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Hlil S'^XR 1
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l^atbartr Collège I/ibrars
FROM THE BSqUEST OF
MRS. ANNE E. P. SEVER,
OF BOSTON,
WiDow OF Col. James Warren Sever,
(Class of 1817)
^WKt^ \^<ïb— a^4Jl>, 1^7
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COMPTE RENDU
DES
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
ET
DE LA COMMISSION CENTRALE
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SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE CÉOCRAFHIE
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PARIS
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189fe
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
isee
N»» 1 ET 2
Séanoee des 10 et 34 janvier 1896
La Table des Matières du Compte Rendn des séances
pour l'année 1895 est jointe à ce numéro
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/
f89e 1V«* t et t. PagQ 1-
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE '
COMPTE RENDU
DES SÉANCES DE LA COMMISSION CENTRALE
Paraissant deux fois par mois.
Séance du iO janvier 1896.
PRÉSIDENCE DE M. A. DE LAPPARENT
liOeiare de la eorrespondanee.
Notifications, renseignements et atis divers. — La Société
a reçu avis du décès de: MM. le baron Gustave d'Âdelswird, prési-
dent du Conseil d'administration des Aciéries de Longwy, décédé
à Paris, 17 novembre 1895 [Mb. 1875]; F.-Pierre Chauviteau,
ancien agent de change, à Paris, le 21 décembre 1895 [Mb. 1879];
M»» Mary-Anne Bastable, à Paris, Janvier 1896 [Mb. 1881].
— Remercient de leur admission : MM. Alf. Gummà y Marti;
Ant. Prunière, élève à Técole coloniale.
— Le général de division russe, baron de Tlllo, remercie de sa
nomination comme Mb. correspondant étranger de la Société.
— Ia Royal Geographical Society de Londres remercie pour la
lettre qui lui a été écrite à la suite du Congrès international de
Géographie tenu à Londres Tannée dernière, Congrès organisé
par ses soins. Dons cette lettre, la Société de Géographie de Paris
rendait hommage aux efforts et au zèle de la Société de Londres
pour assurer le succès du X* congrès internationaL
— La Société bretonne de géographie, sise à Lorient, fait savoir
soc. DB GfiOGR. — C. R. DBS SfiANCBS. — N** 1 et S. 1
2 PROCES-VERBAL.
que le Congrès national des Sociétés françaises de géographie,
pour 1896 (XVII» session) se tiendra en cette ville, au commence-
ment d*août (la date précise sera ultérieurement fixée). Conformé-
ment au nouveau règlement, pour permettre aux Sociétés et aux
adhérents du Congrès d'étudier au préalable les questions propo-
sées, le programme des sujets d'étude devra être dressé au mois
d'avril. Toutes les communications devront être adressées à
M. Layec, secrétaire général, place Alsace-Lorraine, 6, à Lorient.
— Le Ministère de Tlnstruction publique adresse sa circulaire
annuelle relative à la tenue du Congrès des Sociétés savantes.
Le 34<^ Congrès de ces Sociétés aura lieu, à la Sorbonne, les 7, 8,
9 et 10 avril prochain. Le 11 avril, séance générale de clôture,
dans le grand amphitéâtre de la Sorbonne, présidée par le
Ministre.
— La Société de géographie de Lisbonne informe notre Société
qu'elle vient de voir adopter et sanctionner par l'Etat, ainsi que
par toute la nation portugaise, l'idée que, depuis 1889, elle a
suscitée et répandue. « Nous pouvons enfin, dûment autorisés, dit-
elle, avoir l'honneur et la satisfaction de vous annoncer que, dans
l'année 1897, on célébrera solennellement dans tout le territoire
du Portugal, et très spécialement à Lisbonne, le quatrième cente-
naire de l'expédition qui, le 8 juillet 1497, partit de cette ville
sous le commandement de Vasco da Gama, et découvrit le chemin
maritime de l'Inde. >
— La Société française de photographie nous fait savoir, par
l'organe de son président, M. A. Davanne [Mb.], qu'elle vient
d'organiser un enseignement de la photographie! dans ses locaux,
76, rue des Petits-Champs. Le cours élémentaire, professé par
M. E. Cousin, s'est ouvert le mercredi 8 jap^vier, à neuf heures du
soir, pour être continué les mercredis suivants à la même heure.
Le cours est public; les dames y sont admises* Pour tous les ren-
seignements et pour retirer les cartes d'inscription, s'adresser au
Secrétariat de la Société, à l'adresse ci-desBUs.
De son côté, la Société de Topographie de France fait savoir
que notre collègue M. E.-A. Martel commencera le mercredi 22 jan-
vier 1896, une série de conférences publiques au lycée Condorcet
(65, rue Caumartin), à 8 heures trois quarts du soir, ayant pour
objet <c la description et l'étude des cartes topographiques officielles
des divers Etats de l'Europe >•
Une collection complète de spécimens de toutes ces cartes sera
mise entre les mains des auditeurs pendant les conférences, pour
SÉANCE DC 10 JANVIER 1896. 3
rintelligence de leur description (historique, échelle, inodes de
projection et d'exécution, représentation du terrain, signes conven-
tionnels, état d'avancement, réfections, publication des minutes,
comparaison des systèmes adoptés, etc., etc.). Les conférences
suivantes auront lieu les mercredis 19 février, 18 mars, 15 avril. On
trouvera le programme détaillé au siège de la Société de Géogra-
phie.
— M. Henri Rousson, explorateur qui a visité la Terre de Feu,
adresse la description d'un appareil construit, d'après ses données,
par M. Secrétan, ingénieur-opticien.
Le photogrammètre Rousson, d'une grande précision, a été
construit spécialement pour MM. les topographes, les ofOciers^ les
ingénieurs et les explorateurs.
On sait qu'à peine la découverte de Daguerre avait pris
naissance, un jeuneofQcierfrançais,M. Laussedat» aujourd'hui direc-
teur du Conservatoire des arts et métiers et membre de l'Institut,
chercha à l'utiliser pour l'établissement des plans et des cartes ; à
cet effet, il construisit un appareil spécial {photogrammètre) pour
ce genre de travaux et créa une méthode pratique et simple, qu'il
développa dans le Mémorial de POfficier du génie (années 1854
et 1864).
Voilà bientôt un demi-siècle que le principe fut posé par ce
savant, et, malgré les efforts qu'il déploya, sa méthode ne se
répandit pas en France, tandis qu'à l'étranger cette nouvelle
science trouva sa consécration, dès ses débuts, particulièrement
en Allemagne, en Italie, etc.
11 a été reconnu par l'usage que la photogrammétrie était au
moins quinze fois plus expéditive que la méthode la plus rapide.
Les avantages qu'elle offre sont considérables; elle donne l'image
exacte de la région, et permet d'avoir constamment sous les yeux
un document inappréciable où se trouvent figurés les moindres
détails concernant la configuration géodésique du sol. Ce docu-
ment sera toujours supérieur aux croquis et à toutes descriptions,
aussi exacts qu'ils soient.
£n réalité, on peut faire des opérations topographiques comm^
avec un tachéomètre, avec une économie considérable de
temps, puisque chaque épreuve photographique donne d'un seul
coup une foule d'angles qui exigeraient de nombreuses me-
sures.
En jetant un coup d'œil sur le photogrammètre Rousson, Ton
remarque immédiatement l'analogie de cet appareil avec un
PROCÈS-VERBAL.
théodolite ou un tachéomètre (1); en effet, il se compose de deux
appareUs bien distincts : le premier qui, dans son ensemble, con-
stitue un théodolite ou un tachéomètre, servira particulièrement
aux travaux astronomiques et géodésiques; le second, qm comporte
tous les organes d'une chambre photographique, sera uUlise pour
relever sur le terrain les détails des opérations. Ces deux appareils
se complètent l'un l'autre. .
Les avantages du photogrammètre Rousson sont les suivants :
!• il est peu encombrant ; 2" grâce à son format 6 1/2 x 9, <jn peut
avoir, sotts un petit volume, de grandes quantités de plaques sen-
sibles ce qui permet de multiplier le nombre des stations indis-
pensables surtout en pays accidenté; 3« suppression des châssis;
4. suppression des manipulations des plaques sensibles en voyage
et sur le terrain.
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). -
M J Joffre, lieutenant-colonel du génie, adresse le récit des ope-
rations de la colonne qu'il a commandée autour de Tombouctou.
récit publié avec l'autorisation de M. le Ministre des Colonies dans
laBwM« du Génie. On trouvera plus loin (page 7) une note de
M. H. Kroidevaux sur ce rapport.
— M. Alfredo Gummâ y Marti, à Barcelone [Mb.], fait hommage
de sa brochure sur Vémigration et la colonisation dans VVrugmy.
— De Rio-Grande (Eut du Rio-Grande do Sul, Brésil), M. J.
Arthur Monténégro adresse plusieurs ouvrages, dont on trouvera
l'énumération aux Ouvrages offerts.
— De Londres, M. J. Arnould envoie deux séries de Parltamen-
tary Papers : i' Annual Séries, n- 1476 à 1651 ; 2' Miscellaneous
Séries, n- 342-383. .....
— M. Pétrovski, consul général de Russie a Kachgar, ayant nus
à la disposition de M. le baron d'Osten Saken, Mb. honoraire de la
Société Impér. russe de Géographie, 18 lettres autographes du
j-egretté Dutreuil de Rhins, lettres à lui adressées par noire com-
patriote, la Société russe, laissée libre d'en faire l'emploi qu'elle
jugerait convenable, a pensé que lesdites lettres seraient tout à
fait à leur place dans les archives de la Société de Géographie (de
Paris); en conséquence elle a décidé d'en faire don à notre
Association.
H) Les cercles de cet appareil peuvent être divisés en degrés ou en grades;
dans le premier cas, ce sera un phototModolUe, et, dans le second cas, un photo-
UuMomitre,
séance du io janvier 1896. 5
Partie plus spécialement géographique de la correspondance.
— [Russie]. — Nouvelles géographiques. — M. VénukofiF com-
munique les renseignements suivants :
< 1» Six expéditions russes doivent aller observer Téclipse totale
du soleil qui aura lieu le 9 août de cette année. Les stations choi-
sies par la commission préparatoire seront établies en Laponie, à
la Nouvelle-Zemble, aux embouchures de l'Yénissey, aux sources
de l'Anabara, à Olekminsk (Lena) et à la slanitza Orlovska (Amour).
Il faut s'attendre, pour la fin de 1896, à la publication des valeurs
numériques exactes des latitudes et des longitudes pour six points,
dont deux seulement se trouvent maintenant placés sur nos cartes
avec certitude approximative.
c 2" Le général Piévtzow vient de publier le rapport définitif sur
la marche et les résultats de son expédition (1892-94) dans TAsie
Centrale, aux frontières nord-ouest du Thibet. Avec le volume pu-
blié précédemment par M. Bogdanowitch, géologue de Texpédilion,
le rapport dont il s'agit forme une relation complète de cette
entreprise scientifique qui servait de continuation aux travaux de
Prjévalsky. C'est une œuvre géographique dé premier ordre.
« 3" M. Sven Hédin s'est rendu, au mois de novembre 1895; à
Khotan pour pénétrer de là dans le nord-ouest du Thibet et se diri-
ger ensuite vers le Lob-nor, Cha-tchéou et Pékin. 11 compte reve-
nir en Europe par la Mongolie et la Sibérie.
« '4* La construction du chemin de fer transsibérien est accom-
pagnée d'importantes recherches géologiques dans les monts
d'Altaï, afin d'y établir, sur une vaste échelle, l'exploitation du
charbon de terre. L'un des exploiteurs de ces mines de houille,
M. Paul Vénukoff, professeur de géologie à l'université de Kiew,
vient de publier son rapport sur les résultats des recherches faites
par lui en 1894 dans le bassin du Tom. Il y a trouvé des couches
du charbon de 4 à 16 mètres d'épaisseur. Le nombre des dépôts
explorés par le voyageur dépasse une vingtaine, dont plusieurs se
trouvent juste aux bords du Tom ou de ses affluents, dans le dis-
trict de Kouznetzk.
c B"* A propos du chemin de fer transsibérien, on peut dire qu'à
partir du mois de décembre 1895, il est devenu aussi c trans-
baïkalien » dans le sens direct du mot. En effet, dans les sphères
gouvernementales de Saint-Pétersbourg, il a été décidé qu'on jette-
rait un pont sur l'Angara à Irkoutsk et que la voie ferrée se-
rait continuée jusqu'à Listwénitchna, sur la côte septentrionale du
Baïkal. Là les rails seront remplacés par un énorme bac à vapeur
6 PBOCES-TEBR&L.
qui tnnsportera le train de Fautre côté dahtc (36 kiL de largeur).
Ceux qui connaîsseot la gé<^raphie physique de la Sibérie, doutent
du su<txs de ce tour de force, dont le but est double : 1* accélérer
rouTerture du chemin de fer, pour la £ùre encore au xix* siècle;
^ contenter les habitants d'trkoutsk qui désirent avoir une grande
station dans leur ville même et non sur la rire gauche de FAngara,
ce qui les obligerait de construire un très grand pont à leurs
finis.
c 6* La relation du voyage de MM. Groum-Oijimaîlo à travers
FAsîe centnie vient de paraître en trois volâmes; mais elle n'est
pas encore parvenue à Paris. »
[Asie]. — \omreilf$dH primr^ Hemri éTOHéams, — La Société
a reçu aujourd'hui une lettre de -l'un de ses membres, M. Emile
Roux, enseigne de vaisseau, compagnon de rente du prince Henri
dXN-léans. Die est datée de Tsékou, dans le Ynnnan tibétain,
1» septembre 1^595.
Les voyageurs avaient enfin terminé l'exploration détaillée du
Mékong jusqu'à Atentsé. Us fusaient leurs préparatifs de départ
poion* la troisième et demît*re partie du voyage qui les ramènera
en pays civilisé.
M. Roux demande à la Société de lui fournir Findîcation de la
position géographique d'Atentsé, d'apK^^ la carte do voyageur an-
glais Gill.
D'autre part, M. Ronîn, vîce-iésîdent de France en Indo-Chine,
écrit de Talifeu, le 5 octobre, qu'il rient d'acheter une partie de
la caravane raivoyée de Tsékou par le prince Henri. Ce dernier
avait, disait-on, Fintention de gagner les Indes ea passant au sud
du TsaixMig et du Zayut. M. Bonin avait t^ des infonnations à ce
sujet par le père Le Gailcber, ancien compagnon de Francis Car-
nier dans sa marche sur Tahfou.
— M. Paul d'Eojoy adresse un mémoire mannscrit qui est le
commencement d^une série d'essais sur la colonisation. Le présent
mémoire est consacré à Fappnopriation du sol de la Cochiochine.
— De Montze, 29 septembre l^«, M. Cl. Madrolle écrit qu'a-
près avoir pareonru FAnnam et le Tonkin, il s*est décidé i traver-
ser la Chine jusqu'à Pékin.
c La montée du Fleuve Rouge par les vapeurs a été des plus
simples jusqu'à Laokai; — de ce points par eau et par tare, j^ai
gagné Mantie. viUe du Yunnan.
c Depuis dnq JMTs je suis dans ce Hsien (soos-préfecture), par
SÉANCE DU 10 JANVIER 1896. 7
i ,390 mètres d'alti tude sous un soleil bienfaisant et un climat des plus
agréables. De Laokai à Man-hao, le trajet a été rapide et, contrai-
rement aux habitudes du fleuve, je n'ai été gêné ni par les thacs
(rapides), ni parla hausse subite des eaux; cinq jours par le fleuve
et deux jours par terre ont mis, pour cette fois, Montze à sept
jours de Laokai et à douze de Hanoï.
< J'ai été un peu retardé ici par les achats de chevaux et de
mulets qui doivent constituer ma caravane; cependant mon départ
est définitivement fixé au mardi 1 ^' octobre.
c En un an, trois voyageurs français ont passé par Montze : le
prince d'Orléans, M. Bonin et moi. »
Le voyageur donne ensuite son itinéraire qui doit servir € à recon-
naître la vallée du Fleuve Rouge et réunir par la voie la plus di-
recte Laokai à Bhamo (Birmanie anglaise). Je passerai donc entre
les itinéraires du prince d'Orléans et Golquhoun d'une part, et de Ho-
sie, de l'autre. Cette première partie est de 500 kilomètres au moins;
mon retour n'est pas encore ùxé, mais il sera très sûrement par
le Se-tchouan et Shanghaï. Vouloir reconnaître le Haut Fleuve
Rouge comme voie commerciale est tout à fait chimérique, car
c'est à grand'peine que les marchandises passent par les nom-
breux rapides de Laokai (103 m. altit.) à Man-hao (2i5 m.); il
leur sera totalement impossible de remonter plus haut, car de
245 mètres le fleuve est à 520 à Yuan-kiang et encore plus en
amont à 900 mètres. )
c Mon voyage aura donc surtout comme valeur de reconnaître
le fossé du fleuve et son tracé. )
[Afrique]. — Le rapport du colonel Joffre (Voy. plus haut,
page 4). — Note de M. Henri Froidevaux :
€ Dans le rapport qu'il a adressé au Ministre des Colonies sur
les opérations de la colonne dirigée par lui depuis le 25 décembre
1893 jusqu'au 10 juillet 189i, M. Joffre raconte ses faits et gestes,
avant et après son arrivée à Tombouctou, les combats livrés par
lui sur sa longue route de 813 kilomètres entre Ségou et la ville, but
de son voyage,puis les opérations dirigées contre les Touareg pour
assurer la tranquillité du pays. Très intéressant par conséquent
au point de vue militaire, le travail de M. Joffre présente aussi un
réel intérêt pour l'historien de la conquête française du Soudan
et pour le géographe.
c Ce dernier n'y trouvera pas d'observations scientifiques, de re-
marques sur l'histoire naturelle, etc.; M. Joffre avait d'autres
8 PROCÈS-VERBAL.
choses plus importantes à faire : secourir la garnison française
et dégager les abords de Tombouctou. Cependant le géographe
pourra relever, même dans les parties techniques du Rapport
(ch. I, II, v), de précieuses mentions dispersées çà et là (p. 12-13,
21-22, 24); mais il aura surtout à étudier les chapitres consacrés
par Tauteur à la géographie et à l'ethnographie du pays de Tom-
bouctou. Son travail complète, précise et rectifie les données anté-
rieures sur la ville elle-même, sur ses habitants, sur son com-
merce ; il fait surtout connaître ces contrées plus ou moins riches
situées au nord, à Touest, au sud-ouest et au sud de Tombouctou
jusque sur la rive droite du Niger, dont l'ensemble constitue ce
que M. Joffre appelle < la région de Tombouctou » (ch. m). 11 dis-
tingue soigneusement, d'autre part, parmi les tribus nomades en
relations plus ou moins directes avec la nouvelle possession fran-
çaise, les Touareg et les Arabes (ch. iv). Seules les tribus touareg
sont, parmi ces peuplades, franchement nos ennemis ; ce sont elles
qui opprimaient et pressuraient, avant la venue de nos troupes,
les paisibles populations sédentaires établies entre Diartou et
Tombouctou, qui empêchaient les habitants des fertiles pays du
Killi et du Kissou, situés à l'est de Goundam, de cultiver le sol
avec sécurité. Aujourd'hui il n'en est plus ainsi ; l'établissement
d'un poste au point très important de Goundam, les opérations di-
rigées par le colonel Joffre contre les quatre tribus touareg des
Tengueriguif, des Irreganaten, des Kel-Temoulaï, des Iguellad
(ch. v) ont amené la soumission de toute la population sédentaire,
du pays, des propositions de paix de la part de certaines tribus, la
tranquillité chez d'autres.
€ Malgré la rapidité de sa marche entre Ségou et Tombouctou,
M. Joffre a dû recueillir sur les pays traversés des indications
géographiques plus nombreuses que celles qu'il a insérées dans
son Rapport; il est permis de regretter qu'il se soit montré trop
bref à ce sujet (ch. i). En réalité, son travail a surtout trait à Tom-
bouctou et à ses environs ; il montre comment se sont dévelop-
pées, dans l'espace de quelques mois, les connaissances sur ce
pays, et il figure l'état d'avancement de sa carte au 10 juillet 1894,
d'après les travaux si méritants de M. le lieutenant Rluzet (pi. 1,11).
C'est une étude qui présente donc pour la Société un très vif inté-
rêt, «t qu'elle est heureuse de posséder dans sa bibliothèque. >
— M. Daniel Bellet communique une note manuscrite, d'après le
journal portugais Gazeta dos Caminhos de ferro sur le développe-
ment du chemin de fer de Lourenzo-Marques, avec chiffres à l'appui.
SÉANCE DU 10 JANVIER 1896. 9
• [madafrasear]. — Lettre du général de Torcy. — A la suite
de la prise de Taiianarive, la Société de Géographie avait adressé
au général Duchesne, commandant du corps expéditionnaire, et
au chef d'État-major, le général de Torcy, des lettres de félicita-
tions qui insistaient spécialement sur les résultats scientifiques
du succès de l'expédition de Madagascar. La lettre ci-dessous de
M. de Torcy est la réponse à Tune de ces lettres. Elle est adressée
au président et aux membres de la Commission centrale :
€ Tananarive, 2 décembre 1895. — Je m'empresse de vous accu-
ser réception de la lettre que vous m'avez fait Thonneur de
m'écrire le 21 octobre dernier et de vous remercier de vos bien-
veillantes félicitations. Je n'ai pas manqué, d'autre part, de re-
mettre à M. le général Duchesne la lettre que vous aviez bien
voulu m'adresser à son intention.
c En ce qui concerne le progrès de nos connaissances géogra-
phiques sur Madagascar, la campagne qui vient de finir aura cer-
tainement contribué à faire connaître plus exactement la partie du
territoire du Boéni inférieur et supérieur, dans laquelle nous avons
opéré. Un levé d'itinéraire très complet, partant de Majunga pour
aboutir à Ândriba, a été dressé parles soins de MM. les capitaines
Bourgeois et Peyronel; le cours de la Betsiboka a été également relevé
jusqu'à son confluent avec Tlkopa. Enfin, il a été établi une trian-
gulation expédiée qui, partant de Majunga, est venue se raccorder
au réseau construit, en Émyrue» par le R. P. Roblet. Les condi-
tions dans lesquelles s'est opéré ce raccordement ne me sont pas
encore connus, les calculs n'ayant pu être achevés avant le départ
du capitaine Peyronel pour Majunga; mais cet officier espérait ne
trouver que des erreurs de faible importance. J'ajoute que le capi-
taine Bourgeois, chef du service, a étudié avec soin la géologie du
Boéni, au sujet de laquelle il a fourni des notes intéressantes que
le département de la Guerre ne refusera pas, sans doute, de corn»
muniquer à la Société et que ce même officier, qui fait actuelle-
ment partie de la Commission de délimitation du territoire de
Diego-Suarez, en qualité de membre topographe, rapportera en-
core un levé de cette région, qui, d'après ce qu'il m'écrit, recti-
fiera de nombreuses erreurs.
c Nous avions, au départ, pensé et désiré pouvoir faire bien
davantage; les conditions dans lesquelles s'est poursuivie la cam-
pagne s'y sont opposées et le caractère rapide de notre marche
entre Andriba et Tananarive n'a même pas permis (le capitaine
Bourgeois ayant dû faii-e alors un service d'état-major propre-
10 PROCÈS-VERBAL.
ment dit) de continuer l'itinéraire pour cette partie de notre route.
11 a, du moins, étudié, durant la campagne et pendant son séjour
à Tananarive, les conditions d'organisation future du Service géo-
graphique du corps d'occupation et il rapportera à Paris une série
d'observations et de propositions qui rendront facile au Service
géographique de Tarmée la décision sur le fonctionnement ulté-
rieur de ce service. Il est, enfin, en mesure de donner, sur la va-
leur pratique des instruments géographiques et topographiques 4
employer, de très utiles indications. Le capitaine Peyronel va
partir pour la France, où il rapporte, avec le complément de ses
travaux, les instruments inutilisables et je pense que le capitaine
Bourgeois tardera peu à le suivre. Ces deux officiers seront heu-
reux, si le général de la Noë veut bien les y autoriser, de complé-
teride vive voix, devant vous, les indications sommaires qui pré-
cèdent... j
— M. Fernand Lataste, de Santiago (Chili), adresse une note
manuscrite sur l'éléphant d'Afrique et sa domestication.
[Amérique]. — Voyage du vicomte de Brettes, — M. de Breltes
adresse de Rio-Hacha (Colombie), sur la suite de son voyage,
deux lettres datées. Tune du 8, l'autre du 24 novembre 1895. Ces
lettres viendront se joindre à celles qui ont déjà été adressées par
lui (C. R. 1895, pag. 311), et qui doivent être insérées au Bulle-
tin trimestriel.
Commiinieations orales.
Le Président annonce que Mme James Jackson, veuve de notre
regretté collègue, ayant retrouvé dans les papiers de son mari le
manuscrit de la table des matières des 5« et 6® séries de notre
Bulletin, a décidé d'en faire faire la publication à ses frais.
Le Président se fait l'interprète des sentiments de gratitude que
cet acte important de libéralité doit exciter chez tous les mem-
bres de la Société. Il rappelle à cette occasion le don généreux de
Mme William Huber, les fondations faites par Mmes Herbet-Four-
net, Bourbonnaud, la marquise de Préaulx, et constate avec plai-
sir la faveur dont jouit la Société de Géographie auprès des veuves
et des filles de ses membres.
Il signale ensuite la présence à la séance de M. de Cuver-
SÉANCE DU 10 JANVIER 1896. 1^
ville, heureusement revenu d'un long voyage en Asie dont il doit
très prochainement entretenir la Société.
Présentations de livres, brochures^ cartes^ etc. — M. A. Petiton,
Tundes premiers explorateurs de Tlndo-Chine, ancien ingénieur-
chef du Service des mines en Cochinchine, dépose sur le hureau,
son ouvrage : Géologie de V Indo-Chine, avec un album de plan-
ches, qui vient de paraître à l'Imprimerie nationale.
L'auteur explique comment il se fait que son travail ne pa-
raît qu'aujourd'hui, tandis que la mission dont c^ travail contient
les résultats, date de vingt-sept ans en arrière. Ce n*est pas lui
qu'il faut rendre responsable de ce retard.
C'est en effet en 1868 que M. Petiton fut appelé en Indo-Chine
par M. le vice-amiral de la Grandière, gouverneur de la Cochin-
chine, qui lui traça un programme de large envergure. Pendant
deux ans, M. Petiton explora le pays, exploration des plus pénibles,
car il dut l'exécuter pendant la saison des pluies. Survinrent les
événements de 1870 : l'auteur revint en France, épuisé, malade.
Après la guerre, manquant de ressources suffisantes pour
mettre en œuvre les matériaux qu'il avait rapportes, et n'ayant pu
en obtenir du gouvernement, il dut patienter dix ans. En 188f
seulement, il fut en état, avec ses propres ressources, de com-
mencer des études qui durèrent plusieurs années, en absorbant
tout son temps. La collection recueillie en Cochinchine, avait
été classée et déterminée par lui, sur les lieux, afin qu'elle ne
fût pas perdue et détruite à tout jamais. Mais, désirant fournir à
la colonie de l'Indo-Ghine un travail capable de servir de base
aux études géologiques ultérieures, il pensait qu'il fallait détermi-
ner d'une façon irréfragable les principaux types des roches qui
composaient sa collection. Pour cela, il se remit sur les bancs de
l'école, et de longues études de roches au moyen du micro-
scope, lui permirent, grâce au concours constamment bienveillant
de M. Fouqué (de l'Institut), de déterminer, d'une façon irrévocable
et certaine, toutes les roches quil avait rapportées de l'indo-
Cbine.
Le travail terminé, l'auteur, tout en sollicitant une nouvelle
mission pour compléter ses premières recherches, demanda au gou-
verneur de la Cochinchine que son travail fût imprimé aux frais de la
colonie. C'était alors M. Le Myre de Vilers, qui répondit, < qu'il
prendrait à la charge de la Cochinchine les frais de publication de
la carte et du mémoire à l'appui ». Mais le gouverneur qui rem-
12 PROCÈS-VERBAL.
plaça M. Le Myre de Vilers n'était pas dans les mêmes idées.
L'auteur s'adressa alors au Ministre de l'Instruction publique qui
l'accueillit avec bienveillance, et promit (1883) de publier son
travail, ce qui ne fut exécuté pourtant que dix ans après. Dans l'in-
tervalle, l'auteur fît plusieurs communications, notamment à la
Société de Géographie, à celle de Géologie, à la Société pour
l'avancement des sciences, etc. Mais il ne voulait pas fractionner
son travail qui vit enfin le jour à la fin de l'année dernière (1895).
€ J'avais promis, dit en terminant M. Petiton, à mon compa-
triote, le vice-amiral de la Grandière, de faire de mon mieux.
L'homme mûr de 1895 a tenu la parole du jeune homme dé 1868. >
Le Président félicite M. Petiton d'avoir, par sa persévérance au
milieu de tant de difficultés, assuré la publication d'une œuvre
scientifique de grand intérêt pour la connaissance de notre colo-
nie de rindo-Chine.
— M. Pinart dépose sur le Bureau, au nom de l'auteur et de ses
éditeurs, MM. J. André et C'% le rapport de M. Paul Combes sur
son € Exploration de l'île d'An ticosti >.
Cette île, située à l'embouchure du Saint-Laurent, et d'une
superficie d*un million d'hectares fut découverte, en 1535, par
Jacques Cartier. Concédée, en 1680, à titre de fief, à Louis JoUiet,
célèbre découvreur du Mississipi, elle était resiée néanmoins, jus-
qu'à ce jour, à peu près inexplorée. En juillet dernier, M. Paul
Combes l'a explorée; son rapport contient des détails absolument
inédits sur la géologie, la météorologie, l'hydrologie, la flore, la
faune, et en général sur les ressources que présente Anticosti au
point de vue de la colonisation. Il en résulte que l'île vaut mieux
que la réputation qu'on lui avait faite, même au Canada; son
climat est modéré, son sol fertile, sa végétation puissante et variée,
ses ressources économiques considérables. Ce rapport est accom-
pagné d'une carte qui coordonne les rares indication s que l'on pos-
sédait jusqu'à ce jour sur Anticosti, et que M. Paul Combes a en
outre complétées par ses observations personnelles.
M. Pinart présente ensuite de la part de l'auteur, M. Auguste
Mouliéras, et de ses éditeurs, MM. J. André et C'% un ouvrage inti-
tulé : Le Maroc inconnu.
M. Mouliéras, professeur à la chaire d'arabe à Oran, qui s'est déjà
signalé à l'attention du monde savant par ses travaux sur les lan-
gues arabe et berbère, a pu, grâce à la situation particulière qu'il
occupe et à ses nombreuses relations dans le monde musulman,
se livrer à une enquête approfondie sur les régions du Maghreb
SÉANCE DU 10 JANVIER 1896. 13
restées jusqu'à présent dans une vague obscurité. La première
partie de l'œuvre entièrement originale de M. Mouliéras, est spé-
cialement consacrée au Rif ; des cartes, indiquant les limites de
chacune des tribus qui habitent ce vaste territoire, rendent les
recherches plus faciles. On trouve résumés dans ce remarquable
travail, les résultats de vingt années d'explorations dans ces con-
trées, de nombreux et importants renseignements, tous inédits,
sur le pays, les habitants, les mœurs, coutumes et usages, des
détails précieux sur les industries locales, sur les richesses agri-
coles, forestières, pastorales de cette partie septentrionale du
Maroc, sur ses populations, ses forces militaires, son administra-
tion et sa politique.
— M. Deniker offre le premier fascicule de son ouvrage intitulé :
Bibliographie des travaux scientifiques publiés par les Sociétés
savantes de la France,
C'est le commencement d'un grand travail entrepris par le savant
bibliothécaire du Muséum, sous les auspices du Ministère de l'In-
struction publique. Ce travail comprendra le dépouillement de tous
les articles, notes et mémoires ayant trait aux sciences mathé-
matiques, physiques et naturelles parus dans les recueils des
Sociétés savantes de Paris et des départements, depuis la fonda-
tion de ces Sociétés (en général depuis 1700), jusqu'en 1888. Le
dépouillement sera accompagné d'une table alphabétique de noms
d'auteurs et d'une table analytique et alphabétique des matières.
Plusieurs des articles énumérés sont accompagnés de notes expli-
catives. En somme, cet ouvrage, conçu sur le même plan que la
c Bibliographie des travaux historiques et archéologiques » de'*
MM. Lasteyrie et Lefèvre-Pontalis, formera avec cette dernière le
relevé méthodique de tout ce qui a été publié pendant deux siècles
par nos Sociétés savantes.
— M. Boutroue présente de la part de l'auteur, M. Forest aîné,
une brochure intitulée : c Commerce, industrie, production des
plumes d'autruche en Barbarie. >
Il insiste sur les effbrts persévérants de l'auteur, depuis une
vingtaine d'années, pour le rétablissement de l'autruche en Algé-
rie et dans le Soudan français. L'autruche, autrefois et jusqu'en
1870, si répandue au Sahara, y a, pour ainsi dire, complètement
disparu aujourd'hui. Jadis, le siège de l'industrie plumassière
était à Paris; mais nous avons perdu la suprématie en ce genre
d'industrie par suite de la concurrence que nous font les plumes
d'autruches venues du Cap. Et pourtant, les auteurs anglais admet-
14 PROCÈS-VERBAL.
tent unanimement que le promoteur de l'élevage des autruches au
Gap, M. Mac-Kinnear, a été inspiré par la publication d'une Société
française, la Société d'acclimatation de France, et par les succès
que M. Hardy a obtenus, en 1858, au Jardin d'essai d'Alger.
En 1865, il n'y avait que 80 autruches dans l'Afrique australe ;
aujourd'hui, il y en a plus de 350,000, et le Cap expédie annuel-
lement pour plus de trente millions de francs de plumes d'au-
truche, ce qui donne naissance à un mouvement d'affaires de plus
de cent millions de francs.
C'est à un tel état de choses que M. Forest voudrait remédier:
de là ses plaidoyers chaleureux en faveur de la cause à laquelle il
s'est dévoué. Actuellement, il demande qu'un territoire, celui d*£l-
Outaia, dans l'arrondissement de Batna, province de Constantine,
lui soit donné à titre d'essai, et il est en instance à ce sujet auprès
du Ministère de la Guerre et des pouvoirs publics.
Le résultat serait de rétablir, au profit de la France, une branchs
de commerce aujourd'hui en voie de déclin, et d'aider au rétablis-
sement des voies de communication et des relations historiques de
l'Algérie avec le Soudan central.
Le Président remercie M. Boutroue de cette présentation : c Je
félicite M. Forest d'avoir trouvé un avocat aussi chaleureux. Je
crois que personne n'aurait pu plaider cette cause avec plus d'ar-
deur que M. Boutroue n'en a mis à le faire. >
— Le Président présente de la part du gouvernement de Bosnie-
Herzégovine, par l'intermédiaire de M. Moser, plusieurs ouvrages
relatifs à ces pays. On en trouvera l'énumération aux Ouvrages
'Offerts.
Une note qu'on lira à la page suivante et qui émane de M. Moser,
est consacrée à l'un de ces ouvrages.
— Le Président signale un article publié par M. le professeur
Rilian, de Grenoble, dans le 20* Annuaire de la Société des Tou^
ristes du Dauphiné. Dans ce travail, M. Kilian donne tous les
détails relatifs à l'observation des glaciers de la contrée en 1893
et 1894, observation poursuivie avec le concours de tous les guides
de bonne volonté, sous les auspices de la Société des Touristes, et
complétée par les renseignements des officiers de nos troupes
alpines.
— Le Président appelle ensuite l'attention, sur l'importante col-
lection de photographies des îles Sandwich et du Groenland, qui
vient d'être gracieusement donnée à la Société par M. le professeur
.Jibbey, de Princeton, N. J. (États-Unis).
SÉANCE DU 10 JANVIER 1896. 15
Bosnie-Herzégovine, — A propos d*un des ouvrages offerts par
le gouvernement de ces pays (voir à la page 14), M. H. Moser, qui
était l'intermédiaire de ce don, adresse la notice suivante (1) :
« On sait que le Karst (en croate : Kras, ou pays des pierres)
forme le prolongement de la chaîne des Alpes dinariques, se diri-
geant du nord-ouest au sud-est. C'est un plateau déchiqueté, cou-
vert de masses de pierres (d'où son nom), percé de cavités et de
gouffres qu'on remarque même sur les pentes des collines. Ces
gouffres ont toutes les formes et toutes les dimensions ; les uns
présentent l'aspect de sillons ou de rainures, d'autres sont arron-
dis, d'autres, enfin, très longs et très larges. Ces gouffres servent de
réceptacle aux eaux qui descendent des hauteurs. Durant la sai-
son pluvieuse, les eaux, débordant à la surface, envahissent et
inondent de vastes étendues de terrains environnants. En été, par
contre, toutes les eaux du Karst accumulées dans ces cavités repa-
raissent à la surface sous la forme très pittoresque de sources, de
cascades ou de ruisseaux. C'est à ces phénomènes que l'auteur con-
sacre les premières pages de son livre. Il y étudie notamment le
régime des dolinas et des polies. Le nom de dolinas (vallées) est
donné aux crevasses de forme arrondie, de dimension très variable
(10 à 1,000 mètres de diamètre et 2 à 100 mètres de profondeur).
L^eau de pluie qui s'y engouffre se perd, conduite par des canaux
souterrains, dans l'intérieur des montagnes. Les po^tV^, au contraire,
communiquent avec des sources souterraines qui n'épuisent Teau
que durant la saison sèche ; au printemps et à l'automne, elles
débordent sur la région environnante. Des travaux de régularisa-
tion avaient été entrepris sur divers points du territoire^ afin de
rendre à l'agriculture les vastes champs restés à l'état inculte,
soit par suite des inondations, soit à cause des grandes sécheresses.
Il s'agirait d'obtenir une répartition rationnelle des eaux, en les
dirigeant, au moyen de canaux de dérivation, sur les points qui en
sont dépourvus.
c Le travai de M. Ballif ne se borne pas toutefois à l'exposé des
travaux hydrauliques déjà accomplis ou à exécuter dans les nou-
velles provinces de l'Autriche-Hongrie, Des tableaux statistiques
nettement établis renseignent le lecteur sur l'état actuel de la
Bosnie et de l'Herzégovine, la distribution de la végétation fores-
(1) II s'agit de l'ouvrage de M, 3allU: Watt^rbatUen in Botnien u. Uenego-
vxnùy I« Theil.
16 raOCÉS-TEBBAL.
tîêre, le climat ; oo j trouTe, enfia, on aperça général de Tétat
écoDomîqae du pajs et des noyens propres à lui assurer na ave-
nir, c La fiosnie et l'HerzégoTine, dît lanteiir, étaient prospères
lors de la domination romaine; les chaossées, les bains, les temples
dont les raines couvrent le sol, Fattestr-nt suffisamment. On t
décoarre Béme des traces matérielles de cette prospérité remon-
tant à une époqne bien moins éloignée. Le gooremement de FAn-
triche-Hongrie s'efforce de rendre à cette région sa prospérité
d'antrefois. Jasqn*à présent ces efforts oct été conronnés de succès.
Dans la partie appartenant an Karst seulement, F c Arabie pétrée
c de FAntricbe >, de vastes terrains ont été restitués à la cultore ;
ailleors le rendement des céréales est derenn pins considérable. Il
est donc à prévoir «pie d'ici pen d'années, la Bosnie et raenégo-
Tine pourront riTalîser avec les meillenies terres de FEniope... >
c Ajoutons que le Uvre de M. Ballif est accompagné de très bdles
cartes et de nombreuses photographies d'une exceUenle cxécotiou.
D forme ainsi une contribution importante a la littérature déjà con-
sidérable publiée sur la Bosnie et FHenégonne par les soins éclai-
rés du gouTernement austro-hongrois^ depuis Foeenpation de ces
pays par rAutriche. >
r» hiver dams FErfftkrfe^ — Le D' L. Lapicque se rendait
dans l'Océan Indien pour y étudier les Négritos, quand le yacht de
Xme Jules Lebandj, la Sémiramis^ sur lequel il était monté, fat,
dans la mer Rouge, assailli par un violent coup de vent du nord,
qui l'obligea à relâcher à Massaonah. Les craintes dn capitaine IV
retinrent jusqn'an moment dn changement de mousson, c'est-
à-dire pendant près de deux mois. Cest donc tout à fait par hasard
que le D* Lapicque a visité l'Erythrée; il a néanmoins utilisé son
séjour en recueillant le pins possible de documents andiropolo--
gîqnes snr la race éthiopienne.
Après avoir adressé un souvenir ému au malheureux jeune
homme dont il aurait dû être le compagnon sur la Sémimmis^
M. La^oqne aborde la description de la colonie italienne.,
Massaonab est bâtie sur un petit groupe dUes corâlliaires,
entre lesqvdles s^étend le port, bien abrite et d^accès Cicile :
l'une de ces îles porte la ville ancienne des Arabes, la véritable
Massaooah; c'est là que le conmerce est concentré ; les antres,
Taonlood, Gbôar, Abd-el-Kader, sont occupées par les casernes,
les arsenaJBx, l'administration, etc. Une jetée de constnKtion ré-
cente rejoint la ville à la terre ferme; un aqueduc amène l'eau de
SÉANCE D0 10 JANVIER 1896. 17
Mokoolloy mais les Européens ne boivent que de Teau distillée.
Le pays qui entoure immédiatement Massaouah est un désert
absolument stérile; c'est la région qu'on appelle le Samhar.
C'est entre la mer Rouge et le bord du plateau éthiopien, une bande
de quelques lieues de largeur, d'une très faible altitude ; la saison
des pluies y est l'hiver, mais la moyenne annuelle n'atteint pas
20 millimètres, et quelquefois il n'y a qu'une ou deux averses en
tout. En décembre et en janvier, le thermomètre y oscille entre
28® et 20"; le thermomètre humide, à Massaouah même, ne donne
qu'une très faible différence.
Il existe quelques agglomérations assez considérables sur la
route des caravanes qui va du port au plateau : ce sont des habi-
tants du plateau qui sont descendus là pour chercher du travail.
En dehors de cette ligne, il y a une population nomade qui des-
cend avec ses troupeaux pendant la saison des pluies; ces chutes
d'eau suffisent en effet pour faire éclore comme par enchantement
sur le sable une verdure qui ne subsiste d'ailleurs que quelques
semaines. Les nomades sont de même race que les habitants du
plateau.
La montagne se dresse brusquement en un talus rapide, très
accidenté et couvert de forêts épaisses. II faut deux journées de
mulet par des grimpées assez raides pour gravir ce talus; quand
on atteint l'altitude de 1,500 mètres environ, on trouve une végé-
tation particulière, caractérisée spécialement par le grand eu*
phorbe candélabre (Euphorbia abyssinica). Vers 2,500 mètres
d'altitude, on atteint le plateau, qui est entièrement déboisé. Entre
ce plateau et le Samhar, le versant boisé constitue une zone tout
à fait distincte, caractérisée par son régime de pluies, assez
abondantes en hiver, et par la belle végétation qui eu est la con-
séquence*
La région éthiopienne qui domine immédiatement Massaouah est
le Hamazen; à l'inverse du reste de l'Abyssinie, c'est une région
plate, comme une steppe, à régime de pluies estivales. En hiver
tout y est desséché ; la température peut s'y abaisser la nuit jus-
qu'au-dessous de zéro. La démarcation entre cette zone et la pré-
cédente est tranchée avec une extrême netteté : aussitôt qu'on a
firanchi le rebord du plateau, quand on s'est avancé seulement de
quelques centaines de mèlres, rien ne rappelle plus la montagne
qu'on vient de mettre deux jours à fkaiiehir ; on est dans une
plaine. Les nuages qui couvrent les forêts situées au-dessous s'ar-
rêtent brusquement à ce Tthatd, et la dépression de la mer ftouge,
aoG. M oiofin. — g. ■• »bs séavcis. — ir* 1 et 2. 2
18 PROCÈS-VERBAL.
considérée de là, se présente comme une immense cuve remplie
de vapeurs.
Le Hamazen, bordé par le Tig^é au sud et par ]e pays des Bogos
au nord, est, au point de vue ethnique, Tintersection entre les po-
pulations chrétiennes appelées proprement éthiopiennes, et les po-
pulations musulmanes appelées souvent arabes; il n'y a en réalité
aucune différence anthropologique entre ces deux groupes de po-
pulations. Le D^ Lapicque a pu recueillir une nombreuse série de
mensurations sur le vivant et une collection de crânes, qu'il étudie
avec la collaboration du D' Verneau dans le laboratoire du profes-
seur Hamy, au Muséum; il se propose de publier prochainement
un ouvrage spécial sur la race éthiopienne. Cette race a frappé
de tout temps les voyageurs par la juxtaposition de sa peau noirç
et ses cheveux crépus avec des traits semblables à ceux des
Européens; il y a là un type spécial bien caractérisé. M. Lapicque
fait passer sous les yeux de ses auditeurs un grand nombre de
photographies qui représentent des spécimens de cette race, et
qui montrent aussi, pris sur le vif, la plupart des détails ethno-
graphiques qui s'y rapportent.
La ville principale de cette région est Âsmara. En laissant de
côté pour le moment les établissements italiens, on y voit d'abord
une agglomération de demeures d'un type spécial à la région,
basses, demi-en terrées, sur le flanc d'une petite butte ; une église
sans caractère architectural renferme des peintures curieuses; les
cloches sont remplacées par des fragments de phonolite sus-
pendus à des ficelles, et avec lesquels on a réussi à constituer un
carillon assez harmonieux. Il y a ensuite un marché important,
à ce point d'aboutissement de la route des caravanes venant d'en
bas sur le plateau; autour de la place du marché sont groupées
des cases de toutes les populations environnantes, celles des
Abyssins, rondes, avec un toit conique, appelées toucoulSy celles
des musulmans, rectangulaires, avec un toit à deux pentes. Les
principaux échanges se rapportent à la dourrha {sorghum vtdgare)^
céréale qui fait la base de l'alimentation des Abyssins, et qne le
mauvais état des cultures depuis plusieurs années oblige à
importer en grande quantité, principalement de Tlnde.
En 1893, pendant le séjour du D"^ Lapicque, les Italiens étaient
préoccupés surtout d'attirer le commerce de l'Abyssinie et du
Soudan (par Kassala) vers Massaouah. Asmara est le point du
plateau désigné par sa situation pour être relié avec ce port. Au
«entier difficile des caravanes (caravanes de mulets, de chameaux.
SÉANCE DU 10 JANVIER 1896. 19
mais surtout de porteurs, parmi lesquels beaucoup de femmes), il
fallait substituer une voie plus commode. Un chemin de fer tra*
verse la région basse désertique, de Massaouah à Saâti (25 kilo-
mètres) ; en cette dernière localité commence une route macadar
misée, qui gagne le bord du plateau sans dépasser jamais la pente
de 3 p. 100; il a fallu pour cela lui faire faire de nombreux dé-
tours; elle contourne entièrement le massif du mont Bizen.On était
en train de la construire pendant le séjour du D' Lapicque ; son
exécution se faisait exclusivement par la main-d'œuvre militaire,
sans ressources spéciales; une fois le premier tracé établi par les
officiers du génie, les compagnies de troupes indigènes allaient à
tour de rôle travailler à la route, sous la conduite de leurs officiers
qui s'improvisaient ingénieurs avec le plus grand zèle. Cette voie
carrossable terminée fait de Massaouah le débouché le plus direct
de la région haute.
Ici, M. Lapicque entre dans des considérations sur la situation de
la colonie alors peu étendue et qui ne comprenait guère, en dehors
de la route Massaouah-Asmara, que la vallée de Kéren. Gette route
était protégée par des fortifications sérieuses, aux deux points où
elle aboutissait, et la position de Ghinda offrait au milieu de la
montée un gîte d'étape également solide. On ne paraissait pas songer
alors à la conquête de l'Abyssinie. Le gouverneur de l'Erythrée,
le colonel Baratieri, aujourd'hui général, annonçait hautement
l'intention de n'étendre l'influence italienne que par les voies pa-
cifiques et les faits étaient d'accord avec cette déclaration.
M. Lapicque expose par suite de quelles circonstances la situa-
tion a changé ; il raconte les événements qui se sont produits, com-
ment, après la victoire d'Agordat, l<3s idées du général Baratieri se
modifièrent ; il voulut cueillir de nouveaux lauriers par la conquête
de l'Abyssinie, ce qui a, comme on l'a vu, abouti à la défaite
d'Âmba-Alagî. Les Abyssins, il faut bien le reconnaître, se battent
bravement et ils possèdent des armes perfectionnées dont ils savent
se bien servir. Gomment se procurent-ils ces armes? M. Lapicque
s'élève à juste titre contre les commerçants européens sans scru-
pule qui • font cette contrebande, et c qui devraient être, dit-il,
traités comme des négriers. Aucune accusation de ce genre ne pèse
sur la France, même au point de vue de la surveillance de ses ports
(il ne saurait être question d'autre chose), et ce doit être pour
nous un grand soulagement de penser que les balles qui tuent là-
bas des Européens ne sont pas des balles fabriquées en France >.
Le Président : c En remerciant M. Lapicque de son intéressante
20 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
communication Je tiens à lui dire que nous ne voulons pas manquer
au devoir de diriger un témoignage de respectueuse sympathie
vers la personne généreuse, aujourd'hui si cruellement éprouvée,
qui a rendu possible le beau voyage dont on vient de nous entre-
tenir. >
— La séance est levée à 10 h. 3/4.
MEMBRES ADMIS.
MM. Alexandre Bessières; Lucien Victor Delignon -Bufibn ; Lu-
cien Grouard;Th. Ogerdias.
CANDIDATS PRESENTES.
Mme la comtesse Pillet-Will (comte de Marsy et Edouard
Blanc) ; — MM. Gaston Letellier (Octave Letellier et Eugène Mi-
guet); — Otto Streubel {Jules Debrun et Th, Ogerdias),
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Séance du 10 janvier 1896.
GÉNÉRALITÉS. — Eduard Hahn. — Die Haustiere und ihre Bezie-
hungen zur Wirtschaft des Menschen. Eine geographische Studie.
Leipzig, Duncker et Humblot, 1896, 1vol. iii-8. Auteur.
Foreign Office. 1894-1895. Annual séries, n"*' 1476-1651. Diplomatie and
consular Reports on Trade and Finance. — Miscellaneous séries, 1894-
1895, n** 342-383. Reports on subjects of gênerai and commercial in-
terest. London, in-8. J. Arnould.
J. Deniker. — Bibliographie des travaux scientifiques (sciences mathé-
matiques, physiques et naturelles), publiés par les Sociétés savantes
de la France. Tome I, 1** livraison. Paris, Impr. nat., 1895, 1 vol.
in-4. Auteur.
L. ViGNOLS. — Inventaire cartographique des archives d'IUe-et- Vilaine,
du Musée archéologique de Rennes et de la bibliothèque de M. de
Payls, pour les époques antérieures à 1790 {Bull, géogr,, hiêt. et des-
criptive), Paris, Impr. nat., 1895, broch. in-8. Auteur.
SÉANCE DU 10 JANVIER 1896. 21
B. Girard. ~ Souvenirs maritimes 1881-1883. Journal de bord d*une
campagpie en Tunisie, en Egypte et dans le Levant sur le cuirassé la
Galissonnière qui portait le pavillon de M. le contre-amiral Conrad,
commandant en chef. Paris, Chamuel, 1895, 1 vol. in-8. Auteur.
fioletin del Observatorio astronomico de Quito, por al teniente coronel
A. N. Martinez. Ano I, num. 1, oct. de 1895. Quito, in-8. Direction.
Bulletin de TAssociation des photographies documentaires. Paris, n* 1,
janvier 1896, in-8. Direction.
C. DE LA RoNCiÈRE. — Première guerre entre le protectionnisme et le
libre échange {Revue des questions historiques). Paris, 1895, broch.
in-8. Auteur.
Benj. s. Lym an. — Metallurgical and other features of Japanese swords
{Journal of the Franklin Institute, jan. 1896), Philadelphia, broch.
in-8. Auteur.
EUROPE. — Ministère de Tlntérieur et de Tlnstruction publique.
Annuaire statistique de la Belgique, 24* année, 1894. Bruxelles, 1894,
1 vol. in-8. Échange.
Statistisches Ihrbuch fur das deutsche Reich. Herausgeg. vom k. statis-
tischen Amt. 16 Ihrg. 1895. Berlin, Putkammer et Muhlbrecht, 1895,
1 vol. in-8. Achat.
Hrnri Moser. — La Bosnie-Herzégovine au seuil du xx* siècle. Commu-
nication faite au Yi* congrès internat, de géographie de Londres.
London, £. Curzon, 1895, broch. in-4. Auteur.
Philipp Ballif. — Wasserbauten in Bosnien und der Hercegovina. I.
Theil. Meliorationsarbeiten und Cisternen im Karstgebiete. Herausgeg.
von der bos.-herceg. Landesregierung. Wien, Holzhausen, 1896, 1 vol.
in-8.
Ergebnisse der meteorologischen Beobachtungen der Landesstationen in
Bosnien-Hercegovina, im lahre 1894. Herausgeg. von der bosn.-herceg.
Landesregierung. Wien 1895, 1 vol. in-4.
Gouvernement de la Bosnie et de l'Herzégovine,
ASIE' — Ernest Chantre. — Recherches anthropologiques dans l'Asie
occidentale. Missions scientifiques en Transcaucasie, Asie Mineure et
Syrie, 1890-1894 {Archives du Muséum d'histoire naturelle de Lyon),
Lyon, Georg, 1895, 1 vol. in-4. Auteur.
Travaux de l'expédition du Thibet, 1889-1890, sous les ordres de M. Y.
Pievtzoff. Publication de la Société imp. russe de géographie. Tome 1,
Yoyage dans le Turkestan oriental, au Kouen-loun, au nord du plateau
thibétain et en Dzoungarie, en 1889-1890. Rapport de M. Y. Pievtzoff
avec une carte et 40 pbototypies. Saint-Pétersbourg, 1895, 1 vol. in-4.
ËCHANGB.
Géographie du Thibet. Traduile en russe de Touvrage thibétain de Mini-
chjoul Khoutoukt, par Y. YassiUiev. Saint-Pétersbourg, Acad. imp.
des se., 1895, 1 vol. in-8. Auteur.
General report on the opérations of the Survey of India Department, ad-
ministered under the Government of India, during 1893-1894. Prepa-
red under the Direction of Col. Sir H. R. Thuillier. Calcutta, 1895,
1 vol. in-4.
22 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
État de la Gochinchine française en 1893. Saigon, 1895, 1 vol.. in-4. .
Gouvernement général de la Gochinchine.
A. Petiton. — Géologie'de l'Indo-Ghine. Paris, Impr. nat., 1895, 1 vol.
de texte ia-8, 1 atlas in-4. Auteur.
L'île de Khohg. Lettres laotiennes d'un engagé volontaire. Paris, Fisch-
. bâcher, 1896, 1 vol. in-8. J. Trubat.
AFRIQUE- — A. J. Wauters et Ad. Buyl. — Bibliographie du Congo,
. 1880-1895. Catalogue méthodique de 3,000 ouvrages, brochures, no-
tices et cartes, relatifs à l'histoire, à la géographie et à la colonisation
du Congo. Bruxelles, 1895, 1 vol. in-8. Auteurs.
Auguste Mouliéras. — Le Maroc inconnu. Vingt-deux ans d'explorations,
de 1872 à 1893. Importantes révélations de voyageurs musulmans sur
le pays, les habitants. Première partie. Exploration du Rif (Maroc sep-
tentrional). Paris, J. André, 1 vol. in-8. Auteur.
G. A. Graf von Gôtzen. — Durch Afrika von Ost nach West. Résultat©
und BegebenJieiten einer Reise von der Deutsch-Ostafrikanischen Kiiste
. bis zur Kongomûndung, in den lahren 1893-1894. Berlin, 1895, 1 vol.
in-8. D. Reimer, éditeur.
Le voyage du comte de Gôtzen représente la quatorzième traversée de l'Afrique
accomplie par des Européens. A ce titre, son livre attirerait déjà l'attention, les
explorations consciencieuses faites à l'intérieur du continent noir étant toujours
suivies avec un vif intérêt par le monde savant.
L'ouvrage de M. de Gôtzen renferme des détails à la fois pittoresques et scien-
tifiques. On trouvera d'ailleurs, dans un appendice, la description des échan-
tillons d'histoire naturelle rapportés par le voyageur, des données météorolo-
giques et quinze latitudes observées durant l'expédition.
L'ouvrage, édité avec beaucoup de soin, est accompagné d'une carte en deux
feuilles au 1/1,300,000« et de nombreuses photogravures.
Opérations de la colonne Joffre avant et après l'occupation de Tombouc-
, iou. Rapport de M. J« Joffre, avec trois planches hors texte. Paris, Ber-
ger-Levrault, 1895, broch. in-8. Auteur.
J, Forest. — Commerce et industrie. Production des plumes d'au-
truche de Barbarie. Le sel gemme saharien. Paris, J. André, 1895,
in-8. Auteur.
AMÉRIQUE. — Newfoundland illustrated. i The Sportsman's Para-
dise )). A Collection of viev^s, v\rith short descriptions of the beautiful
scenery, prolific sporting grounds, old historié spots. Introduction by
Rev. M. Harvey. Concord, N.-H., 1894, in-8. Anonyme.
Paul Combes. — Exploration de l'île d'Anticosti. Rapport avec une carte
. de l'île. Paris, J. André, in-8. Auteur.
Benj. s. Lyman. — The Yardley Fault ; and the Chalfont Fault Rock,
so called. {Proc. Amer. Philosophical Soc, vol. XXXIV), broch. in-8.
Auteur.
Louis Yassion. — Exposition de Chicago. L'inauguration. Souvenirs per-
sonnels. Paris, Dentu, broch. in-8 Auteur.
Coleccion delos tratados internacionales celebradospor larepublicadeCosta
Rica. Tomo primero. 1892, 1 vol. in-8. Gouvernement de Costa Rica.
SÉANCE DU 10 JANVIER 1896. 23
Anuario de la Inspeccién gênerai de Ensenanza. Tomo 1, 1892-1893. San
José de Gofta Rica, A. G., 1893, 1 vol. in-8.
GOUVERMSMENT DE COSTA RiCA.
Directorio de la ciudad de San Joté, Costa Rica. Ano 1, 1895, 1 vol. in-8.
Otoniel Pachego, propriéuire-éditeur.
Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama (en liquida-
tion). Quatrième rapport présenté au tribunal civil de la Seine, par
M. P. Gautron, liquidateur. Paris, P. Mouillot, 1895, 1 vol. in-8.
Liquidateur.
Guerra do Paraguay. Monographiai historicas por J. Silvano de Godoi.
Gom um appendice contendo o capitulo YIII do^ livre Benjamin
Mossé sobre a campanha do Paraguay e o depoimento do gênerai D.
Fr. Isidore Resquin. Yers&o e notas de J. Arthur Monténégro. Rio
Grande, 1895, 1 vol. in-8.
J. Arthur Monténégro. — Notas para acarta geographica do Rio Grande
do Sul. Rio Grande, 1895, broch. in-8.
Alfredo Gumma t Marti. — Inmigraciùn y colonizaciun europea en la
republica oriental del Uruguay. Trabajo presentado al congreso geogrà-
fico hispano-portuges-americano. fiarcelona, 1894, broch. in-8.
Auteur.
£. W. Middendorf. — *Peru. Beobachtungen und Studien Qber das Land
und seine Bewohner... III. Bd. Das Hochland von Peru. Mit 79 Textab-
bildungen und 93 Tafeln... Berlin, 1895, 1 vol. in-8.
R. Ofpenheim, éditeur.
Les deux premières parties de cette intéressaute publieatioo ont déjà élé si-
gnalées à la Société (Voir C. A., 1894, p. 423). Le trolsièmu et dernier volume
de l'ouvrage de M. Middendorf traite, comme l'indique son titre, du haut plateau
péruvien. Outre le récit des voyages accomplis par l'auteur dans cette contrée,
on y trouvera une dcscriptioa détaillée de l'état actuel du pays, l'historique des
explorations antérieures, etc. De nombreuses photogravures intercalées dans le
texte augmentent la valeur de cette importante monographie.
JoHN-R. Spears. — The Gold Diggins of Cape Horn. A study of life in
Tierra del Fuego and Pantagonia. Illustrated. New-York et London, Put-
nam, 1895, 1 vol. in-8. Auteur.
L'auteur ne se borne pas, comme le titre pourrait le laisser supposer, à étudier
les placers de l'Amérique du Sud. Son livre renferme une foule de documents sur
la géographie physique et l'histoire naturelle de toute la région méridionale
de la République Argentine, de la Patagonie et de la Terre de Feu. On sait que
la disparition des Fuégiens s'opère lentement et sera bientôt un fait accom-
pli. Aussi, l'ouvrage de M. Spears restcra-t-il, après la belle publication de la
Mission française au cap Horn, comme une œuvre importante à consulter sur
les derniers aborigènes des terres magellaniques.
CARTES.
Kon. nederl. meteorolog. Instituut. Les courants de Guinée et équato-
riaux. Utrecht (Amsterdam, van Druten), 1895, 1 vol. in-f .
Échange.
24 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Atlas topographique de la Suisse, livraison 45 (12 AT.)
Bureau TOPOGRAPHIQUE FÉDÉRAL.
J. DU Fief. — Carte de TEtat indépendant du Congo, dressée d'après les
itinéraires originaux des agents de l'État et d'autres voyageurs
(1/2,000,000). Bruxelles, 4 ff . Échange .
PHOTOGRAPHIES.
La Société fait appel ft tous ses membres, aux explorateurs, aux
missionnaires et aux amateurs, en vue d'augmenter ses collections
photographiques déjà importantes. Elle accueillera avec recon-
naissance les photographies présentant un caractère géogra-
phique ou ethnographique (vues de paysages, de lieux habités, de
monuments, de types humains) et plus particulièrement celles qui
proviendront des régions peu connues ou incomplètement explorées.
En adressant les documents à la Société, les donateurs sont
priés de déclarer s'ils désirent ou non se 'réserver le droit de
reproduction.
F.-H. Schneider. — Ferme des Pins (sur la ligne du chemin de fer de
Phulong-thuong à Langson, Tonkin), 9 pi.
Mehier de Malthuisieulx.
W. Libbey. — Hawaii (84 pi.). — Groenland (110 pi.). Auteur.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1896.
Séance du 24 janvier 1896.
PRÉSIDENCE DU D' HAMYj DE L'INSTITUT
Dans sa dernière séance de quinzaine, la Commission centrale
a procédé à Télection de son bureau pour Tannée 1896. Ont été
élus :
Président MM. le Docteur Hamy, de l'Institut.
Vice-présidents le prince Roland Bonaparte et
Henri Cordier.
Secrétaire général... Ch. Maunoir.
Secrétaires-adjoints . J. Girard et le Baron Hulot.
En prenant place au fauteuil, le nouveau président prononce
Tallocution suivante :
c Depuis notre dernière réunion, le bureau de la Gommissian
centrale a été renouvelé. Le premier vice-président a été élevé à
la présidence ; le second vice-président, M. le prince Roland Bona-
parte, a pris la place du premier, et un de nos collègues, M. le
professeur Gordier, qui a donné de nombreuses preuves de son
dévouement à notre chère Société, a été élu second vice-président.
Notre excellent secrétaire général a consenti à se charger de nou-
veau du lourd fardeau qu*il porte depuis bientôt trente ans ; sa
santé,, ébranlée quelque peu dans ces derniers temps, se remet à
vue d'œil, et nous pourrons, je Tespère, dès la prochaine séance,
lui exprimer ici les sentiments d'affectueuse reconnaissance de ses
collègues pour les soins incessants qu'il veut bien prendre des inté-
rêts moraux et matériels de notre association. M. Gh. Maunoir sera
encore cette fois assisté par M. J. Girard, qui remplit si conscien-
cieusement les fonctions modestes, mais laborieuses, de secrétaire-
adjoint. Revenant à un ancien usage, dont les correspondances de
plus en plus nombreuses du secrétariat justifient bien le rétablis-
sèment, nous avons nommé un second secrétaire-adjoint : M. le
baron Hulot, dont vous connaissez le zèle.
«Placé au centre d'un bureau aussi soigneusement composé, votre
Président va trouver fort allégée une tâche que rendaient particuliô-
26 PROGES-YERBAL.
rement difficile les souvenirs laissés par son éminent prédécesseur.
Je ne crois rien exagérer en assurant que, depuis tant d'années
d'assiduité à nos séances de quinzaine, je n*ai jamais yu à cette
place un collègue qui sût, avec plus d'aisance et plus de tact que
M. de Lapparent, conduire une discussion et résumer un débat,
résoudre une difficulté administrative, remercier un donateur»
complimenter un voyageur rentré de quelque mission difficile, louer
le conférencier de quinzaine, etc., etc. Toutes ces fonctions de
détail, qui forment essentiellement la tâche du président d'une
Société comme la nôtre; toutes ces fonctions, dis-je, M. de Lappa-
rent les a remplies avec une délicatesse et une distinction bien
périlleuses pour celui qui a l'honneur de le remplacer au fauteuil.
Ce dernier sent fort bien son infériorité, et, en présentant à son
prédécesseur vos remerciements et vos félicitations, il réclame de
vous une indulgence dont il a déjà bénéficié naguère en semblable
circonstance.
c Ce devoir rempli, j'ai à vous annoncer deux excellentes nouvelles.
La première concerne le don généreuxiait à la Société par M. Jans-
sen, son président. M. Janssen nous offre la médaille d'or, grand
module, du prix Rumford, qui lui a été donnée par la Société
Royale de Londres pour récompenser ses beaux travaux d'astrono-
mie physique. La valeur de cette médaille sera réalisée, suivant le
vœu du donateur, et l'intérêt de la somme ainsi capitalisée sera
afi'ecté à un prix fondé en faveur du voyageur ayant recueilli des
observations suivies, portant de préférence sur la physique du
globe. La Commission centrale a décidé que le prix ainsi fondé
porterait le nom de prix Janssen^ et de chaleureux remerciements
ont été adressés à notre cher président, qui fait ainsi servir au
progrès de la science ce prix que cette même science lui avait
valu.
€ Je dois vous signaler, en second lieu, l'installation dans notre
salle des séances, à droite du bureau, du buste de M. Herbet,
ancien directeur des consulats au Ministère des Affaires Étran-
gères, qui fut vice-président de la Société en 1866-67. Vous savez
que la veuve dé ce regretté collègue, s'inspirant des sentiments de
son mari envers notre Société, a fondé, en 1892, un prix de
6,000 francs qui, depuis lors, est décerné tous les deux ans et dont
M. Savorgnan de Brazza a été le premier titulaire. La généreuse
donatrice, informée de notre désir d'avoir le portrait de son mari
dans notre salle principale, a mis le plus gracieux empressement
à nous offrir l'œuvre artistique que vous avez sous les yeux et
SÉANCE DU U JANVIER 1896. 27
qu'elle a pris la peine de faire installer aujourd'hui même. En
votre nom, j'adresse tous nos remerciements à Mme Herbet-Four-
net pour cette nouvelle libéralité envers la Société de Géographie.
€ J'informe, en terminant, nos collègues que la médaille de
bronze, fondée par la Commission centrale pour encourager les
actes de propagande en faveur de la Société, a été attribuée à
M. le baron Herre Wyn et à M. J. Debrun, qui, l'un et l'autre, nous
ont amené cinq nouveaux adhérents. Puisse l'exemple de ces col-
lègues trouver beaucoup d'imitateurs. >
l4eelare de 1» eorrespondanee.
Notifications, renseignements et avis divers. — La Société
a reçu avis du décès de M. Léon Fabert, mort à Marseille, le 10 jan-
vier, à son retour de Madagascar où il avait fait la campagne en
qualité de correspondant de l'Agence Havas. Il appartenait à la
Société depuis 1893.
On trouvera plus loin (page 31) les paroles prononcées par
M. Ed. Blanc à l'occasion de la perte faite en cette circonstance
par la Société.
— La Société impériale russe de Géographie fait savoir qu'elle
fêtera, le 2 février, le jubilé cinquantenaire de sa fondation. En
lui adressant ses félicitations, notre Société s'est empressée d'écrire
à l'un de ses membres, M. de Vauvineux, conseiller à l'ambassade
de France à Saint-Pétersbourg, pour le prier de la représenter à
cette cérémonie.
— La Royal Society de Londres adresse deux documents. Elle
y donne connaissance des démarches faites par elle auprès du gou^
yernement anglais, en vue d'organiser une conférence internatio-
nale où serait discutée la question de l'établissement d'un cata*
logue scientifique général, rédigé au moyen d'une coopération des
différents États. Ces démarches ont été suivies d'effet. La Société
Royale désirerait que les Sociétés scientifiques françaises, et par
conséquent aussi la Société de Géographie, obtinssent de leurs gou-
vernements respectifs la désignation de dèlé{^ués à ce congrès, qui
aurait vraisemblablement lieu en juillet prochain.
— De Montevideo, M. Eugène Robuchon annonce que, le 15jan-
vier de cette année, il est, en compagnie d'un ami, artiste comme
lui, le peintre José Pages Ortiz, parti pour un voyage d'excursion
28 PROCÈS-VERBAL.
et d'observations qui comprendra : la République Argentine, le
Chili, le Pérou, la Bolivie, l'Equateur, les*Républiques de TAmé-
rique centrale, le Mexique et les États-Unis.
Ce voyage, qui doit dorer un an, se fera tant à pied qu'à cheval.
Les deux artistes choisiront de préférence les points les plus pit-
toresques et qui ont été le moins visités. Sur leur route, ils
recueilleront des vues (peintures), croquis ou photographies in-
stantanées.
New- York sera leur point terminus. Après un séjour d*un mois
en cette ville, ils se rendront à Paris en février ou mars 1897 et
demanderont à la Société Tautorisation de communiquer les docu-
ments qu'ils auront rapportés.
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). — M. de
Kerallain fait hommage du mémoire qu'il a écrit pour réfuter les
assertions contenues dans le livre d'un historien canadien, M. Tabbé
Casgraiu, livre ofifert à la Société en juin 1894, et qui est, dit-il,
c plein d'insinuations malveillantes pour la mémoire et le carac-
tère de mon aïeul, Bougainville ». Il demande que la réfutation
flgure à côté de l'accusation.
— L*lnstitut international de bibliographie, récemment fondé
à Bruxelles, adresse le premier numéro de son BuUetin (Voir aux
Ouvrages offerts.)
— Le Service géographique de l'armée envoie six feuilles nou-
vellement publiées des cartes d'Afrique au 4/2,000,0(X)% d'Algérie
et de Tunisie au 1/50,000% en couleurs.
— Le générai de division Alex, de Tillo, Mb. correspondant de
la Société, envoie, sur la demande qui lui en avait été faite pendant
son dernier séjour à Paris, la photographie du chef du service
hydrographique de la marine russe, M. le vice-amiral Nasimow,
grand officier de la Légion d'honneur, pour la collection de por-
traits des voyageurs et géographes que possède la Société. C'est un
premier envoi qui sera sans doute suivi d'autres, M. le général
de Tillo ayant transmis la même demande à plusieurs de ses
collègues.
Partie plus spâgiacement géographique de la correspondance.
— [a«io]. -— Voyage de M, Chaffanjon. — D'Irkoutsk (Sibérie),
12 décembre 18%, M. Chaffanjon adresse la lettre suivante :
€ La première partie de mon voyage est terminée : je suis
arrivé à Irkoutsk depuis quelques jours, pour m'y reposer d'abord
SÉANCE DU 24 JANVIER 1896. 29
et ensuite pour préparer l'expédition de Tannée prochaine. Je me
propose de traverser la Mandjourie, de Urga à Vladivostok, par les
lacs Dalaï-nor et Keuka. Je partirai en avril, gagnerai la rivière
Keroulei-Kiouriouloun, la descendrai jusqu'au Dalaï-nor que
j'explorerai, puis gagnerai la petite ville mandjoue de Xaïlar. Là,
je prendrai des guides pour traverser la chaîne des Kuinghan, qui
est complètement inconnue ; les cartes de Tétat-major russe ne
possèdent aucun détail sur l'intérieur de la Mandjourie et les
Kuinghan surtout, il se présente donc, pour l'expédition française,
un champ tout nouveau d'études géographiques. Je relèverai ma
route de la façon la plus minutieuse et la plus complète. L'oro-
graphe Schrader me rendra pour cela les plus grands services.
De Vladivostok je me rendrai à Kabarovska sur l'Amour, descen-
drai ce fleuve jusqu'à son embouchure, chassant, péchant,
recueillant des échantillons de la faune et de la flore de ce fleuve
sibérien. J'explorerai ensuite les côtes du Pacifique vers les îles
Sakàlines jusqu'au Japon, réunissant les éléments de la faune
marine de cette partie de l'Océan. Mon voyage sera alors terminé;
je rentrerai en France probablement vers la fin de 1896 (novembre
ou décembre).
c L'itinéraire que je m'étais tracé pour la traversée de la Mon-
golie s'est effectué de point en point, seulement avec un retard
d'une quarantaine de jours et cela dû aux difficultés que j'ai eu à
surmonter, dès le début, avec les autorités chinoises à la fron-
tière et la traversée de la chaîne de l'Altaï.
c La chaîne de l'Altaï est d'un accès très difficile : pas de routes ;
de simples sentiers où passent les chevaux et les moutons. Peu de
caravanes de chameaux traversent l'Altaï; celles qui s'engagent
dans ces montagnes vont à petites journées et font d'immenses
détours pour éviter d'escalader les sommets, des chaînes; les
autres les tournent par l'est et le sud.
€ Dans mon dernier rapport adressé de Kobdo au Ministère de
rinstruction publique (septembre 1895), j'ai fait connaître les
travaux de la mission depuis Tchougoutchak. Dans mon rapport
de ce jour j'indique les travaux de la mission depuis Kobdo jus-
qu'à Urga et annonce Tenvoi des collections recueillies en route.
Ces collections sont expédiées à Pékin par les soins de M. le
consul de Russie ; d'Urga, elles seront remises à M. Gérard, notre
ministre, qui les adressera au Ministère de l'Instruction publique.
c Permettez-moi de rappeler le concours bienveillant qui m'a
été prodigué par les autorités russes depuis le jour où j'ai mis le
30 PROCÉS-VBRBia.
pied sur le territoire russe. Partout, à Azkabady Samarkande,
Tachkenty Prjévalskiy Viemoié et même en Mongolie» dans le
consulat de Kuldja, Tcbougoutcbak, Urga et même chez les sim-
ples commerçants de Kobdo et Ulountaï, nous avons été reçus
comme des amis : nous avons été fêtés ; partout on était heureux
de voir les Français, les vrais et sincères amis du peuple russe.
€ Je vous serai reconnaissant d'adresser publiquement en séance
et dans nos Comptes rendus, mes bien sincères remerciements
au gouvernement russe qui a donné des ordres pour faciliter notre
voyage ainsi qu*aux autorités des villes et régions que nous
avons traversées» et les assurer de notre bien sincère reconnais-
sance.
c Notre santé à tous n'a pas eu trop à souffrir en Mongolie^ et
nous nous portons tous bien. Nous avons bien besoin de nous re-
poser et de nous refaire, mais, à Irkoutsk, nous sommes en ville
fournie et avons tout le temps de réparer nos forces par un repos
de quelques mois. >
[Atr^^ue]. — Le chemin de fer de Delagoa-Bay. — M. Daniel
Bellet communique quelques chiffres relatifs au chemin de fer de
Delagoa-Bay, la question des chemins de fer de pénétration en
Afrique étant de plus en plus à Tordre du jour :
cLa voie dont il s'agit a coûté à établir 4,252,477 livres
(107 millions 1/2 de francs), mais, dans ce chiffre, le matériel rou-
lant entre pour une valeur de 8 millions de 'francs à peu près.
€ La ligne a en tout un développement de 644 kilomètres 4/2,
ce qui, par conséquent, fait ressortir le coût kilométrique, y com-
pris le matériel d'exploitation, à 474,000 francs. >
Dans une seconde note intitulée : Le chemin de fer de pénétra-
tion du LagoSj M. Daniel Bellet annonce que, sur Ips renseigne-
ments fournis par le Colonial Office, la section africaine des
chambres de commerce de Manchester et de Liverpool a ouvert
une conférence pour délibérer sur cette question : quelle serait
la route la plus avantageuse à choisir pour le chemin de fer dont
il s'agit.
Les deux régions représentées par ces chambres sont particu-
lièrement intéressées au commerce de l'Afrique occidentale. L'in-
tention du Colonial office serait, paraît-il, d'établir le terminus
de cette voie feiTée sur l'île d'Iddo, qui se trouve dans la lagune
à mi-chemin entre la grande terre et l'île de Lagos : les commu-
nications avec Lagos seraient assurées au moyen d'un pont mobile.
SÉANCE DU 2^ JANVIER 1896. 31
CommniileAiloiis orales
NÉCROLOGIE. — M. Edouard Blanc dit que la Société vient de
perdre Tun de ses membres les. plus laborieux et les plus méri-
tantSy M. Léon Fabert, dont la mort a été annoncée plus haut
(page 27).
' 11 rappelle la façon dont le défunt se présenta pour la première
fois devant la Société en 1889. 11 arrivait seul, inconnu, sans
aucune autre recommandation que son mérite, et en outre, souf-
frant des suites de son voyage au pays des Maures Trarzas.
c Et pourtant, malgré ces circonstances absolument défavorables,
la netteté de sa parole, la précision de sa pensée, l'impartialité de
son jugement, la justesse de ses aperçus, la simplicité avec laquelle
il exposait le résultat remarquable d^efforts de premier ordre,
faits par lui et par lui seul, tout cet ensemble força bien vite
l'attention de ses auditeurs et lui conquit leur estime.
cGes mêmes sentiments de sympathie et d'estime obtenus de la
même manière et par les mêmes moyens, honorables entre tous,
lui furent acquis dès la première fois où il parut dans les autres
réunions de voyageurs et de géographes. >
On sait quelle fut l'occasion des premiers voyages de M. Fabert.
M. de Lamothe, gouverneur du Sénégal» avait pris l'initiative
d'étendre l'action de la France sur le pays des Maures Trarzas, au
nord des bassins du Sénégal et du Niger, dans la contrée la plus
ingrate et la plus stérile de toutes celles qui entouraient la vieille
colonie française si longtemps stationnaire dans son expansion,
< Déjà, les efforts des précédents gouverneurs, suivant le plan
et l'exemple donnés par le général Faidherbe, avaient reculé vers
l'est, dans la direction du Niger, les frontières de la colonie. Au
sud, les possessions françaises étaient limitées forcément par les
territoires anglais de la Gambie et par ceux de la Guinée portu-
gaise. Des négociations diplomatiques habiles, jointes à des actions
militaires énergiques, avaient pourtant donné de ce côté à la do-
mination française toute Texlension dont elle était susceptible.
Mais, du côté du nord, où s'étendait le désert saharien, aucun
progrès n'avait été accompli.
€ Gepejidant, il était urgent d'y agir également, ne fût-ce que pour
empêcher d'autres puissances rivales de prendre pied dans cette
32 PROGÈS-VERBÂL.
contrée que les explorations géographiques ont démontré être,
sinon colonisable» du moins exploitable. Mais les données pré-
cises manquaient, même sur la topographie sommaire de la vaste
contrée, semi-déserte, parcourue par les Maures Trarzas. \
c 11 fallait un pionnier énergique, résolu, doué de coup d'œil et
de sang-froid, pour étudier paciGquement cette région et en
donner une connaissance sûre. M. de Lamothe fît choix de M. Fa-
bert, qui sut réaliser admirablement le programme tracé et dé-
passa même les résultats attendus. Après ce voyage, M. Fabert en
fit un second, puis un troisième et un quatrième.
€ A la suite de sa cinquième campagne dans ces pays malsains,
M. Fabert, épuisé par la fièvre, dut rentrer en France, où les palmes
d'officier de l'instruction publique furent le seul secours qu'il
obtint. C'est alors que, pressé par le besoin, ayant la charge d'une
femme et de cinq enfants, il dut, malgré tout son désir de rester
en France afin de mettre en œuvre les documents si précieux
qu'il avait recueillis^ accepter les propositions de l'Agence Ha vas.
c 11 partit donc, à peine convalescent, pour Madagascar, où son
âge et ses fatigues antérieures né lui laissaient que peu de chance
, d'échapper au climat. Là, comme ailleurs, il ne ménagea ni ses
fatigues ni son travail; il s'acquitta de la façon la plus remarqua-
ble de la tâche qui lui était confiée et certainement, si la mort ne
fût pas venue le frapper, les connaissances qu'il rapportait et dont
il nous eût fait profiter, auraient été au premier rang parmi les
documents que nous possédons ou que nous posséderons sur la
grande lie africaine. >
En terminant, M. Edouard Blanc exprime ses regrets delà mort
de ce vaillant voyageur, qui emporte avec lui un ensemble consi-
dérable de notions c qu'il possédait sur l'Afrique occidentale,
lesquelles, à un moment prochain, auraient été de premier ordre
et de première utilité pour la France >.
A la suite de cette communication, M. Edouard Blanc annonce
à la Société une autre perte qui sera vivement ressentie par tous
ceux de ses membres ayant Toyagé en Asie Centrale, celle du géné-
ral Poukolo£r, vice-gouverneur de la proTÎnce de Samarkande,
qu'il a, pendant de longues périodes, admininistrée par intérim.
c Les Toyageurs français, de plus en plus nombreux, qui ont
visité Samarkande depuis dix ans, savent, dit-il, avec quel
zèle, quelle bonne grâce et quelle complaisance inépuisable, cet
homme excellent a facilité leurs voyages et leurs études. Assuré-
ment, c'est à lui et à son appui qu'est dû le succès de bien des
SÉANCE DU 24 JANVIER 1896. 33
missions. Le général est mort subitement, frappé d'une attaque
d'apoplexie, dans Tune des rues de cette cité de Samarkande, que,
pendant plus de vingt-cinq ans, il avait contribué à transformer
en une ville ouverte à la civilisation occidentale, en même temps
qu'il la conservait, autant que le permettent les circonstances phy-
siques, dans l'intégrité de ses souvenirs historiques.
€ Tous les membres de la Société de Géographie qui ont profité
de sa bienveillance et de son dévouement à la cause géographique
s^associeront certainement pour envoyer un tribut de reconnais-
sance et de regret à la mémoire de cet homme de bien, qui, quoi-
que n'étant pas membre de notre Société, a été, pendant de
longues années, Tun de ses auxiliaires les plus utiles et les plus
constants. »
Présentation de livres, brochures, cartes, etc. — M. Henri Mo-
ser présente, de la part d'un savant russe, M. D.-N. Anoutchine,
dont le nom est bien connu, une série d'ouvrages et de publica-
tions d'ordre géographique parus à Moscou depuis Tannée 1894,
et dont voici l'origine. A Moscou il existe une Société scientifique
très active, la « Société Impériale des amis des sciences naturelles,
de Tanthropologie et de l'ethnographie » à laquelle on doit, entre
autres, la publication des résultats du voyage en Asie centrale de
Fedtchenko. Or, jusqu'en 1894, aucune des six sections de la So-
ciété ne s'occupait exclusivement de géographie ; c'est sur l'initia-
tive et grâce au dévouement de M. Anoutchine qu'une septième
section, la section géographique, vint s'ajouter à ses devancières.
£n 1892, après l'exposition géographique de Moscou, M. Anout-
chine réussit à rassembler une assez belle collection de cartes,
d'ouvrages, de reliefs, etc., qui lui a permis de créer le noyau
d'un musée géographique universitaire. Ce musée, jeune encore,
mais qui se développe peu à peu, grâce à quelques subsides uni-
versitaires, occupe actuellement trois salles dans le grand bâti-
ment, inachevé encore, du Musée historique de Moscou ; ces salles
sont remplies de cartes, de plans, de diagrammes, de globes, de
reliefs, d'aquarelles, de photographies, etc., avec la bibliothèque
qui se complète surtout par voie d'échanges avec des Sociétés si-
milaires.
La section géographique elle-même a pu se constituer au moyen
des souscriptions bénévoles d'un certain nombre de membres dé-
voués; la somme ainsi recueillie a pu atteindre le chififre de
3,000 roubles. C'est avec ces faibles moyens que^ la section a en-
soc. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. — V"* 1 et 2. 3
3i PROCÊS-VBRBàL.
trepris la publication de son organe périodique le c ZemliéTÎé-
diénié > et dont M. Edouard Blanc a déjà offert les premiers fasci-
cnies (C. R., i89i, p. 99). c On y trouTO des traranx originaux
déjà nombreux et qui se rapportent à toutes les branches de la
géographie depuis la géographie historique jusqu'à l'exploration
proprement dite; de plus, ces travaux ne sont pas confinés au seul
territoire russe, si vaste qu'il soit, mais il y a là, par exemple, des
études sur la République Argentine, sur Java, Ceylan, etc. Le texte
est à Toccasion illustré de phototypies, ainsi que de dessins et
accompagné de cartes, de diagrammes, etc., selon les exigences
da sujet. Les fascicules contiennent les procès-verbaux des séances
de la section ainsi qu'un bulletin bibliographique avec analyses
succinctes. >
En dépit de ses faibles ressources, la section a déjà pu subven-
tionner dans une certaine mesure quelques jeunes voyageurs et
elle publie des tirages à part des travaux de ses membres. On peut
voir, parmi ces travaux, une étude de M. Anoutchine sur quelques
points controversés de la vie de Christophe Colomb, un mémoire de
M. KouUkovski sur le régime des lacs du district d'Obonécha, un
rapport de Mme la comtesse Ouvarof sur le congrès du centenaire
de Colomb en Italie et en Espagne, etc.
Enfin, la section dont la présidence est dévolue à M. Anout-
chine et à M. Bogdanof, le professeur d'anthropologie bien connu,
publie également des ouvrages d'ensemble sur tel ou tel sujet de
la science géographique ou de Texploration.
Parmi les volumes présentés se trouve, une étude complète de
M. le professeur A.-N. Rrasnof sur les steppes herbeuses et les
prairies de l'hémisphère septentrional avec tous les éléments qui
caractérisent ces régions naturelles dans l'ancien et dans le nou-
veau monde.
II s'y trouve également un volume illustré, relation pos-
thume du voyage à travers la Sibérie orientale, la Mongolie, le
Tibet et la Chine, que Mme A.-V. Potanine a fait avec son mari, le
célèbre voyageur en Asie centrale. Mme Potanine a succombé au
cours de ce voyage ; mais ses notes fort intéressantes et curieuses,
ont pu être recueillies pour former le volume substantiel dont il
s'agit.
€ On ne saurait, ajoute M. Moser, trop féliciter M. Anoutchine
de la création de ce nouveau centre d'études géographiques à Mos-
cou et je suis, pour ma part, très heureux de pouvoir en soumettre
ici les premiers travaux. >
SÉANCE DU 24 JANVIER 1896. 35
Appel en faveur des colons de Madagascar, — M. AUuaud [Mb.]
fait un appel chaleureux en faveur des colons de Madagascar. Il
rappelle que, l'année précédente, il avait, ici-même, raconté son
voyage au nord de l'île, et montré des photographies repré-
sentant les installations et les cultures des colons français installés
sur la montagne d'Ambre. Au début des hostilités, les colons ont
été obligés d'abandonner leurs exploitations, leurs troupeaux pour
venir se réfugier à Antsirane, chef-lieu de notre colonie de Diégo-
Suarez.
c Après plus de six mois d'absence, ils ont été, dit M. AUuaud,
autorisés à remonter sur leurs concessions. Les Hovas et les bri-
gands avaient tout incendié, tout pillé, et les broussailles avaient
déjà recouvert toutes ces ruines. Des cases et des cultures il ne
reste absolument rien ; or, vous savez au prix de quels efforts nos
braves colons arrivent, dans ces régions, à gagner leur existence.
Les plantes usuelles de France y poussent bien, mais ne donnent
pas de graines fécondes; les cultures tropicales telles que le café,
le cacao, la vanille, demandent des soins pendant cinq ou six ans
avant de fournir une première récolte. En résumé, après huit ans
d'efforts pour mettre en valeur notre jeune colonie, les colons du
territoire français de Diégo-Suarez sont absolument ruinés par la
guerre. Il faut remédier sans retard à cette situation par des in-
demnités en rapport avec les pertes subies; c'est une œuvre d'hu-
manité et de bon sens. Laisser périr là-bas de découragement et
de misère nos pionniers de la première heure, nos colons (hélas !
si rares) qui s'expatrient en famille, serait d'un exemple déplorable
et bien de nature à éloigner à tout jamais les colons de Madagascar.
c Les souscriptions ouvertes au profit de nos braves soldats ont
donné des résultats en rapport avec le patriotisme et les hauts
sentiments des Français. Il faut songer maintenant aux colons. On
a déjà trop tardé. La saison des semailles est passée, l'année est
déjà perdue; formons tous le vœu qu'un prompt remède soit ap-
porté à cette grave situation, i
M. AUuaud ajoute qu'il est resté en relations constantes avec ces
dignes colons français: c Leurs lettres sontde plus en plus navrantes,
et je remercie M. le président d*avoir bien voulu me permettre de
soumettre au public éclairé de la Société cette question toute d'hu-
manité et de patriotisme, i
A travers les steppes kirghiz {Sibérie). — Le vicomte Jules de
Cuverville, délégué en Russie et en Sibérie par le Ministère de
36 PROCES-VERBAL.
rinstruction publique, rend compte de son voyage. Laissant de côté
les nombreuses études toutes modernes, faites par lui en Russie,
le chemin de fer transsibérien et aussi la colonisation russe en
Sibérie, études qu'il développera plus tard, M. de Cuverville fait
connaître les immenses steppes kirghiz qui s'étendent au nord de
la mer d'Aral. Il étudie les montagnes de cette région telles que
les monts Kokchetof, au sud les groupes des monts Arganstiskaïa-
Ouloutow, qui renferment de l'argent, du plomb, du cuivre, du
cristal de roche et même du charbon, et suit les bords de Tlchim,
un des centres dé la colonisation russe dont il décrit les phases
principales. Le plus grand obstacle à celte colonisation est le
manque d'eau qui rend le séjour très pénible dans ces parages.
Le voyageur descend alors le lit de Hchim qui, au printemps, at-
teint 5 à 6 kilomètres ; à mesure que Ton quitte les bords de la
rivière, on rencontre la steppe où les Kirghiz plantent leurs tentes
et forment des aouls ou villages. Ici M. de Cuverville décrit les
rapports du gouvernement russe avec ces peuplades, la divi-
sion du territoire en districts, les élections, le payement des
impôts.
Se rapprochant des monts Kokchetof, et traversant les affluents de
richim, il pénètre plus avant dans le pays Kirghiz, oi!i il signale des
paysages pittoresques, des monts de forme trapézoïdale, quelques-
uns situés près de lacs de 7 kilomètres de tour, comme le Jakchi
ayant 1 ,000 mètres de hauteur et contenant du cuivre, des sdurces
ferrugineuses, etc. Quand on quitte ces parages, on ne trouve plus
de montagnes, plus d'arbres, rien que des rivières desséchées, des
plaines nues, au milieu desquelles s'élève le village d'Atbasarqui
est, avec celui d'Akmolinsk, un des centres principaux des marchés
des steppes, lieux de foires importantes au printemps. A partir
d'Atbasar, toute trace européenne disparaît, c'est le désert jus-
qu'au Turkestan; aussi pendant de longues semaines, le voyageur
sera-t-il exposé à une température torride le jour, froide la nuit;
privé de pain ainsi que d'eau potable, il devra se contenter de
mouton bouilli et de koumis (lait de jument), seule nourriture des
indigènes; il traversera des rivières desséchées, d'autres conte-
nant de l'eau douce ou salée, leurs bords riches en carbonate,
chlorate, gypse, etc., et d'immenses plaines couvertes d'un herbage
appelé kovil.
M. de Cuverville fait une étude de ces lacs salés ainsi que de
la géologie des terrains traversés, et de la faune de la steppe ; il
nous fait pénétrer et vivre avec lui dans ces aouls ou villages kir-
SÉANCE DU 24 JANVIER 1896. 37
ghizy où rhospitalité est une religion; il nous initie au mode
d'existence des indigènes, à leurs mœurs, à leur religion, les pre-
nant de la naissance à la mort, leurs coutumes, leur industrie, etc.;
il parle de l'élevage des chevaux et de celui des moutons, et
grâce à des photographies prises par lui, Ton voit passer les scènes
les plus typiques. Le voyageur a rapporté des costumes kirghiz, et
entre autres articles curieux, le saoukelé ou coiffure conique d'un
mètre de haut, avec ornements de corail, d'or et d'argent; c'est
un objet très rare et d'une grande valeur.
M. de Cuverville termine par une description du désert de la
Famine que les nomades ne traversent que l'hiver quand les cha-
meaux peuvent se désaltérer; il donne un aperçu de l'avenir de ces
steppes au point de vue commercial, car elles seront traversées un
jour ou l'autre par un chemin de fer reliant le Transsibérien à la
ligne de Tachkent.
Le Président remercie M. de Cuverville de sa communication; il
se loue avec lui de l'accueil que le voyageur a trouvé en Russie où
M. Chaffanjon a été aussi reçu, comme le constatait tout à l'heure
une de ses lettres, avec tant de bienveillance en sa qualité de
Français. M. Hamy ajoute qu'il est heureux d'exprimer les sen-
timents de reconnaissance de la Société devant M. le général
Freedericksz, attaché militaire de l'ambassade russe à Paris, qui a
bien voulu assister à la séance.
— La séance est levée à 10 heures un quart.
MEMBRES ADMIS
Mme la comtesse Pillet-Will; MM. Gaston Letellier; Otto
Streubel.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Dussacq (Maurice), ancien président de la chambre de com-
merce française de la Havane (comte de Marsy ei Emile Travers);
— Si-Mohammed-ben-BeIkassem, lieutenant an 1*' régiment de
spahis (capitaine Crochard et Ch. Maunoir); — A. Pagnon (i^far-
cel Dubois et Henri Froidevaux); — Le Fèvre (Paul), docteur en
médecine (De Jermon et le comte de Bizemont) ; — le prince Viat-
cbeslav Tenichev (D' Hamy et de Lapparent).
38 OUVRAGES» OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
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brairie illustrée, 1 vol. in-8. Acteur.
A. Daubrée. ~ Copernic et les découvertes géographiques de son temps
(Journal des savants, déc. 1895), in-8. Auteur.
J. Forest. — Commerce et industrie. Production des plumes d'autruche
de Barbarie. Le sel gemme saharien. Paris, J.André, 1895, broch. in-^.
J. FoREST. — L'élevage de l'autruche {Bull. Soc. africaine de France,
n«* 10, 11, 12. 1895). Auteur.
U. S. Department of Agriculture. Weather Bureau. Report of the Chief
of the Weather Bureau. 1893. Washington, 1894, 1 vol. in-8. Échange.
L. Cruls. — Méthode graphique pour la détermination des heures ap-
prochées des éclipses du soleil et des occultations. Rio-de-Janeiro*
Observatoire de Rio-de-Janeiro, 1894, 1 vol. in-8. Auteur.
F. Romanet du Caillaud. — Essai sur l'église russe catholique et ses
saints (Extr. de la Terre Sainte, 1*' supplément trimestriel de 1896).
Paris, Téqui, 1 vol. in-8. Auteur.
D. N. Anoutchine. — Les destinées de Colomb comme personnage histo-
rique et les points discutés et obscurs de sa biographie. — Les por-
traits de Colomb. Moscou, 1894, broch. in-8 (en russe).
D. N. Anoutchine. — Quelques mots sur le développement des connais-
sances géographiques en Russie et sur le rôle du cercle géographique
à Moscou, broch. in-8 (en russe).
Comtesse P.S.Ouvaroff. —Congrès et expositions ayant eu lieu en Italie
et en Espagne, en automne 1892, à l'occasion du 4« centenaire de
la découverte de l'Amérique. Moscou, broch. in-8 (en russe).
D. N. Anoutchine.
EUROPE. — Comte de Saint-Saud. — Notes sur l'Espagne. II. No-
tices bibliographiques {Revue des Pyrénées, t. VIII, 1895). Toulouse,
1895, broch. in-8. — III. Excursions dans les sierras d'Espagne.
D'Oviédo à Santander {Ann. C A. fr., 1894). Paris, 1895. broch. in-8.
Paul Labrouche et comte de Saint-Saud. — Excursions dans les sierras
d'Espagne, aux pics d'Europe (Pyrénées ca|itabriques)( Tour du Monde,
Paris, 1894). — Pyrénées asturiennes et pics d'Europe {Revue des Py-
rénées, t. VI et Vil. Toulouse, 1895), broch. in-8. Auteurs.
G. B. Grundy. — The topography of the battle of Platœa : the city of
Platœa, the field of. Leuctra. With maps and plans. London (Royal
Geogr. Society), Murray, 1894, 1 vol. in-8.
Société royale de géographie, Londres.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1896. '39
Die Liparischen Insein. 5. Heft. Filicuri. Prag. Mercy, 1 vol. in-4.
S. A. I. et R. l'archiduc Locis Salvator d'Autriche.
G. I. KouLiKOYSKi. r- Les lacs qui se couvrent de végétation ou dis-
paraissent périodiquement dans la région de TOnéga. Moscou, 1894,
broch. in-8. D. N. Anoutchine.
ASIE. — J. MoURiER. — L'art au Caucase. Première partie. — Art reli-
gieux : l'architecture. Paris, Maisonneuve, fasc. 1*, 1896. in-8. Acteur.
Mme A. V. Potanine. — Souvenirs de voyages dans la Sibérie orien-
tale, dans la Mongolie, au Thibet et en Chine. Recueil de notes (avec
biographie et portrait de l'auteur, dessins et gravures). Publication
de la section de géographie de la Soc. imp. des sciences natu-
relles. Moscou, 1895, 1 vol. in-8. D. N. Anoutchine.
GochinchiDe française. Rapports au conseil colonial. Saigon, 1895, 1 vol.
in-8. Gouvernement de la Cochinchine.
Wasington Smyth. — Notes of a Journey on the Upper Mékong, Siam.
With maps and illustrations. London R. Geographical Society (J. Mur-
ray, édit.), 1895, 1 vol. in-8. Société royale de géogr. Londres.
AFRIQUE. — J- ToUTAiN. — Les cités romaines de la Tunisie. Etsai
sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord (Bi-
blioth. des Ecoles fr. d'Athènes et de Rome, fasc. 72). Paris, Thorin,
1895, 1 vol. in-8. Ministère de l'Instruction publique.
G. Marcel. — Au pays des Boë.rs (Revue Bleue, Paris, 18 janv. 1896).
Auteur.
AMÉRIQUE. — René de Kerallain. — Les Français au Canada. La
jeunesse de Bougainville et la guerre de Sept Ans. Paris, 1896, 1 vol.
in-8. Auteur.
L. Cruls. — Le climat de Rio de Janeiro, d'après les observations mé-
téorologiques faites pendant la période de 1851 à 1890. Rio de Ja-
neiro, 189!2, 1 vol. in-4 (textes français et portugais). — Determina-
çâo das posiçôes geographicas de Rodeiro, Ëntre-Rios, Juiz de Fora,
Joâo Gomes e Barbucena. Rio de Janeiro, 1894, 1 vol. in-4. Auteur.
Eslado de Minas Geraes. Commissâo constructora da nova capital. Expo-
siçâo apresentada ao Exm. Sr. Dr. chr. J. Bias Fortes, présidente do
Estado pelo ingenheiro civil Aarâo Reis. Rio de Janeiro, H. Lom-
baerts, 1895, iD-4. Échange.
OCÉAN lE- — Dr- J.-G.-F. Riedel. — Het Meervan Poso en de a Bin-
nenseen » van Noord-en Centraal-Selebcs (met 4 Kaarten), broch. (s.
a. a. /.), in-8. Auteur.
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9 janv. 1896). Paris. Auteur.
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114, rat it P&OTHOI, Farii, et ttatêi pkaraiMiês
A. MOLTENI
Constroetenr d'iDstrameats de pTédsion
44, RUE DU CHATEAU D'EAU. 44
PARIS
Longues-vues, Jumelles, Baromètrûs
Niveaux, Boussoles, Équerres
Cercles grapbomètres, Chevalets
Loupes et Microscopes.
Projections et Agrandissemenls
APPAREILS, T ABLEAUX, ACCESSOIRES
PHOTOGRAPHIE ^
Objectifs, appareils de Tojage et d'atelier
Foornitores photographiques.
tS9e \ W s et 4. . / Page H
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTE RENDU
DBS SÉANCES DE Lk COMMISSION CENTRALE
Paraissant dettx fois par mois.
Séance du 7 février 1896.
PRÉSIDENCE DU D' HAMY, DE L'INSTITUT
A l'ouverture de la séance, le Président communique à la Société
la lettre suivante du général Duchesne, commandant en chef le
corps expéditionnaire de Madagascar : c Tananarive, 7 décembre
1895. — Monsieur le Président, permettez-moi de vous deman-
der de vouloir bien vous faire mon interprète auprès des membres
de la Société de Géographie, et de leur dire combien j*ai été ho*
noré des félicitations que vous avez bien voulu me transmettre en
* leur nom. Le plus grand honneur en revient d'ailleurs à mes
vaillantes troupes, dont le moral ne s'est jamais laissé un instant
abattre, ni par les fatigues, ni par les ravages du climat, et qui,
fermement confiantes dans le succès final, ont ouvert à la France
la route de Tananarive. >
Leetare de la eorrespondanee.
Notifications, renseignements et avis divers. — Le baron
Hulot, l'un des deux secrétaires-adjoints, lit ou analyse la corres-
pondance.:
À l'occasion du Gengrès de Garthage que tiendra à Tunis, du
1" au i avril, l'Association française pour l'avancement des
soc. DE 6É00R. ^ C. R. DES SÉANCES. — N** 3 et 4. 4
42 PROCES-VERBAL.
sciences, le Président de la section géographique prie les membres
de la Société qui désirent présenter des mémoires ou des com-
munications de lui en faire parvenir les titres devant figurer au
programme.
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). — M. Za-
carias Sanchez envoie une carte en 16 feuilles de la province de
Corrientes (République Argentine), avec un volume de texte (Notes
explicatives).
Partie plus spécialement géographique de la correspondance* J
— [cartosrApbie]* — M. Gabrisy-Blanc, constructeur à Paris de
cartes, plans et modèles en relief, Mb., attire l'attention de ses
collègues et sollicite leur avis au sujet de la création d'un néolo-
gisme dont la nécessité se fait sentir pour qualifier ceux qui s'oc-
cupent de la construction des cartes en relief. Cette branche de
la cartographie prend une importance de plus en plus grande
chaque jour et les nécessités du commerce tendent à la transfor-
mer eu industrie proprement dite, laquelle occupe dès à présent
des ingénieurs, des cartographes, des artistes et des ouvriers. *
Or, actuellement on est obligé de dire : c cartographe construc-
teur de cartes, plans et modèles en relief », ce qui est long, peu
gracieux et manque de précision. Etant donné que la carte en
relief est la carte hypsométrique par excellence, ne pourrait-on
choisir, pour qualifier ceux qui s'emploient à sa construction, un vo-^
cable formé de la même racine ? Par exemple, un € cartographe
hypsomètre >; mais ce terme, employé adjectivement, créerait une
homonymie avec le substantif c hypsomètre » (instrument servant à'
la mesure des hauteurs) et pourrait faire naître une confusion re-
grettable. L'adjectif c hypsométrique i> devra également être
rejeté comme impropre, puisque celui-ci est défini dans les dic-
tionnaires c qui se rapporte, qui a trait à l'hypsométrie ».
En conséquence, M. Cabrisy-Blanc propose le vocable hypsomé^
tristCf avec la définition : c qui sait l'hypsométrie ; qui dresse,,
qui construit des cartes hypsométriques. »
[Asie]. — Du Yunnam à VAssam, par le prince Henrt
d'Orléans^. — Sur le Bramapoutre, 31 décembre 1895.
1. Voir la carte jointe à ce numéro du Compte rendu. Voir: Du Tonkin
au Yunnan, par le prince Henri d'Orléans, Bull: de la Société de Géo-
graphie^ 3« trimestre 1895, p. 389.
SÉANCB DU 7 FÉVRIER 1896. 43
C'est à DébroQghar qu'en môme temps que j'ai retrouvé
toute la civilisation avec ses avantages : bateaux à vapeur,
chemins de fer, j'ai reçu tontes les lettres qui m'avaient été
écrites depuis sept mois, dont la vôtre, longue et aimable.
Elle m'a fait grand plaisir. Vous ne pouvez vous figurer la
joie qu'après une si longue absence, on éprouve à retrou-
ver des témoignages d'amitié, à voir que, pendant qu'on
travaillait en pays sauvage, loin de tout, quelques amis
pensaient encore à vous.
Je vais tâcher de vous résumer notre voyage depuis ma
dernière lettre de Talifou, brièvement, ma lettre ne devant,
je pense, devancer mon retour que d'une vingtaine de jours.
Donc, ainsi que je vous l'ai écrit, vers le milieu de juin
nous quittions Talifou, notre objectif étant de continuer
l'exploration du Mékong.
Durant notre séjour à Tali nous avons pu transformer
notre caravane : nous avons un excellent chef muletier,
homme sérieux, de la bouche duquel nous ne devons
entendre, par la suite, aucun juron, aucune plainte (chose
rare en Chine). Notre interprète est un chrétien de
28 ans, un Chinois avec lequel nous nous entretenons en
latin. Dire qu'à noua entendre Cicéron n'eût pas eu les
oreilles écorchées, serait une prétention absurde. Mais,
latin de cuisine ou non, nous nous comprenons, c'est le
principal. Joseph, c'est le nom de l'interprète, est un
homme dévoué, des services duquel nous avons constam-
ment eu à nous louer. Quelques mafous complètent la
troupe. Nos 2 Annamites continuent à nous suivre. Nous
piquons dans l'ouest; deu^^ cols, dont l'un de plus de
3,000 mètres mais d'accès facile, ayant été franchis, nous
arrivons à Yunlong-cheou. De là nous atteignons Feilong-
kiao où le Mékong est traversé sur un beau pont, le dernier
dans le nord jusqu'à Tsiamdo.
A Feilong-kiao on nous dit qu'il n'y a de roule que sur
44 PROCÈS-VERBAL.
la rive gauche; que la rive droite est impossible à suivre
pour des mulets et qu'elle est d'ailleurs habitée par des
populations sauvages et indépendantes.
Voilà qui est tentant pour nous. On nous parle d'une
amorce de route conduisant à Lad, un village à trois jours
de Feilong-kiao sur la rive droite. Allons jusqu'à Lao; ce
sera autant de gagné et nous verrons bien si nous pouvons
continuer.
De nouveau en route, nous marchons d'approche en ap-
proche, nous avançant grâce à des renseignements plus ou
moins exacts jusqu'à la vallée de la Salouen. Avant d'at-
teindre cette vallée nous sommes déjà obligés de nous
livrer à ces travaux qui, jusqu'à Tsékou, vont rendre
notre marche très lente. Nos hommes doivent se transfor-
mer en cantonniers. Chaque jour il faut décharger les
bagages et travailler à la route. Nous nous estimons
heureux quand cette opération ne se renouvelle pas plus
de deux fois par jour. Le chef muletier en avant, le pic à
la main, dirige les travaux. La besogne est très pénible,
et, de notre ancienne troupe, nous n'eussions jamais été en
mesure d'attendre les efforts que celle-ci nous donne. La
route réparée ou faite, on amène les mulets. Pour comble
de malheur, nous avons une période de pluie, le terrain est
glissant, les animaux tiennent mal; ils tombent souvent.
Je me souviens, entre autres, d'une journée où, au même
endroit, nous avons vu successivement dégringoler d'une
trentaine de mètres 5 mulets avec leurs charges. Il a fallu
que tout le monde vînt travailler à relever les bâts, à les
raccommoder, à les remonter, puis à amener les animaux
qu'après ces chutes formidables, nous trouvons tranquille-
ment broutant au fond du ravin, comme s'ils étaient faits de
caoutchouc. Tout ce travail s'accomplissait par une pluie
battante. Encore quelques heures de marche pour gagner la
chaumière où nous devions passer la nuit^ chacun obligé
SÉANCE' DU 7 FÉVRIER 1896. 45
de relever sans cesse des charges qui tombaient, la caravane
séparée en plusieurs tronçons, une partie se trompant de
route. Je plaignais nos hommes. Franchement, c'était trop
de malechance. Il y avait de quoi (pardonnez-moi le mot vul-
gaire qui rend bien la chose) « enrager ». Au premier village,
après ces journées si dures, quelques hommes nous ont
quittés ; nous avons pu les remplacer par des gens du pays.
Le manque de renseignements précis nous fait mettre
une quinzaine de jours à gagner, sur la rive droite du
Mékong, un point qui n'est en réalité qu'à deux jours au
nord de Feilong-kiao. Mais, en prenant le chemin des éco-
liers, nous avons pu aller jusqu'à la rive gauche de la
Salouen, et la remonter pendant plusieurs jours. Dans
cette vallée nous avons trouvé des Lissons, au point oîi
nous étions encore soumis à la Chine. Gomme je vous le
dirai plus loin, par la suite nous n'avons pas eu à regretter
d'avoir fait ce détour.
Le 9 juillet, de nouveau sur la rive droite du Mékong;
nous le remontons jusqu'au il août à Into. Je ne puis
dire que la route soit praticable aux mulets. Nous avons
passé et c'est tout. Mais, en dehors des travaux quotidiens
de remblayage ou d'élargissement de la route, au cours de
la marche, nous devons certains jours nous arrêter com-
plètement, tandis qu'une partie de nos hommes établis-
sent un sentier au milieu d'éboulis qui vont plonger jusque
dans le fleuve. Les mulets sont de bons montagnards et ont
l'avantage de ne pas avoir le vertige, sans quoi nous étions
menacés de n'en pas conserver un seul. Un de nos animaux
tombe un jour dans le fleuve. Les hommes ont la chance
de pouvoir arrêter sa charge (deux de nos malles) avant
qu'elle n'atteigne l'eau. Quant à l'animal lui-même,
emporté par le courant, il traverse le fleuve et aborde plus
bas sur la rive gauche. Des villageois peuvent le chasser et
nous le renvoyer par la même voie.
46 PROCÈS-VERBAL.
Durant cette parlie du voyage sur la rive droite du
Mékong, nous traversons des populations fort intéres-
santes, Lamajens et Lissons. N'avançant que lentement et
couchant presque chaque nuit dans un de leurs villages,
nous sommes à môme de les voir de fort près, d'assister à
leurs danses et de recueillir des renseignements intéres-
sants sur leurs mœurs. Ces populations ne font pas de dif-
ficultés à notre passage; elles semblent plutôt nous
craindre. Un soir, nous avons pu nous attendre à une
attaque. Etant arrivés tard auprès d'un village lissou nous
campons au dehors. Un de nos hommes, Lissou lui-même,
vient nous dire qu'on a allumé de grands feux dans la
montagne, qu'il a entendu sonner la corne du ralliement et
que dans le village on lient des propos malveillants.
« Sûrement, disait-on, nous venons dans un but hostile;
mieux vaut, pour les villageois, nous massacrer que de se
laisser attaquer le lendemain. > Le chef du village étant
venu au camp, je lui ^s dire que nous sommes des amis,
que nous payerons les vivres qu'il vendra, mais que si l'on
nou^ attaque nous sommes armés et saurons répondre.
Je fais sortis les fusils, et recommande aux hommes de
veiller, recommandation d'ailleurs bien inutile. Chacun
promet bien de veiller à tour de rôle, mais après la fatigue
de journées très dures, le sommeil est plus fort que la
crainte» et tout le monde s*endort profondément. Les habi-
tants; ont heureusement réfléchi et nous n'avons pas maille
à partir avec eux.
Li$sous et Lamajens du bord du Mékong sont très crain-
tifs. Les pauTrrs gens sont continuellement victimes des
incursions des Lissons indépendants de la Saiouen, bn^:uids
cbngen^ux. Presque dans chaque W!lage on nous parle d'une
trv^upe venue de Tautn^ c^Mé de la mv^ntas:ne« deux jours, trois
jours aupsiravant. esLever du betaîl ou même quelques
hoaames quî. s^:Is ne sent ïms rjchetês par leurs firères.
SÉÀNCB DU 7 FÉVRIER 1896. 41
seront réduits en esclavage. Je demande aux villageois pour-
quoi ils ne rendent pas la pareille à leurs ennemis, et ne
vont pas, à leur tour, < pirater > chez eux : c Ils sont plus forts,
et mieux armés que nous. > A cette réponse, rien à dire.
Notre passage est généralement bien vu. Il portera bon-
heur aux villages que nous avons traversés, et le soir les
bardes lissons, s'accompagnant d'une petite guitare, diront
dans leurs improvisations toutes les prospérités qui s'aceu-
muleront sur leur pays, après le passage des grands
hommes, venus de si loin. Pauvres gens I Ils trouvent encore
moyen de chanter et de rire dans leur malheur.
Durant cette partie du voyage, nous n'avons personnel-
lement qu'un malheur à déplorer. Une nuit, sont volées
près du camp, deux valises de mon compagnon, M. Roux.
Il n'y a heureusement rien de perdu, quant aux cartes d^à
faites, les calques ayant été, par précaution, pris chaque
jour. Mais les instruments, hypsomètre, théodolite, sur
lesquels M. Roux comptait pour continuer ses observations,
sont perdus. Désormais il ne pourra plus faire de relevé
qu'à la boussole. Deux jours d'arrêt, et les promesses de
fortes récompense ne font rien retrouver; il faut se résigner
à partir et à rester volé.
A Into nous sommes en face de Hsiao-ouisi où se trouve
un missionnaire français, le père Tinlet, que j'avais déjà
eu le plaisir de rencontrer au Setchouen, lors de mon voyage
avec M. Bonvalot. Il m'apprend que nous ne pourrons pas
aller jusqu'à Tsékou avec les animaux; on arrive avant cette
localité à des rochers à pic, que nous ne pourrions faire
contourner à la caravane, même en pratiquant les travaux
auxquels nous sommes accoutumés. Peux jours au-dessus
d'Into nous sommes donc obligés de traverser le Mékong,
passage dangereux sur de petites pirogues lancées au
milieu de rapides. On s'en tire pourtant sans accident.
Le 19 août nous repassons le Mékong par un pont de
AS PROCÈS-VERBAL.
cordes sur lequel hommes et animaax glissent tour à tour,
attachas à une petite sellette de bois et on arrive à Tsékou.
Tsékou, station de la mission du Tibet, est habité par
deux missionnaires dont nous recevons le meilleur accueil
possible. Bien que sous la juridiction du Yunnan nous
sommes en pays de langue tibétaine. Quelques jours aupa-
ravant nous avons terminé l'exploration du Mékong en
Chine. Au delà de ce point, son cours a été relevé par
MM. Cooper, Gill et Mesny, le comte Szécheny, le Pandit
A-K. étales missionnaires jusqu'à Tsiamdo. Au nord de ce
point, M. fionvalot et moi, et M. Rockhill Tavons traversé.
Pour que le [cours soit entièrement connu, il ne resterait
plus qu'à en relever une partie à travers le Dégué jusqu'aux
sources. Nous avons donc terminé notre mission propre-
ment dite et rempli le but que nous nous étions proposé.
Il s'agit de rentrer.
Notre séjour à Tsékou est prolongé plus que nous ne
l'avions pensé par l'état de ma santé. Pris de fièvres ac-com-
pagnées d'asthme et de névralgies, je profite de la bonne
hospitalité de nos] compatriotes pour me reposer com-
plètement. Durant ce séjour, mon compagnon, M. Roux,
pousse à trois jours dans le nord jusqu'à Atentsé, afin de
prendre, pour la fin du voyage, un point de départ fixé
astronomiquement. Durant les loisirs que me laisse ma
convalescence, avec l'aide des missionnaires, je puis re-
cueillir de nombreux renseignements sur les Tibétains, les
Lissous et les Mossos de cette région. Je puis acquérir de
ces derniers des cahiers de prières de sorciers, écrits avec
des hiéroglyphes et les faire traduire devant moi, ce qui,
je crois, n'avait pas encore été fait. Je pense qu'ils intéres-
seront l'École des langues orientales.
Différentes considérations parmi lesquelles entrent en
ligne l'état de notre santé (voilà un an que nous sommes
partis), l'insuffisance des éléments qui composent notre
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1896. 49'
troupe, et le danger que nous ferions courir aux. mission-
naires dont la situation est très précaire, si nous engagions
de leurs hommes pour le Tibet, nous fait renoncer à abor-
der la province du Tsarong.
Notre objectif sera les Indes que nous essayerons de
gagner par la route la plus directe, la plus courte possible.
Nous tâcherons de trouver notre voie le plus près possible
du Dzayul, afin de chercher à résoudre d'une manière défi-
nitive le problème de la Salouen et de l'Iraouaddy en cou-
pant les hautes branches de celui-ci près de leur source.
C'est avec ces projets que le 10 septembre nous quittons
Tsékou. Nous avons renvoyé le plus grand nombre de nos
mulets, avec tous nos muletiers chinois, nos collections,
et tout ce qui ne nous est pas absolument nécessaire, à
Talifou (par la grande route Ouîsi, Likiang). Nous n'avons
gardé que le strict nécessaire et une quinzaine de mulets.
Outre notre interprète Joseph, 2 Chinois, et les Anna-
mites, notre troupe comprend 26 hommes de Tsékou
ou des environs. Ce sont des 'gens vêtus à la tibétaine,
parlant entre eux tibétain ; mais la plupart étant métis de
différentes races qu'on trouve autour de Tsékou, sont po-
lyglottes. Presque tous parlent le chinois ; quelques-uns le
mosso, le loutsé, et le lissou. Le plus grand nombre est
chrétien. Ces hommes serviront à la fois de porteurs et de
mafous. Us s'engagent à nous suivre où nous voudrons,
aussi longtemps que nous voudrons. Nous, de notre côté,
nous nous engageons à les rapatrier par la voie qui nous
paraîtra la plus facile et la moins dangereuse.
En emmenant quelques mulets, notre intention est de
nous en servir aussi longtemps que la route le permettra et
de les renvoyer ou, s*il faut, de les abandonner.
Sur le pays dans lequel nous allons nous engager nous
avons fort peu de renseignements. On nous dit qu'au delà
de la Salouen coule un grand fleuve appelé Kioukiang, que
50 PROCÈS-yERBÂL.
les routes sont très mauvaises, que les habitants sont des
sauvages dont certains vivent sur des arbres.
Cette absence de renseignements, ce mystère dont la
contrée qui sépare la Chine des Indes est entourée, excitent
notre curiosité et augmentent notre désir d'y pénétrer et
de la traverser.
Du 10 au 19 septembre, nous passons de la vallée du
Mékong dans celle de la Salouen. Le col est élevé
(3,300 m.). Un grand pic qui le domine reçoit de nous le
nom de Francis Gamier. Durant ce trajet, nous suppor-
tons presque continuellement de la pluie. Les animaux sont
fatigués. Il faut déjà faire presque toute la route à pied.
Nous sommes encore en pays relativement connu. Des mis-
sionnaires sont venus dans ces parages sur les bords de la
Salouen. -
Nous nous trouvons au milieu de populations loulsés
qui nous accueillent bien. Le passage de la rivière se fait
facilement sur de petites pirogues. Nous sommes entre la
lamaserie de Tchamoutong, qui nous envoie des présents,
etTasou où fut jadis le Père Dubernard. Une chaîne avec
un col de 3,600 mètres se dresse entre la Salouen et un
affluent de droite de celle-ci. Ce serait, pour nous, un trop
long détour de l'aller chercher à son embouchure. Il faut
passer la montagne. Au pied de cette montée, nous sommes
forcés de renvoyer les mulets, que nous expédions à Tsékou,
sous la garde de deux hommes. Nous renvoyons en même
temps quelques menus bagages que nous ne jugeons pas
strictement indispensables.
Nous voilà désormais tous à pied jusqu'à la fin de dé-
cembre, c'est-à-dire durant trois mois. Pour plus d'intelli-
gence, je diviserai notre voyage depuis le moment où nous
avons quitté nos mulets jusqu'à notre arrivée aux Indes, en
trois parties :
l*" Du 22 septembre au 18 novembre, depuis la vallée de
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1896. 51
la Salouen même jusqu'à l'arrivée à la plaine de Khampti.
i"" Du 18 au 25 novembre, séjour à Khampti et traversée
de la plaine.
3« Du 25 novembre au 16 décembre, depuis Khampti
jusqu'au premier grand village d'Âssam.
l"" Le pays que nous traversons depuis l'abandon des mu*
lets jusqu'à la plaine de Khampti, bien qu'il soit très ac-
cidenté, est uniformément le môme dans son aspect général*
Ce ne sont que montagnes escarpées, cachant leurs pentes
raides sous des forêts; à leur pied de gros torrents, de
petits fleuves aux eaux claires, glacées. Des routes il n'y en
a, à proprement dire, pas. On escalade les côtes à quatre
pattes en s'aidant autant des pieds que des mains, en s'ac-
crochant tant bien que mal aux racines lorsqu'on en trouve,;
on passe les rochers en cherchant un point d'appui sur les
moindres anfractuosités ; lorsque la roche est trop haute,
les rares passants ont dressé contre elle un tronc d'arbre,
marqué d'encoches; c'est l'échelle sur laquelle il faut se
hisser. Les torrents sont traversés à l'aide de ponts en rotin
auxquels on se suspend dans une sorte de cerceau ; on s'aide
avec les pieds ou les mains ; ou bien on jette sur le cours
d'eau un bambou, sur lequel il faut garder l'équilibre.
Quand les eaux ne sont pas trop profondes, on passe à gué.
Certains torrents sont utilisés comme voies de communica-
tion; durant deux ou trois jours on les suit, sautant de
pierre en pierre, glissant, arrivant à tenir avec difflculté,
tombant sans cesse. Dans cette marche, on n'est jamais
sec; lorsqu'on a eu le bonheur de ne pas tomber de tout son
long dans l'eau, la pluie se charge de mouiller la partie des
vêtements que n'aurait pas atteinte l'eau du torrent.
Les villages sont rares. Les plus rapprochés sont à trois
jours les uns des autres. Chaque village ne comprend
qu'une dizaine de cases disséminées en diverses parties de
la montagne. Les habitants sont des sauvages à peu près
52 PROCÈS-VERBAL.
nas, sauf un petit pagne. Nous avons la chance de trouver
en eux de braves gens. Quelques-uns parlent le lissou que
nos hommes comprennent, et ayant eu un appui des chefs
pour trouver dans la vallée delà Salouen quelques porteurs
supplémentaires que nous avons bien payés, et qui se sont
montrés contents, nous pouvons en changer de village en
village. Les anciens persuadent les nouveaux. On nous fait
une bonne réputation et nous en profitons.
La grande difficulté pour nous est dans la question du
ravitaillement. C'est une quarantaine d'hommes qu'il faut
nourrir dans des pays bien pauvres. Nous n'avons souvent
que ce qui est juste nécessaire pour atteindre le prochain
village. Ce souci de l'alimentation nous donne de grands
tracas, et nous nous trouvons parfois en situation très
précaire.
Étant ainsi partis d'un petit village où nous avions eu
grand'peine à nous procurer pour trois jours de riz, avec
la certitude de ne pouvoir rien trouver durant trois jours,
même en faisant les étapes les plus longues possibles, nous
arrivons un soir au bord d'un torrent qui se jette dans un
fleuve dont nous suivons la rive droite. Un pont de corde
est sur le torrent, mais les eaux sont si hautes qu'on ne peut
essayer de le passer; on risquerait d'avoir la moitié du
corps dans l'eau et d'être entraîné par le courant. Les indi-
gènes nous disent qu'ils passent ordinairement en radeau.
Mais maintenant personne ne veut essayer le passage; il est
trop dangereux. Quand les eaux montent, nous dit-on, on
ne passe pas, on reste chez soi. Que faire? Il ne faut pas
songer à retourner en arrière, on trouverait difficilement
des vivres. D'ailleurs, l'idée de reculer ne nous séduit guère.
Traverser le fleuve, on ne peut y penser. Remonter le torrent
serait fort difficile ; il n'y a pas de sentier. Et puis nous
n'avons que trois jours de vivres ; il n'y a pas de temps à
perdre. On attendra jusqu'au lendemain matin. Nous éta-
SÉANCB DU 7 FÉVRIER 1896. 53
blissons notre tente sur un amas de galets, les hommes
sont autour de nous. Au bout d'une heure nous nous
apercevons que les eaux continuent à monter et menacent
de nous envahir. II n'est que temps de décamper. La nuit est
noire et la pluie battante ; on plie bagage et on se réfugie sous
un grand rocher dans le bois. Le cuisinier chinois, qui ne
se plaint pourtant que bien rarement, sanglote. Vous
pensez quelle nuit nous passons tous, serrés les uns contre
les autres, sous le rocher, et, sans paraître inquiets, à quel
genre de réflexions chacun peut se laisser aller.
La pluie continue. Ce n'est pas .pour arranger nos
affaires. Au petit jour, je songe à peine à aller voir l'état du
torrent, convaincu qu'il n'a pu que grossir ; tandis que phi-
losophiquement on allume le feu, un de nos hommes me
crie : € Les eaux ont baissé. » Je n'en puis croire mes yeux.
C'est pourtant vrai. Par un phénomène que nous avons eu
l'occasion de constater encore dans la suite, le niveau du
torrent suit un mouvement régulier avec le jour : bas dans
la matinée, il augmente le soir. La pluie a cessé. Nous
sommes^sauvés. On passe au pont de corde. On ne peut se
figurer la joie que nous éprouvons lorsque nous sommes
sur la rive droite. Nous sommes sortis d'une bien grande
difficulté, dont, les eaux restant dans le même état que la
veille, je ne pouvais arriver à trouver la solution.
Durant cette partie du voyage nous avons parcouru de
l'est à l'ouest une partie du bassin de l'Iraouaddy. Nous
avons traversé et suivi pendant quelques jours l'une des
deux branches qui forment le fleuve. Les cols que nous
avons franchis ont été nombreux. Le plus élevé atteint
3,600 mètres.
i'^ (18-25 novembre). Depuis quelque temps les indigènes
nous parlent d'une grande plaine qu'ils appellent Apon, puis
Moanan. Ils la décrivent comme un vrai paradis où l'on trouve
toutes les ressources possibles ; de nombreux villages, habités
54 PROCÈS-VERBAU
par des gensàdents noires, portant turban. Chacun dans notre
troupe a hâte d'arriver à cette terre promise. On est séduit
par l'idée de marcher en terrain plat, de trouver du sel
(pendant dix joursnous sommes privésdesel et de graisse, ne
mangeantplusquedurizcuità Teau, sans assaisonnement).
Continuant toujours notre route vers Touest, nous attei-
gnons le i8 novembre cette plaine, qui forme le fond de
la vallée de la branche occidentale de Tlraouaddy, le Nam-
kiou. Nous avons la surprise de trouver dans le pays de
Kbampti (ainsi se nomme cette plaine) des Shans, des Thaïs
parlant la langue de leurs frères des bords du Mékong, se
servant d'une écriture à très peu de chose près semblable à
celle qu'on retrouve depuis la rivière de Canton, depuis le
milieu du Yunnan chez les Pals, jusqu'à l'embouchure de
la Ménam.
Nous nous retrouvons ici en pays connu. Plusieurs An-
glais sont venus d'Assam jusqu'à Khampti. Trouvant une
race plus instruite, plus civilisée, pénétrant dans une con-
trée qui a déjà vu des voyageurs européens, nous espérons
trouver plus de facilités pour la suite de notre voyage.
Nous nous trompions. C'est à partir de Khampti que nous
rencontrons les obstacles les plus difficiles à surmonter de
notre exploration.
Les premiers ennuis viennent des habitants mêmes. On
ne nous repousse pas ouvertement; mais avant de rien
nous vendre, avant de nous laisser passer, avant de nous
donner des renseignements sur la route, on exige de nous
de l'argent, des fusils. Depuis les hommes du peuple jus-
qu'aux chefs, tout le monde cherche à nous rançonner ; on
n'est jamais content, il faut toujours donner davantage.
Durant le peu de jours que nous restons à Khampti, nous
passons notre temps à discuter avec les autorités locales.
Les parents du roi se montrent d'une rapacité qui nous
écœure. On en vient, après avoir reçu des cadeaux
SÉANCE DU 7 FéVRIBR 1896. 5B
pour une valeur très élevée, à nous mendier quel^
ques roupies. Le fils du roi va jusqu'à me demander
mes bottes, et celui qui s'humilie à mendier ainsi, se fait
gloire d'avoir été à Calcutta. Malheureusement, tout en con-
servant un langage ferme» nous sammes bien obligés ' d'en
passer par une partie des exigences des gens de Khampti
sans Taide desquels il ne nous sera pas possible de conti-
nuer. «A.joutez à cela que les conversations ne sont pas
faciles. Voici comment nous nous y prenons pour nous faire
comprendre: nous parlons latin à Joseph; celui-ci parle
chinois à un de nos Tibétains, Siranséli, ancien chercheur
d'or; Siranséli transmet ce qui lui est dit en lissou à un
des porteurs indigènes de la montagne; le porteur parle sa
propre langue à un Thaï qui la comprend, et qui répète
ce qu'on lui dit aux chefs de Khampti. Ceux-ci, d'ailleurs,
semblent trouver toute naturelle leur manière de faire; tout
en demandant continuellement, ils nous adressent les plus
gracieux sourires et vont jusqu'à plaisanter.
3*" (25 novembre-16 décembre). Ayant fini par nous mettre
d accord avec les chefs de Khampti, nous nous préparons à
partir pourl'Assam. Trois routes y mènent : une dans le sud,
ne franchissant pas de hautes montagnes, mais assez longue
et déjà suivie par les Anglais; une dans le nord, allant re-
joindre la frontière du Dzayul et traversant pendant plu-
sieurs jours le dangereux pays des Mishmi ; une troisième à
l'ouest, entre les deux frontières, escaladant de nombreuses
montagnes, mais offrant l'avantage d'être la plus courte et
de n'avoir été suivie par aucun Européen. C'est donc pour
celle-ci que nous nous décidons.
Le 24 novembre nous quittons Khampti pour franchir le
massif qui sépare le bassin de l'Iraouaddy de celui du Brah-
mapoutre. Cette dernière partie du voyage est la plus dan-
gereuse et la plus pénible. Aux difficultés de la route môme
qui nous rappellent celles que nous avons déjà connues,
56 PROCÈS-VERBAL.
telles que torrents à suivre ou à traverser, cinq montagnes
successives à franchir, marche sur des rochers, équilibre h
garder sur des ponts dé bambous, vient s'ajouter une série
d'obstacles d'un autre genre. Chaque jour quelque circon-
stance imprévue arrête ou du moins retarde notre marche.
Nous ne sommes pas habitués à tant de malechance. II semble
que lamauvaise fortune se soit attachée à nos pas, et fasse
systématiquement échouer tous nos plans les uns après les
autres. D'abord nous avons été trompés à Khampti, je ne
crois pas malintentionnellement, mais pour nous le résultat
est le même. On nous a dit que jusqu'au premier village
d'Assam, il ne faut que dix jours dé marche. Heureusefment
j'ai fait prendre treize jours de vivres, et aussi par les habi-
tants je puis en faire racheter pour trois jours, à un petit
village de Khammys (nom des montagnards), le dernier que
nous trouveronsjusqu'à la plaine d'Assam. Pour nous engager
dans la traversée d'un véritable désert de forêts pendant
140 kilomètres au milieu dé montagnes, seize jours de vivres
c'est peu. Mais il nous est impossible d'en prendre davantage ;
au départ cinq, et le lendemain trois des porteurs indigènes
que nous avions engagés, se sont enfuis, effrayés par la
longueur de la route à faire, et c'est avec grand'peine que
nous sommes arrivés à réunir et à conserver les autres. Nous
avons un guide de Khampti, brave garçon qui nous aidera
de son mieux.
La maladie qui avait jusqu'alors épargné notre troupe
vient se mettre sur nos hommes. Dans les nuits brumeuses
de Khampti ils ont pris des germes de fièvre, et les voilà
tous fatigués, anémiés, harassés, se plaignant de maux de
tête ou de maux d'estomac, alors qu'il faudrait le plus de
force et de santé. On jette encore quelques menus objets;
on arrive à diminuer un peu les charges, et nos hommes se
traitant comme des frères, les plus forts augmentent leur
fardeau pour alléger les malades. On continue à avancer.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1896. 57
Aa bout de quelques jours c'est sur mes compagnons
mêmes que la fièvre vient s'abattre. M. Roux est pris d'un fort
accès et M . Briffaud est bientôt atteint à son tour. Vous pouvez
vous imaginer les émotions par lesquelles j'ai passé, les
angoisses auxquelles j'ai été en proie durant ce trajet. Ayant
comme chef, et comme parfaitement valide, toutes les res-
ponsabilités, voyant autour de moi les malheurs venir les
uns après les autres, m'attendant chaque jour à quelque
catastrophe et ne pouvant rien, j'ai certes souffert tout au-
tant au moral que le plus malade au physique, et en entre-
prenant ce récit, j'ai encore le cœur tout serré à la pensée
du désastre épouvantable dont notre troupe a été sur le
point de devenir victime.
Lorsque mes compagnons tombent malades, nous avons
déjà avancé de huit jours; nous sommes presque à moitié
route. On ne peut, dans l'état où sont nos hommes, retourner
en arrière. Un mois d'arrêt dans un pays malsain ne les
remettrait peut-être pas. On ne peut envoyer chercher des
approvisionnements et manger sur place ceux qu'on a, avec
le risque de ne pas en recevoir de nouveaux. Il n'y a qu'à
avancer. Je divise la colonne en deux. Les moins forts vont
continuer tout de suite avec les indigènes et le guide. Ils nous
marqueront la route et s'ils arrivent avant nous à un village,
ils enverront immédiatement des vivres. Nous-mêmes, avec
les plus forts, attendrons un jour pour permettre à nos com-
pagnons de se reposer. C'est tout ce qu'on peut faire ; encore
est-ce risqué.
Auboutd'unjourM. Rouxnesesent pas de force à partir.
Il me prie de partir avec la seconde colonne, et m'écrit un
papier certifiant que c'est lui qui me prie instamment de
partir. Je le laisse avec2 hommes et douzejours de vivres. Quoi
qu'il m'en coûte de laisser ainsi dans la montagne, peut-être
à huitjours dé tout ravitaillement possible, un compagnon ma-
lade, je comprends que mon devoir est de partir. En restant
soc. DE GÉOGR. — C. R, DES SÉANCES. — N" 3 et 4. 5
5S PROCÈS-VERBAL.
je ne ferais qu'augmenter d'un membre la troupe qui con-
somme sur place, et je puis être bien plus utile en allant
aussi vite que possible en avant, et en m'occupant du ravi-
taillement. M. Briffaud malgré sa faiblesse vient avec moi.
Au bout de deux jours nous passons à3,000 mètres, par un
peu de neige, le col qui nous conduit aux Indes. La joie
d'avoir atteint le but de notre voyage est bien effacée pour
moi par les soucis qui me trourmentent continuellement.
Au. bas du col nous trouvons 2 hommes de la première
.colonne, restés à la recherche d'un vieillard qui, souffrant,
n'avançant que difficilement, s'est perdu dans la nuit. Hélas !
on ne Ta pas retrouvé. Les tigres sont nombreux. Il est
perdu, le pauvre vieux.
A la nuit, sur une terrasse au milieu des rhododendrons
parmi lesquels nous sommes campés, nos hommes se réu-
nissent en cercle, et s*étant tournés vers Tsékou, s'age-
nouillent pour réciter pendant près d'une heure de longues
litanies. Us prient pour leur aîné qu'ils ne reverront plus.
Des rafales de vent d'ouest font frissonner la cime des
arbres, tandis que quelques bûches demi- consumées
éclairent mal cette scène lugubre. De ma vie je n'ai vu de
spectacle aussi saisissant et aussi profondément triste.
Pendant les jours qui suivent c'est une marche forcée,
à longues étapes. Chacun cherche tout ce qu'il peut donner
de. forces. On comprend qu'il faut avancer coûte que coûte.
On fuit devant la mort.
Nos vivres baissent; on est pourtant à la ration. Les
hommes ne font que deux repas par jour : 3 écuellées de
riz largement étendu d'eau.
Nous n'avons qu'une demi-journée de retard sur la pre-
mière colonne que nous savons un peu mieux approvisionnée
que nous. On envoie, pour tâ:her de la rejoindre, 2 porteurs
indigènes restés avec nous. Us diront à ceux qui nous pré'^
cèdent de nous laisser un peu de riz.
SÉANCE DU 7 FEVRIER 1896. 59
On continue; il n'y a plus qu'un repas; puis, plus rien du
tout. Nous sommes obligés d'abandonner 2 de nos hommes
malades qui ne peuvent avancer aussi vile que nous. On leur
enverra du riz dès que nous en aurons. La tente, les usten-
tensiles sont abandonnés. On ne garde plus que les couver-
tures et une ou deux marmites. La marche est retardée par des
gués continuels, des passages de torrent avec de l'eau jus-
qu'aux aisselles. Les hommes ont marché vingt-quatre heures
sans rien manger, lorsque nous trouvons un homme laissé
en arrière par la première colonne, avec un sac de riz; c'est
le salut! En outre on nous annonce que nous ne sommes
qu'à un jour d'un petit village. Il faut immédiatement songer
aux 2 malades restés en arrière. Je promets une forte ré-
compense à qui voudra leur porter secours. Un vieux Tibé-
tain, Jayo, se lève; il repartira en arrière et ramènera ses
camarades après leur avoir donné des vivres.
Nous voici au premier village; ce sont des Mishmis,
mais soumis, ceux-là, des Singphos. Nous retrouvons la
première colonne qui, partie vingt-quatre heures avant nous,
ne nous a précédés au village que de trois heures. On amarre
aussitôt tout ce qu'on peut de riz et on Tenvoie en arrière
avec 2 indigènes et l'un de nos hommes. Ils pourront revenir
sur leurs pas pendant au moins six jours et approvisionner
la petite colonne de M. Roux. Pourvu que celui-ci ait pu
passer le col, il est sauvé.
Nous avons si bien réussi à approvisionner ceux qui sont
derrière nous en détresse, que nous ne trouvons presque
plus rien pour nous-mêmes. On ne veut plus rien nous vendre.
C'est avec un peu moins d'un jour de vivres que nous par-
tons pour le premier village important d'Assam, Bishi, qu'on
assure être à deux jours de marche. Nos hommes me disent
en riant qu'en mettant beaucoup d'eau dans le riz, cela
pourra aller. Nous avons encore dépêché 2 indigènes en
avant à Bishi, pour nous faire envoyer du riz.
60 PAOCÈS-TERBAL.
On repart donc sans trop d'inquiétade. Hais notre guide
perd la roate... C'est trop d'infortune !••• Il nous engage dans
nn petit torrent, disant que celui-ci allant à laDihuog, et la
Dihung passant à Bishi, on est sûr de trouver le village.
Nous passons encore une soirée fort triste, et nos pauvres
hommes me semblent cette fois bien découragés ; il y a de
quoi.
Le lendemain, après nous être péniblement frayé une
route à travers bois, nous arrivons vers midi à une hutte
de pêcheurs. Nous achetons du riz et du poisson et on
nous montre la route. Quelques heures après nous ren-
controns les gens de Bishi, venus au-devant de nous, pour
nous offrir du riz. Nous sommes désormais tout à fait hors
d'affaire.
Dans la journée suivante, le 16 décembre, nous atteignons
Bishi, c'est-à-dire la plaine d'Assam. Nous sommes restés
seize jours dans les montagnes sans voir d'habitants. Pour
nous le voyage est maintenant terminé. A Bishi nous sommes
dans l'abondance de toutes choses, au milieu de gens ai-
mables qui, à l'inverse de ceux de Khampti, donnent sans de-
mander. Deux jours après, nous avons la satisfaction de voir
arriver les deux malades laissés en arrière et le brave Jayo.
Pour que notre joie soit complète il faudrait que nous fus-
sions tous réunis dans cette plaine de l'Inde. Or, nous som-
mes inquiets au sujet de M. Roux. Je ne veux pas envisager
ce qui pourrait lui arriver, si la fièvre ne le quittait pas
ou si ses hommes tombaient malades. Nous avons été si
éprouvés, durant cette traversée de Khampti en Assam;
nous avons eu une telle malechance que nous pouvons bien
espérer avoir au moins d'un côté quelque bonheur.
Cependant, après trois jours de séjour à Bishi, les achats
de riz deviennent plus difficiles (il faut nourrir quarante
hommes). Je décide de partir pour le prochain village.
Nous marcherons vers Sadiya à toutes petites étapes, nous
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1896. 61
arrêtant dans chaque village aussi longtemps qu'il pourra
nous fournir des vivres. M. Roux nous rejoindra ainsi facile-
ment.
Le 20 au matin j'envoie donc les hommes jusqu'à Khagan,
et je reste à Bishi, avec M. Briffaud et deux ou trois hommes,
dans l'idée de n'en partir qu'à midi. Bien m'en a pris d'at-
tendre ainsi. Tandis que j'écris vers 10 heures, tout à coup
on m'annonce l'arrivée de M. Roux : « Lou Tajen », me disent
les hommes. C'est bien en effet mon compagnon, avec ses
deux porteurs, et ceux qui étaient partis . pour lui por-
ter des vivres, tout le monde sain et sauf. Les porteurs de
M. Roux ont eu la fièvre en route. Une crue subite de laDihong
a ensuite arrêté la petite colonne durant deux jours. Enfin
les voilà. Nous sommes tous réunis sains et saufs. C'est le
principal. Le 20 décembre 1895 compte comme un des
heaux jours de ma vie. Nous voilà déchargés de ce pesant
fardeau de soucis et d'inquiétudes qui nous oppressait sans
cesse. On peut respirer librement. Cette périlleuse traver-
sée de Khampti à Bishi ne nous a coûté que la vie d'un
homme. Malgré tout le chagrin que nous ressentons, nous
pouvons nous estimer heureux de n'avoir pas eu d'autres
pertes à déplorer.
Nous avons réussi ; et si notre tentative a bien tourné,
nous devons reporter une partie du succès aux mission-
naires du Tibet, sans l'aide desquels nous n'eussions jamais
pu trouver des hommes pour nous suivre, et à nos hommes
eux-mêmes. Nous nous sommes trouvés à la tête d'une
troupe merveilleuse, au physique, de santé, de force et
d'endurance; au moral, d'énergie, de désintéressement, de
dévouement et de fraternité^ Nos hommes, que nous pre-
nons plaisir à descendre maintenant jusqu'à Calcutta pour
les renvoyer par Rangoon et Bhamo, ne sont pas des por-
teurs pour nous; ce sont de vrais enfants avec qui nous
vivons dans une communauté de sentiments comme avec
62 PROCÈS-VERBAL.
les membres d'une même famille. Braves cœurs, généreux^
que je ne puis assez admirer, et qui doivent une bonne
partie de leurs qualités à l'influence saine et bienfaisante
des missionnaires français.
De Bishi nous nous i^ommes dirigés sur Sadiya. Au cours
de notre route nous trouvons des provisions et des bateaux
envoyés par M. Needham a Assistant to tbe political office >.
C'est M. Needham qui, en 1884, traversa le pays des Mishmis
pour explorer leLohit Brahmapoutre jusqu'à Rorma. Nous
avons reçu de lui l'accueil le plus hospitalier qui puisse être
fait. Maintenant nous descendons à Calcutta d'où, nos
affaires réglées, nous partirons pour aller prendre le paque-
bot à Bombay. Nous pensons être en France dans la se-
conde moitié de février.
Eu somme, au milieu de nos misères, après les difficultés
matérielles qui ont entouré notre voyage jusqu'à Khampti>
nous avons eu, au dire des Anglais qui se trouvent près de
la frontière, une grande chance : celle de « couler», comme
on dit pour le gibier, entre les Mishmis au nord et les Sing*
phos au sud. Ces deux peuples qui sont en guerre conti-
nuelle avec les Anglais, s'ils ne nous avaient pas fait un
mauvais parti, ne nous eussent assurément pas laissés
passer.
Le premier résultat de notre voyage depuis Tsékou est un
peu de gloriole. Français, nous avons, les premiers, fait la
route la plus courte, la plus directe de Chine aux Indes^
cette route en vain cherchée par tant d'Anglais sur les deux
frontières. J'ajouterai que cette route n'est pas praticable
au commerce.
Comme résultats géographiques, nous sommes d'abord à
même de démontrer, avec les preuves à l'appui. Terreur com-
mise par le général Walker. Dans la carte du Tibet que la
Société de géographie de Londres a publiée sous sa direction
en 1894, la Salouen est marquée comme prenant sa source
SÉAMCE DU 7 FÊVRin 1896. 63
i hauteur de Tcharnootong (c'est-à-dire de Tsékou), tandis
que le grand cours d*eao, qui prend sa sonrce dans l'est du
Teogri Nor, et sons le nom d'Onrtchan traTerse one partie
do Tibet habité ne serait que le haut Iraonaddy. Or l'Onrt-
cban, ainsi qne nous le démontrerons, n'est que la haute
Salonen, que nous avons déjà recounue à la latitude de Ta-
Kfoa, qne nous avons traversée ensuite à hauteur de Tcha-
rnootong. Entre ces deux points, nous avons pu établir le
cours de la Salonen et les villages qui bordent ses rives par
des renseignements pris chaque jour, taudis que nous re-
montions la rive droite du Mékong.
Nous avons traversé les hautes branches de l'Iraouaddy, et
grâce aux renseignements qu'on nous a donnés et aux visées
que nous avons pu prendre des différents cols que nous
avons passés (de plusieurs nous voyions très distinctement et
à quelques jours de distance la haute chaîne qui borde le
sud du Dzayul), nous avons pu fixer, à quelques kilomètres
près, les points où ces branches prennent leurs sources.
Les trois grandes branches qui forment l'Iraouaddy sont, en
partant de l'ouest, le Kiou-Kiang, la rivière Télo et le Nam-
Kiou. Les deux premières ont le débit d'eau le plus considé-
rable. Elles ne sont pas marquées sur les cartes. La branche
la plus septentrionale, le Kiou-Kiang ne sort pas d'une la-
titude plus nord que 28''3(y.
Depuis Âtentzé, mon compagnon M. Roux a relevé la route
avec tout le soin possible à la boussole. Il a pu prendre de
nombreuses visées de pics remarquables. Alors môme qu'il
était seul, malade dans la montagne, il n'a pas interrompu
son travail jusqu'à un point connu. Grâce aux vérifications
que permettent les visées, je ne crois pas que les résultats
qu'il a obtenus soient entachés de grande erreur. Depuis
Tsékou, marchant à pied, et ne pouvant nous charger outre
mesure, nous n'avons guère collectionné, en fait d'histoire
naturelle. J'ai laissé à Tsékou des récompenses pour des
64 PROCÊS-VERBAL.
peaux d'animaux qu'on a promis de m'envoyer et que je
crois intéressants.
Nous avons eu plus de chance sous le rapport ethnogra-
phique. J'ai pu rapporter de nombreux vocabulaires, et
beaucoup de notes, sur des peuplades» bien peu connues.
J'ajoute» à la fin de cette lettre-rapport, le tableau complet
des résultats que nous avons obtenus par ce voyage de-
puis le Tonkin. — Pour la route nouvelle nous n'avons pris
que ce qui était absolument nouveau, ne comptant pas
comme tels des tronçons parcourus par des missionnaires,
quoique non relevés.
Pendant onze mois de voyage depuis le Tonkin, nous avons
cherché à tenir haut le drapeau de la France. Nos efforts
n'ont tendu qu'à travailler pour le plus grand honneur et
le plus grand profit de la patrie. Si en France, ceux que les
questions géographiques, ethnographiques, zoologiques et
commerciales intéressent, sont satisfaits des résultats que
nous avons obtenus, les misères, les souffrances, les dangers
auxquels nous avons été exposés seront vite oubliés; nous
nous croirons complètement récompensés de nos peines.
RÉSULTATS GÉNÉRAUX
De Hanoï (26 janvier 1895) àSadiya (U décembre 1895).
3,400 kilomètres, dont.. 2,400 en exploration.
Longitudes 6.
Latitudes une quarantaine.
Déclinaisons 11.
Altitudes très nombreuses (liypso-
mètre — [après Tsékou
2 baromètres]).
Températures
Géographie.
^ Plaques (9 X 12) 392 J
Photographies,... < Rouleaux (expositions).. 440 > ^ ^^^ ' ".
( Photo-jumeUe i20 j ^'^* «positions.
SÉANCIS DU 7 FÉVRIER 1896.
65
Commerce*.
Histoire naturelle
Ethnogpraphie.
Mongtsé échantillons commerciaux.
Muanglé pièces d'étoffes.
Ssemao i échantillons commerciaux,
î — dethé.
> Racine, remède pour blessures.
Talifou échantillons commerciaux.
Atentzé échantillons commerciaux.
268 oiseaux.
•
/ expédiés de Talifou. . 12
/ 32 mammifères ) _ Tsékou.. 15
jusqu'à Sadiya 5
expédiés de Talifou. . 164
— Tsékou. . 64
jusqu'à Sadiya 40
Poissons 5.
Serpents et lézards 4.
Chélonien 1.
Papillons une centaine.
Plantes 223 espèces.
Roches 41.
Femme poula ornements et coiffure.
20 manuscrits.
1 manuscrit à dessins.
2 manuscrits en partie
traduits.
2 robes.
1 collier.
1 chapeau.
1 sac à tabac.
Hou Nis 1 robe et ceinture.
Lintindjous boucles d*oreilles.
Hatous 1 pipe arj^ent.
Louchais 1 instrument de musique.
[ 1 livre chinois.
Lolos.
Païs.
Lissons.
3 manuscrits.
étoffes, écharpe, costuiïie
de femme.
1 costume de femme
1 écriture sur bois.
1 tablier.
1 sac.
2 bonnets.
1 collier.
1 pipe.
2 instruments de musique.
3 diadèmes.
PROCES«VBRBAL.
Lissous (suite).
Mossos.
Loutsés.
Kioutsés.
Ethnographie
{suite)
phie 7
Thaïs.
Mishmis.
l 31 vocabulaires.
1 arbalète,
flèches et poison,
carquois.
boucles d'oreiiles(homiDes).
2 livres.
3 livres et traduction.
1 étoffe.
1 pot.
1 sac.
1 couteau.
1 pipe.
2 sacs.
1 ceinture en fil ciré.
1 anneau dp jambe.
1 étoffe.
1 couteau.
1 pipe.
1 petit sac.
1 sabre.
1 ornement de femme.
1 livre.
1 pipe.
1 veste.
1 anneau de jambe.
1 pipe.
1 bandeau et annet de femme.
2 chapeaux.
Poulas 1
Païs î
Poumas 1
Hou Nis 3
Lolos 6
Lintindjous 1
Juos 1
Hatous 1
Lochai 2
Minchias 1
Lissous 2
Touos 1
Lamajen 1
Mosso 1
Loutsé 2
Tibétain 1
Kioutssé 2
Mishmis 1
Singphos 1
SéANCB DU 7 FÊYRnSR 1896.
67
— M. d'Enjoy adresse un nouveau mémoire sur les Moï qui est
une suite à son travail c Une incursion au pays des Moï », publié
dans le Bulletin trimestriel de 1895.
— M. Emile Gautier, lauréat de la Société (médaille d'or en 1895)
pour son exploration de trente mois à Madagascar, où il est reparti
en qualité d'inspecteur de l'instraction publique, vient de faire
calculer ses latitudes et en adresse le résultat. M. F. d'Oltramare^
qui a fait les calculs, dit, dans son rapport, que c ces observa-
tions, prises entre la cÔte sud-ouest et la chaîne d'Isalo qui est
située dans le pays Bara à l'ouest d'Ihosy, consistent eu détermi-
nations de latitude par des séries de hauteurs circumméridiennes
du Soleil. Des angles horaires ont été observés» mais la marche du
chronomètre n'étant pas connue, il a été impossible de les utiliser.
La position approchée de 14 localités a été ainsi fournie et les'
résultats obtenus offrent une concordance très satisfaisante pour
chaque série d'observations; de plus, ils cadrent bien avec les po-
sitions observées déjà connues ».
7, 8 et 9 juill.
11 juill. 1894.
12 juill. iS9L
15 juill. 1894.
16 juin. 1894.
19 juill. 1894.
22 juill. 1894.
26 juill. 1894.
27 juill. 1894.
30 juill. 1894.
2 août 1894.
3 août 1894.
1894. Beraketa.
Beampombo . . .
Saomanoya. , . .
Ambarinakoho .
Vohimarina, . . .
circum. du
circum. du
circum. du q
circum. du
circum. du O
Fanjairana, . . . circum. du O
Mitsinjo circum, du ô
Ambiky circum. du Q
Benahy circum. du O
Holona circum. du O
Tsahavola circum. du 5
Ranohira circum. du q
Lat.
Lat. S.
Lat. S.
Lat. S.
(Lun. à
Lat. S.
(Lun. à
Lat. S.
(Lun. à
Lat. S.
(Lun. à
Lat. S.
(Lun. à
Lat. S.
(Lun. à
Lai. S.
(Lun. à
Lat. S.
(Lun. à
Lat. S.
23» 6' 12"
23M3' 6"
23M5'43''
23»21'25''
droite).
23-15' 50''
droite).
23»27' 4"
gauche).
23° 2V 5''
gauche).
230 7, g,;
droite).
22*32' 6"
droite).
22'55' 5"
gauche).
22U1'32"
gauche).
22«18'26"
— Le 5 du mois courant, la Société a reçu des nouvelles de M. Foa
datées de Mikorongo sur la Moanza, 5 décembre 1895. Le voya-
68 PROCÈS-VERBAL.
geur arrivait de Blantyre en bonne santé ; dans les premiers jours
de janvier, il est parti pour Zumba.
Comma
Don de livres fait a la Société. — Le Président donne la pa-
role au baron de Guerne, bibliothécaire-archiviste, qui annonce
qu'un cadeau considérable d'ouvrages géographiques et de grandes
relations de voyages, vient d*être fait à la Société par Mme Mar-
jolin, née Scheffer. Ces ouvrages proviennent de la bibliothèque de
son mari, feu M. le D' Marjolin. c C'est grâce à notre excellent se-
crétaire général, M. Maunoir, que ce don a été fait à la Société. Des
ouvrages dont notre bibliothèque va s'accroître, plusieurs y figu-
raient déjà, mais les livres disparaissent de la circulation, se dé-
tériorent vite, malgré tous les soins apportés à leur conservation^
tandis que les bibliothèques doivent avoir une durée indéfinie.
Elles peuvent donc se féliciter d'avoir en double exemplaire les
œuvres importantes, comme Je sont la plupart de celles dont
Mme Marjolin fait hommage à la Société. A cette libéralité elle
a ajouté le don d'un vaste corps de bibliothèque démontable qui
certainement trouvera quelque jour son emploi dans nos installa-
tions ».
La Société adressera ses plus vifs remerciements à la généreuse
donatrice.
Explorations souteiTaines (1895). — M. E.-A. Martel raconte sa
campagne en Grande-Bretagne, qui est la huitième de ses explora-
tions souterraines; il a ainsi un double but : 1** faire connaître
les résultats de la mission scientifique qui lui avait été confiée par
le Ministre de l'Instruction publique, pour Tétude et l'exploration
des cavités naturelles et des eaux souterraines de l'Irlande et de
l'Angleterre; â"* pallier la mauvaise impression qui se dégage de
la lecture des derniers ouvrages publiés sur l'Irlande, et enrayer
la défaveur de l'opinion publique envers ce malheureux pays.
c A l'heure actuelle, en efi'et, l'Irlande n'est plus, dit M. Martel,
en proie aux troubles terribles des années 1882 et suivantes; si
elle est loin d'avoir recouvré une prospérité complète, un apaise-
ment général s'y manifeste dans toutes les classes de la popu-
lation; même dans les comtés de l'ouest, si ennemis de la domi-
nation anglaise, les élections de 1895, fort réactionnaires, comme
on le sait, dans tout le Royaume-Uni, n'ont provoqué aucun dé-
SÉANCE BU 7 FÉVRIER 1896. 69
sordre ; la détente est perceptible partout, même pour le voyageur
le moins éclairé.
c De plus, contrairement aux récits des derniers touristes fran-
çais cpii ont visité c Tlle d'Émeraude », les auberges et hôtels ne
sont nullement exécrables ; même dans les plus petites bourgades,
la propreté et le confortable laissent beaucoup moins i désirer
qu'en Grèce et en Dalmatie, par exemple, et surtout que dans bien
des provinces françaises.
c Le véritable inconvénient du voyage d'Irlande, c*est Thumi-
dité de son climat, qui a été, de l'aveu même des Irlandais, l'une
des principales causes de leurs misères : trois cents jours de pluie
par an y ont toujours entravé le labeur de la terre et découragé
les agriculteurs, malgré la fertilité du sol. En mai, juin et sep-
tembre seulement, on peut compter sur les J>eaux temps néces-
saires à l'agrément du voyage. Alors on pourra apprécier à leur
juste valeur les grandes beautés naturelles de l'Irlande, particu-
Hèrement celles de ses côtes, ainsi que ses curieuses ruines,
vrais trésars archéologiques de tous les âges.
c La classique c Chaussée des Géants >, cette colossale émission
basaltique qui est une des merveilles du globe terrestre, vaut à
elle seule le voyage ; quand on l'examine à loisir, on comprend
qu'elle ait toujours été si mal décrite et qu'elle ait souvent désil-
lusionné le visiteur trop pressé. Ce n'est pas seulement une coulée
de prismes basaltiques stupéfiante par les détails de sa formation ;
c'est surtout le couronnement d'une série d'accidents littoraux fan-
tastiques qui se développent sur plus de 100 kilomètres d'étendue,
le long de la côte d'Antrim ; entre Belfast et Port-Rush, dans les
formations géologiques les plus diverses, schistes primitifs, grès
rouges, calcaires crétacés, basaltes, l'Océan a taillé en falaises,
aiguilles, arcades et cavernes l'un des plus curieux rivages qui
existent. Les grottes marines de la Chaussée des Géants et de ses
abords, atteignent jusqu'à 200 mètres de longueur et 30 de hauteur.
Elles montrent bien quelle part prépondérante on doit attribuer à
l'érosion ou travail mécanique des eaux dans la construction des
cavernes en général.
c Dans le nord de l'Irlande également, près d'Ënniskillen, entre
les lacs Ërne et la source du Shannon, les calcaires carbonifères
du Cuileagh et de Belmore sont tout percés de grottes, d'abîmes
et sillonnés de cours d'eau souterrains dont l'exploration reste à
achever. M. Martel, avec le concours de MM. Jameson (de Dublin),
et Plunkett (d'Ënniskillen), a pu y efifecluer diverses recherches
70 PROCÈS-VERBAL.
nouvelles et découvrir notamment, à la source de Marble-Arch,
une grandiose rivière souterraine d'un kilomètre de développement,
rappelant le cours souterrain actuel de la Piuka à Adelsberg; Los
siphons naturels qui régularisent le débit de cette source ont pré-
senté des dispositions qui n'avaient encore été rencontrées nulle
part, et qui expliquent bien des particularités relatives au régime
des sources en terrains calcaires.
c D'ailleurs, dans toute l'Irlande occidentale, à Gong, à Gort,
aux Tomeens, etc., la circulation des eaux souterraines s'opère,
comme dans le Karst et les Gausses, aux dépens des fissures du
sol agrandies.
< Près de Gort, la rivière de Ballylee présente le singulier phé-
nomène d'une bifurcation semblable à celle du Gassiquiare (Gré-
noque, Amérique di^ Sud), si célèbre. Seulement, chacune des
deux branches se perd, à peu de distance du point de séparation,
dans le sol même, aux deux extrémités opposées d'une vallée fer*
mée, comme les Kesselthâler d'Autriche : cette bizarrerie de géo-
graphie physique ne parait pas encore avoir été signalée ni s'être
rencontrée ailleurs.
€ Dans le sud de l'Irlande, la caverne de Mitcheistown, avec ses
deux kilomètres d'étendue, doit être la plus grande de la Grande-
Bretagne (du moins parmi celles qu'on a pu mesurer avec quelque
exactitude) : elle ne peut, pour la beauté, rivaliser avec aucune
des grandes grottes d'Autriche, de France ou de Belgique.
€ Les splendides falaises de Moher, de Kilkée et de Ballybunion,
autour des bouches du Shannon, ne le cèdent guère, par la variété
de leurs détails et Fabondance de leurs découpures, à la Ghaussée
des Géants ; celles de Moher mesurent, sur 6 kilomètres d'éten-
due, 150 à 200 mètres de hauteur, absolument à pic sans un sen-
tier pour descendre en bas, sans une grève pour débarquer à
leur pied !
€ Et dans rintérieur de l'île, les dolmen de Garrowmoore et de
Gong, — les fameuses tours rondes, objet de tant de controverses
archéologiques, «^ les ruines de Gashel, de Glonmacnoise, de Glen-
dalough, avec leurs croix sculptées et leurs sept églises symbo-
liques, les abbayes de Quin, d'Holycross, etc., etc., les poétiques
lacs de Killarney dont la réputation n'est nullement surfaite, —
la luxuriante verdure des splendides parcs privés, achèvent de
faire de la « verte Erin » un pays qui ne mérite point d'être déy
laissé comme il l'est.
€ En Angleterre, M. Martel a étudié les cavernes du Derbyshire
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1896. 71
à Gastleton près de Derby et leurs complexes rapports avec les
filons de plomb» les Swattow-holes et les grandes fissures du mas-
sif calcaire carbonifère du Peak.
c La montagne d'Ingleborough (comté d'York) lui a montré des
abimes pareils aux avens des Gausses, mais qui fonctionnent en-
core comme point d'absorption des eaux superficielles. Il a pu
descendre dans une cascade au fond du goufire de Gaping-Ghyll
(100 mètres à pic) dont personne n'avait pu jusqu'alors pénétrer
le secret (Voir C. R. Ac. Se, 6 et 13 janvier 1896; et la Nature,
25 janvier 1896). Au surplus, dans un ouvrage spécial, actuelle-
ment en préparation, il exposera en détail les résultats complets
et fort nombreux de cette huitième campagne souterraine, qu'il
considère comme l'une de ses plus fructueuses et instructives. >
Le Président remercie M. Martel, et le félicite des résultats obte-
nus dans cette huitième campagne aussi bien remplie quelles pré^
cédentes. « Vous avez courageusement exercé ce que vous appelez
plaisamment, mais avec trop de modestie c votre petite industrie
d'amateur de trous >. Tout le monde ne s'aventure pas dans les
abimes avec autant de résolution et de bonne humeur. Je vous en
félicite au nom de la Société de Géographie tout entière. »
— La séance est levée à 10 h. 3/4.
MEMBRES ADMIS
MM. Maurice Dussaq; Si Mohammed ben Belkassem; A. Pagnon;
Paul Le Fèvre; le prince Viatcheslav Tenichev.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Meiguen (Eugène), avocat, agréé au tribunal de commerce
(E.-A. Martel et Alexandre Boutroue) ; — Ernest Santerre {Sébas-
tien Santerre et G. Depping) ; — Levât (Edouard-David), ingé-
nieur civil des mines (Charles Ledoux et Georges Martin) ; — le
marquis Dodun de Kéroman, officier de cavalerie {E, Van den
Broek d'Obrenan et Ch, Maunoir); le D^ Fràncken, médecin in-
specteur de la station balnéaire de Scheveningen (G. Verschuur et
Ch. Maunoir); — Marin (Louis), licencié es lettres {Baron Hulot et
Ch. Maunoir); — Dehove (Jules-Raymond), capitaine d'infanterie
de marine {capitaine Braulot et Ch. Maunoir).
72 PROGÉS-VERBAL.
Séance du 21 février 1896.
PRÉSIDENGB DU D' HAMY, DE l'INSTITUT
A Touverture de la séance, )e Président annonce que le matin
même, le prince Henri d'Orléans était arrivé par le train de 8 h. 55
avec M. Roux, l'un de ses compagnons de voyage. Son autre com-
pagnon, M. Briffaud, s'était rendu directement dans sa famille.
Le bureau de la Société de Géographie et les membres de la
Commission centrale s'étaient rendus à la gare de Lyon pour re-
cevoir les voyageurs que le prince d'Arenberg avait déjà salués à
Marseille au nom de la Société.
M. Le Myre de Vilers, vice-président de la Société, conduisait
la délégation ; il s'est exprimé en ces termes :
€ Mon cher collègue, en passant du bassin de la mer de Chine
dans celui de la mer des Indes, par le cours supérieur du Mékong,
de la Salouen, de Flrraouaddy et du Brahmapoutra, vous avez
accompli un voyage qui marquera dans l'histoire de la géographie
et qui vous place d'ores et déjà sur le même rang que vos illustres
devanciers, Doudart de Lagrée, Francis Garnier, Mouhot, Pavie et
C. Bonvalot. Grâce à vous, il ne reste plus de découverte impor-
tante à faire dans l'Asie méridionale. La période des grandes explo-
rations se trouve close dans ces régions.
c Vous avez rendu, mon cher collègue, un service signalé à la
science et honoré la France.
c La Société de Géographie, en l'absence de son éminent pré-
sident, M. Janssen, retenu par la maladie, m'a chargé de vous
souhaiter la bienvenue, ainsi qu'à vos fidèles compagnons de mi-
sère, MM. Roux et Briffaud; de vous adresser à tous trois ses
chaleureuses félicitations, et devons dire qu'elle est fière de vous
compter au nombre de ses membres.
c C'est avec une réelle satisfaction que je m'acquitte de cette
mission, et que je vous serre la main au nom de tous nos collègues
et de nos amis de l'Indo-Chine. >
Comptes Reni
N^«3^4
«/ Hans^/t, I
SÉANCE DU SI FÉVRIER 1896. 73
Puis, M. Levasseur, au nom de la Société de géographie com-
merciale^ adresse aux hardis voyageurs quelques compliments sur
leur heureux retour.
Le prince H. d'Orléans a répondu :
c M. Le Myre de Vilers, M. Levasseur, Messieurs, nous avons eu
des moments difficiles à traverser; maintenant nos souffrances,
nos peines sont oubliées ; l'accueil que vous nous faites est la plus
douce récompense à nos travaux. Dans les circonstances présentes,
je suis heureux d'avoir trouvé un terrain sur lequel tout motif de
discussion disparaisse, sur lequel nous ne soyons plus, les uns et
les autres, que des enfants d'un môme pays, concourant selon nos
moyens à la grandeur de la patrie. »
Voici le télégramme que M. Janssen avait adressé à la Société
avec tous ses regrets de ne pouvoir assister à la cérémonie.
Mardi 18 février 1896»
Suis encore retenu au lit et à la chambre. Prière de trans-
mettre au prince mes regrets de ne pouvoir lui adresser moi-même
mes félicitations pour un voyage si glorieux pour lui et si fructueux
pour la France.
Janssen.
Le prince d'Arenberg, bien que devant rentrer le lendemain à
Paris, avait tenu à donner à la Société, le jour même (21 février)
des nouvelles de la très intéressante conférence faite par le jeune
voyageur à la Société de géographie de Marseille sur sa longue
et pénible exploration.
Le prince d'Arenberg ajoutait : c Le général Duchesne a été
très touché de ce que les Sociétés de Paris aient songé à envoyer
quelqu'un au-devant de lui. Il m'en a particulièrement remercié ;
La réception a été vraiment très belle. >
Leetare de l« eorreapondanee.
Notifications, renseignements et avis divers. — La Société a
reçu, par un télégramme que M. le député Moscioni Negri a adressé
de Florence, avis du décès de M. Gristoforo Negri, un de ses mem-
bres correspondants, président-fondateur de la Société italienne
de Géographie dont le siège est à Rome.
soc. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. — N*** 3 et 4. 6
74 PROCÈS-VERBAL.
Elle a été informée également de la mort de M. d'Albéca,
administrateur colonial, décédé à Grand-Bassam (côte d'Afrique).
Il appartenait à la Société depuis 1878.
— M. 0. Leteilier remercie, au nom de son frère, M. Gaston
Letellier, admis récemment comme Mb de la Société de Géographie
et qui est actuellement dans l'Asie centrale.
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets).— M. E.-A.
Martel adresse douze brochures ou articles de lui, notamment :
Les cavernes de Saint-Canzian (Autriche), avec 7 gravures
(Monde moderne, oct. 1895), description du cours souterrain de
la Recca, près de Trieste, exploré de 1884 à 1893 par MM. Hanke,
Marinitscb, Muller, Novak, longueur, 2,700 mètres, sous des voûtes
atteignant jusqu'à 90 mètres d'élévation, c II est probable que
nulle caverne n'a été plus dangereuse à scruter. » — Nouvelles
observations au gouffre de Padirac (Lot) (C. R. de VAcad. des
sciences, 21 octobre 1895), effectuées dans la nuit du 28 au 29 sept.
1895, lors de la troisième exploration de cette rivière souterraine,
avec MM. E. Rupin, R. Pons, G. Pradines et Delclaux. La rivière
n'était pas tarie, malgré une sécheresse prolongée pendant huit
semaines à la surface du sol ; son niveau était seulement plus bas
de 10 à 15 centimètres que ceux de juillet 1889 et de septembre
1890. Le régime du courant parait fort calme et peu sujet aux
crues; la plus grande salle, précédemment supposée haute de 70
à 80 mètres, a réellement 90 mètres d'élévation, mesurés à l'aide
d'une montgolfière; c'est avec Saint-Ganzian, la plus haute caverne
qu'on ait mesurée jusqu'à présent; un naufrage à 100 mètres sous
terre et à 1 kilomètre de l'orifice du gouffre accidenta cette nou-
velle reconnaissance et faillit noyer MM. Martel, Pradines et Del-
claux. — V avalanche de VAltels en Suisse (La Nature, n° 1170,
2 novembre 1895) qui, le 11 septembre 1895, près du col de la
Gemmi, coûta la vie à 6 hommes et à 130 têtes de bétail, doit,
comme celle de Saint-Gervais, attirer sérieusement l'attention sur
le secret de la circulation des eaux sous-glaciaires; cette question
a déjà été signalée ici même {C, R., n* 7, 1895, 5 avril, p. 130).
€ Atlendra-t-on pour comprendre la nécessité de maîtriser au
moins certains glaciers que la multiplicité des catastrophes ait
encore porté la ruine et la mort dans beaucoup d'autres vallées
alpestres? » M. le professeur A. Ueim vient de publier à Zurich
(1896, 98* Neujahrsblatt der Naturforschenden Gesellschaft) un
mémoire détaillé, avec planches en couleurs et phototypies, sur
SÉANCE DU il FÉVHIER 1896. 75
les causes probables et les circonstances de l'avalanche de TAltels,
qui s'était déjà produite à la même place en 1782. *^ Le tunnel
naturel de Torghatten en Norvège (La Nature j nM176, 14 dé-
cembre 1895), dont l'allitude et les dimensions actuelles (1894)
ne correspondent plus à celles que lui attribuait Vibe en 1860
(supplément n<* 1 des Petermann'i Mittheilungen)^ devrait être
Tobjet d'observations précises et continues en ce qui touche
Texhaussement possible du sol de l'Ile de Torghatten. c On sait
quels débats se sont élevés au sujet du soi-disant c mouvement de
charnière > de la péninsule Scandinave autour de son axe trans-
versal... Or, le tunnel de Torghatten est peut-être un témoin enre-
gistreur de ce mouvement très lent... Savoir si ce soulèvement
continue se rattache donc à l'importante question des mouvements
de i'écorce terrestre. >
A cet envoi, Tauteur joint 64 photographies (9x12) de ses
voyages en Grèce, en Dalmatie, en Irlande, en Angleterre et en
France (1891-1895).
— De Gonstantine, M. Fock, ingénieur, adresse un tirage à part
de son étude sur La pénétration africaine et le péril jaune, in-
sérée dans la Nouvelle Revue (n« du 15 février).
— M. L. Drapeyron, directeur de la Revue de Géographie, fait
hommage, de la part de M. Emerico Frassi d'Italo, professeur de
géographie, demeurant à Milan, de tous les documents que ce der-
nier a publiés concernant les c Fuseaux horaires 9.
— M. Venukoff adresse un exemplaire de la note qu'il vient de
publier sur la réduction des cartes topographiques à la même
échelle.
On connaît le projet du professeur Penck, à savoir la construc-
tion d'une carte du globe entier à l/ljOOCOOO*. Au Congrès géo-
graphique de 1895, à Londres, on s'est, comme on sait, occupé du
projet, mais on a trouvé qu'il n'était pas encore réalisable, parce
que des levés topographiques exacts manquent presque partout.
L'Europe pourtant fait exception (quoique pas entièrement) ainsi
que certaines parties de l'Asie, de l'Afrique et de rAmérique.
Dans la note dont nous parlons, M. Venukoff dresse une liste
des principales cartes topographiques européennes d'où il résulte
que l'Europe possède une assez grande quantité de matériaux géo-
désiques et topographiques pour la construction d'une carte, non
seulement à 1/1,000,000% mais encore à 1/100,000* et même à une
échelle plus grande encore.
L'unification de l'échelle des cartes topographiques serait fort à
76 PROGBS-VBIiBAL.
désirer dans la vie pratique, pense M. Venukoff, surtout pour les
officiers qui commandent des troupes, pour les ingénieurs des che-
mins de fer» des ponts et chaussées, pour les géomètres et autres
agents du cadastre, etc. Assurément, tout le monde serait satisfait
de posséder une carte de l'Europe entière à Tèchelle de 1/100,000*
et môme deux cartes : Tune à 1/100,000" et Tautre à 1/50,000'.
L'héliogravure offre un moyen sûr et peu coûteux d'atteindre ce
but ; cependant, il ne faut pas oublier que deux obstacles sérieux
se présentent : l"* Les cartes topographiques sont partout la pro-
priété des gouvernements qui s'en montrent extrêmement jaloux.
2* Autre difficulté d'ordre technique. Certaines cartes réduites à
réchelle de 1/1,000,000^ deviennent illisibles à cause de la diminu-
tion extrême des lettres dans toutes les inscriptions, sauf peut-être
les titres ; d'autres cartes agrandies jusqu'au 1/100,000* perdent
leur élégance, car la gravure devient inégale, un peu vague, quand
elle est agrandie ; alors elle n'est plus facilement lisible.
Cependant, avec un peu d'art et de patience, ces deux défauts
pourraient être évités. En somme, la plus grande difficulté à l'unifi-
cation provient des gouvernements. M. Venukoff pense qu'il appar-
tient à l'Association géodésique internationale de triompher de cet
obstacle d'ordre moral.
Partie plus spécialement géographique de la correspon-
dance. -- [A«ie]. — De Marseille, 17 février, M. G. Brenier, frère
d'un de nos collègues, écrit que, le 11 de ce mois, il a reçu de
Lyon des nouvelles concernant la mission lyonnaise en Chine.
A son départ de Yunnan-fou, iO janvier, la mission s'était
fractionnée en deux groupes : l'un, devant remonter le Szé-
tchuen, et Tautre, prendre par le Kouei-tchéou jusqu'à Tchoung-
king. Le premier groupe, sous la direction de M. le consul Rocher,
était arrivé, le 7 février, à Lou-tchéou-fou, sur le Yang-tzé, distant
de Tchoung-king d'environ 125 milles. Le deuxième groupe, placé
sous les ordres de M. Henri Brenier, a atteint Koui-yang-fou, la
capitale du Kouei-tchéou, le 9 février. Les deux fractions de la
mission, réunies à Lou-tchéou,. iront visiter Kiating-fou, le centre
soyeux le plus important du Szé-tchuen, pour gagner ensuite
Tchoùng-king, l'objectif principal de l'exploration.
— De Houili-tchéou (Se-tchouen), bouche méridionale du fleuve
Bleu, 6 novembre 1895, M. Madrolle, Mb., écrit que, depuis trois
mois, parti de Hanoï, il a parcouru le Yunnan qu'il vient de quitter
SÉANCE DU^l FÉVRIER 1896, 77
sans regn^et. En . effet, son passage dans les villes chinoises était
salué par des cris, des hurlements, des imprécations et des me-
naces. À Shîh-ping, les habitants détruisirent sa porte, et, la nuit
venue, montèrent sur le toit pour décrocher quelques tuiles qui
tombèrent dans sa chambre.
c Tel était Tétat d'esprit, des populations yunnanaises, que les
mandarins ne cherchaient nullement à calmer. La guerre du Japon,
les fausses nouvelles, les placards contre les étrangers, avaient
monté toutes les têtes, et mes trois boys, tous Cantonnais, dé-
paysés dans cette province dont ils ne comprenaient guère le
dialecte, n'échappaient point à l'orage, c N'as-tu pas honte de
servir un Européen? Ne sais^tu pas que c'est un crime de conduire
un Français en Chine ? "» disait à un des miens le mandarin du
Kuo-Tchiou; puis en plein midi, dans la capitale du Yunnàn,
devant un magasin où je m'étais arrêté, un de mes boys entendait
ces paroles : c Ta tête est pour demain ( t» Cesi avec ces menaces
journalières que j'ai traversé le Yunnan.
€ Le pays, pourtant, est bien intéressant à visiter. La population
rurale est laborieuse ; elle se compose d'une quantité de tribus, dont
beaucoup ne se sont jamais mélangées aux Chinois. Le sol est excel-
lent pour toutes les cultures, et son sous-sol d'une grande richesse
minière : étain, cuivre blanc, cuivre rouge, or, fer, charbon de
terre, salines, etc., se rencontrent à fleur de terre, délaissés par
les indigènes.
c Mon itinéraire, qui, en partant de Laokay, devait être la recon-
naissance des sources du fleuve Rouge, fut complètement annihilé
à Shih-ping. Le mandarin s'effraya de ce projet, qui lui avait été
dévoilé par mes muletiers : c Aucun Européen, dit-il, n'a passé
par ce chemin ; il faut, à tout prix, que la région reste inconnue à
ce Français. 3> Ordre donc fut donné à mes muletiers de refuser de
me conduire par cette route, et on voulut même me faire repartir
sur Yunnan-sen, par la route des caravanes. Dans l'impossibilité
d'acheter des animaux et d'avoir des hommes dévoués, je dus pa-
raître me soumettre, non sans récriminer; mais en route, je
réussis à m'enfoncer dans les montagnes, où, pendant quatre jours,
je traversai des tribus que les Fils du Ciel traitent de sauvages
€ Lolos 9, mais qui n'en sont pas moins de paisibles montagnards.
 Tong-hoi, je retrouvai la route de la capitale où je séjournai
quelques jours.
c De Yunnan-sen (capitale du Yunnan) partent trois grandes
routes commerciales, celles de la Birmanie, du Moyen-Fleuve*
78 PROGÊfhVERBAL.
Bleu et du Tonkin, toutes déjà connues; une quatrième, qui D*a
jamais été relevée, mais dont le commerce est entièrement local,
traverse le grand coudé méridional du fleuve Bleu ; c'est cette route
que j'ai résolu de suivre, pour reconnaître la forme du coude et
les produits commerciaux de cette partie de la Chine.
c La population y est moins dense, les cultures peu variées, les
montagnes à pic. On y trouve une grande quantité de bœufs, de
zébus et de chevaux.
c Le fleuve Bleu, à Tendroit où je Tai traversé, est encaissé; ses
eaux sont rapides, et son cours, limité vers Test et vers Touest par
des rapides, n'est navigable que pendant une jourfaée.
c Là encore, j'eus à subir la mauvaise volonté du mandarin, qui,
partout le môme, cherche à entraver tous les projets de l'Européen.
J'avais loué une barque pour descendre cette partie du fleuve
jusqu'aux rapides; mais le mandarin sut si bien déranger ma
reconnaissance, qu'après une journée passée sur le' fleuve, je
n'avais rien vu et j'étais encore devant le bourg de Loung-kay. Le
mauvais vouloir des bateliers, le retard apporté dans l'appareil-
lage, la mollesse commandée par ordre supérieur, firent que,
sept heures après mon embarquement, je n'avais encore rien vu.
c Ceux qui n'ont jamais circulé dans Tintérieur de la Chine (là
011 l'Européen n'habite pas) ne peuvent se douter des tracasseries
dont le voyageur est l'objet ; ici, défense aux aubergistes de le
recevoir; — là, aux marchands de lui vendre; — voulez-vous un
guide? personne ne connaît le chemin; —la route traverse des
régions montagneuses où les bandes de pillards sont nombreuses.
Les mandarins doivent € aide et protection » d'après le passe-
port; on désire donc quelques soldats (c'est l'habitude); mais,
cnous n'en avons plus, il faut attendre trois jours, puis huit jours»
puis un mois 1 etc. » La population vous rit au nez, vous lance des
imprécations ; les soldats qui vous accompagnent ont reçu l'ordre
de laisser faire; l'Européen doit amuser le peuple, être son jouet.
« Il faut l'en dégoûter, disait un mandarin ; comme cela, d'autres ne
c viendront pas î >, et ainsi mille tracasseries de tout genre et de
toute espèce.
« Je viens de pénétrer dans une nouvelle province, le Se-tchouen,
qui a été récemment soulevée par ses propres mandarins contre
les Européens et les chrétiens; je suis encore bien loin des grands
centres de nos missionnaires et de leurs chrétientés, et ne puis
encore rien ressentir des effets du pillage et de l'excitation des
esprits ! Je souhaite de pouvoir traverser sans trop d'embarras
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1896. 79
eette région éloignée et peu connue, me proposant de gagner la
frontière thibétaine par le pays des Lolos noirs.
€ Une caravane veut bien prendre ce mot; je pense que ces Cé-
lestes voudront tenir parole, et le remettre à Tong-chouan à des
gens qui le feront parvenir, par le Tonkin ou le fleuve Bleu, à une
poste quelconque.
t P.-S. — Je pense être de retour en France vers Tété. L'hiver,
qui commence ici, me parait très rude ; lèvent du nord, après avoir
traversé la Mongolie, le Thibet et les glaciers des montagnes, qui
limitent ici la Chine, suit, avec une violence extrême, les plaines
étroites qu'enserrent de hautes montagnes (je suis actuellement
à 2,000 mètres d'altitude.) »
[Afrique]. — De Bedaro, 20 janvier, M. Marmier, colonel du
génie à Madagascar, écrit que le temps lui a manqué, à Tamatave,
pour annoncer un résultat qu'il a obtenu au cours d'un voyage
d'exploration fait avec le capitaine du génie Dorand et un Hova.
c J'ai, dit-il, découvert et parcouru la fameuse route interdite par
Radama, et qui n'est pas, bien entendu, la route fort connue de
Tamatave à Didy, parcourue par MM. Cattat et Maistre. Aucun
vazaha, aucun officier hova, aucun Tsimando ne l'avait suivie ; elle
est très fréquentée par les voleurs de bœufs, qui envoient le pro-
duit de leurs rapines, du pays des Bezanozano chez les Betsimisa-
rakas, et elle est jalonnée par des gourbis qu'ils ont élevés tous
les 6 à 10 kilomètres. Je vais rédiger le récit de mon voyage, qui
offrira peut-être quelque intérêt pour mes collègues de la
Société. >
Commn
NÉCROLOGIE. — Le Président signale la nouvelle perte que la
Société vient de faire et qui a été annoncée plus haut, celle de
M. Alexandre d'Albéca, administrateur colonial, ancien directeur
des affaires politiques du Dahomey. Il rappelle les travaux que le
défunt a donnés, tant dans le Bulletin trimestriel que dans le
Compte rendu des séances de la Société, Parmi ses ouvrages il
faut citer celui qui concerne les Établissements français du golfe
de Bénin : géographie, commerce, langues, etc. (1889, 1 vol.
in-8 avec carte au i/200,000*') et la France au Dahomey (1895,
1 vol. in-8).
80 PmOCiS-YEEBAL.
Le Président annonce également la mort de M. Cristolbro Negrî.
Mb. correspondant étranger de la Société depois 1873.
€ Le défont était né à Milan, en 18Q9. Après avoir étudié le droit en
Italie et en Antriche, il se livra i des travanz ayant ponr objet rbb-
toire et la politique. Pendant près de vingt ans, il occapa le poste de
directeur des consulats en Sardaigne,où il se distingua particoliére-
ment par les encouragements aeeordés aux géographes et aux voya-
geurs. En 1867, il fonda la Société italienne de géographie dont le
siège était alors à Florence, et i la prospérité de laquelle il ne
cessa de contribuer, soit par la propagande qu'il fit, soit par les
travaux qu'il publia dans le Bulletin de cette Société. Son améoité
à regard des géographes et des voyageurs étrangers lui valurent de
nombreuses amitiés ; aussi était-il membre d'hoDoeur on correspon-
dant de la plupart des Sociétés géographiques d'Europe. Ses travaux
ont porté particulièrement sur la géographie historique et politique,
ainsi que sur les questions relatives aux régions arctiques. Prési-
dent effectif de la Société italienne de géographie jusqu'à Tan-
née 1872 (époque du transfert de cette Société à Rome), M. Cristo-
foro Negri a conservé le titre de Présideni-foAdaieur de la Société
italienne de géogra|^ie. »
Présentations de litres^ brochures^ cartes^ etc. — M. A. de Lap-
parent fait hommage de ses Leçons de Géographie physique (Paris,
Masson, 1896, 1 volume in-$ de 600 pages), et donne à ce sujet
les indications suivantes :
€ A diverses reprises, j'ai entretenu la Société des tentatives
qui sont faîtes de tous côtés pour asseoir sur des bases ration-
nelles renseignement de la géographie physique, en joignant, à
la considération des formes actuelles du globe, celle de la longne
évolution dont elles sont le produit. Ce point de vue, qu'on retrouve
à Tétat de tendance dans tous les écrits de M. Elisée Reclus ; qui
a inspiré, il y a peu d'années, le remarquable ouvrage de MM. de
la Noë et de Mai^erie sur les Formes du terrain^ prévaut aujour-
d'hui sans conteste en Allemagne, comme en témoigne la Lànder-
kunde de Kirchboff. Mais surtout il règne absolument parmi les
géographes des Etats-Unis, où s'est créée, principalement sous l'im-
pulsion de M. Morris Davis, une école qui s'est déjà signalée par
d'importants travaux. Ainsi s'est constituée une nouvelle branche
de connaissances qui, après avoir apparu sous le nom de Géomor-
phologiey a reçu plus récemment la désignation encore mieux
appropriée de Géomorphogénie.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1896. 81
€ Il m'a semblé que le moment était venu d'essayer de codifier,
en quelque sorte, la nouvelle doctrine, en présentant, dans un
ordre logique, toutes les notions relatives à la genèse des formes
géographiques. Au lieu de baser la classification de ces formes
sur des données purement morphologiques, je me suis efforcé de
la déduire du jeu régulier des puissances qui s'emploient au façon-
nement de la surface teft*restre; les unes» intérieures, qui détermi-
nent le dessin structural de Técorce, les autres, extérieures, aux-
quelles est dû le modelé superficiel. De cette manière, chaque
forme arrive à sa place naturelle, oomme un épisode dans l'his-
toire des agents qui ont concouru à Tengendrer.
c Les principes fondamentaux de la constitution du modelé une
fois posés, je rappelle, dans deux leçons succinctes, tout ce qu'il
est utile de connaître du passé géologique de notre planète, pour
pouvoir procéder utilement à l'analyse des formes actuelles. Gela
fait, je passe en revue, tour à tour, les principales régions du
globe, en les groupant d'après leurs analogies naturelles, et en
oherchant à mettre en lumière le degré d'évolution où chacune
d'elles est parvenue. Chemin faisant, j'explique les diverses par*
ticularités de l'orographie et de l'hydrographie, et je fais ressortir
les trsi.its qui distinguent chacun des pays de la surface terrestre.
€ Ainsi comprise, la géographie n'est plus une science purement
descriptive. Elle revêt un puissant intérêt historique, en permet-
tant de reconstituer, d'après l'aspect présent d'une contrée, les
phases principales d'une évolution parfois très compliquée. Je me
me plais à espérer que, malgré la nouveauté du point de vue auquel
je me suis placé, mes efforts seront appréciés par les géographes
français. La réforme que ce livre cherche à provoquer dans l'en-
seignement est urgente, en raison du développement que ce genre
d'études a déjà pris à l'étranger. Il n'est que temps pour la France
d'y entrer d'une façon définitive. Pour ma part, je serais bien
heureux si l'accueil fait à mon œuvre devait m'autoriser à penser
que j'ai contribué à garder pour mon pays la place honorable
qu'il lui convient de tenir dans le mouvement de transformation
féconde où la science géographique est aujourd'hui engagée. >
—M. Camille Guy, chef du Service géographique au Ministère des
Colonies, dit que ce service, qui existe depuis un an à peine, a déjà
fait des efforts consciencieux pour donner au public des cartes
aussi exactes que possible, capables de compléter la connaissance
de notre domaine colonial et dignes de servir d'instruments d'étude
aux travailleurs et aux savants.
82 PROCÉS^VERBAL.
Il rend un public hommage au zèle^ au déyouement et au talent
de ses collaborateurs de la première heure : M. le lieutenant de
vaisseau Le Vay, MM. les capitaines Marchand et Levasseur,
MM. les lieutenants fiaud, Vermeersch, Spick et Oliviei*, MM. les
administrateurs coloniaux Pobèguin et Glozel qui ont apporté
à l'œuvre le secours de leur expérience et de leurs connais-
sances géographiques. Après la carte de M. Levassear> après celle
du Congo dressée par M. Hansen, après les croquis du lieutenant
Baud, voici la carte du capitaine Marchand que M. Guy dépose sur
le bureau de la Société, c Tous, vous connaissez, dit-il, le nom
du capitaine Marchand qui, bien qu'âgé de trente-deux ans à
peine, est déjà un vieil Africain. 11 en est aujourd'hui à son troi-
sième voyage dans le Soudan. Son premier voyage avait été déjà
fécond en résultats, puisque ses itinéraires avaient été compris
dans la carte si intéressante de M. le gouverneur Binger. Dans les
deux suivants, le capitaine Marchand a joué un rôle héroïque et
utile à son pays. C'est lui qui, le premier; a jalonné notre route de
la Côte d'Ivoire à Kong par une série de postes importants; c'est lui
qui est entré le premier dans cette ville et il n'est revenu à la côte
qu'avec la vaillante troupe du vaillant colonel Monteil. En dépit de
- dures fatigues, malgré de très grands dangers, le capitaine Mar-
chand a utilisé ses heures libres (les loisirs de la brousse!) à
construire une carte non seulement d'une exactitude rigoureuse,
mais encore d une exécution élégante et d'un intérêt poignant,
puisqu'elle nous permet de suivre pas à pas les étapes de notre
colonne expéditionnaire. >
Cette carte au 1/1,500,000* est en deux feuilles. Elle donne les
régions arrosées par le Bandama et le Bagoê. Par le Bandama, na-
vigable pendant la majeure partie de l'année, le capitaine Mar-
chand estime que l'on peut gagner, grâce à un seuil praticable de
106 kilomètres, le Bagoé, une des branches maîtresses du haut
Niger. 11 y a donc là une voie de pénétration encore inconnue et à
laquelle Tauteur de la carte a donné le nom suggestif de Tran^nû
gérien. € Espérons, avec le capitaine Marchand, qu'un chemin de
fer unira un jour ces deux vallées à travers le seuil et que le rêve
d'aujourd'hui sera la réalité de demain. Le gouvernement a déjà
récompensé les efforts courageux de ce jeune et vaillant explorateur
en lui donnant la rosette d'officier de la Légion d'honneur; mais
' nous avons pensé qu'il manquait à cette carte la consécration de
la plus haute autorité géographique du pays, je veux dire la So-
ciété de Géographie de Paris. >
SÉANCE nu 2i FÉVRIER 1896. 83
— M. F. Sehrader présente V Atlas de géographie historique
publié par la librairie Hachette et qui complète V Atlas de géo^
graphie moderne que la même maison a édité, il y a un certain
nombre d'années. Le nouvel Atlas est conçu dans le même esprit,
sur le même plan que son a1né« M. Sehrader, sous la direction de
qui cet ouvrage est publié avec l'aide de professeurs et de savants,
dit que, dans le premier comme dans le second Atlas, on s'est ef-
forcé de considérer les faits, non seulement en enx-mêmes, mais
aussi .dans leur évolution et leurs rapports de causes et d'effets.
Des notices accompagnées de cartons et de ligures en noir, éta-
blissent le lien nécessaire, d'une part entre les événements suc-
cessifs, d'autre part entre les lieux et les faits. En terminant,
M. Sehrader rend hommage aux collaborateurs qui ont rédigé
les notices et surveillé les cartes, chacun dans sa spécialité,
MM. G. Maspéro, A. Longnon, Haussoullier, etc.
Le cinquantenaire de la Société de Géographie de Russie. -—
M. Venukoff signale les publications qui ont été faites pour fêter
cet anniversaire qu'on a célébré le 2 février de cette année à
Saint-Pétersbourg. Ce sont plusieurs ouvrages géographiques
d'une valeur considérable, tels que le Voyage au Thibet^ de
M. Pievtzof, dont les Comptes rendus de la Société de Géographie
de Paris ont déjà parlé, et le premier volume du Voyage dans
la Chine occidentcUe, de MM. Groum-Grjimaïlo, que M. Venukoff
présente à la Société et qui est consacré au Thian-chan oriental. La
troisième publication de la même date (1896), est la Carte des tra-
vaux géodésiques en Sibérie et dans les pays limitrophes, dressée
par M. Koversky et accompagnée d'un volume de texte explicatif,
ouvrage très utile à tous ceux qui s'occupent d'une manière vrai-
ment scientifique de la géographie de l'Asie. Enfin, la Société de
Géographie de Russie vient de publier en trois volumes son His-
toire pendant les cinquante dernières années (1846-1896).
M. Nansen et le pôle nord. — M. Charles Rabot commente la
dépêche reçue tout récemment d'irkoutsk sur l'expédition Nansen
qui serait parvenue au pôle nord, y aurait découvert une terre nou-
velle et serait en train d'effectuer son retour. Or, cette dépêche
contient des nouvelles en partie vraies, en partie dénaturées pour
avoir passé de bouche en bouche, c II semble probable que l'expé-
dition norvégienne a dû visiter les îles de la Nouvelle-Sibérie et
que c'est dans ces parages qu'elle a découvert la terre mention-
84 PROCÈS-VERBAL.
née dans le télégramme. Quant à Tarrivée de Nansen au pôle, elle
reste très problématique. Deux hypothèses sont admissibles d'après
la dépêche d'Irkoutsk : 1» ou Nansen a atteint dès 1893 la terre en
question et de là a poussé vers le pôle en 1894 et effectué son re-
tour en 1895. Un pareil succès impliquerait un concours de circon-
stances absolument extraordinaires; 2*» ou Nansen se trouve actuel-
lement sur la côte de Sibérie et dans ce cas Texpédition aurait
abouti à un échec. >
Voyage de M. Ch, Bonin en Asie. — M. Grenard demande à dire
quelques mots sur le voyage que poursuit en ce moment un de
nos compatriotes, M. Gh. Bonin, vice-résident au Tonkin, dans la
Ghine occidentale et sur les confins du Tibet, c'est-à-dire dans des
régions auxquelles le public français prend depuis quelques années
un très légitime intérêt.
€ La nécessité de mieux connaître les contrées qui s'étendent au
. nord de nos possessions indo-chinoises, afin de pouvoir y faire
pénétrer notre influence économique, a éveillé le zèle de nom-
breux voyageurs dont M. Bonin n'est pas l'un des moindres. Les
dernières nouvelles que nous avons de lui nous viennent de Tali-
fou et sont datées de la fin d'octobre. Jusque-là, il n'avait guère
parcouru que des pays connus et déjà explorés par les Européens ;
cependant, de Mong-tze à Yunnan-cheng et à Tali-fou, il a recueilli
de nombreux renseignements sur les peuplades non chinoises qui
habitent cette partie de la Ghine. Ges peuplades n'ont été jusqu^à
présent que très imparfaitement étudiées et tout renseignement
sur elles sera le bienvenu. En outre, M. Bonin a fait, de Tali
même, une reconnaissance aux sources du fleuve Rouge et en a
pour la première fois relevé la carte. Mais c'est surtout au delà de
Tali, qu'il a quitté au commencement de novembre^ que IM. Bonin
peut faire œuvre originale et intéressante. Il avait d'abord eu
l'intention de s'engager dans le Tibet oriental, de gagner Kier-
koudô, par la route la plus directe qui passe par Tchamdo, et, de là»
pénétrer jusqu'en Mongolie et jusqu'aux possessions russes du
Turkestan. Ge voyage eût été fort important, non seulement par sa
longueur ou par la détermination d'une route directe et pratique
entre les possessions françaises et les possessions russes, mais
aussi parce qu'il aurait permis de préciser certaines parties encore
vagues du cours du Mékong entre Yerkalo et Tchamdo et de nous
faire connaître le bassin du même fleuve et tout le pays depuis
Tchamdo jusqu'à Kierkoudo.
SiANGB DU SI FÉVRIER 1896. 85
c Malheureusement M. Boain s'est heurté à des difficultés qu'il
n'eût pas été prudeut de mépriser. On sait qu'à la suite du meurtre
de Dutreuil de Rhins, M. Gérard, ministre de France à Pékin,
exigea du gouvernement chinois, en manière de satisfaction, qu'il
donnât des ordres très énergiques et prit toutes les mesures né-
cessaires pour que les missions catholiques du Tibet oriental,
détruites quelques années auparavant à l'instigation de lamas boud-
dhistes, pussent être réinstallées dans leurs résidences primitives.
La résidence de ces missions se trouvait précisément sur la
route que M. Bonin avait le dessein de suivre. Or, les lamas et la
population ne veulent à aucun prix permettre le rétablissement
qu'on prétend leur imposer et sont dans un état de surexcitation
tel, qu'un Européen ne pourrait tenter de pénétrer sur leur terri-
toire sans s'exposer à un mauvais parti. Le prince Henri d'Orléans
avait, si je ne me trompe, songé tout d'abord à remonter le Mé-
kong dans cette direction, mais il a dû y renoncer devant l'hosti-
lité des indigènes qui ont reçu à coups de pierres, son compagnon,
le lieutenant Roux, dans le village d'Atentzé. C'est pourquoi il s'est
décidé à laisser de côté le Tibet et à gagner l'Inde par les sources
de riraouaddy.
c Forcé d'abandonner son projet primitif, M. Bonin a recherché
une route nouvelle qui le conduisit de Tali-fou à Tatsienlou, le
grand marché du Tibet oriental. Entre ces deux villes s'étend un
pays encore peu exploré, compris dans la grande boucle du Yang-
tzé-kiang, entre Tatsienlou, Batang, Tali, Tong-tchueu, Soui-
tcheou, et Kia-tirig. Les voyageurs précédents, Gooper, Desgodins,
Garnier, Gill, Szechenyi, Bonvalot, Rockhill, Bower, la mission
lyonnaise n'ont reconnu que la périphérie de cette région. Seul,
l'anglais Baber a pénétré dans l'intérieur en traversant le pays
des Lolos et le district de Ning-yuen-fou. Mais il reste un vaste
espace complètement inexploré lentre le Yang-tzé et son affluent le
Valong-kiang. C'est cette contrée que désire visiter M. Bonin. Il
Terra d'abord Li-kiang-fou, le Sadam des Tibétains, l'ancienne
capitale des Mosso-Ghiong, le centre du commerce entre le Tibet
et le Yunnan, et où nul Européen n'a pénétré. De là il gagnera les
villes mystérieuses de Tchong-tien, le Ghiédam des Tibétains, et
de Young-ning, pour atteindre Tatsienlou.
c D'après les informations de M. Bonin, cette route serait très
dure, très étroite, franchissant des montagnes hautes et abruptes ;
c'est par là pourtant que les pelleteries du Tibet et de la Mongolie
sont apportées à Tali« Les cartes chinoises ignorent cette route;
86 PROCÂS^VERBAL.
car, ni les fonctionnaires ni les marchands chinois ne la suivent,
craignant les t ma jen > c*est-à*dire les cavaliers pillards qui la
parcourent. Ces (^valiers sont des IMossos, que les Tibétains ap-
pellent Ghiong et qui se nomment eux-mêmes Nachî. Cette peu-
plade, très curieuse et dont on sait fort peu de chose, avait consti-
tué autrefois un État assez puissant, qui s'étendait dans le nord du
Yunnan et le sud du Se tchuen avec Li kiang pour capitale. Ils
furent soumis à la Chine à la fin du règne de Temperenr Kang hi
(mort en 1722); mais cette soumission est toute nominale. Les
mandarins, impuissants à maintenir dans Tordre ces incorrigibles
brigands, affectent de croire qu'ils n'existent pas; c'est une façon
toute chinoise de supprimer les difficultés. Souhaitons que ces
€ cavaliers "» ne fassent pas mauvais accueil à notre compatriote.
N'étant pas bouddhistes, ils n'ont pas les mêmes raisons que les Ti-
bétains de nous haïr; mais, à côté d'eux, on rencontre des Tibé-
ains de religion bouddhique et la géographie chinoise signale un
de leurs monastères à La kang ting. Ce ne sera donc pas une tâche
facile de manœuvrer entre ces diverses populations querelleuses,
défiantes et hostiles l'une à l'autre. M. Bonin n'aura que plus d'hon-
neur à triompher d'obstacles qui ont jusqu'à ce jour arrêté tant de
hardis explorateurs. Il comptait être à Tatsieniou dès les premiers
jours de janvier et espérait bien que cette ville ne serait qu'une
étape de son voyage. Où ira-t-il ensuite ? Je ne saurais vous le dire ;
car en exploration, de quelque force de volonté qu'on soit doué, on
fait, non pas ce qu'on veut, mais ce qu'on peut. 11 me reste à vous
prier de joindre vos vœux aux miens pour que notre compatriote
échappe à tous les dangers et réussisse dans son entreprise si
importante à la science géographique. »
Le recul de la chute Saint-Antoine (Mississipi), d'après les
travaux de M. WinchelL — M. Énk Levasseur, de l'Institut, ap-
pelle l'attention de ses collègues sur une publication de M. N.-H. Win-
chell, géologue de l'Ëtat de Minnesota, et qui traite de la Géologie
de cet État. Les trois volumes publiés jusqu'à ce jour renferment
un grand nombre de faits et d'études intéressant les géologues et
les géographes ; mais M. Levasseur ne veut, pour aujourd'hui,
s'attacher qu'à un seul point, le recul ou retrait de la chute Saint-
Antoine.
C'est à M. Winchell, présent à la séance, qu'il appartiendrait
d'exposer lui-même le résultat de ses travaux. Mais comme il craint
de ne pas s'exprimer assez clairement en français, M. Levasseur
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1896. 87
prend la parole à sa place, se bornant au rôle d'interprète, c J'ai tu
les lieux en 1893, dit-il» mais je les ai vus pendant un voyage qui
avait pour objet Téconomie sociale beaucoup plus que la géogra*
pbie physique, et je ne saurais rien ajouter aux savantes études
de M. Winchell. La grande chute en question, qui divise en
deux bassins le cours supérieur du Mississipi, se trouve dans le
comté de Hennepin, situé an sud-est de Tétat de Minnesota. > Des
sources du fleuve lui-même et des débats, aujourd'hui clos, qui se
sont élevés à ce sujet, M. Levasseur, déclare qu'il ne dira rien,
en ayant déjà parlé après son retour d'Amérique. Il s'occupera uni.
quement des variations qu'a subies le cours du fleuve entre Min-
neapolis (et au-dessus) et Saint-Paul.
M. Winchell a remonté très haut dans l'histoire du modelé du
terrain, jusque avant la période glaciaire, c Pendant la seconde
époque de cette période, la glace couvrait presque tout le Minnesota
(Etat grand comme les deux cinquièmes de la France), comme elle
couvrait tout le nord de l'Amérique jusqu'à la hauteur du New Jer-
sey à l'est et de Saint-Louis au centre. Sa limite méridionale paraît
avoir été, à une certaine époque, à peu près à la latitude de Saint-
Paul. On trouve en divers lieux, particulièrement pi*ès de Tuniver-
silé du Minnesota, des stries qui accusent le mouvement des gla-
ciers. La chute Saint-Antoine n'existait pas alors; par conséquent,
les érosions qui l'ont déplacée ne se produisaient pas encore.
A mesure que la température s'éleva, la glace recula vers le
nord ; M. Winchell croit en reconnaître une limite dans le voisinage
des sources du Mississipi, puis une autre dans la région où se
trouve aujourd'hui le lac Wiunipeg. Au temps où la glace était re-
montée à la hititude de Winnipeg, il s'était formé, au sud de la ré-
gion glacée, un grand lac qui occupait presque tout le bassin de la
rivière Rouge du nord et que les géologues ont baptisé du nom de
lac Agassiz. Ce lac se déversait par le Minnesota qui était alors un
très puissant cours d'eau ; le Minnesota emplissait son lit actuel et
occupait celui du Mississipi à partir du fort Snelling, tandis que
le Mississipi supérieur n'était qu'un cours d'eau secondaire. >
Il faut remonter plus haut encore dans Thisloire géologique pour
connaître, d'après M. Winchell, les variations du cours du Missis-
sipi. Avant et bien avant peut-être l'époque glaciaire, ce fleuve
paraît avoir coulé dans un lit qui traversait directement du nord-
ouest au sud-est la plaine entre Minneâpolis et Saint-Paul; les
alluvions de la première époque glaciaire ont comblé ce lit.
c Quand les glaces se fiu*ent une première fois retirées, le fleuve
88 PROCÈS-VERBAL.
se fraya une autre route et creusa dans le grès de Saint<Peter un
lit profond situé à l'ouest du massif de terrain silurien; ce lit tra-
versait le Singhle creek et le fiassett's creek, qu'il occupa entre
les deux périodes glaciaires et qui fut comblé par les alluvions ar-
gileuses de la seconde époque glaciaire ; ce lit est encore jalonné par
de petits lacs. Les eaux, étant alors très hautes dans le Minnesota,
se trouvaient au même niveau que celles du Mississipi supérieur
et il n'y avait pas de chute. Les glaciers s'avancèrent à peu près
jusque-là pendant la seconde époque glaciaire et le second lit fut
comblé.
€ C'est plus tard, lorsque les glaces eurent abandonné pour la
seconde fois ce terrain, que le Mississipi commença à couler dans
son lit actuel ; il y coulait d'abord sur la couche alluviale et au
niveau de la plaine.
c Par suite du retrait des glaces vers l'extrême nord, le lac Agas-
siz trouva une issue vers le nord et se vida peu à peu dans
l'océan Glacial. Le Minnesota cessa dès lors de lui servir de déver-
soir et fut réduit au rôle de cours d'eau secondaire; son niveau
baissa. M. Winchell pense que la conséquence de ce changement
fut de donner le rôle principal au Mississipi dont le bassin s'agran-
dissait vers le nord avec le retrait des glaces, et de produire au
confluent une différence de niveau et par suite une chute. Cette-
chute était située d'abord au confluent même, près de l'endroit où
s'élève aujourd'hui le fort Snelling.
€ Les remous, qui se formaient au bas de la chute, fouillèrent les
sables de la couche Saint-Peter et firent tomber niorceau par mor-
ceau le seuil calcaire qui reposait sur ce sable au-dessus duquel
coulait le fleuve. Durant des siècles la chute a ainsi rongé sa digue
et reculé du fort Snelling à Minneapolis en laissant derrière elle,
sur une longueur d'environ 8 milles, une gorge étroite dont les
parois sont composées de trois couches superposées : grès de Saint-
Peter, calcaire de Trenton, appartenant l'une et l'autre au silurien
et dépôt alluvial appartenant à la période glaciaire. >
Traversant le cours des siècles, M. Levasseur passe des âges
géologiques aux temps modernes où l'histoire fournit des témoi-
gnages écrits. Le premier Européen qui ait vu la chute Saint-An-
toine est un Français, le Père Hennepin, qui, le 3 juillet 1680, lors-
qu'il était au pouvoir des ]Nadouesioux, remonta le Mississipi depuis
le confluent de la rivière Sainte-Croix jusque près de cet endroit.
Il dit que la chute avait de 50 à 60 pieds de hauteur et qu'elle était
séparée en deux par une île rocheuse ayant la forme d'une pyramide ;
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1896. g9
il la nomma Saint-Antoine en l'honneur de saint Antoine de Padoue
sous le patronage duquel il avait placé son entreprise. La Salle,
parlant de cette découverte dans la relation qu'il envoya au gou-
verneur en 1682, ne donne que 30 à 40 pieds à la chute ; il ajoute
qu'à cet endroit le lit du fleuve est étroit, divisé en deux par une
île et qu'en amont les rives sont plates.
M. Levasseur passe en revue les différents voyageurs qui ont
parlé de la cljute, depuis Jonathan Carver (1766) jusqu'à nos jours;
il signale les différences de hauteur qu'ils y ont remarquées, les
descriptions, les dessins qu'ils en ont donnés.
€ C'est en 1851 qu'on prit les premiers daguerréotypes de la
chute, lesquels méritent plus de confiance que des gravures faites
en partie de souvenirs en 1842, 1848, 1853. A cette époque existait
déjà sur la gauche, la petite ville de Saint- Antoine.
< Depuis 1856, le bras gauche, à Pest de Tile Hennepin,
protégé par les travaux d'art, a peu changé ; mais le bras droit, à
l'ouest de l'île, a encore reculé d'environ 500 pieds ; ce change-
ment, auquel le flottage a peut-être contribué, est attesté par de
nombreux témoins. »
M. Levasseur, sur une carte dressée d'après M. Winchell, fait voir
la chute dans ses positions successives depuis le temps de Hen-
nepin. En 1680, elle se trouvait à la hauteur de l'Ile Spirit qui est
à l'extrémité méridionale de File Hennepin ; aujourd'hui elle est
presque à l'extrémité septentrionale de cette île qui la divise en
deux bras, et les deux îles Spirit et Carver, très diminuées de
grandeur, se trouvent en aval. Elle a reculé de 1,018 pieds (305 mé-
trés) (fe 1680 à 1856, sans compter les '500 pieds de recul de la
branche occidentale depuis cette dernière date.
c A l'endroit de la chute, la largeur entre les deux berges est
de 1,700 pieds (510 mètres), y compris l'île Hennepin. A la hau-
teur de l'île Spirit, la largeur est de 1,350 pieds (405 mètres); un
peu plus bas, au pont de la 10" avenue, il y a 978 pieds (293 mè-
tres) ; 885 seulement (265 mètres) au pont de Franklin Avenue»
c'est-à-dire dans une des parties les plus resserrées de la gorge.
c La chute Saint-Antoine se compose de la chute principale qui
a une hauteur de 17 pieds (5 m. 50) environ, et en aval, d'une suite
de petites cascades et de rapides qui s'étendent par delà le pont
de la 10* avenue et dont la déclivité totale, y compris la chute, est
d'une vingtaine de mètres. Le seuil d'où se précipite le fleuve est
formé par une couche calcaire (Trenton iimestone), reposant sur
les assises de grès friable (S. Peter sandstone). L'île Hennepin,
soc. DE 6É0GR. — C. R. DES SÉANCES. ■— N<" 3 et 4. 7
90 PROCÈS-VERBAL.
nous le répétons, le divise en deux bras. Celui de Test est traversé
par un barrage qui tempère l'action érosive des eaux et qui sert
à retenir les arbres flottés d'une scierie (Merriman Barrow and
C** Saw Mill) ; un petit pont, qui domine la chute, conduit de la
rive orientale dans Tlle. Le bras occidental, plus large, est traversé
aussi par des barrages de bois qui desservent plusieurs scieries.
Ces adaptations industrielles n'embellissent pas la nature. Néan-
moins, reffot général est imposant.
< C'est au mois de septembre que j'ai vu la chute, et c'est de la
scierie Farnham que j'ai été frappé par le tumulte des eaux qui
me rappelait les rapides du Niagara. Une photographie qui appar-
tient à la Société de Géographie, et qui aété reproduite dans laiVou-
velle Géographie universelle de M. Elisée Reclus, donne bien l'im-
pression générale du spectacle.
c J'ajoute que, dans son texte, M. Reclus a très exactement re-
tracé les variations qu'ont subies la chute et 1« régime des eaux dans
le bassin supérieur du Afississipi depuis la période glaciaire, et
qu'il y a seulement à substituer, d'après M. Winchell, le mol cal-
caire au mot ardoise, pour désigner le seuil sur lequel coule la
chute.
c A l'aide des connaissances positives qui ont été recueillies sur
le recul de la chute, M. Winchell a essayé de remonter la suite des
âges pour relier chronologiquement la période glaciaire au temps
présent. Il a calculé la longueur du recul entre chaque observation
de position de la chute et il a trouvé 6,7 pieds à 4,5 par an. Ap-
pliquant ce résultat à la longueur de la gorge entre la chute actuelle
et le fort Snelling, il estime que la rétrogradation a dû s'bpérer
dans l'espace de 7,800 ans environ. Sans doute, un tel calcul sou-
lève des objections. La résistance de la roche a-t-elle été partout la
même? Le régime des pluies n'a-t-il pas varié? Le fleuve n'a-t-il
pas occupé toute la largeur de sa vallée et son débit qu'alimen-
taient d'abord de vastes régions inondées n'a-t-il pas diminué?
La hauteur de la chute n'a-t-elle pas changé, comme la disposition
de la couche calcaire semble l'indiquer? M. Winchell n'ignore pas
ces objections ; les géologues américains les ont discutées et les
opinions de M. Winchell ne sont pas unanimement acceptées.
c La durée de la période glaciaire est un problème qui préoc-
cupe particulièrement les géologues et les anthropologistes améri-
cains, lisent essayé de calculer le retrait de la chute du Niagara;
l'un a trouvé 30,000 ans, mais l'opinion moyenne penche générale-
ment pour 10,000 ans. M. Topinard, dans un mémoire où il a résumé
SÉANCE DU ti FÉVRIER 1896. 91
Je débat, fait remonter à 15,000 ans le temps où le front du grand
glacier canadien s'avançait le plos loin vers le sud (1).
c M. Winchell, de son côté, considère comme probable la durée
de 7,800 ans pour le retrait de la chute Saint-Antoine du Fort
Snelling à Minneapolis. S'il est établi» dit-il, d'après la précession
des équinoxes, que le maximum de l'aphélie et par conséquent ce-
lui du froid, ait eu lieuil y a 11,300 ans, les 3,500 ans qui consti-
tuent la différence représenteraient le temps qu'il a fallu pour
passer de la plus grande extension des glaces à l'état actuel du
cours du fleuve, durée qui serait beaucoup moindre que ne Font sup-
posé certains géologues.
c M. Winchell, dans un autre mémoire, a essayé de calculer,
d'après la longueur des érosions du second lit, la durée qui sé-
pare la première époque glaciaire de la seconde et il propose
15,000 ans.
c De ce travail ressortent donc, conclut M. Levasseur, deux faits
qui méritent d'être signalés aux géographes et aux géologues : la
connaissance positive du recul de la chute Saint-Antoine depuis
deux siècles et une induction sur les dates de la dernière époque
glaciaire. >
Le$ Basques; leur pays; leur langue. — M. W. Léwy d'Abar-
tiague entretient la Société de la race des Basques, ce peuple mys-
térieux qui reste seul, comme a dit M. Elisée Reclus, € au milieu
de la foule des autres humains >• L'orateur admet l'existence de
l'Atlantide, cette vaste terre jadis engloutie au sein des eaux ; il
y rattache l'origine du peuple basque. 11 décrit les charmes et les
beautés du pays, et il engage ses auditeurs à visiter, tant par
patriotisme que par sentiment artistique, cette poétique région.
Un comité va se former, annonce-t-il, ayant pour but la création
d'un musée où se trouvera réuni tout ce qui se rattache au pays
et à la race basques.
La séance étant très chargée, M. R. Allain n'a pu répondre,
comme il l'aurait désiré, à certaines assertions de M. d'Abartia-
gue, notamment sur la langue basque. En conséquence, il a rerois
une note, contenant les observations qu'il aurait présentées, si le
temps ne lui avait pas manqué. 11 croit que M. d'Abartiague a eu
tort de dire que la langue basque ne renfermait pas de déclinaisons,
c II semble qu'elle en ait plus même que le latin, l'allemand et
(1) VAnthropologie aux États-Unis, par U. Topinard, mai-juin 1893.
92 PROCBS-YERBAL.
les autres langues synthétiques de l'Europe. Ainsi, en langue bas-
que, on dit : € nansi-a >, le aiattre (a terminal étant ici Farticle);
nansi-aren, du maître ;Bansi*aren, au maître, etc.; nansi-ec ou ac,
les maîtres ; nansi-en ou etaric, des maîtres, etc.
c Nesont-ce pas là des déclinaisons ou articles terminaux? Il en
est de même pour tous les substantifs de cette langue basque qui
est une langue synthétique. >
M. R. Allain voudrait qu'à côté de renseignement du français,
à côté de la connaissance obligatoire (à l'école) de l'espagnol, indis-
pensable à cause de l'immense courant d'émigration qui se dirige
vers la Plata et MonteYÎdéo, l'on n'oubliât pas le basque, car il y a
intérêt pour la science à ce que cette langue ne soit pas perdue.
Aussi souhaite-t-il qu'une chaire de langue basque (dialecte labour-
din, le plus pur des six dialectes) soit créée à Paris (Collège de
France) et une autre à Bordeaux (Faculté des lettres).
Un musée colonial à Paris. — M. Ch.-Ëd. Delavaud propose la
création à Paris d'un musée colonial semblable à ceux qui existent
déjà en Angleterre et en Hollande. Établi dans les conditions les
meilleures de situation et d'aménagement, un tel établissement
aurait une grande portée nationale. Non seulement il favoriserait
notre industrie et notre commerce en les éclairant sur les débou-
chés commerciaux, mais encore il contribuerait à notre émigra-
tion, ce qui serait un réel avantage. Une fondation de ce genre
ferait honneur à un ministre des colonies, et il serait fâcheux que
des considérations budgétaires Tempêchassent, alors que la dé-
pense serait fort modérée. En réalité, il n'y aurait rien à créer
quant aux collections, puisqu'elles existent déjà (à l'Exposition per-
manente des colonies); il suffirait pour y opérer le changement
nécessaire, de donner un autre nom à l'établissement actuel et d'y
introduire un nouveau classement. Les seules dépenses un peu
importantes seraient celles que nécessiterait le transport des col-
lections dans un autre local.
Le nom proposé est celui de Musée colonial qui correspondrait
à l'appellation de f Musée de marine » au Louvre. Le nouveau
classement. comprendrait tontes les productions de nos colonies,
et, plus généralemient encore, tout ce qui concerne ces colonies ou
possessions, en y ajoutant les échantillons des produits im-
portés.
11 serait divisé ensix musées particuliers, se succédant dans Tordre
suivant : 1* géographie-météorologie (il s'agit ici de géographie
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1896. 93
physique, moins les éléments du sol et les êtres organisés) ; 2^ his-
toire naturelle, comprenant trois subdivisions : géologie, minéra-
logie, flores et faunes ; S"* anthropologie ; 4*" hygiène et pathologie
exotiques, où l'homme est considéré à Tétat anormal. On étudie
ensuite les relations des hommes entre eux (sociologie), et Ton
établit deux autres divisions : 5« géographie politique et histo-
rique, comprenant la démographie et Tadministration ; on y place
les sciences et arts; 6* géographie économique, où sont traitées
les questions générales d'agriculture, d'indostrîeet de commerce,
et où sont placés les musées commerciaux d'exportation des colo-
nies et d'importation de France et de l'étranger. € Ainsi, chaque
ordre de travailleurs (savants, administrateurs, commerçants),
pourrait se cantonner dans le musée particulier qui l'intéresse, ce
qui n'empêcherait pas Tordre géographique, et celui qui voudrait
connaître une colonie sous tontes ses faces n'aurait qu'à suivre la
série des salles. On pourrait en ajouter une complémentaire, où
nos colonies elles-mêmes formeraient les sections et où chaque
compartiment colonial ne contiendrait que les objets importants,
de telle sorte que sa visite seule pût donner une idée suffisante de
notre domaine colonial. >
Avant de clore la séance, le Président adresse des remercie-
ments à M. Camille Guy, délégué par M. le Ministre des Colonies,
pour entendre l'exposé du projet de Musée colonial dont M. Dela-
vaud vient d'entretenir la Société.
— La séance est levée à 11 heures 20.
MEMBRES ADMIS
MM. Eugène Meignen; Ernest Santerre; Edouard-David Levât;
le marquis Dodun de Kéroman ; le D' Franckcn ; Louis Marin ; Jules-
Raymond Dehove.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Victor de Catheu {de Lapparent et Ch, Maunoir); Paul-
0. Fazende (/. Errington de la Croix et le prince Roland Bona-
parte) ; — le marquis des Ligneris, chef d'escadron de cavalerie en
retraite (colonel 0*Connor et le duc de VaUombrosa); — Georges-
Joseph Toutée, capitaine d'artillerie {générai Derrécagaix et
Ch. Maunoir) ; — Antoine BuflFard {Alfred Bardey et Ch. Maunoir).
94 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Séances de$ 7 et 21 février 1896.
GÉNÉRALITÉS GÉOGRAPHIQUES. — Nouveau dictionnaire de géo-
graphie universelle (ouvrage commencé par M. Vivien de Saint-Martin
et continué par Louis Rousselet). Supplément. Fasc. 1, 2. Paris, 1895,
in-4. Hachette et G**, éditeurs.
P. Vidal de la Blache. — Le principe de la géographie géoérale {An-
nales de géographie, janv. 1896). Paris, in-8. Auteur.
A. DE L APPARENT. — Lcçous de géographie physique. Ouvrage contenant
117 figures dans le texte et une planche en couleurs. Paris, Masson,
1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Wapenboeck ou Armoriai de 1334 à 1372. Contenant les noms et armes
des princes chrétiens, ecclésiastiques et séculiers suivis de leurs feu-
dataires selon la constitution de l'Europe et particulièrement de Tem-
pire d'Allemagne, conformément à l'édit de 1356, appelé la Bulle d'Or.
Précédé de poésies héraldiques par Gelre, héraut d'armes. Publié pour
la première fois par M. Victor Bouton. II. Annorial (extrait). Paris,
1896, in-4. V. Bouton.
Gustave Pérès. — Nouvelles colonies et anciennes colonies. Discours
{Bull. Soc. de Topographie de France, 1895). Paris, 1896, broch. in-8.
Auteur.
DIVERS. — Ministère des colonies. Annuaire colonial. 1895 (2 parties).
Paris, Comptoir des intérêts coloniaux, 2 vol. in-8.
Ministère des Colonies.
Fernand Lataste. — De la limitation volontaire du nombre* des enfants
aux points de vue de la morale et de l'intérêt de la famille, de la
patrie et de l'humanité (Actes de la Soc, scientifique du Chili). San-
tiago, 1895, broch. in-8. Auteur.
RiCARDO S. Pereirà. — Alfabeto Universal etimogréfico. Sistema de no-
tac ion razonado é invariable de los elementos de la palabra apli cable
à ia ensenanza de Fonética y Taquigrafta de las lenguas que se sirven
de los caractères latines y à la Semiologia militar y naval. Mueva York,
1895, 1 vol. in-8. Auteur.
LÉO Claretie. — Le centenaire de l'Institut (le Monde moderne^ 1895).
Paris, broch. in-8. Direction du Monde moderne.
Comte Henry de Castries. — Les moralistes populaires de l'Islam.
I. Les Gnomes de Sidi Abd £r-Rahman el-Medjedoub. Paris, E. Leroux,
1896, 1 vol. in>8. Auteur.
Nicolas Anrique R. — Bibliografia maritima chilena (1840-1894). San-
tiago de Chile, impr. Cervantes, 1895, 1 vol. in-8.
Office hydrographique du Chili.
SÉANCES DES 7 ET 21 FÉVRIER i896. 95
N. Kbarouzine. — Le mouvement constaté parmi les archéologues fran-
çais pour l'étude de la Russie (Bull, et notices d'archéologiey n"" 7-8,
1895). Moscou, 1895, broch. in-8 (en russe). Baron de Baye.
Comte DE Moucheron. — Les derniers cadrans solaires du Perche (ftet^ue
normande et percheronne^ nov.-déc. 1895). Alençon, in-4. Auteur.
Publicationen von prof. D'Oskar Lenz, aus den lahren 1870-1895. Prag.,
1895, broch. in-8. D' 0. Lenz.
EUROPE. — Mme Aline Martel. — Traversée du glacier du Jostedal,
Norvège (Ann, Cl. alp. fr., 1894). Paris, 1895, broch. in-8. Auteur.
E.-A. Martel. — Sur de nouvelles observations dans le gouffre de Pa-
dirac (Lot). — Sur le gouffre de Gaping-Ghyll (Angleterre). — Sur
quelques anomalies de la température des sources (C. R. Acad. des «c,
21 oct. 1895, 6 et 13 janv. 1896).
E.-A. Martel. — L'avalanche de rAltels (Suisse). -— Torghatten (Nor-
vège). — Descente du gouffre de Gaping-Ghyll, Angleterre (la Nature,
Paris, n- 1170, 1172, 1182, 2 nov., 14 déc. 1895, 25 janv. 1896).
E.-A. Martel. — Le gouffre de Lantouy (Lot) {Bull. Soc. scient. y histor,
et archéol. de la CorrèiCy Brive, t. XVÏÏ), broch. in-8.
E.-A. Martel. — Sous terre. Septième campagne, 1894 {Ann. Cl. alp.
fr.). Paris, 1895, broch. in-8.
E.-A. Martel. — Le refuge de Roc de Gorp (ou d*Aucor) sous l'oppidum
de Murcens (Lot) (Bull. Soc. scient., histor. et archéol. de la Corrèse),
Brive, 1895, broch. in-8.
E.-A. Martel. — Les cavernes de Sanct-Ganzian (Autriche) {le Mo7ide
moderne, Paris, oct. 1895).
E.-A. martel et E. Rupin. — Un naufrage à 100 mètres sous terre.
Troisième exploration du Padirac {Bull. Soc. scientif. histor. et ar-
chéolog. de la Corrène). Brive, 1896, broch. in-8. Auteurs.
Baron de Baye. — Etudes sur l'archéologie de l'Ukraine antérieure à
notre ère {Anthropologie, t. VI). Paris, Nilsson, 1895, broch. in-8.
Auteur.
ASIE. — Résultats scientifiques des voyages de N.-M. Prjévalski dans
l'Asie centrale. Publiés aux frais du gouvernement russe par la Société
impériale russe de géographie. Météorologie. Itinéraires et observations
météorologiques, par A. L Voeïkov. Saint-Pétersbourg, 1895, 1 vol.
in-4. Société imp. russe de géographie.
A. TissANDiER. — Cambodge- Java. Ruines khmères et javanaises, 1893-
1894, 30 planches hors texte, 1 carte, 52 gravures et plans. Paris, Mas-
son, 1896, 1 vol. in-4. Auteur.
AFRIQUE- — Jules Maurice. — Étude sur l'organisation de l'Afrique
indigène sous la domination romaine (Mém, Soc. nat, des Antiq. de
France, t. 55). Paris, 1896, broch. in-8. Auteur.
Francis Drouet. — Au nord de l'Afrique. Tunisie, Algérie, Mélilla, Gi-
braltar, Tanger. Nice, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
J. de Crozals. — Le commerce du sel du Sahara au Soudan. Étude de
géographie africaine {Annales de Vuniversité de Grenoble, 1896).
Grenoble, 1896, broch. in-8. Auteur.
96 . OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
HuDOLF LiTZNER. — Eiii Beitrag zur tunesischen Landes- und Yolkskunde
(Sonderabdr. aus : Die Regentschaft Tunis), fierlin, 1895, petit in-8.
Auteur.
i. HuRÉ. — L'expansion française au Dahomey. Voie nouvelle de péné-
tration dans le Soudan central et la boucle du Niger. Chemin de fer
de rOuémé à Kouandé. Paris, Challamel, 1896, broch. in-8.
Auteur.
J.-B. Piolet. —Delà colonisation à Madagascar (Correspondant). Paris,
Ghallamel, 1896, broch. in-8. AUTEUR.
L'étude du R. P. Piolet porte sur : les essais antérieurs de colonisation ; les
richesses minières connues actuellement ; les entreprises industrielles suscep-
tibles de contribuer au bien-être du pays (routes, canaux» ponts...); le commerce;
les diverses productions agricoles. L'auteur termine par quelques conseils aux
colons qui désireraient aller s'établir dans la nouvelle colonie.
A. DE Lapparent. — Les surprises du désert. Un lac à Tombouctou
(Correspondant). Paris, de Soye, 1896, broch. in-8. AUTEUR.
Gfl. Bellangër. — Madagascar. La dernière expédition de Majunga à
Tananarive. Gap, A. Yollaire, 1895, 1 vol. in-8. . auteur.
Société Mauricienne de colonisation à Madagascar (statuts). Maurice,
brcch. in-8. Société de colonisation.
Jules Leclercq. — L'histoire des Boers {Revue générale, févr. 1896).
Bruxelles, 1896, broch. in-8. Auteur.
AMÉRIQUE- — A. Hans. — La géographie historique du Nouveau
Monde {Le Nouveau Monde^ Paris, 8 févr. 1896). Auteur.
William Healet Dall. — Alaska as it was and as it is. 1865-1895. Ad-
dress {Bull. Pldlotophical Soc. Washington, vol. 13). Washington,
broch. in-8. Auteur.
An Account of the Smithsonian Institution. Its origin, history, objects
and achievements. Washington, 1895, 1 vol. in-8. Échange.
G. Aristarchi Bey. — L'Angleterre, les États-Unis et le Venezuela. Paris,
Denlu, 1896, broch. in-8. Auteur.
Zacarias Sanchez. — Notas descriptivas de la provincia de Corrientes
complementarias de la carta geogrâfica con un registro gênerai de las
propriedades rurales. Buenos Aires, 1895, 1 vol. in-8. Auteur.
Le gérant responsable,
G. Maunoir,
Secrétaire général de la Commission Centrale,
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malgaches : 4 fr. — 111. Exercices pratiques et vocabulaire maladche-
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PHOTOGRAPHIE | ;
Objectifs, Appareils de Tojage et d'atelier
Fonrnitare* pboteirapbiqnes.
i8M V M- 5, « et ». J Page 97
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTE RENDU
DES SÉANCES DE LA COMMISSION CENTRALE
. . Paraissant deux fois par mois.
Séance du 6 mars 1896.
PRESIDENCE DU PRINCE ROLAND BONAPARTE
Vice-Président.
Le mercredi il mars, dit le Président en onfrant la séance,
la Société recevra, à 2 h. 1/2 de l'aprës-midi, S. Alt. le prince
Henri d*Orléans, notre collègue, dans le grand amphithéâtre dé la
nouYcUe Sorbonne.
Le prince exposera devant la Société les résultats du voyage si
remarquable qu'il vient d'accomplir du golfe du Tonkin au golfe
du Bengale. Trois cartes de convocation seront adressées à cha-
cun des membres de la Société qui pourront en demander un plus
grand nombre, s'ils le désirent.
Ijeelare de 1» eorre»pond»nee.
Notifications, renseignements et avis divers. — La Société a
reçu avis du décès de M. Ed.-Fr.-Jean Leudière, arclutecte*expert,
Mb de la Société centrale des architectes, décédé le 6 mars à Paris.
Il appartenait depuis 1876 à la Société dont il était l'architecte.
On trouvera plus loin les paroles prononcées par le Président et
rappelant les services rendus à la Société par M. Leudière.
soc. DE OÉOGR. — G. R. DES SÉAUCES. ~ N** 5, 6 et 7. 8
98 PROCÈS-VERBAL.
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). — M. Vital-
Cuinet, Mb. de la Société, auteur de la Turquie d*A8ie^ ou-
vrage auquel la Société a attribué en 1895 le prix Pierre-Félix '
Fournier, adresse un exemplaire de la publication qu'il vient de
faire paraître sous le titre de Mouvement commercial de Vempire
ottoman. Depuis plus de douze années, à la demande des agents
diplomatiques et des statisticiens, M. Vital-Cuinet traduit, résume,
coordonne les statistiques officielles de la douane turque, à mesure
qu'elles paraissent. Il joint à ce travail un tableau comparatif pour
une période de cinq années, et il a dressé, pour le mouvement
maritime des ports de l'empire ottoman, un document du même
ordre. M. Vital-Cuinet informe ses collègues que le 1" fascicule de
son ouvrage, Syrie, Liban et Palestine y sniiek la Turquie d'Asiey
est actuellement sous presse.
Partie plus spécialement géographique de la correspondance.
— [Asie]. — Lettre de M.Rodolphe Humann, commissaire du gou-
vernement à Saravane (Bas-Laos) (1) :
« Saravane, i5 janvier 1896. — Je vous envoie les fruits d'une
tournée chez les Roloven, en vous priant de les faire remettre de
ma part au Muséum d'histoire naturelle. Dès que j'aurai un peu
de temps à moi, je vous enverrai une carte approximative de la
région où je suis en ce moment, où je voudrais et où j'espère rester
quelque temps.
c Nommé commissaire du gouvernement à Saravane, je suis arrivé,
le 30 septembre 1895, dans k province que j*ai mission de diriger,
et depuis lors, je n'ai pas eu le temps de respirer. Ce beau pays
(car la province de la Se Done est un très beau pays) est depuis
si longtemps abandonné sans direction que tous les petits rois
(chan ou laotiens), mes administrés, ont contracté des habitudes
déplorables; rois de droit divin, ils en prenaient à leur aise et
sont tout étonnés que l'administration française les oblige à payer
leurs dettes et à ne pas trop voler leurs sujets. Les sujets sont
encore plus surpris que les maîtres, mais pas de la même façon.
Enfin j'espère, avec du temps, en venir à bout; ce sera long, mais
c'est une trop belle contrée pour ne pas s'y attacher.
< J'ai, dans mon commandement, une partie du plateau des fio-
loveu (2) ; c'est ma consolation. Je n'ai pu y aller encore qu'une fois
(1) Saravane est située sur la Se Done, au nord du plateau des Boloven, au
nord-ouest d'Attopeu et au nord-est de Bassae.
(â) Le plateau des Khas Boloven avait été contourné au sud et à l'est par la
mission de Lagrée, et traversé de l'ouest à l'est par le D' Harmand. *
SÉANCE DU 6 MARS 1896. 99
depuis mon arrivée ici et encore pour y régler des affaires de vol
et d'assassinat, et ma tournée n'a été que de huit jours. Parti de
Sarayane le 12 novembre, j'étais de retour le ^. Je suis monté
là-haut par une route encore inconnue de nous, et qui passe entre
le Phou Lognon et le Phou Set (Phou signifie montagne). Ces deux
montagnes Sont très mal indiquées sur les cartes. La carte de
Lagrée place très exactement le Phou Khoté, mais le Lognon et le
Set doivent être beaucoup rapprochés de lui. Dés que j'aurai le
temps, je vous enverrai cette rectification. Une forte rivière, affluent
de la Se Done, se jette dans cette dernière à quatre heures de
Saravane, en amont, et descend du plateau des Boloven, entre le
Lognon et le Set. J'ai suivi la vallée de ce cours d'eau; la route
est bonne et très praticable à cheval. Parvenu sur le plateau, j'ai
été émerveillé; tout ce qu'en a dit le D' Harmand est vrai, plus
que vrai. Beaux chênes, sapins, charmes, prairies superbes, belles
eaux. Une espèce de cyprès, à ce que je crois, mais certainement
unconifère, atteint des proportions magnifiques; des châtaigniers,
des églantiers en fleur, des chèvrefeuilles... A certaines haltes,
sous une futaie de chênes, au bord d'un joli ruisseau, sur la lisière
d'une belle prairie, je me croyais en France.
c J'espère, avant peu, vous envoyer une carte à peu près exacte
et détaillée de ce pays curieux et tourmenté dans lequel le chêne
et le sapin voisinent avec le bananier et la fougère arborescente,
où les châtaigniers et les manguiers sont à quelques kilomètres de
distance. »
[Afrique].— Lettre de M. F. Foureau, datée de Biskra, 22 février :
c Je vous envoie la carte provisoire de l'itinéraire du petit voyage
que je viens de terminer dans le sud tunisien et dans le sud algé-
rien, région du Grand Erg. Je me suis borné, cet hiver, à cette
simple excursion, sans rien tenter vers le Sahara central, M. le
gouverneur général m'ayant expressément invité à ne pas pour-
suivre actuellement, à cause de la situation troublée du pays des
Touareg, ma tentative de pénétration chez les Azdjer et vers TAïr.
c Je rapporte 75 observations astronomiques et un levé au
1/100,000* de 879 kilomètres d'itinéraire inédit et non parcouru
par des Européens jusqu'à ce jour, sur un total d'environ i ,600 ki-
lomètres effectués. A la fin du voyage, j'ai recherché, dans la partie
sud de PËrg, un point d'eau fort ancien où se voient encore deux
puits actuellement sans eau. On trouve là un gisement de sel, des
tombes, des sentiers encore nettement dessinés, et de très nom-
100
PROCÈS-VERBAL.
breux débris de poteries ; c'est là certainement une station ancienne
des plus intéressantes à étudier et dont je ne connaissais du reste
l'existence que par le récit d'un do mes hommes que le hasard y
avait conduit en chassant. J'ai vainement recherché ce lieu, mon
i3])éci89S-iS7£Tri896
iSoti^àùJiia
ir!^ ■:■'•:■.':■•■ ' " ' ' '
t Houles diaUîor
.;. Sables
mi .Roi/j6e^ de reCour
w JPtUts
guide se perdant au milieu de l'innombrable quantité de pics de
sable dont nous étions entourés. Le besoin d'eau et, par consé-
quent, l'impérieuse nécessité de rejoindre un puits, m'a seul forcé
à reyenir à Hassi Bottine, le quinzième jour après l'avoir quitté.
Il ne nous restait plus que quelques litres d'eau et mes animaux
n'auraient pas pu supporter beaucoup plus longtemps la soif.
SEANCE DU 6 MARS 1896. 101
€ Il eût été possible» en toute aatre circonstance, de prolonger
les recherches en allant boire à un puits du sud, soit à Tabaa-
korty soit à Tifist, mais je ne pouvais ni ne voulais enfreindre les
instructions de M. le gouverneur en sortant de notre territoire de
commandement direct, au sud.
€ J'ai rencontré, dans la région de TOuar, tonte une partie mon-
tagneuse à peu près complètement ensevelie aujourd'hui sous
les sables, fait que j'avais déjà laissé supposer en indiquant que
toute la région de FOudje sud recouvrait un système montagneux,
visible en beaucoup de points de sa limite méridionale.
c Dans cette zone j'ai suivi une ligne où les pressions baromé*
triques étaient très fortes. Ces pressions^àelles seules, semblaient
déjà m'indiquer que nous étions là dans un lit de rivière, lorsque
des coquilles fluviatiles et surtout des fragments roulés de laves
cellulaires sont venus me démontrer que c'était, sans contestation
possible, un bras de i'Igharghar communiquant encore, par des
feidjs plus ou moins obstrués, avec la hamada de TOudje, mais
entièrement invisible, et recouvert par le réseau inextricable de
r£rg, un peu plus au nord.
c Cette constatation vient purement et simplement confirmer ce
que j'avais avancé dans mon rapport de mission de 1892, au sujet
de l'existence probable d'un bras de I'Igharghar dans une direc-
tioD très orientale relativement à son cours supérieur. J'avais
alors été amené à me ranger à cette opinion à cause de la pré-
sence de laves cellulaires nombreuses, recueillies dans l'est du
M enkeb Terraga (Rapport de mission, 18 février 1892).
c Dans la direction que j'ai prise cette fois-ci pour traverser
rSrg, on rencontre six zones bien distinctes et bien tranchées,
comme aspect et comme végétation. Ce sont les suivantes, en
commençant par la plus septentrionale :
1*" Ël-oudje, la bordure, la joue;
2° El-Aziba, ainsi nommée parce qu'elle nourrit une très grande
quantité de touffes d'azal ;
S"" Lejamate {les brides), région où les feidjs se ferment et
s'obstruent de nombreuses rides de sable ;
4» Oudian-el-Halma. Région à cuvettes profondes où pousse en
quantité la plante dite halma;
5"* El-Ouar (le Difficile) ou Kheît-el-Arisch (la chaîne de
l'Arisch, le cordon de l'Arisch) tire son nom de la difficulté de son
terrain et de l'abondance de l'arbrisseau dit arisch;
&* £l*oudje, c'est-à-dire la bordure sud. Cette dernière région
102 PROCÈS-VERBAL.
est aussi fort difficile et contient, de mémo que la précédente, des
pics trôs élevés.
c J'ai rapporté de ces dernières zones des panoramas photogra*
phiques complets (appareil cyclographique Damoizeau) qui per-
mettront de bien saisir les différents caractères de cette étrange
contrée où tout n'est que sable et que Ton nomme Grand Erg. >
[Anérmae d« Sud]. — Le comte Henry de La Vaulx, parti ré*
cemment de France, avec une mission du ministère de l'Instruc-
tion publique^ adresse une lettre datée de Buenos-Ayres» le
30 janvier.
A cette date le voyageur s'occupait à préparer son expédition en
Patagonie, où il compte effectuer des recherches anthropolo-
giques et ethnographiques. Son voyage durera une année environ.
Si les prévisions de M. de La Vaulx se réalisent, il consacrera
Tannée suivante à l'exploration de la Terre de Feu*
Le Diario, qui donne le programme du voyageur, fait observer
que la science n'est pas actuellement fixée sur le point de savoir si
certaines tribus aborigènes enterrent leurs morts ou bien pra-
tiquent Fincinération.
— De San-Rafael (prov. de Mendoza, Rép. Argentine), M. Mo-
reno, directeur du musée de La Plata, écrit (^janvier) pour faire
part du résultat des voyages exécutés par lui en 1893 et 1895
dans le nord de son pays :
€ En 1893 j'ai fait, dit-il, un voyage dans laPenca de Atacama;
j'ai un croquis, le plus complet jusqu'à présent de ces plateaux
et volcans énormes depuis le f^" 45, jusqu'au 30* comprenant le
voyage de 1893 et celui de 1895 ;mais quoique nous ayons travaillé
tout l'hiver dernier pour mettre au net les observations, j'ai été
obligé de partir sans avoir terminé le plan. . . Nous avons quelque
chose comme 150 latitudes, 430 stations trigonométriques, 3,000 hau-
teurs hypsométriques et barométriques, 600 photographies,
6,000 échantillons de roches, etc., etc. A mon retour je ferai faire
un extrait de toutes les observations pour votre Bulletin. »
En 1892, M. Moreno n'avait avec lui qu'un seul topographe; en
1895, il en avait cinq à sa disposition; aujourd'hui, onze travaillent
sous sa direction, plus trois géologues. En 1897, il commencera le
levé détaillé des Andes.
Maintenant il reprend ses travaux dans le sud, en Patagonie.
Trois de ses topographes travaillent entre le 37* et le 40®; deux
entre le iO"» et le 42*; six entre le 42* et le 47*. Des géologues
SÉANCE DU 6 MARS 1896. 103
étudient les parties les plus intéressantes de la chaîne; enfin des
naturalistes explorent la Terre de Feu sous les ordres d'un bota*
niste russe, M. Alboff, et d'un zoologiste français, M. Ferdinand
Latille (de Toulouse).
f Bésionn poiAires]. -^Expédition iVaiww*— Lettre de M. Rou-
YÎer, ministre de la République française à Stockholm, adressée
à M. Bertbelot, ministre des Affaires étrangères, et transmise par
le ministre de l'Instruction publique :
c Stockholm, 19 février. — Les journaux ont publié, dans la plu-
part des capitales de l'Europe, un télégramme de Saint-Péters-
bourg d*après lequel, suivant des nouvelles parvenues de Ia-
koutsk en Sibérie, l'explorateur norvégien Nansen aurait atteint le
pôle nord, y aurait reconnu une terre et reviendrait de l'expédi*
tion qu'il a entreprise en 1893.
€ Ces renseignements dont on ne connaissait pas exactement
l'origine ont rencontré tout d'abord ici, parmi les personnes au
courant des projets de M. Nansen, plus d'incrédules que de
croyants. Toutefois les dernières informations qui parviennent ici
paraissent leur donner quelque vraisemblance.
€ La première nouvelle serait partie de Ustjansk, en face des
Hes de la Nouvelle-Sibérie, où M. Koucfanareff, fournisseur à
Iakoutsk de l'expédition Nansen, a un dépôt de marchandises di-
rigé par son neveu. Elle aurait été transmise par lettre à Iakoutsk
et à Kérensk et de Korymsk à Irkoutsk d'où elle a été télégraphiée
à Saint-Pétersbourg.
c L'opinion publique dans les pays Scandinaves est très
anxieuse de connaître la vérité. Le roi a chargé son ministre à
Saint-Pétersbourg de faire les investigations nécessaires pour vé-
rifier l'exactitude des renseignements parvenus d'Irkoutsk, mais
on n'attend une réponse que dans quelques jours.
c En attendant, on discute beaucoup les probabilités de succès
de l'expédition de M. Nansen. On s'accorde à reconnaître que le ré-
sultat auquel il serait arrivé, d'après, les nouvelles d'Irkoutsk, se*
rait contraire à ses prévisions. La plus intéressante opinion à con-
naître en la matière était celle de Nordenskiôld : d'après lui, le
Franif navire monté par M. Nansen, se serait arrêté ou au nord de
la mer de Kara, ou, s'il a pu se tenir dans le courant de la pres-
qu'île de Taïmour à Test du cap Tcheliouskio, à l'endroit où la
Vega, lors de l'expédition de Nordenskiôld, a dû redescendre vers
le sud. he.Fram n'a pu probablement se dégager et a été poussé
104 progès-vbrbalk.
par la glace jusqu'aux lies de la Nourelle-Sibérie sans aller au
4elà du 78*> degré, il a dû découvrir une terre ou des îles d'où il a
pu entreprendre des excursions en traîneau vers le nord. Le na-
vire a dû être abandonné l'automne dernier et les membres de
l'expédition séjourner sur la côte nord de la Sibérie. On ne peut
douter <iue M. Nansen n'ait dépassé, en traîneau» de plusieurs
degrés le lieu de stationnement de son navire, mais il est peu
vraisemblable qu'il ait atteint le pdie nord, car un voyage de 12 à
15,000 kilomètres, aller et retour, sur une terre déserte couverte
par la glace, ne paraît pas possible.
c Telles sont les appréciations de M. Mordenskiôld. Les résultats
auxquels a pu arriver l'expédition de M. Nansen n'empécberont
pas M. Andrée de mettre à exécution prochainement le projet dont
il poursuit la réalisation, de connaître en ballon le pôle nord. >
CoBiinitBle»«loii« orale»
Nécrologie : M. Leudière. — Le Président dit que la Société a
appris avec de vifs regrets la nouvelle de la mort inattendue de
M. Leudière, architecte de la Société depuis l'année 1876.
c C'était M. Leudière qui avait construit l'hôtel où la Société
siège aujourd'hui ; depuis lors, il s'était toujours mis à sa disposi-
tion, avec le dévouement le plus louable, pour tous les travaux
d'architecture qu'elle a eu à faire exécuter. C'est ainsi qu'il a pro-
cédé à toutes les études nécessaires pour la restauration du mo-
nument de Dumont d'Urville, et qu'il a pourvu, de la façon la plus
consciencieuse, à toutes les installations et réparations de l'hôtel.
11 a témoigné de la sorte à la Société un attachement dont elle ne
saurait lui conserver trop de reconnaissance.
€ La Société adressera à la famille de M. Leudière l'expression
de toutes ses sympathies. >
' De Moscou à Vladivostok : le Transsibérien. — M. E.-D. Le-
Yat, ingénieur des raines à Paris, fait, en son nom ainsi qu'au nom
de M. Théodore Sabàchnikoff, son compagnon de voyage, attaché
à l'Administration centrale des Haras impériaux, une communica-
tion accompagnée de nombreuses projections qui ont vivement
intéressé l'auditoire, sur l'état d'avancement du grand chemin de
fer transsibérien.
Les deux explorateurs ont suivi pas à pas les travaux de con-
SÉANCE DU 6 MARS 1896. 105
struction depuis la tète de ligne du côté ouest, Tchélabiosk,
jusqu'au point terminus à Test, le port de guerre de Vladivostoek.
A l'époque de leur passage, la ligne était ouverte à la circulation
du public sur les longueurs suivantes : 1*" de Moscou à Tchéla-
binsk (réseau européen) : 1,984 verstes (la verste vaut 1 ,065 mètres) ;
2* de Tchélabinsk à Omsk (trois trains par semaine dans lés deux
sens) : 741 verstes.
A partir d'Omsk, les voyageurs ont pu franchir encore S80 verstes
jusqu'aux environs de la ville de Ki^nsk, dans les trains appor-
tant les matériaux de construction au front de pose. Ils ont con-
tinué leur route en tarentasSy sorte de voiture à quatre roues,
grossièrement suspendue, au moyen de laquelle on arrive à fran-
chir, grâce aux relais organisés de 30 en 30 verstes le long du
grand trakt ou chemin sibérien, et grâce surtout à l'énergie des
petits chevaux du pays, une moyenne de 200 verstes par jour ; on
voyage, cela va sans dire, sans autres arrêts que ceux qui sont né-
cessaires aux changements d'attelage.
Depuis la date du passage de MM. Sabachnikoff et Levât, les
travaux poussés avec une activité inouïe ont permis de relier
Tomsk, la grande ville universitaire delà Sibérie centrale, à Omsk,
du côté de l'ouest, et à Krasnoîarsk, capitale du gouvernement du
même nom, du côté de l'est. La voie ferrée se trouve, en défini-
tive, posée dés à présent depuis Moscou jusqu'à Krasnoîarsk, soit
sur 4,117 verstes de longueur (environ 4,380 kilomètres).
11 reste à construire trois à quatre grands ponts métalliques sur
ce trajet, pour permettre la circulation sans rupture de charge ;
mais les fondations et les culées de la plupart de ces ouvrages
8*élévent déjà au-dessus des eaux, de sorte que l'ouverture de cette
section sera certainement un fait accompli en 1896. Il reste encore
à exécuter deux grands tronçons pour relier Krasnoîarsk au lac
Baîkal et enfin ce lac au point où l'Amour devient nayigable. La
durée des travaux sera de deux années sur la première de ces sec-
tions et de quatre années sur la seconde, qui présente des diffi-
cultés plus grandes encore pour le transport des rails et du ma-
tériel roulant.
En définitive, on peut considérer comme certaine l'ouverture de
la ligne de Moscou au lac Baîkal pour la fin de 1897 et la possibilité
de passer de Moscou à Vladivostok, de la Belgique au Pacifique,
au moyen de la vapeur, c'est-à-dire en combinant le transport par
chemin de fer avec la navigation sur l'Amour, à la fin du dix-
neuvième siècle.
i06 PROCèS-VERBAL. '
M* Levât a donné des détails très intéressants siù* les méthodes
inaugurées par le général Annenkoff pour la construction du
Transcaspien, perfectionnées encore sur le Transsibérien, au moyen
desquelles on arrive à réaliser des moyennes journalières de
pose de voie atteignant jusqu'à i et 5 kilomètres. Pendant la
durée de leur long et pénible voyage, MM. Sabachnikoff et Levât
ont recueilli une quantité de notions sur l'ethnographie, la géo-
logie, Texploitation des mines d*or, l'élevage des chevaux et
des bestiaux dans les vastes régions qu'ils ont traversées. 11 va
sans dire que la note pittoresque n'a pas fait défaut au cours d'une
visite de ce genre dans des pays aussi peu connue encore» mais
qui vont, d'ici à quelques années, devenir le chemin de transit des
voyageurs allant en Extrême-Orient*
MEMBRES ADMIS.
MM. Victor Gatheu ; Paul-0. Fazende; le marquis des Ligaeris;
Georges-Joseph Toutée ; Antoine Buffard.
CANDIDATS PRESENTES.
MM. Moreau (Jean-Antoine-François-Adrien), lieutenant au 5* ré-
giment d'infanterie de marine (Charles Morel d*Arleux et le capi-
taine Delaforge); — le comte de Saint-Quentin, député (prince
Auguste^ d*Arenberg et Le Myre de Vilers) ; — Isambert (Gaston),
avocat à la Cour d'appel de Paris {Jules Girard et Charles Mau-
noir) ; — le comte de Costa de Beauregard (Gonzague) (le prince
Auguste d'Arenberg et Ch. Maunoir) ; — Watel (Maurice-Charles-
Albert), ingénieur agronome (Paul Naudot et Ch: Maunoir).
SÉANCE EXTRAORDÏNAIRE DU 11 MARS 1896. 107
SÉANCE EXTRAORDINAIRE
du mercredi 11 tnare 1896
TENUE DANS LE GRAND AMPHITHEATRE DE LA NOUVELLE SORBONNE
Présldenee il« M. JAIVSi^ElW, de l*I»««ltat
Président de la Société.
Réception de M. le Prince HENRI D'ORLÉANS
DU GOLFE DU TONKIN AU GOLFE DU BENGALE
A 2 h. 1/2 le Président fait son entrée dans la vaste salle de la
Sorbonne qui est comble. Aux côtés de M. Janssen, prennent
place : à droite, le prince en l'honneur de qui a lieu la cérémonie;
M. Roux, enseigne de vaisseau, son compagnon de voyage; M. le
D'Hamy,de l'Institut, président de la Commission centrale, délégué
du Ministre de l'Instruction publique; MM. le prince Holand Bona-
parte et Henri Cordier, vice-présidents de la Commission centrale ;
à gauche de M; Janssen, siègent: MM. Roume, directeur au Mi-
nistère des Colonies, représentant le ministre ; Le Myre de Vilers
et le comte de Bizemont, vice-présidents de la Société ; L. Binger,
gouverneur de la Côte d'Ivoire; Albert de Lapparent, ancien pré-
sident de la Commission centrale.
Le Président ouvre la séance par Tallocution suivante :
€ Mesdames, messieurs, la Société de Géographie, qui a pour
raison d'être exclusive l«s progrès de la géographie au double
point de vue de la science et de la grandeur morale de notre pays,
considère comme un devoir de faire un accueil particulier aux
voyageurs qui ont rendu de grands services dans Tordre des tra-
vaux dont elle s'occupe, et elle est particulièrement heureuse
108 PROGÈS*VERBAL.
quand les travaux qu'elle doit honorer sont des travaux français.
€ A maintes reprises, messieurs, vous avez été convoqués sous
ce toit ii largement hospitalier de notre grande Sorbonne . pour
entendre nombre de nos grands voyageurs.
€ C'est ainsi, pour n'en nommer que quelques-uns, que vous avez
applaudi ici le colonel Gallieni, le colonel Monteil, le lieutenant
de vaisseau Mizon et M. Bonvalot que nous aurions été heureux de
voir au bureau, lui qui a donné au voyageur que nous allons en-
tendre, des leçons et un exemple dont celui-ci a su si largement
profiter. Je n'ai donc pas à vous présenter le prince Henri d*Or-
léans. 11 Ta fait lui-même, et de la meilleure manière, par le reten-
tissement de son voyage au Tibet avec M. Bonvalot, et depuis par
d'autres travaux très remarquables encore.
c Dans le voyage dont il va vous rendre compte, le prince Henri
a eu des collaborateurs, et je sais que je réponds à ses sentiments
les plus intimes et à son désir formel, en mentionnant d'une ma-
nière spéciale le concours si précieux de M. £. Roux, enseigne de
vaisseau, quia apporté dans l'accomplissement delà tâche d'ordre
spécialement géographique dont il s'était chargé, un savoir, une
énergie, un dévouement qui l'honorent, et qui honorent également
le corps auquel il appartient, cette chère Marine nationale où tous
ces sentiments et ces mérites sont de tradition.
c Je veux signaler aussi les services rendus à l'expédition par
M. BrifTaud, colon au Tonkin, dont l'expérience, l'habileté, le
dévouement ont été si utiles pour Torganisation des transports et
des escortes.
c Ne devons-nous pas encore un souvenir de gratitude à ces
Missions françaises avec lesquelles les voyageurs ont été mis en
rapport et qui les ont aidés de leur influence et de leurs précieux
conseils?
c Quant au voyage lui-même, je pourrais laisser au voyageur
le soin exclusif de vous en parler, mais je craindrais que sa mo-
destie ne le fit passer trop légèrement sur l'importance des résul-
tats; j'essayerai donc de les caractériser en quelques mots.
c Ces résultats sont considérables.
fTout d'abord la traversée et l'étude d'une région inconnue entre
le fleuye Rouge et le Mékong, région déclarée intraversable par les
Anglais eux-mêmes, et qui parait offrir un intérêt particulier. En-
suite, vous élevant toujours vers le nord, vous explorez géographi-
quement les régions du grand fleuve Mékong, sur un parcours de plus
de 700 kilomètres à travers le territoire chinois, et dans une partie
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU li MARS 1896. 109
de son cours encore ineiplorée, complétant ainsi les travaux de
la célèbre expédition Doudart de Lagrée et Francis Garnier.
€ L'exploration attentive et judicieuse de ces régions vous a
encore permis de rectifier une grave erreur hydrographique rela-
tivement à la Salouen dont les sources, au lieu d'appartenir à ces
régions, descendraient des profondeurs du Tibet.
€ C'est alors que vous allez quitter cette marche vers le nord qui
n'offrait plus un intérêt direct, pour couper brusquement vers
l'ouest, vous proposant de gagner les Indes par la voie la plus di-
recte et la plus courte.
c Mais il faut traverser des régions inconnues, coupées de
grands cours d'eau, de hautes montagnes, de forêts impénétrables
et par-dessus tout, ces régions sont, dit-on, occupées par des popu-
lations guerrières, ennemies les unes des autres, mais toutes
hostiles aux Européens.
€ Cependant rien n'arrête vos courages; vous vous engagez crâ-
nement dans ce terrible inconnu, et après les péripéties les plus
terribles, amenées par les obstacles de la nature, l'inclémence du
climat, la maladie, même le manque de vivres, vous sortez de
cette épreuve unique, tentée déjà sans succès plusieurs fois avant
vous, et vous apparaissez saufs sur la frontière des Indes anglaises.
€ Cette étonnante traversée n'a pas été seulement un acte d'é-
nergie, d'endurance et de persévérance extraordinaires, elle a
donné aussi de sérieux résultats pour la géographie, l'ethno-
graphie, la philologie et l'histoire naturelle.
€ Coupant, en effet, à travers les régions du haut Iraouaddy,
vous avez reconnu que ce grand fleuve reçoit ses eaux d'afQuents
qui descendent d'un grand massif montagneux, lequel ne serait
qu'un prolongement de la célèbre chaîne himalayenne.
c Ces importants résultats sont appuyés et complétés par de nom-
breuses déterminations de latitudes, de longitudes, de déclinaisons
magnétiques, de mesures hypsométriques.
c L'expédition rapporte en outre de nombreux volumes d'idiomes
inconnus, des collections de botanique, de zoologie, d'ethnogra-
phie, et enfin une série de photographies donnant la description
*des régions traversées et les types de leurs habitants.
c Ajoutons enfin que cetle expédition, par la conduite courageuse
et toute empreinte du caractère de loyauté, de générosité et de
justice que vous avez su lui donner, laissera dans les régions qu'elle
a parcourues, un souvenir durable, qui entourera le nom de la
France d'une auréole d'admiration et de sympathie. »
110 . PROCÊS-VEBBAL.
Le Président donne alors la parole au prince Henri d'Orléans,
qui fait la relation du long et pénible voyage accompli par lui du
Tonkin au golfe du Bengale (1) ; son récit est interrompu à maintes
reprises par de vifs et chaleureux applaudissements.
 la suite de cette relation, M. Janssen annonce qu'en raison de
l'importance et des résultats de ce voyage, la Société de Géographie
a décerné au prince Henri d'Orléans, sa grande médaiUe (Toripour
l'année 1896.
Le représentant du Ministre des Colonies, M. Roume, se lève
alors :
€ Mesdames, messieurs, M. le Ministre des Colonies m'a chargé
de la très agréable mission de remettre en son nom à M. le prince
Henri d'Orléans, les insignes du grade de chevalier de la Légion
d'honneur que M. le Président de la République a bien voulu lui
conférer sur sa proposition.
c Les explorations telles que celle dont vous venez d'entendre
le récit ne profitent pas seulement à la science^ comme l'a si bien
dit M. le Préside;it, elles augmentent en outre le prestige du nom
français dans ces régions lointaines, limitrophes du vaste empire
indô-chinois que nous ont acquis la valeur de nos armes et les
efforts soutenus d'une politique persévérante et qui est manifes-
tement appelé à de grandes destinées. •
c C'est à ce double titre que le gouvernement a été heureux de
répondre au vœu qui lui avait été exprimé par la Société de Géo-
graphie, représentée alors par son éminent vice-^président, M. le
Myre de Vilers. U sait que la Société de Géographie n'a d'autre
préoccupation que de servir, en même temps que les intérêts de la
science, ceux de la patrie, qui se doit à elle-même de reconnaître
et de récompenser tous les services qui lui sont rendus.
€ M. le prince Henri d'Orléans m'en voudrait si je séparais de
son nom dans cette circonstance ceux de ses dévoués compagnons,
M* l'enseigne de vaisseau Roux et M. Briffaud.
c Vous avez tous trois, messieurs, vaillamment travaillé pour la
grandeur et l'expansion pacifique de la France, et la République
vous en remercie. >
(1) La Société ayant déjà publié les deux lettres qui lui avaient été adressées
par le prince et qui contiennent les principaux incidents du voyage (Voir le JBwt-
letin de la Société, 3« trimestre 1895, p. 389 et le Compte rendu des séances,
1896, p. 42), nous ne reproduirons pas la relation elle-même.
SÉANCE EXTRAORDINAIHE DU 11 MARS 1896. 111
Aux paroles du Président et à celles de M. Roume, le prince
répond en ces termes :
€ Je suis profondément touché de Taccueil qui m'est fait par la
Société. Je suis particulièrement reconnaissant de la haute dis-
tinction qui m'est accordée par le gouvernement de la République.
Je vois dans cette marque d'estime moins la récompense du passé
qu'un encouragement pour l'avenir. Dans mes prochains voyages,
aussi bien qu'en France, je serai plus que jamais soutenu par la
pensée, par le désir, par la volonté de faire une œuvre qui soit
profitable aux progrés de la science et à l'honneur du pays. >
Au moment de lever la séance, le Président adresse des remer-
ciements à MM. les délégués représentant M. le Ministre de l'In-
struction publique et M. le Ministre des Colonies.
Il donne également connaissance du télégramme suivant adressé
la veille à la Société :
€ Paris, 11 mars 1896. — Regrette infiniment de ne pouvoir au-
jourd'hui présenter mes félicitations respectueuses au prince. J'ai la
plus haute estime pour les qualités solides et brillantes du jeune
explorateur. Peut-être, comme Américain, mon appréciation n'est
pas sans valeur. — Général Meredith Read. >
— La séance est levée à i heures 1/i.
lis :progès-v£Bbal.
Séance du 20 mars 1896
PRÉSIDENCE DU D' HAMY, DE l'INSTITUT
A Touverture de la séance, le Président donne communica-
tion de la liste des prix et médailles accordés par la Société en
1896 et qui seront distribués aux ayants droit dans la séance d'as-
semblée générale tenue au mois d'avril :
Grande médaille d'or de la Société. — Prince Henri d'Orléans.
Exploration à travers l'Asie centrale, du golfe du Tonkin au golfe
du Bengale.
Médaille d'or de la Société. — Capitaine Georges Toutée. Ex-
ploration à travers le Dahomey et sur le cours du Niger.
Médaille d'or (Prix Auguste Loger ot). — Commandant Decœur.
Mission dans la boucle du Niger et sur le cours du fleuve.
Médaille spéciale et 1,300 francs (Prix Pierre-Félix Fournier).
— Nouveau Dictionnaire de géographie universelle^ commencé
par M. Vivien de Saint-Martin, continué par M. Louis Rousselet
depuis 1878 et publié parla librairie Hachette et C'^
Médaille d'or (Prix Conrad Malte^Brun). — M. Ernest Chantre,
pour ses missions dans le Caucase.
Médaille d'or (Prix Léon Dewez). — M. François-J. Ciozel. Ex-
ploration au nord de la Haute Sangha.
Médaille d'or et 6,000 francs (Prix Herbet-Fournet). —M. Au-
guste Pavie, ministre plénipotentiaire. Résultats géographiques de
ses longues explorations en Indo-Chine et pour la part considérable
qu'il a prise à l'expansion de la France dans l'Ëxtréme-Orient.
Médaille d'or (Prix Louise Bourbonnaud).—ï)' Louis Lapicque.
Voyage sur la côte du Beloutcbistan et dans le golfe Persique et
plus particulièrement pour ses études sur la race des Négritos.
Médaille d'or (Prix Henri Duveyrier). — Commandant Decazes»
pour l'ensemble de ses travaux relatifs au Congo français et sur-
tout pour les levés exécutés au nord du pays des Abiras.
Grande médaiUe d'argent (Prix Jean-Baptiste Morot). —
MM. Joseph Renaud et Charles RoUet de l'Isle, ingénieurs hydro-
SÉANCE DU 20 MARS 1896. 113
graphes. Explorations et levés dans Tarchipel Pai-tsi-long au
Tonkin en 1884-1885.
Grande médaiUe d*argent {Prix Alphonse de Montherot). —
M. R. de Saint- Arroman.Ouvrage sur les missions géographiques
du Ministère de Tlnstruction publique.
Grande médaille d'argent {Prix Charles Grad). — Frère Alexis-
M. Gochet. Travaux relatifs à l'enseignement géographique.
Grande médaille d'argent {Prix William Huber). — M. F.-A.
Forel. Ouvragé sur le lac Léman et travaux sur les glaciers.
Grande médaille d'argent {Prix Janssen, de l'Institut). —
M. Fernand Foureau. Ensemble d'observations astronomiques,
thermométriques, barométriques, magnétiques, faites au cours de
ses diverses explorations dans le Sahara.
Prix Jomard. — M. Henri Froidevaux. Travaux sur l'histoire de
la géographie et notamment sur l'histoire des voyages dans la
Guyane française.
I<ee«iire de I* eorre^pondanee.
Notifications, renseignements et ayis divers. — M. E. Leu-
dière remercie, au nom de sa mère et de toute sa famille, pour les
témoignages de sympathie que la Société leur a donnés à l'occasion
de la perte qu'ils viennent de faire en la personne de M. Leudière,
architecte de la Société.
— Remercient de leur admission : MM. le marquis des Ligneris
et D. Levât, ingénieur civil des mines.
— MM. E. Chantre, commandant Decazes, F.-A. Forel, F. Fou-
reau, Frère A.-M. Gochet, J. Renaud et Gh. Rollet de l'isle, ingé-
nieurs-hydrographes, Saint-Arroman, G. Toutée, remercient pour
les médailles et prix (Voir plus haut) qui leur ont été attribués.
— Le lieutenant-colonel commandant l'École militaire d'infan-
terie de Saint-Maixent informe la Société qu'à la suite du concours
prescrit par les règlements, la commission spéciale instituée à cet
effet a décerné au sous-officier élève-officier Bastier, venu des
sergents du 3" régiment de zouaves, le prix offert par la Société
de Géographie. •
— Les membres de l'Association des naturalistes de Levallois-
Perret, c heureux de s'associer au témoignage d'estime que le
gouvernement vient d'accorder à un membre de la Société», prient
le Président de transmettre au prince Henri d'Orléans c leurs vives
soc. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. — N*« 5, 6 et 7. 9
114 PROCÈS-VERBAL.
félicitations pour la récompense que lui ont value les services si-
gnalés qu'il a rendus à la géographie et à Tethnographie >.
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). — M. le
colonel H. de Ponchalon fait hommage d'un ouvrage intitulé :
Indochine, Souvenirs de voyage et de campagne (1858-i860).
— M. Jules Girard, secrétaire-adjoint, adresse une étude sur c les
Phénomènes éruptifs sous-marins >. Il y démontre, par un certain
nombre de faits observés sur des points les plus distants, que les
bouleversements accompagnant les tremblements de terre se pro-
duisent aussi fréquemment au fond des mers qu'à la surface des
continents. On peut même avancer qu'il ne se passe pas de jour-
née qu'il n'y ait quelque phénomène séismique à la surface du
globe.
— Le prince Roland Bonaparte adresse quelques publications
faites à l'occasion de la réunion du dernier congrès de géographie
à Londres.
— M. E.-A. Martel offre la première année des publications de la
Société de spéléologie^ qu'il a fondée à la fin de 1894 pour l'étude
des cavernes et pour c développer les recherches de toute nature
dans l'intérieur de la terre i. Actuellement la Société, présidée par
le prince Roland Bonaparte, compte 190 membres.
Ses publications sont de deux sortes : le BuUeiin trimestriel et
les Mémoires, Le BvJLUtin (Speiunca), pour sa première année 1895,
contient quatorze articles inédits avec figures (plans, coupes et vues)
dont les suivants renferment de nouvelles indications géographi-
ques. Ce sont : c La caverne de Douboca» (par M. Cvijic), grande
grotte de Serbie» longue de près de 2 kilomètres, parcourue par un
ruisseau après les pluies et percée à ses deux extrémités ; ce qui per-
met de la traverser de part en part, disposition naturelle peu fré-
quente, dont il se rencontre de rares exemples en France, à Bor-
néo, au LaoSy etc. ; c La Kosova Jama ou gouffre des Merles i, par
M. J. Marinitsch, près de Trieste, est un des abimes les plus pro-
fonds du Karst ; c Les cavernes de la Boudène (Gard) » où l'auteur
M. F. Maxauric fait connaître les modifications éprouvées par les ri-
vières et cascades qui déposent des tufs, ainsi que le mode de for-
mation de ces incrustations ; c Les nouveaux avens de Saint-Ghris-
tol (Vaucluse) i, par M. Bonneau, qui se sont ouverts en janvier
1895 après des pluies exceptionnellement abondantes, sur les pla-
teaux calcaires dont les infiltrations alimentent la célèbre fontaine
de Vaucluse ; à la suite des effondrements ainsi produits, l'eau de
SÉANGB DU 20 MARS 1896. 115
la source a coulé trouble pendant plusieurs jours, ce qui n*avait
jamais été officiellement constaté, fait capital pour la solution du
complexe problème hydrologique de Vaucluse; M. leD*^ GhevroC a
visité et décrit plusieurs abîmes inexplorés du Jura, etc.
Les Mémoires de la Société paraissent à intervalles irréguliers,
avec planches hors texte, chacun d'eux consacré à un sujet spécial.
Trois sont déjà publiés : c La troisième exploration du gouffre de
Padirac (Lot) i ; MM. Martel et Rupin y racontent un naufrage
souterrain, à 100 mètres de profondeur, et exposent les nouvelles
observations géologiques et météorologiques faites à Padirac en
septembre 1895 ; c Le Spelunque de Dions > (Gard), par MM. Ma-
zauric et Cabanes, décrivant un immense gouffre, voisin de Nîmes, .
large de 150 mètres : c'est une monographie géologique et bota-
nique complète; c La Ka6na-Jama» (gouffre des serpents), par
M. J. Marinitsch, qui a en partie anyénagé et qui a visité plus de
vingt fois cet abîme du Karst destiné sans doute à devenir le plus
profond de tous les puits naturels connus. L'auteur y a déjà atteint
300 mètres au-dessous du niveau de l'orifice; il y a retrouvé le
cours souterrain de la Recca, perdue en amont dans les grandes
cavernes de Saint-Canzian et dont on recherchait vainement le
proloogement depuis bien des années.
Aussi M. Martel sollicite-t-il le concours et l'adhésion de ceux
de ses collègues de la Société de Géographie, pour lesquels l'étude
intérieure de la terre présente quelque intérêt. L'augmentation des
ressources permettra à la Société de spéléologie de donner plus
d'extension aux publications et aussi de répondre aux demandes de
subventions qui lui ont été adressées pour divers travaux pratiques
véritablement utiles à exécuter.
— - M. le duc de Vallombrosa, Mb., fait don à la Société, pour
ses archives, d'un manuscrit religieux bouddhique, écrit en langue
pâli et en caractères birmans. Ce manuscrit se compose de
142 feuillets (feuilles de palmier) enchâssés dans deux planchettes
couvertes de dessins ornementaux.
Partie plus spécialement géographique de la correspondance.
— [sociétés «e €ïé«sr»pikie]. — D'une note de M. Yenukoff rela*
tive aux voyageurs actuels dans l'Asie centrale, et qui est repro-
duite ci-dessous, nous extrayons le renseignement suivant :
€ On espère, en Russie, que Pexemple donné cet hiver par la
Société de géographie de Saint-Pétersbourg, qui a publié son
Histoire y sera suivi, au moins à Paris et à Londres, dont les So-
116 PROCÈS*VERBAU
ciétés géographiques ont rendu tant de services à la science. La
date de 1900 paraît très convenable pour cette publication, parce
que ce sera la fin du siècle où les Sociétés ont été fondées. Le
volume de 1,377 pages gr. in-8*, paru à Saint-Pétersbourg, est
vraiment digne d'être imité. >
[Asie]. — Communication de M. Venukoff :
f J'ai reçu de M. Pétrowsky, consul général de Russie à Kachgar,
quelques informations sur les voyageurs qui se dirigent vers l'Asie
centrale en ce moment même. Naturellement les explorateurs sont
pour la plupart des Anglais : MM. Pelps, Church, Paul, tons trois
venant de Tlnde, et le capitaine Deasy, de Pékin. Ce dernier a pour
mission l'étude du mouvement insurrectionnel des Doungans, ce
qui complétera les recherches du voyageur russe Groum-Grjimaîlo,
récemment publiées dans son Voyage dans la Chine occidentale.
En Doungarie le mouvement des Doungans a déjà commencé
par la migration de 4,000 individus du côté de Thian-chan et du
Turkestan oriental. Dans cette dernière province des conspirations
dounganes ont été découvertes par les Chinois à Koutcha et à Ka-
rachar. On peut féliciter les voyageurs russes Roborovsky,
Obroutchef, etc., d'être revenus de ces pays troublés en temps op-
portun.
c La délimitation pamirienne est terminée. Le représentant de
l'Angleterre, le général Gérard, a quitté Saint-Pétersbourg, après
avoir arrangé les dernières formalités diplomatiques. Attendons la
publication des résultats, d'ailleurs déjà connus avec assez de pré-
cision.
c L'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg s'est décidée à
prendre part à l'observation de la prochaine éclipse de soleil, le
9 août. Ses délégués iront s'établir, pour les observations, sur Tîle
d'Iesso, au Japon. >
Après lecture de cette note, le Président fait remarquer que
M. Petrowsky, dont le nom est cité en tête de la communication,
vient de recevoir de l'empereur d'Allemagne la croix de la Cou-
ronne, à titre de protecteur reconnu depuis longtemps de tous les
voyageurs européens dans l'Asie centrale. Le roi de Suède lui a
envoyé également la croix de Wasa, pour l'assistance qu'il a fournie
au voyageur suédois Sven Hedin.
— De Yé-hy-tin (Kien-Tchang), 20 nov. 1895, M. CL Madrolie
adresse une lettre qui contient surtout des détails de mœurs sur
SÉANCE DU ^ MARS 1896. 117
le soldat chinois ainsi qu'un portrait des Lolos, hommes et femmes.
La lettre se termine ainsi :
c Les Chinois sont rares dans ces parages ; à cette époque on
circule peu sur cette route; j'ai donc passé vivement toutes ces
montagnes par Timportant chemin qui fait communiquer le Kien-
Tchang avec l'empire chinois, ayant mis huit jours à faire cent
soixante-douze kilomètres. Mon but est de passer sur le territoire ^
tibétain que je pense atteindre à Ta-tsien-lou, le mois prochain;
de là je regagnerai les plaines du Se-tchouen, dont la température
est renommée pour sa douceur, même en hiver. >
P. -S. — € J'apprends que les frontières du Tibet sont très agi-
tées; je rentrerai donc à la côte en mars prochain par Ghang-haï
ou Pékin. >
De V identification de Varchipel appelé Dondiin par le bienheu-
reux Odorico de Pordenone. — M. Romanet du Caillaud envoie la
note ci-après, extraite, avec quelques modifications, de son Essai
sur les origines du christianisme au Tonkin et dans les autres
pays annamites^ actuellement sous presse :
€ Dans mon opinion, sous le nom de Dondiin, le bienheureux
Odorico comprend tout Tarchipel indien depuis Sumatra jusqu'aux
Philippines inclusivement; en effet, par Dondiin, il entend l'archi-
pel qui, situé au sud de Geylan et à l'ouest de la Chine, compte
24,000 îles et 64 royaumes {Les Voyages en Asie au XIV siècle du
bienheureux Fr, Odorico de Pordenone, publiés par Henri Cordier,
Paris, 1891, pp. 237, 239, 246).
c L'île de Luzon étant la première en venant de Chine et du Ton-
kin, son nom aurait été donné par les Chinois et les Annamites à
l'ensemble de l'archipel, lequel aurait ainsi été appelé € la province
de Luzon > ; les caractères chinois qui servent à écrire ce nom, se
prononcent ainsi : en pékinois, Liu-Song-Sèn ; en cantonais, Lî-
Sông-Sang ou Lî-Song-Chang ; en annamite, Lû'-Tông-Tinh.
c La réunion des deux derniers caractères prononcés à l'anna-
mite, soit Tông-Tinh, ressemble énormément au Dondiin du bien-
heureux Odorico.
c Or, lorsque le bienheureux Odorico passa par le Dondiin, il
venait du Champa, où il avait pu trouver des Annamites. Le dé-
membrement du Champa par l'Annam avait déjà commencé, et en
même temps avait dû commencer l'infiltration annamite dans les
provinces du Champa, voisines de la frontière.
c Si donc le bienheureux Odorico voulut désigner la province du
118 PROCÈS-VERBAL.
Luzon par son nom chinois, il dut prononcer ce nom suivant la
prononciation annamite.
€ Il est bien probable que le bienheureux Odorico s'arrêta un
certain temps dans le Dondiin ; en effet, il décrit les coutumes de
cannibalisme des habitants de cette contrée, et il raconte comment
il les en reprit.
€ D'autre part, dans Tarchipel des Philippines, lors de leur con-
quête au XYi' siècle, les Espagnols découvrirent des signes cer-
tains d'une prédication très ancienne du christianisme. Près de
Manille, dans un bois de pandamis, une statue de la Sainte Vierge
était, depuis un temps immémorial, l'objet du culte des indigènes;
c'était en vain que les indigènes avaient cherché à la transporter
de ce bois dans un local mieux approprié au culte. Les Espagnols
des Philippines ont continué à vénérer cette statue de la Sainte
Vierge; ils l'invoquent sous le nom de Nuestra Seîiora de Guia
(Fr. Juan de la Goncepcion, Historia gênerai de Philipinas^ en
14 volumes, Manille, 1788, 1. 1, pp. 413, 427).
c A Zebù, au moment de la soumission de cette île, une image
de l'Enfant Jésus fut trouvée par un soldat espagnol dans la cabane
d'un village indigène, près de Tendroit où s'élève actuellement la
ville de Zebû. Cette image est aujourd'hui vénérée dans l'église
du couvent des Augustins de Zebù (Fr. Francisco Villacorta, Ad^
ministracion de los Padres Augustinos Calzados de la provin-
cia del Duîce nombre de Jésus de las islas Filipinas, Valladolid^
J833. p. 14).
c C'est aux Franciscains qui se rendaient en Chine dans les mis-
sions fondées par Jean de Montecorvino, et spécialement au bien-
heureux Odorico, que je crois devoir attribuer l'évangélisation des
Philippines, dont les images chrétiennes précitées sont les ves-
tiges.
c Gomme le bienheureux Odorico dit que, en se rendant de Don-
diin en Chine, il allait vers l'Orient, il est probable qu'il visita
d'abord l'ile de Luzon, puis celle de Zebù, et que son navire allant
en Chine, passa par le détroit de San-Bernardino, c'est-à-dire eut
d'abord une direction est-nord-est pour ensuite virer vers l'ouest,
afin de gagner Canton. Écrivant longtemps après, le bienheureux
Odorico ne se serait souvenu que de la direction première de son
navire, et il aurait dit ainsi que de Dondiin en allant à l'est, on se
rendait en Chine. >
SÉANCE DU 20 MARS 1896. 119
[Afrique]. — Carte d'Afrique publiée par la Société. — M. le
colonel Fulcrand, qui, en 1860, faisait une tournée dans le Séné-
gal et ses dépendances, comme chef du génie et directeur des
ponts et chaussées de cette colonie, a relevé sur la carte d'Afrique,
publiée l'an dernier par la Société, une erreur dans le coloris de la
frontière franco-espagnole du cap Blanc. Avant de la signaler,
M. Fu 1 cran d s'est assuré au Ministère des Affaires étrangères» que
l'Espagne avait admis la délimitation du cap fiJanc du général
Faidherbe. Celui-ci proposait un cercle d'un rayon égal à la moitié de
la largeur du cap autour d'un point contesté. Les plénipotentiaires
avaient, d'un commun accord, admis le partage du cap Blanc par une
ligne menée à égale distance de la baie du Lévrier et de l'Océan.
Le colonel Fulcrand relève ensuite d'autres erreurs par des car-
tographes étrangers.
Nouvelles de M. Foa. — A la date du 7 mars, M. L. Israël com-
munique les renseignements suivants empruntés aux dernières
lettres reçues de M. Foa :
c La première lettre est datée de Mikorongo sur la Moanza,
4 janvier. La santé du voyageur laissait à désirer, néanmoins il se
disposait a partir pour Zomba au sud-ouest du lac Chioura. La se-
conde est du 12 du même mois, écrite à Tchikwawa au nord de
Katunga; il arrivait de Zomba en bonne santé et mandait que pen-
dant son séjour en cette ville et lors de son passage à Blanlyre, il
avait préparé les étapes du voyage qu'il doit faire dans la région
des Lacs; il comptait se mettre en route au mois de juin. En atten-
dant il est retourné à Mikorongo faire ses préparatifs pour se rendre
à Johannesburg, où il doit être depuis la fin de février. 11 n'en re-
viendra guère que vers le mois de mai. 11 mettra son séjour à pro-
fit pour se munir de tout ce qui est nécessaire avant d'entreprendre
le grand voyage projeté. >
[Résigna polaire*]. -^ Pôle Nord. — H. H. Tarry commu-
nique des extraits de journaux Scandinaves, entre autres un extrait
du Journal officiel de Copenhague {A mars) contenant le télégramme
du 3 mars, daté d'Irkoutsk (Sibérie) qui a été, comme on sait, re-
produit par tous les journaux et dont la Société s'est également
occupée dans ses dernières séances.
Pôle Sud. — M. Bunge, Mb. de la Société de Géographie com-
merciale du Havre, Toudrait que la Société de Géographie (de
Paris) prit l'initiative de démarches pour l'organisation d'une
expédition scientifique et commerciale au Pôle Sud. Le dernier
120 PROCÈS«VERBAL.
congrès international de géographie à Londres, a, comme on sait,
inscrit en tête de son programme, Texploration du Pô)e antarc-
tique. M. Bunge fait remarquer que nous possédons une des trois
bases indiquées par un homme de la plus haute compétence, M. le
professeur Neumayer, de Hambourg, à savoir les îles Kerguelen
qui peuvent devenir une station de baleiniers français hors ligne.
On est aujourd'hui en train de coloniser ces îles si longtemps
inhabitées qui ont devant elles un très bel avenir. Leurs riches
tourbières ainsi que leurs charbons y rendront le séjour hivernal
très supportable et peu coûteux. Inutile d'insister sur les avan-
tages offerts par ce groupe d*îies si curieux; une brochure de
M. René-£. Boissière a traité ce sujet dans ses moindres détails.
D'après M. Borchgrevink, il y a encore abondance de baleines
dans les mers antarctiques. Il y aurait donc lieu d'organiser, comme
l'ont fait les Allemands, il y a quelque vingt ans, avec le baleinier
Germania, une expédition mixte pour s'occuper simultanément de
recherches scientiflques et de ce qui a trait à la pèche de la baleine
et du phoque.
Les Iles Kerguelen n'étant situées qu'à six ou sept jours de dis*
tance par vapeur de Madagascar, les stationnaires de l'État peu-
vent donc très facilement entretenir les communications postales
entre ces deux colonies françaises.
Lesdites îles ne seraient plus ainsi, comme jadis, un coin perdu
de la terre, et les communications régulières avec la mère-patrie
étant assurées, nos pêcheurs se laisseraient facilement tenter d'aller
là-bas chercher fortune, et augipenter par suite utilement le
nombre de sujets de notre colonie naissante.
Ëaoutre, à quelques jours au sud des iles Kerguelen, il se trouve
un groupe d'autres îles qui peuvent être, comme l'a été jadis l'île
de Spitzbergen pour la Hollande, une source de richesses en tant
que repaire de phoques et de baleines.
— M. Venukoff adresse encore (voir plus haut, page 116) la
communication suivante qui concerne les régions polaires :
c M. le lieutenant de la marine russe Idanko a fait, dans la mer
de Barenlz et sur les côtes de la NouveHe-Zemble, une série d'ob-
servations astronomiques et magnétiques; après quoi il adressé
une carte des lignes magnétiques de l'océan Boréal au nord de la
Russie d'Europe, ayant pour base quatre-vingt-quinze données nu-
mériques. Ces lignes forment une série de courbes assez régu-
lières ; mais on y trouve aussi des anomalies allant jusqu'à 30*
de déclinaison magnétique. >
SÉANCE DU 20 MARS 1896. 121
ComniDiileatl«iia «rAlMi.
NÉCROLOGIE. — Le Président annonce la mort de l'un des membres
correspondants étrangers de la Société, le général J.-T. Walker,
ancien chef du service géographique de Tlnde.
c Le défunt, né en 1826, avait fait toute sa carrière militaire dans
le corps des officiers du génie de Tlnde. Les rapports annuels de
notre secrétaire général ont, à différentes reprises, mentionné les
travaux cartographiques remarquables exécutés par cet officier
dans les régions les moins connues du centre de l'Asie.
c Placé, en 1861, à la tête du Trigonometricaî Survey de Vlnde,
il sut imprimer une grande activité à cet important service. Sa-
vant consciencieux, il ne négligea rien pour que les opérations
faîtes par lui-même ou exécutées sous sa direction fussent menées
avec toute l'exactitude et la précision désirables. Retiré à Londres
en 1883, -le général n'en continua pas moins à prendre une
part active à tous les travaux relatifs à la cartographie de l'Asie.
Il était Mb. correspondant de notre Société depuis 1887. Notre
BuUetin conserve les traces de la discussion toute courtoise qu'il
eut avec le regretté Dutreuil de Khins au sujet des sources de TI-
raouaddy. A ce titre la Société ne saurait que s'associer aux regrets
exprimés au sujet de cette mort par l'honorable président de la
Société géographique de Londres, M. G. Markham. >
— Le Président signale la distinction dont M. Emile Roux, en-
seigne de vaisseau, compagnon de voyage du prince Henri d'Orléans,
vient d'être l'objet. La croix de chevalier de la Légion d'honneur
lui a été décernée pour les services qu'il a rendus pendant le voyage
que Von connaît, et où il était chargé de la partie astronomique et
géographique.
— M. Tarry annonce qu'un groupe de membres de la Société
africaine de France vient, sur son initiative, de fonder une réunion
périodique à laquelle sont invitées toutes les personnes qui s'inté-
ressent au développement de l'influence française en Afrique. Cette
réunion, dont le titre indique le caractère, s'appelle c le Déjeuner
mensuel des Africains > et a lieu le troisième jeudi de chaque mois.
Ce n'est pas une réunion mondaine, mais bien une réunion
de travailleurs et de coloniaux, s'intéressant aux questions de po-
litique coloniale africaine. Chacun d'eux pourra venir exposer, dans
une causerie amicale, ce qui s'est passé de plus intéressant pen-
122 PROCÈS-VERBAL-
dant ]e mois écoulé» dans la partie de TAfrique à laquelle il s'inté-
resse le plus spécialement. C'est une sorte de conférence instruc-
tive où les hommes seuls seront admis. La première réunion avait
eu lieu la veille, 19 mars.
Le Transvaalet ses mines d'or. --M. L. de Launay, professeur
à l'École supérieure des mines, rend compte de son récent voyage
au Transvaal et de ses études sur l'industrie aurifère de ce pays. Il
fait remarquer qu'il ne pourra que résumer sommairement ici les
résultats exposés par lui ailleurs dans un important ouvrage qu'il
prépare sur le même sujet et qui va bientôt paraître (1).
Après avoir tracé un tableau rapide et coloré du pays, il parle de
ses habitants de race blanche» les Boêrs et les Uitlanders ( c étran-
gers >, c'est-à-dire les Anglais) dont les démêlés ont, dans ces der-
nières semaines, occupé si fortement T'ittention, et il décrit égale*
ment les noirs, Gafres et Zoulous, pour la plupart occupés aux
mines.
Johannesburg, le centre de ces fameuses mines d'or, qui ont
donné lieu à tant de spéculations, est une ville de plus de
80,000 âmes, dont pas une maison n'existait il y a dix ans. Elle
frappe par son aspect paisible et bourgeois, par son calme et par
le confort que savent s'y procurer ses riches habitants.
Quant aux mines d'or, M. de Launay commence par faire remar-
quer qu'elles existent bien réellement, quoi qu'on en ait dit et, tout
en émettant sur les opérations financières auxquelles elles ont pu
donner lieu à Londres autant qu'à Johannesburg, certaines res-
trictions que le caractère scientifique de son auditoire ne lui per-
met pas de développer, l'orateur rend hommage à la grandeur de
l'œuvre industrielle qui a été accomplie déjà et qui se poursuit
chaque jour.
Abordant alors la description des gisements aurifères et des pro-
cédés de traitement, il montre comment le minerai d'or, très spé-
cial, de cette région du Transvaal qu'on nomme le Witwatersrand,
est un conglomérat, un poudingue, une sorte de gâteau d'amandes,
dont les amandes seraient des galets de quartz, où l'or n'est ja-
mais visible à l'œil nu, mais est presque toujours décelé par l'as-
pect brillant et métallique de la pyrite de fer, à laquelle il est in-
timement lié. Pour extraire cet or, il ne suffit pas, comme on le
croit parfois, de le ramasser à la surface sous forme de pépites ;
1. Les Mines d'or du Transvaal (1 vol. in>8« de 500: pages, ckez Baudry).
SÉANCE DU âO MARS 1896. 123
mais il faut des travaux de mines souvent profonds. Après quoi,
on doit broyer ce minerai en fine poussière et le soumettre à Tac-
tion de divers réactifs chimiques, mercure, chlore, cyanure de po-
tassium, qui ont la propriété précieuse de dissoudre l'or comme un
morceau de sucre se dissout dans l'eau.
M. de Launay donne une idée de l'importance de cette industrie,
qui occupe continuellement plus de 50,000 individus, et utilise,
pour broyer le minerai, 3,000 pilons de 400 kilogrammes chacun^
marchant nuit et jour ; il fait observer que la production d'or,
sans cesse croissante, a déjà, en 1895, surpassé celle de tous les
autres pays aurifères, y compris les États-Unis et TAustralie, en
atteignant 70,000 kilogrammes (207 millions de francs) et que la
longueur des seules galeries de mines creusées en pleine roche
dure ferait, si on les mettait bout à bout, un tunnel continu, allant
presque de Paris à Lyon.
Pour terminer et avant de quitter l'Afrique australe, il fait en-
core une description succincte des curieuses mines de diamants de
Kimberley, qui ont aujourd'hui le monopole presque absolu de
la production du diamant dans le monde et qui, par un rapproche-
ment remarquable, constituent le plus bel amas de diamants sur
lequel l'homme ait jamais mis la main, comme les gites de Johan-
nesburg (c'est-à-dire du Witwatersrand) formeront probablement le
plus gros amas d'or qu'on ait jamais rencontré.
Cette communication, fort intéressante et très applaudie, était
illustrée de nombreuses projections photographiques.
— La séance est levée à 10 heures.
MEMBRES ADMIS
MM. Moreau (Jean-Louis-Marie); le comte de Saint-Quentin;
Gaston Isambert; le comte de Costa de Beauregard (Gonzague) ;
Watel (Maurice-Charles- Albert).
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. le comte de Fitz-James (Robert) (le prince Auguste d'Aren--
herg et le comte Louis de Turenne); — le vicomte de Bardonnet
Hyde de Neuville (le comte de Bizemont et Charles Maunoir); —
i2i OUVRAGES OFFERTS A LÀ SOCIÉTÉ.
Charles Demachy ; Edgard de Saint-Paul de Sinçay (Paul Mira-
baud et Charles Maunoir) ; — Eugène Dufeuille (prince Henri
d'Orléans et Charles Maunoir); — d'Anthonay (Léon), ingénieur
{Georges Godillot et Charles Maunoir) ; — Boucher (Maurice-Louis-
Benjamin), ancien officier d'artillerie (Eugène Soubiran et Emile
Feuillade) ; — de Contenson (Ludovic), capitaine breveté hors ca-
dres, Henry Ghavane (le comte de Bizemont et le baron Hulot} ;
— Dunoyer (Louis-Frédéric*Richard), chef d'escadron d'artillerie
de marine (A. DekUo et René de Livio) ; — Ë. Poletnich, notaire
(de Lapparent et Charles Morel d' Arleux) ; — Drevon (Pierre), ad-
joint à l'inspection générale des finances (Emile Cheysson et le
baron Hulot); — De Launay (Louis), ingénieur des mines, profes*
seur à l'École des mines (£.-A. Martel et Gabriel Gaupillat); —
Grousselle de Blancheface (A), ingénieur (le colonel Laussedat et
C . Grumel) ; — Ernest Archdeacon (de Lapparent et Guillaume
Depping) ; — Mmes Boullon de Waudré {Charles Maunoir et ba-
ron Hulot); — Lagrange de Langre {Le Myre de Vilers et Alfred
Muteau).
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Séances des 7 et 21 février 1896 (suite).
OCÉANIE- — George Collingridge. — The Discovery of Australia.
A Critical, Documentary and Historic Investigation Goncerning the
Priority of Discovery in Australasia by Europeans before the arrivai of
Licut. James Gook, in the « Endeavour )», in the year 1770. With
Illustrations, Gharts, Maps, Diagrams, etc. Gopies, Notes, Références,
Geographical Index and Index to Names. Sydney, Hayes, 1895, 1 vol.
in-4. Auteur.
RÉGIONS POLAIRES- — 0. Baschin. — Neuere Mittheilungen ûber
das Ahdrée*sche Polarproject (Zei7«cAr. f. Luftschiffahrt undPhys. der
AtmosphàrCy nov. 1895), broch. in-8. Auteur.
ATLAS ET CARTES
Atlas de géographie historique. Par une réunion de professeurs et de
savants, sous la direction géographique de F. Schrader. Contenant en
55 feuilles doubles, 167 cartes en couleurs, accompagnées d'un texte
SÉANCES DES 6 ET 20 MARS 1896. 125
historique au dos de 115 cartes, figures et.plans en noir dans le texte,
et d'an index alphabétique des noms contenus dans Tatlas. Paris, Ha-
chette, 1896, 1 vol. in-f». Auteurs et Éditeurs.
École spéciale militaire. 1894-1895, 1895-1896. Cours de géographie,
- Croquis (51 cartes sur 26 ff.). Anonyme .
Seconda edizione della nuova carta dei dominii e protettorati italiani
neirEritrea e regioni limitrofe (Sudan-Abissinia-Harar), 1/1,500,000.
£seg. dal Laborat. foto-litogr. del Ministero della Guerra. Gennaio,
1896, 1 f. A. RiCHERÂND.
Service géographique des colonies. Mission Marchand. Le Transnigérien.
Le Bandama et le Bacoé. Carte levée et dressée de 1892 à 1895 par le
capitaine Marchand au 1/500,000*. Paris, Barrëre, 2 ff.
Ministère des Colonies.
Zacarias Sanghez. — Mapa catastral grafico de la provincia de Cor-
rientes, Rep. Argentina. Gonstruido con los dates oficiales, 1893
(l/200,000*). 16 if. (avec texte, in-8). Auteur.
Séances des 6 et 20 mars 1896.
PÉRIODIQUES. — Revue de Flnstitut catholique de Paris. Première
année, n» 1, janvier-février 1896, 1 fasc. in-8. Direction.
Société de spéléologie. Bulletin (Spelunca). Tome I", n'»» 1 à 4 (jan-
vier-décembre 1895). — Mémoires, 1896, n*' 1 (janvier), 2 (février).
Paris, in~8. E.-A. Martel, secrétaire général.
Annales de Tlnstitut colonial de Marseille. Publiées sous la direction de
M. le professeur Ed. Heckel. Troisième année, 2* vol. (1895). Lille,
1895, 1 vol. in-8. Direction.
Boletin de la sociedad geogrâfica de Bareelona. Afio I, num. 1, marzo de
1896. Bareelona, in-8. Comité fondateur.
Geographische Rundschau. Herausgeg. von A. Hettler. Porta Westfalica,
I. Bd., n» 1, 22 Febr. 1896, in-8. Direction.
Commission scientifique des archives de Simbirsk. Rapports sur ses tra-
vaux et procès-verbaux pour Tannée 1895. Simbirsk, 4 opuscules,
in-8 (en russe). CoifiTi de rédaction.
GÉNÉRALITÉS GÉOGRAPHIQUES. - The Statesman's year-book.
Statislical and historical annual... 1896. Edited by J. Scott Keltie,
with the assistance of L P. A. Renwick. London, Macmillan Co., 1896,
1 vol. in-18. J. Scott Keltie.
¥!• congresso geografico internazionale. Londra — Luglio 1895. Regno
d'Italia. Ministero della guerra. Cenni sui lavori cartografici e scien-
tifici deiristituto geografico militare. Firenze, 1895, broch. in-8.
Sixth International Geographical Congress, London, 1895.<Catalogue de
TExposition. London, 1 vol. in-8. Prince Roland Bonaparte.
F. Alexis M.-G. — Bilan géographique de Tannée 1895 {Bull. Soc. r, de
géogr.), Anvers, 1896, broch. in-8. Auteur.
Jules Girard. — Les phénomènes éruptifs sous-marins (Revue de
géogr., Paris, 1896). Auteur.
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vatikanischen Bibliothek (Zeitschr.Gesellsch. fur Erdk.), Aerlin, 1891,
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M. Vendkoff. — Le pôle nord et le voyage de Nansen {Messager du
Nord,,. 1896), broch. in-8 (en russe). Auteur.
GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. STATISTIQUE. - V. Deville. -
Manuel de géographie commerciale. Étude économique des différentes
parties du monde et particulièrement de la France. Ouvrage récom-
pensé par la Société de géographie commerciale. Paris et Nancy, 1893,
2 vol. in-8. Berger-Levrault et C**, éditeurs.
Henri Cons. — Précis d'histoire du commerce (Bibliothèque d'ensei-
gnement commercial). Paris et Nancy, Berger-Levrault et C*% 1896,
t vol. in-8. Auteur.
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G. Paris. — Le café d'Annam. Étude pratique sur sa culture. Tourane,
1895, 1 vol. in-8. Auteur.
DIVERS. — Ttf. MouREAUX. — - Déterminations magnétiques faites en
France pendant l'année 1894, 1 vol. in-4. Auteur.
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Odessa, 1891, 1 vol. in-4. A. Klossovsky, directeur.
Jahrbuch des norwegischen meteorologischen Instituts fiir 1892, 1893.
Kristiania, in-4. Échange.
J. de Mendizabal Tamborrel. — Sur la division décimale de Tangle et
du temps. Note adressée au B"" congrès international de géographie de
Londres. Mexico, 1895, broch. in-8. Prince Roland Bonaparte.
Alberto Sanchez. ^ Lacornoide. San Salvador 1895, 1 vol. in-8. Auteur.
Centenaire de TÉcole des langues orientales vivantes, 1795-1895. Recueil
de mémoires publiés par les professeurs de TÉcole. Paris, Impr. nat.,
1895, 1 vol. in-4. Ministère de l'Instruction publique.
D' £. Y. Daday. — Gypridicola parasitica nov. gen. nov. sp. Ein neues
Râderthier {TermésMtrajii fiUetek, 1893). Budapest, 1893, broch.
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Dr. Franz Schafarzik. — Die Pyroxen-Andesite des Gserhàt. Eine pe-
trographische and geologische Studio (MittheU, lahrb, der KgL ungar.
Geolog^ Ansiall, Bd. ix). Budapest, 1895, 1 vol. in-8. Échange.
Jiémorial de la librairie française. Revue hebdomadaire des livres, com-
plément de la Bibliographie française. Recueil de catalogues des édi-
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Paris, H. Le Soudier, in-8. Échange.
A. FocK. — La pénétration africaine et le péril jaune {Nouvelle Revue,
15 février 1896). Paris, 1896, broch. in-8. Adteur.
Frixon. — Adulphe Delegorgue, explorateur douaisien dans l'Afrique
australe. Conférence faite à la Société de géographie de Douai le 6 dé-
cembre 1891. Douai, broch. ia-8. Auteur.
EUROPE. — Ardouin Duiïazet. — Voyage en France. Séries 3, 4 (tles
de l'Atlantique), 5 (Manche et Bretagne péninsulaire). — L'armée navale
en 1893. L'escadre russe en Provence. La défense de la Corse. Paris et
Nancy, Berger-Levraull, 1894-1896, 4 vol. in-8. Auteur.
Marquis de Sassenay. — Les derniers mois de Murât. Le guet-apens du
Pizzo. Paris, C. Lévy, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Lewy d'Abartiague. — De l'origine des Basques {Nouvelle Revue , 15 déc.
1895). Paris, 1896, broch. in-8. Auteur.
Gook's Handbook for London. With two maps. London, 1895, 1 vol. in-8.
Prince Roland Bonaparte.
Ministero di Agricoltura, Industria e Commercio. Annuario statistico ita-
ïiano, 1895. Roma, 1896, 1 vol. in-8. Échange.
Mouvement commeroial de l'empire ottoman des années 1307 (du 1/13 mars
1891 au 12 mars 1892) et 1^8 (du 1/13 mars 1892 au 12 mars 1893).
Extrait des Statistiques de la douane, publiées en décembre 1895,
in-f>. Vital Cuinet.
H. MOHN. — KUma-Tabeller for Norge. I. Luftens Temperatur {Vidensk.
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broch. in-4. Auteur.
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de Tiflis pour 1894 et 1895. Tiflis, 1895 (2 opuscules, en russe et en
allemand). G. Radde, directeur.
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dustrie, commerce, finances... Vienne, M. Perles, 1895, 1 voU in-8.
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campagne. 1858-1860. Tours, Marne, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
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centrale {Annales de géographie, 15 juill. 1895, 15 janv. 1896). Paris,
Colin, in-8. Auteur.
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R.-M. Du Coudray La Blanchère. — L'aménagement de l'eau et l'in-
stallation rurale dans l'Afrique ancienne. Rapport à M. le Ministre de
l'Instruction publique et des Beaux- Arts sur des recherches poursuivies
par son ordre pour déterminer le mode et les conditions de la coloni-
128 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
sation et de l'exploitation jusqu'à l'arrivée des Arabes {Nouvelles Ar-
chives des Missions scientifiques y t. YII). Paris, Impr. nat., 1895,
1 vol. in-8. Anonyme.
FRANçois Deloncle. — Interpellation sur la déclaration de Londres du
15 janvier 1896. Séance de la Chambre des députés du lundi 24 fé-
vrier 1896 {Journal officiel, 25 février 1896). Paris, 1896, broch. in-12.
AUTEtJR.
P. YuiLLOT. — Région de Tombouctou. Opérations contre les Kel Antas-
sar (Copie d'un manuscrit, avec carte), Auteur.
D' André Rançon. — Étude de botanique exotique. La flore utile du
bassin de la Gambie {Bull. Soc. géogr. commerciale de Bordeaux).
. Bordeaux, 1895, 1 vol. in-8. Auteur.
J. DE RiOLS. — La guerre do Madagascar. Historique complet de l'expé-
dition de 1895. Ouvrage contenant la géographie, l'orographie, l'hydro-
graphie, l'ethnographie de l'île... Paris, 1896, in-18.
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Compagnie coloniale et des mines d'or de Suberbieville et de la côte
. ouest de Madagascar. Notice sur les concessions et travaux. Paris,
impr. Barnagaud, broch. in-8. L. Surerbië.
Société mauricienne de colonisation à Madagascar. Maurice, 1 opuscule
in-8 (Statuts). Conseil d'administration.
Henrique de Carvalho. — Caractères ethniques des habitants de Lunda
(avec gravures). (Supplément au n» 19, juillet 1895, de Portugal em
Africa, Lisboa), in-8. Auteur.
Y. Hugot. — Mission commercrale au Transvaal. Rapport {Bibliothèque
de la Chambre de commerce de Paris. Renseignements commerciaux.
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184, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 184
130 PROCÈS-VERBAL.
colonel Huber dans la destination du prix que sa veuve a fondé.
Mais mes amis seront encore plus touchés de Tattribution que
votre Société a bien voulu faire du premier de ces prix décerné
par elle, en l'oiTrant, en ma personne, à un Suisse. Cet acte de
courtoisie internationale sera vivement apprécié de notre côté du
Jura. >
— La Société académique indo-chinoise de France, qui entre
dans la vingtième année de son existence, annonce qu'elle vient de
renouveler son bureau qui est ainsi composé : Présiétent : M. le mar-
quis de Croizier, Mb. du Conseil supérieur des Colonies ; — Vice-
Présidents : MM. Paul Leroy-Beaulieu et Henry Houssaye, de
rinstitut ; Léon Bazille, député ; L. Feer, bibliothécaire à la Bi-
bliothèque nationale ; Grodet, gouverneur de 1'^ classe des Co-
lonies; Baron Textor de Ravisi, anc. administrateur des Colonies;
— Secrétaire général: M. Achille Greverath; — Secrétaires:
MM. Herre Wyn, capitaine d'infanterie de marine; Boutry, avo-
cat; — Trésorier: M. Lepesqueur; —Archiviste-Bibliothécaire :
M. le D' Hercouël, médecin principal des Colonies. — M. J.
Haussmaun, anc. directeur au Ministère des Colonies, a été élu
vice-président honoraire.
— M. E.-P. Desroches annonce qu'en sa qualité de Mb. de la So-
ciété de géographie de Lille, il a reçu mission d'organiser un voyage
en Russie, à l'occasion du couronnement du Tzar. Dans le cas où
des Mbs de la Société de Géographie (de Paris) auraient l'intention
de se joindre à ce voyage, ils seraient, dit-il, les bienvenus.
Le programme comprend deux itinéraires ainsi détaillés : i° Dé-
part le lundi 11 mai. Retour dimanche 14 juin. Lille, Berlin, Var-
sovie, Saint-Pétersbourg, les chutes d'Imatra (Finlande), Saint-
Pétersbourg, Moscou, Nijni-Novgorod; Kiew, Cracovie, Vienne,
Bruxelles, Lille. 2° Départ avec le premier itinéraire le lundi 11 mai,
retour le jeudi 25 juin. Mêmes villes que le premier itinéraire
jusqu'à Kiew-Kiew, Odessa, Constantinople, Brousse, Buda-Pesth,
Vienne, Paris, Lille.
— Un comité à la tête duquel se trouve notre collègue M. le
prince d'Arenberg, député, s'est formé à Paris, dans le but d'élever
à Ussel (Corrèze) un < monument à un enfant de la France qui a
porté fièrement et noblement le drapeau de notre pays au milieu
des peuplades africaines que son courage, sa bonté, son énergie,
et les.éminentes qualités de son cœur ont su amener à réclamer la
France comme leur patrie d'élection. Ce jeune Français, M. Treich-
Laplène, a payé de sa vie le grand honneur d'avoir semé dans
SÉANCE DU 10 AVRIL 1896. 131
des pays encore voués aax coulumes abominables de l'esclavage,
de la polygamie et des sacrifices humains, les germes précieux de
notre civilisation. > M. Treich-Laplène, mort en 1890, à l'âge de
30 ans, était résident à la Côte d'Ivoire.
— M. Richard Paraire fait savoir à la Société que les tableaux
rapportés par lui de son voyage artistique à la Côte d'Ivoire seront
exposés à la galerie Georges Petit du 14 au 25 avril. L'inaugu-
ration de cette exposition aura lieu le lundi 13 avril, 12, rue
Godot-de-Mauroi.
— M. J.-W. Beatie, photographe à Hobart-ToWn (Tasmanie)
prévient la Société, en lui offrant ses services, qu'il va faire une
tournée dans un but photographique aux îles suivantes : Nou-
velles-Hébrides, Banks, Torrès, Santa-Cruz et les Salomon.
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). -— M. L.
Drapeyron, directeur de la Revue de Géographie, adresse deux
livraisons de ce recueil (janvier et avril 1896), contenant les
études suivantes :
1» c Enquête à instituer sur l'exécution de la grande carte topo-
graphique de France de Cassini de Thury. > 2* < Les Capitaine,
gardiens du dépôt de l'Observatoire et collaborateurs de Cassini pour
la carte générale de la France (avec portrait du 4* Capitaine). »
En même temps, il annonce qu'il vient de donner lecture au
Congrès des Sociétés savantes de la suite de l'Enquête sur l'exécu-
tion de la carte de Cassini de Thury. < Dix-sept correspondants,
dit-il, m'ont répondu, avec une masse de documents du plus' haut
intérêt. L'enquête est donc dans une voie excellente. La Société
de Géographie y a contribué vivement ; aussi suis-je heureux de
lui annoncer ces bons et heureux résultats. »
— M. <l «-Gaston Vanderheym fait hommage du volume qu'il vient
de publier sous ce litre : Une expédition avec le négous Ménélik
( Vingt mois en Abyssinie) .
Il existe peu d'ouvrages récents sur ce pays. Les notes de
M. Vanderheym servent de cadre aux nombreuses photographies
faites par lui. Ceux qui ont voyagé en Afrique connaissent les
difficultés qu'on éprouve à transporter les appareils de photogra-
phie, les ingrédients nécessaires et surtout les plaques sensibles.
En outre il faut transporter les clichés, de l'intérieur jusqu'à la
côte, à dos de chameaux et de mulets I Et pendant les haltes en
plein désert, que de soins pour les préserver d'un soleil trop ardent l
Parti de France en novembre 1893, M. Vanderheym nous fait
132 PROGÈS-VERBAL.
rapidement traverser Obock et Djibouti, et nous entraine ensuite
par le Harrar jusqu'au Ghoa. Il décrit Âddis-Haba, résidence du
négous, la ville, le marché, le palais, et raconte des traits cu-
rieux de mœurs abyssines. Au bout de quelques mois de séjour à
la cour du puissant Ménélik, il accompagne le négous, seul Euro-
péen au milieu d'une armée composée de trente mille Abyssins, en
pays Oualamo, après avoir traversé les pays Gomaguès.
Malheureusement le voyageur manquait d'instruments de pré-
cision; cependant il a pu relever la route parcourue, et dans son
ouvrage, il donne une carte du Oualamo, pays totalement inconnu
jusqu'ici, et qu'aucun Ëuropéeen n'avait foulé avant lui.
Pendant cette expédition contre les Gallas, M. Vanderheym a
pris des notes sur l'armée en marche, sur les coutumes guerrières,
les combats, la zéréfa, le partage des esclaves prisonniers et des
bestiaux razziés, la revue de dislocation et enfin sur les horreurs
du retour. Rentré au Ghoa, l'auteur nous ramène à Djibouti en
1895, non par le Harrar, mais par le désert, route pénible et sur-
tout moins sûre.
— M. L. de Beaufront, à Épernay, envoie une brochure traduite
par lui, concernant la langue internationale appelée Espéranto^
et qui est une sorte de volapûk.
— M. H. Pensa fait hommage de son volume sur l'Egypte, paru
récemment. L'auteur y étudie particulièrement les questions du
Soudan égyptien et du canal de Suez.
— Le vicomte Jules de Cuverville envoie : 1° la carte la plus
récente ayant trait aux steppes du gouvernement d'Akmolinsk (Si-
bérie) ainsi qu'aux régions avoisinantes décrites au cours de sa
dernière communication : c Trois mille kilomètres à travers les
steppes kii'ghiz :» ; 2° un petit travail qu'il a fait exécuter par un
des principaux commerçants en pierres précieuses des monts Oural
à Ekaterinbourg (gouvernement de Perm). Ge travail est l'énumé-
ration de la provenance de tous les minéraux connus jusqu'ici dans
les monts Oural. Une carte à la main indique sommairement les
localités sur un profil des montagnes. Une photographie représente
la structure de la chaîne de l'Oural, d'après une pièce construite
par ce même commerçant, travail excessivement curieux qui doit
figurer à l'Exposition de Nijni-Novgorod (la pièce est construite
avec la nature même des minéraux).
Partie plus spécialement géographique de la correspondance.
— [Cartosrapiiie]. — Dans son étude sur Les Capitaine^ gardiens
SÉANCE DU 10 AVRIL 1896. 133
du Dépôt des Cartes (carte de Gassini) à V Observatoire, étude
offerte par Tauteur (Voy. plus haut, p. 131), M. Ludovic Drapeyron
reconstitue, à Taide des papiers de famille que lui a communiqués
M. Euscbe Âracbequesne, ancien magistrat, une lignée de quatre
géographes, dont le nom n'a jusqu'ici figuré dans aucun diction-
naire historique : 1^ Pierre-Charles Capitaine, de Litz en Beauvaisis
(Oise), qui mourut en 1 778 à TObservatoire, après avoir exercé
durant quinze ans ses fonctions de gardien du dépôt de cet éta-
blissement; 2** son fils atné Louis Capitaine» également gardien
du dépôt de TObservatoire depuis la mort de son père jusqu'à la
confiscation de la carte de Cassini (1793), et associé à la Compagnie
qui en faisait les frais ; il est mort à Paris, rue du Jardinet, en 1802
ou 1803; il a donné une carte de France en 18 feuilles, réduction
de celle de Cassini; 3*^ Charles Capitaine, fils du premier Capi-
taine, frère de Louis, a travaillé au levé de la Bretagne pour la
carte de Cassini ; il mourut jeune ; 4.° Pierre-Nicolas Capitaine
(1772-1838), fils, lui aussi, du premier Capitaine, mais issu d'un
second mariage. Il fut capitaine de génie durant les guerres de La
Révolution et du Consulat, et contribua au levé des départements
nouvellement annexés, et à VAtlas des places fortes; il est aussi
Fauteur d'un traité : Application de la géométrie descriptive à la
perspective ordinaire. Son portrait, dû à M. Hersent, de l'Institut,
orne l'étude de M. Ludovic Drapeyron.
[A«ie]. — M. Paul d'Enjoy adresse un mémoire manuscrit sur
les chemins de fer iiido-chinois, Texpédition du Laos et la voie
ferrée de Bassac à Saigon (avec carte également manuscrite).
[Afrique]. — La mission hydrographique du Niger. —
M. P. Vuillot annonce qu'il vient de recevoir de bonnes nouvelles
de la mission hydrographique du Niger.
Partie de Gourao le 3 janvier, la mission arrivait à Kabara
le 11 du même mois; les eaux, très basses cette année, ne permi-
rent pas aux chalands JvXes-Davoust et Aube de remonter le
marigot qui va jusqu'à Tombouctou.
Depuis son départ, la mission a déjà pu recueillir de nombreux
documents : 2,000 photographies environ et les papiers de divers
appareils enregistreurs, baromètres, thermomètres, psychromè-
tres, hygromètres et pluviomètres ; la mission possède même un
phonographe destiné à enregistrer la musique et les chants indi-
gènes. Tous ces instruments sont en parfait état, et tout fait pré-
131 PROCÈS'VERBAL.
sumer qu'ils fonctionneront régulièrement jusqu'à Say, but de la
mission.
Le mardi ^1 janvier, M. Hourst et ses compagnons, MM. Baudry,
Bluzet, Taburet et le P. Hacquard ont quitté définitivement Tom-
bouctou, ou plutôt Kabara, pour se lancer dans la partie encore
inconnue du Niger.
A cette époque, la région de Tombouctou était tranquille.
A signaler seulement une reconnaissance dirigée vers Soropi, en
décembre 1895, par M. le commandant Réjou, reconnaissance très
intéressante au point de vue géographique.
Parti de Goundam, M. le commandant Réjou se dirigea vers
Sorapi, afin d'y étudier la création d'un poste permanent ; de ce
point, remontant vers le nord, il alla reconnaître la position exacte
du lac Daouna, au sud du lac Faguibine, et releva le cours du
marigot qui relie ces deux lacs. Contournant ensuite par Ras-el-Mâ
et Haribongo J'extrémité occidentale du lac Faguibine, il en suivit
toute la rive septentrionale, rectifia la position de la mare de Bon-
kor ainsi que celle des monts Tahakim et Tinegadda, et rentra à
Goundam par Oum-el-Djirane et Farasch, après avoir constaté sur
tout son parcours une tranquillité absolue dans toute cette région,
si troublée, il y a quelques mois seulement, par les incursions de
N'gouna, chef de la fraction dissidente des Kel-Antassar.
[Amérique]. — MissioTi de BrettBs. — De Rio de la Hacha,
5 février, le vicomte de Brettes annonce que, ce jour-là même, il
part pour une seconde exploration en territoire indien Chimila.
« Durant un premier voyage, surtout géographique (31 mai au
15 juillet 1895), je n'avais pu prendre de photographies; tout en
corroborant mes précédents calculs de roule, je me propose donc
de combler cette lacune. — Ce voyage terminé, je rentrerai en
France, le programme d'études de mon cinquième séjour dans
l'Amérique du Sud se trouvant de point en point rempli. >
Le Ministère du Commerce transmet à la Société les mêmes
nouvelles.
[Régulons polaires]. — Expédition Nansen, — Le Ministère des
Affaires étrangères communique la lettre suivante du consul
général de France en Norvège, M. d'Héricourt, avec les documents
y annexés :
« Christiania, le 13 mars 1896. — Pour répondre au désir ex-
primé par la Société de Géographie, je ne pouvais mieux faire que
de m'adresser à M. Yngvar Nielsen, professeur de géographie et
SÉANCE DU 10 AVRIL 1896. 135
d'ethnographie à l'UniTersilé de Christiania et délégué au dernier
Congrès géographique de Londres, aûn d'obtenir des renseigne-
ments précis sur les docaments relatifs à l'expédition polaire du
D^ Nansen.
€ D'après M. Nielsen toutes les indications utiles sur ce sujet
se trouèrent détaillées dans les documents parlementaires du
Stbrthing que j'ai Thonneur de tous adresser sous ce pli.
€ Ce professeur, qui a écrit dans la Deutsche Revue un article
intitulé : Wo ist Nansen ? ajoute que les plans de l'explorateur
ont été publiés par la Société de géographie de Christiania dans
les fascicules 1'' et 3' de 1889 à 1890 ainsi qu'en 1892. D'autre
part, les rapports du baron russe ToU, relatifs à la même question,
figurent dans les Petermann's Mittheilungen ainsi que dans les
Mémoires de la Société de géographie de Saint-Pétersbourg,
c En dehors du plan connu, le DMNansen en aurait eu un autre
qui, d'après le professeur Nielsen, n'aurait été confié qu'à de
rares personnes et au moment du départ. Le professeur croit que
ce dernier plan aura été mis à exécution, car dans son premier
projet, Nansen, devait, avant de s'engager dans l'archipel de la
Nouvelle-Sibérie, prendre livraison d'une certaine quantité de
chiens lapons et de combustible amenés pour lui à l'embouchure
de rOleneck (Sibérie Orientale). Or il est parfaitement avéré qu'il
ne s'est jamais rendu à celte station. M. Nielsen suppose donc
qu'après avoir quitté les côtes des Samoyèdes, d'où on a eu pour
la dernière fois des nouvelles en août 1893, Nansen aura pu suivre
son dernier plan qui aurait été, paraît-il, celui de traverser la mer
de Kara pour se rendre directement au cap Maurice, à l'extrémité
de la Nouvelle-Zemble, et de là essayer d'atteindre la terre de
François-Joseph, au-dessus du 80" de latitude, afin de pousser en
avant vers le nord pour y chercher les courants polaires.
€ En ce qui concerne les bruits récents sur les probabilités de
la découverte du pôle, M. Nielsen considère que le seul article
vraiment intéressant à ce sujet publié dans les journaux est celui
de M. D. Christophersen, ancien secrétaire de M. Nansen; vous
trouverez également cet article ci-annexé. >
Comiiii
Le Président annonce le retour prochain du lieutenant de vais-
seau G. Simon, qui revient d'une exploration de trqis ans sur le Mé-
kong, au cours de laquelle il a réussi à remonter le fleuve jusqu'aux
136 PROCÈS-VERBAL.
frontières de la Chine avec denx canonnières. La Commission
^^entrale a décidé d'envoyer une délégation de la Société ponr féli-
citer M. Simon du brillant succès de ses efforts persévérants dont
les résultats géographiques sont aussi importants que les résultats
économiques.
11 signale ensuite un don de 100 francs qui vient d'être fait par
une dame, Mb. de la Société. Ce don est fait sans affectation
spéciale.
Présentations de livres, cartes, etc. — A la dernière séance, le
Secrétaire général avait fait les deux présentations suivantes qui,
par erreur, n'ont pas été insérées au Compte rendu. Nous réparons
aujourd'hui cet oubli involontaire.
M. Maunoir avait d'abord attiré Fattention de ses collègues sur
une collection composée d'une trentaine de photographies de la
Côte d'Ivoire. < L'auteur et le donateur en est M. Pobéguin, bien
connu de la Société par les remarquables levés qu'il a exécutés
naguère au pays des fiatékés, plus tard tout le long de la côte du
Congo français, en dernier lieu sur le littoral entier et fort loin
dans l'intérieur, de la Côte d'ivoire. C'est au cours de ces dernières
opérations topographiques que M. Pobéguin a recueilli les pré-
cieuses vues offertes aujourd'hui à la Société et qui permettent
de juger des aspects variés, parfois très pittoresques, de notre
colonie de la Côte d'Ivoire. Cette nouvelle contribution à la géogra-
phie méritait d'autant plus d'être signalée que M. Pobéguin est
un travailleur modeste, silencieux, auquel nous devons une œuvre
topographique considérable et d'une réelle valeur. >
Le Secrétaire général avait ensuite présenté, de la part de M.
Paul Vuillot qui a donné à la Société plus d'une preuve de sa libé-
ralité, une carte à 1/100,000* de toute la région située à l'ouest de
Tombouctou. € Ceux-là qui ont l'habitude des questions géogra-
phiques savent combien il est long, difficile, d'obtenir une carte
exacte, quand il s'agit de contrées dont le levé n'a pas été régu-
lièrement fait. Ce n'est qu'après une série de reconnaissances, de
rectifications, d'additions ou de suppressions que les voyageurs
donnent un figuré suffisamment juste du pays et de ses accidents.
M. Vuillot, employant tous les éléinents réunis jusqu'à ce jour et
qu'avait utilisés M. Bluzet pour l'exécution de la carte publiée
naguère par la Société dans son Bulletin, a fait un dessin à
1/100,000% c'est-à-dire à une échelle relativement grande, du
pays aux abords de Tombouctou dans l'ouest. Cette carte, publiée
SÉANCE DU 10 AVRIL 1896. 137
avec le patronage de la Société, sera envoyée à tous les officiers
du corps d'occupation de Tombouctou, avec prière de la compléter,
de la corriger et d'y noter toutes les indications géographiques
propres à la rendre plus exacte. Nous aurons ainsi peu à peu un
document qui donnera l'image assez exacte de la région que M.
de Lapparent a si bien décrite dans sa notice spirituellement in-
titulée Les surprises du désert. La Société ne peut que remer-
cier M. Vuillot de cette nouvelle marque de zèle donnée aux
intérêts de notre science. >
De la Volga à VIrtisch. — M. le baron de Baye, chargé d'une
mission archéologique en Russie, rend compte du voyage accompli
par lui dans la Russie orientale et dans la Sibérie occidentale. Il
a principalement étudié les antiquités des gouvernements de
Kazan, de Viatka, de Perm, de Tobolsk, d'Oufa, de Simbirsk et
de Saratoff. 11 s'est occupé aussi des populations finnoises et
turco-mongoles de ces régions. En Russie, l'ethnographie est in-
timement liée à l'archéologie. M. le baron de Baye exprime une
profonde gratitude pour l'accueil dont il a officiellement et
officieusement été l'objet .
Le Président félicite le voyageur-archéologue pour ses savantes
études, et remercie M. le général de division, baron de Fréedericksz,'
agent militaire de l'ambassade impériale russe à Paris, qui a bien
voulu assister à la séance où cette communication vient d'être faite .
^— La séance est levée à 10 heures.
MEMBRES ADMIS
MM. le comte Robert de Fitz-James; le vicomte de Bardonnet
Hyde de Neuville; Charles Demachy; Edgard de Saint-Paul de
Sinçay; Eugène Dufeuille; Léon d'Anthonay; Monseigneur le duc
de Chartres; Maurice-Louis-Benjamin-Boucher; Ludovic de Con-
tenson; Henry Chavane; Louis- Frédéric- Richard Dunoyer; E. Po-
letnich; Pierre Drevon; Louis de Launay; A. Grouselle de Blan-
cheface ; Ernest Archdeacon ; M"'^^ Boullon de Waudré ; Lagrange
de Langre.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Joffre (Joseph-Jacques-César), lieutenant-colonel du génie
(le général. Derrécagaix et le vice-amiral Vignes); — Deboii
i38 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
(Alfred-Adrien), capitaine d'artillerie de marine (g^énéral Derréca-
gaix et le commandant Bruzon)\ — J. Gaston Vanderheym
(CA. Maunoir et le baron Hulot) ; — Eugène Bignan, avocat à la
Cour d'appel {Paul Bordeaux et Alexandre Boutraue) ; — Robert
Anisson du Perron (Ternaux-Compans et Alfred Grandidier); —
Leudière (Edouard), architecte (Ch. Maunoir et Ch. Schlumberger).
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Séance du 40 avril 1896.
GÉNÉRALITÉS. — L.e Touriste français, journal de voyages. Paris,
mars-avril 1896, in-4. Desroches, directeur.
Jean Gciradd. — L*£tat pontiflcal après le grand schisme. Etude de
géographie politique (Bibliothèque des Ecoles françaises d'Athènes et
de Rome, fasc. 73). Paris, Thorin, 1896, 1 vol. in-8.
Ministère de l'Instruction publique.
Charles Lyell. — Principes de géologie, ou illustrations de cette science
empruntées aux changements modernes que la Terre et ses Habitants
ont subis. Traduit de l'anglais, sur la 6* édition et sous les auspices de
M. Arago, par Mme TuUia Meulien. Paris, Langlois et Leclercq, 1846
4 vol. in-8. Achat.
Zi-Ka-Wei Observatory. Typhoon Highways in the Far East, n* Il Across
the South Ënd of Formosa Strait. Zi-Ka-Wei, 1896, in-4. Echange.
D'Ernest Martin. — L'opium. Ses abus. Mangeurs et fumeurs d'opium.
Morphinomanes. Paris, Soc. d'éditions scientifiques, 1893, 1 vol. in-8.
Auteur.
Baron de Baye. — Mission archéologique et ethnographique en Russie
et en Sibérie occidentale (1895). Paris, Nilsson, 1896, broch. in-8
(Catalogue des objets rapportés,.
Annales du Musée Guimet. Biblicfthèque de vulgarisation. La saga de
Niai, traduite par Rodolphe Dareste. Paris, L. Leroux, 1896, 1 vol.
in-8. Ministère de l*L\struction publiûue.
Mario Yivarez. — L'instruction et la femme musulmane. Alger, 1895,
broch. in-8. Auteur.
J.-M. Esteves Pereira. — A inscripçâo lapidar na rua do Salvador.
Lisboa, 1896, broch. in-12. Autelr,
ASIE. -- E. Dfschamps. — Les menhirs percés de l'île de Chypre
(/'il n^Aropo/oy te), broch. in-8. Auteur.
Hippolyte Zavalichine. — Description de la Sibérie occidentale. Moscou,
1862, 1 vol. in-8 (en russe). H. Chevalier.
SEANCE DU 10 AVRIL 1896. 139
ikitabi mulsum Nanefa ou le Livre des Daines de la Perse. Contenant les
règles de leurs mœurs, usages et superstitions dMntérieur. Traduit et
annoté par J. Thonnelier. Nouvelle édition. Paris, Leroux (Bibliothè-
que orientale ôlzéTlrienne), 1881, 1 vol. in-12. Achat.
ï. Deschamps. — De quelques cas d'albinismo observés à Maké (cdte de
Malabar) {VAnthropologie)^ broch, in-8. . Auteur.
AFRIQUE. — Mario Tivarez. — Exploitation territoriale du Mogody
(Tunisie du nord). Projet. Montpellier, impr. Martel, 1886, in-4.
Mario Tivarez. — Simples notes marginales sur le rapport Burdeau
(Algérie). Alger, impr. Torrent, 1891, broch. in-8.
Mario Vivarez. — Réponse au rapport de la Commission d'enquête
d'Alger sur l'utilité publique du chemin de fer projeté de Biskra à
Wargla. Alger, Gervais-Courtellemont, 1893, broch. in-8.
Mario Vivarez. — Etude sur ramélioration du transport des moutons
algériens. Alger, typogr. Giralt, 1895, broch. in-8.
Mario Vivarez. — Au sujet du Touat. Alger, M. Ruff, 1896, broch. in-8.
Auteur.
E. Fallot. — Malte et ses rapports économiques avec la Tunisie {Revue
tunisienne). Tunis, 1896, broch. in-8. Auteur.
S. BE Chonski. — Croquis égyptiens. Le pays et le peuple; — Tinstruction
publique; — la justice; — les finances; — Arabi et le Mahdi... Paris,
Dentu, 1887, 1 vol. in-8. A. Richerand.
Henri Pensa. — L'Egypte et le Soudan égyptien. Paris, Hachette, 1895,
1 vol. in-8. Auteur.
J.-G. Vanderheym. — Une expédition avec le négous Ménélik (vingt mois
en Abyssinie). Paris, Hachette, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
•Béjeuner mensuel des Africains. Paris, impr. Gapiomont, in-8. H. Tarrt.
AMÉRIQUE. — Felipe Moliha. — Costa-Rica y Nueva Granada.
Examen de la cuestion de limites... Traducido del Ingles. San José,
1879, in-8.
fERNANDO Gruz. — lustituciones de derecho civil patrio. Guatemala
1882, 2 vol. in-8.
H. Pittier. — Apuntaciones sobre el clima de Costa Rica. Resultados
de las observaciones mcteorolôgicas practicadas en el ano en el obser-
vatorio... San José, 1882, broch. in-8.
fi. Pittier. — Apuntaciones sobre el clima y geografîa de la repiiblica
de Costa Rica. Observaciones efectuadas en el ano de 1889 {Anales
Inst. fisico-geogr. nac. 1889). San José 1890, broch. in-8.
B. PrniER. — Viaje de expioracion al valle del. Rio Grande de Térraba
{^naLei Inst. fisico-geogr,), San José, 1891, Ivol. in-8.
fl. Pittier. — La lluvia en Centro-America. Exploraciones en Talaman-
ca. San José, 1895, broch. in-8.
H. PiTHER y P. fiiOLLET. — Invertcbrados de Costa Rica. I. Coleopteros.
San José, 1895, broch. in-8
Jllio Zenteno Barros. — Gondiciôn légal del indigena (Revista Foreuse
Chilena). Santiago de Chile, 1891, broch. in-8.
Carlos Gagihi. — Diccionario de barbarismos y provincialismos de Costa
Rica. San José, 1893, 1 vol. in-8.
142 PROCÉS-TëRBAL.
laotiennes, vous avez, mon cher camarade, rendu un immense
service à Tlndo-Chine ; elle ne l'oubliera pas et votre nom restera
inscrit au livre d'or de notre empire asiatique avec ceux de vos
collaborateurs et de vos illustres devanciers,
< La Société de Géographie tient également à constater les èmi-
nents services que vous avez rendus à la science par vos importantes
découvertes; elle m*a chargé de vous en remercier en son nom.
C'est pour moi un grand honneur et un véritable plaisir de la re*
présenter aujourd'hui. >
Le lieutenant de vaisseau Simon a répondu en disant combien il
était reconnaissant de l'honneur que lui faisait la Société et a prié
M. Le Myre de Vilers de vouloir bien se charger de ses remercie-
ments pour le bureau et les membres de la Société*
ASSEMBLEE GÉNÉRALE DU 24 AVRIL 1896. 143
PREMIÈRE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE 1896
Tenue le 24 avril à VHôtel de la Société.
Présldenee de M. J. JAMi§ISE.ir, de l'institut
Président do la Société.
AUX côtés da Président prennent place : à droite, MM. A.Grandi-
dier, de l'Institut, délégué du Ministre de Tlnstruction publique ;
Le Myre de Vilers, député, vice-président de la Société ; Camille
Guy, chef du Service géographique des colonies, représentant le
ministre de ce déparlement; à gauche, MM. Larrouy, ministre
plénipotentiaire, délégué du Ministre des Affaires étrangères;
Lardy, iMinistre de la République helvétique à Paris; D' Hamy, de
rioslitut, président de la Commission centrale ; baron Hulot, secré-
taire-adjoint de cette Commission, rapporteur général de la Com-
mission des prix.
Le Président ouvre la séance par Tallocution suivante :
( Messieurs, nous assistons à un grand spectacle : c'est le partage,
entre les principales nations, de toutes les parties du monde qui
sont, ou qui peuvent devenir colonisabl«s. Ces nations ne se con-
tentent plus de chercher, pour le présent, des débouchés à leur in-
dustrie et des théâtres à leur activité extérieure ; elles veulent en-
chaîner l'avenir et s'assurer, pour de longs espaces de temps, des
éléments d'expansion, de richesse et de grandeur.
< De là, messieurs, ces négociations, ces conférences, ces traités
i dont l'Afrique et l'Asie sont plus spécialement l'objet, et où, par
{ des lignes idéales, tracées à travers d'immenses espaces, on définit
I des zones d'influence et des limites aux expansions futures^
( Vous savez, messieurs, que dans ce grand concert, dans ces
accords et dans ces partages, la France a largement revendiqué sa
part, et la grandeur de cette part, elle la doit surtout à l'initiative,
au courage-, au dévouement de ses enfants, dont plusieurs, en ac-
complissant de prodigieux voyages, ou en donnant à la mère-patrie,
1U PROCÈS-VERBAL.
par leur hardiesse et leur habileté politique, des contrées entières,
se sont élevés jusqu'à la plus hante illustration. Messieurs, c'est le
caractère même de notre race française, que cet esprit d'initiative
hardie, d'amour des dangers, de courage allant jusqu'à la témé-
rité, avec la seule perspective d'une gloire qui sera souvent réduite
à la satisfaction du témoignage intérieur d'avoir été un noble et
généreux instrument de lumière, de civilisation et de progrès.
€ Trop souvent, surtout dans le passé, nos généreuses initiatives
françaises n'ont trouvé que l'abandon et l'ingratitude. Mais notre
temps voit s'élever une puissance nouvelle, l'opinion. Or, l'opinion
est toujours juste quand elle est éclairée.
c Pour éclairer cette opinion, pour lui désigner ceux qui ont
droit à ses suffrages et à sa reconnaissance, il faut dans chaque
ordre de travaux et d'action, des réunions d'hommes compétents,
impartiaux et animés de lamour de la science et de la patrie. Ici,
messieurs, l'Institut de France nous ottre un modèle, mais c'est
là une élite qui a besoin d'être secondée par des Sociétés particu-
lières, plus directement en rapport avec l'opinion publique. Ces
Sociétés, en groupant autour d'elles un grand nombre d'adhérents
auxquels elles demandent un concours pécuniaire et personnel, les
intéressent plus directement à leur œuvre, et elles déviennent par
là de précieux éléments d'action sur l'opinion publique, souvent
même d'indispensables conseillères du pouvoir.
c Voilà quelle a été la raison d'être et le rôle des Sociétés comme
la vôtre, messieurs, mais dans les conjonctures actuelles, je dis
que votre rôle grandit encore. Vous devez vous efforcer de seconder
de tout votre pouvoir ces efforts nationaux qui intéressent à un si
haut point l'avenir et la grandeur de la patrie.
c Vos moyens d'action sont tout d'abord les programmes et les
conseils si autoriisés que les voyageurs trouvent ici, quand ils les
réclament; puis les encouragements et l'appui dont vous les en-
tourez au cours de leurs voyages; au retour, la parole que vous
leur donnez pour faire connaître, sur un théâtre digne de leur im-
portance, les travaux accomplis; enfin, vous les couronnez avec
les lauriers dont vous disposez et qui, hélas 1 ne sont pas assez
abondants entre vos mains pour récompenser tous les mérites.
€ Vous voyez, messieurs, que notre Société, ne disposant d'au-
cune subvention des pouvoirs publics, ce qui devient de plus en
plus nécessaire en présence du rôle et des obligations que je viens
de définir; vous voyez, dis-je, que nos moyens d'action consistent
surtout dans la publication accordée aux bons travaux et les en-
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 24 AVRIL 1896. 145
couragements honorifiques. Voilà pourquoi nous devons une grande
reconnaissance à tous ceux dont les libéralités nous donnent les
moyens d'instituer ces récompenses.
c Et voilà aussi pourquoi nous faisons un énergique appel au pa*
triotisme de tous les Français, soit pour venir à nous, et en ve-
nant à nous, augmenter notre influence morale et nos ressources,
soit pour nous donner les moyens dinstituer ces fondations qui
sont la base même et la force des Sociétés.
c Aujourd'hui, messieurs, faire partie de la Société de Géographie,
n'est plus seulement une satisfaction d'un ordre élevé donnée au
besoin de se tenir au courant des progrès d'une science, c'est, en
outre, un acte patriotique, l'accomplissement d'un devoir en pré-
sence d'une situation extérieure qui appelle le concours, sous toutes
les formes, des bons Français.
€ Messieurs, les noms de ces collègues qui ont voulu devenir d'une
manière plus particulière nos collaborateurs et nos appuis vont
vous être rappelés par l'énumération même des prix qu'ils ont ins-
titués. Permettez-moi seulement d'insister d'une manière plus
particulière sur celui du si regretté William Huber, le collègue
dont la collaboration éminente fut si utile à la Société et dont la
noble veuve a voulu consacrer la mémoire en instituant un prix
sous son nom. Ce prix est donné pour la première fois.
€ Je voudrais rappeler aussi le nom de Henry Duveyrier, le mo-
dèle des voyageurs, dont le caractère fut si grand et si généreux.
L'ami de sa vie, celui qui est Tàme de notre Société, notre cher
secrétaire général, a voulu consacrer sa mémoire en instituant un
prix sous son nom. C'est l'hommage pieux de Tamitié à l'amitié.
La Société a aussi un devoir envers cette chère mémoire. Nous de-
mandons aujourd'hui même, messieurs, que le gouvernement nous
donne les moyens de placer son buste dans la salle de nos séances. »
A la suite de cette allocution souvent applaudie, la parole est
donnée au baron Hulot, pour lire son rapport général sur les prix
décernés par la Société pour 1896. Suivant l'usage, ce résumé sera
inséré au Bulletin trimestriel.
Voici les noms des lauréats avec l'énumération de leurs titres et
les paroles adressées par le Président, en remettant les médailles
à chacun d'eux :
I. — Grande médaille d'or de la Société : Prince Henri d'Or-
léans. Exploration à travers l'Asie centrale, du golfe du Tonkin
au golfe du Bengale.
soc. DE GÉOGR. — G. R. DES Sl&ANCES. ~ lf<" 8 et 9. 11
146 PROCBS-VERBAL.
En remettant cette médaille d'or au prince, le Président lui
adresse les paroles suivantes :
c Mon cher prince, la Société de Géographie vous donne sa plus
haute récompense : sa grande médaille d'or. Mais vous en avez déjà
reçu une autre non moins précieuse; ce sont les sentiments de
sympathie et d'admiration qui vous ont été prodigués depuis votre
retour. C'est que, mon cher prince, la France a été touchée, indé-
pendamment de la grande valeur de vos travaux et du courage si
français que vous avez montré, elle a été touchée, dis-je, du grand
exemple que vous avez donné à notre jeunesse noble et bour-
geoise, en sacrifiant la vie élégante et facile que votre situation
vous permettait, pour accomplir de grands et rudes travaux, et
ajouter à l'éclat de votre nom. Ce noble exemple portera ses fruits. >
II. — Médaille d'or de la Société : Capitaine Georges Toutée.
Exploration à travers le Dahomey et sur le cours du Niger,
Le Président à M. Toutée : « Mon cher capitaine, vous et vos
compagnons vous êtes des héroïques et vos voyages rappellent les
prouesses de nos Français des derniers siècles dans l'Amérique du
Nord. Mais chez vous la science est unie à la valeur et les fruits
de vos voyages égalent le courage déployé pour les obtenir. »
III. — Médaille d'or {Prix Auguste Logerot) : Commandant De-
cœur. Mission dans la boucle du Niger et sur le cours du fleuve.
Le Président : c Si M. le commandant Decœur s'était trouvé
parmi nous, je lui aurais exprimé la satisfaction profonde que nous
avons de voir les officiers de nos armes savantes faire autant d'hon-
neur à notre chère armée par leur courage que par leur science
et prendre résolument la tête dans nos conquêtes coloniales. Le
pays leur en est doublement reconnaissant.
c M. le commandant Decœur étant absent, la Société lui fera
parvenir la médaille qu'il a obtenue ».
IV. — Médaille spéciale et 1,300 francs (Prix Pieire-Félix
Fournier): Nouveau Dictionnaire de géographie universelle f
commencé par M. Vivien de Saint-Martin, continué par M. Louis
Rousselet depuis 1878 et publié par la librairie Hachette et C'*.
Le Président à M. Rousselet : c II y a longtemps, mon cher col-
lègue, que je vous connais et vous estime. Le Nouveau Diction-
fMire de géographie universelle^ qui vous a coûté tant d'années
d'efforts continus, fait le plus grand honneur à la science française.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU U AVRIL 1896. 147
En me chargeant de vous remettre cette médaille, la Commission
centrale a voula reconnaître le mérite exceptionnel de ce grand
ouvrage. >
V. — Médaille d'or {Prix Conrad Malte^Brun) : M. Ernest
Chantre, pour ses missions dans le Caucase.
Le Président à M. E. Chantre : c Monsieur, vos beaux travaux
d'ethnographie et d'archéologie sur la Perse, la Russie, le Caucase,
publiés par l'Etat avec juste raison, sont très appréciés des savants
et la Société est heureuse de s'associer à leur opinion. »
VI. — Médaille d'or (Prix Léon Dewez) : M. François-J. Clozel.
Exploration au nord de la Haute Sangha.
La Société fera parvenir à M. Clozel, absent, le Prix qui lui est
décerné et « qui n'est, ajoute le Président, que la juste récom-
pense des succès d'ordre politique et scientifique de la mission
qu'il a dirigée ».
VIL — Médaille d'or et 6,000 francs (Prix Herbet-Fournet) :
M. Auguste Pavie, ministre plénipotentiaire. Résultats géographi-
ques de ses longues explorations en Indo-Chine et pour la part
considérable qu'il a prise à l'expansion de la France dans l'Ex-
trême-Orient,
Le Président : c Nous prierons notre éminent Vice-Président,
M. Le Myre de Vilers, de se charger de faire parvenir à M. Auguste
Pavie la médaille qui lui est accordée et qu'il a si bien méritée
par les éminents services rendus à la France comme explorateur et
comme Ministre, et nous n'oublierons pas ce que nous devons
aussi à M. Le Myre de Vilers lui-même pour l'appui qu'il a donné
•à M. Pavie quand il accomplit ses premières explorations en Indo-
Chine. 1
M. Le Myre de Vilers répond que c'est avec une vive satisfaction
qu'il reçoit la médaille décernée à son ami Pavie :
f Je l'ai, dit-il, trouvé, il y a dix-sept ans, perdu, oublié dans
un petit bureau télégraphique de Pnom-Penh ; il me sembla ré-
unir les grandes qualités nécessaires à l'explorateur et je lui confiai
sa première mission. Vous savez le chemin qu'il a fait depuis, les
grands services qu'il a rendus au pays et particulièrement à
rindo-Chine. C'est pour moi un des grands honneurs de ma car-
rière administrative d'avoir su, d'avoir pu découvrir un homme de
148 PROCÈS-VERBAL.
si haut mérite. Par une heureuse coïncideuce, le prix que je re-
çois a été fondé par une de mes amies de longue date, par la
généreuse Madame Herbet. Son mari, dont le buste est placé dans
la salle de vos séances, fut un des hommes les plus estimables et
les plus patriotes que j'aie rencontrés dans toute ma carrière. »
{Vifs applaudissements.)
Le Président à M. Le Myre de Vilers : c Nous voudrions pouvoir
ajouter à notre liste une médaille d'or à votre intention pour avoir
donné à la géographie et au pays un serviteur aussi éminent que
M. Pavie. ) (Acclamations,)
VllL — Médaille d*or {Prix Louise Bourbonnaud) : D"" Louis
Lapicque. Voyage sur la côte du Beloutchistan et dans le golfe
Persique et plus particulièrement pour ses études sur la race des
Négritos.
Le Président à M. Lapicque : ce Mon cher Docteur, vos belles
explorations et en particulier vos savantes et précieuses études
méritent toute la reconnaissance des ethnologues, et la Société,
en vous décernant cette médaille, est heureuse d'ajouter son té-
moignage à ceux qui vous ont été déjà accordés par les savants. y>
IX. — Médaille d'or {Prix Henri Duveyrier) : Commandant
' Decazes, pour l'ensemble de ses travaux relatifs au Congo français
et surtout pour les levés exécutés au nord du pays des Abiras.
Le Président à M. le commandant Decazes : c Je suis heureux
de pouvoir vous témoigner la reconnaissance de la Société pour les
services que vous avez rendus à la géographie pendant vos longs
voyages et vos longs séjours au cœur du Congo et au Soudan. Elle
vous félicite d'avoir étudié et fixé par vos descriptions le caractère
de groupes humains ignorés jusque-là et dont la civilisation va
sans doute modifier profondément les destinées. >
X. — Grande médaille d'argent {Prix Jean-Baptiste Morot) :
MM. Joseph Renaud et Charles RoUet de l'isle, ingénieurs hydro-
graphes. Explorations et levés dans l'archipel Pai-tsi-long an
Tonkin en 1884-1885.
Le Président à MM. Joseph Renaud et Charles Rollet de l'isle :
c Messieurs, la Société est heureuse de donner un témoignage de
haute estime en vos personnes au corps des Ingénieurs hydrogra-
phes que nous apprécions si particulièrement au Bureau des Lon-
gitudes. Nous reconnaissons le talent, la conscience qui prési-
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 24 AVRIL 1896. 149
dent aux travaux des officiers de votre corps et nous sommes
assurés que le travail que vous avez effectué dans les mers du
Tonkin porte ce caractère. >
XL— Grande médaiUe d'argent (Prix Alphonse deMontherot:
M. R. de Saint-Ârromau. Ouvrage sur les missions géographiques
du Ministère de Tlnstruction publique.
M. de Saint-Arroman n'assistant pas à la séance, on lui fera
parvenir sa médaille, c Je liens pourtant, ajoute le Président, à si-
gnaler ici, à côté du mérite incontestable de Tœuvre, les services
que M. de Saint-Arroman rend à notre Société par sa bienveillance
et son empressement à lui être utile. Elle lui en est reconnaissante. )
XII. — Grande médaille d'argent {Prix Charles Grad) : Frère
Alexis-M. Gochet. Travaux relatifs à renseignement géographique.
Le Président au Frère Alexis Gochet : « Je suis très heureux,
mon Frère, de vous témoigner que nous tenons tous ici en estime
vus utiles travaux et les éminents services que vous avez rendus à
renseignement élémentaire par vos heureuses initiatives. »
W\\. — Grande médaille d'argent {Prix William Huber) : M. F.-
A. Forel. Ouvrage sur le lac Léman et travaux sur les glaciers.
M. Forel étant absent, le Président remet la médaille à M. Lardy,
ministre de Suisse, en disant : < Monsieur le ministre et cher collè-
gue, tandis que vous êtes activement occupé à étendre, à amé-
liorer les lois de protection de la propriété littéraire et artistique,
notre Société fait acte d'internationalisme scientifique. Appelée à
décerner pour la première fois la médaille du prix William Huber,
notre collègue si profondément regretté, elle l'attribue à un autre
de vos compatriotes, M. le professeur F.-A. Forel, de Morges. Elle
se félicite de Toccasion qui lui est offerte de reconnaître une fois
de plus les services rendus par l'un des savants qui honorent la
patrie des Deluc, des de Saussure, des Tchudi, des Desor, des
Arnold Guyot, pour ne nommer que ceux-là.
c Quant à moi, je suis personnellement heureux de l'occasion qui
m'est offerte de rendre hommage aux hommes de science du pays
que vous représentez si brillamment parmi nous. J'ai eu l'honneur
de connaître personnellement de Candolle, De la Rive, et quelques
autres de vos sommités scientifiques; j'ai toujours eu beaucoup
d'admiration pour vos belles montagnes et vos sages institutions. )
150 PROCÈS-VERBAL.
M. Lardy â répondu :
€ Monsieur le Président, permettez-moi de vous remercier im-
médiatement, au nom de mon pays, des paroles que vous venez
de prononcer. Rien ne pouvait m'étre plus agréable que de les
entendre de votre bouche. En Suisse, votre nom est associé aux
travaux que vous avez entrepris au Mont-Blanc, et nous considé-
rons qu'il est presque synonyme du Mont-Blanc, comme celui de
Moïse Test du Sinaï. {Rires et applaudissements.)
€ Dans nos villes, comme dans le plus humble chalet de nos
montagnes, vous jouissez d'une immense popularité.
c La récompense que vous voulez bien me remettre pour mon
compatriote M. Forel, qui est l'explorateur à la fois si savant, si
modeste et si profondément original du lac Léman, me touche
beaucoup; elle me touche d'autant plus qu'elle me rappelle le
souvenir, la mémoire de mon excellent ami William Huber qui
a consacré toute sa vie à resserrer les liens d'amitié entre les
savants de nos deux pays; et ma tâche est précisément de tra-
vailler au développement de nos relations amicales, d'y consacrer
toutes mes forces et tout mon cœur. — Celte journée est donc
pour moi particulièrement chère et elle créera, j'en suis sûr, un
nouveau lien précieux entre nos deux nations. > {Vifs applau-
dissements,)
XIV. — Grande médaille d* argent {Priœ Janssen) : M. Fernand
Foureau. Ensemble d'observations astronomiques, thermométri-
ques, barométriques, magnétiques, faites au cours de ses diverses
explorations dans le Sahara.
M. Foureau n'ayant pu assister à la séance, le Président dit que
la Société lui fera parvenir sa médaille : < Je suis heureux,
ajoute-t-il, que la Société ait bien voulu, à ma prière, accorder à
M. Fernand Foureau cette marque d'admiration et de reconnais-
sance à l'explorateur qui a su joindre un courage héroïque à un
savoir scientifique dont il a donné surtout des preuves dans son
dernier voyage. Ses observations sont un modèle à proposer à
nos missionnaires de la science, i
XV.— Prix Jomard: M. Henri Froidevaux. Travaux sur l'his-
toire de la géographie et notamment sur l'histoire des voyages
dans la Guyane française.
Le Président à M. H. Froidevaux : « Ce prix n'est qu'un juste
témoignage d'estime pour vos ouvrages et votre enseignement. Vous
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 24 AVRIL 1896. 151
êtes appelé, j'en suis persuadé, à prendre une grande place parmi
les plus savants géographes. i>
Avant de donner la parole à M. Adrien Oudin, qui doit faire une
eommunication sur le massif de l'Ortler (Alpes du Tyrol), le Pré-
sident dit € qu'il ne veut pas terminer cette remise des prix et
médailles sans payer encore une dernière dette : Ce sont les
remerciements que la Société doit à notre éminent Vice-Président,
au grand diplomate qui a rendu de signalés services à la France
dans les affaires coloniales. M. Le Myre de Vilers a bien voulu
prêter sa haute influence à la Société pour l'aider à payer, spécia-
lement à regard de ce grand voyage qui occupe encore toute l'opi-
nion, sa dette de reconnaissance, i
La proclamation du nom des lauréats ainsi que les paroles
adressées à chacun d'eux par le Président ont été accueillies par
les applaudissements de l'assemblée.
Le Massif de l'Ortler. — M. Adrien Oudin, membre du Club
Alpin Français, a fait ensuite une intéressante conférence sur le
massif de l'Ortler :
c Ce massif, dont le nom est tiré de sa plus haute cime, occupe
la partie septentrionale du sud-ouest du Tyrol. Autrichien pour
trois quarts, et italien pour un quart au sud-ouest, sa division au
point de vue des nationalités est donc symétrique à sa position par
rapport à l'ensemble de la province.
€ Il est borné à Touest par l'Ëngadine suisse ; et les territoires
de la monarchie austro-hongroise, de la république helvétique et
du royaume italien, se rencontrent à 2,843 mètres d'altitude, un
peu au-dessus du col du Stelvio, d'où la frontière entre l'Autriche
et l'Italie décrit, autour du Confînale, et dans la direction de l'est,
un demi-cercle d'une dizaine de kilomètres de rayon.
< Frontière naturelle, en parfaite concordance avec la principale
ligne de faîte du massif, et, par suite, avec la ligne de partage de
ses eaux. Le quart italien de TOrtler appartient au bassin supé-
rieur de l'Adda, qui est le plus important affluent du Pô, et coule
successivement dans le val di Braulio et le val di Sotto, avant de
féconder la Valteline et de grossir le lac de Côme ; les trois quarts
autrichiens se rattachent à la région de l'Ëlsch ou Adige supérieure.
i/Etsch prend sa source dans les glaciers de la Weisskugel, se-
conde cime de l'Œtzthal; et la Reschen-Scheideck (1,494 mètres),
qui établit la démarcation entre les eaux de la mer Noire et celles
i52 PROCÈS-VERBAL.
de l'Adriatique, renvoie au nord l'Inn, qui deviendra le Danube,
tandis qu'elle rejette TEtsch vers le sud jusqu'à Mais et Spondinig.
Le fleuve se dirige alors vers l'est jusqu'à Meran par le Vintschgau,
vers le sud-est par FElschland jusqu'à Botzen où il reçoit TEisach,
descendu du Brenner, puis vers le sud ; il baigne Trente, Rove-
redo, sort de l'Autriche, devient l'Adige, et, obliquant vers le
sud-est avant Vérone, se jette dans la mer Adriatique au-dessous
de Venise.
« Le massif orographique de l'Ortler est situé au nord-ouest
des Alpes du Trentin occidental et confine au sud-est des grandes
Alpes Rhétiques. Plus précisément, il se relie, "par le Stelvio
(2,7ôO mètres), au Piz Umbrail et au massif du Bernina. Le dis-
trict montagneux de l'Ortler a la configuration générale d'une
croix de Malte, dont le centre serait approximativement fixé à la
Zufalispitze (3,762 mètres), et dont les quatre branches, longues
chacune de quinze à vingt kilomètres, correspondraient aux quatre
points cardinaux. Le rameau du nord se termine ù l'Angelusspitze
(3,536 mètres), et son classique belvédève est la Hintereschôn-
taufspitze (3,324 mètres) ; le rameau de l'est finit à la Zufrittspitze
(3,435 mètres), et a pour centre d'observation la Veneziaspitze
(3,384 mètres) ; les rameaux sud et ouest, de beaucoup les plus
importants au triple aspect de l'étendue, de l'altitude et de la
frontière, aboutissent: le premier, au Pizzo Tresero (3,602 mètres),
en passant par le Cevedale (3,774 mètres), le Rosole (3,531 mè-
tres), le Palondella Mare (3,705 mètres), le Monte Vioz (3,644 mè-
tres), le Monte Saline ou Punta Taviela (3,621 mètres), la
Punta Cadini (3,521 mètres), la Punta Giumella (3,599 mètresj,
et la Punta di San Matteo (3,692 mètres); le second, au Stelvio, en
suivant la Suldenspitze (3,383 mètres), le Schrôtterhorn (3,380 mè-
tres), la Krcilspitze (3,389 mètres), la Kônigsspitze (3,857 mè-
tres), le Monte Zebrù (3,735 mètres), la Grosse-Eiskogel (3,579 mè-
tres), la Thurwiserspitze (3,648 mètres), la Trafoier Eisw^and,
la Tuckettspilze (3,458 mèlres), .la Cristallospitze (3,480 mètres),
la Payerspitze (3,396 mèlres), la Geisterspitze (3,476 mètres), et
la Naglerspitze (3,259 mètres). Au nord-ouest et au sud-ouest
deux courts chaînons latéraux servent de piédestal à l'Ortler
(3,902 mètres) et au Confinale (3,370 mètres). Enfin, dans cette
dernière direction, mais plus au sud, se dresse, non loin du Tre-
sero, le pic isolé du Monte Sobretta (3,296 mètres).
c Avec rOrtler et la Kônigsspitze, le massif possède les deux
pointes les plus élevées de l'Autriche. C'est, en effet, à tort que
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 2i AVRIL 1896. 153
la presque unanimité des ouvrages géographiques français assi-
gnent le second rang au Gross-Glockner, dont le clocher pointu
émerge du glacier de Pasterze , à cent kilomètres dans Test
d'Innsbruck. Le Gross-Glockner n'atteint que 3,798 mètres, au lieu
que la Kônigsspîtze en a 3,857; mais il est vrai que le premier est
entièrement situé sur le territoire autrichien, tandis que le versant
sud de la Kônigsspitze est italien.
c De profondes coupures séparent les ramiûcalions du massif:
au nord-ouest, les vallées de Trafoi et de Sulden, baignées par
les ruisseaux du même nom, et qui enveloppent la cime de
rOrtler pour se rejoindre à Gomagoi; au nord-est, le Martellthal,
arrosé par le Plimabach; au sud-est, le val di Rabbi, puis le val
délia Mare et le valdel Monte, qui forment le val di Fejo, et dont
les eaux se jettent dans le Noce, affluent de TAdige ; au sud-ouest,
le val de] Zebrù, puis le val del Cedeh, le val del Forno et le val
di Gavia, dont la réunion constitue le val Furva, et dont les tor-
rents alimentent le Frqdolfo, tributaire de TAdd a qu'il rencontre
à Bormio.
c C'est de fiormia qu'on accède le plus facilement à VOrtler,
grâce au col du Stelvio, où, depuis 1825, passe une voie carrossa-
ble aboutissant à Neu-Spondinig. La route du Stelvio, la plus
haute de l'Europe, après celles du Caucase, est justement réputée
à cause du magnifique aspect que, du col à Gomagoi, présentent,
pendant une vingtaine de kilomètres de lacets, les superbes
glaciers descendus des pointes sauvages du Madatsch, du dôme
gigantesque de l'Ortler, et encadrés par les sapins de la vallée de
Trafoi.
c M. Oudin, après avoir gravi sans guide la Geisterspitze,
l'Ortler lui-même et la Hintereschôntaufspitze, est rentré à Bor-
mio par le val Furva, en escaladant la Kônigsspitze. Aucun de nos
compatriotes n'était encore, jusqu'aujourd'hui, allé sans guide au
sommet de l'Ortler, et c'est également la première ascension
française de la Kônigsspitze. )
La conférence de M. Oudin a été interrompue à diverses reprises
par des applaudissements, et complétée par des projections relati-
ves aux vallées de Trafoi et de Sulden.
Le Président à M. Oudin : c Au nom de l'auditoire, je vous re-
mercie du délicat et solide plaisir que vous venez de nous donner.
Votre communication a réuni à l'élégance de la forme l'intérêt
des notions que vous nous avez données sur ces Alpes du Tyrol
154 PROCÈS-VERBAL.
que nous ne pratiquons pas assez. Vous avez vivement et ajuste
titre intéressé rassemblée, i
Le Président donne ensuite la parole à M. Léon Dru, l'un des
scrutateurs, qui proclame les résultats du scrutin pour le renou-
vellement du bureau de la Société (exercice 1896-1897), et des
membres de la Commission centrale. Ont été nommés :
Président : M. Bouquet de la Grye, de Tlnstitut.
Vice^Présidents : MM. le prince Auguste d'Arenberg, député, et
le colonel Laussedat, de l'Institut.
Scrutateurs : MM. Louis Delavaud, secrétaire d'ambassade, et
J. Deniker, bibliothécaire du Muséum.
Secrétaire : Le prince Henri d'Orléans.
La Commission ceatrale» élue pour cinq ans, est composée de la
façon suivante :
MM. Abbadie (Antoine d'), de l'Institut; Anthoine (Edouard);
Bîzemont (Henri, comte de); Blanc (Edouard); Bonaparte (Roland,
prince); Bouquet de la Grye, de l'Institut; Caspari (Edouard);
Cheysson (Emile) ; Cordier (Henri) ; Delamarre (Casimir) ; Derré-
cagaix (Victor), général ; Garnier (Jules) ; Gauthiot (Charles) ; Girard
(Jules); Grandidier (Alfred), de l'Institut; Hamy (E.-T.), de l'In-
stitut; Hulot (baron) ; Janssen, de l'Institut ; Lapparent (Albert de);
Le Myre de Vilers (Charles), député; Levasseur (Emile), de l'In-
stitut ; Marcel (Gabriel); Margerie (Emmanuel de); Martel (Alfred);
Maunoir (Charles); Milne-Edwards (Alphonse), de l'Institut; Mira-
baud (Paul) ; Paquier (Jean-Baptiste) ; Rolland (Georges) ; Schlum-
berger (Charles); Schrader (Franz); Turenne (Louis, comte de);
Vallot (Joseph); Vignes (Louis), vice-amiral.
Trésorier : Meignen (Georges), notaire.
Archiviste-Bibliothécaire : Guerne (Jules, baron de).
Avant de lever la séance, le Président dit : c Messieurs, il me reste
à adresser des remerciements à MM. les délégués des Ministres des
Affaires étrangères et des Colonies et spécialement à celui de l'In-
struction publique, duquel relève la Société. >
— La séance est levée à 10 heures.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 24 AVRIL 1896. 155
MEMBRES ADMIS
MM. Joffre (Joseph- Jacques-César) ; Dçbon (Alfred -Adrien);
Vanderheym (J. Gaston); Bignan (Eugène); Anisson du Perron
(Robert); Leudière (Edouard).
CANDIDATS PRESENTES
MM. Chantre (Ernest), sous-directeur du muséum de Lyon (le
D' Hamy et le baron de Guerne) ; — Georges Croisé (de Jermon
et Ch. Maunoir)'^—- Veisseyre (François-Henri-Félix), inspecteur
de la garde indigène du Dahomey et dépendances (le capitaine
Toutée et Maunoir); — du Pré de Saint-Maur (René) {Alph,
Milne Edwards et le baron de Guerne).
Le gérant responsable:
C. Maunoir,
Secrétaire général de la Commission Centrale,
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*»»« !¥•• iO, ii et t«. ; Page 157
SOCIÉTÉ DE GEOGRAPHi& -
COMPTE RENDU
DES SÉANCES DE LA COMMISSION CENTHALE
Paraissant deux fois par mois.
Séance du 8 mai 1896.
PRÉSIDENCE DU D' HAMY, DE L'INSTITUT
lioetare de la eorreflpoDdaiiee.
Notifications, renseignements et avis divers. — La Société a
reçu avis du décès de MM. J.-L. François de TEscaille, à Paris, le
10 avril [Mb. 1880]; Adrien Tarneaud, do Limoges [Mb. 1875].
— Remercient de leur admission Mgr le duc de Chartres; MM. L.
de Contenson, R. Drevon, adjoint à Tlnspection générale des
Finances; Boucher.
— MM. le prince A. d'Arenberg, Laussédat, de l'Institut, J. De-
niker, le prince Henri d'Oriéans, remercient pour leur nomination
respective de vice-présidents, de scrutateur et de secrétaire de la
Société pour l'exercice 1896-1897.
En même temps MM. Anthoine, général Derrécagaix, baron
Hulpt, G. Meignen, notaire, comte L. de Turenne, J. Vallot, ,1e
vice-amiral Vignes, remercient pour leur nomination de Mbs de
la Commission centrale ; — M. G. Meignen particulièrement pour
sa confirmation dans les fonctions de trésorier de la Société.
— Le Congrès annuel des Sociétés françaises de géographie
devant se réunir à Lorient, en août 1896, la Société bretonne de
Géographie, siégeant en cette ville, rappelle que le questionnaire
soc. DE 6é0€R. — C. R. DES SÉANCES. ~ N*"* 10, 11 et 12. 12
158 PROCÈS-VERBAL.
des sujets d'études à soumettre au Congrès doit être dressé trois
mois avant l'ouverture.
Toutes les communications doivent être adressées à M. Layec,
secrétaire général, 6, place d'Alsace-Lorraine, à Lorient.
— Le comte de Marsy, 11b. honoraire de la Commission centrale
de la Société, adresse un exemplaire du programme du Congrès
archéologique qui sera tenu à Morlaix et à Brest (Finistère), du
3 au 11 juin de cette année, parla Société française d'archéologie,
dont il est le directeur. Le Congrès sera présidé par M. de Marsy.
— Le Congrès international des Orientalistes qui tiendra sa
XP session à Paris, du 5 au 12 septembre 1897, adresse sa pre-
mière circulaire, faisant connaître la composition de sa commis-
sion permanente, et celle de la commission générale d'organisation.
— M. le baron de Baye remercie pour la lettre de recomman-
dation qui lui a été procurée par la Société.
— De Mostaganem, M. H. Lagarde, chef de bataillon au t' ti-
railleurs, annonce son départ pour Madagascar où il va commander
un bataillon de tirailleurs, et il offre ses services à la Société.
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). — M. Laus-
sédat, de l'Institut, directeur du Conservatoire national des arts
et métiers, adresse un exemplaire de la seconde partie de ses
Recherches sur les instruments^ les méthodes et le dessin topo-
graphiques,
€ Ce travail, beaucoup plus étendu que je ne l'avais d'abord
projeté, a été, dit-il, entrepris expressément à l'occasion du sixième
Congrès des sciences géographiques tenu l'année dernière à
Londres, pour répondre au désir que M. le Président de la Com-
mission centrale et M. le Secrétaire général avaient bien voulu
m'exprimer, au nom de la Société, de m'y voir traiter la question
de l'application de la photographie au levé des plans inscrite dans
le programme du comité d'organisation. Empêché de me rendre à
Londres, par suite d'une assez longue indisposition, je m'étais
efforcé de rédiger et de faire imprimer un peu à la hâte le premier
chapitre de ces recherches que notre excellent collègue, M. Schrader,
a pris la peine de présenter au Congrès en y donnant en outre le
plan des deux autres parties encore très imparfait. En relisant le
premier chapitre, j'ai été conduit à le refondre en entier, après
avoir réuni un grand nombre de documents nouveaux (ce qui ne
veut pas dire récents, au contraire), et comme il n'est pas réim-
primé ni même terminai je nie vois obligé, pour le moment, de
SEANCE DU 8 MAI 1896. 150
n'offrir à la Société que l'un des tronçons d'une œuvre que mes
occupations officielles entravent bien souvent. Je ne désespère
pourtant pas d'atteindre le but et de pouvoir assez prochainement
compléter mon envoi d'aujourd'hui. »
— De Tunis M. J, Saurin envoie un exemplaire de sa brochure :
VAvenii* de V Afrique du Nord.
« Les idées que je soutiens depuis cinq ans reposent sur une
expérience acquise comme colon ayant pratiqué l'agriculture pen-
dant huit ans déjà. Leur diffusion pourra peut-être contribuer au
peuplement français de l'Afrique du Nord, en montrant à nos
compatriotes que la vigne n'est pas l'unique source de richesse
dans ce pays. La culture fourragère combinée avec celle de la
vigne et celle des céréales fera de ce pays une région aussi riche
que la France. '»
— M. A. d'Avril, Mb., fait hommage de son recueil de poésies,
populaires et autres, des diverses nations slaves, ou Slavy-Dcéra,
Il s'est attaché, pour chacune des populations slaves, à présenter
quelques-unes des pièces les plus propres à mettre en relief leur
génie propre, en s'attachant de préférence aux productions les
moins connues, comme celles des Slovènes, des Ukrainiens et des
Serbes de la Lusace.
— Le ministre de France en Colombie (Amérique du Sud),
M. Bourgarel, Mb., adresse une étude sur le Haut-Chocô que vient
de publier à Bogota l'un de nos compatriotes, M. Georges Brisson.
L'auteur, ingénieur civil, a passé la plus grande partie de sa vie
dans l'Amérique du Sud et il a fait de nombreux voyages d'explo-
ration dans les contrées les moins connues de ce vaste continent.
1/ouvrage dont il s'agit a trait à l'une des régions les plus riches
et les plus fertiles de la Colombie et, à ce titre, ne peut manquer
d'intéresser la Société.
— M. Alfred Bing-Bénard, Mb., adresse plusieurs exemplaires
d*une brochure dont il est l'auteur, La Walhalla, faite à l'occasion
de l'Exposition de 1900 et qui n'a pas été mise dans le commerce.
— De Copenhague, M. Axel Staggeméier, lieutenant-colonel,
envoie sa brochure sur c Le Millionième de la surface terrestre,
représenté comme unité convenable pour l'estimation des étendues
géographiques ».
— M. Anl.-Aug. Lobo de Miranda adresse un exemplaire du
journal La Vida Nova, en portugais.
— Le Service géographique de l'année envoie onze feuilles
nouvellement publiées des cartes d'Africiue au 1/^,000,000'^;
160 PROCÈS-VERBAL.
d'Algérie et de Tunisie au 1/50,000* et au 1/200,000" en couleurs.
— M. P. Vuillot, Mb., présente à la Société, de la part de
Mgr Th. Morel, directeur de l'œuvre des Missions catholiques^
une carte des missions de l'Océanie. c Très intéressante au point
de vue ecclésiastique, puisqu'elle donne les limites officielles des
différents vicariats de TOcéanie, cette carte ne présente pas un
moindre intérêt au point de vue purement géographique. Tou-
tefois, déclinant toute compétence spéciale en matière de géo-
graphie océanienne, je me bornerai à signaler à ceux des membres
de la Société qui s'intéressent particulièrement à cette partie du
monde, le grand nombre de documents géographiques que ren-
ferme cette carte ; vingt-cinq cartes particulières, groupées autour
d'une carte générale, donnent tous les détails des différents ar-
chipels et des lies principales; l'hydrographie et l'orographie y
sont traitées d'une manière remarquable, et je crois que l'on peut
affirmer que la publication de cette nouvelle carte de l'Océanie par
les Missions catholiques a véritablement comblé une lacune qui,
jusqu'à ce jour, existait dans la cartographie française. »
— M. A. Bing-Bénard, dont nous signalions tout à l'heure un
envoi (Voir quelques lignes plus haut), adresse en outre : 1^ une
carte géographique descriptive de l'tle de La Havane (1 m. 50 sur
1 mètre) par de la Torre et Lockwood; 2° une vue générale
de la capitale cubaine, gravée en taille douce (1 mètre sur 40 cen-
timètres) par Willmann, imprimée par Chardon en 1855 pour
l'Exposition des Beaux-Arts.
— M. Georges de Metz, aide de camp du prince Sviatopolk
Mirskï, Ataman des Cosaques du Don, Mb., fait hommage d'un
exemplaire du relief du Caucase.
Partie plus spécialement géographique de la correspon-
dance. — [Cartoi^raphie]. — M. René AUain appelle l'attention de
ses collègues sur François Quesnay qui ne fut pas seulement
savant médecin et économiste, mais qui s'intéressa en outre à l'éta-
blissement de la Carte de France de Cassini de Thury, puisqu'il
fut un des cinquante sociétaires composant l'association formée
pour la confection intégrale de cette carte qui ne recevait plus
aucun subside royal. Cette association comptait dans ses rangs,
MM.deBuffon,delaCondamine,de Montalembert, Malesherbes, etc.
Fr. Quesnay avait appris le dessin et la gravure sous l'excellente
direction de Rochefort et de Cochin; il était fort habile dans ces
deux arts. Toutes les planches anatomiques de ses ouvrages de
SÉANCE DU 8 MAI 1896. 161
médecine ont été dessinés et gravés par lui. C'est peul*étre ce
goût qui l'engagea à entrer dans rassociïition dont nous parlons,
[Russie d'Europe et Russie d'jisie]. — Note de M. VenukoiT:
€ La Société de Géographie de Russie,ayant reçu de nouveau quinze
mille roubles de subvention gouvernementale, profite de cette cir*
constance pour augmenter le nombre des expéditions scientifiques
qu'elle envoie chaque année dans les différentes parties de la Russie
et dans les pays asiatiques. J'ai déjà eu l'honneur de signaler à la
Société la part que les géographes russes doivent prendre dans les
observations prochaines deTéclipse du soleil du 9 août; cette fois,
je puis dire quelques mots sur huit expéditions purement géogra-
phiques : M. Bousch est envoyé au Caucase pour des études bota<
nîco-géographiques ; M« RossicofiP — dans la partie sud-est du
même pays — pour l'étude des glaciers ; M. Oppenheim aux sources
de la Kouban avec le même but d'explorer les glaciers qui y sont
très développés; M. Zviérintreff, géologue, doit étudier les phéno-
mènes géologiques et spécialement les traces d'anciens glaciers
dans la région des lacs qui se trouvent entre les mers Blanche et
Baltique; MM. Lipsky (1) et Borstchevsky étudieront la chaîne de
Hissar, au Boukhara; M. Komaroffferaun voyage en Mandchourie;
M. Drygénko explorera le lac Baïkal au point de vue de l'hydro-
graphie, ce qui aura de Timportance pratique pour l'établissement
des communications à travers ce lac; enfin, le D' Piatnitzky fera
des études ethnographiques dans la partie méridionale des monts
Oural où il appliquera la photographie sur une large échelle.
c £n dehors de la Société de Géographie de Russie, je dois si-
gnaler la publication à Saint-Pétersbourg d'un ouvrage sérieux de
M. Grave sur la théorie mathématique des cartes. »
[Asie]. — M. Levât, ingénieur des mines, informe la Société
que, par arrêté en date du 4 mai 1896, il a été chargé, par M. le
Ministre de l'Instruction publique, d'une mission scientifique dans
la Sibérie orientale.
On se rappelle qu'à la séance du 6 mars dernier, M. Levât a
rendu compte à la Société des résultats de son premier voyage
dans ces régions et en particulier de l'état d'avancement du che-
min de fer transsibérien, du choix du tracé et de la navigation
sur le fleuve Amour. Sa prochaine exploration aura plus particu-
(i) Jeune homme qui a reçu son instruclion à Tachkent et qui a déjà fait des
rpfherches scientifiques dans le Turl(cstan russe, avec beaucoup de succès.
162 PROCÈS-VERBAL.
lièrement pour but le bassin du fleuve Amour, notamment l'orogra-
phie et la géologie des affluents Zéya et Âmgoum. Il est en outre
chargé de réunir des collections ethnographiques et préhistoriques
complétant celles que son collègue de Yoyage, M. Th. Sabachnikoff
et lui, avaient déjà offertes au musée du Trocadéro à la suite de
leur premier voyage, c II va sans dire, ajoute M. Levât, que notre
Société sera tenue au courant des résultats de mon exploration qui
aura une durée d'au moins une année, car je me propose de passer
sur les lieux la saison d'hiver 1896-1897. »
Voyage de M. Sven Hedin. — Grâce à l'obligeance de M. le gé-
néral Venukoff, la Société reçoit communication d une lettre de
M. Sven Hedin à M. Petrovskij consul de Russie à Kachgar, lettre
datée de Korla, 28 févr./li mars. On sait que M. Sven Hedin a
Tintention de se diriger de Khotan sur Pékin, à travers le Tibet
septentrional et la Chine; mais avant d'effectuer ce grand voyage,
il s'est porté au nord-est sur Korla et sur Karachar. A la date de
sa lettre, il s'apprêtait à traverser le désert du grand Gobi pour
atteindre le Lob-Nor et, à l'heure actuelle, si son programme se
réalise, il revient par Tchertchen à Khotan, après avoir accompli un
voyage absolument nouveau qui n'est pourtant que le prélude
d'une exploration plus importante.
La Testodo du Champa des Voyages du bienheureux Odorico
de Pordenone, — M. Romanet du Caillaud adresse la note suivante :
« Dans le texte latin des Voyages du bienheureux Odorico de
Pordenone, tel qu'il a été publié par Venni (1), on lit à l'article
De regno Campa : c Vidi ibi testudinem maiorem révolu cione
c truUi eglesîe sancti antoni de padua (2) ).
€ C'est en latin que le bienheureux Odorico dicta son récit; il
était alors (mai 1330) à Padoue, au couvent de Saint-Antoine (3),
dont l'église avait été achevée en 1307 (4).
€ Ceux qui ont lu le passage en question ont donné au mot tes-
tudo le sens de c tortue > ; à la vérité, ils y étaient incités par la
phrase qui suivait : c multa alia similia sunt ibi que nisi vide-
€ rentur incredibilia putarentur. >
€ Ainsi donc, on lit : Testudine dans Ramusio (Secondo Volume
(1) Elogio storico aile gesta del Beato Odorico, Venise, 1761.
(2) P. 62.
(3) Le» Voyage» en Asie au XI^^ siècle du bienheureux frère Odoric de Porde-
none, par Henri Cordicr, Paris, Ernest Leroux, 1891, pp. xxx, LVii.
(4) A.-J. du Pays, Itinéraire de Vltalie, Paris, Hachette, 1868, t. !•', p. 289.
SÉANCE DU 8 MAI 1896. 163
délie Navigationi et Viaggi, édition de Venise, 1583); Testuggine
dans la version italienne éditée par le R. P. Teofilo Dominichelli
(Prato, 1881); Tortoise dans la traddction anglaise du colonel
Henry Yule (Cathayand the way thither^ Londres, 1866) ; Lymace
(ce qui veut dire animal portant sa maison) dans la version fran-
çaise de frère lehan le Lonc, moine de Saint-Bertin à Saint-Omer
qu*a éditée M. Henri Cordier (Paris, E. Leroux, 1891).
c II me semble qu'il fallait donner au mot iestudo, non le sens
de c tortue i, mais le sens de voûte; en ce cas, la phrase en ques-
tion du bienheureux Odorico veut dire : c Je vis là (au Champa)
une voûte plus grande que la coupole de l'église de Saint-Antoine
de Padoue. >
< Testudo, en effet, est aussi un terme d'architecture: ,., média
testudine templi, écrit Virgile {Enéide^ liv. 1^% vers 505); Testu-
dinatuSj voûté, dit également Vitruve.
« On objectera peut-être que ce mot testudo ne devait plus
signifier < voûte » dans le latin du moyen âge, car il ne se trouve
pas avec ce sens dans le Glossarium... médise et infimœ latinitatis
de Du Gange. Mais nous rencontrons l'adjectif dérivé de Testudo,
testudinatus, avec le sens de « voûté >, dans un ouvrage à peu
près contemporain du bienheureux Odorico, dans les Memorialia
pro conventu Lemovicensi fratrum Prœdicatorum (1), chronique
coaimencée en 1240 par Gérard de Franchet, continuée par
Etienne de Salanhac, puis par Bernard Guy (Bernardus Guidonis),
lequel mourut un peu moins d'un an après le bienheureux Odorico,
à savoir le 30 décembre 1331.
€ Or, dans cette chronique, un peu avant qu'il ne soit parlé du
legs de bibliothèque que fit au couvent des Dominicains de Limoges
Aymery Guerrut, ancien archevêque de Lyon, mort en 1245, on lit
le mot testudinata^ ayant le sens de c voûtée i>. Etienne J^espaiers,
bourgeois de Limoges, fit bâtir pour les Dominicains de cette ville
une chapelle voûtée, capellam testudinatam (2). Un peu plus
loin, le continuateur de Bernard Guy écrit vers 1405 que, en 1«399,
Jean du Puy-de-Noix (3), ayant été élu maître général de l'ordre de
Saint-Dominique, fit faire dans le couvent de Limoges une salle de
bibliothèque voûtée, librariam testudinatum seu arcuatam (4).
€ De ces documents philologiques on peut déduire avec raison
(1) Publiés dans le Bulletin de la Société archéologique du Limousin, 1892,
pp. 264-360.
(2) Bod. op., p. 293.
(3) Né à Beynac (Haute-Vienne), commtine limitrophe de ma commune..
(4) Bulletin de la Société archéologique du Limouêin, 1892, p. 327.
164 PROGÉS-VERBAL.
qae la Testudo de Champa, dont parle le bienheureux Odorico,
n'est autre chose que la voûte d'un monument de ce royaume, d'un
temple probablement.
c Au moment du passage du bienheureux Odorico, le Champa
avait déjà commencé à être démembré par les rois d'Annam. Sa
capitale était alors dans la baie de Qui-Nho*n; elle était appelée
Chà-Bàn par les Annamites ; son nom cham, d'après le P. Gran-
geon (1), serait Bal-An goué.
c En 1591, cette capitale, alors soumise aux Annamites, fut
visitée par un prêtre hispano-américain, Pedro Ordonez de Cevallos;
ce voyageur lui donne le nom même du royaume de Champa, et
rappelle soit c la Grande Champa, ville royale » soit c la ville
royale de Champa :» ou c la grande ville de Champa > (2) ; s'accor-
dant ainsi avec les inscriptions du Champa déchiffrées par M. Abel
Bergaigne (3). Dans cette ville, Ordonez vit un temple dont les
dimensions permettent de supposer que c'est peut-être là qu'il faut
chercher la voûte qui, d'après le bienheureux Odorico, était « plus
grande que la coupole de Saint-Antoine de Padoue >.
€ Ce temple avait neuf très grandes nefs ; il était très haut et
orné de belles peintures. Sur l'autel, il y avait trois idoles, dont
la plus grande, celle du milieu, un tronc avec une tête sans figure,
fort bien vêtu (4), était sans doute un de ces € linga avec visage >
mukhalinga ou linga devapratinay dont parlent certaines inscrip-
tions du Champa (5). >
— De l'île d'Hai-nan,M. Cl.Madrolle écrit, le 29 mars, qu'il vient
d'achever son voyage d'exploration sur les frontières du Tibet,
mais à peine revenu à la côte, il a voulu encore une fois revoir les
Célestes et il s'est rendu à l'île d'Hai-nan dont l'intérieur n'est pas
connu; dans le sud vivent des sauvages qu'on nomme Li ou Loi.
Hai-nan est, paraît-il, riche en mines. Dans sa prochaine lettre, il
(1) Les Cham et leurs superstitions, Missions catholiques de Lyon, 1896, p. 23.
(2) P. Ordofiez de Cevallos, Historia y viage del mundo» Madrid, 2« édition, 1691,
pp. 237, 375.
(3) Âbel Bergaigne, V Ancien Royaume de Campa dans VIndo-Chine d'après les
inscriptions, Paris, 1888, pp. 47-48, 57-50. « Le nom de Campa, déjà relevé dans
les inscriptions du Cambodge, comme nom d'une ville, en même temps que d'un
royaume, se rencontre aussi naturellement dans un bon nombre de celles du pays
auquel il appartenait... »
(4) P. Ordonez de Cevallos, op, cit.j pp. 238-239. « Llegamos al templo, que ara
c de ver, porque ténia nueve naves grandisslmas. Era muy alto, grande, y de her-
c mosissîmas pinturas ; en todo el no avia mas que el altar mayor... Estavan en
« el altar très idoles, les dos de un tamano, y el de enmedio mayor. Un tronco con
« cabeça sin figura, muy veslido, que significava el Dios no conocido... »
(5) Abel Bergaigne» op. cit., pp. 66, 91, 103.
SÉANCE DU 8 MAI 1896.
165
fera connaître ses impressions et jusqu'où les Chinois et les Loi
lui auront permis de circuler.
— Expédition du prince Henri d'Orléans : M. Roux et M. Briffaut,
[Bu Tonkin aux Indes (1895)]. Latitudes et déclinaisons ma-
gnétiques observées par M. Emile Roux, enseigne de vaisseau.
I.
LATITUDES
NUMÉRO
D'ORDRE.
^his
S bis
s ter
NOM ET POSITION
DU LIEU D'OBSERVATION.
P/io-2u, fleuve Rouge (Haut-
Tonkin). Pris du poste
Jlfan/iao, fleuve Rouge (Yun-
nan). Au bord du fleuve.
— (Marché).
Manfiao, fleuve Rouge ( Yun-
nan). Au bord du fleuve
Marché.
Mongtsé (Yunnan). Cour
du Consulat de France
à 1^2 au sud du centre
de la ville de Mongtsé.
Mongtsé (Yunnan). Cour
du Consulat de France
à V, 2 au sud du centre
de la ville de Mongtsé.
Mongtsé (Yunnan). Cour
du Consulat de France
à 1^2 au sud du centre
de la ville de Mongtsé
Fong-chen-lin (Yunnan)..
Oua-koui'tsen (Yunnan).
LATITUDE.
22.21.30
23. 0.45
23. 0.15
Moyenne adoptée
pour Manhao
23. 0.30
23.20.15.
23.21
23.21.50
Adopté pour
Ionisé
23.21.30
Moyenne entre
S bis et S ter
23. 4
î. 7
PROCÉDA
EMPLOYÉ.
Polaire (théodolite).
Hauteurs circummé-
ridiennes de Soleil
(sextant).
2 groupes de hau-
teurs circumméri-
dionnes de Soleil
(théodolite).
1 hauteur circumnié-
ridienne de Soleil
(théodolite). Résul-
tat incertain, le
théodolite étant in-
suffisamment rec-
tiflé.
Polaire (théodolite).
Etat absolu par So-
leil.
Hauteurs circummé-
ridiennes de Soleil
(théodolite).
Hauteurs circummé-
ridiennes de Soleil
(théodolite).
Hauteur méridienne
du Soleil (sextant).
166
PROCÈS- VERBAL.
I. — LATITUDES (suite)
, ?ÎDMÉR0
IV'OKDRE.
NOM ET POSITION
DU LIEU D'OBSERVATION.
LATITUDE.
PROCÉDÉ
EMPLOYÉ.
6
Tamatolo (Yunnan)
o ' //
23.10
Hauteur méridienne
du Soleil (sextant).
7
Ta-min-mif fleuve Rouge
(Yunnan).
23.11
Par déduction de la
latitude de Tama-
tolo (voir la note).
8
Mai'Cheu (Yunnan)
23.18.30
Hauteur méridienne
(sextant).
9
Isa, au-dessus du fleuve
Rouge [rive droite] (Yun-
nan). Sur le terrain de
campement au sommet
du mamelon dans Touest
de la ville.
23.22
Polaire (théodolite).
Etat absolu par Si-
rius.
\0
Souto (Yunnan)
23.19.30
Par déduction de la
latitude d'Isa.
11
Sou-tchou-sai (Yunnan)...
23. 9.30
Hauteurs circnmmé-
ridiennes de Soleil
(théodolite).
12
Sama (Yunnan)
22 57
Idem.
13
Point de la rivière Noire
(Ly-sien-kiang) coupé par
la route d'Isa a Muong-lé.
22.49
Idem.
14
Muong-lé (Yunnan). Centre
de la ville.
22.35.20
Idem.
(28 mars)
Ubis
^uon^f-ic (Yunnan). Centre
de la ville.
22.35
Koyeoneadoptée
pour Maoog-lé
22.35.10
Idem.
(29 mars)
15
Ta-koué-lin (Yunnan)
22.33.30
Idem.
16
Im-pou-tsin (Yunnan) ....
22.37.45
Idem.
17
Ssumao ou Semao (Yun-
nan). Cour de l'auberge
Ou-shing-hao.
22.46. 7
22.46.47
22.45.50
Moyenoe adoptée
pour Semao
22.46.30
6 hauteurs circum-
méridiennes de So-
leil, combinées 2
par 2 (théodolite).
SÉANCE DU 8 MAI 1896.
I. — LATITUDES (suite)
167
NUMÉRO
NOM ET POSITION
LATITUDE.
PROCÉDÉ
d'ordre.
DU LIEU D'OBSERVATION.
EMPLOYÉ.
18
Kotchiento (Yunnan). Al'est
de la chaîne Ta-lo-tsin.
22.39.25
Polaire (théodolite).
Etat absolu par Si-
nus.
19
Tian-pi, Point où le Mékong
est coupé par la route
de Semao à Dayakeu
(Yunnan).
22.37
Hauteurs cireummé-
ridiennes de Soleil
(théodolite).
20
Nampé. Point où le Mékong
est coupé par la route
de Gbuen-lo à Mong-pan
(Yunnan).
23. 0.45
Idem.
21
Mang-kdi (Yunnan) ......
23.13.41
23.13.17
23.13.30
2 groupes de hau-
teurs de Polaire
(théodolite). Etot
absolu par Vénus.
22
Mong-ka (Yunnan)
23.25
Hauteurs circummé-
ridiennes de Soleil
(théodolite).
23
Mienning (Yunnan). Cour
de l'auberge de Jang-chin
(faubourg est de la ville).
23.53.45
Polaire (théodolite).
Ëtat absolu par la
Lune.
24
Tcheiia (Yunnan)
24.12.45
Polaire (théodolite).
Etat absolu par Vé-
4 \/ MV%^ t^ tMf \ *. m*»«»»fc»»*y» «vas****
nus.
25
Yunchou (Yunnan). Cour
de l'auberge Fou-tchi-
tchou
24.25
Hauteurs circummé-
ridiennes de Soleil
(théodolite).
26
Chunning-fou (Yunnan)...
24.34.15
Idem.
27
Tsa-fa-se (Yunnan)
25. 1.30
1 hauteur circumnié-
ridienne de Soleil.
Etat absolu par le
Soleil (théodolite).
28
Tali-fou. Cour de la Mission
catholique, au centre de
la ville.
25.42.30
Hauteur circumméri-
dienne de Soleil
(théodolite).
468
PROCES-VERBAL.
1. — LATITUDES (suite)
NUMÉRO
d'ordre.
NOM ET POSITION
DU LIEU D'OBSERVATION.
LATITUDE.
PROCÉDÉ
EMPLOYÉ.
29
30
31
32
Kiang-pin (Yunnan)
Yun-long-cheou (Yunnan).
Pen-tchou-miaOy près de
Tchelotsen (Yunnan).
He-ki-pat au-dessus de la
route du Mékong (Yun-
nan).
o ' "
25.59.25
25.47.15
25.48.15
26.22.30
Polaire (théodolite).
Etat absolu par p
Grande Ourse.
Polaire (théodolite).
Etat absolu par
Siriu».
Polaire (théodolite).
Etat absolu par Vé-
nus.
Polaire (théodolite).
Etat absolu par a
Grande Ourse.
NOTE SUR LES INSTRUMENTS ET LES PROCÉDÉS EMPLOYÉS
Les deux instruments qui m'ont servi à obtenir ces latitudes
étaient :
1° Un sextant Hurlimann gradué aux 10".
2® Un petit théodolite Hurlimann gradué à 1'.
Les observations au sextant sont soumises à des erreurs d'ex-
centricité fixes et fluctuantes, atteignant 1' dans les meilleurs
instruments, et rendant par suite illusoire l'approximation de 10' '
fournie en apparence par Tinstrument. On ne peut remédier en
partie à ce défaut qu'en observant les hauteurs méridiennes de
deux étoiles situées Tune au nord, l'autre au sud, et en prenant la
moyenne des résultats obtenus. Ce procédé exige beaucoup de
temps et de patience, et chacun sait combien les observations de
nuit au sextant sont difficiles et délicates.
Or, dans les pays tropicaux ou voisins des tropiques, ces der-
SÉANCE DU 8 MAI 1896. 169
nières sont, pour les latitudes, les seules possibles pendant la plus
grande partie de Tannée. A partir du 8 mars, j'ai dû renoncer à ob-
tenir la latitude par les observations du Soleil au sextant, la double
hauteur méridienne atteignant ce jour-là 1 26*>, c'est-à-dire à peu près
la limite supérieure des graduations. Parla latitude de 23% Tinstru.
ment ne redevenaitutilisable qu'en octobre. Enfin Tobligatlon d'avoir
mie assez forte provision de mercure pour Thorizon artificiel, et de
le conserver parfaitement propre, est encore un inconvénient en
voyage.
Pour toutes ces raisons, j'ai rapidement renoncé à me servir de
mon sextant pour n'employer que le théodolite. A terre, cet instru-
ment est bien plus commode et tout aussi exact; en observant tou-
jours les hauteurs par paire, c'est-à-dire lunette à droite et lu-
nette à gauche, on élimine en effet les erreurs de collimation et de
niveau, et comme il est très facile d'apprécier la moitié et même
le tiers d'une division, on peut compter sur une approximation
de 30^'.
Le procédé que j'ai le plus souvent employé est le suivant :
c Latitude par deux hauteurs circumméridiennes, sans autre calcul
antérieur. > Il a l'avantage de se passer complètement de la con-
naissance de l'état absolu, et il suffit d'avoir une bonne montre à
seconde donnant exactement l'intervalle de temps écoulé entre les
deux observations, qui peuvent se faire indifféremment soit avant,
soit après midi. Le calcul est un peu plus long que celui de la la-
titude méridienne, mais Tobservation est plus facile et plus exacte;
le plus grand avantage consiste en ce qu'on a généralement vingt
à quarante minutes pendant lesquelles il est possible d'observer,
au lieu d'être obligé de saisir un moment précis, pendant lequel
le soleil peut être couvert par un nuage.
Dans les journées de halte, j'ai quelquefois observé une seule
hauteur circumméridicnne, mais j'étais alors obligé d'avoir l'état
absolu de la montre, et pour cela d'observer soit vers 10 heures,
soit vers 2 heures ; à tous points de vue, ce procédé est inférieur
au précédent.
Enfin j'ai fréquemment employé la Polaire, en obtenant l'état
absolu par une étoile quelconque immédiatement avant mes obser-
vations de Polaire.
Toutes mes hauteurs ont été invariablement observées de la
façon suivante : < Serrer les vis de pression de façon que le Soleil
soit un peu en dessus ou en dessous des fils ; puis, faire compter,
attendre que l'un des bords du Soleil tangente le premier fil et noter
1 70 PROCÈS-VEBBAL.
i'heure ; noter ainsi successivement les heures de passage aux sept
fils horizontaux du réticule; lire vernier haut et vemier bas la
hauteur indiquée par l'instrument, et c'est celle qui correspond à
la moyenne des heures notées. Si l'observation a été faite lunette
' droite, recommencer de la même façon lunette gauche et prendre
la moyenne générale. » Chaque hauteur prise de cette façon est
donc, en réalité, la moyenne d'une série de 7 hauteurs; on peut
éliminer celles des heures qui s'écartent trop de la moyenne et
qui paraissent ainsi entachées d'erreur. Si j'étais obligé de compter
moi-même, je me contentais d'observer les passages aux 1**, i^ et
7« fils.
Les latitudes obtenues par le théodolite peuvent être considérées
comme exactes à 30" ou 45" près : celles de Semao, iManhao,
Mongtsé, etc., moyennes de 2 ou 3 groupes d'observations, à 15".
Enfin celles obtenues par le sextant à 1' ou l'30" près. Â Tali-
fou et à Semao, j'ai pu comparer mes résultats avec ceux de
Francis (iarnier : l'écart n'atteignait pas i'.
Les latitudes n** 7 et 10 ont été déduites des n*>' 6 et 9 par le
procédé suivant, d'une utilisation assez fréquente dans les pays de
montagnes.
Soient deux points C et B visibles l'un de l'autre, la latitude
de B étant fixée par l'observation. On a observé la pression baro-
métrique et par suite l'altitude en B. Le jour suivant, on est en C,
et l'état du ciel empêche d'obsenrer; mais il suffit de fixer la po-
sition de G par rapport à B pour en déduire la latitude, avec le
théodolite. Pour cela observer l'altitude du point C et llnclinaison
de la pente C-B : soit H l'altitude de B; H' celle de C; on a dans
le triangle A-B-C :
AB ==:: AG cotga — (H'— H) cotqa.
Le résultat de ce petit calcul fournit la projection horizontale,
c'est-à-dire la distance sur la carte, et par suite la latitude de G.
Il suffit simplement que la différence de cotes des deux points
soit assez forte pour qu'une petite variation barométrique dans
l'intervalle des deux observations ne puisse produire sur A B
qu'une très faible erreur. Dans les cas 7 et 10, ces différences
étaient considérables : 965 mètres et 4^29 mètres.
SÉANCE DU 8 MAI 1896.
171
II. — DECLINAISONS
NUMÉRO
DATE.
NOM ET POSITION
DÉCLINAISON
D'ORDRE.
DU LIEU D'OBSERVATION.
MAGNÉTIQUE.
1
11 octobre 1894.
Jardin de la Rési-
dence.
' '/
1.30.50 N.-E.
2
^3 octobre 1894.
Battambang ( Siam ) .
Cour de la Mission.
1.16.10 N.-E.
3
3 février 1895.
Lang-nhu (entre Bao-
ka et Pho-lu. Fleuve
Rouge, Haut-Tonkin) .
1.23.15 N.-E.
4
11 février.
Manhao (fleuve Rouge
Yunnan).
1.23.30 N.-E.
5
22 février.
Mongtsé (Yunnan) . Cour
du Consulat de France.
1.18.40 N.-E.
6
S mars.
Tamatolo (Yunnan)...
1. 8.40 N.-E.
7
8 avril.
Semao (Yunnan)
1.38.40 N.-E.
8
19 avril.
Ta-choui-chong, entre
Tian-pi sur le Mékong
etDayakeu (Yunnan).
1.42.10 N.-E.
9
29 avril.
Mong-ka (Yunnan)....
1.47.40 N.-E.
10
13 mai.
Tc^ya (Yunnan). Route
de Mienning à Yun-
chou.
1.45. 30 N.-E.
11
23 mai.
Tsa-fa-se (route de
Shunning-fou à Mêng-
hua-ting, Yunnan).
1.36.55 N.-E.
12
29 mai.
Tali-fou (cour de la
Mission, Yunnan).
1.38.30 N.-E.
13
25 juin.
Tchénlo-Uen (Yunnan).
1.47.30 N.-E.
14
17 juillet.
Ué'ki-pa (au-dessus de
la rive droite du Mé-
kong, Yunnan).
1.57.30 N.-E.
172 PROCES-VERBAL.
Ces déclinaisons ont été obtenues avec le théodolite-boussole à
pièce additionnelle ; des observations préalables du Soleil donnaient
son azimut et par suite la direction du nord vrai; la moyenne de
40 lectures d'aiguille (5 pointe sud, 5 pointe nord, aiguille dessus,
lunette droite; — Id,, aiguille dessus, lunette gauche; — i(f., aiguille
dessous, lunette droite ; — ïd., aiguille dessous, lunette gauche)
donnait la direction du nord magnétique. Les déclinaisons de Semao
et de Tali-fou ont été obtenues par 80 lectures, 40 pour chacune
de mes deux aiguilles. Leur approximation est de 30'' à 1'.
Gomme on devait s'y attendre, les déclinaisons nord-est aug*
mentent d'une façon à peu près continue à mesure qu'on s'avance
vers le nord-ouest. Je n'ai constaté qu'auprès de Muong-Ié (Laos
chinois) la présence de minerai de fer en assez grande quantité
pour fausser complètement les indications données par l'aiguille.
Là, j'ai observé trois déclinaisons s'écartant tellement les unes des
autres et du résultat probable que j'ai dû les écarter toutes. Par-
tout ailleurs, de fréquentes vérifications m'ont permis d'ajouter une
foi complète aux indications de la boussole.
Etant, à ma connaissance, le premier voyageur ayant observé au
Yunnan des déclinaisons précises (Francis Garnier n'avait pas de
théodolite), je n'ai aucune donnée pour établir la croissance ou la
décroissance annuelle du magnétisme dans ce pays. 11 serait à dé-
sirer que d'autres observations faites aux mêmes points dans
quelques années fournissent les données nécessaires.
Mes instruments m'ayant été volés à la fin de juillet par les La-
masjen,j'ai dû, à regret, interrompre à cette date mes observations
astronomiques.
Je publierai prochainement la liste des longitudes et des alti-
tudes observées, n'ayant pas encore terminé leur calcul.
Varchipel appelé Dondiin, — De Barcelone M. Alfr. Gummâ y
Marti envoie quelques observations dénotant de savantes
recherches, relativement à une note publiée récemment ici par
M. Romanet du Caillaud sur c l'identification de l'archipel ap-
pelé Dondiin par le bienheureux Odorico de Pordenone (C. R.,
p. 117).
M. Gummà y Marti y soutient d'abord que le nom de Luzon vient
des naturels eux-mêmes et non pas des étrangers soit Ghinois, Japo-
nais, Malais, etc., soit Espagnols. Les premiers navigateurs virent,
à la porte des huttes indiennes, des mortiers en bois, appelés
losong par les indigènes; ces mortiers servaient à appeler en cas
SKANCE DU 8 MAI 1896. 173
d'iacendie, et servaient aussi à d'autres usages; delà, par corrup-
tion, les noms de JAu-Song des Chinois, de Luzon des Espa-
gnols, etc. Mais le nom patronymique des habitants des Lnzones
(iles des gens dits Luzons) était bien Luzon^ mot qui a prévalu sur
tous les autres noms que les étrangers et les conquérants ont
voulu donner à l'archipel. •
Quant à Taffirmation de M. Romanet du Gaillaud qu'au x\v siècle
les Espagnols découvrirent dans les Philippines des signes certains
d'une prédication très ancienne, M. Gummâ y Marti dit qu'il n'a
trouvé rien de semblable dans les auteurs espagnols/ soit anciens,
soit modernes. L'image de la Sainte Vierge, dite c N. Senora de la
Guia > et celle de Tenfant Jésus sont, d'après lui, de construction
espagnole et il cite à ce propos les récits des religieux espagnols
Fray Marcelo de Ribadeneyra et Fr. Juan de Grijalva.
Le premier dit c que les Indiens racontèrent aux religieux Au-
gustins,et ceux-ci au gouverneur de la province, qu'ils avaient une
petite caisse avec la statue de l'enfant Jésus, ou Deoata comme
l'appelaient ces pauvres gens, et qu'ils faisaient des processions
pour baigner Tenfant Jésus, quand la pluie leur manquait, et que
la sécheresse était fort menaçante; cette statue était là depuis
l'expédition de Magellan; on la conduisit avec une grande dévotion
et solennellement à l'église des PP. Augustins ». {Historia de las
hla$ del Archipelago.,, Barcelona, 1601, chap. ii, page 9).
Le second religieux, Juan de Grijalva, dit c que les insulaires
attribuaient cette statue à l'expédition de Magellan ; mais il croit à
un miracle, car il était impossible qu'au bout de quarante ans, qui
s'étaient écoulés depuis cette expédition jusqu'à la découverte de
l'Ënfant-Dteu, l'habit et le vernis fussent encore aussi intacts >.
(Crônica do la Orden de N. P, S, Agustin en 1(m provincias de
la Nueva Espana, 1592. Mexico, 162>i, livre 111, chap: viii,
pages 119 et 120).
€ Donc, les conclusions que je tire, dit M. Gummâ y Marti, sont
les suivantes : 1° Le nom de Luzon est dû aux naturels eux-mêmes
et non aux étrangers; 2'' l'évangélisation des Philippines date de
l'établissement des Espagnols et les premiers missionnaires furent
des Augustins; 3"* jamais Oderic de Pordenoue n'est allé dans les
Philippines, ni aucun autre chrétien avant les Espagnols, et les
iles Uondiin d'Oderic comprennent les îles de Geylan, quelques-
unes de celles de la Sonde au plus, peut-être Bornéo, et l'île Uaï-
nan, la prétendue Luzon de M. Romanet du Gaillaud. >
Les observations de M. Gummà y Marti, que nous sommes forcé
soc. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. — N" 10, 11 et 12. 13
174 PUOCKS-VERBAL.
d'abréger, ayant été communiquées à M. Romaiiet du Càillaud»
celui-ci y a fait la réponse suivante :
€ I. Gomme, lors de l'expédition de Magellan, les habitants de
Zebù avaient feint de se convertir au christianisme (1), lorsqu'on
1565 fut découverte en cette île l'image de l'enfant Jésus, c le pre-
mier mouvement fut d'en attribuer l'origine à l'expédition de
Magellan i, écrit le P. Juan de la Goncepcion, dans son Histoire des
Philippines, que j'ai citée dans ma note du 20 mars dernier. —
c Mais, ajoute-t-il, il résulte àHnformations juridiques que les
indigènes possédaient cette image depuis un temps immémorial,
ignorant entièrement quelle était son ancienneté et quelle était
son origine. S'ils l'eussent acquise à l'époque de l'expédition de
Magellan, cette époque n'était pas si éloignée qu'ils eussent perdu
le souvenir de cette acquisition (2). > En effet, il n'y avait que
quarante-quatre ans que l'escadre de Magellan avait abordé à Zebû.
€ L'origine de l'image de l'enfant Jésus à Zebù fut donc l'objet
d'informations juridiques. Or, on sait avec quelles précautions pro-
cédait, en matière de foi et de culte, l'inquisition espagnole du
temps de Philippe II et de ses successeurs; et le résultat de cette
enquête fut que cette image était à Zebû depuis un temps immé-
morial.
€ J'ajouterai que le P. Juan de la Concepcion connaissait
l'ouvrage de l'un des deux auteurs sur lesquels M. Gummâ y Marti
appuie ses observations, à savoir le livre du P. Juan de Grijalva;
car il le cite p. 329 du 1. 1'*"^ de son Histoire des Philippines.
€ Gette Histoire des Philippines est un ouvrage considérable en
quatorze volumes, avec plusieurs cartes fort détaillées. Le P. Juan
de la Concepcion était membre de la Société royale de Manille,
examinateur synodal de l'archevôché de Manille et chroniqueur de
la province des Augustins déchaussés des Philippines, D'après
l'historien moderne des missions franciscaines, l'érudit P. Marcel-
lino da Givezza, cette Histoire des Philippines serait la plus savante
qui ait été écrite (3) .
< L'autre auteur que cite M. (lummà y Marti, le P. Marcello da
Ribadeneyra, de l'ordre de Saint-François, est un écrivain des plus
sérieux, que j'ai très utilement consulté pour mon Essai sur les
(4) Premier voyage autour du monde, par le chevalier Pigafetta, sur l'escadre
de Magellan, Paris, Janscn, an IX, pp. 95-98, 104-112, 120-129; F. Juan de la
rioneepcioR, Historia gênerai de Philipinas, Manille, 1788, t. I, p. 98-109.
(i) Vt. Juaii de la Concepcion, op. et vol. cit., p. 3G4.
(3) Marrellino da Civezza, Saggio di Bibliografia geografica, storica etnograftca
Sanfraneescana, Prato, 1879, p. 242.
SÉANCE DO 8 MAI 1896. d75
origines du Christianisme au Tonkin et dans les autres pays
annamites; mais en ce qui concerne Fimage de Tenfant Jésus de
Zebù, comme l'île de Zebù n'était pas de la juridiction de son
ordre, il a seulement raconté, sans le discuter comme fit l'inquisi-
tion, ce qu*il avait entendu dire à ce sujet, pendant le séjour d'un
an et demi qu'il fit aux Philippines, avant et après sa mission au
Japon, c'est-à-dire au commencement de 1594 et en 1598 (1).
€ II. Le P. Juan de la Goncepcion discute également l'opinion
d'après laquelle l'image de Notre-Dame de la Guia proviendrait de
quelque navire catholique naufragé avant 1565 en vue des côtes
des Philippines. Gomme cet image était vénérée des indigènes
depuis un temps immémorial, il combat cette opinion, en disant
que les navires des Portugais et des Espagnols venaient depuis trop
peu de temps dans ces parages, pour que les indigènes de Luzon'
eussent perdu le souvenir d'un tel événement, si réellement il avait
eu Heu (2).
( IH. Je n'ai pas dit que le nom de Luzon lui venait des Chi-
nois; mais j'ai émis c l'opinion i que les Ghinois, — lesquels
passent pour avoir momentanément occupé Ttie de Luzon (3) et
qui avaient prétention de suzeraineté à peu près sur tout l'archipel
de la Sonde, — auraient donné, mais d'une manière privée et non
ofâcielle, à tout V ensemble de V archipel le nom de la grande île
de cet archipel la plus prochj^ de leur pays, en appelant cet archi-
pel f province de Luzon », Liu-Song-Sèn, — et que ce nom aurait
été entendu prononcé à l'annamite, c'est-à-dire Lû'-Tông-Tinh, par
* le bienheureux Odorico de Pordenone, lequel en aurait fait Dondiin.
Je n'ai pas trouvé d'autre moyen pour identifier une contrée ainsi
appelée Dondiin par le bienheureux Odorico, où régnait un canni-
balisme qui rappelle celui des Battaks de l'ile de Sumatra, com-
posée de vingt-quatre mille Mes et de soixante-quatre royaumes (4)
et où l'on se rendait de Geylan en naviguant vers le sud et d'où on
allait en Chine en naviguant vers l'est.
f Comme mon identification ne repose sur aucun texte précis, je
(1) U. eod. op., p. 496.
(2) Op. et vol. cit., pp. 413-417.
(3) Histoire de la Conquête det itlei Moluquei par les Espagnols, par les Por-
tugais et par les Hollandais, traduite de l'espaffnol d'Argensola, Amstnrdam, 1706,
t. I, p. 175.
(i) c In bac insula inquisivi diligenter niultos qui hoc sciebant et omnes una voce
^oqiiuntur quod hcc india 24 millia (insularum) continet et in qua sunt bcne sèxa-
?inta quatuor roges corone. — Major pars insuie hujus bcne ab hominibus habi-
tatur » (Texte publié par Venni, Venise, 1761, p. 64). Cf. texte publié par le P.
PpminichelH, Prato, 4881, p. 178; version française publiée par M, Cordier, p. 239),
i 76 PROCÈS-VERBAL.
suis tout disposé à me rallier à toute autre identification qui expli-
quera plus complètement les données du récit du bienheureux
Odorico.
c Mais je persiste à croire que les vestiges du christianisme trouvés
dans les Philippines par leur conquérant, Miguel Lopez de Legaspi,
doivent remonter à une époque antérieure à l'expédition de
Magellan. C'est, en effet, la voie de la mer de Chine, c'est-à-dire
de la mer où sont les Philippines, qu'ont suivie le moine chaldéen
de Nedjran (Arabie méridionale) du x"" siècle (1), puis une partie
des nombreux missionnaires franciscains qui évangélisorént la
Chine au temps de la dynastie mongole, enfin le moine hongrois
du Sinaï, Mathieu Ëscandel, dont parlent FernSLo Mendez Pinto (2)
et le P. Marcello de Ribadeneyra (3). >
[Afrique]. — Soudan Français : Région de Tombouctou. —
M. P. Vuillot, Blb., annonce à la Société qu'à la suite de différentes
reconnaissances effectuées dernièrement par le poste de Goundam,
certains détails de la région, portés jusqu'ici par renseignements
seulement sur les cartes les plus récentes (4), ont été établis
d'une manière précise.
Les rives du lac Daouna, qui se trouve à 16 kilomètres au sud
du lac Faguibine, ont été relevées, et comportent un double tracé :
aux basses eaux, la partie permanente du lac Daouna s'allonge
parallèlement à l'extrémité ouest du lac Faguibine, sur une lon-
gueur de 20 kilomètres environ ; une mare permanente, beaucoup
plus petite, se trouve à 2 kilomètres vers le nord-est. Aux hautes
eaux, la limite des inondations ne dépasse pas cette mare vers le
nord-est; mais va s'étendre à plus de 42 kilomètres dans la direc-
tion est-sud-est, sur une largeur de 7 kilomètres environ. Au sud
du lac Daouna, entre ce lac et la limite des hautes eaux, se trouve
la mare de Bankoré; elle a la même forme générale et la même
(1) Aboul-Faradge, cité par Reinaud dans sa Lettre »ur let antiquités chré-
tiennes de la Chine {Correspondant, 10 septembre 1840) et dans son Introduction
à la Géographie des Orientaux.
(2) Peregrinaçffo de Femâo Mendez Pinto (chap. xcvi). Ed. do Lisbonne, 18211,
t. II, pp. âO-24.
(3) « Historia de las Islas del Archipielago y reynos de la Gran China, Tartaria,
Gonchinchina, Malaca, Siam, Camboya, y Jappon, y de la sucedido en ellos â los
Reli{!^inso8 Descalços de la Orden del sevaphico Padre San Francisco... > Barcelone,
IHOl, livre II, chap. viii.
(4) Carte de la Région de Tombouctou, au 1/500,000*, par M. Hourst, lieute-
nant de vaisseau, et Bluzet, lieutenant d*infantcric de marine (RulL de la Soe. de
Géogr., 3* trim., 1895). — Carte topographique de la Région de Tombouctou, au
1/100,000*, par P. Vuillot (Challamel, mars 1896).
SÉANCE DU 8 MAI 1896.
177
orientation que le lac Daouna, mais ne mesure que 9 kilomètres
de longueur sur 1,500 mètres dans sa plus grande largeur; elle
n'est pas permanente, et n'existe qu'aux eaux moyennes.
Le marigot qui relie le lac Daouna au lac Faguibine a également
été relevé dans toutes ses sinuosités. Quant au massif montagneux
dénommé' Tassermint ou Sorma, qui se trouve au nord de Textré-
mité orientale du lac Daouna, il se composerait en réalité de deux
petits massifs distincts : le premier, plus près du lac, porterait le
nom de Sarma-Bibi; le second, moins important, et à 3 kilo-
mètres plus au nord, connu sous le nom de Sarmakoré. Eiifm,
PosmoM KEfr/r/Ei
du LAC DAOUNA
une longue dune longerait la partie sud-est des limites d'inonda-
tions du lac Daouna, tandis qu'à 8 kilomètres plus à Test se trou-
verait toute une ligne de mamelons ayant une direction nord-sud.
Au nord du lac Faguibine les indications nouvelles ne sont pas
moins intéressantes. La dépression indiquée sous le nom de mare
de Bonkor est un lac permanent, distant de 7 kilomètres de la
rive septentrionale du lac Fagoibine; sa longueur est de 16 kilo-
mètres et son extrémité occidentale est reliée au lac Faguibine par
un marigot de 11 kilomètres qui, partant du point de Lalatt, des-
cend vers le sud en faisant un léger coude à Test. Le mont Taha-
kim, placé à 2 kilomètres trop au nord, se trouve à Texlrémité
même du lac de Bonkor, entre celui-ci et deux autres petites mares
178
PROGES-VËRBAL.
permanentes situées à 1 kilomètre plus à Test ; de Tautre côté de
ces mares, et à la môme distance s'élève le mont Miziran. Enfin,
une troisième mare, un peu plus importante, se trouve à 4 kilo-
mètres nord-nord-est du village de Bonkor.
Le lac de Bonkor se trouvant reporté ainsi légèrement vers le
nord, on est amené à se demander s'il ne faut pas s'attendre à de
nouvelles surprises et à la découverte prochaine de nouveaux lacs
vers le nord. En effet, d'après les renseignements fournis par les
indigènes, une dépression lacustre, nommée Ouer-Ouer, se trou-
verait à deux journées de marche au nord-nord-ouest du lac de
Bonkor, dans la direction de Oualata ; seules, des reconnaissances
ultérieures pourront indiquer quel crédit il convient d'accorder à
ces renseignements, mais on peut dès maintenant en conclure que
toute cette région est loin d'être aussi aride et aussi désertique
qu'on avait tenté de le faire croire au début de l'occupation fran-
çaise de Tombouctou.
Les chemins de fer dans VAfriqne orientale allemande. —
M. Daniel Bellet mande que c d'après les nouvelles reçues d'Alle-
magne, le chemin de fer Tanga-Usambara, qui a été ouvert jusqu'à
SÉANCE DU 8 MAI 1896. 179
Pongwe en octobre 1894, sur uno longueur de 15 kilomètres, a été
depuis lors prolongé à partir de ce point (qui est sur la rivière
Pangani) jusqu'au vingt-quatrième kilomètre. On espère que cet
automne, il sera livré au trafic jusqu'à Muhesa, au pied des col-
lines où sont situées les plantations de café de la Compagnie de
l'Afrique Orientale.
€ Une route charretière a déjà été construite depuis la plaine
jusqu'au sommet des collines, si bien que, une fois cette section
de la voie ferrée en exploitation, on pourra facilement atteindre
en un jour les plantations à partir de Tanga. Le coût de la section
jusqu'à Muhesa a largement dépassé les éyaluations, et une grande
partie du capital de la Compagnie sera absorbé par les travaux.
Pour que la ligne soit rémunératrice, la compagnie estime qu'elle
devrait être prolongée au iiooins jusqu'à Kirogwe, à 90 kilomètres
environ de la côte, de façon à mettre en exploitation tout le riche
district d'Usambar^* D'ailleurs elle espère bien un subside du
gouvernement impérial.
c On affirme que les indigènes montrent beaucoup de goût pour
ce nouveau moyen de locomotion. Tout d'abord on avait décidé de
ne faire circuler qu'un train de voyageurs par semaine; mais il
paraîtrait qu'on s'est trouvé obligé d'en faire circuler uu tous les
jours, et qu'il est complet.
€ On se propose actuellement un plan assez vaste : construire une
Hgne de Dar es Salaam aux lacs Victoria Nyanza et Tanganyika;
en mars, un contrat a été signé dans ce but entre le département
des colonies du ministère des affaires étrangères, la compagnie de
l'Afrique Orientale allemande et la Deutsche Bank pour le levé
préliminaire de la ligne en question, chacune des parties contrac-
tantes devant fournir un tiers de la somme nécessaire au tiravail. i
[AmériqveJ. — Mission de M. le comte de Dalmas. — M. le
baron Jules de Guerne, bibliothécaire archiviste de la Société,
communique une lettre qui lui est adressée à la date du 27 février
1896, de Santa-Marta (Colombie) par M. le comte Raymond de
Dalmas, qui poursuit, sur son yacht ChazcUie, une mission du
Ministère de l'Instruction publique. Parti du Havre le 9 décembre
1895, M. de Dalmas est arrivé à Fort*de-France (Martinique)
exactement un mois prlus lard, le 9 janvier 1896 :
€ Après une traversée mouvementée au début et un arrêt de
trois heures au rocher Branco (lies du Cap Vert) pour recueillir
le moineau (Passer Brancoensis), décrit par M. Oustalet, nous
180 PHOCÈS-VERBAL.
avons alteint la Martinique le 9 janvier. De là, voici nos escales :
Sainte-Lucie, les îles Testigos, Garupano (Venezuela), île Blan-
quilla, ile Margarita, Gumana, Laguna grande, golfe de Cariaco»
les Roques, Curaçao et la presqu'île de Paraguana. Enfin, arrivé
en Colombie, à Santa-Mar, j'ai la bonne fortune d*y rencontrer
M. de Brettes, qui se préparait à retourner chez les Indiens Chi-
milâs, étudiés par lui Tété dernier, pour compléter ses observations
et prendre des photographies. Je lui demande immédiatemeat de
me permettre de raccompagner avec mon ami Munét. En attendant
le jour du départ, deux autres Français, MM; Gautier, nous em-
mènent faire une promenade de trois jours dans les forêts vierges
sur les flancs de la Sierra M évada, au-dessus de Santa-Marta jusqu'à
un point nommé Douama, pour nous exercer à ce genre de sport,
de couchage et de campement en plein bois dans des hamacs, au
milieu des moustiques.
« Le gojiverneur de la province, que je reçois à bord, est pour
moi d'une amabilité excessive et réquisitionne pour nous, aux
frais du Gouvernement, les moyens de transport pour nous rendre
aux abords du territoire Chimilâ. Nous partons donc, M. de Brettes,
Munet et moi, le 14 février, pour revenir le 25, après avoir vécu
chez les Indiens pendant, quatre jours et avoir parcouru environ
400 kilomètres sans sortir de la forêt vierge. Cette excursion est
on ne peut plus intéressante, car, outre les beautés du pays, nous
avons vu tout à loisir une race qui s'éteint, comme l'a écrit à la
Société de Géographie M. de Brettes, race qu'il aura été le premier
et presque sûrement le dernier à voir...
c Renonçant à mon voyage en Amérique centrale et alléché par
mes débuts à terre, j'emmène M. de Brettes et nous allons conti-
nuer à faire des explorations ensemble.
c M. de Brettes, qui habite depu'rs cinq ans la Goajire, peu-
plée de 30,000 Indiens indépendants et peu commodes, a eu
vent par quelques-uns d'entre eux qu'il existait au nord de la
presqu'île une tribu totalement différente des Goajires, habitant
les montagnes et qui est entièrement inconnue. Ces Indiens s'ap-
pellent les Piécer (?) ; ils pourraient bien avoir un lien de parenté
avec les Arrawaks habitant les hautes vallées de la Sierra Nevada.
Ce qui est extraordinaire, c'est que personne jusqu'à présent n'a
soupçonné l'existence de cette tribu ; il serait d'autant plus inté-
ressant de la visiter. Nous allons donc tâcher de pénétrer tous les
deux jusque-là.
€ J'espère que nous réussirons et que nous rencontrerons des
SÉANCE DU 8 MAI 1896. 181
grottes avec des choses curieuses. De chez les Chimitâs nous avons
rapporté une centaine de photographies et autant d'objets ethno-
graphiques intéressants et bizarres. Je compte bien faire là-bas
une moisson beaucoup plus ample, si tout va aussi bien que la
première fois.
€ De retour à Rio Hacha, je compte repartir avec M. de Brettes
pour explorer la Sierra Nevada, qu'il connaît si bien, et passer
environ trois semaines chez les Arrawaks et dans la montagne,
avant mon retour en France. Entre temps, croyez bien que je ne
flùne pas au point de vue ornithologique; j'ai déjà une collection
très intéressante d'oiseaux de toutes tailles et de toutes cou-
leurs. 1
C^miiiaiiieati^iia orale».
Le président annonce que le vendredi suivant, 15 mai, la Société
tiendra, dans son local habituel, une séance extraordinaire où elle
entendra M. Georges Simon, lieutenant dç vaisseau, qui rendra
compte de la navigation accomplie par lui sur le Mékong, depuis
l'embouchure de ce fleuve jusqu'au Xien-Keng. La séance sera
présidée par M. Bouquet de la Grye, de l'Institut, président de la
Société.
Présentations de livres, cartes, etc. — - M. Alfred Grandidier,
de l'Institut, offre au nom de son auteur, M. Hansen, une carte de
Madagascar à la grande échelle de 1/750,000*.
€ Je n'ai pas besoin, dit-il, de vous présenter M. Hansen; vous
connaissez tous ses importants travaux cartographiques, et les
nombreux voyageurs qu'il a aidés à tracer leurs itinéraires peuvent
TOUS dire quel soin scrupuleux il apporte dans celte besogne
longue, ingrate et difficile.
< La carte que je mets sous vos yeux est la plus grande et la
plus complète qui ait encore été publiée sur notre nouvelle colo-
nie. Elle mesure 2 m. 30 de haut sur 1 m. 35 de large et com-
prend 1 1 feuilles ; elle est accompagnée de 28 plans ou cartes de
détail. — Pour la rédiger, M. Hansen a réuni et condensé, avec
une ardeur et une patience très louables, tous les documents, au
nombre de 97, qu'il a pu se procurer de diverses mains et dont
plusieurs sont tout à fait nouveaux. En se livrant à ce long et
pénible travail, il a rendu un vrai service à tous ceux qui iront à
182 PROCÈS-VERBAL.
Madagascar faire des recherches scientiGques ou se livrer à des
exploitations industrielles et agricoles, et je suis heureux de l'en
féliciter, i
— M. Henri Gordier présente, de la part de l'auteur, M. le
D' Emile Bretschneider, jadis médecin de la légation impériale de
Russie à Péking, aujourd'hui correspondant de l'Institut de France
à Saint-Pétersbourg, une belle carte en quatre feuilles de la Chine
et des pays environnants. Rédigée en anglais, elle est à l'échelle
de Engl. Siattite Miles 69,16 = i degree.
€ Cette carte, dit M. Cordier, est destinée à accompagner le
remarquable ouvrage de M. le D' Bretschneider, History of Bota-
niccU Discoveries in China, imprimé à Chang-haï par les soins
de la China Branch ofthe Royal Asiatic Society. M. le D»" Bret-
schneider m'annonce en outre qu'il prépare trois feuilles supplé-
mentaires sur une plus grande échelle, à savoir : 1* le nord de la
province de Tche-li, avec Péking, etc. ; 2» le sud des provinces
de Kiang-sou, de Ngan-hoei et le nord du Fou-kien;.3° les envi-
rons de Canton, le Pe-kiaag et le Si-kiang. l/itinéraire du prince
Henri d'Orléans, du Yun-nan à l'Assam, a été connu trop tard
pour être autrement marqué que d'une manière vngue sur la
feuille du sud-ouest.
€ Si l'on se rappelle qu'il y a quelques mois déjà j'ai eu l'hon-
neur de remettre à la Société une grande carte en quatre feuilles
du nord de la Chine, due à M. C. Waeber, ministre de Russie dans
la capitale de la Corée, on jugera que les efforts des cartographes
russes ne sont pas restés stériles dans ces dernières années. La
carte du D' Bretschneider sort de l'établissement bien connu de
A. Iliin, à Saint-Pétersbourg. >
La ville de Tanger {Maroc), par M. Paul Pelet. — < Tanger
est à 3 heures de Gibraltar, à 5 heures de Cadix : trois fois par
semaine, le vapeur Joaquin Piélago, de la Compagnie transatlan-
tique espagnole, part de Cadix à 7 heures du matin pour Tanger,
Algeciras et Gibraltar, et trois autres jours par semaine égale-
ment, à ia même heure, il part de Gibraltar pour Algeciras,
Tanger et Cadix; chaque jour, sauf le dimanche, le navire mouille
en rade devant Tanger. En outre, un vapeur anglais, le Gibel
Musa, fuit le service quotidien de Gibraltar.
c 11 est donc très facile de visiter ce point si intéressant de
l'Afrique, sans même partir de Marseille ou d'Oran (par les va-
peurs français de la compagnie Paquet ou de la Compagnie trans-
SÉANCE DU 8 MAI 1896. 183
atlantique) : il suffit de traverser le détroit de Gibraltar. La c Villa
de France », au-dessus de la ville dans une situation déminante
d'où l'on découvre toute la baie semi-circulaire et les collines
qui l'encadrent, offre aux plus exigeants une résidence charmante,
fort appréciée des familles anglaises qui y séjournent tous les
hivers.
d L'importance commerciale et politique de Tanger et son in-
térêt pittoresque sont connus de tous ; mais on n'a que des rensei-
gnements incertains sur sa population (1). Tanger compte de 25,000
à 30,000 habitants, sur lesquels il y a de 10,000 à 12,000 Juifs.
Les Espagnols sont au nombre de 4,000 résidents fixes« auxquels
il faut ajouter un millier d'habitants de passage, qu'accroît la
proximité des Presidios ; ils ont établi à Tanger la lumière élec-
trique et le téléphone, qui va jusqu'au phare du cap Spartel, et
communiquent avec l'Espagne par le câble de Tarifa (immergé en
1891).
€ Les Anglais sont, très loin après les Espagnols, l'élément
européen le plus important en nombre ; mais ces résidents c an-
glais ]» sont en réalité des Espagnols de Gibraltar ou des Juifs, de
même qu'en Algérie et en Tunisie les prétendus Anglais des dé-
nombrements officiels sont des Maltais. La Société biblique de
Londres a un dépôt à Tanger; une église anglaise est en construc-
tion et s'ouvre de décembre à mai pour les hiverneurs; il y a un
hôpital anglais, comme un hôpital espagnol, et un hôpital fran-
çais; enfin un câble anglais reUe Tanger à Gibraltar {Eastern
Telegraph). Le service du sémaphore (1893) du cap Spartel, destiné
aux communications internationales, est fait par les agents du Lloyd
anglais.
€ Les autres éléments de population non indigène, à l'exception
toutefois de l'élément français, sont de minime importance. Ce
sont de 10 à 15 nationaux Italiens, et, en plus, 20 Juifs naturalisés;
de 15 à 30 Allemands avec quelques c protégés »; 6 Suédois,
10 Grecs, 3 ou 4 Ottomans, 6 Suisses romands et 7 Suisses alle-
mands, 15 Autrichiens, 6 Belges, 10 Portugais, 2 Américtdns du
Nord avec quelques Juifs naturalisés, de 40 à 50 Brésiliens qui
sont en réalité des Juifs marocains, 6 Chinois islamisés et 2 Chi-
nois chrétiens, 1 Afghan. Parmi ces étrangers européens, la France
protège les Hellènes, les Suisses romands et un Ottoman, ainsi que
les Asiatiques.
(1) Elisée Reclus {Géographie universelle) et le Dictionnaire Vivien de Saint'
Martin ne lui attribuent encore que 30,000 habitants.
184 PR0GÈ8«YERBAL.
< L'élément français proprement dit se compose de Français de
France, d'Algériens et de Marocains naturalisés, musulmans ou
juifs, et de « protégés > marocains juifs ou musulmans. Le re-
levé suivant) extrait des registres d'immatriculation du consulat
de France que m'a communiqués avec une parfaite obligeance
M. A.-L.-M. Nicolas, chancelier de la légation, fournit des chiffres
minimum^ qu'il faudrait renforcer quelque peu pour les mettre
en comparaison équitable avec les données des autres puissances :
Français de France i3î2
Musulmans algériens ^7
Juifs algériens naturalisés (décret du 24 octobre 1870). 9
Musulmans marocains naturalisés 9
Juifs marocains naturalisés ^3
Protégés musulmans (associés agricoles) 16
Protégés juifs (censaux) 5
Total 221
t Les censaux, qui figurent dans le tableau précédent, sont des
indigènes employés dans des maisons de commerce euro|>éennes
et jouissant d'immunités analogues à celles des Européens, en
vertu de la Convention de Madrid du 3 juillet 1880 (article 10, se
référant au traité de 1863). On se rappelle qu'à cette date de 1880
l'Espagne avait saisi le prétexte de quelques abus, commis au nom
du droit de protection que les consuls européens possèdent sur
leurs nationaux et sur certains indigènes, pour convoquer à Madrid
une conférence internationale; le gouvernement espagnol prit en
main la cause du gouvernement marocain qui demandait de nom-
breuses restrictions au droit de protection; mais les vues de la
France triomphèrent finalement et la Convention de Madrid con-
firma la Convention française de 1863 avec quelques légères modi-
fications. Les associés agricoles sont protégés de même en vertu
de l'article 9 de la Convention de Madrid.
€ A ce total de 221 il faut ajouter enfin 12 protégés convention-
nels à vie (en vertu de l'art. 16 de la même Convention); de ce
nombre est le chérif d'Ouâzzan, Muley-el>Arbi, dont le père avait,
à maintes reprises, mis son influence religieuse considérable au
service de la diplomatie française. L'un -des frères cadets du chérif,
Muley-Ali, a fait ses études militaires à Saumur. La famille d'Ouâs-
zan continue d'être la cliente de la France.
SÉANCE DU 8 MAI 1896.
185
€ La clientèle française au Maroc est complétée enfin par les
naturalisés, les nationaux et les protégés dont voici le détail :
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186 PROCÈS-VERBAL.
< Aux totaux qui précèdent (221 pour Tanger, 4i0 pour les
autres yilles), il faut enfin ajouter une population flottante proté-
gée de 360 à 720 personnes, et Ton arrive au total minimum de
1,021 personnes, représentant au bas mot la force numérique du
contingent français au Maroc.
c Mais la population israélite marocaine tout entière vient ajou-
ter une force nouvelle à l'influence morale de la France. On se
rappelle qu'à la Convention de Madrid du 3 juillet 1880 fut joint
un mémorandum collectif des puissances qui réclamait la liberté
religieuse pour les Juifs du Maroc. Depuis lors, une évolution
rapide s'est effectuée parmi cette population indigène, et cette
évolution, qui se manifeste extérieurement parie port du costume
européen, est favorisée par l'école.
« En dehors de Tanger, on compte 5,000 Juifs à Fez, 6,000 à Té-
touan, 8,000 à Mogador. Tanger possédait des écoles depuis 1864
pour les garçons et depuis 1879 pour les filles, et celles de Tétouan
avaient été fondées dès 1862 ; d'autres écoles furent fondées à Fez
en 1883, et à Mogador en 1888. Dans ces écoles, subventionnées
par l'Alliance israélite universelle, tout l'enseignement est donné
en langue française. L'école de garçons de Tanger, dirigée par
M. Ribbi, compte 403 élèves et a un budget de près de 15,000 francs
(subvention de l'Alliance israélite, 6,850 fr.; de la colonie ita-
lienne, 900 fr.; écolage, 3,560 fr.; de la communauté, 3,560 fr.).
Celte ruche laborieuse occupe quatre classes à chacun des deux
étages d'une maison moresque, ouvrant sur le patio ou cour
intérieure. La tenue des classes, celle des professeurs et des
enfants est parfaite ; une grande dignité de rapports lie entre eux
les maîtres et les élèves. La prononciation française est excellente.
C'est toute une population naguère humiliée qui, à vue d'œil, se
relève sous l'égide morale de la France.
< L'école de filles de Tanger, avec un budget d'environ dix mille
francs, compte de même 240 élèves ; les écoles de Tétouan ont
324 garçons et 260 filles; celle de Fez, 143 élèves; celle de Moga-
dor, 90. Bon nombre de grands journaux européens trouvent des
correspondants marocains parmi ces jeunes Israélites ; à Tanger
môme, depuis quatorze ans, paraît un petit journal hebdomadaire
rédigé en langue française, qui a pour titre le Réveil du Maroc, >
Sur deux manuscrits provenant de fAsie Centrale^ par
M. Edouard Blanc. — M. Edouard Blanc entretient la Société au
sujet de deux manuscrits curieux ayçint trait aux sciences nalu-
SÉANCE DU 8 MAI 1896. 187
relies et qu'il a rapportés de son dernier voyage en Asie Centrale.
c Ces manuscrits, de même que la plupart de ceux, au nombre
de près de deux cents, qui concernent d'autres matières et que
j'ai, dit-il, recueillis dans là même région, ont fait parlie des bi-
bliothèques fondées par Tamerlan et par ses descendants, et qui,
d'après les traditions vagues, mais unanimes, de TOrient, ont été
d'une grande richesse scientifique et littéraire. li'importance de
Samarkande, de Boukhara et d'autres villes voisines au point de
vue de l'enseignement philosophique et des lumières intellectuelles
remoate d'ailleurs bien plus loin que la fondation de l'empire
timouride (xiv^ siècle). Dés l'époque du premier empire mongol
(xir siècle) et même dès l'époque des Samanides (\* siècle), la
renommée universitaire de Samarkande et la réputation de ses
richesses bibliographiques s'étendaient au loin, jusqu'au fond de
la Ghioe, et l'écho en était porté jusqu'en Europe.
c Toutefois, d'après les débris épars que j'en ai pu observer, les
livres de controverse religieuse d'abord, puis ceux de jurispru-
dence, y tenaient la plus grande place. Ensuite venaient la poésie
et l'histoire, intimement liées l'une à l'autre, et les ouvrages des
grammairiens ou des conteurs. Les sciences, et surtout les sciences
naturelles, ne tenaient qu'un rang secondaire, au moins sous le
rapport de la quantité des matériaux, et, parmi les sciences, l'as-
troDomie, l'astrologie et les mathématiques paraissent avoir
fourni la matière d'ouvrages plus nombreux que ceux d'histoire
naturelle.
€ Les manuscrits traitant de cette dernière branche sont fortrares.
Gomme les autres, ils ont été dispersés et parfois cachés, lors des
nombreuses révolutions politiques dont la Boukharie a constam-
ment, depuis plus de quatre siècles, été le théâtre. C'est en géné-
ral entre les mains des représentants du clergé musulman qu'il
faut les chercher aujourd'hui. Leurs détenteurs actuels s'en
servent pour se donner du prestige aux yeux des foules, et leur
attribuent souvent des vertus magiques. Aussi s'en dessaisissent-
ils très difficilement.
€ Le premier des deux livres qui nous occupent aujourd'hui a été
découvert par moi dans le khanatde Boukhara, lors de mon premier
voyage, en 1890. Faute de décision suffisamment rapide, je n'ai
pu m'en emparer, les pourparlers que j'avais entamés pour son
enlèvement ayant donné lieu à des difficultés, d'ordre religieux,
que je n'ai pu résoudre, et qui se sont terminées par la disparition
du volume en litige. Depuis lors j'ai essayé vainement, à plusieurs
186 PROCÈS-VERBAL.
reprises, d'en devenir acquéreur, par l'intermédiaire de manda-
taires, les uns Européens, les autres indigènes. Ces démarches
n'ont pas réussi; le livre est demeuré introuvable. Un voyageur
français présent à la séance d'aujourd'hui, M. Musté, qui arrive
de la Mandchourie et de la Sibérie orientale, mais qui précédem-
ment a passé quatre ans en Asie Centrale, a donné la chasse, pen-
dant deux ans, sur mes indications, à ce manuscrit, sans paryenir
à se le faire livrer. Enfin, l'hiver dernier, bien résolu d'avance à
m'en emparer à tout prix, je l'ai retrouvé moi-même et l'ai em-
porté, en en faisant l'acquisition, non sans certaines difficultés,
mais sans lui donner le temps de disparaître de nouveau. En cher-
chant ce volume j'ai trouvé le second, dont je parlerai ensuite, et
qui lui est supérieur par l'exécution.
c Le premier de ces manuscrits, celui que j'avais vu lors de mon
voyage de 1890-1891, est le plus ancien, sinon quanta la composi-
tion, du moins quant à la date de la copie. Celle-ci remonte à l'an-
née 997 de l'hégire (1589). La composition même de l'ouvrage, ou
du moins de sa partie principale, date de 730 de l'hégire (1329
ap. J.-C). Son titre est Iktiarat-i-Isedavi (Choix pour la Princesse) ;
il fut en effet composé pour une princesse dont le nom persan était
Bedi-el-Djomal (Perfection de la beauté). L'auteur se nomme Ali-
ibn-el-Hassan-el-Ansari, plus connu, dit la préface, sous le nom
d'Hadji-Zeyn-el-Attar (Le pèlerin ornement des botanistes).
c Avec cet ouvrage principal, composé de 986 pages, écrit en per-
san, est relié un autre ouvrage, moitié en persan, moitié on arabe,
qui est une sorte de répertoire des plantes médicinales, et qui
paraît être l'ouvrage intitulé Iktiarat-el-bedi-fi-Adovat (Du choix
des médicaments simples), déjà connu comme composé en 770 par
le même auteur (1).
c Ce livre n'est pas remarquable par la perfection de son icono-
graphie, qui est assez grossière. Cependant, toutes sommaires
qu'elles sont, ces figures ont de l'importance, d'abord par leur
nombre, qui est considérable, puis par ce fait que, malgré l'im •
perfection de l'organographie, chacune d'elles présente en géné-
ral quelques caractères saillants qui suffisent pour faire reconnaître
de quelle espèce végétale il s'agit. Car c'est surtout au point de
vue de la botanique que ce manuscrit est précieux. Les animaux,
beaucoup moins nombreux, ot d'ailleurs plus connus d'après les
textes préexistants, sont moins intéressants. Leur identification,
(1) Cf. Catalopruc des maiiiiscrits porsans du Britisli Miisenm.
SÉANGE^DU 8 MA1^1896. 189
dans la terminologie orientale, ne prête pas à autant d'incerti-
tude que celle des végétaux.
cCe manuscrit est remarquable aussi par sa bonne conservation
et par sa parfaite lisibilité. Il est en effet bien complet, très clai.
rement calligraphié et dans un état vraiment exceptionnel pour
soD ancienneté. Les couleurs des figures sont aussi fort bien con-
servées.
( Il est écrit sur un papier en bourre de soie ; il se compose de
1,044 pages, et renferme 510 figures coloriées. La reliure, faite en
Boukharie, dans le style persan, est ancienne. Elle est recouverte
en peau de chèvre.
c L'intérêt de ce manuscrit repose principalement sur les consi-
dérations suivantes. On sait quelle place tiennent les noms bota-
niques dans la littérature orientale et dans la vie même des Mu-
sulmans en général. Les Musulmans d'Asie, comme ceux d'Afrique,
habitant surtout des pays désertiques, où la lutte contre la famine
ou tout au moins le problème de la nourriture des troupeaux sont
permanents, connaissent les plantes sauvages beaucoup mieux
que ne le font nos paysans européens . Pour eux, chaque herbe,
chaque sous-arbrisseau a un nom, et les gens les moins instruits,
les simples chameliers par exemple, distinguent fort bien, entre
espèces voisines, des plantes dont les caractères spécifiques sont
souvent minutieux ou à peine apparents. Là où des paysans ou
colons français ne verraient que c de Therbe > ou < de la brous-
saille > et n'auraient même pas l'idée qu'il y ait lieu d'établir des
distinctions spécifiques, les nomades orientaux donnent, avec
sûreté, des noms divers et spéciaux. Leurs écrivains et leurs géo-
graphes ne manquent jamais, lorsqu'ils décrivent une contrée, de
signaler minutieusement les plantes qui y croissent spontanément.
Cest là, en effet, une indication précieuse, non seulement en ce
qui concerne la richesse du pays ou la facilité que l'on peut avoir
à y subsister et à y faire la guerre, mais aussi quant à la nature
géologique du sol et quant au climat, tous deux eu corrélation in-
liniG avec la flore. Mais, cette flore, ils ne peuvent l'indiquer que
par des noms usuels, empruntés à leur langue, c'est-à-dire aux
langues sémitiques, iraniennes ou turques. Us n'ont pas à leur
disposition la nomenclature linnéenne. Aussi, tout en sachant
fort bien ce qu'ils veulent dire, ne peuvent-ils nous le faire com-
prendre. C'est pourquoi il est de première nécessité, pour ceux
qui veulent étudier la botanique de ces régions ou lire les anciens
géographes arabes, de posséder des tableaux de concordance. Or,
soc. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. — N" 10, 11 et 12. 14
190 PROCÈS-VERBAL.
ces tableaux de concordance sont, dans Ja pratique, très difficiles
à établir. On en voit la preuve dans les gloses interminables, et
finalement incertaines dans leurs conclusions, malgré toute la
science de leurs auteurs, qu'ont rédigées les commentateurs eu-
ropéens qui, depuis trois siècles, se sont occupés des vieux natu-
ralistes et géographes orientaux.
c Aussi le manuscrit que nous présentons rendra-t-il, nous l'es-
pérons, un réel service. Les noms de plantes qui y. figurent en
grand nombre sont écrits en rouge dans le texte, de sorte qu'il
n'est pas nécessaire d*être bien savant orientaliste pour les
retrouver, ils sont accompagnés de figures coloriées. Ces figures,
bien qu'imparfaites, comme nous l'avons dit, suffisent parfaite-
ment à lever les doutes dans la plupart des cas. Tout au moins
simplifient-elles beaucoup les interprétations, dans les cas où,
comme cela a lieu encore maintenant, on en est à se demander si
tel nom oriental désigne un palmier, un nénuphar ou un jujubier.
c A ce titre, le manuscrit dont je parle et qui appartient main-
tenant à la bibliothèque du Muséum, où il pourra être consulté
utilement, comble une importante lacune. Les noms qu'il renferme
sont pour la plupart persans ou turcs; quelques-uns sont arabes.
D'ailleurs, on sait que pour les termes d'histoire naturelle, le per-
san et le turc ont emprunté beaucoup de noms à l'arabe.
€ Nous n'entreprendrons pas de passer en revue ici la liste si
longue des botanistes et des géographes arabes. Nous nous bor-
nerons à indiquer principalement comme devant être rapprochés
du manuscrit qui nous occupe les textes des deux El-Khozremi et
d'Ibn-Batoutah à cause de l'identité des régions décrites, et aussi
l'ouvrage d'Abd-Allathif, où la botanique tient une si grande place
et où les noms turcs et persans se mélangent aux noms arabes.
c Parmi les auteurs européens modernes nous renverrons princi-
palement à la liste de noms vernaculaires établie par Ascherson et
qui s'applique, sinon tout à fait à l'Asie Centrale, du moins à des
contrées limitrophes, et où les noms botaniques cités appartiennent
aux mêmes dialectes.
« Le second de ces manuscrits, le plus petit, est incontestable-
ment le plus précieux. Son exécution est très supérieure à celle
du précédent. 11 renferme de nombreuses figures (408) dont l'exé-
cution est très remarquable pour l'époque et dont les couleurs
sont extraordinairement bien conservées. Le nombre des pages du
manuscrit, écrit sur papier de riz, est de 502. La copie paraît re-
monter au xvi« ou même peut-être au xvii'' siècle ; mais la composi-
SÉANCE DU 8 MAI 1896. 191
lion du texte lui-même est beaucoup plus ancieune. Elle date de 580
de l'hégire (1184 ap. J.-C). L'auteur est indiqué comme se nommant
Yezidiou Yezdi. Ce nom, ou plutôt ce surnom, a été porté par plu-
sieurs auteurs orientaux, dont plus d'un a été célèbre, et qui vivaient
à des époques différentes (1). Le titre de Touvrage est Farrukh-
Nameh'Djemali (le livre glorieux d'El-Djemali). Malheureuse-
ment, la reliure a été renouvelée ; le cartonnage actuel a été fait à
Boukhara tout récemment, suivant la mode indigène d'aujourd'hui.
« Ce volume paraît d'ailleurs être la réunion de plusieurs ou-
vrages dont l'ensemble forme une véritable encyclopédie des
connaissances scientifiques de l'auteur ou des auteurs. Mais les
sciences naturelles y tiennent de beaucoup la place la plus impor-
tante.
€ L'ouvrage est divisé en plusieurs parties. Le titre de l'une
d'elles, qui ne s*applique peut-être pas à la totalité du volume, est
De la Connaissance des êtres animés.
c Cette première partie est consacrée uniquement à l'histoire
naturelle descriptive. Elle passe en revue, d'abord la zoologie,
ensuite la botanique et enfin la minéralogie. La section zoologique
est la plus remarquable. Les animaux sont nombreux, peints avec
soin; la plupart d'entre eux sont aisément reconnaissables. Ce qui
est à noter particulièrement, c'est que quelques-uns de ces ani-
maux, connus au moyen âge des habitants de l'Asie Centrale, pa-
raissent appartenir à l'archipel malais ou aux îles de l'Océan In-
dien, notamment à Madagascar. Il s'y trouve en effet des Lémuriens
et même, si l'on ne faisait la part de l'inhabileté du dessinateur,
on y pourrait reconnaître le Thylacine d'Australie.
c La botanique tient moins de place que la zoologie* Elle est
cependant intéressante et beaucoup de plantes sont reconnais-
sables, plutôt par leurs fleurs, leurs fruits, leur couleur, que par
leur port, qui est généralement dénaturé.
€ La minéralogie est, comme ou pouvait s'y attendre, la partie
la plus faible. L'auteur, n'ayant pas la moindre notion des formes
propres des minéraux, s'est borné à représenter la plupart des
pierres rares comme de simples blocs, en forme de tubercules ou
de rognons, et les roches moins précieuses comme des masses
plus grosses auxquelles il a donné une forme arbitraire* Il en
(1) Le plus connii est l'auteur de la traduction arabe d'ËucHdc. 11 mourut vers
l'an 1200 de l'hégire. Celui dont II est question ici naquit dans la ville de Yezd, eu
Karamanic, et porta le nom de Abou-Bekr-al-Motafl'ar-ibn-Abou-el-Kasini-ibn-Saïd-
eUDjemali;
192 PROGÈS«VERBAL.
énumère les noms et signale leurs propriétés, pour la plupart fa-
buleuses. Tout ce qu'on en peut conclure, c'est que les contem-
porains de l'auteur n'avaient aucune idée de la cristallographie, et
n'entrevoyaient que vaguement la stratigraphie.
c La seconde partie de Touvrage est relative à Tanatomie hu-
maine. 11 s'y trouve plusieurs figures, très intéressantes parce
qu'elles nous renseignent sur l'étal des connaissances des habi-
tants de l'Asie Centrale en cette matière à l'époque où a été écrit
le manuscrit, chose sur laquelle nous n'avions pas la moindre
donnée jusqu'à ce jour. Nous signalerons un schéma de la circula-
tion sanguine, en plusieurs couleurs, erroné mais cependant fort
curieux; un schéma de la gestation chez la femme, également en
plusieurs couleurs, et enfin un squelette, étonnamment inexact,
surtout si l'on considère la facilité relative que présente l'observa-
tion du système osseux.
€ La troisième partie du livre contient de nouveau un peu de
zoologie descriptive et un certain nombre de figures d'animaux
bien reconnaissables, puis des animaux chimériques, également
coloriés et dont les formes sont, tantôt bien connues de nous,
comme celles de la licorne, par exemple, tantôt tout à fait nou-
velles pour les Occidentaux. Il est intéressant pour les zoologistes
de pouvoir apprendre quel était au juste le pelage de la licorne,
point sur lequel les données manquaient; ils reconnaîtront aussi
avec plaisir la guivre des vieilles légendes françaises du moyen
âge, reconnaissable, ici comme en Occident, à l'escarboucle
qu'elle porte entre les yeux. Le serpent de mer ji'a garde de man-
quer à l'appel. Nous voyons là encore le portrait d'un dragon marin,
dont la provenance est bien nettement chinoise et dont l'importa-
tion par voie de terre, à la suite des invasions mongoles, à travers
les steppes sibériennes» est assez probable.
c Remarquons aussi un dragon à trompe et à cornes, portant
sur le dos de nombreuses bosses charnues, et qui a eu sans doute
pour origine la découverte de quelque squelette de mammouth.
c II est curieux de voir de quelle façon les habitants de l'Asie
Centrale ont reconstitué le mammouth d'après les ossements qu'ils
avaient dû trouver en Sibérie ou en Mongolie. Ils ont pris ses
défenses pour des cornes et ont cousidéré chacune des puissantes
apophyses épineuses de ses vertèbres comme l'axe d'une bosse dis-
tincte, au lieu de les noyer toutes dans une seule masse musculaire.
Il en est résulté un animal d'aspect beaucoup plus léger que le
type véritable, et, ce qui est assez remarquable, c'est qu'ils n'ont
SÉANCE DU 8 MAI 1896. 193
pas méconnu l'existence de la trompe. Ils n'ont pas eu connais-
sance de la fourrure si caractéristique, ce qui pourrait faire sup-
poser qu'il a existe une forme méridionale à peau nue ou sim-
plement que les paléontologistes orientaux n'ont connu que des
spécimens de squelettes conservés à l'air libre et non dans la glace.
c Parmi les monstres de ce recueil nous retrouvons aussi le Vieil-
lard de la mer, connu des auteurs arabes aussi bien que des Latins,
et qui répond au signalement donné par El Kazuini.
€ M. Berger de Xivrey a publié, en 1836, un ouvrage, fort inté-
ressant et devenu rare, sur les traditions (ératologiques de l'Occi-
dent et sur quelques-unes de celles de l'Orient (1). De même que
dans notre manuscrit, il a examiné non seulement les monstruosités
individuelles {monstra)y mais aussi les formes zoologiques fabu-
leuses {hellitœ). Il nous semble que de la juxtaposition et de la
comparaison des deux textes pourront sortir des éclaircissements
intéressants. Il y a lieu surtout de comparer le manuscrit que nous
présentons aujourd'hui avec les traditions fabuleuses contenues
dans l'ouvrage grec qui porte le nom de Roman d'Alexandre y ou
Psmdo^allisthène (2). Dans cet ouvrage dont il a existé de nom-
breuses variantes écrites du ir au iv* siècle, les écrivains de l'école
d'Alexandrie ont accumulé une quantité de traditions ou d'inven-
tions fabuleuses, plus ou moins fondées et réunies entre elles par
un mythe commun, l'épopée du conquérant macédonien, qui aurait
entrepris, suivant eux, d'aller jusqu'aux limites de la terre. Ce
texte grec a été traduit, amplifié et dénaturé à maintes reprises
au moyen âge. On en possède plusieurs versions en vieux français
et en latin. La partie qui se rapporte le plus spécialement à notre
sujet est celle qui est intitulée Merveilles d'Inde. C'est une lettre
apocryphe, soi-disant écrite par Alexandre à sa mère Olympias et
à son maître Aristote, et où il leur rend compte de ses découvertes
et de ses aventures dans les régions extrêmes de son empire. Cette
partie, souvent publiée à part, a joui d'une grande faveur au moyen
âge. Elle a été paraphrasée et démesurément augmentée par lesau-
(i) Cf. Jules Berger de Xivrey, Traditions tératologiquet, ou Récits de l'anti-
quité et du moyen âge en Oecidentt sur quelques points de la fable^ du merveH-
leux et de Vhistoire naturelle» publiés d'après plusieurs manuscrits inédits grecs,
latins et en vieux français. Paris, Imprimerie royale, 1836, 1 vol. in-8».
(3) Le texte grec en a été publié, d'après les Aianuscrits de la Bibliothèque
nationale de Paris par G. MiïUer, dans la Bibliothèque Didot (1846). — Cf. Miiller,
Notice dans son édition du Pseudo-Callisthène. — Sévin, Mém. de TAcad. des
inscr., t. VIII. — J. Ludblad, Dissertatio de Callisthene, Alexandri magni comité
(1803).
194 PROCÈS-VBRBAL.
teurs de cette époque, qui y ont intercalé toutes les légendes, c©n-
cernant l'histoire naturelle et la géographie, qu'ils ont pu recueil-
lir ou imaginer. Nous citerons notamment la version de Jehaa
Wauquelin (1) et celle du manuscrit de Saint-Germain-des-Prés,
n. 138 (2).
( Après une quatrième partie qui parait être une légende
intercalée^ la cinquième partie est consacrée à la tératologie.
On y voit toute une série de monstres : les uns reproduisent des
types bien connus de nous et dûment observés, tels que les
monstres doubles, bicéphales, ou polydactyles, les êtres manquant
de certains membres ou pourvus de membres supplémentaires ;
d'autres, s'ils avaient pu exister, laisseraient derrière eux tout ce que
nos observateurs occidentaux ont pu constater de plus prodigieux.
€ Cette même partie de Touvrage passe en revue également, à
côté des monstres individuels, une nouvelle série d'animaux fabu-
leux, puis les types des peuplades monstrueuses ou réputées telles ;
enfin, après les parties précédentes du livre, qui décrivaient les
animaux puis Thomme lui-même, on examine ici les êtres vivants
supérieurs à Thomme, c'est-à-dire les génies et les esprits élé-
mentaires de Pair, de la terre, du feu et de l'eau. Des figures
tout à fait précises et élégamment coloriées nous renseignent
exactement sur leur physionomie.
< Enfin, la sixième et dernière partie, qui fait ou a l'intention de
faire de ce livre une véritable encyclopédie des connaissances
humaines, passe en revue sommairement et en se bornant d'ail-
leurs à en indiquer le cadre, toutes les sciences et tous les arts,
parmi lesquels les sciences occultes tiennent le premier rang.
Une ou plusieurs figures sont consacrées à chaque branche. Après
nous avoir parlé de Tarithmétique, de la géométrie, de Tescrime
à pied, à cheval et même à éléphant, avec figures à l'appui, l'au-
teur, en passant par l'astronomie, aborde les régions les plus
élevées de la cabale et des sciences transcendantales et il nous
indique le parti qu'on en peut tirer pour les recherches expéri-
mentales. Ainsi nous voyons un opérateur qui traite familièrement
le soleil et la lune; d'autres, protégés par une sorte de cloche à
(1) Cf. Manuscrit français de la bibliothèque du Roy, n° 7518, contenant l'his-
toire laquelle remonstre les nobles emprises, fais d'armes et conquestcs du hault,
noble et vaillant conquérant Iç roy Alixandre, par lui faittes et acheuées, en con-
quérant le monde.
(2) Cf. l'ancien manuscrit de Saint-Germain-des-Prés, n° 138. — Propriétez des
besles qui ont niaj^nitudc, force et povoir en leurs brutalitez (ix» livre du Roman
d\Ale.randré).
SÉANCE DU 8 MAI 1806. 195
plongeur, explorent le fond des mers; d'autres volent par-dessus
les montagnes dans des appareils ad hoc. A signaler dans cette
partie une figure bien curieuse. Elle est relative à la connaissance
de la poussée du sang dans les artères, et, vu la date du manuscrit,
cette observation est intéressante. Nous savons, en effet, que c'est
Harvey, le médecin de Charles 1*', qui, en opérant sur les biches
de la forêt de Windsor, observa le premier méthodiquement et
chercha à mesurer expérimentalement la pression du sang dans
le système artériel. Sans aller jusqu'à dire que les Boukhares
l'aient devancé dans cette voie, signalons une figure indiquant
une expérience fort simple pour le pays où elle se passe : un
opérateur coupe la tête du sujet à l'aide d'un sabre et des deux
carotides s'élèvent deux jets de sang dont notre savant boukhare
s'attache à évaluer la hauteur et à chercher la cause.
i Ce manuscrit, intéressant surtout par les notions qu'il nous
donne sur le degré d'avancement des connaissances des peuples
de l'Asie Centrale dans l'histoire naturelle, à une époque déjà
reculée, appartient maintenant, comme le précédent, à la biblio-
thèque du Muséum.
f Parmi les observations contenues dans ce volume et concer-
nant les peuples étranges, il en est une assez curieuse pour les
géographes et qui ne manque pas d'à-propos en ce moment où la
question des prétendus hommes à queue, maintes fois controversée,
a été de nouveau portée devant la Société d'une façon scientifique
avec plus d'autorité et de précision qu'elle ne l'avait été jusque-là.
C'est, on le sait, en Indo-Chine, chez les Dayaks, que les indi-
vidus présentant, s'il faut en croire les rapports, cette particula-
rité ont été signalés en dernier lieu; c'est aussi dans la même
région, du côté du sud-est par rapport aux auteurs, que notre
manuscrit place l'habitat des peuples munis d'un appendice cau-
dal. 11 nous en donne la figure. Les uns sont rouges, les autres
noirs. Mais, ce qui est remarquable, c'est qu'en même temps ces
personnages sont figurés comme présentant une déformation toute
spéciale du lobe des oreilles. Or c'est justement chez les Dayaks
que l'on observe encore aujourd'hui une pareille déformation; ces
indigènes arrivent à bypertiophier prodigieusement les lobes de
leurs oreilles et à leur donner une forme monstrueuse en y en-
fonçant des morceaux de bois de calibre progressif.
c (Ju'il s'agisse ou non des mêmes peuplades, cette coïncidence
est intéressante à signaler. Elle a été remarquée par notre col-
lègue M. Deniker, le savant bibliothécaire du Muséum. >
196 PROCÈS-VERBAL.
La Nouvelle-Zélande, — M. Pierre Leroy-Beaulieu raconte ses
souvenirs de la Nouvelle-Zélande qu'il a visitée en août et sep-
tembre de l'année dernière. Située aux antipodes de l'Espagne
et du golfe de Gascogne, à trente-deux jours de TËurope par la
voie d'Amérique qui est la plus rapide, cette colonie anglaise,
grande comme la moitié de la France, est une terre de contrastes
et d'étrangeté. La plus septentrionale des deux iles est le théâtre
de phénomènes thermiques extraordinaires : le grand massif vol-
canique du Tongariro qui se dresse au centre de Tîle, et dont l'un
des anciens cratères, rempli par un lac tantôt gelé, tantôt bouil-
lant, ne suffit pas à Téchappement des vapeurs souterraines qui se
dégagent du sol de toutes parts dans les fumerolles, les geysers»
les volcans de boue des bords du lac Rotorua. Les dépôts miné-
raux des sources chaudes ont formé en maints endroits de magni-
fiques terrasses dont les deux plus belles, la terrasse rose et la
terrasse blanche, ont malheureusement disparu en 1886, dans une
terrible éruption volcanique. Les grands glaciers, les lacs, les
fjords plus beaux que ceux de la INorvège qui se trouvent à Textré-
mité de Tile du sud dont le plus haut sommet s'élève à
3,700 mètres, ne sont pas moins intéressants que les volcans de
l'île du nord.
Mais le grand charme de la Nouvelle-Zélande, c'est sa magni-
fique végétation d'arbres toujours verts dont le plus beau est le
kauri et surtout l'exubérant sous-bois de fougères arborescentes
grimpantes et rampantes. Ce pays, dont la colonisation ne remonte
guère au delà de cinquante ans, est aujourd'hui habité par une
colonie active de 600,000 Européens, presque tous d'origine bri-
tannique. On y trouve des mines d'or importantes, mais la prin-
cipale ressource du pays, c'est l'élevage des moutons dont l'archipel
contient plus de vingt millions et dont plusieurs centaines de
mille sont chaque année abattus pour être expédiés en Europe à
l'état de viande congelée. Mais ce n'est pas seulement aux viandes
des antipodes que l'application du froid permet de venir lutter
en Europe contre les produits indigènes; le beurre et même les
œufs arrivent aussi sur les marchés européens grâce aux mêmes
procédés. Les colons de la Nouvelle-Zélande, si entreprenants au
point de vue économique, ne sont pas moins hardis an point de vue
social : ils ont été les premiers à accorder aux femmes les mêmes
droits politiques qu'aux hommes et celles-ci s'en servent avec ardeur.
A côté des colons se trouvent encore 40,000 des anciens indi-
gènes, les Maoris, qui décroissent lentement et dont M. Pierre
SÉANCE DU 8 MAI 1896. 197
Leroy-fieaulieu a raconté la longue résistance aux Anglais.
Qaoiqulls fussent cannibales à cause sans doute de l'absence de
toat mammifère dans Tarchipel) ce n'étaient pas des sauvages in-
férieurs. Grands, bronzés, mais non pas noirs, les traits presque
européens, mais souvent défigurés par des tatouages d'une extrême
complication, ils se rattachent à cette mystérieuse race polyné-
sienne qui ne sera bientôt plus qu'un souvenir. Ils cultivaient la
terre, tissaient les fibres du phormium dont ils confectionnaient
leurs vêtements et se faisaient constamment la guerre. Fort intel-
ligents, ils se civilisent au contact des Anglais» ils ont même des
représentants au Parlement, dont l'un passe pour le meilleur
orateur de cette assemblée. Mais encore quelques générations et
ils auront été absorbés par la population européenne à l'avantage
sans doute de la civilisation mais au détriment du pittoresque et
de la poésie.
Le Président, après avoir remercié M. Pierre Leroy-Beaolieu de
son intéressante communication, ajoute c qu'il est particulièrement
heureux de voir des hommes jeunes et instruits comme notre- col-
lègue, donner ainsi le bon exemple à nos contemporains, en ne
reculant devant aucune difficulté pour aller bien loin élargir le
champ de nos connaissances. M. Pierre Leroy-Beaulieu a senti que
noblesse oblige et il a fait honneur au nom si estimé qu'il porte ».
— La séance est levée à 10 h. et demie.
MEMBRES ADMIS.
MM. Chantre (Ernest); Croisé (Georges); Veisseyre (François-
Henri-Félix); du Pré de Saint-Maur (René).
CANDIDATS PRESENTES.
MM. Ernest de Sasseville {Ch, Maunoir et Emile Bertaux);
— Amelot (Gaston), attaché à la résidence de France au Cam-
bodge (Le Myre de Vilers et Maunoir); — de .lermon (Maurice),
explorateur (comte de liizemont et de Jermon)\ — Louis Poul-
lenol {Georges Croisé et Maunoir),
198
ÉTAT DES RECETTES ET DÉPENSES
DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
Pendant l'année 1895.
RECETTES.
Location de salles 9 385 d
Revenus divers 110 10
Cotisations, diplômes et dons :
Cotisations arriérées 4 101 »
— courantes 47 360 »
— anticipées 648 »
Diplômes 2 600 »
Dons 100 » 54 809 »
Abonnements, vente des publications et divers 3 884 »
Allocations des Ministères 1 735 »
Divers 47 7 80
Total des recettes 70 400 90
Excédent des dépenses sur les recettes 3 878 43
74 279 33
DÉPENSES.
Service de l'emprunt 13 621 66
Entretien de l'hôtel 759 30
— du mobilier 60 45
Bibliothèque 600 45
Friiis de recouvrement des cotisations 1 873 85
Impressions et publications :
Comptes rendus des séances, Bulletins trimestriels (texte
et cartes) 15 130 75
Frais d'envoi 1 761 16 16 891 91
Secrétariat 6 856 55
Frais généraux :
Personnel, assurance, chauffage, éclairage, eau. contribu-
tions, etc 28 155 85
Prix divers 1 511 68
Séances, expositions, élections, banquet, propagande, etc. 3 947 63
Total des dépenses 74 279 33
199
BILAN
DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
Au 31 décembre 1895.
Actif.
Hôtel boulevard Saint-Germain 408 156 01
Mobilier 34 118 24
Bibliothèque 1 »
Valeurs diverses 432 731 51
Service des prix et des souscriptions. Comptes débiteurs. 4 076 67
De Rothschild frères, compte coupons. Solde créancier... 7 567 23
— compte ordinaire. — 93 21
Mirabaud-Paccard, Puerari et O* — 2 778 10
— compte legs Poirier... — 20 252 25
— compte conversion — 818 30
Espèces en caisse 6 014 86
Divers à recevoir 1 601 65
918 209 03
Déficit au 31 décembre 1894 52 448 13
Déficit 1895 3 878 43
[moinsi Recettes exceptionnelles 2 700 » 1178 43 53 626 56
971 835 59
Passif.
Capital différé 150 600 »
Emprunt obligations , .- 272 100 )»
Obligations amorties. 27 900 »
Fondations diverses 432 131 51
Coupons restant à payer G 638 25
Obligations remboursables restant à payer 600 t
Obligations restant à rembourser 818 30
Service des prix, legs et souscriptions. Comptes créanciers. 72 003 0^
Divers à payer 8 269 51
Divers 775 »
971 835 59
20ri
ERRA TIM
A la séance du if i fé?rier de cette année, M. René Atlain a pré-
tenté qaelqnes observations relatives à la langue basque (G. R.,
p. 9i-ff2). Il craint qu'une pbrase du texte, celle qui commence
par ces mots : < M. R. Ailain voudrait» qu àcôté de renseignement
do français, i côté de la connaissance obligatoire (à l'école) de
l'espagnol... > ne prête à quelque confusion. 11 demande donc que
la phrase soit rectifiée en ce sens : c M. R. Allatn voudrait qu'à
côté de l'enseignement de la langue française rendue aujourd'hui
obligatoire à l'école primaire et à côté de la connaissance de la
langue espagnole, devenue plus générale par suite de l'énorme
courant d'émigration et d'immigration basque d'Europe à Mon-
tevideo et à la République Argentine, on ne perdit pas de vue
complètement l'étude de la langue basque si curieuse et si inté-
ressantte elle-même, et dont la disparition totale serait un grand
dommage, surtout pour la linguistique. »
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 MAI 1896. 20i
SÉANCE EXTRAORDINAIRE
TENUE LE 15 MAI 1896 A i/HOTEL DE LA SOCIÉTÉ
Sous la présidence
de M. BOUQUET de la «RYE, de l'institut
Président de la Société.
AUX côtés du Président prennent place : à droite, MM. le lieute-
nant de vaisseau G. Simon; le commandant Tracou, représentant le
Ministre de la Marine; William Martin, secrétaire d'ambassade,
délégué du Ministère des Affaires étrangères; à gauche, MM. Gi-
raud-Jonrdan, chef-adjoint du Cabinet du Ministre des Colonies,
délégué par ce Ministre; Milne Edwards, de l'Institut, repré-
sentant le Ministre de Tlnstruction publique; le comte de Bizemont,
capitaine de frégate en retraite, Mb.de la Commission centrale de
la Société.
Le Président ouvre la séance par Tallocution suivante :
c Messieurs, je dois tout d'abord remercier mes collègues de la
À'ociété de Géographie d'avoir bien voulu me donner leurs voix
pour la présidence de la Société.
c Nous sommes appelés aujourd'hui à entendre un des vaillants
explorateurs qui ont travaillé à notre expansion coloniale. M. Si-
mon a accompli une laborieuse tâche, celle de faire remonter
une canonnière jusqu'aux frontières de la Chine en relevant en
chemin les sinuosités du Mékong avec l'assistance de deux en-
seignes de vaisseau, MM. Le Vay et Py.
€ C'est une prise de possession réelle du grand fleuve, ouvrant
la voie ù nos marchands et à nos colons dans un pays presque
inexploré.
€ Depuis les désastres quo nous ne saurions oublier, le nombre
des explorateurs français s'est considérablement accru, et c'est
grâce à leurs efforts que notre domaine colonial est devenu dé-
cuple de ce qu'il était naguère.
( La Société de Géographie, par les récompenses qu'elle a ac-
cordées, par les encouragements qu'elle a donnés, a aidé de son
mieux à cette merveilleuse expansion.
202 PROGÊS-VERBAL;
c Nous savons quelle part ont pris dans ces travaux nos officiers
de marine et je suis iieureux aujourd'hui de saluer, au nom de la
Société, les membres de la mission Simon qui ont aidé à édifier
en face d'une plus grande Bretagne une plus grande France. »
La parole est alors donnée au lieutenant de vaisseau G. Simon,
pour faire le récit de son voyage.
Navigation du Mékong de son embouchure jusqu'au Xieng-
Kong (1). — « Appelé à Thonneur de relater devant vous notre
longue campagne hydrographique sur le Mékong, je ne me dissi-
mule pas la difficulté de ma tâche, attendu que je devrai, en es-
sayant de vous intéresser, m'efforcer de ne point abuser de votre
bienveillante attention, et vous exposer aussi fidèlement que pos-
sible les phases si variées d'une mission qui n'a pas duré moins
de trois années.
€ Je fais donc appel à votre indulgence si j'hésite parfois à en-
trer dans des détails d'historique, de descriptions, de questions
techniques, lesquelles, en dépit de leur intérêt, allongeraient trop
mon récit et m'exposeraient trop à oublier l'objet principal de
cette communication qui consiste dans le parcours du Mékong € à
la vapeur >.
< Â l'époque où le commandant Doudart de Lagrée, si brillam-
ment secondé par F. Garnier, entreprenait en Indo-Chine le célèbre
voyage d'exploration qui est encore dans toutes les mémoires, la
navigation à vapeur sur le Mékong s'arrêtait à Kratié, alors petit
village cambodgien, situé à 220 kilomètres de Pnom-Penh, aujour-
d'hui chef-lieu de province et siège d'un résident de France.
€ Les renseignements quelque peu fantaisistes qu'avaient four-
nis les Cambodgiens sur la navigabilité du fieuve à l'amont de ce
point, c'est-à-dire de Sambor à Stung-Treng et Khone, l'opinion
même de F. Garnier sur la possibilité d'y faire naviguer des va-
peurs, étaient peu encourageants. Et cela se comprend aisément
par ce fait qu'à l'époque de notre célèbre devancier, la marine à
vapeur n'avait pas à sa disposition l'outillage puissant et léger à
la fois que le progrès plus moderne a su lui donner.
< Aussi, n'est-ce que dix-huit ans plus tard, c'est-à-dire à partir
de 1895, au signal donné par M. le capitaine de vaisseau — aujour-
d'hui contre-amiral — Rêveillère, sur le torpilleur 44, avec lequel
(1) Voir la carte joiiile à ce uuuiéro.
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 MAI 1896. 203
il parvint, à la faveur des hautes eaux, à Stung-Treng, que divers
officiers de marine, MM. de Fésigny, Heurtel, Guissez, le capi-
taine des Messageries fluviales Lecoq, montant à l'assaut de ces
fameux rapides, qui sur une canonnière, la Sagaie, qui sur un aviso
de mer à roues, V Alouette, qui sur une chaloupe de Cochinchine,
VArgusy qui sur des vapeurs de commerce, le Cantonnais et le
BassaCy parvenaient successivement aux chutes de Khone et ré-
duisaient ainsi à néant les fameuses légendes du Preatapeang.
c Khone est le nom de la plus importante des nombreuses îles
entre lesquelles le Mékong laisse tomber ses eaux d'une hauteur
moyenne de 15 mètres, soit brusquement comme à Salaphe sur la
rive droite et Paphin sur la rive gauche, soit en cascades, soit en
rapides à fortes pentes.
€ Toutes ces îles, tous ces canaux sont encombrés d'une végé-
tation sauvage, donnant l'image très pittoresque d'un fleuve tra-
' versant une forêt vierge et accidentée. Le Mékong occupe ici une
largeur de 8 à 10 kilomètres.
€ Ainsi qu'on se le rappelle, les Siamois se croyant, grâce à
cette barrière naturelle, à l'abri de toute répression de notre
part, avaient passé le Mékong à Kemarat, Lakhone, Outhôoe, en-
vahissaient petit à petit l'Annam et établissaient des postes
avancés jusqu'à trois jours de Hué. Cela se passait en 1892.
f Le Gouvernement s'alarma et, pour faire droit en même temps
aux sollicitations de la Gochinchine, décida, sur la proposition de
M. Delcassé en mars 1893, l'achat de deux canonnières à hélice»
La Grandière et Massie, destinées à exercer un rôle de sur-
veillance sur le Haut-Mékong.
« Ces deux navires devaient être mis à flot au-dessus des cata-
ractes de Khone, de là franchir par tous les moyens le défilé de
Kemarat particulièrement dangereux par ses rapides, puis mon-
trer au premier jour le pavillon dans le grand bief présumé navi-
gable, qui s'étend de Kemarat à Vien-Tiane et dont la rive orien-
tale comprend le Laos d'Annam.
€ Tel était l'objet de la mission qui nous fut confiée.
c C'était en même temps une mission hydrographique dont les
travaux ayant leur point de départ aux chutes de Khone, que la
navigation à vapeur met aujourd'hui à quatre jours de Saigon, ne
devaient s'arrêter que là où il y aurait impossibilité matérielle
et absolue de passer.
€ Le plus haut possible, le plus loin possible », était le mot
d'ordre.
204 PROCÈS-VERBAL.
€ Toute latitude nous était laissée pour arriver à ce but. Avec
la direction de la flottille, le commandement du La Grandière
me revint et celui du Massie, à mon fidèle second, M. Le Vay,
aujourd'hui lieutenant de vaisseau, mais alors enseigne de yais-
seau.
€ Les canonnières comprenaient 14 hommes d'équipage, 7 Eu-
ropéens et 7 Annamites, leur armement, 3 petits canons à tir
rapide; leurs dimensions étaient restreintes : longueur 26 mètres,
largeur 3 m. 30, tirant d'eau m. 75. — Elles avaient plutôt la
forme de torpilleurs, bien que leur vitesse ne dépassât pas
10 nœuds et demi.
Les navires, démontables en 5 tranches, furent assemblés et mis
à flot à Saigon en août 1893, et leur transbordement en amont
des chutes se fit d'une seule pièce, c'est-à-dire sans aucun démon-
tage, sur un chariot construit dans ce but et roulant sur une voie
ferrée. Cette voie ferrée, large de 1 mètre, partait de l'extrémité
aval des chutes, c'est-à-dire du bassin inférieur, et aboutissait au
bassin supérieur, au travers de l'Ile de Khone.
€ L'administration des travaux publics de Gochinchine fut plus
spécialement chargée de l'exécution de ce. travail, et l'opération,
dirigée par MM. Gubiand, ingénieur-directeur des travaux publics,
Crouzat, conducteur principal des ponts et chaussées, malgré la
hâte, les difficultés et les contretemps ou tribulations de toutes
sortes que nous eûmes à subir, eut un plein succès.
« Le 31 octobre 1893, cinq mois après l'arrivée delà mission à
Saigon, deux navires, le Massie et le Ham Luong, avaient passé
les chutes de Khone.
c Le Ham Luong était une chaloupe de Gochinchine envoyée
au dernier moment en toute hâte pour remplacer numériquement
et provisoirement le La Grandière àem^xxvé désemparé à l'aval des
chutes par suite d'avaries graves de machine.
« La décrue était trop avancée pour permettre son transbor-
dement cette même année, puis il fallait renvoyer dans leurs
foyers les travailleurs cochinchiuois à bout de forces et de santé
à la suite du surmenage excessif qui leur avait été imposé. Grand
nombre d'entre eux, succombant aux fièvres et à la fatigue, ne
revirent jamais la terre natale.
« A ce moment, la navigation à vapeur, close à l'aval des chutes,
est encore très pralicable à l'amont.
€. Le Massie et le Ham Luong l'inaugurent aussitôt en parcou-
rant le bief de Bassac jusqu'au confluent de la Sémoun, gros af-
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 MAI 1896. 205
Huent de la rive droite sur lequel se trouve Oubone et consacrent
ainsi notre occupation effective du fleuve en même temps que
l'occupation des territoires que le traité de Bankok venait de nous
restituer.
c Au-dessus des chutes, le Mékong prend une ampleur moindre
mais il continue à enserrer entre ses rives un archipel inextri-
cable. A l'époque des crues, ses eaux y courent rapides et peu
profondes par mille canaux où Ton a peine à se reconnaître et en-
combrés d'arbres de toutes grandeurs que la violence du courant
ne réussit pas à déraciner.
c Une végétation spéciale, des arbustes appelés dans le pays
Kok hays, et qui semblent scellés dans la roche, s'y développe
aussi à chaque saison sèche après le retrait des eaux ; l'inonda-
tion annuelle n'arrive pas à les détruire.
c Cependant les vapeurs peuvent trouver un chenal dans le
grand bras de la rive gauche, pourvu que l'eau ne soit pas à son
plus bas niveau.
€ L'Ile la plus importante de cet archipel est Khong, également
appelée Sitan-Dong, où se trouve le chef-lieu de la province de
Khong. Le chef de notre administration dans le bas Laos, qui a
le titre de commandant supérieur, réside ici.
f D'une étendue considérable, l'ile est très riche en rizières,
ainsi que les îles environnantes. — Les villages sont nombreux, et
se touchent presque ; la population est assez dense : 10 à 12,000 ha-
bitants. En revanche, la rive gauche, moins fertile en ce point, est
fort peu peuplée sur les bords immédiats du fleuve.
c Un vapeur fait le trajet de Khone à Khong à la montée en
trois heures.
€ A noter sur la rive droite et à hauteur de Khong, un affluent
assez important parce qu'il arrose une région peuplée de Cam-
bodgiens. La province de Tonly-Repou est en effet une de ces
belles provinces cambodgiennes comme Angkor, Battambang,
Melu-Prey, que le Siam a su s'approprier A notre détriment.
c De Khong à Bassac, le grand fleuve offre un champ plus
libre à la navigation tout eu continuant à avoir une largeur
moyenne de 12 à 1,500 mètres. De hautes collines s'étendent obli-
quement au fleuve sur la rive gauche. []n barrage à Don-Sai
semble en être la soudure aux collines de la rive droite et celles-ci
à Bassac deviennent montagnes. La ville de Bassac occupe sur le
fleuve un développement de 2 à 3 kilomètres et compte environ
4,000 habitants. Peu ou pas de population sur la rive gauche
soc. DE OÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. — N" 10, 11 Bt 12. 15
SOfi PROCÈS-VERBAL.
avant d'arriver à la Se-Done, important affluent qui contourne au
nord le plateau des fiolovens et sépare les deux importantes pro-
vinces de Saravan et de Kamtong-Niaï. Malheureusement la navi^
gation y est très vile arrêtée par des chutes.
« Après une reconnaissance approfondie des rapides de Kemarat
à la faveur des eaux basses, le Massie les franchit heureusement
jusqu'à Kemarat où mon camarade Le Vay et moi parvenions le
28 février 1894.
c Ces rapides qui occupent un parcours d'environ 1*20 kilo-
mètres et finissent au village de Houa-Don-Tane, un peu au-dessus
de la ville de Kemarat, avaient la réputation d'être un danger des
plus redautables, et parmi les explorateurs qui les avaient tra-
versés, je ne pense pas qu'il en soit qui aient conclu à leur navi-
gabilité pour une époque quelconque.
c Voici d'ailleurs quelques extraits de mon journal de route,
relatifs à ce voyage. 11 s'agit du Keng-Yapeut; Keng signifie
rapide :
a: ...Le Massie est amarré à la rive droite et nous partons en
pirogue, M. Le Vay et moi, les deux guides, puis le gouverneur
laotien de Kamtong-Niaï, qui nous avait demandé passage pour
s'offrir de la berge le spectacle inédit d'un vapeur passant un
obstacle aussi redouté que le Yapeut en cette saison.
€ Depuis notre reconnaissance préliminaire en pirogue, le mois
précédent, l'eau a encore baissé de 2 m. 34; le chenal libre est
moins large, 25 mètres au plus; les eaux qui occupent immédia-
tement au-dessus de l'étranglement un lit large de GOO mètres
s'y engouffrent avec une vitesse extraordinaire, bondissant par
dessus les rochers qui bordent le chenal profond et se rejoignant
dans son milieu en vagues furieuses qui s'entre-choquent, se
brisent et tourbillonnent, emportées toujours avec une effrayante
impétuosité... Le rapide se continue ainsi sur une longueur de
300 mètres; la pente y est très accentuée...
c Si impressionnant que soit ce spectacle, nous estimons que
l'effort peut être demandé au Massie; il faut le tenter. Mais aupa-
ravant on allège le plus possible la canonnière ; les objets ainsi
débarqués seront transportés par l'équipage à dos d'homme et par
les roches de la rive droite. — Bientôt toutes les dispositions sont
prises; la chaudière est en pleine pression: 12 kilogs. Je donne
le signal du départ. M. Le Vay, qui est a la barre avec le gabier
Ménach, présente Tétrave du Massie dans les tourbillons profonds
de l'aval et nous abordons l'impétueux courant. D'un bras le
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 MAI 1896. 207
vieux pilote Bontha indique invariablement l'axe du chenal ; de
l'autre, il signale les roches qui bouillonnenl à droite et à gauche,
faisant comprendre que le moindre faux coup de barre peut nous
être fatal. L'eau fait rage sur les flancs du Massie qui roule
f comme à la mer >. — Cependant le navire se comporte bien ; il
gagne toujours, mais lentement, lorsqu'on tête, devant la pente à
gravir, une hésitation se produit.
« Un suprême effort est nécessaire ; une admirable conduite des
feux permet de l'accomplir, — et brusquement, le Massie s'élance
comme une flèche dans l'eau paisible d'amont...
c Nous trouvons encore à Keng-Kaac, et à Keng-Kalakai, les
mêmes difficultés, et le Massie accomplit de véritables prouesses.
Ce voyage dura six jours, non pas que la distance fût longue,
mais chaque obstacle sérieux demandait un nouvel examen avant
d'y lancer le navire, le caractère des rapides se modifiant avec le
niveau du fleuve et parfois même d'un jour à l'autre.
€ Puis le voyage s'effectuait à l'époque des eaux très basses,
c'est-à-dire peu favorables.
c 11 est à présumer que le Massie et, quelques mois plus tard,
le La Grandière n'auraient pas éprouvé autant dé difficultés pour
doubler ces obstacles, si les navires dont nous disposions avaient
été plus robustes et plus rapides.
€ Le Massie dut attendre trois mois devant Kemarat une crue
suffisante pour franchir le Keng-Sa, l'un des plus dangereux
obstacles de cette région, ainsi que les seuils ou barrages qui se
continuent jusqu'à Dou-Tane.
c Au delà de cette localité que Pon peut considérer comme le
port d'Oubone sur le moyen Mékong, la route est ouverte à la
navigation jusqu'à Vien-Tiane, soit un parcours de 600 kilomètres.
€ En avril-mai 1894, je dus laisser M. Le Vay, que j'avais
accompagné jusque-là, stationner avec le Massie dans ce bief navi-
gable en prenant Ban-Thakek, village situé en face de La-Khone
et sur la rive gauche, comme base d'opérations et centre de ravi-
taillement.
< M. Le Vay, débloqué du Keng-Sa où une avarie de gouver-
nail mit sa canonnière à deux doigts de sa perle, arrivait, le
10 juin 1894, à Tha-Kek et visitait successivement, sans plus ren-
contrer d'obstacles, les villes suivantes : Bang-Mouk, La-Khone,
Outhène, Saniaboury, Nongkhay, Vien-Tiane, puis reniontîiit le
Ngùm, gros affluent de la rive gauche, où Ton rencontre une
succession presque ininterrompue de forts villages.
^08 PROCES-VERBAL.
c Pendant ce temps, le La Grandière que j'étais redescendu
chercher, tout en faisant un levé hydrographique des rapides de
Kemarat, avait réparé ses avaries et se préparait à passer à son
tour les chutes de Khone.
f Cette fois, grâce à une préparation moins précipitée, tout
marcha à souhait, et le passage de la canonnière d'un bief dans
l'autre se fit en trois heures. Cela se passait le 5 septembre 1894,
à la faveur des hautes eaux. — Je voulus tenter le passage du
défilé de Kemarat dès octobre, c'est-à-dire avec un niveau encore
très élevé ; mais, en dépit des tentatives les plus opiniâtres qui ne
durèrent pas moins de deux heures, la canonnière est impitoya-
blement refoulée par trois fois par le Keng-Kokousanne, rapide,
qu'à l'époque des eaux basses, le Massie avait passé sans la
moindre difficulté. Et cette fois c'est miracle si nous pouvons
opérer une retraite heureuse après les plus émouvantes péripéties.
€ Avec la crue le fleuve se modifie complètement dans ces
parages; ainsi, au Keng-Pan-Sao, par exemple, le vaste torrent
desséché que représentait le Mékong aux basses eaux et dans
l'insondable gorge duquel le fleuve reposait paisible, est devenu
une mer bruyante et violemment agitée. Partout, sur un parcours
de 5 kilomètres, ce ne sont que brisants, vagues, tourbillons
béants, remous, houle, ressac sur les berges, bouleversement
général que subit la masse d'eau de la crue, atteignant en cer-
tains endroits 25 et 21 mètres et qui vient se heurter aux bancs
de roches, encombrant le lit du fleuve. Beaucoup de ces bancs ou
plateaux n'ont pas moins de 10 à 15 mètres de hauteur.
€ Un mois plus tard, les eaux ayant baissé, le La Grandière sur-
montaitàson tour tous ces rapides etrejoignait le Massie à La-Khouc.
« Les deux canonnières remontèrent ensemble jusqu'à Vien-Tiane,
ancienne capitale du Laos, aujourd'hui encore la plus importante
province de la rive gauche du moyen Mékong.
€ Partout sur leur passage les canonnières provoquaient l'en-
thousiasme et la stupéfaction. C'était en quelque sorte une prome-
nade triomphale de notre pavillon qui affirmait ainsi son prestige
et sa puissance.
€ Les Laotiens ne s'y méprenaient pas et l'autorité siamoise, qui
depuis si longtemps entretenait ces populations naïves dans l'idée
que les Français ne parviendraient jamais à vaincre les obstacles
du Mékong, n'eut plus dès lors qu'à s'abandonner à de moins con-
solantes réflexions.
« Le gros du problème se trouvait donc résolu; le principal
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 MAI 1896. 209
objectif de ]a mission était atteint. Trois navires au lieu do deux
flottaient au-dessus des chutes de Khone : le Ham Luong demeuré
dans le bief Khong-Bassac avec M. renseigne de vaisseau Pi; le
La Grandière et XçiMassie dans le grand bassin de Vien-Tiane.
c Pendant Tannée 1894-1895, nous eûmes enfin les loisirs de
nous consacrer plus entièrement aux travaux purement hydrogra-
phiques. M. Le Vay travailla en dessous duNgûm vers Panom, tan-
dis que, personnellement, je me réservais la partie d'amont. Vien-
Tiane était devenu pour un temps le « port d'attache > du La Gran-
dière.
€ Je vous ai parlé de hautes eaux, de basses eaux d'hiver, de
pluies; il serait peut-être nécessaire d'ajouter ici une courte expli-
cation.
f Deux saisons bien caractérisées se partagent Tannée au Laos :
saison des pluies, du 15 avril au 15 octobre, et saison sèche ou
hiver, du 15 octobre au 15 avril.
c Les pluies sont généralement très abondantes : en 189i nous
avons observé qu'il était tombée m. 233 d'eau, tandis qu'en 1895,
où il y a eu sécheresse exceptionnelle, la quantité de pluie tombée
n'a pas dépassé 1 m. 410; à Paris, le total annuel atteint, je crois,
une moyenne de m. 56.
c Au Laos, certaines journées ont donné 89 et 184 millimètres.
c La température n'est réellement pénible pour les Européens
acclimatés qu'en mars, avril, mai et octobre. En juin, juillet, août
et septembre, saison d'été, l'atmosphère est rafraîchie parles pluies.
En novembre, décembre, janvier, février, la mousson du nord-est
se fait sentir assez fraîchement dans la vallée du Mékong et j'ai vu
le thermomètre ne marquer que 7 et8"au-dessusde zéro. D'épaisses
brumes, surtout dans le Luang-Prabang et le Xieng-Khong, arrêtent
même le batelage jusqu'à 10 heures du matin.
« D'une manière générale, je crois le climat sain et plus parti-
culièrement sur le fleuve.
c A mesure que Ton remonte le Mékong à partir de Khone, la
population laotienne ne se modifie pas sensiblement en tant que
races; je ne parle bien entendu que des riverains.
f Physiquement, ce sont les mêmes hommes, aux proportions
plutôt élégantes, bien bâtis et de taille moyenne, à peu près comme
chez nous. Le teint est plus cuivré dans le bas Laos que dans le
haut. A Tencontredes Chinois et des Annamites, les Laotiens por-
tent les cheveux courts; d'aucuns, fidèles encore aux traditions sia-
moises, se rasent le pourtour de la tête et ne conservent sur
2iU PUOCÊS-VEUBAL.
le haut du cràiie qu'un toupet eu forme de brosse arrondie.
€ Les femmes portent les cheveux courts dans le moyen Laos,
comme au Siam. Cette coiffure trop rudimentaire les flatte d'autant
moins qu'elles ont les traits plutôt durs et fortement accentués.
€ Au bas Laos et au Luang-Prabang les femmes échappent à cette
coutume; de même que les Laotiennes Poueuns ou Thaïs des pro-
vinces plus reculées de la rive gauche. D'ailleurs, c'est dans ces
régions que la femme laotienne détient le record de la beauté et,
plus particulièrement à Luang-Prabang, celui de l'élégance.
€ Au moral, je ne crois pas qu'il soit possible de rencontrer un
peuple doué d'un caractère plus doux, plus conciliant, plus bon
enfant, en un mot, que le peuple laotien. Jamais de querelles, de
rixes ou de discussions entre eux ; ils s'arrangent toujours pour être
d'accord; ils aiment le plaisir sons toutes ses formes, mais en re-
vanche ils ont peu de penchant pour le travâiL
€ Les fêtes absorbent chez eux une importante fraction du calen-
drier; en dehors de cela, on trouve toujours mille prétextes à ré-
jouissances, tels qu'un mariage, la mort d'un bonze, d'un haut per-
sor.nage ou d'un riche particulier, la récolte du riz, la construction
d'une case, l'heureuse issue d'un voyage ou d'un négoce, les
offrandes aux pagodes, etc.
c Certaines fêtes durent deux ou trois jours; elles ont générale-
ment lieu autour des pagodes où l'on construit des abris légers
pour recevoir et loger tous les invités des villages environnants.
— En dehors des provisions de bouche, il faut avoir soin d'apporter
sa natte et son oreiller, car on couche sur place. — Entre eux, les
Laotiens pratiquent peu l'hospitalité; aussi chaque village possède-
t-il généralement un sala. Le sala est une sorte de grand hangar,
de forme rectangulaire, construit sur le terrain de la pagode et
destiné à servir d'hôtel aux voyageurs. Ces hôtels se bornent généra-
lement à une toiture en paille. L'entretien en est confié aux bonzes
qui, à part de rares exceptions, les laissent, comme leurs pagodes,
s'écrouler de vétusté.
f Les saisons au Laos réglementent d'une manière toute parti-
culière le programme des occupations annuelles. De mai à novembre,
la saison des pluies est consacrée à la culture et à la récolte du riz,
qui est la base de l'alimentation.
« En octobre et en novembre, on plante le tabac et le coton. Les
berges du Mékong, laissées à découvert par la baisse des eaux,
offrent un sol remarquablement fertile, favorable à ces plantations,
et cela sur une immense étendue.
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 MAI 189H. !211
c En décembre, janvier, février, la pêche bat son plein ; les
eaux étant basses, le fleuve très maniable, le poisson abonde. Cer-
tains comme le plabeuk ont la dimension du requin, sans pour cola
être doués de la même férocité, et sont d'autant plus appréciés
qu'unseulanimalpeutnourrirunefamille entière pendant un un. Cnr
il faut dire qu'après le riz, le poisson est la nourriture favorite du
Laotien; il y joint parfois du porc, du poulet, du canard, du
buffle, mais jamais du bœuf.
c En mars-avril, le Laotien répare ou reconstruit sa case ; les
arbres de la forêt, les bambous et la paille de riz en constituent
les principaux matériaux; puis il récolte le coton, le tabac, Técorco
de kok-siet.
€ L'hiver est la seule saison pendant laquelle il soit possible
de voyager; aussi les indigènes altendent-ils cette époque pour
s'occuper plus particulièrement de commerce.
« Sur la rive gauche du grand bassin navigable compris entre
Kemarat et Vien-Tiane, la population riveraine est clairsemée. Il
n'en est pas de même pour la rive droite, grâce aux prudentes
précautions prises par les Siamois, qui, à la suite de la chute de
Vien-Tiane, firent dans le Laos oriental des razzias considérables
de populations, .au bénéfice de la rive droite, et particulièrement
du bassin de la Ménam. Aussi n'est-il pas étonnant de roir au-
jourd'hui les habitants du territoire siamois se réclamer^ par mil-
liers, delà protection française, protection que, fort heureusement,
nous avons droit et pouvoir d'exercer, conformément au dernier
traité signé à Bangkok en octobre 189'^
€ En face de Bang-Monk, nous avons va â Savan-^akck un post«
administratif français, créé de toutes pièces par M. Cddeodafal, einri'
missaîre do Gouvernement an bas Laos ; ce poste commande k une
région peuplée et fort riche, mais dont la population habita plut/it
la vallée de la Se* Banghîen. Savan-Xakek po»>séde âeynh plus
d'un an barean de poste et de t*Hé^raphie, le reliant à la mar^ v/it
sor Boé, soit sur Sai;^on par B^ssac rive gauche,
< C'est i-ri la télé -ie la route de Ho*? au HéÂong par f>a/>-
Bao, roat« qui, en Iktooc s^îson, peut être pare/^nrue eu df/ua^
€ Vizj»:ït est un lie j ie p-^lenii.i^> e^Kî/re. ïjt< isU > d^ \''4,u',m *:%i
p:«r ie* Li,>î>n5 bo-:iiL-;tes ni. zL.nuiLtui h^rtk, — \jc% r,'/>rs
f i^vSts Y^ a.'ïîr^'.is r-rleTairit <rA'nr an e* xor-jriie.l et ^'.ui
|-ar> F- *»^TL.itr. se i.;-i;!:i5 i\;--d'L J qvuii '^'ia\ d* rfc,;.es
éTXfltI'W* asx'n:ei.*r* \*r\ 1>:lz*« *c fv-1 m p.'^x t/rr-if -> 6t t^
212 PROCèS-VERBAL.
point toucher, scrupule basé plutôt sur leur profond dédain pour
tout travail manuel.
f Poursuivant notre route vers Tamont^nous défilons devant La-
Khone, Outhène, Saniaboury, Ponpissay, toutes localités de la rive
droite, pour entrer dans une région plus intéressante encore, celle
de Nongkbay et Vien-Tiane.
c Mais en passant, il n'est pas inutile de pénétrer dans le Ngûra,
le plus important affluent du Mékong dans ce bief.
« Les canonnières ont remonté pendant trois jours et demi cette
belle rivière dont les méandres plus brusques et tourmentés en-
core que ceux de là Seine, arrosent un pays fertile, riche et très
peuplé, compris dans le territoire administratif de Vien-Tiane.
f A chaque coude, on découvre de gros villages de 100, 200 et
300 maisons, jusqu'à Ban-Tinkéo, situé au confluent du Nam Lik
(Nàm veut dire rivière). Le Nam Gûm cesse ici d'être navigable,
et ce serait plutôt par le Nam Lik vers Muong-Khassy que l'on
pourrait, aux très hautes eaux, pénétrer plus avant vers le nord,
parallèlement au Mékong.
« Le gibier abonde dans ces régions, et, du bord, part une fusil-
lade 'presque ininterrompue sur les innombrables paons qui fré-
quentent les berges en quête de nourriture.
c Gomme partout, nos cano&nières excitent l'admiration et la
plus vive curiosité; les indigènes nous content naïvement que les
mauvais génies qui hantent plus particulièrement le gros village
de Ban-Keun considèrent la présence de navires à vapeur en ce
point reculé du Ngûm comme une grave atteinte portée à leur
prestige et à leur puissance.
« Aussi, dans le but d'apaiser leur colère, le premier mandarin
de la localité s'empresse- t-il, à notre arrivée, de rechercher le
porc le plus gras du village pour Toff'rir en sacrifice au Pi Popp.
Mais ces offrandes onl l'avantage de toujours profiter à quelqu'un :
ce sont généralement les bonzes qui bénéficient des libéralités des
fidèles; ce jour-là, nos équipages durent faire maigre.
f 11 est un autre affluent de la rive gauche que j'allais oublier
de citer et dans lequel la navigation à vapeur est possible pen-
dant quatre ou cinq mois, sur un parcours de 50 kilomètres
environ, jusqu'à Borikane ; c'est le Nam San. Celte rivière des-
cend du Tra-Ninh, province qui mérite une mention spéciale
en faveur de son climat particulièrement doux et tempéré et
la richesse de son sol. C'est un pays accidenté et pittoresque où
l'Européen peut vivre dans d'excellentes conditions de santé et
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 MAI 1S96. â13
de confort. — Les fniits et légames de France y poussent facile-
ment ; les pluies à Xieng-Kouang sont beaucoup moins intenses que
dans les autres régions du Laos. Enfin, la population est de race
Poueun, race me, intelligente et moins ennemie du travail que les
Laotiens du Mékong.
c Nous avons un commissaire du Gouvernement à Xieng-Kouang,
sur le haut Nam San, à quinze jours du Mékong, et à douze jours
de marche de Luang-Prabang.
c Partout dans ces régions laotiennes, le meilleur accueil est
fait aux représentants de la France^ et les indigènes ne manquent
pas, en maintes circonstances, qu'ils savent au besoin faire naître,
nous en fournir les plus éloquents témoignages.
c La ville de Nongkhay est imposante par la longue étendue
qu'elle occupe sur le fleuve, environ 4 à 5 kilomètres, et sous ce
rapport elle peut soutenir la comparaison avec Luang-Prabang.
Je crois être en dessous de la vérité en fixant sa population à
8,000 habitants. C'est un groupement de formation récente que les
Siamois ont dû établir sur* la rive droite au détriment de Vicn-
Tiane. 11 y a poste siamoise et téléphone reliant Nongkhay à Korat;
mais Tun et l'autre de ces services fonctionnent avec une égale
insuffisance. Il est rare qu'un simple profane, étranger comme
nous, puisse, en payant, voir les messages transmis fidèlement.
Quant au service postal, bien qu'il se fasse sous le couvert d'en-
seignes britanniques, telles que : c Letter box », et c Royal Siamese
post office >, il gagnera encore à être passé sous silence.
€ Mais arrivons enfin à Vien-Tiane, la dernière et non la
moindre des importantes localités du moyen Mékong. Je n'ai ni le
temps ni la compétence voulus pour retracer ici l'histoire de cette
ancienne capitale à la fois royale et sacrée. Je dirai seulement
que le dernier coup a été porté par les Siamois, voilà soixante-
dix ans, à cette ville jadis si florissante et dont l'étendue occupait
sur la rive gauche du Mékong un développement de 20 à 25 kilo-
mètres ! Rien ne fut respecté par la rapacité et la cruauté des
SiaAiois, qui succédaient de près à l'invasion des Hos. Les Hos
sont les Chinois du nord du Laos. Les pagodes, les palais furent
pillés, et les gens emmenés de vive force sur la rive droite et
plus particulièrement, comme je le disais tout à l'heure, dans la
vallée de la Ménam, jusqu'à Nan.
€ Aujourd'hui il ne reste de tout cela que des ruines encore
assez importantes dont le chiff're prouve en faveur de la vitalité
de cette région — le territoire administratif de Vien-Tiane com-
2U PROCÈS-VEHBAL.
prend, si je ne m'abuse, 50,000 inscrits, — et qui, considérant
notre protection comme un grand bienfait, ne désespèrent pas
avec notre aide de voir un jour Vien-Tiane reconquérir la place
qu'elle occupait jadis dans l'histoire du Laos.
c Un jeune fonctionnaire, M. Pierre Morin, administre cette im-
portante province avec une compétence et une bienveillance
auxquelles les indigènes sont les premiers à rendre hommage.
Personnellement très épris de Vien-Tiane, je suis particulière-
ment heureux de signaler ici la judicieuse et bienfaisante impul-
sion que M. Morin a su donner au Vien-Tiane, depuis le peu de
temps qu'il y remplit les fonctions de commissaire du gouverne-
ment.
€ A partir de Sampana, localité située près de l'embouchure du
Nam-Thone et à faible distance en amont de Vien-Tiane, le fleuve
s'encombre à nouveau et abandonne définitivement la plaine pour
s'engager dans des régions montagneuses qu'il ne quittera plus.
c En février 1895, c'est-à-dire aux eaux très basses, laissant le La
Grandière à son port d'attache, Vien-Tiane, j'entreprenais le voyage
à Luang-Prabang en pirogue. Je constatais qu'aux basses eaux,
il n'y avait pas de navigation possible pour un vapeur et qu'aux
hautes eaux le voyage pourrait être tenté ; mais les bateaux dont
nous disposions ne me paraissaient pas présenter de garanties suf-
fisantes sous le double rapport de la vitesse et de la puissance.
€ Cependant la présence d'une canonnière à Luang-Prabang
devait avoir une importance politique trop considérable, le succès
d'une semblable entreprise m'apparaissait trop fertile en pro-
messes, en faveur de l'influence française dans la vallée du haut
fleuve, pour que je ne me fisse pas un devoir de mettre tout en
œuvre pour arriver à ce but.
€ Par une coïncidence fâcheuse, le régime du Mékong subit
l'année dernière une perturbation inusitée : la sécheresse se
prolongea au delà des limites normales ; la crue ne se produisit
que faiblement et pendant une très courte durée.
( Je dus attendre jusqu'au 24 août le moment favorable pour
lancer le La Grandière dans cette série de rapides qui s'étendent
sur un parcours de 350 kilomètres.
€ Je ne veux pas entreprendre le récit détaillé des émouvantes
péripéties qui marquèrent les diverses phases de ce voyage de
huit jours.
€ J'exposerai seulement, si vous voulez bien me le permettre,
les principales difficultés de cette navigation en vous donnant
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 MAI 189t>. 215
leclure de certains extraits du compte rendu de mon voyage
qui a été publié dans une revue spéciale.
€ Le ^4 août 1895, jour du départ, le niveau du fleuve atteignait
6 m. 80 àVien-Tiane, soit 5 mètres au-dessous du maximum annuel.
a: Nous rencontrons tout d'abord le Song-Ang, à liauteur du
village de Tanassa.
( Faute de 3 mètres d'eau de plus, ce gouffre présente les plus
grandes difficultés.
€ La canonnière lancée à toute pression se rapproche des tour-
billons et s'y précipite à toute vitesse (près de 11 nœuds).
c Tout d'un coup le bâtiment se couche brusquement sur
bâbord, sous l'action du courant traversier et de la barre; c'est un
moment d'inexprimable angoisse, car je sais la canonnière fort
peu stable. Cependant elle tient té^te, coupe franchement le cou-
rant et parvient heureusement à gravir la pente.
« Le 24 août, le La Grandière entreprend le passage du Keng-Fa.
Les tourbillons du grand chenal font rouler et embarder forte-
ment; la manœuvre de la barre est très pénible. Au milieu du
courant, la machine signale tout à coup une fuite de vapeur. Nous .
avançons à peine. Bien plus, la machine fait savoir qu'on ne peut
plus marcher. La situation est des plus graves. Il n'est pas pos-
sible de stopper au milieu de tous les dangers qui nous entourent,
et cependant il ne reste guère plus qu'une longueur de bateau
à parcourir pour atteindre un mouillage. J^ordonne coûte que
coûte un suprême effort. Pendant deux ou trois minutes le navire
reste immobile ; enfm, dans la machine, on accomplit un véritable
prodige ; le bateau gagne péniblement et, par une chance inespérée,
atteint le mouillage. Les mécaniciens européens, les chauffeurs
annamites ont fait preuve d'un véritable dévouement et l'équipage
entier s'est signalé par son calme et son sang-froid...
« Le 30 août au matin, le La Grandière s'amarre près du petit
village de Pak-Neun pour faire du bois et embarquer un certain
nombre de briquettes de charbon qui attendent là depuis trois ou
quatre mois. 11 faut alors franchir le redoutable Keng-Luong. Aux
basses eaux ce rapide forme une chute de plus d'un mètre; actuel-
lement le dénivellement subsiste encore bien que très atténué.
11 est réparti en plusieurs pentes ou sauts espacés sur une lon-
gueur d'environ 500 mètres. Lé niveau peu élevé des eaux rend
ce passage très dangereux. J'hésite un moment avant de lancer le
bateau et son équipage dans un tel chaos de dangers, mais il faut
passer quand même et Thésitation n'est pas longtemps permise.
216 PROCÈS-VERBAL.
La canonnière se lance en pleine pression et franchit à toute
allure un étranglement où la pente est longue et forte. Après un
passage en eau morte, elle s'engage entre les brisants; Teau
gronde furieusement de tous côtés ; le bateau a des roulis exagérés,
mais franchit néanmoins une série de sauts sans avaries. Après
une demi-heure de lutte à outrance, il parvient enfm dans une
eau tranquille où il s'arrête un moment.
< Après une demi-heure de repos, on se remet en route. Grâce
à de savants contours au milieu des brisants, des vagues et des
remous, en traversant fréquemment d'une berge à l'autre, la ca-
nonnière franchit successivement une série de sept rapides, qui ont
rendu particulièrement pénible cette journée du 30 août.
c Le Mékong a ici un aspect tourmenté et bruyant. Son lit est
obstrué par un amas de roches noires et élevées que le plus
incohérent des hasards aurait jetés là péle-môle. Quand on suit
aux eaux basses l'étroite et sombre gorge qui en constitue le chenal
unique, il vous semble parcourir le fond d'un abîme, tant la vue
est bornée de tous côtés par ces rochers sans fin entre lesquels on
ne découvre pas toujours le fleuve à 100 mètres devant soi. Sur
chaque rive, des collines à pic, hérissées de forêts inextricables,
retiennent les eaux lors de la crue, dans un ravin étroit où elles
se débattent parfois avec furie, et la ligne haute et continue de
leurs sommets, en limitant aussi la lumière du jour, constitue pour
Tensemble un cadre d'une sauvage mélancolie et d'une envelop-
pante tristesse.
€ Le l" septembre, nous abordons le Kcng-Koun. Ce rapide aux
hautes eaux est un passage des plus redoutables. La pente est
rude et demande un long effort. La canonnière se lance dans la
gorge et, faisant des efforts inouïs, refoule de sa vitesse la masse
liquide qui tombe rageusement sur l'étrave; le bateau incline
violemment sur bâbord sous cette résistance insensée, tient tête
encore, gagne, et d'un irrésistible élan, s'élance par un dernier
bond dans les eaux paisibles d'amont.
< Du Keng-Koun à Luang-Prabangla roule est désormais facile.
Les collines s'abaissent ou s'éloignent; les eaux sont plus calmes;
le lit plus large, et les berges peuplées de villages nombreux qui
s'élèvent au milieu d'une végétation variée. Sur tout le parcours
les habitants viennent en grand nombre contempler cet être
« extraordinaire ou surnaturel > qu'on appelle un bateau à va-
peur. Enfin on aperçoit Luang-Prabang, dominé de haut par le
Trom-Si, dont le « Tat > doré brille au soleil couchant.
SÉANCE EXTRAORDINAIUE DU 15 MAI 1806. 217
c La ville est enserrée par un demi-cercle de collines et les in-
nombrables villages qui constituent la capitale s'étendent à perte de
vue sur la rive gauche. Le Mékong ji retrouvé ici sa majestueuse
ampleur. La berge est noire de monde, et^ bien que les Laotiens
s'étonnent difficilement» il est facile de constater la stupéfaction
empreinte sur ces milliers de visages. Cependant bon nombre
d'entre eux, moins hypnotisés par l'élrange spectacle de l'arrivée
d'une canonnière, sont agenouillés dans une attitude toute de
respect, puis, les mains jointes et élevées à la hauteur du front,
saluent comme un dieu notre pavillon à son passage.
< On arrive à hauteur du grand escalier de pierre où aboutit la
rue Francis-Garnier, belle artère qui donne accès au cœur de la
ville. Celle-ci est pavoisée de drapeaux tricolores.
c La canonnière, pour saluer son arrivée, tire une salve de
21 coups de canon. Le détachement d'infanterie de marine et la
milice ont pris les armes; les clairons sonnent aux champs. Au
débarcadère, nous sommes accueillis par M. Yacle, commandant
supérieur du haut Laos, les fonctionnaires européens, S. M. le roi
de Luang-Prabang et le second roi. Les chefs de la colonie ont tenu
à être témoins de l'arrivée du premier vapeur qui ait pénétré dans
le Laos en remontant le Mékong à plus de 2,000 kilomètres de
la mer.
€ Divers explorateurs dont plus spécialement notre très distingué
collègue en géographie, le prince Henri d'Orléans, vous ont déjà
fait connaître Luang-Prabang, sa population, ses mœurs et vous
ont initiés aux séduisants attraits dii Muong-Luang, la ville royale.
€ Depuis lors Luang-Prabang a subi, avec notre occupation, de
notables changements tout à son avantage. Si aujourd'hui nous
y avons une ville plus digne de ce nom; si nous y sommes aimés
et respectés sans déliance; si les chefs indigènes ont su, malgré
les circonstances difficiles que nous avons dû traverser, nous donner
des preuves sincères de leur confiance absolue dans notre, protec-
tion, se convaincre de l'utilité et des bienfaits de notre civilisa-
tion ; si enfin nous avons pris en si peu de temps à Luang-Prabang
et dans tout le haut Laos une prépondérance à la fois efi'ecfive et
discrète, le principal mérite en revient, je crois, à M. Vacle, com-
mandant supérieur du haut Laos et à cette poignée de vaillants
fonctionnaires qui l'ont secondé avec tant d'intelligence et de
dévouement.
< M. Vacle est encore un ancien membre de celte célèbre mis-
sion Pavie, plialange de vaillants pionniers de notre civilisation et
218 PROCÈS-VERBAL.
de notre influence dans Tlndo-Chine centrale, qui ne comptait que
des hommes d'élite et à laquelle nous sommes redevables aujour-
d'hui de l'enthousiaste accueil fait par les indigènes à l'occupation
française du Laos.
€ J'avais laissé le Massie, sous le commandement de M. l'en-
seigne de vaisseau Pi, stationner dans le bief de Vien-Tiane où
le La Grandière ne devait plus redescendre.
« Depuis six mois déjà, M. Pi avait succédé à M. Le Vay. Ce der-
nier était rentré en France en mars 1895 à bout de forces, mais
ayant accompli jusqu'à la fin, avec une rare conscience et une com-
pétence hors de pair, la lâche importante qui lui avait été dévolue.
€ Le La Grandière était arrivé à Luang-Prabang, le l" septembre.
Les difficultés depuis longtemps pendantes dans le haut Laos
occidental venaient d'entrer dans une phase plus aiguë. 11 était
plus que jamais opportun et urgent pour nous d'appuyer nos argu-
ments diplomatiques à l'aide de justifications effectives de nos
droits basées sur des faits accomplis.
« 11 fallait montrer nos couleurs plus haut encore, au moins
jusque dans le Xieng-Khong, c'est-à-dire au cœur des territoires
qu'on avait essayé de soustraire à notre influence en en proposant
la neutralité.
€ Le 8 septembre, le La Grandière reprend sa marche ascen-
dante mais nous sommes bientôt arrêtés par la violence et le carac-
tère particulièrement dangereux que présente le Keng Hoy, rapide
situé à faible distance du confluent du Nam Hou : force nous est
de redescendre à Luang-Prabang pour y attendreune occasion plus
favorable.
c Ce Nam Hou, dont je viens de citer le nom, bien qu'il soit un
important affluent, n'est pas navigable. A défaut de mieux, on
utilise son cours pour communiquer par la rivière Noire avec Hanoï
en passant par Dien-Bien-phu, sur le Nam Ngoua, et LaïTiao, sur la
rivière Noire.
c Cette utilisation du Nam Hou donne lieu à de fréquents nau-
frages des pirogues qui font les convois, et, en saison sèche, il reste
en certains endroits à peine assez d'eau pour traîner les embar-
cations.
« Au moment où je quittais le Laos, M. Vacle faisait entreprendre
l'étude d'une route de terre, devant relier directement Hanoï à
Luang-Prabang en dix-huit jours au maximum, route qui devra être
rendue praticable aux charrettes à bœufs.
c Pour en revenir au Mékong, son ampleur à l'amont du Nam
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 MAI 1896. 219
Hou n'est plus celle d'un grand fleuve; son cours, resserré parfois,
est en majeure partie obstrué et les rapides se succèdent presque
sans interruption à certaines époques de Tannée.
€ Le 15 octobre, la baisse des eaux ayant produit un calme relatif
dans tout ce défîlé, je réussis à atteindre Xieng-Khong, après cinq
jours d'une lutte incessante contre des obstacles toujours renou-
velés. Nous avons compté là 47 rapides dont certains, comme le
Keng Khan et le Keng Lé, ont nécessité un déchargement partiel du
navire pour être en état de les franchir plus sûrement.
€ M. Dupuy, commissaire du Gouvernement dans le haut Laos
occidental, nous accueille en libérateurs.
€ Plus directemenl aux prises, dans ces régions reculées, avec
les difficultés auxquelles j'ai déjà fait allusion, nos compatriotes
avaient peine à contenir leur émotion à la vue de ce navire, vivante
image de la patrie qui parvenait quand même jusqu'à eux pour
ranimer au besoin leur confiance et leur espoir dans le triomphe
de la cause qu'ils défendaient sur place et depuis de si longs mois,
avec tant d'énergie et de ténacité.
€ L'impression que ressentit plus particulièrement M. Dupuy,
que la fièvre clouait au lit depuis plusieurs jours, en entendant
notre sifflet et nos salves d'artillerie, est tellement intense, qu'il
recouvre tout d'un coup l'usage de ses jambes, descend au pas de
course le mamelon de 80 mètres sur lequel se trouve sa résidence
au fort Carnot, saute dans une barque et se présente à bord, mira-
culeusement guéri.
€ Xieng-Khong est un gros village plutôt qu'une ville. Depuis
le Nam Ta, limite du royaume de Luang-Prabang, la race a changé :
les Laotiens d'ici sont des Youeuns de Nanou Xieng-Maï. La langue
et la prononciation difl'èrent un peu de celles de Luang-Prabang;
on rencontre aussi des Niéous (Birmans) et des Lus. Ces derniers,
presque tous originaires de la vallée du Nam Hou, sont encore au
nombre des populations de la rive gauche drainées par leâ Siamois
sur la rive droite.
€ La semaine suivante, nous visitons Xieng-Sen à 65 kilomètres
de Xieng-Khong, la dernière ville du Laos siamois sur le Mékong.
c Je fixe en ce point la nouvelle base d'opérations et le port
d'attache définitif du La Grandière,
t De Xieng-Khong à Xieng-Sen la navigation continue, pénible et
délicate, au milieu des roches; mais, à mi-chemin, nous retrouvons
la plaine et les rizières perdues de vue depuis Vien-ïiane.
« Le Mékong devient plus facilement navigable jusqu'au bas des
220 PROCÈS-VERBAL.
rapides de Tang-Ho, mais il est peu profond, encombré de bancs
de galets sur lesquels le courant s'accélère ; une grande quantité de
troncs d'arbres échoués à la suite d'éboulements des berges, par-
sèment son lit et constituent pour une coque frêle comme la nôtre,
de dangereux obstacles.
< Xieng-Sen comporte 350 cases que Ton a peine à distinguer du
lleuve, tellement elles sont disséminées et cachées derrière d'épais
rideaux de bananiers. Çà et là, quelques ruines en briques se
dressent encore, vestiges d'une ancienne grandeur qui n'a pas trouvé
grâce non plus devant l'invasion des Hos.
€ A 6 kilomètres à l'aval deXieng-Sen, le Mékong reçoit sur la rive
droite le Nam Kok, sur lequel se trouve Xieng-Haî, à SOkilomètres
du fleuve.
€ A une dizaine de kilomètres en amont, c'est le Nam Ouok qui
se déverse à son tour dans le grand fleuve, toujours sur la rive
droite. Au confluent du Nam Ouok, s'élève, depuis 1893, un poteau
marquant la frontière du Siam et de la Birmanie.
c Le Nam Kok et le Nam Ouok sont deux belles rivières naviga-
gables avec la crue sur une bonne partie de leur cours et bordées
d'une succession de gros villages dont les moindres, me suis-je
laissé dire, comptent 200 ou 300 maisons.
€ Par contre, de rares villages birmans ou youeuns peuplent seu-
lement les rives du Mékong de Xieng-Sen à Tang-ho ; on aperçoit sur
la rive droite plus particulièrement des forêts de teck, malheureu-
sement très clairsemées aujourd'hui.
€ La piraterie aurait été l'origine de la prospérité de certains de
ces villages riverains niéous, devenus aujourd'hui si rares; les écu-
mcurs du fleuve jouissaient par ailleurs d'une tranquille impunité;
leur qualité de sujets britanniques, à l'aide de laquelle ils savaient
si bien abuser et intimider les autorités de Xieng-Sen, les mettait à
l'abri de toute répression. Fort heureusement, notre annexion de
la rive gauche, le passage de MM. Pavie, Lefèvre-Pontalis.etMacey,
l'installation à Xieng-Sen d'un agent de notre gouvernement ayant
pleins pouvoirs pour contrôler et délivrer des passeports, exercer
la police du fleuve, mirent fin très rapidement à cet état de
choses. La présence là-bas d'une canonnière, garantit aujour-
d'hui d une manière définitive la sécurité et la tranquillité.
€ Enfin, nous atteignons notre dernière étape, Taug-ho, le
25 octobre 1895; nous sommes à un jour de Xieng-Lap, par
^W de latitude N., à 2,500 kilomètres de la mer et par plus
de 400 mètres d'altitude. Ici, le La Grandière est définitivement
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 MAI 1896. 2^1
arrêté, car, dans l'état actuel des choses, il faut considérer Tang-
ho comme la limite de tout ce que Ton peut oser comme naviga-
tion à vapeur, au moins avec un faible étiage.
€ J'utilisai les dernières semaines qu'il me restait à passer dans
le Mékong supérieur en attendant l'arrivée de mon remplaçant, à
dresser la carte triangulée de Xieng-Khong à Tang-ho, soit une
nouvelle étendue de 110 kilomètres pouvant constituer une base
exacte à laquelle il sera possible de raccorder avec plus d'exacti-
tude les itinéraires des explorateurs ou géographes qui ont par-
couru le Xieng-Khong, le Xieng-Sen et le Xieng-Kheng.
• € Laissant le La Grandière entre les mains de mon successeur
l'enseigne de vaisseau Mazeran à Xieng-Khong, je redescendis tout
le Mékong en radeau et j'arrivai à Saigon, le 8 mars, après un
voyage de cinquante-deux jours.
f Conclusions. — Voici, d'une façon succincte les conclusions
que je crois pouvoir émettre relativement à la navigabilité pratique
du Mékong à partir des chutes de Khone.
€ En principe et dès le début on sera obligé de naviguer par
biefs.
c 1*" Bief de Khone àlaSé-Moun.
f Ce bassin qui comprend Khong, Bassac, là Sé-Done et la Sé-
Moun est pratiquement navigable dans les conditions actuelles au-
dessus de Khong, de mai à janvier, soit pendant huit mois pour un
navire calant 1 mètre.
€ Entre Khone et Khong, c'est-à-dire dans l'archipel, sur un
parcours de^ kilomètres, il n'y a pour ainsi dire pas de chenal
aux très basses eaux, et j'estime qu'il n'est pas prudent de fré-
quenter ces passages tant que le niveau de Khone nord est infé-
rieur à 1 m. 50, ce qui, pour une année normale, implique une
période de cinq à six mois de navigabilité, soit de juin à fin no-
vembre.
€ 2*" Rapides de Kemarat.
c Des navires puissants, gouvernant bien et calant 1 mètre,
pourraient, sans grandes difficultés, fréquenter pendant cinq mois
les rapides de Kemarat, en novembre, décembre, janvier, mai et
juin, c'est-à-dire lorsque les eaux ne sont ni trop hautes, ni trop
basses, si l'on n'avait pas à compter avec le Keng-Sa et les seuils
ou barrages qui lui succèdent jusqu'à Don-Tane.
€ Un niveau un peu élevé est nécessaire pour franchir ces obsta-
cles, soit un minimum de 4 à 5 mètres à Kemarat même, où
rétiage total atteint 18 mètres.
soc. DE GéOGR. — C. R. DES SÉANCES. — N" 10, 11 et 12. 16
222 PROCÈS-VERBAL.
« Cette condition limite à trois mois : novembre à mi-décembre,
juinà mi-juillet, le passage d'un bief dans l'autre, si Ton veut éviter
les eaux particulièrement violentes du fort de la crue, dans les
rapides compris entre la Sé-Moun et Kemarat.
c S"* Grand bief de Don-Tane à Sampana.
€ 600 kilomètres d'une navigation possible à la rigueur pendant
toute Tannée lorsqu'on aura exécuté les légers travaux de déroche-
ment qui sont à faire en trois ou quatre points pour donner une
marge plus grande à la circulation aux basses eaux.
€ On sera surtout gêné par les bancs de sable qui se déplacent
chaque année et parfois même dans le courant de la même saison.
c 4** De Sampana à Luang-Prabang.
c Impraticable aux basses eaux. En année de crue normale les
vapeurs pourront desservir Muong-lnai (c'est-à-dire Xieng-Khan)
et Paklay et atteindre même le Keng-Luong, ce gros rapide qui se
trouve à Tembouchure du Nam-Neun et à cinq jours de pirogue de
Luang-Prabang ; mais je ne pense pas que le commerce puisse
s'accommoder pour le moment d'une navigation fréquente ou ré-
gulière au delà du Nam-Neun.
< En effectuant certains dérochements que j'ai signalés dans
mes rapports, un vapeur pourra, sans de trop grandes difficultés,
circuler entre Vieu-Tiane, Paklay et très probablement Luang-
Prabang pendant trois mois chaque année.
€ Les chiffres suivants permettront de constater qu'en dépit de
ses caprices, le Mékong est une voie sur laquelle on navigue.
€ Pendant leur campagne, nos canonnières ont respectivement
fait les parcours suivants et, ce qui est presque miracle, sans ava-
ries :
€ Le Massie^ avec M. Le Vay, 7,174 kilomètres; avec M. Pi,
3,712. Personnellement sur le LaGrandière, malgré une année de
retard dans le passage de cette canonnière au-dessus des chutes
de Khone, j ai pu parcourir 10,486 kilomètres, soit pour les deux
navires 21,372 kilomètres. Le Massie a compté 770 heures
de marche et le La Grandière^ 750, et cela malgré les longues
semaines que nos navires passaient aux ports d'amarrage tandis
que nous effectuions dans les pirogues et embarcations indigènes
les sondages ou travaux hydrographiques.
(( Tel est, messieurs, le récit un peu sommaire de notre mission
en Indo-Chine.
c En terminant, qu'il me soit permis d'adresser ici en^mon nom
personnel et au nom de mes compagnons, un hommage spécial de
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 MAI 1896. 223
notre respectueuse reconnaissance, d'abord envers M. le gouver-
neur général de Tlndo-Ghine sous la direction immédiate duquel
nous étions placés, direction qui fut toute de bienveillance et d'en*
courageante sollicitude, puis envers les chefs du gouvernement de
la Gochinchine, MM. Fourès et Ducos, dont le puissant et généreux
concours a été Tun des plus importants facteurs du succès.
< 11 m'est particulièrement agréable de dire aussi l'inoubliable
accueil et Tai de précieux dont M. Vacle, commandant supérieur
du haut Laos nous a donné de si nombreux témoignages; avec ce
haut fonctionnaire, je veux associer dans une même pensée de
remerciements, S. M. le roi de Luang-Prabang et le second roi.
c Je présenterai aussi nos plus vifs remerciements à M. le com-
mandant supérieur du bas Laos pour les preuves d'intérêt et de
sympathie qu'il a bien voulu nous donner. Je dirai enfin de tout
cœur € merci > à tous ceux de nos compatriotes avec lesquels nous
avons été en relations sur le Mékong et qui, partout, nous ont
accueillis avec courtoisie et une parfaite cordialité.
€ Mais, il n'est pas qu'en Indo-Chine que nous ayons des dettes
dje gratitude à acquitter. Nous n'oublions pas, monsieur le Prési-
dent, messieurs, la généreuse participation de la Société de Géo-
graphie à l'accueil qui nous était réservé en France et dont nous
avons été vivement touchés.
€ Les témoignages de patriotique intérêt dont vous voulez
honorer notre œuvre ne se bornent pas là.
€ La réunion extraordinaire de ce soir, présidée par le chef
éminent de la Société, M. Bouquet de la Grye, dont le nom est,
pour nous, marins, le synonyme de si précieux enseignements, est
également, pour la Société de Géographie et son distingué Prési-
dent, un nouveau titre à notre profonde reconnaissance.
€ Un dernier mot encore, messieurs, en mon nom personnel
cette fois,. et qui s'adresse à des personnages plus modestes, mais
qui n'en ont pas moins droit à un témoignage éclatant de ma gra-
titude et que je tiens à savoir à l'honneur après qu'ils ont été à la
peine. Je veux parler de mes collaborateurs dont le concours le
plus fidèle ne m'a jamais fait défaut.
a Si notre pavillon flotte enfin, incontesté, sur le haut Mékong,
s'il a pu être porté par un navire jusqu'à 2,500 kilomètres de la
mer, si, maîtrisant tous les obstacles du Grand Fleuve jusqu'alors
réputés infranchissables, nous avons ouvert à la navigation
et par suite à la civilisation cette longue voie fluviale qui baigne
les vastes territoires soumis aujourd'hui à notre influence, s'il a
221 PROCÈS-VERBAL.
été possible enfin d'obtenir ces résoltats presque inespérés, j'es-
time Juste et équitable d'en reporter le plus grand mérite sur les
officiers, MM. le lieutenant de vaisseau Le Vay et l'enseigne de
vaisseau Pi, et les vaillants équipages de la flottille qui, pendant
cette longue et laborieuse campagne, m'ont toujours secondé avec
tant d'énergie, de persévérance et un dévouement sans bornes. >
La relation de M. Simon a été interrompue par de fréquents
applaudissements.
Le Président s'adressant à l'explorateur : c M. le commandant
Simon a remercié tous ceux qui, de prés ou de loin, l'ont aidé
dans sa courageuse entreprise; c'est à nous maintenant à le
remercier pour tout ce qu'il a fait lui-même et pour la manière
dont il Ta fait. Il a ouvert à l'influence française une route que
personne avant lui n'avait encore parcourue. Grâce à lui, grâce à
MM. Le Vay et Pi qui l'ont accompagné, le Mékong est devenu une
voie française; c'en était bien une autrefois, mais c'était plutôt une
voie diplomatique, c'est maintenant une voie pratique que d'autres
pourront franchir maintenant, qu'ils s'apprêtent à franchir, por-
tant avec eux le nom français et l'influence française.
t Applaudissons donc tous aux résultats de cette campagne de
trois années qui a produit des travaux que le Dépôt de la Marine
et le Ministère des Colonies seront heureux de publier, travaux
qui profiteront à la science et à la patrie. >
En terminant, le Président adresse les remerciements de la
Société à MM. les Ministres de la Marine, des Colonies, de l'In-
struction publique et des Afiaires étrangères qui ont bien voulu se
faire représenter à la séance par les délégués dont nous avons
donné les noms plus haut.
— La séance est levée à 10 heures.
SÉANCE DU 22 MAI i896. 22o
Séance du 22 mai 1896
PRÉSIDENCE DU D' HAMY, DE l'INSTITUT
li^eture de 1* eorrea
Notifications, renseignements et avis divers. — La Société a
appris la mort du commandant G. Henri Albert Lagarde, qui a
péri dans Thorrible accident de chemin de fer d*Âdélia (Algérie).
Le 2 mai, M. Lagarde, chef de bataillon au 2* tirailleurs en
garnison à Mostaganem, écrivait de cette dernière ville au secré-
taire général de la Société dont il était Mb. (depuis Tannée 1878),
la lettre suivante :
(L Mostaganem, 2 mai. — Je viens vous annoncer mon départ pour
Madagascar. J'ai, en efl'et, eu la chance d'être désigné pour com-
mander un des bataillons de tirailleurs qui vont tenir garnison
dans notre nouvelle conquête. Je n'ai pas besoin de vous dire que
je chercherai par tous les moyens possibles à me rendre utile à la
Société et à travailler pour elle ; j'écris par le même courrier à
l'agent de la Société, M. Aubry, et je le prie de m'envoyer la liste
de tous les ouvrages traitant de Madagascar et qui existent en
librairie. J'ai, en effet, l'intention de me constituer une base solide,
de façon à me diriger à coup sûr dans les travaux que je compte
entreprendre, autant que mon service me le permettra.
« P. S. — Je ne vous cache pas que je compte un peu sur vous
pour m'indiquer à Toccasion ce qu'il y aurait d'utile et d'inléres-
sant à faire... >
Le Président dit que c victime de la catastrophe d'Adélia, le
malheureux commandant n'a pu occuper son nouveau poste et
réaliser les projets qu'il formait dans l'intérêt de la science
géographique. La Société déplore cette perte, et adressera à
Mme Lagarde l'expression de sa douloureuse sympathie ».
— Le prince Roland Bonaparte, vice-président de la Commission
centrale, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.
— M. Louis Delavaud remercie, pour sa nomination de scruta-
226 PROCÈS-VERBAL.
leur de la Société pour Texercice 1896-4897; M. Ch. Gauthiot pour
sa réélection comme Mb. de la Commission centrale.
— M. Ed. Leudière fils, architecte-expert, remercie pour son
admission comme Mb. de la Société.
— La Société bretonne de Géographie, sise à Lorient, adresse le
programme des questions qui seront traitées au prochain Congrès
national des Sociétés françaises de Géographie, qui se tiendra à
Lorient du 2 au 9 août 1896.
Ces questions sont rangées sous trois rubriques : I. Géographie
générale, Cartographie, Topographie, Enseignement, Méthodes.
— 11. Océanographie, Géographie de la mor. La Bretagne. —
m. Géographie coloniale : Utilisation de nos colonies. Émigration.
Notre Société transmettra les noms de ceux de ses membres qui
désireraient participer aux travaux du Congrès et elle met, dès à
présent, le questionnaire à leur disposition.
— M. Braulot, chef de la mission du Baoulé, écrit c en mer,
8 avril > pour annoncer qu'il a été désigné par le Ministre des
colonies comme chef de la mission envoyée auprès de Samory.
< Je pourrai sans doute, dit-il, recueillir au cours de mon voyage,
sur les pays qui avoisinent le Baoulé, des renseignements géogra-
phiques que je ne manquerai pas de vous communiquer. »
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). —
M. Henri Roland, rédacteur aux Guides Joanne (Librairie Hachette)
transmet, de la part de Fauteur, M. E. Rouis, inspecteur-adjoint
des forêts à Nîmes, une brochure, tirée à un très petit nombre
d'exemplaires, qui n'a pas été mise dans le commerce, et est inti-
tulée : € Notes sur la flore phanérogamique des environs de Car-
pentras, du Venteux et des monts de Vaucluse. »
— La Société polonaise géographique et commerciale de Lemberg
(Galicie, Autriche), en faisant part de sa formation, qui date de
1894, envoie plusieurs brochures qui font connaître son but et la
nature de ses travaux. Son but théorique est le développement des
sciences géographiques en Pologne (surtout de la géographie
commerciale et de la cartographie); son but pratique, le développe-
ment du commerce polonais. Désirant entrer en rapport avec les So-
ciétés géographiques, elle propose l'échange avec ses publications.
L'organe de la Société polonaise (Polskie Towarzistwo.,.) est
le « Guide géographique et commercial y, supplément du Przeglad
Wszechpolski (Revue de la vie polonaise) qui paraît accompagné
de la € Correspondance polonaise », annexe en français.
SÉANCE DU 22 MAI 1896. «2^7
— M. L. Vossion, consul de France à Philadelphie, adresse,
■sous le couvert des affaires étrangères, « la Carte polaire, publiée
récemment par l'Hydrographie Office des États-Unis, et contenant
le tracé des plus récentes explorations vers le pôle, notamment
•celle de Peary dont les itinéraires sont établis avec le plus grand
soin. Cette carte a été éditée par M. le commandant Charles,
D. Sigsbee, chef de l'Hydrographie OflSce à Washington. Elle est
-offerte à la Bibliothèque dé la Société. >
€oiiintuBte*4loii0 OF»leii.
Présentations de livres, cartes, etc. — M. L. Pinart dépose sur
le bureau une brochure dont il est Tauteur en collaboration aveô
JVf. H. Bourgeois : UAloès américain (Agave), L'agave, cultivée
dans les serres et les jardins d'Europe à l'état de plante d'agré-
ment, croît en grande abondance en certaines régions d'Amérique,
•notamment au Mexique, et donne des produits variés.
M. Pinart, après avoir fait cette présentation, annonce à ses
collègues son prochain départ pour l'Amérique Centrale.
— M. Venukoff offre un volume, « un petit volume », comme il
l'appelle trop modestement, où il a réuni, sous le titre d'Etudes
Idéographiques, toutes les communications qu'il a faites en dehors
de la Société, et qui ont été imprimées, soit dans les Comptes
rendus de V Académie des sciences, soit dans les Bulletins de
diverses Sociétés. Le volume contient 35 articles, relatifs à la
géographie. L'auteur ajoute que l'ouvrage n'est pas dans le com-
merce et qu'il se fera un plaisir d'en mettre quelques exemplaires
à la disposition des membres de la Société.
— M. le D' Louis Lapicque rappelle qu*ila exposé déjà de vive
voix à la Société deux parties de la croisière de la Sémiramis, le
début et la fin du voyage, l'Erythrée et le golfe Persique, « Le
journal le Tour du Monde a, dit-il, publié le récit de presque tout le
reste de la campagne du yacht de Mme Jules Lebaudy, c esl-à-diré
nos escales et nos excursions aux îles Andaman, aux îles Mergouï,
dans la péninsule de Malacca et dans les îles de la Sonde. Il ne
s'agit pas là d'un ouvrage scientifique; ce sont de simples souve-
nirs de voyage. Mais j'ai pensé que ces quelques notes portant
sur des pays assez peu connus, et illustrées d'un grand nombre de
gravures faites toutes d'après des photographies originales, pou-
228 PROCÈS-VERBAL.
Taient intéresser les géographes. J'ai donc réuni les livraisons de
ce récit en un volume que j*offre à la Société, comme un faible
témoignage de ma reconnaissance pour Taccueil si bienveillant
que j'ai reçu d'elle. >
Le Laos Cochinchinois. — Après avoir rendu hommage aux
amis qui l'ont accompagné, MM. Jean, Paul et Alexandre de Neuf-
ville et Herbet, M. le comte de Barthélémy dit quelques mots sur
le Mékong, et aborde le sujet de sa communication, la route de
Phya-Phay à Âttopeu. Présentant alors un croquis de l'itinéraire
suivi par ses compagnons et lui, il montre les différents aspects
du terrain à chaque étape : de Phya-Phay à Kîeng-Huong, on tra-
verse des rizières abandonnées. Durant la saison pluvieuse, les
indigènes cultivent le riz ; pendant la saison sèche, ils se conten-
tent de mener une vie calme et paisible sur les bords du fleuve,
péchant et chassant pour varier leur nourriture.
A partir de Kieng-Huong, c'est la forêt épaisse^ laquelle se
continue jusqu'à Kampo. Suivent quelques renseignements sur
l'esclavage au Laos, sous la forme d'esclavage pour dettes. Au-
delà de Kampo, on traverse la forêt claire, sorte de désert où pous-
sent de loin en loin quelques arbres rabougris. Ici la route est des
plus pénibles, mais, sous les roches formant le cours de la Sé-Ciia,
les voyageurs remarquent une mine assez importante de sel gemme.
Sur les bords du Honay-Derra, ils ont rencontré une bande de
Khâts montagnards, Laotiens aux formes vigoureuses qui allaient
porter des présents au Muong (chef de la province). Arrivés à
Muong-May, les voyageurs sont reçus par les autorités de la pro-
vince : Cban-Muong, Opaatiat, etc., puis ils atteignent le bâti-
ment de l'Inspection d'Attopeu, situé en face de Muong-Kao, sur la
Sé-Kéman. Dans les environs de cette localité on signale de nom-
breux gisements aurifères ; la province parait appelée à un grand
avenir. Les voyageurs ont p\i assister à la prise de possession du
gouvernement d'Attopeu.
Au retour, les voyageurs ont descendu la Sé-Keman et la Sé-
Khong. M. de Barthélémy donne quelques détails sur la navigabi-
lité de ce dernier cours d'eau, qui lui paraît impraticable pour la
navigation à vapeur, les rapides de Keng-Kéo étant trop dangereux
pour qu'on s'y risque en chaloupe.
Passant aux caractères distinctifs de l'indigène, M. de Barthé-
lémy distingue deux races seulement : les gens de la montagne,
représentés par les Pnoms et les Khâts, et ceux de la plaine.
SÉANCES DES 8 ET 22 MAI 1896. 229
Cambodgiens et Laotiens. Mais dans les villages se rencontrent aussi
le commerçant chinois ou annamite, c Le Chinois fera toujours
concurrence à notre commerce tant que nous ne nous déciderons pas
à produire ce que Tindigène désire, sans chercher à lui^ imposer
nos produits. >
Après avoir dit quelques mots sur les bonzeries au Laos et
au Cambodge, M. de Barthélémy conclut ainsi au point de vue éco-
nomique. Il ne croit pas à la prospérité actuelle du pays, à peine
en formation, mais un bel avenir lui est réservé si la France ouvre
des voies de communication avec rAnnam et empêche le commerce
de s'en aller par Oubon et Korat.
Le Président remercie M. de Barthélémy pour l'intéressante
communication qu'il vient de faire et forme des vœux pour le succès
du nouveau voyage que notre collègue compte entreprendre bientôt
et qu'il a annoncé au cours de sa communication.
— La séance est levée à 10 heures.
MEMBRES ADMIS
MM. de Sasseville (Ernest); Gaston Amelot; de Jermon (Mau-
rice); Poullenot (Louis).
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Bernard (Maurice), ingénieur au corps des mines (le colonel
Bassot et Léon Janet) ; — Gosselin (Charles), capitaine au
1" zouaves, hors cadres, commissaire du gouvernement au Laos
{Maxime Duchanoy et le baron Hulot).
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE
Séances des 8 et 22 mai 1896.
GÉNÉRALITÉS GÉOGRAPHIQUES.— M. Venukoff.- Etudes géo-
graphiques. Paris, impr. heiiî, 1896, 1 vol. in-16. Auteur,
Louis Lapicque. — A la recherche des Négritos. Croisière scientifique
du yacht Semiramis (le Tour du Monde)y Paris, 1895, iQ-4. . Auteur.
Conférences faites sons le patronage de TUniou coloniale française, Paris :
Les grandes compagnies de colonisation, par M. P. Leroy- Beaulieu,
1895, broch. in-8.
230 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
Les câbles sous-marins et la défense de nos colonies, par M. J. De-
pelley, 1896, in-8.
Les colonies et renseignement géographique, par M. Marcel Dubois^
1896, in-8.
Comment rendre nos colonies prospères, par M. J. Charles-Roux»
1896, broch. in-8. Échange.
H.-B. Guppy. — The Polynesians and their plant-names 'Victoria In-
stitute)j broch. in-8. Auteur.
S. Chevalier. — Shanghai meteorological Society. Third annual report
for the year 1894. Essay on the winter storms on the coast of China.
Shanghai, 1895, broch. in-8. Auteur.
Polskie towarzystwo handolowo-geograficzne (Société polonaise de géo-
graphie commerciale), Lemberg, fasc. 1, 1894, in-8.
Comité fondateur-
Léon ViGNOLS. — Les tremblements de terre en Bretagne, 709 à 18U5.
— Le système décimal appliqué à la mesure des angles et du temps,
d*après M. de Rey-Pailhade (compte rendu). — Le xvii* congrès na-
tional de géographie. Lorient, août 1896 (Annales de Bretagne, avril
1896). Rennes, typ. Oberthur, broch. in-8. Auteur.
A. Bastian. — Die Denkschôpfung umgebender Welt aus kosmogonischen
Yorstellungen in Cultur und Uncultur. Berlin, Dummler, 1896, 1 vol.
in-8. Auteur.
BIOGRAPHIE. — Louis Henrique. — Nos contemporains. Galerie co-
loniale et diplomatique. Premier volume. Paris, Librairies réunies,
1896, 1 vol. in-8.
Homenagem do Instituto historico e geographico brazileiro à memoria de
suaMagestade o senhor D. Pedro II. Rio de Janeiro, 1894,1 vol. in-8.
ÉCHANGE.
Samuel Berger. — Deux frères (William et James Jackson) {Revue chré-
tienne). h6\e y broch. in-8. Auteur.
Karl Ahlenius. — Olaus Magnus och hans framslâlling of nordensgeo-
grafi. Studier i geografiens historia. Akademisk Afhandling. Upsala»
1895, 1 vol. in-8. Échange.
DIVERS- — A. de Ridder. — Catalogue des bronzes trouvés sur TAcro-
pole d*Athènes (Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de
Rome, fasc. 74). Paris, Fontemoing. Première partie, 1896, 1 vol. in-8.
Ministère de l'Instruction purlique.
A.-L. Pinart et H. Bourgeois. — L'aloès américain (agave) et ses diffé-
rents produits. Paris, J. André, 1896, broch. in-12. Auteurs.
Tito Franco d'Almeida. — Monarchia e monarchistas. Para, 1895,
1 vol. in-8. Anonyme.
Paul Choffat. — Bibliographia {Commun, da Direcçao dos trabalhos
geologicos)y Lisboa, 1896, broch. in-8. Auteur.
Alfred B. Bénard. — Exposition de 1900. Une walhalla française et une
perspective Alexandre. Havre, 1885, broch. in-8. Auteur.
IK Louis Lapigque. — Documents ethnographiques sur ralimentation
minérale {V Anthropologie y Paris, Masson), in-8. Auteur.
SÉANCES DES 8 ET 22 MAI 1896. 231
American Muséum of Natural History. Annual Reports, 1871 (2"* report) —
1894; — Bulletin (S') n<» 1 (déc. 1881) — vol. VII, 1895; — Memoirs (4»),
vol. I, parts 1, 2, Sept. 15, 1893, 1895. New York. Échange.
Liste provisoire des sociétés savantes privées ayant leur siège social à
Paris. Paris, Ghaix, janvier 1896, in-8. Anonyme.
Victor Hackman. — Petrographische Beschreibung des Nephelinsyenitcs
vom Umptek und einiger ihn begleitenden Gesteine. Kuopio, 1894,
1 vol. in-8. ÉCHANGE.
Vida Nova. Aos heroes d'Africa (numéro especial), Vianna do Gastello,
1896, in-f°. A. LoBO de Miranda.
EUROPE. — Ardouin-Dumazet. — Voyage en France. 1'' série. La région
lyonnaise. Paris, Berger-Levrault, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
France-Album. Publication mensuelle. 3*" année, n°^ 35 (arrondissement
d'Argelès), 36 (arr. de Béziers). A. Karl, directeur.
Ch. Duffart, — La baie d'Anchises mentionnée sur les cartes du golfe
de Gascogne antérieures au xviiP siècle. Bordeaux, 1896, broch. in-8.
Ch. Duffart. — Les anciennes baies de la côte de Gascogne, de la Gi-
ronde à TAdour (Bull. Soc. géogr. commerciale de Bordeaux) y 1896,
broch. in-8. Auteur.
E. Rouis. — Notes sur la flore phan^rogamique des environs de Carpen-
tras, du Ventoux et des monts de Vaucluse. Avignon, Seguin, 1895,
broch. in-8. Auteur.
D' R. Collignon. — Anthropologie du sud-ouest de la France. Première
partie, les Basques; 2° partie, Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Landes,
Gironde, Charente-Inférieure, Charente (Mém. Soc. d'anthropologie,
3" sér., t. I). Paris, 1895, 1 vol. in-8.
D' R. Collignon. Anthropologie du Calvados et de la région environ-
nante. Caen, typ. Ch. Valin, 1894, broch. in-8. Auteur.
Bela ËRôDi. — Utazâsom Sicilia es Malta szigetén. Budapest, R. Lampel,
1 vol. in-8 (voyage ù Sicile et à Malte). Auteur.
RuTGER Sernander. — Studior ôfver den Gotlândska vegetationens ut-
vecklingshistoria. Upsala, 1894, 1 vol. in-8. Échange.
Th. m. Fries. — Natural historien i Sverige intill medlet af 1600-talet.
Inbjudningssckrift till den fest... af Gustaf II Adolfs fôdelse... Upsala,
1894, 1 vol. in-8. Échange.
Th. Thoroddsen. -— Nogle lagltagelser over Surtarbrandens geologiske
Forhold i det nordvestlige Island {Geol. for en. fôrhandl.y n" 171,
Bd. 18), broch. in-8. Auteur.
Annuaire géologique et minéralogique de la Russie. Rédigé par N. Krich-
tafovitch. Vol. I, livr. 1. Varsovie, 1897, 1 vol. in-4. Rédaction.
Adolphe d'Avril. — Slavy deéra. Choix de poésies slaves. Paris, Leroux,
1896, 1 vol. in-16. Auteur.
ASIE. — Th. Sabachnikoff et E.-D. Levât. — La Sibérie et le chemin
de fer transsibérien. Communication faite à la Société de Géographie
{la Vie scientifique). Paris, 1896, broch. in-8. Auteurs.
Cochinchine française. Procès-verbaux du conseil colonial (session ordi*
naire de 1895-1896). Saigon, impr. coloniale, 1896, 1 vol. in-4.
232 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
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G. Depping. — Le Japon. 3* édition. Paris, Jouvet, 1895, 1 vol. in-8.
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AFRIQUE- — Jules Saurin. —L'avenir de TAfrique du Nord (i{et;i»e de
Pam). Paris, Challamel, 1896, broch. in-8. Auteur.
D' H. Weisgerber. — Biskra et Hélouao. Deux stations hivernales et
thermales de l'Afrique du ^ovd {Revue d* hygiène thérapeutique), Paris,
1896, broch. in-8. Auteur.
F.-J. Clozel. — Haute-Sangha. Bassin du Tchad. Les Bayas. Notes
ethnographiques et linguistiques. Paris, J. André, 1896, broch. in-8.
Auteur.
Lieutenant Charles de la Kétbulle de Ryhove. — Deux années de ré-
sidence chez le sultan Rafaï. Voyage et exploration au nord de Mbo-
mou {Bull. Soc. r. belge de géogr,). Bruxelles, 1895, broch. in-8.
Auteur.
Miss M. H. Kingslet. — The Ascent of Gameroon*s Peak and travels in
French Congo. Liverpool Geographical Society, 1896, broch. in-8.
Société de géographie de Liverpool.
Gustave Regelsperger. — La France et l'Angleterre sur le Niger. La
liberté de navigation du fleuve (Revue politique et parlementaire y ^yril
1896). Paris, broch. in-8. Auteur.
A. Verdier. — Trente-cinq années de lutte aux colonies (Côte occidentale!
d'Afrique). Paris, Chailley, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Joseph Joubert. — Politique coloniale. L'indépendance du TransvaaL
(Revue britannique). Paris, 1896, broch. in-8. Auteur.
Alfred Gourmes. — La colonisation de Madagascar. Conférence faite à
la Société de géographie commerciale. Paris, 1896, broch. in-8.
Auteur.
Gabriel Hanotaux. — L'affaire de Madagascar. Paris, 1896, 1 vol. in-8.
C. Levt, éditeur.
G. DE Raulin. — A Madagascar. Nossi-Vé et le commerce de la côte sud-
ouest (Revue maritime), Paris, Baudoin, 1896, broch. in-8. Auteur.
Congrès des sociétés savantes. Discours prononcés à la séance générale
du congrès le samedi 11 avril 1896, par M. Grandidier (travaux de
Mayeurà Madagascar) et M. Guieysse, ministre.... Paris, 1896, broch.
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t896 Bï" t«^»lffl^.^^^ »nN/^^/ Page 233
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTE RENDU
DES SÉANCES DE LA COMMISSION CENTRALE
Paraissant deux fois par mois.
Séance du h juin 1896.
PRÉSIDENCE DU D' HAMY, DE L'INSTITUT
remplacé, au cours de la séance,
PAR LE PRINCE ROLAND BONAPARTE, VICE-PRÉSIDENT
. Au début de la séance, le Président annonce que la Société a reçu
du Ministère de rinstruction publique amptiation d'un décret du
11 mai 1896 l'aulorisant à accepter le legs universel fait à son pro-
fit par M. Renoust des Orgeries, suivant son testament du 2juillet
1890.
Ce legs, qui s'élève à une somme d'environ 275,000 francs, doit
être employé, aux termes du testament, i à favoriser l'organisation
et à récompenser les résultats de missions d'exploration ayant comme
objectif, sous la condition d'une préalable autorisation du gouver-
nement, de placer pacifiquement sous la protection de la France les
contrées encore indépendantes qui, à l'intérieur de l'Afrique, peuvent
contribuer à faire un tout homogène avec nos possessions actuelles
de rAlgériè, du Sénégal et du Congo >.
Lectare de la corretipoiidaneo.
Notifications, renseignements et avis divers. — M. Ch. Mau-
noir, secrétaire général, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.
— M. Paul Daubrée informe la Société de la mort de son père,
aOC. DE GÉOGR. — C» R. DES SÉANCES. — N^** 13 et 14. 17
234 PROCÈS-VERBAL,
M. Auguste Daubrée. Le Président dit que c cette triste nouvelle,
en même temps qu'elle sera vivement ressentie par la science
dont il était un des maîtres, aura un douloureux écho à la Société de
Géographie, qui comptait M. A. Daubrée parmi ses membres les
plus émioents. Pendant de longues années, M. Daubrée fit partie
de la Commission centrale qu'il présida en 1879. Plus récemment,
en 1893, il fut porté à la présidence de la Société.
c En adressant à la famille de M. Daubrée l'expression de notre
douloureuse sympathie, nous sommes assuré de nous faire l'in-
terprète du sentiment de tous nos collègues. >
— M. Maurice de Jermon remercie pour son admission comme
membre de la Société.
— M. J. Scott Keltie, Assistant-Secretary, et M. H. Robert Mill,
Librarian (bibliothécaire) de la Royal Geographical Society de
Londres, remercient pour leur nomination de membres corres-
pondants de la Société.
— Le bureau des échanges internationaux de la Nouvelle-Galles
du Sud (Australie) adresse une circulaire annonçant la formation
à Sydney d'une Société, The Anthropological Society of Austra-
lasia, qui a pour but l'étude de l'anthropologie dans toutes ses
branches. Cette Société nouvelle désirerait l'échange avec les pu-
blications de notre Société.
Dons (livres, cartes et autres objets). — Diverses brochures :
1» De M. le marquis de Foulin sur les Atlantes et les Basques. —
2* De M. Boutroue sur son voyage en Scandinavie. M. Joaquin de
Araujo, consul général du Portugal à Gènes, envoie, par l'inter-
médiaire de M. Boutroue, le compte rendu des travaux de la com-
mission qui représentait le Portugal aux fêtes du i^ centenaire de
la découverte de l'Amérique, célébrées par l'Espagne.
Partie plus spécialement géographique de la correspondance.
— [A»ie]. — Voyage de M, Bonin. — M, C.-E. Bonin, vice-rési-
dent de France au Tonkin, chargé d'une mission au Tibet qui a
été signalée ici, en son temps (C. H. 1895, p. 296), et qui a fait, il
y a quelques mois, l'objet d'une communication de M. Grenard (C.
R. 1896, p. 8i), adresse la lettre suivante (1) :
De Talià Tatsienlouà travers le Tibet (novembre 1895-mars
(1) On troavera ci-après (pagre 250) une nouvelle communication de M. Grenard
qui commente la lettre de M. Bonin, lettre qui lui avait été communiquée par la Société
et d'après laquelle il a dressé une carte du voyage de M. Bonin, Cette carte est in-
sérée plus loin avec la communication de M. Grenard,
SÉANCE DD 5 JUIN 1896. 235
1896). — € Tchentou, 20 mars 1896. — Dans la dernière lettre que
je vous ai adressée de Tali, j'ai exposé l'itinéraire que je comptais
prendre pour me rendre de là à Tatsienlou à travers une partie
encore inexplorée du Tibet. Cette route, connue et fréquentée par
les Tibétains seuls, passe par Likiang, Tsong-tien et Yunning-
tu-fu.
€ Je suis heureux d'avoir à vous rendre compte aujourd'hui de
Texécution intégrale du programme que je m'étais fixé et démon
arrivée à Tatsienlou, puis à Tchentou, capitale du Sse-tchuen, après
une marche presque ininterrompue de quatre mois, au milieu de
Thiver, à travers les plus hautes montagnes du Tibet oriental.
€ Lorsqu'on étudie une carte de cette partie de Terapire chinois
on y remarque un vaste parallélogramme circonscrit au nord par
la section de la route de Pékin à Lhassa, comprise entre les villes
tibétaines de Tatsienlou et de fiataug, à l'est par la grande route
de la vallée du Kien-tchang (Ning-yuan-fu) qui fait communiquer
le Yunnan avec le Sse-tchuen, au sud et à l'ouest par le Yang-
tse-kiang (Fleuve Bleu), qui, descendant du Tibet, décrit ici un
grand coude à angle droit vers l'est. C'est là que vient finir une
des principales chaînes formant la partie orientale du massif
himatayen et qui, plus au nord, sépare le Tibet de la Mongolie sous
le nom mongol de fiayan-Kara. La région ainsi délimitée est
laissée en blanc sur les cartes les plus récentes ; les routes indi-
quées plus haut qui la circonscrivent ont seules été parcourues par
les voyageurs. Celle de Tatsienlou à Batang a été relevée par le
capitaine Gill en 1877, le capitaine Bower eni892 et d'autres explo-
rateurs du Tibet. La route du Kien-tchang a été suivie par le
consul anglais Baber en 1878 ; le comte hongrois Bêla Szechenyi
en 1880, Bonvalot et ses compagnons en 1890 ont descendu de
Batang à Tali en suivant à Touest la vallée du Yang-tse-kiang.
c La vaste région comprise entre ces différents itinéraires res-
tait jusqu'ici inconnue. On n'avait sur elle aucun renseignement en
dehors de l'atlas des jésuites établi au commencement du xviip siècle
par ordre de l'empereur Kanghi. Or les agents chinois que les
jésuites envoyèrent dans cette direction n'y pénétrèrent pas, à
cause des difficultés que leur opposaient le sol et les habitants; ils
se contentèrent de renseignements vagues, absolument erronés,
comme j'ai pu le constater par moi-môme; aussi le croquis qu'ils
en ont donné ne fait-il pas partie de l'atlas officiel de l'Empire. 11
y avait donc là, pour la connaissance de la Chine, une lacune que
je me suis efforcé de combler, Je me bornerai pour aujourd'hui
236 PROCÈS-VERBAL.
au simple compte rendu de mon voyage, me réservant d'exposer
plus tard le détait des renseignements géographiques, ethnogra-
phiques et commerciaux que j'en ai retirés.
€ Parli de Tali le 8 novembre dernier avec une caravane com-
prenant 32 chevaux ou mulets de charge et 18 hommes, je me suis
dirigé directement vers le Yang-tse-kiang en passant par la ville
de Likiang, non visitée encore. Cet(e grande cité, où réside actuel-
lement un préfet chinois, fut autrefois la capitale du peuple mosso,
le moins connu et le plus intéressant des peuples qui forment ce
qu'on peut appeler Tavant-garde de l'invasion tibétaine. Il s'éten-
dait au nord jusqu'à Batang, à hauteur du 30* parallèle, mais, pris
entre les Tibétains purs et les Chinois, il a perdu au profit de ces
derniers sa force et son indépendance. Les descendants des
anciens rois mossos, les Mou, résident encore à Likiang, où ils
portent le bouton bleu des mandarins impériaux.
c A une journée au nord de Likiang, et à sept journées de Tali,
coule le Yang-tse-kiang, qu'on traverse sur un grand pont de fer ;
la route qui passe par ce pont mène au Yong-pe et de là au Kien-
tchang : c'est la route suivie par les marchands et les mandarins
chinois entre Tali et le Sse-tchuen. Pour entrer au Tibet, comme
j'en avais l'intention, il me fallut passer le Yang-tse-kiang en
amont du pont, au bac d'Ashi, situé presque au coude brusque
que fait le fleuve du nord à Test; il est contraint à ce changement
de direction par le grand pic aux neiges éternelles qui s'élève au
nord de Likiang. A Ashi même, le Fleuve Bleu coule à une alti-
tude de 1,800 mètres environ; en cette saison il avait une largeur
de 200 mètres, avec un courant violent de quatre nœuds à l'heure.
Je dus remonter la rive gauche pendant plusieurs jours avant de
trouver dans la muraille de montagnes qui descend à pic sur le
fleuve une brèche pour pénétrer à l'intérieur; enfin, le
4" décembre, je m'élevai jusqu'à un col situé à ^,400 mètres et
couvert de neiges, par où l'on passe de la vallée du Fleuve Bleu
sur le plateau de Tsong-tien. Le Tibet commence là. Je
n'oublierai jamais cette première nuit passée en plein hiver à une
hauteur presque égale à celle du sommet du Mont-Blanc; au
matin, les tentes étaient tellement raidies par la glace qu'il fallut,
pour les replier, attendre que le soleil, pénétrant à midi au fond de
la gorge où notre camp était blotti, vint les dégeler un peu.
€ Tsong-tien, où j'arrivai quatre jours après, est une curieuse
ville tibétaine où réside le dernier mandarin chinois de la fron-
tière. 11 s'y fait un commerce assez important avec le Tibet pro*
SÉANCE DO 5 JUIN 1896. 237
prement dit ; aussi tous les Tibétains qui conduisent leurs cara-
vanes à Tali y sont- ils connus sous le nom générique de Koutsongs,
qui est celui des habitants de Tsong-tien. La ville est neuve, ayant
été rebâtie à la suite de sa destruction totale par l'expédition chi-
noise envoyée de Tali ctfntre les Tibétains, il y a vingt ans. Une
armée de 10,000 hommes, forte de trois pièces d'artillerie, sous la
conduite du mandarin Tsang, lieutenant du fameux général Yang-
yu-Ko, qui venait d'écraser dans Tali la rébellion musulmane,
franchit alors le col par lequel je suis passé et s'empara de Tsong-
tien, dont elle ne laissa qu'une seule maison debout. Depuis lors
la ville s'est relevée de ses ruines et un gomba (lamaserie) conte-
nant 3,000 lamas a été rebâti au nord de Tsong-tien, comme un
défl. C'est néanmoins par les canons de Yang-yu-Ko que la pre-
mière brèche a été faite dans les puissantes lamaseries tibétaines
et c'est par là que d'autres peuples pourront y pénétrer un jour.
€ l^e préfet chinois établi aujourd'hui à Tsong-tien, non seule-
ment par sa largeur d'esprit, mais aussi à cause de sa situation
difficile au milieu d'un peuple étranger et hostile, se montra pour
moi un aide et un allié précieux. Lorsque je lui eus fait connaître
mon intention de continuer ma marche vers le nord, il essaya
d'abord de m'en détourner en me représentant les difficultés et les
dangers de la route : les Chinois n'aiment pas voir les voyageurs
étrangers s'engager au Tibet, où ils ne peuvent ni les protéger,
ni exercer sur leurs faits et gestes leur méûante surveillauce.
Cependant, devant mou insistance et après m'avoir fait déclarer
par écrit que sa responsabilité n'était pas engagée en cas d'acci-
dent, il me fournit tous les moyens de continuer ma route en me
donnant notamment une escorte de ses propres soldats qui
devaient me conduire jusqu'à Yunning*tu-fu.
€ Cette précaution ne fut pas inutile, non à cause des dangers
qui se réduisent à quelques brigands sans importance, mais à
cause des difficultés mêmes de la route, qui ne m'avaient pas été
exagérées. De Tsong-tien à Yunning-tu-fu, j'ai mis neuf jours de
marche par les pires chemins qu'il m'ait jamais été donné de ren-
contrer : c'est une succession de montagnes abruptes et de gorges
resserrées où le sentier, large de 20 centimètres à peine, serpente
à des hauteurs prodigieuses au-dessus des précipices ; à de certains
endroits on passe sur une étroite corniche, tracée au flanc de la
muraille de rochers qui plonge à pic sur le fleuve coulant à
1,000 mètres en contre-bas; en d'autres endroits on descend sur
des amas de rochers tellement raides qu'il fallut réquisitionner la
238 PROCÈS-VERBAL.
population de trois TÎilages pour porter les charges à dos d'homme
et tenir un à un les mulets, qui refusaient eux-lnémes d'avancer.
Le passage des rivières et des torrents de montagne se fait le plus
souvent à gué ; celui du Tuatze-ho, importante rivière descendant
du nord, s'opère au moyen d'outrés gonflées qu'un nageur, cram-
ponné lui-même à une outre, pousse à travers le courant, aucune
embarcation ne pouvant naviguer sur ces eaux torrentueuses.
c Le mauvais état de la route fut d'ailleurs compensé par le
puissant intérêt qu'elle présentait au point de vue géographique; à
une journée de Yunning-tu-fu, il me fut donné de marcher, dans les
conditions décrites plus haut, au-dessus du Ht du Yang-tse-kiang,
que toutes les cartes représentaient jusqu'ici comme coulant à
près d'un degré, 100 kilomètres plus au sud. Le Fleuve Bleu en
effet, à partir du bac d'Ashi où je l'avais traversé, décrit une
immense courbe vers le nord qui n*a été vue par aucun voyageur.
Divers renseignements pris à Tali m'avaient mis sur la voie de
cette découverte, que confirmèrent mes constatations de visu. Le
Yang-tse-kiang, rejeté au nord par le pic de Likiang, comme je
VaÀ expliqué précédemment, tourne ensuite autour d'un énorme
massif montagneux, borné au sud par la montagne de Likiang,
au nord par le mont Kouatyu. Les sommets de cette arête, cou-
verts de neiges éternelles, varient entre 5,000 et 6,000 mètres
d'altitude. Après avoir contourné le mont Kouatyu, le fleuve redes-
cend ensuite vers Tali à travers le pays de Yong-pe, au sud duquel
il reprend sa direction vers l'est, après avoir reçu comme affluent
sur sa rive droite le Pe-shui-kiang; c'est cette rivière, descendue
du massif de Likiang, qui a été considérée jusqu'ici à tort comme
le coui's véritable du Yang-tse-kiang. Les constatations que j'ai
faites changeront donc notablement le dessin du Fleuve Bleu dans
cette partie de son cours.
« Le 15 décembre au soir, j'arrivai à Yunning-tu-fu; cette ville,
jusqu'ici inconnue, située au bord d'une vallée fermée par un
cirque de montagnes, est peuplée par un mélange de Chinois du
Yunnan, du Koutsongs, de Mossos et de Sifans (un autre des
peuples qui font partie de l'avant-garde tibétaine). 11 y réside un
tU'SSU ou prince indigène, qui n'a auprès de lui aucun mandarin
chinois; par contre, étant vieux et paralytique, il est entre les
mains de ses lamas dont le chef commande en réalité sous son
nom.
c 11 n'y a ici aucun commerce, la route directe vers le Tibet se
séparant de celle qui mène à Yunning-tu-fu, quatre jours avant
SÉANCE DU 5 JUIN 1896. 239
celte dernière ville. Pour rejoindre cette route, je me rendis à
Kiensou, important village mosso, situé à une journée au nord.
C'est entre Kiensou et Yunning-tu-fu que passe la frontière fictive
séparant les deux parties du Tibet qui relèvent nominativement,
Tune, au sud, du Yunnan et l'autre, au nord, du Sse-tchuen. Un autre
tussu est installé à Kiensou; par son intermédiaire je fis demander
le passage libre au roi de Meli, dont le territoire s'étend de là
jusqu'à la frontière du pays de Tatsienlou. Le royaume de Meli
est resté jusqu'à ce jour le pays le plus fermé du Tibet; entière-
ment entre les mains des lamas jaunes, il est connu en chinois
sous le nom de Houang-Lama, qui signifie précisément < lamas
jaunes »« Tandis qu'à Lhassa et dans les autres centres du Tibet,
il y a des résidents et des postes chinois, le roi de Meli, qui est
lui-même un lama, n'a auprès de lui ni fonctionnaire, ni soldat
impérial. Jusqu'à ces derniers temps il s'était énergiquement refusé
à laisser passer sur ses terres aucun marchand chinois. Ceux qui
tentaient l'aventure, déguisés en tibétains, étaient généralement
retenus comme esclaves; cependant, depuis deux ans environ, une
transaction est intervenue et le roi a consenti à tolérer, moyen-
nant le payement d'un droit, le passage des cavavanes des mar-
chands mossos établis à Ho-king et à Likiang. En dehors d'eux,
j'étais donc le premier voyageur se présentant officiellement pour
traverser ce territoire, qui reste fermé aux mandarins chinois eux-
mêmes.
€ Au bout de quelques jours, grâce à l'appui du tu-ssu et des
lamas du Kiensou, la réponse arriva favorable; je me mis en route
immédiatement, accompagné, par ordre du tu-ssu, d'un de ses
parents, le chef du village de Kiensou, qui devait me servir d'in-
terprète et d'intermédiaire aupr(ès du roi de Meli. J'arrivai ainsi,
le 2 janvier, au gomba royal, auprès duquel une maison avait été
préparée spécialement pour me recevoir. La première impression
était saisi3sante. Qu'on se représente une montagne de 4,000 mètres
de haut dont le sommet est couvert de neiges et de glace, tandis
que le pied baigne dans la rivière de Meli qui coule ici à 2,200 mètres
d'altitude; à mi-hauteur, c'est-à-dire à 3,000 mètres, est bâtie sur
le flanc de la montagne la lamaserie, formée de maisons à trois
étages, aux murs blancs percés de fenêtres à Teuropéenne, avec
balcons, véranda hs, toits aux faites d'or, qui donnent l'impression
d'une ville du midi de l'Europe, égarée au milieu de ce désert
tibétain. Le roi était absent; en ce moment, la guerre régnait
entre lui et le roi de Litang, auquel il voulait enlever une partie de
240 PROCES-VERBAL.
son territoire. Après deux jours de négociations, je fus admis à
continuer ma route dans la direction de Tatsienlou, et un chef
lama avec ses cavaliers me fut donné pour me seryii* d'escorte et
assurer mon rayitaitlement; il est de règle en effet dans tout Fin-
térieur du Tibet, en raison de la pauvreté du pays et des ordres
secrets donnés par les Grands-Lamas, de ne vendre aucune pro-
vision aux voyageurs, à moins d'ordres spéciaux des lamaseries.
c Toute la population soumise au roi de Meli appartient à la race
sifan dont j'ai déjà parlé. Le travail et le commerce de ce peuple
sont uniquement consacrés à Teutretien des 18 grands gombas
établis sur le territoire de Meli; le roi lui même, en souvenir d'un
vieil usage datant sans doute des temps nomades, se déplace à
époques fixes et habite successivement plusieurs gombas qui le
reçoivent à tour de rôle.
c Sous la conduite du chef lama, dont je n*ai eu d'ailleurs qu'à
me louer, j'arrivai, le 9 janvier, au Yalong-kiang, après avoir
franchi une chaîne de montagnes, le Tsi-tseug-hou, qui fut passée
par un col situé à 5,200 mètres d'altitude. Malgré la rigueur de
la saison, j'y rencontrai des habitations occupées par les pâtres
qui gardent les grands troupeaux de yaks (bœufs sauvages du
Tibet). La plus élevée de celles que je vis est à 5,050 mètres
d'altitude; c'est très probablement la plus haute station habitée
du globe, la mine de Tak-Yalong dans le Tibet occidental, con-
sidérée jusqu'à présent comme telle, n'étant qu'à 4,890 mètres;
encore cette dernière n'esl-elle occupée que pendant la belle saison.
€ Le Yalong-kiang, en tibétain Nagchu (l'eau noire), est le
principal affluent de gauche du Yang-tse-kiang; je le passai, non
sur des outres gonflées comme le Tuatzeho, mais sur des troncs
d'arbres accouplés et formant flotteurs; il y a là également un de
ces ponts tibétains faits d'une simple corde au long de laquelle
on se suspend en se laissant glisser d'une rive à l'autre, mais ce
mode de passage n'est usité ici qu'au moment des hautes eaux.
c Du Yalong-Kiang, j'atteignis en quatre jours la frontière nord-
est du royaume de Meli pour passer sur les terres du roi de
Kiala, dont la capitale est Tatsienlou. La population du pays de
kiala appartient en majorité à la race man-lze, autre rameau et
des plus importants de la grande famille tibétaine. Les Man-tze
ont une réputation de brigandage très justifiée, dont je n'ai pas
eu personnellement à souffrir; il y a également parmi eux
quelques Lolos sauvages, qui portent les cheveux ramenés en
corne sur le front. L'explorateur anglais Colquhoun a vainement
SÉANCE DU 5 JUIN 1896. 241
cherché dans tout le Yuanan ces Lolos à la corne dont il signale
Texislence comme un mythe.
c Une fois entré sur le territoire du roi de Kiala, je me dirigeai
directement sur la capitale, Tatsienlou, que j'atteignis seulement
le 27 janvier suivant. 11 me fallut pour cela franchir plusieurs séries
parallèles de chaînes de montagnes plus élevées que toutes celles
que j avais traversées jusqoe-là. Les cols les plus hauts sont : l'un
à 5,200 mètres d'altitude sur la rive gauche du Yalong-kiang ;
deux autres près de Tatsienlou à 5,300 métrés, 500 mètres plus
haut que le sommet du Mont Blanc. De Tali à Tatsienlou, je venais
de relever ainsi plus de 1,000 kilomètres en pays complètement
nouveau par une marche interrompue d'un peu moins de (rois
mois, reliant les itinéraires des voyageurs du Yunnan, notam-
ment ceux de Francis Garnier et du prince d'Orléans, à ceux des
explorateurs du Tibet.
c Après un repos do vingt jours à Tatsienlou, bien nécessaire
pour refaire bêtes et gens épuisés, je me remis en route pour
gagner Tchentou, capitale du Sse-tchuen, où je suis en ce mo-
ment. La route de Tatsienlou à Tchentou par les monts Feyuen-
ling et Tasianling, par les villes chinoises de Yatcheou et de Kiong-
tcheou, m'a demandé seize jours de marche; elle est bien connue,
la majorité des voyageurs l'ayant prise pour entrer au Tibet ou pour
en sortir.
€ J'ai eu le plaisir de rencontrer à Tchentou les membres de la
mission lyonnaise d'exploration commerciale en Chine, dirigée par
M. le consul Rocher. Je me suis fait un devoir de leur fournir les
renseignements que j'avais recueillis sur la région que je venais
de parcourir et sur le commerce du Tibet en général.
€ En plus de ces renseignements commerciaux, qui feront l'ob-
jet d'un rapport spécial, j'ai réuni beaucoup de documents géo-
graphiques et ethnographiques, des vocabulaires des langues
mosso, sifan et man-tze, des costumes, des échantillons de miné-
raux précieux, etc. J'ai pu me procurer notamment un livre des
tompas on sorciers mossos qui présente le plus grand intérêt pour
l'histoire des races et des religions. Ces livres sont d'une extrême
rareté; il n'en existait jusqu'ici qu'un exemplaire en Europe,
offert par le capitaine GUI au British Muséum. >
— Le Ministre de Tlnstriiction publique transmet, de la part de
son collègue des Affaires étrangères, copie d'une lettre de M. Har-
mand, ministre de la République au Japon, lettre relative à la
242 PROCES-VERBAL.
mission scientifique que runiversité de Tokyo a organisée en vue
d'explorer Tile de Formose :
c Tokyo, Je 4 avril 1896. — Il me paraît intéressant de faire
connaître à Votre Excellence, en priant de transmettre cette infor-
mation, si elle le juge à propos, à la Société de Géographie (de
Paris), la formation à Tokyo, d'une mission scientifique destinée à
explorer l'île de Formose. La Diète vient de voter les fonds néces-
saires évalués, pour cette année, à 5,383 yens. La mission, com-
posée exclusivement de Japonais, aura pour but d'étudier toutes
les questions qui se rapportent à la botanique, à la zoologie, à la
géologie et à la minéralogie» à l'ethnographie, aux forets, à l'agri-
culture, etc., de la grande Ile.
€ Les noms des membres delà mission ne sont pas encore fixés;
mais rUniversité de Tokyo est en mesure, ainsi qu'on peut s'en
convaincre par ses publications, d'assurer le recrutement et
la composition du personnel d'une manière tout à fait satisfai-
sante, et l'on ne peut douter du zèle et de l'application de ceux
qui seront appelés à l'honneur d'en faire partie. L'île de Formose
est encore si mal connue que les résultats de cette mission ne
peuvent manquer d'attirer l'attention du monde scientifique. >
-— M. Victor Jacquemont du Donjon envoie à la Société une
€ Étude sur les Mahraltes >, peuple hindou qui occupa foute la
région nord-ouest du Dckkan. Ces notes, écrites par Victor Jacque-
mont en 1831, embrassent l'espace d'un siècle et demi, de 1670 à
18!20, et se terminent par un exposé de la conquête anglaise.
[Afiri^ne]. — Les PeufUs et le Fouta-DjcUUm. — M. Morel
d'Ârleux, Mb., communique, de la part de M. J. Moreau, lieutenant
de marine en garnison à Cherbourg, nouvellement admis dans la
Société, des notes qui lui sont envoyées par Fauteur. Dans la lettre
accompagnant cet envoi, M. J. Moreau dit qu'c il y a quelque
temps les journaux ont donné la nouvelle qu'à la suite de négocia-
tions engagées avec l'almamy du Fouta-Djallon, Bokar-Biro, nn
poste militaire et un administrateur-résident allaient être placés
à Timbo.
c Je crois donc qu'il peut être aujourd'hui intéressant de parier
de cette race poul (ou peuhl, au plur. Fonlbés) qui peuple le Fouta-
Djallon et de ses qualités remarquables, déjà signalées autrefois
par Faidherbe et si extraordinairement perdues de vue jusqu'ici.
€ En janvier 1895, j'ai été chargé d'une mission dans le Foula-
dougou et le Paguessi qui dépendent du Fouta-Djallon. Après un
SÉANCE DU 5 JUIN 1896. 243
mois d'opérations» j'ai construit un poste à Âmdallahi, capitale de
Moussa-Molo. J'ai vécu là» cinq mois, au milieu des Peuhls de race
pure, entretenant des relations continuelles avec les principaux
chefs du nord du Fouta-Djallon. Les qualités intimes et l'esprit
particulier de cette race m'ont alors vivement frappé... >
Voici les renseignements fournis par M. J. Moreau :
c Bien qu'établis depuis nombre d'années à la côte occidentale
d'Afrique, nous ne connaissons encore réellement bien des Peuhls
que les produits de leur croisement avec les races noires, entre
autres les Toucouleurs du Fouta-Toro.
€ Il est vrai que ceux-ci sont déjà assez remarquables. C'est
d'abord la seule race de l'Afrique qui ait vite compris la sécurité
et les avantages que les blancs lui apportaient, et qui se soit
presque spontanément rangée sous notre autorité. Ce sont encore
les Toucouleurs, qui, habitués à commander très habilement leurs
esclaves de race mandingue, nous ont fourni les seuls gradés
possibles pour nos tirailleurs indigènes, et nous ont, on peut le
dire, permis de conquérir le Soudan.
c Uuelle est donc au juste cette race peuhle, intermédiaire
entre le blanc et le noir, que l'on retrouve dans le Fouta-Djallon,
et dont les descendants métissés furent pour nous, au Sénégal»
d'une si grande importance? On sait qu'une migration colossale les
a amenés dans l'Ouest africain. D'où ? On a dit d'Egypte, et cette
hypothèse est précisément confirmée par une tradition qui m'a été
racontée souvent : c Les Peuhls se rappellent être originaires d'un
€ pays appelé Missira et situé de côté par rapport à la route où se
c meut le soleil. Ce pays ne peut être que la Mysra des auteurs
€ anciens. »
€ Les Peuhls sont venus avec de grands troupeaux de bœufs,
qui, d'après ce qu'ils racontent, les forcèrent à toujours suivre des
cours d'eau. Ils se divisaient sans doute, comme encore actuelle-
ment les Maures du Haut Sénégal, en guerriers et en pasteurs.
€ Les guerriers faisaient des captifs avec lesquels ils se sont
croisés, produisant des races métissées et belliqueuses. Les pas-
teurs, que leur humeur pacifique destinait à conserver la race
pure, se sont fixés dans le seul endroit où elle pût vivre et se
reproduire : les régions élevées du Fouta-Djallon.
€ Le seul point resté commun entre ces branches difi'érentes de
la même famille : la langue peuhle (1) si curieuse dans ses règles
1. F aidherbe, Eiiai sur la langue poul» Maieonneuve et G'«, 188:2.
244 PROCèS-VBRBÀL.
sur les genres et les nombres, admirable dans ses accords pure-
ment euphoniques, est demeurée la même partout sans aucune
altération» témoignage probant de la profonde originalité de la race.
c Avant d'essayer de décrire les qualités des Peuhis, et les
résultats qu'elles leur assurèrent, il est nécessaire, ne fût-ce que
pour établir le contraste, de dire un mot des populations qu'ils
trouvèrent établies avant eux dans l'Ouest-africain.
c Les aborigènes, ou soi-disant tels, restes misérables d'une
civilisation qui dut être grande, peut-être de ces Cephènes dont
parlent les auteurs de l'antiquité, avaient été déjà absorbés par
l'invasion mandingue, ou chassés vers l'ouest où on les retrouve
encore dans la variété infinie des petites races de la côte. Ils y
vivaient déjà de leur vie animale, cachés dans les forêts qui
bordent les rivières, conservant leurs mœurs et leurs superstitions
bizarres ou affreuses, vestiges d'une religion ou au moins d'une
ancienne intelleclualité qu'ils ne comprennent plus.
t Le meilleur de leur sang, réduit en captivité, avait contribué
à former la race mandingue par croisement avec les hommes au
teint jaune et aux yeux bridés qui vinrent de TOrienl. La nouvelle
race, la plus nombreuse et la plus belle de l'Ouest-africain, montre
sur son visage et surtout dans sa langue, les preuves de sa parenté
avec les races mongoliques. Elle les montre aussi dans son esprit,
esprit de concentration, de centralisation aux mains d'un pouvoir
politique, esprit de conquête et d'oppression, qui suscite des chefs
comme Samory et des bandes de pillards comme celle qui fait sa
puissance.
c Les Peuhls ne sont pas des conquérants, mais des colons.
L'idée d'un groupement politique leur est étrangère et indifférente;
ils ne conçoivent que la liberté et l'indépendance individuelle.
Cette tendance d'esprit provient-elle des conditions d'existence
que leur a imposées leur exode, ou Ta-t-elle antérieurement pro-
voqué ? Peu importe. Elle y est intimement liée; le Peuhl est
migrateur et indépendant. Indépendant de tout : de la terre, à
laquelle il ne s'attache pas, toujours prêt à aller plus loin, sans
doute par la force de l'impulsion acquise au cours deTémigration;
— de tout système religieux : le Peuhl de race pure n'est pas
musulman zélé comme le Toucouleur. Toute idée de communauté
lui étant étrangère, il n'a pas senti, ou il a perdu le besoin d'un
idéal commun, et surtout d'un instrument de conquête et d'oppres-
sion comme la religion de Mahomet.
c II a conservé son indifférence pour toute organisation poli-
SÉANCE DU 5 JUIN 1896. 245
tique, n'ayant pas plus eu besoin de se défendre que de conquérir.
El c'est ici que se manifeste la forcé merveilleuse que donne aux
gens de cette race leur puissance individuelle de travail et de
volonté. On a pu s'étonner que la race mandingue, dont toutes les
forces vives tendirent souvent à se centraliser aux mains d'un seul
homme, n'ait pas subjugué dix fois un peuple de colons isolés,
paisibles et laborieux. Mais un proverbe universellement connu
en Afrique nous donne le mot de l'énigme : c Si l'on fait captif un
c Peuhly dit-on, il tuera son maître. Si Ton fait d'une femme peuhle
« une esclave, elle sera bientôt la maltresse de la maison. >
€ Le Fouta-Djallon , qui présente l'aspect d'un pays et d'un
peuple régulièrement organisés, semble tout d'abord démentir le
portrait qui vient d'être fait du Peuhl. Cette contradiction n'est
qu'apparente.
c Le pouvoir, politique de Timbo, dévolu à deux familles, qui
l'exerçaient alternativement tous les deux ans^ a été fondé par les
fils qu'un almamy toucouleur eut d'une femme diallonké. ici comme
ailleurs se vérifie le fait que les soi-disant chefs de Peuhls ont
presque toujours une origine mandingue.
c C'est que, tandis que, chez les Mandingues, l'établissement
d'un pouvoir centralisateur a précédé et rendu possible la con-
quête, chez les Peuhls, au contraire, il la suit ; il est toujours dû à
des influences étrangères ou extérieures et ne subsiste que grâce
à l'insouciance et au caractère peu turbulent de la race, sans
prendre jamais des racines profondes.
c Les almamys de Timbo ont donc facilement fait reconnaître
leur autorité, comme du reste quiconque a voulu s'intituler chef
de principauté, émir, alfa ou tierno, dans une région nouvellement
colonisée par les Peuhls, que ce fût le Fouladougou, le Gabon ou
le Foreah, le Labé ou le N'dama. De là les fortunes étonnantes de
certains aventuriers; l'indiiTérence du Peuhl favorisait toutes les
tentatives. Pendant ces dernières années, la lutte a continué entre
ces deux influences, les chefs secondaires cherchant à s'affranchir,
et l'almamy de Timbo leur résistant.
€ Bokar-Biro a enfin compris que le seul moyen d'être vraiment
le chef était de s'appuyer sur nous; et notre installation définitive
dans le Fouta Djallon ouvre une ère nouvelle, celle du développe-
ment de notre grand empire Ouest-africain. Les Européens, arrivés
*par la mer, ont d'abord vu dans les aborigènes une proie facile, et
la côte occidentale a fourni des esclaves à toute l'Amérique.
f Depuis environ cinquante ans, revenus î\ un jugement plus sain
246 PROCÈS-VERBAL.
des choses, ils occupent la côte et y déploient leur activité propre
en essayant de la communiquer aux noirs. Mais ils végètent,
impuissants à s'acclimater comme à secouer Tinertie des races
mandingue ou métissée, ne réussissant qu'à se les aliéner en vou-
lant leur imposer leur conception du travail libre. Voilà enfin le
moment venu où ils vont pénétrer dans un pays, le Fouta-Djallon,
dont le climat leur est accessible, et Toccasion se présente à eux
fort belle de diriger cette colonisation peuhle pour la faire leur
et se l'assimiler. Us y arriveront facilement, car les Foulbés, sans
avoir la même force et les mêmes moyens, ont comme eux l'esprit
d'indépendance et de volonté individuelle, l'instinct des races en
progrès. >
Région de Tombouctou. — M. P. Yuillot annonce que des
pirogues de marchands remontant le Niger ont apporté à Tom-
bouctou des nouvelles de la mission hydrographique du Niger. Au
12 février, la mission se trouvait à Gheïrago et entrait en relations
avec Sakib, aménokhal des Igouadaren Âribinda et avec son frère,
Sarraoui, chef des Igouadaren Aoussa. Le 29 février, elle était à
Tosaye, continuant sa descente du fleuve, et se préparait à une
entrevue amicale avec Madidou, chef des Aouellimiden, malgré les
efiforts d'une tribu de Marabouts, les Kel es Souk, qui répandaient
parmi les tribus riveraines les bruits les plus malveillants sur la
mission.
A l'heure actuelle, la mission doit avoir sucmonté pacifique-
ment tous ces obstacles et se trouver aux limites mêmes de la zone
d'influence française sur le bas Niger.
[Américiue]. — M. G. Croisé annonce qu'il se rend de nouveau
au Territoire contesté (sud de la Guyane), où il dirigera une
mission scientifique et commerciale ayant surtout pour but
d'étudier le régime des eaux et de connaître les sources des diffé-
rents fleuves compris entre FOyapoc et l'Araguary. 11 transmettra,
dit-il, le plus souvent possible à la Société de Géographie tous les
renseignements qui pourront intéresser ses collègues. A cette mis-
sion sont attachés deux ingénieurs, un aumônier et un médecin.
Commniileatloiis orales
Présentation de livres, cartes, etc. — M. Vénukoff attire Tatten-*
tion de la Société sur l'ouvrage de M. Grave, récemment paru
en Russie et consacré à la théorie de la construction des cartes, ou
SÉANCE DU 5 JUIN 1896. 247
plutôt, des projections. Cet ouvrage sert de continuation aux tra-
vaux de Lagrange, de Gauss, de TchébychefF, de Dérechlé, etc., et
il est consacré à la résolution du problème sur la construction d'un
réseau de méridiens et de parallèles qui garantit à la carte la res-
semblance avec la nature dans les plus petits détails, et en même
temps ridentité à peu près complète de Téchelle dans les diverses
parties du dessin. Le choix de la.projection pour la carte de tel ou
tel pays cesse d'être arbitraire.
Il présente ensuite le Guide du voyageur pour V exposition na-
tioncUe russe à Nijni-Novgorod, publié à Saint-Pétersbourg en
quatre langues : russe, français, allemand et anglais.
Enfin, M. Vénukoff annonce le départ pour le Honduras de l'un
des membres de la Société, M. Pinart, américaniste consommé;
son absence durera jusque vers la fin de Tannée.
Congrès des Sociétés suisses de géographie en 1896. — Le
prince Roland Bonaparte donne lecture de son rapport sur le
dernier Congrès des Sociétés suisses de géographie {\e X^) qui
a eu lieu à Genève du 25 au 27 mai 1896, et où il était le délégué
de la Société de Géographie (de Paris).
( Il existe en Suisse, comme vous le savez, sept Sociétés de
géographie, toutes sœurs, ou plutôt filles de la Société de géo-
graphie de Genève ; ce sont, par ordre d'ancienneté :
c 1® La Société de géographie de Genève, fondée en 1858 par
M. Henri Bouthillier de Beaumont; ce robuste vieillard, présent à
toutes nos réunions, y a pris une part active.
€ 2° La Société de géographie de Berne, fondée en 1873. Vous
voyez donc que quinze années séparent les naissances des deux
plus anciennes Sociétés de géographie de la Suisse.
€ B** La Société de géographie de Neufchâtel fondée en 1883.
Cette Société est très désireuse d'augmenter ses collections de
cartes et de livres, soit par des dons, soit par voie d'échanges. Je
crois être son interprète en demandant à toutes les personnes et
à toutes les Sociétés qui auraient des publications disponibles de
les faire parvenir à cette Société si voisine de nous. Je la signale
tout particulièrement à votre attention, car, grâce au zèle de son
dévoué secrétaire général, M. Knapp, elle a pu obtenir l'échange
de plus de 700 publications périodiques. Vous voyez par là quelle
est son activité.
« 4° La Société de géographie commerciale de Saint-Gall, qui
date de 1878.
248 PR0CÊ8-VERBAL.
€ 5"* La Société de géographie commerciale d'Aarau, fondée en
1886.
c 6' La Société de géographie et d'histoire naturelle d'Hérisaa
(cependant, d'après les renseignements que j'ai pu recueillir à
Genève, cette Société aurait cessé d'exister).
c 7* La Société d'ethnographie de Zurich, créée en 1888. Ce n'est
qu'après des discussions assez oiseuses sur la définition et les fron-
tières du domaine géographique, que cette Société a été admise
comme membre de TAssociation des Sociétés suisses de géographie,
l'évidence l'ayant enfin emporté. L'ethnographie qui étudie l'homme
et seis manifestations sur la terre, dans l'espace et dans le temps, I
n'est-elle pas de la géographie aussi bien que certains chapitres de
géologie, de zoologie, de botanique, de météorologie ou d'économie |
politique et sociale ? i
« Ces Sociétés se réunissent périodiquement en Congrès sous la
présidence de l'une d'elles qui devient alors le Vorort de l'Asso-
ciation pendant une session et les années qui s'écoulent jusqu'à la
plus prochaine réunion. Cette organisation est peut-être un yague
souvenir du pacte fédéral de 1815 qui avait remis la direction des
afiaires fédérales de la Suisse à un Vorort alternant tous les deux i
ans entre Zurich, Berne et Lucerne. i
c Cette organisation des Sociétés suisses correspond du reste à i
la nature du pays,* car deux de ces Sociétés appartiennent à la
Suisse romande et cinq à la Suisse allemande.
€ Dès l'arrivée de votre représentant à Genève, il était invité à
assister à la réunion des délégués qui se tint, le soir du 24 mai,
dans le local de la Société de géographie. Les paroles les plus
flatteuses y furent adressées à notre Société; j'y répondis de mon
mieux. Comme cela se passe partout en Suisse, les discussions, du
reste purement administratives, eurent lieu en français et en alle-
mand, chacun parlant la langue qui lui est le plus familière. Je
noterai pourtant que plusieurs délégués de la Suisse allemande
tinrent, par courtoisie pour leurs confédérés, à parler français
pendant leur séjour à Genève.
c La séance solennelle d'ouverture eut lieu le lendemain, lundi
25 mai, à 9 heures, dans la grande salle de l'Université, sous la
sympathique présidence de M. Albert Dunant, conseiller d'État,
remplaçant M. Eugène Richard, Ministre de l'Instruction publique
de la république et canton de Genève, qu'une maladie assez
sérieuse retenait au loin.
c Dans son discours inaugural notre Société ne fut pas oubliée;
SÉANCE DU 5 JUIN 1896. 2i9
elle fut même qualifiée de c doyenne > ; nous avons en effet plus
de 75 ans, et malgré cet âge déjà respectable, je suis sûr que cela
n'empêchera pas la c doyenne > de rester toujours jeune d'idées
et d'entrain. Vint ensuite une charmante allocution de M. Arthur
de Glaparéde, président de la Société de géographie de Genève,
qui devait, suivant la coutume, assumer la lourde et fatigante tâche
de présider toutes les séances du Congrès. Mon titre de délégué
français me valut Thonneur de faire la première communication
scientifique.
€ J'ai profité de la circonstance pour rappeler les liens de pro-
fonde sympathie qui unissent nos deux Sociétés. J'ai spécialement
rappelé le don généreux de la veuve de notre regretté confrère, le
colonel William Huber-Saladin, don qui a permis à notre Société
de fonder un prix annuel destiné à récompenser le meilleur travail
émanant d'un Français ou d'un Suisse et relatif à l'étude des gla-
ciers ou des lacs. Ce prix a été décerné pour la première fois celte
année et attribué à un savant vaudois, M. le professeur F. -A. Forel,
de Morges.
€ Dans les séances subséquentes nous avons entendu une inté-
ressante causerie de M. le professeur Graf, de Berne, sur la carto-
graphie ancienne de la Suisse; elle était accompagnée de nom-
J)reux fac-similés de vieilles cartes. Puis une communication du
colonel Lochmann, chef du bureau topographique fédéral, sur la
cartographie moderne en Suisse. Cet officier supérieur, parlant à
la fois en savant et en artiste, a vivement intéressé l'auditoire
d*élite qui l'écoutait. M. Henri de Saussure a décrit les raines
d'une ancienne ville mexicaine en accompagnant sa description
de dessins originaux.
c M. Edouard Naville nous a parlé de ses dernières fouilles à
Deir el Bahari. Puis M. Raoul Piclet, le savant physicien bien
connu, a fait une brillante improvisation sur la chaleur solaire en
Egypte, sur les trombes de sable et l'irrigation de l'Egypte par
l'action solaire. Telles ont été les principales communications qu'il
m'a été donné d'entendre.
c Plusieurs visites furent faites par le Congrès à l'Exposition
nationale suisse actuellement ouverte à Genève. Bien organisée,
élégamment arrangée, elle est du plus haut intérêt pour tous les
amis de la Suisse. Elle offre au visiteur curieux l'image réduite de
la patrie helvète et la synthèse de ses forces productrices. La
section cartographique est des plus belles; toutes les cartes repré-
sentant le sol suisse, des Alpes étincelantes de neige à la vallée
soc. DE 6É06R. — C. R. DES SA.UfCES. — H*» 13 et 14. 18
250 PROCES-VERBAL.
verdoyante du Rhin, s'y trouvent réunies depuis les plus anciennes
jusqu'aux plus modernes. En contemplant les dernières produc-
tions du Bureau topographique fédéral on est amené fatalement n
regretter que notre' pays ne possède pas encore une carte en cou-
leurs au 1/50,000* analogue à celle qui fait Torgueil de nos voi-
sins et amis les Suisses.
c Tel est le résumé de ce que votre délégué a vu et entendu à
Genève ; il ne lui reste plus qu'à vous transmettre les vœux et
les sentiments de confraternelle sympathie des Sociétés géogra-
phiques suisses. »
Sur le voyage de M- Bonin (1). — M. Grenard dit que l'inté-
ressant voyage que M. Bonin vient d'accomplir entre Tali et Tat-
sienlou à travers une région inexplorée et très difficile a pour
résultat principal de modifier d'une façon considérable le cours du
Yang-tze-kiang.
c C'est un résultat absolument inattendu, bien que certains in-
dices auraient dû mettre les géographes en éveil. En effet,
le plus important des affluents de gauche du Yang-tze-kiang, le
Yalong-kiang, décrit sur nos cartes une courbe à angle droit d'une
raideur invraisemblable, et à partir de cette courbe, les Chinois
lui donnent le nom de Kin-cha-kiang, qui est précisément le nom
que porte le Yang-tze dans le Yunnan et le Setchuen; or, il est '
peu probable que les Chinois aient donné le même nom à deux
cours d'eau différents dans la même région. Cependant tout le
monde jusqu'à présent s'était accordé pour faire de ce fragment
de Kin-cha-kiang la suite du Yalong-kiang et pour assimiler le
Yang-tze avec la rivière Péchoei, dont le cours n'avait jamais été
reconnu entre Tou-toui-tze et Li-kiang. On avait réuni la partie
connue de cette rivière avec le cours connu du Yang-tze, au nord-
ouest de Li-kiang, par un trait arbitraire qui à force de se faire
voir sur nos cartes avait fini par sembler légitime, et quoique
plusieurs voyageurs eussent passé dans les environs, aucun n'avait
eu la curiosité ou la possibilité d'aller constater ce qu'il en était
réellement. Or, au cours de son voyage, M. Bonin a appris que le
Yang-tze décrit, à partir d'Ashi, une courbe considérable vers le
nord, que le Péchoei est simplement un de ses affluents qui prend
sa source dans les montagnes que le Yang-tze contourne, et il a
(1) Voir la lettre de ce voya^^eur insérëe plus haut, page 234. La communication
de M. Grenard est accompagnée d'une carte dressée par lui d'après les renseigne-
ments contenus dans la lettre de M. Bonin.
SÉANCE DU 5 JUIN 1896.
251
vu lui-même le cours du Yang-tze à quelques lieues, et probable-
ment sur le sud-ouest de Young-ning, c'est à-dire à une centaine
de kilomètres plus au nord qu*on ne le supposait et non loin de
cette courbe bizarre que forme le Yalong-kiang en prenant le nom
de Kiji-eha-kiang. Peut-être donc n'est-ce pas faire une hypothèse
trop hardie que de relier le cours du Yang-tze, tel que Ta constaté
M. Bonin, avec ce que Ton considérait jusqu'à présent comme la
partie inférieure du Yalong-kiang, dont la courbe et le nom s'ex-
pliqueraient ainsi tout naturellement. Toutefois, avant de tenir
pour acquise cette modification au cours du Yang-tze, il est sage
d'attendre un supplément d'informations de la part du voyageur
dont la note est un peu trop sommaire. La carte de Dutreuil de
Rhins permet de suivçe approximativement l'itinéraire de notre
252 PROCÈS-VERBAL.
compalriote. Les positions de Tsongtien et de Yonng-niDg telles
qu'elles y sont données, correspondent assez bien aax indications
de M. Bonin. Le village de Kien-sou n^est antre que le Tien-so de
la carte, qui le place à une trop grande distance de Yonng-ning»
d'après les cartographes chinois, qui, selon leur habitude dans les
pays peu connus, disposent les noms trop rares des localités à des
distances à peu prés égales les unes des autres, de manière à
éviter de trop grands blancs, fâcheux à l'œil. De même le monas-
tère de La-kang-ting, que Dutreuil de Rhins a déjà relevé vers le
nord, devrait-il être encore un peu relevé et serait peut-être le
gompa où M. Bonin a rencontré le roi de Meli. Il serait du reste
fort oiseux de discuter longuement sur des points que M. Bonin
fixera déHnitivement à son retour. Grâce à lui, le vaste espace vide
qui s'étend entre les itinéraires de Garnier, de Gill, de Baber, de
Bonvalot et du prince d'Orléans sera en partie comblé.
c Le voyage de M. Bonin est non moins intéressant au point de
vue commercial et ethnographique qu'au point de vue géogra-
phique. 11 est le premier explorateur qui ait visité la ville de
Likiang, le principal centre du commerce entre le Tibet et le
Yunnan. Il a vu quelques-unes des peuplades diverses, si cu-
rieuses et si nombreuses dans la Chine sud-occidentale, qui sont
comme le résidu de vieilles populations autrefois puissantes, au.
jourd'hui absorbées par les Chinois ou refoulées par eux dans des
montagnes sauvages. Ce sont les Mantze, les Mossos, les Lolos
dont on sait si peu de chose, sans parler des Tibétains, que les
Chinois appellent Sifan, les seuls qui aient conservé quelque trace
de leur ancienne grandeur.
€ En terminant, je veux insister sur Texcellent accueil que notre
compatriote a rencontré auprès des autorités chinoises, accueil
qu'il doit à la fois à la courtoisie dont il n'a cessé de faire preuve
à leur égard et au soin qu'il avait pris de se munir d'un passeport
en règle et de recommandations sérieuses du gouvernement cen-
tral. Les fonctionnaires ne se sont pas contentés de venir en aide
à M. Bonin dans leurs propres districts, ils ont encore pris des
mesures pour que le voyageur fût bien reçu des chefs indigènes
dont il devait traverser les territoires. On ne saurait trop répéter
que les Chinois ne sont pas des barbares intraitables et qu'on a
toute chance d'en être bien accueilli si l'on montre de la politesse
et un bon passeport, et il serait à souhaiter que tous les voyageurs
voulussent bien se conformer à ces conditions. Tout le monde y
gagnerait, la science la première. >
SÉANCE DU 5 JUIN liBdô. 253
Mission en Coloràhie, — M. le comte Joseph de Brettes rend
compte de la mission économique dont il a été chargé par le Mi-
nistère du Commerce dans la République de Colombie, d'où il vient
d'arriver après un séjour de trois ans.
Pour ne pas abuser de l'attention de son auditoire, le voyageur
ne s'est étendu dans sa communication que sur ses travaux de to-
pographie dans la Sierra Nevada de Santa Marthaet sur ses études
ethnographiques, laissant de côté la partie économique et commer-
ciale de sa mission qui a fait l'objet de nombreux rapports à M. le
Ministre du Commerce.
M. de Brettes a esquissé rapidement les travaux géodésiques
considérables nécessités par la triangulation de )a Sierra Nevada de
Santa Martha, ce massif orographique détaché de la chaîne des
Andes et qui couvre une superficie de 46,400 kilomètres carrés, il
ne lui a pas fallu moins de 5 explorations et de 7 reconnaissances
partielles, se résumant dans 347 jours de voyage proprement dit,
pendant lesquels 3,188 kilomètres ont été parcourus en pays inex-
ploré pour mener à bien cette tâche digne de tenter un fervent des
sciences géographiques, qui compte 19 ans d'exploration dont
12 dans le Sud-américain.
Les voyages et reconnaissances du dernier séjour de M. le
comte de Brettes en Colombie se sont effectués dans Tordre suivant :
1893-1894. — Exploration de la Sierra Nevada centrale, août
1893-février 1894; — Fouilles près de Rio-Hacha, voyage à Bogota,
mars 1894-juillet 1894; — Reconnaisance dans la région Taïrona
(première partie), juillet 1894-août 1894; — Voyage à Carlhagène,
aoûtl894-septembre 1894; — Exploration de la région Taïrona,
(deuxième partie); fouilles à Gaïraca, septembre 1894.
1895. — Reconnaissance dans le centre de la péninsule indienne
Goagire, janvier 1895; — Exploration de la région N.-E. de la
Sierra Nevada de Santa Martha, février 1895-mars 1895; —
Reconnaissance dans le centre de la péninsule indienne Goagire,
mars 1895; — Exploration du territoire indien Chimila, mai 1895-
juillet 1895; — Reconnaissance dans la région N.-E. de la Sierra
Nevada de Santa Martha, août 1895-septembre 1895; — Reconnais-
sance dans le centre de la péninsule indienne Goagire, septembre
1895; — Reconnaissance dans la région S.-E. de la péninsule in-
dienne Goagire, novembre 1895.
1896. — Reconnaissance dans le territoire indien Chimila, février
1896 ; — Exploration de la région N.-E. de la péninsule indienne
Goagire; fouilles à Gaïraca, mars 1896.
254 OUVRAGES OPPISRTS A LA SOCIÉTÉ,
Au cours de sa commuoieation M. de Brettes a décrit les mœurs
et les coutumes étranges des populations indiennes au milieu des-
quelles il a séjourné : les Arhouaques-Kaggabas, les Chimilas et
les Goagires.
Le Président félicite M. de Brettes des résultats du voyage dont
il vient de faire une relation très intéressante; il adresse ensuite
des remerciements à M. Ramon de Goenaga, consul général de
Colombie à Londres, qui était venu entendre M. de Brettes, ainsi
qu*à M. Boivin, secrétaire parliculier du Ministre du Commerce,
et chargé de le représenter à cette séance.
— La séance est levée à 10 heures.
MEMBRES ADMIS
MM. Bernard (Maurice); le capitaine Ch. Gosseiin.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
M. Adrien Viel de Lunas, vicomie d'Espeuilles (marquis de BaS"
sano et le général marquis d'Espeuilles).
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Séances des 8 et 22 mai 1896 (suite).
AMÉRIQUE. — P*-*P* Gulliver. — Guspate Forelands {BulL geolog.
sc.of America). Rochester,1896, broch. in-8. Auteur.
J. Capelo. — La via central del Perù. Lima, 1895, 2 vol. in-8. Auteur.
Ëstado de Minas Geraes. Commissâo constructora da nova capital. Revista
gérai dos trabalhos. Publicaçâo periodica, descriptiva e estatistica,
feita, corn autorisaçào do Governo do Ëstado, sob a direcçâo do Ën-
genehiro Chefe Francisco Ricàlho. II. Fevreiro de 1896. Rio de Janeiro,
1896, 1 vol. in-4. Gouvernement lu Brésil.
Commission centrale de bibliographie brésilienne sous la direction de
rinstitut historique et géographique brésilien. 1'* année, fasc. 1. Rio
de Janeiro, 1895, in-8. Échange.
SÉANCES DES 8 ET 22 MAI 4896, 255
EDOtARD Deiss. — De Marseille au Paraguay (notes de voyage). Paris,
Cerf, 1896, 1 vol. in-8. Acteur.
Francisco Montero Barrantes. — Geografia de Costa Rica. Barcelona,
1892, 1 vol. in-8. M. de Peralta.
Limites con Chile. Articules del Doctor Irigoyen. Publicados en la prensa
de la capital y recopilados por Arturo B. Carranza (El tratado-la con-
vencion-el protocolo). Buenos Aires, 1895, 1 voL in-8.
La cuestiôn de limites. El alegato chileno (refutaciôn) por Osvaldo Ma-
gnasco. Buenos Aires, Fr. Lajouane, 1896, 1 vol. in-8.
Gouvernement argentin.
Gorge Brisson. — Exploracion en el alto Ghocô. Edicion oficial. Bogota,
1895, 1 vol. in-8. E. Bourgarel.
République orientale de l'Uruguay. Ministère de Fomente. Musée' et bi-
bliothèque pédagogiques de Montevideo. Albet Gomez Ruano, directeur
honoraire. Publications n<^ 1, 2. Montevideo, 1894. Direction.
Memoria de Estadistica de la republica de Guatemala. 1893, Guatemala,
lip. nacional, 1 vol. in-4. Échange.
RÉGIONS POLAIRES* — Observations météorologiques, magnétiques
et hydrométiques de llle de Danemark dans le Scoresby Sound. 1891-
1893. Faites par l'expédition danoise sous la direction de H. G. Ryder.
Publiées par l'Institut météorologique de Danemark. Copenhague, 1895,
1 vol. in-4. Echange.
Travaux de l'expédition russe à la station de l'embouchure de la Lena.
Part. I. Observations astronomiques et magnétiques, 1884-1885. An-
nexes; portraits; histoire du voyage, par le D' A. A. Bunge; cartes...
1895. Saint-Pétersbourg, Société impériale russe de géographie, 1 vol.
in-4 (en russe et en allemand). Société imp. russe de géographie.
CARTES
Carte géologique détaillée de la France, (fn*"" 17 (Cherbourg), 75 (Rennes),
91 (Château-Gontier),153(Saint-Jean-d'Angely),157(Gannat), 179 (Saint-
Jean-de-Maurienne), 179 bis (Bonneval).
Ministère des Travaux publics.
E. Bretschneider. — Map of China and the surrounding régions. Com-
piled from the latest information (to illustrate the author's a History of
Botanical Discoveries in China», 1896 (l/4,600,000*). Saint- Petersburg,
lliin, 4 ff. Auteur.
Service géographique de l'armée : Afrique, 1/2,000,000, ff. n» 12 (Mour-
zouk), 40 (Loulouabourg); — Algérie, 1/200,000, ff. n"- 8 (Philippeville),
28 (Ame Beïda); — 1/50,000, ff. n" 2 (Cap Bougaroun), 105 (Charon),
110 (Berrouaghia), 184 (Aine Faress),213 (Palikao);— Tunisie, 1/50,000,
ff. n''" 35 (Zaghouane), 43 (Enfid). Ministère de la Guerre.
Cours de Saint-Cyr. Géographie. Cartes dessinées par le commandant
Gard : Maroc— Algérie— Tunisie, 1/3,500,040, 1 f. ;— Abyssinie et pays
limitrophes, 1/3,000,000, If.; — Asie occidentale, 1/11,000,000, 1 f.
Anonyme.
256 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
J. Hansen. — Madag;ascar. Carte manuscrite très détaillée, reproduite
en photographie, 1/750,000 (1896). Auteur.
Commissâo de cartographia, Lisboa. Provincia de Angola. Carta dos
districtos de Benguella e Mossaracdcs, 1895, 1/100,000, 4 ff.
Costa oriental d'Africa. Provincia de Moçam bique. Reconhecimento hy-
drographico da barra do rio Licungo (M'Gondo), 1/10,000, 1895, 1 f.
Ministère de là Marine et des Colonies du Portugal.
José Maria de la Torue. — Mapa fisico, politico é itinerario de la isla
de Cuba. Acompaiiado de varies pianos particulares y de noticias esta-
disticas (1/1,000,000«). Nueva York, J. H. CoUon, 1863, 4 ff.
A.-B. Bénard.
Missions catholiques de la Mclanésie, Micronésic et Polynésie (Océanie).
Supplément au journal les Missions catholiques^ 1896, 1 f. Échange.
The arctic régions with the tracks ef search parties and the progress of
discovery. Compiled from the latest information. Washington, Bureau of
navigation, Hydrographie Office, Apr. 1896,2 IT.(n» 1531). L. VossiOM.
SÉANCE DU 19 JOIN 1896. 257
Séance du 19 juin 1896
PBBSIDENCE DU D' HAMY, DE L'INSTITUT
licctare de la eorreupondanee. ,
Notifications, renseignements et avis divers.— M. E. Leu-
dîère remercie pour sa nomination d'architecte de la Société.
— Le Ministère de l'Instruction publique adresse le programme
du Congres (le SS"") des Sociétés savantes à la Sorbonne en 1897,
dont l'ouverture est fixée au mardi 20 avril.
Le Ministre désirerait qu*à l'avenir les Sociétés prissent une
part plus eonsidérable à la rédaction du programme. 11 recom-
mande pour trois des cinq sections dont se compose le Comité
(Histoire et Philologie ; Archéologie; Sciences économiques et so-
ciales), le dépôt préalable des manuscrits qui sont destinés à la
lecture publique. Ces manuscrits devront être adressés au Ministère
avec le visa des Sociétés, avant le 30 janvier 1897.
Quant aux deux autres sections, celle des Sciences et celle de la
Géographie historique et descriptive, qui nous intéresse plus par-
ticulièrement, une analyse faisant connaître le plan, les princi-
pales lignes et le développement de chaque mémoire sera suffi-
sante.
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). — M. J.
Renaud, ingénieur hydrographe de la marine, fait hommage d'un
exemplaire du rapport qu'il a rédigé sur la Reconnaissance
hydrographique de Vemhouchure de la Seine en 1894.
c Ce rapport contient des renseignements qui peuvent intéresser
notre Société, d'abord sur l'état actuel de l'estuaire de la Seine,
et sur le régime de l'embouchure de ce fleuve; en outre, vous
pourrez y trouver des données précises sur les érosions des fa-
laises du pays de Caux et des côtes du Calvados pendant ces
soixante dernières années.
€ Indépendamment donc des parties techniques qui sont traitées
dans ce rapport, ces deux ordres de fails intéressent l'hydro-
258 PROCÈS-VERBAL.
graphie et la topographie de ces parages ; et à ce point de vue la
brochure me semble pouvoir prendre place utilement sur les rayons
de notre bibliothèque. »
— M. L. Duplais fait don d'un certain nombre de ses publica-
tions qu'on trouvera détaillées aux Ouvrages offerts.
Partie plus spécialement géographique de la correspondance.
— [Asie]. — M. Gh. Chaflfanjon écrit d'Ourga 49 avril/1" mai :
€ Dans quelques jours nous commencerons notre voyage d*exp]o-
•ration en Mongolie orientale et en Mandjonrie^
c Ici les froids sont encore assez rigoureux et les steppes man-
quent de pâturages. S'il fallait attendre que nos animaux pussent
se nourrir en route, il nous faudrait encore prés d'un mois, mais j'ai
pu me procurer une de ces earavanes qui ont terminé le transport
du thé entre Kalgan et Ourgaet qui me transportera de l'intérieur
des terres jusque vers la moitié du cours du Keroulen. Dans
trois ou quatre jours au plus, tout sera prêt et je reprendrai la vie
d'exploration.
< M. le consul général russe Chichmareff m*a rendu les plus
grands services en intervenant dans l'achat de nos animaux pour
les transports. Les marchands chinois, mongols et autres, voyant
une bonne occasion, avaient décidé de nous vendre chevaux et voi-
tures un prix exorbitant, quatre et cinq fois la valeur. M. Ghich-
mareff, qui est un sincère ami de notre pays, en même temps qu'un
admirateur de nos sciences, s'est chargé lui-même, et comme pour
lui, de nous acheter tout ce qui nous était nécessaire ; en même
temps il m'a fourm de précieux renseignements sur cette région
qu'il habite depuis une trentaine d'années.
c J'ai rencontré ici un explorateur russe, M. Klementz, qui, avec
sa femme, parcourt la Mongolie et la Transbaïkalie depuis une
dizaine d'années ; j'ai obtenu de lui de très utiles renseignements
archéologiques, car c'est sa spécialité. 11 rentre à Pétersbourg en
faisant le voyage de Mongolie, suivant mon itinéraire de Tannée
dernière (en sens inverse); il terminera son voyage à Tchou-
goutchak.
c Vous connaissez mon itinéraire pour cette année. Je me pro-
pose de l'exécuter de point en point. Je ne compte guère arriver
au Japon avant novembre ou décembre. Gomme je me propose de
passer par l'Amérique du Nord pour rentrer en France, ce sera
environ dans le courant de mars prochain que je serai de retour
en France.
SÉANCE DU 19 JUIN 1896. 259
€ En attendant, mes compagnons et moi sommes en très bonne
santé et pleins d'entrain : avec de telles dispositions, et les autori-
tés chinoises très bien disposées en notre faveur, nous espérons
une complète réussite.
€ P. S, — Je pense arriver à Vladivostok en août prochain. >
[Afrique]. — Sahara. — Le massacre de la mission de Mores.
— Note de M. P. Vuillot :
c Une triste nouvelle nous arrive de Tunis : la mission du mar-
quis de MoW's, partie de Kébilli (Nefzaoua) et se dirigeant vers
Ghadamès et Rhàt, aurait été massacrée le 8 juin, à El-Ouatia (1),
près de Sinaoun.
c Les détails du massacre, rapportés par un des survivants,
Ali-ben-Zmerli, sont ceux de tous les massacres de missions au
Sahara; les causes en sont les mêmes. Les conditions dans les*
quelles se trouvait la mission étant données, son insuccès et son
échec ne pouvaient malheureusement faire aucun doute pour qui-
conque est au courant des questions sahariennes.
c Faut-il attribuer ces massacres à un réveil du fanatisme mu-
sulman, à l'influence des Senoussi, aux intrigues d'une puissance
rivale en Tripoli taine...? Non, il est inutile de chercher si loin, et
les causes en sont beaucoup plus simples, peut-être même trop
simples, pour satisfaire certains esprits. N'oublions pas qu'entre la
ligne des postes français sud-algériens et les territoires de par-
cours des tribus Azdjer se trouve une vaste zone, parcourue cons-
tamment par des rhezzou de Ghaamba dissidents et de Touareg
en maraude, repoussés de leurs tribus et cherchant quelque cara-
vane à piller. M. de Mores a rencontré un campement de ces
maraudeurs ; il abandonne son escorte pour leur confier ses armes
et la garde de son convoi ; il les prend pour guides, il les paye
d'avance : ce qui est arrivé était inévitable; 40,000 francs de
marchandises représentent pour des Touareg une fortune incalcu-
lable, et M. de Mores devait fatalement tomber victime de son
imprudence.
« Faut-il prétendre que ce nouveau meurtre a été causé par une
(1) El-Ouatia n'est point porté sur la carte du 1/2,000,000" du commandant
de Lannoy de Bissy, ni sur celle au 1/800,000* du Dépôt de la Guerre ; serait-ce le
point porté sur cette dernière sous le nom de Gha'oua ? La carte Rébillet, dressée
en 1893, ne descend malheurensement pas au delà de Naloût; mais la carte de
Duveyricr (1865) indique un point El-Ouatia, à 43 kilomètres au sud-ouest de
Sinaoun.
2(30 PROCÈS-VERBAL.
confiance trop grande dans les Azdjer ? faut-il les en rendre res-
ponsables? Évidemment non. Les chefs Azdjer sont certainement
étrangers au massacre, et toujours dignes de notre confiance; tous
les voyageurs qui ont pu parvenir auprès d'eux et se mettre sous
leur protection sont revenus sains et saufs ; il serait donc souve-
rainement injuste de leur imputer l'état de trouble qui existe dans
la zone qui nous sépare d'eux, et de les rendre solidaires de pil-
lards dont ils sont les victimes aussi souvent que nous.
c La mort de M. de Mores mnrquera-t-elle un temps d'arrêt dans
l'histoire des tentatives de pénétration saharienne ou sera-t-elle,
au contraire, le point de départ d'une nouvelle série d'efforts pour
étendre notre influence vers le sud ? Il faut espérer que, par son
insuccès même et par sa triste fin, M. de Mores servira la cause
pour laquelle il est mort, en suscitant derrière lui des imitateurs
et des vengeurs.
€ Mais, s'il faut souhaiter de voir de nouveaux explorateurs s'en-
gager dans le Sahara, souhaitons aussi qu'ils ne partent qu'avec
une connaissance profonde des populations qu'ils sont appelés à
rencontrer sur leur chemin, qu'ils n'oublient pas que les Ghaamba
et les Touareg eux-mêmes appellent Pa^s de la peur toute la région
qui s'étend de la ligne de nos bordjs aux territoires de parcours
des tribus Azdjer; que la prudence la plus élémentaire consiste à
marcher, non en tête, mais à l'arrière de son convoi, surtout si
l'on n'est pas sûr de ses hommes; qu'à l'étape, il ne faut jamais
coucher sous sa tente, mais en plein air, à quelques mètres plus
loin; en cas d'attaque d'un rhezzou, on évite ainsi le premier choc,
et on a le temps de rallier son escorte; avoir soin de ne jamais
camper auprès des puits importants, qui sont surveillés par les
bandes de maraudeurs, comme étant le point de passage obligé
des caravanes; ne jamais payer ses guides à l'avance, mais au
retour seulement, et ne choisir pour son escorte que des hommes
ayant leur famille et leurs biens en territoire soumis à l'autorité
française; enfin, dernier point, et non le moins important, n'em-
porter avec soi ni or ni marchandises ; tous les meurtres d'Eu-
ropéens au Sahara sont causés par la cupidité des Touareg, et il
ne faut guère s'en étonner, si Ton songe à la pauvreté et à la mi-
sère de ces populations. Avec ces précautions, une mission peut
être moralement sûre de franchir la zone dangereuse ; elle par-
viendra sans encombre auprès des chefs Azdjer ; là elle se trouvera
en sécurité, car il n'est pas d'exemple de voyageur massacré sur
le territoire même des Azdjer. Duveyrier, Von Bary, la première
SÉANCE DU 19 JUIN 1896. 261
mission Flatters, le premier voyage du Père Richard, les missions
Foureau, Méry et d'Attanoux sont là pour le prouver. Quant aux
preuves du contraire, elles sont, hélas I trop nombreuses : ce sont
Mlle Tinné, Doumeau-Dupéré et Joubert, le colonel Flatters, le
Père Richard, les Pères Ménoret et Bouchaud, Douls, Palat ; tout
ce long martyrologe, auquel vient encore s'ajouter un nom, doit
suffire à rappeler les explorateurs futurs à la plus grande pru-
dence; qu'ils étudient donc avec soin, avant de se lancer dans
l'inconnu, les causes des échecs de ceux qui les ont précédés;
qu'ils recherchent pourquoi et comment d'autres ont réussi ; à
cette condition seule ils éviteront de succomber et pourront être
assurés, dans la mesure du possible, que le succès viendra cou-
ronner leurs efforts. >
[Amérique]. — De Viedma, capitale du gouvernement de Rio
Negro (République Argentine), M. le comte Henry de La Vaulx
écrit :
« Je viens de faire un voyage d'un mois et demi sur la côte sud
du Rio Negro et j'ai eu la chance de découvrir dans les anciens
cimetières indiens une quarantaine de crânes d'Indiens Tehuelches
ou Pampas; dans le pays, on ne peut s'accorder sur ce point, que
je compte éclaircir dans les recherches que je ferai au sud, à
Santa-Crux par exemple, où il n*y a que des Tehuelches; j'ai aussi
3 squelettes presque entiers, tous les os fondamentaux existent,
700 flèches de pierre ainsi que morteros, boleadores et autres ob-
jets de pierre ayant appartenu aux Indiens. Je suis revenu à Viedma
pour envoyer mes collections à Buenos-Ayres où elles attendront
mon retour. Dans deux jours je repars pour aller jusqu'à Rocca,
à la Cordillère; de Rocca je descendrai au lac Nahuel-Huapi par le
Rio Limay, et de là me dirigerai sur Rawson au Ghubut. A Rawson
je vous enverrai de nouveau de mes nouvelles.
« Jusqu'à présent j'ai reçu le plus grand appui du gouvernement
argentin.
c Quant au pays, rien de particulier à en dire : la pampa, toujours
la pampa, sans variation, sans aucune végétation ; peu d'oiseaux,
peu d'insectes; il faut dire que nous entrons en hiver. Les quel-
ques insectes que je rencontre, je les conserve pour les remettre
au Muséum à mon retour ; à mon retour aussi, je vous communi-
querai les renseignements ethnographiques que j*ai pu recueillir
jusqu'ici. >
262 PROCÈS-VERBAL.
Traversée du détroit de Magellan, — M. Paul Wentz écrit de
Buenos-Ayres, 19 mai :
€ Ayant le 2 et le 3 du mois dernier traversé le détroit de Ma-
gellan à bord du Rimataka, j'ai pensé pouvoir vous donner à ce
sujet les renseignements que le capitaine Greenstreet a fournis, il
y a quelque temps, à un journal de la Nouvelle-Zélande; dans son
article, le capitaine dit :
« Mon premier voyage par le détroit de Magellan, à bord du*
Rimutaka, s'effectua en 1890. C'était un voyage d'été, puisque nous
avions quitté Syttleton (Nouvelle-Zélande) le 11 décembre. A l'ap-
proche du détroit, le cap Pillar se montre, sortant de l'eau comme
l'aiguille de Cléopâlre; plus loin, la terre est rude et des pics
élevés la dominent avec leurs formes fantastiques. Près de la mer,
les rochers sont couverts d'un petit lichen-mousse, et sur la chaîne
des fies, on voit de nombreux ravins nus et profonds. La végétation
est rare, la mousse seule y pousse et, à l'arrière-plan, les pics
s'élancent, tous coiffés de neige. De l'autre côté du cap, à l'entrée
du détroit, se trouve une île, Westminster-Hall, surmontée de
pinacles qui s'élancent irréguliers; nous passons entre elle et le
cap Pillar. L'entrée du détroit mesure ici 10 milles de largeur, le
cap Pillar a 310 pieds de haut et les rochers à sa base sont bai-
gnés par la mer.
€ Le spectacle est étrange, et cette étrangeté est encore accen-
tuée par des grains qui traversent le détroit comme un voile noir,
malgré l'éclat brillant du soleil. Contournant le cap Pillar à un
mille de distance environ, nous entrons dans Sea-Reach, ayant
une vue splendide des rochers nus qui dominent. La terre est rude
et les montagnes noires, couvertes d'une maigre végétation, des-
cendent en pente abrupte dans la mer; le canal est semé d'îlots.
c Après un trajet de 30 milles^ le paysage restant toujours le
même, le détroit se rétrécit et n'a plus que 6 milles. Là commence
la beauté du voyage ; notre bateau passe près d'une cascade splen-
dide tombant tout d'une pièce de 1,020 pieds de hauteur.
c Cette chute d'eau prend naissance dans un petit lac sur la
montagne haute de 3,500 pieds au-dessus du niveau de la mer et
tombe verticalement sur un petit plateau et de là dans la mer.
€ De chaque côté les montagnes, dont la base plonge dans la
mer, s'élèvent nues, couvertes de neige à leur sommet, et exposant
à la lumière du soleil leurs glaciers resplendissant de teintes
bleues et blanches. Ces glaciers ont formé des fissures dans les
flancs des montagnes; en été, leur couleur, qui contraste avec les
SÉANCE DO 19 JUIN 4896. 263
rocs noirs, produit un effet remarquable. La couleur de la glace
est indescriptible, une sorte de mélange de bleu d*azur et de vert;
il faut la voir pour pouvoir s'en faire une idée.
< Après avoir passé Sea-Reach, nous entrons dans Long-Reach
011 la largeur n'est guère que de 2 milles. Des pics aux formes
fantastiques, couverts de neige et de glaciers, frappent la vue de
chaque côté, et après un trajet de 20 milles, nous entrons dans
Glacier Bay.
€ Une chaîne de montagnes de 3,500 pieds domine la baie pendant
plusieurs milles, et un glacier énorme qui donne son nom à la baie,
descend majestueusement du sommet de l'une de ces montagnes
jusqu'à la mer.
€ De cette baie, les indigènes viennent souvent nous accoster,
sortant des différentes creeks dans leurs canots de forme primitive.
Ce sont les types les plus inférieurs de la race humaine; ils portent
peu ou point de vêtements, sauf une ns^tte. J'ai remarqué qu'il y a
toujours un feu allumé dans le centre du canot, feu qu'on entre-
tient avec soin.
c Pendant un de mes voyages, un canot portant cinq indigènes
dont trois femmes, accosta l'équipage, demandant c tabak, tabak »,
ce qui montre qu'ils savent quelque chose de nos coutumes. Nous
ralentissons d'ordinaire, et nous leur faisons apporter une caisse
contenant des biscuits, du tabac et de la viande. Mais je ne leur ai
jamais permis de monter à bord.
c Le buste de ces indigènes semble bien développé, sans doute
parce qu'ils sont sans cess^ occupés à pousser leur canot; en re-
vanche, les jambes sont très maigres. Ils ne vivent pas dans des
huttes, mais dans des terriers, comme des animaux.
€ A l'entrée de Glacier Bay on rencontre une île remarquable,
juste au fond du glacier décrit plus haut. Elle est complètement
couverte de ce que je pris d'abord pour des tombes. On voyait des
bâtons enfoncés en terre et portant des morceaux de planche à leur
extrémité. Biais, en approchant, je remarquai que sur ces planches
étaient peints les noms des différents bateaux qui avaient visité la
baie et l'ile.
€ Nous entrons ensuite dans Crooked-Reach, ainsi nommé à
cause de ses détours; ici le détroit a le minimum de largeur. Nous
contournons la pointe à environ 100 yards et passons Thornton
Peaks, une chaîne de 2,725 pieds de haut; le terrain y est
ondulé un peu comme à la Nouvelle-Zélande, mais la végéta-
tion manque.
264 PROCÈS-VERBAL.
€ Passant le cap Quod nous entrons dans Ënglish-Reach ; le dé-
troit s^élargit à 5 milles et nous avons alors le cap Froward,
situé à l'extrémité de l'Amérique du Sud.
€ De là, on prend le nord-est et on passe devant le plus grand
pic, le mont Sarmiento, 7,330 pieds, couvert de neige. Par un temps
clair, ce pic peut être vu à 96 milles de distance. Au cap Isadora,
on peut apercevoir les épaves d'un vapeur français.
c A partir de là le spectacle change; la terre est basse et on-
dulée, couverte d'une herbe grossière qui continue jusqu'à Sandy
Point ou Punta Arenas, où nous jetons l'ancre. Nous sommes à
200 milles du cap Pillar, entrée du détroit.
€ Punta Arenas est une ancienne colonie pénitentiaire chilienne,
mais qui prend tous les jours plus d'importance. Lors de mou pre-
mier voyage, on n'y voyait que quelques huttes et quelques mai-
sons. Maintenant il y a des habitants et un bon hôtel y a été bâti.
A mon dernier voyage, j'y ai débarqué 6 passagers qui voulaient
se rendre à Montevideo et éviter Rio et la quarantaine.
c Des vapeurs traversent le détroit trois fois par semaine, fai-
sant le commerce avecla côte ouest ; il y a la ligne du Pacific, celle
du Kosmos et d'autres encore, ce qui fait que le détroit de Magellan
n'est pas aussi désert qu'on se l'imagine.
f Nous jetons toujours l'ancre ici lorsque la nuit nous surprend,
car l'autre extrémité du détroit est difdcile pour la navigation.
< Des bateaux accostent, offrant des peaux de guanaco, et des
ornements d'or et d'argent.
€ La population de Punta Arenas, qui compte aujourd'hui
30,000 habitants (1), est principalement chilienne etpatagonienne.
Il y a un gouverneur et un maître de port; les bateaux ont un
léger droit à payer.
c L'endroit est une très bonne station pour faire du charbon.
Les rues sont éclairées au gaz et on parle d'éclairer ainsi le détroit
dans toute sa longueur.
c En quittant Sandy Point on passe au travers des Narrows où le
détroit n'a qu'un demi-mille de largeur, avec des bancs de boue
s'élevant perpendiculaires de chaque côté.
c Le courant ici est très fort, 6-8 nœuds à l'heure, et même,
quand il est favorable, un bateau peut faire 20 nœuds.
c Au bout des premiers Narrows, nous passons une grande sta-
tion de moutons à Delagardo Point.
(1) Recensement de novembre 1895.
SÉANCE DU 19 JUIN 1896. 265
€ Le pays est plat, sec, et ressemble aux plaines de Ganterbury
(Nouvelle-Zélande). La chaîne de montagnes à l'arrière n'a pas
plus de 900 pieds et s'appelle The Asse's Ears (les oreilles d'âne), à
cause de sa forme.
c Nous sommés maintenant près de Dungeness Point, Pextré-
mité du détroit, et une fois que nous avons passé la pointe de
sable basse, nous sommes de nouveau dans l'Océan.
€ Le passage du détroit de Magellan dure vingt-trois heures et
demie. Le temps qu'on met à le traverser dépend du moment où
Ton y entre, ce que je fais toujours au point du jour. 11 n'y a aucun
danger et l'on peut aller tout le temps c full spced ». »
Aux renseignements du capitaine Greenstreet sur Punta Arenas,
M. Paul Wentz ajoute ceux qu'il a pu recueillir lui-même pendant
les quelques heures qu'il y a passées :
c Outre les Chiliens, la population comprend des Anglais, des
Italiens, des Français, des Allemands. La laine est Tindustrie prin-
cipale, et à àO milles au nord ainsi que dans la Terre de Feu, l'on
trouve de grandes stations de moutons. Cette branche doit se dé-
velopper chaque jour, et des laines de c Terra del Fuego > ont
déjà été appréciées par les acheteurs.
c A Punta Arenas, l'ouvrier habile reçoit un salaire élevé.
Un bon charpentier peut se faire par jour 14 shillings (le shilling
vaut 1 fr. 25) ; son logement et sa nourriture lui coûteront 1 livre
sterling (25 fr.) ou 25 shillings par semaine. L'ouvrier ordinaire
reçoit 7 shill. 6 d. par jour, mais il doit se nourrir.
€ Dans le détroit on trouve un établissement de congélation de
viande et un bateau hors d'usage a été transformé eu glacière où
les moutons gelés attendent le passage d'un bâtiment pour l'Eu-
rope. Aux environs et surtout dans la Terre de Feu l'on trouve de
l'or qui se recueille en petites quantités dans le sable du bord de
la mer.
c Ce qui montre riraporlance croissante de Punta Arenas, c'est
le prix du terrain en ville; il y a cinq ans, un hectare valait
5 livres sterhng, aujourd'hui on le vend de 50 à 1,500 livres.
c Nous descendîmes à terre le soir; et nous avons pu voir, au
clair d'une lune splendide, quantité de maisons en cours de con-
struction. >
[oeéanie]. — Une relique historique, — M. Paul Wentz, au-
teur d'une partie de la communication précédente, adresse en
soc. DE 6É00R. — C R. DES SÉANCES. — N*» 13 et U. 19
268 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
à saluer, en même temps que vous, le dernier orateur qui nous ait,
ici même, parlé de la Nouvelle-Guinée, M. Raffray, qui a tenu à vous
apporter ce soir un témoignage de sympathie. »
Et comme le voyageur avait, sur la fin de sa relation, exprimé
ses regrets de Tinterruption que son voyage avait dû subir, le Pré-
sident lui dit : € Je ne saurais trop vous engager à reprendre une
exploration si malheureusement interrompue et à la pousser jus-
qu'à ses dernières limites. Espérons que cette fois vous pourrez
rapporter les documents que vous aurez recueillis et en faire pro-
fiter la science. »
— La séance est levée à 10 heures.
MEMBRES ADMIS
M. Adrien Viel de Lunas, vicomte d'Espeuilles.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Julien (Ëmile-Pierre-François), capitaine au J^S*" d'infanterie
(baron Htdot et Gh. Maunoir); Graindorge (Emile), cultivateur
(Emile Bertaux et Gh. Maunoir).
Conformément à Ttisage adopté, les candidats présentés dans la
dernière séance avant les vacances pour faire partie de la Société
sont admis à cette séance même. En conséquence MM. Julien (Emile-
Pierre-François) et Graindorge (Emile) sont admis comme membres
de la Société.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Séances des b et i9 juin 1896.
GÉNÉRALITÉS GÉOGRAPHIQUES. -Report of the Sixth Interna-
tional Geographical Gongress held in London, 1895. London, Murray
(Paris, Hachette), 1 vol. in-8. Royal geographical Society.
Ernst Bunge. — Compte rendu du Congrès international des sciences géogra-
phiques tenu à Londres, août 1895. Havre, 1895, broch. in-8. Auteur.
E. Levasseur. — La géographie dans les écoles et à l'université (C/{. du
tionème Congrès internat, de géographiey Londres, 1895), broch.
in-8* Auteur.
SÉANCES DES 5 ET 19 JUIN 1896. 269
G. DÉTAEZ. — Recherches sur les distances géographiques et en parti-
culier sur celles de Calais à Douvres. ^^ éd. Lille^ 1896, broch. in-8.
G. Détrez. — De la prévision du temps. Lille, 1896, broch. in-8.
Auteur-éditeur.
Arthur de Claparède. — Coup d*œil sur la Société de géographie de
Genève depuis sa fondation en 1858 jusqu'en 1896. Genève, 1896, 1 vol.
in-8. Prince Roland Bonaparte.
Institut colonial international, compte rendu de la session tenue à La
Haye les 9, 10, 11 et 12 septembre 1895. Paris, Colin, 1895, 1 vol. in-8.
Bibliothèque coloniale internationale. Publication de Tlnstitut colonial
international, Bruxelles, l'*' série. La main-d'œuvre aux colonies. Docu-
ments officiels sur le contrat de travail et le louage d'ouvrage aux
colonies. Tome I. Paris, A. Colin, 1895, 1 vol. in-8.
Institut colonial international, Bruxelles.
Henri de Sarrauton. — L'heure décimale et la division de la circonfé-
rence (Bull, Soc, de géogr. et d'archéol. d'Oran), Oran, 1896. broch.
in-8. Auteur.
Théod. Barrois. — Recherches sur la faune des eaux douces des Açores
(Mém. Soc, des «c, de l'agriculture et des arts). Lille, 1896, 1 vol.
in-8. Auteur.
BIOGRAPHIE. — L. DuPLAis. — Figures maritimes et rochefortaises,
1881-1895. Paris, 1882, 1896, % vol. in-8.
L. DUPLAIS. — Brizieux. S"" édition. Paris, 1889, broch. in-8.
L. DuPLAis. — Broussais. Histoire complète. Paris, 1891, broch. in-8.
L. DuPLAis. — H. Cazin. Biographie. Paris, 1892, broch. in-8. Auteur.
G. Regelsperger. — Les Kel-Antassar. La mort du lieutenant Bérar
{Bull. Soc, géogr, de Roche fort, 1896), broch. in-8. Auteur.
JoAQUiM de Araujo. — A commissâo portuguesa da Exposiçâo colom-
bina. Lisboa, 1892, broch. in-8. Auteur.
DIVERS. — L. DuPLAis. — Le vin de Champagne. Paris,
broch. in-8. Auteur.
Los Debates. Revista quincenal. Organo universitario. Ano I, 1* epoca.
Montevideo, Mayo 5 de 1896. Tomo I, nùm. 1, gr. in-8. Direction.
Eugène Payart. — La découverte du pôle nord (G. R.du sixième Congrès
internat: de géogr, y Londres, 1895), broch. in-8. Auteur.
EUROPE. — L. Duplais. — Berck-sur-Mer. Ville et plage. 2* édition,
Paris, 1895, 1 vol. in-12.
J. Renaud. — - Service hydrographique de la Marine. Rapport sur la
reconnaissance hydrographique de Tembouchure de la Seine en 1894
(autographié). Auteur,
F. EscARD. — Un pays d'États de langue française à la fin du xix' siècle.
Jersey et ses institutions (Réforme sociale). Paris, Soc. d'économie
sociale, 1896, broch. in-8. Auteur.
Ce. DuFOURifANTELLE. — Le yacht Euxène à l'île d'Elbe. Paris (journal
« Le Yacht 9) et Ajaccio, 1896, broch. in-8. Auteur.
N. Jacob. — Illustrirte Géographie der Schweiz fiir Mittelschulen. 6** Aufl.
Bern, J. Kuhn, 1892, 1 vol. in-8. Baron Bertrand.
270 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
S. A. I. et R. l'Archiduc Ludwig Salvator. — Die Liparischcn Insein
Sechstes Heft: Alicuri. Prag, Mercy, 1896, 1 vol. in-4. Auteur.
Arthur Osonâ. — Centre excursionista de Catalunya. La repûblica d*An-
dorra. Guia itineraria divida en 42 itineraris y ressenya geogràfich-his-
tôrica de las yalls. Barcelona, Est. de F. X. Altés, 1896, 1 vol. in-8.
Auteur.
Alexandre Boutroue. — En Scandinavie. Notes de voyage. Le pays, ses
monuments et ses habitants. Conférence... (Revue de Géographie y
1895). Paris, Leroux, 1896, broch. in-8. Auteur.
Exposition nationale russe de l'industrie et des beaux-arts à Nijny Nov-
gorod. Guide. La ville. — La foire. — L'exposition. Saint-Pétersbourg,
1 vol. in-8. A. Raffalovich.
ASIE. — Th. Sabaghnikoff et E. D. Levât. — Le transsibérien et la
navigation sur le fleuve Amour {Revue scientifique). Paris, 1896, broch.
in-8. Auteur.
Earl of DuKMORE. — The Pamirs; being a narrative of a year's expédi-
tion on horsbeak and on foot through Kashmir, Western Tibet, Chi-
nese Tartary, and Russian Central Asia. ^ édition, with illustrations...
London, Murray, 1893, 2 vol. in-8. Achat.
A. WoEiKOF. — Das Klima Centralasiens nach den Beobachtungen von
?rsc\ieyf 2i\sky iMeteorol. Zeitschr., 1896), broch. in-8. Auteur.
AFRIQUE- — D" KarlFotterer. — Afrika in seiner Bedeutung fiir die
Goldproduktion in Yergangenheit, Gegenwart und Zukunft. Berlin, D.
Reimer, 1895, 1 vol. in-8. C. Maunoir.
E. G. Ravenstein. — The Glimatology of Aft-ica. Report... (Ipswich
1895), broch. in-8. Auteur.
D' Philipp Paulitschke. — Ethnographie Nordost-Afrikas. Die geistige
Cultur der Danâkil, Galla und Somal, nebst Nachtrâgen zur materiellen
Cultur dieser Vôlker. Berlin, D. Reimer, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Ce volume complète l'ouvrage déjà présenté à la Société dans sa séance
du 5 janvier 1894 et dans lequel l'auteur s'est applique à faire connaître en
Europe, sous leurs aspects les plus divers, les nombreuses et intéressantes
populations du Nord-Est africain.
J. DE Crozals. — Trois Etats foulbé du Soudan occidental et central. Le
Fouta, le Macina, l'Adamaoua (Annales de l'Université de Grenoble),
Paris, Gauthier-Villars, broch. in-8. Auteur.
La Tunisie. Histoire et description, 2 vol. —Agriculture, industrie, com-
merce, 2 vol. Paris, Berger-Levrault, in-8. Gouvernement tunisien.
EusÈBE Vassel. — Bou-Grara, port de commerce. Tunis, 1896, broch.
in-8. Auteur.
P. VuiLLOT. — Note sur un voyage de Nefta à Ghadamès (mars-avril
1893), par MM. Cazemajou et Dumas (Bull. Soc. Géogr.), Paris, 1896,
broch. in-8. Auteur.
Auguste Pawlowskl — Bibliographie raisonnée des ouvrages concer-
nant le Dahomey (Popos, Juda, Porto-Novo, Dahomey, Mahdi). Paris,
Baudoin, 1895, broch. in-8. Auteur.
SÉANCES DES 5 ET 19 JUIN 1896. 271
AMÉRIQUE. ~D. W. PaowSE.— A history of Newfoundland. From the
English, Colonial, and Foreign Records. With a prefatory Note by £.
Gosse. With 34 collotypes, over 300 illustrations, and numerous maps.
London, Mac Millan, 1895, 1 vol. in-8. Auteur, par Tentremise de
M. Riballier des Isles, consul de France à Saint-Pierre-de-Terre-
Neuve.
J. M. Bel. — Mission scientifique au Chili et dans le nord de la Bolivie.
1888-1889 {Nouvelles Archives des missions scientifiqueSy t. VII),
Paris, impr. nat., 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Prof. GuiDo Cor A. — Il territorio contestato Ira la Venezuela e la Guiana
inglese. Lettera... Torino, broch. in-8. Auteur.
ATLAS ET CARTES.
Gérard Mercator. — Atlas sive cosmographicae meditationes de fabrica
mundi et fabricati figura. Amsterdam, 1619, 1 vol. in-f*. Ch. Gomel.
Y. IMFELD. — La chaîne du Mont-Blanc. Carte au l/50,000» dressée sur
l'ordre de A. Barbey... d'après les relevés, les mensurations et la no-
menclature de L. Kurz et d'après les documents existants. Berne,
1896, if. Achat.
G.-G. Metz. — Photo-relief du Caucase. Saint-Pétersbourg, 1895.
1 f. auteur.
Carte des missions Decœur et Baud dans la boucle du Niger (1895).
Dressée par les U' Baud et Vermeersch à l'aide des itinéraires du
C Decœur, des 1" Baud, Vermeersch, Vargoz, et de M. Alby, admi-
nistrateur colonial, 1/1,500,000*, Paris, 1 f. Hachette et C", éditeurs.
Carta de la republica mexicana, 1/100,000% séria 1", Hoja 19 (14 ff.).
Gouvernement mexicain.
Eyland Curaçao, Anno 1800 (photographie). J. de Brettes.
photographies. — PORTRAITS.
Algérie (propriété à El-Aïn El-Beïda), 6 pi. J. Forest.
Nouveau Mexique, Saint-Domingue, Tahiti, Samoa, Australie, 75 pi.
Ossements et cercueil de Chr. Colomb, 5 pi. A. Pinart.
Voyageurs et géographes russes (frères Grégoire et Michel Groum-
Grjimaïlo, Kozloff, amiral Nasimoff, V. Obroutcheff, capitaine V. Ro-
borovski). Général A. de Tillo.
La Société fait appel à tous ses membres, aux explorateurs, aux
missionnaires et aux amateurs, en vue daugmenter ses collections
photographiques déjà importantes. Elle accueillera avec recon-
naissance les photographies présentant un caractère géogra-
phique ou ethnographique (vues de paysages, de lieux habités, de
monuments, de types humains) et plus particulièrement celles qui
proviendront des régions peu connues ou incomplètement explorées.
En adressant les documents à la Société, les donateurs sont
priés de déclarer s'ils désirent ou non se réserver le droit de
reproduction.
372 OUVRAGES OFFERTS k LA SOCIÉTÉ.
Publications provenait de là bibliothèque de feu R. Marjolin,
OFFERTES PAR MADAME YEUVE MARJOLIN (1) :
J. deLaet.— Novusorbis seu descriptîonis Indiac Occidentalis libri xviii.
Lugd. Batav., apud Elzévirios, 1633, 1 vol. in-4.
Les voyages advantureux de Fernand Mondez Pinto, fidellement traduits
de Portugais en François par le S' Bernard Figuier. Paris, J. Henaull,
1645, 1 voL in-4.
Topographia Galliae, dat is, een algenieene en naeukeurige Lant- en
Plaets-beschrijvinghe van het machtige Koninckrijck Yranckryck...
Amsterdam, 1660, 4 vol. in-4.
Voyage de Siam, des Pères Jésuites envoyez par le Roy aux Indes et à 1
la Chine. Avec leurs observations astronomiques et leurs remarques de
physique, de géographie... Paris, 1686, 2 vol. in>4. '
Baudelot de Dairval. — De l'utilité des voyages et de ravantage que la |
Recherche des Antiquitez procure aux sçavans. Paris, AuboÛin, 1686,
1 vol. in-8
Charles Patin. — Relations historiques et curieuses de voyages, en Al- i
lemagne, Angleterre, Hollande, Bohême, Suisse, etc. Amsterdam,
P. Mortier, 1695, 1 vol. in-12.
Les aventures de Jacques Sadeur dans la découverte et le voiage de la
terre australe. Contenant les coutumes et les mœurs des Australiens,
leur religion... Paris, Aubouyn, 1705, 1 vol. in-12
C. Biron. — Curiosiiez de la nature et de Tart, apportées dans deux
voyages des Indes; Tun aux Indes d'Occident, en 1698 et 1699, et
l'autre aux Indes d'Orient, en 1701 et 1702. Avec une relation abré-
gée de ces deux voyages. Paris, J. Moreau, 1703, 1 vol. in-8.
Guillaume Dampier. — Nouveau voyage autour du monde. Où l'on décrit
en particulier l'isthme de l'Amérique, plusieurs côtes et isles des
Indes occidentales... T. 1, 2, 3, 4 (avec le voyage de Lionel Wafer), 5
(où l'on a joint : le voyage du capitaine Wood à travers le détroit de
Magellan; le journal de l'expédition du capitaine Sharp; le voyage au-
tour du monde du capitaine Gowley ; le voyage du Levant de M. Robert).
Rouen, R. Machuel, 1715, 5 vol. in-12.
Les six voyages de Jean-Baptiste Tavernier en Turquie, en Perse et aux
Indes, pendant l'espace de quarante ans. Utrecht... 1717, 3 vol. in-12.
Voyage de Gautier Schouten aux Indes orientales. Commencé l'an 1648
et fini l'an 1665. Traduit du hollandais. Nouvelle édition. Rouen, 1725,
2 vol. in-12.
Frezier. — Relation du voyage de la mer du Sud aux côtes du Chily et
du Pérou, fait pendant les années 1712, 1713 et 1714. Paris, 1732, 1 vol.
in-4.
Le R. P. Joseph François Lafitau. — Histoire des découvertes et con-
questes des Portugais dans le Nouveau monde, avec des figures en
taille-douce. Paris, 1733, 2 vol. in-4.
De Bougainville. — Voyage autour du monde, par la frégate du roi la
Boudeuse et la flûte VÉtoile ; en 1766-1769. Paris, 1772, 2 vol. in-8.
(1) Classécsjpar ordre chronologique.
SÉANCES DES 5 ET 19 JUIN 1896. 273
Journal d'un voyage autour du monde, en 1768, 1769,1770, 1771; conte-
nant les divers événements du voyage; avec la relation des contrées
nouvellement découvertes dans Thémisphère méridional... Traduit de
l'anglais par M. de Fréville. Paris, Saillant et Nyon, 1772, 1 vol. in-8.
BouRDÉ. — Manuel des marins, ou explication des termes de marine.
L'Orient, 1773, 2 vol. in-8.
L. Denis. — Guide royal, ou dictionnaire topographiqne des grandes
routes de Paris aux villes, bourgs et abbayes du royaume. Orné de
traits historiques des endroits les plus remarquables... Paris, 1774,
2 vol. in-8.
Constantin-Jean Phipps. — Voyage au Pôle boréal, fait en 1773, par
ordre du roi d'Angleterre. Traduit de l'anglais. Paris, 1775, 1 vol. in-4.
SoNNERAT. — Voyage à la Nouvelle-Guinée, dans lequel on trouve la
description des lieux, des observations physiques et morales... Paris,
Ruault, 1776, 1 vol. in-4.
André Sparrhan. — Voyage au Cap de Bonne-Espérance et autour du
monde, avec le capitaine Cook; et principalement dans le pays des
Hottentols et des Cafres. Paris, 1777, 3 vol. in-8.
De la Condamine. — Relation abrégée d'un voyage fait dans l'intérieur
de l'Amérique méridionale depuis la côte de la mer du Sud jusqu'aux
côtes du Brésil et de la Guyane, en descendant la rivière des Ama-
zones. Maëstricht, 1778, 1 vol. in-8.
Voyages de M. Niebuhr en Arabie et en d'autres pays de l'Orient, avec
l'exlrait de sa description de l'Arabie et des observations de M. Forskal.
En Suisse, 1780, 2 vol. in-8.
Capitaine Forrest. — Voyage aux Moluques et à la Nouvelle-Guinée,
fait sur la galère la Tarlare en 1774, 1775 et 1776, par ordre de la
Compagnie anglaise. Paris, 1780, 1 vol. in-4.
Lettres de M. William Coxe à M. W. Melmotb, sur Télat politique, civil
et naturel de la Suisse, traduites de l'anglais et augmentées des obser-
vations faites dans le même pays, par M. Ramond. Paris, Belin, 1781-
1782, 2 vol. in-8. — Nouvelle édition, 1782,2 vol. in-8.
Troisième voyage de Cook, ou journal d'une expédition faite dans la mer
Pacifique du Sud et du Nord, en 1776-1780. Traduit de l'anglais, 3*> édi-
tion. Versailles, 1783, 1 vol. in-8.
Besson. — Manuel pour les savants et, les curieux qui voyagent en
Suisse. Avec des notes par M. W***. Lausanne, 1786, tome I", in-8.
Observations faites dans les Pyrénées, pour servir de suite à des Obser-
vations sur les Alpes, insérées dans une traduction des Lettres de W.
Coxe, sur la Suisse. Paris, Belin, 1789, 1 vol. in-8.
Le Vaillant. — Voyage dans l'intérieur de l'Afrique par le cap de
Bonne-Espérance, dans les années 1780-1785. Paris, Leroy, 1790, 2 vol.
in-8.
James Bruce. — Voyage en Nubie et en Abyssinie entrepris pour dé-
couvrir les sources du Nil pendant les années 1768-1773. Traduit de
l'anglais, par M. Castera. Paris, 1791, 5 vol. de texte avec atlas, in-4.
John Knox. — Voyage dans les montagnes de l'Ecosse et dans les îles
Hébrides, fait en 1786. Traduit de l'anglais. Paris, Defer de Maison-
neuve, 1790, 2 vol. in-8.
Voyages de C.-P. Thunberg, au Japon, par le cap de Bonne-Espérance,
les lies de la Sonde, etc. Traduits, rédigés et augmentés... parL. Lan-
274 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
glès, et revus, quant à la partie d'Histoire naturelle, par J.-6. La-
marck. Paris, Daudré, 1796, -i vol. in-8.
B. Faujas-Saint-Fond. — Voyage en Angleterre, en Ecosse et aux îles
Hébrides ; ayant pour objet les sciences, les arts, l'histoire naturelle et
les mœurs; avec la description minéralogique... Paris, Jansen, 1797,
2 vol. in-8.
François Pasumot. — Voyages physiques dans les Pyrénées, en 1788 et
1789. Histoire naturelle d'une partie de ces montagnes... Paris, 1797,
1 vol. in-8.
Voyage de La Pérouse autour du monde, publié conformément au décret
du 22 avril 1891, et rédigé par M. L.-A. Milet-Mureau. Paris, Plassan,
1798, 4 vol. in-8.
SwiNTON. — Voyage en Norvège, en Danemarck et en Russie, dans les
années 1788, 1789, 1790 et 1791. Traduit de l'anglais par P.-F. Henry;
suivi d'une lettre de Richer-Sérisy sur la Russie. Paris, Josse, 1798.
Relation de l'ambassade de Lord Macartney à la Chine, dans les années
1792, 1793 et 1794. Traduite de l'anglais. Paris, l'an IV, 2 vol. in-8.
Samuel Turner. — An account of an embassy to the court of the Teshoo
Lama, in Tibet... London, 1800, 1 vol. in-4.
Samuel Patrick. — Gcographia antiqua cum indice quo vetera locorum
nomina novio praeponuntur, scholarum usui accomodata. Berolini, 1800,
1 vol. in-8.
George Vancouver. — Voyage de découvertes, à l'océan Pacifique du
nord, et autour du monde ; dans lequel la cjôte nord-ouest de TAraé-
rique a été soigneusement reconnue et exactement relevée. Ordonné
par le roi d'Angleterre et exécuté en 1790-1795. Paris, inipr. de la Ré-
publique, an VIII, 3 vol. de texte in-4, avec atlas, in-f°.
Labillardière. — Relation du voyage à la recherche de La Pérouse,
fait par ordre de l'Assemblée constituante, pendant les années 1791,
1792, et pendant la 1" et la 2* année de la République françoise. Paris,
Jansen, an VIII, 2 vol. in-8.
Voyage de Dimo et Nicole Stephanopoli en Grèce, pendant les années V
et VI (1797 et 1798). D'après deux missions, dont l'une du gouverne-
ment français, et l'autre du général en chef Buonaparte. Rédigé par
un des professeurs du Prytanée. Paris, imp. Guilleminet, an VIII, 2 vol.
L. Ramond. — Voyages au Mont-Perdu et dans la partie adjacente des
Hautes Pyrénées. Paris, Belin, 1801, 1 vol. in-8.
Thomas Howel. — Voyage en retour de l'Inde, par terre et par une
route en partie inconnue jusqu'ici. Suivi d'observations sur le passage
dans l'Inde par l'Egypte et le grand désert, par James Gapper. Traduit
de l'anglais par Th. Mandar. Paris, impr. de la République, an V, 1 vol.
in-4.
G. -S. Sonnini. — Voyage dans la haute et basse Egypte fait par ordre
du gouvernement... Paris, Buisson, an VII, 3 vol. in-8.
Pallas. — Tableau physique et topographique de la Tauride suivi d'obser-
vations sur la formation des montagnes, et les changements arrivés à
notre globe (Suite au Voyage en Russie). Paris, Guillaume, an VU,
1 vol. in-8.
Jban-Ghrétien Fabrigius. — Voyage en Norvège, avec des observations
sur l'histoire naturelle et l'ôconomie, traduit de l'allemand. Paris, Le-
vrault, 1802, 1 vol. in-8.
SÉANCES DES 5 ET 19 JUIN 1896. 275
Â.-G. Camus. — Mémoire sur lacollectioa des grands et petits voyages,
et sur la collection des voyages de Melchisedech Thevenot. Paris, Bau-
douin, 1802, 1 vol. in-4.
Voyage en Islande, fait par ordre de S. M. danoise, contenant des obser-
vations sur les mœurs et les usages des habitants... Traduit du danois
par Gauthier de Lapeyronie. Paris, 1802, 5 vol. in-8, 1 atlas, in-f».
Vivant Denon. — Voyage dans la basse et la haute Egypte, pendant les
campagnes du général Bonaparte. Paris, impr. Didot, 1802, 3 vol. in-8.
Louis-Ange Pitou. — Voyage à Cayenne; dans les deux Amériques, et
chez les anthropophages. Ouvrage orné de gravures, contenant le tableau
général des déportés... Paris, 1805, 2 vol. in-8.
G. Boucher de la Richarderie. — Bibliothèque universelle des voyages,
ou notice complète et raisonnée de tous les voyages anciens et mo-
dernes... Paris, 1808, 6 vol. in-8.
Thomas Pennant. — Tours in Wales. With notes. London, 1810, 3 vol.
in-8.
Palassou. — Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des Pyrénées
et des pays adjacents. Pau et Paris, 1815-1819, 3 vol. in-8.
Voyage de découvertes aux terres australes exécuté par ordre de S. M.
l'empereur et roi sur les corvettes la Géographie, le Naturaliste et la
goélette le Casuarina, pendant les années 1800-1804... Rédigé par
M. F. Pérou et continué par M. L. Freycinet. Paris, irapr. royale, 1816,
2 vol. texte, 2 atlas, in-4.
L. SiMOND. — Voyage en Angleterre pendant les années 1810 et 1811
avec des observations sur l'état politique et moral... Paris, Trcuttel et
Wurtz, 1817, 2 vol. in-8.
John Ross. — A voyage of discovery, made nnder thc orders of the
Admiralty, in H. M's. Ships hahella and Alexander^ for the purpose of
exploring Baffin's Bay, and inquiring into the probability of a North-
West Passage. London, Murray, 1819, 1 vol. in-4.
Eugène Genoude. — Voyage dans la Vendée et dans le midi de la France.
Paris, Nicolle, 1820, 1 vol. in-8.
L.-A. Necker de Saussure. — Voyage en Ecosse et aux lies Hébrides.
Genève, Paschoud, 1820, 3 vol. in-8.
Allas pour servir à rintelligence des voyages de Laharpe. Dressé par A. Tar-
dieu. Paris, Ledoux, 1821, 1 vol. in-4.
Charles Nodier. — Promenade de Dieppe aux montagnes d'Ecosse. Paris,
Barba, 1821, 1 vol. in-8.
J.-B.-Henri Savignt et Alexandre Gorréard. — Naufrage de la frégate
la Méduse f faisant partie de l'expédition du Sénégal, en 1816, Paris,
1817, 1 vol. in-8; — 4' édition entièrement refondue, 1821, 1 vol. in-8.
Chevalier Lapie. — Mémoire sur les voyages exécutés dans l'océan Gla-
cial arctique au nord de l'Amérique septentrionale {Nouvetles Annales
des voyages, t. XI), 1821, broch. iii-8.
Charles Cochelet. — Naufrage du brick français la Sophie, perdu, le
30 mai 1819, sur la côte occidentale d'Afrique, et captivité d'une partie
des naufragés dans le désert de Sahara... Paris, P. Mongie, 1821,
2 vol. in-8.
William Edward Parry. — Journal of a voyage for the discovery of a
North-West Passage from the Atlantic to the Pacific; performed in the
years 1819-1820, in H. M's. Ships Hecla and Griper. With au Appen-
276 OUVRAGES OFFERTS K LA SOCIÉTÉ.
dix,.. Published by Authority of the Lords commissioners ofthe Admi-
ralty, 2"» éd. London, Murray, 1821, 1 vol. in-4.
J.-A. ViNATY. — Eloge de la Pérouse. Paris, Didot, 1823, broch. in-8.
John Franklin. — Narrative ofa journey to the shores ofthe Polar Sea,
in the years 1819-1822. London, Murray, 1823, 2 vol. in-4.
The private journal of Captain G.-F. Lyon, of H. M's. S. Heclay during the
récent voyage of discovery under Captain Parry. London, Murray, 1824,
1 vol. in-8.
Histoire des deux voyages entrepris par ordre du gouvernement anglais;
Tun par terre, dirigé par le capitaine Franklin ; l'autre par mer, sous
les ordres du capitaine Parry, pour la découverte d'un passage de
l'océan Atlantique dans la mer Pacifique. Traduit de l'anglais. Paris,
Gide, 1824, 1 vol. in-8.
D' Louis Yalentin. —Voyage en Italie fait en Tannée 1820. 2* édition,
. corrigée et augmentée... Paris, Gabon, 1826, 1 vol. in-8.
Voyage de Chapelle et de Bachaumont, suivi de leurs poésies diverses, du
voyage de Languedoc et de Provence, par Lefranc de Pompignan; de
celui d'Ëponne, par Demahis, et de celui du chevalier de Parny ; pré-
cédé de mémoires pour la vie de Chapelle, d'un éloge de Bachau-
mont, et d'une préface, par de Saint-Marc. Paris, Letellier, 1826,
1 vol. in-8.
Journal of a second voyage for the discovery of a North West Passage
from Lhe Atlantic to the Pacific; performed in the years 1821-1823,
H. M' s. Ships Fury and Heclùf under the orders of Capt. W. E. Parry.
London, J. Murray, 1824, 1 vol. in-4.
Benjamin Bergmann. — Voyage chez les Kalmuics. Traduit de l'allemand,
par M. Moris. Chatillon-sur-Seine, C. Cornillac, 1825, 1 vol. in-8.
C.-A. Walckenaer. — Histoire générale des voyages, ou nouvelle collec-
tion des relations de voyages par mer et par terre. Paris, Lefèvre, 1826,
22 vol. in-8.
Klaproth. — Tableau historique... du Caucase et des provinces limi-
trophes entre la Perse et la Russie. Paris et Leipzig, 1827,1 vol. in-8.
Journals of the... voyages for the discovery of a North West Passage
from the Atlantic to the Pacific... under the orders of Capt. W. S. Parry.
London, Murray, 1828, 5 vol. in-8.
Gaspard Drouville. — Voyage en Perse, fait en 1812 et 1813. 3» édition.
Paris, 1828, 2 vol. in-8.
Capitaine Markham Sherwill. — Ascension du D' Edmund Clark et du
capitaine M. Sherwill à la première sommité du Mont Blanc, les 25, 26
et 27 août 1825. Traduit de l'anglais par Alexandre P...r. 1829, Melun,
impr. Michelin, 1 vol. in-8.
René Caillié. — Journal d'un voyage à Temboctou et à Jenné, dans
l'Afrique centrale... Paris, 1830, 3 vol. in-8.
De l'Afrique, contenant la description de ce pays par Léon l'Africain. Et
la navigation des anciens capitaines portugais aux Indes orientales et
occidentales. Traduction de Jean Temporal. Paris, 1830, 4 vol. in-8.
Nouvelle bibliothèque des voyages les plus intéressants. T. 25, 26, 27
(Voyage autour du monde en 1740-1744, par G. Anson). Paris, Lecointe,
1830, 3 vol. in-12.
De Pradt. — Appel à l'attention de la France sur sa marine militaire.
Paris, Béchet, 1832, broch. in-8.
SÉANCES DES 5 ET 19 JUIN 1896. 277
Richard et John Lander. — Journal d'une expédition entreprise dans
le but d'explorer le cours et l'embouchure du Niger, ou relation d'un
voyage sur cette rivière depuis Yaouri jusqu'à son embouchure. Traduit
de l'anglais par M™' Louise Sw.-Belloc. Paris, Paulin, 1832, 1 vol. in-8.
J. DuMONT d'Urville. — Voyage de la corvette VA$trolabe, exécuté par
ordre du roi pendant les années 1826-1829. Paris, Tastu, 1831-1833,
9 vol. de texte, avec atlas (zoologie).
Pleasure tours in England and Wales : bcingan account of tho principal
excursions taken by parties of Pleasure, etc., with descriptions of the
remarkable scènes, cities... with an itinirary. Illustrated by maps and
views. Second édition. London, 1834, 1 vol. in-8.
Abbé LÉON Godard. — Soirées algériennes. Corsaires, esclaves et mar-
tyrs de Barbarie. Tours, Marne, 1835, 1 vol. in-8.
Sir John Ross. — Narrative of a second voyage in the search of a North
West Passage and of a résidence in the Arctic Régions during the years
1829-1833. Including the reports of James Clark Ross, and the disco-
very of the Northern Magnetic Pôle. London, Webster, 1835, 1 vol.
— Appendix..., 1 vol. in-4.
Sir John Ross. — Relation du second voyage fait à la recherche d'un
passage au nord-ouest... Ouvrage traduit sous les yeux de l'auteur par
A.-J.-B. Defauconpret. Paris, Bellizard, 1835, 2 vol. in-8.
Nouveau guide du voyageur en Italie. 4** édition. Milan, Artaria, 1836,
1 vol. in-8.
Leigh's Pocket road-book of England and Wales, containing an account
of ail the direct and crossroads... 6* édition, 1837. — New pocket road-
book of Scotland... New édition, 1836, in-12.
John Barrow. — A tour round Island, through the sea-coast counties,in
the autumn of 1835. London, Murray, 1836, 1 vol. in-8.
Eugène Sue. — Histoire de la marine française. Paris, 1837, 5 vol. in-8.
Voyage autour du monde exécuté pendant les années 1836 et 1837 sur la
corvette la Bonite, commandée par M. Vaillant. Publié par ordre du
roi. Paris, vol. 3, 4, in-8, 4 atlas in-f.
Baron de Bougainville. — Journal de la navigation autour du globe de
la frégate la Thétis et de la corvette VEspérance pendant les années
1824, 1825 et 1826. Paris, A. Bertrand, 1837,2vol. texte in-4, 1 atlas in f«.
Guide pittoresque du voyageur en France, contenant la statistique et la
description complète des 86 départements, orné de 740 vignettes et
portraits... Paris, Firmin Didot, 1838, 6 vol. in-8.
Richard. — Guide aux Pyrénées. Itinéraire pédestre des montagnes...
2" édition. Paris, Maison, 1841, 1 vol. in-8.
Relation d'un voyage d'exploration au nord-est de la colonie du cap de
Bonne-Espérance, entrepris, dans les mois de mars, avril et mai 1836,
MM. T. Arbousset et F. Daumas. Ecrite par Thomas Arbousset. Paris,
Arthus Bertrand, 1842, 1 vol. in-8.
D' Ernest Foerster. — Munich. Manuel de l'étranger dans cette capitale.
Avec des détails particuliers sur les monuments... 2* édition, Munich,
1842, 1 vol. in-8.
Prince Maximilien de Wied-Neuwied. — Voyage dans l'intérieur de
l'Amérique du Nord, exécuté pendant les années 1832, 1833 et 1834.
Ouvrage accompagné d'un atlas de 80 planches environ... par Ch. Bod-
mer. Paris, 1843, 3 vol. in-8.
278 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
Berbrugger. — Algérie historique, pittoresque et monumentale, ou re-
cueil de vues, costumes... avec texte descriptif. Paris, Delahaye, 1843,
1 vol. in-f».
A Hand-book for travellers on the Continent; being a guide through
flolland, Belgium, Prussia... 4»" édition. London, J. Murray, 1843,
1 vol. in-8.
Cabrié. — Éloge de Dumont d'Urville. Versailles, 1843, broch. in-8.
A handbook for travellers in Southern Germany; being a guide to Ba-
varia, Austria, Tyrol..., and the Danube from Ulm to the BJack-Sea.
Including descriptions of the most frequented baths... 3** édition. Lon-
don, Murray, 1843, 1 vol. in-8.
Livre de poste pour Tan 1844. Paris, 1 vol. in-8.
Revue coloniale. Août 1814. Extrait des Annales maritimes et colo-
niales. Paris, Impr. royale, 1844, 1 vol. in-8.
Expédition anglaise sur le Niger pendant les années 1841 et 184^2, d'après
les documents officiels. Traduit de Tanglais, par M. J.-A. Bréolie (les
Débats, 1844). Paris, 1845, broch. in-8.
Vie de Henri Martyn, missionnaire aux Indes orientales et en Perse.
Traduit de l'anglais sur la sixième édition. Deuxième édition. Paris,
Delay, 1846, 1 vol. in-8.
Comte Joseph d'Estgurmel. — Journal d'un voyage en Orient. Paris,
1848, 2 vol. in-8.
Hue. — Souvenirs d'un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine
pendant les années 1844, 1845 et 1846. Paris, 1850, 2 voL in-8.
GiRAULT de Saint-Fargeau. — Guide pittoresque portatif et complet du
voyageur en France, divisé en cinq grandes régions et en 29 itinéraires
principaux... Paris, Firmin-Didot, 1852, 1 vol. in-8.
F. DE Sadlcy. — Voyage autour de la mer Morte et dans les terres bi-
bliques... Paris, Baudry, 1853 (t. 1, 2, relation du voyage).
Adolphe Joanne. — Itinéraire descriptif et historique des bords du Rhin,
du Neckar et de la Moselle. Paris, Maison, 1854, 1 vol. in-8.
L. LÉOUZON Le Duc. — Les îles d'Aland. Paris, Hachette, 1854, 1 vol. in-8.
L'empire chinois. Faisant suite à l'ouvrage intitulé : Souvenirs d'un
voyage dans la Tartarie et le Thibet, par M. Hue. Paris, impr. Gaume,
1854, 2 vol. in-8.
François-Aurèle Aiqui. — Aperçu sur la Corse. Agriculture et indus-
trie... Paris, impr. Wiesener, 1856, broch. in-8.
L.-A.-J. MiCHON. — Quid Libycœ geographise anctore Plinio Romani
contulerint. Thesis. Lutetiœ Parisiorum, A. Durand, 1859, in-8.
Louis Deville. — Excursions dans l'Inde. Paris, Hachette, 1860, 1 vol. in-8.
L'empire des sources du soleil, ou le Japon ouvert. Paris, Meyrueis,
1860, 1 vol. in-8.
E. Flandin et P. Coste. — Voyage en Perse. Paris (1852). Atlas, 3 voL
in-f».
J. Dumont d'Urville. — Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie sur les
corvettes VAstrolabe et la Zélée. Exécuté par ordre du roi pendant
les années 1837-1840. Paris, Gide, 1842-1853, 16 vol. in-8, 5 allas, in-1^.
Adolphe Joanne. — Itinéraire descriptif et historique du Dauphiné.
Paris, 1862, 1 vol.
Comte Charles de Montblanc. — Les lies Philippines {Revue contem-
poraine), Paris, Guillaumin, 1864, broch. in-8.
SÉANCES DES 5 ET 19 JUIN 1896. 279
Charles Malo. — Trois ans de voyage d'un prince indien. Paris, Du-
crocq, 1865, 1 vol. in-8.
D' LuBANSKi. — Guide aux stations d'hiver du littoral méditerranéen.
Nice et Paris, 1865, 1 vol. in-8.
La révolte au Bengale en 1857 et 1858. Souvenirs d'un officier irlandais.
Précédés d'une introduction géographique, descriptive et historique,
par Arthur Mangin. Tours, Marne, 1867, 1 vol. in-8.
Auguste Laugel. — Italie, Sicile, Bohême. Notes de voyage. Paris, Pion,
1872, 1 vol. in-8.
Richard. — Guide du voyageur en France, 25* et 27» éditions (Collection
des Guides Jeanne). Paris, Hachette, 1861, 1873, in-8.
Onésime Reclus. — Géographie de la France, de l'Algérie et des colo-
nies. 2" édition. Paris, Mulo, 1874, 1 vol. in-8.
Baron de Hubner. — Promenade autour du monde. 1871. Paris, Hachette,
1874-, 2 vol. in-8.
EMILE MONTÉGUT. — Tablcaux de la France. En Bourbonnais, en Forez,
Paris, Hachette, 1875, 1 vol. in-8.
Voyage au pays des Kangarous. Adapté de l'anglais par Bénédict Henri
Révoil. Tours, Marne, 1876, 1 vol. in-8.
E. Chevalier. — Histoire de la^ marine française pendant la guerre de
l'indépendance américaine. Précédée d'une étude sur la marine mili-
taire de la France et sur ses institutions, depuis le commencement du
XVII* siècle jusqu'à l'année 1778. Paris, Hachette, 1877, 1 vol. in-8.
Les sources du Nil. Voyage des capitaines Speke et Grant. Abrégé d'après
la traduction de E.-D. Forgues, par J. Belin de Launay. Paris, Ha-
chette, 1877, 1 vol. in-8.
Lettre de A.-E. Nordenskiôld racontant la découverte du passage nord-
est du pôle Nord. 1878-1879. Avec une préface, par M. Daubrée. Paris,
Dreyfous, 1880, 1 vol. in-8.
Antoine de Latour. — Voyage de S. A. R. M«' le duc de Montpensier
à Tunis. Lettres. Paris, A. Bertrand, 1 vol. in-8.
Description du Havre, par M. A.-P. L..., du Havre. Ornée de sept vues
lithographiées et de deux portraits. Paris, Fournier-Favreux, 1 vol. in-8.
Guide du voyageur en Italie. Comprenant : l"" un aperçu sur l'Italie;
^ rindication des voitures et messageries... Avec un tableau complet
de Rome, par Nibby, de Florence, par M"' M. Starke... Revu et mis
en ordre par Richard. Paris, Maison, 1 vol. in-8.
Leigh's New Picture of London; or, a view of the political, religions,
médical... state of tlie British Metropolis... New édition. London,
1 vol. in-8.
Notices sur les villes et les principales communes du déparlement de la
Loire-Inférieure, et en particulier sur la ville de Nantes..., par J.-L. B'.
Nantes, 1 vol. in-8.
Adolphe Joanne. — Itinéraire descriptif et historique de la Suisse, du
Jura français, du Mont-Blanc et du Mont-Rose. 3« édition. Paris, Ha-
chette, 1 vol. in-8.
ATLAS ET CARTES
V. MoNiN. — Petit atlas national des départements de la France et des
colonies. 100 cartes ornées de vues des monuments les plus remarqua-
bles. Paris, Blaisot, 1833, 1 vol. in-4.
280 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
A. YuiLLEMiN. — La France. Nouvel atlas illustré des départements et des
colonies. Paris, Migeon, 1 vol. in-4.
Atlas moderne, ou collection de cartes sur toutes les parties du globe
terrestre, par plusieurs auteurs (Bonne, Denis, Janvier, Rizzi-Zan-
noni). Paris, Lattre et Delalain, 1 vol. in-4.
Atlas universel, par Robert, géographe, et Robert de Yaugondy, son fils...
Corrigé et augmenté de la carte du royaume de France divisé en dé-
partements, par C.-F. Delamarche. Paris, 1 vol. in-f*.
Roussel. — Paris, ses fauxbourgs et ses environs. Paris, an IV.
Robert de Vaugondt. — L'Europe divisée en ses Etats, empires,
royaumes et républiques. Paris, Delamarche, 1805.
Carte générale, comprenant la Prusse, le grand-duché de Varsovie, l'Au-
triche, la Turquie et la Russie d'Europe... Corrigée et augmentée par
C.-F. Delamarche, successeur de Robert de Yaugondy. Paris, 1812.
G.-A. ZÛRNER. — Grundriss der kôn. Hauptst Prag., 1815, 1 f.
Atlas géographique, historique, politique, administratif de la France...,
par H. Brué. Précédé d'un texte..., par M. Guadet. — Atlas des monu-
ments des arts libéraux, mécaniques et industriels de la France, de-
puis les Gaulois jusqu'au règne de François I"'... Précédé d'un texte...,
par M. le chevalier Alexandre Lenoir. Paris, Desray, 1828.
H. Brué. — Atlas géographique, historique, politique et administratif de
la France, composé de 24 cartes... Précédé d'un texte, par M. Guadet...
Paris, V^« Desray, 1828, 1 vol. in-f>.
Carte routière de la Suisse, 1828. Zurich, Keller.
Lapie. — Atlas universel de géographie ancienne et moderne. Précédé
d'un abrégé de géographie physique et historique. Paris, 1829, 1 vol.
in-f».
Gruchley's new plan of London, 1839.
Carte physique, administrative et routière de la France... Paris, Andri-
veau-Goujon, 1843, 2 if.
U. Hendschel. — Eisenbahn- Atlas von Deutschland, Belgien und dem
Ëlsass. Mit allen Fahrplânen, Tarifen,... sowie den speciellen Kartcn.
Frankfurt, 1844, 1 vol. in-8.
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4896 IV- 15 et 16. Page 281
SOCIÉTÉ DE
COMPTE
DES SÉANCES DE LÀ CO
Paraissant deux fois par mois
Séance du 6 novembre i896.
PRÉSIDENCE DU D' HAMY, DE l'INSTITUT
Le Président ouvre la séance de rentrée par L'allocution sui-
vante :
< Après des vacances dont les intempéries nous ont presque
tous empêchés de tirer profit pour élargir si peu que ce soit le
cercle de nos connaissances géographiques, nous voici réunis de
nouveau avec l'espoir de trouver quelque compensation à notre
déconvenue en assistant en imagination au voyage de quelques ,
coUègues mieux partagés ou plus endurants. Nous nous retrouvons,
vous l'avez constaté en entrant, dans une situation fort améliorée.
Le vestibule de notre grande salie est maintenant tout à fait clos,
et rélectricité éclaire nos séances ; nous sommes désormais à
l'abri des courants d'air de la porte d'entrée, dont on se plaignait
à bon droit, et la température est sensiblement abaissée. Nous
devons ces heureux résultats à la commission qui, pendant la
clôture annuelle, a dirigé ces utiles travaux, et je prie M. Cheys-
son qui la présidait, d'agréer pour lui-même et pour ses collabora-
teurs nos remerciements empressés.
€ Les trois mois qui viennent de s'écouler ont été malheureuse-
ment marqués par quelques événements bien douloureux pour
notre Société. Nous n'avons pas perdu moins de neuf collègues
pendant ce court espace de temps, et plusieurs d'entre eux étaient
parmi les plus dévoués à l'œuvre que nous poursuivons.
€ J'ai le chagrin d'avoir à saluer en votre nom en tête de cette
liste funèbre un des membres les plus sympathiques de notre
soc. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. —■ N»" 15 et 16. 20
282 PROCES-VERBAL.
Commission centrale, M. TAmiral Vignes, décédé le 1" juillet der-
nier. Il était entré dans notre Société, il y a trente et un ans,
lorsqu'en compagnie de Lartet, il partait avec le duc de Luynes,
pour faire la topographie du voyage autour de la mer Morte.
Vous vous rappelez avec quelle distinction aimable il présida nos
séances en 1891 ; en le voyant encore si plein de vie, il y a quel-
ques mois à peine, à nos séances de quinzaine, nul n'aurait pu
soupçonner qu'il allait nous quitter si brusquement !
c Nous avons encore perdu un autre des anciens chefs de notre
armée navale, l'amiral Roussin, qui porta avec distinction pendant
une longue et brillante carrière un nom glorieusement inscrit
déjà dans les fastes de notre marine. Il appartenait à la Société
depuis 1875. Puis ce sont : le général Bourdon, qui nous donnait
tout récemment un bon travail sur le canon du Rhône; Henri
Greffulhe, dont le long séjour à Zanzibar a été si utile à nos voya-
geurs africains ; Victor de Lesseps, fils cadet de notre ancien pré-
sident; Vital Cuinet, auteur du grand ouvrage sur la Turquie
d'Asie, qui a mérité le prix Fournier en 1894; Maurice Barrât, ce
jeune ingénieur des mines, que nous entendions récemment nous
parler du Transvaal et qui s'en est allé mourir à 27 ans, en mis-
sion coloniale, au cap Guardafui; le baron de MûUer, de Melbourne,
un de nos mefhbres correspondants les plus illustres, dont les
travaux universellement estimés ont si largement contribué à faire
connaître les ressources de l'Australie méridionale et de la Tas-
manie; enfin Charles Maurice Versepuy, qui venait d'accomplir
avec MM. de Romans et Sparck la traversée du continent africain
d'est en ouest, et qui a succombé, à peine rentré en France, aux
fatigues du voyage. Les résultats obtenus au cours de cette pé-
nible expédition ne seront pas perdus pour la science. La Société
de Géographie aux soins de laquelle notre infortuné collègue a
confié, en mourant, les documents qu'il avait rassemblés, ne fail-
lira pas à cette honorable tâche.
c J'aborde enfin des sujets moins pénibles, moins tristes. De
belles cérémonies ont eu lieu dans quelques-unes de nos pro-
vinces. Grenoble a inauguré le monument de Doudart de Lagrée,
le chef de l'inoubliable expédition du Mékong. Lille a rendu un
éclatant hommage à Faidherbe, dont notre Société a publié jadis
les meilleurs écrits sur le Sénégal. En même temps les Sociétés
de Géographie de province tenaient à Lorient leur XVIP Congrès;
le Congrès international des pêches maritimes s'assemblait aux
Sables-d'Olonne. A toutes ces cérémonies, à toutes ces réunions
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 283
savantes la Société de Géographie a été dignement représentée.
J'adresse ici des remerciments à nos délégués: MM. Edmond PérieF>
membre de l'Institut, professeur au Muséum; Marcel Dubois, pro-
fesseur à la Faculté des Lettres ; Le Myro de Vilei*s enfin, membre
de notre Commission centrale, dont notre prochain Compte Rendu
contiendra le remarquable discours qu'il a prononcé à Grenoble.
Je remercie également M. Ed. Blanc que nous avons délégué à
Nijni-Novogorod et qui revient après un rapide et fructueux
voyage, dont il nous fera connaître les heureux résultats dans une
prochaine séance.
c Deux mots encore pour signaler au passage la création d'un
enseignement officiel de l'Océanographie à TEcole supérieure de
marine. Cet enseignement, qui n'existait qu'à titre officieux à l'ob-
servatoire de Montsonris, a été confié à notre distingué collègue
M. Thoulet, dont vous avez souvent entendu ici la parole claire et
facile. Nous n'avons pas oublié les services rendus à la Société
par M. Thoulet avant son envoi à la Faculté de Nancy et nous
sommes heureux de lui exprimer nos félicitations bien sincères.
c Nous adresserons également nos félicitations au chef de la
mission hydrographique du Niger, le lieutenant de vaisseau Hourst,
et à ses compagnons qui ont réussi à descendre le cours du fleuve
jusqu'à Boussa. On n'a jusqu'à présent d'autre renseignement sur
leur expédition que la nouvelle de leur arrivée à Lagos ; la Société
sera heureuse de les saluer à leur retour et de leur exprimer ses
sentiments de profonde sympathie.
c Je ne voudrais pas terminer cette brève allocution sans invo-
quer le souvenir d'un ami de la Géographie, notre regretté collègue
M. Âudifired, qui a inscrit dans son testament la Société de Géo-
graphie (de Paris) pour une somme de 3,000 francs sans afl'ectation
spéciale. Ces sortes de donations nous sont particulièrement utiles ;
c'est grâce à un don de même ordre que nous avons pu terminer
les installations nouvelles que nous inaugurons aujourd'hui. >
I^eeture de la eorrespondanee.
Notifications, renseignements et avis divers. — La Société
a reçu avis du décès de MM. (i) : M.-G. Barrât, ingénieur des mines,
(1) Bien que M. le Président, dans son allocution, ait cité la plupart des noms qui
suivent, nous donnons ci-après la liste complète des membres que la Société a eu
le malheur de perdre pendant les vacances, avec la date de leur décès et celle de
leur entrée dans la Société.
284 PROCÈS-VERBAL.
inspecteur des travaux publics des Colonies, décédé au cap Guarda-
fui (Océan Indien), 6 juin [Mb. 18941; le vice-amiral Vignes,
grand-officier de la Légion d'honneur, à Paris, le 1" juillet [Mb.
1865]; Ch. Tamké, ingénieur des arls et manufactures, à Vichy,
le 19 août [Mb. 1894J; Don Francisco de Garay, ingénieur, à
Mexico, le 2 septembre [Mb. 1879] ; Maurice Versepuy, explorateur,
à Chantilly (Oise), le 3 septembre [Mb. 1895] ; Casimir Vital Cuinet,
secrétaire général de l'administration de la Dette publique otto-
mane, à Constantinople, le 6 septembre [Mb. 1891]; H.-L. Emile
GrefFulhe, à Sauve, le 26 septembre [Mb. 1875]; le vice-amiral
baron Roussin, ancien ministre de la marine, à Paris, le 28 sep-
tembre [Mb. 1875]; le général Bourdon, à Paris, le 27 octobre
[Mb. 1869]; Victor de Lesseps [Mb. 1873].
La Société avait reçu du frère d'un des membres décédés,
mentionné plus haut, M. Maurice Versepuy, la lettre suivante,
datée du 6 septembre, et dont nous donnerons quelques extraits :
€ Mon frère est mort épuisé par la malaria qui le minait depuis
quatre mois. J ai appris que la Société de Géographie, dont il étai
membre et qu'il aimait beaucoup, devait prononcer quelques pa-
roles demain sur sa tombe à Chantilly. Permettez-moi de rectilier
à la hâte quelques erreurs publiées par la presse depuis son
retour. Maurice est mort à Chantilly, son pays natal, le 3 du courant,
à l'âge de 27 ans. C'est le 18 mai qu'il a été atteint par la terrible
maladie qui vient de nous l'enlever, c'est-à-dire six semaines avant
d'atteindre fiassoco. Malgré la fièvre et la dysenterie il encoura-
geait les soldats et les porteurs à activer la marche en avant vers
la côte occidentale. Le 6 juillet, la mission arrivait à Léopoldville;
le D" Carré lui donna des soins éclairés et assidus, mais considéra
son état comme très alarmant. M. le baron de Romans, qui a ac-
compagné Maurice dans tout son voyage, l'a soigné comme un
frère pendant sa maladie jusqu'à son débarquement à Lisbonne où
je suis allé le prendre pour le ramener en France.
c Je détache de ses dernières volontés qu'il m'a écrites avant
son départ en mai 1895, la réflexion suivante qui peint son carac-
tère : « N'est-il pas moins banal d*aller finir ses jours en Afrique
c pour son pays que de mourir tran.quillement dans son lit ou dans
€ un vulgaire accident?... Je quitte la France avec cette pensée de
€ probabilité de mort en pays inconnu, sans aucune crainte, dans
€ l'espoir d'être utile à ma chère patrie. > — Mon frère a rapporté
des plans, des cartes corrigées, un journal complet parfaitement
tenu, des dessins, des aquarelles, des photographies, des notes, etc.
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 285
c J'espère pouvoir réunir en un faisceau tous ces souvenirs ;
dans ce travaille compte beaucoup sur la Société de Géographie
pour m'aider de ses conseils. >
— Remercient de leur admission : MM. E. Graindorge, cultiva-
teur ; le capitaine Julien, du 128*'.
— Mme Albert Lagarde c remercie vivement M. le Président et la
Société de Géographie de sa sympathie dans le deuil cruel qui
vient de Tatleindre > (C. R. 1896, p. 225).
— Le duc de Vallombrosa écrit (juillet) que, c profondément
touché de la marque de douloureuse sympathie que lui a adressée
le bureau de la Société, il prie ses collègues d'agréer avec ses re-
merciements émus, Tassurance de ses sentiments les plus dis-
tingués. >
Le comité qui s'est formé pour l'érection d'un monument au
marquis de Mores, ifis du duc de Vallombrosa, fait appel aux
membres de la Société. Des listes de souscription sont déposées
au secrétariat de la Société.
— M. Le Myre de Vilers, chargé de représenter la Société à
l'inauguration de la statue de Doudart de Lagrée, à Grenoble,
inauguration à laquelle l'avait invitée M. Paulat, maire de cette
ville, adresse le texte de Tallocution qu'il a prononcée à cette céré-
monie (16 août):
« Gomme vous le disait hier dans sa remarquable conférence
mon excellent ami, le commandant Yial, Doudart de Lagrée fut
un des précurseurs de la politique coloniale ; il comprit que notre
domination en Indo-Chine ne pouvait se réduire au delta du Mé-
kong, qu'elle devait s'étendre sur les vallées entières du grand
fleuve et du Song-Koï.
« Chargé d'établir le Protectorat français au Cambodge, votre
compatriote accomplit cette mission délicate avec un plein succès,
et profita de son séjour dans la capitale kmer pour recueillir de
nombreux renseignements sur le Laos et préparer l'exploration
dont son illustre chef, l'amiral La Grandière, lui confia la direction.
€ Je ne m'étendrai pas sur les péripéties de ce voyage qui mar-
qua dans l'histoire de la géographie et sert encore de guide aux
explorateurs de l'Asie méridionale; le vaillant Francis Garnier
en rédigea le rapport officiel et le commandant de Villemereuil,
avec une pieuse sollicitude, publia une étude magistrale sur la vie
et la correspondance de son ami.
c Après dix-huit mois d'épreuves de toute sorte dans des régions
286 PROCES-VERBAL.
jasque-là ignorées, au milieu de populations hostiles, Doudart de
Lagrée succombait, TÎctime de fatigues surhumaines et de l'insa-
lubrité du climat, dans les bras du docteur Joubert et du matelot
Lemouello, auxquels il dictait ses suprêmes instructions pour as-
surer le rapatriement de la mission. Sa tâche était remplie; il avait
ouvert par le sud et par Test des voies nouvelles de pénétration que
ses successeurs et ses émules devaient brillamment parcourir.
€ Sa raori passa presque inaperçue. Qui se préoccupait, à cette
époque, de iios possessions de Textréme Orient ? La Gochinchine
était considérée comme un marais pestilentiel, mortel aux Euro-
péens, que la prudence et l'humanité eussent commandé d'éva-
cuer. Nous étions aux prises avec de nombreuses complications
intérieures; l'Empire s'écroulait; puis vint l'année terrible avec
ses souffrances et ses misères. La France obligée de se reconsti-
tuer ne pouvait songer à l'expansion d'outre-#ner.
« Cependant l'œuvre ne fut pas abandonnée; au contraire, elle
fut continuée avec une fermeté dans les desseins, une suite dans
les idées que Ton rencontre trop rarement dans notre administra-
tion. Aujourd'hui, après un quart de siècle d'efforts, de volonté, de
persévérance, cette œuvre touche à sa fin.. La Gochinchine est de-
venue la colonie la plus prospère du monde; le Cambodge n'impose
aucune charge à la métropole; l'Annam et le Tonkin sont pacifiés;
les derniers traités avec la Chine, le Siam et l'Angleterre recon-
naissent notre souveraineté sur tout le bassin du Mé-kong. Nous
avons reconstitué un vaste empire indo-chinois qui nous dédom-
magera de la perte de l'Inde.
€ Alors apparaissent dans leur ampleur les belles et larges con-
ceptions de votre compatriote ; ses services éminents déjà presque
oubliés du grand public, se révèlent avec éclat et sa gloire devient
d'autant plus solide qu'elle a résisté à l'épreuve du temps, si fatale
aux réputations surfaites et aux apothéoses dressées sous l'impres-
sion de l'heure.
€ Ses concitoyens du Dauphiné, ses camarades de la marine, ses
admirateurs de Saigon voulurent en consacrer le souvenir. Un
comité se forma qui recueillit dans toutes les parties du monde
l'obole des anciens compagnons d'armes. Parmi les souscrip-
teurs figure le Roi Norodom, qui n'a pas oublié le premier Résident
français de Pnom-Penh, auquel il dut la conservation de sa cou-
ronne, témoignage précieux qui prouve que Doudart de Lagrée
alliait au courage du marin et à l'esprit aventureux de l'explorateur
les talents de l'administrateur et du diplomate.
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 287
c Nous avons été secondés dans notre entreprise par deux ar-
tistes d'un réel mérite, dont Téloge n'est plus à faire, MM. Ruben
et Ruourat, tous deux de Tlsère, qui ont eu Theureuse pensée de
n'employer que des matériaux du sol natal.
c Monsieur le Maire, au nom du comité, au nom de l'Indo-Ghine
et de la Société de Géographie dont Doudart de Lagrée fut le
lauréat, j'ai l'honneur de vous conûer la garde de ce monument
qui rappellera aux générations futures du Dauphiné, si fécond en
hommes illustres et en grands citoyens, la mémoire d'un de ses
enfants qui ont le mieux servi la patrie. >
— M. Marcel Dubois, professeur de géographie coloniale à la
Faculté des lettres de Paris, avait également représenté la Société
aul7« congrès des Sociétés françaises de Géographie, tenu à Lo-
rient du 2 au 8 août de cette année.
La Société avait encore été représentée par M. Edm. Périer, de
l'Institut, professeur au Muséum, au Congrès international de
pêches maritimes, d'ostréiculture et d'aquiculture marine, qui
s'est tenu en la ville des Sables-d'Olonne du 3 au 7 septembre.
— La Société hongroise de géographie, à Budapest, a, le 18 oc-
tobre dernier, tenu une séance solennelle, à l'occasion du 25* an-
niversaire de sa fondation, séance à laquelle son président, le
D' Bêla Erôdi, avait invité la Société de Géographie de Paris, qui
s'est fait un devoir d'envoyer à la Société hongroise un télégramme
de sympathie cordiale.
— Le vice-recteur de l'Académie de Paris a écrit, fin juillet, que
les prix décernés, cette année comme d'habitude, par la Société,
ont été obtenus, au Concours général des lycées et collèges de la
Seine et de Seine-et-Oise, par : 1" l'élève Haasé, du collège Chaptal,
qui a obtenu le 1" prix de géographie en 1" moderne; 2" l'élève
Blanchard, du lycée Louis-le-Grand, qui a obtenu le 1*' prix de
géographie en rhétorique.
De leur côté, le Ministre de la Guerre et le commandant du Pry-
tanée militaire de la Flèche avaient fait savoir, par lettre du
10 juin dernier, que le prix accordé par la Société à cet établisse-
ment, avait été obtenu par l'élève Maugin (Jules-Edouard), numéro
matricule 6,059, né le i décembre 1876, à Salins (Jura).
— De Bac-Ninh, 20 août, M. C. Paris mande que, chargé d'une
mission archéologique, il va sillonner l'Annam de sa frontière nord
au Binh-Dinh. c Si quelque membre de notre Société désirait des
renseignements géographiques particuliers sur les provinces que
288 PROCES-VERBAL.
je vais parcourir, je serais très heureux de lui être agréable. J'em-
ploie le mot c géographiques i> dans son acception la plus large. >
— M. Paris ne se mettra en route que fin décembre.
— Le Père Parisot, de Tordre des Bénédictins, chargé par le
Ministère de Tlnslruction publique d'une mission linguistique et
musicale, donne l'itinéraire projeté de son voyage et se met à la
disposition de la Société pour le cas où elle aurait à lui demander
quelque recherche spéciale.
— Le directeur du Conservatoire national des arts et métiers,
adresse le programme des cours publics et gratuits de sciences ap-
pliquées aux arts, pour Texercice 1896-1897.
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). — • M. Gus-
tave Labat, auteur de belles études sur la ville de Royan et la
Tour de Cordouan, envoie à la Société le premier recueil de pièces
sur ce sujet, publié en 1884 et tiré seulement à cent exemplaires
qui sont épuisés depuis longtemps. C'est avec grand'peine qu'il a
pu en retrouver un exemplaire.
€ Permettez-moi maintenant, ajoute-t-il, de faire appel à votre
obligeance : aux pages x et xi de l'introduction de mon IIP Recueil,
j'aflirme, c pièces à l'appui ^, que la première tour serait celle
que fit élever, de 1360 à 1371, le Prince Noir pour la sûreté de la
navigation et les besoins du commerce avec l'Angleterre, détrui-
sant ainsi toutes les légendes; ne pourriez-vous pas, Monsieur le
président, me donner acte de cette affirmation, dont je tiendrais
beaucoup h. assumer la responsabilité ?
€ Mes relations avec M' le Conservateur des Archives de la
principauté de Monaco m'ont procuré la connaissance d'une très
curieuse et très intéressante lettre de Loys de Foix au maréchal
de Matignon, qui 'était un ascendant de S. A. le Prince régnant. Je
prépare, en ce moment, quelques notes, qui en accompagneront
la publication, et la Société de Géographie de Paris, si bienveil-
lante pour moi, est, d'ores et déjà, certaine d'en avoir la primeur. »
— M. £. Guénin envoie le premier volume du grand travail
qu'il a entrepris sur l'histoire de la colonisation françiaise.
— M. Ludovic Drapeyron, directeur de la Revue de Géographie,
offre sa brochure: les Travaux géographiques de Cassini de
Thury, extraite des comptes rendus du 6" Congrès international
de Géographie, tenu à Londres en juillet 1895. Dans cette biogra-
phie, il s'attache à marquer ce qui, même avant l'existence de
Cassini de Thury, conduisait au but, la Carte de France, c De loin
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 289
OU de près, les années 4669, 1679, 1700,1718, 1733, 1744, ont
préparé ce que celte année, 1750, a commencé à révéler aux yeux
de tous, limage vraie, l'image grandiose de notre c douce France >.
En effet, la mesure d'un degré du méridien terrestre par Picard ;
cette méridienne, reprise par Jacques Cassini et prolongée de
Dunkerque au Canigou; le tracé d'une ou de plusieurs perpendi-
culaires à la méridienne; tout cela nous menait au but. Ce qui
nous en rapprocha singulièrement, ce fut la détermination de
400 grands triangles, appuyée à la méridienne et aux perpendicu-
laires, due à Maraldi et à Cassini de Tliury. Ce dernier travail fut
publié en 1744. > Cassini de Thury, conseillé par un ministre no-
vateur, le comte d'Argenson, allait trouver le roi en Flandre. C'est
en juillet 1747 que Louis XV, accompagné du maréchal de Lowen-
dahl, tenant à la main la carte de la bataille de Raucoux par Cas-
sini, lui-même présent, s'écria : € Je veux que la carte de mon
royaume soit levée de même : je vous en charge; prévenez-en M. de
Machault, contrôleur général. ]» On se mit à l'œuvre après le traité
d'Aix-la-Chapelle. Mais la première feuille de la grande carte était
à peine terminée que le gouvernement, telle était sa détresse au
commencement de la guerre de Sept ans, cessa brusquement de
subventionner l'œuvre. Il fallut que Cassini fondât une association
pour en assurer l'exécution; et dans cette association, prirent
rang : Cassini, Camus, Montigny, les trois directeurs, Malesherbes,
Bufifon, Quesnay, etc. C'est cette Société qui eut la gloire de pour-
suivre et de mener à bonne un, la grande carte de France, qui se
trouvait à peu près achevée en 1793, lors de sa confiscation et de
son transfert au Dépôt de la guerre. Quant à Cassini de Thury, il
est mort en 1784, après avoir, dans sa Description géométrique
de la France, donné les détails les plus précis sur son travail, au-
quel il ne manquait que la Bretagne. C'est son fils, le comte Cas-
sini, qui Pa achevée. Les cuivres de la carte de Cassini sont main-
tenant au Service géographique de l'armée. >
— M. le commandant Corps, ex-chef du service de la voie des
chemins de fer au Soudan, fait hommage d'une brochure dont il
est l'auteur, travail relatif à ces chemins de fer et dont il sera
question plus loin, p. 303.
— M. Roux, enseigne de vaisseau, compagnon de voyage du
prince d'Orléans, envoie la livraison des Annales de Géographie
(juillet) où il a publié des c Notes sur les longitudes et altitudes
qu'il a observées et calculées » pendant le voyage en question.
Il y a joint: l*ia discussion des coordonnées employées pour
290 PROCÈS-VERBAL.
les principales positions de la carte ; 2« Renseignements géogra-
phiques. Supplément (Cartes-itinéraires), deux manuscrits.
— La Société nationale d'acclimatation de France fait hommage
de la notice sur la domestication de Téléphant d'Afrique, pa^M. P.
Bourdarie. Cette notice a pour but : 1^ d'assurer la protection
d'un animal appelé à compter parmi les meilleurs serviteurs de
l'homme et qui se trouve menacé aujourd'hui d'une complète et
rapide disparition ; 2® de préparer une force qui égale, pour les
transports par exemple, celle de vingt porteurs indigènes.
— M. J. Arnould adresse plusieurs numéros des Parliamentary
Papers, et des volumes de VHakluyt Society qu'on trouvera détaillés
aux Ouvrages offerts.
On trouvera également aux Ouvrages offerts le détail : i** de
plusieurs ouvrages donnés par M. A. Guébhard; 2° de diverses pu-
blications faites par le Ministère de l'Instruction publique et en-
voyées par lui à la Société.
— M. Edouard Schneider adresse, avec une carte, un résumé de
la conférence qu'il a faite au Syllogue hellénique littéraire de"
Constantinople sur une question de géographie ancienne, et que
V Indépendance belge a insérée dans son Supplément littéraire du
22 mars 1896. On trouvera plus loin, p. 291, l'analyse qu'en a faite
M. Henri Froidevaux.
— M. F. Tempsky, éditeur à Prague, adresse la première partie
de la publication : Allgemeine Erdkunde (Géographie générale),
consacrée à la géographie physique et mathématique (Atmosphère,
Océans) et due au professeur J. Hann, de Vienne. Les deux antres
parties, qui doivent paraître prochainement, comprendront l'étude
des continents et de leurs formes, par M. E. Brûckner, et la géogra-
phie végétale et animale, par M. A. Kirchhoff.
— De Tandberg, Ringerike (Norvège), M. H. J. Bull fait hom-
mage de son livre sur le voyage de VAntarctic, dans les mers po-
laires sud.
Il annonce que M. Ernest Bunge, du Havre, lui a écrit, au sujet
"de la création d'une Compagnie française ayant pour but de con-
tinuer les recherches scientifiques et commerciales dans les régions
antarctiques trop négligées jusqu'à ce jour.
— M. de Cogordan, consul général de France en Egypte, transmet,
de la part de M. le D** Saleh Soubhy, à qui il avait fait part du dé-
sir exprimé par la Société, deux exemplaires de son c Pèlerinage à
la Mecque et à Médine >, ainsi qu'une brochure, publiée il y a trois
ans par lui, sur c l'extinction du choléra par la noukhta >.
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. ^1
— Le Service géographique de l'armée adresse un exemplaire
de sept feuilles nouvellement publiées, des cartes d'Algérie à
1/50,000« et à 1/200,000% de Tunisie 'à 1/50,000% et d'Afrique à
1/2,000,000*, en couleurs.
— W. Jules Perret transmet 15 feuilles de la carte générale du
Pérou, par A. Raimondi.
— Mme Isabelle Massîeu adresse un exemplaire de son portrait
photographique, destiné aux collections de la Société. Mme Mas-
sieu est Tune des voyageuses françaises les plus entreprenantes
qui aient parcouru le centre et le sud de l'Asie. Elle s'est avancée
jusqu'aux conGns du Tibet.
Partie plus spécialement géographique de la correspondance.
— [céoirrapbie aneienne]. — La topographie de la Troade. —
M. H. Froidevaux adresse Tanalyse suivante du travail de M. Ëd.
Schneider, offert par ce dernier à la Société et mentionné plus
haut (page 290) :
€ M. Edouard Schneider, membre du Syllogue hellénique litté-
raire de Constantinople, a adressé à la Société, le 26 mars dernier,
le résumé d'une conférence faite par lui à Constantinople, quelque
temps auparavant, sur la topographie de la Troade et le véritable
emplacement de Troie. L'auteur s'est constitué, dans cette confé-
rence, le défenseur du vieux géographe grec Strabon, qui a été
dans les derniers siècles c mal interprété... et peut-être pas assez
c étudié », et le partisan de certaines identifications proposées dès
la fin du xviii» siècle (1797) par l'archéologue et voyageur français
Le Chevalier. Pour M. Schneider comme pour M. G. Nicolaïdès,
l'auteur de la Topographie de VIliade, comme pour nombre de
savants hellénistes, l'emplacement de Troie doit être fixé, non pas
sur la colline actuelle d'Hissarlik (c'était, on le sait, la théorie du
célèbre Schliemann), mais sur le Balli-Dagh, qui domine le vil-
lage de Bounarbachi.
€ C'est en s'appuyant c à la fois sur les récits d'Homère, sur les
€ notes géographiques de Strabon, sur la tradition, trois autorités
c qui sont en tous points d'accord, et en contrôlant leurs asser-
vi tiens au moyen d'études hydrographiques et fluviales faites sur
c les lieux >, que M. Schneider est arrivé à cette opinion. S'il l'a
soumise à la Société de Géographie (à laquelle il a envoyé en même
temps une carte intéressante de la Troade des Anciens, selon son
système), c'est surtout pour appeler son attention sur une décou-
verte résultant de ses études topographiques en Troade, pour lui
292 PROCÈS-VERBAL.
signaler lé fait que Ttle actuelle de Ténédos n'est nullement la
Ténédos d'Homère et de Strabon. L'île homérique, mesurant
80 stades de tour, serait aujourd'hui, selon M. Éd. Schneider,
reliée au continent et les collines de Bésika-Neohor-Yénichéir en
occuperaient remplacement.
€ Cette théorie est absolument nouvelle; personne ne paraît,
jusqu'ici, avoir pensé que Tîle actuelle de Ténédos, la Boghaz-
Adassi des Turcs, fût autre que la Ténédos d'Homère ; il semblait
acquis que la flotte grecque, après son départ simulé, avait été
mouiller derrière le cap de Marbre (Mermer-Bouroun), situé sur la
côte septentrionale de Tîle. M. Nicolaïdès, dans sa Topographie de
VIliade, ne s'est pas occupé de Ténédos, tant il lui paraissait natu-
rel d'assimiler l'Ile contemporaine à celle dont parle Homère.
Quelles sont les raisons sur lesquelles s'appuie M. Schneider pour
aller ainsi à rencontre de l'opinion universellement adoptée?
€ Le premier argument d'ordre géographique invoqué par
M. Schneider est emprunté à Strabon. « Le géographe grec, dit-il,
c parle de deux îles principales qui s'appelaient Calydna et que l'on
€ rencontre dans le trajet de Ténédos au Lectum. Si c'est de l'île
c actuelle de Ténédos que Strabon parle, les deux Calydna doivent
« avoir disparu, puisqu'il n'existe pas d'îles entre la Ténédos
< actuelle et le cap Baba^ anciennement le cap Lectum. »
« Il semble fort difficile d'objecter quoi que ce soit à cette raison.
Dira-t-on, pour la rejeter, que Strabon s'est trompé? La chose
est inadmissible, étant donné l'enthousiasme du géographe grec
pour Homère, « qu'il considère, a-t-on pu dire avec raison, comme
€ le fondateur de la géographie, et non comme le prédécesseur
€ des géographes proprement dits » (Marcel Dubois, Examen de
la géographie de Strabon, p. 170), étant donnés aussi son c goût
€ exagéré > pour le grand poète épique, c sa foi aveugle en son
« exactitude géographique > {ibid,, p. 176), sa minutieuse étude
des lieux où se sont passés les faits chantés dans l'Iliade.
€ M. Schneider ne s'en tient pas à cet unique argument; il en
invoque d'autres non moins sérieux. Les voici : <: L'estimation du
« volume des apports que le Mendéré (ancien Simoïs) a dû porter
c à la mer depuis Troie étabht que la plaine actuelle du Mendéré
€ ne pouvait en aucune manière exister au temps de la guerre de
€ Troie. Seule, une superficie de 2,000 hectares environ, attenante
€ au cône de déjection de la rivière, devait émerger sur les eaux...
€ En vertu des lois qui régissent les fluides en mouvement sur la
c surface de notre planète, la rivière en question, le Simoïs, a été
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 293
€ amenée à s'épauler sur les collines actuelles de Udjek-Yerkassi ;
c par conséquent, cette rivière, à Tépoque de Troie, ne pouvait
< laisser de rivages disponibles, propres à rétablissement d'un
€ campement, que sur sa rive droite. »
c 11 faut, après avoir reproduit sur ce point les arguments de
M. Schneider, en regretter la concision ; par suite de l'absence de
données positives et de chiffres, il est impossible de contrôler,
comme il serait désirable de le faire, les assertions de cet ingé-
nieur, de discuter, par exemple, son estimation du volume des
apports du Mendéré (que ce fleuve soit le Simoîs, comme le veut
M. Schneider, ou le Scamandre, comme Tout prétendu d'autres
archéologues). A-t-il calculé ce que gagne actuellement sur la mer,
chaque année, ce fleuve au caractère torrentiel, dont Homère re-
présente les guerriers comme utilisant les galets du cône de
déjection pour Tattaque et pour la défense? Â-t-il, par une série
d'expériences et de contre-épreuves de tout genre, contrôlé Texac-
titude de sa théorie? En quoi ont consisté exactement les c études
c hydrographiques et fluviales faites sur les lieux > dont parle
M. Schneider? On aimerait à le savoir, à savoir aussi si M. Schnei-
der, après avoir exactement reconstitué sa topographie de l'Iliade,
lui a fait subir une dernière épreuve en relisant, sur place même,
les poèmes d'Homère. Ce n'est pas là une épreuve banale, car c les
« géographes qui ont visité les pays chantés par le grand poète,
€ qui ont navigué sur ces mers du Levant dont l'histoire est aussi
€ merveilleuse que la beauté, ont vivement ressenti la vérité pro-
c fonde des descriptions homériques, l'originalité caractéristique
€ des termes qui se rapportent à la vie pastorale ou maritime des
c peuples de cette zone favorisée, Texactitude si pittoresque des
€ épithètes de nature. Dès qu'il s'agit de géographie descriptive,
c ce retour vers le passé est un droit strict; et, en dernière ana-
€ lyse, plus on peut constater la permanence séculaire des aspects
c physiques et des mœurs, expression toujours exacte, malgré des
€ variations de forme, des rapports entre la terre et l'homme, plus
( on fait largement son devoir de géographe. J'ai souvent sillonné,
c dans les barques des pauvres gens de l'Archipel, ces parages si
c pleins de souvenirs ; toutes les fois qu'un fait physique, change-
c ment des vents, de la température, de la couleur des eaux, vue
€ lointaine d'une terre, me frappait, c'est un vers ou un passage
c d'Homère qui me revenait le plus volontiers à Tesprit, et, pour
« l'avouer franchement, ce t[ui jusque-là ne m'avait charmé que
« grâce à un effort d'imagination, me séduisit alors par l'exac-
294 RROGÉS-VERBAL.
€ titude technique. > (Marcel Dubois , loc, cit, p. 171-172.)
( Cette page caractéristique montre bien comment, après c une
c étude de la question faite sur les lieux >, il faut en faire le
contrôle également sur les lieux. Disposant de peu d'espace dans
le Supplément littéraire de V Indépendance belge (numéro du
22 mars 1896), M. Schneider ne pouvait pas dire longuement ce
qu'il avait fait ; il faut espérer qu'il communiquera un jour à la
Société, dans un mémoire détaillé et précis, la justification com-
plète de son système et de ses divergences avec ses prédécesseurs.
La Société ne peut d'ici Jà, comme se borne d'ailleurs à le deman-
der Fauteur dans sa lettre (26 mars), que prendre acte de sa com-
munication relative à l'ile ancienne de Ténédos. »
[L'heure déeimale] . — M. de Sarrauton, vice*Président delà
Société de géographie d'Oran, en adressant un exemplaire de son
étude intitulée L'heure décimale, demande à la Société de Géogra-
phie (de Paris) de prêter son concours aux démarches de la Société
de géographie d'Oran pour obtenir la décimalisation de l'heure, la
division du jour restant duodécimale, mais le cadran marquant les
heures de à 24.
L'auteur dit < qu'il n'y a d'autre moyen d'obtenir une unité dé-
cimale du temps à la fois vulgaire et scientifique que d'accepter
l'heure 24® partie du jour, et de décimaliser celte heure.
€ Une autre conséquence du principe posé, c'est que la réforme
doit se faire d'abord dans le public. Ce n'est pas aux corps savants
de commencer. Il faut que l'heure décimale, avant de devenir
scientifique, devienne usuelle. Lorsqu'elle aura été adoptée parle
public, alors, mais alors seulement, la science s'emparera de cet
instrument si commode et si précis...
€ Le but que nous visons est qu'en 1900, pour l'Exposition,
l'heure décimale soit devenue assez usuelle pour être comprise de
tout le monde. Alors le système décimal des mesures françaises
sera virtuellement terminé, car l'heure décimale entraîne néces-
sairement la division du cercle en 240 degrés décimaux. On ne
peut évidemment conserver le degré sexagésimal avec l'heure de
100 minutes. Nous espérons donc qu'en 1900 il y aura au Champ
de Mars une exposition des mesures décimales françaises où l'on
verra des chronomètres décimaux, des globes et des caries où
seront tracées les coordonnées horaires qui résultent de la divi-
sion de l'équateur en 240 parties. ^
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. S95
[Europe]. — Un nouveau chemin de fer au Caucase, — Note
de M. Daniel Bellet :
c Depuis longtemps il est question d'établir une voie ferrée
unissant le chemin de fer transcaueasien aux voies de la Russie
méridionale. On avait songé à un chemin de fer de Vladicaucase à
Tiflis, mais là, on se heurtait à de grandes difûcuités techniques et
par suite à d'énormes dépenses.
c Cependant on pouvait arriver au même résultat d'une autre
manière, par exemple en tournant le massif central du Caucase,
soit à Test, soit à Touest, en longeant les rives de. la Caspienne ou
de la mer Noire. On s'est décidé pour Test ; un ukase a été signé
qui ordonne la construction d une voie ferrée suivant le littoral de
la Caspienne pour réunir Pétrowsk à Bakou en passant par Derbent.
Cette voie doit côtoyer la mer d'aussi près que possible, évidem-
ment, pour que les difficultés de terrain soient moindres; elle aura
au total une longueur de 380 verstes, à peu près 400 kilomètres.
C'est le 1*' juillet qu'on a dû se mettre à l'œuvre, du moins pour
la section de 140 verstes qui s'étend entre Pétrowsk et Derbent.
c Le travail sera facile, car sur cette portion de la ligne on
n'aura qu'un seul pont à construire : aussi l'on espère que la con-
struction en sera terminée avant l'entrée de l'hiver ou au plus
tard au printemps de 1897. Un crédit de 10 millions de roubles
est ouvert pour cette entreprise. C'est sans doute Tannée suivante
qu'on mènera à bien la section Derbent-Bakou.
c La ligne aura certainement une grande importance pour le
commerce en provenance ou à destination de la Perse; de plus
elle aura l'avantage inappréciable de donner aux pétroles une
double voie de transport pour gagner la mer Noire ; ils pourront
notamment atteindre le port de Novorossisk, qui est appelé à
jouer un rôle prépondérant dans cette partie de la Kussie. >
[Asie]. — Sibérie. — D'irkoutsk 21 juillet/2 août, M. D. Levât,
ingénieur des mines, dit qu'il vient d'arriver en cette ville avec
une avance de cinq jours sur la durée prévue de son voyage.
Grâce au chemin de fer, il a pu, en effet, aller par rail de Moscou
à Krasnoïarsk sur l'Yénisséi (plus de 4,000 verstes) en quatorze
jours, arrêts compris. Somme toute, il a parcouru 1 ,000 verstes de
chemin de fer qui ont été posées et livrées à la circulation depuis
le mois de juin dernier.
c Les grands ponts métalliques sur l'Obi, l'Yénisséi, la Biroussa
et rOka sont en voie de construction. Le matériel a été amené
296 PROCÈS-VBRBAL.
par télègues ; on voit sur la route postale des files interminables
de ces petits véhicules rustiques, chargés d'éléments de ponts et de
caissons qu'on assemble sur place.
€ La mise en place des deux grands ponts sur TObi et l'Yé-
nisséi se fait d'une façon originale et inédite. Au lieu de construire
le pont tubulaire sur une des rives et de le faire avancer, en porte
à faux, d'une pile à l'autre, au fur et à mesure de sa construction,
les Russes construisent les travées successives sur place, sur la
glace, en hiver, et élèvent ensuite chaque travée d'une pièce pour
la mettre en place. Le pont sur l'Obi sera terminé cet hiver.
€ Je compte partir d'ici le 23 du courant pour aller prendre à
Strétinsk le paquebot fluvial qui doit me conduire à Blagoves-
tchensk.
( De là je remonterai la rivière Zéya dans le bassin de laquelle
se trouvent les mines d'or ou pour mieux dire les placers auri-
fères que je suis chargé de visiter. Cette étude faite, je compte
hiverner dans le pays et me rendre, si possible, dans le bassin de
l'Amgoun en franchissant sur la neige, avec des traîneaux attelés
de rennes, la crête des monts Khingan. J'espère réaliser un itiné-
raire qui sera de nature à fixer l'orographie de cette partie de la
Sibérie et qui intéressera sans doute notre Société.
« Au printemps 1897, je me rendrai dans la Transbaïkalie sud,
sur les frontières de la Mandchourie où j'ai entrepris, en 1895, des
recherches préhistoriques et anthropologiques que M. le Ministre
de rinstructiou publique m'a chargé de continuer. Je compte être
de retour à Paris en juillet 1897.
c J'aurai d'ailleurs l'avantage de vous tenir au courant de mon
itinéraire et des faits saillants pouvant intéresser nos collègues. >
— M. Ch.-E. Bonin annonce son arrivée à Ourga (frontière
russe de Sibérie) qu'il a atteint en quatorze mois de marche de-
puis la frontière française du Tonkin.
c La route que j'ai suivie, sans offrir l'intérêt ni les dangers de
celle qui a été parcourue en sens inverse par M. Bonvalot et le
Prince d'Orléans, est, je crois, plus pratique, car elle suit de près
la frontière chinoise, dont j'ai visité à peu près tous les postes
importants depuis le Yunnan. Les lettres que j'ai eu l'occasion
de vous adresser précédemment vous ont indiqué les quelques
points nouveaux pour la géographie que j'ai pu mettre en lumière
au cours de ce long itinéraire. Aujourd'hui je vous parlerai seule-
ment de la dernière partie de mon voyage depuis Khoukhou-khoto
SÉAN'CE DU 6 NOVEMBRE 1896. 297
(la ville bleue àes^Hongoh), dans la vallée du Hoang-ho. J'ai mis
exactement vingt-sept jours de là jusqu'à Ourga à travers le Grand-
Gobi, à cheval avec mes hommes et mes bagages portés à dos de
chameaux. La route est très bonne, loute plate, mais très dure
aux pieds des chevaux, le sol du Gobi étant fait, non de sable,
mais de menu gravier. On trouve de nombreux puits, mais Teau
est trop souvent saumàtre, sur la grande route postale qui va
d'Ourga à Kalgan par le puits Sairin-Oussou. J*ai rejoint cette
route à la station de Zis Changor, ayant traversé successivement
le territoire des Mongols Tchakars, des Toumoutes, des Tour-
goutesy puis, à partir de Zis Chougor, des Sounites et desKhalkas.
En changeant de chevaux deux ou trois fois par jour aux relais en-
tretenus par les chefs indigènes, j'ai pu faire jusqu'à 100 kilo-
mètres, mais au moins 60 chaque jour.
€ J'ai trouvé à Ourga la plus gracieuse hospitalité chez le consul
général de Russie, M. le conseiller d'Etat Chichmareff, qui fut lui-
même un explorateur de la Mongolie. Les Cosaques de sa garde ont
fraternisé avec les soldats annamites que j'amenais jusqu'ici à
travers la Chine et l'Asie centrale. Puisse cette première rencontre
être suivie bientôt de beaucoup d'autres !
c Je compte dans deux ou trois jours reprendre ma route de
nouveau à travers le Gobi, mais cette fois jusqu'à Kalgan, et de
là à Pékin, où je pense arriver dans quarante jours. Je rentrerai
ensuite au Tonkin par mer, ayant fait ainsi le tour complet de la
Chine par terre et par eau, et j'espère pouvoir aller prendre en-
suite en France un repos mérité.
c Dès mon retour en France, aux premiers mois de l'an pro-
chain, j'aurai le plaisir de compléter ces renseignements par les
nombreux documents, cartes, etc., que je rapporte et qui, je l'es-
père, ne seront pas tout à fait inutiles à la géographie. >
— Le Ministère de l'Instruction publique envoie une copie de la
dépêche du Tsong-li-yamen à M. Gérard, ministre de France en
Chine. Cette dépêche, datée du 6 mai 1896, est relative au juge-
ment des assassins de Dutreuil de Rhins.
Varchipel appelé Dondiin. — De Darcelone, 22 octobre 1896,
M. Alfred Gummâ y Marti adresse une deuxième lettre sur l'iden-
tification du Dondiin (Pour la première, voir C. R. 1896, p. 172).
Cette lettre sera, comme la précédente, communiquée à M. Ro-
manet du Caillaud, avec qui a lieu le débat sur cette question.
soc. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. — N<»" 15 et 16. 21
298 ♦ PROCÈS-VERBAL.
Vile d'Hai-nan.— M. Claudius Madrolle,de retour d'un voyage
de deux ans dans rExtréme Orient, envoie de Changhai (1*' mai),
quelques détails relatifs à Tlle d'Hai-nan, avec un croquis de carte
qui donne les noms exacts selon les prononciations locales, il an-
nonce une notice plus complète qu'il donnera ultérieurement, avec
carte. En attendant, nous insérerons ce que dit M. Madrolle de
rigtérét qu'il y aurait à faire entrer Tile d'Hai-nan dans la sphère
de l'influence française :
€ On ne songe nullement qu'à 135 milles environ de notre
Indo-Chine, existe une grande île chinoise que les Anglais et les
Allemands (voire môme les Japonais) surveillent avec envie : je
veux parler de l'Ile d'Hai-nan que je viens de parcourir. Hai-nan,
point stratégique par excellence, est la clef du Tonkin; son occu-
pation par une autre puissance serait dangereuse pour notre em-
pire indo-chinois. Afin que les pouvoirs publics et surtout que
nos concitoyens ne perdent pas de vue les terres baignées par le
golfe du Tonkin, le détroit d'Hai-nan et la mer jusqu'à Tembou-
chure du Si-kiang (rivière de l'Ouest), je pense qu'il est utile
d'encourager les Français à s'intéresser à ces régions voisines du
Tonkin. >
Dans ce but, M. Madrolle annonce qu'il met à la disposition
de la Société une somme de cinq cents francs (500 fr.) pour Ja
création d'un prix spécial, dit < de la Chine méridionale et de
l'ile d'Hai-nan >, à décerner en 1900 au Français qui, par ses tra-
vaux ou son exploration, aura fait connaître les régions comprises
dan^ le sud de la province du Kouang-tong (Canton), depuis la rive
droite du Si-kiang jusqu'au Tonkin, du Kouang-si à la mer de la
Chine du sud.
— Voici les résultats de l'analyse, faite au bureau d'essai de l'Ecole
des mines, d'un échantillon d'eau minérale sulfureuse d'une source
thermale à 65% située à Phiouc-bin, province de Quang-nam, à
13 kilomètres de Nong-son et à 42 kilomètres de Faifo. Cet échan-
tillon avait été recueilli par M. CI. Madrolle et expédié à la Société,
laquelle à sou tour l'a envoyé à l'École des mines.
On a dosé par litre d'eau :
Gr.
, .j ^ . i libre non dosé.
Ac.de carbonique | ^^^ bicarbonate». 0.0545
Acide chlorhydriquc 0.0152
Acide sulfuriqiie 0.0178
Acide sulfhydrique 0.0037
A reporter 0.0912
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 299
Gr.
Report 0.0912
Acide hyposulfureux O.OOU
Silice 0.048<)
Protoxyde de fer »
Chaux 0.0095
Magnésie 0.0020
Lithine traces sensibles.
Potasse 0.0310
Soude 0.0886
Matières organiques .0280
Total 0.2997
Composition calculée.
Gr.
Bicarbonate de chaux 0.0244
— de magnésie 0.0064
— de soude 0.0600
Sulfate de soude 0.0316
Hyposulfite de soude 0.0023
Sulfure de sodium 0.0085
Chlorure de sodium 0.0244
Silicate de soude 0.0575
Silicate de potasse 0.0507
Chlorure de lithium traces sensibles.
Matières organiques 0.0280
Total 0.2938
Extrait sec à 180» : Ogr.2784 par litre
M. A. Carnet, de Tlnstitut, inspecteur général des mines, en
envoyant les résultats de l'analyse, ajoute que « cette eau avait
conservé, malgré la longueur du voyage, du sulfure de sodium
non altéré; il doit y en avoir davantage à la source et Ton doit
présumer que Thyposulfite de soude a été produit par une oxyda-
tion du sulfure alcalin. Pareille altération [est inévitable avec les
eaux sulfureuses transportées au loin >.
Mission lyonnaise en Chine. — M. Brenier adresse à la Société
copie d'un article du Journal des Débats du 6 juillet, relatif aux
mouvements de la mission lyonnaise d'exploration commerciale en
Chine. M. Rocher qui dirigeait la mission, atteint par la maladie,
avait dû se séparer de ses collaborateurs. Il avait été remplacé par
300 PROCÈS-VERBAL.
M. Brenier, secrétaire général, élève diplômé de TËcole des sciences
politiques.
D'après les derniers télégrammes parvenus de Tchung-king
(juillet), la mission venait de se partager en quatre groupes répan-
dus dans le Se-tchuen et dans les ports. Une fraction était restée
à Tchung-king; une autre allait explorer le Se-tchuen occidental
par Tatsien-lou, jusque vers le Tibet; une troisième se diri-
geait vers la Mongolie, par Song-pan. Enfin le groupe le plus ré-
duit descendait par Ichang et Han-keou jusqu'à Ghanghai, d'où
il devait poursuivre son enquête à Tientsin.
La concentration de ces diverses fractions devait se faire vers
le mois de novembre, dans le Yunnan; la santé et le moral de la
mission étaient excellents.
Hydrographie asiatique. — M. Scott Keltie, secrétaire de la So-
ciété Royale géographique de Londres, a adressé (29 juillet) la
lettre suivante :
«Un oiTicier anglais, le capitaine H. H. P. Deasy, du 16Manciers,
part, en ce moment, de Ladak, pour traverser le Tibet. Il a l'in-
tention de jeter sur sa route dans l«s tributaires du Tsanpo et
autres grandes rivières qu'il pourra rencontrer, des boites en fer-
blanc soudées, contenant des notes sur parchemin, dans l'espoir
que quelques-unes d'entre elles pourront être recueillies, plus
loin, en aval du fleuve, peut-être dans lefiramahpoutra, laSalouen
et le Mékong, et établiront ainsi Tidentité de ces rivières avec
celles qu'il aura rencontrées.
€ Ces notes seront numérotées à la suite, et les boites qui les
renfermeront porteront une étiquette en cuivre soudée à l'une des
parois extérieures. Ci-joint des spécimens de la note et de l'éti-
quette.
« Le capitaine Deasy me prie de faire celte communication à la
Société de Géographie de Paris, espérant qu'elle voudra bien in-
sérer une note dans son Compte rendu, et prendre toutes autres
mesures qu'elle jugera à propos pour aider le capitaine Deasy
dans ses bonnes intentions.
« Dans l'espoir que vous voudrez bien rendre ce service à la
géographie, je suis... >
Voici la reproduction de l'étiquette qui doit être soudée sur
les boites, et le libellé de la note en deux langues (anglais et fran-
çais) qui doit y être renfermée :
« Ayez la bonté d'envoyer ceci, le plus tôt possible, à la Royal
* SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 301
-Geographical Society^ 1, Savile Row, Burlington Gardens, Lon-
don, W. et ayez la bonté en même temps de faire savoir à la So-
ciété, avec autant d'exacti-
tude que possible, Ten- ^
droit où vous l'aurez '
trouvé.
f Ainsi vous rendrez
un grand service à la
science géographique et
à votre serviteur le capi-
taine H. H. P. Deasy. >
PL E ASE
OPEN THIS
OUVREZ CECI
S^L VOUS PLAIT
- CAPTAINH.H.R DEASY
[AOrique]. — Missiotl
de M. F. Foureau, — Le voyageur adresse : 1" le rapport sur
les déterminations astronomiques de sa dernière mission (dé-
cembre 1895-février 1896), rapport fait par M. Oltramare; 2» le
tableau des résultats du calcul des observations.
t La concordance de ces résultats avec ceux que j'ai obtenus
antérieurement dans la môme région, concordance que nous avons
constatée, M. Oltramare et moi, permet d'espérer que tous ces
documents s'harmoniseront bien dans un travail cartographique
d'ensemble que je prépare et qui sera en quelque sorte une nou-
velle édition de ma carte du Sahara septentrional de 1888. >
Rapport de M. F. Oltramarey aide^astronome à V Observatoire^
sur les déterminations astronomiques de latitudes et longitudes
effectuées par M. Foureau dans son voyage de décembre 1895 à
février 1896.
f Les instruments utilisés par M. Foureau dans ce voyage sont
les mêmes que ceux dont il disposait dans sa dernière exploration.
f II avait avec lui un théodolite magnétique, un sextant et cinq
chronomètres de torpilleurs dont les marches antérieures et pos-
térieures ont été déterminées, grâce à Tobligeant concours de
M. Trépied, directeur de l'observatoire d'Alger.
€ Les résultats obtenus conûrment au surplus absolument les
conclusions déduites d'un précédent rapport.
€ Latitudes. — La Polaire et quelques étoiles observées dans
le voisinage de leur passage au méridien ont fourni les latitudes;
le soleil a été laissé de côté, les observations de jour — bien que
beaucoup plus faciles — donnant des résultats assez médiocres
dans le Sahara. Au surplus les résultats sont très satisfaisants et
302 PROCÈS-VERBAL.
la réduction individuelle des observations ne fournit pas de di-
Tergence supérieure à 25 secondes d'arc au maximum. Chose très
rare, aucune n'a dû être rejetée par suite d'erreur grossière, et la
concordance est remarquable,
c Les positions de 37 localités (1) ont été ainsi fixées. Pour une
seule, Hassi Bottine, nous possédions déjà une détermination faite
par M. Foureau dans son voyage de 1890; il avait trouvé, par la
Polaire, comme latitude, pour un point situé à un mille environ
plus au sud, 3ri6'19". La position conclue celte année est de
31°16'53''; la concordance est donc très satisfaisante; de plus il
convient de remarquer qu'à cette époque M. Foureau, moins bien
outillé, ne possédait qu'un théodolite assez médiocre et dans tous
les cas bien inférieur à celui à l'aide duquel il observe aujour-
d'hui.
« Longitudes, chronomètres. — Ces derniers n'ont pas mal
marché et les longitudes sont très bonnes. Jusqu'au 20 janvier 1896
l'erreur à craindre ne dépasse en aucun cas 3 à 4 secondes
de temps. A partir de cette date, par suite de l'entrée dans la
région difficile de l'erg et par conséquent de l'augmentation des
oscillations subies par les instruments, l'incertitude est plus grande,
mais ne dépasse pas 8 secondes de temps au maximum.
€ Les états absolus ont été obtenus à l'aide d'étoiles, et les ob-
servations cadrent très bien avec l'estime.
« Dans une partie de son voyage l'explorateur a recoupé une
ligne déjà suivie par lui antérieurement, au puits d'Hassi Bottine.
La longitude conclue pour ce lieu est i7'"33",l E., tandis qu'en
1800 il avait été trouvé IT^Oô' E. La dififérence est assez sensible;
mais le chronomètre de marine à fusée, utilisé dans l'exploration
antérieure, n'avait fourni que des résultats fort médiocres; il faut,
je l'ai déjà dit, renoncer à emporter un tel instrument dans un
voyage terrestre. De plus, en 1890, l'angle horaire avait été dé-
duit du soleil et, comme je l'ai ci-dessus indiqué, le théodolite
employé à cette époque était très inférieur à celui qui a servi aux
observations actuelles.
c Les résultats de cette année sont bien supérieurs et, pour
cette localité en particulier, Verreur possible maximum sur la
longitude ne dépasse plus actuellement quatre secondes de temps.
€ Quelques personnes peu au courant de la géographie s'éton-.
(1) Au total 38 latitudes, 36 longitudes, 2 observations de la déviation du bar-
reau aimanté, et 2 observations de la valeur de la composante horizontale ; le tout
ayant donné lieu à 75 séries d'observations au théodolite et au sextant.
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 303
neront de Timporlance que nous donnons au degré de l'erreur qu'a
pu commettre un explorateur ; c'est cependant, au point de vue
des cartes, la chose fondamendale.
€ A cet égard M. Foureau tire de ses instruments le maximum
de ce que Ton peut exiger. >
Nota. — ^. M. Foureau fait remarquer que c la construction graphi-
que de la carte d'itinéraire a permis de constater qu'il existe une
très remarquable coïncidence entre les azimuts journaliers fournis
par l'estime de route, et ceux qui sont déduits de la réunion suc-
cessive de chacun des points déterminés astronomiquement.
Les écarts extrêmes constatés entre ces deux données ne dé-
passent pas 7% pour quelques journées où les terrains parcourus
étaient particulièrement difficiles.; mais la plupart du temps cet
écart est nul, et les deux azimuts sont les mêmes en tenant
compte, bien entendu, de la variation. ï
Voici maintenant le tableau par calcul des observations. (Voir
les tableaux ci-après, p. 304-305),
Les Chemins de fer du Soudan. — En envoyant à la Société sa
brochure intitulée : Les Chemins de fer du Sénégal au Niger et la
mission du génie, l'auteur, M. le commandant Corps, accompagne
cet envoi des observaHons suivantes :
€ J'ai pensé que l'achèvement de cette importante voie de com-
munication qu*on s'efforce aujourd'hui de réaliser, avantageux
surtout au point de vue économique et politique, était aussi de
nature à faciliter les explorations ultérieures en Afrique et, par
suite, à intéresser la Société de Géographie.
f Ce chemin de fer a malheureusement en France une bien mau-
vaise réputation et le public ne le connaît guère que par des
descriptions qui pouvaient être exactes, il y a quelques années,
mais qui actuellement ne répondent nullement à la réalité des
faits. Bien que la pose de la voie ferrée fût terminée en 1888 jus-
qu'à fiafoulabé, elle était absolument inutilisable lorsqu'à cette
époque elle fut remise au personnel militaire, chargé de l'entre-
tien et de Texploilation.
« Les officiers et soldats de l'artillerie de marine jusqu'en 1892,
ceux du génie depuis 1892 jusqu'à aujourd'hui, sont arrivés, par un
travail opiniâtre et avec la plus stricte économie, à reconstruire
presque entièrement la ligne sur un meilleur tracé et à en assurer
l'exploitation dans des conditions de régularité et de sécurité
comparables à celles des chemins de fer de la métropole.
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306 PROCÈS-VERBAL.
c De 1891 à 1893, l'étude du prolongement de la voie ferrée
jusqu'au Niger a été faite et la possibilité en a été démontrée.
f L'obstacle le plus sérieux à ce prolongement était la traversée
du fiafing, le plus important des fleuves dont la réunion forme le
Sénégal. Cet obstacle avait paru si grave que, dans le décourage-
ment qui suivit Tinsuccès des premières entreprises, on avait
absolument renoncé à le franchir autrement que par un transbor-
dement sur bateaux; si bien qu'on avait amorcé sur 40 kilomètres
le prolongement de la ligne au delà du Bafing, sans se préoccu-
per de l'uniformité du matériel et en adoptant une largeur de voie
plus étroite que celle qui avait été employée entre Kayes et Bafou-
labé.
€ En 1893, la mission du génie ayant reconnu la possibilité
d'établir un pont sur le fiafing, à la condition de reporter le point
de passage à quelques kilomètres en amont de Bafouiabé, le colo-
nel Archijiard l'autorisa à construire le soubassement des piles
sur les fonds du budget local du Soudan, puis l'administration des
colonies fit construire et expédier les travées métalliques néces-
saires à Tachèvement du pont.
€ Ce pont, d'une longueur de 400 mètres, a été terminé et livré
à l'exploitation cette année, ainsi que les tronçons de ligne qui le
raccordent aux anciennes lignes de part et d*autre du Bafing. Oa
poursuit actuellement au delà du Bafing le remplacement delà voie
de m. 60 par la voie de 1 mètre, de sorte qu'en 1897 l'unité du
matériel sera rétablie sur toute la ligne construite de Kayes à
Dioubéba.
c La question du prolongement de la voie ferrée jusqu'au Niger
se présente donc maintenant dans les conditions les plus favo-
rables, et l'on peut espérer qu'elle recevra une rapide solution. »
— M. J. Eysseric annonce qu'il s'est embarqué à Bordeaux le
5 novembre pour Dakar d'où il gagnera ensuite Grand-fiassam.
« Suivant les renseignements, je remonterai le Comoé jusqu'à
Bettié, pour me diriger de là sur Singonobo ou Tiassalé, et conti-
nuer mon voyage vers l'ouest. Ou bien, peut-être, irai-je à Tiassalé
par Grand-Lahou, afin d'aborder de plus vite possible la région
septentrionale de la forêt (sans en sortir, bien entendu) en me
dirigeant vers le Cavally, que je descendrai. Peut-être me croi-
serai-je là avec le lieutenant Blondiaux, qui part du Sénégal pour
r^oindre le Niger et le haut-Cavally.
c Outre la mission du Ministère des Colonies, j'ai demandé, au
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 307
Ministère de rinstruction publique, une mission, également gra-
tuite, qui m*a été accordée sur la recommandation de M. le D'
Hamy; j'aurai ainsi plus de facilités pour envoyer en France col-
lections et photographies. >
M. Ëysseric envoie par le même courrier une petite note sur le
Yang-Tsé, parue dans les Annales de Géographie.
— Extrait d'une lettre de M. J. Glozel, administrateur de Tlndé-
nié, à M. Hulot :
€ Zaranou, 11 juin 1896. — ... Un simple coup d'oeil sur la
carte de M. Binger (feuille i) suffira pour vous convaincre qu'il
n'y a plus grand'chose à faire dans l'Indénié au point de vue de la
géographie pure. Mais, au point de vue politique dont je vous ne parle
que pour mémoire, aux triples points de vue ethnographique,
économique et géologique, il reste encore de la besogne utile à
entreprendre. J'ai déjà un peu commencé.
f Les théories de M. Albert de Lapparent m'ont vivement frappé ;
aussi vais-je tâcher de rapporter une collection convenable de
cailloux, d'autant plus qu'à ce point de vue, l'Indénié, pays de
mines d'or, peut être intéressant. Je tracerai aussi un c topo >
des routes que mon prédécesseur a ouvertes et que je ferai en-
tretenir et continuer. J'espère bien pouvoir montrer 400 kilomètres
de pistes muletières tracées à travers les forêts tropicales qui cou-
vrent le pays.
f Je pense donc vous expédier, vers la fin de l'année, une pre-
mière notice d'ensemble sur l'Indénié avec croquis des routes
nouvelles. Plus tard, à mou retour par exemple, viendront les col-
lections que j'aurai pu faire et probablement certains côtés de mon
sujet traités d'une façon plus détaillée. >
Dans une autre lettre du 20 septembre, M. Clozel écrit que l'en-
voi de sa notice sur l'Indénié subira un retard de quelques mois
à cause des travaux dont il a été surchargé, entre autres, la fon-
dation d'un nouveau poste français à Asikasso, étape nouvelle de
notre pénétration dans la boucle du Niger.
c ...Je voudrais maintenant vous entretenir de trois questions de
minime importance, mais à la solution desquelles quelques-uns de
nos collègues pourraient peut-être s'intéresser :
c 1** A-t-on jamais signalé dans la partie de l'Afrique avoisinant
le golfe de Guinée l'existence d'un animal à peau écailleuse du
genre tatou? Il existe dans le bassin du Comoé et se nomme
apraba en agni.
308 PROGES-YERBAL.
c '2° Quand un Âgni se lève, il a soin de renverser son siège ou
de placer une petite pierre dessus. Cette coutume a pour but
d'empêcher les mauvais esprits de venir occuper le siège vide. 11
me semble avoir lu que la même croyance avait existé en Europe.
Si le fait pouvait intéresser un folk-ioriste, je serais heureux qu'il
voulût bien me renseigner.
€ 3° Les podomètres sont généralement gradués de façon que
les unités de pas se comptent sur le grand cercle, les centaines et
les mille sur les deux petits. C'est là, dans les marches matinales,
surtout en pays boisé comme Tlndénié, une cause fréquente d'erreur.
J'ai cherché en vain à Paris, avant mon départ, un podomètre dont
le grand cercle fût consacré à compter les mille ; les erreurs de
lecture portant alors sur les unités de pas seraient à peu près insi-
gnifiantes. Une modification de construction de Tinstrument dans
ce sens aurait, je crois, un véritable intérêt pratique. >
Le chemin de fer de VOuganda. — M. Daniel Bellet annonce
que le premier rail de ce chemin de fer a été posé le 29 mai
dernier. Les journaux anglais regardent cette nouvelle comme
d'un heureux augure pour le développement à venir de leurs
possessions en Afrique. Avec les voies ferrées anglaises, qui vont
être, disent-ils, formées dans le haut de la vallée du Nil, avec celles
qui partiront de la colonie du Cap dans le sud, de Beïra dans l'est
et enfin de Kilindini pour le plateau de l'Ouganda, nous avons la
charpente d'un nouvel empire.
— Lettre de M. Foa :
€ Minjali, Haut-Chiré, 42 mai. — Pendant toute l'année 1895, je
n'ai pas eu un mois de repos; voilà pourquoi je n'ai pas fait par-
venir de mes nouvelles à la Société.
f En janvier, je suis allé revisiter la région houillère située au
nord de Tête, afin de fournir un complément de renseignements
qui m'était demandé de Paris. J'ai remonté le Revougoué en cha-
loupe à vapeur presque jusqu'aux barrages rocheux qui coupent
sa navigation au-dessous du confluent de la Nkoudedzi. J'ai voulu
m'assurer de la quantité d'eau à cette époque de l'année : elle est
suffisante. En redescendant, j'ai débarqué à l'embouchure du Moa-
tize ou Mcfltidzi, petite rivière, affluent du Revougoué sur la rive
gauche et dont le lit, à quelques kilomètres à l'est, traverse les
gisements houillers. Ceux-ci sont considérables. 11 en existe d'autres
que j'ai ensuite visités tout à fait en face de Tète, sur la rive gauche
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 309
du Zambèze et à quelques centaines de mètres du fleuve; c*est là
une situation précieuse, au point de vue des transports, tandis que
les couches du Moatize sont relativement loin dans l'intérieur.
Une Compagnie française est actuellement concessionnaire de ces
gisements bouillers.
c De retour sur le Chiré en février, une inondation a failli ruiner
totalement l'expédition. Des pluies anormales sur le haut Ruo
avaient tellement grossi le Chiré, que cette rivière, après avoir
remonté son propre cours pendant un certain temps, se répandit
dans la vallée de TËléphant Marsh. Nous avons dû à l'obligeance
du capitaine Karr,commandantla canonnière anglaise ilfosguf^o, de
nous tirer du désastre, sans pertes considérables, ni accident. Notre
camp avait été installé en vue de Thivernage (saison des pluies) sur
les bords du Chiré, dans une forêt de palmiers hyphœne à quelques
milles au-dessus de Chiromo. L'endroit était charmant. Le 16 à
6 heures du matin, nous remarquâmes à notre grand étonnement
que le Chiré remontait vers sa source. A 8 heures la rivière dé-
bordait et nous mettait. dans un courant violent, profond d'un
pied. Nous n'avions qu'une grande embarcation en acier où nous
avions entassé les objets les plus précieux laissant une place pour
nous-mêmes ; mais le reste de notre matériel considérable, cam-
pement, provisions, munitions, etc., était perdu si la canonnière
n'était arrivée à notre secours avec un chaland emprunté à Chiromo.
Grâce à cette augmentation de matériel flottant, nous en avons
été quittes pour quelques avaries. La situation n'était pas riante;
en plus de Teau du Chiré, qui s'est élevée jusqu'à 1 mètre au-des-
sus des berges, nous avions des pluies diluviennes, qui ont duré
pendant plusieurs jours sans un moment d'arrêt. A Chiromo, il
restait un coin de sec, le village étant en grande. partie submergé;
n^ous y primes refuge. La seule perte que j'ai eu personnellement
à déplorer est celle de quelques bons clichés photographiques com-
plètement avariés par l'eau.
€ En avril nous quittions le Chiré, nous dirigeant à travers les
pays desMagandjas et des Atchékoundas vers la Maravie orientale,
à la recherche des anciennes exploitations aurifères portugaises.
Prévenu par des courriers de Tête, qu'un ingénieur, envoyé de J ohan -
nesburg avec des prospecteurs, désirait se joindre à nous, je re-
broussai chemin en juillet; on me priait de les conduire sur le
lieu des anciens travaux; nous repartîmes immédiatement. Les
mois de septembre, octobre et novembre se passèrent à parcourir la
région située entre les pays de Mpeséni, de Tchipeta et de Makanga.
310 PROGÈS-VERBAL.
J*ai faîtà moQ retour une visite au sud-ouest du pays des Âugouis.
€ Je suis assez satisfait des chasses faites pendant l'année 1895,
mais j*ai le regret de ne pouvoir en dire autant de mes itinéraires :
ce sont, pour la plupart, ceux que j'ai déjà parcourus ; aussi ne puis-
je annoncer beaucoup de choses nouvelles. J'ai pourtant collec-
tionné pour le Muséum, et lui ai fait parvenir, des oiseaux, des in-
sectes, des lépidoptères, de la minéralogie et enfin des tsétsés pré-
parées dans le but de servir aux éludes bactériologiques.
La région aurifère, située entre les 14 et 15° de latitude sud,
étant appelée à faire parler d'elle sous peu, je suis en train d'en
préparer une carte que j'espère vous envoyer vers la fin de l'année ;
il me faudra encore un voyage pour en fixer certains points. Le
pays au nord de Katusa est nouveau pour la géographie ainsi que
le nord du Mano.
c Une forte attaque de fièvre en décembre 1895 et en janvier 1896
a été le résultat de cette année de fatigues excessives; mais je suis
actuellement remis et je prends mes dispositions pour un voyage
chez les Âugouis. Soyez certain que je ne perds pas de vue un instant
le but que je me suis fixé, qui est de faire dans la région des lacs
Nyassa et Tanganyika un voyage profitable pour la science. Ce qui
est différé n'est pas perdu. >
Quelques jours avant cette lettre, M. Foa avait adressé à la Société
un travail sur le Nyassaland, trop long pour être inséré ici, mais
qui trouvera place dans le Bulletin,
Egypte. — M. Léon Mayou adresse des lettres et des rapports
destinés à établir que l'intérieur de la pyramide de Ghéops présente
certaines dispositions dans lesquelles il faut chercher des indica-
tions relatives à la géographie de la haute Egypte ; semblables
indications se trouvent aussi dans le grand Sphynx. L'envoi de
M. Mayou est accompagné de dessins explicatifs.
[Amérique]. — M. Georges Brousseau, géologue en mission spé-
ciale au Contesté franco-brésilien, écrit à M. le Minisire des Colo-
nies, qui communique à la Société sa lettre datée de Carsevenne,
19 juillet:
« J'ai rhonneur de vous envoyer deux échantillons de houille,
provenant de terrains houillers que j'ai découverts dans mon explo-
ration de 1894 dans la haute Carsevenne, la rivière Garnot et vers
les sources du Cachipour etdela Yaoué (Voir la carte de cette région,
publiée par moi dans le Bulletin de la Société de Géographie du
8 novembre 1895, p. 312 et 313).
^ SÉANCB DU 6 NOVEMBRE 1896. 311
< Je n'ai pas parlé plus tôt de cette découverte, parce que j'es-
pérais pouvoir, un peu plus tard, compléter suffisamment Tétude
superficielle que j'ai pu en faire pendant les quatre mois que je suis
resté dans la région. Des circonstances indépendantes de ma vo-
lonté, et aussi le devoir qui m'attache à la mission spéciale que
M. le gouverneur de Lamothe a bien voulu me confier pour le
Contesté, m'ont empêché de continuer cette étude intéressante à
tous les points de vue.
c M. Bernard, ingénieur au corps des mines, ancien élève de
l'École polytechnique, envoyé dans la Garsevenne pour y étudier
les gisements et filons aurifères, et à qui j'ai montré mes échan-
tillons, retrouvera sans doute, avec les indications que je lui ai don-
nées, les affleurements des veines de houille en question, et aura
le loisir de les étudier. Dans ces conditions, je m'empresse de vous
écrire pour que ma découverte prenne date, et je fais toutes mes
réserves sur les droits qu'elle me confère comme découvreur et
premier demandeur de la concession comprise entre la crique
Bon-Espoir, Laurens, Gamba et Grand-Grique (sources du Gachi-
pour), d'un côté, et les sources de la rivière Yaoué, d'autre part.
(Voir ma carte à 1/100,000* envoyée au Ministère des Golonies
par M. de Lamothe).
€ Voici schéraatiquement la nature et la position des roches de
la région aurifère et houillère : gneiss granitoïde comme première
consolidation ; au-dessus, granulite porphyroîde à mica noir parfois
chloriteux (n^*^ 1 et 2 de Tenvoi) ou des variétés de la même roche
à grain plus fin; au-dessus, des conglomérats et grès ferrugineux,
des argiles, des schistes argileux (Bon-Espoir) et des minerais de
fer qui représentent sans doute (on n'a pas encore trouvé de fos-
siles) le dévonien et le permo-carbonifère. G'est dans ces dernières
roches que sont intercalées les veines de houille. De puissants
dykes de diorite et de diabase criblés de fiions et filonnets de quartz
très riches en or, traversent et bouleversent ce système. — Les
échantillons que j'envoie sont de petite dimension, la presque tota-
Hté de mes collections géologiques ayant été perdue par des por-
teurs qui n'en connaissaient pas la valeur.
c Toutefois, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien, après
avoir fait communiquer ma lettre à la Société de Géographie, faire
parvenir mon envoi à M. le professeur Fouqué, du Collège de
France, qui voudra bien en faire l'examen et en faire connaître
les résultats. >
312 PROCÈS-VERBAL.
— De € General Rocca >, Rio Negro (République Argentine), le
comte Henry de la Vaulx écrit, 23 juillet :
€ Je viens d'arriver à General Rocca, petit bourg en avant de la
Cordillère, où sont concentrés plusieurs régiments de rarmée
argentine. Je profite de ce que ce point est réuni à la capitale
par un service de diligences pour vous envoyer de mes nouvelles.
On avance bien peu rapidement dans ce pays» surtout lorsqu'il faut
traîner avec soi les mille objets nécessaires à une expédition.
Voici en e£fet quatre mois que je circule par ici; et quel espace
ai-je parcouru ? 220 lieues seulement. Depuis ma dernière lettre,
mes collections ne se sont guère augmentées. Je possède main-
tenant en tout environ 55 crânes d'Indiens, la plupart appartenant
aux anciens Indiens Tehuelches, les mêmes qui travaillaient la pierre
avec tant d'art et de patience. Ma collection de flèches de pierre
(de sept à huit cents maintenant) contient, en effet, certaines
pointes de flèche d'un travail exquis ; aucun Indien n'est capable
aujourd'hui de refaire ce travail. Qu'y a-t-il aussi de plus cu-
rieux, au point de vue de la patience, que ces pierres informes
qu'un Indien frappait Tune contre Tautre jusqu'à ce qu'elles eussent
pris une forme ronde et régulière ; ce travail durait des semaines
et des semaines ; l'homme tenait alors l'arme qui lui servait à se
nourrir et à se défendre, le c boleador >.
c J'ai aussi pu rencontrer, mais en petit nombre, quelques
objets d'argent, travail des Indiens pompas. J'espère qu'au Nahuel
Hapi où je [me rends, je ferai une ample collection d'anciens
objets d'argent. Les Indiens habitant les deux rives du Rio Negro
sont, en général, des Indiens pompas, hommes beaucoup plus
petits que les Indiens Tehuelches; tous sont maintenant faits à une
vie assez civilisée ; ils habitent ordinairement des ranchos, maisons
faites de terre et de piquets juxtaposés les uns contre les autres.
Très rares sont les femmes encore vêtues de l'antique monta^
grand carré d'étoffe tissée par elles-mêmes et dans lequel elles se
drapaient.
c Je vous envoie quelques photographies faites dans le cours
de mon voyage. C'est par hasard que j'ai rencontré à Rocca un
Français faisant de la photographie en amateur.
Ci-joint aussi quelques mesures prises sur des Indiens, que je
vous serai reconnaissant de remettre au D' Hamy. La seule chose
que je reproche à ce pays, un des plus hospitaliers de tous ceux
que j'ai pu visiter jusqu'ici, c'est sa monotonie, sa tristesse. On me
dit que, dans les régions du lac Nahuel-Hapi, le paysage est dé-
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 313
licieux ; d'après M. le D' Moreno, c'est le paradis de TArgentine.
Dans les environs du lac existe toujours une tribu de Mansoneros,
à demi civilisée, il est vrai, mais ayant encore son cacique;
quand je serai là, je ferai tout mon possible pour avoir une
idée des anciennes coutumes et aussi des anciennes fêtés de
ces Indiens, telles qu'on les pratiquait avant ]a pacification du
territoire. >
[Restons «retiqnes : Pèle ivord]. — Expédition Natisen. —
Le Ministère de Tlnstmction publique adresse copie de deux
dépêches envoyées par le Ministre de France en Suède et Nor-
vège, M. Bouvier, ainsi que par le consul de France à Christiania,
le comte d'Héricourt, au Ministère des Affaires étrangères, relati-
vement au voyage de M. Nansen.
Voici ces documents par ordre de date :
I. Dépêche de M. le comte d'Héricourt, datée de Christiania,
15 août 1896. — La dépêche de M. d'Héricourt contenant les
mêmes renseignements que celle de M. Bouvier, mais avec moins
de détails (sauf sur deux ou trois points que nous donnons en note)
nous insérons seulement la dépêche de M. Bouvier, du 17 août,
suivie d'une autre du 20.
II. Dépêches de M. le Ministre de France en Suède et Norvège.
— 1» Stockholm, 17 août. — c ... Parti de Vardô le 21 juillet 1893,
le Fram arriva, le 15 août, à l'embouchure de la Lena, trop tard
pour se procurer des chiens. Ne pouvant attendre, Nansen résolut
de profiter de ce que la mer était libre pour s'élever jusqu'aux îles
de la Nouvelle-Sibérie, jusqu'à 78» 50' de lat. nord et 133*37' de
long. est. Là, se laissant prendre dans les glaces, il commença, le
12 septembre, à être lentement entraîné, suivant sqs prévisions,
au nord-nord-ouest. Durant tout l'hiver la température fut extrê-
mement basse et le thermomètre descendit jusqu'à 52° 6' au-des-
sous de zéro.
( Au sud du 79"* de lat., la sonde atteignit le fond de la mer à
93 brasses, mais, plus au nord, elle descendit à 1,600 et
1,900 brasses (1).
c C'est durant l'hiver que la dérive fut le plus sensible.
€ Le 18 juin 1894 la latitude atteinte était de 8l<'52', mais alors
(1) « Ce qui, de l'avis de l'explorateur, renverse toutes les théories acceplécs
jusqu'à présent d'une mer polaire sans profondeur. D'importantes observations
météorologiques, magnétiques et astronomiques ont été faites. » (Dépêche de
M. d'Héricourt.)
SOC. DE OÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. — H*" 15 Ct 16. 22
314 PROCÈS-VERBAL.
le navire se mit à dériver vers le sud, puis, entraîné de nouveau
au nord, le Fram dépassait, le 21 octobre suivant, le 8â«. Le 83°
était atteint à la Noël et, quelques jours après, le navire se trou-
vait par 83° 24'. Le 5 janvier 1895, une pression terrible des glaces
fit craindre pour la sécurité du bâtiment et la situation devint cri-
tique. Des préparatifs furent faits en vue de l'abandon du Fram
qui résista, toutefois, sans avoir aucunement souffert, grâce à sa
construction spéciale.
c La dérive au nord continua et, le 14 mars, Nansen et son
compagnon Johansen, par 83'' 59' de lat. nord et 102" 27' de long,
est, quittèrent leur bâtiment pour s'aventurer sur la banquise et
pousser au nord aussi loin que possible. Le 22 mars, les deux
explorateurs se trouvaient par 85M0' et le 29 du même mois, ils
avaient encore gagné 20' lorsque la glace se mit à dériver au sud.
Néanmoins, continuant leur route au nord, Nansen et Johansen
arrivèrent, le 4 avril, au 86" 14'. Là, la glace devint si inégale et
si mauvaise qu'ils durent rétrograder, par un froid intense, et se
diriger vers la Terre de François-Joseph. Le 12, les chronomètres
s'arrêtaient et les voyageurs devaient, dès lors, faire route à
l'estime. Le 31 mai ils étaient redescendus jusqu'au 82^21' pour se
retrouver, le 15 juin, par 82'' 26' à la suite d'une dérive au nord-
ouest.
c Le 23 juillet, ils étaient en vue d'une terre inconnue, et tou-
chaient enfin terre, le 6 août, par 81'> 33' de lat. nord et environ
63" de long. est. Ils s'arrêtaient pour hiverner le 25 août, par
81M2' de lat. et environ 56" de long, est, se remettaient en route,
le 3 juin suivant, non sans avoir reconnu combien était inexacte
la carte de Payer. Le 18 du même mois, ils rencontraient l'expé-
dition Jackson et, le 7 août, ils quittaient la Terre de François-
Joseph à bord du Windward, venu pour ravitailler l'expédition
Jackson (1). >
2<> € Stockholm, 20 août 1896. — Si. M. Nansen n'a pas réussi à
atteindre le Pôle, on peut dire néanmoins qu'il a été le chef heu-
(1) Après avoir dit que le 7 avril 1895, lei deux explorateurs avaient atteint lo
86<* 14' de lat. et que ne pouvant aller plus avant, ils durent rebrousser chemin vers
la terre de François- Joseph, M. d'Héricourt ajoute : c La température constatée
dans ces régions avait été, au mois de mars, de 45<> minima et de 24® maxima ;
au mois d'avril, elle était de 38* minima et de âO<> maxima au-dessous de zéru.
— Aucune terre n'avait été aperçue.
« Le 6 août, trois îles couvertes de neige furent découvertes au 81* 38' de lat.
nord et environ 63* de long, est; ces trois îles furent appelées Hvillenland par
les explorateurs. >
SEANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 315
reux de la plus heureuse expédition qui se soit, jusqu'à ce jour,
aventurée dans les mers arctiques. Non seulement, en effet, il a,
d'une façon presque inespérée, rencontré sur la Terre de François-
Joseph Texpédition Jackson, partie à son secours, et trouvé, pour
ainsi dire à point nommé, le Windward pour le rapatrier, mais
encore à peine a-t-il mis le pied sur le sol de la Norvège qu'on
signale également le retour de son navire. Car le Fram est arrivé,
lui aussi; il vient de toucher à Skjœrvô, d'où il est immédiate-
ment parti pour Tromsô. Tout le monde allait bien à bord.
c Nansen va donc pouvoir rejoindre à Hammerfest et ramener
triomphalement à Christiania le navire dont quelques-uns lui repro-
chaient déjà le semblant d'abandon, oubliant qu'il y avait sur le
Fram un capitaine habile pour le diriger et que, des dangers à
courir, ceux-là ne prenaient certes pas la moindre part, qui se
risquaient ainsi sur la banquise.
c Enfin, ironie du sort ! c'est le Fram qui, ayant touché aux
Danskôn, le 14 courant, rapporte les dernières nouvelles de l'expé-
dition Andrée. Â la date indiquée, celui-ci n'était toujours pas parti
et il est, dès lors, à peu près certain qu'il ne partira pas cette
année. >
— M. Mimaut (successeur de M. d'Héricourt, comme consul
général de France à Christiania), par une lettre du 29 septembre,
fait savoir qu'il a transmis à M. Nansen la lettre de félicitations
adressée par la Société de Géographie à ce voyageur. Il exprime
à la Société son désir de lui être utile.
Le lendemain, 30 septembre, M. Fridjof Nansen écrivait à la
Société pour la. remercier des félicitations qu'elle lui avait adres-
sées par télégramme et par lettre au moment où il était revenu
de son expédition polaire.
Expédition Andrée. — Le Ministère de l'Instruction publique
envoie copie d'un certain nombre de dépêches adressées au Mi-
nistère des Affaires étrangères par M. Rouvier, ministre de France
en Suède et Norvège, et relatives à l'expédition de M. Andrée, qui
avait pour but d'atteindre le pôle Nord en ballon.
r € Stockholm, i août 1896. — La Virgo portant M. Andrée
et ses compagnons, a procédé sans encombre à Danskôn, dans
Tarchipel de Norskôarna, à environ 1,000 ou 1,200 kilomètres du
Pôle, au débarquement du ballon, ainsi qu'à celui du matériel né-
cessaire à son gonflement. Aussi, dès le 15 juillet, M. Andrée pou-
316 PROCÉS-VERBAL.
vait-il annoncer à VAftonbladet que le gonflement commencerait
très probablement le 20 juillet et serait terminé trois jours plus
tard.
€ Depuis on était sans nouvelles certaines de l'expédition et Ton
se demandait si le Pôle Nord avait commencé son périlleux voyage.
L'opinion prévalait cependant, dans certains milieux, que ce dé-
part avait dû être ajourné par suite des vents contraires, les cou-
rants atmosphériques relevés dans le nord de la presqu'île Scandi-
nave n'ayant point pris la direction favorable sud-nord. Toutefois
ce n'était là qu'une hypothèse, lorsqu'est arrivé aujourd'hui, via
Hammerfest, un télégramme daté de Danskôn, 30 juillet, annon-
çant le retard subi par l'expédition.
c Aux termes de ce télégramme, le gonflement du ballon avait
été terminé heureusement le 27 juillet. Sa force ascensionnelle
était bien celle qu'on avait prévue, de 5,000 kilogrammes, et tout
était prêt pour le départ, sauf la vérification exigée dans le contrat
avec M. Lachambre pour contrôler, par pesée, la perte. Le temps
était incertain, mais les observations météorologiques de l'expédi-
tion faisaient espérer un changement de temps prochain et favo-
rable.
€ Telles sont les dernières nouvelles ; il est bon d'ajouter que,
pour en obtenir d'autres, on ne peut compter sérieusement, l'expé-
rience l'a prouvé, sur les pigeons voyageurs emportés par M. An-
drée. Aucun de ceux qui ont été lâchés de Danskôn n'est, en effet,
parvenu à destination. C'est là, d'ailleurs, un résultat qui ne doit
pas trop surprendre, en raison des difficultés naturelles d'un pareil
trajet. »
S** Ibid.j 12 août. — Le dernier télégramme de M. Andrée reçu
par VAftonbladety portant la date du 3 août, ne fait aucune mention
de fissures dont l'existence dans le ballon avait été annoncée. M. An-
drée se borne à dire que son ballon est gonflé depuis plusieurs
jours, que tout s'est passé conformément aux prévisions et que
tout est prêt pour le départ retardé par les vents contraires souf-
flant du nord avec persistance.
c Telles sont les dernières nouvelles ayant un caractère authen-
tique. Quant au télégramme sensationnel venu du Canada (1) et
annonçant aux journaux de Londres que le ballon de M. Andrée
avait été aperçu dans la Colombie britannique par 55*15' de lati-
(1) Ce télégramme de M. Bruwaert, con.-ul général de France à New-York, avait
été également communiqué à la Société par le Ministère.
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 3 17
tude et 127*40' de Icyigitude, il serait peut-être prudent de ne pas
l'accepter sans réserve, tant que l'on ignore d'une façon précise si
le départ du Pôle Nord a eu lieu et quand il a eu lieu. »
3" c Ibid,, 25 août. — Ainsi qu'il était à prévoir et comme le
faisaient, du reste, pressentir mes dernières communications,
Texpédition de M. Andrée n'aura pas lieu, cette année du moins. —
Un télégramme de Christiania vient, en effet, d'annoncer le re-
tour, à Tromsô, à bord de la VirgOy des trois explorateurs. En
présence de la persistance des vents contraires et de la saison
déjà avancée, M. Andrée a dû reconnaître que tout départ deve-
nait impossible. Il a donc dégonflé son ballon qu'il ramène; il est
actuellement, ainsi que ses compagnons, en route pour Gothem-
bourg oii ils arriveront probablement dimanche prochain. »
4* c Ibid.f 15 octobre. — Après avoir été, tout d'abord, accep-
tés avec une confiance sans bornes, les plans de l'aéronaute An-
drée sont soumis à une critique minutieuse depuis que leur au-
teur est revenu du Spitzberg sans avoir tenté le voyage dont
l'enthousiasme suédois avait escompté le succès.
< De toutes les attaques dont les prévisions de M. Andrée ont
été l'objet, la plus inattendue et peut-être aussi la plus intéres-
sante est celle de M. Ekholm, Tune des deux personnes qui de-
vaient accompagner l'aéronaute dans sa tentative hasardeuse et qui
ont pu le mieux étudier sur place au Spitzberg, pendant la longue
période d'attente de cet été, le ballon et ses appareils.
€ Le D"^ Ekholm a repris en détail l'examen de la durée pro-
bable du trajet du Spitzberg au détroit de Behring en passant par
le Pôle, en tenant compte des variations probables dans la vitesse
et la direction du vent, comme dans la force ascensionnelle du
ballon.
c Le trajet en ligne droite est de 3,700 kilomètres. En suppo-
sant, dit le D' Ekholm, le vent constamment favorable en vitesse
et en direction, il faudrait, pour parcourir cette distance, de neuf
à quatorze jours, soit probablement douze jours. .
c Mais ce trajet en ligne droite est un trajet théorique que l'on
ne saurait prendre pour base d'un calcul. Dans la pratique, ici
comme dans la navigation à voiles, il faut compter avec l'incerti-
tude du vent et prévoir une ligne de route brisée, deux ou
trois fois plus longue que la ligne idéale. Ce n'est plus alors
douze, mais trente-six jours que le ballon doit pouvoir porter les
voyageurs et des provisions suffisantes.
c Or, d'après les constatations faites au Spitzberg, la force
318 PROCÈS-VERBAL.
ascensionnelle da ballon diminuerait de 60 kilogrammes par jour.
On avait prévu, il est vrai, 1,600 kilogrammes de lest, mais une
partie était constituée par des provisions de réserve dont on ne
devait se séparer qu'à la dernière extrémité. Si Ton ne compte que
1,000 kilogrammes de lest disponible, cela correspond, avecladite
perte, à un trajet de dix-sept jours. On peut, il est vrai, espérer
diminuer cette perte; un vernissage de la calotte supérieure, après
gonOement, avait réduit la perte en force ascensionnelle de 160 ki-
logrammes à 60 kilogrammes par jour, M. Lachambre, le fabri-
cant du balloui assure qu'elle pourra ne pas dépasser 30 kilo-
grammes. Mais il faut aussi compter avec les pertes de gaz
qu'entraînerait l'obligation de passer au-dessus de montagnes
élevées. En effet, si le ballon est obligé de s'élever dans les
couches de l'atmosphère où la pression est beaucoup moins grande
qu'à la surface, le gaz du ballon se dilate et il y a déperdition.
c L'élévation de la température à Tintérieur du ballon est aussi
une cause à prévoir de dilatation et, par suite, de déperdition du
gaz. Cette question préoccupe beaucoup M. Ëkholm qui, s'appuyant
sur des observations faites en France par MM. Hermitte et Besan-
çon, la considère comme un des facteurs les plus importants du
problème qu'il étudie. Cet échauffement des gaz en vase clos, sous
l'influence des rayons du soleil, se fait surtout sentir dans les ré-
gions hautes de l'atmosphère et lesguideropes traînants de M.An-
drée, en même temps qu'ils permettent de se servir d'une voilure
et de prendre des angles dans le vent, servent aussi à maintenir
le ballon à une hauteur moyenne de â50 à 300 mètres. Leur poids,
en effet, se fait sentir davantage si le ballon, en s'éievant, en sou-
lève une plus grande masse ; il diminue relativement, au contraire,
lorsque, en s' abaissant, l'appareil en laisse reposer à terre une
plus grande longueur. De ce chef, le danger d'élévation de tempé-
rature signalé par le D' Ekholm, se trouve atténué, mais non ab-
solument écarté.
€ A tout cela, M. Andrée répond que, d'oprès toutes les don-
nées antérieures, on n'aura pas, au moins dans les premiers jours,
à dépasser des montagnes élevées. Que si l'on devait, dans une
entreprise, établir des prévisions correspondant aux circonstances
matérielles imaginables les plus défavorables, on ne tenterait ja-
mais rien; que, pour un trajet théoriquement praticable en neuf
iours, des dispositions répondant, de l'aveu même de ses détrac-
teurs, à tous les besoins pour dix-sept jours, lui paraissaient suf-
fisantes, c Du reste, dit-il, en admettant qu'un accident rende, en
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 319
€ cours de route, le ballon inutilisable, les membres de Texpédi-
€ tien se trouveraient alors dans une situation toute pareille à
€ celle des explorateurs qui tentent la découverte du FMle par
€ la voie de terre, et Nansen a prouvé récemment que cette situa-
c tion ne serait pas désespérée. »
[WLéglonm «retlqaos : Pôle Sud]. — M. Ernest fiunge, du
Havre, exprime, pour la seconde fois, le vœu que la Société de
Géographie sollicite l'opinion publique en faveur d*une expédition
française au Pôle Sud. Il envoie des indications relatives aux dé-
penses et à Torganisation éventuelles de cette entreprise.
Communleatlons orales.
— Le Président signale la présence à la séance de M. Raffr'ay,
consul de France au Cap.
Présentation de livres^ cartes, etc. — M. Hamy dépose sur le
bureau un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publier chez
l'éditeur Leroux sous ce iïire : Etudes historiques et géographiques
(1 vol.in-8* de 480 pages avec 10 planches hors texte et 21 figures).
Ce volume contient vingt mémoires se rapportant à l'histoire de
la géographie et des découvertes. Le plus grand nombre de ces
mémoires avaient paru dans divers recueils, et notamment dans
le Bulletin de la Société de Géographie. En les réunissant, l'au-
teur les a soigneusement revisés, complétés, mis à jour et illustrés
de belles cartes phototypiques. C'est donc une seconde édition de
la série complète des mémoires qu'il a consacrés depuis près de
vingt ans à ces études, que M. Hamy se fait un devoir d'offrir à la
bibliothèque de la Société.
Hommage rendu à des navigateurs. — Le prince Roland Bona-
parte, vice-Président de la Commission centrale, en déposant sur
le bureau les photographies de deux monuments élevés, au siècle
dernier, par le financier De La Borde dans le parc de son châ-
teau de Méréville (Seine-et-Oise), pour rappeler le souvenir de
voyageurs illustres, donne lecture de la note suivante :
c Le premier, dit-il, est une colonne rostrale, édifiée en l'hon-
neur de ses deux fils : De La Borde-Marchainville, De La Borde-
Boutervilliers, tous deux officiers de VAstrolabe dans l'expédition
de La Pérouse, et qui périrent le 13 juillet 1786, dans la baie
des Français.
6W PROCES-VERBAL.
c Le second est un tombeau dédié à la mémoire du capitaine
Gook: ce tombeau est Tune des plus belles œuvres du sculpteur
Pajou; malheureusement, une partie de ce monument s'est effon-
drée à la suite d'un accident récent. En voici la description telle
qu'on la trouve dans Touvrage de M. Alex. De La Borde (1) :
c L'ancien propriétaire de Méréville avait, en citoyen dévoué,
c placé tous ses fils dans la marine. Son enthousiasme pour cette
c carrière, dans laquelle il voyait le soutien de TÉtat et la gloire
c la plus honorable pour les particuliers, lui inspira le désir d'éri-
c ger à la mémoire de Gook un monument funèbre. G*est sans
c doute une idée touchante que de retrouver sous de beaux om-
c brages le souvenir d'un grand homme dont la dépouille mortelle,
c abandonnée sur une terre sauvage, n'a pu être honorée par les
c siens.
k Tel est le monument élevé au plus hardi des aventuriers et
< au plus doux des hommes, dans la partie la plus solitaire et la
c plus agréable du parc de Méréville, sur les bords de la petite
< rivière formée par les eaux de la grande cascade.
c Le lieu où il se trouve placé est retiré et tranquille ; la rivière
€ y coule lentement; des rochers naturels le dominent; des arbres
€ variés le couvrent presque entièrement. Tout y inspire le recueil-
c lement et la rêverie. Un grand nombre d'arbres étrangers
c semblent y reproduire les pays sauvages et lointains qui cachent
€ la véritable tombe du voyageur illustre. Le sarcophage est d'un
c très beau marbre blanc surmonté d'une urne de même matière.
c Sur la face principale on voit le buste de Gook et au-dessus un
< bas-relief représentant un lion qui dévore un aigle ; aux quatre
€ angles sont des figures de sauvages. Le corps du monument est
€ surmonté d'une belle urne dont les anses contiennent des têtes
c exprimant la douleur.
c Tout le sarcophage est couvert d'un dôme supporté par
c quatre colonnes doriques, sans bases. Une inscription simple
€ placée sur l'urne funéraire sert d'explication au monument.
€ Depuis des vers y ont été ajoutés.
c On lit sur le fronton ces vers dus à l'abbé Deiille :
(( Gook, reçois ce tribut d*un enfant de la France ;
Eh ! que fait son pays à ma reconnaissance !
Ses vertus en ont fait notre concitoyen.
• Imitons notre Roi, digne d'être le sien. »
(1) Nouveaux Jardina de la France, Paris, 1808 et 1815.
SÉANCE DC 6 NOVEMBRE 1896. 321
€ Sur le piédestal :
« De rOcéan, trois fois, il a, dans sa carrière,
Parcouru rimmense contour ;
Et les deux pôles, tour à tour,
L'ont vu de leurs glaçons affronter la barrière. »
€ Sur le côté opposé :
c La mer n*a point d*écueil, le ciel n'a pas d'orage
Que n'ait cent fois bravé son intrépidité ;
Mais dans son âme, la bonté
Egalait au moins le courage.
Vous le savez, d vous qui fûtes, sur les mers.
Ses frères, ses enfants, ses amis les plus chers.
Prodigue de sa vie, avare de la vôtre
Au' travail, au danger, le premier à s'offrir.
Vos maux furent les siens, il n'en connut point d'autre;
Il souffrit tout sans peine et ne put voir souffrir (1). d
c En terminant, nous ferons remarquer que ce monument est
probablement le premier qui ait été élevé en l'honneur du grand
navigateur anglais, et que c'est un Français qui en a eu Fheureuse
initiative; car, au xv!!!*" siècle, les nations ne se montraient pas
aussi exclusives sur le terrain scientifique qu'elles le sont deve-
nues de nos jours. »
Le Président fait observer que c'est également en France qu'on
a eu ridée de célébrer, il y a quelques années (1879), le cen-
tenaire de Cook, et que c'est la Société de Géographie (de Paris)
qui eu a pris l'initiative.
— - Du Tonkin en Chine et au Tibet. — Uîle d'Hai-nan, —
M. CI. Madrolle commence par dire quelques mots du Tonkin et
de la montée du Fleuve Rouge, puis il passe à son voyage au
Yûn-nân. Les débuts en furent assez difficiles. La guerre sino-
japonaise, la destruction des propriétés des chrétiens au Se-tchouen,
les placards et dessins contre les c Barbares », les bruits des dé-
faites de la Chine, etc., avaient surexcité les esprits. A Koué-tchâô,
le mandarin refusa une escorte au voyageur qui, à Lin-gan-fou,
(1) On peut consulter, entre autres, les trois études : Les Nouveaux Jardins de
la France^ par le comte Alex. De L. B., Paris, 1808 et 1815. — Durant, Des-
eription du château et du pare de Méréville, Paris, Bélhune et Pion, 1835. —
Lansel, Méréville..., Paris, Dumaine, 1877.
322 PROCES-VERBAL.
reçut par le travers du visage une corde de fibres tressées ; à €hé-
pin-tcheou la porte de sa chambre fut enfoncée; ses muletiers
eurent ordre du mandarin de ne pas continuer leur route par
des chemins non connus des étrangers et de rentrer sur la route
de Yûn-nân-sèn. M. MadroUe dut abandonner les sources du
Fleuve Rouge et se jeter dans les montagnes. Il traversa la chaîne
de hauteurs qui sépare le bassin du Fleuve Rouge de la rivière de
Canton, puis la plaine de Tong-hài et arriva à la capitale du Yûn-
nân. De cette cité partent des routes commerciales allant vers la
Rirmanie, le moyen Fleuve Rleu et le Tonkin. Toutes trois ayant
été parcourues déjà, M. Madrolle prit une nouvelle voie, traversa
le coude méridional du Fleuve Rleu et se dirigea vers le Tibet.
En plein hiver, il franchit les régions montagneuses des Lo-lo,
et, arrivé à Ta-tsien-lou à plus de 2,500 métrés d'altitude, il entra
dans le Tibet; mais ce pays étant troublé, il dut prendre la
c grande route du Thé » et séjourner à Tchén-tou, capitale du
Se-tchouen.
De Tchen-tou il s'embarqua sur le Fou-hô, affluent du Fleuve
Rleu; à Tchong-kin, il rencontra les premiers Européens civils, à
1-tchang les premiers vapeurs. Au commencement de février (1896)
il abordait à Chang-hai sur la concession française et se disposait
à visiter l'Ile d'Hai-nan, peu connue des Européens.
M. Madrolle y resta pendant les mois de mars et d'avril derniers,
visita les nombreuses tribus chinoises et aborigènes et dressa la
carte de l'ile. Hai-nan est très pittoresque surtout dans le sud. Les
Sai dominent dans le massif montagneux, dont les cimes sont
couvertes de forêts. Les Célestes, d'origine différente, parlent des
dialectes distincts, qui n'ont aucune ressemblance avec les langues
chinoises du continent. — Le chinois d'Hai-nan, lelim-ko, le dam-
tiao, et l'ak-ka sont les quatre dialectes principaux; il faut y ajouter
les nombreux patois des c Rarbares » Sai (Loi ou Lai), Miou, etc., et
une foule de parlers locaux, surtout sur les plateaux du nord.
L'ile est habitée par des populations laborieuses ; son terrain
est propre à toutes les cultures et à l'élevage. L'explorateur y a
reconnu des gisements miniers de cuivre, de plomb argentifère,
d'or et d'étain.
— La séance est levée à 10 heures i/i
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 323
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Bruel (Gilbert-Georges), administrateur colonial (Marcel
Dubois et le colonel Lamsedat); Perniot (Paul) (Gh. Maunoir et
Jules Girard); Frédault (Xavier-Eugène-Marie), sous-intendant
militaire (Maunoir et le baron Hulot) ; Loret (François) (Alex.
Boutrouêei Charles Barre); filondiaux (Paul), lieutenant d'infan-
terie de marine (D' Collignon et le D' E.-T. Hamy) ; le marquis
de Darapierre (le comte Henri de Castries et Maunoir) ; Goussot
(Alfred-Henri), ingénieur des arts et manufactures (Henri Ruel et
le baron Hen^e Wyn); Alby (Gustave), résident de France à Mada-
gascar {Le Myre de Vilers et Armand de Ginoux) ; RafFalovich
(Arthur), conseiller d'État de S. M. Tempereur de Russie (Edouard
Blanc et le baron Jules de Guerne); Mme Isabelle Massieu (Emile
Levasseur et le prince Henri d'Orléans)
ERRATUM
Page 265, avant-dernière ligne, au lieu de : M. Paul Wentz,
lire : M. Paul Wenz.
PROCÈS-VERBAL.
Séance du 20 novembre 1896
PRÉSIDENCE DU D' HAMY, DE l'INSTITDT
lioeture de la eorrespondanee.
Notifications, renseignements et avis divers. — La Société
a reçu avis du décès de : M. Edm. -Achille Dupont, décédé le 18 no-
vembre à Paris [Mb. 1883]; — de M. Mahé, ancien médecin de la
marine.
A propos de cette mort, le Président rappelle en quelques mots
la carrière si bien remplie de M. Mahé, sa conduite en 1870,
où il dirigea les ambulances au Ministère de la Marine. Il alla
ensuite s'établir à Gonstantinople où il remplit les fonctions de
médecin sanitaire. Il est Fauteur d'une géographie médicale.
— M. Veisseyre, inspecteur de la garde indigène du Dahomey
et dépendances, remercie de son admission.
Il annonce, sous la date du 26 septembre, qu'il revient d'une
mission dans l'extrême nord du Dahomey, c Je ferai ce qui dépen-
dra de moi pour procurer à la Société tous les renseignements
qui pourront Taider à faire connaître ce beau pays de la côte occi-
dentale d'Afrique. >
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). — M. Fo-
rest aîné fait hommage d'une étude sur la domestication des
aigrettes en territoire français. En même temps, il signale à la
Société « qui a prouvé, dit-il, son intérêt à la question du retour
de l'autruche dans le Sahara, le renseignement suivant, donné à
la Société nationale d'agriculture de France, par M. YermoJoff,
Ministre de l'Agriculture en Russie, savoir : que l'élevage de l'au-
truche se pratique maintenant en Russie, dans la Tauride > .
— M. J. Korostovetz, secrétaire de la Légation de Russie à Lis-
bonne, adresse un exemplaire du livre sur la Chine qu'il vient de
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1896. 325
publier : les Chinois et leur civilisation. L'ouvrage contient sur
rhistoire, les institutions, les mœurs, coutumes, etc., des Chinois
une série d'études que l'auteur a faites pendant son séjour (1890-
1894) en Chine, où il était secrétaire de la Légation impériale de
Russie. La plus grande partie des chapitres en question a déjà
paru dans différentes Revues russes.
— M. Hautreux envoie un travail dont il est l'auteur {Bulletin
de la Société de géographie commerciale de Bordeaux, 1887-1888)
où il a étudié les conditions physiques de la mer et de Tair qui
peuvent expliquer la présence de la morue dans les parages de la
côte occidentale d'Afrique.
c Cette question a également été traitée» dit-il, entre autres par
M. le commandant Lallemand, capitaine de frégate au port de Lo-
rient, qui, pendant un commandement sur la côte du Sénégal, a fait
étudier comparativement les moyens de pêche et de conservation
des Canariotes et des pêcheurs d'Islande ou de Terre-Neuve. 11 a
développé ses observations dans une conférence qui fut insérée au
Bulletin de la Société de géographie de Lorient (1891, n*' 49).
c D'après ce que m'a dit M. le commandant Lallemand, si le
poisson péché au Sénégal est de même espèce que la morue, il
diffère de celle du Grand-Banc par son épaisseur et, pour le saler
convenablement, il faut faire de nombreuses incisions. Une des
grandes difficultés de la conservation par les sécheries locales,
c'est la présence continue dans l'atmosphère de cette poussière saha-
rienne impalpable, dont on ne peut garantir le poisson, et qui
détermine la putréfaction.
c Un autre auteur s'est aussi occupé de ces questions; c'est
M. A. Barthélémy: Guide du voyageur dans la Sénégambie
française. >
— M. J.-M. Bel [Mb.], ingénieur civil des mines, ancien élève
de l'École polytechnique, chargé de mission auSiam, adresse deux
albums des photographies qu'il a tirées au cours de son dernier
voyage en ce pays et qui forment ensemble 86 planches. Elles font
suite à celles qu'il a remisés antérieurement et qui avaient trait au
premier voyage exécuté par lui au Siam en 1893. Ces photographies
sont le duplicata de celles qu'il a remises au Ministre de l'Instruc-
tion publique, comme documents de la mission scientifique qui lui
avait été conGée par ce département, et il se réserve les droits de
reproduction.
c J'ai| en même temps, écrit-il, l'honneur de vous faire con-
naître que je me prépare à partir le mois prochain (c'est-à-dire
326 PROCES-VEHBAL.
en décembre), pour un nouveau voyage en Indo-Chine, durant
lequel je me propose d'explorer certaines parties du Laos et de
TAnnam. Je vais y remplir une mission du Ministère de l'Instruc-
tion publique, ainsi qu'une mission industrielle, devant porter
principalement sur les gîtes minéraux de ces régions. Je suis
heureux, à celte occasion, de venir vous offrir mes services pour
tout ce qui peut concerner la géographie des mêmes contrées. >
— M. Léon Lemuet fait don de seize vues photographiques dont
on trouvera le détail aux Ouvrages offerts (Section : Photographies).
Partie plus spécialement GÉOGRAPmQUE delà correspondance.
— [a«ic]. — Lettres de M. Chaffanjon :
!• € Blagoviéchtchensk, 11 août. — Notre voyage en Chine (Mon-
golie orientale et Mandjourie) vient de se terminer. Arrivés ici
depuis trois jours, nous prenons un peu de repos pour continuer
ensuite notre exploration sur le fleuve Amour jusqu*à son embou-
chure. x\vaiit-hier, j*ai pu prendre quelques photographies de
réclipse et; bien que le temps fût couvert, j'ai obtenu une série
assez complète. Quelques heures après Téclipse, le temps s'est mis
à la pluie et aujourd'hui encore et par moments, nous avons des
averses.
€ Depuis Ourga notre voyage s'est assez bien passé ; à part des
vents violents qui ont duré plus d'un mois, puis des pluies tor-
rentielles qui ont défoncé les routes, nous avons obtenu d'assez
beaux résultats. D'abord, au point de vue géographique, j'ai un
relevé nouveau d'Oupga à Tsitsikar par Khaïlar et les Kinghaus,
c'est-à-dire près de 1,500 kilomètres. Mes observations apporteront
de sérieuses modifications aux cartes existantes (celles que j'ai en
main sont celles de l'état-major russe). Au point de vue ethnique,
j'ai de nombreuses observations sur les races mongoles (Tchi-
pitchines, Barga, Solons, Ourtchones) ainsi que de nombreuses
photographies et des types et des monuments anciens et modernes
(cultes bouddhiques de la région). J'ai pu faire aussi de nombreuses
collections de mammifères, d'oiseaux, de poissons, d'insecies, de
plantes, etc.
< J'ai modifié légèrement mon plan d'exploration en ce sens
que je m'écarte de la ligne tracée, à cause des inondations qui se
sont produites cette année dans le bassin de la Soungarie, à la
suite des pluies continuelles qui tombent dans la région. Cette
année a été très pluyieuse, et la pluie continue. Les rivières qui
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1896. 327
d'ordinaire n'étaient plus navigables en cette saison (le hant
Amour par exemple) sont sillonnées de bateaux.
€ De Tsitsikar je serais allé directement sur Hou-teban, puis
Son-sen et Vladivostok ; la région de Han-tchan à Son-sen est
sous Teau et les marécages, très grands, plus de 200 kilomètres
de parcours, sont impraticables en ce moment, j'aurais bien voulu
passer au sud de la Nonni et la Soungarie vers Girin et Ningouta,
mais le temps de faire ce grand détour au sud m'aurait certaine-
ment empêché de faire mon voyage sur l'Amour; j'ai donc pris la
route au nord par Blagoviéchtchensk. De cette manière j'ai deux
mois environ à employer pour explorer l'embouchure du fleuve et
l'île Sakhaline; je gagnerai ensuite Vladivostok d'où je me rendrai
au Japon avant les grands froids. Au Japon je séjournerai quelque
temps, quinze jours ou trois semaines, pour visiter ce curieux pays?
puis je prendrai la route de France par Vancouver et l'Amérique
du Nord. »
2° € Vladivostok, 3 octobre. — Je viens d'arriver à Vladivostok
et je m'empresse de vous annoncer que notre voyage d'exploration
est terminé.
c Le voyage de celte année à travers la Mandchourie et la
Sibérie orientale a été bien plus difQcile et plus pénible que celui
de l'année dernière. Les pluies et les inondations ont beaucoup
retardé nos marches et nous ont barré la route vers la Soungarie.
Les inondations ont pris le caractère d'un véritable désastre : les
récoltes ont été détruites ou emportées; des villages entiers ont
disparu et ont fait un nombre considérable de victimes.
<L Le chemin de fer de i'Oussouri entre Vladivostok etKhabarovka
a été en partie détruit et des glissements de montagnes se sont
produits dans la vallée du Souifouu, entraînant la voie ferrée dans
la rivière sur une vaste étendue de plusieurs verstes. Le bassin du
fleuve Amour et de tous ses affluents sont inondés et depuis l'em-
bouchure de la Soungarie jusqu'à celle de I'Oussouri, c'est une
véritable mer qui a détruit les villages et englouti les forêts.
€ Je rentre en France en prenant la route du Japon et de
l'Amérique; je compte être de retour en France vers les premiers
jours de décembre.
€ Comme travaux géographiques, j'ai un relevé et itinéraire
nouveau d'Ourga à Khaïiar par le Keroulem et de Khaïlar à Tsi-
tsikar par les Kinghans, puis de Tsitsikar à Blagoviéchtchensk
avec une étude de la partie navigable de l'Amour.
c J'envoie également des collections au Ministère; 57 caisses
328 PROCÈS-VERBAL.
sont déjà parties : zoologie, botanique, géologie et anthropologie.
J'espère que toutes les pièces rapportées pourront intéresser les
divers services scientifiques du Muséum. >
[Afrique]. — Côte (Tlvoire. — M. Clozel, administrateur de
rindénié, nous écrit, le 25 octobre, de Grand-Bassam, où il est
descendu par Krindjabo et la lagune d'Aby, ayant ainsi visité la
partie orientale de notre colonie.
Il repartira prochainement pour une seconde campagne vers le
nord, qui le mènera jusqu'à Bondoukou.
CommuiileAtions orales.
Le Président signale la présence à la séance de l'un des vice-
présidents de la Société de géographie d'Alger récemment recon-
stituée.
Présentations de livres, cartes^ etc. -— M. Vidal de la Blache
présente à la Société la livraison que les Annales de Géographie
ont récemment publiée sous le titre de Bibliographie de Vannée
1895.
c Depuis, dit-il, que les sciences d'observation ont pris le dé-
veloppement que l'on connaît, la nécessité de répertoires biblio-
graphiques s'impose de plus en plus. On sait à quel point la
plupart des corps savants s'en préoccupent. Aux Congrès géogra-
phiques internationaux de Berne en 1891 et de Londres en 1895,
une grande part a été faite aux questions de bibliographie dans les
délibérations et les décisions de ces assemblées. Le travail dont
j'ai l'honneur d'entretenir la Société, est entrepris sur un plan
plus modeste que les grands recueils dont on s'occupe de doter la
science. 11 n'a pas la prétention de signaler toutes les publications
qui paraissent chaque année dans le vaste domaine de la géo-
graphie ; mais, s'il s'astreint à faire un choix, ce choix est assez
large pour que, dans la livraison relative à l'année 1895, il n'y ait
pas moins de 1,087 écrits non seulement signalés, mais brièvement
analysés. Car chaque titre d'ouvrage est suivi d'une notice critique
conçue de manière à en dégager les résultats essentiels.
c Quelqu'un a dit qu'il n'y avait pas de lecture plus intéressante
qu'un dictionnaire; je n'oserais en dire tout à fait autant d'une
bibliographie. Cependant, quand les matières y sont disposées
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1896. 329
d'une façon claire et méthodique, quand on y trouve aisément ce
qui, dans un espace de temps donné, s'est publié d'important sur
telle région de la terre ou sur telle parlie de la science, on peut
assister, pour ainsi dire, à la marche des recherches; et cela n'est
pas d'un médiocre intérêt.
€ La préparation de ces travaux soulève plus d'un genre de dif-
ficultés. Sans insister là-dessus plus qu'il ne convient, je me per-
mettrai seulement de rappeler que cette bibliographie est déjà
la cinquième qui ait été publiée par les Annales de Géographie.
A vrai dire, les livraisons des premières années étaient plutôt des
essais; les deux dernières années commencent peut-être à se
rapprocher davantage du but poursuivi. Les personnes qui vou-
dront bien jeter les yeux sur la liste des collaborateurs de cette
dernière livraison, y trouveront, à côté de noms français, un bon
nombre de noms étrangers. En effet, plusieurs savants des plus
autorisés de Belgique, de Hollande, de Suisse, d'Italie, des pays
slaves, de Scandinavie, d'Angleterre et d'Amérique ont bien voulu,
chacun pour leurs pays respectifs, s'associer à une œuvre, qui
sans doute participe du caractère international de la science, mais
qui enfin est plus spécialement destinée au public français. La
Société comprendra le sentiment de gratitude auquel j'obéis en si-
gnalant particulièrement à son attention cette catégorie de nos
collaborateurs.
c Le but en vue duquel se réunissent toutes ces bonnes volontés,
est de former un instrument de travail utile surtout, cela va sans
dire, aux spécialistes. Pourtant notre ambition ne s'arrête pas là,
et nous souhaiterions pour ce recueil une utilité plus générale.
Avec l'extension que prennent aujourd'hui nos affaires coloniales,
combien n'y a-t-il pas de personnes qui éprouvent le désir de se
renseigner sur les contrées lointaines où la France est, directe-
ment ou indirectement, engagée ? Nos intérêts, nos relations de
famille et d'amitié, notre patriotisme en tout cas, nous y sollici-
tent. Les appréciations qui s'offrent à nous dans les journaux, les
revues ou les livres, offrent souvent un vif intérêt, mais, naturel-
lement, elles se ressentent des tendances diverses dont s'inspire
l'opinion publique. Elles sont diverses elles-mêmes, parfois même
contradictoires. Le grand service que pourrait rendre une biblio-
graphie bien faite serait de fournir à chacun les moyens de re-
courir aux sources directes d'information, de les contrôler les unes
par les autres, et d'assurer ainsi ses jugements.
c C'est pourquoi, messieurs, puisque mes collaborateurs m'ont
soc. DE 6É06R. — C R. DES SÉANCES. — N"»* 15 et 16. 23
330 PROCÉS-VBRBAL.
confié le soin d'être auprès de vous leur interprète, je me per-
mettrai d'exprimer en leur nom le vœu que la Société de Géo-
graphie (de Paris) accorde à cette œu?re un appui moral, qui nous
sera précieux pour la continuer et, ce qui est notre désir le plus
vif, pour l'améliorer dans la mesure de nos forces. »
— - M. Emm. de Margerie dépose sur le Bureau un exemplaire
du Catalogue des Bibliographies géologiques f qui vient d'être
publié sous les auspices du Congrès géologique international
(5« et 6« sessions : Washington, 1891 ; Zurich, 1894).
€ Ce travail, dit-il, renferme l'énumération raisonnée, par ordre
méthodique, de plus de 3,900 ouvrages ou mémoires qui, tous,
donnent la bibliographie d'une question ou d'un point déterminé
de la Géologie : Roches, Terrains, Fossiles, Phénomènes, Pays, Lo-
calités ou Auteurs.
c Parmi ces articles, un grand nombre intéressent directement
Ja géographie physique ou, d'une manière plus générale, la
connaissance scientifique et descriptive des diverses parties du
globe ^
c Nous avions, pour l'exécution de ce répertoire, un modèle
excellent dans la précieuse Liste provisoire de Bibliogi'aphies
géographiques spéciales j due à James Jackson et imprimée, dès
1881, par les soins de la Société; en déposant ce volume sur le
Bureau, je ne fais donc qu'acquitter une dette de reconnaissance,
contractée de longue date envers notre Archiviste-Bibliothécaire si
regretté. >
Nouvelles géographiques de la Russie, — M. Vénukoff commu-
nique les nouvelles suivantes :
4* Le fleuve Araxe, dans la Transcaucasie, a cessé d'être af-
fluent de la Coura; il se jette maintenant dans la mer Caspienne
directement. Les habitants du pays étant fort contents de ce chan-
gement du lit de l'Araxe, ont prié le gouvernement russe de
prendre les mesures nécessaires pour que cet état soit définitif,
au moyen de travaux convenables, ce qui aura probablement lieu.
D'ailleurs, le nouveau lit du Bas-Araxe n'est que son ancien lit,
préhistorique ou même connu des peuples antiques.
là"* Au delà de la mer Caspienne un autre problème de change-
ment de lit d'un fleuve intéresse le monde savant en Russie : c'est
qelui du rétablissement de l'embouchure de TOxus dans la mer Cas-
pienne. Une expédition dirigée par le général Gloukhovskoï, tra-
vaille dans le désert turcomanien, au sud de PAmou-daria actuel.
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1896. 331
On procède au nivellement de TOusgoun et d'autres anciens lits de
rivières qui s'y trouvent.
3"" Dans la vallée de la rivière Gazimour, affluent de FÂrgoune,
les pluies abondantes de cette année ont détaché du sol une
énorme masse de pierres dans le ravin de Soukhoï-Log, et ont
dénudé une riche mine d'or. Les paysans, à commencer par les
enfants, ont immédiatement commencé l'exploitation de cette
mine; mais l'administration, au nom de S. M. l'empereur de Russie,
propriétaire du terrain, a fait arrêter ces travaux particuliers,
probablement pour les reprendre dans l'intérêt de la maison im-
périale. Les sables ainsi découverts sont extrêmement riches
en or.
A" L'éminent cartographe russe, général Bolcheflf, vient de
publier une carte des sources de l'Amou-dariaavec les détails de la
délimitation anglo-russe sur le Pamir. Cette carte, à l'échelle de
1/1,050,000« montre que les petits États pamiriens, Wakhan,
Rochan, Darwaz, Badakchan, etc., ont totalement disparu dans le
partage entre l'Afghanistan et le Boukhara, entrepris et exécuté
par les Russes et les Anglais. Un Etat-tampon entre deux grands
empires est formé par les terres annexées à l'Afghanistan, au nord
de l'Hindoukouch, le long du Pandj et du Wakhan-daria. Cette carte
a une valeur officielle.
5"" Le même général Bolcheff prépare pour la publication la carte
des voyages de MM. Roborovsky et Kozloff dans la partie orientale
du Turkestan chinois, le Koukou-nor^le Nan-chan, etc. M. Vénukoflf
présente un exemplaire de celte carte intéressante et non encore
publiée.
6"* Enfin, le même M. BolchefTarrive à la fin de son gi^and travail :
c l'Asie centrale en 32 feuilles, à l'échelle de i/1, 050,000' >. Cette
carte restera certainement pendant de longues années unique dans
son genre et absolument nécessaire pour tous ceux qui s'intéressent
à l'Asie centrale, y entreprennent des voyages, etc. Avec la carte
de la Russie d'Asie, à 1/4,200,000% du même auteur, c'est la
meilleure image de deux tiers de continent asiatique, partie nord.
7** En outre, M. Vénukoff présente à la Société l'ouvrage collectif
de MM. Inostrantzefi", Lœvinson-Lessing, Karakach et Stachevsky^
géologues chargés d'explorer la partie centrale du Caucase, afin de
déterminer le tracé du futur chemin de fer transcaucasien. Cet
ouvrage est accompagné d'une carte du pays entre Vladicaucase
et Tiflis, du profil de la chaîne caucasienne le long du chemin de
fer projeté, et de nombreux dessins qui représentent les vues des
33S PROCÈS-VERBAL.
parties]! les plus intéressantes de la future ligne ferrée. Il y a
pas mal de figures paléontologiques, représentant les fossiles
trouvés pendant les recherches. L'ouvrage russe est accompagné
d'un résumé en français.
Les récentes expéditions arctiques, par M. Charles Rabot. —
M. Charles Rabot expose les résultats très importants des explo-
rations arctiques accomplies pendant l'année 1896. Durant la der-
nière campagne l'activité scientifique dans les régions polaires a
été particulièrement féconde. Sept expéditions ont été à l'œuvre
au milieu des glaces du Nord et trois autres dans la zone boréale ;
toutes ont obtenu de très importants résultats.
Aux environs du cap York, l'infatigable Peary a accompli une
nouvelle campagne de recherches scientifiques très intéressante.
C'est la cinquième expédition accomplie depuis dix ans, au Grôn-
land, par ce voyageur.
En Islande, pas moins de quatre missions ont été à l'œuvre.
C'est d'abord notre lauréat de l'an dernier pour la médaille La Ro-
quette, le D' Thoroddsen, qui depuis plus de douze ans poursuit
avec une persévérance toute Scandinave l'exploration de cette
grande île. Cette année, ses recherches ont embrassé les presqu'îles
qui hérissent la côte nord de l'Ôljord au Skagestrandbugt ou
Hunafloi, et la portion du Hochland comprise entre ces baies et
le Hofsjôkull. Aux prix de pénibles fatigues, M. Thoroddsen a réussi
à atteindre le Hofsjôkull, énorme coupole glaciaire encore presque
inconnue, située au centre de l'Islande. Dans cette région, il a dé-
couvert des lacs, deux grands courants de lave et les sources de la
Tbjorsaa, la plus importante rivière de l'île. Ce voyageur est rentré
ensuite à Reykjavik en traversant l'Islande occidentale.
Une dernière campagne est nécessaire à M. Thoroddsen pour
terminer la carte géologique de l'Ile. A lui seul ce trop modeste
savant aura relevé une étendue de terrain égale à plus du tiers de
l'Italie, et cela à l'aide de très faibles ressources et dans des con-
ditions particulièrement pénibles et difficiles. Peu de voyageurs
scientifiques auront accompli une œuvre plus considérable. Après
cette longue suite d'explorations, notre confrère se propose de réu-
nir toutes ses observations en une synthèse générale qui sera à
coup sûr précieuse pour la connaissance de la dynamique interne
du globe. M. Thoroddsen a déjà commencé ce travail par la publi-
cation d'un très important mémoire sur les volcans et les laves
d'Islande. Ce travail, publié sous le titre de Nogle almindelige
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1896. 333
Bemœrkninger om islandske Vulkaner og Lavastromme ddius le
BtUletin vii-vni (vol. XIIl) de la Société de géographie de Copen-
hague, doit être signalé à l'attention des géologues.
Sur la côte ouest de l'Islande, M. Th. Garde, lieutenant de vais-
seau de la marine royale danoise, l'explorateur hien connu du
Grônland, a exécuté l'hydrographie du Hvammsfjord, la branche
la plus profonde du Bredefjord, en vue de l'établissement d'un port
dans cette baie.
Également en Islande, un archéologue danois, le lieutenant
d'infanterie Bruun, a poursuivi de curieuses recherches destinées
à éclairer l'histoire de la première civilisation Scandinave. Ce sa-
vant a constaté Tanalogie complète des ruines nordiques du Grôn-
land et des habitations islandaises actuelles. Aujourd'hui encore
dans cette île, comme au Grônland il y a neuf siècles, les murs
des constructions sont en tourbe gazonnée reposant sur des sou-
bassements de grosses pierres.
Aux Fœrô, MM, Bôrgesen et C. Jensen ont accompli une inté-
ressante mission botanique : le premier de ces naturalistes a étudié
les algues marines; le second, les mousses de cet archipel.
Le croiseur danois VIngolf, commandé par Je capitaine de vais-
seau Wandel, a accompli une seconde exploration des grandes
profondeurs de l'Atlantique nord autour de l'Islande. Au cours de
ce voyage on a découvert que cette île se prolongeait à plus de
800 kilomètres au large par une crête sous-marine très étroite.
Au Spitzberg, Sir Martin Conway a réussi à effectuer pour la
première fois la traversée de cette terre arctique.
Partant de la Sassendal, à l'extrémité supérieure de l'Isfjord, il
a atteint sans difficulté l'Agardhbay sur la côte orientale du Spitz-
berg. En 1892, les ordres du commandant de la Manche avaient
empêché M. Rabot d'exécuter cette exploration. M. Conway a par-
couru en outre les vallées débouchant au fond de TAdventbay
(IsQord) et gagné par ces dépressions d'abord le bassin de la Van
Mijenbay, puis la Sassendal. Toute cette vaste région du Spitzberg
central jusqu'ici inconnue, a été soigneusement relevée par ce
voyageur, et étudiée au point de vue géologique par son compa-
gnon, le D"^ Gregory. L'expédition de sir Martin Conway apportera
donc une précieuse contribution à la connaissance du Spitzberg.
Pendant ce temps, un savant voyageur suédois, le baron Gérard
de Geer, poursuivait également au Spitzberg des recherches d'une
très hauteimportance. D'après les observations de ce géologue, le
bassin de risfjord, le plus vaste des fjords de la côte occidentale,
334 • PROCÈS-VERBAL.
est dû à un afifaissement de l'écorce terrestre et constitue une
large zone d'effondrement et de fracture. M. de tieer pense que la
plupart des fjords de la Scandinavie ont une origine analogue.
L'étude des Tariations de longueur des glaciers préoccupe au-
jourd'hui un grand nombre de naturalistes. Depuis longtemps notre
savant coufrére, le professeur Forel, de Morges, a réuni sur cette
intéressante question un ensemble considérable de très curieuses
observations; les Autrichiens et les Italiens ont suivi son exemple
pour les régions des Alpes qui leur appartiennent; comme d'habi-
tude, nous étions en retard, lorsque notre collègue, toujours si dé-
voué aux intérêts de la science, le prince Roland Bonaparte, s'est
mis au travail. Sous sa direction, les variations de tous les glaciers
français se trouvent aujourd'hui soumises à des observations ri-
goureusement précises. Par son ampleur et par son exactitude ce
travail est une œuvre de premier ordre. Le baron de Geer a suivi
au Spitzberg l'exemple donné par notre confrère. 11 a déterminé
la position de front de nombreux glaciers débouchant de l'IsQord
afin d'établir des points de repère permettant de connaître avec
certitude les oscillations de longueur de ces courants cristallins.
Ce voyageur a constaté que, depuis 1882, le glacier de Sefstrôm
dans rEkmanbay avait progressé de 4 kilomètres, puis après cette
crue éprouvé un léger recul.
La seconde mission suédoise qui se trouvait au Spitzberg, la
fameuse expédition aéronautique d'Andrée a été moins heureuse
que celle de M. de Geer. Le gonfiement du ballon — fourni comme
on sait par un constructeur français, M. Lachambre — a parfaite-
ment réussi, mais des vents contraires ou des calmes plats ont
empêché d'effectuer l'ascension projetée. Cet insuccès n'a pas dé-
couragé M. Andrée et l'an prochain il compte tenter cette péril-
leuse aventure.
A la Terre François-Joseph la mission anglaise de Jackson a
poursuivi ses fécondes explorations scientifiques. Pendant l'été
1893, elle a réussi à avancer le long de la côte sud vers l'ouest
plus loin que tous ses prédécesseurs et a reconnu l'extension de la
Terre d'Alexandra dans cette direction. Plus tard, au printemps
1896, Jakson a pu d'autre part pousser vers le nord jusqu'au cap
Richthofen. Les relevés exécutés par cette expédition, dans cette
campagne et dans la précédente, modifient complètement l'aspect
sous lequel les cartes représentent la Terre François-Joseph. A la
place de la Terre de Zichy se trouve un archipel traversé par un
large bras de mer, le British Ghannel, ouvert dans la direction
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1896. 335
nord-sud, comme l'Âustria Sund. Les études exécutées par les na-
turalistes sont très importantes et intéressent toutes les branches
de la science. L'expédition ravitaillée l'été dernier par le vapeur
le Windward, hiverne à la Terre-François Joseph; c'est le troi-
sième hiver qu'elle passe au milieu des glaces et dans la nuit po-
laire.
M. Charles Rabot aborde ensuite la relation du voyage du Nor-
végien Nansen. Cette expédition restera, dit-il, un des grands évé-
nements géographiques du siècle. Le plan du voyage était très
hardi. En 1881 le navire américain Jeannette était brisé parles
glaces du nord de la Sibérie et, trois ans plus tard, des épaves
authentiques de ce bâtiment étaient retrouvées sur la côte sud-
ouest du Grôaiand. Ces débris ne pouvaient être arrivés au
Grônland que poussés par un grand courant océanique traversant
le bassin polaire depuis la côte nord de TAsie jusqu'au détroit de
Davis. Pour atteindre une très haute latitude, il fallait donc refaire
sur un navire le voyage des épaves de la Jeannette, Emprisonné
dans les glaces, le bâtiment dériverait avec elles vers le Pôle; tel
était le plan audacieux que Nansen a mis à exécution.
Pendant trente-trois mois, le navire de l'expédition a dérivé au
milieu des glaces polaires vers le nord-ouest; seulement, au mois de
juillet dernier, il a pu se dégager et regagner la Norvège, après avoir
parcouru un immense océan polaire, jusqu'ici inconnu, et atteint une
latitude à laquelle jamais auparavant aucun navire n'était arrivé.
Le Fram s'est avancé jusqu'à 110 lieues du Pôle (444 kilomètres).
Pendant cette dérive, au printemps 1895, Nansen, suivi d'un seul
compagnon, s'achemina vers le nord, à pied à travers la banquise.
Après trois semaines d'efforts héroïques, il s'arrêta à 418 kilo-
mètres du Pôle, à peu près la distance de Paris à Mâcon.
Jusqu'ici, fait observer M. Charles Rabot, aucune expédition
n'avait réussi à approcher de Taxe nord du globe à moins de
740 kilomètres, la distance de Paris à Avignon. Le progrès est
donc considérable.
De là, Nansen et son compagnon battirent en retraite sur la
Terre François-Joseph, et au printemps 1896 furent recueillis par
l'expédition de Jackson qui assura leur retour en Europe.
Dans quelques semaines, dit en terminant M. Rabot, doit pa-
raître la relation de cette mémorable expédition. Nansen n'est pas
seulement un explorateur capable de toutes les audaces, un
pionnier invincible, c'est encore un écrivain de talent ; à coup sûr
son livre présentera le plus puissant intérêt pour les lecteurs
336 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
d*aventures dramatiques comme pour les savants. C*est le récit de
la victoire remportée par Thomme sur les forces les plus brutales
de la nature.
Le Président adresse au nom de la Société des remerciements
à M. Rabot : c Depuis longtemps, dit-il, M. Charles Rabot nous a
habitués à des communications toujours fort intéressantes : dans
celle qu'il vient de nous faire entendre d'une façon si claire et si pit-
toresque, il a fait preuve d'une connaissance approfondie des ré-
gions polaires. Les documents qu'il nous a fait connaître, les pro-
jections qu'il a fait passer sous nos yeux, étaient tout à fait inédits ;
nous le prions de remercier en notre nom les explorateurs qui les
lui ont comniuniqués, à commencer par M. Nansen. >
— La séance est levée à dix heures et demie.
MEMBRES ADMIS
MM. Bruel (Gilbert-Georges) ; Ferniot (Paul) ; Frédault (Xavier-
Ëugène-Marie) ; Loret (François); Blondiaux (Paul); le marquis
deDampierre; Gousset (Alfred-Henri); Alby (Gustave); Arthur
Raffalovich ; Mme Isabelle Massieu.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. le général Rollet (Charles-Edmond-Félix) (le baron Hulot
et le commandant Georges Toutée); Paul de ^a,hune {Ch. Maunoir
et le baron Hulot) ; Adrien Fuchs {Maunoir et Jules Girard) ;
Cuënot (Henri), ancien élève de l'École polytechnique (Albert de
Lapparent et Bouquet de la Grye) ; Dufour (Flavien-Marie), com-
mandant, professeur adjoint à l'Ëcole supérieure de guerre (gé-
néral Niox et commandant Leblond). .
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Séance du 6 novembre 1896.
GÉOGRAPHIE (GÉNÉRALITÉS). — D' E. T. Hamy. -Etudes histo-
riques et géographiques. Paris, Leroux, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Hànn, Hochstetter, Pokornt. — Allgemeine Erdkunde. 5^% neu bear-
beitete Auflage von J. Hann, Ed. Briickner uad A. Kirchhoflf. I. Abtei-
SEANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 337
lung. Die Erde als Ganzes, ihre Atmosphâre und Hydrosphârc, von Dr.
J. Hann. Wien, 1896, 1 vol. in-8. F. Tempskt, éditeur.
Bulletin de la Société de Géographie d'Alger, fondée en février 1896.
1** année, n"* 1, juillet 1896. Alger, in-8. Direction.
A. DE Làppàrent. — L'évolution de la géographie {Correspondant),
Paris, Soye, 1896, broch. in-8. Auteur.
Attl del seconde congresso geograflco italiano, tenuto in Roma dal !22 al
27 settembre 1895. Roma, 1896, 1 vol. in-8. Échange.
Alexander Muir. — The Royal Geographical Society of Australasia,
Queensland : An historical review. Brisbane, 1896, broch. in-8. Auteur.
J. P. Tbomson. — Geography in Australasia : Anniversary address to the
R. Geogr. Society of Australasia, Brisbane, July 22, 1896, broch. in-8.
Auteur.
E.-G. Rayenstein. — Boundary Treaties and Territorial changes, 1895.
— The British Empire as a Geographical and commercial Unit {WMr-
taker*s Almanack, 1896), broch. in-8. Auteur.
Otto Baschin. — Die Bedeutung wissenschaftlicher Ballonfahrten fur
die geographische Forschung und das Andréesche Polarprojekt {Aiu
allen WelUeilen). Berlin, Paetel, 1896, broch. iD-8. Auteur.
M. FiORiNi. — Le projezioni per ribaltamento nella cartografia {Rivista
geogr. italiano). Firenze, 1896, broch. in-8. Auteur.
Bulletin of the geological Institution of Ihe University of Upsala. Edited
by Hj. Sjogren. YoL I (1892-1893). Upsala, 1894, 1 vol. in-8. Echange.
Jules Siegfried. — Rapport fait au nom de la commission du budget,
chargée d'examiner le projet de loi (rectifié) portant fixation du bud-
get général de l'exercice 1897 (Ministère des colonies). Paris (Chambre
des députés, n"» 2045, session de 1896), 1896, 1 vol. in-4. Auteur.
OCÉANOGRAPHIE. HISTOIRE NATURELLE !
J. Thoulet. — Océanographie (dynamique). Première partie {Revue ma-
ritime). Paris, Baudoin, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par
Albert V, prince souverain de Monaco. Fascicule X. Poissons prove-
nant des campagnes du yacht V Hirondelle (1885-1888), par Robert
Collett. Impr. de Monaco, 1896, 1 vol. in-4.
S. A. S. P" Albert de Monaco.
Gaston Féral. — Observations météorologiques sur les pluies générales
et les tempêtes. Monlauban, 1896, broch. in-8. Auteur.
Paul Bourdàrie. — La domestication de l'éléphant d'Afrique {Bull. soc.
nat. d'acclimatation). Paris, 1896, broch. in-8. Auteur.
Annual Report ofthe Newfoundland Department of Fisheries for the year
1895. St John*s, 1896, in-8. — Directions for the manufacture of
cod-liver oil, by Ad. Nielsen. St John's, 1896, 2 opuscules in-8.
Consulat général de France à Saint-Jean-de-Terre-Neuve.
F.-F. Kawraisky. — Saumons du Caucase et de la Transcaucasie.
Fasc. I. Imprimé par les soins du directeur du musée du Caucase.
Tifiis, 1896, 1 vol. in-8 (en russe, avec résumé en allemand). Echange.
ANTHROPOLOGIE- — The Australasian Anthropological journal.
Ashfield, N. S. W., n» 1, vol. I, Aug. 10, 1896, in-4.
Anthropological Societt of Australasia.
338 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
D' E.-T. Hamy. — Les races malaïques et américaines. Leçon d*euver-
ture du cours d'anthropologie du Muséum d'histoire naturelle, 19 mars
1896 {^Anthropologie), Paris, Masson, broch. in-8. Auteur.
Ch. de Ùjfalvy. — Les Aryens au nord et au sud de THindou-Kouch.
Paris, Masson, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
D' R. COLLIGNON. — La couleur et le cheveu du nègre nouveau-né {Bull,
soc. d'anthropologie) f broch. in-8. Auteur.
BIOGRAPHIE. — A. de Làpparent. — Daubrée {Revue des questions
scientifiques), Louvain, 1896, broch. in-8. Auteur.
Albert Perquer. — Li-Hung-Ghang, broch. in-8. Auteur.
Manuscrit de Doudart de Lagrée offert à la ville de Grenoble le 16 août
1896 par M. Bonamy de Yillemereuil. Troyes, 1896, broch. in-8.
B. DE Yillemereuil.
Paulin Vial. — Ernest Doudart de Lagrée. Conférence faite à Grenoble
à l'occasion de l'inauguration du monument élevé au célèbre explora-
teur. Voiron, 1896, broch. in-8. Auteur.
DIVERS- — C^*> Henry de Gastries. — L'Islam. Impressions et études.
Paris, Colin, 1896, 1 voU in-8. Auteur.
D» Saler Soubhy» — L'extinction du choléra par la nouktah. Le Caire,
1893, broch. in-8.
D' Saleh Soubhy. — Pèlerinage à la Mecque et à Médine. Précédé d'un
aperçu sur l'islamisme, et suivi de considérations générales. Le Caire,
1894, 1 vol. in-8. Auteur.
Montre décimale du système Henri de Sarrauton (photographie), 1 pi.
Henri de Sarkauton. — L'heure décimale et la division de la circonfé-
rence. Cran, 1896, broch. in-8. Auteur.
J.-M. Clark. — The fùnctions of a great University. Inaugural address
delivered on Mov. 16th, 1894. Toronto, 1895, broch. in-8. Auteur.
Manuel Y. Ballivian. — Apuntes sobre la industria de la goma elàstica
en los territorios dependientes de la Legacion nacional en el Noroestc
y el Departamento del Béni. La Paz, 1896, broch. in-8. Auteur.
£. Levasseur. — L'ouvrier américain. Salaire des hommes {Annales de
VEcole libre des se, politiques, mars 1896). Paris, Masson, broch.
in-8. Auteur.
Notice historique de la Société centrale d'agriculture de la Seine-Infé-
rieure {Bull. soc. centrale d'agriculture). Rouen, 1896, broch. in-8.
Échange.
J.-P. Thomson. — The alleged leakage of artesian water {R, Geogr. Soc.
of Australasitty vol. XI). Brisbane, broch. in-8. Auteur.
EUROPE- — E. Rouis. — Notice sur le développement et la gestion
des forêts communales dans le département du Gard, 1800-1895. Avi-
gnon, 1896, broch. in-8. Auteur.
J. Corcelle. — Etude de géographie ancienne. La région de Seyssel.
La grotte des Hotteaux. Bourg, broch. in-8. Auteur.
D' Adrien Guébhard. — Ponadieu et les environs de Saint-Yallier-de-
Thiey (Alpes-Mar.). Nice, impr. Gauthier, 1896, broch. in-8.
D' Adrien Guébhard. — Une grotte curieuse à Saint-Cézaire (Alpes-
Mar.). Nice, 1896, broch. in-8. Auteur.
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 339
Guides Baedeker, Leipzig. Les bords du Rhin, de la frontière suisse à
la frontière de Hollande. 1 vol. — Le centre de la France, de Paris à
la Garonne et aux Alpes, 1892, 1 vol. Baron Bertrand.
Statistisches Jahrbuch fiir das deutsche Reich. Herausgegeben vom
k. statistischen Amt. 17. Jahrg. 1896. Berlin, t vol. in-8. Achat.
J.-C. Dalwig. — Reise, SchiflTbruch auf dem Meere und Schicksale
wâhrénd eines 23jâhrigen Etablissements in St.-Gallen. St.-Gallen,
1831, 1 vol. in-8.
Itinéraire d*ltalie. Contenant la description des routes les plus friéquentées
et des villes principales ; les distances. Milan, Vallardi, 1810, 1 vol. in-8.
Guide pour le voyage d'Italie en poste. Nouvelle édition. Gênes, 1800,
1 vol. in-8. D' A. GuâBHARD.
Ricordo deirEsposizione vlnicola italiana. Buenos Aires, 1896, opus-
cule in-f*. Anonyme.
Eugène Gallois. — Promenade en Russie {Bull, soc, géogr. de Lille),
Lille, 1896, broch. in-8. Auteur.
Catalogue des points trigonomctriques et hypsométriques déterminés dans
la partie méridionale de la Finlande, jusqu'au parallèle 61^ lat. N., de
1860 à 1890. Publication de la section topographique de Tétat-major
russe. Saint-Pétersbourg, 1896» 1 vol. in>4 (en russe). Ëchange.
Col. E. BoGDANOWiTCH. — Projet d*un chemin de fer à travers TOural.
Traduit du russe. Paris, Gauthier-Villars, 1868, in-8.
Charles Rabot. — Les limites d'altitude des cultures et des essences
forestières dans la Scandinavie septentrionale et les régions adjacentes
{Revue générale de botanique). Paris, Dupont, 1896, broch. in-8.
Auteur.
G. Arnaud-Jeakti. — La Crète et la question Cretoise. Conférence faite
le 23 juin 1896. Paris, impr. Dupont, 1896, broch. in-8. Auteur.
ASIE' — L' OE CoNTENSON. — La Turquie d'Asie. Ses divisions, ses na-
tionalités {Correspondant), Paris, Soye, 1896, broch. in-8. Auteur.
A.- A. Kalantara. — Pâturages d'été des Alagoëz. Tiflis, 1895, 1 vol.
in->i.
Exposition caucasienne d'objets d'agriculture et d'industrie, à Tiflis, en
1889. Tiflis, 1800, 2 vol. in-8. P. Morane.
y.-L. SiÉROCHEVSKi. — Les Yakoutes. Essai d'étude ethnographique. Pu-
blication de la Société impériale russe de géographie. Tome I. Avec
168 dessins, un portrait et des cartes. Saint-Pétersbourg, 1896, 1 vol.
in-8. ÉCHANGE.
V. ObROUTCHEFF. — L'aération et la ventilation dans l'Asie centrale.
{Mém, soc. imp, de minéralogie). Saint-Pétersbourg, 1895, broch.
in-8 (en russe). Auteur.
Résultats scientifiques des voyages de M. M. Prjevalski en Asie centrale.
Partie météorologique, par A.-J. Voeïkoflf. Saint-Pétersbourg, Société
impériale russe de géographie, 1895, 1vol. in-4 (en russe). Échange.
Henri Pensa. — Les Russes et les Anglais en Afghanistan ou la prépon-
dérance européenne en Asie centrale. Paris, André, 1896, broch. in-8.
Auteur.
Emile Senart. — Les castes dans l'Inde. Les faits et le système (An-
nales du Musée Guimet, bibliothèque de vulgarisation). Paris, Leroux,
1896, in-8. Ministère de l'instruction publique.
340 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Friedrich Hirth. — Ueber fremde Einflùsse in der chinesischen Kunst.
Munchen und Leipzig, 1896, 1 voL pet. in-8. G. Hirth, éditeur.
La femme en Chine (d'après M™ Potanine) {Lecture illtuirée, 1896).
Paris, in-8. Traducteur.
J. Eysséric. — Note sur les rapides de Yang-tsé-Kiang {Annales de
géographie, oct. 1896). Paris, Colin, broch. in-8. Auteur.
Mkrcié. — Exploration en Annam et au Laos. De Hué à Kemarat {Nou-
velle Revue, 1" août 1896). Paris, 1876, broch. in-8. Auteur.
Jean Dupuis. — Les origines du Tong-Kin. Paris, Challamel, 1896,
1 vol. in-8. Auteur.
AFRIQUE. — The history and description of Africa and of the notable
things therein contained, written by Ai-Hassan ibn-Mohammed Al-We-
raz Al-Fasi, a Moor, baptised as Giovanni Leone, but better known
as Léo Africanus. Done into English in the year 1600, by John Pory,
and now edited, with an Introduction and Notes, by D' Robert Brown.
In 3 vol. London, Hakluyt Society, 1896, in-8. Abonnement.
Heinrich von Minutoli. — Reise zum Tempel des Jupiter Ammon in der
libyschen Wuste und nach Ober-Aegypten in dcn Jahren 1820, und
1821. Berlin, Riicker, 1824, 1 vol. in-4. — Nachtrâge zu meinem
Werke... Berlin, 1827, 1 vol. in-8. D' A. Guébhard.
A. FoCK. — Orient contre Occident. Le rôle économique de l'Afrique
{Nouvelle Revue, août 1896). Paris, broch. in-8. Auteur.
Comptes rendus du déjeuner des Africains, le troisième jeudi de chaque
mois... par H. Tarry, 1 opuscule, in-8. H. Tarrt.
Emile Levasseur. — Les ressources de la Tunisie {Bull. soc. géogr.
commerciale, t. XXVIII, 1896), in-8. Auteur.
J. Eysséric. — Autour du Congrès de Carlhage (notes et croquis de
voyage). Paris, 1896, broch. in-8. Auteur.
Commandant Corps. — Les chemins de fer du Sénégal au Niger et la
mission du Génie. Angers, 1896, broch. in-8. Auteur.
F. Foureau. — Essai de catalogue des noms arabes et berbères de quelques
plantes, arbustes et arbres algériens et sahariens ou introduits et cul-
tivés en Algérie. Paris, Challamel, 1896, in-4.
Fernand Foureau. — Dans le grand Erg. Mes itinéraires sahariens de
décembre 1895 à mars 1896. Rapport... Paris, Challamel, 1896, 1 vol.
in-8. Auteur.
F. Bernard. — Deux missions françaises chez les Touareg, en 1880-
188t. Alger, Jourdan, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Gaston Donnet. — Une mission au Sahara occidental. Du Sénégal au
Tiris. Trarza-Elib, — Oulad-bou-Seba, — Ouland-Delim, — Yahia-
ben-Osman. Paris, Challamel, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
D' R. CoLLiGNON et D' J. Deniker. — Les Maures du Sénégal (L'Anthropo-
logie, Paris, t. VII), broch. in-8. Auteurs.
Georg Schweihnfurth. — Der âgyptische Sudan (Sonntagsbeilage n°* 43,
44, zur Vossischen Zeitung, n"» 503, 515, Berlin, 25 Oktober, 1. Nov.,
1896). Auteur.
Félix Dubois. — Tombouctou la Mystérieuse. Paris, Flammarion, 1897.
(Edition du « Figaro »), 1 vol. in-8. NAuteur.
GusTAv Muller. — Der Brantwein in Kamerun und Togo {Afrika).
Neuhaldensleben, broch. in-8. Echange.
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE i896. 341
£. Jacottet. Etudes sur les langues du Haut-Zambèze. Textes originaux
recueiilis et traduits en français et précédés d'une esquisse gramma-
ticale. Première partie. Grammaire soubiya et louyi (Publications de
l'Ecole des Lettres d'Alger). Paris, £. Leroux, 1896. 1 vol. in-8.
Echange.
Le procès Lothairc, à Bruxelles. Publié par la Société antiesclavagiste de
Belgique, 1896, 1 vol. in-8. . Echange.
a. Grandidier. — Discours prononcé à la séance générale du Congrès
des Sociétés savantes, le samedi 11 avril 1896 (les explorations de
Mayeur à Madagascar). Paris, Impr. nat.,1896, in-8. Auteur.
G. DE Raulin. — A Madagascar. L'île de Sainte-Marie {Revue maritime,
1896), broch. iD-8. Auteur.
AMÉRIQUE. — X. Franciot-Legall. — L'Amérique a-t-elle droit
pour ce nom à un nom indigène? Documents cartographiques. Docu-
ments linguistiques. Paris, Ghadenal, 1896, i vol. in-8. Auteur.
Henri Avenel. — L'Amérique latine. Avec un exposé préliminaire des
relations présentes et futures du commerce français dans cette contrée.
Paris, 1892, 1 vol. in-8. Achat.
Eugène Guénin. — Histoire de la civilisation française. La Nouvelle-
France. Paris A. Fourneau, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Thomas Wright Hurst. — Ship canal route across the Isthmus of Pa-
nama or Darien {Cernent and Engineering News, Chicago, vol. I**, n*i,
oct. 1896), in-4. Auteur.
OcTAVio Moscoso. — Geograiia politica, descriptiva é historica de Bolivia.
3* edicion. Sucre, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Ëtnologia centro-americana. Gatalogo razonado de los objetos arqueolô-
gicos de la repûblica de Gosta-Rica en la Ëxposicion historico-ameri-
cana de Madrid, 1892, por D. M. M. do Peralta y D. Anastasio Alfaro.
Madrid, 1893, 1 vol. in-8. Lambert de Sainte-Croix.
Historia documentai. Hommenajc de la Sociedad geogràfica al primer
grito de indepcndencia dado el 25 de Mayo de 1809. Informes del
Virrey Abascal sobre el 25 de mayo y 16 de julio de 1809. Proemio.
Sucre (Bolivia), edicion municipal, mayo 25 de 1896, broch. in-8.
Inauguracion del Instituto médico Sucre. Discurso del D' Yalentin
Abecia. Sucre (Bolivia), 1896, broch. in-8. V. Abecia.
David Boyle. — Archaeological report 1894-1895. Appendixto the Report
of the Minister of Education, Ontario. Published by order of the Légis-
lative Assembly. Toronto, 1896, 1 vol. in-8. Echange.
Oficina central de estadistica. Sinopsisestadisticaijeogràfica de la Repû-
blica de Ghile en 1895. Santiago deChile, 1896, 1 vol. in-8. Echange.
GuiDO GORA. — Il territorio contestato tra la Venezuela e la Guiana in-
glese {Cosmos). Torino, 1896, broch. in-8. Auteur.
F. A. Pereira da Costa. — Em prol da integridade do territorio de
Pernambuco. Pernambuco (Instituto archeologico e geographico Per-
nambucano), 1896, broch. in-8. Auteur.
Exposiciôn internacional colombina de Chicago en 1893. Comisiôn geo-
gràfico-exploradora delà repûblica Mexicana. Gatalogo de los objetos
que componen el contingente de la Comisiôn, precedido de algunas
notas... por Aug. Diaz. Xalapa-Enriquez, 1893, 1 vol. in-4.
Commission géographique.
34â OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Hector F. Découd. — GeograJfia de la repùblica del Paraguay. 2a edi-
cion. Asunciôn,1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Segundo censo de la repùblica argentina, mayo 10 de 1895. Primeros
resultados, mayo 10 de 1896. Buenos Aires, 1896, 1 vol. in-8.
Commission directrice.
OCÉANIE* *— Prof. F. Blumentritt. — P. Caslano's Nachrichten iiber
Bikols, Cimarronen und Agtas, broch. in-8. Auteur.
La Nouvelle-Galles du Sud. c La Colonie-mère des Australies ». Traduit
4e l'anglais par M. Albin Yilleval. 1896. Par autorité, Sydney, J896,
1 vol. in-8. Gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud.
Brau de Saint-Pol Lias. — Amour sauvage. Paris, Havard, 1896, 1 vol.
in-8. Auteur.
RÉClONS POLAIRES- — H. J. Bull.— The Cruise of the c Antarc-
tic ib to the South Polar Régions. London, E. Arnold, 1896, 1 vol. in-8.
Auteur.
ATLAS ET CARTES
Atlas photographique de la lune, publié par Tobservatoire de Paris, exé-
cuté par MM. M. Loewy et P.. Puiseux. Paris, Impr. nat., 1896, fasc. 1
(6 pi.), in-f*, et 1 fasc. de texte, in-4. Observatoire de Paris.
Buy de Mornas. — Atlas méthodique et élémentaire d'histoire et de
géographie. Paris, 1761, 5 vol. in-4. ' Colonel Bombard.
lACQ. Ghiqubt. — Le nouveau et curieux atlas géographique et histo-
rique, ou le divertissement des Empereurs, Roys et Princes, tant dans
la guerre que dans la paix... Paris (1719), 1 vol. in-4.
Général Thomassln.
Col. Max de Traux. — Carte générale et itinéraire de l'Europe, divisée
en tous ses Etats ;d*après le Congrès de Vienne et autres traités posté-
rieurs... Revue, corrigée et augmentée en 18^7. Vienne, Artaria.
D' A. GUÉBHARD.
H. Malègue. — Carte comparative des principales altitudes de la France
par département, 1896. Paris, lilh. Courmont, 1 f. Auteur.
X. Imfeld. — La chaîne du Mont-Blanc. Carte au 1/50,000*, dressée sur
l'ordre de Albert Barbey, d'après les relevés, les mensurations et la
nomenclature de L. Kurz, et d'après les documents existants. 1896.
Berne, 1 f. Achat.
Cartes de France, de l'Espagne et du Portugal, offertes par
Mme Vve Germond de Lavigne :
France. Stations balnéaires, voies navigables, chemins de fer. Carte
spéciale dressée sous la direction de W. Karol, par Paul Méa, Paris, 1 f.
Henri Hogard. —Carte des Vosges. Epinal, 1852, 1 f.
D' J.-F. Païen. — Carte topographique et routière de la vallée de
Montjoie et des environs des bains de Saint-Gervais<en Savoie)... Paris,
(Andriveau-Goujon). 1856. 1 f.
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1896. 3i3
E. Wallon. — Pyrénées centrales. Panorama général circulaire. Tou-
louse, Privât, 6 ff.
Carte topographique du massif du Mont Pelvoux {Annuaire du Club
Alpin fr., iSU)y 1 f.
Ensemble de la station thermale du Mont-Gornadore (Puy-de-Dôme),
(vue photographique, 1874), 1 f.
Ferrocarriles directes de Madrid y Zaragoza a Barcelona. Piano gênerai,
If. — Ferpocarril de Valls à Yillanueva y Barcelona. Piano gênerai.
1 f .
Al. Donnet. — Mapa civil y militar de Espaiîa y Portugal, con la nueva
division en distritos... 1863, 6 ff.
Caria geographica de Portugal, publicada por ordem de S. M. — Levantada
em 1860 à 1865 sob a direcçâo do cens. F. Folque, 1 f.
Carta chorographica de Portugal 1/100,000. F"" n« 7, 10, 13, 14, 16 à
33, 36. Lisboa, direccion gérai dos Trabalhos geodesicos do Reino.
Cartes de la marine portugaise : Berlenga, Farilhôes... 1/50,000, 1/5,000;
— Barras et portos de Faroeolhâo, 1885, 1/20,000; — Barra e porto do
rio Lima... 1886, 1/5,000;— Barra do Porto, 1871, 1/2,500 ; — Oceano
Atlantico. Gabo da Roca até Cezimba, 1882; — Barra do porto de
Lisboa... 1879, 1/20,000; — Piano hidrographico do porto de Lisboa,
1878, 1/20,000; — Barra et porto da Figueira, 1880, 1/10,000.
H. H. Metz. — Photo-relief du Caucase. Saint-Pétersbourg, 1895, 1 f.
Auteur.
Afrique. Extraite de TAtlas universel de Vivien de Saint-Martin et F.
Schrader. Dressée et dessinée par [M. Chesneau, 1/10,000,000. Paris,
1 f. Hachette et C*% éditeurs.
Afrique, 1/2,000,000. Ff. n»- 10 (Bir el Abbas), 16 (Saint-Louis), 11 (In
Salah), 27 (El Fâcher).
— Algérie, 1/200,000. Ff. n»- 34 (Chellala), 39 (Cheria).
T- Algérie, 1/50,000. Ff. n~38 (Gouraya),39 (Gherchel), 49 (Tamezguida),
77 (Takitount), 106 (Orléansville), 239 (Pont de Tisser).
— Tunisie, 1/50,000. F. n* 8 (Sidi Daoud). Paris, service géographique
de l'Armée. Ministère de la Guerre.
LÉON Mayou. — Le grand Sphinx de Memphis (deuxième carte de la
géographie générale du Nil par les grands-prêtres égyptiens). Cro-
quis manuscrit. — Coupe de la grande Pyramide de Memphis ou Carte
du bassin supérieur du Nil (Croquis manuscrit). Auteur.
H. POBÉGUIN. — Côte d'Ivoire. Carte de la région côtièrc de Fresco au
Cavally. Levée et dressée par ordre de M. le gouverneur Binger, 1895-
1896. 1/150,000, 8 ff. et tableau d'assemblage (1/500,000). Paris, ser-
vice géographique des Colonies.
Mission Marchand. Le transnigérien. Le Bandama et le Bacoé. Carte
levée et dressée de 1892 à 1895 par le capitaine Marchand. 1/500,000.
Paris, service géographique des colonies (Barrère, éditeur), 2 ff. avec
notice et index alphabétique, broch. in-8. Ministère des Colonies.
U. S. Geological Survey (Map of the United siates 1/62,500, 1/125,000).
Feuilles nouvelles, 1895. Galifornia, Colorado, Florida, South Dacota,
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2 7
23 21
JUIM
18
lOILLBT
AOUT SBPTBHBRB OGTOBRB
ROVBMBRB
5
19
DiCBHBRB
3
17
Les Séances s'ouvrent à 8 heures 1/2 précises.
Tous les membres de la Société peuvent prendre part aux discussions
avec voix consultative.
La Bibliothèque est ouverte tous les jours non fériés, de 11 heures à
4 heures, boulevard Saint-Germain, 184.
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£896
N"* tV, 18 et 19.
Page 345
SOCIÉTÉ DE GÉO
ô — W^T
COMPTE RÈWilUl^^PiP^^. >^^'^
DES SÉANCES DE LA COMMISSION CENTRALE
Paraissant deux fois par mois.
Séance du i décembre 1896
PRÉSIDENCE DU D' HAMY, DE L'INSTITUT
Leetare de la eorrespondanee.
Notifications, renseignements et avis divers. — La Société
a reçu avis du décès de MM. : William-Francis Ainsworth, décédé à
Londres, fia novembre. Il comptait parmi nos plus anciens collègues,
étant depuis 1832 membre correspondant de la Société avec la-
quelle il était resté en relation constante. On n'a pas oublié ses
voyages d'exploration dans les régions ayant formé autrefois TAs-
syrie, la Babylonie et la Chaldée; — Gaston Le Tellier, décédé au
retour d'un voyage dans l'Asie centrale [Mb. 1896]; — Gaston Méry,
explorateur, décédé au Soudan français, en octobre [Mb. 1893].
Au sujet de la mort de cet explorateur, M. Georges Rolland, in-
génieur en chef des mines, ne pouvant assister à la séance, envoie
les renseignements \suivants :
c Depuis deux ans, M. G. Méry s'était fixé à Tombouctou et avait
réussi à y fonder un comptoir, qui semblait en bonne voie. En lui
disparaît un modeste, mais vaillant pionnier de la pénétration pa-
cifique du Sahara français tant par le nord que par le sud. Après
avoir accompli, d'une part, en 1893, chez les Touareg Azdjer l'au-
dacieux voyage dont on se souvient, et qui méritera de ne pas être
soc. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. — N«* 17, 18 et 19. 24
346 PROCÈS->TERBAL.
ooblié, il était, d*atttre part, le premier Français qui eût entrepris
résolument des opérations commerciales à Tomboactou, oii il laisse
des résultats incontestables dont veut bien témoigner M. le colo-
nel deTrentignan, lieutenant gouyerneur du Soudan français, dans
la lettre par laquelle il m*annonce la triste nouvelle.
c Méry était un eiplorateur intelligent, convaincu et trempé de
fer. Ceux qui ont pu l'apprécier reconnaîtront que sa disparition est
une perte réelle, et salueront la mémoire de ce vigoureux soldat
de la cause coloniale, i
— M. Frédault, sous-intendant militaire de la section technique
de rintendance, remercie de son admission.
— Le Ministère de Tlnstruction publique adresse une circulaire
relative à la tenue du 35* congrès des Sociétés savantes à la Sor-
bonne, en 1897. Ce Congrès s'ouvrira le 20 avril prochain, et ses tra-
vaux se poursuivront durant les journées du 21, du 22 et du 23 avril.
Le samedi 24, aura lieu la séance générale de clôture, dans le
grand amphithéâtre de la Sorbonne.
^ En janvier 1897 tombe le centenaire de Dupleix. C'est, en
effet, le 1*' janvier 1697 que naquit à Landrecies, dans le Haiiiaut,
d'un fermier général originaire de Châtellerault, le futur gouver-
neur général des établissements français dans l'Inde. Désireux de
célébrer clignement cet anniversaire, le comité Dupleix, à la tête du-
quel se trouve notre collègue M. Bonvalot, demande son adhésion à
la Société. Celle-ci ne peut que s'associer avec empressement à
une manifestation destinée à honorer la mémoire de l'homme qui
rêva de donner à la France l'empire de l'Inde.
— Aux fêtes récentes pour le 20* anniversaire de la fondation de
la Société de géographie de Marseille, notre Société a été repré-
sentée par M. F. Foureau qui vient d'obtenir, pour les résultats de
ses explorations africaines, la grande médaille et le diplôme d'hon-
neur de la Société de Marseille.
— Un groupe d'explorateurs vient de fonder le « Syndicat des ex-
plorateurs français it dont le comité de direction est ainsi com-
posé : Président : Lieutenant-colonel Monteil ; — vice-présidents :
MM. Charles Soller et d'Attanoux; — membres : MM. Madrolle, de
Behagle, Jean Dupuis, Bonnel de Mézières, Donnet, D' Lapicque ;
— syndics : MM. Rousson, de Brettes ; — archiviste : M. Paul Vi-
vien; trésorier: M. de Cuers; — secrétaire général: M. Jean
Hess.
— VHakluyt Society de Londres annonce que, le mardi 15 dé-
cembre, elle tiendra dans les locaux de la Société de géographie
SÉÂNGI DU i DÉCEMBRE 1896. 347
de cette ville, un meeting pour la célébration du 50* anniversaire
de sa fondation et elle envoie une carie d'invitation.
— La commission portugaise constituée à l'occasion du 4* cen-
tenaire de la découverte de Tlnde par Vasco de Gama fait savoir que
la date de la célébration de cet anniversaire est reportée au mois
de mai 1898.
Dons (livres, brochures, cartes et autres objets). — Le com-
mandant Frédéric Bernard qu'un séjour de seize ans en Algérie a
tenu loin de nos séances, adresse l'ouvrage qu'il vient de publier
sur les deux missions Flatters.
€ De nouveaux renseignements et de longues réflexions, dit-il,
m'ont permis Je crois, de déterminer les conditions dans lesquelles
a été exécutée la destruction de la deuxième mission. J'ai terminé
cet ouvrage par un tableau succinct de notre situation actuelle dans
le sud de l'Algérie. Je pense que cette publication pourra inté-
resser la Société. »
— M. H. Tarry offre une nouvelle publication périodique : c Le
Bulletin international pour la prévision des crues et inondations >
dont les premiers numéros étaient d'abord manuscrits, mais qu'il
a été conduit à faire autographier pour l'adresser à tous les chefs
de services hydrométriques en Europe.
11 s'agit, en effet, de les avertir des inondations des fleuves et ri-
vières, inondations qui sont toujours produites par le passage des
cyelones à la surface des continents. Le Bureau centrai météoro-
logique n'a été chargé, par le décret qui l'a constitué, que des
avertissements c aux ports et à l'agriculture >; il n'est pas chargé
d'annoncer à l'avance que des inondations vont se produire.
M. Tarry pense que ce Bureau a le moyen, au vu de la situation
générale de Tatmosphère qu'il télégraphie chaque jour à ses cor-
respondants, d'avertir les ingénieurs chargés des services hydro-
méiriquesde chaque bassin que des inondations vont se produire;
il ne le fait pas parce qu'il n'est pas chargé de le faire.
M. Tarry a vu là une lacune dans nos services publics» mais, c au
lieu de demander au gouvernement de la combler, il s'est mis à
Tœuvre et l'a comblée lui-même. Le Bulletin déposé sur le bureau
de la Société, a été autographié le 2 décembre au soir et présenté,
le même jour, à la séance de la Société astronomique de France;
il annonçait que des pluies générales allaient se produire sur la
France et les lies Britanniques; ces pluies générales se sont pro-
duites conformément à ses prévisions.
348 PROCÈS-TERBAL.
c Aujourd'hui, le cyclone qui les a produites, et qui avait attaqué
l'Europe par l'ouest de Tlrlande, se dirige sur la France et marche
lentement. Ces circonstances étant celles qui accompagnent tou-
jours les inondations, le Bulletin international qui est sous presse
et qui paraîtra demain matin (M. Tarry, malgré toutes les dili-
gences faites, n'a pu en obtenirun, ce soir) annoncera que de nou-
velles inondations vont se produire en France.» M. Tarry demande
que cette annonce soit constatée par le Compte rendu de la
Société de Géographie.
Partie plus spécialement géographique de la correspon-
dance. — [con^r^a intern«tionaax de eéoer*pbi«]* — Les se-
crétaires du Bureau du Congrès international qui s'est tenu à Lon-
dres en 1895, Bureau qui doit, ainsi qu'il a été résolu, rester en
fonctions jusqu'au Congrès prochain, avec mission, entre autres,
de mettre à exécution, dans la mesure de ses forces et des circon-
stances, les résolutions du dernier Congrès, adressent une circu-
laire contenant le texte des résolutions adoptées pendant la séance
de clôture du Congrès de 1895.
Voici ces résolutions où quelques articles sont seulement résumés :
Exploration antarctique, — ^ Le Congrès estime qu'une ex-
ploration des régions antarctiques est encore l'exploration géo-
graphique la plus importante qui reste à faire. En vue de laddi-
tion considérable à nos connaissances actuelles dans presque
toutes les branches de la science, qui résulterait d'une telle explo-
ration scientifique, le Congrès recommande aux Sociétés scienti-
fiques du monde entier de faire tout leur possible pour que cette
exploration ait lieu avant la fm du siècle.
Bibliographie géographique, — Le Bureau permanent du
Congrès poursuivra l'étude de la Bibliographie géographique et
à cet effet sera autorisé à s'associer des personnes compétentes et
à leur faciliter les moyens de recherches.
Le Bureau permanent fera son possible pour exécuter cette ré-
solution ; mais il émet le vœu que les diverses Sociétés de géo-
graphie voudront bien rédiger des propositions à ce sujet pour
être soumises aux délibérations du prochain Congrès.
Dans un autre article, il est dit que le Congrès approuve le prin
cipe de renregislrement de la littérature par TÉtat, comme étant
la vraie base d'une Bibliographie nationale et internationale, et
approuve la nomination d'une Commission internationale afin
d'atteindre ce but, s'en remettant pour la constitution de cette
SÉANCE DC i DÉCEMBRE 1896. 349
Commission aa bureau du Congrès international de géographie.
Levé topographique de VAfrique. — W serait désirable d'appeler
l'attention des Sociétés de géographie prenant intérêt à l'Afrique
sur les avantages qui résulteraient : 1* d'une série de levés topo-
graphiques exacts, basés sur une triangulation suffisante, des
régions de TAfrique propres à être colonisées par des Européens;
2® de recommander aux voyageurs de ne pas se contenter d'un
simple croquis de leur route, mais d'y ajouter celui du pays avoi-
sinant; 3* de la compilation et de la publication d'une liste de
toutes les régions de l'Afrique dont les plans n'ont pas encore été
levés, mais dont l'emplacement a été exactement déterminé par
des observations astronomiques, accompagnée d'une légende ex-
plicative des moyens employés pour ces opérations; i° d'une dé-
terminalion précise de la position de beaucoup de lieux importants
des régions de l'Afrique qui n'ont pas formé le sujet de travaux
géodésiques, opération qui serait facilitée par les lignes télé-
graphiques déjà posées ou à poser.
Carte de la terre, échelle 1/1,000,000. — Les résolutions sui-
vantes, rédigées par la Commission nommée par le V« Congrès, re-
latives à la préparation d'une carte de la terre à l'échelle de
1/1,000,000, sont adoptées par le Congrès, à savoir : i« la Com-
mission a reçu communication du rapport du Comité de Berne, et
désire exprimer sa reconnaissance pour les travaux dudit Comité;
2° la Commission estime que la publication d'une carte de la terre est
à désirer; 3* elle recommande l'adoption de l'échelle de 1/1,000,000
comme lui paraissant la plus propre à cet effet; 4» la Commission
recommande que chaque feuille de cette carte soit cernée par des
arcs de parallèle et par des méridiens. Une projection polyco-
nique est la seule qui mérite d'être considérée. Chaque feuille de
la carte devra comprendre 4* de latitude et 6* de longitude jusqu'à
60° nord, et 12* de longitude à partir de ce parallèle; 5® la Com-
mission recommande à l'unanimité l'adoption, pour cette carte, du
méridien de Greenwich et du mètre; 6° la Commission recom-
mande à l'unanimité, aux gouvernements, aux Instituts et aux So-
ciétés qui auront à publier des cartes géographiques, Tadoption de
réchelle désignée ci-dessus ; 7° la Commission dépose son mandat
et recommande que le Bureau permanent du Congrès soit chargé
de la suite de ses travaux et soit autorisé à cet effet à s'associer
des personnalités scientifiques représentant les divers pays.
Recherches hydrographiques dans la mer Baltique, la mer du
Nord et r Atlantique nord. — Le Congrès reconnaît l'importance
350 PROCÉS^VERBAL.
scientifique et économique du résultat des récentes recherches
physiques et chimiques dans la mer Baltique, la mer du Nord et
l'Atlantique nord, surtout dans Tintérét des pêcheries, et estime
que rétude de ces mers devrait être continuée et étendue par la
coopération des différentes nationalités intéressées, d'après le pro-
jet présenté au Congrès par M. le professeur Pettersoo.
Observations séismiques. — Le Congrès reconnaît Futilité, voire
même la nécessité scientifique, d'un système international de sta-
tions pour Tobservation des tremblements de terre.
Orthographe géographique. — Les diverses Sociétés de géo-
graphie sont priées d'étudier la question d'un accord relatif à l'or-
thographe des noms étrangers et de préparer leurs rapports à ce
sujet pour le prochain Congrès.
Date des cartes géographiques. — Le Congrès émet le vœu que
toutes les cartes géographiques quelconques portent désormais la
date de leur publication, afin d'éviter les nombreuses erreurs aux-
quelles cette omission peut donner lieu.
Division décimale du temps et des angles* — Le Congrès prie
les Sociétés de géographie représentées de considérer la question de
l'application du système décimal à la mesure du temps et des angles,
et de présenter leurs rapports sur ce sujet au prochain Congrès.
€ En raison de ces résolutions nous sommes, ajoutent les secré-
taires, chargés par le Bureau du Congrès, de vous communiquer
des copies des résolutions adoptées par le Congrès, qui nécessitent
la coopération des diverses Sociétés de géographie du monde. At-
tendu qu'une telle coopération est indispensable pour donner suite
aux résolutions en question, le Bureau estime que votre Société
voudra bien prendre les mesures nécessaires pour atteindre le but
que le Congrès avait en vue en adoptant les résolutions ci-jointes.
Le Bureau devant soumettre son rapport à la prochaine session
du Congrès qui aura lieu à Berlin en 1899, nous vous serons re-
connaissants si vous voulez bien nous faire part, avant le mois de
juin 1898 au plus tard, du résultat des mesures que votre Société
pourrait avoir prises conformément aux termes des diverses réso-
lutions déjà citées... »
[Russie d'Earope et RoMle d'Asie]. — Au COurs de la mis-
sion' qui lui avait été donnée par le Ministère de l'Instruction pu-
blique, le baron de Baye a envoyé à la Société un certain nombre
de lettres comprenant des notes prises au jour le jour, et dont
quelques extraits se trouvent ci-après.
SÉANCE on 4 DÉCEMBRE 1896. 351
Dans une note préliminaire» M. de Baye dit qu'après avoir
assisté aux fêtes du couronnement dont l'éclat était rehaussé par la
présence de nombreuses et brillantes députations venues d'Asie,
il a obtenu une audience de S. Exe. le Ministre de l'Intérieur « qui
m'a assuré de sa haute protection pour le voyage scientifique que
j'entreprends. S. Exe. a télégraphié à tous les gouverneurs des
provinces que je dois parcourir afin de faciliter ma mission.
€ Ma première étape en quittant Moscou» écrit M. de Baye» a été
Nijni Novgorod dont je désirais visiter l'exposition; elle est vrai*
ment remarquable...
€ De Nijni, je suis passé par Kazan ; dans le trajet sur la Volga,
le maire de Semipalatinsk (sur l'Irtich) m'a appris que près de la
frontière de Chine, dans la steppe kirghis, on avait fouillé une
série de kourganes qui fournirent des armes en bronze (haches et
flèches) et des bijoux en or.
c Le gouverneur de Kazan m'a promis pour le Muséum d'histoire
naturelle une collection de crânes tatares de cette région.
c En visitant le musée Likatchoff (musée de la ville), j*ai con-
staté la présence de nouvelles séries ; j'ai examiné de nouveau les
objets provenant de Bolgary et de Bylar.
c Je compte m'arréter dans le district de Spassh Zatone, chez
M. Sazonow qui habite non loin de l'emplacement de l'ancienne
Bolgary; je ferai une excursion à ces mines avant de me rendre
dans le gouvernement de Viatka, à Elabouga où je suis attendu. >
Perm, 19 juin/1" juillet 1896. — c Après mon excursion aux
ruines de l'ancienne Bolgary (gouvernement de Kazan), je suis re-
tourné à Kazan afin de prendre un bateau pour gagner, par la
Kama, la petite ville d*Elabouga (gouvernement de Viatka), où j'ai
été l'hôte de M. Ouchkoff avec lequel je suis lié par d'anciennes et
excellentes relations. Près d'Elabouga (10,000 habitants environ)
se trouve la célèbre nécropole d'Ananino où j'ai pu faire de nou-
velles observations. Mon dernier rapport adressé à M. le Ministre
de l'Instruction publique était consacré aux tombeaux d'Ananino,
dont on voit, au musée Guimet, quelques mobiliers funéraires
dans l'exposition des produits de ma mission de 1895. Ensuite, j'ai
habité l'usine de produits chimiques de Bondiouga qui n'a de con-
currence qu'en Angleterre; elle appartient à M. Ouchkoff et est
située à 10 ou 12 verstes d'Elabouga. C'est de là que j'ai visité
le village Tiakachevo, habité par des Tchérémisses encore
païens. Ce village tchérémisse et celui d'Yanaderino, habité
352 PROGÈS-TERBAL.
par des Yotiaks païens, m'ont fourni d'intéressants documents et
des objets ethnographiques. Je rapporterai aussi des séries de pho-
tographies de ces populations finnoises, ainsi que des types de
paysans que l'on nomme Krechtchennié (baptisés); ils ont un cos-
tume spécial et forment de nombreux villages dans le gouver-
nement de Viatka.
€ Après avoir séjourné dans cette région, j'ai pris à Elabooga
un bateau qui m'a conduit à Perm.
€ Dans cette ville il existe une section de la Société ouralienne
des amis des sciences. Le président, M. N. Novokrechtchenikh,
archéologue, connaissant admirablement les antiquités et les
divers peuples du gouvernement de Perm, s'est mis à mon entière
disposition. Le gouverneur m'a reçu de la façon la plus charmante
et la plus cordiale. Une excursion a été organisée par ces messieurs
jusqu'à la ville de Solikamsk. Demain je pars pour ce petit voyage
qui me permettra de connaître une contrée riche en vestiges des
anciennes populations finnoises. »
Ibid. 24 juin/6 juillet. — cNous sommes partis le 20 juin/2 juillet
de Perm pour Solikamsk. Nous avons remonté la Kama jusqu'à
la station Oust Barovaya, où nous arrivions le 21 juin/3 juillet
après un trajet de vingt-neuf heures. De Nijni à cette station, j'ai
calculé que j'avais fait par eau, tant sur la Volga que sur la Kama,
1,700 vers tes. Les 12 ou 13 verstes qui séparent Oust Barovaya, lo-
calité célèbre par ses salines, ont été franchies en tarentass attelées
d'une troïka. Le maire de la vieille cité de Solikamsk, fondée il y a
environ cinq cents ans, nous a reçus officiellement et nous a accom-
pagnés durant tout notre séjour. On compte dans cette ville 300 ha-
bitants et son nom tire son origine du mot sel (salines) et du nom
de la Kama. Les anciennes églises de Solikamsk, très intéressantes,
sont pittoresquement groupées au centre de la ville. On est frappé
de la variété et de la richesse d'ornementation d'édifices construits
uniquement en briques. L'extérieur badigeonné de blanc a l'aspect
de murailles de pierres finement sculptées. Outre ses églises, Soli-
kamsk possède encore l'ancienne maison du voïevode. Après avoir
visité ces antiquités historiques, nous nous sommes rendus aux
villages Téterina et Gorodok pour y examiner deux gorodichtchés
(enceintes fortifiées) tchoudes. Les fouilles que nous y avons faites
ont donné la preuve que ces lieux fortifiés furent occupés par cette
ancienne population finnoise. Les habitants actuels sont des Russes
parmi lesquels se trouvent beaucoup de vieux croyants. Les deux go-
rodichtchés visités sont des collines escarpées formant un triangle
SÉANCE DO 4 DÉCEMBRE 1896. 353
défenda, d'un côté, par la Kama, de Tautre, par de profonds ravins
et du troisième côté par des fossés creusés et des remparts élevés
de main d'homme. De ces localités je suis revenu à Solikamsk,
après avoir traversé la Kama. Je suis rentré à Perm où, grâce à
M. Kouznétzoff, j'ai obtenu de curieux costumes tchérémisses et
permiaks. Après avoir pris congé du gouverneur et l'avoir remercié
de m'avoir facilité les excursions, j'ai pris le chemin de fer de
l'Oural. >
Sysserte, 6/1 8 juillet. — c ...Ayant pris le chemin de fer ouralien,
je me suis arrêté à la station Verkh Neïvinsk (Haut Neïvinsk),où
j'ai été reçu par mon savant collègue, M. Clerc, secrétaire général
de la Société ouralienne des amis des sciences. De Verkh Neïvinsk
j'ai gagné le lac Ghighir où se trouve un gisement de sables au-
rifères.
€ Pour extraire ce sable on a dû dessécher la moitié du lac et en-
lever ensuite une couche tourbeuse fort épaisse. Or, cette couche
contient de nombreux et très intéressants objets préhistoriques. Les
premières antiquités découvertes, conservées au musée d'Ekaterin-
bourg, avaient fixé mon attention lors de mon dernier voyage et
je voulus, il y a un an, connaître cette localité. Ma dernière visite
a été plus fructueuse et j'espère montrer, à mon retour en France,
une collection de l'industrie primitive de Ghighir, plus importante
que celle rapportée en 1895 et qui a été exposée au musée Guimet.
Après un séjour de quarante-huit heures près du lac, je suis
allé à la station Roudianka prendre le train pour Ekaterinbourg.
c De là, je me rendis à 25 verstes nord-ouest de la ville, près
du village Koptiaki, sur les bords du lac Isset, où se trouve une
station de Tâge de la pierre, semblable à celle de Polkina, qui
m'a fourni. Tannée dernière, do belles séries qui sont aussi
exposées temporairement au musée Guimet. Au village Koptiaki,
j'ai pu me procurer quelques curieux objets ethnographiques.
Une autre excursion m'a conduit sur les bords du lac Ghartach,
habités jadis par des populations préhistoriques. Un violent orage
interrompit brusquement les fouilles que j'avais tentées au pied
des jolies roches dénudées, nommées Kammennié palati (palais de
roches). Là se trouvent des sortes de foyers avec de grossières po-
teries néolithiques.
c Hier soir je quittais Ekaterinbourg pour Sysserte d'où je vous
écris. Y
Tioumen, 15/27 juillet. — c En commençant cette lettre, je dois
vous instruire de l'accueil charmant qui m'a été fait à Ekatérin-
354 paOCES-VERBAL.
bourg et dans ses environs. La municipalité de cette ville ainsi
que la Société ouralienne ont rivalisé de gracieusetés et de dé-
monstrations sympathiques à l'endroit du chargé de mission du
Ministère de Tlnstruction publique.
€ Celui qui était venu ici pour la première fois l'an dernier a été
traité en ami.
€ La veille de mon départ d'Ekaterinbourg pour Sysserte, je
vous ai écrit la précédente lettre. Mon ami, M. Solomirsky, possède
là 230,000 décitines de terres d'un seul tenant. Je me suis rendu
en tarenlass à Sysserte (50 verstes d'Ekaterinbourg) qui est le
centre de l'administration d'un domaine divisé en cinq districts.
Gomme j'ai pu le remarquer dans le petit musée minéralogique
contenant les divers produits mis en œuvre et les résultats obtenus
par leur fabrication, on rencontre souvent, en faisant des extrac-
tions, des antiquités très intéressantes. J'ai d'abord visité le vil-
lage Kosmakova ou Kazarina, désigné indistinctement sous
Tun ou l'autre de ces deux noms. A quelques centaines de mètres
des maisons, sur les bords du lac Bagardiak, j'ai examiné plu-
sieurs kourganes qui avaient déjà été fouillés,
« La seconde excursion m'a conduit à 45 verstes de Sysserte, en
tarentass, à Sieverski zavod (usine de Sievers), au bord d'un lac
artificiel formé par la Tchoussovaya. Non loin de là se trouve
une montagne célèbre, Karaoulnaya gora (montagne de garde),
sur le sommet de laquelle, depuis un grand nombre d'années, on
trouve des idoles et des pointes de flèches en bronze.
€ Après ces voyages dans cette partie de l'Oural qui ressemble à
notre Jura, je suis rentré à Ekaterinbourg pour prendre congé de
mes amis et me diriger sur Tioumen, où je dois visiter la collec-
tion de M. Slovtzofif. )
23 juillet/ i août. Sur le bateau, entre Tobolsk et Samarovo. —
< Ma dernière lettre était datée du jour démon départ d'Ekaterin-
bourg. De cette ville, je me suis rendu dans le gouvernement de
Tobolsk, à Tioumen, par le chemin de fer.
€ Tioumen est une des plus anciennes villes de la Sibérie occi-
dentale. Elle compte de 32 à 40,000 habitants. Les Russes domi-
nent, mais il y a aussi des Tatares et des Boukhariens. Ces der-
niers, venus autrefois de Boukhara, sont mentionnés dans des
documents anciens. Mais ils se mélangent avec les Tatares.
cLes anciennes églises de Tioumen ont été détruites parle temps
et les incendies, car elles étaient en bois. J*ai visité le monastère
de la Trinité, admirablement situé sur la rivière Toura et fondé,
SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1896. 355
OU plutdt restauré, en 1664, par Phylothée, métropolite de toute la
Sibérie et apétre des populations idolâtres des immenses territoires
qui formaient son diocèse.
c Le directeur de Técoie réale de Tioumen,M. Slovtzoff, s'est oc-
cupé spécialement de la botanique et de l'ornithologie de sa contrée
et possède de très remarquables collections d'histoire naturelle.
Mais il n'a pas négligé l'archéologie locale; il a dressé une carte
du gouvernement de Tobolsk sur laquelle sont signalées les loca-
lités ayant fourni des antiquités. De plus, il a réuni quelques séries
d'objets de l'âge de la pierre et du bronze qui, pour être res-
treintes, n'en sont pas moins intéressantes.
€ Arrivé à Tioumen le 15/27 juillet, je m'embarquais sur la Toura
le 17/29 du même mois, et arrivais à Tobolsk en trente-six heures
(500 verstes).
c J'ai été reçu par le nouveau et très sympathique gouverneur,
S. Exe. M. Léonide Kniazeff,qui m'a donné, de la façon.la plus gra-
cieuse et la plus cordiale, l'hospitalité dans son palais. De plus, il a
favorisé mes recherches avec une libéralité dont je ne saurais lui
être assez reconnaissant. Partout j'ai rencontré des amis de la
France, mais celui-ci mérite d'être signalé en première ligne.
c Etant resté longtemps â Tobolsk, l'an dernier, et ayant visité
les principaux gorodichtchés des environs,je désirais, cette année,
porter mon attention sur les kourganes. Il fut difficile d'en trouver
d'intacts. J'ai pu en examiner trois, près des iourtes tatares de
Bizino et de Boudarinsk. Les crânes que j'en ai retirés seront
expédiés directement de Tobolsk au Ministère de Tlnstruction pu-
blique. Neuf <i'entre eux sont en parfait état.
c J'ai revu avec intérêt le musée do Tobolsk.
c Demain, je pense arriver à Samarovo, au confluent de l'Irtich
et de rObi, après avoir fait 560 verstes en bateau. J'y compléterai,
ou plutôt j'augmenterai les données que j'ai pu réunir sur les an-
tiquités dites tchoudes. Si le temps le permet, je tenterai, autour
de Samarovo, des excursions en barque (kaïouk) à la recherche
d'un gorodichtché encore inexploré. >
30 juillel/11 août. Du bateau sur l'Obi, entre Samarovo et Tomsk.
— € Le 22 juillet/3 août, je suis parti de Tobolsk. Pour arriver àSa-
marovo, il faut faire environ 560 verstes sur l'Irtich. A cette
époque de l'année, la rivière mesure de 300 à 350 sagènes (6 à 700 m.)
de largeur. Les premiers Ostiaks que j'ai vus se trouvaient au village
Demiansk; ils étaient venus du gouvernement de Tomsk pour passer
l'hiver dernier en chasse dans les forêts voisines de ce village russe.
356 PBOCÎS-TEEBAL.
c Le ^ jaillet/5 août, j'arrivais à Samarovo, Tillage pittoresqne-
ment situé au pied d*une montagne escarpée, coupée par des ravins
et couronnée d'une forêt de vieux cèdres de Sibérie, ptn«« cembra.
c En descendant l'Irtich vers Samarovo, le dernier village où
l'on voit des champs cultivés, se nomme Batovo.
c Les jours suivants, nous avons fait de curieuses expéditions;
nous avons gravi la montagne dont la flore est intéressante et au
sommet de laquelle se trouve un très ancien lieu de sacrifice
(60 sagènes au-dessus de TOb), très célèbre parmi les Ostiaks.
Puis, en petite barque ou lodkay nous sommes allés voir des pêche-
ries et des iourtes ostiaks. J'ai recueilli dans ces journées des docu-
ments et des objets ethnographiques. Je compte, à mon retour, ra-
conter avec détail à mes collègues de la Société, tout ce que j'ai vu...
c Je ne serai que vendredi àTomsk, après avoir fait 1,600 verstes
sur rOb. Le pays que je traverse est peuplé d'Ostiaks; les colonies
russes y sont rares. Les deux principales sont Sourgout, 2,500 ha-
bitants, et Narym, 1 ,500 habitants. Toutes deux remontent à l'époque
de Catherine. »
Kourgane (gouvernement de Tobo1sk),13/% septembre. — c Dans
ma dernière lettre, je vous parlais de mon séjour au pays des
Ostiaks, tant aux environs de Samarovo que sur les rives de TOb,
en me rendant à Tomsk. Il m'a été possible d'y recueillir des col-
lections ethnographiques qui, je l'espère, intéresseront mes con-
frères. Après avoir fait 1,600 verstes entre Samarovo et Tomsk, je
suis arrivé à cette dernière ville, fondée en 1604 par le tsar Boris
Godounov. La population est le produit du mélange de races les
plus diverses. Les musées de l'Université sont très bien organisés;
le musée ethnographique et archéologique a plus spécialement
fixé mon attention. Jusqu'à ce jour, il existait une seule faculté
à l'Université de Tomsk, la faculté de médecine; l'an prochain,
une faculté pour la justice y sera instituée. La bibliothèque de celte
Université est très riche; le bibliothécaire est M. Kouznétzoff, un
savant bien connu par ses remarquables travaux sur les Tchéré-
misses. C'est avec lui que j'ai exploré plusieurs kourganes au
Toïanov-gorodok, dans les environs de Tomsk. Après avoir sé-
journé dans cette ville, je me suis embarqué le 6/17 août à desti-
nation de Barnaoul (60 verstes sur la rivière Tom et 741 verstes
surl'Ob). En approchant de Barnaoul, les rives del'Ob sont assez
pittoresques. En face de la ville, ce fleuve mesure une verste de
largeur, et au printemps, atteint jusqu'à 7 et 8 verstes. Le
musée de Barnaoul se trouve dans les constructions délabrées d'une
SEANCE DU 4 DÉCEMBRE 1896. 357
ancienne fonderie d'argent. Par suite de quelques réparations faites
aux plafonds et aux murs d'un de ces bâtiments, une partie de ces
importantes collections se trouve dans un état déplorable. Les
séries ethnographiques, les insectes» Therbier, sont à peu prés
perdus. Seule, la bibliothèque, composée de plus de 30,000 vo-
lumes, a été préservée.
c Le 12/23 août je rentrais à Tomsk pour y continuer mes études
interrompues par le voyage à Barnaoul. Par une faveur toute
spéciale du Ministre des voies et communications, j'ai pu me rendre
par le Transsibérien de Tomsk à Krasnoïarsk (57^ verstes). Le
temps me manque pour vous raconter les observations que j'ai
faites le long de ce trajet assez difficile. Du 17/28 août au 3/15 sep-
tembre, j'ai étudié les gisements paléolithiques et néolithiques dé-
couverts par M. Savenkov. Le 30 août/11 septembre j'assistais à
l'inauguration de la pose de la première pierre du pont de 400 sa-
gènes qui sera construit sur l'Iénisséi, près de Krasnoïarsk. Je
partis ensuite pour Omsk où j'arrivai le 7/19 septembre, à
11 heures 1/^ du soir. Après avoir passé quarante-huit heures dans
cette ville, j'ai gagné Kourgane d'où je vous envoie ces lignes
tracées à la hâte, avant de partir pour Orenbourg. La saison étant
avancée, les excursions sont difficiles à cause du temps. Je termi-
nerai mon expédition scientifique par un séjour à Moscou. >
[Asie]. — Mission lyonnaise d'exploration en Chine, — La
chambre de commerce de Lyon communique les nouvelles sui-
vantes reçues par elle :
c La mission a quitté Tchung-King, son centre de station, le
H novembre. Elle a repris le cours de ses travaux et prépare son
retour.
c Un premier groupe, placé sous les ordres de M. Henri Brenier,
directeur de la mission, a atteint Pitsié, centre important du Koueï-
tcheou à la date du 30 novembre. Poursuivant sa route vers le sud,
M. Brenier espère être rendu à Yunnan-fou, capitale du Yunnan,
dans la deuxième quinzaine du mois de janvier 1897. M. Brenier
est accompagné de MM, le D^ Deblenne, Duclos etSculfort. 11 sera
rejoint à Yunnan-fou, par un délégué du Ministère des Affaires
étrangères, M. Leduc, qui a été spécialement détaché à cet effet.
€ Une deuxième fraction comprenant MM. Métrai, Wacles,
Riault et Grosjean, doit traverser le Hou-nan pour atteindre
Canton par le Siang, le Koueï-kiang et le Si-kiang.
c Enfin, MM. Vial et Rabaud ont]quitté Canton le 29 octobre der-
358 PROCÉS-VERBÂL.
nier pour remonter le Si-kiang, et procéder à une enquête com-
merciale sur le Kouang-si. La concentration générale de la mis*
sion se fera à Hanoï (Tonkin) vers la fin du mois de mars 1897. »
— Au cours de la séance on reçoit une lettre de M. Chaffanjon,
datée de Yokohama (Japon), 3 octobre. Le voyageur a terminé son
exploration et annonce son retour pour la première quinzaine de
décembre.
[Afrique]. — M. A. Frédault (voir plus haut, p. 346j appelle Tat-
tention de ses collègues sur un article paru dans la Revue du
Génie militaire (octobre 1896), intitulé : c Le chemin de fer du
Sénégal au Niger, note rédigée par M. le capitaine du génie
Galmel, avec la collaboration des officiers de la mission du génie
au Soudan, sous la direction de M. le chef de bataillon Rougier, di-
recteur du chemin de fer du Soudan. » Cet article trace Fhisto-
rique du chemin de fer, ce qui a déjà été fait, et ce qui reste
encore à construire» les détails du pont de Mahina inauguré le
24 juin 1896, etc.
A rapprocher de la communication faite à Ta vant-dernière séance
par M. le commandant Corps (C. R., p. 303).
[oeéaniel. — Boméo. — Le D' Meyners d'Estrey écrit (23 no-
vembre) € que cette île vient d'être traversée pour la première fois
de Test à l'ouest par le D' Niewhuys. J'attends prochainement des
détails sur cette exploration qui est très importante. La traversée
avait déjà été tentée plusieurs fois par d'autres voyageurs, mais
sans succès ; moi-môme je l'ai tentée en 1869, et plusieurs per-
sonnes y ont perdu la vie. »
Commuiilcatloiis orales
Le Président signale la présence à la séance de M. Michaud, de
retour de TOubanghi.
11 annonce ensuite le retour du baron de Baye qui vient d'ac-
complir une mission archéologique dans le sud-ouest de la Rus-
sie et au pays des Ostiaks. 11 en rapporte des résultats dont la
publication permettra seule d'apprécier la valeur. En tout cas la
Société doit le remercier du soin qu'il a mis à lui adresser, au cours
de son voyage, de nombreuses communications (C. R.»p. 351 et s.)*
— Un autre retour signalé parle baron Hulot, secrétaire-adjoint,
est celui du P. Hacquard, de la mission Uourst ; les autres mem-
bres arriveront prochainement. La Société n'a pas attendu ce mo-
SiANCE DU 4 DÉCEMBRE 1896. 359
ment pour faire panrenirà M.Hourst ses chaleureuses félicitations,
et elle a chargé M. Vuillot» qui se rend à Marseille au-devant des
voyageurs, de se faire son interprète, sans préjudice de l'accueil
qu'elle leur réserve à Paris.
Présentationdelivresj brochureSf cartes^ etc. — Le comte de Bize-
mont présente une brochure dans laquelle M. le marquis de Folin ex-
pose des idées assez nouvelles sur l'origine de la race basque ou
euskarienne, considérée jusqu'à présent comme fort obscure. L'au-
teur suppose admise l'existence, aune époque reculée» du continent
auquel on a donné le nom poétique d'Atlantide, et il émet l'opinion
que, peu de temps avant sa disparition, les habitants ou Atlantes
auraient émigré vers les côtes voisines de l'Europe, de l'Afrique et
de l'Amérique; mais, de ces colonies sporadiques, une seule se serait
préservée de loule altération et de toute fusion avec les popula-
tions environnantes, et ce serait précisément le peuple basque.
M. le marquis de Folin avoue que c'est là une pure hypothèse;
mais il prétend l'étayersur des observations malacologiques.il cite
et décrit quatre espèces de mollusques que l'on rencontre spéciale-
ment et presque exclusivement sur les deux versants des Pyrénées;
leurs formes sont caractéristiques et les différencient d'une ma-
nière absolue des espèces européennes, tandis qu'elles ont de frap-
pantes analogies avec des espèces qui se rencontrent aux Antilles
et sur le littoral américain. De la migration de ces mollusques des
côtes de l'Atlantide à la région des Pyrénées, M. le marquis de Fo-
lin conclut à la probabilité d'un déplacement analogue des Atlantes,
que l'on retrouve avec toute la pureté dé la race primitive dans
les Basques ou Euskariens.
L'île de Chypre, par M. Camille Enlart. — Chargé par le Minis-
tère de l'Instruction publique d'étudier les monuments gothiques
de Chypre, M. Enlart a rapporté de cette mission un grand nombre
de documents archéologiques qui formeront un ouvrage. En atten-
dant, il entretient la Société des particularités pittoresques et des
souvenirs historiques de Chypre.
Cette grande île a été une terre française durant plus de trois
siècles, sous la domination des Lusignan; les inscriptions françaises,
les monuments gothiques s'y rencontrent à chaque pas. Chypre
est, du reste, couverte de ruines de toutes les époques et de tous
les styles et habitée par une population remarquablement mêlée. Sa
misère actuelle contraste singulièrement avec les souvenirs bril-
lants de son passé antique et médiéval. Peu de navires européens
360 PROCÈS-VERBAL.
y font escale, et nul touriste ne la visite. L'insalubrité y est extrême.
Les côtes du sud sont laides; le centre forme une plaine im-
mense et d'aspect désolé ; à l'ouest, le Gbrysocho, à Test, le Kar-
pas sont des solitudes infertiles et extrêmement sauvages, mais,
d'une part, la chaîne des monts Mâchera, avec le mont Olympe ou
Troodos, doit à son altitude et à ses forêts de pins un aspect im-
posant; d'autre part, la côte septentrionale est une bande de ter-
rain fertile et verdoyant, adossée à des montagnes abruptes et pit-
toresques que couronnent de très belles ruines de châteaux forts.
Celles de l'abbaye gothique de Lapaïs ne le cèdent pas à notre mont
Saint-Michel pour leur situation pittoresque et leur valeur artis-
tique. Â Test de Tile, la grande ville de Famagouste, presque dé-
serte, avec ses remparts, son port, ses trente églises en ruines, pré-
sente un spectacle rare et saisissant; sa cathédrale du xiv° siècle,
et celle de Nicosie, qui date du xili% peuvent rivaliser avec les
meilleurs monuments gothiques de France.
Le Président remercie M. Enlart. c L'intéressante communication
qu'il vient de faire est, dit-il, un chapitre du grand ouvrage qu'il
prépare et où il doit retracer l'influence de l'art français en dehors
de notre pays. Telle est l'œuvre, à la fois patriotique et scienti-
fique, à laquelle M. Enlart s'est consacré. >
— La séance est levée à 10 h. 1/4.
MEMBRES ADMIS
MM. le général Roilet (Charles-Edmond-Félix); de Sahune(Paal);
Adrien Fuchs; Henri Cuënot; Dufour (Flavien-Marie).
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Kammerer (Frédéric-Gustave) (Pierre Foncin et Gh. Mau-
noir); — de Bouvier (Louis-Marie-Léon-Marc), capitaine au 2i^ ré-
giment d'infanterie (le comte de Bizemont et le baron Hulot); —
Pugh Desroches (Georges), directeur de l'agence Desroches (Alfred
Martel et Eugène Gallois); — Quevauvillers (Charles), lieutenant
au 161* régiment d'infanterie (iWawnoeV et le baron Hulot); -
Versepuy (Arnold) (Auguste Dufay et Maunoir) ; -— Gay (Louis) ;
Henri Mangini {Chaffanjon ei Maunoir); — Robert (Arthur), con-
seiller à la Cour d'appel (F.-P. Bresselle et Paul Lefebvre de Vief-
ville); le vicomte Maingard (Alain-Honoré- Albert) (le comte Main-
gard et Louis Lefebvre de Viefvilley,
RÉCEPTION DES MISSIONS HOURST ET CHAFFANJON. 361
RÉCEPTION DE LA MISSION HYDROGRAPHIQUE DU NIGER
Le dimanche 13 décembre, le Bureaa de la Société de Géographie
est allé recevoir à la gare du P.-L.-M. les membres de cette mîs-
sion^^ composée de MM. Hourst, lieutenant de vaisseau, chef de la
mission ; Bluzet, lieutenant d'infanterie de marine ; Baudry, en-
seigne de vaisseau; le P. Uacquard; le D' Taburet.
Assistaient à la réunion : MM. Bouquet de la Grye, de Flnstitut,
président de la Société; le D' Hamy, de l'Institut, président;
Henri Cordier, vice-président; Jules Girard et baron Hulot, secré-
taires-adjoints de la Commission centrale; baron de-Guerne, ar-
chiviste-bibliothécaire de la Société; Anthoine, Binger, comte de
Bizemont, Margerie, Monteil, Schlumberger, Vallot, Yuillot.
&I. Bouquet de la Grye, au nom de la Société de Géographie, a
souhaité la bienvenue à M. Hourst et à ses compagnons en ces
termes :
c Vous venez d'accomplir un voyage qui marquera dans les
fastes de l'Afrique.
c Vous inspirant des procédés humains et français du glorieux
Brazza, vous avez voyagé au milieu de populations que l'on savait
hostiles, sans tirer un coup de fusil et en obtenant de leurs chefs
la promesse d'être hospitaliers pour nos nationaux.
c Vous avez ramené en bonne santé le personnel d'élite qui
vous secondait.
c Ce sont des faits qui frapperont le public et qui vous font
grand honneur. Permettez-moi, comme hydrographe, de vous féli-
citer du levé de ce grand fleuve que vous avez suivi presque de-
puis sa source jusqu'à son embouchure. En cheminant vous avez
construit vos levés, ce qui en double l'exactitude.
€ La Société de Géographie sera heureuse d'entendre le récit
de votre voyage, mais, en attendant, elle m'a chargé de vous offrir
aujourd'hui, ainsi qu'à vos compagnons, ses compliments de bien-
venue et toutes ses félicitations. >
RÉCEPTION DE LA MISSION CHAFFANJON
Le mardi 15 décembre, la Société, représentée par MM. Maunoir,
Jules Girard, Bonvalot, etc., est allée recevoir, à la même gare du
P.-L.-M., M. Chaffanjon, de retour de son voyage dans l'Ëxtréme-
Asie et lui souhaiter la bienvenue.
80G. Dl GtOOa. — c. a. DES SÉANCES.— iT" 17, 18 et 19. 25
362 PROCèS-VERBÂX.
SECONDE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE 1896
Tenue le 18 décembrey à Vhôtel de la Société*
Présidence de M. BOC^VET DE EA «RYK, de l'institut
Président de la Société.
AUX côtés da Président, prennent place : MM. Himly, de l'Institut,
doyen de la Faculté des lettres de Paris, vice-président de la So-
ciété; Albert de Lapparenl, ancien président de la Commission
centrale; Henri Froidevaux, chargé de la lecture du rapport an-
nuel; le baron Hulot, secrétaire-adjoint de la Commission cen-
trale.
Le Président ouvre la séance par l'allocution suivante :
c Mesdames, messieurs, notre sympathique secrétaire général,
M. Maunoir, n'a pu venir ce soir, en raison de son état de santé,
vous présenter son rapport annuel sur les progrès de la Géo-
graphie; il m'a prié de vous exprimer ses regrets et a chargé
M. Henri Froidevaux de le remplacer. Nous espérons que l'indis-
position de M. Maunoirne sera pas de longue durée et qu'il rendra
encore à notre Société des services hautement appréciés.
< Les rapports publiés dans le Bulletin de la Société forment une
série ininterrompue qui, commencée en 1821, comprend aujour-
d'hui 75 numéros. A la première date, l'intérieur de l'Amérique du
Nord était moins connu que le centre actuel de l'Afrique; les es-
paces laissés en blanc sur les cartes dominaient aussi bien en
Asie qu'en Australie ou dans l'empire du Brésil. Avant la fin de ce
siècle, le monde entier, sauf peut-être les deux couronnes gla-
ciaires des pôles, aura été exploré.
<L Ces progrès intéressants à suivre d'année en année, notre So-
ciété ne s*est pas bornée à les enregistrer; elle y a contribué en
donnant des récompenses aux plus méritants, en accueillant de
son mieux les voyageurs, en publiant leurs cartes et le récit de
leurs explorations.
c Ces encouragements, messieurs, vous nous avez aidés à les
donner en applaudissant tous ceux qui, dévoués à la science géo-
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 18 DÉCEMBRE 1896. 363
graphique, venaient exposer ici leurs travaux ; c'est dans-l'assu-
rance que vos vœux les suivaient, que plusieurs voyageurs ont
puisé la force morale nécessaire pour surmonter les difficultés et
les dangers que des pénétrations dans des parages inconnus
offrent toujours.
c Messieurs, après M. Froidevaux, nous entendrons la parole
toujours éloquente de M. de Lapparent. Notre collègue n'a pu, je
dois le dire» recevoir une des récompenses de la Société auxquelles
ses travaux lui donnaient tant de droits ; il fait partie de la Com-
mission centrale et, par suite, se trouve hors concours . Il lui suffira
d'avoir acquis Testime et l'amitié de ceux qui le connaissent et
les applaudissements de tous ceux qui l'entendent. » (Applaudis-
sements.)
La parole est ensuite donnée à M. H. Froidevaux pour lire le
rapport annuel de M.Maunoir, secrétaire général, sur les progrès
des sciences géographiques pendant l'année qui vient de s'écouler.
Il n'est donné lecture que de la partie relative à l'Afrique, et, dans
cette partie même, que des explorations et des ^travaux accomplis
par des voyageurs français. Cependant, la partie du rapport rela*
tive à l'expédition Nansen au pôle nord, est également communi-
quée. Le rapport entier sera imprimé au Bulletin trimestriel. Des
projections de cartes accompagnaient la lecture de M. Froidevaux.
La rivalité des cours d'eauj communication deM. Albert deLap-
parent (résumé). — Un cours d'eau est un appareil naturel, destiné à
ramener à l'océan l'excédent des pluies tombées sur la terre ferme.
En vertu du principe de la moindre action, ce retour doit tendre
à s'effectuer avec la moindre dépense possible de force vive, ce
qui exige que la pente du cours d'eau soit partout en raison inverse
de la puissance acquise par la masse en mouvement. De là,l pour
chaque rivière, la nécessité de creuser son lit jusqu'à ce qu'elle
lui ait donné un profil d'équilibre, d'autant plus couché sur l'ho-
rizontale que la masse de l'eau est plus considérable. La régula-
risation du profil s'opère sous la protection du niveau de base
offert par l'embouchure, et progresse de l'aval à l'amont.
Chaque affluent fait de même, prenant pour niveau de base
celui de sa rencontre avec le cours d'eau principal et comme,
jusqu'à l'achèvement du travail de ce dernier, le point de ren-
contre s'abaisse toujours, l'œuvre de l'affluent est constamment
en retard. D'ailleurs, tous ces travaux combinés ont pour consé-
364 PROCES-VERBAL.
quence, d'abord uin modelé régulier de la surface, qui en vienf a
être façonnée de manière à assurer partout le rapide et facile
écoulement des eaux, ensuite Taplanissement général du terri-
toire.
L'œuvre des eaux courantes dépend à la fois de la puissance
déployée et du degré de la résistance offerte par le terrain. Ces
deux éléments étant très variables d'un point à un autre, les tra-
vaux de deux cours d'eau voisins peuvent marcher avec des vitesses
très inégales. Le plus actif des deux peut donc pousser son creu-
sement jusque dans le domaine de l'autre, forçant la ligne de par-
tage à reculer sans cesse, jusqu'à ce qu'il atteigne son voisin,
capture ses eaux de tète, et ne laisse plus couler, dans l'ancienne
direction, qu'un volume d'eau disproportionné avec l'importance
de la vallée qui l'abrite.
C'est de cette façon que beaucoup de lignes de crêtes culmi-
nantes ont cessé d'être des lignes de partage. Parce que la haute
crête de l'Himalaya, avec ses cimes dépassant 7,000 et 8,000 mè-
tres, tombait d'un seul jet vers la plaine gangétique, à peine diffé-
rente du niveau de base maritime ; et parce que de grandes quan-
tités de pluie s'abattaient sur ce versant, les rivières indiennes ont
dû porter leur travail de creusement jusque dans Tépaisseur de
la crête, isolant des deux côtés, par des gorges de 3,000 mètres,
de magnifiques cimes, et cherchant presque à se rejoindre par
derrière, au pied d'une chaîne bien moins haute que la précédente,
et qui pourtant joue le rôle de ligne de partage.
Malgré la sécheresse du bassin du Tarim, et, il faut le dire, à
la faveur d'un régime pluvial ancien, plus favorable, le Kachgar
Daria et le Yarkand Daria ont réussi, grâce à l'énorme et brusque
chute du Pamir à la Kachgarie, à entailler la muraille que le
Moustagh-Âta couronne à près de 8,000 mètres. Le premier même
ne s'est pas aiTêté en arrière à la chaîne du Sarykol, et a poussé
sa tête jusque tout près de l'une des sources de l'Oxus. Quant au
Khotan Daria, après avoir franchi la chaîne du Kouenlun, il a con-
quis en arrière une notable partie du plateau tibétain, devenue
aujourd'hui tributaire du Tarim.
La Meurthe, qui coulait à Frouard à plus de 40 mètres plus
bas que la Moselle à Toul, quand cette dernière tombait dans la
Meuse à Pagny, a été détournée par le progrès d'un afQuent abou-
tissant à Frouard, et qui, à travers les calcaires fissurés, a rapi-
dement poussé son chenal jusqu'à Toul. De la même façon, un
affluent de l'Aisne» atteignant à Grandpré le cours supérieur de la
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 18 DÉCEMBRE 1896. 365
Bar, s'est emparé de ce cours, devenu l'Aire, et a capturé ensuite
une partie du cours moyen, devenue PAgron et le Briquenay.
Un exemple des plus nets est celui des anciennes rivières qui
coulaient autrefois, entre l'Aube et la Marne, à la surface du pla-
teau, avant que ce dernier fût déûnitivement soulevé, et que la
falaise de l'Ile-de-France s'y fût dessinée en regard des plaines
champenoises. De ces rivières, il ne reste plus que le Surmelin et
le Petit-Morin, le reste ayant été conquis, soit par la Marne à l'aide
de la Somme-Soude, soit par l'Aube à l'aide de la Superbe.
Ces considérations ont l'avantage de donner aux accidents de
la surface terrestre une véritable vie, et de transformer la géogra-
phie en une histoire riche d'événements divers, conquêtes, des-
tructions, soulèvements, etc.
Après avoir rendu justice à M. Morris Davis, qui a été le principal
initiateur de ces doctrines, et qui a vraiment doté les géographes
d'une clef, d'une sorte d'alphabet leur apprenant à lire mille choses
jusqu'alors insoupçonnées, M. de Lapparent manifeste l'espoir que
celte géographie nouvelle deviendra celle du xx* siècle. 11 entre-
voit le moment où des dessinateurs habiles, utilisant le cinémato-
graphe, sauront faire passer sous les yeux d'un auditoire, en quel-
ques instants, toutes les transformations géographiques d'une
région, dont on verra.ainsi progresser le mêdelé jusqu'à l'aplanisse-
ment définitif. 11 envisage, dansées voies nouvelles, une vie féconde
pour la Société de Géographie qui, si l'on voulait s'en tenir à l'an-
cienne conception, pourrait ne plus avoir bientôt ni pays nouveaux
à cartographier, ni voyages inédits à raconter, ni explorateurs à
récompenser.
Le Président remercie M.de Lapparent qui a répondu avec beau-
coup d'empressement et de bonne grâce au désir exprimé par la
Commission centrale, de l'entendre dans la séance d'assemblée gé-
nérale et qui vient de faire une communication d'un genre si ori-
ginal. € Aussi n'est-ce que justice, ajoute le Président, s'il a été
aussi fréquemment applaudi. Au cours de sa communication,
M. de Lapparent a dit que les idées nouvelles qu'il émettait
venaient d'un Américain, M. W. Morris Davis; n'en croyez rien,
messieurs, elles appartiennent à M. de Lapparent ; en tout cas, la
façon particulière de les présenter, la netteté et la précision avec
lesquelles il les énonce, sont bien à lui et à lui seul. >
— La séance est levée à 11 h. 10.
366 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
MEMBRES ADMIS
MM. Kammerer (Frédéric-Gustave); de Bouvier (Louis -Marie-
Léon-Marc) ; Pugh Desroches (Georges) ; Quevauvillers (Charles);
Versepuy (Arnold); Gay (Louis), Mangi ni (Henri); Robert (Arthur);
le vicomte Mai ngard (Alain -Honoré-Albert).
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Dervaux (Ernest), vice-président du conseil général du Nord
(Pierre Foncin et Alfred Coussot); Gérard (Auguste-Grégoire-
Arthur), chef de bataillon d*infanterie de marine {Le Myre de
Vilers et Gh. Maunoir); — Leprince-Ringuet (Paul-Emile), ingé-
nieur à la compagnie du chemin de fer du Nord (Henri Colliez et
Ernest Guillet) ; — Leclair (Maurice), négociant, ancien juge au
tribunal de commerce à Auxerre (Emile Bertaux et Paul BriUié).
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Séance du 4 décembre 1896
GÉNÉRALITÉS» — Congrès national des sociétés françaises de géo-
graphie. 16* session. Bordeaux, août 1895. Compte rendu des travaux
du congrès. Bordeaux, 1896, 1 vol. in-8.
Société de géographie commerciale, Bordeaux.
Ludovic Drapeyron. — Les travaux géographiques de Gassini de Thury
(C JR. Sixième congrès internat, de géogr., Londres, 1895), broch.
in-8. Auteur.
J.-L. DE Lànessàn. — Principes de colonisation. Paris, F. Alcan, 1897,
1 vol. in-8. Auteur.
Mededeelingen uit de Journalen betreffende bijzondere nieteorologische
Ycrschijnselen insommige gedeelten van den Oceaan. 2*geh. omgew.
druk. Uitgèg. dor het K. Nederlandsch meteorolog. Instituât. Utrecht,
Bosch, 1896, 1 vol. in-4. Echange.
ËMM. DE Margerie. — Catalogue des bibliographies géologiques (congrès
géologique international. 5* session. Washington, 1891. 6* session.
Zurich, 1894). Paris, Gauthier-Villars, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
U. S. Department of Agriculture. Section of Foreign Markets.The world's
markets for American Products. Bulletin n" 7 (Norway), 8 (Sweden).
Washington, 1896, in-8. Department de l'Agriculture, Washington.
Ed. Hahn. — Deraeter und Baubo. Versuch einer Théorie der Entstehung
unseres Ackerbaus. Lubeck (M. Schmidt), 1896, opusc. in-8. Auteur.
H. Wallon. — Notice sur la vie et les travaux du général Louis-Léon-
César Faidherbe. — Inauguration de la statue du général Faidherbe, à
Lille, le dimanche 25 octobre 1896. Discours {Académie des Inscrip-
tions et des Belles-Lettres, 1892, 1896), -2 opuscules, in-4. Auteur.
SÉANCE DU 4, DÉCEMBRE 1896. 367
J. FoREST. — La domestication des aigrettes {Revue scientifique^ Paris,
3 cet. 1896). Auteur,
L. ViGNOLS. — ti 'école de pêche à Tile de Groix (Annales du Bien,
Rennes, 1896), broch. in-8. Auteur.
EUROPE* — LÉON-G. PÉLissiER. — Recherches dans les archives ita-
liennes. Louis XII et Ludovic Sforza (8 avril U98-23 juUIet 1500) (Bi-
bliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome,fasc. 75 et 76).
Paris, Fontemoing, 1896, 2 vol. in-8.
Ministère de l'Instruction publique.
J.-F. Bladé. —Des prétentions primatiales* des métropolitains de Vienne,
Bourges et Bordeaux sur la province ecclésiastique d'Auch {Revue de
Gascogne). Auch, impr. G. Foix, 1896, broch. in-8.
J.-F. Bladé. — Le sud-ouest de la Gaule franque, depuis la création du
royaume d'Aquitaine jusqu'à la mort de Gharlemagne {Annales de la
Faculté des lettres de Bordeaux), Paris, Leroux, 1894, vol. in-8.
Auteur.
Ch. Duffart. — Le bassin d'Arcachon. Géographie rétrospective du bassin.
Projets et essais d'amélioration des passes depuis un siècle. Etat actuel
{Congrès nat. des soc, fr. de géogr.). Bordeaux, 1896, broch. in-8.
Auteur.
Comte Louis de Turenne. — Journal d'un Français à Moscou (mai-juin
1896) {Revue de Paris, août 1896). Auteur.
ASIE* — Vital Cuinet. — Syrie, Liban et Palestine. Géographie admi-
nistrative, statistique, descriptive et raisonnée. Paris, Leroux, 1896,
fasc. 1, 2, in-8. Feu I'Auteur.
A. POZDNÉEFF. — La Mongolie et les Mongols. Résultat d'un voyage exé-
cuté en Mongolie en 1892-1893. Tome I. Journal du voyage et itiné-
raire de l'année 1892. Saint-Pétersbourg, 1896, 1 vol. in-8 (en russe).
Société imp. russe de géographie.
J. Korostovetz. — Les Chinois et leur civilisation. Avec une carte.
Saint-Pétersbourg, M. M. Lerdelé (1896), 1 vol. in-8 (en russe).
Auteur.
AFRIQUE- — Régence de Tunis. Bulletin de la direction de l'agricul-
ture et du commerce. Tunis. Première année, n<* 1,1" novembre 1896,
in-8. Direction de l'agriculture, Tunis.
Gustave Mercier. — Le Chaouia de l'Aurès (dialecte de l'Ahmar-Khad-
dou). Etude grammaticale. — Texte en dialecte chaouia (Ecole des
Jettres d'Alger). Paris, Leroux, 1896, 1 vol. in-8.
Observations grammaticales sur la grammaire touareg et textes de la ta-
mahaq des Taïtoq, par E. Masqueray. Publiés par R. Basset et Gaude*
froy-Demombynes (Ecole des lettres d'Alger). Paris, Leroux, 1896,
fasc. 1", in-8. Echange.
D' Louis Catat. — Voyage à Madagascar (1889-1890), Paris, 1895, 1 voL
in-4. Hachette et C'% éditeurs.
Gabriel Gravier. — La cartographie de Madagascar. Rouen (Paris, Chal-
lamel), 1896, 1 vol. in-4. Auteur.
AMÉRIQUE* — Historia de Nueva-Espana, escrita por su esclarecido
conquistador Hernan Certes, aumentada con otros documentes, i notas
368 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
por el ill. Sen. D. Francisco Antonio Lorenzana, arzobispo de Mexico.
Mexico, A. de Hogal, 1770, 1 vol. in-4. G. Deppikg.
E.DE Bourgade la Dardte.— Le Paraguay. Ouvrage renfermant S6 gra- •
vures hors texte et une grande carte du Paraguay... Paris, Pion, 1889,
1 vol. in-8. Gh. Gadiot.
OCÉANIE- — Dr. Franz Kronecker. — Von Javas Feuerbergen. Das
Tengger-Gebirge und der Vulkan Bromo. Oldenburg, 1897, opusc. in-8.
A. SCHWARTZ, éditeur.
Exhibition Buildings, Melbourne. Illustrated officiai Hand Book to the
Aquarium, Muséum et Picture Salon. Gompiled by James Ë. Sherrard.
Melbourne, 1 vol. in-4. J. £. Sherrard.
CARTES
lAiLLOT. — Le court du Danube, depuis sa source jusqu'ài.. Vienne.
D. G. Retmann. — Neuester Grundriss von Berlin. 1810. Berichtigt
1818, 1 f.
Carte itinéraire du cours du Rhin, depuis Schaffhouse jusqu'à Wesel. Avec
toutes les routes qui longent les rives du fleuve... Paris, Langlois, 1828,
1 f. G. Depping.
Prof. GuiDo GORA. — Europa a base fisica, l/3,500,000.Torino (1896), 6 ff.
G. B. Paravia, éditeur.
PHOTOGRAPHIES ^
France-album. Publication mensuelle, Paris. N" 31, 38 (Vosges), 32
(Arles), 33 (Montreuil-s.-M.), 34 (Havre), 35 (Hautes-Pyrénées), 36 (Bé-
ziers), 37 (Thonon, Evian), 39 (Privas). A. Karl, directeur,
L. Lemuet. — Amboise, Blois, Loches, Tours, Chartres, Mondoubleau,
Le Mans, Vendôme, 16 pi. Auteur.
J.-M. Bel. — 2* mission au Siam, 1895. Photographies (2 albums).
Auteur.
La Société fait appel à tous ses membres, aux explorateurs, aux
missionnaires et aux amateurs, en vue d'augmenter ses collections
photographiq[ues déjà importantes. Elle accueillera avec recon-
naissance les photographies présentant un caractère géogra-
phique ou ethnographique (vues de paysages, de lieux habités, de
monuments, de types humains) et plus particulièrement celles qui
proviendront des régions peu connues ou incomplètement explorées.
En adressant les documents à la Société, les donateurs sont
priés de déclarer s'ils désirent ou non se réserver le droit de
reproduction.
ERRATUM
Ouvrages offertiy p. 341. Cuérin : Histoire de la civilisation française,
lire : Histoire de la colonisation.
SEANCE EXTRiLORDINAIftE DU 22 DÉCEMBRE 1896. 369
SÉANCE EXTRAORDINAIRE
TENUE LE 22 DÉCEMBRE A L'HOTEL DE LA SOCIÉTÉ
Sous la présidence
de M. BOC9CET de la «RYE, de l'institut
Président de la Société.
Mission Maurice Versepuy.
Aux côtés du Président prennent place : MM. Leydier, délégué
par le Ministre de Tlnstruction publique ; Guy, chef du Service
géographique au Ministère des Colonies, représentant le Ministre ;
le prince Roland Bonaparte, Vice-président de la Commission
centrale.
A la séance assistaient M'' Leroy, évêque du Gabon, et Ms' de
Courmont, évéque de Zanzibar.
Le Président ouvre la séance par le discours suivant :
c Mesdames, messieurs, la terre d'Afrique nous dévoile les uns
après les autres ses derniers secrets ; Tombre mystérieuse qui la
couvrait se dissipe d'année en année sous les pas des explorateurs,
et après avoir vérifié l'exactitude de ce qu'on appelait les légendes
du bon Hérodote, on détermine le tracé des grands lacs qu'il a
signalés, les hauteurs des montagnes qu'il a assez bien placées,
et, chose plus singulière, l'habitat des pygmées, race que Ton
croyait sortie de l'imagination du père de l'histoire. L'étude scien-
tifique du continent noir a été entreprise à la fois de bien des
côtés. Tous les gouvernements possédant une portion de côte bai-
gnée par la mer, ont voulu étendre leur action et les limites de
leur territoire (dans ce qu'on appelle Yhinterland de la colonie)
en envoyant dans ce but des missions ou des expéditions, tandis
que des voyageurs, attirés par l'inconnu dans cette terre qui avait
la réputation méritée de dévorer les audacieux qui y pénétraient,
serraient dans un réseau à mailles de plus en plus étroites les
fleuves, les monts et les forêts de la terra incognita du
xvi* siècle.
c A la portion laissée en blanc sur la carte où l'on lisait : c Ici
c Ton trouve des éléphants et des lions. »» a succédé une topo-
370 PROCÈS-VERBAL.
graphie presque exacte, et, ce résultat, nous le devons aux voya-
geurs qui se sont dévoués à la traversée de TÂfrique.
€ Tout le monde a dans l'esprit les noms de Livingstone, de
R-ohlfs, de Barth, de Stanley, de Serpa-Pinto, de Monteil, de Thi-
vrier, de von Gôtzen ; nous devons y joindre aujourd'hui celui de
Versepuy et de ses vaillants collaborateurs, le baron de Romans
et M. Sporck.
c Avant de donner la parole au second d'une expédition faîte
sous les auspices du Ministère de Tlnstruction publique, et pour
ne pas déflorer sa conférence, je me bornerai à dire que Maurice
Versepuy pouvait être considéré comme le type du voyageur dans
la meilleure acception du mot. Tl avait fait en 1893 un premier
voyage autour du monde et, malheureusement, avait rapporté de
son séjour à Siam des fièvres très tenaces; mais l'Afrique le
tentait. 11 voulait voir le continent noir avec des yeux de géographe,
avec un esprit non enclin à l'exagération et, en effet, sous ses pas,
les ombres des forêts mystérieuses semblent s'éclaircir; il ne livre
pas de grandes batailles, il se borne à la défensive; il cherche
partout la vérité, la trouve, la dit, et délivre notre esprit de vé-
ritables obsessions géographiques. Par malheur, ses forces à la
fin le trahissent ; il arrive épuisé à Léopold ville, et si, grâce aux
soins qui l'ont entouré, il a pu venir mourir à Chantilly auprès
des siens, nous n'aurons de lui ni le tracé définitif de la route
qu'il a suivie, ni le récit de sa mission. Ce soin sera dévolu à sa
famille, à son second et aussi à notre Société. Nous verrons ainsi
rendre à sa mémoire le renom qu'elle mérite, et en applaudissant
tout à l'heure le baron de Romans, nous penserons à son chef mort
bien jeune et bien regretté. > {Vifs applaudissements,)
La parole est donnée à M. le baron de Romans pour la relation
du voyage de la Mission Versepuy à laquelle il a pris part comme
second du chef de l'expédition :
Ce n'est pas sans un mélange de trouble et d'émotion que nous
nous présentons dans cette assemblée qui nous a continuellement
suivis dans notre voyage en nous témoignant son bienveillant intérêt*
J'essayerai devons exposer sous leurs véritables couleurs les
impressions ressenties pendant la durée de notre voyage; cette
tâche m'a été dévolue par la perte cruelle de notre chef et ami
Maurice Versepuy dont la joie eût été de vous narrer ses décou-
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 22 DÉCEMBRE 1896. 371
vertes, les surprises de tout genre et jusqu'aux déceptions que
l'on éprouve forcément dans ces voyages. 11 en rapportait tous les
éléments se rattachant aux études qui sont l'objet de vos soins
constants et de vos continuelles préoccupations.
Après plusieurs voyages en Amérique, aux Indes, au Siam, l'idée
vint à M. Versepuy d'étendre ses connaissances à l'Afrique, pays
mystérieux dont plusieurs de nos entreprenants et hardis devan-
ciers lui avaient donné un avant-goût. Son idée une fois arrêtée,
il sollicita du Ministère de l'Instruction publique une mission
gratuite dans le but de visiter le Kilimandjaro et le Kénia au
point de vue de Thisloire naturelle.
Cette mission, accordée le 4 mai 1895, mit le comble à ses vœux.
Aussitôt il me fît part de ses intentions ainsi qu'à M. Sporck; son
plan nous enthousiasma ; notre concours lai était assuré. Nous
résolûmes d'entreprendre ce voyage, décidés à le rendre le plus
intéressant possible, et à mettre au service de notre pays nos
faibles connaissances individuelles, mais surtout notre bonne
volonté et le désir de nous rendre utiles.
Confiants dans nos espérances, persuadés que le drapeau de
notre pays devait être notre sauf-conduit et nous ouvrir toutes les
routes, nous nous mimes en route avec cette foi que donne la
volonté inébranlable d'un chef. Notre début fut assez heureux;
mais, à partir du Kilimandjaro, qui devait être en principe le but
de notre voyage, les difficultés commencèrent. Le désir de voir,
d'apprendre, de connaître ces pays très peu explorés, difficiles à
visiter, occupés par une peuplade agressive, guerrière, de mœurs
inconnues, piqua notre curiosité. L'amour-propre s'en mêla avec
le danger; car, les difficultés que nous venions d'avoir avec les
Massai, le pays en état de révolte, notre compagnon Dyke tué,
tous ces incidents nous excitèrent à tel point qu'ayant tenu con-
seil, nous résolûmes de passer quand même et de traverser entiè-
rement l'Afrique.
Le voyage se fit en partie à pied, soit 4,000 kilomètres à travers
plaines, forêts et marais, puis en pirogues, la descente des fleuves
de rArouhimi et du Congo, autre parcours de 2,000 kilomètres.
Nous n'avions en tout au départ que 20 fusils et 130 porteurs
dont nous dûmes le recrutement à la bienveillance des Pères du
Saint-Esprit à Zanzibar.
De ce voyage, il a été rapporté : l'» des collections d'armes
recueillies dans les différentes contrées parcourues; 2<> des rensei-
gnements géographiques ; 8** des graines indigènes, des fleurs, des
372 PROCÈS-VERBAL.
bois; 4^ des peaux de mammifères; 5"* un léopard vivant donné
au Muséum ; 6* quantité de photographies, d'aquarelles, de dessins ;
7' notre itinéraire, où nous avons figuré les rivières, les mon-
tagnes, et le récit détaillé du voyage, qui devra former une publi-
cation à part.
Partis de Zanzibar le 6 juillet 1895, après un séjour de six se-
maines motivé par les difficultés du recrutement de notre cara-
vane, nous nous embarquons pour Mombassa, et nous mettons le
pied sur le continent africain au beau moment de la saison sèche.
Par une marche rapide, nous nous portons vers le Kilimandjaro; à
cet endroit, notre caravane avait déjà diminué par suite de la
désertion de nos porteurs. Après avoir traversé un pays desséché,
pierreux et rempli de brousses impénétrables, nous nous arrêtons
au lac Yipé pour nous livrer à la chasse. Puis nous montons sur
le flanc du Kilimandjaro ; nous visitons le poste allemand de Mochi
à 1,200 mètres d'altitude où nous sommes parfaitement bien
accueillis ; nous nous dirigeons sur le versant oriental du Kili-
mandjaro, splendide massif aux neiges éternelles, géant d'une
hauteur de 6,000 mètres,. Nous reconnaissons le confluent ignoré
du Tsavo et de l'Ouséri, pays des Warombo. Revenant au nord du
Kilimandjaro, contrée volcanique, nous passons au lac Ngiri à
travers un pays complètement inhabité. Traçant un itinéraire nou-
veau (à Test de celui de Thompson et de Teleki), nous nous diri-
geons sur le poste anglais de Kikouyou à travers les plaines de
Kapoteï où nous faisons une chasse fructueuse en éléphants, rhi-
nocéros, zèbres et antilopes, chasse utile qui nous permet de
nourrir notre caravane. Ces plaines étant entièrement dépourvues
de végétation, Teau nous manque pendant trois jours; nous décou-
vrons bien quelques rivières, mais à cette époque, elles sont entiè-
rement desséchées. Le bois nous fait défaut; aussi avons-nous
beaucoup de mal à trouver un combustible pour faire cuire nos
aliments.
Âtt commencement de novembre, nous arrivons à Kikonyou,
et décidons d'y séjourner quelques jours pour nous rétablir et
laisser reposer notre caravane, déjà réduite à 90 hommes.
M. Sporck» pendant ce temps, se dirige sur Matchako pour re-
prendre les charges que nous y avions fait transporter; il nous
rejoint peu de temps après.
A ce moment, le pays était en pleine insurrection. Les Massai,
race nomade et belliqueuse» étaient en guerre, ce qui est très
fréquent puisqu'ils ne vivent que de pillage, et terrorisent les
SéANCE EXTRAORDINAIRE DU ^ DÉCEMBRE 1896. 373
antres tribus. Les Massai se sont fait connaître depuis le Kénia
jusque dans l'Afrique orientale allemande. Très braves, ne crai-
gnant aucun danger, ils sont gouvernés par un grand chef, sorte
de sorcier remplissant l'office de médecin. Grands, bien bâtis,
nus pour la plupart, ils s'enduisent la figure et les épaules de
graisse mélangée de terre rouge, portent les cheveux longs, sont
armés de lances et de boucliers, ont des coiffures de guerre, les
unes faites de plumes d'autruche qui leur entourent la tète,
d'autres, ayant la forme d'un bonnet, et confectionnées avec de la
peau de lion. Ils vivent en nomades et élèvent des bestiaux.
C'est à ce moment qu'une caravane anglaise, composée de
1,200 Wakikovou qui allait ravitailler le poste de Ravine, fut
attaquée à son retour parles Massai qui en massacrèrent sept cents.
M. Dyke, sujet écossais que nous avions rencontré à Kikouyou
et dont la caravane s'était jointe à la nôtre, partit en avant. Le
lendemain de son départ, nous reçûmes de lui une lettre écrite le
soir de ce désastre ; il réclamait notre secours et priait tous les
Européens présents au poste de Kikouyou de l'assister dans ce
danger pressant. Nous demandons à ses compatriotes de le dé-
fendre ; ils refusent catégoriquement, et nous abandonnent à nos
propres forces. Nous quittons Kikouyou à 4 heures du soir, retrou-
vons M. Dyke à 11 heures et, au petit jour, nous partons pour nous
rendre compte de la gravité des nouvelles de la veille.
Arrivés à la vallée de Kédong, guides par une nuée de vautours,
nous découvrons le lieu du massacre. Un spectacle affreux s'offre
à nos yeux : une grande quantité de cadavres gisent à terre, déjà
en partie décomposés et dévorés par les animaux. A une faible
dislance, nous voyons le kraal où se sont réfugiés les Massai qui
poussent sur nous leurs bestiaux, tactique de guerre qui nous sug-
gère ridée d'enlever ces animaux ; cependant, faisant un détour,
ils essayent de rattraper leurs troupeaux en nous coupant la
route. Us poussent leur cri de guerre, se précipitent sur nous
avec une étonnante rapidité et nous attaquent avec une grande
bravoure. Grâce à la précision de notre tir et à nos armes à répé-
tition, nous arrêtons leur élan sur la droite; l'action est chaude.
A ce 'moment M. Dyke, qui se trouve à quelques pas de moi, a le
corps percé d'une lance ; le coup est mortel et, bien que la pre-
mière attaque soit repoussée, les Massai continuent toujours à
arriver; nous voyons leurs masses noires s'avancer au loin dans la
vallée ; un instant peut tout perdre.
Nous disons un dernier adieu â celui qui n'est plus et nous
374
PROCÈS-VERBAL.
gravissons au plus vite
le col de Villimani pour
nous mettre à l'abri d'une
nouvelle attaque. Enfin,
épuisés par une marche
des plus pénibles, nous
ramenons au fort anglais
tous les bestiaux captu-
rés au nombre de 400 en-
viron. Les occupants du
fort confisquèrent ce
troupeau; toutes nos ré-
clamations furent vaines
et nous n'eu entendîmes
plus jamais parler, ce
qui ne les empêcha pas,
peu de jours après, de
nous prier d'assister les
porteurs de leur courrier
qui nous demandèrent de
se joindre à nous pour se
rendre à Ravine. Tout le
pays étant en révolte,
nous ne savons si nous
allons pouvoir continuer
le voyage. Cependant
nous poussons en avant,
disposés à repousser
toute attaque nouvelle.
Nous rencontrons encore
ces mêmes Massai ; mais,
cette fois, ils viennent
nous offrir la paix que
nous acceptons avec plai-
sir. Espérant que rien ne
nous arrêterait désor-
mais, nous continuons
notre route sur l'Ou-
ganda.
En quittant cette val-
lée de Kédong, nous
passons à Test des lacs
Naibacha , Naskourou ,
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 29 DÉCEMBRE 1896. 375
Lementesta, d'une étendue d'environ 10 kilomètres chacun, au
milieu d*un pays désolé et sans aucune végétation.
Le 25 décembre) nous atteignons le poste anglais de Ravine,
placé au pied de Tescarpement du Maho, grande chaîne de mon-
tagnes formant le partage des eaux entre l'Océan Indien et le Vic-
toria-Nyanza; nous y ravitaillons notre caravane et, le lendemain,
nous franchissons le profond ravin de la rivière Ëldoma pour
gagner les contreforts du Maho qui doivent nous conduire dans le
pays des Wanandi.
En traversant cette chaîne, nos hommes souffrent beaucoup du
froid, car nous sommes à une altitude de 3,000 mètres. Aussi,
beaucoup désertent-ils, ce qui nous cause de grands ennuis.
Une fois dans le pays des Wanandi, nous sommes forcés de
construire des enceintes fortifiées autour du camp pour nous pré-
munir contre les attaques des indigènes qui sont soulevés. Enfin,
nous quittons ce pays sans trop de difiicultés et passons rapide-
ment à travers le nord du Kavirondo ; il s'y trouve une quantité
de petits villages très peuplés, curieux par la façon dont ils sont
fortifiés. Chaque village est entouré d'un mur et d'un fossé exté-
rieur. Les indigènes se craignent de village à village, car ils ne
sont sous aucune domination, n'ont aucun chef, se font souvent la
guerre entre eux. Ils vivent de cultures et élèvent quelques chèvres.
Nous traversons le Sio, rivière importante ; de ses rives, nous
apercevons le Yictoria-Nyanza; l'espoir renaît; bientôt, nous serons
au grand lac.
L'Ousoga, région très riche, très fertile en cultures de bana-
niers, très peuplée, s'étend devant nous. Nous passons par les
principaux villages du pays. La construction de leurs cases est ex-
trêmement soignée ; celle du chef est toujours de forme euro-
péenne carrée. Chacune d'elles est entourée d'une palissade con-
struite avec de hautes herbes séchées s'entrelaçant, puis, d'une
seconde enceinte beaucoup plus élevée, atteignant souvent 5 à
6 mètres de hauteur et fermée le soir par une porte afin d'empê-
cher les animaux féroces d'y pénétrer. Ces gens sont craintifs,
fuient les Européens, se couvrent d'une é 103*0 qu'ils fabriquent
avec une écorce d'arbre et qu'ils nomment ouhogo. Peuple tran-
quille, ne s'occupant que de la culture.
La nourriture de nos hommes en cette contrée heureuse ne nous
donna aucun mal ; nous y avions de la viande fraîche, chèvres et
moutons. A travers ce pays, nous poussons jusqu'au Nil ; au-des-
sus des Ripon faÙs se trouve un petit poste anglais du nom de
376 PROCÈS-VERBAL.
Louba, composé d'un faible détachement d'indigènes commandés
par un seul blanc. Nous admirons les chutes de Ripon, larges de
800 mètres environ et hautes de 10, déversoir de cet immense
lac Victoria qui donne ses eaux au Nil Blanc à l'altitude de
1,200 mètres.
Après avoir traversé en pirogues la baie Napoléon, nous arri-
vons dans une contrée bien intéressante, l'Ouganda.
Nous constatons que l'Ouganda est un pays très vallonné, sil-
lonné de nombreux ruisseaux formant de vastes marais, riche en
cultures, mais loin cependant d'atteindre une aussi belle végéta-
tion que celle de l'Ousoga.
Les indigènes nommés Baganda sont divisés en trois camps :
1» les musulmans; 2* les catholiques appelés Bafranza, c'est-à-
dire Français ; 3® les protestants, appelés Warengreza, ce qui veut
dire Anglais ; ils vivent et construisent comme les indigènes de
rOusoga. Initiés par les Arabes qui parcouraient autrefois leur
pays, ils ont une teinte de civilisation, font des routes de 10 à
15 mètres de largeur, établissent des ponts sur les marais et se
servent do cauries, coquillages qui leur tiennent lieu de monnaie.
Ils s'habillent de linge blanc, provenant de matières d'échange,
ou d'étoffe jaune, faite d'écorce d'arbre. Leur type est ordinaire,
de taille moyenne, mais d'une teinte très noire ; ils ne se servent
ni d'huile, ni de graisse pour s'oindre le corps et ont ordinaire-
ment la tête rasée.
Le roi Mwanga, fils du célèbre Mtesa, est celui qui participa
à la guerre de religion d'il y a trois ans pendant laquelle les mis-
sionnaires français eurent à subir de cruels traitements. Le roi, qui
possède une'grande autorité sur ses sujets, cherche à imiter les
Européens dans leur manière de vivre ; il nomme ses ministres
sous la surveillance des Anglais; ceux-ci, au nombre d'une demi-
douzaine, habitent près de lui. Il tient sa cour à Mengo où nous
arrivons vers la fin de janvier, reçus par les missionnaires fran-
çais, les Pères blancs d'Alger.
Mengo, capitale de l'Ouganda, offre une vaste étendue; cette
ville, formée d'un groupe de plusieurs colonies, est sillonnée de
larges routes. Chaque mamelon est habité respectivement l'un par
le roi, l'autre par les missions; il y a celui des chefs indigènes et la
borna anglaise.
Nous consacrons un mois à nous refaire; car, depuis Kikonyou,
soit quarante-quatre jours, nous avons éprouvé de grandes fa-
tigues, marchant toujours sans nous reposer un seul instant. Il
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU ^ DÉCEMBRE 1896. 377
a fallu rerormer notre caravane qui, un moment, s'était soulevée
contre nous et refusait de nous suivre. Sachant que nous nous ren-
dions au Congo, nos hommes étaient persuadés qu'ils allaient être
pris en esclavage ou dévorés par les habitants de ces pays. La si-
tuation devint grave, ces gens n'entendant pas la raison; il fallut
pourtant y mettre bon ordre, et nous n'en vînmes à bout qu'en fai-
sant mettre aux fers, au poste anglais, les deux chefs de caravane,
promoteurs de la révolte. C'est aussi à Mengo que nous comptions
trouver des charges de provisions qui depuis longtemps nous fai-
saient défaut. Rien n'étant arrivé, nous nous séparons de M. Sporck
qui part pour la côte est du Victoria, traversant sur un frêle es-
quif cet immense lac, afin d'essayer de rattraper nos provisions
dans le Kavirondo.
Maurice Versepuy et moi, nous donnons rendez-vous à M. Sporck
au massif du Rouvenzori, et quittons, le 22 février, la capitale
de rOuganda pour éviter les désertions qui augmentent chaque
jour. Nous nous dirigeons en plein ouest. Le pays toujours val-
lonné rend la marche longue et difficile; les marais sont nom-
breux, profonds; nous sommes forcés parfois d'y séjourner plus de
trois heures, dévorés par les moustiques, dans des eaux bourbeuses,
souvent glaciales.
Nous passons au lac Mitiana, qui est plutôt un vasie marais,
dont plusieurs cartes ne font pas mention, malgré sa grande su-
perficie. Continuant notre marche à petites journées, nous arrivons
au lac Rouhérou, situé au nord-est du lac Albert-Edouard qui est
lui-même au sud-ouest du Rouvenzori,
Le lac Rouhérou (Rweru de Stanley) communique par une large
baie avec le lac Albert-Edouard. Depuis notre départ, nous sommes
sans nouvelles de M. Sporck. C'est à ce moment que je tombe ma-
lade, pris de la m&laria ; nous stationnons quelque temps dans ces
parages malsains afin que je puisse me soigner.
Pendant ce temps, Versepuy se livre à la chasse de l'éléphant
et est assez heureux pour en abattre plusieurs. Consultant nos
cartes, nous constatons, Versepuy et moi, que M. Stanley avait trouvé,
au nord du lac, un pic élevé qu'il avait nommé Gordon Bennett; il
nous fut impossible de le voir. Nous contemplons le splendide
paysage formé par l'immense glacier du Rouvenzori, haut de
5,000 mètres environ, montagne très habitée, ce que nous avons
constaté le soir par la quantité des feux qui brillaient sur ses flancs.
Enfin, le 11 avril, à Kasagama, un homme nous annonce le re-
tour de M. Sporck, après deux mois d'absence : nous envoyons des
porteurs au-devant lui ; à 9 heures du soir, des coups de fusil si-
soc. DE 6É00R. — C. R. DES SÉANCES. — N"* 17, 18 et 19. 26
378 PROCÉS-VERBAL.
gnalent son arrivée ; il a réussi à retrouver à Porl-Victoria nos can-
tines pleines de provisions, un courrier d'Europe et des journaux
qui nous font le plus grand plaisir, car, depuis cinq mois, nous
n'avions reçu aucune nouvelle de France. Ce fut une grande joie
pour nous d'être encore une fois réunis. Son retard était motivé
par huit jours de maladie à Roubaga où il dut séjourner. 11 nous
conte sa traversée du lac Victoria, pendant laquelle il étudia plu-
sieurs Ilots dont beaucoup sont habités. Dés le lendemain, nous
partons, pendant un orage violent, pour Katoué, point extrême au
nord du lac Albert-Edouard et qui forme la limite entre le terri-
toire anglais et le Congo indépendant. Un peu remis de mes fièvres,
je suis la caravane, porté en hamac; dans cette courte piarche, nous
constatons que le lac Rouhérou, formant un vaste marais, ne com-
munique pas avec le lac Albert-Edouard par une large baie, comme
l'indique M. Stanley, mais bien par un petit cours d'eau sans impor-
tance. Étonnés de cette erreur, nous prenons des renseignements
auprès des indigènes qui nous affirment n'avoir jamais connu
d'autre communication entre les deux lacs que celte petite rivière.
Lfne distance de ^0 kilomètres les sépare et il y a entre eux une
différence d'altitude de âOO mètres, ce qui semble justifier pleine-
ment nos dires.
Nous arrivons à Katoué, pays malsain où l'on ne peut vivre sans
y attraper des fièvres. Un petit lac salé, situé près de Katoué, y at-
tire les indigènes très friands de sel. Ils viennent le chercher de
loin; mais ils payent un fort tribut, car la plupart y contractent
la fièvre paludéenne. Les Anglais ont voulu occuper ce point, mais
des miasmes terribles les en ont chassés et, aujourd'hui, une dizaine
de Nubiens seulement gardent ce petit poste. La nuit, de notre camp,
nous apercevons une lueur pourpre, très loin au sud du lac Albert-
Edouard ; en même temps nous parvient le bruit de fortes déto-
nations; c'est le volcan Fombiro en éruption (il a été relevé par
l'expédition allemande von Gôtzen). Nous interrogeons les indigènes
à ce sujet ; ils nous répondent en frémissant que les esprits se bat-
tent dans le lac. Au nord de l'Albert-Edouard se dresse la masse
imposante du Rouvenzori dont les immenses glaciers, se reflétant
dans les eaux du lac, nous ofi'rent un spectacle d'une majesté in-
descriptible.
Nous quittons Katoué, le 17 avril, passons le 30* méridien de
Greenwich et campons encore sous l'Equateur, pour la troisième
fois depuis Mombassa.
Continuant à nous diriger vers l'ouest, nous entrons dans le
Congo indépendant. Nous longeons les contreforts du Rouvenzori
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 22 DÉCEMBRE 1896. 379
au point, où le capitaine Lugard passa, il y a quelques années, à
travers une plaine déserte» parsemée çà et là d'immenses euphorbes.
La vallée de la Semliki s'offre à nos yeux. Les indigènes, chassés
des régions du lac Albert par le sultan Kambarega, habitent de-
puis peu dans cette vaJlée. Notre présence leur est signalée par
leurs sentinelles; craignant une attaque de notre part, ils se
mettent sur la. défensive. En arrivant dans les villages, nous trou-
vons les hommes formés par petits groupes armés; ils ont eu la
précaution d'envoyer dans la montagne leurs femmes et leurs en-
fants. Mais, voyant notre attitude pacifique, leur crainte se dissipe
aussitôt.
Nous traversons la rivière Semliki, large d'environ 200 mètres,
au courant très violent. Nous nous arrêtons au village de Mbéné ;
c'est à cet endroit que fut capturée la caravane de Stokes. Le
chef vient aussitôt nous demander des fusils et de la poudre,
croyant avoir affaire à quelques traitants ; il dut se contenter de
cotonnades d'échange. Nous apprenons qu'un petit poste arabe se
trouve dans les environs; nous demandons aussitôt un guide. Quit-
tant les hautes herbes impénétrables, nous entrons dans la grande
forêt pour ne plus la quitter jusqu'à Léopoldvilie. Ce village arabe,
du nom de Kissangué, est situé au bord de la forêt et considéré
par les autorités congolaises comme poste auxiliaire. Le chef du
village est chargé de prévenir le poste le plus avancé de la pré-
sence d'étrangers sur le territoire de l'État indépendant.
La pavillon de l'Étati bleu avec étoiles d'or au centre, flotte sur
ce poste-village ; nos hommes se rassurent à sa vue et nous ac-
cordent désormais toute leur confiance.
Les Arabes, qui tout d'abord nous prenaient pour des Anglais,
s'étonnent de nous entendre parler le langage de leurs officiers.
Ils remarquent que notre drapeau n'est pas celui qu'ils craignaient
de voir revenir dans ces parages. Nous les prions d'envoyer un
courrier avec une lettre de nous au premier poste congolais; ils le
font immédiatement et cela dissipe leurs soupçons. Ils nous pro-
curent quelques vivres et les porteurs qui nous manquent.
Après dix jours de marche en forêt, nous arrivons à Kouam-
koubi. Dans ce village, on reconnaît aussitôt la civilisation apportée
par les Arabes qui, partout où ils habitent, donnent des preuves de
connaissances et de confort inconnus aux indigènes. Kouamkoubi
possède une vaste place au centre de laquelle s'élève la baraza^
sorte de terre-plein couvert où se réunit le conseil du village com-
posé des plus anciens. C'est là que nous sommes reçus à notre ar-
rivée. Sur cette même place se trouvent de petites maisonnettes de
380 PROCÈS-VERBAL.
50 centimètres à 1 mètre de hauteur; elles servent de re|age la
nuit, d'après la légende,, aux esprits errants des hommes morts
dans la forêt. Les rues avoisinant cette place sont garnies de cases
construites en pisé avec des toits en feuillage, Therbe faisant dé-
faut dans la forêt. Ces Arabes parlent le langage de Zanzibar^ le
kiswahili, ce qui nous offre de grandes facilités. Des plantations
de maïs, de patates douces, de cannes à sucre entourent le yil-
lage. Ces plantations sont garanties des éléphants par des bornas,
sorte de haies composées de poteaux enchevêtrés les uns dans les
autres. Nous quittons le poste de Kouamkoubi et nous entrons
dans le bassin du Congo. La marche est très pénible à travers la
forêt, où 11 n'existe ni routes ni sentiers; c'est à la boussole que
nous devons nous diriger en nous frayant un chemin à la hache, à
traversies parties broussailleuses, sous les hautes futaies. Nous ren-
controns aussi des marais profonds qui nous forcent à faire de
longs détours.
Des quantités de lianes dont les indigènes tirent le caoutchouc
obstruent notre passage; d'innombrables essaims de guêpes sont
pour nous un grand inconvénient. Les vivres nous manquent; il
faut rationner nos hommes à trois épis de mais par jour : chaque
fois que nous établissons le camp, deux heures de travail sont
nécessaires pour abattre les arbres. Souvent, nous entendons, la
nuit, le cri des éléphants ; mais ce qui nous foiSce à une grande
surveillance, c'est la férocité des léopards très nombreux dans cette
partie de la forêt et dont un de nos porteurs fut victime.
La végétation arborescente de la forêt est en grande partie
composée d'acajous, d'ébéniers et d'une sorte d'arbre appelé fi'o-
mager, qui est d'une grande utilité pour les indigènes.. Le fromager
pousse très haut et très droit; son sommet est si touffu qu'une
partie de la forêt en est rendue très sombre. C'est avec ces arbres
gigantesques, généralement creux, que les indigènes fabriquent
leurs pirogues, qui atteignent quelquefois 20 mètres de longueur.
Une autre espèce d'arbre, qui ressemble à un immense marron-
nier d'Inde, est commun dans ces parages.
Poursuivant notre route dans des conditions aussi pénibles, nous
arrivons à l'ibina. Nous longeons cet affluent de la rive gauche de
ritouri ; malgré sa largeur, qui atteint 200 mètres, le nombre et
la force de ses rapides en empêchent la navigation. Jusqu'à pré-
sent, son cours n'était que présumé ; il devient extrêmement tor-
tueux avant d'arriver à son confluent.
Après une marche de yingt jours et au prix de bien des
fatigues, nous arrivons à la rivière Itouri; nous la traversons
SÉA.NCE EXTRAORDINAIRE DU ^ DÉCEMBRE 1896. 38i
en pirogues. Quelques pêcheurs indigènes que nous rencontrons
sur les bords de cette rivière nous ravitaillent et nous procurent
un guide qui nous conduit au poste militaire congolais de Kilonga-
longa. En arrivant, quelle joie pour nous de trouver des Euro-
péens ! L'hospitalité la plus courtoise nous est offerte. Les rensei-
gnements qu'ils nous donnent prouvent que nous sommes dans
la meilleure voie pour arriver à la côte occidentale. Ce camp
appartenait au chef arabe Kilonga qui en fut chassé; il porte
aujourd'hui le nom de Mawambi. Il forme une vaste clairière que
les officiers belges ont su mettre à profit en y faisant des planta-
tions de riz, de manioc, de bananes et de différentes graines du
pays. Un village a été construit près du poste par les Arabes, qui
l'habitent en assez grand nombre. La force militaire, appelée force
publique, se compose de trois officiers blancs, commandant deux
cents libérés, bien équipés et bien exercés. Après quatre jours
passés au milieu de ces aimables hôtes dont nous conserverons
toujours le meilleur souvenir, nous ravitaillons notre caravane et
nous nous mettons en route pour atteindre le second poste.
Retraversant Tltouri, nous suivons sa rive gauche, toujours dans
la forêt, jusqu'à un petit village appelé Moussa, en face de Taffluent
Ipoulo. A cet endroit, l'itouri est très encaissé et comme le cou-
rant est très rapide, la traversée nous occasionne une perte de
temps considérable.
Après huit jours de marche, nous arrivons à Avakoubi où, pour
la quatrième fois, nous devons passer l'itouri. Nous sommes reçus
à l'entrée du village par deux officiers qui nous font le môme
accueil gracieux que leurs camarades; ib mettent tout à notre
disposition pour faciliter la continuation de notre voyage.
Le poste d*Avakoubi est plus important que le précédent. Le
grand village arabe se trouve en aval et porte aujourd'hui le nom
d'Abedi. C'est là que nous vîmes quelques pygmées qui venaient
échanger leur chasse contre des bananes et des patates. Ces nains,
de 1 m. 20 de hauteur environ, sont nus; leur nez est très épaté,
leur physionomie méchante; ils vivent disséminés dans la forêt;
leur nature ombrageuse les rend très difficiles à rencontrer. Ils ne
construisent pas de huttes, selon le dire de ceux qui, moins sau-
vages, viennent faire des échanges au poste. Ils vivent dans des
trous ; armés de lances et de flèches proportionnées à leur taille,
ils se livrent à la chasse, s'attaquant même aux éléphants. La
monnaie de ces contrées est un fil de cuivre appelé mitakOy lequel
diminue de longueur au fur et à mesure que l'on approche de la
côte. La moyenne de cette unité monétaire est de 17 centimètres.
382 PROCÈS-VERBAL.
Ce poste d'ÂvakoQbi communique par le sud avec celui de ta Lindi,
qu'a rendu célèbre la tragique issue de raffaire Stokes. Avakoubi
est commandé par deux officiers ; c'est un endroit malsain, occupé
depuis pea ; cependant quinze tombes y marquent déjà les sacri-
fices qu'il a coûtés à la Belgique. C'est là aussi que Maurice Ver-
sepuy contracta les premiers germes de la maladie qui devait
l'emporter.
De grandes rizières environnent le camp et sont gardées par des
indigènes, le jour, contre les oiseaux, la nuit, contre les éléphants .
Ne voulant pas perdre de temps en cet endroit, malgré la vie
agréable qui nous y était faite, nous décidons d'atteindre le Congo
en descendant Tltouri etTÂroubimi en pirogues, nonobstant les ra-
pides qui sont nombreux. Une fois notre caravane ravitaillée avec
du riz, nous nous embarquons sur quatre pirogues.
Ce voyage par eau nous permit de doubler les étapes; Teffort de
la journée accompli, nous campions sur les rives dans la forêt.
Que de difficultés avec les pagayeurs qu'il faut changer à chaque
village! Nous remarquons qu'ils ont les incisives limées en
pointe, signe distinctif d'une race d'anthropophages. L'horizon
reste toujours borné par la forêt qui recouvre les deux rives du
fleuve. Nous sommes émus par la descente des rapides où la pirogue,
lancée à toute vitesse au milieu des rochers et des tourbillons, est
très habilement dirigée par les indigènes au moyen d'une longue
perche. Nous apercevons souvent des éléphants traversant la rivière
et un grand nombre d'hippopotames. Notre nourriture consiste sur-
tout en poissons qui, bien qu'étrangers à nos rivières d'Europe,
n'en sont pas moins excellents. Nous passons le Nepoko, affluent de
la rive droite de Tltouri. Cette rivière offre la particularité de se
jeter à angle droit dans l'Itouri; elle forme une succession de ra-
pides qui semblent une immense cascade d'un efi'et merveilleux.
Le 30 mai, nous passons les chutes de Panga, endroit où l'Itouri
change de nom pour s'appeler Ârouhimi. Les villages qui bordent
cette rivière sont nombreux et les indigènes diffèrent beaucoup
des précédents. Grands, bien musclés, ils portent tous un petit
pagne teint avec du tanin ; ils s'en enduisent même le corps, ce qui
leur donne une teinte rouge et parfois violacée. Ils portent aux bras
et aux jambes des bracelets en cuivre très épais, provenant de
matières d'échange ; presque tous ont des coiffures semblables à
une mitre d'évéque en herbe tressée et ornée de plumes de coq.
Leurs villages, construits le long de la rivière, oflïent un aspect
assez pittoresque par la forme pointue et très élevée des toits
fabriqués au moyen de larges feuilles superposées et placées à plat
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 22 DÉCEMBRE 1896. 383
Ils se livrent à la fabrication de l'huile de palme, et font le com-
merce de la pêche^ échangeant leurs poissons contre les produits que
les habitants apportent de l'intérieur de la forêt. On remarque dans
ces hameaux d'énormes gongs, en bois évidé, qui sont pour eux
un moyen de communication. Ces instruments rendent un son qui
se perçoit très loin ; au moyen de coups frappés d'une façon con-
ventionnelle, ils s'en servent comme d'une sorte de télégraphe
acoustique.
Nous passons enfin les derniers rapides et arrivons à Yambouya
où se trouve un employé de l'État indépendant qui nous informa
qu'un des vapeurs réguliers du Congo devait sous peu quitter Stan-
ley-Falls. Nous repartons la nuit même, afin d'atteindre à temps
Basoko; nous franchissons 150 kilomètres d'une traite, et arrivons,
le lendemain matin, juste à temps pour trouver le petit vapeur
la Ville d* Anvers f qui doit nous faire descendre le cours du Congo,
(9 juin 1896).
Enfin, le paysage change; la forêt s'éclaircit; la vue a plus
d'étendue; des îles boisées sillonnent le fleuve. Nous passons à
Boumba où le Congo atteint 30 kilomètres de large. Les indigènes
de celte région sont encore rebelles à toute civilisation; les
hommes portent un petit pagne autour des reins et les femmes
n'ont pour tout vêtement qu'un épais collier de cuivre. Nous eûmes
l'occasion de rencontrer dans cette tribu un albinos qui, bien que
né de parents nègres, a la peau blanche et les cheveux blonds. Mais
le pauvre enfant est un véritable monstre, dépourvu de toute intel-
ligence; c'est un fétiche pour les noirs qui l'entourent.
Nous passons à Baugala dont les habitants sont principalement
remarquables par les incisions qu'ils se font sur le front : ils
arrivent, avec un instrument tranchant, à se former une excrois-
sance considérable, persuadés qu'elle est un ornement pour leur
visage. Non contents de cet embellissement facial, ils portent sur
e corps des tatouages en relief.
Nous repassons encore la ligne au poste d'Équateurville. Mau-
rice Versepuy, plus malade, et moi, atteint de dysenterie, nous
avons la chance de rencontrer le docteur Boursu qui nous engage
fortement à nous reposer et à nous soigner au poste d'Irébou,
M. Sporck devant continuer seul avec la caravane sur Léopoldville.
Pendant notre séjour à Irébou, ce poste fut attaqué par les indi-
gènes du lac Matoumba qui ne lâchèrent pied qu'après une heure
de combat, grâce au bon armement des troupes indigènes du Congo
indépendant. Nous rejoignons M. Sporck huit jours après, le 7 juillet,
à Léopoldville.
384 PROCÈS-VERBAL.
 peine arrivés, nous sommes reçus par le gonTerneur du Congo,
M. Wahis, qui nous fait un charmant accueil et nous donne tontes
les facilités pour continuer par petites étapes la route des cararanes.
A ce moment, Maurice Versepuy tombe dangereusement malade
et nous cause de bien vives inquiétudes. L'avis des médecins est de
regagner la côte au plus vite* Pendant dix longs jours, nous trans-
portons notre chef en hamac par la route des caravanes jusqu'à
Toumba, point où s'arrête Texploitation du chemin de fer du Congo.
Le major Teys, de passage en cet endroit, se mit à notre entière
disposition, nous offrant un train qui nous conduisit à Matadi. Le
lendemain, un vapeur transportait Maurice Versepuy et moi i Ca-
binda et, le 3 août, nous nous embarquions pour l'Europe, laissant
à M. Sporck le soin de rapatrier la caravane et de régler les affaires
delà mission. Il s'en acquitta avec le plus grand soin; quittant le
Congo, il se dirigea sur Libreville où il trouva, sur le territoire
français, un aide et un appui pour le rapatriement de nos hommes.
Grâce à la bienveillance et à l'extrême amabilité de M. de Brazxa,
il réussit à expédier la caravane par le Cap et fut heureux, à son
tour, de poser le pied sur la terre de France, aux derniers jours de
septembre.
Le 27 août, nous étions à Lisbonne où M. Arnold Yersepny vint
chercher son frère. Maurice Versepuy, après avoir supporté avec
un courage héroïque les £itigues de la traversée, touchait enfin
au but de son voyage, qui devait être aussi celui d*nne vie consacrée
de bonne heure à la science et à son pays.
C'est un hommage ému et reconnaissant qu'apportent ici à leur
ami et chef les survivants de son expédition.
Cette relation, accompagnée de projections par M. Molteni, a été
interrompue par de fréquents applaudissements.
Le Président rend hommage an zèle et au courage de la misnon,
et reconnaît hautement combien elle a été aidée et assistée par
les missionnaires.
Avant de clore la séance, il adresse des remerciements &
MM. les Ministres de l'Instmction publiqne et des Colonies, ponr
s'être fidt représenter à la séance qui est levée à 10 h. 3,4.
Le gérant responsable :
C. MAUNom,
Sccfétair* fétténl de la dwi^iwi— Geitnl«
BOCUTAa» aAniT-«IMIAI]C, iS&.
sut. -- L.«IaipiUMiiMréuiM, B. rat M^wm. S. — Mat eC Marm». «r.
385
TABLE
ANALYTIQUE DES MATIÈRES
coDtenues dans le
COMPTE RENDU
DES SÉANCES DE Là SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
ET DE LA COMMISSION CENTRALE
PENDANT L'ANNÉE 1896
affl. = affluent.
Afr. = Afrique.
Amer. = Amérique.
anc. =3 ancien, ancienne.
aut. = auteur.
av. = avec.
centr. = centrale.
ch. de f. » chemin de fer.
comm. = communiceUiony
communications.
Comm. centr. =s Commis-
sion centrale.
comp" = compagnon.
croq. = croquis.
doc. = document, docu-
ments.
équat. = équatoriale.
expéd. =. expédition, ex-
péditions.
fl. = fleuve.
ABRÉVIATIONS :
franc. = français, -aise.
géogr. = géographie, géo-
graphique.
mb = membre; mbs =
membres.
mém. = mémoire.
mér. = méridional, -le.
ms a manuscrit.
mt = montt montagne.
mts = monts, montagnes.
nouv. = nouveau, -velle.
occ. = occidental, -le.
or. = oriental, -le.
o\i\T.= ouvrage, ouvrages.
ouv T. off.=ouvr âges offerts.
photogr. = photographies,
photographiques.
présdt = président.
présnt = présentation.
proj. = projet.
rég. =s région, régions.
riv. = rivière.
scient. = scientifique,
scientifiques.
sept. =3 septentrional, -le,
soc. = société.
soc. géogr. = société de
géographie.
Soc. ou Soc. Géogr. = So-
ciété de Géographie {de
Paris).
topogr. = topographie^
topographiqtie.
trav. =3 travail travawo.
V. =■ ville.
vge = voyage.
vges = voyages,
vgr = voyageur.
vgrs = voyageurs.
vill. = village.
N. B. — Les noms des personnes, quand ils commencent un article, sont impri-
més en GRANDES CAPITALES ; tous les autres noms, en italiques.
ABBADIE (Ant. d'), réélu mb de la
Comm. centr., 154.
Abyssinie. L'Erythrée (comm. de L.
Lapicque), 16-20. — Présnt d'un
ouvr. sur l'H, 131-132.
Académie des sciences de S^ Péter-
bourg, 116.
Adda {rïy.), 151.
ADELSWARD (G. d'), mb décédé, 1.
Adige ou Etsch (fl.), 151.
Afrique. La Carte d'jl, publiée par
la Soc, 119. — Déjeuner mensuel
des coloniaux africains, 121, 266.
— Vœu relatif à la cartographie
africaine, 349. — Mission M. Ver-
sepuy en II, av. croq., 370-384,
Afrique centrale. Nouvelles d'ex-
plorat"dans r||,133-134.— Ch.de f.
de l'Ouganda, 308. — Voy. aussi :
Sahara, Soudan, Tombouctou.
Afrique méridionale. Comm. de L.
de Launay sut le Transvaal,
122.
Afrique nord-est. Comm. sur l'Ery-
thrée, 16-20.
Afrique occidentale. Les Peuhls et
le Fouta-Djallon, 242-246. — Dé-
part de J. Eysseric pour l'ij, 306.
— La morue dans les eaux de l'H,
325. — Voy. aussi : Soudan occ.
Afrique orientale. Nouvelles des
vgrs dans l'H, 67, 119, 308-310.
— Les ch. de f. dans l'H alle-
mande, 178-199.
Agassii (lac). Formation géologique
du H, 87-88.
soc. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES.
27
386
TABLE DES MATIÈRES.
Agave ou Aloès américain. PrésDt
d'une étude sur i'||, 227.
Agniy peuple de l'Afr. occ, 308.
Aigrettes, Présnt d'une étude sur
les II, 324.
AINSWORTH (W. Fr.), mb corresp»
décédé, 3i5.
ALBÉCA (Alex, d'), mb décédé, 74.
— Eloge de ||, 79.
ALBOFF, explorât' dans la Terre
de Feu, 103.
ALBY (G.), rab admis, 323, 336.
ALI-IBN - EL-HASSAN-EL - ANSARI
ou 11adji-Zeyn-El-Attar, aut.
d'un anc. ms persan, 188.
ALLAIN (René). La langue basque,
91,200. — Un collaborât' de Gas-
sini, 160.
ALLUAUD (Ch.). Les colons de Ma-
dagascar, 35.
Aloès. Vov. Agave.
Altaï (mis). Trav. de P. Venukolï
dans les ||, 5. — J. Chaffanjon
dans les ||, 29.
Allels (Suisse). Présnt d'une notice
sûr les II, 74.
AMtLOT (G.), mb admis, 197, 229.
Amérique méridionale. Nouvelles de
vgrs dans l'H, 27, 102-103, l34,
179-181, 246, 261-265, 310-313.
Amériqueseplentrionale.FormsLiion
géologique d'une partie de l'H,
86-91.
Amou-Daria y fl. d'Asie, anc. Oxus.
Proj. de déviation du cours infé-
rieur de l'y 330. — Une nouv.
publication relative à V'\ 331. .
Amoury fl. de Sibérie. J. Chaffanjon
sur r , 326-228.
AN DR É E i S .- A . K La tentative d'explo-
ralion polaire en ballon, de J',
315,319,334.
Angleterre. \o\. Grande-Bretagne.
AMSSON DU PERRON (R.), mb ad-
mis, 138, 155.
Annales de géographie^ publication
présentée, 328-330.
*4n««m. C. Paris, chargé de mission
en ■. 287.
ANOUTCHINE ^D. N.), géographe
ruNse, 33, 34.
ANÏHOINE {ï.i\X réélu mb de la
Connu, centr., I5^i.
ANTllONAY (Léon d'^, mh admis,
124, 137.
Anticosti .ile\ Présnt d'un ouvr.
sur •, 12.
AprabOs animal de TAfr. occ, 307.
ARACHEQUESNE (Eusèbe), 133.
ARAUJO (J. de). Don d'un ouvr., 234.
Araxey fl. de la Transcaucasie. Dé-
viation du cours del'II, 330.
ARCflDEACON (E.), mb admis, 124,
137.
ARENBERG (p" A.d'). Déléguédela
Soc. à la réception d'un vgr, 72,
73. —130. — Y-présdt de la Soc,
157, 164.
Argentine (Rép.). Exploration de F.
Moreno dans la ||, 102. — Id. de
H. de la Yaulx, 261,312-313.
Argouny fl. de Sibérie. Gisements
aurifères dans le bassin de l'1 1 , 331 .
ARNOULD (J.). Envoi de publica-
tions, 290.
Ashiy vill. sur le Yang-tsé, 236.
Asie. Nouvelles d'explorat"* en [|,
28-30, 116, 258, 326-328. — Proj.
de reconnaissance des cours d'eau
de l'H, 300-301.
Asie centrale. Publications nouv. et
vges dans l'H, 5, 331. — Yge de
Ch. Bonin au Thibet, 6, 7, 84-86,
234-241 ; id., av. croq., 250-252.
— Présnt de deux ms anc prove-
nant de l'H, 186-195. — Vge deJ.
Chaffanjon en \\. Voy. Chaffan-
jon.
Asie orientale. Voy. Indo-Chine.
Asmara (^Erythrée), 18.
Association fr. pr VAvanc^ des se,
41.
Association des naturalistes de Le-
vallois-Perret. Hommage au p"
H. d'Orléans, 113.
AstrolabCy navire de Texpéd. Lapé-
rouse. Monument élevé à des offi-
ciers de l'H, 319.
Atacama (Rép. Argentine). Trav.
géogr. dans l'H, 102.
AtlantidCy berceau supposé des
Basques, 91, 359.
Atlas de géographie historique y
Présnt d'un H, 83.
AUDIFFRED (Fr. J.) Legs de H,283.
Autruche. Présnt dune étude sur
V\K 13-14. — Elevage de l'ij, en
Russie, 324.
AVRIL (B"A. d'). Don d'un ouvr., 159.
Aidjer. Yoy. Touareg-{\.
BagandOy indigènes de l'Ouganda,
376.
Baikal <lac-. Proj. d'exploration
du •:, 161.
TABLE DES MATIERES.
BAILLIF (Ph.). Présnt d'un ouvr.
de II, 15-16.
Balli'Dagh (Asie Mineure), 291.
Ballon. Le proj. d'expéd. polaire
en II, 315-319.
BallyleCy riv. d'Irlande, 70.
Bangala (Afr. centr.), 383.
Bankoré (Soudan), 176.
BARATIERI, général italien, 19.
BARRAT (Maurice G.), mb décédé,
282,283.
BARROIS (Th.). Don d'un ouvr., 266.
BARTHÉLÉMY (A.), aut. cité, 325.
BARTHÉLÉMY (c»« P. de). Le Laos
cochinchinois (comm.), 228-229.
Basques. Comm. de W. Lewyd'Abar-
tiague sur les ||; observation de
R. Allain, 91-92, 200. — Présnt
d'un ouvr. sur les H, 359.
BassaCf v. sur le Mékong, 205.
BASTABLE (M"« M. A.), mb décé-
dée, 1.
BASTIER, élève-officier, lauréat de
la Soc, 113.
BAUD (lieu» Y. M. C), 82.
BAIÎDRY (A. E.), mb de la mission
hydrographique du Niger, 134,361 .
BAYE (b»» J. de). Du Volga à Tlrtich
(comm.), 137, 158, 358. — Nouv.
mission en Russie; lettres, 350-
357.
BAZILLE (Léon), 130.
BEATIE (J. W.), photographe de
Tasmanie. Offre de services, 131.
BEAUFRONT(L.de).Dond'unouvr.,
132.
BEL (J. M.). Présnt de photogr. ; —
Nouv. départ pour l'Indo-Chine,
325-326.
BELLËT (D.). Envoi d'une note, 8.
— Ch. de f. de Delagoa-Bay; ch.
de f. de pénétration du Lagos, 30.
— Ch. de f. dans l'Afr. or. alle-
mande, 178-179. — Un nouv. ch.
de f. au Caucase, 295. — Ch. de
f. de l'Ouganda, 308.
BERGAIGNE (Abel), aut. cité, 164.
BERGER DE XIVREY (J.), aut. cité,
193.
BERNARD (comm* Fréd.). Don d'un
ouvr., 347.
BERNARD (M.), mb admis, 229, 254.
— Chargé d'une mission en Guyane,
311.
BESSIÈRES (Alex.), mb admis, 20.
Bibliographie. Présnt d'une H, 13.
— Proj. d'une 1| générale des trav.
scient., 27. — Institut intern. de jj,
387
28. — Présnt d'une || géogr., 328-
329. — Id.y d'une jj géologique,
330. — Nécessité d'une |j géoer.
internati% 348-349.
BIGNAN (Eug.), mb admis, 138, 155.
BING-BENARD (A.). Don de divers
doc, 159, 160.
BIZEMONT (H.). Réélu mb de la
Comm. centr., 154. — Présnt d'un
ouvr., 359.
BLANC (Alex.), imprimé : Cabrisy-
Blanc. Qualification à donner aux
construct" de cartes en relief, 42.
BLANC (Ed.). Eloge de L. Fabert, 27,
31-32. — Id. du général russe Pou-
koloff, 32-33. — 34. — Héélu mb
de la Comm. centr., 154. — Deux
ms provenant de l'Asie centr.,
186-195. — Délégué à l'exposition
de Nijni-Novogorod, 283.
BLANCHARD (Raoul Marcel), élève
du lycée Charlemagne, lauréat de
la Soc, 287.
BLONDI AUX (P.), mb admis, 323, 336.
BLUZET (R.), officier de la colonne
Joffre, à Tombouctou, 8, 136. —
Mb de la mission hydrographique
du Niger, 134, 361.
BOGDANOFF (A. P.), anthropolo-
giste russe, 34.
BOGDANOVITCH (C. S.), géologue
russe, 5.
BOISSIÈRE (René E.), aut. cité, 120.
BOIVIN, délégué à une séance de la
Soc, 254.
BOLCHEFF (A.), cartographe russe.
Nouv. publications de II, 331.
BONAPARTE (p" Roland), v<=<' présdt
de la Comm. centr., 25, 97, 225,
233. — Don d'ouvr., 114. — Présdt
de la soc de spéléologie, 114. —
Réélu mb de la Comm. centr. > 154.
— Le congrès des soc suisses de
géogr., 247-250. — Présnt de
photogr. de monuments, 319-321.
— 334.
BONIN (Ch. E.), vgr dans la ht«
Asie. Lettres et nouvelles de jj,
6, 7, 234-241, 296-297. — F. Gre-
nard : Notes sur le vge de ||, 84-
86, 234; — id., av. croq., 250-252.
Bonkor, lac du Soudan occ (av.
croq.), 177, 178.
BONNEAU, spéléologue, 114.
BONVALOT (G.), fondateur du Co-
mité Duplelx, 346.
BORCHGREVINK (E.), aut. cité, 120.
BORGESSEN, explorât' danois, 333.
388
TABLE DES MATIERES.
Bornéo, Une traversée de 'J, si-
gnalée, 358.
BORTCHEVSKY, géogr^"* russe, 161.
Bosnie et Herzégovine. Présnt
d'ouvr. sur ||, 14, 15, 16.
BOUCHER (M. L. B.), mb admis,
124, 137, 157.
Boudène, cavernes du Gard, 114.
B0UGAI^V1LLE, navigat'. Contro-
verse relative à ||, 28.
BOULLON DE WANDRÉ (W*), ad-
mise mb, 124, 137.
BOUQUET DE LA GRYE (J. J. A.),
présdt de la Soc, 154. — Réélu
mb de la Comm. centr., 154. —
Allocutions : à la séance de ré-
ception de G. Simon, 201-202, 224 ;
— à la réception (à la gare) de
la mission Hourst. 361 ; — à la
2« assemblée générale, 362-363,
365 ; — à la réception de la mis-
sion Versepuy, 369, 384.
BOURBONNAUD (M"^* L.), 10. —At-
tribution du prix II, 112, 148.
BOURDARIE (P.). Présnt d'une étude
de II, 290.
BOURDON (Général J. G.), mb dé-
cédé, 282, 284.
BOURGAREL (E. R. J. A.). Don d'un
• ouvr., 159.
BOURGEOIS, officier du corps
expédition" de Madagascar, 9, 10.
BOURGEOIS (H.). Présnt d'une
étude, 227.
BOUTHILLIER DE BEAUMONT (H.).
Fondai' de la soc. géogr. de Genève,
247.
BOUTROUE (A.). Don et présnt
d'ouvr., 13-14, 234.
BOUTRY,130.
BOUVIER (L. M. de), mb admis, 360,
366.
BRAULOT (P), chargé d'une mission
dans le Soudan occ, 226.
BRENIER (G.), 76.
BRËNlEll (Henri), chef d'une mission
commerciale en Chine. Nouvelles
de 11, 76, 299, 300, 357.
Brésil. Voy. Contesté franco-brési-
lien.
BRETSCHNEIDER (E.), aut. d'une
carte de Chine, 182.
BRETTES (ct« J. de), explorât' de
la Colombie. Lettres de ||, 10, 134.
— Vge de il avec le c*" R. de Dal-
mas, 179-181. — /d., comm., 253-
254. — Yges et reconnaissances
accomplis par ||, ibid.
BRIFFAUT, comp» de vge du p<^ H.
d*Orléans, en Asie, 72, 108, 165.
BRISSON (G.). Don d'un ouvr. de ||,
159.
BROUSSEAU (Georges). Découvertes
féologiques dans la Guyane, 310-
11.
BRUEL (G. G.), mb admis, 323, 336.
BRUUN, explorât' archéologue en
Irlande, 333.
BUFFARD(Ant.),mb admis, 93, 106.
BULL (H. J.). Don d'un ouvr., 290.
Bulletin de la Soc. Publication de
la table des matières du ||, 10.
BUNGE (Ernest). Vœu en faveur
d'une expéd. scient, au pôle sud,
119-120, 290, 319.
BUSCH, géographe russe, 161.
CABRISY-BLANC. Voy. Blanc (Al).
CACQUERAY DE LORME (c»» de). La
Nouvelle-Guinée (comm.), 267.
CALMEL (cap°*), aut. d'une étude
sur le Sénégal, 358.
Calydna (Asie Mineure),. 292.
Cambodge. Déclinaisons magné-
tiques observées au ||, 171.
CAPITAINE, famille de géogr. fr. du
xviii» siècle, 131, 132-133.
CARNOT (A.). La source thermale de
Phiouc-bin (Indo-Chine), 298-299.
Carsevenne,ri\. de Guyane, 310,311.
Carte d'Afrique, éditée par la So-
ciété. Une correction à faire à
la II, 119.
Carte de France de Cassini. Présnt
d'études sur l'origine delà |j, 131,
288-289.
Carte de la terre au 1/1,000,000.
Vœux relatifs au proj. de jj, 349.
Cartes, croquis, gravures, publiés
dans le présent Compte rendu :
Mission F. Foureau (Grand Erg),
100.— Régions lacustres du Sou-
dan occ, 177, 178. — Cours du
Yang-tsé(vge de Ch. Bonin), 251.
— Missions M. Versepuy (croq.),
374.
Cartes hors texte : Itinéraire du p**
H. d'Orléans et de MM. RouxetBrif-
ftiut (Asie sud-or.), 1/2,500,000,
nos 3_4^ __ Mission G. Simon (Haut
Mékong), n^ 10-12.
Cartes hypso métriques et en relief
Les constructeurs des II, 42.
Cartes topographiques. UniOcation
de l'échelle des M, 75-76.
TABLE DES MATIÈRES.
389
CARTIER (J.), anc. vgr, 12.
Cartographie. Un nouv. traité de ||,
161, 246. — Vœu relatif à la ||
africaine, 349. — Id. relatif aux
dates des cartes géogr., 350. —
Voy. aussi : Cartes ...
CASGRAIN (abbé H. R.). Controverse
au sujet d'un livre de ||, 28.
CASPARl (Ed.), réélu mb de la
Comm. centr., 154.
CASSINl DE THURY, cartographe.
Présnt d'études sur ||, 131, 288-
289. — F. Quesnay, collaborât'
de II, 160.
CATHEU (V. de), mb admis, 93, 106.
Caucase. Un nouv. ch. de f. au jj,
295, 331. — Déviation du cours
de l'Araxe (Transcaucasie), 330.
Cavernes et grottes. Voy. Explora-
tions souterraines.
Cebu ou Zebu (Philippines). Ves-
tiges du christianisme à ||, 118,
174.
CHAFFANJON (J.), vgr en Asie.
Lettres de ||, 28-30, 258-259, 326-
328, 358. — 37. — Réception de H,
à la gare, à Paris, 361.
Champa, anc. royaume et v. de
rindo-Chine, d'après d'anc. aut.,
162, 164.
CHANTRE(E.),lauréatdelaSoc.,112,
113, 147. — Admis mb,155, 197.
CHARTRES (Mg' le duc de), mb
admis, 137, 157.
CHAUVITEAU(G. P.),mb décédé,l.
CHAVANE (Henry), mb admis, 124,
137.
Chemin de /*er transsibérien, 5, 104-
106, 295-296. — Id. de Delagoa-
Bay 30 ; — du Lagos, 30 ; — de
TAfr. or. allemande, 178-179; —
du Caucase, 295; — du Soudan
occ.,289, 303, 306.
CHEYSSON (Emile), réélu mb de la
Comm. centr., 154. — Trav. d'a-
ménagement dans le local de la
Soc, 281.
CHICHMAREFF, consul russe à Our-
ga, 258, 297.
Chighiry lac de la Russie or., 353.
ChimilaSj Indiens de la Colombie,
181.
Chine. Nouvelles de vgrs en ||, 76-
79, 84-86, 116-117, 164,241, ^r
300, 357-358. — Trav. scient, de
l'expéd. du p*'* Henri d'Orléans
dans le Yunnan, 165-172. — Présnt
d'une carte de la ||, 182. — Id.
d'un ouvr., 324-325. — Comm. de
C. Madrolle; — prix fondé pour
l'exploration du sud de la H, 298,
321-322.
Chiré, fl. de TAfr. or. E. Foa sur le ||,
309.
Choco (Colombie). Présnt d'une
étude sur le ||, 159.
CHRISTOPHEKSEN (D.), géographe
norvégien, 135.
Chypre. Comm. de C. Enlart sur ||,
359-360.
CIVEZZA (Marcellino), aut. cité, 174.
CLAPARÈDE (Arthur), présdt de la
soc. géogr. de Genève, 249.
CLOZEL (Fr. J.), administrateur co-
lonial, 82. — Lauréat de la Soc,
112, 147. — Lettres de ||, du Sou-
dan, 307-308, 328.
Cochinchine. Voy. Indo-Chine.
COGORDAN (de). Don d'un ouvr.,
299.
Colombie. Mission Dalmas et Brettes
en II, 179-181. — Id. (comm. de
J. de Brettes), 253-254.
Colonies. Proj. d'un musée colonial
à Paris (comm.), 92-93.
COMBES (P.). Présnt d'un ouvr. de H,
12.
Commission centrale de la Société.
Bureau de la ||, 25. — Renouvel-
lement quinquennal de la ||, 154.
Voy. aussi : Soc. Géogr.
Congrès archéologique de Morlaix
(1896), 157.
Congrès de Carthage (à Tunis), 41.
Congrès internat, des pêches ma-
ritimes, aux Sables-d'Olonne. Dé-
légué de la Société au ||, 282, 287.
Congrès nat. de géogr., 17' session,
à Lorient, 1-2, 157, 226. — Dé-
légué de la Soc. au H, 282, 287.
Congrès internat, des se. géogr. de
1895, à Londres, 1. — Résolutions
adoptées au ||, 348-350.
Congrès internat, des Orientalistes.
11« session du ||, 158.
Congrès des soc. savantes. Circu-
laire relative au 34» ||, 2. — Id.,
au 35' II, 257.
Congrès des soc. suisses de géogr.
Rapport sur le ||, de 1896, 247-
250.
Consei^vatoire national des Arts et
Métiers, 288.
CONTENSON (L. de), mb admis, 124,
137, 157.
Contesté franco-brésilien (Guyane).
390
TABLE DES MATIÈRES.
Découvertes de G. Brousseau dans
le territoire ||, 310-311.
COjSWAY (Sir M.), explorât' du
Spitzberg, 333.
COOK (J.), navigat'. Débris d'un bâ-
timent de II, 226. — Photogr. d'un
monument de ||, 319-321.
Cordier (Henri), v'^'-présdt de la
Comm. centr., 25. — Aut. cité,
117, 162, 163. — Réélu mb de la
Comm. centr., 154. — Présnt d'une
carte de la Chine, 182.
Cordouan. Voy. Tour de\\.
CORPS (commtCh. Fr.). Présnt d'une
étude, 289, 303, 306. — 358.
COSTA DE BEAUREGARD (c" de),
mb admis, 106, 123.
Côte d* Ivoire. Exposition de pein-
tures rapportées de la 11,131. —
Don de photogr. de la 1|, 136. —
J, Clozel, explorât' de la ||, 328.
Coura, û. du Caucase. Dévittion
d'un am. de la H, 330.
COURMONT(Mg'de), évêquede Zan-
zibar, 369.
Cours de photographie. Ouverture
d'un H, 2.
Cours d*eau. Déviation de ||, dans
la Transcaucasie, 330-331. — Ri-
valité des II (comm. de A. de
Lapparent), 363-365.
COUSIN (E.), professeur de photogr.,
2.
COUSSOT (A. H ), mb admis, 323,
336.
CROISÉ (G.), mb admis, 155, 197.
— Départ pour l'Amer, mér.,246.
CROIZIER(m'«E.C.),présdtdeIasoc.
académique indo-chinoise, 130.
CROUZAT, 204.
Crues et inondations. Présnt d'une
nouv. publication relative aux H,
347-34S.
Cuba (île). Don de doc. sur H, 160.
CUËNOT (H.), mb admis, 336, 360.
CUINET (Vital). Don d'ouvr., 98.—
Décès de I|, 282, 284.
CUVER VILLE (vt« J. de). Présence
de II, signalée, 10. — Les steppes
kirghizes (comm.), 35-37. — Don
de cartes, 132.
CVIJIC (D. J.), spéléologue, 114.
DÂLMAS (cte R. de). Exploration en
Colombie, 179-181.
DAMPIERRE (m'« de), mb admis, 323,
326.
Daouna, lac du Soudan fr. (av.
croq.), 176-178.
DAUBRÉE (Aug.), anc. présdt de la
Soc. Mort de J|, 233, 234.
DAVANNE (A.), présdt de la soc. fr.
de photogr., 2.
DAVIS (Morris),géologue américain,
80, 365.
Dayahs (Indo-Chine). L'existence des
hommes à queue chez les ||, 195.
DEASY (Cap»» H. H. P.) explorât' an-
glais en Asie, 116. — Flotteurs ré-
pandus dans les fl. du Tibet, 300-
301.
DEBLENNE, mb d'une mission fr.
en Chine, 357.
DEBON (Alfr. A.), mb admis,l 37, 155.
DEBRUN (J.). Médaille de propa-
gande accordée à ||, 27.
DECAZES (comm* E. L. P.), lauréat
de la Soc, 112, 113, 148.
DECOEUR (commt H. A.), lauréat,
de la Soc, 112, 129, 146.
DEHOVE (J. R.), mb admis, 71, 93,
129.
Déjeuner mensuel des Africains.
Organisation d'un ||, 121, 266.
Delagoa-Bay. Ch. de f. de ||, 30.
DELAMARRE (C). réélu mb de la
Comm. centr., 154.
DELA VAUD (Ch.). Un musée colonial
à Paris (comm), 92-93.
DELAVAUD (L.), scrutateur de la
Soc, 154, 225.
DELCLAUX, 74.
Délégations officielles aux séances
de la Soc, 93, 107, 111, 143, 201,
254, 369.
Délégués de la Société aux fêtes et
solennités scientifiques, 27, 283,
346; — à la réception de vgrs,
72, 73, 141, 361.
DELIGNON-BUFFON (L. V.), mb ad-
mis, 20.
DEMACHY (Ch.), mb admis, 124 137.
DENIKER (J.). Présnt d'un ouvr., 13.
— Scrutateur de la Soc, 154, 157.
D'ENJOY (Paul). Envoi de mém. ms,
6, 67, 133.
DERRÉCAGAIX (général V.), réélu
mb de la Comm. centr., 154.
DERVAU\ (Ernest), candidat pro-
posé, 366.
DESROCHES(E. Pugh), organisateur
d'un vge en Russie, 130. — Ad-
mis mb, 360, 366.
DEWEZ (L.). Attribution du prix I|,
112. 147.
TABLE DES MATIERES.
391
Dictionnaire de géographie univer-
selle, ouvr. couronné, 112, 14b.
DODUN DE KEROMAN (m"), mb ad-
mis, 71, 93. ^ ^, ^.
Dondiin, Identification de 1 archi-
pel il, d'après Ortoric de Porde-
Kone, 117-118, 172-176,297.
Dons (livres, cartes et P^otoç.)
et présnt d'ouvr., \}\'\*\^f*
42, 74-76, 80-83, 98, 114-115, 131-
132, 136-137, 158-160, 226-227,
234 246-247, 257, 266, 288-291,
319, 324-326, 328-330, 347. — Don
important d'ouvr. (M"* Marjolm),
fiR.
Dons et legs faits à la Société. Li-
béralités de dames mbs de la
Soc, 10. — Don de lettres auto-
graphes d'un vgr fr., 4; — d'une
médaille d'or, 26; — d'un buste,
ibid.; — d'un ms bouddhique,
115. — Don anonyme de 100 fr.,
136 — Legs Renoust des Orge-
ries, 233 ; - id. de F. J. Audiffred,
DORAND (cap- J. B. Emile), du
corps d'occupation de Madagas-
car, 79. . ^ w 4JA
Douboca, caverne de Serbie, 114.
DOUDART DE LAGRÉE, anc. explo-
rât' de rindo-Chine, 202. — Mo-
nument élevé à ■', à Grenoble.
Discours du délégué de la Soc,
282, 285-287. , ^ 1
DRAPEYROJS (M- Don et presnt
d'ouvr., 75, 131, 28^-28 J. — Les !
Capitaine, géographes fr. du
xviii« siècle, 131, 132-ljW.
DREVONiP-Kinbadmis, 124,Ui,lo7.
DRC (L. ., scruUleur de la Soc, 1^4.
DRYGÉNKOTh.C.'.explorar russe,
DCBOis .'Marcel-, déW-eué de la Soc
au congr. nat. de g*rogr. — Cit<î,
29^ 294
DUCHt*iNÊ «général , commande en
chef du corps expéditionnaire de
Madarascar/J.-Une UUre de.;,
41- — 73. . ,
•DCCLOS. mb d'une roissioo fr, en
Chine, 357. ,
DCFfctlLLE Eug.', mb adm.^, Ii4,
DCFOrKfFl.M- ,mbadmU,^^î.3<y>,
DO-A>T Albert ,pr^-^t du congres
DUNOYER L- Fr. R- , «*^ ^ttt.^,
m, 137.
DUPLAIS (L.). Don d'ouvr., 258.
DUPLEIX, anc. gouvern' de l'Inde.
Célébration du 2* centenaire de 1|,
346.
DUPONT (E. A.), mb décédé, 324.
DU PRÉ DE S»-MAUR (U.), mb ad-
mis, 155, 197. ^ ,
DUPUY (C), commissaire fr. dans
le Laos, 219.
DUSAUT, aut. cité, 321.
DUSSACQ (M.), mb admis, 37, 71.
DUTREUIL DE RHIN S (J.), vgr fr.
assassiné en Asie. Don de lettres
autographes de H, 4. — 297.
DUVEYRIER (H.). Attribution du
prix II, 112, 145, 148
DYRE, vgr écossais mort en Xir.,élé.
Dioungarie (Asie centr.). H. P.
Deasy dans la ;|. 116.
Eau minérale sulfureuse de Phiouc-
bin (Indo-Chine L Analyse de l'IJ,
298-299
Eclipse de soleil, du 9 août. Points
d'observation de l'I, 5, 116. —
Nouvelles d'observat", 326.
Ecole supéf* de marine. Création
d'un cours d'océanographie à l'H,
283.
Egypte, Envoi de doc ms î»ur l'i!,
ERHOLM .N.;. Critique d''» pr^J'^^J^
Yges polaires en ballon, 317-.il».
J&zi5<W{/a(Russie'. J. de I5aye,a ,351.
El-A*iba .Sahara;, 101.
Eléphant, Domestication de I : d A-
I frique, 10, 290.
\El-Ouar (Sahara , 101.
El-Ouatia «Sahara», ±/J.
El-Oudje (Sahara . UH.
' Emferelk i>e Rlsme. Organisation
i d'un vge à l'ocra-.on du couron-
I nement de V \ l-'O.
! Endeavrmr, bâtimer,' du < ap'' Cook*
Débris de V'\, i^>i.
ENJOY P. d* . Yr.v. D•E^JOT.
ENLART Cam. . Chypre comm.;,
359-300.
' En%evgrvemeni. Voy. Cmrn,
Era Sahara . Exp.or 'î'^'i de F. Fou-
r^-aii, av. croq., r^A^ft. - Obs^r-
vationr a-îrono- >{ .e- de *:tt vgr,
rM-3^i3, 'M>i-'/M:.. ^ „ . ,
ERMOLOFF, mifji-'re de lagnTUH
ture de K'js*ie. 3ii,
Errata. K*-'i;fi'>/.',n o^ * /îj pré-
vint v^/' /me, 2>», ^i^, ^^-
392
TABLE DES MATIERES.
Er y Ihrée. Vnhiyer dans ril (comm.),
16-20.
ESCAILLE (J. L. Fr. de 1'), mb dé-
cédé, 157.
Espéranto, nouv. langue internat*%
ESPEÛILLES (A. V. de Lunas, vt-d'),
mb admis, 254, 268.
Ethiopie. Voy. Abyssinie.
Etsch. Yoy. Adige.
Etudes historiques etgéographiques,
ouvr. présenté, 319.
Explorateurs. Yoy. Syndical des\l
Explorations souterraines en G"»-
Bretagne, 1895 (comm.), 68-71. —
Présnt d'études diverses sur des
cavernes, 74-75. — Publications
de la soc. de spéléologie, 114-
115.
Exposition de peintures rapportées
de la Côte d'Ivoire, 131.
Exposition deNijni-Novogorod. Dé-
légué de la Soc. à r||, 283.
Exposition nationale suisse, à Ge-
nève, 249.
EYSSERIC (J.). Départ pour le Sé-
négal, 306.
FABERT (Léon), mb décédé, 27.
Eloge de ||, 31-32.
FABRË (Cyprien), mb décédé, 129.
FsRrô (Iles). Explorations aux I|, 333.
Faguibine, lac du Soudan, 176-178.
FAIDHERBE (général), aut. cité, 242,
243. — Monument élevé à ||, à
Lille, 282.
FAIRCHILD (cap«). Débris de VEn-
deavoury 266.
Famagouste, v. de Chypre, 360.
FAZENDE (P. 0.), mb admis, 93, 106.
FEER (L.), 130.
FERNIOT (P.), mb admis, 323, 336.
FÉSIGNY (de), 202.
FITZ-JAMES (C»« R. de), mb admis,
123 137
FLATTER S. Présnt d'un ouvr. sur
les missions de ||, 347.
FZcu vc/îouî/e.Navigabilité du haut II,
7.
Fleuves et rivières.Yoy. Cours d'eau,
rOA (Ed.), vgr dans l'Afr. mér. Nou-
velles et lettres de jj, 67, 119, 308-
310.
FOCK (A.). Don d'un ouvr., 75.
FOLIN (m" de) (imprimé aussi : Fou-
lin). Don et présnt d'un ouvr. de ||,
2u4, o59.
FOREL (F. A.), lauréat de la Soc,
113, 129, 149. — 334.
FOREST (J.). Présnt d'études de ||,
13-14, 324.
Formose. Mission scient, japonaise
à II, 242.
FOUQUÉ (F. Am.), 11.
FOUREAU (F.). Exploration dans
l'Erg (av. croq.), 99-102. — Ob-
servations astronomiques durant
ce vge (av. tableaux), 301-303,
304-305. — Lauréat du prix Jans-
sen, 113,150.— Délégué de la Soc.
à une fête scient, à Marseille, 346.
FOURNIER (P. F.). Attribution du
prix II, 112, 146.
Fouta-Djallon (Afr. occ.) . J. Moreau :
Les Peuhls et le ||, 242-246.
Fram, navire de l'expéd. polaire
Nansen. Voy. Nansen.
FRANCKEN (D'), mb admis, 71, 93,
129.
François - Joseph (Terre). Mission
F. Jackson à la ||, 334.
FRASSI D'ITALO (Enrico). Don
d'ouvr. de II, 75.
FRÉDAULT (H. E. M.), mb admis,
323, 336, 346-358.
FREEDERICKSZ (général b'»"), 157.
FROIDEYAUX (H.). Le rapport du
col. Joffre sur Tombouctou, 4, 7-
8. — Lauréat de la Soc, 113, 129,
150. — Topographie de laTroade
(analyse d'un ouvr.)^ 290, 291-
294. — Lecture du rapport annuel
sur les progrès des se. géogr.,
362, 363.
FUCHS (Adr.), mb admis, 336, 360.
FULCRAND (Col.). Frontière franco-
espagnole du Cap Blanc, 119.
GAMA. Voy. Yasco de Gama.
GARAY {¥r. de), mb décédé, 284.
GARDE (Th.), explorât' islandais,
333.
GARNIER (Francis). Le nom de ||,
donné à une mt dans le Tibet,
GARNIER (j.), réélu mb de la
Comm. centr., 154.
GAUTHIOT (Ch.), réélu mb de la
Comm. centr., 154, 226.
GAUTIER, vgrs en Colombie, 180.
GAUTIER (Emile). Latitudes déter-
minées à Madagascar, 67.
GAY (L.), mb admis, 360, 366.
Gaûmour, riv. de Sibérie. Décou-
TABLE DES MATIERES.
verte de gisements aurifères dans
la vallée du ||, 331.
GEER (G. de), explorai' suédois au
Spitzberg, 333-334.
Géographie historique. Présnt d'un
atlas de 1|, 83. — Topographie
de la Troade (analyse d'un ouvr.),
290, 291-294.
Géographie mathématique. Présnt
d'un photogrammètre, 3-4. — Dé-
terminations de E. Gautier, à Ma-
dagascar, 67. — Id. de E. Roux
dans rindo-Chine et dans le Yun-
nan, 165-172. — Id. de F. Foureau
dans le Sahara, 301-303, 304^305.
Géographie physique. Présnt d'ouvr.
de H, 80-81, 114. — Vœu relatif
aux observations séismiques, 350.
— Rivalité des cours d'eau (comm.
de A. de Lapparent), 363-365.
Géologie. Présnt d'un catalogue de
bibliographies géologiques, 330.
GÉRARD (A. Gr.), candidat proposé,
366.
GERMOND DE LAVIGNE (M- Vve).
Cartes offertes par H, 342-343.
Ghiong. Voy. Mossos.
GIRARD (J.), secrétaire adjoint de
la Comm. centr., 25. — Présnt
• d'une étude, 114. — Réélu mbde
la Comm. rentr., 154.
GIRAUD-JOURDAN, délégué à une
séance de la Soc, 201.
Glaciers. Une étude sur les ||, si-
gnalée, 14. — Observations sur
les mouvements des ||, au Spitz-
berg, 334.
Goajire (presqu'île). Mission de R.
de Dalmas et J. de Brettes à ||, 180.
Gobi (désert). E. Bonin dans le ||,
297.
GOCHET (frère A. M.), lauréat de
la Soc, 113, 149.
GOENAGA (Ramon de), consul de
Colombie, 254.
GOSSELIN (Ch.), mb admis, 229,
254.
GOTZEN (G. A. de). Ouvr. de H, si-
gnalé, 22.
GRAD (Ch.). Attribution du prix ||,
113, 149.
GRAF (Prof. J. H.), savant suisse,
249.
GRAINDORGE (E.), mb admis, 268,
285.
Grande-Bretagne. Explorations sou-
terraines en 11 (comm), 68-71.
GRANDIDIER (A.), réélu mb de la
393
Comm. centr. , 154. — Présnt d'une
carte de Madagascar, 181-182.
GRANGEON (le P.), aut. cité, 164.
GRAVE, aut. d'un nouv. traité de
cartographie, 161, 246.
GREENSTREET (cap"«). Traversée
du détroit de Magellan, 262-265.
GREFFULHE (H. L. E.), mb décédé,
282, 284.
GREGORY (J. W.), explorai' du
Spitzberg, 333.
GRENARD (F.). Le vge de Ch. Bo-
nin dans le Tibet (notes av.
croq,), 84-86, 234, 250-252.
GRUALVA (frère Juan de), aut. cité,
173, 174.
GRODET (A.), 130.
GROSJEAN, mb d'une mission fr.
en Chine, 357.
GrosS'Glockner, ml du Tyrol, 152,
153,
Grottes. Voy. Explorations souter-
raines.
GROUABD (Lucien), mb admis, 20.
GROUM-GRJIM AÏLO (Les frères I. et
M.), vgrs russes en Asie, 6, 83.
GROUSELLEDEBLANCHEFACE(A.),
mb admis, 124, 137.
GUBIAND, ingénieur, 20i.
GUÉBHARD (D'A.).Dond'ouvr.,290.
GUÉNIN (Eug.).Don d'un ouvr., 288.
GUERNE (b»» J. de), archiviste-bi-
bliothécaire de la Soc, 68, 154,
179.
GUISSEZ, 202.
GUMMA Y MARTI (A.), mb admis,
1. — Don d'un ouvr., 4. — Le
christianisme aux Philippines
(discussion), 172-176, 297.
GUY (Camille). Présnt d'une carte,
80-82. — Délégué à des séances
de la Soc, 93, 143, 369.
Guyane. Départ d'une mission pour
la II, 246. — Découvertes de G.
Brousseau dans la ||, 310-311.
HAASÉ, élève du collège Chaptal,
lauréat de la Soc, 287.
Habitations humaines à de hautes
altitudes, 240.
HaGQUARD (le père Aug.), mb de
la mission hydrographique du Ni-
ger, 134, 359, 361.
HADJI-ZEYN-EL-ATTAR. Voy. Ali-
ibn-el-Hassan.
HAHN (J.), Don d'un ouvr. de ||, 290.
Hainan (île). Lettre de C. MadroUe
394
TABLE DES MATIERES.
sur II, 164, 298. — Comm. sur ||,
321-322. — Prix pour l'explora-
tion d'il, 298.
HAKLUYT. \oy. Société Hakluyt
Hamaieriy région plate de l'Eryth-
rée, 17-18.
Ham Ltiong^ canonnière sur le Mé-
kong, 204.
HAMY (E. T.), présdt de la Comm.
centr., 25. — Allocutions et com-
munications diverses. Voy. Présdt
de la Comm. centr. — Réélu mb de
la Comm. centr., 154. — Présnt
d'un ouvr., 319.
HANKE, 74.
HANSEN (J.), cartographe. Présnt
d'une carte de Madagascar, de jj,
181-182
HARMAND (D' J.),anc. explorât' de
rindo-Chine, 98, 99. — L'explo-
ration de Formose par les Japo-
nais, 241-242.
Hassi- Bottine (Sahara). Position
de II, 303, 305.
HAUSSMANN (J.), 130.
HAUTRELX (A.). Présnt d'une
étude, 325.
HEDIN (Sven), vgr suédois dans la
haute Asie. Nouvelles de 1|, 5, 162.
HEIM (A.), naturaliste suisse, 74.
HENNEPIN (le P.), anc. mission-
naire au Canada, 88.
HERBET-FOURNET, bienfait'. Buste
de II, ofifert à la Soc, 26. — At-
tribution du prix II, 112.
HERBET-FOUR1NET(M'"-Vve),10,147.
HERCOUËT (D'), 130.
HÉRICOURT (d'), consul de France,
13i. —Nouvelles de l'expéd. po-
laire Nansen, 313, 315.
HERRE WYN (G. J. E. b»» de). Mé-
daille de propagande à ||, 27.
Herzégovine. Voy. Bosnie et \\.
HESS(J.), 346.
Heure décimale. Projet d'adoption
d'une i|, 294.
HEURTE L, 202.
Hissarlik (Asie Mineure), 291.
Hofsjôkull, glacier d'Islande, 332.
HOMÈRE. Commentaires géogr. sur
VIliade d'||, 290, 291-294.
Hommes à queue. Existence d'il, 195.
HOURST (Em. Aug. Léon), chef de
la mission hydrographique du Ni-
ger. Nouvelle de ||, 133-134, 283.
— Retour de H, 359. — Réception
de II, à la gare, 361.
HOUSSAYE (H.), 130.
HUBER (William). Attribution du
prix II, 113, 129, 145,249.
HUBER (M™« W.), veuve du précé-
dent, 10.
HULOT (baron E.), secrétaire adjoint
de la Comm. centr., 25, 41. —
Rapporteur général de la commis-
sion des prix, 143, 145 et suiv. —
Réélu mb de la Comm. centr., 154.
HUMANN (R.). Nouvelles du Laos.
98-99.
Hvillelandy îles découvertes dans
la mer polaire boréale, 314.
Hydrographie. Voy. Océanographie.
Hypsométriste, dénomination pro-
posée pour une catégorie de car-
tographes, 42.
Iakchi, lac de Sibérie, 36.
IDANKO, ofQcier de la marine russe.
Observations scient, dans l'Océan
boréal, 120.
Igharghary oued du Sahara, 101.
Iliade d'Homère. Voy. Homère,
Indénié (Soudan occ). J. Clozel
dans rij, 307, 308.
/nrftcn* d'Amer, méridionale. H. de
la Yaulx chez les ||, 261, 312.
Indo-Chine. Nouvelles d'explora-
teurs dansl'll, 6-7, 42-46, 98-99,
135, 287. — Présnt d'un ouvr. sur
l'Il, 11-12. — Le christianisme
dans ril, 117-118. — Le Cliampa
d'après d'anc. vgrs, 162-164. —
Latitudes et déclinaisons obser-
vées durant l'expéd. du p" H.
d'Orléans, 165-172, 289. — Mis-
sion G. Simon. Voy. ce nom. —
Le Laos cochinchinois (comm.
de P. de Barthélémy), 228-229. —
Résultats d'analyse d'une source
thermale dans l'||, 298-299. —
Hommage à un explorât' de Tlj.
Voy. DOUDART DE Lagrée. — Pho-
togr. rapportées par J. Bel, de l'ij ;
— nouv. départ de ce vgr, 325-326.
Inondations. Voy. Crues et !|.
Institut internat^ de bibliographie ^
à Bruxelles, 28.
Instruments de précision. Présnt
d'un photogrammètre, 3-4.
Irraouadi. Le p*'" H. d'Orléans sur
le haut II, 42 et suiv.
ISAMBERT (Gaston), mb admis, 106,
123.
Islande. Etat de l'jl (comm.), 68-70.
— Explorations en H, en 1896,
332-333.
TABLE DES MATIÈRES.
395
JACKSON (Fréd.), chef d'une expéd.
polaire, 315, 334.
JACKSON (J.), anc. bibliothécaire
de la Soc, 330.
JACKSON (M"«), vve du précédent.
Frais d'une publication supportés
par (I, 10.
JACQUEMONT(Victor),anc.explorat'.
Envoi d'une étude de ||, 242.
J AME SON, 69.
JANSSEN (P. J. C), présdt de la
Soc. Don d'une médaille d'or, 26.
— 72, 73. — Allocutions (à la ré-
ception du p«H. d'Orléans), 107-
108, 109. — Id, à la 1" séance
générale (distribution des prix),
143-154. — Attribution du prix ||,
113, 150. —Réélu mb de la Comm.
centr., 154.
Jeannette^ navire perdu dans les
glaces polaires, 335.
JENSEN (C), explorât' danois, 333.
JERMON (M. de), mb admis, 197,
229 234.
JOFFRE (col. J.). Don et présnt
d'un ouvr. de||,4, 7-8. — Admis
mb, 137, 155.
Johannesburg, v. principale du
Transvaal, 122.
JOHANSEN, comp" de vge de Fr.
Nansen, au pôle nord, 314.
JOLLIET (Louise, anc. explorât', 12.
JOMARD. Attribution du prix il, 113,
150.
JULIEN (E.P. Fr.), mb admis, 268,
284.
Kachgar-daria (fl.). Particularité
du II, 364.
Kaéna-Jamay caverne du Karst, 115.
KAMMERER (P. G.), mb admis, 360,
366.
Karaoulnaya, mt de la Russie or.,
354.
Karst (Autriche-Hongrie). Présnt
d'un ouvr. sur le ||, 15-16.
Katoué (Afr. centr.), 378.
KELTIE (Scott), mb corresp* de la
Soc. , 234. — Avis relatif à une ex-
ploration du Tibet, 300-301.
KERALLAIN (René de). Réfutation
d'un ouvrage, 28.
Kerguelen (îles). Importance des ||,
120.
Khampti (Chine). Le p«« H. d'Or-
léans dans le ||, 54 et suiv.
Khone, île sur le Mékong, 203.
Khong ou Siian-Dong, île sur le
Mékong, 205.
Kkotan-daria (fl.) . Particularité du jj,
364.
Kialo, région du Tibet, 240.
Kien-Tchang (Tibet). Cl. Madrolle
au 11,116-117.
KILIAN (W.), aut. d'un trav. sur
les glaciers, 14.
Kilimandjaro (Afr. or.). La mission
Versepuy au jj, 372.
Kimberley (Afr. mér.). Les mines
de II (comm.), 123.
Kin-chan-KianOy branche super" du
Yang-tsé, 250.
KIRCHHOFF (A.), géographe alle-
mand, 80.
Kirghizts. Comm. de J. de Cuver-
ville sur les II, 35-37.
KLEMENTZ, vgr russe en Asie, 258.
KNAPP, secrét'*gén' de la soc. géogr.
de Neuchâtel, 247.
Kokchetof, mts de Sibérie, 36.
Kok-hays, arbuste de l'Indo-Chine,
205.
KOMAROFF (Y. L.), explorât' russe,
161.
Konig sspiUe J mi du Tyrol, 152-153.
KOROSTOVETZ (J.). Don d'un ouvr.,
324.
KOUCHNAREF, négociant sibérien,
103.
KOVERSKY (E. A.), géographe rus-
se, 83.
KRASNOFF (A.), géologue russe, 34.
LABAT (Gustave). Don d'un ouvr.;
— La Tour de Cordouan, 288.
LABORDE (Alex. de). Monuments à
des navigat" érigés par jj, 319-
321.
LA BORDE-Marchainville (de) et
LABORDE-BouTERViLLiERS(de), offl-
ciers de l'expéd. LaPérouse. Mo-
nument à II, 319.
LACHAMBRE, ingénieur, 316, 318.
LA CONCEPCION (Fr. Juan de), aut.
cité, 118, 174, 175.
LAGARDE (comm* H.). Départ pour
Madagascar, 158. — Décès de H,
225, 285.
Lagos. Ch. de f. de pénétration du ||,
30.
LA GRANDIÈRE (amiral), anc.gou-
vern' de la Cochinchine, 11, 12.
La GrandièrCy canonnière sur le
Mékong, 202 et suiv.
396
TABLE DES MATIERES.
LAGRANGE DE LANGRE, mb admis,
124, 137.
LAGRÉE. Yoy. Doudàrt de Lagrée.
LALLEMAND (J. M. Fr.), 325.
Lamjaensy peuplade de l'Indo-
Chine, 46.
LA NOË (général G. 0. de), 80.
LANSEL, aut. cité, 321.
Laos. R. Humann dans le ||, 98. —
Mission G. Simon sur le Mékong,
202-224. — Le || cochinchinois
(comm. deP. Barthélemy),228-229.
LA PÉROU SE, navigat'. Monument
à des comp°» de ||, 319.
LAPICQUE (D. L.). L'Erythrée
(comm.), 16-20. — Lauréat de la
Soc, 112, 148.— Don d'un ouvr.,
227.
LAPPÂRENT (A. de), présdt sortant
de la Comm. centr. Allocutions,
14, 19. — Hommage à ||, 26. —
Présnt d'un ouvr., 80-81. —Réélu
mb de la Comm. centr., 154. —
307. — Rivalité des cours d'eau
(comm.), 363-365.
LARDY (M. C), ministre de Suisse,
représentant un lauréat de la Soc.
Allocution, 149-150.
LARROUY, délégué à une séance
de la Soc, 143.
LATASTE (Fernand). Envoi d'une
note ms, 10.
LATILLE (P.), explorât' dans la
Terre de Feu, 103.
LA TORRE (J. M. de), aut. d'une
carte de Cuba, 160.
LAUNAY (L. de). Comm. sur le
Transvaal, 122-123. — Admis mb,
124, 137.
Lauréats delà Soc. Vgrs et géogra-
phes, 112-113. — Elèves des lycées
et des écoles militaires, 113, 287.
— Voy. aussi : Prix de la Soc.
LAUSSEDAT (col. Aimé), v"-présdt
de la Soc, 3, 154, 157. — Présnt
d'un ouvr., 158.
LA YAULX (cf H. de), chargé d'une
mission dans l'Amer, mér., 102.
— Lettres, 261, 312-313.
LAYEC, secret" de la soc. géogr.
de Lorient, 2, 157.
LEBAUDY (M"*' J.), promotrice d'un
vge scient., 16.
LECLAIR (Maur.), candidat proposé,
366.
LECOQ, 202.
LEDUC, mb d'une mission fr. en
Chine, 357.
LE FÈVRE (P.), mb admis, 31, 71,
129.
Lejamaie (Sahara), 101.
Legs, Yoy. Dons et \\.
LE GUILCHER (le P.), missionn" au
Tibet, 6.
LEMUET (L.). Don dephotogr.,326.
LE MYRE DE VILERS (Ch.), 11. —
Délégué à la réception du p** H.
d'Orléans, 72. — Id. à la réception
de G. Simon, 141. — /d. à l'inau-
guration du monument de Doudart
de Lagrée. Discours, 283, 285-287.
— Représentant d'un lauréat de
la Soc, 147. —Hommage à 11,151.
— Elu mb de la Comm. centr., 154.
LEPESQUEUR, 130.
LEPRINCE-RINGUET (P. E.), candi-
dat proposé, 366.
LEROY (M«'),évéquedu Gabon, 369.
LEROY -BEAULIEU (Paul), 130.
LEROY-BEAULIEU (Pierre). La Nou-
velle-Zélande (comm.), 196-197.
LESSEPS (Yictor de), mb décédé,
282, 284.
LETELLIER (G.), mb admis, 20,37,
74. — Décédé, 345.
LEUDIÈRE (Ed. Fr. J.), architecte
de la Soc, décédé, 97. — Eloge
de II, 104. — 113.
LEUDIÈRE (Ed.). fils du précédent,
admis mb, 138, 155, 226. — Ar-
chitecte de la Soc, 257.
LEVASSEUR (cap°«), 82.
LEYASSEUR (Emile), délégué delà
soc géogr. commerciale, 73. —
Le recul de la chute S*-Antoine
(Mississipi), 86-91. — Réélu mb
de la Comm. centr., 154.
LEYAT (Ed. D.), mb admis, 71, 93,
113. — De Moscou à Yladivostok ;
le transsibérien (comm.), 104-106.
— Chargé d'une nouv. mission en
Sibérie, 161. — Lettres de ||, 295-
296.
LE VAY (L. M.), comp" de vge de
G. Simon, au Mékong, 82, 141,
201 et suiv.
LEWY D'ABARTIAGUE. Les Basques
(comm.), 91-92.
LEYDIER, délégué à une séance de
la Soc, 369.
Li ou Loi, peuple d'Hainan, 164.
LIBBEY (W.). Don de photogr., 14.
LIGNERIS (m" de), mb admis, 93,
106, 113.
Likiang, v. du Tibet, 236.
LIPSKY, géographe russe, 161.
TABLE DES MATIERES.
Lissousj peuplade de rindo-Ghine,
45, 46.
LOBO DE MIRANDÂ (A. A.). Don
d'une publication, 158.
LOCHMANN (col.), chef du bureau
lopogr. fédéral, 249.
LOCKWOOD. 160.
LOGEROT (Aug.). Attribution du
prix II, 112, 146.
Loi, Voy. Li.
LoloSj peuple de Chine, 77, 79, 240,
241.
LOPEZ DE LEGASPl (Miguel), con-
quérant espagnol, 176.
LORET (Fr.), mb admis, 323, 336.
LourenW'Marques, Envoi d'une note
ms sur II, 8.
Luang-Prabang (Laos), 213, 217.
Luçon ou Luion (île). Le nom de |j ;
le christianisme à jj (discussion),
118, 172-176.
LUDBLAD (J.), aut. cité, 193.
Madagascar, Trav. géogr. du corps
expéditionn" à ||, 9-10. — Appel
en faveur des colons de ||, 35.—
Une lettre du général Duchesne,
41. — Latitudes déterminées par
E. Gautier, à |l, 67. — Col. Marmier
à H, 79. — Ouvr. du P. Piolet sur ||,
96. — Présnt d'une carte de jj, 181-
182.
MADROLLE (Cl.), vgr en Asie. Let-
tres de 11,67, 76-79,116-117,164.
— Comm. sur son vge ; fondation
d'un prix, 298-299.
Magellan (détroit de). Traversée
du II, 262-265.
MAHÉ (D' J. B.), mb décédé, 324.
Mahrattes, peuple hindou, 242.
MAINGARD (A. H. A.), mb admis,
360, 366.
MALTE-BRUN (C). Attribution du
prix II, 112, 147.
MandingueSy peuple de l'Afr. occ,
243, 244, 245.
MANGINI (H.), mb admis, 360, 366.
Man-tzéy peuple du Tibet, 240.
il/flnu5m/5per«an«.PrésntdedeuxI|,
186-195.
Maoriy aborigènes de la Nouv.-Zé-
lande, 196, 197.
MARCEL (G.), réélu mb de la Comm.
centr. 154.
MARCHAND (cap" J. B.), aut. d'une
carte partielle du Soudan, 82.
MARGERIE (Emm. de), 80, — Elu
397
mb de la Comm. centr., 154. —
Présnt d'un catalogue de biblio-
graphies géologiques, 330.
MARIN (L.), mb admis, 71, 93.
MARINITSCH (J.), spéléologue, 74,
115.
MARJOLIN (M™« veuve R.). Don d'une
collection d'ouvr. gédgr., 68. —
Liste de ces ouvr., 272-280.
MARMIER (col. M. A. G.). Lettre
de II, de Madagascar, 79.
Maroc. Présnt d'un ouvr. sur le ||,
12-13. — Français et protégés fr.
au II, 181-186.
MARS Y (A. de), présdt du Congrès
archéologique de 1896, 158.
MARTEL (E. A.). Cours de topo-
graphie, ouvert par 1|, 2. — Ex-
plorations souterraines, campa-
gne de 1895 (comm.), 68-71. —
Don et présent d'ouvr., 74-75,114-
115. — Réélu mb de la Comm.
centr., 154.
MARTIN (G.), délégué à une séance
de la Soc, 201.
Massai, peuple de l'Afr. or., 373.
Massaouah (Erythrée). D' L. Lapic-
que à II, 16.
MassiCy canonnière àur le Mékong,
202 et suiv.
MASSIEU (M'"^ Isabelle), voyageuse,
291. — Admise mb, 323, 336.
MAUGIN (J. Ed.), élève du Pryta-
née militaire, lauréat de la Soc,
287.
MAUNOIR (C), secrétaire général
de la Comm. centr., 25, 233. —
Communications et avis, 136-137.
— Réélu mb de la Comm. centr.,
154. — Les rapports annuels de ||,
sur les progrès des se géogr.,
362, 363.
MAYOU (Léon). Envoi de doc ms
sur l'Egypte, 310.
MAZAURIC (F.), spéléologue, 114.
Médaille de propagande. Attribution
de la II, 27.
MEIGNEN (F.), mb admis, 71, 93.
MEIGNEN (G.), élu trésorier de la
Soc, 154, 157.
MékonglYge du p*'* H. d'Orléans
sur le ||. Voy. Indo-Chine, —
Exploration de G. Simon, sur le
II, 135, 141 ; — comm. en séance
extraordinaire, av. carte hors
texte, 181,201-224.
Meli, région du Tibet, 299.
Membres de la Société. Mbs décé-
400
TABLE DES MATIÈRES.
Padirac (Lot). Présnt d'une notice
sur le goume de ||, 74.
PAGNON (A.), mb admis, 37, 71.
Pamir, Délimitations anglo-russes
au il, 116.
Pampas. Yoy. Indiens de l'Amer,
mér., 261.
Panom (Laos), 211.
Papous^ aborigènes de la Nouv.-
Guinée, 267.
PAQOIER (J. B.), réélu mb de la
Comm. centr., 154.
PARAIRE (Richard). Exposition de
peintures de la Côte d'Ivoire, 131.
PARIS (G.), chargé de mission en
Annam, 287.
PARISOT (le P.), chargé de mission.
Offre de services à la Soc, 288.
Patagonie. Explorations dans la ||,
102, 103, 264.
PAVIE (Aug.), lauréat de la Soc,
112, 147.
PAULITSCHKE (D' Ph.). Ouvr. de H,
signalé, 270.
PEARY (R. E.), explorât' polaire,
332.
Péchoei ou Pe-shui-Kiang, ajffl. du
Yang-tsé, 238, 250.
PELET (Paul). Tanger, 182-186.
PENSA (H.). Don d'un ouvr., 132.
PÉRIER (Edm.), délégué de la Soc
au Congrès des pêches maritimes,
283 287
PERRET (J.). Don de cartes, 291.
Pe-shui-kiang. Yoy. Péchoei,
PETITON (A.). Présnt d'un ouvr. sur
rindo-Chine, 11-12.
PÉTROYSKY, consul général russe à
Kachgar. Don de lettres autogra-
phes d'un vgr fr.,4.— Nouvelles
de vgrs en Asie, 116, 162. — Dé-
corations accordées à ||, 116.
PETTERSON (prof.), 350.
Peuhly peuple d'Afr. J. Moreau :
Les II et le Fouta-Djallon, 242-246.
PEYRONEL, officiersdu corps expé-
ditionn" de Madagascar, 9, 10.
Philippines (îles). Le christianisme
aux II (discussion), 118, 172-176.
Ptouc-6m (Indo-Chine). Une source
thermale à ||, 298-299.
Photographie. Ouverture d'un cours
de II, 2. — Présnt d'un photo-
grammëtre, 3.
PI (H. P. E.), comp» de vge de G. Si-
mon, au Mékong, 141, 201 et suiv.
PIANITZKY, explorât' russe, 161.
PICTET (R.), savant suisse, 249.
Piécery Indiens de Goajire, 180.
PIEVTZOFF (général M.), explorât'
russe en Asie. Publication des trav.
de II, 5, 83.
PILLET-WILL (c»"»*), admise mb,
20, 37.
PINART (A.). Présnt d'ouvr., 12-13,
227. —Départ pour l'Amer, centr.,
227, 246.
PIOLET (Père J. B.), aut. d'un ouvr.
sur Madagascar, 96.
PLUNKETT, 69.
POBÉGUIN (H.), 82. — Don de
photogr., 136.
Pôles. Yoy. Régions polaires.
POLETNICH(E.),mb admis, 124, 137.
PONCHALON (col. H. de). Don d'un
ouvr., 114.
PONS (R.), 74.
POTANINE (M"' A.), voyageuse russe,
34.
POU KOLOFF , v^'-gou vern' de la prov.
de Samarcande, décédé, 32.
POULLENOT (L.), mb admis, 197,
229.
PRADINES (G.), 74.
PRÉ AULX (m'" de), 10.
Président de la Comm. centr. (E. T.
Hamy). Allocutions et avis divers,
25-27, 37, 71, 97, 121, 135-136,
137, 181, 197, 225, 229, 267, 268,
281-283, 324, 336, 360.
Président de la Soc. Yoy. Janssen
et Bouquet de là grye.
Prix de la Société. Séance de dis-
tribution des II, 143-155.— Nouv. II
fondés : Janssen, 26 ; — C. Ma-
droUe, 298. — Yoy. aussi : Lau-
réats de la Soc.
PROUSE (D. W.). Présnt d'un ouvr.
de II, 266.
PRUNIÈRE (A.), mb admis, 1.
Punta Arenas (Patagonie). Impor-
tance de II, 264, 265.
Pyramides d'Egypte. Envoi de doc.
ms sur les ||, 310.
QUESNAY (François), collaborât' de
Cassini, 160.
Quang-Nam, prov. de l'Indo-Chine.
Une source thermale de 1|, 298-299.
QUE YAUYILLIERS (Ch.), mb admis,
360, 366.
RABAUD, mb d'une mission fr. en
Chine, 358.
TABLE DES MATIÈRES.
RABOT (Ch.) L'expéd. Nansen au
pôle nord, 83. — Récentes expéd.
arctiques (comm.), 33f-336.
RAFFALOVITCH (Arthur), mb admis,
323, 336.
RAFFRAY(M. J. A.). Présence de |I,
signalée, 268, 319.
RAIMONDi (A.). Don d'une carte de||,
291.
RAYISI (b»" Textor de), 130.
RE AD (Meredith), général américain.
Félicitations au p*'" H. d'Orléans,
111.
Recca (la), riv. d'Autriche, 74.
RECLUS (Elisée), 80, 90, 91, 183.
Régions polaires. L'expéd. Nansen
au pôle nord, 83, 103-104, 119,
134^135, 313-315. — Vœu en fa-
veur d'une expéd. au pôle sud,
119-120, 290, 319. — Don d'une
carte des || nord, 227. — Expéd.
Andrée au pôle nord, 315-319.
— Récentes expéd. arctiques
(comm. de Ch. Rabot), 332-336.
— Nécessité d'une nouv. explora-
tion arctique, 348.
RÉJOU, officier à Tombouctou, 134.
RENAUD (Joseph), lauréat de la
Soc, 112, 113, 148. — Présnt
d'un ouvr., 257.
RENOUST DES ORGERIES. Legs de ||,
233.
REVEILLIÈRE (amiral P. E. M.), 202.
Revougouéy fl. de TAfr. or., 308.
R(AU, mb d'une mission fr. en
Chine, 357.
RIBADENEYRA (frère Marcel), aut.
cité, 173, 174, 175, 176.
Rio Negro (rép. Argentine). H. de
la Vaulx dans la prov. de ||, 261,
312.
Ripon (chutes de), Afr. or., 376.
Rivières. Voy. Cours d'eau.
ROBERT (Arthur), mb admis, 360,
S66.
ROBUCHON (Eugène). Promenades
scient, dans l'Amer, mér., 27.
ROCHER, direct' d'une mission
commerce» en Chine, 76, 241, 299.
ROLAND (H.), 226.
ROLLAND (G.), réélumb de la Comm.
centr., 154. — Eloge de G. Méry,
345-346.
ROLLET (général C. E. F.), mb ad-
mis, 336, 360.
ROLLET DE L'ISLE (Ch.), lauréat de
la Soc, 112, 113, 148.
ROMANET DU CAILLAUD (F.). L'ar-
^01
chipel Dondiin, d'après Odorico
de Pordenone, 11 7-118. —Opinion
de A. Gumma y Mârtl et réplique
de 11, 172-176, 297. — La Testudo
du Champa des voyages d'Odorico
de Pordenone, 162-164.
ROMANS (b»» de), comp» de vge de
M. Yersepuy en Afr., 282. — Ré-
cit de ce vge, av. croq., 378-384.
ROSSIKOFF, géographe russe, 161.
ROUGIER, officier du génie, au Sou-
dan, 358.
Rouhérou ou Rweru, lac de l'Afr.
centr., 377, 378.
ROUIS (E.). Don d'un ouvr., 226.
ROUME, délégué du ministre des co-
lonies à une séance de la Soc,
110.
ROUSSELET (T.), lauréat de la Soc,
112, 146.
ROUSSIN (Amiral A. E. L.), mb dé-
cédé, 282, 284.
ROUSSON (A.). Présnt d'un nouv.
appareil de topogr., 3-4.
ROUVIER, ministre de France. Les
expéd. polaires Nansen et Andrée,
313-319.
ROUX (Emile), comp" de vge du
p*^» H. d'Orléans dans Tlndo-Chine
0, 47 et suiv. — Arrivée à Paris,
de II, 72. — Réception de ||, à la
Sorbonne, 107-111. — Chevalier
de la Légion d'honneur, 120. —
Latitudes et déclinaisons magné-
tiques observées durant ce vge,
165-172. — Envoi de doc relatifs
à ce vge, 289.
RUBEN, 287.
RUMFORD. Prix de jj offert à la
Soc, par J. Janssen, 26.
RUOURAT, 287.
RUPIN (E.), 74.
Russie. Nouvelles géogr. de H, 5-6,
115, 116, 120, 161, 324, 330-332,
— Accueil sympathique fait aux
vgrs fr. en ||, 30, 37. — Organi-
sation d'un vge en ||, 130. —
Yge du h'"' de Baye en || (comm.),
137. _ Nouv. mission de ce vgr,
350-357.
Rweru. Yoy. Rouhérou.
SABACHNIKOFF (Th.). Le ch. de f.
transsibérien (comm.), 104-106.
— Nouv. vge en Sibérie, 162.
Sahara. Exploration de F. Foureau
dans le || (av. croq.), 99-102. — .
soc. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES.
402
TABLE DBS MATIERES.
Id.y déterminations astronomi-
ques, 301-303, 304-305.— Massacre
de la mission Mores au ||, 259-261.
SAHUNE (P. de), mb admis, 333,
360.
Saint-Antoine, chute sur le Missis-
sipi. Yoy. Mississipi.
SAIMT-ARROMAN (R. de), lauréat
de la Soc, 113, 149.
Saint-Camian. Caverne de || (Au-
triche), 74.
Saint'Christol (Vaucluse), 114.
Saint'Josephy fl. de la Nouv.-
Guinée. Bassin du |I (comm.),
267.
SAINT-PAUL DE SINÇAY (Edgard
de), mb admis, 124, 137.
SAINT-QUENTIN (c»*de), mb admis,
106, 123.
SALEH SOUBHY. Don d'ouvr. de ||,
290.
Saloueny riv. d'Indo-Chine. Le p"
H. d'Orléans sur la ||, 42 et suiv.
Samhar, région déserte de l'Ery-
thrée, 17.
Santa-Martha (Colombie). Voy.
Sierra-Nevada de ||.
SANTERRE (E.), mb admis, 74, 93.
Saravane (Laos), 98.
Sarma-bibi et Sarmakoré, mts du
Soudan occ, 177.
SARRAUTON (H. de). L'heure dé-
cimale, 294.
SASSEVILLE (E. de), mb admis,
197 229.
SAURIN (J.*), Don d'unouvr., 159.
SAUSSURE (H. de), savant suisse,
249.
Savan-Nakeky poste fr. au Laos,
211.
SCHLIEMANN (H.), aut. cité, 291.
SCHLUMBERGER (Ch.), réélu mb
de la Comm. centr., 154.
SCHNEIDER (Ed.). Analyse d*une
étude de ||, 290, 291, 294.
SCHRADER (F.). Présent d'un atlas,
83. — Réélu mb de la Comm.
centr., 134-158.
SCULFORT, mb d'une mission fr.
en Chine, 355.
Sé-Doney riv. du Laos, 98, 99.
Sefstrom, glacier du Spitzberg, 334.
Seine (fl.;. Présnt d'un ouvr. sur
l'embouchure de la [|, 257.
SémiramiSy yacht, 16.
Sénégal. Ch. de f. du ||, 289, 303,
306, 358. ~ La morue à la côte
du II, 325.
I Service géogr. de V Armée. Envoi
j de publications du H, 28, 159, 291.
Service géogr, des Colonies. Trav.
du 11, 81-82.
SE VIN, aut. cité, 193.
Shih-pingy v. de Chine, 77.
Siam. Déclinaisons magnétiques ob-
servées au 11, 171. — Mission G.
Simon sur le Mékong, 202-224.
Sibérie. Le ch. de f. transsibérien,
5. — Id. (comm. et lettres de D.
Levât), 104-106, 295-296. — Les
steppes Kirghizes (comm.), 35-
37. — Nouv. explorations fr. en|| :
D. Levât, 161-162; -- J. Chaffan-
jon, 326-328; — J. de Baye, 350-
357. — Nouv. gisements auri-
fères dans la ||, 331.
Sierra -Nevada de Santa-Martha
(Colombie). J. de Brettes dans
la il, 253.
SI-MOHAMMED-BEN-BELKASSEM,
mb admis, 37, 71.
Simoïs. Voy. Mendéré,
SIMON (lieut. de vaisseau G.), ex-
plorât' du Méicong. Retour en
France de ||, 135. — Réception
de II, à la gare, 141-142. — Séance
extraordinaire. Récit de |j, av.
carte hors texte, 181, 201-224.
Sitan-ùong. Voy. Khong.
Société académique indo-chinoise.
Bureau de la ||, 130.
Société des amis des se. naturelles
de Moscou. La section géogra-
phique de la II, 33.
Soeléié de «éoirrapble (Paris).
Assemblée générale (distribution
des prix), du 24 avril, 143-155.—
Id. du 18 déc, 362.
Séances extraordinaires : récep-
tion du p" H. d'Orléans et de
MM. Roux et Briffaut, 107 ; — Id.
de G. Simon, 181 ; — Id. de la
mission Versepuy, 369.
Séance de la Comm. centr. de
la 11 : du 10 janv., 1; du 24,
25; —du 7 févr., 41 ; du 21, 72;
•-du 6 mars, 97; du 20, 112;
— du 19 avril, 129 ; — du 8 mai,
157; du 22, 225; — du 5 juin,
223; du 19, 257; — du 6 nov.,
281 ; du 20, 324 ; — du 4 déc, 345.
Délégations officielles aux séan-
ces, 93, 107, 111, 143, 201, 254,
369.
Bureau de la ||, 104.
TABLE DES MATIERES.
Compte rendu financier de la ||,
198-199.
Publication d'une table des ma-
tières du Bulletin de la ||, 10,
Félicitations de la || : au géné-
ral Duchesne, 41 ; — à l'explorât'
Fr. Nansen, 315.
Aménagements dans l'hôtel de
la II, 281, 283.
Voy. aussi : Janssen, Bouquet
DE LA Grye, présdts; Maunoir,
secret™ g* ; de Guernk, bibliothé-
caire-archiviste ; Hamy, présdt de
la Comm. centr. de laU; Corn-
mission centrale; Délégués de
la II; Dons et legs faits à la ||;
Lauréats de, Membres de la || ;
Ouvr. off. à II; Prix de la ||.
Société de géographie (commerciale)
d'Aarau, 248.
à; Alger, 328.
de Bemey 248.
hongroise de Budapest. 25*
anniversaire de la ||, 287.
de Genève y 247.
et d'histoire d'Hériseau, 248.
polonaise de Lemberg. For-
mation de la II, 226.
de Lisbonne. Célébration
d'un centenaire, 2.
royale de Londres, 1, 115.
de Lorient. Organisation du
17* congrès nat. de géogr., 1-2,
157, 226.
de Marseille, 73.— 20« anni-
versaire do la II, 346.
de Neufchâtel. Trav. de la |j,
347.
commerciale de Paris, 72.
commerciale de St-Gall, 247.
impériale de St-Pétersbourg ,
Don de lettres autographes d'un
vgrfr.,4.—50' anniversaire delà II,
27, 83. — Publication d'une His-
toire delà II, 115. — Expéd. nouv.
organisées par la ||, 161.
Société d* ethnographie de Zurich,
248.
Société Hakluyt (Londres). 50* an-
niversaire de la fondation de la Ij,
346-347.
Société fr. de photographie. Ouver-
ture d'un cours de photogr., 2.
Société royale de Londres. Don à
la Soc. Géogr. d'une g^» médaille
de la II, 26, — Proj. de catalogue
scientifique général, 27.
403
Société de spéléologie. Présnt des
publications de la ||, 114-115.
Société de topographie. Ouverture
d'un cours public de topogr., 2.
Sociétés savantes. Circulaire rela-
tive au 34" congrès des ||, 2. —
Id., au 35* congrès des ||, 257. —
Présnt d'une bibliographie des
trav. des || de France, 13. —
Proj. d'un catalogue scientifique
général, 27.
Soleil. Voy. Eclipse de \\.
Solikamsk, v. de Russie. J. de Baye
à II, 352.
Sorma. Voy. Tassermint.
SOUBHY. Voy. Saleh Soubhy.
Soudan occ. Présnt d'une carte
partielle du ||, 82. — Vgrs dans
le II, 226, 307-308. — Ch. de f. du H,
289, 303, 306, 358. — Voy. aussi
Tombouctou.
Source thermale. \oy. Eau minérale.
Sourgout, v. de Sibérie, 356.
Souscription pour un monument à
M. Treich-Laplène, 130.
SPEARS (J. R.), aut. d'un ouvr. sur
le cap Horn, 23.
Spéléologie. Voy. Explorations sou-
terraines.
Spelunca, ou Bulletin de la Soc. de
spéléologie, 114.
SPICK (lieutt), 82.
Spitiberg. Explorations au H, en
1896, 333, 334.
SPORCK (imprimé Sparck), mb de
la mission Versepuy en Afr., 282,
370 et suiv.
STAGGEMEIER (Axel). Don d'un
ouvr., 159.
Stelvio (Tyrol), 153.
STRABON,géographe grec. Interpré-
tation d'un texte de ||, 291-294.
STREUBEL (0.), mb admis, 20, 37.
SVEN HEDIN. Voy. Hedin.
Syndicat des explorateurs français.
Fondation d'un ||, 346.
Système métrique. Proj. d'adoption
d'une heure décimale, 294. — Le
proj. de division décimale du
temps et des angles, 350.
TABURET, mb de la mission hydro-
graphique du Niger, 134, 361.
TAMERLAN. Deux ms de la biblio-
thèque de II, 186, 195.
TAMKÉ (Ch.), mb décédé, 284.
iOi
TABLE DES MATIERES.
Tanga-Usambara (Afr. or.). Chemin
de fer de ||, 178-179.
Tanger (Maroc). Population de |1,
182-186.
TARNEAUD (Adr.), mb décédé, 157.
TARRY (H.), 119. — Organisation
du déjeuner des Africains, 121,
266. — Présnt d'une nouv. pu-
blication, 347-348.
Toiserntint ou Sorma, mts du Sou-
dan occ, 177.
Tcheremisses. J. de Baye chez les \\
(Russie or.), 351.
Tehuelches.y oy. Indiens de l'Amer.
mér.
TEM1>SKY (Fr.), éditeur. Don d'un
ouvr., 190.
Ténédos (Asie Mineure), 292.
TERNICHEEF (p** V.), mb admis,
37, 71.
Terre de feu. Explorateurs dans
la II, 102, 103, 264-265.
Terre-Neuve. Présntd'un ouvr. sur||,
266.
THORODDSEN (Th.). Explorations
de II, en Islande, 332-333.
THOULET (J.), professeur d'océano-
graphie, 283.
Tibet. Vge du p'^» H. d'Orléans à
travers le ||, 42-66. — Ch. Bonin
au II, av. croq , 84-86, 234-241.—
Flotteurs répandus dans les cours
d'eau du ||, 300-301.
TiLLO (Général A. de), mb corresp^
de la Soc, 1. — Envol de por-
traits de vgrs russes, 28.
TINLET, missionnaire dans l'Indo-
Chine, 47.
Tioumen (Sibérie). J. de Baye, à I|,
354.
Tombouctou.Présni d'un ouvr. sur||,
4, 7-8. — Id.f d'une carte de
la région de ||, 136-137. — Nou-
velles de la région de ||, 133-134,
246. — Lacs de la région de ||
(av. croq.), 176-178.
Tompas, sorciers du Tibet, 241.
Tomsk (Sibérie). J. de Baye à ||,
356.
Tongariroy massif de la Nouvelle-
Zélande. 196.
TOPINARD (D' Paul), aut. cité, 91.
Topographie. Ouverture de cours
publics de H, 2. — Présnt d'un
nouv. instrument de ||, 3-4.
TORCY (général L. J. G. de). Trav.
géogr. du corps expéditionnaire à
Madagascar, 9-10.
Torghalten (SoTYège), Présnt d'une
étude sur II, 75.
Touareg-AidjerSy peuple du Sahara,
260-261.
Tour de Cordouan, élevée par le
Prince Noir, 288.
TODTÉE (comm* G. J.), mb admis,
93, 106. —Lauréat de la Soc, 112,
113, 146.
TRACOU (comm»), délégué à une
séance de la Soc, 201.
Tra-ninhy prov. du Laos, 212.
Transcaucasie. Voy. Caucase.
Transvaal. Comm. de L. de Launay
sur le II, 122-123.
TREICH-LAPLÈNE (M.). Proj. de
monument à élever à ||, 130.
Tremblements de terre. Vœu relatif
aux observations séismiques, 350.
TRENTiNIAN (col. L. E. de), lieut.-
gouverneur du Soudan fr., 346.
Troade. Voy. Troie.
Troie (Grèce). Analyse d'une élude
sur l'anc ||, 290, 291-294.
TsekoUy station de missionn"' au Ti-
bet, 4^.
Tsi-tseng-hoUy mts du Tibet, 240.
Tsong-tieny v. du Tibet, 236.
TCRENNE (€'• L. de), élu mb de la
Comm. centr., 154, 157.
Turkestan. Déviation de cours deau
dans le || russe, 330-331.
Turquie d'Atie, ouvr. de V. Cuinet,
98.
Tyrol. Massif de l'Ortler (comm.),
151-154.
UMLACFT(D' P.).Ouvr. de||, signalé,
126.
Usambara. Voy. Tanga-\\.
VACLE, comm* super' du haut Laos,
. 217, 218, 223.
VALLOMBROSA (duc de). Don d'un
ms bouddhique, 115. — La mort
de son flls, le m'' de Mores, 285.
VALLOT (J.), élu mb de la Comm.
centr., 154, 157.
VANDERHEYM (J. Gaston). Présnt
d'un ouvr., 131-132. — Admis mb,
138, 155.
VASCO DE GAMA, navigateur. Célé-
bration du 4* centenaire de Texpéd.
de II, 2, 347.
VAUVINEUX, délégué de la Soc. au
jubilé de la Soc. imp. russe de
géogr., 27.
TABLE DES. MATIERES.
^05
VEISSEYRE (Fr. H. P.), mb admis,
155, 197. — Retour du Dahomey,
324.
VENNI, aut. cité (xviii" siècle), 162.
VENUKOFF (M.). Nouvelles de vgrs
et géographes russes, 5-6, 115,
116, 120, 161, 162, 330-332. —
Dons et présnt d'ouvr., 75, 227,
246-247. — Cinquantenaire de la
Soc. géogr. de Russie, 83.
VENUKOFF (P.). Trav. géologiques
de II, dans l'Altaï, 5.
VERMEERSCH (lieuf L.), 82.
YERSEPUY (Arnold), mb admis, 360,
366. - 384.
V|:RSEPUY (Charles-Maurice), frère
du précédent, explorât' africain,
282, 284. — Circonstances de la
mort de 1|, 284-285, 384. — Ré-
cit de la mission de ||, av. croq.,
369-384.
VIAL, mb d'une mission fr. en Chine,
358
VIDAL DE LABLACHE (P.). Présnt
d'une publication, 328-330.
Vien-Tiane, prov. du Laos, 213.
VIGNES (v«=«-amiral L.), réélu mb
de la Comm. centr., 154, 157. —
Décès de ||. 282, 284.
VILLACORTA (Fr. Fr.), aut. cité, 118.
Virgo^ navire de l'expéd. Andrée,315.
VIVIEN DE St-MARTIN, lauréat de
la Soc, 113.
VOSSION (L.). Don d'une carte, 227.
Voyageurs. Fondation d'un syndicat
d'explorat", 346.
VUILLOT (P.). Nouvelles de PAfr.
centr., 133-134, 246. — Présnt
d'une carte des environs de Tom-
bouctou, de ||, 136-137. — Présnt
d'une carte de l'Océanie, 160. —
Les lacs de la région de Tombouc-
tou, av. croq., 176-J 78. — Le mas-
sacre de la mission Mores, 259-261 .
WAEBER (C), aut. d'une carte de
Chine, 182.
WAELES (A.) (imprimé : Wacle),
mb d'une mission fr. en Chine,
357.
WALKER (général J. T.), mb cor-
resp* décédé, 121.
WANDËL, marin danois, 333.
WATEL(M. Ch. A ), mb admis, 106,
123.
WAUQUELIN (Jehan), aut. cité, 194,
WENZ (Paul). Nouvelles de H, de
l'Amer, mér. et de l'Océanie, 262-
266. — 323.
WILLMANN, 160.
WINCHELL (N. H.), géologue amé-
ricain. Le Mississipi, d'après |j,
86-91.
Winnipeg (lac). Formation géolo-
gique du II, 87-88.
Witwaterstr and y région aurifère du
Transvaal, 122.
Xien-khong, v. du Laos, 219, 220.
Yalong-kiangy affl. du Yang-tsé,
240, 250.
Yang-tsé-kiang (fl.). Ch. Bonin sur
le II, 236, 238, 250-252. — Cours
du II (croq.), 251.
Yarkend'daria (fl.). Particularités
du II, 364.
YERMOLOFF. Voy. Ermoloff.
YEZIDI ou Yezdi, aut. d'un anc, ms
persan, 191.
Yunnan (Chine). Vge du p'=« H, d'Or-
léans dans le ||, 42-16. — Lati-
tudes et déclinaisons magnétiques
observées dans le |I, 165-172. —
Vge de Cl. Madrolle, 76-79.
Zebu. Voy. Cebu.
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