un  établissement  permanent  construit 
par  les  marins  et  défendu  par  eux  sur  le  Ruppel. 


(1)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  el  d'archéol.,  Vil,  j).  40. 

(2)  Ibid.,  [).  39,  II"  19  (le  11°  18  provient  de  Rome,  voir  liiill.  de  VAcad. 
(l'aichéol.  de  Belf/ique,  II,  p.  123). 

(ï)  Annales  du  Cercle  archéologiqnc  di<  pays  de  Waes,  II,  p  209;  V,  p,  35. 

Il  ne  faut  pas  onieUre  cependant  de  citer  une  opinion  émise  au  XXVI 1*  Congrès 
arcliéologique  de  France  (I8C0,  Duiikerquc,  Mans,  Cherbourg),  p.  142,  d'après 
laquelle  le  locns  (Juarleusis  sive  Hornensis  serait  à  remboiicliure  de  la  (Manche 
et  à  la  pointe  de  llornez,  dans  la  Manche. 

(4)    B<JCKI.NG,  II.  p.  «il. 

(b)  Tahle  du  lll<=  volume  d'OKELLi,  p.  204  :  «  0  .  g  .  i-  .  k  (?).  » 

(01  Préface  du  I V  vid.  de  Sdi  wps.  pnliliéen  1877  par  M.  C.  Van  Dessei.,  p.  xi. 


—  0"  — 

Les  Romains  ont  ainsi  compris  nos  lleuveselnos  rivières 
dans  leur  forle  ligne  de  défense  contre  les  Barl)ares. 

Enfin,  constatation  géographique  importante  :  le  lias- 
Escaul  a  fait  partie  de  la  Hermania  mferior,  à  l'armée  de 
laquelle  appartenait  hrlassis  (iermanùa  Pin  Fidclis. 

Liège,  28  février  IS7S. 

IL  ScHUFJtMANS. 


P.  S.  Ajouter  aux  amiraux  de  la  classis  Germanica, 
Perlinax,  depuis  empereur,  (pii,  étant  préfet  de  cette  flotte, 
perdit  sa  mère,  qui  l'avait  accompagné,  et  lui  éleva  une 
sépulture  en  Germanie,  qu'on  retrouvera  peut-être  un  jour 
sur  les  bords  du  Rhin. 

Ajouter  aussi  l'observation  de  M.  (^h.  Robert,  Les  légiona 
du  Rhin,  p.  57  :  «  Il  n'était  plus  et  il  ne  pouvait  plus  être 
question  au  v® siècle  de  la  flottille  du  Rhin  :  le  cours  inférieur 
du  fleuve  et  son  embouchure  n'appartenaient  plus  à  l'empire 
romain.  » 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RÉSUMÉ    DES    PROGÈS-VERB^AUX. 


SÉANCES 

,les  i,    II.    \H  et  -2o  janvier;  <ies   I",  (i,  8,   15,  21   et  i'2  février   1879. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

Église»         —  La  Commission  a  apt)roiivé  les  dessins  de  trois  vi- 

d'Ovpryssche 

**' v'iuaux"''  '^^"^  ^  exécLilcr  par  M.  Caproniiicr  pour  les  fenêlres  de 

l'abside  de  l'église  de  Saint-Martin,  à  Overyssche  (Brabant), 

et  les  projets  de  deux  vilraux  d(!stin(''S  à  l'église  primaire  de 

Dinant. 

Bureau         —  Lc  bureau  de  bienfaisance  d'Anvers  demande  l'auto- 

de  bienfaisance 

objtuTart.  l'isation  d'aliéner  un   ostensoir  et  un  calice   hors  d'usage 
provenant  do  la  cbapelle  de  la  fondation  Wellens. 

Ces  deux  objets  ont,  d'après  expertise,  une  valeur  de 
1,707  francs  et  seraient  vendus  à  M.  Tuerlings,  curé  de 
riiù|)ilal  Sainte-Klisabelh,  pour  une  somme  de  :2,050  francs. 
L';i(liniiii.stration  communale  et  la  députation  permanente 
du  conseil  provincial  ont  émis  un  avis  favorable.  La  Com- 
mission ne  s'oppose  pas,  en  ce  ijui  la  concerne,  à  l'aliénation 
projetée ,    sous   la    réserve  que    la  venl(;    se  fera  non   pas 


—  90  — 

personnellement  à  M.  le  curé  Tuerlinc^s,  mais  à  l'hôpital 
Sainte-Elisabeth,  afin  d'être  assuré  que  les  deux  objets  d'art, 
auxquels  se  rattachent  des  souvenirs  historiques,  ne  pourront 
être  aliénés  plus  tard  sans  l'intervention  des  autorités  com- 
pétentes. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

Ont  été  approuvés  : 

1°  Les  plans  dressés  par  M.  l'architecte  Bouvrie  pour  la  ^ coustruction 

'  '  'a  iiiu'  justice  de 

construction  de  locaux  destinés  à  la  justice  de  paix  et  à  i'^'"  '  ^'«"''' 
l'administration  communale  de  Wellin  (Luxembourg)  ; 
2°  Le  projet  de  restauration  de  la  façade,  sous  la  tour,  Hôtei  devine 

'        "'  •  de  Bruxelles. 

donnant  vers  la  cour  de  l'hôtel  de  ville  de  Bruxelles  :  ar- 
chitecte, M,  Jamaer; 

5"  Le  compte  des  dépenses  faites  pour  la  restauration  des  Tours  du  Bmei. 

à  Cou  rirai. 

tours  du  Broel,  à  Courtrai  :  architecte,  M.  Degeyne. 

—  Il  résulte  des  renseignements  donnés  au  Collège  que  la  /».';'«  ■•om.-.ne 

o  s>      T  dp  l'hôpital  civil 

porte  romane  de  l'hôpital  civil  de  Louvain  est  menacée  ''^'^'"^*"'- 
d'une  destruction  prochaine.  Entièrement  à  découvert,  la 
porte  reçoit  les  eaux  de  pluie  qui  fdtrent  entre  les  pierres, 
et  la  gelée  aidant,  elle  ne  présentera  bientôt  plus  qu'un  amas 
de  ruines,  si  l'on  ne  se  décide  à  la  préserver  des  intem- 
péries par  une  toiture. 

—  La  Commission  a  i)rocédé  à  une  nouvelle  étude  de  la  ii.uei  de  viue 

lie  Bruges. 

question  de  savoir  quel  système  de  décoration  il  convien- 
drait d'adopter  pour  les  niches  construites  sous  les  fenêtres 
de  l'hôtel  de  ville  de  Bruges.  La  proposition  de  rétablir  les 
écussons  peints  qui  avaient  figuré  dans  ces  niches  au 
commencement  du  xviii''  siècle  ayant  rencontré  une  oppo- 


—  9G  — 

silion  assez  vive,  lanl  dans  la  presse  qu'au  sein  de  la  Com- 
mission des  travaux  de  la  ville,  un  membre  du  Collège, 
M.  Piol,  a  fait  de  nouvelles  recherches  pour  découvrir  ce 
qui  avait  [lU  exister  dans  ces  niches  avant  1 7!  1 .  Il  a  constaté 
que  les  fOiiij)l(\s  de  la  sillc  iiienlioiincnt  des  dépenses  de 
S(iil|)l(irt\  mais  sans  indication  de  sujets,  sans  désignation 
précise  des  points  de  la  façade  qu'elles  devaient  occuper. 

MM.  Verschelde,  Nelis,  Duclos  et  Cailliard,  dans  une 
lettre  publiée  par  le  journal  la  Patrie  du  ôl  décembre  1877, 
préconisent  l'idée  de  placer  dans  los  niches  d(^s  groupes 
dont  les  sujets  se  rapporteraient  aux  slalues  placées  immé- 
diatement au-dessous.  Le  Collège  estime,  avec  la  Commission 
des  travaux  de  la  ville,  que  le  principe  de  celte  décoration 
peut  être  adopté. 

Il  conviendra  loulefois  de  faire  un  nouv(^l  essai  sur  place, 
l;i  iiiaipielle  exécutée  en  1872  ayant  le  défaut  de  trop  rem- 
jilir  la  niclic.  Les  groupes  devraient  aussi  être  traités  en 
haut  relief,  ce  parti  s'accoi'derait  mieux  avec  les  culots 
existants. 

On  trouvera,  le  cas  échéant,  d'excellents  modèles,  sous 
le  double  rapport  de  la  dimension  relative  el  du  caraclère, 
dans  les  anciennes  sculptures  de  l'hùlel  de  ville  de  Louvain, 
dont  les  originaux  sont  conservés  dans  les  caves  de  ce 
Uionument. 

KDIFICES  RELTCIFJIX. 

l'RESBYTÈP.ES. 

r.e'iaiiratimi       ] /,]  Commissioii   n   aiiprouvé  les  projets  de  travaux   de 
'''''"^'"'""''""■' re>taur;ilion  el  d'appropriation  à  exécuter  nux  presbytères 


—  î>7  — 

lie  l)roi»g(:ijl)uscli  (Braljaiil)etdc  Mall-sur-Ciccr  (Limboiirg), 
ainsi  (|ue  le  projet  de  rccoiislrucliuii  du  prcshylère  de  Wildcrf, 
sous  Essclieii  (Anvers). 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

Oïd  été  approuvés  : 

I"  Les  jtlaus  d'une  chapelle  à  cunsiiaiire  à    Ciei'reiix,      (.i,.,,„iic 
coniniune  de  Bovigny  (Lu.\end)ouru)  :  aicliilccle  ;  .M.  Van 
de  Wyngaei'l  ; 

"2"  Les  plans  rclalil's  à  la  cunslrueliun  d'une  luur  el  d'une iLeii^cieLimic. 
saerislic    à    l'église    de    Liezele   (Anvers;   :   arcliileclc, 
M.  Slruyven; 

5"  Les  projets  d'agrandissement  des  églises  de  :  Ag.anJis.o„,.'ni 

Ryckcl  (Lindjourii)  ;  ai-ehitecte,  iM.  Denis;  ''^i'vvckTmÔ,.. 

•^  ^  ^^  le  Bail  cl  \\ibriu. 

Mont-lc-Ban    (Luxendjourg)    :    archilecle,    M.  Van    de 
Wyngacrt  ; 

Wibrin    (inèiiic    province)    :    archilecle,    M.   \an    de 
\V}'ngacrl  ; 

4"  Les  plans  de  sacristies  à  ériger  aux  éulises  de  llelcli-  ,  '.■k'*-"^ 
tercn  (Linibourg)  el  Anloy  (Luxendjoui-g)  ;  s.uh"!ôÎ 

o"  Les  dessins  de  divers  objets  mobiliers  destines  aux  An.onbiom.iK^ 

de  ilivcrso» 

églises    de    Moen     (Flandre    occidentale),    de    Lowaige      '■s""-'- 
(Limbourg),  de  Liselicrl  (Lu.xcmbourg)  el  de  Saint-Marc, 
commune  de  Frizel  (Namur). 


TRAVAUX  DE  RESTAUR\TION. 


La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  : 

1"  Les  travaux  de  réparalion  à  elTecluer  aux' églises  de    lupaïaii. 

do  divei; 

Loenhoul  (Anvers),    l)ro<)geid)<)scli   (  Bi-abanl).    Pollaeic,      •'•■'"^•"' 


—  Î)S  — 

Rouclc-Saint-Blaise  (Fliiiidrc  orientale),  Helchtcren  (Lim- 
bourg;,  Aiiloy  (Luxembourg)  el  Frizel,  commune  de  Saint- 
Marc  (Namur)  ; 
,  ,  Êgii^'^  ,.      2"  Les  plans  relatifs  au  placement  d'un  lambris  en  bois 
a  Ha^selt.    ^^^^^^  lachapcllc  des  fonts  baptismaux  et  d'un  portail  intérieur 
à  l'entrée  principale  de  l'église  de  Saint-Quentin,  à  Ilasselt  : 
architecte,  M.  Jaminé; 
Cathédrale        3"  La  proposltiott  de  confier  à  M.  l'architecte  Gels  la 

de  Namur. 

direction  des  travaux  de  restauration  à  exécuter  à  la  cathé- 
drale de  Namur; 
Églises         40  Les  comptes  des  recettes  et  des  dépenses  faites  en 

de  Notre-Dame  '  ' 

''aMaiincï'    1878   pour  la    restauration   de    l'église   de    Notre -Danje 
d'IIanswyck,  à  Mal 
Martin,  à  Courtrai. 


et  de  S'-Martin,  ■     ..    i-  ■  1       n'     i- 

à  Courtrai.    d'IIanswvclv ,  a  Malines,  et  du  vaisseau  de  1  église  de  Saint- 


Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 


Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  Président, 

Wellens. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RESUME    DES    PROCES-VERBAUX. 


SÉANCES 

des    1",  6,  T,  8,   11,    15,    22,    25  et  29  mars;   des   1",  5,   5,    11,    12, 
19  et  26  avril  1879. 


ACTES  OFFICIELS. 

M.  le  Minisire  de  la  justice  a  adresse,  le  '21  février,  à 
MM.  les  gouverneurs  provinciaux  la  circulaire  ci-après  : 

«  Monsieur  le  Gouverneur, 

»  L'arl.  il  du  décret  du  50  décembre  ISOD  charge  le 
bureau  des  marguilliers,  et  spécialement  le  trésorier,  de 
veillera  ce  que  toutes  les  réparations  qu'exigent  les  édifices 
du  culte  soient  bien  et  promplement  laites. 

»  Cette  disposition  est  généralement  perdue  de  vue,  et  de 
la  négligence  qu'on  apporte  à  faire  exécuter  en  temps  utile 
des  travaux  nécessaires,  il  résulte  des  dégradations  telles 
que  les  ressources  de  l'église  ne  peuvent  plus  suftire  à 
couvrir  les  frais  de  restauration. 

»   La  fabrique  qui,  par  sa  négligence,  a  amené  cet  état  de 


—   100  — 

choses,  a  alors  recours  à  la  commune,  à  ia  province  cl 
à  l'Élal,  pour  suppléer  à  rinsuflisancc  de  son  biulgel. 

j»  Voulanlmeltre  un  lermeà  celabus,  j'ai  décidé  de  refuser 
(ouïe  inlervenlion  de  mon  déparlemenL  dans  les  dépenses 
de  pedles  réparations  el  dans  celles  de  grosses  réparations, 
lorsqu'elles  auront  été  amenées  |)ar  l'inexécution  des  pres- 
criptions (pie  je  viens  de  rappeler. 

»   Le  Minislre  de  Injustice, 
»  (Signé)  Jules  Bara.  » 

—  Par  arrêté  royal  du  1"  avril  1879,  MM.  De  la  Censerie, 
arcliilecte,  à  Bruges,  et  De  Meyer,  docteur  en  médecine,  en 
ladite  ville,  sont  nommés  membres  correspondants  de  la 
Commission  royale  des  monuments  pour  la  Flandre  occi- 
dentale. 

PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  approuvé  : 
Egiis-  1°  Le  projet  de  verrières  en  grisaille  à  placer  dans  les 

ili;  NecrysstLc, 

Verrières,    vingt-qualrc  rosaccs  de  la  grande  nef  et  du  cliœui"  de  l'église 

de  Neeryssclie  (Brabant); 
Monuni.riii        2°  Lc  modèlc  de  la  statue  à  ériû:er  à  Ath  en  riionneur 

Dclac.l^  il  Alh.  ^ 

de  feu  Defacqz,  premier  président  de  la  Cour  de  cassation. 
Des  délégués  ont  examiné  ce  modèle  dans  l'atelier  de  M.  le 
scul|)teur  Fassin  el  ont  constate  que  les  modifications  in- 
ti-oduites  au  projet  primitif  sont  des  plus  heureuses;  ils 
n'ont,  sous  tous  les  rapports,  que  des  éloges  à  donner  à  la 
dernière  composition  du  statuaire. 
Mouunui,i  —  M.  Courroit,  professeur  à  l'Académie  de  Hasscll,  a 
wihcic.    leniiiné  complètement  le  monument  (pi'il  a  (.-te  charge  d  exe- 


—    101   — 

culor  pour  clru  criuc  tiaiis  lo  cimcliùi'c  tic  la  commune  de 
Wilsele  (Brabaut)  à  la  mémoire  du  |)eiiili-c  Verliaogeu. 
A  la  demande  de  M.  le  Ministre  de  l'inlérieur,  des  délôuués 
onl  procède,  le  15  février,  à  une  inspection  de  ce  monu- 
ment. Ils  sont  d'avis  (|ue  le  busle  en  marbi-e  blanc  est  d'une 
réussite  complète  et  peut  èlrc  acce|)té  sans  aucune  réserve. 
Mais  les  délégués  onl  cru  devoir  signaler  les  inconvénients 
sérieux  que  présente  l'emplacement  donné  à  cette  œuvre  d'art. 
Adossé  au  mur  extérieur  de  l'église,  le  buste  est  exposé  à 
des  dégradations  de  la  part  des  enfants.  En  outre,  les  eaux 
l)luviales,  en  se  déversant  du  toit  —  dépourvu  dechéneaux 
—  onl  déjà  occassioiîué  dans  le  marbre  des  taches  jaunâtres, 
qui  doivent  être  attribuées  à  l'oxidc  de  fer  que  ces  eaux 
entraînent. 

Il  serait  à  désirer  que  le  monument  put  être  transiéré 
à  l'intérieur  de  l'église  et  ipi'oii  profitât  de  ce  déplacement, 
que  le  curé  de  la  paroisse  est  disposé  à  admettre,  pour  ex- 
hausser le  piédestal  d'environ  50  centimètres. 

—  Des  délégués  se  sont  rendus,  le  19  mars,  à  Yprcs  pour  il.iics  dY|.>c 

Peintures 

cxanmier  deux  nouveaux  panneaux  de  peinture  murale,  "'"'aies. 
exécutés  par  M.  Pauuels,  dans  la  grande  salle  des  Halles. 
11  résulte  de  leur  rapport  que  la  grande  composition  rem- 
plissant ces  deux  travées  est  aussi  satisfaisante  que  les  trois 
tableaux  approuvés  précédemment.  La  Commission  a  émis, 
en  conséquence,  l'avis  que  rien  ne  s'o])pose  à  la  récej)tion 
définitive  de  ce  travail  et  à  la  liquidation  du  subside  promis 
par  le  département  do  l'intérieur. 

Les  délégués  ont  aussi  examiné  les  peintures  décoratives 
confiées  à  M.  Baetens;  ils  onl  constaté  que  certains  éléments 
décoiatifs  de  ces  peintures  accessoires  présentent  le  défaut 


102 

d'être  trop  grands  d'échelle  relativement  aux  tableaux  qui  leur 
font  face;  il  n'a  donc  pas  été  suffisamment  tenu  compte 
des  observations  que  le  Collège  a  laites  lorsque  le  projet 
lui  a  été  soumis  et  auxquelles  on  s'était  formellement  engagé 
d'avoir  égard  dans  le  cours  des  travaux.  Enfin,  les  délégués 
doivent  signaler  la  coquetterie  de  l'ensemble  de  la  décora- 
tion, qui  présente  un  contraste  trop  accentué  avec  l'austérité 
et  la  rudesse  de  l'architecture  de  la  salle. 

La  Commission  est  persuadée  qu'il  suffira  d'appeler  l'at- 
tention de  M.  Pauwels  sur  ces  points  pour  qu'il  s'attache 
à  y  remédier  dans  les  ouvrages  qui  restent  encore  à  exé- 
cuter. 
Ëgiis.^  —  D'après  des  documents  parvenus  à  la  Commission,  les 

de  Lanakcu. 

mu^'afer  peintures  décoratives  exécutées  par  M.  Guff'ens  dans  le 
chœur  de  la  nouvelle  église  deLanaken  (Limbourg)  seraient 
exposées  à  subir  des  détériorations  par  suite  de  défauts  que 
présentent  certains  vitraux. 

Des  renseignements  ayant  été  demandés  à  ce  sujet  à  l'ar- 
chitecte de  l'église,  M.  Jaminé,  et  à  M.  Guff'ens,  il  en  résulte 
(jue  les  peintures  murales  n'ont  pas  souffert  et  que  des  dégâts, 
d'ailleurs  peu  importants  et  auxquels  il  a  déjà  été  remédié, 
étaient  seulement  survenus  à  quelques  parties  accessoires 
de  la  décoration.  M.  Jaminé  signale  des  défauts  dans  l'as- 
semblage de  la  vitrerie,  défauts  auxquels  il  convient  de 
remédier  sans  relard. 
p.iiais.1.;  Liige.     —  La  Commission  a  été  informée  que  les  statues  destinées 

Ucc'oralioii 

.cuipiuraie.  y  l'omementation  de  la  façade  de  l'hôtel  provincial  de  Liège, 
et  qui  auront  i°'80  de  hauteur,  ne  seront  payées  qu'à  raison 
de  800  francs,  y  compris  la  fourniture  de  la  pierre  et  celle 
de  modèles,  fjrandeur  d'exécution. 


—  103  — 

Le  Collège  a  signalé  au  Gouvernement  l'insuftisancc  de 
cetle  rénfiunération.  On  n'ignore  pas  qu'il  se  trouve  nialiicu- 
reusement  des  artistes  d'une  réputation  établie  disposés  à 
entreprendre  des  travaux  de  ce  genn;  aux  prix  les  plus  bas. 
Mais  il  est  de  notoriété  publique  qu'il  n'y  a  là  de  leur  part 
qu'une  sorte  d'entreprise  où  ils  n'interviennent  que  par 
l'exécution  d'esquisses,  en  abandonnant  la  réalisation  défini- 
tive à  des  élèves  et  à  des  praticiens.  Et  il  est  profondément 
regrettable  de  voir  la  plupart  de  nos  monuments  encombrés 
d'une  statuaire  de  pacotille  qui  n'arrive  trop  souvent  qu'à  en 
compromettre  la  beauté  sévère  quand  elle  devrait  en  rehaus- 
ser l'éclat. 

Un  raisonnement  très-simple  suffit  d'ailleurs  à  faire  appré- 
cier l'absolue  insuffisance  du  prix  de  800  francs  par  statue, 
même  en  admettant  que  la  pierre  soit  fournie  à  l'artiste. 
Il  est  matériellement  impossible  de  faire  une  œuvre  sérieuse 
d'une  figure  de  cette  dimension  sans  y  consacrer  un  minimum 
de  trois  ou  quatre  mois  d'études.  Il  ftiut  y  ajouter  les  frais 
de  modèle  vivant,  de  location  d'atelier,  etc.  Dans  ces 
conditions,  c'est  à  peine  s'il  reste  100  francs  par  mois  au 
statuaire.  Pour  qu'il  trouve  dans  le  prix  de  800  francs  une 
maigre  rémunération,  il  faut  que  la  statue  soit  à  peu  près 
improvisée  sans  aucune  des  études  sérieuses  de  l'histoire, 
de  l'archéologie,  de  la  nature  vivante  que  demanderaient 
ces  thèmes  historiques  pour  avoir  les  qualités  de  style  et  de 
caractère  qu'on  doit  y  exiger,  et  être  traités  avec  le  respect 
qu'ils  méritent. 

On  commence  d'ailleurs  à  se  pénétrer  partout  de  ces  con- 
venances et  de  ces  nécessités,  et  en  regard  des  prix  proposés 
par  les  figures  du  palais  de  Liège,  on  peut  citer  ceux  qu'on 


—    104   — 

nllouo  ailleurs  pour  des  ouvrages  similaires.  Les  slalues 
])lacées  sur  la  façade  de  riiôlel  de  ville  de  Bruxelles  sont 
payées  h  raison  de  4,800  francs  pièce,  et  la  ville  fournil 
la  jiierre;  celles  placées  à  la  nouvelle  succursale  de  la 
banque  nationale  à  Anvers  ont  coûté:  les  figures  décoratives 
ayant  2"'80  de  hauteur,  2,500  francs;  les  figures  dans  les 
niches,  ayant  2'"10  de  hauteur,  o,OôO  francs;  pour  ces  der- 
nières seulement  le  statuaire  a  dû  fournir  la  pierre.  En 
France,  le  ??zorfè/e,  grandeur  d'exécution,  en  plâtre,  d'une 
slalue  de  2  mètres  à  2'"20,  est  payé  en  moyenne  5,000  francs. 
Lorsqu'il  s'agit  de  statues  destinées  à  la  décoration  d'un  mo- 
nument et  devant  être  exécutées  en  pierre,  le  modèle  est 
fait  à  la  moitié  ou  au  tiers  de  l'exécution;  \o  tout  est  payé 
selon  la  proportion  A  ou  3,000  francs. 

On  ne  doit  pas  se  régler  sur  de  mesquines  considérations 
d'économie  lorsqu'il  s'agit  de  compléter  un  monument  aussi 
admirable  et  aussi  universellement  réputé  que  le  palais  de 
Liège.  Mieux  vaudrait  n'y  pas  loucher  que  d'y  loger  une 
statuaire  médiocre.  Si  les  crédits  ne  sont  pas  suffisants,  on 
en  sera  quitte  pour  n'exécuter  aujourd'hui  que  la  moitié  du 
travail,  soit  les  statues,  en  ajournant  l'exécution  des  bas- 
reliefs;  mieux  vaudra  assurément  faire  moins  en  faisant 
mieux.  Agir  différemment  et  maintenir  l'usage  de  la  statuaire 
à  vil  prix,  c'est  gâter  à  plaisir  nos  artistes  en  même  temps 
(pie  nos  monuments,  et  le  Collège  est  unanime  pour  décliner 
toute  responsabilité  et  toute  inlerv':'ntion  dans  dc^  travaux 
exécutés  dans  ces  conditions. 

La  Commission  a  aussi  été  ai)pelée  à  émettre  un  avis  sur 
la  nature  des  matériaux  qu'il  conviendrait  d'employer  |)Our 
la  décoration  sculpturale  du  palais. 


—  ior>  — 

Celle  (Hieslioii  esl  diflicilc  à  résoudre;  il  nNwisIc  pas  en 
clïcl  de  pierre  étrangère  dont  on  puisse  garantir  coniplùte- 
mcnl  la  durée  dans  notre  pays,  si  ce  n'e«;t  le  marbre  blanc 
clair.  Ce  marbre  a  (Ué  employé  à  Bruxelles,  à  la  slaluc  du 
général  Belliard,  au  monument  conimémoratif  de  la  place 
des  Martyrs  et  à  diverses  statues  ornant  le  Parc;  il  a  parfai- 
tement résisté  jusqu'ici  aux  intempéries,  tandis  que  la  plu- 
part, des  statues  en  pierre  de  France,  exécutées  plus  récem- 
ments  ])our  nos  édifices  publics,  présentent  des  traces  de 
dépérissement. 

Outre  le  marbre,  on  pourrait  encore  employer  le  bronze, 
qui  offre  également  toutes  garanties  de  solidité  et  de  durée. 

Mais  comme  la  dépense  esl  forcément  limitée,  on  ne  pour- 
rait insister  sur  l'emploi  de  ces  deux  matières  dont  le  coût 
est  assez  élevé. 

Le  comité  provincial  des  membres  correspondants  est 
d'avis  que  «  la  pierre  bleue  doit  être  exclue  parce  qu'elle 
éclate  souvent  sous  le  ciseau  et  se  fouille  difficilement  », 
La  Commission  ne  peut  se  rallier  à  cette  opinion,  car  si  elle 
peut  être  appliquée  à  certains  calcaires  bleus  de  notre  pays, 
tels  par  exemple  que  ceux  des  bassins  de  la  Meuse,  qui  sont 
en  effet  défectueux,  il  n'en  esl  pas  de  même  de  la  pierre 
bleue  dite  petit  granit  des  Écaussinnes  et  deSoignics,  qui  a 
son  similaire  sur  l'Ourthe,  dans  la  province  même  de  Liège. 

Ces  carrières  produisent  une  pierre  d'excellente  qualité  et 
qui  se  prèle  très-bien  à  la  sculpture  quand  on  a  soin  de 
choisir  celles  des  meilleurs  bancs,  ne  présentant  pas  de 
limés,  de  veines  ou  autres  défauts. 

On  a  préconisé  la  pierre  blanche  comme  étant  d'un 
aspect  plus  agréable  et  devant  former  un  contraste  harmo- 


—  106  — 

nioiixavoc  l('s  matériaux  de  la  grosse  conslruction.  Le  con- 
trasle  clans  les  couleurs  des  pierres  ne  paraît  pas  indispen- 
sable à  l'effet  (lii  monument.  Il  suffit  d'ailleurs  d'examjner 
quelques  cousliuctions  érigées  en  pierres  bleues  pour  se 
convaincre  que  le  ton  de  cette  pierre  se  modifie  considérable- 
ment avec  le  temps.  On  peut  citer  comme  exemple  le  pié- 
destal de  la  Colonne  du  Congrès,  où  elle  a  pris  une  teinte 
beaucoup  plus  claire  que  le  reste  de  la  construction  en 
pierre  blanche. 

La  Commission  estime,  en  conséquence,  que  la  pierre 
bleue  pourrait  être  avantageusement  mise  en  œuvre  dans  le 
cas  actuel.  Mais  il  est  à  remarquer  que  les  frais  d'exécution 
des  statues  seront  notablement  plus  élevés  que  si  on  em- 
ployait la  pierre  blanche  tendre.  On  ne  devrait  toutefois,  en 
aucun  cas,  utiliser  cette  dernière  pierre,  qui  n'offre  aucune 
résistance  à  l'action  de  l'air  et  dont  l'emploi  doit  être 
réservé  exclusivement  aux  travaux  intérieurs;  si  les  admi- 
nistrations intéressées  se  décidaient  à  employer  une  pierre 
blanche,  on  devrait,  dans  l'intérêt  de  la  décoration  projetée, 
faire  choix  ou  de  la  roche  d'Euville  (banc  blanc  des  mar- 
briers) ou  du  grès  des  environs  de'Trèves.  Ces  deux  pierres, 
dont  le  ton  est  également  agréable,  sont  dures  et  aussi  diffi- 
ciles à  travailler  que  la  pierre  bleue,  mais  elles  ont  l'avan- 
tage de  ne  pas  être  gélives  et  d'offrir  en  conséquence  les 
garanties  de  durée  que  ne  présentent  pas  la  plupart  des 
pierres  plus  tendres. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 
Onl  ('lé  ap|)rouvés  : 
^t']^:"""^"       t  "  Les  phins  dresses  ))ar  M.  rarcliilccte  De  la  Genserie 


—  i07  — 

pour   la  conslriiclion   d'une  écolo    normale    cVinslituteurs 
à  Bruges; 

â**  Le  projet  d'une  maison  communale  à  ériger  à  Re- 
ninghe  (Flandre  occidentale)  :  architecte,  M.  Groquison  ; 

ô"  L'emplacement  proposé   pour    la   construction   d'un  ,,,. '^';.;f;;;^,^„ 
hospice  à  Gembloux  (Namur). 


Maison 
inmmiiDnlc 
l<;  Rpiiiiiglic. 


ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

La  Commission  a  approuvé  les  plans  des  travaux  d'appro-    Réparation 
priation  et  d'agrandissement  à  exécuter  aux  presbytères  de  '"'  p'-'"*''y'"ps. 
Goyck    (Brabant),    Lodelinsart   et    Tongre- Notre -Dame 
(Hainaut),  ainsi  que  les  projets  de  presbytères  à  construire 
à  Malèves,  commune  de  Malèvcs-Sainte-Marie-Wastinncs 
(Brabant),  Pommerœul  (Hainaut)  et  Odeur  (Liège). 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  : 

r  Sur  les  plans  relatifs  à  la  construction  d'églises  :  *^d"giises'r 

A  Ten-Brielen,  sous  Comines   (Flandre  occidentale)  :  AriiTe'..  uorn"!' 

l't  Biirgerliout. 

architecte,  M.  De  Geyne  ; 

A  riockai,  commune  de  Francorchamps  (Liège)  :  archi- 
tecte, M.  Soubre; 

A  Aische  on  Refail  (Namur)  :  architecte,  M.  Lermi- 
gnoanx  ; 

2"  Sur  le  plan  modifié  des  abords  do  l'église  à  construin- 
à  Borgcrhout  (Anvers)  ; 

5"  Sur  les  projets  d'agrandissement  des  églises  de  :  Agrandissment 

des  églises 

Orp-le-Petif,   commune  d'Orp-lo-Grand   (Brabant)  ;  ar-  "î,'[^2'sI;,rKei' 
chilocto,  M.  Coulon; 


—    1(18  — 

Sloclvel,soiis  Woluwc-Suinl-Picrro  (Bral)anlj  :  archilcclo, 

M.  llansoltc; 

dc*^rppn![ancw.     "^i"  SuT  Ics  ])ians  de  dépendances  à  conslrnire  aux  églises 

do  Sain(e-Anno,  à  Bruges,  Laethem-Saint-Marlin  (Flandre 

orientale),  Warzée  (Liège)  e(,€rand-Spauwen  (Lii'n!)ourg); 

\,„mibiemcn[      >jo  gur  Jes  dcssins  des  obiels  d'ameublement  destinés  aux 

II'  (livcrsos  > 

''^'''"'''      églises  de  : 

Oevel  (Anvers)  :  maitre-aulcl  ; 

BuDsbcelv  (Brabant)  :  buffet  d'orgue; 

I/.el  (Luxembourg)  :  bancs  ; 

Gbevetogne  (Namur)  :    appropriation  d'autels,   cbaire, 
confessionnaux,  etc.  ; 

Bouge  (même  province)  :  maiire- autel,  deux  autels  lah'- 
raux,  cbaire  à  prècber  et  deux  confessionnaux; 

Couvin  (même  province)  :  buffet  d'orgue. 
Synagogue  —  Dcs  délé2:ués  ont  procédé  à  un  examen  détaillé  des 
objets  d'ameublement  delà  nouvelle  synagogue  deBruxelles, 
et  il  résulte  de  leur  rapport  que  ces  meubles  sont  exécutés 
avec  tous  les  soins  voulus.  Les  verrières  notamment,  dues 
au  talent  de  M.  Dobbelaere,  sont  particulièrement  remar- 
quables et  ont  droit  à  des  éloges. 
.1..  sr.fhf/Ln.o<  —  La  Commission  a  émis  un  avis  favorable  sur  le  dessin 
'' ''"'^'"■'^""''' d'un  autel  à  placer  dans  la  nouvelle  cbapelle  du  transept 
sud  de  l'église  de  Saint-Jacques,  à  Liège,  et  dont  l'exécution 
est  confiée  à  MM.  les  sculpteurs  De  Boeck  et  Van  Wint, 
d'Anvers.  Tout  en  approuvant  ce  projet,  le  Collège  a  appelé 
l'attention  des  auteurs  sur  les  crocbets  des  rampants  du  gable 
et  sur  le  fleuron  du  couronnement;  ces  ornements  sont  un 
peu  grands  d'écbelle  relativement  à  l'ensemble  de  l'autel 
et  il  fonviendra  (b^  los  modifier  dans  lo  cours  de  l'exécution. 


—  10*)  — 

La  dépense  osl,  évaluée  à  9,000  rnncs,  y  compris  la  po- 
lyeliromic  de  l'aulel,  csliniée  à  ii,000  francs.  Le  conseil  de 
l'abrique  demande  que  le  dépnrtemenl  de  l'inlcrieur  inler- 
vicnno  dans  celle  dépense  |)ar  un  sui)side  prélevé  sur  les 
fonds  destinés  à  rencouragemeni  des  Beaux- Arts.  Le  d*'par- 
lemenl  de  l'intérieur  ne  pourra  se  prononcer  sur  celle 
demande  qu'après  l'achèvemenl  du  travail,  lorsqu'il  aura  pu 
faire  constater  que  l'aulel  réunit  les  conditions  d'exéculion 
artistique  voulues  pour  obtenir  le  subside  sollicité. 

TRAVAUX  DE  RESïAUR\TION. 

La  Commission  a  approuvé'  : 

1"  Les  projets  de  divers  travaux  de  réparation  à  effoctuer  noparaunn  <k.s 

iglispsclo  Bassillv, 

aux  églises  de  Hassillv  (Hainaut),  Wever  (Limbourû;),  Izel    "ovo,-,  h-^i  • 
(Luxembourg)  et  Clermont(Namur); 

2"  ï.a  proposition  de  déplacer  les  fonts  baptismaux  de     Égii^-Mio 

'  '  Walcoiiil.  K.111U 

l'église  de  Walcourt  (Namur)  et  le  dessin  de  la  grille  qui   l'^p"^'"»-"'. 
doit  clôturer  la  nouvelle  chapelle  des  fonts; 

""  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  exécutés  peu-    lîgiise.  .le 

Sa  i  lit-nom  La  ut 

dant  l'anni'e  1878  au  vaisseau  et  à  la  tour  de  l'église  de/i  •'" No"f-"'="|"' 

o  au  i1i-l,'i>li>  la  Dyli-, 

Saint-Rombaut  et  à  l'église  de  Notre-Dame  au  delà  de  la    "  *'''""''■ 
Dyle,  à  Mali  nés  ; 
A"  Le  devis  estimatif  des  ouvrages  à  effectuer  au  vaisseau     cgiiso  ,\„ 

Saint  nnmliant, 

de  l'église  de  Saint-Rombaut,  à  Malines,  pendant  l'année    :<  >''''i"'-^- 
1879.  Ce  devis  s'élève  à  fr.  23,780-58; 
o'  Le  devis  estimatif  (fr.  15,4:22-78)  des  travaux  qu'on      Rgu^p 

'  (!<>  Saiiillliihorl. 

propose  d'exécuter  en  1879  à  l'église  de  Saint-Hubert  ; 

(P  La  proposition  de  substituer  la  pierre  dite  :   Roche     Tour  do 

'         '  SaintP.onil.aut, 

cl'Euville,  au  liai  do  Morley,  dans  les  travaux  de  restau-    »  *'^'"'" 
ration  de  la  tour  <]e  l'église  de  Sainl-Rombaut,  à  Malines. 


—  no  — 

M..  B^'SW'-.  —  ^'^'  Collège  a  fait  connaître  à  M.  le  Ministre  de  la 
justice  que  l'église  de  Saint-Jean-Rapliste,  au  Béguinage,  à 
Bruxelles,  l'un  des  beaux  spécimens  de  l'architecture  du 
XVII®  siècle,  peut  être  rangée  parmi  nos  monuments  natio- 
naux de  deuxième  classe, 
.le  sahu-'Mariin,  —  ^cs  délégués  OHl  procédé,  le  24  mars,  à  un  examen  dé- 
"""  ""'taillé  du  mobilier  de  l'église  Saint-Martin,  à  liai,  qu'on 
propose  de  renouveler  d'après  les  plans  dressés  par 
M.  l'architecte  Van  Assche. 

Le  projet  comprend  : 

1"  L'enlèvement  de  tout  le  mobilier  actuel  du  chœur,  sauf 
le  maitre-autel  ; 

2"  L'abaissement  du  sol  du  chœur  ; 

5"  L'établissement  d'un  nouveau  chemin  de  circulation, 
pour  les  pèlerins,  autour  de  l'autel  ; 

4"  Le  renouvellement  de  sept  autels  latéraux; 

5"  L'établissement  de  deux  corps  de  stalles  pour  les  mar- 
guilliers  dans  l'avant-chœur  et  de  deux  autres  corps  de 
stalles  pour  le  clergé  dans  le  chœur  même; 

6"  L'établissement  de  deux  bancs  de  communion  dans 
le  chœur  et  la  chapelle  de  la  Vierge; 

1"  La  construction  de  nouvelles  tribunes  avec  buffets 
d'orgues  sous  la  tour. 

La  Commission  a  déjà  eu  l'occasion  de  protester  contre 
les  tendances  qui  portent  certaines  personnes  à  vouloir  sup- 
primer les  ameublements  Renaissance  des  églises  gothiques. 

Ces  esprits  trop  exclusifs  veulent,  sous  prétexte  d'unité 
de  style,  remplacer  ces  meubles,  souvent  remarqua!)les, 
par  des  ameublements  en  style  ogival.  Il  y  aurait  un  dan- 
ger sérieux  à  généraliser  cette  mesure,  qui  deviendrait  une 


—  11]  — 

cause  d(!  tlépcnses  inutiles,  de  remaiiienieuls  considérables 
et  qui  n'aboutiraient,  en  résumé,  qu'à  détruire  des  objets  qui 
constituent  les  jalons  de  l'histoire  de  nos  monuments  pour 
les  remplacer  par  des  pastiches  gothiques  d'un  goût  souvent 
douteux. 

La  Commission  reconnait  volontiers  que,  pour  ce  qui 
regarde  l'église  de  liai,  l'abside  est  fortement  cncorabn-e  et 
que  l'aspect  de  l'édifice  gagnerait  beaucoup  à  l'enlèvement  de 
l'ornementation,  d'ailleurs  peu  intéressante,  qui  encadre  le 
beau  retable  du  xvi'  siècle.  Elle  ne  verrait  donc  pas  d'incon- 
vénient à  ce  que  l'on  autorisât  les  travaux  de  dégagement 
du  chœur  principal.  Il  en  est  de  même  de  ceux  concernant 
l'abaissement  du  pavement.  Mais  il  importe  que  ces  travaux 
soient  exécutés  successivement,  après  que  des  projets  bien 
définis  auront  été  soumis  à  l'approbation  des  autorités  com- 
pétentes. 

Quant  à  la  question  du  style,  on  peut  se  demander  pour- 
quoi l'on  ne  prendrait  pas  pour  type  des  nouveaux  meubles 
à  créer  le  magnifique  retable  de  l'autel  principal.  Il  n'y  a 
pas,  en  elîet,  de  nécessité  absolue  que  le  mobilier  d'un  monu- 
ment soit  conçu  dans  le  style  des  parties  les  plus  anciennes 
de  la  construction,  auxquelles  il  est  presque  toujours  posté- 
rieur. L'adoption  du  style  de  la  Renaissance  n'aurait  donc 
rien  de  choquant  ici,  et  on  y  trouverait  l'avantage  d'harmo- 
niser les  stalles  nouvelles  non-seulement  avec  l'autel,  mais 
encore  avec  les  trois  portails  intérieurs,  les  bancs  d'œu- 
vres,  etc.  On  remarque  aussi  que  le  nombre  des  autels  pro- 
jetés est  considérable;  on  devrait  tout  au  moins  supprimer 
ceux  qu'on  propose  de  placer  dans  le  ])ourlour  du  chœur, 
derrière  le  mailre-aulel.  D'autre  part,  les  deux  petits  autels 


—   IJ!2  — 

f)rojclés  aux  eùlcs  de  la  ciiaj)ell(!  de  la  Vierge  auraicjiL  l'iii- 
convénienl  de  rélrécir  l'enlrée  de  celle  cl)tipelle.  Si  ces  au- 
tels sont  indispensables,  on  devia  les  placer  ohlitpienient 
coiniiie  ceux  qui  s'y  trouvent  acluellcjiient. 

Les  délégués  ont  aussi  niùrenient  examiné  la  queslion  de 
l'einplacemenl  à  donner  aux  nouvelles  orgues.  La  Comjiiis- 
sion  se  rallie  en  tous  points  à  leur  avis  (pi'il  n'y  a  pas  lieu 
d'accueillir  la  proposition  de  placer  l'inslrument  sous  Ja 
tour.  Cette  disposition  aurait  l'inconvénient  de  masquer  la 
vue  de  r(''glisc  dès  l'entrée.  11  serait  prt'lV'rahle,  ou  de  laisser 
les  orgues  à  leur  eni))laceiiient  actuel  en  modillant  la  dispo- 
sition du  jubé  et  de  l'escalier  qui  y  donne  accès,  ou  de  les 
transférer  dans  la  dernière  travée  du  bas-cùlé  à  l'enti'ée  du 
chœur.  Une  entrée  avec  escalier  existant  à  cette  place  sem- 
blerait indiquer  qu'une  tribune  y  a  existé  ou  y  a  été  projetée 
par  rarcliitccte  de  l'église.  Quelques  membres  du  conseil  de 
fabrique  craignent  que  l'enqjlacement  précité  soit  trop  exigu 
pour  contenir  les  chantres  et  les  orgues,  mais  il  est  à 
remarquer  que,  sans  nuire  à  l'effet  architectural  du  monu- 
ment, il  serait  possible  d'agrandir  l'espace  dont  on  disj)ose 
en  y  ajoutant  un  balcon  faisant  saillie  sur  le  mur  du 
chœur. 

La  Commission  a,  en  consécpience,  émis  l'avis  iju'il  y  avait 
lieu  de  demander  une  nouvelle  et  sérieuse  ('luue  des  travaux 
projelé'S. 
,,,.,„.,       —  Des  dclemiés  se  sont  l'ondus  ii  Tirlemunl,  le  14  mars, 

Lgli.-c  JeGri;nJo,  ^  O  '  ' 

"""'"'■'""""''■  pour  examiner  l'église  du  hameau  de  Grimde  (pie  le  conseil 
de  fabri(pie  demande  l'autoi'isation  de  dt'-molir  et  de  rempla- 
cer par  une  église  plus  vaste  à  construire  sur  un  tenain  |ilus 
;  u  centre  de  h  |)aroisse- 


—  iir,  — 

L'église  est  un  niilicu  du  ciiiielièrc  cl  csl  siUu-c  à  rcxlrciiic 
liniilo  de  raggionK-ralioii;  (iiioiquc  dalaiil  de  la  lin  de  la 
période  romane,  elle  esl  à  rextérieui"  dans  un  parlail  étal 
de  eunsei'valiui).  La  leur  el  les  façades  sont  eunslruiles  en 
.-irès  provcnanl  d(?s  environs  de  Tirlenionl,  ;  (outelbis  la  plu- 
|3arl  des  lenèlres  de  IVglise  onl  clé  élargies  apparennnenl 
vers  le  w"  siècle  el  elles  sonl  bordées  de  pierres  rcssenj- 
blanlà  celles  de  Goberlange. 

Les  délégués  esliiuent  qu'il  serait  regrellable  de  démolir 
cel  édifice,  qui  offre  un  aspect  pittoresque.  Ils  doivent  recon- 
naitrc  cependant  (|ue  la  pioposilion  des  autorités  locales  se 
fonde  sur  des  considérations  qui  méritent  de  fixer  l'atteiUion. 
La  superficie  de  l'église  est  loin  d'être  en  rapport  avec  la 
{)opulalion  de  la  paroisse,  puisqu'elle  ne  peut  contenir  que 
400  personnes  environ,  alors  que  la  paroisse  compte 
approximativement  1,700  habitants;  elle  est  d'aillcui-s  très- 
basse  el  située  au  niveau  du  sol  du  cimetière,  ce  qui  la  rend 
humide  et  malsaine.  D'autre  part,  on  ne  pourrait  songer  à 
l'agrandir  sans  surélever  les  voûtes,  ce  qui  amènerait  forcé- 
ment une  reconstruction  presque  totale. 

Dans  ces  conditions,  la  Commission  est  d'avis  avec  ses 
délégués  qu'on  devrait  autoriseï'  la  construction  d'une  église 
neuve  sur  l'emplacement  choisi  par  le  conseil  de  fabiique, 
mais  sous  la  réserve  ex|)resse  que  les  parties  les  pins  remar- 
quables de  l'ancien  temple  (la  tour  et  la  nef  centrale)  seront 
conservées  el  appropriées  à  l'usage  de  chapelle  du  cimetière. 
Celte  proposition,  à  laquelle  les  déléguésdes  administrations 
intéressées  paraissaient  disposés  à  se  rallier,  est  de  nature  a 
concilier  toutes  les  exigences.  Il  conviendi-a,  au  cas  où  l'an- 
loril(''  supi'rieure  s'y  rallierait  également,  de  faire  dresser  (\cs 


—   114  — 

plans  complets  indiquant  la  situation  actuelle  et  le  projet 
d'ajipropriation. 

Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 
Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  l'rcsideiil, 

Wellens. 


MINISTÈRES    DE    L  INTERIEUR    KT    DE    LA    GUERRE. 

RÈGLEMENT    ORGANIQUE 

DU 

MUSÉE  ROYAL  1)'A]NTÏQUÎTÉS  ET  D'AKML'RES. 

LËOPOLD  II,  Roi  des  Belges, 
A  tous  présenls  et  à  venir,  Salut. 

Revu  Notre  arrêté  du  9  mars  1851),  concernant  l'orga- 
nisation du  Musée  royal  d'antiquités  et  d'armures; 

Sur  la  proposition  de  Nos  Ministres  de  l'intérieur  et  de  la 
guerre, 

Nous  avons  arrêté  et  arrêtons  : 

Art.  1".  Le  Musée  royal  d'antiquités  et  d'armures  est 
divisé  en  deux  sections  principales  : 

La  première  section  comprend  les  objets  de  toute  nature 
qui  se  rapportent  à  l'archéologie,  particulièrement  à  l'ar- 
chéologie nationale,  et  à  l'ethnographie,  ainsi  (pic  les  armes 
otfensives  et  défensives  anciennes  ; 

La  deuxième  section  comprend  les  armes  à  feu,  ainsi  «pie 
les  armes  olîensives  et  défensives  modernes. 

Art,  2.  La  direction   et  la  conservalioii   du   Mii.sée  sont 


—   IKi   - 

confiées  à  un  fonclionnaire  qui  porte  le  litre  de  direclcur- 
conservalenr  du  Mmée  royal  d'anliquUcs  et  d'armures. 

Art.  3.  Le  Musée  est  placé  sous  la  surveillance  d'une 
commission  composée  de  sept  membres. 

^  1".  —  De  la  commission  de  surveilla.nge. 

Art.  4.  Les  membres  de  la  commission  de  surveillance 
sont  nommés  par  Nous,  sur  la  proposition  de  Nos  Ministres 
de  l'intérieur  et  de  la  guerre. 

Los  fonctions  de  membre  de  cette  commission  sont  in- 
compatibles avec  celles  de  directeur-conservateur  du  Musée. 

Art.  5,  Le  président  et  le  vice-président  sont  nommés 
par  Nous  parmi  les  membres  de  la  commission. 

La  connnission  clioisit  un  secrétaire  dans  son  sein. 

Art.  6.  La  commission  veille  à  l'exécution  des  arrêtés  et 
règlements  relatifs  à  l'organisation  du  Musée,  donne  son  avis 
sur  les  propositions  d'achat  ou  d'échange,  arrête  le  budget 
sur  la  proposition  du  directeur-conservateur  et  fait,  à  la  fin 
de  chaque  année,  un  rapport  sur  la  situation  de  l'établisse- 
ment en  ])roposant  les  améliorations  et  les  réformes  qui  lui 
paraissent  utiles. 

Art.  7.  La  commission  délègue,  au  moins  deux  fois  par 
an,  un  ou  plusieurs  de  ses  membres  |)our  inspecter  les  col- 
lections, les  archives  et  la  bibliothèque,  ainsi  que  les  autres 
dépendances  du  Musée,  et  vérilier  si  les  dispositions  des 
arrêtés  et  règlements  sont  exactement  observées. 

Art.  8.  La  commission  se  réunit,  en  séance  ordinaire, 
tous  les  mois,  ;iu  jour  cl  à  l'heure  ([uVJIc  (i(''lei'minc. 

Elle  s'assemi)le,  en  séance  extraordinaire,  cha(|ue  fuis  que 


~    117  — 

Jcs  ciiconslancL'S  rcxigciil,  sur  la  convocalidii  du  iircsidcul. 
Le  direclcur-c'ousorvaleur  csl  cnlcudu  par  la  comiiii.ssioii 
(]uaiid  il  le  dcuiando.  La  commission  peul  re(|uci-ir  sa  pié- 
sonce. 

Ail.  *.).  Il  peut  cire  adjoint  à  la  commission  des  experts 
qui  sont  nommés  par  le  Ministre  de  l'intérieur,  [l  leur  est 
alloué  des  frais  de  vacation  à  déterminer  par  le  Ministre.  Les 
avis  qu'ils  sont  appelés  à  donner  sur  les  olijels  d'art  soni 
consignés  par  écrit  et  signés  par  eux. 

§  H.  —  Du   DIUEGÏEUR-CONSEUVATEUR. 

Ail.  10.  Le  directeur-conservateur  est  nommé  par  Nous, 
sur  la  proposition  du  Ministre  de  l'intérieur,  le  Ministre  de 
la  guerre  entendu.  Son  traitement  est  réglé  par  l'arrêté  de 
nomination. 

Art.  11.  Il  veille  au  classement  et  à  la  conservation  des 
objets  composant  le  Musée,  et  prend,  à  cet  effet,  toutes  les 
mesures  qui  sont  jugées  nécessaires  dans  l'intérêt  des  col- 
lections. 

Il  reste  dépositaire  des  clefs  des  salles  et  des  armoires  ou 
vilrincsqui  renferment  les  collections. 

Art.  12.  Le  directeur-conservateur  a  la  police  intérieure 
du  Musée.  Les  employés  et  gens  de  service  lui  sont  subor- 
donnés. 

Art.  15.  Tous  les  ans,  il  adresse  aux  Ministres  de  liiilL- 
l'icur  et  de  la  guerre,  par  l'intermédiaire  de  la  commission, 
un  rapport  sur  la  situation  du  Musée. 

Il  signale  les  améliorations  qu'il  ci'oii  pouvnji'  cire  irilio- 
duites. 


—   118  — 

Art.  14.  Le  dirccleur-conservaleur  est  chargé  de  la 
formation  et  de  la  tenue  des  inventaires  et  des  catalogues, 
de  la  comptabilité,  ainsi  que  de  la  garde  des  archives  et  de 
la  bibliothèque. 

Il  est  également  charge  de  la  correspondance  relative  au 
service. 

Les  lettres  qu'il  écrit,  en  sa  qualité,  sont  conservées  en 
minute  aux  archives,  où  sont  également  déposées  toutes  les 
pièces  de  comptabilité. 

Art.  15.  Le  directeur-conservateur  ne  peut  s'absenter 
})Uis  de  trois  jours  sans  une  autorisation  ministérielle. 

Art.  16.  Il  lui  est  interdit  de  former,  pour  son  usage  per- 
sonnel, des  collections  d'objets  dans  le  genre  de  ceux  qui 
constituent  le  Musée. 

g  m.  —  Des  employés  du  musée. 

Art.  17.  Il  est  attaché  au  Musée  un  armurier  chargé 
spécialement  de  l'entretien  des  armes  et  armures,  ainsi  que 
des  réparations  à  y  faire. 

Il  est  nommé  par  notre  Ministre  de  la  guerre  et  jouit,  s'il 
y  a  lieu,  de  la  solde  affectée  au  grade  qu'il  occupe  dans 
l'armée. 

Art.  IS.  Les  autres  employés  sont  nommés  sur  la  pro- 
position du  directeur-conservateur  et  l'avis  de  la  commission 
de  surveillance,  |)ar  le  Ministre  de  l'intérieur,  qui  détermine 
leurs  attributions  et  lixe  leur  traitement. 

Art.  19.  Les  employés  temporaires  chargés  de  la  sur- 
veillance matérielle  les  jours  où  le  Musée  est  ouvert  au 
|Hiblic ,  sont  désignés  par  le  directeur-conservateur,  sous 
ra|i|)robaliou  du  président  do  la  commission. 


—  lll)  — 

,^  IV.  —  Des  dépenses,  achats  et  échanges. 

Art.  ^0.  Le  budget  dn  Musée,  dressé  |):ir  le  directeur- 
conservateur,  est  présenté  par  lui  à  la  commission,  qui  le 
soumet,  avec  son  avis,  à  l'approbation  des  Ministres  de  l'in- 
térieur et  de  la  guerre.  Les  crédits  alïeclés  aux  divers  ser- 
vices ne  peuvent  être  dépassés  ou  ap|)liqués  à  d'autres 
dépenses  sans  l'autorisation  préalable  du  j\Iinislre. 

Art.  21.  Lorsque  la  commission  ou  le  directeur-conser- 
vateur sont  d'avis  qu'il  y  a  lieu  de  faire  une  acquisition 
pour  les  collections  du  Musée  ou  de  la  bibliothèque,  il  est 
dressé  une  liste  des  objets  ou  des  livres  à  acquérir,  avec 
l'indication  du  prix  ou,  en  cas  d'éhange,  des  objets  à  aliéner. 
Cette  liste  est  soumise  à  l'approbation  du  Ministre  compétent, 
avec  l'avis  de  la  commission  et  du  directeur-conservateur. 

Art.  22.  Nul  achat,  nul  échange  ne  peut  être  fait  si  ce 
n'est  en  vertu  d'une  autorisation  ministérielle. 

Cependant,  dans  les  cas  d'urgence,  et  lorsqu'il  y  a  impos- 
sibilité de  demander  l'autorisation  préalable,  le  directeur- 
conservateur,  après  avoir  obtenu  l'adhésion  du  président  de 
la  commission,  peut  faire  l'acquisition  directement,  sauf  — 
s'il  s'agit  d'un  marché  dépassant  la  somme  de  lOO  francs  — 
à  en  donner  immédiatement  avis  au  Ministre. 

Art.  23.  Le  directeur-conservateur  tient  un  registre  exact 
des  recettes  et  des  dépenses.  Tous  les  trimestres,  à  la  séance  or- 
dinaire de  la  commission,  il  remetàcelle-ci  une  note  sommaire 
des  dépenses,  ainsi  que  des  sommes  engagées  et  disponibles. 

.\rt.  24.  Les  comptes  relatifs  à  chaque  section  sont, 
avant  d'être  .soumis  à  la  liquidation,  vis/'S  par  le  dinrcleur- 
conservaleiir. 


—   120  — 

,^  V.  —  Des  inventaires  et  catalogues. 

Ai'l.  25.  Lo  (lii'Gcloiir-conservalGur  csl  tenu  de  lairc 
dresser,  sous  sa  direction,  un  inventaire  général  de  tous  les 
objets  appartenant  à  cliacune  des  sections. 

Un  double,  visé  par  la  commission  et  le  directeur-conser- 
vateur, en  est  déposé  au  ministère  de  l'intérieur  et  au  minis- 
tère de  la  guerre. 

Art.  20.  Tous  les  objets  qui  entrent  au  Musée  sont,  dans 
le  terme  de  trois  jours,  inscrits  sous  un  numéro  d'ordre, 
dans  l'inventaire  de  la  section  à  laquelle  ils  appartiennent. 

Les  différentes  pièces  d'une  armure  sont  détaillées  et 
reçoivent  chacune  un  numéro  particulier,  avec  le  numéro 
d'ordre  affecté  à  l'ensemble.  Cette  règle  est  également  ap- 
plicable à  tout  objet  composé  de  plusieurs  pièces. 

L'inventaire  porte  la  désignation  des  objets  reçus,  les 
dimensions,  la  provenance,  la  date  d'entrée,  le  nom  du  do- 
nateur ou  du  vendeur  et  le  prix  d'acquisition. 

Art.  27.  Au  commencementde  chaque  année,  le  directeur- 
conservateur  adresse  aux  Ministres  de  l'intérieur  et  de  la 
guerre  un  double  de  l'inventaire  des  o])jets  entrés  pendant 
l'année  précédente. 

Art.  28.  Les  noms  des  personnes  qui  enrichissent  le 
Musée  de  leurs  dons,  ainsi  que  la  désignation  des  objets 
donnés,  sont  inscrits  dans  un  registre  spécial. 

Chacun  de  ces  objets  porte,  autant  que  possible,  le  nom 
du  duiialeur. 

En  outre,  les  noms  des  principaux  donateurs,  sont  inscrits 
sur  un  tableau  exposé  dans  l'une  des  salles  du  Musée. 

Art.  2'.».   Il  est  publié  un  catalogue  méthodique  d'après 


—   121  — 

le  classcniciU  à  ctahlir  par  le  (.lirccteui'-conscrvaleu]',  sous 
le  contrôle  de  la  commission. 

Ce  catalogue  est  rédigé  par  lo  dircclcur-consorvaleur  ou, 
pour  les  collections  données,  par  les  donateurs  ipii  auraicnl 
stipulé  cette  condition  dans  l'acte  de  donation.  Il  est  sou- 
mis à  l'avis  de  la  commission  et  à  l'approbalinn  du  Ministre 
de  l'intérieur. 

Les  fonds  provenant  de  la  vente  du  catalogue  sont  versés 
au  trésor. 

Art.  50.  Il  y  a  un  registre  particulier  des  échanges  où 
sont  inscrits  les  objets  cédés  et  les  objets  acquis,  la  date  de 
l'échange  et  le  nom  de  la  personne  ou  de  l'établissement 
avec  lequel  il  a  été  conclu. 

Des  extraits  en  sont  adressés  tous  les  ans  aux  Ministres  de 
l'intérieur  et  de  la  guerre. 

Art.  51 .  Il  est  tenu  un  catalogue  de  la  bibliothèque  du  Musée. 

Tous  les  livres  portent  sur  le  titre  le  cachet  du  Musée  :  ce 
cachet  est  répété  sur  la  couverture. 

Les  livres  reliés  portent,  en  outre,  sur  le  dos,  celle 
inscription  :  Musée  royal  d'antiquités  et  d'armures. 

Art.  52.  Il  est  tenu  un  inventaire  du  mobilier  de  l'établis- 
sement. 

Les  changements  qui  surviennent  sont  indiqués. 

Il  est  remis  au  Ministre  de  l'intérieur  une  copie  de  cet 
inventaire,  ainsi  qu'un  extrait  annuel  des  acquisitions  ou  des 
mutations. 

K  VI.  —  Service  pup-lic. 

Art.  55.  Le  Musée  est  ouvert  au  public  aux  époques  fixées 
par  le  règlement  d'ordre  pour  le  service  intérieur  du  Musée. 


—  122  — 

Il  est  ouvrri  (oiis  les  jours,  aux  heures  à  déterminer,  aux 
artistes,  aux  personnes  qui  désirent  consulter  les  collections 
pour  leurs  études  et  aux  étrangers. 

Art.  ô4.  Aucun  objet  appartenant  au  Musée  ne  peut  être 
prêté  ou  transporté  hors  de  l'établissement  sans  l'autorisation 
du  Ministre. 

Art.  55.  Les  objets  très-rares  ou  d'une  grande  valeur 
ne  peuvent  èlre  prêtés  en  dehors. 

Art.  56.  Quiconque  désire  obtenir  le  prêt  à  domicile 
d'un  ou  de  |)lusieurs  objets,  en  adresse  la  demande  au  direc- 
teur-conservateur, en  spécifiant  chacun  des  objets  par  son 
numéro  d'ordre  et  son  numéro  particulier,  s'il  y  a  lieu. 

Le  directeur-conservateur  soumet  la  requête  au  Ministre, 
avec  son  avis,  la  commission  préalablement  entendue. 

Art.  57.  Quiconque  a  obtenu  l'autorisation  d'emprunter 
un  ou  plusieurs  objets  du  Musée,  est  tenu  de  se  soumettre 
aux  règles  suivantes  : 

1"  Il  donne  un  reçu  des  objets  prêtés. 

Ce  reçu  contient  l'inventaire  détaillé  des  objets,  spécifiés 
chacun  par  son  numéro  d'ordre,  son  numéro  particulier  et 
son  évaluation;  il  mentionne  que  les  objets  ont  été  délivrés 
en  bon  état  ou  constate  leurs  défectuosités;  il  renferme 
l'engagement  de  l'emprunteur  de  se  soumettre  à  toutes  les 
dispositions  du  présent  article,  qui  sera  imprimé  textuelle- 
ment en  tète  dudit  reçu  ;  il  est  signé  par  l'emprunteur  et  par 
le  directeur-conservaleui-  et  fait  en  deux  expéditions,  dont 
l'une  est  remise  au  Musée  et  l'autre;  denu^ure  entre  l(\s  mains 
de  celui  qui  a  obtenu  les  objets  ; 

2°  Les  objets  prêtés  sont  confiés  à  l'emprunteur  sous  sa 
garantie  et  sa  responsabilité  personnelle. 


—   1:23  — 

Il  s'engage  à  ne  les  communiquer  ;i  nncune  nuire  personne 
et  à  ne  les  contrefaire  ni  laisser  conlrefaire,  (Je  <|uel(iue 
manière  que  ce  soil; 

ô"  L'emprunteur  consigne,  en  garantie  de  l'objet  ou  des 
objets  prêtes,  une  somme  égale  à  leur  valeur  estimai ive, 
augmentée  de  dix  pour  cent; 

4°  L'objet  prêté  doit  être  réintégré  au  Musée  après  un  laps 
de  quinze  jours  au  plus.  L'emprunteur  qui  ne  satisfait  pas 
à  cette  condition  ne  pourra  plus  obtenir  de  prêt  à  l'avenir; 

5"  Le  directeur-conservateur  donne  décharge  à  l'emprun- 
teur si  l'objet  est  rendu  en  bon  état.  Tous  dégâts  sont  préa- 
lablement réparés,  aux  frais  de  l'emprunteur,  par  la  personne 
que  désigne  le  directeur-conservateur.  La  dépense  est  im- 
putée sur  la  somme  consignée  par  l'emprunteur; 

G"  En  cas  de  perte  ou  de  mise  hors  d'usage  de  quelque 
objet,  la  somme  consignée  est  acquise  au  Musée. 

Art.  .18.  Notre  Ministre  de  l'intérieur  arrêtera  le  règle- 
ment d'ordre  pour  le  service  du  Musée. 

Alt.  ."9.  L'arrêté  royal  du  9  mars  \8o9  est  rapporté. 

Art.  40.  Nos  Ministres  de  l'intérieur  et  de  la  guerre  sont 
chargés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne,  de  l'exécution  du 
présent  arrêté. 

Donné  à  Laeken,  le  .5  mai  1879. 

LÉOPOLD. 

Par  le  Roi  : 

Le  Ministre  de  l'intérieur, 

G     RoLïN-JAEpUEMVNS. 

Le  Ministre  de  la  guerre, 

PiRNARIt. 


PlEGI-3L.E3VrEnsrT     ID'0]=13DT^E 


MLSKE  ROYAL  ÏV WTIQlTTllS  ET  D'ARMURES. 


Le  xMinisIrc  de  rinlùrieur, 

Vil  l'art.  38  (loramVté  royal  du  ô  mai  1870,  concernant 
l'organisation  du  Musée  royal  d'anlicjuilés  cl  d'armures, 

Arrête  : 

An.  T'.  Le  iMusce  est  ouvert  au  public  tous  les  jours, 
sauf  le  lundi,  jusqu'à  i  heure  de  relevée. 

Les  heures  de  l'admission  du  |)ul)lic  sont  réglées  comme 
suit  : 

Du  1"  avril  au  30  septembre  (inclus),  de  10  à  A  heures; 
pendant  les  autres  mois  de  l'année,  de  10  à  3  heures. 

Les  enfants  au-dessous  de  lo  ans  ne  seront  pas  admis 
sans  être  accompagnés  de  leurs  parents. 

Art.  2.  Des  cartes  permanentes  peuvent  êtres  délivrées 
aux  personnes  inscrites  sur  la  liste  des  donateurs  du  Musée. 

Les  personnes  qui  désirent  faire  des  études  au  Musée 
doivent  s'adresser  par  écrit  au  direcleur-conservaleur,  en 
indiquant  la  nature  de  ces  études,  ainsi  que  la  durée  pro- 
bable de  leur  travail. 

Art.  3.  Aucun  objel  ne  |»eul  être  extrait  des  armoin^s  ou 


—  12'i  — 

vitrines,  lu  (l(''|)la('(''  snns  rnulorisnlioii  dti  dinM-loiir-conscr- 
vateiir. 

Arl.  /(-.  Les  visiteurs  porteurs  (1(^  parapluies,  do.  cannes, 
(le  paipicts,  ete.,  sont  tenus  de  déposer  ces  ohji'ls  à  reiilrée 
de  rétablissement. 

Art.  o.  Il  est  défendu  aux  visiteurs  de  toucher  à  aucun 
objet  et  de  s'appuyer  contre  les  armoires  ou  vitrines. 

Art.  G.  Il  est  attaché  au  Musée  un  certain  nombre  de 
surveillants  permanents  qui  sont  de  service  pendant  l'admis- 
sion du  public  et  auxquels  il  pourra  être  adjoint  des  surveil- 
lants temporaires  pendant  les  jours  de  fêtes. 

Les  surveillants  se  conforment  aux  ordres  qui  leur  sont 
donnés  par  le  directeur-conservaleui'. 

Art.  7.  Les  surveillants  sont  placés  sous  la  direction  im- 
médiate du  garde-armurier  en  chef. 

Ce  fonctionnaire  est  adjoint  au  directeur-conservateur 
pour  la  police  intérieure;  il  est  spécialement  chargé  de  sur- 
veiller tout  ce  qui  concerne  l'entretien  des  salles  et  des  col- 
lections. 

Il  veille  à  l'extinction  des  feux. 

Il  est  tenu  de  faire  tous  les  soirs  une  ronde  générale. 

Il  ne  peut  s'absenter  sans  l'autorisation  du  directeur-con- 
servateur. 

Art.  8.  Lorsque  le  Musée  est  ouvert  au  public,  les  sur-, 
veillants  circulent  dans  les  salles  et  veillent,  avec  le  plus 
grand  soin,  à  ce  qu'aucun  dommage  ne  soit  causé  aux 
objets  des  collections  ou  au  mobilier  de  l'établissement. 

Art.  9.  Pendant  le  service  public,  les  surveillants  sont 
vêtus  en  noir.  Ils  ont  pour  marque  distinctive  une  médaille 
d'argent  suspendue  en  sautoir  à  une  chaîne  de  même  métal 


—    126  — 

et  portant  les  armes  du  royaume  avec  ces  mots  dans 
l'exergue  :  Musée  royal  (ïantiquilés  et  d'armures. 

Art.   10,  Les  visiteurs  ne  sont  tenus  à  aucune  rétribution. 

Art.  11.  Les  art.  1  à  7  et  l'art.  10  du  présent  arrêté 
seront  affichés  dans  les  salles  du  Musée. 

Bruxelles,  le  8  mai  1879. 

G.   Rolin-Jaequemyns. 


MUSÉE  ROYAL  D'ANTIQUITÉS  ET  D'ARMURES 


COMMISSION  DE  SURVEILLANCE 


LÉOPOLD  II,  Roi  des  Belges, 
A  tous  présents  et  à  venir,  Salut; 
Vu  l'arrêté  royal  du  51  mai  1871),  organisant  le  Musée 
royal  d'antiquités  et  d'armures; 

Considérant  que,  par  suite  de  la  réduction  du  nombre  des 
membres  de  la  Commission  de  surveillance  dudit  Musée, 
il  y  a  lieu  de  renouveler  celle-ci  ; 

Sur  la  proposition  de  Notre  Ministre  de  l'intérieur. 

Nous  avons  arrêté  et  arrêtons  : 

Art.  P'',  Sont  nommés  membres  de  la  Commission  de 
surveillance  du  Musée  royal  d'anticpiités  et  d'armures  : 
S.  A.  le  prince  de  Ligne,  Ministre  d'État,  président  du 
Sénat;  MM.  le  général  Donny,  Chalon,  de  Meester  de 
Ravensteyn,  Balat,  Reusens  et  Schuermans. 

Art.  2.  Notre  Ministre  de  l'intérieur  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  j)résent  arrêté. 

Donné  à  Laeken  le  G  juin  1870. 
'     LEOPOLD. 
Par  le  Roi  : 
Le  Ministre  de  l'intérieur, 
G.  Roli.n-Jaequemyns. 


EXPOSITION    UNIVERSELLE   DE    PARIS  (1878) 


ADRESSES 


par  les  jeunes  artistes  qui  ont  visité  cette  Exposition 
à  l'aide  de  subsides  du  département  de  rintéiieur 


M.  le  Ministre  de  l'inlérieur  nous  communique,  pour 
èlre  publiés  par  extraits,  quelques-uns  des  rapports  qui 
lui  ont  été  adressés  par  les  jeunes  arlislcs  qui  ont  visité, 
à  l'aide  de  subsides  de  son  département,  l'Exposition  uni- 
verselle de  Paris.  Le  Gouvernement  regrette  que  i'insuftisancc 
de  beaucoup  de  ces  documents  ne  permette  pas  d'en  géné- 
raliser la  publication.  Il  est  à  es))ércrque  ces  rapports,  dont 
il  avait  fait  une  condition  à  Toblention  de  ses  bourses  de 
voyage,  auront  amené  leurs  auteurs  à  reconnaître  la  nécessité 
des  études  lilléraircs,  qui  Ibiil,  inallieureusemcnt  définit  à 
beaucoup  d'cnlrc  eux  et  (jui  sont  inscrites  désormais  au 
programme  de  toutes  nos  grandes  Académies.  Il  est  entendu 
aussi  que,  par  cette  publication,  le  Gouvernement  n'entend 
donner  (pi'un  eucouragemcnl  aux  arlisirs,  s.'uis  patronner  les 
upii:iuns. 


—    hJl)  — 

Beaucoup  d'œuvrcs  tl'un  nicritc  réel  et  tligiics  d'ùlro  citées 
liguront  dans  les  salles  de  la  France.  Mais  toutes  ont  une 
espèce  de  parenté,  un  air  de  famille  qui  ni'ohligerait  à  des 
redites  inutiles.  Elles  se  ressemblent  à  tel  point  que  les  mêmes 
détauts  et  les  mêmes  qualités  s'y  rencontrent  à  chaque  |)as. 
On  peut  d'ailleurs  les  ranger  d'une  façon  générale  en  deux 
grandes  catégories  :  les  réalistes  et  les  classiques. 

Chez  les  réalistes,  le  manque  de  conception  rend  presque 
toujours  stérile  ce  qu'une  exécution  vraie,  quoique  impar- 
faite, permet  de  faire  espérer.  Si  ces  sculpteurs  possédaient 
une  exécution  qui  fût  aussi  complète  que  beaucoup  de  ci-i- 
tiques  se  plaisent  à  le  faire  croire,  je  suis  convaincu  que 
leurs  conceptions  ne  seraient  pas  aussi  faibles  et  qu'ils  ne 
seraient  pas  forcés  de  les  puiser  dans  les  œuvres  de  Michcl- 
XïVJG  et  d'autres  maîtres  anciens. 

Ils  n'emprunteraient  pas  à  ceux-ci  des  idées  qu'ils  ne  par- 
viennent pas  à  rendre  avec  une  égale  supériorité. 

Cette  exécution,  qui  constitue  cependant  la  force  et  la 
réputation  de  l'école  française,  n'est  pas  encore  aussi  par- 
faite qu'on  pourrait  le  souhaiter.  Il  lui  manque  cette  virilité, 
cette  vigueur  et  cette  distinction  que  les  Grecs  nous  ont 
léguées  dans  leurs  belles  statues.  Elle  n'a  pas  encore  la 
robuste  et  saine  sin€érité  de  la  nature.  Elle  est  quelquefois 
enveloppée  d'un  aspect  trompeur,  d'une  espèce  de  vernis 
qui  peut  égarer  le  profane,  mais  que  le  vrai  connaisseur 
regrette  d'y  découvrir. 

Celte  faiblesse  relative  de  l'exécution  provient  du  choix 
peu  judicieux  des  modèles  employés  par  les  artistes.  Ceux-ci 
tâchent  de  copier  exactement  ces  modèles  (|ui  ne  remplis- 
sent pas  les  conditions  exigées  par  la  scul|)ture  et  rendent 


—  150  — 

ainsi  ce  qu'ils  peuvent  avoir  d'imparfait  et  de  dispropor- 
tionné. De  nos  jours,  nous  disposons  moins  de  ces  types  de 
beauté  et  de  force  dont  se  servaient  les  anciens  pour  la 
création  de  leurs  chefs-d'œuvre.  Les  statues  des  sculpteurs 
français  montrent  que  leurs  modèles  ont  jnené  une  vie  peu 
Spartiate  et  que  les  formes  en  sont  affaiblies  par  la  misère 
et  le  dévergondage  de  la  civilisation  moderne. 


La  deuxième  catégorie  sont  les  classiques,  qui,  dès  leurs 
premières  éludes,  se  sont  plus  inspirés  des  antiques  que  de 
la  nature.  Malheureusement,  nous  ne  possédons  plus,  comme 
je  l'ai  dit  plus  haut,  ces  modèles  de  force,  de  grâce  et  de 
belle  proportion  qui  inspiraient  les  maîtres  de  l'antiquité. 
Les  sculpteurs  grecs  se  mouvaient  au  milieu  de  cette  race 
d'athlètes  et  de  gladiateurs  dont  l'histoire  nous  a  conservé 
les  exploits.  Leur  inspiration  était  constamment  nourrie  par 
la  vue  de  ces  belles  formes.  La  force  musculaire  et  les  exer- 
cices corporels  étaient  pour  ainsi  dire  le  culte  du  siècle 
dans  lequel  ils  vivaient.  Dès  lors,  il  n'est  pas  étonnant  qu'ils 
aient  rendu  duns  leurs  admirables  chefs-d'œuvre  cette  per- 
fection de  forme  et  celle  adorable  proportion  que  les  mo- 
dernes pourront  diflicilement  s'approprier. 

Les  classiques  sont  dans  une  voie  fausse  en  voulant  imiter 
les  Grecs,  qui  ont  déjà  interprété  la  nature  à  leur  façon. 
Au  lieu  de  puiser  leur  inspiration  et  leur  sentiment  dans  la 
source  primitive  el  toujours  sereine  de  la  sublime  nature, 
ils  veulent  voir  celles-ci  par  les  yeux  des  antiques  et  se 
condamnent  ainsi  à  errer  dans  un  dédale  d'inipressions, 
(\n'\  ne  leur  sont  pas  propres.  Il  est  d'ailleurs  impossible  (jue 


—  Ml   — 

le  souvenir  lointain  do  ces  (onneï.  {tarlailes  puisse  cnl'anler 
ce  que  l'on  ne  voit  plus  et  ce  que  l'on  ne  sent  plus. 

11  résulte  de  là  que  les  classiques  linissenl  par  ne  |)lus 
comprendre  ni  les  antiques  qui  les  écrasent,  ni  la  nature  (jui 
les  entoure.  Ils  négligent  l'étude  de  celte  dernière  el  sont 
impuissants  à  concevoir  les  œuvres  de  ranti(|uilé. 

Le  premier  as[)ect  des  salles  de  sculpture  de  l'ilalie  inspire 
.un  sentiment  tout  opposé  à  celui  qu'on  éprouve  en  face  des 
œuvres  françaises.  On  s'imagine  d'abord  avoir  à  fnire  à  une 
sculpture  d'exportation  et  de  peu  d'importance  au  point  de 
vue  artistique;  mais  à  mesure  qu'on  examine  plus  conscien- 
cieusement, on  y  découvre  des  œuvres  très-sérieuses. 

Quelle  élévation  d'idées  dans  le  Jenner  inoadanl  le  vaccin 
à  son  fils!  Quelle  saine  et  admirable  exécution  dans  le  groupe 
de  Monteverde  !  Ce  dernier  ne  ti'ouve  d'émulés  sérieux  dans 
toute  l'Exposition  universelle  que  dans  Begas  de  Berlin,  avec 
son  Enlèvemenl  des  Sabines,  et  avec  son  Mercure  el  Psyché, 
groupe  en  marbre,  et  dans  Bœlim,  avec  son  Cheval  du  Cly- 
desdale  et  sa  statue  de  Thomas  Carlyle.  Ces  dernières  œuvres 
sont  d'une  force  d'exécution  et  d'une  hauteur  de  conception 
admirables.  Un  moulage  fait  sur  nature  pâlirait  à  côté  d'elles 
et  les  ferait  grandir  encore  par  la  comparaison.  Elles  sont 
tout  aussi  vraies  que  le  moulage,  mais  surpassent  ce  der- 
nier, parce  que  les  artistes  y  ont  encore  mis  de  leur  propre 
fond.  Ils  y  ont  ajouté  la  vie,  la  distinction  et  le  caractère 
qu'exige  le  sujet. 

PEiNTUKii.  —  En  parcourant,  dans  l'ExjJOsilion  univer- 
selle les  salles  de  peinture  des  dillerents  pays,  j'ai  été  frappé 
du  degré  de  p(;rfection  où  en  est  arrivée  l'écilc  française. 


—   13:>  — 

La  France  a  remporté,  dans  le  domaine  de  l'arl,  une  véri- 
(able  victoire  sur  ses  rivales.  Elle  y  brille  d'un  éclat 
incontestable,  par  une  nombreuse  phalange  d'artistes  de 
grand  talent  et  par  une  variété  de  chefs-d'œuvre  (jui  im- 
posent l'admiration  et  le  respect. 

-Cependant,  cette  première  impression,  qui  semble  d'abord 
écraser  toutes  les  autres,  n'efface  pas  la  grande  et  légitime 
réputation  que  se  sont  acquise  d'autres  pays  dont  les  pein- 
tures représentent  une  école  de  premier  ordre. 

Je  me  suis  ))roi)osé  d'étudier  et  d'analyser  les  peintures 
IVançaises  et  de  les  comparer  aux  œuvres  de  nos  artistes 
belges.  Je  suis  persuadé  que  celle  élude  comparative  est 
une  source  de  leçons  fructueuses  et  fertiles  en  riches  ensei- 
gnements. 

La  peinture  française  possède  de  grands  maitres  dans  tous 
les  genres;  quelle  que  soit  la  manifestation  de  la  supériorité, 
on  est  ébloui  par  la  variété  des  talents.  Elle  s'adapte  toutes 
les  expressions  les  plus  diverses  de  l'art  avec  une  fécondité 
et  une  aisance  qu'on  ne  peut  se  lasser  d'admirer. 

La  (jualité  dominante  par  kuiuelle  elle  dépasse  toutes  ses 
sœurs,  c'est  la  forme.  Les  grands  peintres  français  ont  un 
dessin  correct  et  châtié,  une  connaissance  profonde  et  com- 
j)lcté  du  corps.  C'est  ce  qui  explique  l'admirable  relief  et  la 
force  étonnante  de  leurs  compositions.  On  voit  (|ue  l'étude 
du  nu  a  été  leur  étude  de  prédilection.  Ils  sont  parvenus 
à  devenir  entièrement  maitres  de  l'exécution  et  peuvent 
donner  libre  carj'ière  à  toute  la  poésie  et  ;i  toute  la  fougue 
de  leur  imagination,  sans  éli'e  arrêtés,  à  clKUjiie  inslani, 
par  l'impuissance  de  leur  pinceau.  Leur  dessin  est  résolu, 
leur  allure  savante  et  leur  louche  Hère  et  sans  hésitation, 


—  i.M  — 

|)arc(!  (ju'ils  se  .suiil  iniposùs  les  rudes  laljciirs  des  éludes 
prépai'aluires. 

L'ensemble  des  ceuvres  belges  denole  préeiseuieul  le 
manque  du  cùlé  savahl  do  h  peinture.  En  les  comparant 
à  celles  d'un  musée  ancien  ou  aux  |ieinlui'es  Iraneaises  expo- 
sées au  Champ  de  Mars,  à  l'aris,  il  devient  évident  (jue  les 
artistes  belges  ne  possèdent  pas  cette  l'orme  sei'rée  et  puis- 
sante que  nous  admirons  chez  les  autres. 

Je  n'ai  pu  me  défendre  d'un  regret  sincère,  d'une  véritable 
déception,  en  voyant  tant  d'œuvres  capitales,  dans  lesquelles 
nos  artistes  ont  dépensé  beaucoup  de  talent,  un  brio  niagni- 
fnjue,  des  couleurs  harmonieuses;  mais  où  les  ligures  sont 
plates  cl  sans  relief,  sans  consistance,  sans  corps  et  sans 
saveur.  J'ose  aflirmer  qu'il  n'y  a  presque  pas  un  seul  de  nos 
peintres  qui  soit  maître  absolu  de  la  forme.  Ils  n'ont  pas 
approfondi  assez  l'étude  du  nu  et  se  son!  trop  exclusivement 
occupés  de  la  couleur. 

Mais  la  conception  la  plus  vaste  et  la  plus  poétique,  l'ima- 
gination la  plus  féconde,  la  fougue  la  plus  cnlrainante,  tout 
cela  ne  suffit  pas  encore  pour  enfanter  des  chefs-d'œuvre. 
Jl  faut,  de  plus,  ;ivoir  le  dessin  parfait;  il  faut  posséder  la 
science  inluitivi;  de  la  forme.  Sans  cela,  la  main  trop  faible 
et  inexpérimentée  arrête  les  plus  sublimes  expressions  de 
l'esprii  le  mieux  doué.  On  ne  parvient  à  ce  résultat  qu'après 
de  longues  et  laborieuses  études,  que  nos  compatriotes  né- 
gligent avec  une  regrettable  insouciance. 

La  peinture  est  un  arl  qui  a  beaucoup  de  ressources.  Elle 
permet  à  ses  jeunes  cl  trop  hâtifs  disciples  d'obtenir  par  la 
couleur  des  résultais  incomplets,  mais  (jui  trouvenl  ce|)en- 
danl   d'induluents  admirateurs.  Ils  se  lancent  ainsi,   sans 


—    154  — 

préparation  suftisanlc,  dans  une  voie  facile,  mais  où  ils  sonl 
bientôt  arrèlés  par  l'impuissance  à  laquelle  les  réduit  leur 
manque  de  dessin.  C'est  le  dél'aul  général  de  nos  peintres. 
Que  de  chefs-d'œuvre  n'auraient-ils  pas  produits,  s'ils  avaient 
eu  le  courage  de  compléter  leur  éducation  artistique  par 
l'étude  aride,  dilïicilo,  mais  toujours  fructueuse  du  dessin 
et  de  la  forme  î 

Les  Français,  au  contraire,  sans  mépriser  les  grandes 
ressources  et  les  sublimes  effets  de  la  couleur,  ont  fortilié 
et  grandi  leur  talent  el  les  dons  (pi'ils  lieunenl  de  la  nature 
par  l'étude  constante  el  approfondie  de  la  forme  el  du  nu. 
Cette  élude  leur  est  d'un  secours  immense,  non-seulement 
pour  réaliser  leurs  conceptions,  mais  encore  pour  en  faci- 
liter la  libre  éclosion.  Ils  se  meuvent  sur  un  terrain  dont  ils 
connaissent  tous  les  secrets  et  qu'ils  dominent  en  maîtres 
absolus.  Les  connaissances  et  les  qualités  ainsi  acquisessonl 
telles  que  plusieurs  peintres  français,  ayant  fait  un  essai  en 
sculpture,  tous  ont  eu  un  résultat  inmiédiat. 

La  forme  est  une  base  commune  pour  la  sculpture  et  la 
j)einture.  C'est  un  élément  indispensable  pour  la  première 
et  essentiel  pour  la  seconiJe.  Pour  celui  (pii  possède  la 
forme,  qui  en  a  Finstinct  et  le  sentiment,  la  peinture  et  la 
sculpture  ne  sont  que  deux  expressions  différentes  d'un 
même  art  :  il  lui  sullil  d'acquérir  ce  qu'on  appelle  le  métier, 
la  facilité  de  manier  le  pinceau  ou  le  ciseau,  pour  réussir 
également  bien  dans  l'une  ou  dans  l'autre  de  ces  deux  ex- 
pressions. Les  peintres  français,  qui  sont  aussi  d'éminents 
sculpteurs,  nous  donnent  une  preuve  directe  de  cette  asser- 
tion. El  jesuis  convaincu  (juc  si  Bougereau,  Lefebre,Dupain, 
Lauivri.     <x\yn<\yi>^  Bounal,  Baslien-Lepage  se  mettaient 


il  sciilplor,  ils  obticndrniciil  \o  inrmc  iv-siillnl  ;  ils  produi- 
raicnl  (les  œuvres  sculpturales  dignes  de  leurs  inugnifi(|ues 
pointures. 

Que  les  peintres  belges  essaient  de  les  suivre  dans  celle 
voie  avec  leurs  formes  décousues.  Il  est  hors  de  doute 
(|u'i]s  ne  feraient  au  commencement  que  des  trous  et  des 
bosses,  sans  parvenir  à  la  conslruclion  et  an  modelé  exigés 
par  la  sculpture.  Toute  leur  force  de  coloris,  toute  la  puis- 
sance de  leurs  idées  créatrices  ne  pourraient  guère  leur 
être  d'une  assistance  sérieuse  pour  pétrir  une  forme  cor- 
recte. 

Une  observation  qui  m'a  vivement  frappé  dans  l'examen 
des  compartiments  belges,  c'est  la  verve  et  la  fougue  avec 
lesquelles  beaucoup  de  tableaux  sont  enlevés.  Il  me  parait 
évident  que  les  artistes,  en  ébauchant  leurs  toiles,  ont  cru 
faire  un  chef-d'œuvre.  Ils  so  sont  sentis  inspirés  du  ïou 
sacré,  ils  ont  dépensé  toutes  les  forces  de  leur  àmf  avec  la 
conviction  de  produire  une  œuvre  de  mérite  et  d-^  haute 
volée  Cependant  la  plupart  d'entre  eux  ont  élé  arrêtés,  non 
par  ce  qui  leur  manque  de  talent  ou  d'énera;ie,  mais  parce 
qu'ils  ne  savent  pas  assez  et  qu'ils  n'ont  pu  guider  leur  pin- 
r^nn  h  travers  les  inextricables  difficultés  dn  l'exécution. 
N'ayant  pas  fait  d'études  approfondies  du  nu,  ils  onl  fait  des 
choses  gênées  et  raides.  Ils  sont  parvenus  à  dessiner  un 
contour  assez  juste,  mnis  la  forme  qui  donne  le  relief, 
qui  fait  deviner  la  profondeur  et  (jui  indique  la  perspective 
aérienne,  n'est  ni  exacte  ni  correcte. 

Si  l'on  pouvait,  par  l'imagination,  faire  mouvoir  les  figures 
(elles  qu'elles  sont  décrites  dans  le  tableau  ;  si  l'on  pouvnit 
les  supposer  dans  leur  rénlit(''.  et  en  faisant  abstraction  de  la 


—  ^r)6  — 

lôilc,  los  faire  vibrer  clans  tous  les  sens,  les  îoiirner  sous 
loules  les  lumières,  on  verrait,  que  la  liQ:ne  extérieure  seule  est, 
d'une  certaine  justesse,  mais  que  tous  les  autres  contours 
n'existent  pas;  que  les  formes  sont  décousues  et  mal  em- 
boîtées les  unes  dans  les  autres. 

L'artiste  qui  ne  possède  pas  la  connaissance  de  la  forme 
n'a  pas  assez  la  conscience  et  le  sentiment  de  la  valeur  réelle 
des  différents  plans.  11  ne  rend  pas  le  cube  de  la  matière  et 
ne  fait  pas  sentir  le  vide,  ou  plutôt  l'air,  (pii  environne  les 
objets;  il  produil  de  simples  surfaces  où  les  saillies  et  les 
rentrées  sont  trop  vaguement  et  trop  incomplètement  indi- 
quées. Il  faut  que  dans  tout  tableau  chaque  chose  soit  re- 
présentée à  sa  place  exacte,  qu'on  puisse  s'y  promener  par 
la  pensée,  sans  être  exposé  à  heurter  les  objets  que  le  peintre 
y  fait  figurer.  Il  faut  que  l'action  que  l'artiste  veut  nous 
faire  comprendre  puisse  se  passer  dans  l'espace  qu'il  nous 
fait  entrevoir.  Il  ne  suffit  point  qu'un  contour  plus  ou  moins 
exact  et  quelques  plans  confus  nous  montrent  la  face  qui 
donne  sur  le  spectateur;  il  ne  suffit  même  pas  qu'on  rende 
le  bas-relief  des  figures  ;  mais  il  faut  que  toutes  les  formes 
du  volume  et  le  vide  qui  les  sépare  soient  indiqués  d'une 
façon  nette  et  claire,  sans  équivoque,  ni  escamotage.  Si  ces 
conditions  ne  sont  pas  remplies,  le  tableau  restera  toujours 
plat,  malgré  toute  la  vigueur  de  ton  qu'on  pourrait  y  mettre. 

Ce  défaut  capital,  qui  est  commun  à  la  plupart  des  peintres 
belges,  en  entraîne  un  autre  qui  dépnre  beaucoup  de  belles 
toiles.  Les  portraits  spécialement  manquent  de  celle  nllure 
franche  et  sincère,  de  cet  imprévu  sans  recherches,  ni  poses 
préméditées,  qui  sont  l'apanage  des  grands  portraitistes.  La 
plupiirl  do  no^-  nrlisles  ne  rendent   pas  le  modèle  avec  la 


—    1.-7  — 

vérité  (le  la  nature  et  avec  l'ahandon  qui  caractériscnl 
l'homme  dans  ses  hahilude.s  journalières.  On  sent  que  le 
modèle  a  lâché  de  faire  valoir  des  qualités  et  des  traits  qui 
lui  sont  peu  familiers.  L'artiste  de  talent  doit  éviter  cette  pose 
recherchée;  il  doit  saisir  et  comprendre  son  modèle,  lors- 
qu'il est  vrai  et  sans  affectation  ;  il  doit  se  pénétrer  de  son 
caractère  et  en  faire  ressortir  le  côté  saillant.  Il  doit  ajouter 
à  la  rcssemhiance  physique  des  traits  la  resscmhiance  mo- 
rale de  l'àmc.  Il  faut  que  le  modèle  ignore  pour  ainsi  dire 
qu'il  |)ose,  afin  que  le  peintre  ne  soit  pas  exposé  à  s'éloigner 
de  la  vérité. 

Ce  même  défaut  se  rencontre  aussi  dans  une  masse  de 
tableaux,  de  là  une  certaine  emphase  dans  les  gestes,  une 
inlidélilé  dans  l'expression  et  souvent  une  fausse  interpréta- 
tion de  l'action  qu'on  a  voulu  représenter. 

L'Exposition  universelle  vient  de  nous  démontrer  que  c'est 
l'exécution  qui  est  le  côté  faible  de  l'école  belge.  On  doit  se 
convaincre  aujourd'hui  que  l'on  a  eu  tort  de  dédaigner 
l'importance  que  cette  partie  essentielle  de  la  peinture  avait 
acquise  il  y  a  quelques  années.  Cette  exécution  était  encore 
loin  d'être  parfaite,  mais  il  est  indéniable  qu'elle  prouve 
chez  les  artistes  de  cette  époque  plus  d'étude  et  plus  de 
connaissance  que  n'en  dénote  notre  exécution  actuelle,  qui 
ne  se  fait  plus  valoir  que  par  la  justesse  du  (on. 

K  A  r.  r;  [.    D  e  k  e  s  e  i. , 

statuaire  et  peintre. 


—  158  — 

Italie.  —  L'If  al  io,  qui  a,  comme  la  Grèce,  un  passé 
artistiqiip  prioricux,  est  aujourd'hui  onp^agée  dans  une  voie 
singulière. 

Au  milieu  des  modèles  incomparables  de  l'antiquité,  au 
milieu  des  Raphaël,  des  Michel-Ange,  des  Léonard  de  Vinci, 
une  école  s'est  formée,  un  genre  s'est  développé  et  règne. 
Genre  extraordinairement  coquet  el  joli,  mièvre  et  léger. 
Nés  imitateurs,  les  artistes  italiens  ont  préféré  aux  héroïques 
exemples  de  leurs  aïeux  les  aimables  et  sémillantes  fantaisies 
de  Forluny  que  nous  retrouverons  dans  l'école  espagnole. 


Espagne.  —  Comme  les  Italiens,  les  artistes  espagnols 
ont  subi  l'influence  de  Fortuny,  ce  maiire  du  genre  auquel 
il  donnera  son  nom 

Autant  certains  maîtres  espagnols  furent  autrefois  mysté- 
rieux el  sombres  dans  leurs  œuvres,  autant  Fortuny  et  son 
école  semblent  vouloir  être  clairs  et  lumineux. 

Tout  a  une  égale  importance  dans  leurs  tableaux,  formés 
de  taches  de  couleur  plutôt  que  d'une  action  ou  de  person- 
nages intéressants. 

Leur  dessin  léger,  senti,  spirituel, -n'est  du  reste  pas 
exigeant;  il  se  plie  allègrement  à  tous  les  caprices  de  la 
couleur,  d(>  la  liimiépp.  et  parfois  il  y  ajoute  encore  du 
piquant. 

Chez  Fortuny  et  chez  quelques-uns  de  ses  imitateurs,  la 
souplesse  de  l'exécution  n'enlève  rien  au  caractère  de  ces 
u'uvres  primesautières,  qui  resteront  de  véritabl(\s  chefs- 
d'ceuvre  du  uenre. 


—  no  — 

France.  —  Lo  rompnriimont  franrnis  es!  le  |>liis  impoi-- 
(ant  (le  l'Exposition  iinivorsollo;  c'est,  aussi  lopins  inlérossant 
par  la  variété  des  œuvres  rie  ses  artistes. 

Tous  les  genres  y  sont  représentés,  depuis  les  grandes 
pages  de  la  peinture  monumentale  jusqu'aux  plus  minuscules 
tableaux  de  chevalet. 

L'art  français  m'a  paru  dans  son  ensemble  fixé  dans  les 
domaines  du  rendu  textuel ,  où  régnent  en  ce  moment 
Laurens  et  Donnât. 

Les  œuvres  de  ces  deux  peintres  sont  la  plus  complète 
expression  des  tendances  rpii  ont  combattu  le  romantisme 
dont  il  ne  reste  plus  que  quelques  rares  partisans.  Cette 
recherche  de  vérité  absolue  dans  la  forme  a  singulièrement 
appauvri  les  œuvres  de  peinture  aux  points  de  vue  du 
coloris,  du  dessin  et  de  la  composition.  Les  artistes  épris 
de  celte  tendance  se  sont  cru  obligés  jusqu'ici  d'abandonner 
les  figures  plus  grandes  que  nature;  les  sujets  d'imagination 
comportant  d^s  poses  que  les  modèles  ne  peuvent  prendre 
ou  des  accessoires  dont  la  nature  ne  nous  donne  |)as 
d'exemple  durable;  les  scènes  mouvementées  ou  réunissant 
un  très-grand  nombre  de  personnages.  Il  en  est  résulté  un 
art  terre  à  terre,  où  le  métier  occupe  In  plus  grande  place 
et  dont  le  but  semble  être  le  trompe  l'œil. 

Les  effets  de  couleur  sont  tout  d'abord  sacrifii-s  à  la  vérité 
«  de  noire  époque  « ,  amoureuse  du  gris. 

liELGiQLK.  —  L'ccoIp  belge  occup(^  niio  place  iinporlaiile 
à  riv\|t(isitioii  universelle. 

Noire  pays,  tonte  proportion  gardée,  marche  (l(>  pair  avec 
les  premières  nations  du  monde. 


—  440  — 

C'est  pour  nous  un  grand  honneur  el  un  puissant  slimulant. 

J'ai  pu  constater,  par  les  œuvres  choisies  qui  nous  repré- 
sentaient à  Paris,  que  la  part  faite  chez  nous  à  la  nature 
inanimée  était  considérable,  beaucoup  plus  considéra])le 
que  chez  nos  voisins  de  France,  dont  on  ne  manque  pas  de 
nous  din^  tributaires. 

Le  nombre  elle  caractère  sincèrement,  spécialement  ému 
de  nos  peintres  de  la  nature,  m'oni  donné  une  première 
preuve  de  l'originalité  de  notre  art. 

Celte  originalité  s'affirme  aussi  dans  les  autres  branches 
de  la  peinture,  el  si,  parmi  les  œuvres  dites  de  grande 
peinture,  nous  trouvons  quelques  similitudes,  nous  devons 
du  moins  reconnaître  qu'elles  sont  presque  inévitables,  car 
elles  naissent  des  exigences,  partout  les  mêmes,  d'un  même 
genre, 

La  recherche  de  l'exécution  est,  comme  en  France,  en 
honneur  chez  nous;  elle  s'y  complique  d'une  recherche  de 
coloris.. 

Nos  peintres  ont  généralement  une  chaleur,  une  densité 
de  ton  à  laquelle  peu  de  peintres  français  sont  arrivés.  Nos 
crudités  naissent  de  la  variété  voulue  des  couleurs  que  nous 
employons  et  de  leur  intensité. 

Du  reste,  ces  crudités  son!  rares,  et  l'aspect  de  notre 
galerie  est  très-homogène.  Des  œuvres  originales  bien  per- 
sonnelles et  des  plus  remanpiables  ajoutent  à  cet  ensemble 
de  puissants  accents. 

Henri  Evi'.Ar.n, 
peintre. 


—  l'il  — 

Il  osl  iino  chose  romarqiiahlo  pour  un  «'-lùvo  iiouri-i  dans 
los  principes  (pi'on  enseigne  dans  noire  Acadcniic,  où  les 
Iradilions  des  <>Tands  niaitres  de  l'ccole  llaniandc  sont  rcii- 
gieusenicnt  gardées  avec  leurs  œuvres,  pour  le  plus  urand 
prolit  des  générations  d'arlisles  qui  s'y  succèdeni  :  c'est  que 
ces  Iradilions  si  simples  et  si  grandes  des  glorieux  artistes 
llamands,  ces  enseignements  (jui  sutïirent  à  la  renommée 
de  tant  de  leurs  élèves,  sont  aujourd'hui  discutés  el  remis 
en  question  |>ar  un  esprit  de  novalion  cl  d<>  rcclierclie 
poussé  à  l'extrême. 

Est-ce  à  dire  que  l'esprit  humain,  qui  loujours  marche 
vers  un  hut  inconnu,  mais  de  plus  en  plus  élevé,  el  trouve 
insuffisant  aujourd'hui  ce  qui  hier  le  satisfaisait,  est  près 
d'atteindre  un  nouveau  progrès,  une  nouvelle  étape  dans 
l'art  d'interpréter  le  heau  de  la  nature  en  la  clierchani  dans 
le  vrai  dégagé  de  toute  convention. 

Il  ne  m'appartient  pas  de  résoudre  cette  question,  qui 
cependant  s'est  présentée  à  mon  esprit  en  étudiant  l'en- 
semble des  écoles  modernes  au  Champ  de  Mars. 

Presque  toutes  ces  écoles  y  sont  représentées  par  les 
œuvres  les  plus  brillantes  des  génies  modernes;  quel- 
ques-unes brillent  par  des  œuvres  hors  ligne,  restes  des 
ccoles  passées  et  mélanges  des  idées  modernes;  ou  bien, 
comme  l'école  française,  par  des  œuvres  de  hardis  novateurs, 
.souvent  au-dessous  du  beau,  mais  qui  l'ont  serré  de  bien 
près  et  par  plus  d'un  côté. 

L'école  française  nous  donne  le  reflet  le  phis  sincère  de 
de  la  société  moderne.  Le  ciMé  le  plus  saillant  de  l'ensemble 
des  œuvres  manifeste  plus  qu'une  réaction  contre  les  clas- 
siques, qui  voyaient   |;i  nninre  ;i  travers  l'époque  grecque  ; 


—  U2  — 

plus  qu'une  réaction  contre  le  romantisme  qui  suivit  :  c'est 
le  culte  de  la  nature  et  de  la  vérité,  avec  l'esprit  aimable  de 
la  société  française.  J'y  vois  l'intérêt  extrême  qui  caractérise 
la  recherche  du  beau  où  il  existe  réellement,  c'est-à-dire 
dans  nous-mêmes. 

Cette  société  se  peint  elle-même;  elle  laissera  aux  àiyes 
futurs  les  documents  de  l'histoire  complète  de  ce  qu'elle 
élait,  de  ses  tendances,  de  ses  aspirations,  de  ses  ijoùts  ot 
aussi  de  ses  travers. 


Emile  Verbrugge 

(de  V Académie  de  Bruges). 


A  la  vue  d'œuvres  si  différentes,  on  se  rappelle  ces  prin- 
cipes d'esthétique  souvent  exprimés  et  sur  lesquels  on 
s'entend  si  peu.  Pourtant  par  eux  est  expliqué  le  succès  de 
l'école  française  et  surtout  le  succès  de  Corot  et  de  Daubigny. 
Comment  sont-ils  si  supérieurs  à  d'autres  qui  ont  souvent 
une  technique  plus  forte,  une  imitation  do  la  nature  plus 
exacte?  Je  me  suis  rappelé  Toppfer  et  son  passage  relatif  à 
la  délinition  de  l'art  :  Dans  loules  les  parties  des  arts  (fii/ii- 
lalion ,  Cimitaiton  est  non  pas  Ip  but ,  man  sevlemeni 
ronililioti  et  moyen. 

L'étude  des  tableaux  des  maiires  cités  plus  haut  donne 
raison  à  cette  formule  si  just'>.  On  admire  les  œuvres  de 
Corot,  de  Daubigny,  non  pas  pour  l'imitalion  d'un  site,  ni 
pour  l'exécution,  mais  pour  la  reproduction  de  l'espril  \U\ 
la  nature,    la   poésie  que   leurs   oMivres   renferment,  |)onr 


—    140  — 

réinoliuii  (|u'()ii  rcsst'iil  à  l.i  vue  do  c(^s  rcinodutlions  des 
scùiics  réelles. 

Dans  coa  ci'uvies,  ni  la  t(;clnii(iue  ou  prucc-de,  ni  riiiiila- 
lioii,  ne  [uennenl  une  pari  |)rc|)on(léraiile.  Elles  n'y  sunUjue, 
pour  donner  un  corj)S  à  l'inspiralion  de  l'arlisle.  C'est  cel 
indelinissable,  celle  inspiralion,  qui  surloul  est  remarquable 
eliez  ces  niailres.  On  pourrait  dire  conception,  car  dans 
toute  œuvre  d'art,  si  imitation  et  procédé  n'est  que  condition 
et  moyen,  il  ne  reste  que  la  conception.  C'esl  donc  la 
conception  seule  d'une  œuvre  (|ui  l'oui'iiil  ce  troisième  point, 
celte  ti-oisième  partie.  Par  elle,  on  explique  le  caractère  des 
personnes,  soit  les  prédilections  et  la  ddférence  d'école  (dans 
le  grand  sens  du  mot),  soit  la  diversité  de  races. 

Quelle  variété  quand  on  compare  l'exposition  des  différents 
pays!  La  France,  avec  ses  effets  d'une  nature  exubérante, 
SCS  côtes  riantes  et  fraîches,  et  l'Angleterre,  avec  ses  paysages 
gris,  ses  effets  de  pluie,  ses  brouillards.  Au  premier  abord, 
on  est  déroulé  parle  contraste  dans  le  travail,  par  les  nuances 
dans  le  rendu.  Sur  quoi  se  baser  pour  admettre,  admirer  tel 
genre,  telle  école  ou  désapprouver  telle  autre?  Le  principe 
évoqué  ci-dessus  l'explique,  La  conception  lient  à  l'individu; 
la  nature  change  avec  la  race.  Léonard  de  Vinci  a  dit  : 
y.e  cacliel  de  l'arl  est  Je  s'inspirer  de  Ui  nature,  de  relûurner 
à  lu  nature. 

De  là  cette  grande  diversité  d'œuvres,  (|ui  changent  avec 
les  pays.  Chaque  pays  ayant  son  caractère  propre,  inlluencé 
par  des  idées  qui  lui  sont  propres,  doit  nécessairement 
produire  des  œuvres  distinctes  entre  elles.  Ce  qui  est  viai 
pour  la  France  et  l'Angleterre  l'esl  également  poui-  l'.VIle- 
magne,  l'Italie,  l'Autriche,  la  llussie,  la  Hollande,  lal3elgi(iue, 


—   144  — 

à  part  qiicluues  pays  où  l'art  n'est  pas  arrivé  à  un  dôvelo|)- 
pcnicnt  élevé,  comme  la  Suède,  les  Etals-Unis,  la  Grèce. 
L'exposition  de  ces  pays  n'a  pas  de  cai'actère  |)roj)rc  et  ils  no 
sont  représentés  que  par  des  œuvres  faites  sous  une  impres- 
sion étrangère,  ))ar  des  artistes  résidant  à  l'élranger. 

Gustave  Den  Duyts, 

paysagiate. 


Je  puis  chercher  dans  presque  (ou les  ces  nombreuses 
l)roductions  venues  de  tous  les  pays  la  trace  d'un  sentiment 
nouveau  de  quelque  gi'and  cai-aclere,  tranché,  original,  qui 
lasse  école,  qui  soit,  en  un  mot,  à  notre  époque  ce  que  fut 
celle  de  Rubens,  —  dont  Wicriz  nous  a  laissé  les  derniers 
vestiges,  —  et  la  glorieuse  antiquité;  enfin,  (pii  jjai'licipe 
des  progrès  réalisés  dans  le  domaine  des  sciences  naturelles, 
biologiques,  voir  même  sociales.  Je  ne  la  vois  poindre 
nulle  part.  C'est  joli!  C'est  beau!  mais  il  semble  qu'on  a 
toujours  vu  cela  ;  aucune  surprise,  ])as  un  de  ces  attraits 
<pii  vous  arrêtent  et  vous  clouent  sur  place;  tout  est  à  Heur 
de  peau.  Nun  !  ym\  (prune  exclamation,  puis  vous  passez 
et  tout  est  dit.  Certes,  l'adresse,  l'habileté,  l'étude  superli- 
cielle  de  la  structure  de  l'animal,  du  talent  relatif  même  sont 
choses  assez  communes  dans  la  |)lupart  de  ces  ceuvres 
apprises,  conventionnelles.  On  peut  encore  y  ajouter,  si  Ton 
veut,  de  la  malice,  —  certains  diront  de  l'intelligence,  — 
dans  la  recherche  des  attitudes,  non  en  vue  de  donner  de 
la  puissance  ;i  une  idée,  à  un  sentiment,  d'en  être  l'expres- 
sion. Non!  luM!  de  là,  car  l'idée  grande  est  en  retard  ou 


—   I'(.) 


absoute;  un  ne  la  voit  pas  |ioiiRlrc  encore.  C'csl  jiliilol  du 
i^'cnre  à  la  portée  des  dames,  de  l'Iiiimaii),  dit-on!  Oui,  de 
riiUMiain  (II-  cuisine  ou  de  saldu;  on  reelieiclie  de  petites 
opj)Osilions  de  l'orme,  mécaniipie  du  métier;  l'ail  |m)Iii'  la 
forme  autant  (pi'on  le  |)eul.  Tout  cela  IVise  ini  maniérisme 
|»lein  de  ré(niniscences,des  plus  dangereux,  côtoyant  comme 
une  façon  de  décadence  du  grand  art,  sain,  robuste,  visant 
aux  grandes  conceptions  et  les  ex|)rimanl  avec  la  puissance 
de  la  virilité.  Ici  rien  de  cela  ou  |)i'es(pic  rien,  c'est  le  pi'oduit 
malsain  d'une  époque  néfaste  et  corruptrice  entre  toutes, 
(jui,  fort  heureusement,  a  peu  duré,  mais  dont  cependant  la 
fâcheuse  inlluence  n'est  encore  que  trop  manifeste.  —  Où 
l'homme  fait  défaut,  l'artiste  ne  naîtra  pas  ou  naitra  au 
Japon.  —  C'est  assez  dire  combien  il  peut  être  téméraire 
pour  de  jeunes  artistes  de  s'éprendre  d'engouement  poui'  un 
art  plus  superficiel  que  profond,  composé  surtout,  comme 
technique,  de  ficelles  d'atelier;  art  de  salon  à  horizon  limité, 
sans  profondeur;  de  l'esprit  d'illustration  (|ue  l'on  jette  aux 
(juati'e  vents;  art  de  myope,  enlin  du  vrai  «  troiiii)e  l'œil  », 

Ed.  Ladoi'i.m;, 

■sialuaire. 


l'ei'sonnc.  Monsieur  le  Minisire,  iie  peut  conserver  le 
moindre  doute  sur  rin)|)ortance  et  la  nécessité  de  la  con- 
naissance du  dessin  au  point  de  vue  du  progrès  des  ails 
industriels.  On  pouvait  donc  s'attendre  à  voir  tous  les 
gouvernements  donner  leurs  soins  à  organiser  cette  jjarlie 
de  rinstiuctioii  |iublique  d'une  manière  sérieu>e,  et  on  était 


—   140  — 

cil  droit  d'espérer  (jue  tous  se  l'eruieiil  un  honneur  de  pro- 
duire les  preuves  de  leur  sollicilude  à  cet  égard.  Or,  les 
recherches  auxquelles  je  me  suis  livré  ne  m'ont  pas  donné 
satisfaction  complète  sur  ce  point.  Ainsi,  il  est  des  pays 
très-importants,  et  dont  les  produits  industriels  ont  été 
admirés  à  juste  tilre,  où  le  groupe  de  l'enseignement  des 
arts  graphiques  l'ait  totalement  défaut  à  l'Exposition. 
D'autres  n'en  donnent  qu'une  idée  très-faible,  Irès-insufii- 
sante.  Ainsi  l'Espagne,  le  Portugal,  les  Pays-Bas,  le  Canada 
ont  exposé,  il  est  vrai,  un  certain  nombre  d'études,  soit 
d'après  le  relief,  soit  d'après  l'estampe,  des  dessins  d'orne- 
ments, de  tètes,  de  (igui-es,  de  fleurs,  accessoires,  etc., 
en  général  mal  e.xécutés,  sans  goût  ni  correction.  Parfois 
on  y  a  ajouté  quelques  épures  de  géométrie,  de  projections, 
de  machines  et  d'architecture.  Mais  les  travaux  que  j'ai  pu 
juger  ne  m'ont  donné  qu'une  idée  |)eu  favorable  de  la 
méthode  suivie  pour  cet  enseignement. 

Dans  la  section  italienne,  chose  singulière,  la.  partie 
théorique  exposée  est  de  beaucoup  plus  remarquable  que 
celle  de  l'enseignement  artistique.  Nous  y  trouvons  des  cours 
complets  de  géométrie,  de  descriptive,  d'architecture,  de 
mécanique  et  d'hydrographie;  mais  les  dessins  exécutés 
d'après  l'estampe,  le  plâtre,  ou  d'après  nature, —  ornements, 
tètes,  figures,  fleurs,  accessoires,  elc,  —  exposés  sans  ordre 
ni  suite,  sont  loin  d'atteindre  le  niveau  des  travaux  scienti- 
fiques dont  je  viens  de  parler. 

iM.    G  F.  Il  A  E IV., 
liroj'usscur  à  f  Académie  de  Hammlt. 


—   liT  — 

L'Exposition  iinivorsellc  ;i  l'-iviinlagc  de  pcrmctlrc  aux 
arlislos  d'envisager  l'art  moderne  dans  son  ensemble;  en 
voyant  ainsi  réunies  les  productions  arlistiqiies  do  tant  de 
nations,  on  peut  se  rendre  compte  de  toutes  les  tendances, 
établir  des  comparaisons  entre  les  différentes  écoles  et 
acquérir  par  là  une  connaissance  précieuse  de  leur  dévelop- 
pement. 

En  entrant  dans  la  galerie  des  Beaux-Arts,  on  se  trouve 
dans  la  section  française,  qui  tient  une  imporlv^nle  place 
dans  l'Exposition;  la  sculpture  surtout  y  est  dignement 
représentée  par  un  nombre  considérable  d'œuvrcs,  presque 
toutes  d'un  grand  mérite,  remarquables  par  la  beauté  et  la 
finesse  du  modelé  et  par  une  sobriété  qui  dénote  chez  leurs 
auteurs  l'étude  des  belles  statues  de  l'antiquité.  On  pourrait 
cependant  leur  reprocher  une  certaine  uniformité  qui  résulte 
peut-être  de  la  grande  importance  donnée  à  l'exécution, 
au  détriment  de  l'individualité  dans  la  conception  de  l'onivre. 

Emile  Namur, 

statuaire. 


EN  ALLEMAGNE 


Nous  croyons  devoir  |)ublici'  le  rapport  suivant  que 
M.  Lucien  Solvay  a  adressé  à  M.  le  Ministre  de  l'intérieur, 
sur  l'organisation  des  écoles  et  des  musées  d'art  décoratif  : 

Monsieur  le  Ministre, 

Vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'eiivoyer  en  Alleuiagne  et 
en  Autriche  étudier  l'organisation  des  musées  d'art  appliqué 
el  des  musées  de  moulages.  Les  richesses  artistiques  et  in- 
dustrielles que  possèdent  ces  pays  sont  installées  et  classées 
d'une  façon  particulièrement  remarquable;  aussi,  je  ne 
doute  pas  que  rexemi)le  (ju'ils  nous  donnent  sous  ce  rap|)ort 
puisse  fournir  à  la  Belgique  de  précieux  enseignements  pour 
l'achèvement  de  l'œuvre  de  vie  intellectuelle  qu'elle  poursuit 
avec  tant  d'ardeur  depuis  un  demi-siècle. 

Je  jiarlerai  lout  d'abord  des  «  arls  industriels,  »  (jui 
offrent  en  ce  moment  un  intérêt  spécial. 

Vous  savez.  Monsieur  le  Ministre,  coujbicn  l'attention 
publique  a  été  a|)pelée  en  ces  dernières  années,  chez  nous 
et  ailleurs,  sur  les  progrès  de  celte  branche  importante  de 
r.ic(ivii('    limiKiiiic.    D'une   |)ui'l,    le  besoin  invincible  vers 


—    \M)  — 

leqiK.'l  la  .sociélc  se  sont  altircc  clia(|iie  jour  de  |»liis  en 
plus  d'ajouter  aux  choses  de  la  vie  nialérielle  un  ecilain 
caehel  de  bon  goût,  un  certain  clianni',  qui  llallenl  les  yeux 
et  l'esprit,  —  d'autre  |»arl,  l'amour  du  eonfortaljle  et  de 
l'utile  imprimant  aux  arts  libéraux  une  tendance  chaque 
jour  aussi  plus  prati([ue,  à  la  portée  de  tous,  —  ont  donné 
peu  à  peu  aux  applications  de  l'art  à  l'industrie  une  im|)or- 
lance  exceptionnelle.  Dans  la  plupart  des  pays,  surtout  en 
Allemagne,  on  a  l'onde  des  écoles  où  ce  mouvement  est 
encouragé,  dirigé,  conduit  avec  sagesse  et  etïicacité.  Ces 
écoles  se  propagent  avec  une  rapidité  étonnante;  il  n'est 
pour  ainsi  dire  i)as  de  ville  qui  n'ait  la  sienne  et  qui  ne  voie 
bientôt  les  sacrifices  qu'elle  a  laits,  récompensés  par  des 
succè.'?  nombreux. 

Mais,  à  côté  de  la  le^oii  il  faut  l'exemple,  à  coté  de  la 
théorie  il  faut  la  pratique  :  les  trésors  inappréciables  que  les 
siècles  passés  ont  laissé  après  eux  sont  là  pour  achever  sous 
ce  rapport  l'enseignement  et  pour  servir  de  modèles.  L'Alle- 
magne en  possède  de  très-considérables;  elle  lésa  réunis;  à 
chaque  école  elle  a  ajouté  un  musée;  —  le  musée  est,  dans 
certaines  villes,  en  raison  de  son  importance,  tout  à  fait 
distinct  de  l'école;  dans  d'autres,  tous  les  deux  se  com- 
plètent mutuellement,  de  façon  à  intéresser  à  la  fois  le  pra- 
ticien et  le  public. 

J'examinerai  d'abord.  Monsieur  le  Minisire,  cette  dernièn.' 
catégorie,  et  je  citerai  comme  exemples  le  Gcinerltc  ]fiis('iini 
de  Berlin  et  le  Musée  autrichien  de  Vienne. 

Le  Gewerbe  Muséum  de  Berlin  est  avant  tout  une  école  ; 
les  collections  —  assez  incomplètes  et  composées  en  majeure 
partie  de    l'eprnduelions  galvanoplasli(pies  et    d'iniilalions 


—   ioO  — 

modernes  —  offrent  un  intérêt  secondaire  ;  elles  garnissent 
les  deux  étages  du  bâtiment,  dont  l'école  occupe  le  rez-de- 
chaussée;  ce  bâtiment  na,  du  reste,  en  lui-même  rien  de 
luxueux,  loin  de  là;  c'est  un  atelier  bien  plus  qu'un  monu- 
ment. 

Le  Musée  autrichien  de  Vienne  est,  sous  ce  dernier  point, 
plus  favorisé  ;  il  est  installé  dans  un  véritable  palais.  L'école 
qui  en  dépend  se  trouve  tout  à  côté,  logée,  elle  aussi,  dans 
un  palais  semblable.  Cette  double  installation  répond  à  son 
double  but,  qui  est  d'être  à  la  fois  une  collection  publique  et 
une  institution  d'enseignement  artistique.  Là  aussi  cepen- 
dant, comme  à  Berlin,  c'est  l'enseignement  qui  domine,  et 
les  objets  qui  y  sont  l'éunis  ont  moins  une  portée  de  rareté 
et  de  curiosité  qu'une  portée  d'utilité  pratique;  on  lésa  ras- 
semblés un  peu  pêle-mêle,  sans  indications  suffisantes,  en 
négligeant  de  suivre  très-strictement,  surtout  pour  la  verre- 
rie, l'ordre  des  écoles  et  la  suite  des  temps,  et  en  confondant 
quelquefois  les  exemplaires  originaux  avec  les  imitations. 
Ces  imitations  ont,  il  est  vrai,  pour  avantage  de  remplacer 
en  quelque  sorte  les  originaux  qui  manquent,  et  la  galvano- 
plastie rend  sous  ce  rapport  d'immenses  sei vices. 

L'installation  de  ces  collections  au  Musée  autrichien  ne 
saurait  donc  pas  être  utilement  recommandée.  Il  en  est 
autrement  pour  l'organisation  générale  de  l'établissement, 
considéré  plutôt  comme  dépendance  de  l'école  d'art  appliqué. 

Celte  organisation  offre  toutes  sortes  d'avantages  pra- 
tiques. A  côté  des  salles  qui  renferment  les  collections,  se 
trouvent  une  bibliothèque,  une  salle  de  conférences  où  l'on 
enseigne  rhisloii'o  de  «  l'art  industriel  »,  des  al(;liers  de 
moulage  et   de  photographie,  où  les  objets  du  musée  sont 


—  iril  — 

incessamment  rej)ro(luits  pour  l'usage  des  élèves  et  pour  la 
vente,  et  des  ateliers  de  chimie,  (|ui  servent  princijialement 
aux  expériences  et  aux  essais  de  fabrication  des  céramiques. 

Les  élèves  peuvent  obtenir  l'autorisation  d'emprunter  les 
objets  du  musée  et  de  les  transporter  dans  l'école.  Les  meil- 
leurs de  leurs  travaux  sont  exposés  dans  une  salle  spéciale, 
à  la  vue  du  public,  qui  peut  les  acheter. 

Quant  aux  cours,  ils  se  donnent  naturellement  dans 
l'école;  mais,  h  certains  jours,  les  professeurs  font  avec  leurs 
élèves,  dans  le  musée,  des  promenades  qui  sont  comme 
le  complément  nécessaire  de  leurs  leçons. 

On  a  souvent  agité  la  question  de  savoir  si  ces  leçons,  qui 
comprennent  naturellement  les  branches  les  plus  diverses 
des  arts  appliqués,  devaient  être  toutes  données  i)ar  des 
artistes  ou  bien  par  des  fabricants  spéciaux,  pour  ce  qui 
concerne,  par  exemple,  l'ameublement,  la  céramique,  la 
verrerie,  les  tissus,  etc.  Cette  question  est  résolue  en  Alle- 
magne de  la  manière  suivante,  qui  est  logique  :  Les  profes- 
seurs sont  et  doivent  être  tous  des  artistes,  —  peintres, 
sculpteurs,  architectes,  —  attendu  qu'il  s'agit  d'enseigner 
l'applicalion  He  l'art  à  l'industrie,  et  que  c'est  bien  l'art  qui, 
en  cette  matière,  est  le  principal.  Le  but  est  de  formor  avant 
tout  des  artistes  ;  c'est  donc  à  des  artistes  qu'il  faut  avoir 
recours,  non  à  des  industriels. 

J'arrive  maintenant  à  ceux  des  musées  d'Allemagne  qui, 
plus  importants  par  eux-mêmes,  n'ont"  pas  avec  les  écoles 
qui  y  sont  ordinairement  adjointes,  une  aussi  étroite  con- 
nexion. Les  plus  remarquables  sont  le  Musf^e  national 
havarois   de   Munich,  le  :l/î<.sre.7erwrtn;V/î<g  de  Nuremberg, 


—    152  — 

la  Grime  Gewulbe  cl  le  Muséum  Johanneum  (qui  comprend 
le  Musée  Imtorù/ue  el  le  Musée  des  porcelaines)  de 
Dresde. 

A  Ions  égards,  le  Musée  bavarois  do  Munich  est  le  plus 
parfait  el  celui  qui  i)eul  fournir  le  plus  d'indications  en  celte 
matière.  C'est  un  modèle  d'ordre,  d'organisation,  d'installa- 
tion, de  richesse,  et  il  ne  s'en  trouve  nulle  part  qui  soil  aussi 
complet. 

Ce  musée  occupe  le  rez-de-chaussée  el  les  deux  étages 
supérieurs  d'un  vaste  el  magnifique  bâtiment,  où  il  est  logé 
dans  la  Maximilianslrasse .  On  ;i  ))ronié  de  celle  disposition 
pour  établir  dans  le  musée  une  triple  division  logique  des 
objels  qui  y  sont  conservés.  Et,  pour  que  le  visiteur 
trouve  immédiatement  sa  direction,  on  a  placé  sous  le  por- 
tique d'entrée  un  plan  général  de  l'établissement,  avec  ses 
grandes  divisions  el  ses  subdivisions.  Le  visiteur  embrasse 
ainsi  d'un  coup  d'œil  tout  l'ensemble,  dont  la  clarté  éclate  à 
ses  yeux  dès  les  premiers  pas  qu'il  fait.  Puis,  à  mesure  qu'il 
avancera  dans  les  salles  du  musée,  il  trouvera  d'autres  indi- 
cations générales  el  spéciales,  qui  seront  pour  lui  un  guide 
sûr  el  un  maître  précieux. 

L'aile  gauche  du  rez-de-chaussée  el  le  deuxième  élage 
tout  entier  nous  présentent  pour  ainsi  dire,  vivante  el  pal- 
pable, l'histoire  complète  des  arts  de  l'ameublement  el  de  la 
décoration  intérieure  civils  el  religieux,  depuis  les  premiers 
temps  du  Christianisme  jusqu'à  nos  jours.  L'aile  droite 
du  rez-de-chaussée  eï  le  premier  élage  sont  réservés  aux 
branches  spéciales  des  «arts  industriels»,  à.  celles  (pii, 
dans  tous  les  musées  de  ce  genre,  occupent  chacune  une 
place  distincte,  c'est-à-dire  aux  ouvrages  de  serrurerie  el  d(; 


—  i:i5  — 

foi-  forgé,  aux  armes  et  armures,  aux  insli'umoiils  de  mu- 
sique, à  la  céramique  el  à  la  verrerie. 

Examinous  en  détail  ces  dilTérenles  parties  du  Musce 
bavarois. 

Je  no  parlerai  toul  d'abord  que  |)our  mémoire  de  ilcux 
pelites  salles  où  sont  conservées,  en  dehors  de  cel  ordre 
général,  quelques  antiquités  romaines,  dont  le  nombre  est 
relativement  très-resireint.  Il  importe  cependant  de  ne  pas  les 
oublier,  car  elles  forment  en  réalité  la  première  étape  dans 
la  roule  à  parcourir  à  travers  l'histoire  des  arts  appliqués  à 
l'industrie,  et  c'est  ici,  avant  tout  le  reste,  qu'elles  ont  leur 
place  marquée. 

Gomme  j'ai  eu  riionncur  de  vous  le  dire.  Monsieur  le 
Ministre,  la  partie  réservée  aux  arts  de  l'ameublement  et  de 
la  décoration  commence  au  rez-de-chaussée  et  continue  au 
second  étage.  Il  est  nécessaire  de  suivre  cette  marche  pour 
se  rendre  bien  compte  de  l'ordre  dans  lequel  on  a  disposé 
les  collections  et  pour  que  le  public  relire  un  profit  réel  de 
ses  visites.  C'est  à  quoi  précisément  ont  visé  les  organisa- 
teurs du  Musée  bavarois;  ils  n'ont  négligé  aucun  moyen  de 
mise  en  scène  pour  que  la  leçon  présentée  soit  aussi 
prompte,  aussi  nette  et  aussi  pratique  que  possible. 

L'ordre  général  adopté  ici  et  dans  chacune  des  subdivi- 
sions spéciales  est  l'ordre  chronologique.  Le  public  en  est 
immédiatement  averti  par  des  écriteaux  suspendus  à  l'entrée 
de  chaque  salle  et  qui,  en  quelques  mots,  signalent  les  spé- 
cimens qui  s'y  trouvent  et  l'époque  à  laquelle  ils  appartien- 
nent. 

C'est  à  la  grande  période  du  moijcn  à(je,  du  vi"'  au  xvi'" 
siècle   exclusivement ,   conqirenanl    le  style  des  premiers 


—  iU  — 

temps  (in  Chrifitianisme  et  les  styles  byzantin,  roman  et 
yotliique,  que  les  salles  du  rez-cle-cliaussée  sont  consacrées. 
Les  premières  contiennent  les  travaux  les  plus  anciens  da- 
tant du  VI''  siècle  :  sculptures,  fresques,  ivoires,  bronzes, 
mosaïques;  puis,  dans  les  suivantes,  ce  sont  des  pierres 
tiiinulaircs,  dos  manuscrits,  des  ivoires,  des  vitraux,  des 
sculptures  sur  hois,  des  tapisseries,  des  meubles,  des  joyaux; 
puis,  enfin,  des  retables,  des  autels,  des  stalles  d'église,  des 
ornements  religieux,  etc.,  dont  les  moins  anciens  ne  datent 
que  de  la  tin  du  xvf  siècle.  Naturellement,  dans  cette  partie 
du  musée,  ce  sont  surtout  les  arts  religieux  qui  sont  repré- 
sentés, la  société  ecclésiastique  ayant  pratiqué  presque 
seule,  pendant  la  plus  grande  partie  de  cette  période,  la 
culture  des  arts. 

Ces  dix  salles  du  rez-de-chaussée  forment  donc  un  ensei- 
gnement graduel  et  complet  de  celte  branche  de  «  l'art  in- 
dustriel î>  au  moyen  âge,  dans  son  ensemble  et  dans  ses 
détails.  Dans  ses  détails,  dis-je  :  en  effet,  chaque  objet  porte 
une  étiquette  soigneusement  et  minutieusement  rédigée, 
disant  quelle  est  sa  nature,  le  nom  de  l'auteur,  s'il  est 
connu,  la  date  et  le  lieu  de  provenance.  Ce  n'est  pas  tout: 
pour  que  la  leçon  soit  plus  frappante  encore,  l'architecture 
et  l'ornemenlalion  des  salles  sont  elles-mêmes  en  rapport 
avec  l'époque  dont  elles  abritent  les  richesses.  La  forme 
des  voûtes,  des  portes,  des  fenêtres,  le  dallage  même,  rap- 
pellent successivement  les  différentes  phases  du  style  roman 
et  du  style  gothique. 

Celte  mise  en  scène  est  encore  plus  scrupuleusement 
réglée  au  deuxième  étage,  qui  contient  les  travaux  de  la 
lionais'^anre  et  des  tem.ps  modernes.  Chacune  des  dix-neuf 


—  155  — 

salles  dont  il  se  compose,  perle  dans  son  archileclure,  dans 
ses  boiseries,  dans  sa  décoration,  le  caractère  exact  et  fidèle, 
non-seulement  de  l'époque  en  général,  mais  aussi  des  nom- 
lireux  slyles  qui  ont  lleuri  les  uns  après  les  autres  depuis 
le  xvi'"  siècle. 

Des  écriteaux  avertissent  le  visiteur  du  chemin  (pril  doit 
suivre  et  le  mettent  brièvement  au  lait  de  tout  ce  qu'il  va 
voir  dans  les  dix-neuf  salles  de  ce  deuxième  étage.  Ces  dix- 
neuf  salles  sont  subdivisées,  non  plus  en  une  seule  périodr, 
comme  celles  du  moyen  âge,  mais  en  (/uaire  pcriciUs 
distinctes. 

«  Dans  les  salles  I  à  VII,  disent  les  écriteaux,  se  trouvent 
»  les  objets  d'art  industriel  [Kunst  und  Générée) appartenant 
»  au  xvi"  siècle  (1500-1000),  c'est-à-dire  à  la  première 
»  période  du  style  Renaissance,  depuis  le  <«  retour  de  l'an- 
»  tique  »  ou  l'imitation  des  œuvres  de  l'art  grec  et  de  l'ait 
i>   romain,  qui  se  substitua  au  style  gothicpie.  » 

Puis,  plus  loin  : 

«  Dans  les  salles  VIII  à  XV  se  trouvent  les  objets  «  d'art 
»  industriel»  appartenant  au  xvii*  siècle  (1600-1700}, 
»  c'est-à-dire  à  la  deuxième  période  de  la  Renaissance  et  à 
»  l'avènement  du  style  Rocococu  Rocaille.  » 

Plus  loin  encore  : 

«  Les  salles  XVI  à  XVIII  comprennent  les  années 
»  17'2G  à  I79Î),  c'est-à-dire  la  deuxième  période  du  style 
»   Rococo  et  le  commencement  du  style  Empire.  >> 

Et  enlln  : 

«  La  salle  XIX  comprend  les  années  1800  à  1825,  dans 
»  Icsfiuelles  la  mode  s'inspira  des  goûts  en  vogue  pendant 
»   le  règne  de  Napoléon  I",  et  créa  le  style  Empire.  » 


—   lo6  — 

Ainsi,  quelques  mots  suffisent  pour  iiislruirc  le  public  el 
guider  ses  recherches.  Les  détails  relatifs  aux  objets  exposés 
se  trouvent  en  outre  résumés  d'une  façon  aussi  complète 
que  j)0ssible  sur  les  étiquettes  dont  ils  sont  tous  munis. 
Déplus,  les  gardiens  des  salles  sont  tenus  de  fournir  lous 
les  renseignements  et  toutes  les  explications  qu'on  l'Mir 
demande;  il  ne  leur  faut  pour  cela  qu'un  peu  d'intelligence 
el  un  peu  de  mémoire 

Quant  au  classement,  il  est  simple  el  naturel.  Les  meubles 
sont  rangés  généralement  autour  des  salles  affectées  à 
l'époque  à  laquelle  ils  appartiennent.  Au  milieu,  dans  des 
armoires  vitrées  de  tous  côtés,  sont  réunis,  orJinairemsnt 
d'après  la  matière  dont  ils  sont  faits  ou  l'usage  auquel  ils 
sont  destinés,  les  objets  précieux  ciselés  en  or,  en  argent, 
en  ivoire,  les  émaux,  les  bijoux,  les  manuscrits,  les  objets  de 
parure  et  de  toilette,  et  mille  autres  menues  curiosités. 
Enfin,  le  long  des  murs  pendent  les  tentures  historiées,  les 
tapisseries  de  haute  et  de  basse-lice,  ainsi  que  des  portraits 
el  des  tableaux  intéressants  sous  le  rapport  des  costumes 
ou  de  l'aménagement  intérieur  des  habitations. 

Passons  au  premier  étage  du  Musée  bavarois. 

Cet  étage  renferme  les  armes  et  armures,  les  instruments 
de  musique,  les  tissus,  la  céramique,  la  verrerie  et  quelques 
autres  objets  d'un  intérêt  principalement  historique, 

La  céramique  et  la  verrerie  sont  rangées  par  ordre  de 
lieu  de  fabrication  et,  en  môme  temps,  autant  que  possible, 
par  ordre  chronologique,  c'est-à-dire  que  les  produits  des 
fabriques  qui  ont  ))rospéré  dans  un  temps  plus  éloigné  figu- 
rent les  premières;  les  plus  récentes  sont  les  dernières. 
Ainsi,  les  poteries  romaines,  grecques  et  étrusques  vicnneni 


—  i:i7  — 

d'ahoRl  ;  |)uis  les  laïences  de  iNuri.-iiibîirg,  les  liiienccs  rlie- 
iianos  (loOi)  à  IGOO),  les  iinjoliiiues  ilaliennos,  les  iturce- 
laincs  de  Delfl,  de  Cologne,  de  Saxe,  de  Nyinplieiilnirg,  de 
Sèvres,  de  Paris,  de  Berlin  et  enlin  de  Vienne.  Chacune  de 
ces  collections  occupe  séparénienl  une  on  plii>i('ni'.s 
vitrines,  et  dans  chacune  d'elles  les  spécimens  sont  dispo- 
sés à  leur  tour  dans  l'ordre  chronologique.  Demèin^pour 
la  verrerie:  les  verreries  romaines  sont  les  pi'cniières,  p'iis 
celles  de  la  Renaissance,  puis  celles  de  V^enise,  puis  les 
verreries  bavaroises. 

Le  classement  des  armeA-  el  armura,  des  instruuienl.s  de 
musique  et  des  arts  lexliles  pouvait  être  soumis  à  un  ordi'e 
chronologique  plus  rigoureux.  C'est  ce  qui  a  été  lait.  Dans 
la  première  salle,  on  voit,  par  exemple,  des  dalmaliques,des 
épées,  des  casques,  des  (er^  de  lances,  etc.,  du  ix''  siècle 
jusqu'au  xiv%  el  l'on  passe  ainsi  successivement,  à  mesui'e 
que  l'on  avance  dans  les  salles  suivantes,  par  ton  les  les 
variétés  d'armes  et  d'armures  qui  ont  précédé  et  suivi  l'in- 
vention de  la  poudre  jusqu'au  xix*  siècle.  Les  canons  sont 
représentés  par  de  petites  réductions  en  bois  et  en  fer. 

Les  msfrumenls  de  musique  occu\)en[  une  salle  du  musée. 
Les  produits  des  arls  textiles  en  occupent  plusieurs;  les 
plus  anciens  sont  des  tapisseries  el  des  habits  sacerdotaux, 
soit  entiers,  soit  en  fragments,  datant  de  IÔ80  à  1400.  En- 
suite viennent  des  échantillons  de  tapisseries,  d'étoffes  et 
d'autres  tissus,  toujours  disposés  chronologiquement  el  con- 
servés chacun  sous  verre  comme  une  simple  gravure.  La 
série  se  termine  par  les  broderies  d'or  et  d'argent,  el  enlin 
par  les  dentelles,  dont  il  y  a  des  pièces  original»'^  <tii  dc^ 
photographies. 


—  iriS  — 

C'est  pi-iiicipalenjenl  dans  les  colleclions  du  premier 
éloge  que  le  mobilier  qui  serl  à  la  conservation  et  à  Texposi- 
lion  de  toutes  ces  richesses  mérite  une  attention  spéciale, 
non  pour  leur  luxe,  mais  pour  leur  simplicité,  leur  confor- 
table et,  par  cela  même,  leur  utilité  pratique.  Les  objets  de 
|ielil(S  dimensions,  les  objets  précieux,  nous  l'avons  vu  déjà, 
sont  placés  dans  de  petites  armoires  ou  vitrines,  ouvertes  aux 
regai'ds  de  tous  côtés,  très-légères,  très-simples  et  Irès-pra- 
ti^iues.  Ces  trois  conditions  ont  été  partout,  en  cette  matière, 
la  règle  absolue.  Toutes  les  pièces  du  mobilier,  quelle  cjue  soit 
leur  foi  me,  sont  en  bois  blanc,  peint  en  imitation  de  chêne, 
sans  sculptures  ni  ornements,  et  il  s'en  dégage  comme  un  par- 
fum de  propieté  et  de  confortable  qui  plait.  On  a  tenu  avec 
raison  à  ce  que  les  frais  du  mobilier  n'absorbassent  point  les 
ressources  mieux  employées  à  augmenter  les  colleclions; 
on  a  voulu  aussi  que  ce  mobilier  fût  facilement  transpor- 
lable  {]\in  Jieu  à  un  auhv,  (juand  les  besoins  fréquents  de 
déplacement  l'exigeraient. 

Ainsi,  les  casques,  les  cuirasses,  les  dalmatiques  sont 
accrochés  le  long  des  barres  transversales  de  grands  châssis 
placés  contre  les  murs.  Au  milieu  des  salles,  les  lances  et 
lesépées,  puis  plus  loin,  les  instruments  de  musique  et  les 
écliaiilillons  de  tissus,  encadrés  comme  je  l'ai  dit  plus  haut, 
sont  posés  sur  des  espèces  de  chevalets  non  moins  simples 
et  non  moins  légers.  Seuls;  les  armes  de  luxe  et  les  tissus 
liehes  reposent  dans  les  armoires  vitrées. 

Le  Musée  (jermanifjue  de  Xun  mbcrg  esl,  dans  son  en- 
semble, moins  complet  et  moins  remarquable  que  le  Musae 
bacarois  <le  Miinicli.  Il  se  recommande  cependant  par  une 


—   I?)9  — 

collection  particulièrement  intéressante  d'œuvres  «  d'art 
industriel  »  religieuses  du  moyen  âge,  retables,  ivoires, 
missels,  reliquaires,  ornements  sacerdotaux,  ostensoirs,  etc., 
réunis  dans  la  chapelle  de  l'ancien  couvent,  restauré  au- 
jourd'hui, et  qui  sert  de  musée.  On  y  trouve  également, 
dans  les  galeries  du  cloître,  des  reproductions  en  plâtre  des 
pierres  tumulaires  les  plus  curieuses  de  l'Allemagne.  Tout 
cela  est  disposé  dans  un  ordre  peu  sévère  ;  en  tout  cas,  on 
n'y  trouve  ni  la  clarté,  ni  la  précision  des  indications  qui 
font  l'un  des  principaux  mérites  du  Musée  de  Munich. 

Un  autre  classement  a  été  adopté  dans  le  Musf^e  histo- 
rique (au  Muséum  Johanneum)  et  dans  la  Griine  Gewolbe 
de  Dresde. 

Dans  le  premier,  on  a  rangé  les  objets  d'après  leur  usage. 
Ainsi,  il  y  a  la  salle  des  tournois,  la  salle  de  la  chasse,  la  salle 
de  la  parafée,  la  salle  des  pistolets,  la  salle  des  batailles,  la 
salle  des  selles,  la  salle  des  costumes,  dont  le  nom  indique 
clairement  le  contenu. 

Dans  la  Grime  G'wolbe,  les  objets  sont  classés  d'après  la 
matière  dont  ils  sont  faits.  Ainsi,  il  y  a  une  salle  pour  les 
bronzes,  une  pour  les  ivoires,  une  pour  les  émaux,  une 
pour  les  ouvrages  en  pierres  précieuses,  une  pour  les  tra- 
vaux d'orfèvrerie,  une  pour  les  bois  sculptés,  une  autre  en- 
tin  qui  renferme  \es  joyaux  de  la  famille  royale. 

Il  CM  entendu  que  ces  divisions  ne  peuvent  guère  si-rvir 
que  dans  des  musées  tout  à  fait  spéciaux  comme  ceux-là  et 
qu'elles  conviendraient  penl-èlre  moins  à  un  véritable  musée 
des  arts  appliqu(''S. 

Il  n'est  pas  inutile,  je  pense,   Monsieur  le  Ministre,   de 


—    1()0  — 

faire  remarquer  ici  le  caractère  profondément  national  des 
musées  allemands  el  autrichiens.  Il  existe  au  Mitsée  germa- 
nique de  Nuremberg  une  fresque  de  Kaulbach  qui  repré- 
sente l'empereur  Othon  III  ouvrant  le  tombeau  de  Gharle- 
magne  et  retrouvant  le  corps  du  vieux  monarque  assis 
encore  sur  le  trône  où  il  avait  été  placé  après  sa  mort,  et 
tout  plein  de  son  ancienne  majesté.  On  dirait  que  le  passé 
de  l'Allemagne  revit  tout  à  coup  et  que  Gliarlemagne,  res- 
suscité, va  sortir  de  son  tombeau.  En  créant  le  Musée  ger- 
manique, en  créant  tous  les  autres,  les  hommes  d'aujour- 
d'hui ont  fait  comme  jadis  l'empereur  Othon  :  ils  ont  rou- 
vert la  tombe  où  reposaient  les  l,résors  de  leurs  aïeux  et  ils 
les  ont  rendus  à  la  lumière  du  jour;  ils  ont  reconstitué  leur 
patrie  en  rassemblant  tout  ce  qui  porte  la  marque  éclatante 
et  vivante  de  son  histoire  et  de  sa  gloire  d'autrefois. 

Cependant,  ils  n'ont  pas  été  exclusifs.  A  côté  des  produits 
de  l'art  allemand,  ils  n'ont  pas  hésité  à  placer  quelques  pro- 
duits de  provenance  étrangère,  parmi  lesquels  on  en  voit 
beaucoup  qui  viennent  de  nos  pays  flamands.  La  comparai- 
son et  la  leçon  qu'on  en  peut  tirer  sont  précieuses;  du 
reste,  des  indications  précises  avertissent  le  visiteur,  et  il 
n'y  a  de  cette  façon  aucune  erreur  à  craindre. 

Tous  les  objets  sont  en  général  aussi  des  originaux.  Il  n'y 
a  d'exceptions  que  dans  les  musées  qui  dépendent  plus  parti- 
culièrement des  écoles  et  qui,  nous  l'avons  constaté  plus 
haut,  ont  sui'tout  un  but  pratique  à  atteindre.  Ces  musées, 
relativement  moins  riches,  se  complètent  alors  par  des  re- 
productions en  galvanoplastie,  par  des  photographies  ou 
des  moulages  en  plâtre.  Dans  les  musées  plus  im])orlants, 
comme  ceux  de  Munich  el  de  Nuremberà-,  les  i-eprodnclions 


—  l()l  — 

sont  raremcnl  admises,  et  elles  lesonlsculeinciil.  pour  quel- 
ques ouvrages  d'une  imporlance  historique  et  artistique 
extraordinaire  :  tel  est,  par  exemple,  Knombeau  de  Sainl- 
Sébald,  chef-d'œuvi'e  de  Pierre  Vischer,  dont  l'original  so 
trouve  à  l'église  de  Saint-Sél)ald,à  Nuremberg,  et  d(jnl  tous 
les  musées  possèdent  un  surmoulage. 

Il  me  reste  à  vous  parler,  Monsieur  le  Ministre,  des 
Musées  de  moulages. 

Ces  musées  sont  nombreux  en  Allemagne  et  en  Autriche, 
mais  le  plus  vaste  et  le  plus  considérable  de  tous  est  celui 
de  Berlin.  Les  travaux  de  classement  qui  s'y  font  en  ce 
moment  ne  sont  pas  terminés;  il  y  règne  une  sorte  de  bou- 
leversement au  milieu  duquel  nous  chercherions  vaine- 
ment un  exemple  à  suivre.  Cependant,  les  projets  dont 
le  jeune  cl  savant  directeur,  M.  Conze,  a  bien  voulu  me 
faire  part  peuvent  nous  éclairer  suffisamment  sur  ce 
que  ce  remarquable  musée  sera  bientôt,  dans  un  avenir 
prochain. 

Quand  le  Musée  de  moulages  de  Berlin  fut  créé,  on  com- 
mença à  classer  les  types  chronologiquement.  Ce  classe- 
ment n'était  pas  terminé  que,  un  directeur  ayant  succédé  au 
premier,  il  fut  brusquement  interrompu  et  remplacé  par 
l'ordre  mythologique,  c'est-à-dire  que  l'on  se  mit  à  grouper 
ensemble  les  sujets  semblables,  les  Minerve,  les  Hercule, 
les  Vénus,  les  Lutteurs,  etc.,  etc.,  sans  distinction  d'époques 
ni  d'écoles.  Ce  nouveau  mode  de  classement  ne  put  être 
achevé;  M.  Conze  fut  nommé,  il  y  a  quelques  mois,  et  ju- 
geant avec  raison  que  les  principes  qui  avaient  été  adoptés 
par  le  premier  directeur  du  musée   étaient  seuls  bons,  en- 


—   162  — 

treprit  aussilôl  de  rétablir  et  de  faire  prévaloir  décidémeni 
et  autant  que  possible  l'ordre  chronologique. 

Je  dis  «  autant  que  possible,  »  car  le  bâtiment  actuel, 
malgré  son  aspect  grandiose,  permettra  difficilement  d'appli- 
quer ce  principe  juste  dans  toute  sa  rigueur.  En  effet,  cer- 
taines salles  réclament  pour  ainsi  dire  certaines  statues;  de 
plus,  la  décoration  du  local  n'est  pas  assez  simple  :  il  ne  faut 
pas  que  le  contenant  écrase  le  contenu  et  que  les  yeux  du 
spectateur  soient  distraits  de  ce  qui  doit  fixer  son  attention  ; 
une  harmonie  parfaite  de  l'ensemble  et  de  ses  parties  est  l;i 
règle  nécessaire  et  absolue.  Enfin,  dans  l'état  actuel  du 
local,  il  n'est  pas  non  plus  possible  d'observer  toujours 
rigoureusement  un  classement  d'après  les  époques  dont  les 
œuvres  sont  représentées,  et,  pour  des  raisons  supérieures, 
on  doit  quelquefois  forcément  ne  pas  en  tenir  compte.  Des 
comparaisons  entre  des  types  analogues  de  siècles  et  d'écoles 
différents  sont  très-souvent  indispensables.  Combien,  par 
exemple,  de  types  de  Vénus,  d'Apollon,  de  Minerve  qui  se 
ressemblent  et  paraissent  avoir  été  inspirés  ou  imités  les  uns 
des  autres?  N'csl-il  pas  utile  que  ces  types  soient  mis  en 
présence?  Évidemment.  C'est  d'ailleurs  ce  qu'il  faudra  faire 
au  Musée  de  Berlin,  et  c'est  ce  qui  a  été  fait  déjà  au  musée 
des  plâtres  de  Dresde,  qui  est  l'un  des  plus  r<3marquables  de 
l'Allemagne  après  celui  de  Berlin.  Or,  par  le  fait  même  aussi, 
l'ordre  chonologique  régulier  est  détruit.  Cela  est  inévitable. 

Il  y  aurait  un  seul  moyen  de  remédier  à  cet  inconvénient 
et  de  créer  ce  qu'on  pourrait  appeler  un  musée  idéal.  Pour 
y  parvenir,  il  faudj-ailque  le  bâtiment  fût  construit  expressé- 
ment et  dans  les  données  que  voici  : 

Il  y  aurait  de  grandes   salles,    où    les  statues  seraient 


—  hiô  — 

rangées  slriclemenl  d'après  les  époques  (pu  les  oui  vu 
naiire,  sans  qu'aucun  type  ne  soit  distrait  de  la  |)lacc  (pi'il 
doit  occuper  dans  cette  suite  des  âges  et  des  écoles.  Mais,  à 
côté  de  ces  grandes  salles,  il  y  en  aurait  aussi  de  petites, 
communiquant  et  correspondant  exactement  avec  elles  et 
qui  seraient  réservées  pour  les  comparaisons  dont  il  s'agit. 
Naturellement,  le  musée  devrait  posséder  un  double  exem- 
plaire des  types  qui  serviraient  à  ces  comparaisons;  mais  ce 
serait  là  une  dépense  minime  et  que  compenseraient  large- 
ment les  avantages  qui  en  résulteraient. 

Il  serait  bon  aussi  qu'un  musée  de  moulages  se  bornât  à  ne 
posséder  que  des  œuvres  de  choix  de  premier  ordre  et  d'un 
style  toujours  pur.  La  collection  de  Berlin  renferme  beau- 
coup trop  d'éléments  parasites;  il  faudrait  que  tout  ce  qui 
n'est  pas  irréprochable  et  vraiment  digne  d'être  proposé 
comme  modèle  fût  réuni  dans  une  ou  plusieurs  salles  à  part, 
où  les  artistes  iraient  les  étudier  et  les  consulter,  s'ils  veu- 
lent. On  ne  risquerait  pas  de  cette  façon  d'égarer  le  goût  du 
public. 

Si  cette  idée  d'ensemble  n'a  pas  encore  été  mise  en  pra- 
(ique,  certains  détails  ne  sont  cependant  pas  sans  intérêt 
pour  nous. 

A  Dresde  et  à  Berlin,  une  salle  du  musée  est  reseivce  aux 
sculptures  du  Parthénon,  qui  y  sont  rassemblées  de  façon 
à  donner  une  idée  aussi  exacte  que  possible  de  ce  chef- 
d'œuvre  de  l'art  grec.  Les  moulages  des  deux  frontons  est 
et  ouest  du  temple  sont  mis  soigneusement  en  ordre,  tels 
qu'ils  sont  aujourd'hui,  abimés  et  mutilés.  En  face,  sur  le 
mur,  des  dessins  donnent  la  restauration  de  ces  fronlons  et 
de  ces  bas-reliefs  d'après  les  fragments  qui  subsistent;  des 


—   1()4  — 

|-)liologra|)iiios  donnenl  la  vue  des  ruines.  A  Bei-lin ,  on  y 
a  ajouté  même  une  réduclion  iac-simile,  d'assez  grandes 
dimensions,  de  l'un  des  frontons,  en  bois  et  en  plaire  poly- 
chromes, tels  qu'on  suppose  qu'ils  existaient. 

Dans  cette  même  salle,  le  long  des  murs,  sont  rangés  les 
métopes,  plus  haut  les  Irises,  puis  toutes  séries  d'orne- 
ments, de  bustes  et  de  figures  provenant  du  Parihénon.  Il 
est  facile  ainsi  de  se  faire  une  idée  assez  fidèle  de  l'édifice 
dans  toutes  ses  parties. 

Ce  que  l'on  a  fait  pour  le  temple  d'Athènes,  on  l'a  fait 
également  pour  le  temple  d'Egine,  dont  les  fragments  origi- 
naux sont  conservés  à  la  Glyptothèque  de  Munich. 

Un  autre  détail  à  noter  est  celui-ci  :  un  grand  nombre  de 
statues  de  dieux  et  de  déesses  sont  accompagnées  de  bas- 
reliefs  et  de  statuettes  antiques  qui  représentent  le  person- 
nage divin  avec  les  attributs  que  la  tradition  lui  donne. 

Il  est  superflu  d'ajouter  que,  —  à  Dresde,  du  moins,  —  tous 
les  plâtres  sont  accompagnés  des  indications  indispensables 
de  sujet,  de  provenance,  d'auteur  et  de  date,  et  portent  des 
numéros  correspondant  à  ceux  du  catalogue. 

Les  œuvres  antiques  n'ont  pas  seules  accès  dans  les 
Musées  de  Dresde  et  de  Berlin.  Le  moyen  âge,  la  Renais- 
sance et  les  temps  modernes  y  sont  représentés  par  ce  (pi'ils 
ont  produit  de  plus  remarquable  et  de  plus  important  : 
moulages  d'ornements  d'architecture,  de  statues,  de  tom- 
beaux, de  fonts  baptismaux,  etc.,  etc.,  choisis  naturelle- 
ment parmi  les  plus  curieux  spécimens  de  l'art  allemand  et 
éli'anger,  le  tout  classé  chronologiquement.  Puis,  vi'Mincnt 
les  œuvres  de  Michel- Ange,  deDonatello,  dcJean  de  Bologne, 
de   Thorwalsen    et  (pielques  ouvrages   d'auteurs  coiilem- 


—  w:>  — 

|)orains.  Le  diroclciir  actuel  du  Musée  de  Berlin  estime 
('C|)cndant  (jue  la  collection  doit  s'arrêter  aux  œuvres  datant 
(le  la  lin  du  xviii'-"  siècle  et  qu'il  faut  exclure  toutes  celles  ((ui 
ont  postérieures. 

Tels  sont,  Monsieur  le  Ministre,  les  renseignements  que 
j'ai  pu  recueillir  et  les  observations  que  j'ai  pu  faire  dans  le 
cours  démon  voyage  en  Allemagne  et  en  Autriche. 

Peut-être  ne  seront-ils  pas  tout  à  fait  sans  intérêt,  au  mo- 
ment où  le  pays,  encouragé  par  SCS  succès,  aspire  à  conti- 
nuer d'un  pas  plus  assuré  sa  marche  dans  la  voie  du 
progrès  intellectuel  où  les  siècles  passés  l'ont  vu  toujours 
briller  d'un  vif  éclat. 

La  Belgique,  qui  a  donné,  en  effet,  et  qui  donne  encore 
aux  nations  étrangères  plus  d'un  exemple  et  plus  d'une 
leçon,  n'hésitera  pas  à  demander  à  leur  expérience  les 
iumièrcsdontellepeut  avoir  besoin  à  son  tourpour  soutenir 
sa  renommée  et  former  des  artistes  dignes  de  ceux  auxquels 
elle  doit  sa  gloire. 

Veuillez  agréer,  je  vous  prie.  Monsieur  le  Minisire, 
l'expression  de  mon  profond  respect, 

Bruxelles,  le  iO  novembre  1878. 

Lucien  Solvav. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RESUAJK    DES    PROCES-VERBAUX 


SÉANCES 

des  5,  9,  10,  17,  %ï,  50  et  51  mai;  des  5,  7,  15,  l-i,  -21  cl  :28  juin  1879. 

ACTES  OFFICIELS. 

Par  arrêté  royal  du  IG  juin,  M.  P.-J.  Boveroulle,  archi- 
tecte provincial,  est  nommé  membre  correspondant  de  la 
(Commission  royale  des  monuments  pour  la  province  de 
Namur,  en  remplacement  de  M.  Degreny,  démissionnaire. 

PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

Ont  été  approuvés  : 

1"  Le   dessin   du   vitrail    à   placer  dans   l'uculus  de  la  Egii>c  phnMiio 

'  (le  UiiKinl. 

grande   fenêtre   du  transept  nord  de  l'église  primaire  de      ^'''"'''• 
Dinanl  ; 

2"  Les  cartons  de  deux  verrières  destinées  aux  l'cnetres       '-b-i'^e 

d'Elvei-selu. 

du  transept  de  l'église  d'Elversele  (Flandre  orientale)  ;  vom6rcs. 

5"  Les  plans  des   neintui'cs  décoratives  a  exéculer  dans  iîgii>';  J<-L'.-r. 

'  '  IViuliiio 

le  chœur  et  les  chapelles  laléralcs  de  l'éiglise  de  Lacr,  coin-     """•«''=" 
mune  de  Sempst  (Brabani)  ; 


—  108  — 

M.pminuiii        /(,•■  j^,.    |ii-ni('[  {,hvs.s(''  \)[[i'  M.  l'a Tcli j It'clu  -hiiik't   nour  le 

DeUKi]/..  1        j  1  1 

picdcsial  do  lu  slaliic  à  ériger  à  Alh  à  la  mémoire  de  l'eu 
Dcfacqz,  premier  ])résidcnt  de  la  cour  de  cassaliou. 
,,ii,e,i,3i,       _  Dans  la  chapelle  de  la  Circoncision,  dite  du  Mau:islra(, 

il  Anvers.  '  '  O  ' 

viuauT.  ;,  |.j  (;'i(iié,|i-ale  d'Anvers,  on  voyait  aulreCois  deux  verrières 
peintes,  otïcrtes  en  loOô  par  Philippe  le  iieau ,  l'oi  d'Es- 
))agne,  archiduc  d'Autriche  et  duc  de  Bourgogne,  et 
Henri  VU,  roi  d'Angleterre,  en  commémoration  du  célèhre 
ti'ailé  de  commerce  entre  noire  pays  et  l'Angleterre. 

Le  vitrail  du  roi  Henri  VH,  dont  uîie  partie  existe  encore, 
a  été  restauré  par  les  soins  du  conseil  de  l'ahrique,  avec 
la  cooj)éralion  (inancièrc  de  la  Société  royale  des  Beaux- 
Arts. 

Celui  de  IMiilippe  le  Beau  n'existe  j)lus,  mais  on  en  possède 
des  descriptions  et  des  dessins  qui  permettent  de  le  l'étahlir. 
MM.  Stalins  et  Janssens,  qui  ont  restauré  le  vitrail  du  roi 
d'Angleterre,  ont  aussi  été  chargés  de  dresser  le  jirojet  de 
restauration  de  celui  de  i'hilijipe  le  Beau.  Ce  projet  a  reçu 
l'approbation  de  la  Commission. 

M Ht        —  Des  délégués  ont  examiné,  dans  l'atelier  de  M .  J.  Ja(|uel, 

le  modèle,  au  tiers  de  l'exécution,  du  groupe  qui  doit  cou- 
j'oimer  le  monument  à  ériger  à  Ixelles  à  la  niemoii'e 
d'Antoine  Wicrtz. 

Ce  modèle  a  été  ai)prouvé  sous  réserve  de  queNpics  obser- 
vations de  détails,  dont  l'auteur  tiendra  compte  dans  l'exé- 
cution du  groupe. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

(,.,f.-.i.i  M.di,       I,;i  Commission  a  t'iiiis  un   avis  l'avoi-abh;  sur  la   proint- 

!.  Illiurllc.  '  ' 

''""'''""'■    sil'iiii  (le  ronqih'td'   la   df'coi'alion   de   la   gare  du   Midi,  à 


—    IG'J  — 

IjI'uxcIIcs,  par  les  oiivrai^(;s  do  sculpliire  prévus  pur  l'ar 
cliil(.'cl(3  l'aycii,  auleur  des  plans  do  ccl  odilicc. 

—  \Ù\U'   a   approuvé   égalomoiil   los   plans   drossés  jiarM 
M.  Durlol  pour  des  maisons  ouvrières  à  érigor  uu  cpiarticr 
du  Sluyvenborg',  à  Anvers. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 


;i  AiiVL'is. 


cl  coinlriicliuii 
Icrcs. 


La  Conimission  a  émis  dos  avis  favoralilos  sur  los  proiols    r.rpi'^ii"" 

'         •*  cl  coinlrir ■■'■■ 

des  travaux  d'ap])roj)rial!on  à  elTocluor  aux  proshylèi'iîs  de  '"''  ''"''''■' 
Mousty  (Brabanl),   Resscghom  (FJandi-o  orienlaie),  Orliio 
(Luxembourg),    ainsi   que   sur   les  plans  dos  prcsbylères 
à  construire  à  Wesomaoî  (13i-abanl),   Mont-Saint-Aniand 
(Flandre  orientale)  et  Montbiiart  (Ilainaut). 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

Ont  été  approuvés  : 

l''  Les  plans  relatifs  à  la  construclion  d'églises  : 

A  Waremmc  (Liège),  architecte  :  M.  Ilalkin  ; 

A  Anthisnes  (même  province),  architecte  :  M.  Plénus; 

"2°  Les  plans  des  travaux  d'agrandissement  à  exécuter      t;niises 

'  "-^  de  Niouwmunslcr 

aux  églises  de  :  '"'"^fK^i^""'' 

rsieuwmunster  (Flandre  occidentalej,  architecte  :  M.Ver- 

bckc  ; 
Sainle-Anne-ten-Eede,  commune  de  Wetteren  (Flandre 

orientale),  archilecte  :  M.  De  Noyettc  ; 

5"  La  proposition  de  supprimer  une  marche  h  l'enlrée  du       i.:giiso 

lie  Wvcliiiiacl. 

chœur  de  l'église  en  construction  à  VVychmael  (Limbourg)  ; 


Coiislni^Uoii 

d'églises 

il  \V;ireiiiiii(; 

oL  à  Aiilliisncs 


—    170  — 

deuiakcn        ^"  ^^^  plaiis  d(3  cliffereiitcs  portes  à  placer  à   l'église  de 

Lanakcn  (même  province)  ; 
d^Bmopne       ^^°  L*^^  projets  des  sacristies  à  construire  aux  églises  de 
ctd  •.ipcni.   ]3(3p^Qg,^g  (Luxembourg)  et  Erpent  (Namur); 

s'-wBaîiisic     ^°  Les   dessins  des  meubles   destinés  à  la  sacristie  de 
^"  Bru  "elle!?'  l'église  de  Saint-Jean-Baptiste  au  Béguinage,  à  Bruxelles; 
A.noubicmcnts      7»  Les  plaus  dc  buffets  d'ori^ues  à  placer  dans  les  édises 

(I  églises.  '  cj  1  o 

de  Welle  (Flandre  orientale)  et  Hacquegnies   (Hainaut), 

ainsi  que  les  propositions   concernant  l'appropriation   du 

bufl'et  dc  l'orgue   de  l'église  de  Saint-Nicolas  en  Havre, 
à  Mons. 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  : 
r.eparatiou        1°  Sur  Ics  projcts  des  travaux  de  réparation  à  exécuter 

(le  diverses  '       '  ' 

églises,     j^y^  églises  de  Bougnies,   Ossogne-sur-Thuillies,  Joncrel, 
Monl-Saint-Auberl  (Hainaut),  Ortho  (Luxembourg); 
2"  Sur  les  projets  concernant  : 
Kpiis.' de  N.  D.      La  restauration  du  transept  nord  de  l'étïlise  de  Nolre- 

de  la  (.liapellc,  '  ^ 

à  Bruxelles.   ^^^^,  ^^  j.^  Qi^apeUe,  à  Bruxcllcs,  architecte  :  M.  V.  Ja- 

maer  ; 
de  coS'rcciies.      ^^^   restauratiou  de  la   tour   de    l'église   de   Courcelles 

(Hainaut),  architecte  :  M.  Simon; 
dEiai'aTnes       ^^^  Iravaux  urgents  de  restauration  à  exécuter  à  l'église 
d'Escanalïles  (môme  |)rovince),  architecte  :  M.   Bruyenne; 
caiiMMiiai-        Le  proitl  du  urillauc  (lui  doit  clùdirer  le  siiuai't!  à  créer 

de  Unigi'.-.  I         J  o  t-         1  1 

autour  (le   la  cathédrale  de  Bi'uges,  architecte   :  M.  De  la 
(jcnserie; 


—  m  — 

5"  Los  comptes  des  recettes  et  des  d(''pcnses  faites  dans  le    ,,'''™/,!,'','^ 
courant  do  rannéo  1878  pour  la  restauration  dosrgliscs  do  :  ' '' Ij'.'^di" ers''" 

inuiiumpiils. 

Notre-Dame  au  delà  de  la  Dylo,  à  Malines; 

Notre-Dame,  à  Anvers  ; 

Saint-Waudru,  à  Horentlials  (Anvers); 

Notre-Dame  de  Bon-Secours,  à  Bruxelles; 

Saint-.îoan-Baptiste  au  Bcguiiiap:e,  à  Bruxelles  ; 

Saint-Pierre,  à  Louvain  ; 

Saint-Michel,  à  Louvain  ; 

Saint-Quentin,  à  Hassoll  ; 

Saint-Hubert  ; 

4"  Les  propositions  soumises  par  M.  l'architecte  Buyck'^'"=;,^j'|'ret?''"'' 
fils  pour  la  conservation  do  la  tour  de  l'ancienne  église  de 
Ileyst  (Flandre  occidentale). 

—  Des  délésrués  ont  procédé,  le  20  avril,  à  une  inspection    .  •^e"^»' 

<-'  •  'I  Ile  N|irint>n. 

détaillée  de  l'église  de  Sponlin  (Namur),  rpi'on  propose  do 
restaurer  et  d'agrandir.  Ils  sont  d'avis  que  la  dépense 
à  faire  (55,97 1  francs)  est  considérable  et  que  l'édifice  no 
comporte  pas  des  changements  aussi  importants.  L'idée 
de  modifier  la  disposition  des  toitures,  travail  coûteux,  aurait 
l'inconvénient  grave  de  former  entre  le  bas-côlé  et  la  grande 
nef  un  réservoir  où  les  neiges  s'accumuleraient  et  expose- 
raient à  des  infiltrations. 

La  Commission  a  émis  l'avis,  en  conséquence,  qu'on  de- 
vrait se  borner  à  faire  les  seuls  travaux  slriclcment  néces- 
saires pour  mettre  l'église  en  bon  état  d'entretien,  à 
l'agrandir  par  le  prolongement  des  nefs  latérales  et  par 
ra.ppropriation ,  à  l'usage  du  cullo,  des  deux  chapelles 
accolées  au  chœur,  co  (pii  nniôncM'a  la  oonslruclion  d'iuK' 
nouvelle  sacristie. 


--   172  — 

Cet  avis  élanl-  partagé  par  les  tlrlégués  du  consoil  com- 
nninal  el  de  la  fabrique,  M.  l'archilecle  Van  Assclie  a  dressé 
un  nouveaii  projet  dont  la  dépense  ne  s'élèvera  qu'à  ir),912 
francs  et  qui  a  été  ai)prouvé. 

Le  SccrrUùre  Général, 

J.  Rousseau. 
Vu  ou  conl'urniilé  do  l'arliclc  2')  du  règicmenl. 

[yC  Président, 

Wellens. 


L'ÉliLISE  (;OLLÊ(il,\LE  DE  SMNT-HEKllÈS 


A    P>  K  N  A  I  X 

{Suite.  —  V.  \1^  année,  y.  :3C5) 


CïïAIMTnr,   III. 

ÏX. 

Los  cryplos  ('Inicnl,   poiulanl  les  promièros  annéos  du 


clirisliniiisiiio,  dos  siinplos  cavilôs  ('(r()il(\s  iaillôos  dans  le  roc 
cl  recovaionl,  un  aulcl  r(;couvranl  le  corps  d'un  saini  ou  d'iui 
martyr;  plus  (ard,  on  donna  à  ces  cryptes  un  plus  grand 
développement  :  elles  devinrent  de  véritables  chapelles  avec 
plusieurs  autels  et  serviront,  à  l'époipie  des  persécutions, 
de  lieux  de  réunions  aux  chrétiens. 

Ces  chapelles  souterraines,  que  l'on  rencontre  dans  un 
grand  nombre  d'églises  du  moyen  âge,  sont  prcsrpie  tou- 
jours établies  sous  le  sanctuaire;  elles  forment  en  rpiolque 
sorte  la  tradition  des  confessions  primitives,  et  leur  emploi 
habituel  cesse  avec  l'architecture  romane.  On  pourrait  à 
pein(;  citer  quelques  exemples  de  cryptes  postérieures  au 
xii''  siècle  (i).  A  partir  de  cette  époque,  en  effet,  les  reliques 
des  saints  furent  placées  dans  des  châsses  en  métal  et  dépo- 
sées dessous  ou  derrière  les  autels  des  églises  hautes  (^2). 


(1)  DE  Cau.moxt,  Couru  d'anliqiiiléf  ni(i»iiiiU'iittiU's,  t.  IV,  p.  123. 

{■>)  ViOLi.KT  I.Ki'UC,  Dirlioniifiirc  raisi))iné  lic  rarrhilt'clnn',  I.  IV,  p.  io!». 


.    —  174  — 

La  Belgique  possède  encore  plusieurs  de  ces  chapelles 
souterraines,  mais  aucune  d'elles  ne  peut  être  comparée,  sous 
le  double  rapport  de  l'étendue  et  de  l'intérêt  archéologique, 
à  celle  qui  occupe  toute  la  surface  correspondante  au  chœur 
et  au  transept  de  l'église  de  Saint-Hermès. 

X. 

Le  pian  général  qui  accompagne  la  présente  étude,  dé- 
montre la  belle  ordonnance  de  cette  église  souterraine,  d'une 
longueur  de  51  mètres  de  l'extrémité  du  transept  jusqu'au 
fond  du  chœur,  et  de  2a"'40  au  transept.  Elle  est  divisée  en 
trois  nefs  formées  par  deux  rangées  de  colonnes  ;  la  beauté 
des  voûtes,  la  variété  des  bases  et  des  chapiteaux,  en  font 
une  des  plus  admirables  constructions  de  ce  genre  que  l'on 
puisse  rencontrer.  On  y  remarque  les  éléments  distinctifs 
des  styles  d'architecture  romane,  ogivale  primaire  et  ter- 
tiaire; le  style  du  xvi*^  siècle  est  employé  dans  la  crypte 
de  la  Vierge  qui,  érigée  à  cette  époque,  se  trouve  sous  la 
sacristie. 

On  peut  s'étonner  que  la  crypte  de  Saint-Hermès  ait 
été  conservée  et  même  agrandie  dans  le  cours  de  l'époque 
ogivale,  lors  de  la  reconstruction  de  l'église  et  alors  que 
l'usage  des  chapelles  souterraines  était  généralement  aban- 
donné; mais  celle  anomalie,  dont  on  ne  trouve  que  de 
rares  exemples,  surtout  dans  notre  pays,  s'explique  par 
cfi  fait  que  l'église  est  érigée  sur  un  terrain  présentant 
une  pente  assez  prononcée  vers  le  chœur;  on  comprend 
dès  lors  que  le  maintien  de  la  crypte  était  en  quelque 
sorte  commandé:   <u  -;uppression  eût  en  eiïct  amené  forcé- 


—    17n  — 

ment  des  travaux  considérables  de  remblai  et  de  fonda- 
tions. De  là  aussi  provient  la  singularité  de  la  position 
des  entrées  de  la  crypte  :  celle  vers*  le  nord  est  à  peu 
près  au  niveau  du  sol  do  la  voie  publique,  tandis  qu'au 
transept  sud  on  y  descend  par  un  escalier  de  plusieurs 
marches. 


XI. 

Le  plan,  les  coupes  et  détails  de  la  crypte  qui  accompa- 
gnent notre  travail,  nous  dispensent  d'entrer  dans  de  longs 
développements  pour  décrire  le  monument.  Nous  nous 
bornerons  à  faire  ressortir  les  particularités  que  présentent 
les  différentes  parties  de  cette  église  souterraine,  en  suivant 
l'ordre  chronologique  de  leur  construction. 

La  partie  la  plus  curieuse  se  trouve  sous  le  transept 
nord  de  l'église.  Elle  comprend  trois  nefs  formées  de 
deux  rangées  de  cinq  colonnes.  On  y  remarque  déjà 
deux  styles  bien  distincts  :  les  deux  travées  du  fond  pré- 
sentent le  caractère  de  l'architecture  romane  primaire. 
Les  voûtes  d'arêtes,  simples  et  sans  moulures,  avec  arcs  dou- 
bleaux  en  plate-bande  de  forme  demi-circulaire  partant 
d'une  part  des  chapiteaux  des  colonnes,  vont  retomber, 
dans  les  nefs  latérales,  sur  les  colonnes  engagées  sans  bases 
ni  chapiteaux.  (V.  pi.  VIL) 

Les  chapiteaux  de  cette  partie  de  la  crypte  sont  d'une 
simplicité  toute  primitive.  Lacorbeille  est  carrée;  mais  dans  la 
partie  inférieure  les  angles  sont  arrondis  et  ils  se  raccordent 
au  fût  par  un  simple  bourrelet.  Les  tailloirs  à  plate-bande 
verticale  sont  reliés   au  chapiteau  par  un  chanfrein.    On 


—  '17()  — 

iroiivo,  vers  \o  clKCur,  qualrc  colonnos  d'un  cnracUM'O 
luiil  à  l'ail  parliculier;  elles  soni  octogonales  en  marbre 
noir  poli  el  nionolylbes,  landis  que  (ouïes  celles  clc  gauche 
sont  cylindriques  el  formées  de  qualrc  lambours  de  pierre 
de  taille.  Ne  seraienl-ce  pas  là  des  malériaux  provenant  d'un 
édifice  antérieur  au  \f  siècle  et  qui  auraient  été  employés 
lors  de  la  conslruclion  de  la  collégiale  primitive? 

Les  Iravées  du  bras  sud  du  transept  sont  couvertes  d'une 
voûte  d'arèle.  Ici  l'on  remarque  déjà  un  progrès  dans  le 
système  de  construction  :  les  arcs  sont  à  nervures  saillantes, 
en  plate-bande,  sans  moulures  et  viennent  s'appuyei'  sur  les 
tailloirs  des  cbapileaux;  l'ornementation  de  ceux-ci,  à  feuilles 
|)rincipales  sur  angles  sans  volutes  el  peu  saillantes  et  avec 
petites  feuilles  intermédiaires,  dénote  le  style  ogival  pri- 
maire (i).  Les  tailloirs  sont  octogones  et  cbacune  des  faces 
reçoit  allernalivcmcnl  l'arc  doubleau  rectangulaire  et  la 
|)iatc-bande  diagonale  de  la  voûte.  De  mémo  que  dans  la 
partie  romane,  les  colonnes  engagées,  sans  chapiteaux  ni 
Ijases,  reçoivent  dans  les  nefs  latérales  la  retombée  des  arcs 
de  la  voûte.  Tous  les  fûts  sont  composés  de  quatre  blocs 
de  granit  ciselé.  Les  bases  sont  singulièrement  soignées. 
Des  ornements  en  forme  de  feuille  relient  la  partie  circulaire 
à  clia(|ii(!  angle  de  la  l)ase  carrée  inférieure  (2). 

Il  nous  reste  à  signaler  dans  celte  partie  de  la  cryple  : 
1"  deux  ouvertures  aux  points  E  el  C  du  plan  el  ([u\,  sans 
issue  aujourd'hui,  formaient  probablement  Aoi^  entrées  ex- 


(1)  V.  |il.  VIII. 
(î)  V.  pi,  !\. 


—  177  — 

(cricures  avaiil  la  consiriiclion  dos  nefs  ogivales;  2°  qiiali'c 
pnlilcs  cavités  voùléos  aux  ccMés  du  cIkoiii*,  Il  csl  à  piV'siiriici- 
que  dans  le  principo  rlks  i-'^n^rmaienl  des  autels. 

XII. 

Quittons  maintenant  le  transept  pour  pénclrcr  dans  le 
vaisseau  du  chœur.  Ces  deux  parties  de  la  crypte  sont  sé- 
parées par  deux  énormes  piliers  à  hase  carrée  et  présen- 
tant sur  chacune  de  leurs  Rices  une  colonne  cylindrique 
engagée.  Ici  encore  l'on  trouve  des  vestiges  de  différentes 
époques  :  la  première  travée  est  couverte  d'une  voûte 
d'arèlc  à  plate-])ande  et  des  arcs  doubleaux;  le  fût  de  la 
deuxième  colonne  de  droite  est  octogone  en  marbre  noir, 
comme  les  quatre  qui  se  trouvent  au  transept;  le  chapiteau 
est  aussi  semblable  à  ces  derniers,  mais  la  base  est  d'une 
forme  bizarre  (i). 

La  travée  suivante  est  formée  de  deux  colonnes  à  fûts 
monolythes  ;  celle  de  droite  a  le  chapiteau  et  la  base  sembla- 
bles à  ceux  qui  se  trouvent  dans  la  partie  la  plus  ancienne  du 
transept  nord  (2);  le  chapiteau  de  celles  de  gauche  procède 
du  môme  principe,  mais  la  partie  arrondie  de  la  corbeille 
est  ornée  vers  le  milieu  par  un  tore  sur  chacune  de  ses 
faces;  la  base  est  aussi  d'un  dessin  compliqué  et  présente  une 
ingénieuse  combinaison  pour  arriver  de  la  forme  carrée  à 
l'octogone  (r,). 


(.)  v.  pi.  X. 
(-2)  v.  pi.  xr. 

'-.)  V.  \>\.  XII. 


—  478  — 

Les  doux  colonnes  de  la  travée  suivante  ne  présentent 
rien  de  remarquable;  les  quatre  dernières  travées  vers  le 
chœur  sont  formées  de  huit  colonnes  cylindriques  à  bases 
et  chapiteaux  semblables.  Ces  chapiteaux,  d'une  grande 
simplicité,  ont  cependant  un  caractère  particulier  qu'on 
rencontre  très-rarement.  Ils  sont  de  forme  cubique  et  à 
tailloirs  carrés  à  gorges  ;  à  chacun  de  leurs  angles  inférieurs 
se  trouve  une  échancrure  qui  rachète  leur  lourdeur;  les 
bases  carrées  deviennent  octogones  vers  le  tiers  de  leur 
hauteur.  (V.  pi.  XIIL) 

La  |)lanche  XIV  représente  le  fond  de  l'abside  du  chœur 
et  donne  le  dessin  de  la  belle  voûte  d*arète  du  xv*"  siècle 
qui  couvre  toute  cette  partie  de  la  crypte.  Les  nervures 
reposent  du  côté  des  murs  sur  une  série  de  culots  ornés 
d'écussons  avec  emblèmes.  Les  clefs  de  voûte,  d'une  très- 
grande  variété,  représentent  divers  attributs,  tels  que  croix, 
anneau,  cœur,  étoile,  poisson,  etc.,  etc.;  mais  tous  leurs 
détails  sont  pour  ainsi  dire  effacés  par  plusieurs  couches 
de  badigeon  qu'il  serait  désirable  de  voir  enlever. 

11  nous  reste,  pour  terminer  cette^\description,  à  parler 
de  la  petite  crypte  de  la  Vierge  existant  sous  la  sacristie  du 
w"  siècle.  Cette  crypte  ne  présente  rien  d'intéressant,  si 
ce  n'est  deux  tètes  sculptées  d'une  date  plus  ancienne  que 
la  construction  et  .servant  de  culots  à  la  retombée  des 
nervures  de  la  voùlo,  dans  les  deux  angles  vers  la  crypie  du 
chœur. 

J.  RiJTTiENS  et  E.  Serrure. 


ANCIENNES  ET  NOUVELLES  1»EINÏL11ES 


DE 


L'ÉGLISE  DE  NOTRE-DAME  DE  LA  CHAPELLE 

A      BRUXELLES 


I. 

TABLEAUX. 

L'église  de  Noire-Dame  de  la  Chapelle,  à  Bruxelles,  \rdv 
le  nombre  et  le  mérite  de  ses  œuvres  d'art,  mérite  assuré- 
ment Tune  des  premières  places  parmi  les  édifices  religieux 
de  la  ville,  et  l'étude  des  richesses  artistiques  qu'elle  abrite 
encore  de  nosjours  présente  pour  l'archéologue  un  très- grand 
intérêt.  Depuis  son  origine,  ce  sanctuaire  vénéré  n'a  jamais 
cessé  d'être  l'objet  d'une  prédilection  particuhère  de  la  part 
des  fidèles  et  leur  piété,  toujours  féconde,  quand  il  s'agit  de 
la  maison  de  Dieu,  s'est  appliquée  d'une  manière  excep- 
tionnelle à  l'orner  et  à  l'enrichir.  A  en  juger  d'après  les  livres 
de  comptes  et  les  autres  documents  de  ses  archives  encore 
existants,  l'église  de  la  Chapelle  devait,  avant  la  fin  du 
XVI*  siècle,  présenter  intérieurement  l'aspect  d'un  riche 
musée,  où  s'étalait  un  nombre  considérable  de  merveilles 
de  tous  genres,  enfantées  par  le  génie  de  plusieurs  généra- 
tions d'artistes  distingués.  Malheureusement,  les  vicissitudes 
des  temps  et  le  vandalisme  destructeur  de  certains  hommes 
ont  arraché  à  son  histoire  artistique  plus  d'une  page  glo- 
rieuse. Hàtons-nous  cependant  d'ajouter  que,  si  d'une  part 


—   180  — 

Jl's  uhjci.s  doiicviciie,  lus  dinaiidci'ies  cl  les  liiianccs  de 
l'église  subirent  pendant  les  années  1579 et  1580  dos  adeintes 
regrettables,  les  j)aroissiens,  d'autre  part,  rachelèreni  l'année 
suivante,  les  tableaux,  les  seulptures  et  les  vêtements  litur- 
giques exposés  on  vente  à  la  Maison  du  Roi,  par  ordre  de 
l'amman  et  du  magistrat  de  Bruxelles.  Ces  précieuses  dé- 
pouilles, restituées  aux  fabriciens  après  la  capitulation  de  la 
ville,  en  1585,  furent  ainsi  conservées  à  l'église,  où  elles 
rejirircnt  la  place  qu'elles  avaient  anlérieurcment  occupée. 

L'étude  de  ces  richesses  et  de  celles  dont  le  sanctuaire  de 
la  Chapelle  fut  doté  depuis  celle  époque  nélasle,  nous 
fournit  des  données  précieuses  au  point  de  vue  de  l'histoire 
de  l'art  dans  noire  antique  cité  brabançonne.  Il  est  à  remar- 
(pier,  en  elïet,  que  les  généreux  ordonnateurs,  désireux  de 
léguer  à  la  maison  de  Dieu  une  œuvre  d'art,  témoignage 
des  sentiments  qui  les  animaient,  choisissaient  le  plus  sou- 
vent pour  la  réalisation  de  leur  pieux  dessein  des  artistes 
qu'ils  avaient  sous  la  main  et  avec  lesquels  ils  se  trouvaient 
jiarliculièrement  en  relation.  Cette  remarque  trouve  surtout 
son  api)Iicution  dans  la  série  d'œuvres  d'art  l'oi'inant  le  trésor 
de  l'église  de  Notre-Dame  de  la  Chapelle.  Si  l'on  en  excepte, 
en  effet,  quelques  toiles  de  Rubcns  et  de  certains  i)eintres 
de  son  école  et  quelques  proLluclions  sculpturales  en  très- 
j)clil  nombre,  nous  trouvons  (pie  toutes  les  richesses  artis- 
tiques de  ce  sanctuaire  ont  eu  pour  auteurs  des  artistes  se 
rattachant  i)ar  leur  oiigine  ou  leur  habitation  à  riiistoire 
de  la  ville  de  Bruxelles. 

Xous  venons  de  iiarleJ"  de  Kubens;  l'église  de  Noire- Dame 
de  la  Cha|)eilc  possédait  autrefois  trois  oeuvres  de  ce  grand 
maili'eet  |iarnii  elles  deux  pièces  capiîales  :  VAsiiomplwn  de 


—  I<si  — 

In  Sainlc-Vienje  Q[  lu  Marlyrc  de  Sanil-Laarcnl.  i^a  |iic- 
iiiiùrc  (le  ces  toiles,  qui  fui  iiayéc  à  l'ariisle  1,::20()  llorins, 
(liconiil  le  mailrc-autel  de  slyle  ilalo-llaiiiaïKl,  eu  inarhr^' 
noir  el  rouge,  coiisli'uit  en  1GI8,  d'après  les  dessins  de 
lluljcns  lui-même,  par  llans  Van  .Milderl,  qui  reçut  de  en. 
cliel'  la  somme  de  0,000  llorins.  Le  second  tableau  ornait 
l'autel  de  Saint-Laurent,  dédié  plus  tard  à  Saint-Hocli  cl 
adossé  au  |)i'enu'er  pilier  du  côté  di'oil  de  la  grande  nel'. 

Lebomijardement  de  la  ville  par  le  maréchal  de  Villeroi, 
en  1005,  occasionna  de  grands  dégâts  à  l'église  el  déiruisit 
la  toiture  el  les  deux  llèclies  qui  la  surmontait.  Les  finances 
de  l'église  ne  se  trouvaient  pas  alors  dans  un  état  prospère 
el,  pour  réparer  ces  ruines,  les  fabriciens  se  virent  obligés 
de  contracter  un  emprunt  de  18,000  florins.  Cette  sonnne 
ne  sufiisant  pas  pour  restaurer  complètement  les  parties 
détruites  par  les  obus  français,  le  curé  cl  les  marguilliers, 
à  bout  d'expédients,  se  trouvèrent  dans  la  triste  nécessité  d*; 
vendre  les  deux  remarquables  toiles  de  Rubens.  Elles  furent 
vendues  en  l'année  1711  et  acquises,  au  prix  de  1,000  écus 
de  lîrabant,  par  le  prince  Guillaume  de  Neubourg,  électeur 
palatin  de  Bavière".  Elles  ornenl  aujourd'hui  k;  Musée  de 
peinture  de  Dusseldorf,  où,  il  y  a  (juatre  ans,  elles  ont  failli 
devenir  la  proie  des  flammes. 

Dans  l'acte  de  vente  il  fut  stipulé  (jue  l'acquéreur,  outie 
le  prix  d'achat,  serait  tenu  de  faire  exécuter  à  ses  Irais  deux 
bonnes  copies  pour  remplacer  les  originaux  à  leur  autel 
respectif.  Le  prince-électeur  ne  tint  aucun  com])te  de  cette 
clause  et  la  fabrifjue  dut  elle-même  se  charger  de  faire 
reproduire,  j)Our  rorneinentalion  du  maiirc-autel,  le.  tableau 
i'eprésentanl  rAssonq)tion  de  la  Saiide-Vierge,  Elle  conlia 


—   I8"2  — 

ce  Iravail  à  Van  der  Borghl,  artiste  peintre  de  Biiixclles, 
(|iii  s'en  acquitta  à  la  satisfaction  générale  des  paroissiens. 
Cette  copie,  ainsi  que  le  grand  et  massif  autel  en  style  rube- 
nien  qu'il  complétait,  ont  été  cédés  à  l'église  de  Saint-Josse- 
ten-Noode,  en  1870,  lors  des  travaux  de  restauration  du 
chœur,  qui  exigèrent  la  construction  d'un  nouvel  autel  plus 
approprié  au  style  de  cette  partie  de  l'éditice. 

Quant  au  tableau  retraçant  le  Martyre  de  Saint-Laurent, 
il  ne  fut  pas  reproduit.  Seulement  Nicolas  Van  Merstraeten, 
chapelain  de  l'éghse,  fit  exécuter  par  Viclor-Honoré  Janssens 
une  composition  rappelant  le  même  sujet,  qu'il  paya  10  pis- 
toles,  non  compris  la  toile  et  le  châssis,  qui  lui  coûtèrent 
encore  une  pistole.  Ce  tableau,  l'une  des  dernières  œuvres 
de  ce  peintre,  fut  légué  à  l'église  le  7  janvier  1752. 

Il  existe  de  belles  estampes  des  deux  toiles  de  Rubens 
dont  nous  venons  de  parler.  U Assomption  de  la  Sainte- 
Vierge  a  été  gravée  par  Witdouck  et  le  Martyre  de  Saint- 
Laurent  par  Luc  Vostermans.  Cette  dernière  gravure  est 
surtout  remarquable  et  se  rencontre  très-rarement. 

Une  troisième  et  dernière  toile  de  Rubens,  moins  impor- 
lanle,  mais  offrant  le  même  intérêt  que  les  précédentes  à 
cause  des  vicissitudes  qu'elle  eut  à  subir  et  des  souvenirs 
qu'elle  rappelle,  ornait  autrefois  la  troisième  chapelle  laté- 
térale  de  l'église,  vers  la  place  de  la  Chapelle.  Pierre  Brue- 
ghel,  surnommé  le  Vieux  ou  le  Drôle,  étant  mort  en  1561), 
dans  la  maison  qu'il  habitait  rue  Haute,  au  coin  de  la  rue 
de  la  Porte-Rouge,  son  lils  Jean,  dit  de  Velours,  le  fit 
inhuniej"  dans  celte  parlie  de  l'église  et,  j)our  })crpétuer  sa 
mémoire,  conlia  au  maitre  de  l'école  d'Anvers  l'exéculion 
d'une  loili'  icpréscntant  le  saint  patron  du  défunt  recevani 


<3Li9^   N  ^'b^R^D^s,  fl   wnaix. 


Pl.V 


Plan  oie  la  Cvjv\c. 


1 


J 


_i_i I    I    I    I    i'° 


Lith.V^^Baerkoen. 


E  Serrure,  Arch* 


> 


a, 
a 


3 
o 
o 


e(B L  1  e^ft'    b (^'  g.'f  i » f^i'  i^.  (l>  h  s .  h    i  ; ^  i  •  h  i  x 


Qvypxe.  -  Del 


T" .11  ■LIH!IIIH»Wi|i»WIHffft»>j,l     uw-^ 


Plan  de  lai  a  se. 


Profil  de  Ja  Jbase. 


Telle    ensemtle.i i         i 


EcTielIe  profil':.!  '  ''''''  i'  ' 
tli.V"*  B  aer^  soen . 


H  o.5o  mèi. 

E.  Serrure,  Arch!" 


^ri&ui&ë^    pe    8?  lie  li  a)  es,  H    Kennix 

Crvp'e   -  Delà  il. 


P1.X 


Profil  du    chapi-teau. 


Profil  de  la  base. 


Eclielle  ensemble 


H 1- 


eheîle  profils   |  i  i  i 

"BaertKoeri 


H '    inèlre. 


"  met.. 
E.  Serrure,  Arch\' 


Crypte,  détai] 


PI. XI. 


Profil  du  cTiapiteau  . 


Plan  delà  Lase . 


Profil  de  la  base. 


Echelle  ense-mile. 
îchelle  prof.ls.  |  i   i   '   '  |  '    ' 


—\  I  mètre . 


— (  o.5o  mé\. 
E.  Serrare.Axch'.^ 


i 


Crypte,  délai!. 


Pl.XU. 


Pi-ofîl  du  chapileau. 


Pro*i]  siiràngîe  delà  "base. 


E,7helle  ensemble.  >- 
Echelle  profils,  i 


— <    '  ;r:elr 


û.iromci. 

X\    Cm-r-.irp  Arr.h''* 


b(oL ise.    ,b^   î^'-n  Tfe' n (Dh  s ,  h    p.h  i, h  i x 


PI.XIII 


:rypte.  -  Détail 


Echelle  ensemTsle 
ielle  profils  ,  i  i  i  i  i  i 
Baerlsoen. 


Pro-fi]  de  la  base. 


meire . 


,o.5o 


met. 


E.Serrure,  Arch^.* 


—  isr,  — 

(les  iimiiis  du  Sauveur  les  clei's,  syniboie  do  sa  supréinalic 
sur  ri^giisc.  Brucglud  d(3  Velours  fil  placer  ce  dernier 
liouimagc  rendu  pui'  llubeiîs  au  kdeul  de  son  père  dans  un 
simple  châssis  de  pierre,  sans  aucun  ornemenl,  au-dessus 
d'un  mausolée  exislanl  encore  aujourd'hui. 

La  construcliun  et  rorneinenUUion  de  la  nouvelle  sacristie 
el  d'aulres  travaux  urgents  de  restauration  épuisèrent  encore 
une  Ibis,  pendant  la  seconde  moitié  du  xviii'^  siècle,  les  res- 
sources Irès-restreintes  de  l'église.  Dans  ces  circonstances, 
les  labriciens,  autorisés  à  cet  effet,  firent  vendre  le  tableau 
du  niailre  anversois,  à  la  vente  de  Braancamp,  à  Amster- 
dam. Par  acte  devant  notaire,  en  date  du  27  septembre 
170;),  il  fut  adjugé  à  J.-l\  Tassart,  au  prix  de  5,000  tlorins 
de  change  (10,582  francs),  à  charge  pour  l'acquéreur  de  le 
remplacer  par  une  copie  peinte  à  ses  frais.  Les  héritiers  de 
Orueghcl  protestèrent  contre  cette  violation  de  leurs  di'oits 
et  intentèrent  un  procès  à  la  fabrique.  Un  n)émoire  im- 
!)rimé,  relatant  les  débats  et  le  jugement  rendu  dans  celte 
cause,  nous  apprend  qu'ils  furent  déboutés  dans  leur  action 
et  condamnés  aux  frais. 

La  copie  qui,  d'après  les  ternies  de  l'acte  de  vente,  devait 
eti'e  fournie  par  l'accpiéreui',  existe  encore  aujourd'hui  à  la 
place  occupée  priinilivcnient  |»ar  l'original.  C'est  l'œuvre 
d'un  arliste  peu  soucieux  de  rendre  le  caractère  du  modèle 
(pi'il  avait  à  reproduire.  On  n'y  découvre  aucune  des  qua- 
lités qui  distinguent  les  productions  de  Rubens.  La  gran- 
deur de  style  et  la  vigueur  du  modelé  y  font  complètement 
défaut.  Nous  ne  comprenons  donc  |)as,  dès  lors,  comment 
Mensaert  et  d'autres  écrivains,  assez  bons  juges,  au  reste, 
en  fait  de  iieinturc,  aient  pu  trouver  dans  cette  œuvre  les 


—    IHi  — 

caraclùres  de  roriginal  et  l'altribuer  au  grand  inailrc  de 
i'école  flamande  de  la  Renaissance. 

Nous  ne  savons  où  se  trouve  actuellement  le  tableau  ori- 
ginal de  Rubens  et,  à  défaut  d'une  bonne  copie,  nous  sommes 
beureux  d'en  posséder  au  moins  une  belle  estampe  gravée 
par  Pierre  de  Jode,  l'un  des  artistes  les  plus  habiles  qui 
burinèrent  l'œuvre  du  grand  maître. 

Nous  avons  parlé  plus  haut  d'un  mausolée  élevé  par  Jean 
Brueghel  à  la  mémoire  de  son  père.  Ce  mausolée  que  l'on 
voit  encore,  fut  restauré,  en  l'année  1070,  par  David 
Teniers,  son  petit-fils,  qui  compléta  l'inscription  gravée  sur 
la  plaque  de  marbre.  Cette  épitaphe  présente  un  intérêt 
tout  particulier  en  ce  qu'il  nous  fournil  des  données  cer- 
taines de  nature  à  fixer  désormais  les  écrivains  très-peu 
d'accord  entre  eux  sur  la  date  exacte  de  la  mort  de  Brueghel 
le  vieux.  C'est  à  ce  titre  que  nous  la  transcrivons  ici  : 

«  Petro  Bruegelio,  exactissimie  industriie,  artis  venustis- 
sima)  pictori,  quem  ipsa  rerum  parens  natura  laudat,  peri- 
lissimi  artifices  suspiciunt,  œmuli  frustra  iraitanlur.  Itemque 
Mariœ  Goucke  ejus  conjugi  :  Joannes  Brucgclius  parentibus 
optimis  pio  affectu  posuit.  Obiit  ille  anno  KiOl),  lucc  1578. 
D.  Teniers  jun.  ex  ha^redibus  renovavit  a"  1G7G.   » 

Nous  venons  de  parler  de  copie  ;  nous  serions  quelque 
peu  tentés  de  considérer  comme  telle  l'une  des  toiles  de 
Gaspard  de  Crayer,  représentant  l'Apparition  du  Sauveur 
à  sainte  Marie-Madeleine,  si  nous  n'avions  les  preuves  de 
son  authenticité.  A  première  vue,  on  rencontre  dans  celte 
composition  la  touche  ferme  et  savante  du  maître,  mais 
cette  (jualiic  ne  saui'ail  l'acheter  la  banalité  de  la  conception 
et  la  vulgarité  des  types;  le  dessin,  de  plus,  y  est  lourd  et 


—  18o  — 

même  dans  cerlaines  parties ,  comme  les  mains  el  les 
jambes,  d'une  incorrection  frappante.  La  tète  du  Christ  est 
prosaïque  au  possible,  ainsi  que  celle  de  la  Madeleine.  La 
draperie  seule  qui  recouvre  le  Sauveur  présente  une  cer- 
taine ampleur  et  accuse  une  étude  de  l'ondoiement  des  plis. 
C'est  là  une  de  ces  toiles  dans  laquelle  on  reconnaît  le  pin- 
ceau d'un  artiste  de  quelque  talent,  mais  que  déparent  des 
négligences  et  des  défauts  impardonnables. 

Heureusement  qu'il  existait  dans  la  même  église  d'autres 
œuvres  permettant  de  juger  cet  habile  imitateur  de  Rubens 
sous  un  jour  plus  favorable  et  plus  en  rapport  avec  la 
haute  réputation  dont  il  jouit  à  juste  titre.  Parmi  elles  se 
trouvait  un  tableau  représentant  la  mort  du  Sauveur  sur  la 
croix.  Cette  toile  complétait  au  siècle  dernier  le  retable 
d'autel  dans  la  chapellenie  de  Saint-Jean  l'Évangéliste  et  de 
Sainte-Barbe,  fondée  à  la  Saint-André  15:29,  par  Paul  De 
Boye  et  son  épouse  Elisabeth  Fine.  Pendant  la  tourmente 
révolutionnaire,  elle  fit  partie  des  œuvres  d'art  entassées 
dans  les  greniers  de  l'ancienne  Cour  des  Comptes,  où  on  la 
rangea  dans  la  sixième  classe,  au  nombre  des  productions 
«  qui  ne  pouvaient  en  aucune  manière  contribuer  au  pro- 
grès de  l'art  ou  à  l'ornement  du  musée  » .  En  l'an  XI  de  la 
république,  le  conseil  de  fabrique  ayant  adressé  au  préfet 
une  requête  tendante  à  obtenir  la  restitution  des  tableaux 
qui  avaient  été  enlevés  à  l'église  de  la  Chapelle,  on  fit  droit 
dans  une  certaine  mesure  à  celte  légitime  demande.  Le 
tableau  de  de  Craycr  toutefois,  au  lieu  d'être  réintégré  dans 
l'édifice  qu'il  ornait  primitivement,  lut  assigné,  nous  ne 
savons  pour  (jucl  motif,  avec  un  nombre  considérable 
d'autres  toiles  à  l'église  du  Béguinage,  où  il  décore  encore 


—    l<S(i   — 

aiij'tiiiiriuii  l(j  côlé  sc'j)lciUi'iunal  du  lr;msc|tl.  Celle  conipo- 
(ioii  nous  monlrc  le  Ciirisl  atlaciiô  à  la  croix  au  inoincnl 
où  la  violence  de  son  supplice  cl  répuiscnionl  (jui  l'accable 
lui  ayant  desséché  le  palais,  il  se  plaint  do  la  soif  ar- 
dente qui  le  dévore.  Au  cùlé  de  la  croix  se  remarquent 
deux  bouri'eaux  à  ligures  sinistres,  trempant  une  éponge 
dans  le  vinaigre  dont  ils  vont  l'abreuver  et  accomplissant 
ainsi  à  leur  insu  l'une,  des  prophéties  (pii  devaicnlsc  véri- 
lier  dans  la  personne  du  Sauveur  mourant.  F.a  sainte 
Vierge  se  tient  debout  à  côté  de  saint  Jean,  qui,  seul  de  tous 
les  apôtres,  suivit  son  mailrcjuscprau  Calvaire.  Celte  mère 
de  douleur,  absorbée  dans  une  profonde  souffrance  et  dans 
une  extase  de  sublime  contemplation,  regarde  immobile  et 
en  versant  un  lorrenl  de  larmes  les  horreurs  de  cette  scène 
navranlc,  tandis  que  le  disciple  bien-aimé  semble  par  son 
regard  et  son  geste  affirmer  encore  une  fois  l'inviolable  alta- 
clienienl  qu'il  porte  à  son  maitre.  Marie-Madeleine  affaissée 
au  pied  de  la  croix,  baise  en  les  essuyant  les  pieds  ensan- 
glantés de  son  miséricordieux  Jésus,  Déjà  le  ciel  s'est  cou- 
vert de  nuages  et  la  nature  en  deuil  annonce  la  consomma- 
lion  du  sacrilice  cl  imprime  à  la  scène  un  caraclèi'e 
dramalique.  Celle  composition  de  Gasi)ard  de  Crayer  se 
distingue  par  le  sentiment  qu'il  est  parvenu  à  alli-Jinier  à 
ch.icun  d(;  ses  ])ersonnages.  La  leledu  Clll•i^t  cl  celle  de  sa 
sainte  Mère  sonl  nolaimncnt  remarquables  par  l'impression 
(pi'elles  produisent  dans  l'âme  du  spcclalcur.  Uicn  de  Irivial, 
aucune  exagéralion  dans  celle  œuvre  que  l'on  peut  rungerà 
b(in  di'uit  ])arnii  les  meilleures  proiluclions  du  mailre. 

Dans  la  premièiv  chapelle  laléiale,  primilivciiienl   (h'diée 
il  .\olre-l)anje  de  Doiiieui'  cl  atijoiiivrimi  ;i  .Xolre-Uame  de 


—    IST   — 

Miséricorde,  so  voyait  une  aulrc  (oilo  de  de  Crayer  ropré- 
senlant  le  Sauveur  mort  sur  ios  genoux  de  sa  sainlc  Mère. 
Nous  regreltons  hien  vivement  la  disj)arilion  de  celle  toile, 
qui,  comme  loufes  les  œuvres  du  môme  artiste,  devait  se 
distingue!' jjor  un  dessin  soigné,  un  modelé  vigoui'eux  et 
surtout  par  une  remarquable  vérilé  d'e.xiu-ession.  L'artisic, 
en  eirel,  comme  on  lésait,  excellait  dans  l'art  do  rendre  les 
émotions  profondes  de  l'âme  et  manifestait  une  prédilection 
marquée  pour  les  scènes  dramatiques,  qui  lui  fournissaient 
l'occasion  de  les  interpréter. 

Le  3  novembre  de  l'année  1G48,  à  la  demande  faite  par 
Jean  Kelegom  et  Jean  Barbieux,  au  nom  des  Italiens  ou 
Savoyards,  vulgairement  désignés  à  cette  époque  sous  la  dé- 
nominalion  de  «  housseurs  de  cheminées»,  le  prévôt  de 
l'église  octroya  à  ces  derniers  l'autorisation  de  placer  dans 
le  transept,  sur  l'autel  de  Sainte-Catherine,  un  nouveau 
retable  en  marbre  noir,  orné  d'un  tableau  repi-éscntanl 
saint  Charles  Borroméc  distribuant  le  viatique  à  des  pesti- 
férés. Le  tableau  élait  l'œuvre  de  de  Crayer.  Celui  placé 
aujourd'hui  dans  le  chœur  de  la  sainte  Vierge,  à  la  droite 
de  l'autel,  et  fausseirient  attribué  par  quelques  écrivains  à 
Declercq,  en  est  la  copie. 

L'église  de  Notre-Dame  de  la  Chapelle,  autrefois  riche  en 
jiroduclions  de  Gaspard  de  Crayer,  possédait  encore  il  y  a 
quehjues  années  une  quatrième  toile  de  cet  émincnt  artiste. 
Cette  œuvre,  qui  ne  portait  pour  signature  que  les  initiales 
du  |)einli'(>,  représentait  les  juifs  remettant  à  Catherine, 
pour  le  j)orlcr  à  Cologne,  le  ciboire  enfermant  les  saintes 
hosties  profanées.  Elle  fut  exécutée  pour  la  décoration  de 
l'arc  de  Iriomphe  d'ordre  dorique   à  bossages  vermicuh'S 


—  188  — 

établi  à  la  Sieenpoort  lors  du  jubilé  qui  eut  lieu  en  1670,  à 
l'occasion  du  trois  centième  anniversaire  du  saint  Sacrement 
de  Miracle.  Une  gravure  de  l'ordonnance  architecturale  de 
cet  arc  de  triomphe  et  du  tableau  qu'il  encastrait  a  été  bu- 
rinée par  Gaspard  Bouttals,  pour  servir  d'illustration  au 
remarquable  ouvrage  de  J.  Stroobant,  intitulé  «Brusselsche 
eeririumphen  ».  Après  l'avoir  utilisée,  lors  des  jubilés  de 
ICS'i,  17:20  et  1755,  les  fabriciens  de  Notre-Dame  de  la 
Chapelle  confièrent,  en  1820,  au  peintre  Thys  la  restaura- 
tion de  cette  toile  et  la  firent  placer  dans  le  transept,  en  face 
du  chœur  de  la  sainte  Vierge.  En  1842,  on  lui  substitua  le 
grand  tableau  de  Van  Eycken,  représentant  saint  Boniface 
implorant  en  faveur  des  pestiférés  la  protection  de  la  sainte 
Vierge.  Reléguée  depuis  dans  un  magasin  de  l'église,  où 
l'humidité  la  détériora  d'une  manière  regrettable,  l'œuvre  de 
de  Crayer  fut  exposée,  en  1859,  en  vente  publique  à  la 
Grand'Place  et  acquise  par  un  amateur  qui  la  fit  transporter 
en  Hollande.  Renvoyée  à  Bruxelles,  elle  y  fut  vendue  une 
seconde  fois,  le  4  avril  1872,  à  la  salle  de  Sainl-Luc. 
N'ayant  pas  trouvé  d'amateurs  à  cause  de  ses  grandes 
dimensions  et  des  nombreuses  détériorations  qu'elle  avait 
subies,  ellefut  adjugée  à  M.  DeBrauwere,  expert  en  tableaux 
et  directeur  de  ventes,  pour  la  somme  dérisoire  de 
420  francs. 

Ce  tableau  fut  la  dernière  œuvre  que  produisit  l'artiste.  Il 
mourut,  en  effet,  en  1609,  âgé  de  87  ans.  Surpris  par  la 
mort,  il  ne  put  terminer  le  second  tableau  que  les  marguil- 
licrs  (le  l'église  de  la  Chapelle  lui  avaient  commandé  pour 
la  même  circonstance.  Ceux-ci,  après  sa  mort,  en  confièrent 
l'('\(''(  iilioii    :i    Frnneois   Duchnstol,    le    meilleur    élève    de 


—  189  — 

Teniers,  qui  l'employa  cii  1(}7()  pour  l'orncmenlalion  tic 
l'arc  (le  triomphe  constriiilaii  has  de  la  VieilIc-Iialle-au-BIc, 
à  l'entrée  de  la  rue  du  Gliène.  Cet  arc,  véritable  merveille 
architecturale,  avait  été  composé,  peint  et  exécuté  pai-  le 
même  artiste,  qui  le  grava  ensuite  à  l'eau-forte  pour  le 
recueil  de  Stroobanf.  C'est  une  œuvre  d'une  importance  capi- 
tale au  point  de  vue  de  l'architecture  flamande  au  xvii*  siècle 
et  de  l'influence  que  Rubens  exerçait  encore  sur  les  artistes 
sous  le  règne  de  Louis  XIV.  Le  tableau  qui  en  ornait  ralliipic 
retraçait  le  poignardement  des  saintes  hosties  miraculeuses 
par  les  juifs.  Celte  œuvre,  d'une  composition  irréprochable, 
servit  encore,  lors  du  jubilé  de  IO80,  à  la  décoration  de 
l'arc  de  triomphe  établi  au  Cantersteen,  près  de  l'hôtel  du 
prince  de  Ligne.  Les  gravures  de  l'ouvrage  publié  par 
Cafmeyer,  à  l'occasion  des  jubilés  célébrés  en  l'honneur  du 
saint  Sacrement  de  Miracle  en  1720  et  en  IT.l.j,  nous  la 
montrent  dans  l'édicule  triangulaire,  érigé  en  forme  de  grotte 
autour  de  la  fontaine,  à  la  Steenpoort.  Restaurée  en  1820, 
aux  frais  de  la  fabrique  par  le  sieur  Thys,  peintre-rentoileur, 
auquel,  comme  nous  l'avons  dit  jilus  haut,  l'on  avait  égale- 
ment confié  la  restauration  du  tableau  de  de  Crayer,  elle  ser- 
vit pendant  quelques  années  de  pendant  h  ce  dernier  de 
l'aniro  côté  du  transept,  vis-à-vis  de  la  chapelle  de  la  Sainte- 
Croix.  En  1842,  elle  partagea  son  sort  et  alla  le  rejoindre  au 
dépôt  des  meubles  et  objets  hors  d'usage,  pour  faire  place 
à  une  composition  de  Jean  Van  Eycken,  récemment  exécutée 
et  représentant  la  Rédemption  des  captifs.  Exposée  en  vente 
publique  à  la  Grand'Place,  quelques  années  plus  lard,  elle  fut 
acquise  par  le  concierge  de  l'Université  de  Bruxelles  pour 
servir  de  cloison.  Le  hasard  l'avant  fait  découvrir  assez  à 


—    190  — 

temps  pour  la  soustraire  à  une  détérioration  complète,  elle  fut 
raclietéc  et  c'edée  aux  dames  de  rAssocialion  de  l'Adoration 
perpétuelle.  Celles-ci,  après  l'avoir  fait  restaurer  par  M.  Navez, 
directeur  de  l'Académie  des  Beaux-Arts,  et  rentoihn-  jiar 
M.  Leroy,  expert  du  Musée,  la  placèrent  dans  la  chapelle 
ex|)ialoire,  construite  sur  l'emplacement  de  la  synagogue,  où 
se  passa,  en  1570,  l'épisode  retracé  dans  la  composition. 

On  remarquait  encore  autrefois  dans  le  transept  de  l'église 
de  Notre-Dame  de  la  Chapelle  un  second  tahleau  du  même 
Duchastel,  représentant  l'Assassinat  d'Ahel  par  le  fratricide 
Caïn.  Cette  toile,  qui  ornait  lors  du  juhilé  de  i()7()  l'une 
des  faces  do  l'are  de  triomphe  établi  au  bas  de  la  Vieillc- 
llalle-au-Blé,  fut  utilisée,  comme  les  deux  précédentes,  aux 
différentes  solennités  jubilaires  qui  furent  célébrées  depuis 
en  l'honneur  du  saint  Sacrement  de  Miracle.  Les  recherches 
que  nous  avons  failes  ne  nous  ont  fourni  aucun  renseigne- 
ment au  sujet  des  i)hases  ({u'clle  a  subies.  Il  est  i)robable 
qu'elle  aura  partagé  le  même  sort  que  les  deux  toiles  dont 
nous  venons  de  décrire  les  vicissitudes. 

Corneille  Schut,  l'un  des  membres  de  celle  brillante  pha- 
lange d'artistes  formés  à  l'école  de  Rubens,  se  trouve  égale- 
ment représenté  dans  l'église  de  la  Chapelle  parunecomposi- 
lion  représentant  la  sainte  Vierge  etdes  anges  au  milieu  d'une 
guirlande  de  fleurs  et  de  fruits.  Ce  dernier  accessoire  est 
l'œuvre  du  jésuite  Daniel  Seghers,  le  premier  peintre  de 
Heurs  de  l'école  flamande.  L'on  sait  que  SchuI,  Rubens, 
Queilin  et  Van  Diepenbeek  prêtaient  souvent  1(mii- collabora- 
lion  à  ce  dei-nier  ai'liste  et  étolîaicnl  lour  à  lour  ses  tableaux 
de  pclilcs  scènes  ou  de  liiiiirincs  appropriées  à  l'ari'ange- 
incnt  !i:(''ii('ral  de  sos  tiiiirlandcs.  L<^  lablciiu  (pii  iKitm  (ir'('up(! 


—    lîM    — 

esl.  rcmai'(|ual)l(;  cl  se  distingue  par  uiio  gran(l(^  vigueur  de 
coloraliou,  une  parfaite  harmonie  de  Ions  et  surtout  par  une 
extrême  délicatesse  de  touche,  qui  nous  prouve  rpie,  tout  en 
brossant  largement  la  grande  peinture,  Corneille  Schul  sa- 
vait aussi  imprimer  un  iin'milahle  lini  à  ses  sujets  de  petite 
dimension. 

Abordons  maintenant  l'étude  du  riche  contingent  pictural 
d'denri  De  Clerck.  Cet  artiste  distingué  comptait  autrefois 
dans  l'église  de  Notre-Dame  de  la  Chapelle  sept  de  ses  pro- 
ductions les  plus  remarquables;  nous  n'en  comi)lons  )>lus 
que  tpiatro  aujourd'hui.  L'une  d'elles,  servant  de  retable 
d'autel  dans  la  deu.xième  chapelle  latérale  du  côté  de  l'épitre, 
est  un  triptyque  représentant  certains  épisodes  du  martyre 
de  saint  Chrysante  et  de  son  épouse  sainte  Darie.  C'est  là 
une  œuvre  capitale  du  maître  bruxellois.  Celte  composition, 
échappée  par  bonheur  au  cataclysme  de  la  fin  du  siècle  (I(M'- 
nier,  fut  exécutée  aux  frais  de  la  corporation  des  tanneurs  et 
cordonniers,  autrefois  très-puissante  à  Bruxelles  et  dont  la 
plupart  des  membres  habitaient  alors  la  paroisse;  de  là  la 
dénomination  de  rue  des  Tanneurs  attribuée  à  l'une  de  ses 
voies  principales.  Cette  association  reconnaissait  également 
et  même  plus  communément  comme  patrons  sainis  Crépin 
et  Crépinien.  Cette  circonstance  explique  dans  une  certaine 
mesure  l'erreur  dans  laquelle  ont  versé  tous  les  écrivains 
sans  exception  qui  se  sont  occupé  du  triptyque  d'Henri  De 
Clerc(|.  Copiant  servilement  les  assertions  de  Dccamps  et  île 
Mensaert,  ils  ont  vu  dans  les  différentes  scènes  retracées 
des  épisodes  se  rattachant  à  la  vie  de  ces  deux  derniers 
saints.  Un  examen  quelque  peu  attentif  du  sujet  aurait  dû 
cependant  les  convaincre  que  les  deux  personnages  princi- 


—  492  — 

paux,  représentés  jusque  cinq  fois,  n'appartenant  pas  au 
même  sexe,  ne  pouvaient  en  aucune  manière  être  confondus 
avec  ces  saints  martyrs. 

Le  panneau  central  nous  montre  à  l'avant-plan  saint 
Chrysante  enveloppé  par  deux  exécuteurs  dans  une  ])eau 
de  bœuf,  pour  être  exposé  ainsi  aux  ardeurs  d'un  soleil 
brûlant,  pendant  qu'un  troisième  lui  attache  aux  pieds  les 
chaînes  qui,  d'après  la  légende,  se  rompirent  bientôt 
après  d'elles-mêmes  et  sans  le  moindre  effort.  Sa  sainte 
épouse  se  tient  près  de  lui  et  détourne  la  tète  pour  ne  point 
voir  cet  atroce  supplice.  Derrière  les  saints  et  leurs  bour- 
reaux l'on  voit  montés  sur  des  chevaux  le  préfet  Gelerinus 
et  son  tribun  Glaudius,  chargé  de  l'exécution  de  la  sentence. 
A  l'arrière-plan  se  découvre  la  statue  de  Jupiter,  abritée 
sous  un  édicule  ou  dais  ajouré,  dont  les  colonnes  à  chapiteaux 
d'ordre  corinthien  portent  sur  les  impostes  le  dôme  terminal. 
Le  volet  de  gauche  nous  représente  les  saints  martyrs  ga- 
rottés  et  conduits  au  supplice.  Dans  celui  de  droite,  nous  les 
voyons  lapidés  en  présence  de  leurs  persécuteurs.  Deux  anges 
tenant  la  couronne  et  la  palme  du  martyre  se  remarquent  à  la 
partie  supérieure  des  deux  volets,  dont  les  revers  nous  repré- 
sentent les  deux  saints  en  pied  et  de  grandeur  naturelle, 
avec  les  instruments  de  leur  supplice  et  les  insignes  de  leur 
triomphe. 

Ce  qui  frappe  au  premier  abord,  lorsque  l'on  examine 
cette  œuvre  de  De  Glerck,  c'est  la  recherche  de  la  perfection 
matérielle  des  formes  humaines,  du  mécanisme  des  muscles 
et  du  délicat  velouté  des  chairs.  Depuis  que  les  artistes 
chrétiens  eurent  substitué  à  cette  beauté  physique  In  hcnulé 
Miornlo.  c'csl-à-diro  In  beaulé  do  l'âme  rnvonnnnie  à  travers 


—  195  — 

la  pertoction  du  corps,  et  pcndaiil  ton!  lo  cours  du  moyen 
âge  les  figures  uucs  furent  généralement  proscrites  du 
domaine  de  l'art.  A  partir  du  xiv*  siècle  et  surtout  au  siècle 
suivant,  les  artistes,  répudiant  les  traditions  consacrées  par 
leurs  devanciers,  commencèrent  à  faire  revivre  l'étude  de 
la  perfection  plastique.  Michel-Ange,  dans  son  Jugement 
dernier,  contribua  puissamment  à  développer  l'engouemcnl 
pour  cette  réaction,  qui  trouva  des  adeptes  dans  tous  ceux 
qui  allèrent  demander  leurs  inspirations  aux  principes  de 
la  Renaissance  italienne.  Henri  De  Clerck  fut  de  ce  nombre 
et  ses  œuvres  révèlent  môme  sous  ce  rapport  une  tendance 
bien  prononcée  vers  l'exagération. 

A  propos  du  triptyque  qui  nous  occupe,  nous  ferons 
encore  observer  que,  dans  sa  composition,  l'artiste  a  plus  ou 
moins  sacrifié  l'unité  de  point  de  vue  et  la  clarté  du  sujet 
en  encombrant  ses  panneaux  de  personnages  et  d'acces- 
soires qui,  tout  en  se  rapportant  à  l'action  principale,  en  dé- 
tournent rattentix)n  du  spectateur.  Comme  expression,  les 
gestes,  les  attitudes  et  le  jeu  des  physionomies  des  person- 
nages accessoires  sont  justes  et  naturels  ;  la  brutalité  farouche 
des  bourreaux,  la  curiosité  barbare  des  spectateurs  et  l'im- 
pa.ssible  cruauté  des  juges  sont  très-bien  exprimées;  mais, 
chose  remarquable,  tandis  que  les  personnages  accessoires 
sont  complètement  dans  leur  rôle,  les  deux  saints  martyrs, 
qui  doivent  surtout  attirer  les  yeux  et  fixer  l'attention,  ne 
le  sont  pas  du  tout  et  éveillent  des  sentiments  tout  opposés 
à  ceux  qu'ils  devaient  éprouver.  L'artiste  s'est  exclusivement 
attaché  à  faire  ressortir  la  souffrance  physi((ue,  jointe  aux 
convulsions  de  l'agonie.  Les  sentiments  qu'il  aurait  dû  cher- 
cher à    faire   naiire    sont    des   sentiments   de   résianalion 


—  lui  — 

chrélienno,  de  paix  iiilérioiire  e(  d'yspirniion  vers  lo  ciol  ; 
nous  no  devrions  voir  de  la  souffj'ancc  que  ce  (lu'il  faut 
pour  reliausscr  ces  sentimenls  et  les  laire  mieux  ressortir. 
Le  rôle  de  l'homme  aurait  dû  s'effacer  en  partie  pour  faire 
place  à  celui  du  héros  (dii-élien. 

Nous  nous  sommes  f(uel(pi(!  j)Ou  arrêté  à  réiudc  du  trip- 
tyque d'Henri  De  Clerck,  à  cause  de  l'inlérèt  qu'il  présente 
tant  au  point  de  vue  artistique  qwi  sous  le  rapport  des  ten- 
dances do  l'artiste.  Les  mêmes  caractères  se  retrouvent 
encore  dans  un  autre  tableau  du  même  maître,  faisant  face 
au  précédent,  dans  la  chapelle  de  Sainto-.'\nne,  el  représen- 
tant la  Saint(;  Famille.  A  l'avant-plan  figurent  la  sainte  Vierge 
tenant  sur  le  genou  son  divin  Fils  et  sainte  Elisabeth  avec 
saint  Jean-Baptiste,  le  précurseur  qui  devait  annoncer  aux 
hommes  l'avènement  du  Sauveur  el  les  préparer  à  recevoir  sa 
doctrine.  Les  deux  saints  enfants  se  sentent  attirés  l'un  vers 
l'autre  et,  par  leurs  gestes  et  leurs  sourires  pleins  de  fi-an- 
chise  etde  candeur,  se  tt-moignenl  mutuellement  leur  amour. 
Leurs  mères  rayonnantes  de  joie  prennent  part  à  leurs 
innocents  ébats.  Derrière  la  mère  du  Sauveur  se  voient 
saint  Joseph,  sainte  Anne  et  saint  Joac.him;  derrière  sainte 
Elisabeth,  son  époux,  saint  Zacharie;  au  fond,  l'arbre  de  la 
science  du  bien  el  du  mal,  cachant  dans  son  feuillage  touffu 
le  fruit  qui  fut  l'instrument  de  la  déchéance  de  nos  premiers 
parents  et  donna  lieu  à  la  promesse  et  à  l'avènement  d'un 
Sauveur.  Cette  scène  est  complétée  par  la  présence  (lcd(Mix 
anges,  planant  à  la  partie  supérieure  du  tableau  et  tenant 
un  phylactère  avec  une  inscriiition  l'appelant  la  |»romesse 
d'un  i'éd(>m|ileur,  faite  par  Dieu  à  Adam  et  F,ve  après  leur 
(l(''snli(''issaiice.  Vu  troisième  ange  se  voit  à  gauche  au  pr(>- 


—  ii>:i  — 

iiiicr  |>lai!,  (t'iianl  (huis  les  mains  iin  |ilaloaii  chari:;c  de  Iriiils. 
CeUc  Iciidaiice,  assez  générale  |)aniii  les  arlislcs  du 
\vi"  siècle,  do  placer  en  avant  du  (ableau  des  personnages 
ou  des  (igures  (pii  n'onl  le  plus  souveni  rien  de  commun 
avec  la  scène,  mérilc  d"èlre  remanpiée.  Traités  oi'dinaire- 
ment  avec  le  plus  grand  soin,  ces  hors-il'œuvi-e  pris  isolé- 
ment ne  manquent  pas  d'intérêt  et  ont  le  mérite  d'allirer 
(!tdc  fixer  les  yeux  de  la  foule;  mais  étrangers  aux  impres- 
sions qu'ils  devraient  éveiller  dans  leur  esprit,  ils  ne  servent 
(pi'à  encombrer  l'action  et  à  partager  l'attention  qui  ne  se 
concentre  !)lus,  dès  lors,  dans  le  sujet  |)i'incipal.  Ce  lablean, 
comme  le  j)récédent,  par  l'éclat  et  la  richesse  de  son  coloris, 
peut  soutenir  avantageusement  la  comparaison  avec  tout 
ce  que  l'artiste  a  produit  de  plus  remarquable. 

Un  l'ait  assez  étrange,  c'est  cpie  l'église  de  Noire-Dame  de 
la  Chapelle  possédait  du  même  peintre  un  second  tableau 
représcnlant  le  même  sujet.  Encore  devons-nous  ajouler 
(ju'il  est  conçu  dans  les  mêmes  données  générales  et  (pie 
les  variantes  que  l'on  remarque  entre  eux  ne  portent  (pie 
sur  la  disposition  et  sur  des  détails  et  accessoires  secon- 
daires. Seulement  ce  dernier  est  un  triptyque  et  possède 
(les  dimensions  triples  de  celui  que  nous  venons  d'analyser. 
Il  mesure,  en  effet,  5'"05  en  hauteur  sur  Ô"'a0  de  largeur, 
en  y  comprenant  les  volets.  Placée  au  siècle  dernier  dans 
l'une  des  chapelles  latérales,  du  côté  de  l'évangile,  cette  pro- 
duction fut  l'une  de  celles  que  les  commissaires  français, 
peu  experts  du  reste  en  œuvres  d'ar!,  dédaignèrent  en  171l'i 
et  que  l'on  relégua  dans  les  (l(''p(.'»ls  établis  nolamment  à  la 
ChaMibie  des  Comptes  et  dans  les  locaux  de  l'Orangeiie  de 
la  Cour,   )H)ur  être  ensuite  utilisées  à  la   formation  d'une 


—    1<.)6  — 

galerie  spéciale.  Elle  resta  donc  la  |)ropriété  de  l'Étal  et 
constitue  aujourd'hui  l'un  des  plus  beaux  ornements  du 
Musée  royal  de  peinture.  Le  panneau  central  nous  représente 
la  sainte  Vierge  avec  l'Enfant  Jésus  et  sainte  Elisabeth 
avec  saint  Jean-Baptiste  ayant  à  ses  pieds  l'Agneau  sym- 
bolique, sous  lequel  il  désigna  plus  tard  le  Sauveur  du 
inonde.  Le  saint  précurseur,  étendant  ses  bras  pour  attirer 
à  lui  lo  divin  Enfant  debout  près  de  sa  sainte  mère,  échange 
avec  lui  des  sourires  témoignant  la  joie  qu'ils  éprouvent  de 
se  trouver  réunis.  Leurs  mères  partagent  leur  bonheur.  Il 
y  a  dans  l'expression  de  ces  physionomies  une  grâce  et  une 
naïveté  charmantes.  Derrière  sainte  Elisabeth  se  tient  son 
époux,  saint  Zacharie,  grand-prètre  de  la  race  sacerdotale 
d'Ahia.  Derrière  et  à  gauche  de  la  sainte  Vierge  se  trouvent 
saint  Joseph,  sainte  Anne  et  saint  Joachim.  A  la  droite  du 
panneau  l'on  voit  des  mères  avec  leurs  enfants  formant  un 
hors-d'œuvre  dont  nous  ne  saisissons  pas  très-bien  le  rap- 
j)ort  avec  le  sujet  principal.  Nous  ne  nous  expliquons  pas 
davantage  la  présence  des  deux  petits  amours  jouant  avec 
un  chien  et  figurés  à  l'avant-plan.  Au  fond  se  dresse  un 
immense  portique  à  trois  arcades,  au  travers  desquelles  on 
voit  se  dérouler  un  paysage  verdoyant,  éclairé  par  une  abon- 
dante lumière  et  animé  par  un  groupe  de  pasteurs  préposés 
à  la  garde  d'un  troupeau.  La  partie  supérieure  de  la  scène 
est  occupée  pai-  deux  anges  vêtus  d'une  large  tunique  et 
agitant  une  palme  et  une  couronne.  Les  sujets  représentés 
sur  les  volets  ne  présentent  aucun  rapport  avec  la  scène  du 
panneau  central  et  feraient  supposer  que  le  triptyque  aurait 
été  commandé  pai-  un  homme  de  loi  ou  par  une  corporation 
composée  de  personnes  chargées  de  rendre  la  justice,  si 


—    I!)7   — 

nous  ne  savions  qu'il  n'en  exislail  pas  de  ce  genre  à  celle 
époque.  Le  volet  droit  nous  retrace  le  jui,^ement  de  Salomon, 
qui  le  lit  surnommer  le  |)lus  sage  des  rois.  Le  second 
nous  montre  saint  Yves  repoussant  avec  indignation  les 
offres  des  plaideurs  cherchant  à  le  corrompre.  A  l'avant- 
plan  se  voit  une  mère  allaitant  un  enfant,  allégorie  de  la 
veuve  et  de  l'orphelin,  auquel  le  saint  olïicial  se  prépare 
à  rendre  justice.  Aux  pieds  de  la  sainte  Vierge,  dans  le  pan- 
neau principal,  on  découvre  la  signature  du  maitre  qui 
exécuta  cette  remarquable  composition.  Toutes  les  figures 
du  triptyque  sont  de  grandeur  naturelle.  C'est  là  une  œuvre 
importante,  d'un  jet  qui  trahit  une  extrême  habileté,  d'un 
dessin  souple,  plein  de  caractère  et  d'une  grande  vigueur  de 
coloris. 

Une  autre  production  du  même  artiste ,  représentant 
l'Adoration  des  Mages,  après  avoir  été  reléguée  dans  les 
greniers  de  l'ancienne  Cour  des  Comptes,  fut  restituée  à 
l'église  et  placée  dans  la  quatrième  chapelle  collatérale,  du 
côté  de  l'Évangile,  où  elle  se  voit  encore  de  nos  jours.  Ce 
tableau  sur  bois,  mesurant  "2  mètres  de  largeur  sur  POO  de 
hauteur,  fut  donné  à  l'église  de  la  Chapelle,  le  t25  janvier 
1665,  par  Marie-Anne  de  Gouy,  épouse  de  Frédéric  de  Rye. 
La  sainte  Vierge  tenant  l'Enfant  Jésus  devant  elle,  sur  le 
giron,  le  présente  à  l'adoration  d'un  mage  agenouillé  à 
l'avant-plan  et  levant  une  coupe  d'or,  artislement  ouvrée, 
constituant  son  offrande.  Il  est  accompagné  de  deux  jeunes 
pages,  debout  derrière  lui  et  chargés  des  insignes  de  sa 
dignité  royale.  Sur  le  mémo  plan  se  remarque  le  roi  éthio- 
pien, à  ligure  basanée,  |irésentant  à  son  tour  une  corne 
d'ivoire,  montée  en  or,  et  suivi  de  nombreux  personnages, 


—   lOH  — 

;iu  lv|»c  caracléi'isliijuo,  composant  sa  cour.  Au  socuiid  plan, 
saint  Jost!])h  ravi  du  spcclacle  qui  se  déroule  à  ses  yeux  et 
le  (roisièmc  roi  muni  égalemenl  d'une  coupe  gracieusement 
découpée.  La  suite  de  ce  dernier,  composée  de  plusieurs 
personnages,  de  chevaux  et  de  chameaux,  se  découvre  sur 
une  hauteur,  devant  un  luxuriant  hosijuet,  La  scène  se 
passe  devant  une  pauvre  masure  en  chaume  cl  sous  un  im- 
mense portique  d'ordre  corinthien,  dont  les  arcades  ajou- 
rées laissent  entrevoir  au  loin  un  site  féerique  avec  castel 
à  donjons,  forêts  verdoyantes  cl  rochers  abrupts.  A  la  partie 
supérieure  se  remarque  l'éloile  miraculeuse,  qui  guida  les 
mages  pendant  le  trajet  et  s'arrêta  au-dessus  de  l'élahle 
où  na(juil  le  Sauveui-.  Ce  tableau  renferme  de  brillantes 
(pialités  qui  révèlent  l'artiste  passé  mailre  dans  l'art.  Le  jeu 
des  physionomies  et  les  attitudes  sont  rendus  avec  un  dis- 
cernement des  plus  heureux  et  un  attrait  charmant.  Les 
I ypes  de  la  sainte  Vierge  et  de  l'Enfant  Jésus  i-el1ètcnt  noiam- 
ment  une  pureté  de  galbe,  une  onction  et  une  beauté  morale, 
(pi(!  la  foi  et  l'inspiration  d'un  j)inceau  chrétien  peuvent 
seules  enfanter.  Les  vêtements  des  rois  mages  sont  d'une 
grande  richesse  el  largement  traités.  Le  fond,  d'une  tonalité 
iFès-claire  et  bien  tranchée,  imprime  à  l'ensemble  de  la 
comi)osiliun  un  caractère  des  i)lus  pittoresques.  Tout  cela 
est  bien  compris,  heureusement  ordonné,  bien  dessiné  et 
habilement  peint. 

Le  triptyque  placé  en  face  de  Tau  tel  que  surmonte  la 
slalu(;  de  Notre-Dame  de  Miséricorde,  dans  la  piemièrc 
chapelle  du  côté  de  l'épitre,  est  encore  un  remarquable 
spécimen  du  pinceau  magisli'al  d'JleniM  De  Clei'C(|.  Le 
panneau  central  nous  relrac(!  le  crucitieiiient   du  Sauveur. 


—   lî)0  — 

Le  Ghrisl  vioiit  do  rendre  l'esprit;  rci'uvi-e  de  la  l\cd(!iii|»- 
tion  est  consoinince;  la  sainte  Vierge,  debout  d'un  coté 
de  la  croix,  joint  les  mains  et  contemple,  oppressée  par  le 
poids  de  sa  douleur,  le  navpant  spectacle  qui  se  déroule 
sous  ses  yeux.  Saint  Jean,  le  disciple  bien-aimé,  lève  la  léle 
et  les  bras  vers  son  divin  maître  et  semble,  par  son  attitude, 
lui  adresser  un  dernier  hommage  d'amour  et  de  vénération. 
La  Madeleine,  les  larmes  aux  yeux  et  trahissant  dans  ses 
traits  une  indicible  émotion,  se  tient  au  pied  de  la  croix 
dans  une  prostration  complète.  Tout  dans  cette  composition 
provoque  un  profond  sentiment  de  commisération.  La  figure 
du  Sauveur  respire  une  grande  noblesse,  une  souffrance 
extrême  et  une  résignation  parfaite.  Celles  de  la  sainte  Vierge 
et  de  la  Madeleine  ne  sont  pas  moins  belles,  ni  moins 
expressives.  Cette  scène  parle  au  cœur  et  l'on  ne  peut  s'em- 
pêcher de  partager,  en  la  regardant,  les  émotions  di- 
verses qu'éprouvèrent  les  spectateurs  qui  en  furent  les 
témoins.  A  gauche  se  voit  le  centenier,  monté  sur  un  cheval, 
fuyant  en  toute  hâte  pour  se  soustraire  à  la  vengeance 
céleste  et  confessant  hautement  que  celui  qui  vient  de  mourir 
est  véritablement  le  fils  de  Dieu.  Au  fond  se  dessine  la  ville  de 
Jérusalem,  avec  son  temple  et  ses  nombreux  édifices.  Toute 
cette  nature  est  voilée  ;  le  soleil  obscurci  refusant  sa  lumière 
la  plonge  dans  une  pénombre.  L'artiste,  dans  les  autres 
toiles  que  nous  avons  analysées  jusqu'ici  se  pose  en  maitre 
habile,  mais  ici  il  s'est  surpassé  et  son  tableau  est  une  pièce 
capitale  de  son  œuvre.  Les  volets  nous  retracent  la  scène  de 
l'Annonciation.  A  gauche,  la  sainte  Vierge  assise  près  d'une 
table,  dans  l'attitude  de  l'oraison,  prête  l'oreille  aux  paroles 
que  lui  adresse  l'ange  Gabriel  figuré  sur  le  second  volet. 


—  l>00  — 

A  ses  i»ie(is,  k;  lys,  .syiiiholc  (1(3  sa  |iui'elc,  cl  dan.-,  le  IiukI 
une  clumibredo  inciibléc  cl  éclairée  par  une  rcnèlrc  à  résille 
(le  j)Ioinlj.  A  la  i)arlic  supérieure  des  deux  volelsse  reiiiai(pie 
un  groupe  d'anges  se  iivranl  à  de  joyeux  ébals. 

Comme  on  le  voil,  Henri  De  Glerccj  esl  encore  dignemenL 
représenlé  dans  l'église  de  Noire-Dame  de  la  Chapelle.  Le 
pcinlrcDescanips,  dans  son  Yoyncje  pilloresf/ve  de  la  Flandre 
cf.  du  Brabant,  nous  apprend  (pi'cn  l'année  47G9  il  existait 
encore  dans  le  même  édifice  une  autre  production  du  même 
artiste,  représenlanl  la  Résurrection  de  Noire-Seigneur. 
Ce  tableau  ne  se  trouvant  plus  menlioniié  depuis  celle 
époque  comme  faisant  partie  du  trésor  arlislirpie  de  l'église, 
nous  pouvons  conjecturer  avec  raison  ({u'i!  aura  subi  le  sort 
(le  la  ])lupart  des  œuvres  du  même  genre  provenant  des 
églises  et  des  couvents  supprimés,  et  aura  été  transporlé 
il  Paris  par  les  commissaires  français  «  chargés  de  faire  la 
recherche  des  peintures  et  sculptures  ».  Dans  l'impossibilité 
où  nous  nous  trouvons  de  juger  de  son  mérile,  il  ne  sera 
l>as  sans  intérêt  de  connaitre  l'apprécialion  (juenousen  a 
laissée  l'auteur  |)récité.  Elle  nous  montrera  le  mépris  rpic 
l'on  affectait  au  siècle  dernier  pour  les  anciennes  produc- 
tions arlistiques  des  xv''  et  xvi''  siècles.  «  Le  dessin  de  ce 
tableau,  dit-il,  esl  correct  el  la  couleur  assez  bonne;  mais  il 
v  règne  li'op  de  sécheresse,  défaut  des  |)re!!)iers  Icnips  de  la 
|ieinlure  à  riiuile.  »  C'est  là,  on  en  conviendra,  lénioigncr 
bien  jieu  de  respect  pour  les  œuvres  de  nos  anciens  mailres 
llamands  ;  aussi  l'expression  de  golhù/ue,  consacrée  à  celle 
épo(pu)  pour  (]ualincr  leurs  produclions,  avait-elle  dans 
li'ur  iiilciilioi)  la  même  sigiiilicalion  ipie  le  mol  barbare, 

McnsaeiL  coiilcmporain  de  Descamps,  signale  à  son  lour, 


—  1><)I  — 

{\in\s  SOI)  Peintre  amateur,  une;  scpliùiiiL!  coiiiikisiIkhi  du 
luriiii'  ;ii'lis({;  l)i'iiX(;llois,  (|ui  dolu  sa  ville  iialalc  d'iiii  iioinbrc 
coiisidérabk'  de  |»ruduclioiis  do  niérile.  Celle  u'uvre,  au  din; 
de  récrivain,  oniail  au  siècle  dernier  la  qualrièmc  cliapelle 
lalérale  du  côté  de  i'Iilvangiie ,  et  ropréscntail  le  Sauveur 
chargé  de  sa  cruix  s'acheniinaiil  vers  le  sommet  du  Calvaire. 
i\ous  n'avons  découvert  au  sujet  de  cette  com|tusitiuii  aucun 
document  de  nature  à  nous  renseigner  sur  le  sort  qu'elle  a 
su])ie.  Seulement,  comme  depuis  l'année  17G3  il  n'en  est 
plus  l'ait  mention  dans  la  nomenclature  des  œuvres  d'art 
conservées  dans  l'église  ou  dans  les  dépôts  de  l'État;  nous 
pouvons  encore  une  fois  conjecturer  (pi'ellc  aui-;i  partagé  les 
vicissitudes  du  tableau  |)récédenl. 

On  voit  de  nos  jours,  à  l'extrémité  septentrionale  du 
transept,  deux  toiles  représentant  saint  Ignace  et  saint  Fran- 
çois-Xavier. Ces  œuvres,  ducs  au  pinceau  dcGérardZegers, 
dont  elles  portent  la  signature,  décoraient  auti'el'ols  la  cha- 
pelle de  la  sainte  Vierge.  Par  leur  tendance  trop  prononcée 
vers  le  noir  et  les  oppositions  forcées  d'ombre  et  de  lumière 
(juc  l'on  y  remarque,  ces  compositions  révèlent  la  premièi'e 
manière  du  peintre  s'insi)irant  encore  des  productions  de 
Caravagc  et  de  Manfredi,  manière  (pi'il  abandonna  tiuelques 
années  après  son  retour  d'Italie,  j)our  se  rangci'sous  la  ban- 
nière de  Kubcns,  dont  il  devint  l'un  des  principaux  adeptes. 
La  noblesse  de  la  pose  des  saints  personnages,  ram])leur  de 
leurs  vêtements,  l'expression  des  figui'cs  cl  surtout  le  cachcl 
de  sainteté  qu'elles  reflèleru,  nous  permettent  de  classer 
ces  toiles  parmi  les  productions  remai-ipiables  de  cet  artiste, 
(j'ii,  par  la  supériorité  de  son  lalenl,  sut  con  piéi'irla  faveur 
du  cardinal  infant,  (pii  lui  oc!r.)ya  le  titre  pour  lors  l)ien 


—  202  — 

envié  de  peiiili'o  de  la  Cour.  Des  copies  de  ces  toiles  exis- 
lenl  dans  l'église  collégiale  de  Sainte-Gertrude,  à  Nivelles. 
Théodore  Van  Tluilden,  qui  dessina  les  arcs  de  Iriomphe 
élevés  par  Rubens  pour  l'entrée  du  cardinal  infant  à  Anvers, 
en  l'année  1655,  et  auquel  nous  devons  également  les  cartons 
des  verrières  de  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  la  Délivrance 
dans  la  collégiale  de  Sainte-Gudule,  se  trouve  représenté 
dans  l'église  de  la  Chapelle  par  un  tableau  représentant  un 
groupe  de  saints  et  de  saintes  intercédant  en  faveur  des 
âmes  du  purgatoire.  Cette  toile,  qui  décore  aujourd'hui  le 
chœur  de  la  sainte  Vierge,  où  il  sert  de  pendant  à  la  copie 
du  tableau  de  de  Crayer  représentant  saint  Charles-Borro- 
mée  distribuant  le  saint  Viatique  aux  pestiférés,  nous  offre 
un  spécimen  des  plus  curieux  des  tendances  de  l'artiste. 
Dans  l'intérieur  d'un  temple  terminé  en  abside  se  trouvent 
réunis  plusieurs  saints  personnages  qui  se  sont  le  plus  dis- 
tingués par  leur  dévotion  envers  les  âmes  souffrantes  ;  au 
milieu  de  l'avant-plan  se  voit  une  antre  d'où  s'échappent 
des  ilammes  ardentes,  torturant  une  multitude  de  malheu- 
reux qui  s'efforcent  de  s'y  soustraire.  A  gauche,  un  petit  ange 
avec  un  livre  contenant  l'arrêt  prononcé  contre  eux.  Au 
deuxième  plan,  derrière  lui,  deux  saints  que  rien  ne  carac- 
térise et  dont  l'un  agenouillé  lient  la  main  sur  la  poitrine  et 
les  yeux  lixemenl  élevés  vers  le  ciel.  Sur  la  même  ligne,  à 
droite,  deux  saintes,  dont  l'une,  dans  la  même  attitude  que  le 
j)récédenl,  étend  la  main  vers  l'abîme  de  feu  pour  en  arra- 
cher l'une  ou  l'autre  des  âmes  captives.  A  l'arrière-plan, 
deux  autres  saintes,  saint  Thomas-d'Aquin,  saint  Norbert, 
saint  Odillon  et  saint  Augustin,  caractérisés  par  le  costume 
de  Icuroidreou  les  insignes  de  leur  dignité  et  par  les  attri- 


—  2(»ô  — 

buis  qui  les  distinguent.  L'ensemble  de  cette  composition  est 
assez  beurcusement  ordonné.  La  tonalité  générale  en  est 
terne  et  sans  accent;  le  style,  comme  dans  un  grand  nombre 
(le  productions  de   l'artiste,   laisse  à  désirer  sous  plusieurs 
rapports  et  notamment  au   point  de  vue  des  règles  de  la 
perspective,  dont  il  no.  semble  guère  se  préoccuper  pour  les 
proportions  attribuées  aux  personnages    mis  en  scène  et 
distribués  sur  des  plans  différents.  Nous  ferons  ce])endant 
remarquer  le  saint  agenouillé  au  second  plan.  Cette  figure 
est  d'un  beau  jet,    largement  drapée  et   re.\pression   de 
recueillement  et  d'e.xtase  que  l'on  découvre  dans  ses  traits 
est  admirablement  comprise.  On  dirait  que  l'artiste  a  voulu 
pour  la  réaliser  mettre  en  jeu  les  ressources  de  son  pinceau 
et  les  puissances  de  son  àme.  Somme  toute,  cette  œuvre  de 
Tbéodore  Van  Tbulden  renferme  à  coté  de  certaines  jiarlies 
faibles  des  qualités  supérieures,  dignes  de  la  réputation  dont 
il  jouit  et  qu'il  mérite  à  juste  litre. 

Antoine  Sallaert,  dont  nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de 
parlera  propos  des  peintures  de  l'église  de  Notre-Dame,  au 
Sablon,  ne  pouvait  manquer  de  trouver  également  sa  place 
dans  le  sanctuaire  de  Notre-Dame  de  la  Chapelle.  Au  siècle 
dernier,  ce  sanctuaire  possédait  du  maître  bru.xellois  une  allé- 
gor;;'  i!c  la  passion  du  Sauveur,  aujourd'hui  consci"vée  au 
Musée  de  l'État.  A  l'avanl-pian  apparaît  l'Enfant  .Jésus  debout 
sur  une  draperie  soutenue  dans  les  nuées  par  deux  anges. 
Bénissant  de  la  main  droite,  il  porte  sur  l'épaule  gauche  les 
instruments  de  sa  passion.  Au-dessus,  dans  un  disipie  lumi- 
neux, se  dessine  le  monogramme  du  Sauveur  surmonté  de  la 
croix  et  projetant  des  rayons  dont  les  intervalles  sont  occupés 
pnr  sept  scènes  de  sa  vie  souffrante  :  à  droite,  la  Circoncision, 


—  20  i    - 

io  Jardin  don  Olives  cl  la  Flagollalion;  à  gauche,  le  Gouron- 
nement  (r(''|)inc.s,  la  voie  du  Calvaire  et  réreclion  de  la  Croix  ; 
à  la  partie  supérieure,  la  mort  du  Sauveur. 

La  figure  de  l'Enfant  Jésus,  avec  sa  chevelure  hlonde  et 
bouclée,  simplement  vêtu  de  l'indusium,  respire  une  onction 
suave  et  une  grâce  charmante.  Les  tètes  des  anges,  traitées 
avec  moins  de  soin,  ne  présentent  pas  précisément  les  carac- 
tères de  beauté,  de  jeunesse  et  d'innocence  que  les  artistes 
s'attachent  toujours  à  leui'  imprimer;  mais  l'ensemble  de  la 
composition  est  heureuse;  la  facture  en  est  bonne  et  la  colo- 
ration puissante.  Barbier,  lieutenant  au  o*  régiment  de  hus- 
sards, et  Léger,  adjoint  aux  adjudants  généraux,  chargés 
par  un  décret  des  représentants  du  peuple  français,  en  date 
du  50  messidor  an  II,  «  de  faire  les  recherches  des  peintures 
et  sculptures  »,  firent  reléguer  ce  tableau  de  Sallaert  dans 
les  dépôts  établis  à  l'Orangerie  et  à  la  Cour  des  Comptes. 
N'ayant  pas  été  jugé  assez  important  pour  figurer  digne- 
ment au  Louvre,  il  resta  la  propriété  de  l'Etat  et  se  conserve 
aujourd'hui  au  Musée  royal  de  peinture,  qui  possède  encore 
du  même  artiste  d'autres  œuvres  retraçant  des  épisodes  de 
l'histoire  de  la  ville  de  Bruxelles,  qui  lui  donna  le  jour  et 
dont  il  se  plut  à  enrichir  les  édifices  en  les  dotant  d'un 
grand  nombre  de  ses  productions. 

Dans  la  chapelle  du  Saint-Sacrement  se  remarquent  cinq 
toiles  d'assez  grande  dimension,  repré.sentant  des  sites  pitto- 
resques, animés  de  scènes  empruntées  à  l'enfance  du  Sau- 
veur. Ces  toiles  rappellent  h  première  vue  celles  qui  ornent 
!<■  clia'ur  de  Notre-Dame  de  la  Délivrance,  dans  la  collégiale 
de  Sainhî-Cudule.  Elles  ont,  en  cffcl,  pour  auleurs  les 
mêmes  artistes.  Jac(|ues  d'Arlhois  en  exécuta  les  |)aysages, 


—  '2{Vi  — 

([iii  ('OiisliliimVnl  i^Ncliisivcmonl  son  icciiro,  o\  Luc.  Arcli- 
sclicllinu;  y  iiilrodtiisil  1rs  liiïuros.  Lfs  silcs  rrvùlciil  h 
sciciicf  pi-olbiitle  (l'un  ('()in|)osiloiii'  liahilc,  possédaiil  h: 
Inlnnl  (le  combiner  dans  nn  liarnionioux  ensemble  des  vues 
em|)runlées  à  (\oi^  localilV's  diverses,  mais  (ouïes  ins|)iives 
de  la  nalure  el  rendues  avec  un  grand  souci  de  la  vrrilr 
locale.  C'est  ainsi  que  l'on  voit  se  fondre  dans  le  même 
paysage  les  chemins  creux,  les  rochers  élancés  aux  formes 
al)rii|)les,  les  lacs,  les  ruisseaux  et  les  lleuves,  les  prairies 
verdoyantes,  les  forêts  d'ormeaux  et  i\e  chênes  séculaires, 
découpés  çù  el  là  i^ar  des  clairières,  des  ruines,  des  eastcls, 
des  tours  el  des  villages,  sedétachani  sur  un  horizon  à  jierle 
de  vue,  où  l'imagination  trouve  liltre  jeu  pour  créer  mille 
autres  merveilles.  Toute  celle  nalure  esl  d'une  coloration 
hrillanle  et  même  féerique,  remplie  d'air  et  de  lumière, 
et  les  Heurs  f[ui  l'émailhMil  la  rendi^nt  plus  luxuriante 
encore.  Ces  sites,  avec  leur  eicl  emprunté  à  nos  eontré(>s 
.septenlrior)ales,  s'accordent  parlailcmenl  avec  les  scènes 
dont  Gaspard  de  Crayer,  Gérard  Zegers,  David  Teniers  et 
Pierre  Bout,  tous  collaborateurs  du  mailre  bruxellois,  ani- 
maient ses  compositions,  mais  ne  sauraient  convenir  aux 
épisodes  que  son  concitoyen  Archschelling  avait  coutume 
d'y  représenter;  ce  genre  de  sujets,  pour  rester  dans  leur 
milieu  historique,  réclame,  en  effet,  le  ciel  pur  et 
azuré  des  j)ays  méridionaux  où  ils  se  produisirent  et  jurent 
en  se  trouvant  représentés  dans  une  nalure  luxuriante, 
il  est  vrai,  mais  peu  conforme  à  la  vi-rité  locale.  Mais 
c'était  là  des  détails  dont  on  ne  se  souciait  guère  à  cetl(î 
é|>0(pie,  el,  somme  toute,  nous  préférons  de  loin  ces  repré- 
senlalions    naïves    et    pleines   de   charmes   aux    paysages 


—  206  — 

stylistes  dont  nous  dotèrent  les  artistes  des  siècles  suivants. 

A  propos  du  tableau  de  Rubens  retraçant  le  martyre  de 
saint  Laurent,  nous  avons  eu  l'occasion  de  parler  d'une  toile 
de  Victor-Honoré  Janssens  reproduisant  le  même  sujet. 
Une  autre  œuvre  de  cet  artiste  distingué  orne  encore  au- 
jourd'hui la  troisième  chapelle  collatérale  du  côté  de  l'évan- 
gile. Cette  toile,  représentant  Notre-Seigneur  mort  sur  les 
genoux  de  sa  sainte  Mère,  n'est  guère  remarquable.  Les 
personnages  de  la  scène  sont  bien  groupés,  mais  la  trivialité 
des  poses  du  Christ  et  de  saint  Jean,  ainsi  que  la  coloration 
heurtée  qui  frappe  désagréablement  la  vue,  enlèvent  à  cette 
composition  une  grande  partie  de  son  mérite. 

En  l'année  1658,  après  l'érection  de  la  chapelle  de  sainte 
Dorothée  sur  l'emplacement  du  chœur  actuel  de  la  sainte 
Vierge,  les  membres  de  la  confrérie  érigée  en  l'honneur  de 
cette  sainte  y  firent  construire  un  autel  avec  retable.  Le 
curé  et  les  «  marglisseurs  »,  s'étant  engagés  de  leur  côté  à 
fournir  le  tableau  qui  devait  le  compléter,  en  firent  l'acqui- 
sition au  sieur  Guillaume  Geerls,  au  prix  de  100  patacons, 
outre  le  droit  de  sépulture  dans  l'église  pour  lui  et  les 
membres  de  sa  famille.  En  vertu  d'une  ordonnance  de 
l'année  1644-,  le  patacon  valait  pour  lors  2  florins  8  deniers, 
soit  on  somme  au  delà  de  400  francs.  Ce  tableau  avait  pour 
auteur  J.  Van  Daelen  et  représentait  la  sainte  patronne 
de  la  confrérie.  Nous  ne  savons  ce  que  cette  toile  est 
devenue  ;  elle  doit  avoir  été  vendue  en  18(30,  lorsque,  sous 
prétexte  d'encombrement,  la  fabrique  aliéna  un  certain 
nombre  de  ses  œuvres  d'art  :  tableaux,  sculptures,  pierres 
lumulaires,  boiseries  et  objets  mobiliers  hors  d'usage.  Nous 
n'uroliixis  (ranlaiil  plus  vivement  sa  perle  que  nous  ne  pos- 


—  207  — 

sédons  que  très-peu  de  produclions  de  cet  artiste.  Descamps, 
en  la  signalant  dans  son  ouvrage,  la  dit  «  composée  avec 
génie.  » 

Pas  plus  que  les  autres  édifices,  l'église  de  iN'otre-Damo 
de  la  Chapelle  ne  put  se  soustraire  au.v  effets  de  la  réaction 
qui  se  produisit  au  wif  siècle  dans  les  idées  artistiques.  Les 
derniers  vestiges  de  l'art  ogival  disparurent  à  celte  époque 
et  l'engouement  pour  les  formes  greco-romaincs  se  fit  sentir 
jusque  dans  les  moindres  objets  du  culte.  Les  anciens  autels 
notamment  furent  généralement  proscrits  et  remplacés  par 
des  retables  de  dimensions  démesurées.  Nous  venons  de  ren- 
contrer l'application  de  cette  tendance  dans  le  nouvel  autel 
érigé  par  les  membres  de  la  confrérie  de  sainte  Dorothée; 
celui  de  la  chapelle  de  la  Sainte-Croix  subit  la  même 
iniluence.  En  l'année  1651,  on  lui  substitua  un  retable 
en  marbre,  atteignant  la  voûte,  et  dont  les  frais  s'élevèrent 
à  1048  florins.  Le  tableau  dont  on  l'orna  avait  élé 
exécuté  par  Egide  De  Hondt  et  représentait  la  Rédemp- 
tion des  captifs.  Cette  composition  sur  bois,  reléguée 
au  commencement  de  ce  siècle  dans  l'antichambre  de 
la  sacristie,  fut  complètement  détruite  lors  de  l'incendie  qui, 
par  l'imprudence  des  acolytes,  éclata  dans  celle  partie  de 
l'église  le  29  mai  185G,  jour  de  la  fête  de  la  Sainte-Trinité, 
peu  de  temps  après  la  rentrée  de  la  procession. 

Les  archives  de  l'église  nous  apprennent  qu'il  existait,  h 
la  fin  du  dernier  siècle,  dans  le  transept,  deux  tableaux  de 
Charles  Wauters,  artiste  peintre  natif  de  Boom.  Bos.schaert, 
l'un  des  principaux  organisateurs  de  notre  Musée  royal  de 
peinture,  dans  son  inventaire  des  lableaux  et  autres  objets 
d'art  consignés  dans  les  anciens  dépôts,  n'en  signale  qu'un 


—  208  — 

seul  sous  In  rubi'iquc  :  «Tableau avec iMoïso,  David,  Klie,  par 
Charles  Waulhicr,  «  Celle  œuvre,  resliluée  depuis  ù  l'église, 
fui  vendue  en  1800,  à  la  Grand'Plaee,  en  verlu  d'une  aulo- 
l'isation  oclroy{'e  par  arrrh'  royal  du  ."0  janvier  de  la  même 
année. 

L'invcnlaii'e  de  Ijosscliani,  donl  nous  venons  de  pai'ltM', 
UKMilionne  encore,  (;omm(^  provenant  de  l'égiise  de  la  Cha- 
pelle, un  tableau  deVerschoolen,  rejM'ésenlanl  l'Éducation  de 
la  sainte  Vierge,  Nous  ne  possédons  aucune  autre  indication 
au  sujet  de  cette  toile. 

Nous  ne  sommes  pas  mieux  renseigné  à  propos  d'un 
tableau  d'aulel  peiiil  par  Bernard  et  rcprésenlanl  Nôtre- 
Seigneur  au  Jardin  des  Olives.  Cette  composition,  au  din» 
de  Mensaert  et  de  Descanips,  ornait  à  la  fin  du  siècle  dernier 
la  troisième  cliapelle  dans  le  collatéral  du  côté  de  l'Evangile. 

Dans  la  première  chapelle  du  même  ccMé  se  voit  encore 
aujourd'hui  une  toile  de  Volders,  représentant  sainte  Ay(^ 
en  prière  devant  la  Sainte -Trinitf'.  Ce  tableau  est  bien 
conçu  et  l'ordonnance  en  est  assez  heureuse,  mais  le  type 
de  la  sainte  est  vulgaire  et  la  coloration  de  l'ensemble 
fada.sse  et  sans  accent. 

On  a  ii(Mi  de  s'étonner  de  la  jM'és(Mice  dans  l'église  de  la 
Cli.'ipellc  d'une  des  compositions  de  Jean  Jouvenet,  ai'lislc 
né  à  Rouen  en  lGi4  et  mort  à  Paris  en  1717.  Cette  œuvre, 
de  très-grandes  dimensions  et  représentant  la  Pèche  Mira- 
culeuse, fit  partie  du  lot  (l(''Volu  à  la  vilk  de  Bruxelles 
Comme  d(;dommagement,  lors  du  partage  d'une  partie  des 
ciMivres  (l'art  transpoi'li'cs  à  Paris  |)ar  les  comnn'ssaires 
ré|)ublicains.  La  Commission  du  musée  de  peinture  la  confia 
depuis  :i  r(''glise,  à  titre  d(>  dt'pôl.  A  l'.'irrière-plan,  devant 


un  naviro  amarré,  donl  los  agrès  laissonl  onlrovoir  le  lac 
do  Genrsai'olh,  ou  mer  (1(3  Tiheriade,  lo  Sauvcui',  onlour(!  do 
SCS  ap()lros  Pierre,  André,  .lacfjues  cl.  Jean,  lève  les  bras 
vers  l(>  ciel  el  icur  annonce  ([u'il  h^s  convcrlira  en  |tùclienrs 
d'li()mrn(\s.  Une  grande  animalion  règne  à  droilo  el  à  gauclic 
de  la  scène;  landisquc  les  uns  s'efforcent  pénihiemeni  d'at- 
tirer à  la  rive  les  barques  surchargées  de  poissons  et  prêtes 
à  couler,  d'autres  en  opèrent  le  débarquement  el  viennent 
déposer  leur  chargement  devant  un  groupe  do  femmes 
placées  à  l'avant-plnn.  La  composition  générale  est  bien 
ordonnée,  mais  il  y  règne  une  certaine  confusion  produite 
par  l'encombrement  de  personnages  et  d'accessoires  et  par 
l'importance  attribuée  à  chacun  d'eux,  ce  qni  partage  l'at- 
tention au  d(''triment  de  l'action  ))rincipa!c.  Les  expressions 
des  figures  sont  belles  et  les  attitudes  justes  et  naturelles; 
le  Sauveur  et  les  apôtres  notamment  sont  rendus  avec  beau- 
coup de  noblesse,  une  grande  vérité  et  une  correction  de 
stvie  irréprochable;  quant  au  modelé,  il  se  ressent  des  tra- 
ditions de  l'école  bolonaise,  dont  l'artiste  s'inspirait  dans 
l'exécution  de  ses  œuvres,  et  qui  exj)li(pient  sa  tendance 
à  sacrin(M'  la  vérité  et  l'Iiarmonie  de  l'ensemble  à  la  vivacité 
et  à  {'(îclat  des  couleurs. 

La  sacristie  construite  en  l'année  10^4,  derrière  la  cba- 
pelle  de  la  Sainte-Croix,  fut  considérablement  agrandie,  en 
I7-S2,  par  l'adjonction  d'une  nouvelle  salle  emi)rise  sur  le 
terrain  du  cimetière.  Cette  sall<^  fut  dè'corée  la  même  année 
d(^  boiseries  el  de  peintures  remarquables.  Ces  dernières, 
comprenant  la  voûte,  trois  grands  panneaux  el  toute  la  j^artie 
purement  décorative,  furent  exécutées  par  Sevin.  La  voûte 
nous  offre  en  raccourci  une  large  galerie  à  balustres  toscans, 


—  210  — 

découpée  par  des  cartels  soutenus  par  des  anges  et  sur 
lesquels  se  détachent  les  figures  des  quatre  évangélistes. 
Celte  partie,  complétée  par  la  dernière  scène  et  trois  autres 
épisodes  relatifs  à  l'institution  de  la  sainte  Eucharistie,  en- 
ferme au  milieu  le  triangle  symbolique  de  la  Sainte-Trinité, 
projetant  tout  autour  ses  rayons  lumineux.  Deux  des  pan- 
neaux inférieurs  ne  nous  offrent  que  des  symboles  eucha- 
ristiques, entourés  d'esprits  célestes;  les  trois  autres  nous 
représentent  l'agrégation  d'un  noble  personnage  et  de  son 
épouse  à  l'ordre  de  Saint-François  d'Assise,  le  Sauveur  et 
la  Samaritaine  près  du  puit  de  Jacob  et  l'éducation  de  la 
sainle  Vierge.  Tout  cela  forme  un  ensemble  d'une  grande 
richesse  décorative  et  révèle  le  pinceau  d'un  artiste  exercé 
dans  la  peinture  d'ornement. 

Sevin  fut  encore  chargé  d'exécuter  à  fresque  sur  le  grand 
panneau  donnant  sur  la  nef  principale  un  Jugement  dernier, 
rappelant  la  célèbre  fresque  de  la  Sixtine.  Ce  travail  ne  se 
réalisa  pas  pour  des  motifs  qui  nous  sont  inconnus. 

Avant  d'aborder  l'analyse  du  riche  contingent  de  Jean 
Van  Eycken,  nous  mentionnerons  encore  une  série  de 
tableaux  dont  nos  recherches  ne  nous  ont  point  permis 
d'établir  la  paternité  et  que  nous  reléguerons,  en  consé- 
quence, parmi  les  œuvres  anonymes. 

Les  annales  rapportent  que  Jean  Willems,  également  dé- 
signé sous  la  dénomination  de  Guillaume  van  Evere,  admi- 
nistrateur et  chapelain  de  l'église,  fut  inhumé,  le  15  décembre 
1569,  dans  la  partie  du  cimetière  appelé  Gelhsemani, 
sous  une  peitiliire  représentant  la  dernière  «cène,  que  l'on 
plaça,  en  l'année  4755,  au-dessous  de  la  lenèlre  éclaira  ni  la 
(•lin|i('IIe  do  I;i  Sainle-firoix. 


—  :2M  — 

Les  luèiiics  annales  nous  a|)j)reiineiil  encore  (|ue  Jaeques 
De  Leeuw,  eonlesseiir  el  eliaritre  tic  l'église,  fui  inluimé, 
le  12  novembre  1G74,  dans  la  chapelle  de  Saint-Jacques, 
sous  un  nuKjnifique  tableau,  représentant  la  sainle  Vierge, 
(ju'il  légua  à  l'église  pour  orner  sa  sépulture. 

Quatre  toiles  relatives  à  l'histoire  du  saint  Sacrement  de 
Miracle,  qui  décoraient  encore  à  la  lin  du  siècle  dernier 
l'église  de  la  Chapelle,  partagèrent  le  sort  du  Crucifiement, 
de  Gaspard  de  Crayer,  que  nous  avons  analysé  plus  haut, 
el  furent  données  à  l'église  de  Buysingen,  lors  du  triage  des 
œuvres  d'art  composant  le  dépôt.  Nous  savons  qu'elles 
furent  exécutées  à  l'occasion  du  jubilé  de  1670,  et  que  les 
peintres  chargés  de  la  partie  picturale  des  arcs  de  triomphe 
élevés  en  cette  circonstance  furent  Gaspard  de  Crayer, 
Bernard  Van  Orley,  Jean  Vanderheyden,  Henri  Van  Hel- 
mont,  Gaspard  Bouttals  et  François  Duchastel  ;  seulement 
nous  ne  savons  pas  d'une  manière  précise  et  positive  aux- 
quels de  ces  artistes  doivent  être  attribués  respectivement 
ces  divers  tableaux. 

Dans  la  sixième  chapelle,  du  côté  de  l'épître,  se  voit  encore 
un  Ecce  flomo,  très-grande  composition  de  l'école  deVenise, 
dont  les  maîtres,  à  l'exemple  du  Titien,  surent  attribuer  au 
coloris  une  grande  vérité,  une  harmonie  parfaite,  uii  fondu 
de  teintes  remarquables  el  un  éclat  vigoureux,  que  leur 
emprunta  Bubens.  Cette  œuvre,  qui  nous  i-appelle  Paul 
Véronèse  et  Gapagio,  n'offre  cependant  rien  de  transcendant 
comme  mérite  réel. 

La  chapelle  suivante,  près  du  granil  portail,  est  ornée 
d'un  Saint-Sébastien  soigné  par  des  anges,  tableau  mal 
modelé  et  sans  valeur. 


—  "II"!  — 

l'ariiii  les  œuvres  anonymes,  nous  citerons  encore  ia 
Circoncision  du  Sauveur,  la  Purificalion  delà  minie  Vier(je, 
compositions  méLliocrcs,  et  une  Descente  de  Croix,  donl  le 
cachet  archaïque  constitue  le  seul  mérite. 

Nous  ne  mentionnerons  que  pour  mémoire  les  'Jeux 
apùlres  Pierre  et  Paul,  peints  en  grisaille  cL  relégués  dans 
la  sacristie,  ainsi  qu'un  Saint-Joseph  avec  l'Enfant  Jésus, 
fortement  délérioi-é  et  conservé  au  baptistère,  et  nous  termi- 
nerons la  série  des  œuvres  anonymes  en  citant  encore  quatre 
tableaux  aliénés  par  la  fabrique  en  1800  et  non  renseignés 
ju.stju'ici.  Ces  tableaux  représentaient  :  un  Episode  de  la  vie 
de  saint  Hyacinthe,  une  Immaculée  Conception,  une  Scène 
de  la  vie  de  saint  Charles-Borromée  et  une  offrande  faite  à 
ia  sainte  Vierge. 

Un  manuscrit  de  la  bibliothèque  Goclhals,  où  se  trouvent 
relevées  les  inscriptions  des  épitai)hes  de  l'église  de  la 
Chapelle,  mentionne  encore  l'existence  au  siècle  dernier  de 
plusieurs  tableaux  votifs.  Le  premier,  ornant  l'autel  de 
Notre-Dame  des  Sept-Douleurs,  rBi)résentail  Notrc-Seigneur 
sur  les  genoux  de  la  sainte  Vierge.  Le  deuxième,  donné 
en  1771  pai-  Jean  Charles-Joseph  Van  der  Borcht  (i  suj"- 
montanl,  dans  la  chapelle  de  Saint-Jactpies,  la  tombe  de  ses 
parents,  représentait  la  sainte  Vierge  entre  deux  religieux 
agenouillés.  Contre  le  mur  de  la  chapelle  de  Saint-Jacques 
s(;  voyait  encore  un  tableau  :  la  sainte  Vierge  et  l'Enfant 
Jésus,  donné  par  Jacques  de  Leeuw,  chapelain  de  l'église, 
décédé  le  10  novembi'c  1074.  Dans  la  chapelle  se  trouvait 
une  Adoration  des  Mages;  sous  la  statue  de  Saiiit-Jjicipies 
le 'mineur,  une  Descente  de  Cro/.i;  dans  la  chapelle  de  la 
Sainte-Vierge,  et  à  côté  de  la  statue  de  Saint-Mathias,  la 


saillie  VicrijC  ci  ri-Jnlaiil  Jésus,  cl,  ciiliii,  siti'  li'  cimclièiT' 
alliMKiiil  à  l'ctiliso,  imo  graiulo  loilo  reprûsciilaiil  le  Sauveur 
sur  la  croix. 

Nous  lûservcroiis  |)uui'  un  arliclc  s|HM;ial  I '('liidc  di's  |m'ii)- 
lures  murales  exécutées  dans  régiisc  de  la  Chapelle  pai- 
Jean  Van  Eycken,  cl  nous  ii'exaniiiierons  ici  (jue  la  remar- 
quable série  de  tableaux  que  ce  sancluaire,  privilégié  enirc 
tous,  possède  de  réuiinenl  artiste. 

Jean  Van  Eycken  naquit  à  Bruxelles,  le  10  scpicndire 
1801),  et  mourut  dans,  sa  ville  natale,  le  il»  (l('ceml)re 
185Ô.  Prolésseur  de  l'Académie  des  Bcaux-Arls,  il  .se 
rendit  à  Rome  en  1839,  pour  y  étudier  les  œuvres  des 
anciens  maîtres  do  l'école  italienne.  Les  études  auxquelh.'s 
il  s'y  livi'a  n'cxerccj'cnt  sur  sa  tendance  ([u'une  inlluencc 
très-l'aible.  Nature  quelque  |)eu  allemande,  poétitjue  et 
rêveuse,  il  prolessa  toujours  tm  engouement  marqué  pour 
les  principes  de  Cornélius,  de  Kaulbach  et  d'Overbcek,  et 
le  tableau  intitulé  la  Clémence  divine,  qu'il  exécuta  en  1840, 
à  son  retour  de  la  ville  éternelle,  révèle  à  première  vue 
tous  les  caractères  de  l'école  geiananique.  Cette  œuvre,  (|ui, 
comme  toutes  les  productions  du  maitre,  se  dislingue  sur- 
tout par  le  sentiment,  obtint  la  médaille  d'or  à  l'Exposition 
de  l'aris  et  produisit  une  vive  sensalion  en  Allemagne.  Ces 
succès  déterminèrent  l'artiste  à  poursuivre  résolument  dans 
la  voie  (ju'il  s'était  tracée  pour  ri'générer  la  peinture  ivli- 
gicuse  en  Belgique,  el  la  l'cmarcjuable  Descente  de  Croix, 
qu'il  réalisa  peu  de  tenqis  après,  vint  confirmer  définitive- 
ment la  haute  réputation  dont  il  jouissait  à  bon  droit. 

Dans  ces  cii'constances,il  se  trouva  un  homme  qui  conquit 
l'artiste,  la  |!ortée  de  son  eslhélitp.ie    el  le  concoui'S  (|u"il 


—  i>14  — 

pouvait  en  espérer  pour  renibellissenient  de  l'église,  donl 
il  poursuivait  depuis  longtemps  la  réalisation  avee  un  zèle 
des  plus  louables.  Ce  fut  le  regretté  curé  Willaert.  Ce  véné- 
rable ecclésiastique,  qui  avait  visité  l'Italie  en  compagnie 
du  célèbre  sculpteur  Sturm  et  y  avait  puisé  un  goût  pro- 
noncé pour  les  arts,  rêva  de  couvrir  toute  son  église  de 
compositions  pieuses,  dont  le  pinceau  mélancolique  et  chré- 
tien de  Van  Eycken  aurait  fait  tous  les  frais.  Dès  l'année 
1841,  il  lui  commanda  deux  toiles  de  grande  dimension, 
qu'il  paya  de  ses  deniers,  à  raison  de  4,000  francs  chacune. 
Selon  l'intention  de  ce  Mécène  des  arts,  ces  œuvres  devaient, 
à  certaines  époques  fixées,  alterner  sur  le  maître-autel  avec 
la  copie  du  tableau  de  Rubens  représentant  l'Assomption 
de  la  sainte  Vierge.  Ces  substitutions  de  tableaux  eurent  lieu 
pendant  plusieurs  années;  mais  on  ne  tarda  pas  à  y  renoncer, 
parce  que  les  toiles  devant  se  rouler  sur  un  cylindre,  se  dé- 
térioraient visiblement  à  chacune  de  ces  opérations.  Elles 
furent  depuis  encadrées  et  placées  dans  le  transept,  où  on 
les  admire  encore  de  nos  jours. 

La  première  de  ces  compositions  retrace  le  rachat  des 
captifs  par  les  Frères  Trinitaires.  La  scène  se  passe  au  fond 
d'une  prison  souterraine,  ajourée  et  éclairée  par  le  haut. 
A  l'avant-plan,  des  religieux  de  l'ordre  de  la  Sainte-Trinité 
brisent  les  liens  qui  retiennent  des  prisonniers  enchaînés 
à  un  pilier  massif;  à  gauche,  au  deuxième  plan,  plusieurs 
autres  captifs  et  un  trinitaire  payant  la  rançon  exigée  pour  la 
délivrance  des  malheureux  ;  un  ange  envoyé  du  Ciel  et  ))or- 
tant  le  scapulaire,  insigne  de  la  communauté,  plane  au-dessus 
de  la  scène,  qui  est  com|)létée  par  la  présence  des  trois 
personnes  divines,  entourées  d'une  légion  d'esprits  célestes. 


—  i>15  — 

Telle  est  la  donnée  bien  simple  de  la  coniposilion  ;  mais  toiil 
dans  celle  œuvre  révèle  le  pinceau  d'un  ai-tiste  original  et 
habile.  La  mise  en  scène  est  heureuse;  chacun  des  person- 
nages est  bien  dans  son  rôle  et  concourt  à  Taire  saisir,  sans 
elTorl,  le  nœud  de  l'action;  les  physionomies  sont  nobles  et 
caractéristiques,  et  l'on  ne  peut  s'empêcher  d'admirer  surtout 
l'expression  du  captif  qui  se  présente  en  raccourci  à  l'avant- 
plan;  les  sentiments  d'amour  et  de  reconnaissance  qu'il 
éprouve  pour  ses  bicnlaiteurs  se  reflètent  dans  ses  traits 
avec  une  vérité  frappante.  C'est  de  la  peinture  ascétique, 
imprégnée  d'une  douce  poésie,  dont  on  ne  peut  se  défendre 
de  savourer  les  charmes. 

La  seconde  toile  de  Van  Eycken,  formant  le  digne  [len- 
dant  de  celle  que  nous  venons  d'analyser,  représente  saint 
Boniface  implorant  l'intercession  de  la  sainte  Vierge  en 
faveur  des  pestiférés.  A  gauche,  à  l'avant-plan,  se  voit  une 
malheureuse  victime  du  fléau,  couchée  sur  les  genoux  d'une 
religieuse  et  étreignanl  contre  le  cœur  son  jeune  enfant 
inconscient  encore  du  coup  terrible  qui  va  bientôt  le  frapper 
et  lui  enlever  son  unique  soutien  sur  la  (erre.  Une  souffrance 
extrême  se  lit  sur  les  traits  livides  et  glacés  de  la  malheu- 
reuse mère,  dont  les  yeux  éteints  et  dirigés  vers  le  ciel 
expriment  une  suprême  prière  à  la  clémence  divine.  A 
droite,  un  jeune  homme,  en  proie  à  la  plus  vive  agitation 
et  défaillant  dans  les  bras  de  sa  mère,  fait  des  efforts  sur- 
humains pour  se  dresser  debout  et  implorer  du  ciel  la 
guérison  du  mal  intolérable  qui  le  torture  sans  pitié.  Au 
second  |)ian,  une  autre  mère  appuyée  contre  un  autel  by- 
zantin et  portant  son  enfant  sur  les  bras  lève  à  son  tour  ses 
yeux  en  larmes  vers  le  ciel,  où  apparaissent,  au  milieu  d'une 


—  ^jk;  — 

(•lailù  L'hluuis^îuilc,  sailli  Jioiiifacc  rcvi-di  de  ses  ornrmciils 
L'|)isco|);uix  cl  la  saiiilc  Vierge  avec  l'Enfanl  Jésus  porlés  sur 
(les  nuages  et  environnés  de  la  milice  célcsle.  Ici  encore 
Jean  Van  Eycken  se  révèle  avec  toutes  les  qualités  qui  le 
distinguent.  Cette  composition  produit  dans  l'àme  une  im- 
j)ression  de  tristesse,  dont  on  ne  jieut  se  défendre.  La 
pensée  y  est  jirofonde,  la  conception  élevée,  le  sentiment 
draniatique.  Que  de  difficultés  vaincues  dans  cette  mère 
subissant  les  éti-eintes  de  l'agonie  !  La  grandeur  et  la  justesse 
de  caractère,  que  l'artiste  sut  toujours  attribuer  à  ses  per- 
sonna2;cs,  sont  portées  ici  à  un  bieii  iiaul  degré.  Celte 
ligure  fait  rêver,  et  nous  doutons  fort  qu'il  soit  possible  de 
pousser  |)lus  loin  l'expression  du  sentiment  sans  tomber 
dans  l'exagération,  qui  est  l'écueil  le  j)lus  à  craindre  dans 
ces  sortes  de  sujets. 

L'église  de  Notre-Dame  de  la  Chapelle  lut  la  jticmiéi'e 
dans  laquelle  on  ait  substitué  aux  mauvaises  gravures  re- 
pi'ésentant  le  Cbemin  de  la  Croix  des  tableaux  de  grande 
dimension  rappelant  les  différentes  phases  de  la  Passion. 
M.  Willaert,  à  qui  revient  encore  l'idée  et  la  gloire  de  cette 
innovation,  en  prit  rinitiative  le  1" janvier  1844  en  faisant 
|ieindre  à  ses  frais  jtar  Van  Eycken  la  première  station. 
Il  vit  bientôt  les  notables  de  la  |uiroisse  et  d'autres  |tersoniies 
suivre  son  exemple  et  prêter  leur  concoui's  à  la  l'éalisalion 
de  cette  grande  œuvre,  la  |)lus  importante  (pn' ,  depuis 
Rubens,  ait  été  conliée  à  un  même  artiste.  Michel- Ange 
orna  la  chapelle  Sixiine;  Uapliaél  i)eignit  les  loges  du 
Vatican  ;  le  Tinloret  oiiia  la  galerie  de  .Saint-Roch,  à  Venise  ; 
Le  Sueur  retraça  la  vie  de  saint  Ri'unon,  el  l'Iiilippe  de 
Champagne,  celle,'  de  saini  Henoil  ;  mais  jamais,  depuis   le 


—  1>[7  — 

wii'^  siùclc ,  011  n'a  vu  dcvelo)i[ic  sur  cK-s  cliaiii|i.s  aussi 
vastes  le  sploiuliclc  pocmc  de  la  rédem|)lioii  cliréliciiiie.  Les 
quatorze  slalioiis  de  Jean  Van  Eyckcn  iiréseiilonl  dans  leur 
ensemble  la  jilus  sublime  prolcslalion  de  loi  el  d'amour 
(ju'il  soit  donné  à  un  artiste  de  réaliser  ici-bas,  et  si,  au  point 
de  vue  de  l'art,  on  ne  i)eut  les  qualilier  de  chefs-d'œuvre,  elles 
n'en  sont  pas  moins  des  merveilles  de  sentiment,  des  pages 
dignes  d'être  signées  par  un  artiste  chrétien.  Jean  Van  Eyeken 
n'a  vu  dans  l'art  que  l'expression  plastique  d'une  aspiration 
toujours  élevée,  d'un  senlinienl  sincère.  ï.a  tonalité  de  ses 
œuvres  est  calme  et  vaporeuse,  et  leur  inqirime  un  asi)ccl 
charmant,  un  attrait  irrésistible,  imbu  des  princi|)es  du  clas- 
sicisme, qu'il  puisa  dans  l'enseignement  de  l'époque,  il  professa 
toujours  une  certaine  affection  pour  le  nu  et  ne  dédaigna  ja- 
mais aucune  occasion  j)Our  mcllrc  en  relief  ses  connaissances 
anatomiques.  C'est  là  un  des  caractères  qui  distinguent  toutes 
ses  compositions  et  qu'il  accentua  dans  des  proportions  beau- 
cou|)  plus  grandes  qu'André  Lens,  cet  autre  régénérateur 
de  la  peinture,  dont  le  monument  funéraire  s'étale  au  fond 
de  l'église.  Ilàtons-nous  cependant  d'ajouter  ({ue  ses  nus 
sont  de  la  chair.  Jamais  Van  Eyeken  ne  sacrilia  une  |)osc. 
liubens  peignait  sa  Madeleine  les  seins  nus,  les  vêtements 
(Ml  désordre  el  spéculait  sur  le  modèle  (lu'il  enqiloyait.  Van 
Eyeken  tourne  chastement  sa  Madeleine  et  n'en  montre 
(pi'un  bout  d'é|)nule,  complétée  par  un  bras  ravissant, 
à  moitié  voilé  sous  la  ehov(.'lure  blonde  de  la  pécheresse 
repentante.  Rubens  fut  un  incorrigible  paï  mi  ;  Van  Eyeken, 
le  premier  parmi  les  peintres  chrétiens  (|ui  sut  faire  con- 
courir chez  la  f(Mnnie  la  beauté  plas!iqu(;  de  la  forme 
à  la  sensation  idéale  et  [nire  du  ivjinilir  ci  de  l'amoui'. 


—  :2is  — 
II. 

VERRIÈRES. 

Avant  le  xii'  siècle  l'on  se  contentait  d'orner  les  fenêtres  et 
les  baies  de  nos  édifices  de  petites  pièces  de  verre  blanc, 
réunies  entre  elles  par  une  armature  de  plomb  i)résentant 
une  grande  variété  de  dessin.  Les  vitraux  en  grisaille,  déjà 
connus  au  xi*  siècle,  ne  furent  guère  employés  et  firent  place 
au  commencement  du  siècle  suivant  aux  verrières  à  mo- 
saïques. Celles-ci,  détrônées  à  leur  tour  pour  ne  plus  servir 
que  comme  ornement  accessoire  des  fonds,  inaugurèrent  le 
règne  des  splendides  vitraux  à  personnages,  dont  l'une  des 
premières  applications  se  retrouve  dans  la  cathédrale  de 
Bourges  et  dont  les  caractères  primitifs  se  conservèrent 
religieusement  jusqu'au  commencement  du  xvi''  siècle. 

Déjà  dès  le  \nf  siècle  l'engouement  pour  ce  genre  d'orne- 
mentation ne  connaissait  plus  de  bornes.  Toutes  les  églises 
et  jusqu'aux  moindres  chapelles  avaient  leurs  fenêtres  gar- 
nies de  celte  parure  translucide,  témoignage  de  la  foi  qui 
animait  nos  ancêtres  et  du  soucis  qu'ils  avaient  d'embellir  la 
maison  du  Seigneur.  C'est  assez  dire  que  l'église  de  Notre- 
Dame  de  la  Chapelle  dut  également  présenter  dès  lors  aux 
yeux  des  fidèles  cet  effet  magique  que  produit  l'astre  du 
jour  rayonnant  à  travers  les  émaux  aux  couleurs  les  plus 
variées  et  les  reflétant  comme  à  travers  un  prisme  sur  les 
colonnes,  les  parois  et  toutes  les  surfaces  de  l'édifice.  Seule- 
ment les  annales,  les  chroniques  et  les  documents  de  tous 
genres  conservés  dans  nos  archives  et  nos  bibliothèques,  ne 
relatent  aucun  indice  qui  puisse  nous  mettre  sur  la  trace  de 


—  211)  — 

ces  productions  do  nos  ancioiis  mnîlres  vorriors.  f.e  plus 
ancien  vitrail  sur  lequel  nous  possédons  certains  renseigne- 
ments est  celui  qui,  d'après  un  manuscrit  du  siècle  dernier 
conservé  aux  archives  de  l'église,  fut  donné  en  1489  et 
placé  dans  le  transept  septentrional,  au-dessus  de  l'entrée 
faisant  face  à  la  prévôté.  On  y  voyait  les  armoiries  et  les 
inscriptions  suivantes  :  Duc  de  Lorraine,  Comte  de  Vaude- 
mont,  Dame  de  Harcourt,  Roi  de  Sicile,  Duc  de  Bourbon, 
Ducliesse  de  Berry,  Comte  de  Boloigne,  Croy,  Duchesse  de 
Lorraine,  Duc  de  Gueidres,  Duchesse  de  Cleves,  Duc  de 
Bourbon,  Dame  de  Peschin,  Duc  de  Mantoue  et  Duchesse  de 
Bavière.  Le  même  manuscrit  nous  apprend  en  outre  que  six 
autres  vitraux  furent  donnés  vers  la  même  époque  et  que 
toutes  ces  œuvres  d'art  furent  détruites  par  la  grêle  le 
15  août  17()5. 

Ce  ne  fut  pas  le  seul  ouragan  qui  menaça  l'existence  des 
anciennes  verrières  de  l'église  de  Notre-Dame  de  la  Cha- 
pelle. Nous  savons,  en  effet,  par  des  documents  reposant 
dans  ses  archives,  qu'en  l'année  1oL"5,  le  jour  de  la  fête  du 
saint  Sacrement,  la  grêle  détruisit  une  partie  de  la  toiture 
et  plusieurs  des  fenêtres.  Le  8  septembre  1705,  un  violent 
orage  détruisit  encore  trois  autres  fenêtres  et  renversa  une 
parlio  notable  de  la  galerie  extérieure.  Ces  circonstances, 
jointes  aux  déprédations  des  sectaires  et  des  sans-culottes, 
expliquent  clairement  les  causes  auxquelles  il  faut  attribuer 
l'absence  presque  complète  d'anciens  vitraux  dans  nos 
églises. 

David  à  Mauden,  en  parlant,  dans  son  AUlologia  de 
prœpihsitina  CnpeUœ,  de  la  nouvelle  chapelle  du  Saint- 
Sacrement    consiruile    en    I.ji"2,    nous   apprend    (pi'en   la 


—  220  — 

iiirnic  aiHK'L'  on  y  éleva  un  aiilo!  on  l'iKinnour  do  saint 
Clirislophc  el  qu'on  orna  la  fenêtre  qui  le  surmontait  d'une 
marpiifîr/ue  verrière.  Seulement  l'épithèle  qu'il  consacre 
l>our  qualifier  cette  œuvre  d'art  est  le  seul  renseignement 
(ju'il  nous  fournit  à  cet  égard.  L'histoire  et  les  annales  ma- 
nuscrites de  l'église,  tout  en  signalant  à  leur  leur  rexistence 
de  cette  verrière,  ne  nous  renseignent  ])as  davantage  sur  le 
donateur,  le  sujet  qu'il  représentait  ou  l'artiste  qui  l'exécuta. 

Nous  ne  sommes  pas  m.ieux  renseignés  au  sujet  d'un 
vitrail  placé  dans  l'une  des  chapelles  latérales  de  l'église  à 
la  mémoire  de  Joachim  de  Honlsocht,  conseiller  du  roi  et 
maître  des  requêtes,  décédé  le  7  février  1551. 

Nous  savons  par  le  témoignage  de  plusieurs  écrivains 
qu'au  siècle  dernier  deux  fenêtres  du  chœur  étaient  ornées 
des  armoiries  de  la  prévôté  de  la  Chapelle  et  de  l'abbaye  du 
Saint-Sépulcre,  à  Cambrai.  Ces  armoiries  provenaient  de 
verrières  exécutées  en  l'année  1(H5. 

Un  épila])hier  manuscrit,  faisant  partie  de  la  collection 
Goethals,  mentionne  l'existence  d'une  verrière  dans  la  cha- 
pelle de  la  Sainle-Vierge  et  nous  fournit  les  dessins  des 
armoiries  qui  l'accompagnaient. 

Un  autre  manuscrit  de  la  môme  collection  ayant  pour 
tilre  :  Inscriptions  funéraires  et  verrières,  renfci'ine  un 
cerlain  noiîiI)re  d'écus.sons  aux  armes  des  familles  Van  de 
Wiele,  seigneur  de  Van  deWervo,  ctd'Adrienne  Ilanneman, 
.son  épouse,  qui,  si  nous  ne  nous  trompons,  doivent  avoir 
fait  partie  d'un  vilrail  ornant  l'une  des  fenêtres  du  chœur. 

Des  documents  puisés  à  la  même  source  nous  apprennent 
(pi'cn  l'année  ITÔS,  le  curé  el  les  chapelains  attachés  à 
l'église  tiri'iil  égaicinoiil  placer  d:)ns  le  clHeiirdciix  vilraux 


09 1     

roprésenlanl  d(?s  l'CUSsoiis  armoiiùs  et  porlaiU  les  inscrip- 
tions suivanlcs  :  R.  adinotliim  DD""'  IlenriciisBoaiifils,  |)as- 
lorR.  M.  V.  dcCapcIla,  1758.  —  DD.  \\\\.  1)1).  Capollaiii 
Ecclosia^  Bcalio  Marifc  Virginis  de  Capolla,  aniio  I7")8.  » 

En  I8GG,  lorsqiio  l'on  (:>nlr(^pril  la  rcslauralion  du  clmenr, 
l'on  voyail  encore  dans  les  fenêtres  de  celte  partie  de  l'église 
plusieurs  débris  de  vitraux  et  un  écusson  à  peu  près  intact 
aux  armes  de  Bricourt,  accompagné  de  celte  inscrijition  : 
«  R"'  admodum  ac  veuerabilis  D""*  Adrianus  Bricourt,  ]»rce- 
positus  Beatœ  Maria>  Virginis  de  Capella  D.  D.  anno 
4758.  »  Les  débris  nous  ont  démonln''  que  ces  trois  der- 
niers vitraux,  exécutés  en  même  temps,  n'olTraient,  oulrc 
l'inscription,  que  les  armoiries  des  donateurs,  entourées  de 
demi-dieux,  de  génies,  de  symboles,  de  cartouches,  do 
guirlandes  et  d'autres  ornements  dans  le  style  de  ré]ioque 
de  Louis  XIV. 

Nos  nombreuses  recherches  ne  nous  ont  point  foui'ni  de 
plus  amples  renseignements  au  sujet  des  anciennes  ver- 
rières de  l'église  de  la  Chapelle,  et  nous  croyons  ]iour  notre 
pari  que  le  hasard,  ce  «  Irouveur  »  de  tant  de  choses,  pouriM 
seul  combler  les  lacunes  qui  existent  encore  sur  celle 
matière. 

En  l'année  185-2,  M.  Willaert,  curé  de  la  paroisse,  lit 
exécuter  par  M.  Capronier  le  vitrail  qui  orne  encore  aujour- 
d'hui la  baie  romane  éclairant  la  ('hai)elle  delà  Sainte-Croix. 
Il  représente  le  duc  Godefroid  I",  surnommé  le  Bai'bu, 
qui  fil  bâtir  vers  llô'i-  la  primitive  église,  dont  cette  cha- 
pelle est  un  reste.  D'une  coloration  calme  et  harmonieuse  et 
d'ini  dessin  soigné,  cette  œuvre  révèle  déjà  certaines  des 
(pialili's  qui  (li<linguent  aujourd'hui  Icsieuvn'S  de  ri-niinent 


—  222  — 

peintre-verrier  el  lui  onl  valu  depuis  longtemps  la  i)rillante 
réputation  dont  il  jouit  ajuste  titre. 

Dix  années  plus  tard,  les  membres  du  conseil  de  fabrique 
projetèrent  d'orner  les  quatorze  fenêtres  des  chapelles  laté- 
rales de  vitraux  retraçant  des  scènes  de  la  vie  de  la  sainte 
Vierge.  Ce  travail  fut  confié  au  peintre-verrier  M.  Vander 
Poortere,  qui  exécuta  les  deux  premiers,  représentant  la 
naissance  de  la  sainte  Vierge  et  sa  présentation  au  temple. 
Ces  productions  témoignent  chez  leur  auteur  d'une  absence 
complète  des  connaissances  requises  pour  une  œuvre  à  la 
fois  religieuse  et  artistique.  Aussi  dès  leur  apparition  soule- 
vèrent-elles des  protestations  unanimes,  à  la  suite  desquelles 
on  décida  de  ne  point  poursuivre  dans  cette  voie  l'ornemen- 
tation des  autres  fenêtres  et  même  de  faire  disparaître  les 
deux  malheureux  spécimens  déjà  placés.  Jusqu'à  ce  jour  on 
n'a  point  encore  effectué  leur  enlèvement;  mais  nous  avons 
lieu  d'espérer  que  l'artiste,  dans  l'intérêt  de  sa  réputation, 
se  fera  un  devoir  de  leur  substituer  au  plus  tôt  des  œuvres 
conformes  aux  règles  de  l'art  et  contribuant  à  l'édification 
des  fidèles. 

Lors  des  travaux  de  restauration  du  chœur  entrepris  en 
1866,  les  fabriciens  de  l'église  et  M.  l'architecte  Jamaer, 
désirant  restituer  complètement  à  ce  remarquable  spécimen 
de  style  romano-ogival  son  caractère  primitif,  décidèrent 
d'orner  de  vitraux  colorés  les  fenêtres  masquées  depuis 
l'année  101 S  par  le  grand  retable  de  marbre,  construit 
d'après  les  données  de  Paibens  en  style  ilalo-flamand.  Ils 
.s'onlendirent  à  cet  effet  avec  M.  Charles  Albert,  peintre- 
décorateur,  (jui  fut  chargé  de  fournir  des  cartons  de  gran- 
deur d'exécution.  Cet  artiste,  très-habile   dans  la   peinture 


—  223  — 

décorative,  ne  crut  pouvoir  mieux  répondre  aux  instructions 
qui  lui  avaient  été  données  qu'en  reproduisant  les  vitraux  de 
la  cathédrale  de  Bourges.  Nous  ne  contestons  nullement 
l'intérêt  que  présentent  pour  l'archéologue  ces  rares  sjjéci- 
mens  de  la  peinture  sur  verre  au  xii"  siècle  ;  mais  nous  ne 
pouvons  cependant,  au  point  de  vue  artistique,  les  considérer 
comme  des  œuvres  remarquables  d'un  artiste  de  mérite. 
Tout  en  admettant  dans  une  certaine  mesure  le  caractère 
archaïque  des  figures,  nous  aurions  préféré  voir  M.  Charles 
Albert  s'inspirer  quelque  peu  des  données  que  fournissent 
les  manuscrits  à  miniatures  du  xii'  siècle,  conservés  dans 
nos  bibliothèques.  Un  simple  examen  lui  aurait  montré  qu'à 
cette  époque  nos  artistes  connaissaient  parfaitement  l'am- 
pleur de  la  forme,  la  grâce  des  physionomies,  la  correction 
du  dessin  et  l'harmonie  des  couleurs.  Dans  l'article  suivant 
nous  trouverons  l'occasion  de  constater  que,  pour  les  pein- 
tures murales,  l'artiste  décorateur  a  suivi  une  voie  toute 
opposée  et  qu'au  lieu  de  reproduire  sincèrement  le  superbe 
tapis  polychrome  du  xv*  siècle  que  l'on  y  avait  découvert, 
il  a  préféré  là  puiser  ses  motifs  d'ornementation  dans  ses 
inspirations  personnelles.  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  cartons, 
sans  avoir  été  soumis  à  la  Commission  royale  des  monu- 
ments, furent  approuvés  et  remis,  pour  être  exécutés,  aux 
mains  du  peintre- verrier  M.  Vander  Poortere.  Tout  en 
tenant  compte  des  conditions  défavorables  faites  à  cet 
artiste,  nous  ne  pouvons  nous  déclarer  satisfaits  de  son  tra- 
vail, dont  le  moindre  défaut  est  d'assombrir  le  chœur  à 
l'excès.  M.  Vander  Poortere  aurait  dû  ici  surtout  attribuer 
à  ses  vitraux  cette  transparence  que  l'on  retrouve  dans 
presque  toutes  ses  autres  productions  et  dont,  plus  que  tout 


—  224  — 

autre  peintre-verrier  du  pays,  il  possède  le  secret.  Cela  dit, 
terminons  par  l'examen  des  sujets.  Les  fenêtres  du  chœur 
sont  au  nombre  de  neuf,  dont  cinq  dans  le  sanctuaire.  Dans 
celle  du  milieu  de  l'abside  pentagone  se  trouvent  repré- 
sentés les  quatre  évangélistes.  Dans  les  autres,  nous  voyons 
huit  des  prophètes  qui,  dans  leurs  écrits,  se  sont  particuliè- 
rement occupés  de  la  sainte  Vierge,  sous  le  vocable  de  la- 
quelle se  trouve  placée  l'église.  Les  quatre  vitraux  du 
chœur  qui  complètent  cette  première  série  comprennent  un 
nombre  considérable  de  médaillons  quadrilobés  et  elliptiques, 
encadrant  des  scènes  empruntées  à  l'Ancien  et  au  Nouveau 
Testament. 

IIL 

PEINTURES    MURALES. 

Les  nombreuses  découvertes  de  peintures  murales  faites 
dans  notre  pays,  depuis  une  vingtaine  d'années,  démontrent 
à  l'évidence  que  ce  mode  de  décoration  y  était  d'un  usage 
général  pendant  le  cours  du  moyen  âge.  Ce  n'est  pas  à  dire 
cependant  que  les  édifices  tant  civils  que  religieux  de  cette 
époque,  aient  été  entièrement  peints,  comme  plusieurs  de 
nos  artistes  contemporains  se  l'imaginent.  Leurs  prédéces- 
seurs se  contentaient  le  plus  souvent  de  décorer  de  figures 
et  d'ornements  les  parties  architecturales  au-dessous  du 
glacis  des  fenêtres.  Pour  celles  au-dessus  de  ce  lambris,  si 
l'on  en  excepte  les  clefs  de  voûte  et  une  partie  des  nervures 
qui  s'y  raccordent,  ils  se  servaient  généralement  d'un  badi- 
geon blanc  ou  plus  souvent  blanc-jaunâtre,  formé  par  le 
mélange  du  blanc  de  chaux  avec  l'ocre  jaune.  Hâtons- nous 


—  225  — 

cependant  d'ajouter  que  ce  l)adigeon,  déjà  en  usage  au 
XI*  siècle,  ne  consistait  pas  en  un  simple  et  affreux  blanchi- 
ment au  lait  de  chaux,  comme  on  le  comprend  malheureu- 
sement de  nos  jours,  mais  faisait  toujours  l'objet  d'un  véri- 
table travail  artistique.  Ce  badigeon,  en  effet,  était  toujours 
relevé  soit  par  des  traits  imitant  l'appareil  lapidaire,  soit  par 
de  simples  liserés,  soit  enfin  par  des  motifs  de  différentes 
couleurs,  rehaussés  de  points,  de  feuilles,  de  fleurs  ou 
d'autres  ornements  variés  d'une  grande  simplicité,  mais 
d'un  effet  d'ensemble  très-distingué.  Ce  système  d'orne- 
mentation fut  également  appliqué  dans  l'église  de  Noire- 
Dame  de  la  Chapelle. 

Nous  avons  déjà  dit  qu'en  l'année  18G6  on  entreprit  la 
restauration  du  chœur.  Les  travaux  auxquels  on  se  livra 
préalablement  pour  dégager  cette  œuvre  d'art  de  l'autel 
rubenien  à  dimensions  colossales  et  des  stalles  de  mauvais 
goût,  ^qui,  tout  en  la  déparant,  en  cachaient  les  beautés 
architecturales,  mirent  à  découvert  des  restes  de  peintures 
murales  du  xv*"  siècle  assez  bien  conservées.  Ces  peintures, 
exécutées  sur  les  parois  latérales  du  chœur  et  sur  le  pour- 
tour de  l'abside  pentagone  du  sanctuaire,  en  dessous  du 
glacis  des  fenêtres,  présentaient  un  superbe  lapis  poly- 
chrome, dont  les  couleurs  rouges,  noires  et  blanches,  gau- 
frées et  dorées  aux  points  d'intersection,  avaient  conservé 
en  grande  partie  la  vigueur  de  leurs  tons.  Au-dessus  de  ce 
lambris,  toute  la  surface,  à  l'exception  des  clefs  de  voûte  et 
d'une  partie  des  nervures  qui  s'y  réunissent,  était  relevée 
par  des  Iraits  simulant  l'appareil  lapidaire. 

Celle  découverte  en  présageait  d'autres  encore  dans  l'inté- 
rieur de  l'église.  En  l'année  1872,   le  conseil  de  fabrique 


—  -226  — 

ayant  décidé  de  faire  gratter,  dans  le  Iransept,  les  nefs  et  les 
collatéraux,  les  nombreuses  couches  de  badigeon  qui  les 
recouvraient,  on  découvrit,  outre  les  croix  de  consécration, 
de  nombreuses  ligures  de  saints  et  de  saintes,  des  symboles 
et  plusieurs  grandes  compositions  appliquées  sur  les 
colonnes  et  les  champs  des  parois. 

La  présence  de  saints  personnages  sur  les  colonnes  des 
nefs  s'explique  naturellement  quand  on  se  rappelle  qu'elles 
servaient  de  couronnement  aux  autels  élevés  à  ces  endroits 
et  consacrés,  le  31  décembre  1474  et  les  2  et  5  mars  sui- 
vants, par  Godefroid  de  Greveray,  suffraganl  de  Cambrai. 
La  date  de  la  construction  et  de  la  consécration  de  ces  au- 
tels nous  fournit  en  même  temps  celle  de  l'exécution  de 
ces  peintures.  Toutes  cependant  ne  trahissent  pas  le  même 
maitre  ni   la  même  époque.  Parmi  celles  qui  remontent  à 
l'année  1474,  nous  signalerons  :  la  figure  de  sainte  Ursule, 
à  chevelure  flottante  et  bouclée,  ornée  d'un  diadème  et  en- 
veloppant dans  les  plis  de  sa  clamyde  plusieurs  i-eligieuses 
de  son  ordre;  celle  de  saint  Hadelin,  en  costunse  d'abbé, 
portant  d'une  main  une  palme  et  de  l'autre  un  édiiicc  à 
plusieurs  clochetons,  rappelant  l'église  de  Celles,  qu'il  fit 
construire  vers  la  fin  du  vif  siècle;  enfin  celle   non  moins 
remarquable  de  la  sainte  Vierge  sur  la  première  colonne  du 
Iransept  septentrional.  Ces  figures,  par  l'exquise  beauté  de 
leurs  types,  l'extrême  finesse  de  leurs  traits,  la  forme  des 
vêtements,  les  plis  des  draperies  à  cassures  métalliques,  la 
correction  du  dessin  et  la  vigueur  du  coloris,  rappellent  à 
ne  pouvoir  s'y  méprendre  les  œuvres  les  plus  remarquables 
de  l'école  de  Van  Eyck  et  offrent  même  avec  celles  de  ce 
maitre  une  analogie  frappante.  C'est  assez  dire  qu'au  point 


—  227   — 

de  vue  de  leur  mérile,  elles  présentent  une  importance  capi- 
tale et  doivent  avoir  eu  pour  auteur  un  artiste  des  plus 
habiles,  complètement  maître  de  son  art. 

Les  autres  figures  exécutées  sur  les  colonnes,  ainsi  que 
les  grandes  compositions  retrouvées  sur  les  champs  des 
parois,  révèlent  toutes  les  mêmes  caractères  de  style  et  de' 
modelé,  et  un  simple  coup  d'œil  suffit  pour  se  convaincre 
qu'elles  sont  l'œuvre  d'un  artiste  inexpérimenté  et  ne  sau- 
raient remonter  à  une  date  antérieure  au  commencement 
du  XVI'  siècle,  comme  le  prouvent  du  reste  clairement  les 
détails  architecturaux  et  les  autres  accessoires  qui  les  ac- 
compagnent. 

Récemment,  en  restaurant  le  portail  septentrional  du 
transept,  dont  les  baies  romano-ogivales  furent  proscrites  au 
xvi*"  siècle  et  remplacées  par  une  grande  fenêtre  en  style 
ogival  flamboyant,  on  a  encore  découvert  sur  le  tympan  des 
figures  d'anges  et  de  saints  se  rapportant  à  la  première 
catégorie  de  peintures  que  nous  venons  de  mentionner. 

De  même  que  dans  les  autres  édifices  religieux  du  pays, 
toutes  ces  peintures  furent  proscrites  à  la  fin  du  xvi*  siècle 
et  la  brosse  du  badigeonneur  en  eut  bientôt  enlevé  le  dernier 
vestige. 

Depuis  cette  époque  néfaste  l'art  monumental  resta  dans 
l'oubli.  Il  était  réservé  à  notre  siècle  de  ressusciter  cette  ex- 
pression du  génie  de  nos  anciens  artistes.  Jean  Van  Eycken, 
le  premier  dans  notre  pays,  conçut  le  projet  de  la  réhabi- 
liter et,  malgré  la  réaction  du  romantisme  qui  avait  com- 
plètement envahi  le  domaine  artistique,  il  eut  assez  de 
conviction  pour  rompre  avec  cette  tendance  et  marcher 
résolument  dans  la  voie  de  la  rénovation.  Nature  un  peu 


—  2-28  — 

jillemande,  pûL'liijuo  cl  rêveuse,  il  s'éprit  des  j>i-incipes  de 
l'école  d'OuIre-Rliin  e(,  pour  se  préparer  à  la  grande  iuno- 
v;ilion  qu'il  médiliiil,  il  alla  passer  six  uiois  en  Allemagne, 
où  il  se  mil  en  relation  avec  Overbeek,  Cornélius,  Kaulbach, 
Sehnor,  Bendeman,  Deger  et  Schraudolf.  Il  en  rapporta 
une  série  d'études,  qui  furent  malheureusement  dispersées 
après  sa  mort,  en  1855.  C'était  là,  en  effet,  le  premier  jalon 
de  la  rénovalion  arlisli(pie  qu'il  provoqua  dans  le  pays. 
A  son  retour  d'Allemagne,  il  lui  fallait  des  Mécènes  pour 
seconder  ses  vues  et  concourir  à  leur  réalisation.  Il  n'eut 
pas  de  peine  à  les  trouver,  et  deux  hommes  dont  les  noms 
niéritenl  d'èlre  conservés  à  la  postérité,  le  curé  Willaert  et 
le  chevalier  Van  Elewyck,  lui  fournirent  libre  champ  dans 
l'église  qu'ils  administraient.  Il  lui  fallait  encore  des  procédés  : 
rencaustique,  la  fresque,  la  détrempe  et  le  wasserglass 
IuhmU  appliqués  tour  à  tour  par  l'artiste,  qui  non-seulement 
comprenait  à  fond  le  mysticisme  de  la  décoration  religieuse, 
mais  cherchait  surtout  à  faire  une  œuvre  sérieuse,  qui  ])ùt 
lutter  avec  les  intempéries  des  saisons  et  se  conserver  sans 
alléralion,  pour  servir  indéfinimenl  à  l'édilicalion  ihs  lidèles. 
iMais  tous  ces  systèmes  lui  parurent  défectueux.  Dans  une 
Ictii'e  qu'il  adressa  à  l'Académie,  le  8  août  1850,  après  avoir 
constaté  l'insuccès  de  la  proposition  qu'il  avait  faite  aux 
mendtres  de  la  classe  des  Beaux-Arts  d'ouvrir  un  concours, 
pour  rénover  dans  notre  pays  la  peinture  murale  et  élargir 
ainsi  la  carrière  restreinte  des  jeunes  peintres  d'histoire, 
il  ('iiumèn'  comme  suit  I(S  délaiils  (pie  pri'senlenl  ces  divers 
pi'océdés  :  «  Je  résolus  alors,  dil-il,  de  rechercher  à  réaliser 
moi-même  les  espérances  que  j'avais  conçues.  Il  ne  me  sem- 
liLiil  pas  iiMpossiltIc  de  li'ouver  une  manière  plus  agréable  et 


—  220  :— 

plus  facile  que  la  rres(iue,  qui  demande;  plusieurs  années  de 
pratique  aux  arlisles  les  plus  exercés  et  qui  exclut  toutes  les 
couleurs  végétales,  comme  sa  sœur  la  peinture  au  wasser- 
glass.  La  première,  vous  le  savez,  Messieurs,  a  un  élément 
destructeur  dans  la  chaux  fraiclie;  la  seconde,  dans  la  po- 
tasse ou  la  soude,  qui  compose  en  partie  le  wassergiass. 
It^iU  outre,  ces  genres  de  peintures  présentent  toujours  un 
Ion  cru  auquel  nous  aurions  de  la  peine  à  nous  hal)itu(;r, 
accoutumés  que  nous  sommes  au  coloris  magique  de  l'école 
flamande.  De  son  côté,  si  l'encaustique  n'a  pas  les  mêmes 
inconvénients,  elle  conserve  toujours  une  certaine  mollesse 
résultant  de  son  délayant.  ^ 

Il  chercha  donc  un  nouveau  procédé  et  finit  par  en 
découvrir  un,  consistant  à  délayer  la  couleur  dans  du  gutla- 
percha  volatilisé  par  l'essence  de  fV-rél^enthine.  C'était  au 
fond  une  application  moderne  de  la  vieille  théorie  de  la 
peinture  à  la  cire  dissoute  dans  le  jus  du  lérébinihe.  C'est 
de  celte  façon  que  furent  jadis  imprégnées  dans  la  pierre 
les  intéressantes  peintures  découvertes  dans  le  chœur,  U) 
transept  et  les  nefs  de  l'église  de  Notre-Dame  de  la  Chapelle 
et  que  nous  avons  analysées  plus  haut. 

J.  Van  Eycken  ne  fit  pas  un  mystère  de  sa  découverte, 
comme  Wiertz,  ce  Titan  de  la  peinture  moderne,  qui,  dans 
son  engouement  pour  la  peinture  mate,  trouva  un  autre 
procédé  qu'il  ne  consentit  jamais  à  révéler  et  dont  il  em- 
porta le  secret  dans  la  tombe. 

J.  Van  Eycken  expérimenta  son  procédé  dans  ses  pein- 
tures décoratives  de  la  chapelle  de  la  Sainte-Croix  et,  pour 
mieux  s'assurer  des  avantages  qu'il  offrait,  il  y  fil  en  même 
temps  l'application  des  j^rocédés  à  la  fresque,  à  l'encaus- 


—  230  — 

lique  et  au  wasserglass.  Les  voûtes  furent  peintes  au  moyen 
du  nouveau  procédé,  le  panneau  gauche  au  wasserglass, 
celui  du  fond  à  l'encaustique  et  celui  de  droite  à  la  fresque. 
A  en  juger  par  l'état  de  conservation  dans  lequel  se  pré- 
sente aujourd'hui  la  surface  décorée  au  moyen  du  procédé 
nouveau,  ce  dernier  mérite  assurément  de  fixer  l'attention 
des  artistes  chargés  de  l'exécution  de  peintures  murales. 
Nous  ajouterons  encore  qu'au  point  de  vue  de  la  vigueur 
de  la  coloration,  les  peintures  exécutées  au  liant  du  gutta- 
percha  l'emportent  sur  celles  délayées  dans  la  cire  et  dans 
le  sulfate  de  potasse. 

Les  voûtes  de  la  chapelle  de  la  Sainte-Croix  nous  repré- 
sentent les  huit  béatitudes  personnifiées  par  saint  Boniface, 
sainte  Agnès,  une  jeune  mère  pleurant  son  enfant  mort, 
saint  Pierre  ès-liens,  sainte  Cécile,  saint  Etienne,  saint 
Jean-Baptiste  et  sainte  Hélène.  Tous  ces  personnages  s'élan- 
cent vers  la  clef,  figurant  un  centre  lumineux.  A  la  partie 
supérieure  du  grand  panneau  à  gauche,  nous  voyons  des 
anges  personnifiant  les  vertus  théologales,  dont  ils  tiennent 
les  symboles.  Descendant  du  ciel,  ils  portent  sur  la  terre 
la  croix,  instrument  de  notre  Rédemption.  A  cette  idée, 
J.  Van  Eycken  a  rattaché  celle  qui  a  fait  de  la  chapelle  de 
la  Sainte-Croix  un  but  de  pèlerinage  pour  les  malheureux 
et  les  personnes  souffrantes.  Il  l'a  rendue,  en  représentant 
le  Sauveur  consolant  les  affligés  et  leur  adressant  ces  pa- 
roles :  «  Venez  à  moi,  vous  tous  qui  souffrez,  et  je  vous 
soulagerai.  »  Au-dessus  de  l'autel,  sur  le  panneau  du  fond, 
nous  trouvons  la  représentation  du  mystère  de  la  Très- 
Sainle-Trinité.  Le  Christ,  vainqueur  de  la  mort,  retourne 
vers  son  Père  céleste,  au-dessus  duquel  plane  l'Esprit-Sainl. 


—  251   — 

Au  centre  de  la  composition  figure  un  ange  portant  la  cou- 
ronne d'épines;  à  droite  et  au  second  plan  se  trouvent 
distribuées  les  saintes  femmes  se  rendant  au  Sépulcre.  Au 
côté  droit,  sous  le  vitrail  représentant  Godefroid  le  Barbu, 
se  remarquent  les  trois  princesses  qui  ont  attaché  leur  nom  à 
la  confrérie  établie  dans  l'église,  en  1390,  en  l'honneur  de  la 
Très-Sainte-Trinité  :  la  duchesse  Jeanne,  l'infante  Isabelle 
et  notre  reine  Louise-Marie.  Le  panneau  de  gauche,  repré- 
sentant le  Christ  Consolateur,  ainsi  que  les  figures  de  la  voûte 
onlété  fidèlement  reproduits  par  des  gravures  duesàun  jeune 
peintre  de  talent,  H.  Compotosto,  l'un  des  meilleurs  élèves 
de  l'école  de  gravure  de  Bruxelles.  Tout  ce  travail,  com- 
mencé en  janvier  1851,  fut  terminé  l'année  suivante.  L'inau- 
guration delà  chapelle  nouvellement  décorée  eut  lieu,  avec 
beaucoup  de  solennité,  le  4  juin  185i2,  en  présence  d'un 
nombreux  clergé,  de  plusieurs  artistes  et  d'un  grand  nombre 
de  personnes  de  distinction. 

Tout  cet  ensemble  présente  une  magnifique  synthèse  des 
mystères  de  la  Sainte-Trinité  et  de  la  Rédemption  des 
hommes  ;  il  forme  en  quelque  sorte  le  complément  du  drame 
du  Calvaire,  qui  se  déroule  sur  les  quatorze  stations.  La 
décoration  de  la  chapelle  de  la  Sainte-Croix  est  la  dernière 
œuvre  de  J.  Van  Eycken.  La  mort  le  surprit  le  19  décembre 
18o3,  au  miheu  de  ses  travaux  et  de  ses  projets.  Ses  œuvres 
resteront  à  la  postérité  comme  un  monument  élevé  par 
lui-même  à  la  mémoire  d'un  artiste  de  mérite  et  d'un 
chrétien  fervent. 

Nous  voudrions  pouvoir  terminer  notre  article  par  cet 
hommage  rendu  à  la  mémoire  d'une  des  plus  belles  figures 
artistiques  de  notre  temps,  mais  il  nous  reste  encore  à  parler 


—  25-2  — 

des  nouvelles  pciiiUires  murales  du  chœur.  Ce  lui  M.  Cliaries 
Albei'l  que  l'on  chargea  de  cel  imporlaiil  travail  d'oiiieinen- 
latiuii.  Son  rôle  élail  Iraeé  par  les  anciennes  peintures  dé- 
coratives découvertes  lors  des  travaux  de  restauration  et 
dont  les  carions  se  conservent  aux  archives  de  l;i  ville.  Nous 
voudrions  assurémenl  pouvoir  féliciter  l'arlisle-décoraleur 
à  propos  de  son  travail;  malhcureusemenl,  au  lieu  de 
s'asireindre  à  reproduire  scru|udeuscnient  et  par  respect 
pour  l'art  les  anciens  vestiges  si  rcinaniuables  de  son  pré- 
décesseur du  xv''  siècle,  il  a  cru  devoir  niéconnailre  ces 
l)riiicipes  et  ces  Iradilions  d'un  aulre  âge  et  puiser  dans  sa 
|)r()pre  originalilé  les  niolil's  de  sa  décoration.  Il  n'a  point 
réussi.  Habitué  à  décorer  de  vastes  salles  de  particuliers, 
qui  exigent  des  motifs  d'ornemenlalion  d'un  juiissanl  effel, 
il  a  attribué  au  chœur  de  l'église  de  la  Chcqtelle,  si  nuijes- 
lucux  dans  ses  dimensions  restreintes,  un  aspect  Ihéàlral. 
Ce  ne  serait  encore  là  ({u'uii  mal,  si,  en  continuant  sa  ])ein- 
lure  sur  les  nervures  et  les  voûtes  qu'il  a  peint  en  bleu, 
il  n'avait,  par  sa  décoration  Icrne  et  sans  caractère,  assombri 
le  chœur  au  |)ointd'cn  i)roscrire  la  lumière  aux  ])lus  beaux 
jours  de  l'été.  Nous  ne  i)arlerons  pas  des  motifs  dont  il  s'est 
uisjiiri'  el  nous  nous  bornerons  à  l'oi'iiiulcr  Ui  vceu  de  voii'  un 
jour  ce  cher-d"(euvre  de  notre  ;n'l  national  du  xn''  siècle 
rétabli  dans  son  (''(;il  piimitif,  sous  le  contrôle  éclaii'é  de  la 
Commi.'ision  royale  ûv^  monuments. 

L'Abbe  il.  De  IJr.LV.N. 


COMMISSION  IVOYALK  DES  MONUMENTS, 


RÉSUMÉ    DES     PROGÈS-VKRBAUX. 


SÉAiNCES 
des  5,  M,  \%  25  et  ^26  .juillet;  des  2,  G,  7,  9,  M,  "21,  25,  29  et  50  août  1879. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  émis  un  avis  favorable  sur  le  spécimen       e^hso 

deZi'liiul  Luniav. 

des  stations  du  chemin  de  la  croix  que    M.  le  sculpteur     ci.omin 

l  '  di;  la  croix. 

Lecoutere  est  chargé  d'exécuter  pour  l'église  deZetrud-Lumay 
(Brabant). 

—  Le  conseil  de  fabrique   de   réa;lise  du  Sépulcre,  à   ^  '?siisc 

'  "^  '  du  Sc|iiil(i'e, 

Nivelles,  demande  l'autorisation  de  vendre  à  la  Société  T^liliniTe. 
archéologique  de  cette  ville  une  tapisserie  ancienne  hors 
d'usage.  La  Commission  est  d'avis  que  l'aliénation  des  œu- 
vres d'art  de  nos  églises  ne  devrait  jamais  être  consentie 
qu'en  faveur  d'un  autre  établissement  public  ou  d'un  musée, 
où  leur  conservation  est  assurée. 

Avant  de  se  prononcer  sur  la  demande  delà  fabrique,  il 
convient,  en  conséquence,  de  s'assurer  si,  conformément  aux 


—  -254  — 

usages,  le  règiemenl  de  la  Sociélé  de  iNivellcs  slijxile  ({n'en 
cas  de  dissoliilion  ses  collections  deviendront  la  propriété 
de  la  ville. 
''^''Ticiibie'.''''*  —  I'  résulte  du  rai)port  des  délégués  qui  ont  examiné 
le  retable  et  les  groupes  sculptés  appartenant  à  l'église 
d'Op-Itter(Limbourg)  et  dont  la  polychromie  a  été  restaurée 
par  M.  F.  Meertz,  que  ce  travail  a  été  exécuté  avec  le  soin 
le  plus  consciencieux.  Le  nettoyage  des  sculptures  a  mis 
à  nu  les  peintures  et  dorures  anciennes,  et  on  s'est  borné, 
conformément  aux  instructions  de  la  Commission,  à  retou- 
cher simplement  les  fragments  endommagés. 
''^'Taîlicànx':''''''  —  Dcs  délégués  se  sont  rendus  à  l'église  de  Notre-Dame, 
à  Aerschot,  pour  examiner  le  tableau  de  Verhaegen,  restaui'é 
par  M.  Vander  Eycken,  et  ils  sont  d'avis  que  ce  travail  peut 
être  approuvé. 

En  ce  qui  conccj'ne  les  auti'cs  tableaux  de  cette  église, 
il  n'y  a  lieu,  pour  le  moment,  d'y  faire  aucun  travail  de 
restauration.  Celles  de  ces  œuvres  qui  offrent  quelque 
intérêt  se  trouvent  en  assez  bon  état  de  conservation,  tandis 
<{ue  les  tableaux  endommagés  n'ont  qu'une  valeur  artistique 
très  secondaire. 
''"'varaHr''''"  —  ^^^  délégués  se  sont  rendus  à  Assche,  le  51  juillet, 
pour  inspecter,  à  la  demande  de  M.  le  Ministre  de  la  justice, 
six  vitraux  i-éccMumenl  j)lacés  dans  les  fenêtres  du  chœur 
de  l'église  de  Saint-Martin. 

Ces  verrières,  dont  les  cartons  ont  été  approuvés  en  1.S75, 
peuvent  être  acceptées.  Les  sujets  sont  bien  dessinés  et  bien 
composés.  La  coloration  est  forte  et  distinguée.  On  ])0urr;ii( 
cependant  reprocher  à  certaines  parties,  notamment  à  la 
comj)ositiiin  principale  du  vitrail  représentant  les  Murlyrsde 


—  :25o  — 

Gorcain,  (.l'Olru  trop  poussées  au  aoir  el  d'clrc  upaijuc'S.  Il  csl 
à  craiiKircquG  ces  deux  défauts  s'accentuent  encore  avec  le 
Iciiips,  la  poussière  aidant.  L'auteur,  M.  Dobbclaere,  dont  la 
Commission  a,  on  plus  d'une  circonstance,  pu  aj^précier  les 
talents,  ferait  bien  de  se  mettre  en  garde  contie  celle  ten- 
dance. 

—  Le  Gouvernemenlct  l'administration  communale  de  la  M„unm.nt(ic 

Qiioiiliii  Mctsvs 

ville  d'Anvers  ont  confié,  de  commun  accord,  l'exécution  du  s»  Anvers.  " 
monument  à  ériger  à  Quentin  Mctsys  à  M.  J.De  Braekcleer. 
A  la  demande  de  M.  le  Ministre  de  l'intérieur,  des  délégués 
ont  procédé  à  un  examen  détaillé  du  modèle  de  ce  monu- 
ment. Il  résulte  de  leur  rapport  que  la  statue  est  bien  traitée 
dans  son  ensemble  comme  dans  ses  détails  et  ([ue  rien  ne 
s'oppose  à  l'approbation  du  modèle.  Quant  au  piédestal  pro- 
posé, il  ne  peut  élre  admis;  ses  proportions  soiil  beaucoup 
trop  grandes,  par  comparaison  à  la  statue,  et  son  ornemen- 
tation compliquée  nuirait  à  l'effet  du  monument.  Un  ])rojet 
entièrement  nouveau  et  d'une  orJonnancc  plus  simple  devra 
cire  soumis  en  temps  utile  aux  autorités  compétentes. 

L'examen  de  cette  affaire  a  amené  la  Commission  à  faire 
une  remarque  d'une  sérieuse  importance  :  la  statue  de 
Quentin  Metsys  aura  une  liauleiir  de  5'"80  environ,  comme 
la  plui)art  des  monuments  analogues  érigés  dans  notre 
pays  dans  le  cours  des  dernières  années.  Cette  dimension, 
qui  est  notablement  i>lus  grande  que  celle  donnée  aux 
statues  dans  la  jilupait  des  pays  voisins,  paraît  exagérée; 
elle  nuit  souvent  à  l'effet  de  notre  statuaire  monumentale. 
Il  y  aurait  lieu,  dans  la  plupart  des  cas,  de  renoncer  à  ces 
dimensions  exagérées  et  à  ne  donner  aux  statues  qu'une 
•hauteur  moyenne  de  2'"80  à  5'"20. 


—  25«  — 


CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

Ont  été  approuvés  : 

^"cBruienel"*  1"  Lg  plan  d'unc  nouvelle  entrée  à  établir  au  Jardin  bota- 
nique de  Bruxelles,  du  côté  des  boulevards; 

îie\wci.âTeau?  ^^  ^^  projet  dc  quclques  modifications  à  introduire 
aux  plans  approuvés  du  palais  de  justice  de  Neufchàleau 
(Luxembourg)  ; 

iijiios  .1  YpiM.  50  Lg  projet  des  clôtures  à  établir  dans  les  arcades  du 
rez-de-chaussée  des  Halles  d'Ypres. 
dlfiraîves.  —  Lc  Collègc  s'cst  rallié  à  la  proposition  par  laquelle 
M.  le  Gouverneur  de  la  province  de  Liège  conseille  l'acqui- 
sition par  l'État  du  tumulus  de  Braives.  Les  anciens  tumuli 
offrent  souvent  un  grand  intérêt  au  point  de  vue  historique 
et  archéologique,  et  le  Gouvernement  ferait  chose  utile  en 
les  achetant  chaque  fois  que  l'occasion  s'en  présente. 

''"deViîriës"'''  —  J^l-  'e  Gouverneur  de  la  Flandre  occidentale  avait  prié 
la  Commission  de  procéder  à  la  réception  des  travaux  de 
restauration  du  palais  de  justice  de  Furncs.  Les  délégués 
qui  ont  inspecté  ce  monument  le  17  juillet,  ont  constaté  que 
la  restauration  s'exécute  avec  le  plus  grand  soin,  mais  que 
pour  terminer  la  façade  principale,  il  reste  trois  travées 
à  restaurer;  toutes  les  pierres  nécessaires  à  ce  travail  sont 
préparées  et,  d'après  les  déclarations  de  l'architecte  M.Vinck, 
cette  entreprise  sera  entièrement  terminée  dans  deux  mois. 

'!k-'KÛn>ps"''  —  L^^  mêmes  délégués  ont  profité  de  leur  présence  à 
Furnes  pour  examiner  sur  place  les  propositions  soumises 
par  l'autorité  locale  en  vue  de  la  restauration  de  la  façade 
de  l'hôtel  de  ville. 

La  bretèquc  qui  figure  sur  le  plan  et  dont  le  projet  de 


—  237  — 

restauralion  a  déjà  reçu  l'approbation  de  la  Commission, 
est  démolie  et  tous  les  matériaux  sont  déposés  au  gVenier 
en  attendant  sa  reconstruction. 

La  façade  de  l'hôtel  de  ville,  dont  les  pignons  portent  les 
dates  de   1596   et    1612,    est   entièrement   construite  en 
briques,  sauf  les  rampants  des  pignons.  Elle  est  en  excel- 
lent état  de  conservation  et  les  travaux  projetés  consistent 
uniquement  dans  le  renouvellement  des  pierres  de  recou- 
vrement des  pignons,  le  rétablissement  des  croisillons  des 
fenêtres  et  le  nettoyage  et  le  rejointoiement  des  parements 
de  la  façade  et  de  la  tour.  La  dépense  estévaluée  à  fr.  6,275-60 
et  la  Commission  a  émis  l'avis  que  les   propositions  de 
M.  l'architecte  Vinck  peuvent  être  approuvées,  sous  réserve 
toutefois  que  cet  architecte  examinerait  s'il  n'existait  pas 
autrefois  aux  fenêtres  de  la  façade  principale  un  encadre- 
ment intérieur  en   pierre,   comme  on  en  remarque  aux 
fenêtres  de  la  façade  postérieure  du  palais  de  justice. 

—  Des  délégués  se  sont  rendus  à  Liesse,  le  4-  juillet,  à  l'effet  f^'^is  «"e  Mog,-. 

'-'  cj  j  '  Cour  (l'Iioiuii'iir. 

d'examiner  sur  place  les  plans  dressés  par  M.  l'architecte 
Noppius  pour  la  restauration  de  deux  façades  de  la  cour 
d'honneur  du  palais  des  Princes-Évêques. 

Avant  de  s'occuper  de  ces  plans,  les  délégués,  accompa- 
gnés (Je  M.  le  Gouverneur  de  la  province  et  de  MM.  Schuer- 
mans  et  Noppius,  membres  correspondants,  ont  inspecté 
les  travaux  en  voie  d'exécution  dans  la  deuxième  cour,  aux 
locaux  occupés  par  la  cour  d'assises.  Ils  ont  constaté  que 
ces  travaux  sont  exécutés  avec  le  soin  le  plus  consciencieux 
et  qu'il  a  été  scrupuleusement  tenu  compte  des  recomman- 
dations du  Collège.  On  a  maintenu  toutes  les  anciennes 
pierres  qui  n'étaient  pas  ruinées  et  le  résultat  obtenu  est 


—  2:^8  — 

1res  satisfaisnni;  la  roslaiiration  de  celte  façade  peut  èlrc 
citée  comme  un  modèle  à  suivre  pour  les  travaux  de 
l'espèce. 

Quant  aux  i)!ans  soumis  pour  la  restauration  des  deux 
façades  de  la  cour  d'honneur,  la  Commission  est  d'avis 
avec  ses  délégués  qu'on  peut  les  approuver,  en  recomman- 
dant de  suivre  pour  ce  travail  le  système  mis  en  œuvre 
dans  la  façade  de  la  seconde  cour.  Il  conviendra,  aussi 
de  veiller  tout  spécialement  à  ce  que  la  taille  des  pierres 
nouvelles  soil  exactement  semblable  à  celle  des  pierres 
anciennes. 

—  On  a  soumis  à  la  Commission  un  projet  de  restauration 
de  la  façade  du  palais  de  Liège  vers  la  place  Saint-Lambert. 
Les  travaux  proposés,  dont  la  dépense  est  évaluée  à 
145,019  francs,  comportent  la  restauration  complète  de 
cette  façade  et  sa  décoration  par  des  groupes,  statues, 
vases,  etc. 

Après  un  mûr  examen  de  cette  affaire,  le  Collège  a  émis 
l'avis  qu'il  serait  regrettable  de  consacrer  une  somme  si 
élevée  à  la  l'estauration  d'une  façade  sans  style  et  sans 
caractère.  Il  conviendrait  d'y  faire  le  moins  de  travaux  ])os- 
sible,  de  se  borner  aux  ouvrages  de  réparation  et  de  conso- 
lidation strictement  nécessaires  et  d'éviter  surtout  tout  tra- 
vail d'(mibellissement.  En  présence  du  délabrement  de  la 
façade,  la  Commission  estime  qu'on  devrait  saisir  cette 
occasion  pour  étudier  un  projet  de  façade  nouvelle  dans  le 
style  de  tout  l'ensemble  du  i)alais,  admiral)le  monument  où 
la  façade  actuelle  fait  tâche.  L'architecte  devrait  combiner 
son  projet  de  façon  à  eonsfrver  intacte  toute  la  décoration 
intérieure. 


—  259  — 
ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  le  projet  e^Drmuîm. 
tl'a|)proprialion  des  presbytères  de  Severdonck,  sous  Tiirn- ""''"'■'•  ^"'''' 
houl  (Anvers)  et  de  Souvret  (Ilainaul),  ainsi   que  sur   les 
plans  de  j^resbytères  h  construire  à  Pommerœul  et  à  Havre 
(Ilainaut). 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

Ont  été  approuv(''S  : 

V  Les  plans  relatifs  à  la  construction  d'éaliscs  :  consirnciion 

•  ^  dVglist'shWilcIort 

Au  hameau  de  Wilderl,  sous  Esschen  (Anvers).  L'atten-''^"''"''^^'"""'"' 
tion  de  l'auteur,  M.  Gife,  a  été  appelée  sur  la  nécessité  de 
donner  plus  de  pente  aux  toitures  des  nefs  latérales. 

A  Cerfontaine  (Namur),  les  plans  dressés  par  M.  Blandol 
ont  été  modifiés  conformément  aux  instructions  de  la  Com- 
mission ; 

2"  Les  proiets  d'agrandissement  des  églises  de  :  ''kUsos 

i        •>  ^  c  ,1e  Sainl-M.niu- 

Saint-Maur(Hainaut)  :  architecte,  M.  Bruyenne;  ot  .le  i.oyors. 

Loyers  (Namur)  :  architecte,  M.  Baclène; 

3'  Le  projet  dressé  par  M.  l'architecte  Van  Ysendvck  pour      Egiiso 

'        ''  '  ^  .1  .i'AïKlorlodit. 

l'appropriation  des.  abords  de   l'église  d'Anderlecht  (Bra- 
bant).   Ce  travail  comprend  un  mur  de  soutènement  sur- 
monté d'un  grillage  en  fer  ; 
A"  Les   plans   de  divers   objets  mobiliers  destinés  aux  Amr,..bi,.mont. 

,     ,.  1  il'églises. 

églises  de  : 

Koningshoyckt  (Anvers),  autel  latéral  ; 

llaeltert  lez  Alost  (Flandre  orientale),  buffet  d'orgue  ; 

Boussu  en  Fagne  (Namur),  chaire  à  prêcher. 


—  240  — 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  : 
uépaiaiion        p  Los  proJGls  (Ig  travaux  de  réparalion  el  de  consolida- 

de  diverses  '        "  ' 

églises,     jj^j^  ^  exéciUer  au.x  églises  de  Landscauter  (Flandre  orien- 
tale), Everbecq,  Feiuy,  Salles,  Ogy,  Monlbliarl  (Hainaut), 
Wibrin  et  Soy  (Luxembourg); 
dese"i"es'*'ie      '"  ^^^  comptes  des  recettes  et  des  dépenses  elîecluées 
''"''"Xuha^r'^'pendant  rannéc  1878  aux  églises  de  Saint-Sulpice,  à  Diest, 

d'Anvers, 

N.-i)  de  pameie, Notre-Dame,  à  Anvers  (vaisseau  et  pelilc  tour),  Notre-Dame 

a  Aiidenarde,  ^  '  ■' 

'^^G.'d.S*''"  de    Pamele   à  Audenaerde,    Saints- Michel- et -Gudule,    à 

à  Bruxelles. 

Bruxelles; 
du  Bfg,,hfage      3"  Les  devis  estimatifs  des   travaux  de  restauration   à 

et  de  Notre-Dame,         ,  >     i-  i         -r»  '         • 

àiiasseii.    exécuter  aux  églises  du  Begumage  et   de  Notre-Dame,  à 
Hasselt  :  architecte,  M.  Jaminé  ; 

de  sa^nuînvnn,  ■^"  ^Gs  propositlous  rclativcs  à  l'achèvement  de  la  restau- 
ration de  la  tour  de  l'égiise  de  Sainl-Bavon,  h  Gand  :  archi- 
tecte, M.  De  Curte; 

RsriisedePanini.  5"  j^gg  plaus  drcsscs  par  M.  Hansotte  par  la  clôture  et  la 
consolidation  provisoires  de  l'église  de  Pamel  (Brabant)  ; 

de sjdf.iïoM ,  ^^  Le  dessin  de  la  porte  d'entrée  de  l'église  de  Saint- 
Loup,  à  Namur; 

Rfc'iise de sinze.  7"  Le  plau  drcssé  par  M.  Jaminé  pour  la  restauration  de 
la  grande  porte  pratiquée  dans  la  face  ouest  de  la  tour  de 
l'église  de  Sluze  (Limbourg)  ; 
de'NlnM'i'"  ^"  ^^^  propositions  soumises  par  M.  l'architecte  Cels 
pour  les  ouvrages  d'élayement  et  de  démolition  à  exécuter 
d'urgence  à  la  façade  principale  de  l'église  de  Sainl-Aiibin, 
;i  N.'iiiini'. 


—  24.1  — 

—   Des  délégués  ont  procédé  à  une  inspection  détaillée      Rguse 

^  •  '  (l(î  Sainl-Siilpice, 

des  travaux  de  restauration  en  cours  d'exécution  à  l'église  de     '■''^'''''• 
Sainl-Sulpice,  à  Diest. 

Depuis  la  dernière  visite,  on  a  consolidé  et  réparé  toute  la 
façade  latérale  vers  le  nord,  entre  la  tour  et  le  transept;  il 
ne  reste,  pour  achever  cette  partie  de  l'édifice,  qu'à  établir 
la  balustrade  et  les  gargouilles;  mais  ce  travail  ne  présente 
pas  une  grande  urgence  et  peut  être  ajourné  sans  inconvé- 
nient. On  a  reconstruit  aussi  la  tourelle  de  l'escalier,  qui 
s'était  partiellement  écroulée,  ainsi  que  l'arc-boutant  double 
qui  pousse  en  même  temps  vers  le  transept  et  la  haute  nef. 
La  face  du  transept  vers  le  chœur  a  été  réparée;  les  fenêtres 
qui  existent  de  ce  côté  et  qui  sont  fermées  par  une  maçon- 
nerie de  briques,  n'ont  pas  été  rouvertes  ;  on  s'est  borné 
provisoirement  à  y  faire  les  réparations  indispensables. 

La  façade  du  transept  nord  n'est  pas  entamée  encore;  des 
plans  complets  pour  la  restauration  de  cette  partie  inté- 
ressante du  monument  seront  soumis  en  temps  utile. 

On  s'occupe  en  ce  moment  de  la  restauration  des  contre- 
forts et  arcs-boutants  de  la  façade  nord  du  chœur;  deux 
travées  sont  déjcà  entièrement  restaurées  et  les  échafaudages 
nécessaires  à  la  reconstruction  de  deux  arcs-boutants  de 
l'abside  sont  placés.  Ce  travail  présente  des  difficultés  sé- 
rieuses non-seulement  par  suite  de  l'état  délabré  de  cette 
partie  du  monument,  mais  aussi  en  raison  de  l'existence  de 
maisonnettes  contre  l'abside.  Il  serait  à  désirer,  au  double 
point  de  vue  de  l'aspect  et  de  la  conservation  du  monument, 
que  ces  petites  habitations,  d'une  valeur  d'ailleurs  minime, 
pussent  être  démolies. 

Les  travaux  de  restauration  de  l'église  de  Saint-Sulpice  se 


—  242  — 

poiirsuivcnl  (rnne  faron  régulière  el  sont  exéciilés  avec  un 
soin  tout  parliculier.  La  Commission  approuve,  on  consé- 
quonce,  la  marche  suivie  dans  celle  enlreprise. 

Les  délégués  ont  examiné  dans  les  magasins  de  l'église  un 
Chris!  en  croix  et  les  statues  de  la  Vierge  et  de  saint  Jean. 
Ces  sculptures,  qui  datent  de  1600,  ne  sont  pas  dépourvues 
de  mérite  artistique;  il  serait  à  désirer  qu'elles  fussent  réla- 
])lies  sur  une  poutre  h  Pentrée  du  chœur,  sous  l'arc  triom- 
phal, où  elles  ont  existé  primitivement. 

Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 


Vu  en  conlorniilé  de  l'arlicle  25  du  règlement. 

Le  Président, 

Welle  Ns. 


GRÈS  FLAMANDS, 

LIMBOURGEOÎS  ET  LIÉGEOIS. 


La  polerie  en  grès  est.  un  genre  de  céramique  qui,  à  raison 
(lu  sahie  que  conlieni,  l'argile  servant  à  sa  Cabricalion,  a 
acquis  la  dureté  de  la  pierre  :  les  Allemands  rappellent 
Sleingul,  ustensile  de  pierre. 

La  fabrication  de  ces  grès,  revêtus  de  reliefs  très  artis- 
tiques en  émail,  généralement  gris,  bruns  et  bleus,  a  été 
surtout  en  honneur  au  xvi"  siècle  et  au  xvii^  (i),  jusqu'à 
ce  que  la  mode  s'altachcàt  aux  porcelaines  de  Chine  ou  du 
Japon,  importées  par  le  commerce,  et  à  leurs  imitations  en 
faïence  de  Delft  :  alors  les  grès  polychromes  de  Greussen 
exagérèrent  les  ressources  de  l'émaillerie  pour  soutenir  la 
concurrence;  mais  bientôt  celte  dernière  resta  victorieuse 


(i)  On  ne  songe  plus  aujourd'hui  h.  imiter  ce  celtomane,  qui  voyait  dans  un 
yrès  de  ce  genre  un  vase  l)asque  avec  l'inscription  celtique  (!)  :  ermf.  at 
ZE  ERME  AK  ATCH  GOTiDVEN  DicHERCAT,  ct  qui  traduisait  :  «  ce  vase  est  trop  polit 
pour  les  Herrnès  étrangers.  » 

11  est  démontré  qu'il  s'agit  d'un  vase  du  xvi^  siècle,  avec  l'inscription  en 
ancien  allemand,  ainsi  rétablie  :  Acn  gott,  thue  uich  erdarmen  iir.F.R  mich 
ARMEN  (Ah!  Dieu!  ayez  pitié  de  moi,  malheureux!). 

(Voir  sur  ce  point  les  Mémoires  de  V Académie  celtique,  II,  p.  330,  pi.  vi, 
et  Hf,  p.  503);  les  Jalirbiiclier  des  Vereins  von  AJterthumsfreumlen  iin  Rlicin- 
tande,  XIX,  p.  149,  et  Dornbiisch,  Die  Kunslfjilde  der  Tôpfe  in  der  ahleHiclien 
SIddt  Sieiibnni  uud  ilnr  Fahricfife,  Cologne,  1X73,  p.  9-i). 


—  244  — 

et  l'on  ne  fabriqua  plus  guère  au  xviii'  siècle  que  des  grès 
ornés  de  rosaces  ou  d'aulres  dessins  moulés  et  dépourvus 
de  goùf. 

Celte  industrie  cessa  dès  lors  d'appartenir  aux  arts  indus- 
triels; mais,  dans  les  derniers  temps,  la  mode  s'est  remise 
aux  grès  dits  flamands,  et  on  a  redemandé  les  grès  dans  le 
genre  de  ceux  du  \\f  siècle  et  du  \\\f  ;  la  fabrication  a 
recommencé,  soit  à  l'aide  d'anciens  moules  conservés  dans 
les  familles  des  anciens  potiers  (i),  soit  à  l'aide  de  surmou- 
lages :  les  grès  gris  et  bleus  de  ce  genre,  fabriqués 
aujourd'bui  à  Grenzhausen,  en  face  de  Coblence,  inondent 
l'Europe,  et  les  très  belles  imitations  modernes  de  Pierre 
LcÀvenich,  de  Siegburg,  ont  donné  le  change  à  bien  des 
«  connaisseurs  » . 

La  toute  première  collection  de  grès  anciens  fut  forniéiî 
par  M.  d'iluyvetler,  au  commencement  de  ce  siècle.  Il  habitait 
Gand,  et  il  y  trouva  les  éléments  d'un  magnifique  musée  : 
c'est  là  sans  doute  ce  qui  a  valu  aux  grès  leur  (jualification 
toute  moderne  de  grès  flamands,  qui  a  été  admise  en  France 
et  en  Angleterre,  mais  qu'on  attaque  aujourd'hui  avec 
énergie,  et  —  disons-le  —  avec  excès. 

La  collection  d'IIuyvelter  constitua  en  grande  parlie  celle 


(i)  Il  est  ciuieux  de  voir  combien  les  iradilions  se  sont  conservées  dans  les 
familles  :  un  P.auduiii  Mennicken,  de  Uaeren,  a  imprimé  son  nom  sur  des  grès 
de  1.577  (Mus.  de  Bruxelles,  J.  li);  un  Jean  Mennicken  (Kxpos.  de  Municli 
de  1870,  n"  2551)  fabriquait,  en  1790,  des  poteries  à  Hùrrn  (Roreii  =  Racron, 
et  non  Hohr,  Nassau?,);  ciiïin,  en  1877,  un  Me.nmcken  d'Eupen,  non  loin  de 
Raeren,  offrait  au  Musée  de  Bruxelles  tout  une  collection  de  grés  et  de  moules 
pour  fabriquer  les  reliefs  (plusieurs  de  ces  grés  sont  aujourd'hui  entre  les  mains 
de  M.  Remer,  membre  correspondant  de  la  Commission  royale  des  moiiiimcnls, 
à  Verviers). 


Ou, 


'O 


-:^  v--?"^ 


k\ 


k> 


■«1    ^V'>-» 


^î^*-- 


or 


—  24rj  — 

du  baron  de  Wockherlin,  à  La  Haye  (^i),  qui  fui  acquise 
par  M.  Gambart  de  Londres,  et  qui  fut  détruite  par  une 
explosion  de  gaz;  cependant  admirablement  reconstituée, 
elle  passa  au  musée  de  Kensington;  c'est  la  plus  belle 
collection  de  grès  qui  existe,  d'après  Demmin  (2). 

Le  second  rang  est  attribué,  par  le  même  auteur,  à  la 
collection  de  grès  du  Musée  de  la  porte  de  liai  à  Bruxelles; 
mais  si  celle-ci  est  moins  riche  que  sa  rivale,  elle  est  au 
moins  constituée  de  pièces  intactes. 

Le  Musée  royal  d'antiquités  de  Bruxelles,  depuis  que 
Demmin  l'a  visité  et  décrit,  s'est  accru  d'un  assez  bon 
nombre  de  belles  pièces,  entre  autres  d'une  série  de  jiots 
dits  apostoliques,  de  Greussen. 

Il  a,  en  outre,  fait  récemment  l'acquisition  d'un  barillet 
en  grès  (3),  avec  un  pied  et  deux  anses  (pi.  IV,  fig.  8), 
revêtu  d'émail  brun  et  portant  six  écussons  en  relief  de 
trois  modèles  différents  : 

1"  IVAN  .  FERNANDES  .  DE  .  SAN  .  viTTORES,  avcc  armoirics 
(pi.  I  en  regard,  fig.  1); 

(1)  C'est  à  tort  que  Marryatt,  Collections  towarcls  a  histonj  of  poltenj  and 
porcclam.,  in  Ihe  xvth,  xvi"',  xvii"'  and  xviiiH'  centuries,  p.  70,  afiirme  que  le 
Gouvernement  belge  a  acquis  cette  collection  des  héritiers.  Il  s'est  borné  à  faire 
quelques  acquisitions  de  pièces  importantes  a  la  vente  de  la  collection  d'Huyvetter 
qui  a  eu  lieu  à  Gand  le  20  octobre  1831  (M.  bu  Sommerard,  pour  le  Musée  de 
Cluny,  à  Paris,  a  été  aussi  l'un  des  adjudicataires),  ou  à  la  vente  de  Benoni 
Verhelst,  le  I"  mai  1839,  qui  avait  acquis  beaucoup  d'objets  à  la  vente 
d'Huwetter. 

(2)  Guide  de  Vamateur  de  faïences  et  porcelaines,  poteries,  etc.,  4*  é.lit. 
(Paris,  187.3),  p.  522. 

(3)  Le  Catal.  Van  Huerne,  p.  90,  n"  ■l.'ïS,  nomme  un  objet  sembUible  (sans 
doute  a  raison  de  sa  forme  générale)  :  "  barillet  de  comptoir,  dit  verken.  » 

(Verken,  on  le  sait,  désigne  le  porc,  en  flamand). 

Les  catalogues  Van  Huerne,  Van  Parys,  etc.,  et  la  plupart  des  autres  qui  sont 
cités  ci-après,  existent  à  la  Bibliothèque  du  Musée  royal  d'antiquités  de  Bruxelles. 


—  Ui\  — 

T    LLOAAUD    COLCHON    AC.    SELKGN.    PH-EtiES.    V.NIU^»     UVIUL 

(pi.  f,%.  2). 

5°  Écusson  armorié  (ci-aprùsdéerif). 

Ce  barillet  a  0'"58  à  O'"4i2o  de  longueur. 

M.  le  coaile  Georges  de  Looz,  conseiller  provincial  à 
Liège,  avait  trouvé  ce  barillet  chez  un  habitant  de  la  com- 
mune d'Acosse,  et  l'obtint  sans  difiiculté,  j)arcc  que  l'objet 
était  détérioré  et  hors  d'usage;  il  en  fit  don  au  Musée 
archéologique  de  Liège,  qui  le  céda  au  Musée  de  Bruxelles. 

Cette  pièce  est  appelée  à  jouer  un  rôle  peut-être  important 
dans  le  débat  au  sujet  de  l'origine  des  grès  flamands;  en 
effet,  ce  lonnelet  non-seulement  a  été  trouvé  en  pleine 
llesbaye  et,  vu  son  volume  assez  considérable,  n'y  a  jias, 
sans  doute,  été  apporté  de  bien  loin,  ce  qui  est  un  indice  de 
fabrication  locale;  mais,  en  outre,  les  armoiries  des  écussons 
appartiennent  h  des  personnages  ou  familles  de  Belgique. 
■  1"  La  première  inscription  se  lit  :  Juan  Feniandez  de 
San  Yitlor. 

Le  nom  de  $an  ViUor  est  celui  d'une  famille  belge  ou  du 
moins  établie  en  Belgique  précisément  à  l'époque  qui  sera 
déterminée  de  plus  i)rès  à  l'aide  des  deux  autres  écussons. 

Voici  comment  les  armoiries  de  cette  famille  sont  décrites 
par  les  auleurs  d'ouvrages  héraldiques  (i)  :  «  d'azui-  à  la 
toui'  de  trois  créneaux,  donjonnée  d'une  aulre  tour  aussi  de 
truis  créneaux  d'argent,  à  la  bordîire  componnée  d'argent 


(i)  Le  Roux,  Recueil  de  la  noblesse  de  Bourgogne,  p.  105;  Divaeus,  Rerum 
lovaniens.,  lib.  I,  p.  86  ;  (de  Vegiano),  Nobiliaire  des  Pays-Bas,  cJif .  de  Louvain, 
1700,  I,  [).  83;  Quartiers  généalogiques  des  familles  nobles  des  Pags-Bas,  etc., 
parL.  J.  P.  C.  D.  S.,  Cologne,  177U,  pp.  81,  104,  ô5ô;  enlin,  MS.  généalogique 
dans  la  possession  de  M.  le  comte  G.  de  Looz,  tpii  a  bien  voulu  .signaler  aussi 
l'ouvrage  précédent. 


—  ±M  — 

ut  de  gueules;  ciiaier  à  ciiii|  i»enii;iclie.s,  deux  d";izur,  deux 
d'argon l  cl  un  do  gueules  (jui  est  au  milieu,  enlic  lequel  et 
\^is,  doux  suivants  naissent  deux  rameaux  d'olive  pareillcmenl 
d'ai'gcnt.  » 

Quelque  imparfaites  que  soient  les  armoiries  du  tonnelet 
où  les  métaux  ni  les  couleurs  du  blason  ne  sont  pas  indiqués 
par  des  hachures,  il  est  impossible  d'y  méconnaître  les 
éléments  de  cette  description  :  la  tour  donjonnée,  les 
panaches  et  rameaux,  etc. 

Le  nom  de  Juan  Fernandez  de  San  Vittor  n'apparaît  pas 
cependant  dans  les  listes  généalogiques  de  cette  famille,  (pii 
nous  font  connaître  : 

Jean  de  San  Vittor,  époux  de  Mencia  de  Malvenda; 

Leur  fds,  François  (l")  de  S.  V.,  époux  de  Anne  de 
Chincilla-Figueroa  ; 

Leur  fils,  François  (IF')  de  S.  V.,  capitaine,  gouverneur 
de  Swol  et  de  Meurs,  mort  le  i8  octobre  159G,  époux  de 
Marie  de  Steenlandt,  dame  de  Bommelettes,  enterrés  tous 
deux  au  grand  chœur  des  Récollets  à  Louvain  ; 

Leur  fils,  François  (IH'O  de  S.  V.,  seigneur  de  Bom- 
melettes, époux  de  Louise  Van  der  Eycken,  fille  de  Charles, 
conseiller  au  Conseil  de  Brabanl ,  également  enterré  aux 
Récollets;  il  fut  bourgmestre  de  Louvain  en  1054.,  1GÔ5, 
1637  et  1639; 

Leur  fils,  François  (IV'),  époux  de  Thérèse-Constance 
Pinson  Van  der  Aa;  il  fut  bourgmestre  de  Louvain  en 
1655,  iG;iG,  1675,  1G7i  et  iG7o  ; 

Leur  autre  fils,  frère  de  François  (IV"'),  fut  Charles  de 
S.  V.,  seigneur  de  Bommelettes,  capitaine  au  régiment  de 
Savalla,  époux  de  Françoise-Xavière  de  Morales  ; 


—  "lAH  — 

La  lille  de  Charles,  Anne-Thérèse  de  S.  V.,  épousa 
Maximilien-Eugène  Van  der  Dilft,  seigneur  de  Ten  Broecke, 
bourgmestre  de  Louvain  de  1718  jusqu'à  1721  ; 

Le  fils  de  Charles  de  S.  V.,  Pierre,  mort  en  170(),  l'ut  le 
dernier  du  nom  de  San  Vittor. 

François  de  San  Vittor  (le  IIP)  avait  été  créé  chevalier 
le  2  avril  io90. 

Le  Juan  Fernandez  de  San  Vittor  de  notre  inscription,  on 
va  le  voir,  doit  avoir  fleuri  dans  le  deuxième  quart  du 
XVII®  siècle;  il  fut  sans  doute  un  second  fils  de  François  (IIP 
du  nom). 

On  connaît  d'autres  produits  céramiques  portant  la  même 
inscription,  tous  recueillis  en  Belgique  : 

«  Cruche  à  corps  pyriforme,  ornée  de  trois  écussons 
armoriés;  autour  de  deux  de  ces  écussons  on  lit  :  ivan 
lEP.NAXDES  DE  SAN  viTTOREs.  Le  col  cst  omé  de  jolies 
arabesques.  Couverte  brune  unie  (i).  » 

«  Cruchon  à  corps  pyriforme  et  à  goulot  évasé;  couverte 
grise  et  brune.  La  panse  est  ornée  de  trois  grands  écussons 
armoriés.  Autour  de  celui  du  milieu  on  lit  :  Léonard 
(d')iiouwen,  et  autour  des  écussons  latéraux  :  ivan  fer- 

NANDES  DE  SAN  VITTORES  (2).  » 

«  Cruchon  à  corps  pyriforme  et  à  long  col  évasé;  il  est 
orné  de  deux  larges  écussons  emblématiques,  porîaiit 
l'inscription  :  ivan  fernandes  de  san  vittores.  Couverte 
brune  (3).  » 


(1)  Catalogue  du  cabinet  Van  Parys  (vente  le  2o  septembre  1853),  p.  27, 
II"  .-j82. 

(2)  10 :d.,  11"  3,S5. 

(5)  Ibid.,  p.  50,  1."  4-2U. 


—   lîW)  — 

<)ii  n'a  pas  douve  de;  dclails  jiis(jii"à  picsciil  btir  ce 
Lcoiiaid  IJouwcn,  donl  lu  nom  apparail  sur  un  do  ces  grès. 
E(ai[-il  lui-incine  Belge? 

r/esl  l'orl  présumablc,  car  h;  nom  a  une  physionomie 
(ouïe  llamande,  et  le  savant  curé  llabels,  président  de  lu 
Société  archéologique  de  Maestricht,  consulté  à  ce  sujet, 
ccrline  que  le  nom  est  |)ai-failement  belge  et  limbourgeois 
et  ([u'il  l'a  rcnconiré  souvent  :  il  a  cité  entre  autres  un 
capitaine  Houwe  dans  les  Publicah'ons  de  celte  Société, 
1870,  p.  177. 

De  plus,  on  a  recueilli  en  Belgique  d'autres  vases  portani 
le  même  nom  (i). 

Au  surplus,  le  l'ait  ((ue  les  trois  autres  échantillons  connus 
de  grès  j)ortant  le  nom  de  Juan  Fernande/,  de  San  Vitlor,  ont 
été  recueillis  dans  une  collection  belge,  est  une  présomption 
d'origine  belge  :  ce  nom,  pas  plus  que  celui  de  Léonard 
llouwen,  n'a  été  signalé  jusqu'ici  sur  des  grès  recueillis  en 
Allemagne. 

2°  La  deuxième  inscription  doit  se  lii'c  :  Leonra^lns  Cul- 
chen,  rt/^bas  selegmcnsis,  pracscs  anioms  burs/hkWcne. 

Ce  Léonard  Colchen,  qui  fui  prieur,  |)nis  abbé  de  Seli- 
gensladt  (diocèse  de  Hildeslicim),  enlin  président  de 
l  Union  des  monasières  de  S.  Benoit,  h  Burslcld   (diocèse 


(i)  CalaL  delavenlODE  Renesse  du 'Sijavril  186i,  n"261.  «  Luc  politc  criiclic, 
»  terre  et  couverle  brune  ;  le  champ  est  orné  d'un  ccu  a  un  trcIVuille,  avec 
»  l'inscription  Léonard  houwen.  Haut.  0,20.  d 

Un  LÉONARD ,  abbé  de ,   apparaît  sur  un  vase  de  la  mcnie 

collection,  vente  du  3  mais  IStJi,  n^  J8'i. 

(11  y  a  eu  cependant  un  Léonard  Lymbourir,  de  liilstain,  ;ibbé  de  Ucaurepart, 
à  Liège,  dans  la  première  moitié  du  xvii'^  siècle). 


—  250  — 

de  Maycnce),  semblerail  à  première  vue  un  personnage 
allemand;  cependant  Bucelinus  (i)  nous  apprend  qu'il  avait 
débuté  dans  la  carrière  monacale  à  l'abbaye  de  S.-Trond, 
en  Hesbaye,  où  il  fut  postulalus.  De  plus,  Colchen  ou 
Gulchen  est  le  nom  flamand  de  la  commune  de  Goé,  près 
de  Dolhain-Limbourg,  et  c'est  un  nom  de  famille  encore 
porté  dans  le  Limbourg  actuel. 

Le  personnage  se  rattache  donc,  lui  aussi,  à  la  Belgique 
par  son  origine,  et  cette  circonstance  peut  lui  avoir  fait 
rechercher  des  produits  de  fabrication  locale,  sur  lesquels 
il  aura  fait  imprimer  son  nom. 

Et  ce  n'est  pas  le  seul  objet  de  ce  genre  qu'on  ait  recueilli 
en  Belgique.  On  a  vu  figurer  à  la  vente  de  la  collection  de 
Renesse  (2)  plusieurs  barillets  semblables  dont  le  suivant, 
quoique  indiqué  comme  un  peu  plus  long,  est  bien  positive- 
ment pareil  à  celui  du  Musée  de  Bruxelles  : 

«  Un  barillet,  à  pied  et  à  deux  anses  en  terre  brune  et 
couverte  brune;  il  est  orné  de  six  écussons  d'armoiries, 
parmi  lesquels  on  remarque  celui  d'un  abbé;  fin  du  xvi" 
siècle.  Long.  0'"46.   » 

Cette  dernière  attribution  de  date  est  erronée,  car  Léonard 
Colchen  mourut  en  1655,  ce  qui  rapporte  à  la  première 
moitié  du  xvif  siècle,  la  fabrication  des  grès  au  nom  de  Juan 
Fernandezde  San  Vittor.  C'est  l'époque  que  nous  révèle  aussi 
l'écusson  muet  dont  il  va  être  parlé. 

5"  Le  troisième  écusson  du  barillet  d'Acosse  n'a  pas 
d'ins('ri|ilion   :  il  ne  conlieni  que  des  armoiries  muettes,  où 


(1)  Germaniu  lopo-,  clirono-,  stcmmulo-,  graphica  sucra  et  profana,  II,  p.  273. 
(î)  Calai.  (Je  la  vente  du  3  mars  48(ji,  p.  li,  ii"'  16i)  à  171  ;  voy.  aussi  vente 
ftu  2.i  décemljie  1865,  n"  278,  et  coll.  Van  I'arvs,  déjà  citée,  n»  121. 


—  2oI    - 

les  métaux  et  les  couleurs  ne  sont  pas  non  plus  indiqués 
Cpl.  II  on  regard,  fig.  3)  :  l'écu  est  coupé  au  chef  de  trois 
maillets  (i)  et  à  la  pointe  do  trois  fleurs  de  lys  séparées  par 
une  bande. 

X.  B.  Les  maillets  doivent  être  inclinés  à  sencstre,  et  non 
à  dextre  comme  le  dessin  les  indique  par  erreur. 

Les  trois  maillets,  comme  les  trois  fleurs  de  lys,  se  re- 
trouvent dans  un  grand  nombre  de  blasons;  mais  il  n'a  été 
donné  de  les  rencontrer  réunis  et  disposés  de  la  même 
manière  que  dans  les  armoiries  d'une  t'amille  belge,  Van 
den  Sleen  ou  a  Lapide,  et  seulement  sur  celles  de  certains 
membres  de  cette  famille,  dont  les  derniers  étaient  contem- 
porains de  Léonard  Colchen.  Ce  sont  : 

Amand  a  Lapide,  époux  d'Elisabeth  Van  Ertuecht; 

Leur  fils,  Jean  a  Lapide,  notaire  et  sentencier  de  l'Oflicial 
à  Liège,  époux  de  Jeanne  Campo  ; 

Leur  fils,  Lambert  a  Lapide,  échevin  de  Liège  en  1625, 
époux  de  Marguerite  Xavea  ; 

Leur  fils,  Jean-Amand  Van  den  Steen,  chanoine  de  Saint- 
Lambert  en  1639,  abbé  d'Amay  en  1641,  mort  en  1671. 

Ce  seront  les  armoiries  de  ce  dernier  (2)  que  l'écusson  du 


(1)  Le  Calai,  de  la  troisième  Tente  de  Reresse,  du  23  avril  1864,  contient, 
n"  145,  un  grès  portant  des  armoiries  à  trois  marteaux  qu'on  indique  comme 
celle  de  la  maison  de  Maillet  ;  il  est  possible  que  ce  soit  notre  écu  coupé  aux 
trois  maillets  et  aux  trois  fleurs  de  lys,  lequel  se  retrouve  sur  un  grès  du  Musée 
de  Bruxelles  et  sur  un  autre  du  Musée  de  Liège 

il.  le  vicaire  Schmitz,  de  Raeren,  écrit  à  l'auteur  du  présent  article  qu'il  a 
bien  retrouvé  à  Raeren,  sur  des  grès  de  cette  localité,  un  écu  avec  trois  fleurs 
de  lys,  mais  point  avec  trois  maillets  a:i  chef. 

(î)  Voir  les  armoiries  de  ces  personnages  dans  le  catalogue  avec  armoiries 
des  Échevins,  aux  archives  de  l'État,  à  Liège  (Grand  Greffe,  A.  271,  p.  55), 
et  chez  DE  Theux,  Le  chapitre  de  Saint-Lambert,  III,  p.  281,  et  IV,  pi.  30, 
avec  quelques  variantes. 


—  ^y:>  — 

lumiclcl  rcpiuiluil;  elles  n'en  dillerenl  (jne  (juaiil  ii  lu  lai'- 
u'eiir  (le  la  bande  de  sai)lo  (jui  sépare  le  chef  de  la  poinle. 

11  scnibhi  donc  acquis  qu'il  s'agit  bien  d'un  gcès  de 
rabl'icalion  belge,  puisque  les  trois  écussons  se  rapportent 
à  des  ramilles  ou  personnages  de  notre  ])ays  cl  rap|)ellent 
les  villes  de  Liège,  Louvain  et  Sainl-Trond. 

Peut-être  même,  à  raison  de  ces  deux  abbés  d'Amay  et 
de  Seligenstadl,  celui-ci  ancien  moine  de  Sainl-Trond, 
prouvera-t-on,  un  jour,  que  ces  barillets  avaient  une  desti- 
nation déterminée  dans  le  mobilier  des  monastères  de  Bel- 
gi(|ue. 

11  y  a  là  des  éléments  sulïisanls  [)0ur  essayer  d'esquisser 
un  chapitre  de  «  l'Histoire  de  la  céramique  au  point  de  vue 
de  l'art  dans  nos  provinces,  depuis  l'époque  romaine  jus- 
qu'au xviii'^  siècle,  »  question  mise  au  coucou l's  dc|)uis 
1874  à  l'Académie  royale  de  [Belgique  (i),  mais  (}ui  ne  pa- 
rait pas  avoir  été  jusqu'ici  l'objet  d'une  solution. 

La  réunion  de  ces  divers  éléments  est  d'autant  plus  inté- 
ressante que  les  grès  dits  llamands  se  voient  aujourd'hui 
refuser  celte  dénomination  dans  les  ouvrages  de  Demmin  (2) 
et  de  Dornbusch  (5);  la  qualification,  cependant  bien  timide, 
(U)  grès  dils  llama'iU  est  même  sup|)riméc  dans  la  5' et 
dans  la  4*=  édition  du  catalogue  du  Musée  de  Bruxelles,  où 
di;ux  vases,  qui  précisément  ne  sont  pas  du  tout  llamands, 
conservent  seuls  la  désignation  degrés  /lamands. 


U)  Bull.  Ac(td.  roij.  de  Bcl<j.,  iô"  aiiiice,  :2'=  série,  XWVIII,  p.  (ji"2;  voy. 
ibid.,  XL1[,  p.  (JiO. 

(â)  Otiùle,  etc.,  pp.  512,  Ôli5,  ÔIO,  etc. 

(:.)  Die  Kitii.slijildr,  de,  picfacc,  p.  i,  cl  ciuip.  IF,  p.  5i;  SciiAfi-iiit.s,  Maihs 
(ind  clinnioyramii  on  poUery  and  porccliiin,  18(i3,  p.  47;  lic/froi,  IV,  p.  120. 


9N"; 


Ayons  soin  do  (lii'0(|u'il  ne  s'ag'il  pas  de  pi'oiivor  (|no  Ions 
los  gros  (lils  (liunanils  soni  llinnands  ;  il  y  a  en  inconlos- 
l;il)lom('n!  dos  gccs  rhénans;  mais  lous  les  gros  no  sont  pas 
riiûnans  :  il  y  en  a  aussi  de  (lamands. 

C'est  ce  qn'ilconvient  d'établir,  en  présentant  tout  d'abord 
celle  remarque  essentielle  que  l'argile  sableuse  qui  sert  à  la 
conloction  du  grès  ne  se  trouve  pas  exclusivement  en 
Allemagne;  on  la  rencontre  aussi  en  Belgique  (comme  l'af- 
firme l'impélrant  du  privilège  cité  à  l'annexe  .4)  ;  nous  pos- 
sédons encore  aujourd'hui  des  fabriques  de  pots  ordinaires 
on  grès,  par  exemple  à  La  Roche,  dans  le  Luxembourg. 

D'ailleurs  il  est  reconnu  par  Demmin  que  cerlains  grès, 
noinmmeni  l'horloge  hydraulique  ou  clepsydre  du  Musée 
(1(*  Cluny,  à  Paris,  proviennent  de  Belgique  (i). 

Les  preuves  à  rassembler  appartiennent  à  des  ordres 
d'idées  distincts,  los  traditions,  les  renseignements  histo- 
riques, los  inscriplions  des  vases  et  les  documenis  dos 
archives. 

L   Les  tratiilions  el  les  renseifjnemenls  liisloriques. 

Jacqueline  de  Bavière,  qui  fut  comtesse  do  lïainaut  et  qui 
vivait  au  xv*  siècle,  fut,  on  lo  sait,  |irisonnière  à  Teyiingen, 
do  U55  à  ii5(5. 

Elle  cherchait,  dit-on,  à  animer  sa  captivité  en  façonnant 
do  ses  mains,  ou  en  faisant  façonner  sous  ses  yeux,  des  grès 
allongés,  d'une  forme  parliculière,  qu'  aujourd'hui  encore 
portent  le  nom  de  Jacoba  kannelies,  cruches  de  la  comtesse 
Jacqueline. 

(i)  Demmin,  pp.  r>19  et  9iO,  n"  I2:j0  du  Miiséo  de  Cliiiiy. 


—  2o4  — 

Leur  signe  distinctif  est  que  le  pied  y  est  à  bosselles 
modelées  au  doigt  (i). 

Le  Rhin  baigne  le  ciiàteau  de  Teylingen,  et  l'on  rapporte 
(jue  l'illustre  prisonnière  s'amusait  à  jeter  dans  le  lleuve,  ' 
des  fenêtres   de  sa  prison,  les  produits  de  sa  fabrication, 
|)0ur  qu'ils  devinssent  un  jour  des  objets  de  curiosité  (J2'). 

Il  y  a  certes  de  l'exagération  dans  cotte  tradition,  car 
il  existe  des  pots  portant  la  marque  :  teylingkn  1424  (s), 
c'est-à-dire  une  date  antérieure  à  l'emprisonnement  de 
Jacqueline;  en  outre,  on  a  trouvé  en  Hollande,  récemment, 
et  assez  loin  de  Teylingen  (i),  un  dépôt  considérable  de 
Javoba  kanneijes;  mais  cela  indique,  tout  au  moins,  qu'il 
y  avait  en  Hollande  une  industrie  assez  développée  de  ce 
genre  de  grès,  qui  ne  doivent  donc  pas  être  tous  rapportés 
à  Siegburg,  comme  le  prétend  Dornbusch  (o). 

Une  autre  tradition  concerne  Charles-Quint,  qui  a  donné 
son  nom  à  une  espèce  particulière  de  grès,  les  vases  à  trois 
anses  dits  Keizer-Karel-kruiken . 

A  Oolen,  en  Campinc,  non  loin  de  Herenthals,  on  montre 
encore  un  de  ces  vases,  au  sujet  duquel  on  raconte  ce  cpie 
voici  : 

L'empereur  Charles,  étant  à  la  chasse,  se  présenta  à  un 
cabaret  du  village  et  demanda  à  boire.  La  lilh;  d'auberge 
lui  présenta  le  vase  en  le  tenant  par  i'anse;  l'empereui' 
ordonna,  dit-on,  que  désormais  les  vases  semblables  auraient 


(i)  Catal.de  la  coll.  Cali.ion  (veille  à  Cand  le  1:2  décembre  1S67),  n»'  il  et  12. 

(î)  Gheslou,  Reclierclies  sur  la  céramique  (18G3},  p.  lilj. 

(3)  Dkmmin,  p.  5. 

(i)  Rens.  de  Mgr.  Fhanssen,  curé  a  Ittervoort. 

(r,)  K  un  si  (1  il  de,  p.  57. 


—  255  — 

deux  anses,  une  pour  l'échanson,  une  pour  le  buveur  ; 
mais  l'année  d'après,  l'IIébé  villageoise  lui  offrit  le  vase  en 
tenant  les  deux  anses.  «  Décidément,  dit  l'empereur,  pour 
qu'il  y  en  ait  une  pour  moi,  il  en  faudra  une  troisième.  » 
On  suivit  son  ordre;  mais  la  nouvelle  expérience  ne  réussit 
pas  mieux  au  gré  du  prince,  car  la  cabaretièreen  tenant  deux 
des  anses,  avait  tourné  la  troisième  contre  sa  poitrine 

Cette  historiette  a  sans  doute  comme  fondement  de  vérité 
la  fabrication  sous  Charles-Quint  des  vases  à  trois  anses 
qui  portent  son  nom;  mais  la  localisation  en  Belgique  de 
la  tradition  est  au  moins  une  preuve  de  la  localisation  de 
l'industrie,  et  le  vase  à  trois  anses,  avec  le  nom  et  les  armes 
deMaeseyck  (voir  plus  loin),  confirme  singulièrement  cette 
preuve  (i). 

Au  surplus,  au  dire  de  Piccolpassi  (2),  l'industrie  de  la 
céramique  doit  avoir  été  favorisée  par  Charles-Quint,  car  du 
temps  de  ce  prince  flori?sait  à  Anvers  certain   Guido  de 


(1)  Le  Catal.  de  la  ô*"  vente  de  Resesse  du  25  avril  1864,  n°  180,  décrit  une 
de  ces  cruches  à  trois  anses,  ornée  d'un  médaillon,  trois  fois  répété,  «  offrant  le 
buste  d'un  empereur,  d 

Un  autre  grès  a  trois  anses  (coll.  Benoni  Verhelst,  n»  94)  porte  les  armoiries 
d'Orange,  de  France  et  d'Espagne. 

Il  eviste  beaucoup  plus  de  grès  à  trois  anses  en  Belgique  qu'à  l'étranger; 
cependant  M.  le  vicaire  Scumitz,  de  Racren,  informe  l'auteur  du  présent  article 
de  la  découverte  à  Raeren  d'un  grand  nombre  de  vases  à  trois  anses,  avec  ou 
sans  reliefs. 

(2)  L'ouvrage  intitulé  les  Troijs  livres  de  l'art  du  potier,  par  Cypricn  Piccol- 
passi, qui  écrivait  vers  le  milieu  du  xvi»  siècle,  a  été  récemment  «  translaté  de 
l'italien  en  langue  françoyse,  par  maistre  Claudius  Popelyn,  parisien.  »  Il 
contient  ce  que  voici  :  «  Dans  la  marcbe  d'.Ancon^e,  la  terre  de  cave  se  travaille 
en  maint  es  endroit,  en  maint  es  autre  la  terre  fluviane;  à  Gènes,  j'ay  ouy  dire 
que  se  travaille  la  terre  de  cave;  à  Lyon,  celle  du  Rhône;  es  Flandre,  celle  de 
cave,  j'entends  à  Anvers,  oii  porte  cet  art  Guido  de  Savino  de  ce  [lays-ci,  et  le 
maintiennent  niesliuv  ses  fils.  » 


—  SoO  — 

Savino,  de  G'îiios,  qui  iinpoii.'i  dans  nos  pi'ovinc(\s  la  fahri- 
catioii  (\o  coi'laincs  terres  cuites,  qu'on  a  iiicino  suppo- 
sées être  des  grès  (i),  mais  qui  ne  sont  peut-cMre  qu(^ 
des  faïcnccvs,  objet  spécial  de  la  ral)ricaIion  des  Italiens. 

Les  traditions  dont  il  vient  d'être  [larlé  sont  au  sur|)lus 
appuyées  d'un  fait  inq)i)rlant  auipiel  il  a  déjà  été  fait  allu- 
sion, c'est-à-dire  la  formation  ei!  Belgique  de  la  première 
et  la  plus  importante  des  collections  de  grès  de  noire  temps, 
la  collection  d'Iluyvelter  ;  or,  dans  le  nombre  relativement 
consid(''rable  de  grès  de  cette  collection,  plusieurs  se  distin- 
guaient par  un  l'aire  paiiiculiei',  (jui  n'est  ])as  celui  des  grès 
fabriqués  aux  bords  du  Rbin. 

Celle  collection  d'Iîuyvelter  possédait  notamment,  le  vase 
si  important  qui  fui  représenté  (-2)  sur  la  médaille  frappée 
en  1829  en  l'bonneur  de  la  visite  faite  parle  roi  des  Pays- 
Bas  à  cette  collection  ;  ce  vase  était  sans  doute  un  «  chcf- 
d'ceuvre  »  du  niaitrise  et,  sauf  certain  vase  de  grès  du  Musée 
de  Trêves  (0)  également  d'une  hauteur  de  0'"75,  il  n'existe 
pas  dans  toute   l'Allemagne  de  ])ièce  comparable;  or,  est-il 


(0  Voir  la  discussion  de  ce  point  clic/  Demmin,  Guide,  etc.,  p.  47. 

HouDOY,  Verreries  ii  lu  façon  de  Venise;  la  fabrication  flamande,  p.  G,  et 
I.OBMEYR,  Die  Ghisindnslrie,  p.  112,  pensent  qu'il  s'agit  d'nn  essai  à  l'eiïet 
d'introduire  ii  Anvers  la  labrication  des  niajoli(|ues,  et  cela  ne  devra  pas  étonner 
de  la  part  de  Charles-Quint,  qui  attira  che/  nous  les  verriers  de  Venise  et 
Mnrano. 

{-i)  Coll.  li'HiiYVETTER,  U'  104  ;  coll.  Veiuiklst,  n°  i06;  Zeldza/imheden  de  la 
coll.  u'Ulvvetteh,  par  Ongiiena,  pi.  i;  coll.  de  WECKUEiaiN  (pliotopraphics), 
pi.  i  et  II. 

(î)  Ce  vase  a  figuré  ii  l'exposition  des  arts  industriels  de  Cologne,  en  1870, 
sous  le  n»  1;J80.  il  était  marqué  du  siglc  ligulin  l.I<]  et  attribué  a  Raeren,  oii  il 
y  avait,  en  eiïet,  nu  potier  Jan  Knicns;  si  cette  atlribiilion  est  l'ondée,  le  vase 
d'Huvvetteh  pourrait  provenir  du  même  endroit;  mais,  comme  on  le  verra  pins 
loin,  ce  ne  serait  jias  nmiiis  nn  vase  belge. 


—  2^)7  — 

prohahhï  (juc  co  dornior  pays,  s'il  avait  produil  do  soiu- 
l)lal)lcs  spccimons,  n'en  cû(  pas  conservé  un  seul  aujourd'hui? 

Au  grand  noniI)ro  lU  vases  de  grès  recueillis  dans  noire 
pays  |)ar  d'duyveller,  correspond  d'ailleurs  une  quantih' 
non  moins  considérable  de  vases  de  grès  représentés  sur 
les  tableaux  de  l'école  lïamandc  ou  hollandaise  du  xvi'"  siècle 
et  du  xvii'';  or,  comme  l'a  fait  remarquer  avec  beaucoup 
de  raison  M.  Iloudoy  à  jiropos  des  verreries  belges  à  la 
façon  de  Venise,  il  est  probable  que  les  artistes  reprodui- 
saient les  exemplaires  que  l'induslrie  locale  mettait  (pioli- 
diennement  sous  leurs  yeux. 

Nos  artistes  contempoi-ains  qui,  jwur  motif  de  couleur 
locale,  introduisent  dans  les  intérieurs  du  xvi**  siècle  et  du 
xvii",  (les  brocs  en  grès  du  genre  dit  flamand,  ne  l'on! 
((u'imiter  leurs  devanciers  d'il  y  a  deux  et  trois  cents  ans. 

Vu  fait  important  et  ini'dit  est  d'ailleurs  le  suivant,  qui 
ne  doit  pas  être  passé  sous  silence  et  que  l'Exposition  na- 
tionale de  1880  relative  à  nos  industries  d'art  dans  le  passé, 
permettra  d'étudier  de  plus  près  :  on  a  découvert  il  y  a 
quelques  années,  à  Saint-Trond,  en  d(''molissant  une  Ujaison, 
une  quantité  de  débris  de  grès,  parmi  lesquels  certains 
vases  entiers,  qui  font  partie  de  la  collection  de  M.  Jules 
Ilelbig,  à  Liège.  Il  est  probable  (i)  que  c'était  là  un  atelier  de 


(i)  Le  Beffroi,  IV,  p.  iio,  présente  l'observation  fondée  que  voici  :  «  On  sera 

seulement  a  même  d'écrire  une  histoire  de  la  fabrication  des  gri's lors(|ue  les 

renseignements  sur  chaque  gikie,  encore  enterrés  dans  les  arcliives,  auront  été 
livrés  il  la  lumière,  et  lorsque  des  fouilles  étendues  pratiquées  dans  les  dépôts 
de  débris  qui  entourent  partout  les  emplacements  de  poteries  anciennes,  auront 
mis  au  jour  des  matériaux  d'après  lesquels  on  pourra  déterminer  les  pi'oduits  dr 
chacune  de  ces  poteries.  » 


—  258  — 

potier  en  grès,  et  si  l'hypothèse  est  fondée,  l'abondance 
des  grès  dans  l'est  de  notre  pays  se  trouverait  expliquée. 

Enfin  la  localité  l;i  plus  rapprochée  de  nous  (comme  le 
prétendent  les  auteurs  allemands)  où  l'on  aurait  fabrirpié 
des  grès,  lut-elle  celle  de  Raeren ,  encore  ne  pourrait-on 
supprimer  la  dénomination  de  grès  de  Flandre,  dénomina- 
tion générale  comprenant  toutes  nos  anciennes  provinces  (i)  : 
Raeren,  commune  du  ban  de  Walhorn,  appartenait  au 
duché  de  Limbourg,  annexe  du  duché  de  Brabant,  depuis 
la  bataille  de  Woeringen,  en  1288. 

il  est  du  reste  certain  qu'on  se  livrait  dans  les  Pays-Bas 
à  la  fabrication  des  grès,  car  Demmin  (2)  cite  un  document 
anglais,  du  temps  de  la  reine  Elisabeth,  où  un  potier  de 
Deift,  réfugié  en  Angleterre,  sollicite  un  jjrivilège  pour  la 
fabrication  des  grès,  afin  do  faire  concurrence  à  un  mar- 
chand de  grès  de  Cologne;  il  connaissait  donc  cette 
industrie  avant  son  émigration;  Demmin  parle  aussi  de 
l'importation  de  la  fabrication  de  certaines  poteries  faites 
à  Ilanau  au  xvii''  siècle  par  deux  négociants  des  Pays-Bas  : 
ces  poteries  pourraient  bien  être  les  «  grès  bleu  et  blanc,  » 
dits  de  Hanau  (3). 

(1)  Ortelius,  dans  son  Theatrum  orbis  terrarum,  disait  en  1570  :  «  Has 
onines  regiones  exteri  fere  omnes,  maxinia  ignorantia,  i)arteni  |»ro  toto  accipienics, 
uno  nomine  Flandrlam,  incolasqne  Flaiidros  indigetant,  (|iuini  Fiaiidiia  pars 
tantnm  sit,  aiit  una  haruni  rogionnm.   - 

(■2)  Guide,  etc.,  p.  319. 

(3)  P.  353,  on  lit  dans  le  llandbuch  der  Erfindimgen  von  Buscn  (Jonrnal  fïir 
Fabriken,  mars  1797,  p.  210)  :  «  Vers  le  milieu  dn  xvii»  siècle,  deux  négociants 
»  néerlandais  établirent  une  fabrique  de  faïence  ii  Hanau,  qui  fut  achetée  au 
»  commencement  du  xviii^  siècle  par  Simon  van  Alplien.  »  Or  en  ini  manuscrit 
de  1707  (inventaii'.'.  d'un  ménage  patricien  de  Nurenberg',  qui  se  trouvait  en  la 
possession  de  l'eu  le  D""  Hoessier,  conseiller  aiilique  à  SigmariUL'en,  on  lit  : 
«  Zwei  wciss  und  blaue  Hanauer  Krug  mit  Zinn  bescblagen.  » 


—  2;><)  — 

II.  Inscriptions. 

Dcminin  s'appuie  sur  ce  que  les  inscriptions  des  grès  sont 
en  vieil  allemand,  sur  ce  que  les  sujets  des  reliefs  sont  sou- 
vent des  scènes  de  la  Bible,  ou  même  des  démonstrations 
religieuses,  dans  le  style  de  la  Réforme,  qui  n'eussent  pas 
été  tolérées  dans  les  Pays-Bas  catholiques.  Cet  auteur  <'n 
tire  la  conclusion  que  la  Flandre  n'a  jamais  eu  rien  de 
commun  avec  la  fabrication  des  grès. 

L'argumentation  a  une  base  défectueuse  :  on  n'élève  en 
aucune  façon  la  prétention  que  tous  les  grès  du  xvi"  siècle 
et  du  XVII''  auraient  été  fabriqués  dans  les  Flandres. 

Il  y  a  des  grès  allemands  avec  inscriptions  allemandes 
et  sujets  prolestants;  mais  il  y  a  aussi  des  grès  à  inscrip- 
tions flamandes  (i)  ou  françaises,  et  il  y  a  même  en  Alle- 
magne des  vases  à  sujets  catholiques  très  orthodoxes. 

Il  y  a,  en  outre,  un  grand  nombre  de  grés  revêtus  de 
noms  ou  armoiries  se  rapportant  à  la  Belgique  ou  aux  Pays- 
Bas,  comme  des  maisons  de  Bourgogne  ou  d'Espagne,  ou 


(i)  On  peut  citer  notamment  les  inscriptions  : 

DEN  SOEMER  EN  DE  CAN  MAECKT  MKNIGHEN  AERMEN  MAN  (coll.  VekHELST,  11"  80)  ; 

cheeft  een  yegelycken  dat  hesi  toebehoort  (coll.  d'IIuyvetter,  n"  ri5; 
Musée  d'antiquités  de  Bruxelles,  J.  50); 

DIT  IS  DIE  SCHONE  HISTORIE  VAN  SUSANNA  INT'  KORTE  EYT  GESNEIDEN.  ENGEL  KRAN 

(Musée  de  Bruxelles,  J.  16), 

Etc.,  etc. 

Les  trois  inscriptions  citées  proviennent  de  Raeren,  où  M.  le  vicaire  Schmitz 
en  a  trouvé  de  nombreuses  variantes;  il  est  même  parvenu  à  retrouver  dans  les 
archives  de  l'église  de  Raeren  des  traces  de  cet  Kngcl  Kran,  qui,  a  la  tin  du 
xvi"  siècle,  y  a  fait  plusieurs  fondations  pieuses. 

Le  millésime  des  craches  avec  le  nom  de  Engel  Kran  est  de  I37(),  1.^84,  etc., 
et  non  de  iWi,  comme  l'a  mal  lu  Demmin,  p.  ôl5. 


—  2G0  — 

(les  fîKiiilli's  (Ic!  Ilrtlmalo,  de  Licdckei'ko,  de  Ligne,  de  I^n 
Mnrck,  d'Aremherg  (i),  de  Mérode-Waroux,  do  Culon- 
l)oiirc:(!2),  de  Swancnborg  (Iloliandc  sciilenlrionale)  (0),  olc. 

Quant  au  noms  do  villes  des  Pays-Bas  imprimés  sur  les 
vases  de  grès,  certes  on  ne  répétera  i)as  ici  la  bévue  de 
certains  catalogues  qui,  malgré  les  averlissements  de 
Demmin  (4)  et  de  James  Weale  (;;),  ont  persisté  à  traduire 
in  Iciden  fjedolt,  «  patience  dans  la  douleur,  »  par  l'ahriqiié 
à  Leidcn  ;  mais  en  fait  de  villes  de  la  Hollande  actuelle,  on 
peut  citer  sur  les  vases  en  grès  les  armoiries  et  parfois 
les  noms  des  villes  d'Amsterdam  (n),  Zvvoll,  Kampen  et 
Dovcnler  (7),  des  provinces  de  Frise  (s),  do  Zélande  (9) 
et  mémo  do  toutes  les  ])rovinces  do  la-  Hollande  réu- 
nies (lo). 

On  peut,  en  outre,  citer  les  noms  suivants  de  la  Belgique 
actuelle  : 

i"*  DERMONT  1572  (sans  doute  Tormonde),  dans  une 
demi-lune  au   milieu  d'un   losani?e;   sur  un  sud  en  ares 


(1)  Ventes  de  IIenesse  du  5  mars  ISGi,  ii"^  ITG,  181,  ISi,  -187;  du 
i!.';  avril  IHU,  n"'  1-27,  1G5,  189,  2-29,  2o0,  272;  coll.  d'Hi'yvettei!,  n°  ri!); 
(■(j1!.  Serrdhe,  II"  315,  etc.,  etc. 

{i)  Annales  de  V Académie  d'archéolof/ie  de  Belfiiqiie,  2'^  série,  N,  p.  a  15. 

(s)  Vente  de  Renessk  du  5  mars  1861,  n"  202. 

{i)  I».  324. 

(5)  Le  Beffroi,  IV  (1872-75),  p.  121. 

(g)  Vente  de  Renesse  du  25  avril  1864,  n"'  115,  126,  129,227,256;  Cdll. 
D'IIiiYVETTER,  u"  198;  Catal.  du  Mus{^e  de  liriixelles,  .1.  12,  51,  61;  cnll. 
Dei.teni'.r,  n"  1393,  etc. 

(7)  Vente  Veiîuelst,  n"  130;  ce  vase  a  fait  pai'lie  de  la  roli.  de  \Ve('.kim".i;i.ix, 
pi.  V  (les  planches  rangées  d'après  la  hauteur  des  vases). 

(«)  Vente  de  Re.ne.sse  du  25  avril  1861,  n"  212. 

(0)   Coll.  DE  WeCKIIERLIN,  pi.  XXII. 

(lo)  Kxpdsiliori  de  Cologne  de  1876,  11"  1559. 


brmi  ;  avec  doux  c(!rclc.s  crarahcsqucs  d':  l;i  lîriiaissaiicc, 
vers  le  liaul  cl  le  bas.  Iiiiliales  de  polier  :  i.   i;.    llauleiir 

'2"    NILT  .  BETEU  .  SîAET  .  KYOK  .  DIL I  .  DEll  .  MASE  (MaSC-Eyck 

=  Maescyck);  sur  imc  cruclic  à  trois  anses,  (erre  urisàli-c, 
ornements  d'émail  bleu  ;  elle  porle  trois  lois  l'insci'iplion 
dans  un  écusson  aux  armes  de  Maeseyck.  Hauteur  0"'29  i-i) 
(voy.  pi.  IV  en  regard,  fig.  7,  et  pi.  III  ci-après,  fig.  (5); 

ô"    A  .  QVEL  .  PARDISG  .  MARCHAND  .  DE  .  POT  .  DE  .  VOIKE  .  DE  . 

LIEGE .  PAUDisG  .  FILS  .  DE  ,  STEix  .  1605.  Sur  uuo  piiitc  OU  Icrrc 
el  couverte  brune;  elle  est  ornée  d'un  écusson  armorié,  dans 
lequel  se  trouve  l'inscription.  Hauteur  0"'IG  (s); 

4-"  Un  autre  :  qvellem  .  pai'.digqve  .  marchant  .  borgor  .  a  . 
LIEGE  (pi.  Il,  lig.  i),  sur  un  snel  en  grès  bleu  et  blanc, 
orné  d'un  écusson,  autour  du(picl  on  lit  l'inscription  (;). 

Si  les  vases  portant  simplement  les  noms  de  Termonde 
et  Maescyck  peuvent  provenir  de  l'étranger,  au  moins  les 
deux  derniers  vases  prouvent-ils  qu'il  existait  à  Liège,  au 
commencement  du  xvii''  siècle,  un  marchand  de  pots  de 


(i)  Coll.  Veriielst  (veille  le  18  mai  1859),  n"  4o  (D'après  des  renscij;iiciiioiits 
(le  M.  le  vicaire  Schmitz,  de  Racreii,  les  initiales  I.  E  désignent  le  potier  Juii 
Emcm  de  cette  dernière  localité,  déjà  cité  plus  haut). 

('2)  Avec  une  traiisposilion  du  dernier  mot  au  conuiienccment  (de  niciiio  |inur 
la  suivante,  à  raison  de  ce  que  la  légende  y  est  sans  doute  circulaire).  Vente 
DE  Renesse  du  3  mars  1864-,  n"  2i25. 

(r.)  Vente  de  Renesse  du  25  avril  1864,  n''  115. 

(i)  Catal.  de  li  vente  de  Renesse  du  24  décembre  1865,  ii"  i276. 

Un  exemplaire  au  Musée  de  Bruxelles,  J.  'l!2;  un  autre  au  Musée  de  Lille 
(communication  de  M.  HouDOv);  un  troisième  dans  la  possession  de  M.  le 
chanoine  Bock,  il  Aix-la-Chapelle. 

Lire  Pardicque  et  non  Perdicquein,  comme  le  porte  le  calalogue  du  Musée  de 
la  |ioi  te  de  Hal,  qui  s'est  borné  ii  reproduire  sans  vérification  et  même  ii  altérer 
une  énonciution,  déjà  erronée,  d;i  catalogue  de  Renesse. 


—  2(>2  — 

grès  qui  faisait  imprimer  soi)  nom  sur  les  vases  qu'il  vou- 
dail,  doù  la  coiiclusioi)  qu'il  les  fahriquail  sans  doute  lui- 
mcme. 

Cependant  ce  dernier  point  n'a  pu  être  éclairci  compiè- 
lemenl. 

M.  D.  Van  de  Casteclc,  archiviste  adjoint  à  Liège,  s'est 
prêté,  avec  son  obligeance  habituelle  (i),  à  rechercher  dans 
les  anciens  documenis  de  l'époque  tout  ce  qui  pouvait 
concerner  ce  Pardicque  et  les  siens. 

Il  y  a  identité  évidente  entre  le  Quel  Pardisc  et  le  Quellin 
Pardicque  des  deux  pots  portant  le  nom  de  la  ville  de 
Liège;  de  plus,  le  second  désigne  Quellin  (ou  Quirin)  Par- 
dicque, comme  fils  de  Stein  (ou  Etienne)  ;  il  s'agissait  donc  de 
retrouver  un  Etienne  et  un  Quirin  de  ce  nom  ayant  habile 
Liège  au  commencement  du  xvii'  siècle. 

Or  M.  Van  de  Casteele  a  découvert  : 

1"  Un  rendage  proclamaloirc  du  18  mars  1387,  men- 
tionnant un  Etienne  Pardicque,  de  Sari,  marchand,  mari 
et  mambour  de  Catherine,  fille  de  feu  Gielet  ou  Cille  de 
Saulcy;  il  s'agit  dans  cet  acte  de  la  vente  d'un  «  preil  de 
iiiolliii  de  Malvoyc,  situé  près  del  Thour  en  Bêche  (^)  >^; 

2°  Un  autre  rendage  proclamaloirc  du  1*'' juillet  1608, 
où  tigurent  Querinus  Pardicque,  également  de  Sart,  tuteur 
de  Charles  et  Marie  délie  Chaulcie  (de  Saulcy),  enfants  de 
Cuillaume,  marchand  bourgeois  de  Liège; 

(i)  C'est  il  lui  qu'on  doit  la  décou\erte  de  nombreux  documents  sur  les  gen- 
tilshdmmcs  vénitiens,  muranistes  et  ailaristcs  qui  furent  cmplovés  d;ins  nos 
conlPf^es  au  xvii»  siècle  pour  la  fabrication  du  verre  à  la  façon  de  Venise. 

{i)  On  remarquera  ces  dénominations  de  Tour  eu  nèclic,  tic  en  lièche,  qui 
se  rapportent  à  rdlat  de  la  ville  de  Liège  avant  les  Iravaux  de  dérivation  de  la 
Meuse;  on  y  voyjiit  aussi  le  Trou  Smilcii. 


—  203  ~ 

5"  Un  troisième  acte  sciiibiablc  où  Qudinus  l'anlirquc 
prciul  à  bail  emphytéotique  «  une  petite  isic  existante  en 
Bêche,  à  Liège,  joindant  vers  la  Boveric  à  la  Tour  de  Bêche, 
(U  environnée  aux  (rois  costés  de  l'eaue  de  Meuse,  appelée 
conununement  Lyslca  en  Bêche.  »  Cet  acte  est  passé  au  nom 
de  Maître  Jean  de  Saulcy,  Quelin  Pardicque,  Magdelenc 
relicle  de  Mention  de  Saulcy,  et  autres. 

Dans  tous  ces  actes  où  tant  de  points  sont  communs,  il 
s'agit,  sans  contestation  possible,  des  Stein  et  Qucllin 
(Etienne  et  Quirin)  Pardicque  des  vases  liégeois. 

En  outre,  aux  registres  aux  œuvres  de  la  Cour  de  Sart, 
près  de  Spa,  indiqué  comme  lieu  d'origine  des  Pardicque, 
figurent  différentes  personnes  de  ce  nom  :  le  Reg.  2,  f.  190, 
du  15  février  J617,  mentionne  un  Quelin  Pardicque,  sans 
doute  le  nôtre  «  présentement  marchant  et  bourgeois 
d'Aix,  »  et  f.  286  v",  un  an  après,  le  24  mars  1618,  on  y 
voit  figurer  les  héritiers  de  «  feu  Querin  Henri  Pardicque 
dudit  Sart.  »  Il  était  donc  mort  entre  ces  deux  dates. 

Malheureusement,  dans  tous  ces  documents,  on  ne  voit 
pas  une  seule  fois  la  qualification  de  potier,  qui  eût  permis 
d'affirmer  qu'il  existait  autrefois  une  fabrique  de  grès  sur 
l'île  en  Bêche  à  Liège 

S'agirait-il  seulement  d'un  marchand  de  pots  et  de  verre 
(de  pot  de  voire)  qui  transportait  son  commerce  de  ville 
en  ville,  puisqu'on  le  voit  successivement  établi  à  Liège  et 
à  Aix? 

En  tout  cas,  son  commerce  doit  avoir  été  assez  important, 
puisqu'il  commanda  deux  sortes  d'empreintes  pour  mar- 
quer ses  marchandises,  et  même  une  troisième,  car  le  vase 
à  son   nom  de   la  collection  du  chanoine  Bock  porte  un 


—  ^()4  — 

(Icuxiùinu  iiiÙLlaillou  l'cprcseulant  le  pci'i'uii  liégeois  (p!.  111 
eu  regard,  lig.  5). 

M.  Sclinii(z,  vicaire  à  Raercn,  auteur  de  reiiiar(|ual)los 
éludes,  qu'il  réunira  sous  peu,  au  sujet  des  grès  de  Raereii 
<|ui  oui  |)riiieipalemenl  approvisionné  la  Belgique,  affirme 
(juc  le  |)erron  de  Liège,  les  poteries  de  Quellin  Pardie(pie 
(de  même  (|ue  les  armoiries  de  San  Villor,  de  Van  den  Steen, 
de  Golchen  et  les  grès  en  forme  de  barillets),  pres(iuc  tout, 
en  un  mol,  ce  qui  figure  sur  les  i)lanclics  annexées  au  |)résenl 
arlicle,  esl  étranger  à  Raercn  :  ce  serait  un  indice  de  la 
nationalité  des  objets  dessinés  sur  ces  plancbes,  et  ce  serait 
donc  bien  décidément  dans  la  Belgique,  proprement  dite, 
qu'il  faudra  en  placer  la  fabrication  :  des  études  ultérieures 
feront  sans  doute  connaître  l'endroit  précis, 

l»ien  de  pareil  aux  dessins  de  ces  plancbes  n'a  été  jus- 
f|u'ici  signalé  ni  à  Frecben,  ni  à  Siegburg,  ni  à  Grenzliausen, 
ni  ailleurs. 

m.  —  Documcnls  des  archives  (i). 

Si  les  indices  (pii  viennent  d'être  rassemblés  ne  suffisent. 
pas  jiour  prouver  qu'en  Belgique,  aussi  bien  (pi'en  Allema- 
gne, on  a  fabriqué,  dès  le  xv!*"  siècle,  des  vases  de  grès 
ornés,  au  moins  est-il  certain  (|u'au  xvii*-"  siècle  on  a  essuyé, 
en  plusieurs  localités  de  la  Belgique,  la  fabrication  d'imita- 
tions de  grès  allemands. 

Le   savant  conservateur  général  i\cs  Musées   de    Lille, 


())  Demmin,  p.  398,011  il  signale  cxccplionucllciiuiil  la  pénurie  des  docunienl.s 
rie  ce  soiirc  pour  la  Belgique,  et  où  il  ap|ielle  tout  spéeialenuni,  sur  celle  lacune 
l'alleiition  ties  liii'eleui's  d'aiciiives. 


—  ^Go   — 

M,  lluikloy,  l'aulcur  do  I'ouviviiac  dcjà  cilc  sur  h  verni-ic 
llyniando  à  la  façon  de  Venise,  écrit  ce  qui  suil  à  l'auteur  du 
présent  article  :  «  La  (|uestion  des  grès  de  Flandre  m'a 
longtemps  préoccupé,  et  je  me  suis  souvent  étonné,  après 
avoir  consulté,  sans  laisser  de  lacunes,  le  riche  dépùl  de 
Lille,  de  n'avoir  jamais  vu  signaler  cette  fabrication  spéciale. 

»  Ce  silence  a  une  cause,  et  après  y  avoir  rélléchi,  je 
pense  que  cette  fabrication  très  ancienne  n'a  jamais  donné 
matière  à  privilèges,  par  la  raison  qu'elle  était  entre  les 
mains  des  potiers  de  (erre.  Si,  à  partir  du  xv*"  siècle,  cer- 
tains de  ces  ouvriers  ont  ajouté  à  leurs  produits  des  qualités 
artistiques  pour  la  forme  et  la  décoration,  le  procédé  de 
fabrication  intrinsèque  est  resté  le  même  et  n'a  pu  donner 
matière  à  un  privilège,  comme  cela  a  eu  lieu  pour  les  verres 
dits  de  Venise  et  pour  les  [)o!eries,  sur  lesquelles  on  substi- 
tua au  vernissage  plombeux  l'émail  slannifère,  qui  est  un 
émail  véritable.  Les  fouilles  révèlent  chaque  jour  des  frag- 
ments de  poterie  de  grès  très  anciens  dont  le  procédé  de 
fabrication  est  identique  a  celui  qu'employaient  les  artistes 
qui  ont  modelé  les  belles  cruches  du  xv'  siècle  et  du  \vi*; 
mais  le  goût  et  l'art  ne  pouvaient  constituer  un  privilège,  je 
le  répète.  A  côté  des  peintres  les  })lus  célèbres  ont  vécu  de 
tout  temps  des  peintres  mauvais  ou  médiocres;  il  en  fut  de 
même  pour  les  potiers  de  terre. 

»  Vous  prendrez  pour  ce  qu'elle  vaut  l'explication  que 
je  hasarde  du  silence  des  archives  de  la  Ghand^rc  des 
comptes  à  Lille  sur  la  question  qui  vous  intéresse  et  qui  m'a 
longtemps  préoccupé. 

»  Vous  pourriez  aussi  interroger  AL\L  X  et  X  de  Bruxelles, 
qui  devaient  publier  une  histoire  de  la  céramique  flamande 


—  2(56  — 

cl  à  (lui  j'ai  adressé,  il  y  a   quelques  années,  ce  que  j'ai 
trouvé  de  renseignements  à  ce  sujet.  » 

Il  n'y  a  pas  cependant  pénurie  complète  en  ce  qui  con- 
cerne les  grès.  Les  fabriques  belges,  s'il  en  a  existé,  avaient 
sans  doute  renoncé  à  cette  industrie  par  suite  des  événe- 
ments du  XVI''  siècle,  et  il  vint  à  l'idée  de  plusieurs  indus- 
triels de  se  livrer  au  xvif  siècle  à  l'imitation  des  grès  rhé- 
nans, qu'ils  qualifient,  au  moins  pour  le  comté  de  Namur 
ou  le  pays  de  Liège,  d'industrie  «  nouvelle  et  non  encore 
jamais  usitée  ». 

Jean-Baptiste  Chabotteau,  capitaine  réformé,  qui,  d'après 
M.  Dornbusch  (i),  était  domicilié  à  Bouvignes,  comté  de 
Namu)',  sollicita  en  1659  un  privilège  comprenant  «  la  fa- 
brication des  pots  à  bierre,  plats,  vases,  pipes  et  plusieurs 
autres  joliics  qui  ressemblent  à  la  porcelaine,  tant  blancs  que 
peinturés,  comme  aussi  de  par-delà  Cologne  d'un  lieu 
appelé  Grundhause  et  d'un  autre  lieu  nommé  SibriclU.  » 

Il  est  impossible  de  ne  pas  reconnaître  dans  ces  deux  loca- 
lités celles  de  Grenzliauzeu  et  Siegburg,  toutes  deux  sises 
sur  la  rive  droite  du  Rhin,  la  première  en  face  de  Coblence, 
près  de  Valendar,  la  deuxième  en  face  de  Bonn,  sur  la 
Sieg,  et  qui  ont  été,  comme  elles  le  sont  encore,  les  sièges 
les  plus  importants  de  la  fabrication  des  vases  de  grès. 

Chabotteau  s'engageait  à  faire  venir  de  ces  localités 
(comme  aussi  d'Angleterre  et  de  Hollande)  des  ouvriers 
habiles  à  façonner  les  vases  compris  dans  son  privilège. 
(Annexe  A.) 

En  1640,  un  même  privilège  fut  sollicité  du  i*rince-Évè- 

(i)  Die  KuHslgilde,fcé{dce,  p.  1. 


—  ti67  — 

que  de  Liège  (i),  à  rclTel  de  «  pouvoii-  iiianul'aclurer,  de 
terre  dite  vulgaircmeiil  dcrlu,  toule  sorte  de  |)ols  à  boire  vin 
et  bierre,  plats,  vases  et  d'autres  espèces  à  la  façon  de  Grinl- 
hause  et  SiùnClU  en  Allemagne,  tant  en  blanc  que  peinturés 
en  diverses  ligures  et  ouvrages  ressemblant  à  la  porcelaine»» . 
(Annexe  B.) 

Ce  privilège  ne  pai-ait  pas  avoir  été  suivi  d'eiïel,  car,  en 
1G44,  un  nouveau  privilège  semblable  l'ut  accordé  à 
Jacques  de  Barré,  qui  céda  ses  droits  à  Evrard  de  Pont, 
autre  bourgeois  et  marchand  de  Dinant,  qui  obtint  une 
remise  sur  le  droit  trop  onéreux,  primitivement  lixé, 
(Même  annexe  B). 

Dans  le  pays  de  Liège,  et  il  est  probable  qu'il  en  fut  de 
même  dans  le  comté  de  Namur,  les  octrois  accordés  avaient 
été  révoqués,  ou  étaient  venus  à  prendre  fin  sans  doute  pour 
défaut  d'exercice.  Matthieu  Bertrand,  potier  à  Verviers, 
chaussée  Saint-Gilles,  demanda  à  son  tour,  en  1658,  pri- 
vilège pour  «  faire  pots,  plats,  vases  et  autres  jolités,  res- 
semblant à  la  porcelaine,  tant  en  blanc,  bleu,  que  peinturées 
de  diverses  figures,  desquelles  les  nations  étrangères  font 
grand  profit  et  commerce.  »   (Annexe  C.) 

Une  concession  accordée  en  1661,  au  même  Matthieu 
Bertrand  d'un  coup  d'eau  propice  a  ja  fabrication  de  la 
poterie,  permettra  de  retrouver  l'endroit  où  exista  une 
de  ses  usines.  (Annexe  D.) 

Comme  ces  documents  parlent  de  porcelaitie  et  que  les 
essais  fructueux  de  Botticlier  pour  doter  l'Eui-ope  de  ce 


(i)  L'annexe  C  dénomme  le  titulaire  de  ce  privilège  :  c'est  Jean-Baptiste 
Chabolleau,  le  concessionnaire  namurois,  déjà  cité. 


—  2G8  — 

jirodiiil  iii(lu5li'iel,  jusqu'alors  cxclusil'  au  Japon  cl  à  la 
Chine,  ne  tlatenhiue  du  wiii'  siècle,  il  clail  |)eiinis  de  sup- 
poser que  la  dénomiiialion  de  porcelaine  appliquée  à  (ouïe 
autre  ciiose  qu'à  la  porcelaine  d'aujourd'hui,  comprenait  les 
grès,  etc. 

M.  Iloudoy,  à  {|ui  la  question  a  été  posée,  répond  : 

«  Porcelaine  désignait,  selon  moi,  les  imitations  tentées, 
par  tous  les  céramistes,  des  |)OJ"ce!aines  de  la  Chine  et  du 
Japon,  et  qui  amenèrent  la  découverte  des  émaux  d'étain, 
c'est-à-dire  la  tàïence  proprement  dite  et  puis  la  pâte  tendre 
à  laquelle  est  resté  le  nom  de  porcelaine. 

»  Je  sais  que  l'on  trouve  parfois  dans  certains  titres, 
entre  autres  dans  le  tarif  des  droits  d'entrée  en  France,  dont 
j'ai  puhlié  un  extrait  dans  mon  Histoire  de  la  céramique, 
1).  :24  :  «  dcrle,  terre  à  faire  faïence  et  norcelaine  de  û;al6re.  » 

»  Les  Mémoires  des  intendants  de  la  province  (p.  !2()) 
disent  :  «  derle,  terre  |)ropre  à  faïence,  se  tire  des  environs 
»  de  Tournay,  où  les  hollandais  de  Délit  s'en  viennent  four- 
»   nir.  » 

11  y  a  à  Lille  (en  1714;  deux  faljri(iues  de  faïence  et  une 
de  j)orcelaine. 

«  Or  la  fabriciue  de  porcelaine  lilloise  fabriquait,  non  des 
grès,  mais  de  la  pâte  tendre  analogue  à  celle  de  Saint-Cloud, 
près  de  Pai'is. 

»  Enlin  «  les  )oliles  cpii  ressemblent  à  la  j)orcelaine,  tant 
»  blancs  que  j)einturées,  »  étaient  des  objets  de  faïence,  à 
l'émail  blanc  d'étain,  chargé  de  peintures  de  cobalt  j)our 
les  décors  bleus,  et  d'émaux  de  cuivre,  de  fer  et  de  man- 
ganèse. 

»   Je  persiste  donc  dans  mon  oj)ini(»ii  :   la  fabrication  des 


—  269  — 

grès,  conlrairomcnt  à  celle  des  faïences,  qui  ne  pril  du  tlé- 
vclopix^menl  qu'au  wii"  siècle,  remonte  très  iiaut;  elle  était 
exercée  par  les  potiers  de  terre,  et  elle  ne  dut  donner  lieu 
que  bien  exceptionnellement  à  des  privilèges.  » 

A  celte  opinion  quoique  très  bien  motivée  de  M.  llou- 
doy,  on  peut  objecter  les  termes  du  privilège  d'Evrard  de 
Pont  (annexe  lï),  où  les  expressions  :  derle  ou  figures 
peinturées  et  ouvrages  ressemblant  à  la  porcelaine,  sont 
exclusivement  appliquées  aux  imitations  des  poteries  de 
Siegburg  et  Grenzliausen,  lesquelles  sont  bien  positivement 
des  grès,  car  notamment  à  Siegburg  les  potiers  n'ont  jamais 
fabriqué  que  des  grès.  Dornbusch  l'aflirme  de  la  manière  la 
plus  positive  (i). 

Dornbusch  (2),  après  avoir  décrit  le  grès ,  dit  qu'en 
somme  la  porcelaine  n'est  qu'un  grès  plus  fin,  d'où  la  con- 
clusion que  s'il  est  vrai  que  la  dénomination  de  porcelaines 
comprenait  au  xvii'  siècle  les  faïences  comme  celles  de 
Deift,  elle  s'étendait  aussi  aux  grès,  et  que  l'on  retrouvera 
peut-être  sous  le  titre  de  -porcelaines  les  privilèges  qui  ont 
pu  être  accordés  à  la  ral)ricatio!i  belge  des  grès,  s'il  en 
existe. 

Au  xviif  siècle,  on  l'a  dit  plus  haut,  la  fabrication  des 
grès  fut  détrônée  par  les  porcelaines  du  Japon  et  de  la 
Chine  et  par  les  imitations  en  faïence  faites  à  Delft;  cepen- 
dant on  continua  k  fabriquer  des  grès  dans  nos  contrées. 

Dans  le  pays  de  Liège,  un  document  de  1753  (annexe  E) 
accorde  protection  douanière  à  la  fabrication  indigène  de  la 


(i)  T)ie  Kunstgilde,  pp.  54  ot  56. 

(2)  llnd.,  p.  oi  :  «  PorceUaii  est  wieder  oine  feinere  Sorte  von  Steingiil.  » 


—  270  — 

«  poterie'  (11'  piorro  »  (synonyme  du  Sieiufjut  des  Alle- 
mands), et  m  i765,  Dornbusch  (i)  cite  une  fîibrique  de 
poterie,  sans  doute  degrés,  établie  à  Brée,  daus  noire  pro- 
vince de  rJmhourp:,  par  des  iiiduslriels  venus  de  la  Gueidre. 

H.  SCHUERMANS. 

Liège,  mai  1879. 


Annexe  A  (1639). 

Ocfroi  pour  Jenn  Bap^^  Cliahotfeaii ,  rnpifaine  r''formé  pour 
le  serv'ce  de  Sa  Majesté,  de  pouvoir,  à  l'exclusion  de  tous 
autres,  et  pour  le  terme  de  dix-huit  a7is,  introduire  et 
faire  au  pays  et  comté  de  Namur  la  manufacture  des 
ouvrages  de  terre  mentionnés  audit  octroi,  si  comme  pots 
à  boire,  plais,  vases  ci  toutes  autres  sortes  de  jolitcs  qui 
ressemblent  à  la  porcelaine,  tant  blancs  que  peinturés, 
de  diverses  figures,  moyennant  une  reconnais.mnce  de 
cent  florins  par  an,  payable  à  la  recelte  g^hiérale  diidit 
Namur  (2). 

Philippe,  etc.  A  tous  ceux  qui  ces  présentes  verront 
salut,  reçu  avons  l'humble  supplication  de  notre  cher  et 
bien  amé  Jean  Baptisie  Chabotleau,  capitaine  réformr  en 
noire  service,  contenant  que,  dans  toutes  nos  villes  en  notre 


(1)  Préface,  p.  1. 

(î)  Copie  entière  du  document  est  duc  à  l'ohli^eance  de  M.  .1.  Hornov. 
L'orthographe  est  rajeunie,  pour  faciliter  riiilelligeiice  des  documenis  lormant 
les  annexes. 


—  271  — 

pays  (le  par  deçà,  s'amènent  (rès  granrle  quantité  He  plu- 
sieurs sortes  d'ouvrages  de  terre  manufacturés  es  pays 
étrangers,  à  savoir  d'Angleterre  et  Hollande,  si  comme  pots 
à  boire  bierre,  plats,  vases,  pipes  à  prendre  tabac  et  plu- 
sieurs autres  sortes  de  jolités  qui  ressemblent  à  la  porce- 
laine, tant  blancs  que  peinturés  de  diverses  figures,  comme 
aussi  de  par  delà  Cologne,  d'un  lieu  appelé  Grundliause  et 
d'un  autre  lieu  nommé  Sibricht,  de  tous  lesquels  ouvrages  et 
marchandises  nos  ennemis,  rebelles  et  autres  nations  étran- 
gères en  font  très  grand  trafic  et  commerce  et  en  tirent 
annuellement  de  très  notables  sommes  d'argent,  sans  que 
nous  en  recevions  aucun  bénéfice  ni  profit,  mais  lesdits  enne- 
mis et  étrangers  s'en  sont  enrichis  et  accommodés  à  notre 
grand  préjudice  et  de  notre  service,  pour  à  quoi  remédier, 
le  suppléant  a  à  la  main,  en  nos  pays  obéissans,  tant  les 
terres  et  autres  ingrédients  propres  à  construire  et  manu- 
facturer semblables  pots,  plats,  vases  et  autres  sortes  d'ou- 
vrages comme  dessus,  que  les  ouvriers  qu'il  fera  venir  des- 
dits pays  étrangers  pour  manufacturer  lesdits  ouvrages  en 
notre  pays  de  pardeçà,  de  la  même  façon,  bonté  et  perfection 
que  sont  ceux  qui  se  font  auxdits  Angleterre  et  Hollande  et 
ailleurs  :  mais  commp,  pour  instituer  et  introduire  cette 
manufacture  en  notre  comté  de  Namur  non  encore  jamais 
usitée,  il  conviendra  au  suppliant  y  employer  des  grands 
frais  tant  pour  faire  venir  les  maîtres  ouvriers  desdits  pays 
étrangers  que  pour  construire  les  usines  et  fours  à  cuire 
lesdits  vases  et  autres  choses  nécessaires,  il  nous  a  très 
humblement  supplié  qu'il  nous  plût  lui  concéder  nos  lettres 
patentes  d'octroi  et  permission  de  pouvoir  établir  et  intro- 
duire la  susdite  manufacture  nouvelle  en  notredit  comté  de 


—  272  — 

Xanmr  pour  W  temps  cl  terme  de  Irenle  ans  à  l'exclusion  de 
lous  aiili'cs,  moyennant  la  reconnaissance  de  cent  llorins 
notre  monnoie  de  Brabant  par  chacun  an  à  notre  profil  elà 
payer  icelle  à  notre  recette  générale  dudit  Namur,  consi- 
déré que  étant  celte  nouvelle  manufacture  mise  en  pied  et 
train  en  notre  dit  comté  de  Namur,  le  public  en  sera  gran- 
dement bénéficié  et  accommodé  et  aura  la  marchandise  à 
provenir  d'icolle  manufacture  à  beaucoup  meilleur  marché 
que  non  pas  celle  venant  desdits  pays  étrangers,  et  aussi 
l'argent  demeurera  dans  nos  pays  "de  pardeçà  au  lieu  que 
nos  ennemis  et  étrangers  susdits  le  tirent  hors  d'iceux  et 
s'en  enrichissent,  et  sur  ce  faire  dépécher  nos  lettres  patentes 
en  Ici  cas  pertinentes. 

Savoir  faisons  que  les  choses  susdites  considérées  et  sur 
icelles  eu  l'avis  de  nos  amés  et  féaux  les  président  et  gens  de 
noire  conseil  provincial  à  Namur,  ayant  en  préalable  sur  ce 
ouï  nos  procureur  et  receveur  généraux  illecq  et  consé- 
quemmenl  eu  sur  ce  l'avis  de  nos  très  chers  et  féaux  les 
chefs,  trésorier -général  et  commis  de  nos  domaines  et 
finances.  Nous,  pour  ces  causes  et  autres  à  ce  nous  mou- 
vantes, inclinant  favorablement  à  la  supplication  et  requête 
dudit  Jean  Bap^e  Chabolleau,  suppliant,  avons  par  la  déli- 
])éralion  de  noire  très  cher  cl  très  aîné  bon  frère  Ferdinand, 
par  la  grâce  de  Dieu  infant  d'Espagne,  lieutenant  Gouver- 
neur cl  capitaine-général  de  nos  Pays-Bas  et  de  Bour- 
gogne etc.,  consenti,  octroyé  et  accordé,  consentons, 
octro^'ons  et  accordons  de  grâce  spéciale  ])ar  ces  présentes, 
au  suppliant,  ses  hoirs,  successeurs  ou  ayants  cause,  qu'ils 
puissent  cl  pourront,  à  rcxchision  de  lous  autres,  el  pour  le 
tcm|)S  el   terme  de    dix-liuil   ans   j^rocbains,  iniroduirc  el 


—  ^27  r>  — 

faire  en  noire  pays  et  comlc  de  Namur,  la  manufacture  des 
ouvrages  de  terre  par  dessus  mcnlionnée  si  comme  pois  à 
boire  bierre,  plats,  vases  et  toutes  autres  sortes  de  jolités  qui 
ressemblent  à  la  porcelaine,  tant  blancs  que  peinturés  de 
diverses  figures,  hormis  les  pipes  à  prendre  tabac, 
pourvu  toutefois  que  ladite  manufacture  soit  chose  nou- 
velle et  non  encore  semblable  mise  en  pratique  par  aucuns 
autres  en  nos  pays  obéissants,  sans  aussi  pouvoir  empêcher 
l'entrée  de  semblables  ouvrages  faits  es  pays  étrangers,  à 
charge  et  condition  de  payer  à  noire  profit  en  reconnais- 
sance de  cette  notre  présente  grâce  et  octroi  la  somme  de 
cent  livres  du  prix  de  quarante  gros  notre  monnaie  de 
Flandre  la  livre  par  an,  les  dits  dix-huit  ans  durant,  es  mains 
de  noire  amé  et  féal  Simon  de  Gorce,  conseiller  et  receveur- 
général  de  notre  dit  pays  et  comté  de  Namur,  présent  ou 
autre  à  venir,  lequel  sera  tenu  en  faire  recette  et  en  rendre 
compte  et  reliquat  avec  les  autres  deniers  de  sa  dite  recetle 
et  en  cas  que  ladite  manufacture  vienne  à  cesser  avant 
l'expiration  dadit  terme  de  dix-huit  ans,  sera  ledit  sup- 
pliant ou  sesdits  hoirs,  successeurs  ou  ayants  cause  quant  et 
quant  aussi  déchargés  de  ladite  reconnaissance[annuelie  de 
cent  florins  par  an,  pourvu  aussi  qu'avant  pouvoir  jouir 
de  l'effet  de  cesdites  présentes,  ledit  suppliant  sera  tenu 
de  faire  présenter  icelles  lant  au  conseil  de  nosdites  finances 
qu'en  noire  chambre  des  comptes  à  Lille,  pour  y  cire 
respectivement  regisirées,  vérifiées  et  entérinées  à  la  con- 
servation de  nos  droits,  hauteur  et  autorité  là  et  ainsi  qu'il 
appartiendra,  parmi  payant  à  nos  amés  et  féaux  les  prési- 
dent et  gens  de  notre  dite  chambre  des  comptes  à  Lille 
l'ancien  droit  pour  ledit  entérinement.  Si  donnons  en  man- 


—  ^27A  — 

(lemonL  à  nos  très  cliers  et  féaux  les  cliofs,  présidons  cl  gens 
de  nos  privé  el  grand  conseils,  président  et  gens  de  notre 
conseil  provincial  de  Namur,  auxdits  de  nos  finances  et  de 
nos  comptes  à  Lille  et  à  tous  aulres  nos  jusiiciers,  officiers 
el  sujets  que  ce  regardera  que  de  celle  nolie  présente  grâce 
cl  octroi  pour  le  temps  aux  charges  el  conditions  selon  et 
en  la  forme  et  manière  que  dit  est,  ils  fassent,  souffrent  et 
laissent  ledit  suppliant,  ses  hoirs,  successeurs  ou  ayants 
cause  pleinement  el  paisiblement  jouir  et  user  sans  leur 
faire  mellre  ou  donner  ni  souffrir  être  fait  mis  ou  donné 
aucun  trouble,  destourbier  ou  empêchement  au  contraire, 
car  ainsi  nous  plail-il.  En  lémoin  de  ce,  nous  avons  fait 
mellre  noire  scci  à  ces  présentes,  donné  en  notre  ville  de 
Bruxelles,  le  septième  de  décembre  l'an  de  grâce  mil  six 
cent  trente  neuf  et  de  nos  règnes  le  dix-neuvième,  para|)hé 
Ro — .  Siii'  le  j)li  est  écrit  par  le  Roi  monseigneur  l'Infant,  le 
Duc  de  Havre  |)remier  chef,  messeigneurs  François  Kins- 
cliol,  chevalier,  trésorier-général;  Jehan-Baptiste  Van  Maele 
et  Charles  Schollc,  aussi  chevaliers,  commis  des  finances 
et  aulres  présents,  signé  Veredychen.  Sur  le  dos  était  écrit 
les  chef,  trésorier- général  el  commis  des  domaines  et 
linances  du  Roi  consentent  et  accordent  en  tant  qu'en  eux 
est  que  le  contenu  au  blanc  de  cette  soit  fourni  et  accompli 
tout  ainsi  et  en  la  même  forme  et  manière  que  Sa  Majesté 
l(î  veut  el  mande  être  fait  par  iceluy  blanc,  fait  à  Bruxelles 
;iu  bureau  desdiles  finances  sous  les  seings  manuels  desdils 
clifl's,  ti'ésorier-général  oA  commis,  le  X  de  févi-ier  \\V 
(juarante,  soussignés  Ghp.,  de  Croy,  duc  d'Havre  et  comte 
de  Noyelle,  François  Kinschol,  Joseph  Boren  el  G.  de 
(Irysperre.   Sur  l'avant  dil  pli  est  encore  écrit,  ces  lettres 


—  275  — 

sont  entérinées  selon  leur  forme  et  lencur  par  les  [irésiilcnl 
et  gens  des  confiples  du  roi  ;i  Lille  et  de  leur  consentement 
enregistrées  au  registre  des  chartes  y  tenu,  conimençant  en 
décembre  mil  six  cent  quarante  trois,  folio  LXXVIII  et 
ensuivant  le  deuxième  de  juin  XV!'  quarante  quatre, 
nous  présents,  signé  :  d'Ennelières.  (Archives  départemen- 
tales du  Nord,  Chambre  des  Comptes,  69""-  Registre  des 
chartes,  folio  LXXVIII  recto.  Voy.  Inventaire  des  Archives 
de  Lille,  II,  p.  576,  sous  la  rubrique  B.  1004  (registre), 
années  1040-1040.) 


Annexe  B  (1043). 

Octroi  pour  faire  toute  sorte  de  pois  à  boire  vin,  bierre, 
plats,  vases  et  d'autres  espèces  pour  Evrard  de  Pont. 

Ferdinand,  à  tous  ceux  que  ces  présentes  verront  ou  lire 
orront  salut,  savoir  faisons  que  nous  ayant  été  remontré  en 
notre  chambre  des  comptes  que  comme  dès  l'an  1040  pour  le 
bien  public,  profit  et  commodité  de  nos  sujets  de  notre  prin- 
cipauté et  Évéché  de  Liège,  nous  aurions  donné  licence  et 
permission  à  des  personnes  nous  humblement  requérantes, 
de  pouvoir,  à  l'exclusion  de  tous,  faire  manufacturer  de  terre 
dite  vulgairement  derle  toute  sorte  de  pois  à  boire  vin  et 
bierre,  plats,  vases  et  d'autres  espèces  a  la  façon  de  Grint- 
hausen  et  Sibrichl  en  Allemagne,  tant  en  blanc  que  pein- 
turés en  diverses  figures  et  ouvrages  ressemblant  à  la 
porcelaine,  voir  parmi  autres  conditions  en  rendant  annuel- 
lement pour  icelle  manufacture  une  somme  de  49  patacons 
à  notre  Table  épiscopale  et  que  le  29  de  juillet  1044  nous 


-   ^276  — 

aurions  fait  grâce  de  telle  facullé  à  Jacques  de  Barré,  bour- 
geois el  marchant  de  noire  ville  de  Dinant,  aux  charges 
susdites,    lequel   n'y  trouvant   son  profit   aurait  le  24  de 
septembre  an  courant  remis  ladite  grâce  es  mains  d'icelui, 
qu'il  avait  pour  lui   obtenu,  el  qu'Evrard  de  Pont,    aussi 
bourgeois  et  marchand  de  notre  dite  ville  de  Dinant,  homme 
se  disant  versé  et  pratiqué  de   ladite  manufacture,  s'offre 
et  requiert  d'être  bénéficié  de  semblable  octroi,  par  l'espace 
dedix-liuit  ans,  pourvu  qu'on  lui  diminue  la  pension  an- 
nuelle, la  réduisant  en  lieu  de  45  à  25  palacons,  qu'il  sera 
conîent  de  rehausser  à  sa  première  redevance  et  reconnais- 
sance annuelle,  si  après  jusques  à  la  première  somme  de 
40,  en  tant  que  la  marchandise  aura  trait,  par  ce  est-il  que 
désireux  que  telle  manufacture  soit  effeclivement  introduite 
et  au  futur  exercée  en   nos  pays  de  pnrdeçà,  avons,  avec 
njùrs  avis  et  délibéralion  des  Vénérables  nos  très  chers  et 
féaux    les    chancelier,  président  et  gens  de  notre  conseil 
privé  et  chambre  des  comptes,  accordé  el  accordons  par 
elle  audit  l"]vi'ard  de  Pont  ses  hoirs  et  ayants  cause  de  pou- 
voir en  nos  dits  pays  à  l'exclusion  de  tous,  par  l'espace  de 
dix-huit  ans  faire  confecter  et  manufacturer,  déterre  dite 
derlp,  pots,  jdals,  vases  et  tous  aulres  ouvrages  contrefaisans 
la   porcelaine,   soit  blancs,  soit  peinturés,  et  pour  l'animer 
de  tant  plus  et  en  considération  de  la  qualité  sus  reprise 
avons  modéré  ladite  reconnaissance  de  40  patacons  à  23, 
à  payer  annuellement  es  mains  de  noire  receveur-général, 
bien  entendu  qu'il  satisfera  aux  aulres  conditions  portées 
par  notre  octroi  précédent  que  l'on  tient  ici  |)Our  répétées  el 
insérées.  Si  mandons  et  commandons  à  tous  nos  oHiciers, 
justiciers  et  sujets  de  ne  donner  audit  de  Pont,  ses  ouvriers 


—  277  — 

el  SOS  ayants  cause  aucun  obstacle  ou  empèclienienls,  les 
prenant  et  acceptant  pour  cet  effet  en  notre  singulière  sauve- 
garde et  protection.  Donné  à  Liège,  en  notre  chambre  des 
comptes,  le  24  de  novembre  1G45  (Chambre  des  finances 
IGi'J,  p.  IS^2,  8"). 


Annexe  C  (ir.:')8). 

Octroi  (le  faire  pois,  plais  el  vases  à  la  ressemblance  de 
porcelaine  en  la  chaussée  St-Gille,  pour  Mallhieu  Bertrand 
(Vcrviers'). 

Maximilian  Henri,  etc.  A  tous  ceux  qui  ces  présentes 
verront  ou  lire  orront,  salut,  reçu  avoir  l'humble  supplica- 
tion de  Matthieu  Bertrand,  exerçant  l'art  de  poterie  en  notre 
ville  deVerviers,  contenant  :  comme  autrefois  feu  son  Altesse 
Sér"'  de  haute  mémoire,  notre  très  honoré  oncle  aurait 
accordé  dès  en  juin  1G40  à  Jean  Bap'"  Chabotteau  et  de 
suite  à  quelques  autres  ses  successeurs  le  pouvoir  et  octroi 
de  faire  pots,  plats,  vases  et  autres  jolités  ressemblantes 
à  la  porcelaine,  tant  en  blanc,  bleu  que  peinturées  de  diverses 
figures,  desquelles  les  nations  étrangères  font  grand  profit 
et  commerce,  lesquels  octrois  depuis  quelques  années,  les 
uns  pour  causes  relevantes  ont  été  révoqués  et  les  autres 
cessés,  nous  suppliant  partant  que  pour  l'augmentation  du 
trafic,  commodité  de  nos  sujets,  et  pour  la  connaissance 
particulière  que  le  suppliant  a  en  cet  exercice,  nous  fus- 
sions servis  de  lui  accorder  la  faculté  el  pouvoir  de  faire  et 
manufacturer  tels  pots,  blancs  et  bleus,  à  l'exclusion  de 
tous  autres,  pour  un  terme  d'années  et  parmi  nous  recon- 


—  278  — 

naissant  noiro  dû,  onsuile  dos  octrois  précédents,  à  quoi 
nous  faisant  favorablement  condescendre  le  désir  qu'avons 
de  voir  fleurir  le  commerce,  et  accommoder  nos  sujets  en 
tant  qu'en  nous  est,  avons  après  avoir  ouï  la  relation  de  nos 
commis,  et  désirant  pour  le  plus  grand  bien  et  service  du 
public,  que  cette  manufacture  soit  entretenue  es  pays  de 
noire  Principauté  et  Évéché  de  Liège,  consenti,  octroyé 
et  accordé,  comme  consentons,  octroyons  et  accordons  par 
cette  audit  Matthieu  Bertrand,  ses  successeurs  et  ayants 
cause  l'effet  de  la  demande  comme  il  est  ci-dessus  couché 
et  sous  les  conditions  suivantes  : 

Premier  :  que  le  présent  octroi  commencera  à  la  date  de 
cette,  pour  durer  l'espace  de  dix-huit  ans  consécutifs, 
lesquels  expirés  il  sera  libre  à  nous  et  nos  successeurs, 
d'accorder  semblable  faculté  à  qui  il  sera  trouvé  bon  et 
que  après  ledit  terme,  ledit  Matthieu  Bertrand  ni  ses  ayants 
cause  ne  pourront  prétendre  aucune  tacite  reconduction 
sans  nouvel  octroi. 

2)  Que  ledit  Bertrand  donnera  caution  au  contentement 
de  celte  chambre  tant  pour  le  payement  annuel  que  pour  les 
intérêts  que  pourraient  prétendre  les  particuliers  à  raison 
des  terres  et  matériaux  nécessaires  à  la  manufacture  desdits 
pots  à  notre  imhMniiilé  en  cas  (pi'en  fussions  molestés. 

5)  Que  ledit  Bertrand  ni  ses  successeurs  ne  poui'ronl  ac- 
corder cette  grâce  en  tout  ou  en  partie  à  aucun  particuliei-, 
sans  le  su  et  aveu  de  cette  chambre,  à  peine  de  nullité 
et  d'en  être  recherché  comme  au  cas  appartiendra. 

4)  Payeront  annuellement  an  |)rt)lii  de  noire  Table  épis- 
copale  es  mains  de  notre  rcccvcnr  de  llcni'arl  à  Liège,  si 
(|nc    consliliK'   ;ni.\   nouvelles    ar<pi('tes,   qn;u'anle  patacons 


—  279  — 

en  os[)cces  ou  leur  valeur  rclicanl  d'an  en  an  au  jour  de 
S'-Remy  par  inoilié  de  demi  à  autre  les  quarante  patacons 
en  bon  or  ou  argent  à  l'évaluation  de  nos  édils. 

T))  Ne  pourront  sous  prétexte  du  présent  octroi  empêcher 
l'entrée  des  semblables  ouvrages  faicts  es  terres  étrangères 
en  notre  Pays  de  Liège. 

6)  El  en  cas  que  ladite  manufacture  vînt  à  cesser  avant 
l'expiration  dudit  terme  de  dix-huit  ans,  le  suppliant  et  ses 
ayants  cause  seront  respectivement  déchargés  de  ladite 
reconnaissance  annuelle. 

Et  survenant  à  raison  du  prémis  quelques  querelles,  dis- 
putes ou  mésentendus,  voulons  qu'elles  soient  décidées, 
interprétées  ou  modérées  en  cette  chambre  à  l'exclusion  de 
toute  autre  judicature,  de  quoi  ledit  suppliant  et  ses  succes- 
seurs se  soumettent  et  seront  soumis  par  condamnation 
volontaire,  et  autrement  ensuite  des  privilèges  de  cette 
chambre,  renonçant  par  iceux  preneurs  à  toutes  exceptions 
de  fait,  de  droit  et  de  loi,  faisantes  au  contraire. 

Pour  assurance  de  (ont  quoi  ledit  Matthieu  Bertrand  a 
obligé  sa  personne  et  la  généralité  de  ses  biens  meubles  et 
immeubles,  présents  et  futurs,  droits,  clains  et  actions  comme 
pour  argent  de  Prince  et  de  gabelle,  pour  de  noire  autorité 
ou  d'autre  juge  compétent  pouvoir  recouvrer  toutes  fautes 
par  ajournement  de  quinzaine,  command  de  tiers  jours  et 
autrement,  selon  loi,  avec  constitution  pour  faire  réaliser 
la  présente  obligation  sur  tous  porteurs  où  il  appartiendra, 
si  mandons  et  commandons  parlant  à  tous  nos  hauts  et  autres 
officiers,  justiciers  et  sujets,  de  faire  et  laisser  respective- 
ment jouir  le  suppliant  et  ses  ayants  cause  de  l'effet  des 
présentes  sans  aucun  obstacle  ni  empêchement,  leur  donnant 


280 


et  laisaiit,  m  ûlnnî  roqiiis,  (ou In  aide,  odrosse  cl  favornblo  as- 
sistance, si  nous  avons  pris  et  accopir,  prenons  e(  accoplons 
le  suppliant,  ses  lacleurs,  mandataires  et  autres  qu'il  pourra 
éventuellement  associer,  de  notre  permission,  avec  les  ou- 
vriers, leur  famille  et  chacun  d'eux,  en  notre  singulière 
sauvegarde  et  protection,  permettant  qu'en  signe  de  ce  il 
puisse  es  lieux  de  leurs  manufactures  et  dépendances  ap- 
pendre  et  attacher  nos  armoiries,  car  (elle  est  noire  expresse 
et  sérieuse  volonté. 

Doimé  au  Palais  à  Liège,  en  noti'c  chambre  des  comples, 
ce  14'=  septembre  1058  (Chambre  <les  finances,  nouvelles 
acquétes,  l(ioO-'l()5ii,  K.  110,  case  17,  )).  95,  v"). 


Annexe    D  (lOOl). 
Octroi  d'au  coup  d'eau  à  Verviers  pour  Mallhicu  Bertrand. 

Maximilian  Henri  etc.,  A  tous  ceux  qui  ces  présentes  ver- 
ront ou  lire  orront,  Salut,  de  la  ))arl  Matthieu  Bertrand  (i) 
surcéanl  de  notre  ville  de  Verviers,  nous  a  été  très  humble- 
ment remontré,  comment  audit  lieu  de  Verviers  se  retrou- 
verait un  coup  d'eau  au-dessous  de  la  venue  du  moulin  ou 
de  celle  de  Loly,  propre  pour  y  faire  une  poterie  ou  autre 
semblable  usine  qui  ne  portera  du  préjudice  à  pci-sonne, 
nous  sup|iliant  partant  très  humblement  que  fussions  servi 
(le  lui  en  donnei*  la  permission,   lui  accordant  deux  verges 


(i)  1-e  26  oct.  ^Gri:>,  le  raôme  Matthieu  Bertrand  avait  obtenu  un  octroi  pour 
arroser  ses  prairies  au  dessous  de  son  nmulin  de  Pepinster,  moyennant  redevance 
•l'un  chapon  f  Mcme  registre,  p.  7i2  v"). 


—   :>S1    — 

i^Taiitlcs  de  gravici'  poiii'  servir  au  baliiueiil  el  curlisea,  le 
loul  parmi  une  reconnaissance  telle  (pie  liouvcribns  à 
propos;  à  laquelle  requête  condescendant  favorablement, 
après  avoir  vu  la  relation  de  notre  Receveur  Mangliamc, 
lequel  ensuite  de  l'ordre  que  lui  avions  donné  en  date  du 
cimiuième  juillet  dernier,  a  pris  inspection  du  lieu  el  infor- 
mation convenable  de  la  cbosc,  attestant  que  moyennant 
que  le  reniontrant  ferait  construire  une  voûte  sur  le  canal 
laquelle  il  lui  conviendra  fabriquer  au  travers  du  cbemin 
royal  qui  va  sur  Andriniont,  suftîsante  pour  cbasser  chars 
et  charrettes,  et  qu'il  ne  vienne  par  l'érection  de  l'usine 
demandée  et  canal  susdit  à  donner  empêchement  aux  rames 
des  grandes  Weynes,  lieu  public  de  notre  dite  ville  de 
Verviers,  ni  au  allant  à  icellcs,  qu'au  lieu  de  deux  grandes 
verges  requises  il  lui  pourrait  être  concédé  15  à  IG  petites 
verges  de  gravier  ou  environ,  n'étant  le  lieu  assez  d'étendue 
pour  empêcher  le  public  (ne  soit  qu'on  prenne  le  reste  un 
peu  plus  haut  que  faire  se  pourra),  avons  au  suppliant 
accordé  l'effet  de  sa  demande,  parmi  rendant  et  payant 
annuellement  au  profit  de  notre  Table  épiscopale  es  mains 
de  notre  receveur  de  llenrard,  si  que  constitué  aux  nou- 
velles acquêtes,  ou  autre  qui  le  sera  pour  le  temps,  douze 
chapons  de  cens  seigneurial  privilégiés,  de  peine  d'amende, 
command  de  tiers  jours  d'autorité  de  cette  chambre,  d'ajour- 
nement de  quinzaine  et  autrement  selon  loi,  d'autorité 
d'autre  juge  compéte.nt,  dont  le  premier  terme  écherra  au 
jour  de  la  translation  S'  Lambert  de  l'an  que  l'on  comptera 
160^  et  ainsi  d'an  en  an  pour  y  revenir  comme  dessus.  Et 
survenant  a  raison  du  prémis  quelque  procès,  querelle,  dis- 
pute, modération   ou  interprétation,    voulons    qu'elles    se 


—  ^282  — 

décideiil  en  celle  eliambre  à  l'exclusion  de  loule  autre 
judiçature,  à  laquelle  ledit  suppliant,  ses  hoirs,  i"ej)résen- 
taiils  et  ayants  cause  seront  soumis  par  condamnation 
volontaire,  renonçant  pour  cet  elTel  à  toute  exce])tion  de  loi, 
de  droit  el  de  fait  faisantes  au  contraire,  ordonnons  au  moyen 
de  ce  à  notre  receveur  Manghame  ou  auli-e  qu'il  voudra 
subslituei',  de  lui  en  faire  et  |)asser  les  œuvres  par  devant 
notre  justice  de  Verviers  parmi  les  obligations  et  hypothè- 
ques afférentes  avec  constitution  sur  tous  porteurs  pour  la 
faire  réaliser  où  qu'il  appartiendra.  Si  mandons  el  comman- 
dons partant  à  tous  nos  hauts  et  autres  officiers,  justiciers 
et  sujets  de  faire  et  laisser  le  suppliant  ses  hoirs,  représen- 
tants el  ayants  cause,  jouir  paisiblement  de  l'effet  des  pré- 
sentes sans  aucun  trouble  ou  empêchement.  Car  ainsi  nous 
plait-il.  Donné  au  Palais  à  Liège  en  notre  Chambre  des 
Conq)tes ,  ce  15  septembre  IGGI.  (Même  registre, 
p.  IG2,  vei'so.; 


Annexf.  E  (1753). 

«  Alesseigneurs  voulant  avantager  les  fabriques  do 
poivrier  de  teiTc  el  de  pierre,  établies  el  à  établi]' dans  ce 
|)ays,  qui  souffrent  un  grand  j)i"éjudice  j)ar  l'introduction 
trop  fréquente  des  poteries  étrangères,  sont  d'avis,  sur 
l'agréation  des  trois  États,  leurs  principaux,  qu'il  soit  levé  à 
l'avenir  sur  l'entrée  des  pots  de  pierre,  grands  el  petits  et 
tous  ouvrages  de  leri-e  simple  ou  cuite  en  piene,  quarante 
deux  sols  el  demi  du  cent  pesant,  et  (|u'en  cas  de  recèlement 
d('  la  juste  quantité,  ceux  qui  en  auront  l'ail  la  déclaration 


—  ^285  — 

encoiMTonl,  oulrc  la  coniiscalion,  une  aineiulc  de  sepl 
llorins  pour  chaque  viugl-cinq  livres  d'excédanl,  bien  en- 
tendu qu'en  celle  disposition  ne  seront,  pas  comprises  les 
poteries  venant  directement  d'Angleterre  et  des  Provinces- 
Unies,  suppliant  très  humblement  sa  S'"*'  Éminence  d'en 
accorder  son  mandement  exécutoire.  » 

Ce  reccs  fut  agréé  par  l'Ëtat-Tiers,   le    11   mars     1753 
(Archives  de  Liège,  État-Tiers  K.  \Qi). 


P.  S.  Un  opuscule  de  M.  de  Ridder,  sur  la  Campine, 
dont  la  communication  est  due  à  M.  le  chanoine  Reusens, 
publie  la  tradition  d'OoIen  quant  aux  Keiser-Karel-kruiken  ; 
c'est,  à  peu  de  chose  près,  ce  qui  est  rapporté  ci-dessus,  sauf 
qu'il  s'agit  d'un  cabaretier  et  qu'on  y  explicjue  par  le  voisinage 
des  domaines  où  l'empereur  se  livrait  au  plaisir  de  la  chasse, 
la  présence  de  Charles-Quint  à  Oolen. 


COMMISSION  UOYALK  DES  MONUMENTS. 


RÉSUMÉ    DES    PROCÈS-VERBAUX. 


SÉANCES 

(les  5,  G,  15,  "20 cl  -21  sciilciiil)rc;  des  5,  4,  H,  17,  18,  -2o,  28 cl  51  octobre  1879. 

PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Goiumission  u  omis  îles  avis  favorables  sur  : 

1°  Le  pian  des  peintures  décuralivcs  qu'on  se  |)ropose  p.,i,,is  .lo  jii.ikc 

il  Ain  ers. 

d'exécuter  dans  les  salles  d'audience  du  palais  de  justice 
d'Anvers; 

"2"  Le  projet,  soumis  par  M.  le  slaluairc  Samaiii,  des  (.ana,,  mi.ii 

il  BniX'llc'^. 

ouvrages  de  sculpture  destinés  à  compléter  la  larade  |)rinci- 
pale  de  la  gare  du  Midi,  à  Bruxelles; 

Ty  Les  maiiuettes  de   deux   statues   i-ep''ésen(ant  saiuf     t^Ai'-- •h- 
Pierre  et  saint  Paul,  à  exécuter  par  M.  0.  Macs  et  (pii 
doivent  être  |tlacées  dans  deux  niches  de  la  façade  de  l'église 
de  Denderwindeke  (Flandre  orientale); 

i"  Le  chemin  de  la  croix  |)einl  par  M.  13.  \an  ilollchcke      fign,,, 

p.      1.  1       o     •      .     I  -1»  lie  Saiiit-Jacciiir;^, 

pour  I  église  de  baint-Jaciiues,  a  Bruges.  hBn.gcs. 


—  286  — 
.le  saim-'joscpi.,     ~  Des  délégués  se  sont  rendus  à  Anvers  pour  examiner 

à  Anvers.        .  f 

les  quatre  dernières  stations  du  chemin  de  la  croix  exécutées 
par  M.  L.  Hendricx  dans  l'église  de  Saint-Joseph.  Il  résulte 
de  leur  rapport  que  ces  peintures  murales,  dont  les  esquisses 
avaient  été  approuvées,  sont  bien  exécutées  et  que  l'ensemble 
de  ce  travail  d'art  peut  être  définitivement  accepté. 

Ëpliso  dr>  Air"  ■  •      '      I 

■'^^i"^-Gornm-'iro,  —  ivi .  (^apronmcr  a  termine  la  restauration  de  deux 
vcrS.  anciennes  verrières  appartenantà  l'église  de  Saint-Gommaire, 
à  Lierre.  Des  délégués  ont  procédé  à  un  examen  de  ce  travail 
et  ont  constaté  qu'il  a  été  exécuté  avec  le  plus  grand  soin, 
conformément  au  programme  dressé  dans  l'atelier  de  l'artiste 
le  10  août  1877. 

dL.  R.^p"DesnRi     —  Eu  couformité  des  contrats  passés  entre  les  administra- 

à  Termonde 

'deTTine  ^'^"^  communalcs  de  Termonde  et  de  Philippeville  et  MM.  les 
:.  p.:iiirp"vmc.  statuaires  Fraikin  et  Jaquct,  des  délégués  se  sont  rendus 
dans  ces  deux  villes  pour  procéder  à  la  réception  de  la  statue 
érigée  à  Termonde  à  la  mémoire  du  R.  P.  Desmet  et  du 
monument  élevé  en  l'honneur  de  la  reine  Louise-Marie  à 
Philippeville.  Il  résulte  de  leurs  rapports  que  ces  deux 
monuments  sont  exempts  de  tout  défaut  d'exécution  maté- 
rielle et  peuvent  conséquemmcnl  être  délinilivement  ac- 
ceptés. 

"'"'Itamos':"'''-  ~  ^^^  délégués  ont  examiné  à  Bruges  les  modèles  de 
cinq  statues  destinées  à  la  façade  de  l'ancien  greffe  de  cette 
ville.  Ces  statues  représenteront  Mùise,  Aaron,  la  Fidélité, 
la  Prudence  et  la  Justice.  Les  délégués  ont  j)résenté  quelques 
observations  de  détails,  dont  l'auteur,  M.  Pickcry,  tiendra 
compte  dans  l'exécution  de  ses  modèles  définilils. 

L'administration  communale  avait  exprimé  le  désir  d'avoir 
l'avis  de  la  Commission  sur  les  matériaux  qu'il  conviendrait 


—  "IHI   — 

d'employer  pour  celle  décoralion.  Le  Collège  esliiDe  (pi'eii 
raison  du  voisinage  de  la  mer  et  de  la  position  exceplionnelle 
de  ces  statues,  (|ui  doivent  couronner  des  pignons  où  elles 
seront  exposées  à  loules  les  intempéries,  il  y  a  lieu  de  les 
exécuter  en  bronze.  On  a  soumis  aussi  aux  délégués  le 
modèle  de  la  frise  qui  doit  être  exécutée  entre  les  fenêtres 
de  la  façade  du  greffe.  Il  résulte  de  leur  rapport  que  ce 
modèle,  bien  conçu  dans  son  ensemble,  peut  être  adoj)lé 
sous  la  réserve  que,  dans  le  cours  de  l'exécution,  on  donnera 
un  peu  plus  d'importance  au  motif  central  et  que  les  tiges 
et  les  extrémités  des  rinceaux  seront  plus  accentuées. 

—  Des  dégradations  graves  existent  dans  les  grisailles  du    ,  ';''■''=;" 

CJ  ë3  O  lie  Mrnilinj; 

triptyque  de  Memling  :  le  Martyre  de  saint  /7'ppo/y//e,  \t'Bnlg'î-"'' 
appartenant  à  la  cathédrale  de  Bruges.  La  peinture  est 
écaillée  et  de  nombreux  fragments  s'en  sont  déjà  détachés. 
Il  importe  que  de  promptes  mesures  soient  prises  pour 
remédier  à  ce  fâcheux  état  de  choses  et  le  conseil  de  fabrique 
a  été  invité  à  soumettre  d'urgence  des  propositions  en  vue 
de  la  restauration  d'une  œuvre  dont  la  conservation  est 
d'inlérét  national. 

—  L'église  de  Modave  (Liège)  possède  des  ouvrages  de     J-^^'"'',^, 
sculpture  pour  la  restauration  desquels  le  conseil  de  fabrique 
sollicite  l'intervention  financière  du  Gouvernement. 

Des  délégués,  accompagnés  de  M.  Vierset-Godin,  membre 
correspondant,  se  sont  rendus  dans  cette  commune  pour 
procéder  à  un  examen  de  ces  objets  d'art  et  déterminer  les 
travaux  de  restauration  qu'il  conviendrait  d'y  exécuter. 

Dans  une  niche  de  marbre  noir  surmontant  l'autel  de  la 
chapelle  dite  de  Marchin,  se  trouve  un  beau  groupe  en 
marbre  blanc,  représentant  la  Vierge  assise  avec  l'Enfant 


—  :288  — 

J('siis  sur  SCS  genoux  cl  saint  .Ican  à  i-ùle.  (À'  groupe  csl 
l'aHivrc  de  Delcuur. 

Au  centre  de  celle  même  cliii pelle  est  érigé  un  mausolée 
en  marbre  noir  sur  lequel  sont  couchées  les  slalues  en 
marl)rc  blanc  du  chevalier  Jean  de  Marchin,  scigneui-  de 
Modave,  et  de  sa  femme  Jeanne  de  la  Vaulx  Renard,  décédés 
respeclivemenl  en  1G5^  et  1015.  Ce  mausolée  a  une  longueur 
de  :2'"ii  sur  une  hauteur  de  0"'î)7  et  I"'il7  de  largeur.  Les 
statues,  qui,  d'après  la  tradition,  oui  été  exécutées  en  Italie, 
sont  de  grandeur  naturelle;  aux  deux  extrémités  du  tombeau 
on  remarque  les  armoiries  sculptées  en  marbre  blanc  des 
familles  de  Marchin  et  de  la  Vaulx  Renard. 

Dans  celte  même  chapelle,  ainsi  que  dans  celle  (jui  lui  fait 
face  et  dans  d'autres  parties  de  l'église,  se  trouvent  plusieurs 
dalles  lumulaires  rappelant  la  mémoire  des  seigneurs  de  la 
localité.  Ces  monuments,  qui  oITreiU  un  grand  intérêt  pour 
l'histoire  de  la  commune,  datent  du  \vi%  du  xvir'  et  du 
xviii'  siècle,  et  sont  encastrés  dans  les  murs  intérieurs. 

Les  délégués  ont  remarqué  que  ces  différents  objets  sont 
en  excellent  étal  de  conservation.  Le  monument  de  Jean  de 
Marchin  a  seul  subi  une  dégradation  d'ailleui-s  peu  inq)or- 
lante  :  la  mâchoire  inférieure  du  lion  couché  aux  pieds  du 
seigneur  a  été  brisée  lors  de  l'invasion  française  à  la  lin  du 
siècle  (leriiMi'. 

LaComniission,  se  ralliant  aux  cmiclusions  de  sesdélégués, 
a  émis  l'avis  (juil  n'y  a  lieu  de  faiie  à  ces  ouvrages  d'art 
aucun  travail  de  restauration.  Mais  les  délégués  ont  constaté 
a  rintéi'ieur  de  l'église  des  traces  d'humidité  provenant  de 
ce  que  le  sol  du  cimetière  est  plus  élevé  (pie  le  pavement. 
Il  serait  utile,  pour  obviei-  h  cet  inconvénient,  de  creuser  le 


lonp:  {]cîî  f;i(;a(l('S  une  pctilu  rigole  dt'SliiK'c  ;i  cloiancr  les 
eaux  pluviales  du  pied  de  l'édifice. 

—  L'une  des  chapelles  du  pourlôur  du  chœur  de  ''^'glise^,gj,^f^8''^'j^.^^.^ 
de  Saint-Pierre,  à  Lou vain,  renferme  le  (ombeau  de  Malhilde  MoZnm 
de  Flandre,  première  femme  de  Henri  f",  duc  de  Brahanl, 
et  de  sa  fille  Marie,  épouse  de  l'empereur  Othon  IV.  Le 
sarcophage  en  marbre  noir  est  orné  des  statues  coucliées 
des  deux  princesses.  Outre  sa  valeur  historique,  ce  monu- 
ment offre  un  intérêt  con-sidérable  au  point  de  vue  de  l'art, 
car  il  est  un  des  rares  spécimens  que  nous  possédions  encore 
de  noire  statuaire  du  xiii''  siècle. 

Un  membre  du  Collège  qui  a  récemment  visité  l'église 
de  Saint-Pierre,  a  remarqué  que  l'entrée  de  la  chapelle 
])récitée  est  complètement  obstruée  par  un  confessionnal 
adossé  au  tombeau.  Le  conseil  de  fabrique  devrait  èlre  invih' 
à  faire  enlever  immédiatement  ce  confessionnal,  dont  le 
placement  en  cet  endroit  ne  peu!  se  justifier  et  qui  a  l'incon- 
vénient de  masquer  un  monument  du  plus  haut  intérêt.  Il 
y  aurait  lieu  de  vérifier  à  cette  occasion  si  le  placement  du 
confessionnal  n'a  amené  aucune  délériorialion  du  mausolée. 

—  Depuis  plusieurs  années,  le  Collège  s'occupe  de  la  jtgHsr 
restauration  de  la  remarquable  clùlure  du  baptisière  de 
l'église  de  Malonne.  Celle  clôture,  qui  date  du  commence- 
ment du  xvf  siècle,  esl  d'une  époque  aniérieurc  à  la 
construction  de  l'église  actuelle  et  servait  probablement 
autrefois  à  fermer  le  chœur  de  l'ancienne  église  abbatiale 
démolie  au  xvii"  siècle.  La  porte  en  bois  est  d'un  travail  riche 
et  compliqué;  sur  trois  panneaux  de  la  partie  inf('rieure  sont 
sculptées  les  armoiries  de  Charles-Quint,  d'Erard  de  la 
Marck,  prince-évêque  de  Liège,  et  d'un  abbé.  Cet  intéressant 


—  290  — 

travail  de  la  Renaissance  a  été  peint  et  doré.  Indépendam- 
ment de  la  i)orle,  de  son  encadrement  et  de  divers  fragments 
sculptés  en  pierre  maçonnés  dans  le  mur  du  l)aptistère,  on 
trouve  encore,  disséminés  dans  les  jardins  de  l'abbaye  et 
•lans  les  environs,  des  morceaux  de  l'ancienne  clôture  du 
chœur,  qui  a,  selon  toute  probabilité,  été  donnée  à  l'église 
par  le  chef  du  diocèse  de  Liège,  auquel  ressortissait  à  cette 
éi)oque  l'enclave  de  Malonne. 

Dans  ses  inspections  précédentes,  la  Commission  avait 
déjà  signalé  l'intérêt  qu'ofïrenl  ces  restes  de  la  clôture  et 
elle  avait  chargé  l'un  de  ses  élèves  architectes  de  dessiner 
tous  les  fragments  épars,  afin  de  parvenir  à  reconstituer 
l'ensemble  de  l'œuvre  d'art.  Un  avant-projet  a  même  déjà 
été  dress('. 

Sur  ces  entrefaites,  le  conseil  de  fabrique  fil  connaître 
([u'uii  amateur  étranger  offrait  la  somme  de  7,000  francs 
pour  la  ])orle  et  son  encadrement.  Le  Collège  a  cru  devoir 
proposer  au  Gouvernement  de  ne  pas  autoriser  l'aliénation 
projetée,  qui,  le  cas  échéant,  ne  pourrait  être  consentie  qu'on 
faveur  de  l'un  ou  l'autre  des  musées  nationaux. 

Conformément  aux  instructions  de  M.  le  Ministre  de 
l'intérieur,  des  délégués  se  sont  rendus  à  Malonne  ])our 
déterminer  la  valeur  de  l'objet  d'art  que  le  Gouvernement 
était  disposé  à  acquérir  pour  le  Musée  royal  d'antiquités. 
Après  un  mùr  examen  de  l'affaire,  ils  ont  émis  l'avis  qu'il 
serait  hautement  regrettable  d'enlever  de  l'église  de  Malonne 
une  œuvre  d'ai-tcjui  a  él(''  faite  pour  la  localité  et  (jui  par  cela 
même,  outre  sa  valeur  ;irtistique,  offre  pour  la  commune  un 
grand  intérêt  historique.  Il  serait  de  beaucoup  préférable, 
"■Il  (■(tns(''(|U(Mice,  de  conserver,  de  reslann^-el  de  compléter 


—  29i  — 

la  clôture  en  lui  assignant  en  même  temps  un  emplacement 
plus  convenable  que  celui  qu'elle  occupe  aujourd'hui. 

Les  membres  du  conseil  de  fabrique  et  du  conseil  com- 
munal présents  à  l'inspection  ont  paru  disposés  à  se  rallier 
à  celte  manière  de  voir.  Ils  ont  toutefois  déclaré  qu'ils  ne 
pouvaient  affecter  aucun  fonds  à  cette  restauration  et  ils 
espèrent  que  le  Gouvernement  et  la  province  voudront  bien 
se  charger  des  frais  à  résulter  du  travail. 

Les  délégués  se  sont  ensuite  occupés  de  l'emplacement  à 
donner  au  baptistère,  qui  ne  peut  être  maintenu  à  sa  place 
actuelle.  Ils  ont  remarqué  en  face  de  l'entrée  de  l'église  et  à 
la  droite  de  la  tour  une  arcade  ayant  4"'70  d'ouverture.  La 
clôture,  restaurée  et  complétée,  aura  environ  4—I0.  Elle 
pourrait  donc  parfaitement  être  placée,  avec  une  partie  de  la 
décoration  en  pierre  qui  l'encadrait  autrefois,  dans  cette 
arcade,  où  elle  serait  bien  en  vue;  cette  disposition  ne  serait 
pas  de  nature  à  réduire  la  surface  réservée  aux  fidèles. 

La  Commission  a  chargé  l'un  de  ses  dessinateurs  de  dresser 
un  projet  complet  de  restauration  de  la  clôture  dans  le  sens 
de  ce  qui  précède. 

L'église  de  Malonne  date  à  peu  près  de  la  même  époque 
que  celle  de  Saint-Loup,  à  Namur;  c'est  une  construction 
d'une  belle  ordonnance.  Des  travaux  de  restauration  y  ont 
été  exécutés  il  y  a  quelques  années  et  ont  été  conduits  avec 
un  soin  consciencieux.  On  a  renouvelé  le  pavement  des 
nefs  et  du  chœur,  ce  qui  a  nécessité  l'enlèvement  de  plusieurs 
dalles  tumulaires  reléguées  depuis  cette  époque  au  cimetière. 
Il  conviendrait  que  ces  pierres  intéressantes  pour  l'histoire 
locale  et  parmi  lesquelles  il  s'en  trouve  qui  sont  ornées  de 
sculptures,  fussent  relevées  contre  le  mur  extérieur  de  l'église. 


—  202  

On  devra  comprendre  aussi  dans  lo  devis  estimatif  de  la 
dépense  à  faire,  la  restanralion  de  la  chaire  à  prêcher,  ornée 
des  slalues  du  Clirisl  el  des  quaire  Evangélisles.  Celle  chaire, 
qui  a  v\v  polychromée,  dale  (\c  lOOa  el  n'est  pas  dépoui'vue 
de  UK-rile  artistique;  l'escalier  priaiilil  a  disparu  el  a  été 
remplacé  par  un  escalier  provisoire. 


CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

Onl  été  approuvés  : 
F.roips  40  Lgj;  pjjj,-)^  ,|pg  locaux  à  construire  à  Landen  pour  la 

ri  jiitlice  dp  paix  I  I 

''  ''"'"'''"     justice  de  paix  et  les  écoles  communales  :  archilecte. M.  Emile 

Demany  (1); 

naïusde  Bn.tp^     2"  Lc  projct  de  renouvellement  de  sept  châssis  et  d'une 

porte  douhie  aux  façades  des  Halles  de  Bruges  vers  la  cour  : 

architecte,  M.  Delacenserie; 

^  ".'"''  .        -1°  Les  propositions  de  M.  rarchileclc  Reni'  Jkivck  en  vue 

(te  Nif'Upnrl.  "Il 

dos  travaux  urgents  a  exécuter  au  bâtiment  des  Halles  de 
Nieuport.  Le  Collège  a  conseillé  de  supprimer  les  ancrages 
projetés  et  qui  auraient  fait  un  mauvais  (^ffel  dans  la  grande 
salle;  la  charpente  devra  être  consolidée  par  des  étriers  eu 
1er  placés  aux  joints  des  pièces  de  bois; 
Bi""iHn-\vi.v  ^^"  ï^^  nouveau  projet  dressé  par  .M.  l'architecte  Cérard 
poui'  la  construction  d'un  hospice  pour  vieillards  à  BiU-en- 
la-Ville  CLindioui'u-). 


Cl)   L'iUlIt'Ur  (lo  CCS  phiiis  s'est  iiispin'  |iôiii'  le  dessin  de  l;i  r.ieiide  d'un  projel 
f:iil  p;ir  M.  llelleriiiiiis  el  |Mitilié  en  ISTX  d.ins  rmivr.ige,  inlihilé  riuiifilnfioii. 


—  29o  — 
ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈI'.F.S. 

La  Commission  a  donné  ries  avis  favorables  sur  les  travaux  ,,':.X;?,',X,n 
(le  réparation,  cl  appropriation  et  d  agrandissement  a  exécuter 
aux  presbytères  de  Bellecourt  (Ilainaiil),  Brouckom  lez  Looz 
(Limbourgj  et  lleyst-op-den-Berg  (Anvers),  ainsi  que  sur 
les  plans  de  presbytères  à  construire  à  Ilaulem-Saint-Liévin 
(Flandre  orientale),  Ilyniiée  sous  Gerpinnes  (Ilainaut)  et 
Bovesse  (Namur). 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

Ont  été  approuvés  :  con^^imciion 

1"  Les  plans  relatifs  à  la  construction  d'églises  :  ,?LeirrH" 

A  Gand,  paroisse  de  Sainl-Machaire.  L'auteur,  M.  Nève, 
a  été  engagé  toutefois  à  construire  les  bases  des  colonnes  et 
la  plinthe  extérieure  de  l'église  en  pierre  ou  tout  au  moins 
en  moellons.  Ce  changement,  nécessaire  dans  l'intérêt  de  la 
conservation  de  l'édifice,  ne  saurait  occasionner  une  grande 
augmentation  de  dépenses  ; 
A  Petit-Jamine  (Limbourg)  :  architecte,  M.  G('rard  ; 
Au  hameau  de  Lescheret,  commune  de  .luserot  (Luxem- 
bourg) :  architecte,  M.  Cordonnier; 
2''  Les  projets  d'agrandissement  et  de  restauration  desA?ran.iiv 


éfflises  de  :  /'î  '\':!7''; 

Belcele  (Flandre  orituitale)  :  architecte,  M.  Van  Kerck- 
hove  ; 

Wibrin  (Luxembourg)  :  architecte,  M.  Vandewyngaert , 
ce  projet  remplace  celui  approuvé  le  21  fi'vrier  dernier; 


-  294  — 

desaf.fie-lnne-     '^°  ^G  iiouveau  clessiiî  (Ic  la  flèche  de  l'église  de  Sainle- 
Anne-ten-Eede  sous AV6lleren( Flandre  orientale)  :  archilecle, 
M.  Denoyelle; 
Eglise  do  Buokon.    40  Lg  pjjj,^  j'^^^^  garde-uieubles  à  conslniire  à  l'église  de 

Bueken  (Brabant); 
'rt!^'      S"  Les  dessins  de  divers  objets  d'ameublement  destinés 
'*'""''■      aux  églises  de  : 

Thielt-Notre-Dame  (Brabant),  chandeliers  pour  le  mailre- 
autel  ; 

Saint-Joseph,  à  Saint-Nicolas,  maitre-autel.  Ce  projet  est 
bien  étudié  et  mérite  une  approbation  sans  réserve  :  auteur, 
M.  Peeters-Divoort  ; 

Baelegem  (Flandre  orientale),  buffet  d'orgue; 

Sart-d' Avril,  commune  de  Noville-Ies-Bois  (Namur), 
ameublement  complet; 

Mariembourg(méme  province),  buffet  d'orgue. 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

La  Commission  a  approuvé  : 

'dvgfjM'r        '"  Les  projets  de  diverses    réparations  à  exécuter  aux 

églises  de Wuestwezel, Zoerle-Parwys(Anvers),  i.andscauler, 

Sanlbergen,  Meiscn  (Flandre  orientale),  Merbes-le-Chàieau, 

Bellecourt  (Ilainaut),  Ileinstert,  commune  de  Nobressart, 

et  Gènes,  commune  de  Hodisler  (Luxembourg)  ; 

d,-  Ni.'n|'i,,ri.       2"  Le  plan  des  échafaudages  nécessaires  en  vue  de  la 

restauration  de  la  tour  de  l'église   de  Nieuport  (Flandre 

occidentale)  ; 

<\^^7,Ti!umZs.     3°  Les  comptes  des  recettes  et  des  dépenses  pour   la 
<  ■•ii.[.i.>.  . 

restauration  de  : 

L't'glise  (le  Sainl-Marlin,  à  ll.il,  iMMulaiil  l'année  1878; 


—  295  — 

L'église  de  Notre-Dame  de  Bon-Secours,  à  Bruxelles, 
pendant  le  premier  semestre  de  187Î); 

L  église  de  Sainl-Jean-Baptiste,  à  Wavre,  pendant  les 
années  1875  à  1877; 

L'église  de  Sainle-Waudru ,  à  Ilercntlials ,  pendant  !(; 
deuxième  trimestre  de  1879; 

L'église  de  Saint-Bavon,  à  Gand,  |)endant  les  années  1877 
et  1 878  ; 

L'église  de  Notre-Dame,  à  Tongres,  ])endanl  l'année 
1878. 

—  Des  délégués  ont  inspecté  récemment  réalise  de  Saint-  ^  M!'"-  ''", 
Augustin,  à  Anvers,  où  le  conseil  de  fabrique  a  fait  exécuter     ^  ^""''' 
divers  travaux  sans  en  avoir  référé  préalablement  au  Gouver- 
nement. Ces  ouvrages  consistent  dans  le  renouvellement  des 
châssis  et  vitrages  des  fenêtres,  la  restauration  des  toitures, 

le  remplacement  du  plancher  de  l'autel  par  un  pavement  en 
dalles  de  ciment,  l'enlèvement  du  badigeon  des  murs  de  la 
haute  nef,  la  réparation  et  la  peinture  d'une  partie  du 
mobilier,  etc.  Ces  diverses  réparations  peuvent  être  considé- 
rées comme  des  ouvrages  de  pur  entretien  et  sont  d'ailleurs 
exécutées  avec  soin. 

Les  délégués  ont  remarqué  qu'un  fragment  de  pierre  s'est 
détaché  de  l'un  des  angles  de  la  façade  principale.  Il  serait 
prudent  de  charger  un  architecte  de  faire  un  examen  minu- 
tieux de  la  façade,  afin  de  s'assurer  s'il  ne  conviendrait  pas 
d'exécuter  certains  ouvrages  de  consolidation  dans  l'intérêt 
de  la  sécurité  publique. 

—  La  Commission  a  été  informée  que  le  conseil  de  fabrique      f„y,,^ 

de  l'église  de  Saint-Michel,  à   Gand,  fait  exécuter  en  ce  "  îi^'o^ûd."'"' ' 
moment  à  cet  édifice  divers  travaux  de  restauration ,   de 


—  i^îm  — 

(léconlion  ol  (raiiicuhli'monl,  dont  les  pl.'ins  n'ont  pas  étr- 
soumis  ;i  r;nilori((''  sti|K'iM'ouro. 

Ces  travaux  ne  rentrent  évidemment  pas  dans  la  eafégorie 
des  réparations  d'entretien  qui  incombent  aux  fabriques  cl 
qu'elles  peuvent  cxé(HiIer,  conformément  à  l'arrêté  royal  du 
10  août  J82i,  sans  en  référer  préalablement  au  Gouver- 
nement. 

La  Commission  a  ajipelé  l'attention  de  M.  le  Ministre  de 
la  justice  sur  ces  faits,  qui  constituent  un  vrritable  abus. 
Sous  prétexte  que  les  travaux  s'exécutent  au  moyen  de  dons 
particuliers  ou  avec  les  ressources  de  la  fabrique,  on  se 
dispense  de  demander  l'autorisation    de    l'administration 
supérieure   pour   exécuter  des   ouvrages    qui    pourraient 
compromettre  la  solidité  des  monuments  et  en  altérer  le 
caractère,  et   pour  y  introduire   (kîi  meubles   d\m  iioùf 
souvent  douteux. 
.i.''fci.        —  Dos  délégués  ont  inspecté  l'église  de  Kessel  lez  Lierre 
et  ont  constaté  que  la  restauration  de  cet  édifice  a  été  exécutée 
avec  un  soin  consciencieux.  Le  itrojel  du  maitre-aulol  de 
celte  église  avait  donné  lieu  à  une  observation  en  ce  qui 
concerne  le  couronnement   du    retable,    dont    les   lignes 
paraissaient  pauvres  et  trop  découpées.  Il  n'a  pas  été  possible 
de  modifier  celte  partie  de  l'autel,  celui-ci  étant  terminé 
lorsque  le  plan  a  été  soumis,  Los  délégués  ont  pu  remarquer 
ipie  robservalioii  faite  par  le  Collège  était   fondée  et  que  le 
meuble  eût  beaucoup  gagné  en  élégance  si  l'on  avait  |)U  lin' 
donner  un  couronnement  en  rapport  avec  sa  forme  gém''- 
rale   et  avec  les  traditions  du    moyen  âge.  Ils  déclarent 
loulefois  que  le  défaut  signalé  se  remarque  moins  en  exé- 
euliun  (|M'en  dessin  et  (pie  |e  meuble  f'iii.  en  somme,   un 


—   L>!>7    — 

olîct  asMîz  salisl'aisaiil.  Les  .sciil|)lart'.->  du  rclublc  cl  de  la 
iiicnsa  suiil  d'ailleurs  exéeulées  avec  laleiil  par  MM.  De 
Boeck  el  Van  Winl  el.  polyeliroiiiees  ])ar  M.  lleiidricx. 
Ce  dernier  artiste  sera  égalemeiil  cliargc  de  la  iteinlure  des 
volets. 

Le  Secictttire  iicncral, 
J.    ROL'SSEAU, 


Vu  en  eonlormité  de  l'arliele  25  du  règlement 

Le  Président, 

Welleins. 


ËPIGRAPIIIE  ROllAll  DE  LA  BELGIQUE 


INSCRIPTIONS  RECUEILLIES  A  L'ÉTRANGER 


(1) 


INSCRIPTIONS  MILITAIRES 

(Suite) 


A.      —      BELGES     EN      GÉNÉRAL. 

La  Belgique  des  Romains  était  une  dénomination  très 
extensive  :  Strabon  (2)  appelait  Belges  tous  les  habitants 
du  littoral  de  la  Manche  et  de  la  mer  du  Nord  et  quelques-uns 
de  ceux  qui  habitent  les  bords  du  Rhin  et  même  les  Alpes. 

Ptoléméc  (ô)  comprenait  mémo  les  Sequani  parmi  les 
Belges. 


(1)  Voir  pour  la  série  des   précédents  articles,  les  citations  laites  dans  le 
Hall,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  XVIII,  p.  63. 

Quant  aux  inscriptions  militaires,  voir  ibid.,  \l\,  pp.  101,  ol5  et  HGi. 
On  continue  à  exclure  les  inscriptions  concernant  les  Trevires,   sauf  à  y 
revenir  ultérieurement. 

(2)  Voy.  Méin.  de  la  Société  des  Autiq.  de  France,  V,  p.  15."). 
(s)  II,  9,  21.  Voy.  aussi  Plin.,  //.  N.,  IV,  51,  I . 


—  :2în)  — 

Eiilin  Julius  Ceisus  (i),  qui  parapimsu  les  Coiiimonlaircs 
de  César,  dit  que  les  Belges  liabilaicnt  toute  la  i-égion  du 
Rhin  inlërieur  jusqu'à  l'Océan. 

Ammien  Marcellin  (2),  dans  un  passage  où  il  parle  de  la 
valeur  des  Belges,  dit  qu'ils  luttèrent  longtemps  avec,  les 
nations  d'au  delà  du  Rhin,  dont,  à  ses  yeux,  ils  étaient,  par 
conséquent,  les  voisins. 

C'est  ainsi  que  Claudien  parle  de  la  paix  établie  entre  les 
Belges  et  les  Chauques  d'oulre-Rhin  (5). 

C'est  donc  dans  toute  la  Gallia  Belgica,  en  y  comprenant 
la  Germania  superior  el  la  Germania  inferior,  situées  toutes 
deux  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  ({u'ont  sans  doute  été 
recrutés  les  corps  auxiliaires  portant  le  nom  de  Belges  en 
général. 

Quant  à  ceux  qui  sont  indiqués  spécialement  comme 
appartenant  à  la  provincia  Belgica,  il  doit  être  entendu  qu'ils 
n'avaient  rien  de  commun  avec  ces  deux  Germaniae,  et 
qu'ils  appartenaient  bien  positivement  à  la  Belgica  Prima 
et  à  la  Secunda,  séparées  l'une  de  l'autre  par  la  Meuse  (4). 

(<)  «  Ilabitarc  Uc'sas  Gallos  ad  siiiistram  Rhcni  ripaiii  iibi  proxinn'  ad  Ocoa- 
num  appropiiKiiiant.  »  {Mém,  Anliq.  Fr.,  l.  cit.). 

Voy.  aussi  Desjardins,  Géographie  de  la  Gaule  romaine,  II,  p.  ii'2  et  siiiv. 

(2)  «  Horiim  omnium  apud  veteres  Bcigae  dicel)aMtur  esse  fortissiml,  co 
propter  quod  ab  luinianiore  cultu  longe  discreti,nec  advcntitiis  ciïcminati  deliciis, 
diu  cum  transrrienanis  certavei'c  gcntibus.  »  XV,  11. 

Comp.  Caes.,  B.  GalL,  \,  1  ;  II,  16;  ibid  ,  Vlil  (Hirtics),  lii. 

(5)  Voy.  ci-dessus,  VI,  p.  29o. 

{*)  FoRBiGER,  III,  p.  153,  a  assez  exactement  déterminé  remplacement  de  ces 
contrées  : 

Belgica  Prima  :  Lorraine,  Trêves,  Luxembourg. 

Belgica  Secunda  :  Champagne,  Ile  de  France,  Artois,  Pays-Bas  wallons. 

Germania  inferior  :  partie  orientale  des  Pays-Bas,  Cologne. 

Germania  atiperior  .•  Mayence.  Celle-ci,  seule,  ne  comprcndait  pas  une  partie 
de  notre  territoire  actuel. 


rA){) 


I.  —  Cohors  I  Belgarum. 

La  Daliiialii'  nous  a  déjà  l'ouiîii  deux  iiiscriplioiis ,  n""  *Jii 
el  1)5  (i),  perlant  le  nom  de  membres  de  celle  cohorte. 

L'inscription  n"  Dô  l'évèle  pour  date  l'année  175;  c'est  à 
peu  près  aussi,  d'après  les  indices  à  tirer  de  la  forme  des 
caractères,  l'époque  qu'indiquent  les  autres  inscriptions 
ci-après. 

La  Cofwrs  l  Belgarum,  au  lieu  d'être  commandée  i)ar  un 
pracf'ectus ,  l'était  ])ar  un  centurion  légionnaire  ou  ayant 
rempli  celle  l'onction,  comme  on  le  voit  par  les  deux  inscrip- 
tions déjà  citées. 


N"  555  (^). 


ZOSLME  STA 

TIL  .  P\LC(IIER) 

MIL  .  GOll  .  1 J3ELG 

EX  STRAT  CÔS  . 

\  XOR .  B  .  M 

DVPL  . 


—  Saluna,  Dalmatie  (z). 

(Diis  Maiiibus  Zo5/'mae,  67rt//7ius  l'iilcliey,  iitilc>  (ohovùs  l 
Bel(j'dnm\ ,  ex  slruloiv  viri  tcnbulai'is,  iLorl  /;eiie.'/ierenli, 
(/ît/j/icarius). 


(i)  Voy.  ci-ile»sii8,  VII,  \\\k  lOG  et  107. 

(2)  il  osl  inutile  de  (•.ùiillmii-rii  niuiqucr  de  ra:>toiiM|iic  [*i  \c>  iiisiriplioii^  non 
encore  piihiiocs  en  Ueigique  :  tontes  ecllcs  qui  suivent  sont  nouvelles  el  ne 
li,^urenl  |i;is  nol;iinineiit  dans  le  travail  intitulé  :  Du  coiiliiir/,'!!!  fourni  par  lu 
lltlil'KjiiCiuix  iiriiicc>i  de  l'empire  rainnin  {Mi'iit,  .[ei(:l.  roy.  île  Hel'j.,   XXVil, 

(r.)  (Àirpiii  iiixcr.  l'Uni.    Il,  n"  ■-OU". 


—  501   — 

Cclk'  iuscripliuii ,  Iruuvcc  cii  18i<S  le  long  de  lu  Via 
Tra</uriensis,  csl  conservée  au  Musée  de  Salona. 

Elle  présente  diverses  anomalies  :  le  nom  de  la  défunlc 
est  à  peine  mentionné,  tandis  que  l'époux  survivant  a  si 
bien  l'intention  de  se  mettre  lui-même  en  évidence  qu'après 
s'être  nommé  de  ses  noms,  il  mentionne  tous  ses  titres, 
et  en  ayant  omis  un  ou  l'ayant  acquis  depuis,  il  l'insère  à  la 
suite  de  l'inscription. 

Ce  dernier  titre,  duplicarius  (ou  dupliciarias),  indi(juait 
•  pie  celui  ([ui  l'avait  obtenu,  avait  droit  à  double  ration. 

N"  35().  TVRRaNfVS  .  FIR 

VEXILL  .  COH  .  I  REL 

MERGVRIO 

V  .  S  .  L  .  M 

—  Much  (Andetrium),  Dalmatie  (i). 

(Turranms  Finmis  (?)  nexw'/Iarius  coAortis  /  /ie/ij;arum, 
Mcrcurio  l'otiini  iolvit  /ubens  uiQÙiô). 

Cette  inscription  est  anciennement  connue,  mais  elle  était 
présentée  comme  portant  le  nom  d'une  cohors  Frei... 

Mommsen  propose  la  correction  i  bel,  et  la  présence  de 
eiii([  autres  inscriptions  du  même  corps  en  Dalmatie  légitime 
la  supposition. 

Le  nom  de  Turranius  est  également  substitué  par  Momm- 
sen à  la  lecture  incorrecte  Turninus,  précédemment  pro- 
posée. 

On   peut  lire  sur  les  vétérans   dits   vexillarii,  ce  (pie 


i^ii  Corpus  hiscr.  latin.,  III,  n"  "274.i. 


—   oO!2  — 

Pilibcus  d  rassemble  de  renseignements  sous  ce  mol  de 
son  Dictionnaire. 

N°  357.  NYMPHIS  S 

Q  .  SILVIVS  .  SPE 

CENT  .  COU  .  I  .  BELG 

CVRAGENS  .  THEAT 

D  .  D 

—  Ile  de  Brazza  (près  du  village  de  Scrip),  Dalmalie  {«). 
(^Nymphù  sacrum,  Çuinlus  Silvius  5peratus  (?),  cen^urio 

cohorùs  J  Belc/'àvum,  curdm  cujens  llieatn,  ilono  dedïl). 

Cette  inscription  a  été  découverte  sur  une  pierre  déposée 
au-dessus  d'un  rocher  d'où  jaillit  une  fontaine. 

N«  358.  CAESIA  .  C  .  L'" 

PANTHERA 

VIVA  FE(CI)T 

SIBI  .  ET  ,  M  .  SEP 

TEM  DASI 

C«H  .  I  .  BELGi 

QVAESTVARIO 

.     .     .  ICIPALl  .  CONS 

FIDIMIO 

—  Strè,  Dalmalie  (2). 

(Caesia,  Caii  libarVd,  Panthera,  uiva  fecil  sibi  ci  jyarco 
Septïmio  Dasi,  co/iortis  /  Belgdnun,  fjuaesûoiùario  munici- 
pali  cons. . .  fldimio) . 


(t)  CoUezioite  de  tulle  le  antichite  clie   se  conscrvaiio  ncl  inuneo  ^ania^lfl 
(H  Venezia,  272,  ii"  2o;  Corpus  inscr.  latin,,  III,  ii"  3096. 
C«)  Corpus  inscr.  latin.,  III,  n"  3162b. 


—  305  — 

Une  grap|)o  avec  une  colombe  de  chaque  cùlé  décore  la 
partie  supérieure  du  monument. 

Cette  inscription  n'est  pas  nouvellement  pui)liée(i);  mais 
on  y  avait  lu  con  belgi,  ce  (jui  n'offrait  aucun  sens. 

La  l'onction  de  quaesluarius  (de  quaestus?)  est  inconnue, 
et  l'ait  plutôt  songer  à  celle  du  quacstioniarhis,  qui  était 
l'exécuteur  ou  tortionnaire. 

Les  essais  d'explication  des  derniers  mots  n'ont  pas  abouti 
à  une  explication  plausible;  serait-ce  :  co/?jugi  fidissimo? 

n.  —  Belges  des  cohortes  prétoriennes. 

La  célèbre  inscription  en  l'honneur  de  la  déesse  Arduina 
et  de  Mars  Gamulus,  ((ui  est  bien  décidément  authentique  ("2), 
nous  fournit  un  exemple  de  Rémois  enrôlé  dans  la  coh  VII 
Praeloria  Antoniniana,  du  temps  de  Garacalla  :  les  Rcini, 
on  le  sait,  appartenaient  à  la  Belgica  Secunda. 

Voici  quelques  inscriptions  des  cohortes  prétoriennes  (3), 
où  l'on  voit  apparaître  des  Belges  : 

N"  559. 

I    O.M.ET.MAriTI.ET.NEMESI...  SOU.  ET.VICTORIAE  .  ET.  OMlMBVS 

DUS  .  PATRIENSIBVS  .  CIV  .  EX  .  PROV  .  BELGICA  .  AVG  .  VIROMANDV 

ORV  .  MILITES  .  IVL  .   FVSCVS  .  COH  .   l  .  PRAET  .  7  .  ALBANl   .   ET 

FIRM  .  MATERNIANVS  .  COH  .  X  .  PRAET  .  PHILIPPIANARVM 

7    ARTEMONIS    V    S    L    M 


(l)    Voy.  (iKUTER,  %0,   10. 

(-2)  On  reviendra  plus  loin  sur  ce  point. 

Voy.  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'arcliéol  ,  X,  p.  40,  ou  ont  oté  déduites 
les  raisoiis  de  doute. 
(3)  En  voir  d'autres,  ci-dessus  IX,  p.  285;  X,  p.  40. 


—  504  — 

]ii;i»    llll    KAL  .   iVI> 
PUESENTE    ET 
ALHINO    .    .    . 

—  Uoino  (l). 

(Jovi  Oplinio  Jiaxiiiiu  et  Marli  cl  lYemesi  cl  Soli  cl 
Victoriae  el  omnibus  dits  palriensibus,  cives  ex  provim-'m 
Belgica,  .It^i^usta  Veroinanduorinn  oi'iiiiidi,  niiUles  Jw/ius 
Fîiscus,  cohoHis  I  Prae/oriae,  cenluria  Albani,  el  Fi'rmus 
Materniamis,  cohorlis  X  Praeloirdc,  cenluria  Arlemonis, 
coiioi'liiim  cog'nominc  Philipjymnariaii ,  roluiu  iolveruul 
/ubculer  merilo.  /)ef/icaluni  ////  /ca/ciiclas  Juiw,  Prixesente 
el  Albino  consulibus). 

Celle  inscription  ol  la  suivaule  ouï  été  Irouvées  en  1875, 
dans  les  subslructions  d'an  ancien  mur,  on  l'on  a  dccouverl 
une  série  d'environ  1:25  autres  inscriplions  ou  IVagnicnls 
d'inscriptions,  depuis  le  règne  de  Sepliine-Sévère  jus<ju'à 
l'année  12G()  (2;. 

Celle-ci,  du  consulat  de  Praescns  et  d'Albinus  (an  !2i(j), 
date  du  règne  de  PhilipjR",  donl  le  nom  a  clé  ])orté  par  les 
cohortes  prétoriennes  I  et  X  (5). 

Il  est  donc  inexact  de  dire,  au  moins  pour  les  cohoj'tes 
prétoriennes,  que  les  surnoms  lionoi-iliqucs  étaient  attribués 
seulement  aux  legiones,  alae  et  classes  (i). 


(i)  Corpus  inw.  lalin.,  VI,  11»  28:21. 

(2)  Ibid.,  pp.  659  et  720. 

La  date  de  renfouisscment  de  ces  iiiseriiitioiis  dans  les  romUliniis  de  miirailles 
coDcordeavec  celle  des  faits  semblables,  dont  il  a  été  parlé  ci-dcssii^,  XVI,  p.  iH\. 

{5)  Voy.  ciitr"aiitrcs  Ohki.li,  ii"(i8."jy. 

(1)  l'AiiHETii,  cité  par  Maiuni,  ^7/  alli  e  moimmcnti  de  'fralclli  Arvali,  p.  022. 

On  Ironvc  notamment  les  cohh.  Ulpia  Trajana  (tUficrnontm,  Aelia  Dacoriim, 
Angusla  LusUnnorum,  c!c. 


—  505  — 

Le  cenUirion  Arlemo  npparail,  on  d'aulres  inscriplions  de 
la  coh  X  Praeloria  (ij. 

N"  560. 

DUS  .   .  .  GTIS  PATRII 
...  M  ET  INVIG  . . .  a  . .  LLIM  MERCVRIO  .  DIANAE  .  Il 

EX  PROVINCIA  BELGIGA  .  .  . 

IVL  .  iVST\ S  MIL  .  GOII  .  I  PRAET  .  P  .  .  . 

7     ....     VA 

FIRMIVS  .  MATER  .  .  . 
PIAE  .  YliNDI 

—  Rome  (a). 

{Dlis  .sane/ï5  pairiis,  .Tovi  Oplinio  A/axiino  et  Soli  Invicio 
et  A\)ollini,  Mercurio,  Dianae....,  cives  ex  provincia 
Belgka,  milites  Julku  Justiis  mile^  coAorlis  /  Prae/oriae 

Piae  Vindicis,  centuria  ...va et  Firmius  Ma/ernianus, 

miles  cohortis  X  Praetoriae  Piae  Vindicis ,  cenluria  Arte- 
monis,  coliortium  cognomino  Philippinnanim ,  volnm  sol- 
verunt  luljenter  merito). 

Des  représenlalions  de  divinités  séparent  :  Mars,  .liii)iter 
et  une  troisième,  les  lignes  2  à  5;  Apollon,  Diane  el  une 
troisième,  les  lignes  5  à  6. 

L'inscription  précédente  facilite  la  restitution  de  celle-ci. 

Ces  deux  inscriptions,  comme  les  deux  premières  de  celles 
qui  suivent,  datent\le  temps  postérieurs  à  Septime-Sevère, 
qui  admit  les  légionnaires  des  provinces  dans  les  cohortes 


(i)  Corpus  inscr.  lui  in.,  \\,  n"  -27ÔO. 
(2)  Ibid.,  n»  282-2. 


—  ?;06  — 

prétoriennes  jusqu'alors  réservées  aux  légionnaires  italiens. 
Cependant  l'histoire  nous  fait  connaître  que  parmi  ces 
derniers,  entrés  dans  les  cohortes  prétoriennes,  il  y  avait 
des  étrangers  (i)  :  un  de  coux-ln,  Tausius  (iinus  e  Timgris) 
fut  l'assassin  de  Pertinax. 

III.  —  Soldats  nés  en  Germanie  inférieure. 

La  Germanie  inférieure  avait  pour  villes  principales 
Tongres  et  Cologne;  elle  comprenait  donc  une  partie  de 
notre  Belgique  actuelle,  et  il  convient  d'étendre  la  liste  des 
inscriptions  helges  recueillies  à  l'étranger,  aux  monuments 
épigraphiques  concernant  des  individus  originaires  de  la 
Germanie  inférieure  (2). 

N"  361.  D  M 

Q  .  VETIO  INGENVO  VET^RANO 

EX  .  GIIO  .  m  .  PR  .  EX  PROVINCIA 

GERMANIA  .  INFERIORE  .  FELIGIVS 

MARGVS  .  EVOKATVS  .  ERES  ET 

CIVES  .  RENE  MERENTI  .  FECIT 

—  Rome  (3). 

(Oiis  /l/anihus.  ^uinto  Vetio  ïngemio ,  veterano  ox 
cohorte  ni  prnoAorïn,  ex  provincia  Germania  inferiore, 
Felmiis  Mnrnts,  evocatus.  hères  et  rives,  henemerenii  ferii). 


(0  Dio  Casstus.  [.XXI,  p.  1213;  UKRoniAN.,  HI,  p.  ir>l,.inj  cite  ],.  iribnn 
•Saturnin,  originaire  de  Syrio;  Capitomn.,  In  Perliiwce,  XF. 

(2)  On  laisse  de  côté  les  inscriptions  concernant  les  soldats  romains  campés 
dans  la  Germanie  inférieure;  cela  pourra  faire  l'objet  d-nn  travail  ultérieur.  d(int 
les  éléments  sont  déjà  rassemblés. 

(3)  Corpiix  imcr.  lalin.,  VI,  n"  SriU. 


—  307  — 

Sur  un  cippp  do  marbre  avec  relief  représentant  un 
soldat,  tenant  un  volume  à  la  main. 

Gruter  a  donné  deux  versions  variées  de  cette  inscrip- 
tion (i),  qui  existe  encore  et  doit  être  corrigée  comme  elle 
est  donnée  ci-dessus, 

N'  562.  GOH 

M  .  AVR  .  M  .  o  . 
M  .  AVR  .  M  ... 

EX  .  PROVINGIA  CLV  .  . 

INFERÏORE  .  CIVES  .... 

V  .  L  .  S  .  ,  .  . 

Vf  mvs  ivL  .  .  . 

MARIO   MAXIMO    .    .    . 
ROS 


—  Rome  (2). 

(Co/jors  Praetoria,  ¥arcus  Awrelius  M...;  .^/arcus  Xure- 
lius  1/...,  e.v  promncia  (G(T)mania  inferiore,  cives  .... 
vntum  /ubenter  5olverunt  merito.  VI  idus  Juin ,  Ma7'in 
Maximo  et  Roscïo  Aeliano  consulibus). 

La  restitution  ger  pour  clv  est  due  à  Henzen;  elle  est 
scientifiquement  certaine,  vu  l'absence  de  toute  autre  pro- 
vince inferior  commençant  par  c  ou  g,  lettres  qu'il  est  facile 
de  confondre,  de  même  que  e  et  l. 

Gette  inscription,  par  les  consulats  qu'elle  relate,  est  de 
l'an  225. 


(i)  008,  9  et  567,  9. 

(•2)  Corpus  itiscr.  lai  in.,  VF,  11"  2833. 


—  oOH  — 

Ello  a  élô  découverle  au  même  emplacemoiil  i\no  les 
inscriptions  ci-dessus,  n"'  500  à  -">()2,  également  des  cohortes 
prétoriennes,  ce  qui  ne  laisse  aucun  doute  sur  l'attribution 
du  monument  à  l'une  de  ces  douze  cohortes, 

II  existe  des  inscriptions  des  cohortes  prétoriennes,  con- 
tenant de  semblables  nomenclatures  (i),  où  le  prénom  et  le 
«  nomen  gentilicium  »  sont  semblables;  elles  ne  distinguent 
les  individus  que  par  le  cognomen  :  les  deux  Marcus  Aurelius 
de  l'inscription  avaient  donc  des  surnoms,  comme  Mnximus, 
Minimus,  etc. 

Aurelius,  Valerius,  Flavius  sont  de  ces  noms  de  génies 
si  fréquents  qu'on  les  abrège  souvent  dans  les  inscriptions 
par  AVR,  VAL,  FL.,  etc. 

Le  gentilicium  Aurelius  a  été  fréquemment  employé 
jusque  sous  Alexandre-Sévère  (2). 

Cela  tient,  comme  le  fait  remarquer  Marini  (0),  à  ce  que 
les  soldats  des  cohortes  barbares  devenus  citoyens,  prenaient 
le  ))rénom  et  le  nom  de  l'empereur,  ([ui  les  avaient  admis 
au  droit  de  cité.  C'est  ainsi,  sans  doute,  qu'il  se  rencontre 
tant  de  Glaudius,  Flavius,  Ulpius,  Elius,  Aurelius,  Septimius 
dans  les  inscriptions  militaires  et  sur  les  tuiles,  comme  si 
les  porteurs  de  ces  noms  avaient  été  inscrits  dans  des  tribus 
portant  le  nom  des  empereurs,  Julia,  Augusta,  Flavia, 
Ulpia,  Aelia  et  Aurélia  (i),  ce  qui  même  semble  avoir  été  si 


(1)  Voy.,  par  exemple,  ibid.,  VI,  ii"  2595. 

(j)  Ibid.,  VI,  u»  2852;  voy.  aussi  Rdssi,  lloiiia  xallcrtnicd,  II,  p.  i^'ri, 
{:,)  Atli  de    fhilelli    Arrali,    M,   p.    i'i":   OiiF.i.i.i,    11,   il    2j  ;    Kaurf.tti, 
p.  395. 

{i)  Orki  i.ilIrNzrN,  III,  p.  (i-2  des  lahlis.  (lomit'iil  lt■^  ikhhs  de  ces  triliiis. 


—  oOi)  - 

obligatoire  que  les  alïrancliis  enx-mèmo.=;  y  t'iriienl  nssujellis. 
On  a  app('l(''  cv^  pivlendiies  tribus  des  tribus  iiiib'laires. 


On  peut  supposer  que  l'inscription  suivante,  aussi  des 
cohortes  prétoriennes,  désigne  également  un  individu  natif 
de  la  Germanie  inférieure. 

N"  50-1.  ....  M 

.   .  .   .  INO  .  EQ 

....  GERMAN 

....  ANN  .  XI 

.  .  .  CATVLLINVS 

LINVS  .  SEG 

.  .  .  G  . 

—  Rome  (i). 

(DWs  Manibus  ....  ino  équité  singulari,  ex  Germamix 
(inferiore?),  vixit ««Mis  A'L. . .  CaluKmus . .  Jiniis Sec(\\\u\\\<.1) 
iieres  fieri  eu  ravit). 

—  Il  existe  enfin  une  inscription  de  laGermanie  inférieure, 
mais  bien  positivement  de  la  partie  non  incorporée  dans 
notre  Belgique  actuelle  :  c'est  une  inscription  d'Ancyre,  por- 
tant le  nom  du  forum  Hadriani,  actuellement  Voorburg  (2). 


(j)  Corpus  iiiscr.  lalui,,  VI,  n"  331j. 

(i)  Ibiri.,  III,  n»  4279. 

Voy,  ibid.,  n"  265,  une  insciiptioii  d'AïKyre,  oii  il  est  <iiit^stioii  il'iin  individu 
né  en  Ciermanie,  et  .7228,  une  initie,  «ii  il  l'si  liiil  nienlion  de.',  lenUmea  ('.timimi- 
lin  uni'. 


—  ^10  — 

B.    —   BAETASII. 

Aux  cinq  inscriptions  militaires  fies  Baetasii,  déjà  pu- 
bliées (i).  il  faut  ajouter  les  suivantes  : 

N  7,U.  I  .  0  .  M 

COH  .  r  .  BA(ET)A 

SIORVM 

C  .  R  .  GVI  .  (PR)AE 

EST  .  T  .  ATTIVS 

TVT-'R  .  (PR)AEF 

V  .  S  .  L  .  L  .  M 

—  Maryport,  près  d'Ellenborough  (Uxellodunum)  (2). 

(Jovi  Optimo  IVaximo  cohors  1  Baelasiorum  czvium 
romanorum,  cui  praeesf.  Titus  Allius  Tutor  praefecius , 
votum  5olvit  /ubens  /ubenter  merito.) 

Cette  inscription,  trouvée  en  1870,  avec  les  suivantes, 
détermine  avec  certitude  la  manière  d'écrire,  en  séparant  le 
prénom  du  nomen  gentilicium  (.-),  T(itus)  Atlius,  nom  que 
l'inscription  n"  iOO  a  déjà  fait  connaître  et  qui  réparait 
ci-après. 

L'inscription  n"  304,  ainsi  que  les  trois  suivantes,  nous 
ai»|)nMiiienl  un  fuit  nouveau  :  la  roli.  f  Baelasiorum  était 
composée  d'individus  ayant  les  droits  de  citoyens  romains 
(jxis  civitatis),  et  non  pas  seulement  de  citoyens  latins  (pis 
I  atii)  comme  les  soldats  de  la  coh.  Il  Tunc/rorum  (voyez 
n"  427  ci-après). 


(1)  Voy.  ci-(lessiis,  V(l,  pp.  111  à  H7. 
(t)  Corpus  inscr.  latin.,  VII,  n"  28B  (38fi). 
(■s)  Ci-dessiis,  VII,  p.  11  G,  note. 


—  5H   — 

La  qualification  de  civium  romanorum  est  donnée  à 
certaines  cohortes,  soit  parce  que  la  nation  qui  fournissait 
la  cohorte,  ou  lui  donnait  son  nom,  avait  reçu  le  droit  de  cité, 
soit  parce  que  ce  droit  avait  été  accordé  à  la  cohorte 
elle-même  (i). 

Quelle  circonstance  motiva  cette  préférence  en  faveur  des 
Baetasiens?  Ceux-ci  s'étaient  pourtant  comportés  absolument 
comme  les  Tungres  dans  la  guerre  de  Givilis  (2),  où  les 
deux  peuples,  l'un  à  la  vérité  plus  spontanément  que  l'autre, 
trahirent  la  cause  des  Romains. 

N"  303.  MARTI  .  MILITARI 

COH  .  î  .  BAETASI*' 

RVM  .  C  .  R 

GVI  PRAEEST  VL 

PIVS  TITIANVS 

PRAEF  .  V  .  S  .  L  .  L  .  M 

—  Maryport  (3). 

(Marti Militari,  co/îors  / Baefasionwi  rivium  romanorum, 
mi  prapcst.  Uipius  Tilianus  praefeclus,  t'Otum  .çolvit  /ubens 
/uhenter  ???erito). 

Uipius  Titianus  est  un  nouveau  nom  de  préfet  de  la  coh.  I 
Baelasiorum;  ce  nom  apparaît  encore  ci-après  (n"  567). 

L'inscription  n"  365  est  pour  ainsi  dire  modelée  sur  le 


())  Hassencamp,  De  coJiortibm  Romanorum.  Diss.  ii)aiig.,  de  l'Université  de 
Gottingnp,  1809,  p.  1  i,  qui  rite  BF.CKEn  et  Marquard,  Aniiq.  Rom.,  IH.  2, 
p.  576. 

f«)  Tacitk,  Hint.,  IV,  66. 

{■s)  Corpux  inxc.  UtCm.,  \'\\,  \V' 7i^\. 


—  --12  — 

mémo  p.'ilron  que  rinscription  ii"  1)1)  (i);  toules  deux  sont 
(lédiôes  ;i  Mars  Mililaris. 

N-  nOG.  VfC(TOXKI)AE  (AVG) 

COU  .  T  .  baeTa 

SIORVM  C  .  R 

CVI  (PR)AEEST 

T  .  ATT'VS  T^T'R 

PRAEF(ET)C 

V  S  LL  M 

—  MaryporI  (2). 

(Vicloriae  Augii^iSie,  rohovs  I  Baelasiorum  civiiim  roma- 
noriim  eut  praeesl  ri  lus  Attius  TiUor  praefedus,  v^nnm 
sù\y\[  /iibons  /iibenler  monlo). 

Comparer  l'inscription  suivante  et  le  n"  r>8i  ci-après. 

N"  ôr.7.  VICTORIAE  AVCx 

COU  .  î  .  BAETASIOR 

G  .  R 

CVI  PRAEEST 

VLPIVS  TITIA 

NVS  PRAEFJ-X: 

ÏVS 

V  .  S  .  L  .  L  .  M 

—  Marypoi't  (ôj. 


(1)  Voy,  ci-(les.su^,  VU,  |).  11:;. 

h)  Corpus  itisir.  lului..  VII    n"  "ul. 

(■')  n»'l.,  vil.  ir.  DiJ.-). 


—  r,i; 


(VicloriacAïKjnnVdc,  cuhovs  I  Daclasiormn  civiuiii  liomii- 
noruin,  cui  praccut  illphis  Tilianus  prac/ectas,  ruluiii  .suivi! 
/iibens  /ubenlcr  werilo). 


Il  serait  hasardé  de  rapporter  aux  Baelasiens  certaines 
inscriptions  d'Ilosva,  séjour  de  YAla  l  Timgrorum  (i)  : 

.    .    .    .    Il    .    .    .    I!ET    ....    Il    ...    AT    ....    II 

En  effet,  les  lettres  det  peuvent  se  ra|)porter  aux  abrévia- 
tions Fab.  et  (Fabius  cl  .  .  .)  :  on  n'a  |)as,  du  reste,  de 
(races  à  Ilosva  des  Baelasiens,  qiioifjue  voisins  des  ïiingres, 
et  associés  à  ceux-ci  dans  les  événements  auxquels  il  sera 
lait  allusion  ci-dessous. 

Comme  les  ïungres  d'Ilosva  appartenaient  à  ïala  Tim- 
(jroram  Fronloniana,  il  est  donc  i)robable  (jue  le  Baetasien 
liypolliétique  dont  il  s'agirait  ici,  aura  été  un  cavalier  i\w 
même  corps. 

G.  —  co'DrLLSi. 

N"'  508  et  509.  -^  .  COiN 

N  .  GOND 

—  Bincliester  (Vinovia),  xVnglelerre  (2). 

(/Vumerus  Co?u/rusiorum). 

On  a  cru  pouvoir  attribuer  ces  sigles  à  un  nuinenis  Coit- 


(i)  Corpus  inscr.  latin  ,  III,  ii^'  8^0,  5. 
(2)  Ihi'l.,  VII,  II»  1255.. 


—  31/1-  — 

drusiorum  (i),  ou  détachemeul  des  auxiliaires  du  Condroz, 
(|ui  auraient  séjourné  à  Vinovia. 

On  a  suj)posé  sur  ce  rondement  que  les  deux  inseriptions 
suivantes,  trouvées  au  même  lieu,  et  dont  l'une  mentionne 
un  corps  de  cavalei'ie  (2),  sans  désigner  lequel,  pourraient 
appartenir  également  aux  Condrusiens  : 

D  (m)  s  II  x(emm)(o!s)t(ain)vs  dec  ||  vixit  .  a(xn)  .  xl  . 

JNEM  \\  SANCTVS  Fil  .  ET  C"  HERR  ||  EX  TESTAM(ENT)o  FECEK' 

EORTVXAE   II    SANeTAE  jj  M    .    VAL    ||    FYLVIAINVS    ||    PRAEF   .  EO 

V  .  S  .  L  .  L  .  M  (3) 

Il  est  à  remarquer  cejiendant,  en  ce  qui  concerne  cette 
dernière,  que  Wda  Fronloniana  Tunyrorum,  comme  on  le 
verra  plus  loin,  est  signalée  assez  tôt  à  Ilosva  (voir  ])lus  loin). 

N^  370.  MAXIMVS  SGRISIÏ 

LEG  XXVV 

GONDRAVS  .  8IVS 

—  Wetheral,  Gumberland  (/,). 

(MaximiLs  miles  /eryionis  XX  Kaleriae  Victricis,  Con- 
drusus  natione,  scri\)sil). 

Gctte  inscription  avait  déjà  été  |)ubliée  par  ÏArcliacologia, 


(0  Jahrbiicher,  etc.,  de  Bonn,  LVM,  p.  -21). 

(2)  BoRGHEsi,  Annali  dell  Inst.  (H  corr.  archeol.,  XI,  p.  135,  prouve  que  l'on 
désignait  aussi  sous  le  nom  de  numeri,  et  les  cohortes  rouiuines  et  la  cavalerie 
des  barbares.  On  connaît,  par  exemple,  un  numerus  eqiiiliiiii  Siralonicianoram 
(Ephemeris  epigraphica,  III,  p.  123,  n°  86). 

(3)  Corims  inscr.  latin.,  VII,  n"'  425  et  i29. 

{ij  Il)i(l.,  Vil,  n"  922;  Juhrbùcher  de  Bonn,  LVII,  p.  27. 


—  515  — 

dès  1770  (i);  mais  ruvue  par  Bruce,  ello  a  élé  corrigée,  cl 
on  y  a  lu  Condrausiua^Condrnsus). 

Le  dessin  d'un  cerf,  qui  accompagne  l'inscription  sur  le 
roc  où  elle  a  été  gravée,  serait-il  un  souvenir  des  chasses 
du  pays  natal,  que  notre  Condrusien  aura  voulu  consacrer 
en  y  attachant  son  nom? 

Nous  aurions  ainsi  un  descendant  d'un  des  Condrusi  de 
César  qui,  tandis  que  ses  congénères  servaient  dans  la  coh  // 
Tungrorum  ou  dans  le  numerus  Condrusiorum,  aurait  pris 
du  service  dans  la  ler/io  XX  Valeria  Victrix. 

Le  Gumberland,  où  cette  inscription  a  été  trouvée,  n'esl 
pas  éloigné  de  Birrens,  où  a  été  trouvée  l'inscription  du 
pages  Condrustis  (-2). 

D.    —   MENAPII. 

N"  371.  ADIVTOR 

LAVGI  .  F 

CiVES 

MENAPIVS 

MIL  .  COHO  .  î 

PANNONIORVM 

7  .  BASSI  .  STIPEN  .  XÏ 

ANN  .  XXXII 

H  .  S  .  E 

—  Trouvé  à  Aquileja,  actuellement  à  Varmô  (5). 


(1)  1,  p.  86. 

(i)  Voy.  ci-dessus,  p.  145. 

(3)  Corpus  mscr.  latin.,  V,  11°  880, 


—  ÔKi  ^ 

{Adjulor  Lauii  /ilius,  rives  Mcnainus,  mtk\>  cohovù^  l 
Pannoniorum,  ccnUiria  Uassi;  slipemlumun  A7,  annonnn 
XXXII,  /tic  6'ilus  esi). 

E.    —    NERVJI. 

G'csl  à  (on  (ju'on  ;(  di(  (ij  que  les  Xervieiis  laisaienl 
pai'lic  de  la  garde  germanique  des  empereurs  et,  qu'on  a 
Irouvé  à  Rome  plusieurs  inscriptions  Uimulaires  des  indi- 
vidus de  celte  nation  faisant  |»artie  de  celte  garde.  Le  fait 
est  complètement  inexact,  comme  on  l'a  déjà  fait  observer  (a); 
mais  il  est  vrai  cpie  vers  l'an  /i-OO,  il  y  avait  en  Orient  une 
légion  palatine  conjposée  de  Nerviens  (5).  Cette  légion  n'a 
pas  laissé  d'inscriptions,  et  le  contingent  épigrai)liiquc  des 
Nerviens  concerne  seulement  le  Haut-Empire. 

I.  ~  Coh.  I  Nervana  Germanorum. 

On  possédait  déjà  li'ois  niscriptions  de  ce  coj'jts  (i).   En 
voici  une  quatrième  : 

^"  572.  1  0  M 

COU  .  I  .  NEUVANA 

CERMANOll  .  ce  .  EQ 

CVI  PRAEEST   L  FAM 

VS  FELIX  TRIB 


f  1)  SciiAYKs,  Lu  Belgique,  clc,  sousla domination  romaine,  \"  c-dit.,  I,  p.  iio. 

M.  PiiiitAiiT,  Kxcurmm  urchéoloijiques  et  historiques  (ciiviroiib  de  Maubeuttc), 
|i.  9,  r(5i»èle  rallégiition  de  Schaves  et  l'appuie  ciroiioiiieiil  sur  la  présence'  de 
deux  Nervicn.s,  Anectius  et  Seiicctius,  dans  l'arniéo  de  Diiisus,  oii  ils  étaient 
nibuns.  W  n'y  a  pas  de  relation  entre  ces  laits. 

(4)  Du  contimjCHi,  etc.,  p.  10. 

(s)  .MoKE,  Histoire  de  la  Belgique,  îi'  édit.,  p.  -J7. 

(i)  Voir  ci-dessus,  Vil.  p.  ht.  xc  101  à  103. 


—  517  — 

—  Birroijs  (i). 

(Jovi  Opliino  Maximo,  euh.  I  JServana  Germanonun 
milliaria  equilald,  cuipraeesL  Lucius  Fanniiis  Félix  Iribmms 
votum  solvit  lubens  merito). 

Hygin  (-2)  donne  la  composition  des  vohorles  miUiariac 
e<iuilatae,  chacune  d'elles  avait  760  fantassins,  divisés  en 
10  centuries,  et  280  cavaliers,  répartis  en  10  lurrnae. 

Un  débat  intéressant  et  assez  vif  dans  la  forme  s'est 
élevé  en  Belgique  à  propos  de  ce  corps  ;  tandis  que  certains 
auteurs  considèrent  la  coh.  J  NervanaGermanorum,  comme 
un  corps  nervien  (3),  d'autres  soutiennent  catégoriquement 
que  le  nom  de  ce  corps  vient  de  l'empei'eur  Nerva  (V). 

Un  argument  (|ui  doit  disparaitre  de  la  discussion,  est 
que  des  cohortes  portant  le  nom  de  l'empereur  Nerva,  sont 
très  souvent  mentionnées  dans  les  inscriptions,  à  moins 
qu'on  n'attribue  à  ce  prince,  par  une  contradiction  mani- 
feste, tous  les  corps  qui,  outre  le  (|ualificatif  Nervana, 
portent  ceux  de  Nerviana  et  de  Servia,  comme  les  veferani 
JServiani  de  Sitifis,  la  coh.  l  Augusta  !Servia  et  la  coh.  Il 
Augusla  Nervia  Pacensis,  etc. 

Un  autre  argument  à  élaguer,  est  celui  qui  se  fonde  sur 
une  inscription  très  complète  en  l'hoimeur  de  Caracalla, 


(i)  CorpuR  inscr.  latin.,  VII,  ii"  1066. 

(2)  De  castrametatione  {Grxzmvs,,  Tliesaur.,  X,  p.  10i!3). 

(3)  Wauters,  Revue  trimestrielle,  janvier  1867,  II^  série,  XIII,  p.  3i; 
Van  der  Elst,  Documents  de  la  Société  paléont,  et  archéol.  de  l'arrondisseinent 
de  Charleroi,  VU,  p.  l. 

(♦)  MM.  PiOT  et  Wagener,  Bull.  Acad.  archéol.  de  Belg..  il  (3"  série), 
1"  fasc,  1676,  pp.  47  et  5i. 

Voy.  ci-dessus,  VII,  p.  120,  et  X,  p.  66,  une  première  discussion  de  cette 
question. 


—  518  — 

dont  on  avait  omis  de  ciler  le  commcuceiiieiil,  poiii'  arriver 
à  aniriner  que  la  dédicace  consiste  dans  les  siglcs  c.  ii., 
comme  s'il  y  avail  (;  k,  \)av  gcnio  Jiomae  :  c'est  civium  ro- 
inanorum  ((u'il  fallait  y  lire  (i). 

Ces  préliminaires  établis,  entrons  directement  dans  la 
discussion. 

D'abord,  il  est  à  remarquer  (ju'attribuer  au  seul  Nerva 
qui  régna  deux  ans,  tous  les  qualilicatii's  Nerciana,  yervaiia, 
Nervia,  (l'est  lui  faiie  un  cadeau  bien  généreux  (2). 

Certes,  ils  auront  plus  de  motifs  de  lui  décerner  l'iiunneur 
d'avoir  donné  son  num  à  la  roh.  Ncrvana  qu'à  la  colonia 
JServiana;  mais  qui  dit  que  la  lettre  1,  indispensable,  s'il 
s'agit  des  Nerviens,  n'ait  pasdis|)aru? 

Est-il  impossible  que,  dans  les  quatre  insci-iplions  tle  la 
coll.  I  Nervana  Germanorum,  un  i  ait  existé  à  l'intérieuj-  du 
V,  ou  que  le  second  jambage  du  v  ait  été  allongé  pour  figurer 
un  I,  et  que  cette  lettre  ainsi  déguisée  ait  disparu  ou  ail 
échappé  à  la  sagacité  des  archéologues  qui  ont  eu  le  mo- 
nument sous  les  yeux?  Remarquons,  en  effet,  s'il  y  a  lieu 
de  raisonner  rigoureusement,  il  faudrait  bien  même  dans 
l'hypothèse  où  il  s'agirait  de  Nerva,  lire  Nerviana,  puisque 
tel  est  le  (jualilicatif  de  la  colonia  Silifensù. 

Enljii  même,  une  corruption  est-elle  inqiossible,  et  les 
Nerviens  d'origine  germaine,  (jui   séjournaient  ;i   Birrens, 


(i)  Voy.  celte  inscription  ci-dessus,  VII,  p.  1:27.  Corjms  ins^r.  litlin.,  VII, 
11"*  310,  39J,  595  (a  comparer  pour  les  siyles  c  .  ii). 

(2)  Un  auteur,  Hassencami',  /.  cil.,  p.  51,  a  compiis  qu'il  y  avail  des  objec- 
tions scfieuses  k  faire  à  ce  syslènie  :  il  propose  d'altribucr  le  nom  do  yierruna 
à  un  légat  liypolliélique  du  nom  de  Nerva,  qui  auiait  donné  son  nom  à  la  coliorlc, 
par  analot-'ie  des  alac  Indinnn  cl  .\iiriaiia,  cl  de  la  roli.  l.i'pidiniKi,  clc. 


—    .ll!)   — 

eu  Ecosse,  claienl-ils  si  Ictlros  qu'ils  se  l'ussciil  altaclics 
à  ui'lhograpliier  leur  nom  d'après  les  règles  de  la  bonne 
lalinilé,  et  ([ue  1  elision  d'un  i,  pour  cause  d'euphonie,  les  eût 
arrèlés?On  a  bien  vu,  n"  7Ô0,  Coudra usaius  \)Oiii-Condrmus. 

On  en  convient  volonliers,  s'il  n'y  avait  pas  d'autres  raisons, 
il  laudrail  abandonner  l'hypothèse  Nerviana  =  nervienne, 
mais  voici  qui  la  rend  possible  el  (jui  lui  donne  même  un 
certain  degré  de  plausibilité. 

Pourquoi  un  peuple  n'aurail-il  [)as  donné  à  la  cohorte  en 
question  le  nom  de  Nervana  Germanorum,  puiscjuc  l'on  a 
la  coh.  Maurelana  Thracurn ,  la  coll.  Macedonica  Gallo- 
rum,  elc,  etc.,  où  deux  noms  topiques  sont  également 
associés. 

Or  quel  peuple,  sinon  les  Nerviens,  peut  être  désigné  par 
Nervana  ? 

Dans  l'ojtposition  des  termes  Nervana  Germanorum  ci 
Nervii  Gallicani  de  la  Notice  des  dignités,  on  saisit  un  motif 
tout  naturel  qui  aurait  engagé  à  distinguer,  i)armi  les  Ner- 
viens, ceux  d'origine  gauloise  de  ceux  d'origine  germanique, 
les  wallons  des  llamands,  les  gallicans  des  llaminganls, 
comme  nous  dirions  aujourd'hui. 

Aulrc  iiiutif  plus  péremptoire  encore  :  nous  savons,  par 
un  diplôme  militaire  de  l'an  lOo,  sous  Trajan,  qu'il  existait 
dans  l'armée  de  la  Britannia  (Angleterre  et  Ecosse)  une 
coll.  I  Nerviorum.  Or,  si  l'on  n'accepte  pas  comme  se  rap- 
portant à  cette  cohorte  les  inscriptions  de  la  coh.  1  Nervana 
Germanorum,  il  se  trouverait  que  la  seule  coh.  I  Nerviorum, 
h  h  différence  des  culi.  II,  III  et  VI  Nerviorum,  n'aurai! 
pas  laissé  la  moindre  trace  en  iVngleterre,  ce  qui  est  invrai- 
semblable. 


—  320  — 

Il  faudrait  au  moins,  pour  ébranler  cette  supposition, 
(ju'on  montrât  la  coh.  I  Nerviorum  ailleurs  qu'en  Angle- 
terre, au  moment  précis  où  la  coh.  1  Nervana  Germanorum, 
s'y  trouve;  or,  loin  qu'il  en  soit  ainsi,  c'est  à  peine  si  l'on 
a  découvert  jusqu'à  présent  la  coll.  I  Nerv{id)?  mentionnée 
dans  un  diplôme  d'interprétation  douteuse,  cité  ci-après. 

N'oublions  pas  qu'à  Birrens,  où  cette  coh.  1  Nervana 
Germanorum  était  campée,  séjournaient  aussi  d'autres 
Belges,  les  soldats  de  h  coh..  II  Tungrorum,  adorant  comme 
eux  les  mêmes  divinités,  notanmient  la  déesse  Fortuna  (i). 

Il  y  a  là  peut-être  assez  de  motifs  pour  ne  pas  prononcer 
une  condamnation  aussi  radicale  qu'on  l'a  fait,  contre  l'at- 
tribution aux  Nerviens  de  la  coh.  I  Nervana  Germanorum, 
et  pour  attendre  que  d'autres  monuments  permettent  de 
résoudre  définitivement  la  question. 

Remarquons,  du  reste,  que  les  Germains,  dont  le  nom  est 
celui  de  la  cohorte,  ont  été  évidemment  recrutés,  non  dans 
la  Germanie  barbare,  mais  dans  la  province  romaine  de 
Germanie,  et  que  la  Germania  inferior,  on  l'a  déjà  fait 
observer,  comprenait  une  partie  de  notre  territoire  belge 
d'aujourd'hui  :  il  y  a  donc  toute  apparence  que  la  coh.  I 
Nervana  Germanorum,  dùl-elle  son  nom  à  Nerva,  se  recru- 
tait au  moins  en  partie  parmi  les  habitants  de  notre  pays. 

Coh.  II  Nerviorum. 

La  coh.  Il  Nerviorum  ne  s'était  fait  connaître  jusqu'ici  en 
Angleterre  que  par  le  diplôme  déjà  cité  de  l'an  1^4,  et  par 
quatre  marques  différentes  de  sceaux  de  plomb. 

(i)  Corpus  inscr.  latin.,  Vil,  ii"  1065  et  1064. 


—  324  — 
Lo  noml)re  do  ces  sceaux  s'est  encore  accru  depuis  : 

N"^  375  à  575. 

GIIN  II  Er  —  COMI  ||  NIS 

GHII  II  NER  —  AELGO  I(  MINI 

CIIAE  II  .  VIO  —  AEL  II  GOMINI 

—  Brougli  (i). 

(Cohors  II  Nerviornm,  ceitturia  (?)  Ael'ù  Cominh). 
Sir  Roach  Smith  nous  apprend  qu'il  y  a  trois  variantes 
de  ces  dernières,  dont  les  deux  premières  ci-dessus. 
II  importe  de  les  comparer  à  la  troisième  :  g  ii  ae  ||  *vro  — 

AEL  .  GO  II  MINIS. 

L'astérisque  de  cette  dernière,  qui  indique  une  lettre  non 
déchiffrée  avant  vio,  et  la  lettre  r,  non  douteuse  du  n"  37i 
ci-dessus,  ne  laissent  plus  le  moindre  doute,  semble-t-il,  sur 
la  lecture  chors  ou  cohors  Nervio(y\\m)  {\ç.  toutes  les  Irois, 
qui  ont  au  revers  le  même  nom  Aelius  Commis. 

N"^  376  à  379.  GV  —  FL 

GVLR  (?)  —  FLM 

GVI(TR)  —  FL  .  M  . 

GlTjl  (NER)  —  (..  L)  .  (MAR)  (L  rétr.) 

—  Rrough  (a). 

(Gohors  //  iVerviorum  —  F/avio  l/arcello  praefecto). 


(i)  Corpus  inscr.  latin.,  VII,  1269  (3);  Roach  Smith,  Collectaneu  uiiliqiia, 
VFI,  70. 

(2)  Ibid.,  VI,  p.  197;  pi.  xxxii,  n"'  i  et  9;  VII,  p.  70;  Corpus  inscr.  latin., 
VII,  1269  (li),  qui  lit  :  la  5"  (11"  577)  c  vi(tr)  —  fl  .  m  .  c;  mais  Va  dernière 
lettre  est  plutôt  un  ornement  chez  Koach  Smith. 


—  522  — 

A  caiiSG  de  la  leclurc  très  cerlaine  du  n"  57*),  quant  à  la 
première  partie,  il  semble  qu'on  peut  compléter  la  seconde 
partie,  où  il  y  a  positivement  un  l  rétrograde,  en  considérant 
la  première  lettre  du  monogramme  comme  élanl  un  f.  Cette 
rostitulion  aurait  pour  résultai  de  ])ermetlre  de  lire  la 
première  partie  des  trois  premières  en  corrigeant  cv  par 
GN  —  CVLP,  (indiqué  comme  douteux)  par  cner  —  cvitr(i), 
par  GNER  (en  supposant  l'omission  du  chilTre  numéral  de  la 
cohorte,  qu'on  aura  peut-être  négligé,  parce  que  le  nom  du 
préfet  (?)  indiquait  assez  de  quelle  cohorte  il  était  question). 

S'il  y  a,  à  la  vérité,  quelque  chose  d'encore  douteux  dans 
cette  dernière  partie  de  l'Iiypollièse,  il  n'en  est  pas  moins 
acquis  que  nous  possédons  désormais  la  presque  certitude 
que  les  sceaux  aux  noms  de  Marcellus  et  de  Cominis, 
désignent  bien  la  coh.  il  Nervionun. 

Iliibner,  en  citant  ces  plombs,  croit  devoir  ajoutei-  qu'il 
songe  ta  peine  à  la  coll.  Il  Nervionun  :  si  cet  épigraphiste 
distingué  hésite  à  ce  sujet,  il  n'a  pas  néanmoins  révélé  les 
causes  de  son  hésitation,  et  il  ne  sendjle  pas  qu'il  v  ail 
lieu  de  la  partager. 

On  abandonne  volo.Mli<M's  ici  l'opinion  ([u'il   s'agii-iit  de 


(i)  Il  n'y  a  pas  ii  songor  à  une  coll.  Vl  Trevironim  :  Ws  Ti'i'vires  ni'  sont 
mille  part  indiqiK^s  ronimc  ayant  foni'iii  dos  soldats  aux  cnliortfs  aiixiliairos  de 
lu  Brilannia. 

n  n'y  a  pas  lien,  d'autre  pari,  a  songei'  ;i  nue  roh.  VI  Tlir/iriini.  parre  (|ue 
celle-ci,  bien  que  campée  en  Angleterre,  résidait  dans  le  niiili  de  cette  contrée 
(Corpus  inscr.  kilin.,  VII,  n"  58). 

Mieux  vaut  donc  lire  vi  =—  x,  cl  t  ==  e,  ce  qui,  à  raison  de  la  conformation 
des  lettres,  peut  facilement  donner  lieu  a  erreur;  dès  lors,  les  autres  plombs  de 
Uroii'^li,  cviiiK.  etc.,  ne  pnnrraient-ils  pas  se  lire  au><si  csuft  (pour  cnt.I!) 


—  525  — 

glandes  missiles   :  ce   sont   positivemeni   clos   sceaux   ou 
bulles  (0  el  non  des  projectiles. 

Désormais,  ce  n'est  plus  par  ces  sceaux  de  plomb 
seulement  que  la  roh.  If  Nerviorum  se  fait  connaître;  le 
domaine  épigraphique  de  celte  coborte  s'est  étendu  el  nous 
possédons  d'elle  des  inscriptions  lapidaires  : 

N'  380.  DEO 

CO(GID)I" 

DEC(IM)CS) 

(;âE(RE)L(LI) 

VS  .  VIG(TO)R 

P(UAEF)  G  II  .  n  .  (NER) 

^  .  S  .  h  .  M 

—  Gbeslerholm,  ou  Littlechesters  (2). 

(Deo  Cocidio ,  Decimus  Caerellius  Victor ,  prae.fccAu<, 
eohorlls  II  A^^rviorum,  î;otum  .solvit  /ubens  merito). 

L'endroit  de  la  trouvaille  correspond  à  Vindolana,  ou 
neuvième  station  du  rempart  romain  dans  la  Rritannia. 

Le  culte  du  dieu  Cocidius  est  spécial  à  l'Angleterre,  où 
plusieurs  autels  lui  ont  été  élevés  par  des  soldats  de  diffé- 
rentes nations  :  cependant  il  est  à  remarquei*  (comme  on 
le  verra  encore  par  l'inscription  n°  423  ci-après),  que  ce 
culte  était  cber  aux  Belges,  puisque  Nerviens  et  Tungres 
lui  consacraient  des  ex-voto. 

Ne  serait-ce  pas  là  encore  un  argument  à  présenter  à 


(i)  The  atudent  nnd  inlellecturtl  observer  nf  menée,  literatiirc  ami  art, 
Mofit  1869,  p.  67. 

(2)  Corpiifi  ivxcr.  Jrtthi  .  VU.  ri"  701. 


—  524  — 

l'appui  de  co  qui  a  été  dit  plus  haut  sur  la  coh.  I  Nervana 
Germanorum?  elle  aussi,  on  effet,  a  élevé  un  autel  au  même 
dieu  Gocidius  (i). 

Quant  à  ce  dieu  Gocidius,  Roach  Smith  (2)  y  rapporte  la 
localité  Fanoddi  de  l'anonyme  de  Ravenne,  chez  qui  l'on 
pourrait  bien  avoir  mal  transcrit  le  nom  primitif  Fano 
Cocidi,  lecture  qu'autorise  le  manuscrit  du  Vatican. 

On  trouvera  plus  loin ,  sous  la  rubri(iue  Sunuci  et 
Texandri ,  une  autre  inscription  de  la  coh.  Il  Nervio- 
rum. 

Coh.  III  Nerviorum. 

Aux  deux  inscriptions  déjà  connues  de  la  coh.  111 
Nerviorum  (3),  on  peut  ajouter  désormais  les  quatre 
suivantes  : 

N"  381.  BIP.  CAES  .  L 

BIGI  .  ADIA 

GOH  .  III  NERVIO.  .  . 
RVM  .  G  .  R  .  POS  .  .  .   . 

—  Whitley-Gaslle  (/.). 

(Jovi  Optimo  Maximo  |)ro  salute  /m/jeratoris  Cawaris 
Ia\q\\  Seplinjii  Augusti  kv?Lbici  Adiahcmc\,  coh  111  Nenuo- 
rum  riviunj  romanorum  po^uit) 


(i)  Voy.  ci-dessus,  VK,  p.  117. 
(î)  CoHeclauea  antiqiia,  II,  p.  '20\. 
(3)  Voy.  ci-di'ssiis,  VII,  p.  127. 
(•)  Corpus  iiiscr.  Iitliii.,  VII,  n"  310. 


—  325  — 

N"  382.  DEC 

A.  .  .OLLINT 

VII  .  .  IVS 

NIIC  CR 

.  .  OH  III  NER 

—  Whitley-Castle  (i). 

{Df-o  Âpollini  Velmius  N...or,  miles  co/iortis  fJI  Nery'io- 
nim  ';otum  solvit  /iibeiis  merito). 

On  ;i  proposé  l'explication  curaior  cohorlis,  etc.  (y). 

N"  583. 


M(AX)  .  GER  .... 

TIF  .  M(AX)  .  TR'R  .  F 

G' S  .  IIII  .  ^  .  P  .  P 

.  .  .  pp  MI(LI)T  .  C^ 

...  II  ...  . 

—  Whitley-Gastle  (s). 

(Imperatori  Gaesari  Marco  Aiirelio  Antonino  Pio  Felici, 
Augusto,  Parthico  Maximo,  Britannico  Max'imo,  Germanico 
Maxirno,  pon^î/ici  maximo,  ^nôunicia  potestate  XV,  innpera- 
tori  III,  con^uli  ////,  patri  patriae,  milites  cohortis  ///  Ner- 
viorum) . 

Les  inscriptions  qui  précèdent  (i)  permettent  de  rétablir. 


U)  Corpus  inscr.  latin.,  n»  309. 
(s)  Ephemeris  epigraphica,  III,  p.  128. 
fs)  Corpus  inscr.  latin.,  VII,  w°  51 1. 
{■'-)  Comp.  ci-dessiis,  Vli,  p.  127. 


—  520  — 

dans  ces  inscriplions  du  Icinps  de  Caracalla,  le  nom  do  la 
coll.  III  Ncm'orutv,  qui  n'apparaît  pas  directement  dans 
l'inscription ,  cl  lo  lieu  do  la  découvorle  de  tous  ces 
monumonis  ongap:c,  on  oITcl,  à  les  allrir)Uor  lous  nu  mrmo 
corps. 

Lo  <T>  de  cotle  inscriplioii  est  considéré  comme  él;uit  une 
marque  do  ))unclunlion, 

—  Voici  encore  une  inscri|)lion  de  la  coh.  lll  Nerviorum  ; 
mais  ello  est  douteuse  : 

N^  ."i.S/<.  IVLIO  ST(VM)AE 

OVI  .  .  .  TVLI 
CIIOR  .   .  ÎII  IIE 
ARRI  SEVRRT  IVLIO 

—  vVlgérie  (i). 

{Julio  Simnae  ("!),  OvihUn.  oriuiulo,  m//ili  ro/;orlis  /// 
:V^rviorum,  decuria  (?)  Arrii,  Spveri\;  Julio....). 

Ovilaha  élait  une  localilé  du  .\ori(|ue  (aujoiinriuii  Wels), 
ce  qui  |»rouverail  une  fois  de  plus  que  les  corps  d'auxiliaires 
se  recrutaient  ailleurs  que  dans  le  j)ays  qui  lour  avait  donnt' 
son  nom. 

En  loul  cas,  le  second  (]q^  trois  fvli  do  celle  ins('ri|tlion 
pou!  1res  raisonnablomoni  se  lire  mii.i  dcvani  ciioii  (rréquenl 

pour  COHORS). 


(i)  1!i:nif,p.,  liiscr,  rom.  ilf  r\liiérh\  p.  581, 


Coh.  VI  Nerviorum. 

Deux  inscriplions  do  ce  rorps  {.'i:iicnl  di'jii  conmios  (i). 
En  voiri  doux  nonvollos  : 

N"  38:;. 

VIG  .  TO  .  RI .  AE  .  {A\)G  .  C  H  .  VT 

(NE)R  .  VT  .  0  .  (RV.VI  .  Ci  .  (PR)ÂEEST  .  C  . 

IVl.  .  BAR  .  BA  .  (RV)S  .  (PR)AE  .  FEC  .  V  .  S  .  L  .  M 

—  GroatcheslGrs(2). 

(Victorkœ  Angusiaecohor^  V l Nerviorum  cui praeestCn'iu^ 
Jw/iiis  Barbarus  praefeciu^,  '•otnm  .çolvil  /nbons  ??2erito). 

Le  lieu  do  la  trouvaille  correspond  à  la  slalion  d'Aesica, 
la  deuxième  du  rempart  étahli  par  lladrion  contre  les  Pietés, 
an  nord  de  l'Angleterre. 

N"  Ô8G.  VICTORIA 

COH  .  Vî  .  NER 

VI  .  OR  .  VM  .  G  .  C 

FL  .  BETTO  7  . LEG 

XX  .  V  .  V  . 

V  .  S  .  L  .  L  .  M 

—  Rough-Castle  (ô). 

(Victoriae  fo/«ors  II  Nerviorum  civium  c...,  F/avius  Bello 
centurio  leq'ionh  XX  Faleriae  Fictricis  uotum  .solvit  /ubons 
merito). 


(i)  Voy.  ci-dessus,  VII,  p.  \i9. 

(i)  Corpus  iiiscr.  Iriliu.,  Vil,  n"  75G. 

(:.)  Ibid.,  11"  I0!>2. 


—  528  — 

Rough-Castle  correspond  à  la  première  station  du  rempart 
romain. 

Hi'ibner  conjecture  que  le  nom  de  Betto  est  une  transcrip- 
tion barbare  de  Vetto  :  la  substitution  de  b  à  v  est  du  reste 
fréquente  dans  les  inscriptions. 

Par  G... G...  aurait-on  voulu  indiquer  cives  coloniarii? 
Cela  indiquerait  que  la  coh.  II  Nerviorum  possédait  le  jus 
Lalii  des  latini  coloniarii,  c'est-à-dire  du  jus  Latii  accordé  à 
des  cités  provinciales  ou  à  des  provinces  entières,  jusqu'au 
temps  de  Garacalla  où  Ie7MS  civilatis  devint  général. 

Il  faut  attendre  de  découvertes  ultérieures  la  confirmation 
de  cette  hypothèse. 


Autres  inscriptions  militaires  des  Nerviens. 

D'abord    une   inscription    des    sagittaires    Nerviens    qui 
n'étaient  connus  jusqu'ici  que  par  la  Notice  des  dignilés  : 

N"  387. 

FLA  .  VIGTVRVS  .  D  N  .  SAGITA 
RIORVM  .  XER  .  Q  .  VICXSIT  .  AN  . 
PL  .  M  .  XXVII  .  EMTA  EST  El  ARCA 

DE  PROPRIO  LABORE  SVO  ET  QVl 

EAM   APERIBE  VOLVERIT  IVRE  El  MA 

PRAECIDEXTVR  AVT  FISGO  INFERAT 

ARGENTI  .  PN  .  V  izJ 

—  Goncordia,  entre  Venise  et  Aquileja  (i). 


(i)  Corpus  iiiscr.  lal'iii..  V,  ii"  8762,  el  p.  I0ri9. 


—  :>20  — 

(Flavius  Viclurus  rfe  «iimero  sagillariorum  Nerviorum  qui 
vixit  annis  plus  minus  XXVII.  Emla  est  ci  arca  de  proprio 
lahore  suo  et  qui  eam  aperire  voluerit,  jure  ei  mauus  prneii- 
dantur,  aut  fisco  inférât  pondo  V). 

Le  numerus  sagittariorum  Nerviorum  est  menlionné  parmi 
les  auxi!i;i  Palalina  campés  en  Espagne;  comme  on  ne 
connaît  pas  jusqu'ici  de  séjour  de  ce  corps  en  Italie,  il  faut 
donc  croire  que  Flavius  Victurus  est  moi't  loin  de  sa 
résidence. 

Voici,  ensuite,  deux  inscriptions  ([ui  semblent  |)ouvoir 
être  attribuées  à  des  soldais  romains  de  nationalité  ner- 
vienne  : 

N"  588.  D  M 

ET  MEMOKIA(e 

AËTERNÂE 

NVINTARVSER 

CONIVGIS  PIENTISSIiMA(e  . 

MELIVS  GERVIiMVS  M  .  T 

NERVINVS  GENTVRIO 

LEG  W  .   P  .  E 

F  G 

—  Angers  (i). 

(Diis  Manibus  el  memoriae  aeternae  N conjugis  pien- 

tissimae  Marcus  Elius  Gervinius,  .Warci  (/"jilius,  Nervius 
natione,  centurio  /er/ionis  A'piae  (/'jidelis  /aciundum  curavil). 


(i)  MS.  de  M.  Berthe,  cité  parM.  Godaru-Faultrier,  CoM(/m' a/'67*^(»/o^/(j'«<; 
de  France^  XXIX»  session  a  Angers,  p.  66.  Voy.  aussi  M.  Lemarchand,  Mémoires 
de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  d'Angers,  1859,  p.  29. 


—  550  — 

Celte  ('pilMplic  a  Ole  découvoi'lc  vcr^;  ISM  cii  une  cave 
que  M.  de  Puységur  faisait  creuser  sous  le  mur  gallo-rouiaiu 
(i'Auuei's,  près  de  l'aile  sud  de  S.  Maui'ice.  On  ne  sait  ce 
(lu'elle  est  devenue. 

Elle  était  très  ornée;  on  y  voyait  sur  un  IVonlon  Iriaii- 
gulaire  une  ligure  gravée  en  creux,  représentanl  un  buste 
de  leninic,  les  seins  nus.  Ce  buste  élail  inséré  entre  deux 
lignes  courbes,  du  milieu  de  cliacune  desquelles  jjendail 
une  branche  à  cinq  feuilles.  Au-dessous  du  fronton  régnait 
une  sorte  de  frise  ornée  d'au  moins  huit  rameaux  droits. 
Venait  plus  bas  l'épitaphe  en  caractères  de  deux  pouces  de 
hauteui-  et  peints  en  rouge  (i),  entre  deux  ornements, 
colonnes  ou  pilastres. 

C'est  à  M.  Godard-Faullrier  qu'est  due  la  lecture  vv  =  x; 
on  n'a  pu  retrouver  les  exemples  analogues  qu'il  invoque; 
mais  il  est  diflicilc  d'admettre  son  inter|)rélalion  m  .  t  (iiulilum 
tribunus),  dont  la  conséquence  serait  de  faire  de  Nervinus 
un  second  personnage  qui  se  serait  ji)int  au  mari  pour 
riioimnage  funèbre  à  rendre  à  l'épouse  de  celui-ci;  cela  est 
invraisemblable,  parce  que,  dans  ce  cas,  la  parenté  de  l'inter- 
venant serait  mentionnée,  et  parce  qu'on  ne  peut  admettre  (|ue 
le  mari  se  serait  contenté  d'indiquer  ses  titres  par  des  abré- 
viations, et  aurait  peiinis  à  cet  intervenant  de  faire  étal  de 
ses  fonctions  en  toutes  lettres. 

Il  est  préférable  de  supposer  qu'on  a  lu  in;il  ;i  propos  un  ï 
]iour  ui]  F,  —  méprise  facile,  —  et  de  cette  façon  Nervinius 
serait  un  (pialilicatif  de  l'époux  lui-même. 


(i)  CeUe  païUciilarité  a  été  l'cuiaiquec  puur   des  iiiscriplioiis  qui  avaient 
échappé  au  coiil-nt  de  Vm',  comme  celle  des  leuiparls  dos  villes  île  la  (ia'ile. 


—  051   — 

Or  la  division  loul  a  l'ail  vraiscuiblaljlc  du  uiuL  Mdius  eu 
M(arcus  X)elius  (i)  peniiel  de  considérer  Gervinus  comme 
un  surnom,  cl  dès  lors  Nervinus  pcul  s'enlcndrc  de  la 
nalionalilé  do  l'époux;  ce  nom  aura  élé  inscril  (ou  mal  lu; 
dans  réj)ilaplie  |)our  Nervins  :  nous  avons  vu  du  resle  le 
qualilicatif  Nervini  ou  Aervinii  appliqué  aux  dieux  lopiques 
de  la  Ncrvie  (2). 

On  n'ignore  pas  qu'en  général  la  relalion  du  prénom  du 
|)èi'e  ou  palron,  m  .  f,  ou  m  .  l,  se  Irouve  avaiil  le  surnoni  ; 
mais  celle  règle  n'esl  pas  absolue  (0). 

M.  Lemarchand,  de  son  côlé,  suppose  que  Munla  élail 
épouse  de  Ruhus  Servius  el  alors  les  deux  dédicanls  seraienl 
aulres  que  le  mari,  quoiqu'il  s'agisse  d'un  hommage  funéraire 
à  une  épouse,  ce  ([ui  esl  encore  plus  invraisemblable. 

Il  est  vrai  que  M.  Lemarchand ,  conséquenl  dans  son 
erreur,  lilp  .  e  {parmles  ejusl);  mais  il  esl  bien  plus  simple 
de  supposer  encore  ici  une  mauvaise  leclure  d'E  7)our  i 
el  d'allribuer  à  la  légion  X  les  lilres  de  Pia  Fidclis  (juclle 
l)orlail  en  effet  (i). 

D'aulre  pari,  il  n'esl  pas  possible  de  lire  lUifi  servac,  car 
réi)ouse  d'un  centurion  légiomiaire  devrait  èlre  au  moins 
une  affranchie  :  la  2''  ligne  de  l'inscription  reste  donc  un 


(1)  CtV.  avec  le  nom  FAùih  pour  Aciiiis.  GnuTEK,  5i01o;  MuiiAior.i,  20137, 
•lu,  etc. 

Voy.  cepeiidaiU  pour  le»  liOiii;;  Mcliii^  et  Mclia,  Giiutek,  oyi,  o;  882,  IJ, 
cl  surtout  MuHATOui,  1 107,  4  cl  0  (d'après  la  (ablc);  1100,  i. 

(i)  Voy.  ci-dessus,  X,  p.  65. 

(j)  Voy.,  par  exemple,  Muratoiu,  1  I.j7,  G  :  c  .  cvinivs  .  ïHiiEHTvs  .  c  .  i  . 

Voyez  aussi  pour  le  rcnversemeiiL  des  eiionclalions  uoiuiiiales,  le  Uidl.  du 
Comllc  hiatorique  des  monuments  écrits  de  t'Itistoére  de  France,  IV,  i855. 
Archéologie  et  beaux-arl-s,  p.  55. 

(t)  Voy.  entre  auîres  Ghuticu,  22,  7;  492,  3;  5i7,  !  ;  Muhatoiu,  86o,  (i. 


—  552  — 

mystère  (jue  la  disparition  de  l'original   ne  permet  plus 
d'éclaircir. 

Marcus  Gei'vinius,  de  la  gens  Aelia,  sans  doute  contem- 
porain d'Hadrien  ou  d'Antonin-Pie,  était  donc  probal)lenient 
originaire  du  pays  des  Nerviens,  et  il  servit  dans  la  leg.  X 
Pia  Fideiis,  (pii  a  longtemps  séjourné  dans  la  Germanie 
inférieure  (i). 

i\"  580.  D  .  M 

M  .  VLPIO  .  NEU 

OVINTO  .  GLEVI 

MIL  .  IR  .  LEG  .  VT  .  V 

CALIDIVS 

QVIEl'VS  .  COLLEGA 

1 RAÏRI  .  OBSERVATO 

PlISSLMO  .  B  .  M  .  F  .  G 

—  Rome  ("2). 

(^iis/l7anibus.  .Varco  UlpioNervio{1}  Quielo,  Glevi  omméo, 
milïû  /'rumcnlario  /eiyionis  VI  Ficiricis,  Calidius  Quietus  Col- 
lega,  fratri  observalo  {'/)  piissimo  6ene  merenli  fieri  curavit). 

GlevuD),  d'où  Marcus  Ulpius  Quinliis  était  originaire, 
correspond  à  la  ville  actuelle  de  Colcliesler,  en  Angleterre, 
où  l'on  a  trouvé  une  inscription  d'un  civis  sequanus. 

Nervius  serail-il  un  premier  cognomen,  ou  bien  indi- 
(juerait-il  la  nationalité  d'origine?  En  tout  cas,  la  lecture iVcru 
n'est  pas  téméraire,  car  Mornmsen  se  fonde  sur  la  syllabe 
Ner  pour  supposer  (jue  Glevuni  aurait  été  fondé  par  Nerva. 

(ij  Ai.i.Mtii  el  UK  Tehkebas.sk,  Jiisci/iJlniii.s  anliques  cl  du  moyen  âge  de 
Vienne  en  Duuphinù,  1,  pp.  578  el  oiô. 
(«)  Corpus  inscr.  latin.,  VI,  ii»  3546. 


.)0'> 


—     SUMGl      KT     TEXA.NDIll. 


N"  ol>0.  GeNIO 

IIVVS  LO 

CI  .  TE^AND 

ET  .  S(VN)IC 

VEX  .  COH(OR) 

II  .  NERVIOR 

VM 

—  Carrawhorgli  (  IM'Ocolilia)  x\i)glL'lerre  (i). 

(Genio  hiipis  loci,  Texandri  et  Sunici  veocWhrïi  co/«orlis  // 
Nervionim). 

Celte  inscriplioii  cii  ciiraclères  de  mauvais  slyle  a  été 
trouvée,  en  1874,  dans  les  fouilles  instituées  par  Glayton. 

On  a  soutenu  que  les  vexiUarii,o\.i  membre  d\mc  vexillalio, 
détachement,  étaient  des  cavaliers  et  non  des  piétons  (-2). 
Rien  de  semblable  n'existe  ;  on  a  de  nombreux  exemples, 
analogues  à  celui  de  l'inscription  ci-dessus,  et  démontrant 
(|ue  les  vexiUarii  appartenaient  même  aux  Hottes,  témoin 
ceux  de  la  classis  Germanica  Via  Fidelis  (3).  Or,  comme  on 
Fa  déjà  fait  remarquer,  une  «  cavalerie  navale  »  serait  une 
absurdilé. 

De  même  «(ue  les  Condrusi  servaient  dans  les  cohortes 


(i)  Eplieineris  epigrapliioa,  III,  p.  loi,  n"  105;  a  placer  après  le  u"  G17  des 
hiscript.  lirilann. 
{•i)  1)1!  coHlingent,  etc.,  p.  6. 
(:,)  Voy.  ci-dessus,  XVllI,  pp.  75,  "o,  T'J,  elc. 


—  534  — 

Tungres  (i),  de  même  on  voil  ici  les  Suiiuques  el  Texandres 
(ou  Toxandres)  enrôlés  dans  les  cohortes  nerviennes. 

Ce  point  est  très  important  pour  déterminer  les  limites 
assignées  par  les  Romains  aux  Tungres  et  aux  Nerviens. 

Un  auteur  (2),  pour  renforcer  son  total  des  auxiliaires 
belges  qui  servaient  dans  les  armées  romaines,  disait  qu'à 
la  liste  des  peuples  manquait  le  nom  de  Toxandri  ;  or  ceux-ci 
bien  certainement  ne  jouissaient  pas  du  privilège  de  l'exemp- 
tion. L'inscription  n"  589  explique  ce  point  :  les  Toxandri 
servaient,  mais  servaient  confondus  parmi  les  Nervii. 

On  remarquera  l'orthographe  Texandri  .-  elle  autorise  le 
rapprochement  de  ce  nom  et  de  celui  de  la  localité  Tes- 
senderAoo  qu'on  a  soutenu  être  le  Taxandna  (ou  Texandria) 
locus  d'Ammien  Marcellin. 


G.    —    TUNGRI. 

Ala  tungrorum  Frontoniana. 

Avant  d'énumérer  les  nombreuses  inscriptions  de  l'a/a 
Fronloniana  Tungrorum,  il  est  intéressant,  pour  combler 
une  lacune,  de  reproduire  textuellement  avec  ses  fautes  un 
diplôme  de  congé  militaire  accordé  à  un  membre  de  ce 
corps  (c'est  le  n"  89,  déjà  cité,  et  Tun  des  mieux  con- 
servés). 


(i)  Voy.  ci-dessus,  VII,  p.  145. 

ScuAYE.s,  La  Belg.  et  les  Pays-Bas,  etc.,  I,  p.  406,  l'avait  très  bien  pressenti 
en  disant  que  les  Condriisi  avaient  été  fondus  sous  un  nom  collectif  avec  les 
Tungri  de  TÉburonie  cismosane. 

(2)  Du  contingent,  p.  2b. 


O.ÏO    — 

Ire  face  intérieun . 

N"  89. 

impcaes(ar)divinervaef  nervatraianvs  optimvs 
avggerm(ua)cic  pontif  maxtribvnic  potestat 

XVill    IMP  .   VII    COS  .  VI    .   P  .  P  . 

EQVITIBET   PEDITIBQVIMLTAVERVNTINALISDVABVS 

ETCOHORTIBVSSEXQ^    APPELLANTVR  .  I    FLAVIACREIV 

LOR  .  ET   .  FROINTONIANAETIALPLNOREITMONTANOR 

ETIALBINOR  .  ETI   .   LVSITANORETIIAVGNERVIAPACEN 

SISXBRITTONET  .  IIILVSITANORETSVNT    INPANNO 

NIAINFERIORESVB    P    AFRAiNIOFLAVIAKOITEMALA 

I   .   FLAVIA    AVG    BRETANNI    «XCRMISSA    NEXPEDI 

TIONEMQVINISETVICINISPLVRIBVSVE    STIPENDIS 

EMERITI>DIMISSISHONESTA  .  MISSIONEQVORN" 

MINASVBSGRIPTA  .  SVNTIPSIS    LIBERISPOSTERISQ 

EOR    CIVITATEMDEDIT    ETCONVBIVMCVMVXORI 
BUS    QVASTVNCHA    BVISSENT    CVMESTGIVITASEIS 

DATAAVTSIQVICAELIBESESSENTCVMEISQVASPOS 

TEADVXISSENT    DVM   .  TAXATSINGVLISIXGVLAS 

K    SEPT 

L   LOLLIANOAVITO    L    MESSIORVSTICOCS 

ALAEFRONTONIANAE  .  CVI  .  PRAEFVIT 

L  .  GALLVRNIVS   HONORATVS 

EX    GREGALE 

NERTOMARO  .  IRDVCISSAE    F    BOIO 

ETCVSTAE.  MAGNIFIL  .   VXORI   .  EIVS    AQVIN 

ET    VICTORI  F    EIVS 


—  35(i  — 

Ki    l'i;oi>I>n\t>  F  .  KIVS 

ET   BELLAE  .  FIL  .  EIVS 

DESCRIPTVMETRECOGNITVM  .  EXTABVLAAENEA 

OVAEFJXAESIROMAELN.MVROPOSTTEMPL 

DIVI    AVG   ADMI.NERVM 

2c  face  intérieure. 

il   CLAVDl  IVSTI 

M   MAECI  EYPATORIS 

L    PVLLI  VERECVNDI 

o    APIDI  TIlALLl 

C  .   IVLI  PARATI 

n  ,   IVLI  VRBAM 

]'    CAVLI  VlTAl.IS 

Cûlé  extérieur  de  la   if^  face  (écriture  cursîvc). 

IMP   CAES   DlVl    NEIiVAEF    .NERVA    IRAI    "l'T   AV(.    GLU 

DAG    PUN    MAX    TIU    POT    XVIII    IMP    \1I    COS 

VI    P    ]'  . 

Eovn    ET   Pli)    oVI    MLV    AL    DVAIi    ET    CUil    SEX  .  oVAE    APPI 

l-L  CAET  ET  FRUNS  ET  1   .   ALP  ET  I  MONT  ET  1  ALP    ET    ILVS   ET   I 

A\(.    >ERV    PAE    ^    DRIT    ET    III    LVS   ET   SVXT    IX    PAXINFEK 

SVB    PAF    FLAVIAXO    ITEM    ALA    I    FL    AVG    P-KIT     X  Gl\ 

MISS   IN    EXPED   QVIN    ET    VIC    PLV   STIP    l'IM 

IION    MISS    OVOR    XOM    SVBSG    SVXT    IPSI^ 

LILEi;    POSTER    EOR    G    .    VI    DED    LT    CON 

GVM    VX   nVAS   TVNG    HAIi    GVM    EST    CIV    là 

DAI   ,   AVT  .  SI    0  '   GAEL    ESS    G\Mi~    nVAS 


O.)/ 


Colé  e.r/t>'ic>iy  de  la  •2''  frire  (n\ec  In  «iiito  du  \(\\c  en  nhrrviatiniis). 

.  .  .  ST    DVXISSENT    DVMTAXAT 

SlNGVLl    SINd    VLAS    K    SEPT 

?.  .  LOLLIANO  .  AVITO    COS 

L    MESSIO    RVSTICO 

ALAE    FROMTON    CVI    PRAEFVIT 

L  .  CALPVRNFV8    IIONOP.ATVS 

EX    .   .    ALE 

NERT0M(AR)0   IRDV  .  .  .    E    F  .    ROIO 

ET   CVSTAE   MAGISI   .  .  .  EIVS    AQVEN 

ET   VICTORI    F    EIVS  .   ,   .  L  .  EIVS 

DES    ET    REC    EXTAB  .    .  FIXA   EST    ROMAE 

—  Carnuntf,  Peironoll  (acUiellemcnl  nu  Mus(''e  impt'^rial 
de  Vienne)  (i). 

(/w/jeralor  Caesar  Divi  Nerme  liliiis  Nervn  Trojanus 
Optimus  Augmlus  Gcrmanicus  Dacicws,  ponlifex  maœimus, 
trilnmicia  polestale  XVIII,  «mperator  VII,  eonsu]  VI,  paler 
/yatriae,  equUibus  et  peditibus  qui  milUaverunt  in  alis  duabus 
et  cohortibus  scx  quae  appeUanlur  I  Flavia  Gàelidorwm  et 
Frontoniana,  et  I Alpinorum  et  I Montanorum,  et  I Al\)inornm, 
et  I  Lusitanorum  et  //  Augusla  IServia  pacemis  niilliai'ia 
BrittoDum,  et  III  Lusitanorum,  et  sunt  in  Pannonia  inferiore 
sub  Public  Afranio  Fkwiano  (legalo  pro  praetore),  item  Ala  I 
Flavia  Angusta  lintannicsi  miiiiaria  civiiim  romanonim  wi/.wi 


(i)  Von  Sacken,  Silxungsbi'richte  (Philo?..  Hislor.  Classe)  der  l;aiserUchen 
Akademie  der  Wisseiiscliaffi'n,  XI  (Vienne,  1853),  p.  3o3,  j»l.  ni;  Orf,i,u  et 
Hknzen,  III,  n"  GSriT'';  Mommsen,  Corpus  inscripliontun  Uilituinnn,  III,  p.  SO'J, 
11"  wvi;  Rkniki!,  Hcrih-il  de  diiihnnes  iiuliKiiren.  p.  l.'>9. 


—  5Ô8  — 

In  expeditionem  (Parlhicam),  quin'is  et  vicenis  pluribuave 
slipendus  emerilia,  (limissis  houps'a  missionc,  quonun  nomina 
suhscripta  sunt,  ipsis  liberis  posterisqua  eorum  civilalem  dédit 
et  connubiwn  mm  uxoribus  quas  tune  habuissent,  cum  est 
civitas  eis  data,  aul,  si  qui  caelibes  essent,  cum  eis  quas  poslea 
duxissent,  dunitarat  singuli  singulas;  ^'alendas  «epfembris 
Lnc'io  LoUiano  Avito  et  Lucie  Messio  Rustico  consulibus. 
Alae  Frontonianae  cui  praefuil  Lucius  Calpurnius  llonoratus, 
ex  gregalc  Nerlomaro  Irducissae  fiWo  Boio,  et  Custae  Magni 
Magni  filine  uxori  ejus,  (domo)  Aquinco,  et  Victori  fd'io  ejus, 
et  Propinquo  f\\\o  ejus,  et  Bellae  filhc.  ejus.  Descriptum  et 
recognitum  ex  tabula  aenea  quae  fixa  est  liomae  in  muro  post 
templum  Divi  Augusli  ad  Minervam. 

(Nomina  testium)  :  Tibeni  Claudii  Jusli,  iVarci  Maeci'i 
Eupaloris,  Lwcn  PuUii  Verecundi,  Qulnù  Apidii  ThaUi,  Taii 
Juh'i  Paraît,  T\[\  Jalil  Urbani,  /^'ublii  Caidi'i  Vitalis). 

On  délivrait  à  chaque  vélcran  licencié  avec  démission 
lionorable  (i)  une  expédition  sur  feuille  de  bronze  portant  le 
nom  du  corps  auquel  il  avait  appartenu,  le  nom  du  chef  de 
ce  corps,  enfin  le  nom  de  l'impétrant  et  de  tous  les 
membres  de  sa  Hmiille,  auxquels  s'appliquait  le  droit  décile 
et  de  mariage  romain  octroyé  au  titulaire.  Pour  authentiquer 
cette  expédition,  collationnée  sur  l'original  du  diplùme  dé- 
posé dans  un  temple  de  Rome,  on  ajoutait  au  bas  du 
diplùme  la  certilicalion  de  sept  témoins,  habitants  de  Rome. 
Ceux-ci  exerçaient  à  cet  égard  une  sorte  de  profession, 
car  nous  voyons  reparaître  en  d'autres  diplômes  les  noms 


(\)  Journal  des  snraiils,  1851,  \>.  KHi. 


—  339  — 

de  plusieurs  do  ceux  qui  ont  certifié  la  conformité  dn  docu- 
ment ci-dessus  transcrit. 

Ainsi  les  diplômes  militaires  xvi,  xvi,  xxii,  xxiii,  xxiv, 
XXVI,  XXIX,  XXX  et  xxxii  de  Mommsen  (i)  nous  montrent  : 

L.  Pullius  Verecundus  figurant  comme  témoin  en  93, 108, 
113-114  et  12î); 

Q.  Apidius  Thallus  en  108,  113-114,  et  sous  une  autre 
année  du  règne  de  Trajan  ; 

C.  Julius  Paratus,  en  113-114  et  124  (?); 

Tr.  Julius  Urbanus,  en  103,  113-1Ueti20; 

P.  Gaulius  Vitalis,  en  103,  lOo,  108  et  1 13-114. 

Nertomarius  était  lors  de  son  congé  ex  gre/jale,  c'est-à- 
dire  ancien  soldat,  car  on  appelait  g  regarnis  ou  qregalis  (2) 
le  simple  soldat,  par  opposition  à  celui  qui  avait  occupé  un 
grade  dans  l'armée. 

Le  Boïen  Nertomarius,  étant  sans  doute  encore  au  service, 
avait  épousé  une  femme  du  pays  où  XAla  Tungrorum  était 
campée,  et  où  cette  ala  continua  à  résider  pendant  au  moins 
deux  siècles;  en  effet,  il  est  dit  formellement,  sur  l'expédi- 
tion du  diplôme,  que  Custa,  fille  de  Magnus  et  femme  de 
Nertomarius,  était  d'Aquincum,  localité  sur  l'emplacement 
de  laquelle  s'est  élevée  depuis  Alt-Ofen  ou  Vieux  Bude,  en 
Hongrie  (5). 

.Mais  bien  que  la  qualification  géographique  Boius  semble 
indiquer  la  nationalité  d'un  individu  né  lui-même  dans  ces 


(1)  Corpus  inscr.  latin.,  l\\,  pp.  859  et  siiiv. 

(2)  Gregarius  miles  ou  eques,  chez  Tacit.,  Hist.,  III,  51  ;  V,  I . 

(3)  Cette  localité  était  comme  Oarnunte,  lieu  de  la  trouvaille,  sur  la  route 
d'Augst  (Augusta  Hauracorum)  h  Semlin  (Taurunum).  Voy.  de  Fortia  d'Urban, 
lieciieil  des  Itinéraires  anciens,  pp.  2">8  et  239. 


—  r»i(>  — 

parages,  cl  bien  que  le  nom  de  Nerlomarius  se  rcnconire 
en  d'autres  inscriptions  de  l'Allemagne  (i),  il  peut  y  avoir 
des  doutes  à  cet  égard,  car  ilexislail  d'autres  Boii  dans  la 
Gaule,  où  le  même  nom  de  Nertomarus  se  lit  aussi  dans  les 
inscriptions  (2)  ;  cette  cuincidence  assez  remarquable  tend 
au  moins  à  établir  la  parenté  des  l^oii  de  l'est  et  de  l'ouest 
de  l'Europe. 

Ce  qui  pourrait  faire  supposer  qu'il  s'agit  plutôt  d'un 
lîordelais  que  d'un  Bohémien,  est  l'habitude  où  Rome  était 
de  dépayser  ses  auxiliaires,  en  les  envoyant  loin  de  leur 
pays  natal.  Toujours  est-il  que  la  présence  d'un  Boien  dans 
ÏAla  Frontoniana  l'unçjrorum,  démontre  que  les  corps 
Tungres  (comme  les  corps  Nerviens,  etc.)  étaient  loin 
d'être  exclusivement  composés  de  nationaux,  point  sur 
lequel  on  reviendra  plus  loin. 

Nertomar,  le  cavalier  Tungre  licencié,  s'établit  sans 
doute  à  Carnunte,  où  le  diplôme  a  été  trouvé,  au  li(  u  de 
retourner  dans  son  pays  natal,  loin  duquel,  du  reste,  son 
alliance  avec  une  femme  d'Aquincum  le  retenait.  En  tout 
(;as,  il  s'était  complètement  romanisé;  car  lui  qui  portail  un 
nom  barbare  comme  son  père  (Neiiomar,  lils  d'irducissa), 
avait  donné  à  ses  enfants  des  noms  latins  :  Victor,  Propin- 


(i)  Stkinki!,  Cdilcx  iiiscriijlidinnn  lUn'iii  cl  hminOii,  u"'  592,  1508,  Ô2ù',i; 
Bhamiiach,  Corpus  iiisrrlpl.  lihc}!.,  n""  539  et  ^37ti,  11,  p.  xwi  aiid.;  OiiEi.i.i. 
l'^yi;  Ki'iiN  et  SciiLiciCHKH,  Ueitnige  ziir  verfileiclieudc  Spracliforscliinni  ouf 
ileni  Gebiele  der  Arischen,  Celtisclien  inid  Slavisclien  Spraclw,  III,  |»|).  ilu 
ft  i.ïi;  Miltheilungen  des  hlslorhclien  Yereins  fUr  Sleicniinrl,.  I\,  p  1:27; 
Corpus  iiiscr,  Uilin.,  III,  n"°  îil3!,  ol9G  et  4l)o2. 

(i)  liei'Ke  arclii'ol.,  n.  surie,  X*"  année,  H,  p.  97  ;  Lyon,  Aiilnn,  Bordeaux, 
plus  le  nom  de  Nertonius  en  Hollande;  Bull,  de  la  Soc.  pour  la  cmiserv.  des 
mviiini.  d'Alsace,  II«  sérii',  IV  (1867-67),  \<.  93. 


qnus  cl  Bello,  sans  doulo  pour  (|no  ItMii'  nom  fui  en  li;ir- 
monio  avec  leur  fiiliire  position  de  ciloyen  romain,  à  con- 
quérir pour  eux  par  leur  père,  lors  de  son  congé.  C'est  ainsi, 
dit  Von  Sacken  (i),  que,  par  suite  du  sysième  romain 
d'unité  et  de  centralisation,  les  nationalités  diverses  se 
fondaient  en  un  même  corps,  dont  la  lèto  élail  la  puissante 
Rome  :  c'est  ce  qui  dut  arriver  dans  notre  pays,  où  les 
villas  et  tumulus  ont  été,  on  le  sait  (2),  attribués  au  moins 
pour  partie  à  des  vétérans  licenciés  et  ayant  adopté  les 
mœurs  de  Rome. 

Le  nom  de  Nerlomar  n'est  pas  cependant  étranp:er  à  nos 
contrées,  car  on  rencontre  à  Domburg,  en  Zélande,  une 
Inscription    :    deae    isehalenniae  li  sext  .  nep-tomarivs    || 

NERTONIVS  [I  V  .  s  ,  L  .  M  (.",). 

Une  observation  qui  semble  n'avoir  pas  encore  été  pré- 
sentée, est  que  YAla  l  Timgrorwn  campait  en  Angleterre 
en  l'an  105  (4),  tandis  qu'à  une  époque  déjà  antérieure, 
c'est-à-dire  pendant  les  années  80  et  85  (5),  l'A/a  Fronfo- 
niana  était  établie  en  Pannonie,  où  on  la  retrouve  en  l'année 
115  ou  H4(6), 

Le  nom  d'Ala  Fronloniana  n'est  pas  donné  en  Angleterre 
à  Xala  1  Tungrorum;  d'un  autre  côté,  YAla  Fronloniana  n'a 
laissé  de  traces  qu'en  Pannonie;  enfin  ce  n'esl  qu'à  partir 


(1)  /..  cil.,  [).  562. 

(i)  Vny.  ci-dessus,  V,  p.  492, 

(3)  RovRN  (Shids),  De  nederhiixlxelie  oiidlifdt'n.  p.  10;  SciuiFUiF.n,  Die  Feen 
in  Europa,  p.  66. 

(-i)  Dipl.  niilit.  XXXIII,  dans  le  Corpiii  iitscr.  lulin.,  lil,  p,  866. 

(5)  lOid.,  XI  et  XII,  ibitl.,  pp.  8o4  et  855. 

(e)  lliid.,  XXVI,  il)i(i.,  p.  «69. 


—  542  — 

du  iii^  siècle  que  les  dénominations  Frontoniatm  et  Twi~ 
f/rorum  sont  accolées  l'une  à  l'autre. 

Ne  semble-t-il  pas  résulter  de  là  que  deux  atae  distinctes 
auront  été  réunies  en  une,  sous  un  nom  rappelant  leur 
double  origine,  et  que  cela  aura  eu  lieu,  par  exemple,  à 
l'époque  on  la  coli  II  Tungroru?n  est  devenue  equita(a{\), 
c'est-à-dire  un  corps  de  cavalerie  faisant  plus  ou  moins 
double  emploi  avec  l'ancienne  ala  Tungrorum  ? 

Cela  tendrait  à  supprimer  de  la  liste  des  commandants  de 
Xala  TniKjrorum  un  hypothétique  Fronto  qui  lui  aurait 
donné  son  nom  et  qui  aurait  commandé  à  des  Tun- 
gres  (2). 

En  tout  cas,  il  est  inexact  de  dire  (3)  que  XAla  l  Tungro- 
rum et  ïala  Frontoniana  aient  formé  deux  corps  distincts, 
l'un  et  l'autre  recrutés  chez  les  Tungres  :  il  n'y  eut  jamais 
de  cavalerie  tongroise  que  dans  Vain  I  Tungrorum  Fronto- 
niana et  dans  la  coh.  Il  Tungrorum  equitata,  dont  il  vient 
d'être  parlé. 

De  son  côté,  Von  Sacken  (4)  pense  qu'il  y  a  eu  deux 
alae  Fronlonianae,  la  seconde  portant  le  titre  non  de  Tun- 
grorum, mais  d'Arvacorum.  Cette  opinion  est  fondée  sur 
un  diplôme  de  l'an  80  (5)  de  l'empereur  Titus.  Mais  il 
suflit  de  ranger  les  différents   corps   mentionnés  dans  ce 


(i)  Voy.  ci-dossiis,  VII,  p.  1 S-2  et  suiv.,  n'»  12'2  à  124. 

(2)  Dit  conliiige)tl,(^lc.,  pp.  5  cl  ]H.  Borgiiksi,  OEuvres  complètes,  IV,  p.  192, 
pense,  d'ailleurs,  qu'il  s'agit  plutôt  du  It^gal  de  la  province,  qui  aura  institué 
l'fl/fl. 

(3)  /{////.  (le  la  Sociélé  sclenliCique  el  lilténiire  du  IJmlnnirii  (Tongres),  I, 
p.  280. 

(i)  SilzunysberichteiUt  l'Acad.  de  Vienne,  XI,  p.  359. 
(e)  Corpus  iiiscr.  lai  in.,  III,  \r  xi,  ji.  8,^U. 


—  545  — 

diplôme,  dans  les  catégories  désignées  pour  rendre  sail- 
lante l'erreur  commise  : 

4  alae,  I  Arvacorum,  I  civiuni  romanorum,  II  Arvacorum, 
Frontoniana. 

13  cohortes,  I  Alpinorum,  I  Montanorum,  I  Noricorum, 

I  Lepidiana,  I  Augusta  Iluraeoi'um,  I  Lucensium,  I  Alpi- 
norum, I  Britannica,  II  Aslurum  et  Gallaecorum,  II  Ilispa- 
norum,  III  Thracum,  V  Breucorum,  VÏII  Raelorum. 

On  voit  par  cette  énumération  qu'à  moins  de  biffer  une 
des  4  Alae  mentionnées  dans  le  diplôme,  Vala  II  Arvaco- 
rum et  Xala  Frontoniana  sont  distinctes  l'une  de  l'autre. 

L'erreur  est  cependant  fort  excusable;  car,  en  général, 
l'usage  était  de  dénommer  d'abord  les  corps  portant  le  n"  I, 
et  telle  était  Valu  Tungronim  Frontoniana.  Von  Sacken  a 
pu  supposer,  à  cause  du  classement  de  ïala  Frontoniana 
après  Yaia  II  Arvacorum,  qu'il  s'agissait  au  moins  d'une  ala 

II  Frontoniana  ;  mais  voici  l'énumération  tirée  d'un  autre 
diplôme  de  l'an  86,  sous  Domitien  (i),  où  l'on  voit  trois  alae, 
sans  numéro,  dont  ïala  Frontoniana,  suivre  l'ala  II  Arvaco- 
rum, et  toutes  être  distinguées  nettement  l'une  de  l'autre 
par  la  conjonction  et  :  alaeW,  I  civium  romanorum,  et  I 
et  II  Arvacorum,  et  Frontoniana,  et  Praetoria  et  Siliana. 

Ilosfa  (plus  exactement  Also-Ilosva)  (2),  en  Transilvanie, 
fournit  une  série  nombreuse  d'inscriptions  nouvelles  de  ïala 
I  Timgrorwu  Frontoniana. 

Auprès  de  cette  ville,  a  été  découvert  un  camp  romain, 
défendu  principalement,  sinon  exclusivement,  par  Vala  des 


(i)  Corpus  inacr.  latin.,  III,  n"  xii,  p.  8aî>. 

(2,'>  Mais  surtout  pas  Islol'a,  comme  le  dit  l'auteur  de  Du  contingent,  p.  14. 


Tungres,  ;i  h  froiilière  iiord-esl  de  rEinpii'c  romain  m 
Europe. 

Les  monnaies  (iécouvorles  clans  1';  cami)  compronnenl  la 
période  qui  sépare  le  règne  de  Vespasien  de  (;('lui  de  Plii- 
lij)pc  père  (an>  70  à  '24!))  ;  mais  ce  sérail  seulement  au 
règne  de  Cai-acalla  qu'il  laudrail  reporter  la  plus  grande 
importance  de  celle  occupation;  c'est  au  moins  l'avis  de 
M.  Cil.  Torma  d),  qui  a  le  pi'emier  signalé  ces  inscrip- 
lions. 

Les  fouilles  d'Also-llosva  forment  un  ensend)le  :  sauf  une 
inscription  de  tuile  de  la  coh.  Il  Britlnmim  millinria  el  une 
épitaphe  d'un  cavalier  du  numeius  Praelon'anomm  Pio- 
r\im  (?),  tous  les  monuments  ('pigraphiques  trouvés  dans 
cette  localité  sont  relatifs  à  notre  «/r^  l  Tuncjroruni  Fronto- 
nlana. 

A  la  suite  de  telle  ou  telle  clés  inscriptions  suivantes  con- 
cernant directement  celle-ci,  il  sera  donc  utile  de  mention- 
ner sommairement  les  autres  inscriplions  de  celle  localité, 
pour  y  chercher  quelques  indices,  sinon  sur  les  Tungres 
eux-mêmes,  au  moins  sur  les  mœurs  el  les  usages  des 
autres  habitants  d'Ilosva. 


il)  l.ctlni  iiiéditr-,  ;i(li'Css(V'  en  ISfifi  à  l'Afadémio  {rarclirologitMl.'  ]3('lt;iiiiu\ 
M.  Torma  a  publié  toute  la  sério  des  inscriplions  (l'Ilosvii  dans  nn  travail 
intitulé  Az  crdéliji  muzeinn-ediiki  evhviiifvie,  t'oiit  niallieursemenl  en  lanj^ue 
lioni.'roi'îo,  ce  qfii,  comme  le  fait  oltscner  fort  bien  Mommsf.n,  Corpus  iiiscr. 
Inliii.,  III,  pp.  l.'.it  et  Itil.  nuit  considérablement  a  la  dHlusion  des  connais- 
sances-, il  eonelnl  ni(-me  en  disant  deToioiA  et  de  ceux  qui  l'iiniteraieiit  :  '.(  Quum 
X  barbai'i  non  sini,  tanien  quodanmiodo  pro  barhaiis  liabentur.  i' 

AcKNEii  cl  Mri.i.F.it,  Die  Hômisclie  Inschriflcn  in  Dacieii,  Vienne,  186;), 
pp.  ^200  el  sniv.,  donnent  également  la  série  des  inscriplions  d'Also-Islova,  qui 
on!  Ii'iiiivé  l'iacc  dans  le  Corpuft  iiisrr.  Intiit..  vhI,  III. 


-  345  — 

N"  ô\)\.  APOULIj 

N  .  SAC  . 

SOLA  . 

(iMV)CA(TR)' 

(VE)  .  ALE  .  V 

UON  .  V  .  s 

—  Ilosva  (i). 

{Apollim  sacvmn.  5o/aiiius  Mucalriwwi  yetcraiius  ahc 
/'>o/iloniauae  l'oluiii  Aolvit). 

Le  nom  deMucatra  se  retrouve  dans  plusieurs  inscriptions  ; 
il  se  lil  même  Irois  Ibis  dans  le  même  monument,  comme 
surnom  de  trois  individus,  appelés  chacun  Septimius  (2), 
comme  plusieurs  autres  dédicanls. 

Le  même  nom  réparait  en  beaucoup  d'autres  parties  de 
rem))ire  romain,  même  en  Algérie  (:->). 

Outre  le  nom  de  Muca\)o\\  qu'on  retrouvera  plus  loin  , 
un  rencontre  aussi  bon  nombre  de  noms  dérivant  du  mènjo 


(1)  Cori}ils  inser.  lai.,  lit,  ic  787. 

(2)  Trouve  à  Birleii  (Prusse)  :  Apirs  la  iledicaco  en  1  honneur  de  Septiuie- 
Sévèrc  (an  2i23)  par  des  soldats  de  la  légion  WX.V.V,  on  lit  les  noms  suivants  : 
«  Sepliniius  Mucalra,  imaginifer,  et  Sepliniins  Gallus,  et  Septimius  Mnculra, 
et  Septimius  Deospor,  cl  Septimius  Sammus,  et  Septimius  Muciitra,  etc.  » 
(Menso  Alting,  iV('////rt  Genhunicw  inferuiris,  p.  ")8;  Oreli.i  et  Hen/en,  n»  680t  ; 
Lehscii,  Ccniralmiiseiim,  II,  p.  -16;  Douow,  Dciikmacle  Germanhvhc  innl 
Homischer  Zeil  in  wc^lf'H.  Prov.,  p.  53;  Steinki;,  Codex  inscr.  Ult.  cl  Dan., 
Il"  I26'i;  OvERiîECK,  Kdluloij  (du  musée  de  Bonn),  p.  21,  u"  28;  Buamuacu, 
Oi/pH.v  mncr.  rltenuii.,  iv  I2tio;  .lahiiiiiclier,  ete.,  de  IJonn,  IJII-LIV,  p.  255; 
VON  lliirscH,  Epifjrammalourapliiu,  p.  23,  u"  1. 

(r>)  BiîMEii,  Inscriptions  romaines  de  rMijérie,  n°  215,  2i2,  1007,  llOl; 
Corpus  inscr.  lai.,  VI,  228,  u"'  2108,  2815,  2577. 


—  546  — 

radical  Muca  (i),  comme  Mwcalralis,  J/wcasius,  Mucase- 
iius,  etc. 


N°  592.  EPO  .  .  ._ 

ALA  .  T 

GR  .  FRO  .... 

CVIP 

C   .  \(\h)Xpi(ji 

ANVS  .  PR(AE)F 

EQ 

.  .  .  L  .  M 

—  Ilosva  (2). 

(Eponme  ala  I  Tun^yrorum  Frontoniana,  cui  pruGcsl 
Caius  Jul'ms  Apigianus  praefecius  er/uitum,  votum  solvit 
/ubens  jneriio). 

Voici  la  déesse  Epona,  dont  il  a  été  question  ci-dessus  (3), 
directement  adorée  par  les  soldats  des  corps  auxiliaires 
Tungres. 

Prudence  (i)  fait  mention  de  cette  déesse  Epona  en  lui 


(1)  15hami:a(J1,  11"  1060,  1"28j;  Hiill.  de  la  Sociélé  d'archcol.  et  d'Iiisloire 
de  la  Moselle,  il  (1839),  p.  189;  Lkuscii,  /  cil.,  III,  p.  47,  n"  l-W  ;  Overueck, 
/.  cit.,  p.  i,  u»  2;  Steinek,  Codex  iiiscr.  Rh.,  n»  2598;  .lahrhiiclier,  etc.,  do 
Bonn,  II,  p.  95,  nM29  :  Arcliaeologiai  Kozlemémjek,  1865,  p.  20;  1860,  p.  172; 
Zeitschrifl  zur  Erforschung  den  rheiidschen  Geschiclile  und  MloiliHmer  in 
Mainz,  II,  p.  ■189. 

(a)  Corpus  inscr.  lai.,  III,  n»  788. 

(.%)  ISull.  des  Coinm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  VU,  157. 

(i)  Apoth  ,  V.  197  (édit.  Mi;;iic,  LIX,  p.  958). 


—  517  — 

donnant  pour  compagne  la  déesse  Cloacine,  dont  le  nom 
indi(pie  la  spécialité  : 

Nemo  Cloacinae  aut  Eponac  super  astra  deabus 
])at  solium,  quamvis  olidae  persolvat  acerram 
Sacrilegisque  molam  manibus  rimetur  et  exta. 

Minutius  Félix  répète  à  peu  près  le  passage  de  TertuJIicn 
déjà  cité  :  «  Nisi  quod  vos  et  totos  asinos  in  tabulis  cum 
vestra  Epona  consecratis.  » 

S.  Jérôme  (i)  parle  d'un  dieu  Marnas,  qui,  chez  ceux  de 
Gaza,  tenait  lieu  d'Epona. 

Si  n'était  la  place  qu'occupent  dans  l'inscription  les  lettres 
douteuses  qui  terminent  la  ^'  ligne,  on  serait  tenté  de  lire 
pour  le  nom  du  préfet,  Gains  Julius  Atiamis  au  lieu  de 
Apigianus  (ou  Apicianus,  comme  le  propose  Mommsen). 

Un  Gains  Julius  avec  surnom  effacé,  apparaît  dans  une 
autre  des  inscriptions  d'Ilosva  :  d  .  .  .  .  ||  givl  ...  et 
DA  .  .  .  Il 


N°  393.  FORTVN(AE) 

REDVCI  .   (AE)L  . 

GELER  .  PR(AE)F  . 

EQ  .  AL(AE)  .  FRO 

NT  .  OR  .  RES 

TITVTIO 

NEM  .  RALI 

NEI  .  POSV(IT) 

(()  HiERON.,  vita  S.  Hilarion.,  22  (6dit.  Migne,  XXIH,  col.  58). 
Voy.  en  général  sur  la  rléesse  Epoua,  Silznngsberichle  des  kaiserl.  Akademie 
(Vienne),  Phil.-Hist.  classe,  IX,  pi,  i;  XXXII,  p.  580. 


—   7)'iH   — 

—  llusva  (i  ). 

{Fortunae  rcduci  Aellus  Celer  praefedn>^  tv/iiiiuin  alae 
Frontonhnnuj,  oh  reaiilulionem  balnei,  posait). 

A  Rome,  on  a  trouvé  une  inscriplioii  aux  iiicines  noms 
d'Aelius  Celer  (2). 

Le  nomcn  gentilicium  Aelius  est  fréquenl  dans  les 
inscriptions,  surtout  depuis  ravènement  à  l'empire  de 
menibres  de  la  gens  Aelia  :  outre  les  n"^  59G,  397,  iOO 
ci-après,  Ilosva  a  encore  fourni  les  inscriptions  suivantes, 
concernant  peut-èlre  des  parents  des  auxiliaires  Tungres, 
en  garnison  à  Ilosva  : 

l>  .  .   .    Il    AEL  .A    ...    Il    AX  .  .  .  . 


D  M  il  CALI'VIl  .  MACm  j|  NAVIX  .  a(nX)  XL  .  ||  AEL  .  RES- 
PECTAS [|  coxi  .  r. .  M  .  i> . 

D  M  .  Il  AEL  .  MEUOVRl  ||  VS  .  VIX  .  AXN  .  XXW  ||  AEL  . 
nVFILLA  .  VIX  i|  ANXIS  .  VIIII  .  AEL  ij  l'VP.LlVS  .  VIX  .  A(xx)  1| 
VI  II   ÏNENiMA  .  lANVA  ...    || 

Un  second  autel  à  la  mémo  divinité  a  été  trouvé  à  Ilosva  ; 
mais  on  y  distingue  seulement  les  lettres  suivantes  : 

i-" il  R  ....   Il  SE  ....   n  ....  I! 

Un  aulie  aul(.'l  de  la  même  locidilé  poi1c  rinbCrij)lion 
égaleiiicnl  incom|tlé(('  : 


NEMESI 


(l)  Coriius  iit.scr.  lai.,  ill,  ii"  78'.J. 
(4)  Gi;i;iKii,  7oO,  1 1. 


—  ôlll  — 

Or  iXeiiicsis  cUiil  paiTuis  assimilée  à  la  ForUine  (venge- 
resse?), comme  on  peut  le  voir  chez  Griller  (i)  :  «  Deac 
Ncniesi  sive  Fortiinae  ...» 

Le  qualificaliC  de  redux,  d'après  B.  de  Montlaiicoii  (-1), 
peut  se  prendre  activement  pour  la  Fortune  (jui  ramène  et 
aussi  pour  la  Fortune  qui  revient;  certaines  inscriptions  plus 
explicites  :  Forlunae  reduci,  pro  sainte  ilu  et  redilu  Tib. 
Flavii  Veteris  (.-);  Fortunae  reduci,  quae  Caesarem 
Auguslwn  ex  iransmarinù  provinciis  reduxit  (4),  etc., 
doivent  plutôt  faire  admettre  le  sens  actif.  Il  semble,  du 
reste,  que  le  gouvernail,  attribut  de  la  Forluna  redux,  dans 
la  plupart  des  monnaies  (li)  où  son  nom  est  inscrit,  est  une 
idée  symbolique  impliquant  le  désir  de  voir  la  déesse  s'asseoir 
au  banc  du  pilole  pour  reconduire  le  navire  à  bon  port. 


N"  594.  10  .  M 

AVRELL 

VITELL 

lANVS 

SESQ  .  P  . 

ET  .  SOR  .  S 

V  .  S  .  L  . 

—  llosva  (c). 


(1)  GRliTEI!,  80,    I. 

(2)  L'aniiqiiiféi'xpliqiiei'.,  I,  'J,  |i.  513;  P.vuLV,  Real  Encijchixidk,  III,  |>.  ol  !• 

(3)  OuELLi,  11"  4085. 

(4)  Id.,  n"35o9. 

(o)  Cohen,  Monnaies  intpériale,s,  passiiu. 
(«0  Corpus  inscr.  lai..  11"  791. 


—  550  — 

(Jox'i  Oplimo  il/aximo,  Aurel'ms  Vilellianus,  sesq\i\\iihr\\xs 
pro  se  et  sororc  .sua  fotiim  .solvil  /ubens). 

Si  le  gcntilicium  Aelius  se  montre  depuis  le  règne  d'Ha- 
drien, en  continuant  pendant  I  ère  des  Antonins,  celle-ci  se 
signale  aussi  par  legentiliciiim  Aurelius,qui  domine  jusqu'au 
règne  d'Alexandre-Sévère,  époque  où  Ton  Irouve  aussi  le 
surnom  d'Antoninus  (i). 

Le  sesquiplarius  ou  sesquiplarh  (même  sesquiplex  ou 
sesqitiplicarius),  était  le  soldat  (jui,  comme  récomi)ense, 
avait  droit  à  une  ration  et  demie. 

N"  595.  MARTI  . 

ALA  .  r  .  TVNGH 

FRONT  .  PER 

T  .  VETTVLENVM 

NEPOTEM 

l^RAEF  .  EQ  . 

î;  .  S  .  L  .  M  . 

—  Ilosva  (2). 

(Marti,  nia  1  Tunyronim  Fronlonmvd,  par  Tituni  Veila- 
lenum  Nepotem  praefGClnm  equ'ûum,  folurn  .volvit  /ubens 
werilo). 

Ce  nouveau  nom  de  préfet  de  Vcila ,  indique  (ju'uiie 
succession  assez  grande  d'années  a  vu  l'établissement  des 
Tungres  florissant  à  Also-Ilosva.  On  n'en  connaît,  en  effet, 
pas  moins  de  sept. 


(1)  l{()^bl,  liiiiiiu  siilU-raitea  citristianu,  11,  p.  'ioi. 
(■î)  Corpiix  iii.scr.  lutin.,  III,  ii"  79.". 


—  351  — 

N  '  596.  ...   M 

....  (MV)GAPOR'^ 

FROiNT  . 

III  .  AEL  .  MV 

/AE  .  EIVS" 

—  Ilosva  (i). 

(Diis  Manibiis Mucaporis  equitis  (?)  alae  Fron^oniaiiae, 

vixit  annis . . .  III,  Ael'ms  Mwcapor  decurio  (?)  alae  ejusdem ....) 

Le  monogramme  (mv)  est  communément  l'abréviation  du 
prénom  Manius,  même  dans  un  autre  cas  que  le  nomina- 
tif (2)  (ce  qui,  on  l'a  soutenu,  pourrait  aussi  indiquer  alors 
le  nominatif  des  prénoms  plus  usités  Munatius  ouMucius)(3). 
Mais  il  ne  peut  s'agir  ici  de  douter,  puisque  la  syllabe  mu 
revient  une  seconde  fois  dans  l'inscription,  et  en  deux  lettres, 
pour  indiquer  un  nom,  puisque  ce  nom  est  lui-même  précédé 
du  prénom  Aelius.  Il  est  donc  naturel  de  lire  deux  fois 
Mttcapor. 

Ce  nom  de  Mucapor  se  retrouve  d'ailleurs  en  un  assez 
grand  nombre  d'inscriptions  (i),  et  dans  les  actes  de  Philippe, 


(1)  Corpus  inscr.  latin  ,  n"  799. 

(2)  Orelli,  I,  p.  473;  voy.  des  exemples  chez  Muratoki,  1589, 8;  Guuius,  107,6, 
(ô)  ScALiGER  réfuté  par  Henzen  (n"  6^16  (I'Orelli).  Mais  Mucius  est  bien  un 

nom  et  non  pas  un  prénom.  Voy.,  entre  autres,  Silzunysberichle  de  l'Académie 
de  Vienne  (hist.  phil.),  IX,  p.  711). 

(1)  Apianus  et  Amantils,  n*^  475;  Brambach,  n"  15il  ;  Cuper,  Harpocrales, 
éd.  de  1687,  p.  227;  Orelli  et  HE^ZEN,  n"  6852;  Mllllieil.  der  anliquarisclien 
Gesellachaft  im  Zurich,  XV  (1865),  p.  215,  n»  41  ;  Steiner,  IV,  5U9;  Corpus 
inscr.  lutin.,  Vi,  n"  2580,  r«  col.,  n"  9,  2"  col.,  n»  U;  n<"  2605,  295i,  5215, 
5314;  Fucus,  Historia  imyunliactiisis  ab  urhe  condita,  p.  167:  Wilnki;, 
De  leyione  romunorum,  XXil,  p.  150;  Yo.n  llùpscn,  Kpiyrammal.,  p.  53,  11°  55; 
Hecker,  Annaleu  des  Vercins  f'iir  ^assauische  Allen liumshunde  und  Gesclticlil- 
forschung,  VII  (1865),  pp.  4  et  6. 


(•vtMIur,  011  rciiiaKiuc  iiii  biirlmrc  de  cl;  nom  :  «<  Tune 
ipsius  iialurao  ex|)(',j's  at{|U(;  huiiianitalis  iiznarus  Muroixjr 
lUi^iriViiur .   >> 

Le  nom  de  Muuki ,  abiévialion  de  celui  de  S.  Jean 
Ncpomucène  (i\opo»«oM/cenos),  est  usilé  de  nos  jours  en 
lîolicmc  et  en  Hongrie,  pour  les  leiiimes;  il  pourrail,  connue 
le  nom  d'où  il  dérive,  se  rallacher  au  i-adical  mue,  prononcé 
iiioiili,  (ju'on  lit  dans  les  inseriplions  d'Islova,  porlani  Mucalra 
cl  Mucapor. 


N"  597.  D  .  M  .  S  . 

AI^L  .  OVADR.Vr 


VS  .  EQAIAKI'RO 

(NT)0(NT)ANE  .  T 
(VA)/  ...  AN  ...  . 


—  Ilosva  (i). 

(I)\\s  il/anibus  saci'um.  .1e/ius  Quadratus  er/ues  ahic 
Frontomanae,  7'itus  F<7/erius  . .  .  vi.\il  annis  .,..). 

Tl  existe  une  inscriplion  d'une  Aclia  Quadrndlla  pai-mi 
celles  de  Trêves  (-2). 

En  l'aljscnce  d'un  cogiiomen,  il  e>l  impossiiile  de  signaler 
un  rapprocliemenl  ipielcon(pie  cn(re  notre  Tilus  Valeriin 
cl  les  niiiid)reu\  individu^  |)orlan(  le  même  iirénom  el  le 
même  nom. 


(i)  Cii/piix  /w.w.  laliii.,  Il"  8iM). 

(î)    lÎKAMliA*,!!,  I'.    l(i'2,   M''  Til'.l. 


0.)0 


APOX  .   .  . 

EQVES  ALAE  .  .   . 

VIN(AN)LAPOMA  .... 

(ET)LELÏVS  PAÏRI  .... 

POSVERVNT 

B  M 

—  Il  os  va  (1). 

(/)iis  il/anil)iis  A/)oin\i<,  ....  cf/nes  niac  Yvoulomanno 
vixll  annis  L.  Àponia  cl  Lclius  pairi  narissimo  posueniut 
Aene  /xercnli). 

On  trouve  parfois  dans  les  inscriptions  des  noms  ayant 
une  certaine  ressemblance  avec  celui  du  d(''f"unt  e(  de  sa  fille, 
comme  Apponius,  Aponinus  (i). 

Quant  à  celui  de  Lelhis,  on  l'a  trouvé  sous  la  lormc 
Leilius  (1res  douteuse),  en  une  inscription  d'Arlon  {:>}. 

N"  399.  

AVR  DEC  ... 

VI;r 

Ue 

MA 

VIX  .  A\  .  .  .  . 

AVRDE  

DEC  .  ALAE  ... 

T'\A  .M 

SrMIS  PO  ... 


(0  Corpus  imcr.  lal'ni..  III,  n"  SOI. 

(4)  DoNlus,  VI,  9i,  t>,-iO;  Bii.\Mi:\(  11,  11"  «.'12. 

(ù)  Ci-riossus,  XV,  (..  118. 


—  354  — 

—  Tlosva  (i). 

(Diis  Manibiis,  .4?</(îIius  Decimus  (?)  vixil  aniiis  .... 
mensibus  . .  Ma  ....  vix'it  a/mis  .  . .  /lurelius  Decimianus  (?) 
(lecurio  alae  Frontonianae,  . . .  tina  mater  filiis  pientis.s/'m?s 
;)osuit). 

A  Tarragone,  on  a  découvert  une  inscription  d'un  Titus 
Aurelius  Deciuius;  ce\m-c\,  prnepositu s  et  catnpidoctor,  ap- 
partenait couime  centurion  à  la  leg.  If  Gemina  Félix.  Cette 
inscription  date  de  l'an  182,  sous  le  règne  de  Comuiode  (2). 

D'autres  inscriptions  d'Ilosva  portent  le  gentiliciuni  Aure- 
lius, ce  sont  les  suivantes,  outre  les  n"'  o94  ci-dessus  et  400 
ci-après  : 

D  .  .  .  Il  POMPE  ....  Il  VIX  A  ....  Il  ...  N  ..  Il  EL  FRONI(me). 
VM  .  .  .      Il     (et)    .    IVL    .    AMMIA    .    V  .  .  .     ||     ANTONIVS    .    (me)m 

....    Il    S    B    M 

On  a  complété  les  noms  de  cette  inscription  de  la  manière 
suivante  :  Pompeianus,  Aurélia  Phronime  Ummidia,  Julia 
Ammia  Ummidia,  Antonius  Mem(or?). 

....     I!      .   .    TAV    ...     Il     P  .  .  .  . 

On  a  lu  :  et  .4Mrelius  posuerunt. 

Il     ....     OVINVS    .     Il     .   .  .   .    rX     .    a(nn)     II    .    M     II 

Il    .    AVRCASTOR    ||    POSVIT 

D  .  .  .  .  il  AVOV  ....  Il  a(nn)  .  III  .  .  .  Il  AVR  ....  Il 
VP    .    F  .  .   .  . 


(0  Corpus  inscr.  latin.,  IIF,  n"  802. 
(î)  fiRriEit,  i)7,  12;  Oiiem.i,  n"  3490. 


—  555  — 

Enfin,  une  des  seules  inscriplions  mililaires  d'Ilosva  qui 
qui  ne  soieni  pas  (Vun  auxiliaire  Tnniïre,  mentionne  dcux 
autres  Aurelius  : 

D  .  M  II  AVREL  .  IVST'n  •  .  .  ||  EOVES  N  .  P  .  P.  .  .  ||  VIX  . 
ANN  .XL  ...  .   Il  AVREL  .  MAXI  ||  MVS  FRATER  .   ||  ET  .  HERES  .  KG- 

N"  400.  D  .  M 

AVREL  .  THEMAES  .  (LI)BRAR 

A(LE)  .  FRONT"  .  VIXIT  .  ANN'S 

(LT)  .  ET  .   AE(L')A  .   rV(L')A  .  CTVG  .  ET  . 

AE(L')A  .  PVPVLA  .  VFXIT  .  ANN'S 

II  .  AVRELVS  .  TIIEME(NT')À(N^S) 

FILIVS  .  PARENTIBV&  .  BE(NE) 

MERENTIBVS  .  POSVIT 

—  Uosva  (i). 

(Dus  />/anibus.  Aurel'ms  Themaes  libmr'ius  alae  Fronlo- 
nianae  vixit  annis  !,,  et  Aelin  Jiilia  conjux  vixit  annis.,,  ef. 
AeUa  Pvpvla,  vixit  annis  If.  Aurelius  Thementianus  filins 
purentibus  bene  merentibus  et  sorori  posuit). 

Lelibrarius  d'un  corps  était  l'employé  chargé  de  la  nomen- 
clature des  soldats  et  de  la  manutention  des  comptes  (2); 
en  un  mot,  c'était  le  secrétaire  de  la  légion,  etc.,  comme 
l'appelle  Freund. 


(i)  Corpus  inscr.  latin.,  n"  80i. 

(2)  Veget.,  II,  7  :  «  Ex  eo  appellati  ijurifl  in  liOros  référant  rationos  ad  milites 
pertinentes.  »  Cfr.  Pitiscus,  v"  Librarim;  Archiieoloqiai  Kdzlemhnjek,  XIH 
(V),  1849,  p.  31  :  IJorghesi,  OEiivirx  complHes,  III.  p.  'l'id  ;  iV,  pp.  ."1")  cl  ."KJ; 
TiHUTER,  503.  1  ;  ToRMA,  p.  46. 


—  3o()  — 

Piipula  est  sans  doule  un  terme  d'afïection  donné  à  une 
lilletle  en  bas  âge,  comme  on  en  trouve  d'autres  exemples 
dans  les  inscri|)tions  (i);  c(;pendant  on  rencontre  aussi  le 
surnom  df  Piijia  donne''  à  des  adultes  (2). 

N"  401.  D  M 

.  .  .   .   •  BONOSA 

.   .  .  .  •  XLII  .  VAL  .  (VA)LH: 

.  .  .  (VE)  .  EX  .  DE  .  (AL)  .  FR"  . 

....  01  .  PIENTISSIMfAE) 

M  .  F  .  G  . 

—  Ilosva  (5). 

(/)iis  J/anibus  ....  lionom  vixit  annis  XLII,  Fa/erius 
F«/erianus  î;elerauus  ex  decurione  «/ae  Froulonianae  cQU]i\gi 
picnlissimae  bene  ?«erenti  /aciundum  curavil). 

On  a  découvert  des  inscriptions  aux  mêmes  noms  de  Va- 
lerius  Valerianus,  àBonn,  à  Alba  Julia  (Transilvanie),  etc.  (4). 

Ce  nom  reparaît  dans  l'inscription  ci-après  l'elalive  au 
même  individu,  ancien  décurion. 

Le  nom  de  Bonosus  est  porté  dans  une  inscription  par  un 
cavalier  pannonien,  mort  aux  environs  de  Rome  (.i);  ce 


(0  GuDiis,  loG,  5;  Orelli,  ii»  '2719. 

(2)  Giii!ti:r,  452,9;  720,4;  DiiMrs,  4?5.  u6;  Orelli,  2840.  GiuTr.ii  lito  ri 
s;i  tiililc  Mcene  l'iipii,  sans  numéro. 

(;)  Corims  iiiscr.  Uilin.,  III,  n"  805. 

(0  Brambach,  p.  405,  n"  4o7;  Domls.  2,  2;  54,  102.  Vny.  ciiroiv  Grltf.h. 
1G8,  5;  Hei.nesiis,  cl.  XVHl,  n"  4;. 

(5)  DoMus,  237,  4();  (ir.i'TER,  571,  0  (Antoiiia  Bonosa,  d'Ulpia  'rr;ij;in:i); 
i>E  HoNTMEiM,  l'rodromus,  p.  207;  Renier,  t,"'  2795,  5175. 

Viiy.  nicorc  Corpus  inscr.  laliti.,  VI,  11"^  2499,  ^032,  2077,  52(J4. 


—    .>;)?    — 

nom  se  relrouve  aussi,  dans  les  Pyi'éïK-os,  sons  In  foniio 
Bonxus  (i). 

Un  tyran  des  Gaules,  sous  Prohus,  connu  seulenienl  par 
deux  monnaies  (2),  porte  le  nom  de  Bonosus. 

JJonosKs  est  le  nom  du  7"  évèque  de  Trêves  (r,),  e(.  ce  nom 
se  voil  aussi  en  une  inscription  chrétienne  de  la  même 
ville  (4).  Le  calendrier  clirétien  possède,  du  reste,  des  sainis 
du  nom  de  Bonose,  et  l'on  connaît  un  évèqoo  de  Sardiquc 
portant  le  même  nom. 

lionoxus  est  aussi  un  nom  ôo  potier  (n). 

^^  402.  D  .  M 

GOGGEIVS  .  IVLIVS  . 

EQ  .  (AL)  .  FRO(NT)  .  STII'  .   Vil 

VI\  .  AN  .  XXVII  . 

PRLVIVS  . 

II  .  F  .  G  . 

—  Ilosva  (g). 

(-Diis  Manibus.  Cocceius  Jullus  (?ryues  o/ae  /'Yo^i/onianae, 
.9/i/)endiorum  VII,  u/^ita»nis  XXVII,  Pr'nmis  Itorcs  faciun- 
dum  curavit). 

L'âge   fixé    pour   entrer   dans    la   milice    romaine  était 


(\)  Revue  archcol.,  X*  année,  H,  février  1839,  p.  99. 

(-2)  De  VViTTE,  Revue  numismatique  de  18îi9,  sur  la  médaille  de  lîoiiosiis. 
Encyclopédie  (antiquités),  I  ;  Cohen,  Descr.  Iiisl.  des  monnaies  de  rijnpirr 
roni.,  V,  p.  ôlîi;  dom  Boi'ûuet,  Recueil  des  historiens  de  France,  an.  :280. 

(.-)  .lahrbucher,  etc.,  de  Bonn,  XLIV-XLV,  p.  163. 

(i)  Jalirl)iicher,  de..,  de  Bonn,  1 1 1 ,  p.  i9  :  Steiner,  Saunnlung  uud  F.rkliiruufiy 
n"  1T98,  (^ialtchrisl lichen  Inschriften,  (i.  48. 

(r,)  ScfiuERMÂNS,  Sifjles  figulins,  n"'  852,  Slô;  Archdeolofjical  journal.  ISîO, 
I,  p.  1 IG;  Klein,  Die  roinische  DenUmàler  in  uud  bei  Mainz-,  p.  9. 

(()  Corinis  iuscr.  latin.,  MF,  m"  80C. 


—   ôo8  — 

17  ans  (\),  cependant  notre  Cocceiiis  Jnlius,  mort  à  27  ans, 
n'avait  accompli  que  7  ans  de  service;  on  en  voit  d'autres 
exemples  qu'il  faut  expliquer  sans  doute  par  des  interruptions 
de  service,  congés,  etc. 

N°  405.  D  M 

CITTIVS  .  IOI(VA)I 

EQ  .   (AL)  .  FRO  .  S  .  (XV)l 

VIX  .  .  .  iN  .  (XXX)VI 

IVSTVS  .  E  .  A      E  . 

fHE)R  .  (ET)  .  FRA(TE)R 

F  .  G  . 

—  Ilosva  (2). 

(/)iis  -l/anibus.  Ci'ttim  Joirai  filius,  figues  alac  f/onlo- 
nianae,  .vtipendiorum  XVf,  vix'd  a»mis  XXXV [.  Jnf;fus  cques 
alae  ejusdem  hères  et  frnter  /"aciundum  curavil). 

On  remarquera  le  caractère  tout  à  fait  barbare  du  nom 
de  Joivains,  père  du  défunt. 

Malheureusement  on  ne  peut  pas  conclure,  d'une  manière 
absolue,  de  la  nationalité  du  corps  à  la  nationalité  de  chacun 
de  ses  membres,  et  on  ne  peut  affirmer,  faute  d'analogie, 
que  ce  soit  un  nom  de  Tungre. 


N"  404 


I\  I.  .   .  .  ANSVETAVIX 
AN     .  .  Xm  .  VAL  .  VALERfAN 
.  .  .  VET  .  EX  .  DE  .  .  . 
AE  .  .  . 


(i)  Pauly,  Real  Enctjchp.,  V,  p.  14. 
(2)  Corpus  inscr.  hilnt..  ill,  n"  S(i7. 


~  5?{9  — 

Ilosva  (i). 

(Diis  Manibus./w/in  Mansuefn  ri.ni  aim\s  XXII f,  Fo/erius 
Valérianes  we^eranus  vx  f/ccurionc  alac  Fronloiiianae  iW'wi' 
(carissimae)  faciundum  curavit). 

Un  Julius  Mansuetus  est  signalé  à  Cologne  (2).  Doux  des 
noms  de  l'inscription,  Valeriiis  Mansuetus,  sont  portés 
ensemble  dans  dos  inscriptions  de  Vienne  (Dauphiné)  el  de 
Narbonne  (0). 

N"  403.  


EQ  .  ALAE  .   .   . 

(NT)  IG  S(IT)VS  ES(TV)IX 

(IT)  .  AN(Nl)S  XXXX  MVG 

APVIS  G0(NIV)G1  BE(NE) 

MERE(NT!)P0SV(}T) 

—  Ilosva  (4.). 

(Diis  Manibus eques  nlae  Fro»Yonianao,  hic  sitns 

est,  vixit  anm's  XXXX;  M^cia  A/missii  conjiiffi  hcne  mei  cuti 
posuit) . 

Le  radical  mvc,  déjà  signalé  à  Ilosva,  reparaît  dans  QCtte 
inscription. 

Le  nom  féminin  Mucapuis,  quoique  admis  par  Mommsen, 
serait  tellement  extraordinaire  qu'il  est  préférable  de  le 
diviser;  le  nom  Mucia  est,  du  reste,  un  gontilicium  (:j),  el 


(i)  Corpus  inscr.  latin.,  n»  808. 

(-2)  Steiner,  11"  1091  (Inscriptions  des  Maires  Aufaniae). 

(î)  Retnestus,  cl.  II,  n°  32;  Gruter,  "tri,  ?i. 

(4)  Corpus  itiscr.  lalin.,  III,  11"  809. 

{%)  Ibid.,  wmi. 


Apiiissa ,    analogiio    au    non)    Mandiiissa   de   rinscriplion 
n"  Ô'i-'J  (1),  serait  un  siii'iiom. 

n\R\SFj  ....  ÏANX   .  r  .  .  . 

y/ECOMVN  ....  SEl^T  SL\  .  .  . 

....  M)VMV()L\  N  ....  TESTyVT"  .  .  . 

—  (lo.sva  (2). 

( ninis  rf'/eraniis  .  .  .   \\\\(  n/a<is  A' ne 

coHjuiix    cl    6\7>/iniius   5//j(ceni.s)    .  .  .    ^ccuuduiu 

rdlunl-.Mcni  /t'À/o/oris ). 

N"  U)7.  D     ... 

G  .  (VAL)  .V LIS 

V(eT)  .  ^'\   .  .  .  AL(AE) 

FROCNT)  • •  A(NN) 

L  .  (ET)  .  (VAL)  .  V  .  .  (AL)îA(NïOS 

(FIL)  .  HVIV X   .  .  (XN) 

ÏÏ  .  (ET)  .  (iME)SI  .  .  .   VII  • 

(VA/)  .  /(AET)  .  .  A'S  - 

i\y)  .  (AL)  .  S  ..  .  (AL)  .  SA 

TVRNI  .  .  S  .   nV(PL) 

I)  .  E  .  RA  .  .  (XTl)nVS 

FRATr XTIS 

SI  .  .  .   s 

R     Ht 

—  Ilosva  (.-,). 


(0  Voy.  ci-dessus,  W.  p.  u:;. 

{i)  Corpus  inxcr.  hit'ni.,  III.  iTHlil 

^'.!    ////(/.,  11"  SU. 


(/-'lis  Maiiihus.  ^'uiiis  V'a/erius  T'ilii/Zi-,  rc/ciMims  ex  dccii- 
rioiic  a/rtt' /'Vo/iZunitinae,  y'w'd  annis  L,  et  Ta/crius  Vdalianns 
filins  hiijiis,  vixil  ;t/(^n"s  //  et  nicusibus  VIl\  F«/crius 
Lai'fWUia  r/eciu'io  aliui  .supni  sci'iplac;  Va/crius  Saturniims 
(lti/)!\ci\vlus  (/ecuriac  f'jiisdcm  pavcitlibus  frat>k\uc  \)\vnlis- 
,sim\f  bcnc  ^/^eix'iilibiis). 

Le  (iiialiticalif  d'ex  decurione,  ex  consule,  etc.,  {jui  devin! 
plus  lard  ex hcurione,  en  un  mol,  cl  même  exdccurio, 
indique  que  l'individu  ainsi  désigné  avait  élé  décui'ion, 
consul,  elc.  (i).  C'csl  noire  expression  ex-magistrat,  etc. 

Une  inscription  de  Tan  lUO  (consulat  de  Commode  \  I 
et  Septimianus)  porte  le  nom  de  Gains  Valerius  Vitalis  (.>)  ; 
une  autre,  de  Valeria  Vitalis,  a  élé  trouvée  à  Brescia  (ô). 

Notre  inscription,  comme  un  grand  nombi'c  d'aulres , 
présente  des  niétatliès('s,dans  le  monogramme  (et),  renversé 
et  figuré  par  (te). 

N"  408.  ...... 

....    IVS    VET    • 
S    .    LM.    AVR  . 

.  .  .    ANVS    .    /il    . 
M    ... 

—  llosva  (i). 


(t)  FRtUNO,  Grand  diclionii.  laiiius"  i:x,  i:"  !'>,  ([iii  ritf  Oh:.lm,  ii"'  1  lo2, 
\\(3-î,  I70i,  ôoOl,  5475;  voy.  Oreu.i,  II,  p.  I2:S. 
(2)  Orklt.i,  n"  oOOI. 
(?)  liuiNKsiis,  cl.  Ml,  n"  lô."). 

(>)  Cor I  us  insrr.  lu/iii..  111,  n"  812. 


—  562  — 

(Diis  Manibus  .  .  ,  .  .  .  .  ius  veleranus,  vixil  aniiis  LX, 
Aurelius  ....  anus  filius  patri  pienlissiwo  (ou  benc  me- 
ren(i)). 

Nombreux  sont  les  cugnomina  en  nnua,  poj'tés  par  des 
Aurelius  :  Germanus,  Pompeianus,  Tilianus,  etc.  (i)  : 
il  est  donc  difficile,  même  à  cet  égard,  de  remplir  les 
lacunes  de  l'inscription  n"  4-08. 


N'  409. 


SN    .  . 
AL    . 


—  Ilosva  (2). 

(Diis  Manibus  . . .  sn'ius  eques  o/ae  Fronlonianae  ....). 


N"  410. 


.     .     .    .      EN     (3) 

(AE)    .    FRO 
.  .    Xlir    M    . 


—  Ilosva   (/.). 

(Diis  Manibus  ....    Valc^utinus  (1)   eques  alae  Fronlo- 
nianae, stipcndiorum  A7//,  »;/.\i(  annis ). 


(1)  liitA.Mi{A(;ii,  ii'-'^'JT-i,  1017,  1:01,  tiU2. 

(2)  CoriJiis  iii.scr.  lai.,  III,  HJ),  ii"  8. 

(3)  On  Kiv? 

(1)  Ibid.,  Il"  8li. 


—  ô(îr>  — 

L'état  fragmentaire  de  ces  deux  inscri|)tion!s,  où  cepeiidînil 
l'on  trouve  des  traces  du  nom  de  l'a/a  FroiUoniana,  laisse 
le  champ  libre  aux  suppositions. 

i\-  4  H  à  414.  ALF    .   .  . 

ALF 

(ALE)(FR)0(NT) 
(ALE)(FR;0(i\T) 

—  Ilosva  (i). 
(A/ae  Fro» lonianae). 


Les    autres    inscriptions    d'Also-Ilosva    dont  il  n'a  pas 
encore  été  parlé,  sont  les  suivantes  : 

N"  415.  AESC\LAPl(O«0(HY) 

GG  .  IVL  .  ATIANVS 
.  .  R(AEF)  EQ  OB  RES(TI) 


—  Ilosva  ('i). 

{Aesciilajno  et  Uyij'vAV.  C'aius  /»/ius  Atiaiais  p/rte/c'ctus 
(?r/uitum  ob  rt's^/tutionem  balnei). 

Bien  que  le  corps  ne  soit  pas  mentionné,  la  qualité  de 
praefectus  equitum  ne  laisse  guère  de  doute  sur  l'attribution 


(i)  Corpus  iii6cr.  lalin.,  III,  ii  *  1055''  l'I  '',  qui  rapiioitc  à  ia  mome  origine 
dos  tuiles  portant  :  r)  F,  trouvées  au  môme  endroit. 

(â)  Corpus  iiiscr.  latin.,  n"  78(i. 

Voir  sur  le  culte  d'Ilygic  ou  d'Hygiée,  en  latin  Salus,  le  Journal  des  Sçavants, 
dissertation  de  de  Boze,  1707,  XXXIII,  p.  90. 


—  5()i  — 

de  celle  iiiseriplioii  i\  ïala.  Froiitoniniia :  1(3  nom  de  C;iiiis 
Juliiis  Alianiis  offre  laul  de  rossendjlance  avec  celui  de 
Gains  Juliiis  Apigianiis  (n"  59'2  ci-dessus),  doiil  le  surnom 
est  assez  mal  tracé,  (ju'il  laisse,  comme  on  Fa  vu,  se  i)oser 
la  (jueslion  d'idenlilé  d'un  de  ces  personnages  avec  l'aulre. 
Un  auli'c  autel  à  Esculapc  el  llygie  a  élé  trouvé  à  Ilosva, 
en  caractères  grecs  : 

ACKAlllil   .     :    KAlVi'KiA    !     KOINTOC    li    .    •   .   .  (i). 

l'eul-élre  s'agil-il  là  encore  d'un  praefeclus  equ'iium  ayant 
porlé  le  prénom  de  Quintus.  Mais  ce  point  esl  (ropdouleux 
pour  qu'on  admette  l'inscription  dans  la  séi'ie  des  inscri|)lions 
militaires  se  rapporlaiil  à  la  Belgitpie. 

N"  -il().  i.Ml»  CAES  MAK  (AVR)  iw 

PIO  FELICI  AVG  Vkn 
brin  MAX  PONT  .... 
t   .  .  .  .    Ivi  co^  Il II 

—  Ilosva  (2). 

La  ressemblance  de  celte  insci'iplion  avec  le  n"  Jôl  (3), 
permet  de  la  reconstituer  de  la  manière  suivante  : 

(//y//jei'atori  Cacsiwl  Miuco  /lî<relio  i4;(tonino  l'io  l'\-lici 
Aiifjualo,  Porthico  maximo,  /i///annico  maximo,  iiontUlci 
jn;i.\iiiio.  /rihunicia  polestale  XIY,  consuli  IV,  opiimo 
maximoquc  |»i'incipi,  ala  I  Tunui'orum  Fi'onloniana  Antoni- 
niana.  nuniini  ejus  sem|)er  ac  merilo  devola). 


(r)  Corims  iiiscr.  la! in.,  Kl.  ii"  789. 
(î)  Ihid.,  III,  II»  790. 

(-,)  \(i\.  ci-dessus,  Vil.  |i.  I.")5. 


—  3(Jo  — 

Les  aiilrcs  inscriptions  d'Also-llosva  conliennenl  à  peine 
quelques  indications,  comme  siG(signiler),  ...STEK(magister), 
ou  des  noms  comme  ..  araïntvs,  ..  diste  (Amarantlius, 
Hedisle?)  :  ce  serait  encombrer  inutilement  la  liste  des 
inscriptions  des  Tungres,  auxquels  elles  se  rapportent 
peut-être,  que  de  les  reproduire  ici. 


N°  4.17.  NECCA 

EQ  .  ALAe  tv 

NGROR  TV 
RMA  .  VI  .  .  .  . 
.  .  .  cIVI .  .  S  .  F 

—  Petronell  (Garnuntum,  Pannonie)  (i). 

(Neccarhis  (?)  e^ues  alae  Tumjrorum,  lurma  Vicàvu, 
hic  situs  est;  monumentum  C'mli^  /"ieri  fecit). 

On  propose,  par  pure  hypothèse,  le  nom  de  Vicarius 
comme  chef  de  la  turma,  parce  qu'il  existe  dans  l'inscription 
n''  529  (2)  une  certaine  relation  entre  ce  nom  et  celui  de 
notre  inscription,  quant  à  la  contrée  où  les  inscriptions  ont 
été  trouvées. 

La  localité  de  Garnuntum  s'est  déjà  signalée  par  la  décou- 
verte du  diplôme  militaire  rapportée  ci-dessus  :  il  est  possible 
qu'une  turma  de  l'a/a  Fronloniana  Taïujruram  y  était 
détachée.  On  remarquera,  en  effet,  comme  dans  les  deux 
autres  inscriptions  qui  suivent,  que  la  mention  de  turma, 
absente  à  Ilosva,  se  rencontre  en  des  localités  disliiicU's  de 
celle-là. 


(i)  Corpus  insc?\  lalin.,  III,  11°  6486. 
(2)  Voy.  ci-dessus,  IX,  p.  i28î). 


—  50()  — 

iX'"  A 16.  /EKSO  .  PRECIU 

NIS  .  F  .  SCORDISC 

EQVES  A\a  f]\0 

TVll  LOBASINJ  A 

RIVS  AN  .  XX  .  .  . 

XVI 

—  Ték'iiy  (Taiiiiuiiit;)  (i). 

lerso  (V),  Precionis  /'ilius,  Scordisciis,  cques  alac  F/oulo- 
Diaiioo  Ta),  lunwd  Lohasini,  rtrnioi'iiiii  r<t.slos,  n^iioriuii 
AAX VI,  slipendiorum  XVI  . . .). 

Le  monumeiil  de  Terso  est  orné  d'un  cavalier  purlanl  une 
lance. 

Les  Seordis(jues  iiabilaieiil  la  l^uinonie  (r,);  c'esl  donc  un 
l'ail,  à  noier  que  celui  d'un  iiiend)n'  d'un  corps  auxiliaire, 
apparlenanl  à  la  conirée  où  l'escadron  élail  cain])é  el  non 
à  celui  qui  avait  donné  le  nom  au  corps. 

Le  nom  de  Ao6a5mt(s  a  donné  lieu  ci-dessus  à  un  rappro- 
cliemenl  avec  les  noms  de  Leubasmis  et  Lcuhasna. 

rs"  ilO.  T  .  F  .  BOMO  Q(VK)l 

(VN)DAVTOMA  . 
EOYES  .  ALAE  .  FRONTOMAXAE 
TVR  .   IXGENVl 
AN   .  XXXilll  .  STIP  .  XVI 

Il  .  S  .  i:  .  (:amp(AN)VS^ 

EQVES  A(LE)  EIVNDE  HERES 
T  .  M  .  P 


(()  Corpus  iiiscr.  hiliii.,  III.  n'^iOU. 

(•2)  MoMMsKN,  /.  ril.,  cci'it  p;ir  fireur  Vroiilininiutc. 

(3)    l'i.IN  ,  III.  'IH,  -2. 


—  ô()7  — 

—  Au  iiiuscc  (le  IVsl  (i). 

('i'iUis  Flavius  Bonio,  Qu'niud  lnl)U,  Andauloiiin  ()iiuii(lii>, 

(ques  alae  Fronlonianae,   tiirnvd  higenui,  a/<iioi'Ui)i   AA/T, 

slipcndiorum  XVI,  hic  silus  est.  Carnpanus  eques  alixe  ejusdem 

hères  iiluluiu  memoriae  posuil). 

■  Ce  monument  est  orné  d'un  cavalier,  comme  le  précédent. 

Il  existe  des  exemples  de  nomcii  genlilicium,  quand  il  est 
très  connu,  comme  celui  delà  gens  Flavia,  indiqué  par  um; 
initiale  (2). 

Andaulonia,  aujoui-d'liui  Scilai jero,  était  située  en  Paniio- 
nie  (voii-  ce  (jui  est  dit  à  ce  propos  à  l'iiiscriplion  précédente). 


N"  -{20.  .  .  .  TIVS  .  SIGN 

ALA  .  I  FRON  .  TVNG 
CONIVGI  .  PIISSIMAE 
E  .  V  .  P 

—  Ursec  (Versecx),  Dacic  (0). 

(Diis  Manibus  ....  tius  signU'ov  alao  1  Froutonianae  l'un- 
f/rorum,  conjugi  piissimae  ci  sibi  vivus  /josuit). 

On  a  vu  plus  baut  que,  à  raison  de  ce  (pic  la  présence  des 
Condrusiens  (i)  est  signalée  à  Bincbester,  le  D'"  Bergk 
lu'opose  d'attribuer  aux  Tungrcs  des  inscriptions  citées  aux 
ir  508  et  509. 

11.    SCUUERMANS. 

(J  con  tilt  lier.) 


(i)  Corpus  inscr.  lutin.,  III,  ii"  5679. 

(-2)  Voy.  par  exemple  Corpus  iiiscr.  Inl'ui  .  VII.  11'"  \T)ii  ((.IV,  iXl)  et  779. 

(ô)  ma.,  \\\,  n"  6-274. 

(\)  Voy.  ci-dessus,  p.  515. 


GRES  LIMB0URGE018 

T>  E    K.  A^  E  I?  E  IX. 


ire  LETTRK 

A  M.  LE  Président  du  Comité  du  Bulletin  des  Commissions 
royales  d'art  et  d'archéologie. 


Raeren,   14  octobre  1879. 

Monsieur  le  Président, 

J'ai  riionneur  de  vous  adresser  quelques  observations  au 
sujet  de  l'article  de  M.  Schuermans,  (jui  a  paru  dans  la 
dernière  livraison  de  votre  intéressant  Bulletin. 

Je  suis  parfaitement  d'accord  avec  cet  archéologue  pour 
toutes  ses  observations  et  il  est  très  vrai  que  les  dessins 
d'armes  de  San  Vittor,  de  Van  den  Sleen,  de  Colchen  et  les 
médaillons  de  Pardicque  (pi'il  présente,  il  n'y  a  absolument 
i-ien  qui  ait  été  découvert  jusqu'ici  à  Raeren  :  de  ses  dessins, 
la  forme  des  vases  à  trois  anses  a  seule  été  rcneonirée  chez 
nous. 

Cependant,  de  l'avis  de  M.  lleljens,  (rAi.x-hi-Ciiapclle, 
(jui  a  ret-ucilli  la  plus  belle  série  de  grès  de  Riicj-eii  (lui 
existe,  et  dont  je  repai-JciMi  plus  loin,  la  main  de  Jan  Emens, 
un  de  nos  meilleurs  potiers  et  cartemakers,  .se  reconnaîtrait 


—  569  — 

dans  les  ornements  qui  cnlourenl  les  écussons  h  la  légende 
de  Quirin  Pardicque  et  nu  perron  liégeois. 

En  outre,  je  lis  dans  l'article  de  M.  Schuermans  qu'on 
|)ossède  en  Belgique  des  grès  de  la  famille  de  Mérode- 
Waroux;  cela  est  évidemment  relatif  à  certains  grès  que 
nous  retrouvons  à  Raeren  et  qui  portent  en  effet  les  armoiries 
de  la  famille  de  Mérode,  avec  cette  devise  :  tempore  .  et  . 
i,AB0RE  .  wAROvx  .  ANNO  .  1598;  ccttc  dcvise,  qui  eutourc  les 
armoiries,  comme  dans  celles  de  l'article  de  M.  Schuermans, 
se  rapporte,  comme  il  me  l'écrit,  à  Raes  de  Waroux  de  la 
famille  de  Mérode,  qui  fut  bourgmestre  de  Liège  en  1595. 
On  y  remarquera  le  même  style,  (pie  dans  les  écussons  de 
San  Viltor  et  de  Van  der  Steen. 

Nos  grès  de  Raeren  étaient  donc  en  faveur  à  Liège  à  la 
fin  du  XVI*  siècle  (date  de  l'écusson  de  Waroux)  et  au 
commencement  du  xvn"  (date  des  produits  ornés  du  nom 
de  Pardicque). 

Je  ne  veux  pas  contester  que  vers  1050  on  n'ait  imité  les 
grès  allemands  à  Dinant  et  à  Verviers,  comme  l'a  démontré 
M.  Schuermans;  mais  c'était  alors  une  industrie  nouvelle 
pour  les  provinces  belges,  comme  cela  résulte  des  documents 
cités  par  cet  archéologue. 

Ce  que  je  prétends  soutenir,  c'est  qu'un  très  grand  nombre 
des  grès  qui  se  trouvent  dans  les  collections  belges  sous  le 
nom  de  grès  flamands,  sont  des  grès  de  Raeren. 

Je  n'entreprends  pas  par  là  une  œuvre  qui  puisse  vous 
porter  ombrage  à  vous  autres  Belges;  les  grès  de  Raeren 
sont  revêtus  d'un  très  grand  nombre  de  devises  parfaitement 
flamandes ;oï\  parlait  le  flamand  à  Raeren,  et  Raeren,  jusqu'en 
'I8I0,  a  fait  partie  du  duché  d»'  Limbourg,  alors  annexé  au 


—  r,70  — 

diirlu'  (le  lirahanl,  à  |)eii  prùs  comme  le  grand  duché  de 
Luxembourg  est  aujourd'hui  uu  apanage  de  la  couronne  de 
Hollande.  Vos  souverains  ont,  depuis  1288,  époque  de  la 
bataille  de  Woeringen,  jusqu'au  xix'  siècle,  possédé  Raercn  ; 
l'industrie  artistique  qui  s'est  exercée  durant  une  partie  de 
celte  période  peut  donc  être  considérée  par  vous  comme 
une  industrie  belge,  sinon  flamande,  au  moins  limbour- 
geoise. 

Raeren,  auparavant  commune  du  ban  de  Walhorn,  duché 
de  Limbourg,  est  actuellemeni  un  bourg  opulent  et  in- 
dustrieux, au  pied  des  Hautes-Fagnes  (ilohc  Verni),  qui 
forment  le  mur  de  refend  entre  les  plaines  de  l'ancien 
Limbourg  (distinct  de  la  province  actuelle  de  ce  nom)  et  les 
monlagnes  volcaniques  de  l'Eifel.  Cette  commune  est  dans 
un  site  charmant  entouré  de  riches  pâturages,  et  ses 
habitants,  comme  leurs  aïeux,  sont  très  laborieux,  quoiqu'ils 
n'aient  pas  continué  la  fabrication  des  grès,  qui  fut  surtout 
florissante  au  miheu  du  xvi^'  siècle;  ils  se  livrenl  aujourd'hui 
aux  Ira  vaux  des  fabriques,  des  carrières,  ou  exercent  le 
mélier  de  maçons  et  de  plafonneurs.  Pendant  que  les 
hommes,  |)0ur  la  plupart,  s'emploient  au  dehors  dans  la 
semaine,  les  femmes  gardent  la  maison  et  s'y  livrent  spé- 
cialemenl  à  la  fabrication  du  beurre  et  du  fromage. 

Bien  dilTérent  était  l'aspect  de  Raeren  au  xiv*  siècle,  au 
xv'  et  au  XVI'  :  les  fours  à  potier  y  abondaient  el  de  vi'-ritables 
artistes,  d'un  goùl  éprouvé,  y  fabriquaienl,  d'après  des 
modèles  dessinés  et  façonnés  par  leurs  mains,  des  vases  en 
grès  des  foi'iries  les  plus  variées  el  ornés  de  dilTércnts  reliefs, 
parmi  lescpiels  j'aurai  à  signaler  dans  la  suite  de  la  i)résente 
coi'respondance  certains    sujets  de  prédilection,  qui  sont 


—  571   — 

j»)vcis(''monl  roux  ((iic  je  itIimiivc  ^iir  un  ij'I'ihmI  iKUiiinv  de 
v.'iscs  lies  ci)llociioiis  belges. 

^[ais  n'anticipons  pas. 

G'esl  depuis  1res  peu  de  lemps  (pTon  a  appi-is  (pidipic 
cliose  de  la  poterie  en  grès  de  Raeren. 

Demniin,  de  Wiesbaden,  (pi()i([ii'il  soil  un  de  nos  cunipa- 
triotes,  ne  l'ait  rien  connaiire  des  fabriques  do  Raeren  dans 
l'édition  do  181^2  de  son  Manuel  de  r amateur  de  poleriea. 
Il  avait  bien  été  frappé  de  ce  nom  de  Roren  qui  est  signalé 
si  souvent  sur  les  produits  de  Baldem  Meiuiicken  dont  je 
reparlerai  souvent;  cependant  Demmin,  ne  sacliant  où  placer 
son  lioren,  dit  qu'il  s'agit  là,  sans  doute,  de  quekpie  localité 
des  bords  de  la  Rubr. 

Mais  ici  l'emban'as  redouble  :  il  y  a  en  Allemagne  deux 
rivières  de  ce  nom,  la  Roer,  afilueni  de  la  Meuse,  el  la  Iiuln\ 
allluent  du  Rbin,  et  les  deux  noms  se  prononcent  d(!  la 
même  manière;  les  Français  écriraient  la  Roiire.  La(pi('ll<' 
aurait  été  le  Roren  de  Demmin? 

Un  arcbéologue  anglais  (pii  babite,  je  crois,  les  Flandres 
proprement  dites,  en  votre  pays,  et  qu'on  m'a  dit  avoir 
l'intention  de  s'occuper  des  grès  de  Raeren  (l'a-t-il  réalisée?), 
est  venu  un  jour  me  voir,  en  m'aftirmant  qu'après  avoir 
cbercbé  en  vain  à  Leiden  une  fabrique  de  |)olerie  enseignée 
à  la  Fontaine,  et  puis  une  localité  quelconque  où  l'on  eùl 
fabriqué  de  la  poterie  de  grès  sur  les  bords  de  la  lloer  ou 
de  la  yiuhr,  il  arrivait  à  Raeren,  attiré  par  les  noms  de 
SckiUtelkensv.ov.E^  el  Kannewov.E's  que  poric  celle  localih' 
en  d'anciens  documenis. 

ïl  ne  s'était  pas  trompé  :  la  vue  de  quelques  débris  qui 
élaienl  chc/  moi  l'a  innnédialiMiieid  convaincu  (pi'il  suivait 


—  572  — 

une  bonne  voie;  mais  elle  était   déjà   frayée  avant   lui. 

Voici  ce  qui  m'avait  eniragé  à  rassembler  ces  débris  : 

M.  le  vicaire  D'  Dornbusch,  natif  de  Siegburg,  l'auteur  de 
Die  Kunstgilde  der  Tôpfer  in  der  abteUichen  Stadt  Siegburg, 
publiée  en  1873,  s'était  occupé  des  grès  de  sa  ville  natale 
et  il  avait  déjà  fait  paraître  à  ce  sujet  différentes  études. 
Mais  une  lacune  se  présentait  à  lui  :  Siegburg  ne  lui  donnait 
toujours  que  des  écbantillons  d'un  certain  genre;  une  caté- 
gorie très  nombreuse  des  vases  de  grès  trouvés  par  lui  dans 
les  collections  des  musées  et  des  particuliers,  échappaient 
à  toutes  ses  recherches  à  Siegburg,  où  il  ne  retrouvait  ni  la 
forme  de  ces  vases,  ni  leurs  reliefs,  ni  leurs  inscriptions 
souvent  en  pur  flamand. 

La  Société  archéologique  du  Bas-Rhin,  qui  compte  un 
millier  de  membres,  se  réunit  tous  les  semestres  dans  l'une 
ou  l'autre  ville  de  la  province  rhénane  ou  de  la  Westphalie. 
En  1873,  cette  Société  était  assemblée  à  Diiren  :  le  D""  Dorn- 
busch y  fît  connaître  les  résultats  heureux  de  ses  recherches 
pour  les  grès  de  Siegburg.  Parmi  les  auditeurs  se  trouvaient 
M.  le  doyen  Sùnn,  curé  de  Raeren,  que  j'accompagnais  :  nous 
n'avions  alors,  ni  l'un  ni  l'autre,  la  moindre  notion  du  sujet, 
le  [)'  Dornbusch  lui-même  ne  se  doutait  guère  de  l'ancienne 
industrie  de  Raeren. 

Le  vice-président  de  l'assemblée,  M.  le  D'  Floss,  professeur 
de  théologie  à  Bonn,  complimenta  Dornbusch  sur  ses 
recherches  et  le  mit  en  relation  avec  moi.  Je  suis  né  à 
Honnef,  au  milieu  des  Sept-Montagnes,  non  loin,  par 
con.séquent,  de  Siegburg,  lieu  natal  de  Dornbusch  ;  vicaires 
lous  deux,  nous  étions  en  outre  confrères  par  nos  fonctions 
saferdotales.  Il  n'en  fallnil  pas  davantage  pour  m'assorier  de 


o/.) 


loul  cœur  à  ses  irclicrclics,  quo  j'eusse;  voulu  par  lous  les 
moyens  pouvoir  favoriser. 

Je  ne  me  doutais  i)as  (ju(;  l'oecasioii  m'en  serait  dounée 
à  Raeren  mcMiie. 

A  la  suite  de  la  réunion  de  Duren,  en  1875,  Dornbuseli 
(k'rivit  à  M.  le  doyen  Siinn  une  lettre  dans  laquelle  il  lui 
soumit  diverses  obsiTvalions,  avec  un  (piestionnaire  relalil" 
à  certains  vases  de  grès  dont  il  avait  trouvé  (\os  e.xemphiires 
ou  des  débris  dans  les  iiiusé(;s  ou  dans  les  colh^clions  parti- 
culières. Il  donnait  des  renseignements  sur  la  couleur  de 
l'émail,  la  forme  des  cruches,  les  inscriptions,  etc.  M.  le  doyen 
et  M.  le  [)■'  Pesch,  citoyen  et  maire  de  Raeren,  me  chargèrent 
de  rechercher  des  renseignements  auprès  des  descendants 
d'anciens  |)otiers  de  Raeren  désignés  comnu;  tels  par  îa 
tratlilion  de  la  localité,  les  Mennicken,  les  Emons,  etc.,  dont 
les  noms  iigurent,  précisément  sur  les  vases  en  cpiesiion. 

Mais  les  commencements  sont  difficiles,  co;nme  dit  le 
|)roverbe;  tous  les  objets  de  ce  gcsnre,  si  nombreux  partout 
ailleurs  (juà  Raeren,  manquaient  complèlemenl  à  Raeren 

même;  les  documents  écrits  faisaient  défaut Cependant 

le  D'  Pesch,  en  m'adressant  notamment  aux  Memiickeii 
d'aujourd'hui,  m'avait  mis  sur  la  bonne  voi(!;  ces  i\lennicken 
appartiennent  à  la  plus  importante  des  anciermes  familles  de 
nos  potiers;  leurs  ancêtres  exei'çaicnl  à  la  fois  l'art  du 
cnilcutakerim  auteur  des  dessins  et  des  moules,  et  l'industiie 
du  polenùeiker  ou  céramiste.  On  trouve,  en  effet,  parmi  les 
membres  de  celte  fannlle,  à  différentes  époques  :  Ualdem 
Mrnnicken,  Mcrlni  Mennicken,  Jan  lialdems  et  le  Jan 
Mennkki'U  (jue  M.  Schuermans  cite  en  1779  et  qui  est 
évidemment  encore  un  de  nos  conqiatrioles. 


—  .'74  — 

Doux  (!o  vos  vnsos  du  Miis<;o  de  Bruxelles  (i\  ;i  vu  jiiu:er 
|);ii-  le  calalotrue,  sont  des  vases  fahi'iqués  jiar  celle  raiiii!|(> 
de  potiers.  Ce  sont  vos  numéros  : 

J.     1i,     MESTKn    .    BALDEM     .     MF.NMCKKN    .    POTE.NP.F.CKKIÎ     . 
WONKNDF.   .    ZO   .    DKN    .    FiORRN    .    I.N    LF.IDEIS    GFDOLT   .    i:i77 
.1.     Iti!,     lAN    .    BALDEIVS    (lire  lAN   RALDEMS; 

Si  VOUS  nie  permetlez,  Monsieur  le  I^résideiil,  de  revenir 
sur  ce  point  par  des  lettres  ultérieures,  je  vous  ferai  connaître 
tous  les  nofiis  ou  les  initiales  de  nosariisies  poliers,  révélés 
lanl  par  les  débris  de  vases  trouvés  à  Uaeren  (pie  par  mes 
recherches  dans  les  arcliives  :  M.  Scliueriiians,  h  (pii  j'en 
avais  écrit,  vous  a  déjà  fait  connaili-e  ma  découveitr-  à 
propos  iV/ùiyet  Kran. 

I.es  archives  dans  lesquelles  j'ai  trouvé  ces  renseignements 
sont  d'ahord  celles  de  la  famille  McMinicken  d'aujourd'hui, 
hupiellea  conservé  noiammeni  leditjlômcd'un  octroi  accoi'th; 
aux  poliers  de  Raeren  et  de  NifMidorp ,  Tilvelt  et  Mei'ols 
(dépendances  de  Haeren),  par  l'impéi'alrice  .Marie-Théièse  ; 
ce  diplôme  est  d'une  éci'iiui-e  flamande  très  élégante,  et,  un 
grand  scel  y  est  appendu  :  copie  en  existe  aux  arciu'vcs  du 
royaume  à  Hruxelies;  le  D'  Dornbusch  en  a  parlé  à  sa  p.  90, 
d'après  les  renseignements  (pi(>  je  lui  ai  fournis. 

Ce  sont  ensuite  l(>s  archives  (h;  l'église  primaire  de  Raeren, 
(pii  conliennenl  diverses  fondations  remonlaiil  au  xv!*"  siècle 


(i)  l-c  Musée  (le  l;i  Pork;  ûo  Mal  (Oiiticiit  Iumiu'imiii  (raiilres  vasi\s  que  \c 
ircoiiiiais  (  umiiie  fahriqiiés  k  Raeren;  il  en  possède  aussi  (ie  Siejjt)urjj,  de 
Freehcii,  de  Cifusseii  tl  du  pays  de  Nassau  :  mais  je  devrais  les  vdir  de  près 
p«i  r  les  deleimintr  avec  précision,  coninie  j'ai  pu  le  (aire  à  Lié;;e  pour  le 
Mnsi^e  ar<l.éi)l(i,i.'i(|ue,  avec  uion  ami  Hetjens  el  l'assistance  de  M.M.  .Iules  Fié.-a  l 
(I  Srliucrni.iiis. 


->/.) 


e(  ;iu  (lcl;i,  el  où  j'ai  reiroiivû  plusieurs  uoiiis  inscrits  sur 
les  poîerios  de  grès  tie  noli-e  localilé. 

Ce  sont,  cn(in,  les  renseignements  sur  la  gilcle  des  potiers 
que  le  Ministère  de  Berlin,  à  qui  je  les  avais  demandés,  m'a 
procurés  de  la  part  de  M.  Gaciiard,  le  savant  archiviste  de 
la  Belgique,  à  qui  je  témoigne  ici  ma  reconnaissance  bien 
empressée.  Le  Ministère  de  Berlin,  avant  de  déférer  à  ma 
demande,  m'avait  posé  trente  questions,  auxquelles  j'avais 
répondu  d'une  manière  qui  avait  sans  doute  paru  satisfai- 
sante à  l'autorité  et  avait  engagé  celle-ci  à  donner  suite  à  ma 
requête. 

La  mort  de  Dornhuscli,  hélas!  décédé  à  Aix-la-Chapelle 
en  187o,  est  venue  interrompre  ses  remarcpiables  travaux; 
mais  la  dernière  lettre  de  la  correspondance  très  suivie  que 
j'entretins  avec  lui,  et  qu'il  m'adressa  peu  de  temps  avant 
sa  mort,  contenait  ces  mots  :  «  Mon  cher  ami,  il  te  faudra, 
»  pour  réussir  dans  tes  études,  faire  tes  recherches  sur 
»  terre,  dans  toutes  les  m.aisons,  depuis  le  grenier  jusqu'à 
«  la  cave,  dans  tous  les  coins,  dans  toutes  les  armoires; 
»  sous  terre,  partout  où  il  y  a  des  décombres  à  remuer. 
»  Car  qui  cherche  trouvera.  »  C'était  aussi  l'avis  d'autres 
archéologues  qui  m'encouragèrent  dans  mes  recherches  à  la 
réunion  de  noti'e  Société  qui  eut  lieu  à  Aix-la-Chapelle  il  y  a 
quelques  années. 

Le  professeur  D""  Floss  et  M.  D'  Reichensperger,  conseiller 
à  la  Cour  d'appel,  me  recommandèrent  de  leur  côté  de 
conserver  toutes  les  cruches,  soit  intactes,  soit  faussées  par 
des  coups  de  feu  et  rebutées,  soit  brisées,  tous  les  tessons, 
tous  les  moules,  à  l'effet  de  préparer  une  exposition  de  ces 
produits  à  Raeren  même,  lieu  d'oriaine  de  cette  industrie 


—  57G  — 

dont  011  l'clroiive  les  traces  non  sculcaieiit  en  Allemagne, 
mais  même  dans  toute  rEuroi)e.  Le  but  de  celle  exposition 
aurait  été  de  faire  une  exliibition  générale  de  tous  les 
labricats  précieux  de  l'industrie  locale,  de  Taire  revivre  le 
passé  et  d'exciter  par  là  le  zèle  ultérieur  des  potiers  de 
Raeren,  en  faisant  renaître  une  ancienne  industrie  qui  a 
conservé  |)our  la  postérité  le  nom  de  leurs  ancêtres.  Mais  ce 
pieux  désir  pourra-t-il  jamais  se  réaliser?  Les  fours  sont 
éteints;  pis  encore,  ils  sont  démolis  partout;  le  grès  n'est 
plus  en  faveur  chez  nous,  où  tout  le  monde  fait  usage  du 
verre  et  de  la  porcelaine 

Un  instant  je  me  trouvai  découragé  par  l'insuccès  de  mes 
premiers  efforts,  et  mes  études  dans  une  partie  de  l'archéo- 
logie qui  me  paraissait  présenter  plus  de  ressources,  allaient 
prendre  un  autre  cours,  quand  je  m'avisai,  en  désespoir  de 
cause,  d'aflicher  une  exhortation  à  nos  paroissiens  à  l'efTet 
d'opérer  des  fouilles  et  recherches  dans  les  dépôts  de  décom- 
bres {>S"jAer//g?z^rttieAi)  qui  entourent  les  anciens  emplacements 
de  fours  à  poteries,  à  l'effet  de  préparer  l'exposition  iiroposée. 

Eh  bien!  ou  se  mit  au  travail  dans  ces  dépôts,  dans  les 
jardins,  etc.  ;  l'automne  et  l'hiver  de  1875  se  signalèrent  par 
un  temps  constamment  beau,  qui  favorisa  les  recherches. 
Sous  ma  direction  furent  effectuées  de  nombreuses  exhu- 
mations de  débris  et  même  de  vases  entiers  d'une  forme 
élégante  et  de  couleurs  diverses,  mais  où  le  biun  dominait, 
la  |)lupart  ornés  de  reliefs  très  intéressants  et  d'un  caractère 
artistique  très  distingué. 

Chaque  jour  appoi'tait  un  nouveau  contingent;  les  trou- 
vailles faites  encouragèi-eiit  les  fouillt'urs  et  en  ameiièivnt  de 
nouvelles. 


—  577  — 

Malheiireusemenf  le  succès  des  recherches  s'ébruita;  les 
amaleurs  d'antiquités,  les  marchands  accoururent  en  foule, 
et  payèrent  très  cher  les  objets  découverts.  Ainsi  s'évanouit 
complètement  le  projet  d'une  exposition  :  les  inventeurs  se 
laissèrent  tenter  par  l'argent  et,  sans  souci  du  souvenir  de 
leurs  aïeux,  ils  laissèrent  passer  dans  des  mains  étrangères 
les  débris  et  les  beaux  pots  de  grès  du  xvi*^  siècle;  juifs  et 
chrétiens  acquirent  nos  dépouilles,  et  nos  paysans  préférèrenl 
de  beaux  écus  sonnants  que  moi,  pauvre  vicaire,  je  ne 
pouvais  fournir  pour  retenir  chez  nous  ce  qui  n'aurait  pas 
été  découvert  sans  moi 

Le  diable  d'argent,  qui  n'est  pas  du  tout  boiteux,  acheva 
son. œuvre,  car,  comme  l'exprime  le  proverbe,  l'argent  gou- 
verne le  monde,  et  comme  l'a  dit  un  ministre  prussien  :  «  Wo 
das  Gold  in's  Spiel  kommt  hort  aile  Gemiithlichkeit  auf.  » 

II  ne  me  restait  qu'à  faire  bonne  mine  à  mauvais  jeu  ; 
mais  j'eus  la  main  assez  heureuse  pour  trouver  un  Mécène 
dans  la  personne  de  M.  Hetjens,  rentier  à  Aix-la-Chapelle. 
Cet  opulent  et  généreux  ami  n'a  épargné  ni  l'argent  ni  les 
peines;  dès  qu'il  lui  a  été  donné  d'intervenir,  il  a  acquis, 
à  tous  prix,  les  exemplaires  les  plus  significatifs,  pour  en 
enrichir  sa  magnifique  collection  d'antiquités,  déjà  si  remar- 
quable en  peintures  et  miniatures,  en  vases  de  grès  de  tout 
genre,  de  Siegburg,  Frechen,  Hôhr  et  Grenzhausen,  mais 
dont  les  plus  beaux  joyaux  sont  aujourd'hui  nos  grès  de 
Raeren  ;  il  en  possède  une  collection  supérieure  à  toute  autre, 
et  il  a  consenti  à  en  exhiber  un  certain  nombre  d'exemplaires 
à  la  grande  exposition  de  1880,  à  Bruxelles,  sur  les  instances 
de  M.  le  Président  Schuermans,  que  j'ai  fortement  appuyées 
auprès  de  lui. 


—  .178  — 

Depuis  I.SJ'i,  raiiloiiiiif  cl  riiivcr,  (|ikiii(1  le  Iciiips  le 
|Hi'iiK;tl;iiL  rurciil  eiuployc'S  en  l'oclirrclios  iioiii'suivics  iivoc 
un  succùs  presque  couslanl,  et  le  résultat  en  a  été  lcllen»ent 
hors  ligne  qu'il  a  dépassé  toutes  mes  espéranees  et  niénie 
tout  ce  que  mon  imagination  avait  pu  rêver. 

Si  je  manquais  des  moyens  péruni;iires  pour  retenir  les 
olijels  ipii  n'allaient  pas  dans  les  collections  de  M.  Hetjens, 
an  moins  élais-je  très  favorablement  placé  poui-  voir  Ions  les 
objets,  pour  les  manier,  les  étudier,  les  faire  dessiner,  .l'étais 
présent  partout,  et  j'ose  afiirmer  qu'aucun  objet  important 
ne  m'a  échappé,  de  sorte  que  j'ai  pu  acquérir  une  connais- 
sance aussi  complète  que  possible  de  notre  ancienne  industrie, 
en  ne  laissant  émigrer  |)Our  les  musées  de  l'étrangei'  au<'un 
vase  ou  débris  auquel  je  devais  me  résigner  à  dii'e  un  éternel 
adieu,  sans  le  graver  auparavant  dans  mon  souvenir  et  dans 
mes  noies. 

C'est  ainsi  (pie,  sans  posséder  moi-même  autre  chose  (pie 
(pic|(pies  (h'.'hris,  et  ne  voulant  ni  ne  pouvant  me  former 
pour  moi  une  collection,  j'en  suis  ariivé,  je  puis  U)  i]iiv  avec 
iine  légitime  satisfaction,  à  acquérir  un  ensemble  de  notions 
que  je  mets  volontiers  à  la  disposition  des  amateurs. 

A  l'aide  de  ces  notions,  je  crois  être  à  même  de  dêlerminer, 
dans  toutes  les  collections  de  Belgique,  de  Hollande,  d(\s 
boi-ds  du  Rliin,  etc.,  celles  {\qs  poteries  connues  sous  le  nom 
de  gnis  l'Iiénans  ou  tlamaiids  ipii  appartiennent  à  la  liiide 
des  potiers  de  Raeren ,  et  dans  mes  letti'cs  ultérieures, 
.Moii.^ieur  le  iM'êsideni,  je  vous  lei';ii  connadre  les  ))rivil("'g(\>^ 
accordés  par  les  .souverains  à  nos  potiers,  ainsi  (pie  :  1"  la 
dexiaplion  des  ci'uches ,  des  reliefs,  de  la  loiaiie,  de  la 
cduleur  des  |iots  de  grès  de  iKili'e  j'ahi'icaliiiii  ;  "2"  les  |)i'occdés 


—  5711  — 

lecliniijiio.s  employés  par  les  potiers  de  Raereii,  Xieiiclorp, 
Titvell  <;tMcrols;  5"  l'iiisloire  de  la  jiilde  des  poliers  de 
Haeren,  son  origine,  S(;s  st;Uu(s,  ses  séances,  les  jM'olocoles 
de  celles-ci;  enfin  la  décadence  de  celle  fabrique  autrelbis 
si  llorissanle,  et,  qui  sei'ait  peut-être  restée  oubliée  à  toujours 
sans  mes  recberches,  dues  à  l'beureuse  inilialivc  de  nion 
confrère  le  vicaire  D'  Dornbusdi,  ainsi  (pTaiix  (incouraue- 
n]ents  de  MM.  Sïmn,  mon  doyen.  D'  IN'scli,  niun  oKiirc,  (;l 
Ueljens,  mon  ami. 
J'ai  riionneur,  etc. 

Sr,  ini  iT/, 


N.  B.  La  propriéti'-  des  lelh-ps  du  vicaire  Sohmttz  est  formellpnionl 
réservée  et  la  reprodnciioii  en  est  interdite  :  le  dépôt  légal  t-ii  a 
élé  effeetué. 


GRÈS   LIÉGEOIS. 


LETTRE 

A  M.  LE  Président  du  Comité  dv Bulielin  des  CohDnissions 
royales  d'art  et  d'archéologie. 


Monsieur  le  Président, 

.Viù  lu  avec  inlén't  hi  notice  de  M.  Schncrmnns  sur  les 
grès  liégeois,  etc.,  et  je  le  remercie  d'avoir  bien  voulu  citer 
les  recherclies  que  j'ai  faites  à  sa  demande. 

Encouragé  par  cet  accueil  bienveillant,  j'ai  continué  ces 
recherches  et  je  suis  arrivé  à  conlirmer  complètement  les 
inductions  de  M.  le  Président  Schuermans  au  sujet  de 
Quellin  Pardicque  (i).  Cet  archéologue,  ne  trouvant  pas  de 
traces  d'une  poterie  en  grès  à  Liège,  s'est  demandé  s'il  ne 
s'agirait  pas  simplement  d'un  marchand  liégeois  de  pots  et 
de  verres,  qui  pour  ses  marchandises,  se  serait  approvisionné 


(<)  Cf's  noms  s'orthographient,  dans  les  pièces  annexées  ci-après,  respective- 
iihMil  :  (^iifiiii  Pardix,  Qiiiriiins  l>;ir(licqiie,  Quclin  Pardicque  et  même  Colliri 
l';irili(k,  en  une  autre  piècr  <lii  11  ilccenibic  1(i07,  i|ni  présente  moins  d'intérêt. 


—  581   — 

ailleurs  et  (jui  Iransporlail  son  commerce  de  ville  en  ville, 
puisqu'on  le  voit  établi  à  Liège,  puis  à  Aix  (i). 

Comme  M.  Schmit/,  de  Haeren,  aflirmc  (2)  que  les  dessins 
entourant  les  médaillons  de  Pardicque  rappellent  la  main 
du  cartemaker  Jan  Emens  de  cette  localité,  ce  sera  sans 
doute  audit  Raeren  que  Quellin  Pardicque  faisait  fabriquer 
les  vases  à  son  nom  :  cela  est  d'autant  plus  probable  que 
Quellin  Pardicque  était  le  contemporain  de  Raes  de  Waroux, 
autre  Liégeois,  qui,  lui  aussi,  recourait  aux  industriels- 
artistes  de  Raeren  pour  sa  vaisselle  de  table. 

Quoi  qu'il  en  soit,  voici  deux  documents  sur  ce  Quellin 
Pardicque;  il  y  est  entr'autres  appelé  marchand  de  verres 
et  de  pots,  ce  qui  explique  le  marchand  de  pot  de  voire 
signalé  par  M.  Schuermans.  On  y  voit  aussi  qu'il  était  le 
fournisseur  du  Prince-Évéque  (3)  et  qu'on  tardait  assez  bien 
à  le  payer. 

.l'ai  l'honneur,  etc., 

D.  VAN  de  Gasteele. 
Lièae,  M  décembre  \H7\). 


(1)  Voy.  Bull,  (les  Coinm.  roij.  d'art  cl  d'aroltcol.,  WIII,  p.  "liiô. 

(2)  //m/.,XVIII,i).  567. 

(r.)  Sous  la  date  du  II  lévrier  1015,  nous  trouvons  encore  une  ordonnance 
de  paiement  de  112  llor.  Bb,  délivrée  en  faveur  de  «  Wiilieinme  de  la  Cliaussie 
»  pour  trois  cedulles  (notes)  de  polz  et  verics  par  luy  livrez  depuis  le  traiziemo 
»  de  janvier  dernier  jusques  au  8  du  prosent  mois  »,  pour  le  service  de  la  cour 
de  S.  A.  —  (Chambre  des  iinances,  protocole  K,  ±2  —  Aux  archives  de  rÉtat, 
U  Liège). 


—   5cS2   — 

A.nm:xl.s. 

"i.'i  J.iiivicr  10(17. 

'Supplicqcc  p/'csenicc  /jcr  Guillteantc  délie  Cliaalcie  et 
Que)-in  Pardix  pour  ohlenir  en  recompense  de  1100 
florins  brahanl  linj  dcii  par  S.  A.  Serbie  (juelques 
.')(}  hoiinicj's  d'aisciiicnces  sur  la  M((\/-\(jiusal  île  Frcn- 
(■/(iuiOîd. 

Sci-enissi)ii(3  lM'iiicc|is 

.l'jXjioiJilur  pi'u  parle  (juiriiii  l'arclicuuc  iiicohi;  baiiui  V(,\slri 
(le  Sarlo,  .MarcliioiiaUis  Fran('Iiimuii[cn.sis,  (iiiod  qnondain 
Slcpliaims  l*ar(lic(Hio  el  (^allia)'ii)a  de  Saulcy,  conjiigcs  diiin 
vivereiil  Icgillinii,  o.\|»uiici)(is  jiakT  <.'l  inalcr.  mercalorcs 
vitrorwin,  crisUdlinonun  el  iiœrcis  jujulùds  ait  oclodeciui 
a  nuis  scijphos  cnslallinos ,  el  pocula  jdjidina  et  similis 
(fcneris  riienes  vendiderunl  Suœ  Cet"",  vcl  ejiis  dispen.sa- 
loi'ihiis,  j)ro'.il  eliain  iiiorluo  Stepliaiio,  Guilliolimis  délie 
CJiauIcic,  seciindiis  mai'ilus  Calliai'iiia',  ('.\|K)iK'iilis,  vili-iciis 
C()iisuo(udii)eiii  veiideiidi  Sii;c  Gel""  coiiliiiiiavil  <'l  adliuc 
(iuillielmus  continuai  de  prcscnli.  Quarum  niercium  noniiiie 
vendilarniii  el  credilaïuni,  (jiiilhel[nius:  el  Catliarina,  rcma- 
iieiileredilôressiiniMiai'uniexpi'essa l'uni  in  a|)ochisanni  locSO. 
i:>!)0.  I  ;;:)().  IC.o-i.  KIOÔ.  i(;01.  IliO:;.  ascendenlium  ad 
mille  cl  rciiluni  iloreiio^  l)i"il».,  oh  (piaiii  >uininani  hue 
UM|ii('  dihilaiii  cl  non  sojiilaiii  |)rodieli  cxponenles  non 
niodicnin  suslinenl  danniuni  el  intéresse?  suj)plicanles  oh 
hoc  hnniililer  ul   serenissiina  Sua  Gels,  eandcni  suniniani 


—  08:')  — 

|)L'i' Miu.s  (.ll^|M'lls;^l||^('^  pn^oKi  hiiumIcI  ;ic  pi'dN idcil.  Dccki- 
raiites  interiin  ({uod  in  t'.xliiiclioiiciu  iiiillo  d  cciiUmi  noirii. 
preUicloi'iiiiK  siiiil  conlculi  ;tccipcrc  ;i  Sua  (^(ds.  iti  (Miiplii- 
(ousiiii  son  rcdiUmi  |H'rpL'liiiii  Iriiiiiita  bonaria  coiiiiiiimilali.s 
qiKL'  viilgo  vocaiilur  .\ij.semenc€s  Marcliionalus  Franclii- 
niontciisis,  desiiïuaiula,  et  (erminaiula  per  commissarios 
(juos  Siiic  Cels.  conslilucro  visuiii  lïierit  locis  divcrsis,  cl 
separalis  diversisquc  bannis  cjnsdom  Marcliionalns  (juo 
l'aciliiis  res  expediri  possif,  idrpio  pro  Irigiida  iKMiarijs  (ri- 
ginla  sUiplieros  brab.  in  rccognilioiiciu  niensa;  Episcopab's 
annualim  persulvendo  :  qua  niodianlc  ct'ssionc  dicli  cxpo- 
licnles  acccpluin  l'ercut  dcbiUim,  icddi'ul  cliii'ograpba  cl  sic 
crunl  cxlinclio  omncs  apociitc. 


Ailt'slaliini  ilii  Ueccprew  de  Franchi ino)il  sur  hi  susdillr 
srpplicquc. 

A  Messieurs  de  la  Chambre  des  Coni|»les  de  S.  A. 

Mes  lionnorcil  S'%  suyvanl  !a  charge  que  vos  S"'""  m'onl 
donne,  je  suis  csic  faire  Visitation  sur  ung  heu  appcHc  :  le 
Plalle,  entre  Spau.x  cl  le  Sart,  scmblablemenl  au  lieu  de 
Salvaster,  contenant  les  deux  parties  environ  7  à  H  honniers, 
ny  j)archevan(  nulle  enipcschenicnt,  suyvanl  la  requesie  de 
Guilheaume  délie  Chaulde  avec  Qneiin  Pardicque,  deinorant 
à  Sart,  ont  oultredonné  à  Son  Alteze,  pour  avoir  iceulx  aisc- 
incnces  à  les  prendre  dedans  les  ti'ois  Bans,  à  celle  lin  ne 
donner  enipcschenicnt,   scavoir  à   Dan  de  Sail,  Jalhca  cl 


Spaiix,  vu  rocognoissaiil  la  Table  Episcopale  duii  vieulx 
pal'  pour  chacun  bonuier,  le  lout  à  la  meilheur  forme 
(jue  faire  ^c  poldrat ,  sans  donner  nulle  enipeschement  à 
personne.  Ce  faisant,  Voz  Seigneuries  feront  audit  suppliant 
œvres  méritoires  à  raison  de  la  grande  attente  qu'elle  at  heu 
(le  son  payement. 

(Accordé  par  apostille,  datée  du  ^^6  janvier  \ 607 ,  réservant 
à  la  mense  Episcopale  :  mines  et  charbons.) 

(Chambre  des  finances  —  protocole,  K  18,  —  aux  archives 
de  l'État,  à  Liège). 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RÉSUMÉ    DES    PROCÈS-VERBAUX. 


SÉANCES 
des  8, 13,  14,  21,  22  et  29  novembre;  des  6,  15,  19,  20  et  27  décembre  1879. 

PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  approuvé  : 

1"  Le  dessin  spécimen  de  deux  vitraux  à  placer,  par  ^,„  (.^gi'se  ^^^ 
M.  Vander  Poorten,  dans  les  fenêtres  du  chœur  de  l'église     ^'"*"''- 
de  Courcelles  (Hainaut)  ; 

2°  Les  cartons  de  trois  verrières  à  exécuter,  par  M.  Ca-      Égu.e 

(le  Nolre-l<amc, 

pronnier,  pour  l'église  de  Notre-Dame,  à  Namur.  Ces  projets    \^^'Z^: 
ont  droit  à  des  éloges,  au  double  point  de  vue  du  goût  et  du 
style  ; 

3"  Les  dessins  de  neuf  vitraux  à  placer  dans  les  fenêtres      Égusc 

'  (le  Winxelc. 

de  l'église  de  Winxele  (Brabant)  ;  '*'''"" 

4°  Le  projet  dressé  par  M.  Stallaert,  en  vue  de  la  déco-   Mu^ce  ,oyai 
ration  du  plafond  de  l'escalier  principal  du  Musée  royal  de 
peinture  et  de  sculpture,  à  Bruxelles. 


—  Ô8(>  — 
de'ci.aX/ô'i"     —  Des  délégués  ont  examiné,  dans  l'atelier  de  M.  le  sculo- 

Lions. 

tcur  Houré,  le  modèle  des  lions  qui  doivent  orner  le  perron 
du  palais  de  justice  de  Charleroi.  Ce  modèle  n'a  donné  lieu 
à  aucune  observation  et  rien  ne  s'oppose  conséquemment 
à  ce  que  M.  Bouré  soit  autorisé  à  commencer  son  modèle 
définitif. 

La  Commission  a  cru  devoir  appeler  l'attention  du  Gou- 
vernement sur  les  matériaux  à  employer  dans  l'exécution 
de  ces  œuvres  d'art,  qui,  d'après  le  contrat,  doivent  être 
sculptées  en  pierre  d'Euville.  Les  lions  devant  avoir  S^ôO  de 
hauteur,  il  sera  impossible  de  se  procurei-  des  pierres  suffi- 
samment grandes  pour  exécuter  les  lions  d'un  seul  bloc. 
En  )irésence  des  inconvénients  multii)les  que  présentent 
toujours  les  joints  dans  les  œuvres  sculpturales,  il  serait 
j)rérérable,  semble-t-il,  de  faire  couler  les  lions  en  fonte  de 
fer.  Cette  modification  occasionnerait  une  augmentation  de 
dépense  qui  serait  amplement  compensée  pur  la  durée  plus 
grande  des  œuvres  d'art. 

Monunieijl  royal  t         n  •      •  •    ■  i  ■         > 

deLacken.  —  La  Commissiou  a  ele  apjielee  a  exaniiUL'i-  les  es- 
quisses des  œuvres  sculpturales  destinées  au  monument 
en  voie  de  construction  à  Laeken,  à  la  mémoire  du  Roi 
Léopold  Y\ 

Les  esquisses  des  statues  des  neuf  provinces  ont  été  mo- 
difiées conformément  aux  indications  du  Collège  et  ont  été 
approuvées;  ces  statues  seront  exécutées  :  le  Drabant,  par 
J\L  Vanderslappeii  ;  Anvers,  par  M.  F.  Deckei's  ;  la  Flandre  oc- 
cuknlaley  par  M.  Pickery;  la  Flandre  orientale,  par  M.  De- 
vigne;  le  llainaul,  par  M.  lîruniii;  IJcge,  par  M.  Fassin; 
le  Limbourg,  par  ÎM.  Van  liasboui'g;  le  Luxembourg ,  |)ar 
M.  J)esenfans,  et  Namur,  \Mn-  M.  Vinçotle. 


Clieniiu 
d'j  la  croix. 


—  387  — 

La  slalue  (}iii  doit  couronner  la  flèche  de  ce  monumenl, 
(^t  qui  rc|)réscnlcra  le  Génie  de  la  Belgique  reconiiaissaute, 
sera  exécutée  par  M.  De  Groot.  Le  modèle  a  également  été 
approuvé.  L'attention  de  l'artiste  a  seulement  été  appelée 
sur  la  convenance  d'idéaliser  sa  figure,  dont  les  formes  gé- 
nérales pèchent  peut-être  par  l'exagération  des  accentuations 
anatomiques. 

On  a  aussi  examiné  la  question  de  savoir  s'il  y  avait  lieu 
de  couler  cette  statue  en  bronze  ou  de  l'exécuter  en  cuivre 
repoussé.  La  Commission  a  émis  l'avis  qu'au  double  point 
de  vue  de  la  solidité  et  de  la  perfection  du  travail  il  est 
préférable  de  couler  la  statue  en  bronze. 

—  Le  conseil  de  fabrique  de  l'église  de  Quenast  a  demandé      Église 

_  de  QiicnaH. 

l'autorisation  de  faire  l'acquisition  d'un  chemin  de  la  croix. 
La  dépense  des  quatorze  stations,  exécutées  à  Paris,  est 
évaluée  à  1,000  francs. 

La  Commission  doit  inférer  de  ce  chiffre  infime  que  ce 
chemin  de  croix  s'exécute,  ainsi  qu'il  arrive  trop  souvent 
pour  ce  genre  d'ouvrages,  par  des  procédés  plus  industriels 
qu'artistiques,  ou  bien  dans  des  conditions  d'économie  exa- 
gérée, aussi  peu  favorables  aux  progrès  des  artistes  qu'à 
l'embellissement  des  églises.  Elle  a  émis  l'avis,  en  consé- 
quence, qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'accorder  l'autorisation  sol- 
licitée. 

Il  importe,  en  effet,  de  réagir  contre  la  tendance  fâcheuse 
des  fabriques  de  placer  dans  leurs  églises  des  objets  sans 
goût  et  sans  caractère  religieux,  qui  ne  font  que  compro- 
mettre la  dignité  du  culte.  Il  conviendrait  d'ailleurs  que  des 
commandes  de  ce  genre  ne  fussent  pas  faites  à  l'étranger 
au  détriment  des  artistes  du  pays. 


—  388  — 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

d'Hoogsuacieu.  Lu  Commissioii  a  approuvé  le  projet  dressé  par  M.  l'ar- 
chitecte Taeymans  pour  la  restauration  de  l'hôtel  de  ville 
d'Hoogstraeten  (Anvers),  édifice  qui  offre  un  intérêt  réel 
au  double  j)oinl  de  vue  de  l'art  et  des  souvenirs  histo- 
riques. 

rue'dTabeuè'  —  H  cst  qucstiou  dc  démollr  la  porte  de  l'ancien  Jardin  des 
Arbalétriers,  rue  d'Isabelle,  à  Bruxelles.  L'administration 
communale  est  disposée  à  entrer  en  arrangement  avec  le 
propriétaire  pour  l'achat  de  cette  porte,  qui  serait  rétablie 
dans  la  cour  de  la  section  d'architecture  à  l'Académie  des 
Beaux-Arts,  où  se  trouve  déjà  une  partie  de  la  façade  laté- 
rale de  la  Maison  du  Roi.  Tout  en  reconnaissant  que  la 
construction  précitée  constitue  un  souvenir  intéressant  pour 
l'histoire  d'une  de  nos  célèbres  gildes,  la  Commission  ne 
pense  pas  cependant  qu'il  y  ait  lieu  de  l'offrir  en  modèle  à  nos 
élèves,  en  la  déposant  dans  une  dépendance  de  l'Académie 
des  Beaux-Arts.  Il  semble  plus  rationnel  de  maintenir  et  de 
restaurer  la  porte  à  la  place  qu'elle  occupe.  C'est  le  moyen 
de  lui  conserver  sa  signification  historique  qu'elle  perdrait 
par  un  déplacement. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

d*''''res'bvtÈres  ^'^  Commissiou  a  approuvé  les  projets  d'agrandissement 
el  d'appropriation  dos  presbytères  do  Grand-llalhi  et  do 
Cras-Avci'nas  (Liège). 


—  389 


ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

Ont  été  approuvés  : 

\°  Les  plans  relatifs  à  la  reconstruction  de  l'église  de    Egn^edo 

'-^  Cour-stir-Meure. 

Cour-sur-Heure  (Hainaut),  architecte  :  M.  Cador  ; 
2"  Le  projet  dressé  par  M.   l'architecte  De  Curie  pour  ,  Egii^'-dfi 

'        "  '  '  .Saint-Boniface, 

l'agrandissement  de  l'église  de  Saint- Boni  face,  à  LkcIIcs  ;  "  '"""*''• 

3"  Le  projet  d'agrandissement  de  l'église  de  Meerendré  ,  ,M>^e 

(Flandre  orientale),  architecte  :  M.  Van  Assche. 
4"  Le  plan  des  travaux  d'appropriation  à  exécuter  auxÉgiisedeLaeken. 

Abords. 

ahords  de  l'église  de  Notre-Dame,  à  Laeken,  architecte  : 
M.  DeCurte; 

8°  Le  projet  d'un  grillage  à  établir  autour  du  cimetière   ,,e  ^|'4'^,,g, 
et  de  l'égHse  de  Desschel  (Anvers),  architecte  :  M.  Taey- 
mans  ; 

6o  Le  plan  d'une  sacristie  à  construire  à  l'église  de  Frev-   .  f-s^'se 

^  cj  "^         dfi  Freyneut. 

neux,  commune  de  Dochamps  (Luxembourg)  ; 

7"  Le  plan  d'un  escalier  à  construire  à  l'extérieur   de  ,ie afciic^nc-e. 
l'église  de  Gochenée  (Namur)  ; 

8°  Les  dessins  de  divers  objets  d'ameublement  à  placer  Anmubiomonts. 
dans  les  églises  de  : 

Schilde  (Anvers),  portail  intérieur; 

Winxele  (Brabant),  maitre-autel  ; 

Notre-Dame,  à  Courtrai  (chapelle  des  comtes  de  Flandre), 
autel,  banc  de  communion  et  grille  de  clôture  ; 

Saint-Gilles,  à  Bruges  :  autel  principal  ; 

Notre-Dame  de  Pamele,  à  Audcnarde  .  maître-autel  ; 

Nevele  (Flandre  orientale)  :  confessionnal  ; 

Haeltert  (môme  province)  :  maitre-autel  ; 


—  590  — 

Cielle  (Luxembourg)  :  deux  autels  latéraux; 
Freyneux ,  commune  (\c  Dochamps  (même  province), 
bancs; 
Javingue-Sivry  (Namur),  deux  confessioimaux. 


lU'paraticin 

d(>  diverses 

églises. 


Comptes 

de  travaux 

de  reslauratioii 


Église 
de  Granimoiit. 


TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  : 

1"  Sur  les  travaux  de  réparations  à  exécuter  aux  églises 
de  Zelrud-Lumay,  Winxele  (Brabant),  Saint- Ursmer  à 
Binche,  Courcelles  (Ihiinaul),  Freyneux,  commune  de 
Dochamps  (Luxembourg),  Bossières,  Achène  (Namur); 

2"  Sur  les  comptes  des  travaux  exécutés  aux  églises  de  : 

Wavre  (Brabant),  1878; 

Saint-Hermès  à  Renaix  (Flandre  orientale),  1878  ; 

Alden-Eyck  (Limbourg),  1870  à  1878; 

Cortessem  (même  province). 

—  Le  devis  estimatif  de  la  deuxième  série  des  travaux  de 
restauration  de  l'église  de  Saint-Barthélémy,  à  GrammonI, 
s'élève  àfr.  49,017-84. 

L'adjudication  a  été  faite  pour  42,607  francs,  soit  avec 
un  rabais  de  6,520  francs,  La  Province  a  accordé  un  sub- 
side de  15,070  francs,  et  on  demande  une  somme  égale  à 
titre  de  part  contributive  de  l'État. 

Avant  de  statuer  sur  cette  demande,  M.  le  Ministre  de  la 
justice  a  désiré  savoir  si  tous  les  travaux  projetés  sont  réel- 
lement nécessaires  et  s'il  y  a  lieu,  eu  égard  à  l'importance 
de  l'édifice,  d'accorder  le  concours  pécuniaire  de  l'Etat. 

Des  délégués  de  la  Commission  se  .sont  rendus  à  Gram- 
mont,  le  20  novombre,  pour  jirocédcr  à  une  inspection  de 


—  391  — 

l'édilice.  Ils  ont  reconnu  la  nécessilc,  l'urgence  même,  d'une 
partie  des  ouvrages  projetés. 

Tels  sont  :  le  renouvellement  des  plinthes,  cordons, 
seuils  des  fenêtres,  corniches  et  couvertures  des  pignons. 

La  restauration  et  le  remplacement  partiel  des  encadre- 
ments des  fenêtres  des  bas-côtés,  transepts,  chœur  et  cha- 
pelles absidales,  la  restauration  des  chéneaux,  toitures,  etc., 
et,  enfin,  la  démolition  du  hangar  adossé  au  transept  nord 
et  la  construction  d'un  portail. 

Tous  ces  travaux  peuvent  être  regardés  comme  indispen- 
sables- 

Il  n'en  est  pas  de  même  des  suivants,  qui  peuvent,  sans 
inconvénient,  être  retranchés  du  devis  : 

1°  La  reconstruction  en  pierre  des  encadrements  en 
briques  des  six  fenêtres  de  la  haute-nef.  Ces  fenêtres  sont  en 
bon  élat  et  peuvent  être  parfaitement  maintenues; 

2°  L'ouverture  de  huit  fenêtres  dans  le  transept,  au-dessus 
des  toits  des  bas-côlés;  il  n'existe  aucune  trace  de  fenêtres 
à  cet  endroit  et  le  transept  est  suffisamment  éclairé  par  les 
deux  grandes  baies  des  pignons; 

3°  La  restauration  et  l'ouverture  do  la  fenêtre  supérieure 
du  fond  de  l'abside,  fenêtre  entièrement  masquée  par  le 
couronnement  du  maître-autel  ; 

4-''  Tous  les  ouvrages  proposés  pour  la  transformation 
intérieure  des  chapelles  de  Saint-Georges,  des  fonts  baptis- 
maux et  du  Calvaire; 

5°  Les  modifications  projetées  aux  façades  de  la  sacristie. 

Se  ralliant  aux  propositions  de  ses  délégués,  la  Commis- 
sion a  émis  l'avis  qu'on  doit  se  borner  à  faire  aux  chapelles 
de  Saint-Georges  et  des  fonts,  ainsi  qu'cà  la  sacristie,  les  seuls 


h  Anvors. 


—  392  — 

Iravaux  indispensables  pour  les  maintenir  en  bon  état  d'en- 
tretien et  qu'il  est  inutile  de  transformer  l'ordonnance  inté- 
rieure de  ces  annexes.  Ces  diverses  modifications  aux  projets 
de  l'architecte,  et  auxquelles  se  sont  ralliés  les  membres  du 
conseil  de  fabrique  et  les  délégués  de  la  commune  qui 
assistaient  à  l'inspection,  amèneront  une  réduction  d'environ 
17,000  francs  sur  le  montant  du  devis  estimatif. 
Chapelle        —  Lc  Gomilé  provincial  des  membres  correspondants 

de  Sainl-Nicnlas, 

d'Anvers  a  adressé  au  Collège  le  rapport  ci-après,  concernant 
une  chapelle  appartenant  à  l'administration  des  hospices 
civils  : 

«  La  chapelle  de  Saint-Nicolas,  Longue  rue  Neuve,  à  An- 
vers, attribuée  à  Herman  de  Wagemakere  le  vieux,  est  sans 
contredit  la  plus  belle  de  celles  que  possède  cette  ville.  Bâtie 
d'un  seul  jet  pour  la  grande  corporation  des  merciers,  par 
un  de  nos  plus  illustres  artistes ,  elle  présente  les  qualités 
dominantes  des  œuvres  des  grands  maîtres,  c'est-à-dire 
l'unité  d'échelle  et  l'unité  de  style. 

»  Aussi,  nous  avons  été  profondément  aflligés  d'apprendre 
que  l'administration  des  hospices,  dont  relève  cet  édifice, 
a  eu  la  malheureuse  idée  de  le  louer  pour  servir  de  magasin 
de  toile  cirée,  et,  de  plus,  d'y  laisser  intercaler  un  gîtage  avec 
plancher  servant  d'étage. 

»  Peut-on  comprendre  qu'à  une  époque  où  la  renaissance 
de  notre  art  national  est  devenu  le  but  constant  de  nos 
architectes,  on  laisse  mutiler  et  détruire  les  œuvres  du 
passé? 

»  Qu'on  ne  vienne  pas  nous  jeter  à  la  tète  l'épithète  d'ama- 
leurs  de  vieilleries  qui  se  laissent  entraîner  à  un  simple 
engouoinenl.  Nos  visées  sont  bien  plus  élevées.  Les  anciens 


—  393  — 

monuments  sont  la  seule  bibliothèque  de  l'architecte,  comme 
les  livres  forment  celle  des  savants;  ces  édifices  sont  donc 
à  l'architecte  ce  que  les  archives  sont  à  l'histoire;  c'est  un 
guide  sur;  c'est  là  que  se  forme  le  goût  de  l'architecte,  sa 
raison,  et  que  se  développe  son  esprit  d'analyse  et  d'obser- 
vation; aucune  bibliothèque,  fût-elle  la  plus  complète,  ne 
peut  valoir  pour  les  générations  l'étude  des  monuments 
existants. 

»  Effacez  la  tradition  et  vous  n'aurez  plus  d'art,  car  l'art  ne 
vit  que  de  tradition,  c'est  sa  seule  nourriture. 

»  Ce  que  nous  ne  comprenons  pas,  c'est  cette  anomalie, 
cette  distinction  qu'on  établit  entre  les  œuvres  picturales  et 
les  œuvres  architecturales.  L'on  achète  des  tableaux  de 
Quentin  Metsys  à  200,000  francs;  les  productions  de  l'ar- 
chitecture auraient-elles  moins  de  valeur? 

»  A  notre  sens,  l'art  est  un  :  dès  lors,  pourquoi  s'obstiner 
à  détruire  une  de  ses  expressions  quand  on  en  conserve 
d'autres  avec  tant  d'empressement,  cela  n'est  pas  logique. 

»  Le  génie  d'Appelmans  ou  de  Wagemakere  serait-il 
moindre  que  celui  de  leurs  contemporains  en  peinture?  Le 
prétendre  serait  absurde. 

»  Mais,  dira-t-on,  l'administration  a  besoin  de  ressources  ; 
en  serait-il  ainsi,  ce  n'est  encore  là  que  le  petit  côté  de  la 
question.  Aucun  esprit  sérieux  ne  saurait  admettre  cet  ar- 
gument, car  l'administration  des  hospices  pourrait  beaucoup 
mieux  augmenter  ses  ressources  tout  en  méritant  de  l'art. 

»  Si  la  chapelle  ne  peut  plus  être  livrée  au  culte,  qu'on  en 
fasse  un  musée,  qu'on  y  expose,  en  les  conservant,  les 
anciens  tableaux  que  possède  cette  administration  et  qui 
sont  actuellement  dérobés  aux  regards,  peut-être  relégués 


—  59/*  — 

dans  des  greniers.  Ces  tableaux  acquerraient  d'autant  plus 
de  valeur  qu'ils  se  trouveraient  ainsi  dans  leur  véritable 
cadre,  et  l'immeuble  gagnerait  infiniment  par  cette  destina- 
tion. Si  alors  la  ville  en  faisait  l'acquisition,  elle  se  trouverait 
posséder  un  'beau  musée,  et  l'administration  aurait  fait  une 
opération  lucrative. 

»  On  nous  assure  même  que  de  chaque  côté  de  l'autel  il 
existe,  sous  la  couche  de  badigeon,  do  remarquables  pein- 
tures murales.  » 

La  Commission  a  appuyé  près  de  M.  le  Ministre  de  la 
justice  la  proposition  d'établir  dans  la  chapelle  un  musée 
des  anciennes  œuvres  d'art  appartenant  à  l'administration 
des  hospices  et  qui  sont  reléguées  actuellement  dans  diffé- 
rents locaux  inaccessibles  au  public.  Cette  mesure  aurait  le 
double  avantage  de  faire  apprécier  des  richesses  artistiques, 
la  plupart  ignorées,  et  de  sauver  d'une  destruction  prochaine 
la  chapelle  de  Saint-Nicolas,  construction  remarquable  de 
l'époque  ogivale. 
Egi.so  —  Des  déléffués  se  sont  rendus  à  Nieuwenrode  pour 

de  Nieuwenrode.  o  i 

inspecter  l'église  paroissiale.  TIs  ont  constaté  que  le  curé,  sans 
en  avoir  référé  ni  à  la  commune,  ni  à  la  fabrique,  a  ouvert 
le  deuxième  porche  qui  existait  à  l'église,  en  établissant 
deux  nicades  dans  les  murs  latéraux  de  la  tour  et  en  dépla- 
çant la  grande  porte  d'entrée. 

On  doit  reconnaître  (|ue  ce  travail  augmente  l'espace  ré- 
servé aux  fidèles  et  constituerait,  s'il  avait  été  exécuté  d'après 
les  règles  de  l'art,  une  amélioration  au  point  de  vue  du 
service  religieux.  Mais  on  s'est  borné  à  percer  les  arcades 
dans  la  maçonnerie,  sans  appareiller  les  arcs  et  sans  tenir 
compte    de  l:i  pnriie  supéri(Mire    des    murs,    Il   en   résulle 


—  305  — 

qu'une  partie  de  la  conslruclion  est  acluellemcnl  en  porte 
à  faux  et  offre  par  cela  même  un  certain  danger.  La  Com- 
mission a  émis  l'avis  qu'il  importe  de  remédier  sans  retard 
à  celte  situation.  M.  l'architecte  Hanultea  soumis  un  projet, 
dont  l'exécution  parait  de  nature  à  faire  disparaître  tout 
danger  pour  la  stabilité  de  la  tour.  Il  consiste  dans  la 
construction  de  deux  arcades  en  briques  et  ciment  et  qui 
remplaceraient  les  deux  murs  qui  existaient  autrefois  ;  la 
porte  resterait  placée  à  l'entrée  de  l'église,  à  l'extrémité  du 
porche  saillant, 

—  M.  l'architecte  Van  Ysendyck,  charû;é  de  la  restauration      lîgiise 

■^  (Ift  Saint  Uprlin, 

de  l'église  de  Saint-Bertin  à  Poperinghe,  a  fait  jiarvenir  le  î>  Popenngi.e. 
rapport  ci-après  sur  les  travaux  exécutés  à  ce  monument 
pendant  l'année  1870  : 

«  Les  travaux  de  restauration   entrepris  aux  dernières 
travées  du  collatéral  nord  ont  été  poursuivis.  Les  pierres 
à  renouveler  et  à  rétablir  ont  été  préparées  pendant  l'hiver  ; 
il  ne  restait  plus  à  refaire  et  à  restaurer  que  les  deux  der- 
nières travées  à  l'extrémité  vers  la  façade  principale.  Les 
parements  unis,  tant  en  pierres  qu'en  briques,  ont  été  restau- 
rés. Dans  la  partie  supérieure  des  travées  notamment,  ils  ont 
été  reconstruits.  On  a  renouvelé  quelques  cordons.  Les  glacis 
et  les  moulures  des  contreforts  sont  refaits.  Les  archivoltes 
et  les  encadrements  des  fenêtres  sont  restaurés.  On  a  renou- 
velé les  corniches  supérieures  des  deux  travées.   La  gout- 
tière en  plomb  a  dû  être  remaniée.  Quelques  parties  de  la 
toiture  sont  refaites  afin  de  permettre  le  placement  des  deux 
dernières  travées  de  balustrade.  On  a  ensuite  démonté  et 
enlevé  tous  les  échafaudages.  Il  ne  reste  plus  pour  com- 
pléter la  face  du  collatéral  nord  (\nl\  démolir  devant  l'en- 


—  396  — 

(rée  latérale  le  porche  extérieur  établi,  pense-t-on,  il  y  a 
une  trentaine  d'années,  entre  les  deux  contreforts.  Cette 
annexe  est  un  hors-d'œuvre  qui  dépare  l'édifice. 

»  Les  divers  travaux  décrits  ci-dessus  ont  été  exécutés 
pour  la  somme  de  fr.  5,039-74.  La  main-d'œuvre  en  jour- 
nées y  est  comprise  pour  IV.  707-38. 

»  Aucun  ouvrage  imprévu  n'a  été  exécuté  pendant  cet 
exercice. 

»  Les  travaux  qui  restent  à  faire  pour  compléter  entiè- 
rement la  restauration  de  l'église  de  Saint-Bertin,  sont  le 
rétablissement  dans  son  état  primitif  du  porche  principal 
sous  la  tour  et  celui  des  quatre  faces  de  cette  tour,  ainsi  que 
le  rétablissement  de  la  flèche,  la  reconstruction  de  la  cha- 
pelle des  fonts  avec  salle  de  catéchisme  et  magasin;  la 
restauration  intérieure  de  l'église,  comprenant  la  transfor- 
mation de  l'entrée  sous  la  tour  et  d'une  partie  du  jubé 
actuel,  le  débadigeonnage  et  le  rétablissement  pour  tout  le 
vaisseau  de  l'église  du  lambris  en  bois  qui  la  recouvre  ;  d'in- 
téressants fragments  de  ce  lambris  sont  apparents  en  plu- 
sieurs endroits  sous  le  plafonnage  qui  y  est  actuellement 
appliqué.  » 

Le  Secrétaire  Général, 

.1.  Rousseau. 
Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  Président, 

Wellens. 


iPIGRAPHlE  ROMAINE  DE  LA  BELGIÛUE 


INSCRIPTIONS  RECUEILLIES  A  L'ÉTRANGER 


INSCRIPTIONS  MILITAIRES 

(Sîiite) 


Coh.  I  Tungrorum. 

NM21.  DlIS  DEABVSQVE  SE 

CVNDVM  INTERPRE 

TATIONEM  .  ORACV 

LI  CLARI  APOLLINIS 

COH.  î  .  TVNGROR(VM) 

—  Hoiisesteads  (i). 

(  Diis   deabusque ,    secundum   inlerpretationem    oraculi 
Clarû  ApoUinis,  cohors  1  Tungrorum.) 
Le  nom  de  Glarius  donné  à  Apollon,  est  relatif  au  célèbre 


(i)  Corpus  inscr.  latin.,  VII,  n°  653;  Monalsberichte  de  l'Acad.  de  Berlin, 
186G,  pp.  791-792. 


—  598  — 

oracle  (le  Glaros,  près  de  Colophon  en  Asie  Mineure,  —  rien 
du  génilif  iVoraculum  darum  (i). 

Ce  Tuniire  qui,  de  l'Angleterre  où  il  était  campé,  est  allé 
ou  pour  lequel  on  est  allé  consulter  aussi  loin  l'oracle  d'Apol- 
lon, avait  des  relations  avec  l'Orient,  qui  prouvent  déjà  à 
elles  seules  combien  l'on  aurait  tort  de  se  représenter  les 
Tungres  de  l'époque  l'omaine  comme  isolés  du  restant  de 
l'Empire. 

A  cet  égard,  nous  savuiis  déjà  (ju'un  dépôt  de  monnaies 
romaines  frappées  en  Egypte,  a  été  découvert  en  Belgique, 
en  pleine  Ilesbaye  (2);  cela  indique  que  les  Belges  servaient 
au  loin  datis  les  armées  romaines  cl  en  rapportaient  une 
quantité  de  traditions  et  d'objets  divers. 

On  a  trouvé  à  Theux,  près  de  Spa,  deux  autels  dédiés  à 
Mithra  ;  le  culte  de  cette  divinité  a  pu  être  importé  chez  nous 
de  la  même  manière;  c'est  sans  doute  encore  un  emprunt 
fait  aux  divinités  lointaines  i)ar  un  auxiliaire  belge,  rentre 
chez  lui  à  l'expiration  de  son  tem])s  de  service. 

On  connaît  la  croix  gammée,  ou  swastika,  d'une  inscrip- 
tion romaine  d'Angleterre,  signalée  à  propos  d'une  autre 
inscription  de  Theux  (5)  portant  le  même  signe  emprunté 
primitivement  à  l'Inde  :  on  en  a  encore  récemment  signalé 
d'autres  exemplaires  en  Angleterre,  en  des  localités  habitées 
par  des  Tungres  ou  voisines  des  résidences  de  ceux-ci  (4). 
Or,  comme  les  seules  inscriptions  païennes  connues  où  se 


(1)  CIr.  Tacite,  Aiiii.,  Il,  oi,  el  Bull,  de  la  Société  scienlif.  et  lill.  du 
Liinbouro  (Toiigres),  XII,  p.  6. 

(2)  llevue  beUjc  de  numismatique,  V  série,  p.  186. 
(s)  IMl.  Inst.  nrché(d.  liéf/.,  XII,  \).  285. 

(i)  Corpus  iuHcr.  Int.,  VII,  ii"s  |(i5l  d  1035.  Voy.  il>id.,  n"-  'r20  et  825. 


—  599  — 

nUrouve  le  swastika  (aussi  norniiiô  fi/lfol,  ou  letragamma) 
provicnncnl  d'AnglcIorro  cl  de  Theux,  il  n'est  pas  inlenlil 
de  clierclicr  encore  ici  un  rapprochement  et  de  supposer 
que  des  vétérans  belges,  congédiés  de  l'armée  romaine  de 
la  Brilannia,  sont  revenus  importer  en  Belgique,  et  notam- 
ment à  Theux,  le  culte  des  divinités  adorées  là-bas. 

Il  faut  bien  présenter  celle  explication,  piiiscpie  lliUjncr 
cherche  en  vain  à  se  rendre  compte  de  ce  lait,  étrange  j^our 
lui  (i). 

Une  autre  inscription  portant  la  mémo  formule  :  Diis 
deabusque  secundum  inlerpretalionem  Clarii  Apollmis,  a 
été  trouvée  à  Obravazzo  en  Dalmatie  (2)  :  serait-ce  par 
l'intermédiaire  d'un  membre  de  YAla  Frontonionu  Tungro- 
riim  qu'un  soldat  de  la  coh.  I  Tungrorum  aura  été  initié 
à  ces  choses  si  lointaines?  C'est  encore  un  moyen  d'expli- 
quer le  fait. 

On  verra  plus  loin  un  autre  rapprochement  fourni  |)ar  les 
noms  de  Leubasnus  et  Leubasna,  et  indiquant  dos  relations 
intimes  entre  les  Tungres  auxiliaires  et  les  Tungres  restés 
au  pays  natal. 

N"422.  I  0  M 

ET  NVMINIBVS  AVG 

COH  .  I  .  TVlNGROR^^' 

CVI  PRAEST  Q  IVLIVS 

.  .  .  .  l\S   0  PRAEF 


(i)  «  Wie  die  Tiiiigrcr  Cohorte  zu  ciiicii  Spriich  dièses  Weit  eiiU'cniteii 
Hciligtiiuu  kani,  ist  niciit  zu  crratiicn.  »  {Monatsbcrichte  der  kôniglicli  Akadcmie 
cler  Wisseiiscliaften  zu  Berlin,  18G6,  p.  7SI.) 

(i)  Corpus  inscr.  lai.,  IIl,  n»  2880. 


—  400  — 

—  Housesleads  (i). 

(Jovi  Optimo  3iaximo  et  numinibus  Augusûs  cohors  I 
Tungrorum,  cui  praeest  Quintus  Julius  Maximifs  praefec- 
tus.) 

L'inscription  n°  118  (2)  nous  fournit  le  nom  d'un  préfet 
de  cette  cohorte,  portant  le  même  prénom  et  le  même  nom  : 
il  se  peut  donc  que  ïi  de  la  terminaison  iiis  soit  le 
jambage  d'un  m  et  indique  le  même  préfet  Q.  Julius 
Maœimus. 

Hiibner,  malgré  certains  renseignements  recueillis  par 
lui,  doute  qu'il  y  ait  eu  à  cette  pierre  une  indication  que  la 
coll.  1  Tungrorum  ait  été  milliaria,  ou  une  dédicace 
V.  s.  L.  M.,  formule  que  ce  genre  de  monuments  épigra- 
phiques  ne  portent  pas  communément. 

A  propos  du  commandant  ou  préfet  de  cette  cohorte,  il 
est  utile  de  rappeler  une  observation  de  Borghesi  (3). 


(1)  HiiBNEK,  Corpus  itiscr.  lai.,  Vil,  ii"  659. 

(2)  Voy.  ci-dessus,  VIII,  p.  133. 

(3)  Ihill.  delV  InsHliUo  di  corresp.  archeoL,  XXX  (1838),  p.  26  :  a  Abbiaino 
le  numerose  iscrizione  britanniche  délie  coorti  1  et  II  Tungrorum  miliaria,  che 
tutte  obbedivano  a  prefelti ,  prova  évidente  délia  troppa  arditezza  usata  dal 
Grotefend,  il  quale  per  liberarsene,  si  a  rcfuggito  ad  una  nuova  ipotcse,  cssere, 
cioè,  questi  prclelti  stati  dcl  grado  de'  prefetti  alarj,  dcl  quai  grado  conferito  a 
comandanti  de  coorte  egli  aspetta  pcro  la  confcrma  de  scoperti  future.  A  me 
sembra  procedimento  piu  prudente  di  contentarnii  de  quanto  prima  avea  di  gia 
proposta,  che  cioe  i  tribuni  ausiliari,  i)er  grado  ugualea'  tribuni  logionarj,  erano, 
prescindendo,  deile  coorti  délie  guardie  pretorie  ed  urbane,  de  quelle  de'  vigili, 
e  de'  volontarj,  particoiarraenle  deputati  al  comando  di  coorti  prime.  Dali'  altro 
lato  le  coorti  miliarie,  erano  anch  'esse  specialmcnte  coorli  prime,  e  cosi  avviene 
che  lanti  tribuni  trovansi  preposti  a  coorte  railiarie,  senza  che  se  ne  possa  pérora 
dedurre  alcuna  régula  tissa  e  stabilita  ». 


—  MU  — 

N"  425.  DEC 

SILVA.XO 

COCIDIO 

QV  FLORIVS 

MATERNVS 

PRAEF  .  GOll 

I  TVNG 

V  S  L  M 

—  Trouvé  en  1854  ii  Houseslcads  (i). 

(Deo  Silvano  Cocidio  Quïnlus  Florins  Maternus  praefGC- 
tus  co/iortis  /  Tungvonim,  votum  solvit  /ubens  ?ncrito.) 

Déjà  le  dieu  Cocidius,  on  l'a  déjà  fait  remarquer,  apparaît 
dans  l'inscription  n"  101  (2),  comme  ayant  fait  i'ol)jel  du 
culte  de  la  cohors  I  Nervana,  commandée  par  un  préfet 
portant  aussi  le  surnom  de  Maternus. 

Le  préfet  Quintus  Florins  Malermis  a  déjà  été  signalé  par 
l'inscription  n"  117  (3). 

N°  424.  MATRIBVS 

GOH  .  r  .  TVNGR 
orYm 

—  Housesteads  (4). 
(Malribus  cohors  I  Tungrorum.) 

La  coll.  I  Tungrorum  est  déjà  connue  par  l'inscription 
n"  119,  consacrée  aux  Maires  Alateroiae  et  campeslrcs  (;;). 


(1)  Corpus  inscr.  latin.,  Vil,  n'  642. 

(•i)  Bull,  des  Cotnm.  roij.  d'art  et  d'archéol.,  VI [,  p.  117. 

(s)  Voy.  ci-dessus,  VII,  p.  134. 

(i)  Corpus  inscr.  latin.,  VII,  n"  653. 

(o)  Voy.  ci-dessus,  VIII,  p.  155. 


—  402  — 

La  dédicace  générale  Malribus  est  du  goût  d'un  grand 
nombre  de  celles  qu'on  trouve  en  Grande-Bretagne  :  les 
soldats  auxiliaires  de  différentes  nations  qui  s'y  Irouvaient 
réunis,  semblent  s'être  plu  à  trouver  des  formules  embrassant 
toutes  les  divinités  de  leurs  pays  respectifs. 

On  trouve  des  dédicaces,  ici  aux  Maires  transmarinae,  là 
aux  Maires  omnium  gentium;  plus  loin,  c'est  encore  un 
Tungre  qui  consacre  son  autel  à  tous  les  dieux  et  à  toutes 
les  déesses,  Diis  'deabusque  omnibus  (voyez  ci-après, 
n''  428),  etc. 

N°  425.  DM 

HVRMIO 
LEVBASNI 
MIL  COH  I 
TVNGROR 
BE  PRAEF 

GAPVRvS 

IIER  .  eC 

—  Housesteads  (i). 

(Diis  3/anibus;  Hunnio  Leubasni  filio,  «n'iiti  cohovùs  I 
Tungronim,  ieneficiario  praefecW,  Capurus  lieres  faciundum 
curavit). 

Housesteads  (Borcovicum)  correspond  à  la  huitième 
station  du  rempart  d'Hadrien. 

L'analogie  des  noms  llurinius  et  Capvrius engage  Hiibner 
il  y  lire  deux  fois  Galpurnius;  il  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  là 
un  motif  suffisant. 

(i)  Corpus  inscr.  latin.,  VII,  n"  691. 


—  4-03  — 

Quant  au  génitif  Leubasni,  Ilûbner  le  décompose  sans 
plus  de  raison  en  Lucii  fîlio,  Ubasni  (ce  dernier  surnom 
au  datif)  :  il  semble  qu'il  y  a  lieu  de  lire  simplement  au 
génitif  Leubasni  (s.  ent.  filio).  Leubasna,  féminin  de 
Leubasnus,  est  un  nom  connu  dans  l'épigraphie  belge;  il  a 
été  trouvé  à  Goycr,  village  situé  à  quatre  lieues  de  Tongres 
et  ayant  probablement  fait  partie  de  la  cité  des  Tungres. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  faire  remarquer  en  outre  que 
certain  commandant  d'une  turma  de  VAla  J  Tungrorum 
Frontoniana  (y.  n"  385  ci-après)  portait  le  nom  de  Loba- 
sinus,  qui  n'est  pas  sans  analogie  avec  celui  de  Leubasnus  et 
de  Leubasna;  enfin  les  contrées  rhénanes  nous  ont  encore 
donné  des  inscriptions  portant  le  nom  de  Louba  (i)  ou  de 
m  .  l  .  avbasn  .  .  .  (2),  qui  ne  peut  avoir  été  qu'un  Marcus 
Laubasnus,  à  moins  d'avoir  porté  deux  prénoms,  ce  qui  n'est 
pas  admissible  :  aucun  gentilicium  commençant  par  l  n'est 
assez  connu  pour  avoir  pu  èlre  indiqué  par  une  seule 
initiale. 

N°  426.      IMP  .  C(AE)S  .  T  .  (AE)L  .  A(NT)  . 
AVG  .  PIO  .  P  .  P  . 
COH  .  ï  .  TVNGRO 
RVM  .  FEGIT  .  00 

—  Gastlecary,  Ecosse  {statio  per  lineam  valli  secun- 


(0  Trouvé  aux  environs  de  Neuss ,  Brambach,  Corpus  inscr.  rhenanar., 
n°  275;  Musée  Guillox,  à  Rurciuonde,  (Franssek)  Catalogue  de  ce  Musée, 
p.  49,  n'Sai. 

(2)  Trouvé  à  Niniègue,  Brambacii,  Corpus  inscr.  rhénan.,  n°  83  :  m  .  l  . 
AVBASN  II  M  .  (an)  icio.  Le  nom  à'AnicUis  apparaît  de  son  côté  dans  rinscription 
n»  120  {Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'arcliéol.,  Vll,  p.  139). 


—  uu  — 

dal)  (i),  aujourd'hui  conservé  à  Glascow,  dans  lacoUcclion 
Hun  les. 

(/m;jeralori  Caesm  Tïio  Aelio  Anlomno  Àuguslo  pio 
p'dii'i  palriao,  coiiors  I  Tungrorum  milliaria  fcdt.) 

Le  chiffre  en  forme  de  8  couclié  qui  indique  la  qualité  de 
cohors  milliaria,  semble,  dit  Hubncr,  avoir  élé  ajouté  après 
coup;  d'où  cet  épigraphiste  tire  la  conclusion  que  l'on  aurait 
ici  les  dimensions  du  travail;  mais  il  es!  difficile,  sinon  im- 
possible, semble-t-il,  de  rapporter  à  une  mesure  romaine 
les  dimensions  du  monument,  qui  sont  5  pieds  6  pouces  en 
longueur,  1  pied  9  pouces  en  largeur. 

Coh.  II  Tungrorum. 

Tandis  (jue  les  auteurs  de  l'Archaeologia  (2)  signalaient 
naguère  une  inscription  de  la  coh  II  Tunrjrornui  comme 
uni([ue,  on  a  vu  plus  haut  (r.)  qu'elle  en  avait  fourni  ni  plus 
ni  moins  que  huit,  et,  parmi  celles-là,  deux  des  plus  remar- 
quables, (lu  pagus  Condrustis  et  du  pagus  Vellavus  (le 
Condroz  en  Belgique  et  le  Velluwe  (i),  en  Gucldre,  Hol- 
lande). 

Aujourd'hui  on  peut  signaler  de  nouveaux  monuments 
de  cette  cohorte,  dont  le  contingent  épigraphi(|uc  est  ainsi 
de  dix  inscriptions. 


(1)  Corpus  inscr.  latin.,  Vil,  n°  1099. 

(i)  XI,  p.  68. 

(3)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol..  Vil,  pp.  1  il  ii  132. 

(i)  Il  est  cependant  un  auteur  hollandais  qui  conteste  cette  attribution  : 
li""  Sloet,  Oorkondenboek  van  Gelre  eu  Ziilfen,  p.  10,  qui,  à  propos  {l'iui 
docuraeiit  de  l'an  79i,  oii  le  nom  de  Veliiwe  est  écrit  par  un  F,  et  avec  un  seul  l, 
croit  (|uc  le  pagus  Vellavus  était  plutôt  le  Velay  de  France;  ces  objections 
manquent  de  toute  pertinence. 


—   40;)    — 

N"  427.  DEAE 

MINERVAE 
•  COII.   II  TVN 

GRORVM 

MIL  .  EQ  .  G  .  L 

CVI  PRAEST  G  (SIL) 

AVSPEX   PRAEF 

—  BiiTcns  (i). 

(Deae  Minervae  coliovs  II  Tungroram  wr//liaria  e//ui(ala 
rivium /alinorum,  CMz  p/Y/ee.çf  Caius  5?7vius  Auspex  prae- 
/écliis,  votum  solvit  libens  merito.) 

La  localité  de  Birrens  (Blatum  Bulgium?),  près  de 
Middleby,  Ecosse,  a  fourni  à  elle  seule  six  des  inscriptions 
de  la  coh  II  Tungrorum,  dont  la  suivante  (2). 

On  a  vu  plus  haut  qu'une  inscription  de  la  coli  l  Nervana 
Cermanorum  y  avait  été  également  découverte,  et  on  a  lii-é 
du  fait  un  argument  en  faveur  de  la  nationalité  belge  de  ce 
dernier  corps. 

Le  préfet  G.  Silvius  Auspex,  qui  apparaît  dans  celte 
inscription,  est  dc\jà  connu  par  deux  inscriptions  ci-dessus 
signalées  (5). 


(0  Corpus  hiscr.  lai.,  VH,  n»  1071. 

(2)  Voy.  ci-dessus,  VH,  pp.  145  el  suiv.,  \Y>^  \'±Q  à  150. 

(ô)  BuU.  des  Comm.  roi/,  d'art  et  d'archéol,,  VII,  pp.  lio  tt  150. 


—  4-06  — 

NMSS.  DIB  .  DE 

AB.Q 
OM(NI)B 

FRV(ME)(NT)  . 
IVS  M(IL)(GO)H  II 

TVNG" 

—  Birrens  (i). 

(Dibufi  deabusque  omnibus  Frumenlius  miles  cohoriis  II 
Tungrornm,  votiim  solvit  libens  morito.) 

Cette  inscription  est  conservée  au  musée  d'Edimbourg  ; 
au-dessous  on  remarque  les  images  du  Soleil  et  de  la 
Lune  :  l'inscription  est  en  beaux  caractères,  sur  un  cippe 
de  36  pouces  de  haut  et  14  b/8  de  large. 

Cette  inscription,  rapprochée  de  celle  qui  a  été  reproduite 
plus  haut,  indique  que  les  Tungres  du  temps  passé  se  dis- 
tinguaient par  leur  zèle  à  s'assimiler  tous  les  dieux,  sans 
exception,  du  Panthéon  romain. 

NM^O.  PEDAT  .  .  . 

TVNCREC 

RVM    SENIO 

SVGCURAT 

TRIBV 

—  Laupersdorf,  entre  Bàleet  Soleure  (Suisse)  (2). 
(Pedatura  rwngrecanorum  seniorum,  succuranle  tribu- 
no  votum  solvit  lubens  merito.) 


(i)  Corpus  inacr.  lai.,  VII,  n"  1074. 

{■i)  Milllieiluiigen  der  anliquarischen   Gesellschafl  in  Zurich^  XV  (1865), 
p.  155;  Jalirbiicher  des  Vereins,  i'Xc.,m  Rheintaiule,  XLI,  p.  loô. 


—  407  — 


La  forme  de  cette  incription  se  rapproche  beaucoup  d'une 
inscription  d'un  peuple  voisin  des  Tungres,  les  Trévires  : 

I'ED(AT)    TREVEROR  II  VM    .    P   .    LXXXXVI  I|  SUB  .  CVR    .    AGENTE 
GRES  II  CENTINO    RES  ||  BEGTO  7  jj  LEG    .    VIII    .    AVG  (l). 


Enfin,  il  y  a  lieu  peut-être  d'attribuer  à  une  cohorte  des 
Tungres  l'inscription  suivante  : 

NMSO.  GOH  T 

trouvée  à  Lanchester  (Durham)  (2). 

On  peut  cependant  hésiter  entre  coh.  Thracum  et  coh. 
Tungrorum,  car  il  a  existé  des  auxiliaires  Thraces  en  An- 
gleterre, comme  on  peut  le  voir  dans  le  diplôme  militaire  de 
Trajan,  de  l'an  104  (3).  Cependant  I'h  n'eût  guère  été  omis 
pour  les  Thraces;  on  ne  peut  lire  en  tout  cas  coh.  Thebaeo- 
rum,  parce  que  ce  corps  n'a  jamais  été  campé  en  Angle- 
terre. 

Le  chiffre  ordinal  de  la  cohorte  manque;  mais  celle-ci 
était  peut-être  suffisamment  indiquée  par  d'autres  circon- 
stances. 


(1)  Aiinalen  des  Vereins  fur  Nassauische  AUerlhumskimde  und  Geschicht- 
forschiinrj,  VI  (1839),  pp.  54  el  33i;  iNeuhok,  Nacliricht  von  den  Alterthimern 
in  der  Gegend  aiifdem  Gebiinje  Homburg  vor  der  Hohe,  p.  51. 

(2)  Camden  (édit.  Gibson),  II,  p.  93,  d'après  les  Philosophical  Transactions, 
n"  266,  où  il  n'est  pas  dit  que  cette  inscription  appartienne  k  une  tuile,  mais  où 
on  semble  indiquer,  au  contraire,  que  l'inscription  dépend  d'un  monument 
lapidaire  de  la  coh.  I  Lingonv.m. 

Le  Corpus  inscr.  latin.,  VII,  n"  452,  reproduit  ce  monument,  mais  sans 
l'accessoire  coh  t,  qui  ne  figure  pus  non  plus  aux  autres  endroits  du  recueil. 
(5)  Corpus  inscr.  latin.,  IV,  p.  864,  n"  xxi. 


408 


CONCLUSION. 


Il  existe  encore  beaucoup  de  lacunes  dans  ce  travail,  sur 
les  inscriptions  mililairos  concernant  la  Belgique  et  recueil- 
lies à  rélrangor. 

Plusieurs  corps  dont  l'existence  est  certaine  n'ont  pas 
laissé  de  traces  dans  les  localités  où  ils  ont  campé  ;  nous  ne 
possédons  rien  sur  : 

1°  Les  coll.  IV  cl  V  des  Nerviens,  les  Laeti  Nervii  de 
Faniars  (i),  les  milites  Nervii  d'Aepatiacum,  la  légion  pala- 
tine nervienne,  placée  en  Orient,  sous  les  ordres  du  magisler 
militum  praesentalis,  les  Nervii  dictenses  de  Bretagne; 

"2°  Les  Menapii  de  Rheinzabern,  les  Menapii  seniores  de 
la  Gaule,  un  autre  corps  de  Menapii  dans  la  Thrace; 

7)"  La  légion  palatine  des  Tungrecani,  dont  l'existence 
est  constatée  en  Gaule  (a),  deux  corps  d'auxilla  palatina  de 
Tungri  et  de  sagittarii  Tiingri  en  Illyrie,  les  Tungrecani  en 
Bretagne  ; 

4"  Une  cohorte  de  Turnacenses  en  Bretagne,  une  légion 
comilatensis  de  Geniiniacenses,  une  autre  de  Gortoria- 
censes. 

En  outre,  plusieurs  corps  mentionnés  dans  les  diplômes 
militaires,  comme  ayant  séjourné  dans  telle  ou  telle  localité, 
n'y  ont  pas  laissé  de  traces  sur  les  monuments  lapidaires. 

Ce  sont  notamment  : 

La  coll.  I  Morinorum,  la  coh.  I  Menapiorum,  Wda  I  Tun- 
çjrorum  de  l'ai-mée  de  Bretagne. 


(i)  Voy.  sur  tons  ces  corps  la  Notitia  digmlaliim,  passiiii. 
(i)  Amm.  .Maiic.ri.i..,  XXVII,  1. 


—  409  — 

La co/j.  fNerviorum  de  l'armée  de  Bretagne  (ou  d'Afrique) 
et  la  coll.  Il  Nervia  de  l'armée  do  Pannonio; 

Etc.,  etc. 

Nul  doute  qu'à  Tég'ard  de  tous  ces  corps,  la  série  des 
inscriptions  belges  no  parvienne  un  joui'  à  se  compléter  : 
on  n'a  qu'à  comparer  au  travail  actuel,  celui  qu'on  a  publié, 
il  y  a  environ  25  ans,  pour  considérer  comme  légitinie  l'es- 
poir d'un  complément  plus  ample  encore;  on  avait  alors 
produit  ou  cité  par  relation,  on  y  comprenant  les  diplômes 
militaires,  moins  de  vingt  inscriptions  de  Bétasiens,  Ména- 
piens  et  Tungres;  le  nombre  on  est  aujourd'hui  sextuplé. 

L'auteur  du  travail  cité  (i)  nous  avait  déjà  fait  connaître 
certains  commandants  de  corps  auxiliaires  belges  : 

Coh.  I  Sunucorum  :  Auluntus  Claudianus, 

Coll.  I  et  //  Tungrorum  :  Aurelius  Opta  tus,  Quintus 
Verius  Superstes,  Q.  Julius  Maxinnis,  Publius  Aelius  Mo- 
deslus,  Quintus  Florius  Maternus, 

Ala  Frontoniana  Tungrorum  :  Fronto(?),  Lucius  Glau- 
dius  Prudens,  Lucius  Furius  Victor,  Popilius  Albinus. 

Nos  nouvelles  inscriptions  permettent  d'y  ajouter  les 
suivants  : 

Coh.  f  Bdgariim,  Gains  Sulpicius  Calvio; 

Coh.  l  Baelasiorum,  Titus  Attius  Tutor,  Ulpius  Titianus  ; 

Coh.  1  Morinorum,  Quintus  Servilius  Pacuvianus; 

Coh.  I  Nerviorum,  Publius  Aternius  Maternus,  Publius 
Tuscilius  Annianus,  Lucius  Fanius  Félix  ; 

Coh.  Il  Nerviorum,  Aelius  Gominis,  Flavius  Marcellus, 
Decimius  Caerellius  ; 

())  Du  coutirifjent,  etc.,  pp.  1S,  Ifi,  Ptc. 


—  410  — 

Coh.  fJJ  Nerviorum,  Juliiis  Caninius  ; 

Coh.  VI  Nerviorum,  Caius  Jiilius  Barbarus; 

Coh.  Il  Tungrorum,  Publius  Gainurius  Italicus,  Albiniiis 
Severus,...  Glaudianus,  Caius  Silvius  Auspex,  Afutianus 
Bassus  ; 

Ala  Frontoniana  Tungrorum,  Titus  Vettulenus  Nepos, 
Aelius  Celer,  Caius  Julius  Apigianus,  Caius  Julius  Atianus, 
Cocceius  Julius,  Lucius  Calpurnius  Honoratus,  Tilus 
Attius  Tutor; 

Numerus  Condrusiorurn  (?),  Marcus  Valerius  Fulvianus. 

Nous  connaissons,  en  outre,  sans  compter  les  simples 
soldats  : 

Coh.  I  Selgarum,  Quintus  Silvius  Speralus  (centurion), 
Turranius  Firmus  (vexillaire); 

Coll.  I  Tungrorum,  Hurmius  Leubasnus  (bénéficiaire); 

Ala  Frontoniana  Tungrorum,  Marcus  Vicarius,  Loba- 
sinus,  Ingenuas  (commandants  de  turma),  Lucilius  Se- 
cundus,  Aurclias  Decimianus,  Valerius  Valerianus,  Caius 
Valerius  Vitalis,  Valerius  Laetillus  (décurions).... tins  (porte- 
enseigne),  Aurelius  Themaes  {librarius) ,  Valerius  Satur- 
ninus,  Valerius  Nigrinus  (duplicaires),  Aurelius  Vitellianus 
(sesquiplaire). 

Mais  il  s'agit  d'examiner  si,  comme  le  pense  l'auteur  déjà 
cité  (i),  ces  commandants  étaient  étrangers,  et  si  la  con- 
duite des  troupes  auxiliaires  était  laissée  communément  à 
des  chefs  indigènes. 


(i)  bu  contingent,  pp.  5  et  16. 

M.  MoKE,  Histoire  de  la  Belgique,  2°  édit.,  p.  33,  dit  aussi  :  «  Les  cohortes 
tongroises  obéissaient  à  des  chefs  nationaux  qu'elles  choisissaient  elles-mêmes,  d 


—  411  — 

C'aurait  été,  en  vérité,  une  politique  bien  imprudente  : 
car  pour  deux  exemples  qu'on  en  connaît,  celui  du  Trévirc 
Classicus  (i)  et  du  Gaulois  Postumus,  Rome  n'eut  qu'à  se 
repentir  d'avoir  armé  elle-même  ces  deux  célèbres  insurgés. 
Et  ce  sont  là  des  exceptions,  car  le  second  de  ces  exemples 
est  attribué  au  hasard  (2),  et  l'une  des  causes  de  la  déca- 
dence de  l'empire  romain,  est  qu'à  la  tin  les  Barbares  étaient 
devenus  prédominants  et  occupaient  les  plus  hauts  grades 
dans  l'armée  romaine  (3). 

Or,  on  prend  précisément  l'un  de  ces  deux  cas  exception- 
nels, celui  de  Classicus,  pour  prouver  qu'il  en  aurait  été 
ainsi  dès  le  premier  siècle.... 

Il  est  vrai  qu'il  y  ajoute  l'exemple  de  deux  Nerviens, 
Senectius  et  Anectius,  tribuns  de  l'armée  de  Drusus  (4); 
mais  nulle  part  il  n'est  dit  que  ces  tribuns  fussent  à  la  tète 
de  cohortes  nerviennes. 

Quant  au  troisième  exemple  présenté  à  l'appui  de  la  même 
thèse,  celui  du  préfet  de  la  coll.  I  Sunucorum,  Auluntus 
Glaudianus,  il  n'est  dit  nulle  part  dans  le  diplôme  militaire 
où  ce  nom  est  cité,  que  ce  personnage  fût  Sunuque  de  nais- 
sance, et  son  nom,  loin  d'indiquer  une  origine  barbare, 
semble  devoir,  au  contraire,  être  rectifié  en  la  forme  par- 
faitement romaine   à\Aul{\is  J)wm(us)  Claudianus,  que  le 


U)  Tacit.,  Hist.,  IV,  55,  72;  cfr.  ibid.,  17. 

Id.,  IV,  i2,  cite  même  comme  un  exemple  extraordinaire  que  cliez  les  Bataves 
le  commandement  des  cohortes  était  laissé  k  des  nationaux  :  «  cohortes  quas 
vetere  iustituto  nobilissini  populorum  regebant.  » 

(2)  AuREL.  Victor,  XXXIII,  7  :  ^<  Postumus  qui  forte  barbaris  per  Gailiam 
praesidebat.  » 

(3)  MoKE,  Pi'c'cis  de  l'histoire  du  moyen  âge,  I,  i».  17. 
(i)  TiT.  Liv.,  Epit.,  cxxxix. 


—  412  — 

graveur  ou  les  copistes  de  l'inscription  auront  facilement 
altérée. 

Quoiqu'il  en  soit,  avertie  par  l'exemple  de  Classicus,  en 
l'an  70,  Rome  aurait  suivi  une  détestable  politique,  si  elle 
avait  continué  à  appliquer  le  système,  en  confiant  le  com- 
mandement des  corps  auxiliaires  à  des  naturels,  tout  disposés 
à  tourner  à  l'occasion  leurs  forces  contre  les  Romains. 

Enfin,  sans  même  recourir  aux  recueils  qui  abondent  en 
exemples  semblables  (i),  les  inscriptions  ci-dessus  nous 
montrent  que  les  fonctions  de  commandant  d'une  cohorte 
ou  d'une  ala,  sont  des  grades  de  l'armée  qui  servaient  d'éche- 
lons pour  arriver  aux  grades  supérieurs. 

Plusieurs  des  préfets  ci-dessus  nommés,  SulpiciusCalvio, 
T.  Attius  Tutor,  L.  Furius  Victor  (n"^  92,  100,  124,  12G, 
154,  430,  etc.),  occupèrent  plusieurs  grades  dans  la  liié- 
rarcliie;  l'un  d'eux,  T.  Altius  Tutor,  qui  fut  tribun  militaire 
de  la  légion  X  et  qui,  péir  conséquent,  était  citoyen  romain, 
commanda  successivement  la  coh.  I  Baetasiorum ,  Y  ala 
I.  Tungrorinn  et  ï Ala  î  Bataoonnn.  Ces  grades  étaient  donc 
des  degrés  inférieurs  de  la  hiérarchie  ;  on  passait  d'un  com- 
mandement de  cohorte  aux  fonctions  de  tribun  de  légion, 
à  un  commandement  iVala,  etc.  ;  car  il  est  reconnu  aujour- 
d'hui, depuis  les  savants  travaux  de  Borghesi,  que  l'ordre 
des  honneurs  suivi  dans  les  inscriptions  (ce  qu'on  appelle 
ciirsîts  hononun),  n'avait  rien  d'arbitraire,  mais  était  soumis 
il  des  règles  certaines  et  fixes. 


(t)  Voir,  par  exemple,  Jalirbiiclter,  etc.,  de  lionn,  XX,  p.  G9,  où  un  Aniestius 
occupa  les  postes  de  Iribiin  niilil;iire  dans  une  légion,  rt  de  préfet  des  coh.  I 
Ciireiiakonim  et  //  lUliiriciini,  etc. 


—  415  — 

PciU-èlro  cerlains  grades  infcriours  claiciU-ils  cux-inèmes 
confiés  à  des  citoyens  romains  :  ainsi  l'on  voit  dans  l'inscrip- 
tion n"  125  un  primipikis  de  la  coh.  Il  Tiaigrontm  passanl 
depuis  à  la  XX"  légion;  en  lout  cas,  c'est  [ont  au  plus  dans 
les  offices  inférieurs  ou  jiarmi  les  simples  soldats  des  corps 
auxiliaires  qu'il  faut  rechercher  l'élément  indigène  indiqué 
parla  dénomination  de  ces  corps,  et  encore  sous  la  réserve 
de  l'appoint  plus  ou  moins  considérahle  que  des  intrus  y 
ont  apporté  par  la  suite  des  temps. 

Il  est  reconnu,  en  effet  (i),  qu'il  n'y  a  pas  de  relation  ab- 
solue à  établir  entre  le  nom  des  corps  auxiliaires  et  la  natio- 
nalité de  ceux  qui  en  faisaient  partie  :  «  La  plupart  de  ces 
corps,  au  moment  de  leur  formation,  dit  l'auteur  déjà  cité, 
ne  comprenaient  que  des  soldats  appartenant  à  un  même 
peuple,  et  leur  nom  indiquait  leur  origine;  il  arrivait  ce- 
pendant que,  par  la  suite,  ils  se  complétassent  par  l'admission 
d'étrangers.  » 

Et  de  même  que  les  inscriptions  n"'  95,  07,  1)8,  113, 
nous  montrent  des  Belges  incorporés  dans  les  cohortes,  etc. , 
portant  des  noms  étrangers,  de  même  les  inscriptions 
n"'  H9,  126,  127,  128,  150,  139,  nous  montrent  des  habi- 
tants de  Beda,  de  la  Rhétie,  etc.,  incorporés  dans  les  cohortes 
d'auxiliaires  belges,  et  on  se  rappellera  ce  qui  a  été  dit  à 
propos  de  la  coh.  I  Nervana  Ge?'miuoi'»?//,  considérée  comme 
recrutée  tant  parmi  les  Germains  que  parmi  les  Nerviens. 

C'était  même  devenu  un  lait  qui  paraissait  aux  Romains 
devoir  être  rendu  saillant,  que  la  nationalité  commune  du 


(i)  Du  contingent,  pp.  4  et  12.  Voy.   aussi  Sgiiavks,  La  Belgique  et  les 
Pays-Bas,  II,  p.  28. 


—  414  — 

corps,  comme  dans  cette  inscription  d'un  Asturien,  signifer 
de  la  coh.  V  Asturum  (i). 

Mais  il  n'est  pas  possible  de  suivre  le  même  auteur  quand 
il  dit  également  (2)  :  «Du  temps  de  la  République,  la  con- 
dition de  citoyen  romain  était  indispensable  pour  devenir 
légionnaire.  Sous  l'Empire,  on  n'eut  plus  beaucoup  égard 
à  cette  qualité.  Souvent  par  respect,  sans  doute,  pour  les 
anciens  usages,  on  éleva  au  rang  de  citoyens  les  peregrini  ou 
provinciaux  incorporés  dans  les  légions  ;  mais  bientôt  on  ne 
leur  accorda  plus  le  droit  de  cité  que  comme  récompense, 
après  qu'ils  étaient  libérés  du  service.  On  ne  doit  avoir  aucun 
doute  que  la  Belgique  n'ait  fourni  sa  part  d'hommes  aux 
légions  romaines.  Néanmoins  l'histoire  garde  le  plus  profond 
silence  à  cet  égard,  et  c'est  à  peine  si  j'ai  pu  rencontrer 
une  inscription  relative  à  un  légionnaire  trévire,  dans  la 
XXXMégion.  » 

Les  recherches  avaient  évidemment  été  incomplètes,  car 
pour  ne  parler  que  des  simples  légionnaires,  nous  avons  le 
Belge  Julius  Vitalis,  ayant  servi  9  ans  dans  la  légion  XX 
Valeria  Victrix  (n°  95),  le  Gondrusien  Maximus,  de  la  même 
légion  (n"  370),  les  Nervicns  Marcus  Aelius  Gervinus,  dans 
la  légion  X  Pia  Fidelis  et  Marcus  Ulpius  Quintus,  dans 
la  légion  VI  Victrix  (n°*  387  et  588),  et  que  d'exemples 
ne  pourrait-on  pas  ajouter  si  l'on  avait  le  droit  d'invoquer, 
comme  on  le  soutient,  la  nationalité  barbare  des  comman- 
dants, dont  plusieurs  ont  occupé  des  grades  dans  les  légions, 
commeT.  AttiusTutor,  Sulpicius  Galvio,  etc.,  etc. 


(1)  DoROw,  Rom.  itnd  Germ.  Alterlli.  in  ivexlfulisclie  Prov.,  p.  54. 
(a)  Du  contingent,  p.  3. 


—  415  — 

On  comprend  qu'avec  de  pareils  éléments,  il  soit  fort  dif- 
ficile de  fixer  le  contingent  fourni  aux  armées  romaines,  par 
les  peuples  de  la  Belgique,  et  Schayes  a  fort  bien  mis  en 
relief,  à  ce  sujet  (i),  l'inconséquence  qu'il  y  a  à  attribuer  le 
personnel  entier  des  corps  auxiliaires  aux  nations  dont  ils 
portaient  le  nom. 

Mais  ce  qui  doit  tendre  à  diminuer  de  beaucoup  les  totaux 
tels  qu'on  les  a  présentés,  et  à  considérer  comme  tout  à  fait 
dénué  de  base  le  calcul  qui  porte  (en  y  comprenant  les 
Trévires)  les  Belges  auxiliaires  à  14,000  hommes  environ, 
c'est  la  circonstance  qu'on  a  admis  hypothétiquement  l'exis- 
tence de  certains  corps,  avec  l'indication  II  :  coh.  II  Bel- 
garum,  coh.  II  Menapiorum,  coh.  II  Baetasiorum,  coh.  II 
Sunucorum,  ala  II  Tungrorum. 

On  n'a  jamais  trouvé  la  moindre  trace  de  ces  IP'  co- 
hortes, etc.,  qui  n'ont  sans  doute  jamais  existé,  et  il  ne  suffit 
nullement,  comme  on  le  soutient  (2),  qu'il  y  ait  eu  une 
P  cohors  ou  ala,  pour  démontrer  qu'il  a  dû  y  en  avoir  une  IP, 
une  IIP  au  même  nom. 

Au  contraire,  on  comprend  aisément  que,  de  la  mention 
d'une  coll.  VI  Nerviorum,  on  conclue  av^ec  certitude  à 
l'existence  d'une  V%  d'une  IV%  quand  même  cette  existence 
ne  se  serait  pas  révélée  par  des  monuments  certains. 

Mais,  de  ce  que  les  mscriptions  nous  parlent  d'une  coh.  f, 
il  ne  faut  déduire  de  la  mention  de  ces  nombreuses  cohortes 
au  chiffre  I  qu'une  chose ,  à  savoir  que  ce  chiffre  peut 
indiquer  le  chiffre  aussi  bien  numéral  qu'ordinal,  et  signifier 


(1)  La  Belgique  et  les  Pays-Bas,  etc.,  p.  28. 

(2)  Du  contingent,  pp.  6,  10,  11. 


—  416  — 

unique  ou  première,  selon  <|u'il  n'existe  pas,  ou  qu'il  cxisle 
une  seconde,  une  troisième  cohorte,  etc. 

Enfin,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  il  laul  éliminer  du 
calcul  une  prétendue  cohors  Praetoria  composée  de  Tun- 
gres;  le  passage  des  auteurs  sur  l'assassinat  de  Pertinax  par 
un  des  Tungrcs  de  la  garde  prétorienne  (unus  e  Tungris), 
prouve  qu'il  y  a  plusieurs  Tungrcs  dans  la  garde  prétorienne, 
mais  n'indique  nullement  qu'il  y  en  ait  eu  une  cohorte  de  500. 

D'un  autre  côté,  de  nouvelles  découvertes  renforcent  tous 
les  jours  nos  connaissances  sur  la  participation  de  nos  an- 
cêtres à  la  composition  des  armées  romaines ,  où  nous 
voyons  des  détachements  nombreux  do  Gondrusiens,  de 
Sunuques  et  mémo  de  Toxandres... 

La  conséquence  de  tout  ceci,  sans  parler  de  beaucoup 
d'autres  points  de  détail,  c'est  qu'il  est  téméraire  de  vouloir 
aujourd'hui,  même  approximativement,  fixer  le  contingent 
fourni  |iar  les  peuples  de  la  Belgique  aux  armées  de  l'em- 
pire romain,  et  qu'il  faudrait,  en  tout  cas,  connaître  d'abord 
(ous  lesTungres,  etc.,  enrôlés  dans  des  corps  portant  d'autres 
noms;  il  y  aurait  peut-être  alors  une  ample  comj)ensalion  à 
opjioscr  aux  réductions  indiquées  plus  haut. 


INSCRIPTIONS  RELIGIEUSES. 

Les  nouvelles  inscriptions  militaires  (|ui  précèdeni,  ont 
dc^àfait  connailrc  plusieurs  divinités  adorées  par  les  soldais 
des  corps  auxiliaires  belges  à  l'étranger  (i). 

())  Voy.  une  première  liblc  sernl)lat)li',  Bul/  des  C()iiim.roii.it'ail  cl  tt'urchéoL, 
X,  pp.  3G  et  siiiv. 


—  417  — 
Ce  sont  : 

Jupiter  Optimus  Maxmus{n°^ '5^9,  360,  304,  572,394, 
422); 

Minerva  (ii°  427)  ; 

Apollo  (n'"  360,  382,  591,  424); 

Diana  (n°  560)  ; 

Mars  (n»^  559,  365,595); 

Mercurius  (n°  356)  ; 

Esculapius  et  Uigiea  (n"  415)  ; 

Nymphae  (n"  557)  ; 

Sol  (n°^  559,  560)  ; 

Victoria  (  n"'  559,  566,  567,  385,  586)  ; 

Fortuna  (n°  595),  Nemesis  (n°  559); 

Omnes  dix  patrienses  (n°'  559,  360); 

DU  Deae  omnes  (n"'  421 ,  428)  ; 

Numina  Augusta  (n"  422)  ; 

Deae  Matres  (n"  424)  ; 

Deus  Cocidius,  Deus  Silvanus  Cocidius  (ïf  380)  ; 

Genius  loci  (n°  590)  ; 

Epona  (n»  592) . 

Voici  encore  quelques  inscriptions  religieuses  qui  doivent 
ou  peuvent  être  attribuées  à  la  Belgique  : 

A.  —  BELGES   EN    GÉNÉRAL. 

N°451.  NYMPH 

EBELC  .  .   . 

FAB  .... 

V  .  S  .  L  .  M 


—  418  — 

—  Musée  de  Toulouse  (i). 

(Nymph?(e  /ie/^inae  Fabius  votum  solvit  /ubens  werilo). 

Celle  leclure,  forl  douleuse  à  plusieurs  égards,  n'esl  pas 
celle  qui  esl  proposée  pour  ce  monumenl;  maison  n'explique 
guère  mieux  rinscri])lion  en  y  lisanl  :  Nympfiia  Ebclo  Fabii 
filius,  elc. 

Belginae,  datif  de  Belrjina,  est  de  même  formation  que 
les  du  JServini  de  Bavay  (^i). 

Bien  que  forl  incomplète  et  fort  incertaine,  l'inscription 
a  été  admise,  au  moins  provisoirement,  dans  la  série  des 
inscriptions  belges. 

Les  caractères  de  l'inscription,  gravée  sur  marbre,  sont 
barbares,  et  la  2*  ligne,  ainsi  que  la  5%  est  incomplète  par 
suite  d'un  éclat  du  marbre. 

On  retrouvera  plus  loin  le  nom  de  BeUjina  parmi  les 
inscriptions  civiles.  C'est  d'ailleurs  un  nom  de  lieu. 

LA    DÉESSE    Al'.DUIlNiNA. 

Voici  une  inscription  déjà  décrite,  qui  a  été  tour  à  toui' 
admise  et  contestée,  mais  qui  doil  bien  définitivement  être 
adoptée  comme  authentique. 

N"  452  (5). 

ARDVIiNNE  .  GAMVLO  .  lOVI  .  MEBGVRIO  .  IIERCVLI 

M  .  QUARÏINIVS  .  M  .  F  .  CIVES  .  SABLWS  .  REMVS 
MILES  .  COII  .  VII  .  PR  .  ANTONINIANAE  .  P  .  V  .  VIS 


(ij  (Roschach),  Musée  de  Toulouse.  Catalogue  des  antiquiiés  cl  des  objets 
dart,  \S6i,  p.  71. 

(2)  Voy.  ci-dessus,  \,  p.  65. 

(3)  Klle  avait  été  insérée  ci-dessus,  X,  p,  46,  mais  sans  numéro,  a  raison  des 
graves  objections  qui  étaient  présentées  contre  cette  inscription. 


—  419  — 

—  Rome  (1). 

{Arduimme,  CannUo,  Jovi,  Mcrcuriu,  llercuU,  J/arciis 
Quarlinius  ^/arci  /ilius,  cives  Sabinus,  Remus  iialione, 
77iiles  co/iorles  Vil  /)/-acloriae  Anloiiiniana  Vho.  Vindicis 
l'ûliim  /ubens  5olvit.) 

Au  XV'  siècle  et  au  xvf ,  Sinotius,  Metellus,  Aide  Manuce, 
Ligorio,  de  Winghe,  Varondellus,  etc.  (2),  ont  leproduil 
celte  inscription  eu  ces  termes,  et  quelques-uns  d'entre  eux 
ont  même  dessiné  les  statues  qui  la  décoraient,  enlr'autres 
Diane  en  tunique  succincte,  avec  arc  et  carquois  et  la 
dédicace  Ardumne,  et  Mars  avec  haste  et  bouclier  et  la 
dédicace  Camulo. 

Puis  tout  à  coup  surviennent  Fabretti,  au  xvii'^  siècle,  et 
Kellerman,  au  xix%  qui  soutiennent  qu'eux  aussi,  ils  ont  vu 
le  monument,  et  ils  représentent  quasi  comme  une  halluci- 
nation le  témoignage  concordant  de  tant  d'archéologues  : 
au  lieu  d'Arduinna,  il  s'agit  d'un  Saturne  avec  le  nom 
Saturno  ;  au  lieu  de  Camulus,  c'est  Mars  avec  le  nom  Marti. 

Il  y  avait  d'autant  plus  lieu  d'accepter  comme  péremp- 
toire  l'affirmation  de  ces  derniers,  que  le  monument  existe 
encore  aujourd'hui  au  Musée  du  Vatican,  à  Rome,  et  que 
tout  le  monde  y  peut  voir  parfaitement,  et  Saturne  et  Mars, 
et  leurs  noms  à  la  place  prétenduement  occupée  par  ceux 
de  :  Ardvinne-Camvlo . 

Ne  fallait-il  pas  s'incliner  devant  une  pareille  constata- 
lion? 

L'auteur  du  présent  article  se  rendit  et  crut  même  pou- 


(i)  Corpus  insci\  latin  ,  VI,  n»  46. 

(2)  MS.  n''  17872  et  s.,  b  la  Dibl.  roy.  de  Bruxelles,  p.  21. 


—  420  — 

voir  critiquei'  comme  surannée  la  persistance  de  quelques 
retardataires  qui,  encore  aujourd'hui,  reproduisaient  une 
lecture  condamnée  depuis  deux  siècles. 

Il  le  faisait  avec  d'autant  plus  de  regret  que,  précisément 
au  moment  où  il  se  prononçait  catégoriquement  contre  l'as- 
sociation de  la  déesse  des  Ardennes  et  de  Mars  Camulus,  il 
signalait,  dans  les  caves  du  palais  de  justice  à  Arlon,  une 
inscription  inédite  de  Mars  Camulus  trouvée  dans  l'ancienne 
Ardenne. 

Aujourd'hui  tout  s'explique  et  tout  le  monde  a  raison  : 
personne  n'a  eu  la  berlue. 

Voici  comment  : 

A  la  suite,  sans  doute,  d'un  accident,  la  première  partie 
du  monument  fut  brisée,  ut  des  restaurateurs  audacieux 
substituèrent,  à  un  moment  donné,  un  fragment  nouveau  à 
la  partie  qui  avait  disparu. 

Henzen,  dans  le  Corpus  inscriptionum  latinarum,  déter- 
mine le  moment  précis  où  la  substitution  a  eu  lieu  :  c'est 
entre  la  fin  du  xv!*"  siècle  et  l'époque  où  le  cardinal  Barbe- 
rini  résolut  de  faire  compléter  le  travail  de  Donius  sur  les 
inscriptions  de  Rome.  Bouchard,  que  l'on  trouve  à  l'œuvre 
vers  1637,  a  laissé  des  notes  manuscrites,  où  on  lit  formel- 
lement ce  qui  suit,  en  parlant  des  noms  de  Saturne  et  de 
Mars.  «Duo  priora  nomina  recens  scripla  sunt...  ut  tota 
una  pars  lapidis  recens  restitula  est.  » 

Il  y  a  donc  lieu  évidemment  à  faire  amende  honorable 
à  la  déesse  Arduenna,  et  à  lui  restituer  le  monument  d'où 
son  nom  a  si  malencontreusement  disparu. 

Celle  pierre  avec  sa  qualification  de  Bemus  a  préoccupé 
les  auleurs  de  monographies  relatives  à  Reims.  M.  Lori- 


—  42^  — 

quel  (i)  allègue  le  témoignago  de  Henzen  (2)  et  de  Léon 
Renier,  d'après  lesquels  Remus  serait  un  simple  surnom. 

M.  Loriquet  proposa  aussi  de  lire  les  sigles  p.  v.  de  la 
finale,  non  ?raetoria\rbis,  avecFabretti,  ni  ptae  yindicis,  mais 
pro  ut  \overat;  c'est  une  erreur  manifeste  :  la  coh.  VII  prae- 
toria  Antoniniana,  comme  les  XJI  cohortes  praetoriae,  ou  au 
moins  comme  les  dix  premières  d'entre  elles,  portait  for- 
mellement ces  qualifications  de  Pia  Vindex  (0). 

Antoniniana  Pia  Vindex  sont,  du  reste,  des  surnoms  de 
plusieurs  cohortes  prétoriennes  du  temps  de  l'empereur 
Caracalla  (4). 

N-'^SS.  DIS  .  MANIBVS 

Q  .  GAESIVS  .  Q  .  F  .  CLAVD 

ATILIANVS  .  SACERDOS 

DEANAE  .  ARDVINNAE 

FECIT  .  SIBI  .  ET  .  SVIS  .  HERED 

IN  FR  .  P  .  XII  .  IN  .  AGR  .  P   .    XV 

IlII  .  iD  .  OGT 

IMP   .  CAES   .   FLAVIO   DOMITIANO   VIII 

ET  G  .  VALERIO  MESSALINO  CoS 

—  Environs  de  Rome  (5). 


(i)  Reims  pendanl  la  domination  romaine,  d'après  les  inscriptions,  1860, 
11.  13. 

(2)  Celui-ci  parait  avoir  changé  d'avis,  car  il  va  jusqu'à  rapporter  le  mot  cives 
(le  l'inscription  au  mot  remus,  malgré  le  mot  sabinus  qui  les  sépare.  Voy. 
Corpus  inscr.  latin.,  l.  cit. 

(3)  Corpus  inscr.  latin.,  VI,  n"'  242-i,  24S6,  2528,  2S33,  2626,  2678,  269i, 
2752,  2798. 

(i)  /krf.,n'»2801,  2816,  etc. 

(3)  Voy.  ci-dessus,  X,  p.  47,  et  XI,  p.  73. 

La  lecture  de  cette  inscription  a  déjà  été  pi'ésentée. 


—  422  — 

Dès  quo,  rinscription  précédente  est  admise,  il  n'y  a  plus 
autant  de  raison  de  se  montrer  sévère  à  l'égard  de  celle-ci  : 
si  la  déesse  Arduinna  a  réellement  eu  un  autel  en  Italie, 
il  n'est  plus  aussi  extraordinaire  d'y  trouver  la  pierre  sépul- 
crale d'un  dos  prèlres  de  cette  divinité. 

Au  surplus,  toutes  les  inscriptions  révélées  par  Pirro 
Ligorio  —  dont  celle-ci  —  ne  sont  pas  fausses  ;  elles  ne  sont 
que  suspectes,  et  il  y  a  lieu  seulement  de  les  contrôler. 

D'autres  inscriptions  ont  été  récemment  attribuées  à  la 
même  divinité  : 

N"  454.  ARTIONI 

BIBER 

—  Niederburg,  près  de  Trêves  (i). 

{Arloini  Biber  .   .  .  ) 

Le  D'  Bergk,  sur  la  foi  duquel  on  admet  ici  l'inscription 
comme  concernant  la  Belgique,  a  pensé  que  cette  inscription, 
trouvée  près  d'un  endroit  où  a  existé  précisément  un  temple 
de  Diane,  pourrait  avoir  été  consacrée  à  cette  dernière 
déesse,  sous  son  nom  topique  Artoini  pour  Ardoinne. 

Toutefois  il  est  à  remarquer  que  Smetius,  et  ceux  qui 
l'ont  suivi,  sont  les  seuls  qui  aient  écrit  Ardoinne  dans 
l'inscription  qui  précède  celle-ci. 

Si  l'inscription  est  adoptée  comme  belge,  il  doit  en  être 
de  même  do  la  suivante  : 

N°/Î5S.  DEAE   .   ARTIONI 

LIGINIA  .  SABILLÏNA 

—  Mûri  (Suisse)  (2). 

(1)  Jdlirbucher,  etc.,  de  Bonn,  LIII-LIV,  p.  241. 
(ï)  Orki.li  et  Henzen,  n»  5894. 


—  425  — 

{Deae  Artoini,  Licinia  Sabillina  volum  solvil  lubens 
merilo.) 

Sur  la  base  d'une  petite  statue,  tenant  de  la  main  droite 
une  patère,  de  la  gauche  des  fleurs  et  des  fruits. 

Ces  accessoires  résistent  cependant  à  une  attribution  faile 
à  la  déesse  de  l'Ardenne,  qui  n'abonde  ni  en  fleurs,  ni  en 
fruits  :  est-ce  à  supposer  que  précisément  pour  cette  raison 
on  les  lui  dédiât? 

On  a  déjà  vu  (i)  combien  sont  nombreuses  les  étymolo- 
gies  proposées  pour  le  nom  iXArduenna;  la  liste  n'était 
cependant  pas  complète  (2). 

Quant  à  l'origine  du  nom  de  la  divinité  Artio,  Artiona,  on 
l'a  rapportée  à  des  noms  de  lieux,  etc.,  ce  qui  éloignerait 
sensiblement  de  l'assimilation  à  Arduinna  (3). 

B.  —  ADUATUGl. 

Une  inscription  très  incomplète  pourrait  être  rapportée  à 
ce  peuple,  bien  qu'à  part  les  AttacoHi  très  problématiques 
de  S.  Jérôme,  on  ne  rencontre  nulle  part  de  traces  de  ce 
peuple,  depuis  le  temps  de  César, 


(i)  Voy.  ci-dessus,  X,  p.  44,  note  4. 

(2)  Voy.  encore  Kuhn  et  Schleicher,  BeUrûge,  etc.,  VIII,  p.  ô3I;  Milun, 
Mmjas.  encych,  VIII  (1802),  I,  p.  593;  Annales  de  la  Société  d'Arlon,  III, 
pp.  104  et  108;  Maury,  Les  forêts  de  la  France,  p.  424,  qui  signale  le  nom 
d'Arelaunum  silva,  porté  par  la  forêt  de  Brotonne,  chez  Grégoire  de  Tours 
(Rec.  des  hist.  de  France,  III,  p.  28);  Maury,  p.  490,  cite  le  nom  d'Ardenne 
porté  par  un  hameau  de  Voese  ou  Voas  (frontière  de  la  Picardie  et  du  Laonnais). 
Cfr.  ihid.,  31. 

Plusieurs  lieux  ou  cours  d'eau  en  Belgique  portent  le  nom  d'Ardenne  (Houyet, 
Namur;  Mons,  Liège;  Hennuyères,  Hainaut;  afïluent  de  la  Dendre,  id.,  Arde- 
neile,  Nanuir  ;  etc.,  etc. 

(-)  Jalirlmcher,  etc.,  de  Bonn,  XVII,  p.  183;  XXXVII,  p.  220,  etc. 


—  424  — 

Celle  inscription,  la  voici  : 

.    ATVA    ....    Il Il    . 


S    .    L    .    M    . 

—  Badenweiler  (i). 

On  pourrait  supposer,  à  raison  de  la  dédicace,  que  des 
divinités  ont  porté  le  nom  des  Adualiques  :  Malronis  Atua- 
tuabus,  comme  on  a  des  inscriptions  dédiées  aux  Malronis 
Vatviabus,  nom  qui  présente  beaucoup  d'analogie  avec  celui 
qu'on  suppose  ici. 

C.  —  BAETASII. 

On  a  soutenu  (2)  que  les  Baetasiens  étaient  originaires  de 
Beda  vicus,  ou  Bidburg,  entre  Trêves  et  Cologne,  le  pagus 
Bedensis  du  moyen  âge  (3).  Ce  serait  une  raison  d'attribuer 
à  ce  peuple  l'inscription  de  la  déesse  Ricagmabeda  dont  le 
nom  semble  avoir  été  formé  des  deux  noms  de  lieux  Rico- 
magum  (Remagen?)  et  Beda. 

Ce  serait  une  raison  aussi  de  rapporter  à  la  même  origine 
les  inscriptions  d'un  dieu  Bedaius,  qu'on  se  borne  à  citer 
ici  pour  mémoire  : 

BEDAIO  AVgII  ET'ALOVNIS  il  SACR  I|  C  .  CATIVS  SECVNDIANVS 
Il    II   VIR   II    IMP    .    ANTONIN   ||   Il    .    ET    SACERDOTE    COSS 

—  Salzburg  (4). 


())  Steiner,  II,  no  847, 

(2)  Jahrbûcher,  etc.,  de  Bonn,  LVII,  p.  2l2;  Desjardins,  La  table  de  Peiitinger, 
p.  17. 

(s)  Partage  de  Louis  le  Germanique  et  de  Charles  le  Chauve  en  870,  Publica- 
tions, etc.,  de  ta  Sociéli'  arcfiéologiqiie  d'Arlon,  1852-53,  p.  41. 

{i)  Oreli.i,  n"  1964.  Cfr.  1995  (et  acovnis),  du  mcme  consulat.  Von  Hefnek, 
Die  romischen  Denlunûler  Oberbatjerns ,  p.  38. 


—  425  — 

T  .  0  .  M  .  ARVBIANO  ||  ET  BEDAIO  SÀNCTO  H  TVL  .  IVVENIS  || 
BF    .    COS    .    LEG    .    II    .    Il    ITAL    .     ANTONINIAN    .    V    .    S    .    L    . 

L  .  M  11  IDIB  .  MAIS  .  imp  \\  caes  .  m  .  avr  .  antonino  \\ 

ÏT  .    ET   SACERDOTE  COS 

—  Piedenhart  (i). 

Ces  deux  inscriptions,  d'Autriche  et  de  Bavière,  ne  pour- 
raient être  positivement  rapportées  aux  Baetasiens  que  si 
l'on  parvenait  à  découvrir  ultérieurement  des  traces  de  leur 
séjour  dans  ces  contrées,  vers  l'an  219,  époque  indiquée 
par  les  consulats  des  inscriptions. 

D.    —    CONDRUSI. 

On  se  borne  à  citer  ici  l'inscription  suivante  : 

AIRIB   OLIST   II    CARTOVAL   ||   MARTIVS    Tio(s)    \\    GENIO    LOCI    || 

ET  BONO  II  eventvi 

—  Binchester  (2) 

Gomme  on  pense  que  les  Condrusiens,  à  l'époque  romaine, 
habitaient  plus  au  nord  qu'aujourd'hui,  el  comme  on  a  vu, 
par  certaine  inscription  (3),  la  part  prise  par  eux  à  la  forma- 
tion des  cohortes  Tungres,  le  D''Bergk  leur  attribue  l'inscrip- 
tion en  question ,  trouvée  en  un  endroit  où ,  d'après  les 
inscriptions  ci-dessus  n*"368  et  369,  les  Condrusiens  auraient 
campé. 

Cette  inscription  en   l'honneur    des   Maires  .  ...  et 


(1)  Orelli,  n°  o61i;  Von  Hefner,  p.  74. 
(■j)  Corpus  inscr.  latin.,  VII,  n'  425. 
(3)  Voy.  ci-dessus,  VII,  p.  145. 


—  426  — 

Carlovallenses  se  rapporterait  à  Carlovalimm,  qui  ne  serait 
autre  que  Cortovallium  ou  Coriovallium,  entre  Maestrichl 
el  Julicrs  (i). 

E.  —  POEMAM. 

N°  456.  SACR 

VM  .  PO 

EMAN 

AE  .  COLLE 

GIVM  .  D 

IVI    .    AVG 

—  Lugo,  en  Espagne  (2). 

(Sacrum  Poemanae,  collegium  dm  Augusti). 

Il  est  impossible  de  ne  pas  rapprocher  le  nom  de  cette 
divinité  nouvellement  signalée  du  nom  des  Poemani,  peu- 
plade belge  dont  parle  César  (P>  .  G.,  II,  4);  c'est  ce  que 
l'ait  le  docteur  Bergk  (3)  en  aj)pelant  l'attention  sur  ce  rap- 
procbement. 

F.    —   SUNUCI. 

N"  4n7. 

DAIf    .    SVNXALIS    .    FIIRIINDAS    .   IFÏCIT 
GLAVDIVS   .    VIGTORIXVS 

—  Neuss  (4). 


(1)  Voy.  à  l'égard  de  cette  localité  le  travail  de  M.  Habets  ci-dessns,  XV, 
]).  503. 

(2)  Corpuf!  insrr.  latin.,  II,  n"  2b75;  .Uihrbucher,  etc.,  de  Bonn,  XLII,  p.  9i. 
(r.)  .Jalirbiiclier,  etc.,  /.  cit. 

(i)  .lahrbiiclipr,  etc.,  de  Bonn,  LUI  I. IV  (187Ô),  p.  310,  Cip.tius  el  SciioNE, 
Archaeologische  Zeitiing,  VI,  30,  p.  103. 


—  427  — 

(Deae  Sunxalis  .  Ferendas  fecit  ("laudins  Vktormus.) 
Celte  inscription  est  un  grafJiUo,  en  caractères  cursifs, 
tracé  autour  du  col  d'un  petit  vase  à  parfums  en  terre 
blanchâtre. 

Si  elle  est  authentique  et  si  elle  n'appartient  pas  à  la 
catégorie  où  l'on  a  rangé  ci-dessus  le  vase  avec  l'inscription 
Genio  Tiirnacesm  (i),  qui,  malgré  les  assurances  con- 
traires (2),  reste  suspect,  nous  aurions  ici  un  vase  apparte- 
nant à  la  déesse  Sunuxalis,  ce  que  marque  le  génitif  de  la 
première  phrase,  génitif  indiqué  par  l's  final  de  Sunxalis. 

Les  deux  11  (en  souvenir  de  I'h  grec?)  valant  e,  donnent 
les  lectures  dae,  ferendas  fecit  (ificil  pour  flicil). 

On  a  essayé  de  considérer  cette  inscription  non  comme 
votive,  mais  comme  indiquant  une  mesure  :  da  ==  drachma, 
s  =  semis,  en  considérant  urucale  comme  le  nom  d'un 
onguent;  cette  interprétation  n'a  pas  prévalu. 

Les  Jahrbucher  de  Bonn  rapprochent  de  cette  inscription 
le  comilatus  Sunde^'scas,  oùDuren  est  nommé  au  moy<Mi  âge. 

G.  —  TUNGRI. 

A  raison  du  séjour  des  Gondrusiens  (qui  servaient  parmi 
les  Tungres)  à  Vinovia  (Binchester),le  docteur  Bergk  propose 
d'attribuer  aux  Tungri  les  inscriptions  suivantes  trouvées 
au  même  endroit  : 

DEAB  II  (ma)(tr)(ib). 

l(ot)  Il  (tib)  cl  q(vin)  Il  t'(anV)s  (bf)  Cs  II  V  s  L  m  (ô) 


(i)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'arcliéoL,  X,  p.  70,  et  XV,  p.  140, 

(2)  On  a  encore  insisté  récemnienl  sur  ce  point  dans  la  Gazette  archéologique, 

(s)  Corpus  inscr.  latin.,  \\],  n"  iii. 


—  428  — 

Mais  l'auteur  de  cette  proposition,  tout  en  faisant  ressortir 
le  nom  germanique  de  ces  divinités,  reconnait  cependant 
qu'à  Binchcster  (Vinovia)  séjourna  aussi  une  coll.  Frisiavo- 
7ium  qui  a  dès  lors  autant  de  droit  à  l'attribution  que  les 
Tungres. 

7?Jrt^RIBVS  II  0(mn)iVM  j  GENTIVM  TEMPLVM  .  ||  OLIM  VETVS  || 
TATE  CONLAB  ||  SVM  .  G  .  IVL  .  CVS  ||  PITIANVS  .  d  \\  V  .  P  . 
RESTITVIT  (0 

N  .  AVG  II  DUO  VANA  ||  VNTI  .  AVREL  ||  ARMIGER  j  DEC 
PRINC  (^2) 

Si  l'on  se  borne  à  citer  les  inscriptions  qui  précèdent,  en 
voilà  une  qui  se  présente  dans  de  meilleures  conditions  ; 
elle  porte  un  nom  de  lieu  où  les  savants  étrangers  ont 
déclaré  reconnaître  celui  d'Hermalle,  localité  belge  : 

N°438.  DEAE 

HARIMEL 
lAE  SAC  GA 

MIDIAHVS 
ARC  X  VSLLM 
—  Birrens  (3). 

(Deae  Harimellae  sacrum-,  Gamidialms  arcarius,  ou  ar- 
morum  custos,  wtum  solvit  /ubcns  /ubenter  merito.) 
Il  est  certain,  dit  le  docteur  Bergk  (a)  que  cette  inscription 


(»)  Corpus  inscr.  latin.,  VII,  n"  877. 

(2)  Ibid.,  n-SSS. 

(3)  Corpus  inscr.  latin.,  VII,  n»  1065;  Orelli,  n»  5892. 

(4)  .Jahrbiicher,  etc.,  de  Bonn,  LVII,  p.  29. 

Roach  Smith,  Coltectanea  antiqua,  VI,  |i.  203,  sonpçonne  l'origine  germanique 
de  ccUe  déesse  llarimella,  et  il  lait  remarquer  qu'en  effet  on  a  trouvé  en  Ger- 
manie (les  inscriptions  a  des  déesses  Harinsa,  d'une  part,  et  Metia,  d'autre  part. 


—  420  — 

provient  d'un  soldat  Tiingre  cantonné  en  Bretagne,  car 
Harimalla  est  marque,  par  Spruner,  comme  nom  de  localité, 
tout  près  de  Herstal,  en  pleine  Tungrie. 

Il  est  très  vrai,  en  effet,  que  Hermalle-sous-Argenteau 
porte  dans  les  anciens  documents  le  nom  de  Harimalla; 
mais  il  en  est  de  même  d'un  second  Hermalle  près  de  Huy, 
et  les  deux  localités,  qui,  du  reste,  appartenaient  toutes  deux 
au  pays  des  Tungrcs,  sont  souvent  confondues  (i). 

Birrens  était  une  localité  occupée  par  les  Tungres,  rien 
d'étonnant  à  ce  que  l'un  d'eux  se  soit  souvenu  des  divinités 
de  son  pays  natal. 

On  a  proposé  de  lire  Gamidianus;  mais  Gamidiahus  (pour 
Gamidiavus) ,  ou  peut  être  Gains  Midiahus,  est  tout  au  moins 
aussi  vraisemblable;  quant  à  l'x  de  la  dernière  ligne,  on  ne 
peut  en  faire  qu'un  signe  de  ponctuation. 


Pour  compléter  ce  qui  a  été  dit  ci-dessus  à  propos  de  la 
déesse  Hludana  (2),  citons  ici,  mais  en  nous  bornant  à  la 
citer,  l'inscription  suivante  trouvée  dans  l'Eifel  : 

....  il  .  LUBENAE  II  /9R0  SALV(TE)  .  Im  [!  .  .  EVERI  . 
ALEXA    II    FEL  InVIGT    ||   MAMAEE  .  MA    ||    VEXILLAT  .   LEG   | 

—  Iversheini  (3), 


(i)  Grandgagnage,  Vocabulaire  des  anciens  noms  de  lieux  de  la  Belgique 
orientale,  pp.  33  et  129;  Mémoire,  id.,  pp.  62,  131,  154. 

(2)  Bull,  des  Comm,  roy,  d'art  et  d'archéol.,  X,  p.  SI. 

(3)  Jalirbûclier,  etc.,  de  Bonn,  L,  p.  184. 


—  430  — 

INSCRIPTIONS  CIVILES. 

11  reste  à  ajouter  à  ce  qui  est  actuellement  connu  des 
inscriptions  belges  recueillies  à  l'étranger,  une  ('numération 
de  celles  qui  ne  peuvent  se  rapporter  à  aucune  des  deux 
séries  précédentes. 

Ce  sont  les  suivantes  : 

A.    —    BELGES  EN  GÉNÉKAL, 

N"  439.  ANEXTLO 

IN  .  BEL(G')0 
SOROR'  S(FR) 
IEXTlI  .  PAÏRIS 

—  Poitiers  (i). 

(AnexlUo  in  Belgio  natu,  sororis  ....  Jexlili  .  patris.) 

Celte  inscription  était  gravée  sur  un  fronton  romain. 
L'explication  n'en  est  pas  facile;  au  surplus,  les  seules 
expressions  qui  y  soient  intéressantes  sont  celles  (yAneajlilis, 
qui  se  rapproche  de  celui  du  Nervien  Anectius  dont  parle 
Tite-Livc,  et  celle  de  Belgmm,  laquelle  <)uoiquc  générale- 
ment employée  aujourd'hui  dans  ce  sens,  n'est  pas  cepen- 
dant synonyme  de  Belgica. 

On  sait,  en  effet,  que  César,  lorsque  commenta  la  guerre 
avec  Ambiorix,  avait  établi  les  quartiers  d'hiver  de  trois  de 
ses  légions  dans  le  Belgiuin  (2),  et  que,  par  la  conqiaraison 


(1)  Hiillelin  de  la  Société  des  XnHquuircs  de  t'oueul,  1870,  '■2'  trimestre, 
1».  5'J7,  pi.  II,  li"  3. 
(8)  Li.  G'.,  V,  24. 


—  431  — 

des  textes  de  l'auteur  des  commentaires,  on  est  parvenu  à 
délimiter  ce  BeUjiam  au  Beauvoisis,  à  la  Picardie  et  à 
l'Artois. 

On  estime  (i;  que  cette  contrée  doit  son  nom  à  la  circon- 
stance que  les  habitants  anciens  de  la  Belgique,  ceux  qui 
portaient  le  nom  de  Belges,  après  avoir  été  chassés  (2)  de 
notre  soi  par  les  Germains  (Nerviens,  Éburons,  etc.),  ont 
transporte  leur  nom  au  Belgium,  comme  d'autres  énn'grés 
de  la  primitive  Belgique  le  tirent  en  Angleterre,  où  l'on 
retrouve  une  Venta  Belgarum  (Winchester)  et  une  localité 
appelée  Belgae  (Wilts).  César  (5)  parle,  en  effet,  d'émigra- 
tions de  Belges  en  Angleterre. 

N'UO.  BELGINAE  EV 

EPIGONES   .   ET 

PRIMITIVAE 

IN  .  FR  .  P  .  XXXII 

IN  .  A  .  P  .  XXVIII 

—  Milan  (i). 

(Diis  Manibus  Belginae,  Evepigones  et  Primilivae  .  fn 
/rente  pedes  XXXII ;  in  «gro,  pedes  XXVIII.) 

Evepigones  est  de  formation  correcte,  quoicpie  sans 
analogies  dans  les  recueils  ;  comme  le  nom  d'Eugène 
signifie  bien  né,  ce  nom  voudrait  dire  «  bien  né  après.  » 


(1)  Voy.,  entre  autres,  Bidl.  de  l'Inst.  urchéol.  liég.,  I,  p.  8. 

(î)  «  Gallosque  qui  ea  loca  inco'.crcrît  expulisse  »;  B.  gall  ,  II,  i. 

(5)  B.  (;.,  V,  J2;  Cfr.  Ill,  9. 

{*)  Corpus  inscr.  lutin.,  V,  1'^  partie,  ii'  OOO'k  Celte  iiiscriptiou  a  la  table  des 
cognomina,  est  marquée  d'un  astérisque,  qui  indique  les  inscriptions  ou  corronî- 
pues  ou  d'une  lecture  incei'taiue. 


452  — 


B.    —   BAETASII. 


Quelques  inscriptions  permellenl  de  suppléer  à  une 
lacune  (i)  concernant  les  ressemblances  de  certains  noms 
d'individus  avec  celui  de  ce  peuple. 

Les  trois  premières  peuvent  prendre  place  dans  la  série 
des  inscriptions  relatives  à  la  Belgique. 

N°U\.  L  .  SERVILI 

P  .  F . SER 
pazTASIVS 

H    .    SE 

—  Lissa,  Dalmatie(2). 

(Diis  Manibus  Lncu  Servilii  Publii  /ilii  ser  .  .  .  Baclasii 
natione  .  H\c  situs  est.) 

D'après  Mommsen,  le  nom  Pailasius  (pour  Bailasius^ 
Baelasius)  ne  peut  indiquer  ici  que  la  nationalité  du  défunt. 

L'anomalie  de  noms  au  génitif,  tandis  que  la  nationalité 
est  au  nominatif,  se  rencontre  parfois  dans  les  inscrip- 
tions (3). 

N"  442.  BETAESI 

NA  .  RVFI 

F  .  SE(VE)RA 

CAMP  .  ANO 

XXII  .  H  .  S  .  E 

—  Ghaves,  Espagne  (4). 


(1)  Voy.  ci-dessus,  IX,  p.  2-28. 

(î)  Corpus  inscr.  latin.,  l\\,  ii»  5079. 

(a)  Voy.  ci-dessus,  IX,  pp.  254  et  280. 

(i)  Ephemeris  epigraphica,  II,  p.  241,  et  Corpus  inscr,  latin.,  Il,  ii"  3554. 


—  455  — 

(Diis  Manibus  lietaesina,  Ru/i  /ilia,  Sevcra,  C'rtw/K'iisis, 
rtii«orum  A'A7/,  /)ic  .si(a  est.) 

Une  localilé  portant  aujourd'hui  le  nom  de  Caiiii)anir, 
en  Espagne,  près  de  Mancha  Real,  et  où  Ton  a  trouvé  une 
inscription  mentionnant  un  locus  Campaniensium,  pourrait 
bien  être  celle  qu'indiquent  les  lettres  camp. 

Les  éditeurs  de  r^/)/(emem  t'p/f^mp/iira,  frappés  de  la 
ressemblance  des  noms  de  Bclaesinus  avec  celui  du  peuple 
Baelasien,  émellent  l'avis  qu'il  pourrait  bien  s'agir  ici  d'une 
personne  d'origine  ou  au  moins  de  descendance  germanique. 
Le  nom  du  Baetasien  Annius,  fds  d'Osedavo,  cavalier  de 
Vala  I  Hispanorum  (i),  est  un  indice  de  l'existence  de  sem- 
blables relations  entre  les  Belges  et  les  Espagnols. 

L'inscription  qui  précède  met  sur  la  voie  d'une  restaura- 
tion pour  la  suivante  trouvée  au  môme  lieu. 

N^  445.  ALBLWS 

BETAESL\ 

I  .  LARIBVS 

PENDeNE^ 
ICIS  .  LIBe 
NS  .  POSVI 

—  Chaves  (2). 

{Albiiius  Belaesmi  fdius,  laribus  Pendenelïc'is,  libens  po- 
suit.) 


(1)  Voy.  ci-dessus,  VU,  p.  114. 

(2)  Corpua  inscr.  latin.,  II,  n"  Vû\.  Cl'r.  Epliemeris,  l.  cil. 


—  45i  — 

—  Les  incriptions  suivantes  n'ont  avec  les  Baetasiens 
qu'une  relation  beaucoup  nnoins  saisissable  : 

BEDASIAE  .  Q  .  F  II  IVSTAE  ||  COLLEGIA  ||  FABR  .  ET  CE(]nT) 
orJARIOR  11  C  .  LVCRETIVS  .  ANNIANVS  1|  MARITVS  .  TITVLO  . 
VSVS  II  L    .    D    .    D    .    D. 

—  Brescia  (i). 

imp  .  neiwA  \\  traia^o  \\  mesrtRE  |i  aug  .  germ  ||  dac  .  v 

(mv)  .  LA  II  BERIO  .  II  .  COS  II  Q  .  P  .  F  .  Il  CURATORES  .  SATVR  || 
m/RA  SCRIPT  II  .  .  .  CmvS  .  L  .  AE  II  ....  OSICCINO  ||  •  •  VS 
.  RISIME  II  .  .  .  RISTVS  .  FARD!  ||  .  .  .  E  MONIANVS  ||  LVIVS  .  C 
MARIV  .    Il   .   .   .  MVS  PROBVS  .  G  .  AV   ||    ...  ATINO  BEDASIVS. 

—  Environs  de  Trente  (2). 

G  .  AVILIVS.  G  .  F  .  EPAPHRA  |[  G  .  AVILIVS  .  EPAPHRAE  .  L 
Il    SECVNDVS   II   VITAS    .    AVILIA  G  .  L    .    T  .    AMENTO  FE    ||   ET  . 

SVIS. 

—  Biankenheim  (3), 

Ces  trois  personnages,  Bedaaia  Justa,  femme  de  C.  Lu- 
crelius  Annianus,  (Atino)  Bedasius,  curator  Saturni,  enfin 
Vitasia  Avilia,  affranchie  de  Gaius  Avilius,  pourraient  bien 
avoir  des  rapports  d'origine  avec  les  Baetasiens;  niais  ces 
rapports  sont  problématiques. 

Le  rapprochement  de  ces  inscriptions  avec  le  nom  des 
Baetasiens  gagnerait  en  pertinence,  s'il  était  bien  établi, 
comme  on  l'a  soutenu  (4),  que  les  Baetasiens  provenaient 
de  Beda  ou  Bidburg. 


0)  Corpus  inscr.  latin.,  V,  n»  4396. 

(î)  Ibid.,  n»  ÎJU67;  Orelli,  ri»  4913. 

(s)  Steiner,  Codex  inscr.  Rli.  et  Dan.,  u"  lo6:2. 

(4)  Voy.  plus  haut,  p.  424. 


435  — 


C- 

—  CAEROESI 

'  444-. 

FINIS 

PAGI 

CARV 

CVM 

—  Vinxlbach  (i) 

1. 

(Finis 

pacji 

'  Carucum.) 

La  localité  où  cette  inscription  a  été  trouvée,  est  consi- 
dérée comme  tirant  son  nom  de  la  limite  {Fines-bach,  ou 
ruisseau  de  la  frontière)  tracée  entre  la  Germanie  inférieure 
et  la  Germanie  supérieure  (a),  qui  aurait  été  le  ruisseau  qui 
se  jette  dans  le  Rhin,  à  BrohI,  près  d'Andernach. 

Le  docteur  Dergk,  citant  le  témoignage  de  Zeiss  et  autres, 
signale  le  rapprochement  des  noms  Caeroesi  et  Caruces; 
mais  il  y  a  aussi  celui  des  Cherusd,  ce  qui  laisse  quelque 
incertitude. 

L'attribution  de  l'inscription  aux  Caeroesi  aurait  pour 
conséquence  d'empêcher  de  songer  désormais  aux  localités 
de  Cerexhe  (province  de  Liège),  ou  Cerèse,  entre  Barvaux 
et  Duj'buy,  pour  y  placer  les  Caeroesi. 

Faudra-l-il  aussi  leur  enlever  le  Carusgoiv  du  moyen 
âge? 


(i)  Jahrbiiclur  de  Bonn,  LVIl,  p.  16. 
(•2)  Voy.  ci-dessus,  VIII,  p.  579. 


—  456  — 

D.  —  É  DURONS. 

I[  est  inlêrossiuit  do  compléter,  avec  les  mêmes  réserves 
([lie  ci-tlcssus  (i),  les  inscriplious  où  apparaît  le  radical 
ebvr  : 

VENE(rI)   !     VICT  .  AV^'   i|   SAC   |i    EBVRV6   \[    EX  .  IVSSV   li   D 

—  Stein  am  Anger  (Savaria),  Dalmatie  (-i). 

D  .  -M  .  RVIIVS  l|  MOSGAITO  .  ET  \\  IVLlO  .  INGENVA  .  VI  \\  F  . 
C  .  SIC  .  ET  I  EBVRO  j!  FII.IO  .  F  W  .  AN  .  XXX  ''  (  ET)  . 
INGENVE    .    CON 

—  iluttenberg,  Morique  (0). 

—  Il  existe  aussi  des  marques  de  potier  au  nom  d'EBv- 

RVS  (0- 

DIS  MANIBVS  SAC  .  ,  XVI  .  KAL  .  OCTuB  .  C  .  DELL(^taV 
NATALE  ET  P  .  ■  GORNELIO  SCIPIONE  ASIATICO  COSS  .  ,  SERV  . 
EBVi'.U  .  o  F  .  OVFENT  .  SVAVIS  .  TRIB  i  MILIT  -  LEG  .  Vil  . 
CLAVDIAE     VItTRIC     .  EBVRIA    ANNIA     FAVSTA     MATER  M. 

EBVRIO   .    SERV  FIL    .    SEX    .    N   TRl(/>  .  M  )  .        QVI  VIXIT  .    ANN   . 
XXIII  .  D  .  XVI  .    DVL     .    CISSIMO   (/iUo)  PARENTES  FECERVNT    j 
SIBI   ET   SVIS    HEREDIBVS    .    IN    FR    .  FEOES    XII    ,    IN    AGR    . 

PED  .  XVIII  .    ] 

—  Velletri  (5). 


(1)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'an  et  d'arckèoL,  IX,  p.  -ôH. 

(2)  Corpus  iiiscr.  latin.,  III,  ii"  4167. 

(3)  Ibid.,  n"  o055. 

(i)  Ibid.,  n"  6010,  Si,  Schierm.xss,  :SltjUs  fi'julcHS,  a"'  2018,  -2019;  Crespi, 
Calai,  delta  raccolta  Chasaa,  p.  1)2,  ii»  28,  etc. 
(5)  Inscription  de  Fan  68.  McRATORr,  307,  4. 


—  407  — 

EBVP.I    VERINE 


Rome  (i). 


C'est  le  nom  d'un  soldat  de  la  coh.  vif/ilum  Anloniniana, 
commandée  par  le  centurion  Qiiinlinus;  l'inscription  est  de 
l'an  205. 

Les  autres  noms  ne  présenlont  pas  d'intérrt  et  il  est 
inutile  de  reproduire  ici  l'inscription  entière. 

HERCVL    ....     Il    T    .    PERPET    .    .    .    .     ||    AETER     .... 

Il    EBVR    .    .    .    .     Il    RES    .    .    . 

—  York  (2). 

Dans  cette  inscription,  trouvée,  du  reste,  aux  environs 
d'York,  appelé  Eburacum  du  temps  des  Romains,  on  a 
proposé  de  lire  ebor  pour  ervr. 

(XPJ  I  EBVRIXVS  FAMVLVS  BEI  ||  VIXIT  .  .  .  AXMS  PLVS  || 
MIXVS   XL    RECESSIT  IMPA    ....     ||     ...    . 

—  Sa I pensa  (^). 

Une  autre  inscription  très  mutilée  n'a  plus  conservé  ipie 
If  nom  :  ebvrianvs  (4). 

Enfin  dans  une  inscription  d'Auxerre  (5),  on  voit  appa- 


(t)  Corpus  inscr.  latin.,  VI,  p.  200,  col.  1,  n"  '22. 

(2)  (Wellbfj.ûved),  a  descriptive  account  ol  llte  /intiqiiit/es  in  the  tirainid  und 
in  Ihe  Muséum  of  thc  Yorkshire  philosophival  societi/,  p.  28,  n»  XXIH;  lu., 
FAiuracum  or  York  uuter  tlie  Romains,  prof.,  p.  vi. 

(r>)  HiiBXER,  Inscript.  Iiisp.  christianae,  p.  23,  n"  81. 

(.i)  Corpus  inscr.  latin.,  Il,  11"  2764^. 

{•;)  Leblaxc-Davai.:,  Reclierclies  liistoriques  et  statistiques  sur  Au.verre,  ses 
mo)iumenls  et  ses  environs,  p.  9!). 


—  458  — 

raitre  les  noms  de  Celsus  AmbioHs  (filius?),  qui  ne  doit 
pas  êlre  omis,  à  titre  de  point  de  comparaison  pour  les 
études  à  faire  sur  le  nom  d'Ambiorix,  roi  des  Éburons,  au 
point  de  vue  de  la  linguistique  : 

AVG  .  SAC  .  Il  DEO  MER  ||  CVRIO  AM  ||  VS  CELSVS  || 
AMBIORIS    y    EX   VOTO    |1    SVL    .    L    .     ||    M 

E.    —   MORINI. 

Outre  les  inscriptions  des  Morins  déjà  citées  (i),  on  peut 
encore  produire  les  suivantes  : 

N"  AAo.  IVL  .  MORINVS 

—  Sasamon,  Espagne  (2). 

Ce  Julius  Morinus,  pense-l-on,  pourrait  bien  se  rattacher 
par  son  origine  au  pays  des  Morins  :  il  figure  dans  une  assez 
longue  inscription  du  temps  des  Gordiens;  cette  inscription 
n'ofîrc  pas  d'autre  intérêt  pour  nous,  et  il  est  inutile  de  la 
reproduire  en  entier. 

Il  n'est  pas  impossible,  du  reste,  que  Morinus  ait  été 
inscrit  pour  Maurinus. 

LVCINA  II   EX  NATIONE   ||   GESSORIAGI    ||   MORINORVM 

—  Localité  non  indiquée  (3). 

Celte  inscription  est  extraite  d'un  manuscrit  de  la  biblio- 
tliè(iue  de  Boulogne,  n"  169%  p.  50;  mais  M.  Desjardins 
n'hésite  pas  à  la  considérer  comme  absolument  fausse. 

(1)  Voy.  ci-dessus,  IX,  p.  245. 
(î)  Fphemeris  epigraphica,  IF,  p.  '24 i  ;  add.  p.  097. 

(i)  Desiahdins,  (iéographie  liislorique  el  adiiiiiiislradue  Je  la  Caule  romaine, 
I,  p.  5()U. 


459  — 


F.    —   NERVIENS. 

Voici,  outre  les  inscriptions  civiles  présentant  des  ana- 
logies de  noms  avec  celui  des  Nerviens  et  déjà  rassemblées 
ici,  quelques  nouvelles  inscriptions  du  même  genre  : 

L    .    NERFINIO    II    POTITO    H    PATRONO 

—  Narbonne  (i). 

L  .  NERFINIVS  ]|  POTI  .  L  PRIMVS  |[  LARDARIVS  ][  SIBI  . 
ET    .     .     . 

—  Narbonne  (2). 

Ces  deux  inscriptions  sont  décrites  comme  appartenant 
au  i'""  siècle;  elles  ont  les  signes  qui  font  reconnaître  les 
inscriptions  de  cette  époque  :  les  lettres  sont  belles  et 
convenablement  espacées,  on  n'y  observe  ni  ligatures  ni 
superpositions;  le  seul  mot  «  libertus  »  est  abrégé. 

D    .    NERFINIVS   D    .    L  J]  VRBANVS    .    vî  VIR  \\  FECIT  .  SIBI   . 

ET    .    SVIS    1[    IN     ,     FRONTE    .    P    .    XV    ]]    IN    .    AGRO    .    P    .    XX 

—  Dalmatie  (3). 

Nerfinius  a  pu  facilement  être  substitué  à  Nervinius. 


(1)  TouBNAL,  Catalogue  du  Musée  de  ^urbonne,  p.  20,  n°  loi. 

(2)  Ibid.,f.U,  n»  Ul. 

(s)  Corpus  inscr.  lutin.,  III,  n»  5169. 


—  440  — 

POST  CONSVLATVM  AKCADI  ET  BAVTONI  .  V  .  C  .  ||  CONSS  . 
VI  .  NONAS  MART  .  DEPOSITA  EST  NER||VINIA  EVRESIA  H  .  F  . 
IN  PAGE  QVE  VIXIT  AN  j]  NOS  P  .  L  .  M  .  XXVIII  .  CRISPINVS 
MARITVS  SED  H  ET  VMBRICIA  ABVNDANTIA  DVLCISSIMAE  |1  FILIAE 
ET    SIBI    FECIT 

—  Terni,  Italie  (\). 

Celle  inscription  clirétienne  nous  reporte  à  l'année  385. 

L    .    NERVINIVS   FELX 

—  Rome  (2). 

Ce  Lucius  Ne^'vinius  Félix  appartenait  à  la  centurie  com- 
mandée par  Tauriscas,  dans  la  coll.  V  vigilum,  apparaît  dans 
une  inscription  de  l'an  i>10,  trop  longue  pour  être  transcrite 
ici  (elle  contient  une  série  d'environ  1,000  noms)  et  qui, 
d'ailleurs,  ne  présente  d'autre  intérêt. pour  nous  (jue  le  nom 
qu'on  en  a  (îxtrait. 

TA  .  NEPBINIOS  NOHTOS 

—  Sparte  (5). 

Le  nom  do  ce  Gains  Nervinius  Noetus  figure  à  Sparte  en 
deux  inscriptions,  contenant  des  noms  d'éphores  du  temps 
do  l'empei-eur  Hadrien.  (Le  restant  de  l'inscription  n'olTre 
aucun  inléivl  pour  nous). 


(1)  MURATORI,  Ô90,  4. 

(2)  Corpus  iiiKcr.  latin.,  VI,  n"  1058,  p.  203,  i'^  roi.,  n"  48. 

(■)  V-oECKii,  CorjjKs  inscriptionuDi  graecarum,  I,  p.  618,  -l"  col.,  1.  :2li,  et 
p.  025,  2«  fol.  Voy.  aussi  p.  G08. 


—  441   _ 

Les  noms  de  Nerviniiis  et  Nerbinioa  présentent  un  rap- 
prochement dont  il  est  diflicilc  de  méconnaître  l'importance, 
avec  le  nom  des  dii  Nervmii  do  Bavay,  dont  il  sera  encore 
reparlé  plus  loin;  mais  ce  rapprochement  n'est  pas  assez 
concluant  pour  faire  entrer  ces  inscriptions  dans  la  série  des 
inscriptions  belges. 

D  M  s  II  L  .  HERYINI||VS  .  VRBANVS  ||  VETERA.NVS  |[  Il  . 
S  .  E  .  A  .  LUI  II  MVLVIA  PRI  ||  MAGO  .  B  .  M  .  F  ||  0  • 
T    .    B    .    Q 

—  Algérie  (i). 

Il  y  a  lieu,  sans  doute,  de  lire  dans  cette  inscription 
Nervinius  au  lieu  de  Hervmius  :  il  est  très  facile  de 
confondre  I'n  à  barre  horizontale  d'une  certaine  époque  avec 
la  lettre  h;  Hervinius  est,  que  l'on  sache,  inconnu  en  épi- 
graphie;  enfin,  on  possède  une  inscription  africaine  ainsi 
conçue  : 

CVRIA    II    SEX    II    VERVIANA 

—  Mons,  entre  Sétif  et  Gonstantine,  Algérie  (2). 

Il  semble  impossible,  malgré  l'autorité  de  M.  Renier,  de 
lire  ici  Nerulana,  car  ce  qui  milite  en  faveur  de  la  lecture 
Nerviana,  est  non  seulement  la  lecture  hypothétique  de 
l'inscription  qui  précède,  —  ce  qui  ne  serait  pas  assez,  — 
mais  surtout  le  grand  nombre  d'inscriptions  algériennes  de 
la  colonia  Nerviana  de  Silifis. 


(i)  L.  Renier,  Inscriptions  romaines  de  l'Algérie,  I,  n"  703. 
(2)  L.   Renier,  ibid.,   n°  54GI  ;    Delamare,  Exploration   scientifique    de 
VAUjêrie  pondant  1840-18i5,  Arcliùoloiiie,  pi.  97. 


—  412  — 

Outre  les  inscriptions  déjà  recueillies  de  cette  dernière, 
on  a  encore  trouvé  : 

IMPCAESMCLODIO  ||  PVPIENOMAXIMO  ]|  PIOFELICIAVGPONT  H 
MAXTRIBPOTPPC°S  II  PROCOS  .  ET  .  \\  IMPGAES  .  D  .  CAELIO  || 
CALVINO  BALBINO  |[  PIOFELICIAVGPONT  ]|  MAXTRIBPOTPPCS  1| 
IIPROCOSET  ][  MANTONIOGORDIAINO  ||  NOBILISSIMOCAESARI  ]| 
AVGPFNEPOTIDIVORVM   1|   GORDIANORVMRESP  jj   NERVAVGMARTVET 

—  Sétif  (Sitifis),  Algérie  (i). 

Cette  pierre  (et  une  autre  semblable,  mais  incomplète  à 
raison  de  brisures)  a  été  dédiée  aux  empereurs  régnants, 
dans  le  court  intervalle  d'environ  trois  mois  qui  s'écoula 
entre  l'élévation  et  la  chute  des  deux  empereurs  Pupien  et 
Balbin,  mis  à  mort  parles  prétoriens,  au  mois  de  juin  238. 

On  a  discuté,  ci-dessus,  les  doutes  proposés  au  sujet  de 
la  condamnation  trop  catégorique  des  inscriptions  de  la 
coll.  I  Neivana  d'Angleterre,  qu'on  a  refusé  d'attribuer  aux 
Nerviens.  Ces  doutes  se  reproduisent  ici,  à  propos  de  l'attri- 
bution à  Nerva  (i)  des  inscriptions  de  la  colonia  Nerviana 
Sitifensiuïii  ;  la  même  discussion  se  représente  naturel- 
lement. 

D'abord,  s'il  est  vrai  qu'on  trouve  une  inscription  de 
Nerva  Trajan,   une  seule,  à  Sétif,  inscription  la  plus  an- 


(\)  Revue  archéologique,  décembre  1877,  p.  390,  d'après  la  restitution  d'une 
copie  de  l'inscription  proposée  par  M.  Hkron  de  Villefosse,  mais  reproduite  ici 
avec  suppression  des  points  séparatifs  que  la  copie  ne  porte  pas. 

(î)  Outre  les  auteurs  qui  se  sont  prononcés  dans  ce  sens  et  auxquels  il  est  fait 
allusion  ci-dessus,  IX,  p.  271,  voy.  Von  Uefner,  Rômhche  Inschriflen  mil 
Heincrkungen,  p.  5j  (a  la  suite  de  son  ouvrage  Rùraisclie  bayerissche  Inschr. 
und  plast-Denkni.). 


cienne  dans  la  série  chronologique  des  inscriptions  de  cette 
localité,  où  il  n'en  existe  aucune  de  Nerva,  le  prétendu  fon- 
dateur (i;,  on  peut  se  demander  comment,  si  la  ville  a  pris 
sa  qualilicatioiv  du  nom  de  Nerva,  on  ne  trouverait  qu'une 
inscription  du  temps  des  deux  empereurs  qui  seuls  ont  porté 
ce  nom. 

Mais  voici  qui  fortifie  l'objection  :  dans  certaines  de  ces 
inscriptions,  ce  n'est  plus  Nerviana,  c'est  Nebriana  qu'on 
lit;  or,  cette  orthographe  s'écarte  sensiblement  de  celle  du 
nom  de  Nerva.  Jamais  on  n'a  écrit  le  nom  de  ce  prince, 
Nevra  ou  Nebra,  tandis,  au  contraire,  que  certains  auteurs, 
dont  Ponzel  (2),  pensent  que  les  Nervii  descendaient  des 
Nebri  ou  Nevri,  de  la  Scythie,  dont  parle  Hérodote,  II, 
i  (3). 

Voyons  ensuite  si  l'on  ne  trouve  pas  quelques  traces  des 
Nervii  en  Afrique. 

S'il  faut,  avec  Borghesi  (4),  condamner  la  lecture  de  cer- 
tains diplômes  où  l'on  a  cru,  sur  la  foi  de  deux  lettres, 
trouver  une  coh.  I  Netvia,  dans  la  CyrE^aica,  plutôt  qu'en 
Dacia  ripEmis,  maluE^sis  ou  apulEîisis,  il  y  a  des  traces 
plus  certaines  de  ce  peuple  dans  de  nombreuses  inscriptions 
d'Afrique. 

Il  y  a  d'abord,  en  Algérie,  près  du  Lac  Salé,  gouverne- 
ment'du  Levant,  une  localité  nommée  Bagai,  dont  le  nom 
se  rapproche  sensiblement  de  celui  de  Bagacum  donné  à 
Bavay,  la  capitale  des  Nerviens.  Ce  serait  là,  sans  doute,  un 


(1)  L.  Renier,  /.  cit.,  n»*  5267  à  5289. 

(2)  Strakon,  trad.  de  la  Porte  du  Theil,  II,  p.  55. 

(3)  Voir  aussi  les  Nevri  de  Pomponius  Mêla,  II,  1. 
{i)  QEuvres  complètes,  III,  p.  375. 


—  444  — 

rapprochement  insignifiant  s'il  était  isolé  ;  mais  ce  nom  a  ses 
racines  dans  l'antiquité,  car  une  série  d'inscriptions  trou- 
vées à  Announah,  en  Algérie  (t),  révèlent  le  nom  d'un  dieu 
Bacax  ou  Dacacis,  dont  le  nom  a  une  aflinité  frappante  avec 
le  nom  de  bacaco  NERVio(rum),  par  lequel  Bava\^  est  dé- 
signé sur  la  carte  de  Peutinger. 

Pour  que  ce  nom  de  Bacax  ou  Bacacis  pût  devenir  un 
argument  sérieux  à  l'appui  de  l'origine  nervienne  du  nom 
de  la  colonia  Nerviana  Sitifensium,  il  faudrait  certes,  en 
outre,  qu'il  existât  en  Algérie  quelque  autre  trace  qu'on  pùl 
rapporter  aux  Nerviens.  Ce  desideratum  n'est-il  pas  acquis 
à  la  discussion  par  l'inscription  ci-dessus  rapportée  d'une 
curia  Nerviana  et  surtout  par  l'inscription  de  ce  Julius 
Siumma,  originaire  d'Ovilaba,  dans  le  Norique,  qui  a  été 
rangé,  ci-dessus  (2),  dans  la  coh.  III  JServiorum? 

Le  voisinage  de  la  colonia  Nerviana  Sitifensium  est  un 
argument  à  deux  tranchants,  qui  pourrait  à  la  rigueur  être 
invoqué  plutôt  contre  le  caractère  nervien  de  l'inscription  ; 
car  le  quod  demonslrandum  est  précisément  qu'il  ne  s'agit 
pas  d'un  nom  dérivé  de  celui  de  Nerva. 

Mais  l'inscription  ci-dessus  rapportée  d'un  Nervimis,  vé- 
téran établi  en  Afrique,  ne  ])ermet  plus  d'attribuer  le  nom 
à  Nerva  :  Nervinus  csi,  au  contraire,  le  qualificatif  des  divi- 
nités topiques  de  Bavay  :  nervinis  ||  g.  ivl.  (te)r(tiVs  \\ 
v.  s.  L.  E,  inscription  trouvée  à  Bavay  même  (5). 

Puis,  qu'on  remarque  la  coïncidence  :  on  a,  sur  do  très 


(1)  Voy.  ci-dessus,  XVI,  pp.  i\~  et  suiv. 

(2)  Voy.  p.  7y2G. 

(•)  Voy.  ci-dcssiis,  X,  p.  0.j. 


—  445  — 

faibles  indices,  lixé  à  l'an  191  le  Icmps  le  plus  rapproché 
où  la  coll.  l  Nervana  sérail,  signalée  en  Angleterre  ;  ce  temps 
ne  peut  en  aucun  cas  dépasser  le  règne  de  Garacalla, 
puisqu'il  partir  de  ce  prince,  qui  accorda  le  droit  de  cité 
à  tous  les  honniics  libres  domiciliés  dans  l'empire,  les  sigles 
G.  R.  (civium  romanorum)  que  porte  l'inscription  ci-dessus 
rapportée  (i),  n'auraient  plus  eu  de  raison  d'être  pour  les 
nations. 

Or,  dans  le  cas  où  on  lirait  dans  certain  diplôme  d'Antonin 
Pie  (2)  in  Aegyplo  et  CyrE^iaica,  serait-il  impossible  que 
dès  le  milieu  du  11'  siècle  la  coh.  I  Nervana  ou  Nerviorum 
eût  été  transportée  en  Afrique,  et  que  ces  vétérans  y  eussent 
fondé  la  colonia  Nermana  Silifensium,  dont  le  nom  appa- 
raît seulement  sous  les  règnes  de  Septime-Sévère,  de  Gara- 
calla, de  Pupien  et  Balbin,  et  enfin  de  Gallien  (de  l'an  193 
à  2G8). 

On  aurait  ainsi  l'histoire  complète  de  la  coh.  I  Nerviorum, 
tandis  qu'autrement  cette  cohorte,  qui  a  cependant  existé  (3), 
n'aurait  pas  la  moindre  inscription  lapidaire  à  son  nomî... 


(1)  p.  518. 

Il  est  vrai  que  les  iliplùmes  militaires  accordent  encore  le  jtis  civitali.i  aux 
soldats  licenciés  ;  mais  c'était  évidemment  aux  soldats  percgrini  qu'il  s'appliquait. 
Caracalla  n'avait  pas  supprimé  les  pcregrini, 

(•2)  Voy.  ce  diplôme,  dans  le  Corpus  inscr.  latin.,  111,  p.  886,  n"  xLiv  (entre 
les  années  143  et  161. 

Il  a  été  parlé  de  ce  diplôme  ci-dessus,  VII,  p.  iOo. 

(ô)  On  a  fait  remarquer  plus  haut  qu'il  est  erroné  de  conclure  de  l'existence 
d'une  coh.  I  à  celle  d'une  coh.  II;  mais  l'inverse  est  absolument  certain  :  s'il  y  a 
eu  une  coh.  II  Nerviorum,  il  y  a  eu  évidemment  une  coh.  I  Nerviorum;  d'ailleurs 
le  diplôme  de  Trajan  de  l'an  i 06  (Corpus  in.scr.  latin.,  III,  p.  S6(;,  n^xxiii; 
ibid.,  VII.  n"  1191)  porte  en  toutes  lettres  coh.  I  Nerviorum  (alors  ca.mpéc  en 
Angleterre). 


—  446  — 

On  peut  donc  le  soutenir  avec  non  moins  de  raison  que 
pour  les  inscriptions  de  la  coll.  l  Nervana,  celles  de  la 
colonia  Nerviana  Sitifensium  pourraient  fort  bien  se  rap- 
porter aux  Nerviens.  Déclarer  le  contraire,  dès  à  présent, 
semble  téméraire  ;  il  y  a  lieu  seulement  d'attendre  de  re- 
cherches ultérieures  la  confirmation  de  ce  qui  est  présenté 
ici  à  seul  titre  d'hypothèse,  mais  d'hypothèse  digne  au 
moins  d'attention. 

—  Quant  à  l'inscription  suivante,  elle  est  plus  qu'hypo- 
thétique ;  elle  ne  présente  que  l'apparence  d'une  inscription 
nervienne  : 

MEMORIAE  11  AETERNAE  H  RVFIVS  GATVLVS  H  CVRATOR  NRVII 
VIVVS  II  SIBI  ET  RVFFIANO  ERVF.  PVPAE  ||  ET  RVFIAE  SAGIRIATAE 
FIL  .  DEFVNCTAE  a(nn)0R  XXII  |[  AEDICIVM  GVM  VIIS'EA  ET  MVRIS 
AD  OPVS  II  CONSVMMANDVM  ET  TVTELAM  EIVS  .  ET  AD  CENAM  j[ 
0M(ni)bVS  ri  CONTIS  PONENDAM  XI  .  FIN  PERPET  II  SICVTI  ET 
RVDECAM  I  .  0  .  CONSVMATVR  HOC  OPVS  ]|  SVB  ASCIA  EST  ][ 
HAEC  .O.S.L.H.N.S 

—  Murs  (l). 

Le  «  curator  NRVII  »  de  celte  inscription  n'a  rien  de  commun 
avec  les  nervii,  bien  que  les  dernières  lettres  ne  soient  pas 
expliquées,  on  ne  peut  y  lire  que  nautarum  rhodanico- 
rum  

Nervii  ne  présenterait  aucun  sens  admissible. 

Celte    inscription  présente    un    des   rares  exemples  de 


(()  Allmkr  et  DE  '\'u{i\En\ss,E,  Inscriptions  auliques  el  du  moyen  âge  de  Vienne 
en  liaupiùné,  111,  p.  iôo,  qui  citent  Reinesius,  p,  450;  Guichenon,  Histoire  de 
Bresse  el  du  Bugey,  p.  10  ;  et  de  Moyria,  Monuments  romains  de  l'Ain,  p.  76. 


—  U7  — 

l'emploi  ou  y  orbe  consumm  are  dans  les  mscriplioiis  iniicniics. 
On  y  reviendra  à  propos  d'une  inscription  belge  trouvée  à 
Failon  (Condroz),  où  ce  mot  est  reproduit. 

—  Quant  au  Nenmis  que  Gruter,  dans  ses  Tables,  tire 
des  Fastes  de  Capoue  et  de  Vénouse,  il  est  tiré  du  recueil 
d'Apianus,'dont  le  texte  porte  nervis.  La  véritable  leçon  est 

NARIVS  (0- 


N"  446. 


G.    —   SUNUCI. 

VIRILIONI 

VALERI 

.  F 

BANONA 

.  SV 

NVGI  .  F  . 

yiRO 

ET  .  SIBI  . 

V  .  F 

—  Environs  de  Milan  (2). 

{Virilioni  Valcrii  fiVio,  Banotia  Sunuci  fiUa,  viro  >H  sibi 
j;iva  /ecit.) 

Assurément,  le  uom  Sunucus  indique  dans  l'inscription 
le  nom  du  père  de  Banona;  mais  ce  nom  indique  au  moins, 
jusqu'à  un  certain  point,  une  parenté,  une  alliance  ou  des 
relations  de  la  famille  de  cette  Banona,  fille  de  Sunucus, 
avec  un  individu  d'origine  Sunuque.  A  ce  titre,  l'inscription 
devait  prendre  place  dans  la  série. 


(1)  L.  Renier,  Mélanges  épigraphiques,  d'après  Zumpt,  Comment,  epi g r.,  I, 
p.  8;  MoMMSEN,  Corpus  inscript,  neapol.,  n"  697,  et  G.  B.,  ue  Rossi,  /  Fasti 
mnnicipali  di  Vcnosa  reslitida,  p.  27,  1.  57. 

(2)  Corpus  iiiscr.  latin.,  V,  n°  5626. 


—  us  — 

H.    —    TUiNGRI. 

Outre  les  inscriptions  civiles  rapportées  aux  Tnngres  (0, 
on  peut  encore  citer  la  suivante  : 

N"  447.'  

C  .  VAL  AYllvs 

NATIONE  TV  ...  . 

CEMNA  .  QVOD  .  EST  .  M  .  .  . 

QYODIE  .  FEBRV 

SIS  .  INTERK 

—  Gordoue  (2). 

(Diis  Manibus  Caius  Fa/erius  Aviius,  nationc  Tuugcv  ... 
cenina  quod  est  wunicipium...  v"  die  febrim-'n,  mcnsis 
inlercàhrii.) 

Hiibncr  voit  clans  les  lettres  tv  ....  le  commencement 
du  nom  de  (juelque  niunicipe,  ou  plutôt  de  ({uelquc  peuplade: 
le  nom  des  Tun2,res  se  présente  donc  tout  naturellement  à 
l'attention,  plutôt  même  que  d'autres  nations,  car  on  a 
rencontré  ci-dessus  des  Baetasiens  et  Morins  en  Espagne. 

IL    SCHUERMANS. 


(1)  Voy.  ci-dessus,  IX  p.  270. 

(2)  Corpus  hiscr.  lai  in  ,11,  ii"  2255. 


GRES  LIMBOURGEOIS 


oe  1,ETTRT<: 

A  MM.  LES  Membres  du  Comité  du  Bulletin 
des   Com77îissio?is   royales   (Tart   et  cl  archéologie. 


iMessieurs, 

Ma  précédente  lellro  vous  a  présenté  les  résultats  géné- 
raux des  recherches  effectuées  depuis  1875  :  j'aborde 
aujourd'hui  la  description  des  pots  de  grès  où  l'on  voit  les 
représentations  les  phis  diverses,  depuis  les  personnages  de 
la  Bible,  les  héros  de  la  mythologie,  les  enripereurs,  les  rois, 
jusqu'aux  paysans  dansants,  et  où  on  lit  d'intéressantes 
inscriptions  qui  nous  apprennent  les  sujets  des  reliefs. 

Les  potiers  de  Raeren  ont,  avec  une  prédilection  marquée, 
fabriqué  un  genre  de  cruches  dont  on  trouve  des  exem- 
plaires dans  toutes  les  collections  des  amateurs  de  cérami- 
que et  d'archéologie  :  ce  sont  des  cruches  de  forme  sphé- 
roïdale,  divisées  en  deux  parties  qui  sont  séparées  par  une 
large  bande  cylindrique  portant  les  reliefs. 


—  450  — 

La  c'Ouv(!r{c  est  généralement  brune,  d'un  aspect  marbré 
très  agréable  à  l'œil  ;  mais  si  celte  couleur  domine,  les 
potiers  de  Raeron  ont  néanmoins  fait  usage  également  d'une 
couleur  l)leue  d'un  éclat  sans  pareil  :  il  est  de  tradition  dans 
les  familles  Mcnnicken  et  Enionts  (ou  Emens)  que  cette 
dernière  couleur,  désignée  sous  le  nom  de  «  bleu  de 
Leipzig  » ,  était  conservée  comme  un  secret  professionnel 
et  que  les  membres  de  la  gilde  s'obligeaient  entre  eux  à  ne 
pas  la  divulguer  au  dehors.  Cette  tradition  indique  quelle 
prépondérance  la  poterie  de  Raeren  avait  acquise,  non  seu- 
lement par  la  forme  et  les  reliefs  de  ses  vases,  mais  aussi 
par  la  couleur  de  ses  émaux. 

Par  cette  variété  dans  les  émaux,  Raeren  l'emportait  donc 
sur  la  fabrication  de  Frechen,  ])rès  de  Cologne,  de  Siegburg 
vis-à-vis  de  Bonn,  et  de  lluhr  et  Grenzhausen,  en  face 
de  Coblence,  non  loin  du  Rhin,  et  je  serais  lente  de  croire, 
malgré  la  relation  de  noms  de  Siegburg  et  de  Grenzhausen 
dans  les  documents  cités  jiar  M.  Schuermans,  que  la  fabri- 
cation de  Raeren,  ne  fût-ce  qu'à  raison  du  voisinage,  était 
i)eaucou|)  plus  connue  que  celle  de  ces  localités,  d'autant 
plus  que  Raeren  taisait  partie  des  provinces  belges. 

Les  deux  espèces  les  plus  remarquables,  connue  les  plus 
nombreuses ,  sont  celles  qu'on  appelle  Bauerntanz-Krdge 
et  Susanna-Krûge;  ces  cruches,  de  différents  formats  et 
de  formes  variées,  grandes  et  petites,  mais  toujours  élégantes 
et  jolies  et  à  reliefs  fins  et  souvent  très  bien  conservées, 
représentent,  en  effet,  des  danses  de  paysans,  dans  le  genre 
(les  sujets  représentés  parBeham  et  Aldegrever,  et  l'histoire 
de  la  chaste  Suzanne. 

Les  cruches  dites  Bauernlanz  (ou  Kinnesiatiz)  offrent 


—  451   — 

iHi  lableau  fort  réjouissant  des  plai^wrs  villaiitjui.s  ;  ce  sont 
des  couples  dansants,  au  nonfibre  de  six,  luiil,  dix  ou  onze; 
leur  attitude,  leur  physionomie,  leur  sallo-mor laie,  sont  des 
plus  plaisants  et  quelquefois  peu  en  rapport  avec  les  règles 
d'une  sévère  esthétique. 

Décrivons  un  exemplaire  de  l'espèce  la  plus  ornée,  celle 
qui  offre  onze  couples  de  danseurs. 

Ce  vase  est  d'une  vaste  capacité;  la  forme  est  magnin(|ue  ; 
le  col  est  orné  de  jolis  mascarons;  la  couleur  est  brune; 
l'émail  est  très  fin  et  le  sujet  est  divisé  également  en  autant 
de  compartiments  que  de  couples. 

En  suivant,  avec  un  sourire  dont  on  essayerait  en  vain  de 
se  défendre,  la  série  des  danseurs  de  gauche  à  droite,  on 
aperçoit  d'abord  l'orchostre  composé  de  deux  artistes,  l'un 
jouant  de  la  clarinette,  l'autre  faisant  résonner  à  force  la 
cornemuse;  les  musiciens  se  sont  tant  époumonnés  qu'ils 
ont  la  gorge  sèche;  aussi  le  remède  à  leur  soif,  une  large 
cruche  —  sans  doute  un  produit  local  qui  ne  pouvait  pas 
être  négligé  dans  cette  occasion  toute  pratique  —  repose 
sur  -une  table  primitive,  sur  ou  sous  laquelle  nos  serviteurs 
de  la  «  Musica  »  (que  nous  verrons  apparaître  sur  les  cru- 
ches fabriquées  par  les  Mennicken)  iront  se  reposer  quand 
ils  n'en  pourront  plus  de  soif  ou  de  trop  boire. 

Nous  entrons  dans  la  salle,  où  nous  rencontrons  tous  per- 
sonnages en  belle  humeur,  qui  s'amusent  et  amusent  le 
spectateur.  Il  semble  qu'on  se  livre  au  plaisir  d'un  quadrille 
ou  d'une  contredanse. 

Mais  avant  de  détailler  les  couples  dansants,  faisons 
remarquer  que  la  dénomination  de  «  i)aysans  »  n'est  pas 
rigoureusement  exacte,  car  nous  voyons  parmi  les  person- 


—  452  — 

nages  dos  membres  de  la  gilde  des  potiers,  très  reconnais- 
sablés  à  leur  costume  :  ces  membres,  d'après  leurs  statuts, 
dont  il  sera  parlé  plus  tard,  devaient  porter  l'épée,  un 
justaucorps  en  velours,  et  leur  chapeau  avait  la  forme 
d'une  barrette  espagnole.  Les  danseuses,  dont  l'attitude  est 
à  la  fois  gracieuse  et  amusante,  portent  des  robes  irrépro- 
chables au  point  de  vue  de  la  décence  et  du  bon  goût 
M.  Dornbusch  a  présente  une  observation  très  juste  en  faisant 
ressortir  l'importance  des  poteries  en  grès  du  \wf  siècle 
pour  l'élude  du  costume  à  cette  époque. 

Il  existe  encore  aujourd'hui  un  vestige  de  ces  usages 
quant  à  l'uniforme  des  anciens  potiers  de  Raeren.  Chaque 
année,  à  la  fête  du  village  (Kirmess),  les  jeunes  gens  vien- 
nent avec  leurs  danseuses,  deux  à  deux,  les  musiciens  en 
tète,  conduits  par  un  des  maîtres  de  l'union  (plusieurs  de  ces 
maîtres  existent  encore  aujourd'hui);  ils  se  présentent  à 
l'église  le  dimanche,  le  lundi  et  le  mardi.  Lesdits  maîtres 
portent  des  emblèmes  qui  sont  un  souvenir  du  costume 
d'autrefois;  ils  ne  ceignent  plus  l'épée,  mais  ils  ont  encore 
la  barrette  ornée  de  fleurs  et  un  ruban  de  couleur  est  porté 
par  eux  en  sautoir. 

Les  deux  hommes  qui,  sur  notre  cruche,  conduisent  le 
quadrille  avec  leurs  danseuses,  sont,  sans  doute, des  membres 
de  la  corporation  des  potiers,  dont  ils  portent  le  costume;  ce 
sont  des  jeunes  gens  gros  et  forts  :  ils  ont  l'air  d'être  ardents 
à  la  danse. 

Le  troisième  couple  se  compose  du  curé  {baslor  pour 
paslor)  en  robe  longue  et  la  barrette  sur  la  tète  ;  la  com- 
pagne avec  laquollo  il  danse,  tient  une  fleur  à  la  nuiin. 

Mais  voici,  enfin,  un  vrai  paysan,  à  en  juger  d'après  son 


—  455  — 

grand  chapeau  en  tuyau  ;  il  fait  tourner  sa  danseuse  avec 
tant  d'animation  qu'on  n'aperçoit  de  celle-ci,  hruncllo  ou 
blondine,  que  le  fond  de  son  chapeau  de  paille. 

Le  cinquième  couple  danse  plus  posément;  mais  au  couple 
suivant,  nous  voilà  en  présence  d'une  situation  plus  diflicile 
à  décrire.  A  côté  d'une  jolie  danseuse,  qui  porte  une  corbeille 
à  la  main,  est  un  cavalier  qui  a  bu,  qui  doit  même  avoir  bien 
bu,  car  —  il  est  peu  élégant  de  le  dire,  mais  qu'importe  pour 
les  vrais  amateurs  d'archéologie  :  mundis  omnia  munda  — 
il  ne  retient  rien  de  ce  qu'il  a  bu,  et  il  projette  le  tout  à  terre 
avec  une  force  qui  fait  l'étonnement  de  sa  danseuse. 

Le  compartiment  suivant  offre  encore  un  potier  de  Raeren 
dans  la  forme  la  plus  ancienne  du  costume;  il  se  campe 
fièrement  et  il  semble  dire  :  «  C'est  moi  qui  suis  »  —  j'allais 
dire  Guillot  —  «  l'auteur  de  ce  vase,  sur  lequel  je  me  suis 
y>  représenté  moi-même  comme  danseur  galant  )i .  Le  bonnet 
qu'il  porte  est  celui  des  membres  de  la  gilde,  et  ce  bonnet 
est  encore  aujourd'hui  en  usage  dans  les  familles  Mennicken, 
Emonts,  Pitz,  les  descendants  des  anciens  potiers  de  ces 
noms,  qui  ont  conservé  avec  complaisance  ce  souvenir  de 
l'industrie  de  leurs  aïeux. 

L(j  îiiiitième  couple  forme  contraste  avec  le  sujet  pré- 
(  i';dent,  comme  pour  mieux  le  faire  ressortir  :  le  cavalier  n'est 
])as  un  jeune  homme,  un  dans(!ur  galant,  un  artiste  potier, 
c'est  un  petit  paysan,  le  dos  courbé,  le  chapeau  enfoncé  et 
le  fléau,  insigne  de  sa  profession,  à  la  main. 

Dans  le  couple  suivant  est  encore  un  paysan  ;  il  porte  un  fouet 
dans  la  main  gauche,  et  sa  danseuse,  dont  le  costume  est  aussi 
décent  qu'intéressant,  est  conduite  par  lui  avec  précipitation 
et  à  grands  pas. 


—  AU  — 

Tous  les  couples  qui  viennent  d'être  décrits  n'ont  pas  les 
mains  enlacées,  ce  qui  fait  présumer  (ju'il  s'agit  bien  d'un 
quadrille  ;  mais,  à  cet  égard,  le  dernier  couple  fait  exception, 
comme  pour  indiquer  que  c'est  la  fin  de  la  danse.  Le  cava- 
lier est  encore  un  membre  de  hgilde,  dont  il  porte  le  bonnet 
obligé. 

Parlons  maintenant  des  inscriptions  des  vases  ornés  de 
Dauernlanz  :  quelques-unes  ne  sont  pas  d'un  goût  irrépro-' 
chable,  mais  il  importe  de  n'en  omettre  aucune  pour  per- 
mettre aux  archéologues  et  amateurs  de  reconnaître  les  vases 
de  Raeren  dont  un  grand  nombre  ont  pénétré  en  Belgique, 
et  qu'il  s'agit  désormais  de  distinguer  des  autres  grès,  soit 
de  Liège,  DinanI  ou  Verviers  (s'il  en  existe),  soit  de  Siegburg, 
Frechen,  elc. 

Un  grand  nombre  de  ces  inscriptions  sont  en  vers  ou  au 
moins  rimées,  el  quelques-unes  sont  en  langue  flamande, 
comme  la  suivante,  déjà  présentée  par  M.  Scimermans  : 

DEN  .  noEMER  :  EN  :  DE  :  CAN  : 
MAECKT  :  MENIGHEN  :  AEP.MEN  :  MAN  : 

(Celui  qui  aime  le  vin  et  les  boissons  spiritueuses  deviendra 
un  pauvre  homme.) 

Cette  inscription,  m'apprend  M.  Scimermans,  s'est  signalée 
sur  un  «  grès  flamand  »  de  la  collection  Benoni  Verhelsl,  à 
Gand,  n"  HO;  ce  vase  portait,  en  outre,  la  marque  robert  . 
THiEviN  .  CAiîTEMAKER,  qui  cst  le  uom  d'uu  de  nos  modeleurs 
de  formes  à  reliefs  de  Raeren. 

Nous  rencontrerons  par  la  suite  lesdiles rimes  en  décrivant 
les  pots  de  grès  avec  leurs  écussons  et  monogrammes. 

Oii.iiil  aux  inscrij)lions  sur  les  cruches  dites  liaiternlanz , 


—  /f55  — 

M.  Dornbusch  n'en  avail,  encore  cité  que  doux  on  Irois 
variantes  ;  j'ai  eu  la  chance  de  parvenir,  non  sans  peine, 
mais  ne  me  laissant  pas  fatiguer  par  ce  travail  ingrat,  à  en 
rassembler  ni  ))lns  ni  moins  que  quinze  différentes  les  unes 
des  autres,  et  toutes  très  intéressantes. 

On  peut  classer  les  cruches  ornées  de  reliefs  de  paysans 
dansants  en  deux  espèces,  celles  qui  portent  l'inscription  au 
bas  du  sujet  et  celles  qui  en  ont,  en  outre,  une  seconde  en 
haut. 

Voici  l'inscription  la  plus  fréquente  de  la  première  espèce, 
elle  est  rimée  : 

i)        GERET  (0  :  DV  :  MVS  :  DAPER  :  BLASEN 
SO  :  DANSSEN  :  DEÏ  (2)  :  BVREN  :  ALS  :  WEREN  :  SEI  (ô)  : 
FRI  (/.)  :  VF  :  SPRICIIT  :  BASTOR  :    [RASEN  : 
IGH  :  VERDANS  :  Dî  (.;)  :  KAP  :  MIT  :  EN  :  KOR  (c) 

^)        GERET  :  DV  :  MVS  :  DANSEN  :  BLASEN  : 
SO  :  DEl  :  BVREN  :  ALS  :  WEREN  :  SE!  :  RASEN  : 
FRI  :  VF  :  SPRIGHT  :  P,ASTOR  :  IGIl  :  d50(; 

(Gérard!  eii  bien!  il  te  faut  sonner  par  force;  allons 
courage!  les  paysans  dansent  comme  s'ils  étaient  furieux. 
C'est  moi,  dit  le  curé,  qui  prodigue  tout  en  dansant.)  La 
deuxième  est  une  variante,  incomplète  faute  d'espace. 


(i)  Variantes  :  gerhet  (Gérard)  ou  ievrien  (Georges). 

(2)  Id.  DI. 

(3)  /(/.  SI  et  SY. 

(4)  kl.  FRY,  FRS  et  VIS. 
(s)  Id.              I)Y  Ot  DEN. 

(6)  Avec  la  date  1585,  ou  avec  l;i  ilatc  1587,  ot  les  initiales  W.  Z.  (comme 
sur  la  cruche  ci-dessus  décrite). 


—  456  — 

M.  Schuermans  me  fait  connaître  que  des  exemplaires  de 
cruches  portant  ces  inscriptions  ont  paru  dans  les  collec- 
tions d'IIuyvetter  (n"^  85,  86,  87)  et  Verhelst  (n"  18),  àGand  ; 
de  Wt'(,'kh(3rlin  (pi.  41),  à  La  Haye;  Vander  Kellen  (n"  137), 
en  Hollande;  Guillon  (n"  946),  à  Ruremonde;  à  l'exposition 
de  Munster  en  1879  (n"  1055);  il  en  existe  aussi  deux 
exemplaires  au  Musée  de  Liège  (inédits)  et  plusieurs  exem- 
plaires au  Musée  de  Bruxelles  (J.  15,  55,  etc.).  La  collection 
d'Iluyveltei-  (n"'  80,  85)  possédait  celles  qui  olîrenl  la 
variante  :  ievkien  pour  gerhet. 

5)         GERET  :  BLAES  :  NV  :  VRY  .  SV  :  SYNT  : 
AL(HE)I  :  WIR  :  WILLEN  :  DANSEN  : 
ViVl  :  LERRE  :  BRVICH  :  VNND 
HARHEN  :  KRANSSEN  : 

(Gérard!  sonne  à  présent,  eh  bien!  tous  les  danseurs 
sont  réunis  à  la  place.)  Le  nîslant  m'échap))e;  mais  le  sens, 
en  lui-niènie,  a  moins  d'importance  que  la  reproduction  de 
rinscriplion,  seule  chose  qui  présente  de  l'intérêt  pour  les 
éludes  comparatives. 

4)  WER       MOSEN  c   BLASEN  o  BEI  o 

BVREN  V  DANSSEN  c   EN  DE  o 
SPRENGEN   ;   VF  </  WERREN   v  SEI  o 
RASSEN   0 

(  Il  nous  faut  sonner  et  jouer,  les  paysans  dansent  et  tres- 
saillnnl  de  joie,  comme  s'ils  étaient  furibonds.)  Celle  Ira- 
diicliun  <'sl  très  exacle. 


—  457  — 

5)  Sur  un  joli  petit  pot,  de  couleur  cerise  et  brune  mêlée,  on 
lit  la  devise  suivante,  qui  doit  avoir  un  sens  local  quant  aux 
coutumes  de  l'ancien  Kaeren  et  au  langage  des  habilanls  : 

SPRENK  .  FRI  .  OP  .  GRET  .  DER 
PISS  .  MVS  .  FERDANS  .   1597 

(Allons,  Marguerite,  saute!  il  faut  danser ) 

())  Un  autre  vase,  où  les  couples  dansants  sont  très  fins  et 
d'une  belle  exécution,  nous  offre  la  date  la  plus  ancienne, 
1375  (i),  retrouvée  sur  les  cruches  à  Bauernlanz;  il  porte 
l'inscription  suivante  : 

DIS  .  MONAT  .  SEIN  .  GETHAN   . 

WOLAVF  .  GRED  .  WIR  .  FANGENS  . 

WIDERVM   .  AN  .  ANNO  .   1591    .  L  .  W 

(Ce  mois  ont  été  faits...  ou  :  ayant  fini  nos  travaux, 
allons,  Gérard  (ou  Marguerile=Griet  ou  Gredel),  nous  com- 
mençons de  nouveau  à  danser? ) 

D'après  M.  Schuermans,  la  collection  de  Weckherlin 
(pi.  34)  possédait  un  vase  semblnble. 

M.  Stegmann,  savant  très  versé  dans  la  céramique 
ancienne  et  moderne,  auteur  de  remarquables  études  sur 
la  matière,  et  naguère  rédacteur  du  Journal  de  la  cémmique, 
publié  à  Brunswick,  m'envoya  un  jour  la  photographie  d'une 
cruche  du  Musée  de  cette  dernière  ville,  en  me  demandant 
s'il  ne  s'agissait  pas  d'un  produit  de  Raeren.  Grâce  aux  nom- 


(0  Cette  (laie  1375  se  trouve  luêléc,  chilTrc  par  chiflVe,  parmi  les  couples 
dansants  :  l  #  5  #  7  #  .3.  D'ordinaire  le  millésime  est  placé  à  la  fin  de 
rinscrii>lioii,  quelquefois  avec  les  initiales  du  carlemaker. 


—  458  — 

broux  points   de  comparaison  recueillis  par  moi,  je  pus 
immédiatement  lui   transmeUrc   une   réponse   catégorique 
dans  le  sens  affirmatif.  Or,  j'ai  pu  lire,  au  même  moment, 
dans  le  catalogue  de  l'exposition    de   Cologne,  en   187(3 
(n"  1525),  qu'on  considérait  à  tort  cette  cruche  comme  un 
fabricat  de  Siegburg  (coll.  Suermondt,  à  Aix-la-Chapelle). 
J'ai  pu  de  la  môme  manière,  grâce  à  mes  renseignements, 
à  mes  comparaisons  des  catalogues  et  aux  débris  trouvés  à 
Raeren,  rectifier  dans  le  catalogue  du  Musée  royal  de  Suède 
une  quantité  d'attributions  erronées  et  remplacer  des  points 
d'interrogation  ou  des   «  Siegburg  »    par  des  «  Raeren,  » 
indiqués  par  moi  sans  hésitation  et  avec  toute  certitude;  les 
recherches  et  études  comparées  permettront  d'en  agir  éga- 
lement partout,  et  déjà  avec  M.  lïetjens,  d'Aix-la-Chapelle, 
aidés  que  nous  avons  été  de  MM.  Schuermanset  J.  Frésart, 
banquier  à  Liège,  nous  avons  classé  les  grès  du  Musée  de 
cette  dernière  ville.  Musée  beaucoup  plus  riciie  en  ce  genre 
d'objets  que  ne  le  croyaient  ses  directeurs  :  l'étude  et  la  pra- 
tique mettent  très  aisément  à  même  de  distinguer  les  grès  de 
Raeren,  de  Frechen,  de  Siegburg,  du  pays  de  Nassau  (Hijhr, 
Grcnzhausen,  etc.)  et  enfin  de  Creussen  (liavière). 

7)  Une  inscription  qui,  à  défaut  de  ponctuation  correcte  et 
complète  est  très  difficile  à  déchiffrer,  se  trouve  sur  un  pot 
élégant,  très  important  quant  à  la  forme  et  à  la  grandeur  : 

lAN  .  RONT  .  H(00)T  .  CLAES  .  SAICHT 

SIN  .  IIANNE  .  LIS  .  FAES  VAN   SEEIN  (ou  stein) 

lAN  TREET  .  SAEGIÏT  PEEN 

WVIT  rj  LIPPEN  LOER  DORSSCIIER 

L\N  .   IIS  .  G  RÏS  .    ]im'>  .   1  .   E  Clan  Emens) 


—  4o9  — 

(  Jean  à  chapeau  rond,  Nicolas  dit  à  son  Anne-Elisc.... 
Jean  marche  doucement  les  jambes  larges,  les  lèvres 
lâches  (i)....  )  Je  ne  puis  expliquer  mieux  celte  inscription, 
en  bas  allemand;  c'est  tout  ce  que  je  puis  parvenir  à  en 
tirer. 

Ce  vase  appartient  à  la  collection  de  M.  Ileljens,  à  Aix-la- 
Chapelle,  que  j'ai  déjà  cité  à  raison  des  peines  qu'il  s'est 
données  pour  acquérir,  aux  plus  hauts  prix,  les  débris,  les 
moules,  les  pots,  afin  de  les  empêcher  de  se  disperser  au 
loin  dans  des  collections  étrangères.  Mais  il  en  a  été  bien 
récompensé,  en  étant  parvenu  à  réunir  la  plus  belle  collec- 
tion qui  existe  des  grès  de  Raeren. 

En  lui-même,  le  vase  est  un  chef-d'œuvre  :  il  représente 
neuf  couples  dansants,  plus  les  deux  musiciens  qui  sont 
toujours  les  mêmes  quant  au  costume,  aux  instruments,  à 
l'attitude. 

8)  Une  inscription  commence  comme  celle  du  n°  i  : 

GERET  :  WIR  ■:  MOESEN  ■   BLASEN  \   etc. 

avec  trois  points  comme  interponctuation. 

J'ai  aussi  rencontré  dans  mes  débris  et  dans  mes  rechei-- 
ches  une  variante  qui,  au  lieu  du  mot  blasen  (sonner, 
souffler),  porte  le  mot  dansen;  mais  je  n'en  suis  pas  parfai- 
tement certain,  c'est  pourquoi  je  l'omets. 


())  «  Les  lèvres  l'iohes  «  est  une  expression  dont  on  fait  encore  usage 
aujourd'hui;  si  l'on  Irouvo  quelqu'un  qui  a  assez  bu,  voilà,  dit-on,  Jau  ou  Cloos 
(Nicolas),  ou  Tis  (Mathieu);  il  a  les  (f  iipperi  loer  »,  c'est-à-dire,  il  est  devenu 

babillard,  il  a  bu. 


—  460  — 

9)  La  plus  intéressante  de  toutes  les  inscriptions  des 
cruches  à  Bauerntanz  se  trouv(;  autour  d'un  |)ot  très  haut, 
d'une  grande  circonférence,  de  couleur  hrune  et  fine;  les 
personnages  sont  encore  les  mêmes,  mais  plus  grands  et 
mieux  exéculés;  les  reliefs  sont  de  toute  beauté. 

Il  porte  comme  inscription  supérieure  celle  du  n"  1 
ci-dessus,  et,  en  bas,  la  suivante  : 

WEIB  :  ZVE  :  SPILLEID  :  STONT  :  AL  : 

HEI  :  ENDE  :  BLASEN  :  ZVM  :  BVHEN  : 

DANS  :  VF  :  HANS  :  DANS  :  DEI  : 

PEIF  :  GEIT  :  EGHT  :  WIR  : 

DANSEN  : 

(Femme,  les  deux  musiciens  sont  déjà  en  place  et  jouent 
à  la  danse  des  paysans;  allons!  Jean,  danse,  la  llùte  se  fait 
entendre;  (va)  bien,  nous  dansons!) 

10)  Devise  supérieure  d'un  autre  vase  élégant  avec 
Bùuendanz  : 

lEVRIEN  i  DV  ;  MVS  \   DAPPER  ;  BLASEN  : 
SO  ;  DANSEN  :  DEI  ;  BVREN  ;  ALS  \   WEREN  \ 

[SY  :  RASEN  : 
FRY  :  VF  :  SPRIGHT  ;  BASTOR  \ 
ICI!  •;  VERDANS  ;  DY  ;  KAP  \   MIT  :  DEN  ;  KOR  ; 

Gelle  insci'iplioi)  d'unes  cruche  de    ma    collection ,   très 


—  4(SI   — 

oxaclomciil   rcnduo,   csl    ncoompagnéc,   en   bas,  do  celle 
deuxième  inscriplion  ; 

H) 

WER  i  SIN  :  IIOEPT  :  WILT  ;  IIAI.DEN  ;  GANSZ  i 
DER  :   LAS  ;   DEN  ;   HViNDEN  ;   ER  ;    BR(VE)- 

[L(VE)FT  :    (i) 
ENDE  jDEN  j  BVREN  i  EREN  ;  DANSZ  :G  JE  ilSOO 

(Celui  qui  veut  conserver  sa  lète  entière  devra  laisser 
aux  chiens  leurs  plaisirs  et  aux  paysans  leurs  danses). 

M.  Schuermans  m'apprend  que  cette  seconde  partie,  indi- 
quée comme  existant  sur  le  grès  n"  J.  55,  du  Musée  do 
Bruxelles,  ne  s'y  trouve  pas  ;  elle  aura  été  sans  doute  copiée 
erronément  dans  le  catalogue  Verhelst. 

12)  L'inscription  suivante  est  semblable  à  la  précédente, 
avec  laquelle  elle  présente  seulement  quelques  variantes  : 

PEIFERT  ;    GEFEHRT  ;   DV  i   MVS  i    BLASEN  ; 
DAN  i   DAN8EN  i  DIE  ;    BVREN  [  ALS  i  WEREN 

[SIE  :  RASEN 
WER   :   WILL   i   IIALTEN   i   SEINEN   j   SCHETEL 

[GANZ 
LAS  i   DEN  :   BOVREX  :    IHREN  j   DANZ  i 

Scheicl  (ou  Scliàdel)  veut  dire  le  crâne. 


(i)  15KVLVEFT  cst  uiic  exprossiuii  encore  en   usage  chez   le.s  paysans  (lour 
indiquer  que  les  vaches  sont  en  rut. 


—  162  —    • 

13)  Dans  la  foule  des  tessons  et  des  vases  qui  ont  été 
déterrés  à  Raeren,  j'ai  trouvé  un  exemplaire  extraordinaire 
quant  à  sa  forme  élégante  et  à  son  émail  bleu  d'un  lustre 
brillant;  mais  on  ne  peut  en  dire  autant  de  l'inscription, 
pour  laquelle  il  faut  solliciter  l'indulgence  du  lecteur  : 

DRISSEN  :  GEIT  :  FOR  :  ALLEN  :  DENGEN  : 
FOR  :  DANSEN  :  VND  :  SPRENGEN 

(Contenter  ses  besoins,  satisfaire  à  ses  nécessités,  doit 
avoir  la  préférence  sur  toutes  choses)  (i). 

Il  y  a  encore  d'autres  inscriptions  sur  les  vases  avec 
Bauerntanz,  mais  elles  se  rapprochent  ])lus  ou  moins  des 
précédentes. 

M.  Hetjens  possède  dans  sa  précieuse  et  riche  collection 
un  pot  de  grès  avec  les  reliefs  de  la  danse  des  paysans,  mais 
qui  a  l'ail"  d'être  un  persilllage  du  clergé  dans  les  couvents, 
conmie  le  font  supposer  les  costumes  des  danseurs  et  des 
danseuses.  Les  reliefs  représentent  des  personnages  très 
grands  et  gravés  avec  une  habileté  exceptionnelle.  C'est  un 
véritable  chef-d'œuvre. 

A  l'exposition  de  Cologne,  j'ai  vu  aussi  un  pot  de  grès 
magnifique,  sur  l'anse  duquel  se  trouvent  en  relief  des 
paysans  dansants. 

Quel  est  le  motif  pour  lequel  les  potiers  de  Uaeren  ont 
représenté  avec  cette  surabondance  la  scène  des  paysans 
dansants,  qui  est  le  sujet  dominant  dans  nos  grès?  Cela  doit 


(<)  Le  picmicr  mol  de  l'iiiscriplioii  est  une  expression  triviale  cl  grossière 
qui  iiiili(iue  plus  éncrgiquement  encore  la  première  partie  de  noire  tiaduction. 


—  465  — 

évidemment  avoir  été  fait  avec  intention.  Voici  comment  je 
crois  pouvoir  l'expliquer  :  la  danse  a  toujours  été  un  plaisir 
particulièrement  en  honneur  à  Raeren,  et  la  procession  des 
jeunes  iî,ens  à  la  fête  du  village  en  est  encore  une  preuve. 
Or  un  édit  de  Joseph  II,  que  j'ai  trouvé  dans  les  archives  de 
l'église  de  Raeren,  porte  ce  qui  suit  en  flamand;  on  aura 
jugé  nécessaire  d'en  faire  une  publication  toute  spéciale  à 
Raeren.  J'en  transcris  textuellement  le  contenu,  qui  peut 
vous  intéresser,  vous  autres  Belges  : 

«  Edict  van  den  II  februarii  1786,  gepubliceert  tôt  Rae- 
ren den  19  martis  1786,  raeckendc  die  Kirmissen. 

»  Josephus,  by  de  Gratie  Gods,  Rooms  Keiser,  etc. 
»   1  Artikel. 

»  Aile  die  Kermissen  olte  kerkwydingen  en  andere  dicr- 
gelycke  feesten  welkdaenig  die  konncn  weren  zoo  in  de 
steeden  als  len  platten  lande  suUen  voortaen  overal  worden 
gehondcn  op  dcnselven  dag  den  welken  wy  voor  altyds  en 
le  beginnen  met  legcnwoordig  jaer  vaslstellen  op  den  twec- 
den  zondag  van  paeschen. 

»  2  Artikel. 

»  Wy  verbieden  op  pêne  van  eene  amende  van  twec 
hondert  patlacons  aen  aile  pastoors  ende  andere  gecstelyckc 
persoonen  op  eenige  anderen  dag  te  vieren  de  kerkwydin- 
gen van  hunnc  kerken  olte  kapellen  en  interdiceeren  aen 
aile  en  ecn  jeder  op  eenigen  anderen  dag  te  houden  het 
gène  men  noemt  kermis  ofte  kerkwyding  van  welkdaenigc 
soort  het  sy  ofte  deselve  by  te  woonen  op  deselvc  pêne  tôt 


—  464  — 

lasten  van  jederen  overtreder  ;  ende  zal  de  amende  voor  een 
derdc  syn  loi  onsc  profyte,  voor  het  ander  derdc  ton  profyte 
van  dea  officier  die  het  exploil  zal  hebbcn  gedaen,  ende 
voor  het  resterende  derde  deel,  ten  profyte  van  den  ambren- 
gerwelkers  naem  zal  verswegen  worden. 

»  (geteekenet)  J.  Lanné.  (gepar)  Grumpipen.  » 

La  fin  de  i'édit  fait  connaître  que  l'on  mettait  la  police 
seci'èle  en  mouvement  pour  empêcher  les  paysans  do  Rae- 
ren  de  danser,  puisqu'on  récompensait  pécuniairement  les 
dénonciateurs. 

Mais  en  voilà  assez  des  cruches  à  la  danse  des  paysans. 
Dans  ma  prochaine  communication,  Messieurs,  je  vous  en- 
tretiendrai des  craches  avec  l'histoire  de  la  chaste  Suzanne, 
aulre  sujet  presque  aussi  répandu  que  la  danse  des  paysans. 

Toutes  les  Susannakriiye  sont,  presque  sans  exception, 
des  cruches  élégantes  précieuses  et  particulièrement  soi- 
gnées ;  ce  sont  des  pièces  d'élite. 

J'ai  l'honneur,  etc. 

(Signé)  ScHMiTz, 

V'^icaire  à  Kaercn. 

Raeren,  Ui  novembre  1879. 


P.  S.  i^eiidaiil  l'impression  de  ma  lettre,  j'ai  encore  les 
renseignements  suivants  à  fournir  : 

M.  !<■  baron  de  Geusau,  au  clialeau  de  Sinnich,  près 
(l'.Vubel,  possèd(i  aussi  un  bel  exemplaire  de  «  Bauernlanz- 


—  465  — 

krug»,  avec  double  inscriplion,  dont  l'une  commence  par 
lEVRiEN  et  l'aulro  par  weii  |  siîs  -;  hoet,  etc.  Celle  cruche 
provient  de  ma  collection. 

Il  y  a  à  l'inscription  n"  5  une  variante  ainsi  conçue  : 

U)  GERAT  .  BL^S  .  NV  :  VRY  .  SY .  ZYNT.  AL  .  HEI,  etc. 

J'ai  trouvé  récemment  une  IG*  inscription,  sous  le  sujet 
des  paysans  dansants,  autour  d'un  vase  de  dimensions  excep- 
tionnelles; c'est  l'inscription  loft  .  gott  .  al  .  teit,  etc., 
que  l'on  retrouvera  ultérieurement,  lorsque  je  m'occuperai 
des  devises  morales  qui  illustrent  la  poterie  de  Raeren. 

Mais  je  ne  veux  pas  omettre  ici  une  sorte  de  vases  dont 
je  devais  m'occuper  plus  tard,  mais  que  M.  le  Président 
Schuermans  m'engage  à  classer  avec  les  paysans  dansants. 

C'est,  en  effet,  aux  cruches  avec  la  danse  des  paysans 
«  Bauerntanz  »  que  se  rattache  une  espèce  de  pots  dits 
«  Bauernhochzeit  »,  la  Noce  des  Paysans.  Cette  espèce  est 
très  rare;  les  sujets  ne  sont  pas  également  décents,  et, 
disons-le  à  la  louange  de  nos  paysans,  la  vogue  des  cruches 
parait  avoir  été  chez  nous  en  raison  inverse  de  l'inconve- 
nance des  sujets.  Certes,  nous  avons  eu  des  exemples  de 
représentations  licencieuses  sur  nos  anciens  vases  :  mais  le 
goût  du  public  ne  leur  a  jamais  accordé  le  succès,  ce  que 
je  puis  invoquer  comme  preuve  des  mœurs  bonnes  et  hon- 
nêtes de  nos  potiers. 

Les  vases  à  la  Noce  des  Paysans  sont  de  premier  choix; 
ils  portent  pour  inscription  sur  le  rebord  de  la  nappe  qui 
recouvre  la  table  du  banquet  : 

15)  DIË  :  BVREN  :  HOCIIZEIT. 

(La  Noce  chez  les  Paysans.) 


—   466  — 

Ces  vases  ont  une  anse,  sont  revêtus  d'une  fine  couverte 
brune  ;  sur  leur  vaste  panse  se  déroule  toute  une  scène  où 
abondent  les  personnages  :  musiciens,  valets,  couples  dan- 
sants, table  de  festin,  autour  de  laquelle  sont  assis  les  hôtes 
de  la  fête  nuptiale,  tous  en  costume  espagnol.  Les  fiancés 
portent  des  couronnes  sur  la  tête,  et  ont  le  verre  à  la  main. 
La  dimension  des  grandes  cruches  et  des  énormes  pots  qui 
contiennent  le  vin,  donne  l'idée  d'une  fête  exceptionnelle. 
Des  domestiques  apportent  ces  cruches,  tandis  qu'un  autre 
tient  dans  ses  deux  mains  un  vase  de  fruits.  Ces  serviteurs 
ont  eux-mêmes  pris  part  à  la  fête  ;  car,  au  coin  de  gauche, 
on  trouve  une  scène  digne  de  Teniers,  analogue  à  celle  que 
nous  avons  vue  dans  le  6*  tableau  de  la  Danse  des  Paysans  : 
un  domestique  tient  la  tète  d'un  autre  qui  vomit,  tandis  qu'un 
troisième  se  permet  un  geste  fort  déplacé  à  l'égard  d'une 
jeune  fille  qui  danse. 

Le  col  de  cette  belle  cruche  est  orné  de  ma.scarons  et 
tout  autour  de  la  l'eprésentation  de  la  noce  nous  lisons  : 

l()j    WER  :  SINE  :  KOP  :  WIL  :  HALTEN  :  REIN  : 
DER  :  LAS  :  DIE  :  BVREN  :  IRE  :  HOCHZEIT  :  ALLEIN  : 

> 

(Celui  qui  veut  conserver  sa  tête,  aux  paysans  doit  laisser 
leur  fête.) 

Je  sais  bien  qu'il  faudrait  traduire  noce  au  lieu  de  fête; 
mais  j'ai  voulu  donner  une  idée  aussi  exacte  que  possible  des 
rimes  allemandes. 

Un  autre  vase  a  beaucoup  d'analogie  avec  les  précédents; 
c'est  le  vase  qu  on  appelle  «  Bauernwirlhschaft  » ,  le  cabaret 
des  paysans. 


—  467  — 

L'artiste  nous  introduit  dans  un  cabaret  de  village,  où 
sont  attablés  des  paysans  avec  leurs  femmes  et  leurs  enlants  : 
d'après  les  costumes,  nous  reconnaissons  encore  ici  des 
membres  de  la  gilde,  avec  leur  bonnet  et  leur  robe,  et  de 
vrais  paysans  avec  leur  chapeau  et  leur  costume.  Ils  boivent 
dans  des  récipients  fabriqués  à  Raeren,  car  ce  tableau  sur 
une  cruche  donne  le  dessin  même  des  cruches  fabriquées 
à  Raeren  au  xvi^  siècle  :  c'est  donc  «  une  scène  d'estaminet  » , 
telle  qu'on  les  voyait  à  Raeren  à  cette  époque.  Dans  un  coin, 
la  cabaretière,  qui  n'a  pas  l'air  d'une  femme  d'humeur  facile, 
une  vraie  Xantippe,  annote  sur  un  tableau  (kerbholz)  la  con- 
sommation de  ceux  qui  n'ont  pas  de  monnaie  pour  payer, 
tandis  que  le  cabaretier,  son  époux,  au  visage  engageant  et 
plein  de  bonhomie,  fait  contraste  et  a  l'air  de  «  pousser 
à  la  consommation.  » 

Peut-être  l'hôtesse  est-elle  malade,  car  elle  s'est  lié  un 
drap  autour  de  la  tète;  peut-être  aussi  trouve- t-elle  que  la 
séance  se  prolonge  trop  tard  et  qu'il  faut  «  arrêter  les  frais.  » 

Cette  sorte  de  vase  est  très  rare  :  je  n'ai  pu,  quant  à  moi, 
m'en  procurer  que  deux  débris. 

Enfin,  que  j'ajoute  un  mot  concernant  M.  Stegmann  que 
je  cite  dans  ma  lettre.  Il  est  l'auteur  d'un  journal  intitulé 
Zeilschrift  der  gesammten  Thonwaerèn- Industrie  (imprimé 
chez  l'éditeur,  àRrunswick),  dans  lequel  j'ai  publié,  il  y 
a  deux  ans,  plusieurs  articles  sur  la  poterie  de  Raeren  au 
XVI'  siècle  et  au  xvif. 

J'ai  aussi  fourni  plusieurs  articles  sur  l'industrie  en  ques- 
tion de  mon  ami  M.  Frauberger,  conservateur  ou  cualos  du 
musée  de  Briinn,  pour  un  journal  qu'il  rédige  à  Klagenfurt. 
A  son  retour  de  l'Exposition  de  Paris,  M.  Frauberger  vint 


—  /p68  — 

me  visiter  à  Racren,  pour  se  convaincre  par  lui-même  des 
détails  que  je  lui  avais  fait  parvenir  sur  nos  «  raretés  de 
Raeren.  »  Il  manifesta  la  plus  grande  surprise  et  son  admi- 
ration en  visitani  la  collection  de  M.  Heljens  et  les  photo- 
graphies qu'il  a  fait  faire  de  tous  les  reliefs  des  vases  de 
Raeren,  et  il  nous  a  dit  que  Raeren  devait  avoir  été  le 
centre  le  plus  important  de  la  fabrication  des  grès  au  xvi* 
siècle  et  au  xvii'. 

—  Enfin,  il  n'est  peut-être  pas  sans  intérêt,  malgré  l'ex- 
plication que  je  donne  du  mot  brulueft  (n"  14  ci-dessus),  de 
rappeler  ce  que  Dornbuscli  dit  d'une  espèce  de  vase  de 
Siegbiirg,  d'iie  Bruloftswerk  (Beffroi,  [V,  p.  i04). 


N.  B.  La  propriété  des  lettres  du  vicaire  Scn.MiT/i  est  formellement 
réservée  et  la  reproduction  en  est  interdite  :  le  dépôt  légal  en  a 
été  effectué. 


TABLE   DES  MATIERES. 


Notes  sur  un  voyage  on  Italie,  adressées  à  M.  le  Conservaient" 
en  chef  de  la  Bibliothèque  royale,  par  M.  IIemu  IIymans, 
Conservateur  à  la  Section  des  Estampes       ....        5 

Note  sur  la  statue  de  Maximilien-Einmanuel,  Électeur  de  Bavière, 
placée  en  iG97  sur  la  Maison  des  Brasseurs,  à  Bruxelles, 
par  M.  A. -G.  Demanet.         .......       i:2 

Bibliographie,  par  M.  H.  Schuekmans TiO 

Épigraphie  romaine  de  la  Belgique  {Suite),  par  M.  H.  Schuerjuns.      (5.5 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  janvier  et  de  février  1879  .        .     9i 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  mars  et  d'avril  1879        .        .      9!) 

Ministères  de  l'intérieur  et  de  la  guerre.  —  Règlement  organique 
du  Musée  royal  d'antiquités  et  d'armures.  —  Règlement 
d'ordre  du  Musée  royal  d'antiquités  et  d'armures.  —  Musée 
royal  d'antiquités  et  d'armures.  Commission  de  surveillance.     115 

Exposition  universelle  de  Paris  (1878).  —  Extraits  des  rapports 
adressés  par  les  jeunes  artistes  qui  ont  visité  cette  Exposition 
à  l'aide  de  subsides  du  département  de  l'intérieur.        .        .     1:28 

Écoles  et  musées  d'art  décoratif  en  Allemagne,  par  M.  Lucien 
SOLVAY 118 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  mai  et  de  juin  1879        .        .167 

L'église   collégiale   de   Saint-Hermès,   à    Renaix  (Suite),    par 

MM.  J.  RUTTIENS  et  E.  SERRliRE 175 

Anciennes  et  nouvelles  peintures  de  l'église  de  Notre-Dame  de 
la  Chapelle,  à  Bruxelles,  par  M.  l'abbé  H.  De  Bruyn     .         .179 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  juillet  et  d'août  1879        .        .     2ô"> 

Grès  flamands,  limbourgeois  et  liégeois,  par  M.  H.  Schuermans.    5  57) 


—  II  ^ — 

Pages. 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  septembre  et  d'octobre  1879.     283 

Épii^niphie  romaine  de  la  Belgique.  —  Inscriptions  recueillies 
à  l'étranger.  —  Inscriptions  militaires  (Suite),  —  par 
M.  H.  ScHLEioiANS :21)8  et  597 

Grès  limbourgeois  de  Raeren.  —  1'''  lettre  à  M.  le  Président  du 
Comité  du  Bulletin  des  Commissious  royales  (Fart  et  d'archéolofiic, 
par  M.  ScuMiTZ 568 

Grùs  liégeois.  —  Lettre  à  M.  le  Président  du  Comité  du  Bulletin 
des  Commissions  royales  d\irt  et  d'archéologie,  par  M.  D.  van  de 
Casteele 580 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  dés  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  novembre  et  de  décembre  1879.     585 

Grès  limbourgeois  de  Raeren.  —  !2"  lettre  à  MM.  les  Membres 
du  Comité  du  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'ar- 
(7iéo/(j(/?e,  par  M.  ScHMiTz,  Vicaire  à  Raeren    ....     lid 


PLANCHES. 

Église  collégiale  de  Saint-Hermès,  à  Renaix,  pL  VI  à  XIV 
Grès  flamands,  limbourgeois  et  liégeois,  jd.     \. 

)>  »  pi.    11.        . 

»  »  pi.  III. 

»  »  pi.  IV. 


Papes. 

178* 

245 

251" 

264. 

261 


GETTY.ÇENTERUNRARV 


llliilli 


3  3125  00666  0829