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COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
ET D'HISTOIRE NATURELLE
DE GENÈVE
XXVII. — 1910
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GENÈVE
BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE; 18
PARIS LONDRES NEW-YORK
H. LE SOUDIER DUL AU & C° G. E STECHERT
174-176, Boul. St Germain 37, Soho Square 9, East 16tb Street
Dépôt pour PALLEMAGNE, GEORG & Ci, à Baux
1910
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)CIÉTÉ DE PHYSIQUE
à JD D'HISTOIRE NATURELLE
DE GENÈVE
GENÈVE. — SOCIÉTÉ GÉNÉRALE D’IMPRIMERIE
Pélisserie, 18
COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA
SOCIETE DE PHYSIQUE
ET D'HINTOIRE NATURELLE
DE GENÈVE
XXVII. — 1910
LPS SSL LS
GENÈVE
BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE. 18
PARIS LONDRES NEW-YORK
H. LE SOUDIER DUL AU & C° G. E STECHERT
174-176, Boul. St-Germain 37, Soho Square 9, East 16th Street
Dépôt pour lALLEMAGNE, GEORG & Ci, À BALE
1910
Extrait des Archives des sciences physiques et naturelles
tomes XXIX et XXX
COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA
SOCIÊTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
Année 1910
Présidence de M. Frédéric REVERDIN
Séance du 6 janvier 1910.
R. de Lessert. La distribution géographique des Araignées en Suisse.
— C.-E. Guye et Ratnowsky. Sur la variation de l’inertie des
corpuscules cathodiques en fonction de la vitesse et sur le principe
de relativité. — ÇC.-E. Guye et A. Tscherniawsky. Sur la mesure
des très hauts potentiels par l'emploi d’électromètres sous pres-
sion. — L. de la Rive. La solidarité magnétique des molécules
des aimants. — Briner et Wroczynski. L'action chimique des
pressions élevées. — Th. Tommasina. Interprétation mécanique
de la masse électromagnétique.
Roger DE LESSERT. La distribution géographique des Arai-
gnées en Suisse’. La faune des Araignées en Suisse est très
riche et variée, grâce à la présence, d’une part, d’élé-
ments méridionaux (région insubrienne et Valais) et,
d'autre part, dans les Alpes, d'éléments septentrionaux.
Le nombre total des espèces observées dans notre pays
s'élève à 616, réparties en 21 familles et 168 genres. On
peut reconnaître dans ce nombre :
1° Des formes autochthones comme ; Gnaphosa tigrina
Simon et rhenana Müller et Schenkel, Cnephalocotes dahh
! Cette communication à été publiée n extenso dans la Revue
suisse de Zoologie, t. 17, p. 483-499, 1909.
6 SÉANCE DU 6 JANVIER
de Lessert, Panamomops tauricormis (Simon), Tapinocyba
affinis de Lessert, Gongylidiellum kulczynskii de Lessert,
Hilaira carh de Lessert, Centromerus subalpinus de Les-
sert, Taranucnus ghidinii de Lessert, Thanatus cervini
Simon, Clubiona kulczynskhii de Lessert, Heliophanus re-
curvus Simon et viriatus Simon.
2° Des espèces cosmopolites comme Theridion tepida-
riorum C.-L. Koch et Tegenaria derhami (Scop.)
3° Des Araignées spéciales à certaines régions de la
plaine suisse, notamment des espèces xérothermiques
formant des colonies dans les endroits chauds, abrités et
sablonneux du bassin du Léman.
Ce sont entre autres: Typhochræstus simoni de Lessert,
Chiracanthium montanum L. Koch, Phrurolithus nigrinus
(Simon), Micaria chalybeia Kulcz., Lycosa personata L.
Koch, Heliophanus kochi Simon.
Répartition horizontale : On peut constater au point de
vue de la distribution horizontale les faits suivants :
4° Un certain nombre de formes méridionales sont
réparties dans deux régions particulièrement intéressantes.
a) La région insubrienne (Tessin et vallées méridio-
nales des Grisons) dont la faune est méditerranéenne.
Les espèces les plus typiques de cette région sont :
Filistata nana Simon, Segestria florentina (Rossi), Ptero-
tricha exornata (C.-L. Koch), Holocnemus rivulatus (Fors-
käl), Spermophora senoculata (Dugès), Lithyphantes pay-
kullianus (Walck.), Formicina mutinensis Can., Lycosa
albofasciata Brullé, Lycosa radiata Latr., Evophrys finitima
(Simon), Evophrys terrestris (Simon), Menemerus falsificus
(Hahn), etc.
b) Le Valais central caractérisé par sa grande séche-
resse et l'intensité de son insolation, possède quelques
formes méditerranéennes qui ont pénétré dans cette région
soit directement du sud par les cols soit par le bassin du
Léman et la vallée du Rhône. Citons entre autres Uloborus
walckenϾri Latr., Eresus niger (Pet.), Araneus circe (Sav.),
Thomisus albus (Gmel.), Xysticus ninnü (Thor.)
2% Des représentants de la faune orientale de l’Europe
sont caractéristiques pour le canton des Grisons. Ce sont:
SÉANCE DU 6 JANVIER 7
Erigone tirolensis L. Koch, Lephthyphantes Kochi Kulez..
Araneus sœvus (L. Koch).
Répartition verticale : Nombre d'espèces qui fréquen-
tent les régions subalpine et alpine ne se rencontrent jamais
en plaine et s'élèvent par contre à des hauteurs considé-
rables. Nous avons capturé, à plus de 3000 rm. Cniflo
nivalis (Simon), Drassodes heeri (Pav.) et Pardosa ludovici
(Dahl). Le maximum d'altitude observé est 3423 m. (cabane
de Bertol ‘/Arolla) pour Pardosa ludovici (Dahl).
Nos observations permettent de définir dans les Alpes
4 zones principales :
4° Une zone montagneuse (800 à 1500 m. env.) qui
renferme plusieurs formes silvicoles qui lui sont propres
telles que : Harpactes drassoïdes (Simon), Gongyhdellum
paganum Simon, Lephthyphantes terricola (C.-L. Koch),
nodifer Simon et tenebricola (Wider), Cybaeus tetricus (C.-L.
Koch). Hahnia montana (Blackwall), etc.
2° Une zone subalpine (1500 à 2300 m. env.) caracté-
risée par les espèces suivantes: Theridion umbraticum
L. Koch, Araneus montanus (C.-L. Koch), Lephthyphantes
lepidus (Cb.), Taranuenus lucifuga Simon, Drassodes vil-
losus (Thor.), Gnaphosa lugubris (C.-L. Koch), Clubiona
hilaris Simon, Thanatus alpinus Kulcz., Pardosa ferruginea
(L. Koch) et schenkeli de Lessert, etc.
3° Une zone alpine qui s'étend à partir et au-dessus des
forêts (2300 à 2700 m. env.) dont les espèces les plus
typiques sont: Gnaphosa badia (L. Koch), Diplocephalus
eborodunensis (Cb.), Styloctetor brocchus (L. Koch), Ma-
crarqus adipatus (L. Koch), Micryphantes qulosus (L. Koch),
Erigone remotla L. Koch. Araneus carbonarius (L. Koch),
Lycosa alpigena Dol., Pardosa mixta (Kulcz.) et giebeli
(Pav.).
4° Une zone nivale (au-dessus de 2700 m.). Les Arai-
gnées qui habitent cette région sont remarquables par leur
résistance vitale et font partie des derniers organismes
vivant à la limite des neiges. Les principaux représentants
de cette zone sont: Ciniflo nivalis (Simon), Drassodes heeri
(Pav.), Gnaphosa muscorum (L. Koch), Walckenæra kar-
panshui (Cb.), Microneta glacialis (L. Koch), Micryphantes
8 SÉANCE DU 6 JANVIER
nigripes (Simon), Pardosa ludovici (Dahl), Suticus lon-
gipes (Can.), Pellenes lapponicus (Sund.).
Si maintenant l'on compare la faune de nos Alpes et
celle des pays du Nord (la Norvège septentrionale, par
exemple), on est frappé de leur analogie qui s'explique
par la similitude du climat et des conditions d’existence
dans ces deux régions. Elles renferment toutes deux les
espèces typiques suivantes : Drassodes villosus (Thor.),
Gnaphosa muscorum (L. Koch), Theridion umbraticum
L. Koch, Walckenæra karpinskn (Cb.), Leptorhoptrum
huthwaithi (Cb.), Micryphantes qulosus L. Koch, Lephthy-
phantes lepidus (Cb.), Linyphia phrygiana C.-L. Koch,
Bolyphantes index (Thor.), Pellenes lapponicus (Sund.), etc.
Les hautes régions des Alpes présentent aussi quelques
Araignées communes aux régions arctiques (espèces arc-
tico-alpines). Ce sont: Erigone tirolensis L. Koch et remota
L. Koch, Lycosa alpigena Dol.
Ces formes boréales ont dû se maintenir sur les som-
mets de nos Alpes après le retrait des grands glaciers ;
elles manquent entièrement dans les pays intermédiaires.
Les contrées arctiques possèdent en outre quelques
espèces voisines de nos types alpins, mais qui différent
néanmoins suffisamment pour porter une autre désigna-
tion spécifique. Ces formes dérivent sans doute d'ancêtres
communs mais ont subi certaines variations dues à leurs
conditions biologiques différentes. Ce sont entre autres :
Hilaira montigena (L. Koch) de la région alpine très voi-
sine de 11. frigida (Thor) et leviceps (L. Koch) des régions
arctiques et Araneus carbonarius (L. Koch) voisin de 2
formes boréales A. hyperboreus Kulcz. et septentrionalis
Kulcz.
C.-E. GUYE et RATNOwWSKY. Sur la variation de l’inertre
des corpuscules cathodiques en fonction de la vitesse et sur
le principe de relativité.
M. le prof. C.-E. Guye donne lecture du communiqué
suivant que M. Ratnowsky et lui ont adressé en date
du 27 décembre 1909 à M. le Secrétaire de la Société de
physique.
SÉANCE DU 6 JANVIER 9
Le présent travail a été effectué en collaboration par
MM. C.-E. Guye et S. Ratnowsky par une méthode pro-
posée par M. C.-E. Guye et caractérisée par le fait que
les rayons cathodiques suivent des trajectoires identiques
dans des champs semblables. Les premiers résultats de
cette étude ont été présentés à la Société de physique et
d'histoire naturelle de Genève le 6 juillet 4909; ils con-
cluaient à la supériorité de la formule de Lorentz sur celle
d'Abraham. Les résultats que nous communiquons aujour-
d’'hui ont confirmé pleinement cette manière de voir. Le
tableau suivant résume 27 séries d'expériences.
___ Hypothèse de Lorentz +1 ErbathisechAtreber
Vitesse = El ani “ El | Diféren-
des rayons lexpérience) calcul expérience) calcul SEE
80845 km. 1.045 | 1.038 | + 0.007 | 1.040 | 1.030 | +0.010
96375 ss 1.066 | 1.056 + 0.010 | 1.060 | 1.044 | +0.015
111610 » 1.072 | 1.077 | — 0.005 | 1.065 | 1.061 | + 0.004
119050 » 1.082 | 1.089] — 0.007 | 1.074 | 1.071 | + 0.003
123940 » 1.115 | 1.098 | + 0.017 | 1.105 | 1.078 | +0.027
126570 >» 1.114 11.103] + 0.011 | 1.106 | 1.082 | + 0.024
135220 d 1.133 | 1.120 | + 0.013 | 1.125 | 1.094 10.081
141180 » 1.136 | 1.133 .$"0:003 «14.127 1:103:1:+.0:024
147000 » | 1.160 | 1.147 0.013 1.151 |1.113 | +0:038
La formule de Lorentz est vérifiée dans la limite des
erreurs d'expérience; les divergences avec la formule
d'Abraham dépassent ces limites.
C.-E. GuYE et À. TSCHERNIAWSKY. — Sur la mesure des
très hauts potentiels par l'emploi d'électromètres sous
pression.
M. le prof. C.-E. GUYE rappelle d’abord que la mesure
des très hauts potentiels présente de grandes difficultés,
particulièrement lorsqu'on ne dispose que de sources
10 SÉANCE DU 6 JANVIER
d'électricité de faible débit, comme les machines électro-
statiques. Dès que l’on dépasse 40.000 volts environ, les
aigreltes apparaissent de toutes parts et limitent rapide-
ment le potentiel qu'il est possible d'atteindre. En outre,
la distance que franchit l’étincelle disruptive augmentant
très rapidement, on est obligé d’éloigner toujours davan-
tage les pièces mobiles entre lesquelles, dans un élec-
tromètre, s’exercent généralement les actions électrosta-
tiques. On est ainsi forcément conduit à l'emploi d'appareils
volumineux, dont la précision généralement faible peut
être compromise encore par le vent électrique qui
s'échappe des pièces mobiles. M. Guye à pensé que ces
divers inconvénients pouvaient êlre évilés en plaçant
l’électromètre (électromètre de Braun par exemple) dans
une boite résistante à l'intérieur de laquelle on introduit
un gaz comprimé à quelques atmosphères.
M. A. Tscherniawsky a bien voulu se joindre à lui pour
faire l'étude de ce genre d'appareils; les premiers résul-
tats ont pleinement vérifié l'attente et les auteurs ont
mesuré sans difficulté une tension de 70.000 volts environ
fournie par une machine électrostatique Whimshurst. La
constante de l'instrument est à peu près indépendante de
la pression du gaz et l'amortissement peut être réglé par
la pression même du gaz. L'avantage qui résulte de ce
dispositif est considérable, on peut l’évaluer approxima-
tivement par la loi de Paschen.
M. L. DE LA RIVE fait une communication sur la solida-
rité magnétique des molécules des aimants. Une suite de
petits aimants distribués à égales distances le long d’une
droite exerce une force directrice qui oriente chaque
aimant suivant cette droite. Une force extérieure est équi-
librée par cette orientation pourvu que l’aimant soit très
faiblement dévié de la ligne droite, et, dans cette position
d'équilibre, tous les couples de rotation exercés par la
force extérieure se composent en un couple qui a pour
bras de levier la longueur de la rangée de petits aimants.
L'auteur réalise cette composition des couples dans une
expérience qu'il met sous les yeux de la Société, consis-
SÉANCE DU 6 JANVIER 11
tant à donner à un disque de carton sur lequel est placée
une rangée de petites boussoles serrées les unes aux
autres, une orientation magnétique.
M. le D' BRriNER communique les premiers résultats
de recherches effectuées en collaboration avec M. le
D' WRoczynski sur l’action chimique des pressions élevées.
Dans une première série d'essais qualitatifs les pressions
élevées ont été réalisées en condensant dans des tubes de
verres très résistants, plongés dans l'air liquide, les cons-
tituants du système gazeux à étudier. En laissant ensuite
revenir le tube à la température ordinaire, après l'avoir
préalablement fermé au chalumeau, on réalisera dans le
tube une pression d'autant plus élevée qu'il renfermera
plus de substance, si, du moins la température ordinaire
est supérieure à la température critique da mélange. On
atteindra ainsi commodément des pressions de plusieurs
centaines d’atmosphères, Soumis aux pressions élevées
par ce procédé, le mélange HCI-NO à fourni du chlorure
de nitrosyle et de l’eau, le mélange SO,-NO un corps
solide blanc, le mélange CH,CI-NO un liquide vert.
Comme ce procédé ne permet pas de mesurer les pres-
sions agissantes, les expérimentateurs ont repris ces essais
à l’aide d’un compresseur à haute pression (modèle Cail-
letei) qu'ils ont pu faire construire, grâce à une généreuse
subvention de la Société auxiliaire des Sciences et des
Arts de Genève. En comprimant à 300 atm. le mélange
HCINO, on a constaté, après un certain temps, la forma-
tion de chlorure de nitrosyle et d'eau, ce qui confirme
l'essai effectué en tube scellé. Comme certaines particu-
larités de cette réaction militaient en faveur d’une décom-
position du gaz NO lui-même sous l'influence d’une
pression élevée. les auteurs ont appliqué le même mode
opératoire à la compression de ce gaz. En soumettant
l’oxyde d'azote à une pression élevée dans un tube scellé,
par Partifice décrit plus haut, on observe, après un jour,
dans le tube, s’il est suffisamment rempli, la formation
d'une goutte bleu vert d'anhydride nitreux ; la quantité
d’anhydride nitreux liquide, qui a pris ainsi naissance,
12 SÉANCE DU 6 JANVIER
augmente d’ailleurs de jour en jour et a fini par occuper
le ‘/; du volume du tube scellé. Cette décomposition a été
de nouveau constatée en comprimant, à l’aide du com-
presseur, l'oxyde d’azote à 280 atm. environ. Cette réac-
tion, qui explique le mécanisme de la formation du chlo-
rure de nitrosyle et de l'eau dans la compression du
mélange HCI-NO. à lieu suivant l’équation :
3N0 =N,0, LIN,
Cette décomposition qui dégage 43,4 Cal. est conforme
au principe suivant : formation, par action des pressions
suffisamment élevées, du système qui donne lieu à un
travail positif des forces chimiques. Les auteurs ont, au
cours de leurs recherches, observé la formation de com-
posés d’addition colorés en condensant des mélanges de
certains gaz à la température de l'air liquide. La conclusion
à tirer de ces premiers résultats est que l’action des
pressions élevées peut provoquer des phénomènes d'ordre
chimique dans certains systèmes gazeux dont l’étude, aux
pressions modérées, est du ressort de la physique.
M. Th. TOMMASINA. — Interprétation mécanique de la masse
électromagnétique. — Vingt-seplième Note sur la phy-
sique de la gravitation universelle.
Kaufmann a démontré expérimentalement que la masse
électromagnétique est fonction de sa vitesse de translation.
Cette constatation a été faile en mesurant les déviations
de marche, dues aux actions de champs magnétiques et
électriques, des particules $ du radium, analogues aux
corpuscules cathodiques. Ces déviations indiquent une
résistance au déplacement inhérente à la masse du cor-
puscule, c'est-à-dire que ses dynamiques propres réagis-
sent contre les dynamiques motrices du champ extérieur.
Le résultat de l’expérience de Kaufmann signifie donc
que le corpuscule déplacé oppose, au milieu qui l'entoure,
autant plus de résistance que sa vitesse est plus grande ;
or cela n’est autre que la loi de la mécanique du déplace-
ment des corps dans l'air ou dans un fluide quelconque.
Pourtant il y a là quelque chose de nouveau et de très
SÉANCE DU 6 JANVIER 13
important, c’est que la résistance variable se trouve être
électromagnétique et constituer toute la masse du mobile.
Mais nous allons démontrer qu'il y a toujours un substra-
tum purement mécanique et que c’est lui qui fournit
l'explication physique du phénomène.
En effet, la conclusion à tirer de l’expérience de Kauf-
mann n’est pas exactement celle admise jusqu'ici, car il
faut en conclure que la masse de l’électron est fonction
de deux vitesses et non pas d’une seule. Elle dépend :
4° De Ia vitesse de rotation ou de révolution des points
matériels intégrants de l’électron. Cette vitesse étant
constante, ainsi que le nombre des points matériels, on a
l’ancienne masse constante, celle que l’on définissait
comme étant égale à la quantité de matière, c'est donc la
masse réelle. 2° De la vitesse de translation de l’électron,
qui en manifestant une masse variable avec la vitesse
représente l’ancienne force d'inertie, et est ce qu’on
appelle masse fictive électromagnétique. Si on en fait l’appli-
cation aux masses ponctiformes constituées par un seul
point matériel, alors la masse fictive fonction de la vitesse
de translation devient la masse réelle du point matériel,
car celui-ci étant unique, il n’v a plus à considérer aucune
vitesse intérieure, mais seulement celle de la translation
de ce point matériel. On a introduit une notion inadmis-
sible, de masse apparente qui serait la somme de la
masse réelle et de la masse fictive; j'ai dit inadmissible,
parce qu'on n'additionne pas ce qui est réel avec ce quine
l’est pas, et la conclusion a été ce que H. Poincaré a appelé
un résultat bien surprenant *, que la masse réelle est nulle.
On à cru que ce qui n’est pas pondérable n’a pas de
masse réelle et n’a qu'une masse électromagnétique,
tandis que l'expérience montre que la masse réelle indes-
tructible, constituée par les systèmes dynamiques inté-
rieurs du corpuscule cathodique, peut se comporter comme
une pure charge électrique, et que conséquemment, Îles
charges électriques doivent être expliquées par une ciné-
1 H. Poincaré. Science et méthode. Paris, Flammarion, 1909,
p. 223.
14 SÉANCE DU 6 JANVIER
tique de ces masses élémentaires, non pas fictives, mais
réelles. Nous allons préciser ce mode d'interprétation.
Tandis que le mécanisme du phénomène lumineux est
tel quil produit incessamment une propagation rayon-
nante d'énergie depuis la source, propagation qu’on ne
peut arrêter sans faire disparaitre le phénomène, le mé-
canisme de l’électron tend, au contraire, à le maintenir
au même endroit de l’espace. 1Ù en résulte que pour dépla-
cer ce corpuscule il faut rompre l'équilibre du champ élec-
trique qui l'entoure, \ faut produire une différence de
potentiel donnant lieu à un remous qui transporte l'électron.
Mais comme le système mécanique de ce dernier le lie au
champ dans l'endroit où il se trouve, et comme ces liai-
sons sont d'autant plus fortes que le champ est plus
intense, la force qui tend à s'opposer à son mouvement
doit augmenter avec sa vitesse; c'est ce que l’on appelle
l'inertie ou la masse électromagnétique de l’électron.
L'inertie est donc un mode de l'énergie, m est l’accéléra-
tion dee. On en a conclu, par analogie, que les atomes
chimiques ne sont probablement que de simples agrégats
d'électrons et qu'ainsi la masse de tous les corps n'est
qu'une masse électromagnétique. C’est la théorie électrique
de la matière. On devrait dire théorre électrique de la cons-
itution des corps. car la matière reste toujours le substra-
tum inconnaissable de l’électron même et de tout ce qui
existe dans l’univers. Mais cette théorie ne peut trouver
place que dans la nouvelle physique où toute explication
des phénomènes se base sur l’activité du milieu, où nulle
action à distance n'étant admise, on ne parle plus d’attrac-
tions, car l'existence d’un milieu actif oblige à attribuer le
rapprochement des corps aux poussées de ce même milieu.
Mais, en appliquant celte théorie aux atomes chimi-
ques on ne doit pas oublier le fait le plus important, celui
qui explique la nature de l’inertie électromagnétique, que
le champ est le siège exclusif du phénomène, l’électron n’en
étant qu'une modification qui ne peut se déplacer mn exister
seule. tout comme la forme sphérique de la bulle d’air dans
l’eau, qui ne peut subsister sans le liquide qui l'entoure.
C'est l'hypothèse fondamentale de cette physique de la
SÉANCE DU 20 JANVIER 15
gravitation, dont on aurait tort de douter de la stabilité,
même en admettant, ou que les expériences de Lebedew,
de Nichols et Hull, de Poynting, etc., ne soient pas con-
firmées par quelque nouvelle expérimentation, ou qu’on
vienne à interpréter autrement les résullats oblenus, car
cette théorie n’est pas basée seulement sur la constatation
expérimentale, mais encore sur le principe de mécanique
qui dirigea les calculs de Bartoli et les travaux analvti-
ques de Maxwell. Ce principe dit qu'une transmission
rayonnante de l'énergie ne peut se faire sans une compo-
sante longitudinale qui est une pression. Or cette vérité de
la mécanique physique est absolument indépendante de
l'expérience : elle suffit donc pour établir la solidité de la
nouvelle théorie.
Séance générale annuelle du 20 janvier.
J. Briquet. Rapport annuel. — Mie Lipska. Les effets de l’inanité
chez les Infusoires.
M. J. BriQuer, président sortant de charge, donne lecture
de son rapport sur l’activité de la Société en 1909. Ce tra-
vail contient les biographies de M. J. Pearce, membre
ordinaire, de M. A. Dohrn, membre honoraire. et de MM.
Ern. Pictet et H. Pasteur, associés libres, décédés pen-
dant l’année.
M. le prof. Émile YuNG expose les résultats des obser-
vations faites dans son laboratoire par Me Irène Lripska,
sur les effets de l'inanition chez les Infusoires. L'auteur à
opéré sur des individus pris dans les conditions naturelles
ou dans des cultures in vitro, soigneusement lavés à l’eau
filtrée, puis isolés dans des tubes capillaires gardés en
chambre humide. Voici les conclusions relatives à l'espèce
Paramectum caudatum.
4° La durée de la vie pendant linanition, varie d'un
individu à l’autre. Elle est en moyenne de 7 à 8 jours, et
s'est élevée au maximum dans des cas exceptionnels
jusqu’à 20 jours. Toutes choses égales d’ailleurs, elle est
16 SÉANCE DU 20 JANVIER
d'autant plus courte que l’inanition est plus rigoureuse,
elle est sensiblement supérieure à la moyenne chez les
individus suralimentés.
2° À partir du 4e jour de l’inanition, l'animal s’aplatit
dorso-ventralement, puis s’incurve en forme de croissant
dont la convexité est dorsale. En même temps, les extré-
mités du corps s’arrondissent.
3° Les dimensions diminuent progressivement, mais la
diminution porte surtout sur la largeur, en sorte que l’ani-
mal devient proportionnellement plus long qu’à l’état
normal.
4° Tandis que l'ectoplasma ne subit aucun changement,
que les cils et les trichocystes demeurent intacts pendant
toute la durée de l’inanition, l’endoplasma perd peu à
peu une partie de-ses cristaux d’excrétion et la totalité
de ses vacuoles digestives, il acquiert par là une grande
transparence.
5° Le macronucléus, à l'inverse du corps plasmatique,
augmente de volume, il s’allonge, se fendille en deux
moiliés presque égales, lesquelles s’arrondissent et s’écar-
tent l’une de l’autre. Ce fractionnement n’a aucun rapport
avec la division amitotique et ses produits persistent
jusqu’à la mort sans subir de digestion. Dans quelques
cas une vacuolisation macronucléaire a pu être observée,
mais elle n’est point la règle.
6° Le micronucléus s’écarte du macronucléus au cours
de l’inanition, mais il ne subit aucune altération, ni dans
sa forme, ni dans sa structure, quelle que soit la durée de
l'inanition.
1° Les Paramécies dont l’inanition n’a pas été poussée
à l'extrême, peuvent récupérer tous leurs caractères nor-
maux lorsqu'ils sont replacés dans des milieux dont le
pouvoir nutritif d'abord très faible est lentement accru.
8° La mort est précédée par un ralentissement pro-
gressif de toutes les fonctions, y compris le jeu des cils
vibratiles et les contractions des vacuoles pulsatiles.
9° La dégénérescence des Paramécies inanitiées est,
d’une manière générale, semblable à celle des individus
qui, dans les vieilles infusions, subissent l'intoxication
SÉANCE DU 3 FÉVRIER F7 :
par les produits d’excrétion des bactéries butyriques ou
autres bactéries de la putréfaction.
10° La vacuolisation de l'endoplasma signalée par quel-
ques auteurs comme un effet de l’inanition, ne peut être
attribuée à cette cause, elle paraît en revanche être le
résultat de l’action chimique des produits ammoniacaux
toujours présents dans les infusions qui sont le siège de
phénomènes de putréfaction.
Séance du 3 février 1910
Léon-W. Collet et Henry-F. Montagnier. Sur la récente éruption du
Chinyero à Ténérife. -- Léon-W. Collet et Albert Brun. Résultats
préliminaires sur l’étude des matériaux récoltés au Chinyero par
M. Montagnier. Mlle Stern et Battelli. L’oxydation des alcools et
des aldéhydes par les tissus animaux. — Th. Tommasina. Rôle
de l'interprétation physico-mécanique des faits. — Le même.
Causes et effets de l’accélération séculaire du moyen mouvement
de la Lune.
M. Léon-W. Coccer fait, au nom de M. Henry-F. Mon-
tagnier F.R. G.S., une communication swr la récente
éruption du Chinyero à Ténérife (Canaries) du 49 au 27
novembre 1909.
Les dernières éruptions de Ténérife datent de 1715 pour
le « Guimar » et de 1798 pour le « Chahorra ». Le 22 juin
1909 un séisme fut ressenti spécialement à Zcod sur la
côte occidentale de l’île. Il fut accompagné dans toute la
région occidentale par des grondements souterrains. A
partir de cette date une semaine s’écoula rarement sans
que la terre tremble. Le 18 novembre, dans l’après-midi,
de violentes secousses furent ressenties dans toute l'ile.
À Icod les habitants fuient dans les champs. On entendit
en même temps de violentes détonations que des officiers
anglais présents attribuèrent, au commencement, à des
exercices de tir de l’escadre anglaise. Peu après une
fumée noire s’éleva de l’intérieur de l'ile. Des cendres
tombèrent à Icod jusqu’au 21 au soir. Deux hommes
envoyés par l’Alcade signalèrent le 49 qu’un cratère s'était
2
‘18 SÉANCE DU 3 FÉVRIER
ouvert près de la Montaña de las Flores et qu'un cône de
cendres noires de 415 à 20 mètres de haut s'était formé.
Des explosions avaient lieu à intervalles rapprochés et
d'énormes masses de laves étaient projetées dans les
airs. La formation du cratère aurait été soudaine au dire
de paysans qui se trouvaient dans des champs près du
sommet du Cerro Gordo à 5 km. du‘nouveau cratère. Le
matin même plusieurs muletiers suivirent le chemin
ordinaire qui passait à 200 mètres de l'endroit où s’est
ouvert le nouveau cratère.
Le volcan de Chinyero s’est formé dans l'angle occiden-
tal de l’île de Ténérife. Il est situé sur un plateau à 1500
mètres d'altitude, à une distance d'environ 8 km. de la
côte sud comme de la côte nord et à 47 km. à l’E.-S.-E.
de la Punta de Teno.
M. Montagnier campa le 49 décembre à 300 mètres du
nouveau volcan, À 4 km. du volcan le sol était recouvert
d’une couche de cendres de 45 à 20 cm. d'épaisseur. Le
cône sur lequel M. Montagnier monta s'élevait à 100
mètres environ au-dessus du plateau. La pente sud des-
cendait presque perpendiculairement jusqu'aux bouches
d'émission de la lave. La pente nord formée par une accu-
mulation de lapilli noirs de magma neuf avait une incli-
naison de 40 à 50 degrés. La température dans les lapilli
à 30 centimètres de profondeur était de 280 degrés.
La lave est sortie de 3 cratères ou mieux de 3 ouvertu-
res situées sur une ligne orientée N. W.-S. E. Dans
l'après-midi du 19 Ia lave coulait avec une vitesse de 415
mètres à l'heure. Le 22 la coulée atteignait la base de la
Montana de Bilma. à 3 km., ou elle se divisa en deux
branches : l’une avançant vers Tamaimo, l’autre du côté
de la vallée de Santiago. Le 26 la coulée s’arrêta à envi-
ron 4 km. de cette dernière localité, L'émission de la lave
fut accompagnée d’explosions à intervalles très faibles.
Le point particulier et très nouveau des observations
de M. Montagnier porte sur la morphologie des rejets. Ces
derniers au lieu d’affecter la forme de cône complet avec
cratère central présentent seulement une arêle linéaire,
de 100 mètres environ de hauteur, résultant de l’accumu-
SÉANCE DU 3 FÉVRIER 19
lation des rejets de magma neuf d’un seul côté des bouches
d'émission. Cette morphologie très curieuse s’explique par
le fait que la lave entrainait avec elle, au fur et à mesure
de leur projection, les lapilli qu’elle recevait. Ces derniers
ne pouvaient donc s’accumuler que du côté opposé au sens
du courant de lave. D'autre part un fort vent du S.-W.
venait aider à cette formation très particulière.
Plusieurs journaux ayant annoncé que des torrents
d’eau et de boue s'étaient échappés du cratère, M. Mon-
tagnier ne trouva personne, ayant vu l’éruption, qui put
confirmer ces faits. Senor Don Antonio de Ponte, licencié
ès-sciences, habitant Garachico assura à M. Montagnier
qu'après avoir suivi l’éruption, comme il l'avait fait, il
pouvait affirmer n'avoir vu aucune trace d'eau ou de
boue.
A la suite de cette communication M. Léon-W. COLLET
présente au nom de M. Albert BRUN et au sien quelques
résultats préliminaires sur l'étude des matériaux récoltés au
Chinyero par M. Montagnier.
Les lapillis de magma neuf provenant du sommet du
Chinvero, chauffés dans le vide, ont fourni du Chlore libre.
Parmi les sels des fumerolles du Chinyero MM. Brun et
Collet signalent la présence, en quantité notable, de Fluo-
rure d'ammonium, de Fluorure de silicium et de Fluorure
de calcium. C'est la première fois que l’on signale la pré-
sence du Fluor dans les sels de fumerolles des Canaries.
M'e SrerN et M. BATTELLI exposent les résultats de
leurs recherches sur l'oxydation des alcools et des aldéhy-
des par les tissus animaux.
Les auteurs ont pris comme types l'alcool et l’aldéhyde
éthylique.
On sait que l’alcool administré en dose modérée est
presque complètement détruit dans l'organisme, mais on
ignore quels sont les produits intermédiaires de la des-
truction de l'alcool et quel en est le mécanisme.
Dans leurs recherches les auteurs ont employé les tis-
sus des différents animaux. Ces tissus ont élé broyés,
20 SÉANCE DU 3 FÉVRIER
additionnés d’eau et soumis à une agitation énergique en
présence ou en absence d’O: à la température de 49°.
De tous les tissus examinés seul le foie possède à un
degré assez marqué le pouvoir de détruire l'alcool; pour
les autres tissus ce pouvoir est nul ou très peu considé-
rable.
La destruction de l'alcool a lieu à peu près avec la
même intensité si on emploie un foie pris immédiatement
après la mort ou bien si on se sert d’un foie pris plusieurs
heures après la mort de l'animal. Par conséquent la des-
truction de l’alcool n’est pas due à l'intervention de la
respiration principale.
Le foie ne perd pas le pouvoir de détruire l’alcool après
traitement par l’acétone. Le précipité acétonique séché
dans le vide possède ce pouvoir à un degré prononcé. Par
contre la destruction de l'alcool n’a pas lieu si on a préa-
lablement soumis le foie ou le précipité acétonique à une
température de 80°.
Les auteurs sont ainsi amenés à conclure que la des-
truction de l'alcool par le foie in vitro a lieu par l’inter-
vention d’un ferment. Il s’agit d’un ferment oxydant. En
effet on constate une absorption d'O, et en outre la dispa-
rition de l'alcool n’a pas lieu en absence d’O,. Les
auteurs donnent à ce ferment le nom d’alcool-oxydase.
Dans l'oxydation de l'alcool par le foie il y a produc-
tion d’aldéhyde éthylique et d'acide acétique. Les auteurs
n'ont pas pu décider si l’oxydation de l'alcool en acide
acétique se fait par un seul ferment. ou bien si elle a lieu
par l'intervention de deux ferments. dont l’un oxyderait
l'alcool jusqu'au stade d’aldéhyde et le second oxyderait
l’aldéhyde en acide acétique. C’est la première hypothèse
qui est la plus probable et jusqu’à preuve du contraire les
auteurs appelleront alcooloxydase le ferment qui oxyde
l'alcool en acide acétique en passant par le stade inter-
médiaire d’aldéhyde.
Le foie des différents animaux ne contient pas la même
quantité d’alcooloxydase. C’est le foie de cheval qui en
est le plus riche. Le foie de lapin et surtout celui d'homme
en sont au contraire très pauvres.
SÉANCE DU 3 FÉVRIER 21
Les quantités d'alcool détruites par l'alcooloxydase du
foie sont relativement faibles et pas du tout en rapport
avec les quantités d'alcool qui peuvent être décomposées
par l'organisme. En outre le foie d'homme ne contient
presque pas d’alcooloxydase. Par conséquent ce ferment
ne joue probablement pas un rôle bien considérable dans
la destruction de l'alcool, du moins chez l’homme.
L’aldéhyde éthylique peut être décomposée par le foie
de plusieurs manières. Les résultats sont différents sui-
vant que la concentration de l’aldéhyde est forte ou faible.
Lorsqu'on emploie de petites doses d’aldéhyde et qu’on
agite en vase clos, l'aldéhyde disparaît sans qu’on puisse
dire quels sont ses produits de transformation. Si au con-
traire on fait l'expérience en présence d’O, on constaie
qu’il y a formation d'acide acétique:; l’aldéhyde paraît donc
être oxydée, probablement par l'intervention de l’alcool-
oxydase.
Lorsqu'on emploie des concentrations assez élevées
d’aldéhyde (1 pour 100 par exemple) on constate la for-
mation simultanée d'acide acétique et d'alcool éthylique.
Il s’agit donc d’un dédoublement. Ce dédoublement de
l’aldéhyde à lieu aussi bien en présence qu’en absence
d'O,. La formation d'acide acétique n’est plus due ici à
une oxydation mais à un simple dédoublement qui est
aussi probablement de nature fermentative.
La formation d’un acide en partant de l’aldéhyde cor-
respondante n’est donc pas toujours une preuve de l’in-
tervention d’un ferment oxydant.
M. Th. TommasiNa. — Rôle de l'interprétation physico-
mécanique des faits. — Vingt-huitième Note sur la physique
de la gravitation universelle.
On affirme que la science expérimentale doit étudier
les faits ettâcher d'en découvrir les lois, cela est vrai;
mais on ajoute que cela suffit, il faut s'entendre là-dessus.
Car. qu'est-ce qu'un fait? Est-il quelque chose de simple,
de franchement et nettement délimité? Non. Un fait, pour
le physicien, est toujours un ensemble complexe de phé-
29 SÉANCE DU 3 FÉVRIER
nomènes qu'il faut interpréter à l’aide des connaissances
théoriques qu’on possède sur le sujet.
L'interprétation joue donc un rôle d'importance capi-
tale, parce qu’en réalité ce que l’on utilise ce n’est pas le
fait tel qu'il peut être compris par une personne quelcon-
que, mais son interprétation qui n’est acceptable que
d’après la compétence de la personne qui la fournit. En
outre, la valeur scientifique d’un fait, en physique, n’est
acquise que lorsqu'on possède du fait son explication
mécanique. Dans notre science la rectrerche expérimen-
tale ne peut donc pas se borner uniquement à établir les
lois, car celles-ci ne sont qu'un acheminement vers
l'explication mécanique des faits. Les lois ne révèlent que
quelques-unes des modalités de la production des faits,
mais la vraie nature de ces derniers reste inconnue si
nous ne pouvons en établir le mécanisme ultime.
Les faits nouveaux sont des nouveaux mystères que la
science découvre et accumule en les enregistrant à la suite
les uns des autres, après leur avoir donné un nom. Ces
noms sont nécessaires pour indiquer individuellement
chaque fait ou chaque catégorie de faits, donc pour les
distinguer entre eux, mais ils n’expliquent rien. Tant que
dans la définition d’un fait ou d’une loi entrent des termes
qui représentent des entités inconnues mécaniquement,
la physique de ce fait ou de cette loi n’existe pas. elle est
encore à trouver. Le phénomène, ou le fait, de la gravita-
tion universelle en est un exemple.
La physique est donc une science qui n’a pas seule-
ment pour but la recherche et la classification des faits
et des lois, mais qui doit s'occuper aussi de recueillir des
données expérimentales suffisantes pour pouvoir en tirer
des hypothèses explicatives purement mécaniques. Les
particules ultimes des corps, on le sait, ne sont pas et ne
seront sans doute jamais perceptibles directement. Il y a
donc une partie du champ de la physique qui est forcé-
ment transcendant et hypothétique, nous devons lui
reconnaitre ce caractère, mais il nous est impossible de
l’éliminer, nous devons, au contraire, l’accepter et l'étu-
dier sérieusement à cause de son importance fondamen-
SÉANCE DU 3 FÉVRIER 22
tale. Sans cette partie, la physique manque des moyens
essentiels pour atteindre le but que nous venons d'indi-
quer.
La physique expérimentale fournit à cette partie trans-
cendante toutes les données, et la physique mathémati-
que met à sa disposition les ressources précieuses de
l'analyse. À l’aide des unes et des autres, notre science,
peut donc aller en avant avec süreté dans la recherche
des mécanismes primaires pour l'explication scientifique
des faits.
Il reste maintenant à considérer la question qui à une
importance spéciale dans cette Note, celle de l’interpréta-
tion des faits qui se trouve cachée clandestinement dans
leur définition même. La valeur scientifique d’un fait, étant
liée strictement à son interprétalion, une fausse définition
peut donc introduire dans la science des erreurs d'autant
plus nuisibles qu'ils sont plus difficiles à reconnaitre. En
voici un exemple : L'ancienne physique disait que la pierre
d’aimant a la vertu d'attirer le fer; or, la physique
moderne répête la même définition en disant que la pierre
d’aimant a la propriété d'attirer le fer. Quelle valeur a-t-il
ce changement de mots pour la science? Aucune. Une
propriété qui n’est pas expliquée mécaniquement reste tou-
jours une vertu occulte. Ainsi, ce n’est pas, seulement, le
mot vertu que l’on doit changer aujourd'hui, mais le mot
attirer, parce que le progrès fait par la science depuis
Faraday ne permet plus aux physiciens d'utiliser ce mot.
Le champ magnétique qui entoure et pénètre la pierre
d’aimant est connu et étudié par la mise en évidence facile
de ses lignes de force, à l’aide desquelles on en observe
les modifications énergétiques qui montrent que c'est le
milieu invisible qui est actif et moteur. La pierre d’aimant
n’est donc que le lieu où, à cause de ses dispositions
moléculaires, les activités du champ subissent une con-
centration spéciale qui reste inconnue dans sa manière :
d’être. Or, si le mécanisme intime est encore un mystère,
il n’en est plus de même de la nature de l’action qui
déplace les corps magnétiques vers l’aimant, et vice-versa.
On sait qu'il y a là une pression mécanique exercée par le
24 SÉANCE DU 3 FÉVRIER
champ, de façon que les corps ne sont pas attirés, mais ils
sont poussés.
Cela étant, en continuant à utiliser, par habitude, par
routine ou pour plus de commodité, le terme attirer, on
commet une erreur scientifique des plus graves. On donne
ainsi une description fausse du fait ou du phénomène, et
l’on conserve dans la science une interprétation qui est
contraire aux constatations expérimentales et qui détruit
la valeur scientifique du fait.
Le but de la science ne peut donc pas être celui d’accu-
muler des faits, mais de les interpréter avec la plus
grande exactitude, même dans le choix des lermes qui
servent à les décrire pour ne pas se laisser entrainer à
supposer des phénomènes qui n’existent pas.
M. Th. TOMMASINA. — Causes et effets de l'accélération
séculaire du moyen mouvement de la Lune. — Vingt-neu-
vième Note sur la physique de la gravitation universelle.
Je vais démontrer que les modifications extrêmement
lentes de la dynamique des astres, dont on à cherché de
rendre raison en les ramenant à la théorie des forces cen-
tripètes à l’aide d'équations dites séculaires et en les
renfermant ainsi dans la catégorie des perturbations, sont,
au contraire, l'effet direct, utile et nécessaire, parfaite-
ment normal et régulier, de la loi générale et universelle
de la mécanique céleste. Dans la suite je mettrai en évi-
dence le rôle important que jouent ces mouvements lents
dans l’histoire de la vie évolutive des astres de notre
système solaire.
On sait que tout système dynamique ouvert est néces-
sairement entropique, c'est-à-dire qu’en perdant conti-
nuellement l'énergie qui sort du système pour ne plus
rentrer, la source interne doit forcément s’épuiser si rien
n'intervient de l'extérieur pour apporter au système de la
nouvelle énergie.
Or, tous les astres lumineux, donc dans leur période
radiante, sont des systèmes entropiques, car la photogra-
phie des étoiles, preuve matérielle d’un travail exécuté
SÉANCE DU 3 FÉVRIER 25
par l’énergie rayonnante qui arrive après avoir traversé
plusieurs systèmes stellaires, montre qu'il y a une dissi-
pation, sans arrêt, de leur énergie dans l’infinité de l’es-
pace. En outre, leur rayonnement les empêche de rece-
voir de l'énergie du dehors. On peut, donc, admettre, non
plus comme une hypothèse, mais comme une vérité scien-
tifique basée sur constatation expérimentale, la fin cer-
taine de tous les astres actuels par refroidissement. Ce
qui n’amène nullement la conclusion qu'il en soit de même
de l’univers. C’est là une erreur, qui n’est pas reconnue
par plusieurs savants, lesquels ne mettent pourtant pas
en doute qu'il y a, dans l’espace sidéral, des innombra-
bles endroits où se produisent des condensations, où
insensiblement se forment et croissent des nébuleuses non
résolubles, L'observation et l’analyse spectrale nous ont
montré que ces nébuleuses ont des âges différents, et
qu’il en est de même des étoiles ou soleils, d’après la cou-
leur de leur lumière.
Donc l'univers est bâti de telle manière qu’il est inva-
riable comme totalité et impérissable, car la chaleur que
l’on croit perdue n’est que transformée en travail, et ce
travail, qui est de condensation, reconstitue ensuite dans
un autre endroit une nouvelle source de chaleur. Ce n’est
que dans chaque système que les transformations succes-
sives se font avec des pertes irréparables pour le système.
Or, étant forcés d'admettre comme une constatation expé-
rimentale l’entropie en chaque système, il nous faut envi-
sager tout autrement que Laplace les accélérations sécu-
laires. Au lieu d'y chercher la périodicité hypothétique il
faut se tenir aux faits qui établissent un rapprochement
lent, mais continuel, des satellites aux planètes et de ces
dernières au Soleil. En étudiant le phénomène, non avec
les expédients de l’analyse, mais à l’aide de la nouvelle
physique de la gravitation, j'en ai cherché la cause méca-
nique et les conséquences, c’est-à-dire la loi générale qui
permet d'en reconnaître la nature et le rôle.
J'ai énuméré dans une Note précédente ! les différen-
(1) Note XXIII. Archives, t. XX VIII. Août 1909, p. 176.
26 SÉANCE DU 3 FÉVRIER
tes pressions de rayonnement qui interviennent dans les
dynamiques non-newtoniennes produisant le mouvement
de la Lune, je vais m'en servir pour expliquer le phéno-
mène de son rapprochement lent à la Terre et pour tâcher
d'en établir les conditions dans le passé et dans l'avenir.
À quoi doit-on attribuer un tel rapprochement? D’après
ces nouvelles dynamiques la cause n’est autre que le
refroidissement continuel du Soleil, de la Terre et de la
Lune, simultané mais en proportion différente. En effet, la
distance de la Lune à la Terre dépend en premier lieu de
quatre pressions de radiation, dont trois variables et une
constante. Cette dernière, qui est la pression sidérale de
radiation, produit à elle seule l'effet de l'attraction new-
tonienne qu’elle remplace ; elle tend donc constamment
et d'après la loi de Newton à rapprocher la Lune de la
Terre et du Soleil. Les trois autres agissent en sens opposé,
mais elles sont des fonctions de l'intensité du rayonne-
ment de ces trois astres. Cela montre déjà que, lorsque
leur rayonnement était tel que sa pression totale dépassait
la pression sidérale, la résultante des actions opposées
était dirigée vers l'extérieur du système, donc comme une
force centrifuge. Alors la Terre et Ja Lune s’éloignaient
l’une de l’autre et toutes les deux du Soleil. Puis, dès que
le refroidissement eut atteint le degré voulu, la résultante
devint centripète et le rapprochement s’initia simultané-
ment. Ce rapprochement continue encore, comme on le
constate, et 1l continuera toujours, sans arrêt mn renverse-
ment possible, étant imposé par la loi d'entropie. Quand
la Lune et la Terre seront refroidies, au point de n’émettre
plus aucune énergie rayonnante, elles tomberont l’une
sur l’autre. Alors, il arrivera de deux choses l’une : si
leur rapprochement se sera fait avec une vitesse uniforme
et très faible, leur friabilité étant très grande, à cause du
refroidissement complet, elles se désagrégeront à l’ins-
tant du choc, formant une nouvelle zone d’astéroïdes; si,
au contraire, il y aura eu une accélération de plus en plus
grande, le choc produira une chaleur suffisante, pour Îles
fondre ou les vaporiser. et dans ce cas ils constitueront
une nouvelle planète, sans satellite comme Vénus, qui
SÉANCE DU 17 FÉVRIER 27
s’écartera de nouveau du Soleil par l'effet de sa propre
radiation. Comme on le voit, celles-ci ne sont pas des
hypothèses, ce sont des conclusions tirées directement de
l'application de la cause mécanique de la gravitation uni-
verselle aux observations et aux calculs astronomiques;
conclusions qui nous font connaître l’histoire vraie du
passé de notre satellite, et qui nous permettent d'établir
dès maintenant son évolution future liée à celle de la
Terre:
Séance du 17 février.
Prevost et J. Saloz. Contraction des bronches. — Cantoni et M. Pa-
terno. Diazotation des florhydrates. — René de Saussure. La forme
fondamentatale de la géométrie des feuillets. — Th. Tommasina.
Les deux sources primaires, l’une constante et l’autre variable.
des forces centrifuges.
M. PREVOST rend compte d'expériences faites par lui en
collaboration de M. J. SALoz, relatives aux contractions
des bronches. Ce travail vient compléter une précédente
communication de M. Prevost dans laquelle il a rendu
compte d'expériences faites sous sa direction par M. de
Gamrat.
Cette nouvelle série d'expériences a été faite sur des
mammifères, relativement à l’action de diverses substan-
ces non étudiées par M. de Gamrat et en particulier le
seigle ergoté qui injecté dans le sang provoque une con-
traction manifeste des bronches tandis que la trinitrine
donne lieu à une dilatation.
Les principales expériences ont trait à la contraction
bronchique provoquée par action réflexe à la suite de l’ex-
citation de diverses parties (du nez en particulier) et par
l'électrisation du nerf erural. M. Prevost montre des tra-
cés obtenus au moyen de l'oncomèêtre qui sont très
démonstratifs.
Chez les tortues grecques MM. Prevost et Saloz ont
appliqué sur la carapace une couronne de trépan afin
d'adapter un tube mis en communication avec un tambour
de Marey. L'animal curarisé, un soufflet automatique mu
par un moteur électrique produisait une dilatation régu-
28 SÉANCE DU 17 FÉVRIER
lière des poumons. L'animal ainsi préparé était tout à fait
comparable à un plethysmographe. L’excitation électrique
du nerf vague en produisant une contraction des bronches
se traduisait par des oscillations moindres du tambour de
Marey. Cette contraction bronchique a pu être produite
par action réflexe en excitant diverses parties de l’animal :
l'œil, les pattes, le nez, l'anus. La carapace offre en parti-
culier une sensibilité très délicate et très nette provo-
quant une contraction des bronches.
M. CANTONI présente quelques considérations sur Îles
résultats des recherches faites par M. G. Paternô sur la
diazotation des fluorhydrates.
M. G. Paternô en voulant préparer certains fluorures
aromatiques, a constaté qu’en soumettant à la diazotation
un fluorhydrate d’une base aromatique, on n'obtient pas de
fluorure de diazo correspondant, mais le diazoamido com-
posé correspondant. Il a étudié tout particulièrement cette
réaction avec les fluorhydrates de paratoluidine, de para-
nitraniline, de 8 naphtylamine, de paranisidine, etc..., et
a cherché à séparer les produits intermédiaires qui pou-
vaient se former en soumettant ces fluorhydrates à l’action
du nitrite d’isoamyle. Comme Hantsch, il a obtenu un
corps de passage de la formule :
R—N — NFI, HFI
La diazotation des fluorhydrates permettrait de donner
aux diazoamido composés une formule développée pou-
vant nettement se déduire d’une réaction. On peut obte-
nir le diazoamidotoluol en traitant le chlorure de diazo-
benzol par la paratoluidine ou en faisant réagir le chlorure
de diazotoluol sur l’aniline. Le corps obtenu par ces deux
réactions possède deux formules (fait indiqué en 1874 par
Griess).
CH, CH,
crc.
N Nef NH, N=N-NH
SÉANCE DU 17 FÉVRIER 29
CH, CH,
+O 0 Or
SN 0 NH, N=N-NH
L'idée d’un corps isomère ou tautomère doit être éloi-
gnée, surtout depuis les recherches de MM. Goldschmidt
et Molinari. Seule, une formule symétrique répondrait
aux propriétés des diazoamido composés. M. Friedel pro-
posa une formule où les trois azotes échangent entre eux
une seule valence.
CH,
N—N
Cette formule permet difficilement la migration, qui est
une propriété caractéristique des diazoamido ; la transfor-
mation en dérivés azoiques aminés, parait compromise.
Si l’on considère le composé R — N — NFI, HF,
comme un corps intermédiaire pour l'obtention des diazoa-
mino par la réaction en question, on aura :
FI
Re NI NI - RNH, NE
RUE None Ni Spas pl OH
|
H
Cette formule est symétrique.
M. G. Paternô a obtenu un diazoamido composé mixte
en soumettant à la diazotation un mélange de paranisi-
dine et de fluorhydrate de paratoluidine.
OCH, CH,
M. G. P. continue actuellement ses recherches de dia-
zotation sur d’autres fluorhydrates de bases aromatiques.
30 SÉANCE DU 17 FÉVRIER
M. René DE SAUSSURE reprend la question soulevée par
M. le prof. Cailler dans une séance antérieure : La forme
fondamentale de la géométrie des feuillets (pentasérie
linéaire) est-elle unique, ou existe-t-il d’autres systèmes de
feuillets déterminés par 7 positions arbitraires d’un corps
solide? Il semble presque certain maintenant que celte
solution est bien unique. On se rappelle en effet que M.
Cailler avait montré que dans un plan on peut, entre
3 flèches données arbitrairement, interpoler non seule-
ment un couronoïde mais une infinité d'autres systèmes
de flèches, auxquels M. C. avait donné les noms d'’anti-
couronoides et de pseudocouronoïdes *. Mais M. C. a
reconnu dernièrement que ces solutions, valables tant
que l’on considère une flèche comme une figure indépen-
dante, ne le sont plus lorsque la flèche sert de substitut
à une figure rigide plane de forme quelconque; le couro-
noïde, ou si l’on veut la rotalion à 2 paramètres est donc
bien le seul déplacement défini par 3 positions d’une
figure rigide dans un plan; dès lors il est infiniment pro-
bable que dans l’espace la pentasérie linéaire est la seule
forme définie par 7 positions arbitraires d’un corps
solide.
M. Th. TomMaAsiNa. — Les deux sources primaires, l’une
constante et l’autre variable, de forces centrifuges. — Tren-
tième Note sur la physique de la gravitation universelle.
J'ai déjà mentionné les forces centrifuges, dans quel-
ques Notes de cette série, et j'ai démontré qu'elles sont
réelles, et non pas purement fictives, et qu’elles rempla-
cent toujours et partout dans les phénomènes du monde
physique les imaginaires forces centripètes, de facon que
l'on doit considérer la force centrifuge comme étant en
en dernière analyse la seule manière d’être de l'énergie,
celle-ci étant une pression cinétique, c’est-à-dire inhé-
rente au mouvement matériel. |
On ne peut douter de l'importance de ces conclusions
fondamentales, aussi crois-je nécessaire de revenir,
? Voir Archives des sc. phys. et nat., 1906. t XXI, p. 565.
SÉANCE DU 17 FÉVRIER 31
encore une fois, sur ce sujet, pour établir, avec autant
d’exactitude et de clarté que possible, les sièges ou sour-
ces primaires dè ces forces centrifuges, auxquelles on
parvient, soit par analyse, soit par synthèse.
La voie analytique permet de pénétrer les corps et les
phénomènes et de pousser l'examen des mécanismes ulti-
mes hypothétiques, qui sont censés les constituer, jusqu’à
la dernière limite, c’est-à-dire jusqu'aux propres mouve-
ments perpétuels de ces vrais atomes physiques, les points
matériels, dont j'ai déjà établi la loi de leur transmission
de l'énergie, sur laquelle je n’ai plus à revenir *. Je me
borne à rappeler qu’on se trouve là, en présence de Ia
seule source absolument constante de forces centrifuges,
source qui n'est autre que la cinétique intérieure d’un
système de points matériels, limité toujours par les sys-
tèmes qui lui sont contigus. La nouvelle physique recon-
nait dans ce fait La genèse du phénomène élasticité, élasticité
électronique du milieu et élasticité des corps et de leurs élé-
ments pondérables. Nous sommes en contact avec la plus
petitegrandeur physique en chacun de ces systèmes dynami-
ques, qui par leur nombre et par leur continuité remplis-
sent l'espace illimité, forment le plein du monde actif,
mais invisible.
La voie synthétique nous fait parcourir le chemin dans
l’autre sens. En partant de l’infiniment petit nous pouvons
atteindre les masses énormes des astres radiants. en pas-
sant ainsi, sans solution de continuité, du monde invi-
sible au monde visible, où se présente l’autre source pri-
maire de forces centrifuges, celle qui est la génératrice de
l'énergie rayonnante universelle. En effet, chaque astre
radiant est une source variable et périodique des forces
centrifuges qui forment la totalité de son énergie rayon-
nante. C’est une source variable parce que son émission
énergétique diminue continuellement d'intensité et de
quantité jusqu'à l'extinction ou à la désagrégation de
l’astre. Celte émission subit, en outre, des croissances et
des décroissances périodiques et peut en avoir de deux
! Note VII. Archives, t. XX VI, juillet 1908, p. 90.
32 SÉANCE DU 17 FÉVRIER
origines différentes. L’une est la conséquence du régime
de l’activité interne de l’astre radiant, produisant des
phénomènes analogues à ceux que nous observons sur le
Soleil, sous la forme de taches et de protubérances.
L'autre est la conséquence des cataclysmes dus à la ren-
contre de deux astres obscurs, cataclysmes qui donnent
lieu aux reprises d'activité, à de nouvelles périodes de
rayonnement après celles d'extinction. Cette dernière caté-
gorie de phénomènes ne peut, non plus, être mise en
doute, car on ne pourrait expliquer autrement l'apparition
instantanée de nouvelles étoiles, phénomène que l’on a
pu observer plusieurs fois et qui est d’ailleurs prévu par
cette physique de la gravitation.
Il faut, encore, considérer comme une source variable,
primaire du deuxième type, de forces centrifuges, le
rayonnement calorifique des astres obscurs, celui des pla-
nèêtes et des satellites, et finalement le rayonnement éner-
gétique plus ou moins complexe, des corps, des molécu-
les et même des atomes, car il n’y a pas d'éléments pon-
dérables sans température, et il n’y a pas de température
sans rayonnement. En outre, chez les atomes des corps
radioactifs on retrouve, dans l’ordre de grandeur le plus
petit, une source primaire très puissante de forces centri-
fuges, analogue à celle qui est constituée par les astres
radiants.
Nous constatons donc l'existence de deux types, parfai-
tement distincts, de sources de forces centrifuges, qui
sont constantes dans l’un, variables dans l’autre. Bien que
le second utilise le premier pour se manifester, on ne
peut les confondre. En effet, les points matériels consti-
tuent toute chose, donc aussi les corps radiants de même
que l’éther qui les entoure et les pénètre, mais le méca-
nisme des radiations, d’après mes explications des Notes
précédentes, n’est pas le même que celui des systèmes de
points matériels. Les forces centrifuges de ces derniers
sont des constantes, tandis que celles des radiations sont
de par leur nature variables; mais il faut ajouter qu'il
n'existe nulle part d’autres types de sources primaires de
forces dans le champ que la physique étudie.
SÉANCE DU 3 MARS 33
Séance du 3 mars.
Pidoux. Comète de Halley. — Ch. Sarasin et Mie de Tsytowitch.
Géologie des environs de Chésery. — Th. Tommasina. Continuité
nécessaire de l’accélération séculaire du moyen mouvement des
planètes.
M. Pipoux fait un exposé sur le passage de la Comète de
Halley dans le voisinage de la terre pendant sa présente
apparition.
La comète décrit autour du soleil comme foyer une ellipse
immense, qui s’allonge jusqu’au delà de l'orbite de Nep-
tune, et cela dans l’espace d'environ 76 ans. Le plan de
l'ellipse est incliné de 17° sur celui de l’Ecliptique et le
mouvement de la comète est rétrograde. La partie la
plus intéressante est celle située au dessus de l’Ecliptique
ou du côté Nord. Elle commence au Nœud ascendant,
comprend le passage au périhélie et se termine au Nœud
descendant, formant ainsi une révolution de 480° autour du
soleil. La comète emploie 4 mois pour accomplir ce irajet
savoir 3 mois pour aller du 4°’ nœud au périhélie et 1 mois
pour retrouver le nœud descendant. Ce dernier seul a de
l'intérêt pour nous ; il est placé près de l'orbite terrestre
à environ un sixième de la distance terre-soleil. Aussi
haut que l’on peut remonter dans les apparitions anté-
rieures, le passage au nœud a toujours eu lieu à un mo-
ment où la terre était à un autre endroit de son orbite, mais
pour la présente apparition, il se trouve que la terre sera
presque en face de la comète en conjonction avec le soleil.
En serrant les calculs de plus près, sans toutefois attri-
buer une exactitude exagérée aux heures qui sont données,
on peut prévoir que la comète arrivera au nœud le 418
mai vers 41 heures du matin ; à cetinstant la terre ne sera
pas encore en face mais y arrivera le lendemain 19, vers
les 5 heures du matin. La plus courte distance, la conjonc-
tion si l’on veut, aura lieu entre ces deux dates, soit le
18 dans la soirée ou dans la nuit du 18 au 19. A ce moment,
la comète aura déjà traversé l’écliptique et se trouvera
environ 400 000 km. au-dessous et à une distance de la
3
34 SÉANCE DU 3 MARS
terre de 22 millions de km. Si donc la queue de la comète
à des dimensions suffisantes, elle frolera notre planète
au passage.
M. Ch. SARASIN rend compte, au nom de M'e X. de
TsyrowiTcH, des principaux résultats d’une étude de la
géologie des environs de Chésery, vallée de la Valserine.
Dans cette partie de la vallée de la Valserine la carte
géologique de France au { : 80000, ainsi qu'une carte spé-
ciale publiée en 1890 par M. H. Schardt. figure une large
voûte de Dogger portant du côté de l'E. la série supra-
jurassique de la chaine du Reculet-Crédo, écrasant vers
l'W. le synclinal molassique de la Valserine contre le flanc
de l’anticlinal suivant du Crêt de Chalâme, le Dogger tou-
chant directement par pli-faille la Molasse.
M. Sarasin s'étant persuadé depuis plusieurs années de
l'invraisemblance de cette interprétation, proposa à M'ie de
Tsytowitch l'examen approfondi de cette question et cette
étude, poursuivie pendant deux étés consécutifs, a donné
les résultats suivants :
4° Le jambage renversé de l'anticlinal du Reculet, très
réduit par laminage, mais comprenant toujours du Batho-
nien et de l’Argovien, se suit à mi-distance de l’arête de la
Roche et de la Vaiserine, passant ainsi bien à l'E de la
ligne suivant laquelle les cartes antérieures figurent le
contact de la Molasse et du Dogger.
2 La Molasse elle-même affleure de façon plus ou
moins nette sur plusieurs points du versant gauche de la
vallée, au dessus de Chésery, aux Ruines, aux Granges.
La largeur du synclinal molassique est donc beaucoup
plus grande qu’on ne l’a admis.
3° Les rochers de Bajocien et de Bathonien qui surgis-
sent près de «la Rivière » et du « Rosset » et ceux qui for-
ment entre Chésery et Grand Essert un talus très accusé
au-dessus de la route ne sont pas en place, comme on l'a
supposé, mais font partie d’un énorme éboulement qui
couvre la Molasse. Ce fait ressort clairement d’abord
de l'extension de celle-ci, ensuite de l’état de disloca-
tion des rochers de Dogger, des irrégularités constantes
SÉANCE DU 3 MARS 35
qui se manifestent soit dans le plongement, soit dans Ja
direction de leurs bancs.
4° Dans la répartition des matériaux constituants du
grand éboulement de Chésery on constate d'une façon
générale une succession régulière, qui correspond à l’ordre
de succession normal des étages jurassiques. Ainsi, en
montant de l’O. à l'E. à partir de la Valserine, on traverse
d’abord une zone de Bajocien, puis une seconde de Batho-
nien et finalement une troisième d’Argovien et de Séqua-
nien. Cette dislocation relativement peu profonde de la
masse éboulée, surtout de sa partie inférieure, implique
d’une part un volume énorme pour l’éboulement, ensuite
un mouvement relativement lent et tranquille. Du reste il
va sans dire que la régularité est loin d’être absolue et
Me de Tsytovitch a pu observer à ce point de vue de nom-
breux détails intéressants.
5° A côté de l’éboulement principal, de nombreux mou-
vements secondaires se sont produits, surtout sous forme
de ruptures de couches dans la paroi de la zone d'arra-
chement, aussi bien dans le Séquanien de l’Arête de la
Roche que plus bas dans le Dogger replié anticlinalement.
Ces mouvements secondaires ont dû s’échelonner sur une
longue période et peuvent se continuer encore actuelle-
ment.
6° D'autre part des chutes de pierres plus ou moins
yolumineuses, parties en général du haut des pentes, ont
contribué à couvrir la surface de l’éboulement principal,
ainsi que par endroits les roches en place, d’un blocage
abondant de Séquanien. Parmi ces chutes, l’une particu-
lièrement considérable, datant d'une époque historique
et peu reculée, est connue dans le pays sous le nom d’« Ava-
lanche des Hautes ».
M. Th. ToMMASINA. — Continuité nécessaire de l’accéléra-
thon séculavre du moyen mouvement des planètes. — Trente et
unième Note sur la physique de la gravitation universelle.
Les théories cosmologiques admettent, généralement,
l'hypothèse laplacienne de la périodicité des accélérations
séculaires, elles admettent donc l’invariabilité des distan-
36 SÉANCE DU 3 MARS
ces moyennes qui séparent les planètes du Soleil. Les
explications que j'ai données, dans la 29e Note de cette
Série, sur les causes et les effets de l'accélération séculaire
du moyen mouvement de la Lune, ont conclu à la nécessité
de la continuation du phénomène toujours dans le même
sens, dans la Note actuelle je vais démontrer qu'il en est
de même pour les planètes.
La nouvelle physico-mécanique céleste attribue à des
causes toujours actuelles, ce que Kant et Laplace, dans leur
hypothèse cosmogonique, attribuaient à une cause primi-
tive, et elle reconnait dans les systèmes astronomiques la
même complexité de liaisons dynamiques qu’elle admet
entreles éléments intégrants desatomes pondérables comme
cause de cette constance de poids, de volume et de pro-
priélés, qui avait permis, avant la découverte de la radio-
activité, de considérer les atomes comme de vrais élé-
ments physiques simples, absolument indestructibles et
intransformables ; tandis que nous savons à présent, qu'ils
ne le sont pas même chimiquement, car ils peuvent se
transformer par dégradation. Or, l’invariabilité des dis-
tances planétaires possède une constance qui semble
absolue, comme celle de l'atome chimique, mais en réa-
lité, elle aussi, n’est que relative et dépend des mêmes
lois. Cette nouvelle mécanique est apte à expliquer
comment les systèmes solaires contigus évoluent, com-
ment et où s'accumulent leurs débris, comment évoluent
ces derniers par l’action continue, incessante, des systè-
mes mourants, de façon que lorsque la dissolution de
ceux-ci est complète, ceux-là ont simultanément com-
mencé la leur. La loi universelle de l’évolution nous dit
que les groupes de systèmes qui ont atteint le sommet de
leur courbe évolutive, cessent de recevoir, d’absorber et
de condenser l’énergie et commencent à en émettre, à en
dissiper, ayant alors complétement transformé les débris
des systèmes contigus précédents. Ils entrent, ainsi,
dans leur vie active d’extériorisation, ayant terminé leur
croissance. C'est dans cette deuxième période que les nébu-
leuses devenues des soleils, fournis chacun d’un système
planétaire, donnent un essor aux phénomènes de plus en
plus complexes de l’histoire naturelle.
SÉANCE DU 3 MARS 37
Il faut donc appliquer ces nouvelles connaissances à
l'étude des planètes, il suffira d'en prendre une comme
exemple, on prendra Neptune, la plus éloignée du Soleil.
La chaleur et la lumière, qu’elle reçoit du Soleil, ne sont
que la millième partie de celles que reçoit la Terre. Les
saisons de Neptune durent chacune une quarantaine
d'années terrestres, sa densité n’est que le cinquième de
celle de la Terre. Tout cela montre la jeunesse de cette
planète, au point de vue de son développement géologi-
que ; elle doit rayonner encore beaucoup de chaleur, d’au-
tres radiations et peut-être même de la lumière propre en
plus de celle du Soleil qu’elle réfléchit ; ce qui explique-
rait les anomalies spectrales découvertes par Vogel, et
celles sur l’actinicité plus grande de la lumière de son
satellite, anomalie constatée par Pickéring en 1900. Nep-
tune joue peut-être encore à présent le rôle de soleil pour
son satellite, et dans ce cas ce dernier passerait actuel-
lement par sa phase biologique s’il ne l’a pas déjà termi-
née. Neptune de même qu'Uranus, Saturne et Jupiter
devront avoir aussi leurs phases géologiques et biologi-
ques, mais elles en sont encore loin. En effet, si on se
base sur leur densité actuelle, ces trois planètes sont moins
avancées que Neptune, la densité de Saturne, qui est la
plus faible, n’est que le huitième de celle de la Terre, elle
est donc la plus en retard, ce qui est montré également
par le fait qu’elle seule possède encore des anneaux. Or,
si on admet que les distances moyennes planétaires sont
invariables, il en résulte l'impossibilité d’une future phase
biologique pour ces quatre planètes ; car, étant donnée la
perte d'énergie par le Soleil, lorsque leur état de refroi-
dissement pourrait permettre à la vie de se manifester à
leur surface, la chaleur solaire qui leur arriverait serait
moindre que l'actuelle, déjà insuffisante. L'hypothèse de
Laplace est donc inadmissible.
L'accélération séculaire n’est pas périodique, elle est
nécessairement continue. Au lieu d’être envisagée comme
une pertubation, celte modification doit être considérée
comme étant l'effet prévu par la nouvelle mécanique céleste,
basée sur la gravitation fonction du mécanisme du rayon-
nement, laquelle tient compte du phénomène physique du
38 SÉANCE DU 17 MARS
refroidissement des astres, tandis que l'actuelle, basée
uniquement sur l'attraction newtonienne, se trouve privée
de cette aide importante, qui fait dépendre l'équilibre
dynamique des astres, donc leurs vitesses relatives et leurs
distances réciproques, des activités rayonnantes variables
de l’astreet de ceux qui lui sont contigus, à cause des
pressions qu'elles exercent. La première vérité qui en
découle est que les distances des planètes ont dû augmen-
ter continuellement dans la première période évolutive,
puis diminuer dans la deuxième. C’est dans cette deuxième
période, et à cause du rapprochement continuel des planè-
tes au Soleil, qu’elles doivent passer, chacune successive-
ment, par leur phase biologique, les plus petites avant les
grandes, les plus voisines au Soleil avant les plus éloi-
gnées, et les satellites avant les planètes. Ce sont les
conclusions auxquelles on arrive par la simple utilisation
dans l'astro-physique de trois faits connus etadmis autant
par les physiciens que par les astronomes: 1°, que les
modifications magnétiques qui se passent sur le Soleil
font dévier nos boussoles; 2°, que la lumière qui nous
vient du Soleil exerce une pression sur les corps qu’elle
frappe : 3°, que, conséquemment, le milieu qui nous sépare
du Soleil est constitué de telle manière que les lignes de
force électro-magnétiques peuvent s’y produire. N’est-il,
donc, pas évident qu'il faututiliser ces faits et tenir compte
de l’activité d’un tel milieu? C’est ce que fait la théorie que
je tâche de développer pour en montrer ses plus impor
tantes applications.
Séance du 17 mars.
Arnold Pictet. Nouvelles recherches sur la variation des Papillons ;
l’un des mécanismes de l’albinisme et du mélanisme (1'* note). —
Ed. Claparède. Quelques remarques sur le contrôle des médiums.
— Th. Tommasina. Le sens de la concavité de l’orbite du Soleil
d’après les variations périodiques des vitesses planétaires vraies.
M. Arnold Picrer. Nouvelles recherches sur la variation
des Papillons ; l’un des mécanismes de l'albinisme et du
mélanisme (1'e note).
SÉANCE DU 17 MARS 39
On sait que les chrysalides de certains Lépidoptères,
qu’elles soient soumises à l’action de la température
élevée ou à celle d’un froid excessif, donnent naissance à
des aberrations semblables ; d’autres facteurs jouent un
rôle à peu près identique à celui de la température : les
chrysalides de ces Lépidoptères, en ce qui concerne la
pigmentation des ailes de leurs Papillons, réagissent donc
de la même facon contre des excitants de nature diffé-
rente. Les travaux de Fischer, Standfuss, Urech, von
Linden et Cholodkowsky nous en offrent de nombreux
exemples. Plus récemment, avec des chrysalides de
Vanessa urticae qu'il a soumises à l'influence des rayons
X, Reverdin ! a obtenu des Papillons remarquables par
l'absence de lunules bleues ; or, cette disparition des
lunules bleues est précisément un des caractères qui
résultent aussi de l'influence de la température ou de
l'humidité.
Les chrysalides d'autres espèces, en ce qui concerne la
pigmentation de leurs Papillons, peuvent réagir de deux
façons différentes contre un même excitant, ainsi que le
montrent les nouvelles expériences que nous avons entre-
prises ?.
Des pupes de Lasiocampa quercus soumises, chaque jour
pendant 3 ou # heures, à l'influence d’une température de
40 à 45°, et cela pendant plusieurs jours consécutifs (30 à
40 suivant les cas) donnent des aberralions de deux types
bien différents. Les unes, représentées par des mâles et
des femelles, sont remarquables par la couleur foncée de
leurs ailes : les femelles surtout se présentent comme les
variétés catalaunica et sicula ; ces aberrations sont donc
franchement mélanisantes par apport d’une plus grande
quantité de pigment que normalement. Les autres, repré-
sentées également par des individus des deux sexes, sont
1! Reverdin, J. Résultat de quelques expériences relatives à
l'influence des rayons Rôntgen sur des chrysalides de Papillons.
Bull. Institut nat. Genevois. 1908, vol. 38, pp. 288-241.
? Les aberrations dont il est fait mention dans ce travail seront
figurées dans le vol. II (1910) du Bulletin de la Soc. Lépidoptérol.,
Genève.
40 SÉANCE DU 17 MARS
au contraire älbinisantes par défaut plus ou moins complet
de pigmentation ; leurs ailes, surtout celles des mâles,
sont décolorées à leur extrémité, transparentes et, chez un
petit nombre d'individus, la zone transparente s'étend sur
presque toute l'aile. Les femelles les moins modifiées sont
excessivement pâles.
Dans une autre expérience, des chrysalides de Lasio-
campa quercus ont été exposées à une température de
0 à 6°, pendant une vingtaine de matinées consécutives,
et les Papillons qui proviennent de ces chrysalides pré-
sentent des aberrations qui sont également de deux types
différents: des mélanisantes et des décolorées, identiques,
dans chacun des cas, à celles de l'expérience précédente.
La décoloration des ailes de Lasiocampa quercus, sous
l'influence de la température, n'est du reste pas un cas
isolé : des chrysalides d’Ocneria dispar * et de sa variété
asiatique japonica, soumises pendant quatre à cinq jours
consécutifs et quatre heures par jour, à une température
de 45°, ont également donné naissance à des Papillons
transparents, ne présentant plus que quelques lignes et
zig-zags à peine visibles. Certains mâles, au lieu d’être
transparents, ont simplement le fond des ailes blanchâtre.
Mais, dans cette expérience, un petit nombre d'individus
ont encore réagi différemment que leurs congénères et
ont produit des Papillons plus colorés que les témoins et
dont les mâles ont les ailes couleur de brique. La trans-
parence des ailes peut s’obtenir aussi par l’action du froid
(+ 3 à + 7°) sur la chrysalide.
La même chose s’observe avec des chrysalides de Melh-
taea aurinia et de Melitaea cinxia qui ont reçu une tempé-
rature de 45° pendant plusieurs matinées consécutives ;
quelques-uns des Papillons sont transparents et d’autres
brillent par l'absence des lignes transversales du centre
de l'aile. Mais un exemplaire de Meltaea aurinia obtenu
de cette façon confirme encore la règle que nous exposons
1 Federley. (Festschrift für Palmen, Helsingfors, n° 16. 1905)
a obtenu par la température des aberrations analogues de l’Oc-
neria dispar d'Europe.
SÉANCE DU 17 MARS 41
et est, au contraire, mélanisant, se présentant absolument
comme la variété alpine merope. Quant à Bombyx neustria,
la déeoloration et la transparence des ailes s’obtiennent
de la même façon. Mais le caractère qui se modifie le plus
chez cette espèce, est celui des deux lignes parallèles qui
traversent l'aile supérieure. Ces deux lignes peuvent
s’écarter l’une de l’autre, ou se rapprocher de façon à
n'en former plus qu’une ; elles peuvent aussi se joindre
en leur centre de façon à former un X, ou se réunir à
leurs deux extrémités de manière à former un O ;
enfin elles peuvent disparaître complètement ; l’espace
compris entre elles se remplit parfois d’une large bande
brune.
C’est encore Vanessa urticae qui détient le record dans
le domaine de la décoloration des ailes. Les chrysalides
de cette espèce qui ont été soumises, deux heures par
jour, à une température de 45° et cela pendant trois à
quatre jours consécutifs, ont donné des Papillons dont
quelques-uns ont leurs ailes décolorées par place ; mais
il en est un qui n’a plus trace de coloration et qui se pré-
sente presque comme un Parnassius mnemosyne.
Les expériences faites avec des chrysalides hivernantes
de Paeris brassicae et de Pieris rapae montrent encore
qu'un même agent peut produire deux sortes de variations ;
ces pupes, soumises pendant plusieurs matinées consécu-
tives (20 à 40 suivant les cas), au commencement ou à la
fin de l'hiver, à une tempéràäture de 40 à 45°, ont donné
naissance à un petit nombre d'individus aberrants. Parmi
ceux-ci, les uns sont excessivement foncés à l’apex et à la
base des ailes, tandis que,chez les autres, la tache apicale
est en partie disparue ; chez trois exemplaires de Paieris
rapae provenant de cette expérience, cetle tache apicale
fait défaut. Il y a lieu cependant d'enregistrer avec une
certaine réserve les résultats obtenus avec ces deux der-
nières espèces, les caractères indiqués pouvant être le
résultat de processus héréditaires, renforcés peut-être par
l’action de la température ; des différences de ce genre,
quoique moins accentuées, se rencontrent en effet dans le
pigment des ailes de quelques témoins.
42 SÉANCE DU 17 MARS
Enfin quelques recherches sur l’origine du dimorphisme
saisonnier ont été encore pratiquées : des chrysalides de
Papilo podalirius et de Selenia tetralunaria ont été main-
tenues tout l'hiver dans une température de 25°, et ont
presque toutes donné lieu à la forme pâle de l’été de
chacune de ces deux espèces.
C'est une erreur de croire que l’état nymphal est seul
capable d’être influencé par la température de manière à
donner des insectes parfaits aberrants. Parmi les chenilles
de Lasiocampa quercus qui furent élevées, pendant leur
dernière mue, dans une température de + 5° à — &° (tout
à fait normale pour des chenilles de cette taille), plusieurs
donnèrent des Papillons excessivement foncés, dont deux
(un mâle et une femelle) sont particulièrement aberrants :
les ailes inférieures sont d’un brun foncé uniforme, sans
trace de bande fauve et les supérieures sont très foncées
également. En revanche une autre femelle a les ailes
transparentes comme dans le premier cas cilé. Dans le
même ordre d'idées, en élevant des Ocneria dispar pen-
dant toute leur ontogénie dans une température de + 15°,
les Papillons qui en proviennent ont leurs ailes également
transparentes, avec les dessins effacés, Cette modification
doit certainement provenir de l’action de la température
pendant la période larvaire (on sait que cette espèce
évolue normalement de mai à Juillet), car des chenilles
élevées dans la température normale, mais dont les chry-
salides seules ont été placées à + 15°, n’ont pas donné
des insectes parfaits qui soient modifiés dans leur pigmen-
talion *.
M. Ed. CLAPARÈDE présente quelques remarques sur le
contrôle des médiums.
Lorsqu'on lit le récit de séances données par des
médiums à effets physiques, on est souvent étonné que
1 Le mécanisme de ces transformations dans la coloration et le
dessin des ailes et les conséquences que l’on doit tirer de ces
modifications au point de vue systématique, feront l’objet d’une
prochaine communication.
SÉANCE DU ]7 MARS 43
des fraudes puissent se produire en dépit du «contrôle »
auquel est soumis le médium, contrôle effectué générale-
ment par deux personnes tenant les mains de celui-ci, et
ayant leurs jambes en contact avec les siennes. Ayant eu
l’occasion de faire quelques expériences avec M. Carancini,
un médium italien venu à Genève pendant les mois de
février et mars, M. Claparède a pu se convaincre de la
difficulté d’un contrôle sérieux dans les conditions exigées
par ces sortes de médiums.
Les séances, au nombre d'une dizaine, poursuivies au
Laboratoire de Psychologie, avec la collaboration de
divers collègues, n’ont réussi à mettre en lumière aucun
phénomène qui ne füt explicable par une fraude plus ou
moins grossière. Le médium arrivait au bout d’un certain
temps à dégager l’un de ses pieds ou l’une de ses mains,
et à produire ainsi, dans une obscurité plus ou moins
complète, des déplacements d'objets (tables, rideau, petits
objets).
Les facteurs qui viennent entraver le contrôle des per-
sonnes préposées à la surveillance du médium sont mul-
tiples : 40 Etat de fatigue du contrôleur qui, plongé dans
une obscurité presque totale, finit par somnoler malgré lui.
2° Impossibilité psychologique de percevoir nettement un
contact avec le pied sans faire des mouvements actifs de
palpation : or, par suite de la fatigue de l'attention, il est
impossible au contrôleur d'exécuter ces mouvements sans
discontinuer. 3° Le médium exige queles assistants, et sur-
tout les deux contrôleurs, parlent beaucoup et discutent ;
or il est impossible, pendant que l’on cause, de porter
d'une facon efficace son attention sur les contacts : le
médium en profite alors pour modifier la situation de ses
membres. 4° Dès qu’un «phénomène » s’est produit, le
médium remue, simule des convulsions, et il est impos-
sible au contrôleur de se remémorer exactement quelle
était la position exacte des contacts au moment où le phé-
nomène s’est produit, car le phénomène s’est produit
précisément au moment où. la conversation étant animée,
le contrôleur ne portait pas toute son attention sur les
contacts. 5° Illusions diverses dues à l'interprétation des
44 SÉANCE DU 17 MARS
sensations : un contact léger ‘peut faire croire au contro-
leur qu'il est touché par la main entière du médium. alors
que celui-ci en réalité ne touche qu'avec un seul doigt
(disposition qui permet de toucher les deux contrôleurs
avec une même main, el d'opérer avec l’autre main, libé-
rée). 6° [Illusions de simultanéité de phénomènes succes-
sifs, ou de succession de phénomènes simultanés. 7° Le
contrôleur désirant voir apparaître un phénomène, en
favorise mconsciemment l’éclosion, en obéissant instinc-
tivement aux solllicitations du médium ; il relâche incons-
ciemment le contrôle. 8° Enfin il peut arriver que le con-
trôleur déclare après la séance avoir bien contrôlé, afin de
ne pas s’attirer les reproches des assistants ; le contrôleur
ne veut pas s’avouer qu'il a pu être joué par le médium,
et bien qu’en réalité peut-être il ait vaguement conscience
que son contrôle n’a pas toujours été absolument vigilant,
il ne veut pas laisser penser qu'il a pu faillir à sa tâche,
d'autant plus que l’art de contrôler passe en général pour
quelque chose de très simple. Ce n’est cependant que si
l’on prévoit les causes d'erreur qui viennent d’être énu-
mérées que l’on peut sûrement éviter d'en être la victime.
M. Th. TommasiNa. Le sens de la concavité de l'orbite du
Soleil d’après les variations périodiques des vitesses planc-
tatres vraies. — Trente-deuxième Note sur la physique de
la gravitation universelle.
Le très grand nombre d'observations et de mesures
qu'il faut exécuter pour établir, d’après les mouvements
propres des étoiles. l'apexz de la translation du système
solaire, n’a pas encore permis d'atteindre une suffisante
exactitude, aussi la direction indiquée n'est-elle pas cer-
taine. Pourtant, déjà Argelander.en confirmant les obser-
vations de Herschel, 80 ans après, établissait que le Soleil
se dirige vers À de la constellation d’'Hercule, et il avait
même proposé l'hypothèse que la constellation de Persée
soit la masse centrale, tandis que Mædler à cru pouvoir
attribuer ce rôle à Alcyone des Pléiades.
On a eu, sur le sujet, la publication en 1888 de l’impor-
SÉANCE DU 17 MARS 45
tant Mémoire de M. L. Struve. qui suivait ceux de son
père Otto et de son grand-père William. On a eu aussi les
recherches de Airy et de Dunkin, contenant l'étude de
1167 étoiles , et les observations de Léo de Ball qui sui-
virent celles d'Herschel fils à l'hémisphère sud, discutées
déjà par Galloway qui les avait comparées avec les
anciennes de Lacaille, et donnait pour les coordonnées
de l’apex : AR == 259° 46”, D — + 32° 29’ ; valeurs assez
rapprochées des moyennes de l’époque. Plus récemment
ces valeurs varièrent entre 266° et 280° pour AR et + 31°
et + 40° pour D. Newcomb avait dernièrement adopté
AR = 277°,5 et D = + 35°. Le parcours du soleil en une
année a été calculé par W. Struve, égal à 240 millions de
km., ce qui correspond à une vitesse égale à un quart de
celle de la révolution de la Terre, qui est de 30 km. à la
seconde ; on l’a augmentée dans la suite jusqu’à la faire
égale à celle de la Terre *, puis, récemment on l’a diminuée
de nouveau et actuellement elle n’est que la moitié, c’est-
à-dire 45 km. à la seconde*, tandis que Bessel { l'avait
calculée égale au double, au moins, de la vitesse de la
Terre dans son orbite autour du Soleil supposé immobile.
On voit, d'après ce court résumé, comment l’on est
encore dans le vague, soit sur la connaissance de la direc-
tion exacte, soit sur celle de la vitesse, jai donc choisi
pour cette étude, basée sur l'importance que cette physi-
que attribue aux trajectoires non-képlériennes, quatre
vitesses, dont les kilomètres par seconde sont : 7.5
(W. Struve, 4852), 45 (moyenne, 1910), 30 (Tisserand,
1899) et 60 (Bessel, 1830). Les quatre modifications de la
trajectoire épicycloidale de la Terre, qui correspondent à
ces quatre vitesses attribuées à la translation du Soleil,
sont dessinées en échelle exacte par rapport à la distance
moyenne de la Terre au Soleil égale, en nombre rond, à
1 Airy et Dunkin, Mémoires Soc. Astr. Lond. 1863.
2 Tisserand, Leçons de cosmographie. A. Collin, Paris 1899,
p. 225.
3 Annuaire pour 1910 Soc belge d' Astronomie, p. 104.
# Bessel, Annuaire de Schumacher pour 1830, p. 51.
46 SÉANCE DU 17 MARS
159 millions de kilomètres. C'est la longueur de toutes les
droites pointillées qui représentent dans la figure les
rayons vecteurs des positions successives de la Terre.
L'échelle pour les deux premières trajectoires est dans le
rapport de 4 millimètre pour 5 millions de kilomètres.
Dans la première on voit que le Soleil emploie deux
années terrestres pour parcourir les 480 millions de km.
du trajet dessiné. Aussi la Terre trace-t-elle deux spires,
tandis qu’elle en trace une seule pour les autres vitesses
que j'ai choisi. Comme il aurait fallu doubler et puis qua-
drupler la largeur de la figure pour la 3e et la 4e vitesse,
j'en ai dessiné la trajectoire correspondante ainsi que sa
distance du Soleil, à l'échelle 4 millimètre pour 10 millions
de km. pour la 3e, et à l'échelle de 4 mm. pour 20 mil-
lions de km. pour la 4e, Ces deux dernières courbes sont
donc dans la réalité identiques aussi à celles du dessin,
théoriquement. J'ai réunis ces quatres tracés dans la
même figure pour mettre mieux en évidence le fait que la
vitesse vraie de translation de chaque planète dans l’es-
pace suit une loi périodique qu'on peut appeler géomé-
trique, et que cette loi persiste dans toutes les trajectoires.
Les positions de la Terre indiquées sont celles qu’elle
occupe successivement chaque mois, c'est-à-dire après des
temps égaux de ‘/12 d'année. Inutile de dire que l'on a les
courbes des autres planètes en supposant changée l'unité
de mesure.
L'on voit que les parcours mensuels, vrais, vont en
diminuant pendant 6 mois, depuis le milieu des grandes
boucles jusqu’au milieu des petites, pour aller en augmen-
tant pendant les 6 mois suivants, de façon que les vitesses
plus faibles sont toujours du même côté de la courbe et
les plus fortes de l’autre. J'ai dit, les parcours vrais, car
bien que ceux de la figure soient vus en projection sur le
plan de l’équateur solaire, l'angle de 38° que l'on admet
généralement n’est pas suffisant pour les égaliser entre
eux. Pour qu’il en fut ainsi, il devrait être de 90°, mais
alors il n’y aurait plus d’épicycloides, toutes les trajec-
toires planétaires vraies seraient des spires de solénoïdes
dont l’axe commun, trajectoire du Soleil, serait perpendi-
SÉANCE DU 7 AVRIL 47
culaire à l’équateur de ce dernier, de façon que tout le
systéme ayancerait dans l’espace comme une vis. En sup-
posant donc, au contraire, que la translation a lieu suivant
une direction s’approchant plus au plan équatorial qu'à
l’axe du Soleil, la symétrie périodique, des vitesses vraies,
———
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laissant toujours à gauche du système en marche, les
minima et, à droite les maxima, précisément comme cela
a lieu pour la courbe tracée par la Lune en suivant la
Terre dans sa révolution, suffit pour trancher la question
du sens de la concavité de l’orbe immense que le Soleil
parcourt avec son système, bien que l'observation du
mouvement des étoiles ne puisse fournir que la direction
de la tangente à la courbe actuellement tracée.
Séance du 7 avril
A. Bach. Théorie des oxydases. — Arnold Pictet. Mécanisme de
l’albinisme et du mélanisme chez les Lépidoptères. —- Th. Tom-
masina. Les marées et le rapport actuel entre les vitesses de rota-
tion et de révolution de la Terre.
M. A. BACH expose les résultats d’une série de recher-
ches ayant trait à la théorie des oxydases. Bertrand a émis
48 SÉANCE DU 7 AVRIL
l'hypothèse que le manganèse, fonctionnant à la fois
comme activateur et transmetteur de l'oxygène, constitue
le seul principe actif des oxydases. A la suite de la décou-
verte d'oxydases ne contenant pas trace de manganèse,
mais renfermant du fer, cette hypothèse a dû être élargie
en ce sens que le fer, appartenant à la même famille
chimique que le manganèse, pouvait au même titre que
celui-ci fonctionner comme activateur et transmetteur de
l'oxygène. Mais, même élargie, cette hypothèse cadrait
mal avec les faits. En particulier, le fait que la peroxy-
dase, dont la parenté étroite avec l’oxydase est incontes-
table, ne contient ni manganèse, ni fer, pouvait laisser
supposer que ces deux éléments ne constituent pas la
cause déterminante du phénomène oxydasique, c'est-à-
dire de la fixation et de l'activation de l’oxygène libre.
M. Bach à cherché à résoudre ce problème par l’expé-
rience. Il s'agissait de purifier l’oxydase suffisamment
pour éliminer le manganèse et Le fer, mais sans détruire
la fonction oxydasique. En partant de 12 kg de champi-
gnons (Lactarius vellereus), M. Bach a obtenu, au bout
d’une longue série du purifications par précipitation à
l'alcool, 0,987° d’oxydase très active et qui ne contenait
plus trace de manganèse, mais renfermaft encore du fer.
Ayant acquis la certitude que la méthode usuelle de
purification était insuffisante pour éliminer le fer de l’oxy-
dase, M. Bach a fini, après nombre d'essais infructueux,
par trouver une méthode appropriée. Elle consiste à trai-
ter le suc ou l'extrait végétal par 5 à 10 c de sulfate de
magnésie et à le soumettre ensuite directement à la pré-
cipitation fractionnée par l'alcool. Au moyen de cette
méthode, M. Bach a pu préparer des oxydases très actives
et qui ne contenaient ni fer, ni manganèse, prouvant par
là que ce n’est pas à ces éléments qu'il faut attribuer l’ac-
tion oxydasique, comme le veut la théorie de Bertrand.
Dans une seconde série de recherches, M. Bach s’est
occupé de l'influence des sels métalliques sur l’action des
oxydases. Il arrive à la conclusion que les sels de fer et
de manganèse accélèrent l’action des oxydases exacte-
ment comme le sulfate ferreux accélère l’action oxydante
SÉANCE DU 7 AVRIL .. 49
du peroxyde d'hydrogène. Les oxydases étant des corps
facilement oxydables qui forment des peroxydes au contact
de l'oxygène libre, il y a entre les deux catégories des
phénomènes un parallélisme incontestable.
M. Arnold PicTET. Mécanismes de l’albinisme et du méla-
nisme chez les Lépidoptères (2° note).
Les expériences décrites à la dernière séance! nous
donnent une idée de quelques-uns des mécanismes qui
concourent à la production du mélanisme et del’albinisme
chez les Lépidoptères.
On sait que la coloration et les dessins des ailes des
Papillons sont produits par les poils et les écailles ;
celles-ci, du reste, ne sont que des poils modifiés et ces
deux sortes de productions tégumentaires ont exactement
la même origine. Les écailles apparaissent comme des
sacs chitineux aplatis, communiquant par leur base, au
moyen d’un court canal, avec la cavité de l’aile ; c’est par
ce canal que pénètre, lorsque l’écaille est encore molle,
l’'hémolymphe et le pigment qu'elle contient.
4° Examen des écailles des Papillons normaux (Lasiocampa
quercus, Bombyx neustria, Ocneria dispar ).
Les écailles des ailes des Bombycides présentent, chez
un même individu, les formes les plus variées, mais qui
peuvent cependant se rattacher à 3 types bien distincts :
les unes sont longues et grêles, d’autres courtes et arron-
dies, et on en trouve également dont la forme est inter-
médiaire entre les deux types précités.
En prélevant, au moyen d’une fine aiguille, les écailles
des parties de l'aile que nous voulons étudier et en les
regardant, à la lumière directe avec faible grossissement
pour apprécier leur couleur, à la lumière transmise avec
grossissement plus fort pour se rendre compte de leur
structure, nous remarquons :
a. Qu'il y a une corrélation entre la longueur de l’écaille
et son degré de pigmentation ; les écailles longues et
1 Voir Arch. des sc. phys. et nat., 1910, t. XXIX, pp. 640-644.
+
50 . SÉANCE DU 7 AVRIL
grêles, dans la plupart des cas, sont plus chargées de
pigment et apparaissent, par conséquent, plus foncées que
les écailles courtes et arrondies. Dans celles-ci le pigment
s’amasse surtout à l’extrémité distale ; dans les écailles
longues les plus colorées, il n’est pas rare de voir le pig-
ment s'étendre jusqu'à leur base. Cependant on trouve
parfois, mais en petit nombre, des écailles longues qui
sont pâles ou même blanches ; elles sont vraisemblable-
ment atrophiées et leur canal, en partie obstrué, n’a pas
laissé pénétrer la dose voulue de pigment. Quoiqu'il en
soit, elles sont en trop petit nombre pour modifier la teinte
générale.
b. Que les dessins foncés sont formés par une surabon-
dance d’écailles longues et que les parties claires sont
tapissées d’écailles courtes et arrondies, ou du type inter-
médiaire. Dans les dessins de nuance moyenne, nous trou-
vons souvent un mélange des trois types d’écailles.
c. Que les écailles des femelles sont toujours plus
grosses et souvent de forme différente que celles des
mâles.
d. Que les écailles des ailes inférieures sont souvent
plus petites que celles des ailes supérieures.
Chez Bombyx neustria mâle, dont les ailes sont presque
uniformément jaunes, les écailles de chacun des trois
types contiennent un pigment jaune de même valeur,
mais celui-ci apparait plus compact et couvre une plus
grande superficie dans les écailles longues que dans les
autres.
Chez les mâles de Lasiocampa quercus, la bande fauve
est presque exclusivement formée d’écailles courtes et
arrondies, tandis qu'aux extrémités et au centre des ailes,
colorées en brun, ce sont les écailles longues et grêles
qui sont en grande majorité. Ces dernières deviennent
parfois si allongées et foncées, qu'il n’est plus possible de
les distinguer d’un poil ; on trouve du reste, dans les
parties les plus foncées de l’aile, tous les intermédiaires
entre l’écaille et le poil. Exceptionnellement, le point dis-
coïdal blanc est formé par des écailles longues et grêles
blanches, ou très pâles, et par de courts poils blancs.
SÉANCE DU 7 AVRIL 51
2. Examen des écailles des individus modifiés sous l’in-
[luence de la température.
Les ailes des Bombyx neustria mâles, devenus sous
l'action d’une température de 45° complètement bruns,
ont les écailles de la même forme et disposées de la même
facon que chez le type normalement jaune ; mais elles
sont alors, toutes, abondamment chargées de pigment
brun. Dans les parties restées jaunes, les écailles sont
normalement pigmentées.
Sur les ailes des Bombyx neustria femelles de la même
expérience, devenues d’un brun uniforme, nous trouvons
un grand nombre d’écailles modifiées ; elles sont plus
- grandes (1/4 à !/; de plus que les normales) et elles affec-
tent une forme triangulaire qui se rencontre rarement
chez les individus normaux ; en outre, elles sont abon-
damment pourvues de granulations pigmentaires. Ces
écailles modifiées se rencontrent surtout vers la côte, la
partie la plus modifiée de l’aile. Chez les femelles de cette
espèce, devenues au contraire pâles sous l’influence de la
même expérience, les écailles sont beaucoup plus petites.
souvent déformées, rabougries et peu pigmentées. En
outre les poils, abondants chez les femelles normales, sont
ici assez rares et clairsemés.
Les Lasiocampa quercus modifiés par la température
(aussi bien par le froid que par la température élevée)
nous montrent également les deux modes de production
du mélanisme et de l’albinisme partiels que chez Bombyx
neustria. C'est-à-dire que, sans être modifiées dans leur
forme, les écailles reçoivent une quantité de pigment plus
grande que normalement (mélanisme) ou moins grande
(albinisme). Mais les écailles peuvent aussi se déformer
et devenir rabougries, très petites, et prendre une forme
qui ne rappelle en rien la forme normale. Ce cas se ren-
contre aussi bien chez certains mélanisants, où les écailles
sont alors chargées de pigment et serrées les unes contre
les autres, que chez les albinisants (ailes devenues trans-
parentes) où les écailles sont espacées les unes des autres ;
le degré plus ou moins fort de dissémination des écailles
sur la surface de l'aile esl la cause de la transparence plus
52 SÉANCE DU 7 AVRIL
ou moins grande de celle-ci. Maïs, ce qui montre bien que
les individus transparents doivent être considérés comme
des formes albinisantes, et non pas comme une défectuosilé
dans l’organisation, c’est que parmi leurs petites écailles
déformées s’en trouvent un grand nombre qui sont vides
et apparaissent absolument blanches.
Conclusions. Le mélanisme partiel peut provenir du fait
que :
1° Le pigment, de même valeur que normalement, est
amassé en plus grande quantité dans les écailles.
2° Le pigmentn’est pas amassé en plus grande quantité,
mais à subi une oxydation plus forte qui l’a rendu plus
foncé.
3° Les écailles augmentent en taille (et peut-être en
nombre). Les écailles, devenant plus grandes, chevauchent
davantage les unes sur les autres que dans les types nor-
maux ; il en résulte que les éléments colorés étant en
quelque sorte superposés, la teinte de l'aile en est
assombrie.
L’albinisme partiel peut provenir de ce que :
1° Le pigment, de même valeur que normalement. est
amassé en moins grande quantité dans les écailles.
2° Les écailles diminuent de taille; par ce fait elles sont
moins serrées les unes contre les autres et la teinte de
l'aile se trouve ainsi éclaircie.
3° Les écailles diminuent en nombre ; dans ce cas elles
laissent entre elles des espaces vides transparents, qui
contribuent à l’éclaircissement de la teinte de l’aile. Les
poils, diminuant aussi en nombre, jouent le même rôle.
4° Parmi les écailles modifiées, il s’en trouve souvent
un certain nombre qui sont vides et apparaissent absolu-
ment blanches. |
Ces recherches confirment en une certaine mesure un
fait qui semble être assez général parmi les animaux : à
savoir que le mélanisme est un signe de vigueur et de
santé (dans le cas particulier, augmentation de la taille
des écailles) et que l’albinisme, au contraire, dénote un
affaiblissement de l'organisme (dans le cas qui nous
SÉANCE DU 7 AVRIL 53
occupe, diminution de la taille des écailles qui deviennent
rabougries et déformées).
Une dernière conclusion qui découle de ces expériences
concerne la phylogénie. Sous l'influence de la température,
les caractères pigmentaires considérés comme distinc-
tifs des espèces, se modifient avec une étonnante facilité
pour arriver même à disparaître complètement. Mais il
est certains caractères que l'expérience n'arrive pas à
amoindrir ou à modifier : ce sont ceux qui se retrouvent
parmi plusieurs espèces d’un groupe ou d'un genre ; le point
discoidal de Lasiocampa quercus et Le V discoïdal d'Ocneria
dhspar sont dans ce cas et nous sommes en droit d'admettre
que ces dessins sont plus anciens, puisque plus stables,
que les autres caractères. Dans ce domaine, l'expérimen-
tation peut apporter une précieuse contribution à la systé-
matique en montrant quels sont ceux des caractères qui
résistent le mieux et qui sont, par conséquent, plus
anciens et plus propres à différencier des espèces, que
ceux qui s’effacent ou se modifient facilement ; ces der-
niers différencieront les formes les plus nouvelles, c’est-à-
dire les variétés.
M. Th. TommasiNA. — Les marées et le rapport actuel
entre les vitesses de rotation et de révolution de la Terre. —
Trente-troisième Note sur la physique de la gravitation
universelle.
On sait que la vitesse de rotation de la Terre, qui est de
463 mètres environ à la seconde mesurée à l'équateur où
elle est maxima, n’atteint pas le soixantième de sa vitesse
moyenne de révolution qui est de 29450 mètres à la
seconde : il faudrait y ajouter la vitesse de translation du
système solaire pour avoir sa vitesse sidérale vraie. Mais,
ne tenant compte que de la vitesse képlérienne, la Terre
fait donc, chaque jour, un chemin égal à 200 fois son
diamètre, en nombre rond, au lieu de 3,1416 fois, qu’elle
ferait, si les deux vitesses étaient égales.
Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer
ce fait d'importance capitale pour le développement de la
vie sur notre globe, car il établit la proportion entre le
54 SÉANCE DU 7 AVRIL
nombre des jours et la durée de l’année. Or, ce fait
appartient à la catégorie des faits que cette nouvelle phy-
sique interprète autrement que l'actuelle. Ce n’est donc
pas pour ajouter une hypothèse de plus que je traite ce
sujet, c'est pour fournir une explication qui n’est plus une
simple hypothèse, mais une conclusion tirée de l’intro-
duction de la fonction exclusive du mécanisme des radia-
tions comme mode de transmission de la force motrice
universelle, laquelle m'a permis de découvrir ce que je
considère comme les deux causes mécaniques principales
du phénomène.
Dais une Note récente, de cette série ‘, J'ai démontré
que les distances des planètes au Soleil, ne sont pas des
constantes absolues étant des fonctions du refroidissement,
de façon que les vitesses de rotation et de révolution sont
aussi des variables. Le problème à résoudre, ici, est d’éta-
blir si ces deux vitesses dans leurs très lentes modifica-
tions ont toujours eu entre elles le même rapport qu’elles
ont aujourd'hui, ou, si ce rapport a changé, et dans ce
dernier cas laquelle ou lesquelles en sont les causes méca-
niques. Sir G.-H. Darwin. à la suite de lord Kelvin, a pour-
suivi pendant bien des années des recherches expérimen-
tales très difficiles à l’aide de pendules horizontaux, qui
n'ont pas abouti complètement, mais qui l'ont amené à
étudier à fond le sujet, comme le montre toute une série
de Mémoires analytiques de haute valeur, dans lesquels
il fait intervenir le frottement des marées et le coefficient
de viscosité des parties solides de la Terre, qui d’après
les expériences faites à Postdam par Heckert serait égal
à celui que fournirait la rigidité de l’acier, pour expliquer
l'accélération séculaire de la Lune. Dans ces travaux est
conservé, naturellement, l'attraction à distance et la
résistance nulle de l’éther, donc on y admet que les
astres exécutent leur rotation et leur révolution sans être
poussés par quoi que ce soit, ce qui est physiquement
inadmissible, parceque mécaniquement irréalisable. Mon
interprétation est donc différente. En effet ma nouvelle
1 Note XXXI. Archives, t. XXIX, mai 1910, p. 544.
SÉANCE DU 7 AVRIL 55
théorie sans s'occuper du frottement intérieur de la partie
liquide du globe, dont l'influence est d’ailleurs jugée inap-
préciable par M. H. Poincaré ’, considère simplement le
fait que la partie liquide constitue un point d'appui mobile,
par rapport au reste du globe terrestre, pour les dyna-
miques du milieu, qui agissent incessamment et sont la
cause directe de tous les mouvements de planètes, de
satellites et de l’ensemble du système.
La partie liquide de la Terre, les trois corps agissant
comme des masses écrans pour la pression de gravitation,
cédant sous la poussée des activités du milieu, absorbe pour
son propre déplacement l'énergie destinée à faire tourner la
planète. C’est donc le travail qui produit et déplace le bour--
relet des marées, formé aux pressions minima, qui constitue
une perle par rapport au travail total, de façon que, consé-
quemment, la Terre tourne moins vite que si elle était entiè-
rement solide. C’est là une première cause bien plus
importante que celle du frottement intérieur, cause que
ne pouvait supposer la Mécanique Céleste classique, basée
sur des forces attractives qui sont remplacées dans la nou-
velle par de moindres pressions.
Si maintenant, entre les dynamiques électro-magné-
tiques du milieu, on ne considère que celles dues au
rayonnement du Soleil, on verra qu'elles jouent un rôle
important dans la production du même phénomène. Les
deux achons symétriques tangentelles de la pression du
rayonnement solaire, S'annulent, étant égales, et l'une agis-
sant dans le sens de la rotation de la Terre, l’autre en sens
opposé. Mais, il reste la pression frontale, laquelle agit
incessamment, comme un frein, et doit être considérée
comme une cause mécanique continue de ralentissement du
mouvement de rotation. Les autres dynamiques constituent
les activités motrices qui transportent la planète et la font
tourner sur son axe. C’est la complexité de ces actions
multiples qui rend difficile le calcul des modifications
particulières. Les deux causes que je viens d'indiquer
1 H. Poincaré. Leçons de Mécanique Céleste, t. III, Théorie des
marées. Paris, Gauthier-Villars, 1910, p. 451 et 458.
56 SÉANCE DU 21 AVRIL
agissent directement et plus énergiquement contre la
vitesse de rotation que contre celle de révolution, il en
résulte que le rapport entre les deux est modifié d’une
manière continue. Tandis que, pendant que les planètes
se rapprochent du Soleil, leur révolution s’accélère, le
rayonnement solaire, dont l’énergie augmente en raison
inverse des carrés des distances, agit comme un frein de
plus en plus énergique sur le mouvement de rotation.
D’après ces conclusions, Mercure et probablement aussi
Venus, n'ont plus, comme la Lune, qu’une rotation pen-
dant leur révolution complète.
Séance du 21 avril
L. Duparc. La région des pegmatites des environs d’Antsirabé (Ma-
dagascar). — Th. Tommasina. L’élémentarquantum et la théorie
électronique de l’éther.
M. le prof. L. Duparc a visité l’an dernier la région
des pegmatites des environs d’Antsirabé (Madagascar) et
en a rapporté un matériel considérable dont il a entrepris
l'étude avec ses assistants M. Wunder et Sabot. Cette
étude est à peu près achevée et letravail complet paraitra
dans les mémoires de la Société de physique: M. Duparc
en résume les points principaux :
La géologie de la région des pegmatites est simple; sur
la bordure orientale de la zone comprise entre Ambositra
et Antsirabé on trouve d’abord une large bande de roches
granitiques qui sont partout plus ou moins profondément
latéritisées, et qui supportent les cônes volcaniques qui
terminent le massif de l’Ankaratra vers le sud (Itavo,
Tritriv, Vohitra, etc.). Ces granits sont très acides et ont
été étudiés en divers endroits : Ceux qui forment le soubas-
sement du Vohitra renferment un peu de magnétite, de la
hornblende verte rare, passablement d’oligoclase acide.
Beaucoup de microcline, de l’orthose et du quartz. Ceux
qui supportent le cone balsatique de Tritriv sont à peu
près idendiques, mais la biotite y remplace le mica noir et
le quartz affecte de superbes formes granulitiques.
SÉANCE DU 21 AVRIL 57
Quant aux granits qui sont développés plus au sud et
dont celui d’Ilaka offre le meilleur type. il renferme du
sphène en jolis cristaux, du zircon rare et plus petit, un
peu de magnétite, de la hornblende vert bleuâtre très
polychroïque, peu de biotite, de l’épidote, un peu d’oligo-
clase acide, beaucoup d'orthose et du quartz à tendance
granulitique abondant. Dans les variétés prophyroides
c’est le microcline à veinules d’albite qui forme les phéno-
cristaux. Des diorites sont en relation avec ce granit; elles
renferment beaucoup de hornblende, de la biotite brune,
de l’épidote, du plagioclase du groupe audésine-labrador
et du quartz. |
Les cônes basaltiques qui dans le voisinage d’Antsirabé,
reposent sur le granit, sont en partie admirablement con-
servés (Tritriv) et témoignent que les dernières éruptions
de Madagascar sont de date relativement très récente. Les
fractures par lesquelles ces roches sont montées se sont
sans doute produites lors de la dernière dislocation qui a
affecté l’ile et qui est vraisemblablement la cause première:
du rajeunissement des vallées que l’on observe sur la côte
orientale. Un certain nombre de ces roches basaliiques
ont fait l’objet d’un examen détaillé : A la coulée de Vino-
mikarena au sud d’Antsirabé, la première consolidation
très abondante, est formée de grandes augites et de grosses
olivines; la pâte vitreuse renferme des microlithes de
labrador, des grains de magnétite et quelques microlithes
d’augite et d’olivine. Au volcan de Tritriv, sur les variétés
scoriacées, la première consolidation renferme de l’augite,
beaucoup d’olivine et peu de plagioclase, tandis que la
pâte est vitreuse, brunâtre et renferme quelques rares
microlithes filiformes de labrador. Au volcan de Vohitra,
sur la coulée, ia première consolidation abondante est
formée par de l’olivine et quelques feldspaths allongés à
l'instar des microlithes ; tandis que la pâte est entièrement
cristalline et fluidale, et formée par de longs et gros mi-
crolithes de labrador avec un peu d’olivine et beaucoup
de magnétite. Sur un épanchement basaltique qui se
trouve à une faible distance et à l’ouest de Tritriv, la
première consolidation est presque entièrement formée
58 SÉANCE DU 21 AVRIL
par des cristaux terminés d'olivine avec très peu d’augite,
tandis que la pâte entièrement cristalline, à structure
diabaso-grenne est foncée par des microlithes d’augite
abondants et de plagioclase dominants (AbsAns-Ab: An:
avec peu d’olivine et beaucoup de magnétite. Enfin sur le
basalte que l’on rencontre sur la route qui va d’Antsirabé
à Tongarivo, la première consolidation est formée par de
grosses augites très corrodées et entourées d’une auréole,
tandis que la pâte entièrement cristalline est fluidale, est
formée par l’enchevêtrement de gros microlithes de felds-
path (AbsAns-Ab:Am) avec des microlites abondants
d’olivine et de magnétite.
Basalte de Vohitra Basalte de Tritriv
Si0: — 46.61 49.05
TiO:, =, 3.01 2.925
Al:Os — 14.92 14.75
Fe2Os — 6.38 3.938
HeQi.=:, 158 8.61
MnO — 0.07 0.20
KO = 1.45 1.66
N&O =; 3.07 2.99
Ca 0: 25 9.60
MgO = 7.29 8.54
PaOss sie 41 0.51
LOS 14 50 0.22
101.94 101.80
Malgré les différences microscopiques que présentent ces
basaltes, ils sont bien l’expression de la cristallisation
d’un même magma comme le montrent les différentes
analyses que nous avons exécutées.
A l’est de la région granitique indiquée se trouve une
large zone formée par des quartzites plus ou moins mica-
cées, qui plongent en général à l’ouest, et forment une
série de crêtes plus ou moins parallèles, séparées par des
plateaux. Ces quartzites sont généralement blanches et
formées par des grains polyédriques de quartz associés à
une proportion variable de mica. Elles passent à leur
SÉANCE DU 21 AVRIL 59
partie supérieure à des micaschistes francs à deux micas
ou à mica noir dans lesquels une biolite brune très
polychroïque,disposée généralement en couches parallèles,
s'associe à des grains de quartz. Cette zone de quartzite
est localement percée par des boutonnières de granit
acide. À l’ouest de la grande chaîne d’Ambatoménaloa,
une longue bande de cipolins qui forme une zone syncli-
nale manifeste, est encaissée par ces quartzites ; elle cons-
titue le plateau d’Analalava. Plus au sud une seconde
bande de cipolins s’intercale dans la zone des quartzites
à l’est de la première: elle débute aux sources de la
rivière Sohatany, et se trouve à l’ouest de la grande
chaine de l’Ibity qui est en quartzites.
Quartzites et cipolins sont traversés par d’innom-
blables veines de pegmatite qui sont intercalées parallèle-
ment aux couches, mais qui forment aussi de véritables
filons plus ou moins normaux sur la direction de celles-ci.
Les pegmatites qui constituent ces filons sont de types
variés, à individus souvent gigantoplasmatiques; elles
renferment une foule de minéraux accessoires dont les
principaux sont : 4° Le béryl bleu (aiguemarine) gisements
d’Antaboko, de Tongafena, d’Ambatolampy, de Tétehina,
etc.; 2° Un béryl rose qui existe sous deux formes cristal-
lographiques distinctes, l’une en cristaux allongés selon
(1040) avec (0004) et (1121), l’autre en cristaux aplatis
selon (0001) avec les faces (4010) (2021) (1120) et (3364).
Ces deux béryls roses sont alcaliféres, le premier qui
est légèrement biaxe, a comme indices ng = 1.5838
up = 1.5747. 3° Des tourmalines zonées qui se trouvent
généralement dans les filons encaissés dans le cipolin
mais aussi dans ceux des quartzites. Les différentes zones
qui se succèdent d’une façon tout à fait arbitraire et sont
souvent inverses sur les cristaux d’un même gisement
sont formées par de la tourmaline rose ou de la rubellite,
de la tourmaline brune de diverses teintes, de la tourma-
line jaune canari et de la tourmaline noire. Les propriétés
optiques de ces différentes tourmalines ainsi que des
autres minéraux des pegmatites (indices, etc.) ont été
étudiées dans une précédente note; elles varient d’une
60 SÉANCE DU 21 AVRIL
facon sensible avec la couleur. 4° Du triphane et de la
Kunzite. 5° Du grenat spersartine, etc.
Les cipolins au contact des filons de pegmatite sont
profondément modifiés, ils se chargent de mica noir et de
diopside, en même temps la bordure de contact immédiat
est criblée de cristaux corrodés de tourmaline noire. Cer-
tains filons empâtent des blocs arrachés de ces cipolins;
le métamorphisme observé sur ceux-ci est le même mais
encore plus intense.
Il était intéressant de vérifier si la composition chimique
des tourmalines qui forment les différentes zones des cris-
taux était sensiblement différentes. Déjà leurs indices va-
rient d’une façon notable et l’on pouvait d’après cela
supposer à priori qu'il en serait de même pour cette com-
position et que le phénomène serait alors absolument
comparable à celui observé sur les feldspaths. Nous avons
donc préparé du matériel parfaitement pur dont nous
avons fait l'analyse. Ce travail qui est considérable n’est
point achevé, mais il est actuellement suffisamment avancé
pour permettre de tirer certaines conclusions. Le tableau
ci-dessous donne les résultats obtenus :
Gisements Si02: | Al:Os |Fe:0s | Mno |CaO |MgO| F1 |K20| Na0 |Li:0 | H210
Taîlaisine jaune clair....| 36.77 | 39.12 |0.5815.1410.7710.2111.24)0.10,1.4710.59| —
— brun foncé....| 35.79 | 40.06 10.61,5.8510.9010.19,10.90/0.1011.22|0.18| —
— noire brunâtre| 35.54 | 37.43 |4.0815.60,0.5810.13/0.73|0.10 1.43/0.11| —
— TOSCr re serrpe 37.52 | 40.08 10.4010.6312.4510.3911.0510.0911.58|0.66| —
Maroando rose .......... 37.06 | 40.53 10.4011.2312.5810.4311.23 10.12 0.80|0.11| —
Antaboko — .......... 37.30 | 38.91 |10.7910.5214.1010.3111.40 0.10 ,0.7611.03| —
Antsongombat rose...... 37.78 | 41.25 |0.4211.8311.0310.2010.8110.082.39|1.01| —
— rouge foncé| 37.72 | 41.14 |0.6511.7210.9010.24/0.78,0.09/2.1211.13| —
On voit que tout d’abord toutes ces tourmalines forment
une famille naturelle caractérisée par l’abondance particu-
lière du manganèse. En second lieu il existe, bien que les
analyses soient encore incomplètes, des différences chi-
miques notables entre les produits colorés qui forment les
différentes zones. En troisième lieu enfin la coloration
rouge nese trouve que dans les tourmalines qui renferment
simultanément la chaux en quantité appréciable avec le
manganèse. C’est probablement la présence de cette
B203
SÉANCE DU 21 AVRIL 61
chaux qui développe la couleur qui en réalité est due au
manganèse et si la proportion de ce dernier élément aug-
mente trop au détriment de la chaux, cette couleur passe
au jaune Canari puis au brun.
M. Th. TOMMASINA. — L'élémentarquantum et la théorie
électronique de l’éther. — Trente-quatrième Note sur la
physique de la gravitation universelle.
Quelques-unes des théories analytiques, plus en vue
actuellement, ayant conduit à des résultats contradictoires
avec les faits les mieux établis par l'expérience, les phy-
sico-mathématiciens se sont décidés finalement à intro-
duire une hypothèse atomistique de l’énergie rayonnante,
et M. Stark a donné le nom d’élémentarquantum à cet
élément quantitatif ultime qui correspond à la constante
ec de la formule de Planck. Pourtant ces savants pensent
avec Lorentz, sauf Stark et Einstein, de pouvoir et même
de devoir conserver encore, comme milieu indépendant,
l’ancien éther, qui, tout en jouant le rôle de transmetteur
d'énergie, resterait toujours absolument inconcevable
dans son mode d'action, lui attribuant la propriété, inad-
missible, pour une substance matérielle transmettrice de
mouvements, d’être absolument continu. Je vais démontrer
par cette Note que la fonction de l’élémentarquantum bien
comprise, doit éliminer définitivement l’ancienne notion
de l’éther, la remplaçant par une nouvelle qui le considère
comme un milieu composé exclusivement d'électrons dont
l’élémentarquantum est l’énergie transmise dans l’unité de
temps par chaque électron.
Je suppose le Soleil réduit à un seul ion lumineux,
d'après le langage actuel, la Terre réduite à un seul ion
éclairé ou réflecteur, et entre les deux l’éther pur, sans
corps pondérables, ne contenant donc rien de lumineux,
rien d’éclairé, mais transmettant l'énergie rayonnante
émise par le ion Soleil au ion Terre qui en est ainsi éclairé.
Voilà l’ensemble de phénomènes, dont il faut étudier la
physique, c’est-à-dire les mécanismes hypothétiques qui
sont aptes à les produires.
Le ion Soleil transmet des vibrations transversales à
l’'éther. Analysons ce premier fait, qui est déjà assez com-
62 SÉANCE DU 21 AVRIL
plexe. Le ion Soleil en tant que ion lumineux doit vibrer,
mais comment ? Pour connaître la vibration qu'il transmet,
il faut connaitre, au préalable, celle qu’il possède. Or. la
théorie actuelle de la lumiére, de même que les précé-
dentes, n’a rien imaginé pour fournir cette connaissance
préalable, mais elle nous dit que, bien qu’on ne puisse pas
concevoir comme cela est produit à l’origine, le fait est
que, pour donner raison aux lois établies, il faut que les
vibrations soient transversales pendant leur trajet au tra-
vers de l’espace. Aussi l’éther dans sa fonction de trans-
metteur doit-il vibrer transversalement. Voilà ce que la
science admet. Il faut donc renverser notre demande et
dire : les vibrations transmises étant transversales, com-
ment la source radiante agit-elle pour les produire ? A
cause de notre supposition du ion uniqne comme source,
nous ne devons tenir compte que du tube d’éther qui réu-
nit le ion lumineux au ion éclairé. Le premier doit donc
vibrer transversalement pour communiquer à l'éther ce
mode de vibration. Comment l’éther recoit-il la vibration
transversale ? Certes la partie d’éther qui devient vibrante
en constitue une modification. Il nous faut donc établir
la nature de cette modification.
D’après la théorie électromagnétique la modification
qui vibre dans un rayon de lumière doit être une charge
électrique. IL y a donc deux faits qui semblent présenter
une analogie avec le phénomène que nous voulons éluci-
der. On sait que les charges électriques se comportent
autrement avec les conducteurs qu'avec les isolants ; tan-
dis qu’elles s’étalent à la surface des premiers, elles res-
tent localisées dans les derniers. On sait, en outre, qu’un
léger frottement, même une faible pression instantanée
sur un diélectrique solide, tel qu’un bloc de paraffine,
produit à l'endroit touché une charge électrique. Or,
l’éther dans le vide pneumatique, se comporte comme un
diélectrique parfait. On pouvait donc supposer que le
ion Soleil, vibrant transversalement, produit par son
frottement sur la face du tube d’éther une charge électri-
que. Ensuite, comme ce ion lumineux effectue périodique-
ment de nouveaux frottements il fournirait successivement
SÉANCE DU 21 AVRIL 63
de nouvelles charges qui, en refoulant les précédentes,
transformeraient rapidement toute la longueur du tube
d’éther en une série continue de couches électrisées, ou
mieux en un alignement de charges élémentaires. Mais,
toutes ces charges étant en marche et leur production par
le ion Soleil pouvant être considérée comme une émis-
sion, on aurait là un courant et non pas un rayon de
lumière ; pour avoir ce dernier il faut que tout cela soit
statique au point de vue électrique, il faut que chaque
charge vibre sur place, c'est-à-dire qu'elles soient des
charges éléctriques préexistantes au phénomène lumière,
il faut que le ion Soleil possède son élémentarquantum
de vibration et qu'il transmette, non des charges mais
des vibrations transversales périodiques. Dans ce cas les
charges ne parcourent plus tout l'alignement, mais elles
oscillent, chacune dans sa propre sphère d’action..et cette
oscillation est transmise de proche en proche du ion Soleil
au ion Terre en 8 minutes, avec la vitesse connue. Ce ne
sont plus de charges élémentaires en marche mais un
mouvement vibratoire. C’est la théorie Maxwell-Hertz à
laquelle la mienne ajoute la forme solénoïdale ou hélicoi-
dale de la trajectoire de l'énergie rayonnante.
L'introduction dans la science de l'hypothèse de l’élé-
mentarquantum, unité d'énergie de l'électron vibrant!
n’amène nullement à réadmettre la théorie newtonienne
de l’émission, comme plusieurs supposent, ni à éliminer
tout simplement l’éther, comme le voudrait M. Einstein,
mais à le définir autrement en lui reconnaissant une cons-
titution moléculaire spéciale, qui en fait un milieu essen-
tiellement électromagnétique, à cause de l’activité vibra-
toire perpétuelle de ses molécules qui sont des charges
électriques élémentaires. Ce qui explique comment l’éther
ou vide pneumatique est un isolant pour les décharges
électriques et que celles-ci sont effectuées par de ions
pondérables, de corpuscules cathodiques ou 8 de radioac-
tivité, tous mus par les modifications cinétiques qu’on
provoque, qui se propagent dans le milieu et qui sont
toujours et partout électromagnétiques.
1 Archives, t. XXV, juin 1908. Note IV, p. p. 612-614.
64 SÉANCE DU 12 MAI
Séance du 12 mai.
Battelli et Mile Stern. Fonction de la catalase. — Th. Tommasina,
Théorie électromagnétique de la polarisation et de la dissociation
électrolytique. — F. Reverdin. Action de l’acide sulfurique con-
centré sur quelques nitramines aromatiques.
M. BATTELLI et Mie STERN communiquent les résultats
de recherches faites dans le but d’éclaircir la fonction de
la catalase. Les auteurs avaient constaté dans des recher-
ches précédentes que la catalase mise préalablement en
contact avec l’anticatalase ou le sulfate ferreux perd en
grande partie le pouvoir de décomposer l’H20:. Mais cette
action du sulfate ferreux sur la catalase n’a lieu qu’en
présence d’O2. Il est donc probable qu’il s'agisse d’une
oxydation de la catalase, Les auteurs donnent le nom
d’oxycatalase à la catalase rendue ainsi inactive par l’an-
ticatalase ou le sulfate ferreux. L’oxycatalase ne constitue
pas un composé stable. Il suffit de lui ajouter la philoca-
talase contenue dans l'extrait de muscle ou d’autres tissus
pour régénérer la catalase.
L'action destructrice de l’anticatalase sur la catalase
est en outre empêchée par l'alcool. Or, l'alcool est oxydé
énergiquement en aldéhyde et acide acétique par les foies
qui sont très riches en catalase, tandis que l'oxydation de
l'alcool est beaucoup plus faible dans les foies qui renfer-
ment moins de catalase. Il y a d’autres substances telles
que l’acide formique, l’aldéhyde, le glycol, etc., qui agis-
sent comme l'alcool en empêchant la destruction de la
catalase par l’anticatalase. Toutes ces substances sont
oxydées par les foies qui sont riches en catalase. Au con-
traire, le foie n’oxyde pas les substances telles que l’acide
lactique, la tyrosine, la glycérine, les acides gras, etc.
qui n'empêchent pas la destruction de la catalase par l’an-
ticatalase.
De tous ces faits, les auteurs tirent la conclusion que la
catalase joue un rôle dans l’oxydation de différentes sub-
stances. Ce rôle pourrait être interprété de la manière
suivante. L’anticatalase oxyde la catalase en le transfor-
SÉANCE DU 12 MAI 65
mant en oxycatalase. L’oxycatalase, en présence de sub-
stances réductrices (alcool, aldéhyde, etc.), leur céderait
ensuite son oxygène et serait ainsi ramenée à l’état de
catalase. Mais un mélange de catalase et d’anticatalase
n’a pas le pouvoir d’oxyder l'alcool. Il faudrait donc ad-
mettre pour l’oxydation de l'alcool l'intervention d’une
troisième substance, peut-être la phylocatalase, qui ren-
drait actif l'oxygène de l'oxycatalase. L’oxydation de l’al-
cool, des aldéhydes, etc., aurait donc lieu par l’intermé-
diaire de trois substances. Si l’une de ces trois substances
fait défaut, l'oxydation n’a pas lieu.
M. Th. TOMMasINaA. — Théorie électromagnétique de la
polarisation et de la dissociation électrolytique. — Trente-
cinquième Note sur la physique de la gravitation universelle.
Le phénomène des chaines de limailles dans les cohé-
reurs que j'ai découvert en 1898 *, et celui des mêmes
chaines se produisant dans l’eau distillée et dans l'alcool,
que j'ai signalé l’année suivante en mettant en évidence
sa corrélation avec les chaines de dépôts électrolytiques
et avec la formation, probable je disais alors, certaine je
dis aujourd’hui, de chaînes conductrices invisibles dans
l’eau distillée sous l’action des courants de self-induction ?;
puis les résultats de mes recherches sur la formation et
le transport des cristaux, métalliques et non pas salins,
de plusieurs métaux, dans l’eau distillée et sous la même
action *, que j'ai constaté le premier, m'avaient amené à
concevoir et à présenter quelques conclusions nouvelles
sur cette catégorie de phénomènes, dans plusieurs de mes
Communications, Notes et Mémoires. Mais. ce n’est qu'en
revisant mes vues antérieures aux lumières fournies par
cette nouvelle physique théorique que je suis parvenu à
trouver une explication électromagnétique de ce qui se
passe dans la production des dissociations électrolytiques.
Le nouveau concept fondamental qui suppose que les
initiatives qui paraissent appartenir en propre aux alo-
mes chimiques pondérables, appartiennent, au contraire,
1 C. R. 12 déc. 1898. Soc. Phys. 5 janv. 1899. Archives, mars 1899.
2 C. R. 1° mai 1899.
8 C, KR. 5 février 1900 — Phys. Zeit., 5 mai 1900.
66 SÉANCE DU 12 MAI
exclusivement aux atomes physiques impondérables du
milieu actif, a montré la voie qu’il faut suivre dans l’in-
vestigation des faits si l’on veut, à l'aide d’une interpré-
tation exacte, parvenir à les expliquer.
Je n’ai pas à entrer ni dans les détails descriptifs de la
marche du phénomène électrolytique, ni dans l’énon-
ciation des résultats qui sont trop nombreux et trop va-
riés, ni dans celle des lois de Faraday, d’Ostwald, de Van’t-
Hoff, d’Arrhénius, de Nernst, de Lippmann, de Kohlrausch,
de Bouty, etc. Tout cela est connu, et n'est d’ailleurs pas
nécessaire ici, il suffit d'en avoir devant l'esprit un résumé
synthétique pour se faire un concept précis et clair de la
nature du phénomène et de sa limite apparente. Je vais
indiquer seulement cette dernière.
On admet généralement que tout conducteur peut servir
d’électrode et que tout liquide conducteur peut servir
d’électrolyte. Or, d’après les résultats de mes expériences
je peux affirmer qu'il y a là une restriction qui n’est ad-
missible que comme indication d’un optimum quanttat};
le phénomène qu'on peut étudier expérimentalement ne
reste nullement borné entre de telles limites. En réalité
tous les liquides, autant les colloïdes que les cristallisa-
bles, peuvent servir comme électrolytes et tous les corps,
même les meilleurs diélectriques, servir d’électrodes. Si
l'on fait abstraction de tout le reste, en ne tenant compte
que de ce qui constitue l'essence du phénomène de l’élec-
trolyse, il en résulte que chaque corps des trois règnes de la
nature, et indépendamment de son état solide, liquide, ou
gazeux, peut servir soit d'électrode soit d'électrolyte. T suffit
d'y adapter le dispositif et les conditions expérimentales
requises pour chaque cas, haut potentiel et appareil de
mesure très sensible, pour obtenir la constatation du phé-
nomène par des résultats mesurables.
D'autre part, des expériences très délicates, il est vrai,
mais faciles à répéter, m'ont permis de reconnaitre et de
confirmer qu'il n’y a pas des électrodes impolarisables d’une
manière absolue, et que deux corps quelconques, même
identiques, deux fragments du même corps, rapprochés
pour fermer le circuit d’un électromètre, manifestent tou-
SÉANCE DU 12 MAI 67
jours, instantanément ou plus ou moins lentement, une
différence de potentiel, montrant qu'il y a en chaque frag-
ment pondérable un état d'équilibre entre l’activité interne
et celle externe du milieu, lequel état n’est jamais identique
de l’un à l’autre en ce qu’on peut nommer sa valeur éner-
gélique.
Or, les choses étant ainsi, le phénomène électrolytique,
qui se présente comme capable de se produire dans des
conditions qui paraissent variables à l'infini, ne peut être
que l'effet de l’intervention des activités cachées du malieu,
qui sont des champs électromagnétiques multiples. La théo-
rie électronique les ayant introduits même dans l’atome
chimique, il nous est donc permis d'admettre leur action
modificatrice de l'architecture moléculaire. La pénétration
des lignes de force des champs dans la molécule peut dé-
placer les atomes qui la constituent pour les orienter au-
trement. Mais dans l’électrolyse cette orientation forme
un assemblage constitué par des alignements d’atomes
ions entre les deux électrodes, alignements qui détruisent
forcément l'architecture caractéristique de la molécule,
laquelle disparait ainsi pour ne laisser plus à sa place que
des chaînes d’atomes polarisés, chaines qui vont être par-
courues par les électrons qui constituent le courant trans-
porteur des ions. C’est l'explication de la dissociation élec-
trolytique.
Cette explication permet de donner une nouvelle défi-
nition des diélectriques et des conducteurs. Comme toute
charge électrique en se déplaçant doit produire, au moins,
des polarisations moléculaires, on peut distinguer ces
deux propriétés de la manière suivante: Dans les con-
ducteurs la polarisation se propage seulement dans le mi-
lieu et normalement à la surface en chaque point, elle est
rayonnante étant dirigée vers l'extérieur et l’étalement de
la charge reste superficiel; tandis que dans les diélectri-
ques, leur nature étant semblable à celle du milieu, la
polarisation se propage aussi en sens contraire et les pé-
nêtre et la charge peut les traverser dans une direction
quelconque, prenant alors, comme on sait, aux faces d’en-
trée et de sortie le signe correspondant.
68 SÉANCE DU 12 MAI
Ces faits connus, ainsi interprétés, expliquent pourquoi
la capacité d'un condensateur est-elle proportionnelle au
pouvoir inducteur spécifique du diélectrique qui sépare les
armatures, c'est que la charge conserve son potentiel à l'aide
de la polarisation partnelle du chélectrique qu'elle produit,
si celle-ci est complète, la décharge a lieu au travers de ce
dernier.
Frédéric REVERDIN. — Action de l'acide sulfurique con-
centré sur quelques nitramines aromatiques.
L'auteur avait déjà constaté !: que certaines nitramines
aromatiques pouvaient être réduites, sous l'influence de
l'acide sulfurique concentré et avec formation de produits
secondaires, d'oxydation sans doute, en nitrosamines cor-
respondantes; tel est le cas de l’éther méthylique de l’a-
cide dinitro-3-5-méthylnitramino-4-benzoïque et de la
trinitro-méthylnitraniline de la formule :
CH: (NO?} N(CHS.NO?) 1, 8, 5, 4.
Dans les cas observés jusqu’à présent, la réaction n’a-
vait lieu qu'au bout d’un certain temps ou à une tempéra-
ture supérieure à la température ordinaire.
En étudiant la nitration de la diméthyl-o-anisidine on a
remarqué un nouveau cas de réduction du groupe «nitro»
en groupe «nitroso» qui se fait dans des conditions telles
que l'interprétation à donner à la réaction de Liebermann
pour les dérivés nitrosés (acide sulfurique concentré +
phénol) en est troublée.
Lorsqu'on nitre la diméthyl-o-anisidine d’après les in-
dications données autrefois par Grimaux et Lefèvre ?, il
se forme entre autres produits et suivant les conditions
un composé de F==135° que van Romburgh* a caractérisé
comme étant la nitrosamine de la dinitro-3-5-monométhyl-
1 Archives des Sc. phys. et nat., 1908, t. 26, p. 342.
? Bulletin Soc. Chim. Paris (3) 1891, t. 6, p. 415.
3 Comptes rendus Acad. des Sc., 113, p. 505.
SÉANCE DU 12 MAI 69
anisidine et un composé de F—118° qui est la nitramine
correspondante :
OC H° OCH*
CCE" ou {CH
\NO fo:
NO? NO? NO? NO*
#35° 118° |
La nitrosamine se transforme facilement et quantitali-
vement en nitramine par l’action de l'acide nitrique fu-
mant et à froid, mais malgré des cristallisations répétées
qui n’en modifient aucunement le point de fusion, cette
dernière donne toujours et d’une manière très nette la
réaction de Liebermann.
Cette anomalie s'explique par le fait que la nitramine
en question se transforme instantanément et même à
basse température, partiellement tout au moins, en nitro-
samine correspondante.
Il suffit d'introduire la nitramine dans de l’acide sulfu-
rique refroidi à —10° et de maintenir cette température
pendant l'introduction pour que le groupe «nitro» sait
réduit en groupe «nitroso» ; cette réduction est accompa-
gnée de la formation de produits secondaires avec laquelle
elle est évidemment en relation.
_ Gattermann! avait déjà observé antérieurement que la
dinitro-p-crésyl-éthylnitramine :
CSH?, CHS. NO°. NOZ. N(C°H5. NO?) 1. 3. 5. 4
donnait la réaction Liebermann, mais dans des conditions
qui étaient sans doute différentes au point de vue de la
. température, car il parle d'élimination d'oxyde d'azote
par échauffement avec l'acide sulfurique. |
L'action de l'acide sulfurique sur les nitramines de la
série grasse et de la série aromatique à déjà fait l’objet
de nombreuses recherches, mais la formation directe
d’une nitrosamine dans les conditions dont je viens de
parler n'avait pas encore été signalée, à ma connaissance
du moins.
! Berichte d. d. chem. Ges., 1885, 18, p. 1482.
70 SÉANCE DU 2 JUIN
Séance du 2 juin 1910
Georges Wulff. Influence de la pression de la lumière solaire sur
la pression barométrique de l'atmosphère terrestre. — E. Briner.
Nouvelles recherches sur l’action chimique des pressions éle-
vées. — R. de Saussure. Sur les corps solides opposés. -— Th.
Tommasina. Correction d’une erreur d'interprétation de la répul-
sion solaire de la queue des comètes et ses conséquences.
M. le professeur Georges WuLrFr (Moscou). — Influence
de la pression de la lumière solaire sur la pression baromé-
trique de l'atmosphère terrestre.
Au XII° congrès des naturalistes et des médecins qui a
eu lieu cette année au mois de janvier, à Moscou, le pro-
fesseur P. Lébédeff a communiqué les résultats de ses
expériences sur la pression de la lumière sur les gaz. De
ces travaux il résulte que les molécules gazeuses sont
sensibles à l’action de la pression de la lumière.
Ce fait doit avoir pour conséquence immédiate que la
lumière solaire exerce une action sur notre atmosphère,
et cette action doit être mise en évidence par la marche
de la pression barométrique. Je chercheraiï dans cette note
à élucider cette question sans entrer dans les détails.
Pour expliquer les variations de pression atmosphéri-
que dues à la pression de la lumière solaire, observons
qu’au lever du soleil, les molécules de l’air entrainées par
la rotation de la terre se meuvent à l'encontre des rayons
solaires, et éprouvent de leur part une pression qui s’op-
pose à leur mouvement. Il doit se produire, dans la mati-
née, une accumulation de molécules, une condensation de
l'atmosphère et par suite une augmentation de la pression
barométrique. C’est le maximum barométrique du matin.
Dans l'après-midi, les molécules atmosphériques com-
mencent à se mouvoir dans le sens de la marche des
rayons solaires, dont la pression tend par suite à aug-
menter leur vitesse. Il en résulte une détente de l’atmos-
phère, qui correspond au minimum de l'après-midi. Les
molécules atmosphériques chassées par la pression des
rayons, s'accumulent le soir, produisant le maximum du
SÉANCE DU 2 JUIN 71
soir. Enfin, après minuit, l'atmosphère soustraite à l’action
des rayons lumineux, et soumise à la seule action de la
terre, tend à reprendre sa densité normale, à la suite de
quoi se produit le minimum de la nuit.
Nous avons ainsi la marche diurne du baromètre, pré-
sentant deux maxima. l’un dans la matinée, l’autre dans la
soirée, avant minuit, et deux minima, l’un dans l’après-
midi, l’autre après minuit.
La marche annuelle doit dépendre de l’inclinaison des
rayons solaires sur les trajectoires des molécules d'air
autour de l’axe de la terre. Ilest indifférent que les rayons
solaires rencontrent ces trajectoires du côté nord et du
côté sud. La composante de la pression de la lumière
sera la même pour une même inclinaison des rayons.
Cette composante sera maxima à l’époque des équinoxes
et minima à l’époque des solstices. Il en résulte que la
marche annuelle du baromètre doit présenter deux maxima
aux équinoxes et deux minima aux solstices. Enfin, la
marche annuelle doit dépendre de la variation de la dis-
tance de la terre au soleil. Au périhélie, la pression de la
lumière doit être plus grande, à l’aphélie, au contraire,
plus petite.
La valeur des condensations et des détentes, autrement
dit l'amplitude des oscillations barométriques dues à la
pression des rayons solaires doit varier avec la latitude.
Cette amplitude doit être proportionnelle à l’énergie ciné-
tique des molécules de l’air, communiquée à celles-ci par
le mouvement rotatoire de la terre, et cette énergie est
proportionnelle au carré du cosinus de la latitude. En
outre, l’action de la pression des rayons lumineux doit être
proportionnelle à la longueur du parcours effectué par la
molécule d'air suivant la direction des rayons solaires, et
cette longueur est elle-même proportionnelle au cosinus
de la latitude. Donc, l’amplitude de la variation baromé-
trique diurne doit être proportionnelle au cube du cosinus
de la latitude.
Toutes les particularités de la marche du baromètre que
nous venons de déduire caractérisent d’une manière com-
plète la composante semi-diurne de la pression baromé-
72 SÉANCE DU 2 JUIN
trique. Cette composante a été extraite de la marche géné-
rale de la pression barométrique au moyen de l'analyse
harmonique. L'autre composante est caractérisée par une
période diurne. La régularité frappante de la composante
semi-diurne pour toute la surface terrestre, et son indé-
pendance des conditions locales ont amené les météorolo-
gistes à attribuer ces phénomènes à des causes cosmiques.
La grande analogie des deux maxima diurnes du baro-
mêtre avec le phénomène des marées, indique l’action
d'une force analogue à la gravitation, mais non identique
à elle, puisque la lune n’exerce aucune influence sur la
pression atmosphérique. La cause de ces actions dépend
directement du soleil, et l’on doit actuellement l’attribuer
à la pression de la lumière solaire. Ainsi donc, la lumière
solaire se trouve être un puissant facteur météorologique
ayant une action directe sur la pression barométrique.
Quant à l'accord qui peut exister entre la théorie expo-
sée ci-dessus et les données de l’analyse harmonique des
observations de la pression barométrique pour des périodes
d'un jour ou d’une année, il faut remarquer qu’une coïnci-
dence parfaite ne peut exister que quant à l’ensemble,
mais non pour chaque composante de diverses périodes,
prise séparément. L'analyse harmonique donne comme
composantes des sinusoides qui sont des courbes symé-
triques, tandis que pour la composante due à la pression
de la lumière, pour laquelle on pourrait adopter le nom
de « photobarique», on a une courbe non symétrique. Le
maximum du matin et le minimum de l’après-midi se for-
ment sous l’action directe des rayons solaires, et doivent
être beaucoup plus prononcés que le maximum du soir et
le minimum de la nuit qui se produisent sur le côté obscur
de la terre. Dans la marche annuelle de la composante
photobarique, le maximum du printemps est plus éloigné
du maximum de l'automne qui suit que de celui qui pré-
cède. Néanmoins, la décomposition des courbes baromé-
triques en sinusoïdes de différentes périodes est une opé-
ration d'une grand® utilité qui permet de faire ressortir
l'influence d’autres facteurs météorologiques sur la marche
de la composante photobarique. Ainsi, la décomposition
SÉANCE DU 2 JUIN 73
de la marche annuelle de cette composante donne, outre
une sinusoide à période semi-annuelle dépendant de
l'inclinaison des rayons solaires sur Îles trajectoires des
molécules d’air aux diverses époques de l’année, encore
une sinusoide à période annuelle. En séparant de cette
dernière une nouvelle sinusoïde à période également
annuelle et exprimant l'influence de la variation de dis-
tance de la terre au soleil, il nous reste une sinusoïde
à période annuelle différente selon les différentes régions
de la terre.
Il se trouve que cette sinusoïde résiduelle a une marche
inverse de celle de la nébulosité pour chaque région déter-
minée. Et cela se comprend : les nuages diminuent l’action
de la lumière sur l'atmosphère de deux façons : ils obscur
cissent les parties de celles-ci qui sont en deça des nuages,
tandis que les parties qui sont au-delà reçoivent les
rayons réfléchis par le nuage, lesquels diminuent l’action
de la lumière directe *.
De cette manière, la lumière solaire exerce sur la terre
avec son atmosphère une action analogue à celle que
subissent les comètes., et les variations du baromètre nous
révèlent des phénomènes du même ordre que la formation
de la queue dans les comètes. Dans les régions de la terre
où l'énergie cinétique de l'atmosphère due à la rotation de
la terre est suffisante, la lumière solaire produit une onde
avec deux crêtes opposées dont la hauteur diminue forte-
ment de l'équateur au pôle. Aux pôles, la lumière solaire
ne trouvant d'autre résistance que l'attraction de la terre,
est capable de chasser l'atmosphère. En ces points, il doit
donc se former des phénomènes encore plus analogues à
la formation des queues des comètes. Cependant, les molé-
cules de l'atmosphère chassées par la lumière solaire, ne
peuvent sortir complètement de la sphère d'action de la
! On à calculé pour certaines localités l’amplitude de la com-
posante photobarique pour les jours sereins et pour les jours
obscurs et on n’a trouvé aucune différence appréciable. Cela
prouve seulement que le phénomène en question ne dépend abso-
lument pas des conditions météorologiques locales.
74 SÉANCE DU 2 JUIN
terre. La plus grande partie de ces molécules après avoir
décrit des trajectoires concaves vers la terre, pénètrent
dans l'ombre et retombent sur la terre. Ces phénomènes
sont probablement en connexion étroite avec les aurores
boréales.
M. le D' E. BRINER communique le résultat de nouvelles
recherches, effectuées en collaboration avec M. le Dr A.
WRoOCZYNskI, sur l’action chimique des pressions élevées.
D’essais complémentaires, il résulte que la décomposition
de l’oxyde d’azote, en anhydride nitreux et azote, est bien
due à l’action d’une pression suffisamment élevée, car,
aux pressions modérées, ce gaz, même en présence de
mercure ou d’eau, ne présente pas de trace de décompo-
sition, après plusieurs mois.
Le protoxyde d'azote est beaucoup plus stable à l'égard
des pressions élevées que l’oxyde d’azote ; il ne subit pas
de décomposition appréciable lorsqu'on le soumet pendant
plusieurs heures à des pressions voisines de 600 atm.,
tout en le maintenant à une température de 400° environ.
Les mélanges d'azote et d'hydrogène, comprimés pen-
dant plusieurs heures à 900 atm., à la température
ordinaire, n'ont pas non plus présenté de contraction
indiquant la formation d’ammoniac.
Par contre, l’oxyde de carbone, considéré jusqu'à
présent comme stable jusqu’à la température du rouge, a
été décomposé vers 300° par une pression de 600 atm.
environ.
Ces résultats montrent que l’action chimique d’une
pression élevée est plus ou moins efficace suivant le
système gazeux comprimé. Si l'édifice moléculaire est
très stable, il faudra avoir recours, pour obtenir une
transformation chimique, à une élévation de température
capable de désagréger la molécule.
M. René DE SAUSSURE. Sur les corps solides opposés. —
L'ensemble de toutes les positions 4 que peut prendre un
corps solide dans l’espace constitue une multiplicité;
SÉANCE DU ©? JUIN 75
toute série continue de positions À constitue dans cette
multiplicité une forme géométrique dont A est l’élément
spatial primitif.
L'auteur a montré’ qu'il existe une profonde analogie
entre les systèmes de corps solides et les systèmes de
droites. Pour mettre en évidence cette analogie, il à
introduit la notion des corps solides réciproques : deux
positions À et 4’ d’un corps solide sont dites réciproques
lorsque l’on peut passer de la première à la seconde par
une simple rotation.
L'auteur se propose maintenant de compléter le parallé-
lisme entre les systèmes de droites et les systèmes de
corps solides, en introduisant la notion des corps solides
opposés: deux positions A et A d'un corps solide sont
« opposées » lorsque la rotation du mouvement héhicoïdal
permettant de passer de A à A’ est égale à x (la translation
étant d’ailleurs quelconque).
Les corps solides opposés correspondent aux droites perpen-
diculaires en géométrie réglée. En effet, dans cette dernière
géométrie, les droites ne possèdent pas de sens, il suffit
donc d’une rotation de 480° pour ramener une droite en
coincidence avec elle-même. tandis qu’il faut une rotation
de 360° pour ramener un corps solide en coïncidence
avec lui-même. Un angle 6 en géométrie réglée corres-
pond donc à un angle 26 pour les systèmes de corps
solides, en particulier l’angle 7x/2 dans la première
géométrie, correspond à l'angle x dans la seconde. A tout
système de droites défini relativement à une droite fixe
par une équation de la forme :
ORNE El
correspondra un système de corps solides défini relative-
ment à un corps fixe, par l'équation :
f(R, 6/2) = 0
Telle est la raison pour laquelle, dans les formules de
1 Voir mon exposé résumé de la Géométrie des Feuillets dans
les Mémorres de la Société de physique de (renève, vol. 36, fasc. 2.
76 SÉANCE DU 2 JUIN
composition des rotations, ce n’est pas l'angle, mais le
demi-angle de rotation qui entre toujours en jeu.
En résumé, pour passer de la géométrie réglée à celle
des systèmes de corps solides, il suffit de remplacer :
1° les droites qui se coupent par des corps solides
réciproques ;
2° les droites parallèles par des corps solides paral-
lèles ;
3° les droites perpendiculaires par des corps solides
opposés (ou plus généralement l'angle 6 par 26). On aura
soin seulement de tenir compte des modifications dues au
fait que la posilion d’une droite ne dépend que de quatre
paramètres, tandis que celle d’un corps solide dépend de
six paramètres arbitraires.
M. Th. Tommasina. — Correction d'une erreur d'inter-
prétation de la répulsion solaire de la queue des comètes et
ses conséquences. — Trente-sixième Note sur la physique
de la gravitation universelle.
M. Pierre Lebedew, dès qu'il eut constaté la pression
exercée par la lumière, donna l'explication de la répulsion
par le rayonnement solaire de la queue des comètes,
explication qui fut acceptée et reproduite par tous ceux
qui ont traité depuis ce sujet d’astro-physique. Or, il y a là
une erreur qui est passée inaperçue, qu'il est nécessaire
de corriger parce que son élimination permet d'expliquer
autrement, soit la répulsion, soit la nature physique de la
queue des comèêtes, qui serait identique aux rayons catho-
diques. Ce qui se trouve en parfait accord el confirme
l'hypothèse appliquée par Arrhenius depuis 4902, mais
présentée par Goldstein dès 1881, étudiée par Paulsen en
4894, par Birkeland en 4896 et par Deslandres, en même
temps que ce dernier, mais en suivant une autre Voie, car
il y fut conduit par l’étude du soleil en lui supposant une
émission cathodique par les couches supérieures de la
chromosphère dans le but d'expliquer les phénomènes de
la couronne solaire.
Le problème étudié par Lebedew présentait la difficulté
suivante : Comment se fait-il que la pression du rayonne-
SÉANCE DU 2 JUIN 77
ment solaire agit davantage sur la queue que sur la
chevelure et ne diminue pas la vitesse de marche du
noyau? Car cette vitesse devient, au contraire, de plus en
plus grande au fur et à mesure du rapprochement de
l’astre au Soleil, bien que la pression de radiation
augmente-t-elle aussi d’après la même loi. Or, cette
pression agit certainement; d'après ma théorie, c’est elle
qui empêche que les comèêtes, à leur périhélie, puissent
atteindre le Soleil et y disparaitre. Le fait incompréhen-
sible est donc qu’une partie de la substance matérielle de
la comète soit repoussée en sens opposé pendant que le
reste accélère sa marche vers le Soleil. M. Lebedew ayant
reconnu que la pression est proportionnelle à la surface,
donc qu'elle agit comme la deuxième puissance des
dimensions, tandis que la force gravitante agit comme les
masses, donc comme la troisième puissance, il en conclut
qu'il suffit d'attribuer, aux grains de poussière cosmique
constituant la queue, des dimensions suffisamment petites
pour avoir une action du rayonnement dépassant la force
newtonienne, et de supposer des dimensions plus grandes
à ceux du noyau et de la chevelure pour donner raison
de l’anomalie apparente du phénomène.
Or, cette explication acceptée et devenue courante. est
erronée, autant géométriquement que physiquement. La
géométrie nous dit que le rapport entre les surfaces ou les
sechions 1dentiques de corps semblables, quelles que sorent
leurs dimensions individuelles, est une constante absolue,
étant le rapport entre le carré et le cube non pas des chiffres
successifs depuis un jusqu'à l'infini, mais d'une longueur
quelconque prise comme unité. donc de l'unité. Pour changer
le rapport entre la face du cube et son volume, ou le
rapport entre la section d’une sphère passant par son
centre et son volume, il faudrait les déformer. Il faut donc
faire abstraction des dimensions et conclure que si la
pression de radiation n’agit que superficiellement, elle
sera toujours inférieure à la force de gravitation qui agit
sur toute la masse.
La démonstration physique confirme cette explication
géométrique. En effet, la force newtonienne agit directe-
78 SÉANCE DU 2 JUIN
ment sur chaque unité de masse, et comme ces unités
sont infiniment plus petites que les grains de poussière
cosmique, il en résulte que l'explication donnée sur le
renversement de l'effet des deux actions opposées du
soleil est inadmissible. Ma théorie de la gravitation, qui
n’admet aucune force atlractive, mais exclusivement
des pressions de radiation, considère, dans ce cas, les
les deux actions opposées comme de nature identique,
physiquement et mécaniquement, et n'admet donc, non
plus, l’action purement superficielle de la pression de
radiation. Les radiations étant toujours complexes par les
longueurs d'onde, le sont aussi par leur pénétration, de
facon que la pression yravitante est celle qui s'exerce sur
chaque unité de masse, et est en dernière analyse une
succession d'un nombre très grand de chocs simultanés de
points matériels entre eux.
Nous voyons donc qu'il n’y à, du problème traité ici.
qu'une seule solution physico-mécanique, et cette solution
consiste dans l'admission forcée de l'hypothèse que la
queue des comètes n’est pas une répulsion de particules
pondérables par le rayonnement solaire, mais un rayon-
nement cathodique émis par le noyau, c’est-à-dire qu'elle
est constituée de corpuscules B, qui sont des masses
électromagnétiques non pondérables et qui sont, comme
l'on sait, déviables soit par des champs électrostatiques,
soit par des champs magnétiques.
Il est permis de conclure que la queue des comètes
n’est en réalité qu'un faisceau de rayons cathodiques
dirigé par et suivant les lignes de force du champ électro-
magnétique solaire. Ces rayons, émis par le noyau ca-
thode, peuvent par leur répulsion transversale s'étendre
en éventail, et selon les phénomènes de rotation ou autre,
qui se passent dans le noyau ou dans le champ magné-
tique solaire, peuvent se séparer en plusieurs faisceaux
ou prendre des contorsions solénoïdales, comme l'ont
montré certaines photographies de la comète de More-
house. Quant à leur luminosité, elle est due aux gaz très
raréfiés qu'ils transportent, comme cela a lieu dans les
tubes de Crookes.
SÉANCE DU 7 JUILLET 79
Séance du 7 juillet
Emile Chaix. Contribution à l’étude géophysique de la région de Ge-
nève : la capture de Theiry. — E. Briner et A. Wroczynski. Com-
pression du .cyanogène. — Cardoso, Arni et Bell. Détermination
des constantes directes des gaz. — Th. Tommasina. Irréductibilité
des lois du train d’ondes aux lois du rayon élémentaire. — L. de
la Rive. Oscillations d’un pendule dans uu train en marche. —
Cantoni. Cryoscopie du fluorhydrate et du chlorhydrate d’aniline.
M. Emile CHaix. Contribution à l'étude géophysique de
la région de Genève: La capture de Theiry.
L'hydrographie du bassin de Genève est très incohé-
rente. Les affluents du Rhône ne sont conséquents que
vers leurs sources (Fig. 1), et l’Arande-Aire est particu-
lièrement bizarre (Fig. 4, C D 4). |
A. Favre, dans sa Description géologique du canton de
Genève (1 p. 180 et.Il p. 52 et 83) signale déjà que l’Arande
a été capturée par l’Aire, mais il n’en cherche pas la raï-
son.
De Russin à St-Julien par Cartigny, Laconnex, Soral et
Theiry (Fig. 1) s'élève une croupe qui a les caractères
d'une moraine terminale (voir la carte géologique de Favre
et la carte p. 640 de Penck et Brückner dans Die Alpen im
Eiszeitalter). Devant cette croupe, au S.-W., s'étend la val-
lée abandonnée de l’'Eau-Morte, formée à une époque où
le Rhône devait couler à l'altitude d'environ 430 m. à
Cartigny. Derrière cette moraine de Laconnex-Theiry,
soit au N.-E., se trouve la plaine alluviale de l’Aire.
Or, cette plaine a été la dépression ou cuvette terminale
du glacier, et son alluvionnement et la capture de l’Arande
sont dus à ce que sa barrière morainique s’est trouvée
trop basse sur l'emplacement de Theiry. Quand le glacier
s’est retiré, la rivière est descendue dans la cuvette en
abandonnant sa vallée périphérique (Fig. 2).
C'est un cas intéressant de transformation, par capture,
du drainage périphérique en drainage centripète; et le cas
est d'autant plus curieux, que la capture s’est faite au
profit du cours d’eau dont la pente moyenne est la plus
80 SÉANCE DU 7 JUILLET.
faible et la longueur de beaucoup la plus grande (3 °°/00
et 29 km... contre 43,4 °°/00 et 6,5 km. — Fig. 3).
B Faucille à
E Col
ÿ" Croset
À Crêt d.la
/ Neige
|
À KReculet
ATAR Se
Fig. 1. — Hydrographie du bassin de Genève. Les carrés ont 6 km.
de côté. Dans les carrés A, B, C, D: Ard., Lcy., On., Cnf., Sor.,
Lac., E.M., Car , Ru., L.P. = l’Arande, Lancy, Onex, Confignon,
Soral, Laconnex, l’'Eau-Morte, Cartigny, Russin, La Plaine.
Le Rhône s'étant encaissé depuis lors, l'érosion est re-
montée dans ses affluents. Dans l’Eau-Morte, elle n'est
active que sur 1,5 km.; dans l’Aire, le profil d'équilibre
SÉANCE DU 7 JUILLET
—————a—
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St-Julien, Crache, Soral, Laconnex.
NS 1
N\/
sl
S'Jul.
KI 11
1g. 2. — Capture de Theiry.— Th.,S.Jul., Cr.,Sr., Le. = Theiry,
est presque établi sur 3 km. et la région d’érosion active
se trouve plus haut, entre Lancy et Onex (Fig. 3).
La vallée abandonnée de l’Eau-Morte à des caractères
de demi-maturité qui prouvent que le drainage périphéri-
que a duré assez longtemps. Les caractères de la plaine
TT 132 a\
Se ai
A3 FF
RS
8: IE Confignon
Onex
k Echelle des hauteurs 4°.
multipliee par {00
{ ? 4 S
Kilomefres
Plaine
Gonove et Lo
2,6 ‘le
E) Fre
La Plaine Rhone? ES
x env
PSE
Pont Loncÿ-One
Fig. 3. — Profils de l’Aire-Rhône et de l’Eau-Morte.
—
=
&
3
(es
=
Ke
+
=
Ar
ATAR 3«,.
=
82 SÉANCE DU 7 JUILLET
de l’Aire montrent que le Rhône est resté longtemps à
environ #00 m. à Genève (environ 380 à Cartigny). La
partie inférieure de l’Aire présente des méandres encais-
-sés encore peu modifiés, faute d’un volume d’eau suffi-
sant; quant à son cours de Theirv à Confignon, il est ar-
tificiel.
M. le D'E. BRiNER communique les résultats qu'il à
obtenus en collaboration avec M. le D' A. WroczYNski, en
appliquant la méthode d'investigation décrite dans de
précédentes communications à la compression du cya-
nogène.
Déjà en 1868 Troost et Hautefeuille ont reconnu que
dans la préparation de ce gaz à partir du cyanure de
mercure il se formait d'autant plus de paracyanogène
(isomère solide brun du cyanogène) que la pression était
plus élevée. Ces expérimentateurs ont établi d'autre part
que la transformation du cyanogène en paracyanogène
avait lieu réversiblement à partir de 500°. Au dessus de
celte température le cyanogène devrait donc se trans-
former intégralement en paracyanogène.
Voici quelques chiffres obtenus par MM. Briner et
Wroczynski qui mettent bien en évidence l’action de la
pression sur le cyanogène. En chauffant ce gaz sous la
pression de */, atm. environ et à la température de 210”,
il ne s’est pas manifesté la moindre transformation même
après 52 heures. Dans ces conditions le cyanogène persiste
dans son état de faux équilibre. En soumettant ce gaz à la
même température, mais à la pression de 300 atm., on a
constaté dans le tube laboratoire un abondant dépôt de
paracyanogène et une contraction de volume atteignant
10 °/,, ce qui prouve que la pression a été capable de
rompre le faux équilibre.
Pour obtenir une transformation bien appréciable à la
pression ordinaire, il faut opérer à la température de 4002.
Dans ces conditions, après 300 heures de chauffe, la con-
traction de volume a été de 10°%/, mais ensuite la réaction
de formation du paracyanogène s’est arrêtée complète-
ment, alors que l’on aurait dü s'attendre à une transfor-
mation totale.
SÉANCE DU 7 JUILLET 83
Il s’est donc produit ici des phénomènes de rupture
partielle de faux équilibre, que les auteurs ont observés
dans d’autres systèmes également et sur l’explication
desquels ils se proposent de revenir.
Quant aux produits de la réaction, l’analyse de la phase
gazeuse a montré qu à la température de 400° et à la pres-
sion ordinaire, il ne se formait que du paracyanogène :
par contre, à 2l 0° et sous 300 atm., cette formation est
accompagnée de la décomposition du cyanogène en ses
éléments. car la phase gazeuse renfermait 16 ‘/, d'azote.
Si l’on envisage les données thermiques qui caractéri-
sent ces réactions et qui sont :
(CN): = 2C + Ne + 70 Cal.
(CN}: — paracyanogène + 50 Cal.
paracvanogène = 2C + Ne: —- 20 Cal..
on voit qu'aux basses températures où s'applique le prin-
cipe du travail maximum, c’est le qu 2C + N2 qui
est le plus stable.
L'action de la pression sur le cyanogène a non seule-
ment favorisé la formation du paracyanogène qui à lieu
avec dégagement d'énergie, mais elle a provoqué en outre
l'intervention d’une réaction conduisant à l'établissement
du système le plus stable ; ceci en conformité avec les
vues des auteurs sur l’action chimique des pressions
élevées.
M. Carposo expose la méthode qu'il a élaborée en
collaboration avec MM. ArNI et BELL pour la détermination
des constantes critiques des qaz.
Les principaux perfectionnements et points importants
de cette méthode consistent :
4° en un remplissage des tubes laboratoires permettant
d'éviter toute rentrée d’air et toute décomposition du gaz
au moment de la fermeture au chalumeau.
2° en une construction de manomètres azote munis d’un
petit réservoir dans la partie supérieure, permettant de
régler à volonté la sensibilité de l'appareil.
3° en un dispositif d’agitalion intérieure de la masse
84 SÉANCE DU 7 JUILLET
comprimée (agitateur de Kuenen) pour délimiter nette-
ment les phénomènes d’opalescence et la monovariance
des systèmes.
Comme compresseur, on a ulilisé le modèle Ramsay-
Young avec diverses modifications qui seront décrites ul-
térieurement ainsi que les détails complets de cette étude.
Par cette méthode, on a procédé à la révision des cons-
tantes critiques d’un certain nombre de gaz. Ils ont été
purifiés par distillation fractionnée; la plupart ont été
obtenus à partir de deux réactions chimiques génératrices.
A la suite de ces expériences, M. Cardoso a déterminé
les constantes critiques des gaz suivants :
En collaboration avec M. Arni : éthylène, protoxyde
d'azote, hydrogène sulfuré (C,H,, N,0, HS).
En collaboration avec M. Bell: éthane, anhydride carbo-
nique, anbhydride sulfureux (C,H,, CO,, SO,).
En collaboration avec le D' Georges Baume : cyanogène,
acétylène (C,.N,, CH).
Les valeurs provisoires de ces constantes sont les sui-
vantes :
ent nie) tr ent
C,H, (C. & A.) 9°,5 50,7
NO A.) 36,5 71,90
H,S (C. & A.) 4100°,4 89,35
CH (CB). 19,05
CO (CS) 310 13,05
SO, TC CB AST 0 18,25
CN, (C. & G. B.)128°,1 59,6
CH IL AU. D.) 2000 61,6
M. Th. TOMMASINA. — Zrréductibiité des lois du train
d'ondes aux lois du rayon élémentaire. — Trente-septième
Note sur la physique de la gravitation universelle.
La question indiquée dans le titre de cette Note n’a pas
été traitée jusqu'ici, parce qu'elle ne se présente que
lorsqu'on sépare franchement dans la théorie de la lumière
ce qu'est pur symbole abstrait, de ce qu’est mécanisme
vrai, bien qu'hypothétique. Or, cette séparation généra-
SÉANCE DU 7 JUILLET 85
lisée constitue ma méthode fondamentale, qui est nou-
velle, aussi le mécanisme du rayonnement a-t-il été exa-
miné dès le début de cette série de Notes. On a interprété
la constatation de M. Zeemann. qui a complété si heureu-
sement les recherches de Faraday, comme une confirma-
tion de celle de Hertz sur la nature électromagnétique de
la lumière, mais en réalité si elle confirme cette hypothèse
elle montre d'autre part que la lumière et les radiations
sont électromagnétiques d’une manière spéciale, qui n’est
pas celle des ondes hertziennes. En effet, les radiations cons-
hituent le milieu électromagnétique, tandis que les ondes
hertziennes l'utilisent ; sans les premières le milieu ne serait
plus électromagnétique et les secondes ne pourraient plus
être produites, sans ces dernières le milieu ne change pas, il
reste électromagnétique par son actroité perpétuelle de trans-
metteur des radiations. Ce qui distingue la théorie ondula-
toire électronique de Lorentz de la mienne, est le rayon
élémentaire, que j'ai introduit,non pas comme un concept
abstrait, mais comme une réalité mécanique, nécessaire
et suffisante, imposée par la constatation de la pression de
la lumière conjointement à l'hypothèse atomistique de
l'éther. M. Lorentz s’est occupé de la déformation de l’élec-
tron, mais il a conservé l’ancien éther, moi, au contraire.
je l’ai éliminé et j'ai établi que la déformation électro-
magnétique de l’électron vibrant suit la forme de la trajec-
tovre du centre, puisque en vibrant transversalement il doit
exécuter des poussées périodiques longitudinales. J'en ai tiré
le rayon élémentaire, qui est la trapectoire, rectiligne axiale-
ment mais solénoïdale ou hélicoïdale, de l'énergie rayon-
nante, et j'ai montré qu'il joue le même rôle dans les radia-
hons que celui des lignes de force de Faraday dans les
champs électriques et magnétiques. Aussi, explique-t-il le
mécanisme du phénomène de Zeemann, des autres qui
s’y rattachent, et celui non moins important des actions
chimiques des rayons à vibrations plus rapides. Cela
étant il faut admettre pour les radiations de toute réfran-
gibilité la possibilité d’être décomposables en rayons
élémentaires. C'est-à-dire qu’un faisceau cylindrique d'un
type quelconque de radiations est constitué par autant de
86 SÉANCE DU 7 JUILLET
rayons élémentaires qu'il y a d'électrons vibrants dans sa
section transversale normale. L'énergie électromagnétique
transmise, dans l'unité de temps et à la limite de sa sphère
d'action par chaque électron vibrant, constitue l’élémentar-
quantum * dynamique de l’éther et de toute radiation.
On croit pouvoir accepter les équations de Maxwell sans
ses vortex, c'est là une erreur physique et mécanique. En
effet, l'hypothèse atomistique de l’éther en changeant le
concept fondamental de la théorie des ondulations en
modifie forcément l'interprétation mécanique. Il devient
donc nécessaire de distinguer ou de séparer en deux caté-
gories certains phénomènes qu'on croit ne différer entre
eux que par la longueur d'onde, qu’on suppose donc
mécaniquement identiques et soumis aux mêmes lois ;
tandis qu’au contraire les lois de l’une de ces catégories
sont irréductibles à celles de l’autre.
On sait que la décharge d’une bobine d’induction, ou
d'une batterie statique, produit un nombre plus ou moins
grand d’oscillations du milieu électromagnétique, Jamais
une seule, c’est ce qu’on appelle un train d'ondes. Les
ondes d’un train ne sont pas identiques étant amorties, la
suivante est toujours moins ample que celle qui la pré-
cède. On appelle queue les dernières ondes de plus
en plus faibles qui terminent le train. Le mécanisme de
ces trains d'ondes peut être considéré comme typique
pour tous les ébranlements dont le choc initial déplace
simultanément plusieurs couches de molécules du mi-
lieu quelconque où ils sont produits et où ils se propa-
gent. L’épaisseur de l’onde de condensation augmente
avec l'intensité du choc, on en a donc conclu que dans les
trains d'ondes l'amplitude des vibrations est fonction de
l’intensité de la source. C’est la loi de cette catégorie de
phénomènes où les ondes sont formées de couches plus
ou moins épaisses du milieu, les ondes non amorties ou
entraitenues rentrent aussi dans cette catégorie.
D'après les explications précédentes la lumière ainsi
que les radiations qui ne diffèrent réellement des rayons
1 Note XXXIV, Archives, t. XXX, juillet 1910, p. 100-108.
SÉANCE DU 7 JUILLET 87
visibles que par la longueur d'onde ou le nombre des
vibrations, ce qui revient au même, n’appartiennent pas
à la catégorie qu’on vient de décrire, parce qu’elles sont
décomposables théoriquement en rayons élémentaires,
tandis que les trains d'ondes ne le sont pas. En ces der-
niers les éléments du milieu ne vibrent pas individuelle-
ment pour former les ondes, mais en couches multiples,
donc en bloc. Or, il est évident qu’une fois admise l’hypo-
thèse atomistique de l’éther il faut reconnaître que l’am-
plitude des vibrations de l’électron est invariable, qu’elle est
une constante absolue, et qu’il v a donc irréductibilité des
lois d’une catégorie à celles de l’autre, car l'intensité du
rayonnement ne pouvant plus agir sur l’amplitude doit
forcément modifier la vitesse de propagation, du moment
que le chemin parcouru par l'énergie rayonnante n’est
autre que la somme des parcours des vibrations spiroï-
dales qui se joignent successivement pour former sa tra-
jectoire solénoïdale ou hélicoïdale dans chaque rayon élé-
mentaire ‘. |
M. L. DE LA RIVE fait une communication sur les oscil-
lations d’un pendule dans un train en marche.
Le pendule consiste en un poids de #70 gr. suspendu à
un fil dont le point de suspension est fixé à un support
posé sur un pied à vis calantes. L’oscillation simple a très
sensiblement une durée de une seconde. L’accélération et
le ralentissement donnent lieu à une modification notable
de la position d'équilibre du pendule. Le fil reliant le
poids au point de suspension s'incline en arrière par rap-
port à la marche du train pendant l'accélération et en
avant pendant le ralentissement d’un angle de 5 à 40
degrés. [l doit en résulter que la durée d’oscillation est
modifiée, car la pesanteur se compose avec une force
d'inertie égale à la masse multipliée par l'accélération et
donne lieu à une résultante plus grande que le poids.
Toutefois la modification de la durée d’oscillation n’a pas
pu être constatée dans ces premières expériences.
*® Note XXIV, Archives, t. XXVIII, septembre 1909, p. 290.
C. R., t. CXLIX, p. 627.
88 SÉANCE DU 6 OCTOBRE
M. CANTONI présente au nom de M. G. PATERNO di
Sessa quelques résultats sur la cryoscopie du fluorhy-
drate et du chlorhydrate d’aniline en employant comme
dissolvants soit de l’eau, soit de l’acide chlorhydrique à
5,15 °/,, soit de l’acide fluorhydrique à 4,52 °/,.
Des résullats obtenus on ne peut déduire aucune pro-
priété différentielle entre le chlorhydrate et le fluorhydrate
d’aniline.
L'appareil qui a servi à ces déterminations esten platine
et ressemble à celui employé en 1895 par MM. E. Paternû
et Paratoner.
M. Paternô di Sessa a observé que l'acide fluorhydrique
à 40 °/, n’attaque pas l'argent. On peut sans inconvénient
faire bouillir cet acide dans une capsule d'argent sans
craindre la plus petite attaque. De la poudre d'argent,
obtenue par précipilation, peut être bouillie dans HF
concentré sans qu'une trace de ce métal ne passe en
solution. L’acide fluorhydrique doit être pur et surtout
ne contenir ni sulfates ni nitrates ; la présence même de
vapeurs nitreuses peut avoir une influence.
Les différents fluorhydrates de bases aromatiques étu-
diés ont été préparés en utilisant des vases en argent.
Séance du 6 octobre 1910
M. Briquet. Recherches sur l’organisation et les affinités du genre
Morisia. — M. Chaix. Graphiques météorologiques sur le Grand
St-Bernard et à Genève. — M. Reverdin. Recherches sur l’action
de l’acide sulfurique sur les nitramines aromatiques.
M. BRIQUET communique le résultat de ses recherches
sur l’organisation et les afjinités du genre Morisia. Cette Cru-
cifère monotype localisée en Corse et en Sardaigne appar-
tient par l'ensemble de ses caractères au groupe des Rapi-
strées, au voisinage des genres Rapistrella et Cordylocar-
pus, comme l’a indiqué Pomel. L'auteur décrit en détail
la géocarpie caractéristique pour le genre Morisia, et
estime que cette particularité, bien que d'ordre biologique,
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 89
contribue à isoler le genre de ses voisins et témoigne de
la haute antiquité du groupe.
L’exposé détaillé des résultats obtenus est réservé au
tome II du Prodrome de la flore corse de M. Briquet.
M. Emile Caarx montre des graphiques météorologiques
sur le Grand St-Bernard et Genève.
Ils représentent les observations journalières des mois
de janvier, février, juillet et août 1907, pour le vent, la
fraction de saturation, la nébulosité, les précipitations et
la température. Donnant les maxima, minima et moyennes
de chaque jour, ils permettent de juger d’un coup d'œil la
différence climatique qui existe entre les deux stations,
notamment la variabilitéfet l'amplitude différentes des élé-
ments météorologiques selon les saisons.
M. Frédéric REVERDIN continuant ses recherches rela-
tives à l’action de l'acide sulfurique concentré sur les nitra-
mines aromatiques, a de nouveau observé plusieurs cas de
transformation de nitramine en nitrosamine.
1° Il avait déjà constaté précédemment que la nilramaine
de la trinitromonométhylaniline : CSH?(NO?),N.(NO*°.CH*).
1.3.5.4., abandonnée en solution sulfurique donne au bout
de quelque temps la réaction des nitrosamines:; il a réussi
depuis à isoler la nitrosamine de F — 106”, du produit de
la réaction faite en dissolvant la nitramine à + 20° dans 10
parties d'acide sulfurique concentré et abandonnant cette
solution pendant 24 heures à la température ordinaire.
2° Lorsqu'on nitre la diméthyl-p-anisidine: CSH*.OCH.
N(CH*), avec de l'acide nitrique de D = 1.4 seul où en
présence d'acide acétique, à la température maximum de
—- 20° environ, on obtient la nitrosamine d'un dérivé dinitré
de la monométhyl-p-anisidine: CSH?.0CH5.N(CH$.NOY(NO?),
1.4.2.2.; ce composé cristallise en aiguilles légèrement
jaunâtres et fond à 114-112. Il élimine par ébullition avec
Pacide chlorhydrique son groupe nitroso pour donner la
dinitro-monométhyl-p-anisidine correspondante : CSH?.
OCH3.N(CHS.H)(NO®?), qui est en jolies aiguilles prismati-
ques rouge-grenat de F — 129°.
90 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE
La nitrosamine ci-dessus, dissoute dans l'acide nitrique
fumant, se transforme en mitramine, que l’on obtient égale-
ment en faisant réagir l’acide nitrique de D — 1.4 à chaud,
jusqu’à cessation du dégagement des vapeurs nitreuses,
sur la diméthyl-p-amisidine. Cette combinaison CfH*.0CH,
N(NO?.CHSXNO?), qui de même que les précédentes, n’a
pas encore élé décrite et dont la constitution reste à déter-
miner, cristallise dans l’alcool en belles aiguilles prisma-
tiques, très légèrement jaunâtres de F — 125".
Purifiée par cristallisations répetées dans des dissol-
vants variés, elle donne toujours la réaction de Lieber-
mann pour les nitrosamines et, de fait, lorsqu'on la dissout
dans l'acide sulfurique concentré refroidi de —10° à —20°
et qu’on abandonne cette solution à cette basse tempéra-
ture pendant 1!/, heure, on peut ensuite retirer du produit
de la réaction la nitrosamine correspondante.
3° Enfin M. Reverdin étudie dans le même ordre d'idées
l’action de l’acide sulfurique concentré sur les nitramines
connues, dérivées de la dinitro-3.5-monométhyl-p-toluidine
et o-toluidine : CSH°.CH5.N(CH®. NO*N(NO?), 1.4.3.5 et
1.2.3.5. Ces deux nitramines donnant toutes deux la réac-
tion de Liebermann, se transforment aussi très probable-
ment sous l'influence de l'acide sulfurique concentré en
nitrosamines correspondantes.
Séance du 3 novembre
M. Briner. Sur les faux équilibres chimiques. — Mlle Stern et Bat-
telli. L’oxydation de l'acide succinique par les tissus animaux.
Henri Flournoy. L’inhibition des muscles et des réflexes patel-
laires.
D' E. BRINER. Sur les faux équilibres chimiques.
On peut donner du faux équilibre chimique la définition
suivante, qui ne préjuge rien de la nature, d’ailleurs très
discutée, de cet état: Un corps ou un système de corps
est en faux équilibre, lorsque son état ne représente pas
l'équilibre le plus stable qui correspond aux conditions de
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 91
température, pression, etc., dans lesquelles il se trouve ;
exemples, l’oxyde d’azote ou le système carbone-oxygène,
dans les conditions ordinaires de température et de pres-
sion.
Au sujet de la nature du faux équilibre deux interpréta-
tions ont été proposées : Les uns avec MM. Duhem, Péla-
bon, Hélier, etc. soutiennent qu’un système en faux éaui-
libre est capable d’y demeurer éternellement ; les autres,
notamment M. Bodenstein, affirment au contraire, que
tout système chimique tend toujours vers son état d'équi-
libre le plus stable, mais quelquefois avec une vitesse
extrêmement faible. Pour expliquer l'arrêt d’une réaction
avant l’établissement de l'équilibre le plus stable, M. Du-
hem assimile le rôle de la résistance chimique au rôle
joué dans tous les systèmes mécaniques par le frottement.
Il convient, à ce sujet, de relever un point qui paraît
avoir échappé à ceux qui se sont occupés de ce problème.
On a dit, en effet, qu'il n'y avait pas d’'inconvénient à
adopter l’une ou l’autre des deux manières de voir, puis-
qu'il revient au même en pratique qu'une réaction soit
arrêtée ou qu'elie progresse avec une infinie lenteur. Or,
en dernière analyse, on trouve, au contraire, qu'il y a un
intérêt essentiel à trancher définitivement entre les deux
interprétations.
Par exemple, au point de vue théorique, la relation
entre la vitesse de réaction V, la force F et la résistance
chimique R, prendra une forme différente suivant que
l'on se range à l’une ou à l’autre des deux théories. Si la
réaction progresse toujours, tant que la force a une cer-
taine valeur, on écrira V = F/R ; si par contre, on admet
la réalité des faux équilibres, il faudra adopter la forme
V = F—R, qui explique l’arrêt de la réaction par une
compensation entre la force et la résistance. En ce qui
concerne la nature de la résistance chimique et le mode
d'action des catalyseurs, il importe également de savoir
si, oui ou non, on doit envisager la résistance chimique à
l'égal du frottement dans les systèmes mécaniques.
Les recherches que l’auteur a effectuées en collabora-
92 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE
tion avec M. le D' Wroczynski ont fait ressortir que, pour
amorcer certaines réactions, il faut atteindre une valeur
suffisamment élevée de la pression. On doit donc en con-
clure que l'action de la pression est discontinue, c’est-à-
dire incompatible avec une relation de la forme V — F/R,
laquelle implique une proportionnalité simple entre les
facteurs V.F et R.
Si les particularités de l’action de la pression paraissent
militer en faveur de la réalité des faux équilibres. il con-
vient cependant, à cause de la complexité de ces phéno-
mèênes, de ne pas se prononcer définitivement avant d’être
en possession de données expérimentales plus nombreuses.
M'e STERN et M. BATTELLI exposent les résultats de
leurs recherches sur l’orydation de l'acide succinique par
les tissus animaux.
Les auteurs ont constaté que Îles tissus animaux ont le
pouvoir d’oxyder l'acide succinique en acide malique,
probablement inactif, en absorbant l'O, de l'air. Ce pou-
voir est possédé par tous les tissus examinés jusqu'ici.
Si au tissu broyé on ajoute de l’eau et on exprime à
travers un linge, on obtient un résidu et un extrait. Or on
constate que seul le résidu possède la propriété d'oxyder
l'acide succinique, tandis que l’extrait en est dépourvu.
D'autre part le traitement par l'alcool ou par l’acétone fait
perdre aux tissus le pouvoir d’oxyder l’acide succinique.
Les substances qui accomplissent cette oxydation restent
donc adhérentes aux cellules ou aux débris cellulaires, et
ne peuvent pas être préparées comme les ferments habi-
tuels.
C’est en milieu neutre que l’oxydation de l'acide succi-
nique est la plus élevée ; elle est fortement diminuée par
la présence des ions H et OH libres. L’extrait des tissus
neutralise l’alcanilité réelle d’un liquide alcalin en la
transformant en alcalinité potentielle, cette dernière ne
gênant pas l'oxydation.
Il est probable que l’oxydation de l'acide succinique
pourra constituer une bonne méthode pour approfondir
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 93
nos connaissances sur le mécanisme des combustions
dans l'organisme.
M. Henri FLOURNOY rend compte de recherches qu'il a
faites avec M. le Prof. Prevost, au laboratoire de physio-
logie de l’Université, sur l’inhibihion des muscles et du
réflexe patellaire.
Les principaux résultats de ces expériences, qui ont été
publiées dans la Revue médicale de la Suisse romande
(septembre et octobre 1910); sont les suivants :
a) Chez le lapin, l'application d’un courant alternatif
(15-50 volts, 1-2 secondes) à la tête provoque, comme l’a
montré M. Battelli, une crise épileptiforme tonico-clonique.
Lorsqu'on percute le tendon rotulien immédiatement
après la crise, on constate que le réflexe patellaire est
souvent aboli. Cette abolition, que l’on pourrait prendre
pour un phénomène d'inhibition, coïncide presque tou-
jours avec l'absence des convulsions cloniques. Elle
dépend, comme le prouvent les tracés de la pression
carotidienne, de l’arrêt momentané du cœur entrainant
l’'anémie des centres.
b) Dans nos expériences sur des chiens et des chats
décérébrés, l'excitation du bout central du sciatique à
provoqué d’une façon constante, l’inhibition du réflexe
patellaire dans la même patte. A la cessation de l’excita-
tion, le réflexe à chaque fois reparu d'emblée avec toute
son énergie. Quand on prolongeait l'excitation du sciatique
l'inhibition s’épuisait. Le réflexe patellaire reparaissait
alors progressivement, malgré la persistance de l’excita-
tion inhibitrice. Cette inhibition est un phénomène réflexe
appartenant exclusivement à la moelle lombaire, car elle
persiste après la section transversale de la moelle dor-
sale inférieure.
c) Dans l’état de rigidité spontanée qui survient souvent
après la destruction des hémisphères, on peut, en confir-
mation des expériences de Sherrington, inhiber la con-
traction tonique du triceps en excitant le sciatique (bout
central) de la même patte. Nos expériences nous ont
montré que la contraction tonique provoquée par l’as-
_
94 SÉANCE DU 17 NOVEMBRE
phyxie ou par l'application du courant alternatif à la moelle
allongée, peut être inhibée de la même facon. Cette inhi-
bition consiste en un relâchement subit du muscle, que
l’on voit s’allonger brusquement.
d) L'inhibition d’un muscle peut être suivie, au moment
même où cesse l'excitation inhibitrice, d’une contraction
par contre-coup, soudaine et énergique (rebound contrac-
tion de Sherringlon).
Séance du 17 novembre
M. Yune. La sensibilité des Gastéropodes terrestres pour là lumière.
— M. Duparc. Sur les gisements de cuivre de la Sysserskaya-
Datcha.
M. le professeur Emile YUNG, communique les résultats
suivants d'expériences relatives à la sensibilité des Gas-
téropodes terrestres (Helir pomatia, Arion empiricorum,
Limax grisea) pour la lumière.
L'observation de ces animaux dans la nature, semble
indiquer qu’ils sont leucophobes. Les expériences entre-
prises par la méthode de Graber sur des individus jeunes
(de 1 à 3 mois) et sur des individus adultes, répétées un
grand nombre de fois, démontrent que la lumière diffuse
n’exerce, ni par le ciel clair ni par le ciel nuageux, aucune
influence sur la direction de leurs mouvements. Exposés
à la lumière directe du soleil, ils se dirigent, il est vrai,
en majorité du côté de l'ombre ; ce fait est dû, non à l’ac-
tion de la lumière mais à celle de la chaleur qui dessèche
la surface sur laquelle rampent ces animaux. Ceux-ci se
portent du côté de la boite protégée contre le soleil, non
parce qu'il y règne l’obscurité, mais parce qu’il demeure
plus longtemps humide.
Le passage subit des Gastéropodes en question, de
l'obscurité à une vive lumière n’est accompagné d'aucune
réaction appréciable. Ni la lumière directe du soleil, ni
celle émanant d’un puissant foyer électrique ne provoque
même l’invagination des grands tentacules que l'œil dont
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 95
ils sont munis parait désigner cependant comme organes
visuels.
Si l’on expose dans le champ visuel de l’animal un objet
lumineux, celui-ci, ne suscite aucune réaction constante.
quelles que soient la distance à laquelle il est placé, ses
dimensions et l'intensité de sa lumiére.
Les obstacles placés sur la route parcourue par un
escargot ou une limace, que cet obstacle réfléchisse ou
non de la lumière, ne sont évités qu'à la condition que
l’animal les ait touchés, ou bien que ces objets répandent
de l’odeur ou de la chaleur, on bien encore qu'ils entre-
tiennent une agitation de l’air ou du sol.
L'’amputation des yeux des Gastéropodes terrestres
n'entraine aucune modification dans leur genre de vie,
notamment dans leur attitude vis-à-vis de la lumière. Ces
animaux trouvent leur nourriture et les lieux qu’ils préfé-
rent aussi bien après qu'avant l'opération.
Conclusion générale : Les escargots et les limaces ne
sont dermatoptiques à aucun degré. Leurs yeux, malgré
leur structure ne leur sont visuellement d'aucun usage.
L. Duparc. Sur les gisements de cuivre de Sysserskaya-
Datcha.
M. le prof. Duparc résume les observations qu'il a rele-
vées sur les gisements de cuivre de la Sysserskaya-Dat-
cha au cours d’une visite faite cet été à ces derniers. Tout
près de Polewskoïzavod, se trouve tout d’abord le gîte
de Gumeshensky qui fut exploité il y a déjà plus de 80
ans. Celui-ci consiste en une poche d'argile qui se trouve
au contact de roches dioritiques avec des calcaires cristal-
lins et qui suit sensiblement la direction de ce contact.
Dans cette argile se trouvaient des rognons et des con-
crétions de cuprite et de malachite qu’on allait recher-
cher par des puits plus ou moins profonds et qui repré-
sentaient le minerai exploité jadis. Les plans des anciens
travaux montrent que tandis que les roches éruptives
dioritiques forment en quelque sorte une falaise, les cal-
caires à partir du contact sont corrodés et étaient re-
96 SÉANCE DU 17 NOVEMBRE
couverts d'une croûte plus ou moins épaisse de mala-
chite. Les nouvelles recherches faites par des sondages
sur ce gisement montrent qu'il a complétement le carac-
tère d’un gite de contact. En effet, entre les calcaires el les
roches dioritiques (ou mieux granitiques) on trouve des
roches à grenat qui sont manifestement le produit de ce
contact. Or, sous la poche d'argile. les diorites comme les
roches grenatifiées sont plus ou moins imprégnées de
pyrite. On peut donc admettre que le gite primaire a été
représenté par des formations pyriteuses, notamment
par des pyrites cuivreuses. Celles-ci ont été dissoutes,
le cuivre mis en liberté comme sulfate, les solutions ré-
duites et ce cuivre déposé ensuite comme carbonate et
oxyde dans l'argile qui elle-même provient de la kaolini-
sation des roches granitiques et non pas de la dissolution
des calcaires. Ce qui donne du corps à cette hypothèse
c'est que parmi les tailings des anciens travaux on
trouve des débris de limonite imprégnée de cuivre natif,
reste certain d’un chapeau de fer. Actuellement le gisement
a été remis en exploitation, mais sous une forme toute
nouvelle. Les analyses ont montré que les tailings comme
l'argile elle-même sont cuprifères à raison de 0.8-19/0. Or
la moitié de ce cuivre est soluble dans l'acide sulfurique
dilué. Tel est le principe d’une métallurgie toute nouvelle
qui consiste à laver l'argile à grande eau, à broyer le
refus des trommels classeurs en présence d’eau de façon
à obtenir une boue fluide et très fine, cette boue est addi-
tionnée d’acide sulfurique et le tout est brassé avec des
agitateurs électriques. Après le lavage, le liquide vaseux
est abandonné au repos, la liqueur claire décantée, puis
dirigée dans des cuves où elle entre en contact avec des
riblons de fonte qui précipitent le cuivre métallique. Ce
cuivre est ensuite détaché de la fonte par un procédé qui
ressemble à celui du lavage des alluvions aurifères. Cette
métallurgie nécessite une grosse consommation d’acide
sulfurique, ce qui a engagé à rechercher des gisements de
pyrite. On en a trouvé à 5 kilomètres plus à l’ouest à
l'endroit appelé Ziuzelsky. Là les travaux ont mis à jour
une longue lentille de pyrite compacte intercalée dans des
SÉANCE DU l‘* DÉCEMBRE 97
schistes chloriteux qui proviennent sans doute de diabases
- écrasés dynamométamorphiques. Dans l’intérieur de cette
lentille de pyrite compacte on trouve deux lentilles isolées
de pyrite cuivreuses complètement enclavées et circons-
crites par la pyrite de fer. La délimitation des deux for-
mations est très nette elles sont séparées par une zône de
schistes fortement kaolinisés. Ce gisement était recouvert
par un chapeau de limonite sous lequel on a trouvé une
couche de soufre.
A quelques mètres plus à l’est et n’effleurant pas à
air libre mais enclavées entièrement dans les mêmes
schistes, on a retrouvé deux nouvelles lentilles qui sont
cette fois de la pyrite cuivreuse tenant de 5 à 22 °/, de
cuivre. Les sondages ont démontré que ces différentes
lentilles se continuent en profondeur mais il n’est pas
possible de sonder verticalement dans ces pyrites, l’ap-
pareil étant rapidement hors d'usage par suite de la
rapide oxydation des pyrites cuivreuses.
La genèse du gisement curieux de Ziuselky parait assez
simple. Il est probable qu’à l’origine, les pyrites ont été
cuprifères dans toute la masse de la grande lentille de
l’ouest comme dans celles qui se trouvent plus à l’est
mais que là où l’on trouve de la pyrite de fer simple, le
cuivre a simplement été enlevé du gisement par la circu-
lation des eaux. Ce qui semble l'indiquer c’est que là où
les lentilles sont restées en profondeur et par conséquent
protégées par le milieu encaissant, la pyrite franche man-
que.
Séance du 1°° décembre
A. Brun. Le volcan du Kilauea. — Arnold Pictet. Recherches
expérimentales sur l'origine de la couleur bleue chez les Lépidop-
tères.
M. Albert BRuN expose les résultats de son étude sur le
volcan du Kilauea.
98 SÉANCE DU 1°’ DÉCEMBRE
L'auteur décrit le lac de lave en fusion, qui occupe le
fond du pit Halemaumau. Ce lac avait en juillet et en août
1910 une forme ovale avec 250 m. de grand axe sur 70 à
80 de petit.
Il était animé d’un mouvement continu de l’ouest à l’est:
la vitesse du courant était considérable, et souvent le lac
était violemment agité par des vagues qui battaient ses
bords. La lumière émise était telle que durant la nuit, des
nuages atmosphériques situés à grande hauteur étaient
colorés en rouge.
Les fumerolles étaient très abondantes et soit sur le
plancher de la caldeira, soit dans le pit, l’on pouvait sui-
vre toute l'échelle des phénomènes volcaniques qui ont
lieu depuis les fumerolles à 59° seulement qui n'émettent
que de la vapeur d'eau, jusqu’à celles de la température
maximum qui sont ahydres.
L'auteur a démontré une fois de plus la complète anhy-
dricité du paroxysme. Il a confirmé et étendu les lois
annoncées à propos du Pico de Teyde et des volcans de
Java. IT à fixé la position de la surface isogéothermique
qui arrête définitivement la marche centripète des eaux
errantes.
Il expose avec détails les valeurs numériques concer-
nant les températures et les dosages de la vapeur d’eau.
Il donne des graphiques résultant des dosages effectués
dans le cratère et montrant que l’exhalaison volcanique
deshydrate l’atmosphère.
Les gaz et produits solides émis par la lave en fusisn
sont les mêmes pour le Kilauea que pour tous les autres
volcans. Ils sont seulement un peu plus riches en CH.
L'auteur a démontré directement que les fumées du Hale-
maumau étaient formées de particules solides. Pour les
détails voir Archives Sc. phys. et nat., t. XXX, décembre
1910, p. 576 et suiv.
M. Arnold Pictert. — Recherches expérimentales sur l'ori-
gine de la couleur bleue chez les Lépidoptères.
On admet que les couleurs des ailes des Papillons sont
de deux sortes: les unes sont réelles et dues à un pigment
SÉANCE DU l‘* DÉCEMBRE 99
qui s’est déposé, pendant l’histogénèse, dans les écailles
en voie de formation. Les autres sont optiques, el la cou-
leur qu’elles montrent est due à un phénomène d'in-
terférence de la lumière. Grâce aux nombreuses stries
longitudinales, en relief, qui ornent la surface des écailles,
celles-ci peuvent décomposer les vibrations lumineu-
ses et réfléchir les couleurs spectrales. Mais la constitu-
tion striée de l’écaille n’est pas suffisante à elle seule
pour produire les magnifiques couleurs châtoyantes des
Limenitis. Il faut. pour cela, qu'une sélection soit faite
dans l'absorption des rayons lumineux, et cette sélection
est acquise par le fait d’écailles à pigments de coloration
diverse qui existent au-dessous des écailles optiques. Le
champ d'absorption du bleu étant le plus étendu, c’est na-
turellement cette couleur qui est le plus souvent sélec-
tionnée.
Il résulte d’un nombre important de recherches que
nous avons entreprises à l’Institnt de Zoologie de l’Uni-
versité de Genève, que la division des couleurs des Papil-
lons en deux catégories (optiques et pigmentaires) n’est
pas Juste ; en réalité il n'existe, pour les Macrolépidoptères
du moins (les Microlépidoptères n'ayant pas encore été
étudiés sous ce rapport). qu'une seule catégorie d’écailles :
les optiques. Toutes les écailles, sans exception, qu’elles se
trouvent sur des ailes colorées ou sur des ailes à reflets
métalliques, ont exactement la même structure striée, ont
toutes le pouvoir de décomposer les radiations lumineuses et,
s’il existe, en grand nombre, des Papillons qui sont mats,
avec des couleurs foncées, c’est que leurs écailles sont trop
chargées de pigment, en un mot sont trop opaques, pour
que le phénomène physique puisse avoir lieu. On se re-
présentera la chose en imaginant un prisme ou un miroir
barbouillé de couleur; le premier ne décomposerait plus
la lumière et le second ne la réfléchirait pas davantage.
Nous prouvons ce que nous venons d'avancer, de la
manière suivante :
1° Les ailes de tous les Rhopalocères étudiés sous ce
rapport (une cinquantaine choisis dans chacun des grou-
pes), même de ceux qui sont les plus colorés (Erebia, Sa-
*
100 SÉANCE DU 1° DÉCEMBRE
tyrus, etc.) et qui ont été débarrassées de leur pigment au
moyen de la potasse caustique à chaud, de façon à être
rendues absolument transparentes, décomposent les vi-
brations lumineuses avec intensité.
2° Nous décolorons la face supérieure d’un Rhopalocère
(expériences pratiquées surtout avec Vanessa urticae, V
io et V. atalanta) en faisant surnager celui-ci à la surface
d’un bain froid de potasse caustique ou d'ammoniaque ;
la face inférieure n’est donc pas atteinte par le liquide et
reste intacte. Une fois l'individu sorti de son bain et séché.
la face supérieure apparait bleue, légèrement rosâtre, avec
reflets métalliques. De cette façon, au moyen d’un Papil-
lon brun-rouge, nous fabriquons un Papillon bleuâtre à
reflets irisés, dans le genre des Morphidae.
3e Examinées au microscope, nous voyons que les écail-
les des ailes décolorées n’ont pas été altérées par le trai-
tement à la potasse caustique et qu’elles conservent, sans
modification, leur structure striée.
4° Nous prouvons encore que c’est bien les stries des
écailles qui agissent dans la décomposition des radiations
lumineuses, au moyen d'agents chimiques (eau de javelle,
acide acétique, acide sulfurique) quilaltèrent ou déplacent
ces stries. En effet, les ailes qui, après avoir été décolo-
rées, sont traitées de cette façon, cessent de décomposer
la lumière.
5° Les ailes d'un certain nombre d'espèces, après leur
décoloration, ont été recolorées au moyen de divers pro-
cédés (solution alcoolique d'encre de Chine, rosanilin,
carmin boracique, hémalun, brun de Bismarck, encres
violette et bleue, etc.) ou bien elles ont été trempées dans
une solution alcoolique d’acide picrique. Une fois recolo-
rées de cette façon, la lumière n’est plus décomposée.
6° Les ailes des Hétérocères, une fois décolorées, se
comportent de la même façon que celles des Rhopalocère ;
mais les poils dont elles sont recouvertes gênent le phé-
nomène physique.
Nos recherches se sont portées encore sur plusieurs
espèces de Lycènes, dont les mâles, ainsi qu'on le sait,
sont bleus, tandis que les femelles sont brunes. Plusieurs
SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 101
auteurs, dont Krukenberg, ont admis que:la couleur des
mâles est optique. Les résultats de nos recherches mon-
trent, au contraire, qu'elle est due réellement à un pigment
bleu que nous n'avons pu extraire dans sa couleur natu-
relle, vu sa faible quantité dans les écailles.
Nous prouvons cependant l'existence de ce pigment de
la facon suivante : |
1° En décolorant les ailes au moyen de la potasse.
2 Par l'examen microscopique des écailles de plusieurs
espèces de Lycènes. Leurs écailles sont absolument sem-
blables, tandis que leur bleu est d’une teinte qui varie
beaucoup d’une espèce à l’autre. Si leur couleur était due
au phénomène physique, les bleus des diverses espèces
de Lycènes seraient identiques.
3. En plongeant les ailes dans un bain de peroxyde
d'hydrogène, la couleur bleue est altérée et passe succes-
sivement par les teintes: violette. mauve, jaune, et fina-
lement blanche, ce qui nous permet d'admettre qu’il y a
réellement un pigment qui se décompose sous l'influence
de cet agent chimique.
3. Des ailes bleues exposées à la lumière du soleil
changent de couleur.
Le pigment bleu est répandu, dans les écailles, en très
petite quantité, ce qui permet une certaine interférence
des rayons lumineux. On s’en rend compte par l'examen
d'ailes incomplètement décolorées ; celles-ci sont d’un
autre bleu que les ailes normales.
Nous voyons par là que la couleur bleue des Lycènes
mâles est due à une combinaison d’un pigment bleu peu
abondant et du phénomène optique.
Séance du 15 décembre
R. Chodat. Sur quelques fossiles de l’ère paléozoïque. Sur l’origine
des spermaphyles. — Arnold Pictet. La couleur blanche des papil-
lons. — Ph.-A. Guye et N. Boubnoff, Recherches sur la stabilité
du chlorure de nitrosyle aux basses températures.
M. le prof. CHODAT, communique quelques observations
nouvelles faites sur des fossiles de l'ère paléozoïique.
102 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE
La première concerne le Lepidostrobus Brownii Schim-
per. Ce cône d'un Lepidodendron inconnu a été étudié
par Bower qui a décrit sa-structure anatomique et qui a
signalé plus particulièrement la présence d’un bois pri-
maire en anneau entourant une moelle, une écorce interne
traversée par des traces foliaires et une écorce moyenne
lacuneuse à trabécules ; on retrouve ces trabécules aufour
des traces foliaires qui traversent l’écorce externe incom-
plètement conservée dans l'échantillon à sa disposition.
Cette espèce est dépourvue d’épaississement ligneux
secondaire. Il a signalé les analogies qui existent entre
l'écorce lacuneuse à trabécules et le tissu lacuneux qui
entoure parfois les stèles des Selaginella. M. Zeiller en
1909 à fait connaitre la ligule de ce Lepidostrobus et a
étudié la nature des écailles sporifères, dans les tissus
sclérifiés desquelles il a trouvé de singulières cellules
sclérifiées à boutons d'épaississement centripètes.
Nous avons réussi à identifier un tronc dont la collection
de fossiles de l’Institut de botanique de l’Université de
Genève possède une excellente section. Cette préparation
faite par M. Lomax provient probablement d'un fossile
français (N° 144). Nous attribuons ce tronc au Lepidoden-
dron qui devait porter les cônes connus maintenant sous
le nom de Lepidostrobus Brownii ; nous l’appellerons donc
Lepidodendron Brownii (Schmr.) Chod. Le diamètre sans
l'écorce externe atteint 32 mm. L’écorce externe incom-
plètement conservée devait avoir au moins 40-12 mm.
‘ Les raisons pour lesquelles nous rapportons ce tronc
au Lepidodendron Brownii sont les suivantes : l’anneau
ligneux qui est du type L. Harcourti atteint 8 mm. de
diamètre ; il rappelle en plus grand l’anneau du Lepidos-
trobus Brownii; les pointements trachéens sont moins
proéminents que dans le L. Harcourtii ; on ne voit pas de
traces foliaires dans les vallécules qui paraissent avoir
contenu un tissu mou disparu. Une écorce interne à petits
éléments contient de minuscules traces foliaires. L’écorce
moyenne très épaisse un peu lacunense vers l’extérieur
se rattache à l’écorce interne par des trabécules filamen-
teuses comme celles décrites autour des traces foliaires
SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 103
du Lepidosirobus Brownii. Quant aux cellules de l’écorce
moyenne médiane et externe elles ont l'apparence de cel-
les du Lepidodendron fuliginosum (Lepidophloios). Enfin
l'écorce externe est en majeure partie formée par les
cellules scléreuses à boutons d’épaississement décrits par
M. Zeiller. Cette structure qui n’a pas été signalée autre
part, complète la ressemblance entre le tronc étudié par
nous et le cône nommé Lepidostrobus Brown.
M. Chodat expose ensuite les recherches qu'il a entre-
prises en vue d’élucider la question si débattue et si diffi-
cile de l’origine des spermaphytes. Dans une revue cri-
tique il avait montré que Lyginopteris est une fougère et
et non une Cycadofilicinée comme Medullosa (v. Arch. sc.
phys. et nat. 1908 p. 279 et 394) Il a continué ses recher-
ches et a toujours trouvé même dans la feuille de Lyginop-
teris un faisceau à protoxylème endarque et à métaxylème
tout d’abord tangentiel puis se fermant en boucle. Il avait
conclu de ceci que cette structure du faisceau des Lyg. est
l'inverse de ce qui s’observe chez les Cycadacées.
Depuis lors, 1l à étendu ses recherches aux Cycadacées
suivantes qui lui 6nt été fournies par le Jardin botanique
de Lisbonne : Cycas cireinalis, Cycas revoluta, Cycas
Munbyana, Encephalartos hispida, E. Hildebrandii.
E. Villosus., E. Lehmanni, Ceratozamia sp., Stangeria
paradoxa. Il a pu se convaincre que lorsque vers la base
du pétiole, au moment d'entrer dans le tronc, le faisceau
ligneux se ferme en anneau comme cela avait déjà été
décrit pour le pédoncule de Stangeria, le protoxylème est
toujours exarque et par conséquent le faisceau annulaire
orienté inversement de ce qu’il est dans le Lyginopteris.
Le faisceau dit mésarque de Lyginopteris est au con-
traire très semblable à ceux des Gleicheniacées (Fougè-
res) des Osmondacées (Fougères) et surtout des Zygopté-
ridées où le protoxylème est toujours vers le bord du
faisceau ligneux, mais interne comme chez les Lyginop-
leris. Sans vouloir faire dériver directement les Zyginop-
teris des Zygoptéridées (avec lesquelles ils ont pour le
reste peu d'affinités), il y a cependant un grand intérêt à
faire remarquer cette analogie de structure fasciculaire
qui se maintient à tous les niveaux du végétal.
104 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE
Plus encore M. Chodat a découvert dans un fossile éti-
queté Stauopteris Burntislandica et qui correspond en
effet au St. Burntisi. P. Bertrand, de singulières émer-
gences pédicellées terminées par une glande et remplies
de cellules arrondies (Benzonites), lesquelles rappellent
si fortement les émergences du Rhachiopteris aspera (Ly-
ginopteris) qu'on ne peut s'empêcher de les comparer et
d'insister sur leur importance pour l'établissement d’affi-
nités entre ces deux groupes de Fougères fossiles.
M. Arnold Picrer. La couleur blanche des Papillons. —
Nous avons vu dans la précédente note que toutes
les écailles des Papillons, grâce à leur structure striée,
décomposent les radiations lumineuses ; ce phénomène
est surtout apparent sur les écailles détachées de l'aile et,
s'il ne se montre pas toujours sur les ailes entières, cela
provient : 4° de la superposition des écailles les unes sur
les autres, comme les tuiles sur un toit ; 2° du fait que la
face inférieure de l'aile forme un écran qui la rend
opaque et 3° surtout parce que les écailles sont souvent
abondamment chargées de pigment, ce qui les rend, elles
aussi, opaques. La décomposition des radiations lumineuses
croit, en effet,en raison inverse de la quantité de pigment
contenue dans les écailles.
La couleur blanche des Pierides a été étudiée par
E. Haase, qui l’attribue uniquement à un phénomène
d'optique, et par F.-G. Hopkins? qui la tient pour un
pigment réel, dérivé de l'acide urique. Nos recherches
montrent que l'existence de ce pigment n’est pas douteuse
et qu’on peut l’extraire facilement au moyen de la potasse
caustique. Mais il est déposé en assez petite quantité dans
les écailles (celles-ci, en effet, détachées de l’aile et exa-
minées au microscope, sont presque transparentes), en
1 KE. Haase. Duftapparate Indo-Australischer Schmetterlinge.
Corresp. Blatt. Ent. Ver. Iris, Dresden, 1886, n. 92-107.
? F.-G. Hopkins. The pigment of the Pieridae : a contribution
ofthe study of excretory substances which function in ornament.
The Entomologist 1895, p. 1.
SÉANCE DU. 15 DÉCEMBRE 105
sorte qu'on peut se demander comment il peut donner à
l’aile la coloration réellement blanche des Pierides.
Ce pigment blanc est surtout amassé à l'extrémité dis-
tale de l’écaille ; au microscope et à la lumière transmise
par le miroir, c’est-à-dire éclairant l'écaille par dessous,
celle-ci apparait grise ; cette teinte provient de ce que le
pigment arrête la lumière transmise par le miroir et que
la face qui est seule visible au travers de l’objectif n'est
pas éclairée. Mais, si on fait arriver la lumière directe-
ment sur la face visible, l’écaille se montre légèrement
blanche, surtout à son extrémité distale qui contient plus
de pigment. Toute l’écaille décompose les radiations
lumineuses ; cependant, si l’on superpose deux écailles,
la figure ainsi produite est d’un blanc plus intense, par
le fait que la quantité de pigment est, ainsi, plus épaisse
et l’écaille de dessus cesse de reproduire les couleurs
spectrales. Nous voyons par là que la conformation de
l'aile, dont chaque face possède üne couche d’écailles, et
l'arrrangement des écailles qui chevauchent les unes sur
les autres, contribuent à épaissir la couche de pigment et
lui donnent plus de valeur.
Les écailles ne possèdent pas toutes la même quantité
de pigment et il s’en trouve même qui sont vides. Or,
parmi celles-ci, nous en avons trouvé quelques-unes qui.
loin de décomposer les diverses radiations lumineuses,
étaient réellement blanches. D'où cela peut-il provenir ?
Un examen plus attentif nous renseigna sur l'origine de
ce phénomène. Les écailles en question, au lieu d'avoir
leur surface plane, comme c’est le cas général, sont bom-
bées, de telle sorte que leurs stries sont disposées. par
rapport à la direction de la lumière, selon un autre angle
que les stries disposées sur une surface plane ; c’est sans
doute à cette disposition particulière qu’est due la pro-
duction de cette couleur blanche. En effet, au lieu de
décomposer les radiations lumineuses, ces écailles les
absorbent toutes et reproduisent de cette facon, avec une
faible irisation, la lumière blanche.
Cependant ce phénomène, vu le petit nombre d’écailles
qui le présentent, ne joue pas un grand rôle dans la pro-
106 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE
duction de la couleur blanche des Pierides. où elle est due
surtout à l'existence d’un pigment blanc. Mais il joue un
rôle très conséquent dans la production de l’albinisme
partiel, et surtout de l’albinisme expérimental.
Il arrive souvent, dans les expériences, et principale-
ment dans celles qui ont pour but de faire agir une tem-
péralure anormale sur les chrysalides, que certains des-
sins noirs ou bruns des Papillons provenant de ces
expériences, deviennent grisâtres. Nous avons obtenu,
sous l'influence de la température élevée, des aberrations
de Melitaea cinxia, de Vanessa urticae et de Selenia tetralu-
naria de cette nature ; on en rencontre parfois à l’état
naturel. En détachant les écailles des parties grisâtres de
ces individus, et en les examinant au microscope, nous en
avons trouvé qui sont restées de leur couleur habituelle,
d’autres qui ont perdu une partie de leur pigment et qui
se montrent grisâtres. Mais, nous en avons trouvé aussi
une bonne quantité qui se sont vidées et qui ont modifié
leur forme de facon à devenir bombées, à la manière de
celles que nous avons trouvées chez les Pierides. Or, en
examinant les ailes intactes, nous avons constaté que
toutes les écailles devenues bombées apparaissent comme
blanches, ne décomposant en aucune façon les vibrations
lumineuses, mais les absorbant toutes, de manière à
reproduire la lumière blanche. Ces dessins noirs sont
donc parsemés d’éléments blancs et ce sont ces éléments
qui contribuent à les faire paraitre gris.
M. Ph.-A. GUYE communique, au nom de M. N. Boubno/]
et au sien, les résultats de recherches sur la stabilité du
chlorure de nitrosyle aux basses températures ; ces recher-
ches avaient été entreprises en vue de contrôler le poids
atomique du chlore par synthèse de ce chlorure NOCI à
partir du chlore et de l’oxyde azotique d’après la réaction
de Gay-Lussac. Ces expériences ont montré que le chlo-
rure de nitrosyle formé par réaction des deux gaz NO et
CI en présence d’un excès de chlore (à —80°) ou d'un
excès d'oxyde NO (à —150°) contient toujours un certain
excès de chlore qu’on ne peut éliminer par distillation
SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 107
fractionnée qu’en laissant perdre des produits chlorés. On
a élé ainsi conduit à renoncer à utiliser cette réaction
pour contrôler le poids atomique du chlore.
Par contre, on a jugé utile de rechercher si le chlorure
de nitrosyle forme à basse température un produit d'ad-
dition avec le chlore ; on ne pouvait guère employer dans
ce but que l'analyse thermique fondée sur la détermina-
tion de la courbe de congélation des mélanges binaires
formés entre NOCI et CI, ; la mise en œuvre de cette
méthode avec deux gaz qui attaquent le mercure, el même
le platine, présentent d'assez grandes difficultés et a
nécessité une technique très spéciale qui est décrite. On
a constaté ainsi l'existence probable d’une combinaison
répondant vraisemblablement à la composition NOCI.CL,,
déjà très fortement dissociée à —107°, et qui n’est déjà
plus stable au-dessus de cette température.
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LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE
au 1°' janvier 1911
1. MEMBRES ORDINAIRES
Casimir de Candolle, botan.
Lucien de la Rive, phys.
Arthur Achard, ing.
Jean-Louis Prevost, méd.
Edouard Sarasin, phys.
Ernest Favre, géol.
Emile Ador, chim.
William Barbey, botan.
Adolphe D'Espine, méd.
Eugène Demole, chim.
Théodore Turrettini, ingén.
Pierre Dunant, méd.
Auguste-H. Wartmann, méd.
Gustave Cellérier, mathém.
Raoul Gautier, astr.
Maurice Bedot, zool.
Amé Pictet, chim.
Robert Chodat, botan.
Alexandre Le Royer, phys.
Louis Dupare, géol.-minér.
F.-Louis Perrot, phys.
Eugène Penard, zoo.
Chs Eugène Guye, phys.
Paul van Berchem, phys.
André Delebecque, ingén.
Théodore Flournoy, psychol.
Albert Brun, minér.
Emile Chaix, géogr.
Charles Sarasin, paléont.
l
|
|
|
Philippe-A. Guye, chim.
Charles Cailler, mathém.
| Maurice Gautier, chim.
: John Briquet, botan.
| Paul Galopin, phys.
Frédéric Reverdin, chim.
Théodore Lullin, phys.
Arnold Pictet, zoolog.
Justin Pidoux, astr.
Auguste Bonna, chim.
E. Frey-Gessner, entomol.
| Augustin de Candolle, botan.
| F.-Jules Micheli, phys.
Alexis Bach, chim.
Thomas Tommasina, phys.
B.-P.-G. Hochreutiner, botan.
Frédéric Battelli, méd.
| René de Saussure, mathém.
| Émile Yung, zoolog.
Ed. Claparède, psychol.
Eug. Pittard, anthropol.
| L. Bard, méd.
| Ed. Long, méd.
| J. Carl, entomol.
| A. Jaquerod, phys.
H. Cristiani, méd.
P. de Wilde, chim.
| Ch. Du Bois, méd.
M'e L. Stern, physiol.
110 LISTE DES MEMBRES
Aug. Eternod, méd.
Léon-W. Collet, géol.
Et. Joukowsky, géol.
Henri d’Auriol, chim.
Edmond Weber, zoolog.
Roger de Lessert, zoolog.
Humbert Cantoni, chim.
Emile Briner, chim.
29. MEMBRES ÉMÉRITES
Henri Dor, méd. Lyon.
Raoul Pictet, phys., Berlin.
J.-M. Crafts, chim., Boston.
D. Sulzer, ophtal., Paris.
F. Duassaud, phys., Paris.
E. Burnat, botan., Vevey.
Schepiloff, Mile méd., Moscou.
Etienne Ritter, géol., Col. Springs.
Edouard Bugnion,entomol., Laus.
3. MEMBRES HONORAIRES
Ch. Brunner de Wattenwyl,
Vienne.
F. Plateau, Gand.
Ern. Chantre, Lyon.
P. Blaserna, Rome.
S.-H. Scudder, Boston.
F.-A. Forel, Morges.
S.-N. Lockyer, Londres.
L. Cailletet, Paris.
Alb. Heim, Zurich.
Théoph. Studer, Berne.
Eïlh. Wiedemann, Erlangen.
L. Radilkofer, Munich.
H. Ebert, Munich.
A. de Baeyer, Munich.
Emile Fischer, Berlin.
Emile Noelting, Mulhouse.
A. Lieben, Vienne.
M. Hanriot, Paris.
Léon Maquenne, Paris.
À. Hantzsch, Wurzbourg.
A. Michel-Lévy, Paris.
J. Hooker, Sunningdale.
Ch.-Ed. Guillaume, Sèvres.
K. Birkeland, Christiania.
J. Amsler-Laffon, Schaffhouse.
Sir W. Ramsay, Londres.
Aug. Righi, Bologne.
W. Louguinine, Moscou.
H.-A. Lorentz, Leyde.
H. Nagaoka, Tokio.
J. Coaz. Berne.
W. Spring, Liège.
R. Blondlot, Nancy.
| C. Græbe, Francfort.
. Wilhelm Ostwald, Grosshbothen.
Otto Lehmann, Carlsruhe.
Fritz Sarasin, Bâle.
| Pierre Weiss, Zurich.
| Henri Blanc, Lausanne.
| Arnold Lang, Zurich.
| Alfred Werner, Zurich.
Albin Haller, Paris.
James Odier.
Ch. Mallet.
Ag. Boissier.
Luc. de Candolle.
Ed. des Gouttes.
Wil. Favre.
Aug. Prevost.
Alexis Lombard.
Louis Pictet.
Ed. Martin.
Edm. Paccard.
D. Paccard.
Edm. Eynard.
Edm. Flournoy.
Georges Frütiger,
LISTE DES MEMBRES
k. ASSOCIÉS LIBRES
Aloïs Naville.
Ed. Beraneck.
Emile Veillon.
Guill. Pictet.
G. Darier.
H. Fatio.
E. Turrettini.
J. Albaret.
H.-E. Gans.
E. Cardoso.
G. Baume.
Aug. Rilliet.
Henri Lombard.
Ed. Brot.
Henri Flournoy.
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TABLE
Séance du 6 janvier 1910.
R. de Lessert. La distribution géographique des Araignées en Suisse.
— C.-E. Guye et Ratnowsky. Sur la variation de l’inertie des
corpuscules cathodiques en fonction de la vitesse et sur le principe
de relativité. — C.-E. Guye et A. Tscherniawsky. Sur la mesure
des très hauts potentiels par l’emploi d’électromètres sous pres-
sion. — L. de la Rive. La solidarité magnétique des molécules
des aimants. — Briner et Wroczynski. L'action chimique des
pressions élevées. — Th. Tommasina. Interprétation mécanique
_—
dela masse électromagnétique 10,734, ..... esse D
Séance du 20 janvier
Briquet. Rapport annuel. — Mie Lipska. Les effets de l’inanité chez
RL ee sens diese D aise me nie J5
Séance du 3 février 1910
Léon-W. Collet et Henry-F. Montagnier. Sur la récente éruption du
Chinyero à Ténérife. -- Léon-W. Collet et Albert Brun. Résultats
préliminaires sur l’étude des matériaux récoltés au Chinyero par
M. Montagnier. Mlle Stern et Battelli. L’oxydation des alcools et
des aldéhydes par les tissus animaux. — Th. Tommasina. Rôle
de l'interprétation physico-mécanique des faits. — Le même.
Causes et effets de l'accélération séculaire du moyen mouvement
de la Lune. ..... BON. em es case latte à ARE
Séance du 17 février.
Prevost et J. Saloz. Contraction des bronches. — Cantoni et M. Pa-
terno. Diazotation des fiorhydrates. — René de Saussure. La forme
fondamentatale de la géométrie des feuillets. — Th. Tommasina.
Les deux sources primaires, l’une constante et l’autre variable,
des forcer contrinnes 22.100 260 QUIL SR PINCE 27
114 TABLE
Seance du 3 mars
Pidoux. Comète de Halley. — Ch. Sarasin et Mie de Tsytowitch.
Géologie des environs de Chésery. — Th. Tommasina. Continuité
nécessaire de l’accélération séculaire du moyen mouvement des
DAMOIOS 0 D RU RS oc ere te Qi ET AT 33
Séance du 17 mars
Arnold Pictet. Nouvelles recherches sur la variation des Papillons ;
l’un des mécanismes de l’albinisme et du mélanisme (le note). —
Ed. Claparède. Quelques remarques sur le contrôle des médiums.
— Th. Tommasina. Le sens de la concavité de l'orbite du So-
leil d’après les variations périodiques des vitesses planétaires
AT ON ES PR RS DRE ae) Re: 38
Séance du 7 avril
A. Bach. Théorie des oxydases. — Arnold Pictet. Mécanisme de
l’albinisme et du mélanisme chez les Lépidoptères. — Th. Tomma-
sina. Les marées et le rapport actuel entre les vitesses de rotation
étsde FÉVOIULION GE In OEM 1... ee US Per à:
Séance du 21 avril
L. Duparc. La région des pegmatites des environs d’Antsirabé (Ma-
dagascar). — Th. Tommasina. L’elementarquantum et la théorie
électroniqué de léthere?. Ur. LEONE en OCT EEE 56
Séance du 12 mai
Battelli et Mlle Stern. — Fonction de la catalase. — Th. Tomma-
sina. Théorie électromagnétique de la polarisation et de la disso-
ciation électrolytique. — Reverdin. Action de l’acide sulfurique
concentré sur quelques nitramines aromatiques. ............ 64
Séance du 2 juin
E. Briner. Nouvelles recherches sur l’action chimique des pressions
élevées. — KR. de Saussure. — Sur les corps solides opposés. —
Th. Tommasina. Correction d’une erreur d'interprétation de la
répulsion solaire de la queue des comètes et ses conséquences 70
TABLE 115
Séance du 7 juillet
Emile Chaix. Contribution à l'étude géophysique de la région de Ge-
nève : la capture de Theiry. — E. Briner et A. Wroczynski. Com-
pression du cyanogène. — Cardoso, Arni et Bell. Détermination
des constantes directes des gaz. — Th. Tommasina. Irréductibi-
lité des lois du train d'ondes aux lois du rayon élémentaire. —
L. de la Rive. Oscillations d’un pendule dans un train en marche.
— Cantoni. Cryoscopie du fluorhydrate et du chlorhydrate d'ani-
RPM RS à ne a re RTS RC on Te DEP |
Séance du 6 octobre
M. Briquet. Recherches sur l’organisation et les affinités du genre
Morisia. — E. Chaix. Graphiques météorologiques sur le Grand
Saint-Bernard et Genève. — F. Reverdin. Recherches sur l’action
de l’acide sulfurique sur les nitramines aromatiques .. ..... 88
Séance du 3 novembre
E. Briner. Sur les faux équilibres chimiques. — Mie Stern et Bat-
_telli. L'’oxydation de l’acide succinique par les tissus animaux. —
H. Flournoy. L’inhibition des muscles et des réflexes patellaires. 99
Séance du 17 novembre
E. Yung. La sensibilité des Gastéropodes terrestres pour la lumière.
— L. Duparc. Sur les gisements de cuivre de la Sysserskaya
PAR PRD ie sue, RE MENT ED TES ee TRS CRAN
. Séance du 1* décembre
À. Brun. Le volcan du Kilauea. — Arnold Pictet. Recherches expé-
rimentales sur l'origine de la couleur bleue chez les Lépidop-
LERET GPS SORA RER PEER EC ANR EE SR RER ee Sa ess 97
Seance du 15 décembre
R. Chodat. Sur quelques fossiles de l’ère paléozoïque. Sur l’origine
des spermaphyles. — Arnold Pictet. La couleur blanche des papil-
lons. — Ph.-A. Guye et N. Boubneff. Recherches sur la stabilité
du chlorure de nitrosyle aux basses températures. ..... SEC)
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