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in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/compterenduanalyOOcong
CONGRES
D'HISTOIRE DE L'ART
Organisé par la Société de l'Histoire de l'Art français
PARIS
26 Septembre - 5 Octobre 1921
COMPTE-RENDU ANALYTIQUE
PARIS
LES PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE
49, Boulevard Saint-Michel, 49
1922
A/
i v^ll
■ Y 24 19
10 7 8 019
SOCIÉTÉ
L'HISTOIRE DE L'ART FRANÇAIS
SIÈGE SOCIAL : PAVILLON DE MARSAN, PALAIS DU LOUVRE
IO7, RUE DE RIVOLI, PARIS (ler ARR.)
SALLE DE SÉANCES : ÉCOLE DU LOUVRE (PALAIS DU LOUVRE)
La Société de l'Histoire de l'Art français a été fondée en
1872 par un groupe d'érudits, au premier rang desquels il faut
citer Anatole de Montaiglon, Benjamin Fillon, Eugène Mùntz.
Louis Courajod, Henri Jouin, Paul Mantz, Jules Guiffrey.
Elle se proposait de continuer la tâche dont MM. Ph. de
Chennevières et de Montaiglon avaient pris l'initiative en
publiant les Archives de l'Art français, recueil de documents
inédits relatifs à l'histoire de l'Art français, Y Abecedario de
Mariette, les Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des
membres de l'Académie royale de peinture et de sculpture.
De 1872 à 1906, elle a publié non seulement 34 volumes
d'Archives, mais encore des ouvrages du plus haut intérêt pour
l'histoire de l'Art français.
Réorganisée par ses membres, et notamment par son regretté
président M. Jules Guiffrey, la Société de l'Histoire de l'Art
français a pris, depuis 1906, un nouvel essor; elle développe
l'œuvre de ses devanciers qui rend de si grands services aux
historiens, aux critiques et aux amateurs. Sur son initiative, a
été organisé le Congrès d'Histoire de l'Art qui s'est tenu à
Paris du 23 septembre au 5 octobre 1921 et dont le succès a
été universellement reconnu.
La Société tient des réunions mensuelles où sont discutées
des questions relatives à l'histoire de l'Art français. Le Bulle-
tin illustré de la Société est comme le reflet de ses séances; il
contient les communications qui ont été faites, ainsi que des
ARCHIVES DE L'ART FRANÇAIS
NOUVELLE PÉRIODE
I. Année 1907 .... 20 fr.
II. Année 1908 . . . . 20 »»
III. Année iqoq(La Commission du
Muséum et la création du Musée
du Louvre (ijg2-i 7g3), docu-
ments recueillie et annotés par
Alexandre Tuetey et Jean Guif-
frey) 20 fr.
IV. Année 1910 (Les membres de
l'Académie des Beaux-Arts de
iygô à igio. — Table des ta-
bleaux, sculptures et gravures
des Salons du XVIII" siècle,
par Jules Guiffrey) . . 20 fr.
V. Année 191 1 (Correspondance
de Nicolas Poussin, publiée
d'après les originaux par Ch.
3ouANN\')(presque épuisée). 3o fr.
VI. Année 1912 (Catalogue de
l'œuvre de J.-B. Oudry, par
Jean Locquin. — Objets saisis
che^ les émigrés) ... 20 fr.
VII. Année 191 3 (mélanges offerts
à M. Henry Lemonnier, ou-
vrage illustré de 21 reproduc-
tions hors texte) ... 20 fr.
VIII. Année 1914 (Mélanges offerts
à M. Jules Guiffrey, ouvrage
illustré de 22 reproductions
hors texte) 20 fr.
IX. Année 191b (Histoire de l'Aca-
démie de Saint-Luc, par Jules
Guiffrey) 20 fr.
X. Année 1916-1918 (Charles Cres-
sent, sculpteur, ébéniste, collec-
tionneur, par Mll° Ballot, 4 pi.)
(presque épuisée) . . . 3o fr.
XL Année 1919-1920 (Catalogue
des ouvrages relatifs aux beaux-
arts composant la série Y du
Cabinet des Estampes, 1" par-
tiel 20 fr.
XII. Année 1921 (Une œuvre des
Gabriel en province. La Place
Royale de Bordeaux, par P.
Courteault (sous presse). 3ofr.
Pour les membres de la Société, chacun des volumes d'Archives (à l'ex-
ception des tomes V et X) 10 fr.
Les tomes V et X, chacun 20 fr.
BULLETIN
SOCIETE DE L'HISTOIRE DE L'ART FRANÇAIS
1877-1878, 2 vol chaque i5 fr.
1907-1912, 6 vol. avec planches hors texte .... chaque i5 »»
191 3, épuisé.
1914, 1 vol. — — i5 »»
1915-1917, 1 vol. — — i5 »»
1918-1919, 1 vol. — — i5 »»
1920, 1 vol. — — i5 »»
1921, 1 vol. — — i5 »»
Pour les membres de la Société, chaque vol 8 »»
Prix du fascicule semestriel 8 »»
— trimestriel 4 »»
— 5 —
Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de
l'Académie royale de peinture et de sculpture, publics par
L. Dussieux, Ph. de Chennevières, P. Mantz, A. dk Montai-
glon, 1854, 2 vol. in-8°, xLiv-480 p. et 478 p. Les 2 vol. . 40 fr.
Pour les membres de la Société 25 »»
Mémoires pour servir à l'histoire des maisons royalles et basti-
mens de France, par André Féi.ibien, sieur des Avaux, 1681,
publiés pour la première fois par A. de Montaiglon, 1874. 1 vol.
in-8°, xiv-104 pages. 1 pi 20 fr.
Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculp-
ture (1648-1793), publiés d'après les registres originaux par
A. de Montaiglon, 1875-1892. 10 vol. in-8°. Chaque vol. . 10 fr.
La Table, par Paul Cornu, 190g. 1 vol., vn-228 p 10 »»
Les 10 vol. et la Table 100 »»
Pour les membres de la Société, les 10 vol. et la Table . . 20 »»
Les comptes des Bâtiments du Roi (1528-1571), suivis de docu-
ments inédits sur les châteaux royaux et les beaux -arts au
xvie siècle, recueillis et mis en ordre par le marquis Léon de
Laborde, 1877-1880. 2 vol. gr. in-8°, Lvii-422 et 5io p. Les
2 vol 20 fr.
Pour les membres de la Société, les 2 vol 8 »»
Mémoires inédits de Charles-Nicolas Cochin sur le comte de
Caylus, Bouehardon, les Slodtz, publiés d'après le manuscrit
autographe par Charles Henry, 1880. 1 vol. gr. in-8°, 198 p. 10 fr. »»
Pour les membres de la Société 3 fr. 5o
État civil d'artistes français, billets d'enterrement ou de
décès, depuis 1823 jusqu'à nos jours, réunis et publiés par
Hubert La vigne, 1881. 1 vol. in-8°, vi-216 p 10 fr. »»
Pour les membres de la Société 3 fr. 5o
La Stromatovrgie, ou de l'excellence de la manvfactvre des
tapis dits de Turquie, novvellement establie en France sous la
conduite de noble homme Pierre Dv Pont, tapissier ordinaire du
Roy es dits ouvrages, i632. Documents publiés par Alfred Darcel
et Jules Guiffrey, 1882. 1 vol. in-8°, xLvn-148 p. . . . 10 fr. »»
Pour les membres de la Société 3 fr. 5o
— 6 —
État civil des peintres et sculpteurs de l'Académie royale.
Billets d'enterrement de 1648 à 1713, publiés par O. Fidière.
i vol. in-8°, xi-94 p 6 fr.
Pour les membres de la Société • 2 »»
Correspondance des directeurs de l'Académie de France à
Rome avec les surintendants des Bâtiments, 1666-1793,
publiée d'après les manuscrits des Archives nationales par A. de
Montaigi-On et Jules Guiffrey. 17 vol. gr. in-8°. Chaque vol. 10 fr.
La Table, par Paul Cornu, i vol. gr. in-8°, 226 p. {presque épui-
sée) 20 fr.
Les 17 vol., édition sur papier alfa i5o »»
Pour les membres de la Société, les 17 vol 3o »»
Les femmes artistes à l'Académie royale de peinture et de
sculpture, par Oct. Fidière, i885. i vol. in-8°, 55 p., 2 pi. 5 fr.
Pour les membres de la Société 2 »»
Artistes français des XVIIe et XVIIP siècles (1681-1787).
Extraits des Comptes des États de Bretagne, réunis et annotés
par le marquis de Granges de Surgères, i8q3. i vol. in-8°,
246 p 10 fr.
Pour les membres de la Société 2 »»
L'enseigne de Gersaint, par Paul Alfassa, 1910. in-8°, 47 p.,
5 pi. (extrait du Bulletin) 3 fr. 5o
Pour les membres de la Société 1 fr. 5o
L'œuvre d'Eugène Lami (1800-1890), essai d'un Catalogue rai-
sonné par Paul-André Lemoisne, 1914. In-8°, 448 p. . . 20 fr.
Pour les membres de la Société 10 »»
Les dessins de l'histoire des rois de France par Nicolas Houel,
par Jules Guiffrey. i album in-40 avec 29 planches hors texte en
phototypie 5o fr.
Pour les membres de la Société 20 »»
Deux albums de portraits inédits peints par Oudry, par Jean
Cordey, 1920. In-8°, 56 p. (extrait du Bulletin) .... 3 fr.
Pour les membres de la Société 1 »»
— 7 —
Procès-verbaux de l'Académie royale d'architecture (1671-
1793), publiés par M. Henry Lemonnier (en cours de publication).
PARUS : Tome 1er (1671-1681). 1 vol. in-8°, 352 p 20 fr.
Tome II (1681-1696). 1 vol. in-8°, 372 p 20 »»
Tome III (1697-1721). 1 vol. in-8°, 394 p 20 »»
Tome IV (1721-1726). 1 vol. in-8°, 362 p 20 »»
Tome V (1727-1743). 1 vol. in-8°, 354 P 2° )>H
Tome VI (1744-1758). 1 vol. in-8°, 364 p 20 »»
Tome VII (1759-1767) (sous presse) 20 »»
Pour les membres de la Société, les 7 vol. pris ensemble . . 40 »»
Chaque vol 10 »»
SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE L'ART FRANÇAIS
Pavillon de Marsan, Palais du Louvre, 107, rue de Rivoli, Paris (i")
Je soussigné (Nom, prénoms,
qualité et adresse, très lisiblement)
désirant faire partie de la Société de l'Histoire de l'Art fran-
çais, prie M. P. Ratouis de Limay, secrétaire, 80, rue de
Grenelle, Paris (vne), de présenter sa candidature au Comité
directeur.
., le 192
Signature :
AVIS IMPORTANT. — La cotisation annuelle est de 20 francs;
elle peut être rachetée par le versement d'une somme de 5 00 francs.
Les mandats et les chèques doivent être adressés à M. André Ramet, tré-
sorier, 209, avenue Jean-Jaurès, Paris (xixe). Chèques postaux : Ramet,
Paris, c. c. 22-722.
CONGRÈS
D'HISTOIRE DE L'ART
Organisé par la Société de l'Histoire de l'Art français
PARIS
26 Septembre — 5 Octobre 1921
COMITÉ D'HONNEUR
M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
président.
M. LE PRÉSIDENT DU SÉNAT, M. LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DES
DÉPUTÉS, M. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES
BEAUX-ARTS, M. LE PRÉFET DE LA SEINE, M. LE PRÉSIDENT DU
Conseil Municipal, M. le président du Conseil Général de
la Seine, M. le recteur de l'Académie de Paris, M. le di-
recteur des Beaux-Arts, MM. les secrétaires perpétuels
de l'Académie des Beaux-Arts et de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, MM. les directeurs de
l'Enseignement supérieur et de l'Enseignement secondai-
re, M. l'administrateur du Collège de France, MM. les
DOYENS DE LA FACULTÉ DES LETTRES ET DE LA FACULTÉ DES
Sciences, M. le directeur de l'Ecole Normale Supérieure,
M. l'administrateur de la Bibliothèque Nationale, M. le
directeur des Archives nationales, Mme la directrice de
l'Ecole Normale de Sèvres, M. le directeur des Musées
NATIONAUX, M. LE DIRECTEUR DE L'ECOLE NATIONALE DES
Beaux-Arts, M. le directeur du Conservatoire national
DE MUSIQUE ET DE DÉCLAMATION, M. LE PRÉSIDENT DE 1,'UnION
CENTRALE DES ARTS DÉCORATIFS, M. LE DIRECTEUR DU SERVICE
des Œuvres françaises a l'étranger, MM. les directeurs
de l'Ecole française d'Athènes, de l'École de Rome,
de l'académie de france a rome, de l'institut français
de Madrid.
M°" la marquise ARCONATI-VISCONTI, la comtesse DE
BÉHAGUE, Georges BLUMENTHAL, Gustave DREYFUS,
la marquise DE GANAY, la princesse DE POIX.
MM. le comte Moïse DECAMONDO, Walter G A Y, le baron Edmond
DE ROTHSCHILD, Edme SOMMIER, Jules STRAUSS,
David WEILL, ZOUBALOFF.
— 6 —
COMITÉ FRANÇAIS D'ORGANISATION
Président d'honneur : M. Henry LEMONNIER, membre de l'Insti-
tut.
Président : M. André MICHEL, membre de l'Institut, professeur au
Collège de France.
Vice- Présidents : MM. Raymond KŒCHLIN, membre du Conseil
des Musées nationaux ; le comte Paul DURRIEU, membre
de l'Institut ; Emile MALE, membre de l'Institut, professeur à
la Sorbonne.
Trésorier : M. Maurice FENAILLE, membre de l'Institut.
Trésorier-adjoint : M. André RAMET, trésorier de la Société de l'His-
toire de l'Art français.
Secrétaires : MM. Pierre MARCEL, professeur à l'Ecole nationale
des Beaux-Arts ; Paul RATOUIS DE LIMAY, secrétaire de la
Société de l'Histoire de l'Art français ; Paul ALFASSA, con-
servateur-adjoint du Musée des Arts décoratifs ; Gabriel ROU-
CHÈS, bibliothécaire à l'Ecole nationale des Beaux-Arts.
MM. Marcel AUBERT, conservateur-adjoint au Musée du Louvre j
Léonce BÉNÉDITE, conservateur du Musée du Luxembourg ;
Gaston BRIÈRE, conservateur-adjoint du Musée de Versailles ;
François COURBOIN, conservateur du Cabinet des Estampes ;
André DËZARROIS, directeur de la Revue de l'Art ancien et
moderne ; Charles DIEHL, membre de l'Institut, professeur à la
Sorbonne ; Maurice EMMANUEL, professeur au Conservatoire
national de Musique ; Camille EXLART, directeur du Musée
de Sculpture comparée ; R. FALCOU, directeur des Beaux-Arts
et des Musées de la Ville de Paris ; Jean GUIFFREY, conserva-
teur au Musée du Louvre ; Edmond HARAUCOURT, direc-
teur du Musée de Cluny ; André JOUBIN, directeur de la
Bibliothèque d'Art et d'Archéologie de l'Université de Paris ;
Henri LAPAUZE, conservateur du Palais des Beaux-Arts ;
Jean LARAN, bibliothécaire au Cabinet des Estampes ;
LEFEVRE-PONTALIS, professeur à l'Ecole des Chartes ;
P.-A. LEMOISNE, bibliothécaire au Cabinet des Estampes ;
Paul LÉON, directeur des Beaux-Arts ; J. J. MARQUET DE
VASSELOT, conservateur-adjoint au Musée du Louvre ;
Henry MARTIN, administrateur de la Bibliothèque de l'Arse-
nal ; Louis METMAN, conservateur du Musée des Arts décoratifs';
Gaston MIGEON, conservateur au Musée du Louvre ; Etienne
MOREAU-NÉLATON ; Maurice MOULLÉ, chef de bureau à
3a Direction des Beaux-Arts ; Pierre de NOLHAC, conservateur
honoraire du Musée de Versailles ; André PÉRATÉ, conserva-
teur du Musée de Versailles ; André PIRRO, professeur à la
Sorbonne; Henry PRUNIÈRES, directeur de la Revue musicale;
Louis RÉAU, ancien directeur de l'Institut français de Pétro-
grad ; Théodore REINACH, membre de l'Institut, directeur
de la Gazette des Beaux-Arts ; le Dr Paul RICHER, membre
de l'Institut ; Jean ROBIQUET, conservateur du Musée Car-
navalet ; Jacques ROUCHË, directeur de l'Académie nationale
de Musique ; René SCHNEIDER, professeur à la Sorbonne ;
Paul VITRY, conservateur au Musée du Louvre.
DÉLÉGUÉS OFFICIELS
ET COMITÉS ÉTRANGERS
RÉPUBLIQUE ARGENTINE
Délégué : M. Martin NOËL, architecte, président de la Commission
nationale des Beaux-Arts.
AUTRICHE
Délégué : M. le D' GLUCK.
BELGIQUE
COMITÉ D'HONNEUR
Présidents : MM. Henri CARTON DE WIART, premier ministre
et ministre de l'Intérieur ; Jules DESTRÉE, ministre des
Sciences et des Arts.
MM. Georges HULIN DE LOO, membre de la Commission du Musée
Royal des Beaux- Arts, professeur à l'Université de Gand ; le
Baron Henri KERVYN DE LETTENHOVE ; Jules VAN DEN
HEUVEL, ministre d'Etat ; Eugène VAN OVERLOOP,
conservateur en chef des Musées Royaux du Cinquantenaire :
M. Ernest VERLANT, directeur général des Beaux-Arts de Bel-
gique.
COMITÉ EXÉCUTIF
Président : M. F1ERENS-GEVAERT, conservateur en chef du Musée
Royal des Beaux- Arts de Belgique, professeur à l'Université
de Liège.
Vice-Présidents : MM. Joseph DESTRÉE, conservateur aux Musées
Royaux du Cinquantenaire ; Fernand DONNET, administra-
teur de l'Académie des Beaux-Arts d'Anvers, secrétaire de
l'Académie Royale d'Archéologie.
Secrétaires : M1U Marguerite DEVIGNE, attachée au Musée Royal
des Beaux-Arts ; MM. Pierre BAUTIER, conservateur-adjoint
au Musée Royal des Beaux-Arts;] Arthur LAES, secrétaire du
Musée Royal des Beaux- Arts ; Georges MACOIR, conservateur
du Musée Royal d'Armes et d'Armures.
MM. Paul BERGMANS, bibliothécaire en chef et professeur à l'Uni-
versité de Gand; Paul BUSCHMANN, docteur en Art et Archéo*
logie ; Edmond DE BRUYN, "professeur J à l'Institut des
Beaux-Axts d'Anvers ; Arnold GOFFIN, homme de lettres ;
Paul LAMBOTTE, directeur au Ministère des Sciences et des
Arts ; Marcel LAURENT, conservateur-adjoint des Musées
Royaux du Cinquantenaire, professeur à l'Université de L.iége ;
Louis MAETERLINCK, conservateur du Musée des Beaux-
Arts, de Gand ; Eugène SOIL DE MORIANE, vice-président
de l'Académie Royale d'Archéologie, à Tournai ; René VAN
BASTELAER, conservateur du Cabinet des Estampes ; Charles
VAN DENBORREN, bibliothécaire du Conservatoire Royal de
Musique ; le chanoine VAN DEN GHEYN, président de la
Société d'Histoire et d'Archéologie de Gand ; Gustave VAN
ZYPE, rédacteur en chef de l'Indépendance belge ; Auguste
VERMEYLEN, professeur à l'Université de Bruxelles.
BULGARIE
Délégués : MM. les professeurs Jordan IVANOF et Ivan ANGELOFF,
directeur de l'Ecole des Arts et Industries.
Président : M. Ivan ANGELOFF.
MM. Antoine MITTOFF, professeur d'histoire de l'Art à l'Ecole des
Arts et Industries ; GUDGENOFF, GANOUCHEFF, TODO-
ROFF, peintres.
CHINE
Délégué : M. le professeur LOU KAO, chargé de mission universi-
taire et de la direction scolaire de Chine en Europe.
COLOMBIE
Délégués : M. le Vicomte DE FONTENAY, ministre de France à
Copenhague ; M. Gustave LENOTRE.
DANEMARK
Président : M. Karl MADSEN, directeur du Musée Royal des Beaux-
Arts.
Secrétaire : M. Léo SWANE, conservateur du Cabinet des Estampes
au Musée Royal.
MM. Francis BECKETT, directeur du Musée Royal de sculpture
comparée et professeur à l'Université de Copenhague ; Victor P.
CHRISTENSEN, écrivain d'art ; Ernest GOLDSCHMIDT,
écrivain d'art ; HAMMERICH (Angul), Emil HANNOVER,
directeur du Musée des Arts décoratifs ; Peter HERTZ, conser-
vateur du Musée Royal des Beaux-Arts ; Helge JACOBSEN,
directeur du Ny Carlsber g filyptotek ; Mario KROHN, directeur
du Musée Thorvaldsen ; M. MACKEPRANG, directeur du
National Muséum (section historique) ; Cari V. PETERSEN,
écrivain d'art.
— 9 —
EGYPTE
Délégué: ALI BAGHAT BEY, directeur du Musée arabe du Caire.
ESPAGNE
Délégué : M. José LAZARO, ancien directeur du Musée du Prado.
Comité de Madrid: M. A. DEBERUETE, conservateur du Musée du
Prado ; MM. Elias TORMO, professeur d'histoire de l'Art à
l'Université de Madrid ; José-Gomès MORENO, professeur
d'Archéologie arabe à l'Université de Madrid ; Ricardo VELAS-
QUEZ BOSCO; Vicente LAMPERER; José Ramon MELIDA >
Rafaël DOMENECH ; Angcl VEGUE.
Comité de Barcelone : MM. Josep PUIG I CADAFALCH, prési-
dent ; FrancescMARTORELL, secrétaire; MM. Jaume MASSO I
TORRENTS, AntoniRUBIOI LLUCH.FerranDESAGARRA I
DE SISCAR, Ramon D'ALOS I DE DOU, Ferràn VALLS
I TABERNER.
ETATS-UNIS
l'résident : M. Robert \V. DE FOREST, président du Metropolitan
Muséum of Art, New- York.
MIle Edith R. ABBOT, conférencière au Metropolitan Muséum of
Art, New- York; M. John W. BEATTY, directeur de la section
des Beaux-Arts au Carnegie Institute, Pittsburgh ; MUo Cecilia
BEAUX ; MM. William K. BIXBY, président du City Art Mu-
séum, Saint-Louis ;GeorgeBLUMENTHAL, membre du Comité
du Metropolitan Muséum of Art, New-York; Joseph BRECK,
sous-directeur du Metropolitan Muséum of Art, New- York; Harold
H. BROWN, directeur de l'Art muséum, Indianapolis ;ClydeH.
BURROUGHS, conservateur du Détroit Institute of Arts, Détroit
(Michigan) ; Mitchell CARROLL, directeur d'Art et d'Archéo-
logie, Washington ; John COTTON DANA, directeur de la
Nevvark Muséum Association, Newark ; George W. EGGERS,
directeur de l'Art Institute, Chicago ; Arthur FAIRBANKS,
directeur du Muséum of fine Arts, Boston ; William H. FOX,
directeur du Brooklyn Muséum, Brooklyn ; John W. G EST,
directeur de la Cine'ratti Muséum Association, Cincinatti ;
George S. GORDON, directeur du Musée de l'Université de
Pensylvanie, Philadelphie ; Morris GRAY, président du Muséum
of Fine Arts, Boston ; Mac Dougall HAWKES, président
du Muséum of French Art, New- York ; Edgard Lee HEWETT,
directeur du Musée de l'Etat de New-Mexico, Santa Fé ; Charles-
L. HUTCHINSON, président de l'Art Institute, Chicago ;
Henri W. KENT, secrétaire du Metropolitan Muséum of Art,
New- York ; Nilsen LAURVIK, directeur de la San Francisco
Art Association, San Francisco ; Alexander R. LAWTON,
président de la Telfair Academy of Arts et Sciences, Savannah
(Géorgie) ; Edward R. LIBBEY, président du Toledo Muséum
— 10 —
of Art, Toledo (Ohio) ; M11» Leiia MECHLIN, secrétaire de la
Fédération américaine des Beaux-Arts, Washington ; MM. C-
Powel MINGERODE, directeur de la Corcoran Gallery
of Art, Washington ; Russel A. PLIMPTON, directeur du
Minneapolis Institute of Arts, Minneapolis (Minnesota) ;
Mme Cornelia B. QUINTON, directrice de l'Albright Art Gal-
lery, Bufïalo ; MmB Gustav RADEKE, présidente de l'Ecole de
dessin de l'Etat de Rhode Island, Providence ; MM. David RO-
BINSON, professeur à l'Université Johns Hopkins, Baltimore ',
Edward ROBINSON, directeur du Metropolitan Muséum of
Art, New- York ; Paul J. SACHS, directeur du Fogg Muséum
Univeisité Harvard, Cambridge ; George W. STEVENS, direc-
teur du Toledo Muséum of Art, Toledo (Ohio) ; MUe STEIN,
Denver (Colorado) ; MM. Charles D. WALCOTT, directeur de la
Snithsonian Institution, Washington ; Langdon WARNER,
directeur du Pensylvania Muséum, Philadephie ; Hon. Henry
WHITE, directeur de la Fédération américaine des Beaux-Arts,
Washington ; Frederick Allen WHITING, directeur du
Cleveland Muséum of Art, Cleveland.
FINLANDE
Comité: M. Y. HIRN, professeur d'esthétique et de littérature mo-
derne à l'Université d'Helsingfors, président ; M. ILMARI-
KROHN, professeur d'histoire de la Musique A l'Université
d'Helsingfors ; M. J.-J. TIKKANEN, professeur d'histoire de
l'Art à l'Université d'Helsingfors.
GRANDE-BRETAGNE
Président : Sir Charles HERCULES READ, président de la Société
des Antiquaires de Grande-Bretagne.
Secrétaires : MM. Laurence BINYON, département des Estampes du
British Muséum ; D.-S. Mac COLL, conservateur de la Collection
Wallace ; Eric MACLAGAN, conservateur du Département
de l'architecture et de la sculpture au Musée Victoria et Albert.
Trésorier : M. F.-A. WHITE.
MM. E.-C.-R. ARMSTRONG, Musée National, Dublin ; C.-F. BELL,
conservateur du Muséum d'Oxford ; John BILSON ; G. BALD'*
WIN-BROWN, professeur à l'Université d'Edimbourg ; Sir
Reginald BLOMFIELD, architecte; Sidney COCKERELL ; Sir
Martin CONWAY ; le Comte de CRAWFORD ; Lionel CUST,
conservateur des Collections du Roi ; E.-J. DENT, critique mu-
sical ; Roger FRY, critique d'art ; G.-F. HILL, Département
des monnaies et médailles du British Muséum ; C.-J. HOLMES ;
A. -F. KENDRICK, conservateur du Département des textiles
au Musée Victoria et Albert ; Sir Claude PHILLIPS, critique
d'art ; John SARGENT ; W. BARCLAY SQUIRE ; Sir
Whitworth WALLIS, Musée de Birmingham ; R.-C. WITT
vice-président du National Art collections fund.
— II —
ITALIE
COMITÉ CENTRAL DE ROME
Président : M. le prof. Adolfo VENTURI, membre île l'Institut de
France.
Secrétaires : MM. le Dr Enrico BRUNELLI, inspecteur général au
Ministère de l'Instruction publique ; le prof Roberto LONGHI.
PIÉMONT ET LIGURIE
Président : M. le prof Lionello VENTURI, professeur à l'Université
de Turin.
LOMBARDIE
Président : M. le D' Ettore MODIGLIANI, directeur du Musée
Brera.
VÉNÉTIE ET TRENTIN
Président : M. le prof Gino FOGOLARI, directeur des Musées
Royaux de Venise.
VÉNÉTIE JULIENNE
Président : M. le Dr Achille BERTINI CALOSSO, inspecteur de la
Galerie Borghèse, à Rome.
DALMATIE
Président : M. le comte Alessandro DUDAN.
EMILIE
Président : M. le prof Igino BENVENUTO SUPINO, professeur à
l'Université de Bologne.
TOSCANE
Président : M. le prof Pietro TOESCA, professeur à l'Institut Royal
des Etudes supérieures, à Florence.
OMBRIE
Président : M. le comte Umberto GNOLI, surintendant aux Musées
d'Ombrie.
MARCHES
Président : M. le prof Guido CIRILLI, ingénieur, Venise.
LATIUM
Président : M. le prof Gustavo GIOVANNONI, professeur à l'Uni-
versité de Rome.
ITALIE MÉRIDIONALE
Président : M. le prof Giuseppe CECI.
SICILE
Président : M. le Dr Enrico MAUCERI, surintendant aux Galeries
et aux Objets d'art de Sicile.
SARDAIGNE
Président : M. l'ingénieur Domenico SCANO, surintendant des Monu-
ments historiques pour la Sardaigne.
— 12 —
JAPON
Délégué du Ministère de l'Education : M. Seiichi TAKI, professeur
d'histoire de l'Art à l'Université Impériale de Tokio.
LETTONIE
Délégué : M. O. GROSVALD, ministre de Lettonie à Paris.
GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG
Délégué: M. Alphonse KEMP, membre de l'Institut G. D. de Luxem-
bourg, conservateur des Musées de l'Institut.
MAROC
Délégué : M. de LA NÉZIÈRE, ancien directeur des Arts indigènet
du Protectorat.
NORVÈGE
Président : M. Jens THIIS, directeur du Musée des Beaux-Arts de
Christiania.
MM. Jens ARBO, historien de la Musique ; Hans DEDEKAM
directeur du Musée des Arts décoratifs de Christiania j le
Dr Harry FETT, surintendant des Monuments natio-
naux ; Moritz KALAND, directeur de la Galerie de Bergen ;
Christian HANGAARD, président de la direction du Musée
des Arts décoratifs de Christiania ; Johan HANGAARD ;
E. LEXORD, conservateur du Musée de Bergen ; Olaf NOR-
DHAGEN, professeur d'architecture de l'Ecole polytechnique
de Trondjem ; MUe Anneken PETTERSEN, conservateur du
Musée de Drammen ; MM. le Dr Haakon SHETELIG, professeur
d'Archéologie au Musée de Bergen ; C. W. SCHMITTER,
professeur d'histoire de l'Art à l'Université de Christiania.
PAYS-BAS
Président d'honneur : M. le Dr A. BREDIUS, ancien directeur-advi-
seur du Musée Royal de La Haye.
Président: M. M. J.DUPARC, directeur des Sciences et des Beaux- Arts
au Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts de
La Haye.
MM. Sem DRESDEN, compositeur de musique, professeur au Con-
versatoire de musique d'Amsterdam ; le Dr Jan KALF,
directeur du Bureau des Monuments historiques, à La Haye ;
Mar. VAN NOTTEN, directeur du Ned. Muséum v. Geschie-
denisenKunst (Rijks Muséum) ; le Dr A. PIT, ancien direc-
teur-adviseur du Ned. Muséum v. Geschiedenis en Kunst
(Rijks Muséum) ; F.-B ROORDA, conservateur-adj. au Musée
ethnographique de Leyde, membre du Comité directeur de la
société Vriend^n der Aziatisc.he Kunst à Amsterdam ; F.
— 13 —
SCHMIDT DEGENER, directeur du Musée Boymans à
Rotterdam ; le Dr Jan SIX, professeur à l'Université d'Ams-
terdam ; le Dr Jan VETH, professeur extraordinaire à
l'Académie nationale des Beaux-Arts d'Amsterdam.
POLOGNE
Délégué : M. le comte Georges MYCIELSKI, professeur d'histoire
de l'Art à l'Université de Cracovie, membre de l'Académie de
Cracovie.
PORTUGAL
Président : M. DE FIGUEIREDO, directeur du Musée national d'Art
ancien de Lisbonne.
MM. Joachim VESCONCELLOS, MARTINS DE CARVAHLO,
José PESSANHA, le D'Reynaldo DOS SANTOS, le Dr Vergelio
CORREIA, le Dr Asrodos LACERDA, le Dr JoaoBARREIRA,
MOREIRA, VIANNA DA MOTTA, F. BRANCO.
ROUMANIE
Présidente d'honneur : S. M. LA REINE DE ROUMANIE.
Président : M. JORGA, professeur à l'Université, membre de l'Aca-
démie roumaine, président de la commission roumaine pour les
études d'histoire, membre correspondant de l'Institut de France.
MM. Piètre ANTONESCU, président de la Société des architectes
roumains ; G. BALS, ingénieur ; Grégoire CERKEZ, archi-
tecte ; Alexandre LAPEDATA, professeur à l'Université,
membre de l'Académie roumaine ; Démètre ONCUIL, profes-
seur à l'Université, membre de l'Académie roumaine, prési-
dent de la Commission des Monuments historiques ; Basile
PARVAN, professeur à l'Université, membre de l'Académie
roumaine, directeur du Musée ^national d'Antiquités ; le Diacre
Nicolas POPESCU, docteur en philosophie, directeur de la Métro-
pole de Bucarest ; Gargouromine VERONA, peintre.
ROYAUME SERBE, CROATE ET SLOVÈNE
Délégués : MM. Vladimir PETKOVIC et Branco POPOVIC, profes-
seurs à l'Université de Belgrade:
RÉPUBLIQUE TCHÉCO-SLOVAQUE
Déligués : MM. Antoine MATEJICEK, François ZAKAVEC, Karel
CHYTIL, professeurs à l'Université tchèque, à Prague.
SUÈDE
Président : M. Johnny ROOSVAL, professeur à l'Université de
Stockholm, président de la Société d'histoire de l'Art de Suède.
Vice-président : M. A. GAUFFIN, intendant du Musée national de
Stockholm.
— 14 —
MM. Martin OHLSSON, professeur à l'Académie des Beaux-Arts ;
G. UPMARK, chef du Musée nordique ; E. WRANGEL, profes-
seur à l'Université de Lund ; A. HAHR, professeur à l'Univer-
sité d'Upsal ; A.-L. ROMDAHL, professeur à l'Ecole des
Hautes Etudes de Gothembourg ; O. SIREN, professeur à
l'Ecole des Hautes Etudes de Stockholm ; A. SJOBLOM, con-
servateur au Musée national de Stockholm.
SUISSE
COMITÉ D'HONNEUR
Président : M. SCHULTHESS, président de la Confédération.
MM. le conseiller fédéral MOTTA, chef du Département politique ;
le conseiller fédéral CHUARD, chef du Département de l'Inté-
rieur ; Alphonse DUNANT, ministre de Suisse à Paris ; Mgr Ma-
rius BESSON, évêque de Lausanne et Genève ; le professeur
A. N/EF, président de la Commission fédérale des Monuments
historiques.
COMITÉ EXÉCUTIF
Président : M. Adrien BOVY, conservateur du Musée des Beaux-Arts
de Genève, président de l'Association des Musées suisses des
Beaux-Arts.
Vice-présidents : M. le Dr Paul GANZ, professeur à l'Université de
Bâle ; M. Daniel BAUD-BOVY, président de la Commission
fédérale des Beaux-Arts.
Secrétaire : M. le D* Hans GANZ.
MM. le Dr Guillaume BARTH, conservateur de la Kunsthalle de
Bâle ; Maurice BOY DE LA TOUR, conservateur du Musée
des Beaux-Arts de Neuchâtel ; le Dr R. BURCKHARDT, con-
servateur du Musée historique de Bâle ; W. DÉONNA, profes-
seur à l'Université et directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de
Genève ; le Dr Conrad de MANDACH, conservateur du Musée
des Beaux-Arts de Berne ; le Dr NEF, professeur à l'Université
de Bâle ; le Dr D. VIOLLIER, vice-directeur du Musée national
suisse, à Zurich ; le Dr WARTMANN, conservateur du Musée
des Beaux-Arts de Zurich ; le Dr ZEMP, professeur à l'Univer-
sité de Zurich.
LISTE DES MEMBRES DU CONGRÈS
Abbot (M118 Edith R.). Alos (E. d').
Ackland (Mlle Joan). Aly Shamsy.
Adams (MUb Victoria A.). Andreu I Barber (Santiago).
Alazard (Jean). Andrieu (Lieutenant-colonel).
Alfassa (M. et Mme Paul). Androutzos (Nicolas).
Allard du Chollet (Comte). Andrup (M. et Mme Otto).
AlmeidaMorera (Francisco de) Angeloff (Ivan).
— 15
Angles (H.)-
Anning Bell (Mm"> Laura).
Argoutinsky-Dolgoroukoff
(Prince).
Armstrong.
Arne (J.).
Arnold (sir Thomas W.).
Artinano (Pedro M. de).
Aubert (Marcel).
Auvissier (Mlle).
Backer (M. et Mme Hector de).
Baldvvin Brown (M. et Mme G.)
Banchereau (M. et Mme).
Barbeyrda (D. Josep).
Barclay Souike (\V.).
Bargagli Petrucci (Marquis).
Bariola (Giulio).
Barreira (Joao).
Bartholomé (Léon).
Bartholomé (Léopold).
Bassino (Teodoro).
Bassols (M. Josep).
Bauby (Léopold).
Baud-Bovy (Daniel).
Baudi di Vesme (comte Ales-
sandro).
Bautier (Pierre).
Baxter (Mme Blanche S.).
Beaucorps (MUe de).
Beaux (M»« Cecilia).
Becker Lasson (Mme Camille).
Becker (Mlle Madeleine).
Beckers (Lucien).
Beckett (Francis).
Behrend (M. et Mme William).
Bel (Alfred).
Bellanger (Louis).
Bennett (M118 E. M.).
Bennett (M118 M. R.).
Bergmans (Paul).
Bernard (Georges de).
Bernoulli (Edouard).
Berthe (Dr).
Berthelot (M1Ie).
Bertini Calosso (M. et Mme
Achille).
Beruete y Moret (A. de).
Besnard (Alfred).
Betti (Giuseppe).
Biermé (M118 M.).
Binyon (M. et Mme L.).
Bloche (Arthur).
Blomfield (Sir Reginald).
Blomfield (Mm* et MUe).
Blondel (Charles).
Blondel.
Blum (André).
Blum (Mme Marcelle).
Blumenthal (M. George).
Bobin (Prosper-Etienne).
Bodinier (Guillaume).
Boethius (Mlle Gerda).
Boffil y Matas (Jaiime D.).
Boghen (Félice).
Boinet (Amédée).
Bollack (Mme M.).
Bonelli (M. et Mme Luigi).
Bonnafous (Jean).
Bonnard (M., Mme et M119).
Booth (Ralph. H.).
Bostock (Mme).
Bostrone (MIle Brita).
Bouchot (Mlle).
Bourguignon (Jean).
Bovy (M. et M1"6 A.).
Branting (Mlle Agnès).
Braun
Bredius (A.).
Bréhier.
Brichet (Paul).
Brière (Gaston).
Broche (Lucien).
Brocke (Mlle Margaret).
Bronne (MUe).
BROWN(MllesBéatrice et Barbara)
Brown (Harold Haven).
Brunner (G.).
Brunschvicg (Léon).
Brussel (Robert).
Bulloz (J.E.).
Buma (C. W A).
Burlingame Hill. (M. et Mm8).
Buschmanx (Paul).
Cametti (Alberto).
Camondo (Comte Moïse de).
Campbell Dodgson (Mme).
Canals (D. Ricard).
Capart (Jean).
Carpi (Mme Piera).
Carré (Mme et Mlle).
Carré.
Carroll (Dr Mitchel).
Carsow (Michel).
Casier (Joseph).
Cecchelli (Carlo).
Chappée (Julien).
Charageat (MUee Madeleine et
Marguerite).
i6
Cbarukk (René).
Chase (M™ C. K.).
Chauveau (Mlle Blanche).
Chenoy (Mme du).
Chiappelli (Dr Alberto et M™»).
Chierici (Gino).
Chigi Saracini (Comte Guido).
Chvtil (Karel).
Cibulka (Joseph).
Clérambault (Dr de).
Clouet des Pesruches (Jean).
Clouzot (Henri).
Coblentz (Maurice).
Cocco (Mme Ester).
Codola (Dr Manuel Rodriguez)
Coletti (Luigi)
Colle (M»le).
Collins Baker (C. H.).
Conway (Martin).
Cordey (Jean).
Costa (José).
Costantini (Mgr. Giovanni).
Couderc (Canille).
Courboin (François).
Courmeaux (Mlle D.-M.).
Coutil (Léon).
Couturier (Mme).
Crawford (Comte et Comtesse
de).
Cruyl-Poirier (Mme).
Curtis (Mme Natalie).
Cussino (Cesare).
Cuypers (Joseph Th. J.).
Dana (John Cotton).
Dancow (M1Ie Viorica).
Dedekam (H.).
Deladrier (Fr.).
Deladrier (M.).
Delen (J.-J.).
Delteil (Loys).
Delwart (Henri).
Demaison (Louis).
Demonts (Louis).
Demotte (G.-J.).
Deshairs (Léon).
Despret (Félix).
Destrée (Joseph).
Devigne (MIle).
Dezarrois (André).
Diggelen (B. P. G. et Mlle).
Dillen (M. et Mme Eugène).
Donnet (Fernand).
Dordu (D1 F.) et famille.
Douglas (R. Langton)
Dresde* (M. et M»8 Sem).
Dreyfous (Georges).
Dreyfus (Carie).
Drumaux (M"e A.).
Dudan (Comte Alessandro).
Dumont (M. et Mme Jules).
Dupont (Mlle).
DUPORTAL (Mlle).
Durrieu (Comte Paul).
Dussaud (René).
Duvan (Augustin).
Duveen (Sir Joseph).
ElCHTHAL (E. D').
ElCHTHAL (H. D').
Elisseieff (Serge).
Emmanuel (Maurice).
Enders (MUe).
Engelen (M1Ie C).
Enlart (Camille).
Espérandieu (Commandant).
Evans (Sir Arthur).
Evans (Mme et M11* Joan).
Evens (Emanuel).
Expert (Henry).
Fabrizi (Alfred).
Fenaille (Maurice).
Féral (Jules).
Fermor (Mms Tatiana dk).
Fernandes (Luis).
Ferrandoux (Paul).
Fett (Harry).
Fierens-Gevaert (H.).
Fievez (J.).
Figueiredo (José de).
Flury (S.).
Focillon (Henri).
Folch I Torres (Joachim).
Fontaine (M. et Mmo André).
Fontenay (Vicomte de).
Forest (de).
Foschini (Comtesse).
Fournol (Etienne).
Foweles (Edouard).
François (Silvain-Aimé).
Frans (J.-P.).
Frédéricq (Mlle Madeleine).
Freitas-Branco (L. de).
Fuller (M. et Mme D. Richard).
Fuller (Mme S.).
Fuller-Maitland (M. et Mm#
J.-A.).
Furcy-Raynaud (Marc).
Fuxa (D. Manuel).
17
Gabori,.ud (L.-A.).
Gali (D. Francesco).
Gallois (H.).
Gamba (Comte Carlo).
Ganz (Paul).
Ganz (Hans).
Gaspar (Camille).
Gaudefroy (Mme).
Gauguet (Mme H.).
Geerssens (Mme).
Gentili (Alberto).
Genuardi (Luigi).
Georges.
Gérard (Ernest).
Gérold (Th.).
Getty (Miss A.).
Giard (Edouard).
Gimpel (M. et Mme René).
Giralt (D. Casimir).
Giraud-Mangin (Marcel).
Gluck (Gustav).
Godillot (Alexis).
Gœtvinck (Major).
Goffinet (Mlle).
Goldschmidt (M. et Mm0 Er-
nest).
Graillot (Henri).
Gratama (Gerrit-David).
Grenier (M. et Mme Edmond).
Grosclaude (Adolphe).
Grosso (Orlando).
Grosvald (Olgerd).
Gudiol (Mgr).
Guérin (Mme).
Guérin (Marcel).
Guerlin (M. et Mme Henri).
Guiffrey (Jean).
Gusman (Pierre).
Hacktn (J.).
Hahr (Auguste).
Halil Bey.
Halkin (Léon).
Hallays (André).
Hannecart (Lucien).
Hanssen (Mlle Thyra).
Haug (Hans).
Hautecœur (Louis).
Haviland (Franck Burty).
Haviland (M. et Mma Paul).
Head (Alban).
Hécart (MUe).
Hennezel (Henri d').
Heyligers (Johan C).
Heyvvood (M118 Florence).
Hirschmann (Vladimir).
Hirschler (Mme Edith).
Horniman (M. et Mmo E.-J.).
Houtart (Albert).
Hudig (M11* C. J.).
Hulin de Loo (Georges).
Hutchinson (M. et Mme).
iMrERiALi (Mlle Marcelle).
Ingersoll-Smouse (Mm9 J. et
MllB Florence).
Issarlov (Georges).
Isslem (John).
Jaccaci (Auguste F.).
Jacobs (Frans Herman).
Jalabert (M119 D.).
Jamblinne de Meux (général
baron de).
Jamot (Paul).
Jardine (M119).
Jean (René).
Jeannerat (Carlo).
Jessop (Mme).
Jolis (Paul).
Jonas (Mme Henri).
Jonas (Marcel).
Jonescu (Mlle Eleonora).
Josi (Enrico).
Josz (René).
Jouan (Mme Marguerite).
Joubin (André).
Jouet (Mm,J).
Kahn (André).
Kalas (Ernest).
Kaland (Mme).
Kaland (M. Moritz).
Karpeles (MUe Suzanne).
Kateneef (S.E. Wenceslas de).
Kazunori Ishibaski.
Keil (Luis).
Keller-Dorian (Georges).
Kendall (M"9 Alice W.).
Khvoshinsky (B.).
Klauber (M!1b Alice).
Knight (Mm9 W. C. Mac).
Knuchel (M. et Mma).
Kœchlin (Raymond).
Kojima (Kikuo).
Roland (Moritz).
Konig (Joseph).
Krafft (Hugues).
Kriegels (M119 Madeleine).
Kuntziger (Mlle).
18 —
Labande (Léon).
Labo (Mario).
Lacoste (Paul).
Lacrocq (Louis).
Laes (Arthur).
Lafond (Jean).
Lafuma (Emile).
La Nézière (de).
Langaard (Johan).
Langendonck (F. van ).
Lapauze (Henri).
Laran (Jean).
Larrieu (Dr S.).
Lassence (Paul de).
La Tour d'Auvergne-Lau-
raguais (Princesse de).
Laurens (Henri).
Laurent (Marcel).
Laurent-Vibert (Robert).
Lavallée (M. et Mme Pierre).
Lavedan de Casaubon (M. et
Mme A.).
Lavern (Comte de).
Lazaro (M. et Mme José).
Lebedinsky (MUe Hélène).
Lebel (Gustave).
Le Bœuf (H.).
Le Cacheux.
Lecaplain.
Lefèvre-Pontalis (Eugène).
Lefrançois-Pillion (Mme
Louise).
Lefuel (Hector).
Legay (abbé Jean).
Lehmann (Albert).
Lemoisne (M. et Mme P.-A.).
Lemonnier (Henry).
Lenoir (André).
Lenotre (G.).
Leudet (M118 S.).
Leval (Gaston de).
Levallet (Mlle Geneviève).
Levinson (André).
Lêvy (Albert).
Lexon (M. et Mme).
Ley (Mme A.).
Libbey (Dr E. D.).
Lindblom (Andréas).
Lissim (Simon).
Livaudais (MUe de).
Llimona Josep).
Lobos (Pedro Antonio).
Locondes (Mlle M. E.).
Logotheti (Mlle).
Longhurst (M118 M. H.).
Longuet (D. A.).
Loreau (Alfred).
Lorey (E. de).
Lou Kao.
loukomsky (g. de).
Lowengard (Armand).
Lugt (Fitz).
Luquet (André).
Macalister (Robert).
Mackeprang (M.).
Mackeprang (MUe).
Maclagan (M. et Mme Eric).
Mac Mahon (major Percy A.
et Mrs.).
Macoir (Georges).
Macqueron (Henri).
Madsen (M. et et MmeKarl).
Madsen (Mlle).
MAETERLINCK (Louis).
Magerman (Mlle).
Mahaux (Dr et Mm8 E.).
Mahmoud Bey Khabil (Moha-
med) et Mme.
Maillard (M118 Elisa).
Mâle (Emile).
Malfait (François).
Mamelsdorf (Mlle Alice).
Man (M. et Mme A. de).
Mangeot (Commandant
Georges).
Mansard de Sagonne.
Marçais (Georges).
Marcel (Pierre).
March (D. Mannuel Vega i).
Marchioni (Henri).
Marcou (Frantz).
Mareuse (Edgard).
Mariani (Dr C. et Mm8 E
Marmottan (Paul).
Marotte (Léon).
Marquet de Vasselot (J. J.).
Martin (Henry).
Martin-Sabon.
Martorell (Jeroni).
MARTORELL I TRABAL.
Martoreu (François).
Masriera (Lluis).
Massignon. (Louis).
Masson (Paul-Marie).
Matejicek (Antoine).
Mauceri (Enrico).
May (Ernest).
Mayeux (Albert).
Mazerolle (Fernand).
19
Meijer (Louis).
Melot (M. et Mme E.).
Merhelst (Joseph).
Merlant (François).
Mesnil (Jacques).
Metman (Bernard).
Metman (Louis).
Meyling (Mme Margarelba).
Michaux (Emile).
Michel (André).
Michel (Edouard).
Michels (Roberto).
Michels (M»e).
Migeon (Gaston).
Minnigerode (CuthbertPowell).
Misme (M. et Mme).
Misme (M110 Cl.).
Montaner (Antoni).
Monteils-Rovre (Mlle Lucy).
Montferré (M" et mlse de).
Morassi (Antonio).
Moreau (Mm8 Valentine).
Morley Fletcher (M. et Mme
Frank).
Morpurgo (Enrico).
Moschetti (Andréa).
Motta (Vianna da).
Mouru de Lacotte (Mme
Fanny).
Musée régional de Chrudim.
Musée national d'art ancien
de Lisbonne.
Musée du royaume de la
Bohême.
Musée des Arts décoratifs
de Prague.
Nedelcovici (M"e).
Nef (M. et Mme Charles).
Nicodème (MUe).
Nicolle (Marcel).
Niffle-Anciaux (Ed).
Nodet (Dr).
Nœver (J.).
Nolhac (Pierre de).
Norton (Mma Laura H.).
Noukch (M. et Mms Martin).
Nourse (M1»* E.).
Nye (M""e p. C).
Oliveira (M. et Mme Guedes de).
Olmer (Pierre).
Ower (Lluis NIcolau d').
Osma (G. J. de).
Pace (Biagio).
Parent (Mlle Marie).
Parisel (E.).
Parisel (Rémy).
Pasquier (Mgr Henri).
Paton (T.-M.).
Paton (M»« L. A.).
Patten (Mme).
Pechere (Paul).
Pedrell (Philippe).
Peixotto (E.).
Peny (F.).
Pereire (Alfred).
Perez de Rozas (Josep).
Pessanha (Sebastiano).
Petersen (Cari V.).
Petit (Charles).
Petkovic (Vladimir).
Petrocochino (Mme).
Pettersen (Mm° Louise An-
neken).
Pezard.
Thilipsen (Gustav).
Picard (A.).
Pinney (Miss Hester).
Pierron (Sander).
Pincherle (Marc).
Pirozzini i Marti (Caries).
Pirro (André).
Placé (Léon).
Platt (John).
Polovtsoff (Alexandre).
Porée (Ch.).
Porée (Mme et M116).
Poseler (M. Paul et Mmo).
Posthumus (Jacques).
Potter (Mme Murray).
Povolosky (Jacques).
Prakke (Herman).
Prince (M119 Pauline).
Protat (Charles).
Prunières (Henry).
Prunières (Mme Louis).
Puig i cadafalch (J.).
Pujols (D. Francesc).
Rafols (G.).
Ramard (Guy).
Ramet (André).
Ramspacher (Commandant
Max).
Rapsact (Mme et M110).
Ratouis de Limay (Henri).
Ratouis de Limay (Paul).
Rausch de Traumbenberg
(Barcn et baronne).
20
Rawlence (Guy).
Réau (Louis).
RÉCUBERT.
RÉGNIER (Louis).
Regteren Altena (Johan
Quiryn von).
Reinach (Salomon).
Reinach (Théodore).
Rey (Albert).
Rey (Augustin).
Rey (Mme Lucie).
Reymond (Tony).
Ricard (Prosper).
Ricci (M. et Mme Seymour de).
Riccoboni (Profr Alberto).
Ridderstad (Mlle Hjordische).
Rindge (Mme et Mlle).
Rizzoli (Dr Luigi).
Roberts (M. W. et MUe).
Rocheblave (Samuel).
Rochelle (Ernest).
Roell (David).
Rokhline (Zakkario).
ROJDESTNENSKY (Mme Olga).
ROMDAHL (A.-L.).
Roorda (M. et Mme Faco
Bernhard).
Roosval (M. et Mme).
ROSENTHAL (Léon).
Rossi (Renzo).
Rouchès (Gabriel).
Rouleau (Pierre).
Rouveau (Mme Antoinette).
Rubinstein (Mme J.-A.).
Rubinstein (MUe Stella).
Rubio i Lluch (D. Antoni).
Rudder (Arthur de).
Runtzrees (Mme Caroline).
Ruzicka (Apollo).
Rydbeck (Cari).
Rydbeck (M. et Mme Otto).
Sagarra (Ferdinand de).
Saint-Venant (Julien de).
Sakagatri (Shizuka).
Sambon (Arthur).
Sanchez Canton (F.-J.).
Sancholle-Henraux (M. et
MmB Albert).
Santos (Revnaldo dos).
Sargent (M.' et Mme J.-S.).
Sarradin (Edouard) .
Sarrazin (Mlle Ch.).
SCHEURLEER (D.-F.).
Schneider (René).
Schoentjes (Mme).
Schutzenberger (Mm9).
Schwartz (Léonard).
Sedgwick (Mme. A. -M.).
Sens (Georges).
Sexton (M»« VV.).
Shamsy (Aly).
Shetelig (Haakon).
Shimizu (K.).
Shretlen (M-.J.-A.).
Sibenaler (M.).
Six (Jean).
Six (Mme et MUe).
Sketchley (M"e R.-G.-D.).
Sketchley (Mlle C.-T.).
Smith (Mœe. R. Binns).
Société numismatique de
Naples.
Solvay (Mme Louis).
Solvay (M. et Mme Pierre).
Sorrifanti (Colonel et Mme Al-
lessandro).
Soulange-Bodin (Henry).
Soulier (Gustave).
Souweine (Mlle Angèle).
Spierski (Miecislas).
Spiller (M"« Ethel).
Srédinsky (Mme).
Staring (A.).
Stein (Mme Marie de Mare).
Stelé (François).
Stern (Ph.).
Stouffs (M. et Mmes).
Straight (Mme Bertha K.).
Strauss (Jules).
Stuyt (M. et Mme Jean).
Swane (Léo).
S w arts (Mlle Gabrielle).
Tabemer (F. Valls).
Takaichvili (Ephina).
Tatlock (R. R.).
Ternas (Vicomte Pierre de).
Tessier (A. M. D.).
Tetzen-Lund (M. et Mme).
Thibault (Mme Geneviève).
Thiis (Jens).
Thiroux (Albert).
Thouret (Antony).
Tissot-Mati (Mme Madeleine).
Tormo y Monzo (Elias).
Torrents (J. Mano).
Torres-Balbas (Leopold).
Tournier (Henri).
Tremblot (J.-C).
21 —
Trocmé (M11*).
Troubnikoff (Alexandre).
Tuleu (M. et Mm» Charles).
Urseau (Chanoine Ch.).
Vaillant (M118 Henriette).
Van Bastelaer (R.).
Van Bellingen (C).
Van de Castyne (Mme Oda).
Van den Bergh (Mlle).
Van den Borren (Ch.).
Van denBruggen (Mme Marie).
Van der Heyden (Mlle J.).
Vandervelde (Mme).
Van Diggelen (M. B. P. G.
et Mlle).
Van Langendonck (T.).
Van Notten (M. et Mme Mar-
tinus).
Van Œst.
Van Overloop (Eugène).
Van de Putte.
Van Puyvelde.
Van Regteren Altena (Johan-
Quiyn).
Vassitch (M.).
Vegue y Goldini (Angel).
Velasquez Bosco (Ricardo).
Venturi (Adolfo).
Venturi (Lionello).
Verfurgt (G.-J.).
Vermeylen (Auguste).
Verrier (Jean).
Vinck (Baron C. de).
Visart de Bocarme (Fernand).
Vitry (Paul).
Vreede (M. et Mmo F.).
Vulliamy (M. et Mme Edward).
Vulliamy (Justin).
Waef (M"«« C. et Th. M. de).
Wael (M118 Augusta de).
Waldes (H.).
VValter (Jos.).
Walter-Halvorsen.
Waterhouse (Paul).
Weert (Mme Anna de).
Wege (Robert).
Weill (David).
Welby (M118 Frances A.).
Wengstrom (Gumar).
Whealer (Mila Jamet).
White (M. et Mme Fred.-A.).
Whitworth-Wallis.
WlLDENSTEIN (M. et Mm»
Georges).
Winser (M1'8 Béatrice).
Witt (Robert C).
Wotouenne (M. et Mme Henri).
Wrangel (E.).
Wiede (Baron H.).
Wuest (M»«« Esther et Irène).
Yen (R.-C).
Zeuthen (L.).
COMPTE-RENDU DU CONGRÈS
Le Congrès d'Histoire de l'Art, organisé sur l'initia-
tive de la Société de l'Histoire de l'Art français et sous
le patronage du Conseil de l'Université de Paris, s'est
tenu à Paris du 26 septembre au 5 octobre 192 1.
Le programme des travaux du Congrès, répartis en
quatre sections, était le suivant :
ire Section : Enseignement, Muséographie. —
Questions de méthode. — Enseignement de l'histoire
de l'art dans les différents pays. — Entretien et res-
tauration des œuvres d'art. — Echanges internatio-
naux, à titre de dépôt, entre musées. — Recueils
bibliographiques, répertoires, catalogues d'expositions.
— Photographie des œuvres d'art.
2e Section : Art occidental. — Architecture, pein-
ture, sculpture, gravure, arts décoratifs. En particu-
lier, rapports entre l'art français et l'art des différents
pays.
3e Section : Arts de l'Orient et de V Extrême-Orient.
4e Section : Histoire de la Musique. — Histoire de
la musique en général. En particulier, rapport entre
les différentes écoles nationales et l'école française. —
Edition et réédition de textes musicaux. — Bibliogra-
phie, iconographie.
Dans la séance préparatoire du lundi matin 26 sep
tembre, le Bureau international du Congrès a été cons-
titué de la façon suivante :
I" section
Président : M. FIERENS GEVAERT (Belgique).
Vice-présidents : MM. CAPART (Belgique), DE BERUETE (Es-
pagne) ;"Miss ABBOT (Etats-Unis), MM. BALDWIN BROWN
— 23 —
(Grande-Bretagne), le comte GAMBA (Italie), GROSVALD
(Lettonie), PETKOVIC (Serbie), WRANGEL (Suède), BOVY
(Suisse) ;
MM. G. BRIÈRE, GRAILLOT, J. GUIFFREY, A. JOUBIN,
H. LAPAUZE, Th. REINACH (France).
Secrétaire général : M. René JEAN.
Secrétaires : MM. LAES (Belgique), ARMSTRONG (Grande-Bre-
tagne), VAN NOTTEN (Pays-Bas), BLONDEL (Suisse),
MM. ALAZARD, BROCHE, GIRAUD-MANGIN (France).
2e SECTION (Sous-Section A)
Président : M. le prof Adolfo VENTURI (Italie).
Vice-présidents : M. IVANOF (Bulgarie) ; Miss Cecilia BEAUX
(Etats-Unis) ; MM. THIIS (Norvège), SIX (Pays-Bas), DE FI-
GUEIREDO (Portugal), JORGA (Roumanie), PO POVIC (Royau-
me des Serbes, Croates et Slovènes), BAUD-BOVY (Suisse).
MM. FOCILLON, MARQUET DE VASSELOT, NODET, RO-
CHEBLAVE, VITRY (France),
Secrétaire général : M. Louis HAUTECŒUR.
Secrétaires : MM. BAUTIER (Belgique), FOL (Espagne), MAC-
LAGAN (Grande-Bretagne), SHETELIG (Norvège), BARERA
(Portugal), TROUBNIKOFF (Russie),
MM. BANCHEREAU, J. CORDEY, LE CACHEUX, ROBI-
QUET (France).
c" SECTION (Sous-Section B)
Président : Sir Ch. HERCULES RE AD (Grande-Bretagne).
Vice-présidents : MM. GLUCK (Autriche), Karl MADSEN (Dane-
mark), PUIG I CADAFALCH (Espagne), WATERHAUS
(Grande-Bretagne), TOESCA (Italie), KEMP (G.-D. de Luxem,
bourg), Harry FETT (Norvège), GANZ (Suisse), Karel CHYTIL
(République Tchéco-Slovaque),
MM. l'abbé CHARTRAIRE, Henry MARTIN, DE NOLHAC-
PÉRATÉ, le chanoine URSEAU, P. VITRY (France).
Secrétaire général : M. Marcel AUBERT.
Secrétaires : M»8 DEVIGNE (Belgique), MM. BALBAS (Espagne),
BERTINI CALOSSO, MORPURGO (Italie), ROMDAHL
(Suède),
MM. BOINET, Ed. MICHEL (France).
2e SECTION (Sous-Section C)
Président : M. BREDIUS (Pays-Bas).
Vice-présidents : MM. Martin NOËL (République Argentine), MA-
COIR (Belgique), DE FONTENAY (Colombie), Morris GRAY
(Etats-Unis), LANGFORS (Finlande), Sir Reginald BLOM-
FIELD (Grande-Bretagne), GIOVANNONI (Italie), le comte
MYCIELSKI (Pologne), VASSITCH (Royaume des Serbes,
— 24 —
Croates et Slovènes, ZEMP (Suisse). M»» LEFRANCOIS-
PILLION ; MM. ENLART, SCHNEIDER (France).
Secrétaire général : M. Jean LARAN (France).
Secrétaires : MM. ARMSTRONG (Grande-Bretagne), MORASSI
(Italie), DOS SANTOS (Portugal).
MM. HAUG, RÉAU (France).
3e SECTION
Président : M. José LAZARO (Espagne).
Vice-présidents : MM. LOU KAO (Chine), ALI-BAGHAT (Egypte),
R. HARMAN BOOTH (Etats-Unis), ROORDA (Hollande),
SEIICHI TAKI (Japon), DE LA NÉZIÈRE (Maroc), ROOS-
VAL (Suède), HALIL BEY (Turquie).
MM. BRÉHIER, Ch. DIEHL, MARÇAIS, MIGEON (France).
Secrétaire général : M. P.-A. LEMOISNE. (France).
Secrétaires : MM. LI SHOU-HOUA (Chine), R. C. YEN (Chine), DE
ARTINANO (Espagne), BINYON (Grande-Bretagne), DE
LOUKOMSKY (Russie).
M. DE LOREY (France).
4e SECTION
Président : M. Karl NEF (Suisse).
Vice-présidents: MM. BURLINGAME-HILL (Etats-Unis), FULLER-
MAITLAND (Grande-Bretagne), BOGHEN (Italie), SCHEUR-
LEER (Pavs-Bas), VIANNA DA MOTTA (Portugal).
MM. A. GASTOUÉ, ANDRÉ PIRRO, H. PRUNIÈRES
(France).
Secrétaire général : M. Marc PINCHERLE.
Secrétaires : MM. DE FREITAS-BRANCO (Portugal), A. CŒUROY
(France).
LUNDI 26 SEPTEMBRE
SÉANCE D'INAUGURATION
La séance d'inauguration du Congrès s'est tenue, à
15 heures dans l'amphithéâtre Richelieu de la Sor-
bonne, sous la présidence de M. Paul Léon, direc-
teur des Beaux-Arts, remplaçant M. Léon Bérard,
ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts,
empêché. Plus de cinq cents délégués de France et
de l'étranger assistaient à cette séance :
Les discours suivants ont été prononcés :
Discours de M. Paul Léon
Directeur des Beaux-Arts
Le Ministre de l'Instruction Publique, retenu par
d'autres devoirs, m'a chargé de vous présenter ses
excuses et ses souhaits de bienvenue. C'est un grand
honneur qui m'échoit de vous saluer en son nom, en
vous remerciant d'avoir bien voulu répondre à l'appel
que vous adressait la Société de l'Histoire de l'Art
Français. Votre nombre imposant, la diversité de vos
origines nationales, la longue liste des travaux sou-
mis à vos délibérations attestent mieux que tout dis-
cours l'importance de l'histoire de l'art dans les pays
de l'Europe, de l'Orient et du Nouveau Monde. Ses
assises paraissent aujourd'hui aussi solidement fon-
dées que celles des sciences les plus anciennes. Et pour-
tant, on peut douter qu'elle ait droit aux honneurs
du centenaire, si l'on voit en elle une branche des
sciences historiques modernes qui s'est détachée lente-
ment au cours du xixe siècle de l'arbre qui la portait
— 26 —
Le jour où l'histoire a cessé, selon la forte parole
d'Augustin Thierry, « de suivre la fortune des princes
pour s'attacher à la destinée des hommes qui vécurent
et souffrirent comme nous », ce jour-là, la connaissance
des documents figurés est devenue indispensable à
toute étude rationnelle des siècles et des sociétés
passés. Nul ordre de recherche ne permet un contact
plus immédiat avec l'âme d'une race et l'intimité de
sa vie. L'art n'apporte pas seulement le témoignage
exceptionnel du chef-d'œuvre, il demeure, à travers
les productions infinies des métiers et des artisans, le
clair et fidèle miroir des civilisations éteintes. Ce sont
là des documents directs, permanents, sensibles,
affranchis du doute qui s'attache à la véracité des
écrits. Dans ce perpétuel interrogatoire qu'est la
recherche historique, quelle est la pièce à conviction ?
La geste de Philippe-Auguste ou la robe de pierre de
Notre-Dame, la chronique de Charles V ou la statue
des Célestins, les mémoires d'un Saint-Simon ou le
médaillon de cire à la tête du lit royal ? C'est la vision
des monuments qui révèle à Michelet sa conception de
l'histoire, alors que, « errant sous les voûtes des Augus-
tins.de salle en salle et d'âge en âge», il croit voir s'éveil-
ler « ces pesants dormeurs de marbre étendus sur leurs
tombeaux ». Par la voix de Victor Hugo, l'Ecole roman-
tique proclame que l'architecture est le grand livre où
toute pensée humaine a sa page. En même temps que
s'ouvre l'Ecole des Chartes, les galeries du Louvre
accueillent la sculpture du Moyen âge. En prescrivant
la publication des « Documents inédits », Guizot or-
donne l'inventaire général des monuments. L'histoire
de l'art devient, au même titre que l'histoire elle-même,
une institution nationale.
Tandis qu'elle apporte à l'étude du passé un con-
cours qui désormais apparaît indispensable, elle subit,
— 27 —
à son tour, dans la recherche de ses fins propres, l'in-
fluence des méthodes historiques nouvelles, largement
inspirées elles-mêmes de l'étude des êtres vivants.
Les formules du dogmatisme esthétique tombent en
désuétude. Le Beau devient une donnée relative.
L'œuvre d'art s'explique par le milieu et le moment,
comme un mot obscur s'éclaire par le texte qui l'en-
toure. L'architecture des châteaux-forts s'étudie à
travers l'organisation de la chevalerie féodale, celle
de nos grandes abbayes a sa source dans la connais-
sance des cartulaires. De mêm^, l'œuvre de Poussin
s'apparente à la tragédie classique et l'Embarquement
pour Cythère n'est que la transposition sur la toile d'un
marivaudage villageois. Taine professe que « l'état
de l'esprit et des mœurs d'un temps demeure la cause
primitive et l'explication dernière des œuvres d'art » et
son déterminisme historique n'hésite pas à les ranger
par familles, « comme les animaux d'un muséum ou
les plantes dans un herbier. »
Un demi-siècle a passé. Si l'histoire de l'art a pris
conscience d'elle-même sous la vivi fiante influence des
sciences historiques modernes, elle a su d'autre part
s'affranchir de leur tutelle, délimiter son domaine,
créer ses instruments de recherche. L'utilisation des
documents qu'elle met en œuvre soulève des questions
nouvelles et singulièrement délicates. Un édifice ne
se conserve pas comme un manuscrit ou comme un
livre qu'il suffit de numéroter sur les planches d'une
bibliothèque. L'entretien des monuments et des
œuvres d'art a nécessité dans tout pays une législation
protectrice ; leur restauration, leur étude analytique
posent de multiples problèmes à la sagacité des archi-
tectes, des archéologues, des muséographes. Un ensei-
gnement s'est créé, déjà riche en résultats, plus riche
encore en promesses.
— 28 —
En même temps que s'étendaient les moyens d'in-
vestigation, un changement profond s'opérait dans les
méthodes générales. Le document d'archives n'était
plus qu'un élément accessoire, le véritable objet d'étude
devenait l'œuvre d'art elle-même, envisagée dans sa
technique spéciale, son sens intime, sa vie propre.
Si la cathédrale s'explique historiquement par l'élan
religieux d'un peuple ou par son aspiration vers les
libertés politiques, c'est pourtant de la solution d'un
problème de maçonnerie qu'est sortie la magnifique
floraison de l'art gothique et son expansion dans le
monde. L'historien d'art apprend à déchiffrer sa propre
langue non plus sur le parchemin, mais sur la toile ou
le marbre, à lire des formes et des lignes, comme on
lit des lettres ou des monogrammes. A l'interprétation
des témoignages succède l'observation directe. Dès
lors se multiplient ces enquêtes méthodiques, ces mo-
nographies critiques, ces revues spécialisées, ces grou-
pements d'études locales, dont vous avez défini,
Monsieur le Président, tout l'effort et tout l'idéal, en
inscrivant au fronton de votre magistrale histoire de
l'art, cette maxime toujours actuelle depuis Fustel
de Coulanges « une vie d'analyse pour une heure de
synthèse. »
Votre enseignement a formé une génération d'érudits
initiés à la technique et à la pensée des maîtres. Ils
sont bien loin de nous ces écrivains d'autrefois « réci-
tateurs et déclamât eurs pompeux parés des travaux
d'autrui » dont Léonard de Vinci réprouvait les usur-
pations indiscrètes et sur lesquels, en son temps,
Gœthe émettait cet aphorisme : « L'art est là pour
qu'on le voie et non pas pour qu'on en parle ». Et tan-
dis que, unis dans un même labeur, les savants de
chaque pays appliquent leur pénétrante analyse à
définir le caractère individuel et original des œu vres
— 29 —
le rapprochement même de leurs travaux ouvre un
nouvel horizon. Les grandes synthèses, nées d'abord
de l'intuition qui éclaire les précurseurs et inspire les
découvertes, se précisent et se confirment. Des rapports
insoupçonnés se révèlent entre de lointains pays. On
peut suivre désormais ces grands courants d'art mon-
dial, dont Courajod, dans ses leçons, essayait de tra-
cer la carte et qui « portent leurs effluves et leurs
haleines attiédies, sans savoir quels peuples habitent
les rivages qu'ils vont baigner. » L'illustre historien
verrait dans votre Congrès la claire manifestation du
caractère international de l'art qu'il revendiquait
l'honneur d'avoir, le premier, enseigné. Les rapports
qui vous sont présentés témoignent d'un fréquent
échange d'idées et d'ceuvres entre des pays éloignés
que l'on eût pu croire sans lien.
Beaucoup d'entre vous, Messieurs, ont bien voulu
mettre en lumière la diffusion de l'art français aux
différentes époques de l'histoire. Si nous sommes
fiers de cet hommage rendu à notre pays, croyez bien
que nous n'en tirons aucun orgueil national. Nous ne
prétendons pas qu'on nous admire, encore moins qu'on
nous imite, nous souhaitons que l'on nous connaisse
avant que de nous juger. Demain, nous vous ouvri-
rons nos musées, nos palais, nos cathédrales et les plus
riches collections de nos grands amateurs d'art. Nous
vous convierons au pieux pèlerinage de Reims, sanc-
tuaire deux fois sacré par le martyre et par la gloire.
Aujourd'hui, nous avons voulu vous accueillir tout
d'abord dans cette antique Sorbonne qui enseigna,
dans le passé, aux nations groupées autour d'elle, la
somme du savoir humain et sur les murs de laquelle
le génie d'un grand artiste évoque, en traits immortels,
la solidarité spirituelle des siècles.
— 30 —
Discours de M. Fierens-Gevaert
Président de la délégation belge
D'anciennes relations d'amitié avec les organisa-
teurs du présent Congrès m'ont valu d'office l'honneur
de présider la délégation belge ; elles me réservaient la
faveur plus lourde encore de prendre ici la parole. Sans
doute, y a-t-il quelque indiscrétion à me targuer des
vieux liens d'affection qui m'attachent à MM. André
Michel et Raymond Kcechlin ; mais mon excuse à
dire quelques mots est toute dans cette circonstance
heureuse et j'accomplis un devoir de gratitude en évo-
quant ce souvenir personnel. Les vieux Flamands ont
pu, eux aussi, se réclamer sans cesse de la bienveil-
lance, de l'appui, du génie accueillant de la France,
depuis les imagiers et enlumineurs du xive siècle que
se disputaient les grands princes français, jusqu'au
peintre des élégances féminines du Second Empire,
Alfred Stevens, en passant par Rubens, décorateur
du Luxembourg, Philippe de Champaigne, peintre de
Port Royal, Van der Meulen, historiographe de
Louis XIV, sans omettre les musiciens Grétry, César
Franck. Ce n'est pas seulement l'imparfaite expression
de ma reconnaissance qui s'élève ; c'est la voix des
siècles affirmant qu'entre la Belgique et la France
l'accord artistique toujours divulgue l'harmonie des
cœurs, c'est le cri enthousiaste des artistes contempo-
rains de Flandre et de Wallonie saluant l'universalité de
la beauté française.
Quelle dette aussi nos écrivains d'art n'ont-ils pas
contractée à l'égard des historiens, des critiques et des
archéologues français ? Qui d'ailleurs parmi nous a pu
se soustraire aux enseignements des Mérimée, des
Fromentin, des Taine, des Guyau, des Laborde, des
Léopold Delisle, des Courajod ? Le prestige de ces
— 3i —
maîtres ne s'est pas seulement imposé à laBelgique, aux
pays latins et anglo-saxons. Personne n'a jamais cru
sérieusement, je pense, que la science germanique avait
le monopole des bonnes méthodes et de l'investigation
scrupuleuse. Le bouillant Henri Bouchot lui-même
n'était-il pas renseigné à merveille sur les richesses de
son Cabinet des Estampes ? Et quand je veux me
représenter le type même du bibliothécaire, en ma
mémoire surgit aussitôt, le chef couvert d'une insé-
parable calotte noire, debout derrière le grand pupitre
de la bibliothèque des Beaux- Arts, la personne menue,
obligeante et fureteuse d'Eugène Muntz.
En dépouillant l'érudition de sa beauté humaine on
a failli la réduire à une sorte de gymnastique abstraite
plus dangereuse qu'on ne croit pour l'activité spiri-
tuelle. Un grand maître français a dénoncé hardiment
le péril, et c'est avec un respect spécial que je prononce
ici le nom de Courajod dont l'euphonie parlante s'adap-
tait si bien à celui qui le portait. Il disait : « Le pédan-
tisme et l'archéologie quand elle est doctrinale et non
purement historique, voilà en matière d'art les pires
ennemis ». — Et encore : « Il est temps que l'histoire
de l'art soit écrite pour les artistes et par les artistes
et non pour le grand public par des collectionneurs de
bouts de papier. » Il nous indiquait dès lors la voie.
Raconter la vie des maîtres, les circonstances des com-
mandes, décrire les sujets, discuter les détails de l'ico-
nographie, c'est bien ; mais la véritable tâche consiste
à analyser le contenu de l'œuvre, à comparer son style
à celui des précurseurs, des contemporains, des épi-
gones, à discerner l'originalité des créateurs, et, par
voie de conséquence, à déterminer le style particulier
des époques et des genres, à en surprendre les raisons,
à en noter les variations de la naissance à la mort. Les
problèmes essentiels de la critique englobent l'étude
— 32 —
du génie individuel, des tendances collectives et de leur
incessant rapport. Ainsi se révèle l'âme des maîtres
et des siècles. Il n'y a point de tâche plus passion-
nante ; peut-être n'y en a-t-il pas qui exige un tel
don de soi.
La science est le moyen qu'il faut sans cesse perfec-
tionner ; le but est de célébrer la grandeur humaine.
Plus que jamais la critique française se réclame de ces
grandes traditions de l'humanisme. Citons en exemple
André Michel et ses collaborateurs de l'Histoire de
l'Art. L'initiative de ce Congrès revenait par décret
providentiel à ces grands interprètes des méthodes
latines. Après les ténèbres d'un long cataclysme, la
grandeur de leur tâche apparaît en pleine clarté. Ils
ont élevé un monument que ne pourraient égaler ni
détruire ceux qui détruisent si bien les cathédrales.
André Michel et ses disciples ont honoré la science,
l'art et la vie ; ils nous honorent aujourd'hui en nous
appelant à partager leurs travaux. Nous les remercions
en modeste porte-parole d'un petit pays, mais d'un
pays qui se sent puissamment grandi par l'affection
inaltérable de la France ; et, saluant ici, au nom de ses
compatriotes et en mémoire des maîtres d'autrefois,
les illustres représentants de la science et de la pensée
françaises, le président de la délégation belge salue avec
vénération leur patrie tout entière, l'immortelle France.
Discours de M. Karl Madsen
Président de la délégation danoise
Comme président de la section danoise du Congrès, je
dois présenter les hommages de mes compatriotes et
vous faire part de l'admiration sincère du Danois
pour l'art et l'esprit français. Et non seulement cela,
mais aussi je dois vous dire que nous garderons tou.
— 33 —
jours une reconnaissance profonde à la France. Soyez
assurés, que nous n'oublierons jamais que c'est grâce à
la France et à ses Alliés que notre patrie, maintenant
agrandie, a retrouvé sa confiance dans l'avenir. C'est
une grande joie pour moi de me trouver aujourd'hui
parmi vous et de pouvoir vous apporter ces paroles du
Danemark.
Discours de miss Cecilia Beaux
Présidente de la délégation des Etats-Unis
We have no national art in America, we are too
young ; but we have been nourished on the great
harvests of Italy, Spain, the Netherlands, England,
the vast inheritances of Egypt and Greece, and
we have a right to expect our strength to grow.
But it is to France that we turn for guidance, and
the fountain, for ever fresh, of Inspiration and Sti-
mulus, of the just word — la mesure — ; and for the
real profundity of her restraint we love more her
than for her smiling grâce.
Above ail we look to France for critici-m — to
France who never is decried — who is without préju-
dice, whose criticism opens freely the doors of the
Future, but never forgets the Past or History :
we cannot do without her,
we cannot keep away.
I can wish nothing better for the future of art in
America than to follow the ideals of France : the
patience in labour, the désire for perfection, and
the belief that no sacrifice is too great for the sake
of beauty and art.
Although I am an artist, and do not represent any
Muséum, or other institutions in America, it falls to
my lot to have the honor of speaking for my country,
3
— 34 —
in congratulating the membei:> of this congress on
the great privilège we are to enjoy in meeting hère —
in Paris, Paris the Suprême, in the présence of
France, La Semeuse ; and I am any proud to hâve
the opportunity of expressing hère, in this Temple,
a little of what the artists of America owe to France.
Discours de Sir Hercules Read
Président de la délégation de Grande-Bretagne
Mesdames,
Monsieur le Président,
Messieurs,
Je suis très sensible à l'honneur qui m'a été fait en
me nommant président de la section anglaise de ce
Congrès.
Quoique les événements m'aient empêché, ces der
nières années, de visiter la France, j'ai tâché de main-
tenir les relations fraternelles de ma jeunesse avec tous
mes amis et collègues français. Mais l'amitié se sent
maigrement servie par la poste. Elle demande à chaque
instant à se ressaisir, dans le serrement de mains qui
évoque le souvenir d'autres temps, au hasard apparent
des rappels et des allusions qui font naître à demi-mot
les confidences et les ententes nouvelles. Pour éviter,
autant que les oublis, les malentendus, il ne faut pas
trop longtemps se quitter. Le proverbe attribue
grande vertu aux petits cadeaux ; mais ce sont surtout
des entretiens qu'il faut ménager à l'amitié.
On peut y pourvoir sans doute de diverses façons ;
mais rien ne vaut, il me semble, l'invitation adressée
à tous ceux qui ont les mêmes idées et les mêmes
goûts, à se réunir — comme nous le sommes — pour
la mise en commun des idées et la discussion loyale des
points de vue.
— 35 —
Pour ce qui est de nous autres, Anglais, je sais que
nous ressentions, ces dernières années, comme une
fringale et une soif de tels entretiens, en dehors des
grandes préoccupations publiques et des soucis de la
vie matérielle. Nous avons bien tâché, chez nous, non
sans quelque succès, de continuer le cours de nos publi-
cations artistiques, et, en même temps, de nous tenir
au courant de ce qui se faisait pareillement ailleurs ;
mais l'intimité des relations habituelles avec les col-
lègues et les collaborateurs d'outre-mer nous manquait
par trop, et il était impossible de la rétablir, pour le
moment.
Aujourd'hui que notre vieux monde se reprend à
tourner normalement dans l'espace, la France, la pre-
mière, a eu la bonne pensée de nous convier à ce Con-
grès de l'Histoire de l'Art. Je suis, pour ma part, fier
d'y avoir été invité, et tous mes compatriotes se ré-
jouissent, on ne peut plus, d'y assister. Puissent nos
efforts et nos travaux unis tendre au bien commun
du monde entier !
J'ai dit combien, au cours et au lendemain de la
grande crise que vient d'essuyer l'humanité, les âmes
se sentaient en peine de délassement. Ne fût-ce que
pour cette seule raison, votre moment eût été bien
choisi. Mais il était une autre raison encore, de re-
prendre l'examen des questions d'art et d'en continuer
l'histoire. Je suis assez vieux pour avoir connu et
pour bien me rappeler l'art du Second Empire,
dont l'expression équivalente fut notre art « Victorian ».
Nos musées de province en sont remplis, et nos gale-
ries nationales en contiennent maint exemple familier ;
il n'est point besoin d'en retracer les traits caractéris-
tiques ; nous les connaissons bien. Il est certain que,
pendant toute une génération, le monde intelligent et
artistique s'en contenta chez nous, en dehors d'un
- 36-
petit groupe de grands esprits qui constituaient l'école
préraphaélite, école à laquelle l'art de nos jours doit
beaucoup, n'en déplaise au grand changement sur-
venu, ces dernières années, dans ce que l'on pourrait
appeler la mode du goût.
C'est justement ce changement, ce nouvel évangile
d'art que nous prêche la jeunesse du xxe siècle, qui peut
donner à penser au Congrès auquel j'ai l'honneur de
m'adresser. Que signifie cette évolution du goût ?
Faut-il y collaborer, en y voyant un développement
naturel du génie de l'art pressenti par une nouvelle
génération d'artistes ? Saurait-on n'y voir qu'une
révolte de réclame et la poursuite effrénée de vedettes
rêvées ?
La vérité habite presque toujours les justes milieux.
Il y a sans doute dans le mouvement moderniste,
comme en presque toutes choses, du bon à prendre et
du mauvais à laisser, des artistes convaincus à côté
d'individus qui ne sont ni l'un ni l'autre. Une révolution
vécue ressemble rarement à la révolution mise au
point de l'histoire, et le jugement qu'il faudrait por-
ter sur le présent, sera bien autrement facile à rédiger
dans cinquante ans.
En attendant, qu'il nous soit permis d'espérer que
la jeunesse enthousiaste qui nous a rejoints et qui semble
parfois portée à prendre l'avenir sur elle, voudra bien
parcourir les mémoires adressés à notre Congrès et
en suivre les discussions.
L'art, pas plus que la politique, ne peut se passer de
l'enseignement de l'expérience dont l'Histoire est
l'Ecriture. Le monde n'en est pas à sa première révolte
contre les Académiciens ; et nos révolutionnaires
actuels auraient tort de méconnaître la marche que
nous vîmes suivre à leurs aînés, ou d'oublier comment
finirent bien des révoltés d'antan.
— 37 —
Il ne m'appartient pas de m'appesantir sur cette
pensée, et je dois finir sur celle qui nous domine à cette
heure, en remerciant une fois de plus nos amis fran-
çais de nous avoir réunis en ce Congrès d'Art, le pre-
mier des temps nouveaux, et dont l'exemple sera,
j'espère, suivi dans nos capitales de l'Europe.
Discours de M. le professeur A. Venturi
Président de la délégation italienne
Messieurs,
L'Italie a répondu à votre invitation avec enthou-
siasme, persuadée que la solidarité des érudits constitue
une force pour le progrès des études que nous aimons.
De même que les expositions universelles font con-
naître aux artistes les nouveaux courants de la pensée
et les tendances nouvelles de la conception et de la
technique, ainsi les congrès rassemblent dans une
unité les recherches générales, ils en élargissent la
base en réalisant l'unité des esprits. Dans cette pensée
et pour le bien des études consacrées à l'art, fleur de
l'humanité, je forme le vœu que les cœurs trouvent
dans ce Congrès un aiguillon qui les transporte et les
magnifie.
Comme président du dernier Congrès international
d'Histoire de l'Art à Rome, après lequel ces réunions
furent interrompues, je forme le vœu qu'elles repren-
nent leur cours régulier dans les conditions les plus
favorables pour l'avancement de la science et du goût,
et que rien n'en trouble plus le cours pacifique et
fécond.
Discours de M. Kemp
Président de la délégation luxembourgeoise
Messieurs,
J'ai l'honneur de remercier messieurs les membres
du Comité d'organisation du présent Congrès d'His-
-38-
toire de l'Art d'y avoir invité le Luxembourg et de lui
avoir permis ainsi de venir se retremper, une fois de
plus, aux sources si pures de l'Art français.
D'une première culture gauloise, fait admis carré-
ment, de par ses monuments gallo-romains, par le
docte conservateur du musée de Nîmes, l'érudit com-
mandant Espérandieu, et prouvé, corroboré de plus
en plus par la découverte toujours grandissante de
statuettes, reliefs et autres souvenirs de déesses et de
dieux gaulois, où, à côté d'Epone qui tient le premier
rang, figure aussi « Veraudunus » le dieu titulaire de
«Verdun la Glorieuse», le Luxembourg, devenu comté
après sa séparation de la « Lotharingie », a vu, à la
fin du Xe siècle, orienter sa culture définitive par les
moines de Saint-Vaune-de- Verdun, qui, à la demande
de ses comtes de même souche que ceux de Verdun,
élevèrent le noyau de la Ville de Luxembourg, c'est-
à-dire son château-citadelle, son abbaye et sa première
enceinte.
Malheureusement, comme à Verdun même, toutes les
œuvres dont Luxembourg venait ainsi de se voir doter
par l'art français roman, ont dû céder à des raisons
de défense ; à peine en subsiste-t-il des traces dans les
ruines de Vianden — Vienne-en-Ardenne — et c'est
probablement leur âme française, qui les a tant fait
chérir de Victor Hugo exilé.
Ainsi gauloise dans son origine, puis lorraine,
l'union culturelle du Luxembourg et de la France fut
scellée à tout jjamais par le prince chanté par Dante,
par Henri VII, dont on restitue précisément ces jours-
ci les restes mortels dans son mausolée restauré en la
cathédrale de Pise, et surtout par son fils Jean de
Luxembourg, roi de Bohême, mort pour la France à
Crécy, qui firent d'elle définitivement notre initiatrice
décisive. Dès lors, le Luxembourg n'imposait pas seule-
ment à ses artisans le tour de France, à ses intellectuels
la visite des universités et écoles françaises, mais, pris
corps et âme, il n'a jamais ménagé ni ses preux, ni ses
chevaliers, ni ses grognards, ni ses poilus quand il
s'agissait de défendre, avec le sol et la grandeur de
France, le principe même de la Liberté.
Continuant ainsi à vivre à travers les siècles, non
pas à l'ombre, mais dans la radiation lumineuse de la
France, le Luxembourg, ne cessant de se souvenir
des liens indestructibles du passé, forme les meilleurs
vœux pour que la France, glorieuse, victorieuse dans
l'art de guerre, soit, de jour en jour, plus prospère et
plus grande dans les arts de la Paix.
Puisse un prochain jour voir la reconstitution de
cette « Gallia omnis » de César, où le Luxembourg
pourra, plus étroitement lié à sa grande sœur « La
France », travailler, sous son égide, modestement mais
de son mieux, au relèvement, au rayonnement et à
l'épanouissement de tous ces arts de la paix où la
France n'a cessé de briller en premier lieu, l'Union qui
fait la Force maintenant parmi les peuples, grands et
petits, l'Egalité, la Fraternité et la Liberté.
Discours de M. de Figueiredo
Président de la délégation portugaise
Mesdames, Messieurs,
C'est avec autant de fierté que de reconnaissance,
que, dans deux de nos communications, nous appor-
tons, ici, à la France un des plus grands hommages
qu'un pays puisse apporter à un autre — celui du
témoignage de l'irradiation de son merveilleux génie
artistique ailleurs.
Ayant donné des mondes nouveaux au monde, la
richesse qui nous est revenue, n'a pas uniquement
— 40 —
servi aux plaisirs brutaux ou légers, vite éclos et passés.
L'or des Indes, l'argent et les diamants du Brésil
ont été, au contraire, si supérieurement utilisés que,
mhne sans l'existence de nos grands peintres lusita-
niens des XVe et xvie siècles, dignes émules des
maîtres les plus célèbres, le Portugal aurait déjà droit
à l'intérêt et à la reconnaissance de nous tous, ayant
accueilli et protégé des artistes tels que Jean de Rouen
et Nicolas Chartranais, et profité de la science d'un
homme de l'exceptionnelle stature de Pierre- Jean
Mariette.
Certes, seulement ce qui se rapporte au fameux au-
teur de YAbecedario sera nouveau pour vous. Après
d'autres, mon éminent et regretté ami Bertaux à
la mémoire duquel tous les Portugais rendent le plus
grand hommage, a déjà parlé de vos sculpteurs de la
Renaissance qui ont travaillé chez nous. Mais tout cela
était encore vague et imprécis ; et ce n'est que mainte-
nant, grâce à de récents travaux d'érudits portugais,
qu'on peut commencer à juger toute l'importance de
cet admirable apport français. Vrai épanouissement
de votre génie déjà affirmé chez nous, d'ailleurs, dès
les premiers siècles de notre existence, l'œuvre de Jean
de Rouen, de Nicolas Chartranais et de Maître Edouard
se précise maintenant avec toutes vos qualités, enri-
chissant nos églises et cathédrales de l'époque, d'images
qui, réalisées en pleine Renaissance, gardent cependant
encore un peu de cette grâce simple, hiératique et
spirituelle qu'ont, pour toujours, immortalisée vos
incomparables tailleurs de pierre du moyen âge.
Discours de M. Jorga
Président de la délégation roumaine
J'apporte les salutations de la présidente d'honneur
du comité roumain, notre Reine. Sa Majesté, membre
— 41 —
d'honneur de l'Institut de France à la section des
Beaux-Arts, a toujours hautement apprécié la valeur
de l'art populaire roumain et de cet art religieux qui
s'y rattache sous des rapports essentiels. Cet art,
dans lequel se mélange harmonieusement le fonds
byzantin avec les influences occidentales, est un titre
de gloire pour notre nation. C'est notre devoir de cher-
cher à lui fixer sa place dans l'histoire de l'art univer-
sel. La participation de la Roumanie à ce Congrès où
les nations présentent leurs titres, dans ce noble
domaine, au développement de la civilisation générale,
n'a pas d'autre explication. La Roumanie vient recon-
naître toutes ses dettes dans l'art et présenter son
modeste droit.
Je ne finirai pas cependant sans remplir un devoir
de profonde reconnaissance envers l'art français qui,
dès le xive siècle, donnait un prestige de beauté à la
principauté de Valachie naissante et qui, quelques
dizaines d'années avant le moment où la France allait
fournir un puissant appui à l'armée roumaine combat-
tant pour l'unité politique de la race, créait, en dehors
de tout ce que nous devons à ce noble pays dans la
nouvelle sculpture et architecture, par Oman, sous le
second Empire, par l'interprète de la beauté de la
campagne roumaine, notre grand Grigorescu, contem-
porain de Corot et de Millet, un peu plus tard, la nou-
velle école de peintres dont s'honore la Roumanie
pour en remercier ses modèles et ses guides, les Français.
Discours de M. M. Vassitch
Président de la délégation serbe, croate et Slovène
J'ai l'honneur d'apporter au Congrès d'Histoire de
l'Art les salutations respectueuses de vos collègues
serbes-croates-slovènes et de souhaiter le meilleur suc-
cès à vos travaux.
42 —
Notre gouvernement suit avec une vive sympathie
toutes les initiatives qui sont de nature à rapprocher
les peuples sur le terrain pacifique des recherches de
la Science. Et je crois, Messieurs, qu'à ce point de vue
aussi, nous sommes de bons pionniers de la Paix.
Discours de M. Roosval
Président de la délégation suédoise
Au nom des Facultés des Lettres des quatre Univer-
sités suédoises représentées au Congrès, au nom des
principaux musées de Stockholm et de Gothembourg
ainsi que de la société suédoise d'Histoire de l'Art, dont
la direction forme le comité d'organisation suédois du
congrès, je me permets d'exprimer la sympathie la
plus vive pour l'initiative de nos confrères français,
grâce à laquelle nous nous trouvons ici.
Depuis longtemps, nous jouissons en Suède de la
faveur d'être en relations actives et suivies avec le
monde artistique et savant de la France. Dois-je
parler des Vikings suédois qui ont été appelés ici les
Normands ? Peut-être pas, puisque, surtout [au com-
mencement de leur séjour en France, les Vikings ne
se sont guère occupés d'études littéraires ni artistiques.
Toutefois, ils ont donné leur nom boréal et leur sang
vigoureux à une grande et belle province de France,
et l'âme Scandinave a bien eu sa part dans le fait glo-
rieux de l'histoire de ce pays qu'on nomme l'architec-
ture normande. Mais il faudrait plutôt penser aux nom-
breux Suédois qui ont vécu à cette Université, la véné-
rable Sorbonne, comme élèves, et quelques-uns en
qualité de professeurs, et pour lesquels la Suède entre-
tenait, vers l'an 1300, trois maisons d'habitation à
Paris. Quant à tout ce que nous ont donné, dans les
temps modernes, les arts et les^lettres'françaises, il est
— 43 —
impossible de l'indiquer en quelques mots. Je me sou-
viens à ce propos que les Danois et les Norvégiens ont
été souvent en notre compagnie dans ce centre de la
civilisation française, et leurs représentants à ce con-
grès — je n'ose dire mes compatriotes — mes « coscan-
dinaves », MM. Karl Madsen et Jens Thiis ont, d'une
façon si éloquente et si vraie, exprimé les sentiments
éprouvés par des Normands à l'égard de l'art et de
la science française, que je voudrais bien me servir
des termes mêmes qu'ils viennent d'employer — si cela
m'était mnémotechniquement possible.
Ce Congrès promet des résultats remarquables. Il
suffit, pour s'en rendre compte, d'un coup d'œil sur
la liste des communications, qui montre comment les
matériaux ont été rassemblés pendant les longues
années écoulées depuis le dernier congrès et qui té-
moigne aussi de l'organisation magistrale que nous
devons à nos hôtes français.
Le Congrès nous donnera aussi les moyens d'entrer
en relations personnelles avec des collègues d'autres
pays, avantage d'une très grande valeur pratique pour
notre science qui a besoin, comme toutes les sciences,
de collaboration internationale. On a même tout sujet
de dire franchement que ce congrès marque un premier
pas dans la voie d'une collaboration universelle. On
comprend très bien les difficultés qui s'opposent main-
tenant à la réalisation de cet idéal. Mais, grâce à la cou-
rageuse initiative et au tact parfait de nos hôtes fran-
çais, voilà pourtant le travail commun repris dans les
limites du possible. Et il est permis d'espérer que nous
verrons s'établir bientôt une collaboration vraiment
universelle dans notre belle science, qui, par sa nature
même, semble faite pour aider les nations à se com-
prendre mutuellement.
Monsieur le Directeur des Beaux-Arts, Monsieur le
— 44 —
Président du Congrès, nous tenons, nous Suédois, à
vous exprimer notre chaleureuse gratitude pour l'invi-
tation qui nous a été adressée et pour tout ce que le
Congrès nous promet.
Discours de M. Adrien Bovy
délégué par le gouvernement fédéral suisse
Messieurs,
Le Gouvernement de la Confédération helvétique
a tenu à envoyer officiellement des délégués au Con-
grès d'Histoire de l'Art de Paris. Il entend marquer
ainsi l'importance qu'il attache à ces assises interna-
tionales et à la reprise des travaux de la paix, et il a
saisi l'occasion qui lui était offerte de vous donner,
Messieurs, une nouvelle preuve de sa constante amitié-
La délégation suisse se joint modestement ici à ceux
qui, venus de toutes parts et mus par un égal amour
des recherches désintéressées, savent que les maté-
riaux de l'histoire ne peuvent être réunis que grâce à
un effort collectif et à une intime collaboration.
Plusieurs des participants suisses à ce Congrès par-
leront des rapports artistiques entre la Suisse et la
France, rapports qui ont commencé en même temps
que l'art français lui-même, et qui sont aujourd'hui
aussi étroits que jamais. Quand il s'agit de se ratta-
cher à une tradition, c'est vers cette Ecole qui se con-
tinue, sans s'affaiblir, depuis plus de dix siècles que nos
artistes se tournent, non point pour effacer en eux les
traits particuliers qu'ils doivent à leur origine, mais
pour apprendre à voir clair, à penser juste et à dire
vrai. Les peintres suisses contemporains se réclament
de ce xixe siècle français dont la grandeur apparaît
chaque jour davantage — et permettez-moi de le
rappeler ici : lorsque les circonstances ne leur ont plus
— 45 —
permis de venir chercher ces enseignements, c'est
l'art français qui est venu à eux, grâce à l'extrême
obligeance de votre gouvernement et de vos collec-
tions publiques ; je parle des admirables expositions
de Zurich, de Genève, de Bâle, qui ont laissé des sou-
venirs ineffaçables.
J'ajoute que les sciences historiques auxquelles
ce Congrès est consacré, nous donnent aussi l'occasion
de souligner ce que nous devons à la France. En pre-
nant la parole dans l'un des amphithéâtres de la Sor-
bonne, il m'est impossible de ne pas songer aux maîtres
de la pensée française dont plusieurs ont enseigné ici.
Nous leur devons de savoir que la profondeur du juge-
ment n'est pas incompatible avec la clarté, ni l'exac-
titude scientifique avec l'éloquence. Nous leur devons
de savoir que, lorsque une méthode paraît pédante
ou rébarbative, c'est le plus souvent parce qu'elle n'est
point adaptée à ses fins, qu'elle opère à vide et contre
le bon sens — que la vraie méthode au contraire est
celle qui, s'appliquant parfaitement à son objet, est
comme un geste naturel, toujours susceptible d'élé-
gance.
En fin , Messieurs , — pour par 1er plus spéci alement des
recherches qui nous rassemblent, — les maîtres fran-
çais de l'histoire de l'art et de la critique nous ont
appris que, si la science est la condition nécessaire
de tout jugement honnête et certain, il n'y a pas de
jugement qui vaille, en ces matières, sans finesse,
intuition, sensibilité, en un mot sans humanité. L'his-
toire de l'art est, de toutes les disciplines historiques,
l'une des plus délicates, parce que, comme l'histoire
littéraire, elle ne peut toucher aux faits sans toucher
à l'esprit et au sentiment. L'obligation qu'elle impose
de ne pas seulement définir et classer des choses, mais
de porter des jugements de valeur sur les œuvres et
-46-
sur les hommes, cette obligation exige, de la part de
ceux qui s'appliquent à cette étude, autant de sym-
pathie que d'érudition, autant d'art que de science.
Et ce mélange, apparemment paradoxal, c'est encore
auprès de vous que nous venons, de générations en
générations, en chercher les plus authentiques exemples.
Messieurs, les participants suisses au Congrès d'His-
toire de l'Art sont heureux de se trouver parmi vous.
Discours de M. Fr. Zakavec
Délégué de la République Tchécoslovaque.
Permettez, Mesdames et Messieurs, que je vous dise,
de la part du gouvernement de la République Tchéco-
slovaque, tous les vœux de parfaite réussite pour les
travaux du Congrès où les historiens de l'art de la
Bohême libre se mêleront pour la première fois aux
représentants des autres états libres du monde.
La date même d'aujourd'hui, un 26, peut me servir
de preuve de l'attachement très ancien de ma patrie à
la France. Vous n'ignorez pas, Mesdames et Messieurs,
que, le 26 août 1346, à la bataille de Crécy, un roi de
Bohême est mort pour la France et que son fils, celui
que l'on a depuis nommé en Bohême le Père de la
Patrie, fut, à cette même bataille, « blessé grièvement
et n'échappa qu'à grand'peine » {(maxime vulneratus
est et vix evasit). Ainsi, du sang tchèque, infusé aux
veines de Charles par sa mère, la dernière des Pré-
myslides, fut versé pour la liberté du pays qui, après
des siècles, menacé par l'invasion la plus brutale, a
pu compter parmi ses défenseurs, nos volontaires
tchécoslovaques eux-mêmes, ce que prouvent leurs
tombeaux à Ferron, à Vouziers, à Belloy, à Neuville-
Saint-Vaast, à Chattencourt, au Mort-Homme.
De tous temps, la Bohême a, par dessus le vaste
— 47 —
empire germanique, jeté, avec un amour mêlé d'envie,
ses regards vers le pays d'où venait la lumière. Déjà,
au xve siècle, un abbé cistercien, de retour en Bohême
du pays des cathédrales, insère dans sa chronique, ces
vers d'émouvante nostalgie :
O felix terra !
Est tibi, Francia,
Summa potencia,
Copia rerum,
Non violencia,
Sed sapiencia
Paxque dierum.
Dicque, Bohemia,
Mesta prohemia,
Sic mihi de te,
Quae tua gloria ?
Quae tua gaudia. ?
Et tua tempora
Sunt modo pessima1.
Ces regrets ne seront pas isolés.
Brisé par l'âge et par la maladie, le roi Charles de
Bohême, celui qui, empereur romain, voulut faire de
Prague comme un Paris de l'Europe centrale, visite,
l'année de sa mort, une dernière fois la ville de Paris
où les larmes l'inondent2.
Au xixe siècle, le poète tchèque qui s'exilait volon-
tiers en France et qui, avec Jaroslav Vrohlicky, a si
heureusement dégermanisé nos belles-lettres en les
romanisant, Jules Zeyer regarde dans sa vaste « Epo-
pée carolingienne » la France héroïque de Roland et la
France éprise d'idéal de saint Louis comme le seul
i. Petr Zitavsky, Chronique du Monastère de Zbraslav.
2. Manuscrit de la Bibl. Nationale de Paris, mss. fr. n° 2813.
_48-
modèle salutaire pour sa pauvre Bohême asser-
vie1.
Il n'y a pas longtemps, aux journées terribles de la
guerre mondiale, alors que nous tremblions tous d'en-
tendre la nouvelle fatale de la perte de Verdun, un
autre poète tchèque a introduit dans son poème —
très adroitement pour dépister la censure autrichienne
— la plus enthousiaste des glorifications des cathé-
drales de France, en y ajoutant la prière ardente, par
laquelle je me permets de terminer mon allocution2.
Et je me suis aussi épris de ce pays
et je priais Dieu de le protéger,
afin que la bénédiction céleste demeurât
toujours sur cette belle terre où des âmes sublimes
avaient fleuri faisant tant de fois parler aux pierres
le langage de beauté
que jamais parole humaine n'a exprimé ;
je priais Dieu qu'il en détournât toute ruine,
tout souffle brutal de destruction...
Maintenant que le cauchemar a disparu qui pesait
sur la France envahie et sur la Bohême opprimée, rien
ne pourra plus entraver l'action bienfaisante de la
France sur notre jeune République. Dans les beaux-
arts, cette action a toujours été des plus efficaces.
Discours de M. André Michel
Président du Congrès
Chers Collègues et Confrères,
Il reste à l'inutile président du comité d'organisation
de ce Congrès à vous souhaiter la bienvenue, à vous
i. Préface du cycle de poèmes Karolinska epopea.
2. François Taborsky, Alléluia.
— 49 —
remercier de vous être rendus si nombreux à l'appel de
la Société de l'Histoire de l'Art français et dans les
sentiments si amicaux dont vos délégués viennent de
se faire les interprètes éloquents. Leurs paroles —
à l'heure où nous sommes — nous ont touchés au plus
intim° du cœur.
Nous savions bien, en vous adressant notre appel,
que vous étiez impatients, après les années tragiques
qui ont bouleversé et ensanglanté le monde, de re-
prendre contact, de remettre en commun vos paci-
fiques travaux pour raviver en vous la confiance, la
certitude qu'en dépit de tant {de réalités décevantes
et cruelles, de destructions et d'hécatombes, l'homme
n'est pas voué aux œuvres de haine et de mort.
A certaines heures de sa douloureuse histoire, le
conflit des intérêts sans frein moral, les égoïsmes et les
appétits déchaînés, la mégalomanie de quelques fous
malfaisants imposent aux peuples menacés le devoir
de tout sacrifier à la défense du sol où les ancêtres
imprimèrent des traces séculaires de leur labeur et de
leur génie, et je pense à tous ceux de nos confrères,
de nos élèves, de nos amis, les plus chers, les meilleurs,
qui devraient être ici aujourd'hui, partis à l'appel du
tocsin en laissant sur leur table de travail la page in-
terrompue qui ne sera jamais finie ! Mais il reste
quand même que ce qui fait le prix de la vie, après
la bonté, c'est la beauté. Il est plus facile certes, et
c'est plus vite fait, de bombarder et de brûler une
cathédrale que de la construire. Mais la seule chose
qui compte au livre de l'esprit, c'est qu'elle ait été
construite, et de savoir comment.
Et puisque vous êtes de ces privilégiés qui ont choisi
la bonne part en se vouant à l'étude de ce que les
hommes dans leur passage ici-bas ont laissé de plus
bienfaisant : les œuvres d'art où s'inscrivent, de siècle
— 50 —
en siècle, leurs plus hautes pensées et leurs meilleurs
désirs (ce'qu'Albert Durer définissait d'un mot admi-
rable : le trésor mystérieux du cœur), vous êtes venus
affirmer ici par votre présence et votre témoignage —
vous tous qui êtes les gardiens, les historiens et les
exégètes des plus précieuses parties du patrimoine
commun de ^humanité, que vous n'avez pas cessé
de croire aux réalités spirituelles et morales qui furent
l'inspiration et qui restent la conclusion et la récom-
pense de tout le travail de votre vie.
Patrimoine commun, rayonnant, efficace par delà
les frontières, non seulement pour la délectation des
simples raffinés, mais pour l'ennoblissement progressif
de tous... Le domaine de vos études est aussi vaste
et varié que la géographie humaine ; mais chacun, dans
sa spécialité régionale ou nationale, peut s'y engager
avec ferveur et passion, sans avoir à redouter jamais
aucun conflit mortel. Nous y fraternisons d'abord
par la communauté de plus en plus étroite de nos mé-
thodes qui se font toujours plus précises, par les
honnêtes disciplines, lentement mais définitivement
instaurées dans l'enquête ouverte sur le passé artis-
tique de l'humanité, devenu après une trop longue
méconnaissance pédagogique, l'un des grands cha-
pitres des sciences historiques inscrit au programme de
toutes les universités.
Sans doute, la seule érudition ne saurait suffire à
un ordre de recherches où les plus délicates sug-
gestions et intuitions de la sensibilité et du senti-
ment ont aussi leur rôle initiateur et révélateur.
L'Histoire de l'Art ne s'écrit pas tout à fait du
même style que celle de la chaudronnerie. Mais elle
ne saurait plus exister ni progresser sans s'étayer sur
les méthodes positives de la recherche scientifique...
Et ces questions d'enseignement, d'organisation du
— 5i —
travail, de pédagogie et de muséographie ont pris
de nos jours une importance telle que nous avons dû
leur réserver une section spéciale dans ce Congrès.
Nous y fraternisons aussi et surtout par ce besoin,
ce don de sympathie critique qui s'émeut en nous,
dès qu'elles sont consacrées par une œuvre d'art,
devant toutes les formes et tous les modes de pen-
sée, de sentiment et d'expression plastique, même
les plus éloignés en apparence de nos propres tradi-
tions ou habitudes. C'est ici vraiment le privilège
unique et le suprême bienfait de vos études. Vouées
à l'infinie variété des manifestations du sens artis-
tique dans le temps et dans l'espace, elles ne peuvent
aboutir qu'à un accroissement de compréhension, à un
élargissement de communion humaine. Quand les
peuples opposent leurs intérêts ou leurs convoitises,
c'est un affligeant et irritant spectacle, d'où surgissent
fatalement les appels à la force brutale, les guerres
injustes détestées des mères. Mais voici le grand mi-
racle, la révélation vraiment divine de l'art : les con-
trastes, les oppositions même de races, de croyances, de
rites, d'idéal, de nature produisent des chefs-d'œuvre
différents et fraternels. Le monde est trop vaste, la
nature et la vie trop diverses pour qu'un seul homme
ou un seul peuple puissent exprimer l'infinie variété
et les multiples aspects ou possibilités de la beauté
tout entière. Que chacun, à la place où le sort l'a situé,
dise de son mieux et dans toute la sincérité de sa vision
et de son cœur, ce qu'il a ressenti, constaté, rêvé au
spectacle de la vie, et, de toutes ces voix, de tous ces
témoignages élevés de tous les points de l'horizon,
quelle que puisse être la diversité des idiomes et des
accents, c'est un hymne d'amour qui se dégagera.
Les emprunts que, de peuple à peuple, on aura pu se
faire, les leçons qu'on aura pu recevoir ou donner, ne
— 52 —
se tourneront jamais en griefs, car ce que chacun
aura apporté de son propre fonds sera un accroisse-
ment du patrimoine commun et deviendra le plus
efficace moyen de mieux se connaître et s'aimer.
C'est par les artistes et par les chefs-d'œuvre que des
congrès de la Paix, au lieu d'aboutir à de laborieux et
humiliants avortements, pourraient être des réalités
fécondes. Il ne s'agit plus ici de poudre sèche et d'épée
aiguisée, des menaces ou des abus de la force brutale
et décevante au service de l'orgueil qui marche devant
l'écrasement, comme dit l'Ecriture... Il ne s'agit même
pas de vaine admiration :
« Etre admiré n'est rien... L'affaire est d'être aimé,» a
dit Alfred de Musset, un poète que nous savions tous
par cœur au temps de ma jeunesse. Et quel meilleur
et plus sûr véhicule d'amitié que la langue de l'art !
Elle seule est vraiment universelle, non pas à la
manière des volapuks artificiels ou des espéranto com-
merciaux. Elle jaillit sur tous les points du globe,
comme un vivant organisme, des plus intimes profon-
deurs du sol et de la conscience nationale. Les natio-
nalités qui revendiquent leurs droits à l'indépen-
dance produisent d'abord les œuvres d'art de leurs
lointains ancêtres comme autant de titres et de
preuves de leur personnalité et de leur valeur morale.
Et parce qu'elles s'expriment au moyen des formes, des
couleurs et des sons, qu'elles sont architecture, sculp-
ture, peinture, hymne et harmonie, tous les yeux, toutes
les oreilles, tous les cœurs les comprennent. Et il se
trouve par surcroît que ces œuvres de l'esprit sont les
plus durables et, à travers les siècles, les plus persua-
sives. Que reste-t-il aujourd'hui des anciens conqué-
rants barbares, sinon les bijoux trouvés dans leurs
tombeaux ?
Gœthe comparait l'histoire de la civilisation à une
— 53 —
grande fugue où la voix de tous les peuples se fait
entendre tour à tour. Fugue et aussi symphonie ma-
gnifique où toutes les voix, tous les timbres de l'or-
chestre immense — dans la mesure même où ils
interviennent avec leur accent, leur couleur et leur
sonorité propres — concourent à la richesse de l'en-
semble et à la beauté totale.
C'est dans ces sentiments, dans cet espoir et cette
foi qui sont aussi les vôtres, que je vous convie, mes
chers confrères, à commencer sans plus tarder vos
travaux dans les différentes sections dont le pro-
gramme vous a été remis et que je vous renouvelle
du fond du cœur, mon remerciement pour votre pré-
sence et pour votre amitié.
La séance d'inauguration terminée, les quatre sec"
tions du Congrès se sont réunies pour commencer
leurs travaux.1
PREMIÈRE SECTION.
Présidence de M. Fierens-Gevaert, assisté de
MM. A. Bovy, G. Brière, J. Guiffrey.
L'Ecole britannique a Rome.
(Communication de M»«. A. Strong.)
MHoA.Strong montre le développement et indique
les buts de l'Ecole britannique à Rome qui, fondée en
1902, réorganisée en 1912, est ouverte aux étudiants
de tout l'Empire britannique. Les archéologues et les
1. Il n'a été rendu compte dan1; ce volume que des communica-
tions faites au Congrès par leurs auteurs ou lues en leur nom. Celles
de ces Dommunications dont les manuscrits ne nous ont pas encore
é té envoyés, n'ont pu être que très brièvement signalées.
— 54 —
artistes y cohabitent, de telle façon que le contact de
l'art vivant amène les premiers à mieux comprendre et
aimer leur temps et que l'association de l'histoire et
de la création artistique aide les architectes, les
peintres, les sculpteurs et les graveurs à sentir le prix
de la tradition et la valeur de ses apports.
*
* *
Les Musées d'Art américains; leur œuvre
d'Enseignement et la méthode particulière au
Musée d'Art de Toledo.
(Communication de M. Edward Drummond Libbey.)1
Les musées américains ont établi des rapports de
plus en plus étroits entre le peuple et eux ; l'influence
de musées tels que le Metropolitan Muséum de New-
York, l'Art. Institute de Chicago, le Musée de Boston
s'accroît chaque jour.
A Toledo qui, en 1795, n'était encore habité que
par des tribus indiennes, un important musée d'art a
été élevé et entretenu par les particuliers. Il s'efforce
de propager, par les meilleures méthodes, l'enseigne-
ment artistique et, tout particulièrement, l'enseigne-
ment des enfants : causeries avec projections, visites
d'expositions, séances musicales, excursions sont
assidûment suivies. Des expositions d'oeuvres d'en-
fants sont organisées ; une école de dessin pour des
élèves de 9 à 17 ans a été ouverte. 15.000 enfants
viennent chaque année au musée de Toledo qui
possède une très belle collection de tableaux des
différentes écoles et abrite de nombreuses expositions
temporaires dans lesquelles l'art de tous les pays est
successivement représenté.
1. Luc et traduite par M. Pail Alfassa.
— 55 —
Un Musée local en Amérique et ses efforts
pour servir le bien public : « newark museum
Association ».
(Communication de M. John Cotton Dana.)
Le musée de Newark, ville industrielle, située dans
l'Etat de New- Jersey, a été créé il y a douze années ;
M. Cotton Dana montre dans quel esprit il fut fondé,
à quelle utilité pratique il répond. Loin de se cantonner
dans le domaine des arts, il réunit des objets de toutes
catégories, art, science, histoire, technologie. C'est un
musée d'éducation dans lequel les expositions se renou-
vellent sans cesse ; expositions nettement industrielles,
mais dont jamais l'élément d'art n'est absent. M. Cotton
Dana cite, entre autres, une exposition de poteries et
une exposition des textiles de New- Jersey qui donnè-
rent lieu à la publication de brochures sur l'histoire et
la technique de ces industries.
Le musée confie des objets aux professeurs, de même
que la bibliothèque qui possède environ 3.000 es-
tampes et des milliers de photographies d'oeuvres
d'art, prête des collections de livres et de gravures.
*
* *
Le rôle du Musée au point de vue de
l'Instruction.
{Communication de Mlle Edith R. Abbot.)1
Mlle Edith Abbot, du Metropolitan Muséum de
New- York, précise le rôle du musée au point de vue
de l'instruction, en espérant qu'une théorie de l'ensei-
gnement dans les musées se formule et se codifie.
Comme au Musée de Toledo, des « Story Hours »
*
1. Lue et traduite par M. Paul Alfassa.
-56-
s'adressent aux enfants et donnent aux musées des
Beaux-Arts le rôle des musées pédagogiques et tech-
nologiques.
L'Enseignement de l'Histoire de l'Art aux
enfants dans les musées.
{Communication de Mlle Ethel M. Spiller.)
Mlle Spiller se base sur l'expérience fournie par les
leçons-promenades organisées au Victoria and Albert
Muséum de Londres. Des séances de ce genre doivent
être organisées d'après le but et les principes suivants :
I. Cultiver le goût et l'intelligence de la beauté
en prenant comme exemple une œuvre d'art particu-
lièrement remarquable et caractéristique.
IL L'art, langage que le peuple comprenait aisé-
ment, reflète la civilisation de l'antiquité et du Moyen
Age.
III. Un musée abrite des fragments d'œuvres.
L'instructeur, dans ses démonstrations, reconstituera
l'ensemble auquel appartiennent ces fragments et
dira les principes qui régissent l'étude de l'œuvre
d'art.
Mlle Spiller donne la façon pratique dont un objet
doit être commenté, suivant son genre.
Suit le texte d'une leçon-type pour environ douze
enfants de 7 à 10 ans et dont le sujet est une des tapis-
series de la cathédrale de Reims, prêtée au Victoria
and Albert Muséum.
DEUXIÈME SECTION (Sous-Section A.).
La séance est présidée par M. A. Venturi assisté de
MM. Karl Madsen et. Paul Vitry.
57
Un Rétable bruxellois du xve siècle au Musée
des Arts décoratifs a Paris.
(Communication de M. Joseph Destrée.)
Feu Emile Peyre légua, il y a quelques années,
au Musée des Arts décoratifs, à Paris, un petit rétable
de la Passion, en bois sculpté et polychrome et doré.
Ce monument porte l'une des marques des imagiers
bruxellois. Il date du dernier quart du XVe siècle. Il
n'est plus dans le rayonnement direct de Roger de
la Pasture qui fut longtemps l'inspirateur de la plu-
part des œuvres d'art bruxelloises. Il semble annoncer
comme les débuts de l'imagier Jan Borman. On cons-
tate aussi une intéressante évolution dans la partie
architecturale. Les volets peints ont beaucoup souf-
fert. Il est intéressant d'observer des tonalités
claires et voyantes ainsi que des nimbes discoïdes
propres aux artistes bruxellois de l'époque.
Quelques Pièces d'Orfèvrerie parisienne du
XVIe SIÈCLE.
(Communication de M. Joseph Destrée.)
Dans une exposition organisée par le Burlington
fine Art Club, à Londres, on pouvait admirer un
plat et une aiguière du xvie siècle, en argent re-
poussé et ciselé, portant le poinçon de Paris. Le plat
est décoré, sur le marli, d'une composition représen-
tant le Triomphe de Neptune et d' A mphitrite, exécuté
d'après un dessin d'un maître de l'école de Fontai-
nebleau. Cette scène a dû être gravée, attendu que, sur
une poire à poudre du Musée de Cluny et sur une plaque
-58 -
en cuivre doré des Musées Royaux du Cinquante-
naire, à Bruxelles, on retrouve précisément le groupe
principal de Neptune et d'Amphitrite. Il existe vrai-
semblablement une ou des gravures qui reproduisent,
en tout ou en partie, la composition qui décore le
plat ; mais, jusqu'à présent, l'auteur de la communica-
tion n'a pas réussi à la découvrir. La présence du
poinçon H suggère à M. Destrée l'idée d'y voir une
œuvre de Hotemans, orfèvre parisien du xvie siècle.
M. Marquet de Vasselot fait observer que la com-
position rappelle les pièces de la série des « Fonds de
coupe » de Ducerceau. Quant au poinçon, si la pièce
est véritablement parisienne, du moment où il est
formé d'une seule lettre, il doit être plutôt un poinçon
de contrôle qu'un poinçon de maître.
*
* *
Un Coffret du Musée de Cluny avec inscription
germanique.
(Communication de M. Joseph Destrée.)
Ce coffret du Musée de Cluny, en cuir bouilli, repoussé
et ciselé, avec monture en laiton, date de la seconde
moitié du xive siècle. Cet objet, décoré sur ses diverses
faces de sujets galants et, sous le couvercle.d'une repré-
sentation de la Vierge tenant l'Enfant Jésus, porte une
inscription flamande : Aen sien doet dort gedenken.
Regarder fait songer. Le coffret s'apparente à des spé-
cimens et à des fragments de coffrets dont plusieurs
portent aussi des devises flamandes. Ces coffrets se
rattachent à des types français, peut-être parisiens, dont
il existait naguère à Bruxelles un spécimen dans la
collection de feu M. H. Dansette.
— 59 —
La Pénétration artistique française en Flandre
par la Vallée de l'Escaut l
(Communication de M. L. Maeterlinck.)
L'influence de la France sur les artistes flamands
constatée déjà pour les xmeet xive siècles, s'est mani-
festée jusqu'au xive siècle. Elle explique la genèse
de Y Agneau mystique et de peintures antérieures aux
Van Eyck, considérées comme énigmatiques. La péné-
tration eut lieu par la vallée de l'Escaut, principale-
ment par Gand et Tournai. Les preuves des affinités
artistiques de Gand avec la France, avant les Van
Eyck et à leur époque, sont fournies par les sceaux
de la ville du xme siècle, les sculptures ainsi que
les peintures murales du xive siècle.
L1 'Agneau mystique continue et perfectionne les for-
mules des imagiers français et les traditions picturales
des miniaturistes parisiens du xive siècle. Hubert,
Van Eyck avait voyagé et étudié dans le Midi (Italie,
Espagne, Avignon). Après sa mort, les traditions fran-
çaises continuent.
L'esthétique flamande est un rameau de l'art fran-
çais qui, transplanté dans le riche terreau flamand, y
produisit des fruits merveilleux, l'Agneau mystique
et les œuvres du maître de Flémalle.
M. Maeterlinck a consacré une étude séparée à l'art
à Tournai, qui jeta un éclat splendide dès la fin du
XIe siècle, eut son apogée au xme siècle et prépara
l'esthétique des Van Eyck. Par Tournai, l'influence
française rayonna sur toute la région de l'Escaut, et,
en premier lieu, sur Gand avec qui Tournai eut tou-
jours d'étroites relations.
i. Lue par M. Raymond Kœchlin.
— 6o
Tableaux français du xvme siècle
au Danemark.
(Communication de M. Karl Madsen.)
La supériorité de l'art français était tellement re-
connue au Danemark que, lors de la fondation de
l'Académie Royale des Beaux-Arts, en 1754, ce furent
des artistes français qui furent invités à venir pro-
fesser. La statue du roi Frédéric V, par Saly, l'église
de Frédéric, édifiée sur les plans de Jardin, demeurent
des témoignages de leur talent et de leur goût.
Pour la décoration du grand château de Chris ti an -
borg, on fit appel à un grand nombre de peintres fran-
çais, parmi lesquels Boucher, Parrocel, Lancret,
Oudry, Jeaurat, de Troy, Natoire, Vien. Leurs œuvres
ont été malheureusement détruites dans l'incendie du
château, en 1794 ; seul, un portrait de Louis XV, par
Carie van Loo, fut sauvé. De nouveaux incendies, en
1795 et en 1807, causèrent la perte de nombre d'autres
tableaux.
A l'Académie Royale des Beaux-Arts de Copenhague
on voit encore le portrait de Tocqué par Nattier et
celui de Nattier par Tocqué. Au palais d'Amalienborg
se trouvent les grands portraits de Frédéric V et de la
Reine par Tocqué, sept remarquables dessus de portes
par Boucher, deux portraits d'enfants par Greuze
ainsi que le Testament d'Eudamide de Poussin.
DEUXIÈME SECTION (Sous-Section B.)
La séance est présidée par Sir Hercules Read,
assisté de MM. Ch. Diehl et Pératé.
6i
La Patriarcat d'Aquilée et la Civilisation
carolingienne.
(Communication de M. Carlo Cecchelli.)1
M. Cecchelli détermine l'influence du patriarcat
d'Aquilée qui avait été transféré à Cividaledu Frioul,
sur certaines œuvres de sculpture : l'édicule des fonts
baptismaux et plusieurs panneaux de la cathédrale de
Cividale. Ces œuvres marquent l'évolution d'un art
local qui passe d'un style encore barbare à une ma-
nière plus fine et plus idéalisée. Cet art subit, au début
du IXe siècle, l'influence de la civilisation carolin-
gienne après la conquête du royaume lombard par
Charlemagne. M. Cecchelli s'attache à déterminer la
date à laquelle fut construit le Petit temple lombard,
oratoire du couvent des Bénédictines de Cividale qui
remonterait à la première période de l'occupation
carolingienne, soit l'extrême fin du vme siècle ou le
commencement du ixe.
Les Monuments de l'Architecture carolingienne
en Dalmatie.
(Communication de M. Vassitch.)
M. Vassitch étudie ces monuments qui furent cons
fruits entre 800 et 875 environ. Ce sont huit églises
pour la plupart en ruines. Elles sont tantôt rectangu-
laires, tantôt rondes, tantôt hexagonales. Elles offrent
quatre variétés de plans. Plusieurs influences se mani-
festent, venant soit d'Occident, soit d'Orient. Le style
carolingien que l'art oriental a marqué de son em-
1. Lue par M. Bertini Calosso.
— 62 —
preinte et qui a donné son modèle à la chapelle pala-
tine d'Aix-la-Chapelle, règne particulièrement à Saint-
Donat de Zadar. Nous ne devons pas nous en étonner.
Le gouvernement de Charlemagne envoya en Dalma-
tie une armée de missionnaires qui convertirent les
habitants par milliers et firent venir des architectes
francs et des maçons pour bâtir des églises.
M. l'abbé Walter signale que l'ancienne cathé-
drale de Strasbourg avait, comme Saint-Gall, Saint-
Riquier et certaines églises carolingiennes de Dalma-
tie, un chœur à l'Est et un chœur à l'Ouest, le premier
pour la liturgie des moines, le second pour les offices
des laïques.
Sir Arthur Evans montre combien l'influence
carolingienne occidentale est nette en Dalmatie et
l'intérêt qui s'attache à la signaler en face de l'in-
fluence byzantine dont on parle toujours.
Rapports entre la France et l'Italie au xive
SIÈCLE. LE GOTHIQUE FRANÇAIS COMME ÉLÉMENT
CONSTITUTIF CHEZ GlOTTO.
{Communication de M. A.-L. Romdahl.)
M. Romdahl étudie les rapports entre Giotto, fon-
dateur de la peinture florentine, et la sculpture con-
temporaine en France. Il s'appuie principalement pour
sa démonstration sur les fresques de l'Arena de
Padoue, ensemble homogène divisé en deux groupes :
i° la Vie du Christ et le Jugement dernier ; 2° les
Scènes de la Vie de la Vierge. Il a noté entre ces deux
séries des différences essentielles au point de vue des
encadrements et du style en général. M. Romdahl
estime que ce changement coïncide avec le voyage de
-63-
Giotto en France (en 1306, suivant Vasari). Giotto
rapporta une forte impression des sculptures qu'il vit
dans les cathédrales françaises, car M. Romdahl ne
croit pas à l'influence prédominante des miniatures
de manuscrits.
On retrouve les traces de cette influence de la sta-
tuaire française dans les peintures des chapelles Bardi
et Peruzzi à Santa Croce de Florence.
TROISIÈME SECTION.
La séance est présidée par M. Lazaro, assisté de
MM. Roorda et Migeon.
Contribution nouvelle a l'Etude de la
Peinture T'ang.
{Communication de M. Laurence Binyon.)
L'étude de l'art chinois est rendue difficile en raison
du manque d'oeuvres sûrement identifiées et permet-
tant de constituer des points de repère, afin de préci-
ser le style des grandes périodes et des maîtres préémi-
nents de ces périodes.
L'art de la dynastie T'ang représente la période la
plus importante de l'art chinois. La sculpture nous
offre des œuvres datées avec certitude, mais point la
peinture. L'obscurité règne en ce qui concerne Wu-
Jao-Tzu, le plus grand peintre T'ang.
M. Binyon analyse plusieurs peintures religieuses,
à sujets boudhiques, qui se rattachent vraisemblable-
ment à cette école et qui proviennent des grottes
sacrées découvertes à Tun Huang par Sir A. Stein et
M. Pelliot. Elles montrent une tradition indienne,
traduite en adaptant des prototypes indiens ou même
-64-
d'une façon complètement chinoise. La Chine possédait
d'ailleurs un art fortement établi avant qu'elle assi-
milât le Boudhisme.
*
* *
L'Architecture, la Peinture, l'Art décoratif
chinois.
(Communication de M. Lou Kao.)
La Chine renferme de nombreuses antiquités ; le
respect et l'admiration des vieilles traditions ont, seuls,
causé l'arrêt de son développement. Si les révolutions
successives et l'effet du temps ont accumulé des ruines,
du moins ces ruines, telles que les gigantesques monu-
ments de Hiou Tan Chan, de Lun Meen, conservent-
elles encore une indéniable puissance et une origina-
lité remarquable.
M. Lou Kao étudie successivement l'évolution de
l'architecture chinoise, les caractéristiques dominantes
de la peinture chinoise et les enseignements qu'elle a
fournis ; il retrace enfin l'histoire des fondations indus-
trielles se rapportant à l'art décoratif.
*
* *
LE « BUNJINGWA » OU LA PEINTURE DE LETTRÉS.
(Communication de M. Seiichi Taki.)
Le B un j in giv a, ou peinture de lettrés, est un des styles
de peinture les plus célèbres en Chine comme au Japon.
Comme son nom l'indique, c'est une peinture exécutée
par des non-professionnels, par des hommes de lettres.
Ses origines lointaines remontent à l'époque des six
dynasties. Le Bunjingwa fut florissant sous les dynas-
ties T'ang, Sung, Yuan, Ming et Ching. C'est à
l'époque de ces deux dernières dynasties qu'il fut intro-
duit au Japon.
-65-
La peinture de lettrés offre les caractères suivants :
elle est littéraire et traduit des impressions poétiques,
inspirées par la nature, dans un sentiment lyrique.
Dans leur emploi du pinceau, les artistes dénotent une
habitude et un amour de la calligraphie si appréciée
des Orientaux. Les lettrés ne copient jamais la nature
platement, mais ils en commentent plutôt la force
expansive.
L'Estampe japonaise et la Peinture occidentale
dans la seconde moitié du xixe siècle.
(Communication de M. Henri Focillon.)
Les relations artistiques qui ont existé entre l'Eu-
rope et l'Asie depuis l'antiquité, prennent, au xixe
siècle, une importance et un intérêt particuliers avec
la diffusion de l'estampe japonaise. De 1870 à 1890, elle
est révélée aux amateurs et aux artistes. Ces vingt
années marquent précisément une époque décisive
dans l'histoire de la peinture qui évolue vers la vie et
le mouvement en plein air.
M. Focillon caractérise l'estampe japonaise, qui se
rapproche de la xylographie médiévale et qui est en
même temps une légère aquarelle maintenue par une
fine armature de noirs. Elle prend toute sa valeur dès
la fin du xvme siècle. Image et expression de la plus
haute spiritualité, elle nous communique l'accent de
la vie avec une force étrange et presque galvanique.
L'art japonais, par cette traduction de la vie con-
temporaine, par son dessin, par ses tonalités sans
ombre, frappa les maîtres occidentaux alors que l'esthé-
tique de la peinture était révisée. Elle exerça sur Manet,
sur les Impressionistes, sur Whistler, une influence
qui se manifeste encore.
s
66 —
La survivance possible
dans les Manuscrits arabes du xive siècle
des motifs offerts par les fresques
et les Peintures manichéennes.
(Communication de Sir Thomas W. Arnold.)
La découverte par Von Le Coq de fresques mani-
chéennes à Turfan a fait progresser le problème déli-
cat de la peinture musulmane. On savait que la pein-
ture avait été en faveur chez les Manichéens, à com-
mencer par le fondateur de leur religion, Mani. Leurs
manuscrits ayant péri, les fresques sont le seul monu-
ment de peinture manichéenne.
Les Manichéens, persécutés par le calife Al-Madhi,
émigrèrent au Khorassan. Leur secte disparut au xme
siècle, à l'invasion mongole.
Les fresques de Turfan remontent au vine-ixe siècle.
Bien que séparées d'eux par un long intervalle, elles
présentent des caractères communs avec le groupe des
manuscrits arabes attribués à l'Ecole de Mésopota-
mie (xive siècle) : formes décoratives et fleurs sty-
lisées.
Mais l'histoire de la peinture musulmane, si obscure,
ne permet que des conjectures touchant ces points
communs. De même, pour certaines autres caracté*
ristiques, notamment la représentation de sujets chré-
tiens que n'ont pu traiter des artistes de souche pure-
ment mahométane.
Dans les spécimens les plus anciens de la peinture
persane qui nous sont parvenus, on peut constater
une tradition iranienne primitive et, à côté d'innom-
brables influences provenant de Chine, une influence
manichéenne.
-67-
La Reliure persane du xive au xvne siècle.
(Communication de Armenac bey Sakisian.)1
Parmi les objets les plus intéressants qui se trouvent
au musée de l'Evkaf, inauguré à Constantinople en
avril 1914, figurent des livres persans d'une calli-
graphie admirable, ornés d'excellentes miniatures et
revêtus de reliures remarquables de l'époque des ma-
nuscrits mêmes. Certains motifs qui reviennent dans
la reliure persane, sont d'origine chinoise et byzantine.
La reliure du xive siècle est d'un style sévère mais qui
n'exclut pas toujours la richesse : elle n'emploie pas
l'or. Au début du XVe siècle apparaît, à l'intérieur des
plats et sur les rabats, un décor de cuir havane, découpé
à l'emporte-pièce et appliqué sur un fond bleu et or.
Tandis que Hérat et la Perse orientale célébraient
l'éclatant triomphe du naturalisme à la chinoise,
l'occident du pays ne perdait pas son activité d'antan ;
le style occidental se remarque par la rareté des motifs
chinois et des animaux au naturel.
Le xvie siècle fut une époque de décadence pour la
reliure ; c'est le type de la Perse occidentale qui domine.
QUATRIÈME SECTION.
La séance est présidée par M. Karl Nef.
Aperçu de l'Histoire de la Musique finlandaise
(Communication de M. Klemetti.)2
La culture de l'art musical, dans le sens moderne du
terme, est récente en Finlande, et ne date guère que
d'une génération. Le premier compositeur finlandais
1. Lue par M. Raymond KœchKn.
2. Lue par M. Langfors.
— 68 —
célèbre est M. Jean Sibelius, né en 1865. Il forma de
nombreux élèves. Helsingfors possède un conservatoire,
un opéra, un excellent orchestre et une société chorale.
Mais la Finlande a tout un passé musical, qui re-
monte même au temps de l'introduction du Christia-
nisme en Finlande. L'Eglise et l'Ecole favorisèrent
la musique. La messe grégorienne à une voix s'est
maintenue presque jusqu'à nos jours. On relève dans un
recueil d'école, publié en 1582, 78 airs dont quelques-uns
semblent remonter à la première moitié du XVe siècle.
On connaît aussi de nombreux recueils de chorals
protestants dont l'origine remonte au xvne siècle, et
qui sont d'origines très diverses française notamment
(mélodies de Louis Bourgeois, de Pierre Dagues, etc.).
Ils ont donné naissance à une quantité de variantes,
mélodies religieuses populaires d'une grande valeur.
Le nombre des airs religieux populaires finlandais est
donc considérable, celui des mélodies profanes plus
grand encore, puisqu'on en a recueilli jusqu'à
14.000. Tous les types s'y trouvent représentés, mais
le type le plus répandu du chant populaire finlandais
est à mesure binaire, avec deux phrases à quatre temps.
*
* *
M. Th. Gerold fait une communication sur quelques
questions relatives à l'histoire et aux rapports de la
chanson française et de la chanson allemande au xve et
au xvie siècles ; il étudie leurs styles très différents.
*
* *
Une Composition d'Ockeghem conservée dans un
manuscrit du mont-cassin.
(Communication de M. Giulio Bas.)
Le manuscrit 871 des archives d'État, à Montecas-
sino, contient, de la page 247 à la page 444, un recueil
de musique à plusieurs voix, sur des paroles religieuses
-69 -
ou profanes. On y remarque des pièces attribuées à
Dufay, Cornago, Oriola, Damianus, Loyset Compère,
Franchinus Gafforus, et Oquegan (Ockeghem). Le
nom de celui-ci est inscrit au commencement de
Mort, tu as navré de ton dard (p. 388). Cette pièce se
trouve, anonyme, dans le manuscrit 517 de la biblio-
thèque de Dijon. Ella a été publiée par Stéphen Mo-
relot (Mémoires de la Commission des Antiquités du
département de la Côte-d'Or, IV, 1856). C'est une déplo-
ration sur la mort de Binchois (1460). L'hommage
adressé par Ockeghem à ce compositeur rend très
vraisemblable l'hypothèse qu'il ait été son élève. La
comparaison de la leçon de Dijon et de celle de
Montecassino est d'ailleurs utile, les textes musicaux
présentant quelques différences surtout relativement
aux accidents.
*
* *
Sur la Notation de rythmes complexes dans
quelques imprimés du xvie siècle.
(Communication de M. Bernoulli.)
M. Bernoulli étudie deux ouvrages musicaux im-
primés dans le premier quart du xvie siècle. Il s'agit :
i° D'un recueil de chansons intitulé : 75 hubscher
lieder myt Discant Alt Bas. vn Ténor lustick zu syngen....
(sans indication de date) imprimé par Arnt von Aich,
de Cologne. Il est conservé à la bibliothèque de Berlin,
et ne contient que la partie de ténor.
M. Bernoulli signale un autre exemplaire du même
recueil à la bibliothèque de Bâle, qui contient les
quatre parties.
2° Le liber selectarum cantionum quas vulgo mutetas
appellant, sex, quinque et quatuor vocum, imprimé en
1520 par L. Senfl, à Augsbourg. Un exemplaire, jus-
— 70 —
qu'ici inconnu, se trouve à la bibliothèque du couvent
d'Einsiedeln.
M. Bernoulli examine les deux recueils spécialement
au point de vue des rhythmes complexes (pairs et im-
pairs) et de leur aspect typographique.
*
* *
L' « Alarme » de Grimache (vers 1380-1390) et les
CHANSONS POLYPHONIQUES DU MOYEN-AGE.
(Communication de M. Amédée Gastoué.)
Un des aspects de l'art français, resté le plus ignoré
des musicographes, est cette efflorescence extraordi-
naire de musique qui s'étend des premiers débuts de
la polyphonie à la fin du xne siècle et va, au xve,
constituer, avec les élèves de Dufay, l'école célèbre,
dite « a capella. »
M. Gastoué étudie le point culminant de cette
période des « Primitifs de la musique française » telle
que l'établirent les élèves ou les successeurs de Guil-
laume de Machaut. Il montre que la musique poly-
phonique du moyen âge jusqu'au cours du xve siècle,
loin d'être exclusivement vocale, offre au contraire
un nombre considérable d'œuvres destinées à être
chantées à une voix seulement ou deux, soutenues et
accompagnées d'une, deux, trois, quatre parties ins-
trumentales, le choix des instruments étant la plupart
du temps laissé aux interprètes. Il cite comme exemples
Alarme, alarme, de Grimache qui est une des plus
anciennes œuvres de musique descriptive.
— 7i —
MARDI 27 SEPTEMBRE (matin.)
PREMIÈRE SECTION.
La séance est présidée par M. A. Bovy, assisté de
MM. Théodore Reinach, Capart et J. Guiffrey.
Quelques Remarques sur l'Enseignement de
l'Histoire de l'Art.
{Communication de M. Capart.)
M. Capart commence par rappeler ce que laBelgique
a fait depuis vingt années pour l'enseignement de
l'histoire de l'art, en créant, dans les Universités de
Liège et de Gand et dans un Institut libre à Bruxelles,
un cycle d'études conduisant aux grades de licencié et
de docteur en art et archéologie (quatre années d'études
au minimum). Les Musées Royaux du Cinquantenaire
ont organisé, depuis dix-huit années, une série de cours
analogues à ceux de l'Ecole du Louvre à Paris.
Actuellement,on se préoccupe partout de faire servir
davantage les musées à l'enseignement de l'histoire de
l'art ; il semble qu'il existe, à cet égard, des diver-
gences au sujet de la méthode à employer. Peut-être
a-t-on donné, jusqu'à présent, trop d'importance au
côté subjectif de l'art. M. Capart voudrait que l'on
étudiât davantage les œuvres dans le cadre des civi-
lisations qui les ont vu naître. C'est ainsi seulement
qu'on peut les comprendre. Le rôle des œuvres d'art
dans les civilisations du passé, leur convenance plus
ou moins parfaite avec le but envisagé par les artistes
sera souvent la plus parfaite mesure de leur perfection.
Disons moins aux visiteurs de nos musées : « Regardez,
quelle belle chose ! » ; faisons en sorte qu'ils disent,
d'eux-mêmes : « Comme cela est beau ! »
— 72 —
L'Enseignement de l'Histoire de l'Art en
Province et ce qu'il devrait être.
(Communication de M. Giraud-Mangin.)
L'enseignement de l'histoire de l'art a pris, depuis
quelques années, une place importante à Paris et dans
les universités, mais il est regrettable qu'on ne se soit
pas préoccupé de vulgariser cet enseignement dans
toutes les villes importantes par des cours publics.
C'est à peine si quelques facultés des lettres et quel-
ques écoles régionales des beaux-arts, en province,
ouvrent leurs portes à un auditoire bénévole. Partout
où l'expérience a été tentée, le succès a dépassé l'at-
tente.
Les ressources qu'offrent les grandes bibliothèques
municipales sont suffisantes pour la préparation de cet
enseignement, et il est relativement facile de se pro-
curer les projections indispensables. L'Etat doit donc
tout mettre en œuvre pour organiser, non seulement à
Paris mais dans tous les départements, des cours
d'histoire générale de l'art. Un office central devrait
être chargé de réunir des collections de photographies
et de clichés à projections. Il serait également utile
que des bourses de voyage fussent accordées aux
professeurs d'histoire de l'art, pour leur faire connaître
de visu les œuvres les plus célèbres.
*
* *
Projet d'Offices régionaux d'échanges de
photographies, de moulages d'art monumental
et d'Art décoratif.
(Communication de M. Paul Lacoste )
Les « Offices régionaux d'échanges de photographies
et de moulages d'art monumental et d'art décoratif, »
— 73 ~
institution nouvelle que M. P. Lacoste voudrait voir
établir dans les principales villes de province, se char-
geraient de faire photographier et mouler les œuvres
d'art de la région. Ces moulages et ces photogra-
phies seraient réunis en un musée documentaire. Des
reproductions en pourraient être échangées avec celles
des organisations similaires des autres régions. Enfin
cette documentation serait mise en vente à l'intention
des métiers d'art et du grand public.
Un Prytanée des Arts.
(Communication de M. Paul Lacoste.)
Le « Prytanée des Arts » est un établissement conçu
pour les grands centres régionaux et où se trouveraient
réunis et coordonnés les enseignements de l'art du
passé et de l'art contemporain : l'art du passé repré-
senté par des musées documentaires organisés de telle
sorte qu'ils soient des outils de travail et d'éducation,
l'art contemporain représenté par les écoles des
beaux-arts et le conservatoire de la région, créatrices
et interprètes d'oeuvres d'art ; représenté aussi par
une école normale de culture physique dite collège
d'athlètes.
Les arts tireront avantage du spectacle de beauté
vivante que peut offrir un collège d'athlètes, et d'autre
part, en France, il convient que la culture physique
soit envisagée en liaison avec l'esthétique générale.
Le musée documentaire régional offrira au public
des impressions d'ensemble, des visions synthétiques
des grandes époques de l'art.
Toutes les manifestations de l'art d'une époque
seront rassemblées dans les mêmes salles. Leur réu-
nion contribuera à les faire d'autant mieux comprendre.
— 74 —
que les pièces originales faisant généralement défaut
en province, toutes sortes de reproductions artificielles
seront admises dans le musée documentaire : moulages
patines, copies de tableaux, photographies, etc.
L'architecture y figurera en bonne place avec des
plans, des maquettes, des relevés, des photographies-
Système type de nomenclature des époques de
l'Art chrétien.
(Communication de M. G. Baldwin-Brown.)
M. Baldwin-Brown propose d'unifier, en une no-
menclature internationale, les noms spéciaux qu'un
usage conventionnel a consacrés, à tort ou à raison,
pour les grandes périodes de l'histoire de l'art. L'em-
ploi de ces noms devrait se borner aux cas où le style
de l'époque présente des traits d'un intérêt artistique
spécial. Cette nomenclature serait plus difficile à
établir pour les époques plus étroitement bornées et
locales.
M. Enlart fait remarquer que, pour sa part, il a
adopté pour la période primitive de l'art chrétien, la
dénomination « Antiquité chrétienne»; à la dénomina-
tion «style gothique» il aimerait voir se susbtituer celle
de « style français. »
*
* *
Un Projet de lexique archéologique.
(Communication de M. Henri Guerlin.)
M. Henri Guerlin propose un lexique polyglotte
d'archéologie monumentale d'Occident. Ce projet
pour lequel il semble qu'il ne serait pas difficile au
Congrès de trouver la collaboration d'un éditeur.
— 75 —
ne serait pas très coûteux à réaliser. En effet, un
tel lexique ne comporterait pas beaucoup plus d'une
centaine de mots, dont on donnerait l'équivalent
dans les cinq ou six langues principales, ce qui ferait
déjà cinq ou six lexiques en un seul. Rien n'empê-
cherait, par la suite, de se servir de ce lexique pour
établir une édition hollandaise, portugaise, russe, etc.
M. Théodore Reinach appuie chaudement cette
motion, tout en faisant observer qu'il serait peut-être
plus pratique de mélanger les vocables des différents
dialectes en un seul lexique, au lieu de faire cinq
lexiques séparés.
Il est décidé que tous les vœux émis au cours de la
séance seront discutés de nouveau et approuvés, s'il
y a lieu, dans une séance spéciale de clôture.
DEUXIÈME SECTION (Sous-Section A.)
La séance est présidée par M. Thiis, assisté de
MM. Rocheblave, Baud-Bovy, Karl Madsen.
Relations artistiques entre la France
et la Suède.
(Communication de M. Wrangel.)
Au Moyen âge, l'influence artistique de la France
s'exerça en Suède principalement par les monastères
cisterciens ou ceux des Prémontrés, non seulement en
ce qui concerne l'architecture, mais aussi pour la
sculpture et pour la peinture. Au début, des statues
furent importées directement de France, puis des ate-
liers se fondèrent à côté des couvents. L'influence de
la France est visible jusqu'au XVe siècle. Les marchands
d'objets d'art contribuèrent à propager cette influence.
-76-
La Flandre fut un des centres de ce commerce mais,
avant tout, Rouen en fut le principal intermédiaire.
Les étudiants suédois, nombreux en France, servirent
l'influence de ce pays sur leur patrie.
Après le xve siècle les (relations de la Suède avec la
France se relâchent et l'influence allemande de la
Hanse gagne du terrain.
M. Demaisons cite comme preuve de ces relations
franco-suédoises la chapelle de Saint-Léonard, près de
Reims, aujourd'hui détruite, qui fut consacrée par un
évêque suédois.
*
* *
Les sculptures sur bois du tombeau de Œsberg
et les rapports artistiques franco-norvégiens
a l'époque carlovingienne.
(Communication de M. Haaken Shetelig.)
Il y a quinze ans, à Œsberg, près Tcensberg, en Nor-
vège, on découvrit le tombeau, remontant au milieu
du XIe siècle, d'une femme de la dynastie royale de
Vestfold, sans doute la reine Asa, grand'mère du roi
Harald, fondateur du royaume de Norvège.
Ce tombeau contenait un mobilier funéraire : des
étoffes multicolores tissées et des objets de bois ornant
un vaisseau et des traîneaux. Ces objets sculptés mon-
trent la transformation de l'ancien style Scandinave
sous l'influence de l'art carlovingien dont il assimile
plusieurs éléments, en acceptant le haut relief comme
moyen principal de décoration. Mais les artistes vikings,
encore païens, montrent une fantaisie effarouchante
et barbare.
Nous avons la preuve que les pirates ne se sont pas
contentés de piller, au cours de leurs expéditions le
long des côtes de France, mais qu'ils ont su observer
et apprendre.
— 77 —
M. Boinet demande s'il ne faut pas voir une in-
fluence de l'Angleterre et de l'Irlande s'exerçant par
les peintures de manuscrits plutôt qu'une influence
française. M. Shetelig pense qu'il n'y eut d'influence
anglo-irlandaise qu'à partir du Xe siècle. Au siècle
précédent, proviennent, d'Irlande principalement, de
petits objets qui n'ont pu déterminer d'influence.
*
* *
L'Influenxe française en Norvège dans l'Art
gothique de la fin du xiiie siècle.
(Communication de M. Harry Fett.)
M. Harry Fett étudie surtout deux artistes norvé-
giens de la fin du xme siècle, un sculpteur et un peintre,
qui ont étudié à Paris entre 1260 et 1280. Cette époque
de l'histoire de l'art parisien fut spécialement intéres-
sante parce que le « Maître d'apôtres de la Sainte-
Chapelle » avait rénové la sculpture, comme le maître
Honoré avait rénové la peinture. En ce qui concerne
l'Ecole de Paris, ce mouvement est maintenant un
peu difficile à étudier parce que la plupart des
œuvres d'art parisien de cette époque ont été perdues.
Le peintre de Bergen et le sculpteur de la cathé-
drale de Nidaros, le Reims norvégien, fournissent
d'intéressantes contributions. Parmi les oeuvres du
premier, il faut citer une antemensale de grande va-
leur artistique, qui contient des scènes légendaires de
la vie de la Vierge.
Le sculpteur de Nidaros a orné la façade ouest de la
cathédrale d'une suite d'apôtres et de saints parmi les-
quels il faut citer saint Denis et surtout saint Jean.
Ces œuvres indiquent clairement un séjour d'études à
Paris ; elles rappellent le Maître des statues d'apôtres
- 78-
de la Sainte-Chapelle et le Maître du portail Saint-
Etienne de Notre-Dame.
M. Paul Vitry estime que le rayonnement de
Paris, parmi les centres d'art français, n'est pas seul
prépondérant.
*
L'Art moderne en Norvège et l'influence
de la France.
(Communication de M. J. Thiis.)
La peinture norvégienne naît avec le xixe siècle au
cours duquel elle s'inspira des maîtres français contem-
porains, depuis Ingres jusqu'à Cézanne.
Au début du xixe siècle, il n'y avait pas d'école pro-
prement dite. Les artistes étaient obligés de s'instruire
à l'étranger. Le premier grand peintre, Dal, était pro-
fesseur à Dresde ; il a senti vivement la nature de son
pays. L'influence déplorable de l'école de Dusseldorf
se manifesta ; puis, vers 1850, une réaction se pro-
duisit ; les artistes étudièrent la vie populaire.
Après 1870, il y eut rupture avec l'Allemagne et
alliance avec les Français réalistes et impression-
nistes. Le public et la critique se montrèrent d'abord
hostiles à ce mouvement nouveau. Deux générations
se formèrent à Paris ; parmi les artistes contempo-
rains, quelques-uns se réclament de Matisse et des
cubistes.
M. Thiis montre de nombreux clichés du Musée de
Christiania où l'art français est bien représenté.
DEUXIÈME SECTION (Sous-Section B.)
Présidence de Sir Hercules Read, assisté de M. de
Nolhac.
— 79 —
Le Classicisme de Bernini et l'Art français.
{Communication de M. Achille Bertini Calosso.)
A un siècle de distance, le Bernin continue Michel-
Ange. Il a, comme lui, une haute conscience de sa
propre mission, le culte pour l'antique, la passion pour
le grandiose. Mais le Bernin met les antiques au-
dessus de Michel-Ange. Dès son entance, il étudie
avec passion les statues grecques et romaines. Il est
classique à travers l'esprit et les préceptes de Michel-
Ange. Par exemple, son David (Galerie Borghèse)
est inspiré du Gladiateur combattant (Louvre), le
profil d'Apollon dans Apollon et Daphné (Galerie
Borghèse) est renouvelé de l'Apollon du Belvédère.
A mesure qu'il avance en âge et que sa personnalité
s'impose, son classicisme s'affirme, et, en premier
heu, le sens des proportions.
On en a une preuve dans le programme didac-
tique qu'il prépara pour l'Académie de France à
Rome. Il lui fournit un concours effectif. Et il exerça
une influence décisive sur l'art français, principalement
à cause de cet esprit classique qui dominait chez lui.
M. de Nolhac rappelle qu'au moment où le Bernin
envoya au roi la statue équestre que celui-ci lui avait
commandée vingt ans plus tôt, tous les courtisans la
trouvèrent indigne de Louis XIV. Placée pendant
quelques jours dans le parterre de l'Orangerie à Ver-
sailles, elle en fut enlevée et confiée à Girardon qui en
fit une statue de Marcus Curtius. Cette statue existe
encore dans les bosquets de Versailles. L'accueil qu'on
lui fit à son arrivée témoigne d'un changement pro-
fond qui s'était déjà accompli dans le goût français
en l'espace de vingt ans. L'influence du Bernin a
donc été assez passagère.
M. Hautecœur montre que l'influence du Bernin
— 8o —
s'est manifestée dans la décoration de Versailles avant
Mansart ; quand celui-ci prit la direction des travaux,
en 1678, le goût berninesque était complètement
démodé. Mansart, c'est l'école classique française, bien
différente du classique italien représenté par le Bernin
qui lutte contre le baroque dont le représentant
est Borromini.
Même différence de conception dans la sculpture
française et dans la sculpture italienne. Au moment
où le Bernin est à l'apogée de sa gloire, on fait bien des
tabernacles qui ressemblent à celui de Saint-Pierre
de Rome, à l'abbaye des Dames, au Val-de-Grâce, à
la Gloriette de Caen, mais ces imitations n'ont qu'un
temps. Dès 1678, elles sont abandonnées. L'action
du Bernin surl'art français a donctoutes les apparences
d'une mode passagère.
Sir Hercules Read signale un buste acquis par le
Musée Victoria et Albert, à Londres, que l'on peut
attribuer au Bernin. Le style classique de France lui
semble avoir davantage influencé le Bernin que le
Bernin n'a influencé la sculpture française.
TROISIÈME SECTION.
La séance est présidée par M. Roorda, assisté de
MM. Lou Kao et Marsais.
L'importance de l'art et de la civilisation des
Perses depuis les Achéménides jusqu'aux
Sassanides.
(Communication de M. Pézard.)
M. Pézard montre que les Perses Achéménides en
mettant fin, en 539 av. J.-C, à l'empire de Babylone,
sont devenus les héritiers de la civilisation de laChaldée
— 8i —
et de l'Assyrie ; la conquête qu'ils rirent plus tard de
l'Egypte, impressionne aussi leur art si bien que ce
sont les Perses, et eux seuls, qui ont sauvé, en les adap-
tant, les vieux thèmes de tout l'Orient antique. En
331, à la chute de leur empire, l'art grec, sur les pas
des soldats d'Alexandre, tente la conquête du monde,
mais ce sont encore des Iraniens, les princes de la
Perside, les Parthes, enfin les Perses Sassanides, qui
feront échouer cette invasion artistique. Les Perses
Sassanides, en particulier, jouèrent un rôle considé-
rable, du 111e au viie siècle de notre ère, dans la
préservation et la remise en honneur du vieux patri-
moine de l'art oriental; par eux nous assistons à
une résurrection de ce passé glorieux, et, quand les
Arabes mirent fin à ce puissant empire, ils devinrent
à leur tour les héritiers des Perses dans le domaine
artistique ; par Byzance qui avait subi l'empreinte
sassanide et par l'Islam, le répertoire décoratif orien-
tal se répandit dans le monde et influença nos arts du
Moyen âge. Cette conquête avait été réalisée grâce
surtout à l'éclat de la dynastie sassanide qui a droit à
notre juste reconnaissance ; il importerait de prati-
quer des fouilles archéologiques sur l'emplacement des
villes les plus importantes de cette dynastie, en Méso-
potamie et en Perse, et de ne pas se contenter des explo-
rations succinctes réalisées jusqu'à ce jour.
Quelques Monuments arabes de Damas.
(Communication de M. E. de Lorey.)
M. de Lorey commente les photographies de quel-
ques monuments inédits qu'il a vus à Damas en juin
1921 : d'abord, un linteau de porte, un marteau, une
plaque de marbre, puis une frise de stuc sculpté pro-
6
— 82 —
venant d'une médréseh et dont la décoration remonte
aux temps sassanides, enfin deux cénotaphes de
grandes dames musulmanes. Au cimetière de Bab-el-
Saghir, un tombeau à double coupole est, suivant la
légende, celui de Um Kulthum et de sa nièce Sukei-
nah ; un tombeau voisin à coupole plus petite est celui
d'une certaine Fatimah dont la légende a fait la sœur
de Sukeinah. C'est de ces tombeaux que proviennent
les cénotaphes, sarcophages d'apparat de Sukeinah
et de Fatimah, le premier en bois de noyer et le second
en pierre, qui rappelle les sarcophages antiques.
*
« Le Livre de la fleur des Hystoires de la
terre d'Orient » et le problème des influences
orientales au moyen-age.
(Communication de M. A. Vermeylen.)
On sait l'influence des œuvres orientales sur cer-
taines peintures du xve siècle, mais on se demande si
cette influence ne se manifeste pas au début du même
siècle, transformant le style qui évolue de la vision
généralisatrice, dominante pendant le Moyen âge,
au rendu des choses saisies dans leur caractère spécial.
Des exemples frappants nous sont offerts par le mi-
niaturiste Haincelin de Haguenau et par Pisanello.
Dès le xnie siècle, l'Occident avait des relations avec
l'empire mongol qui s'étendait jusqu'à la mer Noire,
et, par lui, avec toute l'Asie. De cette façon la peinture
chinoise a pu être connue des Européens. Un témoi-
gnage de ces relations est offert par le moine arménien
Hethoum dans son Livre de la fleur des Hystoires de
la terre d'Orient (Bibl. Nat., mss fr. 12.201).
L'art oriental n'agit pas directement mais par
l'image que l'art européen s'en fait, tout en ayant son
développement propre.
-83-
Les Casbas berbères de l'Atlas.
{Communication de M. Ricard.,)1
La casba est la forteresse musulmane du nord de
l'Afrique, généralement bâtie sur une éminence, desti-
née à protéger les détenteurs du pouvoir et, dans une
enceinte à côté, leurs protégés. Moulay Ismaïl (xvti*
siècle) a construit un grand nombre de casbas. M. Ri-
card donne à cette casba l'appellation de musulmane
pour la distinguer d'un autre type, la casba berbère.
M. Ricard étudie la casba d'Azilal (Moyen Atlas
occidental) qui est un exemple très caractéristique de
cette casba berbère. Bâtie sur une crête, elle fait partie
d'une ligne de forteresses analogues. C'est une bâtisse
carrée de 18 mètres de long avec un bordj en forme de
pyramide tronquée à chaque angle. Une entrée unique
dans l'axe de la courtine permet de pénétrer dans une
cour intérieure que bordent deux étages de bâtiments.
Dans les pays où l'autorité chérifienne a pu se faire
sentir, on constate un mélange de traditions berbères
et de traditions musulmanes.
M. Ricard termine, en étudiant l'entrée de la casba,
entrée qui, dans certains cas, prend les proportions
d'une véritable forteresse.
L'Epigraphie dans la décoration des Médersas
mérinides de FÈs, (xive siècle, ap. J.-C.)
{Communication de M. Bel.)3
Les Béni Merin qui ont régné à Fès du XIIIe au
xvie siècle, ont construit nombre d'édifices militaires,
et de bâtiments religieux. M. Bel a relevé dans les
i. Lue par M. Raymond Kœchlin.
2. Lue par M. Georges Marsais.
-84-
Médersas de Fès de nombreuses inscriptions de cette
époque ; elles ne peuvent être étudiées séparées de ce
qui les entoure.
Les Médersas (écoles de droit et de théologie) n'appa-
raissent en Occident qu'à la fin du xme siècle. Celles
de Fès constituent des édifices d'un seul jet qui n'ont
pas été modifiés. Elles comprennent des entrées avec
portes monumentales, un atrium avec galeries en
partie couvertes et une salle de prière et de cours.
La décoration comporte : le pavage du sol en
faïences polychromes ou en marbre blanc, l'ornementa-
tion du plafond et le revêtement de la presque tota-
lité des murs, qui se compose, du sol au plafond, de
faïences émaillées, puis de plâtres sculptés et, enfin,
d'un lambris de bois sculpté.
Le décor épigraphique est constitué par la stylisa-
tion d'un mot ou de quelques mots. L'inscription a
un but ornemental plutôt que didactique. Elle joue
un rôle considérable dans l'ornementation des édi-
fices et l'emporte sur les dessins géométriques. Cette
écriture décorative, d'un galbe admirable, perd son
caractère au début du xive siècle.
Les inscriptions sont sur faïence, sur plâtre (les plus
nombreuses), sur bois (mêmes principes que pour le
plâtre), sur marbre (bassins et vasques) et sur bronze
(revêtements de portes ou lutrins).
M. Bel émet le vœu que le Protectorat français au
Maroc encourage le plus possible les études épigra-
phiques et subventionne la publication de monogra-
phies contribuant à l'œuvre entreprise par Van Ber-
chem, un Corpus des inscriptions arabes.
*
* *
M. de la Nézière traite ensuite du développement
de V architecture marocaine du Xe au XVIIe siècle.
QUATRIEME SECTION.
La séance est présidée par M. Karl Nef.
Deux recueils peu connus d'ceuvres d'Orlando
de Lassus.
(Communication de M. Ch. Van den Borren.)1
Il s'agit du Prunus liber concentuum sacrorum, quos
motetos vulgo nominant, quinque et sex vocibus composi-
torum, Orlando de Lassus auctore (Paris, Le Roy et
Ballard, 1564), et du Modulorum Orlandi de Lassus
quaternis, quinis, senis, septenis, octonis et dénis voci-
bus modulatorum secundum volumen (Paris, Le Roy
et Ballard, 1565), dont la Bibliothèque Royale de
Belgique possède la partie de basse.
Il résulte de l'examen de ces recueils :
i°) que, contrairement à ce que l'on avait cru jus-
qu'à présent, Le Roy et Ballard n'attendirent pas jus-
qu'à 1570, date d'édition du Mellange, pour publier
des recueils uniquement composés d'œuvres de Lassus ;
2°) que le recueil de 1564 contient 3 motets, et celui
de 1565 21 motets qui, jusqu'à preuve du contraire,
peuvent être considérés comme y ayant paru pour la
première fois ;
3°) que les rapports de Lassus avec la France,
avant 1570, ont été plus fréquents et plus étroits qu'on
ne le soupçonnait jusqu'ici.
*
* *
Essai d'une théorie de l'évolution de l'Art
musical, conforme aux conceptions modernes
de l'Evolution.
(Communication de MM. René Josz et Ernest Rochelle.)
La plupart des esthéticiens et musicographes mo-
dernes ont constaté l'existence d'une évolution régu-
1. Lue par M. Pruaières.
— 86 —
Hère de l'art musical à travers les siècles mais aucun
d'eux ne paraît avoir cherché la cause profonde de ce
mouvement régulier qu'ils expliquent par des raisons
artistiques, scientifiques, philosophiques, historiques
ou sociales. MM. Josz et Rochelle croient trouver
cette cause profonde dans un antagonisme foncier
de ces deux grands créateurs de formes : la Nature
éternelle et l'homme périssable.
Us montrent que, en musique, l'évolution de la Forme
se traduit toujours par un mouvement tourbillonnaire,
produit par deux courants de sens opposé : celui de la
nature qui n'hésite pas à détruire une forme pour en
créer une nouvelle et qui entraîne l'art toujours plus
loin, toujours plus haut ; et d'autre part, le courant
humain, qui emploie tout son effort à maintenir la forme
que l'homme a créée et qu'il considère comme parfaite,
L'art parcourt donc, comme l'a vu M. Lavignac,
sans nous l'expliquer, une série de spires partant,
après une période de formation, du pôle idéalisme,
passant successivement par les étapes individualisme,
matérialisme, réaction, pour revenir enfin à un point
voisin du point de départ et recommencer une évolu-
tion identique.
MM. Josz et Rochelle vérifient successivement
l'exactitude de leur affirmation pour les quatre
grandes époques musicales : Musique gréco-romaine,
Cantilène monodique (plein chant), Polyphonie des
XVe et xvie siècles, Monodie accompagnée (harmonie)
de la période moderne.
*
* *
Les Contrapontistes de l'Ecole d'Evora.
(Communication de M. Luis de Freitas Branco.)
Au xvie siècle et au début du xvne siècle, les musi-
ciens portugais sont innombrables et d'une grande
- 87-
fécondité. A leur tête on peut citer six admirables
compositeurs de style polyphonique qui constituent
l'école dite d'Evora, capitale de l'ancienne province de
l'Alentezo, au sud du Portugal, foyer d'un intense mou-
vement musical aussi bien pour le contrepoint que pour
le chant. L'Alentezo offre des chansons populaires
très originales, sans influence arabe, qui s'exécutent
à plusieurs voix.
Manoel Mendes (-f en 1605) fonda cette école dont
le représentant le plus remarquable fut Duarte Lobo
qui est également le plus grand des compositeurs por-
tugais. Il unit à une prodigieuse technique contra-
pontique une expression nouvelle pour son époque.
L'école d'Evora offre encore des musiciens de grand
talent : le frère Manoel Cardeso, Filipe de Magalhâes,
Joao Loures Rebello et Diogo Dias de Melgaço.
*
* *
M. Barclay Squire lit la communication de Sir
Henry Hadow sur La Musique religieuse Tudor
(xvie siècle).
A quatorze heures, a eu lieu une visite au Musée du
Louvre ; les membres du Congrès ont été guidés dans
les départements de la peinture, de la sculpture et
des objets d'art, par MM. J. Guiffrey, P. Vitry et
G. Migeon, conservateurs de ces différents départe-
ments.
MARDI 27 SEPTEMBRE, (après-midi.)
PREMIÈRE SECTION
La séance est présidée par M. Fierens-Gevaert,
assisté de MM. Guiffrey et Capart.
De l'utilité d'une bibliothèque de catalogues
de ventes.
(Communication de M. Fierens-Gevaert.)
Une bibliothèque de catalogues de ventes, de musées,
de collections est indispensable aux chercheurs. De
telles bibliothèques spéciales existent en France, en
Angleterre, aux Etats-Unis, en Hollande, etc. Le
musée de Bruxelles a la sienne, modeste encore mais
bien fournie de documents intéressant la peinture
flamande (particulièrement bruxelloise) et hollandaise.
Déjà elle a rendu des services aux travailleurs. Il
conviendrait d'examiner la possibilité d'une entente
internationale pour faciliter les recherches par l'éta-
blissement d'un « catalogue des catalogues ».
Etablissement et publication de catalogues
et de répertoires d'œuvres d'art.
(Communication de M. Seymour de Ricci.)
M. Seymour de Ricci présente un ensemble d'obser-
vations sur la rédaction des catalogues d'œuvres d'ar-
tistes. Après un historique sommaire de ce genre
d'ouvrages, il énumère quelques volumes typiques
rentrant dans cette catégorie et les fait circuler dans
la salle.
Il signale comme particulièrement dignes d'atten-
- 89 -
tion, à des égards différents, les ouvrages de Robaut
sur Delacroix et Corot, le grand Rembrandt de Bode
et Sedelmeyer, les répertoires non illustrés de M. Hofs-
tede de Groot et les recueils de reproductions formant
la série des Klassiker der Kunst.
Il préconise la méthode qui juxtapose sur la même
page la description de chaque œuvre et sa reproduc-
tion par un procédé photographique ; il en illustre
l'heureuse application pour les tableaux dans le
Debucourt de M. Dacier, pour les estampes dans le
G. de Saint Aubin du même auteur, et dans le Peintre-
graveur de M. Delteil, pour les objets d'art dans les
livres de M. Marquand sur les Délia Robbia.
*
* *
Les deux communications de M. M. Fierens-Gevaert
et Seymour de Ricci furent suivies de discussions.
Plusieurs vœux furent émis, l'un tendant à ce que les
directeurs de ventes adoptent pour leurs catalogues un
format uniforme, l'autre souhaitant qu'une entente
intervienne en vue d'une organisation centrale des-
tinée à ce que les reproductions publiées soient faites
aussi soigneusement et aussi économiquement que
possible.
*
* *
La Bibliothèque d'Art et d'Archéologie.
(Communication de M. André Joubin.)
M. Joubin expose les conditions dans lesquelles
la- Bibliothèque d'art et d'archéologie, fondée par
M. Jacques Doucet, a été donnée à l'Université de
Paris, le Ier janvier 1918.
Il rappelle comment s'est formée cette bibliothè-
que, qui constitue l'ensemble le plus complet qui
— 9° —
existe pour l'étude de l'art et de l'archéologie. Il
énumère ses principales richesses : livres, manuscrits,
estampes, photographies, etc.; il donne des rensei-
gnements sur l'organisation matérielle si pratique>
qui permet d'utiliser toutes ces ressources, grâce au
système de fichiers, à la disposition des salles, etc.
Il attire aussi l'attention du Congrès sur les publica-
tions entreprises par la Bibliothèque, comme les dic-
tionnaires des artistes provinciaux, et surtout le Réper-
toire d'art et d'archéologie qui contient l'analyse de
tous les périodiques du monde entier.
Il expose encore les efforts qui ont été faits depuis
la donation pour restaurer la Bibliothèque, fermée
depuis le Ier août 1914, et il termine en proposant au
Congrès d'exprimer à M. Jacques Doucet les remercie-
ments de tous les érudits pour les services qu'il a
rendus aux études d'art et d'archéologie.
Le Répertoire d'Art et d'Archéologie. Une
Bibliographie des Arts industriels.
{Communication de M. Marcel Aubert.)
M. Marcel Aubert fait l'histoire du Répertoire
d'art et d'archéologie qu'il dirige depuis 1909 et dont
24 fascicules ont déjà paru. Ce répertoire est édité
sous les auspices de la Bibliothèque d'art et d'ar-
chéologie ; on y analyse les articles publiés par les
revues françaises et étrangères, et chaque fascicule
se termine par la liste des catalogues de ventes parus.
En 1913, le Répertoire formait chaque année un
volume de 616 pages où étaient dépouillées près de
600 revues d'Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne,
Etats-Unis, Finlande, France, Grande-Bretagne,
— gi —
Hongrie, Italie, Japon, Pays-Bas, Pologne, Portugal,
Russie, Suède, Suisse.
Après la guerre, M. Aubert, activement secondé
par M. Joubin, directeur de la Bibliothèque, a pu
remettre sur pied le Répertoire. Il paraît maintenant
un volume par an et une table analytique tous les
cinq ans. Le Répertoire comprend actuellement, outre
le dépouillement des revues et des catalogues de ven-
tes, la liste des volumes parus dans l'année et consti-
tue ainsi une bibliographie complète annuelle d'art et
d'archéologie.
M. Aubert entretient la section d'une bibliographie
des travaux relatifs à l'histoire des arts industriels en
France, depuis l'époque mérovingienne jusqu'à 1900,
qu'il a entreprise en collaboration avec M. Marquet
de Vasselot. Il expose le plan du travail, les divisions
méthodiques adoptées et l'ordre du classement dans
chaque subdivision.
*
La Formation de la section extrême-orientale
de la Bibliothèque d'Art et d'Archéologie.
{Communication de M. René-Jean.)
La section extrême-orientale de la Bibliothèque
d'art et d'archéologie fut constituée la dernière. On
y travaillait encore lorsque la mobilisation, appelant
le conservateur, interrompit les recherches de docu-
ments. L'ensemble réuni : livres asiatiques ou euro-
péens, photographies, etc., n'en est pas moins fort
riche et peut rivaliser avec toute section analogue
dans les bibliothèques publiques européennes. Divers
— 92 —
savants prêtèrent un concours actif à ces acquisitions.
De ce nombre sont MM. Maître, Sylvain Lévi, Foucher,
Goloubeff et surtout M. Pelliotet Edouard Chavannes.
Ce dernier ne cessa d'apporter sa collaboration béné-
vole et méthodique. C'est à lui que la Bibliothèque
d'art et d'archéologie doit de posséder un fonds chi-
nois important. Conseiller averti, il désigna les livres
à acquérir, en rédigea les fiches sommaires et contrôla
le travail de dépouillement de ces livres, dépouille-
ment qui, malheureusement, ne fut pas poursuivi. Il
y a là un chapitre peu connu de l'activité archéologi-
que d'Edouard Chavannes qui mérite d'être mis en
lumière et accroîtra la reconnaissance que les travail-
leurs doivent à la mémoire de ce maître prématuré-
ment disparu.
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section A.)
La séance est présidée par M. J.-J. Marquet de Vas-
selot, assisté de MM. Jorga et Morpurgo.
M. Jorga présente les excuses de ses compatriotes
roumains, empêchés de venir au Congrès et rend
compte des travaux qu'ils avaient préparés, M. Parvan
sur un art roumain provincial dont il a relevé les traces
en Dobroudja (ancienne Scythie mineure), M. Verona
sur l'étude de l'art populaire roumain et M. Bals sur
l'architecture moldave.
Les Origines de l'Art roumain.
(Communication de M. N. Jorga.)
L'art religieux roumain commence en Valachie,
au xive siècle, mais c'est la Moldavie, où le gothi-
— 93 —
que s'allie à la tradition byzantine, qui lui a 'donné
sa forme définitive : l'église en croix, portant une
seule tour (le clocher est dans le mur d'enceinte) et
précédée d'un péristyle. Des générations de peintres
ornèrent pendant cinq siècles de nombreux édifices.
On ne connaît pas suffisamment la vie de ces ar-
tistes. Des contrats, récemment découverts et datant
du XVIIIe siècle, la montrent analogue à celle de
leurs prédécesseurs occidentaux du Moyen âge. On
se transmettait d'une génération à l'autre les secrets
de technique ; le fils succédait parfois au père et le
disciple au maître. Au xixe siècle, c'est de ce milieu
patriarcal que surgirent, presque sans exception, les
premiers peintres modernes, le grand Nicolas Grigo-
rescu entre autres.
Un carnet de peintres, conservé à l'Académie rou-
maine, présente une collection de dessins d'un grand
intérêt, allant de la fin du xvne siècle jusqu'à la
première moitié du xixe siècle.
*
Artistes italiens en Autriche.
(Communication de M. Enrico Morpurgo.)
Le goût italien et le goût français rivalisent dans les
pays germaniques. Le goût français triomphe dans le
Nord, l'italien en Bavière et en Autriche. Au début du
xvie siècle, Pietro Ferrabosco est appelé à Vienne.
Il y achève le Neugebaûde et construit le château de
Prague. A la fin du siècle, Alessandro di Verda bâtit
le mausolée de Sekkau. Giovanni Pietro de Pomis
et Domenico d'Aglio travaillent à Gratz. Scamozzi
donne pour Saltzbourg les plans d'une cathédrale qui
sera bâtie sur les projets de Santino Solari.
Vient l'époque baroque. Carlantonio Carlone édi-
— 94 —
fie les monastères de Garsten, de Kremsmiïrster
et l'église de Saint-Florent. Giovanni Luca da Hilde-
brand, né à Gênes d'une Italienne, construit le Bel-
védère à Vienne et le couvent de Gôttweig. Donato
Felice d'Allio bâtit l'église des Salésiennes à Vienne
et le couvent de Klosterneuburg.
Le prince Eugène et, plus tard, François Ier, essaient
en vain d'acclimater le goût français. Un Italien,
hiicolô Tacarsi, achèvera Schœnbrunn.
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section B.)
La séance est présidée pai M. J. Destrée, assisté de
MM. Karel Chytil, Harry Fett et Henry Martin.
Histoire des pleurants de Dijon.
(Communication du ^-colonel Andrieu.)
Lors de la reconstitution des tombeaux des ducs de
Bourgogne au musée de Dijon, de 1818 à 1828, les
deux processions, formées par les petites statues de
deuillants qui les entourent, ont été bouleversées et
dans leur ordonnance liturgique et dans les attribu-
tions respectives à chaque mausolée. Des statues durent
être faites pour remplacer celles qui manquaient.
Grâce aux dessins du peintre Gilquin, exécutés pour
le duc de Bourbon, et représentant les quatre faces de
chaque tombeau, et à l'adaption d'un numérotage
méthodique suivant l'ordre des processions, le colonel
Andrieu a pu reconstituer l'aspect primitif et véri-
table des tombeaux et retrouver la trace des onze
pleurants qui ne figurent pas dans les dessins de
Gilquin. Il émet le vœu que l'ordre initial soit rétabli,
en remplaçant les statues modernes par des moulages
— 95 —
des œuvres disparues que l'on connait ; on reconsti-
tuerait, à l'aide des dessins de Gilquin, les deux
statuettes qui sont perdues.
*
Le thème des ruines dans l'Art de la
Renaissance française.
(Communication de M. R. Schneider.)
C'est un reflet de Rome antique, qui se fixe surtout
chez nos graveurs. Tantôt la ruine béante est un pré-
texte à des effets de perspective très étudiés, où l'on
retrouve la passion de la Renaissance pour la profon-
deur : c'est le cas de curieuses gravures de Du Cerceau,
de Jean Cousin, et de trois Lyonnais, Remy de Gour-
mont, Riverdy, le Maître au double C. Tantôt elle
témoigne du monument dont elle n'est plus qu'un
débris et devient le point de départ de restitutions plus
ou moins fantaisistes, mais toujours nostalgiques.
Tantôt c'est la vraie ruine, authentique et contempo-
raine, reproduite telle quelle, pieusement, en sa beauté
vivante, avec sa solitude et ses végétations, dans les
recueils de Du Cerceau encore, de Du Pérac et de
Lafrère : archéologie passionnée, où revit la Rome
romaine du temps de Paul IV et de Sixte V. Tantôt,
enfin, la ruine est purement décorative et expressive.
Elle est alors « composée », comme un motif pittoresque,
poétique, qui met de la noblesse dans les horizons der-
rière les gestes que font les hommes. Des recueils,
certaines marques d'imprimeurs-libraires, des vignettes
d'illustration, des estampes isolées, nous montrent ce
pouvoir de suggestion. De la gravure le thème a passé
dans tous les arts. La Renaissance a même fabriqué la
ruine pour la dresser dans la rue moderne, lors des
entrées solennelles, en faveur du César qui passe : le
Roi. Ce thème magnifique est une des origines du
-96-
genre (très italien d'esprit) des ruinistes et du paysage
historique et composé, qui a eu dans notre art une
très brillante fortune.
TROISIÈME SECTION.
La séance est présidée par M. Lou Kao, assisté de
MM. Bréhier et Bynion.
Remarques sur l'unité d'inspiration
de l'art musulman.
(Communication de M. L. Massignon.)
Par une méthode d'introspection, notre raison nous
permet de refaire par la pensée l'historique, la genèse
de l'œuvre d'art. Cette méthode que M. Massignon
définit en l'appliquant à plusieurs cas d'art musul-
man, se fonde sur la part d'invention intellectuelle
de travail mental que requiert toute œuvre artistique
avant le métier et la mise à exécution. En Islam, ce
travail est facilité par le fait qu'il y a, pour guider
l'inspiration des croyants, le Coran. Il y a bien un art
musulman. Les éléments de décor, isolément ou en
groupes, ont pu être empruntés aux nations aryennes,
à la Perse, à Byzance. La syntaxe des idées, la présenta-
tion concertée de l'idée n'est pas l'apanage exclusif
des Aryens ; chez eux, la présentation de l'idée est
périphrastique, elle se fait au moyen de nuances ins-
tables et diversifiées. Mais il y a chez les Sémites,
une autre présentation de l'idée, plus rudiment aire
mais fort originale une présentation gnomique con-
densée.
97 —
La céramique archaïque de l'Islam et ses
origines d'après un travail récent.
{Communication de M. G. Migeon).
Le récent ouvrage de M. Pézard La Céramique
archaïque de V Islam a projeté sur cette question une
assez vive lumière, grâce à la masse de documents
nouveaux que, par les fouilles, il nous a révélés.
Grâce à eux, à leur examen, à leur confrontation on
peut affirmer que, pour cet art de la céramique, les
peuples musulmans, comme les Byzantins, ne firent
que continuer l'art céramique de l'Iran surtout sas-
sannide.
Par eux, on peut être assuré que, contrairement à
l'opinion que la pratique du lustre pouvait avoir été
primitivement égyptienne, elle fut bien d'invention
iranienne-mésopotamienne et se propagea ensuite
dans tout le bassin de la Méditerranée.
De nombreux types de céramique établissent enfin
une étroite corrélation avec la céramique chinoise des
T'ang, dont la perfection technique ne fut pas super-
flue dans l'élaboration des recherches céramiques de
l'Islam.
En réponse à M. Migeon niant le lustre métallique
sur un plat du Louvre venant de Suseet que M. Pézard
attribue à l'art sassanide, ce dernier signale que si
le lustre du petit plat en question n'est pas très appa-
rent, par contre, parmi les pièces rapportées de Suse
par Dieulafoy, figurent deux fragments de poterie
de même style que celui du document précédent ; or,
ces deux iragments sont lustrés d'une façon indubi-
table. Si donc ces documents appartiennent bien à
l'art sassanide, c'est à ce dernier que l'on doit l'inven-
tion du lustre métallique.
7
-98-
L'entrecroisement des arcades
dans l'architecture arabe.
(Communication de M. Gomes Moreno.)1
L'arc de renforcement, connu des Romains, fut
employé à la grande mosquée de Cordoue (786). Il
constitue un élément esthétique nouveau qui, au Xe
siècle, prépara une évolution architecturale féconde
en résultats.
A la grande mosquée de Cordoue, d'abord dans le
mihrab et dans la lanterne (961-969), l'arc en ter à
cheval, préféré à l'arc demi-circulaire, fait son appa-
rition ainsi que l'arc brisé aux lobes. De même, les
arcs entre-croisés sont employés, disposition adoptée
en Espagne et au dehors (Algérie, Sicile, Italie).
Pour les voûtes à arcs croisés, la grande mosquée
de Cordoue offre cinq types différents qui se propa-
gèrent aussi en Espagne et au dehors. Mais c'est à l'art
gothique français qu'il était réservé de trouver la
véritable formule de la voûte.
La première capitale mulsumane de l'Egypte :
la ville de foustat.
(Communication de Ali Baghat Bey.)
Pendant la guerre, en enlevant du « sabback » (terre
à engrais), on a rendu Foustât au jour. Les ruines
en sont actuellement dégagées. Les constructions re-
montent aux Xe, xie et xne siècles de l'ère chrétienne
(maisons, bains, mosquées, une église, des ateliers, des
iours et une magnifique enceinte de remparts). L'état
des rues et des places a permis de dresser un plan.
x. Lue par M. G. Migeon.
— 99 —
Des constatations intéressantes ont été faites au
point de vue architectural, en ce qui concerne l'em-
ploi généralisé de l'ogive ; on a pu étudier des frag-
ments décoratifs, formés de revêtements de plâtre
seul ou de plâtre allié à la brique, témoignant d'un
emploi très varié du dessin géométrique et d'une
grande perfection de lignes.
D'innombrables objets ont été déterrés, surtout des
objets de céramique à reflets métalliques (xe-xiie s.),
peints sous un couvert vitreux (xne-xve s.), ou émail-
lés, qui prouvent le développement de la céramique
en Egypte à l'époque musulmane et montrent com-
ment les Musulmans ont inspiré certaines techniques,
héritées peut-être des anciens Egyptiens.
L'art musulman du ixe siècle en Tunisie.
(Communication de M. G. Marsais.)
Dès le viie siècle, la Tunisie devient terre d'Islam,
mais nous ne possédons d'œuvres d'art musulman qu'à
partir de 800. Le IXe siècle constitue une époque par-
ticulièrement brillante. A Cairouan, capitale du petit
royaume aghlabide, régnent des émirs préoccupés de la
prospérité du pays. Ils font exécuter des travaux d'uti-
lité publique (puits et réservoirs, tours à signaux), des
constructions militaires (fortifications et ribâts, cou-
vents-forteresses), des mosquées (la grande mosquée
et celle des Trois-Portes à Cairouan ; des mosquées à
Sousse, Sfax, Djama, Tunis), enfin des villas prin-
cières (El-Qacr-el-Gadîm, Raqqâda).
Les études sur l'art de cette période sont peu avan-
cées. Une constatation est à faire en ce qui concerne
la survivance de l'esprit chrétien due à l'emploi de
prisonniers chrétiens (disposition des mosquées, cha-
— 100 —
piteaux, détails décoratifs). Ce style est plus près
de l'art de l'Afrique byzantine que de celui des centres
abbassides ; il est supplanté au XIe siècle par un style
fatimite importé en Berbérie orientale de la vallée
du Nil.
*
La mosquée de Naym.
(Communication de M. S. Flury.)
La mosquée de Naym fut trouvée par M. H. Viollet.
C'est un monument unique en Perse, parce qu'on n'y
connaît aucune mosquée aussi ancienne dont le décor
original en stuc existe encore. L'analyse des bandeaux
à inscriptions coranique et du décor des colonnes,
intrados et parois du sanctuaire, font remonter la
construction de la mosquée vers la fin du IXe ou le
commencement du xe siècle de l'ère chrétienne.
QUATRIÈME SECTION.
Présidence de M. Vianna da Motta.
L'Influence de la musique française sur le
développement de l' « allemande ».
(Communication de M. Karl Nef.)
Etudier l'histoire de l'« allemande », c'est reconnaître
pas à pas l'influence qu'a exercée la musique française
sur le développement de la suite. Le nom français
d'« allemande » est déjà une preuve de cette influence.
L' « allemande » était primitivement une danse venue
d'Allemagne ; on l'a peu à peu modifiée. Dans leurs
suites d'orchestre, Schein en 1617 et Scheidt en 1622
réussissent de petits chefs-d'œuvre ; ils se servent déjà
— 101 —
du nouveau titre en langue française : « alle-
mande ».
C'est l'école française de luth qui a donné à 1' « alle-
mande » ce caractère spécial. Gautier en a ciselé la nou-
velle forme et l'a mise à la place autrefois réservée à
la pavane ; il l'a utilisée pour quelques-uns de ses
célèbres tombeaux. Chambonnières crée la forme clas-
sique que Bach, Hsendel et Couperin ont immortalisée.
En Allemagne, Froberger, sous l'influence des luthistes
et clavecinistes français, écrit des « allemandes » et les
réussit à merveille. Après Rameau et Haendel, 1' « alle-
mande » disparaît.
* *
Echanges internationaux au point de vue musical.
(Communication de M. J.-A. Fuller Maitland.)
C'est un dogme que l'Allemagne a surpassé toutes
les autres nations par son école musicale. Il est exact
que, pendant trois siècles, cette école a dominé ; mais
il n'est pas moins vrai que l'Angleterre et la France
l'ont devancée de trois siècles, possédant une source
commune à ruisseaux différents. Les échanges furent
continuels entre ces pays.
Dunstable, le premier grand compositeur anglais,
eut une influence considérable sur les Pays-Bas et,
par son élève Willaert, sur l'Italie et l'Allemagne.
Ensuite vinrent Byrd, Gibbons et la Pléiade sous le
règne d'Elisabeth.
Les Italiens'de cette époque préparent Lully, puis
Lully, à son tour, l'opéra français et l'essai d'opéra an-
glais (Pelham Humfrey et Purcell). En revanche, les
madrigalistes anglais sont les ancêtres de la musique
de clavecin française. Celle-ci triomphe à la cour de
Charles II, mais, avec les Hanovriens et Haendel, com-
— 102 —
mence l'influence allemande. Seule, la musique sacrée
conserve ses traditions.
L'influence allemande, uniquement contrebalancée
au XIXe siècle par celle de Gounod, décline au début
du XXe siècle. Apparaît l'influence de César Franck,
dont on ne voit pas encore toutes les conséquences,
puis celles de Debussy et Ravel. M. Fuller Maitland
préconise le retour à une inspiration nationale et l'é-
tude du folk-lore anglais dont on n'a découvert la
richesse que récemment.
M. Sem Dresden étudie la diffusion de la musique
française moderne aux Pays-Bas, inexistante dans la
musique dramatique mais considérable dans les
autres genres, surtout depuis 1904, date de la première
exécution à Amsterdam du Prélude de l'après-midi
d'un Faune.
*
* *
M. Bonnelli fait une communication sur les joueurs
de flûte français au service de la seigneurie de Sienne
au xve siècle, qui furent presque tous avignonnais.
Le soir, M. Paul Léon, directeur des Beaux-Arts,
a reçu les membres du Congrès dans les salons de la
Direction des Beaux-Arts. Au cours de la soirée,
Mmes Dussane et Berthe Bovy, de la Comédie Française,
M. Panzera, de l'Opéra-Comique, et la Société des
Instruments anciens, dirigée par M. Henri Casadesus,
se sont fait entendre.
— 103 —
MERCREDI 28 SEPTEMBRE, (matin.)
PREMIÈRE SECTION
La séance est présidée par M. J. Guiffrey.
Le nettoyage des tableaux de Frans Hals a
Haarlem et le résultat de quelques recherches
sur la restauration en général.
{Communication de M. Gratama.)
Les tableaux célèbres de Frans Hals à Haarlem jau-
nissaient de plus en plus et semblaient couverts d'un
voile qui en masquait les détails. Le nettoyage qui en
avait été fait suivant le procédé de von Pettenkofer
n'avait donné que des résultats éphémères. Au moyen
d'alcool, et sans toucher aux glacis, les vieilles couches
de vernis qui falsifiaient les couleurs, furent enlevées.
La preuve fut faite alors que les tableaux avaient déjà
été nettoyés, retouchés, rentoilés et revernis. Les re-
cherches de M. van der Sleen ont prouvé que l'acide
sulfureux et l'acide sulfurique sont les plus grands
ennemis des tableaux lorsque le vernis ne les conserve
plus. M. Gratama souhaite que l'heureux exemple de
ces restaurations à Haarlem soit suivi par d'autres
musées.
Dans quelle mesure convient-il de restaurer
et de nettoyer les tableaux anciens ?
{Communication de M. Van Puyvelde.)
M. van Puyvelde indique quelles précautions il con-
vient de prendre dans la restauration des tableaux.
Il signale les maladies des vernis et la prophylaxie qui
— 104 —
lui paraît la plus efficace. Il montre également quelles
données on peut tirer de la radiographie. Il soulève
enfin la question de la restauration du rétable de
l'Agneau Mystique ; les volets restitués par l'Alle-
magne se distinguent par la vivacité des tons et tran-
chent sur ceux qui sont demeurés à Gand dont les
couleurs sont embrumées par le vernis.
M. Bredius attire l'attention sur les dangers que
présente la prétendue régénération des vernis qui s'é-
caillent ; seul, le mode d'enlèvement du vernis par
procédé humide à l'alcool lui paraît recommandable.
Diverses observations sur la restauration des ta-
bleaux sont présentées par MM. de Figueiredo, Théo*
dore Reinach et Guerlin. La section émet le vœu
qu'un comité de techniciens, de chimistes et de peintres
soit constitué pour étudier les meilleurs procédés à
employer.
* *
La conception moderne des musées.
(Communication de M. H. Focillon.)
M. Focillon retrace, à travers l'histoire, l'évolution
des musées. L'idée première du musée nous vint, sans
doute, delà Renaissance ; les premiers musées furent
des galeries particulières renfermant des collections
de sculptures romaines et gréco-romaines ainsi que des
curiosités archéologiques. Plus tard, furent crées les
« cabinets » de tableaux et de dessins d'amateurs.
Les hommes de la révolution instituèrent les musées
publics, les « conservatoires de l'art », affirmant que
l'art était le patrimoine de tous. Alexandre Lenoir
fonda le Musée des Monuments français. Napoléon Ier
enrichit considérablement les musées.
M. Focillon estime que les musées ne doivent pas
— 105 —
être réservés aux seuls historiens et aux seuls artistes.
Leur rôle primordial est de permettre au public d'y
cultiver sa sensibilité, d'y exalter son imagination, aux
jeunes d'y compléter, d'une façon frappante et imagée,
leurs études historiques générales. Un musée doit être
vivant ; par des expositions, par des échanges, il doit
se renouveler. A côté de la force de tradition, il est
nécessaire qu'on y trouve la force de nouveauté.
*
* *
L'importance des musées de province pour
l'histoire de l'Art et de la critique d'art
AU XIXe SIÈCLE.
(Communication de M. Marcel Nicolle.)
Les musées de province, trop peu connus, ne sont
généralement pas mis en valeur au point de vue de
l'éducation artistique du public. Etudes et catalogues
sérieusement rédigés manquent trop souvent. Les his-
toriens d'art sont dépourvus de moyens d'information
rapides et sûrs.
M. Nicolle expose que, dans son catalogue du
musée de Nantes, il a voulu réaliser le programme
suivant : donner au visiteur tous les moyens d'étude
en face de l'œuvre même et à l'écrivain d'art qui
travaille souvent fort loin du musée, un répertoire
complet de ce que contient la collection, avec tous les
renseignements lui permettant de se rendre compte
de ce qu'est exactement chaque numéro du catalogue.
Parmi ces renseignements, M. Nicolle fait une large
place aux passages les plus caractéristiques des écri-
vains d'art qui ont parlé des œuvres exposées.
— io6 —
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section A.)
La séance est présidée par le professeur Venturi,
assisté de MM. Baud-Bovy et Vitry.
Jean Bellegambe de Douai.
(Communication de M. de Rudder.)
Après avoir été très admiré par ses contemporains,
Jean Bellegambe qui était né à Douai vers 1470, vit
sa gloire s'effacer. On éprouva de grandes difficultés
à authentiquer ses œuvres qui furent attribuées à
Memling ou à un artiste de l'école de Cologne.
En 1862, M. Alphonse Wauters, archiviste de la
ville de Bruxelles trouvait à la Bibliothèque de Bel-
gique un document permettant de rendre à Belle-
gambe le fameux polyptyque d'Auchin. D'autres
authentifications suivirent.
M. de Rudder détermine le caractère général de
l'œuvre de Jean Bellegambe. Il rapproche le polyp-
tyque d'Auchin de celui de l'Agneau Mystique des
frères Van Eyck ; ces deux tableaux, différents sous le
rapport de l'exécution ou de la sérénité de la concep-
tion, sont semblables sur un point, la volonté de leurs
auteurs de créer un poème de formes et de couleurs
pour la glorification d'une idée théologique.
Il est possible que les abbés du monastère d'Auchin
qui lui commandèrent le polyptyque aient aidé l'artiste
dans la réalisation mystique de son œuvre.
L'imagination, un don remarquable du pittoresque
et de la fantaisie, étaient les principales qualités de
Jean Bellegambe.
Contrairement à l'avis de certains critiques alle-
mands, M. Arthur De Rudder ne croit pas que l'on
puisse attribuer à Jean Bellegambe le tableau de la
Sainte Famille, du Musée de Bruxelles.
— 107 —
Artistes français travaillant en Danemark
vers 1700.
(Communication de M. O. Andrup.)
Au cours des xvie et xvne siècles, le Danemark
subit successivement l'influence des luthériens alle-
mands, puis celle de la Hollande, enfin, avec la reine
Sophie-Amélie de Brunswick, éprise des modes de
France, l'influence de ce pays. Elle fit venir des Fran-
çais, l'architecte Michel le Roi, le tapissier Dogereau,
le sculpteur-stuccateur Coffre, le jardinier François
Bernie, le jardinier Pierre Grandmaison, enfin et sur-
tout le peintre Nicolas Valeri. Malheureusement, leurs
œuvres périrent au cours des incendies qui anéanti-
rent les châteaux royaux. Les miniatures de Paul
Prieur, Genevois formé à Paris, ont eu un meilleur sort.
La reine qui vint ensuite, Charlotte-Amélie de Hesse-
Cassel, gagnée à la civilisation française, fit venir des
artistes de Paris, dont la plupart se réfugièrent en
Danemark après la révocation de l'édit de Nantes.
Elle eut à son service l'orfèvre Lenoir, le miniaturiste
Du Chastel, l'émailleur Barbette, le sculpteur Abra-
ham-César Lamoureux, et, comme peintres Guillon
et surtout Jacob d'Agar et Benoit Coffre qui, lui,
naquit en Danemark, mais se forma en France.
*
La part de l'influence anglaise dans
l'orientation néo-classique de la peinture
française entre i75o et i780.
(Communication de M. Jean Locquin.)
Vers le milieu du xvine siècle, le genre gracieux, la
« petite manière » où triomphaient ;depuis trente ans
Lemoyne et ses élèves, Natoire et Boucher, commence à
— 108 —
passer de mode. L'école française, sous l'action d'in-
fluences diverses, se transforme et s'oriente vers des
formules plus sévères.
Cette réaction est surtout sensible à partir de 1760.
Au Salon de 1761, on assiste à l'éclosion du genre
« néo-grec » de Vien. C'est la première étape vers le
« retour à l'antique », auquel aspirent désormais
tous les peintres d'histoire. Mais ce n'est qu'un com-
mencement. Si la Jeune Corinthienne de Vien rompt
délibérément avec la « rocaille », elle est encore loin
du style « noble » et « sublime », jadis personnifié par
Poussin et qui apparaît comme l'idéal.
Après 1763 et jusque vers 1775, le mouvement se
continue, mais ce sont les peintres d'histoire anglais,
Gavin Hamilton et Benjamin West qui, devant la
carence de Vien, vont accomplir la seconde étape sur
le chemin du «grand goût de l'antique ». Des œuvres
comme V Andromaque pleurant sur le cadavre d'Hector,
exécutée par Gavin Hamilton en 1763-64, et comme
YAgrippine débarquant à Brindes avec les cendres de
Germanicus, peinte par B. West en 1767, sont, au
point de vue de l'élaboration du style nouveau, en
avance de dix ou quinze ans sur les productions de
Vien et de son école.
Ainsi, peut-on affirmer qu'entre Vien et David,
l'école anglaise a contribué, dans une forte mesure, à
orienter la nôtre vers l'antique.
M. Hautecœur ajoute que, si le retour à l'antiquité
est si manifeste au xvme siècle en Angleterre, ce
phénomène s'explique par le commerce très déve-
loppé de curiosités antiques, trouvées à Rome et
envoyées en Angleterre. Il rappelle que le peintre
West, sur la fin de sa vie, quitta la peinture
(vers^i78o) pour se faire lui-même marchand d'an-
tiquités.
iog —
Les séjours de Corot en Suisse.
{Communication de M. Daniel Baud-Bovy.)
La communication de M. Daniel Baud-Bovy
avait trait aux séjours de Corot en Suisse ; son objet
était triple : marquer quelle importante source d'ins-
piration furent pour Corot, Genève, son lac et la
Gruyère ; rappeler comment certaines de ses plus
belles œuvres (entre autres deux admirables figures) se
trouvent réunies au musée de Genève, et insister sur les
panneaux décoratifs qu'il a peints au château de
Gruyère ; déterminer enfin son action sur certains
artistes suisses romands et leurs successeurs directs.
M. Baud-Bovy a été amené ainsi à esquisser le
cercle des amis genevois de Corot, au premier rang
desquels il convient de citer J.-G. Scheffer qu'il avait
connu lors de son premier voyage en Italie, le médail-
leur Antoine, le peintre Daniel Bovy dont les descen-
dants possèdent encore le château de Gruyère, et le
peintre et éducateur Barthélémy Menn. Ce sont eux,
ainsi que M. et Mme Armand Leloux qui, durant un
quart de siècle, l'attirèrent à maintes reprises en Suisse
et lui donnèrent occasion d'écrire quelques charmantes
lettres d'un tour presque classique dans leur bonho-
mie, et de répondre par une véritable profession de foi,
au jeu de société des questions.
Dans sa conclusion, et pour prouver quelle in-
fluence considérable Corot avait exercée sur Barthé-
lémy Menn et, par suite, sur ses élèves, M. Baud-Bovy
a cité une définition remarquablement claire et com-
plète de la théorie des valeurs rédigée par l'un d'eux,
et il a fait voir combien un autre, le plus illustre,
Ferdinand Hodler, s'était, au début de sa carrière,
inspiré des œuvres du grand maître français.
— 110 —
John Crome.
(Communication de M. Collins Baker.)
John Crome (Norwich, 1768-1821) a fondé l'école
paysagiste de Norwich. Fils d'un apprenti, il débuta
dans la vie comme peintre de voitures et d'enseignes.
Il s'instruisit d'après les gravures ou les tableaux
qu'il put voir dans son pays. A partir de 1790, il en-
seigna le dessin, puis il aborda la peinture à l'huile.
Il exposa à Norwich et à Londres de 1805 à 1821. Il
tira ses premières inspirations de maîtres anglai s
(Wilson, Gainsborough) ou de hollandais (Van der
Neer, Hobbema, Ruisdael, Cuyp, Rembrandt), voire
de Velasquez. Mais il est pleinement original dans ses
chefs-d'œuvre qui se trouvent à la Galerie Nationale de
Londres, simples, harmonieux et lumineux. Sa séré-
nité et sa sobriété font de Crome un classique, mais il
se rattache aux modernes par son esprit d'observation
et son sentiment du plein air.
Avec Constable et Turner, il démontre que, dans la
conception moderne de la peinture de paysage, se ma-
nifeste le génie anglais. De toutes les écoles de paysage
antérieures au début du xxe siècle, l'école anglaise est
la plus large de conception, la plus interprétative, la
plus libre et la plus opulente. Mais, pour une raison ou
une autre, elle est inconnue à l'étranger.
M. Paul Vitry rappelle, à propos de John Crome,
que divers artistes français furent aussi des devanciers
de la peinture paysagiste moderne et que quelques-uns
d'entre eux, Desportes et Joseph Vernet notamment,
ont précédé ce maître.
— III —
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section B).
La séance est présidée par sir Hercules Read,
assisté de MM. Henry Martin, Harry Fett, Karel Chytil.
L'influence de la miniature sur la sculpture du
Languedoc au xne siècle.
(Communication de M. Emile Mâle.)
Nos plus anciens sculpteurs romans ont demandé
leurs modèles à la miniature. Les sculptures de Mois-
sac, un des ensembles les plus anciens qu'il y ait en
France, offrent des ressemblances frappantes avec les
miniatures de certains manuscrits méridionaux, princi-
palement Y Apocalypse de Saint-Sever (Bibl. Nat.), en-
luminée en Gascogne entre 1028 et 1072. C'est un des
exemplaires du commentaire sur l'Apocalypse fait
par Beatus, abbé espagnol, et très répandu dans le
Midi de la France. L'abbaye de Moissac possédait cer-
tainement un de ces exemplaires.
La composition du tympan de Moissac (le Christ
entre les quatre animaux et accompagné des vingt-
quatre vieillards de l'Apocalypse) se retrouve dans une
miniature de ce manuscrit. Mêmes types, mêmes dra-
peries, mêmes détails infimes. Les chapiteaux du
cloître prouvent aussi que les sculpteurs demandaient
leur inspiration à l'œuvre de Beatus, car les sujets
en sont empruntés au commentaire de Beatus lui-
même et aussi au commentaire de saint Jérôme sur
le livre de Daniel qui forme la dernière partie du
manuscrit.
Au point de vue de l'exécution, il faut rapprocher
les sculptures de ces chapiteaux avec les miniatures
de ce manuscrit et d'un autre qui se trouve à la biblio-
thèque d'Astorga (Espagne). M. Mâle prouve que
— 112 —
certaines singularités des sculptures de cette époque
s'expliquent par le fait que les artistes copiaient des
miniatures.
M. l'abbé Walter, corroborant les conclusions de
M. Mâle, rappelle que dans des verrières de la cathé-
drale de Strasbourg, entre autres au croisillon sud,
les peintres verriers ont copié les miniatures de YHortus
Deliciarum.
M. Bréhier insiste sur cette influence des manus-
crits et, en particulier, de l'Apocalypse de Beatus sur
les chapiteaux de Saint-Nectaire.
M. Kœchlin rappelle que les manuscrits du xni°
siècle eurent également une grande influence sur les
ivoires.
*
* *
L'École romane de sculpture auvergnate et
le portail de conques-en-rouergue.
{Communication de M. Bréhier.)
A quelle école faut-il rattacher le Jugement Dernier
du portail occidental de Conques qui forme un con-
traste, souvent signalé, avec les Jugements Derniers de
la région voisine (Perse, Martel, Carennac, Beaulieu,
fragments de Souillac) ?
i° L'architecture du portail n'est pas languedo-
cienne et deux linteaux triangulaires de style auver-
gnat sont encastrés dans son tympan. Le sujet est
comme fragmenté en compartiments symétriques qui
montrent, dans le détail, l'opposition entre le bonheur
des justes et les supplices des réprouvés. L'intention
dogmatique est soulignée par de nombreuses inscrip-
tions. Les traditions locales sont représentées par les
bienfaiteurs de Conques dans la procession des élus et
— H3 —
par sainte Foy elle-même, prosternée sous les arcades
de sa basilique.
La taille du Christ n'a pas la disproportion habituelle
sur ces compositions ; son attitude est moins drama-
tique que liturgique. Les autres figures sont à la même
échelle que celle des chapiteaux historiés. L'inspira-
tion picturale est marquée par des effets de perspec-
tive et des fonds pittoresques d'édifices (linteau du
Paradis). Dans toute la composition régnent une fan-
taisie et un esprit satirique d'un caractère populaire.
2° Tous ces traits se retrouvent sur certains chapi-
teaux auvergnats, historiés sur leurs quatre faces et
qui ornent les chœurs de Notre-Dame-du-Port et de
Saint-Nectaire. Ils appartiennent au même atelier,
celui de Robert dont le nom est gravé sur un chapi-
teau de Clermont. Dans ces deux sanctuaires, on re-
marque, comme à Conques, un programme théolo-
gique très serré, souligné par de nombreuses inscrip-
tions, et dont les sujets sont rarement traités ailleurs.
On y retrouve le même goût de l'antithèse et des sub-
divisions symétriques (parallélisme entre les motifs
des chapiteaux de la Chute de l'Homme et de l'As-
somption à Clermont). L'interprétation n'est pas moins
remarquable par sa verve et sa fantaisie souvent vul-
gaire (correction infligée à Eve par Adam). Comme à
Conques, les effets de perspective et les fonds pitto-
resques d'édifices ne sont pas rares. Une place est
faite à l'élément local (chapiteau du donateur à Cler-
mont, chapiteau de la légende de saint Nectaire).
On y constate enfin la même recherche naïve du mou-
vement qui amène quelque confusion et l'exactitude
des détails due à des observations personnelles (ar-
mure chevaleresque, costume bourgeois, édifices).
3° C'est donc à l'école de Robert de Clermont qu'il
faut rattacher le Jugement Dernier de Conques,
— H4 —
véritable sermon en images d'un caractère populaire,
sculpté sans doute vers 1160-1170, tandis que les cha-
piteaux de maître Robert sont un peu antérieurs
(1140-1150).
M. Mâle est du même avis que M. Bréhier et croit
qu'il faut en outre voir à Conques l'influence de Mozat
dans certaines figures. L'artiste qui a exécuté le tym-
pan de Conques provient donc d'une manière générale
de l'école de Clermont mais il aurait sans doute tra-
vaillé à Mozat. [Derrière l'art auvergnat, peut-être
faudrait-il voir l'influence des Clunisiens et des Bour-
guignons.
M. André Michel pense, comme M. Maie, que l'in-
fluence de l'école bourguignonne doit être recherchée
dans tout ce qui, dans la sculpture auvergnate, dépasse
la moyenne, en particulier dans certains chapiteaux
de Mozat. Il montre comment les imagiers auvergnats
ont réussi à tirer des ivoires et des miniatures des
sculptures dans la pierre de plus en plus vivantes.
M. Romdahl estime que les miniatures et les ivoires
n'ont pas seuls influencé ,1e Jugement de Conques
mais aussi les grandes peintures monumentales qui
expliquent certains détails de la composition sculptu-
rale.
M. l'abbé Walter rappelle qu'à Sélestat il y a
une fondation de Conques, une église Sainte-Foy,
avec un livre de miracles de sainte Foy.
*
* *
Un chef-d'œuvre d'Art français du Moyen âge
au Danemark.
(Communication de M. F. Beckett.)
En 1300, l'abbé des Bénédictins de l'abbaye de
Niestved (île de Seeland, aujourd'hui lycée et institut
— H5 —
de Herlufsholm) fit l'acquisition d'un Christ d'ivoire,
le plus grand (haut de o m. 70), et le plus beau qu'ait
laissé le Moyen âge. Il marque la transition entre le
roman et le gothique. Ce n'est plus le Christ triom-
phateur ou courroucé, mais le Christ douloureux sui-
vant la conception franciscaine.
En ce qui concerne son origine, M. Beckett examine
diverses hypothèses qui l'amènent à la conclusion sui-
vante : ce Christ ne provient ni de Danemark, ni de
Norvège, ni d'Angleterre, ni d'Allemagne, mais de
France. En vérité, on ne peut citer aucun ivoire du
début de la période gothique, mais ce Christ présente
des affinités avec d'autres sculptures françaises de cette
époque. Ce serait donc le seul ivoire français exécuté
au début du xme siècle, qui ait survécu.
M. Raymond Kœchlin insiste sur la beauté de ce
Christ, certainement d'origine française, l'un des plus
remarquables du Moyen âge, exécuté de 1240 à 1245.
*
* *
Remarques sur le Style de maître André
Beauneveu.
{Communication de M. Fierens-Gevaert.)
Le grand tombier est bien moins un parangon du
naturalisme septentrional qu'un interprète génial du
style de certains maîtres français du xive siècle, style
pour ainsi dire classique. Le Psautier de Beauneveu,
conservé à la Bibliothèque nationale, se rattache inti-
mement à cette tradition française à laquelle l'éclec-
tisme international des environs de 1400 et le natura-
lisme de Claus Sluter et des van Eyck enlevèrent
l'hégémonie de l'art septentrional. Les deux minia-
tures initiales du Livre d'heures de Jean de Berry,
données par Léopold Delisle à Beauneveu, par de
— n6 —
Lasteyrie à Jacquemard de Hesdin, doivent être ren-
dues à Beauneveu, si l'on ne veut considérer J. de
Hesdin comme un épigone servile du maître que
Froissart plaçait au-dessus de tous les artistes contem-
porains.
M. Destrée lit quelques lignes qu'il a écrites autre-
fois sur le Psautier de Paris par Beauneveu. Il attribua,
comme M. Delisle, les miniatures de Bruxelles à Beau-
neveu. Il indiquait déjà alors le traditionalisme de
Beauneveu dans les histoires et miniatures et son
réalisme dans les portraits.
*
* *
Un essai de classement chronologique des
« Vierges debout portant l'Enfant», du xive siècle,
d'après la forme de leur manteau.
(Communication de M. Raymond Koechlin.)
La datation des Vierges debout portant l'Enfant, du
xive siècle, est restée jusqu'à présent très incertaine.
A la suite d'une longue étude sur l'ivoirerie gothique
française, M. Kœchlin a été amené à reconnaître que
si les ivoiriers ont suivi, eux aussi, à cette époque, des
modes très diverses dans l'ajustement de leurs Vierges
et notamment du manteau qui les enveloppe, ces
modes se sont régulièrement succédé ; il suffit donc
d'en déterminer la suite pour obtenir un classement
chronologique, classement qui semble devoir être aussi
vraisemblable pour l'ivoirerie que pour la grande
sculpture dont l'ivoirerie s'inspira le plus souvent au
XIVe siècle. M. Kœchlin étudie les transformations
du manteau des Vierges d'ivoire debout portant
l'Enfant ; il détermine la chronologie des modes suc-
cessives en honneur chez les ivoiriers.
ii7 —
TROISIÈME SECTION.
La séance est présidée par M. Lazaro, assisté de
MM. Diehl et Roosval.
Une série nouvelle de céramique hispano-arabe
découverte a paterna.
(Communication de M. Folch i Torres.)
Depuis 1908, on a découvert à Paterna, près de Va-
lence (Espagne), des fragments de céramique d'époques
différentes (depuis l'époque du Califat jusqu'au xvi9
siècle), que possède aujourd'hui le Musée d'Art et
d'Archéologie de Barcelone. Ces fragments présentent
un intérêt capital pour l'histoire de la céramique
musulmane en général et pour celle de la céramique
hispano-arabe en particulier.
Ils prouvent qu'à Paterna a existé une manufacture
qui employa dans la décoration le vert et le manganèse.
Les poteries à thèmes floraux et géométriques s'appa-
rentent avec les poteries de Medina-Azzahra et Medina-
Elvera (xe siècle) et du Terol (xiv-xvie siècle). Une
autre série où sont représentés des animaux, annonce
la céramique de Malaga et de Manisses. Enfin, une
quatrième série, offrant des figures humaines, est à dater
entre le xne et le commencement du xive siècle.
M. Puig 1 Cadafalch étudie la céramique de Pa-
terna et le cloître de l'Estany en Catalogne.
M. Charles Diehl, à propos de la théorie nouvelle
de M. Strzygowski sur l'art arménien, démontre l'in-
fluence de l'art byzantin.
M. Jorga s'associe à M. Diehl pour réfuter la thèse
de M. Strzygowski dans ce qu'elle a d'excessif.
— II)
Les Églises byzantines et ukrainiennes
DE KlEFF.
{Communication de M. Georges Loukomski.)
Les plus anciens édifices sacrés de la Russie chré-
tienne remontent au début du XIe siècle ; la ma-
jeure partie d'entre eux ont 'disparu à peu près entiè-
rement. A Kieff, les monuments les mieux conservés,
des XIe et XIIe siècles, sont l'église Saint-Cyrille et
la cathédrale Sainte-Sophie ; cette première période
d'un art brillant mais jusqu'à présent assez peu
étudié, est l'époque des influences orientales. Après le
xiie siècle, cette architecture commence à décliner.
L'art de bâtir ne refleurira pas avant le xvie siècle;
cette renaissance qui marque la seconde période de
l'architecture à Kieff, est influencée par l'Occident.
Le xviie siècle orne Kieff de monuments particulière-
ment précieux, d'un style que l'on appelle le baroque
ukrainien. Dans la première moitié du xvne siècle, on
commence à restaurer les constructions anciennes.
Nombreuses furent les églises construites au xvie et
au xviie siècles, basiliques à trois coupoles et églises
en forme de croix, à cinq coupoles ou même davantage ;
l'ornementation extérieure est toujours de style ba-
roque.
M. Loukomski étudie particulièrement Sainte-
Sophie, édifice original et très différent des églises
byzantines ; il en a exécuté des relevés en 1918-1919;
il a pu, au prix de grandes difficultés, y faire effec-
tuer quelques restaurations urgentes. M. Loukomski
a de plus créé, dans le palais du Métropolite,
près de Sainte-Sophie, un musée de la cathé-
drale.
ii9
Les influences musulmanes et byzantines dans
l'Art suédois du Moyen âge.
(Communication de M. J. Roosval.)
De fortes vagues d'influences artistiques sont pé-
riodiquement venues de l'Asie occidentale en Suède,
par exemple vers l'an iooo, vers 1160-1190 et vers
1280-1300. L'art architectural de l'île de Gotland a
surtout été sensible à l'influence orientale, comme en
témoignent les portails aux arcs dentelés, les palmettes
de forme persane dans l'ornementation, etc. L'in-
fluence byzantine se manifeste surtout vers 1140-1160.
L'existence de ces deux courants d'influences est très
facile à comprendre chez une nation voisine d'un
peuple semi-oriental comme le peuple russe. Les Sué-
dois avaient, depuis les temps païens, des routes com-
merciales allant jusqu'à la mer Noire et à la mer Cas-
pienne et qu'ils parcouraient chaque année. Depuis une
époque très reculée, ils aimaient dans l'ornementation
les riches entrelacements de lignes. Aussi, ont-ils
accueilli avec sympathie l'ornementation orientale
dont les éléments entrent visiblement dans ce qu'on
pourrait appeler le style suédois.
Un motif oriental de l'ancienne architecture
SERBE.
{Communication de M. Petkovic)
Dans deux monuments d'architecture serbe, l'église
Saint-Nicolas (région de Toplica) et Saint-Georges-de-
Ras (région de Novi-Bazar), datant du xne siècle,
époque à laquelle les échanges avec l'Orient furent par-
ticulièrement actifs, M. Petkovic étudie un motif
— 120 —
d'art oriental, étranger à l'art byzantin particulière-
ment influent sur l'ancien art serbe. Les deux églises
précitées présentent leurs absides qui sont tournées
vers l'Est, avec des pointes en avant, visant les points
cardinaux de l'horizon, ce qui rappelle la coutume des
Chaldéens, tradition qu'on retrouve dans l'architec-
ture musulmane.
*
* *
Introduction a l'Étude des costumes drapés
indigènes.
(Communication de M. le Dr G. -G. de Clérambault.)
Les costumes drapés indigènes n'ont jamais fait
l'objet d'une étude systématique. Leur beauté est
cependant égale ou presque égale à celle de la draperie
antique. Ils peuvent fournir des renseignements ethno-
graphiques. Il y a urgence à les recueillir, car ils dis-
paraissent rapidement et l'histoire des costumes
drapés serait un chapitre important dans l'histoire
générale de l'humanité.
Cette étude exige, pour être claire, beaucoup de
méthode. La classification des genres, les modèles
d'analyse et de notation, le vocabulaire même, sont à
créer. Le docteur de Clérambault présente un plan
de notation et un plan de classification. Il a entrepris
un traité général de la draperie et recueilli plus de
5.000 clichés en Tunisie et au Maroc. L'œuvre est à pour-
suivre dans toute l'Atrique, à Madagascar, en Asie
méridionale, en Océanieet dans le Sud-Amérique. L'au-
teur fait appel à tous ceux qui, vivant en pays exo-
tiques, sont à même de le documenter. Il importe que
la draperie ne disparaisse pas sans laisser à l'art et
à la science des documents complets, précis et esthé-
tiques.
— 121 —
QUATRIÈME SECTION.
La séance est présidée par M. Karl Neff.
Bernardino Pasquini (1637-1710).
(Communication de M. Boghen.)
C'est un grand musicien à peu près inconnu, mais
dont l'œuvre a eu une grande influence sur te dé-
veloppement des études musicales à son époque.
Il a eu une grande fécondité et il se distingue par
ses qualités personnelles de spontanéité, d'agrément et
d'entrain. Organiste et claveciniste éminent, il a
laissé des œuvres très nombreuses, parmi lesquelles on
remarque les sonates à deux clavecins avec basse
chiffrée, les cantates, les Toccate, les airs et ariettes
et un traité de contrepoint. La communication rela-
tive à ce compositeur a été suivie de l'exécution d'une
sonate à deux pianos réalisée, sur les basses continues
laissées par Pasquini.
*
* *
M. Paul-Marie Masson, reconstitue, à l'aide de
recueils périodiques de J.-C. Ballard, la vie musicale
française de 1695 à 1730, en appuyant son étude sur
une publication peu connue : les Recueils d'airs sérieux
et à boire, parus de 1695 à 1724, suivis des Mélanges
de musique française, latine et italienne (1725 à 1731).
M. André Pirro étudie la musique sur les galères du
roi, le recrutement des musiciens, leur répertoire et
tout ce qu'on peut en tirer de renseignements d'ordre
plus général sur la vie musicale en France sous l'an-
cien régime.
— 122 —
MERCREDI 28 SEPTEMBRE,
(après-midi.)
A 14 h. 30, les membres du Congrès ont visité, au
Musée des Arts décoratifs, l'exposition de photogra-
phies, de relevés et de dessins organisée par la Commis-
sion des monuments historiques à l'occasion du Congrès.
Ils ont été reçus par M. Paul Léon , directeur des Beaux-
Arts et M. Ch. Genuys, inspecteur général des monu-
ments historiques, qui leur ont fait visiter cette exposi-
tion réunissant environ 1.500 photographies, relevés
ou dessins et dont le but était de montrer des exemples
particulièrement caractéristiques de l'architecture des
différentes provinces françaises.
A 16 heures, la Municipalité de Paris a reçu à
l'Hôtel de Ville, dans le salon des Lettres, des Sciences
et des Arts, les membres du Congrès.
Les honneurs de la réception ont été faits par
M. Béquet, vice- président du Conseil Municipal ;
M. A. Autrand, préfet de la Seine, M. Liard, secrétaire
général de la préfecture de police, représentant
M. Leullier, préfet de police, M. Marin, président du
conseil général, MM. Florent -Matter et Léon Riotor,
secrétaires du Conseil Municipal, M. Froment-Meu-
rice, président du comité du Budget, M. Lalou, rap-
porteur général du Budget, MM. Deslandres, Hazeler,
Alfred Lallement, Auguste Lefébure, conseillers muni-
paux, M. Vendrin, conseiller général.
Les discours suivants ont été prononcés :
Discours de M. Béquet,
vice-président <lu Conseil Municipal
Messieurs,
Interprète des sentiments unanimes du Conseil
Municipal, je suis heureux d'accueillir dans notre
— 123 —
Hôtel de Ville et de féliciter chaleureusement les
membres du premier Congrès international organisé à
Paris sur l'initiative de la Société de l'Histoire de
l'Art français.
Paris, ardemment épris d'art et de beauté, salue en
vous des hommes selon son cœur et ménage à l'œuvre
que vous avez entreprise et que vous poursuivez en
commun, tous ses encouragements et toutes ses sym-
pathies.
L'histoire de l'art, c'est, en effet, la tradition conser-
vant le souvenir des efforts désintéressés accomplis
par l'humanité pour atteindre un idéal harmonieux.
C'est un éclat nouveau assuré aux trésors du passé.
C'est un regain de gloire promis aux cités qui, comme
la nôtre, s'enorgueillissent justement des richesses accu-
mulées dans leur sein par des générations d'artistes.
Vous savez, messieurs, avec quel soin jaloux la Muni-
cipalité parisienne s'est toujours préoccupée de préser-
ver le patrimoine légué par nos ancêtres. Vous savez
combien elle a le souci de satisfaire aux exigences de
la vie moderne sans sacrifier les beautés des siècles pré-
cédents. C'est qu'elle se rend compte, un peu et beau-
coup grâce à vous, Messieurs, du prix de son incompa-
rable passé. En nous restituant la vivante intelligence
de ces floraisons] successives, qui constituent l'histoire
si merveilleusement variée de notre art, vous nous
avez donné une claire et impérieuse conscience des
devoirs qui nous incombent à l'égard du trésor sans
cesse accru dont nous avons reçu le précieux dépôt,
Vous nous découvrez chaque jour de nouvelles raisons
d'admirer plus profondément, d'aimer plus tendrement
notre cher Paris. Nous vous sommes grandement
obligés, Messieurs, il nous plaît de le proclamer ici
très haut, en vous assurant de notre vive et sincère
gratitude.
— 124 —
Permettez-moi d'espérer que de votre côté, Mes-
sieurs, vous ne regretterez point d'avoir choisi notre
Cité comme siège de votre Congrès. Elle offre, il me
semble, le cadre le plus approprié qu'il soit possible de
souhaiter à vos préoccupations et à vos travaux. Accueil-
lante à toutes les initiatives qui portent la marque de
l'esprit, elle exerce depuis des siècles, sur les artistes
de nos provinces et de l'étranger, un charme puissant,
un prestige incomparable ; elle est devenue la Cité
d'adoption, la Patrie spirituelle d'un très grand
nombre d'entre eux ; elle leur a donné beaucoup, elle
a reçu d'eux plus encore. Et c'est ainsi qu'elle est deve-
nue une sorte de vaste musée, une exposition perma-
nente où sont représentés toutes les écoles, toutes les
traditions, tous les talents. Large et souple éclectisme
dont témoigne à sa façon cet Hôtel de Ville même où
nous avons le plaisir de vous recevoir et dont nos
prédécesseurs, après l'avoir fidèlement restitué dans
son aspect monumental, célèbre depuis la Renais-
sance, ont tenu à confier la décoration aux représen-
tants des diverses tendances, parfois contradictoires
mais toutes vivaces et attachantes, qui se sont par-
tagé l'art de la deuxième moitié du xixe siècle.
Dans la région parisienne où vous conduisent des
excursions judicieusement préparées, vous trouverez
l'expression profonde de notre âme et de notre idéal
national. Les châteaux de Versailles et de Fontaine-
bleau, élevés avec la collaboration du pays tout entier,
vous rappelleront les fastes de l'ancienne monarchie.
Après avoir passé les coteaux de l'Ile-de-France, vous
verrez Chartres, Reims, nos cathédrales, images de nos
forêts, symboles des aspirations et de la foi de notre
peuple, vénérables témoins des époques successives
de notre histoire, toutes rayonnantes de la double
gloire de l'art et de la spiritualité, à laquelle est venue
— 125 —
s'ajouter, pour un trop grand nombre d'entre elles,
l'auréole du martyre.
Partout les paysages se feront riants à votre approche,
partout les portes s'ouvriront et des mains fraternelles
se tendront vers vous.
Paris et la France, fidèles au vieil idéal classique de
large culture humaine, ennemie de tout fanatisme, re-
connaissent en vous de précieux alliés. Ils n'ignorent
pas que l'art, prenant sa racine dans les profondeurs
mystérieuses de la sensibilité, est peut-être l'affirmation
la plus caractéristique et la plus nette de la person-
nalité des patries et des races. Pour que, dans notre
époque de nationalismes exaspérés, ces génies si
dissemblables ne s'opposent point brutalement les
uns aux autres, pour qu'ils puissent, au contraire, com-
muniquer, fraterniser, se livrer à de féconds échanges,
il faut favoriser en eux la conscience de ce qui les rap-
proche plutôt que de ce qui les sépare ; il faut les fami-
liariser avec l'idée que bien des façons différentes de
comprendre et d'interpréter la beauté sont légitimes,
et que cette diversité même constitue la richesse et
la noblesse de l'art universel.
Telle est la besogne de concorde et de rapprochement
que vous avez entreprise, vous qui étudiez les œuvres
de l'Extrême-Orient comme celles de l'Occident, vous
qui, malgré les difficulté matérielles de l'heure pré-
sente réunissez ici tant de représentants distingués des
nations les plus diverses, heureux de communier étroi-
tement et profondément dans le même culte désinté-
ressé de l'idéal.
Voilà, Messieurs, de bon et sain internationalisme,
parce qu'il ne prétend pas se substituer aux âmes na-
tionales, mais se surajouter à elles et les pénétrer
de son chaleureux et pacifique rayonnement. De tout
notre cœur nous applaudissons à votre effort, et nous
— 126 —
saluons en vous, Messieurs, de bons serviteurs de
l'œuvre de civilisation qui, plus impérieusement que
jamais, au lendemain de la plus atroce des guerres,
sollicite les volontés droites et les esprits généreux.
*
* *
Discours de M. A. Autrand,
préfet de la Seine
Monsieur le Président,
Messieurs,
Le Préfet de la Seine s'associe très cordialement aux
souhaits de bienvenue que vient de vous adresser
M. le Président du Conseil municipal. Il tient à y
ajouter et à vous offrir ses plus respectueuses et ses
plus vives félicitations.
Lorsqu'en 1913, le 10e Congrès d'Histoire de l'Art
se terminait à Rome par le projet d'une nouvelle et
fraternelle réunion à Paris pour l'an 1916, vous ne
pouviez prévoir les obstacles inouïs que vos pacifiques
travaux devaient rencontrer, pas plus que vous ne
pouviez imaginer l'exil intellectuel que furent, pour
tant de penseurs et d'artistes, les brutalités de quatre
années de guerre. Combien n'en devrons-nous pas
louer ceux qui, dans l'attente des jours meilleurs, s'ap-
pliquèrent à maintenir les foyers d'études et de re-
cherches et à préparer la reprise de la vie de l'esprit !
Aux époques les plus critiques, la Société de l'Histoire
de l'Art français n'a cessé ni de se réunir, ni d'éditer son
bulletin, ni de faire paraître ses publications admirables.
Elle a témoigné ainsi de cette constance et de cette
hauteur d'âme dont, permettez-moi de le rappeler
ici, son éminent Président, M. André Michel, sut, au
milieu des deuils les plus cruels, donner l'exemple le
plus émouvant.
La récompense de cette fermeté, Monsieur le Pré-
— 127 —
sident, Messieurs, vous la trouviez avant-hier, à cette
réunion si nombreuse de la Sorbonne, où nos hôtes
étrangers ont bien voulu exprimer, avec tant de déli-
catesse, les sentiments qu'ils éprouvent pour notre
pays. Nous la goûtons aujourd'hui avec vous en les
accueillant dans ce palais de la cité parisienne, où
tout ce qui touche à la réputation intellectuelle de la
France, comme à l'affection des nations amies, éveille
toujours un écho sympathique et trouveun appui déter-
miné.
La Ville de Paris, au demeurant, a beaucoup
d'autres raisons de se féliciter de vos travaux, et quel-
ques titres aussi à l'intérêt que vous lui portez. L'art
qui est l'objet de vos études a toujours eu chez elle une
place d'honneur et lui a laissé d'impérissables témoi-
gnages. Elle a voulu que le cadre même de sa vie mu-
nicipale permît à la pensée des plus illustres de nos
artistes de se chercher et de s'épanouir. Il est, certes,
inutile de rappeler, dans ces salons, le champ qu'elle a
ouvert à la palette contemporaine, et les œuvres con-
çues pour elle, qui resteront, à tout le moins, comme
une affirmation éclatante et complète des conceptions
de notre temps.
Ce n'est là pourtant, vous le savez, qu'une petite
part de son œuvre. L'art, admis chez elle avec autant
d'ardeur que de libéralisme, y fait figure d'hôte choyé
et non pas de serviteur. Et si j'osais, Messieurs, em-
ployer un mot qui ne convient guère à une personne
publique, mais qui doit vous être cher par ce qu'il
promet de trésors accumulés, je dirais que la Ville de
Paris se fait volontiers collectionneuse, et qu'à ce
titre elle mérite bien vos encouragements. Que ce soit
au Petit-Palais où l'art contemporain est si large-
ment représenté, à ses musées Galliéra et Cernuschi
où l'art décoratif et l'art de l'Extrême-Orient sont soi-
— 128 —
gneusement mis en lumière, partout, aidée par de
généreux donateurs, elle a manifesté le sentiment
d'une haute mission à remplir et le désir d'offrir à
ceux qu'anime le culte de la beauté, les éléments
d'une connaissance raisonnée comme l'occasion d'une
pure jouissance.
Dirai-je que le souci de ses origines historiques et
l'attachement aux souvenirs de son passé se confondent
pour elle avec la sauvegarde des belles choses ? Le
musée Carnavalet est, lui aussi, une école d'art, et une
école souvent exquise. Et la présence de plusieurs
membres distingués de la Société de l'Histoire de l'Art
français au sein de notre Commission du Vieux Paris
indique assez la préoccupation de ne rien laisser perdre
des trésors que les siècles ont accumulés dans notre
grande cité.
Telle se présente devant vous, Messieurs, la Ville de
Paris, fière de vous accueillir au nom de toutes les
cités françaises, heureuse de pouvoir rappeler devant
vous un patrimoine d'art qu'elle ne songe qu'à enri-
chir, prête à profiter de votre expérience et de vos tra-
vaux, pour la plus grande gloire de la science et de la
beauté.
Discours de M. André Michel,
président du Congrès
Messieurs,
Je voudrais vous laisser sous l'impression des belles
paroles, si dignes de notre cher Paris, que viennent de
prononcer M. le Président du Conseil Municipal et
M. le Préfet de la Seine, mais je ne crois pas pouvoir
me dérober au devoir de les remercier de l'accueil
qu'ils ont bien voulu faire à nos hôtes du Congrès
d'Histoire de l'Art.
— 129 —
Lorsque, par une démarche indiscrète, nous nous
sommes adressés à eux pour leur demander de nous
aider à n'être pas trop inférieurs aux traditions de
l'hospitalité française, nous savions bien que nous
serions entendus et compris.
Ce que vous avez dit, Monsieur le Président et Mon-
sieur le Préfet, est l'expression même des vœux les
plus intimes de nos cœurs. En réunissant ici les repré-
sentants de la science étrangère, nos confrères, nos
amis étrangers, venus vers nous le cœur plein de sen-
timents affectueux — et qu'ils ont exprimés, il y a
deux jours, à la Sorbonne, avec une effusion dont la
cordialité nous a pénétrés d'une vive gratitude —
c'est bien une œuvre de paix, d'harmonie, d'amitié
que nous avons voulu tenter en communion avec ceux
qui se sont voués à l'étude et à la garde de la partie la
plus haute du patrimoine commun de l'humanité.
Je suis profondément heureux que, dans cet Hôtel
de Ville de Paris où nos amis vont voir tout à l'heure
les œuvres de quelques-uns de nos artistes, par des
voix aussi autorisées que les vôtres, Monsieur le Pré-
sident, Monsieur le Préfet, cet idéal ait été dès l'abord
évoqué. Soyez-en encore une fois remerciés de tout
cœur.
La musique de la Garde Républicaine s'est fait en-
tendre au cours de la cérémonie, puis les congressistes
ont visité les salons de l'Hôtel de Ville.
A 20 heures, a été donnée, à l'Opéra, une représen-
tation spécialement organisée pour les membres du
Congrès. Le programme était le suivant :
Les Troyens, poème et musique de Hector Berlioz
9
— 130 —
(2e tableau), avec Mmes Lucy Isnardon, Jane Laval,
Dagnelly, Y. Daunt, MM. Verdier, Teissié,
SORIA, EZANO, MAHIEUX.
Castor et Pollux, tragédie de P. J. Bernard, mu-
sique de Rameau (3e et 4e actes), interprété par
Mmes Laute-Brun, Berthon, Jane Laval, Aida
Boni, Y. Daunt, Bos, Delsaux, Franck, Brana,
MM. Jean Laffitte, Teissié.
Daphnis et Chloé, symphonie chorégraphique de
M. Michel Fokine, musique de M. Maurice Ravel,
avec Mlles Zambelli et Valsi, MM. Aveline et
Raymond.
JEUDI 29 SEPTEMBRE.
La journée du 29 septembre a été entièrement
consacrée à une excursion à Chartres. Les membres du
Congrès ont visité la cathédrale sous la direction
de M. Marcel Aubert, conservateur-adjoint au
Musée du Louvre. Après un déjeuner servi à l'hôtel
du Grand Monarque, ils se sont rendus à l'église Saint-
Pierre et ont parcouru le vieux Chartres, conduits
par M. Mayeux, architecte en chef des Monuments
historiques.
— 131 —
VENDREDI 30 SEPTEMBRE, (matin.)
PREMIÈRE SECTION
La séance est présidée par M. Fierens-Gevaert.
La conservation des monuments en Turquie.
(Communication de M. Halil Bey.)
Le Gouvernement impérial ottoman se préoccupe
vivement de la conservation des monuments histo-
riques. Au Service des antiquités est venu s'ajouter
une Commission spéciale et permanente dépendant du
ministère de l'Instruction publique ; elle seconde
le gouvernement dans sa tâche qui est des plus
ardues et nécessite des dépenses importantes. La
Société des Amis de Stamboul, créée sous les aus-
pices d'une haute personnalité française, rend aussi de
précieux services et a participé à la conservation de
monuments fort importants.
La Commission permanente a pour but de faire
connaître au grand public les monuments artistiques,
et de les surveiller. Ils dépendent du Ministère des
Fondations pieuses, s'ils possèdent un revenu (mos-
quées, collèges, cuisines, fontaines, hôpitaux). En cas
de réparation, le Service des antiquités est toujours
consulté.
La Commission permanente s'intéresse surtout aux
monuments qui ne jouissent d'aucun revenu; elle en
a sauvé un bon nombre de la destruction. Elle veille
aussi à ce que les travaux d'édilité à Constantinople
ne nuisent pas à la beauté des sites. Enfin, elle a fait
le relevé exact des murailles de la ville dont les
parties les mieux conservées et les plus intéressantes
ont été classées.
132 —
*
* *
M. Martorell n'ayant pu venir, et sa communica-
tion sur la conservation et l'inventaire des monuments
n'étant pas arrivée, M. Folch i Torres commente
les projections envoyées par M. Martorell. Il explique
le rôle bienfaisant de l'Institut d'Estudis Catalans :
en Catalogne, l'Etat se charge seulement de la con-
servation des monuments importants et l'Institut
le supplée pour ceux moins considérables. M. Folchi
Torres présente un certain nombre de clichés, notam-
ment celui d'un magnifique rétable de la première
moitié du xive siècle, œuvre due à un peintre de
l'Ecole catalane.
*
* *
Problèmes concernant la conservation et la
restauration des monuments endommagés
par la guerre.
(Communication de M. A. Morassi.)
M. Morassi expose les dispositions légales prises en
Vénétiejuliennepourlaprotection desmonuments. Tout
est prévu, jusqu'au contrôle des monuments commé-
moratifs et à la protection de l'architecture rustique.
La liste des dommages sur le front du Val di Ferro>
de l'Isonzo et du Carso, est longue. M. Morassi a
abordé la question très délicate de la restauration.
La reconstruction est condamnable. Elle efface les
vestiges de l'édifice primitif ; elle n'est qu'une imi-
tation moderne et souvent inexacte. Mais, d'autre
part, elle s'impose dans bien des cas. L'architecte
devra procéder de la façon la plus discrète et la plus
sommaire, et accuser loyalement la restauration ac-
complie, sans truquage ni falsification.
i3:
Les monuments de la région riveraine du Piave,
qui ont été ruinés par la guerre, et leur
restauration.
(Communication de M. Luigi Coletti.)
M. Coletti signale l'abondance de monuments
et d'œuvres d'art qui, sous toutes les formes, de style
noble comme de style rustique, se trouvaient sur le
territoire de Trévise, le long du Piave ; il montre les
grands dommages causés par la guerre ; il indique les
sauvetages accomplis et les pertes irréparables (spé-
cialement les Tommaso da Modena et les Pordenone
de San Salvatore, les Véronèse de Romanziol, les
Tiepolo de Nervesa). Il propose la restauration de
l'abbaye de Nervesa, où pourrait être installé un
Musée de la bataille du Piave ; mais il fait des vœux
pour que le château de San Salvatore, privé désormais
de ses précieuses fresques, conserve l'aspect terrible
et grandiose de ses ruines, document et monument
indiciblement suggestif de la guerre.
Entente internationale pour la défense des
monuments .d'art.
(Communication de M. Fabrizi.)
Cette entente se base sur deux principes : i° les
monuments artistiques sont le patrimoine de l'huma-
nité tout entière qui est par conséquent intéressée à
leur conservation ; 2° ces monuments font corps avec
le pays où ils ont été créés.
En ce qui concerne les bâtiments, l'entente paraît
facile. Chaque état exercera sa tutelle, pour éviter
— 134 —
leur détérioration, sur les édifices dont il communi-
quera la liste aux autres nations intéressées.
Pour les objets mobiliers, la difficulté est plus grande.
Les lois qui existent en Italie, en Grèce et, mainte-
nant en France, interdisent l'exportation des œuvres
d'art offrant de l'intérêt. Une entente pourrait s'ap-
puyer sur ce fait que les nations associées s'engage-
raient à considérer comme inaliénables les œuvres
d'art faisant partie des musées ou appartenant à des
particuliers et frappées d'inaliénabilité.
M. Fierens-Gevaert, d'accord avec M. Fabrizi
sur le principe de sa communication, est d'avis qu'il
ne faut pas exagérer sur le principe qu'une œuvre
ne puisse seulement être pleinement goûtée dans son
pays d'origine. L'œuvre d'art est, pour la patrie où
elle fut créée, un excellent moyen de propagande.
*
* *
l'évolution des idées concernant la restau"
ration des monuments architecturaux et
décoratifs, depuis le milieu du xixe siècle,
aux Pays-Bas.
(Communication de M. Joseph Cuypers.)
Le mouvement en faveur de la restauration des
monuments architecturaux et décoratifs qui s'accen-
tue dans les Pays-Bas, montre, depuis son origine,
deux principes qui se disputent la suprématie.
La méthode soi-disant architecturale, qui prétend
remettre le monument dans son état primitif aussi
complètement que possible refait, remplace et même
complète s'il y a lieu tout ce qui n'est pas en rapport
avec le caractère original, supprimant au besoin
des œuvres d'art dent les caractères sont moins
anciens. Cette méthode de l'école ancienne a prévalu
— 135 —
surtout au début, quand les architectes étaient sous
l'impression des ravages que le temps avait fait subir
aux monuments.
La seconde méthode plutôt archéologique respecte,
autant que possible, l'histoire et l'évolution du monu-
ment en se contentant d'enlever les adjonctions pos-
térieures dépourvues d'intérêt au point de vue
artistique ou décoratif, en évitant surtout d'ajouter
de nouveaux éléments d'architecture, de sculpture
ou de peinture dans « le vieux style », mais en indi-
quant par leur caractère moderne, en harmonie
avec l'ensemble, les parties nouvelles dont l'exécution
a été nécessitée par l'époque actuelle. Après une lutte
d'environ vingt ans, cette méthode a prévalu au
Service de la conservation des monuments dans les
Pays-Bas.
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section A.)
La séance est présidée par M. J. J. Marquet de
Vasselot.
La technique dans la peinture primitive
portugaise.
(Communication de M. de Figueiredo.)
Après un hommage à la mémoire d'Emile Bertaux,
M. de Figueiredo présente quelques observations vi-
sant le chapitre de l'Histoire de l'Art de M. André
Michel, où Bertaux traite de la peinture portugaise, no-
tamment au sujet de l'influence d'Anvers sur l'art por-
tugais. Les peintres se servaient quelquefois, comme
les Italiens, de panneaux recouverts de colle et de
plâtre, mais ils préféraient les couvrir d'un enduit
brun ; ils utilisaient parfois des panneaux marouflés
— 136 —
d'étoffe selon la méthode catalane. Jusqu'au xvie siècle,
le bois est seul employé ; les panneaux sont le plus
souvent de chêne indigène, quelquefois de chêne
flamand. On trouve aussi, dans le nord du Portugal,
du châtaignier.
*
* *
Un peintre régionaliste portugais au xvie siècle :
Vasco Fernandes.
(Communication de M. Francisco de Almeida Moreira.)
Le peintre Vasco Fernandes, le Grand Vasco,
est un des plus remarquable > parmi les peintres
portugais primitifs dont l'activité remplit les deux
derniers tiers du xve siècle et la première moitié du
XVIe, au cours de la période la plus brillante qu'en-
registre l'histoire de l'art au Portugal.
On lui attribuait d'une manière générale, tous les
tableaux primitifs portugais du commencement du
xvie siècle, sans même en exclure ceux venus de
Flandre, sous les règnes de Manuel I et Jean III.
Dernièrement, grâce aux travaux d'investiga-
tion de M. de Figueiredo, directeur du Musée natio-
nal d'Art ancien de Lisbonne, et aux remarquables
restaurations de M. Lucien Freire, professeur de
l'Ecole des Beaux-Arts de Lisbonne, et directeur
du Musée des Carrosses, beaucoup de ces tableaux
attribués au Grand Vasco ont été identifiés comme
appartenant à d'autres peintres.
Rackzinski et après lui, Justi, ont réduit l'œuvre
du Grand Vasco à de plus justes et raisonnables
proportions. Pour qu'il eût pu en être l'auteur, il lui
eût fallu vivre plus de 150 ans et être un Protée dont
la manière eût changé dix fois, comme l'a si bien
dit Emile Bertaux.
— 137 —
L'œuvre de Vasco Fernandes, sans que cela
l'amoindrisse, est limitée aux cinq grands tableaux
qui représentent Saint Pierre, le Baptême du Christ,
le Martyre de saint Sébastien, la Pentecôte et le Cruci-
fiement. Ces tableaux, destinés primitivement aux
chap?lles de la cathédrale de Viseu, sont réunis
aujourd'hui dans le musée qui porte le nom officiel
du peintre, dans la même ville.
Maître Nicolas Français, peintre de la première
moitié du xve siècle.
(Communication de M. Sanchez Canton.)1
M. Sanchez Canton fait connaître divers textes
relatifs à la vie et aux œuvres de cet artiste français,
peut-être provençal, qui s'était établi à Léon où il
travaillait vers le milieu du XVe siècle. Il était le
peintre attitré du chapitre de la cathédrale pour
laquelle il peignit le rétable du maître-autel (avant
1434). On a encore de cet artiste une miniature, les
dessins de vingt-cinq vitraux et plusieurs composi-
tions murales exécutées entre 1450 et 1467. D'autres
peintures peuvent, en outre, lui être attribuées,
présentant avec ses œuvres connues une grande
similitude de technique et d'exécution.
M. Sanchez Canton décrit ensuite les œuvres de
Nicolas Français, le grand rétable de la cathédrale
de Léon, les dessins de vitraux, les peintures murales,
la miniature, les œuvres attribuées au peintre et
donne la bibliographie du sujet.
M. Reinach ne pense pas que le qualificatif de
Français soit une preuve de sa nationalité ; ce n'est
peut-être qu'un surnom et le document le plus sûr se
(1) Lue par M. Aïïassa.
- 138-
trouve dans les inscriptions relevées. Les formes que
M. Sanchez Canton estime provençales peuvent être
catalanes; la question est du domaine des philologues.
*
M. de Figueiredo fait une communication sur
Mariette et le Portugal. Mariette fut chargé par le
roi Jean V d'acheter des gravures et des tableaux ;
il s'acquitta de cette mission de 1719 à 1725 et recueillit
des gravures qu'il classa dans 102 volumes richement
reliés, ainsi que 70 peintures.
M. Th. Reinach observe que la plupart de ces
volumes et de ces tableaux ont disparu; il se demande
s'ils n'auraient pas été détruits lors du tremblement
d" terre de Lisbonne, ou clandestinement emportés.
M. Marquet de Vasselot fait remarquer que la
collection des Hohenzollern-Sigmaringen provenait
du Portugal et qu'elle fut en partie détruite.
M. de Figueiredo répond que la famille royale
emporta des œuvres d'art au Brésil et que plusieurs
disparurent dans un naufrage. La dernière révolution
dispersa beaucoup d'objets d'art dans le pays ; de
plus, les alliances firent passer en Allemagne et en
Saxe de nombreux tableaux.
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section B.)
La séance est présidée par Sir Hercules Read
assisté de M. le chanoine Urseau.
Le manuscrit du British Muséum, intitulé *
ïsabella book ou bréviaire d'isabelle la
catholique.
{Communication de M. José Lazaro.)
Parmi les manuscrits à miniatures, de caractère
flamand, mais enluminés par des Espagnols élevé
— 139 —
en Flandre ou pax des Flamands hispanisés, il y a
quatre livres d'heures qui passent pour avoir appar-
tenu à Isabelle la Catholique (Bibl. royale de Madrid,
British Muséum, coll. Edmond de Rothschild, Bibl.
de Cambridge).
Celui du British Muséum aurait été offert à la
reine, vers 1497, par Francisco de Rojas.
L'étude des miniatures représentant les saints
patrons de la reine et du donateur, l'examen du calen-
drier et de la dédicace, la remarque de certaines
impropriétés de termes comme « Isabelle, reine d'Es-
pagne et de Sicile » (?), le caractère disparate du f. 436
qui porte les écussons garantissant l'authenticité du
ms., toutes ces observations amènent M. Lazaro
à cette conclusion : il s'agit d'une falsification opérée
sur un manuscrit contemporain. La miniature du
f. 368 recto doit cacher, sous un barbouillage assez
grossier, les écussons ou devises qui établiront l'iden-
tité du véritable possesseur ; en tout cas, ce n'est pas
Isabelle la Catholique.
*
* *
M. R. Dos Santos ht un mémoire sur les sculpteurs
français du xvie siècle au Portugal, Jean de Rouen
(1490 ?-i58o), élève de Pierre des Anbeaux qui a
travaillé au tombeau du cardinal d'Amboise, Nicolas
Chatrain et maître Udart (env. 1530). C'est par eux
que l'art portugais a été conquis par la Renaissance.
*
* *
L'expansion de la sculpture française a
l'étranger au xviiie siècle.
(Communication de M. Paul Vitry.)
M. Paul Vitry veut seulement tracer les grandes
lignes d'un sujet aussi vaste, signaler les points déjà
élucidés, montrer des lacunes qui subsistent dans
— 140 —
notre documentation et solliciter de ses confrères
étrangers les renseignements qui manquaient déjà
au xviii6 siècle aux auteurs des notices académi-
ques sur tel ou tel artiste qui s'était expatrié et
qui nous tont défaut encore aujourd'hui.
» Il signale d'abord les travaux exécutés en Italie
par les jeunes artistes envoyés à l'Académie de
France, à Rome, dès la seconde moitié du xvne siècle,
les Legros, les Théodore, les Monor, au xvme par les
Coustou, les Adam, les Bouchardon, les Clodion. Beau-
coup restèrent à Rome bien au delà du temps régle-
mentaire, séduits par les commandes qu'on leur pro-
diguait. Certains s'y établirent à demeure.
Mais ceux-là ne s'étaient expatriés que dans le
dessein de compléter leur formation classique. D'autres,
au xviie siècle, fuyaient les persécutions religieuses
comme le? Lamoureux en Danemark, les René
Chauveau en Suède, les Hulot en Allemagne. De
bonne heure, des princes, désireux d'implanter à leur
cour les éléments du goût classique firent appQl aux
artistes français considérés comme les dépositaires de
ce goût. C'est le cas de François Coudray en Saxe, de
René Charpentier en Prusse, et surtout de la pléiade
d'artistes appelés en Espagne par le petit- fils de
Louis XIV, Philippe V, les Fremyn, les Thierry,
les Rousseau, dont l'œuvre entière n'est pas connue
malgré l'étude de M. Serrano Fatigati. L'atelier de
Potsdam, qui recueillit, avec F. -G. Adam et Sigisbert
Michel, l'héritage des grands décorateurs de l'époque
rocaille et compléta l'ornementation des jardins,
commencée avec les marbres de L. S. Adam et de
Pigalle, cadeaux de Louis XV à Frédéric, a été étudié
à fond par M. Paul Seidel. Mais l'activité de Dubut
en Bavière, de Lecler et de Saly en Danemark, celle
de Larchevêque et de /. Philippe Bouchardon en Suède,
— 141 —
vaudrait d'être mise en lumière. La statue de Frédé-
ric V, à Copenhague, a récemment inspiré une étude,
plus technique qu'artistique, de M. Hjalmar Friis.
Celle de Pierre le Grand à Saint-Pétersbourg sera
bientôt commentée par M. Réau avec l'ensemble de
l'œuvre de Falconet et de Mlle Collot en Russie. On
connait imparfaitement les travaux de Laurent Guyard
et de Boudard à Parme, ceux de Roubillac en Angle-
terre ou d' Ollivier en Belgique ; récemment étudié
par Mlle Devigne, celui-ci va faire l'objet d'une com-
munication. La série est ouverte, et il est à espérer
qu'elle se poursuivra.
*
* *
M. Adrien Bovy énumère et montre en projections
une série de bustes français du xvme siècle, conservés
dans les collections genevoises et dans la maison
familiale des Tronchin à Bessinges, oeuvres de Houdon
Chinard, Jacquet, etc.
*
* *
M. Sander Pierron parle du sculpteur Ollivier de
Marseille, dont la Belgique possède des œuvres nom-
breuses et variées. Mlle Marguerite Devigne rappelle
qu'elle a récemment consacré à Ollivier un travail
dans la Gazette des Beaux- Arts.
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section C.)
La séance est présidée par Mme Lefrançois-
Pillion, assistée de MM. Macoir et Schneider.
Rapports entre l'art français et l'art tchèque.
(Communication de M. Zakavec.)
L'influence française se fait sentir en Bohême dès
le haut Moyen âge. De nombreux Tchèques vont
— 142 —
étudier à l'université de Paris ; des Français vont
d'autre part en Bohême, comme ce Reginhard de
Metz, abbé de deux monastères tchèques, et les archi-
tectes qui construisirent des églises et monastères
cisterciens d'après des modèles français. L'influence
française s'accroît encore au temps de saint Louis
et de Philippe le Bel, et ne sera jamais si importante
qu'au temps des rois de la maison de Luxembourg.
Le roi Jean de Bohême fut élevé en France, vécut à
Paris, mourut à Crécy. Grand constructeur, les monu-
ments édifiés par lui sont imités d'édifices français.
L'architecte Guillaume, auteur du pont d'Avignon,
vint, en 1333, édifier un pont sur l'Elbe. De nombreux
et magnifiques manuscrits français sont importés,
qui servirent de modèles aux enlumineurs tchèques.
Guillaume de Machaut fut amené à Prague par Jean
de Luxembourg. Le château de Prague fut élevé à la
mode française. En 1344, l'architecte Mathieu d'Arras
vient d'Avignon et commence la cathédrale de Prague,
probablement sur le modèle de celle de Narbonne.
Prague devient le Paris de l'Europe centrale, où l'in-
fluence franco-italienne de l'art d'Avignon est mani-
feste. Sous Venceslas, l'influence française domine
toujours ; les manuscrits du roi en témoignent.
A l'époque moderne, sous les Habsbourg, l'influence
française est indirecte et moins sensible; cependant
l'art français du xvne et du xvine siècle est représenté
en Bohême par des peintures et des monuments.
Les artistes tchèques contemporains prennent pour
maîtres les principaux représentants de l'art français
actuel.
*
* *
— 143 —
Les plus récentes recherches et fouilles
archéologiques au chateau de prague.
(Communication de M. Kapel Chytil.)
M. Karel Chytil fait l'historique et la description
du château de Prague, presque inaccessible aux archéo-
logues du temps des Habsbourg, et que, depuis la
paix et la formation de l'Etat tchéco-slo vaque, il
est possible d'étudier de très près. Des fouilles ont
été entreprises méthodiquement et une restauration
commencée. Des découvertes importantes ont été
faites dans ce bâtiment très souvent transformé :
une petite église romane, une arcature du xme siècle,
de nombreux autres vestiges du Moyen âge et du
commencement de la Renaissance. Ces découvertes
entreprises par le Service des bâtiments du château,
sous la direction de M. C. Fiala, architecte, ne sont
pas encore terminées. Elles continuent à faire du
château de Prague, où sont représentés tous les styles,
du style roman au style rococo, un monument d'ar-
chitecture profane de premier ordre.
le chateau de prague sous les rois de la maison
de Luxembourg.
(Communication de M. Karel Chytil.)
M. Karel Chytil retrace l'histoire du château
de Prague aux xive et xve siècles. Il rappelle les
attaches du roi Jean de Bohême avec la France, ses
séjours à Paris, à Avignon, sa mort à la bataille de
Crécy. Son fils, l'empereur Charles IV, vint aussi à
Avignon et à Paris. Par eux l'influence française
se fit sentir en Bohême où le château de Prague fut
construit à la mode française, modo gallico et à l'imi-
— 144 —
tation du palais du roi de France, qui était alors
non le Louvre, mais le Palais dans l'île de la Cité.
Le maître constructeur Guillaume, architecte du
pont d'Avignon, fut appelé d'Avignon, en 1333,
séjourna un an à Prague et commença un pont sur
l'Elbe. Pour la reconstruction de la cathédrale, un
autre Français, Mathieu ci'Arras, fut également appelé
d'Avignon. Il éleva l'église en s'inspirant beaucoup
des cathédrales de la France méridionale. Le fils de
Charles IV, Venceslas, fut aussi un grand constructeur-
Cousin du duc Jean de Bohême, il était également
bibliophile. Les rois, ses successeurs, rirent agrandir
et modifier le château de Prague.
QUATRIÈME SECTION.
La séance est présidée par M. Boghen.
Un musicien catalan, français de naissance,
Jean Brudieu.
(Communication de M. Felipe Pedrell-anglès.)
Jean Brudieu fut un « madrigaliste » remarquable,
un maître de polyphonie sacrée de la plus haute envo-
lée. Il naquit vers 1510 dans le diocèse de Limoges ;
en 1538, on le trouve à la Seo de Urgell où il se fixa
plus tard ; en 1578, il est maître de chant à l'église de
Santa Maria del Mar, à Barcelone. En 1585, il publia
son livre de madrigaux que M. Pedrell a réédité ;
il mourut en 1591, après avoir passé 52 ans en Cata-
logne.
Il composa une messe pro Defunctis, mais, seul, son
livre de Madrigaux fut imprimé pour les capitulaires
d'Urgell désireux de l'offrir au duc de Savoie, Charles-
Emmanuel le Grand, à l'occasion de son voyage à
— 145 —
Barcelone. Technique et inspiration sont également
remarquables dans ces madrigaux. La source créa-
trice de son œuvre est dans le folk-lore catalan et
dans la musique grégorienne. Par la hardiesse et la
liberté de son style, il s'écarte de Palestrina et de
Victoria pour se rapprocher des musiciens franco-
belges de la Renaissance.
*
* *
L'unique composition musicale de Jean d'Arras,
contenue dans un exemplaire unique
(transcrite en notation moderne par Luigi Torri).
{Communication de M. Luigi Torri.)
Au cours d'une histoire glorieuse, qui intéresse tant
les arts, Arras a donné des musiciens. Le plus éminent
fut Adam de la Halle, dont le nom est étroitement
associé à l'Italie qui subit l'influence de son Jeu de
Robin et Marion.
A l'Italie fut aussi associé, trois siècles plus tard,
le nom de Jean d'Arras. Les renseignements sur sa
vie sont rares et ne concordent pas toujours. Il appar-
tient, en 1566, à la Chapelle de Parme, ensuite à celle
de Bruxelles ; à 80 ans, il est organiste de la Chapelle
de Philippe IL II serait mort en 1584, mais un Jean
d'Arras figure à cette même Chapelle d'Espagne en
1598 et 1608.
Son madrigal à quatre voix, la seule de ses œuvres
qu'on connaisse, fut édité dans le Livre premier des
Madrigaux à quatre voix de Josquin Persœns, (Parme,
1570.) L'unique exemplaire de ce recueil se trouve à la
Bibliothèque Nationale de Turin. Persœns, flamand,
était venu, en 1563, à Parme où, la dédicace du recueil
le prouve, il se trouvait encore en 1570.
Parmi des gaucheries et des maladresses, le madri-
10
— 146 —
gai de Jean présente des recherches curieuses, un souci
de traduire musicalement la parole, cette extériori-
sation de l'expression qui, chez certains madrigalistes
de la fin du xvie siècle, prélude à la profondeur inté-
rieure de ce sentiment dramatique que Gesualdo da
Venosa et Monteverdi porteront à son maximum de
vie.
Au programme de l'après-midi était inscrite une
excursion en autocars au château de Chantilly. Les
membres du Congrès ont visité le château et ses
collections sous la conduite de MM. Elie Berger,
Henry Lemonnier, membres de l'Institut, adminis-
trateurs, et de M. Gustave Maçon, conservateur-
adjoint. Avant le départ pour Paris, un lunch, offert
par l'Institut de France, a été servi à l'hôtel du
Grand-Condé.
147
SAMEDI ier OCTOBRE, (matin.)
PREMIÈRE SECTION.
La séance est présidée par M. Fierens-Gevaert.
Les instruments de travail du Cabinet des
Estampes de la Bibliothèque nationale.
{Communication de M. François Courboin.)
M. François Courboin signale les améliorations
qui viennent d'être réalisées au point de vue des
répertoires, au Cabinet des Estampes dont il est le
conservateur. Le premier volume du catalogue des
ouvrages relatifs aux Beaux-Arts composant la
série Y, vient d'être publié par la Société de l'His-
toire de l'Art français. Un répertoire général dacty-
lographié sur fiches articulées, et formant 247 volumes»
a été mis à la disposition du public; il comprend
128.000 articles, portant sur plus de 31.500 volumes,
et recueils reliés et 3.500 portefeuilles. La série des
Suppléments a été entièrement révisée, et l'inven-
taire général dressé avec identification des noms, dates
et nationalités d'artistes. M. Courboin rappelle quelle
part ont prise à ces diverses améliorations le conser-
vateur-adjoint et les bibliothécaires, et quel bienveil-
lant et précieux concours il a trouvé auprès de M.
Maurice Feu aille,
*
* *
Les idées de la Commission des Monuments
historiques sur la restauration des édifices.
(Communication de M. Ch. Genuys.)
M. Genuys expose les idées générales qui, en France,
depuis plus d'un siècle, sont appliquées dans l'œuvre
de la conservation des monuments anciens.
— 148 —
Les édifices présentant un intérêt d'art ou d'ar-
chéologie ou rappelant un fait important de l'histoire
sont classés au titre de monuments historiques. Dès
lors, ils sont soumis au régime édicté par une loi
spéciale, celle du 31 décembre 1913, la dernière
en date, et bénéficient de la sollicitude de l'Etat,
représenté par la Direction des Beaux-Arts et la
Commission des Monuments historiques qui en dépend,
composée d'artistes et d'archéologues.
4.200 édifices sont ainsi, d'après la liste actuelle
qui n'est pa^ close, entretenus et réparés par l'Etat
qui dispose, à cet effet, de ressources budgétaires et
locales, s'élevant ensemble à 10 millions et demi de
francs environ.
Par l'entretien et les réparations, l'Etat, excluant
toute idée de restauration ou d'unification, étend la
limite de son action à ce qui est strictement nécessaire
pour transmettre intact aux générations futures le
patrimoine d'art et d'histoire qu'il a reçu des siècles
passés.
Cependant, les circonstances tragiques, nées de la
récente guerre, en occasionnant la destruction partielle
et parfois totale de 900 édifices classés, ont gravement
étendu la mission de l'Etat et augmenté ses charges.
Le seul dommage matériel qui en est résulté a été
chiffré par la Commission interalliée des réparations
par 958 millions. De cette somme considérable l'Etat
fait l'avance, et, jusqu'ici, 66 millions de francs
fournis par un budget spécial, ont été employés au
sauvetage et à la protection des édifices atteints ainsi
qu'aux réparations les plus urgentes.
*
* *
— 149 —
La mise en valeur et l'inventaire des richesses
d'art des bibliothèques.
{Communication de M. Amédée Boinet.)
Certaines bibliothèques renferment des œuvres
d'art qui méritent d'être l'objet d'inventaires, non pas
seulement rommaires, mais critiques et raisonnes.
On rendrait un grand service aux historiens de l'art
en publiant des catalogues de cet ordre qui, à l'heure
actuelle, sont assez rares.
D'autre part, au point de vue des richesses d'art
concernant le livre manuscrit ou imprimé, les travaux
d'inventaires sont peu nombreux. Il faut, tout d'abord,
constituer une réserve dans les bibliothèques où il
n'en existe pas. Il n'est pas admissible qu'un livre
à gravures d'une grande rareté ou une reliure de prix
reste sur les rayons, pour ainsi dire perdu ou non
protégé.
Ensuite, il importe de faire connaître, par des
ouvrage? spéciaux ou des albums, les richesses de
telle ou telle bibliothèque en manuscrits à peintures.
Certains dépôts possèdent, à ce point de vue, des fonds
merveilleux qui sont à peine connus. En outre, il est
un genre de travail qui peut rendre les plus grands
services pour l'étude de l'iconographie, de l'archi-
tecture, du costume, du mobilier, etc., c'est celui qui
consiste à dresser la liste des sujets et objets repré-
sentés dans les manuscrits. Il n'a été, pour ainsi dire,
rien fait à ce sujet jusqu'à présent.
Comme inventaires à établir, il faut encore signaler
ceux relatifs aux incunables illustrés à la main ou par
la gravure, aux livres à gravures depuis le xvie siècle,
aux estampes et aux reliures. Certaines bibliothèques
possèdent des fonds d'estampes importants, qui ne
sont pas encore classés comme il convient, et pour
— 1=10
lesquels on n'a aucun catalogue manuscrit ou imprimé .
Quant aux reliures, il faut distinguer les reliures artis-
tiques et les reliures armoriées. Elles doivent être
tout particulièrement l'objet de mesures de précau-
tion et de sauvegarde indispensables.
Enfin, pour les bibliothèques d'une certaine impor-
tance, il est utile d'organiser, à des intervalles plus
ou moins rapprochés, des expositions temporaires.
Les expositions permanentes* de manuscrits à pein-
tures, d'autographes, de livres à gravures, sont abso-
lument néfastes. On peut exposer des reliures d'une
façon permanente, à condition que les vitrines soient
hermétiquement fermées et recouvertes de cartons
ou de rideaux très épais.
L'utilité des expositions se conçoit à plus d'un titre.
C'est un moyen d'enseignement pour le grand public ;
de plus, pour les savants et spécialistes, ces mani-
festations sont souvent le point de départ de recherches
et de discussions profitables à l'avancement de la
science. De plus, elles sont un moyen d'inciter les biblio-
philes et collectionneurs éclairés à venir en aide aux
bibliothèques dont les budgets sont souvent très
insuffisants pour acquérir des livres rares ou des
reliures de prix.
*
* *
MÉTHODES POUR EXPOSER LES ŒUVRES D'ART
ORIENTAL.
(Communication de M. Roorda.)
Les musées où sont exposées des œuvres d'art orien-
tal peuvent se classer en deux catégories : i° ceux
destinés au grand public ; 2°\ les collections qui
concernent plus spécialement les historiens et les
spécialistes. Toute œuvre d'un caractère indubitable-
— i5i —
ment artistique, c'est-à-dire capable de procurer une
impression de beauté au visiteur ignorant, doit être
retirée des collections ethnographiques pour être
placée dans un musée d'art. C'est la décision qu'a
prise en Hollande la Commission consultative pour
la réorganisation des musées.
* *
Projet d'un répertoire analytique et icono-
graphique DES REPRODUCTIONS DE PEINTURES
DE MANUSCRITS.
(Communication de Mme Lefrançois-Pillion.)
Mme Lefrançois-Pillion décrit le plan et la
méthode d'un répertoire analytique et iconographique
des reproductions de peintures de manuscrits, qu'elle
avait entrepris, il y a une dizaine d'années, pour le
compte de la Bibliothèque d'Art et d'Archéologie, et que
son éloignêment de Paris l'a contrainte à interrompre.
Elle voudrait intéresser les membres du Congrès à la
continuation et à l'achèvement de cet instrument de
travail qui lui semble appelé à rendre des services
appréciables, étant donnée la dispersion des origi-
naux et leur difficulté d'accès. Il s'agissait de dresser
sur fiches, pour être ensuite imprimée, d'abord la
liste de toutes les études et travaux sur des peintures
de manuscrits et de tous les fac similés, intégraux ou
partiels des mêmes peintures, publiés soit en volumes
isolés, soit dans les divers périodiques français et
étrangers. L'auteur se proposait, en même temps,
et avait commencé de rédiger une double fiche pour
chaque figure qui, dans ces diverses publications, re-
produit une peinture de manuscrit : i° fiche signaléti-
que du manuscrit, auquel est empruntée la peinture ;
2° fiche iconographique, contenant l'indication du
— 152 —
sujet représenté, avec les mentions d'origine et de
date de la peinture. 5.000 fiches, environ avaient
été rédigées et classées ; elles sont à la disposition
des lecteurs dans une salle de la Bibliothèque où figu-
rent tous les ouvrages répertoriés, ce qui permet,
de faire, avec le minimum de temps, les recherches et
rapprochements désirés.8 Le répertoire une fois ter-
miné avec le passé serait aisément tenu à jour si des
tables iconographiques étaient toujours faites par les
auteurs d'études isolées, le Répertoire d'art et d'archéo-
logie assurant le dépouillement des périodiques.
DEUXIEME SECTION, (Sous-Section A.)
La séance est présidée par M. A. Venturi, assisté
de M. Rocheblave.
Remarques sur l'Apollon et Marsyas de Pin-
turicchio, généralement attribué a raphaël.
(Communication de M. Gustave Soulier.)
M. Soulier estime qu'on doit retirer ce tableau
à Raphaël, non pas pour le donner au Pérugin
(opinions de Morelli et de MM. Frizzoni, Berenson et
A. Venturi), mais à Pinturicchio, (opinions de MM. Wil-
liamson et Pératé). M. Pératé se base sur le motif des
oiseaux volants dont l'origine est orientale et qui est
fréquent chez ce peintre. L'origine de ce motif est
plus ancienne (peintures étrusques, puis coupe de
Boscoreale) ; apKs une longue disparition, il revient
en faveur, au xvs siècle, à la suite des voyages de
Marco Polo (ex. chez Pisanello, B. Gozzoli, Ghirlan-
daio, Filarete et enfin Pinturicchio). On ne le ren-
contre jamais chez Pérugin ou Raphaël. M. Soulier
invoque aussi, à l'appui de sa démonstration, le nu
— 153 —
des personnages plus maigres et gracile^ que chez
Pérugin ou Raphaël. Quant au paysage, il n'est pas,
à ses yeux, un argument convaincant.
M. A. Venturi ne souscrit pas à l'opinion de
M. Soulier, et conteste la solidité de certains arguments
de comparaison. Il attribue le tableau à Pérugin.
M. Soulier annonce que, dans un prochain ouvrage
sur les Influences orientales dans la peinture toscane,
il reprendra son argumentation dans tout son
ensemble.
Le Primatice ou Léonard de Vinci ? Question
posée a propos d'un dessin. les projets
des peintures murales de fontainebleau
sont-ils de Primatice ou de Léonard de
Vinci ?
{Communication deM. Herman Prakke.)1
M. Prakke commente un dessin, représentant
Adam et Eve au Paradis, daté de 1479 et signé Lion...
V.I. Il trouve de grandes analogies entre ce dessin et
ceux de Primatice, particulièrement les esquisses que
possède le Louvre, pour les peintures murales et les
plafonds de Fontainebleau. Il confronte des dessins
de ces deux maîtres, appartenant à diverses collections.
M. Prakke émet l'hypothèse que, peut-être, les meilleurs
dessins dont s'est servi Primatice pour Fontainebleau
étaient un héritage de Léonard de Vinci. Il ne serait
pas impossible que Léonard de Vinci, durant son
séjour en France, eût projeté ces décorations. Il
n'était pas novice dans ce genre de peinture, puisqu'il
avait exécuté la décoration des rues de Milan pour
l'entrée de Louis XII, roi de France, en 1507.
1. Lue par M. G. Roucbès.
— 154 —
MM. Venturi et Rocheblave ne s'associent pas
à M. Prakke dans ses conclusions à cet égard.
*
* *
Œuvres d'art exécutées en France pendant le
xvie siècle pour les princes de bourbon-
soissons et de savoie-soissons.
(Communication de M. le comte Alessandro Baudi di
Vesme.)1
Si l'histoire de la branche aînée de Savoie qui régna
sur le Piémont est parfaitement connue, celle des
branches cadettes, Savoie-Nemours, Savoie-Soissons,
est plus obscure. D'ailleurs, elles vécurent à l'étranger,
en France surtout. Leur fusion s'opéra en 1625 par
un mariage. Les comtes de Soissons habitaient, à
Paris, l'hôtel de ce nom. Ils firent exécuter de nombreux
travaux par des artistes ou des artisans. Les docu-
ments cités par le comte di Vesme et qu'il a tirés
des archives de Turin, vont de 1609 à 1690. On y
retrouve des spécialistes en tout genre, peintres,
sculpteurs et ouvriers de luxe, dont beaucoup sont
aujourd'hui tout à fait oubliés. Quelques noms ont
survécu : Daniel Dumonstier, Michel Coxcie, les
Beaubrun.
*
L'architecture civile a Sienne au Moyen âge.
(Communication de M. Chierici.)2
Au xi6 et xiie siècles, les bâtisses étaient généra-
lement en bois, ou bien l'on creusait des habitations
dans les collines de tuf. Puis l'emploi de la brique se
1. Traduite et lue par M. G. Rouchès.
2. Lue par M. Achille Bertini Calosso.
— 155 —
généralisa, à partir du xii6 siècle, combinée avec la
pierre qui fut d'abord employée seule pour les édi-
fices; la brique fut enfin seule en usage. M. Chierici
prend comme exemple, un bâtiment de la fin du
XIIe siècle, celui de l'hôtel « La Toscana», via del Re.
Les éléments caractéristiques de la maison siennoise
sont les ff-nêtres trilobées ou bilobées, un balcon
régnant le long de la façade, des auvents protégeant
la partie supérieure des ouvertures ; enfin, le haut
de la façade crénelée est égayé par la polychromie
résultant de l'emploi de matériaux différents. La
brique et la terre cuite se généralisant, les éléments
de la construction deviennent purement décoratifs.
Le toit était à deux pentes ou « à pavillon », couvert
de tuiles et muni de gouttières ou de gargouilles.
Les planchers étaient de bois et souvent de briques.
Les escaliers se trouvaient à l'extérieur des maisons
modestes, dans le vestibule ou la cour des édifices
importants.
*
* *
La véritable origine et la jeunesse de Palladio.
(Communication de M. Giangiorgio Zorzi.)1
Par des documents principalement tirés des archives
notariales de Vicence, M. Zorzi élucide plusieurs
détails obscurs ou adultérés de la biographie du grand
architecte. Il est faux que la famille de Palladio ait
été noble. Son père était un humble meunier, ori-
ginaire de Padoue où l'artiste lui-même naquit peut-
être. En tout cas, il n'est qualifié citoyen de Vicence
qu'en 1552. Palladio est un surnom dû sans doute
à l'humaniste Trissino, ami de l'architecte.
Les Gualdo, ses biographes et ses contemporains,
1. Traduite et lue par M. Coletti.
- 156 -
indiquent comme dates de naissance et de mort
1508-1580. Sur la foi d'une inscription au bas d'un
prétendu portrait de Palladio par Bernardo Lucinio,
on le fit naître en 1518 ; les documents montrent l'in-
vraisemblance de cette date et donnent raison aux
Gualdo.
Palladio débuta comme sculpteur et ornemaniste ;
son premier essai comme architecte est de 1545 et
ne fait nullement prévoir son génie.
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section B.)
La séance est présidée par Sir Hercules Read.
Gabriel Joly, sculpteur sur bois (14. .-1538.)
(Communication de Mlle Rubinstein.)
Il s'agit, dans cette communication, de l'œuvre d'un
artiste français, inconnu en France, qui a travaillé
en Espagne dans le premier tiers du xvie siècle.
Il y a laissé un grand nombre de rétables répartis
dans différentes églises.
Le premier document relatif à Gabriel Joly a été
trouvé en Espagne ; il date du 12 avril 1515. On y
apprend que son pays d'origine était la France. Le
même document lui concède le titre de prévôt et de
maître d'armes dans la ville de Saragosse où il s'éta-
blit et où il fit ses premiers travaux. Il travailla
ensuite pour les églises de Jaca, de Tauste, de Roda,
etc. Puis il arriva à Téruel où il exécuta quatre rétables.
C'est à Téruel qu'il mourut. On l'y enterra dans la
cathédrale même.
Son premier travail en Espagne date de 1519.
A cette époque, il devait avoir entre 35 et 40 ans, et
son talent était en plein épanouissement. Mais une
— 157 —
obscurité complète entoure sa formation artistique
avant son arrivée en Espagne ; on ne sait rien, non
plus, sur son compte entre 1515, date de son établis-
sement à Saragosse, et 1519, date de l'exécution de
son premier travail connu en Espagne.
Son œuvre dénote un artiste de grande valeur, mais
sujet à des influences multiples. Des éléments fran-
çais, flamands, italiens, y sont très nettement asso-
ciés. L'influence italienne, cependant, prédomine.
Joly représente au premier chef, dans l'ensemble, la
vaste combinaison d'influences internationales qui se
multiplia à cette époque dans les productions artis-
tiques aussi bien de France que d'Espagne. Où s'est-
il formé ? Quel est le caractère de ses premiers tra-
vaux et par quelles étapes a-t-il passé dans la première
partie de sa carrière artistique ? Il y a de quoi solli-
citer la curiosité des chercheurs. Nous serons heureux
de leur avoir indiqué cette voie.
Quelques Sculpteurs français en Angleterre
AU XVIIe SIÈCLE.
(Communication de M. Eric Maclagan.)
La large hospitalité accordée par l'Angleterre aux
artistes étrangers a fait croire à l'absence de sculp-
teurs nationaux. Ce pays produisit, pourtant, au Moyen
âge, de belles œuvres dont la plupart ont disparu, par
suite des destructions religieuses ou de l'action du
temps. La Réforme, en proscrivant les images, ne per-
mit pas une renaissance de la sculpture qui, au
xvie siècle, donna principalement sa mesure dans des
monuments funéraires. Les artistes les plus remar-
quables de cette époque sont Nicholas Stone (tombeau
de sir Thomas Bodley à Oxford) et Pierce. Au
- i58-
xviie siècle, le niveau se releva encore moins. Les
Stuart firent appel à des étrangers.
Hubert Le Sueur, né à la fin du xvie siècle, colla-
borateur de Tacca, à la statue de Henri IV sur le
Pont-Neuf, se trouve à Londres en 1628. Bien en cour,
il achète des moulages et exécute des copies d'antiques
pour Charles Ier. A la Révolution, il revient en France
où il fait quatre bustes de Richelieu. Suivant la tra-
dition, il retourna à Londres où il mourut après 1650.
Son œuvre maîtresse est la statue équestre de Charles Ier,
à Charing Cross (1633). Le musée Victoria et Albert
a acquis un buste en marbre du même roi (1631).
C'est le seul qu'on connaisse, mais Le Sueur a dû créer
d'autres bustes de ce monarque.
A part le tombeau avec buste de sir Thomas Richard-
son (Abb. de Westminster) et le tombeau du comte ce
Pembroke (Bibliothèque bodléienne d'Oxford), presque
toutes ses œuvres connues ont trait à la famille royale :
statues de Charles Ier et de sa femme (1632, collège
Saint- Jean, à Oxford), de Jacques Ier et de Charles Ier
(1638, cathédrale de Winchester).
Le Sueur eut un concurrent dans Fanelli, élève de
Jean de Bologne, arrivé en 1610 à Londres, qu'il
quitta, en 1642, pour Paris ; on connaît surtout ses
statuettes en ivoire et en bronze.
A la fin du siècle (1680), un autre Français, Honoré
Pelle, passa en Angleterre pour exécuter des bustes
de Charles II ; l'un, de 1682, à Barghley-House, chez
le marquis d'Exeter, l'autre, de 1684, au musée Victo-
ria et Albert. Pelle s'était formé en partie à Gênes, au
temps de Puget et de Parodi. Après un séjour en Angle -
terre, il revint en Italie. En 1694, il exécuta un groupe
de la Vierge avec l'Enfant (cath. de Modène).
Son buste de Charles II rappelle les bustes par Le
Bernin de Louis XIV (Versailles) et de François d'Esté
— 159 —
(Modène). Il mourut à Gênes, après 1716. Parlant du
Bernin, M. Maclagan présente le buste (1637) d'un
gentilhomme anglais (Mr Baker) par cet artiste, buste
récemment acquis par le Musée Victoria et Albert.
Un buste de Charles Ier, par le maître italien, fut détruit,
en 1698 au cours d'un incendie à Whitehall.
Sur des dessins inédits de Jean Duvivier, graveur
liégeois, médailleur de louis xv.
(Communication de Mlle Kuntziger.)
Après avoir signalé l'extrême rareté des dessins
connus de Jean Duvivier, Mlle Kuntziger pré-
sente trois dessins inédits du grand médailleur: deux
portraits d'hommes, exécutés à la sanguine, et
un Saint Eloi signé, tracé à la plume et ombré au
lavis ; ces trois pièces, provenant de la collection
Hamal, sont conservées actuellement au musée d'An-
sembourg à Liège.
Mlle Kuntziger termine en signalant une série
de petites gravures inédites attribuables à Jean
Duvivier et conservées au Cabinet des Estampes
de la Bibliothèque Royale, à Bruxelles ; ce sont onze
petites pièces héraldiques dont trois signées D. V»
et cinq planches représentant des cartouches.
— i6o —
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section C.)
La séance est présidée par M. Langfors, assisté
de MM. Macoir et Schneider.
L'ÉTUDE DE L'ARCHITECTURE NATIONALE EN FIN-
LANDE. Organisation et méthodes.
(Communication de M. Lindberg.)1
La Finlande possède peu de monuments d'archi-
tecture ou de décoration ayant une valeur histo-
rique. Ils suffisent pour montrer que ce pays a subi
indirectement l'influence de l'Europe occidentale
avec qui la Finlande ne perdit jamais contact.
Ces monuments comprennent des églises de pierre
ou de bois, des châteaux-forts en pierre, des manoirs
d'aspect plus paisible et dont l'ornementation et le
mobilier ont eu une influence ?ur les maisons de pay-
sans. L'art finlandais est simple, mesuré et sobre.
La Société archéologique de Finlande a joué, depuis
1870, un rôle essentiel pour l'inventaire des monu-
ments. Les relevés en sont exposés au Musée national
où un architecte est chargé d'étudier les monuments
nationaux. L'Ecole polytechnique a apporté aussi
une contribution importante. La magnifique fonda-
tion Cordelin a permis de distribuer des bourses
d'étude et d'éditer de belles monographies. L'Uni-
versité, de son côté, a également collaboré à l'œuvre
commune.
*
* *
L'inventaire général de l'art religieux
en Suède.
(Communication de M. Johnnv Roosval.)
La topographie artistique des églises de la Suède
(au nombre de 2.500, dont la plupart du Moyen âge),
1. Lue par M. Langfors.
— i6i —
est publiée sous le titre de Sveriges Kyrkor, sous la
direction de MM. Sigurd Curman et Johnny Roosval.
L'ouvrage donne une description très détaillée, avec
plans et sections, de l'architecture de chaque église,
s'appliquant aussi à déterminer la place du monu-
ment dans l'histoire de l'art. Le mobilier est traité
plus sommairement, toutefois avec des descriptions
et des illustrations nombreuses. Chaque église est
publiée à part, afin de pouvoir servir à l'instruction
publique dans les écoles qui possèdent dans l'église
voisine la meilleure illustration de l'histoire de la
patrie.
M. Loukomsky présente et commente une collec-
tion de projections en couleurs faites à Tsarskoie-
Selo en 1917, sur les ordres du gouvernement pro-
visoire, et montrant l'état de la décoration et de
l'ameublement des deux palais aux premiers jours
de la Révolution.
Les survivances gothiques dans l'architecture
classique du xviie siècle.
{Communication de M. Louis Hautecœur.)
M. Hautecœur montre comment le système de
construction gothique survécut dans l'architecture
religieuse du xvne siècle. On trouve encore des voûtes
sur croisées d'ogives, et la voûte en plein cintre à péné-
tration s'inspire souvent de cette forme. Les arcs-
boutants, les contreforts, les pinacles, pour prendre
une allure classique, n'en jouent pas moins le même
rôle que jadis. Dans le plan, mêmes survivances :
les chapelles absidiales de la Vierge, les chapelles
11
— IÔ2 —
dans les collatéraux, les déambulatoires sont encore
fréquents. Le dôme s'érige d'abord sur une tour
lanterne qui se dresse, à la mode normande, sur la
croisée'du transept ; il est sans doute imité des dômes
italiens, mais il est apparu d'abord sur les tours rondes
des châteaux où on le voit remplacer les poivrières.
Les lanternes rappellent celles des beffrois septen-
trionaux. Les flèches ont même origine. Sur les façades
des églises on observe encore des roses, des fenêtres
à arcatures conjuguées. A l'intérieur des églises, les
orgues, les chaires, les stalles prouvent l'influence
de l'habitude.
Dans l'architecture civile du xvne siècle, appa-
raissent des survivances des fortifications médié-
vales : tours qui se transforment en pavillons, fossés
qui deviennent des douves, portes à ponts-levis
qui s'ouvrent en portails. Le plan du château n'est
pas nouveau : il était connu dès le xve siècle. Les
hauts toits, les fenêtres de combles, les lanternes, les
arcades étaient également en usage bien avant le
xviie siècle qui ne renonça que lentement aux tours
en encorbellement, aux trompes. L'architecture, à
l'époque de Henri IV et de Louis XIII, obéit encore
à l'esprit gothique : elle se préoccupe autant de la
distribution intérieure que de la symétrie extérieure ;
elle continue à aimer les formes élancées qui dispa-
raîtront seulement dans la deuxième moitié du siècle.
M. Bréhier cite des exemples particulièrement
typiques de cette survivance gothique jusqu'au
XVIIIe siècle, à Clermont-Ferrand, à Riom, à Thiers,
dans les édifices civils, les maisons de ville, etc. ;
la voûte de l'église de Chamalières (1685) est vérita-
blement gothique ; l'église de Mozat près Riom possède
une voûte en croisée d'ogives (1776).
- i63 -
QUATRIÈME SECTION.
La séance est présidée par M. Nef.
La contribution française a l'étude de la
chanson populaire grecque.
(Communication de Mlle Logotheti.)
L'insurrection hellénique de 1821 provoqua un
mouvement philhellène très vif et suscita de nom-
breuses publications. Dès 1844, Fauriel fit paraître
le premier recueil littéraire de chansons populaires
grecques. En 1851, un humaniste, M. de Marcellus,
publia un nouveau recueil, agréable et plein de fan-
taisie, mais dénué du fond solide qui donne beau-
coup de prix au précédent. En 1874, Emile Legrand
édita un troisième recueil où figuraient, d'après un
M. de Vienne, des chansons populaires du xve siècle.
Le premier recueil musical est celui de Bourgault-
Ducoudray, où Glazounow a puisé les thèmes de
son « Ouverture sur des thèmes populaires grecs »
(1885). Puis M. H. Pernot alla recueillir sur place
les chants populaires, utilisa le phonographe et fit
connaître ainsi, en 1903, cent-une mélodies de toute
nature, précédées de treize danses exécutées par un
violoniste de village. Elles ont été mises en musique
par M. Paul Le Flem.
Il est extrêmement difficile de bien noter des chan-
sons populaires, si l'on veut leur conserver leur allure
spontanée et libre, leur fraîcheur, leur rythme capri-
cieux et divers. Elles ne peuvent guère être enfermées
dans le cadre tout formé de notre système musical
actuel. Il paraît préférable de supprimer les barres
de mesure et de simplifier les valeurs. Une fois la
modalité et la rythmique dégagées, l'harmonisation
— 164 —
est plus facile à réaliser. Jusqu'à présent, toutes les
harmonisations qui ont été faites de ces chansons
grecques ne sont pas entièrement satisfaisantes.
* *
Le chant de la Sibylle d'après un manuscrit
du xiie siècle, conservé aux archives de
l'Hérault.
(Communication de M. Félix Raugel.)
On sait quelle vogue extraordinaire eut au Moyen
âge, en Espagne, dans l'ancienne Septimanie, et jusque
dans l'Ile de France, le chant de la Sibylle Erythrée,
qui donnait une note si étrange à la célébration de
la Fête de Noël.
Une découverte récente vient de nous révéler l'exis-
tence d'une version inconnue du Chant de la Sibylle,
que l'on exécutait généralement la veille de Noël,
après la dernière leçon du 2e Nocturne, mais quel-
quefois aussi en procession, ou en accompagnant
un « jeu » ou un « mystère ». Cette version inconnue
se trouve dans un manuscrit en parchemin, datant
de la fin du xne siècle et recueilli dans la région d'A-
niane par M. J. Berthelé, le savant archiviste de
l'Hérault. Ce manuscrit, qui n'est autre qu'un Lec-
tionnaire pour Matines, est maintenant conservé aux
archives de l'Hérault. Il comprend 37 cahiers numé-
rotés, de 4 feuillets chacun, et du format de 385 sur
280 millimètres ; quelques feuillets manquent dans
le corps de certains cahiers.
Le chant sibyllin est introduit, à la dernière leçon
du 2e Nocturne par le passage : Quid sibilla vaticinando,
et suivi de la conclusion: Haec de Xpï r.ativitate.. ,
C'est le seul feuillet de musique notée que renferme
le manuscrit.
- i65-
L'intérêt tout spécial de ce feuillet consiste en ce
qu'il contient en marge la plus ancienne traduction
en langue d'oc qui fut, semble-t-il, connue ; qu'il
nous donne la mélodie primitive, écrite en neumes
dans la notation dite aquitaine, pour la plupart des
versets, et, pour les versets du début, une variation
plus récente. Sur le premier feuillet, en effet, on a
gratté la musique de la première colonne et recopié
au xve siècle, ou plus tôt, une version considérable-
ment remaniée, et d'ailleurs fort belle.
*
* *
L'histoire de la théorie dans l'enseignement
de l'art musical.
(Communication de M. Alberto Gentili .)*
Actuellement, grâce aux nombreux travaux sur les
différentes époques, à part certaines périodes encore
obscures, les matériaux sont prêts qui permettent
d'écrire une histoire de la théorie musicale à l'usage
des conservatoires, histoire, que jusqu'à présent, ils
ont dédaignée.
Cette histoire ne doit pas être séparée de celle de
l'esthétique musicale. Elle sera des plus utiles pour
la formation intellectuelle de l'élève à qui elle appren-
dra à réfléchir ; elle lui montrera que, si les concep-
tions théoriques ont changé à travers les siècles, des
principes ont toujours été nécessaires aux débutants
pour leur permettre d'édifier leur œuvre avec sûreté.
*
* *
L'iconographie musicale.
(Communication de M. W. Barclay-Squire.)
Les répertoires iconographiques par sujets sont
peu nombreux. Pour les musiciens seuls, quelques
i. Luf par M. Prunières.
— i66 —
grands artistes — Gluck, Haydn, Bach, Haendel et
Mozart — ont été étudiés. Un répertoire international
des portraits peints ou dessinés serait utile. Pour
l'établir, il faut compter sur l'initiative privée. Dans
chaque pays, des collaborateurs dresseraient des
notices descriptives, après avoir préalablement déter-
miné en commun la méthode à employer. M. Barclay-
Squire précise certains points. Les mesures du tableau
devront être indiquées, sauf lorsqu'il aura été impos-
sible de les prendre; de même, chaque détail, et tout
particulièrement la couleur des cheveux, des yeux, du
costume, devra être notée avec soin; enfin, mention
sera faite du nom du peintre ainsi que du possesseur
actuel et des précédents propriétaires ; en résumé,
il ne faudra omettre aucune circonstance intéressant
l'œuvre et établissant son authenticité. Une photo-
graphie, même imparfaite, est indispensable dans le
cas de portraits non identifiés.
M. Barclay-Squire indique, en terminant, les musées
ou établissements anglais qui possèdent des séries de
portraits de musiciens.
Un musicien siennois du xvme siècle. Le prêtre
Azzolino Bernardino della Ciaia, chevalier
de Saint-Etienne.
(Communication du comte Chigi Saracini .)l
Du xive au xvme siècle, Sienne a eu de grands
musiciens dont les œuvres gagneraient à être publiées.
Azzolino della Ciaia, surnommé le « Pathétique», est
l'un de ces maîtres. De souche noble, il naquit en 1671.
Il a laissé des œuvres innombrables (très précoce et
mort à 84 ans, il a produit beaucoup), réparties aujour-
1. Lue par" M. Bonelli.
— 167 —
d'hui entre la Bibliothèque musicale de Bologne
principalement et les bibliothèques de Pise, Sienne
et Berlin.
Il avait pris, à 7 ans, la croix de chevalier de Saint-
Etienne. Il servit sur les galères de cet ordre, consa-
crant ses heures de loisir à composer. Il passa, dans la
suite, pour de longues années, aux ordres du conné-
table Colonna. Devenu vieux, il entra dans la prê-
trise. Il fit partie du conseil de l'Ordre de Saint-Etienne
à Pise et fut bailli de Lucques. Il mourut en 1755.
Comme compositeur, il eut un élève, Paolo Salim-
beni (1709- 1780). Quant à lui, il semble s'être formé
d'après l'exemple d'un autre Délia Ci ai a, Alessan-
dro, compositeur, chanteur et exécutant très habile,
qui l'avait précédé de peu, et aussi d'après les œuvres
dues aux compositeurs du cénacle florentin de Gio-
vanni Bardi et surtout à Frescobaldi.
Constructeur d'orgues, il eut des innovations har-
dies. Il construisit à ses frais son chef-d'œuvre qui se
trouve à Saint-Etienne de Pise, où il fut inauguré
pour le service funèbre du grand-duc Jean-Gaston de
Médicis en 1737.
*
* *
M. Pincherle expose des considérations préli-
minaires à une histoire de la harpe.
M. Josz présente quelques remarques sur l'inter-
prétation généralement erronée du texte de Vitruve
relatif à l'orgue.
i68 —
SAMEDI Ier OCTOBRE, (après-midi.)
Les membres du Congrès ont visité, sous la conduite
de M. Gabriel Rouchès, l'hôtel Lambert, que S. A. le
prince Czartoryski avait bien voulu leur faire ouvrir.
La collection de tableaux modernes de MM. Durand-
Ruel leur fut également ouverte.
DEUXIÈME SECTION. (Sous-Section A).
La séance est présidée par M. J. J. Marquet de
Vasselot.
Un saint Christophe cynocéphale, représenté
sur un vitrail de la cathédrale d'Angers.
(Communication de M. le Chanoine Urseau.)
M. le chanoine Urseau décrit un saint Christophe
cynocéphale, représenté, sur un vitrail du XVIe siècle,
à la cathédrale d'Angers. Le saint personnage
apparaît avec une tête bestiale, des oreilles de
chien et un cou énorme d'où sortent des poils longs
et hérissés comme ceux d'un animal. L'Orient, en
effet, avait fait de saint Christophe une sorte de
géant sauvage à face de chien ; Didron l'a vu ainsi
figuré dans les peintures murales des couvents grecs
du Mont Athos ; mais, dans nos pays, il ne semble
pas que le saint ait été représenté en cynocéphale
ailleurs qu'à la cathédrale d'Angers.
M. le chanoine Urseau, après avoir rappelé qu'on
ne sait rien de très précis sur la vie de saint Chris-
tophe, propose de trouver dans le nom du saint per-
sonnage l'explication des épisodes merveilleux qui
ont embelli la légende du Porte-Christ. Si les artistes
Tympan du porche occidental de l'Église Saint-Pierre de Moissac.
Les Archives x hotograpniC|ues
o Art et o Histoire
PALAIS ROYAL - ibis, Rue de Vabur — PARIS
L'ANCIEN Service photographique et cinématographique
de l'Armée, créé en 1910, avait été transformé, après la
cessation des hostilités, pour servir à d'autres fins : dans
la pensée de M. Paul Léon, directeur des Beaux-Arts, le
nouvel organisme devait non seulement continuer d'assurer
l'exploitation des 120.000 clichés et des 2.000 films pris
pendant la guerre, mais, en même temps, consacrer son
activité, son expérience et ses ressources à la cause du
patrimoine artistique national. Pour ce faire, aux collections
des clichés de guerre, — documents d'histoire, d'une impor-
tance capitale, dont il est indispensable d'envisager la
conservation, on adjoignit, d'une part, le fonds des
Monuments historiques, riche d'environ 60.000 négatifs, et,
de l'autre, une collection de près de 10.000 clichés pris dans
les musées.
Ce premier matériel mis à sa disposition, le Service
photographique des Beaux-Arts ne devait pas cesser de
l'enrichir et de le compléter méthodiquement, de manière à
constituer pour la France un inventaire photographique des
richesses d'art, analogue à celui qui existe déjà dans plusieurs
pays étrangers.
Établi sur ces bases judicieuses, le service nouveau com-
mença de fonctionner. Il remplit son programme à la
satisfaction générale, et de nombreux encouragements lui
vinrent, tant du côté des acheteurs que de celui des
bienfaiteurs. Il se trouva, en effet, que plusieurs auteurs ou
collectionneurs de clichés, désireux de voir leurs archives
photographiques conservées en bonne place et mises à la
disposition de tous, les cédèrent généreusement à la direction
des Beaux-Arts.
Le public, de son côté, s'habituait à prendre le chemin du
rez-de-chaussée de la rue de Valois où sont installés les
bureaux et ateliers du service.
On en était là quand le Parlement décida la suppression de
tous les organismes nés delà guerre. Le Service photographique
des Beaux- Arts fut condamné et disparut au 3i décembre 1921.
Le Parlement souhaitait cependant de voir conserver « tout
ce qu'il y a d'intéressant et d'utile dans les collections
constituées », et, puisqu'on se trouvait en présence, • — chose
rare en ces temps de déficit, — d'un service pouvant couvrir
ses dépenses, il allait jusqu'à se demander si, à défaut d'une
institution d'Etat, une forme d'organisation, « même une
forme désintéressée » , ne pourrait pas être trouvée, qui
permît d'assurer l'existence de l'œuvre entreprise.
Aussi la Direction des Beaux-Arts a-t-elle envisagé la
constitution, sous le contrôle et avec l'aide matérielle et
morale du ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts
d'un organisme privé, constitué par une Société anonyme au
capital initial de 200.000 francs, représenté par des actions
nominatives de 000 francs. Cette Société, qui a pour titre
« les Archives photographiques d'art et d'histoire », exploite
les collections de clichés et de films en vendant des reproductions
au public, et procède à leur enrichissement méthodique en
complétant par de nouveaux clichés la documentation déjà réunie.
Comme il ne s'agit pas d'une affaire commerciale, mais d'une
institution d'intérêt général, aucun bénéfice ne sera perçu par
les actionnaires ; on leur versera simplement un intérêt de 4 %
sur le montant nominal de leur apport, et les excédents de
recettes seront obligatoirement attribués à la constitution d'un
fonds de réserve, ou employés soit à l'enrichissement des
collections, soit à des œuvres d'utilité publique.
Telle est l'économie du projet élaboré par la Direction des
Beaux-Arts, et si l'on peut exprimer un souhait, c'est de voir
cette initiative ingénieuse, et à certains égards assez hardie,
rencontrer auprès du public l'accueil favorable auquel elle a
droit. Il y a là une question de convenance, de prudence, de
vulgarisation et de propagande tout à la fois.
Une question de convenance, parce que laisser improductif
le capital représenté par nos 200.000 clichés serait une faute
inexcusable, sans parler de l'injure gratuite ainsi faite aux
donateurs qui se sont dessaisis de leurs collections et les ont
confiées à l'Etat, non pour les voir dormir au fond d'un casier,
mais pour qu'elles soient employées au profit de tous.
Une question de prudence et de sauvegarde, parce que la
reproduction des richesses d'art par la photographie est la
meilleure garantie contre les voleurs et les faussaires. Quant
aux destructions causées par la guerre, ou plus simplement
par l'incendie, de combien d'œuvres d'art ne sommes-nous pas
réduits à déplorer l'anéantissement absolu, qui ne seraient pas
mortes tout entières, si, à l'exemple de certains de nos voisins,
nous avions entrepris en temps utile cet inventaire de nos
richesses d'art, dont la réalisation était le principal objet du
service institué par M. Paul Léon et sa première raison d'être.
Une question de vulgarisation, parce qu'une institution
comme celle-ci ne recrute pas sa clientèle seulement parmi les
visiteurs des musées, mais aussi parmi les étudiants et les
professeurs, parmi les historiens et les archéologues, parmi
les éditeurs de revues et de livres d'art, toutes gens qui
ont besoin que des facilités particulières leur soient assurées
pour la prise de certains clichés sans intérêt commercial, et que
des prix de faveur leur soient consentis. Les revues d'art et
les éditeurs de livres sur l'histoire de l'art, en particulier,
doivent trouver dans l'utilisation des collections appartenant à
l'Etat, moyennant des droits de reproduction raisonnables,
une aide efficace.
Une question de propagande, enfin. Dans plusieurs pays,
on l'a dit, des services analogues existent, qui permettent
aux conservateurs des musées de donner aisément satisfaction
aux demandes de photographies qui leur sont adressées par
leurs confrères de l'étranger. Les savants français devraient
pouvoir accueillir de semblables demandes sans avoir
l'embarras de les renvoyer à l'industrie privée.
Quand on connaît le désintéressement et l'inlassable
générosité de tant d'amis de nos musées et de nos monuments,
il serait, en vérité, bien surprenant que l'appel de la direction
des Beaux-Arts ne fût pas entendu, et que cette institution
d'intérêt national, intelligemment conduite et convenablement
outillée comme elle l'est, servie par un peu de publicité (car
on ne la connaît pas assez), ne devînt pas à brève échéance
la véritable chalcographie moderne qui nous manque et que
la diffusion des connaissances artistiques rend aujourd'hui
indispensable.
Emile Dacier.
(Extrait Je La Revue Je l'Art ancien et moderne.)
PHOTOGRAPHIES ET CLICHES A PROJECTIONS
Monuments Historiques - Musées et Palais Nationaux
La Guerre sur tous les Fronts
FILMS CINÉMATOGRAPHIQUES
de la Guerre et Documentaires
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii muni ni m n m nui
N.B. — Adresser toutes les commandes et demandes de renseignements au
Directeur des Archives Photographiques d'Art et d'Histoire, Palais Royal, 1 bis,
Rue de Valois, Paris. Téléphone : Gutenberg i3-oo.
— iôo, —
qui, pour mieux interpréter son nom, avaient trans-
formé saint Christophe en portefaix, n'ont pas hésité
à le présenter aux regards des fidèles sous l'aspect
d'un homme à tête de chien, c'est pour mieux faire
comprendre que le charitable colosse avait une âme
de saint dans un corps de brute.
M. Emile Mâle fait observer qu'un texte d'un
manuscrit de la Bibliothèque Nationale est relatif
au peuple des cynocéphales à l'existence duquel on
croyait en Orient. L'origine du saint Christophe
cynocéphale doit être recherchée là. Il s'agit d'un
type égyptien d'origine, d'où une confusion avec le
dieu Anubis.
Les rapports de Holbein et de l'art français.
{Communication de M. Paul Ganz.)
Tandis que l'influence de l'art italien sur le déve-
loppement de Hans Holbein le Jeune, à la suite
d'un séjour en Lombardie, est un fait déjà reconnu,
on n'a pas encore tenté d'établir dans la biographie
de l'artiste le fait également important de l'influence
de l'art français prouvée par les circonstances
suivantes :
i°) Le voyage de Holbein en France, mentionné dans
une lettre d'Erasme à Pirckheimer du 3 juin 1524,
a laissé des traces très visibles dans son art. C'est à
ce moment-là qu'il a appris la manière de dessiner aux
crayons de couleurs, qu'il ignorait encore en 1523,
comme le prouvent les études pour les portraits d'E-
rasme. Le portrait de l'artiste, fait par lui-même
(Bâle), est colorié au lavis à l'aquarelle ; seul, le visage
est modelé aux crayons de couleurs. Cet essai assez
inexpérimenté se transforme vite en maîtrise. Déjà,
— 170 —
les croquis du duc de Berry et de sa femme, dessinés
devant les statues du sépulcre à Bourges, puis les
croquis de l'homme au grand chapeau et du bourg-
mestre Meyer et de sa famille, en font preuve. Après
son voyage en France, il n'emploie plus que cette
nouvelle manière de dessiner.
2°) Le second fait à constater, c'est un changement
dans les compositions ornementales où les motifs et
les formes se renouvellent. La Renaissance française
s'y fait sentir. Dans la scène de l'Ecce Homo, pièce
de la Passion, en dix feuilles, ainsi que dans l'image
de l'Impératrice de la Danse de la mort, Holbein
choisit, comme fond, la cour d'honneur d'un château
français au temps de François Ier. Certainement»
c'est un souvenir de voyage.
30) A partir de 1524, Holbein travaille pour des
maisons d'édition de Lyon. De cette activité résul-
tent les deux séries de gravures sur bois qui sont
devenues les plus célèbres, la Danse de la mort, et
les illustrations de l'ancien testament. On savait bien
jusque-là, que, pour la première de ces séries,
Holbein s'était inspiré de publications françaises
contemporaines sur le même sujet. Pour la seconde
cependant, je crois avoir trouvé le prototype dans les
illustrations faites par Guillaume II Le Roy pour les
bibles de Guenard. Pour 79 de ses 91 gravures, Hol-
bein y a pris ses motifs, mais, en gardant leur style
lapidaire, il les a transformés en scènes vivantes,
remplies de beauté et de force.
40) Plusieurs ouvrages de ce temps, avant tout
les deux tableaux Lais et Vénus (Bâle), nous sug-
gèrent l'hypothèse que l'artiste a subi, à un degré
considérable, l'influence de l'école de Fontainebleau,
qui lui transmettait les notions d'un style plus
élégant et plus léger.
— 171 —
M. Mâle fait remarquer que la Danse des Morts
fut inspirée à Holbein par les reproductions nombreuses
d'un manuscrit, la Mort de la pomme, qui présente la
Mort s'attaquant à des gens de toute condition.
Holbein en a imité très exactement certaines scènes.
*
* *
Le peintre suédois A. U. Wertmuller en France.
{Communication de M. Arthur Laes.)
Elève à Stockholm du sculpteur français Larche-
vêque, Adolf-Ulrik Wertmuller, né en 1751, s'ins-
talle à Paris en 1772. Elève de Vien et protégé par
son cousin Alexander Roslin, il se fait inscrire à l'Aca-
démie au mois de septembre de la même année.
Ayant ensuite séjourné depuis 1775 .à Rome, il
rentre, après 1779, en France. Les registres de l'Aca-
démie, les catalogues des salons de 1783, 1785, 1787,
et la critique contemporaine montrent son activité
et la situation qu'il s'est assurée à Paris. Les catalogues
de ventes fournissent, de même, de très précieux ren-
seignements pour sa biographie et sa production,
lesquelles ont pu être complétées et précisées encore
davantage, grâce à des indications recueillies en France
à diverses sources. Wertmuller vécut,' de 1780 à 1782,
à Lyon où il peignit de nombreux portraits dont cer-
tains sont conservés. Le portrait, inédit, d'une dame
avec son enfant, (Musée de Bruxelles, daté : Lyon,
1781), représente vraisemblablement Mme Charton.
Avant de quitter la France, Wertmuller travailla,
en 1788 et 1789, à Bordeaux ; plusieurs des portraits
qu'il a peints en cette ville, sont restés la propriété
de collectionneurs français. L'étude de ses œuvres
connues, en grande partie exécutées en France, fait
voir en Wertmuller un artiste de talent, mais dont l'ori-
— 172 —
ginalité n'est pas très accusée ; il est resté tributaire
de l'art français, et l'évolution de son art se confond
avec l'évolution même de l'art français dans le dernier
tiers du xvme siècle.
L'influence de la sculpture française sur la
sculpture flamande au xviiie siècle.
(Communication de Mlle Marguerite Devigne.)
Cette influence ne date que de la seconde moitié
du XVIIe siècle. Plus tôt, cependant, de nombreux
sculpteurs flamands viennent se fixer en France, plus
précisément à Paris, et collaborent aux travaux de
décoration des églises et des châteaux (Versailles,
Mari y). Gérard van Opstal, Philippe et Pierre de
Buyster, Sébastien Slodtz s'expatrient ainsi. Ensuite, si
des artistes flamands et wallons viennent plus nom-
breux encore à Paris, ils n'y restent pas. Après avoir
travaillé chez quelque maître réputé, ils retournent
s'installer dans leur pays d'origine, y rapportant les
principes de l'enseignement qu'ils ont reçu. A ce
moment, l'influence de Rubens qui a fortement agi
sur les sculpteurs de son temps, commence à décroître
et se confond avec l'influence berninesque, importée
par les Flamands qui sont allés en Italie. On tend
à imiter, dans les portraits officiels, les modèles créés
en France par les sculpteurs du roi. A la fin du
xviie siècle, le courant français domine et ne s'affirme
plus seulement dans le portrait, mais dans la compo-
sition des monuments funéraires.
Malgré l'action persistante de l'art français sur
l'école flamande, celle-ci, au xvme siècle, a une phy-
sionomie assez originale ; l'artiste le plus curieux
de ce temps est, non pas Théodore Verhaegen, de
— m —
Malines, en qui s'achève la descendance artistique de
Faydherbe, disciple de Rubens, mais Laurent Del-
vaux ; quoique touché d'influences diverses, il a
pourtant créé un art robuste, sain et non dépourvu de
personnalité. Son successeur à la cour des Pays-
Bas est un Français, Auguste OUivier, de Marseille,
sans influence sur le groupe bruxellois qui l'entoure.
Les Flamands, à cette époque, connaissent trop bien
Paris et ses ateliers, pour se mettre à la suite d'un
artiste secondaire qui n'a rien à leur apprendre,
sauf peut-être l'élégance de ses décors d'apparte-
ments.
Après OUivier, le sculpteur qui travaille pour les
gouverneurs, Marie-Christine et le prince de Saxe-
Teschen, est un élève de Delvaux, Gilles-Lambert
Godecharle (1750-1835). Il s'est si bien francisé au
contact des grands maîtres du xvnie siècle, qu'il
peut être considéré comme le dernier représentant
de leur école. Houdon devait collaborer au monu-
ment dont Godecharle avait modelé le projet, et que
les Etats de Brabant voulaient élever dans le parc
de Bruxelles, en l'honneur du gouvernement de Marie-
Thérèse, de Joseph II et du prince Charles de Lorraine.
Mais le monument ne fut pas exécuté. La Révolu-
tion vint ; Godecharle passe au service de Napoléon,
puis, après 1815, essaye de faire sa cour à Guillau-
me Ier, mais celui-ci avait d'autres sculpteurs ordi-
naires. Rude était alors réfugié en Belgique et s'ap-
pliquait à y rénover l'enseignement artistique.
Godecharle n'était plus que le représentant d'un
art démodé ; il mourut dans l'oubli.
M. Paul Vitry, tout en souscrivant aux conclu-
sions de Mlle Devigne, déclare apercevoir, à côté de
l'influence française sur les œuvres flamandes, l'in-
fluence du Bernin.
— 174 —
Sur des œuvres de Rude a Bruxelles.
(Communication de Mlle Marguerite Devigne.)
Le fronton que Rude sculpta pour l'ancien Hôtel
des Monnaies, va être reconstitué aux Musées royaux
du Cinquantenaire, à Bruxelles. Il n'a jamais été exposé,
sauf, pendant quelques semaines, en 1901. Démonté
et remisé ensuite dans les caves des Musées, il vient
d'être placé dans l'une des salles basses des nouveaux
locaux d'où on le transportera bientôt dans les
galeries accessibles au public. C'est une œuvre de
second plan, mais non dénuée de qualités décora-
tives. On peut la rapprocher, comme composition,
de la fontaine du Jardin Botanique, dont les figures
sont toutefois d'un galbe plus nerveux et d'une
beauté plus élégante.
En même temps que réapparaît ce tympan peu
connu, le catalogue de Rude, s'enrichit d'une œuvre
tout à fait ignorée : un buste en bronze de
Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, d'une toute autre
valeur que le portrait froid, adonisé et conven-
tionnel, que le sculpteur fit pour le Palais de la
Nation. Ce buste en bronze se trouvait dans les
salles de réserve au musée de Bruxelles. Entré dans
la collection en 1870, il n'est pas cité dans le cata-
logue de la galerie de sculpture, rédigé par Henry
Hymans (10e édition, 1910). C'est un bon portrait
qui vaut par la ressemblance autant que par la
sûreté et la solidité du métier ; dans l'œuvre de Rude,
il se place très près du buste de Louis David.
— 175 —
L'architecture française a Genève au xviii*
siècle et les œuvres de j.-f. blondel.
(Communication de M. Louis Blondel.)
M. Blondel parle de l'influence de l'architecture
française sur l'architecture genevoise du xvme siècle.
Il rappelle les rapports intimes de Genève avec la
France depuis Henri IV, montre de grands hôtels
du xvme siècle élevés à l'instar d'hôtels français
(hôtel de Saussure, maison Naville, etc.) et s'étend,
plus particulièrement, sur les œuvres de l'architecte
Jean-François Blondel (1683-1756), de Rouen, à qui
des Genevois demandèrent de nombreux projets
d'hôtels et des plans de jardins. Les architectes gene-
vois subirent fortement l'influence de la France et
exécutèrent parfois des maisons dessinées par des
artistes français.
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section B.)
La séance est présidée par M. J. Destrée, assisté
de M. Karel Chytil.
Inventaire et classification des monastères
cisterciens espagnols.
(Communication de M. Torres Balbas.)
M. Torres Balbas fait une communication sur
l'inventaire et la classification des monastères cister-
ciens espagnols. Il montre le rôle joué par les Cister-
ciens en Espagne. Le premier monastère cistercien
est celui fondé, en 1131, à Moreruela ; viennent
ensuite ceux de Bello-Fonte (ou Valparaiso) (1137),
Ierga (1140), etc.
Parmi les plus importantes abbayes qui subsistent,
— 176 —
on peut citer Poblet en Catalogne, la Oliva en Na-
varre, Piedra, Verueta et Rueda en Aragon, Circules
et Ovila en Guadalajara, las Huelgas à Burgos, etc.
M. Torres Balbas établit le classement de ces mo-
numents en se basant sur certaines particularités de
construction (églises à trois absides en demi-cercle,
à abside polygonale, à chevet plat, à déambulatoire
flanqué de chapelles rayonnantes, etc.
*
L'architecture religieuse dans le royaume
de jérusalem.
(Communication de M. Camille Enlart.)
L'architecture religieuse romane dans le royaume
de Jérusalem présente des types de monuments abso-
lument semblables à ceux de France. Jusqu'à présent,
on n'a trouvé aucun nom d'architecte ou de maître
d'ceuvre.
M. Enlart étudie d'abord l'église du Saint-Sépulcre
de Jérusalem, dans laquelle il ne voit pas, comme
Strzygowski une influence syrienne prépondérante.
L'art lombard a agi, dans une certaine mesure, à la
façade de Sainte-Anne de Jérusalem et ailleurs, mais
c'est exceptionnel. L'architecture romane en Pales-
tine est, en général, inspirée de l'architecture fran-
çaise. M. Enlart montre l'influence du plan du Saint-
Sépulcre de Jérusalem, notamment dans les chapelles
des Templiers. Il étudie aussi l'église Notre-Dame
de Tortose et la cathédrale Saint- Jean de Beyrouth.
Le plan typique, avec abside et deux absidioles, n'a
pas de transept. A Naplouze, le portail montre un
souvenir de Chartres et de Mantes dans les motifs
décoratifs. Les chapiteaux du Saint-Sépulcre paraissent
avoir été sculptés par des artistes influencés par l'art
toulousain ou languedocien. A Nazareth, on a trouvé
— *77 —
des chapiteaux à figures du xne siècle, de style fran-
çais (Chartres et surtout vallée du Rhône), d'un art
remarquable et d'une valeur exceptionnelle. La
France fut donc l'inspiratrice des architectes et des
sculpteurs des églises romanes de l'ancien royaume
de Jérusalem.
* *
M. l'Abbé Walter, fait une communication inti-
tulée : « Réflexions historiques sur l'art en Alsace »
depuis l'époque gallo-romaine. L'auteur montre les
différentes manifestations artistiques de l'Alsace à ses
époques les plus brillantes (époque carolingienne, otto-
nienne, romane, gothique et moderne) et dans les
différentes branches (architecture, sculpture, pein-
ture, miniature, peinture sur verre).
M. Bréhier ajoute que l'église de Molzheim
(VIe siècle) et le chœur de la cathédrale de Strasbourg
seraient, selon lui, de plan syrien.
M. Enlart présente quelques observations, notam-
ment sur l'influence champenoise, au xme siècle,
en Alsace et jusqu'au Rhin.
M. Boinet indique l'intérêt que présenterait une
étude sur la persistance des modèles et des motifs
de décoration de l'art carolingien et ottonien, aux
époques romane et gothique, en Alsace.
DEUXIÈME SECTION (Sous-Section C.)
La séance est présidée par M. Schneider, assisté
de M. Armstrong.
Quelques remarques sur les tapisseries de la
Dame a la Licorne au Musée de Cluny.
(Communication de M. A. L. Kendrick.)
Cette suite qui, en 1882, passa du château de
Boussac à Cluny, constitue le chef-d'œuvre de la
12
-i78-
tapisserie à la fin du Moyen âge. Ces panneaux servent
d'élément d'appréciation pour évaluer d'autres pièces
de la même époque. L'admiration indéfinissable qu'ils
inspirent est due aux raisons suivantes : i° les quali-
tés de dessin simple et de couleurs harmonieuses,
propres au Moyen âge qui se trouvent ici résumées ;
2° l'originalité de leur composition : au lieu de l'habi-
tuel fond vert ou bleu, une portion ovale de prairie
en fleurs, nettement délimitée, se détache sur un fond
rouge où des branches s'entrelacent ; 30 l'apparence
mystérieuse du sujet, profondément attrayante-
On cherche à deviner le but des actions énigmatiques
qu'accomplit la Dame.
Après avoir analysé ces compositions, M. Kendrick
propose d'y reconnaître une allégorie des Cinq sens,
un des sujets profanes préférés par les artistes du
Moyen âge quand ils ne se bornèrent plus à des épisodes
religieux. Chaque sens était incarné par un animal
Les peintures et plus encore, les broderies montrent
la popularité d'un tel sujet. M. Kendrick cite, comme
exemple, deux ouvrages en broderie, du Victoria and
Albert Muséum : une couverture de lit (Suisse, 1580)
et un revêtement de coffret (Angleterre, début du
xvne siècle).
Les armoiries permettent d'identifier facilement la
famille de la Dame à la Licorne représentée sur les
tapisseries de Cluny.
*
* *
Les ateliers de tapisserie en Angleterre.
(Communication de M. A. L. Kendrick.)
La manufacture de Mortlake ne fut pas unique,
comme on l'a cru. Elle a duré de 1619 à 1703. Les
trente premières années virent ses plus belles produc-
— 179 —
tions, inspirées de modèles français ou italiens. Après
la chute de Charles Ier, la fin des subventions royales
et l'obligation de travailler meilleur marché et plus
grossièrement, amena la décadence.
Le principal des ateliers antérieurs fut fondé,
vers 1550, dans le comté de Warwick, par William
Sheldon, et dirigé par Richard Hyckes. Il dura un
siècle. On peut lui attribuer sûrement des tapisseries
géographiques — les comtés du centre en vues cava-
lières — et probablement des compositions bibliques
ou classiques. Cet atelier finit par une fusion avec
Mortlake ; d'autre part, plusieurs de ses ouvriers
s'installèrent à Londres ou dans les environs.
Soho, dans la première partie du xviii6 siècle,
offre des artistes tapissiers tels que John Vander-
bank (œuvres inspirées des Gobelins ou en style
chinois), Mazarind, J. Morris 'au style mi-français,
mi-flamand, enfin W. Bradshaw qui fut peut-être
le premier tapissier à s'inspirer de Watteau.
John Saunder (2e moitié du xvme siècle) maintint
la réputation de Soho (scènes romanesques, figures
orientales, ruines dans des paysages lumineux).
De nos jours, Soho jette un dernier éclat avec
Brignolas, d'origine française, qui, à la fermeture
de l'éphémère atelier de Windsor (1876-1889), s'éta-
blit en cet endroit.
L'histoire de la tapisserie en Angleterre, quand
tous les matériaux seront réunis pour l'écrire, mon-
trera les rapports constants et étroits avec la France
et principalement avec les Gobelins, modèle souvent
suivi sans être égalé.
* *
— i8o —
Les points de liaison des étoffes
hispano-mauresques.
(Communication de M. de Artinano.)
L'étude des tissus est, peut-être, celle qui, parmi
tous les arts industriels, peut nous renseigner le mieux
sur la civilisation des peuples, leur culture artistique,
leur richesse et leur commerce. Cette étude doit être
faite au double point de vue, artistique et documen-
taire ; l'examen technique d'un tissu peut souvent
servir à identifier une provenance ou une époque.
M. de Artinano étudie les tissus qui ont été tissés
à Grenade pendant les deux siècles et demi que sur-
vécut le royaume arabe. L'histoire des arts industriels
en Espagne, et spécialement celle des tissus, comporte
deux grandes époques qui correspondent à l'histoire
politique de la nation. Le tissu espagnol se compose,
du XIe au xme siècle, de pièces de taffetas au bâti
court, avec toile de fond ou base ; déjà, on trouve en
eux les éléments fondamentaux des tissus grenadins
qui les ont suivis. Les tissus arabes grenadins con-
tinuent, en une certaine mesure, la tradition persane :
le dessin, la décoration s'obtiennent toujours par la
trame et les fonds par la chaîne. M. de Artinano
détermine les caractéristiques des tissus au point de
vue technique.
QUATRIÈME SECTION.
La séance est présidée par M. Nef.
UN OPÉRA INCONNU DE PAOLO LORENZANI.
[Communication de M. Henry Prunières.)
De 1678 à 1694, vécut à la cour de France le compo-
siteur italien Paolo Lorenzani. Maître de chapelle
à la cathédrale de Messine, il avait accompagné en
— iai —
France le duc de Vivonne, ex-vice-roi de Sicile. Ses
contemporains, et en particulier Brossard, témoi-
gnent que Lorenzani exerça sur la musique française
une influence considérable. Il fut l'artisan du mou-
vement italianisant qui allait transformer les formes
de la musique française. De ce grand musicien on
ne connaissait, à ce jour, qu'un certain nombre de
motets imprimés chez Ballard, en parties séparées,
et quelques airs italiens manuscrits conservés à la
Bibliothèque Nationale. Il avait pourtant fait repré-
senter à la Cour deux opéras : le premier, en 1681,
en langue italienne, était composé sur un livret du
duc de Nevers (Mancini-Mazarini). Le Mercure
Galant de 1681 décrit cet opéra. L'autre, sur des
paroles françaises, Oronthée, fut représenté, à Chantilly,
devant le Dauphin, en 1688. Les partitions de ces
deux opéras avaient disparu. Y)' Oronthée M. Prunières
a trouvé la partie de violon de l'ouverture et du
ballet, conservée dans un recueil de la Bibliothèque
Nationale, sous le nom de Carissimi.
L'opéra italien ne semblait pas avoir laissé de
traces, bien que le catalogue de la collection Brossard
le mentionne. M. Prunières a découvert, parmi
les anonymes, à la Bibliothèque Nationale, à la
fois le livret avec les paroles italiennes en regard
de la traduction française, et la partition autogra-
phe de cet opéra intitulé Nicandro et Fileno. La
partition présente un très grand intérêt pour l'his-
toire de la musique. L'instrumentation y est indi-
quée avec la plus grande précision. C'est ainsi
qu'un air chanté par la bergère Filli est accompagné
par dix parties d'instruments : flûtes, violons, violes,
basses et clavecin. On sent que l'auteur a fait un
effort pour accommoder son génie au goût français.
Certains airs sont de la plus grande beauté; on
— 182 —
comprend, en les lisant, que Lulli, inquiet de la
présence, à la Cour, d'un musicien si remarquable, ait
fait tout son possible pour l'en éloigner. En fait, Lo-
renzani ne put, après la mort de la Reine, son élève,
obtenir une charge en rapport avec son talent et dut
se contenter d'être maître de chapelle des Pères
Théatins. Il déploya, dans ces fonctions, une grande
activité. En 1694, élu maître de chapelle à Saint-
Pierre de Rome, il quitta la France.
Au cours de cette communication, plusieurs airs
de Nicandro et Fileno, furent chantés par Mlle
Bonnard et accompagnés au clavecin par Mme
Wanda Landowska.
*
* *
Bach et les clavecinistes français.
(Communication de Mme Wanda Landowska.)
Mme Wanda Landowska montre, en s'appuyant
sur des preuves nombreuses et nouvelles, combien
Bach connaissait et appréciait l'œuvre de nos clave-
cinistes français dont l'influence sur lui, trop long-
temps inaperçue, lut considérable. L'ouverture fran-
çaise a souvent servi de modèle à Bach. Les formes
musicales employées sur le luth ont été adaptées par
les clavecinistes à leur technique ; ils ont pratiqué le
style luthé et le style préludé. Bach a connu l'un et
l'autre. Mme Wanda Landowska joue au clavecin des
exemples précieux autant par leur valeur démons-
trative que par leur charme musical.
*
* *
M. Louis Fleury étudie un flûtiste de la première
moitié du xvme siècle, Naudot, et fait entendre l'une
de ses sonates, accompagné par Mme Wanda Lan-
dowska.
i83
DIMANCHE 2 OCTOBRE.
Un grand nombre de membres du Congrès ont passé
la journée du Dimanche 2 octobre à Reims. Après
une courte visite à l'église Saint-Jacques, dont les
travaux de restauration sont en cours, ils se rendirent
à la cathédrale. S. E. le cardinal Luçon, archevêque
de Reims, les attendait sur le parvis et leur souhaita
la bienvenue ; en quelques mots, il retraça la vie à
Reims pendant les années de guerre et rappela les
bombardements qu'eut à subir la ville. Pénétrant à
l'intérieur de la cathédrale, il leur montra les effets
des bombardement-, leur donnant les indications les
plus précises sur les dates de ces bombardements et
sur les motifs que l'ennemi avait invoqués pour
les déchaîner.
M. André Michel, président du Congrès, et
M. Frédéric Peny, de Liège, ont remercié le cardinal
Luçon de l'accueil qu'il avait bien voulu faire aux
membres du Congrès et des détails émouvants qu'il
leur avait donnés sur sa cathédrale mutilée.
Après le départ du Cardinal, la visite de la cathé-
drale a été continuée sous la direction de M. Deneux,
architecte en chef des Monuments Historiques, et de
M. André Michel.
A 11 heures, le docteur Lenglet, ancien maire de
Reims, a fait les honneurs du musée de la Ville, en
partie réorganisé, dont il est le conservateur.
Après le déjeuner servi à l'hôtel Regina, une partie
des membres du Congrès se sont rendus aux champs de
bataille du secteur du fort de La Pompelle et du mont
Cornillet ; les membres restés à Reims ont visité la
ville sous la direction de MM. Deneux, Krafft et
Kalas.
— 184 —
Les membres du Congrès qui n'avaient pas pris part
à l'excursion à Reims répondirent à l'invitation du
baron Edmond de Rothschild, membre de l'Ins-
titut, et de la baronne de Rothschild, qui les reçurent
dans l'après-midi, en leur château de Boulogne-sur-
Seine. Ils visitèrent le parc avec son jardin japonais,
et les collections d'œuvres, particulièrement du
xviii8 siècle français et anglais, qui garnissent les
salons du château.
LUNDI 3 OCTOBRE, (matin.)
DEUXIÈME SECTION (Sous-Section A.)
La séance est présidée par M. Paul Vitry, assisté
de M. le comte Durrieu.
Quelques œuvres de peintres belges retrouvées
en France.
{Communication de M. Edouard Michel.)
M. Edouard Michel attire l'attention du Congrès
sur l'intérêt que présentent, pour l'étude de la pein-
ture flamande ou wallonne, les collections de nos
départements français, si riches en œuvres non iden-
tifiées encore. C'est ainsi qu'un récent voyage lui
permet de signaler :
i° Au musée de Dijon, un beau volet {saint Jean
avec donateur, i m. 20 X o m. 43 environ) d'Am-
brosius Benson, le peintre brugeois du xvie siècle.
M. Michel démontre que ce panneau, jusqu'ici
étiqueté « école flamande du xvie siècle », est une
œuvre caractéristique et importante de ce maître,
- i85 -
2° Au couvent de la Présentation, à Castres, les
portraits de Mgr. de Barrai et de sa sœur, exécutés
par le peintre liégeois Léonard Defrance (1735-
1805), vers l'année 1762. L'artiste, on le sait par
son autobiographie, peignit de nombreuses toiles
pendant les quelques années qu'il passa dans le
midi de la France, mais ces productions étaient per-
dues et les portraits de Castres, identifiés par M.
Michel, sont les deux premières œuvres de cette
période que l'on ait pu retrouver jusqu'ici.
M. Edouard Michel ajoute que le musée de Bruxelles
centralise les photographies des tableaux flamands
qui se trouvent en France.
M. Paul Vitry signale que l'inventaire photogra-
phique des richesses d'art a été entrepris en France
par M. Doucet et par le Service photographique des
Beaux-Arts.
N'a-t-on pas exagéré l'influence des
« Meditationes Vitae Christi » sur l'art religieux
de la fin du moyen age ?
(Communication de M. van Puyvelde.)
Tout en reconnaissant l'influence des Meditationes,
écrites vers la fin du xine siècle, M. van Puyvelde
n'admet pas la thèse de MM. Emile Mâle et Gillet.
Il estime que les artistes n'ont emprunté qu'excep-
tionnellement des scènes aux Meditationes et qu'ils
ont pu trouver des idées ailleurs, là où précisément
l'auteur des Meditationes les découvrit, chez le frère
Bonaventure, et chez saint Bernard.
M. van Puyvelde pense que certaines scènes, repré-
sentées par les artistes, ne viennent pas des Médita-
tiones qui citent les faits sans les décrire. Les repré-
sentations telles que le thème de la Nativité, de la
— i86 —
Présentation au Temple, de l'Adoration des Mages qui
auraient été empruntées aux Meditationes n'ont sou-
vent aucun rapport avec elles.
M. Emile Mâle montre comment les Meditationes
ont introduit des scènes et des gestes nouveaux, et
comment elles ont contribué à renouveler l'iconogra-
phie. Il cite plusieurs scènes qui viennent de l'art
byzantin et non des Meditationes. Il est probable que
l'auteur des Meditationes s'est inspiré de peintures
byzantines.
Le comte Durrieu est d'avis qu'il faut faire une
part plus grande qu'on ne l'a faite aux psautiers illus-
trés, aux évangiles apocryphes.
*
Les portraits de Finsonius.
{Communication de M. Pierre Bautier.)
Les œuvres de Louis Finson, peintre originaire de
Bruges, élève du Caravage à Naples, frappent tous
les visiteurs des villes provençales. Elles ont été étu-
diées, de façon complète, par le Dr Bredius. Aux ar-
ticles et notices de l'émanent critique, il y a lieu d'a-
jouter un portrait de l'artiste par lui-même dans la
collection Magnin (à Paris) ; on le comparera avec le
portrait du musée de Marseille.
*
* *
Quatre peintres anversois du xviii6 siècle.
(Communication de M. Pierre Bautier.)
Cette période de l'histoire de la peinture en Bel-
gique est injustement dédaignée. A titre d'exemple
Gérard Thomas (1663-1720) et son élève Balthazar
Van den Bossche (1681-1715) représentèrent avec
— i8y —
esprit des intérieurs d'ateliers ; J.-B. Lambrechts
(1680-1731) fut un intimiste de la lignée des Teniers ',
J.-P. Verdussen (1700-1763) apparaît comme un
batailliste de mérite. Plusieurs œuvres de ces petits
maîtres anversois se rencontrent dans les Musées
français.
*
* *
Deux élèves de Rembrandt d'origine française
(Communication de M. Bredius.)
M. Bredius présente les photographies de deux
portraits qu'exécuta de lui-même le peintre Isaac de
Jonderville ou Joudreville, fils d'un émigré de Metz,
né à Leyde en 1612-13 et mort vers 1648, probable-
ment à Amsterdam. M. Bredius a retrouvé aux
Archives de Leyde les quittances écrites par Rem-
brandt lui-même, qui démontrent que Jonderville a
été son élève, en 1629 et 1630, pour 200 florins.
Les tableaux de Jonderville sont très rares : ces
deux portraits, l'un signé, au musée de Dublin, l'autre
qui montre le peintre riant (col. Bredius), sont à peu
près les seuls retrouvés.
Un autre élève de Rembrandt, d'origine française,
Jacques des Rousseaux, a laissé davantage de tableaux,
mais aucun d'eux n'est entièrement signé. On suppose
qu'il est né à Tourcoing, au début du xvne siècle ;
il visita l'Italie avant 1627. Un tableau de 1630
démontre déjà l'influence de Rembrandt. Il a laissé
du père de Rembrandt, trois portraits dont un
au Musée de Rotterdam. Il se maria en 1636 à Leyde
et mourut en 1638. Un autre portrait du père de
Rembrandt a été publié comme Rembrandt dans la Ga-
zette des Beaux-Arts. Son portrait par lui-même, daté
de 1635, a été donné à Rembrandt par Bode et
Valentiner, quoiqu'il ne soit signé que R ; on a repeint
— 188 —
probablement les lettres I D. D'autres tableaux
sont à Wewer en Westphalie ; au Brésil ; à la Haye, chez
M. Bredius (daté 1630); à Londres, Eldar Gallery;
au musée d'Erlangen, etc. Tous ces tableaux dé-
montrent une forte influence de Rembrandt.
La peinture en Bohême au xiv6 siècle.
(Communication de M. Matejcek.)
Au xive siècle, l'école tchèque est, dans l'Europe
centrale, la première où la peinture moderne s'oppose
à celle du Moyen âge. Prague est en relations avec
les centres intellectuels de l'Occident.
Dans les peintures murales comme dans les minia-
tures, le style nouveau, encore sous la dépendance de
la peinture française du xine siècle, est caractérisé
par la sévérité du dessin ; puis il s'adoucit ; il se dégage
complètement après 1330; son meilleur interprète
est le maître du Cycle de la Passion de Vyssi Brod
qui subit l'influence de l'Italie. Vers 1380, la physio-
nomie de la peinture tchèque se modifie. Son prin-
cipal représentant, le Maître du rétable de Trebon,
a des affinités avec les peintres du nord de la France.
1.400 marque la fin de toute originalité. L'école
tchèque vit sur son acquis ; aussi, après avoir étendu
son rayonnement dans l'Europe centrale, perd-elle sa
situation prépondérante.
*
* *
Le Père Juan Ricci, écrivain d'art et peintre
de l'école de Madrid (xvne siècle).
(Communication de M. Elias Tormo.)
Le musée de Nantes possède un bon tableau de
l'école espagnole représentant un aveugle jouant de
— 189 —
la vielle, sur lequel les érudits ont eu l'occasion d'exercer
leur sagacité ; ils l'ont attribué à Murillo, à Vélasquez,
à Zurbaran, à Herrera le Vieux, à Bernard Strozzi.
M. Elias Tormo, lors d'un voyage à Nantes, au
printemps de 1914, l'attribua à Juan Ricci ; il fit
part de son opinion au conservateur qui, peu après,
découvrit dans un coin de la toile la signature : Ricci.
M. Tormo donne des renseignements sur ce moine
peintre, auquel on peut attribuer d'excellents ouvrages,
notamment le Portrait de jeune homme, de la collection
Cook, à Richmond, catalogué comme Vélasquez.
Fils d'un peintre italien établi en Espagne et d'une
madrilène, Ricci naquit, selon toute vraisemblance, à
Madrid vers 1595. Il prit l'habit bénédictin en 1626. Il
exécuta de nombreux travaux dans diverses maisons de
son ordre et pour une grande dame, la duchesse de Bej ar ,
qui fut son élève et pour l'instruction de laquelle il
écrivit son traité la Pintura sabia (la peinture savante).
A la fin de sa vie, il semble avoir passé en Italie ; Clé-
ment X, pour lequel il aurait travaillé, l'aurait nommé
à un évêché que sa mort, survenue entre 1680 et 1685,
l'aurait empêché d'occuper.
M. Tormo dresse un catalogue de ses peintures,
conservées au Prado, à l'Académie de San Fernando,
à Burgos et dans diverses collections ; les plus nom-
breuses se trouvent au couvent de la Cogolla.
La Pintura sabia comprend à la fois un lexique,
avec la traduction des termes en plusieurs langues
et deux traités, l'un sur l'anatomie du corps humain,
qui offre cette particularité d'être illustré de nombreu-
ses académies d'hommes et de femmes, l'autre sur l'ar-
chitecture, où le Père Ricci apparaît comme un des
promoteurs du style baroque en Espagne.
* *
— 190 —
Pierre Puget a Gênes.
{Communication de M. Mario Labo1.)
M. Labo a contrôlé nombre de renseignements
sur la vie de Puget pendant son séjour à Gênes ; il
précise l'influence que cet artiste eut sur la sculpture
génoise de son temps.
Puget s'installe à Gênes (et non à Carrare) en 1661,
(et non en 1662), envoyé par Fouquet pour desmarbres
destinés à Vaux-le- Vicomte. Fouquet disgracié, il
reste à Gênes, va chercher sa famille à Marseille, ouvre
un atelier et travaille à Sainte-Marie-de-Carignan, pour
la famille Sauli. En 1688, sur l'ordre du roi, il quitte,
pour Toulon, Gênes dont il a la nostalgie, où il revient
fréquemment et où il cultive des amitiés dévouées.
Pendant cette période génoise, il subit plus l'in-
fluence du Bernin que celle de Michel-Ange. Mais il
garde une originalité qui fait défaut aux décorateurs
génois contemporains, Carlone et Orsolino, orne-
manistes purs.
A cette époque, il existe à Gênes une colonie de
sculpteurs français qui ne furent ni ses continuateurs
ni ses héritiers. Avec eux finit la sculpture génoise
du xvne siècle.
DEUXIÈME SECTION (Sous-Section B.)
La séance est présidée par sir Hercules Read,
assisté de M. le chanoine Urseau.
Contribution a la chronologie de
l'architecture romane en Catalogne.
{Communication de M. Puig i Cadafalch.)
En Catalogne, comme dans les églises mozarabes
publiées par M. Gomes Moreno, les arcs outrepassés
1. Traduite et lue par M. Rouchès.
— ici —
datent des Xe et XIe siècles. On trouve, à la même
époque, des églises semblables en Lombardie et dans
la France méditerranéenne comme Saint-Martin
de Londres, Saint-Guilhem-du-Désert. On peut, dans
toute cette région noter également des influences
moresques.
M. Marcel Aubert pense que l'on pourrait recher-
cher des exemples semblables dans les régions qui
ont subi l'influence lombarde, peut-être dès le xie
siècle, en Rhénanie.
*
* *
La décoration polychrome des plafonds
catalans du xive siècle au xvie siècle.
(Communication de M. F. Rafols1.)
Dans les provinces de Valence, d'Aragon, en Cata-
logne, et à l'île Majorque, un grand nombre de châ-
teaux, de palais et d'églises présentent de superbes
lambris polychromes, datant des xive, xve et xvie
siècles. Ces lambris offrent des caractères communs
et se distinguent par leurs couleurs des lambris
espagnols monochromes.
Dans la composition de ces lambris, dont M. Rafols
explique la structure technique, les motifs dominants
sont les motifs floraux entrelacés. La décoration est
tantôt simple, tantôt compliquée. Des animaux, traités
d'une façon réaliste ou fantastique, font ça et là
leur apparition. Les influences sont diverses, de l'art
roman, de l'art Mudejar ou du gothique français.
M. Rafols étudie un certain nombre d'exemples pris
à Barcelone, à Vich, à Gérone et à Tarragone ou
dans leurs environs.
i. Lue par M. Puig i Cadafalch.
— 192 —
A propos d'une œuvre de Roger de La Pasture
dit van der weyden : laurent froimont,
du Musée de Bruxelles.
(Communication de Mme Maria Biermé)
Ce tableau était un diptyque dont un seul panneau
a été conservé, qui offre le portrait de Laurent Froi-
rnont. Au revers, est figuré en grisaille un saint Lau-
rent. Mme Biermé émet l'hypothèse que le peintre
se serait représenté sous les traits du saint, ce qui
confirmerait définitivement l'attribution à Roger de
La Pasture et écarterait celle à Hugo van der Goes.
Mme Biermé rapproche ce saint Laurent du dessin
qui est au musée d'Arras et qui représente l'artiste ;
elle voit, entre les deux œuvres, des rapports étroits.
Sir Hercules Read montre combien il est difficile de
reconnaître les traits absolus d'un artiste dans une
figure de saint ou de personnage historique.
DEUXIÈME SECTION (Sous-Section C.)
La séance est présidée par M. J. J. Marquet de
Vasselot.
a propos de quelques gemmes des anciennes
collections de la couronne.
(Communication de M. J.J. Marquet de Vasselot)
Tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'or-
fèvrerie ont pu constater que l'on ne sait presque rien
au sujet des pièces en cristal de roche, en agate, en
jaspe, etc., garnies généralement de montures en or
émaillé, qui ont eu une si grande vogue à la fin de
la Renaissance.
Les principales séries de ces gemmes (qui datent près-
— 193 —
que toutes de la seconde moitié du XVIe siècle et du
commencement du xvne) sont conservées à Paris,
à Vienne, à Madrid, à Florence ; elles proviennent des
anciennes collections des rois de France, des empe-
reurs d'Allemagne, des rois d'Espagne, des grands-
ducs de Toscane.
Etant donné leurs origines illustres, on pourrait
supposer que ces pièces ont été étudiées depuis long-
temps ; mais il n'en est rien et l'on commence seule-
ment à se rendre compte des nombreux problèmes
qu'elles soulèvent. On connaît d'ailleurs assez mal
cet art, très international, de la fin de la Renaissance.
Avant d'examiner la riche série du Louvre, il faudra
commencer par éclaircir l'histoire de ces pièces,
par rechercher d'où elles proviennent et comment
elles sont entrées jadis dans les collections royales-
Or, un recueil du Cabinet des Estampes de la Biblio-
thèque Nationale (Lf3, in-folio) contient plusieurs
dessins aquarelles du xvne siècle, représentant des
gemmes du Cabinet du Roi. Ces dessins (il y en a
neuf) font partie d'un des anciens fonds du Cabinet
des Estampes ; ils y sont entrés, en i8ir, avec les
papiers d'un architecte célèbre, Robert de Cotte
(n. vers 1656 ; m. en 1735) ; ils proviennent sans doute
du service des Bâtiments du roi, que Robert de Cotte
dirigea pendant de longues années.
Quatre d'entre eux représentent des pièces actuel-
lement conservées au Louvre : une aiguière en sar-
doine (Catal. somm.,1, n° 998) ; un vase en agate
(Catal. somm., n° 1015) ; une coupe en jaspe (Catal.
somm., n° 961) ; une petite aiguière en sardoine
(Catal. somm. n° 1001). Les inscriptions que portent
1. Catalogue sommaire de V orfèvrerie, de l'e'maillerie et des gemmes,
du Moyen- Age au xvn8 siècle, par J.J. Marquet de Vasselot ; Paris
1914, in-12.
13
— 194 —
ces dessins, complétées par les mentions de l'Inven-
taire du Mobilier de la Couronne, permettent d'éta-
blir que ces gemmes ont été acquises pour Louis XIV,
en Allemagne, vers 1685. Il est intéressant de cons-
tater que les agents du roi, avant d'expédier de
Francfort, de Nuremberg, de Brème, ces objets fra-
giles et coûteux, en soumettaient des croquis au ser-
vice des Bâtiments. D'autre part, la provenance de
ces gemmes tendrait à confirmer que beaucoup d'entre
elles ont été fabriquées ou montées en Allemagne.
Les émaux français du xvii6 siècle a décor floral
et leurs imitations.
(Communication de Mlle Joan Evans.)
L'élément floral dans la décoration, à l'époque de
la Renaissance, n'a pas toujours été apprécié à sa va-
leur. La tradition médiévale du décor floral s'était
perpétuée dans les « emblèmes » et les « improse »
qui avaient remplacé le symbolisme gothique ; mais
l'élément naturaliste ne prit sa place dans l'ornemen-
tation de la Renaissance qu'au début du xvne siècle,
quand le goût pour les fleurs rares et belles se déve-
loppa. Le Jardin des Plantes, fondé en 1626, devint
un centre pour les amateurs de fleurs, et eut ainsi une
influence sur l'ornement. La tulipomanie dontlamode
eut son point culminant vers 1634, eut un contre-coup
sur les arts mineurs, comme le prouvent les émaux
peints de Jean Toutin et de ses successeurs. Certains
de ces émaux furent peints en camaïeu, et d'autres en
relief (Gilles Légaré).
Ce style fut importé en Angleterre par les artisans
français qui travaillèrent à la cour de Charles Ier,
notamment par Daniel Bouquet. Les artisans anglais
— 195 —
copièrent leurs dessins, mais non leur technique : ilb
continuèrent l'ancien procédé de l'émail cloisonné.
Les Hollandais suivirent plus servilement ces modèles
et produisirent une telle quantité de plaques lisses
à décor floral, qu'elle? devinrent un article d'expor-
tation ; c'est ainsi que ce style pénétra jusqu'en Perse
où il fut usité durant le xviii6 et le xixe siècles.
Une crosse abbatiale du xnie siècle.
(Communication de M. Tiens.)
Dans les collections du musée diocésain de Barce-
lone, se trouve une crosse abbatiale entièrement en
bois, de très grande valeur, qui vient du célèbre monas-
tère bénédictin de Saint-Cugat del Vallès près Barce-
lone. Elle fut trouvée, en 1915, dans une tombe. De
proportions remarquables, elle est toute dorée et
polychromée. Les motifs sculptés, peints et décorés
sur cette crosse, ne sont pas inférieurs aux plus connus,
exécutés sur ivoire et sur bois au xne siècle. Son aspect
fin et métallique fait penser à une œuvre d'art fran-
çaise ; elle s'apparente aux crosses faites par les
artistes de Limoges au xme siècle, et doit dater de
cette époque.
*
De l'utilité de la connaissance des poinçons
et de quelques moyens d'en prendre des
empreintes pour l'étude des armes et des
ARMURES.
(Communication de M. Georges Macoir.)
La connaissance des poinçons est indispensable
pour l'étude des armes ou des armures. On l'a compris,
et on a publié des reproductions de poinçons, surtout
— 196 —
en Allemagne, pas suffisamment en France et en
Belgique, pays qui, aux xve et xvie siècles, a eu
de nombreux ateliers d'armuriers.
Pour reproduire ces poinçons, le dessin par un non-
spécialiste doit être écarté. Mieux vaut la photogra-
phie, surtout la photographie stéréoscopique. Pré-
férables sont les empreintes obtenues par le moulage
en plâtre, ou au moyen d'une mince lame de plomb qu'on
frappe avec un petit marteau de bois dur ou avec de
simples feuilles d'étain. Un de ces travaux prépara-
toires accomplis, l'emplacement des poinçons doit
être noté avec précision.
Le musée de la porte de Hall possède les moules de
tous ses poinçons dont il tient des épreuves en plâtre
à la disposition des musées. Pour les catalogues,
celui de l'Armurerie royale de Stockholm peut être
donné en exemple ; les feuilles sont imprimées d'un
seul côté, ce qui permet l'établissement de fiches.
*
* *
Les traditions italiennes du petit portrait.
(Communication de M. Carlo Jeannerat.)
L'histoire de l'art présente des lacunes qu'il est
instructif de signaler : entre autres celle du petit
portrait peint. Cet art qui a été considéré et étudié
jusqu'à présent surtout comme art précieux, dans la
formule acquise au xvme siècle, de miniature sur
ivoire, mérite d'être considéré comme une expression
d'art iconographique dont les traditions remontent
à la plus haute antiquité. L'Italie nous conserve
quelques spécimens très typiques de petits portraits
sur cristal de roche et en chrysographie, provenant
des fouilles de Pompéi et des catacombes romaines,
et la tradition de cette forme de peinture, de genre
— 197 —
intime et sentimental, se continue à travers les siècles
suivants, sous des aspects et techniques différents (sur
bois, en émail, sur cuivre, sur vélin), de même qu'en
sculpture on retrouve les pierres gravées, les camées
et les cires polychromées.
D'où l'importance d'une étude générale et compa-
rée, servant aussi à raccorder les différentes écoles
d'Europe qui n'ont été étudiées jusqu'à présent que
d'un point de vue local et dans leur manifestation
plus moderne.
L'histoire du petit portrait italien, dont l'intérêt
est mis en éveil par sa priorité chronologique, est
encore à l'état de recherches, mais l'auteur se promet
d'y apporter une contribution utile, comptant aussi
sur la collaboration de ses collègues du Congrès.
Cependant, il estime intéressant de signaler de
suite quelques exemples des influences que l'école
italienne a apportées ou subies dans les différents
milieux, et de citer parmi les miniaturistes qui ont laissé
le plus de traces dans l'histoire du petit portrait en
France, les noms de Rosalba Carriera, Victorien
Campana et Ferdinand Quaglia.
QUATRIÈME SECTION.
La séance est présidée par M. Scheurleer.
M. Scheurleer signale l'édition intégrale entre-
prise en Hollande de l'œuvre de Josquin des Prés.
M. Burlingame Hill dépeint les musiciens amé-
ricains contemporains, curieux de toutes les tech-
niques mais cherchant à se libérer des influences du
folk-lore indien ou nègre et des tutelles européennes
pour fonder un art national.
— 198 —
M. André Cœuroy montre Gérard de Nerval
fervent de musique, de chant populaire, adepte, dès
la première heure, des théories wagnériennes ; il fait
ressortir l'influence qu'il exerça comme librettiste
et comme critique musical, sur le monde des lettres-
Un livre de clavecin de J.-F. d'Andrieu.
(Communication de M. Paul Brunold.)
M. Paul Brunold présente un Livre de Clavecin
de J.-F. d'Andrieu, contenant douze pièces : Deux
Préludes, Allemande, deux courantes, Sarabande,
Passacaille, Gigue, Gavotte en rondeau, Gavotte, deux
menuets, dont le style et la belle tenue sont inspirés des
clavecinistes du XVIIe siècle: Chambonnières, d'Angle-
bert, Le Bègue. Ce livre, relié avec les pièces de clave-
cin de Clérambault (1704) et de Marchand (1702),
paraît se situer vers 1703 ou 1705. Le style des pièces
de ce recueil est absolument différent de celui des
Trois Livres de Clavecin de Jean-François Dandrieu,
organiste du Roi, mort en 1740. L'adresse de l'auteur
de ce Livre est la même que celle des Noèls pour l'orgue
ou le Clavecin de l'abbé Dandrieu, organiste de Saint -
Barthélémy, mort en 1733, et nous ne retrouvons cette
adresse que sur le 3e Livre de l'organiste du Roi
(1734), soit un an après la mort de l'abbé Dandrieu
qui, nous apprend M. A. Pirro, s'appelait Pierre. Les
recueils d'Airs sérieux et à boire de Ballard de 1697
et 1699 contiennent un Air sérieux, un Printemps
et une Chansonnette de M. Dandrieu (sans la particule
qui ne figure que sur le Livre de 1705), qui ne peuvent
être attribués à Jean-François ; l'organiste du Roy
aurait eu à cette époque 13 et 15 ans, étant né en
1684.
— 199 —
11 est intéressant de remarquer, si le Livre de Clave-
cin de 1705 est de J.-F. Dandrieu, que cet auteur aurait ,
dans ce cas, écrit deux premiers Livres; or Titon du
Tillet ne mentionne que les trois Livres connus et
spécifiés par l'auteur: Ier Livre, 1724 ; 2e Livre, 1728 >
3e Livre, 1734. En tout cas, il nous faut constater
que.dès le Ier Livre de 1724, J.-F. Dandrieu rompt défi-
nitivement avec l'ancienne tradition et écrit des
pièces dans la forme et le style créés par Couperin
le Grand, et qu'aucun changement ne se produira
au cours des deux autres Livres qui suivront. Il
adopte même une table des agréments avec des signes
très particuliers que nous retrouvons jusque dans son
Livre d'Orgue (1739).
Pour ces diverses raisons qui laissent le champ
libre à des hypothèses, M. Brunold exécute sur son
clavecin trois pièces du Livre de 1705 : Alle-
mande, Sarabande, 2e Prélude, et en opposition,
trois autres du Ier Livre de 1724: La Fugitive, La
Sensible, Les Tourbillons. La comparaison établie entre
ces deux livres montre avec évidence, l'évolution
déconcertante, troublante même de J.-F. Dandrieu.
A 14 h. 30, les membres du Congrès se sont retrouvés
au château de Versailles qu'ils ont visité sous la con-
duite de MM. Pératé, conservateur, Gaston Brière,
conservateur-adjoint, et Paul Vitry, conservateur au
Musée du Louvre.
A 16 heures, fut donné dans la Galerie des Glaces
un concert de musique française. Après une courte
causerie de M. Pierre de Nolhac qui évoqua les fêtes
du siècle de Louis XIV et rappela les noms des rausi-
— 200 —
ciens qui se firent entendre au château, le programme
suivant fut exécuté :
1. PIÈCES POUR LA FLUTE TRAVERSIÈRE
AVEC LA BASSE CONTINUE.
a) Prélude (œuvre quatrième, 1703)
b) Rondeau 1710
c) Sarabande Michel de la Barre (1675-1743)
(La basse réalisée par Mme Wanda Landowska)
Mme Wanda Landowska et M. Louis Fleury.
2. PIÈCES DE CLAVECIN
a) Noël « Vous qui désirez sans fin »
P. Dandrieu (1684-1740)
b) La Poule (Pièces de clavecin 1731)
J. Ph. Rameau (1683-1764)
c) Le Rossignol en amour (3e livre de pièces de clave-
cin, 1722. XIVe ordre)
Fr. Couperin Le Grand (1668-1733)
d) Volte et Ronde (Pièces de clavecin 1670)
J. Ch. de Chambonnières
e) Les Fastes de la Grande et Ancienne Ménestrandise.
Fr. Couperin Le Grand
Les Viéleux et les Gueux. — Les Jongleurs Sauteurs
et Saltimbanques avec les Ours et les Singes
(2e livre de pièces de clavecin, 1722. XIe ordre).
Mme Wanda Landowska.
3. PIÈCES DE CLAVECIN EN CONCERT AVEC
UNE FLUTE ET UN VIOLONCELLE (1741)
a) La Livri
b) Le Vézinet
c) La Timide
d) Les Tambourins J. Ph. Rameau
Mme Wanda Landowska, M. Louis Fleury et
M. Louis Fournier.
— 201 —
4. MÉLODIES
a) Trois ballades de Villon
Claude Debussy (1862-1918)
b) Sur un vieil air (Verlaine)
Charles Bordes (1863-1909)
c) Apaisement (Verlaine)
Ernest Chausson (1855-1899)
d) Chanson du petit cheval
Déodat de Severac (1873-1921)
Mme Croiza.
5. QUATUOR A CORDES n° 1, op. 12 Debussy
1. Animé et très décidé. 2. Assez vif et bien rythmé.
3. Andantino, doucement expressif. 4. Très
modéré, en animant peu à peu, très mouve-
menté et avec passion.
Le Quatuor Poulet
(MM. Gaston Poulet, Henri Giraud, A. Le Guillard
et Louis Ruyssen.)
MARDI 4 OCTOBRE.
Partis de Paris en autocars, les membres du Congrès
sont arrivés à 11 h. 30 à Fontainebleau. Sous la direc-
tion de MM. Georges d'Esparbès, conservateur du
palais, et de M. Gaston Brière, ils ont visité le château.
Après le déjeuner servi à l'hôtel Moret et d'Ar-
magnac, ils sont repartis pour le château de Courance
dont la marquise de Ganay leur a fait les honneurs.
A 16 h. 30, ils arrivaient au château de Vaux-le-
Vicomte, édifié pour Fouquet par l'architecte Levau.
Ils ont été reçus par M. et Mme Edme Sommier qui
leur ont fait visiter le château et le parc dessiné par
Le Nostre, et leur ont offert un goûter.
202
MERCREDI 5 OCTOBRE, (matin.)
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section A.)
La séance est présidée par M. J. J. Marquet de
Vasselot.
Un nouveau catalogue illustré par Saint-
Aubin.
{Communication de M. Théodore Reinach.)
En présentant un nouveau catalogue illustré par
Saint-Aubin, M .Théodore Reinach souhaite d'abord
que la publication de ces catalogues, interrompue
depuis 1914, puisse être bientôt reprise. Le catalogue
qu'il communique, est celui de la vente du président
de Lyer, seigneur d'Andilly ; il renferme quarante
et un croquis et des annotations.
* *
L'évolution du dessin français, aux xvii® et
xvme siècles, de Poussin a David, d'après
LA COLLECTION DE L'ECOLE DES BEAUX-ARTS.
(Communication de M. Pierre Lavallée.)
Choisissant dans les collections de l'Ecole des
Beaux-Arts quelques exemples caractéristiques de
dessin français des xvne et xvme siècles, M. Pierre
Lavallée en étudie l'évolution pendant la période
qui s'étend de Poussin à David.
Il dit quelle grande leçon Poussin reçut de l'art
antique ; comment il ne l'imita que pour lui infuser un
sang nouveau et à quel point, tout en imitant, il fut
créateur ; — comment, auprès de lui, Claude Lorrain
ouvrit les yeux sur la nature inanimée, quelle cons-
— 203 —
cience et quelle sensibilité il apporta à l'étude des
arbres; — - combien, ensuite, la leçon de Poussin fut
mal comprise par Le Brun et par ses collaborateurs de
l'Académie royale de peinture, qui, demandant à
l'antiquité des formules, puis s'efforçant de plier la
nature à ces formules, créèrent un art compassé,
pompeux, inerte ; — quel intérêt toutefois présentent
leurs œuvres au point de vue décoratif : on leur
doit la magnificence du style Louis XIV, et en
imposant à tous les yeux les proportions harmo-
nieuses de l'antique, ils ont grandement contribué à
la formation du goût français ; — quelle fut ensuite,
avec Charles de la Fosse et Largillierre, la part prépon-
dérante de l'influence flamande dans la réaction contre
l'académisme, réaction caractérisée par un dessin
souple, sensible, lumineux, qui triomphe avec Antoine
Coypel et atteint son apogée avec Watteau, pour se
continuer à travers tout le xvme siècle, devenant de
plus en plus libre, jusqu'au jour où la réaction davi-
dienne, fermant le cycle, marque le retour à l'acadé-
misme rigide de l'âge précédent.
Une prétendue découverte de la gravure au
xive siècle. Une fraude archéologique.
(Communication de M. André Blum.)
M. Blum signale une supercherie qui se rapporte
aux origines de la gravure. Pour établir que cet art
avait été découvert aux Pays-Bas, un Flamand imagina
un prétendu manuscrit qu'il réussit à faire passer pour
vrai. Il s'agit d'un texte flamand du xvie siècle, don-
nant les détails les plus précis sur une école de gravure
en Flandre, à la fin du xive siècle. Le mystificateur
l'attribuait à un écrivain de la Renaissance, Luc de
— 204 —
He< re, peintre et poète. Pendant plusieurs années, ce
manuscrit fit autorité. Il n'existait que dans les notes
d'un instituteur de Gand, J. B. Delbecq (1771-1840),
éditées cinq ans après sa mort. C'est seulement en 1898
que l'auteur du poème de Luc de Heere — tiré d'un
texte arrangé par van Mander — fut démasqué comme
faussaire par M. van de Haegen. Pour glorifier les
maîtres de son pays, pour prouver que la Hollande
avait ses peintres graveurs au xive siècle, Delbecq
avait commis cette supercherie.
Le comte Durrieu fait remarquer que les noms de
graveurs cités par Delbecq comme vivants à la fin du
xive siècle, s-ont des noms d'artistes ayant véritable-
ment existé au xvie siècle.
*
* *
Le style français des xylographies primitives.
(Communication de M. Pierre Gusman.)
Pour les incunables xylographiques, la question
d'origine, et surtout de priorité, a excité la curiosité
des érudits, particulièrement des deux côtés du Rhin.
M. Gusman détermine le style français des xylo-
graphies primitives en s'attachant aux gravures sur
bois qui sont les premiers exemples du genre. Ces
vieilles gravures religieuses du xive siècle portent,
comme caractère distinctif, des plis d'étoffe exprimés
par un sinus bouclé. L'imagerie religieuse de la fin
du Moyen âge, en France, en Souabe, en Bavière, en
Autriche et dans plusieurs autres pays, fut conçue
selon une même formule graphique, en quelque sorte
cosmopolite, celle que surent lui imprimer les couvents
dont le berceau principal était en France, celle que
les moines colonisateurs exportaient et que des artistes
comme Villard de Honnecourt ont fixée. Si la priorité
— 205 —
du style peut être réclamé; à juste titre pour la France,
on ne peut établir qu'il en soit de même pour la gra-
vure de toutes les images aux plis à sinus bouclé que
nous connaissons.
La France monastique, à la fin du Moyen âge, était
encore en mesure d'assurer la diffusion d'un style
français dont l'imagerie fut la vulgarisatrice ou, du
moins, reste l'humble témoignage.
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section B.)
La séance est présidée par M. le docteur Nodet.
Caractères nationaux dans la sculpture
suédoise au Moyen âge.
(Communication de M. Andréas Lindblom1)
La Suède païenne a créé le style ornemental des
pierres runiques, qui disparaît après l'introduction
du Christianisme. Par la suite, la Suède reçoit
des impulsions étrangères, mais en réagissant. Sa
sculpture est d'ailleurs essentiellement sur bois.
La figure humaine apparaît réellement dans l'art
suédois avec le Christianisme. La Vierge de Mosjô et
la Vierge de Hall marquent la période de transition.
Un groupe de statues, appartenant à la seconde moitié
du xne siècle, est caractérisé par ia Madone de Kloc-
krike, qui montre l'influence de la France et de Chartres,
mais est foncièrement suédoise par la stylisation et par
la sombre expression du visage. Les Christs présentent
un type exagérément viril et sérieux, presque brutal.
La Vierge de Rimbo marque la transition du roman
i. Lue par M. Roosval.
— 206 —
au gothique qui est filtré par l'Angleterre. L'école de
la Suède méridionale reçoit l'influence de la Saxe.
Au xme siècle, la France instruit directement la
Suède. Upsal et Gotland sont deux centres de sculpteurs
français ou francisés. Dans l'Ostergôtland, travaille
un maître plus national (Crucifix d'Ostra Husby
très pathétique.)
A partir du milieu du xive siècle, l'originalité dis-
paraît de l'art suédois du Moyen âge.
M. Marcel Aubert fait observer que dans cette
influence française, les couvents cisterciens n'ont pas
dû jouer directement un grand rôle en ce qui concerne
l'évolution de la sculpture car ils n'avaient pas de
statues dans leurs églises.
*
* *
Les fontaines de Peterhof.
(Communication de M. Polowtzof.)
M. Polowtzof rappelle combien prépondérante
fut l'influence de Versailles dans la création de Peterhof
par Pierre le Grand. Le souverain entoura cette demeure
qui devint sa résidence préférée, de cascades, de grottes,
de fontaines et de parterres d'eau. Les travaux, com-
mencés en 1715, furent achevés en 1721. Pierre le
Grand employait de préférence des artistes français.
Leblond fut l'architecte du premier palais de Peter-
hof que Pineau embellit d'admirables boiseries.
M. Polowtzof montre la part de chacun des succes-
seurs de Pierre le Grand dans les embellissements de
Peterhof, notamment en ce qui concerne les fontaines
qu'a épargnées la révolution bolcheviste.
* *
M. Levinson parle des collections de Peterhof où
l'art français est bien représenté.
— 207 —
Les sympathies artistiques de P. P. Prud'hon,
en 1801. — Prud'hon et le Corrège.
(Communication de M. le Docteur Nodet.)
Prud'hon collabora, en une certaine façon, à la thèse
d'un jeune médecin, le docteur Cabuchet : Essai sur
l'expression de la face dans l'état de santé et de maladie
(1801). Cabuchet avec qui il était lié et dont il avait
fait le portrait en 1800, écrivit, dans sa thèse, un cha-
pitre intitulé : Expression de la face dans les passions,
en se documentant dans les ouvrages d'esthétique. Il
demanda à Prud'hon de lui indiquer des exemples
caractéristiques d'après les chefs-d'œuvre réunis à
Paris. Notées par paragraphes correspondant à un
genre d'expression, on connaît les œuvres qu'aimait
Prud'hon.
On est très étonné de constater l'absence du Corrège.
En effet, que n'a-t-on dit sur l'admiration de Prud'hon,
le Corrège français, pour le maître de Parme ! En réalité,
Prud'hon le connaissait peu et mal. Il est douteux qu'il
ait étudié à Parme, comme on l'a prétendu sans preuves
et qu'il ait voyagé à Milan, Florence et Naples. Il ne
quitta guère Rome où il n'y avait pas de Corrège.
Seules, quelques affinités ont permis de croire à un
culte de Prud'hon pour le Corrège.
*
LES PEINTURES DE POUSSIN^AU MUSÉE DE MONTPELLIER.
{Communication de M. A. Joubin.)
Après qu'en 1825, le peintre F. X. Fabre eut fait
donation de ses collections au musée de Montpellier,
le premier catalogue, publié par ses soins en 1830,
mentionnait 15 tableaux de Poussin. Depuis lors, les
catalogues successifs du musée ont maintenu en grande
— 208 —
partie ces attributions. Le moment paraît venu au-
jourd'hui de les reviser.
M. Joubin distingue dans ces tableaux trois grou-
pes différents :
i° les tableaux qu il convient d'enlever, sans dis-
cussion, à Poussin, comme la Mort de Sainte Cécile,
le portrait du Cardinal Giulio Rospigliosi, Rébecca
et Eliézer.
2° les copies d'après Poussin ; quelques-unes pré-
sentent de l'intérêt comme le Satyre endormi dont
le caractère poussinesque est indéniable ; d'autres
offrent une importance capitale, comm? la Naissance
de Bacchus et la Mort de Narcisse, dont l'original,
aujourd'hui disparu, fit partie de la galerie du Régent.
3e Restent enfin deux tableaux qui méritent
une étude approfondie ; l'un, le Baptême du Christ,
donné généralement à Poussin, paraît devoir être rangé
au nombre des œuvres de l'atelier ou des imitateurs de
Poussin. Au contraire, le tableau représentant Vénus
et Adonis est certainement une œuvre de Poussin et
très probablement un original de la main même du
maître.
*
* *
Les portraits de Carle Vernet enfant, par
N. B. Lépicié.
(Communication de Mlle Florence Ingersoll-Smouse.)
De tout l'œuvre de ce peintre, presque oublié au-
jourd'hui, les portraits, et surtout les portraits d'en-
fants constituent la partie la plus séduisante.
Très lié avec Joseph Vernet, Lépicié peignit vers
1769-1772, quatre portraits des enfants de cet artiste
dont deux de son élève chéri, le jeune Carie. Ces deux
beaux portraits qui se trouvent, l'un dans la collection
— 209 —
de M. Philippe Delaroche-Vernet (1769) et l'autre
au musée du Louvre (1772), appartiennent à la
charmante série des Petits dessinateurs, dans laquelle
Lépicié semble avoir laissé les portraits de ses
assez nombreux élèves. Dans le premier portrait, on
sent particulièrement l'influence de Chardin.
*
* *
François Laurana de Dalmatie et la Renaissance
en France.
(Communication du comte Alessandro Dudan1.)
François et son frère Lucien sont nés à Zara, vers
1420. Ils eurent pour maître Georges de Sebenico
et se formèrent par l'étude des monuments romains de
Dalmatie. Ils passèrent en Italie, allèrent à Ancône
et Rimini, puis à Naples où ils construisirent l'arc de
triomphe du Château-Neuf (entre 1451 et 1460).
De 1461 à 1466, François Laurana reste à la cour du
roi René. Il travaille comme médailleur et comme
architecte : le comte Dudan pense qu'il construisit
ou répara le château de Tarascon et les remparts
d'Avignon et de Villeneuve.
En 1467, Laurana va en Sicile, puis à Naples et à
Urbin. Entre 147 1 et 1475, il exécute ses fameux
bustes féminins. Après 1475, il revient se fixer à Mar-
seille où il se marie. Il exécute ses tombeaux du Mans,
de Tarascon et de Marseille.
Son rôle comme statuaire fut immense. Chaque jour
lui rend une oeuvre nouvelle. Architecte, son œuvre
dont on ne connaît qu'une faible partie, ne fut pas
moins considérable.
1. Traduite et lue par M. Rouchès.
14
— 210 —
Trois artistes français en Dalmatie.
{Communication du comte Alessandro Dudan1.)
Le comte Dudan apporte une contribution à l'his-
toire de l'expansion française en Dalmatie. Les trois
artistes dont il parle, sont : i° un fondeur lorrain,
Jean de Gaillard, qui fondit une cloche pour la cathé-
drale de Trau (1629) ; 20 le peintre Clérisseau qui passa
plusieurs semaines à Spalato, pour dessiner le palais
de Dioclétien, en vue de la publication sur la Dalmatie,
par Lavallée et Cassas ; 30 un peintre, Vincent Poiret,
qui vécut et travailla à Zara et à Trieste ; il épousa si
bien les sentiments de son entourage qu'il finit à
Turin, au milieu des émigrés irrédentistes. On lui doit
une Sainte Lucie (St. Siméon de Zara) et des litho-
graphies, dont un album sur la Dalmatie et des plan-
ches représentant les obsèques du comte Charles de
Bourbon.
Ferdinand Hodler. A propos de l'Exposition
commémorative de Berne.
{Communication de M. Conrad de Mandach2.)
Le peintre Ferdinand Hodler est né à Berne en 1853-
Il peignit d'abord à Thoune des paysages destinés à
des étrangers de passage, puis vint à Genève et entra
dans l'atelier de Barthélerny Menn, élève d'Ingres et
admirateur des maîtres de Barbizon. Hodler subit, à
Genève, l'influence de Corot. Puis il se rendit en
Espagne (1878) et, rentré en Suisse, se tourna vers la
peinture monumentale [Le banquet des gymnastes,
de 1877). Dès 1884, il inaugure la série des allégories
1. Traduite et lue par M. Rouchès.
2. Lue par M. Ganz.
— 211 —
qui firent sa renommée (Dialogue intime, la Nuit,
Ames déçues, Y Elu, Y Eurythmie, le Jour).
La « Sécession » viennoise de 1904 « lança » Hodler
définitivement. Il peignit le Départ des étudiants en
1813, pour l'Université d'Iéna (1908) et Y Unani-
mité (1913), destinée à rappeler la Réformation,
pour la salle du Conseil de Hanovre, mais il continua
entre temps ses allégories : Y Emotion, Y Heure sacrée,
etc., où la femme forme le sujet principal. Il imagina
sa théorie du parallélisme, interprétation naïve de la
loi de l'unité nécessaire à toute œuvre d'art.
Hodler fut toujours apprécié de ses confrères fran-
çais. Il eut à Paris de nombreux succès aux divers salons
et c expositions de 1887 à 1913, avant d'être estimé en
Suisse à sa valeur. Il signa une protestation contre le
bombardement de Reims. Il mourut en 1918.
Son exposition à Berne (1921) a réuni 650 de ses
tableaux et 200 dessins et aquarelles.
M. A. Augustin Rey fait une communication sur
l'importance de l'architecture française dans la pensée
artistique des nations étrangères et sur les meilleure-
méthodes de propagande.
A PROPOS DU XIVe CENTENAIRE DE L'eVANGÉLIAIRE
DE MAESEYCK.
{Communication de Mme Maria Biermé.)
L'Evangéliaire des saintes Herlinde et Relinde, du
trésor de l'Eglise paroissiale de Maeseyck, est peu
connu ; il est cependant remarquable au point de vue
de la paléographie et par les miniatures très origi-
nales qu'il renferme. Il est dû à Herlinde et à Relinde,
— 212 —
filles cTAdelhard et de Grinnara, apparentées, croit-on,
à la famille de Charlemagne ; elles firent leur éducation
dans l'abbaye de Bénédictines, fondée à Valenciennes
par Pépin de Nerstal ; elles y apprirent l'art de la
calligraphie et de l'enluminure. Rentrées dans leur
pays, elles fondèrent une abbaye. Elles écrivirent, non
seulement l'Evangéliaire de Maeseyck, mais encore une
vie de Jésus-Christ, un psautier et quelques autres
œuvres.
Après avoir étudié en détail les feuillets qui com-
posent l'Evangéliaire de Maeseyck, Mme Biermb
souhaite que les feuillets illustrés soient réunis dans
l'ordre où ils étaient autrefois, afin de séparer ceux qui
datent d'une époque postérieure.
DEUXIÈME SECTION, (Sous-Section C.)
La séance est présidée par M. Paul Vitry.
L'art français sur le Rhin au xviii6 siècle.
(Communication de M. Louis Réau.)
Si l'Allemagne entière a été, au xvnie siècle, une
colonie de l'art français, les pays rhénans étaient parti-
culièrement bien placés, grâce à leur situation géogra-
phique, pour recevoir et propager cette influence. Avant
d'être livrée à la Prusse par les traités de 1815 et 1871,
la Rhénanie se divisait en cinq régions : l'Alsace, l'élec-
torat palatin, l'électorat de Mayence, l'électorat de
Trêves, l'électorat de Cologne.
M. Réau montre par des faits indiscutables que les
capitales artistiques de ces régions : Strasbourg,
Mannheim, Mayence, Coblence et Bonn ont été, au
xvme siècle, des foyers d'art français. L'art français
îègne partout le long du Rhin, depuis Strasbourg
— 213 —
jusqu'à Cologne, et la véritable capitale artistique
de la Rhénanie n'est ni Berlin ni Munich, mais bien
Paris.
LA « MITRE » DE LA CATHÉDRALE DE STRASBOURG ET
LES PROJETS DE RECONSTRUCTION CONSÉCUTIFS
a l'incendie de 175g.
(Communication de M. Georges Delahache1.)
Depuis 1384, la coupole du chœur de la cathédrale
de Stra/bourg était couronnée par une .toiture à
huit tympans, à laquelle sa forme avait valu le nom de
mitre ou de bonnet d'évêque. En 1759, elle fut presque
entièrement détruite par la foudre. Des projets divers
s'ensuivirent en vue de la réfection.
Le gouvernement de Versailles (Belle-Isle, puis
Choiseul) soumit à l'examen de l'Académie royale
d'architecture les divers projets et les observations
qu'ils avaient suggérés, puis envoya l'architecte
Blondel à Strasbourg « pour constater l'étatldes choses».
Blondel et l'Académie estimèrent qu'il vaudrait
mieux ne pas donner suite aux projets précédents et
« continuer le faitage du comble au-dessus de la nef
de ladite église, jusque sur la coupole du sanctuaire »,
en formant ainsi « une croupe à trois pans dans la
partie supérieure de laquelle on pratiquerait une
plateforme ». L'ancien bonnet d'évêque, avec ses huit
faces, s'élevait comme une tourelle, indépendante
en quelque sorte de la toiture de la nef ; le nouveau
couronnement du chœur ferait, au contraire, partie
intégrante du corps de l'église et se trouverait rat-
taché à la toiture, comme une continuation directe,
par cette croupe à trois pans.
x. Lue par M. Paul Vitry.
— 214 —
Ce qu'il y a de particulièrement intéressant dans
l'avis de Blondel et de l'Académie, comme, d'ailleurs,
dans la correspondance des ministres relative à cette
question, c'est que les uns et les autres demandent
que les réparations soient faites « le plus conformément
à l'ancien état de choses qu'il serait possible » et qu'on
évite « la discordance qui naîtrait du mélange des deux
genres d'architecture ».
Le projet Blondel fut approuvé par l'Académie, par
la ville, par le roi. Mais — pour quelles raisons? on
l'ignore jusqu'à présent — il ne fut pas exécuté. C'est
une toiture octogonale qui couronne le chœur, à la
place de l'ancienne mitre, jusqu'à ce qu'elle disparût
elle-même dans les flammes du bombardement de 1870,
pour être, depuis, reconstruite sous d'autres formes,
mais sur un même plan octogonal.
*
* *
L'Art français en Alsace et l'Alsace artiste
a Paris, au xvme siècle.
(Communication de M. S. Rocheblave.)
M. Rocheblave parcourt une période qui s'étend
à peu près de 1665 à 1740. Il résume des faits qui,
groupés, montrent la marche rapide et profonde de la
pénétration artistique de la France en Alsace, dès
que la paix, consécutive aux traités de Westphalie,
succéda sur ce riche territoire aux déprédations de la
guerre. La sécurité française, en moins d'une géné-
ration, fait refleurir les arts dans un pays qui les
avait connus et originalement pratiqués durant tout
le Moyen âge.
' Le mouvement fut imprimé par les évêques d'Al-
sace et, en particulier, par cet Egon de Furstemberg
qui, en 1667, appela à Saverne le jeune Coysevox
— 215 —
pour lui confier la décoration de son palais épiscopal.
Ce premier chantier de sculpture française sera, sous
peu, à Saverne même, suivi d'un second, quand Le
Lorrain sera investi d'un travail analogue, et enfin
d'un troisième, lorsque le même Le Lorrain, sculp-
teur attitré du premier cardinal de Rohan, Armand-
Gaston, s'installera à Strasbourg pour décorer le
nouveau palais épiscopal élevé sur les plans du
successeur de Mansart, Robert de Cotte, entre 1731 et
1742.
Robert de Cotte fait école d'architecture française
en Alsace, par ses élèves directs, d'abord, comme
Massol, Lagardelle, Delamaire, puis par les collabo-
rateurs locaux de ceux-ci, et par la génération
d'architectes alsaciens qui s'annonce avec les Mollenger,
créateurs du bel hôpital de Strasbourg. Dès lors, une
transformation complète de l'architecture alsacienne
s'accomplit, où l'art français et l'esprit alsacien s'unis-
sent en un tout homogène et charmant. Dès le milieu
du xvme siècle, cette fusion est accomplie ; plus
tard, Blondel, fait travailler, selon ses méthodes, et
parfois sur ses plans, des artistes alsaciens, comme
Boudhors, Ixnard, et enfin Kléber, le futur héros de
l'expédition d'Egypte.
Enfin, l'architecture militaire, dont Vauban a fixé
le type aux portes de Neuf-Brisach et de Belfort, ainsi
qu'aux fortifications de Sélestat et d'autres villes»
suscite, elle aussi, des vocations d'ingénieurs-archi-
tectes dont les travaux s'échelonnent durant tout le
cours du xvme siècle, et se distinguent par leur beau
caractère.
Le second mouvement fut la réponse spontanée et
confiante de l'Alsace artiste à la France éducatrice.
Un courant continu dès le milieu du XVIIIe siècle,
porta les jeunes artistes d'Alsace vers l'Académie
— 2l6 —
royale de Paris, et les fit puiser, à sa source même,
l'enseignement d'un art dont ils avaient admiré la
beauté dans les œuvres que les artistes de Paris
avaient exécutées sur leur sol.
La constatation de ce courant, les noms qui en at-
testent la force, sont établis par la lecture des registres
de l'Ecole académique de Paris au xvme siècle,
conservés dans les archives de notre Ecole Nationale
des Beaux- Arts. Leurs inscriptions ne vont que de
1765 à 1813. L'origine du mouvement d'exode vers
Paris échappe donc jusqu'ici aux investigations. Il
n'en est pas moins intéressant de constater qu'en
1765, ce mouvement atteint et dépasse même celui
qui animait les provinces les plus privilégiées de
France, c'est-à-dire les plus rapprochées de Paris.
Entre 1765 et 1812, l'Alsace envoie 65 artistes dont
la moitié originaires de la ville de Strasbourg.
Tout ce qui a un nom dans l'art alsacien, durant
cette période, est là : Drollings le vieux, de Sélestat ;
Karpff, de Colmar ; Heim, de Belf ort ; Engelmann de
Mulhouse ; et le fils de Loutherbourg dont le père est
célébré, dès 1765, par Diderot, Laquiante, et Lejeune,
et maint autre. Sans parler de la dynastie des Guérin,
de Strasbourg, au grand complet, et de tout un
groupe de Niederwiller, qui vient s'instruire auprès de
l'alsacien Diehl, directeur de travaux à la manufacture
de Sèvres. Enfin, ces registres ne contiennent pas
les noms des architectes, sûrement nombreux alors,
chez Blondel et chez d'autres. Ils ne parlent pas des
ateliers privés qui durent recevoir aussi plus d'un
artiste alsacien.
*
* *
— 217 —
Les dernières découvertes faites dans les
catacombes romaines.
{Communication de M. Enrico Josi.)
Les fouilles, faites depuis la guerre, ont donné les plus
heureux résultats : de merveilleux stucs ornant des
tombeaux et une peinture de villa romaine à la cata-
combe de saint Sébastien ; d'autres peintures (por-
traits et paysages) découvertes viale Manzoni ; tout un
trésor d'ivoires, de verres dorés et de bronzes que
M. Josi lui-même a rendue à la lumière, au cimetière
de Pamphile. Le cimetière des maints Marcelin et Pierre,
riche en peintures, fut de nouveau exploré et rendit les
plus belles composition^ qu'on ait trouvées jusqu'ici,
comme technique et comme état de conservation
(scènes de l'ancien et du nouveau testament, miracles
du Christ, portraits et, enfin, pour la première fois,
ce qui constitue une découverte sensationnelle, la
figure du Christ trônant). En résumé, un ensemble de
types iconographiques nouveaux et d'une valeur
inappréciable pour les historiens de l'art chrétien
primitif.
* *
Mme Lefrançois-Pillion lit une communication
de M. Jean Lafond sur des vitraux signés Arnoult
de Nimègue ou Arnoult de la Pointe.
QUATRIÈME SECTION.
La séance est présidée par M. Scheurleer
Les imprimés d'Attaingnant conservés a la
Bibliothèque Mazarine.
(Communication de M. Henry Expert.)
M. Henry Expert présente les imprimés d'Attain-
gnant conservés à la Bibliothèque Mazarine : six re-
— 218 —
cueils de chansons françaises à quatre voix (les voix
imprimées en regard), datant de 1535-1536, et suivis
d'un fragment de neuf pièces manuscrites de la même
époque, du format in-40 obi. ; ils sont reliés en un
volume classé sous la cote : Réserve, 30345. A.
L'un de ces recueils est incomplet, du folio 1, com-
prenant le titre, au folio ix ; un autre est incomplet
des trois derniers folios.
C'est un ensemble de 153 pièces qui, sauf une dou-
zaine d'anonymes (dont cinq identifiées), sont signées
de maîtres musiciens des plus réputés au temps du roi
François : Nicolas Gombert, Claudin de Sermisy,
Pierre Certon, Clément Janequin, Passereau, Pierre
de la Rue, Jean Mouton, Jacotin, Hesdin, etc.
Comme tous les imprimés sortis des presses du
patriarche de la typographie musicale parisienne, ces
livres sont d'une valeur inestimable ; on n'en con-
naît d'ailleurs, jusqu'à ce jour, que l'unique exemplaire
de la collection mazarine.
*
* *
JOSQUIN DES PRÉS A LA COLLÉGIALE DE SAINT-QUENTIN.
(Communication de M. Félix Raugel.)
Josquin des Prés trépassa le 27 août 1521, à Condé-
sur-Escaut, où il avait pris sa retraite avec le titre
de « Prévôt » ou « Doyen » des Chanoines de la
Collégiale Notre-Dame.
On sait qu'avant de se fixer définitivement à
Condé, l'illustre musicien avait été nommé par le roi
François Ier, à une prébende vacante à la collégiale de
Saint-Quentin ;' on ignore encore, malheureusement, la
date précise à laquelle Josquin vint prendre possession
de son canonicat ; ce dut être sans doute après 1516 ;
il put donc retrouver, au chœur de cette insigne église,
— 219 —
son condisciple de jadis à l'école d'Ockeghem, Loyset
Compère, chanoine et chancelier de la Collégiale, et
son élève Jean Mouton, également chanoine et qui
devait suivre de bien près son maître dans la tombe,
puisqu'il mourut le 31 octobre 1522.
A l'occasion du quatrième centenaire de celui qu'on
appela à si juste titre, et si longtemps, le « Prince des
Musiciens », on voudrait faire mention de son activité
artistique en cette admirable basilique, si sauvagement
mutilée au cours de la guerre, mais qui garde encore si
fièrement tant de 'glorieux souvenirs d'héroïsme, d'art
et de foi.
*
* *
Un document sur la répétition du Triomphe de
l'Amoup.
(Communication de M. Tessier.)
Le Mémoire du pain, vin, verres et bouteilles qui ont
été fournis aux répétitions du Triomphe de l'Amour,
est un document assez singulier, rencontré aux Ar-
chives Nationales. L'entrepreneur du pain et du vin,
distribués au cours des répétitions aux acteurs, ins-
trumentistes, aux auteurs même, nous fait pénétrer,
dans les coulisses du théâtre de Saint-Germain-en-
Laye alois qu'on y préparait les représentations du
Triomphe de l'Amour, l'opéra-ballet de Quinault et
de Lully, qui fut donné à la Cour au Carnaval de
1681. Il nous montre les diverses sortes de répéti-
tions : de la danse, du chant seul accompagné au
clavecin, du chant avec l'orchestre, et les répétitions
générales de l'ensemble enfin. Il nous dit les dates de
chacune ; il nous fait voir tout le travail des étude;
préparatoires, sensiblement analogue d'ailleurs à
celui qu'on aurait aujourd'hui pour monter un ouvrage
— 220 —
du même genre. Il nous donne enfin, à la date de la
ire répétition générale, 4 janvier 1681, une liste com-
plète de tous les participants à cette répétition, qu'il est
fort intéressant de comparer avec la liste des chanteurs
et des danseurs imprimée dans le livret qu'eurent en
mains les spectateurs, lors de la ire représentation,
le 21 janvier. On y retrouve les mêmes noms ; la liste
du Mémoire ne donne cependant pas ceux des
gens de qualité qui tenaient des rôles, à côté des
danseurs professionnels du Roi ; le livret seul nous les
nomme. Par contre, la liste du Mémoire fournit
les noms de tous les instrumentistes de l'orchestre,
dont le livret ne parle pas, et ces dénombrements des
Grands violons, des Petits Violons, des Flûtes et Haut-
bois, des accompagnateurs au théorbe et au clavecin,
sont particulièrement à retenir, surtout celui de la
bande des Petits Violons, sur laquelle, par ailleurs, les
renseignements n' abondent pas. Enfin, le Mémoire
nous fait voir, comme en action, toute la troupe
royale, une véritable armée de musicien? et de gens
de théâtre, tous officiers du Roi, tous émargeant
aux Etats des Menus, de la Chambre et de la Chapelle,
ou sur la Cassette. Il nous montre l'importance de
cette troupe à l'époque où elle était encore souvent et
largement employée, époque où les grands spectacles
de carnaval donnés aux frais du Roi, n'avaient
pas encore cessé.
* *
M. Levinson présente des notes sur la danse théâ-
trale en Russie, héritière des traditions de l'ancienne
chorégraphie française et M. Vianna da Motta illustre
d'exemples au piano une communication sur l'état
de la musique portugaise.
221 —
M. Scheurleer annonce la récente création, à La
Haye, d'une Union Musicologique, dont le français
sera la langue officielle, et qui s'efforcera de mettre en
commun les apports musicologiques des différents
pays.
SEANCE, DE CLOTURE.
Les arts plastiques a l'époque de Dante
{Conférence de M. Adolfo Venturi.)
Dante éclipse toute renommée à son époque,
notamment celle des artistes, ses contemporains, dont
lui-même parle fort peu.
Pour l'architecture, le gothique français, importé
par les Cisterciens à la fin du xne siècle, ne s'impose
pas complètement ; il intervient plutôt dans la déco-
ration que dans le principe architectonique. La façade
de la cathédrale de Sienne, due à Giovanni Pisano,
garde son caractère toscan et italien. Arnolfo di Cam-
bio impose un cachet classique à ses constructions
gothiques. Il crée la liaison entre l'architecture ro-
mane et celle de la Renaissance, dont il incarne déjà
l'esprit.
Nicolas de Pouille, dont l'art porte encore l'em-
preinte romaine, fait de Pise la métropole de la sta-
tuaire en Italie. Son fils, Giovanni Pisano, émancipe
la sculpture de la tutelle de l'architecture.
Le peintre Pietro Cavallini, dans un style romain
aux formes massives, a conscience d'un art nouveau.
Cimabué, encore byzantin dans ses tableaux, l'est
moins dans ses fresques d'Assise. Giotto, enfin, va
faire de la peinture un art libre et expressif comme
— 222 —
celui de Dante qui a connu sinon Giotto lui-même, du
moins ses œuvres.
Dans l'après-midi, les membres du Congrès visitè-
rent les collections de M. de Camondo et du baron
Maurice de Rothschild. Une réception, offerte par
le Comité français d'organisation, les réunit ensuite
dans les salons de l'Ecole du Louvre.
JEUDI 6 OCTOBRE.
Une séance supplémentaire a été tenue, le jeudi matin
6 octobre, sous la présidence de M. André Michel,
dans l'amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, pour
discuter les vœux émis par les différentes sections et
notamment par la première section.
Les vœux suivants ont été adoptés :
I. Organisation du futur Congrès.
Résolution générale.
Le Congrès d'histoire de l'Art de Paris, désireux
d'assurer la continuité des travaux entrepris par lui et
la préparation des Congrès futurs, considérant que
certaines questions doivent être renvoyées à l'étude
de commissions ou de spécialistes, donne mission à la
Société de l'Histoire de l'Art français de provoquer la
désignation de ces spécialistes et la nomination de ces
commissions ; il l'invite à rester jusqu'à nouvel ordre
en relations avec les comités nationaux des diffé-
rents pays maintenus en exercice et à centraliser les
— 223 -
rapports et les renseignements qui doivent compléter
les travaux du Congrès.
Il prend acte de la proposition, faite par les délé-
gués belges de tenir le prochain congrès à Bruxelles
et de l'accueil chaleureux qu'elle a reçu.
Le Congrès émet le vœu que les organisateurs des
futurs congrès demeurent en contact constant avec
les travailleurs, en ce qui concerne particulièrement
les questions de muséographie et d'enseignement ;
qu'ils déterminent, avec leur concours, les problèmes
spéciaux qui devront être mis à l'ordre du jour de
chaque congrès ; qu'ils publient les programmes
assez longtemps à l'avance pour que les études pré-
paratoires nécessaires puissent être effectuées à loisir,
pour que des mémoires puissent être écrits et des
vœux préparés, pour que les techniciens et spécialistes
puissent être avertis et invités, et que, par suite, les
discussions dans le Congrès même soient vraiment
efficaces et aboutissent à des résolutions mûrement
réfléchies.
Vœu déposé par M. Léon Rosenthal.
Le Congrès émet le vœu qu'une section spéciale
d'art moderne et contemporain (s'arrêtant aux artistes
vivants) soit créée dans l'organisme du prochain con-
grès d'histoire de l'Art.
Vœu déposé par M. André Dezarrois.
IL Enseignement de l'histoire de l'Art.
Après avoir pris connaissance des vœux déposés
par divers membres du Congrès,
— 224 ~
Le Congrès émet le vœu suivant :
i° Qu'à tous les degrés de l'enseignement, l'histoire
de l'art soit introduite et professée avec les garanties
de compétence nécessaires ;
2° Que les pouvoirs publics favorisent les sociétés
créées dans le but de développer chez la jeunesse le
goût du beau sous toutes ses formes et que les états
et municipalités subventionnent des cours d'histoire
générale de l'art et des promenades-conférences qui
seraient créés partout où des personnalités qualifiées
pourraient en assumer la direction ;
3° Que, dans les séminaires, soient organisés des
cours et conférences sur l'histoire de l'art |et que,
dans ce but, il soit fait appel aux évoques pour incul-
quer aux jeunes ecclésiastiques le goût de leur art
national, afin qu'ils contribuent à la conservation des
œuvres d'art se trouvant dans les églises.
*
* *
Le Congrès émet le vœu qu'il soit donné à l'Art
moderne dans les universités un rang équivalent à
celui qui est donné à l'enseignement des Arts antique
et médiéval.
Vœu déposé par M. S. Rocheblave, à la suite d'un
échange d'observations avec MM. Schneider, Diehl
et Théodore Reinach.
Le Congrès émet le vœu que l'enseignement tech-
nique soit sérieusement organisé dans les écoles des
beaux-arts et que l'étude des couleurs et de leurs
réactions chimiques y soit poussée aussi loin que pos-
sible.
Vœu déposé par M. E. Sarradin.
225
III. Organisation du travail. — Travaux
COLLECTIFS.
Le Congrès, constatant l'utilité pour tous ceux
qui s'occupent d'histoire de l'art, d'être rensei-
gnés exactement sur l'existence des clichés et des
épreuves photographiques intéressant leurs travaux
et sur la possibilité pour eux de faire exécuter, dans
les meilleures conditions, les photographies dont ils
pourraient avoir besoin, émet le vœu que le comité
national de chaque pays désigne un représentant
qui, dans un délai de six mois au plus, établisse un
rapport où il fasse connaître sommairement les col-
lections de clichés et d'épreuves existant dans son
pays, l'organisation des services photographiques qui
y fonctionnent, ainsi que les organismes susceptibles
d'y être développés ou créés. Il invite la Société de
l'Histoire de l'Art français à centraliser ces rapports et
à provoquer ultérieurement un échange de vues
entre les représentants qualifiés des différents pays.
*
* *
Le Congrès émet le vœu qu'il soit dressé le plus
tôt possible un répertoire bibliographique complet
et scientifique des catalogues de ventes d'art connues
à ce jour.
Vœu présenté par M. Seymour de Ricci, qui l'a
accompagné des explications ci-après :
D'un échange de vues entre MM. Fierens-Gevaert,
Fritz Lugt, Seymour de Ricci et André Joubin,
il résulte que ce répertoire devrait fournir les
indications suivantes :
i° Date de la vente ;
2° Nom du vendeur, en s'efforçant de dévoiler
15
— 226 —
l'anonymat des ventes où le vendeur ne s'est pas fait
connaître ;
3° Caractère général des œuvres vendues (tableaux
anciens ou modernes, dessins, estampes, objets d'art,
antiquités grecques, etc.) ;
4° Nom de l'expert et du commissaire-priseur ;
5° Format de chaque catalogue, nombre de pages,
de numéros et de planches ;
6° Indication d'une ou plusieurs bibliothèques
renfermant un exemplaire annoté des prix, et, si pos-
sible, des noms des acquéreurs.
La plupart des spécialistes consultés ont opté en
faveur de listes dans l'ordre chronologique. Les uns
désireraient les voir ranger en une seule série de numé-
ros, sans distinction de pays ; les autres préféreraient
établir autant de listes distinctes qu'il y a de pays
(et même peut-être de villes).
En tout cas, le travail préliminaire peut se faire le
plus utilement en priant un spécialiste de chaque pays
de dresser la liste de ses catalogues nationaux.
Le nombre de catalogues à décrire serait d'une cin-
quantaine de mille, c'est-à-dire environ quatre fois
plus que n'en enregistrent les répertoires partiels de
Duplessis (1600-1800), Soullié (1800-1895), et Schemit
(1898- 1913), utilisés jusqu'ici par les travailleurs.
La Bibliothèque d'art et d'archéologie de l'Univer-
sité de Paris se déclare prête, dès maintenant, à centra-
liser les travaux qui seraient entrepris pour l'établisse-
ment de ce répertoire ; elle s'efforcera de mettre elle-
même sur pied la liste des catalogues français et de
recueillir les subventions qui pourraient être affectées
à cette entreprise.
* *
Le Congrès, considérant que l'étude des armures et
— 227 —
des armes anciennes ne peut être menée à bonne fin
que moyennant une connaissance aussi complète que
possible des marques et des poinçons que l'on y ren-
contre fort souvent insculpés,
Emet le vœu de voir les différents musées s'occu-
cuper sans retard de la publication des poinçons et
marques, figurant sur les armures et les armes faisant
partie de leurs collections et espère que les collec-
tionneurs, encouragés par l'exemple que les musées
ne manqueront pas de donner, les suivront dans cette
voie ;
Estime qu'il est nécessaire que cette publication
soit menée d'une façon scientifique et systématique ;
S'en réfère, quant au mode pratique d'exécution,
aux considérations émises dans la communication
donnée sur ce sujet dans la séance du 3 octobre dudit
Congrès et dont la teneur sera reproduite dans les
Actes du Congrès.
Vœu déposé par M. Macoir.
Le Congrès adresse à M. Jacques Doucet, fon-
dateur de la Bibliothèque d'art et d'archéologie, les
remerciements des érudits pour la générosité avec
laquelle il a facilité les études d'art.
*
* *
Le Congrès émet le vœu qu'une commission étudie
l'éventualité de la publication d'un lexique d'archéo-
logie monumentale (polyglotte).
Vœu déposé par M. H. Guerlin.
*
* *
Le Congrès exprime le vœu que tout ouvrage trai-
tant des arts figurés du Moyen âge ou de la Renais^
— 228 —
sance, — particulièrement lorsqu'il s'agit d'un ouvrage
illustré et surtout d'une collection de documents, — >
comporte une table iconographique détaillée.
Que tout catalogue de manuscrits à peintures,
tout répertoire de peintures de manuscrits, mentionne
l'indication des reproductions déjà publiées de ces
mêmes peintures.
Vœu déposé par Mme Lefrançois-Pillion.
IV. Conservation, restauration des œuvres
d'art, Muséographie.
Après avoir pris connaissance du vœu déposé par
M. Fabrizi, relatif à une entente internationale pour
la défense des monuments et œuvres d'art, le Congrès,
sur l'avis de M. le professeur Venturi, décide de ren-
voyer l'étude du dit vœu au prochain congrès et donne
mission à la Société de l'Histoire de l'Art français
de demander aux organisateurs du futur congrès
qu'ils soumettent préalablement ce vœu à une com-
mission spéciale composée de légistes et d'historiens.
Vœu déposé par M. Fabrizi, pour une entente pour
la défense des monuments d'art.
a) Tout Etat, faisant partie de l'entente, aura le droit
d'exiger des autres Etats que les œuvres d'art existant
dans ses musées ou dans ceux appartenant à des.com-
munautés laïques ou ecclésiastiques, et dont l'inalié-
nabilité a été par lui déclarée, soient reconnues ina-
liénables par les états adhérents.
b) Il pourra faire valoir le même droit pour les
œuvres appartenant à des particuliers et frappées
d'inaliénabilité.
c) Il est naturellement de la faculté exclusive de
chaque état d'attribuer ou non la qualité d'œuvre
d'art inaliénable aux objets artistiques appartenant
— ■ 22Q —
à des particuliers, mais il est à désirer et à recoriv
mander que, pour cette attribution, il soit procédé
avec la plus grande circonspection, en la limitant
aux objets d'un intérêt tout à fait particulier, c'est-à-
dire aux chefs-d'œuvre d'une renommée mondiale,
en négligeant toutes les œuvres, même de premier
ordre, mais n'ayant pas une valeur absolue, unique,
sans comparaison possible, et au-dessus de toute esti-
mation commerciale.
d) L'état requis ne pourra pas refuser à l'état
requérant d'accueillir sa demande, mais il pourra, par
voie amicale, appeler son attention sur les raisons qui
pourraient amener l'état requérant à renoncer à sa
demande.
e) L'état requis fait droit à la demande qui lui est
adressée, en interdisant l'introduction et le commerce
dans son territoire des objets déclarés inaliénables et
en refusant d'en reconnaître la propriété légitime à
celui qui a réussi à les introduire.
Par conséquent, il devra, aussitôt qu'il aura pu s'en
saisir, les rendre à l'état auquel ils appartenaient,
sans que celui-ci soit tenu de payer quoi que ce soit à
titre de dommage ou d'indemnité.
Le Congrès invite la Société de l'Histoire de l'Art
français à demander, le moment venu, aux organi-
sateurs du prochain congrès, que celui-ci traite,
dans une section spéciale, les questions les plus impor-
tantes concernant les méthodes de restauration des
monuments d'architecture, et qu'à cet effet, un question-
naire soit dressé et envoyé aux divers comités natio-
naux du prochain congrès, assez longtemps d'avance
pour qu'il puisse être, dans chaque pays, étudié par
2^,0
les Sociétés compétentes avant la réunion du Congrès.
Vœu déposé par M. Cuypers.
Le Congrès émet le vœu qu'un congrès soit pro-
chainement réuni pour la restauration, la protection
et la conservation des œuvres d'art et des monu-
ments. A ce congrès devraient être conviés, non seu-
lement les historiens d'art et les archéologues, mais
encore des artistes, des collectionneurs notoires, des
restaurateurs, des chimistes et même des juristes,
tous ceux enfin dont la compétence peut apporter
une lumière dans la discussion de questions si com-
plexes.
Vœu déposé par M. Guerlin.
*
Le Congrès émet le vœu qu'à l'avenir tous les
musées importants soient divisés en deux départe-
ments : l'un aménagé pour l'éducation artistique du
public, l'autre réservé à l'étude des spécialistes.
Vœu déposé par M. Théodore Reinach.
Les secrétaires,
Paul Ratouis de Limay,
Gabriel Rouchès.
TABLES DES MATIÈRES.
TABLE DU COMPTE-RENDU ANALYTIQUE.
Pages
Comité d'honneur 5
Comité français d'organisation 6
Délégués officiels et comités étrangers 7
Liste des membres du Congrès 14
Programme du Congrès 22
Bureau international du Congrès 22
Séance d'inauguration (26 septembre) 25
Discours de M. Paul Léon 25
— de M. Fierens-Gevaert 30
— de M. Karl Madsen 32
— de miss Cecilia Beaux 33
— de sir Hercules Read 34
— de M. le professeur Venturi et de M. Kemp 37
— de M. de Figueiredo 39
— de M. Jorga 40
— de M. Vassitch 41
— de M. Roosval 42
— de M. A. Bovy 44
— de M. F. Zakavec 46
— de M. André Michel 48
26 septembre (après-midi), séances 53
27 septembre (matin), séances 71
— (après-midi), visite au Musée du Louvre 87
— séances 88
— Réception à la Direction des Beaux- Arts 102
28 septembre (matin), séances 103
— (après-midi), visite à l'exposition de photographies, de
relevés et de dessins des Monuments Historiques 122
— (après-midi), Réception à l'Hôtel de Ville de Paris.
Discours de M. Béquet 122
— de M. Autrand 126
— de. M. André Michel 128
— Représentation à l'Opéra 129
29 septembre. Excursion à Chartres 130
30 septembre (matin), séances 131
— Excursion à Chantilly 146
1er octobre (matin), séances 147
— (après-midi), visite, de l'hôtel Lambert et de la collection
de MM. Durand-Ruel 168
— 232 —
Page»
— {après-midi), séances t68
2 octobre. Visite de Reims 183
3 octobre (matin), séances 184
— Visite et concert à Versailles 199
4 octobre. Excursion à Fontainebleau, Courance et Vaux-le-
Vicomte 202
5 octobre (matin), séances 202
— séance de clôture. Conférence de M. Adolfo Venturi sur les
arts plastiques à l'époque de Dante 221
— Visite des collections de M. de Camondo et du baron Mau-
rice de Rothschild 222
6 octobre. Séance supplémentaire. Vœux adoptés 222
TABLE PAR NOMS D'AUTEURS
DES
Communications présentées aux quatre Sections
du Congrès
PREMIÈRE SECTION"
Abbot (Mlle Edith R.). Le rôle du musée au point de vue de
l'instruction 55
Aubert (Marcel). Le répertoire d'art et d'archéologie. Une
bibliographie des arts industriels 90
Baldwin-Brown (G.). Système-type de nomenclature des
époques de l'art chrétien 74
Boinet (Amédée). La mise en valeur et l'inventaire des richesses
d'art des bibliothèques 149
Capart. Quelques remarques sur l'enseignement de l'histoire
de l'art 71
Coletti (Luigi). Les monuments de la région riveraine du
Piave qui ont été ruinés par la guerre, et leur restauration. 133
Courboin (François). Les instruments de travail du Cabinet
des Estampes de la Bibliothèque nationale 147
Cuypers (Joseph). L'évolution des idées concernant la restau-
ration des monuments architecturaux et décoratifs, depuis
le milieu du xixe siècle, aux Pays-Bas 134
Dana (John-Cotton). Un musée local en Amérique et ses efforts
pour servir le bien public : Newark Muséum Association. . 55
Fabrizi. Entente internationale pour la défense des monu-
ments d'art 133
Fierens-Gevaert. De l'utilité d'une bibliothèque de cata-
logues de ventes 88
Focillom (Henri). La conception moderne des musées 104
- 233 -
Page»
Genuys (Charles). Les idées de la Commission des monuments
historiques sur la restauration des édifices 147
Giraud-Mangin. L'enseignement de l'histoire de l'art en pro-
vince et ce qu'il devrait être 72
Gratama. Le nettoyage des tableaux de Frans Hais à Haarlem
et le résultat de quelques recherches sur la restauration en
général 103
Guerlin (H.). Un projet de lexique archéologique 7
Halil-Bey. La conservation des monuments en Turquie 131
Jean (René). La formation de la section extrême-orientale de
la Bibliothèque d'art et d'archéologie 91
Joubin (André). La Bibliothèque d'art et d'archéologie 80
Lacoste (Paul). Projet d'offices régionaux d'échanges de pho-
tographies,de moulages d'art monumental et d'art décoratif 72
— Un Prytanée des arts 73
Lefrançois-Pillion (Mme). Projetjd'un répertoire analytique
et iconographique des reproductions de peintures de
manuscrits 1 5 r
Libbey (Edward-Drummond). Les musées d'art américains ;
leur œuvre d'enseignement et la méthode particulière
au musée de Toledo 54
Morassi (A.). Problèmes concernant la conservation et la res-
tauration des monuments endommagés par la guerre. . . . 132
Nicolle (Marcel). L'importance des musées de province pour
l'histoire de l'art et de la critique d'art au xixe siècle. . . . 105
Ricci (Seymour de). Etablissement et publication de cata-
logues et de répertoires d'œuvres d'art 88
Roorda. Méthode pour exposer les œuvres d'art oriental. . . . 150
Spiller (Mlle Ethel-M.). L'enseignement de l'histoire de l'art
aux enfants dans les musées 56
Strong (Mlle A.). L'Ecole britannique à Rome 53
Van Puyvelde. Dans quelle mesure convient-il de restaurer
et de nettoyer les tableaux anciens ? 103
DEUXIÈME SECTION
Almeida Moreira. Un peintre régionaliste portugais au
xvie siècle : Vasco Fernandes 136
Andrieu (lieutenant-colonel). Histoire des pleurants de Dijon. 94
Andrup (0.). Artistes français travaillant en Danemark vers
1700 107
Artinano (de). Les points de liaison des étoffes hispano-mau-
resques l&°
Baud-Bovy (Daniel). Les séjours de Corot en Suisse 109
Baudi di Vesme (comte). Œuvres d'art exécutées en France
pendant le xvie siècle pour les princes de Bourbon-Sois-
sons et de Savoie-Soissons t54
Bautier (Pierre). Les portraits de Finsonius t86
- 234 -
Pages
Bautier (Pierre). Quatre peintres anversois du xvin* siècle. . 186
Beckett (F.). Un chef-d'œuvre d'art français du Moyen âge
au Danemark 114
Bertini-Calosso. Le classicisme de Bernini et l'art français. . 79
Biermé (Mme). A propos d'une œuvre de Roger de la Pasture
dit Van der Weyden : Laurent Froimont du musée de
Bruxelles 192
— A propos du xive centenaire de l'évangéliaire de Maeseyck. 211
Blondel (Louis). L'architecture française à Genève au
xvme siècle et les œuvres de J.-F. Blondel 175
Blum (André). Une prétendue découverte de la gravure au
xive siècle. Une fraude archéologique 203
Bovy (Adrien). Quelques bustes français du xviii8 siècle
à Genève 141
Bredius. Deux élèves de Rembrandt d'origine française 187
Cecchelli (Carlo). Le patriarcat d'Aquilée et la civilisation
carolingienne 61
Chierici. L'architecture civile à Sienne au Moyen âge 154
Chytil (Karel). Les plus récentes recherches et fouilles archéo-
logiques au château de Prague 143
— Le château de Prague sous les rois de la maison de Luxem-
bourg 143
Collins Baker. John Crome 110
Delahache (Georges). La « mitre » de la cathédrale de Stras-
bourg et les projets de reconstruction consécutifs à l'in-
cendie de 1759 213
Destrée (Joseph). Un rétable bruxellois du xvie siècle au
Musée des Arts décoratifs à Paris 57
— Quelques pièces d'orfèvrerie parisienne du xvie siècle 57
— Un coffret du musée de Cluny avec inscription germanique. 58
Devigne (Mlle Marguerite). L'influence de la sculpture fran-
çaise sur la sculpture flamande au xvin8 siècle 172
— Sur des œuvres de Rude à Bruxelles 174
Dudan (comte Alessandro). François Laurana de Dalmatie et
la Renaissance en France 209
— Trois artistes français en Dalmatie 210
Enlart (Camille). L'architecture religieuse dans le royaume
de Jérusalem 1 76
Evans (Mlle). Les émaux français du xvie siècle à décor floral
et leurs imitations 194
Fett (Harry). L'influence française en Norvège dans l'art
gothique de la fin du xme siècle 77
Fierens-Gevaert. Remarques sur le style de maître André
Beauneveu 115
Figueiredo (de). La technique dans la peinture primitive por-
tugaise 135
— Mariette et le Portugal 138
Ganz (Paul). Les rapports de Holbein et de l'art français 169
Gusman (Pierre). Le style français des xylographies primi-
tives 204
- 235 -
Pages
Hautecœur (Louis). Les survivances gothiques dans l'archi-
tecture classique du xvne siècle 161
Ingersoll-Smouse (Mlle Florence). Les portraits de Carie Ver-
net enfant par Lépicié 208
Jeannerat (Carlo). Les traditions italiennes du petit portrait. 196
Jorga (N.). Les origines de l'art roumain 92
Josi (Enrico). Les dernières découvertes faites dans les cata-
combes romaines 217
Joubin (A.). Les peintures de Poussin au musée de Mont-
pellier 207
Kendrick (A.-L.). Quelques remarques sur les tapisseries de
la Dame à la Licorne au musée de Cluny 177
— Les ateliers de tapisserie en Angleterre 178
Kœchlin (Raymond). Un essai de classement chronologique
des « Vierges debout portant l'enfant » du xive siècle,
d'après la forme de leur manteau 116
Kuntziger (Mlle). Sur des dessins inédits de Jean Duvivier,
graveur liégeois, médaille ur de Louis XV 159
Labô (Mario). Pierre Puget à Gênes 190
Laes (Arthur). Le peintre suédois A.-U. Wertmuller en
France 171
Lavallée (Pierre) . L'évolution du dessin français aux
xvne et xvme siècles, de Poussin à David, d'après la
collection de l'Ecole des Beaux- Arts 202
Lazaro (José). Le manuscrit du Bristish Muséum intitulé :
Isabella Book ou bréviaire d'Isabelle la Catholique 138
Lindberg. L'étude de l'architecture nationale en Finlande.
Organisation et méthodes 160
Lindblom (Andréas). Caractères nationaux dans la sculp-
ture suédoise au Moyen âge 205
Locquin. La part de l'influence anglaise dans l'orientation néo-
classique de la peinture française entre 1750 et 1780 107
Maclagan (Eric). Quelques sculpteurs français en Angleterre
au xvne siècle 157
Macoir (Georges). De l'utilité de la connaissance des poinçons
et de quelques moyens d'en prendre des empreintes pour
l'étude des armes et des armures 195
Madsen. Tableaux français du xvme siècle au Danemark. ... 60
Maeterlinck (L.). La pénétration artistique française en
Flandre par la vallée de l'Escaut 59
Mâle (Emile). L'influence de la miniature sur la sculpture du
Languedoc au xne siècle ru
Mandach (Conrad de). Ferdinand Hodler. A propos de l'ex-
position commémorative de Berne 210
Marquet de Vasselot (J. J.). A propos de quelques gemmes
des anciennes collections de la Couronne 192
Matejcek. La peinture en Bohême au xive siècle 188
Michel (Edouard). Quelques œuvres de peintres belges retrou-
vées en France 184
Morpurgo (Enrico). Artistes italiens en Autriche 93
— 236 —
Page»
Nodet (Dr). Les sympathies artistiques de P.-P. Prud'hon
en 1801. Prud'hon et le Corrège. 207
Pierron (Sander). Un sculpteur franco-belge : Ollivier de Mar-
seille 141
Polowtzof. Les fontaines de Peterhof 206
Prakke (Herman). Le Primatice ou Léonard de Vinci ? Ques-
tion à propos d'un dessin. Les projets des peintures murales
de Fontainebleau sont-ils de Primatice ou de Léonard de
Vinci ? 153
Puig 1 Cadafalch. Contribution à la chronologie de l'architec-
ture romane en Catalogne igo
Rafols (F.). La décoration polychrome des plafonds catalans
du xive siècle au xvie siècle 19 r
Réau (Louis). L'art français sur le Rhin au xvme siècle 212
Reinach (Théodore). Un nouveau catalogue illustré par
Saint-Aubin 202
Rocheblave (S.). L'art français en Alsace et l'Alsace artiste
à Paris au xvme siècle 214
Romdahl (A.-L.). Rapports entre la France et l'Italie au xive
siècle. Le Gothique français comme élément constitutif
chez Giotto 62
Roosval (Johnny). L'inventaire général de l'art religieux
en Suède 160
Rubinstein (Mlle). Gabriel Joly sculpteur sur bois (14. .-1538) 156
Rudder (de). Jean Bellegambe de Douai 106
Sanchez Canton. Maître Nicolas Français, peintre de la
première moitié du xve siècle 137
Santos (dos). Les sculpteurs français du xvie siècle au Por-
tugal 139
Schneider (René). Le thème des ruines dans l'art de la
Renaissance française 95
Shetelig (Haaken). Les sculptures sur bois du tombeau de
Œsberg et les rapports artistiques franco-norvégiens à
l'époque carlovingienne y6
Soulier (Gustave). Remarques sur l'Apollon et Marsyas de
Pinturicchio, généralement attribué à Raphaël 152
Thiis (J.). L'art moderne en Norvège et l'influence de la
France 78
Tiens. Une crosse abbatiale du xme siècle 195
Tormo (Elias). Le père Juan Ricci, écrivain d'art et peintre
de l'école de. Madrid (xvne siècle) 188
Torres Balbas. Inventaire et classification des monastères
cisterciens espagnols 175
Urseau (Chanoine). Un Saint-Christophe cynocéphale repré-
senté sur un vitrail de la cathédrale d'Angers 168
Van Puyvelde. N'a-t-on pas exagéré l'influence des « Medi-
tationes vitan Christi » sur l'art religieux de la fin du
Moyen âge 185
Vassitch. Les monuments de l'architecture carolingienne en
Dalmatie 61
- 237 -
Piges
Vitry (Paul). L'expansion oV la sculpture française à l'étranger
au xvme siècle jjg
Walter (abbé). Réflexions historiques sur l'art en Alsace 177
Wrangel. Relations artistiques entre la France et la Suède ... 75
Zakavec (Fr.). Rapports entre l'art français et l'art tchèque. . 141
Zorzi (Giangiorgio). La véritable origine et la jeunesse de
Palladio 155
TROISIÈME SECTION
Ali Baghat Bey. La première capitale musulmane de l'Egypte:
la ville de Fostat 98
Arnold (sir Thomas W.). La survivance possible dans les
manuscrits arabes du xive siècle de motifs offerts par les
fresques et les peintures manichéennes 66
Bel. L'épigraphie dans la décoration des Medersas mérinides de
Fés (xive siècle après J.-C.) 83
Binyon (Laurence). Contribution nouvelle à l'étude de la
peinture T'ang 63
Clérambault (Dr G.-G. de). Introduction à l'étude des cos-
tumes drapés indigènes 120
Flury (S.). La mosquée de Naym 100
Focillon (Henri). L'estampe japonaise et la peinture occi-
dentale dans la seconde moitié du xixe siècle 65
Folch 1 Torres. Une série nouvelle de céramique hispano-
arabe, découverte à Paterna 117
Lorey (de). Quelques monuments arabes de Damas 81
Lou Kao. L'architecture, la peinture, l'art décoratif chinois. . 64
Loukomski. Les églises byzantines et ukrainiennes de Kieff ... 118
Marsais (G.). L'art musulman du ixe siècle en Tunisie 99
Massignon (L.). Remarques sur l'unité d'inspiration de l'art
musulman 96
Migeon (Gaston). La céramique archaïque de l'Islam et ses
origines, d'après un travail récent 97
Moreno (Gomes). L'entre-croisement des arcades dans l'ar-
chitecture arabe 98
Petkovic. Un motif oriental de l'ancienne architecture serbe. . 119
Pézard. L'importance de l'art et de la civilisation des Perses
depuis les Achéménides jusqu'aux Sassanides 80
Ricard. Les casbas berbères de l'Atlas 83
Roosval (J.). Les influences musulmanes et byzantines dans
l'art suédois du Moyen âge 11g
Sakisian (Armenac Bey). La reliure persane du xive au
xvne siècle 67
Taki (Seiichi). Le « Bunjingwa » ou la peinture de lettrés 64
- 238 -
Pages
Vermeylen (A.). « Le livre de la fleur des Hystoires de la
terre d'Orient » et le problème des influences orientales au
Moyen âge 82
QUATRIÈME SECTION
Barclay-Souire. L'iconographie musicale 165
Bas (Giulio). Une composition d'Ockeghem 'conservée dans
un manuscrit du Mont-Cassin 68
Bernoulli. Sur la notation de rythmes complexes dans quel-
ques imprimés du xvie siècle 69
Boghen. Bernardino Pasquini (1637-1710) 121
Bonnelli. Les joueurs de flûte français au service de la
Seigneurie de Sienne au xve siècle, 102
Brunold (Paul). Un livre de clavecin de J.-F. d'Andrieu 198
Burlingame Hill. La musique aux Etats-Unis 197
Chigi-Saracini (comte). Un musicien siennois du xvme siècle:
le prêtre Azzolino Bernardino délia Ciaia, chevalier de
Saint-Etienne 166
Cœuroy (André). Gérard de Nerval et la diffusion du sentiment
musical en France 198
Dresden (Sem). L'influence de la musique française moderne
aux Pays-Bas 102
Expert (Henri). Les imprimés d'Attaingnant conservés à la
Bibliothèque Mazarine 217
Freitas-Branco (Luis de). Les contrapontistes de l'école
d'Evora 86
Fuller-Maitland (J.-A.). Echanges internationaux au
point de vue musical 101
Gastoué (Amédée). L'« Alarme » de Grimache (vers 1380-
I39°)> et les chansons polyphoniques du Moyen âge 70
Gentili (Alberto). L'histoire de la théorie dans l'enseignement
de l'art musical 165
Josz (René) et Ernest Rochelle. Essai d'une théorie de l'évo-
lution de l'art musical, conforme aux conceptions modernes
de l'évolution 85
Klemetti. Aperçu de l'histoire de la musique finlandaise 67
Landowska (Wanda). Bach et les clavecinistes français 182
Logotheti (Mlle). La contribution française à l'étude de la
chanson populaire grecque 163
Masson (Paul-Marie). La vie musicale en France, de 1695
à 1730, d'après les recueils périodiques de Ballard 121
Nef (Karl). L'influence de la musique française sur le dévelop-
pement de P« Allemande » 100
Pedrell Angles (Felipe). Un musicien catalan, français de
naissance : Jean Brudieu 144
- 239 -
Page»
Pirro (André). La musique sur les galères du roi 121
Prunières (Henri). Un opéra inconnu de Paolo Lorenzani .... 180
Raugel (Félix). Le chant de la Sibylle, d'après un manuscrit
du xne siècle, conservé aux Archives de l'Hérault 164.
— Josquin des Près à la collégiale de Saint-Quentin 218
Rochelle. Voir Josz 85
Tessier. Un document sur la répétition du Triomphe de
l'Amour 219
Torri (Luigi). L'unique composition musicale de Jean d'Arras
contenue dans un exemplaire unique 145
Van den Borren (Ch.). Deux recueils peu connus d'oeuvres
d'Orlando de Lassus 85
Itnp. des Prfssts Universitairts dt Franc:. — 30.818.
BINOING SECT. SEP 1 5 1966
N Congres d'Histoire de l'Art,
21 Paris, 1921
C65 Compte-rendu analytique
1921
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